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SERMONS DE
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LES DEVX Er:^STRES
faind Paulà Timothce^ fur
l'EpiAreàTitc. \
IMPRIME
A Cencucypar lean ^nnefoy.
M. D. LXIII.
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AVX POVRES FIDELESESPARS
PAR LE PAYS DE FRANCE, Çr\r i D E-
firent de Vmrc fainBemcnt en Icfus Qhrijl.
Conrad Badius defire paix & ^alut en Dieu.
E DEVOIR de vraye amitie,Trefchers frcrcs,ne con-
fiftcpas feulement en la faueur& fecours quonprefente du-
rant ia prorpente,niais en la fidélité' qu'on garde, & la fermeté
qu'on retient quand les afflictions font furuenues . Toutesfois
nous voyons que l'ordinaire du inonde ell d'y procéder au-
trement, & que quand quélqu'vn a tout à fouhajt , chacun luy
applaudit & gratifie:mais li la chanfe tourne, les amitiez qui fembloyent eftre
iminortelleSjVienent à s'ell:eindre,tellement qu'elles ne ticnent pas feulement
lieu de fimplc cognbifTance.Or quant à nous,qui auons pour Capitaine &chef
le patron de parfaite chanté , lequel ne nous encharge rien plus exprès que la
diJechon fraternelle, & nous ramené à fon exemple, en ce qu'il nous a tant ai-
mez , lors que nous eftions fes ennemis , qu'il n'a point refufé de mourir pour
nous rendre la vie que nous auions perdue, il ne nous conuient pas en cett en-
droit conformer au monde malin, ains tant plus nous fommes hars , reiet-
tez & opprelTez par les infidèles, tant plus nous deuons-nous entr'aimer, af-
fifter & confoler les vns les autres enceluy quieil:noftreconfolation vniquc
& but de nortre loy e,afçauoir lefus Chnft. Ainli donc,mes fi-eres,les troubles
& cfraotions,qui comme torrens impétueux ontn'agucrespaflé parddlus
vos tertes:& de faift vous eulTent accablez fi le Seigneur n'euft efté pour vous,
ces affli(n:ions,di-ie,qui font encores toutes frefches, m'ont donné occafion de
vous addrefler le prefent volume de Sermons, chofc qui vous eft autant necef
faire en ce temps pour voftre confolation,qu'autrequi fe puiffe prefenter. Car
puisqu'il a pleuau Père de toute mifericorde vous faire idoines pour auoir
participation de l'héritage des Sainftsen lu.'niere,&-envousdeliurant delà
puiflance des ténèbres, vous trâfpoiter auroyaume de fon rrefcjier Fils par la
coguoifTance de fa venté, y a-il rien qui vous fou plus c^ceilaire cjue d'enten-
dre le moyen cju'il vous conuientten"' pour conuerfer en fa maifon comme il
appanientî Or eft-il ainfi que cestfO's Epiftrcs fur lefquelles ces Sermons ont
elle faits,contienét cefte doctniji: en gejieral.Et qui plos cll,fainft Paul a vou-
lu-enlaperfonnede Timoth^& de Tite comme particulicrement inftruirc
chacun Chrelben de fon<leaoir,& l'exhorter à la perfeuerance de l'Euangilc.
Sur tout en la féconde Eputre à Tiinothée-, lors qu'rl fe i'cntoit prochain de la
mort,il trame excellem/neiit du règne de lefus Chri!l,dc rcfpcrancc de la vie
cternellcjde la façon de batailler dc^Chrefl:icns,de la certitude de la doctrine,
8c autres poinfts grindement neceflaires en ce temps . Et par ce que voiis n'a-
uez pas encore h prédication de l'huangile en telle liberté que nous, d- que
Dieu afeulcin<;nt raiTemblé en la France quelques pctis troupeaux pa.r cj par
là,qui font journellement en crainte des loups, &qu-e !^s Partcurs qui icar a
cômisnc^'euradmrmftréntencorelapafturcdé vielriif>*i en cacHate&; com-
me a la liefrobbee, lesfideles de pai'deça ont eftiinc que la pubhcauon de ces
feanons vous fcrott*ran(!iementvtile,arfin que pins tju'il né Vous éil encore
dcauïc d'ertrepleineincnt répeus delavoix vipae , en laqiicHc on voit reluire
\
P R E P A C E.
vnc maicflé pleine (l'efficacc,au moins vous iouifsicz des relicfs,cn attendît
que Dieu ouurc la porte plus grande à fou Euangile, h ce qu'elle ait pleine
entrée au milieu de vous , & qu'elle foit rcceue d'vn commun accord , par ce
Ïourc peuple Fran(;ois , croupilTlint il y a fi longtemps en la fange de tant de
iipcrftitions. Qu^and ic di relicfs,ce n'crt pas que l'eiucde que vous ne foyez
dignes d'ellrc alsis à la t x autant ou plus que nous:mais puis que le moven
vous en eft à prcfent olle , nous délirons qu'au moins vous-vous fentiez des
viandes facrees qui nous font iournellement adminiftrecs en toute abondan
ce de grâce ^benedidion fpintuclle. Et li vous en euftesiamaisbefoin,ie
croy que c'efl à prefent. Car d'vn cofte' les calônies iniurieufes vous naurent
incciTamment le cceur,en:ans cftimez feditieux Se perturbateurs de republi-
ques, comblé que vous ne procuriez que la paix: ce qui vous eft cômun auec
le Fils de Dicu.Lcnomauisi deChreihensqui vouseftiniuftemétraui,veu
qu'il vous appartient de droicl, Se lestitres iniuneux qui v^ous font attribuez
par certains Achitophels & Amans , ennemisiurez de la nation Chreftien-»
ne, font pour troubler grandement, félon noilre infirmité humaine, le repos
de vos confciences.En après, les faux-frcrcs & apolliats qui efpient voftre li-
bertéjvous donnent beaucoup de fafchenes. Les boutefeux,qui côme flam-
beaux embrafent les cocj'rs des Princes Se iuges,pour lùfciter les perfecutiôs
à rencontre de vous , vous donnent occafion de grandes frayeurs. Sembla-
blementjces feftes,qui comme efpinesfc leucnt aue£ la bonne femcnce,afça
uoir,de Libertins,Epicuriens,Atheil1;es,Seruetiftes,Call:alionin:es,& autres,
quiremettét fus les anciennes herélles ou en forgent de nouuelies,vous don
nentbien de l'aftaire , tellement que fans l'afsiftancc miraculcufe de Dieu il
vous feroit impofsible de rubfiftcr.ParquoVjmcs freres,il vous ell bô befoin
de vous anucr du glaïue de la p<irole de Dieu,& de prendre en main le bou-
clier de fbrterelifl:anGe,af<^auovr la foy. Car(comme dit faintft Paul)vous n'a
uez point la guerre feulement contre le fang & la chair , mais contre les Re-
fteurs du inonde des ténèbres de ce fieclc , Se conu-e les malices fpintuelles
qui font es lieux celeftes. Toutesfois gardez-vous bien de perdre courage,
pour la multitude de v'oz ennemis : car puis que Dieu eft pour vous , qui fera
contre vousîN'ayez aufsi efgard h voftre foiblcfTexar Dieu n'a-il.pas choifi
les chofcs' faibles pour conlondrc les fortes? Il n'eft point ici queil:ion de
glaiues matériels: car ( comme dit fainft Paul ) les armures de noltre guerre
ne font point charnelles, mais puitTantes par Dieu à la deftruftion desforte-
relTes, par lefquellcs nous deftruifom les confeils Se toute hautelTe qui s'ele-
ue contre la cognoilfance de Dieu, Se rtduifons en captiuité toutes entrepn-
fes à l'obeifTance deChrill:. Prenez dontlcs armes dont ce vaillant capitai-
ne faincl: Paul arme le Cheualier Chreftien ters la fin de l'Epirtre aux Ephe •
fiens , Se Dieu vo.us fera la s,i «ac». de furmoutei tous les allauts qui vous font
liurez tant en vos corps qu'en vos âmes , & cogi.oill:rez que nul n'a efpcré
en luy,& a cfté confus : mais la nature de fa vidloirt elt d'y procéder par pa-
tience,humilite' & efperancc. Pour conclufion donc,mes freres,côme la cou-
ftume des alliez & confedercz eft en temps de guerre iç s'entr'aider de gés,
viures & munitions:aufsi fçachansque vous eftescn comWts côtinuels,nous
auons penfé que ces fermons vous feroyent grandement ivçcellaires pour
vous fortifier de plus en plus Se alTcurer de voltrc légitime vocation , Se par
confequent de l'afsiftance de Dieu. Vous les receurej? donc cojnme vn nou
ueau enuiduaillementde bonne prouihon , pour vous gurder.que ceux qui
vous ticnët afsiegez ne vous attamêt.Que li vous n'y trouuez vue te lie iifyo '
lîtion cômc on pourroit requérir en vn cfcrit prémédite & digéré de longuei^l
main,ne vous en prenez à riiuU»$ur,qui kj a limplemêtpronoccz félon que '
l'Efpnc
ARGVMENT.
l'Efprit de Dieu luy a donne à parler, fans y auo ir rcMrdc de plus p res , s*ar-
rcftantdutout aufcns& vraye interprétation de r£fcnture,& s'accoinmo-
dantàla rudenTc defon troupeau, & à la capacité' desinfirmes.Aufsinelcs
a-ilpasfaitsà l'intention qu'ils fuflentmisen lumière :&- mcfmes rofe dire
que ce n'eft pas de fon vouloir qu'ils le font , autrement il n'ell pas tant def-
pourueu de grâce de bien dire,qu'il ne les cuft enrichis de l'ornement requis
en telles Homélies qu'on fait à loifir. Par ainfï fi vous trouuez des fentcnce*
concifes & propos entrecoupez, confiderez que le gefte qu'on ha en pronoit
Çant,aide beaucoup à l'intelligence des propos,lefquels eftans leus,bien fou-
uent n'ont telle grâce qu'ils ont eftans prononcez. Puis quand on cft accou-
ftume' au ftyle & fiiçon d'enfeigner d'vn Pafl:eur,on entend , par manière de
parler,àdemi mot,ce qu'il veut dire.Ne vous arreftez donc pas tant à l'orne-
ment externe.qu'k la pureté de la doftrine: & quand vous en aurez rèceu du
profit, fçachez-en gré àccluydu niiniftere duquel Dieu s'efl: ferui pour les
publier:& en fécond lieu à feu maiflre Denis Raguencau,qui les a fi heureu-
fementrecueilhs a l'heure mefmes qu'on les prefchoit. Duquel perfonnagc
ie fay ici volontiers mention , parce qu'il n'auoit point fon pareil eu diligen-
ce d'cfcnrc par nombre & chittrcs , fans oublier vn mot de ce qui fe pronon-
çoit. & ie ne f<jav s'il fe trouuera déformais homme qui le féconde tant en fi-
délité qu'en dextérité. Ce que ie di à noftre grand regret pour le bien que
vous 8c nous receuions de fes labeurs , & pour la perte que toute l'Eglife en-
courra d'ertrc fruftree du foulagemét que (on induftrie apportoit. Cependât
iomlTez de ce qu'il a lai(lc,en attendant que Dieu en fufcite vn autre. Car n'c
ftans pasaireurcz d'auoirtoufiours desPafteiu'sfiexcelIens endoftnne&
pieté comme celuy duquel font ces fermons , il eft bien expédient que leur
doftrine foit rédigée par efcrit. Or mes frères, ic prie Dieu qu'il vous rem-
plifTe deioye&depaix. De Geneue,cc i. Alars, ï^éi.
ARGVMENT SVR LA PREMIERE
EPISTRE DE SAINCT PAVL
à Timothee.
,j E penfequecefte Epiftiea efté efcrite , non point tant pour Tiinotliee, que
pour les autres: & ceux qui confîdereront diligemment le tout , s 'accorderont
auecmoy. le ne nie pas que S» Paul n'ait regardé aufsi a renfeigt»cr& admone-
^ZX fter:mais ie veux dire qu'il y a plufieurs cbofes en icelle qui eullènt efté fuper-
. fluesjs'il euft eu feulement affaire aiiec Timothee. Il eftoit ieune,& n'auoit point
"encores vne telle authorité quieuftpeu fuffirepour réprimer les infolens &
orgueilleux qui fe fulTent eleiiez contre luy. Et il appert par les paroles de fainft Paul, qu'il
y cnauoit aiicunspourlors , lefquels eftoyent pleins d'oftentation,& pourtant ne fe fuflcne
"" " ' ■ - - - - - ", rafez d'ambition, que ia-
snde authorité que Timo-
appert femblablement qu'il y auoit beaucoup de chofes à ordonner
enEphefe.lcfquellesauoyent befoin de l'approbation & authorité de faind Paul. Ayant donc
délibéré d'adinonefter Timothee de beaucoup de chofes,iI a voulu aufsi par vn mefraemoyea
admonefter les autres fous le nom de Timothee.
Au premier chapitre ill'arme contre aucuns ambitieux qui Tefaifoyent valoir en propo-
fantdes queftions inutiles. Il eft aile à recueillir que c'eftoyent luifs, lefquels faifansfem-
bJant d'eilrezelateuis delà Loy.ne mettoyent en auant que des difputes curieufes,fansauoir
aucun efgard à edifier.Or c'eft-ci vne prophanation de la loy de Dieu,qu'on ne doit nulle-
ment cndurer,de ne rien recueillir d'icelle qui profite , mais s'y amufcr feulement pour auoir
dequoy babiller,& fous couleur d'icelle voaloir charger l'Eglife deicnefçay quels fatras &
chofes de neant.Commecefte corruption a ifgné en la Papauté plus de temps qu'il neferoic
de befoin. Car qu'a-ce efté de toute la Théologie Scholaftique,qu'vne confufîo & vn abyfme
horrible de fpeculations vaines & inutiles? Et auiourd'huy combien en troUuera-on qui pour
luonftrerla lubtilité de leur efprit, ne font point de confcience de traittcr la parole de Dieu
*. iii.
A R G V M E N T.
«omme en fe iouant , ne plus ne moins que fi c'eftoit quelque philoTopIiie proptane ? Sainft
Paul promet à Timothee d'eftie fon 'garent en la corrcftion d'vn tel vice ; Si monilre que
c'eft qu'on doit apprendre principalement en la Loy.afin qu'on cognoifTe que ceux qmvfent
delà Loy autrement, ne font que la corrompre &deprauer.Etafin que fon authoriténe foit
iiicfprifee,apresauoir confelTé l'on indignité, il monftreaufsi quel il a efté depuis parla grâce
de Dieu, parlât d'icelie en termes pleins de maiefté,&auec grande reuerence.Pour conclufion
il met fin à ce premier cli api tre,fai faut vnbonaduertifleraent&auec auihorité: par lequel il
conferme Timothee en faine doftrine & bonne confcience , & donne frayeur & crainte aux
autres, leur propofant pour exemple Hymene« & Alexandre. <
Au fécond chapitre il veut que toutes perfonnes foyent recommSdcesà Dieu es prières
publiques , Sclingulierement les Princes& Magiftrats:où aufsi il touche en paflànt quelle v-
tilite apporte'au inonde la police & l'ordre du gouuernement ciuil. Il adioufte la raifon pour
quoy'on doit faire oraifon pour tous:afçauoir pource que Dieu enprefentant à tous l'Euan-
gile.&lefusChrift pour Médiateur ,deinonftre qu'il veut que tous foyent fauuez. Ce qu'il
conferme aufsi par fon Apoftolat , lequel eftoit fpecialement deftiné aux Gentils. Pour cefte
caufe ilinuite toutes perfonnes de quelque lieu ou région qu'ils foyent, à prier Dieu: &àce
propos il traitte quelle modeftie &fuicttion doyuent raonftrer les femmes enlafainâe
aflcmblee.
Au troifîeme chapitre, après auoir reinonftré combien c'eft vnechargeexcellented'e»
Are Euefque, il defcrit vn vray Eucfque, & recite les giaces qui font requifes en luy. Puis
après il donne vne règle, monftrant quels doyuent eftieles Diacres & leurs femmes, enfem-
hie celles des Euefqucs.Et afin que Timothee pi occde en toutes ces chofes plus fongneufe-
ment & en confcience, il réduit en mémoire que c'eit d'eftre employé au gouuernement de
l'£<»life, quieftla maifon de Dieu & la colomne de venté. Finalement il touche le principal
pjiuildc toute ladodrinecelefte , & comme on dit communeement, le noeud de la matière,
afçauoirdu Fils de Dieumaniftftcen chair : au prix duquel on ne doit tien eftiraer toutes
les autres chofes lefquelles ces gens ambitieux mettoyent en auant.
Au refte, quant à ce qui s'enluit, au commencement du quatrième chapitre il condamne
viuement tant îesfauffes doftrines de ladefenie du mariage & des viandes,queles fables in-
utiles,lefquelles n'accordentauecce poinâ principal. Et puisapres iladioufteque luy &■ tous
fidèles qui mettent là leur but,n''onf point d'autrts ennemis que ceux qui ne peuuent fouifrir
qu'on mette fon efperance au Dieu viuant. En la fin de ce chapitre il conferme derechef Ti-
mothee par vne nouuelle exhortation.
Au cinquième chapitre , après luy auoir recommandé modeftie & douceur en reprehen-
fions, il parle des vefues, lefquelles on appelloit de ce temps-la au feruice de l'Eglife; Et ne
veut pas qu''on les reçoiue toutes indrlferenmient, mais leulement celles qui après auoir efté
efprouuees toute leur vie.ferôt paruenues iufques à l'aage de foixate ans, &qui n'auront point
de charge domeltique. De là il vient à parler des Preftrcs,&remonflrc comment on fe doit
porter enuers eux, tant en leur afsignant d>.quoy viurc, comme en les cenfurant &corrigeanc
leurs fautes. Il conferme ceftedo^rine par vne grandeaduiration,& luy défend derechef de
receuoir aucuns légèrement en l'eftat depreftrife,c'eftà dire duminifterc.IU'exhorteà boi-
re du' vin au lieu d'eau pour contregarder fa fanté. En la fin du chapitre il l'admonefte d'at-
tendre en patience, & l'ufpendre le iugement es péchez cachez.
Au fîxieme,il donne inftruftiondu deuoir des feruiteurs: & à ce propos il charge arpre-
ment furies faux-dofteurs, lefquels debatansde quelques fpeculations vaines, font plus ad-
donnez au gain qu'à édification : &monftre combien c'eft vne pefte dangereufe & mortelle
ou'auarice. De là il retourne à faire encore vne adiuration femblable .\ la premiere,.iduertif-
fant Timothee de fuyure & faire valoir les admonitions qu'il luy a faiàtes. Surla.fin.aptei.a-.,
uoir fait mention des riches en palTant , il défend derechef à Timothee de ne s'enuelopperi
point en doflrines vaines & curieufes. Quant à la cômune infcription Grecque, laquelle con
tient que cefte Epiftrea efté enuoyccde Laodicee,ie n'y accorde point. Car puis que S.Paul
cfcnuant aux Co)ofsiens,lors qu'il eftoit prifonnicr,tcfmoigne que ianiais il n'a vtu les Lâo-
dicicns.ceux qui f jut de cefte opinion que ie reiette.font contrainl s de taire deux Laodicecs
en Alie la raineur.combien toutesfois que les HiftoiK)grapheb ne ractnt mention qued'vne.
Outreplus S.Paul auoit laifle Timothee en Ephefe, quand il allait en Macedone, comme fes
paroles le déclarent. Ou i! acfcrit cefteEpiftre duchemin.auant qu'il arriuaft là.oueitant de
tantiepenfe plurtolt qu'il l'a eftrite d'ailleurs. Toute fois lachofe n'eft pasdtii grande
Coiifequence queievueilledcbatre auec ceux qui font de contraire opinion. Le iiigcinert ea
foie libre à chacun. De nioyjicmonftre feulement ce qui eft plus probable feloiinion aduis. .
A R G' V
ARGVMEnT SV.R la SBCaNDË
ififtrede fafnSh ?aali Timothee.
j N nepourroît pas certainement recueillir de Phiftoirede fainû Luc^uîd futeCcri-
te la première Epiftre, toutesfoisie ne doute point que faind PanI n'ait parlé à Ti-
_ motheeen prefence,& qu'il ne l'ait eu en fa compagnie pour coadiutetir en plulieure
lieux. Tant y aneantmoms qu'ilell ailé âveoir qu'il eftoit encore en Ephefe quand ûinft
Paulluyefcriuoit cefte Epiftre.Car verslafindel'fpiftre ilfalue Prifclile «X:Aquile&One
fiphorc.delquels le dernier eftoit Ephefien: les autres s'arreftercten Ephefe lors que fsfnSt
Paul femeic fur la mer pour aller en ludee.Or le pfincipalpoiiiA auquel ils'arrellc.c'eftde
confermer Timothee tant en la foy de l'Euangilc, qu'en la côftance & pure prédication d'i-
celuy.Mais cependant la circonftance du temps eft bien à confidcrer, afin de pefer ces exhor
tations comme elles meritent.SainÛ Paul auoit dcuant les yeur la mort , qu'il eftoit près de
endurer pour le tefmoignage de i'Euangile. Il faut donc prendre tant ce q nous Iifousicidu
règne de Chrift , de l'clperance de la vie éternelle, de la façon de batailler des Chreftiens,
de l'alTeurânce à confeflèr Chrilt.de la certitude de la dotlrine.non point comme efcrit d'au
cre,raaisdu propre fang delainft Paul. Car il n'afferme cbofe que ce fo:tpour laquelle il ne
i'offre à mourir. Parquoy cefte Epiftre cil comme rne ratification folennelle de la doclrine
lie faind Paul. Or maintenant il faut qu'il nous fouuienedece qui a eftc rcmonltréen la pre
niiere Epiftre:ifçauoir que le (aintt Apoftren'a pas feulement elcrit pour vn hôme.inais que
fous ht perfonne d'vn il a propofévnedoftrinc commune, laquelle deuft eftre baillée par l'es
mains aux autres. Et premièrement ayant loué la foy de Timothee.en laquelle il auàit cfté
nourri dés fa ieuneffe,!! l'exhorte de fidèlement perfeuerer en la doâ:rine qu'il auoit appri»
fe,& en la charge qui iuy eftoit commife:& quant 8c quantafin que Timothee ne perde cou-
rage par fon einprilonnement, Se le reuoltement des autres, il s'cfîouit en fon ApoAolat, &
aufalairequi luy eftappreftéllloueaufsi Oneiîme pour donner cœur aux autres àfonexem
ple.Et pourccque la condition de ceux qui veulent fcruiràChrifl , eft difficile & pénible , ti
prend des fimilitudes tant des laboureurs que des gens de guerre:entre Icfqiwls les premiers
ne font nulle difficulté de prendre beaucoup de peine àcultiuerlaterre , auant qu'ils en ap-
perçoiuent aucun frui£l:S: les autres renoncent à toutes folicitudes & affaires, afin de s'adoa
•erdu tout aux armes, & s'employer pour leur capitaine. Puis après il fait vabrief fommai-
redefon Euângile,& commande à Timothee qu'il ait il'cnfcignerainfiam autres, afin que
demain en mamladoclrineparuienepureàceuxqui naiftront après. Et de lA ayant fait de-
rechef mention de fes liens , ils'eleue en vne fainâe vanterie ,afin d'alTeurer &accouragcr
toufîours d'auantage les fidèles par fa confiance. Car il inuite vn chacun i luy tenir compa-
gnie à confiderer quelle eft cefte coUronne qui nous attend au ciel. Il aduertit aufsi qu'on fc
déporte de toutes difputations contentieufes,& vaines queftions-.recommandant àl'oppofî-
te qu'on s'employe à édifier. Et pour mieux donner à entendre le grand danger qu'il y a, il
ditqu'ily enaeu aucuns (.&en nomme exprelTément deux , afçauoir Hvmenee &Philete)
lefquels eftoyent tombez en vne refuerie monftrueufe , iufques à renuerler l'efperante de la
Rel'urreftion.i auoy ent ainfi efté horriblement punis de leur témérité & outrecuidace.Mais
pource quec'eftvn grand fcandale le plus fouuent, quand on voit de telles cheutes, mefme-
nient de gens notables, 5i qui ont cfté en quelque réputation, il monftre que les fidèles ne fe
doiuent point traubler pour cela , d'autant que ceux qui font profefsion externe de Chre-
ftienté,ne font pas tous pourtant vrayement de Chrift , & qu'il faut que l'Eglife foit luiette
à cefte mifere, d'habiter en ce monde entre les mefchans & infideles;& que nonobftât le Sei-
fneur conferue& maintient iufques à la fin les fient qu'il a eleus. Puis après, il retourne à er-
orter Timothee de perfeuerer à exercer fidèlement fon mini ftere. Et afin de le rendre plus
fongneux,il prédit & l'aduertit qu'il viendra bien toft après des temps bien fafcheiix & dan-
gereux à tous fideles:5i: qu'il s'eleuera des "ensfort pernicieux. Mais contre tout cela, il le
conferme,propofant qu'on en doit efperer bonne &.' heureufe iflue.Et fur tout il luy recora
mande de s'exercer à la faine dodrine,monftrant le vray & droit vfagedel'EfcriturCjafin
qu'il fçachc qu'il trouuera enicelle toutes chofes requifes pour bien &feuremét édifier l'E-
glife. Confequémcnt il dit que fa mort eft prochainc:en forte tputesfois qu'il y court com-
me vidorieuT à vn glorieux triomphe. Qui eft vn tefmoignage euident d'vne confiâce & af-
■feuraRce admirable. Fimalement après auoir prié Timothee de venir bien toft à luy, il mon-
ftre la necefsité qu'il ena,eQ déclarant fon eftatprefeiu.£t c'cft le principal poindfaifant
coocUifionde l'EpiAre.
.*.iiii. ■
ARGVMENT SVR. L'EPISTRE
defaind ?aitlà Tite.
^\^ Aincl Paul ayant feiikment afsis les fondeniensd''vne Eglife en Crete.d'autant que
^^t il liiytaloit aller en d'autres lieux,(comme il n'eftoit point aufsi Pafteurd'vnefcu-
î^iî; le Ifle.mais Apoftre des; Gentils)auoit donnccliargeà Tite, comme Euangelifte.de
pouifuiiire l'ŒUure commencée. Or il eftaileà vcoirpar ctfte Epiltre, qu'incontinent apref
le partement de fainft Paul , Satan s'eftoit efforcé nonfculement de renuerfer le régime &
ordre de l'Eglile.mais aufsi de corrompre la doftrine. Il y auoit là des gen>i ambitieux qui
enflent bien voulu s'auancer àenleigner en r£gli(e,&eftre du nombre des Pafteurs.Pource
que Tite ne vouloit pas complaire à leurs defîrs peruers , en plufieurs compagnies on tenoit
dcb propos tédans àdetraûion & calomnie fur luy. D'autre part il yauoitdco luifs lefquels
fous couleur de maintenir la Loy de Moyfe.mettoyent en auant beaucoup de fariboles.On
prenoit plaifir à ouir telles gens , voire & ne fis faignoit-on point de les fouftenir. L'inten-
tion donc de fainûPaulen efcriuantceci.aeftéd'aduouer &autiioriferTite,afiii qu'il peuft
mieux porter vnclî grade cliarge.Car il n'y a point de doute qu'il y en auoit qui nefaifoYet
pa'; difficulté de le iiieiprifer.comme s'il n'euft rien eu d'auantage qu'vn autre du rang com
nikin des Miniftres &• Pafteurs. II fc peut aufsi faire qu'on oyou courir ces plaintes contre
luy çà & là.qu'il entreprenoit trop,& vfurpoit plus d'auifcorité qu'à luy n'appar tenoit, d'au
tant qu'il ne vouloit teceuoir aucun en l'eftat de Pa/leur , fînon après i'auoir examiné & ef»
prouuc luy-mcfme. Et de là nous pouuons recueillir que faind Paul n'a pas tant cfcrit pour
lé regard particulier de Titc , que généralement pour tout le peuple df Crète. Car iln'eft
pas vray-femblable qu'iLiit ici voulu reprendre Tue, côme eftant trop facile à auàcer gens
indignes en l'cflat d'Euefquc & Pafteur : ne lemblabkment qu'il luy ait voulu bailler fa
leçon comme àvn apprenti, ou à vn homme du tout nouueau en la chai ge, pour luy mocftrer
quelle façô d'enftigner il deuoit tenir enuers ce peuple. Mais pource qu'on ne l'auoit point
en telle cftimc& rcuerencc qu'il faloit.faina Paul luy baille ici l'authorité de créer de<. Mi-
niftres, & faire toutes chofes appartenantes air gouuernement de l'Eglife, tout ainlî comme
ileuft fait luy-mcfme cftantprefent: pouice aufsi que plufieurs euflent bien voulu vne autre
forme de dodrine & fa^on d'enfcigner que celle qu'il tenoit , fainû Paul déclare qu'il ap«
prouue celle-là feule, rciettât toutes les autres,& l'exhorte de pourfuiuretoufiours le train .-
qu'ila commencé. Il mettre donc en premier lieu quel? perfonnages on doit élire pour eftre
Minittrcs. Entre autres grâces qu'il requiert en yn Miniftre, il veut que ce foit vn homme
exercé en faine do£Vrine,& l'ayant i main pour tefifteraux aduerfaires.Et a ce propos il tou
chc quelques vices des Cretcins: mais en fptcial il reprend les luifs qui eftablinoyent quel-
quelaindeté enla différence des viandes & autres chofes externes. Pour réfuter leur- niai-
feries,il met à l'oppofite les vrais exercices de pieté & vie Chreftienne. Et pour mieux im-
primer cette do£irine,il defcrit par le menu quel eft le deuoir d'vn chacun félon fa vocation.
Afin que le peuple ne fefafchaftoyant fouuent repetef vne mefme chofe,il commande nom
wément à Tite d'infïtter diligemment 8t afsiduellement fur ce poin£l:& monftre quec'eftle
but de la rédemption & falut qui nous a etté acquis par Chrift. Et s'il y a quelque brouillon
ou opiniaftre qui contrcdife& ne Ce vueillc ranger,il cômande qu'on lelailTelà.Nous voyôs
donc maintenant que faind Paul n"a eu ici autre regard, finon de prendre la caufe pour Ti-
tç,& luy tenir la main forte cependant qu'il s'employoit en l'ceuutc du Seigneur.
S £ R
l jLueili-'fj'"
Sermons de lean Caiuin lur les deux
EPIS TRES DE SAINCT PAVL
à Timothee, recueillis par refcrfuain ordinaire pour le bien
& redificacionde. ^^
LA PREMIERE EPI-
ftrc de fain£i Paul Apoftre à Timo-
E2lire du Seigneur.
thee,
C « A P. I.
que ('liniîl Paul a voulu édifier tous ceux auA.
gtiels celle epiftre pourroit eftre communi-
quée.EtdefaiLi.ilmonftre ici quel eflle vray
ordre de PEglUljComme la parole de Dieu fê
, ■■» T j » doit traitter, & à quel vfage elle doit eftre
■^ * i- A^O- .appliquée. Il déclare quel eftledeuoir d'vn
(IrC cIp If//'_r cJi-ici'ii-ftainfî nous voyons qu'il n'eft point
i' -' ' queftion d'vn homme particulier , mais qu'il
Chrift p^T faut que tous y foyentattcntifî, d'autant qiie
I p-^ c'eftà for. Eeiife que Dieua voulu addrelîcr
Id COmmihlO Celle dûfbvir.e par la bouche de iaind Paul Or
///• T^'ptj voyons maintenant de quelle forme S. Paul
aC UICH 710- ^ ç^ ^^ f-^ pretace: il dit , Va,d Afojlre de l.fi,s
■■■rS'iUHCUT ClirtÇr felonla commifs'on cjHtlny efl donnée de
Tilen n f}reSaiii!tnr,C du Scig- eurleftis Cl.rp-
Ç^ du Sei^VCUr le fus Chriji UO- W(./?ref/:'«r.î<ff.Nausauonsmonftr>'cideflus
n r trai:tanclesepi!hesauxThellaIonic:éç,chap.
juC CJpC'rdViCC, Z.I3, que faillit Paul monihe par fon exemple
* \'r',-,r~>-Ur'P»,nti\-,-/-'ixfhp-n que nul ne doit eftre efcouté en l'Eglife de
i A 1 UlutOCe mO)! ^rdyplS en ^,^,, ^^^^ ,^;^,„. enuoyéxar il ne laSt point
îdfoy, Q-rdCe,Vl\(èricorde Çy pdix quenoftrefoyloitattnbueeaux'hômcsmor-
J " . n -r, J ' tels, ni aux créatures. Il n'y a que Dieu feul
Cîepdr DtCli nojirC VCrC-, IQ-' de par qui domine fur nos ame^& faut que nous re
Icfus Chrijï yiojlre Seigneur,
p
• toute
ccuionsde liiy touteladoârinede no lire fa-
lut.CependSt.ilnedefceiidpasducielenfor-
parler à nous , Se ne nous en-
,mais il veut que nous
moyen des hommes,
pour toute J'iîglUc, comme on le peut veoir Pour celte caufe iî nous voulos obéir h Dieu,
par le cont-nu d'icelle. Car Timothee n'a- il nous faut rcceuoir fi Parole q nou' eflpref
iioit pas befnm de beaucoupd'aduertiilemens chee par ceux aufquels il a commis ceffe char
que Uir.i1 Paul fait ici. Il paile donc pluftoft- ge&'ofnce: carccûxquifevantentde vouloir
à Pûccafion des autres quedeluy. Etmcfmcs • feruir à Dieu, & cependant me fpnfent faPa-
de prime face on peut aifecment recueillir ce- r9le,fous ombre qu'elle leur efi apportée par
la:carfainftPauls'attribue le titre d'Apofire, la bouche des hommes, monflront bien qu'il
& confernie fa vocation enuers ceux qui ne n'v a qu'hypocriîîe en eux. Et deiaièl, ilne
luyeuflent point doré authorité s'il ne fefull faut point plaider là deflus , puis que nous
fait cognoillre e/lre tel. Mais quand il efcrit voyons que Dieu a eilabli ceft ordre , c'ella-
aujtEgufeSjl.Toùdenailelloit fuffiûmmcnt fçauoir qu'il v eut gouuerner fonEglife parla
approuué, il ne fait que toucher en brief ce prédication de TÈuangile , & qu'il veut qtie
mot d'Apoftre, eu il s'appelle lîinplementftr leshomm.cs foyertminillrcsde cel.l. Ilfaut
oiteurde Dicu.Yci ilmonftre qu'il ne s'eft eue grans&peti.f,- rangent .i celte règle qui
pomcingeié de fa fantaile, mais qu'il a elle leur efl donnée,".; laquelle fera ferme iiifques
oidornéùeDicu, quela charge luy eftcom- ?. la lîndumonde. Tant y a que .O.inil Paul le
mifc par noftrr Seigneur lefus Chrill. A quel nommant Apo/lre avoulu ic" déclarer en pre
propos fait-il cela,{înon qu'il a regardé les niier lieu, que les homines irdiff reinmer:! ne
autres plus que Timochce ? Ainli donc , nous doyucnt pas eftreefcoutez,fiuon qu'ils ayenr
voyous que celle epiltre a tellement elle ad- approbation qu'ils parlent au nomdcDieu,
drelîee àvn homme, qu'elle s'addrefle auf i à &: de noftrc .Seigneur Icfus Chrill. Au relie,
tous, qu'elle doit profiter en gênerai aux en- il monftre aufii que fi nous voulons taire
fans de Dieurcomme nous ver'rés plus à plein hommage à Dieu, fi nousluy voulons eftr«
2..K
a PREMIER
fuiets, q nousdeuons receuoir Ta Parole quSd
elle nous efl: prelchee par k bouche des hom
mes qu'il a enuoyez. Cependant il ne dit pas
limplement qu'il eft Apollre , mais il dit , D*
noflrc Seigneur If j;f5 Cfcn'y}, voire pource que
celuy-la nous i elle ordonné de Dieu fon Pe
re côme ibuueraiii docteur, voire vnique.Tous
ceux doc qui fe meflét d'cnfeigner.il taut que
ils parlent au nom de nolbe Seigneur lelus
Chnft:câr c'eft de iuyleul qu'il eildit, Elcou
,'' ■ 7' tez-le. Quand cefte voix aelleouyedu ciel,
* qu'il faut eûouter lefas Chrill, c'a elle pour
clorre la bouche à toutes créatures, que nul ng
prcfunic d'iuancer cequ'ilaura torgé en Ion
ceiucau,que nul ne pretéde d'ellre mailtrc ou
docteur, car il faut q cela foit reierué au Fils
de Dieu.Qu; rerte-ildôc?Q«e tous ceux qui
enfe^gnëtipuiilent protelter en venté que le-
lus Chrift parle par leur bouche, coine S.Paul
i.Cor. auûi le dit en vn autre partage, Demâdez-vo'
13'3- approbatiode celuy qui parle enmoyî c'ella
fyiaoïr le Seigneur leili-, dit-il. V^ih donc
pourquoy notimentildeclare qu'il ellApo-
ftre delelus Chnft.c'eft à dire enuoy e de hiy ,
ayant cômiûion de parler côme en fa propre
perlonnc:&dit que cela s'eft fait /).îr/'oc</o;<-
nance de Dieu Ct" Je ncjire Seigneur Ufus
cltrift.En quoy il lignifie q ce n'cil point aux
hémcsdes'ingerer:c5meaursi il cltditcnl'E
Hft.f .4 pîllre aux Hebr.Que nul ne doit vlurper l'ho
^ y. neur à loy, mais ccluy qui eft appelé de Dieu,
que ccluy-la pourraiiirc qu'il a charge Icgiti
me. Et de faici,il a falu q îeûis Chrift melme,
qui ert mailhe en lamaiîon, &:chel: par delTus
SERMON
ne eft.qu'ils foyét eleus parmoyen tel qt)ieà
approuue,& qu'il nous eft môftré en ù parole,
car celle regle-laeftinuiolable.Et puisil y a
pour le (ecôd, qu'ils s'acquittent fidelemét de
leur deuoir:& cela ellqu.îd ils le tienét à la pu
redodrinede l'Euîgile, qu'ils ne s'arreftent
pointa leurs inuétions.mais qu'ils ccrchét feu
lemét d'exalter le nom de nofrre Seigneur le
fus Chri(l,iScqu'il l'oit ce qu'il a elle ordônéde
Dieu fonPere,c'ellal"çauoir(come délia nous
auosdit)dotleurlouuerain&vnique.Voila les
deux choies q l'ont requi t'es en tous pafteurs ^
veiilét eflre recognus <i;aduouez pour mini-
lires de la parole de t>icu, qu'ils l'oyéc, di-ie,
appelez félon l'ordre de l'EaJife.&qu'ils ever
cet fidelemét leur e'tat, tafcnât de s'acquitter
en forte que lefus Chrill domine touiiours en
ceft honeur fouuerain,qu'5 l'el'caute,3c qu'on
luy obeiffc. Et voila pourquoy il elldit qu'il
faut q l'Eglife demeure toufiours charte à f >n
efpoux.Qu.id le f'Chrift appelle en fon nom 1
ceux dcfglsil le veut feruir,ilne faut paspour ' ' '
tant qu'ils vfurpét fon lieu & ù dignité: c'cft
côme fivn hônieaiioit cômis fafemme à vn lié
ami, (Se que ccluy-la fuft le pmier qui tafchall
de la fcduire. Quand vlôc ceux qui ont l'office
d'anoncer la parole de Dieu, voiidrôt mettre
en auït leurs inuétiôs propres, ce fera faire ro
pre à l'Eglife la foy qu'elle doit à fon mari,
c'cll à dire au Fils de Dieu. Car voila aufsi en
quoyS.Paul inôftrequela challeté de l'Eglife
confille, c'cilqu.ulcllenefedesbauche point i.Cor.
de la iimplicité de l'Euagile^dit-il: )car iî tofl 11.3.
q nous prellôs l'aureille à des doélnnes eflran
ope r'^t^fV r/ïiTip 11 vnp ff.mnip ^ilnir ni}f> Panrpï ï
Cor.ri
0-e~
tous, que celuy-la ait e/lé ordôné de Dieu fon ges,c'eft côme lî vne temme auoit plié l'aureil
Pere.voire auec ferment folennel.côme nous le a vn maquereau pour la feduire. Ainfi donc
voyôs au Pfe.iio. Q_u^e feia-ce dôc de ceux ^ notôsbienq les homes n'ont pas celle cômif
font bien inférieurs à luy, & qui n'ôt nulle au lion pourgouuerner l'Eglife de Dieu .T celle
thoritc,finon celle qu'il leur donc? Or S.Paul condition q la dignité de lefus Chrill foit a-
pouuoitdire qu'il eltoit conllitué Apollre fe- nioiiidrie.ne qcela luy emporte piudiceaucii,
lonl'ordonn.îcede Dieu, pource qu'il y auoit mais plulloflc'efl afin qu'ils ferâgent au do-
13- C?*
J3.1.
eu vocation du cielaucc miracle : mais cela ne
fe fait pas en tous.Q_iipy dôc?Dieu afin q rien
ne fe ftill en côfus, mais q tout allaft par bon
ordre en fou Eglifc,a eilabli vn tel moyen, &
, dôné charge & cômifsion à ceux del"qu;'ls il fe
vouloit feruirpour porter la Paroi-., c'eil que
ils feroyét eleus &approuuez.Quad dôc cell
ordre fera ainlî gardé, côme les Apoflres nous
l'ont mûllré, voila vne vocation légitime, &:q
Dieu veut eftierecognoc côme de luy. Quât
àce q S. Paul & lesautres Apollres ont eftc or
dônez parvn moyéfpccial.cela eftoit pource
qu'ils elloyentemioyez, afin de mettre Ii fus
Chnften pofilfsiô de fon royaume. Mais de-
puis q ce fondemét a elle mr, D:cu a voulu q
ceux qui deuoycn t anonccr 1 Eu jgilc, fulTcnc
eleus &:appr<)uucz,&: veut qu'on fecontétede
cela, côme l'El'criturc le moiiftre en d'autres
partages. Tant y a que nous deiions obferuer
deux chofesen tous ceux quianôcent la paro-
le de Dieu,& qui portét ce titre de paftcurd'v
ileur vnique&rdcs gras &:des petis,qu'ô le tie
ne à Ci. parole qu'il a apportée au nom deDieu
fon Pere.&ccpédant toutesfois qu'é toute hu
milité & reueréce nous obeifviôs à la doclrine
qui nous tftpfchee par les homes: q fi nous ne
en tenôscôte,nous ne faifons point iniure aux
créatures mortelles , mais nous raôllrons vne
rébellion manifelte cotre Dieu & contre fon
Fils vniquc. Maintenat il nous taut noter les
titi es î< S. Paul attribue ici & à Dieu & à nollre
Seigneur lefus Chrill. Il dit, Dieu nojlre Sau~
Kf«r,c>If/»i Chrijî nopreefpiraiice.Ucilvriy
q ce mot de S.iiiiieur fouuétesfois en l'Efcritu
! e laiiidc fc dône au Fils de Dieu:pource que
c'eft luy qui a parfait &:accôpli tout ce qui eft
requis à noftie filur.Il a efp.îdu lin lang,afîri
q nous foyô; lauez &: nettoyez de nos macu -
les.Ila eftàcc ia nialedicliô qui cftoit fur no':
il nous adcliurez &: affranchis delà kruitude
de mort, il a aboli le péché. Nous voyôs donc
qu'il nous faut cerclicr noftre falut en iiollre
Seigneur
SVR LA I. A TIMOTH.
Seigneur lefiis ChriftAqnec'eft àbondroiâ
i^u'il cft noniiné noftic Saiiuciir.Mais aiifji ce
n'i-ft point laiT caïUe q S. Paul mticuJe ainfi
en ce paflage Ditii le Peie.Et pourcjiioyr
Voyôs d'oi'i c'tl} i] Iclus Cliiiit no' eli vtnu.
Il nous aelté enuoyéde Ditu Ion Pcic,côme
U.iii 3. l'Elcritui e le po: te,q Dieu a tât aime ie mon
i<Î! & I- de, qu'il n'a ponit cipargnt ion Fils vniq.mais
tean 4.5 l'a liuré à la mort pour nous . Pouitât ijuand
nousaurôscontépiénoftrc Tahit enla ntonne
de noftie Seigneur IcAis Chrift, iJ nous faut
venir à la i'ourcc & fontaine dot il nous jpce-
de,c'ellal"çatioirde ceJte amour t] D»eu a por
tce au genre humain. Voila pourijuoy S. Paul
nomme Dieu noftre Sauueur : iignihat par ce
mot J toutestbi: & quantes q nous péioiis au
bien qui nous a efte apporte & acquis par no-
ftre Seigneur IelusClirift,y nous tku;ons nos
e/pnts plus haut,&^ nous cognoiTsiôs q Dieu
ayât pitié de la pdition en laqlle tfloit toute
laligneed'Adâ.y a voulu pouiuoir,&: y a do-
nc ce lemede.c'eft afçauoirque noitre Sei-
gneur lelus Chriftnous cit venu retirer des
abyiîncs de mort cfquels nous eftiôs: mais ce
pcndât lefus Chnfttft appelé noftre ffperan
c^, afin g nous fçachiôs que c'cft en luy qu'il
nous taut appuver,&: auoir tout noltre repos.
Car cornent pourries -nous npprehéder le la
lut q Dieu nous a dôné,li ce u'eft q nous ayôs
appomtcmêt auec Juv parie movtii de noftre
Seigneur lelus Chrift.-veu q ccpcndât q nous
regarderôs à la maiefté deDicu.il taut q nous
levons elpouâtcz.Et voila qui a eftc cauie de
faire ccrcheraux Papiftes tant de patrons &
d'aduocats, tant de moyés, tant de menus fa-
tras, c'a e/lé afin d'ellre aflcurez de leur la-
lut.Et fi n'en font-ils pas venus à boiitrcar de
puis cu\'/ ie dcltourne de Icfus Clirift, il fjut
qu'on foit en doute & en peiplexité:& enco-
res que le- homes s'endorment pour quelque
peu de téps, fi tft-ce qu'en la fin il faut q mau
gré leurs dents ils cognoilFent qu'ils ont efte
abui'ez en leurs vaines imaginatiôs. Tant v a
q les Papiftes ne cognoiflcnt point ce qui cft
ici déclare par S. Paul, que lelbs Chrift eft no
ftre cfperance,c5bien qu'ils euffent cfte défia
inftruits en ceit article corne Dieu eft/r s^h-
»*«r du monde, fi cft-ce qu'ils ne laiflent pas
d'eftre agitez çà&la,c5me on voit qu'ils font
tr.ïfportez pour dire, Il raut faire telle chofc,
ilfautauoirtelmoyé, jlfaut tenir vn tel che
imn,&encoi"es nous faut-ii auoir vn tel patrô
& vn tel aduocat.fi nous voulôs acquérir gia-.
ce deuât Dieu.Voila où en lont ces poures a-
«eugles.Et amfi apprenons q fi nous voulons
eftreaireurez,& auoir nos âmes paifibles, que
il faut q nous cerchions & le commêcemët &
la fin de noftre falut en noftre Seigneur lefus
Chrift, que nous foyons là.pleinement "fon-
des:,que nous ne penfions point qu'il ioit ve-
nu pour nous donner feuiemét quelque petit
gouft de la vie éternelle: mais qu'il nous a ap
•porté toute plénitude & toute perfection de
bié.afin qu'en Iny fcul nous foyons rsfîàfiez.
Suyuons doc ce q nous eft ici ordone du Fils
de Ditu, &:nc vaguons poirt çà S: làànoftre
efcicr. Car le chemin nous eft icimonftré in-
talIiblL.-tenoni-nous l.;.Bncf,ici S.Paul nous
dtclaieq la caiife principale de noftre falut,
c'cft la bonne volonté, & Pamour paternelle
que Dieu nous a portée fans que nous en fuf-
fiôs dignes, mais la Jiibftace eft côprife en no
ftre Seigneur Icfus Chuft.Dieu nous a-il ai-
niczr Vo!la(di-ic)le fondement principal de
noltre falut. Mais cément cft-ce q Dieu nous
aime cepédant que nous femmes pecheurs-ll
faut qu'il hailfe le mal q eft en nous , & qu'il
le dettfte Nous voila dôc aliénez de Dieu, Se
par conftquét nous fommes priuez & bannis
de la vie eternelletnous voila abâdonnez à la
mort, nous femmes maudits. Mais auôs-npus
ce lauemét du iang de noftre Seigneur Icfus
Chrift, pour nous acquitter enuers Ditu, par
le lacnfice qu'il a offci t?le péché eft-il aboli
en no' par la uiftice qu'il nous a acquifcr Voi-
la côme la lubftâce de noftre falut eft en luy.
£t pourtant c'tft làoù il nous faut regarder,
c'cft là où il taut q tous nos itns s'adonnëtriSt
c cft la principalement ou nous deuons auoir
tout noflre repos, &: cercher cefte paix dot S. ^"'"■l-h
Paul parle, difint. Que nous auons paix auec ^ ^'
Dieu,d'aut.ït q nous fômes iuftifiez par la gra
ce de noftre Seigneur Itfi;s Chrift.No' voyôs
doc maintenât quelle doctrine nous auôs à re
cueillir des titres q S.Paul attribue ici à Dieu
le Père & à noftre Seigneur lefus Chrift. Or
nous auôs .icôioiiidrece qu'il adioufte.Grjcf,
C" "'■ift riconicC}- f.itx de f>ar Dieu le Vere,0'
de p»r iioflre Siigneurhf^ Chrijl.Ceci eft pour
déclarer encore mieux ce q no' auôs touché:
car cômt S.Paul a r.émé Dieu noftre Sauueur,
& Icftr; Chrift nr^ftre cfperacc.ainfi il entend
q tout ce qui appartiët à vne pleine &; parfai-
te telîcité,nous eft donc de tous deux en^rom
mun. Carfinous fcparons Ditud'autc leftK
Chrift, nous ne pouuôsauoiraucû acccs àltiy,
pource t] Ta maiefté eft trop haute. Nous fom-
mes ici comme aux aby imcs de mort. Il fauc
Jôc qu'il y ait ce moyen d'vnion en la ^ifonne
de leur, Chrift, ou aurreraét Dieu ne no' fera
iamais ^-.piccq nous ne pourrons pas l'iruo—
quer,n'attédre nul bien q foit de luy, iiifques
àtâtqroftie Seigneur lefus Chrift no' appa
roifle,&: qu'il fe mette ià pour nous côduiieà
Dieu ion Pere,&; qu'il apjpchc de no', en no*
tcftifiat q Dieu nous ferajpchain en la pfon-
ne.Ordeu.it q palier pi' outre, quât aux trois
mots qui font ici mis. Grâce, & mtfcruorde, &
^dr.r:no' en auôs défia expofé les deux, çrace
& paix, &;auôs dit en iômc q ce mot de nrace
emporte q Dieu nous aime, & qu'il fe déclare
propice enuers nous. Le mot de p.iix emporte
en gênerai toute _ffperi:e. Or par cela il nous
eli: lignifié q nous iômes mal-heureux lufquts
à tant que Dieu fe fou réconcilie auec nous,
a.ii.
PREMIER SERMON
& qu'il nous ait receus enfon amour, voire
quand nous aurions tout ce qu'il eil pofsible
de louhaiter , & que le monde nous eftimera
tant heureux que merueilles, nous aurôs beau
nous applauiir.tanty a que nous {erons toui"
jours milerablesjiui'quesà tant q nous foyoiis
alTcurcz que Dieu nous aime, & qu'il nouv re-
çoit pour tes enfans. Et pourquoj'.'car il taut
que tous les biens dont nous louilfons en ce
monde, nous foyent couertis à malheur, & que
ils nous foyét bien cher vendus, iufqucs à tant
que Dieu nou^; ait receus en Ion amour. Mais
aucôtraire.fommes-nous aimez de Dieuîlbm
mes-nouj fodez en û grâce? il nous enuoye-
ra ce qu'il fçaura nous elîre propre. Comme
Hous voyons qu'il perfecutc ceux qui iont re-
icttez de luy : & encores qu'il permette qu'ils
ayent des biens félon le mode, il elc-ce qu'ils
n'en ont point vue vraye iouifîancc , puurce
qu'ils font tculîours en troubleimais à l'oppo
iiteil enuoyeraà fesenfisce qu'il cognoift
leur eftre propre &; vtile , & s'ils ont taute &
indigence, il lesconfolera, en forte qu'ils te
pourront elonfierau milieu des mileres: corn
médit S. Paul, que quand nous auos celle cer-
titude de l'amour de Dieu, q nous auons nos
a.Cor. âmes qui fe repolent en luy, nous pouuôsnon
j^.jo. feulement nous glorifier de l'efperance qu'il
nous donne de la vie celefte, mais en celle vie
p fente, fçachans qu'il nous aime, encores que
nous foyons affligez, nous fommcs relîouis:
quand nous l'çauôs qu'il conuertira le tout à
noltre falut,puis qu'il nous doue délia ce len
timent, qu'il ena le foin. Voila corne lesmife
res feruirôtauxenfasdeDieu.&par cemoyé
ils fe pourrôt glorifier en icelles. Maintcnât
donc nous voyôs corne la grâce de Dieu eltle
cômencemét de tout bien,& de toute félicité.
Et ce n'cft point fans caufc eue S. Paul les c5-
ioint.Et par cela aufsi nou . lommes admonc-
ftcz de ne point mettre lacharruedeuantles
bœufs, quâd nous demadons à Dieu ce q nous
eft propre. Mais voici l'ordre q nous auos à te
nir, c'ell qu'en pmier lieu il plaife à Dieu de
nous receuoir en ù grâce, & puis de nous en-
iioyer les chofes qui nous font nccelTau-es &
vtiles.Il ellvray q nollre nature tcdia tout au
contraire , tout ainli qu'vn malade fera plus
prefle de C\ pat,i5 qu'il ne fera portde la eau
fe du mai.Ainfi quand nous prr.ins Dieu, nous
luy demandons bien qu'il nous donne du pain
à manger.qu'ilnous enuoye toutes nos ncccf-
fitezili nous fommcs malades, qu'il nous dône
guerifon: & ii nous auo faute de quelque cho
le, qu'il nous l'enuoye. Voila comme nous i-
rons toulîours au rebours en priant Dieu. Or
nous oublions ce qui eft le principal, al'çauoir
fon amour & fa grâce , & nous arrcicons aux
choies inférieures. L'vn demandera d'cfti e ri
clie, l'autre vouira auoir ce que fon appétit
porte. Brief nous fommcs lî perucrs en nos de
lirs, quenousnccjgnoillons pas ce qui nous
eftbon.Pour cefte caufe, que nous fuluions ce
fte regle-ci , c'eft que quand nous inuoque-
rons Dieu.nous luy demandions deuant tou-
tes chofes qu'il luy plaife nous eftre propi-
ce,& en noui pardonnant nos fautes, nous re-
cueillir à foy : & puis, qu'il nous gouuerne, &
qu'il nous conduite en tout &■ par tout. Il efb
vray qu'il nous faut eltre conduits & gouuer-
nezparlon lainc'l:£lprit,linousle vouîos bien
prier comme S. Paul le inonftrc : mais cepen-
dantlinefaut-llpasaul'i mefprifer cefte fa-
çon qui nous eft ici déclarée. Q^rant à ce mot
demi/ï'nV!>yi{«,S.Paulii'en vfe point entoures
les autres epiftres.Et pourqmycft-ce donc
que pluftolïill'a mis ici, lînô d'autant qu'il a
dclpioyé Ion atFeûion plus grande qu'aux au-
tres lieux: Tant y a cji;e ce mot de mifcricorie
n'emporte rien plus finon vne dcclaratiô plus
certainequc veut dire cemntde "race : car la
miiericordedeDieu eft caufe de ce qu'il nous
aime.Et pourquoy? Q_ii'eft-cc qj>c Dieu trou
uera en nous linon touc niJerc-S'il nous vou
loit aimer pour nofrre dignité, il faiidroit que
nous fuf ions du tout autres que nous ne fom
mes. Notons bien donc , quand Dieu nous rc-
çoiten Ion amour, qu'il n'ya rien quil'indui-
feà ccla,lÎ!ion nos mileres. Et il y a vue cor-
rcfpondance entre les niiferes des hommes, &
lamifericordede Dieu.£tain/îdonc,voul5s-
nous eftre auriez de luy ;;1 faut commécer par
cebou:,c'eftde fentir combien nous fommet
mifcrables crearui es,& que nous f.immcs per
dus &• damnez. Ccuv qui voudror.t tfpcrer là-
lut,&ne fciitiront p Jint leurs pouretcz, c'eft
autant comme liqutlqu'vnvouloit fauter par
deflus les nues. Appienons, apprenos, quel eft
le cliemî pour paruenir.i cefte gi'ace de Dieu,
c'eft que n.ius foyons conuaii-cus c'enos po-
uretez,&: qu'eftas coiàis en nous-inefaie^,d'au
tant qu'il n'y a q toute iniquité & malice en
nous, là deflus nous ayôs recours .îlamiferi-
cordeiSc pitié infime par laquelle Dieu eft ef-
meu à nous aimer, côbiéq nous en fovôs plus
qu'indignes. Voila à quel propos S. Paul ad-
ioufte en ce pallage,ce mot de mifericordr. Or
il eft vray que de la mifericorde, comme nous
auosdit, procède lagracermaisilnenous faut
point esbahir que Ciinrt Paul l'amis en fe-
côdlieu.E; pourquoyî C'a efté pour aduertir
qnous ne pouuoi pas eftre agréables à Dieu,
linon d'autant qu'il eft mifericordieux enucrs
nous. Comme quand il dit en vi^ autre parta-
ge,Lagraccde noftre Seigneur lefus Chrift, z.Cor.
& la diieûion de Dieu noftre Père foitauec 13.13.
vous.il eft vray que ladilctlionde Dieu pré-
cède en ordre, comme nousauôs dit que nous
n'auons point fahit finon d'autant que leGis
Chrift non a eftc enuoyéde Dieu!. m Père:
mais lainct Paul après auoir parlé de la giMce
qui nous a tflé maniftftee , ,X: t]ue journelle-
ment Dieu nous communique en la perfonne
de fui) Fils par l'Euangile, nionftre que cela
vicnr
9
SVRLAL ATIMOTH. î
vient 2e ce qu'il Iviy a pieu nous aimer par fa Commet eil-ce que no-is i^jmmes f\iit- enfans
bonté gratuite. Voila en ibmme quat à ce paf- de Dieu ? C'elt p.ir la paroiede i'Eiiargiie. Et
fa<»e. Venons maintenant à ce que dit S.Paul: celle parDle-laa'ou nous ellelle proicice.fi-
II appelle Tiaiothee/o» iray fis en Ufoy. Or non du cofté des honimti ? £t ainlî donc puiï
ceci déprime face pourroit eilre trouue tftrl que les hommes font er.uoyezdcDicu.quilcs
ge , qu'vn homme foit père fpituucl , veu que introduit corne en fon lieu afin de gaigner les
noftie Seigneur Itfus Chrilt a défendu cela, hommes à l'alut,i?;puis qu'auec la Parole, il ad-
j. j. ,, diûnt, Qu.'tl ne nous faut point auoir de pc- iourte aufsi les Sacremcns , voila Cvjmmevne
res enterre, d'autant qu'il n'y a que celuy qui naillàncenouuclle ,& Dieu meurtre là qu'au
eit au ciel, qui mente ceft honneur-la . Mais lieu que nous eftions nais enfanid'Ada,& que
tout ainlî que Dieucftant Père &de nos âmes nousdemourions en fa maled!i;i-ion,iiuans au
&denos corps, faitcerthonneur aux hommes monde, que tout celaeltaboli ennous parle
mortels que fon titre leureft commun : aulsi moyen de fonadoption gratuite. Puis qu'auiiî
quâd illuy plaiftd'enuoycr les hommes pour cft donc que Ict hommes fontainii conftituez
nousattirer àlafoy,ils nou; font pères Ipui- aunomdeDieu, &:quepar leur moyen les a-
tuels.Il eft vray qu'il fembleencores que ceci mes font appelées àla vie immortelle, il ne fe
neconuienepouuaueccc qui elt: ditenl'epi- faut point esbahir s'ils font aufsi appelez pe-
H(br. rtreaux Htbrieux.Carlaii y avnecompaïai- res. Et voila pourquoy faîd Paulne fait point - . -
iî-5- fon faite des pères charnels auec le Père de dithculté de fe nommer pcre tant ici que par ' """**
nos âmes, (qui n'crt qu'vn)c5me de chofcs op toutes fes epiftres.meimcmét auxCorinthiés. l'V' ^
pofites.niais le tout s'accordera tresbienqu.id S jnintention n'eftpas de s'auancer en dero- " ''^''''
nous aurons entenducoramentc'tft que Dieu gant rien qui loit à D:eu, ne portant preiudice
eftnoftre Père, & comme les hommes le font, à ce qui luycftreft rué, &doi tertre g.udé:niais
Ce nomde Père eit tant honorable, qAl n'ap pluliol): S. Paul magmile la grâce de Dieti, le-
partient qu'.-i Dieu fcul, mtfmes au regard des quel auoiiamlî engcndiéaes fidèles par fon
corps. Et amlî.quâd nous difons que ceux qui moyen . Saind Paul cnfjmmene veut point
nous ont engédrez félon la chair,font nos pe- obfcurcir la gloire de Dieu, ni attirer .à foy ce
resjc'ellvne faconde pailerimproprcicarv- qui neluy appartiécpointrcar ce fcroitvn fa-
xiecreatuiemortclle ne mérite pascs-ftedigni cnlcgeexeciablc: mais pluftoft afin que Dieu
te il haute & fi ejcellcnte : mais tant y a que foit rccognu Père fouuerain, il môftrc que les
Dieu par f.i bonté encores cleui les h mines fidclesont cftéattire?. àla vie celeftepar fou
en ce degic, qu'il veut qu'ils ffjyé; appelez pe- moycntcommes'il di foit, Mes amis nous auôs
res: &;c'crtafin qu'if: fccogn aillent tant plus t. .us enfemble vn Percde touç,&de vous&: de
obligez à luy . O. il n'y a pa:. grande ditficuké nioy, c'eft luy qui par fa vertu nous a regene-
quanc àla vie preieiitc, qu'on appelle père; rez, c'elHuy qui nous maintient: mais cepen»
chainels ceux qui ont engendré des cnfan . dant autfon; que la fcn-:cnccde vie, (&devie
Mais iliembleque Dieu foit le feul Père de incoriuptiblt)foit en nous, d'autant quenous
nos amei,en telle forte que cela ne doyue pQÎt auons rcceu par toy la doftrine de l'Euangile,
ertre appliqué aux homme'. :& tant y a qu'il y Se Dieu s'eft voulu feruir de ma perfonne en
a vnemtlincia.fon.Pourquoy-Ileit vray que ccftcndroit . levous fuis donc vn père fpiri-
c'elt Dieu feul qui nous engendre par fa Pa- tuel,non point àl'oppoCtedeDieu, non point
z.Vierrc rôle, laquelle ien5mc iemer.cc de vie:maii ce- pour duninucr riende fa dionité, mais comme
1.13. pendcjnt il appelle l'Eglifc, noftremere . Car citant fous luy & portant fa Parole , laquelle
J/d.s4-'> tout ainfiqu'vneinereconçûit,&: qu'elle por- ilm'auoit commife. Nous voyons donc niain-
C" Gui. te les cnfans, & qu'elle le. nourrit, ainfi Dieu tenant à quel propos S.Paul fenôme père des
4.17. ayant touiîours û Parole en fon Eglife , veut fidèles . Et de là nous fommes inftiuitsquefi
que nous loyôs &c;'2édicz par icciJe,&: nour- nous voulos ertre recognus &;aduouez de Dieu
ris (Soekuez, lufquc^àce quenous foyons ve- pour fes enfans,qu'il faut aufsi que nous foyôs
J.phe. < . ''■'J^ "^'^ aage d'homme, comme S. Paul en parle, enfans de l'EglIie , que nous ne facions point
j,. Voila donc l'Eglilc qui cftappelee nortre me- comme ces apoitats & ces rebelles qui vou-
re celefte, &r£fcriturcert pie ne de cela. Et droyentauoir feulement vne Chrertientépar
S.Paul declaiantcequi ena eftédi: aux Pro- fantafie, qui n'ont finon vne imag-nationdia-
phetes,monrtie que c'eft par la parole del'E- bolique.Or demoy,ie fuis Chrert!en,ie tiens
uangilc.qui ert la Itmcce de vie, que nous fom l'Euangile : voire il ne leur courte gueres de _
mes faits enians de Dieu . Pour cela PEglife parler ainfi , mais cependant ils reiettent tout
çil nomee nortre mère au 4. des Galat. Or par ordre d'Eglife.iis fe veulent exempter de tout
\nc melme raifon ceux aufquels certc charge ioug.ils cerchent la ruine de ceux qui font cô-
crtcominJe de porter l'Euangile , font appe- mi:, pour prefcher au nom de Dieu.cSclefquels
lez peres,qaand ils engendrent en Itfu>Chiift ils deuroyenc tenir pour leurs pères, s'ih n'e-
par u femence de vie me nruptiblc , & qu'ils rtoyent enfans du diable, mais ce font effron-
nourniren: les âmes, & qu'Us les eleuent luf- tcz & impudens iufques au bout, qui viendrot
qucs à ce qu'elles fjycnt venues à'perfldion. ici prophaner PEoUfedç Dieu. Pourceaux,
a.iii.
SECOND SERMON
pourceauT.que ne vbus tenez-vous en vos or-
dures & infeûions.alîn de ne point infefter les
autres ? Voila comme il faut que fi nous vou-
lons eftre tenus pourenfans de Dieu, que FE-
glife foit noftre mère, & que les Mniifties
ibyent nos pères ; & tous ceux qui ne veulent
point fe ranger là, qu'ils s'en aillent ( comme
i'ay Jit)auecqiies Satan en enfer cerchcrlcur
maifon : car ils n'ont ne lieu ne place en l'£-
çlife de Dieu. Et au refte', d'autant qu'il y en
a beaucoup qui font fcmblant d'tilre fidèles,
& qui prétendront le nom de ceux qui auront
efte reformez parl'£uangile,&toutesfois que
il n'y aura qu'hypocrilîe en eux, voila pour-
quoy faindt Paul appelle Tnnothee /o»-i>rajy
filstnlafoy. liadiouftecela pour le difcerncr
d'auec les cnfans qui eltoyent baftards . Car
le mot dontvfe ici faind Paul, ne fe peut airez
exprimer , il emporte comme fils naturel , vn
droit fils. £t fainftPaul auoit-il des entans
qui ne fuflent pas vrais & légitimes en la foy?
Ouy bien : non pas que la faute vemft de fon
cofté, mais pource que beaucoup auoycnt tait
femblant de rcceuoir l'Euangile par la bou-
che , & puis après qu'on ne voyoit que malice
en eux & hvpocnlîe , il les delauoue pour fes
enfans ,& dit qu'ils ne lont pointvrais & lé-
gitimes . Apprenons donc que ce n'eft point
afTç-z que nous ayons efté enfeignez en l'E-
uangile,&: que nous ayons fait profei'sion d'y
adhérer ,& que nous ayons ouy parla bou-
che des hommes ce que Dieu nous aura com-
mande,mais il faut que nousdemourions \rais
SECOND SERMON SVR LE PREMIER
CHAPITRE.
3 Comme ie tay prie que tu demourajfcs en Ephc^ auad l 'aîloye
en Macedone yfay-le,afin que tu dénonces k aucuns quds n'cnfcigncnt
point autrement'.
4 Et qu ds ne s' amujent point aut fables i;;^ généalogies qui font
fansfinjefquelles engendrent pluflofl quefïwns qu édification de Dieu,
laquelle gifl en foy, (fc.
enfans.que nous auifîons bien de toulîours
luiure le droit chemin fans en décliner en fj-
çon que ce loit. Car iî toll qu'on commence à
le desbaucher , & qu'on lailîè la droite li^ne,
que reite-il lînon qu'on dcuiene tout baifard,
au lieu qu'on cftoit du nombre des enfans de
Dieu, & qu'il auoit exalté l'homme en cc/l
honneur incftimabler Aduifons qu'en la per-
lonnede Timothee fainrt Paul nous a voulu
inlîruire, que iî nous auons receu l'Euangile,
il nous y faut tellement perfiller que la bon-
ne femence qui aura efi'e plantée en nous , ne
loit abbaffardie ne corrompue , mais qu'elle
perfilteiufqu'àce qu'elle produile fon fruid.
Et quand lera-ce ? Apres que Dieu nous aura
retirez de ce monde , & qu'il nous fera fentir
le fruitf & la iouillànce de noflre rédemption
en fon royaume celé fie.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de nollre bon Dieu , en cognoiflance de
nos fautes . Le priant qu'il luy piaife nous tn
purger, &: nous en toucher telliniét au vif que
nous apprenions de renoncer à tcut ce qui cil
du mot)de,& de noilie chair,& que nous met-
tions peine de venir à luy , voire & eu telle for
te qu'il nous reçoiue côme les enfans. Et puis
qu'il luy a pieu nous attirer àfovparla co-
gnoiflance de là vérité , qu'il luy plai fe nous
conduire uifqu'en la fin , &; nous tenir la main
lorte.ann que nous ne foyons iamais delloyr-
nez de iâ faincte vocation. Amli nous dirons
tous, Dieu tout-puiirant,Pere cclelfc,&c.
' £ L O N que Dieu nous fait
Icefte grâce & honneur de
juous employer à fon ferui-
'ce,& que la chofe auisi le re
jquiert , chacun fe doit tant
j plus eiforcer au labeur au-
quel autrtuiét nous femmes par trop lafches.
Et c'eft ce qui doit inciter ceux qui'font appe-
lez à vn eitat grand & difficile, d'y appliquer
tous leurs iens iS.; cltudes.Et d'autant que nous
deuôs cognoillre noltre infirmité, il faut aiifsi
que nous aduifions àinuoquer Dieu, afin qu'il
nous c5(Juiie,& qu'il fiippleeà ce qui nousde-
.faat::ant y a que nous n'auroiii nulic excufe lî
f IVîf un lit nous ce regarde à quoy Dieu l'ap-
pelle , & en quoy aufsi il peut fcruir .\ {e<. pro-
chains. Voila pourquoy lama Pauldu main-
tenant à Timothee qu'il doit péfer pourquoy
il eft en la ville d'Ephefe.Car ilfaioit bien
que fainft Paul eufl elle contraint a le laifler
là , pource qu'il ne fe pouuoit pas de Ion bon
gré palier d'vne fi bonneaide,&n bonr'^' com-
pagnie de Timothee , comme il luy eftoitne-
ceflaire, &: neantmoins il le laifle en vne ville.
Pourquoy? finô àcaufequ'il y voyou des cho
fes d'importance , & qui requeroyent fa prc-
fence . C'cJldonc la raifon dont il vk main-
tenant pour lepicqucr d'auantagc àtaire ion
dtuûir;Tu i^.iis (dit-il) que le t'ay lailTé à£-
phcie;comnic s'il difoit,Ta cop.agnie m'eitou
bien
SVR LA I. A
bien profitable, & quad il a f.ilu que faye efte
ieparé de toy , ce n'a pas efté qu'à grand re-
gret : d'autant plus donc dois-tu maintenant
c'effprcerjvoyant que tumedefaux.Si cen'e-
ftoit que l'œuure auquel tu es,deiue vn hom-
me qui ne fuft point vulgaire , & qu'il en fuft
meftier, l'eufle mieux aimé t'auoir auec moy,
& tu ppurrois i'eruir à Dieu. Pourtant aduife
que le temps ne foit point là perdu. Or regar
dons maintenât ce que ûnict Paul luy ordon
ne.I* yfux(^dit-il)qite ru dinoces à aucuns aut
ils n'enfeigntnt pas jHtrement,cy qu'ils ne s a-
tnu-fent foint iUtx fables O" généalogies infi-
nies. S.Paul ne commande point yci à Timo-
tliee qu'il prelche, qu'il fice Ion office accou
ftumé:car cela leroit fupcrflu: mais en parlât
à luy(come nous auôs touché ce inatin)il luy
donc authorité, & l'arme à l'encôtre de ceux
qui autrement ne fe tuflent pas aileemct ran
gez : voire pource que c'eftoyent gens ambi-
tieux,& qui le vouloyét faire valoir, &■ mcl-
mes qui auoyent taiché de l'urmontet Timo-
thee. Sainft Paul dôc n'inifruit pas yci ccluy
auquel il parle, de faire fon office fimplcmét,
mais plufloft il luy déclare que lî on mclpnle
les aduertifTemêsjque cela s'adreflera à Dieu.
Et c'eftafin que les fidèles ne le laiflent point
mener par ceux qui feulement pour s'au.îcer
eulTent trouble tout l'ordre de l'Eglife. Voi-
la pourvnitem.Cepcdant nous voyons côme
le diable a toufiours machiné decorrôpre ou
obicurcir la pure doef rine , que ce n'tif point
vn mal qui comméced'auiourd'huy.Vray e/f
que Dieu euft bien peu empcfcher cela , mais
il a voulu que les fidèles fulîét exercez en ce
combat.Commeauiourd'huy quâdnous voy-
ons qu'il y a des gen'; qui ne demandent que
de peruertir la bonne doctrine , ou de femer
quelques zizanies, fcachons que Dieu no' cf-
prouue,& qu'il veut içauoir quelle fermeté &
confiance il y a en nous,&; Il nous auons prins
bonne racine en la foy.Carcôbicn qu'il y ait
gés volages & des efprits cfceruclez qui met
tent en auat beaucoup de folies ^ de fpccula
lions friuoleSjCeux qui auront eilé bien con-
femiez en l'Eu.îgile.pcrlîflcront toufiours&r
ne feront point desbauchcz , pourtant que S.
Paul dit qu'il faut qu'il y ait des herelîes , &
des fcdes , afin que ceux q: i ont vraye.Tifnt
i.C«r. ^^^" à Dieu, foyétefprouuez.d: qu'ils pafTent
il.d.19. <^o"Tne par l'eilamine, que cela foit vn droit
examé pour difcerner les vrais enfas de Dieu
J'auec les hypocrites . Voila ce que nous a-
uons à noter de ce paflàge.c'eff que dés le c5
mcncementquei'Erâcile a tffé publié, le dia
blc a Uifcité des brouillons qui ont voulu met
tre en auÂt des folies nouueiles pour fc faire
valoir, & qui ont tafché d'obfcurcir la pure
fimplicité de PEu.Tgile tît qu'ils peuuét,com
me en delguifemét & en fard, pour la pcruer-
tir.Si nous voyons donc auiourd'huy le 1cm-
blable , que cela ne nous foit point nouueau,
T I M O T H. 7
puis que de tout temps Dieu a voulu que fou
Egliie fuft fuictte à ce mal-ci. Au reite, co-
gnoiflons que Dieu nous aidera , & qu'i! ne
foulFrira point que iamais nous foyons tirez
de la venté pour fuyure les méionges.moven
nât que nous cherchions de nous tenir en Ion
obeifsace.que nous ne foyons point volages,
pour eftre tranfportez , &:aufsi qu'il n'y aie
point d'orgueil en nous. Car ce font les deux
caufes pourquoy nous en voyôs beaucoup qui
delaifsét la puredocfrine de faluc: c'eftq les
vns font incitez par leur orgueil de chercher
choies nouueiles, Se Dieu veut auoir des di-
fciples q foyent hûbles. Voulons-nous donc
profiter en fbn efcole? Ayons ctfte humilité
de ne prelumer point de l'çauoir par trop,
mais feulemét d'eftre enfc-ignez de luy côme
bon luy iemblera. Et puis il y en a d'autres
d'vne légèreté fi grade qu'ils ne fe contétenc
point d'auoir entédu ce ^ elf contenu en VR-
uangile,& pourtant ils \ oudroyent toufiours
qu'on remuaft mefnage: & leur femble qu'ils
ont les aureilles trop ba tues, fi on leur réitère
ce q eff propre pour les édifier à bié, comme
quâd on prelchera de la fertu de noffre Sei-
gneur leûis Chriil &; de û grâce, il leur fem-
ble que cela leur eff defîa par trop cognu , &
qu'ils y font tât & plus accouilumez.D'autât
donc que cefte curiofitc-ci frétille en beau-
coup de cerueaux. Dieu permet qu'ils fe re-
pailient de vét:car ils ne font pas dignes auf
fi d'eftre nourris de la bône pafture. Et pour
tât fi nous voulonv que Dieu nous retiene en
la pureté de û parole, foyôs hijbles & mode
fies en premier lieu, & puis foyons fobrcs.S:
n'appetôs poît par vaine curiofité,de içauoir
pi' qu'il ne no' e/f licite, & aufsi, qu'il ne no'
eft expcdiét. Au relfe,quad S.Paul parle yci,
d'antremët enfeigiier,celi fe rapporte no feu
lemét à la fub/lke,mais aufsi à la forme qu'o
ap pelle, & au ftyle.Ccci feroit vn peu obfcur
s' il u'cftoit dtclaré plus à plein. Il y a deux
chofes en la doctrine , il y a le liiiet dont on
paile, ou la matière: côme voila vn argumét
que no' prenons, C'eft de cognoiftre vn feul
Dieu cffre noftre Pere,&: le cognoiftre en no
ftre Seigneur Icfus Chrift,d'autît que c'eft là
qu'il fe déclare à no' côme en fon image vi-
uc. Voila donc vn fuiet pour enfeigner les
fidèles. Il y aura puis après la façon de dedui
re les choies. Car côbien q la fubftace foit le
prrcipal,toutesfois ce n'eft pas encore le tout,
niais il faut que cela fe monftre auec vn ftyle
jpprepour enfeigner, comme quand nous di-
rons,Dieu eft noftre Père, il faut que d'vn co
fté no' monitrions que cela ne no' appartiét
pas finon par fa pure bôté & gratuite:& quïd
no' l'auons ainfi cognu tous, que nous conce-
uionsauAi quelle eft fa gloire & la maiefté,
pour luy rédre l'honneur q luy appartiét : & Co/o.i
que nous fçachions aufsi que noftre Seigneur a. % dj»
lefus Chrift eit l'image Yii)e,en laquelle nous y^^'
a.iiii.
SECOND SERMON"
contcmplonsDitu le Pere.voired'aiitat qu'en
■luy font cachez tous les thicforsde rageirc&
d'intcliigcnce,&: que là Dieu nous a delploye
fa bonté, la iuihce, la fageiic, & vertu nitinic :
que quand nous auôs lefus Cluill.ià nous fça-
uons que Dieu fe veut approcher de nous.
Quand donc les choies lont déduites , & que
tounours nous tafchons de rendre PEfcriture
familière, tellement que nous cognoifTons que
c'eft Dieu qui parle à nous, voila les deux cho
fes qui font contenues en la dot^nne . Or l'ay
dit que S.Paul en ce paflàgene veut point que
onprefume d'enfeigncr autrement qu'il n'a-
uoit l:ait,& que ne taiioit encores pour ce téps
la Timothee.qui cftoit du tout côformc à kiy.
Et pourquoyrCar fi on chage la (ubftacc pour
abolir toute la vérité de Dieu (comme les Sor
boniUes, quand ils baltiirent des faulTes doâri
nés qui font du tout répugnantes à la vraye
foy)voila comme le menfongereoncra au lieu
de la venté . Il y a vn autre mal qui ne ftinble
pas eftregrad:&:de faift,onne le cognoilVpas
élire tel ne prime lace, mais fi eit-ce vnc pelle
mortellequoy qu'il en foit.c'elhafcauoir qu.ld
les chofcs font tellement defguilces, qu'on ne
fçait qu'on veut due, que les gens qui font me
nez d'ambition, auront feulement vn babil &
langage exquis, ils auront de^ fpcculatiôs fiie
ne fçay quelles, qu'on n'y pourra nen mordre.
Voila comme nou' deuons piendre ce que dit
ici famd Paul . Maintenant nous auons défia
quelque ouuerture pour fçauoir quelle cft l'in
tention de l'Apoftre ,c'eft.'.(Vauoir qu'on fe
tienc à la pure ilinplicité de laquelle il auoit
monlhé l'exemple. Et c'eft pourquoy en la fe
condecpilheqce nous verrons, il c jr.imande
d'en'liiure la poui traiture,&c5me l'tffîgic vi-
ue de la doctrine qu'5 auoit ouye de luv. Siîiît
Paul ne fe contente pas que T:mothee prcf-
che,&qu'il annonce la dodtrine,qu'il continue
toufiours à enfcigner le peuple côme il auoit
commencé , mais il luy du , qu'il faut qu'il fe
conforme en tout & par tout à ce/îe ima^e vi -
ue,& à ce patron lequel il tenoit deluv. Nous
cognoiftrons mieux par l'vfage & parla prat-
tique ce que fiinft Paula entendu . Nous ver-
rons quelques fois que les hérétiques viencnt
du tout renuerfer les fondcmés de noftre fo v.
Comme quoy?. Si l'vn nie que no/lre Seigneur
lefus Chrift fjit Dieu éternel, d'vne melme
circnce aucc Dieu fon Père, c'tfl batailler
inanifeftemctà l'encontre des principes. .Si on
nous veut faire à croire que nous foyons au-
trement fumez que par la pure grâce de lefus
C'hrift(commeles Papilles ticnent) qu'ilfaut
acquérir Paradis par nos mérites, & que ce qui
nous dcfrut.iilc- fout liippleer par nos fuista-
ôions- , & que c\ft le moyen de nous racheter
enuers Dieu : c'eJt barailler manifellement
contre ce qne Dieu nous môftre,&- c'eft com-
me anéantir la fub fiance de l'Euangile.II faut
donc (jiic nous foyons ici iur nos gardes. Qm:
fi on nous apporte autre dotlrine que celle
qui efl contenue en la Loy &en l'Euangile,
que nousladetcllions comme vne peflc mor-
telle.Car celuy qui nous oftc la pure veritc,&
qui la corrompt, nous oile la vie de nos âmes,
aies faufles dottiiiies font autant de poifons
& venins qui fjnt pour nous meurtrir. Que
nous facions donc bon guet à ce qucnou^ ne
foyons point leduits ne trompez par des hé-
rétiques qui viendront pour nous diuertir de
lapuieté delà loy . vo.la pour vn item. Mais
il y en aura qui viendront comme par deflous
terre, qui du premier coup ne renuerferont
point la fubftance, plulhiil ils feront fcmblât
de vouloir adhérer à nous , mais tant y a que
par fu&til moy é & par voyes obliques ils nous
deftuurnent delafimplicité en laquelle Dieu
veut que nous foyons nourris. Ils vicr.dront là
comme ferpens entii tillans leur qucue,ils au-
ront beaucoup de laçons de taiie oui feront
plaifantes pourattrairc cS; pour pailtie les au-
reilles: mais quoy qu'il en f.î:t,ils parlent cô-
me vn langage baftaid. Q^e fi on les efcoute,
&fion s'accorde auec eux , voila toi'tce que
nous auons apprin. auparanant, qui ellelFacé.
Et ainfi en ell-il aàuenu en la Papauré : car là
aufsi tout le monde a changé de llyle , telle-
ment que l'Efciiture faindle ell coii-.me vn lan
gageeilrargc na appelé Théologie, non
pas comme d irequi foit comune aux en-
fans de Dieu, .liais comme vne fcicnce qui ell à
part pour peudegens. Car qu'ell-ceque la
vraye Théologie r Ce que noftie Seigreur a
voulu eilve ccinniiin à te us fes en Fans, àgrans
&àpctis,corame il e/ldit notamment au Pro-
phète liaie: & noilve Seigneur lefus le cofer- jr, ,^
meau''i.de fainct lean, quepour eftre fiddes, j,
& poureilre du troupeau deiTglif- il faut
que nous foyons eiif ign<z de Dicu.Amfidôc
quand le monde s'ell addoniié à vn tel lanca-
ge, qu'on a laifle l'Efcriture fiinde,& qu'il y a
eu vn ftylecoutnouueauiS;e'liange, tcutae-
fté confus & brouillé:ie di encorcs que la do-
ftrine ne fufl pas dircfteinent contraire. Et de
fai£t,il y a entre les théologiens Papi/liques
d'aucunes chofes qui ne font pasdu tout fàuf-
fes.le di d'aucunes :car ;1 v a des corruptions fi
vilaines & enoim.es,que les cheueux en doiucc
drefTer en la teile.Mais il y a quelques articles
qui ne font poinrpleincinenr faux d'eux-mcf-
mes: mais fi ell-ce que lain.5t Paul les côdam-
nc ici. Et pourquoy? car il femblc que ce foit
comme des forciers qui ayét vn flyle incognu,
& qui veulent faire des con urations ie ne fçay
quelles,oubienquece fjntdes gueux del'ho-
Itierc qui ont leur fiyle à part: ils fe debatent
comme chiens & chats en vn langaç^e contus,
tellement qu'ils ne fçauent eux-mefmes qu'ils
difent. Nous voyons par cela que c'efl d'cltre
autrement enfcignez.c'ellafç.iuoir fi on pcr-
uertit la doétrine de Dieu , fen-.ant des erreurs
& ttôpcricbuianifeflcs,ou biéfi ondeftouvnc,
£ on
s VR
fi on de{guire,& qu'on farde la pure iîmplici-
té de rEuangile, qiie nous ne {cachions ii on
parle de Dieu, ou dcquoy. Voila commcjious
ierons autrement enieigncz ,&d\neiaçon
nouueIle& eftrange.Or iainft Paul ne veut
point que cela (c race , & pourtant il dénon-
ce àtousfideleid'cuiter telles fpeciUations,
&denonceà ceux qui le veulent taire valoir
par vne vaine gloire, comme ks efprits tre-
tillans y font incitez, qu'il leur femblera que
on ne les prifera point alFez, s'ils prefchcc pu
rement l'Euangileài faut baftir &; forger des
Spéculations nouuelles, & viendront mettre
des fintreluches en auant, il n'y aura que va-
nité &menfonge,& toutestûis on leur applau
dit:& voyat que cela eft bien reccu, ils en pre
nent plus grande hardiclle de s'auacer.Sainift
Paul doncJenonce à telles gens qu'ils fe dé-
portent, & qu'on ne les efcoute point, & que
ils ne vienent point ici faire des meflinges,tel
lement qu'on ne fçache plu^ qu?l eft le viay
ftyle & langage du faincflEfprit. Voila en foin
me tout ce qui nouv cft ici ir.oi-ftré. Mainte-
nant pource que iev gens qui iont tranfpor-
tez d'ambition, ne l'e laiffcnt pas aifetroét ga
gner ,& qu'il va vne arrogance telle qu'ils
font obilinez a maintenir leur cas, /ai net Paul
veut que Timothce \ fe d'authorité iiiagiftra-
le, (qu'on appelle.)ic veux(d!t-il)que tu de-
noces, c'eft àdire.qiie tu détendes. Par cela il
n"enttiid pas oue Timotheevfc d'vne maiftri
fe pour dominer lanv ra.fon. Cai(c5me nous
auons dit ce matin) il faut que toute princi-
pauté l'oit referuee à Dieu icui,&que les liom
mes n'entreprenent point outre leur mef ire,
mais que pour maintenir la caulc de Dieu,
nous paillons : toutestois non point comme
en crainte & en doute, mais fçac!i,''s bien que
celuy qui nous a commis à cela, eft foiiueiain
par deuils tous, que nous luy facions l'hon-
neur qui luy appartiét. Q^and vn homme fe-
ra eniioyé par fon prince en quelque ambaf-
fàde, combien qu'il ne vueille point parler en
fon nom priué trop rudement , fi eft-ce qu'il
faut qu'il s'acquitte de fi charge , & lelon la
commifsion qui luy eft donnée qu'il parle, &
qu'il parle en forte qu'on voye qu'il ne fe
feint po;nt,pource qu'il cognoift quelle per-
fonne il fouftient:mefmes s'il y a quelque 1er
gcnt qui foit enuoyé parle iuge,il parlera en
authorité.Or qu.ïd Dieu nous enuoye,& nous
met ia parole en la bouclie,faut-il que nous y
allion>auec vne fimpiicité fî grande que les
hommes en mefprifent D!eu,& qu'il, fe moc-
quentde fi parole que nous portons? Nenni,
nenni. Pourtant {àmft Paul arme iciTimo-
thee , afin qu'il ait comme vn front d'airain
contre tous orgueilleux qui voudront faire
desbraues : qu'il leur dénonce ,& qu'il leur
l*r<r.i. mop.ftre que Dieu eft par delTiis eux : comme
lO.iT" aufsiilen eft traittéauprophetcleremic.non
ii,&!9' feulement quand Dieu luy dit qu'il le ccniH-
LA I. A TIMOTH.
tue par dcflus tous les royaumes & les princi-
pautez.mais quand il luy dit, Il faut ^que tu
ayes vn front d'airam: car on bataillera con-
tre toy,mais '1 faut que tu fumiontes : Si puis
il dit, Arçue les montagnes, &rcpren les co-
ftaux : comme auf i iainft Paul dit, qu'il faut ^-^-o'''
quenousabbaïf ions toute hautefle qui s'ele '°-4-î.
ue contre noftre Seigneur Iel"u';Chrift,&que ^ ^*
nous tenions tous fens humains captits.que
l'Euangile foit comme vne briàc,& s'il y en a
qui veulent faire Am chenaux efchappez, que
nous leur monftrions qu'il y a leglaiue de
Dieu qui emporte fon exécution quât iScquat,
& que ceux qui fe voudront rebecquer con-
tre nous, ne demeureront pas impunis. Nous
voyons ce que Ciintl Paul a entendu en ce paf
fage. Il tant donc que tous ceux qui ont l'of-
fice de pafteur en l'£glife,cognoiffènt qni les
a ordonnez ence lieu-là,c'eft afçauoir Dieu,
& qu'ils parlent en authorité&maiftrife, voi
re n'vfurpas rien à leurs perfonnesimais quâd.
il eft qucftîon de maintenir la vérité de Dieu,
que nous pourfuyuions, voire quelques mena
ces qu'il y ait : & que lés hommes regimbent
tant qu'ils voudront, fi faut-il toutesfois que
les vrais miniftres de lefus Chrift tienêt bon,
& qu'Us monftrent que leur maiftrc a préémi-
nence par deffus toute: créatures, & qu'ils ab
baiflent toute hautefle, qui voudra toufiours
excéder là raefure, comme nous auons dit. En
fomme, nous voyons que ce n'eft point aller
d'enfeigner ceux qui de leur bon gré fe ren-
dront dociles, & qui receuront volontiers ce
qu'on leur dit lirais il tant auisi rembarrer
tous ceux qui s'oppofent à Dieu , & qui veu-
lent empefcher que la vérité r.'.iit fon cours,
Tom ceux qui veulent defguifer la vrayc
religion, qui veulent peruertir l'ordre de l'É-
glifc, il i.iuî que nous monilnons les dents à
telles gens,fv" ccninié que nou: n'ayons point
de glaiuemateritl, ne dé puifla.nce r.iond.v-
nc,& qu'eux en foyent ar.mez, que toiuesfois
nous ne laifsions point peur cela d'exécuter
fidèlement ncftre charge.monftrant (comme
i'ay dit}que la parole de Dieu n'eft- point feu
lement par deilus les hommes mortels, lujis
qu'il faut que les A.'ges de paradis l'adorent.
Or fiiiift Paul voiilart exprimer ce ou'il a-
uoit dit en bnet (Cenfcigiierautrtmtnttila.d-
ioufte,(TB'c7; ne s'amiffc pniiit à f.ihlcs & à o-e
nealogies^qui n'ont point Je /r»(dit-il) lefijneli
les mettent plufloji en nK.int contentons ù- de
hitts cjite ï édification de Dieu tjni couÇifie ta
fiy- Nous voyons ici plus clairement ce que
i'ay défia cxpofé, c'elè afçauoir, que fainft
Paul n'a pas feulement condamné en ce lieu
les dotirines qui font du tout faufles , & qui
contienent quelques blafphemes : mais aufsi
tous tes menus fatras, toutes ces fpeculaticns
inutiles qui fôt pour deltou: ner les fidèles de
la pure fimpiicité de noftre Seigneur lefus
Chrift. Ce que fâin£t Paul a compris fous ca
b.i.
l.Ti'w.3
1<S.
33-3I-
31-33-
10
mot de Fables: car il n'entcd point feulcmét
des menfonges qui font controuuez,& qu'on
peut redarguerà Pœil.mais auti toutes cho
les mutiles. Et le mot dont ilvfe, empo:ce
celi.Qu^eft-ce dôc que S. Paul reiettc en ce
pafTigeîToutes choies curieufes, toutes fpc-
culations qui ne font que pour tourmenter
les efpnts,&.' leurdonner quelque trouble, ou
bien où il n'y a que quelque b^lle monltre &
parade,& qui ne font point vtiies pour le fa
lut de ceux qui efcoutent. Or ceci doit bien
cftre retenu. Car ci après nous verrôs.au plai
fir de Dieu.pourquoy S. Paul en parle aiiifî,
c'eil d'autant que la parole de Dieu doit e-
fVre vtile, comme il en parle. Dieu donc ne
nous a point donné feulement fa parole afin
de nous paiftre fans aucun profit : comme le
mode voudrait qu'on luy chatouillaft les au-
reilles,& qu'il y eufl ie ne fçay quoy de plai
fant en iio^Tant feuleraét.Dieu ne veu: point
s'esbatre ici aucc nous, mais il veut que nous
ayons vne inflrudion bonne, c'eft à dire que
no' receuions profit de fi parole.Tous ceux
donc qui n'appliquée point la parole de Dieu
à bon profit & vlage , lont contempttu.s &
fauflaues de la bonne dottrine.Bncl,!a paro
le de Dieu cft- comme propbanee fi ce n'eft
qu'on l'applique à celle vtilité que nous en
rc(-cuion^ bônc inlhuclion pouvnoftre falut.
Et amfî tout ce qui fera mis en auat fans au-
cun fruift, & qui ne feruira de rien au falut
de ceux aufqucls on parle, cela ell tenu côme
fable, ce font des côtes qu'on nous fera pour
plaifanter,afin de nous faire palTer le temps,
voire des contes de la cicongne, comme on
dit. Car Dieu ne veut point ainlî le iouer a-
ucc nous,& que nous le tenios comme vn ba-
fteleur:& toutesfois voila l'honneur que luy
font tous ceux oui cerclient des vaines curio
lirez en l'Efcriturc fainfte. Comme au f,i cela
ell reprociie aux luih par Ezechitl : car ilv
venoycnt .i luy , fa:fans fcmblant de vouloir
rcccuoir h dodrine.ils le mettoyent là a les
pieds pour dire , Nous venons ici pour cJhe
cafeigncz au nom de Dieu: c'elbit merueil-
Ics (le voir leur deuotion: mais Dieu leur dit
qu'ils venoyét l.i comme li on alloit ouir vn
mencftrier qui louera de la harpe ou de la
flctite,qui pailtra feulement les aureilles d'v-
xie chanfiu plaifantc.O.- quSd on y vient ain
fi.c'eft le moquer pleuitmcnt de Dicu,&pio
phancrfa parole. Pourtât apprcuô. que Dieu
ne veut point qu'il y ait des tépies pour gau-
dir à potir rire,co;nme il on ioiioit ici des far
cci : mais il faut qu'il y ait vne maiefté en fa
parolcde laquelle nous foyousclmcus& tou
chez: S: puis qu'il y au inlhiidion profitable
À falut,& que nou; foyons nourris de ccfte pa
ftiire fpirituelle, tellement que nous l'entions
que ce n'eft point en vainque Dieu a parle à
nous SainÛ Paulayantainli parlé de ccsdo-
ftrmcs inutiles en gcneral,en met vne efpece.
SECOND SERMON
afçauoixde^r»*4/i)^/«. Non pas que tout ce
qu'on pourroit diredes généalogies, foit à re-
ietter,mais il faut regarder le vice qui regnoit
du temps de S. Paul. Car les Iuifs(comme il en SoKitf.j.
traittc en d'autres partages, & luy-mefme s'ex 4. ^5?- s,
pofe 1.1 plus à plein)auoy et tellement en recô 0'tit.t.
mandation les chofes qui n'eftovent qu'accef ] 4.
foirfv.que le principal eftoit laiffé par euXj
c'tftalçauoir la crainte de Dieu.l'efperar.ce
de falut qu'il auoit donnée aux Pères : celle
alliance lacree laquelle ils deuoycnt conioin
dreauecla grâce de nollre Seigneur lefus
Chrill , la bénédiction qui leur eltoit promis
le,& puis la fainctetéde vie,& la règle de bien
prier Dieu.&d'auoir fon refuge à luy. Tou-
tes ces chofes-U qui contenoyent le princi-
palde la dodrinceftoyent miles en ouldi, &-
cependant il n'tftoit queltionquede ftauoir
laconter des généalogies fans profit aucun, &
fçauoir raconter toutes les lignées, comme fi
leur falut eufb coniîfté en ce qui ne feiuoit de
rien. Voila pourquoy fiind Paul condamne
les généalogies. Quand Dieu nous a déclaré
comme après Adam , &nK'fmcs après laniort
d'Abel la religion a cité comme efleune, ?<
puis qu'elle aellé remifecommeau delîus iuf
ques à Noe , & que de là encores tout a cité
corrompu comme par vn déluge, lînon en vne
mailon feule:& encores, que le père d'Ab.a-
hams'elloitaddoné àluperftitions mefchan-
tes,& que tout eftoit plein d'idolatri es :cesge
nealogies-lànouspeuuent eftre profitables.
Apres, quand depuis Abraham iufques à Da-
uid, nous voyôs vn récit continuel des douze
lignées, lequel nous mcine à la lignée deluda, r .„ .g
de laqlle il auoit efté parlé par la bouche de „ ^ ' o'
lacob en cfprit de prophétie, ce ne font pas '^
chofes à melpriler.Et pourquoy?Car là nous
contemplons comme Dieu a gouuerné fon E-
glifede tout temps, &comb;en qu'elle tufl
eu petit nombre,que toutesfoiv elle luy a efté
precieufe,&qu'vne petite poignée de gens a
efte maintenue par luy d'vne façon admira-
ble. Nous voyôs comme les hommes ont cité
toulîours enclins àmal, qu'ils ont eftécorrora
puï,& que Dieu ne les a peu retenir en ion o-
beillance.Et au rcfte.nous Voyons comme les
promefles ont efté accomplies depuis q Dieu
a choifi Abraham, nous voyôs les ihofcs eftre
aduenues comme il les auoit prédites : nous
voyons comme le royaume a clic en la fin e-
llabli en h lignée de luda, que le fceptre a c-
fté drelTé comme lacob l'.auoit prononcé ,> _ ,„
1 nr,- t./,:, 4P.
long temps auparauant: mais comme 1 iilprit „
de Dieu luy auoit mis en la bouche. Apres Da
uid, nous voyons comme le royaume a efté
abbatu,& que Dieu l'a rcdrclTe en la perfonne
de noftre Seigneur lefiis Chrift. Voila donc
des chofes qui nous font bien vtilcs ,voue
quand on les appliquera à bonne lin & v fage:
mais (comme i'ay dit) les luifs s'amuioyent
limplynent aux acccfibires, & cependant ils
laifToycnt
s VR L A I. A
l.ii/Toycnt la fiibftance , comme auf-i il en elt
aJucmi en la Papauté. £n qiioy eit-ce que les
eiirans de Dieu le doiueiit exercer, & appli-
quer toute leur eliude ? C'cft de cognoiihe
comme Dieu nous eft Père & Sauueur ,anifi
qu'il s'eftmonltrcen noilre Seigneur lelus
Chrift.come auAi /âir.ct Paul le dit en ce paf-
rage,que la vraye edrfication confîfle en foy.
Or la foy n'cfl- pas l'cule , mais elle emporte
aul-i que quand Dieu nou' aura pardonné nos
pccliez,& nous aura iuftifiez par la pure bon-
té,qu'il nous aura,di-!e, refoimez à fon ima-
ge,que nous le pouuons inuoquer en toute 1;-
berté,& en telle confiance, que nous ne dou-
tions point de l'appcller noitre Père, S: nous
tenir pour fes entans au nom de noftre Sei-
gneur lefus Chriftrque nous pouuos nous glo
rifier à rencontre de la mort & de tous nos
ennemis fpirituels: que nou', cheminions com
me en la garde de noilre Dieu, necraignans
rien aun'.ilieude tous dangers , puis qu'ainfî
eft qu'il nous conduit & gouuerne . Voila en
quoy les fidèles Te doiucnt exercer tout le
temps de leur vie.Toutesfois qu'ell-ce qu'on
fait en b. Papauté ? Ceux qui voudront ci>re
Théologien' , cmployent vne grande partie
de leur vieàdilputer des choies dont ils ne
peuuent auoir nulle relolution . Car quand
ils auront bien combatu , lî eft-ce qu'ils ne
trouueront vne feule Tyllabe en l'Efcriture
faiuifte pour les refondre en leurs queiciôs.Et
comment.'Qu'on difpuceainfideschofes que
Dieu nous a voulu cacher ? £t encores qu'el-
les fuflcnt bonnes , Dieu ne nous a-il point
ct5itituc nos limites qu'il ne faut point palier?
Voire, & nous a donné en l'Efcnture ce qui
eft bon & expédient de fçauoir.Car il cft cer
tain qu'il ne nous a point apprins feulement
vn a.b.c, quand il nous a donné fa parole, mais
il nous a enfeignéà pleine bouche ; comme
t)«».3o. Moyfe le difoit au peuple d'ifrael. £t fainft
^4- Paul s'en glorifie plus à plein, di/hnt que l'E-
i.Cor.i. uangilc contient vne fageflè parfaite. Or les
tT' ?• doûeurs fcholaftiques, qu'on appelle, le fort
beaucoup tourmentez àdifputerdequeiiiôs
dont on ne trouucra nul tefmoignage en l'E-
fcriture fâirûc. Par cela donc nous voyons
que ce n'ell point fans caufe que fainû Paul
a ici côdamné toutes chofes qui ne nous peu-
uent édifier, comme font toutes cescuriofîtez
friuolesdefqiiellei' nousne reccuons aucune
fermeté de f;iy, mais pluftoil c'eft pour nous
faire voltiger en l'air, quand nous su; ons les
aureillev barues de ce qui a efté côtrcuué par
les hommes. Que fera-ce? aurons nous quel-
que tondemcnt pour nous appuyer ? Nenni:
mais plulloftnous ferons esbianitz& agitez
en lorte que nous ne tiendrons plus ne che-
min ne fentier : nous ne fçaurôs qucc'eilde
falut,de toy.ne d'efperanceibrief Dieu nous
fera eftrangc & incognu, tellement que nous
n'entendrons point, ne gens letcrez, ne gens
T I M O T H. II
idiots. Apprenons pourtant fur cela de con-
gnoifcre &; difccrncr quelle cd lafa'^on de
bien enfcigner que Dieu approuue, c'efl fuy-
uant ce que fainct Paul declaireici , que nous
foyons édifiez en Dieu,voire par foy. En pre
mier lieu faird Pauldit,Q_u2i' nous faut élire
édifiez cnD;cu. Ce mot d edifer , tlï aflcE
commun en l'Efcnture fainéle , mais iln'til
pas entendu de tous. Pour le bien entendre,
notons que c'cft vne iîmilitude qui nous eft
donnée, d'autant qu'il faut que nous foyons
temples de Dieu, pcurce qu'il veut habiter en
nous. Ceux cuiprofitent en bien, c'eft à dire
en la foy, en crainte de Dieu, en fainileté de
vie, il eft dit qu'ils font édifiez , c'eft à dire
que Dieu les b.ift.t pour eftre fes temples , &
qu'il veut habiter en cux,& auAi que nous fa-
cions tous enfcmblevn temple de Dieu : car ,
chacun de nous en eft comme vne pierre.
Q_uad donc nous feiôs bien enfeignez chacû
en Ion endroit ,& qu'aufsi nous ferons tous
vnis enfenible en droite fraternité: voila com
meno' ierons édifiez en Dieu. Ileft viay que
les hommes pourront aucunesfois eftre édi-
fiez en orgueil:comme nous voyons que ceux
qui le'plaifcnt ,en leurs vaines tantafies,<3i qui
eftendent Itnrs ailes , & s'enflent comme des
crapaux , penfent eftre bien édifiez. Las que
c'eft vn poure édifice que celuy-la ! Mais
fainél Paul notamment dit ici, qu'il nous fauc
eftre édifiez félon Dieu. En quoy ilmonftrc
quequandnous ferons enfeignez à feiuir.i
Dieu, i l'adorer purement ,àmettre noftre
fiance en luy,quc c'eft l'édification qu'il nous
faut fuiure: Si toute doftrinequi tend à cefte
fin-l.i,&y eft confermee,eft bonne &ûinôe,
& faut qu'on l.i reçoiue : mais tout ce qui va
aiirebours ,. il faut qu'on le reiette iàns plus'
lorgucdifpute.il n'eft point qucftiondcs'en
enquérir d'ai'antage.Et pourquoy eft-ce que
on reiet:e ceci t< cela ? Pource qu'il ne foc
pointa l'édification de Dieu. Car Diîu ne
nous veut point ainufer comme peiis enfans à
des hochets, ou à des badinages , comme des.
ioueursde farce , mais ih eut que nous rece—
uions vn telprofit d; fa Parole , qu'elle foit
glorifiée en ce que nous cognoiftrons que là
gift noftre vie & noftre filut. Ce n'eft point
fans caufc que fainft Paul oppofe à cefte édi-
fication ici vne infinité de troubles: car il dit.
Généalogies qui n'ont point Jf/n.Nous au5s
delîadiftingué entre ce qui fe peut dire des
Genealogiesjc'eftà due lignées ,auec profit
&inltruélion,&auec ce qui eft fnuole.Ouad
donc ùind Paul parle des Généalogies qui
n'ont point de fin, il entend oue fi on s'arre-
fte là,& qu'on en face le principal , que c'eft
chercher l'ombre, & laifler le corps. Au reile,.
cependant il monftre que fi les hommes laf-
chent vne fois la bride à leurs curiofitez,que
ils ne feront que chercher des queftions Si
des fpeculations vaines & friaoles. Y a-il an.
b.ij.
ïi
SECOND
k Terpi'it humain quand il fe laifle gouuerner
félon (a vanité? quels difcours faifons-neus?
Quand vn homme refue en foy , & qu'il ba-
ftu des chafteaux en Efpagne,comme on dit,
ie vous prie, ou eft-ce que fou efprit ie pour
meine,c'eft ad;re, l'on ceiueau ? ne le faic-il
point courir &: trotter çà&r là?Ainlî en eii-il
toute-^fois & quantcs que les hommes veulent
eftre Tages à leur l:an£a!'.e,qu'ils cnti et en des
aby Imes lî grans que c'eft horreur. Bricf,Pe-
fpnt hunum eftcôme vn gouffre iuiatiable :
& quand nous entrons là,nous loiiimcs telle-
ment entortillez qu'il n'y a nulle iflue. Et
pourtant voulons-n JUS auoir vue bonne ûib-
tilitéJque nous loyons enl'eiirntz de Dieu, &
ne nous addonnons point à nos iniaginatiôs,
c'eij à dire ne nous addonnons point à ce que
nous pouuons controuucr félon nrftre fens
charnel. Car Dieu cognoift bien ce qui nous
eit bon S:propre,&il nous l'a dcclarértcnons
nousdouclà. Or faindt Paul ne fe contente
pas de condamner les fables dont il a parlé,
comme vaines &■ inutiles,item comme des la-
byrinthes dont on ne peut fortirimais il mou
ftre qu'elles emportent encores vn autre mal,
c'eft à dire combats, difputes, & contentions.
Au contraire, il faut que nous foyons paifî-
bles pour tlhe vrais enfans de Dieu. Et ainfî
donc ce qui efmouucra des troubles entre les
hommes, & qui n^fl: point pour édifier, non
feulement on le doit reiettcr comme inutile,
mais on le doit dctefler comme pefle.p.Tifon
& venin.Et pourquoyrPource qu'il n'y a rien
pire, ne qui emporte plus grand dommage à
la toy que d'entrer en telles contentions. Il
eftvray que le mot de diffuta ne fonnepas
toufiours mal. Il eft dit que faintl Paul a dif-
puté, mais cela 1 cfté modéré par raifon : &
puis il y a efhé contraint pour donner refo-
lution des cho ies qui elloycnt en doute & en
dii:hcu]té:inais û tort qu'on entre en conten-
tion &; débat, voila Vile peile morte lie: il faut
que tout cela foit reietté loin de nous,li nous
voulons eftre tenus & repiitez pour enfans de
Dieu. Et ainfî maintenât nous voyons en foni
SERMON
me qae fainô Paul a. voulu ici rembarrer
tous ceux qui par ambition defguifent la pu-
re (implicite de l'Euangile.Et comment? par
leurs folles queftions & inutiles. Et puis U m5
ftre que quand vne fois ils fe i'ont fouruoyez
du droit chemin, & qu'ils ne tienent point ce
fte'iîmplicite que nous deuôs tenir, qu'ils def
guifent la parole de Dieu , qu'ils excédent
leurs limites, & font caufe que les enfans de
Dieu font diuifez, au lieu qu'il y deuoit auoir
vnvray lien d'i-nité, d'autant que li parole
de Dieu apporte aucc foy le mellage de paix:
au lieu de cela, qu'il y ait des troubles & con
tentions qui ne pcuuét linon deflruire au lieu
d'édifier . Ainfi, nous voyons que fairft Paul
non fans caufe pour remédier aux vices qui
regnoyent de fon temps, i?; lefquels cftoyent
pour corrompre la (implicite de l'Euaneile.a
monlhé queDieu nous a donné la perfctbion
de toute fagefle en l'Elcriture faincle . Et
pourtant, qu'il ne faut pas que les hommes &
les créatures s'attentent de s'aliéner de là,
mais qu'dj fe contécé: de ce ij y eft contenu.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de n^)ftre bon Dieu en cognoillancede
nos tautcs.le priât qu'il luy plaife de nous re
tirer de la vaine confiace de noftre iens char
nel, nuis que nous le feruions tellement que
nous foyons pleinement addonnez à luy. Ec
puis qu'il luy a pieu nous faire celle grâce
que nous ayons fa Parole pournnftre règle,
que nous i'oufnions d'tftre conduits par iccl
le,&: y eftre enieignez de plus en plus,& que
ce loit Là toufiours noftre but, d'eif rc pleine-
ment édifiez en luy: &: que cependant luy Li~
cions ofFrade & (acrifice & de nos âmes & de
nos corps, & que nous luy foyons tellement
dédiez & côfacrez, qu'il habite en nous, com-
me en fes vrais temples, & qu'il y règne , &
que fon image y reluife.afin qu'vne fois nous
puiAions eitre participans de fa gloire im-
mortelle, laquelle U nous a appreftee. Q^ie
non feulement il nous face ceftc giace , mais
aufsi à tous peuples &rations de la terre, &:c.
TROISIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
5 Or la fin du commandement ejl charité de cœur pur, (fdel) on ne
confcienccyc;^ de foj non feinte.
6 Dcfjuclles cho fes aucuns s'cjlans dcfuoye^ifefont conuertis en
parole "vaine,
7 Voulans eîlre docleurs de la Loy, fi entcndans point les chofes
quils difentiUe dcfjuelks ils afferment.
SVR LA I. A TIMOTH.
Î.ZI.
i.U.vi
4-7-
E n'ell pas d'aiiiourd'huy
que le diable corroiiipr-nc
TEicriture laincte prend
^ cefïe couuerture , qu'il ne
veut point amener doctri-
ne raauuaife , ne mefines
contredire en façon que ce
foit à la vérité de Dieu. Et pourtant nous eft
il commandé de bien examiner toute doâri-
ne.Car le diable ne peut tellement coulourer
Tes menfonges ^c tromperies, que quand nous
ferons vcnu> à la touche de l'Êfcriture iain-
de, là noui ne cognoilsioiis ce qui cft à rece-
uoir,& que nous ne le puifsions difcernerd^a
ucc les doftiines baftardes, & ce qui aura elle
forgé au ccrucau des hommes. Tant y a que
de prime face le diable l'ecouurede ce man-
teau, comme il a talu que les Apollres ayent
bataillé contre ceux qui mettoyent en auant
la Loy deMoyfe, voire comme lî l'Euangile
cuil elle contraire à ce que Moyfe auoit en-
fcigné.Il tft vray qu'ils ne le difoyent pas ou
uertcraent:car ceux dont parle ici faindPaul,
n'eftoyent pas des Imfs obftinez , qui eulîènt
en deteflation le nom de noftrc Seigneur le-
fus Chrifl, & qui condamnaiTent la foy Chre
ftienneimais c'tftoyent gens doubles, qui fai
foyét bien proteftation de vouloir tenir l'E-
uangile,mais tant y a qu'ils faifoyent vn mef
linge pour tout dcl'guilcr Si corrompre . Ce-
pendant comme iamtt Paulin parle, ils vou-
loyent eftre ,vcus & reputez dofteuis de la
Loy. Et ainiî quand nous verrons qu'il y en a
qui abuient ainii de l'Efciiture fdxr.He, que
nous ne foyons point troublez outre mefure
d'vn tel fcandale. Car nous ne deiions point
trouuer nouueau ce qui a efté de tout temps,
& que les fidèles ont prattiqué. Ceux qui e-
ftoyentdu tcpsdc lainCtPaul.fe icnt-ilsdcf-
bauchez voyans les troubles que pour lors le
diable auoit fufcitezr Celle couucrtuie a-elle
erté caufe qu'ils ayent quitté l'Eu-lgilerNen-
ni:ils ont perlîfté conltamment.Ainlî nous en
faut-il faire:car noftre foy ne pi.'ut & ne doit
cllre fans combat. Au refte, notons que le dia
ble ne pourra iamais k-dùirc ceux qui font at-
tentihàbien dilcerner. Et voila pourquoy
fainrt lean nous exhorte d'clprouuer les e-
fprits: mais cela Ce feroit en vain, fi Dieu ne
nous donnoit vn certain moyen S; infallible.
Il ne tient donc qu'ànoftre nonchalance que
nous ne demeurons Irermes en la pure vérité,
quand nous vovojis beaucoup de fedes & d'o
pinions diuerfes. Car Dieu ne nous a point
fruftrez, en nouï dilant que (I nous exami-
nons les efpri:s, nous cognoiftrons ceux qui
qui fout cnuoyez,!?-: ceux quicourent d'eux-
îiieûnesj&deleur tantaiîc. Reuenons main-
tenant à ce que dit fainft Paul. Il monftrc quel
le cil la fin de la Loy : &; c'clt vn aduertilfe-
inent qui nous pourra fcriiir en toutes les dif
iiculîez que nous aurons. Car lî les hommes
)
nous veulent barbouiller de leur inucntions,
nous pourrons voir àquov Dieu a prétendu,
& quel ell Ion confeil &la volonté. En cela
nous ne pourrons faillir. Et c'c/t le remède
que donne maintenant famct Paul contre tou
tes ces curioiîtcz dont il a fait mention cL
defTus. Car ceux dont il parle, auoyenc beau-,
coup de queftions triuoles , & qui ne pou-
uoyent nullement ediiier.-quand on -.'y eftoit
bien tourmenté.il n'y auoit nul fruirt,& mef-
me nulle ccrtitude.Mais encores qu'on n'ea
peull élire refolu , c'eftoit vue cognoifîânce
vaine , & qui n'apportoit nulle ii:lliuCUon.
SainÊt Paul pour corriger vn tel v;ce , dit.
Voici la fin de la Loy. Comme s'il dcclaroit
que Dieu n'a pointdonné fa Loy pourmet-
tre là vne dottrine incertaine , & qu'vn cha-
cun vague , que nous facions de longs cir-
cuits,&: que quad nous aurons enquis tout'ce
que nous deuons recueillir de là.nous ne fça-
chions par quel bout il nous faudra commen
cer:Saincl: Paul monflreque Dieu en publiât
(à Loy,a regardé à vne fin&àvnbut certain,
auquel aufuil nous faut tafcher : & quand
nous en ferons amfi.nous aurons la vraye a-
me de la Loy, ce ne fera pas vne lettre mor-
tercomme il en parle en vn autre lieu: & non i-Cor.j.'
ii (ment cela, mais ayans la pure cogrîoif- ^•.
f.lnce de ce qui elt là contenu, nous ferons vi
uifiez. Pourtant, notons bien , toutes fois Se
quante; que les hommes fe voudront auan-
cer,appoitans leurs fpeculations,&: nous vou
dront cnuelopper de folles curiofitez, que
voici le fouuerain remède que nous donne le
faind Efprit.c'eft afçauoir que nous cognoil'
fions l'intention de Dieu: quand nollre veue
fera làdreflee,nous ne pourrôs pas élire de-
llournez ne çà ne là : mais quand l'intention
de Dieu notis fera incognue& cachée, nous
aurons beau fueilleter &■ lire,-no' ferons touf
iours elgarez:nous pourrons bienmefmesa-.
uoir de la fcicnce beaucoup, mais ce fera fans
profit. Et pourquoy? Il nous faut tenir lèche
min. Ce chemin-ci fe pourra-il cognoiilrc
ou difcernerlînon par l'intention de Dieu»
& par fa volonté ? voila pour vn item. Re-
gaidos d'au.ïtage,qu.at au propos que S.Paul
traitte ici:ce q nous auôs en fomme à recueil
lir de la Loy : c'efl, dit-i/, Charité d'yn cœur
pur, d'-viie bonne cou fciet! ce, c>' <f T"»/i'Ji «o»
feinte. Côme il efl dit en l'autre paflàge,q l'E i.Tw,'
fcriture faîfte eft vtile pour enfeigner&pour Jig^ '
redarguer, & pour admoneller , & pour ren-
dre vn homme de Dieu parfait, ainli qu'il fut
allégué Dimanche prochain. Ainfi en ce palîi
ge il niôllre que Dieu nous a voulu côfermer
en bicn.qiuad il no' a dôné fa Loy. Car ce n'a
pas efte pour nous chatouiller les aureilles, &
pournous repiaflredechofesfriuoles,mais il
y a vnedoélrine qui nous efl profitable. Et en
quoy c5fifte-elle?Il eft vray q S.Paul met ici
le mot de ChâxJté en premier lieu.mais cepé-
H
SECOND SERMON
dant il monAre que la charité vient d'vne
autre iource plus haute , c'eftafjauoir de la
toy, laquelle emporte auec foy vue confcien
ce bonne, & vn ca-ur par:&: puis Li charité en
eiï le fruit , par lequel nous cognoiffons ce
qui eft caché.Qu^ert-ce dôc que Dieu a vou
lu apprendre à ies fidèles, en leur donnant fa
Loy;Il les a voulu fonder en la foy. Voila le
premier &: le principal que nous auons ici à
noter. En quoy aufsi (ainft Paul nous moitre
que la Lov n'a pas efte feulement dônee, afin
que les hommes cognulTcnt quel eft leurde-
iioir, qu'ils vefcuflcnt iuftement, conuerfans
auec leurs prochains fans fraude, lins malice,
fans violence aucune, mais que la foy ei\ aufsi
bien contenue là:Sc c'eft vn article bien nota-
ble.Car nous en voyons la plufpart qui n'e-
Ifiment delà Loy de Moyfe, linon que c'eif
vne règle de bien viure , & quelànoitre Sei-
gneur nous nioltre fa volonté,afin qii'vn cha-
cun s'adonne à fe maintenir iaindement , &
fans aucune reprehenfîô.Il eif ban vray que
c'en eft vne partie , mais ce n'eftpas le tout,
& mefmes c'eit: vn accel]oire,& non point le
principal, comme nous le voyons ici, que S.
PaiJ met comme la fontaine de la vrayc do-
t^rine, que nous foyons inftruits en la roy.Et
qu'emporte ce mot, linô que nous cognoiliios
quel cil noftre Dieu,& le fentans eftre noftre
Pere,quenous-nous repolies du tout en luy,
que nous l'inuoquions haidiment,ne doutans
point que nous ne foyons exaucez, & qu'il ne
nousvueille fecouriraubefoin , &que nous
attendions le falirt éternel qu'il nous a pro-
mis? Voila donc quelle eft la foy dont fainil
Paul parle, c'eft afçauoir que nou"; fjyés af-
feurez quel eft noftre Dieu, que nous l'ado-
rions,& qu'vn chacun ne baftilTe point en ion
ccrueau des idoles , que nous n''ayons point
vn Dieu forgé à l'aiicture,mais que nous fça-
chions que le Dieu viuant s'eft reuelé à nous,
& qu'il nous à adoptez par fa bonté gratuite.
Et pourquoy?Afin que nous puifsions recou-
rir pleinement à luy, & que nous ne doutions
point qu'eltans (es enfans , nous ferons aufsi
héritiers de fonRoyaurae.Or par quel moyé
pouuons-nous obtenirvn tel priuilege , que
nous ayons cefte hardieflc d'appcller Dieu
noftre Père, Se que nous venions à luy fami-
lièrement, comme iî nous en eftions dignes?
C'eft pourcc que nos péchez nous font par-
dônez au nô de noftre Seigneur le fis Chrift,
& que quand nous foinmes membres du Fils
vniquc.que nou; pouuons conclure que Dieu
nous tient Se aduoue pour fes er.fans. Ainfi
donc il faut que noftre foy regaide à noftre
Seigneur lefiib Chrift,& que noftre veue s'ad
drellè là du tout, ou autrement nous ne pour-
rons approcher de Dieu Ion Père : car nous
en fomme:. par trop loin quant à nous. Tout
cela, comme l'ay dit , eft contenu en la Loy.
Car Dieu n'a point feulement déclaré par
Moyfe qu'on viue droitemét, qu'on s'abftie-
ne de dcfrobber &de piller, qu'on ne commet
te point faux tefmoignage, qu'on ne côuoite
point lebien d'autruy, qu'vn chacun s'acquit
te fidèlement de fon deuoir en l'eftat où il
fera appelé:mais il a paffe plus outre, c'eft de
monftrer comme on le doit fcruir:& non fcu-
lemét cela, mais ila déclaré qu'il eftoit le Pc
re& fauueur de fon peuple, aueclequcl il a fait
fon alliance gratuite, & a monftré qu'il tcnoit
la lignée d'Abrahâ pour fon heritage:& puis
celle promefTea elle ratifiée parles facrihces
qui n'eftoyent finô que figures du Médiateur
qui nous a efté reuelé. Nous voyons donc que
la Loy n'enfeigne pas feulement comme
nousdeuons conuerfer auec nos prochains,
ni aufsi cornmenous deuôs feruir Dieu: mais
If principal eft que nous foyons allèurez de
no.ftre falut.Et comnient?D'aut,u qu'il plaift
à Dieu de nous rcccuoir en ù grâce par le
moyen de fon Fils vn^que, d'autant que nous
fouîmes lauez & nettoyez de nos ordtues,
d'aut.lt qu'il nous a acquittez de nos dettes,
defqiielles nous eftios obligez à la mort eter
ntllc;bricf,d'autant q nous fommes luftifiez,
non pas felô nos mérites, mais par la pure bon
té de noftre Dieu. Voila ce que nous auons à
noter. Or pource que pluficurs font protefta
tion de bouche d'ellre fideles,lefquels neant-
moins ne tienent nen de Dieu,ne de fa Pa-
role,S. Paul notîment met ici,la foy non f<.rn
te.W eft vray que lî qiielqu'vn ha la foy , il fau
dra neceflai renient qu'il ait vne confcience
pure,qu'il ait vn cœm droit;m.iis ici S. Pai 1 3
regardé l'impudéce des hommes qui fort ef-
frontez pour métir,(S>; fur tout quâd il eft que
ftion de fe couurir du nô de Dieu.Cômc nous
voyons qu'il y a vne audace diabolique , que
nous feros difficulté d'emprunter le nô d'vn
hôme,(& aufsi cela nous feroit reproché com
me vne faufleté vileine ) mais d'emprunter le
nom de Dieu à taux titre, nous n'en feros r.ul
fcrupule. Pourtant S. Paul déclare ici quelle
doit eftrelafoy.quâdil dit quelle ne foit poîc
feinte.Or par ce mot il n'ya nulle doute qu'il
ne nous vueille admonefter que la foy ha Ion
regard à Dieu,& qu'il ne faut point que nous
penfions ici vfer de fiijion: que tout cel.» foit
mis bas.Qjiand nous aurons affaire aux hom-
mes,il nous femblera que nous les pourros c5
tenter de belles paroles, & de quelque bonne
mine: mats S.Paul môftre qu'il fiut que tous
ces voiles-la foyent oftcz, quSd il eft queftiô
de la foy. Et pouiquoy? Car Dieu nous appel
le à foy,& veut que nous ne tendiôs qu'.i luy,
& que nous ayons là tous nos fens fichez: car
nous f çauons que nulle ficlion ne fera receue
deuant Iuy,d'autât qu'il ne fe gouuerne point
.î la façon & à la guifc des hommes. Ainfi en
fomme, S. Paul nous avouluaducrtir en cepaf
fagcque la foy ii'eft pas vne opinion volage,
quand nous aurons quelque intelligence nue
delà
SVR LA I. A TIMOTH.
If
de la parole de Dieu:quece ne fera point vn
bénéfice de fçauoir bien caqueter , cjiie ce ne
fera pas vne iubtilité quivoltige feulemêt au
cerueau.Q£py doncrC'ell vne cognoiflance
viue qui a fa racine au cœur. Et pourquoyr
Car ici Dieu fc prefente à nous&; il faut que
BOUS venions droit à luy. Quand nous auons
vne telle partie, il ne faut pi" que nous viîons
de ftintifc;car cela ne nous profitera de rien.
Et de tait.aui'si cela n'a point de lieu enucrs
DicUjComme nous auons monftré. Nous vo-
yons ce que laind Paul a ici entendu , Si. que
nous auons i noter de ces paroles:c'el}afça-
uoir q pour bien profiter en la Loy de Moy
fe.il tant que nous commécions par ce bout;
c'eft d'auoir foy en Dieu: & de ià aulsi nous
voyons que la Loy nous eft bien vtile. Et ne
faut pas que nous facions comme des vilains
pourceaux, qui auront touiîours ce mot en la
bouche,ou plultoft au groin:Ho,tout eft con
fomnié, il ne faut plus qu'on s'amule au vieil
Teftaraer.t. No' en v cirons de ceux qui font
ici mcflcz parmi nous, voirecomme des pour
ceaux pareil les biebis & agneaux de nollre
Seigneur Icfus Chriil, lesquels defgorgeront
tels blafpliemcs. Or à l'oppofite ùinft Paul
prononce ici,que quand nous lirons attenti-
uement la Loy de Dicu.que no' chercherons
en prudence d'efprit ce qui elt là contenu,
qu'elle nous (emira d'vne bonne infhuclion
pour nous amener à la foyiconime auf i nous
le voyons par experiéce. Car d'où eft-ce que
nortre Seigneur lefus Chrift & fes Apofties
ont pui fé leur dotèrine finon de Moy fe : Et
quand on aura bien elpluche tout, on trouue
ra queTEuâgilé n'eft qu'vne lîmple expofi-
tion de ce que Moyfe auoit anoncéaupara-
uant. Vray eft qu'il y a eu de l'obfcurite aux
ombres Se figuresde la Loyq Dieu n'a point
doné vne grâce telle aux l'ei es anciens com
nie à nous: mais cependat fi cil-ce que la fub
fllcc de l'Eulgiie cil tirée de i i que nous a-
uons vne foy co:nmuneauec ceux qui ont ve
feu dcuant la venue de noftre Seigneur lefus
Chrift. Profitons donc auiourd'huy en la Loy
de Dieu , S: ne perdons point vn tel threfor:
& ne foutiiôs point que ci s vilains & infâmes
nous endeitournent,& nous en defpouillent.
.l'ay défia déclaré cornent c'eil qu'il no' faut
apprcdre d'eftrc fidèles par la Loy.c'eft que
no'cognoifsions celle ailiâce que Dieu a lai
te auec les Jiômes par la pure bonté. Vray ell
qu'il a choili la lignée d'Abrahâ en premier
litu:inais fi eô-ce cepcdant.d'aut.ïtque lagra
ce qu'il ne taifoit alors qu'à vn feiil peuple,
doit eftre efpadue par tout le mode, que no'
femmes en ceftordre auiourd'huy,& par con
fequent héritiers & participas de la promeiîè
de faJut,qacfté donnée iadis à Abraham. Car
qu.id nous içauôs que Dieu no' a eleus à foy,
&qu'il no' veut retenir pour fes domeltiques,
nous pouuons bien le réclamer comme nollre
rere,S<: auoirtout noftre refuge àluy:i! n'efl
plus queftiondcdouter de fon amour enuers
nous, & fi Dieu nous aime. Voila ou £;ifttoii-
te noftre telicité: rien ne nous défaut quand
nous ferons alfeurez de la grâce de Dieu. £r
ainfi c'elt le moyen d'apprendre la foy en la
doftrinede Moyfe, alçauoir decognoiftre □
ce n'cftoit pas en vain que Dieuauoit ordon-
né tant de lacrifices &: de lauem£ns,& chofes
feniblables.Cognoiflons aulsi que Dieu ii~a-
uoit point baille à fon peuple des amufe-fois,
comme on dit, que ce n'eltoit point ieudc
petis enfans.que les facrifices foknnels q fc
faifoyét:carily auoit le patron fpitituel que
Moyfe auoit veu en la montagne. Et ainfi no
tons que noftre Seigneur a voulu retenir foa
peuple à foy par le nioyé de noftre Seigneur
lefus Chrift : & c'eft là, comme i'ay du, qu'il
faut que noftre foy s'arrefte,& qu'elle foi t du
tout appuyee.Car fi no' n'auons lefus Chnft
deuantnos yeux, il eft impofsiblequeno' co
gnoiAions rien de Dieu. Et voila pourquoy
il eft dit qu'il s'eft reprefenté à nous en l'on
image viue. Nous ne pouuons pas contempler
Dieu en ù maieftc nue. Il faut donc que no'
venions droit à lefus Chnft.Et c'eft luy aufsi
par lequel Dieu nous eft propice , c'eft là ou
nous auons le lauement de nos ordures & pol
lutions, c'eft là ou nous auons l'acquit de tou
tes nos offenfes , c'eft là où nous auons l'ap-
pointcmenÇ pour no' reconcilier auec Dieu,
c'eft là ou nous trouuos la pleine iuftice pour
lauer toutes nos iniquitez, c'eft là où no' trou
uonslavie pour nous retirer de la feruitude
de mort, c'eft là où no' trouuôs la vertu pour
fubuenir à toutes nos foiblelTes. Et ainlî d'au
tât qu'en lefus Chrift toute plénitude de bien
nou> eft apportée, il faut que nous cognoif-
lîon; que Dieu l'a voidu donner au peuple aa
cien, comme le but de leur foy:& auiourd'huy
par plus forte raifon il nous faut tendre là,
puis que leius Chrift nous eftmanifefté plus
amplement qu'il n'auoic pas efté aux Pères.
Cependant, notons que touk' ceux qui ne veu
lent comprendre de la Loy , finon queUe elt
la façon de bien viure, ceux-là met têt la char
rue dcuant les bœuf,(comme on dit)£tpour
quoy rc.ir ils lailTent le principal, c'eft al'ça-
uoir la foy,de laquelle no' auons parlé. Vou
lons-nous donc bien profiter en la Loy de
Dieu? Regardons les promelTes gratuites qui
font là contenues, où Dieu nous veut certi-
fier de fon amour, où il nous veut appeller â
foy, afin que nous ayons la hardiefle de l'in-
uoquer comme noftre Père, que nous fovons
du tout appuyez fur fa bonté.que no' ne clou-
tions point de fon amour, pour eftre certi-
fiez de l'héritage du falut éternel. Voilais
vray contétement:& fans cela nous ne ferons
que b.aftir en l'air , que nous ne ferons poinc
tondez: & l'édifice que nous aurons fait, s'en
ira en ruinç.Et fn ççla yçit-oncomme tout a
_ j b.iiii.
TROISIEME SERMON
16
etié peruertien la Papauté. Car combien que
ce mot de Dieu trotte aflcz en la bouche de
chacun, qu'on parle de la toy.ncantmonis on
ne fçait que c'eft : car les piomefles de Dieu
font non feulemët oblcures,niais comme cn-
fcuelies du tout. On parlera de la çrace,niais
c'eft pour retenir les hommes en vne vaine
prefomption, voire diabolique, de leurs au-
ures méritoires, tellemét qu'on ne fçait que
c'eftd'inuoquer Dieuen certitude. Par cela
no' voyons que la condition des Papilles eft
plus que mifeiable . Or d'autant plus nous
tauc-ildifcerner ce qui eft ici dit par fainft
Paul, qu^nous monflre l'ordre que nous de-
uons fuiure,afin que le tout nous férue d'vne
bonne inftrudion &propre pour noftre filut.
Si faut-il que nous retenions auf i ce que no'
auons touché de la l:'oy non Feinte, &• que no'
apprenions non feulement d'auoir vne belle
confefsion au bout de la langue, mai s d'auoir
vne racine viue, que nous ayons cognu Dieu
à bon efcient, non p.is pour fçauoir babiller,
comme beaucoup font, voire la plufpart:mais
que la bouche ne parle (inon de l'abondance
du cœur, & que nous puif ions dire aiiec Da-
uid, (Pfcaume iis'.b.io.) l'ay crtu , & pour-
tant l'ay parlé : que ce qui fera f uy de nous,
n'excède point la mefure de noftre foy.Amfi
donc, gard,)ns-nous bien de nou'; applaudir
pour plaire aux hommes, &: pour auoir quel-
que belle apparence quant à eux,fçachas que
no' n'efchapperôs point de la main de Dieu,
quand nous aurons fauflement abufé de fon
Nom. Or eft-il ainfi que tous ceux qui font
femblant d'auoir la foy, & ne l'ont pas telle
que famft Paul déclare ici, font comme fauf-
faircs deuant Dieu, pource qu'ils ontvfurpé
fon Nom mal & iniuftement.Voila pourquoy
nous deuons tant plus prifer cemotdontS.
Paul vfe, Qjfil ne faut point que noftre foy
foit feinte. Mais il a déclaré quant & quant
commet c'eiî que la foy fe monftrera vrayc:
c'eftafçauoir quand elle fera coniointe aucc
vn cœur pur,&vne confcience bonne adroi-
te.Il faut donc en premier lieu qu'vn homme
monitre qu'il a vne rondeur & intégrité fans
fiintife,s'il veut dôner ap^p bation de fa foy.
Car ce n'eft point /ans caule que S.Paul en
parle ainfi. Et nous voyons comme S.Pierre
•n parle aufsi au quinzième chap.des Aftes,
yerfét fi, difant que Dieu a purifié les cœurs
des homme', par foy. Si la foy n'eftoit quV-
ne cognoilïance volage, ou quelque imagina
tion que c'elt de Dieu : ou bien quelque do-
ftrine certaine & refolue, mais telle qu'elle
n'aura point fô fiege au ca:ur,S. Pierre ne di
roit pas q les cœurs font purifiez par la foy.
Car quâd :e feray bien entédu,& grad clerc,
&q ie fçauray babiller des myfteres deDieu,
ce n'cft pas à dire que i'aye 1116 cœur pur.Or
cft-il ainiî que quiconques a la foy, il a celle
pureté comme fainct Pierre le tcftifie. Con-
cluons donc que la foy iie vague point au cer
ueau.que ce n'efl point \ ne cognoiflànce fini
pie & nue , mais que c'eft vue affeuiance que
nous auons de la bonté de noflre Dieu. £t
c'eli fuyu.rt ce que fainft Paul nous dit en l'au
trcpaflàge:car il compaiel'Euangileà vnmi i-Cor.;
roir où fc monftre la face de Dieu en la per- ^^^
fonne de noftre Seigneur Icfi^ Chiift:&: il tft
dit qu'en contemplât cefte face-la, nousfom
mes transfigurez de gloire en gloire, pour e-
flre fcmblables & conformes .încllre Dieu.
Et fain£l laques aufsi quand il monllre com-
me no' deuons profiter en la parole de Dieu, ''<'?•!• i J
dit qu'il ne faut point que nous ayons com- Cr ^4-
me vn miroir,ain<î qu'vn homme s'ira regar-
der , & puis ayant le dos tourné il ne fe voit
plus : il ne faut point (dit fainft laques) que
nous ayons vne telle cognoiflànce qui s'efua
nouiflc , qui n'ait point de conftance en foy,
ne de fcimcté. Car voila, en vn miroir il y au
ra bien vne figure, mais cela n'eil rien qu'vne
rcprcfcntaticn.Qj.icy dorc?Ayons ce miroir
dont parle fa;n61 Paul : c'efl qu'en contem-
plant la face de noftre Dieu, nous foyor.s trâf
figurez en iccllc,que nous foyons conformez
.àliiy.Etpource que cela ne fe peut faire d'vn
iour,il faut que no' y croifsions:&c'«ilpour
quoy i I dit , De gloire en gloire. Qiie fi au
commencement nous ne poui'ôs cftrepltine-
mét confoimcz à la fembiâce de noitrt- Dieu,
pour le moins tédons l.i,& que nous y foyons
conformez de plus en plus tout letemp'îde
noftre vie. Et airfi nous voyôs comme la foy
apporte aucc ioy vne bône confcience , pure,
&; vn cœur droit. Carauec la bonne confcien-
ce , le cœur pur fera quant & quant : ce font
chofes infcpaiables. Nl3;is ce n'tfl point fans
caufe que fainft Paul a mis cev deux mots, en
coresqu'iln'y aicj as grande diuerfitéde l'vn
à l'autre. Car nous voyons et mine les hom-
mes ne font point attirez à dioiture &■ iim-
plicité, que par forcetccla eft tant contnrire
à leur nature , qu'il faut bien qu'ils fc capti-
uent,& qu'ils facent vtoléce à toutes leurs af
feûions, deu.rt qu'(.frre rangez à vne pure fini
plicité:attendu la hautcflede cœ;ir,& l'outre
cuidance quiell en eux. Voila pouiquoy S.
Paul a vfé de ces deux mots pour fignificr
vne mefme chofe. Et ce fera affiz que ceci-
nous foit exprimé pour venir au deuant de
toutes les hypocri-lies dcfquelles nous lom-
mes tant enucloppez que c'cll pitic.Or com
me lainft Paul nous a yci déclaré que c'eff
de -la foy, aufsi nous voyôs a quelle condam-
nation cefte docfrine peut tourner à to' ceux
qui fe vantent d'iftre fidèles , & ne tienent
né de Dieu,ne de fa vérité, ou pour le moins
qui ne l'ont point receuc .■» bon efcient & a-
uec vn droit zcle , mais feulement par ie ne
fçay quelle curiofité.Et à qui eft-ce que ce-
la s'adrefle? Helas!c'clt vne condition quafi
générale auioujd'huy. 'Il tft vray qu'on en
trouuera
s V R LA T. A T I M O T H.
trouuera beaucoup qui applaudirôt à FEuan-
gile: s'il ne tien: qii'.i baiffer les aurcillcs,
Chrilt aura beaucoup d'eicoliers , pour le
moins il en aura quelque nombrermais les ai-
nes feront tenus aulw fages que nou> , s'il ne
faut que bajflerl'aureiUe. Ali Chrift ne fe cô
tente pas de cela: car il veut que nous approu
uions par noftre vie que nous auons receu (a
parole, & qu'elle habite en nos ames-.fans ce-
la nous auiôs beauprotefter que nous vou-
lons adhérer à la pure vérité : mais noftre vie
nous démentira : & faudra que ce qui eftdit
Tlt.l.Jg en vn autre paflage.foit accompli , Que tels
hypocrites ayans bien confelle le nom de
Dieu de la langue, le renoncent en toute leur
vie. Voici donc vue condamnation horrible
fur ceux qui auiourd'huy le glorifient d'eftre
Chreftiens, veu qu'on voit qu'il y a fi peu de
rondeur & de droiture par tout,mais que tout
cft plein de trahifon&de dcfloyauté : & que
les hommes ertansâiniî panures à Dieu, ne
gardent nulle équité enuers leurs prochains.
Quand nous voyons que l'iniquité domme
ainii.que dira-on iînon que la foy ell abolie?
Or tât y a que ceci ne nous e/1 point dit pour
noitre condamnation, mais c'ell afin de nous
guider plulloit à Dieu,& que nous pourfui-
uionsle chemin lequel nous deuons tenir &
fçauoir.Qjie tous ceux donc qui ont quelque
fentiment de Dieu & de fa niaicfi:é,cognoif-
fent que lamais ne profiterôt bien enl'Efcri-
ture làinite, iînon en fe retirant du monde.
Car les corruptions font auiourd'huy fi gran
des & énormes , ou'en nousmcfant les vns
parmi les autres, no'ne faifons ouenous fouil
1er & polluer : nous fomnies comme facs à
charbonnier, ainfi que dit le proutrbe. Pour-
tant quiconque le voudra ranger à Dieu , il
faut qu'il apprene de fe recueiTlir.Et pour ce
faire qu'il note bien ce qui cft ici déclaré par
fainft Paul . Maintenant quand nous ferons
comparaiion de cette doftrine de fainct Paul
auec le train qui eft auiourd'huy mené quaiî
par tout, on trouuera que c'elt comme le ftu
& l'eau. Sainft Paul parle de foy, & cependant
nous voyons qiie tous Ibnt incrédules. Vcila
auiourd'huy ceux qui fontalTez belle confef-
lîon de croire à i'Euan^ile : s'il leur admeijt^
quelque petite tentation & vulgaire,les voila,,
efperdu's. S'ils eftayent fondez en la grâce de
Dieu, ne feroit-ce pas pour les alleurer & en
la vie & en la mort? Et toutesfois il n'en eft
point de queftion, ou blé s'ils le font,ce n'eft
que pour vne bouffée : les voila tantoft tour-
nez : deperfcuereril n'eneft point denou-
uelles.Et air.lî, quand les hommesnepeuuent
batailler contre les tentations que fiinct Paul
leur dit, & qu'ils ne peuuent auoir leur refu-
ge à Dieu pour cfperer de iuy qu'il aura le
foin de leur falut, & s'en tenu certains, où tft
cefte toy dont parle ici fauitt Paul > où eft -ce
que ce caur pur,&' cette bonne confcience fe
trouucront.-N JUS voyons que tous deux font
17
guafi bannis auiourd'huy du mondc.A parler
proprement , cefte bonne confcience-ci.c'cft
quand nous n'aurions point de tcliiioins qui
nous peulTent redarguer deuant le mode, que
toutesfois nous puif ions protcfter que nous
auons cheminé droitemenc , fçachans que
Dieu nous doit fuffire , & q puis que nous ne
pouuons pas fuir fon regard , Se qu'il fonde,
non feulement nos auures,mais auisi nos af-
fections & penfees , combien que nous ne lo-
yons poifit fuiets à nul blafme ne reproche,
que nous ne laifsions pas de cheminer en pu
rcté. Voila qu'emporte bonne cofcience. Car
qu'on la cache tant qu'on voudra , il faudra
faire de longs circuits , il faudra bien courir
la pofte pour la trouuer , il ne la faut point
chercher ici, c'cft vne femence bien rare. Et
qu'ainfi )ùit,nous voyons comme les hoi^jnes
ont bonne confcience aux choies plus foien-
nelles , & qui emportent plus grande confe-
quence,qii.;nd on en eft venu lufqucs là, qu'on
ne fait quafi plus de fciupule de fe moquer
pleinement de Dieu en feimens lolennels.Ie
ne parle point de ceux qui le font par les bou
tiques, & par les marchez, où le nom de Dieu
fera tellement defchiqueté que c'cft vn hor-
reuM& comme on fera àes feimens friuoles,
aufsi tout cft confit en paiiure, qu'on ne fçau
ra pas vendre pourvn foui , qu'on ne foit ou
menteur ou pariure : puis tl faut que le nom
de Dieu foit expofé à tout opprobre , qu'on
s'enniocque & qu'on s'en loue aucc telle im
pudence que c'elf pitié. le ne parle point,di-
ie,de ces l'ermens-la : mais en la iuftice mef-
me tout y eft corrompu : où les fermens font
ordonnez afin oue le ;io:ri de Dieu (oit prins
en reuerence &. en raaieùé comme il doit. Vn
homme viendra là : on Iuy fera leuer la inam
au ciehc'eft comme s'il eftoit là deuant lama
iefté de Dieu , lequel auf>i il appelle en tef-
moin de ce qu'il veut dire. Las, il ne lailTtra
pas pourtant de fe pariurer tout manifefte-
mcnt.Et lurtout,quand il eft queiiion de di-
re la venté pour defcouuiir les vilenies.Voi
la le nom de Dieu qui aura elté blalphemé:
voila des extoriîons mefchantes qui auront
efté faitesd'vnaura efté outragéjl'autfe aura
efté batiijl'autre aura efte piUé. Bien, appelle
'ondes tefmoins?Il n'eft poît queftion qu'on
puifle arracher vn feul mot de vérité de leur
bouche: &; neantmoins ceux qui vienent là,
fçauent bien que les iuges mefmes fant com
me tefmoins du faié},comme s'ils auovent e-
Ité prefen^ à la chofe:& au bout de deux iours
on les appellera, & ils n'auront honte de iu-
rer qu'ils ne fçauent que c'eft : &: ces vileins
patiures n'en font que torcher leur bouche,,
toutesfois fi veulent-ils qu'on les cftime bôs
Chreftiens. Et qui font ceux-là? Ce ne' font
pas ne trois ne quatre. Selon qu'vn chacun
peut el'Lhaper pour fe pariurer, c'cft airez:tel
lement que c'eft vn pi ouerb( commun , eue
tous ceux qui voudrôt celer la verité,ce font
t. i.
i8
TROISIEME SERMON
léserais termoinsr&s'ily en a quelqu''vnqui
porte reuerence au nom de Dieu,&'qui vueil
le déclarer la choie comme elle va,& dire ve-
nté)Ce fera vn taux tefmom, tellement qu'on
appelle auiouid'huy les bons tefmoins , les
panures. Et penfons-nous qu'vne telle impie
té , & li énorme ,& de laquelle Dieu cft tant
prouoqué à ire.demcure impunie? Nous fça-
uons quelle malediftion il prononce fur ceux
qui prendront Ion nom en vam ; toutesfois
ceux qui le mocquentanifi de Dieu.voircqui
le blafphement horriblcmét.cc font les bons
tefmoins de ce lieu, & taut que l'honneur de
la ville foit ici déchiffré, quâd les chofes l'ont
ainli desbordees&confufes. Bret", quand vn
palsât aura ici leulemét feiourné trois lours,
il aura bien apperceu qu'il n'y a plus ni hon-
nefteté ni môdcftie deiiant les hommes , & le
bruit de noftre ini-araie volera mefmes iuf-
ques à cent lieues loin. Cognoifl'ons quand
nous voudrons ainiî nous picqucr à rencon-
tre de Dieu par nos mauuaifes couftumes,que
nous auons beau nous couurir, nous aurons
beau alléguer , Chacun fait ainiî : fi faudra-il
que Dieu nous amené à ce ingénient qu'il a
cflabli par fa parole. Comme dit noftre Sei-
gneur lefus Chrifl , Ce ne fera pas moy qui
ïeh. II. vous iugeray , mais la parole que vous oyez
47- 43- auiourd'huy de ma bouche. Et ccpendât ceux
qui ne font pas du tout incorrigibles , qu'ils
regardent à eux, qu'ils cognoiflent que pour
eftre tenus & reputez fidèles, & pour tftie en-
rôliez au regiflre de Dieu comme fes entans,
qu'il faut qu'ils ayent vne bonne confcience
j.fie.i. ^ pure. Comme aufsi fainil Pierre nous moa-
ii. flre,que fi nous croyos lefus Chriil eftre ref-
fufcitf.il tant que noftré confcience foit pu-
re. Voila dont il déduit la'bonne confcience,
quidil trsitte du Baptcfme, il la fonde fur la
refiirreiiion de noftre Seigpeur lefus Chrifl.
Etpourquoy? Car regardons à quel propos
lefus Chrift efl reirufcué:ce n'a pas eflé feu-
lement pour foy , mais c'a eùé afin que nous
foyôs participans aucc luy de la vie éternel-
le qu'il nous a acquife,& que nous comparoif
fions comme fes f; ères dcuant Dieu, & que ce
qui eu delà vie humaine en nous, c'dlàdire
de neftie nature, que cela foit mortifié. Car la
vefurrediondenortre Seigneur lefus Chrift
feroit inutile fans cela. Il nous faut donc a-
uoir vne refponfe de boniu' confcience dé-
liant Dieu.li nqus auons cfté bnptizezaunoin
& en l'authorité de noftre Seigneur Ufus
Chrift , & que nous n'ayons point fallîfic le
, ligne de cefte alliance que Dieu a contrariée
* auecnous. En outre, il y a cefte pureté de
cceur qu'il adioufte, voire pour monftier que
nousnedeuons pas feulement nous abftenir
du mal qui eft en nos mains , mais qu'il faut
que noui feruions h Dieu d'vne droite affe-
rtian.Car il ne )é contente pas de toute J'ap-
parcBcc qui cft prifee des hommes . Nous
pourrons bien eftre eftimez tant & plus, mais _
lufques à tant que Dieu apperçoiue en nous
cefte pureté de cœur , voila toutes nos œu-
ures qui ferôt fouillées. Vne eau pourra bien
eftre claire, fi la fource en eft vicieufe, l'eau fc
ra amere au gouft : ainfi en eft-il de toutes.
nos ccuures.Et vne herbe qui fera venimeufe,
ne laiflêra point d'eftre belle quefque fois, Se
de produne des fleurs , mais elle trompe à la
veue, Se cependant le venin eft U cache: ainfi
en eft-il de toute la beauté qui eft en nos œu-
ures quand nous n'aurons point le cœur pur
& net deuant noftre Dieu. Maisauons-nous
cela? il refte que nous conuerfions auec nos
prochains en charité , c'eft à dire que nous
communiquions tellement par enfemble,
que nul ne foit addonné à foy , mais que
nous procurions le falut , le bien & le profit
chacun de fon frère : car(comme f.iintt Paul
nous déclare en vn autre lieu ) la charité ne
cherche point ce qui eft .1 foy. Ainfi donc fi ' ' ,
elle eft viue en nos cœurs , il eft certain que
nul ne fera tellement attaché à fon profit par
ticulier , qu'il ne tafche de feruir à fcs pro- *■
chains ; & fi nous auons cefte affedion-la, ie
vous prie ferons-nous enflammez d'auarice
pour attirer à nous la lubftanced'autruy? I-
rons-nous par force, & par violence? tafche-
rons-nous d'opprimer nos prochains, & leur
mettre le pied fur la gorge pourauoir tout
auantage fur eux?Et ainfi que nous ne foyôs
point comme chiens Se chats , mais qu'il y ait
vne telle charité en nous, que nous monftriôs
que ce n'eft point en vain que Dieu nous a
vnis enfemble , & qu'il veut que cefte vnion
de fraternité qu'il y a mife, foit entretenue:
& que cependant nous auifionsde nous dé-
dier tellement au feruicede noftre Dieu, que
tout le tëps de noftre vie nous ne cherchions
finon de l'honorer, puis qu'il luy a pieu nous
Tifiter par fa mifericorde infinie , & qu'il no'
a voidu receuoir pour fes enfans , afin qu'il
nous foit Père : & que nous ayons vne vraye
fraternité, communiquant les vus aucc les au
très, telltmétqu'vn chacun ne cherche point
fonpiofit particulier.mais que nous tafchios
d 'aider & fecourir les vns les autres , comme
Dieu nous a conioints enfemble a cefte fin &
conditioru
O R nous-nous proftcrnerons dcuant la ù
ce de noftre bon Dieu en cognoiilancc de
nos fautes , le priant qu'il luy plaife nous les
faire tellement fentir que nous fyons du
tout attirez à luy. Et pource que no' ve pour
ions lamiis eftre fi bien def ouillez de nos
corruptiô.s charnelles, qu'il n'y ait toufiours
beaucoup à redire en nous , qu';l luy plailc
nous fupporter,infques à ce qu'il nous ait re
tirez à foy pour nous faire participans de fi
gloire celefte. Ainfi nous dirons tous , Dieu
tout-puilIànt,Pere celcfte.&c.
1p
Q^VATRlEME SERMON SVR LE P R E-
MIER CHAPITRE.
5 Or la fin du commandement cjl charité de cœur pur, O" de bon-
ne conjcience, ^ dcfoy non feinte.
6 DefqucUes chojcs aucuns s cjlans defuoye^i , fejhnt ccnucrtis
en parole vaine.
7 Woulans eflre docieurs de la Loy , nentendans point les chojcs
qu'ils difcnt, (f defjuellcs ds ajfamcnt.
vO V s auons veu ce matin
) comme nous deuons profi-
I tir en li Loy de Dieu , &
I pourqupy aiifsi eile no' eft
I donnée ,c'tft a fçauoir cjiie
nous foyons tondez en ia
grâce de nortre Dieu pour efpcrer falut de
luy,&4"e nous chem'in jns en la prefence
autc telle rondeur & intégrité qu'on c<>-
gnoiffe que c'tft à bon efcient que nous a-
uons efté enfeignez en fon efcole:& puis, que
nous conuerilons aucc nos prochains fans
fraude , ne malice , ni outrage , mais qu'vn
chacun tafche de feruir à ceux âuec lefquels
il vit, & qu'en fomme nou: cof^noifsions que
Dieu nous a auouez pour (es ent.ins , afin que
nous ayons vne droite fraiermté . Or {a<nft
Paul ayant mis la fomme de la Loy , adioiilte
tjiie plitfieurs s'efl.ms deflountex. de 1^ , fe funt
conuertis a -vaniti de propr,s. Il vfe ici d'vne
fimilitude prinfe de ceux qui tirent de l'arc
oude l'arbaieile, ou de la haquibute : car ils
ont leur blanc , & ne tirent pas à l'auenture,
niàl'efgaree,ains vifentau but . Sainft Paul
donc nous monftre que Dieu en nous don-
nant Cl Loy nous a voulu donner vn chemin
certain , afin que nous ne foyons point fu-
iets à errer comme gens vagabons. Et de fait
ce n'eft pas uns caufe que Moyfe propofoit.
Voici le chemin,marchez : comme s'il dif jit
que les hommes ne fçauent où ils en font.iuf
ques à ce que Dieu leur ait déclaré fa volon-
té:mais alors ils ont vnê règle infallible.No-
tons bien donc que Dieu nous veut addreflèr
tellement que nous ne pourrons pas nous for
uoyer, moyennant que nous le tenions pour
Boftre guide, félon qu'il eft prelt& appareil-
lé de faire ccft office, quand nous nt reiette-
rons point vne telle grâce. Voila que fainû
Paula voulu lignifier par cefie lîmilitude:c5-
me il eil dit que fous ceux qui n'ont point ce
but de s'appuyer fur la grâce de Dien,afin
qu'ils puiflent reclamer Dieu leur Pçre,&qiie
ils puiflentattédre falut de luy,&qui ne che
minent pas en bonne confcience,& d'vn cccur
pur auec leurs prochains,quc ceux-là font cô
me gens efgarez & toruoyez.'^r qu'auient-il
à ceux qui font ainfi vagabons, 3i qui fe veu-
lent efpargnei' à leur elcieuc en leurs vaines
tantalîes ? Il n'y a plus que vanité , dit fatnâ
Paul. Il vfe ici d'vn mot qui emporte qu'en
tous leurs propos il n'y a rien de ferme, il ne
y a nulle fubftance , ce n'eft que vent . Il til
vrayqu'il y aura quelque appaiéceimais c'cft
côme d'vne vcfsie qui fera enflee.ou vne con-
fle(qu'on appelle ici:) mais cependant quelle
fermeté y a-il, ou quelle fubllace?!! n'y a rien
qui foJt , il ne faut q la pointe d'vne efpingle
pour tout creuer,&voiIavnc peau fleftrie.Aiii
il doc S. Paul accapare toutes ces belles fpecu
latiôs qu'aurôt ces glorieux g fe veulét faire
valoir fans édifier l'Eglifc de Dieu.àdes vef-
lîes. d'autat qu'il n'y a rien(dit-il)en eux que
pure vanité, ni en tout leur propos. Yci nous
auons àrecueillir double inlhuôiôil'vne c'eft
que nous ne foyons point fi malins quâd Dieu
nous fait ce bien de nous guider , de tirera
l'iîfgaree çà & là, fans fçauoir quel eii noftie
but. Il eft vray que les homme? fe voudront
couurir d'ignorance quand ils auront failli:
mais- nous auons défia monftré que fî nous
foulFrons d'eftre en feignez de Dieu, nous fou
me tans aucc toute humilité à la doftrinede
la Loy , que nous trouuerons le chemin tout
certain, &• qu'il nous tendra Ja main, en forte
que nous ne pourrons faillir. Mais quant &
quant tendons au but qui nous eft ici propo-
féiiS; làdelTiis que nous tenions aufipourvr»
poinftrefohi.ce que fainft Paul adioulte pour
le fécond, c'eitafçauoir que nous aurons beau
nous faire valoir deuant les hommes: car ton
te la fcience que nous aurons acquife,ne fera
tjucventou fiimee , fi nous n'auonscebut &
addielïè ,afçauoir de feruiràDuu en pure
confcience , quand nous aurons mis la fiance
denoftre falut en luy&enfapure bonté, &
que nous tafcherons aufsid'a;der& fubue-
nir à nos prochain»^. Or ceci eft bien con-
traire au fcns charnel des hommes : car nous
appctons des chofes plaifmtes , & fi on nrus
vouloit croire, on remneroit toufiours des
queftions inutiles & fnuoles pournous tianf
porter en l'air. Si on nous parle de la grâce
de Dieu, fi on nous exhorte à viurefainfte-
ment,fi on nous monftre comme nous deuons
cftre patiens en nos aduerfitez.fi on nous ap-
pelle 3 ceft héritage du royaume desçicux,
hojce font chofes dôt nous oyôs tât parler q
c.ii.
Q.VATRIEME SERMON
no' e» fommes tous fafcliez,& ne faut g nous
en auoiv dit trois mots, que nous en fommes
(àoul'-.Tant y a neantmoins que le fauitt E-
fprit n'a point pronôcé uns eau le, que lî toil
qu'on fedeftourne de ce but , qu'on ne fera
qu'errer, voire en toute vanue & folie. Voi-
la donc ce que nous auons à noter en lecond
lieu , c'elt af^auoir , que quand nous ne cer-
cherons d'ell:re édifiez en foy & charité , il
n'y aura que des fpeculations volages , qui
feront pour nous cleuer en haut, mais en la
fin il n'y aura ne fondement ne fubllance.Et
par cela vo;t-on quelle eft la Théologie Pa-
p.ile:car ceux qui veulent cilre rcputezdo-
fteurs , n'ont autre eilude que de queftions
fnuoles qui n'emportent nulle doiîriiie qui
feit. Q_uand vn homme fe fera bien rompu
la tefte pour eûre Théologien ( comme on
parle en la Papauté ) il fera non feulement
bcgue, mais du tout muet, s'il eft qucftion de
fajre vn fermon.Et pourquoyrC'eft vne cho
fe tout autre que leur eftude . Car ils ont là
comme des feciets de forciers, des coniura-
tions ie ne fçay quelles , (ans qu'on les puifle
appliquer à nul vfage . Njus voyons donc
comme cesmiierables font empoitonnez de
Satan. Et voila comme toute la religion a e-
fté peruertie, qu'on a lemé des menfonges c5
me on a voulu. Et pourquoy r Pource que la
parole de Dieu eit vne chofe trop baifeiS.:
trop vulgaire pour ces doileurs fpe culatifs.
Or cependant li taut-il que ceft arreft foit
tenu comme irreuocable, Quand les homines
ti'auront point ce bHt d'tftre edifitz en foy
&; charité, qu'ils ne font que vaguer, voire &
r'v a plus que vanité en tout leur cas. Or
fainft Paul adiou(te, Que neantmoins ils yeu-
lent ejlre refutex. dm'hurs de la Loy, ne fc.t-
rh.iKs Us chofe s d^)it ils p.trlent, ne defquelles
ils ajfermint.Q_£tA il dit que telles gens veu-
lent eftre dofteurs,& qu'ils ne fçauent ce que
ils difent, il mdltrc qu'il y a deux chofes con
tiaircs en eux. Car s'ils auoyent addonné
leur eftude .à bien profiter en la Loy de Dieu,
ils auroyent vne certitude telle qu'il ne fau-
droit point eftre en doute, quand on auroit
efté enleigné par eux. Celiiy qui aura bien
profite eu i'cfcolede Dieu , ne fe lafchera
plus la bride .1 fes imaginations pour inucn-
ter rien qui foit, mais il aura ccfte (impli-
cite de fe tenu à ce que Dieu nous monftre
a tous. Voila donc comme tous ceux qui font
deuement inftruits en la Loy de Dieu, auront
vne cognoiilancc certaine : mais ceux qui ne
fç.iuencdequoy ils parlent , monftrentbien
qu'ils fe font f jigez des vaines re(ueiies , &
qu'ils ont voulu mcfler leurs inuentions pro
près parmi la vérité de Dieu , qui n'eft que
faire vne corruption poi r t:>ut anéantir. Et
pourquoy? Dieu a-il parlé ? auous-nous tef-
moignagc de l'Efcriture ûinae? Ce no' doit
cftrc adl'zril n'y a plus de queftids quad nous
ferons ^^ndtz en h vente de Dieu.Q^ie tout
le monde s'eleue contre nous , fi t&.~ct qu'il
nous faut tenir bon, & perfeuerer en vne con
ftâce inuincible. Car nous fçauôs(dit S. Paul
en l'autre pailàgc).i qui nous auonscreu. Car
fi toft que nous douterons de la pure parole i. Tint»,
de Dieu, il tant que nous (oyons en branfle,&,i.ii.
que nous ne (cachions ce que Dieu veut dire.
Or quelle elt la difcretion & prudence d'vn
homme, quand il ne fe peut point aifuiettir à
Dieu, & qu'il prend cefte audace de vouloir
faire trouuer bon ce qu'il aura iongé , au lieu
que Dieu (e referue cefte authorité-la d'eftre
noftre feul MaiftrerSi les hommes s'ingerent
à meder leurs fantafies parmi , ne faut-il pas
qu'ils foyent en doute & en incertitude? Tou
tcsfois d'autant que telles gés ne font iamais
de(pourueus de hardiefle , il adioufte , Q^ils
afferment ce qu'ils ne fpuiten t p.tr. Or ce mot
d'Alfcrmer, emporte beaucoup. Car (i fainft
Paul eu[1 voulu ici traitter d'vn (impie argu-
ment,c'eft-oit allez d'auoir dit. Us ne 1 çauent
de quoy ils parlent:m.'îis il met ce mot-ci qui
emporte plus , d faut que les voila refolus,
qu'ils ne font que déterminer, conclure, pib-
nÔcer, & voudiont q tout le monde foit obli-
gé à le« croireivne telle témérité fe trouuera
touliours en ceux qui n'ont nul tondement en
Ja parole de Dieu . Car ceux quicognoiirent
qu'il n'y a nul maiftre lîiion Icfuv Chrjft, au-
ront cefte modeftie en eux, de ne fe point auan
cerriutre la mefure de leurfov. Il eft vray
que'quand nons aurons bien cognu que Dieu
à parlé , nous ne ferons plus comme rofeaux
brandans, nous aurons vne foy immuable , &
laquelle fera viélorieufe fur toutes tentations
Biicf , la foy.S: vne opinion , ou cuider , ne
ie peuui nt nullement accoider, non plus que
la clarté auec les ténèbres: car la foy empor-
te certitude. Mais fi eft-ce (comme fay dit)
que les fidèles legarderont toufiours ce qui
leur eft donné , & ne feront point haftif?. à
croire. Ils auront biencefte promptitude que
fainct Paul loue , en difant , Dés le iour que r 1 -, f
vous auez ouy, vous auez creu.Ils léront donc
appareillez a (Iiyure ce qu'il leur fera pro-
p(3(e .au nom de Dieu, mais ce ne (era pas (ans
di(cretion , comme il en parle ailleurs. Et fphe.s.
pourquoy cela ? Car nous ("çauons qu'il n'y a i/-
que Dieu (eul qui nous doit conduire, & qui
doit gouuerner nos âmes : &: (î les hommes
vienent a nous , & que not*s ne cli(cernions
point, que nous foyons comme beftes brutes,
nous laiiîàns mener par le nez, ne fera -ce pas
méfier le ciel auec la terre?Car il faut que tou
tes créatures fe taifcnt, cS.; ^lue Dieu feul par-
le, S: que ce que nous croii5s,f ut procédé de
\uy,Si que nous en foyon<; bien aireurfz. Voi-
la donc quant aux fidèles : ils auroni ( ccm-
me i'ay dit) cefte mcdeftie en cuv , de ne rien
afFermer iînon ce qu'ils cognoiffent tftrede
Dieu ,& aimeront mieux fe tenir vn temps
fufpens.quand ils ne feront pas deuement en-
ftignez de quelque article , que d en dire a la
volce,
SVR LA I. A TIMOTH.
zi
Volce,eomme font beaucoup qui auront hon-
te de rien ignorer : ils voudront cftrcgrans
clercs , & fçauoir tout, & ne fçauent rien. Or
les fidèles n'iront pas auec telle haftiuete:
mais celuy qui s'auance ,& qui prel'ume de
dire ce oue bon luy leinble , pour méfier fes
fonges & rcfueries parmi la parole de Dieu,
ceux qui l'ont tels, affermeront tant &: plus
qu'il n'y aura rien dont ils ne tacent vne con
clulîon abfolue.pour dire, Voila qu'il faut te-
nir.voiia qu'il faut obferuer. Pour celte cau-
fe faindt Paul dit que telles gens , combien
qu'ils afferment, toucesfois fi ii'ont-ils nulle
relolution en eux: mais Us voltigent toui-
iours:&:aul'iile diable les tranfporte auecv-
ne telle audace, qu'ils veulent que ce qu'ils
difent.r îc receu:que cela n'eftiînon vne fre-
neiie, qu'ils n'ont point le fens rafsis: ce leur
eft aflez de dire. Voila, nous le tenons de
Dieu. Et de ceci nous en auons l'expérience
auiourd'hi.y.comme alors elle cftoit du temps
de fainCl Paul , ainfî qu'il en parle au fécond
chapitre des Colofaiens. Car l.i il exhorte
les fidèles de fe tenir en la pure fiinplicité
de l'Euangile.afin qu'ils ne foyent point de-
ceus par les fedufteurs , & par ce; dofteurs
fpeculanf:, fous ombre d'humilité (dit-U) &
de reuelations Angéliques, & autres choies
femblables.U y auoit des luperftitions que le
diable mettoit en auant par gens cuiieuv:
SaincT: Paul dit là, qu'il faut que les fidèles
foyent fur leurs gaides pour n'eftre point ti-
rez ne ci ne là. Et puis iladiouite, Q_iieceux
la font enflez de leur fens propre, & s'auan-
cent,& s'ingerent, & fe mettéc en poiftfsion
des chofes que iamais n'ont cognues . Ainli,
nous voyons que ce n'cfl pas d'auiourd'huy
que le diable a lufcité de. brouillons qui ont
voulu femer leurs zizanies, 8c qui ont ofé af-
fermer hardiment ce qui leur eftoit inco-
gnu : mais auiourd'huy ncus voyons que cela
le prattique plus que iamais . En la Papauté,
ievous prie,queK font les articles qu'on tien
dra les plus certains=Si quelqu'vn a nié la re-
furredion des morts, ou la vie éternelle , ce
ne lera pas vne herflîe il grande que d'auoir
nié le purgatoire. Et du purgatoire quelle
certitude en ont-ils? Quel Ange, ou quel dia-
ble leur a reuclé qu'il y a vn purgatoire ? Ils
l'ont bafti en leur cerueau : & combien qu'ils
ayenttalché d'amener quelques tefmoiçna-
ges de l'Efcriture fainâ:e,cn la fin ils font de-
meurez confus, tellement qu'ils n'ont autre
defenfe de leur purgatoire, finon l'ancienne-
té.Ho voila, on l'a toufiours ainfi tenu. Voila
donc le t^onde.nent de la toy, félon les do-
Ûeurs Papilles. Et puis il ne faut point reuo-
queren doute que les faindis trefpaffez ne
doiiient eftre rcclamez comme aduocats &:
patrons. D'aller à Dieu iàn^ aucir quelque
fainft Micbel qui nous guide , ou la vierge
Marie, ou quelque faint> que le Pape aura for
gé en fon caleiidrier à la polie, ho de cela il
n'y auroit nul propos. Et comment ? à quel-
les enfeigi>es?Trouucra-on en toute l'Elcri-
^tiirc laincte vn feul mot, vne feule fyllabe oui
monftre que les créatures intercèdent pour
nouSjc'eft àdire ceux qui font trefpaflez?Car
nousdeuons biencn ce monde prier les vns
pour les autres:&: cela nous eft commun & re
ciproque, comme ondit:mais quant aux trel-
paffez,il n'eu eft fait nulle mention. Aufsi ne
taut-il point qu'on en doute en façon que ce
foit. Touchant des chofes femblables, com-
me dt ces toiles dénotions qui font introdui-,
tes en la Papauté,de tous ces badinages-la on
ne trouuera rien en la fainûe Efcrirure.Et
quoyr Ce font fpeculations, ce font des fub-
tilitez de mcfsieurs nos Maiftres : mais il les
taut tenir comme déterminations telles, que
il ne foit point hcite de fe rcbccquer à ren-
contre. Et comment eft-ce qu'ils prouuent
tout cela; Ho c'eft bien afllz qu'ils l'ayenc
cuidé.Nous voyons donc queSatan s'eft maia
tenu en ccfte poffefsion-la, d'endurcir les
hommes en telle audace & impudence, qu'ils
font beaucoup plus hardis à affermer ce que
ils n'ont iamais cognu, que s'ils auoyent bon
tefnioignagedeDieu& de fi vérité. Or de
noftre paît, nous auons à recueillir de ce paf-
fage de fiind Paul, de n'tfti e point fcandali-
fcz quand nous voyons les hommes s'ingérer
ainfi, Si prendre vn tel auantage au preiudice
de Dieu : que nous n'en foyons point trou-
blez, car ce n'eft pas de maintenant que cela
commence. Que faut-il donc ; Aduifons de
noftre part d'auoir cefte modeftie & humili-
té, que nous efcoutions , & que nous foyons
tardits à prononcer: mais quand nous aurons
efté enfeignez de Dieu, qu'alors nous ayons
la bouche ouuerte pour faire confcfsion de
noftre foy , mais' qu'il n'efchappe point vn
feul mot de noftre bouche qu'il ne foit bien
relolu en noftre cœur.Et comment? Non pas
pour le cuider, & fous ombre que nous l'au-
rons ouy dire : mais fçach.is bien que nous le
tenons de Dieu . Voila que nous auons à fai-
re.Et au refte, que tout ce qu'on nous affer-
mera, nous le tenipns pour friuole , iufques à
tant qu'il y ait approbation de la parole de
Dieu. Nous cuiderons beaucoup faire en te-
nant pour articles de foy ce qui aura efté mis
en auant par les hommes : & c'cft deroguer à
l'authoritéde Dieu, & ledefpouiller de fon
droi(ft qui luy appartient. Et voila pourquoy
fainft Paul condamne cefte humilité feinte, Qo/.i.iS
au paflàge que i'ay allégué. Comme auiour-
d'huy les Papiftes diront. Et comment?faut-
il qu'on prefume d'aller contre la détermi-
nation de noftre mère faindle Eglife? Ils ont
leurs c5ciles,aufquels il y a quelques conuen
ticulcs degros afniers,qui ne fçaiiroyent par
1er vne feule langue, & laniais n'ont leu trois
fueillets de l'Elcriture (ainde . Toutesfoîs
ceux-là pourront corclure ce qu'ilt n'ont ia
mais penfé.Les Papiftes auiourd'huy font v-
c.iii.
az Q^V A T R I E
ne grande brauade Je cela. Mon Dieu! com-
Bie ils nous condamnent de prefomption,
bource que nous ne voulôs point expoler ain
n noftre toy à la volee:mais que nous la vou-
lons referuer à Dieu,afîn que TobeifTance qui
Juy eft deue.luy foit rendue.Comme donc les
Papiftes nous condamnent en cela d'arrogan-
ce, cognoiflons que leur humilité eft diabo-
lique^: quand pretendans d'obéir à Dieu , ils
font vne reuolte manifefte contre noflre Sei
gneur Icfus Chrift: d'autant que c'eft celuy
qui doit auoir pleine authorite fur bous , &
non point les hommes , comme defîa il a efté
déclaré. Voila ce que nous auons ici à rete-
iiiriSaincl Paul adioufte quant & quant, Q»f
la Loy eft bonnr , -voire fi on en -vfe légitime-
ment. C'ell fuyuant le propos qui a elté tou-
ché ce matin. Car il auoit débat auêc ceux
qui eftoyent à demi luifs , & à demi Chre-
lliens:&pour fe faire valoir, & pour acqué-
rir quelque faueur & réputation , faifoyent
ombre de la Loy .Saindi Paul v auoit efté en-
feigné dés fon enfance,comme nous fçauons,
& y eftoit aflez exercé : mais il voyoït bien
que ceux-ci auoyent peruei ti & corrompu la
Loy de Dieu : pource qu'il n'eftoic point
queftion de cercherlà ni doftrinede falut,
ni règle de bien viure & fainftement : mais
des fpeculations vaines & inutiles. SainftPaiil
euft bien fait du fubtil quant & quant s'il euft
voulu:mais c'euft efté faire d'vn diable d'eux,
que cela. Il ne faut point que nous entrions
en telles contentions pour i'çauoir quel fera
le plus fort , & qui l'emportera. Car cepen-
dant que la parole de Dieu fei oit tirée com-
me par les cheueux, tout feroit prophané.
Ainii , fainft Paul voyant que ceux-ci fai-
foyent bouclier du nom & du titre de la Loy,
n'a pas voulu faire le femblable : mais il les a
rembarrez , leur monftrant qu'il n'eftoit cn-
semi de la Loy. Et puis il adioufte que tant
s'en faut qu'il prétende d'abolir la Loydon
née par Moyfejquepluftoftill'approuuepar
la doârine:car tout ce qu'il prefcne,eft con-
forme pleinement à la Loy , & s'y accorde
tresbien. Voila en fomme ce que fainû Paul
dit. Or pour mieux entendre la déduction du
propos,ilditpour le premier, Que la Loy eft
bonne, voire fi on en vfe légitimement. Ce
mot de Loji & légitimement , ont conformité
enfemble:comme s'ildiioit.La regleeftbon-
re,voirt fi elle demeure régulière : mais fi vn
.k >mme defreglé met en auant ce mot de rè-
gle,c'eftvnc puie moquerie . Pourtant qu'on
cognoifle quel t It l'vfage de laLoy(dit fainâ
Paul)car nous ne fommes point en difpute fi
il nous faut tenir la Loy de Dieu:c( la doit e-
ilrc côclu entre noiis.Q_ni.iy donc? Qi[e nous
fçachions quel eitl'vfage naturel. Voila l'in-
tention de fainrt Paul. Lequel adioullc quant
ic quant, que/rt Loy n'efl jijs donnée aux iu-
Jies.Qae ne la font-ils fcruir comme ilappar
tient?Car la Loy de Diea eft comme vne bri-
M E SERM ON
de pour retenir nos cupiditez mefchanteî^
Voila les hommes qui font comme beftes fau
uages , ilslafchent la bride à leurs appétits:
l'vn eft contempteur de Dieu,l'autre eft pro-
phanc.ne fçachatque c'eftdevraye religion:
l'autre eft desbordé & diflolu en toute fa vie,
l'autre eft vn larron,l'a;itre eft vn paillard, &
s'il y a encore des vices plus énormes iufques
à bougrerie,*: autre telle infcûion(dit fainft
Paul) c'eft 1;\ qu'il faloit appliquer la Loy de
Dieuàfon vïage.Que ceux qui font ainndef
bordez , que le diable a enflammez en leurs
mefchantes afFeÛions, que ceux-là facent fer
uir la Loy de Dieu pour fe brider, & fe rete-
nir,& fe captiuer,afin que les vilenies du dia-
ble ne dominent plus en eux. Or nous pou-
uons bien prcfumer que ceux-ci aufquels
fainft PaulparIe,eftoyent entachez de beau-
coup de vices , & que c'eftoyent gens de vie
mefchante:& neantmoins qu'ils faifoyent les
grans zélateurs. Comme auiourd'huy, ievous
prie, quelles gens trouuera-on plus vileins Se
énormes que les moines, & tous ces doôeurs
Sorboniques , tous ces bons fuppofts de ctft
Antechrift Romain :brief,tous ces caphars.S:
ceu'': qui auiourd'huy maintienent la Papau-
té? Q\iandils entrent en chaire parlans aux
beftes brutes.côme ils tiencnt leurs auditetlrs
en telle ignorance , que là on ne iuge ne de
blanc ne de noir: ils font leurs belles préfa-
ces,Comment?Ces Luthériens voudroyint a-
neantir toute honnefteté, qu'il n'eft plus que-
ftionde difciplinc cntr'eux, qu'ils voudroyét
qu'on mangcaftde la chair au vendredi.qu'il
n'y a plus iînon vne licence charnelle , qne
tout eft là desbordé , qu'ils veulent qu'on fe
marie,& qu'il n y ait plus' ce fainil eftat Arge
lique de perfeilion , qu'ils ne demâdent finon
tout plaifîr à leur chair , & qu il n'y ait pins
de façon de viure qui foit vrayeincnt fpi; itu-
elle. Et puis quand nous parlerons que nous
fommes iuftifiez par la grâce de Dieu. Et que
dcuicndront let bonnes auures ,&lcs meri-
tes?Tellement que quand on orra parler tel-
les gens, il femblera qu'il n'y ait fainftcté que
entr'eux,& qu'ils la portent en leur marche:
& toutesfoit c'eft vne chofe par trop notoi-
re , que quand vn homme aura bien prclché
de chafteté en chaire, il tiendra le boi deau en
fa chambre, & par toute la ville: que fi on luy
donne accès en quelque maifon , c'eft pour
tout empuantir de fon infedtion . Voila quels-
font les zélateurs de la Papauté. Et quand les
plus fainds feront examinez , on t:ouucra
que les vns font conuaircus (le pa;lc' de ceux
qui font cognus & renommez par tout ) que
les vns feront conuaircus de pariuics.les au-
tres de faufieté,de larrecinslcs autres ne fe-
ront nul fciupulc de s'abandonner à toute
paillardife,& toute vilenie : les autres feront
menez de defirs fi vilains & cnotmes, lufqucs
à cftre bougres , comme cela eft vn mdlicr
commun emr'cux. Aiufidonc nous voyons
que
SVR LA I. A TIMOTH.
î-^
t.
que fainft Paul a eu affaire à de tels inonftres,
comme'^ auiourd'kuy il y en a en la Papauté,
& comme font tous ces aduocats du Pape,
tous ces frères mineurs , ces cKiens qui abba-
yent à l'encontre de la vérité de Dieu , pour
maintenir ctft« tyrânie infcrnale.C'eftpour
«juoy il dit, Et bié.me voici ici.afçauoir ti !'£
uangile tft contraire à la Loy de Dieu ? le di
que non:car qu'eft-ce que Ptuangile annon-
ce? le prefche qu'il nous faut eftrc reformez
à l'nnage de Dicu.qu'il faut que l'homme re-
nonce à foy,& qu'il mette bas toutes tes affe
ûions s'il veut cheminer comme il appartiét.
Et quant à nos appétits mefchaHs,& quant au
mode.que nous y foyons côme amortis: mais
ue fur tout, nous ayons cefte prudéce de n'e
re point fages en noftre cerueau, pour faire
ce que bon nous femblera , ains que nous ap-
prenions de nous addonner pleinement à
Dieu. Voila la fomme (dit fainùt Paul) de nu
prédication quant à la vie des hommes. Main
tenant ceux qui font des zélateurs de la Loy,
quedironivils? S'ils veulét ô la Loy de Dieu
foitbien obfcruce,pourquoy ne commencét-
ils eux-mefines?Or ils viendront ici chercher
des finfreluches ,& conceuoir des imagina-
tions,pour fçauoir combien vn telacud'en-
fans après fa mort,& quelle cil la généalogie
deceftuy-ci.&de ceftuy-la,&; i'c tourmente-
ront de beaucoup de chofes , qui font de nul
proEt.Et bien.la Loy de Dieu en et fie ù çon
n'eii-elle pas conuertie à vn vûge prophane?
Tous ceux donc qui ne reçoyuent point bon
ne infcrsûion de la Loy , n'en tienent conte:
& pourtant c'eft à ceux-là à qui il faut appli-
quer la Loy de Dieu. Vous paillars,vous adul
tcres , vous diflolus, & gens prophanes & vi-
leins,vous rebelles , vous contempteurs de
Dieu , vous ne pouuez faire feruir la Loy de
Dieu à réprimer vos vices,& vous voulez ne-
antmoins contraindre le monde à garderie
neiçay quelles cérémonies : & cependant la
Loy de Dieudemeure là, comme fi elle auoit
elle donnée en vain, & qu'on le deuft anuifer
à de-- chofes qui ne ferucnt de rien,&defquel
les on ne reçoit nul profit. A cefte heure nous
voyons l'intention de ùmâ Paul. Or pour
bien fairenoftreprofit decc palTàge , notons
que quand les mefchans defguil'ent la parole
de Dieu, qu'il ne faut point pourtât que nous
en foyons fcandalifez: comme il y en a beau-
coup qui ne demandent qu'occafion de s'alié-
ner de la venté de l'Euangile , quand ils vo-
yent qu'il y a des^troub'e .Et que teroye-ie?
difent-ili.Nous voyons qu'il y a des opiniôs
diueifesjilvaut mieux que le quitte la tout.
Voila feulement vn feftu,5; on en fera vn em-
pcfchement (î grand .qu'on ne pourra pas
marcher par dcflïis.Bnef, le monde cft lî dé-
licat,qu'il cherchera pluftoft de loin occafios
pour fe desbaucher , qu'il n'ait quelque cou-
leur pour s'aliéner de l'obeillànce de Dieu.
Mais au con traire , il nous eu ici moniUé par
fainft Paul, que quand toutes les tentations
du monde feroyen: drt(lees,quc le diable fc-
roit de tels efforts qu'il prendroic rEfeliti;-
re iâincle a tors & à trauers, pour approuuer
des erreurs & des chofes mefchantes & exé-
crables, tellement que la parole de Dieu fe-^
roit fi confufe en apparence,qu'il fembleroit
qu'elle fu/t proprement faite pour feiuir»
donner couleur aux erreurs & mefchantes-
tromperies des hommes , iî ne faut-il point
pourtant que nous en foyons defgouitee.La
Loy de Dieu n'eftoit-elie pas prophanee eu
temps de fiinft Paul par ceux qui i'aiioyent
ainù appliquée àdcs chofes inutiles?£tdit-il,
11 vaut mieux que la Loy foit exterminée, vcu
que les hommes en abufent ainfi , & qu'on la
laifle là à part?Non,non:fain(St Paul ne parle
pas ainii : car il fçauoit que Dieu n'a point
donné ù Loy pour la mettre lous le pied. La
Loy ell bonne,dit-ii,il ne refte finon que l'v-
fage en foit bon du cofté des hommcs.Et ain-
fi,fuyuant ccfle regle,qiic toufiours nous glo
rifions Dieu en fa parole, quand nous voyôs
qu'ilyades malins qui prophanent l'Efcri-
ture fainde,la corrompant & defchirint par
pièces: que nous ne ioyons point efmeus par «
vn tel fcandalc, pour blafphemer contre la
parole de Dieu: mais que nous la mainte- ,
nions toufiours eflre bonne & fainfte. Et de
fait , en la vie des hommes sous trouuerons
bien vn fcandale qui eft pour nous rendre la
Loy de Dieu oditufe.Et pourquoyrQ_tie l'v-
lage de la Loy foit tel -que fainft Paul dit,
c'eft afçauoir que les hommes foyentconfi-
derez en leur naturel, & que la Loy de Dieu
viene, dequoy feruira-elle ; Pour nous con-
damner. Voila pourquoy fainft Paul l'appel- ^•^«•"•î-
le vn meflâge de mort , qui n'eft finon pour 7* ^ '
nous enuoyer malediûion & ruine. Et puis
que la Loy de Dieu nous condamne tous , &
qu'elle ne nous la ilTe nulle efperance de fa-
lut, quant à foy , (le di à foy félon qu'elle eft
pour régler noftre vie:car S. Paul ne traitte
point là des promefies).!! donc la Loy eft tel
le , ne faudra-il pas que nous la hayisions,
voire fi nous y allons à l'eftourdie ? Mais fi
faut-il qu'aucc nos vices nous cognoifsions
ce qui ett bon & fain(ft:c5me auf i lainct Paul
en parle au fcptieme des Romains , après a-
uoir dit que la Loy n'apporte que damnatiô
aux homes, iufques à ce qu'ils ayét foy en le-
fus Chrift.Il dit qu'elle eft bonne & fainde &
vtile:car ce mal-la vient de nous,& non point
de la côdition de la Loy.Pourtât,quand nous
voyôs les hommes eftre fi peruers qu'ils de-
ftournét le vray fcns & naturel de l'Efcriture
famtleà leurs inuenti5s,il ne faut point pour
celaque l'authorité de Dieu ne de (a parole
foit amoindrie. C'eft ce que nous auons à re-
tenir en premier lieu.Cependât notons aufsi
quetous ceux qui prenent occafiondel'E-
fcritiu-e fainfte , d'cftrc feduits & tranfpor-
tci en erreurs , font àcohdamncr nu double.'
c. liii.
24 c I N cxy I E
Il eft vray que deuant les hommes ils pour-
ront bien auoir quelque ft'btcrfuge, mais cela
ne fera rien deuant Dieu. Ho, i'av cuidé bien
faire, i'ay voulu m' enquérir de la venté, maiv
il m'eft mal efclicu . Voila qu'allégueront
beaucoup de gens quand ils aurÔt elle Icduits.
Mais il eft certain qu'ils ne font que mentir,
d'autant que Dieu ne permettra point que
ceux qui vicnent chercher doftnne de luy,
foyét leduits. Pourquoy ? l'Efcriture fainfte
elt non feulement bône & fainfte en foy,iviais
elle eit bonne pour nous, elle eft vtilepour
noftre falut.Car nous trouuerons là que Dieu
nous ell vn bon maiftre &: loyal , moyennant
que de noftre cofté aufvi nous luy foyons bôs
difciples.Mâis qui eft cauie que nous fommes
ainfi tranfportez en erreurs , iînon nosmau-
uaisappetis, oubien nollre orgueil? Les vns
voudront plus fçauoir qu'il ne leur appartiêt,
&leront precipitans àuiger deuant qu'auoir
fceu ce qu'ils ne fçauent pas:les autres hetil-
lent touiiours,& ne demandent iînon d'inuen
teriene fçay quoy de ncuueau. Voila qui eft
caufe que ibus ombre de l'Elcriture iaintle
beaucoup de gens fout ftduits : mais tant y a
que il nous venons à Dieu, le rcquerans à bon
elcient & en toute humilité, qu'il accomphra
"^Jfi.ii^. ce qui eftditau Pfeaume , c'eftai'çauoir,qu'il
■fera ledofteurdes hûble;. &des petis.Et pour
tant, faut-il craindre que noUî foyons trom-
pez quand nous aurôs Dieu qui fera offîcede
jnaiftre?ll ne refte donc iînon que l'vfagede
l'Efcriture fainûe foit bon, c'ft àdire, que ce
■e foit point pour attirer ànos fantafies la
parole de Dieu: mais que nous regardions en
toute pureté ce qui eft là contenu, que nous
prions Dieu que par fon fain£l Efprit il nous
iedare fa volonté , i'çachans que comme l'E-
fcriture fainctc n'a point efté donee des hom
mes,& qu'elle n'eft peint creueen leur iardin,
qu'aufsi l'expoiîtion n'appartient point aux
créatures, que c'eft le fainétEfprit qui nous
déclarera ce qui eft là contenu.Qjjand nous y
procéderons en telle forte , foyons afleurez
ME SERMON
que Dieu ne permettra iamais que nous trou-
uions la Loy autre qu'elle eft ici déclarée par
lamcf Paul,c'ertai"çauoir bonnet telle qu'il
n'y arien qui ioit àieietter, d'autant qu'elle
nous eft vtiie.Et cependant apprenons de ré-
primer nos mefchantes affettiôs.cognoiflàns
que Dieu nous a voulu brider, comme des be-
ftesfauuages. Il cftvrayque ceci ne fe peut
pas maintenant déduire au long, mais lî tft-ce
qu'il nous faut toucher ce mot pour la fin, que
pour eftrc bons difciples de la Loy , il faut que
vn chacun regarde à ioy ,& que nous cognoif-
fions que nous auôs beibin d'eftre bridez fous
le feruicede noftre Dieu : que pour faire va-
loir la Loy à noftre viage,il faut q nous capti
uions toutes nos mefchantes cupiditez, & re-
noncions à nos affcdions charnelles. Voila
doue comme il nous faut appliquer la Loy à
noftre vfage,&: nous trouuerons ce due dit ici
fainit Paul, eftrc veritablc;c'eft afçauoir,que
la Loy tft donnée pour reprouucr toute iniu-
fticc& toute iniquité. Cognoiflons donc que
nous fommes coulpaliles en tant de fortes de-
uàt la maiefté de nolhe Dieu, que nous-nous
humilions lous icclle,nous addonnas du tout
à Ion feruice, comme nous luy deuons eftre fu
lets en toute noftre vie. A„
Or nous-nous profternerons deuant la fa-
ce de noftre bô Dieu en cognoiflànce de nos
fautes , le priant qu'il luy plaife nous en tou-
cher en telle forte , que nous y defplaifans
nous recouriôs à luy,& qu'en nous acceptant
par là bonté gratuite, il nous pardonne toute
les offen fes quenouî auons commifes par ci
deuant, & que tout le temps de noftre vie, il
face que nous foyons côformez à luy. Et d'au
tant que nous fummes en ce monde comme
en vn chemin,que nous approchîos touliours
déplus enplusdecebutqui'nouseft propofé,
lufques à ce que foyt)ns paruenus en ccfte vie
celefte, ou il nous commande & de tendre &.
d'afpirer.Qjoe non feulement il nousface ce-
fte grâce, mais aufsi à tous peuples & na-
tions de la terre,&c.
CINQJ/IEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
8 Or nousjcduos que la Loy ejl honcfi aucun en v/f legithnemet,
9 Scdcham que la Loy n ejl pas mife au iujle , mais aux imujles
ç;^ rehelles , aux mefchans (f pécheurs, aux contempteurs ^ propha-
nes,aux batteurs de père (:/ de mere,aux meurtriers,
10 Auxpailîars,auxhougres,auxrobeurs degensaux metcurs,
aux pariures, (f s'ily a quelque autre chojc qui foit contraire à la faine
docîrine.
Il Qui cjî félon fEuangile de la gloire de Dieu hencit , lequel
ni e(l commis.
Dunanchc
SVR LA I. A TIMOTH.
^5
Imanche pafle nous tnon-
I fti-afiiies à quel propos faiiift
' Paul dit rci, Ciue la Loy n'a
I pas efté cftdblie pour les iu-
\ llesx'cfl cju'il voiiloit dor-
ure la bouche à fes ennemis,
' qm eulTét voulu faire à croi
re aux fimples Se ignorans, que fon intention
eÛoitd'aboJir la Loy de Dieu, que c'eftoit vn
apoAat qui ne dcmar.doit fînon de mettre en
auant vne doctrine nouuellt Se eftrange. IM-
poftre p jur repouirer vne telle calônic mon-
tre qu'il n'ha nulle occalion de hayrla Loy
de Dieu.ne de la reietter.Pourquoy?d'autant
que Ja doftnne. qu'il prcfchoit,s'y accorde
tresbicn: & qui plus eu, que cela cft pmfé de
celle fontaine. Car l'£uâgile n'eft pas vne do
ftnnerspugnante àla Loy que Moyfe auoit
publiée au nom de Dieu. S. Paul donc môftre
que"tout ce qu'il enfeigne.n'eft iîné pour ap-
prouuer& ratifier ce qui ellcôteru en la Loy
de Dieu. £t à Topponte, il taxe {es ennemis
qui auoy ent ilclguifé la Loy de Dieu.ne cher
chans rien linon ce qui pouuoit feruir à leur
vaine gloire. Car pour fe faire valoir.ils aoo-
yent de belle; paiades,& cependant il n'y a-
uoit nulle inllruiliô qui fui} profitable pour
le fàlat de ceux aufquels ils parloycnt.S.Paul
donc déclare en fomme,Qjie la Loy cft bon
ne.Voirc.mais il faut^dit-il)quel'vfagefoit
côforme. £n quoy il monltre que fi les mef-
chans corrompent & peruertilïent la parole
de Dieu.qu'ils ne peuuét faire qu'elle ne loit
touhours bonne & vtile. Or c?éft vn poinû
(côrae alors il fut dit) qui eft bien digne d'e-
ftre noté:car par là nous foinmes aduertis de
ne faire pas côme beaucoup de gens,iefquels
quâd ils voyét que la parole de Dieu eft tour
née ç.i Se là.feroyent cocens d'auoir quelque
couuerture pour ne fe plus enqu.'rir de la vé-
rité de Dieu,mais pour mefprifer toute reli-
gion.Car voila l'excufe qu'ils prenent, qu'il
leur femble qu'ils feroyet en danger de s'en
uelopper en beaucoup d'erreurs , pource que
la parole de Dieu eil obfcure,& qu'ô ne Cçait
âquel vlâge on ladoit appliquer. Ceux qui
clierchent telle occafion, ne laiflcnt pas d'e-
ftre à condamner : car ici S. Paul nous mon-
ftre s'il y a des gens malins quidcltournétà
leur mefchante fantafie la vérité de Dieu , ce
n'elt pas pourtant qu'elle en vaille pis , ne
qu'on la doiue reietter:mais cognoiiTons IV
fage,regardons au but que Dieu nous propo
fe,&ilell certain que fi nous tendons îàd'v-
ne affeûion droite & fans Kypocrifie, iamais
Dieu ne permettra que nous foyôs trompez
ne feduits.C'eftdonc côme nous trouuerons
toufiours bonne inlhuâion &lainÛeenrE-
fcriture:& Dieu nous donnera cefte pruden-
ce.moyennant que de noftrebon gré nous ne
fermions point les yeux,^ comme ceux qui ne
demandent finon qu'on les abufe. Et voila
côinc le poure inonde a e&é aiu£ mal-mcné
de tout temps. Les homes font dignes que le
diable ks tranlporte.sMs nepeuuent fouifrir
que Dic* les enfeignc: pourccqti'ils ne s'af-
fiiiettiirent point .1 luy, & ne vicnét point auf
fi. à lonefcole en telle rondeur qu'il ferort
requis. Mais fi nous demandôs d'ellre^delc-
ment enfeignez, Dieu nous tendra la main,&
nous monftrera que la parole nous eft vtile,
quoy qu'il en foit. Cependant on pourroit ici
faire vne queftion , Cément c'cft que S. Paul
dit.Que la Loy n'eft finon pour les iniuftes.
Car il Jtmble qu'il vueille exépter de ce nom
bre vne partie des homes, côme s'il s'en trou-
uoit de tant iuftcs, qu'ils n'euflcnt plus befoin
de bride. Mais nous fçauôs que depuis le plus
grand lufques au plus petit nous Tommes tous
coulpablcs quant à Dieu:& tant que nous vi-
uronsau monde il n'y a celuy qui n'ait beau
coup d'infinnitez Se. de vices. Puis qu'ainfi efl:
donc , quelle perfedion voulons-nous cher-
cher aux hômes?Pourquoy eft-ce que S.Paul
dit.Que la Loy n'eft point donnée pour les
iuftes: Pour rciponle, il n'eft point queftioa
de difputer en gênerai de Tviage de la Loy:
elle nous condamne tous ,& nous prononce
maudits,d'autant que nou's fommes tous com
pris en ccjte r.ice d'Adam, qui n'emporte que
corruption & peruerfitc.La Loy donc adiour
ne tout le monde deuant Dieu, & fans en ex-
cepter vn feuhelle condamne tous les enfans
d'Adam, & monftre qu'ils méritent que Dieu
les reiette,qu'ils n'ont autre attete ni efpoir,^
finon d'cftre aby fmtz au feu éternel. Ceft en
premier lieu pourquoy la Loy de D.eu nous
eftdonnee. Maintenant, voyant que Dieu fou
«iroye ainfi fur nous , il faut que nous recou-
rions à cefte mifericorde qui nous eft offerte
en noftre Seigneur lefus Chrift, veu que fans
icelle nous ferions perdus & damnez du tout,
La Loy de'Dieu donc nousdoit elpouanter,
quand elle nous monftre que nous fommes
dignes que Dieu exerce fa vengence horrible
fur nous : Se cela fe fait , afin qu'eftai^s hiuni -
liez nous cherchions noftre film en noftre-
Seigneur lefus Chnft,veu qu'en nous il n'y a
que puie damnation. Voila pour vn item. Or
encores que Dieu nous ait fait la grâce d'a-
noir quelque bonne affeôiou & defir de che-
miner félon fa volonté &iuftice , encores a—
nons-nous befoin d'eftre picquez & fbliciter
parlaLoy. Vray eft que les enfans de Dieu
font exemptez de cefte maledi£tiô dont i'ay
touché : ils ne font plus effrayez , comme fi
Dieuleur eftoir contraire, & qu'il vouluft fai-
re office de iuge pourvferde rigueur con—
tr'eux;non,car ils fçauent qu'ils font affran-
chis dé cefte malediâion-la , par la grâce de
lefiis Chrift. Et comme dit fainft Paul, lefus Colj-if
Chiiftenla croix a d'efchiré l'obligé qure—
Itoit contre nous, & l'a attaché là, & l'a can—
cellé,afin que quad nous viendrons deuant le
fiege iudicialdeDieu, nous foyons quittes St
abfous.Les £deks donc auront bien cefte ai*
d.i.
tS CINQ^VIEME SER M O N
ieurance, qu'ils ne feront point tiiittezde iance,comn:îe il eft efcrit aux Prophètes, tant Uf.ij.js;
Dieu ielonia rigueur de la Loyanairccpeii- en Icrcmie qu''en Ezechiel , où nolhe Sci- E:tf. 3s
liant, il l:''-ut-il que Dieu les poulie touliours gneur dit, Qjig Dieu engrauera Ûl Loyeni^;
comme par force, tl'autant qu'il y a beaucoup nos cnnailles , qu'elle ne Icra pas feulement
de fuperfluitez en eux : &: il n'y a ctluy de el'cnte deuant nos yeux, mais nous l'aurons la
nous qui nercxpermiciitc par crop.Car coin dedans, en l'o.te que noftre vie s'y conforme-
bien que nous ayons(ainli que S.Paul rraitte ra.lans qu'on nous y poufle. ne qu'on nous y
au feptieme des Romains) quenous ayons, contraigne. Au contraire, ceux dont U ell ici
di-ie, vne loy qui nous conduit rt incn.pour- parle.al'çauoir qui n'ont que Heite, &. vnema
ce que Dieu nous a rt-gencrez pai Ion fainiè lice oblhnee en cux.ils ont btloin d eftre te-
Elpnt , en forte que nous aimons à le feruir nus comme enclsaincz amii que bcftes lauua-
&; honorer,toutcsfois il y a vne loy contraire ges. Car nous voyons comme ils s'efgarcnt,
en noftre nature, c'ell ai yauoir que nous lom & qu ils fe hurtët à l'cncôtre de Dieu. Il faut
mes enclins &addonnez par trop à rébellion, donc qu'ils foyent reprouuez. d'autant qu'ils
Il faut donc que la Loy de Dieu nous donne ne fe veulent point un nJre à la.fon.ih ne veu
toufiours que lque»iiguillon pour nous folici- lét nullemét s'alTuiettir,il taut que Dieu fou-
ter à bien. Voila corne la Loy dcDieuelldô- droye al'encontred'eux :&: ceux-là ontoc-
nee à tous en gênerai , voire en deux fortes, caiîon (combien qu ils n'ayent lufte «aufe)dc
Premiereinét.c'eltcn maledicl:iô,en la mort: hair la Loy. Il y a(di-ie vne occafié mauuaile
Se puis quandDieu nousa relcuez de ceAe cô- qui procède de leur vice : car il, le delpitcnt
damnation-là , il faut qu'elle nous folicite à Si cliagr nent , voyans que Dieu leur eft ainii
bicn,cS;qu'vn'chacun s'efforce, voyant comme contiaire, Se qu'il ne leur donne pas licence
Dieu veut corriger nos vices, & qu'il nous en d'exécuter toutes leurs ordures & vilenies,
redargue , & qu'il y fe de menaces afin q nous Voila donc qui font les vrais ennemis de la
ne foyoïis point endurcis. Mais cependant .S. Loy dont faind Paul parle ici. Et c elf vne
Paul parie ici d vn autre viage de laLoy ,c'efl cliofe qu'il nous taut bien iioter^car combien
afjauoir de contraindre corne par force ceu.ï que les fidèles apperçoyucnt que la Loy de
quine fe veulét point renger à Dieu enfaçon Dieu les picque & les poingt,li i-it-ce qu'i'ls y
que ce foi t, ou bien pour les rendre inexculâ- trouuent vne telle douceur, que ceile amertii
blés &conuaincus,ou bien pour leur taire hô- me-la ne les en defgou/te po.nt, qu'ils aimét
te, ou bien pour les marquer délia comme au mieux que Dieu les chaftie,cu qu'il les mena-
doigt, attendant que leiir honte foitplusdef- ce, qu'il defcouure leurs pouietez.qued'eftre
couucrtedcuant les Anges de paradis, &; de- enfeuelis en leurs corruptions. Voila comme
uât toutes creaturesicar nous en voyôs beau- les tidilcs , combien que leurs appétits char- 0
coup qui ne fe veulent nullement alluiettir à nels defiralTent d'e/tie flattez, demâdent ne-
DKu.Q_uadon les adinonefte de leurs vices, antmoins d'cftre corrigez parla Loyde Dieu,
alors ils grincent les dens,ils teinpcltent& fe & s'y offrent volontairement , & reçoyucnt
defpit£nt:brief,iU monftrtnt qu'ils lont pluf en toute douceur & patience les admonitios
toit feniblablev à belles enragées qu'à créa- qui leur font faites.Les mefthans au contiai-
tiires Jumiaines .faintt Paul parle maintenant re que font-ils .= Ho il n'cit queltion que de
de telles gcns,quâd il dit,CVue la Loy clt do- regimber à l'encontre , & defpiter Dieu ; &
née pour eux, comc pour le» enchainer-.d'au- quand ils voyent que la parole de Dieu les
tant qu'ils ne pcuucnt nullement de leur bon prtfre,ils entrent alors en vne rage plus que
gré fe renger a Dieu, qu'iK ne peuuent plier brutale : nous voyons cela à l'ail. Et e'elî:
le col, qu'ils ne peuuét clcouterraifon:pour- pourquoy il y en a il peu qui puilTent louffnr
te que combien que les fidèles ayent en eux que la parole de DiCu fi; prefche en fi vertu
beaucoup de contraditlion, & qu'ils ne puif- telle qu elle doit. Ile fi vrayqucpar cercmo-
fent pas s'appliquer à bones Gcuures fans grâ nie on fera content qu'on face des fermons,
«le dithculté,)! Cil-ce neantmoins que chacun &; que nous ayons le nom de l'Euangile.Mais
d'eux ha corne vne loy efcrite en foncœur, qucyrC^tudii y aura vne viiucité dcl'Efpnt
^u'il ne laiit point qu'ils foyent reprins d'ail de Dieu, voila les murmures qui s'eleuent tat
leurs : mais ils ont leur tefmoin, que quand il que c'cfl pitié. Et quel Euangile taudra-il
n'y auroit nulle efcritiire, qu'il n'vauroit nul d orefenauant , pour contenter telles gens?
fermon, vn home qui fera touclie de l'Ef'prit Ho qu'on ait des bafteleurs qui louent , c'cll
de Dieu, ne laiiiera pas pourtit de cheminer alîcz,il ne faudra phis ci après d'autre parole
tome il doit. Car ce dclir qu'il ha d'honorer de Dieu que les bafteleurs. Car on voudroit
fon4>ere £clelfe,luy eit come vne loy & vne que la doctrine de 1 Euangile fuit côuertie en
règle volontaire. Il ne faut point donc que ieu & en baitelerie, qu'il n'y cuft plu . de chai
nous ayons ne papier ne parchemin, il ne faut res linô pour y mettre des bafteleurs, & pour
point q nous ayons lesaureilles battues pour prophaner tout :& ce font les pvefcheurs que
nous attirer àDreu par forcermaisqu.id Dieu vous defîrez. Et bien, bien ,faouleivouj. Et
nous inllruit ainli par fon fainttEfprit ,il faut-il ainfî prophaner la parole de Dieu?
forme quant & quant nos caurs en fon. obeif Mais encore ce n'eft pas la f'ource du mal que
ceci,
SVR LA I. A TIMOTH.
27
' ceci, elle e/t pluftoft ,d''auiant qu'on ne peut
porter que Ic^ choies que iaincl P.uil met ici,
l'oyciit dt.chitfrets.£t qii'ainli lbit,reg,iiûons
en piemier lieu ceux qui fe desbauchent , &
qui ne veulent point de loy r.ede biide.qui
ne veulent receuoir nulioug. Saïuft Paul les
nomme ici rcbclle^:&:non lanseaule.Car où
eft-ce que fe monflre vne rcbcllion la plus
vileine.lînon quand les hommes ne veukut
point efirc fuieti aniillc lov , lî ce nVft qu'ils
leiettent toute obeiflancc, & tout vouloir de
bien l'aire: Or pource que cela pourroit cfire
cbilar.iladioufte, Guis côttm^liursde Dieu,
& tnefih.ii's.ï'ir ces deux mots, il comprend
la tranlgrelsion des deux tables de la Loy de
Dieu. Voila, (dit-il) les vns font pleinement
contépteurs de Dieu.les autres font melchâs
enuers leurs prochains. £tpuis encorcsilfe
déclare plus priueement par d'autres mots,
difant qu'ils font prophanes, ou fans lainûe-
té, & poilus. Par ce mot de Prophane, il en-
tend (comme aufsi le mot l'emporte) qu'Us
n'ont nulle crainte de Dieu, ils n'ont point
de fainâtté qui les rctiene pour fe dédier à la
foy &àprieres,&àchofes ft.mblables:&; puis
ils font dilïolus & desbordez en toute Jeur
vie. .Sainft Paul a-il parlé a.nfi en gênerai ? li
met les efpeces plus cômunes des vices énor-
mes: commed'vn coflé il met les meurtriers
Ct- outrageux , leshatteurs de ftre O" tie mtre,
les larrons. Us r.tuij]ùurs, Us f.iillarS,Us adul-
tères: \oue&i parle mefmes des pailJardifes
énormes contre nature :&:finalemétde« trom
peurs, menteurs, &: des pariures. Voila ceux
qui font ennemis de la Loy de Dieu : ceux-là
tant qu'il eft pofsible la hiyent,& voudroyet
bien que la mémoire en tuft eftcinte. Mais
ceux qui aiment l'Euangile de noftre Sei-
gneur Icfus Chrilt , aimeront quant &: quant
qu'on crie contre les vices, &fel"oumettront
à cela, non feulement d'vn efprit paiiible&:
bénin , maisd'vnefaçondroite&pure: ils en
fçauronc faire leur profit , & béniront Dieu,
quâd il ne permet point que leurs vices &ini-
quitez croupiflent là fans qu'ils y penfent, &
que les péchez ayent la vogue fans qu'ils fo-
yentchaftiez. Voila quelle eft l'afFediou des
fidèles. Mais quoy r Ceux qui voudroyent
qu'on fe iouaft feulement de la parole de
Dieii,& que ce ne fuft plus que farcerie,pour-
quoy ell-ce qu'ils ne pcuueiit porter qu'on
parle à bon eldent ,& qu'on crie contre les
corruptions qui font toutes notoires r Cela
leur fait mal aux aureilles,car ils s'en fentent
par trop entachez. Nous voyons auiourd'huy
les choies tant confiifes que c'tlt pitié. Car
quel cote tient-on de tant deblafphcmes qui
le defgorgcnt , de tant de fcar.dales qui font
<ontrc l'honneur de Dieu,des propos vilcins
qui fe tiendront contre la doftnne,& mcfines
parmi les rues, qu entre les Turcs il y aura
plus d'hônefteté , qu'il n'y aura pas en beau-
coup de maifons: Cependant on laifle couler
toiit cela .- qt.t- s li le commettes chofes qui
rcdoi.dcnt a J'opprobrcdu nom deD!cii,c tiï
tout vn , on ne s'en foucie pas beaucoup. £t
oi: eft le zèle que nous deuonsauoirà l'hon-
neur de Ditu : Nous fommes au temps que
difoitic Prophète Ifaie , Oil'l " y a nul qui j/^ <^^ ^^
s'oppole au mal , &; 3. l'iniuflice : que quand
tout fera contus entie les hommes, nul n'y
remédie : cependant les iuftLS (éront oppri-
mez,le' inrocens feront foulez aax pieds, 0i
toi:te iniquité aura la vogue. Si vn homme
ofe ouunr la bouche pour reprendre les vi-
ces &.dil]o]utiûns, ou quandonchantcja des
chanions vileincs Se infâmes, & quelqu'vn en
veut dire vn mot , on luy fera à croire qu'il
a parlé contre l'honneur de Gencue : telle-
ment qu'il n'cfl point pofsible auiourd'huy
dcrepiendre les vices qu'on ne foitaccufé
d'auoir commis quelque grand cas . £t V(»ici
vue mciueillcufo fair.cletéde ville , vous la
tenez meut IfCrce. . Il vaudroit mieux que
tout le morde hift abyfmé , que de dire que
telles impictez fe commcttfnt,i'ans qu'on en
ofaft fonneî mot.Or ii n'en faut-il point par
1er toutesfois, ou autrement c'til à letter les
mains & les pattes fur les poures innocens,
qu'ils feront là opprimez iî cruellement que
rien plus. Bnef, les chofes font lî vileines
que c'ell vne horreur : &: il on le remonflre,
ho c'eft à crier & à fe tempc/ler. £t puis s'il
y a vne putain, & que fonnoari l'ait chafliee, '
(le neveux point approuucr les verges & le?
coups quiapparoiffent)ho,i] faut qu'on fça-
che que c'clt.il y faut mettre remède, on trou
uera là bien à redire:& cependant les poures
gens feront louiez , que quiconque ofera
niainterii l'honneur de Dieu , il fera réputé
pour ennemi de la ville. Or t.int y a que S.
Paul fait ici vi procès criminel contre tous
vices:&:ne iiui pas que nous peniîons nous
exempter de la condamnation qui eft appre-
ftce à tous contempteurs de Dieu , quand les
choies demeureront en i'cftat qu'elles font,
le vous prie regardons commet nous en fom
mes auiourd'huy:encores qu'il n'y euftpotnt
de prefcheurs ni de chaire.encores que nous
n eufsions point d'Euangile , fuyuons i'cule-
ment le fens naturel que Dieu nous a donné:
ne voit-on pas les confuiions iî vilenies que
nousdeuons auoir la bouche clofe,au lieu de
leuerla tefte pour nous monllrer ? Et ne-
antinoins on voit vne telle impudence par
tout , que û on veut reprendre le. fcandales
& diflolutions qui fefont , qui font plus que
notoires , on fait femblant de n'en rien co-
gnoiftre : on ne fera que torcher fa bouche
de tout. £t qu'cft-ceîquelni.il y a-il? ce n'tft
rien.Qu^on ait cognu cent fois où eft le mal,
er.coies fe;a-on de l'ignorant , & tous les
iours les chofes empirent, c'tft toulîours à re
commencer, &iamais fin. Pource que jamais
on ne commence à bien faire, on n'a garde de
bie« finir. Ainfi donc , quand les chofes font
d.ii.
CINQVIEME SERMON
18
ainfi remoftitiees , voila pourquoy il y i tant
de gens qui font des enragea. Et puisqu'on
vicne par efpecial aux autres corruptions,
qu'on viene aux haines & faueurs, qu'on vie-
ne par les efpeces que dit fainû Paul, quand
on commécera par les contépteurs de Dieu
& gens prophanes,& ie vous prie, les faut-il
marquer? ne portent-ils point aflez leurs ar-
moiries? Et mcfares ils en font venus iufques
là.qu'ils en font gloirt:il faudra tantoft qu'il
y ait non feulL-mcnt vne contrairie,mais que
la ville foit pleine de gens prophanes , & de
contempteurs de Dieu. Viay cft qu'ils ne le
diront pas. Mais quoy ? pourquoy (onimes-
nous ici aireinblez? pourquoy ya-il des fer-
mons ? pourquoy y a-il l'adininillration des
SacremeDs?n'eft-ce pas pour rendre tefmoi-
gnage que nous auons religion?£tcependât
cêux-ci font eftatde reietter l'ordre Eccie-
llaftique,5i d'en eftre ennemis mortels : mef-
mes ils le prononcent à pleine bouche: on co
gnoift cela aflez & par trop : &. cependant ils
dirôt qu'ils ne font pas contempteurs, qu'ils
ne font pas fans religion.Et quoy donc?Q_iie
ils facent quelque religion iiouuelle qui foit
contre nature,& qu'ils s'y tienent. Et puis,iî
on parle des gens dilToluSjgens rebeltes,gens
dcsbauchcz, ou poilus en toute leur vie : & ie
vous prie qu'on ouure feulement les yeux,
& qu'on ne les ferme pas encores qu'on ne
les guigne vn peu:ne regardons point à plei-
ne veue, mais guignons en paflànt,& nous ver
rons les vilenies li grandes qu'elles nous de-
uroyent creuer les yeux. Et ainfi , quand on
viendra aux autres efpeces, on verra les pail-
lardifes.les yurongneries.les dcsbordcmens,
on verra les outrages, les violences, les iniu-
res.Etpuis fi on fait comparaifon de la Loy
de Dieu auec la vie des hommes, telle quel-
le eft auiourd'huy , où en ferons-nous? Car
quant aux violences, commet ont-elles la »o
gue ? Qjii eft ccluy qui fupporte les bons
quand ils font opprimez? Que n or feule-
ment on leur mange la laine fur le dos , mais
qu'on les eigratigne, qu'on les deicliire, que
on les deuore : qui elt-ce qui s'oppofe là? &
qui monftre qu'il a quelque pitié ou humani-
té en foy? Mais il n'cft queftion finon qu'vn
chacun face fon profit. De fouilcnir de mau-
uaifes querelles , par trop : celuy-la eft mon
frerc.c'eft moncoufîn : brief,on ne fera plus
de fcrupulede deipiter Dieu , fous le nom
d'vn compcrage. Voila comirtc le Baptcfme
fera honoré entre nous : voila Ja marque de
l'alliance que Dieu fait autc ceux qui font
rachetez du fing de Ufus Chr ft:& on en fe-
ra vnbrigandage:on voit cela à l'ail tout no
toircmcnt. Q^' les bons donc aycnt ou aide
ou faneur, il n'en eft point queftion : pluftoft
on voit comme il-, font foulez &■ opprimez
fout manifeftemcnt.Mais quand il y aura des
nu fchins, on leur tiendiala main, on les for
jiliera en mal: cela eft cognu par trop , cha-
cun le voit. Et puis s'il eft queftion d'auoir
quelque reigle & police, il femble qu'auiour-
d'huy on vr^ille dechafler & bânir toute hou
nefteté du milieu de nous. Car que dira-on
des chanlons vileines de paillardife qu'on
oit ordinairement , finon que ce font des in-
ftnunens de Satan, ce font des flâbeaux pour
allumer à mal les cœurs des hommes , qui ne
font défia que par trop embrafez d'cux-mef
mes? Et nous voyons toutefois comme elles
regnent,&que ni Pfcaumes ni autres choies
hôneftes ne peuuent venir en vfrge, quelque
peine qu'on y mette. Et puis fur cela nous
voyons comme les maqueielages font nour-
ris,& qu'il femble qu'on ne demande que les
mettre en poflefsion, en forte qu'on n'y puif
fc plus remédier d'orefenauant: nous voyons
celarles diflolutions ne font que par trop per
mifes.Et puis qu'on viene aux corruptions*
finefles , aux tromperies & panures , tout en
eft tellement farci que c'cft vne horreur. Où
eft auiourd'huy la verité?Il la faudroit cher-
cher bien loin : Se mefmes il n'eft point que-
ftion de mentir feulement l'vn à l'autre pour
circonuenirceux qui ne font pas trop rufez,
& qui ne veulent pas hurler auec les loups
(comme on dit)inais le nom ic Dieu ne-fera
point efpargné : comme en la iuftice meûnes
on ne verra que pariures, qu'auiourd'huy on
fera de ce vice-la vertu. Et ainfi il ne fe faut
point esbahir s'il y a beaucoup de gens qui
font ennemis de la Loy de Dieu , & de l'Ê-
fcriture fainile. Et c'eft aufsi pourquoy ils
crient. Et qu'auons-nous à faire de tant de
liures,& de tant de commentaires? ils ne peu
uent porter qu'on mette en auant quelque
chofe qui puillè feruir à l'intelligence de l'£
fcriture fainde , & donner quelque aide aux
enfans de Dieu pour eftre mieux cnfeignez.
Ho voila , ils voudroyent qu'il y euft feule-
ment quelque Alchoran de Mahominet qui
ne fuft point cognu:& cependant ils ne laif-
feront pas de dire,Q_u'on prefche l'Euangi-
le.Et ie vous prie mefùeurs les doâcurs , te-
nez-nous vn peuefcole,& qu'on fçachequel
Euangilc vous voulez qu'on prefche , & en
quelle boutique vous auez bafti ccft Euangi-
le. Car nous pref'chons ccluy qui nous eftco-
niis de noftre Seigneur lefus Chrift , lequel
fait la guerre à tous obftinez & rebelle^. C'eft
celuy par lequel il nous faut batailler à l'en-
contre de ces bcftes farouches qui font plei-
nes de rébellion & de cruauté . L'Euangile
donc, qui eft le glaiiie (pirituti de Dieu, nous
a eité donné .i ctltc fin-la : mais pource que
~vous dcl'pitez Dicu& l'es Anges , que vous le
mcIprifvZ manifcftement , que vous reiettez
toute pof ce & tonte difcipline, vous takhez
de mettre defjrdre par tout. Voila pourquoy
vous ne voulez poilYt de ceft Euangilc. Apres
vous voulez entretenir les bouidcaux,iX: que
on n'a.t plus ne honte ne veigongne qui
foit.ne crainte aucune , que tout foit iî con-
fus
SVR LA I. A TIMOTH.
a*
fits qu'on ne difcerne plus entre te blanc &
le noir.Apres,qiie quand on viendra en uifti-
ce , iainais vne chofe ne foit prouuee , finon
comme voitre appétit le porte. Vousfçau-
rez bien taire valoir ce nom de lulhce quand
bon vous lemblera.Comment?Faut-il que la
iitilice foit ainll raefprifee? Ha cela fera ma-
gnifié pardellus les nues, voire quand il fera
queftiond'autruyiinais quand la iuftice s'ad
dreflèàvous.alors vous ladefpitez manifefte
ment , & mon/Irez bien que vous n'en tenez
pas grand conte: &: ce font chofesaflez co-
gnues. Et quand on voit qu'il y a vne telle
mocquerie & de Dieu , & de la luftice , que
peut-on dire de cette belle profeCion que
nous taifoiis d'auoir la parole de Dieu? On
aura bien la bouche ouuerte pour s'en van-
ter , c'efl meiueilles comme vous deuifez de
U. iuftice.voire à ce que voftrc bien foit facré,
qu'on n'y touche point , niàceluy de ceux
qui font fous vos ailes : mais cependant que
il foit permis, & qu'on ait vne liberté de pil-
ler l'vn.d'outrager l'autre , de frapper& de
^attre,d'iniurier,& de faire tout ce qui vien-
dra en fantalie.nous monftrons que tout ce-
la ne doit point élire permis. Voila pour-
quoy telles gars fonttafchez quand on veut
appliquer i'Euangile de noftre Seigneur le-
fus Chriit àfô droit vfage& naturel. Q_£g fe
ra-cedôcde l'Euagile li on les veut croire?
ce fera vne dodrine pendante en l'air , vne
choie confufe.ou bien vne doûrine qui nous
laifle à repos & à noftre aife, qui ne nousvie-
ne point ta fcher: brief, vnedoftrine qui ne
defcouure point nos vices & nos ordures.
C'elt cebel euangile fantaftique que telles
gens voudroyent auoir. Qj?on parle main-
tenant contre les fuperditiôs de la Papauté,
maintenant contre vn tel badinage , mainte-
nant contre vn tel abus', mais cependant que
on ne touche point à nous , que Dieu nous
lailTc là , & qu'il fe retire bien loin , que Ca.
parole ne nous foit point en fafcherie , que
nous n'en ayons point les aureiUes battues,
voila leur euangile. Mais au contraire, il eft
dit, que tous vices font repugnans à la dodri
ne faine. Car dequoy nous doit feruir h pa-
role de Pieu? c'eitviie pafturedenosames:
& puis c'eft vne médecine. Nous auons le
painSc les viandes qui nous fcruentde nour-
riture pour les corps : la parole de Dieu a
l'vfage tel enuers nos amev : mais elle em-
porte encores plus , c'eft que quand nous
fomflies malades de nos vices, qu'il y a beau
coup de corruptions & cupidittz mefchan-
tes.il faut que nous en fuyonv purgez : & la
parole de Dieu nous fcrt maintenantde pur
ge, maintenant de faignee , maintenant d'vn
bruiiage, maintenantde diette : brief, tout ce
q les médecins pcuuent appliquer aux corps
humains , pour les guarir de leurs maladies,
n'eft pas vne dixième partie de ce que la pa-
Jolede Dieu nous fert pour la fanté fpiri-;.
tuelle de nos anies.Pour cela fainGt Paul par-
le ici de la (aine dodrine. Car les gens cu-
rieux Siambitieuxlanguillènt touiiours, ils
n'ont nulle fanté en eux, ils font comme po-
ures gens defgouftez qui luccent & Icchtnt,
&,ne peuuent receuoir nulle nourriture.Mais
quand la parole de Dieu eft appliquée à fon
droit v(âge,il faut qu'il y ait vn combat, que
il y ait vne guerre àl'encôtre de tous vices,
& qu'elle les condamne en Ibrte que les hom
mes foyent touchez & naurez en eux-mef-
mes , qu'ili foyent abbatus & kumiliezauec
vne droite repeniance pour gémir deuanc
Dieu , 3c s'ils n'ont autre chofe , que pour le
moins ils foyent conuaincus, qu'ils ayent va
remors en eux-mefmes, qu'il y ait comme vu
cautère qui lesbruPe,&que Dieu les perfe-
cute en forte qu'ils foyét en exemple à ceux
qui ne font point du tout incorrigibles. Voi-
la comme noftre Seigneur veut que fa paro-
le foitapproprieeen vn'bon vfage.Et pour-
tant notons bien ce mot quand S. Paul dit
que toutes les chofes dont il a parlé , &les
femblablescontreuienent à ia Ciine doâri-
He.Et quelle? V^oire , dit-il , qui iftfrlon f E-
itan^'U de ghiri: Au Dieu bénit . Or par ceci
faind Paul a voulu magnifier la maicfté de
I'Euangile , afin que toutes cieatuies fu/Tcnt
inftruites d'cfcouter ce qu'il leur monftre
auec toute crainte. Car nous voyons comme
les hommes font enclfns à fe re6equer:ils ne
diront pas de prime tace,meûnes ils ne pcn-
fcrôt pasqu'ils facent la guerreà Dieu: niair
ils fe tafcheront contre vn homme qu'ils au-
ront ouy:puis après ils viendront à fe defpi-
ter tellement qu'on voit bien que le diable
lésa abbrutis,& qu'ils font comme transpor-
tez de leur fens : car ils fe vienent hurter i
rencontre de Dieu , ne fçachans pas qu'ik
font. Sainft Paul voyant que cefte rebeiliou
des hommes elt telle , qu'il eft difficile deJa
donter& ranger , notamment met iciena'
uant, que I'Euangile eft de gloire, c'eft à di-
re que c'eft vne dodrineglorieufe, en la»
3uelle la maiefté de Dieu reluit. Et puis il
!C Ju Dieu btnit. Et au refte,il s'attribue l'au
thoritéd'eftre fidèle miniftre de I'Euangile,
Se qu'il a eftc choili à cela , & a exécuté ta.
charge comme il-deuoit Or voici des mots
qui méritent bien d'eftre pefez. Car(comme
t'ay défia dit) nous voyons les hommes de-
puis qu'ils fontenyurez en leurs vices,qii'ils
ne (c peuuent iailïer manier, ils font quafi in
traittables. Si taut-il abbatre cefte fierté-la.
Et par quel moyen ? c'eft de leur faire fen-
tir la maiefté qui eft en la parole de Dieu.
Car nous ne pouuons pas nous ranger là , fi-
nonque Dieu nous y attire ,& qu'il magnifie
luy-mefme fa parole,& qu'il l'intitule en for
te que nous ne foyons plus fi ofez ne fi har-
dis de lavilipender.Maintenant nous enten-
dons pourquoy faind Paul dit ,' L'Euangiie
n'eftpas vne dodrine vulgaire, cen'eftpai
d.ui.
30
CINQVIEME SERMON
vne choCe dont il fe faut iouer . Ileft vray
que Dieu voudra que fon £uagile fe prefche
parles hommes qui font créatures fragiles, &
fouuent de petite valeur , qui feront comme
reiettez : mais pour le pot qui ne vaudra que
vn liard, faut-il qu'vn threfor qui fera caché
dedans, en foit pire , ou qu'il amoindriire de
fà valeur? L'or vaudra-il moins pour le vaif-
feau auquel il eft.'On fçait bien qucnon.Ain-
il donc,combien que noftre Seigneur nous en
uoye fa parole par des hommes mortels, fi
ne faut-il point que pour cela nous prenions
occalîon de n'en tenir conte. £t pourquoy?
Car c'eft toufîours la Parole gloneufe : que
s'il y amaiefté«n Dieu,ilfaut qu'elle foit ici
cognue , & quiconque fe mocquera de cefte
parole , c'eft autant comme s'il talchoit de
cracher contre la face de Dieu, ou gvi'il luail
des pierres contre fon fiege royal. Il eft vray
qu'il ne fera point pofsible aux hommes d'at
teindreiufques là : mais ils s'efforcent de le
faire entant qu'en eux eft. Et c'eft pourquoy
fainft Paul en l'autre paflage nous inonftre
.- _• quecen'ertpoint peu dechofe d'auoir ainlî
*■ "" ■ en mefpris la doûrine de l'Euangile. Dieu a
'• '^' authorifé la Loy quand elle fut publiée par la
main de Moyfe. Et commet? Pource que l'air
en a retenti , les foudres & les teuipeftes en
ont volé par le ciel, la terre en a tremblé, les
hommes en ont conceu vn efpouuantement
fi grand , que ce leur a efté comme vne mort
prefente. En telle manière Si. fi eftrange Dieu
a donné authorité àfa Loy , afin qu'elle fuft
receue en crainte. Maintenant comparons la
J,oy auec rEuangilc(dit fainû Paul) La Loy
ne nous a apporté que mort & malcdiâion: &
l'Euangile nous apporte vie & falut. Il y a-
uoit vn voile de ce téps-la , que Dieu parloit
côme en ombrage, & maintenat il fe reuele à
nous face à face, & non feulement d'vn ima-
ge naturel , mais afin que nous foyons tranf-
figurez en fa gloire, & que nous y profitions
de lour en lour : & toutesfois nous viendrons
renoncer à cefte doitnne en laquelle Dieu fe
déclare. Se qu'il veut que fa gloire & fa maie-
fté foit cognue? Et mcfmes regardons ce que
il dit par fon Prophète, Voici le temps.&i'el'
Biouueray encoreslecicl& laterre,dit le Sei
gnenr . La terre auoit cfté efmeue quand la
Loy fut publiée, mais maintenant que l'Euan
gile nous eft appoité , il faut que le ciel ibit
conioint aiicc la terre pour cftre efmeus : &
UOBs ferons de noftre coftéfi durs , qu'il n'y
Jura nul raouuemcnt?Et mefines nous en ver-
rons qui empirent au licud'améder.Et quelle
brutalité eil-cel.\? Sômes-no* dignes d'cftre
togn* m allouez entre les créatures de Dieu?
Nous voyons maintenat qu'emporte ce titre
de gloire qui a efté conioint à l'Eulgilt.-c'eft
que noui apprenions de nous humilier: &fi
nous, trouuons que noftre chair ne s'y .nddon
n,ç pas de fon bon gré,qu'vn chacun fe côfer-
B]eiqu''vucliaci:afc- face fqrce, afin que nous
adorions la maiefté de Dieu qui reluit en l'E
uang'le,& que nous luy facions hommage.Et
mefmes il n'y a nulle doute que ûinft Paul
n'ait voulu ici taxer ceux qui voiiloyent en-
cores réduire les ombrages de la Loy, & qui^
cerchoyent de petites finfrclucheç,qui n'e-
ftoyent de nulle importance. Car il monftre
que maintenant en l'Euangile nous auons le
foleil de luflice qui nous efclaire, ainfî qu'il sinL^^.z
en eft parlé au prophète Malachie. Dieu ne
dit pas qu'il fera luire fa parole comme vne
lampe ainfi qu'en la Loy: mais il eft dit, Que
le foleil de luftice viendra,qui apportera plei
ne fanté en fes ailes:commeauf i faincl Paul
en traitte au 3. de la , féconde aux Corinth.
qu'il n'eft point queftion démettre enauant
vne doûrine cachée ou obfcure. Car Dieu a
tellement difpoféde tout ce qui appartient à
la perfedion de noftre falut, qu'en la doftri-
ne de l'Euangile nous voyons claircmét tout
ce qui nous eft vtile. Il ne faut plus que nous
allions cerchcr leseftoilles quand nousauos
le loleil en plein midi. Si nous fommes en la
nuift, il eft vray que nous ferons bien aifcj
quand la lune luit, ou bien d'auoir les eftoilles
qui nous ferucnt de quelque conduite . Maiç
dequoy nous ieruira de demander, Où font
les planettts& les autres eftoilles, quand nous
aurons le foleil qui nous luit? Si vn homme di
foit, le me fafche, car ie n'ay q le foleil qui
meluit:nediroit-on pa',Et vilajn, faut-il que
tu refufes le bien que Dieu te fait , &: que tu
en fois fafchér Apprenons, apprenôs de nous
contenter de l'Euangile, puis que Dieu nous
a donné vne telle conduite qu'il fçait nous c-
ftre propre pour noftre falut. Et voila 'mef-
mes pourquoy S.Pauldonne ce titre à Dieu,
qu'il eft Dieu bénit : pour monftrer qu'il ne
faut plus que les créatures s'eleuent en cefte
fierté qui eft trop enracinée en leur nature,
(car Toila qui nous deftournc de l'obcilTimce
de noftre Dieu,) fçachant q cela fcroit pour
BOUS mener .iperditiô.Maudit fera ccluy qui
ofera fe rebccquer .i l'cncontre de fon Ciea-
teur.Et pourquoy?C'cft le Dieu bénit : files
homes luy veulent côtrarier,s'ils font des ré-
uefches, s'ils fe deftournét de luy, qu'y gagne
ront-!ls?Rienqui foit: ils demeureront en la
malediition de Dieu,&cepédant Dieu ne per
mettra point que fon Euangile n'ait touliours
fon cours , & qu'il ne rteuriffe en defpit de
leurs dents . Ainfi donc afin que nous foyons
partiel pans de cefte bénédiction de laquelle iJ
eft lafontaine, apprenôs de nous rangerplci
nementà luy. C'tft en fomme ce que lamdi
Paul a voulu toucher en ces deux mots. Pour
la concliifion nous auons à retenir ce qu'il
met,afçauoir que 1 Euangile luy acftc com-
mis. Ce n eft point ians caute qu'il adioufte
ceci. Car nous voyons comme de tout temps,
que tous ceux qui ont refiflé à Dieu & à fa pa
role,ont eu quelque hypocrifie. Et côbien que
leur iniquité tufttQUtcpatcnte,fieft-cc qu'ils
n'ont
s V R LA I. A
n'ont iamiis prétendu de b'attacVtr à Dieu,
mais aux honimes:c5me nous voyons ces mu-
tins qui ont murmure contre Moyfe & Aa-
Komi-i6 ron , Et ceux-ci domineront-ils par deflus
13.0' nous?Il leur fembloit ^ Dieu leur teilt grand
,4. tort.quâJ il leur auoit donne AaronS; Moy-
fe pour ks feruir.Car qu'elloit-cc de leur ot
fice.lînon vnc charge bien fafcIieufc?Et voi-
la ces mutins qui font accroire à Moyfc &' à
Aaron qu'ils veulent dominer flir.cu.x, Autant
en a-il elle icprochc à fair.â Paulicôme nous
voyons que les galans qui ne demandoyent
qu'à perucrtir tout ce qu'il auoit édifié, ract-
toyent en auant,Ho commét?Vous-vous laif
fez ici mener par trop, & ce ft homme a trop
grand' authonte pardeffiis vous. Et à quel
Ç! cdit?à quelles cnfcignes.'C'ell la caufe pour
Quoy ijinû Paul notamment dit ici Se propo-
ic,que l'Euangile luy tft commisicomme s'il
■ difo it, Quand le parle de l'Euangile.cen'ert
point d'vne doeirine que i'aye forgée à la vo
leermais ce que vous oyez de ma bouche , elt
fuyuât la commiûiô que i'ay receuede mon
Dicu,& m'en uns acquitte f.deltment enuers
vous. Or par cela nous fommcs aduertis.que
fi amourd'huy les mekhans fe dcfguifent,
qu'ils prenent ce mafque, difans qu'iL ne veu
lent point fe rebecquer cotre Dieu, mais que
ils en veulent feulemét aux hommes, c'a tîïé
vne rufc ancienne de Satan, laquelle il a exer
ceedu temps de S.Paul, du temps de Moyfe,
&dutéps de; Prophètes: c'a eflé vn combat
ordinaire en l'Eglifede Dieu. Et pourtant il
jie faut pas feulement protefter de bouche,
mais il faut auûi quand on la pre fche, qu'e.le
foit receue en toute himiilite,& qu'on puifïè
difcerner entre ceux .lufqucl', Dicua commis
ce threfor, pour ledifpenftr fidèlement aux
autres, .& entre ceux qai abufent fauflement
du nom de Dieu. Il cft vray que le^ fedudeurs
diront bien qu'ils feruent .i Dieu. mais quoy?
la Loy de Dieu fera toufiours bonne: cj:ami-
nons-la,& Dieu ne permettra point que nous
foyons iamais trompez quand l'\fjgc en fe-
ra bon. Ainfi donc, que nous foyons aduertis
d'vn cofté, quand ces rebelles viendront dire,
Nous ne voulons point veiiilcr à Dieu, c'eft
feulement aux hommes que nous auons à fai-
T I M O T H. , ; t
rc:co°noifïons, di-ie, qui? c'tll" ne f.ncffedc
5.-.:anqui a efte de tout temps. Il faut dore
qu vn ciiacunqui voudracftie tenu&rcpiite
pour enfant de Dieu, qu'il s'alTuiettiire a ceil
ordre qucDieu a niflitiie en fon Eçliû:, quand
il a voulu que fa faiole fe prefciiail par les
hommes, & qu'il y eult aufsi police &: difciplt
ne, à ce que les chofes ne foy eut point cyiifu
fcs.Q_u.vn chacun donc fe viene là ranger pai
fiblemcnt:car quiconques dira, le feroyc con '
tent fi vn An^e parloit du ciel , d'auouer touc
ce qui eft contenu en la Bible. Ouy,& cepen-
dant il reietteratout ce quitftfideltnient ti-
ré de celle fontaine, &: qui n'eft qu'vne expo-
fition iîmple de ce qui eft làcontcnu.Q,uicou
que donc parie en celle forte , monftre qu'il
cft par trop etîrontc,& qu'il n'y a qu'hypo-
crilie en luy. Pource apprenons d'efcouter
noftre Dieu félon qu'il luy plaift de parler à
nous,c'eft afçauoir que tous les iours quand
(à parole fe prefche,nous la receuions paifi-
blement,& que gians & petis s'y foumettét,
& que Dieu fou honore de nous tous,&: que
noftre vie rende teûnoignage que nous auôs
creu en luy,voireque nous y auons creu pour
eltre du tout fiens comme fon héritage.
OR nous-nouj profternerons deuant la
face de^noftre bon Dieu, en cognoiflance de
nos fautes: le priant qu'il luy plaifenous les
faire mieux fentir,&:de plus en plus que nous
n'auons fait ci deuant:votre, & les fentit en
telle <orte, qu'eftans naurez en nos cœurs,
nous cognoifiions nos malheurettz & nos vi-
ces,pour nous humilier deuant luy , & pour
le rtcognoiftre non feulement noftre luge,
mais auAi pour recourir à luy comme à no-
ftre Père: que nous fouffrions d'eftre refor-
mez par fa parole, & d'eftre conformez à icel
le:& que nous y profitions tellement, que ce
pendant que nous conuerfons en ce monde,
nous fuyons petit à petit defpouillez de tou-
tes nos infirmitez charnelles,iufques à ce que
eftans pleinemét reueilusde faiuftice,il nous
faceparuenir à fon immortalité glorieufe.Ja..
quelle il nous a appreftee au ciel . Q_ue non
feulement il nous face celle grace.mais aufsi
à. tous peuples & nations delà tcrre,&c.
SIXl EME
SERMON SVR
M 1ER CHAPITRE.
LE P R E-
12.
le ren grâces à celuy qui 7n a fortifié, à le fus Chrijî noHre Sri-
^neuTyde ce qu'il ma e?limé fidèle, me mettant ajônferuice,
I j Mojy qui auparavant eHqye blajphcmateur CT perjecuteitr, ©^
oppreJJeuriO'c. " * ^'
d.iiii.
SIXIEME SERMON
' Aintb Paul s'elloit parauât
' glorifié que l'Euangile luy
[ tltoit commis en cLarge.
; Or nons fjauons que c'eft
Ivn honneur qui iunnonte
'toute Ja dignité des hom-
mes, quand on regardera
qu'emporte la prédication de l'£u3giie:c'eft
le threfor de ûlut : ceux qui ont ceft office,
font ordonntK de Dieu en ambafîàde,pour re
concilier le monde auec luy. Voila donc vn
hôneur qui n'appartiendra point aux créatu-
res mortelles. £t c'tflpourquoy fain^^ Paul
i.Cor. enlai.aiu Corinth.s'efcrie, Q_ui eft-ce qui
a.Itf. le trouuera fiiffilànt à ceci? Pourtant il ne re-
lie finon quand Dieuchoifit les hommes en
ceft eftat, qu'il leur donne dequoy y fournir,
&les rende capables par fa pure bonté.d'au-
tant qu'ils n'ont point cela de nature. Suyuât
celle raifon, maintenant faind Paul dit, Ç>jiil
ttnd grâces à Dieu lequel l'afortifé à noflre
Seigneur tefus Chrijl. En quoy il déclare que
ce qu'il s'eftoit attribué d'auoir l'EuangiJe
qui luy eiloit commis en charge , ce n'eft pas
pour fe faire valoir,ce n'eft point pour exal-
ter fes mérites, néni: ce n'efl point aufsi pour
élire en réputation deuant les hommes, com-
me /il eftoit digne de cek:mais qu'il attribue
le tout à noftre Seigneur lefus Chrift. Ainfi
nous voyons que iainifl Paul confefle ici que
il n'a pas efté eleu en dignité d'Apoftre,ne
choifiàcela pour fes mentes , mais d'autant
que le bon plaifir de Dieu a efté tel : qu'il n'a
point eu dequoy fuffire à vne charge tant ho
norableimais que le tout luy a efté donné par
lefusChrift.Voila quelle eft la fomme de fon
propos .Or afin qu'vne telle grâce de Dieu
loit mieux c ognue, il côfefle qu'il a efté blaf-
phemateur&perfccuteur de l'Euangile : qui
font deux crimes tant énormes, qu'il mcntoit
bien d'eftre abyCné au pi' protond d'enfer. S.
Paul donc pour donner plus grand iuftre à la
bôté & mifericorde deDieu,declare ici les po
uretez où il eftoit plongé auant que lefus
ChrilVeuft pitié de luy pour l'en retirer.Il ad
ioufte,Q»'// a obtenu m/yinfDriff, d'autant que
iln'a pas refifté à Dieu à fon efcient , ne par
tnalice obftinee: que c'a eJtc pure ignorance,
ou'il eftoit aueuglé ctiidant bien faire.Tant y
a que par cela il ne prétend point eftre excu-
fc du tout, mais c'eft afin qu'il ne luy foit
point reproché par les nial-vucillans.qu'ila-
uoit refifté à la vérité de Dieu parmaunafe
conkience. Il monftre qu'il n'a point procé-
dé en telle forte : toutesfois il conclud que la
grâce de Dieu a efté tant & plus multipl'ce
enuersluy.commes'ildifait.Ccqiie l'allcgiie
mon ignorance, ce n'eft point pour amoindrit
le bencfice qui m'a efte fait. Car le cognoy
que Dieu%dcfployé vncgiace finguliere en-
Bers moy, quand il luy a pku nrillumincr, &
non feulement cela, mais qu'il m'a ordonne
pour Apoftrc . llfaut donc que le confeiTc
que ie fuis tant & plus obligé à luy en cela.
11 refte maintenant que nous facions noftre
profit de cefte dodrine. Et en premier lieu
notons bien que de prcfchcr ia parole de
Dieu,ce n'eft pas vne chofe petite ne vulgai-
re:car il n'y aura homme qui y fuffifede foy
ne de fa propre vertu. 11 faut en fomine que
nous cognoilsions quand Dieu conftitucdes
prefcheurs de l'Euâgile, qu'en cela il rend tcf
moignagc d'vne bonté e.\ceilente,de ce qu'il
daigne bien fe feruirdes homes , qui font in-
utiles du tout, à vn office qui Airmonte toute
leur faculté. Car à parler proprement, les An-
ges de Paradis ne feroyent pas dignes de por
ter vn tel ineflage,ni d'eftre meflagers & am-
baflàdeurs du falut de la vie éternelle, de diC-
penferlesmyfteres fccrets de Dieu, de con-
fermer la remifsion des péchez , d'abfoudre
les poures pécheurs, afin qu'ils foyent alTcu-
rez que Dieu les aime,& les tient pour fes en-
fans. Si nous cognoiflons,di-ie,tout ce qui eft
contenu en l'Euangile, il eft certain que les
Anges mefmes ne fe trouueront point fiiffi-
fans à vn tel off.ce.Et ainfi quand Dieu choi-
fit des hommes mortel . qui font poures vaif-
feaux fragiles, cognciflons qu'en cela il def-
ploye vne grande bonté. Ct ci doit feruir tant
à ceux aufquels Dieu fait vne telle grâce, que
en gênerai à tous fidèles. Nous qui fommes
ordonnez pour prefcher 1 Euangile, deuons
cognoiftre que Dieu nou'. a honorez, quand il
a voulu que de noftre bouche le tefmoignage
de falut foit rendu aux hémes.que nous foyôs
lefmoins de fa vérité, que nous prtfentions le
falut à ceux qui cftoyen; damnez &perdus au-
parauant. Par cela nous deuons eftre incitez,
premièrement à louer Dieu, de ce qu'il luy a
pieu nous honorer ainfi:&: au refte, cheminer
en plus grande crainte & lolicitude. Et ceft
honneur fera bien cher vendu à ceux qui s'en
acquittent mal, mefmes à ceux qui iront auec
vnen6chalâce,&ircftourdie. Que Dieu les
ait commis pour difpenfer le threfor de fa-
lut : & cependant qu'Us ne ticnent conte de
tout cela,quelle ingratitude?Et ainfi penfoas
de près à nous, & foyons vigilans à exécuter
fidèlement la charge qui nous eft commife.
Pour le fecond,cognoiflons quel bcfoin nous
auons d'inuoquer Dieu, afin qu'il luy plaifc
nous adminiftrcr la verta qiir nous défaut.
Car fi nous ne ibmmcs pas futfifans , il faut
que nous foyons aidez d'ailleurs. Or fi eft-ce
quêtant s'en faut que nous puif ions en totiL
& par tout fournir àvnc chargcfi pelante 5c
fi difficile.que nous né pouuons pas auoir vne
feule bonne penfce,pourdire,QVcft-il defai
re ? corne faintt Pai.l le trâittc au palTagc que
i'ay allégué. Et mefmes fi fatnitPai.lcognoift
quTl n'y ait homme qui fe puifle trouuer idoi
ne à cela, qu'eft-ce qu'vn ch.KÛ de nous doit
penfer félon là petittfle&: infirmité? Et ainfi
que nous foyons ardens à prier Dieu, que fé-
lon qu'il coenoiftque nous auons neccfsité
^ d'gllte
z.C or.'}.
s V R LA I. .A TIMOTH.
33
i.Cor.
11.3.
d'cflre aidez Si fecounis par fa grâce, il nous fixmité . Car nous fçauons que quand faindi
donne ce que nous n'.iuons poiut de nature, Paul parle d'infirmité, il cncend les imperfe-
& qu'il fupplee à no/lrc indigence &foiblef- ttioni, les vices , les taches qui pourioyen:
fe. Voila comme les miniftres de la parole de empefcher les hommes d'ellre reccus en tel-
Dieu doiuent appliquer celte doctrine à leur le grâce &: en telle dignité , comme ilsy Jonc
viage. Cepédant elle eftaufsi vtile pour tout eleuez . Par cela nous voyons que faind Paul
le peuple. Car quand nous venons pour ouir a ici voulu fane comparaifon entre fa quali-
le fermon, Phornme qui parle, pourroit clhe té naturelle , & entre ce que Dieu luy auoit
contemptible, & la parole de Dieu leroitvi- donné par deflus fa nature humaine . Et de
lipédee par ce moyen-la, ou elle n'auroit pas fait, iamais lagrace de Dieu ne fera bien co-
telle autliorité corne il eit requis. Il faut doc gnue, linon quand nous regarderons que c'eli
que nous regardions plus haut qu'à celuy qui des hommes , cependant que Dieu les laifle
parle. Car commet eft-ce que le me tiendray là. Mais quand nous aurons fait vn bon exa-
aflèuréde monfalut,veuqu'iln'y a que Dieu menque c'tlldes hommes, de ce qu'ils ont,
qui puifleelhe fidèle teûnoin de fa vérité? & de ce qu'il leur appartient de leur propre,
l'ay deCa dit que lès Anges de paradis ne fui- nous hs verrons alors pleins d£ toute poure-
firont pas à vne charge li haute.Et comment té & mifere, nous verrons qu'il n'y a pas vne
vne poure créature qui n'eft rien, pourra-elle feule goutte de bien: & que s'ils en ont quel-
furmonter en dignité les Anges?Nous ferons que apparence, cçla n'eft que fumée, ce n'eft
donc toufîours en doutc,& la doctrine de l'£- rien. Brief, après que nous aurons cognu ce-
uangile ne profiteroicde gueres enuers nous, la, il fera facile deiuger de la grâce de Dieu,
n'eftoit que nous eufsions celte certitude, & laquelle fuppleeàtous nos défauts, laquelle
que nous fufsions bien refolus en nous, que remédie à tous nos vices. Voila ce que îàintt
c'eft Dieu qui nous enuoye leshommes,'c'efl Paul a voulu ici monftrer,fousce mot de/lr-
luy qui lesdifpofc à cela,&; qui les rend idoi- tifer. Voila (dit-il)il eft vray qu'en moy ie
nés, combien qu'ils neiefoyent pas de leur feroye toible , en moy le leroyevne poure
vertu.Ainfi fiind Paul non feulement a voulu créature de nulle valeur : brief , le n'auroye
ici monftrer aux prefchcuisde l'Euangileco rien qui fuftconuenable à ceft office de por-
me ils fc doiuent humilier, & recognoiftre la ter l'£iiangile:mais toute ma vcrtu,toutem3
gr-,ice qui leur eft faite , fans s'cleuer en or- dignité vient de la pure ^race de noftre Sci-
gueil ne prciomption.mais il a voulu en gène gneur lefus Chrift, lequel m'a qualifié ainfi,
laladuertir tous fidèles, que quand l'Euangi- il m'a rendu tout autre que leri'eftoye. Mais
le leur eftprefché,ils cognoillent que cela ne pource que cela(à caufe de îa briefueté)eHft
vient point du coftédes hômes.mais que ceux elle obfcur, faintt Paul paflè plus outre, en
qui parlent, font enuoyez d'vn plus grsd mai confellànt ( comme nous auons dit ) qu'il e-
ftre,& que s'ils n'ont point en eux celle facul ftoit blafphtmateur contre Dieu,&peifecu~
té, Dieu les difpofe à cela , que c'tft par fon teur de l'Êuangilcvoire aucc violence. Ainfi
faind Efpiit qu'ih font rendus f:tfifans.Com maintenant nous voyons qu'il n'entend pas
nie auhi il en parle en vn autre lieu, Que nul que Dieu &• noftre Seigneur lefus Chrift ait
ne pourroit donnerl'hôneur à lelus Chrift g feulement fuppleé en partie à quelque de-
iuy appartient, fi ce n'eft que le faintt Efprit faut qui fiift en luy : mais en fomme , il con-
le conduife, & qu'il gouuerne fa langue à ce- fcife que tout ce qui eftoit en luy de nature,
la. Voila, d^e, comme nous pourrons eftre a efte corrigéicariln'y auoit qiiemal.Ilfaut
affeurez , ayans ouy les promelFes qui nous donc conclure que Dieu l'a pleinement re-
font données en l'Euangile, &conmie nous nouuelé,& qu'il ne fait point ici vn partage,
pourrons eftre certifiez de noftre falut : c'eft pour dire,reftoye quelque chofe,&: Dieu m'a
en cognoiflant que Dieu nous enuoye les hô auancé quant au rtfte. Mais phiftoft il mon-
mes,& qu'il fe veut feruir d'eux comme d'in- ftre qu'il n'a rien du fien, & qu'il tient le tout
ftrumens, & que fon fainû Efprit prelîde en d'enhaut. Là deflus nous femmes admoneftez
ceft office qu'il a conftitué, &; qu'il n'y a rien de noftre deuoir , ie di & grans &• petis, cha-
digned'eftremefprifé.PourquoyrPource que cim en fon endroit : quand nous voudrons e-
le tout procède de celuy auquel nous deuons xalterlagracede Dieu comme il appartient,
faire homage, recognoillans que tout ce que recognoiflons qui nous forames, & que ce fe-
ii nous enuoye, eft hors de noilre iugement, roit de noHs,i:non que Dieu nous ei;ft fecou-
& par deflus:qu'il n'eft point qucftiondedif- rus.Ceci eft difficile àfaire,,d"autant que les
puter des chofes de Dieu, fi on les doit rece- hommes ne demandent que d'auoir quelque
uoir ou non , ou en quelle eihme elles doi- valeur en eux :& combien qu'en vn mot ils
uent eftre tenues. Il faut que nous lacions confeflent qu'ils tieiicnt tout deDieu,fieft-
ceft honneur à Dieu, de magnifier tout ce qui ce qu'ils veulent que cela foit obfcurci, &- ia-
procedede luy.C'eftce que nou> auonsàno- mais ne viendront à vne pure confefsion &
tet quant à ce paflàge, là où faind Paul rend franche & fimple finon par force :fur tout
grâces à noftre Seigneur lefus Chrift. Quant quand il eft qutftion de defcouurir noftre
à ce mot de Fprtifier,il Poppofe au mot d'In- honte, que nous foyons confus en nous , que
c-i.
54
SIXIEME SERMON
aospechSi foyent«ianifeftei,& qu'il faille
que non feulement nous bailVios la tefte,mais
que nous foyons réputée du tout dainnables,
linon d'autant que le Seigneur nous a retirez
de damnation par la raifericorJe infinie.
Q_uanddonG il elt lueftion que les hommes
reçoyuent vne telle honte , ils n'y veulent
point venir, mais reculent tant qu'il leurell
pofiible:& vfent de tous fubtertuges.afin que
s'ils ne le peiuient iulliiîer du tout, pour le
moini ils cerchent quelques cachettes , à ce
que leur uirpitude ne foit point cognue.D'au
tant plus nous faut-il bien noter ce paflàge
de faind Paul. Car il ne fait point vne confef
fion générale, comme font ces hypocrites qui
diront,Et ie luis homme,ie fuis pecheur:mais
il fpecifie fon cas propre,IWjf <'^f(dit-il)^rr-
fccuteur de Vtglife de Dieu,i\y efté Uafplie-
mateuT de fa yeriti.U ne regarde point ici de
le couurir fous ce nom d'infirmité humaine,
mais(comme l'ay défia touché)il laifle à cha-
cun la confefsionde fes fautes propres, luy
il fait fa confel"<.ion de fon cofté. Maintenant
il chacun de nous fecopare auec fainci Paul,
je vous prie , n'aurons-nous point beaucoup
plus d'occafion de magnifier la bote de Dieu,
& de nous anéantir du tout ? N'aurons-nous
point aufsi plus ample matière de recognoi-
flre les vices aufquels nous eflions plongez,
iufques à ce que Dieu nous ait tendu la main?
El tant y a qu'il s'en trouuera bien peu qui
priferont ainfi les grâces de Dieu, en s'abba-
tantdu tout.£t pourquoy? Car l'orgueil y do
mine par trop,& ccftorgtieil-lafait que nous
difsimulons nos pouretez,& demandons qu'el
les foyent comme enieuelies.Et nous ne pen-
fons pas cependant que cela emporte vne in-
gratitude vilaine , pource que la grâce de
Dieu n'ell point eialtee comme elle mérite,
que nous dcfrobbons à Dieu l'honneur qui
iuy appartiét.Ainfi apprenons de mieux prat
tiquer ceftc dodrine que fainô l'aul nous mô
lire ici par fon exemple:qu'vn chacun(di-ie)
s'employe à magnifier la bonté de Dieu, telle
que nous l'auons expérimentée tous,& qu'vn
chacun regarde à les vices.d'autant que nous
ne pouuons pas taire hommage à Dieu des
biens que nous auons receus de luy, fans con
feffer nos fautes &o}fenfes:qu'vn chacun s'ad
donne à cela. Se que nous defpouillions cefte
fotte honte, que nous ne craignions point de
«ftre fuiets à vitupère , quand nous ferons re-
ueftus de ce queDieu nous donncra.Car quâd
vn homme aura offenfé, combien qu'il .foit
contus en foy.lî ne faut-il point qu'il ait ver-
gongne de cela. Voila pour vn poinrt. Cepcn
iiant notons aufu ce que fainû Paul .idioiide,
Qm noftre Seigneur leps Chrift Ta efiime fi-
^tle en le mettant att miniflere. Par ces mots
il n'entend pas qu'il ait eflé choifi.d'autât que
Dieu a pieueu en luy vne bonne loyauté, car
ilyauroitici contraditlion manifcrte. Vray
eft que ceux qui fonta*»! exercez en l'Efcri-
ture fainûcveulét faire leur profit de ce mot',
comme fi Dieu en elifant ceux que bon luy
femble, trouuoit en eux quelq vertu cachée,
& qu'il fuft efmeu par vn tel regard : & voila
comme ceux qui nient l'eleûion gratuite, cor
rompent & falfifient TEfcriture fitinde, qne
Dieun'elif pas feulement par fa pure bonté;
mais qu'iia difcretion , voyant quels feront
les hommes, & comment ils fe porteront. Voi
re.comme fi tous n'eftoycnt pas d'vne maflè
corrompue, fi tous n'eftoyent pas damnez. Il
tous n'eftoyent pas pleinemét fuiets à Satan.
Et auifi donc quel bien eft-ce que Dieu trou-
uera en nous, & qu'eft-ce qu'il y pourra pre-
uoir,fin,on le mal qui y eft, iufques à tant qiic
il y ait mis le bien ? Et pourquoy clt-ce qu'il
le met pluftoft en l'vn qu'en l'autrCifinô pour
fon eleftion gratuite? Ainfi nous voyons que
Dieu ne choiiit point les hommes pour les a-
dopter au nombre de fes cnfans, pource qu'il
les çreuoiteftre meilleurs que ceux qu'il de-
laifle &reiette:mais il faut que fon bon-plai-
fir règne là,fans autre raifon : ie di raifon qui
nous foit cognue. Nous le voyôs en ce que S.
Paul a efté ordonné Apoftre: car fi Dieucuft
cerchéen luy quelque dignité , il faloit qu'il
demeurait toufiours en )â pcidition.Mais ce-
pendant pourquoy eft-cc donc qu'il dit, Çlue
Stfus Clirifi fa e/limifidelerOv cela n'cft point
d'vne preuoyance.mais pluftoft d'vne délibé-
ration que lefusChrifta faite qu'il le tenoit
fidèle. Yci fainft Paul veut fermer la'boiiche à
tous mcfdilâns.II nous faut noter ceftc circon
ftance, comme iamais nous n'aurons le fens
naturel de l'Efcriture fiiinfte, fi nous ne fça-
uons à quel propos les chofes fe difcnt. Voila
donc fainft Paul qui cftoit calomnié de beau-
coup de gens, comme nous voyons qu'il y »
toufiours des chiens qui abbaycnt contre les
feruiteurs de Dieu,ne dcmandans fînon de les
mettre en opprobre, ou bien faire que la do-
Ôiine foit mal receue,&rqu'5Jadefdaigne.Et
fainû Paul voulant clorre la bouche à telles
gens,dit qu'il fe contente d'auoir lefus Chrilt
pour fonautheur & fon garent:c5me s'il di-
foit, Les hommes me pourront bien rcietter,
mais il me fuffit que ie foye déclaré fidc-lc par
celuy qui a toute authorité en foy , qui eft le
luge celefte qui en a prononcé : quand il m'a
mis en ceft office, il a déclaré qu'il me tenoit
pour fon feruiteur, & qu'il me vouloit em-
ployer à la prédication de fbnEiiangile:il me
fuffit de cela. Que les hommes machinent Si
detraftent tant qu'ils voudront .moyennant
que i'aye lei'us Chriftde mon cofté , que les
hommes viencnt ietter leur bec contre moy,
cela ne fera rien; carc'cit vnarreftirrcuoca-
ble que celuy qui a efté donné par noftre Sei
gncur leftis Chrift.Nous voyons donc main-
tenant l'intention de Ciinft Paul , c'eft afça-
uoii qu'il ne veut point ici dire q lefus Chrift
ait rienpreueucnluy.pourquoy il l'ait appe-
lé à ctft office tant honor3ble,mais feulcmét
qu'en
SVR LA I. A TIMOTH.
3î
^u'en le mettant là.il a manifefte & déclaré
aux hommes, qu'ij fe vouloit feruir de luy.S.
Paul pouuoit bien parler ainii,, d'autant qu'il
eftoit appelé du ciel-mais no' en verrôs beau-
coup qui feront ordonnez aux offices, qui ne
peuuentpas vferde ce lâgage.Pourquoy?Car
Dieu n'a point prcfidé à l'eleftion qui a efté
faite.Combien en voyons-nous qui occupent
la place de Pafteur,& en ont le titre, qui cepé
dant ne ibnt que pour troubler l'Egliûspour
peruertir tout, pour mettre ce qui eftoit en or
dre.en grande confufion;brief,qui font plei-
nement addonnez à Satan, pleins de defloyau
té & de nialice,& pleins de trahifbnJNous ver
rons cela tous les coups. £t Dieu quelquefois
lafche la bride à Satan, pour l'ingratitude des
hommes. Quand nous ne fommes pas dignes
d'auoir de bons Pafteurs & fidèles, il faut que
nous en ayôs de tels que noftre appétit le por
te, voire des brouillons qui mettét tout à per-
dition & ruine,comrrté nous auons déclaré. Et
ainiî il y en a beaucoup qui font en l'office de
Pafteurs, qui ne peuuent pas dire neantmoins
que Dieu lésa troiiuez tidcles. Et pourquoy?
Car ils n'ont point elle ordonnez de par luy.
Autant en eft-il des autres eltats. Ne voit-on
pai fouuét 3c par trop en l'eftat de iufticc,que
il y en a qui font là appelez du diable, &. lont
maintenus & fupportez en dtfpit de Dieu.voi
re en defpit de nature.^ Car il n'eft point que-
ftion feulement ici de religion, nedeChre-
flienté,maisd honefleté liumaine,que les cho
fes font fi confufes, que c'ell vne pleine bar-
barie:nous voyons cela.Commét? fous le fie-
gedeiuAice qui efl: dédié à Dieu. Il eft vray,
mais on le prophane . Et comment? la iuftice
n'eft-elie pas ordonnée de Dieu?Oiiy bien en
general:mais cependant il permet qu'il fe ti-
ce de telles confufions pour h malice des ho
mes. Ceux donc qui font tels, ne peuuent pas
alléguer nulle fidelité.Au contraire, quand ils
font là.ce n'eft point qu'ils foyéc eflablis par
la matn de Dieu, mais en deipit de luy ,auec v-
ne confufion infernale. D'autant plus donc
nous faut-il bien noter que ceci n'appartient
finon iceux qui ont bon tefmoignage, & qui
peuuent monflrer par efFet que c'eft Dieu qui
les a choifis : pource que quand il veut parler
à fon peiiple,qu'il veut édifier fon Eglife.que
il veut faire fentir fa grâce & fa prefence,que
alors il choilit les JiÔmes,& qu'il les met là,&
qu'il monllre quelques fignes ^marques pour
déclarer que c'eft de luy qu'ils font enuoyez.
Ceux-là doc qui ont vn tel teimoignage, peu
uent due aucc fainft Paul, que Dieu les a re-
putez fidèles: mais ceux qui prophanétl'eflat
où ils font, foit du fiege de iuihce , ou de la
chaire de verité:to* ceux-la(di-ie) font coul
pables au double :& fi les jerfonnes priuees
qui fe desbordent à l'encôtre de Dieu, font à
1/41» i. condamner,ceux-ci font pleinement diables:
7©,^ comme aufsi en la perfonne de ludas Us ont
71. cAénommez par JÂ bouche de Icfiu Chrill.
Et d'autant plus ceur qui font appelez en of-
fice honorable, doiuent regardera eux: pour
ce que Dieu les a choifis pour le feruir d'eus,
& que par leur moyen il veut que l'oriirede
nature 3c toute droiture foit confertiee en
fon peuple, voire tellement qu'ils cognoif-
fent.comme i'ay défia dit,quand tout le tede
du monde fera à condamner, qu'il Faudra que
ils attendent vne horrible vengeance, pource
qu'ils ont peruerti vn ordre que Dieu auoit
ainiidedic, tant pour fon honneur, que pour
le falut de fon peuple.Voila qu.ït à ce poinû,
où S.Paul dit q lefus Chriftl'a eftimé fiJele.
Or on pourroit encores ici faire vne f ueftiô:
carludasn'a point eiié choifi des hommes,
c'a e/lé par le Fils de Dieu : & toutesfois ce
n'eft pas à dire qu'il fiirt fidèle ne loyal. Mais
cefte difficulté fera aifcement folue , fi nous
confiderons la diuei fité qui eft entre ludas &
entre fliind Paul. Car il faloit que ce qui eft
efcritau Picaumc.s'accomplift enl'Eglife de P/f.41,
leiùs Chnft : c'eft alçauoir, que fon ennemi 10.
fuif l'vn de fes plus prochains, & de (es dorae
ftiques:voire, & quemefaies il euft vne char-
ge honorable, afin qu'il en fuftdepofé,& que
ccfte charge fuftcommife àvn autre, ludas P/r.y.
donc a tftcchoili à ceftc condition , qu'il fe- 16, Cr
roit Apoftie pour bien peu de temps, & pour 105,8.
eftre débouté de ceft honneur-la, afin qu'il AÛes 1.
fi;ft conime vn miroirà tous : &que ceux qui 16 , (y
font ordonnez pour eftre miniftres de l'E- 10.
uangile, chcminafTtnt en crainte & en humi-
lité, de peur de tomber en vne cheiite fi vi-
laine . Il a donc falu que ludas fuft choifi
pour peu de temps:mais la condition de ùinGt
Paul a t fté bien diuerfe. Pourquoy ? D'autant
que lefus Chrift a déclaré que ce luy eftoit vb
inftrument eleu Se authentique , & qu'il fa-
loit que fon Nom fuft publié par lu v en tout
le inonde. Voila donc le tefmoignage qui a e-
llé rendu tel à fainct Paul.qu'ila cfté ordon-
né en ceft office, & que Dieu en eft tefmoin:
en forte qu'il n'eft pluj licite aux hommes
d'en douter.Et c'eft fuyuant ce que i'av défia
touché, qu'il parloit ayant ceci bien'feellé
par le famd Efprit en fa confcience : comme
nul aufsi ne fe pourra nommer fidèle en veri-
té,eft3nt appelé en quelque office, finon qu'il
cognorfTe & foit bien reiolu que Dieu le coa
duit & gouuerne,& qu'il l'a choiiî pour le fai-
re feruir à fon honneui,& au falut de l'on peu
ple.Mainten.ît pourfuyuons le texte de faind
Paul: il dit. Combien qu'il fltfi hlafphemat att-
tontre l>itu,i]u''ilfu/l ptrfecutrur de l'ÏHangi .
U,C>' meurtrier,totttesfats qu'il. i obtenu tnife-
ricorde. Combien qu'ici nous pourrions mil»
ftcr pourmonftrer quelle eft la bonté deDieu
en h peifonne de fainéf Paul, cela fera diffé-
ré à vn autre foit , & quand le texte nous y
mènera. 11 iuffit pour maintenant que nous
cognoifsions que veut dire fainû Paul par
ce mot , Q»'>f '4 ohten» mifericorde , tourte
j«# »«n /(achaiit il a failli en fon iixreduliti^
eÀu
l^
SIXIEME SERMON
Saiiift Pâul n'entêd pis que les péchez qui fe fons fa iuftice,& venons tout su reboursic'eft
commettent de volonté,& à rcfcient des hô- dont rompre , entant qu'en nous eft, l'vnion
mes,foyent irremifsibles. Car que leroit-ce? qui y doit eftre. Mais cependant cela ne fe
La plas part de ceux quipechét, font redar- fait point d'vne intention difpofee , pour di-
guez, & fenteut bien le mal qu'ils cômettent, re , le m'attache à Dieu , ie le veux anéantir.
& neantmoins ils font vaincus des tentations Mais quand nous venons à blafphemer con-
de Satan. Si tous ceux qui ont olfcnfe Dieu à tre la religion , que nous ne voulons point
leur efcient,cftoyent condamnez fans exce- que la venté de Dieu foit receue,mefmes que
ption aucune,ni cfperance de falut.helas i où nous bataillons à l'encontre , que nous vou-
cn ferions-nous?Notôs bien donc que S.Paul drions qu'elle fufl anéantie , cela n'elt point
n'a pas ici voulu faire en gênerai tous péchez fane toit aux hommes, mais c'eit faire guer-
irremiiîîbles , quand ils n'auront point efté re ouuertî a Dieu, côme lî nous iettions tous
«ommis par ignorance : mais il a conioint ici nos efforts à l'encontre de luy pour le defpi-
l'incredulité &: l'ignorance, pour monftrcr ter ,& pour monftrer que nous ne luy voulos
qu'il ne parle finon de rcltfter à la venté de point eifrefuiets. Etainiî voila le comble de
Dieu.Or c'eftvne oitenfe beaucoup plus enor l'extrémité de tout mal , quand nous venons
me que de commettre ou larrecin.oupaillar- ainiià relîller contre la venté de Dieu : en
dife.oumeurtre.Et pourquoy? Ucllvray que forte que iî vn home veutainii batailler con-
tous péchez nous doyuent eftre deteftables, trerElcritureiaincfe , contrela vraye rcli-
tnais cependant ceftuy-ci nous doit eftre en gion, & qu'il le face àfon efcicnt , &• de pro-
horreur par deflus tous , de nous eleuer con- pos délibéré, il s'enluit qu'il eft reprouué de
tre Dieu,&tafcher de faire qu'il n'ait plus de Dieu. Car laiiiais Dieune permettra qu'vn
prééminence , que fa vérité foit conuertie en homme qu'il a voulu referuer à foy, tombe en
nienfongc, qu'il ne foit plus cognu , qu'il n'y vn tel aby fme.pour dire , le m'en vay de cer-
ait plus ne foy ne loyauté entre les hommes, taine malice batailler côtie Dieu: ie cognoy
& que Dieu ne foit plus honoré ne ferui de bien que celle dodrine eft vraye , maisi'iray
cux.Helas! où eft-ce aller? cela eftdu tout tout au contraire , letafchcray de l'anéantir
exorbitant , & cotre nature: car ceux qui re- entant qu'en moy fera.Q^and vn home vient
fiftent a la vérité, entant qu'en eux efts'efFor Là, il porte fa marque, il eft lleftri, le voila au
cent d'arracher Dieu de fonfîege ,&anean- diable:qu'on le tienepour vn damné. Toutef
tir & effacer la mémoire de fa raaiefté.afin foispource que nous ne pouuons pas iuger
Qu'il ne règne plus fur le monde. Sainft Paul de l'intention d'vn homme, & de fon cœur, il
«lonc parlant d'vnechofe lî exécrable, no fans ne faut pas que nous Ibyons téméraires, pour
caufe dit qu'il l'a fait en ignorance : comme dire,Ccluy-la a péché cotre le fain(il Efprit,
s'il difjit , Mes amis, il elfvray que ceci fur- ila commis vne otfenfe trrem:f>ible . Mais
tnontetous péchez, ie blafphemer Dieu,& quand Dieu nous manilefte qu'vn homme de
fouller au pied fa Parole , de reietter ce qui certaine malice blafpheme ainfi, nous fçauos
eft venu de luy : voila vne offenfe figrande, S.S que noftre Seigneur lefus a déclaré: que lî Mrjf. ii. '
que les cheueux nous deuroyét drefler en la on a péché contre luy , que cela pourra eftre jj^,^ y,
tefte.quand nousy penfons. l'en fuis coulpa- pardonné: mais quiconque blafpheme contre
ble.dit-il.Maisquoyflcnel'ay pas fait à mo le fainft Efprit, celuy-la commet vne faute ir
efcient:car ie cuidoye feruir à Dieu, i'cftoye remiisible, qu'il ne faut iamais attédre ne par
vne bcfte eftourdie,quâd i'ay efté ennemi de don ne grâce de luy. Etcomment cela? Sivn
l'Euangile.NouscognoilTonsmaintenat l'in- homme a repentance, n'eft-il pas dit qucE^^.,^
tentionde faind Paul. Mais afin que nous en Dieu eft touliours appareillé de receuoirles ^^.
fçachions faire mieux noif re proHt , diifin- pécheurs qui vienent à luy? Il eft vray , fi vn
guôs entre les deux tables de la Loy de Dieu, homme fe repent.Mars d'où elt-ce que la re-
Nous fçauons comme Dieu en la première ta pentance vient?rau onî-nous en noitre man-
ble de fa Loy nous monftre comme il veut che pour nous la donner quâd bon nous fem
eftre honoré & ferui de nous : en Li féconde bleiar'Ntnni: c'eif vn don fpecial de Dieu. Il
table.il nous monftre côme nous deuons con- en eft ainlî quand nous foraines desboidez:
uerler enfemble, comme chacun fe doit por- nous l'ommes en la feruitude de Satan , nous
ter aucc fes prochains. Qupfi nousfaiilons fommes en la m jrt éternelle. Celuy donc qui
contre nos prochain? , ali)rs nous ne faifons fe repent, il eil rciruicité des morts : & fi vn
point guerre o'.iuerte à Dieu. Vn home pour- homme fe pouuoit rclTuicitei- , quedeuien-
■ra faire tort à fon frère, ou en fi pcrfjnne,ou droit toute la pi.iflance de Dieu? Ainfî no-
en fes biens, ou en fon honneur: tant y a qu il tons bici qu'il faut que Dieu bcfongned'vnc
ne veut point iliftifier fon mal, qu'il cognoift vertu extraordinaire quand il luy plaift de
qu'il ne fait pas bien :mais fi eft-ce qu'il ne ba nous retiierà foy : quand il nous main tient,
taille poiiitdiretl:emeiit(côine ondit).à l'en- & fait que nous ne fommes point du tout alie
contredcDien. Ileftvray que nous ne pou- nez de luy , que nous auons encorcs quelque
lions faillir en forte que ce foit, que la maietté petite goutte de religion, c'elf(di-ie)vne au
de Dieu ne foit violée ; car nous tranfgrcf- urelinguliercdc rEl'pritdeDieu.Maintenât
ce U3t
s V R LA I. A T I M O T H.
«UT qui vienent à blafphemerain fi.penfons-
nous 6 Dieu les doiue receuoir à merci, pour
leur donner repentanceîNenni: mais(comrae
i'ay dit)ilfaut qu'ils foyét reprouuez de luy:
car iamais il ne permettra qu'vn homme tre-
hufche fi bas , que de blafphemer manitcfte-
menc, &de s'eleuer de propos délibéré con-
tre l'Efcriture fainfte , & la vraye religion,
qn'il nefoit du tout perdu. Voila donc ce que
S.Paul a voulu ici entendrcdif.mc quM a ob-
tenu mifencorde de ce qu'il auoit relifté à
r£uangile,qu'ilauoit bataillé contre la ven-
té de Dieu.voirc non pas de certaine malice,
non pas cuidant regimber ainii cotre la maie-
fté de Dieu , mais qu'il l'auoit fait comme vn
poure aueugle,& qu'il ne Içauoit ce qu'il fai-
îbit. Voila pourquoy il dit qu'il a obtenu mi-
fencorde. Combien que ce propos ne puiuc
eltre maintenat dcfpelchéjtoutesfoisafin que
nous ayons quelque concluiion qui nous édi-
fie & nous inftruife, notons bien que quand
nous feronsdutout ignorans .kaueugleSiqiie
nous ne ferons pas pourtant exculables , que
ce ne fera point vue couuerture pour nous
abi'oudre dciiant Dieu. Nous aurons beau di-
re,Ie ne le cuidoye pas.i'ay penlé autrement,
iénel'aypas cognn. Voue, mais en noftre
ignorance nous fonimes à condamner,ô: faut
que nous, pafsions condamnation,car nous ne
gaigneroni rien nousvoulans luftificr. VoiJa
pour vn item.Au refte.fi ceux qui faiilent par
ignorance.font iuftemen^condînezdeDIeu,
comme il faut que nous le cognoifsiôs,& mef
mes chacun pour foy.que fera-ce quand Dieu
nous aura illuminez , qu'il nous aura raonftré
le chemin de lalut, qu'alors nous fermions les
yeux ? &:me<"mes que nous l'oyons fi malins,
quand nous aurôs receu vne telle grâce, & que
Dieu nous appellera d'vn cofté.ii nous allons
tout au contraire, quelle condamnation hor-
rible deuons-nous attendre? £t ainû penfons
a nous , d'autant que Dieu nous a retirez de
57
l'incrédulité en laquelle rrous elîions, Se qu'il
nous a illuminez en la foy de l'Euangile.Pea
fons (di-ie)à cheminer en û crainte, & nous
auancer iournellement en icelk, iufques à ce
que nous ayons atteint .î ce lilut éternel qui
nous eftapp relié au ciel.Et fur tout craigriô»
d'eftre reprouuez de Dieu , & qu'il nous liure
entre les mains de Satan, & que nous ne tom->
bions eu cefthorrible abylme de bLifphemer
contre luy, comme nous en voyons d'aucuns
qui ont fenti quec'eftde r£uâgile,& mefme
ils en ont efté allez certifiez, & nous les voy-
ons comme beftes enragées defgorger leurs
blafphemei.\ Fencôtre de Dieu. Et d'où pr»
cède ceWC'ert vne horrible vengence.Autât
nous en prendra-il fi nous n'apprenôsde che
miner en folicitude,comme l'ay dit qu'vn cha
cun doit eftre fur ies gardes,& prierDieu que
il nous tiene la bride courte, & qu'il ne per-
mette point que nous l'abandonnions en for-
te que Satan prene poflefsiô de nous, &: qu'au
lieu que nous auons elle illuminez en la foy,
que nous deuenions belles fauuages , & auec
l'aueugleiuent quenous ayons celle rebelliâ
maudire de venir hurter à l'encontre de Dieu
& de noftre Seigneur lefus Chi jft.Craignon»
(di-ie)vne telle vengence : autrement il fau-
dra que le Fils de Dieu defploye à l'encontre
de nous cefte pinflance qui luy a efté donnée
au ialut de tous croyans , & pour la ruine Se
condamnation de tous ceux qui voudront em
pelcher le cours de fon royaume.
O R nous-nous profternerôsdeuant la fa-
ce de noftre bon Dieu, en cognoiflance de
nos fautes, le priant qu'il luy plaife nous en
donner vne telle cognoiflance, quenousy
foyonsdelplaifans , pour chercher toufiours
ûmifericorde,& nous auacerde plus en plus
en fa crainte , & en fon amour,& eiVla co-
gnoiflance de fa bonté félon la melurede
grâce que nous auons receue de luy. Ainlî
nous dirôs tous, Dieu tout pui(Iànt,Pere celé.
S E P TI EME. SE RMO N SVR LE PRE»;
MIERCHAPITRE.
Vayohtenii mifcricorde de Dieu ^ pource (^ue non f cachant iefayfait
par incrédulité.
.. 14 Mais la grâce de nojlre Seigneur a tant (f plus abondé , auec
foy O' dileclionjaquclle cjl en lefus Chrifi.
1 5 C'cjl parole certaine, ^ digne d'cflre du tout receue y^ue le-
^s ChriJ} ejl venu au ynonde pour fauuer les pécheurs , defquels iefuis
leprincipal.
Ous auons défia cômencé à ex- ché, comme nous verros encores tantoft plus
pofer.à quelle intention S.Paul à plein:mais afin que ceux qui ont efté lUumi-
met ici en auant fon ignorâce, nez en la cognoiflance de Dieu , & en la foy
& auôs dit en fomme que ce ne de l'Euangile, cheminent humblemét en leur
eft pas pour amoindrir fon pe- vocation,& qu'ils fe gardée de s'eleuer à l'en-
c.iii»
î8
SEPTIEME
contre de Dieu & de (à vérité qii leur eft co
gnue.Or.comme nous auons déclaré, c'eftvn
péché irrcmifsible quand l'homme mortel
vient pour hurter dVne certaine mahce con-
tre Dieu.qn'il bataille contre û çloire.qu'il
lafche d'anéantir fa vérité. Il taut qu'vne
créature (oit du tout maudite , & que Dieu
l'ait reiettee quad elle vient là.Ainlî dôc pen-
fons à nous,& cognoiirons que fi Dieu nous a
pardonné l'ignorance en laquelle nous auôs
vefcu.il ne uut point que nous l'irritiôstcar
ce feroit par trop prouoquer fa vengeance,
2uand nous voudriôs luy eftre rebelles.voire
e noftre gré,fçachâs bien que c'eft à luy que
nous faifons la guerre, & non point à quelque
creature.Cependant on pourroit icidemader
iî les incrédules ont vne telle cognoiflance,
qu'ils penfent batailler contre Dieu, fç.ichâs
bien le mal qu'ils font. Car l'Efcriture laintte
dit que l'infidélité eil le plus grand aueugle-
ment qui puiffe eftre en l'homme: comme de
faid nous n'auôs ne fens ne raifon.ii nous ne
cognoiflons Dieu.Si cela eft, il femble que S.
Paul côfond ici fon propos, Qiie c'a eitépar
ignorance qu'il eftoit incrédule. Et puis il dit
aufsi en m autre paflàge, que iî les luifs eul-
r.Cor.i. fent cognu le Seigneur de gloire , iamais ils
J. ne l'eullent crucifié.Et par cela il prouue que
la (âgefle des homes ne peut paruenir fi haut
que de cognoiftre les iecrets de Dieu. Mais
cefte difficulté fera aifee àfoudre,quand nous
ferons comparaifon de deux efpeces d'igno-
rance qui peuuent eftre aux hommes, comme
aufsi on le voit. Il y en a qui feront pleine-
«ent ignorans.comrae ceux qui font pouiFcz
d'vn zèle fot &. inconfideré : comme auioiir-
d'huy entre les Papiftes,il y en a beaucoup q
penfent.faire facrifice à Dieu,quand ils perfe
cutent les fidèles, qu'ils font enragez contre
l'Euangile.Et pourqupy?Car ils n'entendent-
pas que ce foit la venté de Diew:ils ont leu^s
Autres deuotions tellemét imprimées en le«ir
cerueau, que tout ce qui viét au côtraire, leur
eft deteft«ble.Ceui donc qui font ainfi abbru
»is,font pleinemét ignorans: & S.Paul eftoit
tel deuant qu'il fuft conuerti.Car côbien que
dés fa ieuneflè il euft eftc exercé en la Loy,
tt qu'il fuft du rang des doaeurs,il ne laiflbit
pas d'eftre vn poure aueugle: corne il dit que
ks luifs de fon temps auoyent vn bâdeau de-
2.C«r.3. uant leurs yeux,& ayâs intelligéce de la Loy,
■^•tt if . demeuroyent toufiours ignoras en leur befti:
fe,àcaufe qu'ils n'auoyent point le droit but,
t'eft afçauoir,Icfus Chrift.Voila donc vne e-
ipece d'ignorance lourde, laquelle quand elle
domine en 1 home, le pouffe & l'incjte à mal,
combieo qu'il cuidc bien faire. Venons main-
tenant à ceux qui ptclient par malice : côme
il y en 3 beaucoup en la Papauté auiourd'huy
qui ne font point pouiTez par leur bône inten
.lioo.qu'on appelle, pour refiHer & contredire
â l'Euangile, comme ils font. Qjjpy donc? La
.(uifine,i'auarice,ratiibitiô les pouUcnt Si ks
SERM OM
enflâment.qu'ils fçauent bien qu'ils font mal,
mais tant y a qu'ils regardent d'autre cofté^
que fi l'Euangile vient en auant.leur tyrannie
fera abbatue,& leur bourfe ne fera plus four-
nie comme elle eft.Cela donc les incite à s'e-
leuer contre lefut Chrift , & contre fa vérité
qui leur eftcognue.Nousne pouuons pas dif-
cerner bonnemétlefqutls fontpoufllz d'vne
telle rage, &fidefefperee:carceux-la(c5me
nous auôs ditjlbnt du toutincorrigibles:mais
tant y a qu'on coguoiit par experiece, qu'il y
en a beaucoup de tels.Ceux-la ne laifllnt pas
cependant d'eftre aueugles.Et pourquoy?Car
ils ont vne frenefie qui les tranfporte,c6bien
queDieu leur face luiie faclarté,qu'ilsenfoy
ent côuaincus: toutesfoisils s'abbrutiirent,&
font contens que Satan les poulTc çà Se là.iuf
ques à ce qu'il les ait du tout eflouidii. Voila o
comme les incrédules font ignoi.tns: mais tât
y a que ce n'eft point vne ignorance limplc.
Qimy doncrC'eft pkiftoft(comme nous auôs
dit)vne frenefie qui eft coniointe auec vne re
belliô maudite, pource qu'ils ne peuuent eftre
aflèurez qur Dieuapprouue ce qu'ils fontiiS:
aufyi il$ ne tafchenc pas de le feruir ni hono-
rer. Or par cela nous pouuons aifcement coa
cluie,que nô fanscaufe S. Paul dit que fon pe
che luy a cité pardonné , voire d'autant qu'il
eftoit Ignorant , pour le temps qu'il a eftc in-
credule.Nous auous maintenant vne plus cer-
taine déclaration de ce paflàge, pour l'appli-
quer à noftre profit:c'elt que les hommes luf
ques à tant que Dieu les ait illuminez par la
grâce de fou S.Efprit , font poures aueugies,
& qu'en cuidant bien faire ils lont rebelles à
Dieu & à là parole.CognoilTonsdonc qnous
fomipes , fçachons que nous ne pouuons pas
tenir le droit chemin , fi nous fommes guidez
par noftre induftrie&prudéce:mais qu'il f.iut
que la clarté du .S. Efprit domine fur nous.
Voila vnitem.S cachés que quand Dieu nous
a retirez des ténèbres de la Papauté aufquel-
les nous auons vefcu , c'a efté par fa grande
pitié : que nous eftions poures & mifcrablet
creatures,quand il a defploy é les chrefors in-
finis de fa bonté fur nous , quand il n'a poinC
permis que nous perifsions en vne telle con-
rufion. Or depuis qu'il nous a appelez à la co-
gnoiflance de l'Euangile , notons qu il nout
faut alTuiettir pleinement àluy, donter tous
nos appétits mauuais,& tout ce qui eft de no-
ftre fens charnel: car nous n'y trouuerc'Mque
mal. Et gardons-nous fur tout de nous cleuet
contre Dieu , depuis qu'il s'eft manifeftc à
nous: de refifter à ù volonté , depuis qu'elle
nous eft cognue.Maintenent venons à ce que
S.Paul adioufte , C''tJ} tjue la grâce de Vitit a
tfté multipliée fur luy ti't C flits. En quov ii
môftre blé qu'il n'a pas voulu amoindrir ion
péché, côme défi» il a efté expofé.Car fi c'cuft
efté vne faute petite & légère, q d'auoir ainfi
côbatu par ignorâce côtie la dodrine del'E-
uangile: S. Paul X'e fuft contenté de dire fîsi-
pltmcnt,
SVR LA I. A TIMOTH.
59
pleinent, Dieu a eu pitié de moy : mais il dit
que c'a efté vne grâce magnifique & exeellen
te.laquelle s'eft eflargie tant & plui.Parle^il
par fiiftionfnéni: ilprotefte&côtefleque fon
péché cftoit crimmel.que c'a efté vne otfenfe
il énorme qu'il a falu q la grâce de Dieu fuft
corne vn abyfme pour engloutir vn tel mal fi
énorme. Or ceci eft bien digne d'eftre noté:
car fi no° ofFenfoRs Dieu fi grieuemét,ne fç.i
chans que nous failons.feulement ayans cefte
foie faiitafiede cuider bien faire, que lera-ce
quand nous viendrons d'vne volonté mef-
cnante & rebelle pour batailler contre luy.'
Nous esbahilTons-nous fi l'£l"criture fainÀe
DÔrae ce pcché-la irreinif>ible,qui ne fe p»r-
dônc laroais ni en ceftevie ni en rautrefcôme
•**•"•• noftrc Seigneur lefiis en parle. Faut-il que
^" nous trouuions vne telle rigueur de Dieu e-
ftrangefEt cela nous doit bien faire baifler la
telVe.afin qu'vn chacun cognoifle que nous a-
uoas befoin d'eftre retenus en bride. Et d'au-
tant que de Qous-mefines nous femmes tant
enclins à mal.u'eftoit que Dieu nous gouuer-
naft par fon fainft Efprit, nous pourriôs tous
venir à vne telle ruine.Car de faid les exem-
ples que Dieu nous itionftre deuant les yeux,
nous doiuent bien faire fentir cela. Nous vo-
yôs ceux qui mefprifent la parole de Dieu.ou
qui en abufent en quelque façon q ce foit,qui
de prime face ferôt des gaudiffeurs, & ne refi
Aeront pas pleinement à Dieu. Mais quoyfce
leur fera vn ieu de mal faire, de mener vie dif
folue.de fe lafchcr la bride , & (c douer toute
licéce.Sont-ils là ven'?On les voit puis après
s'emienimer contre Dieu, & fur tout quand il
les touche au vifqii'il leur donne des remors
qu'ils ne peuuét pas tuir:ils empiiét toufîours
de plus en plus, lufquts à ce qu'ils foyent ve-
nus à cefte ragediabolique, de batailler con-
tre la vérité. Quand nous voyons de tels mi-
roirs cômenoftre Seigneur nous les monftre,
qu'vn chacun s'humilie,& que nous prions en
toute folicitude ce bon Dieu , que puis qu'il
nous a tendu la main pour vn coup , il nous la
tiene fern)e, iufques à ce qu'il nous ait deli-
urez de toutes tentations. Voila donc ce que
nous auons à noter fur ce mot où S. P.iuldit
que la grâce de Dieu s'cft multipliée tant &
pi' fur luy. Il adioufte quat & quât le moyen,
Q»f c'a <Jlé auec foy Cr dilt^ionqm tfl en
noflre Stiginur Ufus Chrijl . Yci l'ainft Paul
¥cut exprimer comme il a tfté réduit au che-
min de falut, & par quel moyé: c'eft afçauoir
que Dieu luy a donné la foy, & qu'il l'a rédu
non feulement paifible, mais qu'il a embraffc
TEuangile auec vne douceur amiable , qu'il a
là trouué tout fon plaifir,tout fon repos& tou
te fa ioye.Pour mieux entendre ceci prenons
à l'oppofite ce qui eftoit en S.Pauldeuât qu'il
fuft conuerti. Au lieu de foy il n'auoit qu'in-
creduLté, c'eftoit vnpoure aueugle.c'eftoit
vne befte enragée. Voik vn homme qui a efté
nourri en ladodrinc de la Loy,cn h religioii
des luifs, lequel neatmoins a taiché Je batail-
ler contre la Loy meirne , contre la religion
qu'il deuoit tenir de fes pères & anceftrts.Of
au lieu de cefte incrédulité en laquelle faind:
Paul eftoit détenu, il a receu le don de foy,&:
en cela il a efté du tout chîgé. Apres il au ou
efté vn tyran cruel contre l'Euangile , que
nous voyons qu'ileftoit plein de meurtres,
plein de violences, tellement qu'il nedeman .
doit qu'à faire efpandre le fang innocct.Vo»
la Dieu qai non feulement luy fait trouuer
quelque court en l'Euangilc.niais il l'embrâ.»
fe d'vne telle amour, qu'il i'oubiie foy-mef-
me.il ne luy chaut plus de la vie , il tient fon
honneur comme fiente 3c ordure, ainfi qu'il p^/t,..^
en parle aux Phitippiens: que tout ce qu'il e- rt- 8.
ftiinoit à gain, & luy eftoit en grande réputa-
tion, comme cefte fainfteté de laquelle il pre
fumoit, qu'il fe tcnoit comme vn Angcifdit,
qu'il a tout cela en confufion & horreur, mef
mes qu'il Ta tenu côme ordure piunte. Nous
voyons-donc maintenant à quel propos fainâ
Paul parle de la foy & diledion qui eft en n»
ftre Seigneur lefus Chrift. Il n'entend pas
qu'il pvufTe alléguer fes vertus, ne qu'il ait
rien merité^poux_4ir£_^ Dieu au peu eftre ef« ^
meu paTcela. Mais au contraire iTveutmon-
ftrerque qu-iudDieua voulu auoir pitié de
îuy,illuyadonnelafoy & la charité; làoii
auparauant il eftoit incrédule, &• comme vne
bcrte fauuage pleine de cruauté. Or ccpendît
nous fommes admoneftez de deux chofes : l'y
ne c'eft que ce que (àinft Paul protefte de f»
perfonne , il nous le faut appliquer à nous,
voiicfans exception, car Dieu n'appelle pat
les hommes à falut par autre moyen que ce-
ftuy-ci:c'tft en leur donnant la foy & la dile
iîion. Voulons-nous donc eftre héritiers du
royaume de Dieu?voulons-nous eftre retirez
d« la perdition en laquelle nous fommes de
natureftcnosle chemin que S. Paul nous mô-
ftreencepaflàge: c'eft que Dieu nous ouure
les yeux afinde venir à fon Fils vnique,&que
nous cognoifsios que lefus Chrift nous a efté
dôné, afin q no' trouuiôs noftre faJut en luy,
que nous acceptions vn tel don & vn tel thre
for que Dieu nous prefente en l'Euangile,
c'eft la foy : & puisiguenous ayons la chari-
té , qu'eftans reconciliez à Dieu , nous foy-
ons alTuiettis a luy pour plier fous fon ioug:
&puis que nous conuerfions auec nos pro-
chains en vraye vnion & fraternité. Voila le
chemin que feous auons à tenir fi nous deR-
rpns de iouir du falur qui nous eft propofé
en l'Eiungile. c'eft pour vn item. Mais c'eft
vne doftrine mal prattiquee: car chacun dira '
aflez de bouche qu'il ne demande que d'eftre
fauuc. Mais quoy î Combien s'en trouuera-»
il qui ayent tn zèle ardent de rendre à Dieu
par foy vne obeiflânce telle qu'il la deman-
de , & comme elle luy eft deue ? Où eft ta
charité en lefus Chrift? Nous voyons que
vnchaci^efl addonné à foy, A: que nou»
"' "'' "■ e.iiti.
40
ne tenon? conte de ce que Dieu nous propo-
fe.Et d'autant plus nous faut-il bien noter ce
partage, afin qu'vn chacun apprene de repri-
mer tous les empefchemens am nous deftour
nent que nous ne foyons pleinement réduits
a Dieu , & que quand nous aurons commencé
d'elhe' en bon train , que nous aduiiîonsde
nousauancer de plus en plus, voire tant en
■ foy qu'en charité. Le fécond article que nous
auons à retenir , c'eft que la foy & la charité
font dons de Dieu, que les hommes ne peu-
lient pas d'euX-mefmes s'illuminer,ils nepeu
uent pas châger leurs courages mauuais pour
aimer leurs prochains comme ils doiuent , a-
pres auoiraimé Dieu: mais il faut que cela
nous viene d'en-haut , que Dieu nous refor-
me par fon fainft Efprit , & deuant que nous
ayôs la fay,il faut qu'il nous ouure les yeux,
& qu'il nous efclaire. Car quand ûintt Paul
confefle ici que ces deux chofes luy ont efté
données de Dieu,ilnous monftre que nul ne
fe pourra vanter de les auoir par fon indu-
ftrie, ou qu'il puiile alléguer fcs vertus , tant
excellentes qu'elles foyent : mais nous fom-
iil.es enfeignez de cognoiftre que ceux qui
ont la foy , ils la doiuent tenir de Dieu. Au-
tant en eft-il de la chanté : & cependant fi
nous defiillons , comme il n'y a celuy qui ne
fente fa foy eftre bien débile, & ne fente fa
charité bien maigre & froide, que nous priés
Dieu qu''il augmente & l'vn & l'autre , fça-'
chans qu'il faut que cela nous viene de
luy. Venons maintenant à ce que fainâ Paul
adiou/le . C' eft -rne parole certaine & di-
gne cTeflre fhinement recette de toits faaj dstjt
te , C'#yj que le fin Chrifl eft -venu four fan utr
les pécheurs, defqnels te fuis le premier. Yci
fainû Paul fait vneconfefsion plus ample de
ce que défia ilauoit touché, c'eft afçauoir
que l'ofFenfe qu'il auoit commife rcfiftant à
l'Euangile.eltoit fi grande & fi énorme , que
ç'auoit efté vn miracle de Dieu de ce qu'il
auoit efté conuerti.Ccpcndaiit aufsi il appli-
que cefte confei'sion à vne doftrine générale
pour tous enfans de Dieu , afin qu'en fa per-
fonne nous foyons tant plus afleurei de no-
fire falut,& de la remif iondenos péchez. No
tés donc en premier Ueii^ixfaintt Paul s'eft
ici humilié.afin que la gloire de Dieu fuft tât
mieux cognue. Et c'eft fuiuant cequi aefté
dit<e matin, que iamais Dieu n'cft exalté de
non? comme ;1 le mérite, que -nous ne foyons
pleinement confus & abyfmézi'Çarccpcndîî!
que l'homme fe refcrue tant. peu qi'ic c£*,fbft!
voila Dieu quieftfvuftré dudroit qui lày Sp
particnt. Et cependant auAi que les hommes
couuventleurtLir'pitude, & qu'ils la cachent,
Dieu n'a point ce qui luy eftdeu , comme S.
Paul en parlr au 3, des Romains. 'Caren ijuoy
eft-ce qu'il dit que la çjoire de Dieu reluit?
SEP T lEME SERMON
mes foyent venus en conte pour fe condam-
ner du tout, & confefler qu'ils n'ont rien en
eux que toute malediition.toute poureté.que
ce font créatures perdues, &: pkis que mifera-
bles^ufques à ce qu'ils en foyent là venus.la
gloire de Dieu n'eft pas cognue comme il eft
befoin. Brief, toutes les couuertures que les
hommes preneht pour cacher leurs vilenies &
ordures,icmt autant de nuées qui empefchent
que la gloire de Dieu n'ait fa pleine clarté &
fonluftre enuers nous. Il eft bien vray qu'on
verra bien quelque clarté,encores qu'ij y ait
des nuées &: des brouillas , & .^ue le temps
loit couuert : mais fi eft-ce que le ciel n'eft
pas ferein : nous ne voy os pas cefte belle clar
té.comme quand l'air eft du tout vuide & pur
gé. Ainfi il faut que nous apprenions de nous
delcouunr , & de mettre en auant toutes nos
tianfgrtfdons , afin qu'en cela & nous & les
autres cognoifsions combien nous fommes te
nus& redeuables à noftre Dieu , & quelle eft
la grandeur de d bonté , que c'eft vn abyfine
p lus qu'infini quand il luy a pieu nous retirer
de la mort eternclleen laquelle nous eftiôs
tous.Pefons bien dôc les mots de faind Paul,
quand il rend ici vnctielle confefsion. Car
il môftre que par ingratitude il ne veut point
amoindrir le bien ineftimable qu'il auoit re-
ceu.Or qui tft celuy de nous qui doiue moins
à Dieu que fàifoit i'ainft PauPll eft vray que
nous n'aurons pas efïc cruels tous pourpcr-
fecuter l'Euangile . Mais à qui a-il tenu? ce
mal n'eftoit-il pas en no'? que s'il n'y a efté,
tant y a que nous eïtions comme belies fiu-
uages pour repoufier la grâce de Dieu, & fou
1er au pied la fainflcveuté.Par cela nous me
ritions bien que Dieu nous reietiaft du tout.
Et puis cognoifTons les fautes que nous auôs
commifes en tant de fortes & efpeces. Brief,
il faut conclure que fi faind Paul a magnifié
à bon droit la mifericorde de Dieu, laquelle
il auoit ft ntie,que nous fommes plus conuain
eus par expérience , que nous dtuons taire le
femblable pour le moins. Cependant notons
bien ce qu'il dit , Q«'/7 efi le premier de tous
les pécheurs, c'eft à dire le plus grand Si le plus
énorme. Comment ceci?& faintl Paul n'auoit
point efté ni vn paillard, ni vn yurongne , m
vn gourmand, ni vn larron , ni vn homme de
mauuaife vie ne diflolue , comme il déclare
qii'tl cftoit irreprehenfible iclon la Ldiy j &
qu'il fe faifoit .i croire qu'il eftoit dfitoift ui-
fte.' Pourquoy donc s'appelle-il le prihcipal
pecheui? Or en cela nous voyons quelle bf-
fe'nfc c'eftde refifter à la parole de Dieu, en-
core? qu'on le face par ignorance, &. fans cui
der mal faire. Nous auons vèu que fa'nft Paul
a déclaré qu'il le faiioit non fçachant , ir^ef-
mès il auoit vn tel zèle qiie plufieurs de nous
"ont cuiufques à ce que Dieu les ait réduits
C'eft quand toute bouche eft clofc , &! àde foirs fou ioug : & hcantmoîhs il (.ft le princi-
nous cognoiflons combien nous liiy fomniJ? pkljJcchtur du'mondc,,dit-il. Fait-il ici vné
redcuables. Aihfi , iufqucsà ce que les ho'm- fcSniefsWfl fathypoc'itllè? cônie il ^' en auril
beaucoup
SVR LA I. A TIMOTH-
41
be.iucoiip qui diiot de bouche, le fuis le plus Dieu ne peut foufFrir cek.Cômentdonc fouf
grâd pcclieui :& ccpcdantil> ioiU enfltz d'or fnia-il que nou'> venions Icuer les fourcils i
gueil,& cuident auoir vue grande lainiicté. rencontre de luy,& que nous le venions de-.
Ail ûmct Paul n'y a pas ainlî procède , corn- ipucr? £fl-ce vn pèche exculable que celuy-
'me l'a y délia touché :inais lia monibccom- là, quand il y a vne telle prelomption aux ho
bien que les hommes Ibyent ignoians, qu'ils mes, qu'ils veulent ainfî batailler tôtre Dieu?
n'ont pour cela nulle e.vcufc deuanc Ditu, Or voila ou S.Paul eltoitpljngé,iui'ques à ce
que leur offenfe &: iniquité ne l'oit li enor- qu'il ait efce don té par la grâce de npftreSei
me, qu'il faut qu'ils conrellent qu'il pourroit gneur Icfus Chnit.Il fe côtentoit de Ion l'ça.
à bon droit foudroyer contr'cux. C'cft pour uoir, & ne le pouuoit-on nullement rangera
confermer la doftrine qui a delîa efté e.xpo- l'£uangile:il y auoit quant & quant de l'hy-
fee Cl dellus.Et de fait,iî nous regardés quel pocriiïe.Car lî l'hôme l'elpluche bien,& que
clUe principal feruice que Dîeu demande & il examine fa vie, il faudra qu'il l'oie abbatu
I. Samu. accepte , nous fçaurons bien dire quel'hu- non feulement de cortul7on,mais d'vn defe-
If. 14. milué eftle facrifice le plus grand qu'd ap- fpoir extrême. Et fainft Paul feplaifant en
prouue.Et voila pourquoy il ell dit, que l'o- cela,pouuoit-il auoir vne confcicnce pure de
beillànce de foy eft comme mère de toutes uant Dieu? Nenni : mais il eftoit plein de fi-
vertus , c'en ell le fondement & la fource,& Ùion. Il ell vray qu'il ne reliftoit pas du tout
ians cela toutes les vertus qui font apparen- a la vérité à Ion efcient , pource qu'il eitoit
tes, & qui font prifees des hommes , ne font ignorant : mais tant y a que l'hypocrifîe re-
que fumées, ce font autant de vices que Dieu gnoit parmi cefte ignorance. £tce que nous
condamne. Q_uand nous aurôs beaucoup loué difous de fainct Paul, il faut bien qu'il foit en
vn homme , &: que nous l'aurons mis au rang cores plus appliqué .i tous autres. Et ainli ne
des Anges, il fera reietté de Dieu auec tout ce trouuons plus ellrange que Dieu condamne
qu'il a de belle réputation, finon qu'il ait ce- ainli la rébellion des incrédules, encores auc
lie obeilîànce de fcy.Amlî les homes auront ils prétendent de ne fe point eleuerde mau-.
beau dire, le necuiJoyepa^.il m'a lcmblé:car uais propos nedemahce délibérée: combien
aucc tout leur cuider& leur réputation, il fau qu'ils cherchent tous cfchappatoires , co-
dra qu'ils f'.yent condanez dcuSt Dieu cônie gnoiflons que Dieu les condamne, puis que
rebelles. Ceci de prime lace nous fembleroit faincl Paul déclare que telles gers font les
dur à digérer. Pourquoyf Car no' voyôs com plus grans pécheurs. Ceci va bien loin .car au-
me les homes tafchent touliûurs d'tfchapper lourd'huy combien en trouuera-on de ceur
de la main de Dieu,& cherchent beaucoup de mcfmcs qui cognoilTcnt r.Euar.g!le,qiii pen-
moyens obliques. Et quand Us ptuuent auoir fcnt que tous ceux qui errent par lîmplicité,
celle couuerture.difans, l'aycuidebien ^ai- (comme on parleen vulgaire}que tous ceux
re:& pourquoy Dieu n'acceptera-ilma bône la font bonnes gens,& qu'il n'y a nulle malt-
intention? Q.uand, di-ie, nous pouuons aile- ce,nul venin en eux : voire, mais il eft certain
guercela,il nous femblc quec'eflaflez: mais quenousne feions pas iullifiez.lî cen'ellque
telles couuertures ne vaudront rien déliant Dieu nous ait renouuelez par Ion S. Efprit.
Dieu. Car il prononce luy qui efl iuge com- Et cela ne fe fait point linon quâd nous fom
petcnt, que quand les hommes ne luy leruét mes attirez à la cognoillance de nollre Sei~
point en obeilîànce, tout ce qui eft en eux, ne gneur lefu' Chrift. Il faut donc conclure que
fera qu'ordure & abomination dcuât luy. S''il tous ceux qui font enueloppezen leurs vai—
n'y auoit que cefl arrell irreuocable , cfla nés fuperftitions, n'ont qu'hypocrifie en eux:
nous doit futfire. Mais cependant il nous faut car autrement l'Efcrituie fainde/feroit du
réduire en mémoire ce que.nous auons défia tout fauflaire. Maintenant tout ainfî que no''
touché n'agueres : c'eltafçauoir que iamats condamnons les autres, nous fommes habiles
l'ignorance n'efl telle aux hommes, qu'il n'y à nous vouloiriullifier, & ne cognoifTons pas
ait de l'hypocrifîe cachée, & de la malice ob- que nous auons aufsilourdemét failli:&nou9
ftinee.&dela rebelliô,&' dumefpris de Dieu: voyons cela. Car ceux qui entendent la do—
côme en S.Paul ceJa acfté. Car encores qu'il tlrine del'EuSgile, cément eft-ce qu'ails par-
fuft enflâmé d'vn fol zèle, & qu'il penlall fer lent de leurs fuperllitiôs du téps paffé , finon
uir à Dieu , fî tfl-ce qu'il elloit plein d''or- en fe moquantfC'eil bien loin d\n g£mir, &
gueil,qu'ilfeplaifoit &s'ellimoit tât & plus, de s''y defpiaire. Combien en troujiera-on qui
cuidant plus valoir que le meilleur Chrellien foyent contrillcz en leur cœur, q^ind il leur
du monde :caraufsi il les auoit tous dtttila- fouuient qu'ils ont elle plongez en leurs abo
blés. Et d'où luy procedoic vne telle arrogan minations & idolâtries fi mefch.intes? et la ne
ce.finondc ce qu'il ne fe pouuoitafTuiettir â kureftrien. Et cependant fainft Paul nous
Dieur<2iisd il fe prifoit ainfi.ne faloit-il pas déclare en fa perfonne.q ce font des ofFenfes
qu'il hift cnforcelé de Sacan?Car il n'y a rien énormes & inexcufables dcuant Dieu. Car li
que Dieu reprouue plus que ccft orgueil . Si les paillars.les yurôgnes,les meurtriers & lar
nous fommes outrecuidez entre les hommes, rons font à cond.iner,il ne faut point q nous
& <jue no*vouiiôs fuppediier nos prochains, cuidions cllre abfous.lî ce n'eft d'autant q^ue
f.i.
42-
'SEPTIEME SERMON
Dieu vfe d'vQe fi grande pitié , & qu'il def- pechez,afin qu'vn chacun en Ton endroit loue
ployé les thiclbrs infinis de fa bote ficmiferi la miiericorde ineftimable de Dieu enucrs
corde enuers nous. Par ainli,nous fomines en nous. Qu£ donc ces menus tatras cellênt.de
feignez de ce paiTage, que les hommes aurot dire, le ùus pécheur, ie cognoy que ie fuis ho
beau s'efforcer de feruir à Dicu,&; fe tourmé me : car il lemble qu'on le mocque de Dieu
ter , que tout cela fera en vain , lul'ques à ce en parlant ainii: mais quVn chaciui regarde,
qu'ils fe foyét râgez à l'obeilTance de la toy. Or çâ,ie ne fuis pomt pécheur ftjilemêt pour
Tous ceux donc qui ont leurs bonnes mten- me condâner en gênerai auec les autres:mais
lions, qu'on appelle, non feulement perdent i'ay commis telles fautes deuant Dicu,^ lîe-
Icur temps , & font friillrcz de tout ce qu'ils iloye luiet cncores à de plus grandes , linon
cuidentbien faire, mais ils prouoquct l'ire de que Dicum'eultpicftrue. £t nedifonspoîc,
Dieu, ils amalTent dcspcchez énormes. Q_uâd ît ceihiy-ciquoy' &i ceftuy-lan'eft-il point
ils vienent auec leurs deuotions.commc pour plus damnabie que le ne fuis? Fermons les
ouïr la mefle , pour laire leurs iTantares , & fe yeux quant à nos procliain'v , n'allons point
tourmenter en tout ce qu'on appelle feruice chercher leur vie pour lailler la noilre en At
deDieu en la Papauté, q ce font autât d'ofFen riere, mais qu'vn chacun fe confefle en fes
fes pour les abyûaer lufques au plus protond pourecez, fans conkller les fautes de fes pro
d'enfer: difputôs tant que bon no' lemblera, chafs,pour dire.Helas, le ne fuis point vn pe
mais voici Dieu qui a prononcé la tentence chcur commun côme les autres homes , mais
qui ne (e pourra point letrader.Cognoiilons il y a tant d'enormitez en inoy , que c'eft
donc que le prnicipal où il nous faut tendre, vue horreur : & faut que Dieu dcfploye eft
c'ell de nous former & de nous addôner à l'o moy vue grâce linguliere pour me pardôner
beilTance de la foy:c'clt .idire que noitrcvie tant de fautes queie cômets contre luy.Mais
foit du tout reiplee à la parole de Dieu:& là (comme i'ay dit ) il ne faut point que ceci fe
dclFus cognoifîons combien nous lomracs mi prononce feulement de bouche , ains il fiiut
feiableSiS: quelle cfloit noftre condition,iul- qu'on parle du cœur. Car no' enverrons qui
ques à ce que Dieu nous ait retirez des tene- parleront ainli,& quelque fois feront les plus
brcs de la Papauté oii nous citions entrez, & grans hypocrites : Us diront , le fuis le plus
que cela fe lace pour magnifier la grâce de grand pécheur du monde: af^auoir s'ils fe re
noifre Dieu, voire en foufpirant pour les of- cognoilfent peckeurrSi on leur vient remon
fcnfes que nous auons commifes contre hiy: iber cela, ils difent la fable c6miine,Q_iii elt-
& qu'ayant pitié de tant de poures.creatures ce qui ie dit? Si on les reprend, & qu'on leur
qui s'en alloycnt en perdition, il ne permette dife,Helas,vos péchez font tât énormes que
point que ceux aufquels il s'cll déclare, fe de- rien plus : Voire pecbeî £t qui ell-ce qui en
lioarnët de luy,mais qu'Us y perfiftét &: pour parle?qui eft-ce qui trouueraà redire contre
luiuent leur train lufques à la fimVoUa com- moyrAinlî voit-on bien qu'il y en a d'aucuns
me nous auons à prattiquerce paflage.Cepen qui ne font que fe mocquer de Dieu.quad Us
dant il nous tant Aulsi noter ce qui a eilé tou fe feront confclTcz eifre grans pécheurs. S.
che ce matin, que ce n'eft point allez qu'vii Paul n'a pas vfe d'vne telle feintifc , car il
chacun fc cognoilïe pécheur en geiicrahmais s'ell ici condamné le plus grand pécheur , Si
que nous deuôs côfeiler nos fautes fans fein- le premier , comme vu capitaine de mal & de
tilc,qu'eilans naurcz du iugemét de Dieu, no' pcrdition;voire Cachant bien qu'il elloit ain
ayons vn delîr tant plus ardent de recourir .à ii.Et pourqiioy? d'autant qu'il auoit reiîflé à
ù miiericorde. Car cependant que les homes la venté de Dieu. Car il regaidoit,Qu'eft-ce
auront ceftt côjîderation fimple pour dire, le que la maielté de lefus Chriftrcar en hiy ha-
fuis vn poure pécheur , Us viendront froide- bite toute plénitude de diuinité. Or i'ay ba-
ment à Dieu : & q.iand il leiu auia pardonné taillé cotre luy contre celle fageflede Dieu,
leurs fautes, Us ne ciiidcront pas élire fort o- par laquelle i'ay elle créé & formé. I'ay ba-
bligezàluy, mai. feront là comme alFupis. taille contre mon rédempteur , contre ccluy
Qjie laut-il donc?Q_ue nous luiuioiis l'exem de qui ie doy tenir mon falut : il cil luge du
pie de S. Paul: c'ell afçauoir, que nous ii'ayôs monde,& ie me vien eleuer àreiicontrc.^ Où
point leulemcnt celte imagination conhife eil-ce que toute uifticc conùile, toute règle
que nous lommes pechcurs:mais que no' fen- & perfection de bien, linon en l'Euangile^Or
tions en particulier quels fout nos pccliez, & i'ay voulu mettre tout ci:h fous le pied. S.
quelle enormité il y a, & quelle vengéce noirs Paul donc penlànt à tout cela, non lans cau-
auons méritée, finon que Dieu nous reçoiiie à fe fe confelle ici le plus grand pécheur . £c
merci. Q_u]vn chacun f )nde lufques au plus ainli,quandvn homme voudra bien faire cxa
protond de Ion cceur, qu'il regarde bien quel inen de fa vie pour fe condâner deuant Dieu,
le a elle û vicalin que nous entrions touv en il ne faut point qu'il t'icc le procès de les voi
telle cognoiflancede nos fautes, que nous en lins(comrae i'ay dit)quand on auroi: cnquis
puifvions taire vue telle côfefsion que fait ici fur c^ftuy-ci ou fur celtuy-la , on y tiouue-
S. Paul, non point de bouche, mais )>our nous roit plus de mal : ne nous arreilons (di-ie)!
dilpofer plcuicuicut à uouï dcfplaiic en nos perfoimc,maii que l'home s'adiourne deuanc
s V R LA I. A T I M O T H.
43
■ Dieu, qu'il regarde quelle a elté fa vic,&; c5
.me il s'elt porte tant cnuers Dieu, qu'cnuers
les prochaini. Q_uand nous v procederôs ain
fï, il ell: certain que uns fèintifenous dirons
auec fainift Paul , Helas.'qu'ell-ce q de moy?
Et quand nouç aurons i\iic vne telle confcT-
iîon de nos ptcliez , il ne nous couftcra alors
rien de glorifier noftre Dieu: que nous di-
rons,Helas Seigncur,oi'i elloye-ie, linon que
tu m'tulles tédu la main pour me retirer de
la perdition? comme nous voyons que fainû
Paul en parle maintenant . Car après auoir
tait vne telle confefsion de ies péchez, com-
me nous rauons ouye,0(dit-il)que la gloire
& l'honneur foit rendue à Dieu fcul qui eft
immortel & inuifîble, qui eft noftre Roy eter
nel.QuandS. Paul parle ainlî,ilmonftre que
il ne peut fatistaire à vne telle déclaration
des grâces qu'il a receues de Dieu : comme fi
il dif'fit qu'il eftoit comme aux abylmes de
mort,& Dieu l'en a rctn£.Q_!_anddoncnous
penferons à la bonté &:mifeiicorde de Dieu,
& a la milerable condition en laquelle nous
cftions auant qu'il nous feift fentir ià grâce,
nous ierons incitez à faire confcAion de nos
péchez : voire en veri té, à caule que Dieu en
lera le tefmoin:tellemeiit que nous ne crain-
drons point de la prononcer deuant2Liy,de-
uant fcs Anges, &deuint toutes créatures.
OR nous-nous proJlernerons deuant Ja
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes , le pliant qu'il luy plaifc nous les
taire tellement cognoiftre , qu'vn chacun de
nous foit Ion iuge, que nous n'attendions pas
qu'il fe déclare noftre partie aduerfe, ne qu'il
nous pourfuiue : mais que nous foyonspluf-
toft nos iugcs, afin qu'iftans abbatus en nous
mcfmes, il nous tende la main , & qu'il nous
foit propice au nom de noftre Seigneur Ic-
fus Chrift.Et pnurcc que durât celte vie mor
telle nous ne fcrôs lainais fi bien réduits que
il n'y ait toufiours beaucoup de pouretez &
imperteftions en nous , qu'il plaife a ce bon
Dieu nous fupporter en nous corrigeant de
iour en iour , iufques à ce qu'il nous ait def-
pouillez de toutes nos mefchantes afFeftions,
& de ce qui refte de noftre nature corrôpuc:
que nous loyons reucflusde fa iuftice , de fa
pure fainfteté , laquelle il nous a promife de
nous donner en lefus Chrift fon Fils noftre
Seigneur. Q^ue non feulement il nous face
cefte grâce, mais aufsi à tous peuples & na-
tions de la terre,&c.
LE P R E-
HVITIEME SERMON SVR
' MIERCHAPITRE.
1 7 Or du roy des fie des, immortel ^ imifihle, a DieuJêulQ^e,
honneur ^ gloire a toujiourjrnais, Amen.
18 Fils Titnothceje te recommande ce commandement, que félon
les prophéties qui ont deuant ejlé de toy , tu batailles par ic elles bonne
bataille,
19 Ayant foy (^ bonne conjcience : laquelle aucuns ayans reiet-
teejànt péris delà foy.
j Ous deuons bien retenir la
) lentence qui a efté expofee
jci delîus ; c'eftque S. Paul
' par ton exemple nous cer-
tifia que nous cognoifîàns
poures pécheurs , nous ne
deuons nullemét douter q le FiK de Dieu ne
foit pieftde noui receuoir à merci. Car pour
quoy eft-ce qu'il a cité enuoyé au monde, fi-
non pour fauuer ce qtltoit perdu? Et côbien
cjdenottre natuienous foyôs enclins à def-
fiace , fi no' faut-il reioudre en cela, que no'
r.e ferôs pomt reiettez du Fils de Dieu, mo-
yermât q nous veniôs à luy pour eltre parti-
cipas du falut kquel il ofïie en gênerai à to'
pécheurs. Mais il no' faut bien noter q nous
ne pouuons obte«iir lalut en lelus Chrilt,que
par le moyen de la foy, qui emporte tiue
nous foyons attirez vrayement à luv, &d'v-
ne arfeition pure, nous defplaifans en nos
fautes : car celuy qui le veut nourrir en fon
mal , n'eft pas digne du remède que nous a
apporté le Fils de Dieu . Or pource que
nous fommes fuiets à douter , principale-
ment quand il eft queftion de nous fier en
Duu, faind Paul ratifie cefte dodrine , di-
fant , que c'elt vne parole fidèle , digne d'e-
ftre receue ; comme nous voyons qu'en d'au-
tres paiTages Dieu iure en nous voulant iC-
feurerdela bonté: il ncfe contente pointue
nous dire qu'il nous fera tel qu'il promet,
mais adioulte le ferment:^ tant plus fommes
no' coulpables d'ingratitude , fi no' ne pou-
uons nous appuyer fur telles promcfles , que
Dieu no' aide en noftre desfiace,ou en noftre
infirmité. Maintenât (aintt Paul adioufte vne
f.ii.
u
HVITIEME SERMON
action de grâces, Sr non pas fimple,mais il s'ef
cne,Q^honiteur 0- gloire fait à D<V» à ia-
titiUyi celu.y(^àlt-û)qui eflr-jy tternel, qui ejl
immortel,qKi ejl inui(ibte, qui efl ffnl fige. En
cjuoy il monftre qn"il eftoit comme raui à glo
nfierle nom de Dieu, fentan: quelle grâce il
aupit leceiie. Et de fait, fi nous conlîderons
fcoramc ûind Paul a ell:é conueiti, & en quel
eftat Dieu l'a trouue, ç'aefté vu miracle plus
qu'eflrange, qu'vn loup loit deucnu brebis,
qu'vn homme ainiï enragé àefpandre le lang
des martyrs, fuit incontinent tourné en pa-
fteur.voire & qu'il euft vnefprit lidebonnai-
re:vn homme plein d'orgueil ioit ainii humi-
lié:celuy qui cltoit enyuvé auparauant des ho
neuis du m5de,qu'il fc foit alliuetti à tous op
probres:celuy qui reliftoit à Dieu, que cciuy-
îa prene le ioug, & qu'il ne demande iînon de
«ilre feruiteur de lefus CliriJt, cotre lequel il
auoit bataillé. Voila(di-ie)vn changement li
admirable, que ce n'eil point fans caufcque
5. Paul s'efcrie, Honneur &gloire foit rendue
à Dieu. Cependant, combien O'i'cnuers nous
Dieu ne tiene pas vne façon du tout feinbla-
ble, fi c/f-ce que nous aiions bien occalion &
grans & petis de magnifier la bôté qu'il nous
ft tait fentir.Qu^ainli foit ,il faut q Dieu nous
retire de la mort & du prof jnd d'enfer, quîJ
il nous appelle à foy . Cela feul ne doit-ii pas
futfire pour nou> rauir en la louage de Dieu,
quâd nous cognoiflons qu'il eft impolsiblc de
rous acquitter enuers l:iy, il nous voidô-, con
feflercôbien nous lay fjnimes tenu^r Appre-
nons donc toutes fois & qu.ites que non , pcn
fons à noitre redéption, &: comme chacun de
nous a efteattiré àlacognoiffancede l'Suan
gile, d'cfl-re touchez au vif de ccfte afftftio &
de ce 2cle ardent qui a cfté en S. Paul, afin que
pour le moins nous déclarions û non» me pou
uons pas faire pleinement noftre deuoir en
louant Dieu côme il appartient. Or il nous ne
pouuons nous acquitter, voila Dieu qui Litii-
lait quand nous taifons confefsion de nolhe
ioibleire:& c'efl beaucoup quand nous fçauôs
qu'il accepte ce facrifîce d'huinilité:que feu-
lement li nous difons, Seigneur, ie voy que tu
m'as^tant obligé à ta mifcricoide, que l'y fuis
contus quand l'y pcnfc . ce mot-la prononcé
d vnvray coeur coniéiera D:eu,&- l'acceptera
comme vn payemét qui luy feroit fait,auquel
il n'y auroit que redire. Quand nous voyons
que Dieu nous accepte ainfi, n'aurons-nous
point plus ample matière de nous efforcera
faire ce qui nous elt ici mouftré parS.Paul?£t
quelle excufe y aura-il en nous, lî nous foni-
mes lî lafches S-: lî vilains, de ne daigner c!Jt\-f
fer pour le moins l'obligation que nous auôs
enuers noftre Dieu, veii qu'il a ainiî magnifié
la miléncoide fur nous, pour nous appeller à
wliH-Ctpendant nousauon- .t noter les titres
quef.iinét Paul attribue ici .i Dieuiil l'appelle
f iy de s (it iles ,ettriicl:Sii^uis [l rappel!e,.'>«miir
rt/,il l'appclJe inuijihU i^ [cul [agi.- .i\ i:iihii:a
vray que toufiours cestitres-ci âfpartienent
à Dieuimais fainft Paul les rapporte à l'argu-
ment qu'il a ttaittc, pour monftrer quelle dif
ferenceilya entre Dieu &;nous. Car voila
qui donne plus grand luJtre à la grâce de la-
quelle il vfe , & laquelle il defploye pour no-
itre falut. Si nous auions 'quelque dignité qui
approchait de celle gloire de Dieu, donti! elî
ici tait mention , cncores ne laiflerions-nout
pas d'eitre obligez à luyinia'is quand nous co-
gnoillonsque nous ne foinmes aue vermine,
qu'il n'y a que toute poureté &mi(ere en no-
itre nature , qu'il n'y a ne vie ne vigueur , ne
rien qui Ioit , & que nous venons àcefte hau-
tefle infinie, qui eil Dieurccla nous doit beau-
coup plus elmouuoir pour le magn. fier. Nous
voyons donc à quoy fainct Paul a prétendu,
quand il a ainfi qualifié Dieu.c'eiV à dire qu'il
l'a reueftu d'immortalité,de gloire, d'empire
étcrnelide fageffe : c'elt afin que les hcnimes
en s'huniiliaat exaltent la maielté de Dieu,
comme elle en elt digne. Et au relte , fainéi
Paul nous a voulu ici donner vne règle géné-
rale que nous deuons tenir & obferuer pen-
fansànollre rédemption. Car fi on demande
pourquoy c'eftque DieunoRsa choiiis, pour
quoy il nous a illuminez, &: enalaiile tant de
poures aueuglesrpourquoy il nousachanpcz
&conuertis àluy par Ion iainét £fprit,&que
les autres demeurent en leur dureté, nous ne
pouuons pas dire que n jus loyons meilleurs,
&que pour cela Dieu no'ait preft lez accux
qu'il dclaiffc,'ne que nous en foyons plus di-
gnes : il n'y a rien de cela. Quoy donc? Il nous
faut reuenir àceqiiil dit en l'onzième des
Romains. Qu_and il difpute que c'ell des iu-
gemens deDieu,ils'efcrie,Côbien tes voyes
lont-elles incomprehenfibles? &, Q_iJ eil-cc
qui luy a donné, afin qu'il luy foit rendu? qui
ell-ce qui le pourra vanter d'auoir rien ap-
porté du fien, pour dire que Dieu fuit enclin
à l'amier plus que les autres? Voila les hom-
mes qui font vuides de tout bien , il n'y a en
eux que contuiîon,& Dieu accepte & appelle
ceux que bon luy femble,&: les appelle, telle-
ment qu'il n'y a rien de bon en eux, mais il les
change, & les renouuelle par la grâce de fon
fainét Efprit.que là où ils eftoyent héritiers
de mort, où il n'y auoit en eux q malédiction,
il les reforme à fou image, il plante en eux la
vie& vne femence incorruptible. Q_uand no'
cognoilTons ces choies , quepouuons-nous
diielînon eftredu tout eftonr.cz, &• nous cf-
crier.commefait l.ilainft Paul?Q_uçlabylhic
ell-ce que la giacc de Dieu ? & combien les
voyes font -elles ir.compn hcniibles.' Notons
bien donc que noilre rédemption ne ii;rA la-
mais bien cognue de nous , uifques .î ce que
nous foyons vcriis à ceil e/tonncment qui a
cfté en lamcl Paiil,iS: qui doit cftic en tousfi-
deles. Voila en Ijinine ce quenous auons à
retenir de ce paflàge. Mais afin que ccq nous
auons touche eu brief,i'oit mieux & plus- pri-
utemeut
SVR LA T. A TIMOTH.
4î
ùeement entendu : quand fainft Paul appelle
Dieu Roy des fîecies, illîgniiîe qu'il ne faut
point que les hommes prclliment de le mclu-
" rer félon leur fens Se raifon.Poui-quoy?qu''elt
ce de nous , linon vn ombrage qui ne tait que
voltiger &s'eriianOLur tantoft; Quelle diftan
, ce donc & quelle dmerfité y a-il entre Dieu
&nous?&qui ell -ce qui pourra atteindre à ce
fte hautefle qui ell en lonconleil immuable,^
£t pourtat fi nous voulons bien iuger des œu
lires de Dieu , apprenons de reftreindre nos
fens,& de ne point faire des chenaux cfchap-
pez:câr ce nVll poinc à nous de môter fi haut
qu'en ce Royaume éternel, veu que nous lom
mes créatures qui palTons incontinent, Se que
nous ne taifons que changer à chacune minu-
te de téps, qu'il n'y a rien de certain en nous.
Puis qu'ainlî eiî, cognoiffons qu'il nous faut
adorer les grans fecrets de Dieu:car nous ne
les pouuons pascognoiftre lelon noftre rai-
fon.Et puis il adioufte pour mieux confermer
cela, que DiV» eflimmortel:njn point comme
font les Anges, ou nos âmes melmes, mais fé-
lon qu'il eft dit en vn autre palTàge,que Dieu
i.Tlm.g. fc&la immortalité en foy. Vray eft que Dieu
!<■• a créé les Anges à cefte condition qu'ils fe-
royent immortels, & qu'ils viuroyét à lamais:
l'ame de l'hommeauhi ne périt pjint en la
mort, elle n'eft pas efteinte: mais ctpédin: ii
nous regardons comme nos araes font imraor
telles, cela n"eft point de leur propre nature,
cefte vertu de vie n'y eft pas enclofe , mais ce
eft vn bien emprunté, & q procède d'ailleurs.
Entant donc qu'il plaiftàDieu de iouftenir
nos âmes par la vertu, voila comme elles font
en eltre,& qu'elles fubfiftent:voila dont vienc
leur immortalité. Autant en cft-il des Anges
de paradis, que fi Dieu ne les conferuoit en
l'eftat qu'il îeura donne, ils feroyent anéan-
tis. Ce n'eft point donc fans caufe que fainct
Paul appelle ici Dieu immortel : Se par cela il
monftre qu'en nous il n'y a nulle'vie:&: que fi
nous fommcs fi fols de nous faire à croire que
nous viuons de noftre vertu, que nous-nous
abufons par trop : puis qu'ainU eft que nous
tenons noftre vie de Dieu,c5tcflons que tout
le refte aufsi nous eft donné de luy par fa pu-
re grâce. Or en le nommant Inuilible.il nous
monftie que ce n'eft point à nous de l'aller ef
plucher, &de vouloir fonder ce qui eft caché
en luy:car d'autant plus que l'homme s'eft'or
cera de fe vouloir enquérir outre fa mefure,
&plus qu'il ne luy appartient des fecrets de
Dieu, il faudra qu'il s'efuanoi.ille d'auantage.
Ainfi noton'; bien que famct Paul nous a vou-
lu inftrHire à fobricté 5c reuerencc, quand il a
intitulé Dieu inuiiîble.Nous voyons aiifsi l'or
gueil quieft en nous, que s'il eft queftionde
parler de Dieu, chacun aura la bouche ouuer-
te pour en dire .î l'aiié£ure:&;au heu que nous
deunons le prier qu'il le manifcftaft à nous
entant qu'il nous clt expédient, il n'y a celuy
qui ne fou plus que téméraire à en dire à la
volée, fansyauoir penfé. Voyans donc vne
telle audace aux hommes, ne trouuons point
eftrange que iiindi Paul les a voulu ici inodc-
rer.leur déclarant que Dieu eft inuifible, afin
qu'ils ne s'enquierent point de luy otitre me-
fure. Il eft bien vray que Dieu nous eft telle-
ment inuifible, qu'il le déclare à nous parfon
image viue, qui ift en noftre Seigneur lefus
Chrift. Il eft vray qu'il rcfenie beaucoup de
fecrets qui nous font cachez & incomprehen
fioles : car s'il fe maniteftoit en toute perfe-
ction,quelle humilité y auroit-il en nous, veu
que noui ne pouuôs pas encore eftre abbatus
par noftre ignorance ? Combien que nous
foyons conuaincus d'auoir le fens tant foible,
tant rude, tant petit, tant grofsierque c'eft
merueilles, & nouv en deunons auoir honte;
fi eit-ce que noui voulons eftre aigus & fub-
liis, Si n'y a celuy qui ne voltige, voire pour
fe rompre le col. .Si donc Dieu fe reueloit plei
ncraent à nou;, ie vous prie, comment cft-ce
que les homes fe voudroyent auancerrPour-
tant il nous eft bon que noftre Seigreur fe
déclare en portion Si mefure,c5me aufsi l'E- '
fcriture en parle, que h cognoilTance eft di-
ftribuce à chacun, félon qu'il a pieu à noftre ^pf>(. 4.'
Seigneur lefus Chrift, & félon qu'il cognoift 7»
q i li nous eft vtile : tant y a neantmoins que
Dieu ne fe cache point du tout, mais il fe de-
môftre à nous, voire afin que nous le cognolT
fions, entant qu'il nous eft expédient & pro- '
pre.Il ne nous porte point enuie,que nous ne
Içachiôs de fes fecrets tant qu'il nous eft bon:
mais retenons en premier lieu qu'il eft inuifi-
ble quant à foy. Par cela nous fommesadmo-
ncftez que nous ne le pouuons point cognoi-»
ftre finô par le moyen de noftre Seigneur le-
fus Chrift. Et voila pourquoy il s'appelle en.
l'E fcriture, l'Image de Dieu inuifible ; car ce
crt autant comme fi le faindEfprit condam-
noit toutes nos folles fpeculations que nous
auons accouftumé de forger,quand il eft que-
rtion de penfer.à Dieu : chacun imagine ce
qu'il voudra : car les hommes s'enueloppenc
en beaucoup d'erreurs , quand ils fe forgenc
ainii Dieu à leur fan tafie. Contentons-nous
dôc d'cftrefiinplemtt amenez à lefus Chrift,
afin que pour contempler Dieu, nous appre-
nions de nous arrefter du tout .à luy , pource
qu.'il en eft l'image. 'Voila ce que nous auons
à retenir. Et au refte, contentons-nous de fça
Hoir ce que nous aurons apprins en l'efchole
de noftre Seigneur lefus Chrift; il eft l'image
de Dicu.voire vne image parfaite, il n y a que
redire, ce n'eft point vnpourtrait à demi, car
en luy habite toute plénitude de Diuinité.Ec
mefmesileftdit qu'en luy font cachez tous
les threforsde fagefle& d'intelligencc.Mais
tant y aq noftre Seigneur lefus Chrift nous
manitcite Dieu fon Père entât q nousle pou-
uons porter, c'eft à dire félon que nous fom-
mes capables.&aufsi félon qu'il nous eft pro-
pre &vtile.Contétons-noiis decefte mefure-
f.iii.
/
4<î
HVITIEME SERMON
re-]a:car celuy qui voudra eftre par trop cu-
rieux, voiil.mt lurmonter l'efchole de 'lefus
Chrilhs'.ibvlmeradutout:& c ell corne fi on
mefpnfoit d'eicouter leius Chrift quand il
parle, & de contépler Ja clarté qu'il nous mô
lire en Ion Euâgile.Il efl vray que nous ne co
gnoilVons qu'en partie, cônie dit S. Paul en vn
a qu'vne feule voyequinou^ puiflè amener i
Dieu.côme il eftditau if.de S.Iean.Ie luis la
vove,la venté, .^ la vie.Dautît plus donc no'
taut-il bicnpiattiquer ceftedoaiine, &:nous
y exercer, aiin q nous venions à lefiis Chrill,
& qu'ellans venus à luy nous ibulFnôs d'eftre
enleignez en fon efcliole, voire en toute hu-
autre lieu: nous auôs leuleniét quelque gouft milité: & qu'en le cognoilîànt nous puifsions
de la cognoiffancedenollre Dieu.nous y pro ■ -■ -
litons de iour en lour, tellement que tout le
cours de noitre vie n'eft qu'vn chemin, & la-
inais nous ne viendras à plénitude de cognoil
lance, que nous ne foyôs delpouillez de no-
itre chair: côme il eft dit que nous ne pouuôs
pas veoir Dieu tel qu'il elt en fa gloire, iuT-
ques à ce que nous loyôs du tout transfigurez
a fon image. Mais cepédant li ell-ce qu'aul'si
ce que dit S. Paul,iera accompli en nous, c'eit
Imiî.tî.
dire auisi que nous auons cognu Dieu, entant
qu'il nous eftoit profitable, &■ entât auisi que
noitre nature le porte, iniques à ce que nous
foyons pleinemét renouuclez en fa gloire ce-
leile.Et en cela voyons-nous comment Dieu
befongned'vne façon ell:rage,qu'il luy plaift
de nous illuminer en la cognoillànce de fon
Euangile.Il cfl: inuifible quat .1 luy.Ouy, mais
il trouuc le moyen de Te dcclarer,& que nous
le puifsions veoir.Et comment ceia?en noftte
a Içauoir qu'au milieu de nos imperfcctiôs, au Seigneur lefus Chrilt. Ainfi cognoillons que
milieu de nollre rudeire,nous ne laillerôs pas la foy ell vn miracle de Dieu, par lequel il fe
de contépler Dieu face àtace,d'auoir vne co rend vifible à nous, combien qu'i 1 nous foit ca
gnoilVance priuee de luy, qu'il fe môftrcra en chc.& que nous ne puiisions nullemét appro
cela eltrevrayemét noitre Père, côme nollre cher de luy.Et ainii nous voyon'^ côme il y a
Seigneur lefus le protelte , difant qu'il tient deux chofcs contenues en la foy:l'vnc c'eiH'
lesdifciples les amis,.&; non point leruiteurs; humili te •&l'autreA'ert vue gloire. Voire,tar
car vn leruiteur ne fçaura point le confcil de il nous faut bien luimilier. Que ii nous pen-
Ibn maLftre,mais(dit-il)iemefuis déclaré pri fons que nous fommes poures aucugles, nous
ueement à vous, & vousay reuele les fecrets cognoiltrons que la maieftédeDieu nous efl
de Dieu mou Père. Voila donc vn ordre ad- du tout incomprehenfible, & que nous n'en
mirable que noitre Seigneur lefus garde en- pouuons approcher. Voila donc comme la
uers nous,c'elt qu'il ne nous donne point vne foy doit anéantir en nous tout orgueil &pre-
cognoillance parfaite dur.ît ccÙe vie morte
le,iwais félon nollre capacité: il ne laille pas
toutesfois de nous reueler ce qui no' eilbon,
en forte que nous cognoiflons Dieu priuee-
nient,nous auôs accès familier à luy, nous en-
tendons (es fecrets, entant qu'il nous efl bon
& v tile.Voila donc ce que nous auons à rete-
nir fur ce mot où S. Paul appelle Dieu inuifi-
ble. Or il eit vray que celle dpdirinedeuroit
maintenant eftre allez entendue. Mais quoy?
nous voyons comme le poure monde s'efgare
fomption : mais de 1 autre cofte nous auons
bien à nous glorifier en la bonté de nollre
Dieu, quand il luv a pieu nous ewilter par dcf
fus la melurede tous nos fens, afin que nous
lecognoifsions, iaçoit que dci nature cela ne
puifle eltre. Quand l'aintt Paul a attribué aiiifi
a Dieu ce titre d'Inuifible , il adioufle, Q^i'»/
efl fiiù fitge. En quoy il demonftrc qu'il rai.t
que toute raifon humaine & fagtfle loit cou-
tufe,quand il eft queftion de parler de Dieu &
de ÎA luftice. Que [es hommes donc ne l'ima-
par fa folle temerité,& s'efloigne de Dieu, & giiient point ici àleurpoftepour contrerol-
eependant il ne tient point le chemin . Si ce
feul mot eftoit bien entédu,premicremét tou
te audace feroit abbatue en nous: car chacun
cognoiftroit.Ou eft-ce q nous allons?Eii vou
lant fçauoir q c'eft de Dieu, nous entrons en
vn aby fine incôprehenfible.Mais quoyJon s'y
fourie fans y péfer,c5me délia nous auôs dit.
Et voila côme les hommes fefont addonez à
tant d'erreurs , à tant de fantaiîes mefchîtes
bc diaboliques:c'eftpource qu'ils n'ont pas co
gnu que Dieu eitoit inuifible. Car ils eulFcnt
pél'e.ll nous le faut venir ccrcher en fon ima
ge.Dieu ne peut tftie cognu par antre moyé,
linqn que nous le contéplions en noitre Sei-
•gneua i«fus Chiilt.ll eildôc impofsibleq les
ipmincs foyct amenez à celle raifon, comme
nous voyôs qu'ils ont toufiours cefte phrene-
Jie qui les tianfportc,de vouloir entédre plus
1er ce qu'il tait,que nous ne difputions point
à rencontre : car fans qu'il fonne mot il fau-
dra que nous foyons rembarrez de celle fa-
gefle qui ell en luy feul, telle que fi nous vou
Ions en auoir vne feule goutte de nouf-mcf-
mes,nous fommes du tout cnragez.Qu^ell -ce
dôcde la fageliedes hommes; ce Icra double
tolie. Pourqnoy? Car ils veultnt defrobbcr â
Dieu ce qui luy appartient, & le veulent dtf-
poiuUer : ils ne tont finon le précipiter tn
mine . Et ainfi retenons bien ( comme nous
auons délia dit ) que faintt Paul pailant de la
fageiTe de Dieu, fan comparaifon entw luy
& les créatures , afin que quand il ell que-
ftion de noitre lalut,nous fçachions que nous
ne fommes rien, que nous ne pouuons rien,
qii'd n'y a ne dignité ni valeur en nou^ : vV-
niefmes qu'il n'y a ne vie ne vigueur. Et
.qu'il lie leur app«rtieiit:& ccpédaot ils s'efga/ puis que toutes ces choies font en Dieu, qu'il
jf QC à tiauers chaps:iS: nous fyiuons qu'il n'y nous faut recourir à luy , le prians qu'il luy
pLiife
SVR LA I. A TIMOTH.
47
plîife nous inftruire en fa volonté, f^achans
que c'efk toute noftie fagelTe que de nous al -
fuiettiràluy , le prians qu'il noui retire des
abyfmes de mort,& nous tace participans de
la vie dont ilcftla l'ource &fontaine:Iepnâs
qu'il nous appelle à ce royaume duquel nous
cillons priuez Si. bannis. Et combien que nous
ne l'oyons qu'vu ombrage qui pafle & s'efua-
nouittantoit , qu'il nous donne vne fermeté
en Iby.Etcependant.puisqu'ildit.Quegloi-
re luy foit reudue à laniais-.cognoilTons qu'ici
les hommes font anéantis en euxrcomuie s'il
difoit qu'il ne faut ponit chercher aux hoin^
mes la matière de leur lalut, qu'il ne taut poît
s'enquérir que c'ell que Dieu y a tiouue,pour
quov il ai: elle elmeu à leur bien faire , r>en
de cela: mais glorifions celuy auquel eft deue
toute gloire, & non leuleiuent pour vne bouf
fce , mais continuons à prclcher les louanges
de Dieu,&: en la vie & en la mort. Cependant
ce n'eflpas àdire que nous nepuilsions nous
glorifier en Dieu.côme il a elle cxpofc: mais
pource que les hommes le ieparent de luy, il
faut que leur opprobre & iguominie loit
defcouuerte , qu'ils foyent delnuez de tout
bien, & qu'ils içachent qu'il n'y a en eux que
maledidion, comme par ci dtuant il a efté de
daré.Nous pourrons bien auoir quelque vie,
_nous pourrons bien auoir quelque làgelTe en
£ontempIant Dieu. Voire, mais comment: La
vie qui eft en nous, nous eft donnée parla pu-
re bôcé, en forte qu'elle clllîene , 3c faut que
la louange luy en foit rendue. Nous n'auons
point donc vne vie propre, & dont nous puil-
iîons nous vanterimais cognoilTons que Di. u
nous fait participas de celle vie qui cft en luy,
fc referuant toulîours pai deuers loy la lou-
.nnge qu'il mente. Autant eneft-il de la û~
gelfe: car nous fommes poures aueugles,mais
félon que Dieu nous inftruit en û vérité, nous
fommes fages. Car qu'tft-ce que l'£uangi!e
iinon vne perfection de toute fageffe? comme
i.Cor.i. fiind Paul l'a nommé. Cela aufsi nous eft tel
7 ' lement donné de Dieu , que luy le recognoift
toufiours &. auoue pour fien. Car il tie donne
point la fageffe aux hommes pour s'endef-
pouilJer, pour amoindrir ou rien diminuer de
ce qu'il haunaispluftoltc'eft afin que fa gloi-
re foit plus appaitr.te, & qu'on lappeçoyue
Iclon qu elle eft cfpandue fur toutes fes créa-
tures.Ainlî manitcnaiu en tll-ilde ù gloire.
£t pourquoyi'Carnoftie Sti^jncurnc retient
point fa gloire euclofe en loy, mais il nous en
fait participans. Apres qu'il nous a defpouil-
Icz du :out,&; qu'il nous a rendus confus, qu'il
dcfcouurenoitre turpi:ude,tellement q nous
dtuons auoir honte de nou'.-mefmes, i] nous
reueft de fa gloire propre. Mais ce n'eftpasa-
fiu que nous l'acceptions à noas:car ce feroit
vn facrilege trop vilein : mais afin que nous-
nous puU.ions glorifier en luy, félon qu'il le
.Itr.ii.13. dit par l'on prophète leremie ,& que S.Paul
aufsi l'allègue en la première des Corinthies,
prcinier chapitre. Voila donc en lomme ce q
noiiS auons à noter en ce panagc.Aprct,fàini;t
P.iul retounre i ce qu'il auoit commence à
due à Timothee.Il l'auoit exhorté à bienfai
rc fou office & s'acquitter fidèlement d'vne
charge 11 haute & ù difficile que Dieu luya-
uoit cômile:mais pource que Timotheeauoit
befoin d'elcre authorifé, afin qu'on rcceuft fa
dodrine en toute reuerence: (car il cltoit icu
ne homme qu'on euftpeu mefpnfer ) fainct
P.iul luy adonne authorité .comme ileftoit
nectllàire,afin qu'il édifiait l'Eglife. Cepen-
dant , poiucc qu'il y auoit beaucoup de gens
ou volages, ou pleins d'orgueil qui Jetradoy
cnt de S. Pauliila faluauAi bien qu'il mon-
ftraft qu'il ne parloit point cq fon nom , qu'il
n'appovtoit riendu lien, mais qu'il cftoit en-
uoyé de Dieu, q nofne Seigneur lefus Chrift
luy auoit donne cefte preeminence-la , qu'il
parlâft comme en fon nom,& en fa perfoune.
Voila pourquoy faindPaula fait mention âc
de les fautes qu'il auoit commifes,& de fa con
uerfation,& a magnifié a bonté de Dieu, d'au
tant que peu s'en taloit qu'il nefuft reiette,
pource qu'il auoit elté ennemi de la foy pour
vn peu de ceps. Et cela a efté pour plus grade
approbation Je la dodrine,côme nous voyôs
vn miracle de Dieu., en ce qu'il a efté fi toft
changé.Apres donc que S.Paul a eftabli aiiili
lonauthonté,& celle de Timothce, il reuiêc
au propos : F//j Ttm:Tthc:e,àit-il,ie te cômaiide
ce que tu ,is ouy,-foire f.Iô Us prophéties oui ont
efie par ci deuaiit de toy , afin qu en icelles l»
guerriyes "vne hôiie guerre, ayant foy 0- bonne
coiifciice.Ce n'eft point fans caufe que S.Paul ^'"" ?•''
exhorte ainfi Timothee:car(conime ildit en ^ ''"
vn autre palTage)ce n'tft po;nt vne charge pe
tite que de gouucrner la maifon de Dieu. Car
Dieu veut que la vérité loit maintenue en l'E
glife,& elle en eft côme le pilier pour la fou-
ftenir,elle en eft la gardiéne,&: Dieu a là def-
ployé to' les threfjrs de fes fecrets celeftes,
Qj.iâd donc vn home eft ccmis de Dieu pour
Paftcur, voila vne charge qui eft fi haute & iî
honorable qu'il n'eft point poAihle que nous
en veniôs à bout.finô en nous eft'orçant,& no
point denoftre vertu,mais fel5 que Dieu be-
longnera en no' par fonS.£fprlt.^'oiIa pour-
quoy S.Paul exhorte ainfi Timothee.Et ainfi
notons qu'il ne parle pas tant à luy, qu'à tout
le peuple:car il faloit(c5ine nous auons dit)
que Timothee fuft aidé, pource que lamais le
Kîonde ii'i efté fans beaucoup d'efprits fauta
ftiquesjfans desorgueilleuxquieftoyét pleins
ou d'enuie ou d'âbition. Voila dôc pourquoy
S.Paul exhorteTimothee,non point qde foy
il en euft befoin,& qu'il ne fuft affcz diligent
à faire fon office : mais il faloit que cela fuft
cognu & déclaré à tout le monde. MaintenSt
regardons par le menu, félon que le temps Je.
pourra porter.les poids qui tort ici touchez.
Sainit Paul raTsétoii .à Timothee les prophë
ties qm auoyent efté de luy , deuaiu qu'il fuit
f.iiii.
4?
HVITIËME SERMON
appelé en eefte charge & office : car pource
tjiie Dieu le voiiloit leruir de ccft hoiiiuK- en
chofes grandes, il liiy auoit donne appi obi-
tion plus qu'aux autres:car nous ne liions pas
que tous ceux qui ont elle ordônez Palkuis,
y hilFent appelez par prophéties. "I imothee
donc a eu cela de particulier, lelon que Dieu
voyoit qu'il eftoit befom. Et de taitt.pource
qu'il faîoit qu'il feruift mefiues entre les
Iuifs,&que Ion pereauoit cfte Payé, il clloit
moins agréable. Il y auoit auAi la leuntlie,
quipouuoit empefcherqu il ne tuft bien rc-
ccu , & qu'on ne luy portait telle reuerence
comme il eftoit requis. Pourtant Dieu auoit
voulu confcrmer ceit homme , afin qu'on co-
gnuit qu'il luy auoit tendu la niain,& qu'il e-
îioit authcurde la charge qui luy elloit com-
mife.Sainft Paul maintenant rainentoit ceci
à Timothee , afin qu'il fou taiu plus incite à
s'acquitter , & quM puifl'e f?lîfter en vne telle
grâce de Dieu , & ta re qu'elle ne fou point
anéantie par ("a noncli.ilance , comme en vn
SoȔ4-i4 autre palTage il en fait mention. On pourroit
trouuer eftrange que fainti Paul dit que Ti-
mothee bataille, qu'il gueiroye.fclon les pro
pheties qui ont eftedc Uiy:car puis que Dieu
en auoit prononcé , il n'tlroitpas en Timo-
thee de faire que Dieu f i fl fiuftre de fon in-
tention. Quand DicH déclare quelque choie
de nous ,ceiagift en luy qu'J laccomplilie:
car l'effet de la parole de Dieu ne dépend
point de la volontédes hommes. Qj^c feroK-
cefMais tant y a que noilre office el\ iî Dieu
a pronôcé de nous, que nous ne dtuons point
nous flatter, nous ne deuons point n;. us ap-
puyer en nous-mcfmes , mais plulfoft ce que
Dieu fe dcclare,nous doit aiguillonner , que
nous deuons en plus grande iolicitude nous
efforcer à venir là où noftre Dieu nous ap-
pelle. Comme quoy f Voila noftre Seigneur
qui nous a choiiîs deuant la création du mon-
de : il n'eft pas en nous de renuerfer ce de-
crct-laqui elf immuable. Ceux que Dieu aura
cleus,il eft certain que Dieu les conduira en
■forte qu'il monflrera que ce qu'il a donné à
fon Fils,ne peut périr , comme il en eft par-
lé au io.de fainttlehan. Si ne faut-il point
que fous ombre de l'eleflion de Dieu , les fi-
dèles s'endorment & s'anonchalillcnt : mais
pluftoft ils fedoyuent appliquer .\receuoir
Jes promcflesdeDieUjlefquelles font certai-
nes Se infallibles : comme par icclles il nous
teflifie l'affeftion paternelle , quand il nous
choifit àfoy pour fes enfans& héritiers. Nous
deuons dôc auoir cela pour refolu, que Dieu
ne faudra point d'accomplir ce qu'il a vne
fois prononcé de d bouchi.-: mais cependant
fi ne dcuons-nous pas cefTcr de rinuoquer,&
de recourir à luy.cognoiflans nos infirmitez:
combien que nous fçachions qu'il nous aide-
ra lelon qu'il nous èû b'-foin , fi eft-ceque
nous ne deuôspas eftrc lafches ai l'inuoquer:
car il nous faut prattiaucrcn foiumcceque
dit famd Paul au fecôddes Philippiens,Puis
qui. tout nous procède de Dit u, qu'il nous
uuniicia volonté, le pouuoir, ^l'exécution,
&: le tout par fa bonté giatuite, que nous de-
uons cheminer tncrauue(S.: folicitude , co-
gnoillans noltre indigtncc:que nous venions
a Dieu comme pouies inenaians, voyans no-
ftre mfiimite. Ho il ne faut pas que nous fa-
cions des braues,que nous eltcndios les ailes,
mais pluftolt auifons de nous cacher fous les
ailes de noftre Dieu,fous ûi prottdion, pour
le prier qu il nous fouftiene , qu'il foit nollre
appuy , qu il nous fccoure en toutes nos ne-
celsitez lefquelles il voit en nous. Voila pour
quoy maintenant lainit Paul dit à Timothee,
Que lelon les prophéties qui ont efté de luy,
il guerroyé. Car combien que Dieu ne peut
eftit fiultre que Ion intention ne s'accomplif
k-,ii clt-ce qii'il nous faut touliours regarder
à noftre diuoir & office, & non point tenter
Ditu.Or(conime défia nous auons ciijquand
Dieu nous fait la grâce de nous preucnir, &
qu'il no' déclare qu'l nous a deus à foy afin
que lamais ne peufionsnl ne faut point que
la delTus nous prtfumions de noftre veitu,
pour nous endoimir en vne prcfomptiô char
nelle. Nous pouuons bien kiierhaidimcnt la
tefte pour nous glorifier en la grâce de Dieu:
mais tant y a qu'il nou-j doit tcufiours fouue-
nirde nos toibleires,& deuons lur tout rcgar
der que nous fommcs ici comme expoki en
proye à Satan , li nous n'elhons aidez d'en-
hautrvtuqiie nous fommes du tout defrucz Se
defpouri.eus de dcl"tnre,n'cfto t que Dieu fuft
nofhe bouclier. Voila donc coiume il nous
faut tftre vigilans , comme il nous faut auoir
fouci de recourir toiifiours à Dieu,&inuo-
quer fon nom. Et c'eft la railon pomquoy
fainil P.iul adioufte la folicitude qui doit e-
ftre en Timothee , pource que Dieu en auoit
prononcé. En fomme ( pouicc que nous ne
pouuons pas maintenant palier oucre)notons
que noftre Seigneur , en nous propofant fes
promelTès, & nous dtclar.rt le bien qii il nous
a fait, & qu'il nous veut faire , n'entend pa.»
par cela de nous endormir, tellement que no*
ne penfions plus à luy, ni à nous, & pour nous
rendre nonchalansmais pluftoft il nous veut
faire cogno.ftie nos infirmitez. Pourquoy
eft-ce q Dieu nous déclare qu'il nous a tleus?
C'eft tl'autant que nous eftions perdus en
Adam. Pourquoy eft-ce que Dieu nous décla-
re qu'il no° a appelez par fa pure gracefÇ'eft
d\uitant que nous n-c potuions venir .-iluy.
Pourquoy elt-cc que- Dieu pi omet qu'il con-
tinueia lufques à la fin de nous donner vne
conftance inuinciblc r" C'eftpource que nous
fommes non feukineiu comme rofeaux branf
lans , mais qu'il n'y a point en nous la force
d'vne moule hc: & comme le diable nousau-
ro!tgaignez& opprimez incontinent, finon
que nous fuf.ions f luftenus & preferuez par
lavertuinuincibiede noftre Dieu . Combien
donc
SVR LA I. A TIMOTH.
49
donc que noiiî cognoiAions qii'iJ n'y a rien
en nous qic foibleifc & inrirmite, voire & que
nous foyons plus que mikiabies créatures: lî
eft-ce que nous dcuons nous appuyer fur la
vertu de noftre DicUjCOgnoifTans qu'iJ eftaf-
fcz puiflànt pour Pious maintenir, que fa vertu
clT: allez ir'orte pour fubueiiir à nofh e f oiblef-
fc.Et ainfi cognoiflans le befoin que nous a-
uons de recourir à noftre Dieu, que nous ve-
nions à luy pour dire , £t Seigneur , qu'il te
plaile nous tenir la main torte , &: que nous
demeurions touiîours cachez fous tes ailes,&
que le diable ne trouue nul accès ni entrée eh
nousique tu nous fois vneforterefle telle que
Ut as promii'e. Voila donc comme Dieu nous
afleure de noftre falut,en telle forte que nous
n'en.deuoDs point douter : & neantmoins il
ne veut point nous endormir, nenous donner
occafîon de nonc}ialance:mais il nous veut in
ilruire à humilité & folicitude, afin que nous
le requérions, &• quenous-nous appreftions à
batailler touJîour-, en ce monde , iulques à ce
que nous ayons obtenu la vitloire pleine &
parfiiite par la mcfnie giace qu'ila côniencee
en nous,&: laquelle il nous fait lentir.
O Rnous-nous profterneiosdeuant la fa-
ce de noftre bon Dieu, en cognoillànce de
nos fiiutes , le priant qu'il luy plaile nous les
paidonner,&; nous deliurerde la malediftion
en laquelle nous fonimes détenus, s'il vouloir
vfer de rigueur contre nous. £t cepei dant
que par fon fainiLt Ei'prit il nous reforme à
fon image,tellcmcnt que nous afpinons touf-
iours à luy,cheminans en fon obciflânce,iuf-
ques à ce qu'ayans efté retirez de ce monde,
nous ibyons participans de celle pleine iufti-
ce à laquelle nous deuons maintenant tendre»
Ainli nous dirons tous , Dieu tout puiflànt,
Perecekfte, &c.
NEVFIEME SERMON SVR LE PRE-
MIER chapitre.
i8 Ff/y TiniotheCyie te recommande ce comma7idement, que félon
les prophéties <^ui ont deuant cjîé fur toy,tu batailles parkelkshonne
hatudle,
15 Ayant foy (y home cofcience^ laquelle aucuns ayans reiettce,
font péris de la foy.
Ous auons veu ce matin , que
quand Dieu nous auia fait quel
que grâce, & qu'il no' aura fait
auf'i ceft honneur de nous pro-
mettre qu'il nous côduira iuf-
ques en la fin, que nous ne deuôs pas pourtat
eilre nonchalans, mai^ pluftoft que ceiî nous
doitinciterà l'inuoquer de tant meilleur cou
rage , Se pour nous efforcer de faire valoir la
vertu qu'il a mife en nous. Voila ce que nous
auons à retenir pour continuer le propos. Or
maintenant S. Pauladioufte, que Timothee
guerroyé vne bonne guerre en vertu des pro-
phéties qui eïloyét déclarées de luy. Dieu a-
iioit prononcé(comme il a elle déclaré ce ma
lin)qu'il fe vouloi t feruir de ceft homme, afin
que l'Eglifefuft tant plus certifiée, qu'il n'e-
ftoit point mis en ceft eftat à la voleq,ni àl'ap
petit des hommes , mais que Dieu auoit ap-
prouué fa vocation. Il reftoit qu'il continuaft.
Et voila pourquoy S. Paul dit qu'en icelles il
c6batte:c'eft .idire,Puis que tu as eu plufieurs
tefmoignages du S.Efprit,& que tu as efté ap
prouui ainfideDieu,aduife défaire valoir
oeIa,que Dieu ne foit point fiuftré. Non pas
que l'home mortel renucrfe ce que Dieu au-
ra eftabli du ciel : mais entant qu'en nous eft,
fi nous fommes nonchalans, nous renuerfons
le conieilde Dieu.Sainfl Paul donc regardât
à cel3,ne difpute point fubtikmenc de ce qui
ne fe peut faire :mais ilmonftre qu'il ne tient
point aux homes que la grâce de Dieu ne foit
anéantie, quand ils ne la mettent point en ef-
fet,ne foulFrans de s'alTuiettir là où Dieu les
a ordonnez. En femme, nous voyons encore
mieux ici, que félon que Dieu nous aura auan
cez,nous deuons auoir tant plus de courage à
pourfuyure, iufques à tant q nous foyôs plei-
nement venus à noftre Dieu. Etc'cft pour-
quoy nous auons dit q les promefles de Dieu
nous doyuent eftre côme aides pour nous fai-
re continuer au bien. Car fi nous eftions en
doute,& que nous n'eufsions nulle refolutior»
en nous, nous ne pourrions point marcher vn
pas fans nous reculer du bien, voire fans nous
desbaucher du tout:mais quand nous fçauons
que Dieu nous a tendu la main , Se qu'il nous
c5duit,& qu'il approuue ce que nousfaifons,
de là nous deuons recueillir vne vertu inuin-
cible, pour furmontcr tous les empefchemes
que Satan nous mettra. Or non feulement S.
Paul commande à Timothee de faire loyau»
ment fon office , afin de refpondre aux pro-
phéties qui auoyét efté de luy, mais pour s'ac
tendre à batailler & guerroyer : & non fins
caufe. Car par là il aduertit Timothee qii'il
ne pouuoit point exécuter la charge qni luy
eftoit commife, fans grans côbats. Et ceci cfc
gênerai à tous ceux qui font comis pour anon
cer la parole de Dieu. Vray cft qu'il appar-»
50
NEVFIEME SERMON
tient aufsi i tous fi(3eles:carnous ne pouuons
feriiir à Dieu que Satî ne nous rclîfte, & qu'il
ut ùille batailler cotre les etForcs qu'il nous
fera. Chacun lent en foy comme il eft ailaïUi
de tous coftez:il ne faut point lortir de nous-
mefmes pour Içauoir que c'eft de guerres, &
des ennemis qui nous toui méttnt,S; qui nous
troublent:car autant que nous auons de pen-
fees de d'afFedions, ce font autant d'aduerûi
resqui nous deftournétde fuyure Dieu& fa
parole. Et puis il y a des tentations intimes q
Satan nous met à la traucrfe:briet-,les fidèles
auront àbatailler pour leruu à Dieu,tat con
tre leur nature, que contre beaucoup de ten-
tations que Satan ha toulîours en main. Mais
fur tous les Miniftres de la parole de Dieu
(qui font comraeport'eni'eignes, & qui doy-
uent môiher le chemin aux autres)ont àguer
royer il ils le veulent acquitter de leuide-
uoir : car le diable fait fes grans efforts faut
qu'il pcut,pource que la doctrine de lalut qui
nous eif prefchae par l'Euangile , cft comme
l'amcde l'Eglifc: c'eft le royaume de noftre
Seigneur leùis Chrill,c'tfl: la félicité des ho-
mes.Et ainfi il tant bien que toute la ruine de
Satan s'approche. Voila pouiquoy iamais la
parole de Dieu ne fe prclchcque le diable ne
foie efmeu en telle tune, qu'il tafche de rom-
pre le cours de l'£uagile:iSi: mclmes il cnflam
me en pareille rage tous ceux qu'il peut: & il
La beaucoup de fuppofts,il trouuera toufiours
des inflrumcn? beaucoup en ce monde , com-
me nous fçauons que iufuiiesàce que Dieu
nous ait changez , nous fjmmes addonnez à
mal,& y tendons du tout.Ainfi cefte fimriitu-
de que met S. Paul, emporte beaucoup, quand
il du que Timothce guerroyexomme s'il di-
foit que ceux qui ont àprefcher l'Euangilcie
trompent , quand ils cuident faire leur office
paifiblement & lans contredit , & qu'ils veu-
lent feulement expofer l'Efcriture.Et pour-
quoy ? Car le diable ne foiiffrira point qu'ils
anoncent purement la parole de Dieu, qu'il
n'y refiile, qu'il ne prattique,&; qu'il ne dief-
fc beaucoup de chofcs à l'oppofite , qu'il ne
machine tout ce qu'il pourra.ll faut donc que
nous foyons preifs à guerroyer. Etcen'eil
point feulement en ce partage que l'Efcritu-
«ftt.IS. je çfi p^jjg . ,„3J5 jj j.^.gjj. ^^^ f^^ dônee à le-
^ remie.s'addrefle àtous, quand il dit, Ils batail
lerot cotre toy .NoftreSeigneur doc n'exhor
tepasfîmplement fon Prophète déporter le
ioug qu'illuy a mis fur Icdosimais il l'aduer
tit qu'il aura beaucoup de cotredil"ans:& pour
tant qu'il te prépaie à cela. Car les hommes
liayirentlali)micredcDicu,& tafchétdel'e-
fteindre entant qu'en eux eiï , pource qu'elle
defcouurc leur infect iô & turpitude,&: ils vou
droytnt auoir licence de mal faire en tene-
bres.Et ainfi il tft impoAible que l.i où la pa-
role de Dieu fe prelche, incontinent il n'y ait
des troubJes,qij'il n'y ait des eihieutes beau-
coup. Car comme aous voyons que les ton-.
nerres s''efmeuuent en l'air, à caufc que l'eau
qui eft là, ne foutfre point que le feu monte, q
quand il y a deux choies ainlî repugn.ates qui
feconioignent,ilfaut qu'elles s'efclatent, &:
que là fe procrée vne grande violécerainfî en
eft-il de la parole de Dieu. Voila les hommes
qui ont vue telle arrog.ice, qu'il faut que l'air
en retentifle. Si vn bois verd & mouillé ne
peut brufler qu'il n'y ait de l'empefcbement,
& que fera-ce de noflre niture qui eft tant
contraire à la luflice de Dieu, laquelle fe dé-
clare en l'Euangile? comme S.Paul en parle. ■ ■
Ainlî donc notSs bien que tou^ ceux qui von-, ' '
dront feruirà Dicu.prelchât fa parole, il faut
qu'ils s'arment en premier lieuA' qu'ils fe dif
pofent à guerroyer, fçncha! qu'ils ne pourrot
pas venir à bout d'anôcer la parole de Dieii,
que Satan d'vn cofté ne s'efforce de les em-
pel'cher , que le monde ne s'eleue , & qu'il ne
lette beaucoup de bouillons : mais U faut que
nous ayons ccfte conftance d'en venir à bout,
Et pourquoyfQiiand S.Paul a parlé de guer-
royer , il adioufte pour confolation , & pour
adoucir la fafcherie qui pourroit eftre en ce
monde, queccfte guerre eft bonnercomme s'il
difoit que lilTue en fera heureufe : car la vi-
ftoire nous cftproniile , & ne nous pcutfail-
lir,comme il eftditen cepafljgede leremie, ler.i.i^.
Ils ^uerroyent contre toy: mais ils n'en vien
dront point au delTus. Voila noftre Seigneur
qui a déclaré que le monde fera lî peruers de
refifter toufiours à ù parole,de molefter ceux
qui la porteront : mais fi faut-il en la fin que
les malins demeurent côfus.Qjynd lis aurôt
fait tous leurs tfforts. Dieu ne lailTcia point
de triompher d'eux, & mefmes cefte rebclliô
& cefte rage qu'ils auront môftreé , fera powr
donner plus grand luftre à la vertu que noftre
Seigneur donne à la parole. Sainft Paul donc
a ici exhorté les Miniftres de la parole de
Dieu, de ne fe point fafcher, &: ne point per-
dre courage , voire d'autant qu'ils feront vi-
ftorieux:voire combien que les combats foy-
ent fort durs & difficiles, qu'il faut qu'ils ioy
cnt tout afleuiez queDicu leur ticdia la main
forte, & que iamais ne feront vaincus de leurs
ennemis. Mais en la fin il faudra ô tous ceux
qui fe font eleuez contr'tux,periitent. Nous
voyons maintenant en fomine ce que nous a-
uons à noter de ce paflage:c'ell que tous ceux
qui font appelez pour enl'tigner l'Eglife de
Dicu,ie doyuent difpol'erauant la mauiiil ne
faut pas qu'ilsvienét dclpourueus.mais qu'ils ■
foyent armez d'vne vertu celcfte pour batail
1er contre Satan & contie tous fes (uppofts.
Pour ce faire qu'ils cognoilFent que la volon
té de Dieu eft telle, qu'il veut que noftre Sei-
gneur lefus règne au milieu de (es ennemis,
& que le monde refifte àfaveri:é laquelle le
prefche:& qu'en cela les hommes foyent rcn
dus tant plus inexcufables , d'autant que par
leur ingratitude ils auront mis fous le pied le
falut qui leureiîoit prefcntc. Puis q Dieu l'a
ordon
SVR LA I. A TIMOTH.
Tt
ordonné ainiî, il ne reftc (înon qii'vn chaain
de nous-s'apprefte, iJ ne faut point que nous
defailiion'jau btloin. £t qu"cil-ce ^]ui nous
trompe quand nous perdojis courage , iinon
que nous auons nnaginé que noui pouuons
bien prefcher lans contredit? Voire, ûifons
Dieu mentci'r.Car ceux qui le piomettét ce-
la,veulent faire à croire à Dieu que fa parole
a changé de nature, &: que luy autvi changera
de propos. Ainlî ce n'eJi point de merueilles
iî tous ceux qui veulent erire délicats , & le
■font à croire qu^ils n''auront pas beaucoup à
fouffrir de niokltes,en s'acquittaut fidelcmct
de leur ofdce , font friiftrez de leur attente,
& que Dieu s'en mocque. Au refte,nous auôs,
comme i'ay touché , bonne matière de nous
conlbler.quand il cfl dit que cefte- guerre eu
î..Tim.4. bonne.-commeauhinous le voyons en l'autre
7^ pairage,I'ay guerroyé vne bonne guerre, l'ay
fait vn bon combat:là il monftre que les fer-
uiteurs de Dieu ne lont pas comme ceuf qui
auront alFez de fierté & haidiefle pour batail
ier:mais noftre Seigneur les deihtue de vertu
quâdce vient à l'extrémité. Or en ce combat-
ci nous l'ommes afleurez que Dieu nous ten-
dra la main , & que la vièfoire efc délia pour
nous. Et amiî que cefte promefle nous forti-
fie,afin que nouspourfuyuiôs iufques au bout,
puis que la volonté de Dieu eft telle, que nous
le feruiôs en guerroyant:& ceci ne doit point
iéulement feruir à nous qui auons cefte char-
ge fpeciale,inais auûi que tous fidèles regar-
" dent quandil y aura des mutins qui s'eleuerôt
contre h parole de Dieu , qui ne tafcheront
finon à mettre quelque lume, ou quelque zi-
zanie, quand ils pourront deltruire tout, que
ils cognoiffent qu'il faut qu'ainfî foit , puis
que Dieu l'a ordonné. Et au refbc, qu'ils efpe-
rent cefte ilTue telle que fainct Paul promet
ici, & qu'ils nedoutcnt point queD;eu en la
fin ne mette en confulion tous ies ennemis.
Cependant aulsi qu'vn chacun en fon parti-
culier cognoifle que puis que noltre Seigneur
lefus Chiift elt noitre chef & nortre capitai-
ne,il ne fe peut faire que noftre vie ne foît
comme vn combat côtinuehcar Satan qui eft
ennemi mortel du Fils de Dieu,ne laiffera ia-
mais les membres de Chrift en repos,qu'il ne
les tourméte,& ne les tafche. Ainiî nous n'au
rons qu'inquiétude enceftevieimaiscôfions-
nous en celuy qui a vaincu le môde,& nousy
confions en telle forte.que nous ne doutions
point que la victoire qu'il nous a acquifc,ne
foit noftre. Or ûiyuos le texte de fiinû Paul:
il dic,Ay,int fjy Cr bonne confcience, laquelle
aucuns .lyans reiettee fint péris canime d -en
naufrage,woire péris de la toy .Yci famcf Paul
monftre comme les feruiteurs deDieudoy-
uent eftre equippez pour guerroyer fous l'en
feigne de noftre Seigneur lefus Chrift , c'eft
afçauoir de foy & de bonne confcience.Voila
•donc comme nous auons à feruir à Dieu:voila
«e qui nous eftneceiîàire.^&ce qui ne doit &
ne peut faillir:car par ce moi de Foy, fainft
Paul entend bonne doftrint&.'pure,& qui foit
pour édifier l'Eghle, comme nous le verrons
encoies plus amplement au chapitre3. Voila
donc le premier qui eft requis en ceux que
Dieu enuoyc pour anoncer fa parole , c'eft
qu'ils perfiftcnt en pureté dedoftnnc , qu'ils
ne fe forgent point des im.iginationsfauires,
& qu'ils ne '.'e fgarent point de la droite reli-
gion: mais il faut quant & quant qu'ils ayent
vnedroite intégrité en eux. Car ce n'eft point
aflez que nous enfeignions fidèlement les
autres, finôque nous ayons vn Zele d'édifier,
que nous auifions au falut de tous,& que nous
le facions ayans cefte affeftion d'honorer '
Dieu , &de monitrer le chemin & exemple à
ceux qui font conduits par noftre doètrine.
Maintenant donc nous voyons poiirquoy
fainct Paul conioint cesdeuxmots.Car fion
enuoyevn homme en combat contre des en-
nemis forts Se robuftes , & que luy foit def-
ppurueu,qu'il n'ait armures ne bafton, que fe.,.
ra-il?il fera bien toit vaincu. Il faut donc eue
nousloyons bien equippez pour eitre victo-
rieux contre vn fi piufTint ennemi que le dia-
ble, contre vne telle multitude que Satan ha
toiifîours en main pour les oppofer àctux
qui veulent feruir à DieH:c'eftafçauoir con-
tre autant de inefchâs Se rebelles qui f jnt par
le monde, contre autant de tentations qui
nousvienent de tous coftez. Orl'equippaoe
eft (comme nous auons dit) que nous ayons
foy & bonne confcience.c'eft à dire que nous
foyons munis de bonne dodrine, &qi;e nous
ayons non feulement zcle de feruir .à Dieu,
mats vne pure intégrité & rondeur : que nous
ne ioyons point menez ncd'auarice.ned'am
binon, ne de rien qui foit, mais que nous ayôs
ce but que Dieu foit honoré , voire & eue
nous tafchions de monftrer le chemin aux
autres , ainfi que nous y fommes tenus. Vray
eft que ceci doit citreen tous fidèles , qu'ils
aycntfoy & bonne confcience : mais fitàut-
il que ceux qui ont ceuc charge de poi terl'E
uangile,monftrent le chemin A'îqu'ils fonnét
la trompette. Et voila pourquoy fainft Paul
commande en particuher à Timothee , & en
la perfonne à tous ceux qui font appelez en
cfiteftai, d'auoirla foy, qu'ils reduifentce
qui eft efgaré au droit chemin , &: que la pu-
reté qu'ils tiendront en la doiftrine, y attire
les autres,^: qu'elle les fortifie,& puis qu'il y
ait l'intégrité aufvi.Et ainlî nous voyons que
cepafTage contient vne doftrine commune à
tous les membres de l'Eglife , mais que par
efpecial les Pafteurs &: ceux qui ont la char-
ge d'enfeigner,font exhortez d'aller deuant,
& de monftrer que ce n'eft point en vain qut
Dieu les a appelez pour guider tout Ion peu-
ple. Or faintl: Paul recommande ici fur tout
la bonne confcience, quand il dit.Qjf'aucuns
l'ayans reiettee, font péris de la foy , com-
roe fi quelque nauire s'enfondroit en la mer.
g.ii.
ci
KEVFIEME SERMON
CeilBot ie naufrage n'eftpaç commun en no-
ftre langue,m<iis nous ne pouuons autrement
expol'er ce que Tainil Paul a entendu. Il préd
ici la lîmilitude de ceux qui vont par eau, foit
en n,iuirc,lbit en bafteau. Si ccux-la enton-
drent par quelque tempefte.les voila perdus,
laintl Pauldit que ceux qui ie deftournent
de bonne conlcience & d'intcgritc.lontabyr
mez par lei terapeftes, comnic- li quelque na-
/' uirc entondroit au milieu de la mer.Auil'ons
donc de bien garder la foy, car ç'cft elle qui
nous fouftient, c'eft l'appuy de noftre lalii::
que fi nous ne fommcs là bien tondez , nous
Toila incontinent enfondrez aux abyinies
d'enfer. Maintenant nous voyons que l^iind
Paul a voulu confcrnicr l'exhortation qu'il
auoit faite à Timothce quant à celle inté-
grité & rondeur,&: du deuoir deluy,&de to'
mimftresdela Parole. Ceci eiè bien nota-*
ble: car c'eft autant comme fi laintl Paul de-
- clareit que la foy ell vn thiefor fi grand, que
il mérite bien d'e/lre gardé. Si vn homme a
quelque argent , il ne le iettera point à l'a-
bandon : mais quand il aura vn coifre ou vn
buffet , il tiendra là l'on bien ferré , & aura
toufiours l'œil delTus.de peur qu'on ne le def
robbe. Orl'argent &: l'or ne font que mé-
taux corruptibles cSccaduques, la foy eft vue
chofe bicnplus prccieufe , comme du laind
Pierre. Puis qu'ainli elf , elle mente d'eftre
tat plus fongueufemét gardée. £t quel en eft
le coffre oul'cfhiy? C'eiî:(dit S.Paui ) bonne
confciéce. Car ceux qui fe louent auec Dieu,
&qui font des gaudiileurs, quand vne fois ils
auront cognu l'Euagile, qu'ils n'en font que
babiller, &cepédanr font addonez à leurs va
nitczjce font gcs prophanes,en la fin ceux-là
feront comme abyfmez. £t pourquoy''car ils
n'ont point côferué la foy qui elloit vn don
fi fingulier & il excellent , &: qui elîoit digne
qu'on le teinft ferré, .Je qu'on.le gardalîrpour
ce qu'ils n'en ont tenu conte,c'clt raifon que
Dieu les face périr delà foy,& qu'ils enfon-
drét.Cela lera encores mieux entcndu,quand
nous regarderons quelle eft la condition des
hommes durant celte vie mortelle. Nous fom
mes ici corne en vne mer. Q^i'cft-ce q la vie
humaine, & tout le cours d'icelle? Vjie naui-
gation. Nous fommes non feulement voya-
I.Vle.î,, gcs > comme l'Efcriture nous appelle , mais
^_2[^ nous n'auons nulle fermeté. Ceux qui vont à
pied & à cheual par terre, & bien.encoics ont
ils leur chemin certain & iolidt : mais il ne
faut point feiilemét marcher en ce monde cô
me a pied ou àtlicual,il faut que nous fjyons
comme en vne mer, &: nou'. n'auons nulle fer
meté : nous fommes comme ceux qui font en
vn badtau , ils font toufiours .\ demi pied
près de leur mort, & le ballcau cil comme vn
fcpiilchrc, d'autant qu'ils voyentl'tau tout à
]'entour,qiii elï prefiedc lc\ engloutir. Ainfi
en eft-ilde nous cepédant q nous viiumsici
bas . Car voiia d'vncoiié la fiagilitt qui tit
en nous, qui eft plus fluide que l'eau, que nous
ne faifons que nous elcouler : & puis tout ce
qui eft à renuiron,n'eft finon comme vne eau
qui s'efcouled'vn cofté & d'autre, & cepen-
dant les vents, les tourbtUos, &:les tempeftes
s'eleuent à chacune minute de temps. Appre-
nons donc que noftre vie n'eft finon vne efpe
ce de nauigation que nous faifons par eau, &
que nous fommes cependant luiets S: expofcz
à beaucoup de vents & de tourbillons . Puis
qu'aiiifieft, que 11 ra-cc quand nous n'aurons
point vn bon bafteau , & que nous ne ferons
point bien guidez ? Il faudra que nous cnfon-
drions, & que les tempeftes nous engouft'rent
à chacune minute de temps. Voila que S. PaiJ
a Voulu dire,monftrant que tous ceux qui cui-
dent fe iouer auec Dieu, en la fin il faudra que
ils fentent vne horrible vengeance de ce que
ils n'auront point gardé ce threlor ineftinia-
ble de la foy, qu'après que Dieu les auoit illu
minez, qu'il s'eftoit déclaré à eux, qu'il leur a-
uoit donné certaine efpcrance de £àlut, qu'ils
ont ietté cela au vent, qu'ils s'en font iouez
comme d'vne pelote, au lieu qu'ils deuoyent
cacher ce threfor en bonne confcience,fe re-
cueillir,n'cftrc point diltraits par les vanitez
de ce monde, pour te ietter çà Se là à l'aban-
don. Puis donc qu'ils ne fe font point tenus
ainfi enterrez. Dieu les punit de ce qu'ils ont
efté ainfi volages. Et pourquoyï Cai ils s'en-
fondrent.ils t'ont comme au milieu de la mer:
& Dieu permet qu'vne tépefte s'cleue, & que
elle les engloutifle foudain, comme aufsiils
ont bien mérité. Nous voyons maintcnat quel
le eft l'intention de l'ainti Paul, Se corne nous
deuons appliquer ce pallàge à noftre profit.
Ilrefte qu'vn chacun imprime cefte docirine
en ton caeur,&.' qu'il la reduife fouuent en me
moire. Voici donc la foy,'c'eftafçauotr cefte
cognoiflance de l'Euangile,où Dieu le mon-
lire a nouSj&c'cft vn bien ineltimable que ce-
luy-la.Puis qu'ainfi eft,aduil'ons quand Dieu
nous l'a donné, d'en faire fi bonne garde que
ilne nouset'chappe point. Et comment cela
fcra-il;car de nouf-mefmes (côme l'ay deiia
touché ) nous fommes fi fragilesque tout ce
que nous aurons poiledé vn lour , s'cfcoulera
le lendemain : Se ne faut pas encore fi longue
demeure : il ne nous faut qu'vne minute de
temps poumons priuerde tous les bient qu»
Dieu nous aura élargis: voila comme nous en
fommes. Maisfiell-ce que Dieu ne nous a
point donné la foy, à fin que nous en ayons la
iou'ilànce pour vn petit de temps téulcment,
& puis après que nous en foyons priucz , il
veut que la poirefsion en foit permanente. Et
comment le t'er.a-clle ? Le moyen nous eft ici
dcclarc:c'eft qu'en toute reueréce nous mar-
chions qu.ind Dieu nous a monftrt le chemin
de lalut, que nous cheminions iéhui luy , que
nous n'ayôs point d'hypoc «fie en nous, mais
cefte intégrité & rondeur dont il (ft ici fait
iiic;ition,& que nous ne foyons point volages
pour
SVRLAI. ATIMOTM.
pour eftre tranrportcz de nos cupiditez vio-
létes.qiie nous ne foyons point auhi doubles
pour nous moquer de Dieu & de ù grâce. Cô
me nous voyons qu'il y en a qui voudroyent
auiourd'huy prédre PÊuangile pour en faire
vn manteau &: vne couuerture de toutes leurs
vilenies,que quand ils auront le nom de Dieu
en la bouche, il femble qu'ils ayent conûcré
leurs iniquite2,& qu'ils font abfous d'icelles.
Il nous faut bien gardcrd'ainii prophanerla
parole de Dieu, mais que nous la gardions eu
bonne confcience. Quand cela fera, ne dou-
tons point que Dieu ne nous donne vne
fermeté inuincible , combien que tous les
vents foufflét, & que toutes les vagues le iet
tenta rencontre de nous, qu'il kmble que
nous deuions aby fmer cent fois le iour , que
Dieu nous preferuera : car noftre lalut eft en
fa main , & a promis qu'il nous fera pour ga-
rent , Se bon mainteneur & fidèle. Pourtant
que nous n''ayôs point maiiuaife confcience,
que nous ne vilipendiôs point ce threfor de
la foy, & que nous facions l'honneur à Dieu
qui luy appartient, de nous retirer de toutes
les vanitez Se diftraûions de ce inonde , Afin
que nous foyos cachez fous la main de Dieu,
côme défia il a efté dit. Nous auons à recueil.-
Jir de là y qu'il ne nous faut point trouuer e-
ihange, fi d'vn grand nombre de ceux qui e-
lloyenc appelez à l'Euangile , il y en a bien
peu qui perfiltent : que nous voyons tous les
iours tant d'apoftats qui efchappent &. fe de-
ftournent de la foy , & s'en aliènent du tout:
il en a efté ainfi de tout téps. Et auiourd'huy
ce n'eft pomt de merueilles que nous voyôs
vne telle côfafion. Et pourquoy?Carle mon
de n'a lamais prifé ce threfor de la foy,& de
la doârine de l'Euangile comme il deuoit.
Ainiî la plufpart fe font addonnez .\ des fol-
les curiofitez:&: puis Dieu a lafché la bride à
Satan.qii'ils font tombez en des erreurs hor-
ribles &efpouantables : qu'ils fe font forgé
des religions eftranges &: diaboliques. Voila
quelle eft l'origine & lafource de toutes les
herefies qui ont efté de tout temp^: c'eft que
ceux qui auoyent entendu l'Euangile, fe font
voulu monftrer comme gens pleins d'ambi-
tion & d'orgueil , & au lieu de fe dédier à
Dieu , qu'ils ont prins occafion de fe magni-
ficr:& Dieu les a fait trebufcher en desabfur
ditezfi lourdes que les cheueiix nousdoiuent
dreflcr en la tefte , quand nous oyons les er-
reurs qui ont régné de tout temps. Mais au-
iourd'huy d'autant que le mode eft venu iuf-
ques au comble de toute iniquité , il ne faut
point que nous fyyons troublez ne fcandali-
iez s'il y a beaucoup d'apoftats , & que nous
ne foyous que comme vne petite poignée de
gens qui perfiftions en l'obeiflànce de noftre
Seigneur [cfus Chrift , & eu la pureté de fon
Euangile. Car comment eft-ce que ceux qui
ont cognu la pure doftrine de l'Euangile, en
font Icui profit? Nous voyôs qu'il n'eft que-
5:3
rtion que decuriofitez volages , il n'eft que-
ftion que de babil:on aura l'^Euangile au bouc
de la languc,& puis c'eft tout.Mefmes on en
verra aniourd'hiiy beaucoup qui feront fer-
tiir l'Eua'gile à leur auarxe, à leurs fraudes Se
melchantes piattiques.que ce fera tout fucre
que de les ouïr parler. Voire, mais ce font fi-
lets tendus pour tromper leurs prochains , &
les deceuoir , que pour faire leurs fineffes 8c
mefchantes prattiques , ils n'cfpargneronc
pas le nom de noftre Seigneur lefus Chrift.
Nous voyons meinies qu'ils font comme va
maquerelage de l'Euangilerque pour colorer
& cacher leurs vilenies S: ordures , ils pren-
dront cefte couuerture, tcllemét que voila vn
nouueau Teftament qui fciuira à beaucoup
de gens comme d'vne lettre de paiIiardife.Et
pleuft A Dieu que telles chofes fulFent inco-
gnues : mais les exemples en font aux yeux
de tout le monde. Et ainfî s'csbahit-on que fi
peu de gens perfiftcnt , quand on voit que le
nom de Dieu eft fi vileinemét prophané.^Que
fi on fouloit fa maicfté au pied, on ne luy fe
roit point plus grand outrage,corame quand
fa parole eft ainfî vilipendee,qu'on s'en mo-
que,& qu'on n'en t ene cote. Il faut bien que
Dieudefployc fon bras afin de fe venger d'v-
ne :dle ingratitude des hommes, qu.îdà leur
efcient ils reicttent vn tel bien & vn tel thre
for que Dieu leur prefcnte. Voila donc com-
ment il nous fautconfermer.voyans tant de
rtbelles comme il y en a auiourd'huy :& que
ceux qui auoyent triomphé du commence-
ment, & qui monftroyent fîgne de grand zè-
le,non feulement fe reculent, & fe refroidif-
ient , mais regimbent à lencontre de noftre-
Seigneur lefus Chrift , & font ennemis mor-
tels de la foy , qu'ils font noyez du tout , &
plongez au profond des abyfmes : quâd nous
voyons cela, que nous n'ayons point occa-
fion d'eftre troublez : qui plus eft , cela nous
doit feruir d'autant d'approbation. Et pour^
quoy? Car noftie Seigneur magnifie lamaie-»
fté de fa parole , quand il punit ainiî deuant
aos yeux ceux qui s'en font iouez & inoquezï
quand Dieu les met en vne ftupidité fi bru-
tale,c'cft autant comme s'il declaroit , C'eft
àmoy que cefte ofl-enfe eft faite. Pourtant,
toutes fois &quantes que nous verrons ces
apoftats qui ont cognu l'Euangile , qu'ils le
reuoltent & tournent leurs robbes, cognoif-
lons qu'il ne s'en faut point esbahir. Et pour
quoy? car ils n'ont point conferué ce thie-
lor de la foy :& Dieu leur a monftré leur in-
gratitude. Mais quand nous les voyons ainfî
addonnez à tout mal , qu'ils font mis en fenc
reprouué, qu'ils n'ont plus nulle hôte, qu'on
les voit mener vne vie diflolue : que les vns-
font des yurongnes, qu'ils font tcllemét con
fits en toute intempérance, qu'ils fontleurs
meurtriers eux-niefmes,& de corps & d'ame:
que les autres menét vne vie diflolue en pail-
Iardife,qu'il ne km chaut plus de nulle honç
e. iii.
f4
NEVFIEME SERMON
fteté , qu'on les monflre au doigt, ce leur cft
tout vn:iis n'ont plus de vergongnc : les au-
tres pillét & defrobét: & puis on les voit to'
cnfemble blalphemer Dieu : on voit mefmcs
qu'ils n'ont plus de religion:quâd no'voyos
de tels monftres qui ont etfacc ce fentiment
q Dieu a mis en tous homes , & mefmes qu'il
leur a engraué.en forte qu'il faut q nous co-
gnoif.ions qu'il ya vnluge là haut, que ceux
ci effacent entant qu'en eux eft vne telle co-
gnoiflànce: quâd donc no' voyons ces Athei
iies qui lont ainlî desbordez, las.'no' Tommes
bien infenfez & aueuglez du tout, fi no" n'ap-
perceuôs vne vengeâce q Dieu fait. Et à quel
Je fin? Pour magnifier la maiefté de l'Euagile,
& pourmonftrer que nous deuons cheminer
en plus grande folicitude *>: reuerence. Voila
doc au lieu que beaucoup de poures gés font
fcandalizez, quand ils voyent d'aucuns fc re-
uoltcr,que no' deuons prendre nouuelle con
fiimation de cela, car ce n'eft poît vne chofe
nouuelle: mais tant y a que cela nous doit fai
re trembler, quand les hommes s'aliènent ain
lîde toute religiô,& qu'ils s'abbrutiiTcnt. Ce
neantmoins telles gens font marris, quad on
les appellera par leur nom : HQ,ie ne fçay q
c'eft d'Athcifte,& ce nom-l.i ne doit point'e-
ftre mis en auant. Voire?& pourquov te mon
flres-tu tclfcar q ne fcaura que c'eft d'vn hô
me fans Dieu,qu'on te regarde,& on te ver-
ra tel. Ceux donc qui font les vrais patrons
& miroirs d'impiété, & de tout mefpris de
Dieu , & qui talchent d'anéantir toute rtli-
gion: voudroyét que ce mot-là ne fuit point
en vfage. Et pourquoy?afinque leur iniquité
tfhs. 1. fiift enfeuelie.Or S.Paul appelle bien Athci-
b,u, ftes ceux qui ont ferui aux idoles , qiuud ils
~ n'ont point cognu le Dieu viuant:& que fera
ce de toy qui es comme vn chien, & vn pour-
ceau,ainfi qu'on le voit? Apprenons, appre-
nons de tellement faire noflre profit de ce
-paflàge, qu'vn chacun de nous fe tiene en bri
ile courte, 3c voyant que le monde ell auiour
d'huy fi plein de corruption, que nous foyôs
tant plus fur nos gardes,&: que nous ayons ce
fte intégrité, de laquelle noftre foy foit mu-
tae, afin q le diable n'ait point d'accès à no',
m d'entrée. Et afin d'eftre tant plus incitez à
cela.cognoiflons que viuîs en ce monde, no'
ne faifons que nauiger,nous faifons vn voya
ge comme par eau , & que nous ferions bien
tort péris Se enfondrez.n'efboit que nous fuf-
lions appuyez fur la vertu de noflre Dieu.
Mais il n'y a autre moyen pour cftre confer-
mezde luy,& de la grâce de fou S. Efprit, h-
non de cneminer en intégrité. Cependant,
a nous voyons beaucoup d'apoftats, f^rachôs
.qu'il ne s'en faut point csbahir , vcu qu'il y
en a ii peu qui facent leur profit de la d-jrtri-
ne qui leur cft prcichee , & que ceux qui font
femblant de s'accorder à la vérité de Dieu,
]a renôcent en toute leur vie:mai< préparons
nous quant & quant,aprcs q nous aurons elle
ainfi confermez contre tels fcandales: appre
ftons-nous(di-it) à voir de plus grandes con
fufions, voire Se plus horribles beaucoup. Et
pourquoy? car l'iinpicté s'augmente de pluj
en plus. Il eu vray que Dieu fait bien que fa
femence foit efpandue çà & là, voire maugré
tous les tyrans,quipar cruawté tafchcnt d'.t-
neantir ladoftrine: nous voyons auli qu'il
la multiplie. Mais ccpédant qu'y a-ilr" quelle
religion? c'eft à dire, quelle reuerence y a-il
en ceux qui commencent à croire à l'Euangi
le? Or ils cuident auoir ie ne fçay quelle li-
berté charnelle:mais de s'aiïiiiettir à Dieu &
à fa doftrine , il n'en ell point queftion . Ne
nous esbahiflons point donc s'il y en a tant
peu qui perfîllent en l'obeillàncc de l'Euagi-
lexar il femble q tous ayêt confpiré de refi-
fter à Dieu , que grans & petis font enragez
contre celle dodtrine : & pour cognoiflre ce-
la,qu'on contemple la vie des hommes, & l'e-
ftat d'auiourd'huy , & on trouuera afiez de
tefmomsde ce que iedi, & pi' qu'il ne feroit
de befoin. Puis qu'ainfi ell que le monde fait
fi mal l'on profit de ce thrtfor de la foy , que
attédons-no' finon qu'il y vienevn horr:ble
déluge, (j engoaffre tout, & que Dieu non feu
leracnt reinette au dellùs la tyannie du Pape,
mais qu'il mette vne barbarie plus que bruta-
lc,&queles hommes foyent abyfinez & con
tondus, c5me ils l'ont mente? Voila, di-ic,ce
que nousauons à craindre. Mars fi ne faut-il
point pourtant que ceux aufqiiels Dieu a fait
la grâce denianifefler favcrite, que ceux-là
loyent troublez, ni fcadalizez outre incûne:
quand le ciel & la terre fedeuroycnî méfier
enicmble, que tout dcuroit cflrc confu;,fi ne
faut-il point qu'ils défaillent. Et po m qiioy?
D'autant qu'ils ont veu deiîa que le inonde
prouoque par trop l'ire de Dieu : & quand le
mal croill,& qu'il empire toufiours , ne faut-
il pas que Dieu belongne de fon collé, & qu'il
monltre qu'ila pour recomm.idee ceftc digni
té facree de fa parole , Se qu'il tera vne telle
vengence , qu'on apperceura qu'il ne peut
fouitrir qu'on abufc ainfi de fon nom , c?c que
on fe moque de fa parole? Voila donc com-
me les fidèles doiuent prattiquer celte doLlri
ne. Et ainlî nous voyons que c'eft vn palTage
qui nous doit eftre vtile : car il ne faut rien
pour nous faire ietter la foy au vent : non*
fommesfi volages, que lebien que Dieu a
mis en no us , s'clcoule incontinent:& pour.*
tant il taut que nous foyons fongueux de le
mettre en bonne garde, &: le tenir ferré:& fur
tout quand nous voyons qu'il y a tant de tcn
tatiôs à l'entour de nous,&: auiourd'huy plus
que iamais , que nous foyons munis pour di-
re,Il cft vray que les melchans quand ils de-
laiflent la bonne confcience, qu'ils s'efcoulct
& s'tfuanouillcntîinais cela nous doit-il trou
blcr?Cefont chofcsincôpatiblcs, qu'vn hoin
me fe moque de Dieu , & qu'il retiene la toy
purc:que fcroit-cc ccla.''C'eft autant comme
s'il
SVR LA T. A TIMOTH.
5Î
s'il eftoit (iit,qiié Dieu habitaft en vne eftable qu'il les fortil^e de plus en plti5,& les confcr-
pleine d'ordure & de puatife. La foy n'cft-el me en fa parole. £t ainlîque nous aduifions
le pas celle par laquelle nous femmes transfi- de faire noftre profit de cefte doârine, com-
gurez en l'image de Dieu ? Or fi les hommes me c'eft à certe fin qu'elle nous eft propofec,
la veulent méfier parmi vnemauuaife con- & que nous prions Dieu qu'il nous y confer-
fcience, n'eft-ce pas renuerfcr tout ordre de me de plus en plus, iufques à ce qu'il nous ait
rature ? Dieu ne peut fouffrir vne telle infe- retirez des combats où nous fommes mainte-
ftion.Q_ne nous ne ibyons point donc efton- nant.&aufquels il nous faut perfifter tant que
nez, voyâs aduenir que pluiîcurs fe reuoltent il luy plaira nous tenir en ce monde,
ainfî. Et de noilre colté foyons fur nos gar- OR nous-nous prollernerons deuant 1*
des.veillans longneufcment, afin que nous ne facedenoflre bon Dieu en cognoiflancedc
foyons furprins, & que Satan ne puifle faire nos fautes, le priant qu'il nous les face tellc-
brefche pour auoir entrée en nous, pour nous ment fentir, qu'auec vraye repentance nous
troubler,quand nous verrons de telles contu luy en demandions pardon. Et cependant auf
fions & fi cfpouantables : mais que toufiours iî qu'il luv plaife par fon faind Êfprit nous
nous ayons cela en mémoire, queDieu autho- en corriger , en forte que it nous fommes en-
rife fa parole, & monftre combien elle luy eft trez au bon chemin, il nous y aduance de plus
precieufe, veu qu'il ne peut fouffrir qu'elle en plus, iulques à ce qu'il nous ait fait venir à
foitainfiexpofee à moquerie.que les hommes la perfedion, à laquelle ilnous>faut afpirer.
s''en louent , & en abuîent ainli faufîemcnt. Et d'autant que nous fommes tant alTaillisde
Qwnd nous voyons cela, que nous foyons Satan & des tentations , de noftre chair, & de
d'autant plus confeimez, & que nous difions, tout le monde, qu'il nous donne aufsi la vertu
£t bien, il eft vray qu'il femble bien mainte- de fon fecours pour refifter à ces combats : 6i
aantqueles chofes foyent fi confufes , qu'il que nous ne laifsions pas pourtant d'eftre af-
n'y ait point d'ordre par tout : mais tant y a feiirez.quand nous voyôs que la viftoire nous
<jue quand Dieu monîlre vn tel iugement du tft donnée en noftre Seigneur IcfusChrift,Ie-
mefprisdefa parole , en cela pouuons-nous quel nous a promis que nous ne ferons iamais
cognoiftre qu'il ne peut porter à la longue de ituez de fon fecours, mais qu'il nous munr
que les hommes abufcnt ainfi d'vne chofeli ra contre tous fcâdales que les hommes nous
precieufe.Etainiî quand nous voyôs les con- pourjont mettre en auant,& qu'il ne fouffrira
tempteurs de Dieu&de fa parole n'en tenir point que nous défaillions quand nous iu-
autrement conte, cognoiflons que Dieu les rons recours à ù grâce. Que donc nous le
met en fensreprouué: & que voila vn certain prions qu'il nous tiene tellement la main for
tefmoignage & infaliible de fa iuftice celefte. te.qu'eftans appuyez fur fa vertu, nous pui f-
'Voila comme les fidèles doiucnt faiie leur fions defpiter tous les aflàuts que Satan nous
profit de tous les fcandales , & de toutes les drelTera.Que non feulement il nous face ce-
tentations qui leur pourroycnt venir au Je- fte grâce, mais aufsi à tous peuples &nauon©
lunt : &que cependant ils demandent à Dieu de la terre,&;c.
<DIXI EME
SERMON SVR
M 1ER CHAPITRE.
LE P R E-
19 Ayant foy ^ bonne conj'cience, laquelle aucuns ayans reiet-^
tee,Jc)ntpcris de la foy.
10 Defqucls ejî Hymenee (^ Alexandre , lejqHels i ay baille^
à Satan^afin qu'ils apprcncnt de ne plus hlafphemer.
Ource que nous ne fommes
point touchez des iugemens
de Dieu comme il feioitne-
ctl]aire,il faut que les exem
l'plcsnousen foytnt propo-
Icz : &i cela non feulement
nous incite , mais quafi nous
contraint de penfermicuxà nous, &par ce
moyen de cheminer en crainte & fohcitude,
voue nous propofant vne maledidion telle
fur nous, comme nous la voyons fur ceux qui
auront efté obftinez à mal.Et voila pourquoy'
faind Paul , après auoir menacé ceux qui fe
moquent de Dieu, ie iouans de fa parole, dit '
que telles gens font engloutis comme au pro
fond de la mer : & que Dieu les chaftie telle-
ment,qu'ils font priuez de raifon & d'intelli-
gence.Il adiouftc deux exéples notables d'v-
ne telle punition de Dieu: & nomme ici deur
hommes:afçauoir, Hymenee & Alexandie.lef
quels auoyent efte renômcz en l'Eglife.Et de
fait, iàindii'aul en parle comme de gens qui
g.iiii.
c
fS DIXIEME
auoyent eftc cognus, & mefmes qu'on tenoit
en grande eftime,mais pource qu'ils auoyent
abulëde l'Euangile, ainlî que font beaucoup
d'hypocrites, Dieu les aueugle tellement, que
ihs'abbrutiffent: &non feulement i'ont apo-
ftats,qui le font reuoltez de Dieu, mais fe dé-
clarent ennemis mortels de tout bien. Saindt
Paul les met ici deuat les yCU\,aHn qu'vn cha
cun apprene de cheminer en toute humilité.
Nous voyons maintenant quelle efl l'inten-
tion de l'ApoftrCjc'eft de mieux imprimer au
cœur de tous fidèles celle menace de laquelle
ilauoit vfe:c'eflafçauoir,quelinous n'auons
bonne confcience.que la toy nous fera oflee,
& que nous ferons delpouillez de la grâce du
fainet Efprit.Mais cependant nous auons ici à
noter ce,que i'ay délia touché, que li Dieu n'a
point efpargné ces deux hommes , qui auoyét
eu grande authorité & réputation en l'Egli-
fe , que nous ne ferons non plus fiipportcz.
Pcnfons donc à nous : car ce n'tft point peu
de choie que ceux qui e/loyét comme Anges
de DieUjfoyent trebufchez, voire d'vne cheu-
te lî mortelle, que ceux qui auoyent pour vn
temps efté aomme piliers de l'Eglife, loyent
deuenus come diables:&qu'il faille que faintl
Paullesdechâire, &• quilles liure enlapof-
fefsionde Satan. Voila pour vn item: c'cit de
obferuer la qualité de ces deux hommes . Et
puis cependant nous voyons come fainftPaul
eftat mené d'vn -v ray zèle de Dieu, racle ceux
ci du nombre & de la compagnie des fidèles,
d'autant qu'il les cognoilt élire indignes de
tenir lieu m place en l'Eglife. Ainfi no' voyôs
que fainft Paul a oublié toute amitie charnel
le, & qu'il a préféré l'honneur de Dieu à fes
affeftions. Car ceft Alexandre dont il parle,
- n c'ellceluy duquel aufsi fainift Luc fait men-
tion,afçauoii, quiappaift le trouble & l'ef-
^^* meute qui efloit venue en la ville d'Ephele.Il
ell vray que fainû Paul félon les hommes e-
ftoit aucunement obligé à luy : mais il n'a
point regard à cela , quand il eft queftion de
l'honneur de Dieu. Or quecefoitceftuy-ci,
on le peut recueillir par bonne conietture &
raifon,d'autant qu'il eftoit Ephefien:& faintt
Paul a efcrit cefte epilbe .i Timothee en con
liderationde cefte Eglife-la,& le propofe
pour exemple, d'autant qu'il y efloit renom-
mé. Et c'eftoit vn aifte louable par foy, quand
Alexandre peut renuerfer vue fcdition gran-
de,& la rompre, laquelle non feulemét cftoit
efmeue cotre la perionne de lainft Paul, mais
aufsi contre l'Eglife. Cependant nouvvoyons
qu'il n'vfc point d'vne vertu Chrelticne. Car
Il nous regardons bien ce qui eft récité en ce
paflage-la de famtl Luc, Alexandre veut par-
ler en homme mondain, auec des raifons appa
rentes, pour aucunement appaifer ce trouble
qui s'elîoit eleué : mais tant y a qu'il ne fait
point profcfsion de ù\ foy,& ne fe met point
en auant c5ine tefmoin Je lefus Chrift. Nous
.pouuons donc veoir que c'tltoit vn homme
SERMON
nageant entre deux eaux, lequel vouloit bien
eftre réputé pour Chreftic n, mais ccpéi'ant il
vouloit aufsi caller ia voile , & complaire au
mode. Or Dieu ne peut fouffrir vne telle fein
tife.Et voila pourquoy en la fin il eft aueuglé,
& Dieu le priue de ccfie grâce qu'il luy auoit
donnée aupaïauant. Autant en eft-il d'Hyme
née, duqt el encores fainft Paul fera mention
en la féconde epiftreà Timothee, là où il fpe
cifie come il eftoit peri de la foy. Car il main ^^yi^^
tenoit que la refurreâion eftoit délia faite: il , _, -,_
imaginoit vne refurredion fantaftique, com-
me li la vie que Dieu nous promet, & ceft hé-
ritage de la gloire celefte eftoit ici bas. Cela
eft deftruire tousles fondemens de noftre fa-
lut:comme faincl Paul aufsi en parle au quin-
zième de la première aux Corinthiens. Nous
voyons vn aueuglcment horrible qui eftoit
aduenu à ceft Hymenee,& neantmoins (com-
me délia nous auons dit)il s'eftoit porté aupa
rauant en telle forte, qu'on l'auoit en grande
réputation, & eftoit homme cognu.Êtainfî
nou-; voyons que Ijincl: Paul n'tft point ici
mené d'vne affeélion charnelle, mais que c'eft
lezeledeDieu auquel iJ s'alluiettit. Etpour
cefte caufeilfeime les yeux afin de n'eftre
point dcftouiné par aucun regard , qu'il ne
mamtiene & la vérité de l'Euangiie,&: l'hon-
neur de Icfus Chrift l'on Maiftre, defpouiUant
le:, hommes, & ne les fupportât en façon que
celoit.Et c'eft vn article que nous deuons
bien noter :^ar nous voyons comme auiour-
d'huy il en va. L'honneur de Dieu eftfîpen
recomin.'idé à beaucoup, &■ qiiafi à tous, qu'ils
aiment mieux monftitr qu'iU fauorifent aux
hommes mortels, que de les olFenfer, combien
qu'il y ait iufte raifon : & fouffriront par ce
moyen que le nom de Dieu foit foule aux
pieds. S'il y a quelque chofc mauuaife, voila
Dieu qui fera blafphemé , vn fcandaie fera
grand en fon Eglife : il faudroit pouruoir&
remédier à cela,& chacun fe recule , & nul ne
s'auance.La raïf ji]?Ho,ie ne vcuxfafcher per
fonne : celuy-la eft mon parent , celuy-la eft
mon ami, l'en fuis requis de tel coite. Et tant
s'en faut qu'on ait ce zèle de maintenir Thon
neurde Dieu , voire s'addreflànt contre les
hoinmes,qu'on ne pourra iamais venir à bout
des iniquitez qui régnent pour les chaftier,&
pour y mettre ordre, d'autant que chacun fe
pariure : les chofes font toutes notoires. Et '
(comme l'ay dit) on voit l'honneur de Dieu
foulé au pied, le mal s'augmente de plus en
plus , c5<: la poilon s'efpand par -tout . Ceux
qui y deuoyent remédier , tout les canes, ils
baillent la tefte , ils ferment les yeux : ceux
qui pourroyent aufsi y aideraucunement, dit
limulent, & non feulement cela, mais encores
qu'on les adiure au nom de Dieu de faire leur
deuoir, ils aiment mieux s'enuelopper en vne
mefine maledittion auec lesautresquede mo
ftrcr quelque ligne de bon zele.D'autan t plus
donc nous faut-il bien noter ce palTage , où
iaintt
SVR LA I. A TIMOTH.
T7
faincl: P.iul nous déclare que combien cju'aii-
parauant iJ cuit eu amitié à ces deux hommes
dont il parle, & melines qu'ils cuflentfait des
a£les dignes de mémoire, toutesfois il tou-
droye conti'eux, pource qu'il les voit enne-
mis de Dieu, pource qu'il ne peut fouifrir que
la bonne dottrine & la venté foit opprimée
en façon que ce foit.Si nous voulons eitre re-
cognus & aduouez pour entans de Dieii,clia-
cun de nous doit eniuyure ccft exemple: c'eft
de ne plus nous arreller à toutes les choies
qui nous deilournent de nous acquitter de
npitre deuoir , quand l'honneur de Dieu
vient en auant : que cela,di-ie, nous face ou-
blier tout le refte . Car c'eft bien raifon que
les hommes mortels foyent mis bas.que tou-
tes créatures facentioug(c5me ondit)quanJ
nous voyons que l'honneur de Dieu ellen
branle ou en danger d'eftre obfcurci ,lînon
qu'il ibit maintenu par nous. £t au refte, puis *
que ùinCt Paul a nommé ces deux , d'autant
qu'ils pouuoyent citre en icandale, & qu'il e-
ftoitbeloin qu'on iedomiail garde d'vne tel
le infeèlion, noton, bien qu'il nefaut point
couurir l'honneur des homme'-,& que cepen-
dant cela mette & emporte dommage com-
mun à tout le peuple de Dieu, c'eft encores
vn article qui emporte bonne doftnne. l'ay
délia monftré que nous fommcs enclins, voire
addonnez du tout à ces faueurs terriennes &
charnelles, & que cela nous einpefche de fer-
mr à la gloire de noftre Dieu.Autant en eft-il
quand il faut conferuer l'honneur des hom-
mes. Et quoy?faut-ilqu'vn homme foitainiî
dénigré? & ne deuons-nous pas couurir les pe
chez entant qu'en nous eft-Ouy bien : mais il
faloit fçai'oirs'il eftennousou non. Voila
dequoyil fefaut enquérir, voire quand nous
voudrons couurir h turpitude d'vn homme,fi
nous ne faifons point dommage à toute l'E-
gliledeDieu: d'autant que cependant il pour
ra efpancher fon venin pour dc-,baucher l'vn,
pour corrompre l'autre'. Comme nous voyôs
ces malins quand ils fe feront desbauchez,ils
vpudront attirer en vne mefme corruption
tout le refte, &ne demanderont qued'mfe-
ûcr tout:brief,ils voudroyent que chacun les
lelTemblaft: & Sata aufsi les pouflè pour trou
blertout de plus en plus. Nous verrons vn
homme eftre commevne pelle commune, &
cependant nous voudrons couuni fon hon-
neur.Et le Vous prie, quelle humanité tft-ce-
là j que pour eipaigner l'honneur d'vii hom-
me, noui mettions mille âmes à perdition, &
que nous ibuffrions que beaucoup de gens
foyent fcduits par iîmphcite ,& qu'ils pcnf-
fent? Notons bien donc ce que fait ici ùuitt
Paul, car il n^ fupporte pont Alexandre ne
Hymenee,mai-- il les dcgi jde,& les met com
me iur vn tfchaffaut, non feulement pour les
diffamer leur vie duiant, mais qu'après leur
mort iufques en la fin du monde ils tbyent en
ignominie & opprobre, &que quad on. en par-
lera,on les ait en dcteftation.Puis qu'ainli eft
que fainct Paul a ainii diffamé ceux-ci , félon
qu'ils en eftoyent dignes, notons bien qu'au-
iourd'huy quand il y en aura qui troubleront
l'Eglil'e de Dieu, qui tafcheront de peruertir
la pure venté, qui l'eront en Icandale pour
mener beaucoup de gens à perditiô,qu'il faut
que telles gens foyent monftrez au doigt:
comme aufsi nous l'auons veu en l'Epiftre j, rt, r
prochaine , où fainft Paul vouloit q ceux qui '.
menoyent viediflolue,&donnoyent mauuais * '
exemple atout le refte,fuffent marquez &: dé-
celez,alin qu'on s'endonnaftgardt,qu'on les
fuift, & qu'on ne femeflail point parmi eux.
Mais fur tous, ceux qui s'attachent à la doctri
ne de l'Euangile ,& qui demandent de per-
uertir la religion,il faut qu'ils foyent dcsho-
norez, &n'eft point queftionicidc dil'simu-
1er. Et ceux qiu murmurent, comme il y en a
toufiours qui grondent ,&cerchent occaiîon
de blafmer les feruiteurs de Dieu , quand ils
vfentde la liberté quel'El'criture fainftclcur
conimande:qu'ils apprcnent de le taire, fînon
qu'ils vueillentmonftrer qu'ils bataillent ma^
nifcftemét & de propos délibéré cotre Ditu.
Il y aura auiourd'huy des canailles, qui ne va-
lent point qu'on parle d'cux,mais cepédant li
nuifent-ils beaucoup. Or lî on fait côparaii'on
d'eux aiiec Alexandre & Hymenee, il eft cer-
tain qu'ils méritent bien plus d'eftre dilKimez
& mis en ignom.iniedciTant tout le monde. Si
S.Paul n'a point fait fcrupule de nômer ceux
ci, voire à leur grand' vergongne Se blallne,ie
vous prie,f?.ut-il eftre fi délicats fi vn homme
fouftient quelque opprobre , & fur tout après
qu'il s'eft déclaré cotre Dieu,faifant du rebel
le &:de l'iucorrigiblePEt faut -il pour cela que
ils fe fafchcnt,iîn(5n qu'ils declarét plein ernét
vouloir refiftcr à Dieu& à fon ùir.tt Efprit,
par lequel fainû Paul a efté gouuerné en nom
mât ainiî ces deux pcrfonnagcs.'Et c'eû pour-
quoy nous fommes contramts de parler con-
tre le Pape, & contre tous fes complices : car
ce font loups rauifîàns,qui ne demardent que
àdeuorer les poures brebis de lefus Chnft:
ce font empoifonneurs,ce font brief ennemis
mortels de noftre falut : ce font fuppofts de
Satan, ne cerchans que la ruine & perdition
de tout le inonde. Si vn berger veut fane Ion
ofiice.ne criera-il point au loup, quand il \et
ra fon troupeau eJlre enuahi?Et nous voyons
les loups qui vont çà & là, nous voyons auec
quelle rage ih y procèdent: fi noas-nons tai-
iions, ne l'erions-nous point trailhes .à l'Egli
fc de Dieu? ne iertoïK-nous point coidpables
que les poures âmes periroyent ? & Dieu ne
nous en deinandera-il point le conte ?-Mais
tout ainii que nous fommes côtraint; de cri-
er contre le Pape, aufsi quand nous voyons
an milieu du troupeau quelque loup, & quel-
que danger, faut-il diisimuler ? Si nous auons
lors la bouche clofc , dira-on que nous fom-
mes pafteuts î Apprenons donc de bienmir-
hj.
ï«
DIXIEME SERMON
quer ccuï qui troublent l'ordre de PEglife
de Dieu. Pouree faire, qu'ils loyeiucognus,
afin que nul n'en loit Icduit ne trompé, mais
qu'on leituye&detefle. voila ce que nousa-
uons à noter en ce paflâge. Or l'.unà Paul n'a
point prins plailîr à deshonorer Hymenee&
Alexandre.mais il a falu qu'il adutrtift les fi-
dèles, afin qu'ihne fe meflaflent point parmi
eux, & qu'ils ne fullent point corrompus par
leurs faufles dodnnes. Autant auiouid'huy
nous en faut-il taire. Nous verrons ces ver-
mines qui ne demandent qu'à pourrir ou en-
uenimerl'Eglilcde Dieu , nous verrons que
d'vn coflé ils defgouftent tous ceux qui ne
font gueres termes &. coultius,&: tal'chent de
les diuertir s'ils les voyent en bon train : &
ceux qui font défia dillolus &; pleins de vani-
té, ils les cnuenimentdu tout contre Dieu, &
contre la parole : iU allument le feu ç.i & là,
&par calomnies & faux rapports, par leurs»
metdifances ils fement leurs zizanies & leurs
mclchantes corruptions, nous voyons tout ce
la. S'en tau -il taire ? cft-il qucihon de fer-
mer les yeux ? ne ferions-nous point chiens
muets eu ce failant? Ainfi nous voyons com-
me ceux qui ont la charge de p ;.rcer la paro-
le de Dieu, iont ici enfeigncz de taire leur of
fice , afin cjue les poures brebis ne foycnt
point par leur filtnce & dilsimulation mi-
nées de Satan , & que les melchans n'ayent
point la vogue. £c aufsien fécond lieu que
les fidèles apprenent de bien ouurir leurs
yeux, comme aufsi fainft Paul en p.irlc en l'£
piflre aux Romains , Q u'on Ipecule, dit-il:
Rom.Itf. carilvfede ce mot-la : comme s'il y auoit
'7' des archiers ou hacqueburiers qui tirafTent
au blanc : nous voyons comme Us aiguifent
leur veue, comme ils font attentifs au but.
Sainci -Paul vfe d'vne telle fimilitude, dilànt
qu'on tace bon guet. Et pourquoy ,? Pour no-
ter,dit-il,tous ceux qui font fcandalc.qui per
uertiflent la pure religion, qui iiedemandent
qued'aneaiuir leferuicedc Dieu , &; la paix
de l'Eglife. Qm? nous vifions v5c tirions donc
là comme à noitre blanc, afin que nous ne
foyons point trompez par eux ■ cir aucre-
mcnt nous ne ferons point à excui'cr . Voi-
la ce quenous auons à noter en ce p.illàge,
quant à ces deux perfonnes que nomme
faincl Paul. Ayons aufsi\niemoiredece quia
cfté touché quant à l'herefie d'Hymenee.
Ceft vne chofe efpouantable, que ccfl hom-
me qui auoit elle cnleigné fidèlement en la
pureté de l'Euangile, voue par la bouche de
fâin£i Paul, qui meluies auoit elle comme do-
meftiquc des Apoftrcs, qu'il foit.di-ic, tombé
eu vne refuene fi brutale, de due que la re-
furredion foit faite . N :)us voyons les liom-
mcs mourir,nous voyôs les fidèles eftre tour-
mentez ici bas , fuicts à tant d'afUidions que
rien plus:ccpcndant fe faire à croire qu'il n'y
a plus d'efperance de falut , que tout eft ac-
compli, que c'clt ea v«ui que nous attendout
noftre Seigneur lefus Chrift , S: que nous a-
uons cefte fiance qu'il nous deliiircra de ce-
lle vie corruptible , pour nous faire pattici-
pans de fa gloire cclefte : que tout cela foie
abbatu Se anéanti, ne voila point vne chofe c-
xccrable? Ettoutesfois nous voyons que ceft
homme qui auoit eflé tant familier auec les
Apoftres,eft là trebufché. Et pourquoy?Pour
ce qu'il s'eiloit ioué de la parole de Dieu, 5:
que c'eftoit vn hypocrite. Ainfi donc trem-
blons toutes fois &. quantes que nous oyons
parler de ceft homme : non point pour nous
déifier de la bonté de Dieu : car il nous faut
eftre rclohb que tout ainfi qu'il a commencé,
il parfera ,& que quand nous ferons fous la
garde, quenous ne pourrons périr. Nous a-
uons la promelTe de noftre Si-i^neur lefus
Chrift qui nous declare,que fi nous le tenons
pour noftre Pafteur , il ne permettra point j _,_.
que le diable gagne rien fur nou^,& qu'i 1 dcf , «
ployerala vertude Dieu fon Pcre, laquelle ,9
fera vidorieule par deffiis tous nos ennemis.
Nous ferons donc bien maintenus ayans le-
fus Chrift pour noftre guide . Mais appre-
nons de luy eftre brebis, &• de cheminer fous
fon obeilTince, drnouv rcmcttic du tout fous
fa protedion. Et pour ce faire apprenons de
craindre, veu la tiagilité ^jui cil en nous. Car
quand nous cognoilfons que ic diable nout
auroit bien to/1 g.igne2,fi iiuiis n'eftions fou ■-
ftenus &■ fortifiez d'ailleurs, cela nous doit e-
ftre comme vn efpcro'i pour nous inciter d'à»
uoir noftre rehige à Dieu, que nous l'inuo-
quions auec toute humilité & folicitude. Et
puis , quand fainct Paul monftre ici la caule
pourquoy telles gens font ainfi dégradez,
c'cft qu'ils ont efté engloutis comme au çouf
fre d'enfer, & qu'il déclare que c'eft d'autant
qu'ils n'ont point eu d'iiitegrite & rondeur
telle que Dieu la demande des liens : quand
di-ie, nous oyons cela, qu'vn chacun regar-
de à foy de près, quenous facions bon exa-
men de toute noftre vie. Voila en fommece
que nous auons à noter de ce pallàge. Ve-
nons à ce que faind Paul adioHfte, difant,
(Tr/'(7 <j liitré ù S.itan Hymciiee C> Alexan-
dre . afin qii^ils af<frenent de ne p'ns hUfphe~
mfr. Or liurer à Satan, ne lignifie linon ex-
communier vn hoinnic:& ccite façon de par-
ler eft fondée en bonne raifon. Car noftre
Seigneur lefus Chrift eftant le chef de fon
Eghfe , promet qu'il fera tellement noftre
Roy, que nous ferons maintenus par fa puif-
fance, & qu'eftans ainfi armez nous pourrons
delpiter & desfier tous nos ennemis. Au con-
traire , quand nous ferons feparez Si comme
retranchez de l'Eglile, n'ayans plus lefus
Chrift pour noftre chef , il faut que nous
foyons expofez à ia tyrannie de Satan : car
noftre Seigneur lefus règne entre les fiens.
Voila donc quelle eft l'intention de faincl
Paul.'c'eft qu'il a excommunié ces deux hom-
mcs,& qu'il les a reieucz du troupeau Chre-
ftiea.
SVR LA I. A TIMOTH.
Î9
ftien. Et pourquoy ?afin (jifils appienent de
ne plus blaiplicmer .On poiirroïc dciiunder
s'illtui auoi: cljs la bouche : car pliiil^lHl
Icinble que ce fiifr Mie occalîun de prendre
plus de licence à bklphenier contre Dieu,
quand il les aiioitainii retranchez du mihcu
des fidèles. Vn homme, cependant qu' laura
ce titre de Chrcititn , & qu'oji le tiendra .lu
rang commun, aura encores quelque vergon-
gne en iby : iSc sM n'.i vne telle modcfne que
il eu requis, lî eft-ce qu'il acefte bride, qu'il
ne veut point qu'on l'ellime du tout pro-
phane & ennemi de Dieu. Mais quand vn
hormiie fera dcltiperé, il le desboiae , &n'a
plus de honte: mais a la bouche ouucrte pour
bJafphemer tan: plus hardiment. Pouiqiioy
donc ell-ce que Taind Paul a vlé de ce itrae-
de contre Hymenee & Alexandre , & qu'il
dit que c'cll pour leur clorre la bouche , &
les empelcher de meldire de D;eu & de la
vérité , quand il les a ainlî excommuniez?
Notons cependant que ces deux houuues
n'ont pas lailFt de mcldire à pleine gorye
contre TEuangile, &:d'elcumer toutes leurs
vilenies ; ains ont eu tant plus d'audace,
quand lainÛ l'aul lésa ainlI reiettez du mi-
lieu des fidèles .*mais toutesfors ils n'ont plus
eu ce crédit qu'ils auoyent eu auparauant:
ils n'ont plus eu aufsi accès pour corrompre
les bons ,& mener les infirmes à perdition.
Qupy qu'il en loit, ils ont tu celte marque
d'ignominie : comme lîvn homme efloittle-
ftri , il inefdira bien coiure Ion luije , & ce-
pendant il porte la marque . Nous fçauons
que ces pendars qui lont du tout delclpercz,
ne feront que le moquer : ils diront mots de
gueule (comme on dit ) contre leurs lUges,
mais tout ell bien renuerle quand ils font en
la main du bourreau qui les attache , & leur
apprend vn autre langage & Ityle. Vn mel-
chant qui aura cfté touetté , à qui on aura
«."ouppc les aureilles , & qu'on aura banni,
pourra mefdirc tant &plui de ceux qui l'ont
chaftie. Mais quoy? on n'adiouilera nulle
foy à tels mefchans.ni .î toute leur impu-
dence. Ils ont donc comme la bouche clcle.
Ainli ena-il eilé d'Hymcnee & Alexandre,
quand ils ont elle excommuniez par Uwû
Paul . Ils pouuoyent bien encores mcfJire
contre l'£uangile,& blaiphemer contre tou-
te bonne dodrine : mais tant y a qu'on co-
gnoilToit qifils auoyent etté dechaliez com-
me metchans, comme boucs inlccls, qui ga-
ftoyent tout le troupeau , qu'on les a exter-
minez de r£gli4"ede Dieu : cela donc leur
fermoit la bouche, pource qu'on n'adioufcoic
poist de ioy à tout ce qu'ils pouuoyent
mettre en auant.£tau relie, fainiSt Paul voy-
oit , que cependant qu'ils eftoyent tenus
pour Chrelbens, on pouuoit due, le ne fçay
a qui croire: voila Hymenee qui nous ditain-
iî, voila Alexandre qui nous tient tels pro-
pos . icloa donc que ceiut-ci eiUni mdlei
parmi les fidèles auoyent accès' pour femcr
leur poifon , lalpcl Paul aucoiitraire dit que
ils ne pourront plus blafphemer . Et pour-
quoy ? Cai quand ils ont elle excommuniez,
il a elle commandé à tous fidèles de les fuir.
Maintenant nous voyons que cereniededont
parle faind Paul, a elle piopre & conuena-
ble pour empelcher ces mefchans-ci de mef-
dirc delà parole de Dieu. Non pas qu'ils ne
enflent toufiours la malice enflammée , non
pas qu'ils ne mach^raflent toiitceqiril leur
elloit pofsible. Samct Paul donc n'a point bri
dé l'audace , voire raefines la ra^e furieufe
qui elloit en eux : mais cependant il les a dé-
gradez, en forte que toutes leurs faufletez
n'ont plus eu de lieu, d'autant qu'il leur a fer
mé la porte, afin qu'ils ne peufÛnt plus nui-
re aux pouresf.deles.Car cependant que nous
conucrfons priueement auec les mefchans, il
efl bien difficile que nous ne foyons enta-
chez de leurs vices. Car comment marchera-
on entre les tfpines lins fe picquer r com-
ment touchera-on de la poix, ou quelque au-
tre orduie fans en tirer quelque macule à
foy ? Il cft donc be foin que ceux qui ne de-
mandent qu'à tout corrompre, foyent reiet-
tez loin de nous,& qu'vn chacun loit fur fes
gaides,afinde n'ellre point ainfî dcsbauché
par eux . Mais quoy : Auiourd'huy il fcmble
que nous cerchions à nous ruinera noflre ef
cient.Car tout ainli qu'il nous elt commandé
au Pfeaume quinzième, d'aimer les vrais fer-
uiteurs de Dieu , & de les auoir en honneur,
(comme aulsi lainct Paul dit, Prenez bien >^a;
Vhil,
r-îv
de à ceux qui font tels, pour les enluynre , f"7'
pour conuerfer familièrement auec eux : afin
qu'ils vous donnent bon extmpk) aufsi nous
dcuons craindre de nous mtller parmi les mef
chans. Mais tout au rebours, s'il y a quelque
desbauché & dil^jln , on ne demande linon
de fe méfier auec luy : s'il y a quelque mef-
chant qui dtfpite Ditu.qui deshonore fa pa-r
rôle, qui ne demande lînondt mettre tout eh
dilsipation , on fera bien aile de l'efcoutcr,
&d'auoirles aureilles pleines de fes mefchâs
propos. S'e<bahlt-on fi nous en voyons beau
Coup qui lont auiourd'huy deftcurnez du bon
ckemin ? Il ne faut qif vn peu de leuain pour
aigrir toute la palle : ainfi les melchans pro- _ .
pos corrompent les bonnes mœurs, & on les
cerche, on ell mené connue d'vn appétit en-
ragé pour fe ioindre à cela . £t pourtant il ne
fe taut point esbahir s'il y en a tant de desbaa
chez, qui uc demandent lînon de tout peruer-
tir& corrompre. D'autant plus nous faut-il
bien noter celle doftrine de fainâ Paul : c'efl
quand il y aura vn mcfchant qui fera noté &
marqué, qu'on verra bien que fi vie fera mau-
uaife: voila vn blafphtmattur ordinaire, voi-
la vn renieur de Dieu, voila vn yiwongne»
voila vn contempteur, voila vn paillard, m
homme de viedilfolue, on le cognoift tel, il
faut qu'vn chacun fou aduerti de le fuir:&s'il
h.ii.
éo
DIXIEME SERMON
tfhi lionte en {oyiqu'il ne foit confus de Tes
péchez , pour le moins que la corruption ne
tire point plus loin,& quM foit conune reiet-
tc ; & que les fidèles cependant le monftrent
aiidoigt.iufqaes à ce qu'ils ayent cognu qu'il
fc repent de ion mal. Que li cela fedoit faire
en gênerai enuers ceux qui ne font que trou-
bles & icandales par leur iiiauuaife vie , en-
cores fe doit-U plus obferuer enuers ceux qui
blafphcment contre la dodlrine de lEuangi-
le.qui fement leurs erreurs & mcfchantes o-
pinions.qui mettent enaiiaiu leurs abus pour
tenuerferla pureté de latoy. Quenousap-
prenions d'euiter telles gens , &: les reietter
loin de nous,& mefines d'admonelter ceux
que nous voyons eftre fuiets à tromperies, &
lefqucls pourroyent eftre l'eduits par les mef
chans propos des malins. Au re/le, nous dé-
lions bien noter ce mot dont liinû Paul vfe,
de liurcr k SjfdHicarparce moyen il nous de
clareque nous deuons élire fongneuxdenous
tenir en la compagnie des fidèles, & en l'vniô
que nortre Seigneur a dediee entre tous les
membres de fon Fils. Voila noflre Seigneur
Icf'us Chnll qui prononce qu'il eft tellement
Roy de fon £glilc,que tous ceux qui i'adioi-
gncnc àicelle.font fous d protethon , &:les
veut garentir iufques à la fin. Ne voila point
vne condition plus que dclîrable , que le Fils
de Dieu daigne nous prendre fous fa niam &
conduite , (^u'il ait le foin de nolire falut , &
que nous fommes afleurez de ne iamai.s périr,
d'autant qu'il cft tout-puiflànt , & qu'il def-
ployera la (ainfî qu'il le promet) toute celle
vtrtu pour noftre falut; Au contraire , quand
riouslommes feparez de l'Eglife , nous fom-
mes comme expo fez en proye à Satan, d'au-
tant que Dieu nous defauoue,& ne penl'e plus
de nous. Ne voila point vne menace qui nous
doit faire non l'eulement craindre, mais trem
bler?Il eft bien vray qu'il y en a beaucoup
en l'Eglile qui y occupent place , lefqucls ne
foiù pas pourtat fous la garde de lefusChrilf,
mais ceux qui fans feintifc fe rangent au trou
peau,& qui cheminent en l'obeillance de l'E-
uangile, iont afleurez que Dieu leur tiendra
la main forte , & que laniais il ne permettra
que le diable gaigneriencôtr'eux. Puis qu'ain
Il eft donc appren55(iuvuant ce que l'ay deiia
ditjde luyure le chemin où noftre Seigneur
nous a intioduits^c'eft d'autant qu'il a eftabii
Eglifc entre nous, & qu'il veut que fa parole
s'y prefche,queles Saciemens y foyentadmi
niftrcz.q nous fréquentions les l'ermons,non
pas pour nous acquitter quand nous aurons
preftc i'aureillc à ce qui Icia du, mais pour y
profiter:qu'aucc toute reueréce nous reteniôs
la doflrine que nous aurons ouyc , & que les
Sacremens nous feruentde nous contermcr
touiîourSjde plus en plus en la foy que nous
aurons délia. Q^and nous iiiyurons ce train,
nous pourrons cftre tout refolus que lefus
Chrift nous a en fa garde,& qu'il domine tel
lement pardeflus nous, que lamais nous ne
luy pourrons elchapper;combien que le dia-
ble nous face beaucoup d'allàuts , toutesfois
que nous l'erons maintenus d'rne vertu plus
haute & plus grande. Et au relie, craignons
(comme l'ay dit ) de nous leparerde l'Egli-
le,&: faire des beftes fauuages : comme nous
enverrons beaucoup qui ne viendront iamais
au fermon , ou s'ils y vienent , ce n'eftque
pour s'en moquer , pour en conceuoir quel-
que venin, &: pour s'aigrir touliours d'auanta
ge contre Dieu & contre fa parole. Q^uand
nous les verrons côtempteurs & prophanes,
qu'ils n'aurôt nulle honte de ietter touliours
leur poifon contre l'ordre de l'Eglife:quand
nous verrons, di-ie, de telles gens, craignons
de leur reflembler. Etpouiquoyf Car en la
finencores que les hommes nous efpargnét,
lî eil-ce que lelus Chnll nous liureia à Sa-
tan, qu'il faudra que nous foyons en la tyran
nie du diable, quand nous n'aurons point vou
lu eftre preferuez par la grâce de noftre Sei-
gneur leius Chrift.Et au relie, que no" ayons
crainte d'eilre amli reiettez &c bannis de la
compagnie des fidèles , vcu que lefus Chrift
qiiitte là tous ceux qui font feparez du rang
des iîens , & de Ion troupeau. Voila quant a
cefte taçon déparier dont fiind Paul vfe,
quand il dit, Qu'ija liuré.i Satanceux qu'il
a excommmiiez du rang des fidèles. Il y a
pour la fin vn autre article à noter , c'ell que
l'excommmiication n'a pas efté controuuce
ne forgée des homes à piailîr : mais que c'cft
vne reigic que noftre Seigneur lefus a efta-
blie entre les liens , laquelle eft inuiolable:
& quiconque tafchede l'opprimer,il monftre
qu'il eft ennemi de foy & de Chreftienté.
Ainfi.tous ceux qui bataillent cotre l'excom-
munication, qu'ils foyent Turcs , & Payens,
& qu'ils n'abulènt plus du nom de Chrellien
té pour le polluer comme ils font. Car lî ce-
la auoit elle introduit par quelque conlîde-
ration humaine , on pourroit dire , Cela eft
des hommes.qu'il loitabbatuimais quand no
ftre Seigneur lefus l'a inftitué en fon Egli-
fe, il a déclaré qu'il vouloit qu'il teinft ,non
point pour trois iours,comme il y a des mo-
queurs qui difent que l'excçmmunication n'a
elle que pour le temps que les Princes n'e-
ftoyent encores Chrcftiensimais au contrai-
re , nous voyons que lefus Chrift a donné (a
promefle telle,qu'elie doit durer iufques .î la
fin dumonde,quand ildit, Q_ue ce qu'on au-
ra lié en l'Eglife , ftra lie au ciel. Et nous M-îf.Kf.
voyons comme les Apollres ont prattiqué '^•
celle reigle Se ccfte ioy qui a cité donnée de
lei'us Chrift. Que cela fuit tout notoire,que
ceux qui tai"ciie"t d'anéantir l'excommunica
tion , monftrc'it en fomme qu'ils ne ticncnc
du tout côte de Dicu,qu'iis ne croyent point
à l'EfcfJture /aini1e,non plus que des chiens,
& qu'ils
SVR LA I. A TIMOTH.
€l
le qu'ils fé mocquent de touteChrcftiente.il
ne taut plus ici difsimuler , ne nager entre
deux eaux : la chofe eft trop patente & trop
énorme. Ainfî notons bien, toutes fois &quan
tes que fainû Paul parle de l'excommunica-
tion,que ce n'eft pomt vne couilume à la vo-
lée,que les homes ayent mifc fus à leurphan-
taiîe Se. à leur appétit, mais que cela le fait
«n l'authorité du Fils de Dieu , auquel il ne
nouseft point licite de contredire. Et voila
pourquoy aufsi en ce palFage que i'ay deiîa
- _ j allégué de lapremtereau):Corinthiens,faind;
Paul dit , qu'en la puiflance & authorité de
noitre Seigneur lefus Chrill,il a liuré à Satan
celuy qui auoit commis incefte:pour môftrer
que cen'eftpas vniugement humain qui s'ac-
complifle en l'authorité humaine, mais il dit
que lefus Chriftprelîde là,& déclare que l'e-
xecution eft faite par Ion ordonnance,& par
la loy qu'il a eftablie:qu'il faut donc qu'on fe
tiene là fans prétendre de iamais ladiAiper
ne rompre. Voila pour vn item. Et cependant
notons que fi le Pape & tous les liens ont abu
féde l'excommunication , que ce n'eft pas à
dire qu'il la faille maintenant mettre bas. Car
la chaire de vérité n'a-elle pas efté chaire
de méfonge ? Il ne faudroit plus donc qu'on
prefchart.lî onfevouloitarrefter.\i'abus qui
a efté en prefchant.Et la plus grande abomi-
nation qui foit en laPapauté,& l'idole la plus
-exécrable qui foit là adorée , n'eft-ce pas la
MeflefEt cependant faut-il que la Cène foit
là delaiflee comme li ce n'eftoi: point vne in
ftitutîon de lefus Chrift?Faut-ii, di-ie, qu'on
la meiprifeàcaufede la corruption detefta-
blequi eften la Mefle? Apres, nous voyons
comme le Baptefme a efté prophané,& com.
me le diable a fauflement corrompu les cho-
fes qui eftoyent pour le falut des hommes: &
cependant lî nous voulions tout anéantir , &
mettre fous le pied,&qwcferoit-ce?Ilncfa«
droit plus qu'il y euft de religion: il faudroit
que la mémoire de lefus Chriftfuft efteinte.
Ainil donc le moyen de remédier au mal qui
domine.c'eft que nous enfuyuiôs la règle qui
nous eft donee de lefus Chrift:c'eft afçauoir
querexcommunication feface contre ceux
qui font de mauuai^ vie . eoBtre ceujt qui
auront fait quelque fcandale énorme , afin
que les autres y prenent cxeitipie,& que ccur
qui auront failli, foyent confus , que cela le»
incite à recourir à Dieu pour le prier, qu'il*
ayent cefte pureté de cœur dont il a efté par-
lé,afin qu'en adorant Dieu comme il le com-
iuande,vn chacun aufsi férue à fes prochains.
Et cependant que nous n'ayons point des cor
rupcionsmeflees parmi nous.qui foyent pour
nous gafter,& pour nous meneràpeidi:ion:<î
cela foit empefché , afin que Satan foit rem-
barré.Voila comme on doit vferde l'excom-
munication,fino qu'on vueiile refîfter à lefus
Chrift. Et ainfî notôs quand S.Paula ici par-
lé d'Alexandre &Hymenee, que ce n'a pas
efté tant pour leurs perfonnes , comme pour
donner inftruftiô générale à l'EglifedeDieu,
afin que nous apprenions de cheminer en tou
te folicitude: que fî Dieu no' a appelez à foy,
nous fçachiôs qu'il nous tiendra [3. main for-
te,iufques à ce que nous ayôs acheué le cours
de nofti e vie:qii'il ne fouffrira point que nous
foyons mocqueurs ne hypocrites , mais que
nous fuyuions la parole de fon Euangile ea
toute liniplicité &droiture:& que nous foyôs
vigilans pour batailler à l'encontre de Satan,
&de tous fcsfuppofts,qui nous font lournel-
lementla guerre pour nous feduire , & nous
deftournerdu bon chemin.Que donc nous y
prenions garde , &(. que nous veillions telle-
ment, que par ce moyen-la nous perlîftions
uifques à la fin en la fainfte vocation en la-
quelle nous auons efté vne fois appelez,
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noitre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes , le priant qu'il luy plaife nous les
faire fentirdeplus en plus,&: qu'il nous ame-
né à vne telle repentance, qu'au lieu que nous
auons doué occafiondeblafphemerfonnora,
il foit glorifié par nous. Et pource que nous
auons encores beaucoup de foiblefles & de vi
ces de refidu, qu'il nous fupporte,iufques à ce
qu'il nous ait pleinement reformez à foy &i
fa iuftice. Ainli nous dirons tous , Dieu tout" #
puiflànt, Père celefte,&c.
ONZIEME SERMON SVR LE SE-
COND CHAPITRE.
î I ddmoncjle donc quauant toutes chojès on face requejlest
omifonsjiipplicationsy^^ aclions de grâces pourtous hommesy
z Pour les Kois , O" pour ceux cjui font conjlituez en dignité:
afin que menions yie ^aijille Q' tranquille ) en toute pieté O'^on-
neîleté.
h.iii.
ONZIEME SERMON
Ependant que les hommes
s^applicjnét à bien, le diable
a moins d'accès pour les at-
tirer en fes filets : car il ne
les trouiie pas tit dcloiiîr.
Au contraire, ceux qui s'ap-
pliquent à vn t.is de plianta
fies vaines &; friuoles.s'cxpofcnt à Satan, qui
les peut tranfporter çà fc là alitement. Et voi
la pourquoy nousvoyôs tant d'erreurs aum5
de , tant de gens s'enuelopper en dodrines
fauffes & mcfchantes : pourccque de nature
nous lommes enclins à vanité, cS; cliaciî le flat
te en ce vice. Voila donc Satan qui ha la vo-
gue,& ha vn moyen aile tant & plus d'attirer
les hômesien forte qu'on verra fouuétesfois
que ceux qui ont eu quelque bô cômencemét,
non feulement tourneront bride tout aure-
bours,inais ferôt ennemis mortels de Dieu &
de la religion. C'eft pourquoy maintenant S.
Paul exhorte Timothee, que les fidtless'em-
ployeiit & s'eftudient à Faire prières à Dieu,
non leulemét pour eux& pour l'Eglile, mais
pour tout le genre humain.Ci dcfllis U a tou-
ché que beaucoup s'adonnoycc à des quciUôs
curicul'es , & qui n'emportoyent nul profit: il
adioufte doc vu vray remède Se bien côuena-
ble pour fermer la porte .t Satan : c'eft qu'on
regarde quelle cftude noibc Seigneur approu
ce. Le principal exercice qu'ayent leseufans
de Dieu, c'eft de pricr:car voila aufsi la vraye
approbation de noftrefoy, que nous ayons re
•oursànoftrc Dieu,& que nous inuoquions
Ion nom: & que non feulement chacun pcnfe
de foy,& en au fouci, mais que nous compre-
fiipns en gênerai tous ceux qui font toioints
auecnous, &auec lefquels nousauôs quelque
proximité. Or eft-il ainfique Dieu amis vne
vnion &: vn lien entre tous hommes, qu'ils fe
doyuent cognoiftre corne freres,oubiea com
me prochains. Il s'enfuit donc que nous de-
lions prattiquer ce moyen-ci en priant Dieu:
& ne faut pas qii'vn chacun foit addonné à fa
perfonne.ni à fes amis particuliers : mais que
nous eftédions noftre chanté Se iolicitude en
iiers tous , & grans & petis , Se ceux qui nous
fontpnucz, & ceux qui nous font incognus.
"Vray eft que ce n'eft point pour défendre de
mettre les degrez que i'Elcriture i'aincle mef
mes nous enfeigne. Qm plus eft, fi nous vou-
lons bien prier Dieu pour tous homes, il faut
«ommenccr par ceux au«c k-fqucls nous fom-
mes côioints en foy, & en l'obeiflance de l'E
Man^ile:carccux-la font comme domeitiques
delam^ifondcDieu.Mais tât y a qu'en priât
pour les fidèles, il laut aufsi que nous ayôs pi-
tié & compafsion des poures iiicrcdules , qui
cheminent eiicorcs en erreur & ignorance,&
«jue nous fuppliôs .1 Dieu qu'il les attire auec
Jious,& que nous foyons tou^ enlcmble d'vn
accord. Maintenant nous voyons quelle eft
l'intention de S.Paul en ce pairage:c'eft afça
iiioit de uiôûrerà quoy les enfajis de Dieufe
doyuent employer: c'eft à ne point trauailler
en vain, & lans aucun profit : c'eft à inuoquer
Dieu,&: en le priant auoir le loin du falut de
tout le mondc:&:que foir & matin ils s'appli
quent à cela. Car par ce moyen la porte fera
clofc à Satan , qu'il ne poui ra pas les feduire
ne dirtraire à. des curiofitez vaines &• mefcha
tes.Mainten.lt il refte de regarder par le me-
nu ce que dit ici S.Vaû.ï e.\-horte(d>t-il)tju^o-
raifons, &■ reqiieftes, (y" frieres fe facent : &
^it'aflions de gracts fe rendent ,) Vieu : ■voire
deuant tontes chofes.Q_uanà il dit.Deuat tou-
tes chofes.il monftre par cela que nous deuôs
auoir les prières en fînguliere rccômandatiô.
Et c'eft vn mot qui pcfe beaucoup : car l'ay
défia dit que ceux qui font froids & noncha-
lans à prier Dieu,monftrent qu'ils n'ont nul-
le foy:pource que c'eft iciqu'elle s'approuue.
Voila(di-ic)levray examépoLir fçauoir coin
ment nous aurons profité eni'Euangile: c'eft
fi nous fommesardens à prier Dru, que nous
ayons cefte afFcttion-la qui nous fclicite lour
& niikl.Car celuy g dira qu'il fe lie en Dieu,
& qu'il croit .à l'Euangilc,*; cepédant ne tiéc
conte de piier,monftre qu'il n'eft qu'vn moc-
qucur & hypocrite : car fi nous recelions les
promeffes de Dicu,&: fi nous fommes afleurez
de ce qu'il nous dit, il nous le faut chercher,
comme il nous promet de nous cftre Perc &
Sauueiir,il nous conuie à foy , il nous tend la
main , il ne demande linon que comme nous
lommes appelez à la cognoilTancc de fa ven-
té,nous venions luy dem.'.iidcr qu'il accom-
plifleles chofes que nous auom Llpcrcesde
luy. Ceux donc qui ont la bouche clofe,& qui
font ainfi ftupides & norchalans , monftrent
que iamaitils n'ont goufté les promeiles de
Dieu. Et ainfi ce n'eft pas fans caufe que fainft
Paul préfère les orailbns Se requeftes qui fe
doyuent faire en l'Eglife à toutes chofes;
comme s'il difoit , Voila le principal auquel
il nous tant cftre attétifs.\oila pour vn poîci
Mais regardons maintenant quelle eft noftre
Chreftienté : car nous voyons que bien peu
s'addonncnt àprier Dru;ou ii on le tait,c'eft
comme par cérémonie & .'.cquit.Bnef.ce n'eft
lînon comme vne monftre lan^ vertu.ne zèle
aucun : & fi on eft bien froid à faire prières
publiques, regardons que ce fera d'vn chacun
en fa maifon & en fon priué.Puis que nous a-
uonsfimal profité en ceft article de prier
Dieu, cognoiiroiis que nous n'auons point
encores appréhendé quelle eft la vertu de l'E
uangile , qu'il n'y a point à grand' peine vne
goutte de foy en nous, & encores , que nous
eftouffons fi peu de clarté que nous auons re-
ceu,entant qu'en nous eft. Que par cela donc
nous loyons incitez à prier Dieu: exerçons-
nous-y plusardeinmét que nous n'auôs poinC
fait par ci deuant. C'eft ce qui nous eft ici tac
recoinm.rdc par faind Paul. Ce qu'il adioufte
d'or.itfons , & retjitefles , Se prières , tend à vnc
incfiue fin, & coufenuc ce propos-la. Samft-
KaiU.
SVRLAI. ATIMOTH. <îj
ïâulpouuolt dire en vn mot , Qu^on face entre deux, fif.int-il ne^ntmo'ns que nous
prieresjOU qu'on face oraifons : il ne fe con- ayons pitié de leur perdition, ..fin de reque-
lente pas d'auoir mis vnmot fculement,il en rir Dieu qu'il les attire à (oy.Puis qu'aîii eu,
met trois qui emportent vne melhie choie, notons bien quec^cftvnecliofe trop peruer-
Wais quand il inlîfte furvnpoinft, c'eiî afin fe quand chacun feraaddonné à Ton profit, &
qu'on y penfe mieux , & qu'on loit touché qu'il n'aura nul foin ne regard à fes pr»-
plus au vif , comme s'il nous vouloit refueil- chains. Car nollre Seigneur n'a point créé
1er , pourcc que nous fommes trop endormis des mondes infinis, afin qu'vn chacun demeu-
en ceft endroit.Apprenons donc de ce paflà- rail là à l'efcart , viuant à toy & à fon profit
ge , de ne nous point lafcher fi tort la bride
quand nous dcuons prier Dieu. Carilnoiis
femble que c'cft aifez d'auoir eleué noftre
xfprit vne minute de temps : mais retenons-
nous, & fi nous Tentons que nos ciprits s'ef
priué : mais il nous a mis les vns auec les aa»
très. Voulant donc que l'habitation fuft con»
niune,il nous a aufsi obligez, afin qu'vn cha-«
cim penfe qu'il doit communiquer auec iee
prochains. Et pour celte caufe il nous a crées
coulent, t^ifons force ànous-mefmes pour d'vne nature. Quand le regarde vn homme, il
nous tenir captifs , & exerçons-noiis à cela, faut que ie contemple là mon image, & que ie
puis que fainrt Paul nous met ici comme trois me regarde en fa peifonnc, &queie m'y co-
brides, afin de nous tenir par force. Priez gnoille. Il y aencorev vne chofe plus digne
Dieu, dit-il. Et comment le prierons-nous.? d'eftre confideree.c'eft l'image de Dieu qu'il
Il voit que nous lommcsaccouftumezànous a engrauee en tous. Si donc nous portons è
diltraire çà & là: Retournez, dit-il, faites re- Dieu quelque honneur & reueiéce, c'cft biea
quelles. Et puis voyant que nous fommes (i raifon que nous ne mefpriùôs point fon ima«
volages , qu'il ne ûifht point de nous auoir ge laquelle il a engrauee en tous hommes: Ss
dit vne chofe deux fois , il met la troifieme que nous cognoifsions cependant ce qui eft
bride:Faites,dit-il,prieres.Voilacequenous dit cnl'Efcriture , C^uf nul n'ha en haine fm
deuôs bien noter: c'eft afçauoirqueie faincl chair:carc'eftvnmôfire,c'eft vne chofe q eft
Efprit parlant par la bouche de làinft Paul, côtraire à toute humanité. Or quâd il eft par
corrige ici la légèreté qui eft aux hommes, lé de la clia!r,cela s'eftend àgrans & petis,&
pource qu'il voit que nous ne fommes gue- aux plus elhanges du monde:comme aufsi le
tes conllans à prier Dieu:& quand nous y ve prophète Ifaie en parle. Nous voyons com- ,/■ . i
nons, qu'il ne faut rien pour nous en dtftour me Dieu nous a conioints à cefte condition, ^
ner, qu'il eft bien difficile d'y demeurer fer- qu'vn chacun s'employe pour feruir à fet *
mes & conftâns comme il feroit requis. Pour prochains entant qu'il pourra,S: qs'il en au-
cefte caufe ii nous monftre comme nousde- ra le moyen. Or nous deuons monftrer cela
uons ini:ftcrli deiTus , & qu'vn chacun fe fo- en nos prières que nous faifons à Dieu : car
licite à prières S: oraifons , non feulement c'cft le principal fecours que nous puifsionf
pour loy & en lonparticulicr, mais pour tou- donner à ceux qui ont be foin de noftre ai-
te l'Eglife,& en gênerai pour tî:ur le inonde, de. Si le preten de feruir à ceux aufquele
Maintenant venons à ce que du faînd Paul, Dieu m'a obligé, il eft vray que iedoy regar
que nous dcuons prier pair tau s homme s, &: no der la faculté que i'ay en main : & félon que
tamment pour les K"lj , c> piiir ceux qui (ont l'occafion s'addonne , il faut que ie m'appli-
en fretmiiiencf \^ <f;_g;;/fi .Q^ad fainft Paul que:mais le principal bien que nous puifsiô»
nons commande de prier pour tous hommes, faire aux homes, c'eft d'inuoquer Dieu pour
il fignifie que nous deuôs exercer noftre cha eux , &de le requérir pour leur falut . C'eft
lite les vns enuers les antres , dcmandans à donc en ceft endroit où faintf Paul commaa
Dieu qu'il tace merci à tous,& qu'il nous re- de à tous fidèles d'exercer leur chanté. Et lî
cueille enfemble en l'héritage celeile , puis nous deuons eftendre noftre folicitude iuf-
qu'il nous a créez & formez à Ion image. le ques aux infidèles, a ceux qui n'ont nulle.coiB
ay délia dit que nous deuons bien prier pour munauté auec nous,q fera-ce de ceux qui por
l'Eghle deDieuen premier degré :& mef- tent le nom de noftre Seigneur lefus Chrift,
mes lelon que nous fommes coniointslesvns qui ont vn mefme Baptefme ,qui font mem^-
aux au très. Dieu nous permet, & ordônemef- bres de l'Eglife? combien deuons-nous pen-
mes que nous en ay os tant plu, de fouci . Car fer de ceux-là? Veu que fi nous mettons en
dequoy feruiroit ce fte fraternité que nous oubli , ou que nous mcfprifions les incredu-
auos enlemblerSaincf Paul donc n'a pas vou- les, & ceux qui font eftranges du troupeau,
luofterles dcgrcz qucrEfcnture lainifeap nous en ferons rcdarguez , que fera-ce de
prouuc par tout:niais cepcndat il a voulu de- ceux que Dieu nous commande d'aimer fpe-.
clarer que non feulement nous deuons prier cialementfTellcmcnt que ce palTage nous aci
pour les fidèles qui ont défia quelque frater- monefte de noftre deiioir: c'eft afçauoir que
nitéauec nous, mais pour ceux qui en font tous ceux qui portét le nom de lefus Chrift,
bien ef oiignez , comme les poures incredu- nous doiuent eftre recommandez par fpecial,
les:coinbien qu'il femble qu'il y ait vne Ion- que nous les aimions'comme nos frères, que
gue diftance , qu'il y ait vne muraille clpeflc nous foyons conioints & vnis auec eux : car
h. iiii.
«î4
ONZIEME SERMON
autrement nous ne fommes pas dignes que
Dieu nousaduoue pour {es enfans.Car quîd
nous defchirôs le corps de lefus Chriit,(juel
le part & portion pretendons-nous en ceft
héritage immortel auquel nous fommes ap-
pelez? Voila Dieu qui nous a adoptez pour
ies enfans,voire lî nous fommes membres de
lelus Chriftlbn FUs:cequi ne peut eftreque
nous ne foyons conioints d'vne amitié fra-
ternelle les vns auec les autres. Si ie me fc-
pare de ceux que Dieu veut auoir à foy,ie dif
lipe en tant qu'en moy eft le corps de noftre
Seigneur Icfus Clirilh &ainfi ie me banni du
royaume des cieux.Mais quoyfc'cft encores
vn article bien mal confidei é.comme nous le
voyons par expérience. Car où eftPvnion
que Dieu a dediee entre no'A laquelle nous
doit elhe plus que facree? Il n'eft queffion
que de femager les vns les autres:nous fom-
mes comme chiés & chats: tant s'en faut que
nous cognoifsions que nous fommes mem-
bres de noilre Seigneur lefus Chnll.que Thu
manitc fera quaii abolie entre nous. Où eft la
droiture q y doit eftre, &: l'équité? Où eft la
compafsion & pitié pour fubueiiir les vns
les autresfC'eft tout le contrairercar il fem-
ble que nous ayons confpu é à deftruire tout
Tordre que Ditu a eftabli. Puis qu'ainii cil
«Jonc qn'au heu d'auoir fouci de nos frères
&de nous exercer à bien faire , & procurer
leur bien & falut , que nous ne defirons que
leur ruine , qu'il femble que nous ne deman-
dions qu'à les accabler, en cela voit-on com
me le nom de Dieu eft prophané: vn ch.icun
de nous fe vante d'eftre CJireftien , & nous
ne fommes rien moins. Voila pourquoy no'
deurions tant mieux prattiquer ce palTàge,
quand fainû Paul nous commande de prier
pour tous hommes. Suyuant cela que nous
ayons pitié des poures errans qui vont à per
dition, combien qu'ils n'en foyét pas dignes,
combien qu'ils foyent ennemis de l'Eglife,
& qu'ils s'efcartent loin de nous. Et fi nous
deuons auoir pitié de ceux-la,que fera-ce de
ceux que Dieu a conioints à fon Eglife , lef-
«uels font d'vn mefme troupeau auec nous?
Que nous penfions donc mieux à cela que
nous n'auons point fait le temps pafTé. Ce-
pendant fainft Pauladiouftepar cfpecial.que
après auoir fait requeites pourto' hommes,
•on doit lîngulieremét prier pour lesKois, Se
«eux qui font en prceminêcc.Eu quoy il dé-
clare ce que i'ay deiia touché: c'eft afçauoir
félon que Dieu nous fait feruir les vns aux
autres, qu'il faut auf i que noftre efprit s'at-
tache à cela ,& que cefoit comme des efpe-
rons pour nous inciter de tant plus. Si ainfi
«ft que nous rcceuôs par le moyen des Prin-
ces S( des Magiftracs , &de toute la police,
que nous reccuions , di-ie , des bénéfices de
Dieu lingulitrs , voire incomprcheiilibles:
t'eft bien raifon que les Princes nous foyent
recommandez , & que nouv les préférions à
tout le refte. Voila quelle eft l'intention de
ùinSi Paul. Et pour cefte cauCe il recite en
brief les biens qui nous vienent par la police
que Dieu a inftituee au mondc:c'eft afçauoir
que nous pouuons mener vie paiiible:&; puis,
que Dieu eft ferui & honoré. Tiercemét que
la vie des hommes eft honnefte.qu'il y a quel
que bride pour no' tenir en crainte, que tout
n'eft point desbordé ne diflolu. Ileftvray
que ceci £e pourroit déduire plus au long:
mais tant y a que fainft Paul n'a rien laifle
derrière , en déclarant en bricf quel profit
nous apporte la police terrienne, & les Ma-
giftrats qui y font ordonnez. Cependant no-
tons que i'aintl Paulauoit vne raifon fpecia-
)e de ce temps-la pour recommander les Ma
giftracs:cai tous eftoyent ennemis de l'Euan
gile , perfLCutcurs des poures Chreftiens , &
meurt riersrgens prophanes,brief,enflammez
contre la vraye religion & pure. Or il pou-
uoit fembler aux fidèles que de prier Dieu
pour telles gés, il n'y auoit point de propos.
CommentPque ie prie pour ceux qui font en-
nemis delà vérité, qui voudroyent auoir abo
li l'Euangile , & la mémoire de noftre Sei-
gneur Itfus Chrift ? ceux qui meurtriflenc
cruellemét les fidèles? c'eft côme fi ie fouhai
toye vne pefte mortelle àl'Eglife de Dieu.
Mais faintl Paul monftre que cela ne doit
point empefcher les fidèles qu'ils ne prient
Dieu pour tous Magiftratv. Pourquoy? Une
faut point que nous regardions aux peribn-
nes fi elles s'acquittent auiourd'huy de leur
deuoir ou non: mais que pluftoft nous regar-
dions à l'ordre que Dieu a cftabli , lequel ne
peut eftre iamais violé par la malice des ho-
mes, ou bien ne peut eftre effacé du tout, que
il n'endemcure quelque refidu. Combien dôc
que ceux qui font en dignité , & qui ont ie
glaiue de luftice cnmain s'acquittent trei-
mal, combien qu'ils rempliflent tout d'iniu-
ftice,qu'ils facent confufion plus grande que
ceux qui n'ont nulle charge ni office , qu ils
foyent mcfmes ennemis déclarez de Dieu, fi
faut-ilcognoiitre q Dieu a inftitué les royau
mes, les principautez,&- le fiege de iuftice, a-
fin que nous viuions paifiblemét fous fa crain
te,&.' que nous menions vie honnefte: cela, di-
ie, ne peut eftre aboli par la malice des hom-
mes.Et mefme': nous voyons quand les tyr.is
dominent , qu'il y a de grandes corruptions:
toutesfois encores cela eft plus tolerable,que
s'il n'y auoit nul ordie. Mettons comme eri
vne balance vn tyran, ou plufieurs qui^exer-
cent toute cruauté, q'.n pillent l'vn,mcurtrif-
fent l'autre, & qui font beaucoup d'autres
mefch.icetcz Se énormes, fous ombre de la iu-
ftice: de l'autre cofté, mettons vn peuple qui
n'ait nul chef,qui n'ait ne Magiftrat ni autno
rite en foy , mai» que tous foyent égaux : il
eft certain qu'il y aura vue confufion plus
grande lirpki- horrible quand il n'y aura
point de prééminence, que s'il y auuit vne
tyrauaie
SVR LA I. A TIMOTH.
^î
tyrannie la pluç exorbitante du monde . Et
pourijiioy;Car encores qu'il y ait des diables
encharnez qui occupent le iiege de iuftice,
combien qu'ils s'elFjicent à mal faire , iî eft-
ce que Dieu ne leur permet point de venir
iufques là, qu'ils renuerl'ent toute iuftice : il
faut qu'il y ait encores quelque trace de biê.
Mais quand nous prions pour ceux qui font
en dignitéjCe n'eft pas encorcô pour ctfte rai
fon-la feule : mais afin que Dieu s'en férue,
tellement que nous puifsions par leur moyen
iouir des biens qui font ici côtenus &: decla-
rez.Et quand la lullice eftmalgouuernee, &
qu'il fe commet des pillages & extorfioiis,&
que faueur & haine, & chofes femblables ont
la vogueau lieu d'équité & droiture: &bien,
il faut que nous penfions à nos péchez , car
c'en font les fruits :voila Dieu qui nous paye
en telle monnoye que nous l'auons mérité.
Car lî nous eftions dignes qu'il régnait fur
nous , il eft certain qu'il pourroit choifîr de
bons ottîciers,& ij executeroyent fidèlement
ce qu'il a ordonné. Mai-: d'autant que nous
fommes rcuefches, & que nous ne pouuons
foufîrir qu'il nous gouuerne, & que nos paf-
fions font fi bouillantes contre luy,que nous
ne demandons qu'à reietter fon ioug.il fe re
tire,&(e tient comme à l'efcart:*: cependît
il nous donne de tels Magiftrats & de tels
Princes comme nous l'auons deflerui. Co-
gnoillàns donc cela, nous deuôs gémir &fou-
fpirer , & baiiTer la tefte , d'autant que nous
fommes chaftiez de nos fautes : & puis inuo-
quer Dieu qu'il luy plaife de donner tels Ma
giff.ats, que l'ordre de iuftice reluife entre
nous : c'eft à dire que nous le feruions , qu'il
foit adoré d'vn cômun accord de tous, & que
toutes diflolutiôsjchjfcs vile'neç&mefchan
tes foyét réprimées, & qu'il y ait paix & con
corde, en forte que nous ne fjyôs point corn
mebeftes fauuages. Voila comme nousde-
uons plier Dieu pour les Magiftrats & ceux
qui font en prééminence. Vray eft que nous
deuons inuoquer Dieu pourtou'; Magiftrats,
comme il a cité parlé de tous hommes en gê-
nerai. Car fi nous voyons des Princes qui
traittent mal leurs fuiets , qui renucifent la
pure doftrine de l'Eiiangile , qui ne deman-
dent qu'à mettre tout fous le pied, qui n'ayét
nulle religion en eux, nous deuons bien auoir
compafston & pitié de ceux qui font là tour-
mentez. Ainfiles requtftes que nous faiibns
pour les Rois & les Princes, ne font pas i'eu-
lement pour ceux qui dominent fur nous , en
forte qu'vn chacun doiue auoir eigard feu-
lement à ceux fous lefquel> il vit: mais en ge
neral nous deuons prier pour tous ceux qui
dominent. Cepédant notons bien que fi nous
deuons prier pour ceux qui font eftranges, &
fous Icfquels nous ne viuons pas:par plus for
te rai fon nous deuons bien auoir poirr recoin
mandez ceux qui nous tienent en leur prote-
tlion Je iuiettion, & que Dieu a côftituez fur
nous, afin que nous leur foyons fuiets.comme
aufsi nous voyons que l'Éfcriture en parle, ^"'"■li-
En premier lieu nous auons Je royaume de "*• ' > O*
noftre Seigneur lefus Cbriû qui nous doit ''^^^^•
eftre recommandé. Il eft vray que celuy-la ''^•3'*»
eft priuilegé par deflîis toutes les principau- ^'
tez du nionde,non feulemét pource que c'eft '• ""■•
l'empire fouuerain,fous lequel toute puiflàn- ^•'•'3'
ce & hautelTe doit plier ; mais pource que
c'eft là ou conillic toute noftre félicité & fa-
lut.Mais cependant,pourcc que toutes prin-
cipautez du mode font corne figure & image
du royaume de noftre Seigneur lefus Chrilt,
nous les deuos auoir precieufes,& prier Dieu
qu'il les coDferue,& qu'il les face profperer:
ie di en premier lieu des royaumes légitimes.
Q_iiand chacim fera fous vn Prince , ou fous
des Magiftrats en ville franche, & bien, qu'il
prie aufsi Dieu. Mais nous voyons encore!
phF:c'eftafçauoir que ceux qui font fous des
tyrans , qu'ils doyuent fpecialement prier
pour eux, voire entant qu'ils dominent, &
qu'ils tienét le fiege de iuftice. Et pourquoy?
Priez Dieu pour Babylone(dil"oitle Propne ''"'"'•t?-
te Ierem!e)caren la paix eft contenue voftre ''■7'
paix. Voila les luifs qui font tranfportez en
Babylone , voire non point que les Baby-
loniens euflent aucun droit fur eux , mais-
pource que pour vn temps Dieu les veut af-
fliger. Puis qu'ainfi eft que Dieu a conftitué
les Babyloniens fur les luifs , il faut qu'il*
prient pour le Roy, & pour la police de fon
royaume. Et pourtant notons bien ce que
nous deuons faire quandnons auons des Ma-
giftrats Chreftiens , Magiftrats protefteurs
de la religion, & d'ordre Se de iuftice : com-
bien plu': deuons-nous eftre enflammez à les
auoir recommandez enuers Dieu: Voila dôc
l'ordre que nous auons à obferuer , c'eft que
en gênerai nous cognoifsions puis que Dieu
a eftabhla police de ce monde, qu'elle nous
doit eftre precieufe : & que pourcefte caule
nous deuôs prier pour ceux qui font en pree
minence & dignité : mais qu'vn chacun doit
prier pour fon Prince, ou pour fes Magi-
ftrats félon que fera l'eftat du pays, voire
par finguliere recommandation. Et puis , fi
par le moyen des Magiftrats qui dominent
fur nou^Ja religion a fon cours & fa vigueur,,
que Dieu foit honoré & ierui comme il ap-
partient, qu'il y ait paix & tranquillité , que
nous cognoifsions que Dieu nous donne tarit
phisd'occafion pour le prier, afin qu'il main
tieneceft ordre, & qu'il ne permette point
qu'il dechee , & encores moins qu'il perifle,.
mais que pluftoft il <'augmétc, & qu'il fe con-
ferme de plus en plus. Nous voyons mainte-
nant à quoy prétend ùinft Paul, quand il dit
qu'on doit faire prières pour ceux qui font
en dignité. Cependant il nous faut bien no-
ter ce que l'ay défia dit : c'eft afçauoir qu'ici
il nous propole les traces q Dieu nous eflar
git par la main des Magiftrats, afin que nous
1. i.
6t ONZIEME
foyons tant plit"; affedioncz enuers eux. Car
nous fçauons quel eft Torgueildes hommes,
iufques à ce que Dieu les ait dontez par fon
fiinâ Erprit,&: qu'il leur au apprins que c'cll
d'hamilicé.chàcunvoudroit citre roy de to',
&t)'yaccluy qui ne nourrifle vne opinion
de ("oy.qu'il mérite bien d'tftre préféré àto'
autres. Voila donc comme les.hommes,com-
bien qu'ils l'oyent côuaincu- quMs ne fe peu
uentpaircrde pol.ce.ne vculein aucunement
s'aiFuiettir linon que Dieu les prcfle , &■ les
amené à raifonpar torce. Il elt vray que la
plus part eftâs côuaincus qu'ils ne font point
capables degouuernei',louifriront Icgouuer
nemcnt public:mais fi cft-ce qu'ils ne le font
point d'vn courage alaigre , linon ceux que
Dieu a enfcignez ( comme famtt Paul nous
amené lA ) c'elt afçauoir qui cognoiffcnt que
noltre Seigneur a voulu choifir ceux qui do-
minent comme miniftrcs de (a bonté, iS; qu'il
nous veut gouuerner parleurs mains: & d'au
tant que nous asonsbefoin qu'il prefide fur
nous , qu'il choiiit ceux que bon luy femble,
alin qu'ils exercent fon office. Ceux qui font
refolus de ce poindt.s'ailuiettirôt volontiers
à la luftice de ceux qui dommcnt : m.iis nous
ferons touliours fauuages , iufqucs à ce que
cefte raifonait gaigné fur nous. Sainft Paul
donc nous met ici au deuant , que ceux qui
font en prééminence, font que nous menions
vie paiiîble,que nous accordions en la crain-
te de Dieu, 5c en toute hônefteté. Voila pour
vn item. Or nous pouuons ici recueillir quel-
le perte c'eft quand les hommes voudront
auoir vn meflinge,& qu'ils voudront rcnuer-
ler la police. Il faut bien que telles gés foyét
plus qu'infenfez,& que le diable les ait com-
me enforcelez : comme on en a veu de noftre
temps qui vouloyent cela , afçauoir que fous
ombre de Chre/litnté ils tafchoyent d'abo-
lir tout ordre,qu'il n'y cuft plus de police en
ce monde. Util vray qu'ils faifoyent fem-
blantd'eftre fpirituels: mais c'eftoyen: dia-
bles qui eulTent voulu peiucrtir toute iuima-
nité,& mettre vne telle conrufion & fi horri-
ble , qu'il vaudroit mieux que les liômcs fuf-
fen: deuenusbi.ftes brutes ou loups-garoux,
qued'auoir vn telmeflmge. Pour ce taire ils
allèguent que noftre Seigneur lefus a renou
uelé le monde:5; puis , que fon Royaume eft
fpihtuel, qu'il ne faut pP de glaiuc matériel,
qu'on ne doit plus vfer de force ne contrain-
te,& chofes f^mblables. VoirerEt qujd il eft
ditquelafus Chrift eft venu pour renouucl-
larlemonde,cft-ce que cefte nouue.iute fe fa
ce & s'accopIilTc en vn iour?Il s'en faut beau
coup ; c'eft aflcz que nous profitions à eftre
reiiouufltz , voue tellement que nous pour-
fuiuiosccla tout le temps de noftre vie. lefus
U->- f-'7 Chnft a bien certotiice-Ja (comme l'Efciitu
i.Cor.f . re le inonftre^qu'il nous face nouuelles créa -
'7- tures : mais cependant nous feroiio tculiours
menez en partie de noftre vieille peau , (ni''tl
SERMO N
y aura beaucoup de reliqua du vieil homme
en nous. Et ainfî,iufques à ce que nous foyôs
femb labiés aux Anges de paradis, nous auons
befoin de quelque ordre &: bride qui nous tie
ne fous noftre mefure,&iufques a ce que no*
foyons pleinement reformez à l'miage de
Dieu. Ainfi notons bien qu'ici fain£t Paul
nous déclare que nous ne deuons point obéir
aux M.igiftrats feulement ciaignans d'eftre
punis, pource qu'ils ont le glaïue aupoing:
mais pource qu'ils nous font miniftres de la
grâce de Dieu, que nous les deuons &: hono-
rer & aimer : & que fi nous les reiettons , ou
que nous detradions contr'i.ux, c'eft vne in-
lure qui s'addrellè à Dieu , & non point aux
hommes mortels: & par cela nousraonftrons
noftre ingiatitude.il dit bien au trezicme des
Roinâins,Q_ut' quicôques mefpnfera la puif-
{ance , celuy-la eft rebelle à Dieu. Et pour-
quoy? car ce n'eft point à l'âuencure que les
hommes dominent , que les fcigncuries ont
efté cftablies comme on les voit : cela vient
de la prouidence de Dieu. Il nous faut donc
alluiettir aux Magiftrats, non point pour Pi
re,mais pour la confcience. Mais la Icntence
redouble : pource que nous ferons rcbtlles à
Dieu CHCorcs plus, & noicre ingratitude fera
trop vileine,fi nous n'obeifTons aux bons Ma
giftrats & fidèles, cognoillans les biens que
Dieu nous diftribue par leurs niains:c'eif que
noltre vie feioit plus que brutale, finon qu'il
y euft quelque gcuuernement& régime par
delTus.Pour côcluiîon notons que fainft Paul
a ici compris ce qui duit fcruir pour enire-
tenirle genre humain. Il y a donc tro'S cho-
fes qu'il met ici, la paix,& la religion, & l'hô-
nefteté. Quand il met la paix, c'eft pour mon
ftrerque les hommes, combien qu'ils foyent
d'vnemefme nature, ne fepourroyent com-
porter , finon qu'il y euft quelque bride pour
les tenir. Les loups fe cogno illent bien par-
mi les bois Si foreits, & les autres beites fau-
uages : mais il y a vne nature fi perutrfe ans
hommes, combien qu'ils foyent crcczà l'ima
ge de Dieu , qu'à grand' peine chacun pour-
roit foutfrir fon compagnon vn iour,n'«itoit
que Dieu dominaft par defîus.Il tft vray que
cela ne i"e verra point toufiours à l'œil: mais
quand tout fera bien confideré , on trouuera
qu'il eft ainficôine faiiuft Paul en paile. Voi-
la quant .lia paix.Et puis il y a vne chofeque
no'u: deuons encorcs auoir en plus grande
eftimc Se rcuerencc : c'eft afçauoirla crainte
de Dieu , quand les Magiftrats iont confer-
uatcurs de la viaye religion. Il eft vray que
ceci ne fe voit pas trop bien pratîiqué de no
ftre temps : car auiourd'huy ceux qui domi-
ner, au lieu de maintenir l'honneur de Dieu,
ils l'oppriment , (Sole foullent au pied. Ma, s
tant y a que c'eft le vray office qui appartiét
aux Princes &: Magilhars, de faire que Dieu
foit adore .îv; ferui.Et les payens incfmcs ont
bien cognu cela; voire iionobftant qu'ils fi;r-
fci.c
SVRLAT. ATIMOTH.
«T?
fent poures aueiigles,& qi^au lieu du pur fer-
iiice de Dieu ils enflent introduit beaucoup
de fuperftitions & idolâtries mcfchante»; , fi
eft-ce qu'ils ont eu celle maxime & cefte rei
gle générale , qu'ils auoyent befoin de l'or-
dre de iuftice , pour faire que Dieu fuft ado-
ré. Or puis que Dieu a tant honoré les Magi
ftrats , que de no/lre cofté nous ne foyons
point lafches de leur rendre ce que S. Paul
déclare ici, c'eft qu'en leur obeiflànt nous re
cognoifsions combien nous femmes tenus à
eux. Il y a en troifieme lieu ccRe hôneftcté
qu'il met : car lemot aufsidont il vfe , em-
porte règle de tempérance : comme s'il di-
foit que c'eft l'office des Magiftrats , d'eftre
vigilans & attétifs pour garder que les hom
pies ne foyent dillolus : que s'ils ne prenent
garde à cela, il n'y aura plus de difcretion de
bien ne de mal, m honte d'aucune turpitude,
tellement que les chofes iront comme entre
ies chiens & pourceaux : brief , les hommes
mettront en oubli leur nature , iufques à ce
que par le moyen des Magifliats noftre Sei-
gneur nous ait eflargi vn tel bien. Et ainfi no
tons que ceci nous doit d'autant plus inciter
a le prier qu'il vueille conieruer les polices
qu'il a mifesau monde , & qu'il vuelllegou-
uerner par fon ûwtl Efprit ceux qu'il a con-
ftituez au lîege de ii;ftice,& qu'il les guide tel
lemcnten toute droiture & en tout bien, que
nous fentions qu'il domine Se par deflus eux,
& par leur moyen pardefTus nous , a/în que
d'vn commun accord il foit honoré & ferui
de tous:& que cependant il ait fa main eften-
due pour nous auoir en fa pro teil!tion,& pour
nous entretenir non feulement en bône paix
cependant que nous viuron^ en ce mode fous
l'obeifiance de ceux qu'il a ordénez pardcf-
fus nous, mais qu'il nous face toufioursafpi-
rer à ce Royaume éternel qu'il nous a appre-
fté , côme il nous a eflc acquis par le fang de
noftre Seigneur lefus Chrift.
O R nou"; -nous prollernerons deuant la fa
cède noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos tantes, le prut qu'il nous les face mieux
fèntir , tellement qu'eftans confus en nous-
mefmes, nous ayons tout noftre refuge à luy
pour le prier qu'il luy plaife nous reccuoirà
merci , en nous pardonnant tant d'iniqnitez
& oifenfes que nous auons commifes. Et que
d'orefenauâtil nous vueille corrit^er de tous
nos vices, tellement que nou^ ne cherchions
finon à glorifier fon fainÛ nom, fermant la
bouche à tous malins & mefdifans : & qu'vn
chacun s'efforce en fon endroit d'entrete-
nir paix & concorde auec fe^ prochains, tel-
lement que nous viuions tous enfemble en
bonne vnion fraternelle pour féruir à la c^loi
re de ce grâd Dieu, au nom cS,: en la perfonne
de noftre Seigneur lefus Chrift fô Fils.Qjie
non feulement il nous face cefte grâce , mais
aufsi à tous peuples &: natiôs de la terre, &c.
PREMIER SERMON SVR LE se-
cond CHAPITRE.
T I exhorte donc que deuant toutes chofes on fjic e recjuejies, orai
fans Jûpplicat ions, (f acïions de grâces pour tous hommes,
i Vour les Ro;V, çy pour ceux qui font coflitue^ en dignité ydjin
que menions viepaifék ^T tranquille en toute pieté CX honnejîeté.
Ous auôs défia déclaré quel
le ell l'intention de famtT
Paul en ce palTage: c'eft a-
fçauoir que les lîdeles ne
pnét point fculemét pour
le corps de l'Eglife, mais
pour tous hommes en gênerai : fclsn aufsi
^ue le Seigneur lefus nous exhorte de bien
faire à ceux qui nous perfecutcnt , & prier
pour ceux qui nous maudilTent. Car nous ne
fçauons pas s'il plaira à Dieu de leur faire
inerci,& ies ramener au chemin de f.!lut:mef
mes nous en deuons bien efperer, puis que
tous font créez à l'image de Dieu. Et puis
que noftre falut ne procède q de li pure bôté
& gratuite de noftre Dieu , pourquoy cft-ce
qu'il ne fera le femblable a ceux qui font
maintenant en train de perdition cômc nous
auons efté? Voila donc comme les ?îd clés
doiuét auoir louci de ceux qui ne font point
encoresconioints auec eux, mais pluitollleur
font ennemis mortels. (3rd'autant que pour
lors les Rois & les Princes, & toutes gens de
iuftice eîloyent fort contraires à l'Euangi-
le,lain£l Paulnotamcnt parle d'eux, afin oue
les fidèles 1 cachet qu'ils ne les douient point
du tout rcietter, attendant que Dieu les in-
troduifeau bon chemin. Làdeflus il mon-
ftre combien il cft vtile à tous d'auoir geoï
qui nousgouuernent. Car fans la police il y
auroit vne horrible confuiion au monde : &
on le voit par les fruifts que fainrt Paul tou-
che ici. C'cft en premier lnu que par le mo-
yen des Princes & des Magiftrats , & gens
de milice nous auons concorde , &: fomnies
paifibles entre nous. Car voila pourqujy
6^
DO VZIEME SERMON
^es Mâgifirats font armez du glaiue & du ba-
ftonde iullice , afin qu'ils empefchent que le
plus.fort ne l'emporte point, que le? violen-
ces & outrages foyent réprimées par eux, que
les bous foyent maintenus.il y a fecondemét
que nous auons quelque honnefletc entre
"nous, laquelle n'y feroit pas. Car s'il n'y a-
uoit loix S: quelque ordre de iuflice.la vie des
hommes feroit brutale, il y auroit vne difsi-
pation telle qu'on s'addonneroità toute vi-
lenie & ordurc.que les choies feroyent & in-
fâmes & énormes. Comme nous voyons mef-
mes, nonobilant qu'il y ait des loix & ftatuts
pour guider les hommes en quelque tempé-
rance & honncfteté,que beaucoup neatmoins
fe desbordent. Or que feroit-ce s'il n'y auoit
nulle barre, & que tout fuft licite à chacun ? Il
eft certain que les hommes feroyent abandon
nez à vne confufion plus eitreme & exor-
bitante que les bcftes brutes. Et puis il y a le
principal, C'eft que Dieufoit ierui & honoré.
Ces chofes-)a donc monfrrent quel befoin
nous auons d'eftre fous quelque bride, & que
ilyait desRoisou Princes, ou Magiftrats qui
gouuerncnt. Par ceci nous voyons que l'eftat
des Princes & gens de iufticeiiVfl point con-
traire à la Chreftienté, cônie aucune phanta-
fliques l'ont cuidé.difms que nul Chreftié ne
doit eftre afsis au iîege de iu/tice, & qu'il fau-
droit que tout le genre humain fiiû abbatu
pour eftablir le règne de noilreSeigneur lefus
Chrifl.II faut bien que tel', cerneaux foyét du
tout infenfez , & que Satan leur ait ofté tout
fens & raifon. Car la Chreftiété eft-ellc repu
gnanteà vie hônefl:e& modérée.' e/}-elle con
traire à la paix & concorde .> n'e/l-ce pas la
vraye règle de bien feruir Dieu .' Or l'office
des Magiftrats tend à ceûe Hn-Ia . Il s'enfuit
donc q ce font chofes côiointes & vnies, & q
on ne doit point feparer. Vray eftque noftre
Seigneur Icfus abiéregnéaumôde endefpit
des Princes, &de tous ceu?>- q auoyét le glaiue
en la main. Et ne lautpasauf i qla religiô foit
fondée fur eux. Car qu.id ils fevoudrôt eleuer
. à rencotrc, il faudra q ce qui elt efcrit au Pfe
■''•'■ ■^•aume, foit accompli : c'tftafçauoir que lefus
Chrift les cafre,& qu'il abbatte leur rébellion
de fon fceptre fpiritucl comme d'vn barreau
de fer : qu'il les mette fous fes pieds, & qu'il
les rende côfus en leur audace & en leur her-
té.Mais cependant fi les Magillracs s'acquit-
tent deuemét de leur office.nous verrons que
il y a vne bonne vnion entre ce qu'ils font, &
l'ordre du règne de noflre Seigneur Icfus
Chrift.Et ainfi notôs bien ce paflage où fainft
Paul veut q nous prions pcnir les Àlagiftrats,
afin qu'ils loycnt maintenus 6; confcrucz : &
niefmes il eftdit.afin que nous feruiôs à Dieu,
&que la religion foit maiiucmic en fon pur
cftat. Puis que l'office des Magi/lrats tend à
cela, il s'enfuit qu'5 ne les doit pointcycluie
de l'Egiife.niais qu'ils en fôt vne partie & \n
membre excclleiu,& non point du rang com-
mun.Et voila pourquoy aufsi quand les Pro-
phetesont parlé du règne de noftreSeigneur 'if't'So.
lefus qui eftoit alors avenir , notaniment ils î.io«il»
ont exhorté les Rois & les Magiftrats de luy
faire hommage. Vray eft que ceci appartient
à tous, qu'on facrifie a Dieu en la perfonne de
fon Fils, qu'on s'humilie,& qu'on ployé le ge
nouildeuant luy, qu'on fecôfacreàfon obeif
fance,qu'vn chacun s'employe à maintenir la
pure vérité de l'Euangile: mais il y a exhor-
tation fpeciale qui s'addrefle aux Rois. Et
pourquoy; Pource qu'il y a double obliga-
tion en eux, à caufe qu'ils font eleuez en vne
dignité plus haute.qu'il faut auf.i qu'ils fe co
gnoiffét efire plus tenus à Dieu,& qu'ils Pet-
forcent d'auantage à maintenir l'ordre de l'£
glife& laChrefttnté. Voila pourquoy il cfl ^j""*-7-
dit, Que les Rois viendront d'outre mer, afin ''^•"•
d'apporter prefens Se ob'ations facrees à ^/'•^- '°
Dieu, quand Dauiddit,Vous Rois entendez,
&:vous iuges delà terre apprenez. Etquoy?
l'intelligence n'efc-elle pas commune aux
plus petisf Oay bien:mais il tant que ceux-là
montrent le chemin , d'autant que Dieu les
approche plus près de foy, ayant imprimé fa
gloire & (a maieJlé en eux:il faut.di-ie, qu'ils
ayent tant plus de prudence, &: qu'ils appre-
nent les premiers: fuyuant auAi ce quieftoit
ordonné en la Loy.queleRoy du peuple de- H'u. 17,
uoitauoirvn liure exprès de la Loy,afîn qu'il iS.i>.
cognuft que fi les autres efioyent tenus de
profiter en l'efchole de Dieu, il laloit qu'il
fuftauancéle premier. Voila pourquoy aufç(
le Prophète liaie déclare , Que les Rois fe- '/»• 'i'o. ^
ront nourriciers del'E^life Chreftienne. Il iS.
ne parle point de l'ellat ancien qui fftoit fous
les Prophètes : mais quand lefus Chrift fera
apparu, qu'il faudra que les Rois foyent pro-
tefteurs de la Chrcflienté , que les Roines en
foyent mères nourricières. Nous voyons dôc
que noftre Seigneur lefusa voulu recueillir à
ioy & grans & petis ,afin qu'il foit honoré de
tous, & que ceux qui font en dignité, s'humi-
lient deuant luy,& aue nous foyons tous con
ioints , & que d'vn commun accord nous le
feruions.fçachansque l'empire fouuerainluy
a cfté donné de Dieu fon Père, afin que tout
genouil foit ployé deuant fa maitfté.Ccci eft
bien neceiraire,afin que les fuiets de leur part
foyent mieux affedionnez de fe ranger à l'o-
bciflànce de la iultice, & de ceux qui tienêt le
glaiue. Car nous fçauons l'orgueil qui eft es
hômcs,& en leur nature, & qu'ils ne s'alTuiet-
tiffentpas volôtiers, finnn qu'ils cognoiflent
que la volôté de Dieu eft telle. Q^iand nous
fcauôsque les Princes & gens de iuftice iont
corftituez de Dieu , Si mefmes qu'ils ne font
point afsis côme par violence,commefi Dieu
nouschaftioit par la main des brigans , mais
qu'ils font là cômc lieiitenas dcDieu.cV qu'ils
rcprcfcntcnt Ç.\ perfonne: & cependant qu'ils
f inf mébre de l'Eglife, voire honorables, &
q noftre Seigneur lefus veut q fa gloire reiui-
fe en
SVR LA I. A TIMOTH.
6p
fe eh eux,& qu'ils foyent fes officiers : quand
donc nous cognoiffons cela , nous auons bien
occafion de nous humilier, non point par for
ce.mais de noftre bon gré, fçachans que c'ell
vn feruice agréable à Dieu , que les fuiets
foyent en telle raodeltie qu'ils obeillènt à
leurs fuperieurs.Et cependant ceux qui domi
nent, ont aufsi occaiîon de s'efiouir , veu que
Dieu les reçoit de fon troupeau ; Et puis ils
doiuét eftre incitez de s'acquitter de leur de-
uoir, fçachans que c'eft vne vocation bonne,
&que Dieu approiiue. Car s'ils n'auoyent ce-
fte cognoilTance-la.queDieu fe veut ieruir de
eux,&que l'eftat qu'ils eiercent.eft légitime,
que feroit-ce?Ili feroyent touiîours en trou-
ble:& puis ils s'abandonneroyent à mal. Mais
quand ceci leur eftbien perûiadé & refolu,
que l'eftat où ils font, n'a point elle inuenté
des hommes àl'auenture.mais que Dieu l'a e-
Habli, & qu'il veut qu'on cognoifle que c'eft
vne vocation fainâ:e,alors ils doiuent bien e-
ilre efmeus de s'acquitter fidèlement de leur
deuoir.Et il n'y a nulle doute que iâincl Paul
n'ait ICI voulu bailler k règle aux Rois &à
tous Magiftrats:&auAi à l'oppoiîte monftrer
quelle condamnation leur eft appreftee,quâd
ils pollueront le iîege qud Dieu a dédié à vn
vfage fi bon .S; fi excellent pour tout le genre
humain, voire & lequel fc doit rapporter à fa
gloire.qui eftle principal. Voila donc ce que
les Princes & les Magilhats doiuent recueil-
lir de ce paflàge, c'elt qu'ils auront à rendre
côte à Dieu, puis qu'il les a eleuez en celle di-
gnité-la,&: qu'il les a conftituez comme en fa
place,& qu'il veut qu'ils dominent comme en
fa propre perfonne : Ainfi Moyfe S: leholiia
_ . , remonlhoyentaux luses qui eftovenc ordon
nez par eux, Aduliez liJcn,vous n cites pas ici
en voftre nom priué, \m hommes ne ferôt pas
vosgarents:mais c'eft à Dieu à qui l'honneur
appartient de dominer par deflus tous : or il
• veut que vous luy foyez ofhciers,& que vous
teniez ù. place.Puis qu'amil eftdôc, cheminez
en crainte & en folicitude , cognoilTans que
c'eflvnfacrilegedettitablefi vous polluez le
fiege de lulHce que Dieu a confacré à l'oy & à
fa maiefté.Et ainii il faut bien que les Princes
&gens de iullice regardent de près à eux.i ça-
chans qu'ils font côtables à Dieu,& qu'il fau-
dra qu'ils côparoiflent deuat le Seigneur le-
fus pour rêdre côte de leur office qu'ils aurôt
exercé . Et cependant auAi S.Paulmonllre à
quoy ils fe doiucnt employer, c'cfl que les hô
mes foyét maintenus en bône paix, qu'vn cha
cun ait ce qui luy appartient , que nul ne foit
fouUé ni outrage, que fans acceptiô de perfon
nesilsregardét d'eftre toufiours pour le droit
& l'cquite.qu^il n'y ait point de fupport ne fa
ueur, qu'il n'y ait point de haine nedeven-
geance:& cepédant qu'il y ait vne honneileté
& attrempam-e,q la vie ne foit point dilToliie,
qu'il n'y ait point d'en ormittz , mais qu'ils
tienent les hommes en bride pour reprimer
leurs appétits brutaux: & fur tout qu'ils main
tienent l'honneur de Dieu, & la j ure & droi-
te religion. C'eft la leçon q eft ici donnée aux
Magiftrats,&fur tout à ceux qui veulent eitre
tenus & reputcz fidèles. Car fi les Payés & in-
crédules ne font point à excufer, que fera-ce
de ceux qui prétendent le nom de Dieu,& qui
veulent eftre aufsi aduoucz pour Chreftiens?
Cependant voici vne menace qui leur doit
bien faire drefler lescheueux en latefte, que
ce paflage contient, quand ils ne s'acquitte-
ront point de leurdeuoir. Voila dôc l'ordre
de Dieu qui cftinuiolabie. Voila pourquoy il
a eftabli les Rois & [es Magift;ats,& la police
humaine, c'eft en premier lieu. Que nous -ri-
uio>is,dit faintt Paul.e» toute pietc.Q_vÇempor
te ce motdepieré ?c'cft Phonneurde Dieu,
quand il y a vne religion pure& fainûe entre
nous. Par ceci les Magiftrats font«duouez
quand ilsdefployeiont le glaiue contre ceux
qui troublent l'Eglife, cotre tous hérétiques»
&ceux qui fement erreurs &:faufles opinions,.
& ces phantaftiques qui font menez de Te-»
fprit de Satan, qui auiourd'huy voudroyent
qu'on donnaft vne licence impunie à ceux qui
taichent de renuerfer la vérité, .iceur qui
rompent l'vnion de la foy, & la paix de l'E-
glii tellement qu'ils inonftrent bien qu'ils
bataillentà l'encontre de Dieu, & que c'eft
Satan qui lespoufle à cela.Carnous oyons ce
que le faintl Efprit prononce par la bouche
de fainft Paul : c'eft afçauoir que Dieu com-
mande aux Magiftrats de maintenir la pure re
ligion.Mais au refte.quand ils ne le feronc,v-
ne telle lafcheté ne demeurera point impu-
nie. Pourquoy? D'autant qu'ils aneantilTent
l'ordre de Dieu entant qu'en eux eft.Sont-i le
dignes d'eftre ainfi exaltezPQjri eft l'homme
mortel qui s'ofera attribuer cefte dignité-U
d'eftre afvis au lieu de Dieu, au fiege qu'il a
conihcré àfamaiefté? qu'vne vermine & pour
ri ture foit là;Or voici Dieu qui fait ceft hon-
neur aux créatures qui en font indignes, de
leur tendre la main, & leur dire, le veux que
vous foyez mes lieutenans : & cepédant ils ne
tiendront conte de celuy qui lésa là eleuez:
ils foulfriront que fa gloire l'oit mife fous le
pied, que fon nom foit prophané, que fon fer
uice fou expofé atout opprobre, qu'il y ait
meflinge confus par tout : ne voila point vne
ingratitude par trop vilaine.=Si vn homme lai f
foi t feulement fa maifon en la garde d'vn fien
ami,& qu'il luy dit,Faites bône cherede mon
bien,traittez-vous comme ma perfonne:mats
cepédât faites q la maifô ne fedifsipe point,
que mes feruiteurs ne foyent point corrôpus
ni desbauchez.iufques à ma venue: fi celuy-la
failbit vn borceau de la maifon qui luy auroic
efté cômife,qu'ilaJlaft aliéner les titres & in-
Itriunens pour priuer le maiftre de fa maifon,
qu'il induifiil les feruiteurs à couper la gorge
au maiftre quand il feroit de retour,& qu'il y
meift vne confuiîon plus que brutale, le vous
i.iii.
70 DOVZIEMESERMON
prie, vn telhômenemeriteroit-il pas d'eflre
tiré à quatre clieuaux?Ne fertoit-ii point elti-
tire a quatre cneuaux.'iNe leroit-U po
mé comme vn monftre deteftable? Il cftbien
certain. Or voici le Dieu viuant qui confKtue
vne poure créature mortelle pour rafTeoir en
fonfit'ge,& dire, le veux que tu reprefentes
ma perfonne, mais à celle condition qie foye
ierui & honoré.CarDieu ne veut pas icfigner
fondroiû.pourdire qu'il federogue en nen,
re qu'il preiudicie à fa gloire, ne qu'il amoin
drilM;:& cependant voici l'homme mortel qui
ibuffrira que la venté de Dieu foit vilipen-
dée,qu'on fe moque de luy,& que la façô que
il a ordonnée pour régner entre les hommes
foit abolie:& cela eft-il tolerable?Ainlî donc
que les Magiftrats cognoiflent bien quelle
condamnation il y aura fur leur tefte, & l'hor
TÏble vengeance qui les attend, lînon qu'ils ad
uifentde s'efforcer à s'acquitter pour main-
tenir l'honneur de D;ea,qui côfifte en ce, que
Ja pure religion ait lieu& vigueur entre les
honimes.Regardons maintcnSt fi ceci eu bien
prattiqué . Helasil s'en faut beaucoup : car
ceux qui dominent, ne fe contentent pas d'a-
Boir celle dignité iî honorable par dcilusles
homes qui font leurs prochains, mais ils veu-
lent vfurper ce qui appartient à Dieu feul: en
forte qu'auiourd'huy on en trouuera biépeu
qui fe tienent en cefte mefiire-la , pour dire,
Nous femmes hommes mortels, qui dominos
fous la maiellé de nollreDieH,& c'cfi: afin que
jious luy rendions ce qui ell fîen, & ce qui etl
de fon droiâ: : mais au contraire il faut qu'ils
mettent les troubles par tout, qu'ils delrob-
bent:voire rauiflent auec violence & outrage
i'honneur de Dieu, qui appartient àluy Icul,
qu'ils confondent tout, qu'ils troublent tout
ordre.£tpourquoy?Afin qu'ils fefacétgrans
céme il leuj femble,& qu'ils fe rôpent le col,
comme ils en font dignes. Et voila pourquoy
y. ^ aui'si noftre Seigneur maudit les principaii-
tez : c eil d autat que ceux qui lont la alsis,rre
dominét point en fon nom,&ne ie peuuét te-
nir en ceit eftat moyen, pour dire, Nous fora-
mes hommes qui deuons élire inférieurs h no
ftre Dieu,& dominans en fi place nous deuos
fouftenir fon honneur, & appliquer là toutes
î/f.x.li nos eftudes:comme il ell dit, Baifezle Fils,ve
nez faire hommage au Seigneur Uilis. Il faut
donc que noftre Seigneur monftre qu'il reiet
te telles gens, à caufé de leur ingiatitude Se fa
crilege detcft.able qu'ils cômettent Iquand ils
fe veulent ainfî attribuer ce qui ne leurappar
tient pas. Et au rtfte,nous voyuns la noncha-
lance qui eftqiiali par tout en ceux qui domi-
nenr,&ont l'authorité de iuftice.ils Jeurovét
appliquer ici leur principale tlhide, comme
nous l'auons dcclaré, & comme fii;;£l P.iul le
monftrc , c'eft que tous vefcullent en droite
pieté, que la icl'.gion profpcraft.que le fcrui-
ce de Dieu fiift ellimé par dtllus tout. Et le
vous prie, comment tÙ-ce que les Magifliats
jrenent «eci à cœui ?Bi ufknt-ils d'vn tel zcle
que quand l'honneur de Dien efl blefle ou 6b
fcurci, incontinent ils taichent d'y mettre la
raain,&d'y pouruoir?Nô,non:celeur elitout
vn,ils laiflènt couler tout cela: nous voyés les
blafphemes qui fe delgorgent à rencontre de
Dieu. Si on auoit outrat;e le moindre d'vne
ville ou d'vn village, il y auroit plus de repara
tion qu'il n'y a point del'hôneurde Dieu. Et
n'a-on point hôte d'eftre venu iufques à cefte
impudence de putain, de dire, Ho commet? de
punir ainfî les blafphemes ;& que fcroit-ce?
car cela nous ellbien-toft cfchappé delà bou
che, d'auoir ou renié Dieu, oudefpité lefus
Chriit, le defchirant par pièces : maintenant
prendre fa mort, maintenant fon fang, main-
tenant fi chair, & le blafphemerà tous les
coups. V^oUa, quand on aura iniurié ie ne fcay
qui, ho, il faudra que l'honneur foit repare in-
continent. Et voila la maiclléde Dieu qui eft
en tel opprobre, & on n'en tiendra conte ? A-
pres, nous voyons les vilenies qui fc commet
tent comme cndefpitde Dieu, nous voyons
Jemefprisde fa parole & de fe« facremens,
nous voyons que tout va en decal, voire mef-
mes en ruine: & ctpédant on ferme les yeux,
ou on a les mains liees:car ce n'efl point là ce
femble, qu'il fe faille beauconparrefter: c'eil
vne chofe li commune que quand ie n'en par-
Icroye point, les petis enfaus en pourroyent
eftre luges.Et ic vous prie, ceux qui dominét>
nedoiuent-ils pas bien craindre oyanscequi
eft ici dit,c'eft af^auoir qu'ils ne régnent que
à cefte condition-la , qu'ils i'oyent prote-
ûcurs de l'honneur &du feruice de Dieu, s'ils
ne le font, qu'ils renuerfent l'ordre de iufti-
cc, & polluent ic fiege iàcrc que Dieu auoit
dédié à fon honneur, & pour le falut de tous?
Et ainli nous voyons c^ni.-ne ce paffage doit
cftre piattique.Et mefmes il y a cncores les
autres vices, que ii on vient à les condamner,
& que ceux qui ont quelque bonne afFeûion
reprenent ( comme nous fommes tous tenus
de ce faire )& redargucnt les vices qui fe coin
mettét,ho, il ne fera uueftion que d'outrages,
voire de batteries, qu il ne faudra point for-
tir hors de la ville de Gencue pour eftre per-
fccuté à caufcde l'Euangile : carquiconques
voudra maintenir l'honneur de Dicu,&ne
pourra foiiffiir les chofcs ainii dcsboidees c5
me elles font, & les vilenies qui iont par tout,
il fera perfc'cuté comme entre des Payens.Ec
où en fommcs-nous ? Où eft cela qui deuroit
efti e,ii ce paflàs^e auoit tfté bien noté & mar
que f Et ainiîdonc, ceux qui tienent la place
de iufticc, voyans l'obligation à Inquelle ils
font aftreints, qu'ils t.ifchct à mamtciiurhon
ncurdeDieu,& qu'ils fçachét que quand ils
auront fouffcrt qu'il foit mefprifc, qu'ils n'ef
chappcrôt pas la main du grand luge. Cepen-
dant nou, voyons corne ils iontzelateursde
leur autliorite.Si quclqu'vn a pailé contre la
iufticc, ne leia-i) pv)ini" incôi;n!.nt puni en tou
te iiguturJEt c'eft lailô.Mtfuics on ne fc c5-
ttmera
SVR LA I. A TIMOTH.
7ï
tentera pas de cela : mais fi on a parlé contre
les drfroliis& les desbaiichez, Ho, l'honneur
de la ville, Thonneur public, Thonneur com-
Hiuntil femble que le cieldoyue tomber bas,
finonque bien toit on y remédie. Et toutes-
toison n'aura point touché àl'eftat public,
mais on aura parlé des vices communs, voire
que commettent ceux qut ne valent du tout
rien. Se qu'on cognoift elhe dévie brutale &
dUTolue. Mais encores prenons le cas qu'il
n'y euft point autre affection que pour main-
tenir l'honneur des Magiftrats : & bien, c' cil
taifon que cela fe face:car l'honneur de Dieu
y efl blefle & mtereffe. Mais cependant,ie
vous prie, les Magiftrats penferoyent-ils que
ce fuit vne bône règle, quand vn fergent au-
ra efté offenlé, qu'on en ùcc vne griefue pu-
Bicion:& cependant fi on leur crache au vifa-
ge, qu'on les viene arracher de leur hege,que
ils fouifrent cela, & qu'ils ne poniffent point
ceux qui fe feront ainiî desbordezfUs dirbnt
bien que ce feroic par trop enduré. Or main-
tenant qu'ils fe comparent auec le Dieu viuât
qui les a là confti tuez. Ils voudr5t,di-ie,ellTe
maintenus auec toute reuerence:& cependant
ils iuiifFriront que l'honneur de Dieu foit ain
fi abbatu.Et quel propos y aura-ilfVoila quât
à ce poinûde pieté, dont fainft Paul parle. Il
y a quant & quant [hcnntfleté c la tempe-
Tance.c3.ïce mot dont il vfe,fîgnifie modéra-
tion & grauité, quand les hommes ne fe def-
bordent pointa toute vilenie, &que leur vie
n'efl point difrolue,raais qu'ils viuent comme
gens entendus,comme gens qui difcernét en-
tre le bien &lc mal. Et c'cft le fécond office
des Magillrats.Car ce n'eft point aflez qu'ils
puniflentlcs meuttics & les larrecins , mais
s'ils voyent des yiirégneries, s'ils voyent des
paillardifes, & fembJables dcsbordemens , il
iaut qu'ils y mettent la main, s'ils ne veulent
«lire coulpablesdeuant Dieu. Et pourquoy?
Car puis que la police doit fcruir à ce que le
genre humain foit confeiuc , regardons vn
peu h la conferuaiion du genre humain con-
lifte plus au boire & au manger, qu'vn chacun
viue de fon bien, que chacun habite en fa mai
fon,ou bien que les hommes monilrent qu'ils
font créatures raifonnabies , qu'ils ont fens
& difcretion en eux , &; qu'ils ne font point
comme chiens & pourceaux. Q_uefi on lafche
la bride à tous les vices qui font condamnez,
comme aux yuvongncrics d'vn colté , & aux
paillardifcs:<î les ciianfjn». vileincs font per-
mîtes,& les danfcs & dilTolutions:s'il eJt lici-
te de defgorger des paroles intames 6c viki-
■nes pourattirer à pallaidiles & autres diflo-
lu t ions: fi cela,di-ie,cft licite, en quoy les ho-
iries diffcre^-ils plus aux chiens & aux pour
ceaux? Il vaudroit mieux qu'il n'y euft point
de pain au monde , & que nous fufsions tous
accablez, que de viurcen telle confufion: car
c'eft effacer l'iiiugede Dieu qu'il a imprimée
en nou'.,c'ci> pcniertir tout ordre de nature.
Pourtant, puis que les Magiftrats font con-
Itituez pour maintenir l'eitat ùu genre hu-
main,pour en eitre prote£teurs,c'elt bien rai.,
fon quad parleur moyen on vit en toute hoa
nelteté &: attrempance, qu'on prie pour eux.
Mais regardons cepédant coniracnt ils s'ac-«
quittent auiourd huy de leur deuoir encell
endroit. Qm font ceux qui s'oppofcnt à tous
les fcandales Scmauuais exemples qu'on voit
pour y mettre remède? Q_uand il l'cra queftiô
auiourd'huy de corriger les chofes qui ten-
dent à mettre côtufionpar tout,ie vous prie,
qui eft-cequis'aduanccfMais plufto.ft on ac-
complit ce qui eft dit en liaie. Que la droi-
ture n'ha point d'aduocat ne de procureur.
Auiourd'huy qu'on regarde par les places
publiques , où eft-ce qu'on trouucra vn feul
homme qui ait zèle pour corriger les fautes
qu'on voit à l'œil, & defquelles nous deuriôs
auoirgrand'honte, iedi de ceux qui font con
ftituez en eftat public? Apres , qu on regarde
auiourd'huy par tout le monde.on verra qua
les fcandales & toutes vilenies font tellement
en vogue, qu'il n'eft plus queftion de les pou
uoir réduire, qu'on ferade couftuaiemauuaifc
vne loy, qu'on penferaque tout ce qui eft en
vlâge doit élire approuué:& voila comme Us
vns tirent les autres à mal. Mais tant y a que
on voit que grans & petis fe desbordent à
toute intempérance & en toute diflolution.Sî
cela fe fait en la Papauté , maJ-heur fur les
Papiftes, combien qu'ils foyentaueugles, car
ils ne feront point excufables pourtant.Mais
nous fomnies à condamner au double , quand
nous auons Dieu qui nous efclaire , que nous
fommes conftituez en plein midi comme fur
vn tfchatfaut, tcllemét que nous n'auons nul-
le couuerture. Car fainû Paul dit qu'il ne faut Ef"-Î-^
point que nous cheminions comme enfans de S-lO.ll.
ténèbres en la nuitl.mais puis que le Soleil de
itillice eft fur nous, c'cft afçauoir le Seigneur
le fus Chrift,par le moyéde fon Euâgile,noUs
deuons auoir beaucoup plus de modeftie & de
honte que n'ont pas les poures incrédules. Si
voyons-nous comme il en va fans que ie le
d:c, & fi le m'en taifoye, ie feroye traillre^
faullàire & à Dieu & au monde. Mais cepea
d'ordre qu'il y auoit ici, elloit vne efperaiice
de remettre les chofes en meilleur eftat qu'el
les ne font pas entre les Papiftes:& tout cela
s'en va bas, ou pluftoft il s'en eft défia allé, en
forte qu'il fera bien difficile de le remettre au
dclTust mais encores il femble que beaucoup
tafchent & s'efForcentde tout corrompre Se
peruertir. Du commencement il yauoit bien
quelques loix & ftatuts , qu'on elloit retenu
par quelque moyen: maisauiourd'luiy on ne
s'en fut que mocquer. Voila les danfcs qui
elloyent défendues , & à bon droitt : car ce
n'elt que pour inciter à paillardife. Vray eft
qu'on ne paillardera point toufiourt quand
on danfera : mais fi nous confiderons bien
quelle eft la nature des d.mfes , on trouuera
i. liii.
7i
DOVZIEME SERMON
que c'ert vn maqiierelage,& que quand les dan
fes feront pennifes,voila le bordeau tout ou-
uert.Non point(conmieraydit)queles pail-
lardifes y îbyent toulîours aduellement com
inifes,mais les danfes tendent toulîours à ce-
ite fin-la. On a bien quelque temps tait deten
fe de danfer, on a fait femblant d'obferucrla
loy,merme il y en auoit quelques chaftieiiic's:
auiourd'huy on s'en mocque , tellement que
c'eftvne chofe permife.Et des leux qu'cft-ce?
Ils font tant accouftumez & ordinaires,que fi
on tafche d'y remédier, c'elt en vain : car les
hommes font endurcis en cefte licence qui
leur acftédonnee.&qu'onleuramis la bride
furlecol.il leurfemble que tout leur eftlici-
le.Ainlî nous voyons quelle condamnation il
y a en ce paflage déclarée, d'autant que ceux
qui fe deuroycnt employer à faire qu'on vef-
cuft honeftemét Se en toute modeltie.s'y por-
tent fi lafchement & fi mal. Et puis il y a la
faix & concor<{e,C[Ut: nous menions vie paifi-
ble.qu'il n'y ait point de bateries,devioléces,
d'extorfions.Mais cela eft-il bien piattiqué.»
Il n'en faut rien dire, on le voit, nous i'auons
veu , les chofes font fi «xorbitantes que c'eft
vne horreur. Et cepcdant quoy?Penfons nous
qu^on viendra en vn tel aby fme , qu'on criera
helas , & ne fera plus temps ? Nenni: mais on
eftlà comme alTopi , voire du tout ftupide. Il
faudra donc que noftre Seigneur refueille
ceux qui fe donnent ainfibon loiûrdedor-
jnir.Et ainfi nous voyons comme il eftnccef-
laireque les Magiftiats s'employcnt à faire
que la religion foit droitement obferuee,que
la vie des hommes foit conduite & réglée com
me elle doit:& puis, qu'vn chacun viue paifi-
blement £àns faire tort àfon prochain. Or
après que fainft Paul a parlé ainfi des Magi-
ilrats,il Siàiouiie,Que cela ift bon & fUifant à
Dieu noftre Sauuettr, lequel -veut que tous hom-
mes foyent fauuex.,& yienent à la cognoffan-
te de vérité. Quand faintt Paul dit , que cela
cft bon & agréable à Dieu, il nous monftre ce
que nous auons àobferuer pour bien prier,
voire & en gênerai pour bien difpofer toute
Boftre vie, c'eft que pour bien difcerner nous
ayons toufiours deuant nos yeux la volonté
de Dieu pour y obéir. Et voici vn paflage qui
dl bien notable. Ileftvrayque fouuent ceci
vous eiî remonftré, c'eft afçauoir que le fon-
dement de toutes vertus & la fource eft l'o-
beiflance.quand les hommes ne fe gouuernét
point à leur phantafie, qu'ils n'attentét point
ceci ne cela félon qu'ils le trouuent bon, mais
qu'ils efcoutcnt Dieuparler,& qu'ils dépen-
dent du tout de liiy ,& qu'ils fe tiencnt aux
bornes qui leur aura mifts,brief qu'ils ne s'ad
uancent point finon quand ils cognoiftront.
Dieu nous commande-il d'ainfi faire ? il taut
donc que nous fuyiiions ce qu'il nous a mon-
- ftré par fa parole. Voici vncdoétnne delà-
quelle nous parlons fouuent, & non fans cau-
fc.Car nous voyons comme les hommes veu-
lent toufiours auoir maiftrife,& qu'ils s'attri-
buent beaucoup plus qu'il ne leur appartient,
& rauilîent à Dieu fon honneur , & ont leurs
folies deuotiôs,Et cela me femble bon , telle
chofe ne fera-elle pas côuenable? Voila donc
comme les hommes vculé: toufiours defrob-
berà Dieula maiftrife &authorité qu'il ha
fur eux.D'autant plus nous faut-il bien prat- i. Stt, lyl
tiquer cefte doârine , c'eft ai'çauoir que l'o- 2,2,.
beillànce eft meilleure que nul facrifice,com-
me Dieu aufsi la préfère à tout le refte, pour
tant que c'eft levray fondement pour bien
baftir,& que c'eft aufsi le feruice raifonnable,
comme fainâ Paul le nomme au ii. chap.des
Romains, Mais en ce paflage il dit , Cela eft
bon &plaifant.Et pourquoyfPource qu'il eft
agréable à Dieu. Ainfi nous voyons ce que
nous deuôs regarder,afçauoir à ce que Dieu
nousconiniande,&à ce qu'il veut eftre inuio-
lable,pour nous tenir là du tout.'carautremët
nous ne ferons que nous efgarer en toute
noftre vie. Les hommes pourront bien tracai-
1er çà&là,voire ils pourront beaucoup cou-
rir , lufques à fe rompre le corps & l'ame.
Qj2^uront-ils profité ? Se feront-ils aduâcez
pourtant"-Nenni:linon qu'ils aurôt couru par
les champs. C'eft comme fi le vouloye aller à
Lau2annc,&:que i'allafle courir pai les mon-
tagnes , tirant droit à Colonges. Et ainfi en
font tous ceux qui fuyuent leurs phantafies,
& qui veulent eftre maiftres pour fe gouuer-
ner:tant s'en fautqu'iis approchent de Dieu,
qu'ils s'en eflongnét, & s'en reculent déplus
en plus. Voici donc le but auquel il nous faut
tendre,pour ne point courir en vain:afjauoir
de cognoiftre ce qui.eft agréable à Dicu:mais
fur tout quand il eft queîHon des oraifons &
prières, voici vne règle intalhbleque le /ainft
Efprit nous donne. Voulons-nou. bien prier
Drcu, & fçauoir comme cela fe doit faire? re-«
gardons ce qu'il nous commande. l'ay dit que
ce paflage eftoit bien digne d' eftre noté. Car
nous voyons qu'en ce qui eftoit le principal
de toute noftre vie , c'eft à dire aux prières Se
oraifonsjles hommes fe font donné vne licen
ce telle , que la parole de Dieu n'ha point ici
de lieu. Dont eft-ceque les Papiftes cuident fî
bien faire en priant pour les trefpaflez,ayans
les Sainds pour leurs aduocats & patrons?
C'eft d'autant qu'ils ont conceu cefte folle
phantafic,dcdue , Etn'eft-ce pas vne chofe
bonne de prier pour les poures âmes qui ne
fe peuiient aider? Voire , mais qui eft-ce qui a
dit celafHo on en a ainfi fait. Voire , mais il
faut regarder ficela eftmititué de Dieu on
no. Qiiand fainft Paul nous e\liortedeprier,
il dit, Cela eft b .n & agréable à Dieu. Or les
Papiftgs ne monftrerontpasvne<fculeiyllabe
en toute l'El'cnture fainfte.que Dieu approu
ue ce qu'ils font , ains il n'y a que leur toile
opinion qu'ils ont côceiic fans propos.Autat
en eft-il de ce qu'ilsdifent , Ho voila , le ne
fuis pas digne d'aller à Dieu: il taut donc que
i'iyc
s VR LA I. A TIMOTR
75
i'ayeles Sainfls pour patrons &aduocats. £t nous rinuoquerôs au nom denollre Seigneur
qui vous a donné ceil office d'ordonner des
aduocats en Paradis ? Vray cft que nous ne
fommes pas dignes d'aller à Dieu, Se qu'il faut
que nous ayons vn Moyenneur qui nous y in
troduife,& qui nous y donne acces:inais Icius
Chrifteft inflituéàcela. Envneuiftice ter-
rienne , s'il y a aduocat ou procureur , il faut
qu'ils foyent inttituez parle luge , ou autre
le/us Chnft,nous fcntuôs que nos prières ne
feront point vainesni inutiJes:conimeil fera'
déclaré plus à plein cefte aprefdifnec, au
plaiûrde Oieg.
Cependant nous-nous profternerons de-,
uant la face de noftre bon Dieu, encognoif-
fance de nos fautes, le prian t qu'il luy plaife
mentilsneferoyent pasreceusniaduouez.Et en effacer la mémoire tellement qu'elles ne
quand nous venons au Royaume de Dieu, vienent point en conte deuant luy: & cepen-
faut-il que nous prefumions d'eftablirlà les dant qu'il nous purge par ion fainft JEfprit,
eflats,& d'eftablir là des aduocats & des pro- à ce que nous apprenions de nous mieux con-
cureurs ànoftre porte ? Apprenons donc en former à fa iuftice que nous n'auons point
fomme,que pour bien prier Dien il nous faut faiû, iufquesàce queluy-mefmenousait du
fçauoir quelle eft fa volonté, & pour la fça- tout reformez à fa gloirc.àpres qu'il nous au-
uoir il faut cognoiftre ce qu'il nousadeclaré rafait participans de fa grâce en ce monde
en fa parole, nous ranger a icelle, efcouter ce pour y croiftre de nouucau déplus en plus,
qu'il nous dit,& former toutes nos requeftes iufques à ce qu'il nous ait amenez à la perfc-»
félon la volonté,& nous repoler fur les pro- ftion.Ainlî nous dirons tous, Dieu tout-puif-
meflts :& alors ne doutons point que quand fant,Perc celefte,&:c.
TROISIEME SE RM ON SVR LE S E-
CONDCHAPITRE.
3 Car cela ejl bon 0' agréable deuant Dieu nojlre Sauueur,
4 hequel veut que tous hommes foyent fduuez^ (f qu'ils Vienent
dlacognoijjancede's>erïté.
5 Car ïly a vw X)ieu çy ymMoyenneur <lcDieu& des hommes,
afçauoir lefus Chrifl homme, qui s' ej} donne foymefmc rançon pour
tous, dont le tefmoignage fujl en [on temps.
t-xod.is
Î.4.
Vand nous niefprifons ceux
que Dieu veut eftre hono-
iez,c'cft comme vouloir ba-
tailler contre luy.Ainfieft-
il fi nous ne tenons conte du
falut de ceux que Dieu ap-
pelle à foy & conHie. Car il fembleroit par
cela que nous levoudrion' cmpefcher d'exer
• cer fa mifei icorde cnuers les poures pécheurs
qui iont en train de perdition. Voila pour-
quoy S.Paul vfede ceft argument, Que Dieu
veut fauuertoutle mcde:afin qu'entant qu'en
nous eft nous procuriôs aufsi le falut de ceux
qui femblenteftre comme bannis di; Royau-
me de Dieu.voiré du temps qu'il f ni incré-
dules. Or nous auons toiifiours A noter l'e-
-ftat qui fftoit dii tépç de (âir.d Paul. C?( ft vit
chofe nouuelle &eft!angeque i'Lt]art;ilefe
publiai! par tout le monde : car il fembloit
bien que Dieu euftchoifi la lignée d'Abralia
àtelle condition qur ie>. auti.csfufferi piùiez
de toute efperancedt falut. Etidefajd, nous
voyor:- auùi .ommc i-Efcirturi ( .cO.-.tan-
• gr.ilit et !Îf HiioptiS;! '.illé Dleii.auoit fatteide
ce peuple f^.■■IJl^^■■.■.^•.:i«i:'«■I'âl!^c^MnlllaiTdc
caufe il adioufle Ja rai fon qui cft ici contenue,
c'eft afçauoir que Dieu vtu: que tous foy et
faiiucz:comme s'il d!foit,Mei amis,€'elt bien
raifonque nous regardions où la volonté de
Dieu tecd , & à quelle fin , & à quel but , afin
qu'vn chacun s'y employé d'y feruir. Car
pourquoy fommes-nous en ce monde fînoi»
pour aduancerla bonne volonté de Dieu en-
tant qu'en nous feia?Ainftdôc,puis que Dieu
veut faire tous hommes partic;pans du falut
qu'il a ennoyé en la performe de fon Fils vni—
que, il faut quenous foyons en fouci d'attirer
f.les poures ignorans à nous , fU. que nous par-
nenions cnftmble en cefthc ritageduRoyaa
meccleftequ! nous eft promis. Cepédantnq—
tons que fainét Paul ne parie pomtici decTia-
ctin en particulier , mais de tous eftatsSf de
tous peuples. Qi^ar.d c(jnc rJdit, QiieDicix
veut que tous foyent fauuez , il ne faut point
ici péfcr qu'il parie de lehane de Pierre, mai?
il iigniiie que Dieu ayant pnvrr le temps palfé
<hc!tfivn ccrtaui peuple à foy.niairitsn.u veut
.'•aire mi fencorde à tout le môtide , & à ceuï
qoiaa-;ycrt cftr ccmmetorelDsdi-'l tfpeiaii-
cù v; .fi.ut.Car r.ous oyons ce qu'il du en l'ait •
■)tit paiFage,qiie ies.Paytn&eftoyét (ans Dieu, E/'fc.i.ir
Lz. f.
T REZ lEM E SERMON
fans nulle promeffe, pourw qu'ils n'efteyent
pas ciicores aflbcier au peuple des luifs : Si
c'eftoit vn piiuileec fpccialque Dicuauoit
fait à la lignée d'Abraham de la choifir. Pour
tanc S.Paul n'entend pas que Dieu vueille fau
uer chacun homme.mais il dit que les promcf
fci qui auoyeiit efté donnée'; à vn feul peuple,
ont maintenant leur eftendue partout. Car,
comme il dit en cefte Epiftre que nous auons
allcguce.la paroy a efté rompue à la venue de
Boftie Seigneur Itfus Chrill, que Dieu auoit
fcparë le peuple des luits d'auec toutes au-
tres nations: mais quand kfus Chnft eft ap-
paru pour le f.ilut du raonde.alors il a ofté ce-
ite diuerfité qui eftoit entre les luifs & les
Paycns.Dieu donc maintenant nous veut em-
braflcr tous:& voila quelle eft l'entrée de no
ilre ûlut. Carfi ce que Dieu auoit ordonné,
euft durétoufîours .maintenant nous ferions
tous niaudits,& TEuagile ne nous feroit point
prcfché, nous n'aurions nul tefmoignagede
la bonté ne de l'amour de Dieu. Comment
donc fjmraes-nous entrez en la maiion de
Dieu pour cftre les enfans? C'eft pource que
nous ne lomines plus ainfi aliénez des promef
(es comme ont elté nos Peres:mais quand le-
fus Chrift eft venu pour eftre Sauueur commû
de to' en gênerai, il prefente la -grâce de Dieu
fon Père, afin que tous la reçoyuent. Mainte,
nant comme fainft Paul traitte de toutes na-
tions,aufsi il traitte de tous eftats.comrae s'il
difoit que Dieu veut lauuer les Rois &let
Magiftrats comme les petit. Et ne faut point
que nous vueillions reftraindrefa bonté pa-
ternelle feiilcmét ou à nous, ou à certain nom
bredegcns.Et pourquoy?car il déclare qu'il
veut eftre propice à tou;. Voila maintenant
l'intention de S. Paul. Et pour confcrmer ce
propos il adioufte, Que Dieu veut que tous
vienent i la cognoiflancc de vérité. Il nous
iaut bien noter pourquoy S. Paul vie de ceft
argument. Car nous ne pourrons pasdeuiner
la volôté de Dieu, finon entant qu'il nous la
manthfte,&: nous en donne quelque ligne qui
nousapparoift. Ceft vne chofe trop haute
pour nous, que de fçauoirquel eft lecôfeilde
Dicu-.mais Itlô qu'il nous le niéftre par effet,
voila côme nous le côprenons. Or il eft vray
tjiie l'Eiûgile eft nommé la puiflànce de Dieu
en lalut à tous croyans.c'eft la porte de para
dii:il s'enfuit donc quand rEuâgile fera pref
ché par la volonté de Ditu .i tout le monde,
qu'il y a vn tcfmoignage de falut qui eft coin
muni tous. Voila comme S.Paul prouue que
Dieu veut que tous f jyent fauucz. Car il n'a
point ordonné fes Apofties pour fe retenir
feulement entre les luifs : mais nousfçauons
la conwnifsion qui leur eft dônee de prefcher
à toute créature , d'i-ftre tefmoins de leftis
Chrift depuislerufliemiufques en Samarie,&
de là par tout le monde. Les Apoft»es font-
ils enuoycz pour publier la vérité de Dieu à
tous peuples & itous cftacs.-'lJs'cfuit q Dieu
fe prefente à tout le monde,& que la promef-
fe appartient & à grans & à petis,& aujt Payés
comme aux luifs auparauant.Deuaot que paf
fer outre, il eft bon de rabbattre la folie , ou
pluftoft la beilifc de ceux qui abufent de ce
paflàgede S.Paul, pour anéantir l'eleihon de
noftre Dieu. Car voila qu'ils difent. Si Dieu
veut que tous foyent fauuez, il s'enfuit qu'il
n'a point eleu certain nombre du genre hu-
main,& qu'il n'a point reprouué le rcfte,mais
que là volonté eft indifférente. Ainfi donc ces
btftes-ci qui ne font nullement exercez en
l'Efcriture fainde,& toutesfois veulent faire
des doûeurs.pretendent qu'il eft en la liber-
té des hommes de fe fauuer,& que Dieu nous
laifTe faire,*: qu'il attend fi nous viendrons â
luy,ou non,& qu'il reçoit ceux qui y vienent.
Mai» cependant ils Jeltruifent le fondement
de noftre falut:car nous fçauons que les hom-
mes (ont tellement maudits.que l'héritage de
falut eft bien elongné de nous.Q^ fi on aile
gue que lefus Chrift tft venu pour remédier
à celaril faut examiner ce qui eft en la nature
des hommes. Mais nous fommes tous telle-
ment contraires à Dieu, que nous ne pouuons
finon luy.rcfifter:nous fommes tellement ad-
donnezàmal , que nous ne pouuons pas con-
ceuoir vne feule bône penfee.Ainfi donc com
ment fe pourra-il faire que nous foyons par-
ticipans du falut qui nous eft prefente en l'£-
uangile, finon que Dieu nous y attire par fon
S.EfpritfRegardons maintenant fi Dieu y at-
tire tout le môde.Nenni: car noftre Seigneur
lefus auroii dit en vain, Nul ne peut venir â *'"''" S-
moy qui ne foit enfeigné de Dieu mon Père. 44-4J-
Ainli donc il faut conclure que c'eft vne grâ-
ce fpecialeque Dieu fait a ceux que bonluy
temble, de les attirer, & les toucher tellemec
qu'ils croyent ï r£uâgile,& le reçoyuent en
vrayefoy. Or maintenant qui eft caufe que
Dieu choifit l'vn,& laiilc l'autre? Nous fça-
uons que les hommes ne pourront paruenir à
Dieu par leurs mérites: ce n'eft point aufsi q
ceux qui font eleus.ayent deflerui d'eftre ainh
préférez à leurs compagnons , comme s'il y
cuft eu quelque dignité en eux. Il s'enfuit dôc
que Dieu dcuant la création du inôde(coinme
S.Paul le dit au premier des £phefiens)a eleu
ceux que bô luy a fcmb é:& ce n'eft pas à no*
de fçauoir pourquoy ceftuy-ci pluftoft que
ceftuy -la : la railon nous eft incognue.Et ce-
pendant fi faut -il confcfTer que Dieu ne fait
rien que iuftement:mais tant y a que nous ne
cognoiflons pas pourquoy. Ainfi reccuons ce
qui nous eft tant bien certifié en l'Efcriture
uintlc,&ne nous laifTons point ftduire fous
ombre de ceft argument friuole que prcnent
gens ignorans, & qui ne fçauent que c'eft de
toute la parole de Dieu. Vray eft que de pri-
me face il leur fcmble bien qu'ils ont belle
couleur & apparente:Dieu veut que tous foy
ent (àuucziil s'enfuit donc qu'il eft en la liber
té d'vn chacun d'eftre illuminé en la foy ,& de
parue
SVR LA I. A TIMOTK-
paruenir à raIut.Oi.iy bic.fi on ne fçauott queJ
Je ell rintentio de ûinCt Paul: mais leafiiei
y peuuent mordre, comme on dit. Q^and on
lira trois lignes , on verra bien que S. Paul ne
parJe point ici de chacune perfonne (comme
nous auons dcclaré)niais il parle de tous peu
ples,& des eftats : Si môfire que ce n'eft point
comme deuant Ja venue de lefus Chriil où il
n'y auoit qu'vn peuple choifî.mais que main-
tenant Dieu fe déclare Sauueur de tout le mô
tfe.l.S. de.fuyuant cequiauoit eltédit,Ton héritage
fera lufques au bout de la terre. Au refte, ahn
que nul ne fe trompe ou ne fou feduit par le
babil de ceux qui deflournent TEfcriture fain
&e,o\i la peruertiflènt pluftolt, regardés corn
me peut conlifter le dire de ces acariaftres:
Dieu veut que tous foyent fauuez.c'eft à dire
chacune perfonne:voire â leur phantalîe.iii la
volonté de Dieu eft telle auiourd'huy, il faut
que dés le commencement du monde elle ait
elle femblablc:car nous fçauons qu'il ne chan
ge point de proposai n'eit pointmuable com
me font les homes. Si donc Dieu veut auiour-
d'huy que tous foyent fauuez,ill'a toufiours
voulu:& s'il l'a touiîoursvoulu.que deuiendra
ce que S.Paiil adiouftr, qu'il veut que tous vie
nent àla cognoiflànce de venté? Or il n'a e-
leu à foy qu'vn certain peuple (comme dit S.
Paul au i4.des Aâes)&cepédâtila laifleche
miner les poures Paycns en leur ignorance.
Ne pouuoit-il point «lecuter fon vouloir de
ce temps-la ? ttmefmes encores depuis l'E-
uangileil n'a pas voulu que du premier coup
tous cognuflent l'Euangile.Et qu'ainfî foit,il
Jifl.i«.7aempcfché que .S. Paul ne prefchaft par cer-
tains paye, comme par Bithynie & par Phry-
gie. Nous voyons donc que Dieu n'a point
voulu du premier coup que fa cognoiflànce
parueint à chacun home. Etainlî ;1 eftaifé de
conclure contre ceux qui abufent de ce palla
ge, que S. Paul ne paije point ici du confeil
eflroit de Dieu,& qu'il ne nous veut point a-
mener iufques à celte eleûion éternelle qui a
elle deuant que le monde fuft creé,mais leule
ment il nous déclare quel cft le vouloir de
Dieu entant qu'il peut eftre cogrude nous. Il
eft bien vray que Dieu ne varie point, & qu'il
n'ha point double vouloir :& auf i qu'il n'y a
point de femtifc en luy pour faire Icuiblint
qu'il vucille vne chcfe,&: q cela ne foit vray.
Mais tant y a que l'Efcriture nous parle dou-
blement du vouloir de Dieu. Et comment ce-
laf'Puis que Dieu n'eft point double, puis qu'il
7J
prchenfiblc.= AinfîdonciI n'y a nulle abftrdî-
té quand l'Efcriture fainfte nous parle de la
volonté de Dieu en deui fortes : non point
que celle Tolonté-la foit double , mais c'eft
pour s'accommoder à noftre foiblefle , d'an-.
; tant que nous auons l'elprit grofsier êc oe-
Cmt.Et tout cela neantmoins s'accorde tres-
bicn.Pourquoy? Quand l'Efcriture nous dit
que Dieu a eleu ceux que bon luy a fcmblé de
lunt la création du monde , voila vn confeil
tftroit auquel nous ne pouuons entrer. Et
pourquoy donc eft-ce que l'Efcriture fairftc
nous déclare cefte eleûion de Dieu eftie eter
nellefCe n'eft point fans caufe : car c'eft vne
doftrine bien profitable , quard elle fera re-
ceue comme elle doit. Car de là nous fommes
aduertis que ce n'eft point de noftre dignité
propre q nous fommes appelez à la cognoif-
fance de l'Euangile : car nous ne valons pas
micui que les autres, nous fommes tous prin»
de la race maudite d'Adam,nous fommes tous
fuiets à vne mefme condamnation, nous fom-
mes tous enclos fous la feruitude de mort,
Ainfi donc,quand il a pieu à Dieu de nous re-
tirer des ténèbres d'incrcdulité,& nous don-
ner la clarté de fon Euangilc.iln'a point re-
garde en nous quelque feruice que nous luv
euAions fait,ou quelques vertus que nou; luy
eufsions apporteevmen de tout cela : mais il
nous a appelez comme il nous auoit choifis
aupa;^auant. Et c'eft l'ordre où funct Paul
nous appelle en l'autre paflage au huitième
des Romains : c'eft de ce que nous eognoif-
fbns Dieu , qu'il ne faut point que nous er»
prenions la gloire à nous, mais c'eft d'autant
que noftre Seigneur nous auoit eleus en foy:
&il a voulu déclarer cela partfîtâ. Voila,
comme la vocition des fidèles dépend de ce
confeil de Dieu. Et parcemoycn nous voy-
ons comment & infques où noftic Seigneur
nous déclare ce qu'ail a d< ci été de nous de-
uant que nous fufiions nais. Apres, nous tou-
che-il par fon fainô Efprit > Nous fommes
comme entez au corps de noftre Seigneur le-
fus Càrift. Et voila la vraye aire de noftre
adoption : c'eft le gage qui nous eft donné
pour afleurance certaine que Dieu nous tient
& aduoue pour fîens, quand par foy nous Ibm;
mes vn;s à lefus Chriit qui eft le Fils vnique,
auquelappartiét l'héritage de vie. Puis qu'ain
fi eft donc que Dieu nous donne telle appro-
bation de fa volonté , voila comme il nous
certifie de noftre eleftion qui nous eftoit in-
n'y a point de feintife en luy, pourquoy eft- cognue, & laquelle nous ne pouuions apper
ce quil y a double façô de parler de fa volon ■ i ^
térC'cft àcaufe denolhe rudtffeicar no' fça
Bons qu'il faut que Dieu fe transfigure pour
côdcftendre ànous.Pourqjoy eft-ccqu'if.'at
tribue des yeux , de» aureiUes, vn nez? Pour-
quoy eft-ce qu'il fe vtft d'afftftion humaine?
Pourquoy eft-ce qu'il dit qu'il eft courroucé,
qu'il eft contrifté ; N'eft-ce pas d'autant que
nous ne le côprcnons pas eu fa maiefté incom
ceuoir , c'eft autant comme s'il nous don-
noit vne copié'extvaitce de <à volonté. Il ha
le regiftre original : mais tant y a qu'il nous
en .donne ccimme vn inftrument authenti-
que, afin qu'en noftre ignorance nous foy-
ons afleurtz neantmoins de noftre falut.com.
me l'efperance nous en eftdônee, de laquel-
le nous eufsions efté ptiucz à iamais , iinou
que lefus Chrift nous appellaft pour eftre-
Iz. u.
'?y
T^ËZIEM E SERMON
10.
raébré* de fou corpî. Atnfi nous voyons com
bien c'cfte doftrine de l'eleûion no' eft vtile,
c'cft en premier lieu pour no' humilier quad
aous cognoiirons que noftre falut ne dépend
pas 4e nos m€rites,ne de nos vertus lefquel-
Ics Dieu ait trouuees en nous , mais d'autant
qa'ilnousa eleus deuant que nous tufsions
nais, &deuant que nous peufsions faire ne
bicnne mal. Voila pour vn item.Etpuis,quâd
nous cognoiiToiis que Dieu nous a appelez à
fôy fuyuant cefte elcdion qui eft immuable,
par cela nous ïbmmes tant mienx certifiez de
noftre falut , comme lefus Chrift le déclare,
<2iLe ni^l ne luy raiiiia ce qui luya efté don-
né du Père. Et qui font ceux que le Père dé-
ne à lefus Chrift? Ceux qu'il a elcus,& qu'il
cognoift cftre liés. Puis qu'ainii ell que-Dieu
nous a commis en la g.irde & protetUon de
fon Fils, d'autant qu'il nous auoit elcus au-
parauant , & que lefus Chrift promet & te-
îtifie que rien n'en périra, mais qu'il smplo-
yera toute fa vertu Diuine pour nous {auuer
èi maintenir, ne voila point vne confolatiou
incftimable? Et n'eft-ce point aufsi levray
fondement fur lequel toute la certitude de
noftre falut s'appuyc? Car nous fommes ici
toiii c5me oiieaux fur la branche, ainfi qu'on
dit: nous fommes expofez en proye à Satan.
Qji.clle afleurance donc aurions-nous pour
demain &: pour toute noftre vie , & mefmes
■après noftre mort, finond'autant que le Dieu
qui nous a appelez .i fjy, parfera fon œuure
comme il a côinencé? Et pourquoy? Cornent
eft-ce qu'il nous a recueillis en la foy de fon
Euangile? cela eft-il fonde lur nous? Mais au
côtraire, il procède de fa pureelcûion &gra
"tuite.Ainfi dôc nous en deuos eftre tât mieux
certifiez. Et ainiî toutes fois Se quantes qu'il
nous eft parlé de l'eleâion,cognoiflons qu'il
ne no' faut point enquérir ducôfcil de Dieu
outre ce qu'il no' en parle, c'eft afçauoir au-
tant que nous en auôs de cognoillance en l'H
fcriture faiadle. Voila, <ij-ie,côme le vouloir
de Dieu nous eft touché fimplement, voire
ce vouloir lequel il no' manifefte entât qu'il
nous eft vtile.Or il y a puis après la volonté
de Dieu qui nous eft comme patente, telle
qu'il nous déclare toutes fois & quantes que
ià parole nous eft prcfchee. Et quelle eft ce-
fte volontc-là? C'eft qu'il nous conuie &■ ex-
horte tousàpenitence;apres nous auoir mon
ftré que nous fommes tous d.imnez deiunt
l"y . .qu'il n'y a que makdiftion en nous , il
nous déclare qu'il faut renoncera n«us-mef
mes, q^u'il tant que nous fôrtiôs de ceft abyf-
me ou nous fommes plongez. Qjiand Dieu
exhorte en gênerai les homes , de là oii peut
iuger la volonté de Dieu eftre, que tous foy-
eiit fauucz, comme auhi il le dii; par le Pro-
JEV.'iS. phetcEzechiel, le ne veux point la mort.du
^3>&i3- pécheur, mais qu'il fe conuert'ire,&: qu'il vi-
il, uc. Comment tft-cc que Dieu veut que les
pécheurs fc conuertiflliu i" & comment le lu-
gérons-nousî? C'eft d'autant qii'il veut qu'ôti
prefche pénitence à tout le monde, à grans &
à péris. Qujnd il eft dit que Dieu receura les
pécheurs à merci , qui viendront à luy pour
demander pardon, &y viendiont au nom' de
noftre Seigneur lefus Chrift ; ceftedoârine-
ia eft-elle pour deux ou pour trois ?Nenni:
elle eft generale.Ainfi donc il eft dit que Dieu
veut que tous foyent fauuez, voire non point
regardant félon noftre apprehenfion , c'eit à
due entant que noftre efprit le porte : car il
nous tant toulîours reuenirà ceftemefure-la.
Et qu'ainii foit, quand l'Efcriture parle de
r.imour&de la volonté de Dieu, regardons
fi Iqs hommes peuuent auoir rcpentance de
leur propre mouuemcnt&: inftiu^tion, ou fî
c'eft Dieu qui la donne, voire &: la donne d'v-
nc bonté fpeciale. Voila Dieu qui dit par fori
Prophète, le veux que tous fc couuertiflent.
Et l'homme fe pourra-il conuercir de foy?
Nenni:car fi cela eftoit en nous, ce fcroit plus
que de nous crcer;& l'expérience nous en réd
allez conuaincus.Et c'eft aufsi vue doctrine af
fez certaine en toute l'Efcriturexar par tout
noftre Seigneur lefus s'attribue la lou.ïge de
noftre conueriîon, difant, Q_u^il .imolira nos
cœurs qui font de pierre, & qu'il les pliera en
fon obeilîânce , & que c'eft à luy 3 faire de
nous donner non feulement le pouuoir, mais
le vouloir d'obéir à fes commandemens:briçf
il n'y a rien qui doiuc t'ftre plus commun à
tous fideles,quc de glorifier Dieu en ceft en-
droit, confelîàns que c'eft à luy de nous con-
uertir , que c'eft luy qui nous a tellement a-
doptez, qu'il faut qu'il nous attire par la grâ-
ce de fon fainft Elprit. Voila vn item qui doit
aftrcaflez refolu. Quant à la foy, & ie vous
prie,les hommes ont-ils vn efprit fi aigu, que
ilscomprenentc^efte fagelTe admirable qui eft
contenue en l'Euangile, Se que les Anges nief
mesadorent?comme(aini5è Paul en parle. Or
fi nous fommes fi outrecuidcz , regardons ce
que Dieu nous dit par /a parole.qu'il faut que
il nous ouure les yeux, qu'il nous perce les au
reillesrd'autant que l'homme fenfuel ne com
prend rien de tous les fecretsde Dieu : c'eft
l'Efprit de Dieu qui nous les reuele;bricf,on
ne fçauroit point lire trois lignes en l'Efcri-
ture fainrte, qu'on ne trouue quelque feutcn-
ce pour monfirer que les hommes de leur na-
ture font aueugles du tout , lufques à ce que
Dieu leur ait ouuert les yeux: Se qu'ils ne peu
lient approcher de luy.iufques à ce qu'il les y
attirc:que c'eft vn don fpccial qu'il nous elar
git,qu.ld il nous illumine en la foy de là véri-
té.Puis qu'ainfi eft que i.i conuerfion des hom
incs eft en la main de Diciiril s'enfuit qu'il ne
la donne pointa tous: car l'experiéce le mon
ftrc: & ainfi l'E fcriture lainûc en parle, Ton
Dieu ne t'a point cncorcs donné caur pour
côprcndre. Et puis tant fouiicc iJ nous eft niô
ftré queDicu ne lettc point come .i l'abandon
ù grace,mais qu'elle eft feulement pour c(ux
qu'il
£Kech.
Il.Iii.lO
Vliillf.!,
'3-
l.Cor.i,
4.
SVR LAI. A TIMOTH.
Su'il aeleus , & pour ceux qui font du corps
e fon Eglife& de fon troupeau. Ainfï donc
nous voyons comme la volonté de Dieu doit
eftre entendue en ce partage de faind Paul,
quand il dit, Q^ tous foyent fauuez, c'eft à
dire,de tous peup les,& de tous eftats.Et cotn
ment cela? Car il propofe,d't-il,fon Euangi-
le à tous, qui eft le moyen de nous attirer à la
lut.Et celâneantmoinsprotîte-il à tousfNen
HijCommenous le voyons à l'œil. Car quand
nous aurons eu les aurciUes battues de la ve
rite de Dieu, fi nous y Tommes rebelles, ce fe-
ra pour noftre plus grande condamnation.
Mais il eft ainli que beaucoup ne profitent
pas en l'Eaingilc : ains ils y empirent pluf-
tolt.voirede ceuv aufquclsl'Euâgile fc pref-
chclefquelsne font pas tous fauuez. Ainiî il
faut que Dieu pafle plus outre pour nous ame
ner à falut.c'eft que non feulement il ordon-
ne &enuoye les hommes qui nous en feigne t
fidèlement, mais que luy foit maiftre dedans
nos cœurs, qu'il nous touche au vif, qu'il
nous attire à foy , & qu'il face que f.i parole
ne nous foit point inutile, mais qu'il luy don
ne racine en nos cœurs. Au refte,nous voyos
maintenant comme c'eft vne choie touce're-
folue , que la volonté de Dieu fe doit confi-
derer doublement de nous , voire félon no-
ftre portceinon point qu'elle f jit double en
foy(comme nous auons dit)mais pouice que
noltre infirmité le requiert, &; que Dieu con
defcend à nous non feulement en cela , mais
en tout le refte. Car nous voyons comme il
bégaye en fa parole, tout ainii qu'vne nour-
rice fera auec des petis enfans. Si Dieu par-
loit félon fa maiefté, fon langage nous feroit
trop haut & trop difficile à comprendre,
nous y (eriôs confus,tous nos lens y feroyét
esblouis. Car fi nos yeux ne peuuent porter
la clarté du foleil, ie vous prie, fera-il en no
ftre efprit de comprendre la maiefté infinie
qui eft en Dieu? Maintenant d-inc il ne faut
point que ces beftes qui veulent deftruire l'e
lertion de Dieu.abiifent de ce pallage,& que
ils difent que nous faifons la voleté de Dieu
double:car ce font des calomnies vileines &
impudentes. Mais nousdifons ce que chacun
voit, c'eftque félon noftre regard Dieu veut
que nous foyons tous fauuez , toutes fois &
quantes qu'il ordonne que fon Euagile nous
foit prefché.Et pourquoy?Car (comme défia
nous auons dit ) la porte de paradis nous eft
ouuerte, quand nous fommes ainfi conuiez
pour eftre participansde la rédemption qui
nous a eftéacquifepar noftre Seigneur leùis
Chriit. Et c'elc la volonté de Dieu,telle Se fe
Ion que nous la pouuons comprendre , afça-
iioirs'il nous exhortcà repentance, qu'il eft
p; eft de nous rcceuoirquandnous viendrons
à luy. Maintenant combien que nous ayons
folu les queftionv qui fo peuuent ici faire,
toutesfoisil ftrabon d'amener vne fimili-
tudc pournous rendre Jadodnneplusfami-
77-
liere : ie di fimilitude jcefte cijnfonttité <jue
Dieu met du peuple d'ffrael auec nous.Dieu ^^<*t^^
dit qu'il a choifi à foy tous les enfans d'A- i*'- '
braham, qu'ils luy feront corne fon héritage,
& qu'il les a dedtez à foy , qu'il les a aimet,
qu'il les a tenus comme fés domeftiqiies. Et
cela eft vray, voire d'autant qu'il a fait fon al
liance auec tous ceux qui eftoyent circoncis.
La Circoncifion eftoit-ce vne figure vaine,
& qui n'emportaft rien?Mais c'eftoit vn cer-
tain gage 8c infallible.que Dieu auoit eleu ce
peuple-1* pour fien, comme iladuouede foir
troupeau tous ceux qui en eftoyent defcen-
dus.Maiscependant.aiçauoir s'il n'y a point
eu vne grâce fpeciale pour d'aucûs de ce peu
ple-la? Ouy bien.comme fainô Paul le mon
ftre. Que tous ceux qui font defcendus d'A- R.»». f^
braham félon la chair,ne font pas vrais Ifrae g.w.
lues : comme aufsi Dieu en a priué aucims de
ce bénéfice , afin que fa grâce Si bonté euft
tant plus grand luitre enuers les autres, lef-
quels ilaappelezà foy. Pourtant voila ceft©
volonté de Dieuqui a efté au peuple d'Ifiael
laquelle fe môftrc auiourd'huy enuers nous.
Pciurquoyfl'Euagile fe prefchera là où Dieu
l'ordonne , & non point qu'il y ait vn ordre
égal, pour dire que ce fou par toutrmais pluf
toit nous voyons ce qui eft dit au Prophète
Amos, eftre accompli , Que Dieu pleuuera j^m.i^r
fur vne ville, & l'autre demeurera feiche,que
il y aura famine de fa vérité en beaucoup de
lieux. Et ainfi le Seigneur enuoye fon Euagi
le où il luy plaiftitît y a q ce n'eft point feu-
lemét en ludee.ni en vn anglet de pays que Œ
grâce eft efpandue , mais par tout le monde,
çà & là , combien qu'il n'y ait point vn or-
dre femblable par tout. Si faut-il bien-sue
Dieu belbngne plus outre en ceux lefquels il
veut attirer à foy.Car nous auons tous les au
reilles bouchées, nous auons les yeux ban-
dc-z:quiplus eft.nous fommes fourds & aueu-
gles iufques à ce qu'il nous ait touchez , afin
que nous receuions fa parole. Voila donc la
volonté de Dieu que nous deuons appreheo
derdoublcment , tout ainfi que l'Efcriture
i'ainfte nous le monftre:non pas(coramei'ay
dit) que Dieu ibir double en foy , ne que la
volonté foit diuerfe. Venons maintenant à
prattiquer cefte doélrine.Et en premier lieu
notons quand l'Euangile nous eft prefché,
que c'eft autant comme fi Dieu nous tendoit
les bras, (ainfi qu'il en parle par fon Prophe
te Ifaie) pour dire , Venez àmoy. C'eft vne Jfa.is.l^
chofe qui nous doit bien toucher, quâd nous
voyons que noftre Dieu nous vient cher-
cher, n'attendant pas que nous veniôs à luy,
mais qu'il déclare qu'il eft prcft de fe récon-
cilier auec nous: combien que nous luy ayôs
efté ennemis mortels , qu'il ne demande que
d'abolir toutes nos fautes, & nous faire par-
ticipans du làlut qui nous a efté acquis par
noftre Seigneur lefus Chrift. Et ainfi nous
Yoyons combien l'Euangile mérite d'eftre
Jlz.iii.
78
TR EZIEM
prifc,&tjuel threfor c'eft, fuiuât ce que nous
auons défia allégué du premier cJiapitre des
Romains , q«e c'eft la puiflànce de Dieu en
falutàtous croyans , que c'eftle royaume
descieux, & que par la Dieu nous ouure la
porte, afin qu'eftans fortisdes abylmesoù
nous fommes de nature , nous entrions en fa
gloire, voila donc vn item. Cependant no-
tons auîsi que ce n'eft point allez que nous
receuions la parole qui nous lera prefchee
par la bouche d'vn homme, ce ne fera qu'vn
îbn qui fe pourra efuanouir en l'air fans pro
fit aucun : mais après que nous aurons ouy la
parole de Dieu , il faut qu'il parle à nous au
dedans par fon fainft Efprit : car c'eft là k
fcul moyen pour nous faire paruenir à la co-
gnoiflàncede verité.EtainiiquSd Dieu nous
aura fait cefte grâce de nous illuminer en la
foy, tenons cela de luy, & le prions qu'il con
tinue,& qu'il amené cefte œuure-la à perfe-
ûion : & ne foyons pas fi arrogans de nous
cleuer par deffus le refte,cârae ù nous citions
plus dignes : nous cognoiffons que c'eft no-
ftre Dieu qui nous a choifis , & qui nous di-
fcerne par fa pure bonté & mifericorde gra-
tuite. Voila ce que nous allons à noter ei^ ce
paflage. CognoilTonsaufsi que les hommes
fontaflez coulpables, quand Dieu l'.ur a pre
fente fa parole , s'ils ne la reçoiuent. fit de
fait ceci nous eA dit en partie, afin que tous
fidèles auec toute humilité glorifient la grâ-
ce de Dieu enuers eux , & en partie afin que
Jes incrédules & rebelles ayét la bouche clo
fe , qu'ils ne puiflent point blafphemer con-
tre Dieu, comme s'il leur auoit défailli. Car
«ous voyons corne il conuie h falut tous ceux
aufquels fa parole fe prefche.Si on réplique,
Voite , mais ils ne peuuent pas venir à Dieu.
Jl ne faut p«int plaider ici : car les hommes
fe trouueront toufiours coulpables. Si on dit,
£t il ne tient qu'à Dieu, s'ilme vouloit con-
uertir,ne le peut-il pas faire?Et quand ie de-
meure obftiné en ma durté & malice, qu'y fe
loiî-ic, puis que Dieu ne me veut pas con-
Uertirà foy? Or cela n'eft nullement receua-
èle,d'autant que Dieu nous appelle fuffifam
ment à foy : & ne le pouuons pas accuferde
cruauté, ne qu'il nous ait défailli. Car quand
nous n'aurions point la parole, fi eft-ce qu'il
le faut confefler lufte, encore que nous ne co
gnoifsions point lacaule qui l'induit à nous
«n priuer. Mais quand nous aurons tflé con-
uiez de venir à Ditu , & que nous aurons «o-
gnii qu'il eft prell de nous receuoir , fi nous
n'y venôs, ne fommes-nous pas côi^aincus de
Boftte ingratitude & lafchctéfMais au relte,
notons qu'il ne faut point feparer l'vn d'aucc
l'autre, le faiut d'auec lacognoiirance de ve-
lité. Car Dieu ne veut point mentir, ne tru-
ftrer les hommes, quand il du qii'tftîs venus
ila cognoiflancede veiité.ilsaurôt falut. S'il
lie donne point ceflecognoiflànce à tous(co
toe il a elle délia dit ) il n'y cCt pas tenu m
E SERMON
obligé. Et au refte,le$ hommes demeureront
toufiours coulpables. Mais(comme i'ay dit)
apprenons de côioindre ces deux mots, Que
Dieu veut que tous foyent lauuez . Et com-
met? Vcnans à la cognoiflancede vérité. Car
c'eft afin de nous tenir en bride , que nous ne
foyons point extrauagans comme beaucoup
font.ChaciJvoudroit eftré fauué:voire,mais
nul ne veut approcher de Dieu. Voila tom-
me l'Efcriture nous tient en cefte fimpiicité;
que fi nous defirons d'auoir falut , il faut que
nous tenions le moyen qui nous eft ordon-
né, & que Dieu nous propofe , c'eft afçauoir
que nous receuions la parole en obeiflànce
de foy .C'eft la vie eternelle,dit leûis Chrift, Uh. 17 4,
afçauoir qu'on cognoifl'e Dieu fon Père , &
puis qu'on le cognoifle auf^i, & qu'on le re-
çoiue pour feul Sauueur. Et pourtant apprêt
nons,fuiuant ce qui nous eft ici déclaré, qu'il
ne faut point que nous doutions que noftre
falut ne foit bien afleuré : car le royaume de
Dieu eft en no'. Mais voulov-nous que Dieu
nous reçoiue? Il faut que nous receuions ce-
fte doûrine que S. Paul nous donne:carla vo
lonté de Dieu eft noftre vie:voila côme nous
fommes rellufcitezdes morts : voila comme
nous fommes appekzà l'e/perance de falut:
c'eft que Dieu nous déclare fon amour & fa
grâce : il faut donc que nous en demeurions
là.Et ainii nous voyons en fommc quelle eft
l'intention de fainÛ Paul, c'eft afçauoir que
d'autant que Dieu veut que fa grâce foit co
gnue de tout le monde, & qu'il a commandé
que fon Euangile fe prefchaft à toutes crca-
tuies, qu'il faut qu'entât qu'en nous eft nous
procurions le lalut de ceux qui iontauiour-
d'huy cftr.-inges de la foy , qui femblent du
tout dire prinez de la bonté de Dieu , que
nous tafchiôs de les y amener. Et pourquoy?
Car lefus Chiift n'clt point Sauueur de trois
ou de quatre.inais il fe prefente à tous, voila
pour vnitem. Au refte,toutes fois &qiiantes
que l'Euangile nous eftprefché.cognoiflbns
que Dieu nous conuie à foy , & que cela n'eft
point en vain, que nous ne ferons point ftu-
Ihez, voire iiioyenuant que nous venions à
luy. Et y viendrons-nous de noftre mouue-
raét naturel?Hclas nonicar nous luy fommes
du tout contraires, & n'y a nulle affeûion en
nous qui ne luy foit ennemie, comme S. Paul
en parie , que nous luy fommes toufiours re- "^'''•«■7
belles. Mais quand Dieu nous faitcclte grâ-
ce de nous toucher par fon S. Efprit , alors il
fait profiter Ion Eiiagile à noltrc falut, alors
ildcfploye cefte vtrtudc laquelle parle S.
Paul, car nous ne croyôs finon à ce qui nous
eft dit de Uiy.Au nftc.cognoiflons que quâd
rEu.ïgile nous auia eftc prcfchc,ce fera pour
nous reiidic tant plus lucxcufabks.Et pour-
quoy? Car pui^ que dtfia Dieu nous auoit de
claré qu'il eftoit p-tft de nous receuoir i
merci quand nou- fii fions venus à luy , aufsi
noftre condânation s'augmétcia quand nous
au 10 ni
SVR LA I. A TIMOTH.
79
aurons efié fi malins de reculer , là où il nous
conuioic auec vne telle douceur . Cependant
( fuyuant Texhortation qui eft ici faite ) que
nous ne laifsions pas de prier pour tous hom
mes en gênerai : car faind Paul nous monftre
comme Dieu veut que tous foyét ûuuci,c''eU
À dire de tous peuples & nations. Et pourtant
il ne faut point eltre tellement arreftez i la
diuerfîté qui fe môftre entre les hommes, que
cous ne cognoilsions cependant que Dieu
sous a tous créez àfun image Se fcmblance:
que nous femmes fon ouurage, que iâ bonté
le pourra eftendre fur ceux qui font auiour-
J'huy bien eflongnez de luy, comme nous l'a-
uons expérimenté. Car du temps qu'il nous a
attirez à foy, ( comme il a cfté déclaré ) n'e-
ftions-nous pas fef ennemis; Pourquoy donc
cft-ce que maintenant nous fommes domefti-
quesdela foy.enfansde Dieu.Sc membres de
Je noftre Seigneur Itfus Chrift'c''eft d'autant
qu'il nous a recueillis à foy. Or n'eft-il point
Sauueur de tout le monde aufsi bien ? lefus
Chrift eft-il venu pour titre Moyenneur feu-
lement entre deux ou troi^ hommes ? Nenni:
mais il eft Moycnneur entre Dieu & les hom
mes. Et ainfi tant plus dcuons-nous eftre cer-
(i£ez que Dieu nous^.tient & aduoue de fon
troupeau, quand nous tafchons d'attirer ceux
qui en font comme eflongnez auiourd'huy.
Et pourtant foyons confolcz & fortifiez en
noitre vocation:que s'il y a vue horrible dif-
fipation auiourd'huy, tellement qu'il femble
bien que nous foyons créatures miftrables,
perdues & damnées du tout, que nous tafchiôs
neantmoins entant qu'en nou; eft, d'attirer â
falut ceux qui en ferablent b en cftie eflon-
gnez :& fur tout que nous pifjns Dieu pour
eux.attendans en patience qu'ii luy plaifc de.»
clarerfon bon vouloir tnuers cux,c6me defîa
il l'a déclaré fur nous.
OR nous-nous profteruciôs dcuant la fk
ce de noftre b on Dieu en cognoiûàncc de noi
fautes:le piiant qu'il luy flaife nous les faire
tellemét fentir.qu'eftâs abbatus en nous-mel*
mes,nous prenions toutesfois courage de ?c-
nir i luy , voire d'autant qu'il nous comjie fi
doucement, que nous ne aoucions point qu'il
ne nous exauce en nos prières quand i^ous le
requerrons au nom de noAre Seigneur lefus
Chrift, & qu'il nous face toufiourt feottr le
fiuiâ de nos oiaifons,quand naus le requer-
ront en viaye foy Se repentancc . Que non
feulement il nous face celle grâce, mais aufst
à tous peuples & nations de U terce,8<c.
QJ" ATRrEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
5 Car il y a\n Dieu, (f v« Wioyenneur de Dieu O' d^^ hommes»
sS<^x\io\v lefis Chrijî homme,
6 Qui s'eji donné foy - mcfme rançon ^our tous, dont le tejmoigns
ge enfufl en fon temps, O"*^'
L eft vray que le monde de
tout temps a tellement efté
efiongné de Dieu, que tous
peuples ont bien mérité de
eltre comme bannis de fon
royaume, n'ayans nulle ac-
cointaiice auec luy. Pour ce
ftecaufenous voyons aufii que du temps de
la Loy,ilachoiiî vn certain peuple , SiPi re-
cueilli fous fa conduite, ayant laifTe le rtfle
du monde en confulîon . Mais combien que
les hommes ayent efté ainii feparcz de Dieu,
fieft-ce que de nature tous luy appaiticnent,
& comme il les a tous créez, il faut auf^i qu'il
les gouuerne, & qu'il les maintiene par fa ver
tu & bonté . Et ainlî quand nous voyons les
hémes aller. i perdition, côbien qu'ils foyent
Q»'(7 jr 4 yn DiV«:comme s'il difoit.D'autît
que tous font créez de Dieu,& qu'il les i Coût
il matn , il faut bien que nous ayons quelque
fraternité enfemble . Il eft vray que ceux qui
ne font point d'accord en foy auec nous,rone
comme nos ennemis , & y a longue diftance:
mais cependant l'ordre de nature nous.mon-
ftre que nous ne les deuons pas du tout reiec
ter, 8c que nous deuons mettre peine , entanc
qu'en nous fera.de les reunir au corps,pource-
qu'ils font comme membres retranchez. Et
de fait, quand nous voyons les hommes ainfi
difperfez, cela nous doit faire drcfler les che
ueux en la tefte, comme fi nous voyions vn
monftre. Car tous font d'vne mefme nature,
l'image de Dieu eft imprimée en eux , il y a
comme vn lien infeparable;& cependant nous
incrédules , & que Dieu ne leur ait point fait voyons qu'ils font comme diuifez. Et au re
ccftc grâce de les conioindre à nous en la foy
de l'Euangile, li eft-cc que nous en deuons a-
uoir pitié.&dcuons tafcherdeles ramener au
droit chemin entant qu'en nous eft . Voila
pourquoy fainû Paul en ce pallàge «Ilcgue,
fte.cc quideuoit eftre là principale vnion en-
tre nous , a efte caufe de nous diuifer, &nous
rendre ennemis , c'eftafçauoir , le feruicede
Dieu,la vraye religion.Ainlî donc notés bien
quand nom voyons les poures incrédules e-»
lz.i»u.
Oy ATOR2IEME SERMON
8d
ftre ainfî efcartez du chemin de falut , qu'il
nous en faut auoir pitié, & mettre peine de les
fecourir,& leur tendre la main:& pour ce fai-
re que nous reduiiîôs en mémoire ce qui nous
eft ici déclaré parfaind Paul, c'eftafçauoir,
ait il y a yn Dieu.Cm lî les hommes font com
nie befbes farouches, & qu'ils le iettent amli à
l'abandon, tant y a que Dieu n'eft point diui-
fé : il faut donc que nous taichions de reunir
tout à luy . Q_Liant & quant fainû Paul adiou-
fte,Q»''7 J a aufsi -vn Médiateur de Dieu &•
des hommes. En quoy il iîgnitîe que noftre Sei
gneur lefus n'eft point venu pour reconcilier
vh petit nôbre de gens à Dieu fon Père, mais
qu'il a voulu eftendre fa grâce fur tout le mo
de. Et de fait, nous voyons comme par toute
PEfcriture il nous eft déclaré que ce qu'il a
foufFert.n'a pas efté feulement pour la remif
iion des péchez qui auoyent efté commis en
Iudee,niais par tout le mode. Puis qu'ainli eft
qiie l'office de noftre Seigneur lefus Chrift
s'eftéd en gênerai .\ tous peuples, nous ne de-
uons point mefpriferce qu'il a fi chèrement
racheté' & mefmes puis que le Seigneur lefus
nous conuie tous à ioy , &.eft prtft de nous
mener & de nous dôncr accès amiable à Dieu
fon Père , ne faut-il point que nous tendions
la main à ceux qui ne fçauent que c'eft de ce-
fte vnion-ci,afin de les faire approcherJNous
voyons donc maintenant à quelle intention
c'eft que fainft Paul dit qu'il ya vn Média-
teur entre Dieu & les hommes. Cependant il
appelle home lefus Chrift,afin de nous mon-
ftrer comme il s'eft approché de nous. Car on
pouuoit répliquer , Combien que Dieu foit
Créateur de tout le monde, fi eft-ceque les
hommes s'eftans ainfi aliénez de luy, font di -
gnes qu'il les reiette , & mefmes qu'il les ait
en deteftation comme fes ennemis mortels.
Et ainfi, quand les incrédules n'ont nul accès
m entrée à f» niaiefté,on pouuoit, di-ie, aile-
xvet cela., Pour cefte caufe fainû Paul die ici, ■
Combien que les hommes par leurs dcmeritts
flcoffenfes (oyent ainfi reiettez-deDieu.&fe-
parez de luy , toutesfois d'autant que lefus
Chrift a prins noftre chair,& s'en eft reueftu,
d'autant qu'il a defcendu fi bas que de fe faire
Ikomme , il ne faut point que nous rompions
vn tel lien & fi facré.Ainfi donc, puis qu'en la
'^erfonne de noftre Seigneur lefus Chrift,
mous voyons que Dieu a comme les bras ten-
dus,pour rcceuoir à foy ceux qui fembloycnt
cneftrefcparez : il ne faut point qu'il tiene à
nous que ceux qui auiouid'huy femblent eftre
du tout priucz d'cfperancede l'alut,ne reuie-
ccnt au troupeau. Cai pour cefle caufe noftre
Seigneur IcfusChii/ta enduré mwrt&paf-
fion : pour ccfte caufe il s'eit fait fiinbLiblt à
nous,& auiourd'huy il a ceft office d'intcicef
fi.ur ^ aduocat, qu'il eft pour Moyen. :cur en-
tre Dieu & les hommes, c'c-ftà dire, pour nous
OMurir la porte , & taire que nous venions '
deu.int Dieu , & queapui luy foyons agréa-
bles.voirs combien qu'à caufe de nos pecheï,
nous mentions qu'il nous reiette , & qu'il ie
recule bien loin. Maintenant en premier lieu
notons que tous ceux qui ne ticnentcontede
amener leurs prochains au chemin de falut,
ceux qui ne fe loucient d'amener aufsi les po-
ures incrédules, & qui les laiflent aller à per-
dition, monftrent bien qu'ils ne portent nuL-
honneur à Dieu,& qu'ils diminuent la puifTan
cède fon empire entant qu'en eux eft, & que
ils luy veulent afsigner des bornes , afin qu'il
ne domine point fur tout le monde :,& d'auaa
tage,qu'ils obfcurciflènt en partie la vertu de
la mort &'pafsion de noftre Seigneur lefuj
Chrift, qu'ils amoindriflent la dignité qui luy
a e^lé donnée de Dieu fon Père : c'eft qu'au-
iourd'hiiyil foit Moyenneur, afin que nous
ayons la porte des cieux ouuerte , & que nous
foyons afl'euiez que Dieu nous fera propice
quâd nous le viendrôs cercher.Et ainfi voyôs
nous combien nous fommts froids & noncha
lans à prier pour ceux qui en ontbefoin,&qui
auiourd'huy font en train de mou & de dam-
nation. Rcuenons à ce pallàge de fairft Paul,
c'eft afçauoir,qu'il y a vnDieu:&puis,quena
ftre Seigneur lefus nous ayant réconcilié à
Dieu fon Père, veut que nous attirions les po
ures ignoransauecnous, que nous en tacions~-
noftre deuoir tant qu'il nous feia pofsible,a-
£n que nous ioyons tous vnis en vn corps.voî
Ja pour vn item. Cependant nous auens ici v-
ne doftrine digne de mémoire, quand il eft dit
que noftre Seigneur lefus ell Médiateur en-
tre Dieu & les hômts.Car c'eft l'vn des prin-
cipaux articles de noftre f.iy, que nous reco»
rions tous à Dieu.cftans certains d'y auoir ac
ccs,& qu'il receuiâ nos oraifons.Car fins ce-
la dequoy no'icnura toute la doitrine de l'H
uâgile,fi nous ne pouuosinuoqucr Dicu,& ve
nir priueement àluy, tftans tout aflcurcz &
refolus q ce ne fera ppint en vain,& que nous
ne ferôs point friiftrtz de noftre attente quâd
nous l'aurons ainfi inuoqdc ? Si nous n'auons
cela,dequoy nous fert-il que Dieu foit nom-
mé noft'e Père &: Sauucur,& qu'il fou miferi-
coidieux à tous ceux qui le ce ichcnt?£t ainfi
notons bien que fi nous n'auons cefte certitu
de oue Dieueft prcftde nous reccuoir quand
nous le prions, que tout l'Euangile fera com-
me abbatu. M.-iincenant comment pouuons-
nous inuoquer Dieu ? Il c!ftce;tain que nous
ne fommes pas dignes de venir à luy . Et de
fait,qui cft-ce qui fe pourra aii.iccr?nous font
mes comme des vers de terie:& où eft-ce que
il nous faut aller pour inuoquer Dieu? Il faut
fortirdu monde , il faut paflcrpar dcllus les
cieux : les Anges mt fines de Pai^dr ne font
pas dignes de venir à Dit u fans aiioii quelque
moy.niqi'ie feia-cc donc de n.'us ? £c amfi il
tft impofsible que nos oralons foytnt fon-
diez en foy,& que nous puif ionsauoir la har
dielfe "de venir c'tuant Dieu, Jinon que lefus
Chriil le preftnte pour tftie M-oytnneur,
qu'il
SVR LA I. A TIMOTH,
St
qu'il nous tende la main , & qu'il nous pro-
mette de noustaiieauoir accès, comme au fsi
en fà perfonne nou; prions Dieu , & Tauons
ici auec nous .Comme de fait, quand lefus
Chrift nous addrefle, il ne faut point que no'
doutions que Dieu ne nous foit propice : Se
tant s'en faut qu'il fe retire loin de nous, que
il n'attend pas que nous le prions.mais il an-
ticipe de fon cofté. Voila pourquoy l'ay dit
que ce paflage contient vne doârine fort v-
tile, quïd fainft Paul nous parle (tyn Moyin-
nettr: car par cela il nous déclare comme nous
pouuons inuoquer Dieu, ne doutas point qu'il
ne nous foit prochain, & qu'il aura toufiours
l'aureille ouuerte pour exaucer nos prières
que nous luy faifons. Et notamment il adiou
fte, Que le fus Chrijl efl homme : afin que nous
n'entrions point en ces difficultez & difpu-
tes, Comment Dieu nous receura-il , veu que
nous f;immes poures pécheurs, veu qu'il n'y
y quemâlediiftionen nous?& cncores que ce-
la n'y fuft point, q nous fommes poures créa-
tures terreftres, que nous ne faifons que ram
pericibas, comment Dieu daignera-il nous
regarderîA fin donc que nous ne facios point
tels circuits, & que nous ne foyons point en
doute, fi venans à Dieu nous le trouuerôs pro
chain de nous, fainft Paul voulant foudre tou
tes telles queftions , dit que leliis Chrift eft
homme:fignifiantque pour celle caufe il a ve
ftu noftre chair,& s'eif fait ncftre frere:c'eft
afçauoir , afin que nous ayons l'entrée facile
venans au ciel.cémelt en la perfonne du Fils
de Dieu défia nous eftiôs du rang des Anges,
& en leur compagnie, comme à la vérité aufsi
nous iommes par foy. £t c'eft ce qui nou'. eft
aufsi bien remonftré par l'Apoftre en TEpi-
ftreaux Hebricux , quand ildit.Que lefus
H«i>r.i. Chrift eftant fait homme, a voulu aufsi cftre
ï7-'8, fuiet à toutes infirmitez, excepte péché, qu'il
&■ 4-I3' n'a pointvoulu eftre exempté de nos pafsiô^.
Et pourquoy?Afin (dit-il) d'eftre pitoyable:
comme celuy qui eft expérimenté. Si vn hom
mené fçait que c'eft de mal, il n'a point com-
pafsion de ceux qui endurent , mais il eft tel-
ïemétabbruué en fes délices, qu'il luy femble
que la poureté n'eft rien. Voila noftre Sei-
gneur lefus qui a voulu cftre participant de
toutes nos miferes, excepté qu'il n'a point eu
nulle macule dépêché en foy:maisaurefte,il
a voulu fentir que c'eftoit de toutes nos affli-
ûions.Et pourquoy? afin que quand nous ve-
nons à luy.il foit enclin à nous dôner fe cours,
& que ttfte expérience qu'il a eue en fa per-
fonne, Tinduife à demander à Dieu fon Père
qu'il nous foit propice:& d'autant qu'auf i la
vertuluya efté donnée denous aidcraube-
1, i . foin,qu'il ne nous défaille point. Et puis l'A-
poftre adioufte, q nous ponuons venir en plei
neconfiance, fuyuant aufi ce que nou^auons
touché, que le thronede Dieu, lequel de foy
nous dcuoit eftre efpouaniable & terrible,
mainceoant notis ett gracieux eo la perfonne
de noftre Seigneur lefus Chrift. Venons-nous
donc deuant Dieu? Si nous ne contemplons
que cefte haute maiefté & incomprehenfible
quieft cnluy, c'eit pour nous efpouanter ,il
faut que nous (oyons confus, & qu'vn chacun
recule : & mefmes que pluftoft nous defirions
que les montagnes nous conurent,& nous ac-
cablent, que de fentir la prefcnce de Dieu,
Mais quand noftre Seigneur lefus vient au de
liant, & qu'il feconftitue Moyenneur, alors il
n'y a rien qui nous doyue efpouanter,q nous
ne venion s la tefte leuee pour inuoquer Dieu
comme noftre Père, ne doutans point qu'en
la perfonne de fon Fils il ne nous aduone , Sc_
nous face fentir le fruift de fon aJoption.en-.
tant que nous pourrons venir prineement â
luy,& luy defcouurir nos necefsitez, luy def-
ployer toutes nos angoiflès qui nous tour-
mentent,afin d'en eftre foulagez.Or d'autant
plus nous fàut-il bien noter cefte doftrine,
quand bous voyons que le poure monde a e-
fté priué de cefte confolation. Car combien y
en a -il qui cognoiflent que lefus Chrift ell
leur Moyenneur &: Aduocat pour les amener
à Dieu fon Pere-Mais au rebours, en la Papau
té quand on veut prouner qu'il nous faut a-
uoir les Sainéls pour patrons qui intercèdent
pour nous , on allègue que nous ne fommes
pas dignes de côparoiftreJeuant Dieu. Com-
me fi lefus Chrift n'eftoit rien. Il eft vray que
nous nedeuonspas nier ceft argument-la aujt
Papiftes:Côment? ne feroit-ce point vne au-
dace & témérité trop folle à nous de venir
prier Dieu- Qui fomnies-noiK? Il faut confef
fer cela. Mais cependant, dequoy fert l'office
qui eft ici attribué à noftie Seigneur lefus
Chrift, quand fainft Paul l'appelle M«/fafr<(»'
& homme ■'(<(' ett-ce point pour fiippker à ce-
fte indignité qui eit en nots?Ainfi donc d'au-
tant que nous méritions d'cftie reiettcz de
DieUj&quela porte nous fuft fermée }7oiira-
uoir entrée à luy.voila pourquoy noftre Sei-
gneur Icfus Chrift vient au deuant. Et ainiî
maintenant nous voyons ccmme le poure
monde a efté deftituc de la grâce qui nous tû
ici offerte. Et voila pourquoy l'ay dit que tât
plus nous faut-il eftre attentifs à celle doftri-
ne. Et ce n'elf pas feulement entre les Papi-
ftes que ce mal règne, mais de tout temps il en
aainiî efté. Combien que les Payens allafient
à l'cftourdie en priant Dit u, fi eft-ce que touf
iours ils ont efté conuaincus que l'hôme mor
telnepeiittrouuergrace,finon qu'il ait quel-
que moyenneur.Et ainû les Payens ont ima-
giné qu'en cefte multitude d' doles qu'ils ado
royent, il yauoit commedes péris dieux qui
cftoyent leurs moyenncurs, & mefmes oncat
tribué ceft ofKce-la aux Anges. Et auccn-
traire.nous voyons comme Dien nou' a don-
né vn but certain auquel il nous faut tendre,
c'eft que les fidèle; cognoiflent que pour bien
prier &deuement,;l faut qu'ils tienent ceche
min & cefte regle,de fonder toutes leurs orai-
Ï.U
Et
QJ/ ATORZIEME SERMON
F. xa.i
Leul.l
J.17
Cd.i
fons fur la grâce du feul Moyenneur qui nous
aeftc ordonné. Et qu'ainli Ibic, regardons ce
quieft contenu en la Loy.Q_iiand Dieuacom
mande qu^on le priait, il a cependant mis l'or
dre, c'clt que le peuple le teinlt loin au paruis
du temple: quand on venoit faire les oraifons
lûlennelles, il ne faloit pas qu'vn chacun s'a-
uan çaft.nuis que le peuple le temft eflongné.
Iln'y auoit ne Roy, ni autre quifult,qui oiaft
approcher du l'uUtuairetcar c'euft elle vn i'à
crilcge : U n'y auoit que le leul facrilîcateur:
car il eftoit aulsi la iîgure de noftre Seigneur
o. lefasChnih Et voila pourquoy ileftoitac-
Cûuftré d'accoultremens nouueaux, qu'il n'e-
ftoit point là comme vn homme vulgaire, ne
du rangcommununais il efloitcontlicié&de-
■ dié du tout à Dieu. Et ce Sacrificateur entrât
aufsi au ûncluaircy apportoitle ûng de l'ho
ftie qu'il auoit offerte en lacrifice.pour iîi;ni-
fier qu'on ne pouuoit trouuer grâce deujut
Dieu, linon en vertu de ce facrifice qui dé-
liait eftre en la perlonne de noftre Seigneur
lelus Chrift. Nous voyons donc comme Dieu
â déclaré par cefte cérémonie folennelle.que
on ne le poauoit inuoqucr iînon qu'il y tnil
vn aduocat, lequel fuft conftitué afin d'inter-
céder pour tout le corps de l'Eglife . Il a elle
auhl df claré qu'il faloit que toute l'intèrccf-
lîon hifl: tondee fur vn facrifice qui après le-
roit offert. Et voila pourquoy iaincl Paulauf
lî en ce palTàge, après auoir parlé de l'intér-
cefsion de Iclus Chrift,adioufte,Q«' s'eft don
ne en r.incon jiiur notts.dr ce font chjfes in-
û-parablesquelamort &pafsiondu Fils de
Dieu,i5; ce qu'auiourd'luiy il cft noftre Moy-
enneui'.afîn que nous ayons accès en fon nom
à Dieu fon Père. Au refte, lefus Chrift eft-il
apparu pour monftrcr la pure vérité &: la pu-
re fubftance & perfection des figures de la
Loy ? Encores Satan n'a pas dclaiflc de s'ef-
forcer à mettre comme des nuces obfcures
qui empefchent le regard de ce Médiateur
qui eftoit donné. Et nous voyons mefmes def
ia au commencement de l'Euangile, que plu-
lieurs hérétiques ont imaginé qu'il raioit re-
tenir les Anges pour aduocats ,& que faincl
Paul a eflé empeiché après ccla:comme nous
iS voyons enl'Epiftreaux ColoAiensrqu'ildon
ne vn tel luftreà lefus Chrift, qu'il faut que
les Anges & les autres dignitez foyent remi-
fes en leur rang,&: que lefus Chrift apparoif-
fe par delTus, & qu'il ait toute prééminence.
Pourquoy eft-ceque laind Paul trauaille &
inlîfte tant là defllis, iînon pouieeque delîa
lefus Chrift eftoit mené parmi les Anges par
aucuns phantaftiqu^-s :• l'inaiemcnt le monde
i'eil cncorcs plus de, bordé. car on a for^é v-
ne garenne d'intercefltuis & aduocats, com-
me les P.ipiftes fceondamnent de leur pro-
pre bouche, quand ils diûnt qu'on n'y co-
gnoiftpoiiu Dieapar.iii le. Apoftres. Us ont
ce prouerbe-laqui eft bien vray : mais dont
fft-il venu,!)no.Td'autst qu'ils ontdwJpouillé
lefusChrift de fon office, & luy ont donc tant
decôpagnons qu'on ne peut dilcerner entre
luy & le refte, qu'il.eft là comme du troupeau,
qu'on ne fçait s'il cft Moyenneur ou non ? Ec
de tait, il y a quarante ans qu'en la Papauté
il eftoit autant queftion de nommer le Fils de
Dieu Moyenneur & Aduocat, que de dire que
Mahommet eftoit le rédempteur du môdc.Ec
auiourd'huy encores , combien qu'en delpit
de leurs dents ces titres ne foyent pas du tout
anéantis, Il eft-ce que iîquelqu'vn appelle le-
Uis Chrift Médiateur & Aduocat, il fera noté
là dclPus, Se combien qu'on ne l'ofe pas con-
damner pour hérétique, incontinent en pro-
cès, afçauoir s'il entend que Chrift foit leul
Aduocat , & fi les Sainfts ne le font pas auec
luy :& fi vn homme veut exalter le Fils de
Dieu pour luy refetuerla dignité qu'il a de
Dieu fon Pere:ho, incontinent au t'euuie voi-
la pas vne chofe deteftable ? Et d'autant plus
taut-il que nous foyôs armez de cefte doiîtri-
ne-la,où fiindl Paul monftre que nous ne pou
lions approcher de Dieu , que lefus Chnft ne
nous y donne accès, nous efrant Moyenneur: ^
& qui plus eft.lcs Papiftes font fi effronte7,ie
di mefines leurs docteurs , quand ils veulent
prouuer ce qu'ils ont forgé contre la pure do
cf rine de l'Euangile, qu'ils dilent , Ho, il e/l
vray qu'il y a vn Médiateur, mais il n'eft pas
feul. Quand on appellera vn home vn.ce n'eft
pas qu'il foit leul au mode. Voire;(?v: ici faincl-
Paul quand il dit qu'il y a vn Médiateur, n'eft
ce pas côme il auoit déclaré qu'il y a vnDieu?
.S'ih veulent que le Dieu viuant foit niellé par
mi les idoles ,& qu'il ne tiene pas feulement
vne place, & ie vous prie, où en l'erons-nous?
Mais il a falu qu'ils tombaflent ainii en fens
reprouué, & que Satan les tranfportaft en tel
le forte , que les petis enfans non feuleme.'Jt
le puiflcnt niocquer de leur beftife,mais aufsi
qu'ils ayent leurs blafphcines en exécration.
Et c'eft vne iulte vengeance de Dieu,puis que
ils ont talché d'arracher ceft office de Moy-
enneur, qu'ils foyent cxpofcz en opprobre
pour auoir deshonoré le Fils de Dieu, le Sci-r
gneur de gloire, ccluy auquel le Perc conim.î-
de, que tous &grans & petis facent homnia-
ge.deuàt lequel tout gcnouil fe doit ployer,
en la peri'onne duquel nous deuons adorer la -pff, 2,. g,
maiefté de no.ftre Dieu.Qiiand au lieu de ce- q. pl,ji_
h ons 'en mocque,eft-ce ra:fon q Dieu ibuf- 2.. 10. II.
fre cela qu'il n'en face vne hornlde vcngcan
ce.-Et puis, quand Ic^Papiftes veulét eftrc plus
aiçus & fiibtiis, pour tionucr elchapato^'cils
difent que lefus Chnft eil bien Médiateur v-
niqucv oire de redéption, q c'eft luy leul qui
a racheté le ir.ôdemiais quant a rintercef">ion
qu'il n'eft pas feul, pource qu'vn chacun y a
place, & q les lîiincts trefpailez ont aulsi bien
ceft office. Voire, comme lî not.îment S.Paul
ne parlo't pas ici d'interccûion, ainfî q nous
le voyon.s.Ciu'eft-ce qu'il traitte en ce palfa-
gcHDit-il fimplcraent que nousauons efté ra-
chetez
SVR LA I. A TIMOTH.
83
cKetcz pour vn coup par le Ai^g du I lU de
Ditu.-Mais il dit «jiie irbusdciion^ puer Dieu
pour tous eftatSiâc pour tourts lumnjd'jirt.it
«ju^il y a vn Moyenneiir qui nous donc accès.
Et la circoiiftancedu lieumonftre cjuc lellis
Chrilt n\il point feulement appc-Je Moycr-
neur au regard de ce que par ù mort il nous a
réconciliez à Dieu pour vn coup, mais d'aut.it
qu'auiourd'huy ilapparoJll dciiant la face &
lamaieftéde Dieu, afin qu'en Ion nom nous
l'oyons exaucez: comme S.Paul aiiûi en parle
aiL8.chap.des Rom. Car il conioint cesdeux
offices.c'eft afçauoir que noftre Seigneur le
fus par fa mort &pafsion nous a a bious,alin q
rien n'empefche que nous ne foyôs agréables
à Dieu, & qu'auiourd'huy il intercède enco-
res pour nous. Voila donc, ce q nous auons à
noter contre ces fubterfuges & fubtilitez dia
boliques q les Papilles ont controuuees pour
anéantir la grâce de noftre Seigneur ïeius
Chrift,& ledclpouilier de fa dignité .fiîde 1'
otficc qu'il tient de Dieu l'on Père. Or il cft
vray q nous intercédons bien les vns pour les
autres: côme S.Paul auf i vfe de ce mot, quâd
il veut q chacun ait le foin de fes prochains:
mais cela n'empefchc pas q nollre Seigneur
lefus ne foit luy feul Moyenntui . Et pour-
qui)y?Car h l'ay ccfte liardiefle de prier pour
nioy.delîa l'excede mtfure,ic luis vu loi trop
outrecuidé de me venir pl'cntcr deu.u Dieu:
car le ne le peux inuoqucr q ce ne foit comme
mon Père. Et qui eft-ce qui m'a elcué en cefte
nobleire & dignité, q le foye côme les Anges
de PaïadisîAinii doc.de prier pour moy ie ne
ôkray pas, finon q i'aye lefus Chrift qui me
donne la puiflance. Q^ lî chacun ne peut e-
Ihe exaucé pour foy, cément tftendrôs-nous
nos requeftes iulques aux autres, que nous ve-
nions taire des aduocats Se procureurs, q nous
prionsDieu de recômaiider la caufe de cefluy
CI &de ceftiiy-la? Il faut bien donc que lelus
Chnft fou feul Médiateur, ou autremét nous
n'aurons nul accès à Dieu. Cai (côme l'ay dcf
ia dit) il fautq lefus Chrift mefines fou chef
des Auges pour les conioindre à Dieu fon Pe
re:& q fera-ce de nous qui en fommes du tout
/eparcz par nos péchez? Et amiî quad TEfcii
' ture fainde no' exhorte de prier les vns pour
les autres , ce n'cft point en dcrogant rien à 1'
office de noftre Seigneur lefus Chrift, mais
c'tft que fous fon nom &;par fon moyen nous
fommes tous vnis enfemble: & quand chacun
prie pour foy , qu'il comprene aufsi tout le
corps de PEglife, & q nous ne fepariôs point
«e que Dieu a conioint & Tni.Mainteniît lî on
allègue q cela pourra bien eftre entendu des
i'aincts trefpafl'ez, la refponfe ettbien facile:
c'cit que les Papiftes n'ont point forgé des
patrons & aduocats fuyuât la doftrine de TE
lcriture,maisc'eft comme fi lefus Chrift n'e-
Jloit rien. Pouiquoy eft-ce q les Papiftes ont
faind Pierre, faincl Michel, & la vierge Ma-
rie, 6c que melmes Us ont forgé des i'aincis à
leur appétit, qui foyent leurs patrons? Lane*-
tel^ite.difcnc-.ls, nous y contraint : car nous
ne iommes pas i ignés de venir à Dieu . Nous
voyons comme Ulus Chiiftift forclos par
eux, & qu'ils ne luy attribuent rien qui foit.
S'ils diloyent, Et bien, nous plions les fainfts
de Paiadis,poiirce qu'ils font membres de TE
ghfe-comme ie prieray cefruy-ci &ceiluy-la:
ainii eu fay-ie des faii^ds de Paradisili les Pa
piftes parioyent ainlî , encores y auroit-il
quelque modtftie en eux. Mais nous voyons
quar,d ils imaginent des patrons là haut an
ciel , que c'tft en deftitiiant lefus Chiift de
ton office. Or c'cft vn blafpheme. exécrable.
Et puis encores que les Papiftes allegaffent ce
que l'ay deiîa touché, ce n'eftpas excufc.£t
pourquoy ? Car quand nous venons deuant
Dieu, il nous faut eftre afleurez que nous pri-
ons comme par fa bouche. Car que f(,auons-
nous que c'eft de prier ? mais il faut que nous
foyonsenfeignez de luy pour ce faire, &que
la volonté nous foit comme vne règle infalli
blc, &qiienous ne déclinions point tant peu
que celoitdc là,ni àdextre ni àgauche.com-
meilaefté traittépar ci deuant.quand S.Paul
declaroitque Dieu ne veut point eftre prié
iînon à la volonté, &anon point à l'appétit des
hommes. Et voil.i pourquoy aufsi il eft dit aa
dixième chapitre des Romains , que nous ne
pouuons pas prier Dieu que l'Euâgile ne pré-
cède, car c'eft la lampe pour nous efclairer:
que nous ne pouuôs tenir ne chemin ne voye,
finon que nous fovons conduits & guidez par
1,\. Il faut donc que la dodrine de l'Euangile
nous foit la règle de bien prier. Dieu nous ra-
mene-il aux faincis trcfpaflczrnous les coniti
tue-il pour patrons Se aduocats? Nenniril n'y
a point vne feule lyilabe en l'Elcriture fain-
de qui en face mention. Il ell vray que cepcn
dant que nous viuons au mode, la charité doit
eftre mutuelle entre nous,qu'vn chaeû fe doit
exercer à prier pour fes prochains. Mainte-
nant fi ie vay attenter plus que l'Efcriture ne
monftre,n'eft-ce point défia m'efgarer à tra-
iiers champs?Ainfieji font les Papiftes. le laif
ie maintenant leiu' blafpheme diabolique que
i'ay monftré , c'eft qn'ayans dechaiîé lefus
chrift de faplace,ils luy conftituecc des fuc-
cefleurs, qu'autant qu'ils fe forgent de t'uncis
pour leurs patrons & aduocas, autSt y en a-il
de lefus Chritts. Mais encores q cela n'y fuft
point, fi voit-on qu'il n'y a qu'incrédulité en
toutes leurs oraifons.Et pourquoyrCarils ne
ont nul tefinoignage ni approbatiô de l'Efcri
ture faindc.Ainfi les Papiftes n'ont nulle ex-
cure,quoy qu'ils alleguét q toufiours ils ne fê
deftournent du droit chemin en priant Dieu,
depuis qu'ils cerchét d'autres patrons qui in-
tercèdent,que celuv que Dieu a ordonne. Or
il n'y en a qu'vu feu),c6me i'ay dit,parlequel
nous puifsions acquérir grâce. Vray eft que
nous deuons bien intercéder les vns pour les
autres : mais cela doit eftre pour jnonftrrx h.
l.ii.
84
QJ ATORZIEME SERMON
fraternité que Dieua mi/e entre nous de na-
ture. En fomme.il no' faut prattiquer ce que
nous auons délia «juché des ombres & figu-
res de la Lpy . Car comme en la Loy.il eltoit
dit que le peuple n''.ipprpcheroit point du
fandtuaire, mais qu'il demeureroit au parais
& à l'entrée du temple,& qu'il n'y auroit que
le fcul Sacrificateur qui entreroit là : amli
maintenant voulons-nous bien prier Dieu?
cognoiiTons noftre indignité : c'eftquenon
feulement nous fommescieaturcs tcrreftreç,
mais que nous fomines pleins d'iniquité, d'au
tant que nous ibmmes tous poilus & conta-
minez en Adam , que nous ne deuons point
approcher de Dieu : & ainfi que nous ne pou
uons rapporter que refus , d'autant que nous
ne fomraes pas dignes d'ouurir la bouche : 8c
tant s'en faut que nous le puiAions reclamer
corne noftre Père, qu'il nous peut tenir com-
me fesennemis,& nous auoir deteftables.Aîfi
donc cognoiflons la pouretc qui eft en nous,
afin de venir au remède. Et quel fera ce reme
derC'cit que nous ayons noftre Seigneur le-
fusChiiftqui foit noftre fouueram Sacrifica-
teur: car ccluy-la a vue fois efpâdu fon fang,
(comme l'ainél Paul le déclare) en rauçon de
nos péchez. Puis qu'il nous a réconciliez à
Dieu en vertu de fa mort & pafsion, ne dou-
tons pas qu'auiourd'huy Dieu ne nous foit
propice. Et melines notons que lefus Chrift
intercède pour nous.Etcomment?Tout ainfi
laf '.iS. que le fouuerain Sacrificateur portoit les nos
9. des enfans d'Ifracl efcrits fur (es deux efpau
les , & que deuant fon eftomach il portoit le
tableau où il y auoit douze pierres precieu-
fesjfignifiant les douze lignées d'Ifraei: ainfi
cognoilTons que lefus Chnft nous porte en
fon cœur,& comme fur l'es efpaules.Car tout
ainfi qu'il s'eft chargé de nos péchez & ini-
quitez en la croix , aufsi maintenant il veut
que nous foyons abfous de luy : cela eft no-
ftre appuy Se. fondement. Et ainfi cognoif-
fons qu'e4i la peifonne du Fils de Dieu défia
nous auons entrée au ciehpuis qu'il nous por
te, que nous fommes non feulement en vn ta
blcau qui eftoit en figure , mais que nous luy
fommes imprimez en fon cœur. Puis qu'ainn
eft, ne doutons point que nous ne trouuions
grâce «Jeuant Dieu , quand nous y viendrons
au nom de ce Médiateur. Et nu reite, notons
H<t.io. ^''^" ^^ % ^'^ '^'^ P^"^ l'Apoflre aux Hebrieux,
10. Qu^auiourd'huy le voile du temple eft rom-
pu,que la voyc eft dediee frefche au fang de
lefus Chrift , lequel ne périt iamais. Puis
qu'ainfî eft donc, venons hardiment nou> pre
fenter à Dicu,quâd nous auôs vn tel Moycn-
neur qui intercède pour no". Et au relie, puis
que Dieu nous commande de prier les vns
pour les autres, cela n'einptfchera point que
nous n'ayons toufîoiirs noftre regard <S:ad-
dielie .\ lefu. Chrift. Aidons-nous dcsprie-
res de nos prochain';, mais non pas que ïcfus
Chnft ne demeure toufiours en fon degré
fouuerain. Cependant gardons-nous d'imagi
ner des patrôs & aduocais à noftre phantafie,
car ce feroit difpoferles eftats du royaume
de Dieu:& tous ceux qui le donnent vne telle
licéce,fe font côme grans maiftres en la mai-
fon de Dieu:& quelle outrecuidâce eft-ce là?
Pourtant, que nous n'imaginions point d'ad-
uocats ne de patrôs félon que noftre cerueau
le portera , mais contentons-nous de la fim-
plicitéde l'Efcritiirefainûe.Etau refte, no-
tons bié que lefus Chrift eft appelé feul Mé-
diateur,non feulemêt pource qu'auiourd'liuy
il intercède pour nous, mais d'autant qu'il a
enduré mort & pafsion. Nous ne pouuons pas
donc attribuer ceft office aux fâinds trefpaf-
fez, que nous ne lesconftituyons nos rédem-
pteurs,& que leJfus Chrift ne foit là reietté:&
quel blafpneme eft-ce làeiicores? D'autant
plus donc nous faut-il bien tenir arrêtiez
au feul Fils de Dieu , afin que nous ne cher-»
chions fa grâce à l'efgaree.que nous ne faciôs
point de longs dilcours fans propos, pour di-
re,Comment fe;a/-ie exaucé de Dicuf Ce fe-
ra quand nous y viendrons aiinom de noftre
Seigneur lefus Chrift. Et au refte, notons l'a-
byfme où Dieu a laiffe trebufcher les Papi-
ftes,depuis qu'vne fois ils fe font tournoyez,
Se qu'ils n'ont point tenu le droit chemin qui
leur eftoit afsigné: nous voyons, di-ie, qu'ils
ont eftéabbrutisdutout : car ils n'ont pome
eu de honte d'appeller la vierge Marie leur
aduocate:& puis après ils luyont donné les ti-
tres qui ne peuu?nt appartenir qu'au feul Fils
de Dieu:&: puis cneores ils ont pafle plus ou-
tre,de la prier qu'elle commandaft à (on Fils
des chofes qui f^nt fi enormes,que c'eft mer-
ueilles que la terre n'aby fine de tels niôftres.
Q_iiand donc nous voyons les Papiltes eftre
plus brutaux que le* Turcs & les Pâyens,ap-
prenons de glorifiernoftre Dieu, & en toute
humilité le remercier de ce qu'il luy a pieu
nous retirer de telles abominatiôs,& que no*
foyons tant plus inc'tei à cheminer en crain-
te & en folicitude.Et cepédant puis que Dieu
nous a donné vn tel Aduocat & Médiateur <j
fon Fils propre.quc.nous ne cra'gnions point
de nous venirprefenter àluy pour l'inuoquer
en toutes nos necefsitez, &>] no feulemêt vn
chacun face cela pour foy en particulier.mais
q tous cnfemble nous prions &• pour tout le
corps de r£glife,&pour tout le gère humain.
ORnous-nous pi ofternei os deuant la fa-
ce de noftre bô Dieu,encognoiflànce de nos
fautcs:lc pri.u qu'il nous les face tellen-.éi: l'en
tir.que nous cheichions le moyen d'y remé-
dier,c'efl qu'il nous les pardonne par fâmi/e
ricoide.&qu'ilno'retircd'orefenauat àfoy,
& que nous ayât dcfpouiilez de toutes nos in
firuiitez &no^ vices,il nos rciufiede^ grâces
de fonfiiiniftEfprit , afin que nous ne dcfiriôs
finoii d'obcir à fi volonté.cn le feruant fclon
fes fainéls commander.iens. Ainfi nous dirons
tousjDieu tout-puiflànt, Père celefte,&c.
CINCL.
SVRLAI. ATIMOTH. Jf
CINQJ/IEME SERMON SVR LE SE-
COND CHAPITRE.
5 Car iîy a v« Dieu, O" v« Moyemeur de 'Dieu çy des homes,
afçauoir lefus Chrijl homme,
6 Qui s'ejl donné [oy-mefme rançon pour tous , dont le te f moi-
gnage enfujl enfon tempSy (fc.
8c pafsion de nbftré Seigneur IcfusChrifte'"
prianc.il tau: quenousloyons en douce& e*
perplexité. Et par ainli toutes nos oraifont
feront friuoles & inutiles: comme l'Efcrîturc lef,, j ••
au^i lemonftie, <jue fi nous ne prionsen foy
& certitude, iamaiinous ne protiterons rien.
Et en cela voit-on combien les Papi/lesfont
miferables.lelqucls ne fe peuuent tenir à cette
doftrine.qui elttat claire& tant infallible;&:
Ous auons veu ce matin (au
moins nous auons entame ce
propos en partie ) <ï le Fils
de I)ieu n'elt pas auiour-
d'huy tellemét Moyenneur
pour nous faire trouuer gra
' ce deuât Dieu Ion Père, que
ce titre & dignité ne luy loit touliours reftr-
ué.c'tft afçauoir quM a efpâdu fou fang pour
nous : car nous ne deuons pomt feparer ces cependant ils çxtrauaguent en leuis imagina-
deux chofc (félon qu'ilatHédeliatraitté)& tions:& quand ils ont bien tracalfé , au lieu
mefmes les Pères ont cognu cela du temps d'approcher de Dieu, ils s'en reculent touf-
de la Loy.en la figure qui leur eftoit donnée, iours. Et pourquay? Car quand ils prient ,&
Car le grand Sacrificateur ne pouuoit appro- qu\!s s'auancent ainfi à leur pofle,qtieUe cer
cher de Dieu,fînon ayant fat facnfice folcn titude ont-ils qfte Dieu receura cela quâd ilt
nel.Pource notons bien que mihe Seigneur vienentàl'muaijueirQja'ya-iliînôvnevame
lefiis intercède maintenant pour nous, li'au- prefomption qu'ils ont conceue de fe faire â
tant qu'vne fois il nous a réconciliez à Dieu, croire ce que Dieu ne leur a umaispromisîll
le payant de toutes nos dettes. Car cependit faut doc qu'ih foycnt toufîours en branle Et
quenousfommes rcdeaa'jles àDieu.nous ne au rtrte,quad !!■ priuent lefus Chrift de Thua
pouuons nullement nous tenir deuant luy : & ncur& dignité facerdotale qui luya elle don
il n'ell point queftion ici d'or ou d'argent, nce de Dieu fon Père, comment pourroyCnf..
nous fommes tous coulpables de mort, l'ire & ils rien obtenir auec tels facrileges.'c'eitdcf..
la inaledidiô de Dicueit fjr nos. telles. Ainli piter pleinement Dieu. Que s'ils difent que
il faut que nous foyons quittes de nos iniqui leurintentiôn'eltpas telle d'attribuer à leurs
tez.ou lamais nous ne pourrons ouurir la bou fainds qu'ils ont torgez ce qui appartient au
che pour prier Dieu. Cela a eftc fait en la
mort & pafsion de nolhe Seigneur Icfus
Chrirt.Sainâ Paul donc nouv voulant confer
mer en cefte dodrine.que nous auons vn Ad-
uocat qui nous donne accès tac le & priuéà
Dieu, dit Qu^e cehy-la mefme i'eji doni rand
Fils de Dieu, li efl-ce qu'ils le font. Car puis
qu'ils attribuent la louange de lefus Chrift à
ceux qu'ils appellent leurs aduocats , il faut
quant &: quant que la facrificature leur appar
tiene, tellement qu'ils foyent appelez redem-
_ pteurs du monde. Parceia nous voyons com-
En quoy il lignifie que maintenant nous ne me les Papiftes fe ferment du tout la porte
fammes plus coulpablts deuant Dieu àcaufe quand ils vicnét par circuits à Dieu,&,ne peu
de nos pechcz:non pas que Dieu à bon droift uent tenir le chemin qui nous eft ici monltrc.
ne nous puifl'e reietter.mais par la pure mife- Finalemét, leur fouuient-il iamâis de la mort
ricorde& gratuite il accepte le paycmét qui & pafsion de lefus Chrift quand ileftqueftio
en a efté fait en la perlonne de fon Fils.Voi- de fe prefenter deuant la face de Dieu?Si eft-
la ce que nous auons à noter en ce paflage.Et ce que fans cela (comme i'ay dit) toutes nos
ainlî toutes fois & quantes que lès fidèles fe oiarfons font pollues , il n'y a autre moyen
difpofent à prier Dieu ', qu'ils cognoillènt
qu'il faut que leurs oraifofis foyét fanttifiees
St con f.icrees par le fang de nofti e SeigTieur
Icfus Chrift. Il ne fau: point ici d'afperges
d'eau bénite Papale, mais il fiiut q le pris du-
quel parle S. Paul,refponde,& qu'il Ihti'face
pour nous deuant Dieuiavans cela nous fom-
delanclifier nos prières, &les faire tiouuer
bonnes pour leur dôner fermeté deuât Dieu,
finon qu'elles foyent arroufees du fang de le-
fus Chrilt.Orde noftrecofté prifons ce bien
ineftimableq Dieu nous a fait, qiiandilnous
a déclaré quelle eft la façon de le prier pour
eftre exaucez,& pour impetrer nos requeftes.
mes afleurez&refoius.f^achâs bien que Dieu Voila quant à ce mot que S. Paul touche ici,
ne reicttera point ce lacrifice qu'il a déclaré Qm? Ufus Chrifi s'efl doué four nous en ranto.
luy eftre agréable,* par lequel il s'eft recon- Au refte, notons bien qu'en attribuant cela à
cilié auec nous & appointé, voire àperpeiui- noftre Seieneur lefus Chrift, il met bas tout
té.Mais fi nous ne fommes foodet en la mort ce que les Hommes peuuent prefumer de kurt
1. lit.
%6 QJ I N Z I E M
fatisfaûiô^,au'on appelle. Ce qui eft encores
vn poinû bien riocabk : pourCe que de tout
temps le mode s'ell abufé à des menuç fatras
pour appaifer Dieu, comme ii on vouloir ap-
pailer la cholercd\n petit enfant auec quel-
ques hochets. Voila les Payens qui ont bien
coi^nu qu'ils ne pouuoyent pas inuoqiier Dieu
linon qu'ils eulicnt quelque moyéneur,(ainiî
qu'il a elle touché ce matin)Q_u]ont-ils fait?
Ils ont eu leurs interceircurs , en forte qu'ils
ont imaginé mille moyens pour trouuer grâ-
ce deuant Dieu (comme les Papiftes les ont
enfuyuis)qui fe font laucz & purifiez: qui n'a
cfté qu'vne lingerie de ce que Dieu aiioit or--.
donné aux Pères : non pas pour les amufer à
ces elemens corruptibles , mais pour 1er atti-
rer plus haut,afçauoiràIelus Chrill. Qjj_and
on venoit au temple de Ierulalem,il y auoit a
Pentree l'eau toute prefte, afin qu'vn chacun
fe purifiait pour approcher de la maieité de
Dieu: & les hommes par cela cognoifloyent
qu'ils eftoyét pleins d'ordures &d'infedii5s.
Mais ce n'clloit point .iffez de cognoiftre ce-
la: il faloitaufsiauoir le remede:& ce remède
n'eftoit pas en l'eau, qui eft vn élément coi ru-
ptible,ainlî que nous fçauôs:niaisc'eftoit déf-
ia vne figure du fang de noftre Seigneur lelus
Chrift. MaintenâtdôccognoilTons qu'ilfaut
q lefusChrift fe mette auec le prix de fa mort
& pahiô , pour nous appointer auec Dieu fon
l'ere,& que par ce moyen nos péchez foyent
abolis, & qu'ils ne vienent point en côte. Il ne
iaut plus nous abufer comme fi nous pouuiÔs
acquérir grâce deuant Dieu par quelque cere
monie ou qlque fanfare, mais il y a celle ran-
çon dont parle ici S.Paul,qui nous monftre q
nous fommes tous redeuables à Dieu , & que
cependant que nous n'apportons le prix pour
nous acquitter,il faut qu'il nous reiette, qu'il
nous maudiire,qu'il faut qu'il nous ait comme
exécrables , mais pour l'appointement , que
nous auonslefangde lefus Chrift,& le facri-
fice qu'il aorfert pour nous & de fon corps &
de fon ame. Voila où gift toute noftre fiance,
voila comme nous fommes afleurez,quâd nos
péchez font enfeuelis , & qu'il n'eft plus que-
stion de conter auec Dieu, d'autant que nous
fommes abfous par ce moyen. Qujnt aux Pa-
piftes, ileftvray (Qu'ils confefleront bien en
partie q noftre remifsion nous eft donnée par
le fang de Icfus Chrift : mais ils reftraignent
celA,en forte que c'cft pleinement fe roocquer
de la grâce qui nous a eftclà acquife.Et com-
mentîCar voila la doilrine Papale, c'eft qu'au
Baptefme le péché originel nous eft remis: Se
quand, ify auroit quelque luif ou Paycn ba-
ptizé en l'aagc- de vingt ans,ou trente, ou qua
ranteans.que là les offeufes qu'il auroit com
mifes en favicUiy feroyent pardonnee^:mais
depuis que nous fonunes baptife2,qu,ind nous
;iuroQS la)lli,n9uç hcdeuons pas peiiiér d'ob-
tenir grâce 3( pard6n,ij ce n'eft cnappoitaiit
4juclque rccompejifç, ynyçfi qu'ils n'qfçnt
E SERMON
pas nier q Dieu n''\i'e toufiours de mifericor-
de,& que nous n'ayons befoin aufsi qu'il nouî
tende la main, & que Icfus Chrift ne bcfonijne
en ceft cndroit:mais tât y a qu'ils difent qu'il
noustaut latisfairc à Dieu pour nos péchez,
& que nous ne poiiuons pas l'auojr propicc,iî
ce n'eft que nous fatisfacions quand nous au-
rons failli en ceci & en cela,& qu'il y ait quel
que efchange.Or pource que nous ne pouuôs
pas fatisfaire à Dieu de ce que delîa nous luy
deuons,c5me vn home qui deuera cent efcus
àquelqu'vn ,& luy deuera d'autre cofté cent
florins,en payant les cent florins.ce n'eft pas
adiré qu'il ne fou toulîours obligé à la prin»
cipale fomme:ainlî les Papiftes voyans qu'ils
ne peuuent pas fatisfaire à Dieu en failânt
tout ce qu'il a commande , ils inuentent vne
fatisfatlion nouuclle,difans que nous pouuôs
taire du luperabondant:^; combien que Dieu
foit courroucé contre nouv àc^ufedenos pe
chez, que nous auons les ui jyeiis de l'appai-
fer,quand nous luy portons telle recompen-
fe, comme (ont les ccuures de fupererogation,
qu'ils appellent. Mais d'autant qu'avec tout
cela les Papiftes forn encores contraints de
confefler que nous ne pouuons pas venir à
bout de recompéfer Dieu en tout & par tout,
&: qu'il eft impofsible aux hommes d'entrer
en payement auec luy, il y a vn autre fupple-
ement qu'ils adiouftcnt, c'eft afçauoir le iâng
des Martyrs , & puis les clef-, de l'Egliie , la
puilïànce qui cil donnée aav Preftrcs , en ce
qui leur fejubkra bon d'impaler en Iturs cou
feires. Voila comme les Papiites dcfchiren:
le prix & rançon que noilre Seigneur lefus a
payée pour nous en fa mort , c'cil que nous
lommes acquittez du péché originel : mais
pource que de noftre cofté après le Baptelme
nous fommes redeuables à D:eu, finon que
nous trouuions façon de nous acquitter par
recompenlc, ils mettent en auant leurs fatif-
fatlions, &. ce qu'ils appellent œuures de fu-
pereros^ation.Et au reite,s'il y a encores qupl
que delaut,', il y a le fmg des Martyrs, Se les
clefs de l'Eglife qui fuppleent . Voila des
blafphemes horribles , qui font pour defchi-
rer lefus Chrift par pièces , entant qu'en eux
eft. Sainft Paul parie-il ici d'vne rançon qui
férue aux petis enfans tant feulement ,& à
ceux qui ne font point encores baptifezr'Mais
au contraire il comprend ici toutes les fautes
parlefquelles nous ibnimes coulpablcs de-m
uant Dieu. Car il eft queftion de prier & d'à-
uojr telle entrée & telle ouuerture à Dieu q
nous le trouuions propice. S. Paul dit que cela
eft,d'autât que nous auons vn Adiiocat. Et en
quelle vertu eft-ct que lefus Chrift intercède
pour nous ? D'autant qu'il eft noftre rançon
(dit-il)c'cll à dire le pr.x qui cftoit dcu pour
^f.u
nosïauces: tellement que ccpc
dant
qu
fômes redeuables à Dieu, la porte ijous eft clo
fe,que nous ne pouuôs pas venii.potu le prier
Or n'au$s-ny/'pa:i bcfoifide prit'i. tout letéps
de no
s V R LA I. A T î M O T H.
87
de noftre vie? Il s'enfuit donc que la rançon
dont parle ici lainil Paul , s'eftend à toutes
nos ortenfes ,. & que de iour en iour il noui
faut là recourir , & y auoir toute noftre fian-
ce.Et ce n'eft point feulement en cepaflage
que l'Efcriture fainilie nous réuoye à la mort
& pafsion de nbftre Seigneur leluy Chrift, Se
à TefFulion de fon fang pour eftre abfous de
nos fautes , mais par tout il nous cft monftré
que s'il eftoit queftion que les hommes s'ac-
quittalfent enuers Dieu , rien ne fe tiouuera
en eux qm foit digne d'vne telle reconcilia-
tion.nequi en approche.Apprenonsdoncde
chercher en leùis Chuft ce qui nous défaut,
c'cft afçauoir que par le prix de fon fang no'
foyons réconciliez à ton Père , & que l'accès
nous foit donné , que nous puifsions prier en
pleine confiance. Voila quant à ce mot vn fé-
cond poinCl qui doit eltre obi'erué.Mais pour
ce que CùnÙ. Paul a déclaré que la grâce qui
nous a efté acquife par le Fils de Dieu, eftoit
commune à tout le monde, que ce n'eftoit
point feulement pour les luits , & qu'elle e-
lloit aufsi générale à tous eftats, on pouuoit
répliquer àl'encontre, Et comment donc?
Pourquoy Dieu a-il eleu vn certain peuple
comme ion héritage? Pourquoy cft-ce qu'il a
voulu eftre inuoqué feulemét des luihrPour
quoy a-il enclos entr'eux (es jpmeflcs? Pour-
quoy luy a-il donné les figurés, & qu'il l'a
exercé en l'attente de ce grand Rédempteur
qui eftoit promis ? Cela n'a pas efté linon
pour les enfans d'Abraham. Il fcmbledonc
que lefus Chriil ne foit pas venu pour tout
le monde, & que ks Payens & incrédules ne
doiuentpas eltre participansd'vn tel benefi-
cc,mais feulement les luifs qui font domefti-
quesdeDreu , comme il lésa appelez. Or
pour ceftecaufe S.rauladioufte,Ç>«f le lefmoi
gnagedc ce cjit'llauoit dit , a efti rii fi/i timps:
comme s'il difoit que bien tft vr.iy que dés la
création du monde Dieu s'cltoit toiiliours re
ferué quelque peuple, & mefmes qujd i] auoit
fait Ion alliance auec Abraham , qifil auoit
exclus tous les Payens de l'efperance de fa-
lutnnais cela ( dit-il ) n'eniptfche point que
maintenant il n'appelle .1 foy tous hommes:
combien qu'il au voulu pour vn temps vler
enuers les luifs d'vnc qracc fpcciale,niainte-
nant il veut que les Payc-n, en foyent parti-
cipans, & qu'il y ait vne Eglife qui s'ellende
par tout le monde , & que ceux qui eftoyent
tflongnezauparau.int, foyent maintenant re-
cueillis au troupeau. V oila en fomme ce que
faintt Paula ici entendu. Pour auoir plus am
pie déclaration & plus familière de ce pro-
pos , notons qu'il ne nous feruiroit rien que
leliis Chr:ft nous eiift rachetez de la mort e-
ternelle, qu'il euft clpadu fon fang pour nous
réconcilier à Dieu, linon que nous fufsions
certifiez d>n tel bien, & qu'il nous fuft decla
ré, & q.ic Dieu nous appellaft pour entrer en
polUi'.ioii de ce filut , Si auoir iouiflànce de
ce prix qui a efté ainfi payé pour iiou':. Com-
me voila les Turc ■; qui rciettent h glace cu!
a efti* «cquifc à tout le mode par lefusChrij'c:
les luifs font le femblable:les Papiftes, com-
bien qu'ils ne le difent pas ouuertement , le
montlrent par effet. Or tous ceux-là fontauf
fi bien forclos &banis de la rédemption qui
nous a efté acquife , comme fi lamais lefus
Chriftnefuft defcendiien ce môde.Etpour-
quoy?Carils n'ont pointée tefmoignageque
lefus Chrift leur foit Rédempteur : & enco-
res qu'ils en ayent quelque gouft , fi eft-ce
qu'ils demeurent touliours aftamcz , & s'ils
oyent feulement ce mot de Rfrfempfror, qu'il
ne leur emporte quafi nulle fubftace, ou bien
ils ne font nu! profit de ce <[ui eft contenu en
l'Euangilc. Voila donc comme maintenStlesr
homes ne font point participans du bien qui
leur a efté acquis par noftre Seigneur lefus
Chrift.Et pourquoy? Car ils n'en reçoiuent
point le tefinoignage.Deu.?tque lefus Chrilt
Fuft apparu au monde, non feulement les Pa-
yens eftoyét incredule5,mais Dieu leur auoit
bandé les yeux, qu'ils n'auoyent nulle doftri
ne, tellement qu'il fembloit que lefus Chrift
ne fuft venu que pour vn certain peuple:voi-
re,fi on euft touliours imaginé , comme du
temps delà Loy.que Dieun'auoit pas efpan
du la cognoifîànce de fa vérité par tout le
monde, mais l'auoit communiquée feulement
à vn peuple qu'il tenoit pour fon Eglife. Pour
celle caufe fainéf Paul du. Mes amis, vray eft
que par ci deuant Dieu a donné fa Loy à nos
pères, & a voulu les feparer du refte du mon-
de,il a teftifié de fa bonne volonté en Ifrael,
& n'a point fait ainfi aux autres nations, com VJe, 47^
me il eft dit au Pfeaume. Et c'eft ce que dit lo.
Moyfe en fon Cantique , que quand Dieu a Deu.^l.
voulu faire les partages du monde, il a eften- j»,
du fes cordeaux , & a choifi vn peuple i foy,
feparant les autres comme eftrançers: & ce-
fte dignité appartenoit feulement à la lignée
d'Abraha:cela eftvray (ditfainû Paul)niais
maintenant il y a cefte cognoiflance qui dote
eftre efpandue par tout le inonde , que Dieu
eft Père Si. Sauueur des Payens aufsi bien que
des luifs. Ainfidonc notons bien qu'en cefte
deduftion de fainti Paul , il nous eft monftré
que la mort & pafsion de noftre Seigneur le
fus Chrift nous feroit inutile, fînon d'autant
quele tefmoignagenous en feroit rendu par
l'Euangile. Car c'eft la foy qu-i nous met eia
polTefsion de ce falut : combien que nous ne
la trouuios qu'en la perfonne de lefus Chrift,
& qu'il nous faille là venir, neatmoins fi nous
n'auons cefte clef de foy , lefus Chrift nous
fera comme eftrange,& tout ce qu'il a endu-
ré,ne nous feruira rien, comme il ne nous ap- '
partient pas de faiél. C'eft vne doûrinebien
vtile que cefte-ci:car il n'y a celuy qui ne c5
felTe que c'eft le bien le plus defirable qui
foit au monde, d'eftre participât du falut que
lefus Chrift nous 3 apporté, mais il y ena-
l.iiii.
CLV INZIEME SERMON
I.Ccr.i.
1.1.3.4.
8S
bien petit nombre qui tiene le droit chemin.
Car nous voyons comme l'Euingileertmef
prifé , nous voyons que tous font fourds, ou
bien eftouppent leurs aureilles à cefte voix
que Dieu veut eftre publiée par tout le mon-
de. D'autant plus donc nous faut-il bien pe-
fercequedit ici fainâ: Paul , c'eft qu'alors
nous iouiflons de la rédemption qui a elle
faite par la mort de lefus Chrift, quand Dieu
tellifie qu'il eft auec nous : quand vn tel bien
nous eilprefenté, &que nouslepouuons re-
ceuoir par foy , voila comme nous en auons
la iouiflànce.Et voila pourquoy auiourd'huy
il y en a tant peu qui foyent reconciliez auec
Dieu par la mort & pafsion de noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Car nous voyons comme
vne grande partie du monde fe priue de ce
tefmoignage, & nous voyons comme les au-
tres le reiettent, oubien qu'ils n'en font pas
tellement leur profit, que lefus Chrift habite
en eux par foy,afin de les faire communiquer
à tous fes biens.Au refte, toutes fois & quan-
tes que l'Euangile feprefche, cognoiflons
aufsi (comme faintk Paul en parle en la pre-
mière epiftrc aux Corinthiens ) que c'eft afin
que nous communiquions à Itfus Chrift, &
qu'eftans entez en liiy nous ayons part &
portion en toutes fes richeirev,& que tout ce
qu'il a, nous foit commun. Puis qu'ainlî eft
qu'vnefois il a voulu auoir fraternité auec
nous , ne doutons point qu'en receuant nos
pouretcz il n'ait fait vn efchage.afin que no'
fjyons riches en luy. Q^iant au mot de tef-
moignage , premièrement il eft bien vray que
Dieu a toufiours teftifié de foy.ie di mcfmes
aux Pavens : & combien qu'ils n'euflent ne
Loy,ne Prophètes , Dieu s'eft déclaré à eux
entant que befo in a efté pour les rendre i nex
«ufables. Quand il n'y auroit que la pluye &
Je foleil,qii'i) n'y auroit que l'ordre de natu-
re ("comme ûin Paul en parl«au quatorzie
ihe des Aftes ) ces tefmoignages-là font af-
fez Aiffifons pour rendre les infidèles con-
uaincus qu'ils ont efté ingrats à Dieu , lequel
les a formez, & lequel les a nourris en'ce mô
dk.Et c'eft ce qui eft dit au Pfeaume que nous
auons chanté, Que le ciel , & le foleil, ôc les
eftoillcs, combien qu'ils ne parlent point.ont
vne telle refonnance qu'il ne nous faut point
auoir d'autre* doâeurs : voila vn liurecfcrit
en allez grofles letres , pour nous monftier
que Dieu doit eftre glorifié de nous. Mais
ce tefmoignage-la eftoit trop obfcur pour la
Hidefle & infirmité des hômcs,tellement que
tlfaloit que Dieu fercuclaftd'vne autre ù-
çon plus ample : ce qu'il a fait par le moyen
de l'Euangile. La Loy & les Prophètes ont
bien efté côme vne lampe pour efclairerles
luifs, mais cela n'appartcnoit qu'a vn feul
peuple: maintenant cefte grâce eft faite en
gênerai à toutes nations du inonde. £t ainiî
ce n'cft point fans caufe que fiinft Paul dit.
Que ce tefînoign.ige a efté referué en fon
temps : comme auAi il en parle tant au der-
nier chapitre des Romains, qu'aux Epheftés
& fécond 3c tioilîeme , aux Co}ofiiens pre-
inier:& nous verrons t n vn autre paflage,c5-
me il magnifie tant & plus cegrâdfecret que $1^^ »
Dieu auoit cache dés le commencement du jg,
monde,& lequel il adefployé'quand l'Euan-
gile s'eft prtfché , tellement (dit-il) que les
Anges ont cela en admiration , voyans cefte
nouueauté qui n'euftiamais efté attendue,que
ceux qui eltoyent ainfi feparez de Dieu, qui
eftoycnt retranchez & bannis de faiut , que
ceux-Ia maintenant foyent tenus &aduouez
pour fes enfans, qu'ils foyent membres de le
fus Chrift,du lang&de la compagnie des An
gesrvoila vn fecret admirable,& q doit efton
lier toutes créatures. Or cela(dit faiâ Paul)
auoit efté caché dés la création du monde:
mais voici le temps opportun , le temps de
plénitude (comme il dit aux Calâtes) auquel Gula.4,
Dieu a voulu manifefter ce qui eftoit au par- 4. j,
auant incognuànos pères. Voila quant .i ce
mot des temps propreSydont parle fainft Paul.
Et ainiî nous voyons en femme ce qu'il dit
aux Epheficns , c'eft que noftre Seigneurie- Ef"'. *•
fus nous eftant enuoyé pour nous pacifier a- ii.i3.'4
uec Dieu foD Père, a public cefte paix-ci à M«
ceux qui-eftoyent pres,5.:àceux qui cftoyent
loin ; la paroy a efté rompue tellement que
tous ont efté mis enfemble, & ce difcoid qui
eftoit entre les luifs & les Payens,a efté abo
Il : là fainô Paul comprend ce; dtux poinât
que nous auons touchez , c'eft afçauoirque
lefus Chrift a efté noftre paix.quâd il .1 tfpan
du fon fang pour effacer nos macules , pour
nous acquitter de nos dettes, quand il s'cÔ
expofé à toute malediâion pour nous, qu'il a
efté mis en opprobres pour couurir ti^ites
les fautes que nous auons cômifes, alors(dit-
il)il y a eu paix : & au lieu que Dieu nous e-
ftoit ennemi (comme au/si de noftre tofté
nous luy eftionsaduerlaires)voila noftre ac-
cord , voila noftre appointement qui a efté
fait & accompli. Mais ce n'eft point encores . ,
aflezdecela.QiTy a-il donc? C'eft que lefus EfWr*«
Chrift (dit-il) eft venu non point feulement '7»
en (a pcrfonne , mais en la perfonne de fes
Apoftres,& de tous fes Miniftres,lequel(dit
il)a publié & annoncé la paix. Et comment?
Afin d'aflèmbler du tout les luifs qui eiioyét
prochains .1 caufe de ra!liance,&de cefte pa-
ftion folennelle que Dieu auoit faite auec
leurs pères: mais h faloit-il qu'ils fullcnt ré-
conciliez à Dieu ]jai le moyen de ce rcdenr-
pteur lefus Chriii.Et nous voyons cela qunJ
ion Enaugilc a efté prefchc pour confcrmer
les luifs à Dieur& puis cela s'eft aufsi .iddref
fé à ceux qui eftoyent loin , c'eft à dire aux
poures Payens qui n'auoyét nulle approche,
que ceux-là aufsi ont eu ce mcflàgedc faiut,
& de cefte paix de Dieu: ils on; cfte certifiez
que maintenant Dieu leur pof te vne telle a-
mour,qu'ilamisenoubli toutes leurs fautes.
Et voi
s V R LA I. A T I M O T H.
Ss>
Et voila comme la paroy a efté rompue,voi-
h comme toutes ces cérémonies par lefijuel
les Dieu auoit mis vne diuerfîté entre les
luifs & les Payens.ont eftc abbatMes.Et pour
quoy? Pource que le te/iiioignage de falut &
de grâce eft commun fans exception à tout
lemonde. Voila donc cefte doibrinequi efl-
maintenant alfez clclarcie.c'eft afçauoir que
en premier lieu il a falu que ncllre Seigneur
lefus refpondilldeuât Dieu fon Perc de tou
tes nos dettes, & quVn fa mort nous auons le
prix de noftre rédemption. Et puis pour le le
cond , qu^il nous faut venir au telmoignage
qui nous en eft rendu en PEiian^ilc, & que Ja
paix que Dieu fit alors, nous eft maintenant
anoncee.afin que nous en iouifsions.On pour
roit ic" demander pourquoy fainû Paul ap-
pelle ce temps propre : car les hommes pour-
royent ici difputer. Quelle faifon y a-il eue
plusoppertune, quece tefmoignagede labô
té de Dieu fuft publié en ce temps-la pluf-
toll qu'an parauant, ou phiftoft ou plus tard?
Mais fiind't Paul pour couper broche à toute
telle curiolîté, nous ramené à la feule proui-
dcnce de Dicu& à fon confeil. Pourtant con
tenton':-nous de ce qui a fcmblé bon à Dieu:
&■ que ne voyans point la raifon pourquoy il
l'a fait, neantmoins nous le glorifions , con—
fcflàns que rie ne procède de luy qui ne foit
compairé en toute fagefle & droiture. En fom
me fainft Paul a voulu ici humilier l'arrogan
ce des hommes , & abbatre leur caquet , puis
qn'ils font toufiours par trop haftifs, à s'err-
querirdes chofes qui ne leur appartienent
point: &: monftre que noftre ("agefle eu d'ac-
quiefcer à ce qui aura femblé bon à Dieu de
faire, & qu'il nous doit iuffire de cel.i. Si on
réplique qu'il n'eft point conuenable qu'il y
ait changement en Dieu, la refponfe eft taci-
fe.c'eft afçauoir, quand Dieu enuoye l'hyuer
Se l'efté, qu'il ne change point de propos , &
ne pouuons pas dire pour cela qu'il foit mua-
ble:car les chofes pourroyent bieneftrc di-
uerfcs ici bas,& Dieu demeurera toujours en
fon entier. En Ja manière donc qu'il y a des
faii'ons de l'année que Dieu difpoie par tel-
le raifon qu'il faut qu'il y foit glorifie rainiî
cognoiflons quand il a voulu cacher le tef-
moignagc de fon Euangile pour vn temps à
tous les Payés, & puis quand il a voula qu'on
le piifcliaft par tout le monde, & que ce temps
la opportun a efté choifi de luy telqu''l l'a-
uoit décrété en fon confeil, qu'il ne nous faut
point dire qu'il foit muable pourtant , mais
que nous l'adorions en toute humilité : car
voila toute noftre droite fagefle, comme i'ay
defiadit. Nous auons ici vn bon adiiertifle-
ment pour n'eftre point par trop chatouil-
leux en queftions vaines & inutiles.Car Dieu
qui cognoift bien noftre mefure , nous a dé-
claré ce qui nous eftoit propre : il faut donc
que iio' appreniôs en fon efcole, & non plus.
Etaurefte, quand nous trouuerons quelque
chofe eftrangc , &. que la raifon ne nous fe-
r.\ point reueJ ce , recourons à ce qui nous
eft dit, que les iugcmeus de Dieu font vn a- ^fi'iS.C
byfmc trop profond , pour dire que nous les
conceuions maintcn.u. Que nous ayôs donc
ceftcmodeltie dédire , Seigneur, il n'y a que
redire en tout ce que tu fais, quand il aura e-
fté décrété en ton côleil. Voila comme nous
rcceurons le temps opportun. Et c'eft aufsi
ce qu'a entédu le Prophète Ilaic.difant.Voi- /'• 4i''8
Cl les- iours agréables. Or quand il parle des
iours agréables , tout ainfi que Dieu les a à
gré, aufsi faut-il qu'ils foyent trouuez tels de
noftre part. Il appelle les iours agrcableï,
quand le meflagc de falut eft porté par tout
le mode. Puis dôc que Dieu defploye fa boa
té,& qu'il monftre qu'il a choifi ce temps-la
pour no' appeJlcr à falut, de noftre csfté que
nous ne foyons point reuefches,que nous ne
foyons point defpiteux pour dire , Et ie ne
trouue point bon cela : car cefte chagrione-
nenousempcfche de venir à Dieu : maisac-i
quiefçons fimplement à cefte grâce qui nous
eft offerte , & qu'il y ait vn accord & comme
vne mélodie entre Dieu &;nous,qtic quand il
nous déclare que ce temps luy vient .\ giéde
nousappeller à foy.nous difions, Et bien Set
gncur, puis que tu parle';,nous renons à toy,
fçachans que c'eft le temps opportun quâd ta
l'asainfi choifi- Voilace que nous auons à no
ter en ce pailàge:&: mermes nous pouuons le
tirer plus loin pour en faire vne doÛrine quf
appâTtiene i toute noftre vie: c'eft afçauoir,
que nous ne foyons point addonnez par trop-
à nos appétits, côme noftre nature nous y fo
licite, mais que nous attédions toufiours pour
vcoir quel fera le bon-plaifîr de Dieu, Se que-
nous foyons patiensS: qiiois à cefte attente-
la; & encores que les chofes ne nous vienenc
point 3 propos , & qu'il nous femble par no-
ftre raifon que Dieu doiue faire tout autre-
ment, que nous tenions la bride courte à nos
efprits, & que nous foyons tellement fuicts.x
Dieu , que fon confeil nous foit pour reiglc,
& qu'il nous fouuicnede cequielticidir,que
Dieu a fon temps opportun , & qu'il ne faut
point que nous luy afsignions terme pour fai
rc fon ceuure :■ celle maiftrife ii'eft point par
deuers nous , il ne faut point nous enquérir
dp cela par tiop , comme il monftre au pre-
mier des Aftes. Lly a puis après fous ce mot
de Tcfinoigiiage encores vn poinft à obfer-
ucr : c'eftquc nousnedeuons point décliner
ne douter aucunemét de ladoftrinequi nouî
eft prefchee, quand elle fera prife de l'Euan-
gile. Et pourquoy? Car nous ferions vne iniu
re trop grande à Dieu, lequel ne nous enuoye
pas feuleraentles homes pour tefmoins,mais
luy en fa perfonne & en fa maiefté nous tefti
fie de fa grâce paternelle. Ainfi donc notons
bien quand l'Euangile eft intitulé tefmoign.i
ge , que c'eft afin de nousmieux certifier , Si
que nous cognoifsions que noftre Seigneur
m. i.
90
OJV INZIEME SERMON
veut que nous foyons refolus en (abonté.Et
au contraire , quand nous deutons après que
Dieu nous a déclaré ainli fon bon vouloir, &
que nous fommes encore en branfle , & que
nous vfonsde rebellioncontre luy , nous ne
luy fçaurions faire plus grand deshonneur
que celuy-la, d'autant que c'cft le dcfpouil-
Icr de fa verité;&: il n'a rien plus propre. Et
ainficognoiffiMiï^jue Dieu nous elt teimoin
de fa bonté , toutes fois & quantes que fon
Euangile nous cfr prelliié. Au refte, combien
que nous oyon'; parler des liomuies morteK,
toutesfois ne les prenons pas en qualité hu-
maine, mais cognoiffons en quel degré Dieu
les a conAituez.c'elt qu'il les a créez i'es tcf-
moins. Qu_ând vn homme fera Notaire iuré
en vn lieu , il faudra que les inftrumens qu'il
rcceuera.fayent tenus pour vrais & authcnti
ques.Si les Magiftrats qui n'ont qu'vnc peti-
te eftincelle de Fauthonté de Dieu, peuucnt
cela, & que ce foit vn ordre bon Scappronué
pour la police,& ic vous prie,quand Dieu en
uoye des hommes en celle qualité, qu'il veut
qu'ils foycnt tenus pou'r fes telinoins, iî nous
rciettons le meflage qu'ils nous apportent,
celle iniure-la le fait-elle aux créatures; Vo-
yons-nous pas que rhonneur de Dieu y eft
par tropvileintinent blefléfPourtant appre-
nons de nùus ranger en plus grande obeiiîàn
«.^ ce qire nous n'auons point fait par ci deuant,
& que la doftnne de PEuangile auec ce mot
de tejmoignage, foit mieux prifee , & qu'elle
ait plus d'nnportance enucrs nous qu'elle n'a
pas eu iufques ici.Finalemét fainrt Paul pour
céiîrmation de celle doélrine adioufte, Qh'H
a efté conflitaé héraut cl:r Apojlre à cel.t,& tj»c
il en farle en -vérité fans mentir , qu'il eftdo-
ileurdes Vayes enfoy & "» TfnVé.Par ceci S.
Pauliignitîe que l'on tefmoignage feroidans
cela du tout aboli , & melines fon Apoftolat.
Etâinli tous ceuï qui le tenoyent& auoiu-
yent pour Apoftre.il faloit qu'ils cognufllnt
que Dieu auoic efpaudu la grâce par tout le
monde , Se qu'il vouloit auoir vne Eolife re-
cueillie tant des luifs que des Payens, & que
ceux qui auoycnt efté auparauant baanis, f«f
lent comme d'vne maifon. Nous voyôs donc
maintenant que ùmù Paul allègue ici fon of
fice,a)îii de monlher que Dieu n'eftoit point
feulemét Sauueur des luifs, mais de tous peu
pies en gênerai. Et qu'ainiî fait , notons ce
Gal.i.y. S."''' '^" '^^ loy enl'epiftrc aux Galates.c'eft
j^ que la grâce qui auoit efté donnée à Pierre
quant aux luih.luy eftdonnee enuersles Pa-
yens. Comme auf^i fainft Luc le déclare, Se-
A^.tj.i parez-moy Paul & Barnabas àl'ouurage au-
quel ie les aychoifîs.Etc'eftaufsi comme en
ces partages que nous auons dcfîa allcguez,&
aq premier chapitre des Romain s, & par tout,
que notîment il le nomme Apoltre des Gen-
tils. Combien que faind Pawl vouluil faire
feruir ceft argument en celte epiftre qu'il
tr^ittc, touîcjfois notons que c'eft ici vn at-
ticle qui nous eft plus qu'vtile. Car fi fatnâ
Paul if auoit efté ordonné pour les Gentils,
que feroit-ce quand nous aurions de luy ce-
fte doûrine? Et bien , nous la pourrions ap-
prouuer comme bonne Se fiinàe,inais cepea
dant elle ne feroit que pour les luifs.nous eu
ferions comme priucz. Il faut donc quefainâ
Paul ait efté conftitué Apoltre pour les Pa-
yens,afin que nous foyons enfeignez par luy
pour eftre amenez à l'efperance de ûilut , Se
litre participaus des biens qui nous ont efté
acquis par noUre Seigneur lefusChnft. Ce
n'eft pas donc feulement pour vn peuple que
faind Paul a parlé, ce n'eft point pour vn aa-
ge, mais lefaind Efprit par la bouche a vou-
lu pouruoir que nous fufvions bien approu-
uez fur ceftedodrine, fçachans que c'eftà
nous qu'elle s'addreffe , Se que ce if eft point
à taullfs enfeignes que nous croyons que
Dieu ell noftre Père &: Sauueur , quand il fe
déclare tel par la bouche de ceux dcl'quels il
veut que nous foyons enfeignez. Voila com-
me nous deuons prattiquer ce qui eft conte-
nu en ce paflage. Et cependant auf>i notons
qu'il n'a point magnitîé fans caufe l'oftice
où il eftoit conftitué , mais pour l'ingratitu-
de des hommes , lefquels ne reçoiucnt point
la parole de Dieu comme ils doiuent , &:cn
telle authorité qu'elle mérite , comme nous
auons veu par ci deuât. Il eft bd'oin que.ceux
qui font appelez en ceft eftat , monftrent à
quel maiftre ils fcruent , & qu'ils ne fc font
point ingérez d'eux-mefmcs,&: que la dodri-
ne qu'ils portent, fera ou en falut, ou en con-
damnation, qu'elle ne tombera point fans
vertu, que ceux qui y àdioufteront toy.par le
moyen d'icelle feront faits héritiers du Ro-
yaume de Dieu, que les autres eu feront for-
clos , & qu'il y a vne horrible vengencc qui
leur eft appreftee, d'autant qu'ils ont mefpri-
fécelteilodrine en laquelle Dieu veut eftre
honoré , & qu'on luy face hommage. Voila
comme ici faiiKt Paul magnifie Teltat de fa
vocation oii Dieu l'auoit ordonne , afin que
fa prédication fufttant mieux rcceue. Et par
fon exemple il no' monftre aufsi ce que nous
auons à faire , c'eft afçauoir que nous ne dé-
clarions pas feulemét la parolede Dieu, mais
que nous ayons cefte vertu de fon El prit,
pourmenaccr tous incrédules Se tous rcbel-
lesren fomme,que nous foyons tellement tef
moins de Dieu,que nousmonftrions que Iî fa
parole eft mefpnfee en nos perfonnes,il mon
ftrera qne c'eft à luy qu'on s'addrelfe , d'au-
tant quec'cft luy qui nous a ordonnez, &
que c'eft luy quia parlé par noftre bouche.
Voila ce que nous auons à retenir de ce paf-
fage. Or (î faincl Paid a eu befoin de comba-
tte contre l'orgueil & la malice des hommes
qui or.t vefcu de fon téps, auiourd'huy qu'eft
ce'Car nous voyons l'impiété qui lé desbor-
de plus que iamais. Et quant aux Papi/les,
nous voyons de quelle rage ils font trifpor-
tei.
SVR LA r. A TIMOTH.
5'
tc2 potir exterminer la mémoire de la véri-
té cie Dieu, s'il leur cïloitpohible. Mais n'ai
Jons pas iî loin , rt-gaidons entre nouv com-
bien la plufpait tftprophane, ie di pour fe
mocquer pleinement de Die» , & pour foul-
1er au pied Ci parole , voire pour cracher à
rencontre. Nous en verrons bien qui diront
en vn mot, qu'ils /ont CL];eftiens & veulent
cftreainli temas : mais cependant ont voit
qu'ils ne peuuent porter que Dieu parie en
telle iiipcriorité comme il doit:& non fcule-
inent voifdroycnt eftre comme pair à compa
gnon ( ainfi qu'on dit ) mais iJs voudioyent
auoir licence de le mocquer de toute doftri-
re, qu'on lafchaft la bride à chacun, tellemét
qu'il n'y euft plus de religion : on voit cela à
l'oeil: & pleufti Dieu que les choies ne fuf-
fent point fi communes. Il eft vray que nous
cndeurions auoir gi and' honte : mais fi eft-
ce qu'il faut bien qu'vne telle turpitude quâd
elle ift notoire aux petis entans,nous fou re
prochee. Car il y aura de ces gaudiflcurs,
quand ils viendront ici aufiimon vne fois le
mois, ou en fix fepmaines.ce fera pour cfpier
fi on ne parle à leur gré , & comme ils vou-
droyent : ho, incontinent c\ ft -• murmurer,
tout eft perdu. Comme dinianche(pour exem
ple)qircft-ce que ie dy ? Helas non point la
centième partie de ce qu'on voit:mais enco-
res fi on touche feulement les chofes com-
me en pafTant ,& (ans s'y arreftcr comme on
deuroit: Etcomment? Il femble que nous ne
facions point noftre deuoir:c'eft bien à pro-
pos,& ne fait-on pas iuûice ? Et fi on la fai-
foitjtu ne ferois pas en l'tftat où tu es . Et
neâtmoins ils voudrôteftre tenus pour Chre
ftiens. Ainfi donc notons bien ces mots de
fainû Paui,qiiandii pi otefte qu'il dt tcfmoia
de Dieu :monftrant que tous ceux qui font re
belles àl'Euangile , qui ne penuent s'y alTu-
ietti r, qu'il ne faut point qu'ils cuident s'ad-
dreffer aux hommes mortels, mais que Dieu
déclare quec'cft h caufe & fa querelle, & ltre.\9,
qu'il en fera le garent, comme aufsileremie ^.g.
l'appelle àctla.Et ainfi aduifons de nous af-
fuiettir vclmuairemcnt à nolhe Dieu , pour
plier le col fous fon obeillàrce , & luy faire
rhonneur &:i'hommage que non» luy deuôsj
Si le magnifier en telle forte qu'il nous leco
gnoifle & aduoue pour fes enfans,&- que tout
letcmpsde noftre vie nous le puifsiont ré-
clamer comme noftre Père & Sauueur.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoifîànce de
nos faiites.ie priant qu'il Juy plaife nous tou
cher d'vne telle repentance, qu'eftâs Ju tout
abbatus en nous-mefmes , nous ayons noftre
refuge à ccluy qui nous eftpreftnté, afçauoir
à noftre Seigneur lefu'. Chrift: comme iour-
nellemeiit encores iJ fe prefente à nous par
l'Euangile,quenousJercccuionsen telle for
te qu'il habite à iamais en nous, que nous fo-
yons confermez déplus en plus en luy, d'au-
tant qu'vne fois iJ nous a conioints & vnis à
Dieu fon Père : que nous ayons vn tel gouft
de fon amour, que nous nedcmâdionsfinon
d'afpirei àceftevie éternelle , iufques à ce
que nous venions à la poflefsion parfaite d'i
celle-, quand nous aurons acheué ce pèlerina-
ge terrien. Que non feulement il nous facci
tefte gracé , mais aufsi à tous peuples & na-
tions de la terre,&c.
SIXIEME SERMON SVR LE SE-
COND CHAPITRE.
8 leveuxdonc queleshommei facentoraiJhnentoutUcuJetianî ^
leurs mains purcsyfans ire cr diffcnfion.
' Près que fainft Paul a dit
jque noftre Seigneur lefus
I eft venu au monde pour e-
) ftre rédempteur de tous, &
I que le meflage de falut eft
porté en fon nom à tous
peuples, àgrans& àpetis,
maintenant il exhorte chacun à inuoquer
Dieu. Car c'eft aufsi le vray fruit de la foy,
que nous cognoifsions Dieu eftre noftre Pè-
re , & que nous foyons touchez de fon a-
mour: la porte nous eft ouuerte pour recou-
rir à luy .nous auôs accès facile pour le prier,
cfixsi oiTeurez <]u'U aous regarde pour fub-
uenir à toutes nos necefsitez. Car iufques i
tant que Dieu nous ait appelez à foy , nous
ne pouuons pas y venir fins vne audace trop
grande. Si l'homme mortel prefame des'ad-
dreflcr à Dieu, ne voila point vne foile terne
rité? Il faut donc que noift attendions que
Dieu nous conuie,c5mc aufsi il le fait par fa
parole. Car en nous promet tant d'eft,re no-
ftre Sauueur, il nous déclare qu'il fera touf-
iours preftànous receuoir:&n'attédpasque
nous le veniôs chercher, ituis il fc prefente,
& nous exhort e que nous le prions , & veut
mefmes cfprouuer noftre foy en cela. Voila Kom.ic.
pourquoy S.Paul en l'autre paflàge dit.Qu^e i^.
m. u.
pt
SEIZIEME SERMON
XI.
les tommes ne peuuent prier Dieu iufques à les vueille exaucer.Sc pourcc aufsi qu'ils n'en
tant que l'Euangile leur ait cfté anoncé . Car
là nous entendons que Dieu cft preftde nous
rcceuoir, combien que nous n'en foyonspas
dignes : & puis quand ù bonne volonté nous
cftco£;nue, nous pouiions venir hardiment a
luy.d'autat qu'il le rend familier à nous.Suy-
iia;itcela aulsi il adioufteen lamcfme epiftre
des Romains, u.chapitre, Vous peuples louez
le Seigneur,iniioquez-Ie tout fon peuplcvmô-
ftrant puis que l'Euangile cft commun aux
Payens comme aux luiti , que toute bouche
doit eflre ouuene, afin de pouuoir reclamer
Dieu en leur aide. Nous voyons maintenant
pourquoy fainft Paul, du propos qu'il auoit
tenu, déduit celle doctrine fcconde.c'eft af ^a-
uotr que les hommes en tout lieu inuoqucit
Dieu:corame s'il difoit.Mes amis, voici Dieu
qui vou<. a receus en fon troupeau,vous efticz
aupaïauant hors de fon Eglife.il n'auoit nul-
le accointance auec vous : comme de taift les
PayCHS eftoycut eftrangcs de toutes les pro-
mefles que Dieu auoit données au peuple d'If
rael:maintenant(dit-il)voici Dieu qin vous a
recueillis enfon troupeau , il vous aenuoyé
fon Fils vniqued'vne amour paternelle qu'il
vous portoit. Ainfi donc maintenant vous a-
uez la hardiefle de l'inuoqucr : car c'efl à ce-
fte fin-la qu'il vous a rendu tcûnoignage de
fa bonne volonté. Ceci nous appartient : car
nous voyons toutes t"ois& quates que la bon-
té de Dieu nous efl tcftifice, & qu'il nouî pro
met grâce, combien que nous foyons poures
pecliewrs: toutesfbis & quantes que nous oy-
ons aufsi que par la mort &: pafsion de nollre
Seigneur Icfus nos péchez ont elle pardon
tendent point les promefles par lefquclleî
Dieu nous conuietant doucement à foy ,&•
nous exhorte -i le prier:les Papilles n'ôt poîc
cela. Ils difent bié qu'il faut prier Dieu: mais
à quelles enfcignes? Ils ne fçauent oùilscn
font,ne comment ilsdoyuét approcher. Voi.
la vne miferable condition qui eft en eux:d'au
tant qu'ils ne peuuent auoir leur refuge A
Dieji , ils tremblent toufiours. A l'oppofite
c'eft vn priuilege ineftimable, quand uolhe
Seigneur nous certifie que fi nous le prion?,
ce ne iera pas en vain.q nous ne feron-; point
h uftrcz de no ftre attente en venant à luy .que
iamais nous ne ferons refufez,moyennât que
nous tenions ce droit chemin duquel fainû
Paul a parlé ci deUks , c'cft que nous ayons
Icfus Chrift pour noftre Moytaeur,que nous
loyons fondez fur le mérite de fa moi t &paf
lîon,que nous fçachions que c'eft fon office
de nous carder , & comme vne fois il nous a
appaifé Dieu fon Père , que maintenant il
nous eft propice quand nous viendrons à luy
en ce nom & en celle qualité-la. Voila donc
en quoy il nous faut exercer , après que nous
aurons cognu le bien fi grand & fi infini que
Dieu nous a faiûdenoiis donner liberté de
le prier,c'efl que nous foyons diligens à cela,
que nous ayons celte folicitude &: foir& ma-
tin de crier à noftre Dieu , veu que les necef-
fitez nous preflcnt .à chacune minute de téps,
voyans aufsi que (es promefles nous rompét
iournellcment les aureilles, qu'il nous folici-
te de venir à luy ou par paroles , ou de faift.
Q_ue nous ne foyons point donc nonchalans.
Et au refte, notés toufiours que nous ne pou-
nez, que lors le payement de nos dettes a efte uons prier Dieu fans l'El'prit d'adopno, c'eft
tait, que l'obligation qui cftoit contre nous, a à dire fans eftrealleurez qu'il nous tient pour
cfté defchircc & effacée, que Dieu s'cft recon
cilié .luec nous: voila vne entrée que nous a-
uons à prier Dieu : comme aufsi il le dit par
fon Propliete Ofec,Ie vous diray. Vous elles
mon pcuplc:&: vousme refpondrcz.Tu es no-
ftre Dieu. S; toft donc que noftre Seigneur
fes enfans , & qu'il no' en rend tefmoignage
par l'Eu.igile. Voila quât à vn ité. Et pourta t,
toutes fois & quantes que nous lifons en l'E-
fcnture fainfte, Priez Dieu,loucz-lc:fçachôs
que lefruiilde noftre foy nous cft là déclaré,
que d'autant que Dieu s'eft reuelé à nous , &
né vn accès facile à luy , tellement que nous
le pouuons venir chercher , fçachans bien
qu'il eft facile de le trouucr,pource qu'il viéc
audeuant de nous. Et c'eft ce que faindt Paul
a entendu parce mot , E;i tout Ii'ch .comme
lia
en la première ep
iftrec
nous tait ainll gouftcr fa bonté, & nous pro- qu'il s'en cft approché, qu'il nous a auAi don
met que toutainfi qu'vne fois il nous a en- ~" ■.. -.1- î t.-.. --11
uoyé fon Fils vnique, qu'en fon nom il nous
acceptera, nedoutôspointde venir à luyrcar
e'eft autant comme s'il nous commandoit de
prier, 8c l'vn dependde l'autre. Que fi nous
auons foy, il nous la faut monftrcren inuo-
quant Dieu : & quand nous ne tenons conte
de prier, c'eft vn certain fignc de l'infidélité
^ui eft en nous, quelque chofc que nous pre-
tendionsde croire à l'Euangile. Nous voyons
maintenant le ban que Dieu nous fait quand
nous liions ce priuilej^c de le pouuoir prier. Il
cft vrayquclcv Papilles prieront bien en bar
des Corinthiens il fa- '-Cir.l.t.
lue les fidèles qui inuoquent Dieu.voire (dit-
il) tant en leur lieu comme au noftre. Là il
conioint les Payons auec les Iuirs:coinme s'il
difoitqu'il ne veut pas enclorre l'Eglifede
Dieu en vn certain peuple. Cela a bien cfté
fous la Loy , mais depuis que la p-iroy a cfté
rompue , & que Dieu a ofté l'inimitié qui e-
botant:mais il n'y a nulle certitude en eut. Et ft<nt entre les luifs & les Payens.il y a eu vne
défait, ils lemonftrent , quand ils cerchcnt cftcndue plus grande beaucoup , c'eft afça-
tant de circuits obliques, qu'ils demâdent des uoir que maintenant on peut inuoquer Dieu
patrons & des aduocats. Çt pourquoy eft-ce? entre tous peuples & nations, veu que û gra-.
D'autant qu'ils ne fcpcuuét pas fier que Dieu ce leur cft ainli communiqaee . Au refte,
fain^
SVR LA I. A
fainô Paul a voula aufsi monftrer que les cé-
rémonies de la Loy eftoyent abbatues de-
puis que lefus Chrift eftoit manifefté au mon
de.Car fous la Loy" il faloit venir au temple,
Si s'aflèmbler là pour inuoquer Dieu. Il eft
vray que les luifs prioyent bien chacun en fa
rnairon:mais iln'eftoit pomt licite de taire i'a
criiice lolennelfinon au temple de lerufa-
lem.car c'eftoit le lieu que Dieu auoit choifi.
Et pourquoy ? Selon la ludetTe de ce peuple-
la il faloit qu''il y euft des facrifices, en atten
dant que la vérité tiift déclarée plus àplein.
Le temple donca eflé vn fignequ'ii nous faut
tous auoir vn but &vn, regard pour vcnirà
Dieu . Et quel cft-il ? noftre Seigneur Icfus
Chrift. Car nous ne pouuons pas approcher
de Dieu finon que nous ayons quelque con-
duite.il eft trop haut en cefte gloire & maic-
fté infinie qui lurmonte les citux: caràgrad'
peine pouuons-nous ramper ici furtcrre. Il
taut donc que nous ayons vn autre regard
pour nous taire approcher de Dieu, afçauoir
Tioftre Seigneur leius Chrift.Les Imts ont eu
cela en figure , nous l'auons en fiibftance &
pleine venté. Et puis il taloitq 'Dieu retcinft
ce peuple-la comme des petis enfans en l'v-
n;on de la foy, par des moyens qui eftoyent
conuenables à leur rudeire. Main tenant noHS
auonv vne telle clarté en l'Euangile, qu'ilne
eft plus befoin de ces ombrages anciens. Puis
qu'ainfi eft donc que maintenant l'ordre que
Dieuauoit inftitue fous la Loy,eftaboli,arça
uoir du temple de lertifalera, & de tout le re-
ftc des cérémonies, il ne nous faut plus arre-
I fter là.Voila pourquoy noitre Seigneur It/iis
'"" y difoit à la Samaritaine, L'heure viendra, Se eft
'"■ "'^ deiïavenue,que les vrais enfans de Dieu n'a-
doront plus en celtemontagne,ni mclincs au
téple de icrHialcm,mais partout ilsadorerôt
le Seigneur en ci'prit & venté. Il y auoit gr.id
debatalors entre les luifs & les Samaritains:
car le temple d[- Samarie auoit efté bafti par
deipit desIuifs-cS: cenx quiadoroycnt l.à,pr^-
tendoyent l'exemple d'Abrahâ , &; d'Ifaat, &
de lacob.Les luifs auoyét la parole de Dieu,
ii lefus Chrift dit que le temps palTé'.les luifs
ont cognu ce qu'Us adoroyent, qu'ils eftoyét
■reglezàla dodîrineqiii cftoit certaine. Vous
aîiez efté idolâtres , vous Samaritains , mais
maintenant (dit-il) il ne faus plus qu'on dé-
batte ni pour le temple de lerurak'ni.ui pour
celuy de Samarie. Et pourquoy? Car Dieu li-
ra inuoqué en efpnt îc vente par tout le mon
de. Notons bien donc depuis que lefus Chr;ft
eft apparu, qu'il ne fau: plus que nous ayons
les ombres anciennes de la Loy, mais conten
tons-nousd'auoirvn temple qui n'eft point
matériel ne vifible, voire d'autant qu'en no-
ftre Seigneur lefu^ Chnlr habite toute pléni-
tude de Diuinité,iSi: qu'il eft noftre frereiqu'il
nous doit fufhre quand il nous tend la main;
quand il eft preftde nous prefenter deuant la
face de Dicu,& que par fon moyen nous auôs
T I M O T H.
91
entrée au vray fanâuaire fpirituel , que Dieu
nous reçoit , que le voile du temple eft rom-
pu, qu'il ne faut plus que nou. adorions de
loin au paruis , mats que nous venions crier à
pleine bouche, Abba , Père, en toute langue.
Car faind Paul dit notamment Abba, qui e-
ftoit vnmot accouftumé , &lors envfage eri
la langue Hebraique,c'cft à dire, Syriaque. Et
il met lesdeuxraots, Abba, Perf,en Hebrieu '^'""•*-
& en Grec, afin de monftrer qu'vn chacun en ^^'S"^'
fa langue a maintenant liberté d'inuoquef '^
Dieu : voire & n'y a plus de lieu certain où il
nous faille veninmais comme l'Euangile a e-
fte publié par tout,a!nli faut-il monftrer que
auiourd'huy par tout le monde chacun peut
inuoquer &pner Dieuen tout lieu. Il eft vray
que maintenant nous aurons bien des tem-
ples :mais ce n'eft pas à la fa codes luifs, que
il nous faille veniren vn certain lieu poui c-
ftre exaucez de Dieu : cela n'eft finon pour
noftre commodité. Quand il y aUroit vn lieu
auMolard.vn autre à la Fufterie,qui fer«yent
aufsi propres q ceftuy-ci, il n'y auroit point
de diftinrtion. Apprenons donc que mainte-
nât nous n'auôs plus les ombrages de la Loy,
& cognoilîons qu'à la venue de lefus Chrift
toutes cérémonies ont prins fin. Et Cela nous
eit bien neccflàire pour nous retirer de ces
menus fatras qu'pnt les Papiftés.mefmes des
fuperftitiôs ^ue font qii'obfcurcirles vraycs
prières. Caries luifs auoyent luminaires, ils
auoyent perfums & encenfemens, ils auoyent
toutes chofes femblables pour prier Dieu: il
y auoit le prcftre de la Loy qui eftoit reue-
itu, (îgnifiant qu'il faloit vn Moyenncur en-
tre Dieu &les homes qui ne fuft point de l'or
die cômun. Les Papiftes retienent tout cela;
f^ en le retenant que font-ils?C'cft autant c5
me s'ils rcnonçoyent lefus Chrift:ils ne le pé
fentpas faire, mais la chofeeft telle neant-
mcins. Dieu a voulu eftre ferui en ombrage
( comme fainft Paul le monftrc en l'Epiftre
aux'.Colofsiens)deuant que Itfus Chrift (qui
eft le vray corps, c'eft à dire la fubftance de Ç"'*/-*'
toiit)fiift venu. Maintenant ceux qui cerchét '*/?•*"
telles cérémonies, ievousprie,nes'efloignent " '*/?•.
ils point de Itfus Chrift? ne declarent-ils pas
par cela qu'ils ne cognoifïcnt point que quâd
lia pnns noftre chair, qu'il a côucrféaumon
de, qu'il eft mort &.reflufcité, c'eft afin que
maintenant nous regardions àluy , fans auoir
ces figures puériles qui ont ferai feulement
pour vH temps ? Voila comme les Papiftes en
tous ces bad: nages qu'ils font,non feulement
obfcnrciirLHtla glaire de noftre Seigneur le-
ius Chnû,mais ils Peffacent entant qu'il leur
eft pof.ible.Et ainfi apprenôs d'adorer Dieu,
8c d'inuoquer purement faas auoir ces niellin
ges, & chofes ijui auront efté bafties en na-
ître cerneau, ou bien fans emprunter de U
Loy ancienne ce qui ne nous conuient plus:
brief, faifons celte différence qui eft entre
no«s &les_Iuifs,d'autant qu'il y a eefte pleine
m.iii.
94 SEIZIEME SERMON
reuelation que nous aiions maintenant en l'E ueniméde cholere à rencontre de Dieu. Il
iiâgilc, &;nt faifonj point cefteiniureà Dieu faut doncque>nout prions Dieu d'vncoura-
d'efteindre la clarté qu'il fait luire deuant ge pailible. Et voila pourquoy aufsi S. Patrl,
nos yeuï:puis que le Soleil de iuftice, c'efta- combien qu'il nous monilre que nous fovons
1 çauoir noftre Seigneur lefus Chrilt, nous efl diligcns de requérir Dieu r toutestois il met,
maintenant manifefté.il n'ell plus queftion de que les actions de grâces Toycnt touCours eô
cheminer par les ombrages obfcurs qui ont iointesauecc'eftàdirc.quand nousauonsnol
efté quand nous eftions encoies loin de la defirs bouillant, que nous ne laiflons pas tou-
grand' clarté qui cft depuis apparue : car a- tesfois d'acquiefccr à la bonne volonté de
près qu'ô s'eft dcllourné de la parole de Dieu Ditu:fi du premier coup il ne nous donne pas
il n'y a iamais de fin. Nous voyons que les Pa fclon nos fouhaits.que nous attendios, & que
pifles ont eu des peleriraçcs,&; les ont enco- nous l'oyons patiens. 11 faut donc prier Dieu
res auiourd'huy,pour cercher Dieu en tracaf làns murmurer, fans nous defpiter.cela eft bié
fant cà Se là. Et que font-ils f S'auancent-ils vray, fans mefmes vfer de réplique pour luy
quand ils auront marche beaucoup de pas?Ce demander pourquoy c'eft qu'il nous laifle laa
eft autant que s'ils tournoyent le dos à Dieu: guir: mais le fens de fainâ Paul en ce pafTage
Se qu'ils courét le plus ville qu'ils pourront, eft autre : car il regarde à la circonftance que
ils ne feront que fe rompre & iambes & col, nous auosdeiîa déclarée, que les luifs euffcnt
voire pour s'eflongner de Dieurque fi nous le bien voulu exclure les Paycns, qu'il leur fcm-
voulons prier comme l'Euangile nous le corn bloit.QjJoyhious fommes les enfàns deDieu,
mande, & ainfi que Dieu fe monftre par tout, il nous a choifis:& la lignée d'Abraham n'au-
•&qu'il nous appelle à foy,il faut que nous luy ra-elle point plus de priuilege que les natiôï
refpondions.Ceux donc qui trottent de cofté incircocifes?Les Payés d'autre cofté fe moc-
& d'autre par deuotion.monftrent bien qu'ils quoyent des Juifs, Et ils font toufiours petis
fe forgent des idoles: & en ctla ils delaillènt enfans, les voila à l'a b c :ils ne cognoiflent
le Dieu viuant, & fe retirent du tout de luy. point que les cérémonies ont prins fin : nous
Et ainfi nous fommes tant mieux confermez ne fommes pluscncefte enfance, nous fom-
de la grâce qui nous a efté faite, quand Dieu mes venusen l'aagede perfcftion, tellemcrvt
nous a monftté fa face paternelle en l'Euan- que nous n'auons phn befoin de telles aides
gile ,& que iournellement il nous exhorte à comme fous la Loy. Voila comme les luifs
le prier, nous déclarant aufsi la façon comme mefprifoyent les Payens , & les dcftiaignant
nous y deuôs procéder. 'Vfons de ce bien, puis ne les receuoyent point en leur compagnie,
«ue nous en fommes mis en poflefsi on, c'eft à Les Payens d'autre cofté fe mocquoyei.t de
dire,qu'ellans fondez fur les promefles de l'E la rudtfle des luif;, pource qu'ils eftoyent
nangile, ayans lefus Chrift qui nous dôneac- toufiours retenus en ces petis rudimcnsdela
ces, que nous foyons tout afleurez que Dieu Loy. De là venoyent beaucoup de fchifmes,
aous regardera en pitié, & que nous aurons li que les vns eftoyent bandez contre les au-
berté de l'inuoquer à pleine bouche, (ans dou très , & l'Eglife eftoit comme defchirte par
ter qu'il nous exaucera en toutes nos roque- pièces: &'nous fçauonsque Dieu nous reeom
ftes.Or fainft Paul dit, Que ceU fe face fans mande fur tout vnion & fraternité. Et de fait,
Jijfenfons, &• ftint diffutte: car le fécond mot quelle cft la forme de prier qui nous eft don-
dont il vfe , fignifie proprement difpute . Et née par noltre Seigneur Icl'us Chrift? Noftre
pourquoy met-il ceciîll eft vray qu'en priant Père qui es es cieux. Sec. 11 ne nous dit point
Dieu, il ne faut point que nous apportions là q'u'vn chacû appelle Dieu en fon particulier:
aos chagrins pour nous defpiter contre luy, quand ie di, Noftre, ie parle au nom de tous,
comme celuy qui tient prier Dieu en fe faf- chacun dira le femblable. Ainfi donc nous ne
ehant,ouenmurmurant par impatience des af aurons point d'accès pour prier Dieu , que
ftiftions qu"'il enuoye : & cela n'eft pas faire nous ne foyons conioints enfcmble : car cc-
gueres d'honneur a Dieu , H nous le prions luy qui fe ftpare d'auec fcs prochains, fe fer-
eoramepar reproche. Voila beaucoup de gens me la bouche, tellement qu'il ne peut pas
quifont fembiant dcprier:maisquovîc'cft en prier Dieu à la façon qui nous cft ordonnée
«onteftant àl'encontre de Dieu : ils fe faf- de noftre Scicneur lefus Chrift : brief.i! faut
chent ,ils fe tourmentent de ce qu'il ne les
traitte pas à leur gré^Us viedrôt dÔc à Dieu,
mais ce fera pour fe defpiter contre luy :com
me fi vn mari fe mefcontentoit de fa femme.
Et comment?vous dturiei faire ainfi, vous ne
que nous ayons vn accord & vn lien de vraye
vnion enfcmble , deuant que nou"; appro-
chions de noftre Dieu pour nous prtftntcrà
luy. Pource qu'il y auoit ces difcors & ces dif
puces que nous ations dites entre les luifs &
vous acquittez point de voftre deuoir:ou que les Payens, faind Paul monftre que iufques à
la femme demandant quelque chofc à fon ma ce qu'ils fe foyent reconciliez, ils ne pcuucnt
Ti,luy reprochaft. Et vous n'aucz point fouci pas inuoquer Dieu, & qu'ils feront reiettez.
île moy . Voila comme beaucoup de gens en Voila pourquoy il met qu'ils prient fans con
font, qu'il vaudroit mieux que iamais ils ne tentiôs & (ans difpute,c'eft à dire qu'ils n'cn-
priaflènt, que «le venir auecvn coeur ainfi en- trent point en telle altercation l'vn contre
l'autre:
s V R L A I.
Pautré '. que les luifs ne s'auancent point par
defltisles Payens à cauk qu'ils ont efté les
premiers appelez , & que les Payens aufsi ne
les condamnent pas pour leur rudeffe : que
toutes ces difputes là celTent(dit famft Paul J
& qu'il y ait vne bonne reconciliation faite,
afin qu'ils déclarent qu'ils ont tous l'Efprit
d'adoption. , c'eft à dire que l'ETprit de Dieu
les gouuerne , celuy qui apporte auec foy
paix & vnité. Or de là nous auons à recueillir
vne doârine gênerai e , c'eft deuant que nous
puifsionseftre difpofez pour bien prier, que
nous ayons cefte fraternité que Dieu nous
Coramande,& ccfte vnion:car il ne nous veut
point ouïr ctacun de nous à part, mais il veut
qu'il y ait vne refonnance & vne mélodie en
la bouche de tous, combien qu'vn chacun par
le, combien que chacun foit mefme feparé en
fon lieu,& que nous priés Dieu en Iccret.tou
testois lîfaut-ilque no ftre accord yieneau
ciel,que nous difions tous d'afFcftion & en ve
rite, Noftre Pere:que le mot de noftre, nous
lie,& nous vnifle tellemét qu'il il'y ait qu'vne
fcule voix.comme s'il n'y auoit qu'vn coura-
ge & vn cfprit. Voila que nous deuons rete-
nir.Ec au rclte.quîd nous prions, conioignôs
autiiles Eglil'es : li nous voulons bien prier
Dieu , que nous ne facions pas comme beau-
coup qui ne demandent qu'à diuiter ce que
Dieu a côiaint,rous ombre de quelque petite
cérémonie qui ne fera lien , que nous foyons
feparez côme vn corps defmcmbré. Ceux qui
y pi ocedcntainii, monftrent bien qu'ils font
polFcdez del'efpnt de Satan, qu'il y a vne
phrenefic qui les tianf'porte poui difsiper la
viaye conionûionque Dieuainife entre les
lîens.Ainiî donc, que telles difputes foyent ra
clees & inifcs bas, & que nou^ prions Dieu en
liberté, fçachans bien que pui'. que noftieSei
gneur lefus nous eft mauittfte à tous , qu'il
nous veut attirer à loy pour nous conduire à
Dieu fon Père. Il eft vray que ne us ne pou-
uo ns pas eftre conioints auec ceux qui fefe-
parcnt de nous: comme voila les Papiftcs qui
ié diront Clircftiéj;mais quoy^ptut-on auoir
nulle communication de pricie autc euxrNen
ni : par ce qu'ils ont dclailTc lefus Cfcrift: &
nous fçauon,'. qu'en déclinant de luy tant peu
que ce foit,nous ne tcnôs plus le chemin, no'
ne faifons que vaguer a trauers champs. Puis
donc que le» Papiftes fe font feparez de lefus
ChriR-,il y a vne trop longue diftance entre
eux ^t nous : mais ton» ceux qui fe voudront
ranger à lefus Chnft.ilnous leur faut tendre
la main,ahn que a' vn accord mutuel nous ve-
nions nous rendre à Dieu noltre Père. Or
comme cela doit eftre prattiqué en gênerai,
aufsi chacun doit fe ranger tant qu'il luy fe-
ra pofsible auec tous fes prochains , quand
nous voudrôs eftre exaucez de Dieu tous en-
t*^tth.^. femble.Et voila pourquoy noftre Seigneur le
a.13.14. fus dit,Quf fi quelqu'vn viét pour oiFrir fon
oblation à l'autel,'! t:aut qu'il laiflè làpluAolt
A T I M O T H. j,y
fon ofFïandc pour fe recôfilietâuec Ion freiû
lequel U aura ofFenfc, que de cuider que Dieu
le reçoyue quand il fera ainli en picque & ctt
rancune. Voulons-nous donc auoir Dieu pr«
pice? Il faut que toutes inimitiez (oyÉt mife«
bas entre nous:car d'autant que nous fomttles
diuifcz, voila Dieu aufsi qui nous reictte, car
ilne receuralînon ceux qui font membres de
fon Fils:& nous ne ponuons pas eftre mebres
de lefus Chrift.que fon S.E<prit ne nous gou-
uerne,lequel efti'Efpritdepaix & vnion,coia
me nous auons déclaré. Apprenons doncd'e-
ftre en bonne amitié &. fraternelle les vns a«
ucc les autres, lî nou> voulons que Dieu n«us
reçoyue à foy , & qu'il ait fon giroa eftendil
quand nous viendrons pour le prier. Voila ce
que nous auons en fomme à retenir de ce fiC-
fage.Et quand nous voyons qu'il y a quelque
chofeqm no" peut empefcher de prier Dieu.
coFnoiîTons que c'eft le diable qui nous met
des barres au deuant, & fuyons cela comme
pefte mortelle. Et c'eft encoret vn poind que
nous deuons bien noter.Car nous en verrons
beaucoup qui ne demandent finonà s'entre»
battre par difputes,côme fi la parole de Dieu
eftoit faite pour nous feparer les vns d'auee
les autres. Nous auons défia dit que la droite
fin de l'Euangile cil de nous appeller à Dieu,
afin que nous fovons conioints & vnis en nos
prières & requeftes.Or fi ceux qui par difpu-
tes côtentieufespriétainfi, & qu'ils s'eieuent
les vns cotre les autres, ils tafchent d'anean*.
tir la gloire de Dieu entant qu'en eux eft, ils
peruertilTcnt toute bonne doârine,ils renuer
fent l'intentiô de Dieu, & bataillét cotre icel
le pour l'aneantir.ll ne faut point donc qu'ils
s'attendent d'eftre exaucez en leurs prières,
puis qu'il n'y a point cefte vnité & concorde
pour tendre à Dieu au nom & par le moyé de
noftre Seigneur lefus Chrift.S.Paul adioufte,
Leuaos Us mains fures.En quoy il fignifie que
nous ne deuons point abufer du nom de Dieu
venans à luy auec nos ordures, mais qu'il fauc
que nous foyons purifiez. Or l'oraifon eft ap..
pelée ficnfice,& nô fans caufe.Car nous fça
uons que du temps de la Loy.quâd on vouloic
facrifier, il fe faloit lauer auparauant, Pour-
quoy? Car noltre Seigneur vouloit admonet
fterles homes qu'ils font'pleins de fouillure»
qu'ils font pollus,& ne font pas dignes de ve»
nir à luy, iufques àce qu'ils ayent receu vne
purgatiô,&,fontcÔrae rouillez. Il eft vrayque
mamtenât puis que les figures de la Loy Ibnc
abbatues, & qu'elles ont prins fin, qu'il nous
faut venir à lefus Chrift:car c'eft aufsi noftre
feul lauement.Cependant toutesfois il ne fauc
pas qu'vn chacun s'entretiene & fe nourriflè
en fes pollutions : car pour cefte caufe lefus
Chrift nous eftdôné, afin qu*il nous renouuel
le par fon S.Efprit,& que nous ne foyos point
addonnez à^los cupiditez mefchantes.Appre-
nons donc que Dieu ne nous appelle point à
foy pour apporter là ngs ordures,& nos infe«»
m.iiii.
9S
SEIZIEME SERMON
ôions & puantifes deuant liry , mais il veut q
nousfoyons préparez pour le bien prier. Et
comment ferons-nous préparez? C'eft qu'il
nous faut auoir noftre refuge à la remifvion
de nos péchez , & quand nous voudrons prier
Dieu.il faut que ceci nous viene en mémoire:
Helasl Seigneur, ic me voy ici plus que con-
fus:car quant à moy ie fuis plein de pol unon
& d'ordure.en forte qu'il faut que ie foye re-
ietté, iufques à ce que l'aye prms vne pureté
d'ailleurs , c'eA af jauoir de noltre Seigneur
lefus Clirill. Voila comme encognoiflàntnos
taches & macules, il nous faut recourir à ceftc
fontaine où nous pourrons eftre lauez , c'ell
afçauoir,puis que lefiis Chri/l a elpandu fon
lang pour noftre lauemcnt , que nous ferons
aufsireputezpurs deuant Dieu «St tout nets.
^t aurefte notons , combien qu'il n'y ait en
nous que toute infedion, quand Ufus Chnft
nous a appoité l'efprit de laindcté.que quant
& quant il nous a purgez de nos vices, telle-
ment qu'il nous adonné accès deuant Dieu.
£t pour celte caufe faillit Paul dit, Qujil veut
que les hommes en priant Dieu leuent les
mains pures. Il eftvray qu'il regarde ici aux
cérémonies de la Loy; mais il fait vne compa
raifon tacite entre cequieftoit extérieur de
ce temps-la, & ce que nous deuons auoir au-
iourd'huy à la vérité: comme s'il difoit. Mes
amis, du temps de la Loy & du vieil Teft.i -
ment, Dieu a entretenu fon peuple en celle ce
remonie, qu'il faloit cilre purifié deuat qu'of
frirnul facrifice.deuatmefmes que faire pro-
fefsion folennelle de fa foy au teraple.Main
tenant il eftvray que ces chofes-la ne font
plus en vfage pour les Ghreftiens,mais il faut
retenir la fubftance. Et quelle eflcefte fub-
ftance.'C'eft que nous n'ayons point de l'eau
vifible pour nous lauer, mais que nous veniôs
au fang de lefus Chrift quicftnoftre lauemét
fpijituel.Comme de faiû.quand il efl parlé du
XXf .35. fiinû Efprit.il eft intitulé eau nette:refpan-
î.y, dray les eaux nettes & pures fur vous,& en fe
rc2 purgez , dit Dieu par Ezechiel. Et ccfte
promelîe fe rapporte notamment à la venue
dç lefus Chrift.Voila donc Dieu qui déclare
qu'au lieu de ces figures anciennes qu'ilauoit
données aux luifs, & au lieu d'vne eau maté-
rielle & corruptible, il nous donne la vérité
de tout, nous certifiant que nous ferons net-
toyez pa r fon fainû Efprit.Sainft Paul donc
maintenant nous ramenelà,& nous monftre,
qu'au lieu des kuemens extérieurs qui ont
cité iadis,il faut que nous ayons celle pureté
fpirituelle.qu'cftas lauezparl'Efprit de Dieu
(qui cft l'eau nette & pure) nous puifsiôs no*
venir prefenter deuant luy. Il elt vray qu'il
parle notamment des mains.mAK nous fçauôs
qu'en l'Efcriture par les mains font fignifîecs
toutes œuures. Et pour cefte caufe il eft dit,
P/*»ltf-6 lelaueray mesmaii-sen innocence, &ciicui-
ray ton autel. Seigneur. Danid parlant iinfl
regarde bié aux figures de la Loy, mais il mon
lire comme nous en deuons maintenant vfcr.
Nous entendrons ceci plusaifeement en re-
gardant à l'oppoCte comme Dieu reproche
aux luits par fon Prophète Ifàie , qu'ils ve- •'"' '"'*
noyent apporter leurs mains fouillées en fon '3'r4-l»
temple : Venez -vous ici polluer mon fainû
lieu,quand vous venez faire femblantde m'in
uoquer au temple, & cependant vous auez les
mains fanglantcs.vous elles pleins de malice
&de fraude.vous eftes des meurtriers,dts lar
rons,& des pariures?Et qu'eft-ce autre chofe
quand vous venez ainiî faire ftmblant de me
requérir auec vos mains pollues,{înon me fai-
re la guerre,& me defpiter tant qu'il vous cil:
pofsible ? Comme nolire Seigneur reproche
que les luifs venoyent leuer leurs mains fan-
glantes deuant luy: aufii au contraire,il nous
commande ici par la bouche de •iin£l: Paul,
que nous leuions les mains pures ; c't It à dire,
que nous ne foyons point enueloppez en nos
mauuaifes affetlions , &que cela auf i fe dé-
clare en toute la vie. Nous voyons maintenric
ce que faind Paul a entendu , c'ell afçauoir
qu'ayans ce pruuicge de prier Dieu facile-
ment,& de nous retirer à luy comme à noftre
Père , il ne faut pas que nous peniîons eftrc
exaucez quand nous y viendrons ainlî poilus
que nous fommes de nature , que nous vien-
drons là porter nos ordures & puantiles pour
tout infecferrcar il he pourra fouffnr que fon
nom fort ainlî prins en vain. Mais au contrai-
re il faut , puis que lefus Chrift ell venu pour
rouspuriHer,& que cell office-la cil attribue
à l'Elprit qu'il a receii pour nous en faire
participans , qu'vn chacun s'eftudie .i pureté:
& d'autant que nous ne lepouuons pas faire
de noftre vertu , que nous recourions à noftre
Seigneur lefus Chnft , qui eft la fontaine de
toute pureté, comme c'eft là aufsi qu'il nous
faut chercher toutbien.Cepend.it il nous faut
aufsi noter pour concIulionfinale,que fainfl
Paul parlant de leuer les mains, regarde à la
façon qui a cfté accouftumce de tout temps
quand on a voulu prier Dieu.c'eft deioindie
les mains pour les leuer en haut : cela de foy
n'emporte rien, mais c'eft vn exci cice qui eft
bon & propre quand il fera réduit à fon but.
le di que cela n'emporte rien de foy , quand
nous leuons les mains, mais la fin cft bonne &
vtile,voireneceflàire.Et poiuquoy?Nousvoy
ons la rudeilc qui cft en nous , que nous ima-
ginons toufiours que nous fommes trop loin '
de Dieu, &qu'aufi il n'eft pas prochain de
nous pour nous exaucer. Quand nous auoas
ce ligne extérieur, c'eft pour nous confermer
que Dieu nous- cft prochain quand nous le
cherchons. Et d'autre coftc.nous voyons auf
li noftre parelTe , nous fommes tant tardifs
que nous auons beibin d'cftre incitez à priè-
res , & vne telle façon nous y fert , c'eft vne
aideconuenablc pour nous mciter à chercher
Dieu , quand nous tendons amli les mains en
haut:& puis nous auons befoin quant & quant
de
SVR LA I. A TIMOTH.
97
de prie; Dieu, non point comme s'il eftoit
vne idole, & qu'ii cicnuncLiil dV/lre ferui
« d'vne façon ch.irneJle : miiisquM nous faut
eleuer par dclTus tous nos i'ens, raefmes qu'ii
nous faut eitre delpouillez de toutes nos
atfeftions terre/lrcs , & de toutes les cho-
(it% qui nous rctienent ici bas. Et pource que
nous n'auons point d'ailes pour voler iufques
au ciel, en ieuant ainii nos mains, c'tlt ligne
ou'i! nous faut eleuer là haut en el'prit par
loy. Nous voyons maintenant comme ctlte
façon d'eleucr les mains au ciel, n' cil pas fu-
perflue quand elle fera réduite à fa droite fin
. &i fonvfage. Maintenant donc apprenons
toutes fois & quantes que nous auons les
mains iointes & leuees au ciel,quec'ert pour
nous conduire à Dieu félon noftre petitefle,
&pournousaduertirquec''eftàluy fcul qu'il
nous fautauoir noftre recours, &quenous ne
pouuons auoiracccs à luy, linon en nouïele-
uant pardeflîis tout lemonde, c'eftà dirt en
nous retirant de toutes nos pafsions , & de
toutes les penfees & phantafies lourdes & ter
reftres que nous auons , qu'il faut que nous
foyons defpouillez de tout cela:coinme auf-
fi quand nous difons , Noftre Père qui es es
cieux.nousfommes aduertis qu'il le faut cher
cher là , & qu'il nous y faut monter par foy :
combien que nous habitions ici en terre , que
nos afFeftions foyent leuees là haut.Voiia de
quoy nous fommes admoneftez parcefte c«-
remonie. Et quant & quant apprenons de re-
noncer à toutes autres façons qui ne font
point approuuecs de Dieu, mais cognoiflbns
que tout noftre falut eft en luy- Et pourtant
^ue nous y ayons noftre confiance , & qu'il
_ nous fuffife 'de l'auoir en noftre aide & fe-
cours:car fi nous ne le croyons ainfi, lacere-
inonic,encores qu'elle foit bonnedefoy, fera
vaine & fuperfliie : mefmes notons bien que
tous ceux quiaurontleué les mains au ciel, &
cependant feront retenus ici bas, qu'ils fecon
damnent, comme s'ils efcriuoyent là leur con
damnation:c'eft tout autant comme fi de leur
propre main,& de leur feing manuel(comme
ondit)ils ratifioyent, le fuis vn hypocrite.ie
fuis vn fauflàire, ie fuis vn menteur,ie fuis vn
pafiure. Carie vien ici protefterdeuant Dieu
que ie le cherche là haut,& tontcifois ie fuis
letenu ici bas:ie déclare que l'ay ma fiance en
luv,& ie la mets en raoy.ou aux creatures:ie
déclare que ie fuis ekué au ciel par foy,& ie
fuis plongé en ces cbofes terriennes. Voila
comme ceux qui n'ont point leur atfeûion
droite à Dieu , qui n'ont poiat leur recours à
hiy, qu'en Ieuant leurs mains au ciel ils font
vne fignaturc qui leur couftera bien cher: car
ils font conuaincus & condamnez fans aucun
remède , ^ue Dieu prend cela comme Vn tef-
moignage à l'encoatre d'eux , qu'il ne leur
faut point former d'autre procès. £t Je faiiS,
Dieu a voulu que cefte ca^tmonie ait duré,
mefmes entre les Payens.afin que ce fuft pour
les rendre inexcufables. Voila les Payens qui
ont eu leurs idoles , comme les Papiftesau-
iourd'huy auront leurs marmouzets. Or tant
y a qu'ils ont bien fceudire.Leuons les mains
auciel. Etquieft-ce qui parle ainfi? Ce ne
font pas les Prophètes deDieu,ccn'eib point
Moyfc.cen'elt point lefus Chrift feulement,
mais iici Payens 3.irS\ prophanes qu'ils ont
efté , ont toufiours vféde ces mots : comme
on le voit en leurs liures, quand ils ont efté
en quelque necefsité , Leuons les mains au
ciel , il nous faut leuer les mains au ciel. Et
qu'eft-ce à dire cela ? Dieu leur a arraché ce
tefmoignage-là, comme fi on mettoit vn mal-
faiteur à la géhenne , afin qu'il fuft conuain-
cu de (k propre bouche.Ainfi notons bien que
totuîours cefte cérémonie a efté accouftumee
mefnie entre les Payens , d'autant que les
hommes font contraints de chercher Dieu '<!
haut. £t combien qu'ils n'euflènt que^t^urs
idoles qu'ils ont appelez dieux,fi eft-«e qu'ils
ont toufiours pioteftc qu'ils cWrchoyent
Dieu & fa maie fté. Pourtant cognoUïbns que
fi c'eft vn tefmoignagepaurla condamnation
des PayCni , & qu'ils foyent conuaincus par
cela au dernier iour d'auoir abufé de cefte cé-
rémonie , quelle excufc y aura-il pour nous,
ievous prie , quand l'vfagenous eft déclaré
en TElcrifure fainde , & que Dieu nous in-
ftruit fi priueement? Et ainfi apprenons, tou-
tes fols & quantes que nous deuons prier
Dieu, que nous foyons diftraits de toutes nos
falicitudes terreftres ,&de toutes nos affe-
ftions mefchan tes, comme nous fçauons qu'il
y a beaucoup d'empefchemens qui nous re-
tardent de tendre droitement à Dieu. Et pour
tant, quand nous leuons \t% mains .lu ciel, co-
gnoiflbns que c'eft afin que là nous cherclnôs
Dieu parfoy,&quecelane fe peut faire que
nous ne foyons retirez de toutes folicitudes,
& de toutes les affeûions mauuaifes de no»
ftre chair.
O R nous-nous proftemerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes , le priant qu'il luy plaife en ciïa-
ter'la mémoire , afin que nous foyons receus
de luy :& cependant qu'il nous fortifie & ûn-
£tifie de iour en iour par fon fainfit Efprit,
iufques à ce que nous foyons pleinement def-
pouillez de toutes nos imperfe(ftions& vices.
Et pource que cela ne fcptut faire durant ce-
fte vie mortelle, qu'il nous fiippo ne-en nos
infirmitez, iufques à ce qu'il les ait du tout a-
boLes. Ainfi nous dirons tous, Dieu toutpoif-
fant.Pere celeAe,&c.
5»
SEPTIEME SERMON SVR LE se-
cond c h a p i t r e.
' '$"'■■ Vdràllement auj^i ^ueles femmes i dccoujlrejit enhahithon-
Kejîeauec\ergongne ^ modesîie, nonpointentrejjcs,ou enor,ouen
ferles iOU en yeflementfomptueux:
io Mdisenceluyqut ejîconuendhïe aux femmes demonflrdntes
îd CTdinte de Dieu par bonnes œuures.
.ii.> Que Id femme dpprene en fdeticeduec toute fiiettion.
I Oiis auons dit ce matin que
1 faincl Paul monflrant lepri-
' uilege que Dieu nous a don-
j né de v.enir à luy , Si de le
Ipouuoir pruicement inuo-
I quer.adiouile, que nous de-
' uons nous prep<»rer à toute
fMndeté. Car ce n'eft point rai l'on que nous
apportions deuant Dieu nos ordures : il faut
donc qi^ nous mettions peine d'crtre ûndi-
fiez.Or ceU ne gift point en ceicmonies.com
me du tempsdc la Loy.mais en etprit & véri-
té. Et comme ci defliis il a commandé aux
hommesde leuerles mains pures &i'.i;ttesau
ciel.aufd ni.iintenant il dit que fi les femmes
veulent iouir d'vn tel bien & lî grand, d'eftre
réputées Elles de Dieu pour pouuoir venir à
luy conune à leur Pere,& y auoir leur refuge,.
il faut qu'elles s'accouftrent modeliemét en
habit couenable,& non point eu trcffes, & en
ces petites curiofîtee qu'ont les femmes , ni
aufsi en foroptuollté d'orne de pierres prc-
cicufer,(car fainei Paul a mis vne cfpece.pour
le touc,en nommant les perles) brief (dit-il)
qu'elles monftrent vn accouihcment conue-
nable à des femmes, qui font profefsion de
crainte de Dieu par bonnes ccuures . Nous
voyons doncquelle elt l'intention de laind
Paul en ce lieu.Maisilpourroit/l'mbler qu'il
t'amufe àdes.cliofcs trop petites, & qui ne
valent point le parler.Iailiàtit des vertus plus
grandes, &aufquelles il deuoit plus inlîilcr.
D'autre part on pourroit aui'ii demander,
pourquoy il parle deraccouftrcmêt des ftm
mes,pliiftoii que de celuy des homme^.Or no
tons qucfaind Paula voulu ici toucher vn vi-
ce auquel les femmes font enclinesiie natu-
ie,&par trop addonnecs,c'eftafçauoir ce fui
appétit de femonll:ier,&: d'eftre pompeufcs,
afin qu'on les regarde de loin:poiucc que les
femmes font entachées de ce vice-l.i, S. Paul
notamment en parle ici. Ilift vrayquc li vne
fçmme s'abftient de toute parure , & qu'elle
s'accouftrc fi modeiVeinét qu'il feroitpoisiblc
cela ne fera pas le tout. Mais auAi fiiuÀ Paul
ncs'cftpas làfimplenientarrtftércar nous ver
lons'en la fin qu'il a concliid comme les fem-
mes fe doyuent accouftret eu telle forte que
elles facét profefsionde crainte de Dieu par
bonnes œuures. Il n'cft point donc quelhoii
tant ieulement des robbes,audescottts,& de
tout le refte ,inais en gênerai de toute la vie.
Maintenant donc nous voyons enfommecc
que faintt Paid a voulu dire , c'eif que fi les
femmes veulent luuoquer purement Dieu, il
faut qu'outre le nom de Clneltienti qu'elles
portcnt,auf>i elles ayent l'effet, qu'elles mon
Ihent par boues œuures qu'elles ont t/lé en-
feignees eiirtfchole de Dieu. Or prenons ce
mot -la deuant que \enir au parcitulierrcar en
ce faifant, nous ll-rons tant mieux iiiforme^
de l'intention de fainct PanI , pour recueillir
aufsi de ce pallage l'inftruLlion qui y eil con- .
teiiue. Tout ainiî donc qu'il a requis que les
Ironrmes leualftiu les mains pures, aiiAi dit-il
que les femmes doyuent faire proitfjion de
foy &: de crainte de Dieu, voire par bonnes
œuures. Or quand il parle de donner tefmoi-
gnage de la foy , c'ell fuyiiant ce que nous a-
uons déclaré ce matin, c'tit afçauoir que nous
ne pouuons pas inuoqucr D;cu, que nous ne
foyons tondez en fa parole,& que nous n'ay-
ons bonne inftrutbion. Oreft-il ainiiqueles
femmes ont befoin d'auoir leur refuge a Dieu
comme les hommes; il faut donc qu'elles foy
ent inltruites en r£uangile.£t de faiiit. Dieu
n'a point fcparé les hommes d'aiiec les fem-
mes, quand il kur a donné la du^iine de d-
lut > mais il a voulu que ce bien Si ce thrtfor Marc if.
tufi commun aux vns & aux autreS)Commc auf i^ .
fifair.û Pierre dit, Que l'héritage du Royau i.Vîer.i.
me des citux nous eft communiqué àtous,& -.
que Dieu a voulu acco;np2giicr les hommes
auec les femmes en ccft endroit. £t aiiifi no-
tons bien en premier lieu, que les femmes ne
font point exemptes d'cftie eiiffignees en là
parole de Dieu , & ceux qui Içs en on t voulu
priucr.font larrons, voire I.icrileges. Et main
tenant puis qu'ainii eft que Dieu appelle Ic's
femmes pour receuoir doctrine de ia bouche
facrec,qu'elies nefoyent point nonchal.iiites
àcela^maisqUe,-. çognoiflcnti^uisq Dieu kur
fait vn tel honneur, queccft bien' raifi)ri que
elles appliquent leur eftude pour y profiter,
voire entant qu'il leur fci'a conuenable. Or
venons .tu fecond:e'cft qu'elles doyuent taire
confcf
s V R LA I. A
confcf.ion «le leur foy par bonnes Ofiiurer.
Qj^ind l'aintt P.uil pailc aînfî, il enrend qu'il
Bdatritpaî de poiccrce titre, mais que la vie
doit rendre telinoynage lî nous fommes fi-
dèles ou non. Il raut donc pour approuuer no
lire foy.quc nous ayons les bônes ccunves, &
que cela ratifie que nous ne babillôs point en
vain de la paroJe de Dieu , â nou; ne fail'ons
pas ierablant d'y croire, mais que nous l'auôs
receuc,& qu'elle ha racine viue en nous. Il eft
\ray que ceci eft commun aux hommes com-
Bie aux leHimesrinais notons que quand fauitt
Paul parle ici des femmes , il oblige encore
plus les hommes, A faire vne telle déclaration
île leur toy.Cars'il y auoit excufe.il eftbien
certain qu'elle appartiér pluftoft aux femmes
■qu'aux hommes , à caufe de leur infirmité. Et
bien , il faut lupporter ces poures créatures
fragiles. Mais s'il eftainfi que les femmes, fi
elles ne monltrent par effeA qu'elles font en-
feigncesdeuement en la parole de Dieu , &
quels bonne vie n'en relpjnde, n'ont point
d'excufe, & que e fanirt £fpnt les condam-
reici.que lera-cc donc des liommesîne men-
tent-iis pas d'ellre condamntzau double?£t
ainfi retenons bien que nous iommes fauffiii-
les en prétendant le nom de I>ieu, finon que
par bônes œuures nous declanos noftre foy,
& que ce n'eft point en vain que nous auons
receu l'Euangile. Et maintenant notons bien
«n quel temps nous iommes. Voila les Papi-
lles qui font punis de Dieu , d'autant qu'ils fe
-glorifijBtd'eftre Chreftieiiv , Se foat néant-
moins diflolus entoure leur vi^:. Or il ne fe
faut point e^bahi^ s'il y a vue telle confuiion
& il énorme en ces poures ignorans qui ne fça
uentquec'eft de bonne doanne&pure: tant
y a neantmoins qu'il leur couftcra bien cher
^'auoir amfi abufe du nom de Dieu. Mais qtie
■fera-ce de nous? car nou- prétend jn; d'clhe
relonncz : Se ce imt trottera en nollre boii-
che.Et à la venté Dieu nou; a fait vne grâce
•trop ineftimable, quand illuy a pieu nous pre
iler la vraye doctrine de fon Euangile , nous
retirant des corruptions & vilenies ou nous
auons vei'cu. Noftre vie dôc doit luire comme
vne lampe. Mais fi nous auons rEiiang:le en
-roftre bouche , & cependant fommes du tout
poilus en noftre vie, 5f menons vn tr.undcf-
iordé &diflolu , ie vous prie , n'y a-il point
vne horrible vengeance appreftce fur nous, à
caufe que nous auons ainfi fa):1fié ce titre fa-
cré du nom de Dieu ? Et pourtant retenons
bien de ce paflage ce qu£ la côfefsion de foy
«mporte , non point feulement que la langue
parle.mais que toute h vie re)ponde,fiiyuant
XiHn TO. ^^ 'î"^ "^'^ fainû Paul, de faire profchi'on de
' Chreftienté par bonnes œuures. Or s'il eft ain
-,'■,,' fi qu'il nous faille faire confcfsion de foy, où
Cari. If. ' -n. 1 1 > - '
„ nousmoltronsqu il nyancvertu ne vigueur
du fiiinûEfprit en nouî, concluons que ceux
qui renoncent Dieu parkursoeuures.parce-
ù fe dedatenc allez infidèles deuant les hom
T I M O T H- 95
mes. Et ne faut point plaider là deflus, comme
nous en voyons beaucoup qui diront , Ho de
nioy .i'enten deftre aùAi bon Chrtftien â nul
autre . Qu'on protiuife leur vie, & elle les de _.. ^
inentira;car (côme dit S. Paul) ils renoncent '"^•'•'**
Dieu par leurs niauuaifes ccuuies : ainfi Dieu
les delauoue de fjn cofté , vonc quelque ba-
bil qu'il y ait au bout de la langue. Voiia pour
vn lîcm.Ormainteniit S. Paul avant parlé d'r
ne telle déclaration q doyutn t taire les fem-
mes de leur foy, il nunftre que c'eft b:en rai-
fon qu'elles aycntvn habit côuenable.î cela:
corne s'il difoit.Si vne femme s'accouftre co-
rne vne paillarde, qu'elle foit impudique & ea
fcscotenances,&en fesfobes,& en fi parure,
n'y a-il point là vne repugnance.'dira-on que
cela conuiene à vne femme qui fait telle pro-
fefsion? Nenni. Ainfi dpnc.pui.s que les fem-
mes doyuét rendre tefinoignagede leur foy
par bonnes œuurcs,il s'enfuit qu'elles doyuét
eftre auf -i accouftiees fobrcmcnt & auec mo-
deftie. Mais rcuenons maintenant àce oui .1
efté touche, c'cft afçauoir que S. Paul ne s''Ad-
drefle poinr du tout aux accouftrcnjens,c5me
fic'eftoit là tonte la fommc qu'il veutcôman-.
der aux femmes , & qu'il n'y euft j;oint d'au-
tres vertus requife-rrinais il a voulu ici toucher
vn vice aiiquei(c5me auf i nous auous decia-
re)clles font trop enclmcs.c'tft afçauoir à «e
lie curiofité de feparcr,afind'eftre regardées
de loin. Il cft certain que i nous voulos impo
fer certaine loy furies accouitremés des t'cm
mes,à grand' peine cela fe pourra-il faire Jl
eft vray qii'aucunefois les gonuerneurs qui a—
uoyent la police en main , ont efté contraints
d'y mettre quelque bride. Car cefte intempé-
rance a eftede tout téps, que les fcnwies ont
eu ccft appétit fi briiflant; qu'il a falu qu'auec
chaftimeiis & punitiçs en y poiinieufl-& fans
cela on n'en pouuoitvenir à boiu. Enouoy
nous voyons q cefte cupidité qui eft aux fetn
mes de fe paier,eit comme vnebcfte enragée,
d'autant qu'il la faut ainfi tenir en cordeaux
& en chaînes. Voila dôc les Magiihats Payés "
& incrédules qui y ont biê mis certaines loiïi
& ceux qui auiourd'huy fouiFrent les ibflv-
ptuofitcz fi grandes &eTccelsiues , dtarovent
auoir honte qiiand ils donnent pkis de licen-
ce que n'ont tait les Payens. Mais de nollre
collé nous ne pouuons pas mettre vne cer-
taine loy,pour dirciCeia e/1 défendu, cela eft
permis: voire traittant par le menu de cha-
cune chofe. On en pourra bien en gênerai ti-
rer vne doânne infallible:inais fi on veut de«
ch'.tfrc: tout ce menu bagage des accouftre—
mcnsdcs femmes, que fcroit-ce* lamais on
n'en viendroit à bout, &: il faudroit venir iuf-
ques à vne efplingue. Là donc il nous faut
eftre i'obres, regardans ce que Dieu a défen-
du,& qu'il s'eft contente de reprouuer les vi—
ces qui font en C(ô endroit. Tant y a(coii*-
mc l'ay dit) que nous pouuons bien lecueiUrr
vflc fomme de ce qui nous eftHionftrc en fa pa
luii.
400
DIXSEPTIEME SERMON
rôle. Il eft dit ici que les femmes foyent ac-
couftreejdecentement. Saind Paul metvn
mot qui emporte autant qu'ornement : mais
'c'cft pour mieuï taxer celle cupidité folle &
peruerfe dont les femmes font ainfi enflam-
bees : car il leur lemble qu'elles ae feront
point bien parées, finon qu'il y ait de la fu-
pcrfluité. QjiJnd donc les femmes fe vou-
drôt orner à leur phantafie.il faut q-u'tlles ex
cèdent mefui e, il faut qu'il y ait & de la pom
pe,& de 1« vanité , & de rambition,& de vai-
ne gloire qui les trïlporte. S.iind Paul donc
mouftre à l'oppolite, que tout ce que les fem
mes prendront d'ornement fiiperflii , ce font
autant de defguifemens que Dieu condam-
ne , & lefquels aufsi les defguifent comme ii
elle; eftoyent m.iiquees, comme fi elles pre-
noyét vn habit d'homme. Voila donc ce que
faindPaula entendu parlant decellaccou-
ftrcmcnt orné qui doit eftreaui fcmmes,c5-
me s'il difoit , le fçay comme les femmes , li
elles croyent leur phantafie , voudront e-
ftre ornées de fuperfiuité:mais cela eft com-
me ordure deuant Dieu. Il faut donc qu'el-
les s'accouftren.t & foyent parées d'vne au-
tre façon.EtcômentfUvfe ici de deux mots,
d'ont l'vn lignifie proprement honte ou ver
gongne,& l'autre lignifie attrempance ou fo-
brieté & modeftie.Or il nous faut bien noter
que fain£l Paul couche ici au doigt les deux
tices dont les femmes font entachées, & qui
font comme les deux fourcesde toutes les lu
perfluttei qui ont régné de tout téps au mon
de,& régnent cncores auiourd'huy. Q_im cit-
ce qui elineut les femmes d'appeter d'cftre
aHi parées, Se quetout reluife àl'entourd'el
Jes?ll y a deux caufes. l'vne.c'eft l'ambition,
c'eft à dire la vaine gloire & rorgueil:& l'au
tre.c'eft la vanité , qu'elles aiment qu'on les
regarde, qu'elles veulent touiiours élire bel-
les.Or cela eft ibuucnt conioint aiiecvn plus
grand mahcar elles ne penfcnt point de plai
le tant feulement à leurs maris, comme elles
prétendent celle couuerture: mais elles veu-
lent aufsi auoir ces amorfes pour attirer à el
les, comme on en voit beaucoup. Voila donc
les deux vices qui font ici taxez parf.iinil
PauI.Et en cela il nous baille vh moyen alFez
bon Se propre poui corriger tous les excès,
ti toutes les fuperfluitcz qui font aux accou-
fliemens des femmes. Commençons parce
mot dchonteoude vergongne. SaindPaul
entend que les femmes ne domét point eftre
ijfFrontees, qu'elles ne doiuent point eftre hô
tnaces,& en l'omine qu'elles ne douicnt point
eftre impudiques , mais qu'elles doiuent co-
gnoiftre la vertu qui leur conuient le mieux,
c'eftd'eftre modelles,*: ne fe point par trop
inonftrer,ne ietter i l'abandon. Qjiand cela
feroit aux femmes , il eft certain que t.int de
menus fatras qu'on y voit , tant de fiiificlu-
ctes feroyent mifcs bas: li ne faudroit point
entrer en longue difpute pour dirc,£ft-il li-
cite d'auoir des aureillettes, d'aùoir de telle»
coiffes, d'auoir des trèfles pour kschcueux»
d'auoir des doreures, ceci & cela ? Et pour-
quoy ? Car vne femme conlidereroit , Il faut
que ie foy e modefte pour obéir à Dieu, il faut
quei'aye vergongne : car voila le vray orne-
ment d'vne temme qui craint Dieu. Si donc
les femmes auoyent celle confideration-!a,
il eft certain que toute cefte fuperfluité s'en
iroit efcouler , comme nous auons dit . Mais
quoyîAuiourd'huy les femmes font plus dtf-
bordees qu'elles ne furent iaraais : fur tout /l
on va à ces grans cours, à grand' peine pour-
ra-on là dilcerner entre les hommes <5c les
femmes. Il eft vray que les honmies abufe-
ronc de cela aufsi bien de leur part . car ils
prendront les habits des femmes. Se les fem-
mes ceux des hommes, tellement que voila v-
ne confulîon horrible, comme li le monde a-
uoit conlpiré pour renuerfer l'oidrc de na-
ture.& puis il y a aufsi ce beau lullre qu'elles
appctent.Et pourquoyîll femble que ce foy-
ent des enfeignes.On ne mettra point vne en-
feigne en vne tauerne , linon que la porte foit
ouuerte à tous venans. (5r eft -il ainii que les
Kmmes qui fe parent ainli pour attirer les
yeux & le regard des hommes , il feinblc que
elles tendent leurs filets . C'tft donc autant
comme fi elles tenoyent tauerne publique de
leurscorps.il eft vray que toutes ne le feront
pas: mais la chofe tend à cefte fin-la, qu'il eft
bien difficile que telles pompes & telles bra-
uetez n'emportent toufiours quelque mac-
qucrelage, combien que la paillardife ne fait
pas touliours coiiiointe auec. Amfi donc no-
tons bien quand faind Paul parle de cefte ver
gongne&modeltie, qu'en corrigeant vn vi-
ce il ofte toutes ces fupcrfluitez dont nous
voyons que les femmes font fi bouillantes,
qu'il n'y a iamais fin en leur cas , qull n'eft ia
quellion ne btfoin d'y aller par le menu. Or fi
cefte alFedion &: cupidité peruerfe eltoit bien
purgée, il eft certain que les femmes s',iccou-
Ihetoycnt modcltement, & qu'on ne verroit
plus ces defguilcmens. Voila vne ttmme qui
fera comme vne idole peinte,il y aura auiour-
d'huy des fards, il y aura des doreures , des
faufles perruques, & cliofes femblables: après
nous voyons vne telle pompe, que quand vne
Diane fort ainfi, il femble propitnunt qu'el-
le vueilledcfpiter route honte, toute mode^
ftie, toute hôncfttté comme vne putain, pour
dire.lle viendray ici comme vne chienne chau
de,ic feray effrontée, pour monftrei ma tur-
pitude à tout le monde:nous ne verrions plus
d'-ic, toutes ce. chofcs-la. Si les femmes te-
noyent cefte règle de modeftie , elles ne fe-
royent point ainfi doraillees, elles n'.iuroyét
point les teftes defcouuertes:biief, elles n'au
royent pas tant de fomptuofitez qui font
pour batailler contre la modeftie & hônefte-
té que fainû Paul loue ici, fi tour cela(commc
i'ay dit^ eftoit rettanclié. Mais quoy l Nous
voyons
SYR LÀ I. A
v*v««$ebmme les femmes, quelque profef-
(ion de Chreftienté qu'il y ait, n'ont point en
cor^ apprins cefte leçon. Et ne faut point di
re, Ce font chofes indifférentes: (comme on
a cefte fubtilité pour fe couurir ) ne font-ce
pas chofes que Dieualaiflees en la liberté
des hommes.que de fe parei?£t faut-il qu'on
cfpluche de tant pres. qu'on foit fi fcrupu-
leux pourceci.qa'on vienc iufques à des man
chons.àdes collets, pour fçauoir quelles cho
Ces font les plus desbordees? Et tout cela ne
font-ce pas parement de corps? Voire? «om-
me s'il n'y auoit pas liberté , moyennant que
nous eufsions attrempance. Comme quand vn
Eomne fçaura dilpofcr de fon bicn,& qu'il le
gouuernera en forte qu'il en viue fans ledif-
liper: & bten.il aura liberté, fon bien luy fera
mis entre les mains. Mais vn enfant qui ne
•fçait q c'eft de manier argét, faudra-il qu'on
luy baille tout pour en faire à fon plaifirfNô:
il fera gardé iufques à ce qu'il foit en aage.
Et aufsi vn homme infenfé aura-il le manie-
ment de fes denierSjCombien qu'il foit riche?
Le laiflera-on iouir de fon bien à fa phanta-
lîe? Neini. Apprenons donc puis que Dieu
nous a fait la grâce de nousdôner liberté d'v
fer de ces cholc's-ci,c'eftàdiredes accouftre
mens, comme du boire & du manger : appre-
nons, di-ie, d'auoir celte inoJeltie Air nous,
qui nous férue côme de bride , & que ce nous
foit autant comme fi nous auiôs vn curateur.
Voila ce que nous auonsà retenir en fonime.
Il y a puis après l'ambition & l'orgueil. Car
les femmes fepourrot accouftrer comme des
paillardes, & toutcîfois il n'y aura point trop
grande fomptuofité. Il fe pourra bien faire
qu'vne femme n'aura point robe de prix, elle
n'aura point aufsi ni or ni pierres precieufes:
mais cependant elle ne lailfeia pas d'tftre ex
cefsiue & hipcrflue. Et pourquoy? D'autant
Qu'elle aura vne façon impudique , vileine &
auâtageufc. Voila donc le premier vice. Mais
le fécond eft.que les femmes fe pourront ac-
couftrer allez modefttment , qu'on n'y ver-
ra pas cefte pompe effrontée dont l'ay fait
mcn tion , mais on y verra vne braue te & vne
pompe pour dire , le veux ]u'on cognoifle
que l'ay dcquoy.tellement qu'vne femme fe
pourra accouftrer fimplcment , qu'il n'y aura
point tant de mignardife, ne toutes ces peti-
tes finfreluches que nous auons dites , lî ne
laiflera-elle pas toutesfoisd'eftre condance
deuant Dieu. Et pourquoy?Car fi cefte vani-
té dont nous auons fait mention , eft vn vice
danable,& que fera-ce de l'orgueiPque fcra-
cc de celte hautefle, quand les femmes fe veu
lent faire valoir? Ainfi donc voici le fécond
où il no* faut infifter: car ce n'eft point allez
qu'vne femme n'ait point d'accoiiftremens
trop defreiglcz,& que Dieu necôdamne pas,
mais il faut auf>i qu'il y ait vne attrempance
M vne modeftie pour corriger cefte ambition
il haurclTe & pompe. Oi ( comme i'ay deiîa
T I M O T H. ïzi
dit)quând nous voudrlont iKhiffier de près
toutes ces fanfares depuis les pantotiflcs iuf-
ques au chaperon , cela ne fe pourroit faire:
mais qu'vne chacune feiîime regarde i foy,-
& qu'elle penlé,Et bien.lî ie n'ay point cefte
folie de me vouloir parer pour eftre veuc,
tant y a que ie pourroye eftre aufsi entachée
d'orgueil, que ie demanderoye d'avoir vn ac
couftrement plus braue que les autres,&plus
fomptueux,afin qu'on me cognoifle. Qu'vne f
chacune femme donc regarde bicn-à iby , Bc
face examen de ces deux vicer ; car le fainéb-
Efprit eft aflez fage pour nous reformée. Oc
nous voyons qu'il nons a ramener à ces deuK
fources-la.Et quand nous trouueriôsiuoyen
deguarir telles maladies , il eft certain qa'o»
ne vcrroit plus les pompes ainfi excefsiues.ii
n'y auroit plus m tel luftre entre nous com-
me il eft. Voila donc en fommc ce que nou«
auons à noter.Que fi ceci eft conunandéaur
fcnimies,par plus forte raifon l'eft-il aux ho-
mes: car il les vices que fainft Paul condam-
ne , eftoyent à fupporter.pluftoftonexcu-
fera les femmes que les hommes.Et pourtant
nous voyons comme Dieufqui eft iuge com-
petenc)tn parle. Que les hommes donc ap-
prenent des'accouftrer & fobrement &mo-.
deftemét,en forte que l'orgueil & vanité foit
retranchée en eux. L"orgueil,di-ie,que nou»
n'appetions point par nos beaux accouftre-
mensdenous prifer & de nous faire valoir
par dcflus les autres , & que nous n'ayons
point aufsi des mignardifes braues pour no*
faire reluire , comme fi nous tftendions not
ailes ainfi que des .paorts pour nous y mirer:
que ces deux vices-la foyent corriges en
nous. Car il n'y a rien qui defplaife plus i
Dieu que l'orgueil & cefte hautefle & ambi-
tion, pour dire, lemonftreray qui ie fuis,&
quand on me verra, on fçaura queie fuisd'e-
liât & de qualité. Or c'eftvn vice quin'eft
point petit que celuy-la: car il ne fe peut fai
re quand nous fommes ainfi enfler & arro-
gans, que cefte curiofité folle ne procède de
cefte fource. Et ainfi ncdifons poifit queee
foyent-ci des péchez petis & légers, mais
pcfons-les àla balance de Dieu,& alors nous
verrons ce que la chofe v3ut,& ce qu'elle ei«
porte. Et de fait nous voyons quand Dieu
redargue fi alpremét la vanité qui eftoit aux
femmes du temps du Prophète Ifaie, qu'il les jr, • jj-j
menace d'vne^unition horrible: il ne le fait '
point (ans caufe:& mefraes le Prophète com
bien qu'il n'euft pas efté parmi les femmes en
leurs cabinets pour s'enquérir de tout ce bi-
gage-la , fi eft-ce qu'il déchiffre par le menu
tous ces affiquets, qu'il vfe quafî d'vne ving-
taine de mots.pour déclarer toutes ces fuper
fluitez ^ui eftoyent aux fcmmes.Et puis il ad
ioufte , Que Dieu leur rafera leur cheuelu-
re,& qu'elles s'en iront toutes chauues, qu'il
leur coupera leur accouftremeat iufques aux
feSes, ^u'on cognoiftia toute leur vilenie»
n.iu.
lOl
DIXSEPTIEME SERMON
qu'il faudra qu'on'les ait en mocquerie & en Dieu. Et Phônefteté de quoy /ert-elle? Sans
opprobre. Qliand nous voyons que Dieu fait le péché de Phôrae nous n'aurions point hon
des menaces li dures,& qu'il fe mocque quâd te d'eftre nudr. Q^im eft caufe que nous por-
les femmes foHt ainfi parées , qu'elles cm- tons noftre vergongneauec nous , linon que
ploytnt quali tout leur temps k s'accouilrer Dieu nous a voulu imprimer vne marque.cô-
ainii fongneufemét.que cela eft noté de luy, me ilonaiioit fieftri vn malfaiteur, pour dire,
qu'il eft comme enregiftré en fon bureau, Iça On cognoiftta-^on maléfice en tan front?
chons quand telles fuperfluitez régneront en Ainii noftre Seigneur a imprimé au corps des
tre nous , que fi nous ne les voulons corriger hommes & des femmes, vne honte & vne tur
de noftre bô gré, il faudra que Dieu vfed'vn pitude qui nous fait cacher. Or maintenant
remède violent. Ainlî donc notons que te quand les hommes & les femmes fe voudrôc
n'eft point fans caufe que faind Paul infiite ainfi parer en fuperfiuité & excès , & qu'ils
ci defllis, voire attendu que ce vice a efté cô eftendront leurs ailes comme des paons , ie
munde tout temps: & puis qu'outre cela il vous prie, ne bataillent -ils point contre l'or
procède de deux tant mauuaifes fources qui drc de nature? ne veulent-ils point defpiter
defplaifent fur tout à Dieu,afçauoir de cefte Dieu,& monftrer qu^ils n'ont nulle honte de
vanité , quand nous fommes enyurez en nos leurpeché? Voila donc à quoy nous deuonr
folies: & puis il y a l'orgueil quant & quant, regarder. Et cependant notons ce qui eâ e-
que nous voulons eftre parez afin qu'on nous fcrit en faind Pierre , c'eft afçauoir que no-
regarde,& qu'on nous prife.Puis qu'ainlî eft, ftre ornement eft intérieur. Car li nous pen-
inaintenant nous voyons quelle inftruûion fionsànous orner deuant Dieu & deuaut fes
nous auons à recueillir de ce pailage , ledi & Anges , nous n'aurions pas fi grand ioilir de
hommes & femmes. Q_ue les femmes cognoif chercher des paremens pour lecorps. Celuy
fent, Puis que le. famtt Efprit s'addrefle ainfi qui fe foucied'^ftre tant bien accouftré ic
à nous, Sinon feulement en ce paflàge , mais bien paré , c'eftlîgnequ'ilafonamc roiiil-
, aufsi en piufieurs autres de l'£fciiture(com- Ice.pleined'orduie, & qu'il ne fe fouciegue
*• "'■'■ me au troifieme de la première epiitre de res delà nettoyer, ne de l'entretenir. Si donc
'■ fainû Pierre , au paflaged'Ifaie que nius a- nous voulons eftre ho incites eii nos accou-
-V'''3''5' uons allégué , & beaucoup d'autres ) il faut ftremens , que faut-il faire.' Noton bien ce
que nous cognoifsions pourquoy c'eft que que dit fainù Pierre où il nous morft.e corn i.Tir.f^
Pieu nous folicite & nous exhorte à telle ment c'eft que D:eu veut que nous fuyons f,e"8.
inodeftie& fobneté: c'eft d'autant que nous parez deuant luy. Et deqiioyfd'humilité.d'at
fommes par trop fuperflues en nos accouftre trempance ,de fobricté ,de modeftic ,de pa-
mens, & qu'il eft bien difficile de corriger ce tience , & toutes chofcs fcinblables. Et mcf-
■ mal-ci. Or il faut que nous cogno.iflàns la ma mesquand nous aurons efté dcfpouillcz de
ladie , venions pour chercher la médecine, nos vices & de nos cupditez mtfchantcs.voi
Quand donc les femmes apperceurot 3c ceft la le lainft Efprit qui règne en no': & ce font
orgueil, Si cefte vanité , qu'elles bataillent à les ornemés dont il eft tant f juué t parlé, que
I. P/r.J.
4.
quelque vergongne & honnefteté, qu'elles fe dons de fon S.Efprit:c'cft là|oii il nous faloit
tieiient en bride , qu'elles n'ap,petënt point trauailler. Péfons-y donc,& alors il ne nous
d'eftre veues , ned'auoirvn grand luftre : Si fera point difficile de nous reftraindicde tou
puisqu'il y ait aulsil'attrempance,c'eft .î di- testes façons excefwuesefquclles les mon-
requ'elles foyent humbles, pour ne s'addon dains font, par trop addonncz.d'aïuant qu'ils
jier point à cefte hautefle & à cefte ambition n'ont que faire. Notons bien donc quêtons
Ja qui eft contraire à l'attrempance & fobrie ceux & celles qui ne penfent qu'.\ fe parer,
4é dont parle famft Paul. Q.ue les hommes n'ont nul foin de leurs âmes , & qu'il ne Icar
aufsi de leur part cognoiflent pourquoy les chaut de s'accoulher deuant Dieu,& en leurs
«ccouftremens font faits, afçauoir pour dcu;c amcs. Or c'cftoit 11 ( comme l'ay dir ) qu'il
râlions. Car il y a l'hôntfteté 3c la necefsité: nous faloit eftrr attcntifs:5: nous voyons ce
ia necefsité clt de nous garder du froid Se du qui eft dit en l'Etciiture.quc noftre Seit;neuT
xhaut: l'honneûcté, c'eft pour nour couurir, ne nous a pas laiflé defnucz. Car non leule-
voire en telle forte que la cQUuerturefoit de ment il nous a promis de nous reueftirdes
tente &conuen.ible. Or touchant 11 nccefsi- grâces de Ion faind Eiprit,nuis il nauiadon
lé, on pourra bien tenir reigle, que l'homme ué Icfus Chrift pour noftre parement, du-
voyant côme le boire Se le manger font pour quel nous dcuons cftre reuellus Q^anddonc Rom. 13,
tirer nourriture &fiibft3nce, qu'aufsi les ac- nous ferons la arrefteZinouspalRroiisaifec- ,^^_
couftremés font pour ne le point ie^ter là c5 ment par ce monde fans nous ciuul ippercn
me àl'abandon pour endurer froid & chaud, hcaiicoupdt fuperfluitez. Et au relie (com-
Mais quit à l'iiônefteté on y palle mefure.en me l'ay délia touche) quand ces deux inauuai
forte qu'il Itnible que dq" vueilliôs defpiter (es racines ferout oftees en nous.il ne faudra
point
s V R LA I. A
Joint c^u'il y ait d'excès ne de fomptuolué,il
nous fuffira d'cftre reueftus des dons & gla-
ces de rEfprit de Dieu & de noftre Seigneur
lefus Cliriil.qui eft noftfe vray ornement,
«omnie il a cite dit . Apres que fainft Paul a
parlé de l'accoiilirement des feraraes,il adiou
ûe,Qu^clles affrencnt en fiUnce &• en rcfoi,
auec toute fiutttion .Or ceci notamment elt
dit, pource qu'il y a beaucoup de femmes qui
VondroyeRt eftre plus fagcs , & quiauroycnt
plus grand appccu beaucoup de le taux va-
loir que non pas les lrorames:nous voyons.dl
le, celle folle ambition :& cela cft batailler
cotre nature. Voila pourquoy fainft Paul ay-
ant touché vn vice auquel les femmes font par
trop addonnees , adiouile aufii bien l'autre.
Caril alléguera puis après les raifons pour-
quoy les femmes doyuent eftre pailibles,&
duyuent apprédre fans vfurper autliorité pu-
blique:maii conteiitons-noiis ici qu'il a regàr
dé ce qui ellpit à corriger aux femmes, Si qui
cft auhi principalement à retrancher. Com-
me vn médecin, quand il verra vne partie là
où la racine du mal rclîde, il s'addrefl'e là. Si
vn homme vient au confcil, & qu'il dife, l'ay
malde telle, l'ay ceci.i'ay cela. le médecin re-
gardera dont cela procède, &y appliquera les
remèdes qui y font conuenables. Oi le faind
Efprit qui eil bon médecin de tous vices fpi-
rituels.nous donne aufsi les remèdes qui nous
font propres. Et voila pourquoy l'ainct Paul,
après auoir corrigé cède vanité qui cil aux
femmes en leurs accouilrimés, iladiouftc auf
fi ccfte correiiion contre l'orgueil Se l'appé-
tit de fe faire valoir. Il eft auliiviay-ftmDla-
blequede ce temps-la ( comme nous voyons
i.Coc. qu'il en elloit aducnu en 1* ville deCoriiuhc)
14.14. il y auoit des femmes qui clloycnt par trop
outragcufes . Car fous ombre que D.eu leur
fait ceft honneur de leur coin; n-miquer la pa-
role, les appeller en vn mcf.ne héritage de
vie, il leur Icmbloit qii'ellesne deuoyent plus
cîlrc fuiettes aux hommes. Oi lî cc;le folle te
mérité des femmes auoit délia tltc en Corin-
thc, ( comme nous Ici'errons au paffage de
fainél Paul-qii'il faudra déclarer pUu à plein)
aufsi il ne fc peut faire qu'en la ville d'Ëphe-
fe, &aux pays circonuoifins, il n'y euft vne
lemblable aiTogance & prefomption aux fem
mes. £t autant en peut-on uiger de celle cu-
rioiîté d'accou/lremés. Car nous fçauonsque
ce pays d'Afie a elle fort fupeiflu , & qu'il y a
eu des fomptuolîtez beaucoup plus grandes
qii'ici:& pourtant qu'il faloit que les remèdes
y fuflent adioulltz . Voila donc qui a efmeu
faincl Paul déparier ainiî, Q£c les femmes
apprcnent de parler en lllsnce auec toute lu-
iettion. Vray efl qu'en cemniun il faut bien
que les hommes reçoyuentctfte leçon com-
me les femmes , c'ell afçauoir d'apprendre,
voireen totitefuiettion&cn repos : carnous
fomraes tous difciples de Dieu, voila pour vn
icem- QjiiconaUes donc refufe de profiter &
T I M O T H. 70J
d'ellre enfeigné , celuy-la ne peut porter le
ioug de Icfus Cbrift, &:nc veut point tftrede
fon troupeau . Car lî nous ibnimcs brebis, il
nous faut el'couter la voix de nollre palleur:
& nous fçauons que c'ell à celle condition
que lefus Chrift nous a appelez à foy , que
nous profitions en l'on efcholeiout le temps
de nollre vie. Ceci donc n'eft point feule-
ment pour les femmes, qu'elles apprenent : il
fant que les hommes y ayent leur paît. Ce-
luy qui cuide d'tllre li fage, qu'il n'ait plus
bcfoin d'ellre enfeigné , eil vn toi , voire vu
enrage du tout : car noftre viave iagelît; cft
decognoiihe que nous fommes ignorans , a-
fin d'eltre touliours confermer de plus en
plus en la bonne dotliinc . Et ainlî ne pen-
Ions point que ceci fjit diuers entre les hom-
mes iSeles feimnes, qu'il faut que les femmes
apprenent: il ne faut point quenulpenfed'e-
Itre exempté de cefte regle-ci .Comme,' me
voici en l'office d'eûfcigner.maisce n'eitpaS
qu'il né faille que fapprene -aufsr bien que
les autres . le ne fuis point exempté du rang
commun, qu'il ne me faille eftre difciple de
lelus Chriflrmalheurfurmoy quand ie mon-
teray ici en chaire, que iemettray enauantla
doctrine de falut , iînon que i'y profite de
mon collé. Il faut donc que celuy* qui parle,
& ceux qui efcouteht, foyent enfeignez tous
cn.commun :;iiais lî femme a cefte condition
feparce.c'e 11 qu'il faut qu'elle apprene,& que
elle n'ait point l'office d'enfeigner . Et voila
pouiquoy fainft Pial a.dim\ûe,En Jlltnce,tiiiee
t^-ute fuicttion. Il faudra bien queJés hommes
foycnt fuiets, & qu'aucc vn efprit coy & pai-
fibleils profitent en la parole de Dku'icar
nous ne ferons pas toui appelez à ceft office
d'enfeigner, il fufSra qu'il yen ait quelque
petit nombre ,& que les autres efcoutent en
lilence: que s'il y en a de fi orgueilleux qu'ils
ne veulent fouffrir d'eftre ênfeigncz, qu'ils
s'en aillent eftre difciples de Satan , c'eft i -
dire qu'il les aueugle , & qu'il les enforcelle
pour les rendre du tout fhipides. Ainfî donc
notons' bien que fi nous voulons profiter en
l'efchole de Dieu, tant hommes que femmes,
il faut que nous ayons cefte fuiettion ^ ceft
tfprit paifible duquel nous auohs parléi;
mais (■ comme défia il a eftédit ) il faut que
les femmes cognoiflcnt que Dieu les range
encores'à vne autre fuiettion, c'eft qu'elles ne
font pas pour exercer l'office d'enfeigner,
& que ce n'eft pas à elles de s'en mefler . Ec
pourquoy? Les raifons feront alléguées ci a- -
près, comme nous auonsdit: qu'illeur futfife
que c'eft ici le- fainÛ Efprit qui parle. Car fi •
les femmes veulent enfeigner, à quel titre le •
feront-elles ? Si- elles ne font enuoyees de '
Dieu, on les doit reietter, & auoir en exécra-
tion,voire comme les Jiommesrque fi vn hom
me n'eft appelé de Dieu à cela , & qu'il n'y ^
ait vocation expreffc, il ne doit nullement e-
ftie efcouté . Que fera-ce donc des fenrunes
n.iiii.
fô4
DIXHVITIEME SERMON
^ui en font exclufes du tout ? Voila donc en
Ibmme ce que bous auons à noter de ce paf-
fage.attendant le refte. £t ainfî.combien que
fainfl Paul s'addre£e notamment aux fem-
mes, fi cil-ce que les hommes doiuent profi-
ler en ccfte'inftruôion,& que nous en pouuôs
r«cueillir chacun fa part , tellement que nous
fommes tous admoneftez à modeftie &fobrie-
té,& nous contenir honnertement tant en ac-
souftremcns qu'en tout le relie, Si de chemi-
ner en telle manfuetude , que nous ne décli-
nions point de l'obeiflance de noftre Dieu,
mais que de iour en iour nous profitions en ù
parole , puis qu'il nous fait la grâce de nous
y enfeigner.
O R.' nous^ious pro Aernerôs douant la fi
ce de noftrc bonDieu en cognoiflànce de nos
faucesi le priant qu'il nous les face tellement
fentir.que nous apprenions de nous y deCplii
re de plus en plus , & que nous en facionv vn
tel examen, que ce foit pourdefcouurirjtou-
te l'hypocriiie qui eften nous:&que nous ne
foyonsplus addonnezànous flattcr.mais que
nous cerchions les remeder que Ditu nous
môftre, afin qu'en toute fobrieté & modeftie
nous tendions à la vie ceitfte, pafians par cc-
fk vie caduque ea telle hafliueté , que nous
ne foyons point cnuclopper aux chofes qui
ont accoulhimé de nous retarder, pour nous
dmertirdu dro't chemin de falut , mais que
nous y foyons aduancez de plus en plu!>, luf-
ques à ce que Dieu nous ait defpouillez des
corruptions de noftre chair, pour nous reuC'-
ftir de ceAe gloire crledeià laquelle nous ten
dons. Que non feulement il nous face ceûc
grâce, mais aufsi à tous peuples & nations de
la terre,&ç.
HVITIEME SERMON S V R. LE S E-
COND CHAPITRE.
la Oric ne permets point que la femme enfeigne, ne quelle vfe
d* authoritê fur fhomme,mah quelle foit enfilence.
13 Qar Adam a efïé premier formé, O" E«e après.
14 Et Adam n'a point efïtjèduiï, tnais la femme a ejîc feduite,
(^ d efïé en tranfgrefion.
I Ous auons cômencé à trait-
j ter pourquoy faind Paul en
'ce paflagenotammét a de-
I fendu aux femmes d'vfur-
[pcr Toffice d'enfeigner: ce
' eft afçauoir, d'autant qu'il
faut que l'Eglife de Dieu
ait certain ordre & police,que les chofes n'y
fcyent point confufes. Car ce feroit grand'
konte que nous n^eufsions pour le moins l'hô
Bcftcté que nature enfeigne aux Payens . Or
•it-il ainfi que ceux qui ne fçauentquec'eft
vray que de prime face on penferoit que ce-
fte raifon-ci ne fuit point aîTez l-èrme: car tel
pourra eftre deinier quant à foy > lequel fui -
montera neantmoins en dignité. Ccluy qui t/l
plus excellent que nioy ( dit Ican Bapti/lc)
viendra après moy. Mais fainft Paul regarde
ici ce qu'il déclare plus à plein en l'onzième
chapitre de la i.aux Corinth. c'e/l afçauoir,
( comme défia nous auons touché ) que l'hom
me n'a pas eAc créé pour la femme , mais la
femme pluftofteft donnée à l'homme pour ai
de inférieur,. Voila donc la première raifon
4e Dieu ne de vraye religion, ont encores en- qu'amené fainft Paul : comme notamment il
ti'cui quelque police. Il faut bien donc que eft dit, Voici l'os de mes os ,, voici ma chair
«•la foit obferué entre nous. Maintenât il eft proprc;c'eft donc côine vn acccfloire de l'hô
certain que les femmes n'ont iamais efté re- me,que lafemme. Ilyavne raifon fecôdequi
«eues en office public.Et qui eft-ce qui a em- ne vient point de l'ordre premier que Dieu
sefché cela.finon que Dieu a imprimé en na- auoit inftitué en nature, mais c'cft vnc puni-
tutevne telle £ognoiflànce,qu'encore$ qu'on non.\dam{àit-il)ii'ufitseflcfediiit. Nonp.u
BC foit point enfeigne d'ailleurs, lîfçait-on que (ainft Paul vueille exempter Adam qu'il
kienquece feroit vne'chofe indécente que n'ait aufsi pechépar l'aftuce de Satan (com-
)ei femraei gouuernaflcnt les hommes? Voila me l'Efciiturc k- raonftre aflez)miis il entéd
dpnç l'intention de ûin£t Paul , & du fainû que la femme a efté la fource du mal, pourcc
ïfprlt *q«î a parlé par fa bouche. Or afin que qu'elle eftoit la plut fragile , que le Diable
la chofe fuft tant mieiw approuuec,il adiou- l'eft venue alTaillir en premier lieu, qu' citant
ile deux raifons: la première c'eft que quand circonuenue, elle quant & quant a attiré fon
Dieu a créé l'homme, il luv a donné la femme mari à ferablable ruine. C'eft doc raifon maia
tour aide: D»>» (dit-il)'»'<» foim trtilxfcm' tenant qu'elle foitchailiee , & qu'elle porte
»» r« Ptimitr i»»,m4»j *i a fui l ftiimmc .11 eft quelque marque de fon inal , afin de s'humi-
* ■ lier
Gen.i,
i3,i.<»*
Tin.ll-P
SVR LA I. A TIMOTH.
tOf
lier deuant Dieu. Nous voyons m aintenîc que
Ja première railbn cja'.inune li:iia PauJ , tft
tirt-e de ce que Dieu auoit inftitué, iiThom-
me & la femme fuirent demeurez en Jeur ni-
tegritc& premier eftat : c'efl: afçauoirque 1'
honune ell conftitué chef de la femme , & la
femme eft comme vne aideà Thomme. voila
pour vn item. Or il eft vray que maintenant
nous fommes decheus , & l'homme meritoit
d'eftre débouté de toute la prééminence que
Dieu luyauoit donnée: car il n'eftoit pa di-
gne d'eftre nombre entre les créatures, mtf-
mes auec ksvermines.Toutesfois pourcc que
le mai eft commun tant à l'home qu'à la fem-
me, il ne faut point que cela empe Tchèque la
femme ne Ibit toufîours fuiette. Et puis nous
fçauons que la bonté de Dieu a furmonté la
malice des hommes. Car combien qu'Adam
" euft mérité que Dieu le priuaft de fout bien,
f\ eft-cequ'il luy en a encores latlfé quelques
traces, & quelque refidu. Vray eft que nous
l'ommes defpouiUez de cefte gloire qui auoit
efté mile en Adam, que l'image de Dieu ne re-
luit plus en nou'; comme elle faifoit : néant-
moins fieft-ce qu'encoresDicualaifle quel-
ques petites eftincelles de cefte image, qu'el-
le n'eft point du tout ef'ùceé. Dont vient ce-
fte raifon & intelligéce que nous auons?.Com
bien qu'il n'y ail que vanité en nos efprits, fi
eft-ce toutesfoJS, que nous différons d'aucc
les beftes brutes. C'eftpource que Dieu n'a
point permis que nous fuf,ions anéantis du
tout. Il nous a donc voulu referuer en quel-
que degré. D'où vient aufsi que nousioui<#
fonsdes biens de la terre , que nous fommes
nourris &: fubllantez des fruitVs que Dieu en-
uoye , que les beftes nous feruent , que nous
fommes veftuv de leuf laine Se de leur peau,/î-
non que noftre Seigneur ne nous a point vou
lu punir à la rigueur extreme?Ainfi donccom
bien qu'Adam euft mérité d'eftie mis du tout
bas, & de n'auoir plus d'authorité fur la fcin-
me,lî eft-ce que Dieu a voulu qu'il y euft en-
tores quelque reiîdu de l'ordre naturel. Voila
pour vn Item. Or il y a le fécond qui eft aufsi
bien à noter , c'cft qu'après la cheute tant de
l'homme que de la femme, il faut que la fem-
me cognoilfe qu'elle eft plus coulpable que 1'
honmie, pource qu'elle a efte feduite par Sa-
tan, & a tellement diuerti fon mari de l'obeif
fance de Dieu, qu'elle a efté vn inftrument de
mort pour menertoutaperdition.il faut dôc
que la femme cognoifle , & qu'elle apprene
que c'eft de s'afluicttir: puis qu'elle s'eit ainfî
cleuee contre fon Créateur, & non pas feule-
ment contre fon mari : c'eft bien raifon que
maintenant elle foit mifc bas,& qu'elle porte
comme vne note d'ignominie &de honte en
foy. Nous voyons encores plus clairemét ces
deux raifons,&à quelle fin elles fe redi'i-
lent. Or maintenant il nous faut noter vne
bonne doftrine de ces mots de fainift Paul. En
premier liçu,quid il eft queftion de nous bien
gouucrner.aduifanî ce que Dieu a inftitué, &
que cela nous foit vne régie certaine écintal-,
liblc. Les homes voudront eftre toufiours fi-
ges & Aibtils pour rtgai der ce qui leur eft bô,
& félon qu'ils en iugent,ils veident q cela foit
fuyui : mais cependant ils ne cognoilfent pas
ce qui eft efcrit.Que ce qui nous femble haut i^f j -^
&• e.tcellcnt , ne Tera qu'abomination deuant j.^
Dieu. Ainfî apprenons de fuyure li do<îlrine q
famft Paul nous monftre en ce paflâge , c'eft
afçauoirde tenir Tordre de Dieu:& quand v-
ne chofe aura c-fté inftituee de celuy qui a tou
te puifl'ance.que nous ne répliquions point là
dtirus,mais que ce nous foit la vraye règle &
fouuerainc . que nous n'ayons point cefte au-
dace d'alléguer ceci ou cela,'côme noftre ph^
tafie le porte : car quand »1 n'y auroit que ce-
fte rebellion.il eft certain que ce que nous at-
tenterons.ne peut nullement eftre approuué:
& tant s'en faut qu'il foit louable,qu'il eft di-
gne d'tftce puni, pource que nous ne portons
point à Dieu rhonntur qui luy appartient,
quand nous ne pouuons fouffrir d'eftre gou-
uernez par fa main & par fa volonté. Voila
donc vne doftrine générale que nous auons i
recueillir de ce palfage, c'eft que nous n'ayôs
point cefte audace ,& que nous ne foyont
point il haciKs de varier,ni enfraindre en fa-
çon que ce foit l'ordre de Dieu, & ce qu'il a
inftitué.mais quecela fou obferué de nous a-
uec vne telle reuercncc, que quand nom co-
giloiftrons,Voila comme Dieu l'entend :qu'il
n'y ait plus de réplique. Et de fait.ilfau't bien
que nous foyons par trop rudes & fauuages.fî
nous ne pouuons accepter comme bon & rai-
fonnablect quenous fçauons eftre pl.iifanti
Dieu . La femme aura-elle occaiîon de le re-
becquer ici Se d« fe plaindre, puis qu'elle voit
que fon Créateur l'a aflliicttie en puiflàncedc
mari?Le pot fe plaindra-ilcontre fon potier- R.oj». y,
Qu2cft-ce qu'ont ne l'homme ne la femme? n.
Eft-il en eux de fe venir eleuer à l'cncontre
de Dieu, comme s'il ne leur faifoit point rai-
foii?Etainfi il n'y a point d'argument plusfuf
fifant que celuy qu'amené lainft Paul pour af
fuiettir les femmes, c'fftqu'ellesdoiuent re-
garder que leur cÔdition ne peut eftre autre,
& ne doit aufsi, que celle que Dieu leur a don
nee.Pourqnoy? Carpiiis qu'elles ticncnt leur
viede luy, c'cft bien raifon qu'il ait toute puil
fance pour les rcgiercomme il voudra. Or eft
il ainfi que Dieu a crée Thomme par fa bonté
çr-ituite, il luv adonnéla fupetiorité qu'il a
par dtflÎK la femme : il a voulu à l'oppcfitc ^
la femme fuft fuietteal faut donc qu'on fe cô
tente de cela. Si la femme demande, Et pour-
quoy eft-ce que l'hôme aura telle preemiiKi»
ce.>Dieu l'a voulu ainli: & nous ne poimôs pas
alléguer mérite pourquoy Dieu nous ait pré-
férez aux femmes : comme aufsi celuy qui eft
plus excellent que fes compagnons, ne pour-
ra pas dire quecela foit de fa dignité propre.
Mais ceux qui ont plus receu^le Dieu, font
o.i.
10*
DIXHVITIEME SERMON
tant plus oblige! à luy.cognoiflàns <jiie cela
vient de fa bonté gra.uite : ie^ autres qui font
moindres & inférieurs, doyuent cognoiftre
^ue Dieu les a voulu tenir en telle bride,tant
y a cependant que nous auons bien dcquoy
tous eniemble le glorifier. Car quelle ingra-
titude fera-ce àla femmclî elle ne fe conten
tepas d''eflreence rang moyen où Dieu Ta
nife? Les beftes brutes quand elles fçauroyét
parler,ne (eroyent pas ii ingrates : car elles
pourroyent alléguer qu'eilev font créatures
de Dieu comme nous. Et pourquoy eft-ce que
les cheuaux font alTuiettis à noftre feruice>
les bœufs, les afnes,les moutons.'que non feu-
lement on en vfe pour les employer en vn
grand trauail& pénible tout le temps de leur
vie , mais il faut que leur chair mefme npus
ferue de nourriture î Or nous cognoilîons la
grande libéralité & infinie de noftre Dieu en
cela, qu'il nous a donné vn tel vfage fur fes
créatures. Voila la femme qui eft en degré er
cellent, combien qu'elle foit finette à l'hom-
me, fi ell-ce neantiuoins qu'elle porte enco-
res l'image de Dieu en fon endi oit. £t ainfî,
quelle ingratitude' fera-ce, fi elle ne fe con-
tente de ce qui luy elldoimé? Qujnd nous aï
léguerons tous eniemble pourquoy c'cftque
Dieu nous a mis en cefte vie caduque , & que
no' ne foinmes point en tel degré que les An-
ges deparadis.ie vous prie.deuons-nous elhe
receus à tels murmures ? Nous voyons bien
que nous fommes dignes d'eftreabyfmez du
tout,& que la mémoire des homes & des fem-
mes fuft rafee du monde. Puis qu'ainfi eft, ap-
prenons ( fuyuant ce quei'ay défia declaré)q
c'eft la raifon la plus fuffifante, que ccfte-ci,
pour nous tenir en bride à la volôté de Dieu,
c'eft de cognoiftre la conditipn en laquelle il
nous a mis . Or cependant il nous faut aufsi
faire noftre ptofit de la raifon féconde , c'eft
que la femme porte la punition Se chaftiment
ce l'on péché. Il ell vray qu'il n'y a eu qu'E-
i»e qui a failli:mais comme Dieu a puni le gen
re humain fur le péché d'Adam , aufsi faut-il
4ju'en toutes femmes la faute de la trafgrcf-
iion d'Eue foitpunic.Cela nous pourroit iém
bler eftrange : mais Dieu qui eft iuge compé-
tent,en a donné fonarreft irreuocable. Que
gagnerons-nous maintenant fi nous venons
prétendre cefte couleur, que fi Adam a failli,
il doit comparer fonoffenfe, & non pas nous?
Oreft-ilainfi que Dieu en la pcrfjnne d\n
homme, auoit doué le genre humain des pri-
nilegcs qu'il auoit mis en noftre natuie:aiifsi
nous en auons efté defpouiUez en la perfon-
jie de ceft homme-la. Mamtenant donc ce que
BOUS fommes luiets à maladies , ce que nous
fommes fuiets à tant de pouretez 8c miferes,
qu'en la fin la mort domine fur nous, que
nous voyons qu'il y a vne telle corruption
en noftre ame & en noftre corps, que c'eft v-
ne horreur, toirt cela procède du pechc d'A-
cLicj. Il eft vray que ce n'a eue qu'vn homme
qui a failli, mais fi eft-ce que-Dieu nous pu-
nit iuftcment. £t ne faut pas que nous oU"
urions ici la bouche pour nous plaindre •■ car
il nous en aduiendra comme il en eft dit au
Pfcaume f i, Que Dieu fera iuftifié toufiours
quoy qu'il en foit , quand les hommes l'au-
ront blafphemé, & qu'ils auront defgorgc
tout ce qu'ils auront peu , fi eft-ce que Dieu
demeurera toufiours iufte, quoy qu'il en foit,
& en defpit de leurs dents : & eut demeure-
ront toufiours confus. Or tout ainfi que nous
fommes abyfmez à caufe de l'offenfe commi-
fe par Adam , aufsi faut-il que les femme*
foyent afluietties en ceft endroit àlatranf-
giefiion d'Eue .d'autant qu'elle a l'eduit fon
mari après que le diable l'a dcftournee de la
droiture qui deuoit eftre tant en elle qu'en
fon mari. Or il eft vray que fainft Paul parle
ici notamment des femmes, afin qu'elles por-
tent paifibleinent la fuiettion , Se que ce ne
foit point maugré elles qu'elles foyent en fer
uitude.raais qu'elles prefentent k Dieu ce fl-
crifice d'himiilité, pour dire. Puis qu'il te
plaift nous chaftier.nous voici: Se nous n'y re
nons pascômebeftes fauuages, mais puis que
tu veux eftre noftre Pcre , & que tu nous fais
ceft honneur, nous fommes preftes à t'obeir.
Voila donc l'intention de fainû Paul . Mais
tant y a qu'en commun nous fommes tousin-
ftruits &iiommes &: femmes de regarder à ce
que i'ay défia touché, c'eft afçauoir que les
mifcres de ce inonde nous font autant d'ad-
uertiflemens de la faute qu'Adam a commit,
f: de la cheute mortelle en laquelle il eft tre-
ufché , quand il ne s'eft point tenu fous l'o-
beilTance de fon Crcateur.raais qu'il a appetc
cefte hautefle qui ne luy appartenoit point,
quand le diable luy a fait à croire que luy &
fa femme feroyent comme petis dieux, qu'ils
auroyent cognoiflance du bien & du mal : ce-
fte ambition-la a tranfporté Adam pour le re
tirer de celle intégrité en laquelle Dieu l'a-,
uoit mis. Maintenant dune quand nous voyôt
les pouretez qui nous enuirônent en cefte vie
mortelle, & que nous ne faifons que languir
ici bas , & que nous fommes fuiets finalement
à la mort, que nous fentonslescupiditeamef
chantes qui bataillent en nous à l'encontre
de Dieu,que nous fommes lî fragiles que c'eft
pitié:& quand Dieu nous fait la grâce d'afpi-
rer au bien , que nous regimbons toufioursi
rencontre, qu'il y a toufiours des cupiditczfi
grandes, q nous ne pouuons pas nous ranger:
quand donc nous voyons & dedaii': & dehors
que noftre vie eft tant pleine de corruptions,
cognoiflons que nous recueillons les fruiûs
du péché d'AJâ. Puis qu'ainfi eft qu'en fâ per
fonne nous auons offtnfé noftre Dieu , que
nous n'auôs point iouy des grâces qu'il nous
auoit donnces,mefmes qu'il y a eu cefte mak-
ce & rébellion de ne luy pouuoir faire hôina
ge quand il nous auoit aiiifi eleuez par deflut
tout,qu'ii nous faifoit comme côpagnons de»
Anges,
s V R LA I. A
Anges , qu'il nous meiicit comme en parçil
rang.cogiioiflbns quenuinttnannl faut (^ue
nous foyons ici accablez de roi ftres,& que no
Ûïe Seigntur nous defpite, & qu'il noui laif-
fe en noltre vilenie & opprobrc.Baiffbns doc
la tefte touîcsfois & quantes que & au corps
&en l'ame nous voyons les fruits du pcche,
& les chaftur.ens que Dieu nous cnuoye.Mais
quoy?ceci eft bien mal prattiqué.car nous fça
uons bien gémir Se iioui plaindre quand les
cliofes ne nous viendront pointa grc.Ileft
y ray que du principal il ne nous chaut gueres,
c'eft afçauoir, quand nous voyons que le dia-
ble a tant de puiflance fur nous, Se qu'il nous
feduit en tant de fortes, que nous fonimes en-
clins à des affeftions mefchantes & rebelles i
rencontre de Dieu. Qua"<l *^°"*^ """^ voy ô»
celle feruitude de péché qui domine en nolhe
nature, cela pafle & s'efcoule, que nous fom-
mes trop eftourdis.Mais félon que nous fem-
mes fenfutls & pleins de terre, linous auons
quelque maladie, fi nous foiifFrdns pourettz,
ho, nous rçauronsbicngemir.côme l'ay délia
déclaré. Mais quoy ? cependant nous ne ve-
nons point à la caufe du mal. C'eft comme lî
quelqu'vn ayant la fiture chaude crioit , le
•brufle.ie meur de foif:niais il ne regarde
point à la fieure, ne dont elle vient.pour cer-
cherguarifon.Ainfî en fommes-nous.Et tant
plus nous faut-il bien noter cefte règle qui
nous ell donnée par le fainû E fpnt, c'eil tou
tcsfois & quantes que nous voyons en nos a-
mes les mauuaifes cupidicez qui font rebelles
contre Dieu ,& qu'en nos corps nous voyons
tant demiferes , que nous cognoifsions, Hé-
las, noftre Seigneurnous remonllre que nous
ne fo.mmes plus en cefte intégrité en laquelle
ii nous auoit mis,& qae nous fommes dccheus
de cefle condition fi honorable qu'il nous a-
uoit donnée , que maintenant nous fonimes
priuez des biens qu'il nous aiioit mis entre les
mains. Et pourquoy cela ? Afin que nous pliôs
tous le col, & que nous luy demandions par-
don de nos ofFenfes, & que nous ne luy foyôs
point rebelles, mais que nous apprenions de
leceuoir lés prijces qu'il nous diftribue iour-
nellement auec plus grande reueréce que n'a
pas tau noftre père Adam:& que nous appre-
nions d'en vfer en forte qu'elles ne nous
foyent point oftees, & que l'vfage en reuiene
tant à noftre falut comme à fà gloire. Voila
donc ce que nous auons à recueillir de ce paf
fage, c'eft que toutes les pourecez que Dieu
enuoye en ce monde pour le péché, elles nous
Solicitent à cognoiftre quelle eft noftre con-
dition : & de laque nous entrions en examen
de nos fautes, voire pour nous condamner de-
vant Dieu :& après nous eftie condamnez,
pourluy demander pardon, & le prier qu'il
nous rcuefte des biens que nous auons per-
dus par noftre ingratitude : qu'il nous refor-
me par fa luftice , & nous repare par la grâce
4c noftrç Seigneur lefus . Voila comme les
T I M O T H. 107
hommes 4' les femmes apprendront de s'hu-
milier : car il y a aiifsi ample matière pour ce
faire : & cependant chacun en fon degré ap-
prendra de glorifier Dieu uns s'eltiier par
prefompiion. Comme quoy? Lamortcftcora
inune aux hommes & aux femmes, les mala-
dies & les autres pourctcz . il faut donc que
tou^ baif>ions la tefte, & que l'homme exhor-
te la fimme, & la femme l'homme, de fe def-
plairedcuant Dieu, &:dccognoiftie qu'il n'y
a en eux que toute iniquité. Il y a ercores les
autres aduertifiemens plus gians , c'eft que
tant l'homme que la femme font non feule-
ment pleins , mais font quafi farcis de toute
rebcllion,d'ig norance,d'increduli te, de frau-
de,d'hypocrifie,& chofes féblables. Or main
tenant qui eftceluy qui s'ofera glorifier î II
faut donc que nos fautes nous admoneftent
de recourir à Dieu,& de confeller que deuant
luy nous fommes comme peidus & defefpe-
rez. Voila donc ce qui eft commun & gênerai
aux hommes & aux femmes . Or maintenant
les hommes, d'autant qu'ils ont peine de gui-
der & gouuerner leuis familles, qu'ils tra-
uaillcnt ; & puis , il; n'auront point dequoy
nourrir ne ftmmcs ni enfans fouuent ; & au
refte , quant à la maifon, au lieu d'auoir aide
qui leur fubuiene, la femme fera quelquefois
vn Satan à l'homme , pour legehenner:&
bien, que l'homme cognoifle que ce font les
fruifts de Ces péchez : tellement que fi nous
fufsions demeurez en cefte intégrité de na-
ture, le mariage feroit vneftat defirable,il
n'y euft eu que ioye.attions de graces,& lou-
ange de Dieuic'tuft eftévne félicité fansfaf-
chcrie aucune, il n'y euft e» que redire. Mais
maintenant on voit tant d'amertumes qu'il
nous faut humer, on y voit tani de tenta-
tions,tant de fafcheries. Et dont procède ce-
la ? C'tft d'autant que nous auons tftc priuer
de la benediûion de Dieu . Que les hcmmet
donc cognoiilcnc,Côment?ic deuroye domi-
ner lâus nulle difhculté,attédu que Dieu m'a
uoit donné la femme pour m'tftre fiiiette , &
qu'elle m'obeift comme à fon chef: & ie vco y
maintenant le contraire :ii faut donc queie
cognoifle ici la punition de mon péché. Voi-
la comme les hommes fedoyuent humilier en
leur endroit. Les femmes de leur cofté,qu'el-
les fc foumettent volontairement à la peine
qu'elles auront au mefrage , &' qu'elles co-
gnoiflcnt, Voila Dieu qui me chaftie de l'or-
gueil qui a t fté en la première ù mme . Or i]
eft certain que'Dieu n'exerce point furies hâ
mes ne furies femmes vnetyrannie,pour di-
re qu'il loit cruel, mais pluftoft s'il nous cha-
ftie , c'eft pour nous faire fentir nos mala-
dies: & il ift fibon médecin, que quand nom
aurons noftre recours à luy, il nous fera fen-
tir fsi grâce . Tant y a qu'il taut que nous tt-
duifions ceci fouuct en mémoire, c'eft que lej
femmes cognoiffcnt. Il eft v ray que fi l'hom-
me &la femme fuûen; demeurez en leur incc«:
O.U.
io8
DIXHVITIEME SERMON
point d'vne feruitude contrainte ni forcée,
mais elles eulTent efté eftabiies en forte que
kureftat euftefté vn plein contentement &
repos. Mais raaintenaïuil tant qu'elles foyét
Ge t iS cônie en fevuitude, félon quM eit dit, Ton ap
petit fera lluet à rhomine:c>ftà dire tu n'au
ras plus de gouuernement : tuas mal fuiui la
volonté de ton Dieu: & pourtant ton appétit
fera comme bridé : c'eft à dire, il ne faut plus
que tu ayes voix pour parkr.mais que tu lois
fuiette à ton man,c?c que là Toionté foit la tie
ne : & que tu te conformes là , en bien vfant
yuent reietter de leur rang , mais qu'ils le
doyuent tenir en degré pailiblc & amiable, *:
honorer les femmes entant qu'elles leur font
dônees pour compagnes. En cefte façon nous
voyons que tous 5: grans & petis. Se ceux qui
ont fuperiorité,& ceux qui font en fuiettioii,
ont occafion de glorifier Dieu d'vn commun
accord", voire cognoiflans que tous luy font
redeuables,dmu'ilvfed'vne bonté .idui;rab le
enuerseux.Et au relie, que tous aufsi ont oc-
calion de bailTer la telle , Se d'cftre confus en
leurs péchez, félon aufi que Dieu les admo-
nelle qu'ils font coulpablesdeuant luy:& cè-
de la grâce que ie t'auoye faite.Voila donc ce pendaiitde viure enchanté & concordeles
que les femmes doiucnt penfcr. Et au relie,
que les hommes regardent que Dieu leur a
cncorcs donné quelque domination: & com-
bien qu'ils fulTent dignes d'eftre f jullez aux
pieds des cheuaux.dcs porcs,& des afnes,que
ils meiitaflent d'eflre mangez de toute ver-
mine, d'eftre exemptez pleinement du rang
des créatures , qu'encoret Dieu leura laiile
quelque domination. Cependant toutesfois
qu'ils cognoiffent que cela ne vient point de
leur dignité, & qu'ils apprenét de ne le point
exalter. Que les femmes aufsi cognoiircnt
qu'cncores qu'elles foyent fuicttes, lî cft-ce
que Dieu leur fait vne grande grace,qiiand el
les font mifes comme en poffefsion de cefte
prééminence qui eft donnée aux tommes par
delîus les beftes,quandilcftdit. Vous domi-
neiez: que cela nous eft donné commun & à
l'homme & à la femme. Or puis que Dieu leur
alaifle encores cefte dignité,&inelmes qu'il
ne lésa point déboutées de l'efperance de fa
lut, qui eft le principal , en cela comme en
tout le relie elles doiuent glorifier Dieu&
magnifier, comme il en elt digne. Et d'autre
colle, que les hommes aufsi cognoifTent ce-
vnsaiiec les autres. Voila lev trois poindls que
nous auons à noter en fomme,c'cll que quand
Dieu nous punit, nous ne pouuons pas l'accu
fer , pluftoll nous ne pouuons pas nier que
nous ne foyons par trop rebelles à ù bonté.
Et pourt.ît cosnoiflons que touiioiirs il nous
cfpargne, & qu'il vfe d'vne milericorde infi-
nie einicrs nous. Etainli il y a argument de le
glorifier. Pour le fecôd.ilfaut aufsi que nous
baifiions la telle , cognoifliins que fcs challi-
mens font pour nous doîer,& qu'il noNs faut
oublier celle arro£;ance qui eft cniacinee en
nousde nature , que nous gemifsions dcuant
Dieu,que nous ayons honte de noiif-mefmes,
& que nous ne foyons point incorrigibles
quand nojlre Seigneur nous veut faire fentir
nos péchez pour en palfer condamnation:
qu'vn chacun fe rage à cela. Et puisque ceux
quiontdominatiô, en vfent en forte uu'ili ne
mcfprifent poîtceux qui leur Ion t inférieurs,
mais qu'ils cognoiflcnt qu'ils leur font rede-
uables: & (comme l'ay dcfia allègue) que les
hommes qui auront prééminence fur les fem-
mes , ne penfent pas que Dieu leur ait donné
vne tyrannie, & que les femmes ne leur foy-
<juefaind Paul remonftrcençe paflâge que ent plus rien:car elles font leurs compagnes,
i'ay allégué de l'onzième chapitre de la pie- ainfi que fainft Paul en parle:&:pourtat, qu'il
miere aux Coriinhics,c'tft afçauoir que tout faut que le genre humain s'tntretitnc par ce
ainfi que la femme eft venue de l'homme, que
aufsi les hommes«font maintenus par les lem
mcs,& que Dieu les a tclleniét accompagnez,
qu'il faut qu'ils fe nourriflent en concorde
amiable:& que fi l'homme vouloit reietter la
fcmrae.c'eft comme defpiter Dieu. Et pour-
<juoy? Car premièrement nul ne pourroit e-
llre au monde s'il n'auoit efté crée de perc &
lien que Dieu a mis, qui nous doit élire vn lié
£icré. Puis qu'ainfi cil donc , rangeons-nous
paifiblement à cela pour nourrir concorde
Icsvnsauec les autres : car voila comme en
gênerai nous pouuons appliquer ceci à toute
noftre vic,& pouuons bien iccueillirvne do-
Ûrinedc ce paflagc qui feruira Si à grans & à
petis. Si le mari abufe de fon au:horité , &
^ I T^ 1 r.;.._n.i i' ..
demere. Or Dieu n'a-il point dit. Honore quandDiculuy aura fait ccft honneur d'auoir
ton perc Se ta mère? Si donc ie mefprife les
femmes , il faut que ie me reiette. Car d'où
fuis-ie venu? Se par quel moyen Dit u m'a -il
<:reé? Ne m'a-il point donne ma mère qui a
efté par delVus nioy,&: à laquelle iedoy hon-
neur?«Sc en la perfonne de ma mère ne le doy
ie point h toutesfemmes? Voiladonc com-
me nousdcuons canucrfcr.fuvuaiu l'ordon-
nance de faindl Paul , que Dieu n'a point tel-
lement eleué les hommes <ju'ils doiuent do-
prééminence par dcllîis vne femme, lî c'ell vn
homme volage & dillolii, qui donne occafion
à ta femme de fe dc.bauchcr , ou qu'il la ru-
dovc, ou qu'il foie vn maiiuaiv mtfnagerqui
difsipe tout , il eft certain que ctll honneur
qu'il auoit receu luy fera vendu bien cher.
Ainfien ell-il de toutes les preemintces que
Dieu donne en ce monde. C'cll v»e chofc ho-
norable que de porter la parolede Dieurmais
c'tll à plus grande condanin3tion(commedic
faii:ft
SVR LA I. A TIMOTH.
lOp
Uj.hï'i, ûinû laques ) (î nous nepenfons de nous y
employer auec crainte & humilité. S'il y a de
Fambition,que nous appetions d'tftrc vcus,&
tle nous faire valoir.malheur fur nous,noflrc
condamnation eft tant plus gricue. Car fi vn
homme qui eft appelé à l'ofiice d'enfeigner,
ne chemme côme il doit pour l'édification de
tout le peuple, s'il ne s'acquitte fidelemét de
fon office, l'honneur auquel il aura efté mis,
luy couftera trop cher , il vaudroit mieux que
iamais n'euft fceu que c'cft de chaire , ne de
l'office qui luy elloit comrais.que d'auoir oc
. cupé vne telle place , & n'auoir point ferui à
Dieu cormneildeuoit. C'eft auûivnechofe
facree que la iuftice&la conduite des Magi-
ftrats.Mais quoy?qu3nd ceux qui font eleus &
ordonnez pour gouuerner , font en fcandale,
qu'il y a des corruptions il grandes, que ceux
•u'on penfe qui deuroycnt donner bon exem
ple.n'ont en eux que haines & faueurs, au lieu
d'équité & droiture.que ceux-là ne fc fouciét
de fctuir à Dieu ne maintenir fon honneur.ce
leur eft tout vn que leschofes aillent en per-
dition , qu'elles foyent les plus confufes du
monde:que les blafphemes.que les paillard"i-
fes & autres vices foyent fupportez , & qu'au
lieudemonftrerbon exemple, ils foyent con
tempteurs de Dieu & de fa parole,& qu'ils ne
demandent fiiion que la bride foit lafchee à
tous vices, qu'il y ait vne licence desbordee à
tout mal, que lei bons foyét opprimez & foui
lez, qu'il y ait double aulne &: double mefure,
qu'on facetout par acception de perfonnei:
quand on n'aura point failli, que neantmoins
on foit incontinent puni au double , & qu'on
face à croire aux innocens qu'ils font les plus
coulpables du mjnde,& cependant que les
autres foyent fupportez : & quand ils auront
commis des offenfes fi grieues que le monde
ne les peut fupporteMue neaiumoins ils de-
meurent impunis.meimes qu'on leue le men-
ton pour les endurcir tant plus au mal : & ou
efc-ce aller? Voila donc l'honneur que font à
Dieu ceux qu'il a eleuez en fa place, &lef-
qnels il a conftituez comme fes lieutenans &
officiers. Ainfi donc nous voyons, combien
■que fainft Paul ait parlé notâment ici de l'or
dre & des hommes & femmes,& pour mettre
règle au faind Mariage, toutesfois que nous
fommes tout enfeiçnez en commun que nous
deuons vfer des grâces de Dieu:&: ceux(com-
me i'ay dit) qui font eleuez plus haut , qu'ils
cognoiffent auec toute humilité.iS: crainte,
qu'il faut qu'ils s'acquittent de leur deuoir,
fçachans qu'ils a iront à rendre conte àDicu:
& qu'ils ne dominent pas pour Icuis beaux
y eux, comme on dit , mais c'cft afin que Dieu
foit honoré fur tous,& que les hommes foyét
mamtenus en bonne paix. Et voila aufsi pour
fluoy l'ay touché du c5mencement,qu'il nous
fautobferuer ceft ordre naturel que Dieu a
eftabli entre nous. Car iamaisnous ne pour-
rons eltre induits de refpondrc à noftre vo-
cation , c'eftàdirede mettre peine à faire ce
qui eft de noitre office , finon que nous con-
templions pourquoy & à quelle fin ne ftre Set
gneur appelle chacun de nous en fon cftat:
c'cft que les Miniftresdcla parole rtgaidtnt
pourquoy c'eft que ceft office leur eft donné,
il faut conclure que ce ii'tft point qu'il y en
ait quelque certain nombre qui foyent regar-
dez , & qu'ils parlent, &: que les autres facent
filéce,& qu'on prife leur fçauoir, & qu'on fça
ches'il y a grâce ou nô. Pourquoy donc?C'eft
pourl'edificatiô de tous.Noftre Seigneur a-il
voulu q ie foye ici en chaire pour elTre regar-
dé.-Mais il a voulu que ie foye côme vne trom
pette,afîn de recueillir à iby & en fon obeif»
lance le peuple qui eft fien, & que ie fove du
troupeau comme les autres. Quand donc nia
voix fera ouye , c'eft afin & que vous & moy
foyons tous affemblez pour eftre le troupeau
& de Dieu & de noflre Seigneur lefiis Chrift-,
Quand donc nous Cognoiftrôs cefte fin pour
quoy Dieu nous a ici mis,alors il ne fera plus
queftiô de nous eleuerimais voyans que nous
fommes obligez à tous ceux qui no' font com
mis en char£;e,nous ferons enfcigncz par ce-
fte cognoilTance à dire , Il faut que nous tra-
uaillions diligemment fur peine d'eftre coul-
p-ibles quand nous n'aurons ferui à l'Eglife de
Dieu.felon qu'il nous y auoit afluiettis. Il eft
vray que l'office d'anoncer la parole de Dieu
eft vn grand honneur & excellent : mais fine
laiiïc-il point d'eftre vne feruitude , combien
qu'elle foit honorable. Aufsi les Rois & les
Princes,& toutes gés de iuftice,encôres qu'ils
ne foyent point comme magiftrats ordonnez
en quelque office fubalterne.mais qu'ils foy-
ent princes eux-mefmes, pourquoy eft-ce
qu'ils dominent pardefTusles hommesfpour-
quoy eft-ce que Dieu a inftitué les royaumes,
les principautez & feigneuries ? Eft-ce qu'il
vueille feulement eleuer vne poingnee de gcs
par defllis les autres ? Nenni : mais il a voulu
pouruoir au bien des petis, quand il a inftitué
certain ordre & police. Ainfi donc, quand les
Magiftrats font eleuez en ceft hôneur, qu'ils
regardent à cefte fin que met ici fainû Paul,
qu'ils contemplent l'ordre de nature , qu'ils
cognoiflent. Voici noftre Seigneur qui nous a
mis en fa place, mais c'a efté à ce regarda à
cefte fin, que nous fermons au bien comman.
Nous fommes donc obligez à tous ceux auec
Icfquels nous conuerfons,& fur lefquels nous
auons authoritc , qu'ils nous doyuent eftte
tellement fuiets , que toutesfois nous' ferons
contables deuant Dieu. Que fi maintenant
nous foufFrons que l'vn foitfoullé, que l'au-
tre vfe d'aftuce ou violence, & que tout cela
foit fupporté par nous,il faudra que nous ve-
nions deuant le luge celefte,qui fera pour rc«
primer tout ce qui aura eilé desbordé en ce
monde , quand il nous faudra comparoiftre
deuant luy : il ne faudra point là de partie
pour nous accuferj il ne faudra point de pro«
o.iii.
DIXNEVFIEME SERMON
no
cureur fifcal pour nous tirer en caufe , mais
Dieu fera office luy-mefme pour nous àd-
iourner de faire noltre procez,& de nous con
damner. Voila donc comme chacun doit ap-
pliquer ceci à fon profitrcjue les Minillres de
la parole foyent fongneux en leur endroit de
s'acquitter de leur charge , & voyani qu''' Y
a tant d'imperfeûion en eux, qu'ils s'efForcet
d'autant plus,& qu'auec grande folicitude ils
inuoquent Dieu, afin qu'il les gouuernepar
fon fainft Efprit , & qu'il leur donne la vertu
de pouuoir venir à bouc de leur charge qui eft
tant difficile.Qujnd ils voyentque le monde
eft fi malin & iî peruers , qu'il reiette toute
bonne doârine , & qu'il y tantdedifficultez,
que le diable drefle tant de fcandales , qu'il
fenible que tout doyue périr à chacune mi-
nute de temps , il laut qu'ils prenent plus de
courage,& qu'ils fe fortifient par la grâce de
Dieu. Voila donc comme les tentations qui
font à caufe du péché, ne nous doyuent point
desbaucher ne dilhaiie de noftre vocation,
mais nous doyuent tant plus inciter à faire
noftre deuoir. Les Magiftrats d'autre cofté
aufsi , qu'ils regardent qu'ils auront vnefois
à rendre conte deuant vn luge qui marque &
note maintenant tout ce qu'ils font:qu'ils fe-
ront coiilpables deuant luy quand ils permet
tront que la dodrine & le lugement ferôt ren-
uerfez. Et pourtant ils doyuent cheminer en
plus grande folicitude, pourdire.Et bié.il eft
vray que nous deuons ici dominer, mais c'eft
àcefte condition que Dieu foit honoré fur
tout, & puis que fon peuple foit maintenu en
bonne paix & concorde : que fi nous voyons
qu'il y ait desbeftes farouches quivienenc
heurter des cornes , qui veulent mordre de»
dentj,& que nous n'y puihions pas mettre tel
ordre qu'ils ne facent beaucoup de mal & de
violence,cognoiflons que ce font les fruits de
nos péchez. Et cependant recognoiflons la
grâce que Dieu nouv fait, quand il ne permet
pas que tout aille enconfiiiion.mais qu'il ya
encores quelque bride. Voila donc comme les
chaftimens que Ditunous t nuoye.nous doy-
uent foliciter tous enfemb.'e à faire noftre de
uoir. Et cependant que les maris & les fem-
mes retienentcequi leur tft ici monftré.c'eft
afçauoirde gouuerner paifiblemét leurs mef-
nages,fçachan$puis que le mariage eft vn e-
ftat inilitué de Dieu , qu'il doit eftre aufsi
maintenu en toute pureté & cratnte,& qu'vn
chacun aufsi de fon cofté doit mettre ptine 1
cela. Mais pource que le temps ne porte pas
que nous en difions plus maintenant , le relie
fera referué pour vne autre fois.
Nous-nous proftcrnerons deuant la face
de noftre bon Dieu en cognoilïànce de nos
fautes, le priant qu'il nous les face tellement
lentir pour nous y defplaire , que cependant
il'nous reforme à fon image, & que nous ne
dtmandiôs linon à cheminer félon fcs fainfts
commandemens , & que nous y profitions de
plus en plus,renon^ans à toutes inauuaifes af-
feûions qui nous empekhent dp le feruir.Et
pource qu'il y aura toufiours beaucoup d'in-
firmitez en nous,qu'il nous fuppotte iufques à
ce quM nous ait pleinement reueftus de fa in-
ftice:ce qui fera quand il nous aura retirez de
celte vie corruptible. Ainli nous dirons tous
de coeur humblement , Dieu tout-puiflànt,
Pereceiefte,&c.
NEVFIEME SERMON SVR LE SE-
COND CHAPITRE. ^
ij Car Adam a ejle premier forme, CT* Eue après.
14 Ef Adam na point ejléjeduit, mais la femme a ejïé feduite,
CT* a ejïé en tranfprcpon.
1 5 Elle fera toute sfoisfauuee par génération d'enfans ,Jielle de-
meure enfoy, O" dileciion, O'fanSiification auec madcjlie.
N fe pourroit esbahir com-
me Dieu par la bouche de
fon Apoftre défend ici aux
femmes d'auoir la charge
d'enfeigner, veu qu'ilafat
cefle grâce à d'aucunes: com
me nous voyons queDebo-
ï^5'4«4' ra non feulement a efté ProphctelTc, raaisa
gouuernéle peuple de Dieu. Il pourroit donc
fembler de prime face qu'il y a ici quelque
contredit. Mais nous deuons diftiiiguer entre
l'ordre commun que Dieu veut elbe obleruc
Àes hommes pour rcglc,& entre ce qu'il fait
<i'vue lajoneftrangc.Dieudonceu uiftituant
vne loy qu'il nous faut garder pour liiy 0-
beir , ne derogue p.is cepen<lant i fa llbe^*
té.qu'il nepuillè pour quelque taifon btfoiï-
gner d'vnc autre forte , voire par miracle.
Car il ne faut pas que Dieu foit fiiiet à la
loy, d'autant que toutes loix procèdent de
fa volonté. Non pas qu'il nous faille rien i-
magincren Dieu linon droit & iufte:car c'eft
vnblafpheme déparier d'vne puillànceab-
folue, comme fi elle eftoit defreglee. Mai»
tant y a que Dteu ha fa volonté pour loy , 8e
ce qu'il ordonne entre nous, ne luy doit , Se
ne peut aufi luy porter prciudice , qu'il ne
face ce <nic bon luy fcuibic. Voila donc
comme
SVR LA I. A TIMOTH.
m
«omme Dieu a peu vfer d'vne femme pour
gouuernerfon peuple. Et notons que ^'a efté
pour derpiter les hommes > voire coiiune fi il
leurvouloit taire cefte ignominie , que nul
d'eux ne fuft digne d'e(trc en eftat ne digni^
té. Comme s'il faifoit parler les pierres , vn
éel miracle n'eft-il point pour peruertir Tor
dre de nature?()uy : mais c'ef^ la condamna-
tion que Dieu mettra iur les hommes. Quel-
que fois il pourra bié aduenir ou en Tn pays,
ou en vne ville, queleschofes feront fi con-
fufes , que Dieu Fera comme par dcfpit quM
n'y aura ne prudence,ni équité, raais que l'e-
fiat fera tout abbatu : li le monde fe caift, &
qu'on iouc à l'esbahi,& que mû n'ofe fonner
mot , Dieu fufcitera quelque fol qui parlera.
Ce n'eft pas à dire pourtant que les fois ayét
art<i£ce de pouuoir profiterimais Dieu par ce
moyen fe moque de «eux qui veulent eftre re
[Tutez lages,d'autant qu'ils ont la bouche clo
fe.qu'ils font muets quand il faloit parler, &
les met là corne des trocs de bois, qu'ils n'ont
ne viuacité ni efpnt non plus que des pier-
res. Dieu donc fe mocque d'eux , & leur fait
opprobre quand il ouure ainlî la bouche d'vn
muet , qui remonHre les fautes & fcandales
qui fe comettent,& aufquels on ne veut point
remédier. Ainlî notés qu«de ce téps-la Dieu
a fufcité Debora,pour monftrer aux ho^imej
leur lafcheté quand l'Eglife ertoit en feruitu
de,& qu'il n'y auoit plus d'cfpoir.mais cepen
dant il n'a pas voulu changer ceft ordre corn
mun: il y a eu vn miracle qui a ferui pour ce-
fte hcure-la , & fans preiudice , comme nous
auoRS déclaré. Nous voyons donc en fomme
qu'il n'y a point de contredit en ce que Dieu
impofe vne loy que nous deuont garuer,& en
tre ce que par ia vertu il fera côme extraor-
dinaire,qu'il feia(di-ie) des chofes qui ne fe
lont point réglées à la façon cômune.Q^nt
À^r/S. à ce qu'il a efpandu de Ton ûmd Efprit au tô
M, mencement de l'Euangile fur les femmes auf-
fi bié que fur les homes, &: qu'il y enaeud'au
cunesqui ont eul'efpritde prophétie, cela
aufsine contreuient p.>iiit à ce queditfainâ
Paul. Car les filles de Philippe, combien que
j^n ,j Dieu leur euft donné la grâce de propheti-
_^ ' ' fer , n'ont pas eu pourtant l'office de parler
en l'afleinblce , mais Dieu s'en eft ferui pour
orner l'Euangile : Se quar,d elles ont eAé en
côpagnie de femmes, Li t lies ont defployé la
frace qui leur elloitdô'nnee: côme il pourra
ien aduenir qu'vnc femme en fa maifon au-
ra plus de prudence que fon mari , & en vftra
pour gouuerner fa famille. Nous voyons que
la maifon de Nabal euft cfré perdue fans la
i-S<».it. prudence d'Abigail.Ainfi donc en aduiendra
'■*• il quelque fois, & vne femme douée de telles
grâces pourra bien faire ce qui eilde fon offi
ce en toute humilité & modeûie , tellement
qu'elle fuppleera s'il y a faute en fon mari.
Mais cependant n faut-il que ccA ordre que
Dieua eïtabli,ciene. Voila donc ce que nous
auons à retenir de ce pallâge. Et ainfi con-<
cluonsque la feinmedoit élire fuiette , 8c Ce
doit tenir quoye,côme fiinû PauU'ordonnc
ici. On pourroit cependant faire vne que.»
ûion : car ùiaâ Paul amené ceft argument
pour môftrer que les femmes ne doiuét point
auoir la charge Se l'office d'enfeigner, d'au-
tant qu'elles font fuiettes,& qu'elles ne doi-
uent point auoir l'authori té de parler. Or il
s'enfuiuroit par cela que nul ne pourrait en-
feigner , finon qu'il fufi Roy ou prince. Lee
Pafteurs de l'Eglife ne font-ils pas futets
aux Magiftrats ? NcantmoinsC elt-ce que
Dieu les enuoye,& qu'il leurdomie celle c5-
mifsiondegouuerner fon peuple, quant ice
qui concerne le regine fpirituel. La refpon-
fe à cela ell.qu'vn homme pourra bien félon
quelque regard eûte fuict,& cependant il ne
laifTera pas d'auoir authorité félon vn autte
regard diuers : côme nous fçauons que Dieu
a feparé ces deux chofes, l'eftat de police ter
reftre , & le régime fpirituel de fon Eglife.
Voila les Magiftrats qui dominent , ils font
afsis au fîege de iultice, Dieu leur a donné 1»
glaiuepour gouuernerfon peuple. Or d'au-
tant que les Pafteurs 6c les Miniftres de Ia
parole de Dieu font membres du corps , il
faut qu'ils foyent fuiets aux Magiftrats: mais
cependant cela ne derogue point à l'authori-
té de la doilrine qu'ils portent ,& qu'ils ne
prefidentenla vertu & au nom de Dieu fur,
toute hautefle terrienne,c5me il eft dit en le- '"•'•'^
remie , le t'ay conftitué fur les royaumes , Se
fur toutes principautez. Quant eft donc de»
Miniftres de la parole de Dieu, en leurs per-
fonnes entant qu'ils font homes, il faut bien
qu'ils foyent fuiets aux loix, qu'ils fe rendent
obeiflâns aux Magiftrats , & qu'ils leur por-
tent honneur & reuerence : mais cependant
qu'ils cognoiflent que le Maiftrc auquel ilc
feruent , aaiithoritc & empire fouuerain fur
toutes créatures. Se qu'ils parler en fon nom:
& pourtant que leurdodrine n'eft point fu-
iette ne bridée à ceux qui voudront s'eleuer:
mais pluftoft qu'ils regardent â ce que dit S.
Paul en la féconde des Corinthiés, c'eft .ifça *• C""»
uoir.d'abbailTer toute hautefle qui fe vondra lO .f.
eleuer contre lamaicftéde noftre Seigneur
lefusChrift, & tenir tous fens captifs ,Sc ré-
primer tous appetis desbordeï qui ne peuuét
foufFrir nulle fuiettion ni obeiflànce. Voila
donc côme félon plufieurs regards vn home
pourra eftre fuiet,& pourra eftre en authori-
té. Mais quant aux fenunes.il y a cefte raifoii
que ûin£t Paul a ci deflus amcnee,que Dieu a
ellabli vne règle inuiolable qui doit durer iuf
ques en la fin du monde : puis que l'home ell
créé pour le chef de la femme, Se que la fem-
me eft vne partie, & comme vn accefloire de
l'hôine, il faut qu< nous fuiuions ce train-la,
te que grans 8c petis s'y rangent. Et cepen-
dant cognoiflons fi ces chofes vont mal , &
qu'il y ait des confiifions grandes nonfeule-
Oi iiii.
DIXNEVFIEME SERMON
114
ment aux maifons , mais en l'eAat publique,
voire tant au régime fpirituel qu'à la police
terreftre, cognoilFons, di-ie ,que Dieu nous
veut faire honte par cela,& nous monftre que
nous ne fommespas dignes qu'il foit comme
afsis au milieu de nous pour y auoir toute
ïCt.^A. ''i3'l^'^''^s,raais qu'il nous abandonne: cômeil
dit par fon Prophète Ifaie , qu'il fera régner
les femmes & les petis enfans, c'eft pour dé-
clarer qu'il quittera la prééminence, & que
tout fera diflolu & difsipé. Quand les cho-
fes font ainfî confufes , cognoifTons que c'eft
vne iufte vengeance de Dieu pour nous met-
tre en opprobre .d'autant que nous ne fom-
mes pas dignes qu'il preiîde au milieu de
nous. Au reile.qu'yn chacun cependant regar
de à foy, Se qu'il foit comme refueillé, & que
nous fumions ce qui nous elt ici déclaré par
faind Paul, c'eft de ne point nous rebecquer
contre l'ordonnance de Dieu. Or venons
maintenant à ce qu'il adioufte, Que la femme
fera fiHuee par génération: c'eft à dire en por
tant des enfans, -i>oirr mny en nant,dn-il,qii el-
le perjifle en foy ^ en charité , gr auec >iV
fainde & attrempanee. Sainû Paul non fans
caufe adioufte cefte confolation pour adou-
cir cefte triftefle que les femmes pouuoyent
conceuoir de ce qu'il a dit auparauant , c'eft
afçauoir qu'elles font caufe en la perfonne
d'Eue, de la ruine que nous voyons fi mifcTa
blc i'ur tout le genre humain. Nous ioinmei
maudits de Dieu , nous fommes enfans d'ire,
le diable domine fur nous , nous fommes en
feruitude de mort eternelle.il n'y a que cor-
ruption enneftrcnature:brief,nous ibmmes
du tout abyfmez.Et qui en eft caufe? Les fem
nies:elles font ici rédues coulpables, & Dieu
prononce ceft arreft-la qui eft pour les faire
defefperer.fi elles ont quelque crainte & ap-
prehenfion de l'ire de Dieu. Or noftre Sei-
gneur veut bien humilier fes créatures , mais
ij ne les veut-il pas mettre en defefpoir, que
elles n'ayent toufîours quelque moyen : car
après qu'il a abbatu, il redrene , comme nous
en voyons ici vn bel exemple. L'orgueil des
femmes a bien efté condamné par fain£l Paul
quand il a monftré que fi elles fe veulent glo
rificr , qu'elles regardent à Eue , qui nous a
tous ruinez , & nous a mis en la malediûion
de Dieu,& lous la tyrannie de Satan, voire &
le tout par fon outrecuidance. Puis qu'amfi
eft,que les femmes. ne Icuent plu^ le bec : car
ici toute leur prcfomption eft afllz abbatue.
Mais cependant ilyauoit danger (comme
nous auons dit) que les ftinmes ne defaillif-
fent , & qu'elles ne pcrdiflen: tout courage,
comme tî Dieu leur fcrmoit ici la porte de fa
lut, comme s'il les rcndoit incapables d'cfpe
rer en luy. Sainû Paul donc adioufte vn bon
remède & conuenable à cela,& leur dit, Que
oonobftant le mal qui eft procédé d'Eue , û
eft-ceque Dieu ne veut point faire defefpe-
ter du tout les fcnuncs : il fe contente de lc<
tenir en bride , afin qu'elles ne s'eJeuent pas,
mais pluftoftqu'clies s'humilient : & cepen-
dant qu'il ks rappelle .î foy,& leur donne le
moyen de retourner en l'eftat dont elles
font decheutes , c'eft afçauoir (dit-il) quand
elles cognoiiFent leur vocation. U eft vray
que fainèt Paul met ici vne efpece, de porter
les enfans.mais fous cela il compiéd ce qu'il
dit aufsi notamment de la malediftion de la
femme quand elle eft afluiettie à telles pei-
nes. Car nous f^uons que les femmes ayans
conceo ne font pas fans peine & fans fafche-
rie.nous voyons qu'elles font dcl"gouftees,il
y_a aufsi beaucoup d'accidés, & puis elles fça
uét la peine que c'eft de porter enfans: l'heu
re vient-elle d'accoucher? elles cognoiflent
ce qu'emporte la malediftionde Dieu laquel
le nous auôs défia touchée. Il faut puis aprej
qu'elles ayêt fouci & folicitude nuiû & lour
de nourrir leurs enfans , que la viande qu'el-
les prendront, foit làconuertieenlaiû: l'en-
ten des femmes qui font nourrices rcar ûinft
Paul ne parle point ici de ces délicates qui le
veulent exempter de la condition des tein-
mes.mais des femmes fidèles qui s'acquittent
de leur deuoir, & quand elles font me;cs, el-
les cognoifTcnt à quoy Dieu les aaffuietties,'
& portent cela patiemment. Amfi donc nous
voyons que fous vne efpece fainft Paul a vou
lu ici admonefter que fi les femmes fe fju-
mettent de leur bon gré & en toute patien-
ce a ce que Dieu leurcommande,&: que por-
te leur eîUt, c'eft vn facrifice qui eft agréable
à Dieu,& que la malediftion qui auoit efté mi
fe fur toutes femmes en la perfonne d'Eue,
eft comme anéantie, car Dieu les reçoit en fa.
grâce & en fon amour. Cependant pource
qu'on pourroit trouucr des femmes Païen-
nes Se incrédules qui feront bonnes mères. Se
trauailleront pour leur mefnage volontaire-
ment , fainô Paul ne fe contente point d'a-
uoir mis ce qui peut eftre commun aux fem-
mes qui n'ont nulle crainte de Dieune/eli-
gion , mais il dit qu'il faut que la foy y foit
auec & charité, & qu'elles viucnt faincteniét,
& qu'il y ait ceitc att; emparée &modtftie
dont il auoit fait mention ci dtfllis.Or fur ce
partage nous auons à recueillir vne bonne do
ftrine,& vtile à tous, afçauoir tant hômts que
femmes , c'eft que Dieu ne nous veut point
pleinement rendre confus quand il nous pro
pofe nos fautes , mais feulement qu'il nous
veut humilier, voyant la prefomption qui fe -
roitautremét en nous. Il faut donc que Dieu
rabibate les clou.t tant aux homes qu'aux fein
mes , & qu'il vfe ds violence , veu qu'il n'eft
point aifé de corriger la hauteflc qui cil en
nous finon par force : mais tant y a neant-
moinsqu'encores Dieu appaife loufiours û
rigueur Se i'adoucit , ttlkinent qu'il ne veut
point que nous perdions courage. Et cornent
fait-il cela? C'eft en nous donant bon efpoir,
Cl- nous prouicccu que quelques fautes qu'il
y ait
SVR LA I. A TIMOTH.
115
y ait en non; , encoresne noU5 veut-iJ point
riietter> corne nous envoyons icivn ex-éple
noc.ible.Et ainfi, côbien que les femmes fuy-
ent d'vnc nature craintuie , & «qu'elles peri-
royét aiiec ce regret-ci fi on les voiiloit mat-
ter, & fi on leur vouloit mettre le pied iur la
gorge , fi cft-ce que fainit Paul ne leur don-
ne point occafion de le faiclier & placquer là
tout : poiirce qu'on leur pourvoit icprtjclier
qu'elles ont eftc caufe d'auoir ruiné tout le
genre humain, ii eft-ce qu'encores il leur pro
pofe ici la bonté de Dieu, pour leur déclarer
que cela n'cmpt fcliera point leur ialut, voire
moyennant qu'elles ne facent point des re-
iiefclies.ne des endurcies. Notons bien donc
que fainét Paul vfe ici d'vne confolation qui
eft bien propre.quand il monftreaux femmes
que leur falut leur eft mis au deuant, mefmes
en la condânation qu'elles fent^t pour leurs
peehezrc'eft gr.ird' chofe.Car fi Dieu punif-
foit les femme.'-, & puis que de loin il leur mô
ftraft quelque efperance de falut , il leur de-
ueroit ûifnrc: mais c'tft beaucoup plus quad
elles peuuentcontemplerla bonté de Dieu &
fi grâce en la punition qu'elles endurent &
qu'elles Tentent pour leur péché. Car (c'ôme
défia nous auonsdit)pourquoy eft-ce queles
femmes portent leurs enfans auec fi grandes
fafchcries?pourquoy eft-ce qu'elles cnduret
fî grandes djulturs au trauail S:en l'enfante
met: pourquoy eft-ce que celeureft vnecho
fe fi pan bl" de nourrir leurs enfans?Tout ce
la procède de la malediftion de Dieu. Or S.
Paul leur baille ici vn miroir à i'oppofîte,
c'eft qu'en cefte punition elles apprehendct
la grâce de Dieu. Et pourquoy? Car fi elles
font patientes &;paifibles,& qu'elles ne fe re
becquent point à tH chaftimét que Dici; leur
cnuoye pour leur falut, qu.âd il Icurfuit en-
durer douleur & trSiiail , qu'il fiut qu'elles
mettent peine à nourrir leurs enfans, voila vn
facrifice agréable à Dieu,& qu'il accepte : Se
qu'il faut que les femmes fe cognoifftnt & re
pute it en cela bien-heureui'es , que Dieu n'a
point voulu tellement dcfployer fon ire en
l'otfenfe qui a efté côraife en la perfonne de
Eue, que cependant il ne foit toufîours de-
meuré leur Père , & qu'il ne leur pionftre fi-
gne d'amour paternelle. Notons tien donc
que ce n'eft point fans caufe que fainft Paul
a ici fait mention exprefle du trauail qu'ont
les femmes à enfanter , & de tout le refte qui
eft d'exercer leur office,afçauoir de gouuer-
ner leur mefiiage. Il eft vray cependant que
les mocqueurs de Dieu trouuer^t eftiançe q
fainft Paul parlant ici du falut des femmes,
les ramené à cela , que fi eftans enceintes el-
les portent patiemment leur douleur, &le
trauail aufsi,& qu'elles nourriflent leirrs en-
fâs, c'eft pour retourner en la grâce de Dieu.
Mais quoy?contentons-nous que le (ainft E-
fprit qui eft iuge competen,t , en a ainfi pro-
noncé. Et pourtant ne trouaons pdiht cela
étrange: car combien queles homes veulent
félon leur phantafie iuger des vices & des ver
tus, tant y a que c'eft Uicu feul auquel il ap-
partient de prifernos œuures, 8c dedirece
qu'elles valent.Dieu a-il condamné quelque
chofefnousauons beau laprifer,tout cela ne
feruira rien. Au contraire, ce qui nous eftcon
temptible, Dieu l'cftiine& le tient précieux.
Comme voila du trauail des femmes qu'elles
onten portant kiirsenfinsibien ellvray que
félon le mode cela ne fera giieres prile: mais-'
fi elles rct;3rdcnt à Dieu, & qu'elles cognoif
feiit qu'il les a là a{luieties,que ce font les tra
ces du péché d'Eue: quand en tel combat el-
les gemiflent & loul'pirent à luy,il reçoit vne
telle obeiflance.Brief.il nous tant retenir ce- , t, rr'
fte leçon, Q^'obeifsâcc vaut mieux que tous ,,
les facrifices du monde.Et mefmes ceci n'eft
pas feulement pour rembarrer les mocque-
ries des gens profanes , & des contempteur^
de Dieu, mais pourabbatre l'orgueil des hy-
pocrites , lefquels forgent ci: baftiflent ie ne
fçay quelles refueries à leur pofte pour s'e-
xempter du mariage. Corne en la Papauté, il
femble qued'eftreen mefnage , c'eft vn eftat
poilu du monde': voila côme les Nonnains &
les Moines , & toute cefte ordure de caphars
ont accouftumé de parler , Ceftuy-ci eft du
monde, c'eft à dire marié : ce ftuy-la eft d'E-
glife, c'eft à dire fpirituehen parlant ainfi, ils
tienent le mariage comme vne chofc profa-
ne &'pollue. Et c'eft vne honte qu'vn Pape,
ceft Antechr'ft-la , a bien ofé vomir ce blaf- ^
phcmc diabolique. Que ceux qui fontenla ""'•'••
chair, ne peuuent plaire à Dieu : c'eft à dire,
ceux qui font mariez. Voila les belles expo-
fitions de PEfcriture qui fsnt proccdees de
cefte cauerne d'enfer. (5r ici qu'cft-ce qu'il
nous eftmonftré en l'authorité de Dieir?a(ça
uoir que fi les Moines &. les Nonnains fe gld
tifient en leur chnfteté , & deviure en oifîue-
té, & appellent cela eftat (pirituel , que Dieu
declarequec'eftvn train detcftable &■ mau-
dit. Apprenons donc que fi vne femme eft en
fon mefnage, qu'elle foit empefchee après
{es enfins", à les torcher , h les pigner , à les
efpli!cher:oufielle eft nourrie* , qu'elle foit
nuift &: iour debout , qu'elle endure froid &
chaud ponr leur donner la mammelle , qne fi
elle fupporte cela patiemment, fçachant que
c'eft que Dieu ord5ne,S:'qu'il approuue, ce-
la luy eft vn facrifice de bonne odeur. Que
donc les Nonnains demeurent en leurs con-
uents &: en leurs cloiftres , &:en leurs bour-
deauT de Satan : ie di mefmes encores qu'el-
les ne hilTent point putains côme elles font,
corne il y a encores pis de ces abominations
de Sodome , faifans des chofes fi énormes &
fi abominables que c'eft vne horreur ; enco-
res, di-ie, que toutes ces vilenies-la n'y fuA
fent point , fi eft-ce que toute la chaftetc que
elles pretendent,n'ert rien enuers Dieu ,aii
f rix de ce qu'il a ordoriné,<:''eft afyiuoir qac
p.i.
Tl4
DIXNEVFIEME SERMON
com'jien que ce Toyent chofes cotemptibles ,
& qui femblent eftre de nulle valeur , qu'vne
femme ait peme d'adrefler fon mefnage , de
nettoyer les ordures dt fes enfans , de tuer
les poux,& autres chofes {emblablej,que tout
cela lera mefpnlé , qu'on ne le daignera pas
mefines regarder, ce font toutestois facrilî-
ces que Dieu reçoit & qu'il accepte , comme
fi c'ertoytc chofes precicufes & honorables.
Ainlî donc, que les femmes eftudient ceftc le-
çon-ci & iour & nui£V,afin qu'en premier lie«
elles s'employent à leur mefnage : quand les
femnes feroyent les plus parefk-iifesdiimon
de , il eft-cequ'il y a ici allez argument pour
les refuciller,& pour corriger cefte lalcheté-
li. Et cornent? Qiiandnous trauaillons,c'cft
feruir à Dieu,& non point aux homes. Quand
vu mari d'autre part verra que fa femme s'em
ployé tout au long du iour à faire ce qui eft
d." Ion oftîce.qu'il regarde aufsi à quoy Dieu
l'appelle , afin de faire fon deuoir de fon co-
fté:car l'home n'eft pas nay à oiiîucté , ne la
femme auAi.Ainiîdonc que les tcmme^(com
me l'ay dit)regardent ici, car li y aairezd'oc
cafion pour corriger toute parclïè, quand el-
les veront qu'il cil quellion de feruir à Dieu.
Et cômcnt? quand elles mettront la main à la
pafle (comme on dit) & qu'elles s'applique-
ront à bon vlage pour ne point fuir la iuict-
tion à laquelle Dieu les a foumifes ; car c'eft
fe rebecquer contre nature, quand on ne fuit
pas la vocation , qui eilnofftre vraye reigle,
c'eft à dire ce qui cil de faire, & ce que Dieu
ordonne à chacun de nous , félon Peftat au-
quel il eft appelé. Ainli donc, que les femmes
ayent ce but-la pour dire, Or lus , encores
que le monde ne regarde point à moy, lî cft-
ce qu'il me faut employer ici, car Dieu me le
commande. Voila quant au premier, que les
femmes doaient prendre vne occafion àeftre
diligentes : & puis elles ont aufsi à conlîde-
ler.que quand elles s'acquitteront de leur de
uoir en taifant ce qui eft de leur office , cela
eft accepté de Dieu , combien qu'il foit mef-
prilc des hommes. Et (i on du, Et qu'tft-ce
que celaf Vne femme fera fon mefnage , elle
hiera fi quenouille, &ccla eftiemcftier des
femmes.Comme mefines il y en a de ces fols,
lefquels quand ils parleront de la quenouil-
le des femmes, & de traitter les enfans, reict-
teront tout cela , Slïe mefpriferont. Mais
quoy? Le luge celeftc qu'en dit-il? Qu^e cela
luy eft vne chofe agréable, & qu'il l'accepte,
& que cela viendra en fcs conte'.. Aiaii donc,
que les femmes apprenent de le rcliouir qu.ïd
elles feront leur deuoir:& n cela eft contem-
ptible, que ccfte confolation addoucilfe tout
le regard qu'elles pourront auoir quant au
monde , pour dire , Dieu -ae voit ici , & fes
Anges , lelqutls font tefmoins fufHfans de ce
que ic fay , encores qu'il ne l'oit aj>pronué
quant au monde. Voila ce qu'oiu à noter les
femmes. Mais cependant ( comme i'ay dit)
il faut aufsi que les hommes de leur cofte re
cueilléc ici inftrudion.Car lîles femmes font
fauuees quand elles allaitteront leurs enfans
de leurs mammelles , quand elles les torche-
rant & nettoyèrent , quand elles auront cfté
falchees à les portertauhi les hommes quan4
ils prendront peine à nourrir leur mefnage,
qu'ils trauailleront , félon ce qui eft dit , Tu r -, '
viuras en la lueur de ton vifige: quand donc •
les hommes chacun en fon ineftier& en fon
eftat, mettront peine de s'employer là : & s'il
y a des fafcheries pour le mefnage, qu'ils fup
portent leurs temmes, &. qu'ils leur donnent
courage, qu'ils les aident tant qu'il leur fera
polsible , comme Dieu les a coniointsd'vii
lieninfeparablc : quand ils feront refueillez
pour leurs enfans , qu'ils en auront des ibu-
cis , moyennant qu'ils portent cela patiem-»
ment, qu'il; fe reiiouillent, voyans que Dieu
lesbenit enlcur labeur, ce luy font autant
de facrifices , comme nous aaons déclaré. Si
ceci eftoit bien imprimé au cœur , il eft cer-
tain qu'on verroit reluire vn autre ordre en
mariage qu'on ne fait pas. Mais quoyPily ea
a bien peu qui fçachent que c'elï de feruir à
Dieu, & qui fe fondent là. Et qu'ainli foit.le
mariage fera ici célébré en la compagnie des
fidèles, mais le plus fouuent ceux- qui fe pre-
fentent pour palTer vne telle obligation & li
folennelle, cognoilTent-ils que Dieu prelide
au milieu de nous, & que c'eft en fon nom
que nous llipulons ici les promclles? Co-
gnoillènt-il' cela! Nenni ; mais la plus part
vienentici comme des veaux , & des moges.
Sont-ils deuant la chaire? Ils feront lî bien
inftruits , qu'ils ne pourront dire chofe que
ce foit. Il fera ici parlé de l'office du man
Se deceluydela femme, & ils n'y entendront
rien du tout, non plus que belles: &: puis
encores qu'ils euffent ouy quelque mot pour
eftrc éditiez , nous voyons que 11 toft qu'on a
les talons tournez , qu'il n'eft plus queftion
que de tous dei>bordemens , Se ceux qui font
les plus dilTohis , ce font les plus vaillans,
Q_nanddonc le faind mariage eft ainlî pro-
fane,il ne fe faut point esbahir s'il y a de li
grans difcors comme on les voit , & lî Dieu
s'en retire. Car quand nous ferons coinpa-
railbn de ce qui eft ici cfcrit , & de l'eftac
ainlî corrompu qu'on k voit au monde, tant
plus auons-nous à gémir , & en gemiirant à
nous recueillir fous l'obc.llancc de iiollrc
Dieu. Car li la plus part le m jcque de ce qui
eft ici monihc par Jaind Paul, que les hom-
mes foyent desbordez i toute intempéran-
ce,que les femmes lovent oifîues , & qu'elles
ne deraanJent lin >n s'exempter de tout la-
beur,& que tout aille en dif ipacion.gaidons
nous bien de rtlTcmbler à telles gens : mais
qii'vn chacun s'employe à ce en qiioy Dieu
l'aura mis en ocuureique li les bœufs portent
le loug quand on les y aura accouftumez.quc
noijs qui cognoiflons à quelle fin nous fom-
■ . me»
SVRLAI. ATIMOTH.
3»?
me^ crcei , apprenions de porter le ioiigc|ue
Dieu nous mettra deflùs , c'tit à dire qu'vn
chacun fe range à fa vocation. Voiia donc
en fomme ce que nous auons à noter quant
â ce mot où fainil Paul dit , Que les femmes
feront ûuuees portans des cnfans. Venons
maintenant i ce qu'il met de la toy & chari-
té , lanfiiHcation & attrempance. l'ay défia
dit que c'tft pour difcerncr entre les fidèles
& les Payens. Car entre les Payens on y a
bien veu des femmes vertueufej^ voire plus
( iedi en apparence ) qu'on ne verra quel-
que fois entre ceux qui ie reiiôment cftre de
l'Eglife de Dieu. Or donc il les femmes s'ac-
quittent de leur deuoir rculemenc quant au
mefnage pour nourrir leurs enfans,pour tra-
uailler en la maifon.ce n'eft pas alTez: car il y
en a eu (comme nous auoni dit) qui n'ont eu
nulle religion , 3c cependant n'ont pas laiflc
toutesfois d'auoir ctfte vertu qui eii à prifer
quant au monde. Apprenons donc que ce
n'tll point le principal que les femmes tra-
uaillent aiiiiî en leur mtfnagcmais qu'il faut
que la foy aille dcuant & la chanté : & puis-
qu'elles fbyent femmes fainftes , c'ell.i dire
que la crainte de Dieu les gouuerne , & qu'il
y aitcefteattrcmpâce dont il auoit fait mcn
tion cideiTuç, qu'il y air ceftemodcftie, que
les teinmes n'appetent point de fiipcrfluité
ne de pompe, nuis qu'elles ayent celle hon-
te djnt fâiticl: Paul a parlé par ci deuant. Voi
la d )nc la ( Dmme de ce qui eft ici mis pour
conclufion. Or nous auons à obferuer que
quand des femmes Payennes Se incrcduJcs
ont eflé bonnes mefiiagercs , qu'elles n'ont
point regardé à D.eu : Se pourtant que cela
n'a p Jint I lié mis en conte , & ne mente pas
d'eftre réputé pour vertu. Il eftvrayquele
monde l'eft mera toufiours: mais deu.lt Dieu
cela ne vient point en conte. Et pourquoy?
Niusauôsd fia dit qfivnc féme trauaillea-
pre • (es enfans, ou à les porter,ou i les nour
rir.&qu'tUe s'aflliiettifle pleinement àlavo
Ion té de Dieu, que celuv fil vn Cicritice. Et
pourquoy? D'autant qu'elle s'humilie , co-
gnoilîant que ce font autant de chaftimens
pour fes péchez : cognoiflant que puis que
Dieu a prononcé vne telle fentence , que
c'eftbien raifonqaenul ne repli<|ue à l'en-
contre-: que fi vne telle obeiflance n'yell,
tout le relie ne fei-a rien que fiimee. Comme
vne femme qui ne fera point injlruite er la
foy , &qui n'aura point de bonne doélrine
pourauoirefgardà Dieu : ileftvray qu'elle
craindra celle ignominie, qu'on ne la mon-
tre au doigt , qu'on ne fe mocijue d'elle
quand elle ne fera point bonne nu fnagere,
qu'elle ne fera point en bon exemple, mais
puis qu'elle ne tient conte de Dieu quant au
relie, il faut qae tout cela foit reietté , com-
me de fait ii ne mérite pas d'ellrc réputé pour
vertu. Ainfi donc , notons bien que les meil-
ieurcsGCUuret que nous puifsions iàire,Befe-«
ront neantmoins de nulle valeur, niaisqur
Dieu lesrepiouue fi elles ne procèdent de
la foy:car c\ll la racine de laquelle les bons
fruits prouienét,& Uns ccfle racine-U il n'y
a rien qii'vne belle apparence, mais qui n'a
nulle fermeté en iby. Voila donc ce que no'
auons à obferuer , que faincl Saul n'a point
adioullé ici en vain ce mot de foy, pour decla
rer que toutes les vertus qu'on pouira prifer,
ne feront point louées de DitiiCcomme auf-
fi elles ne méritent nulle louange) finon que
la foy en foit le fondement , & quelles pro-
cèdent de là.Et puis quand' lainét Paul a part-
ie de la foy, ilmonllre les chofes qui fonc
toufiours coniointes , & qui font comme infe
parables, afçauoir la chanté 8c fanftifica-
tion. Comment ell-ce que nous mon/Irons
que nous renonçons aux abominations de
ce monde pour nous dédier à Dieu? n'eft-ce
point par la foy? Qm elt caufe de nous vnir
ainfî tous enfcmble comme frères & fœurs?
n'eft-ce pas qu.îd nous cognoilTons que Dieu
nous a choifis pour fes entans? Qm cil caufe
aufsi de Pattrcmpance , que nous ne fommef
point addonntz ,; ces folies mondainesrn'eft
ce pas d'autSt que Dieu nous appelle à fheri-
tage ccleile, & qu'il nous monitre q ceux quT
s'attachent à ce monde , n'ont iamais cogim
que c'eftde la vrayevie nedefalut? Ainll
donc , notons que tant la charité que la fan-
flification & attrempance procèdent de la
foy. Or c-ependant pour conclufion, il faivt
aufsi obferuer en vn mot, que faind Paul n'a
point voulu ici eltablir des mérites , comme
s'il difoit que la caufe de noflrefalut fu/laux
bonnes ceuures, que les fcmn>es le fauuaflent
quand elles s'appliqueront -à faite Iturde-
uoir,nenni : car faind Paul n'encre pas ici eu
diipute fi Dieu fera rcdcuable aux hommes
quand ils auront bien fait , S: s'il eft tcn,; de
les recompenfer:ricn de cela. Mais feulement
il nous veut confoler , voire & nous donner
courage en trauaillatit , afin quff nous fça-
chions que Dieu daigne bien regarder ce qui
eft de nulle valeur , finon qu'il l'accepte par
fa bonté gratuite. Notons donc que S. Paul
n'a point ici voulu faire vn conte, pour dire
que Dieu nous foit obligé, mais il a voulu feu
Icment monftrer que & homes & femmes doi
uent fidèlement s'cployer à ce qui eft de leur
charge & de leur office , puis que noftre Sei-
gneur eft fi libéral & fi humain qu'il daigne
bien regarder ce qu'ils font , &l'approuuer,
combien qu'ils n'en foyent pas dignes. Voila
doncTintentionde S.Paul. Et c'eft peruerttr
le paflâge,qu,id on voudra ici drclTerdes mé-
rites,quand on voudra luftificr les homes par
leurs ceuures. Q_u^.il no' fiifrife donc que nous
ayons le falut qui nous a eftéacquis par lami
fericorde de Dicu.ôc par le fang de noftre Sei
gneur lefus Chrift , quiaeôé efpandu po««
laucr toutes nos macules: qkie nous trauail-
Ijpns auec »n bon courage , fçachans tme
p.ii.
iTtf
VINGTIEME
SERMON
pour y eftre confus : & neantmoins que nouî
neUil'sions pis «le retourner àluy:veuquede
fa bonté infinie il nous tend. les bras,& ne de-
mande finon à nous reccuoir'. Et cependant
(ju'il luy plail'e aufsi nou? taire la grâce que
paflans par cefte vie terreftre nous puifsions
nous y employer félon la bonne volonté, &
qu'il ne nous tace point mal d'y endurer beaa
coup de pouretez &deniiferes, puis que ce
font autant d'aides pour nollre lakit : & que
cebonDieu aufsi accepte toutes c€s choies,
combien qu'elles foyent mel'prifees du mon-
de.Que non feulement il nou'. face celle grâ-
ce, mais aufsi à tous peuples & nations delà
terre, &c.
noftre Seigneur nous conduit par ce moyen-
la à falut. Quand il nous y conduit , ce n'ell
pis à dire que nous le méritions pourtat,mais
c'eft le moyen qu'ilaordôné.Ainfi donc que
vn chacun fe prefente à Dieu,& que nous pre
mon;; le tcein aux dents . Cependant toutef-
fois que noftee conuerfation foit paifible,que
nous l'oyons pteftsdenous alTuiettir à tcxite
bonne police.veu qu'elle eft pour nolhe bien
&: noftre profit, puis que Dieu l'a ainh ordon-
OR nous-nous prolterneros deuant la U
ce de nolhc bonDieu tn cognoillànce de nos
fautes, le priant qu'il noux les face tellement
fcntir, que ce foit pour nous y dcfplaire , &
PREMIER SERMON SVR LETROIS-
I E M E C H A P I T R E.
I Vdrok certaine, S / aucun appctc ï office cT Euefque, il dcfir c \ne
œuure excellente.
z II faut donc que /' Eucfiquefoit irreprehenfihlc-mari d\nc feu-
le fenime^ycillant.pmdentjmodcslc, recueillant volontiers les eftran-
ger s, propre a enjcigner,
3 Non point addonne au Vin, ne hateur, ne conuoiteux de gain dcf-
honne?le:maïs hHmain,non noifcux>non auaricieux:
4 Bien pouruojantaja famille, ayant fes enfansfàets en toute
reuerencc.
rcï»r?vita,i?^K AinQ Paal auoit ci defTus de fafchees d'eftre déboutées de l'office d'enfei
I fendu aux femmes d'enfei- gner , &• qu'elles ne cuidcnt point qu'on leur
gner. Or afin qu'on ne peu- face tort , faind Paul inonlh e que mcfmcs' il
I fart que les homes deulfent n'elt point permis à tous hommes, & que c'tft
, eftre inditferemment_admis vn eilat digne & excellét.Cela donc lurmon
à ccft office , maintenant 'il te la portée des femmes , & kur pouuoir. Et
•^nonAre que ce n'cft pas à d'autre cofté, afin que chacun nes'ingerc
tous qu'il appartient. Et cependant iladuertit pas,& qu'il ne femble qu'il loit permis à tous
les femmes qu'il ne leur doit point faire mal fins dil'cretiond'enfeigncr.faind Paul nion-
fi Dieu ne les reçoit pas pourauoir la bouche lire qu'il faut auoir chois & élection en ceci:
ouuerte, & \ furper cell ertat qui cft tant ho- & e inonllrt(comnie délia nous auons decla
norable, pource que les hommes mefmes n'y ré) non point leulcment pour ceux qui lont
peuuent fuffire.Car(comme faind Paul decla appelez, afin qu'ils ayent leur leçon, maisafin
re)il faut qu'vn home foit exquis pour eftre qu'on garde cefte règle & ceft ordre quand,
choifi à ctfte vocation. Il ne faut point donc on ha .\ clne vn Pafteur , qu'on ne picne pas
trouuereftrjgelîlcs tcihmcscn font exclues.
Voila pourquoy mainteiiantil prend occafiô
de traitter quels doyuent elhe les Paftcurs.
Or ceci n'cft pandit fciifjnient pour inftnuie
ceux q font appelez en ccfl office, mai', pour
dôncr vnc rcglegcncralc,afin qu'on ne choi-
lille point à la Voice dcsgenv mal propres, &:
quruo foyent p->int paui-'incttreen oppfobre après : li oiido!t taire quelque cliofe légère,
ni eu niefpris la pàroiedc Dieu.pldft'oft qu'ils on s'en acquitte aileement:mais s'il y a qucL-
foyent pour la faire hanorer. Nons voyons que grand' cntrcprife, il faut là appliquer
maintenant l'intention <lefainrt Paul. En pre -tous les cfprits , & faut qu'on pounioye .\
mier lieu, afin que les femmes ne foyét point beaucoup de chofes. £t mcûnes nous voy-
ons
le premier qui s'offrira , mais qu'on chmlilic
filô la ûiffifauce.Pour celle caufe ildit, C'r/î
-vtie parole certaine, cjiie qii'conq'ie .ippete t of-
fice d eiijei^ticr, il dvfire Tue oc» re exellinte.
Or nous fçauon'.quc ce qui cft evccllêc, n'tft
pas fans grande dithculcc: iVlon oue les cho-
, aiifvi il taut qu'un trauaille
s VTl LA I. A T I M O T H.
ons félon qu'vn meftier emporte grand ar-
tifice, qu'il faut qu'aufsi qu\n homme foit
doué de grâces plus exquifes:li vn meftier cfl:
Ttilgaire,& bien, on prendra le premier qui fc
offrira. Voil.l donc en quel lens & à quel pro-
, pos ûinifl Paul dit que l'office d'Euefque clt
vnc o:uure excellente. Or notons que le mot
d'Euefque, n'cft point comme on l'a prins en
la Papautéjpour vnebefte cornue qui fe rc-
ueft de mitre,de crofle & de tels b.idinages, &
puis qu'il loit là comme vne idole : mais Pa-
îlcur,Miniihe,Euclque, Preftre.iout cela en
l'Efcriture elt prini pour vn:c'e/l à dire, pour
ceux qui font appelez en l'Eglile de Ditu.a-
fin d'cnfeigner , & de gouuerner fa maifoii:
côite lainèt Paul en traître confequemment,
atnii que nous verrons. Il eft vray que le Pape
& les liens, c'eftàdire toute ccite canaille &
ordure qui fe nomme Clergé, ont tellement
corrompu les choies fainôlcs , que ces mots
font qualî en déshonneur aux ignorans: mais
ilne'taut point tant permettre à Satan , qifil
dcihuife ce qui eftbon & approuuedc Dieu.
Car qu'a-ce elté des temples de la Papauté,
lînon des bordeaux de Satan, l.i ou les idoles
ont dominé, & là où il n'y a que toute abomi
nation: Or cependant le temple deuant Dieu
nelaiffe pavd'iftre réputé, qu'il ne faut pa»;
que le diable a't celle authonté d'abolir ceq
Dieu a inftitué.CXue faut-il donc? Q^on co-
giioifTe l'abus, qu'on le cjndâne,& qu'on s'en
retire:^: cependant que la règle qui a elle in-
Itituee de Dieu fe gaide & s'obferue, comme
elle cil inuioIable:& melines c'a tllé vne cho-
, fe mauua:fe,c5bien qu'elle fuit anciéae : mais
tant y a que c'a cfté vne prolanati jn de prcn-
\ dre le titre d'Euefque, pour vn qui auoit prce
inincnce par deilus les autres, •&: que ceux qui
font inlerieurs, tullent Prellres: car c'a elle
deroguer^aullyle &*langage du fainét Efprit:
& nous dtuons auoir cela fur tout en recôman
dation.dc ne i ien changei au Itylc de l'Efcri
tuie faincte.Car cncores que nous retenions
ce qui ell làcôtenu,li eil-ce qu'il ne faut rien
pournous^diuertir, en forte que nous auons
incontinent oublié à parler côme il taut. Co-
gnoiirons donc(c5me l'ay delîa dit,)que le S.
£fprit parlant de ceux qui font ordônez Mi-
nillres de la parole de Dieu, & qui font elcus
pour gouuerner l'Egiife.il les intitule Pa-
fleurs. Et pourquoy? Car Dieu veut que nous
foyôs ici vn troupeau de brebis & de montés
pour nous régler à luy, efcoutans fa voix , &
nous laiirins gouiJerner,&: conduire paiiible-
ment.D'aut.mtdonc quel'Eglife cllaccôpa-
ree à vji troupeau , ceux qui ont la charge de
la guider par la parole de Dieu, font nommez
Pafleursi&puis le mot de Pafteur lignifie an-
cien,non point d'aage,maisd'otfice:cômede
tout téps on a appelé .inciés ceiix qui gouuer
nent; melmes entre les gés profaiies.Ôr le S.
Efprit a retenu celle.fimilitude-lâ,donnant le
nom d'ancien à ceux quidloyét choilis pour
117
ansncer laparoledeDieu.il lésa aufsi nom-
mez Euefques, c'cU à dire veillans fur le trotj
peau, pour méflrer que ce n'eft pas vne digni-»
té oïliue quand vn home ellappelé en ctft e-
Itat, &: qu'il ne faut point qu'il face de l'ido-
le, mais qu'il cognoifle qu'il eAenuoyé pour
procurer le falut des âmes, qu'il s'y employé,
&: qu'il veille là defllis , & qu'il y trauaillc.
Nous voyons donc la railbn de ces mots : &
puis que le fainilEfprit'nous les a donnez , il
nous les taut retenir.moyennant que ce foit à
bon vfage &:fainéi:.Or pourfuyuôsmaintcnât
ce qui ell ici déclaré . Ctluy ijui defre l'office
d'7.iiefijKe(dit S.Paiil)/7 dffire{ou appetejrwff
œiiiire excAl-mte. Par cela il mô/lre que celuy
qui alpire à eftre Pafleur en l'Eglife de Dieu,
doit bien en premier lieu poifer la difficulté
de l'olficetqu'il ne faut pas qu'il s'ingerc ici à
l'aueinure.côme fi c'cftoit vne chofe bien ai-
fee : qu'on regarde (dit S.Paul ) félon que la
chofe eil grande &; haute, qu'aufsi on ne peut
exercer vn tel eflat, finon qu'on ait rcceu ver
tu&:giaced'enhaut.Caril faut bien qu'vn hâ
me ioit doué d'vn grand cfprit, de fçauoir, &
d'autre- chofes ntceflàires, quand il efl em-
ployé en celt endroit .11 ne faut point donc
qu'il loit efmeu d'vn fol appétit, & d'vne cupi
dite volage, mais qu'il cognoifle qu'il £fi: im-
pof iblc de fatisfaireàtel office, finon qu'il y
aitdequoy. Et pour mieux approuucr le pro-
pos,& afin qu'on y penfe.S.Pauldit, Quec'ejl-
■vne parnU certaine. Il vfe de cefte préface, co
me s'ildifoit, Nous en verrons beaucoup qui
s'auanceront.côme les plus inutiles feront les
plus hardis: mais qu'il y ait ici côme vne bar
re:& deuant qu'vn home s'ingère, qu'il penfe
de longue main à la difficulté qui eJl en ceft
office, &i alors il fera retenu , il ne fera plus
ainfi precipit.ît. Voila donc ce qui cfl fignific
par celle préface de fainél Paul, à ce que fa do
ttrine ioit tant mieux confîderee, voire pour-
ce que les appétits des hônics font trop bouil
lans,&: qu'ils s'auancent ei; f.irte qu'on ne les
peut à grand' peine retenir finon par force.
Mais deuant que palTer outre,on pourroit ici
demâder.fi on peut appcter vn tel office fans
offenfer Dieu, qu'il femble qu"vn tel defir ne
procède que d'ambition : car d'appeter , ce
tll toulîours vnc chofe mauuaife & vicieufe.
Mais faind Paul n'a point ici parlé d'vn defir
qui viendra d'vne telle foiirce , c'eft afçauoir
quand vn home pour fa vaine gloire, ou pour
fe taire valoir, ou pour s'encichir defire d'e-
(Ire en e(lat:car fans diilinclion cela fera touf
iours condané. Sainft Paul donc a parlé ici d'
vn autre defir. Et de fait, notons que pour ce
temps -la on ne pouuoit pas eflre 'Minilîre de
la parole de Dieu, ni Pafleur,-qu'onnes'eïpo
ûll quant & quant au martyre:les Chrefliens
elloyent perfecutcz en forte que la mort pen-
doit à la tefledeceuxquien faifoyentprofef
fion.Qji'eiloit-ce donc des Palleurs lefquels
ontraittoit beaucoup pkis cruellement ? £c
p. m.
n8 VINGTIEME
ainfîilnous faut poifcrcefte circonftaiiceciu
temps , quand fainft Paul parle ici d'vn tel
defir. Car li vn home le preparoit alors pour
feruir à rEgli!e,cVftoit à cefte condition, <juc
du iour au lendemain il fuft preft d'cftre me-
né au gibet. Côme nous voyons auiourd'huy
en la Papauté , que les Chreftiens font touf-
iours fur le bord de la folle : non pas qu'on
leur face cefle grâce de les enterrer, mais ils
ont toufiours la mort deuant les yeux : ain-
fî en eftoit-il du tép< de fainrt Paul. Mais en-
core cefte qudhon n'tft point du tout folue.
Car combien que faind Paul prefuppofe que
ceux qui eftoyent incitez d''vn bon defir, pou-
uoyent appeter de s'employer au fcrmce de
Dieu & de fon Eglife.tant y a qu'encores l'em
ble-il qu'vn homme ne puille point appeter
vn tel office /ans vne vaine prefomption. Et
pourquoy?Car qui eft-ce qui fe trouuera fuf-
lîfant pour exercer vne charge fi grande & fi
pefante î comme fainft Paul auAi en parle en
»n autre lieu en ce paflage des Corinthiens:
car il ne fe contéte point de dire que cela fur
monte la faculté & vertu de tous homes, mais
il s'efcrie comme par tftonncment,Et qui fe-
ra idoine àcecifCiuenous foyons(dit-il)ara-
bafladcurs de Dieu pour faire appointement
auec le monde, qu'au lieu que les homes font
perdus & damnez, nous les réconcilions pour
cftreenfans de Dieu ,que:nous les afleurions
que Dieu les accepte & reçoit pour les faire
héritiers de fon royaume,que nous foyons tef nuer vn tel exercice, c!e là on peut iuger qu'il
S E R M O N
uoir cefte conficae,qùe Dieu no* gardera par
fon fairû Efprit,&: que ce qui nous défaut, fe-
ra fuppleépar fagrace.Voilacc que S. Paul a
prefuppofe. Et qu'ainfi ibit, fi nul ne pouuoit
defirer licitement l'off ce d'enftigrer , à quel
propos tftudieroit-il pour s'y apprf fter ?
Qm'nd vn homme s'adcénera du tout àl'E-
fcriturc faincle,& qu'il s'y exerceu, n'eft-ce
pas à cefte irtcntion que s'il plaiftàDicu de
l'employer à fon feruice , qu'il foit difpofé i
cela?£t mefmcs on nourrira les enfans en ce-
fte efperance : &' c'eft vne chofe bonne , afin
quel'Eglifede Dieu ne demeure point def-
pourueue : &: feroit bien A defirer que beau-
coup de pères cuflent cefte affedion-ci,&que
les enfans y refpondiflènt aufsi de leurco-
fté . Mais on fe foucic tant peu de feruir à
Dieu& à fon Eglife,, que nulne voudroit a-
noir vn eufant prefcheur. Pourquoy ? En ce-
la monftrons-nous le zèle que nous auons à
Dieu. Et au refte, (comme l'ay défia dit) fi on
met des enfans à l'efchole.*: qu'on les conti-
nue là, c'cft à l'intention de les faire feruir:
caries lettres doyuent auoiv quelque vfâge,
& fi on les addonne du tout à l'Efcriture fain
fte,çe fcrapour les préparer ,a(în que quar.d
il plaira à Dieu de leur tend'C la main , ils ne
foyent point nouices, Se qu'ils ayent deqnoy
pour fournir à vne telle charge. Si cela eft li-
cite d'enfeigner les enfan., ii les hommes e-
ftans venus en aage peuucnt toui ours conti-
nioins de la remiAion de^ pecheztqui fera-ce
dit-il, qui fera fuffifant à cela ? Ainfi donc il
femble qu'vn home ne puilTe appeter vne tel-
le charge, qu'il ne foit outrecuidé, & qu'il ne
oublie fa foiblelTe.Nous fommes par trop in-
utiksjvoire les plus fuffifans & les plus excel
lens, pour procurer vne telle oeuurede Dieu
comme il appartient Et comment donc pour
rons-nous porter cefte ambaflade fi haute
dont nous auos parlé.'Et puis il n'ell pas que-
ftion de fiire feulement vn fermon quand vn
homme fera prefcheur, mais il faut qu'en gê-
nerai & en particulier il fç.iche que c'eft d'a-
noncerla parole de Dieu pour édifier, afin
2 u'clle profite . Or il y a les autres chofes
ont nous traitterons tantoft . En fommr, il
femble que ce defir dont parle fainO Paul,
Ibit toufiours conioint à quelque folle pre-
fomption. Mais notons que faind Paul n'en-
tend pas ici qu'vn homme fouhaite de s'em-
ployer à cefte charge d'anoncer la parole de
Dieu, comme fi de fon induftrie & de fa pro-
pre vertu il y fufhfoil. Car nous dcuons touf-
iours notcrce qui s'enfuit en ce paflage que
i'ay allégué de la féconde aut Corinthiens, là
cù fainft Paul dit que nous ne pouuoiis auoir
vne feule bonne pcnfcedc nouf-mtfme>^,mais
que Dicubefongne en nous :& voila, dit-il,
dôtvict noftre fiifHfance.Côbien donc qu'il
nous faille craindre & tftre en foixi, attendu
■Doktc infirniitt,licft-cc que nouf deuonsa-
cft bien j^mis de fo; haiter cefte charge. Mais
ccpéd.tt il y adcux chofes :l'vnf c'eft, qu'il ne
lâutpointq l'appctitfoit entache de qnelq
ambitiô ou vaine gloire: &voîla,pourquoy S.
laques dit, Mes ami':, n'<ippetez point d'eftre j_,„ - j •
maiftres. côme chacut! 1 1\ chatouillé d'vn tel
defir , que c'cft vr.e belle chofe & honorable
d'auoir quelque maiftnfe, d'cftre eyalté: or il
dit, Gardez -vous d'eftre eiitachtz de quelque
ambition. Voila le premier que nous auons à
obfcruer. Il eft vray que tous proteftcront
bien qu'ils ne défirent qu'à feruir à l'Eglife
de Dieu : mais que chacun s'examine: quand
nous aurons contente les homes, ce n'eft rien
fait,nous auons à rcfpôdre o'cuant Je luge ce-
lefte. Ainfi donc, ceux qui diront qu'ils ont de
fir de profiter, quand ils s'offrent pour anon-
cer la parole dv Dieu, qu'ils entrent en eux-
mefincs,qu'ih fondent leurs pensées, S: qu'ils
regardent s'ils pcuuét prottfter deuant Dicti
& fes Anges.qu'ils ne font point menez d'au.
cune conuoitiic d'eftrc veuî ne d'eftie pri-
fi.2, qu'ils ne cerchcnt finon dc fe confacrcr
tellement à Ditu, qu'ils ne foveiit point inu-
tiles.mais qu'ils édifient fon troupeau. Voila
pour vn item. Or le fécond tft aocores , que
ceux qui défirent comme il appartient vn tel
office, le facct auec humilité, c'eft .i dire qu'il»
ne foyct point il volages de ptefiimcr de leur
vertu,* qu'il leur femble qu'ils ferôt meruei!
lcs:qu'il n'y ait point dôc vne telle outrecui-
dance.
s V R LA I. A T r M O T H.
dance, «nais qu'en cognoiflàr.tJeur infirmité
ils ferrent les efpaule^ , & craignent d'entrer
en vne charge fi difficile & que leur ddîr foit
feulement fondé fur ccfte confiance, qu'ils f ça
«ent que Dieu les guidera , & que t'il y a en
euT quelque foiblelTe, Dieu pouiuoiia a toiii.
Voila donc le fécond qui eft ici requis. Et de
U nous pouuons iuger qu'vn Iiomme ne dciî-
rera iamaisd'eftrePalleur.qu'il ne le craigne,
& qu'il ne le fjye pour vn autre regard qu'il
ne i'appetera.Vn hSrne deiîrcra bien de s'em
ployer en cefte charge, voire cognoiiTant que
c'eli vn ûcnfîce agréable à Dieu.cognoilTant
que nous ne pouuons mieux cmployci &; no-
ure vie & noftre mort , qu'à retirer a ùlut les
poures âmes qui eitoyent perdues, & en train
de mort éternelle. Nous pourrons donc deiî-
reràcefte condition d'eftre Miniilres de la
parole de Dicurmais cependant lî nous regar
dons quelle cft la difficulté, fi nous penfons à
nous & à noflre portée, il cil certain que nous
fuirons tant qu'il lerapoûible, & voudrions
bien en eftre exemptez : ou encores que nous
ayons cefte charge-la , ce fera à cefte condi-
tion que nous délirions que Dieu en appelle
de plus ("iffifans.tcllemét qu'ils fcruét mieux
à l'Eglife.ll ne faut point qu'on le couure ici,
il ne taut point chercher fubccrfuge : mais il
eft certain que celuy qui n'ha point certecon
fideration-la en defir.it cell ofiicc.n'eft qu'vn
glorieux, qu'il eft mené d'vne affedion mau-
uaife , qu'il luy femble qu'il ait quelque bon
ïele:& combien qu'il protcfte qu'il ne deman
de linon de feruirà Dieu& à fon Eglife, com-
bien que cela s'entortille parmi le marché , fi
cft-ce toutesfois qj'jii voit bien qu'il n'y a
qu'ambition Se vaine gloire en vn homme, s'il
n'ha cefte crainte poui le retenir , & qu'il ne
defire que l'Eglifc loit pourueue fans luy.
Voila donc qu.ît h ce mot dot vfe faind Paul,
quand il dit. Si quelqu'vn defire l'officed'E-
uefque.Orceci s'eftend encore» plus loin :car
nous auons à recueillir vne doctrine générale,
c'eft afçaiioir que de quelque eft.u que nous
foyons , nous pouuons licitement defirer de
nous y employer , encores que la charge foit
haute ,& qu'elle furmonte noftre capacité.
Qui plus eu, il eft impofiible qu'vn home fér-
ue loyaument à Dieu , ô. qu'il chemine en fa
vocation comme il appartient , finon qu'il ait
vn tel dcfir.Et pourquoy? Cependant q noiK
faifons vne choie A regret, elle n'eft qu'.ide-
mi faite. Siic traincles iambes,& que ic ne
puifle remuer les bias,& que lera-cc?ie feray
beaucoup de bcfongne en vn iour.Il faut dôc
que nous foyons volontaires, & que nous ay-
ons vn franc courage, quand il ell queltion de
nous acquitter de noftre dcuoir.ouy en quel-
que office que nous foyons. Ainfidonc il faut
bien que nous ayons quelque defirde nous
employer. Quand vn homme defire d'eftre
marié , combien que k mariage ait des char-
ge- , que toutesfois après s'tjftjp rccommâdé à
Dieu.ilefpexe qu'il pourra goiiucrner {6 mef-
na£;e , & q là deifus li prene le treiii aux déts„
côme on ûit.Si va liôme ha grand mefnage,&;
bien , ilappetcra d'y pouuoir futfire: mais en
appelant aufsi, qu'il demâde à Dieu qu'il luy
dône la faculté &la vertu de ce faire. Si nous
venôs plus haut en quelque charge publiijue,
là il y a encore des ditficulter plus grandes. Si
nous venons àl'eftatde iuftice,il eft certain ô
ce maniement -la requiert vne plus grade ver
tu que d'vn mefnage piiué. Or tant y a qu'va
homme ne pourroit faire office de Magiftrat,
finon qu'il ait vn courage aLiigre,voirei8i: qui
ne fera point fins dcllr. Mais cependant no-
tons(côme l'ay délia dit)qu'en dcfiiaiit nous
deuons aufsid'autrecofté fouiiaiter que Dicti
pouruoyc toufiours les places de perfonnes
plus idoines que nous ne fommes pas, Se que
nous craignions, & ne fuft-ce finon pour che-
miner en fûlicitude & inuoquer Dieu afin ql
nous c5Juife.Carceluy qui necognoiitpoinc
fon infirmité, le voudra eleuer,&: Dieu le laif
fi là précipiter en beaucoup de mauuaifes ren
contres. Vo:Ia le payement de noftre outre-
cuicance,quand nous netcnôs conte de prier
Dieu : & puis Hous fommes nonchalans là oii
nous deuerious veiller , & eftre en folicitude.
Notons donc qr.e ces deux chofes ne fe peu-
ucnt &ne fcdoyuét lamais feparer,c'eftafça
uoir vn bon defir que nous ayons de feruir à
Dieu , en quelque eftat qu'il nous appelle , &
puis vne crainte que nous ayôspour chemi-
ner en fohcitude en noftre vocatio, pour touf
iours requérir l'aide de Dieu, afin qu'il nous
goimerne& qu'il nous côduife , & q nous luy
puilsions fcruir en fon Eglile,nonobftât tou-
te noftre infirmité. Ainli donc nous voyons ce
que i'ay dit.c'eftafçauoir combien que fainèè
Paul parle ici notamment des Euefques&des
Paftcurs, fi eft-ce qu'i I donne vne inftruftioa
cômune à tous Chrtftiés, chacun en fon eftac
&■ offîce:c'eft q là où Dieu nous appelle, noua
ayons vn defir & vn franc vouloir de le feruir:
car fans cela aufsi il n'acceptera rien de nousr
& mefmes qu'vn chacfi entre eu foy pour pea
fer à fon infirmité, & que làdeflus nous priés
Dieu qu'il luy plaife de nous accepter, & de
remédier à toutes les fautes qu'il cognoi/t e-
ftreennoiis:&que cependant nous ayôs aufsi
lamodeftie que Dauid protcfte d'auoireuc.
Seigneur, ie n'ay poît cheminé en chofes gran
des ni admirables par deflîis moy :c'eft à dire
Seigneur,ie n'ay point leué lesyeux:cômen'a
gueres no' voyiôs en lob, que ceux qui regar
dent le foleil & la lune, font côme s'ils vou-
loycnt prédrela Inné aux de«ts,c5me on dit,
qu'ils ne demandét finon d'eftre grans quant
au m5de.Q_ue nous n'ayôs point dôc celte fa
lie-là,mais que nous auifiôs de nous humilier
pluftoit:& s'il plaift à Dieu de no' eleuer,gar
dons nous bié de monter trop haut de peur de
nous rompre le col, comme il taut qu'il en aii- .
uicne à tousprefôptiieux % fe cofient en leur
'■"•': "' p.iiii.
uo
VINGTIEME SERMON
propre vertu. Or fi en toiK cftats nous deiions
auoir ccfte modeftie , p.ir plus forte raii'on
quand il eil quelhon d'vn office excellent , &
qui requiert des vertus e.vquiies &: grandes, &
rares, tant plus deuons-iioiis cftre touchez &
de rcucrence & de crainte : &: fur cela prier
Dieu qu'il ne permette point que nous loy-
ons eleuez pour trcbulchci en ruine, mais
s''il nous eleue, que nous foyons toulioursau
deflous de luy,&; que fi nous chaccllons quel-
que fois, il nous retiene & nous fortifie:&: ce-
pendant ii nous fommes en quelque haut de-
gré,,q noftrc cœur ne laifle pouit d'eftre bas:
carceluyq ferale pi' haut, s'il ne iurraôteles
autres en humilité, il eft certain qu'il fe préci-
pitera toufiours en grande ruine &confufio.
Comme, la chairede vérité où on prefche, au
ra bien preeminence,non feulemét afin qu'on
foit ouy deloin , mais afin que ladoftriue qui
fe porte parla bouche d'vn home, foit receue
en plus grande reuerence,& qu'vn chacun s'af
fuicttifle à icelle. Mais au contraire ,fi celuy
qui eft là monté , ne regarde b;en à foy pour
cognoiftrc fes fautes &: impcrft(flions,& pour
inuoquer l'aide deDitu,il eft certain qu'il luy
coufferabien cher d'eltie ainlihaut monté:
q non feulemét il lentira le mal en fon corps,
mais qu'il trebufchcra en vne ruine de laquel
le il ne le pourra iamais rclcuer. Ainfi donc
penfons diligemment à nous , & cognoilTons
que ce n'eli point (ans caufe que fainft Paul a
fait cefte admonition-ci à tous ceux qui doy-
iient eftre eleus Miniftres de la parole de
Dieu. Or cependant nous auonsaufsi à rédui-
re en mémoire ce, qui a efté touché, afçauoir
<jue fainifè Paul ne parle point feulement pour
ceux qui font appelez en ceft office: mais il
admonefte Timothee & ceux qui ont la char-
ge d'élire des Pafteurs, qu'Us auifent bien que
l'Eglife de Dieu foit pourueue comme elle
doit,& qu'vn fiege fi honorable ne foit point
infefté d'ordure, & qu'5 n'y introduife point
des fcandales , & des chofes qui pourroycnt
mettre en opprobe rEuangile,& tout l'ordre
ie l'Eglife & de la Chreftienté. 11 faut donc
en premier lieu q ceux qui font choifispour
tftre Miniftres de la parole de Dieu , regar-
dent de fe conformer .1 cefte admonition qui
eft ici donnée par fainô Pauhceux qui y pour
royent eftre appelez au temps aduenir, qu'ils
fe préparent & fe difpofcnt félon que fainft
Paul les admoneile: cependant ceux aufsi qui
ont à pouruoii en tel lieu &; en tel cftat, qu'ils
regardent de s'en acquitter. Car s'ils veulent
vferde liberté pour dire , Ho ie le puis faire:
& qucfera-ce?Ainfi notons bien que le fiinct
£fprit a misvne obligation cftroite fur ceux
«jui ont la chargede pouruoir à l'Eglife de
Dicu:& cela ne fe doit point feulement ob-
fetuer en clifant des Pafteurs , mais auf i en
les retenant. Car comme ccluy quitafchera
par brigues ou par mcfchans moyens d'auan-
ccr quelqu'yc en ceft office, defpité Dieu , Se
peruertit tout l'ordre de l'Eglife en tant quVn
luy eft:aufsi quand vn homme eftant Paltcur
ne lert que d'ignominie &: opprobre à l'Eçli-
fe.d'autant qu'il s'cftmal gouuerncen l'offi-
ce , ceux qui le retienent, Se qui tafchent à le
maintenir, fe monftrent en cela ennemis mor
tels de Dicu,&; regimbent .^rencontre de luy
tant qu'il leurcftpol'Mble. Or tant y a qu'on
verra ceci fouuentesfois: car ceux qui deuroy
ent purger l'Eglife de Dieu de telle ordure,
font bien contens qu'il y ait des prefcheurs
tels quels. Et pourquoyp Afin de fe maintenir
cependant en leurs iniquitez. Car fi vn pref-
cheur chemine comme il appartient , il aura
tant plus de liberté, & aura la bouche ouiicrte
pour reprendre les vices.& pour s'oppofer au
mal:car quand vn Pafteurauia zèle de Dieu,
il eft certain qu'il le voudra acquitter fidcle-i
ment de fon deuoir. Or beaucoup de gens ne
cherchent point cela:car ilsvoudroycnt auoir
des hommes à demi muets:& s'ils parlent, que
ce foit feulement parceremoie, & qu'on fc
mocque de toutes les reprehenfions, qu'il n'y
ait nulle authorité. Voila dore poiirquo y teau
coup tafchent de maintenirdes mcfchans en
cefte office qui eft de gouuerner l'Eoliil- de
Dieu: mais tant y a qu'en ce failanr ils fe de-
clarét ennemis raortef. de Dieu,ainfi que déf-
ia nous auons monftré. Pourquoy? Car l'aincî
Paul ne parle point ici feulement d'tlireceux
qui n'ont point encores tfté en l'office, mais il
monftre quel- doyuent eftre ceux qui iéront
foufFerts & endurez en ceft eftat , c'eft afça-
uoir ceux qui feront fans reproche, comme il
adiouftc puis apres,& eftans douez des vertus
que nous auons récitées, i5.-qu'il faudra dccla-
rer,eftans purs& nets des vices que fainct Paul •
codainne ici, comme chofes qui ne font po.nt
fupportables en vn Miniftre de la parole de
Dieu. Or venons maintenant à ces vertus que
fainft Paul requiert en tous Muiiftrcs delà
Parole. Il dit qu'on ne doit point choilîr hom
me en ceft eftat qu'il ne foit irreprehcufible.
Or il eft vrayque les plus parfaits auront bien
des infirmitez &dcs vices en eux, tellement
qu'on ne pourvoit pas trouuer entre les hom
mes vnfeul Miniftre fi on vouloir qu'il n'y
euft nulle tache. Mais faincIPaul tant ici qu'en
l'epiftre .1 Tite, monftre aflez ce qu'il entend,
c'eft afçauoir qu'il n'y ait point de tache no-
table furvn homme. Ceux donc qui f)nt Mi-
niftres de la parole dcDieu.d'autât qu'ils font
créatures mortelles , auront bien des vices,
mais il fliut qu'ils foycnt fupportez.Et mcf-
mes nous voyons qu'en la Loy, combien que
le grand S.icnficateur reprefentaftla perlon-
ne de lefuv Chnft , & af^ftait deuant Dieu
pour moyenneur,& qu'il fei il les ficrificesde
reconciliation , fi cft-ce qu'il offroit pour fes
péchez en premier lieu , comme l'Apoftrele
déclare en l'epiftre aux Hebrieux : D'autant
(dit-il}que le grand Sacrificateur eftoit choi H*fcf.7,
fidu milieu des hommes , il faloit qu'il ie re- ^7-
cogmift
s V R L A, I. .A T I M O T H.
cognuft pécheur, & ne fe pouuoir faire autre
nituc. Maintenant donc ceux qui feront eleus
pour anoncer la parole de Dieu , feront bien
pécheurs. £t de faift , noftie Seigneur lefus
Chriftn'a point feulement enfeigné TEglife
de dire, Pardonne-nous nos fautes : mais il a
donné aufsi cckt leçon à fesdifciples en pre-
mier lieu:& ce n'ell point par hypocriiic <j«e
nous demandons à Dieu, Pardonne-nouv nos
péchez : mais c''eft en proteilant que nous a-
uons beaucoup de vices pour lefquels il nous
faut genur.d'autantq nousn'en ferons point
defpouillez lufques à tant que nous foyons
retirez de ce monde. Mais quand nous fom-
mes fuiets à des infirmitez, ce u'eft pas à dire
qu'vn péché notable doyue eftre fouffert en
nous.Comme quoy? Si vn homme eft ou pail-
lard, ou yurongne , ou larron, ou pariure, ou
qu'il ait quelque autre vice criminel,& ccluy-
la fera-il digne d'cftre en ctft office fi hono-
rable de reprefenter la pcrfonne de lefus
Chrift ,pour teftifier la rcmifsion des péchez,
&poureilre là comme tefmoin du falut des
3mes ? Nous voyons donc maintenant quelle
eft l'intention de fainft Paul , c'eft ;ifçauoir
quand nous auons à choifir vn homme pour
dire conftitué miniftre de la parole, qu'il ne
faut point prendre vne perfonnc entachée
d'infamie. Qujil y ait donc cela en tous mi-
nières de la parole de Dieu, qu'ils ne foyent
point dénigrez de quelque blafme , qu'on ne
puoTe point dire , Tue. vn criminel , tu n'as
pas cheminé droitemcnt, pourtant tu n'es pas
digne d'eftre en office honoi.ible. Or lî cela
doit eitre obferiié en toute police, que feia-ce
de l'Eglife de Dieu, & de ceil ordre qui doit
demeurer inuiolable .•' Ainiî donc il faut bien
q.uVn homme loit exempté de tout blafme,
qu.id il ett appelé à ceft office. Or l'àinîï Paul
ayant monftré que les miniftrcs de la parole
de Dieu doyuent eftie tels.iladioufte, Qj*'ils
foyentmaris d -vne fcule f mmc.Oa a entendu
ce palTage c5muneement,Q_u'vnhôme n'cuil
point efté marié deux f.jis: maisc'eft vne pu-
re mocquerie.comme on le peut apperceuoir,
de l'auoir ainfi entendu. Et c'eft encores vue
chofe plus fotce & plus lourde , afçauoir de
dire,Marid'vne feule féme:c'eft àdire, qu'il
n'ait qu'vne Eglife : défaire cefte allégorie
fctte, c'eft vnbadinage.SainÛ Paula entendu
autrement ce paflàge-ci, c'eft afçàuoir pour-
ce qu'il y auoit cefte corruptiô entre les luifs
qui eftoiten vfagedelôg tempsafçauoirque
plufieurs auoyétdeux ou trois femmes, fainft
Paul condamne ce vice-la, & le condamne en
telle forte , qu'il ne veut point qu'il foit nul-
lement fupportc en vn miniftre de la parole
de Dieu.Orpource que cela ne fe peut point
defpefcher pour cefte heure , il fera referué
pour l'apres-difnee.Mais cepêdant monftros
l'intentiô principale de fainft Paul, pour con-
clure & faire fin.Pourquoy eft-cc que S.Paul
notaramét parle ici, QJj'vn miniftre de la pa-
121
rôle de Dieu doit eftre niarid'vne feule fem-
me.-C'eft tendant .i ce qu'il adioufte en la fin.
Que fi vn homme ne ffait ^ouuerner ù mai-
fon, commet pouruoyia-il a toutel'Eglife de
Dieu? En fomme S. Paul met, Q_iie celuy qui
eft choifi en tel eftat, fe doit porter hônefte-
ment en fon priué.Et c'ell vne règle naturel-
le aufi bien en toutes autres chofes publi-
ques .Si vnhôme ne fçait quec'tftdcgouuer-
ner famaifon , ic vous prie, le doit-on pren-
dre pour manier vncftat public? Voila vndif-
fipateur,& on en voudra faire vn gouuerneur
de viile,ou d'vn pays. Celuy qui aura mSgé fa
fubft3ce,qui fera vn fol cftourdi.ceiuy qui au-
ra efté desbauchc, il faudra qu'il règle les au-
tres,il faudra qu'il ait maniement public:& 5
fera-ce?Nous voyôs doc que cela eft du tout
répugnant à nature.Ainli donc notons que S.
Paula ici voulu déclarer qu'vn homme ne fe-
ra iamais propre pour feruir à TEglife de
Dieu , pour anoncer la doûrinc de l'Euangi-
le.s'il ne fe porte en fon priué hôneftement,
&■ qu'il ne face qu'on ait bon tefmoignage de
luy,&: qu'il foit approuué.Or ceci n'eft point
ftul( met pour les miniftres delà parole, mais
nous auons à recueillir vne doftrine généra-
le, c'elt quâd on doit appeller quelques gens
en eftat public .qu'on regarde en premier lieu
qu'ils ayent conuerfe hôneftement entre les
honimes,& qu'ils fe foyent portez en telle for
te qu'on ne leur pui/Te rien reprocher:& que
quand on voit qu'ils ont bien gouuerné leurs
perfonnes & leur incfnage, qu'on efpercaufii
qu'ils gouuernerôt tout vnpeupte.Mais d'au-
tant qu'on ne penfe gueres à cts chofes, c'eft
bien raifon que tout foit confus & difsipé en
trenous. Etdc fàift, pourquoy cft-ce qu'on
voit de tels fcandales, & que les chofes vont
ainiî de pl^t, qu'on crie, Tout eft perdu ;pour-
quoy? La fan te vient de nous, quand nous fai-
fons ce de. honneur à Dieu, de ne point co-
gnoiftre quelle eft Ja difficulté des charges
honorables qu'il nous cômct,&' qu'on femoe
que ainfi de fon nom. Quand doc il y a fi peu
d'ordre en ceft endroit, il faut bié qu'on fpit
payé de mefmes,& que Dieu fe venge de ceft
opprobre qu'on luy fait, quand vn homme fe
fera mal gouuerné en fon particulier ,qu'il ne
laifle point toutesfois d'eftre en eftat public,
voire & qu'il y foir conftitué comme en Ae{~
pit de Dieii.Il ne fe faut donc point esbahir û.
leschofes fontainfi confufes.Et pourtant re-
tenons bien quelle eft l'intention de S. Paul:
c'ettque quand on appelle quelqu'vn pour a-
noncer la parole de Dieu , il faut qu'aupar- .
auantilait eftéefprouué. Et corrunent?en la
perfonne,& puis en fon mefnage, qu'il fe dé-
clare eftre tel que quand il aura gouuerné fâ
maifon corne il appartient, qu'on efpere qu'il
fe portera auf i bié en PEglife de Dieu, ^ en
tout vn peuple.Voila donc ce que nous auons
a retenir pour main tenant.Et au f-i notés bien
que S.Paul a ici voulumettrevnebridcà toivs
q.i.
112.
VINGTIEk4.E SERMON
ceux qui Ce doyMat mefler de gouuernement
publiC) c'eft qu'ils oonduifent en attrempace
les cKofes qui leur font commifes , afin qu'ils
s'y porcét en coûte crainte & Kumilité.flc qu'ô
ne i'auance point par vne folle prefomption
& outrecuidance -.Se que ceux qui ont quelque
t{Liniement, y procèdent touUours en toute
Tolicitude:& fur tout quand nous ferons com-
rais fur l'Eglife de Dieu , que nous aduifîons
de nous en acquitter fidelcment,conime l'in-
tention de Dieu eft.Et cependît cognoiflons
auf'.i le foin que noftre Dieu ha de noftre fa-
Iut:car fainû Paul n'a point parlé de fon in-
duftrie propre, mais il a cftc organe du tâiniî
Efprit. Dieu donc déclare par ce moyen-la
Je foin qu'il ha de nous , quand il ne permet
point que nous foyons expofez en proyc ni à
rabandô,mais qu'il veut que nousfoyôs pour
ueus de gens idoines & propres pour nous fer
uir. Nous cognoiflons donc par cela l'amour
paternelle qu'il ha enuers nous : c'eft vn tef-
nioignage du foin qu'il ha que noilre falut
foit procuré comme il appartient. Voila cc
que nous auons à noter pour maintenant: &4e
refte fera referué pour monftrer cefte excel-
lence dont parle fainift Paul.
OR. n«us-nous profterneios deuant la face
de noftre bô Dieu en cognoiflànce de nos fau
tes.Ie priant qu'il nous les face tellement fen
tir.que cc foit pour nous abbatre du tour de-
uant luy.âfin d'auoirnoftre refuge à fa mife-
ricorde.Et cependant aufsi qu'il luy plaife de
nous conduire tellement, que puis qu'il nous
a appelez à fa cognoiflànce, & qu'il nous a re
tenus pour eftre de fon troupeau &. de fa mai-
fon, il ne permette point que nous foy 5s coni
me belles efgarees, mais que toute noftre vie
foit réglée en fon obeiflànce.Et pource qu'il
y aura toufîours beaucoup d'mfirmitez en
nous, qu'illuy plaife noui fupporteriufques
à ce qu'il nous ait purgei de tous nos vices &
imperfections. AinC nous dirons tous. Dieu
tout-puiflant,Perecelefte,5:c.
SECOND SERMON SVR LE TROIS-
IEME CHAPITRE.
I Parole certaine, Si aucun appete l'office (ÏEuef^ue, il dejire vne
ctuure excellente.
X il faut donc que /' Eucjquefoit irreprchenfible, mari d'ynejm-
le femme, \eilla7ityprudent, modeHe, recueillant volontiers les eîiran-
g ers .propre a enfeigner,
.L Non point addonné auyin,nehateur,neconuoiteux de gain def"
honneîle:maîs humain,non noifeux,non auaricieux:
4 Èienpouruojant à fa famille, ayant fes enfânsfuiets en toute
rciîcrence.
nous délions obferuer que quand Dieu a m«
celte règle certaine fur le mariage , elle n'a
pas efté gardée comme^elle deuoit : car plu-
îîeurs fe font donné liberté trop grade, com-
me ce pays d'Orient a toufiours efté fuie ta
cela:& n'y a doute quand les ùinùs Patriar-
ches ont eu plufieurs femmes , qu'ils n'ayent
efté feduits& corrompus par la mauuaife cou
ftunieicomme nous voyons que c'eft vne cho-
fe difficile quand on fera en quelque pays où
vn vice règne, de s'en garder.Si l'yurongnerie
cft cômune, on ne larcputera plui pour vice,
elle fera plus que tolerablc : autant en eft-il
Ous auons commencé à expo
I fer ce matin l'intention de
I S. Paul, quand il veut qu'vn
I Paftéur d'Eghfe foit mari
] d'vne feule femme. Mainte-
'runtil refte de fçauoir plus
' au long pourquoyfainS Paul
a requis fpccialemcnt cefte vertu en ceux qui
doyuent anoncer la parole de Dieu. Car ce-
la doit eftre commun à tous fideles:nous fça-
uôs q cefte règle a efté inftitueede Dieu à ce
i\e condition que deux fuflènt en vne chair.
11 ne dit pas trou ou quatre : mais comme la
femme ell crcée pour rhommc.aufsi d'autre de la paillardifc. Voila pourquoy nous auons
colié l'homme a efté créé pour la femme. Ain .\nouspieferuei-,fçachansquefi nous ne vou-
fî donc c'eft vne chofe exorbicante,&du tout Ions nous perdre à noftre efcicnt,& lafcherla
contraire à l'incenrion de Dieu, fi \n homme bride à Sat.i à ce qu'il nous incite à mal, nous
ha deux femmes. Il ftmbicroit donc cftrange nedeuont point eftre fi volages de rou; nour
que fainâ Paul parlant ici notammét des Pa- rir en quelque vice quand nous l'aurons ac-
fleurs de l'Eglife , leur attribue cefte vertu, couftumé.D'autant donc q c'eftou vne chofe
«oisuaii fi eiJe oe deuoit pas cûte en cous. Or p«r trop «ccouftumçe au pays d'Oritnt,qu'vn
iiommc
SVR LA LA TIMOTH.
«*5
Lomme cuft deux femmes ou trois, les {âinfts
Patriarches fe l'ont aufsi bien addônei à cela:
& c'a eiïé vn vice deteftable en eux. Comme
quand AbrahS a prins Agar.il n'y a nulle dou
le qu'en cela il ne foit reprehenCble. Qnand
lacob a prms Rachel api c^ auoir efpoufe Lea,
ç'aefté vne chofe vileine&cnoime, iedi ou-
tre l'inceftc qu'il a eu les deux foeuis.il y a eu
Tautre péché , qu'ilapafle l'ordonnance de
Dieu g deuoit cftre facree & inuiolable. Voi-
re & n'y a point d'excufe en ce qu'il auoit
efté trompé:carileuftfalu prcntieremét qu'il
confefTaft qu'il n'euil point efté marie à Lea,
«u bien qu'il fecontentaft d'elle /eule s'il la
vouloit auoir pour femme. Or toutainfi que
les Patriarches ont eilé corrôpus par la mau-
uaife couftume,aufsi leurs enfans eiUs defcen
«lus de leur race ont pris cefte couleur, quand
ils fe font donné licécc d'auoirplulïcurs fem
ines.Q_uand Abrahâ & lacob en auoyent ainfi
vfé, paieillement Dauid,& leurs ftmblables,
voila qeftoit caufe que cefte couftumeeftoit
entre les luifs du temps de S.Paul.qu'vn hom
me euft plufieurs femmes.Or ce]a(c5me nous
auôs declaré)n'a pas efté pourtat licite:mats
tant y a qu'vn tel mal ne fe pouuoit corriger
du premier coup. Car quand vn mal cft cômis ,
on n'y trouue pas aifeement remede,& com-
me il feroit àfouhaitter.Sainft Paul doc con
damnât ce qu'on appelle poligamie.c'cft à di-
lela pluralité des femmes , n'a peu remédier
que les femmes qui auovent efté ainfi prifes
par ignotance.fuflènt répudiées par leurs ma
ris,& qu'ils les delaiflàflentrmais il a foufTert
cela comme vn vice & vne chofe mauuaife au
cômun populaire. Cependant il n'a pas voulu
qu'il fuft enduré en ceux qui deuoyent eftre
corne miroirs de prudéceau peuple: car voila
les miniftres de la parole de Dieu qui doyuét
monftrer le chemin aux autres. Quand donc
vn mal fera excufé en vn home particulier, il
fe doit corriger plus afprement beaucoup en
vn home de noftre eftat. Voila dôc pourquoy
S.Paul a reqs ici vne telle vertu aux Pafteurs.
Maintenant nous auons la principale expolî-
fion de ce pailàge : mais il refle de recueillir
doârine qui nous foit propre en édification
de ce que nous auons déclaré enbrief. Nous
voyons ici en premier lieu,que c'eft de laifTer
régner les vices, & de n'y point mettre ordre
du premier coup. Car la mauuaife coulhime m
continent tourne en loy,& cuidera-on que ee
qui eft en vlàge.foit licite. Voila qu'on gâigne
quand vn vice de prime face cémencera d'e-
»re introduit deuât qu'il foit en vfage:chacii
le fçaura bien condâner : & meûnes ceux qui
ont quelque hônefteté & qlque hôte en eux,
en feront fcrupule r mais fi auec le téps on s'y
endurcit, & qu'ô ne tiene côte de le corriger,
là deflus on cuide q le mal foit permis. D'au-
tant plus donc deuôs-nous eftre attétifs à re-
yrouucr le mal deuât qu'il fou entré en pof-
(e{siou,S< i y mettre ordre deuât le ccup.Or
quand vne maladie a gagné fur vn komffie,on
h.i grand' peine de la defracinercA: fi du com-
mencement on y pouruoit.le remède eft bien
aifé. Autant en eft-ildes viceî & péchez, qu'ô
n'y peut trouuerguarifon puis qu'vne fois ils
ont cômencé h régner, qu'on pé fera S ce foic
vne chofe qui doyue eftre ordinaire.Et pleuft
à Dieu que cefte leçon-ci fiift bien obfertice.
Mais quoy ? il fenible que iamais on ne fera
venuaffezà tép'i d'exalter les vices,& en fai-
re vertu,qu'auiourd'huy il n'tft point queftiô
de pouuoir donner quelque crainte pour cor-
refti5:car on allègue q la rigueur trop gran-
de eftinfupportable.Voire,niais cependant il
vaudroit mieux qu'on punift rudement les vi^-
ces.qued'amaflèrvn threforde l'ire de Dieu,
& que quand les nxeCJians auront efté efchap
pezdes h5mes,qHe Dieu nous cnneloppè to"
envnemefme côfufion: & qui plus eft,q ceux,
qu'on aura voulu fupport er» en la fin foyent
cnuoyez à leur ruine par faute d'auoir efté
ch.ifticz humainement. Auiourd'huy quâd on
parlera de punir les paillardifcs,& bien,il eft
vray eucores qu'ô n^oferoit pas d're Qu*il ne
le faille ainfi^maiscepédant pourle premier,
quelle corretlion y a-il ? Car fî on fait fem-
blânt de punir vn paillard, on l'entioyeen pri
fon, c'eft à dire en vne tauerne,voire,& vne ex
uerne bien desbauchee. Voila qaelle en eft la.
punition, tellement que Dieu & fa iuftke fc-
,ront mis en opprobre. Et puis punit-on vfi
paillard.' il y en aura vne douzaine qui elchap
peront : & chacun le voit à l'œihil n'y a pcr-
fonne q les iuges qui foyent borgnes ou aueii
glcs en ceft endroir,les petis enfans en vont à
la moiiftarde. Or eneores trouucra-on en ce-
la trop grande rigueur. Des blafphemes qnel
fcrupule en fait-on plus?Si vn homme eft ou-
tragé, incontinent il faut que la rcparatiôcn
foit f3ite:le nom de Dieu fera dt chiqiicté par
pieces,& on ne fçauroit trouner moyen qi/vn
tel mal foit reprouué, lequel fera puni mefines
entre les incrédules. Nous fàifons profef ion
de l'Euangile, & toutesfois le nom de Dieu
ferablafphcmé fans aucun chaftiment ,& ne
s'en fait-on que mocquer. Autaten eft-ildes
vices femblables. Voila vnyurongne qui fera
cônre vn pourceau, & ne le fera point fealemét
pour vn jour, ou pour quelque fois l'an , mait
c'eft vn ordinaire, qu'à grand' peine y trouue-
ra-oc lobrieté vne heure.Or qu.id telles gens
fe font accoiiftumez à entonner ainfi le vi n,il
eil certain qu'ils porteront leur yurotignerie
trois iours , qu'ils deuienent du tout brutaux.
Et bien, cela eft permis. En Jafin que pouuôs-
nous recueillir d'vne telle douceur, quand on
fupporte ainfi les vices? En premier lieu nous
ne faifons qu'amaffer du bois,& l'ire de Dieu
s'emflamme tout àvn coup» que nous fem-
mes esbahis après anoir couué long temps
noftre ordure , que Dieu la defcoaurira fou-
dain à noftre côtufion: pnisque nous fommes
auifi addonnes à nous £actcr , il faudra i^ae
q.ii.
ItJ^
VINGT ET VNIEME SERMON
nous payés tout en vn iour les arrérages que bruit, demeureront fourds.tcllement qu'ils ne
nous aurons faits. £t cependant nous Terrôs
qu'on gaigne quand vn vice n'tft pas corrigé
tn temps opportun : c'eftcomme vn yuron
gne quand on ne le chaftie pas du premier
coup de i^on intemperanceiapres auoir gour-
nundé , il taut qu'il deuiene vne poure cha-
rongne,' qu'il tombera par pièces. Et après
qu'il n'y aura plus dequoy,il faut s'addonner
à larrecins & à pillages : car puis qu'vn hom-
me eft ainfî affiiandé.il luy eft impofsible de
fe pouuoir chaftier. Et qui en elt caufefpour
ce qu'on l'a trop ûipporté. Autant eu eft-:l
des paillardiû-s: nous voyons quelî vn hom-
me n'eft chaftie quand il aura commencé à
mal faire, il fc lettera comme à l'abandon, &
prendra tant plus d'audace , & le diable l'a-
ueugle en telle forte qu'il empire de plus en
plu>: Si en la fin il adutendra quelque meur-
tre, iSi voila le gibet pour toute recompenfe.
Et voila comme Dau (c venge du mcfpris de
fjn nom , quand il voit que les hommes ne
lienent conte de punir ceux qui l'iniuricnt
ainlî, qu'il faut qu'il les face toniber en gr.ms
inconueniens. Voila donc qu'on gaigne à fup
porter ainiî les vices. Et d'autant plus nous
faut-il noter la leçon que non? deuôs recueil
lir du palTage de faiiift Paul,c'cft afçauoir que
fi auant le coup on ne retranche les vices , ils
auront vai telle vogue,qu'on n'en pourra ve
nir àbout quand on voudroit bien. Et voila
pourquoy l'Apoftre en l'cpiltre aux Hebr.
H h < !t "°"5 exhorte à couper les mauuaifes herbes,
& garder bien qu'elles ne pullulét point par
trop entre nous, & fur tout qu'elles ne croif-
fent, quand il y a quelque bonne feméce que
elle ne foit point cftoutfee.que les mcfchan-
tcsherbes ayent tellement gaigne qu'on ne
puiffe nettoyer vn champ que tout ne foit ga
fté & peruerti.Prenons donc garde à ces cho
fes : & que nous ayons plus de 7ele qu'on ne
voit,5c qu'on a veu par ci-deuant, pour renie
dier aux vices qui font côme en poirefsion,&
que mefmes on fait reigle d'auoir ofFcnfé
Dieu ■, & que la couftume(comme i'ay dit)eft
eonuertie en loy.voila pourvu item. Et no-
tons aufsi que Dieu permet que les hommes
fe desbordent ainiî quand ils ont donné en-
trée à Satan , & que l'iniquité domine au mi-
lieu d'eux,qu'ils n'ont plus nulle difcretion.
Qjyd on nous parlerad'vnvice, liil ya quel
que intégrité entre nous , chacun en pourra
cftre iiige:on dira, C'eft vne choie vilcine.ce
Ja n\'ft pas à fouffrir. Mais quand on a laiflé
couler vn rnal,& que chacun s'y cft trop alïïi-
ietti.on n'en tient phis conte, &• n'en tait-on
plus defcrupule.Et qui en cftcaukrCefb que
nous fommes aiicuglczpar la iufte Vengean-
ce de Dieu , que nous ne voyons plus noftre
turpitude , d'autant que nou>^auons les yeux
esblouis. Et tout ainfique ceux qui auront
e/lèlong temps en vn lieu inftft , demeure-
root comme punais , ceux 'qui- orroniP grarîd
peuuent plus riendifcerner :ain(Ieneft-il de
ceux qui le flattent en leurs vilenies & iniqui
tez, qu'il faut que Dieu leur ofte tout fens &
raifon, qu'ils ne difcernent plus entre le bien
& le mal.Preuenons donc vne telle punition:
& cependant que Dieu nous fait la grâce de
nous monftrer que nous la pouuons fuir, que
nous le facions. Il y a pour le fécond , qu'il
nouifaut garder de prendre cefte couuerture
f riuole de nos predeceireurs,cuidans eftre ab
fous deuant Dieu,quand nous allcguerôs Te-
xemple decertuy-cioudeceftuy-Ta:Ho,com
ment? vn telperfonnage en a ainti ïfé: ne me
Icra-il donc pas licite? Voire?c6me fi vnhom
me pouuoit preiud cier à la Loy & à la vente
de Dieu.V-oici Dieu qui nous déclare ce qu'il
approuue& condamne : vn homme fera tout
au rebours.Et peut-il par fon exemple violer
ce que Dieu a eftabli? Voit-on pas que c'eft v-
ne chofe contre raifon? Et neantinoins il n'y
a celuy qui ne le gaudifle fou ; \ n tel mateau:
Et comment? n'en pouuons-nous pas bien fai
re ainli. Et fur tout quand il y a des ptrfonna
ges excellen;,â:des gians feiuiteurs de Dieu
qui ont commis quelque faute, il nous femble
que ce n'eft plus pechccomme il en va de l'e-
xemple d'Abraham, voila Abraham qui eft vn
miroir de toute faiucfeté & perfedion , mais
cependant il a failli en ceû endroit, quand il
a eu plufîeurs femmes. Ce n'a point efté pour
la concupiicence de fa chair, pour dire que ce
fuft vn homme desbordé, qui appetaft comme
ces gens difloluî àauotrl'cs voluptez : il fe
contentoit aflcz de la femme . Et qui eft -ce
qui le folicite à cela? C'eft Sara fa femme. Et
pourquoy ? Pource que l'incrédulité la pouf-
fe à vn tel mal , qu'il luy femble puis'' qu'elle
eft vieille & ancienne, qu'Abraham ne pourra
plus auoir d'enfans d'elle :& pource qu'elle
fçait que la promelTe luy eftoit faite , qu'en
fi fcmence le fahitdu monde cftoit promis,
elle va par vne folle imaginatiô foliciter fon
mari à vne chofe qui ne luy tftoit point lici-
te. Or il eft vray que Dieu n'a pas imputé ce-
fte faute à fon léruiteur Abrahamunais tant y
a que nous ne-ladeuons pas reputer vertu,
qu'elle ne foit toufiours à condamner . Car
Dieu ne veut point que fa' vérité foit obfcur-
cie (comme nous auons dit)fous ombre de 1'
authoritéd'vn homme mortel : ccLi aufsi ne
fcroit pas de raifon, line faut point diminuer
la gloire de Dieu , pour cxcufcr ceux qui au-t"
ront failli en ceft endroit. Et mclmesno' vo^»
ons par rEfcriture.qii'Abîahâaeii fon paye-
ment d'auoir excède la règle de Dieu. lacob
aufsi: nous voyons ce qui eft aducnuà Dauid.
Voila donc de grans perfonnages qui ont lail
litmais ce n' eft pas pour amoindrir le péché,'
ne pourdonner exciifc àceux qui les cnfuy-
uront . Et ainlî notons bien que cen'eftque
folie h nous de cercher tels fubterfiiges
pour4irÉ, Ceftuy-ci enavfé, ct/luy-la nous
a monftré
SVRLAI. ATIMOTHT.
IIÇ
amonftréle'chemin. Mais quand la vie des fte.Bethclauoitbienefté vn lieu bon pour la
hommes fera da tout reiglee à la parole de cob : mais depiiiv que Dieu veut qu'on ûcri-
Dieu, &d'autant qu'ils nous conduiront U, fie enlerufalcm , li leprouue tout ce quia-
que nous tafchions de les enfuiure:maisquad uoit elle aiiparau.mt en vl'age. Voila donc
ils auront décliné du bon chemin, gardons de Dieu qui déclare que c'cftvne maifonde mal
faillir après eux:carnous ne ferons pas excu- heur & d'iniquité que ce lieu-la qu'on auoit
fables pourtant. Ce nous eftencores vne le- bafti pourluy faire facrifice. £t poiuquoy/
çon bien profitable que cefte-ci, & mal prat- Car il préfère A tous facrifices l'obeiflànce ;
tiquee.Elle nous eft,di-ie,bien profitablercar comme il eft déclaré au premiei' liure de Sa-
y a-il rien plus neceflàire , que de compalTèr muel. £t nous voyons qu'autant en eii-û ad- '• S"*-**»
toutes nos œuures à la pure parole de Dieu? uenu aux Samaritains : Nos pères (dit cefte ,
Or ft Diéb u'a point maiftrile fur nous , Se femme parlant à lefus Chrifi ) n'ont-ils pas '*'''4'*»
que nous ne luy foyôs point foiets en ce qu'il- adoré en cefte môtagnefOr cela n'eft de nuU
nous commande.que fera-ce?Au refte.fi nous le va)cur:car Dieu qui auoit ordonne le tem-
enfuiuons les hommes fans difcretion , c'eft pie de lerufalem , ne vouloit point qu'on fe
autant derogueràDieu-, qu'il ne foit point deftournaiHe la parole de Dieu, fous ombre
elcoutéde nous, mais ce qu'il aura pieu aux que les hommes auoyent donné vn télexera-
hommes de faire, encores qu'il ne l'ait point p'e. Voila donc ce que nous auons à retenir
approHué": n'eft-ccpas preiudicierà laparo- quant à ce quefainû Paul monftre encepaf-
le de Dieu? Et où en fommes-nou<;? ne voila fage, c'eft que la pluralité des femmes eftoi'c
point vne coufufion trop enorme?Ainfi doc, venue en vfage parmauuaife couftume, & fur
d'autant plus deuons-nousobferuer diligera tout fie c-e qu'on s'eftoitpar troparreftéaur
ment ce que nous auons dit,c'eft al'çauoir de vices des fainfts Patriarches, lefquels l'Efcrt
efcouterceque Dieu nous commande , &de turefainûenous propofebien pour voir quel
le fuiure purement &finiplement, &neregar les vertus il y a eues en eux,mai'i cepédâtelle
der point àce que le rcfte du monde fait. C5 monftre aufsi bien qu'il y a eu de l'infirmité,'
«ne les Papille'; , quand ils imaginent tout ce afin que nous apprenions de nous humiliefi ^
que bon leur femble,& qui leur vient au cer- Et voila pourquoy le Prophète Malachie for '*''^*'^
ueau , tant s'en faut qu'ils foyent imitateurs me cefte complainte , comme eftant folicité '^'
des Sainfts ( comme ils fe vantent ) qu'ils ne des femmes, combien qu'on fe couuriftdece
fçâuét à quelle fin ni i. quel but les feruiteurs fte excufe-ci,& qu'on allegaft, Les fainfts Pc
de Dieu ontiamais tédu:&làdeirus ils feiet- resen ontainlî vfë : cela n'tft point valable,-
tent à la volée pour faire ceci & cela. Quand dit-il.Car l'home qui reiette fa femme après
ils pourront alléguer l'exemple d'vn Sainft, eftre marie, & fe fepare de Ci partie.il eft par
les voila bien fondez , ce leur femble , qu.ind ii*re,il eft fauflaire, Se mérite d'eftre extermi
ils diront, Vn tel Sainft a ainfî fait. Or il ne né du rang des hommes.Neantmoins encores
faut point que nous foyonseftonnez .quand vn telpecnéferoitplusàfupporterquc laplu
ces poures ignorans courent ainfi comme ralité des femmes, dit le Prophète : car vous
grues , & qu'ils s'cnueloppent enfemble , 8c inoleftez vos femmes en langueurs & deftref^
qu'ils vont le grandchemin des vaches, (com fes , &n'eft point pofsible qu'elles puiflenc
me on dit)mais tenons toufîours cefte reigle, inuoquer Dicu.Pource qu'on fçait bien q les-
(comme elle doit eftre infalliblc^que ce que femmes par ialoulie ne fepeuuent nullement
Dieu a défendu, foit tenu pour mauuais , en- fupporteri&cepédant elles ne laiflent pas de
cores que tout le monde allaft au rebours : & crier à l'autel de Dieu.Ie fuis côtiaint d'ouir
que ce que Dieu a commandé, foit tenn pour telles côplaintes.dit le Seigneur.Péfez-vous
bon , encores que tout le monde n'en tiene que ie vous puifle eftre propice quad il y aura
conte. le laiffe ici à dire que les Papiftes s'a- de telles côtradiftions entre vo'fNous voy»'
bufent , quand ils nou', allèguent les fainfts ons làcôme le Prophète Malachie reprouue
Peres:car ils prendronc^des moine$& des ca ce qu'on penfoit eftre excufable,à caufe que
pharsradotez,au-lieude C\: ranger à ceux que les hommes auoyent ainfi fait. Et pouroller
l'Efcriture fainftenous propofe pour exem- vn telfubterfuge , où eft-ce qu'il rameneles
ple.Mais quand ils n'âuroyent point cefte fo Iuifs?A la première ordônance de Dieu:Ce-.
lie ^^fteft-ce enco'es(comme nous auons de- lu'y(dit-il)qui nous a créez, ceiuy qui eft po-
ciifé) que Dieu doit toufiours auoir prccmi- ftre Pcre, n'a-ii pas fait vn feul homme,&- ne
nênce.. Car voila aufsi enquoyles luifs fe luy a-il pas adiouftévné femme? N'euft-il
font âbufez anciennement, ie di au leruice de pas peu faire qu'il euft donné trois ou quatre
Dieu , qu'il leur a fcriiblé q tout ce que leurs femmes à vn home? NTauoit-il parefp;it d'a-
Perei auoyent fait , ils le pouuoyent tenir bondance en luy? Et toutesfois il n'i point
pour bon.Ornoftve Seigneur leur auoit bàiU donné trois Eues à vn Adam,maisil a dit,Fàl
kùreigle, laquelle ik mêfprifoyent pour fons vne aide.Iln'eft^ là parlé que (TVifeiidè) =
enfuiure l'exemple des Pères. Ils ont adoré c'eft à dire la femniejlaquelle Diéù a conioin
en Bethcl , pource que lacob y auoit facrifié. te à vn homme. Nous voyons par cela que le
Voire, mais Dieu condamne cela/ & leiJéte- Prophète met bas tpus les exemples qu'on
^.iii.
VIMGTDEVXIEME SERMON
pourroit amener des homme:, déclarant que
Us nedoiuent en rien preiudiciet k la reigle
oueDieunout a donnée, de l3(]uelle il ne
i»o' faut deftourner en façon que ce foit. Paf
fons outre. Quand {âin Paul dit que les
miniftres de la parole de Dieu doiucnt e-
ftre maris d'vne feule femme , il raonftre que
ce qui feroit fupportable en vn particulier,
doit efte condamné en ceux qui font en eftat
public.Non pas que les vicesjae foyent toul-
ioursàcondaner par tout où ils fe trouuét!
mais tant y a qu'vn homme qui fera feulemét
nechanique , & qui ne fera point de renom,
Îiourra bié eftre excufé en ces yices notables,
equel on pourra purger & réduire petit à pe
tit: & cependant quoy qtl'il en foit , fi eft-ce
qu'on n'vferapomt de rigueur extrême en-
uers luy. Mais celuy qui doit eftre comme v->
ne lampe pour efclairer le refle du peuple,
sui doit monllrer le chemin , qui doit eilre
comme vn port'enfeigne , quand celuy-la fe
desbauche,il eft â punir doublement.jEt pour
quoy? Car il faut que la vie des miniftres de
la parole foit en édification : & fur tout que
ce qu'on pourroit cxcufer en d'autres , foit
corrigé en eux,& qu'on ne les fupporte poit.
Voila donc ce que nous auons à obferuer de
«e paflàge. Et autât en eft-il de tous ceux qui
font d'eftat & d'authorité:que s'ils difent.Et
auoyf vn pour£ homme en fera bien autant.
Voire, mais celuy-la s'il pèche, ce n'eft qu'à
luy , & fa faute ne tirera point vn fi grand
fcandale:mais celuy qui a receurne telle gra
ce de Dieu,& qui eA eleué en haut, tellemét
qu'on le peut voir de loin , s'il trehufche , ie
vous prie, n'attirera-il point entant qu'en
Juy eîlfes prochains en ruine?S'il tôbe quel-
que petite loge,& bien, elle ne fera mal a per
fonne : mais n vn grand édifice s'en va bas, il
y a vne domaine de maifons à l'entout qui
pourront çlhe accablées deffous.Ainfi en eft
il de ceux 5 Dieu aura exaltée. Que donc les
miniltres de la parole de Dieu apprenent de
fe tenir en vne bride plus eflroite que les au
tres,& fur tout quâd ils voudront eftre corre
âeuTS des vices.qu'ik regardent biende n'en
«ftre point entachez. Car prenons le cas que
in homme fuft pur & innocent, fi eft-ce tou-
lesfois qu'encorcs faut-il qu'il exerce plus
grande rigueur enuers foy.qu'cnuers fespro
«hains. Ainfidonc, d'autant que Dieu nousa
«onlhtuez pour reprendre les fautes commu
jier des autres , qu'vn chacun de nous appre-
nede t'efpliicher,& regarder tellemét i foy,
que nous n'ayons point ce reproche «jui nous
foitmisaunez, Médecin guari-ioy le pre-
Biier , & puis tu penferas des autres malades.
Voila donc ce que nous auons à obferuer.Or
•epédaot notons que fi des vices font fuppor
tcï à caufe qu'on n'y peut remédier, ce n'ert
pas qu'on ne doiue tafcherà y -mettre ordre
tat qu'il eftpofsible:mais il faut vfer de mo-
yens propret 4c conuttublcs. Co.mme août
vpyons ici que S, Paul n'a peu retrancherdn
premier coup cefte pluralité de femmes: non
pas que la chofe fuft bonne , mais pource que
c'eftoit vn vice qui auoit duré de 15g temps,
& aufsi que la guarifon eftoit par trop vioien
te, fi vn homme eufl reietté vne femme fecon
de qu'il auoit trompte.Il faloit donc que ce-
la fuft fouffert pour vn temps , iufques à ce
qu'il y euft moyen de le corriKer,& q les ho-
mes de leur bon gré cognulSènt qu'ils s'e-
ftoyent par trop lafché la bride: Se que k fé-
conde féme aufsi cognnft en fon enëroit,que
il eiloit difficile de fe comporter en vn tel
meflinge qui eft controuué contre Pordont
nancede Dieu, & la reigle qui'l auoit donee,
lu^ues à tât donc que les homes & femmes
fkl^nt ainfi volôtairement réduits, 8c de leur
bongré,on n'y pouuoit mettre ordre. Or de
là cognoilToijs, fi vn vice a prins racine fi pro
fonde qu'on ne le puifle aifeement dcfracl-
ner,que nous auons tousàgemir.cognoiilans
que c'eftàbon droit que Dieu nous punit
ainfi, d'autant que nous n'auons point efté
fur nos gardes en temps opportun. Quïd m
homme fera aduerti de fe cocregarder,& que
il continue de plus en plus en fes excès , C on
ne le peut guarir quand il voudroit, ne faut-
il pas qu'il cognoiflèiHelas iefuis ici languif
iânt,c'eft raifon que i'endure beaucoup : fi ie
eufle receu bon côfeil, l'eulle preuenu vn tel
mal:or ie n'en ay tenu conte, mais ie me fuis
tellement oublié que le n'ay donné nul or-
dre en mon cas: maintenant me voici incura-,
ble ,• les médecins ne fçauent que faire. Vn
homme qui fe verra ainfi à l'extrémité , ne
pourra prendre excufe de fa faute . Ainfî
de noftre cofté , fi nous voyons des vices
trop enracinez,quenous cafchions d'y pour-
uoir, & que nouscognoifsions que noftie Sei
gneur par ce moyen-la nous veut faire hon-
te & vergongne : & cependant quoy qu'il en
foit, ne laiflons pas de corriger ce que Dieu
condamne , afin que le mal ne germe point
par trop long temps :& fi ce n'eft du premier
iour,iIvaui mieux tafdqueiamais,commeon
dit. Cependant nous voyons ici quelle tft la
fainâeté Papale , d'autant que le Pape n'a
point penfé que les miniftres de la parole de
Dieu fuiïent (âinûs , finon qu'ils s'abftinf-
fent du mariage. Voila que les Papiûes allè-
guent. Qu'en la Loy anciéne il faloit que le
grand Sacrificateur , quand il entroit au fan-
ûuaire, fuft feparé d'auec fa femme : 8c puit
que ce leur eft vne chofe ordinaire du facti-
face qu'ils orfirent à Dieu , qu'il faut que.ce-
luy qui eft en tel cf[at,renonce du tout au ma
riage,& qu'il ne f&mefle point parmi les fem
mes. Or quant au premier, les Papiftes blaf-
phement contre Dieu , en difant que les Fa-
fteurs de l'Eglife Chreftienne font appelé»
pourfacrifier lefusChrift.Carla Mcuc(c5-
roe nous fi{auons)eft vne chofe deteftable. Se
du toutdia^olique. Il eft rray que Dieu nous
corn
SVR LA I." A TIMOTH.
nr
'tomsninie it lâciifiei let âmes que nous luy
acquérons par le moyen de l'£aangile,(com-
K«m.ll> mefainâ Paul en parle aui Romains ) mais
I, du Sacrificateur de ta Loy ancienne , il a eité
figure de noAre Seigneur lefus ChriA,il a re-
prefentéfaperfonne,& celan'eft point au-
tourd'Kuy en nous. £t ainfï c'eft vn argument
brutal , 8i meCmes blafpliematoire ( comme
nous auons roonfti é ) >^ue celuy dont les Pa-
piftcs ont ifeduitle commun populaire,guand
ils n'ont point donné licence à leurs preftre»
de fe marier,â[ en font venus iufques lâ>d'3p-
peller Tefut de mariage, poUutiô'qui eft en-
core? vn fécond blafpnemc.d'auoirainfî vili-
iîffr.ij. pende l'ordonnance de Dieu. Car il eilditno
4' tanunent , que le mariage tfl honorable en
tous- le faind Efprit a prononcé cefte fenten
ce. £t voila les Papes qui ont defgorgé cefte
viieine & puante parole, que l'cftat de maria-
ge eftoit poilu. Sçauroyent-ils batailler plus
apertement à l'encontre de Dieu .' Or cepen-
dant (comme l'ay défia dit)oous voyons que
iâmd Paul qui a efté organe dejnoftre Sei-
gneurlefus Chrill.n'a point trouuc eftrange,
que les Pafteurs & ceux qui ont charge da-
nonceria parole de Dieu, fuflent mariez : &
melmes entre leurs vertus il a requis cela.
Vray elV qu'il ne le requiert point cômevne
chofe neceflàire de foy : car de fait nous voy-
ons qu'il s'cA abltena du mariage,foit que ia-
mais n'ait eu femme, ou bien qu'il fuft vefue.
Se qu'il fe teinft feparé : il monllrPtoutesfois
lu'iln'auoit point compagnie de femme , &
efire que chacun fuft femblable à luy. Or s'il
euft cognu que le mariage fuit neceflàire aux
prefcheursde TEuangile , U euft voulu don-
ner exemple en fa peifonne . Il ne requiert
point ici Je mariage comme neceflàire , mais
fi eft-ce qu'il le tient & le repute ici vertu.
Nous voyons donc quand la miniftres delà
parqk de Dieu font mariez , & qu'ils tienent
meûuge, que c'eft vn ordre que Dieu approu
ue,& qu'il fanftifie par fa bouche propre, cn-
cores que les hommes le condamnent. Et au
refte, il faut qu'vn chacun regarde À foy : &
d'autant que tous n'ont point le don de con-
tinence, ceux qui voyent qu'il leur eft expé-
dient & vtile de fe marier.qu'ils vfent du ma-
riage comme d'vn remède bon Se fàirô,& qui
cftapprouué de Dieu. Et encores que cela ne
y fùft, (i eft-ce que le mariage eft en liberté à
vo home: encores qu'il ne foit point côtraint
de necefsité fi grande , fi eft-ce que tonfiours
il fe pourra marier , & le mariage eft bon &
louable en foy. Et «fia en eft iuge.' Dieu : il ne
faut point fe rebecqucr à l'cncôtre. Vray eft
que ceux iiquiil eftdônéde fepouuoir abfte-
(iirdumaruge,& que cependant ils cognoif-
fent qu'ils pfuuent mieux fetuir àDieu,doy-
tient demeurer en ceft eftat : mais qu'ils co-
gnoiflènt aufsi qu'ils ne font point à préférer
pour cela aux autres.De moy.ie ne veux poît
^u'ôm'ictiibue àYcriu £ie ne fuit point nu*
ï
rit :pluftoft c'eft vnvice en moy.fi ie pouuoye
mieux feruir i Dieu en mariage que de domcu
rer c5me ie fuis, ie ne crain point q ie ne puif
fe protefterdeuant Dieu & les homes, q icne
fulTe marié. Mais ie cognoy mô tnHnnité,que
peut eftrc vne femme ne ie trouueroit pas bié
»uec moy. Qupy qu'il en foit, ce que ie m'ea
abftien.n'eft finoc afin d'eftre plus libre de fec
uir à Dieu. Et ce n'cft pas que ie penfe eftre
plus vertueux que mes freres:fy,fy^fi i'auoye
cefte faufle opinion-la, & que ie me vouluuâ
gloiifier envne chofequi n'eftriende foy.
Âinfi donc qu'vn chacun vfede celleJiberté
qui nous eft permife,& que nous en louiAionc
tellement q nous regardions toufiours de fuy
ure le moyen q Dieu nous dône d'édifier !'£-.
glife,chacun en ion endroit. Voila en femme
ce que nous auons à retenir de ce pailàge. £e
i'ay touché notâment ceftarticle, pource que
nous voyôs en la Papauté qu'on a fait vne ver
tu admirable de ne fe point marier , voire les
preftres & les Euefques & leurs femblablCs,
iefquels fe font voulu exépter des charges pe
nibîes du mariage.Mais cepédant nous voyôc
l'horriblé vengeace de Dieu qui y règne, par
les abominations qu'ils ycômettent, àcaufa
que le mariage a efté ainfi vilipendé, & qu'ils
ont fait vne vertu de ce q eft totalement cou
traire à l'ordonnance de Dieu, voila donc ce
que nous auons à retenir. Or quâd ûinû Paul
a .linfi p3rlé,il adioufte, Q»» l Euefque doit »-
fire yigilant : ce que le titre aufsi porte . £t
puis îfres.frmltnf. & puis, biin réglé, qu'il aie
vne vie liénefte, & fur tout qu'on voye com-
me vne lumière en fes moeurs. Yci fainû Paul
ne recite point toutes les vertus qui pour-
royent eftre requtfes en vn homme : mais il
prend quelques efpeces , afin de nous mon>
ftrerque celuy qu'on ordonne pour anoncer
la parole de Dieu, doit eftre d'vne vie fi bien
réglée, que ce foit pour édifier les autres par
fon exemple. Voila donc l'intention de CiinBt
Paul: il note ici les vertus plus fpeciales,&
qui font plus requifesenceft eftat : comme
d'eftre vigilant , d'eftre fobrc, d'eftre pru-
dent , Si modcfte .Voila donc les vertus qui
doyuent eftre en vn homme qui aura charge
d'enfeigner le peuple de Dieu . Sainâ Paul
euft peu dire, Que l'homme qu'on choifirx
en ceft eftat,ne foit point larrô.ou meurtrier:
comme défia il a dit qu'il ^faut qu'on foit ex«
empté de tout crime en gênerai , & comme
pour môftrer qu'on ne doit point prendre vn
homme en ceii office qu'il ne "foit exempt de
toute iniure& opprobre, il dira ci après que
il faut qu'on ait bon tefmoignage , mefines
des eftrangers. Mats ici ( comme défia nous
auons déclaré } il regarde comme vn homme
pourra feroir à Dieu en ceft eftat, car s'il n'y
a & vigilance, & prudence, & tempérance,
que léra-ce ? N'imaginons pas donc que ce
foit pour vn homme nonchalant , ce n'eft
jst.pour vn fay-neant ^u( ceft office t£
q.iiii.
iiZ
VINGT ET VNIEME SERMON
ordonné . Les Papiftcs quand ils voudront
faire vn Euefque.apres Tauoir fait preftre(c5
me ils difent) après luy auoir engrailFé les
doigts.apres luy auoir fait vne plus grade ra-
fure , & puis luy auoir baillé (à mitre , aueç
deux cornes fur fatefte,& puis vn baftô tortu
en fa main , & puis le bel aneau en fes doigts:
voila vn homme defgmi'e pour iouer vne far-
ce qu^vn Euefque Papal: & cepcdant que fait
il ? Ho, il cft vray que les Euefques en la Pa-
pauté ne font pa. fans charge : carc'tftàeux
de dédier les Ëglifes, de confâcrer les autels,
de faire le crefme,de doner les ordres.&faitc
tous tels badmages:voila donc enquoy les E-
uefques s'occupent en la Papauté . Mais ici il
p'tti point queflion de telles fanfares,ce n'tft
point vne dignité o'fîueque l'office d'Euef-
que.c'eft vne ceuure Se vn trauail qui eft cxcel
lent,côme dit ici fainâ Paul. Puis qu'ainfl eA
donc que nollre Seigneur nous dône vne char
ge, voire qui eft bien pefante & difficile, il ne
cfl pas queftion ici de nous cndoimir.Cen'efl
point donc (ans caufe que fainft Paul requiert
ici vne vigilance. Autât en ell-il de la pruden-
ce,de la fobrieté,& de l'hônefteté de vie. Car
après qu'vn homme aura mis peine de fe gou
uernercn forte qu'ilfoit en bon exemple aux
autres,il faut auf\i qu'il ait prudéce & difcre-
tion pour fçauoir reprendre , & pour fe gar-
der des filets de Satan qui luy feront tendus.
, Ainfî donc fainû Paul a tant plus fongneiife-
jncnt declaré.qu'il faut qu'vn homme foit at-
trempé, qu'il ait prudence : & que fur cela il
foit orné en fes nioeurs,c'cft à dire , qu'il foit
en fî bon exemple en toute fa vie , qu'on co-
gnoiflè qu'il chemine en la crainte de Dieu,
& qu'on voye que c'eft à bon efcient qu'il
parle. Nous voyons donc maintenant en fom-
jne comme fainû Paul requiert ici les vertus
qui font conuenables à noftre office:nous ad-
uertiiiànt aufsi tous en gênerai , quand nous
auons àchoilrr.gens quiluyent pour porter
la parole de Dieu , Se pour élite dodttursien
fon Eglile, que nousUtuons rcgaideràceux
qui y font fpeciakmen rappelez :& fur tout
que la vie rei'pondeà ladoiirine , car c'eft le
principal que veut ici fair.ctPaul.Voila ce que
nousauons à noteren fonime. Et cependant
qu'vn chacun aufsi cognoiflc que les vertus
qui l'ont ici requifes en tous niiniltres delà
parole deDieu,font pour donner exemple au
troupeau. 11 faut bien qu'vn chacun cognoif-
fe.que quand il eft dit qu'il faut que les mini-
ftres foyent gens prudens, atttempez , qu'il»
foyent nonneftes en mocurs.c'eftahn que cha
cun feconfoime àleur exemple : car ce n'eft
point pour tio.s ou quatre feulement que ce-
la eft dit , mais pour tous en gênerai . Voila
donc comme il faut que l'exemple des hom-
mes nous profite.d'autant qu'il nous condui-»
rontdroitement félon la volonté de Dieu.
due s'ils en déclinent tant peu que ce foit, il •
ne faut pas que nous leur attribuons celle au-
thorité q-nous les enfuyuions pour cela:mais
tenons-nous à ce que dit fàinft Paul,afça-
uoir que nous deuos enfuyure les hommes en
ce qu'ils feconformét du tout à la pureparo
le de Dieu, &■ qu'ils font imitateurs de lefus
Chrift, pour nous conduire au droit chemin.
OR. nous-nousprofterneronsdcuant la
facede nofjlrebon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le priant qu'il luy plaifc nous les
faire tellement ftntir que nous auilions de
nous corriger ,&' que nous y mettions peine
de plus en plus,gemiilàns toufîours à caufe de
nos infirmitez . Et pource que nous forames
tant redeuables ànoftre Dicu,qu'il luy plaife
nous fupporter par fa bonté infinie, iiifques à
ce.qu'ilnousaitdutout reucftusde faiufHce,
& conformez i fon image glorieufe.Que non
feulement il nous face cefte grâce, mais aufsi
à tous peuples & nations de la terre,&c.-'
TROISIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
1 Vdrok certaine, Si aucun appete f office ^Euef^ue.il deftre v«e
auure excellente.
X II faut donc que î Euejquefoit irreprehenfible, mari d'yneJeU'
le femme >y>eillant prudent, modeste, recueillant \olontiers les eîlran-^
gcrs, propre a enfeignery
3 "Non point addonné au y>in,ne hateur, neconuoiteux de gain <?f/-
honne?le:maïshumain,nonnoifeux,nonauaricieux:
4 Bien pouruoyant àfa famille, ayant fes enfamfuiets en toute
rcuerencc.
Nous
SVR LAI. A TI MO TH.
Ous n'auons point fcuic-
mcnc ici â trait.erles ver-
^' tus (j fainft Paul requiert
^ en ceux qu''on doit ordon
ner Palkurs en FEglile
de Dieu , mais noter auisi
à quelle lîii il prétend : car
il faut que tous reçoyuent doctrine coniune
de ce qui eft ici contenu. Il ell vray que fainft
Paul s'addreflc à ceux qui ont la charge d'é-
lire des Pafteurs: mais cependant ceux qu'on
élit, & qui font appelez à ceft eftat, doyuent
cognoilire que Dieu leur met côme la bride
fur le col, & leur déclare à quelle condition il
les appelle à fon feruice. Et puis, que tous fi-
dèles de leur colle doyuent en gênerai pen-
fer.quâd Dieu requiert ftinûcté de vie &bon
exemple en ceux qui doyuent anoncer la pa-
role , que c'cft afin que les autres les enfuy-
uent: &que ladoftrine ait tant plus d'autho-
rité, qu'elle foit côme ratiiîee, quand on ver-
ra q et luy qui parle, ne femocque point, mais
qu'il y procède en la crainte de Dieu , & qu'il
a imprimé en fon coeur ce qu'il prononce de
bouche. Notons bien donc eue fainft Paul n'a
pas feulement voulu chanter la leçon à ceux
qui doyuent élire miniftres de la parole de
Dieu,& qui doyuent auf.i eftre eleus,mais il a
voulu auisiaduertir tous fidèles de fe confor
mer àccfle règle qu'il met ici. Comme de fait
Dieu ne cômandc point feulement auxmini-
^ires de fa parole d'eftre attrépez,d'cftre mo
deftes,d'eftre fobres, d'eftre vigilSs à leur vo
cation, cela ell cômun à tous Chreftiens: mais
(côme l'ay défia touchéjd'autât que le trou-
peau qui eil aflerablé , doit oui r la parole de
Dieu par la bouche d'vn home, il faut que ce-
luy qui parle,teftifie de fait que c'eft à bon ef
cient,& qu'il porte telle rtueréce à la doilri-
ne qu'il anôce, qu'il s'y veut râger le premier:
S: qu'il veut déclarer qu'il n'impofe point feu
lemét loy aux autres, mais que la fuiettion cft
c5mune,& que c'eftàluy de cômencer. Voila
di-ie,ce que nous auôs à noter en ce palîàçe.
Et d'autât plus nous y faut-il mieux péfer, â'
nous voyons la difficulté qu'il y a de nous at-
tirer àDieu.Car côbien q cefte dôdrine nous
foit prefchee,& q nous foyons conuaincus de
noftre deuoir,& q nous n'ayons point de fc3-
dalespourno'desbaucher,mais q nousfoyos
incitez àbien.tant y a qu'encores ne pouuôs-
nous approcher de Dicu.Ainfi doc nous auôs
befoin de bien noter tou es les aides qu'il no'
done.afindefuppleerà noftre infirmité. Q.i)i
pis eft, nou? en voyons beaucoup qui ne dc-
mandét qu'vne vaine couutrture & friuole:
qiiâd ils feront dillolus en leur vie &■ desbau-
chez, moy énât qu'ils puiflent alléguer q leurs
Pafteurs ne font point meilleurs , ce leurift
anez:les voila iuftcs.cc leur léble. Car auiour
d'huy qui cftcaufe qu'il fc trouuera dev Pa-
fteurs diffolus,&qui ne refpôdent point .1 leur
vocation? Le peuple lesdcmande telston fera
bicnaifed'auoir quelque liberté.Nonpointq
cela profite : car la condânation fera pluftoft.
double à ceux qui font ioyeux qu'on vfe ainiî
de flatterie. Mais quoy ?fi eft -ce q c'cft vn vice
cômun, côme l'ay dit. D'autant plus donc no*
faut-il obltruer C£ que dit ici S.r.iul,afin que
vn chacun entant qu'en luy cû, tafche q l'£-
glife de Dieu foit bien édifice par Phonnefte
té de ceux qui anoncent l'Eu,igile,&: qu'on ne
les foutfrc point quad ils fcrôt d'vne vie mau-
uaife,& qu'ils ne feront qfcandaliferrque cela
(bit exterminé, &.- qu'il n'y ait point vue telle
ordure croupiflante au temple Dieu , ni en là
maifon:car toute ûinûeté doit là reluire, que
il ne faut point que le fiege qui a efté côftitué
de Dieu, foit prophané par la mefchâte vie de
ceux q s'y gouuernent mal. Voila dôc à quoy
il nous tant tendre. Et fi nous voyons que lès
chofes aillent autrement qu'iln'eft requis, co
gnoilTonsquec'eftvn fignede l'ire de Dieu,
Et pourtant il faut que nous regardions donc
le mal procède, c'eftafçauoir que non feule-
ment pluiîeursdemâdent ànourrir les vices,
mais aufsi ils s'y baignent : afin que cela leur
férue d'autant d'excufe,& q leurs vices n'ap-
paroiflent pas côme ils feroyent autrement."
Et puis, d'autant q ceux qui fe portent loyau-
ment au feruice de Dieu, ont plus de liberté^
ils ne demandent finon de leur clorre la bou-
chera; quand il y aura vn homme qui fera en-
taché de quelque Vice, il faudra qu'il applau-
dilTe à ceftuy-ci, qu'il flatte ceftuy-la, afin de
fe niaintenirr& fi on l'a fupporté, le voila obli
gé d'autant. Or quand nous cognpiflons que
ce mal refide en nous , ne trouuons point e—
ftrange fi noftre Seigneur ne fufcite & qu'il
n'enuoye point de gens qui nous foyent com
me miroirs de toute perftiliô:& l.\ delTus pre
nons CDurage(c6me l'ay défia dit) chacun en "
fon endroit. Et que les mintftres de la parole '
cognoifïèntde leur cofté.ptirs que Dieu a dé-
claré qucL feruiteurs il veut auoir en ceft e-
ftat,que ceu.Y qui ne tafchent point à confor- '
mer leur vie à vne telle règle , fouftiendronc
en la fin vne condamnation horrible ■- Si que
tous fidèles quand ils voyent que ladoifVnne
eftconfermce par la bonne vie de ceux qui
les enfcignent, qu'ils foyét tant plus.incitez, '
cémenou'^ voyons auisi que l'Apoftreen par'
le en l'epiftre aux Hebrieux , lequtl ramené
1.1 les fidèles qui auoyent eu de bons Pafteiir*,
qu'ils contemplent leur conuerfation , afin
qu'ils foyent tant plus refolus de fuyure lai
doftrine au'ils auront ouye de leur bouche.
Car c'eft aufsi comme pour feeller ce que
nous prefchons, quand nous cheminons en
crainte de Dieu, & qu'on pourra appercenoiir
que nous ne parlons point fculemét pour les
autres, mais principalem.ent pour nous. Et
quand les Pafteurs auront ainfi'perfifté iuf-
ques en la fin, &; que leur conuerfacipaaura e-
fté bonne & louable, voila leur doftrine (jiH
doit titre rendue plus authentique. Appie-
I.L
tjo VINGTDEVXIEME
rons donc de faire noftre profit, quand Dieu
nou'i donne vn tel auantage, & fçachons que
ceux qui ne feront point confcrmtz par la
bonne vie de leurs ramiftres , feront d'autant
plus condamnez ,quMs feront plus inexcufa-
bk's dcuant Dieu . Si nous ïoyons de', fcan-
dales,& que les miniftres de la parole de
Dieu ne foyent point tels qu'ils doyuent e-
ftre, après auoir cognu (comme l'ay délia dit)
> que c'elt vn iîgne de Pire de Dieu , fçachons
aufsi que la faute nous en doit élire imputée:
& fur cela tafclions d'y remédier. Mais cepen
dant.quoy qu'il en loit, qu'on ne penfe point
clcre quitte quajid on aura allégué, Ho, ceux
qui nous doyuent goUL'.erner ne font pas mi-
Mar. If. euï que nous. Car 11 vnaueugle conduit l'au
SERMON
14, tre, tous deux trebulclieront en la f lile , dit
nolhe Seigneur Icfus CluJL Q^flnd donc il
y auroit gens ordonnez pour anonccr la pa-
role de Dieu, qui mènent vne vie fcandaleufe
&desbordee,que nous ne les enlliyuions pas,
& q la doclrine de Dieu n'ait pas moins d'au-
thoritc &: reuercnce enuers nou,: car ce n'cft
pas raifon aufsi qu'on la mefprife pourtant,
car fon authorite ne dépend point de la vie
des bommes.Qui font les homaies.'Peuuent-
ils faire que la dodnne de Dieu ne demeure
louliours en fon entier ? Si elle perd fon au-
thorite pour eux, où fera-ce aller ? Mais au
contraire, apprenons de nous ranger du tout
à Dieu, combien que nous voyons des fcanda-
les.que nous ne laifsions pas de fuyurc noftre
train , Ârcognoiffons qu'il faut que la parole
de Dieu demeure toufîours en fon entier.
Tant y a que li nous ne Ibmnies conterincz
par l'exemple de ceux qui nous enfeignent,&
qui nous monftient le chemin de craindre
Dicu:nous aurons tant moins d'excufe, d'au-
tant que nous auions tant plus de moyen &
d'aide pour nous faire cheminer comme il ap
partient . Venons maintenant à ce que faincf
Paul tiaitte quant aux vertus qu'il reqiiieit
en tous ?i{icitr',.lld\:,Q^jl<fjjait foires, &
atinmfiiX. Cr mjtiejles : ou b:en ornez en leur
vie , c'tft à dire , qu'il y ait vne honnelteté.
Nous auons délia dit que ces vertus n'cftoyét
pas feulement pour les miniftres delà paro-
Je:mais d'autant que leur vie eft plus contem
plee , & qu'ils doyuent aufsi parler comme au
nom &cn l'authorité de Dieu, il faut bien que
il y ait quelque aiguillon pour nous inciter
quand nous voyons comme iK fe gouuerncnt.
Ainli doncc'eft raif'on que les miniftres de
h parole de Dieu fur tous les autres foyent
txcellcus en vertu. Et de fa'.t, ceux qui vien-
dront prcfclierd'lionncflctéidc challeté, d'at
trt;;rapance,& cependant feront gens diflolus
& intemper.cz,& ne l^auront que c'eft de mo-
deftie, ne fe inoqueiu-ils pas pleinement &
de Dieu& du monde? il ell vrayCcommedelîa
nous auons dit)q;:c lî les miniftres ne fpnt pas
tels qu'il? doyuent, Dieu pourtant doit cftrc
cïaJté, Si. qac la dacli<i)e qui procedcde luy,
doit eftre receue fans qu'on t'en deftourne.*
Mais tant y a qu'vn tel moqueur ne doit eftre
nuUemet lupporté, quand il viendra exhorter
les autres à eftre modeftes, fobres, & attrem-
pei, Si que fa vie tirera tout au rebours. Ainfî
donc notons bien que ce ii'eft point fans cau-
fe que iainâ Paul requiert tout ceci aux mini
ftres de la parole de Dieu:mais cepcdant c'eft
afin que nous fçachions là où c'cft qu'ils nous
doyuent conduire, & que nous ay 5s cela bien
imprimé en noftre mémoire. Pourquoy eft-ce
que taincl Paul traitte de la vie des miniftres»
car il 1 eut déclarer à quelle fin c'eft que Dieu
a inltitué des Pafteurs qui ayent l'otrice d'a-
noncer fa parole.C'eft pour nous monftrer le
bon chemin, c'eft pour nous monftrer à quel
but il nous taut tendre. Selon donc que Dieir
commande aux Pafteurs de fe gouuemer pru-
demment,en toute modeftie.cn toute honne-
ftecé.en toute attrempance, c'eft autant com-
me s'ildifoit, Q^ tout foit bien ordonné en
mon Eglife, & que ceux aufquels l'ay commis
la charge de côduire & goiiuerner les autres,
marchent deuant, & que le troupeau les fuy-
ue : c'eft que vous foyez attrempez, que vous
foyez tous fobres & modeftes. Voila en quoy
nous apperceuons mieux ce quei'ay touché
n'agueres, c'cft afçauoir, que Dieu n'addielle
point feulemét ici fon propos à ceux qui font
en chaire pour prefchcr, mais il monftre coin
me il veut que fon Eglife foit réglée. Or fur
tout, S.Paul requiert que les miniftres foyent
propres à enfeigner: & cclie vcrtu-cieft fpe-
ciale .à eux : car voila aufii pourquoy ils font
choilîs. Il if eft pas donné à tous de prefchcr,
& de traitter la doctrine de Dieu . Combien
qu'vn hommefoit fidèle, combien qu'il ait v-
ne grande fainûetc en fa vie, tant y a qu'il ne
aura point cefte vertu en foy de pouuoir trait
ter la parole de Dieu en telle façon qu'elle
foit b'en receue. La docfrine doc n'cft pas en
tous:& quand la doflrine y eft, encore l"iut-il
titre idoine : car fainit Paul ne dit point ici,
qu'vn homme foit fçauant : ce n'eft point af-
fezrniais il dit, qu'il foit propre à en feigner,
c'eft à dire qu'il ait cefte taçon-la, qu'il y foit
duit. Il y en aura donc qui feront fçauans , &:
neantmoins lîn'aurot-ils point cefte grâce en
eux de pouuoir appliquer ladoûrine pour la
faire profiter aux autres, afin qu'on en foit c-
difié. Nous voyons donc que lamft Paul a ici
rais vne marque qui eft propre & fpeciale aux
prefeheurs de rEu.î{^ile,en difant qu'ilsdoy-
uciit l'ftre propres s enleigner.Or deuant que
pallt r outre, nou- voyons ici quelle impuden
ce c'eft à ce cierge du P.Tpc , d'alléguer leur
Hiérarchie, qu'ils appc'llent . Car ils fe van-
tent, pour monftrer que ncus lonunes llliil-
niatiques& reti.rnchcï de l'Eglile de Dieu,
qu'ils ont ia principauté facree , l'ordre que
lefusChrifta cftabli,qui doit perlîftcr iufquct-
en la fin du monde. £ t en quoy confifte cefte
Hicrarchie.quMs appellent f Elle commence
par
s VR LA I. A 'T I M O T H.
^P.
par les Euerques& MÙi le faut-il: mais rcgar
doiij quels fout Jc-s £iieJ<jucvdela Papauté. li
Itur femble qu'ils (ierogucnc à leur oifice,
quand ils monteront eu vncchanerc'eiî affcz
quVn Eutlquc vienecni'Eglifeauec l'on ro-
quet & Vf) aneau ,& auec tout Je relie du ba-
duiage:&: puis aux grandes ûftes qu'il Toit en
fon pontiticJt, ayant fes cornes iur la tclie
pour taire peur aux petis cnfans . Il ciï vray
qu'ils feront bien Icniblant d'eftre eiiipefciicz
en e€S grans myrteies, comme,! taire lecicl-
ine,& autres telles ordures, qu'il faut que cela
fbit reierué aux prélats. Mais tant y a queli
ils veulent cflre Eucfques tels que Dieu ap-
prouue , & pour maintenir certe Hiérarchie,
qu'on appelle, c'cit à dire l'ordre Se la police
de l'Eglife, il faut qu'ils foyent propres à en-
feigner.Qu^on examine tous les Euelquesde
la Papauté, quel fçauoir eft-ce qu'on y trou-
uerarOrils fçauent autant que c'tflde l'Efcri
ture lainfte que des veaux. Et cepédant il faut
qu'ils aycnt grâce à autre choie qu'à enfei-
gnerjc'elt alçauotr à chafler.à louer, à païUar
der,.îcho/es Icmblables. Amlî dôc nous voy-
■ ons que c'cft vne pure moquerie & par trop
effrontée, qu'ils .s'ofent vanter d'auoirtjuel-
que ordre d'Eulilc & quclqiie régime, d'aut.it
que tout ce qu'ils ont,clt pleinement contrai
re àce qui cft inllituéde TElprit de Dieu. Or
cela n'ettpas feulement pour les condamner,
Jnais c'eftalînque de noftrepart.quâd ilsal-
iegueront leur Hiérarchie, qu'ils prétendront
ces titres tant magnifiques, qu'à pleine bou-
che ils fe vanteront d'ellre l'Eglile de Dieu,
nous ayons à nous en moquer comme d'vne
vâterie faulTe & vaine. Or ii l'Eglile de Dieu
«ftoit en la Papauté, que leroit -ce de nous?
Car nous n'clperons point de remifsion des
péchez linon en l'£glife,& nous n'auôs point
d'cfperancc de iàlut linon en la remi Aion de,s
pechezrnous voila donc tous damnez. Et ainlî
il faut que nous fçachions & loyons bien cer
titiez q le Pape n'a linon vne fynagogue dia-
bolique , & que tout fon Clergé n'eft qu'vne
ordure & puantile,que ce n'iit qu'vne vermi-
ne de toute celte canaille qui a leictté l'Egli-
fe de Dieu. Combien que le Pape eftant An-
technft foit alsis au faiiduaire de Dieii,(com
mcnousauons veuparci deuant)lî eft-ce tou
lesfois qu'il n'cft point djgne d'ellra rçco-r
gnuniauouc pour paAeur d'Eglife , fje tous
(es femblablcs.il fauti donc que nous ayôs cc--
la tout refolu, afin que nous fçachiopsdcfpi-
ter toute» leurs vanteries , & que nous f(;a-
chions qu''ellans conioints anoure chef le fus
Chrift.&vnis tn vrayc concorde de fçjy fejqn
PEuâgile &la vérité qui y cftcontenijç, pouf
pouuon j nous glorifier deuât Dieu 8ç dcuaiit
fes Anges,q nous fomniej fon troqpeJU ,.qif ij
nous tient & aduoue pour fes cnfans 6c âome
Aiques,Toirc d'autant que par fon Eufingile
il habite & rcfide au milieu de nous. Voila ce
gueoousauonsànoter en premier lieu : car
aufsi^oilîiCommcnous pnuuons eftrc fordt« .
fur vne telle certitude , c'tft quand Dieu de-
meure auec nous, & qu'il nous cho;lît pour e-
ftrefcs temples. Mais qu'il foit ainli que les
mm litres de la parole ce Dieu doyuent tftre
propres pour cnleigner , làmct Paul dtclaïc
mieux- fon intention en l'cpiltrc à Tite, où iJ
dit, qu'il faut qu'vn palteur retiene& embraf Titti^.
le la doctrine qui efl félon la toy , qu'il ait ce
threfor-la enclos en fa confciti'ce, voire afin-
qu'il puilfe exhorter en prééminence ceux
qui font débiles, & qu'il puifle ramener an .
<lroit chemin les eriâs: & puis aufsi qu'il puif ■
fe rembarrer tous ceux qui reiiltent à la ven-
té. Voila donc ce qui eli requis en ceux que
Dieu approuuc pour Euefques & Pafteuri,
pour prellres, pour miniltres de la parole, ce
elt, qu'ils ay«t ladoftrine qui ell felô la foy.
Or par cela faind Paulmonftre que tout fça-
uoir prophanc doit eltre reietté,& qu'il n'eft
point qucltion que les hommes apportent ce
qu'ils auront forgé en leyr tclle,qu'ils mettét
en auanr leurs fubtilitez pour le faire valoir,
nenni: mais il tant que la doftrine foit pure !c
félon ia foy.c'eft à due que ccluy qui voudra
enfeigner l'Eglile de Dieu, foitddcipJ'eiqu'ii
ait cité en^'elthoiedeceluy quielt Icmaillre
louuerainde nous tous : que fa doctrine donc
loit félon la foy. Voila pour vn item. Et puis
il faut aufsi que celuy qui elt:ainfiappelé,ait
celte grâce. Et voila pourquoy faintf Paul ad-
iouftcQu^il puifle exhorter ceux qui fe ran-
gent volontiers, & qui font obeilTansà Dieu
las nulle difticulté, & qu'il puifle aufsi reiîfter
à tous côtredifans.à tous ennemis de la vérité
qui ne tafchent lînon h obfcurcir la pure do-
ctrine. Or puis qu'ainlî elt que fainif Paul a i-
ci mis, vne marque pour difcerner les vrais ■
Palleurs d'auec ceux qui font baltars & con-
trefaits : retenons ce que l'av dclîa dit , qiie
nous fommcs afleurcz d'auoir l'Eglile de
Dieu quand fa parole eft prefchee, quand el-
le elt portée piircmcnt , quand les erreurs
font reiettcz & condamnez entie nous, que
la pureté de l'Euangile aura fon cours : voila
vne marque infalliblc, voila comme Dica
nous aduoueia pour fon troupeau. Que les
hommes nous condamnent tant qu'ils vou-
dront I que les Papiltes le dreilent auec leur
oi-gueil , &: levantept d'auoir ia Hiérarchie,
tout cela n'clt q ,fiente.Et pourquov ? car puis
qu'd n'y a point celte marque de Dieu, il n'y .
a plus que faulltté. De noltre partnouspp»,-
uoHs dire, puis que la parole de Dieu nous C;ft
prefchee purement,quenous auonsja doétti-
f\ç qui elt félon la toy : & quand noiv^ dççf/tôs
lescrreurs, les fuperltitions, & l;cu^ps chofej
qui répugnent àla parole de Etieu,' que: c'cft
autant comme il Dieu auoit mis vn cachet, &
qu'il euit imprimé en nous la marque d^flre
domelliques de fon Eglile.Il eft vray que ce-
la ne feruira rien à tous hypocrites, m à tous
contempteurs, comme il y en a beaucou».
r.ji.
Oi
VINGTDEVXIEME SERMON»
«ai font meflet parmi les fidcles U où là pi-
lo'le de Dieu fe prefche : les vus fe iettent
comme i Tibandon, les autres n'iront qu'en
. fcintifc,lcs autres monftreront alTez qu'ils
tnefprifentDicu.iS feront comme pourceaur,
ceux-là ne gaignét riend'âuoir fujrui la com-
pagnie de ceux qui ont ouy la parole de Dieu,
mais ce fera vne plus grande condamuation
pour eux. Cependant fi eft-ce que par tout où
la parole de Dieu s'anonce puiement,& là où
il y a gens qui fuyuent le fil de l'Efcriture
{3infte,& qui ne defguifent ne corrôpent poît
' Japurcdodrine.quelàon peut conclure qu'il
y a Eglife de Dieu. Car les hommes ne font
point lugescorapctens de ceci:Dieu fe rcfer-
aeceftauthorité-lade déclarer quelle eftfon
£glifc: ce qu'il fait en ce qui nous eft ici mon
ftrc par la bouche de fainft Paul. Voila donc
vn arreft irreuocable. Et c'eft vne iinguliere
côfolation que nous au5s, toutes fois & quan-
tes qiie nou-> fommes alTeinblez,afçauoir,puis
que la parole de Dieu nous eft portée fidèle-
ment,que nous fçachions que Dieu eft au mi-
lieu de nous, & qu'il y prclîde, que nous auoiis
laprefencede noftre Seigneur Icfus Chrift,
& que nous fomraes vnis a luy comme mem-
bre's à lelir chef. Q_iund donc nous fommes
ilTeurez de celi,ic vous yy:ie,n'y a-il pas bien
deijuoy nous reliouir? Ainlîdonc notons que
c'cil vn bien ineftîmable que Dieu nous fait,
quand (.i parole nous eft ainii portée , & que
nous auons gens qui fe peuuent acquitter d'v
ne telle chaigc, qui ont le fçauoir, &' qui ont
aufsi le moyen de nous édifier: car c'eft au-
tant comme fi Dieu fc monftroit à nous en
perfonne vifible, que nous n'auons pas moins
d'afleurance d'eftre conioints à luy , & qu'il
î«C«r»». nous gouuerne, que s'il fe monftroit comme
,, „ face à facercommcaufsi faillit Paul le dit, que
nous le contemplons en ce miroir de 1 tuan-
gile pour cftre transfigurez en fa gloire. Ce-
pendant nous auons aufsi vn bel auantage,
que nous pouuons desfier tous ceux qui fe
deftournent de la pure doftnne de PEuangi-
le: carc'cft autant comme s'ils fe bannilToy-
cntde l'Eglife de Dieu. Les Papiftes fe vante
font alTez, (comme l'ay défia dit) mais tant y
a qu'ils fe font eux-mefines retranchez du
corps de lefus Chrift , en forte qu'Us font
maintenant comme membres pourris , qu'ils
•n'ont rien de commun auec le Seigneur lefbs,
d'autant qu'ils ont corrompu & fallifié ii
ittârque.tjui eft fa parole, pour s'addonner
'aux menfonges, idolâtries il: fupeiftitions qui
reçneht entr'euv. Or cependant notons de
noftrecofté , que (i vn homme n'ha ces deux
poinfts q«è nous auons touchez, c'eft afça-
uoirqu'il foir eitertîé en fElcrinirc fainiSe,
qu'il foit fondé en la doflrme de la foy, telle
nient qu''il piiilTe cnfcigncr lès autres, & rem-
barrer les cnnemis,'qii''il n'cft point conuena-
kle à ccft office d'anoncer la parole de Dieu.
£t de faiftjque fera-ceiî vn homme ha feule-
mét quelque petit gouft,& qu'il ne fpit point
bien alFeuré ae fon bafton , comme on dit?, II
fera esbranlé tout les coups: & nous fçauons
que les plus fols & les plus ignorans font les
plus hardis. Vn homme qui n'aura pas grand
fçauoir,fe voudra mettre en auant.Ji: ne vou-
dra rien ignorer. qu'on luy face beaucoup de
queftions , incontinent il aura la bouche ou-
uerte,3c en parlera à l'auenture: voila comme
en font ceux qui n'ont gueres cognu. Au con
traire, ceux qui font exercez , 5c qui ont pluf
de fçauoir.ils fe retienent.&font plus crain-
tifs. Pourqiioy? Ils fçauent la difficulté qu'il
y a de refpôdreaunora de Dieu:3c puis,d'a-
tant Qu'ils ont plus enfoncé les chofes, ils co
gnoill'ent qu'il n' eft point qucftion de volti-
ger feulement comme en l'air , & de refpon-
dreàceci ou à cela, mais qu'il faut venir à la
inoelle.qu'il ne faut point demeurer à Pefcor
ce.Si donc vn homme a feulement goulté c5
me en palTant que c'eftde l'Etcriture faincie,
qu'il l'ait feulement Icchee comme au bout
du doigt, & que fera-ce finon toute folie , &
qu'il profanera à chacun coup la parole de
Dieu? Il n'eft point donc qucftion que nous
difions ceci ou cela d'vne matière , mais que
nous en traittions à la vérité, afin que ceux
qui oyent noftre doftrine , foycnt afleurei
pour dire. Voila vn article de foy. Ainfî ce
n'eft point fins caufc que ùïSt Paul requiert
qu'vn home foit propre à enléigner. Etpuit
ce n'eft pas le tout que nous cdifiôs ceux qui
fe rangent paifiblement-,* qui fe laiflent con
duire.niais il faut que nous fçachions rembar
rer les ennemis qui s'eleuent contrôla véri-
té de Dieu , & repoufler tous menfonges qui
feroycnt pour corrompre la puicdodrine:
& cela aufsi fe peut monftrerpar la fimilitu-
de du berger.Nous fommes appelez Pafteurs:
celuy qui eft commis fur vn troupeau de mou
tons.cen'eft pas allez qu'il conduife le trou-
peau,mais il faut qu'il ait vne autre voix pour
crier contre les loups & les larrons. Si vn pa-
fteur fible feulement pour alTembler fes mou
tons & fes brebis , & quand vn loup viendra,
qu'il foit furprins & faifi de crainte, qu'il foit
l.à comme vn muet , qlie les larrons cniiahif-
fent le troupeau, qu'ils defrobbent , 8c qu'ils
coupent les gorges, & que le pafteur fe taife
cependant, & que fera-ce? Ainfi donc quand
nous aurions bône grâce d'enieigner, & mon
ftrcr la vertu de Ditu .i ceux qui demandent
d'eftre bien gouuerntz , & que nous n'ayons
nulle vertu pour vreprimer les faullcs dodVrl-
nes, pour rébarrer les hérétique^, pour chaf-
fér le&loups rauiflans,pour crier contre ceux
qUiinfrâét le troupeau par leurs corruptiôsi
contre toutes ces canailles qui meinent vie
fcUndiiléufe & diflolue , ( car ils f.mt comme
larrons qili vienent pour dcfconfire le trou-
peau ■) fi nous ne pouuons crier .i l'eiicontre,
nom ne faifons que la moitié de noftr(? ofiî-
ce.Il faut donc que nous ayonj double voix,
que
s V R LA I. A T ï M O T K.
•Î5
que nous ayos vne voix douce pour exhorter
ceux qui fe rendront dociles, &pour les gui-
der au droit chemin:& que nous ayons vne au
tre voix pour crier contre les loups Se les lar-
rô§,afin de les chaiïer du croupeau,& de main
tenir la pure doûrine de Dieu , qui eft la pa-
fture de vie , afin qu'elle ne foit point rauie i
ceux aufquels Dieu l'ordonne. Voila donc ce
que nous auons à noter fur ce palTage , là où
£iinA Paul veut & ordonne que les £uefques
& Preftresfoyent propres à en<eigner.Or ce-
pendant notons ici que chacun edadmonei^é
de fon deuoir.pour receuoir la doûrine quad
elle nous icia prefchee. Pourquby eft-il dit
que les Pafteurs doyuent cftre propres à en-
feigner? C'eft afin que nous reccuions tous in
ftru^ion commune , que nous ne foyons pas
comme atFamcz. Car puis que la parole de
Dieu eft vne pafture& vne fubftance delà-
quelle nos âmes doyuét cftre nourries, il faut
que tous foyent aduertis d'ouir la doftrine
quand elle nous elt prefchee. Car fainft Paul
ne veut pas qu'on hice ici vne parade Icule-
nient,& qu'vn homme fe monftce, Se que cha-
cun luy applaudille pour dire , O voila bien
parlé, ô le grand fçauoir.ô l'efprit fubtil I II
n'elt pa;qucft:ô de tout ccla;maisil faut que
celuy qui preiche, commence par foy , & puis
qu'il tafche d'attirer tout le troupeau à l'o-
beilTance de Dieu , & qu'il y aille en crainte,
en humilité Se en foltcitude : cependant que
tous cognoiffent que c'eft pour eux que Dieu
a eftabli vn tel ordre. Q_uand vn homme fera
mon é en chaire,eft-ce alin qu'il foit regardé
de lom , & qu'il foit en prei^-minence? Nenni;
«tais c'eft afin q Dieu parle à nous par labou-
ched'vn homme:&il nous fait ccftegrace-Ia
de fe prefenter ici,i& veut qu'vn homme mor-
tel foit fon mcHàger : & par cela il veut aufsi
efprouuer l'obeillancedenoftrefoy.Puis que
ainJi eft donc, notons quand il eit dit que les
Paitcurs doyuent eftre propres .1 enfeigner,
que c'eft afin qu'vn chacun fcdifpofe à efcou
ter.iSL que nous loyons comme rauis en efton
nemenc pour dire , Dieu daigne-il bien eftre
noftre doiieur en la perfonncd'vn homme
niortel?il n'eft pasdonc queftion ici que nous
ayons l'aureille fourde quâd noftre Seigneur
fc déclare ainfi priueement à nous : mais que
nous Içachions que ù. volonté eft que nous
allions en fon efchole poury profiter, & que
nous foyôs tous refokis de faverité.quc nolis
ayons cefte alTeurance-la , que nous fuyuons
la règle de la parole de Dieu, que c'eft de luy
que nous tenons la foy, que nous ne fommes
point menei à l'appétit de< hommes çà & là,
mais que nous fommes fondez <?; appuyez fur
la venté qui nous eft enuoyeedu ciel, laquelle
eft.intallible.NoUs voyons donc cornent c'eft
que S.Paul n'a pas feulement voulu exhorter
ceux qui ont à ch^ifir des docteurs. S: les or-
donner.mais qu'en gênerai il nous a nionftré
^uei eft noftre ofiîce , afin que nous foyons
tous bons efcholîersde noftie Dieu,{>uis que
il nous fait la gr.icc d'eftre noftre dodeur, tk
qu'il s'abbaifle mfquet-U qu'il veut parfcr-pri
ucement ànous , afin que nous foyons enfei-
gnerz^ fa bonne volonté. Et cependant no-
tant aufsi que BOUS auons â faire noftre profit
de cefte dodrine qu'il nous propofc, en deux
manières. L'vne c'eft.que nous ne foyôs point
vagabons en noftre ignorance, mais que nous
fçachions où c'eft qu'il nous faut tenir : que
nous ne foyons pas comme ces fols eftourdit
qui difent.Ho.de moy ie n'ay point tant vef-
cu au monde que ie ne fçache bien cornent il
faut viure. Et côment le fçaii€t-ils?Selon leur
folle ceruelle: que s*î"lï ont trouuc «ne chofo
bonne ,ils veulent que Dieu la tiene pour rei-
le.Gardons-Bous d'vne telle arrogance:mai«
que nous fçachions comme tl nous faut gou-
uerner.d'aurant que nous luyuons feulements-
la parole de Dieu,d'aucantque nous auons as
pliqué tous nosfens à ce qui eft contenu ea
l'Efcriture fainfte,&: que nous voulons efcou-.
ter Dieu parler uns aucun contredit 8c repli-.
que,&nous donter pleinement en fon obeif-
fance. Voila le premif-rfruift que nous auons
à recueillir de la parole de Dieu , quand nom
ferons bien dcuemcnt etifeigneT,8c non point
pour cheminer à rai:enture,comme les Papi-
ftcs qui auront leurs deuotions folles pour di
re, le fay cela à la bonne intention: mais ce-
pendant ils n'ont nulle certitude en tout leur
cas. Or Dieu ne veut pas que nous y aillions
ainfî, mais que nous fçachions qu'il approuué
ce que nous filfons, d'autant qu'il eft confor
me a fa parole. Et cela nous doit donner tant
plus grand courage de feruir à Dieu d'vn îele
tant plus ardent, quand nous ne fommes point
en doute de ce que nous faifons s'il eft bien ou
mal tait, mais que Dieu nous rend tefmoigni
ge que noftre fcruice luy eft agréable. Et pour
quoy.'Pource que nous ne faifons pas fclo no-
ftre appétit, nous ne viuons point à noftre po
fte ne phantafie, mais félon qu'il eft ordormé
& commandé par la parole de Dieu. Voila vn
item. Et puis, nous deuons profiter en la paro-
le de Dieu.afind'eftrealleurezde noftre foy,
que nous ne foyons point esbralez à tous vêts
côme des rofeaux.mais que la parole de Dieu
nous férue d'armures , corne aufsi fainét Paul ^P'-f'"^
en parle,difant que c'eft vne honte fi ceux qui *•
ontefté enfeignez en l'Euangilc,font menez
comme à la pippee , & qu'on les deftourne çà
iSc là. Nous monftrons bien aufii que nousa-
uons efté mauuais efcholiers, quand nous fom
mes fi prompts Se volages à receuoir les here-
fies & erreurs qu'on nous raetenauant. Ap-
prenons donc quand nous venons ouir la pa-
role de Dieu, que ce n'eft pas feulement pour
cognoiftre ce qui eft bon, mais que c'eft pour
eftre munis , & pour eftre armez contre tout
mal , afin que ne foyons feduits ne trompes
par fauffes doftrines : quand le diable fufcite
des boute-feux qui vienent pour nous def-
r. iii.
^
VtNGTD^VXIEME SERMOÎ^
baucher, que nous, fçachionî les repoufler. Il
ellvray que cela eft attribué pcoprement aux
Pafteurs, (comme délia nou<; auons dit) niait
litaut-il neantmoins cju'vn chacun de nous
foit fur les gardes , & que les plus pctis &;i-
, diots ayent encores cefte ttrmeté-la en leur
foy , de n'eltre point esbranlez du premier
coup par les erreurs qu'on viendra ietter en
allant. Brief , que Satan tende fc. filets, qu'il
«nette fes appaih pour machiner la ruine de
noftie foy, ii faut-il que nous ayonsdcquoy
pour relîfterà telles tentations: &lî nous ten
tons en nous vne telle infirmité que noltre
foyiullaifeeàesbranler.que nous priôs Dieu
qu'il nous.fortifîe ,& que cela foit pour au-
gmente r vn plus grand delir en nous pour e-
Itre attentifs & pour regarder de plus près
v(i chacun à foy que nous n'auons point fait
parcidcuant.Ët puis,comme'Dieu nous don-
ne de quoy refifler à Satan & aux ennemis de
fa vérité quand il nous propofe fa parole, que
nousaduilions bien de ne nous en deftourner
en quelque façon que ce foit , mais que nous
y foyons enfçignez &confeinici de plus en
plus:carcen'ell point fans caufc que la pa-
role de Dieu efl appelée noftre glaïue fpiri-
tucl.Nous auons donc vne bonne efpee quand
I nous aurons la parole de Dieu. Ce n'eil pas
fans caufe que l'efperance eft appelée heau-
me, que la foy ell appelée halecret, bouclier,
& que nous ferons tien equippez quand nous
aurons tout cela: car Dieu ne nous veut point
fruftrer, mais il nous monftre que fa parole
nous feruiraà telvfage comme il luy en don-
ne le titre, quand nous la fçauons bien appli-
quer cojnme il faut. Voila donc quant à ce-
lle marque que fain£i: Paul a mife comme fpc-
ciale pour les miniftres de la parole de Dieu.
11 met au re/le , Qu'ils recoyiicnt les tjlran-
vers-.cur le refte ne fe pourroit point defpef-
clier maintenant-il n'y aura donc que ce mot
pour conclufion. Ce ii'eft point lans caufe
que notamment fainct Paul a requis ceci en
tous Pa/teurs , c'eft qu'ils foyent humains
pour recueillir les elhangers. Et mefmes iî
iious pcnfons au temps auquel il cftoit , ceci
eitoit bien necefiaire. Car c'eftoit comme au-
iburd'huy que les poures enfans de Dieu iont
■ ,^ , ,^ ; dechaflez , & font là comme poures oïl'tawx
^ .xju'onaura volcz,il-. ne fçaucnt où ils fe doy-
>ient retirer: s'ils ne font reaiellis , les voila
cxpofez en proyc , qui feroit pour leur fai-
r« perdre tout courage. Sainït Paul donc non
(fans caufe exhorte les miniftres de la paro-
le de Dieu d'auoiv ccfte humanité de recueil-
lir >olontiers les cftrangers , &de leur don-
ner accès f.icile & humain. Il eit vray que ce-
Re vertu doit tftre commune à tous fidèles:
car quand nous n'aurions que l'oide de natu-
J-e,il nous eufeignc alfez d'cftre humains en-
tiers cé^ix qui font delf itucz de toute aide, qui
font delnuei, en forte que fi on ne leur fub-
«enoit.ce feroit vne grande pitié:nat«ie donc
nous monftrccela.Mais il y a vne confidcra-
tion fpeciale aux enfans de Dieu. Il eft die
que nous deuons nous cognoiftre eftrangers
c ace monde, C nous voulons que Dieu nous
accepte pour les héritiers. Il faut en premier
lieu que nous confefsions , & que nous ayons
cela ariefté en nous, qu'ence monde nous
fommes eftrangers. Car celuy qui conftitue
ainlîfonnidici ba'.,&quine fecognoift point
eftranger en la terre , il faut qu'il foit banni
du Royaume des cicux, comme l'Apoftre 'e „ i
monftre en l'Epiftreaux Hebneui. Auiour- ' *
d'huy donc ce n'eft .à autre condition que
Dieu nous tient pour fes enfans , fînon que
nouspafsions par ce monde comme eftran-
gers &:hofteliers,ainfiqu"il en parle. £t ainii
tous enfans de Dieu ayans vne telle confide-
rationdoyuêt eftre humains enuers kseftran
gers:& fur tout quand ils voycnt qu'on pcr-
Iccute les fidèles, qu'on les dechalTe, encores
doyuent-ils eltrc plus touchez. Car il faut
bien que les cocursfoycnt de fer & d'airin,
qu'il y au plus ae cruauté qu'aux beftes bru-
tes & fauuages , s'ils ne font efmeus de com-
pafsion quand ils voycnt qu'on dtchalleain-
ii les enfans de Dieu pour la dottrine de leur
falut. Cefte vertu donc fera bien commune
à tous: mais faintl Paul veut que les mini-
ftres de la parole monftrent le chemin, Se
qu'ils donnent vn tel exemple, que les autres
auf i foyent| indi.ics & incitez à rccufiliir les
eftrangers. Nous l'çauons doue maintenant
l'intention cie fainit Paul. Or puiu faire no-
ftre profit de ce paflagt, notons bnefi'cnicnt
que ceux qui font appelez en cifte citât d'a-
noiicer la parole de Dieu, fe doyueiu co-
gnoiftr« tellement eftre pctionni s publiques,
qu'ils ne Iont point ordonnez pour t ux-nicf-
mes , mais qu'ils ie communiquent tant qu'il-
leur fera pofsibleà ceux qui ont befoin d'e>-
ftre&: exhortez &confolcz, & confeillez ,&
admonertez, & d'auoir quelqr.e kcours : il
faut cela en premier lieu. Et puis, quant eft
du troupeau , que tous fidèles chacun en fon
endroit cognoiflent aufsi qu'ils fe doyutnt
employer pour leurs prochains , voire pour
ceux qui leur l'ont eftrangers. Car puuiquoy
font-ils eftrangers en ce monde ? C't ft afin
que de noftre Cûfté nous foyons contorincz
à eux, & que nous n'ayons point d'habita-
tion certaioe.ponr dire que nous demeurions
toujours en vn lieu , mais que nous foyons
prcfts d'cftre remuets ça & là félon le boa
vouloir de Dieu. Voila dore ce que n(vus a-
uons àprattiquer de ce p.iflàge ,& far tout
quand la necefsité du temps v cfticar c'eft vn
aiguillon nouueau,côine nous auons dit.Com
meauiourd'huy , qu.iudnous voyons la rage
des incrédules & des ennemis de PEuangilc-
eftre amfienliammcc , de noftre cofténedc-,
uons-nous pas pour le moins eftie tUncus de
pitie & coropafsion de ceux qu'on dcchaflè
ainli^qui font contraints de quitter leur pays,
ne
SVRLA I. ATIMOTH.
'5Ç
fte deuoBS-sous pas di-je, les fecourir entant
qu'en nous fera? Et fi nous ne le ùifons , ne
monftrerons-nous pas bien que nous fom-
mes digues d'eftre defauouez de Dieu, Si. ra-
clez du roUe de fes en£ins?Car(comrae délia
nousauons^it ) ceux qui ne fe cognoiflent
point cftrangers.ne faut-il pas qu'ils le b.in-
nilTlnt em-mcrmes du royaimie de Dieuf Et
fur tout ceux qui crient contre les eftrâgers,
& quimefuies prendront ce mot par iniure,
ceux-là ne fçauroyent mieux protefter qu'ils
oe font pas dignes d'eftre nombrcz au rang
des enf.ius de Dieu , ne d'eltre receus en fon
Eglife nonplus que chiens ou pourceaux, que
ils foyent excommuniez & reprouuez, enco-
res qu'on ne les condamne pas:mais qu'on ac
cepte feulemét le tclinoignage qu'ils ont ren
du d'eui-mcfmes , il ne tauc que ce mot-la,
quand vn homme prendra pour iniure qu'vn
autre foit eftranger, & qu'il ait quitté ion
pays pour ieruirà Dicii , ou qu'il en ait efté
dechafle par la tyrannie & cruauté des mef-
chans:il faut qu'vn tel loit luy-melme fon iu
ge: c'efl comme s'il protcftoit qu'il n'a nulle
part au royaume de Dieu .qu'il n'eft point de
fon Eglife, qu'il n'ell point du nombre de (es
fidèles, mais qu'il eft vn excommunié, vn re-
prouué, qu'il eftvn enfant du diable, qu'il eft
luy-mefme retranché de la compagnie des
Cnreftiens: briet, qu'il n'ell pas digne que ce
titre de foy luy foit communiqué. Voila ce
que nous auons à noter. Vray eft qifaiifsi les
tftrangers doiuent ertre ici admoneftez de
leur corte,puis que Dieu les recômande, que
ils n'abufent point d'vn tel nom & d'vn tel
priuilege. Carfî vn homme a obtenu vn pri-
uilege d'vn Piincc,& qu'il en abufe,que fous
ombre du bien & de Thonncurque le Prince
luyS fait.il commet quelque outrage.nt lera
il point puni au double? 11 eft certain. Ainfî
donc que ceux que Dieu a recommandez re-
gardent , que puis qu'il a vn tel foin d'eux , il
fjutbiéqu'ili atluilL-nt d'vfer d'vne telle gra
ce,en forte que Dieu en foit honoré. Or ce-
ci eft bien à noter , & fur tout auiourd'huy.
Carnous en verrons beaucoup qui fc diront
eftredechaflczpour la parole de Dieu, q tou
tesfoismonftrent mal parefFcct que ce titre-
la leurappartiene. le ne parle point encores
«le ces trompeurs qui vferont de tels nicnfon
ges : mais il y en a beaucoup qui à la vérité
auront cftédechalTcz par les tyrans & enne-
mis de la foy. Sont -ils venus en l' Eglife de
Dieii^commcnt s'y gouuerncront-il- ?ll vau-
droit beaucoup mieux qu'ils eulïent perfecu-
té les fidèles , que d'auoir fouftecu opprobre
nemolcfte pour la parole de Dieu, puis qu'ils
vienent ici contaminer & polluer r£t;iile de
leur mefchante vie & dillplue : ilvaudroit
mieux qu'ils fufllnt plongez auï ténèbres les
plus profondes de la Pafauté , que d'eftie ici
venus pour eftieenfcandale à tout le mon-
de.Il y en a,di-ic, beaucoup de tels:& plcuft à
Dieu que les exemples ne tulFent pas lî com-
muns unais on voit ces d'csbauchez qui menée
vne vie profane, & qui font en mefpris de ia
parole de Dieu, qui donnent occalion aux i»
crédules d'auoir la bouche ouuerte peur biaf
pheiner à rencontre de la pure doiirine. Et
cependant viendront-ils ici?Ho,c'eft pour Ja
parole de Dieu. Et ce fera toutesfois pour l»r
cins,pour meurtres, Se autres maléfices. Ho,
c'eftaffez, moyénant qu'ils ayent ce beau ti-
tre de la parole de Dieu:gens volages, desbân
chez , qui ont fait quelque afte criminel , ho,
tout fe couuie de ce manteau : Se voila com-
me le nom de Dieu eft profané. D'aut.« plue
donc faiit-il que ceux qui veulent prétendre
vne telle proteftation , aduifent de ne poinc
abufer du bien que Dieu leur fait. Voila pour
vnitem. Et cependant que ceux aufquels le
fàinttEfprit parle , ne foyentpointdesbau-
chez de bien faire. Ileftvrayque la malice
du temps nous contraint d'vferici de gran-
de piudence : que fi onvouloit croire à ceur
qui dtfent , le fuis venu pour la parole de
Dieu:que feroit-ce? quelle mocqueiie?où en
ferions-ncus? Car nous voyÔs des galans qui
tous les iours nous yienét ici affronter. Mais
quoy qu'il en foit, que nous ne foyons point
deftouinez de bien faire k ceux qui en font
dignes, &• que nous ne foyons pas côme ceux
qui le desbauchent quand ils voyent quelque
fcandale: Ho, voila vn telquifaifoitdu Chre
ftien qui a fait telle chofe, il a donné vn mau
uais exemple. Si nous voulions nousarrefter
1.1, & que feroit-cc? £tpourtant(comme i'ay
dit } encores qu'il y ait beaucoup de canail-
les qui menteroycnt d'eftne exterminez, Il ne
faut-il pas pourtant que nous reiettions ceux
qui à la venté font les hoftes de Dieu , & qui
font dechaflez de leurs maifons : que nous
leur tendions la main afin de les fecourir cô-
me nous voudrions eftre fecourus , Si qu'ils
foyent recueillis par nous,puis que Dieu par
fa bonté infime nous promet de nous aflein-
bler tous en la fin en fon royaume celefte.
O R nous-nous profternerons deu^nt la ti
ce de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le priant qu'il nous les face telle-
ment fentir,que nous ne demandions en tou-
tes nos miferes finon d'auoir noftre recours
à luy :& que noftre vie foit du tout conforme
à fa volonté. Et s'il y a encore des fautes^
foiblefles en nous , comme il ne fe peut faire
qu'il n'y ait beaucoup à redire en nous, qu'il
luy plaife nous fupporter iufques à ce qu'il
nous ait defpouillez de tous les vices de no-
ftre chair, aufquels nous fommes maintenant
fuiets. Ainiînous diros tOHS,Dieu tout-puif-
fant,Perecelefte,&c.
r.Hii.
/
156 S E R M O N X X 1 1 r.
QJ/ ATRIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
3 Non point addonné au vis , ne bateur , ne conuokcux de gain
dcshonnejle,mais humain,non noifcux,non auaricicux:
4 Btenpouruojant a fa famille > ayant fes enfamfuiets en toute
rcuercnce.
5 Qi^f aucun ncfçait hienpoumoir a fa famille, contment aura
il le foin de /' ^glife de Dieul
Près que faind Paul a com
I mandé ijue ceux qu'on choi
jfit pour élire Paileurs en
JrEglife de Dieu, foyét pro
.près à enfeigner , humains
^cnuers cjux qui fontperfe-
' cutez pour le nom de Dieu,
& qu'ils foyentaufsi de vie honnefle.fçachas
bien gouuerner leur raaifjn, ri adiuufte qu'ils
ne doiuent point cftre entachez dt- quelques
vices qu'il nomme, comme d'eftu- eltouidis,
d'tftre auaricieux. Voila donc des choies qui
ne font point à fjuifrir en vn hoinrne quidoit
enfeigner les autres.Carque fera -ce de la do
ftrine,& cornent fera-elle receiie.fi vn hom-
me y va .-i l'efgaree , & qu'il foit plufljflVn
gendarme qu'vn prefcheur. D'autre collé il
efl impofiible qu'vn homme appcte à gai-
gner,& qu'il fe vueiUe enrichir, qu'il ne cor-
rompe la doctrine de Dieu par faueur ou par
flatterie. Ainfi donc ce n'efr point fans caufe
que fainû Paul notamment déclare que ces
vices ne font poît h. endurer en tous Palleurs.
Jl commande donc qu'on les choifilTe amia-
bles,& non point bateurs , & qu'ils mefpri-
ient l'orgueil & les richefles de ce monde.
Maintenant nous voyons en fomme ce que
. fainft Paul a entendu. Or pourfuiuant ce que
nous auons commencé , notons bien qu'ici S.
Paul donne vne dodrine commune, &: qu'vn
chacun peut appliquer à fon v fage. Car pour
quoy efV-ce que les miniftres delà parole de
Dieu nç doiuent point eftre auaricieux? L'a-
waricc fera toufiours idolâtrie partout où el
Iç fe tiouueia : en forte qu'vn homme ayant
addonné fon caur aux biens de ce monde, ou
Ij liera Dieu , & mettra tellement fa confiance
çn fon argent,qu'il en fera Vu idole, il. y met
ira fa foy , & y aura tout fon refuge. Nous
voyons donc que l'auarice n't/lpas fculeraét
4 cgndamner en ceux qui aponcent la paro-
le de Dieu , mais en tous fidèles fans exce-
ption.Pourquoy donc lainft P.aul parle-il Jci
ïculcment des minillies de la parole? C\ft
d'autant qu'ils doiucjit monftrcr le chemin
aux autres , & comme la parolçde Duu con-
damne l'auarice en tous, qu'ils en dcftournéc
par leur exemple ceux qui y pourroyét eftre
addonnez. Qu^auons-nous à prefcher quand
nous fomnies montez en chaire , finon qu'vn
chacun fe remette entre les mains de Dieu,
le cognoiflant fjn Père nourricier?Or fi no'
ne mettons en Dieu noftre fiance > qu'il fera
l'entretenement de noftre vie , qu»; fera-ce
delà vieeterncllefComment pourrons-nous
auoir ctft appuy-la , qu'il ne faudra point i
noirs recueillir en fon Royaume, quand nous
ne pourrons pas efperer qu'il ait le foin de
nous auiourd'huy & demain.Tous ceux donc
qui voudront fidèlement feruir à Dieu , doi-
uent exhorter tous fidèles â prattiquer cefte
leçon, de prier Dieu qu'il leur donne leur
pain ordinaire. Parlant ainfi nous protcftons
q nous tenons noftre vie de la main de Dieu,
& que c'eft de luy dont nous attendons d'e-
ftre fubftentez, & que nous n'auons autre re-
fuge qu'à fa prouidence:tenon>. cela tout con
clud,qu'il aura toufiours le foin de nous com
me vn bon père defesenfans. Nou- deuons
aufsiadmonefterles riches qu'ils ne foyent
point enflez d'orgueil , qu'ils n'ayent p^int
leurs coeurs enueloppez en leurs biens ,
qu'ils foyent preftsdeles quitter toute?
& quantes qu'il plaira à Dieu , & qu'ik foy-
ent poures en eux-mefmes , combien que
Dieu leur donne grande abondance. Nous
auons aufsi à exhorter les poures d'autre
cofté , qu'ils prenent en p.Tticnce leur con-
dition , fçachans que Dieu leur diftriboece
qu'il leur faut , qu'il cognoift ce qui leur eft
propre, il fçait leur portée. En fbmme nous
auons à condamner l'auarice , & nous ef-
forcer tant qu'il nous fera pofsible pour en
retirer grans & pefis.Orauons-nous fait ce-
laîil nous faut monftrer le chemin : & com-
bien que nul ne fera excufé voul.u faire bou-
clier d'vn prefcheur qui n'aura pas tait fon
deuoir, &quc nous ferons tousdairm-Tblcs de
nant Dieu,cependant fi faut-il que nous don-
nions approbation à la doûrme , que quand
nous viendrons ici, nous ne foyons pas com-
me des effrontez pour faire de belles cxhor-
tation,s-,& puis après nous en mocqucr, & que.
onapperçoiix en toute noftre vie que nous
eftimions comme table tout ce que nous di-
fons. Voila donc pourquoy faind Paul a no-
tamment
SYR LA I. A TIMOTH.
'57
tamment condamné Tâiiarice en touspref-
cheurs de rEiiargile. Mais cependant lî faut
il qii'vn chacun regarde à l'oy : Si comme ce-
ftc doitrine s'addielfc à tous- , <ju\iufsi grans
ôfpetis la prattiquent, combien qu'ils foyent
perfonnes priuçes. Au relie, quand nous au-
rons apprins.à condamner rauarice , & à la
fuir comme vneptfte mortelle, que les mini-
ftrcs de la parole de Dieu regardent à eux de
plus près. Et pourquoy? Car ce rCelï pas com
me d\n homme particulier, qui fera entaché
d'vne telle conuoitife.quM n'aura plus ne rai
fon ne prudéce en foy : & bien,ceftuy-]a s'en
va à perdition;ni3is vn miniftre corrompra la
parole de Dieu,comme nous voyôs que ceux
qui tafchent à faire leur profit , ne font que
defguifer la pure doftrine , & l'obfcurcir en
forte que ce n'eft plus vérité. D'autant donc
qu'vn homme ne peut, eftre auaricicux qu'il
nefalfîfiela doiîlrine de Dieu quand il fera
au miniftere, d'autant plus deuons-nous pcn-
ferà n'cftre point entachez d'vn tel mal, qui
feroit vne corruption & vne perte mortelle
en toute l'Eglife de Dieu. Car qu'eft-ce que
la do£lrine que nous portos? Comme il a efté
dit ce matin, c'eft la nourriture des âmes. Or
eft-ll ainlî que fi nous y méfions quelque aua
rice , il faut que la doftrine foit comme em-
poifonnee,c'eil autant côme qui iettera quel
que poifon dedans le pain oii.dedansje. -vin.
Nous femmes donc coulpablcs comme rricur-
triers deuant Dieu, pource que nous fommes
fiiuflàiresde la doifrine.nons fommes empof
fonneurs des âmes, au lieu de les nourrir c5-
hie bons Pafteurs. Puis qu'ainfi eft donc , que
ceux qui font appelez pouranoncer la paro-
le de Dieu fe ticnent fur leurs gardes , &que
ils rcgardét cefte leçon qui nous eilicimon
ftrce.c'eftafçauoirdemcfprifer l'argét.Gar
iufques à tant que nous foyons là venus, il eft
impofsible que nous feruions à Dieu, ne que
nous-nous teniôs en vne droite pureté, mais
nous defguiferons tout. Voila donc pour vn
item. Or cependant notons que c'eft d'aua-
rice par ce que fainft Paul en déclare ici. A-
pres qu'il a défendu aux miniltres de la paro
le de Dieu d'cftre auaricieux , ou appetans
gain deshonnefte,il admonefte qu'ils mefpri-
fent l'argét: car de faiil: aufsi le mot en la lan
gue dont vfe faind Paul , fignifîe tant qu'on
apper çoiuc que vaut auarice,c'eft à dire cupi-
dité d'eftre riche. Or ceci n'eft point ùiper-
fiu,ce n'eft point l'expofitiond'vn mot feu-
lement, mais c'eft vne doftrine d'vne bonne
fubftânce. Et pourquoy? On aura beau nous
prefcher contre l'auarice, iufques A tant que
nous ayons cognu quel mal c'eft pour notw
en garder. Si vn vice m'cft incognu.ie m'iray
fourrer dedans, & le diable me viendra faifir
deuant que i'y ayepenfé. Il faut donc que
nous fçachions difcerner les vices. Chacun di
ra bien que l'auarice eft vne chofe mefchan-
te & deteftable, mais cependant iï eft-ce que
tous fe iettcnt là comme pourcs beftes brur-
tes, chacun y fcraaddôné.Êt pourquoy?D'aa
tant que nous ne cognoifloiu point (comme
i'aydit)dequoy nous parlons. Notons bien
donc que fi nous n'auonsapprins àmefprifer
l'argent , c'eft .\ dire que nous ne l'ayons en
horrcur.d'autant qu'il nous rend comme he-
bcteZjnous ne fuirons iamais l'auarice. Voila
vn item. Et cément fera-il pofsibleCdira quel
qu'vn) qu'on n'appetel'argentïQuand nous
dem.îdons .i Dieu npftre pain ordinaire,nouj
proteftôs défia que nous fommes cotens d'c-
ftre nourris de luy au lour la iournee . Ainfi
doncvn homme ne peut vferde ccfte forme
derequcfte, qu'il n'ait défia quitté fon atFc-
ftion à l'or & à l'argent , pour dire , l'atten
que Dieumenourriflè, & qu'il m'entretiene,
comme il m'a défia fait fentir vne tellebon-
te.Ilne faut point donc quei'addonne telle-,
ment mon çccur à l'or & à l'argcnt,q l'en ou-
blie Dieu. Si doc no' pouuôs prattiquer cela,
nous ne trouuerons plus elhange den'audir
point cefte conuoitife qui nous brufie , & qut
foit comme vne fournaife ardéteen nous: c5
me nous voyons que tous ceux qui appetent
d'eftre riches, il faut qu'ils foyent leurs bour
reauxjc'eft le premier payement qu'ils reçoi
uentqueceluy-la. Ainfi doncpour monftrer
que cefte cupidité de s'enrichir ne peut eftre-
qu'vji homme ne foit aueuglé,qn'iLnc fe pré-
cipite en des fauffes & mefchances phanta-»
h"es,^ .» beaH£oup.d'iniqu'£i!ez,(3inrt Paul par
le ici nbtamnrent de gain deshonnefteoii vi-
lain. Car il eft impofsible qu'vn homme qui
deiîrtd'en auoiT,& qui a concfad cela, ne foit
comme phrenetique,& qu'il ne s'aoeu^le tel-
lement qu'il n'y aura point de raifon ne d'e-
quitc en luy. Il ne regardera poît. Cela in'e'ft:
il licite?cela m'eft-il defèndiir mais il fe iet-
tera par tout comme vne beftefauiiage.Ainiî
donc, d'autant que nous voyons les pourcs.
créatures de Dieu eftre menées par l'auarice
en fi grade perdition, qu'vn chacun face bon.
guet,& que nous apprenions de batailler cott
tre nos cupidite2 fi nous les voyons rendre
à l'auarice , que nons apprenions de les re-
trancher,^'que nous ayons ce contentement
lequel feul nous peut rendre riches , comrrie
ditleprouerbe. Et ce contentement ne fera
pasfinon en ceux qui fe peuuerit du tout re-
pofer en Dieu;comme aufsi l'Apoftre, quand
il a déclaré en l'epiftrcaux Hcbricu\-,q[ùe Icc
fidèles doiiicnt eftre retirez & exemptez de
toute auarice,il.idiQiiftc,Voire afin qu'ils cd-
gnoiflent que c'eft en Dieu que gift leur fuf-
fifance , & que celuy-la ne'les lailîerapoint.
En quoy il fiçnifie que cependant que l'infi-
délité domine en nous, il faut aufsi que ce'leii
d'auarice y foit.Carqiii eftcaufeqnc les hoi»
mes demandent de s'auànccr, finpn qu'ils ne
cognoifTent point que c'eft l'office de Dieu
de leur donner ce qui leur défaut? Car après
que nous aurons cognu, & que nous ftronî
n%
SERMON XXIII.
' bienperfuâdez que Dieu a le foin de nous, &
qu'il ne permettra point que rien nous de-
faille, il eft certain que ce t^eu-la fera efteint,
ou tellement appaife,que nous ne bruflerons
plus comme nous auons de couftume. Voila
donc d'où procède ce contétcment qui pour-
ra corriger cefte rage d'auarice en nous, afça
uoir quand nous aurons apprins que noltre
Seigneur a le foin de nous fubftenter , & de
nous pouruoir de ce qu'il nous faut. Et cela
encore nous déclare mieux combien l'aiiari-
ce nous doit eftre deteftableicar il eft impofsi
ble qu'vn homme appcte à s'enrichir qu'il
ne renonce Dieu: pource que li nous attri-
buyons à Dieu la vertu fouueiainc qu'il a par
dcuu'! nous , il eft certain que nous-nouî re-
poferions en luy. Car quand nous fommes
agitez de telle inquiétude , qu'il nous fcmble
que nous foyons perdus fi nous n'auons de-
quoy , c'eft figne que Dieu n'a nul crédit ni
authortté enuers nous. Et voila pourquoy S.
Paul aufsi attribue ce titre d'idolâtrie à î'a-
uarice.carnous voyons que ce font chofes in
réparables. Q_uand les hommes mettent leur
confiance aux biens de ce monde ( qui font
toutesfois corruptibles Se caduques ) ils en
font leurs idoles, & y font tellement addon-
nez que Dieu ne leur eft plus rien : & mon-
ûrent par cela leur incrédulité, tellement que
toutes les promelFes de Dieu ne les pcuuent
aireurer:mais pluftoft ils le laiflènt tranfpor-
ter à Satan.d'autant qu'ils s'arreftcnt du tout
en ces chofes tranfitoires : &paj ce moyen
s'eflongnentde Dieu qui eftoit preft de les
receuoir à foy. Il y a les autres vices que S.
Paul reprend.qui font aaf.i à noter.Il dit que
vn Pafteur ne doit pas eftre yurongne. Il eft
vray que le motdont vfe fainû Paul, lïgniiïe
proprement excefsif en vin : mais il emporte
aufsi ce vice qui eft aux yurongnes : car ils
font eftourdis & farouches, il n'y a nulle hu-
manité en eux. \ Et voila pourquoy il oppofe
Je mot d'amiable , quand il adioufte vne cor-
teûion de ce vice-la: il met,di-ie,à l'oppolî-
te,qu'vnEuefquefoit amiable , qu'il ne foit
point noifeui ne quereleux.il déclare enco-
re$ mieux fon intention.adiouftant qu'vn Pa-
[fteur ne doit point élire batcur , mais qu'il
doit eftre paifible , & qu'il doit fuir tout dé-
bat Se contention. Voila en fomme ce que S.
Paul a voulu dire. Or notons qu'aupaïauanc
il auoit défia parlé de la fobrieté : & ne s'eft
pas contenté de dire que celuy qui prefche
la parole de Dieu, fc doit garder d'yurôgne
rie,maisiladitnotammfnt,qu'il fjit fobre.
Que fcra-ee fi vn homme i'e g.irde feule-
ment d'eftre yure en forte qu'il ncpuifteni
aller ni parler? fera-ce vne grande vertu? les
yurongnes mcfines fe contrcg.irdtront aucu
ncment.Mais fainâ Paul veut qu'il y ait vne
fobrieté plus grande aux miniftres de la pa-
role de Dieu, c'eft afç.iuoir qu'ils fe rctienét.
Se tju'ils ne boiucnt point iufqucs il enta/Ter
le vin pour l'engoufirer enleuryentre , mais
qu'ily aitattrempance 3c mefure.Or mainte-
nant il parle d'vne autre efpeced'yurongne-
rie. Car nous en verrons beaucoup qui font
eftourdis, & qui y vont à l'efgaree aufsi bien
deuant defîuner qu'après fouper. Or pource
que cela eft commun aux yurongnes,par fini»
Iitude on appelle aucunCifoisyurôgnes, ceux
qui font ainfi eftourdis & efuentez , & qui
n'ont nulle douceur & amitié. Nous voyons
donc en fomme que ûinû Paul a ici voulu
cômander aux miniftres de la parole de Dieu,
qu'ils s'eiludiaflent à eftre paifibles , & à fuir
toute contention &noife; & a voulu pareille
ment commander à ceux qui les clilént, d'ad-
uifer bien qui font ceux qu'ils mettront en
tel office , Se qu'ils ne foyent point entacher
de ce vice pour eftre eftourdis, à pour fe tem
pefter fans propos,mais qu'il y ait en eux vne
douceur paiCble, qu'ils foyent humains pour
fupporter les infirmes, pour appaifermefraes
ceux qui font trop excefsifs& trop bouil-
lans,car c'eft l'office de ceux qui font confti-
tuez Pafteurs en l'Eglife.Et comment pour-
ront-ils remédier aux autres, finon qu'en pre
mier lieu ils fe gardent de telles maladies?
Or cependant notons que ce que requiert ici
lainâ Paul en ceux quidoiuent monftrer e-
xemple à tout le troupeau, eft commun à tous
les enfans de Dieu. Et fi nous voulons que le
Dieu de paix habite Se règne au milieu de
nous , ne faut-il pas que nous foyons paifi-
bles?Si nous voulons eftre recognus pour fes
enfans, ne faut-il pas que nous oublions tout
débat Se contentionfCViu eft le prince de com
bat finon lediable?Q_uanddonc nous ferons
diuifez comme chiens & chats, qu'il n'y aura
que troubles & débats entre nous , il eft cer-
tain que le diable y aura fon règne , & Dieu
en fera comme reietté. Et pourtant notons
quefainû Paul n'a pas ici voulu mettre vne
vertu (pecialc qui compete feulement ivn pe
tit nombre de gens, mais il veut môftrer que
tous enfans de Dieu doiuent eftre paifibles Se
modeftes, Se qu'entant qu'en eux eft, ils doi-
uent chercher la paix , & nourrir fraternité
entre les Chreftiens. Cependant potirce que
nous en deuons monftrer le chemin, tant plus
deuons-nous exterminer les débats & conten
tions, & faire qu'ils n'ayent point de lieu ca
tre nous. Et voila pourquoy en l'autre pallà-
ge il eft ditjQue ce n'cil point vnechofede-
centeni coniTenable à vn feruiteurdc Dieu,
d'cftrecommevn gendarme , & de prendre
noife Se querelle fans propos : à l'oppofite
qu'il faut qu'il foit humain, & qu'il fupporte.
Car fans cela il eft impofuble que nous ne
foyons tempe ftatifs. Et pourquoy? Combien
y a-il d'occafions j)our nous mettre hors des-
gons? Car fi le diable machine d'enflammer
no ifes 8e débats par tout , il eft certain qu'il
commei^cera aux miniftres de la Parole, il
fera Jâ Cçs principaux efforts : & puis auLsi il
faut
SVR LA I. A
faut qu'iJ paflè beaucoup de chofcs par leurs
niains , &tles affaires qui les peiment tour-
niencer : & non feulement ils fe fentiront
chaigeï , maii ce fera pour les faire defpiter
iufques au bout , finon que Dieu les foullie-
ne. Car ils verront de Tingraticude aux vns,
de la rebeJl'on aux autres , de la malice , des
fraudes , aes tromperies , & de la fcintife par
tout. Ce n'eft dôc point fans caufe que fainft
Paul a corrigé ce vice en tous fidèles , & dé-
claré qu'il conuenoit mal fur tout aux mini-
ftres de la parole de Dieu.d'autant qu'ils doi
uenteftre amiables, &doiuent fupporter:car
5'ilsnefe démettent de cefte rigueur extrê-
me , il eft certain qu'il faudra qu'ils foyent
cicefsifs , 8c qu'ils trouuent toufiours à re-
muer. Voulons-nous donc eflre attrempez &
modeilres } que nous apprenions en premier
lieu de fupporter beaucoup de vices, & de ne
point prendre les choies à la rigueur.Or ce-
ûe vertu cft d'autant plus difficile , que les
hommes s'addonnent toufiours aux extremi-
tez.ll y en aura qui non feulement feront ex
cei'sifs en colère , mais ils ie porteront côme
des gendarmes , qu'il n'y aura qu'efcarmou-
ches en eux , on n'orra que noifes & querel-
Jes.voila vne extrémité qui eft vicieufc,& par
tout où on l'apperçoit.elle cft à condamner.
Mais il y a vne autie extrémité qui appro-
che plus de la vertu , c'eft quand vn homme
ne fera point addonné à eftre trop excefsif,
qu'il ne prendra point des noifes particuliè-
res ju'il haira tout cela : mais cepédant il ne
laiflera pas d'auoir quelque véhémence trop
grande, & des bouillons, qu'on ne fçaura par
quel collé on fc doit abordera hiy. Voila
donc vne extrémité mauuaife , & coutesfois
elle procède d'vne bonne racine. Qj^and vn
homme fera ainiî excefsif, il e/t vray qu'il fe
ra mené d'vn bon zèle : mais il n'y a point de
attrempance ne de mefurecommeilfcroit re
quis,& ce vice-la ne lailTe point d'cflre àcô-
damner toufiours.il y a l'autre extrémité: ce
pendant que plufieujs condamneront celle
véhémence , laillàns couler les chofiis , ils ne
tiendront conte ne de redarguer les vices, ne
de menacer les concepteurs de Dieu : briefil
r'y aura en eux que toute froidure:& cepen-
dant ils fe voudront excufer pour dire, Et c5
mcnt?n'cft-il pas dit qu'vn feruitcur de Dieu
doit eftre patient? Il eft vray qu'il faut que
nous fupportions beaucoup de chofes,il faut
que nous foyons équitables pour n'efplucfier
point tout i la rigueur extrême: mais ce n'eft
pas à dire pourtant qu'il nous faille eftre laf
ches &nonchalanspour quitter l'hôneur de
Dieu. Car fi nous voyons que Dieu foit offen
fé,qu'il y ait quelque fcâdale en l'£glife,que
les vices cémencent de fe desborder, en for-
te que le troupeau foit infeûé de corruption
&depuantife,ievous prie,faut-il que là nous
ayons la bouche fucree pour dire. Regardez,
aduifeK , penfez vn peu f Ce n'eft pas ainfi
T I M O T H. i5<7
qu'il faut £iite. Et s''il y a vne telle noncha-
lance en nous , cependant le diable n'aura-il
point fait comme vn déluge & vne rauinepar
tout? Ainfi donc regardas que plufieurs.com
bien qu'ils foyét menez d'vn bonzele.nelaif
fent point d'eftre cxcefsifs , & par ce moyen
d'eftre à condamner. Les autres font encorcs
pires : car fous ombre d'eftre humains ils fe
mocquent de Dieu,& fort caufe que fa vérité
eft en opprobre, q les vices ont la vogue, que
Satan ne peut eftre reprimé, q le iugement de
Dieu eft en mefpris . D'autant donc que nous
en voyôs beaucoup de tels, aduifons de prier
Dieu qu'il donne prudéce à ceux qu'on a c5-
mis pour auoir la charge d'enfeignér , qu'ils
fe puiflent porter modereement, & qu'ils gar
dent bien de fléchir ne d'vn cofté ne d'autre.
Se qu'ils ayent vn tel zèle , qu'ils ne laiflenc
point cependant de pafler outre en leuroffi- <
ce, quelque contradiûion qu'il y ait. Et au re
fte , qu'Us fe gardent encores mieux de toute
flatte rie:combien qu'on prene couleur d'ami
tié,de douceur,& de patience:car il vaudroit
mieux auoir vne rigueur exctfsiue que de flat
ter ainfi ceux qui faillent,&: de les nourrir en
leur perdition. Et mefmes côbien qu'vn hom
me foit humain & équitable en foy , fi ne laif
fera-il point voyant la nccefsité de môftrer
quelque figne de rigueur Se de violence. Pour
quoy? Vn père mefme,combien qu'il ne vou-
droit point auoir donné vne chiquenaudeâ
fon enfant,il ne lailTèra point de luy dire des
mots cuifans qui le feront pleurer, & fera fem
blant de le vouloir déshériter & bannir de la
maifon,me£ines il fera quelquefois contraint
de le fouetter : &; bien, il en vfe en forte que
les coups luy font autâtdc ma! qu'à l'enfant
qui les reçoit. Vn père pour cela fera-il in-
humain?Nenni:mais il procure le /jlut de fou
enfant. Ainfi donc vn homme , encores qu'il
fou humain & bénin, & qu"'ii ûipporte les in-
firmes, ne laiflera point toutesfois de redar~
guer viuement les vices. Tant y a qu'il noof
faut toufiours prendre garde h nous , fi nous
vfons de rigueur.que cependant on apper çoi
ue que nos coeurs ne font point enuenimez,
& que nous ne laiflbns pas d'auoir cefte affc-
ûionde fupporter ceux quifaillcnt,combicn
qu'on les puiffe condamner pour vn coup. Or
quâd S.Paul a not.ïment requis ces vertu'; au,t
Pafteurs> il adioufte , Qjiih doiutnt bien go»-
utrntrUuri mai 'oni , auoir leurs eiifans fuiett
en r^uerence.poUTce que deCa nous auôs trait
té ceci, il n'eft ia be foin de nous y arrcfter:il
fufEra en fomme de retenir ce qui a efté dé-
claré plus à plein ci deirus,c'eft afçauoir que
vn home ne doit point eftre retenu pour gou
uerner le troupeau de Dieu,qu'il ne fe puifle
porter conft.iment en fa perfonne. Vray eft
que S. Paul ne fê contenti point encores de
cel3,mais il met aafsile meftiage. Pourquoy?
La maifon d'vn fidèle doit eftre comme vne
petite Eglife.Les payés qui ne fçauoyét q^ne
f. ii.
14-0
SERM O
c'efti'Eglife, ont dit qu'il n'y amaifon qui
ne foit comnvevne image &• figure de quelque
gouuernemcnt public. Les Empires font gras,
lesprincipauttï ,& autres cftats publiques:
mais tantyaqu''vn pourc homme viuanta-
ucc fa femme & fes cnfaiis, & feruiteurs, doit
eftrc en fa niaifon comme vngouuerneur pu-
blic. Mais les Chreltiensdoyuenrpafler plus
outrc,c>it qu'vn chacun père de famille Iça-
chcqueDieuraconftitué en ce lieu-la pour
fçauoirgouuerncr,& femme, &: enfans,&l'er-
uiteurs : tellement que Dieu foit honoré au
milieu, &: que tous hiy facent hommage. Puis
qu'ainii eft qu^■n homme fçaura gouuerner ia
maifon .c'cildeûa. quelque bonne c-fprcuue
oui eft en luy. Non point que cela fui-frfe : car
ilfc pourra bien faire qu'vn homme fçaura
bien gouuerner fou mefnage, &: cependant ne
fera pas propre à vne charge fi ptfante que de
conduire vn peuple : mais tant y a que c'ell
quelque bonne marque quand les homes font
pailîbles en leur mefnage , & qu'ils le fçauent
tellement conduire qu'ils y viuent honnefte-
ment &rans reproche. Voila donc ce q lainÛ
Paul a entendu. Et au relie, il parle aulsi des
enfans, comme il parlera ci après des femmes:
mais maintenant il ne touche lînon des en-
fans. Et pourquoy ? Car celuy qui voudra s'ac
quitter de fon denoir eftant Palleurd'vne E-
glife,ilfaut qu'il foit comme père de tous les
iideles. Or maintenant vn liomme ne pourra
gouuerner deux ou trois enfuis quandilics
aura en fa maifon : ils feront fes fils propres,
& cependant il ne les pourra tenir fuiets , ils
feront fourds à tout ce qu'il leur dira : com-
ment donc pourra -il gouuerner ceux qui font
de loin,& qui luy font comme incognus, voi-
re & qui cuideront eftre plus fages beaucoup,
& qui pcn/eront n'auoir point befoin d'e-
Ihe en feignez ? Comment pourra-il tenir en
crainte les hommes, quand fa femme propre
ne luy fera point fiiictte? Ainlî donc ne trou-
iions point eftrange s'il eli requis en tous Pa-
yeurs qu'il» foyentbons pcres de famille ,&
qu'ils (cachent que c'tft de bien gouuerner
leurs enfans. Et notamment il parle d'vne^r.»
«/ tf'.c'efl .îdire'que les enfans des Paftcurs ne
foyent point dllFolus : ildefirecela fur tout,
& qu'ils femaintienent en obeiflance paiii-
h le. Car fi on voit les enfans desPaflcurs eftrc
des fjippofts de tauerne,des fpadacins.des bat
leurs de paiic,des loueurs pleins de toute dif-
foiution.des petis pa:llaideau.v : & ie voiis
prie , comment les autres pourront-ils cftre
desbordez au prix?Vn prefchcur montera en
cliairc, il criera contre lesdesborikmens , il
dira que la ieuncfle efl effrontée , qu'il n'y a
plus nulle mi)deflie:cS; cependant fi fes entans
(ont plus mal complexionnez que les autres,
ou bien qu'ils foyent du rang commun, ne fe
niocqucut-iis- point de Dieu&de la doctrine?
Or ce n'cfl point encoresaflcz de condam-
ner les cnfinv, mais il faut condamner les pc-
N XXI IL
res, quand ils fouffriront que leurs enfans fâ-
eent pis que tout le reftc. Ainfi donc, toutes
fois iquatesqueles prefcheursdoyuct mon-
ter en cnaire , quand ils font en leur maifon,
qu'ils regardent bien, Or ça,iem'en vay pour
nionftrerle chemin aux autres. Dieu me fait
ceft honneur & cefte grâce que ie porte fa Pa
rôle qui eft la règle klaqucUe il nous ùut te
nir tous fuiets, ileftqueftion ici de comencer
par ma perfonne ; car fi icveiix addreffer les
autres à filut , & que l'en foye cependant de-
ftourné,quefera-ce?Et puisquâdie voudray
rcmonftreraux homes S; aux femmes cément
il fe taut gouuerner,que ie voudray rcprédre
leurs vices, fi en ma maifon les chofes vont fi
mal qu'on s'en puilTe mocquer , que fcra-ce?
Apres, i'avaufsi à guider les enfans:car il faut
que &: grans Se petis foyent enfeignez en coni
mun delà doctrine que ie porte. Or fi mes en-
fans font diiroliis, que fera-cefCeft ce q nous
auons ici .à retenir en premier lieu. Or cepen-
dant appliquons aufsi ceftcdoftnneà l'vfage
de chacû.Car pourquoy efl-ce que S. Paul oiv
donne que les Pafteurs ayent leurs enfans Bié
réglez en bonne difcipline & en bonne vie, fî-
non afin qu'ils puilTent anf i bicenfcigner les
autres comme leurs enfan-rQuiconques donc
voudra eftre réputé fidèle , Se du troupeau de
Dieu, quand il viendra au fermô, &.' qu'il orra
vn prefchcur parler, foit en fa maifon, foit en
chairc.qu'il penfe bien.Noftre Seigneur veut
qi;e i'elcoutece/hiy-cic5nie mon père, &: que
ie reçoyuedoftrine, &: confeil,i5c admonition
de luy. Si nous voulôs eftre reputez entans de
Dieu, il nous en faut venir l.à. Car ceux quidi-
ro.nt. Ho, ie n'ay que faire à vous: eftes-vous
mon prince pourmegouuerner.''ilsmonftrent
alTcz qu'ils font pires q Payésipour lemoins
ils ne fçauent que c'eftde religion nedetoy.
Car noJtre Seigneur ne nous veut point gou-
uerner par autre moyen que celuy qu'il a or-
donné,c'eft que les homes qui nousaiioncent
û\ Parole.nous foyétcônie fécond» percs fous
luy.QuiCÔquesdôc nepourra foiilFrird'eftre
cnieigné de Ion Pafteur,& le receuoir comme
fon pere,ccluy-la renonce à Dieu eiH.it qu'en
luy cft,&: déclare qu'il n'ha nulle Chreftieiité
en luy. Voila que S.Paul a voulu ici moiiftier.
Et inefmes nous deuons encores appliquer ce
fte doilrine .i vn autre vfage:car qu.'id S. Paul
dit que celuy qui ne f^aitgouuerner l'.\ maifô,
ne pourra point poiiruoii a PEgliie de Dieu,
il nous môftrc que fi nous ne fç.liiôs que c'eft
de nous guider entre iiofis , qu'à grand' peine
pourrons-nous reformer les auri es. Or cefte
admonitio nous eft auiourd'hii v bié vtilc: car
noftre Seigneur nous a appelez .\ la ccgnoif-
fance de fa parole, non feulement afin q nous
cheminiô.droitt met entre nous, & qu'vn clia
cû le porte tellemct'qu'il édifie fes prochains,
mais nous deuôs eftie corne i.îpe'; pour cfcJai
rer de loin. Ornons voyons ie poure monde
auiourd'Jiuy eftre plégc en ces ténèbres horri
blcï
SVR LA I. A TIMOTH.
i4f
blés delà Pâpautétnous faifons profcfsionde fions donner exemple aux autre'; pour les at-
auoir rEiiangile,'& que nous fommes enfei- tirer:ie di mefmcs à ceux qui font ignorans.Sr
gner en la doftrine de ialut : &, toutesfois qui Ibntauiourd'huy ennemis de la paiolede
comment edifierons-nous les autres , quand Dieu. Car <t nous n'auôs vn tel gouuerncmét,
nous ne fçauons que c'eft de nous gouuerner & vue telle difcipline entre nous, que les po-
entre nous ? Nous fommes comme cliiens & uresignorans cognoilïênt que nous fommee
chats, & nousenfeignerons aux Papiftes que reformez, il eft certain qu'ils auront bien oc-
c'ell de viure fraternellement ? Nous ferons cafion de fe moquer, quand nou: les voudrôt
pleins de IrVaude &: malice, & nous dirons que corriger de leurs vices. Voila donc comme il
il faut garder loyauté ? Il n'y a ne iuftice ne faut qu'vn chacun apprenc pour foy : & puis
«Iroiture entre nous, &: uousdiros que les au- en fecôdlieu qu'il regarde en fa'maifon:& fi-
tres fe doyuent abftenir de tout outrage , de nalemcnt que tous enfemble nousapprenione
icruautcz,de rapines ?& quel propos y a-tl? deferuirà Dieu d'vn accord ,& qu'il n'y ait
Nous voudrons qu'on apprene la chaftcté de ne murmure ne rébellion en nous, que nous
nous,& les païUardifes y régneront, il n'y au- foyons comme membres d'vn corps , afin que
ra qu'ordure &puâtife.Ainfi doc nous voyôs Dieu nous recognoille & auoue corne fes en-
que S.Paul a tellement addrcflefon propos à fans, quand chacun en fon endroit aura tafché
ceux qui doyuent élire & ordonner Paftcnrs de le feruir,& d'attirer à vne mefnie obeiflàn
en l'Eglifede Dieu,&:aufi à ceuxqui fontap ce ceux qui en eiîoyentellongncz.Que noue
pelez en ceft ofRce , qu'il nous a enfeigné ce profitions dôc en cela de plus en plus.iufqu'à
que nous auôs tous à faire en gênerai. Et ainiî ce que nous foyons tous recueillis à noftrc
que tous fidèles apprenent de leur collé de fe Dicu,& paruenus au but où il nous appelle,
gouuerner en forte en leur particulier , que
Dieu foit honoré & fcrui de tous d'vn comun OR nous-nousprofterneronsdeuant la
accord:mais fur tout que nous auifiôs aufsi de face de nollre bon Dieu en cognoiflànce de
noflre coflé,nous,di-ie,.T qui Dieu a donné ce nos fautes, le priant qu'il nous les face telle-
Ile charge de conduire fon Eglife , d'auoir & ment f'eiuir.que nous apprenions de nous hu-
afFeélion Se folicitude paternelle enuers tous milier:& combien que nous foyons confus eh
ceux que Dieu nous a cômis en charge. Q^âd nos péchez, que nous ne laifsions pas pourtâc
vn homme aura des cnfans, qu'il cognoiile, de recourir à luy,& le requérir comme noftre
Dieu m'apprend ici en ma maiionquel iedoy Pere.Q^illuy plaifeaufsinous fupporter en
cflre enuers toute fonEglife. Et ceux qui n'en nos infirmitcz,& cependant les delcouurir en
ont point.qu'ils cognoiffet ce q nature porte, forte que nous le venions cercher comme no
que tout ainfi qu'vn pcre feraaddônc àaimer rtrt mcdccin:&: que quand il nous aura attirez
fes enfans, il faut aufsi qu'iK ayent auec l'a- à foy, nous ne demandions finon d'eftre con-
tnour la folicitude de gouuerner & conduire formez à <it volonté , qu'il n'apparoille rien
au chemin de frlutceux que Dieu leur a don- en toute noftre vie, finon vndefir de le feruir
nez en charge. Voila donc ce que nous auons &• honorer, &;que par ce moyen les poures in-
à noter. Et puis, que nous apprenions de nous crédules foyent attirez au chemin de falut,a"
gouuerner tellemét entre nous, que nous puif fin qu'il foit magnifié de nous tous,iS;c.
C I N Q_V lEME SERMON S VR LE
TROISIEME CHAPITRE.
6 Qujl ne foit point nouucau apprenti, de peur qiteHant enflé d*
orgueiljil ne chee en la condamnation du diable.
7 II faut qutl ait bon tcfmoigyiage au fi de ceux qui font de c/c-
hors,afin quil ne tombe en reproche, çy aux laqs du diable.
'ttfj^'S^ Près que (ainft Paul a mon- homme en la condanation de Satan. Et pour-
tant laincl Paul veut que ceux qu'on choilît
pour Pafteursde l'Eglife, foyent de longue
main apprins de feruir à Dieu, qu'ils foyenc
comme mattez, que leurefprit foit bien rete-
nti, afin qu'il n'y ait point ces folles outrecui
uét ily a de l'orgueil mcllé, danccs qui ont accouftumé d'eftre'' en gens
<ju'vn homme quand il commence en quelque qui ne font point encore exercez. Finalement
chofe,il luy femble qu'il eft vn grand xfo- ildit, Q«'i7 faut que ceux c^u on ordonne Va-
ûeur.Or celte àrabition-kfait utbufchcr vn fitHrs, a^ent bon tefmoi^n.i^e des increduUsi
Cm.
Itré quels doyuent tftrc les
Parteurs.pour conclure fon
propos il adiouftc,Q«'(7j ne
Jiyiièt pùint ejlre niuueMiX
.ippren tl s:iX' Zwtim que fou-
I4S SERMON XXIIII-
c'eft àdirequemefmes les ennemis de la foy quand on veut élire des Pafteurs,qu*ilnefaBt
ne trouuent rien à redire fur eux , afin que le pointprédreàla voleegens qui ne font point
nom de noftre Seigneur lefuv Chrift n'en ibit encore'; experimctei^ qui font venus de nou
blafphenié, & qu'on ne dife que c'ell vne po- ueau à la foy, car ils ne fçauent encores que
urc aflemblee que des Chrelliens , d'autant c'eft de porter le ioug.Il faut donc qu'vn hô-
que ceux qui ont charge de gouuerner au mi- me loit bien formé, Se que de 15g temps il ait
, lieu d'eux.font infâmes , & qu'il y a des vices fuyui vn bon train, à ce qu'il ne foit point ai-
& des crimes dignes d'opprobres. Afin donc feementdiuerti.Car que fera-cefi vn tomme
que la religion Chreftienne ne foit point ain après auoir fait femblât d'auoit bonne graui-
« en mocquerie , fainû Paul veut qu'on choi- té,fe desbauche, & qu'on ait honte de l'auoir
lîfTe des Pafteurs, contre lefquels meûnes les ainfi choifi auant qu'il fuft bien efprouué ? Ec
incrédules n'ayent que mordre : &mefmesil ce que dit S. Paul des Pafteurs,doitaufsieftre
môftre qu'il en pourroit aduenir vn autre in- obferué & prattiqué en tous ceux aufquels on
conuenient.c'eft qu'eltans tombez en oppro- donne charge publique : car ce qu'il adiou/le,
bre, ils feroyent furprins de Satan.Car qu'a- peut aduenir à tous: c'eft afçauoir, que quand
itiendra-il quand vn homme cft diifamé,finon les hommes fe voyét eleuez en dignité, lînoa
qu'il s'endurcit en ion impudence , tellement que Dieu les ait bien dontez, & qu'ils ayet ap
qu'il n'a plus honte de rien, & le diable alors prins d'eftre du tout afluiettis à luy, inconti-
cn prendpoflefsion?Ileft vray quelemot de nent ils s'eleuent en vne folle outrecuidance,
D»/îfc/f, fepeutaufsi rapporter aux hommes, & s'oublient pour s'abandôner à maJ:&;pleuft
car il fignifie calomniateur , & celuy qui de- à Dieu que les exemples n'en fûfltnt pointiï
irade fauflement. Mais ici fainft Paul , cora- communs. Mais on voit à l'œil ce qui nous eft
me on peut veoir, parle du diable, & nionftre icimonftré par S.Paul, c'eft qii'vu nomme qui
que ceux qui font ainfi expofez àiniure, ne n'a point encores efté bien tonne en l'obeif-
pcuuent pas euiterquele diable ne domine lance deDieu , quand il fera cleué en dignité,
fur eux , d'autant qu'Us font du tout effron- il ne fçait plus quel il cft , le voila comme en-
tez .Dieu doncques nous fait ici deux bons yuré, & ne luy faut rien pour le faire entrer
aduertiffemens &vtiles : l'vn , c'eft que ceux en beaucoup de folles fantafies. Or il enad-
^uifont pour gouuerner en fon Eglife,ne uieridra enlafin ceque du fainft Paul,c'eûa-
uoyuent point eftre nouices, qu'il ne faut pas fçauoirque cefte enflure dot il parle, fera eau
qu'ils foyent nouueaux apprentis, mais expe- fe d'vne ruine horrible.'car Dieu ne peut por
rimentez de longue main , & défia tout for- ter que les hommes s'eleuent ainfi : nous fça
mez au feruice de Dieu . Il cft vray qu'il y a
d'auties raifons pourquoy cefte règle de
fainft Paul doit eftre obferuee : mais il nous
fuffira bien de ce qui eft ici contenu, c'eft a-
fçauoir, qu'vn homme ne pourra feruir fidè-
lement à l'Eglife, fînon qu'il y foit bien ap-
prefté, car cela ne peut eftre fans long vfage
uons qu'il eft ennemi de tous orgueilleux, que
fon office eft d'abaifler les ^fourciJi hautainst
& quand nous prcfuraonsde nos veïtuç,& que
nous voulons élire plus qu'il ne nous .ippar-
tientjil faut que Dieu relifte,&: qu'il heurte &
choque contre nous, & que nous fentions vne
trop grand durté en luy. Voila comme il faut
Vray eft que Dieu pourra bien former vn que cefte doftrine foit appliquée .1 tous ceux
homme en trois iours, tellement qu'il fera du qui ont charge publique, comme aufsi l'Eicri
tout idoine Si propre pour anoncer la pa- ture faindie le monftre en tant de palTagev. Et
lole de Dieu : mais il ne faut point que nous pourtant , que ceux qui font mis en eftat ho-
attendions en faifant noftre office, que Dieu norable,foyent gens modeftes, & qui défia
befongne par miracle:il nous faut eftre fuiets ayent apprins de feruir à Dieu, & foyent cora
à ce qu'il nous aura commandé par fa parole, memattcz eneux-mefmes , pour auoir vn e-
Si nous voulions difputer de la puiflance de fprit pofé&rafsis.Or il eft vray que les hom-
DieUi&làdeflîis faire des entreprifes,qu'y au mes, quand il pkift à Dieu de les honorer, ne
:ra-il que témérité ? Et Dieu monftrera qu'il auroyent point occafion de s'enorgueillir »fi
ne veut point que nous y procédions en telle ils regardoyent bien à eux .Mais quoy îon
forte. Ainfi donc regardons ce que Dieu nous voit quel eft le naturel , & combien il y en a
commande. Se fuyuons la règle qu'il nous im- peu qui fçachét fe retenir, finon que Dieu .lit
pofe,& là deflus attendons que tout ira bien, befongne puiflàmment en eux, & qu'il les ait
qnâJ nous luy aurôs obei; il nous taut fermer appreltez à modcftie. Quand vn home lera e-
les yeux atout ce qui nous pourroit venirau leué en dignité, d'autantplusapproche-il de
deiiant, comme nous voyons que les hommes Dicu,& en cela il doit eftre inftrtiit à s'abbaif
fout ùibtils à controuucr des choies pour s'e- fer. Car quelle cft la principale inftruftion &
xcnipter d'obéir àDitu. Or il nefiut pas que la meilleure que nous puifsions auoir pour
nouv en facions ainlÎMttendons queDicucon baiflerles yeux,pourn'eftre point enflez d'ar
duira tout abonne ifrue,moyennant que nous rogance, pour ne point nous attiibuer ceci ne
fuyuions ce qu'il nous aura ordonné . Voila cela,[finon quand nous regardons .î Dieu.' car
donc pourquoy il nous faut bien retenir cefte c'eftvn miroir qui nous monftre qu'il n'y a
leçon qui nous eft ici monftrce,c'eftaf^auoir que pourecé en nous . Auili donc , d'autant
^uc
SVR LA I. A TIMOTH.
»4)
que le» hommes font eleuez en haut, ils doy-
ucnt s'abbai{rer,& cognoilUe en ceftemaielté
de Dieu qu'ils ne l'ont rien en eux, qu'il n'y a
rien de quoy ils fe puiflent glorifier. Mais
nous voyons (comme i'ay dit) tout l'oppofi-
te:& d'autant moins ce vice fera inexculable,
quand il y a vne telle ingratitude en nous qui
nous aueugle.Et pourtât retenons qu'vnhom
me ne fera lamais apte d'auoir quelque char-
ge publique, ne de gouuerner, qu'il n'ait prins
vnplycnfoy decheminer en toute modeftie,
& de n'eftre point enfle d'arrogance : car lî
loftqu'vnhémc fevoit exalté, le voila com-
me vne irnagcqu'il s'adore , & ne fçait s'il eft
homme ou non. Ainfî donc en aduiendra-il à
ceux qui prefuraentde l'hoimcurq Dieu leur
fait quand ils font ainfî eleuez en haut : mais
fur tout cela doit eftre obferué aux Parteurs
de l'fglife qui ont charge d'anoncerladoâri
ne de îalut.Carqu'eft-ce que nous prefchons
finô qu'il faut que toute gloire humaine foit
abbatuc, &que Dieufjit exalté au milieu de
nous f Car fi les hommes veulent s'attribuer
vne feule goutte de louâge.voila Dieu'qui eft
comme obfcurci &abbaiÏÏe.£t ainfî le princi-
pal de TEuangile c'eft de monftrer aux hom-
mes qu'ils n'ont rien de quoy ils fe doyucnt
exalter, afin que nous ayons tous la bouche
clofe,& que nous apprenions de chercher tout
noftre bien en Dieu. Or puis que nous deuons
inlîfterlà deflus , ne faut-il paî qu'aufsi nous
monftrions exemple d^humilité &de mode-
flicfSi vn homme vient déclarer que nous de-
uons cheminer en la crainte de Dieu,tellemét
qu'après auoir cognu nos miferes que nous
n'ayons nulle prefompti5,& cependant qu'on
le voye comme vn paon,& que fcroit-cc?Re-
tenons bien donc quel'vne des principales
vertus de ceux qui ont charge de gouuerner
rEglifc,& de porter la parole de Dieu , c'cil
qu'ils fe gardent bien de s'enfler , & d'auoir
vne folle arrogance qui les tranfporte. £t au
rcfte,poifons bien ce que dit fainû Paul de la
condamnation du diible : car il nous monllre
que la cheute du diable eft venue de là, qu'il
n'a point cognu l'honneur qui luy eftoit fait
de Dieu , & s'eft voulu exalter par trop. Et
c'eft aufsi la ruine du genre humain que ceft
orgueil, c'eft le vice qui nous a tous mis en
perdition. Et ainfî, d'autant plus nous faut-il
noter ce que fainft Paul met ici : car iln'eft
poin t queftion d'vnc cheute Icgere.mais c'ell
vn trebufchement mortel & irreparablc,quâd
BOUS tombons enjla condamnation du diable.
Et fur cela apprenons de nous garder d'or-
gueil,veu que nous ferons côpagnons du dia-
ble quand ce vice dominera en nous : comme
nous ne pouuons pas approcher de Dieu,ni c-
ftre participans de l'héritage de falut, que eu
toute humilité. Comment eft-ce que nous par
uenons à ce bié d'eftre adoptez de Dieu pour
fcs enfansS: heritiers?n'eft-ce pas en cognoif
faut qu'il n'y a en nous que corruption ïc pé-
ché,que nous fommes du tout perdus &defe-
fpcrez, & venans à Icfus Chrilt afin que par
fon moyen nous obtenions mifericorde? Puis
qu'ainfî eft donc que l'humilité eft celle qui
nous amené à Dieu,& qui nous ouure la porte
de Paradis, & nous fait trouuer grâce enuers
noftre Seigneur lefus Chrift , afin qu'il nou»
reçoyue pour nous prefénter àDieu fon Père;
à l'oppolite concluons que l'orgueil nous »c-
couple auec Sata, & fait que nous foyons ex-
clus du royaume de Dieu,quand ce vice noue
tranfporte.Et pourtant ceux qui font en quel
que eftat honorable,& aufquels Dieu aura de-
parti de fes grâces pour les mettre en authori
té.qu'ils regardent bien à eux,& qu'ils facene
bon guet pour n'eftre point furprins de cefte
condamnation du diable: &ceuz qui font pe-
tis & mefprifez félon le m6de,qu'iis cognoif-
fent que tant moins ont-ils d'occafion de s'en
fler. Et ainfiquegrans&petis apprenent de
s'abbailTer, & de fe retenir en telle forte que
Dieu ait la prééminence par deflus tous ,8e
qu'il n'y ait perfonne qui appete d'eftre exal-
té outre fa mefure : contentons-nous de ce
que Dieu nous appelle à foy.afin que nous ay-
ons de quoy nous glorifier en luy feul.Et ce-
pendant ne prcfiinions rien de nous , comme
aufsi il n'y a point d'argument.carce q Dieu
a mis en nous.ue nous doit point elcuer, mais j.Corli»^
pluftoft il nous faut fentir combien nous fom i »o,
mes obligez à luy,& la deffus cognoiftre qu'il
n'eft queftion que de nous anéantir , afin que
quand nous luy aurons attribué la gloire qu'il
mente , il foit pareillement noftre gloire &
noftre lànûification , comme il en parle. Or
quant àcequefàinû Paul dit que les Pafteurs
doyuent auoir bon tefinoignage des incrédu-
les, ce n'eft pas qu'il nous faille eftre prifex
des mefchans , comme il y en a qui appetent
quelesmefchans lesayent en eftime: car ce-
la ne fe peut faire , que nousneconfentions à
leurs iniquitez.Etaurefte,ie vous prie,quelle
folle cupidité fera-ce,que nous délirions d'e-
ftre aimez de ceux qui mefprifent Dieu,& qui
foullét aux pieds lefus Chrift noftremaiftre?
Pluftoft nousauons à fouhaiterque les mef-
chans nous reiettent,& qu'ils fe mocquent de
nous,attendu que nous ne les pouuons pas a-
mener à cefte raifon , qu'ils rendent à Dieu
Thon neur qui luy eft deu,& qu'auec t oute re-
uerence ils s'a/Iuiettiflent à fa parole. Mais
combien que nous ne deuons pas appeter que
les mefchans nousaiment,fi faut-il qu'ils ay-
cnt la bouche clofe,& quand ils voudront mef
dire de nous, qu'ils foyent confus en leurjim-
pudence. Voila ce que fainû Paul a entendu:
non pas que les incrédules prifent ceux qu'ils
cognoiffent eftre feruiteurs de Dieu,& que de
leur bon gré ils louent leurs vertus, mais qu'ils
n ayét que mordre fur eux. Vray eft que nous
ne pouuons pas encores empefcher les enne-
mis de vérité , qu'ils ne iettent beaucoup de
blafmes fur nous : mais il faut cependant que
f. iii>.
- 144-
SERMON X XIII I.
nou'i foyons exemptez de tout crime , & que
lf5 melchans ne puilTent mettre ceftc note &
macule lur TEglUe de Dieu, que ceux qui ont
charge de la gouuerner & conduire foyent vi
leins.gens intames.deviemefchante.Voila en
fomme ce que S.Paul a entendu.Nou-; voyons
doue ici ce qui nous eft monftré en d'autres
paffàges , c'eft afçauoir que nous deuons en-
tant qu'eti nous ell taire q Dieu ne foit point
blarpncmc,&que les merdians n'ayent point
" occaiion de fcmocquerde l'Euangile , Se de
l'ordre que nous auons en l'Eglife.Carii par
noftre imprudence nous allons expofer Dieu
en opprobre , cela lera-il à pardonner? Ainfî
donc cognoiflons que TEglife doit eftre tel-
lement gouuernçe, que nous deuons touiiours
auoir efgard à ceux qui nous efpient &: qui ne
demandent linon à diflàmer le nom deno--
flre Seigneur letusChrift, &dela foyque
BOUS tenons , qu'entant qu'en nous fera nous
emperchions qu'ils ne puilTent mefdire : &
s'ils le font, que ce foit à fauffes enreignes,&
qu'ils foyeiit redarguez en leur impudence.
Voila ce que iainft Paul a voulu enfeigner.Et
cependant notons aufti que ceux qui tombêt
en opprobre, font en la fin pofledcz du dia-
ble,tellement qu'ils s'endurciflent à tout mal,
& que le diable les conduira en iorte qu'il n'y
aura plus de remède ne de moyen de les rame
ner au droit chemin: &c'eft vne chofe qu'on
ne voit que par trop. Sivn homme a encores
efté retenu lufques là, qu'on l'eilimeeftrede
bonne confcience,&: qu'il y ait quelques mar
ques enluydela crainte deDieu,& qu'il y ait
vne honnefteté qu'on prife,celafera.caufede
1 e rctenir;comme Dieu fait valoir fes grâces,
que ce nous font autant de brides. Mais à l'op
pofite, quand vn hômc fe iette hors des gons,
& qu'il eft comme defefperé,& que chacun le
detefte , & qu'on voit qu'il eft perdu du tout,
U deflus il s'endurci^, 8i n'y aura plus nulle
honte qui foit, rien ne le retiédra que le dia-
ble ne le poflede du tout. Or combien que S.
Paul parle ici des miniftres de la parole de
Dieu.iî eft-ce que tous en gênerai ont ici à re
tueillir vne bonne admonition & bien vtile,
c'cftafçauoir que nous aduiiionsde cheminer
tellement que nous ne foyons point en diflïi-
me.quc noftre vie ne foit point en tel (câda-
le qu'on nousmonftre au doigt , & que nous
foyons comme puants : autrement il faudra
qu'en la fin nous receuions ce loyer diioncl il
eft ici parlé. Et plcuft à Dieu qu'on n'en vcift
point les exemples , mefmes en ceux qui font
de noilre eftat , &■ qui ont la charge & office
d'anonccria parole de Dieu. Mais il faut que
nous foyons miroirs de la vengcnce de Dieu,
quand nous ne cheminerons pas comme il ap-
partient.Si Jonc vn miniftre fe dcsbaiiche,&
au lieu de mettre peine que fa vie foit en édi-
fication à tous, qu'il foit vn effronté, &: qu'il
fe desborde en yurognerie , ou en difTolu-
tiôs,ou en païUardifes, ou en ccci,ou en cela,
qu'en aduiendra-il.= Il faut comme Dieu noitî
a eleuez afin d'cftre regardez de loin, qu'on le
marque, qu'on s'en mocque,& qu'il foit com-
me vne fable à toirs , & que les petis enfans
mefmes i'ayent en derifion. Alors vn miniftre
voyant que fi mauuaife vie l'a ainlî dénigré,
il s'endurcit,& le diable en prend alors plei-
ne poflefsion , qu'il faudra qu'il foit pire que
tous les autres. Cependant notons que chaain
en fon degré fe doit dôner garde de ne point
tomber en vne telle cheute: car nous voyons
aufsi bié les autres qui ne font point pafteurs
ni miniftres,quand ils fe font desbauchez, s'ils
voyent<ju'ils foyent en opprobre à tous,ilne
leur chaut pP de rie, ils n'ôt plus nulle vergô-
gne.Qjjand vn homme aura quelque hônefte
té en foy,& qu'on l'eftimera craignant Dieu,
cela luy feruira de bride ( comme nous aûons
ditjqu'il ne fe desbordera pas ainfî outre me-
fure : & puis il y aura toufiours moyen de le
retenir quand on verra des vices en luy, qu'on
aura quelque accez pour l'admoncftér , qu'il
ne fera point du tout incorrigible. Mais qu.îd
vn homme voit qu'on le rciette, alors il ron-
ge fon frein , & fe desborde & fe lettc à tra-
yers chanrps, qu'il n'y a plus nulle honnefteté
en luy.Craignonsdonc qu'vne telle vtngen-
ce de Dieu ne tombe fur nous, &: qu.îJ il nous
a appelez à foy , & qu'il nous a fait la grâce
de nous mettre fon ioug fur le col , que nouî
apprenions de nous' tenir toufiours riiodefte-
ment,& de ne nous point e<garer. Voila donc
comme fiinifl Paul parlant des miniftres de la
parole de Dieu, a donné vne inftruftinn com-
mune & générale à tous Chreftiens. Or ayant
traitté des Pafteurs , il adioufte qii'auAi les
Diacres doyuenreftre graues&r modcftcsen
leur vie, bien attrcpcz, qu'ils nedoyuent poinr
eftrelangars , combien qu'il met double lan-
gue:& puis, qu'ils ne doyucnt point eftre ad-
donnez au vin, ni dçain de'-honnefte, & mef-
mes qu'il? doyuent auoir le ftcret de la foy
en bonne confciencc,& qu'on les doit efprou
uerdeuant q les mettre en ofticcSarnil Paul
ne parle point ici des feriiiteurs domeftiques'
de ceux qui ont la charge de porter la parole
de Dieu : mais d'autant qu'il eft quellion du
reçime fpirituel q Dieu a mis entre ks ficns,
fainft Paul veut que ceux qui font ordonnes
tant pour anoncer l'Euangile , comme pour
auoir le foin des poures, foyent de vie irrcpre
henfible,&: qu'ils foyent en bon exemple, afin
que les bons foyent confeimcz,&- que les mcf
chans foyent confus, .^qu'ils n'ayent point
occafion de vilipender la foy &' la Chreftien-
té.Ce mot de Diacre, emporte fimpicmcnt ce
que nous appelles miniftre: mais ici il eft cer-
tain que lâind Paul le prend poniceux auf-
qucls ce nom eft proprement attribue en l'Ef-
criture lâinde, comme nous le voyons au fix-
iemedes Actes, & en d'autres lieux aufsi. Il efl
vray qu'en gênerai tous officcsd'Eglifes font
^jommcz Diaconies.c'eft à direminifteres ou
fcruiccs:
s VR' LA I. A TIM O. TH.
'4î
feruicesîcar lesPafteurs ne font pou ordônez
ne clioifîs pour dominer. Pourquoy dôcfPour
Je feruice des fidelcs:comme il eft dit. Qu'on
I.Cor.4. nous réputé & qu'on noustiene pour ferui-
I. teurs de leliis Chrift , & pour fcruiteurs aufsi
de fon peuple & de l'on troupeau. Quicôques
donc voudra etlre réputé Palteur , il ne faut
point que celuy-la vfurpe feigneurie.mais au
contraire qu'il s'addonneàferuir à ceux auf-
quels il eft conltitué : car aufsi nous ne pou-
• uons feruir à Dieu iînon en fcruant à fon peu
pie. Nous ferons biensdonc appelez Diacres,
mais c'eft en fens gênerai: cependant les Dia
cres font ceux qu'on ordonne pour auoir le
foin des poures, &pour diftribuer les aumof-
nes.Et que fainâ Paul le prene ici en tel fens,
il appert par l'ordreicar nous auons veu qu'il
a traittédureçime public de TEglife-Ord'au
tant que les Pafleurs font ceux aufquels Dieu
a ordonné la conduite de fon peuple, S. Paul
les a mis en premier lieurmaintenant iladiou-
fte ceux qui les fuyuent en degré inférieur,
afçauoirles Diacres. Or combien que nous
voulons qu'on noustiene pour bons Chre-
lliens reformez ftljn l'ordre de l'EuangiJe,
toutesfois on ne fçait quafi que c'eft de Dia-
cre.Ce nous ellvnegrand' honte quand nous
parlons des Papiites, que nous dirons qu'ils
font Chreftiens baftars:&: la vérité eft b:é tel-
le,que tout y eft confus, qu'ils font apoftat",
ayant renuerfé toute la police que Dieu auoit
rnife entre les fiens : nous pouuons bien donc
reprocher cela aux Papiftes : mais cependant
il faloit que de noftre cofté nous fufsios bien
reliez . Car que gagnerons-nous d'accufer
ceuï que Dieu condamnera , fi nous femmes
cnueloppez en vne mefme condamnation?Or
voulons-nous monftrer qu'il y ait reformatio
entre nous?il faudroit cômencer par ce bout,
c'eftafçauoirqu'ily euft des Paftcursqui por
taflent purement la doûnne deialut , & puis
qu'il y euft des Diacres quieufTent le foin des
poures. Il eft vray qu'il y en aura:mais on efti
nie que ce foit '^n office profane. Ceux qu'on
appelera & hofpitaliers , & procureurs d'ho-
fpital , penfons-nous qu'ils foyent en office
ecclefiaftique? & eux-mefmes le cognoilTent-
ils?Car s'ils eftimoyent. Voici Dieu qui nous
a appelez en office , & en vn eftat iacré, il eft
conioint à celuy des miniftres & des pref-
cheurs, & de ceux qui ont charge de gouuer-
ner TEglife de Dieuril eft certain qu'on y che
mineroit en autre reuerence qu'on ne tait
I point.Maisquoy; onferuira aux homes pour
tout potage,& ne fera point queftion de Dieu.
Il eft vray que fon nom fera prétendu : mais
cependant qu'on y penfe , ne qu'on y vueiUe
penfer, on voit tout le contraire. Car quand
on en fait eleûion.ceux qui les elifent.y pen-
fent-ils : Penfent-ils, Nous.auons àtrouuer
gens qui gouuernent le bien des poures : ce
font les facrifices qu'on offre auiourd'huy à
Dieu que les aumofiies: il faut donc qu'elles
foyent diftribuees par ceux qu^ Dieu aura
comme .igrcables à vn tel eftat, &: que lesDia
cres qui font choifis foyent comme les mains
de Dicu,& qu'ils foyent là en office facré.Co-
gnoift on celaell s'en faut beaucoup. Et ne fe
faut point esbahir fi on a aufsi peude regard
aux Diacres, comme aux Anciens &aux Pre-
ftres dont famû Paul parlera ci après: car on
y va aufsi à la volée. Qjje s'il eft quellion d'é-
lire gens pour auoir la conduite &. fuperinté-
danccenl'Eglife, c'eftàdire ceux du confi-
ftoire,c5<: ie vo' prie, en quelle reueréce y prov
cede-on? Eft-il queftion d'y obferuer honne-
fteté ni ordre de Dieu?Ceux qui y font ordô-
nez, dira-on que ce foit au nom de Dieu? On
voit toutl'oppofite.QjJelque fois on fe vou-
dra pleinemét mocquer de Dieu, qu'ô y met-
tra gcs à la volee,& qui n'ont en eux rien qui
foit pour dire qu'ils puillent s'acquitter 'd'vn
tel eftat à l'honneur de Dieu & à l'cdifîcatioa
de fon Eglife.Et ainfic'eft vnecôfufion àde-
plorer que celle qu'on voit entre nous,qu'vne
grande partie font fi profanes, c'eft à dire qui
n'ont nulle reuerence à Dieu ni à la parole, ni
à l'ordre de fon Eglife, qu'ils ne fçauent que
c'eft qu'ils font,en forte quelesPapiftes(de/^
quels nous fçauons fi bien parler)aur5t beau-
coup plusd'hônefteté eneuxque nous n'auôs
pas : pour le moins ils auront ce but gênerai
quand on parlera de l'ordre de J'Eglife,Ho,il
faut qDieu domine par delTus. Il ellvray qufe
cela ne dure point:mais cepédant (i eft-ce en-
cores qu'ils font conuaincus en eu'S-mefmesv
Ho, il faut que Dieu prefide en l'Eglife. Mais
entre no' on en eft venu iufques i.i, qu'il n'efi
plus queftion ne de Dieu , ne de l'Eglife. Ec
quoyPLes hommes domineront pour vn téps,
mais il faudra que Dieu bcfôgne vn iour auec
grande violence, & qu'il frappe àgrans coups
de marteaux. Puis qu'ainfi eft que no' ne vou-
lons point de noftre bon gré fçauoir que veut
dire cefte fuiettion que Dieu nous commâde,
quand nous ferons ainfi farouches , que nous
reictterôs fon ioug,il faudra qu'il face vne re—
formation violente au milieu de nous , après
que nous auros long temps abuié de fon nom.
Or tant y a que nous deuons bien noter ces
pafîàges.où il no' eft déclare quel ordre Dieu
a eftabli en ion Eglife, afin que nousaduifions
de nous y conformer le plus qu'il nons fera
pofsiblc:& fi nous ne venons point du tout a
cefte perfection, pour le moins que nous foy—
ons au chemin, &• que nous ayons quelque bue
auquel nous tendions pour y profiter de plus
en plus. Pour ce taire cognoiflons que lesDia
cres, c'eft à dire les hofpitaliers & les procu-
reurs des poures , ne font point feulement en
office terrien,niais qu'ils ont vne charge (pi—
rituelle qui fert à l'Eglife de Dieu : & pour-
tant qu'ils doyuent eftre prochains des mini-
ftres de la parole de Dieu, &de ceux qui ont
la charge tant pardoftnne que par remon-
ftrâncede maintenir le peuple de Dieu, ea
C.V.
f4(î S E R M O N X X 1 1 1 1.
crainte & en lionnefteté Je vie. Voila pour yn Voila lebiende rhofpital , voîla lebiendc»
item. Et de faiû (comme i'aydelia déclaré) poures.voila le bien de TEglife:*: cependant
lesaumofnes ne font-ce pas facriHces qu'on qu'on le gourmandera , qu'il fera trant'porté
offre i Dieu pour luy faire hommage .'Or àTappeiit des hommes : il eil certain que
ceux qui ont lacharge deles diftribuer ,ne nous ferons doubles facrileees. Etainiiiinc
4oyuent-ih- pas penfer qu'ils feruent à Dieu? faut point de difputes fort fubtilesdc tefmoi
Il eft vray que ceux qui fait en eftat de iufti- gnages de l'Efcriture fainâe pour monftrer
ce, feront aufsi bien au feruice de Dieu : Se de noltre vilenie: mais cela mefmes feruira pour
faid il leur imprime Û marque , Si leur attri- defcouurir la honte de ceux qui veulent eilre
bue fon titre,& les appelle fes enfans.fes lieu- tenus Chreltiés, quand ils ne fçauét que c'cft
tenans & officiers. Mais ceftuy -ci appartient delà règle que Dieu a ordonnée en fon trou-
au régime fpirituel que Dieu a eltabli en fon peau.Ainfî pour le prefent (attendant quele
EglifciVell afçauoir les Diacres. Celuy qui relte s'eipofe) retenôs ce qui eft ici déclaré,
eft threforier , quand il ne s'acquittefapoint c'eft afçauoir que tous ceux qui font eleus
de fon deuoir,il eft certain qu'il fera coulpa- pour diftribiier les aumo^nes,& pour gouuer-
blenon feulement deiiant les hommes , mais ner le bien des poures, que non feulement ils
aufsi deuant Dieu : mais les Diacres ont les font en eftat public, mais qu'ils appartienent
threfors de l'Eglife à difpenfer , c'eft à dire au régime fpirituel de l'Eglife , & qu'ils font
ceux qui font du tout dédiez à Dieu, & ne là comme officiers de Dieu, afin de diftribuer
doyuent pointeftre appliquez en vfages pro- les iacrificesqui luy font offerts & confierez;
phanes. Quand nous parlons des Papiftes, & puisqu'il s'en veut feruir en vn eftat (î ho-.
nous difons qu'ils font facrileges , & à bon norable, que c'eft bien rai fon que de leur co-
droiû:c3r le bien d'Eglife (qu'on appelle) île ils aduifcnt de cheminer en crainte, com-
ne doit eftre appliqué fînon aux vfages ecclc- me ayans à rendre conte à vn trop grand inai-
fiaftiques.c'eft idire pour nourrir lesPafteurs, ilre.Ét tout ainlîque ceux qui font appelez à
pournourrir lesmaiftresd'efchole, qui lont ceftecharge.doyuent eftie initruitspar l'ad-
pour entretenir femencocn r£glife,& les au- monition de faiiiû Paul de s'en acquitter loy
très chofes femblables , & fingulicrement aument , aufsi quand on les élit, qu'on y pro-.
pouraourrir les poures. Or quand nous au- cedeauec telle leuerence comme il le com-
rons condamné les Papiftes,fi nous taifons le mande ici, fînon qu'au dernier iour on vueillc
femblable, 8c que les biens de l'Eglife foyent eftre coulpable d'auoir perucrti l'ordre de
gourmandez, qu'on lesdifsipe,& qu'on les at- l'Eglife. Car fi nous voulons auoirEglifcen-
tire çà & li,& qu'on ne cognoifTe pasqu'ils tre nous, il faut que nous ayons ce régime que
font dédiez à Dieu , ne fommes-nous point Dieu a e/tablicomeinuiolableipour le moins
doubles fàcrilegesî Voila vne belle reforma- que nous tafchions de nous y conformer:
«on : on pourra bien dire que nous femmes quand nous n'aurons point laperfeftion.qtic
beaucoup pires que les Papiftes. Il eft vray nous ne laitsions pas d'afpirer& tendre touf-
qu'ils auront ces canailles de prcftres&de iours à ce but qui nous eft ici propofé paHe
moines qui font des gouffres pour engloutir fain£^ ApoAre.
tout ie bien qui eft dcdié â Dieu : & ceux-Ia
icuis auront à rendre conte:mais en la Papau- O R nous-nous profternerons deuant la fa
te lî eft-ce qu'on dira que le bien d'Eglife eft ce de noftre bon Dieu en coenoiflânce de nos
facré,& qu'il doit eftre difpenfé en telle for- fautes, le priant qu'il nous les face tellement
te que les aumofnes en foyent faites aux po- fcntir que nous aduifîons de retourner à luy,
ures. Et de fai(flils ont leurs canons anciens, eltanî abbatus pour les offenfes que nous a-
&ne diront point du contraire, que le bien uons commifes par cidcuantpour en obtenir
des clercs(qu'ils appcllct)c'cft à dire de tous gracc.Et cependant qu'il luy plaife de bcfon-
ceui qui feruent a l'Eglife, que tout ce bien- gner tellement en nous , que nous foyons du
la vient aux poures. Voila donc les Papiftes tout reformez en l'obeifTance de ù fainrte vo
qui ne feront pas tous coulpables , mais ceux lonté pour cheminer fclon fes fainfts com-
qui ont le iiuniement de ce bien-la. Or entre mandemens. Ainiî nous dirons tous, Dieu
noui.quanel le bien fera difsipc,& qu'on dira, tout-puifrant,Pere celcfte,&c.
SIXIEME SERMON SVR LE TROIS-
IEME CHAPITRE.
8 SemhUhlement il faut que les "Diacres Joyevt modejîes , non
point doubles en paroles, ni addonncz à beaucoup de \in,ne procurant
gain deshonnejîe.
9 hyans lefecret de lafoy en pure conjciencc.
s V R L A I. A T I M O T H. 147
10 Ef quiceuxfiyoït premièrement efprouucz > puisferuent e-
flans trouuez irreprehenfiUes.
Ous aaons veuce matin de
iqiieleûat fainft Paul traitte
I ici.c'tft afçauoir de ceux oui
' cr. l'Eglii'e ancienne cftoy et
ordonnez pour diftribuer les
' aiimofnes. Or il eft certain ^
' Dieu veut cju'vne telle règle
A)it obferueeen fonEglife.c'eltafçauoir tjue
on ait le foin de» poures:& non feulemét que
chacun en Ton priué Tubuiene à ceux qui font
poures:mais qu'il y ait eftat public,<ju il y ait
gens ordonnez pour auoir le foin de ceux <jui
font en necefsité,afin q les chofes foyét con-
duites comme il appartient : & ficela n'eft.il
eft certain qu'on ne fe peut vanter qu'il y ait
vne Eglife bien ordonnée, & félon la doctrine
Âc l'Euangiie.mais c'eft autant de confufion.
Et pourtât il nous faut regarder à nous: (co-
tte deiîa nous auons touché ce matin ) car fi
nous reprochons aux Papiftes qu'ils ne fuy-
uent pas l'ordre inftitué par noftre Seigneur
le/îjs Chrift , ils peuuent dire le femblable de
nous quand ceci nous defaudra, c'eft quand le
bien qui eftoit dedié à Dieu ne fera pas deue-
nient & fidèlement difpenfc,& qu'il n'y mira
pas gens propres comme fainft Paul l'or-
donne à cefte charge & office. Orpourcefte
caufenous faut-il bien noter les chofes qui
font icicôtenuei.En premier Jien, faind Paul
veut que les Diacres foyent graues & pofez:
âpres qu'ils ne foyent point langars.ou dou-
bles en langage:& puis qu'ils ne foyent point
addonnez ni au vin ni à l'auarice.Sous ce mot
Ae grauité ou attre jnpance , fainft Paul com-
prend tout ce -qui eft pour vne vie bié réglée.
En fomme il veut qae les Diacres monftrent
bon exemple, qu'ils ne foyent point gens vo-
lages ni diflolus . Au refte , il y a trois vertus
«jui leur font /peciales: l'vne, qu'ils ne foyent
point doubles. Car fi vn homme fait femblât
d'auoir pitié de ceux qui ont befoin d'cftre fé
«ourus, & puis en derrière qu'il ne demîde fi-
non d'atfamer les poures gens , qu'il n'y ait
ne pitié ne Jiumanité en luy :& fi en fomme il
n'y a que fiction en {es propos, qu'il<lonn€ de
Teau bénite en promettant beaucoup,*: qu'il
«cface rien, nous fçînés qu'il n'y a rien phis
contraire à l'ofKce de Diacre.Autant en eft-il
Je l'yurongnerietque fi vn homme eft addon
né à gourmandife , il ne luy chaut comme les
autres foyent traitiez : & puis il voudra aufsi
pluftoft aider à fej fembj3blej:car s'il y a quel
flue gourmand qui ait mangé &difsipé mal fa
lubftance , celuy-Ia fera le premier en degré
quand il fera queftion de faire aumofnes.fi on
en permet la piiiffance à gens addonnez au
Tin.Firulement , autant en eft-il de ceux qui
aiment leur gain , &• ne tafchent que de faire
leur profit. Etsacfioe» nous fgauons qu'vn
auaricieux,encores qu'il ne desbourfe rien.'fi
tft-ce qu'il luy fafche qu'on defpende , c'eft
afltz mais qu'il y en ait pour luy : que fi on
luy arrachoit les tripes du ventre . on ne luy
feroit pas plus de mal que quand on ha pitié
pour fecourir aux poures , & que s'il y a de
quoy,qu'on leur e(largit,& qu'on le difpenfe.
Il y en a donc qui voudroyent que tout le bié
du monde fuft comme enfeueli: car ce qu'ils
ne peuuent ferrer , il leur femble que c'eft au-
tant perdu pour eux. Nous voyons donc que
fàinft Paul.apres auoir requis que les Diacres
foyent de vie honnefte& bien réglée, non
fans caufe met ces trois vertus.c'eft qu'ils foy
entdroits,qu'il y ait vne fimplicité& rondeur
de parole en eux, qu'il y ait aufsi vne attrem«
pance &i fobricté au boire & au manger: fina-
lement qu'il n'y ait point de chicheté ne d'a-
uarice , mais qu'ils mefprifent tellement l'ar-
gent , qu'ils ne demandent que de fidèlement
difpenfcr cequ'iJs ont entre mains. Or tes
chofes font aflez claires, & pourroyent eftre
aifeement entendues,finon que la corruption
fuft a grande entre nous , que le fainft Efprit
ha comme vne langue incognue quand il par-
le des chofes où nous ne deuons point trou-
uerd'obfcurité. Ceci n'auroit befoin de lon-
gue expofition, quand les Diacres.c'eft à dire
les procureurs des poures, feroyent fobres 8c
modeftcs,& gens entiers ,& non point addon-
nez à aiiarice : mais d'autant qu'en premier
lieu on ne fçait que veut dire ceft oflfîce &
eftatdont parle fainft Paul,& puis qu'auiour—
ïi^huy on fait de vice vertu , voiJa poiinquoy
ce qui eft ici contenu,nous eft comme eftran-
ge.Or en cela monftrons-nous bien quelle eft
noftre Chreftienté:s'il ne tient qu'à nous vaa
teT,il n'y a que ref ormatiô de J'EuSgiie entre
nous:m3is cepêdant voici la touche où il nou»
faut efprouuer , comme nous auons défia dit*'
Or en premier lieu , quand on parlera de»
Diacres.c'eft vne chofe quafi fauua^e: te poi»
ceux qui font ordonnez pour auoir Je foin in
ponres,ie vous prie.commét s^d acqtiittent-
ils.'Commc gens prophanes qu'ils font, & ne
cognoiflent point à quoy ils font appelez. Je
ne parle point en gênerai de tous.mais ie par
Je du vice qui e/J par trop commun & ordinai-
re:i5f pJenft à Die« que les chofes fuflènt tel-
Jes , que nouseufsions de quoy nous efiouir,
voyans vne conformité entre Ja règle de
Dieu , &l'vfagequi feroit entre nous. Mais
quand on voit qu'il femble qu'on ait confpi-
ré à defpiter Dieu lîr effacer J'eftat qu'il auoit
eftabli en fon Eglife,n'eft-ce pas vne cho/ê 2
déplorer? Or fi nous ne voulôs ouir cefte do-
ûrine, Si la receuoir , & là prsttiquer , fi nous
feruira-elle de condamnation , pour mon—
ibrei qu'ayans la doûrinc de l'Euangile pure^
Î4^
SEkMON XXV.
nouj n'aaofis point d'ordre entre nous , mais
demandons toute confuiîon pluftoft; &: mel-
mes gardons que Dieu ne tarde point beau-
coup à punir vne telle ingratitude, & fur tout
quand nous voyons que iî peu de bien qui e-
floit drellé entre no', s'en va efcouler,& qu'il
femble qu'on ne l'aura iamaisaflez toft anea-
ti. Quand donc nous voyons vne telle mali-
-ce & lî nnpudente.que peut.'on efpererf Mais
pluilofl(comme l'ay dit)il faut que nous crai
gnions vne horrible vengeance de Dieu. Si
auiourd'huy on vouloir aftraindre ceux qui
fe nommCiit Diacres , & qui font appelez à
C€ft eftat, àcefteregle que fainfl; Paul nous
met ici, ho , il leur fembleroit qu'on leur fe-
roit grand' iniure.Et pourquoy rcar ils ne i'ça
uent que c'ell de feruir à Dieu : comme aufsi
ils ne cognoiflent pas que ceU office appar-
tient au régime fpirituel de rEghfe. Or tant
y a que Dieu ne foulfrira point que fon nom
foit ainfî prophané . Si on parle à ceux qui
les elil'ent , ceux-là aufsi entendent enco-
res moins que c'efl: que veut dire la condui-
te de la maifon de Dieu,& le i'oin de difpen-
fer les aumofnes. Regardons donc diligem-
ment ce qui nous eft ici monftré , c'eft d'au-
tant qu'vn chacun eft auacé en PEglife, qu'il
doit eftre exéple à fes prochains : & puis que
Dieu ie veut fcruir des Diacres à vne chofe
honorable, qu'Us foyent d'vne vie pofee &
modefte:& cependant qu'ils ne foyent point
addonnez à gourmandife, qu'ils fçachent que
c'eil de fobrieté & de continence en leur vie:
& aufsi cela eft requis pour la vigilance , que
les Diacres ne foyent point yurongnes. Car
s'ils doiuent auoir le foin non feulement de
dilpél'er ce qui leur eft commis, mais de s'en-
quenr où il y a necefsité , & où le bien fe de-
ura employer,!! ce font des yurongnes, il fau
dra qu'ils foyent cftourdis : de chercher en
eux aucun foui pour s'enquérir où il y a po-
tireté,& là où ilfaudia donner fecours.trou-
uera-on vne telle vertu , c'eft àdirectfte vi-
•gilance en des yurongnes qui ont leurven-
trepourleur Dieu? Et purs y trouuera-on
nulle prudence quand ils feront abbrutis de
leur vin , & que l'yurongnerie dominera tel-
lement fur eux , qu'ils reflemblerpnt pluftoft
à des pourceaux qu'à des créatures railonna-
blesîOr tant y a qifilfaut que ceux que Dieu
anra ainli honorez de les appeler pour auoir
le ibin des poures, s'eftudient à iobrieré, & à
retrancher toute gourmandife , afin qu'Us ne
foyent point empcfchez (comme nous auons
dit) d'auoir telle folicitude comme leur char
ge le demande. Et au rcfte, s'ils notent bitn ce
qui eft ici dit de ccfte rôdeur, ils verront com
bien ccfte vertu eft nccellàire : car quand Vn
homme n'a point vne droite fimplicité , il eli
certain que lamais un ne trouueia fccours en
Juy. Et voila aufsi pourquoy faind Paul met
celte vertu en ceux qui doiutnt adminiftrcr.
Il eft vray qu'il met vne allaigrelTe aufsi en
ceux qui ont le foin des poures , afîn qu'ils ne
donnent point à regret, mais quand ils voyét
que le bien eft employé comme il doit, qu'ils
s'eliouiflent de ce que Dieu fait paffer par
leurs mains des facnfices qui luy font agréa-
bles : mais il faut que celte rondeur aille de-
uant. Q^e donc ils ne foyent point doubles
en langage.Et puis il y a cefte libéralité fina-
lement, laquelle conlifte en deux chofes : eu
premier lieu que ceux qui font eftablis pour
feruir aux poures, ne cerchent point leur gain
ne leur profit, qu'il leur ûiffife que Dieu ap-
prouue le feruice qu'ils luy rendent, combien
qu'ils le facent aux hommes, voire à ceux qui
font mcfprifez , toutesfois que c'eft où ils fe
peuuent le mieux employer qu'à cela:qu'Us fu
contentent donc que Dieu les approuue . Et
cependant, qu'Us aiment beaucoup mieux que
l'argent qui leur eit commis foit ainfî fidèle-
ment employé, que de l'auoir, ou d'eftre ap-
pliqué à mauuais viage. Voila en l'omme com-
me les Diacres ne doyuenc point eftre addoii
nez à leur profit particulier. Mais encores ne
eft -ce point aiîez de celi ,(iiion qu'il y ait ce-
fte libéralité & franchife, qu'Us foyent bien ai
(es quand Us verront les poures eftre (écou-
rus,&: s'il y a quelque ind!gence,que le remè-
de y foit quant Se quant . Et en cela voit-on
combien nous fomines loin de cefte règle de
lainft Paul : car qu'eft-il qucftion de faire
anioûrd'huy : Penfe-on depjuiuoiraux ne-
cefsitez'deuant mefmes qu'elles ibyent co-
gnues? S'enquiert-on là où U y aura indigen-
ce ? Mais on ne demande linon à confumer
tout, que quand il y aura des pouretez tant Si.
plus, c'eft tout vn:ho,il faut eipargner. Voire,
il eft vray : car (comme nous auons dit) U eft
befoin que les Diacres ayent grande pruden-
ce : pource que tout le bien qui eft ordonrté
aux poures, feroit tantoft c5fumé,iî on croy-
oit tous ceux qui demandent. Nous voyons
l'importunité qui eft en beaucoup, & qui n'ôt
nulle coniideration. Ceux qui lont oilits, oU
qui ne trauaUlent point volôtiers, feront con
tens qu'on leur apprefte la table pour fouper
quand Us auront difné. Les autres penlentque
on les doit aideràviure plusdelicamcnt. Et
puis quand vn homme a quelque charge, il luy
femble qu'on luy fait grand tort finon qu'on
luy diftribuer&ciiacun penlé eftre le plus po-
ure, quand U voudra qu'on luy tace aumofne.
Depuis qu'on eft là venu, qu'vn homme délire
d'eftre ffcouru du bien d'autruy.il eft certain
qifil voudra toulîours eftie préfère à chacun,
& à tout le rtfte.AinHU eft befoin q les Dia-
cres foyent piudcns & modérez , & qu'Us ne
ayciit la main ouiiertc uns propos. Car s'il y
a quelque peu pourdiftribuer,& qu'en vn iour
on le cofumart.i^- que icroit-cc;Toutesfois lî
f.iut-il qu'on efpargne tcllemét qu'on ne foit
point cluchc ii Dieu dône dequoy.que le bien
l'oit employé là où on voit qu'il y anecelsité
de maladie,qu'ily 3itch3rged'enfans,& cho-
fe»
SVR LA I. A TIMOTH.
149
fdB'femblableî. Et nou'ideuonsauoir grand' blié, quand les Papiftes enTç.uirontbienmef
honte auiourd'huy, que les aumofnes qui ont
eftc faites par les poures incrédules, l'ont ain-
fimaldiftribuces.Qj^sn'i'l "'y auroit ne ter-
res ne poflefsions'.ne bien d'Eglife, qu'on ap-
pelle , mais qu'il faudroit qu'vn chacun don-
naft fon ofFrade,^: que de cela on fubuint aux
poures.fi nous voulons eftre tenus Chreihés,
& qu'on eflime qu'il y ait quelque Eglife en-
tre nous, il faut que cefte police fe monfl:re,&
qu'elle s'obferue. Or eft-il ainiî que les po-
ures aueugles qui ont vcfcu en la Papauté ont
laifle du bien. Il elt vray qu'ils n'ont pas en-
tendu quel en deuoit eftre l'vfage: car ils ont
fondé des Meflès , & chofes femblables : Se
puis il y a eu ces gouffres qui ont tout englou
ti. Mais tant y a qu'on n'a peu abolir l'ordre
ancien qui eft approuué par l'Efcriturc fain-
ûe, c'eftafçauoir que te bien d'Eglife main-
tenant foit employé comme il dort : premiè-
rement pour la nourriture des Pafteurs,pour
entretenir les efcoles , & pour fubueniraux
poures , afin que toufiours on tace aumofne
dire? Voila donc le blé qui fera au grenier,il
eftaux poures, il n'eft point ic queftion d'hô
me ne de feigneurie , il cft queftion de Dieu,
corne c'eftceluy qui ne fouttrira point que le
bien qui luy a efté offert en facriHce, foit ap-
pliqué A vfage prophane. Autant en eft-il du
refte.Or quand on auroit diftnbué ce bien-la
corne il appartient, iî eft-ce qu'encores n'eft-
on pas quit ce, qu'vn chacun ne face aumofnes
en Ion priué,&aumolnes publwjues , afinquc
les poures foyent recourus comme il appar-
tiét. Mais il l'eroit .1 defîrer que les chofes ne
vinlfcnt pas à vne telle confuiîon. Et pour-
quoyJCe n'eft pasd'auiourd'huy qu'on a cô-
meneé à en parler , les parois mcfmes en de->
uroyent retétir:& cepc'dant lesaureilles des
homes fontii fourdes , qu'on voit bien que
chacun nedemâde linon de croupir en (on or
dure. Or il ne feroit queftion que de pourfui-
ure, corne il y auoit quelque petite efperance
de bien:mais tout s'en va ane.atir.Quand.dôc
nous voyôs cela, il faut que les bons & les etl
entre les enfans de Dieu,& que ceux qui font fans de Dieu gemiflent , prians Dieu qu'il y
s du mieux qu'on mette la main :3c s'il eft befom de reforma:.
en necefsité, foyent fecourus du mieux qu'i
pourra. Or maintenant nous fçauons quel eft
le vray vfage d'employer le bien qui a efté
confacré à l'Eglife : car iî on le gourmande,
& qu'on s'en loue à plaifîr , & que tout cela
foit appliqué à cho fes prophanes ( comme il
eft)il ne faudra point feulement que nous en
rendions conte deuant Diciï& deuant fes An
ges,maisles Papiftes en feront nosiuges. Et
c'eft vne vergongne trop vileine , qu'auiour-
d'huy on n'einployera le biéde l'Eglife pour
la plus grande partie, qu'.\ vlàge tout contrai
re à la volonté de Dieu. Et les Papiftes fcj.ni-
ront bien faire leur profit de cela pour bla f-
phemer l'Euangile : &'de fait nous leur en
donnons occaiîon, entant qu'en nou^ eft : &
tion vioIéte,il vaut mieux qu'ils foyent mat-
tez àg-rans coupsdebaftons , que de nourrir
telles infcftions entre nous, & fouffrir que
Dieu foit ainlî mocqué, & que l'ordre de l'E
glife ioit difsipé. Voila donc ce que nous a-
uons à noter en fomme de ces vertus que S.
Paul met ici aux Diacres. Or il adiouftc quât
& quant, Q/^'ls ayent lemyfiere ic la foyeit-
fiire confdece. Par ce mot il lignifie queceur
qui font en ccft office de Diacre.d'autant que
ils ont charge publique en l'Eglife, doiuent
eftre mieux enfeignez en ladoârinede falut,
que ceux qui font du cômun peuple. Vray eft
que fi nous fommes Chreftiens & enfans de
Dieu, il faut que nous ayons profité en l'efco
cependant encores il y aura de bons nicfna- le de lefus Chrift : la foy eft cÔmune à grans-
gers qui diront , Ho, il faut retrancher tant &.'àpetis, voire lufques aux plus idiots : &ne
qu'il nous lera pofsible. Et comment eft-ce
qu'il faut efpargner.? Ho, s'il eft queftion de
quelques folles , on ne fçauroit trop defpen-
dre : mais voila les membres de lelus Chrift
qui periflent de faim & de foit : il faut donc
qu'on les fccouie. Il eft vray que fî nous e-
iîions tels que nous deurions eftre , cela de-
uroit bien elhe obferué, comme l'ay dit, en-
cores qu'il n'y euft autre bien : mais il n'eft
point queftion ici qu'on demande qu'vn cha-
cun contribue, que chacun ouure fabourle
pour dire, Teneznnais qu'on dilpenfe feule-
ment ce qui eft du bien des poures , &: qu'on
l'applique où il faut qu'il foit employé. Ce-
pendant on diia, Ho, il faut efpargncr. Voi-
laut pas que nous imaginions auec les Papi-
ftes , vne Chreftientc telle qu'il leur femble,
que c'eft afîez d'auoir efté baptizez, & qu'on
nefçache plusque c'eft de Dieu ne de reli-»
gion:il faui,di-ie, que cefte doûrine s'eften-
de iufques aux plus rudes. Mais tant y a que
ceux qui font eleuez en degré fuperieur, dor
uent bien auoir plus de cognoiflance, & eftre
mieux confermez en l'Euangile , que s'ils e-
ftoyent poures gens qui demourauènt touf-
ioursenleur maifon,S; qu'ils n'euflent nul e-
ftat. Nous voyons donc maintenant en fom-
me quelle eft l'intention de fainâ Paul. Mais
il conioint le myftere delà foy auec bonne
confcience, d'autant qu'on en voit beaucoup
re? &le blé mefmes .i qui eft-iï?qui eft celuy qui fçauront babiller aflez de TEuangile , Se
qui pourra dite. Cela eft mien? mais au con-
traire, tous ceux qui le voudront appliquer à
'autre vfage, voila vn ficfilege qu'ils commet
tent,la chofe eft toute notoire. Et ne faut-i]
point qu'en la chaire deVerité cela ibit pU-
cependant n'ont autre chofe que la langue.
Or S. Paul veut que les Diacres approuuent
Jeur toy par fainde vie,& non point fculeméc
en apparence quant aux hommes, mais qu'il y
ait intégrité de fonfcience pure. Mais ici il
t.iii.
ijo s E R. M
nous faut regarder pourquoy {alù Paal a rai«
Stcrttd* lafoy:<^2. efté pour magnifier la do
ôrine de l'Èuangile. Car ce mot de myfltrr,
Taut autant à dire comme Secret. Pourquoy
dôc fainft Paul attribue-il vn fecret il la foy?
c'eft afin que nous cognoiAions l'honneur &
la grâce que Dieu Fait aux hommes, quand il
le; appelle à la cognoiHànce de Ton Euâgile.
Car il n'eft point queftion de choie vulgaire,
ne qui entre en noftrc cerueau : il n'eft point
«ucftion d'vne fcience que nous puifsions ac-
éuerir par noftre induftrie , mats c'eft vn fe-
cret qae Dieu nous reuele.En forame S.Paul
a voulu monftrer que nous approchons telle-
ment de Dieu, quand il nous fait participant
de la cognoiflàucede fon Euangiîe.que c'eft
comme s'il nous declaroit fes fecrets admira-
ble? : comme àla venté Dieu defploye Ion
coeur enuers nous, quand il luy plaift de nous
inftruire en la parole de falut. 11 eft vray que
les môdains ne tiendront conte de l'Euâgile,
qu'il leur femble que c'eft vne chofe bafu, &
qu'il n'y a point aflèi de fubtilité pour eux:
mais ceux qui oritjrayemét goufté le côtenu
& la fubftace de l'tuîgile,fçauét qu'il outre-
, yalle tous nos îens. Or il n'y a doute que S.
Paul n'ait ici voulu defpiter ceft orgueil &
ingratitude des hommes , quand il dit que la
foy gift en vn fctret : car c'eft afin que les
hommes ne penfent point eftre tant habiles,
que de fçauoir ce qui appartient à leur falut,
iufques à ce que Dieu les ait illuminez par (i
jrace: & quand nous venons ouir le fermon,
ou que nous prenons l'Efcriture fainûe pour
la lire, que nous n'ayons point ceftc folle ou
irecuidance,de penfer que nous côprendrons
bien tout ce qui nous fera dit , & ce que nous
aurôs lcu,parnoftre phantafîe.mais que nous
y venions auec reuerence, nous atiendans du
tout à Dieu.fçachans bien que nous auons be
foin d'eftre enfeignez par fon S.Efprit,& que
fans cela nous ne pouuons nullement côpren
dre ce qui nous elimôllré en fa parole. Nous
voyons maintenant en fomme quelle eft l'in-
tention de S.Paul. Il eft vray qu'en gênerai il
magnifie ici la doftrine de noftre falut , di-
fànt que Dieu nous.v reuele des fecrets admi
ïables,at qui furmôtcnt toute noftre mefure-.
mais cepédant il déclare que les Diacres doi
uent citre mieux enfeignez que le cômun peu
f lc:3c côbien que la foy fou cômune à grans
& .1 petis , que ceui-la y doiuent efiie mieux
CÔttrmtz.Or de ce pallage nous pouuons re-
cueillir qu» tous ne peuuent pa. eftre égaux
enl'Eglifjcde Dieu. Il eft vray que les igno-
»ns ne doiuent point chercher couleur pour
«ftreeicufez , quand ils ne mettront peine J
profiter de iour en iouricar il n'y a celuy qui
ne doiue eftre enfeigné de Dieu : comme le
l/>.t4.n Prophète Ifiic en pavle; &côrae noftre Sei-
Vlat, II. gneurdeclare qu'il eft leMaiftredcs petis &
3iO, des hûbles: ainti faut-il que nous foyôs bons
^fciples : & il ne faudra potat de fon cgfté à
ON XXV.
faire fon office, moyennant qu'vn chacun de
nous s'abbaifle,& que nous foyôs ardés à ef-
couter ce qui nous fera publié en fon nom. Si
que nous appliquions là toute noftre eftude
fidèlement. Mais quand tous aurôt rais peine
d'eftre enfeignez de la bouche de Dieu , £
faut-il que ceux qui font en heu eminent, re-
gardent qu'ellans conferraez ils attirent les
autres au bon chemin:cômedit S. Paul au 14.
des Rom. Vous qui eftes robuftes en la foy, tj)m.i4
fupportez ceux qui font débiles. Voil.i pour- j ^ jj^
quoy Dieu ne diftnbue point fes grâces egâ- j.
lement , afin que ceux qui font les plus auan-
cez attirent leurs prochains, & qu'ils les fup-
partent,& qu'ils les édifient entant qu'en eux
fera.Or fi on ne difccrne point de choifir gês
qui ayent le myftere de la foy en bonne con-
fcience quand on veut faire des Diacres.n'eft
ce pas vn mefpris manifefie de Dieu? Si on
veut élire vn hofpitalier , oudes procureurs
de l'hofpital , gens qui diftribuent le bien de
l'Eglife, & qu'on ne regarde point quelle re-
ligion il y a en eux , ne quelle cognoiflànce
de Dieu, ne cornent ils font oidéncz en l'E-
glife , voila Dieu qui prononce qu'on doit a-
uoir cefte vigilâcc-la,& qu'il ne la faut point
mettre en oubli. Or on y fermeia les yeux.
En cela(di-ie)ne voit-on pas que manifefte-
ment la parole de Dieu eft comme toullee au
pied? Etencores il y auradenos braues qui
ne voudront point que iamais on fonne mot
d'vn tel defordre , Its diabks d'enfcrne fe-
royent point pis : &' cependant il n'en faut
point parler. Voire? & qui tfpargnera-on?
Qvund Dieu fera ainfi vilipcndé,qu'on mon-
ftrera euidcmmenr qu'on ne tient conte de
fa parole, que iamaiï il n'y eut vn tel mefpris
en l'Eglife de Dieu,co»ime ou le voit auioiir
d'huy , 5t cependant on s'en taira? & que fe-
roit-ce à dire? Et c'eft ce que l'ay défia tou-
ché , que cefte doûrine ne peut eftre portée
qu'il n'y ait vne horrible confufion fur nous:
Â:finousne fentons maintenant la main de
Dieu , fi faudra-il que nous cognoifsions en
defpit de nosdents.qu'apres nousauoir long
temps attêdu, il fe monftrera noftre luge. Or
cependant nous auons aufsi bien à poifer ce
que S.Paul adiouftc,Ci>*»/« Diatreifoytnt f-
ffroHU<K tn fremitr lieu, fir fuis tjti'ils aJmi-
ni Prent ,cjuand on Iti aura troHueK irrtfrehen-
fiblts.ll baille ici vne inionftion plus rftroite
àceux qui ont la charge d'élire les Diacreft
Il faut(dit-il)qu'on les ait efprouucz: 8c puis
quand on les trouue irreprehcnfibtes , c'eft à
aire, fans maouaifcnote d'infamie, qu'on les
mette en l'otlice , finon qu'on vueille dcfpi»-
ter Dieu. Car quand le fainft Efprit nous a
aduerris en telle firte , 5: queLidelfuson y
va à Teftourdie, qu'on ne regarde ni à l'hon-
neur de Dieu, m à la necef^ité des poures, ni
au gouiiernement que Dieu veut tftre entre
nous.ie vous prie,nc môftie-on pas qu'on ne
fjait que c'eft du gounerncmcat de l'EpIifc.»
Nom
SVR LA I. A
Mous dirons afleZ)Refortnation,à pleine bou
che:inais(comme l'ay défia deciaie)il ne faut
point q Dieu nous cnnoye «les Anges du ciel
pourdeûouurir noftrc tnrpitude: car les Pa-
piflet, quelques ignorans qu'ils l'oyent , fçau»
ront bien monftrer la vilenie qui eft iî puante
entre nous que c'eft vne }iorreur,que l'air mef
me en eft infcâé. Et ainfi nousToyons que
beaucoup Te vantent auiourd'huy de l'Euangi
te, lefquels font plus grans ennemis de Dieu,
«jue s'ils eAoyent du tout ignorans, & que ia-
inais n'euflcnt goufté TEferiture fainûe : car
les Turcs pour le moins auront quelque reue-
rence à leur religion ; mais on s'eft desbordé
(ufquei là , qu'on ne tient conte auiourd'huy
de l'Euangile . Il eii vray que les Papiftes fe-
ront bien enragti iiifques là.qu'ils ne fe vou-
dront nullement ranger à ce qui eft contenu
en la parole deDieurmais quoy qu'il en foit,
û i:aL,t-il qu'ils ayent ce principe.que l'Efcri-
ttlre fainûe doit auoir fon cours. Ils la defgai
iënc,iis la prophanent, tellement que tout eft
confus entr'cux : Se fi eft-ice toutesfois qu'ils
ont torreur de dire qu'on fedoyue ainfi def-
border contre Dieu,pour ne rien fuyure de ce
qu'il commande. Mais de noftre collé, quand
onaura ouy tout ce que Dieu ordonne.qu'on
l'aura entendu pleinement, que tout aura cité
déchiffré par Je menu, on n'en fera q torcher
fa bouchc.ou pluftoft le mufeau.car telles gés
ne font pas dignes d'eltre reputez créatures
humaines , mais ce font chiens maftins qui fe
font desbordct en vne impudence plus vilei-
ne.que n'tft celle des putains de bordeau. Or
fi faut-il neantmoins que nous cognoifbions
que ceci eft efcrit pour noftre inftruftion, ou
bien Dieu nous le tera (entir à noftre ruine,
quand nousneluy aurons point voulu eftre fu
iets pour luy obéir. Or cependant faintl Paul
idlou(ït:,(^Hc ceux tjui auron t bien adminijirr,
t'acquerront -vnhoniifgré , (;r liherté en la foy
t^i ejl en nffirc Seigneur ic- fus. Et cependant
aufsi ilmet que l'examen des Diacres s'eften
de lufques à leurs femmes, & à leurs maifons.
Or ie vous prie, s'il faut que la femme d'vn
Diacre foit modefte en fa vie, qu'elle fe con-
duifc paifiblemcnt , qu'elle ne foit point lan-
garde.iii addonnce à babil. q fcra-ce de l'hô-
me qui eft en office public ? La femme n'(ft
point en charge publique comme fon mari, fi
faut-il neStmoins qu'elle refponde, & qu'elle
cognoifle que Dieu ayît appelé fon mat i en
l'eftatjc'eftà fin qu'elle fe conforme i luy
pourdonner bon exemple. Si donc l'eïamen
des Diacres va lufques à la temine , que fera-
ce de l'homme proprc.'Mais ce fera de la fem
me autant que du mari, que la femme fera vne
diableflè pour difsiper,& Je mari fera vn hom
tne plein de cruauté, au lieu d'auoir quelque
Jiumanité en foy. Et puis il n'y aura nulle re-
ligiô,^u'il ne fçaura que c'eft de Dieu:& tout
cela s'enueJoppeen teJmcflinge, ou pluftoft
««fulîon infernale, comme elle eft enue ceux
T I M O T H.
'î»
qui fe vanteront d'auoir l'Euangile , 8e. n'en
ont ricn.lJ eft vray que ces paroles nous poor
ront fembler vnpcu dures, quâd il en eft par»
léimais fi faudra-il q ceci noui foit mit au de-
uant au dernier iour , quand nous ne l'aurona
point cognu durant noftre vie . Et cependant
ilnousfaut noter ce que dit fainâ Paul, Q_u.e
les Diacres s'acquerront vne bonne liberté
enla'foy de lefas Chrift, &vnbon degré,
ayans bien adminiftré. Il eft vray que ceci ne
fc pourroit pas déduire tout au long pour ce
iour, mais il fuffira d'auoir entendu en brief
l'intention de fainû Paul. Et en premier Jieti
notons que les Papiftes ont corrompu fotte-
ment ce paflage.quand ils ont dit.QJi^vn Di»
cre qui aura bien exercé fon office, l'acquer-
ra bondegréde Prcftnfe. Et voila pourquoy
quand ils veulét faire des Preftres, il faut que
ils ayent eftéauparauant Sou -diacres & Dia-
cres. Or pourquoy eft-ce que les Papiftes in-»
ftituent les Diacres? c'eft pour iouer vn badi-
nage, tout ainfi que des bafteJeurs . Car ceur
qu'ô fait Diacres & Sou-diacres en la Papau
té,cft-ce pour auoir le foin des poures,&pour
diftribuer les aumofnes ? Nenni : mais en 1»
Mefle ils feront là reucftus,& ioueront la far
ce auec le Preftre.Et puis, ont-ils ioué vn tel
badinagc ; on les fait Preftres puis après. Er
n'eA-ce point par trop fe mocquer de Dieu»
Car faintl Paul n'a pas entendu que les Dia-
cres dcuflcnt eftre Pafteurs d'Eglife , il s'en
faut beaucoup. Vn homme qui fera propre i
l'office de Pafteur , ne pourra pas eftre Dia-
cre , & ne fera pas idoine pour diftribuer les
aumofnes.Et auf ii à l'oppofite.il y en a beau-
coup qui pourrôt auoir le foin des poures, lef
quels ne feront point pour enfcisner. I J faut
donccognoiftre ce que Dieu a donné à cha-
cun.Mais fainû Paul aufsi par ce mot de De-
gré,n'a pas entendu la Preftrife ne l'office de
Pafteur , mais il a voulu dire que ceux qui fe
gouverneront bien, feront en plus grande au-
thorité. Comme quand vn homme s'eft porté
en fon eftat fideJemct,& qu'il a monftré qu'il
dcmandoit de feruir à Dieu , & s'acquitter en
bonne confcience, iJ n'y a nulle douce que lec
mefchâs mefmes feront confus en vn tel per
fonnage, & faudra qu'il foit honoré, voil*
donc vn bon degré , ait S. Paul, qu'ils auront
acquis. Et puis il adioufte aufsi bien la liberté
<jui tji tn ïefu$ chrijl. En quoy il fignifie qufr
ceux qui ne s'acquittent point de leurdeuoir
& de leur charge, il faut qu'ils foyenten fer-
uitude : car toufiours on leur viendra repro-
cher,Et qui es-tu'C^uandvn homme fera def
bordé, & qu'il aura quelque note d'infamie,0M
qu'il y aura en Juy des fautes fi lourdes qu'on
les puifle mettre audeuant.il ne pourra ia-
mais s'acquitter de fon deuoir,pour la crainte
qu'il aura des reproches qu'ô luy pourroit fai
re pour fcs vices. Ainfi doc il ne fe faut point
esbahir fi ûinft Paul donne plus grande liber
U jceiu qui auront bien exerté l'office eftâs
J.iiii.
ici
SERMON XXVI.
Diacres. Et nous voyons l'expérience de ce-
la:non pas que ces choies fe puifTent manite-
.nant defpeîcher , mats qu'il nous fuflîfe cjue
S.Paul ayant parlé des rcrames tant des Pa-
fleurs comme des Diacres , nous a déclaré en
quelle recômandation Dieiia rhonneilecéde
fon Eglife , & que rien ne foit confus entre
nous. £t fur cela il nous monflre comme nous
dcHons eftre pnidens àchoiiîrgens qui fc por
tent côme il appartient, tant pour anoncer la
doiîtrinede falut , que pour fubuenir aux po-
ures: &que les temmes aufsi regarder de leur
cofté de s^en acquitter . Car côme fainft Paul
veut qu'en l'eledlion on ait prudence & aduis,
aul'si il monftre la leçon à ceux qui font choi
lis & ordonnez en cert ellat. Q^e donc ceux-
là aduifent de cheminer en telle crainte & fo
licitude, qu'ils édifient par leur bon exemple
l'Eglife de Dieu : & que les femmes aufsi s'ac
cordent àcela, & qu'il y ait vne telle corre-
fpondace.quc quand on ne pourra pas mefdi-
redcs Pafteurs & Diacres , qu'on ne fe iette
point pour mefdire de leurs temmes, & que la
parolede Dieu ne foit point vilipendée par
ce moyen-la. Ainlî donc, que les femmes tant
des Parteurs comme des Diacres notent bien
ce qui eft ici dit,d'cftre graues A: pofees, & n'
eftre point diflolues. Car combien que cela
doyue eftre commun à toutes femmes fidèles,
neantmoins il faut que les femmes des Pa-
fteurs & Diacres foyent comme des miroirs»
& qu'elles édifient par leur bon exemple tout
le refte: que fi elles ne le font, tant moins fe-
ront-elles excufables. Voila donc ce que nous
auons à retenir en attendant que le refte fe
deduile.
O R nous-nous profterneronsdeuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le priant qu'il luy plaife nous gou-
uerner tellement que noftre vie s'addonne
à le feruir&: honorer Icloii fa fa infte paro-
le ,& qu'eu gemilTint pour les otfenfes que
nous auons commii'es,nous recourions à fa mi
fericorde, pour en obtenir pardon : voire &
pour en eftre feparez tout le temps de noftre
vierc&qu'il nous lupporte cependant que nous
trauaillerons fous le fardeau de noftre chair
& de noftre nature corrompue , & que nous
aurons à batailler contre nos vices. Q_u^ non
feulement il nous face cefte grâce, mais »ufsl
à tous peuples & nations de la terre,&c.
SEPTIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
14 le tcfcri ces chofesjoyant efperance que ie Viendray en hrief
atoy:
1 5 Afiyi que tuf caches, Jï ic tarde, comment il faut conucrjèr en
la maijôn de DiÇH,qui cjî l'EgliJc de Dieu Vmant, colomne (f fermeté
de "vérité.
' Ous aHons vcu la fainftcté leur ofSce.ont la bouche clofe,qii'il n'y a nul
I &perfeftion que faind Paul le authonté en eux, &à bon droit on s'en peut
requeroit en tous ceux qui mocquer, & s'ils ont encores quelque bouffée
ont quelque charge publi- de hardiefle , cela ne dure point : & quand ils
que en l'Eglife de Dieu : là feroyent les plus hardis du mode, fi cft-ce que
dcflîis auAi nous auons veu ils n'ont point de grauité, en forte que la do-
la concluiion qu'il faifoit, urine fou bien receue . D'autant plus done
<)ue ceux qui fe portent loyaumêt eu ceft of- ceux qui font appelez en ccft eftat, (e doyuét
fice,acquiereBtauthorité,& ont aul"si plus de appliquer .à bien faire en leruant fidèlement
hardiefle en la foy qui eft en noftre Seigneur à Dieu & au bien commun . Mais en ceci nous
lefus Chrift. Or faincl: Paul parlant ainiipre- voyons quelle honte nous deuons auoir de
fuppofe qu'il y ait bon ordre & pohce au peu
pie de Dieu . Car quand cela eft , ceux qui fe
font acquittez fidèlement , font aufsi en hon-
neur,& les recognoift-on pour leur porter re
uerence.Orce n'cft point pour exalter les
perfonnes, mais afin que telles gens ayét plus
grand moyen &■ taculté de feruir à Dieu, que
on les efcoute , qu'on reçoyue confcil&.ad-
monition d'eux, qu'ils puifllnt remédier aux
maux quand Us les verront. Voila où laïucl:
noftre eftat . Car tant s'en faut que les bons
l'oyent auiourd'huy honorez,*: qu'ils acquiè-
rent quelque reuerence, afin qu'on les efcou-
te, qu'aucontraire il n'y a que ks mefchan'!
qui ayent la vogue, & qui foyent redoutez, &
qi>i ayent tout crédit . En cela ,di-ie, nous
voyons que les choies font par trop contulf s
entre nous . Où fera donc auiourd'huy la li-
berté? Non pas en la foy , mais en tout mal,
entre ceux qui font du tout endurcis, telle-
Paul a prétendu . Or nous auons touché en ment qu'Us n'ont plus nulle honte . Et quand
brief que ceux qui ne font point dcuemeut ils vDycnt qu'on leur permet tout ce que leur
appétit
SVR LA I. A TIMOTH.
IÎ3
•ppetit porte.il leur femble que tout leur Toit
licite. Il n'y a plus neloy ne raifon pour eux,
ni hônefteté.ni hôteaucune: cela eft par trop
commun. Cependant les bons font opprimez,
& u'ofent fonner mot . S'il y a qucltjn'vn qui
reprencle mal , & qui tafctie de réduire les
chofes à bien.il fera aflailii de tous cofte2,on
J'abbayera,on ne tafchera nu'à le mordre.voi
re i le confumer du tout : tellement que tous
ceux qui veulent feruir à Dieu, A: qui défirent
que les chofes aillent bien, font bays&mole-
ftez du tout . Voila à quelle enormité nous
femmes venus.Au refte, nous n'en voyons pas
beaucoup qui foyent empefchez pour mainte
nir la bonne querele: car chacun trahit la vé-
rité : on lailFe aller les chofès le pis qu'elles
peuuent, & nous fommes au temps dont par-
j» loit le Prophète Ifaie , Que la droiture & e-
"V" ■ quité font dechaflêes du milieu de noas,& n'y
- aperfonnequi aitzeledes'oppoferaumal.II
ei\ vray que chacun dira ce qui en elh- mais ce
pendan t ce n'eft qu'en cachette, & il femble
qu'on ait confpiré de nourrir lemal.&del'a-
mener iufques au comble . Cependant lire &
la maledi£tion de Dieu non feulement fe nour
rit entre nous, mais elle s'enflïme.Ainfi donc
par ce paflàge de fainft Paul nous voyons que
tout eftpcruerti,& que tant s'en faut que no*
ayons Eglife, qu'on peut appejceuoir tout le
contraire entre nous .Car, ceux qui chemi-
nent comme il appartient ,& qui s'efforcent
de ieruir purement à Dieu, tant s'en faut que
par ce moyen-la ils acquièrent plus grande
liberté , qu'on les marque comme ennemis,
qu'on ne demande fînon à leur mettre le pied
£ir la gorge. Et aucôtraire.nons voyons 5 les
mefchans côme beftes£âuuages font tout ce
qu'ils veulent, & qu'on les craint, & qu'on les
ledoute, & que ceffe licence qui leur eft don -
née, eftcaulède le? rendre tant plus hardis.
Voyans donc vne telle confuiîon , n'auons-
nous point occafion de gémir & auoir honte
de nous,cognoiflans que Dieu n'y règne nul-
lement, mais le diable en a pleine poflefsion.'
Allons maintenant nous vanter d'auoir TE-
uangile de Dieu. Vray eft que fâ parole eii i-
ci'pre{chee:mais cependant ne voit-on pas le
mefpris&la moquerie toute pleine ? Or tant
y a que les hommes auront beau s'endurcir
contre Dieu , fi faudra-il que cefte doftrine
demeure,& qu'elle nous foit prefchee en tef-
moignage,& qu'au dernier iour ceci nous foit
ramentu.finon que Dieu s'auance : comme ie
Redoute point que fa main ne foit prochaine
pour nous chafticr & reformer . Or il y a ce-
pendant ce que famft Paul adioufte, qu'il t f-
crit ces chofes àTimothee, a/»<j»* s'il tar-
dait de venir, qur Timothee cognolffe comme il
fe doit porter en la mai fonde Dieu . Yci fainct
Paul l'exhorte, Se en fa perfonne tous fidèles,
de chï-miner en grande crainte & Iblicitude,
quand il eftqueftion du régime fpirituelde 1'
Eglife. Et pourquoy ? Cii lamaifon de DiVi*
(dit-iU où il habite, tjt U feufienimiut de f*
■vérité. Voici deux titres qui font honorablex,
tellement qu'il n'ert point queftion de nou»
iouer quand noftre Seigneur nous appelle à
le feruir en ceft cftat dont fainft Paul a parlé.
Il faut bien donc que nous craignions de fail
lir , puis que Dieu nous fait ceft honneur de
nous donner le gouuernement defamaifon,
voire en laquelle il refîde,& veut que fa ma-
ieilé foit cognue , & laquelle foit comme l'e-
ftuy où fa vérité foit gardée, afin qu'elle foit
maintenue & confcruee en ce monde. Quand
donc cela y eft , ne faut-il pas que ceux que
Dieu a ainfi honorez, tréblent, & qu'ils foyée
vigilans pour exercer la charge qui leur eft c5
mife? Ainfi donc nous voyons quelle eftl'in-
tention de fainô Paul. Or deaant que pailcr
outre, il nous eft expédient de rêpouflèr l'inr
pudence àtf, Papiiles qui abufent de ce paUà-
ge^our eftablir leur tyrannie . Car quand ils
ont bien magnifié l'Eglife deDieu,il lenr fen»
ble que tout eft gagné pour eux . Or il fau—
droit en premier lieu qu'ils prouuaflfènt que
c'eft l'Eglife. Et tant s'en faut queparcepaf
fage ils le puifTent monftrer, qu'ils font con-
uaincusde l'oppofîte. Pourquoy? 11 eft du par
S. Paul, Que l'Eglife eft la raaifon de Dieu,
Or ils ont dechalïe iioftre S'eigneur lefus
Chrift, tellement qu'il ne règne point an mi-
lieu d'eux, voire à telle condition qu'il a efté
eonftitué Roy de Dieu fon Pere:car c'eft afin
que nous luy facions hommage, nous rangeas
du tout à fa doftrine. Afçauoir fi les Papiftcs
permettét à lefus Chrift de les gouuuerner pa
rement & paifibicment? Mais aucontraire, ils
veulét forger ce que bon lenr femble, & qu'on
reçoyie tout pour articles de foy. Ils meflét,
ils brouillent, & confondent la doftrine de 1^
Euangile parmi leurs fonges qu'ils ont con-
trouuez. Ainfi donc on voit bien que ce n'eft:
point la maifon de Dieu qu^vne telle fynago-
gue dont lefiis Chrift eft dechafle . Or il y »
aiifii ce que S. Paul adioufte, K^ueTtgU/e doie
fnuflenirla vérité Je '' ieu. Or maintenait ojï
voit qu'elle eft opprimée fous la tyrannie di»
Pape: on voir que les méfbnges régnent là du
tout, qu'il n'y a qu'erreurî.corruptions & iàa
latrie»;. Puis qu'ainfî eft.on peut bien conclure
qu'il n'y a nulle Eglife de Dieu. Voila que 1er
Papiftes auront profité, quand on leur accor-
dera tout ce qu'ils demâdent touchant l'Eelr
fe de Dieu. Mais encores nous faut-il pafier
plus outre : car S. Paul n'a pas entendu ce que
les Papiftes imaginée, c'eft à dire que l'Eglife
nepuifTe errer, d'autant qu'elle eft gouuernee
par le S.Efprit,&qne tout ce que bon luy fen*
blera,doit eftre leceu.Mais auc5traire,fain£l
Paul attribue ce titre à rEglife,qu'elle eft cô-
me fa fermeté . d'autant que Dieu veut que f»
vérité foit prefchee par la bouche des homes:
& a inftitué ce miniftere de fà parole, afin que
nous cognoifsions fa vol5té,&; qu'elle ne puif
fe point eftre airaehee d'entre nous.d'autaor
v.i.
iî4
SERMON XXVI.
que Dieu vfe d'vn tel moyé.afïn que fa vérité
fait cogiiue des homes, & que d'aage en aage
on la reçoyue. Voila pourquoy il eft dit q l'E
glife eil le pilier . Or les P.ipiftes au rebours
prenét occafîon d'enfeuelir la doftrine de TE
uangile, quand ils difent que PEglil'e ne peut
crrer:Aduirons,difent-ils, que Dieu nous in-
fpirera: &cepédantilsdelaiirent la parole de
Dieu,& leur femble qu'ils Ce pequent efgarer
çà Se là,& quand ils le forgeront quelque clio
fe,q cela'ne peut eftre mauuais. Et pourquoy?
Hojl'Eglil'e ne peut errer. Voue, mais aucon-
rraire, regardes à quelle condition noftre Sei
gneur a honoré fon Eglife , corne il efl ici dit
par S. Paul. Ce n'eft point d'autât qu'il met la
bride fur le col aux hommes, pour dirc,Inuen
tez ce qui vous viendra en phatafie:mais il les
tient liez & obligez à fa parole, corne il en eft
«T . ^ parlé au Prophète Ifaie,Voici,ravmisraa pa
■' rôle en ta bouche,& de tes enrans, &.de toute
ta lignée d'aage en aage à perpétuité. Cornent
donc cfl-ce que Dieu promet qu'il régnera au
milieu des iicns? Ce n'eft pas qu'en difant que
il les doit infpirer , fur cela ils fe proniettent
& fc donnent congé de forger des s,rticles de
foy.N:)n: mais il du qu'il mettra fa p.iroleen
la bouche de noftre Seigneur lelus Chrift , &
de ceux qui deurôt prefcher en fon nom. Car
cette promeffe-la n'eft point faite pour le
téps de la Loy, mais elle eft propre à l'Eglife
Chrefticnne, Se doit durer iufques en la Hn du
monde. Et ainfi nous voyôs maintenant côme
l'Eglife doit eftre le pilier pour fouftenir l.i
venté de Dieu. Ce n'eft point que Dieu vuejl
le defcédre du ciel, qu'il nous vueille aufsi en-
uoyer des Anges qui nous apportent des reue
lations de là haut:mais il veut eftre manifefté
par {3. parole:5: pour cefte caufe il a voulu que
il y ait des Pafteurs en l'Eglile qui anoncent
fa verité,&par lefquels on foit enfeigné.N'i-
uons-nous point donc cela.'nous n'auons plus
d'Eglife de Dieu , mais nous fommes coulpa-
bles d'auoir anéanti fa vérité, entant qu'en
nous eft , nous en fommes traiftres & meur-
triers.Et pourquoy? Car{c5me i'ay déclare)
Dieu pourroif bien maintenir fa vérité d'vne
autre façon qiland il luy plairoit ; car il n'eft
point attaché à ces moyens intérieurs, & fi n'a
nul beloin de l'aide des hommes: mais tant y
a qu'il veut que fa vérité foit cognue par la
prédication qui eft faite côine il a commandé,
& qu'il veut que ceft ordre s'obferue. Eft-il
ainiî?quand nous voudrions quitter la predi-
cati5,que leroit-ce? ne fcroit-ce point eftein
dre&: anéantir la verué entant qu'en nous fe-
R.om.1. """'t'Il eftdit que l'Euangilc (côme il fe prcf
j^_ che)eft la vertu de Dieu en faliit à tous croy-
ans. Et cornent cela?Ert-ce que Dieu n'a:t au-
tre vertu iinon en cefte voix des homes, & en
ce fon qui s'efcoulc en l'air? Nenni:inais tant
y a que Dieu a iiiftitué ceft m.ftrumét-la, afin
que quand nous voudrions eftre reftaurezpar
i'j. vertu, nous venions ouir û parole en toute
reuerence,& alors nous fcntirons que la do-
ftnne n'eft point vaine ni inutile, mais qu'elle
aura fon erfecl ,& qu'il la fera valoir pour
nous appeler à la vie éternelle. Or la foy viét
derouyc(commefaind: Paulenparle)&:no'is R<""-lO«
fçauons quec'eft la foy qui viuifie nosa...es, '7-
lelquelles autrement font mortes &: perdues.
Ainfi notons bien le fens naturel de fainft
Paul. Car de là nous pouuons cognoiftre com
bien les Papilles font effrontez & brutaux de
alléguer ce partage pour eftablir vne tyran-
nie qui eft eieuee tout au rebours de ce que
fainct Paul a ici entendu. Cependant ce n'cfl
point affez que nous ayons dequoy redar-
guéries Papiftes, mais il nous faut aufsi eftre
édifiez par la dodrine qui eft ici contenue.
Zt ainfi en premiei' lieu , que ceux qui ont la
charge d'anoncer la dodrine de l'Euangile,
regardent bien à eux de près. Et pourquoy?
Car lis font conftituez en la niaifon de Dieu
pour la gouuerner. Si vn homme mortel fait
ceft honneur à quelqu'vn de luy remettre la
garde & conduite de fa maifon, &de tout
fon bien d'autre ne fera-il point lalche s'il ne
s'acquitte comme il pourra, & qu'il ne mette
toute peine de conuerfer en forte que celuy
qui s'eft ainfi fié en luy, ait occafionde s'en
contenter?Mais fi vn prince ordonne vn mai-
ftre d'hoftel , celuy-la ne fera-il poirit enco-
res plus tenu de l'acquitter loyaument ? Or
voici le Dieu viuaiitqui ordonne en fa mai-
fan & en fon temple ceux qui doyuent anon-
cer fa parole comme fes procureurs : il veut
qu'en fon nom ils conduifcnt le pcuple,& que
ils portent le melïàge de falat. le vous prie,
quand cela eft, quelle fohcitilde, quelle crain-
te y doit-il auoir ? Et ainfi que ceux qui
font ordôncz miniftics de la parole de Dieu,
cognoiffcnt qu'ils n'ont point feulement af-
faire aux hommes, Se qu'ils ne regarder point
à l'honneur & à la dignité de l'office pour fe
eleuer , mais pluftoft qu'ils cognoiflent que
tant moins auront-ils d'excufe, s'ils ne che-
minent droiteinent, c?c quec'eft vn horrible
facrilegc, & qu'il leur eft apprefté aufsi vne
terrible vengeance , finon qu'ils tafchentde
feruir à Dieu comme ilappartiét. Voila donc
comme en premier lieu nous fommes exhor-
tez de faire,noftre office, en forte que félon
que Dieu nous a voulu honorer , voire qui en
citions plus qu'indignes, de noftre cofte nous
tafchions à refpondrc à noftre vpcation . Or-
cependant il y a ici vne doiitrine commune à
tous. Car quand l'Egl'.fe tft nommée la mai-
fon de Dieu v;«.iHt,cela nous doit bien cfiieil-
1er, afin que nous cheminions autrement que
nous ne fîiifons pas. Car qui eft caufe de nous
faire ainfi endormir en nos vices , &• de nous
y flatter, ou bien que nous faifons tant peu de
fdupule de nou'. prophaner, qu'vn chacun fe
cigare , & que les dillolutions s'augmentent
de plus en plus , finon qu'il nous femble que
Dieu ne nous voit pas , que nous fommes ef-
longnea
SVRLAI. A TIMOTH.
I?)'
V
lonçnezdefa prefence , & que noiiç fommes
loin de noitre Seigneur Icfiis Chrjft? Etainiî,
d'autant nous faut-il plus noter ce mot, que
la parole de Dieu Ce prcfche entre nous, que
Dieu y habite , qu'il nous eft ici prefent,&
qu'il preiîde en noftre compagnie: comme no
ftre Seigneur lefus Chrift prononce , Qjielà
Hat. iS. où deux ou trois feront aflemblez en fon
2-0. nom, il eft au milieu . Or nous fçauons qu'en
C»/.i.p. luy habite toute plénitude de diuinité. Ainfi
donc , toutesfois & quantes que le Diable
tafchera de nous endormir, & que nous fe-
rons attachez aux vanitcz de ce monde, que
noftre chair, félon qu'elle tire toulîours bas,
nous trainera en fes mefchantes cupiditez,
que cefte fentence nous viene au deuant&en
mémoire, que Dieu habite au m'iieu de nous,
& que nous fommes famaifon.Ornotons que
Dieu ne peut habiter en lieuprophane,famai
fon n'elt point vn cftable à pourceaux, mais il
faut qu'il ait vnem.ufon facree &vn temple.
Et comment cela ? Ho, il n'eft point quefKon
que mus foyons parez de pompes qui relui-
fentdeuant les hommes: car Dieu ne prendra
point plaifîr à toutes ces vanitez du monde:
mais il faut que nos ornemens foyent fpiri-
tuels, que nous foyons reueftus des grâces de
fon (àinft Efprit. Voila & l'or, &: l'argent. &
les pierres precieufes dont parle le Prophète
ya,6o.(S Ifaic, quand il defcrit le templede Dieu.Ainfi
donc apprenons que d'.'.utant que Dieu nous
fait cefte grâce que ù parole nous foit pref-
chee, c'eft afin qu'il reiîJe entre nous, & que
nous foyons fon temple. Et pour ce/le caui'e
foyons aduertis de nous purger de toutes nos
pollutions , & d'y renoncer , afin que nous
foyons vn heu conueaable à la fainftcté de
Dieu. Or quand nous aurons vne tjlle afFe-
ftion, ce partage nous doit bienrefiouir, veu
que noftre Seigneur fe conioint .i nous,& que
il veut faire (à relidence & en nos corps & en
nos âmes. le vous prie, qui fommes-notis?Po-
ures charongnes ,il n'y a que pourriture en
nous,&ie ne parle point feulement du corps,
mais il y a encores plus d'infeftion & de pu-
antifeen nos ames,qu'iln'y a point aux corps
les plus pourris & les plus ladres qu'on i'çau-
roit amener. Or cependant voici noftre Sei-
gneur qui nous veut édifier , afin que nous
foyons fes temples, & que fa maiefté relîde en
nous. Et quelle grâce eft-ce là ? Ainfi donc
(comme raydit)nou3 auonsbien occafionde
nous confoler en ce paflàgc , moyennant que
nous tendions àtefte pureté qui eft aufiire-
«juife, d'autant que Dieu veut que nous fuy-
ons conioints àluy, & qu'il nous fanftifie par
fon fainft Efprit . Voik donc ce que nous a-
uonsànoteren ce paflàge . Or quant au fé-
cond titre, il emporte au fsi vne grande l'ubftan
ce, c'eft afçauoir que l'Eglife eft le filier &
frmament,ou fermeté, & eilablilTement de Ja
-venté de Dieu . Nous auons défia touché en
brief, qu'il ne faut point que Dieu emprunte
rien des hommes pour là nccefsité . Dieu
donc fans noftre moyen pourra faire que la
vérité règne, mais il nous fait ccft honneur
&cefte grâce de nous employer en vne cho-
fe fi digne & û prccieufe. Nous auons dit que
il pourroit ici mcfmes nous instruire, fans que
nous ouifsions la voix de la bouche d'vn hom
me : il pourroit bien aufsi nous enuoyer fes
Anges, comme il a fait anciennement à fes fer
uiteurs . mais il nous appelle & recueille er»
fon Eglife, & c'cft là comme la houlette qu'il
veut dreiîèr entre fon troupeau, c'eft le l'ce-
ptre royal par lequel il veut que nous foyons
gouuernez. Dieu donc nous a enclos fa véri-
té en l'Efcriture fainfte,& d'auantage a vou-
lu que fa doctrine nous foit prefchee & ex-
pofeeiournellement . Car quand fainil Paul
parle de /« yen' té , il attribue notamment ce
mot à la doftrinede falut que Dieu nous a re-
uelee en fa parole. Non pas qu'il n'y ait aufsi
vne vérité quand nous tiendrons nos propos
c6n'uns:car fi nous ne mentons point, cela eft
vérité : mais d'autant que ce font chofes que
nous traittons par enfemble , iaincl Paul dit
que la do^^rine de Dieu ( qui eft la lemence
incorruptible dont nous fommes reçenerez
en la vieccicfte) eft la vérité : comme^aufsi il
en traittcaux Colofsiens, quand il dit que ce (-•„/
eft l'Euangile de filut qui eft la vérité de j,^^ /
Dieu. Et c'cft comme tant de fois faincl: Jean ,^
en parie.que quandilveutmagnifierl'Euan-
gile.il la nomme la vérité: comme s'il difoit,
que fins cela nous ne fçauons rien, que tout
ce que nous pouuons comprendre, eft friuo-
le,&: qu'en iceluy feu\ nous fommes bien fon-
dez & appuyez . Et de faiil , que feroit-ce
quand ne recognoilTans point noftre Dieu,
nous cognoiftrions le ciel & la terre? Si Dieu
nous eft incognu , di-ie, helas , ne fommes-
nous pas plus que miferables ? Or tout âinfî
que Dieu a imptimé fon image en fa parole,
aufsi c'eft là où il fe reprefente à nous , &
veut eftre contemplé comme face à face,ainfi
que lâinft Paul en parle au 3 & 4. de la fecon
de aux Corinthiens. Ce n'cft donc point en
vain quefainci: Paul attribue ce titre à la pré-
dication de la parole de Dieu, que c'eft la vé-
rité. Et puis outre ce que nous auons déclaré
oue Dieu fe mon ftre là à nous , c'eft aufsi le
moyen de noftre falut, c'eft toute noftre vie,
c'eft tout noftre bien, c'eft la femence par la-
quelle nous fommes entendrez pour eftre
encans de Dieu, c'eft la nourriture de nosa-
mes : brief nous fommes vinifiez par la parc- lea^.i4.
le de Dieu, comme il en eft parlé au f .de (âinft
lean. Puis qu'aiufî eft, notons bien ce mot de
Vérité , afin que nous prenions tant plus
grandgouftà la doôrinc qui nous eft pref-
chee. Or cependant retenons aufsi ce que
fainft Paul dit, c'eft afçauoir que la vérité eft
maintenue entre nous , d'autant que l'Euan-
gile fe prefche , & que lei hommes font or-
donnez à cela . En premier lieu , nous fom-
v.ii.
i^6
SERMON XXVI.
Mes mirerableîfcôrnme nous auons dit)fînon
que nous cognoifbiôs noflre Dieu. Le moyen
«utl eft-»l , iïnon que nous foufFrions d'eitre
cnfeignez par fa parole,puis qu'il le veut ain-
fi, & qu'il Ta ordonne ? Ainiî donc apprenons
de chercher ce threior, & d'appliquertoute
noftre eftude aie trouuer:& quand Dieu nous
fait la gracede nous l'otfnr.que nous le rece-
uions comme poures afFamez , & que nous y
foyonsaddonnez du tout:& quand il nous fe-
ra louir d'vn tel bien, que nous l'oyons retirez
des chofes de ce monde.qui nous font mefpri
fer cefte grâce ineftimable de Dieu. Voila
quant au premier.Et puis pour le t'ecôd.d'au-
tant que la vérité de Dieu ne peut point ré-
gner en nous , fi ce n'eil que l'fuangile nous
foit prefché.prifons quant & quant cefte pre-
dicacion-ci , veu que Dieu eit retiré d'aiiec
nous & edongné.finon que l'Euangile <e pref
che. Or li ceci eftoit bien obferué, nous ver-
rions vne autre reuerence qu'on ne tait pas
de la parole de Dieu & de la doftrine: Se qu.1t
& quant nous,ne ferions pas fi prophanes com
me nous fommes.Carauiourd'huy on nefçait
que c'eft de l'Eglife.Il eft vray qu'on le vante
ra alTez qu'à Geneue l'Euangile le prefche, &
qu'il y a vne reformation félon la parole de
Dieu. Mais quoy ? cependant fi on vfe de ce
mot d'Eglife.on ne fçait que ceû. Il eft viay
qu'encores ceux qui reciteront leur créance
diront bien,Iecroy l'Eglifevniuerfclle.mais
ils parlent vn langage qui leur eft comme in-
cognu.Les Papiftes font abbrutis tellement à
ce mot d'Eglife, qu'ils font enforcelez.en for
te qu'ils ne difcernent point ,& leur femble
qu'ils font attachez à la tyrannie des homes,
éc qu'ils n'ofent pas s'enqucnr de l'Egli-
fe de Dieu:maisils ont leurs fottes deuotions
aufquelles ils fqnt tellementaddonnez, qu'on
ne les en peut diuertir pour les ramener au
droit chemin de falut. Denoftre cofté nous
<lir5s bien que nous auons la parole de Dieu,
mais nous ne fçauons q c'eftdece mot d'Egli
fe.nousne fçauôsquelmoyé il y a pour main
tenir la parole de Dieu :on voit quel mefpris
il y a. Il eft vray(comine i'ay dit)que la Parc
le fe prefchera entre nous, mais quel côte eft-
ce qu'on en tient?on le voit.ii ne le faut ia di-
re.Et puis cependât,outre,cc que chacun vou-
. dra eftre fon doûeur à part.il y en a beaucoup
qui lont faoulsde r£uangile,& leur femble q
ils n'en ont que trop cognu, côme à la vérité
il y en a trop pour leur côfulion: car ils ferôt
coulpablcs au doiible,entant qu'ils auvôt gou
fté les dons celelles,& cependant ce feront de
tels contépteurs côme on les cognoift : .ifça-
uoir tant faouK de la parole de Dieu que plus
n'en pcHuent : & on voit qu'ils ne demandent
qu'à reietter toutehon' ftetéS: reutréce, tou-
te religiô.&quivoudroyétauoir toutperuer-
ti,8c que nous fufsions non point comme des
Turcs qui auront cncores vne reiuréce .i leur
diablerie, mais que nous fufsions comme des
chiens ou des belles brutes {ans nulle honne-
fteté,qu'on ne fceuft que c'eft de Dieu.ne d'e
ftre gouuernez par luy.on voit cela tout no-
toirement. Etainfi tant l'en faut que nous
ayons dequoy nous glorifier en l'Eglife , 8c
en l'Euangile que Dieu nous a donné.que ce
nous doit eftre vne grande vergongne que
Dieu nous efclaire ainli,& que cependît nous
foyons addonnez à toute turpitude, & que ce
nom d'Euangile foit en opprobre aux igno-
ras & aux poures incrédules. Mais il y a bien
pis, car nous fommes caufe que le nom de
Dieu eft blafphemé , & qu'on fe mocque de
l'Euangile.Au refte.fi nous fçauions faire no
ftre profit de ce qui eft ici contenu , nous au-
rions à nous efiouir tant & plus , quand nous
voyôs que Dieu veut que fa vérité foit main-
tenue par le moyen de cefte prédication. 'Voi
la les hommes qui n'ont en eux que menfon-
ge, mais Dieu s'en veut feruir pour tefmoins
de fa venté, il leur en a commis la garde. Et
combien qu'il n'y ait pas beaucoup de gens
quianoncent la parole de Dieu , &: que tous
ne foyent pas en ceft office , fi eft'-ce que ce
threforeftcôniunà toute l'Eglife.Il eft vray
que nous ferons fpecialement ordonnez pour
prefcher la parole de f.iiut, mais cependant à
qui eft-ce que Dieu a donné ce threfor? Eft-
ce à trois ou à quatre, à dix, ou à vingt? Non:
mais à fon Eglife, comme faind Paul en par-
le ici. Nous fommes donc gardiens de la veri
té de Dieu, c'eft à dire de fon image precieu-
fe , de ce qui eft concernant la maitfté de la
dodriiic de falut.de la vie du monde. Quand
Dieu nous appelle à vne charge fi honorable,
ie vous prie,n'auons-nouspoint('commei'ay
défia dit ) dequoy nous efiouir tant & plus?
Mais cependant notons auAi qu'/l nous faut
faire bonne garde d'vn tel threfor,& qu'il ne
foit point prophanc entre nous , qu'il ne foit
point expofé en mocquerie. Mais nous co-
gnoiflbns ceci bien inal:& toutesfois fi eft-ce
que fainft Paul aainfipatlé, non feulement
pour l'inftruftion de ceux qui doiuent pref-
cher l'Euangile , mais c'eft afin que tous en-
fcmble cognoifsions le bien que Dieu nous
fait, quand fa parole eft ainfi purement anon
cee. C'eft vne chofe grande & haute que no-
ftre falut. Or toutesfois fi eft-ce qu'il nous le
faut obtenir par le moyen de l'Euangile. Car
(comme défia nous auons déclaré) lafoy eft
ramedenosames:& tout ainfiquenos corps
font vinifiez par l'ame , aufsi eft l'ame parla
foy. Nous voila donc en la mort, nous fom-
mes pourris au fcpiilchre iufques à ce que
Dieu nous appelle à la cognoiflance de fa ve
rite. Or maintcnât il eft dit qu'il ne faut poît
que nous craigniôs que Dieu ne nous aduoue
pour fes enfans quand nous rcceurons fado-
îlrine. Une faut point que nous volions par
delïïis les nues: il ne fuit point que nous tra-
cafsions pour pafler outre mer,que nous en-
trions aux abyfmes ; car puis que nous auons
Il paroie
SVR LA I. A TIMOTH.
tV7
la parole de Dieu au cœur & en la bouche
p^.30. (comme difoit Moyfe) ce nous doit eftreaf-
^14. fez.CognoilTons donc que Dieu nous ouure la
porte de Paradis, quand nous oyons les pro-
melTes qui nous font faites en fon nom,& que
c'eft autant comme s'il nous tendoit l'a main
vifible,& qu'il nous déclarait qu'il nous reçoit
Se aduoue pour (es enfans. Voila donc ce que
nous aurions à retenir de ce paflâge.Or Dieu
nous feelle cefte doftrine par les lignes qu'il
nous a adiouftez.Car il efl certain que lei Sa-
cremens tendent à celte tin que nous cognoif
fions que l'Eglifc eft la raaifon de Dieu.enla-
quelle il refide, que nous cognoifsions que la
vérité y eft maintenue. Car quand nous ibm-
mes baptizez au nom de nolhe Seigneur lefcï
Chrift,nous fommes introduits pour élire do
mcftiques de Dieu : c'eft la marque de noftre
adoption. Or il ne peut eftre noftre Père que
nous ne foyons comme lous fes ailes, & qu'il
ne nous gouuerne par l'on fainâ Efprit.Com
me nous enauons letefmoignage tout clair
au Baptefme,& en la Cène encores plus, c'eft
à dire nous y auons vne déclaration plus ex-
prefle.qiie Dieu eftconioint&vniauec nous.
Car voila noftre Seigneur lefus qui nous mon
ftre que nous fommes fon corps , qu'vn clia-
cun de nous en eft membre, & qu'il eft telle-
ment noftre chef ; que nous fommes n lurris
de fa fubftice&vertu:que comme le corps ti-
re fa nourriture du chef, auf»i lefus Chnft
nous déclare qu'il veutauoir vne vieconmiu-
ne auec nous , Se que nous foyons participans
de tous fes biens. Quand cela nous eftmon-
ftrc.nevoila point allez pourquoy la vérité de
Dieu nous doyue eftre precieufefNe voila pas
vn miroir auquel nous contemplons que Dieu
non feulement habita au milieu de nous, mais
qu'il habite en chacun de nous ? Dieu nous a
tellement vnis à noftre Seigneur lefus Chrift,
qu'il ne veut point que nous foyons feparez
en façon que cefoit d'auec luy , ni diftraits.
Car comme Dieu de foncofté nous tiendra
promelTe, & qu'il n'a point parlé que l'effet
nes'enfuyue.aufsi ne veut-il pas que nous ve-
nions à luy corne menteurs & panures & fauf
faires. Or maintenant qu'on regarde comme
nous fommes difpofcz a receuoir Dieu , non
point comme vn hoftcpalTjnt.mais corne ce-
luy qui nous a eleus pour fes domiciles per-
pétuels,voire qui nous a dtdicz i foy comme
fes temples,&que tous tnfcmble fommes con»
me fa maifon qu'il a baftie de plulieurs pier-
res. Commentdonc pourrons-nous receuoir
noftre Dieu? le ne di point à la façon des Pa-
pilles, quitorgent Dieu à leur appétit pour
J'engloutir en leur ventre. Car il n'eft point
qucftion d'vne telle brutalité , ains de rece-
uoir noftre Dieu à la vérité. Orce fera quand
nous monterons là haut par foy , &que noue
lerons vrayement vnis à noftre Seigneur le-.
fusChrift,comme i'ay défia allégué au paflà-
gede fainft Paul. Et cela edU entre no'is?
Mais au contraire il femblc quenout vueil-
lions d'vne certaine malice defpiter DieuSc
chafler lefus Chnft , à ce qu*ils n'ayent plus
nulle accointance auec nous : qu'oniegarde
vn peu les dtfordres. Qne s'il faloit que ie
les dechilFraire.quand feroit-ce fait?Mais que
vn chacû ouure les yeux. Il eft impofsible que
nous peniïons aux confufions qui régnent au-
iourd'huy entre nous , que nous n'en foyons
abyfmez, voirefinous auoos vnegouttede
crainte de Dieu. E t d'autant qu'on s'y piaift
ainfi,& qu'on ■i''y flatte,il femble q nous foy-
ons du tout hebetez,&:qiie ce qui eft dit au ,,
Prophète, foit accôpli en nous , c'eft afçauoir •'''
que nous auons vn efprit d'yurongnerie , vn '*•*'^'•*^
efprit endormi, que nous ne difcernonsplus ''^'
rien. Si cefte vengencede Dieun'eftoit entre
nous, ileft certain que nous aurions vn autre
fentiment de nos pouretez que nous n'auons
pas. Mais quoy?!l faut que les Papiftes, quel-
ques aueugles qu'ils foyent , nous foyent or-
4. I9.e:
C^uand doncnous auons cela , n'eft- il point donnezde Dieu pour iuges : car ils voyétno*
„..„«-.„„ j'„n.,.> ,...^ nu ;_.n.: vilenies qui font fi grandes & fi énormes «^ue
rie plus. Or cepédant nous n'y pefons point.
Tant yafcortmei'aydefia dit)que{înousa-.
liions vne gou tte de crainte de Dieu, nous de
urions eftre anéantis, nous deuriôs auoirnoa
feulement honte .mais horreur de fi grandes
confufions comme on les voit de en particu'
lier & en public.On voit di-ie,chiens eftre tel
lement desbordez, qu'il femble qu'ils ayent
propofé de s'eleuer contre Dieu , & de faire
tout au rebours de fa volonté. Quant à moy,
voyât qu'il y a fi peu de fruit des admonitiôs
qu'on fait tous les iours, s'il n'eftoit queftion
fînon de dire.ie profiteray en redarguant,fi ie
continue , i'aimeroye mieux me taire, car il
femble que cela foit occafion de les plus irri-
te; ,quc toutes les remonftrances que ie fay au
nom de Dieu fe prenét côme par defpit, pour
dire, Nous en ferons tout au rebours. Voilace
qu'on gaignc , qu'il_ femble que la parole de
v.iii.
queftion d'eftre rauis en ceft honneur inefti
tnable,& que nous apprenions de plus en plus
de nous retirer des corruptions de ce monde,
afin que nous puilsioiis vrayement monftrer
par eSeSt que ce ii'cft pas en vain que le Fils
de Dieu veut que nous appartenions à luy?
Comment eft-ce que nous fommes vnis à no-
ftre .Seigneur lefus ChriftfC'eftqu'eftans pe-
j ()/,.}, .^,lerins en ce inonde, & que paflàns nous foy os
jf^ vrais citoyens des cieux , comme fiinû Paul
en parle. Et de faidt , quand il nous exhorte à
nous retirer de toutes nos mefchantes afFe-
ftions,il nous appelle à noftre chef. Voila le-
fus Chrift , d r-il , qui eft noftre vie, il habite
aux cieux: ne f.ut-il point dôc quenousmet-
tions peine de noiv, approcher de luy? Main-
tenant ceci tft bien à noter,pource que la Cè-
ne de noft t Seigneur lefus Chrift fe doit ad-
miniftrer Oimanche prochain. Or regardons
vn peu quelle di/pofition il y a entre nous.
1^8
SEÏIMON XXV I.
Dieu ne foit que pour endurcir ces mal-heu-
reux.tellement qu'on voit que les chofes ibnt
li dcteftables.ie ne di pas en particulier, mais
en public , qu'il femble qu'on vueill c dil'pitcr
& Dieu 3i le monde : & chacun le fçaura bien
dire en fa maifoniinais perlonnc n'y remédie,
pour dire, Auifonsvn peu à faire que les cho-
ies aillent mieux: mais on empire ioiirnelle-
nient,& femble qu'on n'aura iamaisalTez toft
defpité Dieu. Et puis on voit les autres def-
bordemens , Car qu'eft-ce des blafphemes
qu'on oit iournellement, despariures, &des
autres mefpris du nom de Dieu ? Ne voit-on
pas mefmes qu'on ne tient nul ordre,que tant
s'en faut que Dieu fou honoré à bon elcient
& fans hypocrifie , que beaucoup n'aiment
Dieii,& n'en font le ferablSt, mefmes ils font
gloire de fe retirer de tout ordre d'Egiife
pour eftre pires que Turcs ou Payés, ou ie ne
fçay quoy?Cela donc fe voit à l'œil, &efl: par
trop cognu, voire des pctis enfans. En outre
aufsi on voit des autres diflolutions, tellement
<jue tout eneft plein, que les pallardifes feront
toutes c5munes:&encores ces canailles vien-
dront ici iouer de pafTe palTe , que quand il y
en aura vn d'eiitr'eux conuaincu de paillardi-
fe.ils diront, Ho, ce n'eft pas ceftuy-la , c'eft
vnautre qui eft àcent lieues d'ici: & il ne fera
pas queftion fculemét de fe mocquer des hom
mes.mai.s de-Dieu:& fon nom fera làpropha-
né & expofc en opprobre. Q^and donc tout
fera bien conté & rabbatu ,&: qu'on aura re-
gardé la chofe , il femble ( comme i'ay delîa
dit)que la parole de Dieu ne nous férue plus,
Jînon d'efclairer, afin qu'on nous contemple
de loin , & que les Papiiles & autres infidèles
foyent là ordonnez pour nous uiger des enor
mitez & vilenies qui régnent entre nous. Et
de moy.ie puis dire que l'ay hôte de prefcher
la parole de Dieu en ce lieu , quand il y a des
confufioTis lî vileines comme on les y voit:&
ques'ilelloitàmon fouhait parriculier,ie de-
fiieroye que Dieu m'euft retiré de ce monde,
& que ie ne deulTe point ici viure trois iours
«n teldefordre qui y eft. Allons-nous mainte
nant ^lorifierd'auoir quelque reformation,&
quel'Euangile feprefche : car tout cela fera
contre nous. Il ne faudra pas inefmes que les
feruiteurs de Dieu nous condamnent , mais
(comme i'ay dit) il faudra que les aueugles
foyent nos lUges.quâd en taftôrHnt ils pcuuét
cognoiftre noftre vilenie. Et cependant ie ne
fçay fi Dieu nous enuoyera des bourreaux
quand nous n'auons point voulu receuoirles
admonitions qu'il nous faifoitdefa bouche.
Il y a alTcz lon^ temps qu'il nous a aduertis,
& il y a grand danger qu'il ne parle plus à
nous, mais qu'il letie fa main , voire vne main
armée, & qu'il nous reforme d"'vnc façon vio-
lente. Car nous ne fommes pas dignes qu'il.
remédie plus â nos vices doucement & d'vne
bonté paternelle, comme il auoit tafché de fai
re. Et puis qu'il a amfi perdu fa peine , le ne ^j
fçay que ce fera. Or cependant auifons à nous.
Car ces chofe^-ci nous font dites non point
à noftre contufion : ce n'eil point pour nous
aiguillonner contre Dieu, mais c'eft afin qu'en
cognoiflànt nos pouretez , nous apprenions
de nous y defplaire mieux que nous n'auons
point ^ait parcidcuant.que nous ne deueniôs
point endurcis & obftinez à l'encontre de
Dieu, mais que félon qu'il nous appelle à re-
pentâce,& qu'il déclare qu'il eft preftde nous
receuoir àmerci quand nous retournerons à
luy, que nous cmbrafsions les promefles qui
nous font faites par fa parole , & que nous
craignions aufsi les menaces qui y font conte
nues:& que ceux qui font en eftat, public re-
gardent bien de .s'acquitter de leur deuoir
mieux qu'ils n'ont fait , afin que ta iuftice ne
foit point prophanee :& que ceux qui font
conftituez rainiftrcs de la parole , ayent vn
zèle de Dieu pour purger toutes ordures &
pollutions qui ont vne telle vogue:& que cha
cun aufsi penfe à fa maifon,& que des maifons
on viene aux perfonnes,& que nous aduifions
de nous purifier tellement , que quand nous
receurons la fainfte Cène de noftre Seigneur
Icfus Chrift , nous foyons cnnfcrmez de plus
en plus en fa grâce, pour eftre entez en fon
corps, & eftre vrayenient vnis à luy,& que tou
tes les promefles que nou.s oyons en l'Euan-
gile,foyét mieux ratifiées, c'eft afçauoir qu'il
eft noftre vie, que nous viuons en luy comme
il habite en nous : & que là delTus aiif';i nous
puifsions nous glorifier que Dieu nous auouc
& tient pour fcs enfans, & que nous foyons
tant plus ardens àTinuoquer , & à nous con-
fier en fa bonté , & qu'il nous conduife telle-
ment par fon fauidEfprit, qu'à noftre exem-
ple les poures errans foyent ramenez au droit
chemin : comme auiourd'huy nous voyons
qu'il y en a tant qui font en train de perdi-
tion. Et pourtant qu'il luy plaife de fe mani-
fefter par (à grâce pour habiter non feule-
ment en vne ville , ou en quelque petite poin-
gnee de gens , mais qu'il règne par tout le
monde, & qu'vn chacun le férue & adore com
me il le mérite.
O R nous-nous profternerons deuant la fa
ce de noftre bon Dieu en cognoiflànce de nos
fautes, le prians qu'il luy plaife nous les faire
tellement fentir que nous foyons vrayement
abyfmez en nos pouretez, & que nous en foy-
ons naurez en telle forte que nous ne deman-
dions autre médecine lînon d'appeter que ce
bon Dl^u nous nettoyé par le fang de fon
Fils,8!r qu'il nous conduife tellement par fon
fiinft Efprit , qu'eftans reformez à fa iuftice
nous apprenions de nous addonnerdu tout à
fon obcilTànce. Ainfi nous dirons tous , Dieu
tout-puiflantjPerecelefte.&c.
HVITIE
SVR LA I. A TIMOTH. iS9
HVITIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
1^ Et fans cotrediSl lefecret de pieté ejî grand ^que Dieu ejl ma^
mfeflé en chair yiufiifié en Efprit,-s>cu des Anges , prefché aux Gentils,
creu au monde , (f receu en gloire.
Oiis allons veu ce matin que
Bjfaincl Paul exhortant Ti-
fy mothee à s'acquitter deue-
V ment de f.i charge, luy mon
ftre en quel degré d'hon-
J.^ neur Dieu Ta eleué , l'ayant
'^ conftituépourgouuerner Ta
maifon : femblablenient il luy monftre qu'vn
tel office ef^ hojioiable, pourccque l'Eglile
fouillent en ce mende la vérité de Dieu , &
quec'eft vnechofe la plus precieule que nous
fçaurions rouhaiter , quand Dieu eil cognu
entre nous pour eftre adoré & lerui,& û nous
fommes certains de la vérité pour obtenir fa
lut.Or tout cela no" eft coferué,& vn tel thre
for nous eft donné en garde par le moyen de
l'Eglile.fuyuant ce propos que S.Paul adiou-
fte,que celle vérité dont il a tait me'tion,doit
bien eilre prifce des i\5mei plus qu'elle n'eft.
Et qu'ainfi foit.quel fecrct ell-ce, & combien
admirable , que Dieu foit manifefté en chair,
que Dieu fou fait hommerNe voila point vne
chofe qui outrepafle tellemét nos efprits.que
quand il nous ell déclaré, nous deuôs eilre ra-
uis en eflonnemcnt? Or cependant nous auos
bonne approbation q leûis Chrift eftant hom
memortel,neantmoins efi le vray Dieu viuât
ui a créé le monde. Car cela nous a elle tefli
é par fa vertu celefte:5; puis nous voyôs d'au
très miracles, c'cllafçauoir qu'il a elle pref-
ché entre les Pavens qui auparauan: auoyent
efté bannis du royaume de bieu:qiie la foy â
eu fon cours par tout le monde, laquelle pour
lors elloit enclofc entre les Iuifs,& faloit que
lefus Chrift fuft exalté en gloire,*: qu'il fufl
afsis à ladextre de Dieu fon Père pour obte
nir royaume fouuerain. Et iî cela eft mefprifé
des hommes, leur ingratitude fera côdamnce,
d'autant que les Anges mefmes ont ici apper-
ceu vnechofe qui leur tftoit ircognue aupara
uant.Car Dieu leur a voulu cacher le moyédc
noftre redemption,afin que la bonté fuft tant
plus admirable à toutes cieatures. Maintenât
donc nous voyons l'intention de fainét Paul.
Or d'autât qu'il auoit appelé l'Eglife dcDieu
gardiéne de la venté , maintenant il monftre
que cefte venté eft vn threfor qu'on ne peut
aflez prifer. Et comment cela? Regardons ce
qui eft contenu en l'Euangile , afçauoir que
Dieu s'eft telJemct abbaifle qu'il a vellu no-
ftre chair, que nousauons fraternité auecce-
luy qui eft le Seigneur de gloire,celuy qui do
mine fur les Anges, qu'il s'eft anéanti iufques
ii de fe conioindre a nous , & de prendre la
l
forme & figure d'vn feruiteur,voire pour fou
ftenir la malediûion qui no' cftoit deue, que _
faind Paul fous ce mot de Chair , comprend
aufsi tous les acceffoires que lefus Chrift a
receus en fa perfonne , c'ell afçauoir qu'il a
efté fuiet à toutes nos infirmitez, excepté pé-
ché. Vray eft qu'il n'y a eu nulle macule en
luy, mais toute pureté c& perfeûion : cepen-
dant ii eft-ce qu'il a efté fait &c rendu inHrmc
comme nous, afin que maintenant il ait com-
pafsion de nos foiblefles pour y fubucnirjfcô
me il eft môftré en l'epiftre aux Hebrieux,) H«6.
& non feulement cela , mais luy qui n'auoit lî.
nul peché,a foulFert la peine à laquelle nous
eftions tenus, qu'il a efté comme maudit de
Dieu fon Père quand il s'eft oifert en facrifi-
ce, afin que par fon moyen nous loyôs main-
tenât benits,& que fa grâce de laquelle nous
eftions forclos, eft efpâdue fur nous. Or quâd
nous penfons à cela, le vous prie, ne deuons-
nous pas eftre eftonnez en forte que tous nos
fcnsdefaillét'CognoilTons quec'eftdeDieu,
que fa maiefté nous eft incomprehenfible.qui
contient toutes chofes en foy, & qui ne peut
eftre nullement contenue , cefte maiefté , di-
ie , laquelle les Anges adorent : cognoiflons
combien nous fommes débiles & rudes pour
paruenir fi haut qu'elle foit coniointe à no-
ftre chair. Q^'y a-il en nous? Q^and nous
aurons regardé à noftre Dieu,fi nous entrons
en comparailon, helas.'approcherôs-nous de
cefte hautefle qui furmonte tous les cieux?
Mais plulloft quelle accointiice y auôs-nous?
Car il n'y a que pourriture en nous , il n'y a
que péché & mort. Et que le Dieuviuant, la
fontaine de vie,la gloire eternelle,la puiflàn
ce infinie, que tout cela fe viene non feule-
ment approcher de nous , & de nos miferes,
de nos pouretez, de nos fragilitez , & de cell
abylme de toute vilenie qui eft aux hommes,
excepté toufiours p^ché , que non feulement
la maiefté de Dieu approche de ceci, mais que »_
elle y foit céiointe & vnie en la perfonne de
noftre Seigneur lefus Chrift? Et lefus Chrilt
qui eft-il?Dieu & homme? Et comment Dieu
&: home? Quelle diftance y a-il de Dieu auec
l'homme? Car nous fçauons qu'en noftre na-
ture il n'y a que toute pouretéS: mifere, il
n'y a qu'vn abyfmede toute puantife &: infc
ûion: & cependant qu'en la perfonne de no-
ftre Seigneur lefus Chrift nous voyôs h gloi
re de Dieu qui eft adorée des Anges , & que
nous voyôs quant &: quat l'infirmité de l'hom
me , & qu'il n'eft qu'vn feul Dieu & homme.
160
ne voila point vnfeeret qui doit eAre magni
fié non feulement de paroles , mais en forte
que nous y foyons tous comme rauis.Et d'au
tant plus que nous y penfons,que nous appre
niés d'adorer vn tel miracle qui iamais n'euft
ertépenfé des Angestcommeaufsifainft Paul
en traitte ici. Puis qu'ainfî eft que le fainû E-
fprit a voulu magnifier la bote de Dicu,mon
ftrant combien elle nous doit cftreprecieu-
fe , aJuifons de noftre cofté de n'eftre point
ingrats , & de n'auoir point nos efprits tant
enferrez, q nous ne foyôs attentifs à goufter
vn tel myftere , fi nouç ne le pouuôs cognoi-
ftre du tout. Car c'eft bié aflez aufsi que nous
ayons quelque cognoi(Iànceobfcure,& qu'vn
chacun fe contente de fa mefure.voyât la pe-
titefle qui eft en nous, &attédant leiour que
ce que maintenant nous voyons en partie,
nous foit du tout reuelé,& en perfcûionnnais
tât y a qu'il nous faut bien ici appliquer tou
tes nos eftudes. Or cependant nous voyons
& la malice & Ti ngratitude des hommes. Car
combien y en a-il de ceux qui veulent cftre re
putcz Chreftiens,& s'en vantent à plcmebou
che.qui cognoiflent vn tel fecretfOr tout ain
lî que nous ne fçauons que c'eft' de la vérité
de Dieu ne de la doftrinede l'Euangile, aufsi
nous n'auons cognoiflànce de ce qui nous eft
ici déclaré. Pourquoy eft-ceque fainftpaul
appelle myftere de foy , que lefus Chriftait
efté maniftfté en chair, hiy qui eft Dieu eter
Bel? C'eft comme s'il difoit,Mes amis, quand
nous fommes recueillis .î Dieu , & que nous
fommes incorporez en noftre Seigneur lefus
Chrift, voila à quelle fin nous fommes créez:
c'eft que nous cognoifsions que Dieu eft con
ioint & vni à no' en la perfonne de fon Fils.
Or maintenant il faut conclure que nul ne
peut eftre Chreftien.finon que ce fecret dont
parle ici fainâ Paul, luy foit cognu. Qu'on
Mce maintenant examen , & qu'on demade &
iJiommes 5c à femmes s'ils fçauent que veut
dire ce mot , Q.ue Dieu a efté manifefté en
chair. A grand' peine en txounera-on de dix
J'vn qui fçache rendre confefsion d'vn petit
enfant.Toutesfois il ne fe faut point esbahir
de cela: car nous voyons auf,i la nonchalan-
ce & le mefpris qui eft en la plus grad' part,
ïournellement ilfera monftré comme Dfeu
s'eft veftude noftre nature:mais côment fre-
qoente-on les fermons? quieft-ce qui s'em-
pefche beaucoup à lire l'Efcriture fainûe? Il
y en a bien peu qui prenent le loifir , chacun
til occupé à fes befongnes: & quand il y au-
ra vn iour la fepmaine referué pour eftre en-
feignez , après qu'on aura efté diftrait fîx
iours,s'il y a feulement vn iour choifî, où on
s'alTemble pour auoir quelque inftrnftion,
lors il fe faut esbatre & efiouir : les vns s'en
iront aux champs, les autres bcuront: comme
il eft certain que maintenant on en trouue-
roit autant que nous fommes iciaffemblez au
nom de Da'u,qui boiueat,&leur fcuible ^ue
SERMON XXVII.
cefte heure feroit mal employée, finô qu'elle
fuft prophanee corne en defpit de Dieu, Le?-
autres feront occupez à iouer , Se les brelans
fe tiendront. Ainfi donc, quand nous voyons
que beaucoup comme de propos délibéré fu-
yent la doftrine, s'esbahit-on s'il y a vne tel
le beftife , 8c que l' a b c des Chrftiens nous
foit caché, & qu'on nous parle comme vn lan
gage eitrange,fi on nous dit que Dieu eft ma
nifcfté en chair? Or tant y a que cefte fenten
ce ne fe peut effacer du regiftrc de Dieu,c'eft
afçauoir , que nous n'auons nulle foy fi nous
nccognoiflons comme noftre Seigneur le-
fus s'eft conioint à nous, afin que nous foyôs
fes membres, & qu'il foit noftre Chef. Et ai>
refte.il fcmble que Dieu nous vueilleparfof
ceefmouuoirà penfervn tel fecret, quand
nous y fommes endormis. Car les herelîes
que Satan mettra en aiiant, ne vienent pas de
cas d'auenture , mais Dieu nous exerce îûa
que nous foyons comme ftylez par pratti-
que à ce que nous n'auions point entendu
auparauant. Or nous voyons que le diable re
mue ces vieux brouets, comme maintenant de
nier la nature humaine de lefus Chrift,onde
nier fa m-aiefté Diuijie, ou de mefler tout, que
on ne cognoifle pas deux natures diftin,5ies
en luy , ou bien de faire à croire qu'il n'eil
plus ceft homme qui a accompli les promef-
fesen la Lny, &par confequét qu'il foit de-
fcendu de la race d'Abraham & de Dauid.Or
cela fe fait-rl , que tels erreurs & herefies
qui ont efté du commencement de l'Egli/e-
Chreftienne, encores auiourd'huy reuienenr
en au.n?C'eft DieuCcomme l'ay dit )qui nous
veutftyler ,afin quanous foyonrconfermer
en la vérité de fon Euagile.Etd'autant qu'il
voit q nous y ■fon'imes ainfi nochalansil nous
y attire côme par force. Et 'ainfi notons hieit
cesmotsqui'font ici couchez defainil Paul.
En premier lieu ildit Quf Vitu a ejié manlfe
flé en chair. Or quand il appelle lefus Chiift
Dieu , il luy attribue cefte nature qu'il a eue
deaant la création du monde. U eft vray qu'il'
n'y a qu'vn f( ul Dieu : mais en cefte eflêncé
feule fi faut -il que nous comprenions le Pe-.-
re,& puis que nous comprenions vne ftgeflè-
qui ne fe peut feparerde luy , &vne vertu"
permanente laquelle a toufiours efté en luyv
& y fera. Voila donc lefus Chrift qui eft vray
Dieu, entant que deuantque le monde fuft .
créé & de toute éternité il a efté la (agelTe de
Dieu. Or maintenant il eft dit qu'il a efté ma'
nifêftc en chair. Par ce mot de chair (Aind
Paul exprime qu'il a efté vray homme, & que
il a veftu noftre nature : mais cependant par
cemotMdii'/îyTc'.ilmonftre qu'il y aeudeur
natures. Tant y a neantmoins qu'il ne fauc
point imaginer vn lefus Chi ift qui foit Dieu,
puisvn lefus Chrift qui foit homme: mais il
faut que nous le cognoifsions luy feul Dieu
& homme. Diftinguons tellement les deux
natures qui font en luy ,q nous cognoifsions.
Voila
s V R L A I. A T I M O T H.
iffi
Voila le Fils de Dieu qui tft noftre fi ere.Or
i'ay dit que Dieu permet que les herefies an-
ciennes , donc l'Êglife a efté troublée, fe re-
muent encore de noilre temps, alîndenous
aiguilir tant mieux. Mais d'autre part no-
tons auisi que le diable s'eil efforcé tarit
qu'iJluya efté pofsible de renuerferceft ar-
ticle de foy , pource qu'il voit bien que c'elt
l'appuy de noftre falut. Car lî nous n'auons
ce lecret dont parle fainft Paul , que fera-ce
de nous? Car nous femmes tous enfans d'A-
dam : nous voila donc maudits: nous fommes
en l'abyfme de mort:brief,nous fommes en-
nemis mortels de Dieu : & ainii il n'y a plus
• que condamnation & mort en nous, iufques à
ce que noiis cognoifsions que Dieu nous eft
venu cherc}ier:& pource que no' ne pouuiés
monter à luy, qu'il eftdefcendu à nous. luf-
ques à ce que nous ayons cognu cela, ne fom
. mes-nous point plus que mifi.rabIcs?Pource
ftecaufe le diable a voulu tant qu'il a peu abo
lir cefte cognoiflànce.ou bien la brouiller de
fesmenfonges, tellement (ju'elle full comme
peruertie. D'autre part, quand nous voyons
qu'il y a vne telle niaiefté en Dieu, comment
©•fons-nous approcher de luy , attendu que
nous fommes. pleins de raiferes? Il fàutdonc
que nous venions à cefte vnion de la maiefïé
de Dieu auec la condition humaine. Et ainiî
en tout &par tout.iufqu'à tant que nous ay-
ons cognu la maieflé Diuine quieftenlefus
Chriii,& l'infirmiié de l'homme qu'il a prin-
fedenous, ileâmipofsible que nous ayons
nulle efperance , que nous puifsions recourir
à la bonté de Dieu , & auoir la hardiefle de
l'inuoqueT, & retourner à luyrbrief nous fom
mes du tout reiettez du Royaume celefte , la
porte nous eflclo{è,&ne pouuons en appro-
cher en façon quece foit. Or voyant que le
di.ible a ici appliqué touf ce qu'il auoitd'ar-
tifîce,c'eft afcauoir de peruertir ceite doibri-
ne, voyât que noflre falut y eftoit fondé.que
deuons-nous faire finon d'y eflre tant plus
confermez,afin que quoy qu'il machine.nous
ne foyons iamais esbranlez de la foy qui eft
contenue en l'EuangilefNotons donc en pre
mier lieu que iamais nous ne coçnoiftron^ le
fus Chrirtpour noftre Sauueur,iu^u'à ce que
nous ayons cognu qu'il a efté toufiours Ditu
cternel.Et de fait,il faut que ce qui eft efcrit
. au Prophète leremie , foit accompli en luy,
■'■ Q^conque feglorificqu'il fe glorifiede me
*■ ^' cognoiftre.dit le Seigneur. Sainû Paul mon-
ftre que ceci doit eftre appliqué à la per-
fonne de noftre Seigneur lefus Chrift. Sui-
uant cela il protefte qu'il n'a eftuné nul-
le doctrine ne fçauoir , linon d'entendre que
c'eftde lefus Chrift.Etau refte,commcnt fe-
ra-il poftible que nous ayons noftre vie en
luy, finon qu'il foit noftre Dieu, que nous
foyons maintenus & preferuez par fa puifïàn-
itte.i'^. ce? Comment nous pourri on s -nous fi ct en
î. luy?car il cil efcrit.Mal-heur fur l'hôme qui
met fa foy en la chair, ouaubras de l'hôme,
ou en la creature.Apres, comment pourrons-
nous eftre retirez de la mort linon par la ver
tuinlînie de Dieu? Car c'eftàluv que les if-
fuesdela mortappartienent , comme il eft I"/'. tfS»
dit au Pfcaume? Nous voyons donc, encores ^•'•i»
que l'Efcri ture ne rendift nul tefmoignage de
la Diuinité de lefus Chrift.qu'il eft impofsi-
ble que nous le cognoifsions pour noftre Sau
ueur, finon en luy attribuât toute niaiefté Dr
uine,confeflàns qu'il eft le vray Dieu , d'au-
tant qu'il eft la fagefle du Père par laquelle
le monde a efté créé, & par laquelle aufsiil
eft maintenu en fon eftat. Et pourtant , que
nous ayons cela tout conclu , toutes fois &
quantes qu'on nous parlera de lefus Chrift,
de leuer nos fens en haut,& d'adorer cefte ma:
iefté qu'il a eue toufîours & cefte elTence in-
finie deuant qu'il fuft veftu de noftre chair.
Voila donc pour vn item. Or il y a de l'autre
cofté,qu'il a efté manifeftc en chair,c'eft adi-
ré fait home fembiableà nous en toutes cho
fes(ditrApoftre)excepté péché. Et quand '1 h j, ^
dit, Excepté péché, c'eft à dire que noftre Sei /
gneur lefus n'a point eflé coulpable.qu'il n'a
point efté pollué d'aucune macule : ma» ce-
pendant li n'a pas laifîe pourtant de porter
nos péchez , c'a efté vn fardeau qu'il a receii:
afin que nous en fufsions defchargez par &
grâce. Tat y a qoe nous ne cagnoiSôns point
lefus Chrift eftre Médiateur entre Dieu 8c
nous, finon l'ayant contemplé homme. Et de
fait, quand fainft Paul nous a voulu donner ci
deflus courage d'inuoquer Dieu au nom de
noftre Seigneur lefus, notamment il l'appel-
le homme : Il y a vn feul Dieu & vu Media- i. T/m»,!
teur lefus Chrift , qui eft homme. Pourquoy i.t.j,
eft-ce qii'iinous ramené là , finon afin que
nous puifsions en fon nom â: par fon moyen
venir pri;ieement à Dieu , cognoiflâns que
nous fommes frères de lefus Chrift qui eft
fon Fih vnique? Et au refte, quand nous cher
cherions noftre falut hors de noftre nature^,
que feroit-ce? ne ferions-notts pas esbfouis
tantoft? Il faut donc,d'autant qu'il n'y a que
péché en tout le gère humain, que nous trou-
uionsaufvi bien la luftice & la vieennoflfre
chair. Si dôc Icfus Chrift n'auoitvraye vniori-
fraternelle pour eftre homme femblable à
nous , que feroit-ce? Laifions tout le refté,.
mais prenôs fa mort & pafeion. Voila la mort
de lefus Chrift qui eftappelee Sacrifice vni- H<5r,yî,
que & perpétuel, par lequel nous fommes re o-.i^.
conciliez à Dieu. Et pourquoy cela? Sainû Rom. v^.
Paulnous monftre la raifon au cinquième des b.iiÀ
Romains quand il dit, Comme parla prefom-
ption d'vn homme nous fommes tous dam-
nez , aufbi par robeiflanced'vn homme nous
auonsrecouuré falut. Si nous n'auôs cefte co-
gnoifîànce que la faute qui auoit efté faite
en noftre nature,a efté réparée en la meime
nature, que feroit-ce?où eft-ce que nous pour
riôs eftre appuyez?Voila donc cômc la mort
h.y.
ïUhr.
l6.
Kam.S.f.
Hfir.4.
\€i. S E R M O N X X V 1 1.
de noftre Seigneur lefas ne nous profitera fon Fils vnique, de fon Fils naturel. Et Corn-
rien , iînon d'autant qu''il a efté fait homme ment fommes-nous defoncorpsfPource que
femblable à no'. Et puis.fi lefus Chrift eftoit ils'eft voulu conioindreànous,afin que nous
feulemct Dieu,ie vous prie.en fa refurrettion foyons participans de fa fubftace.Et par cela
aurions-nous quelque certitude ou gage que voyons-nous que ce ne font point des fpecu-
nousdeuôs vnc fois relTufciterfBien ell vray lations fubtiles quand on nous parle que le-
que le Fils de Dieu ell refliifcité. Voire,mais fus Chrift a vertu noftrechair.Car voila où il
il n'eft pas femblable 3 nous. Or A Poppolîte, nous faut venir pourauoir vne vrayecognoif
quand on nous dit, Le Fils de Dieu ayât pnns fance de la foy ( comme i'ay délia monftre)
vn corps femblable au noftre, eftant defcendu qu'il eft impolMble que noftre fiâce foit dioi
de b race de Dauid , ccluy-la eft refllifcitc: tement en Itfus Chrift, linon que nous appre
nous concluons hardiment , qu.; puis que no- hendions la nature humaine : comme aufsi il
ftre nature qui eft corruptible de foy-mefme, faut auoir cognu fa raaiefté, deuant que nous
& qui n'aquecorruption^cft eleuce enlagloi puifsiôs mettre en luy la tî.îceJ9 noftre falut.
re celeile en la perfonne denollre Seigneur Aurefte, ceii'ellpas encores tout que nous ,
lefus Chrift , défia nous habitons aux cieux, cognoifsiôs que lefus Chrift elt Dieu, & que
comme faindPaulen parle en Tepiftre aux il eft homme, linon que nous adiouftiôs quant
' Ephellens. Et d'autant plus font deteft.ibles & quant qu'il n'y a qu'vne perfonnc en iuy.
ceux ^ont voulu anéantir la venté de la natu Et le diable encores en ceft endroit a brallé
re humaine enla perfônedu Fih deDicu.Car tout ce qu'il a peu pourpeiuertir outiefgiii-
lediablea fufcité ajicienncmnt des brouillés fer celle dodrine que.làinil Piul nous mon-
quiontferaé que lefus Chrift eftoit bien ap- ftre ici. Car il y a eu des hérétiques qui ont
paru en figure d'hommc.mais que ce n'cftoit tellement méfié la maieftc &■ rclîencc Diui-
point la vraye fubftancc- Et en cela ils ont ne de lefus Chrift auec fa nature humaine,
tafché non leuleincnt d'abolir la niifericorde qu'ils ont penfé quant & quant que fon eilcn
de Dieu enuers nous , mais cependant voila ce celcfte fuft conuertic en ch.iir & en hom-
aufsi noltrc foy du tout abbatue. Les autres me. Et voila comme Seruet(duquel l'ay déf-
ont imaginé qu'il auoit apporté vn corps du ia parlé ) auec les autres blafphcmes exécra-
ciel, comme s'il eftoit feparéd'auecnous.Et blés &: diaboliques , difoit que lefus Chrift à
c'eftauf i ce que ce mal-hcureu-; hérétique efté fait homme. Or que s'enfuyura-il par ce
qui a efté exécute ici, amenoit tnaumt , que laf II faudroit que Dieu renonçaft fa nature,
lefus Chrift auoit eu vn corps de tout temps & que fon eflence fpirituelle fuft conuertic
dés la création du monde , qu'il auoit eu vn en chair. Et où feroit-ce aller? i.t puis ilad-
corpscompofé de quatre eleinens qui n'ont ioufteen fécond lieu , que maintenant lefus
point efté créez , & que la Diuinité eftoit a- Chrift n'eft plus homme, mais fa chair eft det
lors en figure vifible:& toutes fois &quantes fiée. Et voila encores vn autre alambic par le
que les Anges font apparus , que c'eftoit Ion quel lefus Chrift a paffe. Voici vn merueil-
corps.non point engendré de femence humai leux alchumifte, de vouloir faire tant d'cll'en
ne , mais qu'il eftoit bafti des ces phantalîes- ces nouuelles de lefus Chrift. Or le diable a-
la. De faire vne telle alchumie pour compo- uoit bien lufcité de telles refueries aiiciéne-
fer vn corps au Fils de Dieu, ou eft-ce aller? ment pour troubler la foy de l'Eglife : mais
Etqucdeuiendra ce que ditl'Apoftre, Q^e ceci fe renouuelle encore de noftre temps.
Dieu n'a point fait ceft honneur aux Ançes, Notons bien donc ce que S. Paul nous nion-
d'eniioycr fon Fils qui luft de leur condition ftre ici : car il nous dône bénes armures pour
& qiialté,mais qu'il l'a fait femblable à no', eftre munis contre ces erreurs, c'cftafçauoir
&qu'en cela il monftroit combien il nous ai- qu'il y a en lefus Chrift la Diuinité,il yaauf
moit? Quedcuiendra ce qui eft dit, Qj^^il a ii lachair.Il ne faut point doc que nous mcf-
prinsnoftrenatureafind'auoirviaye frater- lions ce que Dieu nous môftre audoigtd'vn
nité auec nous:que mefmes il a efté fait km- cofté & d'autre. Voulôs-nous donc bien con-
blable à nous , afin d'auoir pitié de nos infir- fiderer lefus Chrift? contemplons en Iuy cc-
mitezpour y fubuenir.''E<flalcmcnt,pourquoy fte gloire celcfte , contemplons ccfte ellcnce
eft-ce qu'il a prins la more finon afin de nous qu'il a eue de toute éternité. Et puis venons
en dcliiirer? Bi ief,il a efte f.iit ûuiéce de Da .i fa nature humaine qui n jus eft là monftree.
i;id , afin qu'il fuft cognu le Redenipteui qui V;,>ila donc pour vn item, que nous puisions
eftoit promis , & qui de tout ttirps a efte at- diftinguer en noftie Seigneur le fiis Chrift les
tendu des Pcres. Tout cela û ra iiii,:é 4. aS- deux n.uures. Et ceci n'cft point pourfpccu-
batu. Ainfî donc, recordons bien ceftauicle 1er en l'air, mais il f.iut q^ie nous le pratti-
où il eft dit , Que le Fils de Dr u eft a;^paru qnions pour nourrir noftre foy. La railonr'Si
en chair, c'eft adireque vrayeaicnt ila efté nous voulons chercher en lefus Chrift vie, il
tait homme, & qu'il nous a vois à Iuy , voire faut que nous entendions qu'il a en foy tou-
d'vn lien fraternel, en forte que nous pouuôs te maiefté Diuine : car d eft efcrit au Pfeau-
mainten.Tt appeler Dieu n; ftre Pcre.Et pour me , oue la fontainede vicgift en Iuy , & que Vfe. }6,
quoy? d'autant que nous fommc^ ducorps de nous voyôs clair en la clarté. Si nous voulons c.9.
eftre
SVR L A I. A TIMOT H.
1^5
eftre maintenus cotre le diable, & cotre tous
110V ennemis,!] faut que nous cognoil'sions le
lus CJirilteftre Dieu. Voulons-nous en fom-
ine mettre noftre fiance en luv?il eft queftion
aufsi de cognoiltre qu'il a toute puiflance:ce
qu^il n'auroit pas finon eftant Dieu . Voila
donc côme pour bien exercer noftrefoy afin
que nous puifions eftre pleinemét fondez en
lefus Chrift, il faut que nous cognoifsions <a
nature Diuine& fon efTence d"'vne part. Et
puis quand nous chercherons la reinifsion de
■nos péchez , la fatisfadion de nos dettes , le
moyen d'inuoquer Dieu , d'ellre fecourus en
nos infirmiteZjSc d'ellre deliurez de la maie-
diftion.il faut que nous trouuiôs lefus Chrift
prochain de nous,& que nous le voyôs là cô-
me home: Si que pour ce faire nous cognoif-
fions fa nature laquelle ila prinfede nous,
afin qu'il ne nous farlle point faire de longs
circuits pour trouuer en Iny ce quiappartiét
a l'efperancede noftrefalut, pource qu'il a
elle offert pour eltre noftre Médiateur, &
pour nous réconcilier à Dieu fon Père. Ainfi
donc maintenant ii cft aifé de voir qu'il nous
faut appréhender la nature humaine en no-
ftre Seigneur Iclus Chrift, pour la diftipguer
de fon eflence & de fa niaieftc celefte.Or ce-
pendant lî faut-il aufsi que nous côioignions
ces deux natures en vneperfonne. Q^el eft
donc le Dieu dont parle fainft Paul? C'cft Je
Fils de la vierge Marie , qui a la vie en foy,
ceiuy qdia efte kiiet à la mort. Quicftceluy
qui a toute pu:l'{ànce?C'cft celuy qui s'eft fait
foible Se débile : cetuy qui a porté la puni-
tion de nos péchez , ettla fontaine de vie. Il
faut doc que nous apprcniôs d'vnir ca deux
chofes , & non point les ftpai-er. Car fi nous
forgeons vn lefus Chrift Dieu, 5: pnis que ce
Juy qui a fouffert eftant nay de la vierge Ma
lie, qui eft mort & relTiifcité, foit vn homme
à part ,quefera-ce? Ainfi donc notons bien
que ce mot Hamfeftc, conioint les deux natu
res, en forte qu'il.fàut que nous cognoifsiôs
lefus Chrift non point double , mais vn feul,
combien qu'il ait deux natures. Nous auons
deux yeux en la tefte , & chacun œil peut a-
uoir fon regard à part :mais quand nous con-
templons vne chofe, fi nos deux yeux s'ad-
donnent à icne içay quoy,noftre veuc qui de
foy eftfeparee,feconioint& s'vnitLpour s'ad
dôner du tout A Tobieft qui nous fera mis au
deuant. Voici donc vne telle fimilitude, c'eft
afçauoir que tout ainfi que nous auons deux
yeux en la tefte , aufsi en lefus Chrift il y a
deux natures diuerles.Maisfi faut-il que no-
ftre foy foit plus fimple que nos deux yeux:
ijue le regard,di-ie,fpirituel de noftre efprit
s'eleue tellement, que nous cognoifsions que
lefus Chrifteftant Fils de Dieu, eft aufsi Fils
de l'homme pour eftre fait noftre frère. Et
jncfmes,ie vous prie,y a-il chofe plusdiuer-
fe que le corps humain d'aucc l'ame? Voila
Tamequi dt vn elpritinuifible qiii ne fe peut
voir ne toucher , qui n'a point de lieu, qui n*a
point toutes ces paf ions charnelles. Voila
le corps qui eft vne mafle corruptible, fuietre
à pourriture, qui eft vne chofe vifible, qui fs
touche: le corps a fcs proprietez qui ne con-
uienent nullement à l'ame. Et qu'eft-ce que
l'home? C'eft vne créature baftie d'vn corps
& d'vn anie.Si Dieu a vfé d'vn tel artifice en
nous quand il nous a faits hommes de deur :
natures daucrfes, pourquoy trouuerons-nous
eftrange qu'en lefus Chrift il y ait eu vn plus
gr.id miracle de Dieu? Ainfi donc que ce mot
Manifefter,dont fainft Paul vfe, foit bien ob-
ferué de nous , afin que quand nou. venons à
lefus Chri ft, après auoirdiftingué fon eflen-
ce Diuine d'auec fa nature humaine,no' le re
ceuions Dieu manifefté en chair , c'eft .\ dire
celuy qui eft vrayeraent noftre Dieu, que tou
tesfois en vne telle perfonne il s'eft vni auec
nous, tellement que puis qu'il a efté homme,
nous fommes enfans de Dieu, puis qu'il eft no
ftre fatisf.iiSfion, nous fommes defchargez da
fardeau de nos péchez, puis qu'il nous a deli-
urez de toutes nos pouretez.que maintenant
nous auôs I<?s richenes parfaites eu luyihricf,
puis qu'il s'eft .ilUiietti ,i la mort, que mainte-
nant nous fommes afleureïde la vie. Or après
que fainft Paul a parlé ainfi, il adioiifte, Qw'r/
a tfté iiiflifé en offrit. Ce mot de lufliftr en
l'Etcriiure , fe prend fouuent pour eftre ap-
prouué. Quand il eft dit que Dieu eft luflifié,
ce n'eft pas qu'il deuiene iufte , ce n'eftpas
qu'il foitabl'ous des homes côme s'ils eftoy-
ent tes inges , & qu'il fuft tenu à leur rendre
conte. Nenni:mais c'eft quand la gloire qu'il
mérite, luy eft attribuée & rédue, que nous le
confeflbns tel qu'il eft. Comme auf i il eft dit
que l'Euangile cft iuftifié en celle façon, c'eft ^''^- "'
af'çauoir quand les hommes en tonte nbeiïïàn "•'>'•
ce le reçoiuét,que par foy ils s'humiliët fous
ladoftrineque Dieu leur er.feignt : ainfi en
cepaflàgeil eft dit que lefus Chrifta tfté iu-
ftifié en Efprit. Et ponrquoy? Afin qu'on ne
rcftime pas feulemêt fous ccfte figure humai-
ne en laquelle il s'eft raôfti é, & tn cirftc infir
mité qu'il a eue<:ômune auec les homes mor
tels. Il ne faut point donc qu'on s'arrefte à la
prefence corporelle de lefus Chrift poar fça
uoir que c'eft de luy , fous cefte figure qui a
efté vifiblc , mais il mnts faut regarder pins
haut. Et cément? C'eft ce que dir' S. lehan au
premier chapitre, Que Dieu a efté fait chair,
ou la parole de Dieu, qui vaut autant. La pa-
role(dit-il)qui dtoit Dieu deult la création
du inonde,a efté faite chair, c'eft iî dire elle a
tfté vnie à noftre nature, en telle forte que le
Fils de la vierge Marie eft Dieu , mefmes le
Dieu eternel.Or après auoir parlé ainfi, ilad-
iouftc.ÇjB? UgloiTf qui ap^ntient nu Tils ynt
c]»e de nitu,aefié cognue en luy. En quelle
forte? Carilya en lefus Chrift plus que l'hô
me , & que ce qu'il a prins de nous. Qupy
donc? La puiflance de Dieu infinie s'eft là
i.ii.
«54- '^ SERMON XXVII. ^
monftree, tellement qiie c'a efté vneappjoba incognu& incomprehenfîble. Voila le pre^"
tion certaine que le/us Chrifteftoic Dieu. Et mier que nous auons à noter. Le fécond eft,
Toilaaufsi pourquoy (ainû Paul au premier que nous foyons attentifs quand il nous eft
chapitre des Romains , ayant dit que lefus dit.Voicivnfecret.Or il ne taut pasquenous
Chriftaefté fait de la lemence de Dauid, ad- foyons endormis: Dieu nous prépare & nous
ioufte qu'il a efté déclaré Fils de Dieuenpuif aiguifeafîn que nous penfions àceftedoftri-
fance. Notons bien donc que ce n'eft point af ne,& que nous y méditions: & quand nous en
fezde contempler lefus Chnft de nos yeux aiiroiis eu quelque petitgouft, que nous taf-
icharnels , car nous ne monterons point plus chions d'y profiter tout le téps de noftre vie.
haut qu'à rhomme: mais quâd nous voyons q Au refte, quand nou5 aurons cognu le Fils de
par miraclcs,que par vertus il s'eft demonftré Dieu eftreconioint ainlîànous,quenous re-
Fils de Dieu.v oila vne fignature, voila vneap gardions en luy ce qui nous y eA tant magni-
proBation telle.qu'il ne faut plus douter q le- fié.c'efb afçauoir cefle vertu & cefte puillance
fus Chrift s'eftant ainlî abb.iilTe,n'a point tou celefte du S. Efprit. Voila donc lefus Chrift
tesfois quitté famaieilé celefte: maisqu'ap- qui n'eft point feulemét apparu homme, mais
prochansde luy en toute confiance comme ilamonftré par effeftqu'ileftoit leDieu tout
de noftre frère , nous l'adorions comme no- puiflant, comme toute plénitude de Diuinitc
ftre Dieu éternel, & celuy par lequel nous a- a habité en luy.Quand nous aurons cognu ce
uons efté créez , & par lequel nous fommes la.nous pourras bien fcntir que ce n'eft point
maintenus. Voila donc pourquoy laincl Paul fans caufe que iainft Paul prononce que tous Ca/of, ;
notamment adioufte, Que lel'uv Chrifta efté les threfors de fagefle (ont cachez en noftre d.j.
tullifié,voire en Efprit Maintenantfaifonsvn Seigneur lefus Chrift. Nous aurons donc co-
petit recueil de ce qu'il auoit touché aupara- gnu & haut & bas, & de long & de large, tout
uant:carle tcmpsne porteroit pas que ce qui ce qui nous cft propre pour noftre falut,quâd
cft ici contenu, fuft déclaré. Voulons-nous nous aurons appréhendé ce Médiateur, voire
donc auoir vn fommaire de noftre foy & de en fa maiefté, en forte que nous puifsions ap -
noftre Chreitienté? Il faut que nous cognoif puyer noftrefoy fur luy, corne furnoftreDieu
fions que Dieu a efté manifellé en chair, com vn!que,& que nous l'aurons contemplé com-
me aufsi en ce paflage que i'ay allégué n'ague me no ftre frere,lequel non ieulemcn t s'eft ap
res du premier des Romains, fainti Paul aylt proche de nous, mais il s'y eft vni & conioint
fait mentionde l'Euangile, iladioufte que c' tellement qu'ila efté faiûvne mefme fubftan
eft vn meflâge qu'il porte de lefus Chrift, le- ce. Quand donc nous aurôs cela.cognoiflons
quel a efté fait fils de Dauid félon la chair , & que nous fommes venus à la perfeftion de fa-
s'cft déclaré Fils de Dieu.Sans cela nous n'a- geffe de laquelle parle faind Paul en vn autre
uons plus d'Eglife , fans cela nous n'auons lieu,pour nous glorifier pleinement en la bon
plus de religion, fans cela nous n'auons plus té de Dieu, de ce qu'il luy a pieu nous efclai-
de falut : il vaudroit mieux que nous fufsions rer par la clarté de fon Euangile,afiu de nous
beftes brutes fans raifon n'intelligence , que attirer en fon royaume celefte.
de n'auoir point cefte cognoiflance, que le- O R nous-nous profternerons deuant la fa
fus Chnfteft venu, voire pour vnir la maiefté cède noftre bon Dieu en cognoiflance de nos
Diuine aue.c noftre nature qui eftoit fi poure fautes, le prians qu'il luy plaife nous les faire
& lî miferable que rien plus. Mais cependant tellement fentir,quevoyans que nous fommes
ind Paul ne s'eit point conten- du tout perdus & damnez , nous regardions à
i.Cor.i.
6.7.
notons-que iainit Paul ne s'eit point (
té du mot deFo^, mais il a dit quec'eft■»'»/<r-
frff,afinque nous ne venions point ici ap-
porter noftre fierté, nofti e arrogance , com-
pe nous voyons que les hommes veulent e-
ftre fubtils. Et voila qui eft caufe de fufciter
la maiefté du Perc celefte , & qu'il nous fa-
ce la grâce de tellement nousdifpoferà fon
feruice,que nous ne demandions lînon de dé-
dier toute noftre vie àfa bonne volonté. Et
puis qu'il luy a pieu nous côioindre à fon Fils
tant d'hercfies , c'eft l'orgueil qui a efté en vnique, quand il a pnns noftre nature humai-
ces deteftables que lediablea polFedez, com- ne, en foite que nous fommes vn corps & vne
me il eft père d'orgueil. Et de fait,i'arrogan- fubftai-ce auec luy,qu'i_l nous gouuerne telle-
ce a efté toufiours mère de toutes herelîes. ment par ion faind Efprit .qu'il nous rcco-
Ainlî donc, quand nous oyons ce mot de Se- gnoifle & aduoue touliours pour les enfans
crft, retenons deux choies : l'vne , que nous par le moyen de ccftt vnion lacree. Etd'au-
apprenions de captiuer tous nos fens , que tant qu'il y a toulîours beaucoup de vices&
nous ne cuidions point par noftre fubtilitc, d'impcrfcrtions en nous cependant que nous
par noftre efprit aigu paruenir à vne telle viuons en ce monde.qu'il luy plaife nous fup-
hauteffe que de cogiio;ftrc comment cela porter & nous en purger toufiours de plus en
s'eft fait ,que Dieu'ait pnns noftre nature phis.iufques à_ce qu'il nous ait. imenez au but
hLimaine :iJ faut qu'ici tous les fens humains de toute pcrfcdion. Que non feulement il
dcfailllent. Et pourtant apprenons de mon- nous fice cefte grâce, mais aufsi à tous peu-
ter par defliivnouv,& d'adorer ce qui notis eft: pies & nations de Jaterre,&c.
* P R £
s V R LA .1. A T î M O T H. i6^
PREMIER SERMON SVR LE QV Ar
T R I E M E CHAPITRE.
î Or /' Efprit dit ntamfeîlement , qu'a l'aduenir aucuns defau-
iront de Ufoy/amufans aux efprits ahufeurs , (f 'ff^^ doBrines des
diables.
i Pdr fhypocrifie de ceux, qui parlent menjhnges, ç^c.
N cognoift la vanité des ho
mes en beaucoup de forte;:
mais le principal tclmoigna
ge qu'on en puifle auoir,
c'cft- dé ce qu'ils ne fe peu-
uent contenter quand Dieu
les veut enfeigner,⣠qu'a-
près auoir protefté que la doûrine leur appor
te falut.il monftieaufsi dequoy, &repaift, &
contente leurs âmes tant qu'il eftpofsible,s'il
y auoit quelque raifon en eux : mais cepen-
dant 'Is ne font que vaguer , & ne demandent
qu'à fauter en l'air , fans auoir aucun fonde-
ment .D'autant donc que les hommes ne fe
peuuent tenir à la vérité de Dieu, en cela co-
gnoift-on combien leurs efprits font volages,
voire & errans.puis qu'ils ne cerchent qu'à va
guer. Or cependant Dieu nous met des bar-
res ,& voyant la légèreté qui eft en nous,& la
folle conuoitife qui nous tranfporte , il nous
retient, ou pour le moins il nous monftre que
il nous faut du tout arrefter à fa parole. Mais
auec la folle curioiîté il y a aufsi vne rage, que
nous fommes infatiableS'en nos appetis,& re-
belles quant & quant : quoy que Dieu face,
nous ne voulons point fouffrir qu'il nous tie-
ne bridez , qu'il nous captiue . Voila donc
deux vices bien grans qui fe monftrent en no
ftre nature:l'vn elt, que nous fommes volages
& inconftans:l'autte,que nous fommes rebel-
les, & ne pouuons eftre aucunement alTiiiettis
à Dieu. Mais encores le mal fe cognoift plus
grand, fi on confidere quelle eft la doftrine
que Dieu nous propofe : car elle donne plus
grand luftre à noftre ingratitude . Si Dieu
nous monitroit quelque chofe petite, \S: bien,
encores y auroit-il quelque excufc fi nous cer
cillons d'auantage • mais quand il omire les
threfors infinis de fa fagefle, & qu'il n'cfpar-
gne chofe qui nous foit vtile à falut, ne faut-
il pas que nous foyons malins & peruers,
que nous ayons les richefles infinies de la fa-
gefle de Dieu,& cependant que nous vaguiôs
en nos curiofitez? Et c'cft: ce que nous auons à
retenir de ce paflàge de faincl Paul. Car il
nous a propofe quelle eftoit lafommedel'E-
uangi]e,en difant , que c'eft vn grand fecret,
que Dieu foit manifcflé en chair, & quecepen
oantil fo^t approuué toutesfois en Efprit,&
qu'tftant glorifié il ait efpandu la clarté de
fon Euangile par tout le monde , tellement
que les Payens quieftoyentdu tout reicttez
& profanes , font accompagnez auec les An-
ges de Paradis , qu'il y a eu vn lien commun'
pour vnir ceux qui eftoyent en la feruitude
de Satan, qui eftoyent plongez en ce profond
abyfme de malediftion , auec les enfans de
Dieu , ceux qui ont toufiours iouy de cefte
gloire celefte. Ne voila point vne chofe qui
doit bien eftonner tous nos (ens i Or cepen-
dant fainâ Paul monftre que les hommes ne
fe tiendrôt point àceftedoftrinc, & qu'ils fs
reuoltcront de la foy : combien qu'ils ayenc
cognuvntel fecret & fi admirable, que Dieu
foit defcendu à eux :neantmoins qu'ils ai-
ment mieux fuyure les menfonges de Satan,
& eftre ruinez & menez à perdition, que d'ef.
coûter le Fils de Dieu quand il s'eft manife-
fté en chair, <S:'qu'il veut faire office de Do->
fteur pour lesamener à falut . Or cependant
fainâ: Paul monftre que le vray remède pour
nous tenir en robeiflànce de Dieu , c'tft que
nous appliquions toute noftre eftude à ce qui
cft contenu en fa parole , que nous infiftions
l.ide{rus,& que ceux qui ont la charge d'anon
cer i'Euangile , foyent diligcns à monftrer
quelle eft la vraye inftruftion des fidèles,
c'eft afçauoir,d''eftre du tout aflïiiettis à no-
ftre Seigneur leftr Chrift, & de n'en décliner
tant peu que ce foit , finon qu'ils fe veulent
deftourner du chemin de faluttcar c'eft la per
feftion de toute fagefle , que de cognôiftre le
Fils de Dieu félon qu'il a efté manifefté, çcm
me il eft dit qu'en luytous les threfors en
font cachez. Maintenant donc nous voyons à Ct/.l.t.'
quel propos fainft Paul adioufte ce figne,ÇJ»*
le monde fe révoltera de la foy : c'cft à ce qiie
nous cognoifsions que ce n'eft point fans eau
fe qu'il nous aaducrtis en quoy Dieu nous
veut exercer , & ce que nous auons à retenir
de fon efchole: c'eft, di-ie,de nous addonner
du tout à noftre Seigneur lefus Chrift, & de
difcerner ce qu'il nous a apporté,fçachâs que
quand nous aurons profité en cela, il n'y a
point occafîon de cercher d'auantage. Car
ceux qui ne fe contentent point de lefut
Chrift,deshonorent Dieu, lequel s'eft là mon
ftré en toute perfection & plénitude de grâ-
ce & de vertu. Or maintenant il nous faut en-
trer par le menu à ce qui eft ici monftre de
fainét Paul. Il dit, L'E/fr/t dit manifepement
<]Ke ci afres les hommes fe révolteront de la foy.
Comme s'il difoit, Ce n'cft point aflez que
ceux qui ont la charge de porter I'Euangile,
z.iii.
Ifitr
SERMON X xvrii.
anoncent ce qui eftboo& vtilc, mais il faut
qu'ils s'efforcent de modérer les efprits qui
de leur nature font par trop volages , 8c que
nous foyons aufsi biendifpofez de receuoir
la pafture de vie , car ce n'eft point aflèz de
nous l'auoir mifeaudeuant . Sivn homme a
bon appétit, & qu'il ait difcretion de manger
par mefure, qu'on luy baille la viande , il en
prendra en lobrieté ce qu'il luy en faut. Or
autant en feroit-il de nous , quand nous au-
rions bon iugement & droit pour difcemer
la bonne viande, & ce qui nous eil vtile pour
édifier no5 âmes. Mais quoyrnous fommes def
gouftez:& outre cela nous demandons d'eftre
repeus d'ordures, & de vilenies, qu'au lieu de
choifirce que Dieu nous prefente, & qu'il co
cnoiftnous eftre propre, nous irons prendre
des chofes vileines & puantes , mefmes nous
ne demandons qu'à nous empoiTonnerà no-
ftre efcient . Ainiî voit-on que les hommes
font plus defpourueus de fens & de raifon,
quant à la vie de leurs ames,que les belles bru
tes. Il eft vray qu'vn malade ou vn yurongne,
ou-quelqu'vn qui fera defgoiifté par autre rai
fon, prendra bien appétit à des chofes mau-
uaifes dont il fe pourroit gaJkr : mais tant y
a encores qu'vn homme n'ira point cercher
ni fiente, ni autre ordure pour fourrer en
fon ventre , & s'il cognoift qu'il y ait quel-
que poifon , il s'en gardera. Mais il ftm-
ble que nous ayons confpiré aucc Satan de
prendre toutes les vilenies qui procèdent
de luy, qui font mortelles quant à la vie fpiri-
tuelle. Etainfi maintenant faind Paul décla-
re que quand il auoit admonefté les fidèles
en le perfonne de Tiinothee , de fe tenir à la
puredoftrine,que ce n'eft point fans caufe.Et
pourquoy ? Pource qu'il ne fuffit pas , dit-il,
qu'on prtfche ce qui eft bon & vtile.Car fi les
hommes eftoyent bien difpofez, qu'ils rcceuf
fent ce que Dieii^ leur propofe , & qu'ils fuf-
fent fi dociles qu'ils y peuflent ranger leurs
efprics, afinde s'affuiettir àce qui ell bon, il
fuffiroit d'auoir dit, Voila que Dieu vous dé-
clare . Mais d'autant que les hommes font
nialins, qu'ils font ingrats , qu'ils font per-
uers, qu'ils ne demandent que les menfonges
au lieu de la vérité, qu'ils le desbauchent ai-
feciiienc, & qir.ipresauoircognii Dieu, ils fe
deftournent & s'aliènent deluy , pour celle
caufc il faut(dit fain£l Paul) que nous foyons
retenus qiiafi par force , & que Dieu après
nous auoir fidèlement enfciçne z , nous ex-
horte à pertîfter en l'obeiflance de fa Paro-
le,pour ne flcchir ne ç.i ne là, Se n'cftre point
comme rofcaux branlans, n'eftre point fuiets
à receuoir les menfonges. Ainfi nous voyons
quelle eft l'intention île faintt Paul. Suyuant
cela cognoillbns qu'il eil expédient que Dieu
nous rcfucille fouuent , & quand ri le fait,
que ce n'ell point fans propos . Car C comme
i'ay délia du) ilnousdeuroit bienfiilhre d'a-
uoir eqtauiu (a lîiiipk*oiojité . Mais quoy»
regardons noftre nature combien elle eft
peruerfe. Et pourtant fouffrons d'elhc ad-
moncftez quand on nous a déclare ce qui eft
bon, qu'on nous exhorte de nous y tenir : Se
encores que nous ayons elle aduertis , fi on
nous redargue , voire par force , Si qu'on vfe
de reprehcnfions qui jious foyent aigres ,
cognoiflons que c'e/l pour noftre profit. Voi-
la ce que nous auons à retenir en premier
lieu dt ce palTàge . Or cependant nous voy-
ons aufsi le foin paternel que Dieu a de
nous, qui nous doit encores mieux incitera
retenir les admonitions qu'il nous fait. Puis
qu'ainfi eft que de fi long temps cefte pro-
phétie nous a efté donnée, en cela ne voyons
nous pas que Dieuapreuenu le danger? que
cognoillàpt que les hommes fe peuuent def-
baucher,/il n a point permis qu'ils perilTent
par ignorance , mais qu'il leur a mis comme
vne barre, qu'il leur a crié de loin, Gardez-
vous, faites bon guet,& ne vous laiflcz point
feduire par l'aftuce de Satan . Nous voyons
donques en cela quelle folicitude Dieu a de
noftre lalut, quand il nous veut déclarer que
il lafcheroit la bride à Satan pour dcceuoir
tous ceux qui feroyent prtfts à l'efcouter.
Voila pour le ftcond. Or cependant, l'.'.duer-
tillèmcnt que i'ay défia touché, c'cft alçauoir
que non feulement nous femmes & malins &
pleins de vanité , & que nous n'appctons que
menfoiiçe,mais aufsi que nous iomnies rebel-
les , &: qu'il eft plus difficile lie chcuir de
nous , & de nous bien donter , n'tftoit-il pas
fuffifant pour tenir les hommes en la fuiet-
tion de Dieu ? Il le deuroit eftre . Or fi voit-
on l'horrible difsipation qui eft aduenue.
Ceux qui ont mieux aimé de fuyure les troin
pênes de Satan , que d'adhérer à la vérité
qui leur eftoit cognue , font-Us cxcufables?
Qu^allegueront-iis ? Y a-il ici ignorance ?
Car Dieu a parlé, & auoit aduerti haur&
clair tout le monde . Cependant fi voit-on
qu'vnc grande partie s'eft efgaree , & de fon
bon gré s'eft allé mettre en vne horrible con
fufion. QjK dira-oii làfinô que ce n'eft point
feulement folie qui eft aux hommes , mais
qu'ilyavne horrible confufion,vne rébel-
lion , &: vne rage telle qu'il faudra bien que
Dieu y befongne , comme il eft requis , pour
leur ofter toute excufé, quand ils n'ont point
voulu eftre gouuernez par luy, mais qu'à leur
efcient ils aiment mieux eftre tranfportez de
Satan à perdition , que de fuyure celiiy qui
eftoit toutprcftde les mener à (àlut? Voila
encores que nous auons à retenir de ce paf-
fage ; combien que maintenant ic le touche
légèrement, pource qu'il fera befoin que ces
chofes foyent déduites plus à plein ci après.
Au refte , ihinft Paul ne fe contente pas de
dire que l'Elprit parle ainfi , mais il adioufte,
que c'eft vne prophétie claire & toute pa-
tente : comme s'il difoit , qu'il faut bien que
nous drefùons ici les auwillcs , car Dienaie
parle
SVR LA I. A TIMOTH.
itf7
parle point yn langage obfcur , & duquel on
puiffe douter, mais il nous admonefte en telle
îorte que fi nous taillons c'eft d'vne certaine
malice,& d'autant que nous n'auôs point vou
lu efcouter la lemonftrance qui nous a efté
faite.Or combien que les prophéties n'ayent
point efté fi claires , tant y a que iamais Dieu
ne parle qu'il ne vueille que nous receuions
iniîruftion de ce qu'il nous dit. Et c'eft vn blaf
pheme quand on allègue qu'on ne peut co-
gnoiftre ce qui eft côtenu en l'Elcriture fain-
de. Car Dieu Ce mocquera bien des hommes
volontiers, en leur diJant: Efcoutez moy : &
cependant qu'il les teinft en l'ufpcns, en forte
qu'ils ne peulTent prendre aucune refolution
ne certitude .Et puis.la parole de Dieu feroit
elle nommée clarté , li elle nous laifToit ainii
en doute & en fcrapule , & que nous ne Iceuf-
fions de quel cofté nous tournera Nous ne
pourrions auoir fî petite chandelle qu'elle ne
nous feruepour nous môftrer le chemin. Voi-
ci la parole de Dieu qui ell appelée vne lam-
pe,mefmes vn foleil , & nous dirons que nous
n'y cognoiffons rien ?N'eft-ce pas falfifier &
anéantir les titres que Dieu attribue à fa Pa-
role? Et ainfi notons qu'il ne tient qu'à nous
que nous ne fovons deuemtnt aduertis,& que
Dieu ne nous retire de tout da."!ger, & que le
chemin de falut ne nous foit tout nianitefte:
mais nous feimons les yeux , ou bien nous ne
daignons les ouurir quand Dieu nous dit, Re-
gardez : nous bouchons iiosaureilles, ou bien
nous faifonsdes fourds , ou fommes coinme
des chenaux trop engraiflcz quand il nous
veut'inftruire.Il eft vray que nous ferons touf-
iourscoulpables en nos erreurs, &noftrc igno
rance ne nous pourra point feruir de bou-
clier , pource que Dieu parle haut &: clair , Se
fait office de bon dofteur: mais tant s'en faut
que nous fovons agneaux ou brebis , que non
feulement nous n'efcoutons point la voix de
celuy qui nous doit mener , mais qui pis eft
nous regimbons comme des beftes lauuages à
rencontre de luy , & de ceux qu'.l nous en-
uoye.Ainfi,d'autant plus nous faut-il bien no
ter ce qui eft dit par iainû Paul, que ccfte pro-
phétie qui a efté donnée du commencement
de l'Euangile eftoit certaine, & que le monde
n'a point efté Icduiifl ni abufc en forte qu'il
ait aucune excufe.mais pluftoft qu'il y a eu de
lacertaine malice & de la rébellion , & qu'en
cela nous pouuons veoir que nos cfprits ne fe
peuuent donter qu'à grana' ptinc. Or le mot
que (.und: Pauladiouile emporte aufsi beau-
coup,quand li dit,Q«';i« ttiiips À -venir le mon-
de fc dejlournera c5" f' rtf.oltera de la foy : &
vfe ici du verbe dont eft venu le mot d'apo-
/lat : comme s'il difoit que ceux qui auoyent
efté deuemeut en teignez en l'Euangile fe-
royent apoftats.periures & defloyaux à Dieu,
qu'ils renonceroyent la foy à laquelle ils a-
iioyentcfté appelez. Voila vne circoiiftance
qui nous deuroit bien faire drefTcr les che-
ueux en la tefte. Viay eft que quand nous 11-
fons les hiftoires nous deuons eftre esbahis
que le monde s'eft ainfideftournéde Dieu,&
que chacun s'eft efgaré , & que tous fe font
desbauchez çà & là : comme depuis la créa-
tion du monde le feruice de Dieu a efté com-
me abbaftardi , voire dés la vie d'Adam , qui
tous les iours pouuoit crier , l'ay efté tormé
le premier hoiimie , ie n'ay point efté engen-
drédepere ne de mère , voici Dieu qui m'a
créé, lequel s'ell manifcfté à moy , ie tien de
luy tout ce que fay : & toutesfois on voit que
durant U vie il n'y a eu qu'idolâtries & fuper-
ftitions , tellement que Moyfe recite cela
comme vn miracle , que le feruice de Dieu a
efté reftituédu temps de Seth. Or quand nous
lifons les hiftoires (comme i'ay dit) nous de-
uons eftre eftonnez. Vray eft que le naturel
des hommes eft de s'addonner à tout mal;
mais tant y a encores que c'eft vn monftre,
que nous qui fouîmes créez de Dicunepuif-
iions l'adorer & nous tenir à luy quâd il nous
fait cefte grâce de fe decbrer à nous. Or ve-
nons outre cela audeluge.Car voila vnexem.
pie mémorable pour retenir les hommes : &
combien qu'ils fc fuflcnt desbordez iufquet
au bout, fi tft-ce que celaeftoit pour les rete-
nir par force, &: d'vn remède violent, i'i voit-
on tantoft après le déluge , du viuant de Noé
&i de (es enfans,que le monde a décliné en fu-
perftitions comme du temps pafle. Cela nous
doit faire frémir. Mais qui plus eft, voila le
peuple d'ifrael qui auoit vcu tant de mira-
cles, auquel laLoyauoit efté publiée , nous
voyons comme il ne s'eft peu tenir à la vérité
qui luy cftoit certaine &infallible : il eft tan-
toft queftion d'adorer des veaux , maintenant
de lé baftir ie ne fçay quoy : ces chofes-la nous
deueroyent fembler eftranges , commeelles,
font. Et puis quand nous voyons tant de re-,
bellions, comme nous voyons au liuredes lu-
ges, l'îi: en tout le temps qui à fuyui : quand
nous aurons bien regardé à tout cela, ce nous
font autant d'admonitions & de miroirs, qu'il
fout bien que les hommes foyent endiablez
quand ils ne fe peuuét tenir au feruice de Dieu
qui les a créez, &aut)uelils font tant tenus &
obligez. Mais c'eft encore beaucoup pis de
nousrcar noftre apoftafie eft plus énorme. A-
prcs que noftre Seigneur lefus eft venu au
m5de,& que Dieu a parlé à nous à pleine bou
che pour eftre enfeignez , & que maintenant
nous auons les fecretsdu Royaume des cieui
qui nous font reuelez , en forte que Dieu ne
nous tient point feulement comme fes fer-
uiteurs,mais côme fes enfans,qu'il nousreçoit
en fon giron» & toutesfois qu'après auoir co-
gnu r Euangile, après auoir efté enfeignez en
la dodrine qui emporte toute pertc£ti5,& qui
nous appelle auec les Anges de Paradis, com-
ment fe peut-il faire, que nous deuenions apo
ftats,qHe nous puiAiôs renoncer noftre Dieu
qui s'eft monftré li benin & pitoyable enuers
x.iiii.
168
nous ? Et ainfî notons bien ce mot que fainft
Paul met ici : car il iîgnifie, combien qu'alors
il y euft vne telle pureté de doftrine, & que le
Fils de Dieu refonnaft , que la vertu du faiud
Efprit fufb toute manifefte , que les Apoftres
fuffent viuans.ceux quiauoyent le telinoigna
ge de leur redemptior, qu'ils vcilTent iournel-
lement les dons viiîbles par lefquels Dieu ra-
tifie la doûrine comme s'il y euft appofé des
féaux authentiques , combien donc que cela
foit, dit fainâ Paul.fi eft-ce que le monde eft
fi malm qu'encores il abandonnera la vérité
qui luy eucognue.il renoncera ion Dieu, fon
Créateur, & fe deftournera après le diable, il
fe conuertira à menfonge, & demandera d'e-
ftre aueuglé en fa perditiô fk ruine. Orce que
fainét Paul a prédit, on voit qu'il eft aduenu,&
l'expérience en eft par trop trifte:mais il y en
a bien peu qui y penfent.Il eft vray quand on
nous dira qu'après que l'Euangile a efté pu-
blié.apres que la vérité de Dieu a efté cognue
affez priuecment , que les hommes ont efté
desbauchez.ou bié qu'ils ont fouffert 4 le dia-
ble leur creuaft les yeux:nouçcanfeflons tous
queceftc chofe-la fe monftre ,&que voyans
les fuperftitions fi lourdes Se fi brutales qui
ont rcgné.nous femmes aflezconuaincus que
eefte prophetie-ci n'a point efté vainer mais
cependant nul n'y penfe.Q_u3nd nous voyons
la peruerfité des hommes eftre telle qu'iLs'^en
vont ruiner à leur efcient, fommes-nous tou-
chez de cela pour auoir crainte & frayeur que
nous ne foyons abyfmez comme nos pères?
Nenni : nous n'y penfons point,mais ce nous
eft comme matière de rifee. Nous fçaurons
bien nous mocquer des fottifes de la Papauté,
mais cependant nous ne cognoiflons pas que
le monde par ce moyen-la s'eft reuolté de
fon Dieu , voire qu'il a mieux aimé d'obéir à
Satan qu'à celuy qui l'auoit racheté , & que
nous auons efté tous en ces abyfinesd'erreur,
8c que nous auons efté retirez par là grâce &
vertu inc5prehenCble:nous ne penfons point
à cela. Or fi eft-ce que ce paflage nous donne
rne telle inftruftion.Etainfi donc, quand au-
rourd'huy les Papiftes allèguent que ce feroit
v-ne chofe trop eftrange que le monde fe fuft
aliéné de lapuredoftrine de l'Euangile , en
premier lieu notons que rien n'eftaduenu qui
if'ait efté prononcé par l'Efprit de Dieu>du-
quel fainA Paul a efté organe. Voiladonques
vn arreft folennel auquel il nous faut tenir,
c'eftque le monde fedeuoit reuolter del'o-
beiflànce de l'Euangile. Et pourtmt les Pa-
piftes vfent d'vn fac mouillé pourfe couurir,
quand ils al lèguent que c'eft chofe trop eftran
ge & incroyable,que Dieu ait ainfi laifle errer
le monde par fi longue efpace de temps. En
fécond lieu notons qu'ila falu qu'il y euft vne
horrible peruerfité aux homes , voire du tout
diabolique , de fe pouuoir reuolter après que
Dieu les a enfeignez fi priueement, qu^ils a-
uoyencvne doctrine £ faniiliete; ^ue fUr cela
SERMON XXVIII.
ils ayent tout quitté, & qu'ils fe foyent ietteï
en des tromperies fi lourdes , voire iufqups â
s'aueugler du tout à leur perdition, qu'il faut
bien qu'ils ayent efté plus que malins. Or ce-
la nous touche:carnous en auons efté partiel-
pans.Et pourtant cognoiflons, puis que Dieu
nous en a retirez, que fi nous faifons mal no-
ftre profit de rEuangile.comme nous faifons,
& qu'on le voit par trop , il y a danger que
Dieu n'enuoye des abfurditez pllis grandes
au monde que iamais elles n'ont efté,&ne
font encores en la Papauté. Et de faift , nous
n'auons point changéde nature, finon d'au-
tant que Dieu nous retient par fon fainft
Efprit. Q^eft-il donques de faire ? Puis que
nous fommes ainfi aduertis , qu'vn chacun en
fon particulier cognoilTe qu'il y a vne telle
fragilité en foy , qu'il fe trouueroir efcoulé
comme eau ,s'iln'eftoit retenu d'enhautpar
la vertu du fainft Efprit.Ainfi donques prions
Dieu d'vn commun accord, que tout ainfi que
il nous a amenez à la cognoiflànce de fa véri-
té,il nous donne vne telle côltance que nous
y perfeuerions iufques en la fin , Se que nou«
demeurions fermes en la foy que nous auons
receire de luy . Il y a aufsi cep< ndant à noter,
quefi nous voyons beaucoup de rebelles, il ne
faut point que nous foyons troublez pour ce-
la,ne que noftre foy s'e branle. Et c'tft enco-
res vn aduertifllment bien vtile.Car nous en-
voyons beaucoup qui s^eftonncnt& font fcî-
dalizez quand quelqu'vn fe desbauche j qu'il;
leur femble qu'ils doyiient s'attacher à Iuy:54
commentJvoila vn tel qui a ch.igc de propos.
Voire.mais s'il faut que nolhe foy Vesbranle
toutes fois & quantes qu'vn homme fera de—
iîonrné de Dieu,& que fera-ceJCar nous fça-
uonsque tout le genre humain eftmuablc,le-
ger & inconftant , ne us femmes d'vne nature
rebelle àDieu.nous fçauos qu'il n'y a en nous
que vanité & menfonge. Et ainfi donc il y au-
roit vne poure fermeté en noftre foy, fi nous
deuions eftre renuerftz toutes fois & quantes
qu*il adulent quelque fcandak qu'vn homme
fe desbauche& fe pertiertit. Mais tant s'en
faut que nous deuions nous esbianler quand
nous voyons de tels exemples , que fî tout le
monde fe changeoit , fi faut-il que nous de-
meurions conftans,quoy qu'il en foit.Et voi-
la à quelle fin tend ce qui nous eft icimonftré
par fainft Paul. Il neditpas.Qu^vn, ou trois,
ou vn petit nôbrc degens,mais il dit, Aucuns
fe defiourneront delà foyS^ns afsigner le nom
bre.Et nous auons veuen l'epiftre aux Thef-
faloniciés qu'il difoit encore? plu^.-rar il par-
le là d'vne reuolte gcneraleril ne dit pas, Au-
cuns .maisilmet vne confufion horrible. Et
tout ainfi que le làinft Efprit nous admone-
fte.cognoiflonsaufsi qu'il nous faut tenir bo,
& auoir vne conftance inuincible au milieu
des tépeftes & orages que nous pouuons voir.
Que fi ceux qui ont goiifté la venté dé Dieu,
qui ont efté fidèlement enfeignez , fe dcsbau-
chcnt.
SVR LA I. A TIMOTH.
i69
chcnt, il ne faut paî que nous les cnfiiyuions
pjur nous enuciopperen vnemefinc conflt-
fion.mais recueillons-nous en l'obeiflànce de
noftrc Dieu, & foyons incitez à le prier qu'il
nous maintienç fous l'ombre de fes ailes, afin
que Satan ne puifle rien gagner /iir nous. £t
quand nous cheminerons en telle luimilité,ne
doutons point que ce bon Ditu ne face vne
garde fidèle de nous , & qu'aulu no/tre Sei-
gneur lefus exerce fon office : comme ildit:
Uan 17. Que tout ceque le Père iuy a mis entre les
mains &donnéencharge,illepreferuera tel-
lement que rien n'en pourra périr, mais qu'il
gardera tout iufques au dernier iour.Ainiîdôc
foyons feulement brebis au Fils de Dieu, &
fouffrons d'eftre gouuernez par lny,& prions
le qu'il nous addrefle toufîours, & foyés tout
perfuadez que Dieu fera valoir cefte admoni
tion-ci , tellement que nous fentirons qu'elle ^
cft fuffifânte pour nous garder <l'eftre tranf-
portez par tous Icç fcandnles que Satan aura
fiifcité pour periicr tir ou esb râler noftrefoy.
Or fainrt Paul adioufte quant & quant , que
ceux dont il parle, entendront aux effrits de
menf)nge.far!arts(àit-il)en hyfocnfie &- fttn
tife ,ayans leun cotifciences (aitterix.ees. Or
tous ces mot'-ci emportent beaucoup. En pre
mier lieu.quSd il parle de ces efprits abufeurs
oudoftrinesdu diable, il nous veut nionftrer
deux chofes.L'vne eft.qu'il ne nous faut poît
efVre volages ni crédules par trop, pour rece-
uoir fainsdifcretion tout ce qu'on nous dira.
Le fécond c'eft qu'il nous veut rendre dete-
ftables toutes les faillies dofi-rmes qui font
pour nous diuertir de l'obeilïàrce de noftre
Dieu. Voila doncques deux articles que nous
auons ici à obferuer. Q_uant au premier, no-
tons qiie les vrais Prophètes qui ont efté en-
uoyez de Dieu,& qui fc font acquittez dcue-
ment de leur office , ont toufiours protcfté
qu'ils ne parlent point en leur nom , & qu'ils
ne mettoyét pas en auant leurs fonges & ref-
ueries, mais que c'eftoit l'Efprit de Dieu qui
parloir parleur bouche. Et il faut bien que
cefte protcftation-la foit faite 'quand nous
voudrons eitre efcoutez. Car qui fommes-
nous pour eftre obéis , & pour gouuerner les
autres? Vne créature mortelle peut-elle ou
doit-elle aufsivfurper vne telle authorité &
maiftrife?Ainfi doncques il faut bien (comme
aufsi lainft Pierre dit en fi première cpiftre
chapitre quatrième en) que celuy qui parle,
qu'il parle comme apportant de Dieu ce qu'il
prononce , & qu'il ait cefte certitude en foy.
Voila donc pourquoy les fainfts Prophètes
ontordinairemétvfé de cefte préface, Qu^ils
n'eftoyent point perfonnespriuees , qu'ils ne
prétend oyent point aufsi rien amener de leur
cerneau ne de leur inuention propre, mais que
ils n'eftoyent finon organes & inftrumens de
l'Efprit de Dieu:&celaaefté en vfage com-
mun à toute l'Eglife. Et de faiû , voila aufsi
côme Dous auons à receuoir la parole de Dieu
en toute reiierencc, pour cognoiftre que les
hôjnes n'en fjnt pas les principaux autlieurs,
mais feulement miniftres. Carfiie tenoye la
Loy commedeMoyfe, le Pfautier comme de
Danid,& comme des autres Prophètes, & fem
blablemtntde cequieft côtenu en toutel'Ef
criture fainifte,& que feroit-ce ? le pourroye
difputer fi cela doit eftre tenu ou non :ie pour
roye répliquer à l'cncontre des hommes mor
tels. Mais vnett Ile couuerture eft abbatue
quand Dieu authorife fa Loy & toute lado-
ftrine qui eft contenue en l'Lfcriture fainfte.
Cen'eft point doncques fanscaufe que ce lan-
gage a efté commun en rEglife,de dire. Voici
l'Efprit de Dieu qui parle.Côme de faift nous
voyons quand l'Efcriture fainfte eft alléguée
parles Apoftres,ils ne diront pas toufîours,
Dauidou Ifaie a diftainfï:mais l'Efprit a bien
prononcé par la bouche de Dauid , ou par la
bouched'Ifaie. Voila doncques comme la do-
ftrinedeDieua efté mifeen eftat , elle a efté
comme eltablie en fa maiefté , quand on co-
gnoift que Dieu en eft le principal autheur&
vnique.Gr cependant voicile diable q fe tranf
figure, & prend vnemafque,&le defguife pour
faire 3. croire qu'il parle au nô de Dieu:bTief,
il eft fînge pourcontrefaire tout ce que Dieu
ordonne pour noftre falut.Et voila pourquoy
les fedufteurs,& tous ceux qui ont peruerti la
vérité, ont allégué en leurs préfaces qu'ils e-
ftoyent pouffez de l'Efprit de Dieu, iufques
à démentir les vrais Prophètes : comme nous
voyon^qu'il eft aduenu, & que cefte audace a
efté en eux. Et voila pourquoy maintenant S.
Paul dit notamment , Quilyaura des effrits
menfongersjifqueh feront efarttt^Ju- chemin
de la foy. Et pourquoy les appelle-il efprits?
pourquoy ne dit-il pluftoft, Il vaurades hom
mes malins qui viendront tout 1 enuerfer,& de
faift,ils auront la vogue, & tout le monde leur
applaudira ? pourquoy fainft Paul ne leur at-
tribue-il ce titre d'homme & de créatures.'
pourquoy les appelle -il efprits? C'eft afin
que nous ne foyons point esblouis par ces
beaux titres & préfaces quand on nous dira.
Voici l'Efprit de Dieu qui parle : mais que
nousdifcernions:&fi nous auons l'efprit trop
rude & débile, que nous priés Dieu qu'il nour
donne prudence & difcretion afin de n'cftre
point abiiftz. EtdefaicV nous voyons la ne-
ceficé quieftoit que fainft Paul parlaftainfî.
Comment eft-ce que le Pape viendra aueu-
gler les poures ignorans qui font en fes filez,
°\- fous fa tyrannie ? Une dit pas que tout ce
qu'il fait, eft faufledoftrine.mais qu'il ha l'E-
fprit de Dieu en fa manche, & que d'autant
qu'il reprefente l'Eglife , qu'il ne peut errer.
Et ainfî tout ce qu'on orra de moy (dit-il) il
le faut prendre comme fî l'Efprit de Dieu e-
ftoit apparu. Voila le Pape qui nous deftourne
de la doûrine ijui nous eft certaine:!! eft con-
trainten defpit de fes dents de confeffer qut
Dieu nous a donné fa Loy , que les Propiie-
y.i.
I70
SERMON XXVIII.
ties font aursi venues de luy , que PEuagilc efl
la venté qui nou; ci\ rcueicc dev tieux : mai;
cependant il voudio.t que ccfte dottiine
fuit cnleuelie : & qu'au heu on refcoutafl:
parler, & qu'on luy obeift en tout & par tout.
Et de taicè il n'a p ouïe eu honte de dire que 11
LoyocTEuangiIc nt f -nt queiudimenv.oul'a
b c , mais qu'a faut chercher la perfcûion de
dodiine aux fiind; conciles. Voda le princi-
pe & le fondcmert de toute la Papauté. Or
donc , puis que le d'abledeuoit prendre vne
telle couleur, lia ùluau.'^.ique le. fiielesay-
ent eilé munis aupaïauantA' que Dieu ait mis
vne barre pour empekher que Satan n'cu.^ la
vogue, & que le monde ne fuft tout abylme.Il
ne taut point qu'on allègue aucune evcufe, 3c
qu'on ait pechc par ignorace: car voici iain£l
Paul qui notâmentadeclaré que ceux qui vicn
drontcômefedudeurs.qui tal'cherôtd'empoi
fonner les âmes, d'anéantir le royaume de no
ftre Seigneur lefus Chrift.d'obfcurcir la pure
té de la doiftrine,&: conuertir la vérité en men
fonge, ne diront pas Nous venons ici appor-
ter ce q bon nous femble: mais ils auront vne
qualité plus grande, c'eil qu'ils feront connue
Prophètes- de D:eu,& que tout ce qu'il; met-
tent en auant font leuelations du S.Elprit le-
quel parle en eux. Comment eft^-ce q le com-
pagnon du Pape.afçauoir Mahommet,a pro-
cédé pour mettre en auant ce qu'il a peu pour
feduire ces pourescnragez qui font abriiueziSc
cmpoifonnezde fa taulTedodrine? U dit que
le S.Efprit hiy a tout reuclé.Et le Pape quo)?
Le ferablable:ils parlét tous deux comme par
vne bouche. Or cependant voici l'Efpritde
Dieu qui déclare qu'il ne faut point que nous
foyons fi crédules pour rcceuoir fansdifcre-
tion ce q nous fera du. Et pourquoyfll ha vne
doftrine à laquelle il nous f.uit examiner tout
ce qu'on nous prellhe. Et puis, où eft-ce que
gift celle prudence L^ difcretion ? l'ETprit de ucnt, ne qu'ils y prenent quelquegouiî : mais
Dieu ha ces deux offices. Il a efté donné à no par certaine malice, d'autant qu'ils nous font
créature defefperee:qui eftceluy,dt-!e,qui Ce
vouluftainfi abandonner à Satan qumd ilau-
roit cfteaduertidecela?Et fainû Paul décla-
re ici , il nous fommes deftournez de la pure
dodrinc de l'Etiangilc , & de la (implicite qui
clt contenue en l'Efcriture faiuûe , que nous
ne fuyuons plus les horames,que nous nefbai ,
mes point de Itouniez aux créatures, mais que
le diable domine fur nous. Qjianddonc nous
oyons ce la , n'eil-ce pas pour nous tairO fre- .
m r.iSc pour dire , Helas 1 nous voila perdus &
abyfmcz , puis que le diable ha telle poflcl^iô
fur nous! Deuons-nous pas bien donc eftre
folicitez de nous tenir à la pureté de PEuau-
gile, quand nou; voyons qu'il yavn tel dan-
ger de i'en deftouri-.err'JÉt ainli aduifonsde
cheminer fous la protedlion de noibe Dieu,/!
nous voulons que le diable n'ait point de mai ,
ftrif c fur nous. Ez cepédant notons que faind
Paida ici tonné du cielfous ce mot de Diable,
pour nous monftrer que tous ceux qui fe def.
bauchent après auoir cogiiu la vérité deDieu,
qu'ils n'ont point d'excufe : caràleur efcient
ils veulent élire efciaue^ du diable,ilï veulent
eftre perdus, q';a.:d ils ne fe veulent point te-
nir fous la fmcrtun de celuy qui les a;:oi: vi-
nifiez. Et touresfois nous voyons qu'aiaour-
d'huy il ne courte rien à ceux quiontcogmi la
vericéde l'EujgiIe,de rectuoir des fauiles do
ftrines,celcur efl tout vntles vm par côuoiti- ,
fe, folle curiolité, les autres par vne certaine .
malice, les autres par detpitdes homes. levo*
piie , ne voit-on pas àrœi! qu'il y en a de fi
malins qui fjnt contens d'.ipprouuer les do-
ârincs les plus exécrables du monde , le, he-
rcfies q fynt mcfines en horreurauxPapilles,
qui neâtmoins ferôt ici reccuspar ces bôs iup
pofts de la Chreft:enté?Et pourquoy? En de-
fpit de ceux qui anoncent la parole de Dieu.
Car ce qu'ils en font n'eftpa qu'il .l'approu-
flreSeigneur Iefas,afin qu'il no° en diftnbuaft
les dons, & que par ce moyen il nous retcmft
au chemin de fahit.Et ainfid5capprcnov(fuy
nant ce q l'ay défia dit)d'examiner toute do-
ilrine à 1 Efcriturc fainde qui en eJt la vraye
touche. Et d'autant que nous fommes trop de
biles & trop grufsiers, prions noftre Seigneur
lefus qu'il no'face particip.as de l'Efprit qu'il
a rcccu,afin que nous ibyôs prudcns pour di-
fcerner entre le bié& le mal. Voila (jiiant à ce
mot d'Efprit. Or pour le fécond à i'oppofite,
S.Paul dit que telsefprits font du diable, afin
que nous foyons tant plus efpoiiantez pour
nous donner garde des fauflesdoélrines.Car,
ic vous prie, qui c/lceluyqui vouluft s'addon
ncr audiable quand il cognoirtra , Voila ton
ennemi mortel, voila le pcredc méfongcc'eft
ccluy qui a elle meurtrier desames dés Jcco-
mcncemciit.c'eft le princedc mort qui reviét
chercher pour cmpefchcr ton /âlut & pour te
ennemi ,:& fous celle coulcur-la ils s'en vont
dôner à Satâ. Et qu'ils y foyét du tout,&qu'il
en prene telle polFelsiô, qu'ils loyêt en exem
pie à tous ceux qui ne font point du tout in-
corrigibles. Les autres par vne légèreté vola-
geicar l\ toflqu'vn vent foufdc, ils le vont hu-
mer .Et ccpciidant ils ne ptnfciit pas à ce qui
efl icidit, qu'en ce failàntils fe mettent en la
polTelsion de Satan , ils luy f .mt hommage
comme à leur maillrc & i ccluy quia domina
tion fur eux. Nous aurons en abomin.ition les
fjrciers : &àbondroit. Or tous ceux qui rc-
çoyucnt ainfilesfauflesdoftrincs , fontfcm-
blables .à eux .d'autant qu'ils s'addonncnt à
Satan. Pourrons-nous contredire à celai" Nen
ni : ou le fiinft Efprit feroit menteur en ce
paflage. Voila donc ce que nous auons àjio-
tcr.Et au refte.qiiand faintl Pauldit que ceux
qui fe reuoltcnt ainfî, efcoutent les elprits
forciers, & des doûrines du diabJe.il monftre
pcrdreifi tu luy prcftes l'aitreiUcte voila vne par cek qles homes font enforceJez du tout,
quand
SVR LA. I. A TIMOTH.
»7i
^»Mi;(I ayan< cognu Dieu (comme Jefîa nous
allons dit ) ilsk- Jailftnt ainfi ftduire i leur
tfciét.Carl^-cognoilTacede Dieu feroit touT-
iours vne fortcrtfle inuincible, que le diable
ne pourroit taire nulle brcche pour entrer à
nouSilinôqde iious-mefmeçnous luy vinfsiô'i
ouurir la porte pour nous afiliiettir aluy.Il ne
tient donc finon à faire bon guet , que nous
ne foyonî à (auueté,& '^le Dieu ne nou? pre-
fcrue luliju'en la fin. Mais quoy ? iaicd Paul
monltre tjui en cft caufe.Il ell vra y que ce paf
JÙgc ne fe pourroit pas maintenant nu tout ex
poferrmais lî faut-il neantmoinv oue nous en
diiîonsvnmot. Car quand il dit que ceux-ci
viuent en hypocrifie , & qu'ils ont leurs con-
fciences cauterizees , il monftre que les fedu-
fleurs qui apportent les doârines baftardes,
& qui corrompent la pure veritcde Dieu,que
ceux-là ne demandent qu'à efteindre la^lar-
tédevie. Et pourquoy ? Pour-ce qu'ils n'ont
point de droiture ne rondeur en leur coeur,
qu'ils voyent qu'en approchât de Dieu il faut
qu'ils renoncent à cux-intrmes,& qu'ils chan
^ent de volonté & de raifon & de tout. Ho,l1
n'eft point queftion de receuoir celaicar c'efV
vne choie difficile à l'homme que de fe quit-
ter foy-mefme. Et poiirce que nous ne pou-
uons point venir à Dieu finon eftans defpou:!^
lez de nos affeûions & cupiditez mauuaifes,
& de tout ce qui eft de noftre nature.voik les
fedudleurs qui s'entortillent comme des fer-
pens.Ih feront bien fembLît de venir à Dieu,
mais ils s'en recuUent cependant : ils feront
beaucoup de circuits.mais ce n'eft point pour
s'auancer. Voila donc qui eft caufe que les fe-
dufteurs n'approcheront lamais de la clarté
de l'Euangile. Or comme faint't Paul note ici
la caufe qui incite les feduiîeursà peruertir
labonne doftrine & pure, aiif?i d'autre part il
lignifie que ceux qui les efcoutent &: qui s'ad-
donncnt à eux, & fe laiirent desbaucher, font
aufii bien pleins d'hypocrifie,& qu'ils ont
vne coufcience brûlante, qu'il n'y a que mau-
uaiftié en eux , tellement qu'Us veulent fuyr
Difi.',& mettre des voiles entre deu» a^nc Je
peuiK-nt regarder en leur mauuaire co'nfcien-
ce. Voila donc comme l'Euangile a efté per-
uerti de tout temps: Scauiourd'huy nous voy
onv encore le ftmblable,qui ert bien à noter.
Mais pource que nous ne pouuons pas dédui-
re le tout, qu'il nous fiiffife maintenant de fca
uoir que ii nous voulons ef>re munis «ontre
toutes les aftuces & embufches du diable, fi
nous ne voulons point tomber en fes filets,
mai'; ef>re retenus en l'obeiflancc de Di*i , il
nous faut en premier lieu nousdefpouiller de
ton ces teiiitifts , renoncer à toute hypocri/îe
& fiôion,afin que nous puifsions nous addon-
ner à Dieu en toute (implicite pour fuyure la
pureté de fa Parole. Et ceperidant que nous
ne foyons pas negligens à difcerner la pure
doftrined'auec la faufle : Si pour ce faire que
nous prions Dieu qu'il nous donne vne tell«
vigilance que nous ne puifsions eftre feduits.
Voila, di-ie,ce que nous auojis à faire, lî nous
voulons que cefte admonition qui nous eû ici
donnée parle fainfl EfpritjBous profite,&
nous férue à falut-
O R nou':-noBÇ proffernerons Jeuanl la fit
ce denoftre bon Dieuencognoiflancedeno»
fautes,le prians qu'il hiy plaife les abolir tel-
j£Biént,que nous puifsions nous addreflèren
pleine confiance à Iuy,comme il luy a pieu de
nous y appeller en la perfonne de noftre Sei-
gneur lefus Chrift.Et comme vne fois il s'eft
approché de nous en iceluy,& qu'il eft defcen
du iufqu'ànos miferes,&s'eilmefmes anéan-
ti pour nonseleuerauciel,que toufiours il fa
ceceftofEce de nous recueillir à foy telle-
ment que nous iouiisions de la certitude
de fa grâce & de fj bonté , ne doutans point
que toufiours il ne nous conduife par fora
fainûEfprii , pour nous faire approcher de
plus en plus de luy iiifques àce qu'il nous art
pleinement conioints au dernier iour. Que
non feulement il nous face cefte grâce , mais
aufsi à tous peuples & nations delaterre,&c:.
SECOND SERMON SVR L E Q^V A-
TRIEME CHAPITRE,
I Or /' Ejprit dit notamment, qu'es derniers temps aucuns fc rC"
uolteront de ldfoy,s'amifans aux ejprits trompeurs, (^ auxdoBr'mcs
des diables.
1 Varlhypocrifie de ceux qui parlent menfonges , ayans leur
conjcience cautérise a
3 DefendaTisJcy marier, commandans de s'ahjlenir des Viandes
que Dieu a créées pour en yifcr aucc aïlion de grâces aux fidèles, ^ à
ceux ^ui ant cognu la Mérité*
SERMON XXIX.
^■^^5? Ou« auons déclare cideflîis
Q&, que tous ceux <jui preten-
S^fy. jgj^j (jg feruif à Dieu en ap
parence & par cérémonies
I externes, ont leur confcien
ce comme nauree , qu'il n'y
a pomt de pureté ne droitu
re en eux. Car celuy qui chemine droitement
.&en rôdeur âc integnté.approchera de Dieu,
fainft Pauhmais le principal eftd'en tirer vfle
règle générale pour l'appliquer à toute no-
ftre yie.Voulôs-nous donc fefuir Dieu eh vé-
rité? Entrons en nous, fondôs ce qui elt caché
en nos cœurs , 3c faifons vn bon examen &
droit. Si nous Tentons que noftre nature tend
à feintife , & que nous appelions de nous ac-
quitter légèrement enuersDieu, cognoiflons
que c'eft vn vice mefcbant,& q noltre confcié
non point par lôgs circuits, mel'ines il fe con ce cft comme bruflee d'vn cautère quâd nous
formera à ce qui eft contenu en la Loy , ou
Dieu demande vn feruice fpirituel.c'eft afça
uoir que nous cognoil'siôs que tout bien viét
■ de luy, afin d'elhe appuyez fur fa bôté & d'y
mettre toute noflre confiance, que nousl'in-
iioquions ayans tout noftre recours à luy, que
nous fouffnôs d'eftre gouuernez par fa main,
& par fon fainft Efprit , renonçans à toutes
nos afftftions mefchantes : que nous viuions
auec nos prochains en droiture i'ansnuireà
perfonne,tafch.is de profiter à tous, que nous
fbyons fobres & chartes. Voila donc celuy
quia fa confcience pure,tendiadroit à Dieu,
& fe conformera au feruice fpirituel qui nous
eft monftré en PEfcriture fainâe. A l'oppo-
fitCjCOUS ceux qui ne font que tourner ài'cn-
tour du pot,& veulét s'acquitter enucrs Dieu
par des cérémonies &des menus fatras, mon
firent qu'ils ont vne arrière-boutique U de-
dans, & qu'ils ne la veulen; point defployer:
& combien qu'ils tafchét de côplaiie à Dieu,
toutesfois fi ne veulent-ils point approcher
de iuy.ils feroyent contens de dire, Faifons
treues enfemble , & que nous ayons quelque
moyen de nous accorder. Mais cependant fi
eft-ce qu'ils fe veulent tenir à part, & ne veu
lent point eftre côioints & vnis à Dieu en vé-
rité. Et c'eft vn article que nous deuons bien
noter, non feulement afin d'entendre ce paf-
fagede faind Paul, mais pour régler aufsitou
te noftre vie. Sain>îl Paul dit ici que ceux qui
défendront de manger certaines viandes , 8c
qui défendront le mariage, ont vne confcien
ce comme bruflee d'vn cautère, c'eft à dire
qu'il y a vne rongne & vne vermine , & vne
pourriture en eux , tellement qu'ils ne font
point paillbles enuers Dieu. Et pourquoy ce
la? llidiouHeqt'ils {>rononcent meitfonge en
hypocrife : comme s'il difoit , qu'ils ne cher-
chent point le vray feruice de Dieu & natu-
rel,mais qu'ils le defguifent & le contrefont.
Notons bien donc , quand les hommes fe de-
ftourncnt ainfi à des inuentions friuoles , 5:
qu'ils y conftituent le leruice de Dieu , qu'il
n'y a que feintife en eux, qu'iln'y a point d'in
tegrité , mais qu'ils font double!» , & mcfmcs
pource qu'ils ont des apofttimes cachées là
dedans, ils ne dem.ident linon des cmplaftrcs
pour couurir l'ordure: & au lieu de chercher
vne viaye médecine , ils font caufe de faire
tout pourrir,& que le malcroupiflelà dedSs,
& qu'il s'augmente de plus en plus. Or main-
tenant nousauons l'intelligence dcce lieu de
n'auôs point de fimplicilé, de droiture, ne de
pureté U dedans. Ainfi deuant q paflèr outre,
aduifons de purger ceftefeintilc q nousauôs,
laqlle Dieu Teiette,& ne peut foutfrir. En fai
faut cela nous méditerons droitemét le ferui-
ce qu'il nous cômande, c'eft afçauoir qu'il eft
fpirituel. Or nous entédons le feruice deDieu
eftre fpirituel, d'autant qu'il ne gift point en
des menus bagages, côme de ne point manger
chair vn tel lour.d'aller en pèlerinage, de oar
boter,de faire tels agios , d'vferde telles cé-
rémonies: tout cela n'cft que badiner, ce font
ieus de petis enfanv.Et ne penfons pas q Dieu
s'en contente, car il n'eft pas charnel comme
nous: fi cela nous femble bon.nepéfonspas q
Dieu fe transfigure pour côpiaireà nos appe
tits:car félon qu'il cftefpiic.il veut eftre aufsi
ferui en efprit & veiitc. Et c'eft la fentéce de
noftre Seigneur lefus Chriftau quatricmedc If«4--Î>
fainéHean:il nous ramené à la nature de Dieu
qui eft toute diuerfe à la noftre:iSc c'eft afin de
corriger ceft abus duquel les homes s'abrutif
fent à leur efcient:car ils fe trôpent en fe fai-
fant à croire que Dieu ne reiettcra point ce
qu'ils approuuent de leur cofté . Or c'eft vne
pure mocquerie , d'autant que nous fommes
charnels,& Dieu ell fpirituel. Il ne faut point
donc cuider qu'il accepte ou ait agréable vn
feruice qui fera feulement en belle apparéce,
& qui n'aura que le dehors: ne pcfonspasque
Dieu s'amufc là, car il demande la vc rité . Et
qu'eft-ce? Côme l'ay défia dit, qu'après auoir
fondé toute noftre fiance en luy, nous l'inuo-
quions, & qu'il foit noftre feul refuge ; & que
nous aduifiôs d'cftrc ûnûifiez pour nous dé-
dier du tout. \ fa volonté, que nous foyons mo
deftes, purs, &chaftescnnoftrevie,que nous
viuions en vraye loyauté auec nos prochains,
fans nuire ou"faire fraude ou violence à pcr-
fonne : & qu'il nous fouuiene aufsi que Dieu
demande luftice, & iugement , & mifericordc.
Et puis en l'autre paflàge du Prophete.Q_ifil Ofee 6.6
veut mifcricorde & non point facrifice : qu'il
veut eftre ferui à bon elcicnt ,& non point
en ces menus fatras que les hypocrites in-
uentent , comme s'ils le vouloyent payer en
monnoye de petis enfans:ne penfons pas,
di-ie , que Dieu fe vueille conformer à notis
en ces petis badinages, car il demande la pu-
re vérité . Voila dore comme nous deuons
appliquer .i noftre inftruftion cefte ftnten-
cc de (ainft Paul,où il dit. Que ceux qui p.tr-
lent en hjifocrife,oat leur conjlience bmf-
ler
s V R L A I. A T I M O T H. ijj
Ut Vtmmi ifn cautirt. Voulons-nous donc té:que nous apprenions de nous arrefter plei
auoir vne pure doârine pour bien régler no- nemét 3 ce qu'il ordonne, que nous fçachiont
ftrevie? Qup nous cognoifsions qu'en pre-
mier lieu noftre Seigneur veut pofledernos
affeûions & comme nos entrailles, qu'il veut
U régner & auoir fon fîege. Et ainfi mettons
peine & efForçons-nous de nous nettoyer de
toute feintife, que nous ne foyons point dou
blés: & quand nous fentirons que noftre natu
re nous tire tout au rebours.qiie nous ne con
Tentions point à cela , & ne nous y complai-
fons point , mais purgeôs cefte ordure qui eft
là cachée au dedâs,& ne fiifons point des em
plaftres.oudescouuertures fnuoles. Quand
nous en feronsainiî, nous n'aurons plus vn
feruicedefguifé ne baftard.mais nous aurons
ce fcruicefpirituel qu'il ordonne enl'Efcri-
ture fainde:& alors nous ferons afleureï que
noftre vie luy fera agréable. Et en cela peut-
on difcerner fi la doûrine que nous portons,
quant au feruice de Dieu , eft vraye ou non,
quand elle fera comparée auec celle des Papi
ftes. Il eft vray que les Papiftes fe tourmen-
tent beaucoup pour feruirà Dieu, mai': cepen
dant que font-ilsî" A quov eft-ce qu'ils s'ap-
pliquent finon à des bagages que noftre Sei-
gneur n'aiamais requis, &le)"qi.iels pluftoftil
condamne^Il faut feruir Dieu, diront les Pa-
piftes. Sur cela il n'y a ne fin ne mefure , ils
font comme forcenez après leurs folles deuo
tions.MaisquoyfUs barboteront deuît leurs
marmouzets.ils ferôt chanter des Meffes, ils
fonderont ceci ou cela, ils trotteront en pelé
rinage, ils courront d'vn autel à l'autre , il y
aura l'eau benifte d'vn cofté , le luminaire de
l'autre, il y aura les pardons & indulgences, il
y aura cefte fiiperftition de s'abftenirde inan
ger chnir vn tel iour , de taiie fefted'vn tel
fainft , d'auoir beaucoup de faicerics quand
tout eft dit. Or fainâ Paul nous a voulu decla
rerque quand on cherche de telles façons
obliques pourferuir Dieu , & poui luy com-
plaire , c'eftvn certain fignc& approbation
que laconfcience eft bruflee , & qu'il y a vne
ordure cachée là dedans. Et pourquoy? Car
c'eft corrôpre & deprauer le vray feruicede
Dieu,lequel(corame i'aydit) conlifteen cho
fes plus grandes . Il eft vray que les hommes
fe plairont en cela:& nous voyôs de fait coin
mêles Papiftes font enyurcï en leurs folies,
& ccmme ils s'y flattent , & y font endurcis
& rebelles contre Dieu. Mais que gagneront
ih? Car quand nous voyons que Dieu, qui eft
efprit , veut eftre fcriii d'vne autre £içon que
celle que les hommes inuentcnt.que profite-
rôs-nous de nous deftourner de la règle que
ils nous ado Miee? Et ainfi apprenons de ne
nous pointg.uuierner à noftre guife.car c'eft
vn abus , c imme nous auons dit. Cependant
donc qu'ciUce que nous prefth5s?Q_ii'jl faut
que poiir ben adorer Dieu nous luy appor-
tions n fart cœur voire que nouv ayons no-
ftre fianct du tout fondée fur luy ,&«i là bon
te:'
nemec acequ 11 oraonne, que nous iça
que pour le bien ferurr il nous faut déporter
de toute noftre raifon & prudence charnel-
le .qu'il ne faut point lafcher la bride i nos
cupiditez&defirs,mais qu'il nous fautrepo-
fer de nos ceuures afin qu'il nous gouuerne,&
qu'il befongne en nous par fon fainû Efprit,
que nous ne parlions de iuy qu'en toute reuc
rence , Se quand il nous viendra en mémoire,
que ce foit pour luy attribuer toute iuftice &
gloire. Et puis que nous viuions auec nos pro
chains honneftement , fans faire tort à nul,
que fclon le moyen qui nous eft donné, nous
tafchions de profiter à ceux qui ont faute de
noftre aide:brief,que nous foyons hamains 8c
pitoyables, & qu'il y ait équité en no* &droi
ture. Voila ce que nous prcfchons en fomme.
Orde l.\ on peut recueillir que nous ne déli-
rons que d'attirer les hommes à la Loy que
Dieu a donnee,& d'y conformer leur vie. Ain
fi donc il ne faut point longue difpute pour
cognoiftre fi tout ce qu'on appelle feruice de
Dieu en la Papauté , eft vnechofeJkoDne&
fain£le,ou bien fi ce n'eft qu'ordure que Dieu
condamne , & qu'il a mefiiies en exécration.
Or âpres que faindt Paid a parlé ainfi, il adion
fte deux efpeces de ces doélrines qu'il auoit
condamnées ci deirus,c'eftafçauoir,Quedes
trompeurs qui voudront forger àleurpoftc
des nouutaux fcruices de Dieu , défendront
(dit-il)/f mariage , (<r les yiandes. Or hinGt
Paul a déclaré que c'eft ici vne prophétie "er
prefle. Et pourtant il a aduerti non feulemêt
ceux de fon temps , mais tout U monde , afin
qu'on fe gardaft de telles tromperies.Main-
tenant regardons fi vn tel aduertiflement de
Dieu tant clair & patent a profité comme il
deuoit . Mais au contraire , tantoft après la
mort de faind Paul font furuenus des héréti-
ques qui ont accompli cefte prophétie. Or il
ne faloit point trduuertela eftrange:car puis
que le fainû Efprit l'auoit prononcé.il faloic
qu'il enadueinft ainfi. Mais nous fommes fur
vn autre article ,afçauoirfilemondea veillé
& a fait bon guet pour ne point eftre feduic
& trompé par telle feintife. Or nous voyonj
que tous quafi fe font desbordez comme fi ia
mais il n'y euft eu inftrudJion pour remédier
à vn tel mal. Voila les hérétiques qui ont con
trouué que les viandes ettoyent à euiter,voi-
re certaines efpeces : & mefines aucuns ont
condamné les viandes , finon qu'elles fuflent
comme en forcelees& charmées . Les autres
ont défendu le mariage comme vne foailleu-
re & vne pollution:les autres ont eu certaine
deuotion pour s'abftenir de telle forte de
viandes. Voici le fainft Efprit qui fe monftre
véritable. Mais cependat.en ce que beaucoup
fe font laifle abufer par ces trompeurs-ci, 8c
v\ qu'ils ont enueloppé en leurs faulTes doâri
nés beaucoup de poures .imes,qu'il y a eu des
feâes qui les ontiuyuis , en cela voit-on que
y.iii.
»74
SERMON XXIX.
le monde n€ demande fînon d'eftre trompé
de fon bon gré. Si feulement il y eiift eu des
hérétiques qui eufTent amené tels erreurs,que
il ft; faloit abftenir des viandes, que le maria-
ge eftoitvne chofe pollue: &bié,on euftveu,
Nousauonseltéadmoneiki par l'Efpritde
Dieu : il nous faut donc donner garde. Mais
quand il y en a beaucoup qui fe tranfportcnt,
& qui reiettent raduertifleraent de S. Paul,
qui fe laiffent ainfi feduire , en cela ne co-
gnoift-on pas que les hoipmes fe creuent les
yeuï d'eux-mefme$,& qu'ils efteignét la clar
té qui eftoit pour les conduire au bon che-
min, & qu'ils demandent d'errer & vaguer çà
& là? Or ( comme i'ay défia touché ) on co-
gnoift par les hiftoires que ces mefchans-la
ont eu grade Aiite & longue queue,que beau-
coup fe font laiffé corrôpre par eux. Et mef
mes il n'y apointeuvne feule fefle : mais
<}Uand on regardera bien les hiftoires , iJ y a
eu plus d'vne douzaine de fefles qui ont ten
du 9 ceftc fin-ci : & combien qu'elles fiifTent
diuerfes,& qu'ils euflent des principes eftran
ges,& qu'ils iècontrediflcEt en beaucoup de
chofes, fi eft-ce que tous ont eu cela, de vou-
loir (feruir Dieu en s'abftenant des viandes &
du mariage : &mefmes aucuns d'eux fe font
intitulez de titres qui emportoyentcela,En-
çratites,Continens : comme nous voyons les
Moines & les Prcftrcs en la Papauté , qui di-
ront qu'ils ont le vœu de continencc,pource
qu'ils reiettent le mariage. Ainfi en a-il efté
de ces hérétiques anciés,qui n'ont point eilé
depuis cinq cens ou mille ans, mais tanloft a-
presle tépsde^ Apoftres-.où mtfmes s'ils ont
vefcu deuat que tous les Apoftres foyent dé-
cédez du monde , tant y a qu'à grand"" peine
PEuangile eftoit-il encarts femé, qu'il eftoit
encore: «n herbe , que la foy eftoit encores
bien debilcjvoila le diable qui femeces ziza-
nies parmi, & brouille & corrôpt la pure fim-
plicité de la pure doftrine de Dieu. Car voila
vne feue des Encratites d'vn cofté , & beau-
coup d'autres , Icfquelles il n'eft ia befoin de
nommer ici, car cela ne feruiroit qu'à mon-
tre & à parade : mais ceux qui font exercer
aux hiftoires , fçauent bien qu'il y a eu plus
d'vne douzaine de feftes : & cependant il n'y
auoit qii'vne poignée de gens qui creuflcnt à
l'Euangile,au prix de la multitude infinie des
incrédules. Ne voiia point vne choft horri-
ble , que le diable ait vne telle vogue d'auoir
ainfi tout corroinpu?Les hommes pourront-
ils auoir aucune excule qu'ils ont efté igno-
rins, & qu'ils ne fçauoyct pa'i que c'efto't de
tels erreurs,qu'ils n''cn auoyent point efté ad
uettis , &quc iamais ils n^e*ilTc'nt efté eiifti-
gncz de la volonté de Dieu? pourront-ils a-
mencr telle excufe?CarIe faind Efprit a don
lié ccfte prophétie cxprelTe , il a ciic à haute
voix qu'on fe dannaft garde de tels trom-
peurs. Et cependant voici les hommes qui
«ntdefpicé Dieu à leur efcient,quand ils ont
reietté l'admonition qui leur eftoit faite fi
«laire & fi patente. CognoilTons par ccla,c5-
bienque nous tafchions de nous ccuurirda
titre d'ignorance pour auoir quelque fubter
fiigedcuantDieu , que cela n'eft finonnous
couurijrd'vn fac mouillé. Et pourquoy? Car
nous appelons de nature d'eftre ftduits:&de
fait, nous ne pouuons fouffrir que Dieu nou»
gouuerne. Et la rai fon? C'eft ce cautère qui
nous brufle là dedans quand nous auons vne
mauiiaife confcience. Et d'autant que Dieu
fonde nos cœurs , & qu'il veut que nous ve-
nions àluy en toute rondeur.voila pourquoy
nous appetons d'eftre trôpezrcar noftre hy-
pocrifie nous poulie là, de tourner à l'entour
du pot , afin de ne point approcher de Dieu,
& n'adhérer pleinement à luy. Puis qu'ainfî
eft, ne penl'ons point que ce titre d'ignor.îce
nous doiue feruir de couleur , & n'abufons
plus des vains fubterfuges pour excufer le
monde en fa phrenefie & en fon aueuglcmét.
Car il eft certain que toutes les herefies qui
ont regné,& régnent encores auiourd'hny en
la Papauté, procèdent d'vne iuôe punitionde
Dieu, d'autant que les hommcs(comme nous
auons veu en l'epiftre aux Thellàloniciens) i.Thiff.
ne pcuuent fouffrir que Dieu les efclaire . Il i.*,î.
faut donc qu'ils foyent enferrez en troubles.
Voila quant à ce poinft.Au refte notons, com
bien que les hérétiques dont il a efté parlé,
ayeni cft^é condamnez par ceux qui auoyent
quelque crainte de Dieu , toutesfois fi eft-ce
qu'ils ont inftdc de leurs erreurs tout le niô
de, qu'il y en eft demeuré trop plus de refidu
qu'il n'eftoit à fouhaitcr.Q^'ainfi foit,ceax-
la mefmesqui les ont côdamnei, ont efté en-
tortillez en partie parmi eux. Viay eft qu'ils
ont eu toufioursen deteftation ce qu'ont dit
& les Encratites ( dont nous auons parlé ) &
leurs femblables , qu'il fe faloit abfttnirdes
viandes.Card'impofer loy.&dire, Vne telle
viande eli pollue, & quiconqucs en mange, ell
fouillé & contaminé deuat Dieu^c'eft vn blaf
pheme infupportable. Ceft orgueil-la donc
d'impofer telle loy a efté condamné. Autant
en eft-il du mariage. Mais cependant fi eft-
ce qu'on a eu quelques folles deuotions, pour
dire qu'il eftoit bon encores de s'abftenir de
certaines viandes pour feruir à Dieu. Or Sv
Paul condamnera ccft erreur & cefte iupct-
ftition ci après Amonftrera que c'eft entores.
vn fccôdabus.Ainii nous voyÔs que cefte in-
feftion a efté efpâdiie tellcinét que t-ousqiia-
fi ont eu quelque tache & macule de ces îaul
fesdoftrincs: non pas qu'ils y aytm confenti
pleinement , mais tant y a qu'ils en ont eité
fouillez , & en i.& demeuré quelque t^fidu eu
eux. Le nul ceprixiant s'cftaugnienté:cai-en
la. fin cefte malédiction a gagne , & eft venue
au dclTus, qu'on a trouué bon de s'abftenir de
ccrtaiiies viadcs eu certains iours. Le vendre
di, en rhoueurde la pafsion de Icfus Chrift,
U ue fera f oint licite de manger chair. Api et,
lefab
SVR LA I. A TIMOTH.
le fabmedi eft venu , comme U fuperftition
croill, & quand die a commencé à pulluler,
ce n'elt iamais fait. Voila donc comme le dia-
ble en la fin a eu la viûoire, qu'on a défendu
les viandes en certain iour. Et puis le maria-
ge a efté condamné quant au Clergé, & a-on
cuidé que s'il y auoit des Moines &: des Non-
nains qui feillent vœu de continence, cela e-
ftoit vn facrifice agréable à Dru, & vn orne-
ment de l'Eglife. Et là deffus on a crtimé que
le mariage fuft vne pollution, & que ceux qui
deuoyent adminiftrer les Sacremcns,ne dtul-
fent pas eftie méfiez parmi vne cbofe infeâe,
& qu'ils ne pouuoyent eftre fandifiez à Dieu,
finonen renonçant à compagnie de femme.
Voila donc comme, nonobflant l'admonition
du fainûEfprit, les hommes de leur bon gré
fe font aueugkz, & font entrez en ce labyrin
the:& combien que Dieu leur tendilt la main,
& qu'il les en retiraft, touteSlois ils ne l'ont
pas voulu efcouter. (iue maintenant on aille
dire.Htlâs, & ceux qui font du commun peu-
plefaut-il qu'ils foyent damnez , pour n'a-
uoir point tenu vn bon moyen , artendu que
leurintction eftoit bonne? Voire?qiiand Dieu
a decla: é iju'obtiflance vaut mieux que facri-
fice, Ici h'jmmei nonobftant au lieu d'obéir,
veulét fane ce que leur cerueaii portc:& quSd
Dieu les adueitira. qu'ils le defpitent, qu'ili
s'en mocquent, qu'ils crachent contre toutes
ces admonitions comme par difpit. qu'ils ail-
lent tout au rebours & à l'oppolite de tout ce
qu'il leur a commandé ; quelle excufcy a-il
en cela .- Ainfidonc, il eù certain que l'igno-
rance qui a efté depuis leconimencln-.eut.n'a
iainais efié fias orgueil & fan; rébellion : Se
Ceft orgueil-la aulsi eft coniomt auec hypo-
ctilie, & a vne confcience maiiu.i.fe, & pleine
d'ordure, & laquelle ne peut louifiir d'eftrc
purgée. Voila donc ccme nous auons à confî-
derer ce qui cft auenu, voire afin de cheminer
fongneufement en la crainte de ITieu: & d'e-
/Ire attentifs à l'.iJmonition qu'il nous dône.
Car li nous fomnies dociles, & que n<.us puif-
iions porter d'tftre enfcignezde Dieu, il eft
certain eue laniaiv nous ne pourrons errer. Il
nous fci.i bon côdiitti-ur it fidèle, mais il faut
que noi:s ayons les aiircilit- ilroflte<; pour re
ceuoir la doctrine qu'il nous dcne,& fur tout
cjuand l'cxpcnence nous y conduit , que nous
voyons C'jinnic ceux qui ont mci'prife les ad-
uertiiremens du famct £fprit,fe font trâfpor-
tez en tant d'hereiiirs, qu'ils i"e fjnt attramez
tn perdition, voue fous couuerture de pieté.
Quand nous voyons cela, d'autant plus nous
faut-il eflre fur nos gardes , afin que nous ne
foyôs point aueuglez par Satan,& feduits par
les altuccs des hommes,& qu'ils ne nous mè-
nent point à la pipee, mais que nous fuyuions
la v€rité de Dieu qui ellvne règle infallible.
En la fin nous voyos encoresde noftre temps
comme le diable règne en la Papauté.en forte
que li le fetuicc de Dieu ne fera qu'en menus
Ï7Î
fatra';, & en ces ordures que fàinSt Paul con-
damne. Et notamment ces deux efj:eces qu'il
touche ICI au doigt Jious doyuent feruir d'v-
ne pleineapprobation.queles Papiltes n'ont
autre maiftre que le diable, &que tout ce que
ils appellent feruice de Dieu , a efté forgé &
bafti en la boutique d'enfer . Vray eft qu'ils
s'excufent fous ccfte couleur qu'ils ne défen-
dent point fimplemét les viandes, 6c qu'ils re
condamnétpas aufsi fimplcmcnt le mariage.
Voirc,ma!s les hérétiques anciés ont-ils aufsi
iîmpiement défendu les viandes? Car c'etift e-
fté couper là gorge à tout le morde s'ils euf-
fentainli fait..Sainâ: Paul doncdifant que ces
tiôpeurs cond.incront les viandes, fignifie que
ils auront des charmes &: des façons de for-
celleiicspour reprouuerles viâdes,comme û
d'elles-meûnes elles n'eftoyent point pures,
qu'en mangeant certaines efpeces on ne peut '
pas manger des autres, que cela ne tuft point
licite, Autant en eft-il du mariage. Et de fait,
la prattique nous monftre afTezquela chofe
eft du tout telle que iedi. Maintenant donc,
quelle cxcufe auront les Papiftes quand ils dï
ront qu'on ne mangepoint chair le vendredi,
ni enCa.cfme.ni en toutes les veilles de l'an,
ou la chair eft défendue ?ne voila point vne
p.)llution qii'ils mettent en la viande, cébien
qu'on en piiifle vfcr en d'autres iours? Mais fi
la vi.îde de foy eft pure & nette, pourquoy ne
f. la-il point licite d'en manger le vendredi
comme le Dimanche? Qjielle raifon y a-il en
ccla.tinon qu'ils ont conccu vneihiagination
faulTe & maudite pour condâner la viande que
Dieu a créée? Et puis, ils ne fe font point feu»
kment contétez de cela.mais d'eftablir vn fer
uice de Dieu à la polie & fantafie des homes.
Voila vne chofe que le fainft Efprit reprou-
ue, quand on met ainft vn licol fur |es [côfcien '
ces, pour les obliger à ceci ou à cela. voila eni-
cores vne doftrine diabolique.Or que les Pa-
piftes le f2cét,il eft tout notoire:il n'y a point '
donc d'exciifepour eux. Et aufsi du mariage,
quand ils le détendent àcetix de leur Clergé,
n'tft-ce pasautat comme fi ccft eftat n'eftoit
pas fainclpour feruir à DieufComme de fait, '
ils n'ont point eu honte de l'appeller propha '
ne.Et mcfmes voila vn Pape qui a bien ofédef
gorger ce blafpheme diabolique ( duquel ils
ont fait vn Canon)Ciue ceux qui eftoyent en
la chair.ne pouuoyét plaire à Dieu:& ont rap
porté cela au mariage.l'eftimant comme pol-
lu:& pourtant l'ont-ils défendu . Si le diable
eftoit viCble au monde,oferoit-il blafphemer
plusvileinement que cela? Ainfi donc, il n'ell
plus queftion que tous ces fubterfuges puif-
fent rien valoir pour les Papiftes. Quant à
ce qu'ils difent. Ho, cène forames-nous pas
defquels le fainct Efprit a prophetizé . Car
voila vn tel heretique.Tatian, qui^ftauthew
d'vne telle fcfle . Et les autres hérétiques ■
n'en pouiioyent-ils pas dire autant , comme
les Cathariens, & Montaniiles ? Et finAlc^
y.iiii.
176
SERMON xxrx.
l
I.
ment les Manichéens ne pouuoyent-ils pas lonté.ains de cognoiftre, Dieu a-il comman-
dée chacun en leur temps, Ho , ce n'eft pas dé cela.'il le faut donc faire. Dieu l'a-il defen
nous defqucls fama Paul a parlé , c'efl-dVn du.'il le faut fuir. Voila les hommes qui leue-
tel.Et fur cela ils fefuflènt renuoyez l'vnà ront les cornesiS.- quandils auront ferui Dieu
Tautre.Et feront-ils neatmoins excufez pour à leur fantafie.qu'ils aui ont fait des loix à leur
cela? Nenni: car Dieu eit iuge fans acception porte, ils voudront que Dieu trcuue bon tout
deperfonnes, &ilaenueloppéenvne mefme cela: & qu'il accepte leur façon de viure que
condamnation tous ceux qui voudront feruir ils auront baftie en leur cerueaii, & où eft-ce
en hypocrifie, qui inuenteront des feruict s à aller cela?Ho,c"eft vne chofe trop facree que
leur porte : tous ceux-là font ici. condamnez le feruicede Dieu. Et cependant nous vien-
par le fainct Efprit : il n'ert point ouertion d' drons-nous ingérer à le peruertir , & faire
vn homme ou d'vne feile, mais il eit queftion tout au rebours, fous ombre de dire, Cela me
de la doûrine telle que Dieu veut eftre obfer plairt : il faut donc que Dieu y foit afluietti?
uee, &de fuyure le chemin qu'il nous à mon- Ne voila point le diable qui tranfporte les ho
ftré. Voila l'hypocriiîe qui aueugle leshom- mes.quandilsinuententainfi des feruices de
mes, quand ils veulent cercher des aides ex- Dieu ? Et puis, notons encoresque noscon-
ternes,afin de ne venir point droit à Dieu, fcieiices" doyuent eftre tenues en certe pure
mais de tourner à l'entour du pot, corne deiîa lîmplicitéd'obeir àDieu.Orquand les hom-
nousauons dit qu'on en fait en la Papauté. Et mesrepouflcnt tout cela, & que leurs inuen-
ainfî cognoiflons la grâce que Dieu nous a fai rions font obferuces au lieu de ce que Dieu
te, quand il nous a retirez de tels abyfmes,& commande:ne voila point Dieu qui ertdebou
p'iî nous a monftré que ce n'ert pas en telle té de fon droitrEt cependant les Papirtes en-
açonqi^il veut eftre honoré de nous . Mais coresdiront que c'eft humilité • car c'eft vne
ici on pourroit faire vne quertion, Afçauoir vertu louable de ce qu'ils veulent obferuer
comment fainû Paul a parlé fî afprement de les comniandemens de l'Eglife.. Et c'cft vne
telles loix,qui femblent ertre de petite impor humilité plus fiere Se plus arrogante que tous
tance. Prenons le cas que les hommes qui ont les orgueils du monde. Et pourquoyrlls vien
inuété qu'il fe faloit abftenir de mager chair, dront defpiter Dieu,& comme luy cracher an
que le mariage eftoit poilu, ayent efté trom- vifage.pour s'aflliiettir & complaire aux hom
peurs ( comme l'Efprit de Dieu les appelle) mes. Et fur cela ils feront humbles,voire com
mais cependant que ce foit doftrine diaboli- me le diable. Ainfî donc , notons bien que ce
quelEtpourquoy ? y a-il fi grand mal de dire n'eft point fans caufe que fainft Paul appelle
que Dieu'foit fetui en cela,encores qu'il y ait ici doOrine des diables, de penfer feruir Dieu,
de la fuperftition & de la folie? Et bien,ie fe- en s'abftenant de manger de certaines vian-
ray tela de fuperabondant, quand le neman- des. Il y a pis encores, c'cft qu'on veut faire à
geray point chair le vendredi, ni en Carefme. croire à Dieu, qu'il fe paflera bien du feruice
Il eft vray que cela ne fera point neceflàire, fpirituel qu'il a commandé . Les hommes fur
mais ma deuotion y ert : & puis que cela n'eft cela fe donnent licence de mal faire, ils font
d'efendu,encores que i'aye liberté d'en vfer.fi pleins de fraude, pleins de defloyauté , pleins
ert-ce que ie m'en abftiendray. Et quand l'y de malice, pleins d'outrages, pleins de trahi-
procederay, auec vne telle intention , eft-ce fons.pleins de violence & de cruauté:& cepen
vne dotlrine' diabolique que cela ? eft-ce vn dant ilsferont bons bigots, ils feront beau-
blafpheme fi énorme comme fainft Paul en coup d'agios & de cérémonies . Et ie vuof
parle ? Voila donc ce qu'on pourroit ici aile- prie, quand on peruertit ainfi l'ordre de natu
guer. Mais la folution eft facile . Car en pre- le.le diable n'a-il pas bien la vogue ? Les po-
raicr lieu, notons que ce n'eft point peu de ures âmes s'en vont à perdition, on confon-
chofc de peruertir le vray feruicede Dieu& dra le droift &l'cquité, la volonté de Dieu n'
naturel. Sainft Paul quand il nous môftre que aura ne heu ni accès entre les hommes : & ce-
nous deuons renoncer à nouf-mefmes, anean pendant on ne dira pas que c'eft le diable qui
tir toute noftre fantafie&tous nos defirs& • y rcgne .Ainfi donc ne penfons pas que ce
afFeftions , pour complaire à Dieu , adioufte, ibit chofe fi petite comme il fciiible de prime
Que ce feruice-laeftraifonnable. Cômes'il face, quand on dira, Et bien, il eft vray que ce
difoit. Quand les homes veulent feruir Di(u n'eft point le principal de ftruir Dieu en s'ab
à leur guifc, qu'ils troublent & peruertiflent ftenant de manger chair , mais encores ie le
toute raifon,que tout eft confus alors. Et ainfi fay par deuotion : & puis qu'ainfi eft, faut-il
notons bien quand nou<; voulons iinienter des qu'il foit reietté fi aigrement ? Voire , mais
feruices de Dieu à noftre fantafiç , que voila nous n'appcrceuon^pav ce qui tft ici dit, c'cft
vne arrogance qui n'ert point à fupporter. Et afçauoir que le diable a la vogue toutcsfois
pourquoy ? Dieu veut auoir certe authorité & quantes que les hommes baftiflent ainfi des
fur nous, de nous gouuernerril veut que toute loix pour condamner les viandes & le maria-
la difcrction & prudéceque nous aiions pour ge. Car voila vndeshonneor &vn grand 6p-
iugerdubien & dumal,foit de Tefcouter luy piobre qu'on fait à Dieu, d'autant que les
fsul, ic de ne rien entreprendre outre Cl vo- viandes qu'il a créées â l'yfage des hommes,
fout
s VR L A I. A T I M O TH. 177
fjiit reiettee'! comme s'il y auoit quelque pol hupiaines ont quelque couleur S< apparence
Jution , Dieu eft acciifé comme sM n'auoit d'Iiumilité . Sainifi Paul ne les intitule point
-point efté fagc , mais mal-aduifé, ne fçaciunt fans caiife en telle forte: car aufsi nous voyôs
quelle règle nous deuons.tenir-Voila.encores que ccft l'excufe commune. Quand ces bi-
•des enormiceziî brutales, qu'U faut bien que gots, qui veulent mettre toute leur fainûeté
Je diable aueugle les hommes quad ils eh vie- en cérémonies, fe voudrét iuftifier, ils diront,
nent iufques la.Dieu a créé les vi5des,& nous Et bien, & quandie feray ceci & cela, ie fuis
les prefence comme fi vn peieappafteloit fes tant plus humble , le m'en vay en l'honneur
enfans ; & voila les hommes qui diront, Ho,il de Ditu adorer vn marmozet.Ie m'en vay bai
nous faut garder d'vne telle viande.Et pour- fer vn tel autel, & ceci. Se cela :.quand ils au-
quoyiC'eftcommeî'ilsdifoyent, Elle e/t pol ront fait ainfi tous ces menus fatras, ho, il
lue,&c'eftfainftetéde s'en abftecir . Or à qui leur femble qu'il n'y a que toute humilité.Or
cft-ce qu'on fait vn teldesh5ncur?Eft-ce àla fiinû Paula déclaré en la vertu deDieu que
viande?Nenni;mais au Createur.pourccqu'il les inuentions humaines pourront bien auoir
■en auoit ordonné l'vfage tel qu'il a voulu. Et quelque belle apparence de vertu, & que ceux
les hommes ne fe contentent pas de cela,m.iis qui auront ainfi leurs folles dénotions, fembie
la reiettent comme vne chofe pollue i: & ce- ront eflre humbles, & k fê feront aufsi à croi
pendant Dieu l'auoit dediee àvn.fainft vfa- lemiais quoy? Ils viendront baifér les piedsà
ge Autant en ont-ils fait du mariage. Noftre Dieu,& lay cracheront au vifage.Et où cft-ce
Seigneur a déclaré que tous, ceux quines'en aller cela ? Ils diront, le veux feruirDieu en
pourront abftenir, en doyucntvfer. Qui plus m'abfter.antd'vne telle viande. Etiquieft-ce
eftifivn homme mefmes voit ( ehcorev qu'il qui Ta créée '.n'eft-ce pas Die». 'Eràquelvl.
ne fuft point contraint par necefsité ) qu'il Jâgeauf iPa-il d£ftinee,fînon afin que les hô-.
puifle mieux feruir Dieu eftant marié, qu'il le mes en foy cnt repeus Si nourris en fobrieté»
doit-fàko, cognoiflânt que c'eft vncftat plai- Or voici la bôtéde Dien qtri fe deGfare,qnâd
fant & agréable à Dieu. Voila donc Dieu qui a il nous nourrit & fiibftanteen ce mondepar
parlé:& nous viendrons luy clorre la bouche, le moyen des viandes. Et cependant tuteiet—
&nous rebecquer à l'cncontre pour dire, .^i tes ce qui procède de Iny, voire & le fais mau—
faut-il que nous ayons vne regjepliis parfai- gré qu'il en ait:5; toutesfois tii diras que tu le
te & plus entière que celle que Dieu approu- veux honorer. Voire.'tu fais bien femblant de
«e:&où eft-ce aller î Ainlïdonc,ily atant de luy baifcr les pieds, mais c'efl autant comme
raifons qui nous montrent que le diable eft fi tn Iny donnois vn coup de poing, comme li
inuenteur de telles doârincs , quenousauons tuiettoisen la boue le bien qu'il te prefente,
Iwen occafion de louer Dieu , & luy rendre a- pour le fouller au pied. Et encores non feule-
ftion de grâces de ce qu'il nous a retirez d'v- ment tu ne tiens conte d'vne telle grâce 5c
ne telle confufion, & qu'il nous a monfrré le bonté de (on Dieu, mais tn viens entoresTac
feul moyen de le feruir , tellement que nous cufer qu'il n'a point cognu que c'eft qui eft
foyons alTeurez que noftre vie luy eft agréa- propre pour ta nourriture & pour ton falut.
ble.que nousadherioris fimplementà fa pa- Voila donc où (ainft Paul nous ramené. Pour
rôle fans y adioiifter,qiienou^ n'allions point tant apprenons de tellement vfcr des chofes
par ces ciicuits,& ces voycs obliques, &com- que Dieu a ordonnées à noftre vCige, que no-
me à Ja trauerfe , mais que nous fuyiiions la ftrevie foit réglée à fa volonté. Voila ce que
pure règle qui eft contenue en fa parole. Or nous deuons tenir pouria vraye perfeôion.
auoit quelque pollution . Et pourquoy .' C.«r noftre cofté ne craignons point, encoi'es que
Dieit(du-il)!ej a trtées pour en fftr autc aflion les hommes nonsaccufenr, puis que Dieu ap-
^*^jf«, voire aux fidèles & à ceux qui co- prouue la règle que nous tenons, & que nous
gnoiflent la venté. Puis que Dieu a créé les fiiyuons ce que bon luy femble : ne nous fions
viandes, eft-il à l'homme mortel de les oftcr, point à noftre raifon ou prudence, car il n'y a
&'d'empe (cher l'vfage qui nous eft permis du que vanité & nienfonge en nou^rmais co-
Createur.'Et .linfi donc, quâd fainct Paul nous gnoiflôns que noftre vraye fagelTe eft de luy:
ramené à Dieu,c'eft pour nous déclarer qu'en obéir. Or il eft vray que ceci ne fe pourroit
cuidant bien faire nous ofTenfons mortelle- pas defpcicher pour maintenant : il faudra,
ment ccluy que nous voulons honorer . Et donc referuer le reftc. Wais notons pour la-
pourquoy? le viendiay faire femblant de bai fin ce que (ainét Paul dit, Q«* r />» aor^onné
fer les pieds de Dien,& cependant ie luy don tes viautfet à ceux qui font pjtle! , que c'eft-
nerayvn grand coup, on ie luycracheray au pour nous mon ftrerqne nous deuons, pour
vifage: & ainfi en font tous ceux qui fe veulét bien vfer des créatures de Dieu , regarder i
acquitter enuers luy en s'abftcnaat des vian- luy qui en eft Tautheuricomme aufti il adiou-
des. Et pourquoy ? Il eft vray C comme ûinû fte, que c'eft auec action de grâces qu'il nous
CoI.i.t3 Paul dit aux Colofsiens ) que les inuentions faut receuoii les biens de Dieu. Qiie nous ne
i7« S E R M O
foyons paî comme ces cîiiens& pourceaux
^ui gourmandent & deuorent les biens de
Dieu,& cependant ne fçauent que c'eft de liiy
ne de fa bonté, &mefmes qu'ils prenent oc-
calîondele mettre en oubli par leurs gour-
mandifes & intempérances , Si polluer ce que
il auoit dédié à bon vfage. Voulons-nous doc
vfcr fobrement des créatures de Dieu, telle-
ment qu'il nous foit licite de les receuoir?
Qiif nous les prenions auec aûion de grâces,
c'elt à dire, que nous foyons pleinement de-
diezàDieu .que nous cognoifvions que c'ell
luy qui eft noftre père nourricier , que nous
luy rendions grâces de tant de biens qui nous
élargit : c^uand nous venons à table.que ce ne
foit iaraais fans auoir inuoqué le nom Je
Dieu, que nous n'en fortions point linon auec
aûion de grâces .Car il eft certain que tous
ceux qui mangent ainfi fans prier Dieu,c'e(i: à
dire la plus part, font pires que btftes brutes.
Q_u'on ailDe par les tauernes & par les mai-
fons.qu'on regarde la façon d'y viure, il n'eft
point mention d'inuoquer Dieu , ne de le re-
mercier , tellement que les Turcs nous de-
uroy enc faire hôte en cela'.car pour le moins
N X XX.
ils auront quelque façon d'honorer Dieu.
Tant y a que nous ne fçaurions manger va
morceau qui ne foit maudit Se exécrable de-
uant Dieu, fi ce n'efl en recognoiflant celuy
qui nous donne les viandes , 3c qui nous re-
pailtàcefte fin qu'il foit ferui & honoré de
nous, &que nous cognoifsions qu'il nous ap-
pelle à foy, & qu'il fe veut monitrer Père pi-
toyable enuers nous : moyennant que nous
luy foyôs vrais eniâns, nous alTuiettiflàns pal
iîblementiluy &à fa parole , comme c'eûà
cefte fin-la qu'il nous a créez au inonda.
-OR nous-nous proftcrneronsdeuanil*
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
DOS fautes, le prians qu'il luy plaife les corri-»
ger tellement qu'il. nous les pardonne parla
bonté, & que pour Taduenir il nous ticne tel-
lement la bride que nous neiàcions.pointdes
beftesefchappees, mais qu'il nous conioigne
pleinement à foy , & qu'il nous conduife par
ïbn fainû £fpht,en telle forte qu'il nous face
paruenir à ce but auquel il nous appelle, c'eft
afçauoir^à la vie celefte . Ainil nous diront
tous, Dieu tout-puiflantjPere ceki^eji&i:.
TROISIEME SERMON S VR LE
QJ^ATRIEME CHAPITRE.
i Or l'Efprit dit notamment qu'es dernier i temps aucuns defau--
dront de la foy, samufans aux cfprits abufcurs c^ aux docîrines des
blesy
t Var îhypocrtfie de ceux qui parlent mensonges , ayans leur
confciencecautcrizce:
i Defendansfoy marier, commandans de s*ahîîenir des viandes
que Dieu a créées pour en vfcr auec aSlion de grâces aux fidèles ^ a
ceux qui ont cog nu la vérité.
4 Car toute créature de Dieu efi bonne , (f rien ncjl: à rciettcr,
quand il ejîprins auec action de grâces:
5 Car elle cflJanSlifice par la parole de Dieu ç^ p^^ oraifon.
fîeps peuuent créer vnemoufcJie . Qjjand il»
défendront à vn homme de manger du bauf
oudumouton, il faudroit pour le moins que
ils fceulTent créer |ie ne fçay quoy . Et ainii,
quelle aud-ace & orgueil cft-ce à eux d'empcf
cher que l'ordre que Dieu a inftitué n'ait Ion
cours?£tau refte.nousdeuons bien poifcr ce-
fte fentence de fainil Paul , quand il dit, Que
toute créature de D'eu eft kontie ,eftant reieiit
auec aflion de fraces.Or en cela il fignifie que
il nous faut toufiours regarder la volonté de
noftre Dieu,'& nous y arrefter du tout : com-
me de fait > c'cft pour le moins qu'on luy at-
tribue
E matin nous forames de-
meurer fur ce propos , que
en défendant l'vfage des
viandes que Dieu a créées,
on iuy fait deshonneur, co-
rne ïM n'auoit point tfttaf
fci aduifé de régler Ja vie
deshoramesj&dc lugcrcequi leur eft bon &
propre pour leur falut.Et c'tit vn article que
nous dcuons bien noter : car ceux qui entie-
prenent d'impofer loix pour obliger les amcs,
yeulent vfurper Toffice & l'authoritc de
Dieu . Or qu'on fçache fi le Pape & tous ks
SVR LA LA TIMOTH.
'7!>
liibue ceft honneur , que de s'aflliiettir à J» certitude que nous auons que Dieu nous per-
regle qu'il aniife. Et par cela font aufsi fo- met de faire ceci ou cela. Quand donc ie man
lues les que/lioiis friuoks qu'on pourroit ici ge, il faut que l'aye cognu que Dieu approu-
faire : comme aucuns niocqucurs demandent, ueque ie foye nourri à fes defpens,& qu'il
fi vn ferpent, qui eft «rcature de Dieu , fera me donne de quoy. Si ie n'ay ccffe certitude-
bon. Sainit Paul n'a pas eflendu f n piopc; fî la,& vne telle refolution, il eft certain que ie
loin, mais c'eft fuyuant ce qui fftoitdclado- pèche & ofFenfe : car cependant que nou»
ftrine qu'il tiaitteici,c'eflafçauoir que nous tremblons Se fommes en doute, nous ne ren-
nedeuonspoint chanceler ned'vn coftc ne dons pointa Dieu l'honneur qui luy appar-
d'aùtre , pour fçauoir ce quinous eft licite, tient.Et de fait,en cela nous voyons rameur
qu'il ne faut point regarder çà& là, & en- que Dieu nou'^ porte, quand il veut que nous
<{Uerir beaucoup, mais il nous faut tenir à ce ayons repos en nos confcierces iufques an
que Dieu a ordonné .Or npus fçauons qu'il boire & au manger. Si vn homme ne fçait
n'a point créé les ferpens pour les faire man- comment il en eft auec Dieu, & qu'il m ange,
ger aux hommes . C'eft donc vn propos de & qu'il ne fçache fî cela luy eft permis ou
gens brutaui, voire du tout enuenimez à mal, non , le voila comme en torture. Or Dieu
que d'amçner telles chofes , & fî eitrauagan- pouruoit à vn tel mal, & veut qu'en beuuant
tes . Et puis, quand aufsi on dira que toutes & mangeant nous ayons ceffehberté de nous
viandes ne font pas propres à vn homme, que efîouir deuantluy, comme il en parle en l'E-
vn malade ne doit point manger d'vne chofe fcrinire,&luy rendre aûion de grâces, pour
qiji luy fera <lefendue par le médecin, s'il ne dire , Seigneur , le bien que i'ay receu,& la
veut tenter:Dieu:cel.» aufsi s'accorde auec ce nourriture qui me maintient iournellement,
queditfaind Paul .Car il n'entend pas que ie cognoy qu'ils vienent de toy •& pourtant
nous vfions de tout indifféremment fans di- ie t'en ren grâces, puis que tu daignes bien a-
fcerner , mais que nous regardions ce que uoir le foin d'vne fî poure créature. Nous
Dieu a cognu nous eftre bon. Il faut'donc fai- voyons donc quelle amour Dieu nous porte,
re comme vne corrcfpondance de l'ordre que quand il veut que nous avons nos confcien-
Dieua mis, auec Tvfagequenpusdcuons te- ces à repos, iufques à ces chofes qui font pe-
nir.& fuyure. Dieu ayant créé les viades,aauf tites , comme il femble. Et pourtant voila ce
fi raooftré l'vlage .tel ou'il en doiteffre.il y a que nous auons à no ter de cefte fentence de
k fobrieté quant à 1 ame : & puis quant au ùkinâ raul,c'eftafç-auoir,que foiten bcuuaot,
corps, cela aufsi eflcofnforme, qu'il y ait di- ouenm,ângcant, ouen vfant des autres cre.i-
fcretion, félon qu'vn homme fe trouue mal, tures qui feruent à maintenir cefte vie tranfî-
s'il doit ieufnerdotout, ou bien s'il fe doit ab toire, il nous faut toufîours regarder la vo-
ifenir devin oudechairicela eff en fa liberté, lontéde noflre Dieu:quandnous l'aurops co
Aiais fanû Paul ne traitte point ici de toutes gnue, qu'il nous faut tenir à icelle fans enque
«es chofes. <iupy donc .' Il nous monflre que rir plus outre, il ne faut point reiener ce que
nous dcuonsvfer des viandes fclon que Dieu Dieu nou^ met en main, quand il dit, Vous en
l'a commandé. Et pourquoy?Car c'eft luy qui pouuez vfer librement auec aôion de grâces,
nous nourrit &• fubffâte.c'cft donc raifon que Et fi nous enquêtons plus aiiant, ce nVft paj
on vfe de ce qu'il nous élargit ft Ion fa volon vnedeuotion bonne dTair^lemai'^ p.'uftcflv-
té. voila en fomme ce que nous auons à ndter ne infidélité maudite. Et outre cela, il y a Pin
de ce paflage. Et c'eft vne doftrine plus vtile gratitude , pource qu'il ne nous fuffit point
qu'il ne fembleroit: pource que fainft Paul en que Dieu nous ait donné le congé , mais nous
la première aux Corinthiens, chapitre dixie- voulons effieplus gransmaiffres que luy, ou
me, verf. 3', nous dit , qu'il, nous faut, faire bien nniir fon authorité pour l'attribuer aux
toutes chofes au n6m.4e Dieu. £{,commeijt komraes mortels . Or «pendant fainft Paul
fêla? Soit Cdit-il) que nous beuuions ou que monftrçqucl'vfage desbonnes créatures ne
tnous mangions ,il eft befoin que nous ayons peut appartenir à tous pour leur falut , mais
vne confcience paifiblercar fans cel? nous i^e .feulement à ceux qui ont cognu la venté. La
fçaurions manger vn morceau de pain Jans of , ra^ifon n'cft pas ici exprimée, mais au premier
fenfcrDieu._ Quand ie vjendray à table, ft je chapitredePepirtreàTite, illa met , Qre 1»
pren nu refeftion, il eft impofsible que ie homme incrédule fouille tout ce qu'il attou-
mangedubiendeDieiifcommeproceaant-de che: comme il en eft aufsi parlé au prophète
luy ) ii ie ne le cognoy. Or quand iç cognoy Aggee , combien que ce ne Toit pas du tout i
que Dieu me ledpnne, il faut, qw,e, if . tiepe ^ccp^opos, n?ais ii y alà vne doctrine gcnera-
pour tout tefolu qu'il m'eft licite d'j:p , ,y fer /e le , que quand vn homm '" "
ï
lomme eft fouillé , il infe-
lonû volonté.Siie n'ay vne telle fojvlu/îôn Jle tout ce qui vient à luy . Voila pourquoy
pnnfe en moy , te feray toujours en-^fpuj;e aux facnfîces^fî vne chofe qui de nature eftoit
*■ en fcrupule fî cela eft bon ou mjiuuAis, Or fainfte&dediee à Dieu, eftoit touchée par vn
faina Paul dit notamment ( parlant de telle homme poilu, elle eftoit fouilke. Ya-il rien
R*m,i4. matière.) que ce qui eft fait fans fov, eff pe- plus fainif ne plus facré que la prière ? .'Ci eft-
". che . QiTentend-il par ce mot de foy î Vne re que quand nous inuoquons le nom deDieu,
z.ii.
ï8o S E R M O
nous ne fâifons que le prophaner fi nous fom
mes malins,& que nous n''ay5s point vnedroi
lureen nous de recourir àluy en foy &ea
ref entince.Puis qu'vn homme uicredule pro-
phine roraifon (qui eftvne chofe fi facree)
que fera-ce des viandes corruptibles?Notons
bien donc quervfagedes bonnes chofes ne
fera point approuué finon que nous ayons la
foy en nous laquelle nous fan£tifie,& par con
feqiient les chofes qui nous font donneesde
Dieu.lleft dit au if.des Aâes.quec'eftlafoy
qui purifie noS cg:urs:cefte pureté-la s'eftend
plus auant, c'eit que quandvn homme ha fon
coeur pur,s'il reçoit les biensqueDieuluy di-
ftribue pour fon vfage , qu'il ne pollue rien.
PourquoyîCar il eft net. Amfi doc il ne pour
ra point fouiller les choies qui de leur nature
font défia nettes. Q^uand l'auray bié laué mes
mainSiie peux manier les choies qui font pu-
res,& ie ne les noirciray pas: miis fi le manie
' Tn linge le plus blanc du Imonde, & que i'aye
les mains fouillées , voila pour toutinfefter.
Ainfî en eft-il quand nous aurons celle purifi-
cation en nos coeurs laquelle Dieu demande,
& qui procède de la foy , que nous pourrons
licitement vfer de toutes bôncs créatures lâns
crainte de les polluer. Nous voyons pourquoy
fainâ Paul dit ici , Çivf l^f'g' </" -viandes /ji
hon ^furanxfdeles tant feulement. Vray eft
qu'on pourroit ici cfmouuoir vne queftion,
afçauoirfi les mefchans & les reprouuez n\-
fent pas des bonnes créatures de Dieu, veu
qu'il eft dit qu'il fait luire fôn foleil furies
bons & fur les mauuais?Nous voyons par ex-
périence que les mefchans fouucntesfois au-
ront les biens de Dieu en plus grand' abon-
dance que n'ont pas les fidèles. Mais ce font
deux chofes diuerfes.que le don de Dieu & le
moyé de le rcceuoir. Quand Dieu nous fouf-
fre de iouir de fa grâce , cela de fon cofté eft
pur&faina: dunoftreileft poilu , finon que
nous ayons cefte pureté que nous auons dite.
Combien donc que les mefchans iouiflent des
biens de Dieu, voire iulques à les regorger,
toutcsfois ils ne laiflentpasde les contami-
ner,entant qu'en eux eft. £t defaia.nousde-
uons toufiours auoir mémoire. que Dieu pro-
prementacreé le monde pour fes enfans: &
voila aufsi pourquoy ils en font nommez he-
. ritiers auec Abraham leur père. Qwind doric
les incrédules boyuent& mangent, ils defrdb
bent àDieuce qui leura efté donné rcombien
que Dieu les lailfe boire & manger , fi cft-ce
qu'il n'approuue point ceft'vfage-la,'car ils ne
«ont point du nombre de fes tnfans,& le tont
leiir eft impute àlarrecin & àpfll.ige. Voifa
aufsi pourquoy il eft dit, que ce qui eft cônrjç-
Tje. 8.6. nu au Pfeaumehuitieme.eftaccôpli en lapt'r-
^'ip. Tonne de noftre Seigneur lefiis Chrift.c'dtâ-
fçauoir que Dieu luy a donne en poflcAidn la
terre, le. beftes des ch.ips,les oifcaux du ciel,
les poiflonîdes eaux.Et pourquoy.'Car par le
péché nous Tomnaes priiKZ de tout bien , nous
N . X X X.
ne fommes pas dignes de toucher vn mor-
ceau de pain, ni vne goutte d'eau : mais nous
fommes reftituez par le moyé & par la grâce
de noftre Seigneur lefus Chrift en cefte pof-
fetsion-la , que quand nous fommes adoptez
pour enfans de Dieu en fon nom , nous pou-
uons en bône confciéce v fer de toutes crcatu
res.car elles font à lefus Chrift noftre chef,
& à tous ceux qui font mébres de fon corps'.
Or eft-il ainfi que nous fommes entez en luy
par foy. Voila donc pourquoy nous pouuons
licitement vfer dû boire & du manger , voire
moyennant que nous ayons foy en premier
lieu. Or il nous faut bien noter que S.Pa'J ne
s'eftpas contenté du ihotde foy, pource que
beaucoup de gens en abufeht, mais il veut ex
primer te qu'il emporte. 0»;^ ,dit-il,5»i ont
cogna la verité.W ne dit point ici deux chefes
diuérfes,mais il monftre qlie c'eft d'cftre fide
le en fomme : c'eft afçauoirqu'on aitcognu
la vérité de Dieu. Et pourquoy cela?Nous a-
uorts dit quecemotde Fo^ ne coufteragtie-
res a beaucoup de gens, comme nous voyons
que les plus grans contempteurs de Dieu fe
vanteront d'eftre bons catholiques. Autant
en eft-il des poures ignorans qui n'ont la-
maisgoufté que c'eft de nulle doctrine ou re
ligion:briet,ils font des beftes brutes : qu'on
leur demande s'ils font Chreftiens , il leur
femble qu'on leurfait grand tort deleur fai
re vne telle queftion. Voila donc tout le mon
de fidèle, fi on en veut croire vn chacun en
fon endroit.Mais Dieu defauoue cefte couuer
ture fauflèA: vaine de la foy , & monftre que
ce n'eft point vn titre qu'il faille ainfi pio-
phaner.Et pourquoy? Car la foy eft vne co-
gnoiflàncede la volôté de Dieu.Si donc nous
ne fommes deuement enfeignez en la doâri-
nedefalut,pour inuoquerDieu purement co
me noftre Pere.pour mettre noftre fiance en
luy, pour le feruir & honorer comme il appar
tient, pour cheminer auec nos prochains corn
me nousdeuons: fi nous n'entendons ces cho
fes qui font requifes comme les principaux
poindls que Dieu veut eftre communs à tous,
nous aurons beau dire que nous auons foy,
carie faihft Efprit prononce en ce paflàge
que Dièu nous tient pour incrédules. Notons
bien donc que la foy n'eft point vne imagina
tion friiiole : comme les Papiftes diront que
la, foy eft,de croire en leur mère fainéte Egli
fc:& puis ils nefçjuét s'il y av'n Dieu au ciel,
ilsne fça'uent qui eft leur Rédempteur, ilî
n'entendent nullement comme ri faut prier
Dieu, ne comment il faut viure. Nous voyons
^dobc qu'ilf-iiit que nous ayons entendu , &
que hotls' ayons cfté droitement enfeignez
'poyr^'u'àlr là- foy. Or pource que le diable
m'efe des fai.-flttez beaucoup , & de (i:s men-
fôn^e»: [îafmi la pure vérité de Dieu, notam-
ment/Tiiriift Paul dcclare'q'icla foy n'fftpas
vneciçnoiflîince volage , mais i^iCtl tiut que
elle fou appuyée fur vac bonne dcilnne &
certaine
s V R LA I. À T I M O T H.
certaine. Or eft-il ain/î que les hommes de
leur naturel font menteurs. Il n'y a donc ven-
té finon celle que nous tiendrons de Dieu.Et
f(.4m.I0. c'ert ce qui eftditen l'autre paflàge, q la foy
I7, cftpar i'ouye, &cefte ouye-la n'eft pas d'vn
bruit commun de ce qui femble bon à chacun
d'auancer.mais que nous venions en Tefthole
de Dieu,& qu'il foit noftre Maiftre,& q nous
rangions nos entendemens à fa famde parole.
Et ainfi ce paflage emporte beaucoup, quand
il fera deuement obferué comme il le mente.
Or venons maintenant à ce qu'il dit, Q»»»»»-
tts yiades font fanCiifees far la fareU de Dieu-
O" f'»' prieret .C^eft vne déclaration de ce que
nousauons n'agueres touché: S: quand nous
aurons entendu cefte doûrine , il ne faudra
point d'expofîtion plus longue du paflage. Il
dit donc que toutes chofes que Dieu à créées
nous font fanôifiees pat la parole de Dieu &
par prières. Il femble donc qu'il y ait ici quel
quecontradidhon.veuquepar-cideuant il a-
uoit prononcé que toute créature eftoit bon-
ne. Il fembledonc qu'il ne foit pas bon de la
lànûifier. Car ce qui eft bonde foy, & ce qui
eu. pur,qu'ha-il befoind'eftre lanftifié d'auan
tage? cela eR foperflu, comme il femble. Mais
ici faiiiûPaiil parle plus diftindement qu'il
n'auoit fait. Il eu vray qu'il auoit comprins
enbrieftout ceque maintenant ildeduit plus
au long : mais à caufe de noftre ntdefle il eft
bon que les chofes nous foyêt mafchees, afin
de les mieux digérer. Voici donc fainii Paul
qui déclare que toutes créatures de Dieu fout
bonnes, ic neiitmoins il dit qu'il faut qu'elles
foyent (ànûifiees de noftre cofté. Pourquoy
cela ? l'ay defîadit qu'eftansdefcendus delà
race d'Adam, nous n'auons en nous que toute
corruption. Puis qu'ainfî eft , nous louillons
entant qu'en nous eft le ciel & la terre. L'£-
feriture dira fouuentesfois que la terrea efté
maudite, qu'elle a eftc polluée. Et comment?
Afçauoir par l'iniquité des habitans. Et de
Éiià notons que toutes les créatures de Dieu
gemilTent quand ellesvoyét que nous les ma-
nions mal , & que nous en abufons.Il eft vray
que le foleil nous efclaire , mais c'eft comme
maugré foy , quand nous ne feruons point à
Dieu. Vray eft qu'il n'ha point de fcntiment:
iom. 8. niais faind Paul toutesfois exprime cela par
il» telles limilitude<;, quand il dit que toutes créa
tures de Ditu ^emifl'ent.qu'ellesfont comme
vne femme qui eft prochaine de fon terme, la
quelle ne demande que d'enfanter. Ainfî les
créatures de Dieu demandent qu'il les afFran-
chifle .T caufe de celle conuption du péché.
Puis qu'ainfî eft nous ne pouuons pas receuoir
les biens de Dieu, c]u'il n'y ait quelque moyen
de- les fandificr à noftre vfagc. La raifon?
Nous ne fo.-nmes pomt capables d'eftre nour-
ris &veftns, ne que Dieu nous face quelque
graccquenousne foyonsfanftifiez. Et pout-
^uoyfDe noftre nature nous fommcs sono»
iSt
pus, il nous renoce&defaduoue pour fes en-
fans , car nouifommes maudits , & n'appor-
tons que raortauec le péché du ventre de la
mere.Et en ceci nousauons bien occafionde
nousdefplaire&de nous humilier. Commet?
Le foleil de foy eft vne créature fi noble , 8c
reantmoins fa clarté ne peut paruenirà nous
qu'en condamnation, fi elle ne nous'eft fanfti-
fiee. Par quel moyen ? Par la foy. Autant en
eft-il du boire & du manger , 5c de tout le re-
ftc. Voila des chofes qui font bonnes , & ce
font des marques Jcdes tefmoignages de la
bonté paternelle de Dieu enuers nous,& tou-
teslois nous ne fçiurions prendre vne miette
de pain, ni vne goutted'eau qui ne foit fouil-
lée parla pollution qui eft en nous. Il faut que
ilfe face vne dédicace nouuelle de cescrea-
tures de Dieu , ou l'vfage en fera vilein , 3c
plein d'infeûion. E:qui en eil caufe ? Noftre
mal ice. Voila donc à quoy faincl Paul a regar
dé,difantqueles créatures de Dieu nous (ont
dédiées en bon vfage&pur,quand Dieu nous
recognoift S: aduoue pour fes enfaiis, 8c qu'il
nous conftitue heritiersde tous les biens qu'il
a créez. Or fommes.nous ainfi dcdiet ?auons
nous cognu la poureté qui eft en nous pour
demander à Dieu qu'il nous purifie?D'autre-
part cognoiflons aufsi la grâce que Dieu nous
monltre quand il veut que l'vfage de tous fes
bénéfices nous foit fainû.Defîa c'eft beaucoup
que nous foyons nourris au defpens de Dieu:
mais il ne fe contente point décela, il nous
amené bien plus haut, c'eft afçauoir, quand le
boire 8c le manger eft fanûifié. Comment? A
caufe des infirmitez de noftre nature. Quand
vn homme boit & mange, en cela voit-il com-
bien il eft fragile : car il faut qu'il prene fub-
ftance d'vne chofe qui eft morte & infenfible.
Le pain n'ha point de vie , 8c toutesfois c'eft
vninftrument que Dieu a donné pour nous
fortifier. L'homme donc recognoift en cela
que c'eft de luy. Or cependant nollre Sei-
gneur veut qu'il y ait ici vn tefmoignage de
noftre adoption ,& que non feulement nous
ayons cela certifié qu'il ha le foin de noft,re
corps, & de cefte vie caduque, mais qu'il nous
veut conduire plus haut:& qu'en beuuant & en
mangeant nous cognoifsions qu'il nous eft
Pere,& qu'il veille fur nous,& qu'il nous veut
côduirc à <oy,& que le pain nous eft côme vne
approbation qu'il nous veut eftre Pere,& que
il nous aduoue pour fes héritiers. Voila donc
qu'emporte en fécond lieu ce mot de fanéli-
f cation. Etfi cela eftoit bien entendu, il eft
certain que les mefchans& gens prophanes
n'abuferoyent point ainfi du bien de Dieu,
comme ils font : icnedi pas feulement en ce
qu'ils ne rendent pas louange à Dieu telle
qu'il Ja mérite , mais qu'*ils fe desbordent en
toute intempérance & brutalité. Voila défia
vne vilenie par trop «norme quand ki hom-
mes fourreni h viande ta km fac , & quMs
z. iii.
i8i
SERMON XXX.
entonnent le vin, & que cependant ils ne re-
gardentpoint à Dieu.qu'il n'ell point queftiô
de dire , Beneit foit Ion nom , c'eft luy qui
nous fubftantc. Voila , di-ie , vne brutalité
trop vileine en ceux qui viuent ainfi , & les
doit-on aiioiren exécration comme des mon
lires. Mais quand les hommes fe creueni , &
qu'ails ne tienent nulle mefure , que les vns
boyuent , que les autres fe foulent en telle
forte qu'il n'y a plus nulle raifon ni iiioma-
nité en eux , cognoiflent-ils que Dieua or-
donné les viandes.afin que l'vfage en foit fan
ûifié? Helas , il s'en faut beaucoup : caries
hommes s'abbrutiflent tellement au boire Se
au manger , qu'ils ne fçauent plus que c'eft
d'eux ne de Dieu , ne de celle îainfteté dont
parle fainft Paul. Etde faift , nous voyons
quelle eft la couftume ordinaire. Et pourtant
fe faut-il esbahir fi Dieu nous retranche nos
morceaux, veu que nous abufons ainfiUcs bon
nés créatures ? On fe plaindra qu'on n'eft
point nourri à contentement. Voire,mais que
vn chacun s'«xaraine,& qu'il regarde s'ilauoit
tout à fouhait & en abondance comment il
en vferoit. Or eft-il ainiî , que combien que
Dieu en tiene beaucoup en bride courte , &
qu'il les affame à demi , toutesfois il-, ne laif-
fent pasencores de regimber. Que feroit-ce
donc s'ils eftoyent nourris plus délicatement?
Ils l'eroyent incontinent des chcuaux rcft.fs,
il ne feroit queftion que de regimber contre
leurmaiftre , ainfî qu'il eft dit au cantique de
Moyfe , Q_ii^vn peuple engraiffé fera comme
des cheuaux qu'on aura long temps tenus en
l'eftable, que quand on s'en vaudra feruir, on
ne les pourra douter en quelque manière que
ce foit. Ainfi en eft-il des hommes. Pour ccfte
caufe Dieu nous fait grande grâce quand
nous n'auons poiat les chofes à noftreappe-
tit,puis que nous ue pouuons licitement vfer
comme il veut de l'abondance qu'il nous don-
ne. Or tant ya que nousdeuons bien poifer
ce mot ( comme il emporte beaucoup ) que
Dieu non feulement veut qu'en liberté nous
mangions des viandes qu'il a créées , mais
qu'il veut qu'elles nous foyent fanftifiees , a-
fin qu'elles nous feruent comme d'aides pour
approcher de luy,& nous «onfenner de plus
en plus en la confiance que nous auons de la
bonté & de fon amour : brief, que les viandes
feruent au falut éternel de nos âmes: & com-
bien que leur propre vfage foif de maiiuenii
les corps en ce monde, fi eft-ce que Dieu nous
veut conduire plus lom, c'eft que nous fovons
pleinement afteurez de l'amour qu'il nous
porte , & qu'il nous tient pour fes enfans , &
que noftre lalut eft confermé par cefie nour-
riture temporelle qu'il nous donne &-q nous
rectuons<le luy. 'Venons maintenant à ce qu'il
adioufte pour déclaration de ce qu'il auoit
touché CI deflus. Le moyen de fanûificr les
viandes quel, eft-il/ La parole ùe Dieu S( U
prière .ditfainû Paul. Il n*trt point queftion
ici que nous les fanâifions de noftre cofté,
mais Dieu qui eft la fontaine de toute lainûe-
té ha ceft otKce:ii nous a dôné fa parole pour
dédier les viandes à noftre vfage.Et comment
cela?Q_ueIle eft cefte parole dont parle fainft
Paulfce font les promeflès dont l'ay défia fait
mention. Il eit dit en l'Efcriture , Q^e Dieu
n'a point créé le monde pour luy , comme il
n'en ha nulle necefsité , mais c'eft àcaufede
nous. Vray eft quefebonté s'eltend lufoues
aux beftes ûuuages , iufques auxafnes , auK'
cheuaux & aux chiens , mais tant y a que les.
beftes font mefmes créées pour l'homme. En
fomme tout fe rapporte là , que Dieu nous a
conftituez feigneurs & maiftres pour iouir
des bonnes créatures. Or cependant il nous
faut venir à lefus Chrift , comme défia nous
auons dcclaré:car chacun de nous fe trouuera
indigne de manger vn morceau depam Et de
faiû.puis que nous fouîmes maudits, c'eft bien
raifon que Dieu nous bannifle de fon royau-
rae,& que nous n'ayons ne part ne portion à
ce qui doit eftre propre àfes domeftiques:
mais quand nous venons à lefu'^Chrift.comme
il eft appelé héritier du monde, afin que nous
foyons participans des biens qn'il a receus,
ceft héritage aufsi eft communeement donné
à tous fidèles en la perfonne d'Abrahri.Quâd
donc nous auons la parole de Dieu, c'eft la li-
berté qu'il nous donne d'vf».'r des biensqu'il
acree2,& qu'il nous monftre que c'tft afin que
nous tendions à luy, & que nous fçachiôs qu'il
nous eft Père, voila(di-ie) la parole de Dieu
qui nous fanîlifîe les viandes. Or fi ainfi eft
qu'il nous faille auoir la parole de Dieu pour
feulement boire & manger , que fera-ce de i»
vie celefte qui eft beaucoup plus grande? Si
nous faifons comparaifon de la nourriture de
nos corps auec la vie fpirituelle , il y a aufsi
longuediftance entre le cielA la terre, corne
il y a entre ces deux chofes.Orfiainfieftque
nous ne pouuons eftre nourris quant au mon-
de,que la parole de Dieu n'aille deuant,& que
elle ne foit comme vne lampe pour monftrer
queleft le bon vfage & licite desbiésde Dieu,
quand nous afpirerons làhautàlavie inunor-
telle,que fera-ce ? Ne faut-il pas q Dieu nous
fantVifie en la foy que nous avions par fa pa-
role? Et fans cela que pouuons-nous imagi-
ner finon furaee , & menfongc, Si tromperie?
Et pleuft à Dieu que ceci faft mieux cogiiu
qu'il n'eft,& qu'on lemeditaft corne il le iiie-
rite.Mais quoy.'Combicn en voyons-nous qui
fe foucienc de la parole de Dieu î le ne di pas
que ce foitl'ordinaircnnais fi on s'arrtfte tat
peu que ce foit, il nous femblc que c'eft aflei
d'auoir cognu en paflant qu'il y a vn Dieu:
mais qu'on s'exerce en la doftriue de TEu.igi
le, qu'on y continue tous les iours, ho, il lem-
ble que cela foit inutile. Or tât y a que S.Paul
non fans cai^c nous monftre que toutes tes
promelTcs
s V R L A I. A
promefl*es de Dieu > fans cela ne nous pour-
ront rien profiter à lalut, mais que le tout
nous fera conuerti en malediftion.Apprenôs
donc d'addrefler là toutes nos penfees,& d'y
appliquer toutes noselludes,afçauoirde co-
gnoiftre la bonne volonté de Dieu ,<Scd'y e-
flre tellement confermez que nous n'atten-
tions rien au contraue.raais que nous tenions
toufiours cela certain, que Dieu nous conduit
& nousgouuerne. Voila, di-ie, la façon & le
moyen de dédier les chofes au vray vfage des
hommes. Or notons cependant qu'il ne pro-
fitera point d'auoir la Parole, iînon qu'elle
foit receuc par foy, comme il eft dit e n l'epi
flre aux Hebricu!c,qu'elle ne profite rien aux
incrédules. Sainû Paul donc,en difant que les
viandes nous font fancbifiees par la parole de
Dieu.entend qu'il nous faut receuoir cefle pa
role-la.£t c'eit ce que défia il adit.que com-
me il a trait té de lacognoiflàncede la véri-
té, difant que c'eft là la vraye foy,maintenlt
il déclare quelle eft cefte vérité, lldit (jt'il
faut ^utlU fTocede Je Ditu,8c que nous alliôs
en fon el'cole. Ici no' fommes encores mieux
confermez de ce que nousauons touché.c'eft
que la foy ne doit point vaguer ne çà ne là,
mais qu'elle doit auoir fonappuy en Dieu, ou
autrement elle feroit morte. Il eiï vray que
les Turcs font allez obftmcz en leurs refue-
ries. Nous voyons aufsi comme les Papi-
ftes s'endurciffent , voire font du tout enia-
gez contre Dieu, & obfcurciflent toute bon-
ne dotlrine , qu'ils ont conclud & refolu de
fe tenir à ces corruptions de leurs ancefties.
Maisquoy? Cependant y a-il nulle fermeté
en euxfHelas il s'en faut beaucoup. Voulons
nous donc auoir vne foy permanente Se con-
fiante? Il faut qu'elle prcne fon fondement
en Dieu feui.Et c'eft ce que fainû Paul mon-
ftre ICI. Or fi cela eft requis aux viandes cor-
ruptibles , que fera-ccdu principal? Quand
les Papiftes auront des patrons & des aduo-
cats pour aller àDieu.ih diront, Ho, voila, il
me le fembleainfî. Voire , mais s'il eft que-
ftion feulement de manger vn morceau de
pain.l'Efcriture nous monftre qu'il nous faut
*uoir la parole de Dieu:& fi nous ne fommes
certifiez de celuy qui nous ledône, q ce n'eft
rien , qu'il n'y a que pollution en nos viâdes.
Helas.'& que fcra-cedes chofes fi precieufes,
comme de l'honneur de Dieu? L'oraifon luy
eft vn facrifice fi honorable:combien donc y
deuons-nouseftre attentifs? Apres, quand les
Papiftes fcruiront Dieu à leur guife, ils allé-
gueront toufiours leurs bonnes intentions.
Mais quoy? s'ils ne peuuent licitement boire
ne manger que Dieu ne leur ait monftré fa
volonté, faudra-il qu'ils entreprenent des
chofes fi hautes & excellentes,côme de chan
ger la règle de viure , 8c de faire ceci ou cela
quanta la viecelefte? Voila meCnesaux Sa-
cremens , toute la plus grande fainâeté des
Papiftes eft cefte exécration de Meflè , & ce
T I M O T H. iSj
blafpheme diabolique. Et fur quoy le fondée
ils finon qu'il leur fcinble que ccladoiuee-
ftre bon? Voire, mais faut-il à la fantafie des
homes aller facrifier le Fils de Dieu.' Il n'eft
point qucftioa ici de tuer vne poule ou vn
mouton pour en manger, il n'eft point que-
ftion de boire vn verre d'eau , ou de tirer vn
verre de vin d'»n toneau, mais il eft queftion
de facrifier lefus Chrift , le falur éternel dat
poures âmes. Les Papiftes ont vfurpé ceftc aa
dace-là.de vouloir facrifier lefus Chrift.coni
me ils diront que leur Mefle eft vn faciificc
en lemifsion des péchez. £t qui leur en a doa
né la marque? Où eft la parole de Dieu? Ils
n'en ont point vne fyllabc , il n'y a que leur
folle fantafie. Helas.'& quelle arrogance ett-
ce là? Les diables d'enfer pourroyent-ils a-
uoir vne plus grande liardieffe pour defpiter
Dieu? Et ainfi retenons bien que le principal
que Dieu demande de nous,c'eft cefte mode-
ftie de nous laifler gouuerner par fa pure pa-
role : que s'il eft queftion de nous tourner
ne çà ne là, nous ayons toufiours cela deuant
nos yeux. Dieu nous donne-il liberté de fai-
re ainfi?faifons-le donc? Nous ledcfend-il?
gardons bien de pafler outre. Voila comme
noftre vie pourra cltie agréable à Dieu:mais<
fans vne telle iiifttuûion, tout fera côfus, en-
cores qu'il y ait belle apparence deuant les
hommes. Si quelqu'vn tafche de fcruir àfotl
père & à fa mete , cela eft bien vn feruice a-
greabic de foy:mais fi vn homme ne cognoift
paint qu'il s'acquitte de fon deuoir, &que
Dieu l'a obligé à père & à mcre, tout le ferui
ce qu'il leur fera, n'eft qu'abomination. Vn
h jnime pourra faire fon deuoir enuers fa fem
me, mais s'il n'eft fondé en foy,& qu'il tafche
de complaire à Dieu, fçachant bien qu'il a re
quis cela de luy, tout fera reictté. En fomme,
nous voyons que la condition des hommes
eft mal-ncureufc,finon d'autit que Dieu leur
fait cefte grâce de les guider. Mais à l'oppo-
fitc, quand nous fommes efclairez par là pa-
role,nous auéî vn bien ineftiniable, que nous
pouuons franchement marcher, & aller çà &
là. Et pouiquoy?Car no' faifons ce que Dieu
appiouue, & le faifons d'autant qu'il nous eft
permis de luy. Voila donc quanràce mot de
faroleJe Dtf»,quemet fainâ Paul. Or il ad-
ioufte quant & quant U priVrr.fuiuant ce que
il auoit dit de l'aftion de grâces. Et c'eft va
mot que nous deuons bien noter. Car nous
en voyons beaucoup qui fe vantent d'auoir
la foy.mais puis après ils s'appuyét & fe fon-
dent en euT-incfmes , & ne fçauent que c'eft
d'inuoquer Dieu , ne de luy rendre la louan-
ge qui luy eft deue.Sainû Paul donc monftre
que la foy & la prière font chofes infepaia»
blés : côme de fait il eft impofible que nous
foyons vrayement perfuadez que Dieu nous
nourrit, que nous n'allions à luy pour luy re-
3uerir qu'il nous donne noftre pain quoti-
ien. Vn homme pourra-il dire qu'il ait foy
z.iiii.
,184
SERMON XXX.
en Dieu, quand il ne fçait que c't ft de l'inuo-
quer? Nous-nous mocquonsdonc en ce fai-
famt,li nous-nous vantons d'auoir la toy cer-
taine. Car notons que la foy emporte touf-
ioursl'inuocationdunom de Dieu: c'trtà di
re, quand nous femmes enltignez de la bonté
de Dieu, que nous auons les promeflesde fon
amour, parlefquelles il nous conuiede venir
à luy , qu'il faut que nous foyons incitez &
efmeus à le requérir , &:auoirà luy tout no-
llre refuge.Et voila aufsi quel eft le vray exa
men & efpreuue pour monftrer que nous a-
uons foy, cVft que nous foyons fohcitez à
prier Dieu, & pour recourir à luy, & luy de-
manderce qu'il voit nous eftrepropre.Ceux
qui font eftonnez en eux-mefmes , s'ils ont
faute de boire ou de manger , & qu'ils ne re-
courent pointa Dieu, qu'ilsfe tienentlàcô-
nieftupides,& qu'ils ne cherchent point 1ère
medeen fa bonté , ccux-la mon firent qu'ils
n'ont iamais goufté fes promefles,S: qu'ils ne
fçauent que c'eft: le di encores qu'ils en oy-
ent parleijtant y a qu'il n'y en a nul vray fen
timent ni apprehenfion viue en leurs cœurs.
Et pourquoyfCar la prière eftie feul tefmoi
gnage pour monftrer fi nous auons foy ou
non. Voila donc ce que nous anons à retenir.
Au re fte, pour mieux entendre l'intention de
feinft Paul , notons que dcuant la prière il a
mis la parole de Dieu: car aufsi ne pouuons-
no'auoir nul accès pour approcher de Dieu,
finon que fa parole nous y conduife.Quifom
tnes-nous? Qi^and ileft queftiond'inuoquer
Dieu comme noûre Père , (î nous n'auons la
bouche ouuerte par le congé qu'il nous don-
ne, ce fera vue témérité trop grande de nous
renir prefenter deuant fa maiefté.Ainfî donc,
tous ceux qui veulent prier Dieu, il faut qu'ils
foy ent enfcigneï en fa parole. Et voila pour-
quoy nous di/bns que toutes les prières des
Papilles ne font que puantife deuant Dieu.
Car fi on demande à ces poures gens quelle
certitude ils ont Je la volonté de Dieu, ils ne
fçauent que dire . finon tout au rebours de
bien:&de fait ils iront à l'auenture. Retenôs
donc que pour eftre bien difpofeï à prier
Dieu, il faut que nous ayons inftruftion de fa
parole:&non feulement pour dire que nous
auons cognu ie ne fçay quoy , mais que nous
/oyons bien certifiez que nous pouuons ve-
nir à Dieu, d'autant qu'il nous appelle , &que
nous fommes auf^ afleurez qu'il nousexau-
cer.i.d'autant qu'il nous l'a promis. Voila doc
pourquoy S.Paul a bien côioint ce; deux cho
fcs , & mt fines qu'il a mis la parole de Dieu
ep premier degré ,& qu'il aadioiirté la prière
ci|)mme pour l'accelToire , pource qu'elle en
dépend. La foy donc eftcelle qui nous con-
duit à prier Dieu. Au rclte, notons que fous
ce mot de l>ritr;, hwQ. Paul a aiifi comprins
l'aiflnn degraces. Carceluy qui demande à
Dieu fon pain ordinaire , il faut bien qu'il le
j-emci-cie qu.td il l'a receu.Ec fans cela quelle
ingratitude fera-ce à no' d'auoir cognu, Voi
ci Dieu qui a exaucé ma requefte,& cependîc
que iele laille là.'Sidonc nous mettons en ou
bli la grâce de Dieu que nous aurons obte-
nue par nos requeftes.noftreoraifon merite-
elle d'ellre receue? Nenni : car c'eft pleine-
ment femocqiier deDieu.Ainiî donc, notons
que fainft Paul lous ce mot de fritre, a quant
& quant coprins l'aôion de grâces. Or main-
tenant adiouftons ce qui a efté défia touché,
c'eft que fi nous ne pouuons prier Dieu pour
luy demander noftre pain quotidien , lufques
à ce qu'il nous ait inftruits à ce faire par fa
parole', que fera-ce quand nous luy viédrons
demander qu'il foit noftre Sauueur,qu'il nous
retire des abylines d'enfêr,qu'il nous pardon
ne nos fautes , qu'il nous défende & garen-
tilTe contre Satan ,&: qu'il nous donne vertu
pour refifter à toutes tentations? Ces cho-
fes qui concernent le falut éternel de nos a-
mes.ne font-elles pas beaucoup plus grandes
que le boire & le mager? Il eft certain. Il faut
bien donc que nous ayons efté en feignes de
Dieu auparauaiit. Or ceci eft bien à noter. Car
quand nous venons à Dieu en luy demandant
que fon nom foit fanftifié , voila vne chofc
qui furmonte meûnes le falut de nos aines.
Or fi nous nefjauons pouiquoy , fi nous n'a-
uons nulle-certimde que la volonté de Dita
eft telle, que nous n'ayons iamais goufté la do
élrine de fon Euangile,que fera-ce? Ne voila
point vne oraifon vaine &friiiole? Apres, fî
nous demandons î Dieu qu'il nous pardonne
nos ofFenfes , qu'il nous défende contie tous
les aflàuts de Satan , qu'il nous fortifie par tu
vertu.afin que nous bataillions contre toute»
tentations, fi nous requerôs cela, & que nous
n'ayons nulle approbation que nous deuions
obtenir noftre demande , mais que nous val-
lions en ignorance,rerons-nous exaucez? Or
pour iouir de la grâce de Dieu, comme nous
auons dit , il faut que nous ayons cefte certi-
tude que i'ay dite. Ainfi donc ,vouIons-nous
Ijien prier Dieu, tellement que nos requtftes
luy foyent agréables , & qu'elles produifent
leur fruift & efteft? apprenons de mieux mé-
diter les promeflesde Dieu que nous n'auons
fait par ci deuant , &nous exercer à la mé-
moire Se fouuenanced'icelles , comme nous
auons befoin to* les iours de prier Dieu que
il ait pitié de nous , veu que nous fommes fi
miferables de trebufcher à chacune minute
de temps. Et fi nous fommes bien afleurez de
la remiAiondenos péchez, voila qui fera que
nous aurons la bouche ouuerte pour prier
Dieu,5: venir priiiec met iî luytfans cela nous
fommes forclos de le pouuoir inuoquer. Car
iufques à ce que nous ayons cognu que Dieu
nous appelle à foy,& qu'il no' y appelle non
point en crainte ni en doute, mais en aflèuran
ce, nous ne pourras iamais approcher de luy.
Voila , di-ie , comme nous deuons inceflam-
ment méditer les proraeflès de l'Efcritnçe
/ famite.
SVR LA I. A TIMO TH.
i8ç
ftincte. cVftde ce que Dieu déclare «ju'il no'
pardonne nos pecliez toutes tois & cjuanics
que nous le requérons : & pour ce faire qu'il
nous (ouftiédra par la vertu de fon S. Efprit,
qu'il fera noftre bouslicr , qu'il aura vn tel
foin du falut de nos âmes , qu'il ne foijfrira
pas que Satâ gagne rien fur nous. QuSdnous
méditerons ces promefles-la pourles faire va
loir,en telle forte que i'ay dit,noiis fentirons
que ce n^eft poît en vain que noftre Seigneur
nous les a donnees,nous fentirons fi bonté &
l'amour qu'il nous porte , 8t nous mooftrera;
comme il veutauoir pitié de nous comme de
fes enfans, voire quand nous le recognoillrôs
pour Père , fouffrans d'eftre conduits par fa
parole, &d'eftre enfeignez en icelle, comme
c'efl le principal exercice auquel li nous veut
appliquer coûte noftre vie.
QV
O R. nouî-nous proûernerSsdeuant la iâ-
ce de noftre bon Dieu en cognotflànce de
nos fautes , le prians qu'il luy pJaife nous les
pardonner par ia bonté infinie. £c combien
que par noftre ingratitude nous ayons méri-
té d'eftre priitez de tous les biens qu'il élar-
git ici ba^ aux hommes, &: par plus forte rai-
fon de ceft héritage celeftc , que neantmoint
il ne lailTe pas de nous en faire participans,âf
qu'il nousconfernie de plus en plusenl'efpe
rance de la vie immortelle , iufques à ce qtie
nous ayant retirez de ce monde,ilnous intro
duifeencefte ioye permanente qu'il nous 3
appreftee au ciel pour viure à iamais , & re-«
gner auec noftre Seigneur lefus Chrift. Quf
non feulement il nous face cefte grâce , mai»
au&i à tous peuples Se nations de la terre,&Ci.
LE
ATRIEME SERMON SVR
Q^V ATRIEME CHAPITRE.
6 Si tu propojès ces chojes aux frères y tu feras bon MhiJIre de Ic^
fis Chrifl, nourri es paroles de foy (f de bonne doSirme <^etu as
enfuyuie.
7 M ais reictte le s faites inut'des, Q'fèmhlahks à celles des yieit
les: (y exerce- toy en la crainte de Dieu.
Ous fçaiiôs que la pius part
de; homes fe lafle bien toft
de ce qui livy feroir bié pro
fîuible.& prend pluftollplai
-ir à chofes- frmoles & inu-
tiles: & en cela monftrons-
nouv combien nous foraines
fert fclon nnfîrmitéftumaine,toatesfoisiI«
eflé exalté en gloire , afin que nous foyon»
attirez auec luy. Voila donc vne chofe à la-
quelle on fe doit bien appliquer,& qiiad nous
n'aurons autre eftude tout le temps de no-
ftre vie, ce fera beaucoup profité quand nous
cognoiftrôs qiie le Fris de Di'.-u eft ici de/ce»
deflituez de bon iugement.Or cependant ce- du j nous, qu'il a accompli toutes chofes qui
Itiy qui doit enfeigner.fe fafche quâd il voit
qu'on ne prend nul appétit à fa doûrine fi
elle eftbône: & cela quelque fois induit ceux
qui ont la charge d'anoncer l'Euangile , à
s'addonnet à vne façon eftrîge laquelle n'é-
difie point. Pour cefte caufe fainft Paul dit
ki à Timothee, combien que les homes fty-
ent chatouilleux des aureilles , & qu'ils vou-
droyent qu'on leur côtaft tous les iours quel
que ncuueauté , neantrooins queceluy qui a
TûfSce d'enfeigner ne doit point auoir ef-
gard ?. cela, pour côpiaire aux appetis fols &
defordonnez, mais qu'il doit fuiure fon train
pour inftruiie fidelemet ceux qui luy fontcô
mis en charge , & là deflus doit iuger ce qui
eft bon & propre pour toufiours édifier les
hommes en foy & en l'obeiflânoe de Dieu.
Nou auons ouy par ci deiiant cequefâinft
Paul difoit à Timothee pour luy monftrer
quelle eft la fomme de la doûrine de l'Eiian-
gjle.ce grand feciet & admirable , que Dieu
s'eft déclaré ici en chair , & que nous auons
eftoyét reqiiifes à noftre falut, q\i'en luy nous
auons plénitude de tous bien^,afin d'eftre par
ticipans de fa gloire immortelle. Que nous
eftendios tous nos fens & efprits haut & baî,.
&de long& delarge,il eft certain que la ha*
telle d'vn tel myfterefurmonte tout:& aufs»
c'eft là où il nous faut continuer , c'eft là où'
on fe doit employer : Se cependant fi eft-ce
que les hommes appetent toufîours quelqiies
nouueautez. Or iî faut-il qu'vn prefcncur
quand il fe voudra acquitter de fon deuoir.nc
foit point comme vn rofciu branlât pour gr»
tifier à telles fantafies, mais qu'il cherche d'e
dilier. Etainfidôc non fan', caufc fainft Pauli
adioufte, Que Timothee propofi Ui chirf< s dnnt
ita parlccomme s'il difoit, Ù eft vray que les
homes félon qu'ils font voLlges.voiidroyent
blé qu'on leur apportaft quelques chofes plai
fautes, 8; leur femble que s'ils ont ouy vne
fois que lefus Chrift leur eft venu pour Sau-
ueur.que c'eft afl"e7.,& que cela n'êft point t,ît
difficile qu'il le faille réitérer : mais que tu
fenti fa vertu celeftc:&côbien qu'il ait fouf- n'ayes point efgard à ces chofes. Nous voyôs
Au
i8tf
SERMON XXXI.
donc en {ommt <}uelle eft rincencion de S.
Paul. £t cependanc notons qu'ici non feule-
ment il monflre b leçon aux Palpeurs en la
personne de Timochee , mais aufsi à tout le
peuple Chreilien. Il eft vray qu'en premier
lieu nous Tommes ici admoneftez de la rè-
gle que nous deuons tenir , c'eft de n'eftre
point tranfporiez félon les fols appetis de
ceux qui demandent qu'on les paifle de beau-
coup de curiofitez friuoles , mais qu'il nous
faut tenir à ce qui eu ferme, & qui peut bien
édifier: & cependant lî les homes defdaignét
la doârine , qu'ih en foyent foulez , & que
nous voyont qu'il y ait comme vn degaft ,ne
laiil'ons pas pourtant de touùours inliller fur
ce qui eft vcilc, comme nous ne pouuôs auoir
ks aureilles trop batues de ce qui eR le prin-
cipal de noftrc falut , & en quoy tout noftre
bien côlifte. Voila donc pour vn item. Mais ce
pédant (i faut-il que tous en gênerai cognoif
Cent ce qu'ils doiuent defîrerrc'eft qu'en pre-
mier lieu ils ne foyent point chatouillez de
vaines curiofîtez & inutiles,comme de nature
nous y fommes par trop enclins:& puis en le
cond lieu, que nous gardiôs bien de nous laf-
fer de ce qui nous eft bon 8c profitable pour
noftre falut.Orcôme beaucoup de prefcheurs
d'eux-mefmes font par trop addônez à ambi
tion,& pour trouuer grâce Se faueur cherchét
feulement ce qui peut plaire.aufsi d'autre co-
fté le peuple eft caufe de faire décimer du bô
chemin les prefcheurs.Et pourquoy?car('c5-
me dit S. Pierreries hommes ont les aureiller
frétillantes, & veulent eftre rcpeus de contes
plaiCins,&côme de farces ou fables, amfi que
S.Paul les appelle ici.D'autant que les hom-
mes font ainli couoiteux comme des femmes
grolTès qui auront leurs appetis desbordez;&
bié.voila qui eft caufe que d'aucûs prefcheurs
s'abbaftardi(rent,& fe defguifent,& transfigu
rent ladoôrinede Dieu , qui eft comme l'a-
neantir.Et ainfi apprenons^commei'aydelîa
ioHché)que S.Paul en la perfonnede Timo-
theeadmoncfte ici to' fidèles ^e n'eftre poû
jinfî addônez i des folies plaifintes.Et quoy
' d5c?qu'il'; rcgardét ce qui leur pourra mieux
profitcr.Et quoy?que nous foyonsenfeignez
de la4>onté infinie de noftre Dieu comme el
le nous a efté monftree en noftre Seigneur le
fus Chrift.que nous foyons redarguez de nos
vices. Il n'eft point dodt queftion quâd nous
Tiendrons ouir la parole de Dieu, de vouloir
qu'on nous parle de chofes plaifanies, & que
nous fuyons côme repeus de vent, pour dire,
l'.iy apprins ceci de nouueau , & i'en fçauray
deuifer:& puis après que to' les iours ce foit
i recommencer, que nous ne demandions fi-
non qu'on nous conte ceci & cela , & quand
nous en aurons eu les aureilles bien batues,
nous ne fçaurôs que tout cela vaut,ni à quoy
il téd:car il n'y aura nul profit. Gardôs-nous
bien donc d'appetcr telles curiofitez quand
nous Jefiroos d'cftre cnfeignez par la parole
de Oieu:car c'eft la prophaner du tout.eom-
me il eft dit en l'autre partage, Toute l'Efcri t.Ti'w».
tureeft vtile.Enquoy fainû Paul môftre que i-d.i<.
Dieu n'a point voulu que fonEfcriture tuft
appliquée pour donner palTe-téps aux hom-
mes, & pour les faire rire , ou bien pour leur
dôner matière d'en fçauoir babiller: nô,non,
mais Dieu a regardé â ce qui nouseftoit bon.
Ainfi donc appliquons l'Efcriture fainde à
tel vfage, car autrement nous ferons coulpa-
blcs de facrilege,comme ayans pollué ce que
Dieu auoit dedié àvn vfaje meilleur, c'eft à
noftre £tlut,commedita efté. Ainfi donc vou
lons-nous que ceux qui ont la charge de no'
enleigneriayent la bouche ouuerte,& foyent
difpofcz inous/nonftrer le chemin de lalut?
De noftre cotténe les induifons point à mal,
& ne foyons point caufe qu'ils transfigurent
la doûrine de Dieu.Ec cément cela?que nous
ne foyons point addonnez à des fols appetis
pour fauter en l'air, mais que nous cherchiôs
d'eftre édifiez. Et la façon eft telle que l'ay
dite.qued'vnepart nous foyons condamnez
en nos vices, & que nous lentions le iogemêt
de Dieu,& l'ayant apprchcndc,& cognu corn
bien la vengeaceeft horrible fur les obftincz
& rebelles , que nous apprenions de gémir 8c
eftre côfus en nos perfunnes : & là deflus que
nous appréhendions cefte bonté ineftimable
qui nous a efté monftree en noftre Seigneur
lefus Chrift,eeftegrace infinie qui n ous a efté
faite par fon moyen, qu'eftas là fondez nous
inuoquions Dieu,nous attendions le iour au-
quel noftre falut nous fera reuel£,& que nous
pafsions parmi les côbats & les miferesde ce
monde , eftans armez de patience pour obéir
à la bône volonté de noftre Dieu,nous lânfH
fians à fon feruice. Voila(di-ie)ce qu'il nous
faut chercher.Et au refte,s'il no" femble que
nous ayons défia apprins cefte doârine , Se
qu'elle nous foit alft? cognue 8c familiere.ne
nous abufons point en cela.Carce n'eft point
aflèz que nous ayons entenducequi eft vray,
il faut qu'il no° foit remis au deuât, car nous
auons courte mémoire. Et de /aie, quand la
bonne doôrine Se vtile nous fafche comme fi
elle eftoit fuperflue,entrons en examen pour
eognoiftre , Or ça , as-tu inuoqué ton Dieu
d'vn tel zèle que tu dois& en telle folicitude?
Qu|d nous fentons que nous fommes froids
& nonchalâs à prier Dieu, il faut coclure que
nous auons donc mal profité en la foy.Car lî
nous cognoifsions i.i bonté de Dieu, il eftcer
tam que nous ferions enflamez,voire du tout
rauis à icelle :/i nous cognoifsions, di-ie, les
threfors qui font en lefus Chrift,ne feroit-ce
pas pour nous faire mefprifer tout le monde,
afin de tédre à luy & y alpirerfll eft bien cer
tain.Or maintenant à grand* peine pouuons-
nous ouurir deux ou trois fois le iour la bou-
che pour prier Dieu en vn mot :il y a rne laf«
cheté fi grande que c'eft pitié. En cela voit-
on que ladoârinede foy n'eft pas imprimée
enngt
SVRLAI. ATIMOTH.
.87
en nos coeurs comme il l'eroit rtijuis.Ce nVft
pas donc chofç fuperflue quand on nouç met
tra au dcuant ce que nous auons défia enten-
du : car nous n'en pouuonî trop fçauoir , &
quand nous aurons examiné noftre vie,& que
no' apperceuerô^ qu'en tout & par tout nous
Tommes defaillans , nous cognoiftrons que
nous auons trefmal retenu ce qu'on nous a-
uoit monftré,& que nous auons bcfoin qu'on
nous rolicite,& que la mémoire nous l'oit re-
frefchie. Voila comme nous ne ferons iamais
las d'efcouter ce qui nous eft bon pour noftie
filiit, encores que foir& matin cela nous l'oit
reiteré,& nous cognoiArôs que l'vfage nous
en eit toujours propre. Voila donc ce que
nous auons à retenir en ce paflàge.Or quand
le peuple feroit addonné à telles vaniiez , fi
fàut-il neantmoiiis que les Minières deia
parole de Dieu tienét bon, & qi^Jilt ne fe dé-
tournent pas i tous vents,& qu'ils ne tafciict
point de gratifier aux hommes : qu'ils ne Us
flattent pas , maisqu'ili fe contentent de ce
qui eft ici dit , d'ellre bons Miniftres de Ic-
fus Chrift. Voila donc à quoy il nous faut re
garder (î nous voulons prattiquer ce que S.
Paul nous commande, c'eft que nous fermiôs
les yeui quant aux iugemens humains, Se que
il nous futKfe que le Maiftre qui nous a mis
cnceuure,nous approuue.Car celuy qui vou-
dra élire fauorifé des hommes , il cA certain
qu'il ne Fera que Tarder la parole de Oien.
r.Cof.i, Comme fainâ Paul aufsi aux Corinthiens,
J.17. parlant de ceux qui veulent ainfi gratifier, &
qui délirent qii-'on-leur applaudiue, il les ac-
compare â des maquignons qui fardent les
marchandifes , & qui Tes corrompent en les
derguilânt. Voila c6me la parole de Dieu e/l
obfcurcie, qu'elle n'a point fa pureté nayfue
comme elledoit,quand les homes regardent,
Ho,ceci fera trouué bon , vpila comme i'ac-
ouerray faueur, voila comme on dira que ie
luis fçauanttl'autre fefera à croire.Ie fuis vn
beau parlier:comme beaucoup cherchent tel
les vaines louanges. £t pleull à Dieu que tous
«eux qui doiuent monter en chaire, fuflent
purs comme il feroit bien requis de ce vice-
ci,& que nous eufsions noftre principal con-
tentement de feruira noftre Seigneur lefus
Chrift: & côme c'eft à luy qu'il nous faut ren
dre conte.comme c'eft luy qui noys a confti-
tiiez à faire ceft office , qu'auûi il nous fuffit
qu'il nous app.rouuaft , & que noftre fcruice
luy fuft agréable. Or combien qu'on en voye
beaucoup , & plus qu'il ne feroit à fouhaiter,
qui font bien aifes quâd onleurapplaudit,&
au'ils ont lebruit.l'vnd'eftre vndofteurbien
lubtil, l'autre d'auoir vne belle lâgue & bien
faconde, &b;en friande , l'autre «Tauoir vne
grande dextérité pour fçauoir déduire & ce-
ci & cela, que neantmoins nous apprenions
de regarder à noftie Seigneur lefus Chrift
au lieu de telles ambitions. Et cependant no
tons que ce it'eft point ùas caufe que ûùnû
Paula ainfi parlé â Timothee. Il eft vray que
Timoihee de fa part n'auoit pas Q grand be-
foind'cftre exhorté à ceci .'car nous fçauons
letefmoignagequiluy eft rendu en d'autres
lieuximais pluftoft en fa perfonne fainâ Paot
a ici voulu ijionftrer à tous Paftcurs quel eft
leur office. Et cependant il nous faut aufsi re
tenir que ctftc epiftre eftoit commune à tout
le peuple: 8c d'autant que beaucoup eftoyent
par trop délicats, & qu'ils eullènt bien appe.»
té que toufiours on leur euft propofé doâri-
ne nouuelle, fainâ Paul les a ici retenus en
bride. Or tât y a que fi eft-ce que fainû Paul
parlant à vn home qui eftoit d'vne telle per-
feûion & fi vertueux, non fans caufe luy a dé-
claré qu'il fe deuoit- contenter d'çftre bon Se
fidèle feruiteur de lefus Chrift:comme s'il di
fottique tous ceux qui ont la charge depref-
cher foyét admoneftez de fe recueillir à eux»
Se de n'auoir autre ccnfideration que de plat
re au Maiftre auquel ils doiuent feruir.Car il
n'y a rien plus aifc que d'eftre tranfporteefi
to/l que nous tafchons de coptaife aux hom-
mes mous fbmmes comme efuanouis^u*il n'y
a plus de fimplicité en la do^rine , tsais elle
fera du toutbaftarde , comme aufsi les hom-
mes font tous les iours des changemens aou-
usaux.Ainfi.puis que âinâ Paul parlant àTî
mothee luy a déclaré qu'il faloit qu'il cher-
chaft feulement d'eftre bon & loyal feruiteur
à noftre Seigneur lefus Chrift, notons que
iamais nous ne pourrons porter la parole de
Dieu comme nous dcuons pour édifier l'E-
glife , finon que nous ayons les yeux ferme»
quant aux hommes , & que nous ne foyons
point menez de quelque cupidité d'côre en e—
ftime , & qn'on nous loiie , & qu'on prifc 00
noftre grand efprit.ou noftre fçauoir,oo no-
ftre babil : qu'il taut que nous ayons oublié
tout cela fi nous voulons édifier l'Eglife de
Dieu, & que nous deCriôs feulement de dohs
acquitter en forte que le Maiftre qui nous a
enuoyez, fe contente de noftre labeur & de
noftre feruice. Or au refte fainft Paul adiou-
fte.T» as tfté nourri en la foy , Cr-emla bonae J»
llrine{dit-il)&' Pas fm'uitmoojlrt donc <ju'aim
p eft. Ici fain£l Paul pour mieux confermer
fon propos & l'exhortation qu'il auoif mife,
dit i Timothee que pat ce moyen ri approu»
oera par efFeft qu'il a efté bien nourri en h pi»
redoflrine de l'Eiiargile. 11 eft vray que le
mot dôt il vfe, pourroit eftre prins aufsi pour
l>l!:i*rrjj/ài»t:niais ponrce qa'il n'y a q ce mot,,
le fens naturel eft celuy que l'ay i ceitéiafça-
uoirqiieTimotheequîd ilinfiftera fiir cequt
peut édifier les enfans de Dieu , & les faire
croirtre de plus en plus en foy & fainôeté de
vie,que par cela il monftrera qu'il a efté nour
ri en la foy:corame s'il difoit, que Timothee
a efté enfeigné dés fon enfance purement ca
la vraye religion : ainfi qu'il en parlé en la
féconde epiftre , qu'il auoit e\i & fa mère , & *• T/W»
fa grand' mère qui eftoyent femmes fidèles, i><<.4.
• A- ii.
i88
SERMON XXXI.
Sjqiie Tans auoir autre mai fi re d'efchole ne
dottcur.que mefmes en la raaifon dés fon en-
fance il auoit cognu quec'eftoitdela droite
vcritc. Suyiant cela nuinten.mc il luy dit,
Que tiitnonjlres que tu, as eftcifxrri en lafiy O"
eiiU bonne Aoclrine. Or ici nous voyons ijuM
cft requis que-celuy qui doifconduire les au-
tres,de longue main ait efté bienduit &bien
Tormc.Vray eft que Dieu pourra bien renou-
ueller les hommcs:mais tant y aquec'eftvne
chofe bien vtile quand il fe peut faire que ce-
luy qui eft appelé pour enfeigner , de tout
temps ait fceuque c'eit de la crainte de Dieu,
& qu'il s'y foit exercé. 11 eft vray que de no-
ftre temp- il a bié falu que Dieu ait retiré des
abyfmes d'incrédulité ceux qu'il a employez
pour mettre en auant la pure doctrine del'E-
uangile:iTuis tint y a encores qu'il leur auoit
lailîé quelque Icmencede religion. Il eft vray
qu'ils eftoyent ignorans, qu'ils eftoyent com
me poures beftes efgarees ainfï que le refte du
môde,&:s'ils fuffent demeurez enceft eftat.ils
ekoyent plongez en perdition: mais encores
Dieu lesj refcruez,& leura laifle quelque pe
tite femence.Tant y a que ce que dit ici (ainft
Paul.n'cft pas fans caufe , qu'il eft befoin que
celuyqui doiteftre conduiîeurd'vn peuple &
du troupeau, ait de long temps efté nourri en
la crainte de Dieu , & en la pure doftrine de
foy.Et notamment fainft Paul met ici ¥oy O"
btnne doSlrine , comme chofcs non feulement
infeparables.mais qui tédent à vne mefme fin.
Car comme nous verrons tantoft plus à plein,
> ces queftions inutiles ont quelque apparence
<le doftrine , & pour cefte caufe elles feront
plaifantes: & quand on mettra en auant quel-
que fubtilité bien aiguë, les aureilles fedreflè
ront, & chacun délirera de comprendre tout
ce qui fera dit: mais cependant ce n'eft rien q
fumée. Et pourquoy ? Car il n'y a que ce feul
fondement de foy fur lequel ondott baftir:3f
c'eft ce qui eft ici nommé Ronne doc}rine,c'c(i
adiré vtile.Et ainfî donc nous voyons que S.
Paul , quand il parle de la foy & de la bonne
doûrine , veut monftrer que iî nous cognoif-
fions que c'eftde la grâce de Dieu pour nous
y appuyer, & poiir mettre là toute la confian-
ce de noftre faktt,& fi nous fçauions que c'eft
de luy obéir, qu'alors nous ferions enfeignez
comme il faut,& que fans cela nous pourrions
auoir toutes les fpeculations du monde, il n'y
aura que vanité &menfonge. Et ainfî notorrs
bien que tous ceux qui auront efté enfcignfz
pourauoir quelque fermeté en eux, tafcherot
aufsi d'attirer leurs prochains & les rendre
conformes à cefte rcgie-la: au contraire, mus
ceux qui veulent plaire au monde , & qui de-
mandent qu'on leur applaiidiflV , mDuftrent
bien qu'ils ont vn cftoinacli creux &: viiidc , &
qu'ils ne trouuent là nulle fubftance.&Tqne ia-
mais n'ont efté nourris en la parole de Dieu.
Comme prenons Je car qu'il y ait vne nourri-
ce qui foit vne babii]arde,& vne yurongnefle:
& bien, elle pourra caqueter beaucoup , elle
pourra faire des mines,qu'il femblera qu'elle
foit la plus fongneufe du mode après fon en-
fant.Mais quoyrfi eft-ce que c'eft vne yuron-
gneffe pleine d'intempérance & de babil , &
qu'au lieu de dormir de nuict.elle fera addon-
nee à pail!arder,tellemét qu'elle n'aura point
de laift,& le poure enfant ne fera point nour-
ri. Au contraire, celle qui trauaillera volon-
tiers,&: cependant prendra nourriture Se fub-
ftance auec fon repos ordinaire , elle pourra
aufsi nourrir fon enfant . Ainfî en eft-il de
ceux qui doyuent anoncer la parole de Dieu.
S'ils ont beaucoup de babil,]io,il fcmblc qu'ils
foyent grans dofteurs, & que rien ne leur- ef-
cbappe:&;' quand ils cauferont àplaifir,chacun
incontinent drefle le- aureilles , & s'esbahit-
on,mefmes on s'efgayeen cela, &fcmble que
on ait profit^eaucoup quad on aura efté ab-
bruuéde chofes friuoles par l'efpace d'vne
heure, il femblc qifon en creue : & ceux qui
font ainfî fpeculatih, il eft certain qu'ils cui-
dent Se fe font à croire qu'ils ont beaucoup
profité : mais cependant il eft certain que ce-
luy q aura ainfî fjneftomach creux, ictte tout
dehors, tellement qu'il n'y demeure nulle fiib
ftance.Or celuyqui eft vrayemét nourri en la
foy,&: qui a quelque inftruftion pour fov-mcf
me, celuy-la cerchera coformite générale en
tous Ces prochains : que s'il profite en la do-
ûrine de Dieu , il demandera qu'elle foit re-
ceue des autresd'vnefemblableatFeftion, tel-
lement qu'vn chacun croifie & s'augmente, &
que nous venions tous en cefte perfeûion d'
aage de laouelle parle fainft Paul au quatriè-
me des Ephcfiés. Ainfî doc ce n'eft point fans
caufe que fainft Paul dit à Timothee , tjur s'il
infifie fur cet chtifet oû il a profité, qu'il mon-
ftrera qu'il a efté bien nourri en la doftrine,
que fon ame en a efté repeue,& qu'elle en a ti-
ré telle fubftance,que c'eft aufsi pour nourrir
les autres. Il y ad'auatagecncemot, que Ti-
mothee auoit fiiyui ia bonne doôrine. Or ce
mot n'eft point fuperflu. Car combien en'voit
on qui dés leur enfance ont goufté la parole
de Dieu.&rmefmcs ont receu telle inftruftion,
qu'il femblera qu'ils doyuent eftre des demi-
anges,*: puislàdeflus ils fedesbauchét, telle-
ment qu'on voit que ce font diables pluftoft?
Et pleurt à Dieu qu'il en faluft cercher les e-
xemples bien loin. Mais quôy? Nous voyons
ceux qui ont efté cnfeignez en l'Euangile dé-
liant qu'ils fceHfrentparler,& fcmbloit que ce
deuft eftre metueillcs . Or ont-ils continué?
Mais tout au rebours il femble qu'ils veulent
defpitcr Dieu.Etde fait.il vaudroit beaucoup
niieiiv qiieiainais n'eiiftent ouy fonnermot
de l'Euangile , que d'eftre ainfî desbordez , (5f
de fe retirer du bon chemin auquel Dieu les-
auoit introduits par fa grace.Par cela dôques'
nous voyons que ce mot emporte beaucoup,
quand fainft Paul dit àTiinothce, qn'eftant
nourri en la bonne doftrine,ii Ja pourfuyuc,&
y con-
s V R 1 A I. A T I M O T H.
iSy
y<on£inuc. Làdeffus notons que c'eftvn don
Ipecialjvoite fingulier que Dieu fait aux hom
mes, quand ilsperiîftent conftamment «nce
qui eit bô & propre pour leur falut.'Car de na
turenous lommes volages, &niefmes tout ce
^ui eft bon, nous eft qiialî contraire, & ce qui
cft contre noilre appétit on ne nous y peut
faire continuer iufques en la fin . D'autant
plus donc nous t'aut-il eftre fongneux de pour
fuyure & d'auoir celle perfeueraiice, & fur
tout.quand Dieu dés noftrc enfance ou nolhe
teuneuc nous aura tendu la main,& nous aura
déclaré fa volonté : que nous mettions tant
plus de peine à y adhérer, S; que -nous le priés
qu'il nous fortiHe par f.i vertu, afin que nous
ne foyons pas légers comme vne plume , ou
comme de la paille, pour eftre agiter ça & là.
Voila ce que nous auons à retenir.Et au refte,
notons que ceux qui auront vne fois tiré bon
ne fubftancede la parolede Dieu, auront vne
racine viue qui produira toufiours fes fruits.
Or à l'oppofite, ces gens volages, qui fe def-
bauchent ainfi aifeement.raoïiftrent que ia-
mais ils n'ont efié droitement inftruits, qu'il
n''y a qu'hypocnfie en eux , Se quelque cnofe
<jui foit apparue, que toutesfois il n'y a eu nul
le fermeté. Or Ciinft Paul ayant amfî parlé à
Timothee.adioulîe , Çh< i7/<>jy<f les fablet en-
fants & fem\>Ul)\es à eeUes des VieillUs. En
quoy il fignifieque ce n'eft ponit aflez qii'va
bon doâeur qui a la charge & office d'enfei-
gner , s'abihene de mettre en auant des er-
reurs,&des doftrines faufles, mais qu'il doit
bienauoir efgardàcefte vtilité que j'aydite.
Or fainû Paul ne fait point ici comparaifon
de la bonne doûrine à des erreurs mefchan-
tes qui font pour nous fedutre, & qui font du
tout contraires àla verité:mais il fait vne a'i-
tre comparaifon,c'eft quand il y a vne façon
d'cnfeigner laquelle n'emporte point d'ido-
lâtrie de fov, ni de fauflecé qui foit toute pa-
Tente, nuis tant y a qu'elle eft friii le : qu'on
cerche, qu'on fonde, & on trouueri qu'il n'y a
nulle édification . Or celuy qui fe veut em-
ployer fidèlement au feruice de Dieu, ne doit
pas feulement fuir les menfonees ( dit fainû
Paul ) & les fuperftitions qui font pour em-
poifonner les âmes , mais il doit aiifsi fuir les
faUet frafanes , c'eft à dire les fubtilitez qui
ne peuuent édifier, & qui nccontienent nulle
inftruftion qui (oit bonne pour le falut des a-
mes. Voici vn paflage qui eft bien digne d'e-
ftre noté .Car nous voyons que c'a efté vne
partie des corruptions qui font venues au
monde,& qui regnét encores auiourd'huy en
la Papauté.Vray eft que là il y aura des doftri
nés tant abfurdes& des erreurs tant lourds &
brutaux que rien plus: nous fçauons que l'ido
latrie y eft auAi vileine &: énorme qu'elle fut
iamais entre les Payens, que li tout le feruice
de Dieu eil corrompu ,brief qu'il n'y a rien
qui ne fo;: abaftardi.Or tels erreurs no' doy-
uent eftre deteftables : mais il y a vn mal qui
eft encores plus cache, &: qui n'eft point co-
gnudu cémun peuple. Car cRcores quelado-
àrinedes Papi.ftcs ne full point faufle côme
elle eft,qu'ellenehift point peruerfc:ficft-ce
qu'elle eft profane, côme famft Paul la nom-
me ici. Pourquoy ? Ils ont des queftions qu'ils
debatent de chofts oii il n'y a nul profit.
Q_uand vn home auroit cognu toutes les que-
ftiôs qui font debatucs aux cfcholes de Théo-
logie de la Papauté, il n'y auroit que vent. Or
cependant on s'y tourmente tant & plus, & ne
en peut-on venir à boufcar il:, mettent en a-
uanc des qiieftions qu'on ne pourra iamais re
foudre linon en deuinant:& quand vn homme
voudra ccrcherdes fecrets de Dieu, defquels
il n'y a point de déclaration en l'Efcriture
fainftc, n'entre-il pas en vn abyfme?Or les Pa
piftes ont eu ceft orgueil & cefte audace en
eux, de fe vouloir enquérir de ce qui nous «foit
eftre incogiiu. Et ainfi donc voila côme Dieu
a retiré £à vérité, quand le monde Pa ainfi cor
rompue. Deuant que les chofes fuflènt fi loiJr
des & fi brutales comme on les voit en la Pa-
pauté,il y auoit défia ces corruptions que l'ay
touchees.c'cftafçauoir que le monde s'addon
noit à des menus fatras, & queftions friuolet
& inutiles.qu'il n'cftoit queftion que de volti-
ger.Dieu a-il veu qu'on polluoit ainfi fa fain-
Cte Parole'il a lafché la bride à Sa tan, & là def
ius eft venu ccft horrible aueuglemcnt qu'on
voit. Notons donc qu'il y a deux chofes con-
tenues en la parole de Dieu . l'vnc eft qu'elle
nous morftre quelle eft la pure & la droite vc
rité.afindeno* retirer d'erreurs, d'idolâtries,
de méfûiiges.de ténèbres. Voila pour vn item.
L'autre c'eft qu'il y ait bône inlîruftion pour
noftrefalut.Et ainfi ceux qui ont la charge de
enfbigner.ne doyuét'pat(c6me défia i'ay de-
claré)s'abftenir defaulTedoftiine &demen-
fonge tant feuleinét, ce n'eft qu'vne partie de
leurdeuoir : mais ils fcdoyuent abfteniraufsi
de toutes curiofitcz qui ne peuuent feruir que
pour faire iafer les hommes comevnepieen
cage:ou bien q font pour endormir les efprits
fans qu'il y ait profit ni édification . Nous
voyons donc maintenât quelle eft l'intention
de fainft Paul. Or i'ay dclîa monftré que c'eft
vn vice qui 3 régné par tout lem5de:mais fça
chons que nous pourrions tomber en fembu-
ble dager.fi nous n'obferuôs la règle qui nouï
eft ici donnée par l'Efprit de Dieu. Quf faut
il donc que nous facions de noftrecofté, nou»
qui auons l'office d'anoncer l'Euangile?Q_ue
nous apprenions de regarder bien,& iuger ce
qui eft profitable,afin<le nous y exercer,& no
feulemét que nous eftudions à cefte pureté de
doftrine , afin de ne mettre en auâ t nul raen-
fongenimauuaifeiizanicmais qiienousayos
en recommandation d'édifier TEglife, & que
cefte prudence foit toufiours en nous(conime
i'ay dit) de fçauoir que l'Elcriture fainfte eft
donnée aux hommes pour leur vtilité.Sur ce-
la que nouJ fuyoni ta fables profanes , c'eft
A.iii.
Ij>»
SERMON XXXI.
i^ite, ^ui ne peuuent poijU former les hom-
mes ta feruice de Dieu , & que tout le peuple
de fa part regarde bien de n'eftre point ain£
frétillant pour appeterclioresioutilec.mais
qu'il cerche vne bonne fermeté & vne ûibftan
ce pour eihe nourri en la parole de Dieu.com
me elle eft la pafture de nos âmes. Voila pour
quoy aufsi fainéi Paul appelle telles fpecula-
tions fthles, & puis frafatiei , Cr fcmUabltî à
det tontes que font Jtiyitilltt .lï e viiy que fî
on luge félon Ton cerueau,on dira que ce font
des chofeï hautes & fubtiles. Quand il y aura
de ces queftions que nous auons défia ait qui
fe ferôt de chofes incognues,voila les efpritt
qui fontrauis : comme de nature nous fom-
mes enclins à cefte maladie, que nous Tommes
tantofl fafchez de la bonne doArine : & ce-
pendant nous voudrions qu'on remuaft touf-
iours noiiueaumefnagc,& qu'on nous feift vo
lerpardeflîis les nues fclon noftre imagina-
tion. Et voila pourquoy on trouuera les que-
flions inutiles tant bonnes . Mais fainû Paul
en Tauthorité de l'Efprit de Dieu déclare
que ce ne font que fables. Allei vous-en(dit-
il)auec vos fubtilitez tat aiguës, que vous pen
lëz eftre compagnons des Anges de paradis
quand vous aurez volhe ceiueau bien efchauf
ré en telles folies,mats ie prononce que ce ne
font que fables.Aurefle.encoresnefeconten
te-il point de les nommer fables, pour abba-
ire l'orgueil qui eft en ces prefomptueux qui
veulent faire des grans doûeurs,& cependant
ont l'eftomach enflé de vaines fpeculations,
mais il met qu'elles font frofanes, c'eft à dire,
pollues, qu'il n'y a nulle fainfteté. Car ce mot
de Pro/â»*,s'oppofe à toute fainûeté: & quâd
Dieu nous dédie à foy , nous fçauons que c'cft
Tne chofe facree,& qu'aucremct nous ne pou-
uons eftre dédiez à Dieu: mais aucontraire.ce
qui eft comme reietté de Dieu,& qui n'a nulle
accointance auec li|y, & qui n'en peut nulle-
ment approcher.cela eft nommé profane,c'cA
i dire conune vne chofc fouillée , vne chofe
pollue. Or fainâ Paiîl appelle ici fables prafa-
net, toutes ces fpeculations qui ne font point
pour faire régner Dieu entre nous,& nous af-
fuiettir à luy. Car le règne de Dieu en quoy
coniïfte-il> c'eft que nous foyons feparez des
Ordures de ce monde âtde noftre chair, q nous
appreniont d'y renoncer de plus en plus, tel-
lemét que Dieu nous gouucrDC par fon làin£^
Efprit, & que nous foyons purgez de nos affe
Aions mauuaifes , que nous foyons retirez de
nos mauuaifes oeuuret.La doArine doc qui ne
tend pas à cela, eft nommée TTifane.,Ei pour-
quoy? pource qu'elle n'emporte q fouilleiire,
.& tant s'en faut qu'elle nous face approcher
de Dieu,que pltiftoft elle nous en recule &:ef-
lôgne.Et puij fainû Paul met encoresvn mot
plus propre pour abbatré l'arrogance & fierté
de ceux qui îc veulét ainfi magnifier entre les
hommes fous ombre de leurs fubtilitez fiiuo-
lcs,les renuoyant aHit'yitilles.Cit telles gens
encores qu'ô leur reproche de n*aaoir en eut
qu'orgueil, il ne leur en chaut pas beaucoupr
mais fi on leur dit qu'ils font fots & badins,
cela leur creue le co:ur . Et pourquoy > car
moyennant qu'vn homme ambitieux foitpri-
fé, qu'on dife, qu'il a bonne grâce , ce luy eft
tout vn:puis apres.fi on dit qu'il n'y a que va-
nité en luy ,q mefmes il n'eft qu'vn mocqueur
& vn contempteur de Dieu , qu'il ne Elit que
iouer vne farce comme vn bafteleur.il ne s'ei>
fait que gaudir, il hume tous tels opprobres,
moyennât qu'on l'ait toufiours en reputatiô,
qu'on dile que c'eft vn homme bien parlant,
que c'eft vn home fubtil,& vn efprit aigu. Or
pour cefte caufe fainfb Paul dit, Allez , allez
aux vieilles auprès des cendres , car vous n''e>
ftes pas| dignes qu'on vous accompare à des
gens idiots, ni à ceux qui n'ont iamais apprint
a ni b àl'efchole,mais vous eftes plus hebe-
tez que les vieilles quand elles font leurs coi»
tes aux petis cnfans:c6me s'il crachoir à l'en-
contre de toute cefte pôpe & braueté de ceux
qui ne cerchent finon qu'on les prife. Nous
voyons donc maintenant comme faind Paul a
ntbbacu le caquet de tous ceux qui ne cerchét
point d'édifier l'Eglife de Dieu comme il
faur. Et au refte,afin que nous foyons admo-
neftezde nous exercera tout cel3,ildit, Errr
ce tay en la crainte de Vieui&c'eû ce que nous
auons touché du cômencement.Et ainfi donc
notons que celuy qui voudra s'acquitter de
fon office, quand il eft ordôné Pafteur en i'E-
glife de Dieu, quM faut qu'il applique fon e-
ftude à cheminer en la crainte dç Dieu, qu'il
regarde K ce qui eft propre à ccl^, & qiiM s'y
foit duit:i5i quand il aura cômencé par fa per-
fonne, alors il pourra aufïi amener les autres
& les guider au bon chemin. Voila en fomme
ce que nous auons à retenir.Et quant & quant
qu'il nous fouuiene toufiours que fiinù Paul
n'a point parlé à vn homme feul, mais qu'il a
voulu que ceci s'.iddreflàft à tous . Voulon*-
nous donc eftre vrais efcholiers de noftre
Dieu?(comme il nous fait cefte grâce de noi»
enfeigner tous les iours) Que nous ayons ce
fondemét pourbaftirdeflus.c'eftla vraye pif
fé: car ce mot que nous tranflatons crainte Jt
D'V»»,emporte vne bonne reuerenee telle que
Dieu loit honoré entre nous. Or quand nous
auons cela, alors nota pouuons baftir : mais au
contraire, fi nous ne commençons par ce
bout.cncorcs que nous ne feiAions que hieiU
leter en l'Efcnturc fainfte,&qu'on nous pref
chaft depuis le matin iufques au foir.&quede
nuiû encores nous ne cefsifvions de méditer
ce que nous auriôs ouy,il eft certain que tout
s'cfcouleta céinc eau.il n'y aura nulle ferme-
té. Voulons-nous donc(commci'ay dit|)pro-
fiter en l'cfchole de noftre Dieu, afin que (a
doftrine nous foit vt'Ie,&que nous en foyons
bien édifiez? Que nous ayôs toufiours ce fon-
dement, c'eft que nous tafchions de nous ad-
dôner âl'obeillànce de noftre Dieu, qu'il foil
exalté
SVR LA 1. A TIMOTH.
culte au milieu de nous.quM ait la reiierence
qu'il merite.Quand cela y fera, nous pourras
bien bailir. £t au relie . pource que nous ne
nous pouuons pas addonner à la crainte de
Dieu,& que nous ne pouuons pas auoir aucun
gouft ne courage de le feruir & honorer, finô
Tayanscognu vn Pcre tant amiable que nous
puifsions nous repofcrdu tout en luy , & que
nous y puifsions auoir noftre refuge.que nous
recourions àce qui eft déclaré toucHant no-
ftre Seigneur Icfus Chrifb , que là Dieu nous a
tellement defployé foncœur, que nous fom-
mes certifier de fon amour.Ainiî donc appré-
hendons celle grâce qui nous efl offerte par
le Fils de Dieu , & laquelle il nous communi-
que iournellement : quand nous aurons receii
vne telle grâce, que nous venions priueement
i noftre Dieu,fçâchans qu'il eft preft de nous
receuoir. Et cependant que nous foyons tant
plusefmeus Se incitez de l'aimer, puis qu'il
BOUS a preuenus de ûl bonté infinie : que nous
191
ne foyons point ingrats a tant de bénéfice»
qu'il nous a clargis,mais que nous apprenions
à nous remettre du tout à fon obeiflancc.afin
de l'honorer & le feruir tout le temps de no-
flre vie , & de cheminer en fa crainte pour y
eflre confe rmez de plus en plus félon que nout
en fommes exhortez par fa parole.
O R. nous-no«is proAernerons deuant la fà
ce de noflre bon Dieu en cognoidànce de not
fautes , le prians qu'il nous les face tellement
fentir que ce foit pour nous réduire à vne
vraye crainte de fon iugement , & qu'eflans
puis après retournez à luy en confiance qu'il
nous receuera à merci , qu'il nous face fentir
le fruit delà remifsion de nos péchez qu'il
nous a faite par noilre Seigneur lefus Chrift,
& qu'il nous côdaife par fon fainâ £fprit,ic>
quel nous renouuelle tellement que nous ne
cherchions fînon de conformer toute noilre
vie à fes fainâs commandemens. Ainfi nour
dirons tous,Dieu toue-puilIànt,Pere cele.&c.
CINQJ/IEME SERMON SVR LE
QJ^ATRIEME CHAPITRE.
Exerce - toy en la crainte de Dicit.
8 Car r exercice corporel ejî peu profitable , mais îd crainte de
Dieu ejl profitable à toutes choies , ayant promejfe delà Vie pre fente,
0» de celle qui ejl a venir.
nous foyons patieas en tout ce qu'il nous im»
pofe,& que nous regardions touliours à la vie
celelle. Voila doc i'eftude des enfans dcDieu,
&OÙ ilsfedoyuent arrefter du tout. Or ce-
pendant fainâ Paul monftre que ceux qui s'a-
mufent à des menus fatras.n y tendent pat,
mais pluAofl ils fe deAournent du droit but.
Comme ceux qui veulét plaire h Dieu par cho
(es externes , par cérémonies , parabftinence
de mager chair en vn iour,par ceci, & par ce-«
la, il leur féble qu'ils ont fait merueilles quad
ils auront eAé occupez à tels badinages. Or
tout cela n'ell rien. Sainâ Paul dôc nous mon
ftre qu'il nous faut retrancher toutes ces cho«
fes-la quand nous voudrôs venir dro^it à Dieu.
Et voila pourquoy il dit,Q«« ttxertite corfo-
Tel tjl ptH pTofitthle . En quoy il entéd q les ce»
remonies ne font pas de grande valeur,& que
Dieu ne les prife point beaucoup. Il n'y a dôc
que 1 a droite religion,& qu'on chemine en pu
re confcience que Dieu requière: & aufsi c'eli
laque rhomme fidèle trauaille du tout. Car
(dit-il) /« trainu d* Dieu tfl fufJifantt.ÇXwA
nous n'aurions point le relie de ces accellôi-
res,qu'il nous fuffife moyennât que nous che
minions d'vn droit cœur félon que Dieu le
commande : car en ce faifant nous auons les
promelTes non feulement du Royaume des
cieux, mais de celle vie tranfitoire , que Dieu
A.iiii.
Vyuant le propos qui a elle
ielia entamé ce matin lainâ
Paul exhorte ici Timothee,
3: en fa perfonne tous fidè-
les feruiieurs de Dieu, de fe
addonner du tou t à la v raye
Se pure religiô. Car les hom
mes vont toufiours par circuits, & au lieu de
t'auancer au bon chemin , ils fe trauaillent,
voire au double plus qu'il ne feroit befoin,
mais en chofes inutiles. Coniuie nous voyons
que les Papilles fe tourmentée tant & plus,&
nefont iamais laflez en leurs dénotions, qu'ils
appellent:aucant en ell-il de tous idolâtres &
incredules,quoy qu'on leur impofe de charge
ce leur eft tout vn,& rien ne leur courte: ouy,
moyennât qu'ils n'approchent point de Dieu,
ii qu'il ne fonde point lufques en leurs cœurs.
Et ce n' eft point d'auiourd'huy que cernai a
Val.i i commencé, il a règne des la création du mon-
1^ ' ' de : comme auAi le prophète Ifaie reproche
aux luifs, qu'en tr.icaflaut ils ont prins beau-
coup de peine, 3c le t»ut a efté perdu, pource
qu'ils n'ont point tenu le droit chemin. Ainlî
ooncfainft Paul pour corriger vn tel vice, dit
qu'il nous faut bié regarder quel feruice Dieu
tlemande & approuue, c'eft af (auoir qu'vn cha
cun de nous tende à luy en pureté de cœur, &
que nou^ rinuoquiôs comme nolhe Pcre.que
19^
SERMON XXXII.
Unuis ne nous defaudn. Nous voyons donc
maintenat quelle eft l'intentiô de fainft Paul,
c'eft afçauoir de monftrcr ce qu'il auoit n'a-
gueres touché.que quand les hommes s'occu-
pent à feruir Dieu, ou pour ne point manger
cKair vn certain iour.ou pour s'abftenir de ce»
~ ci ou de cela fans que Dieu leur ait comman-
dé, que ce font des menus bagages , & autant
de farees.Qu,'eft-il donc de Faire? Que nous
cognoifsions que Dieu veut eftre ferui non
lean^.c, point à noftre porte, mais félon fa nature. Et
44. ain(î(comme il eft efcrit) il faut que nous al-
lions à luy en rondeur & intégrité de coeur.
Or il el\ vray que de prime face cefte doûri-
ne femble eftre aflez claire , & qu'il ne feroit
pas grand meftier de s'y arreftertmais fi d'au-
tre cofté nous cognoiffons l'inclination des
hommes, il nous fera facile de iuger que non
fans caufe faind Paul nous a ici donne vne tel
le admonition. Et pourquoyîl'ay défia mon-
ftré en pallàntique quand les hommes veulent
feruir à Dieu.du premier coup ils fe vôt fout
rerendes cérémonies, voire fuperflues,& leur
femblera qu'ils ont beaucoup fait quad ils au-
ront inii peine à chofes qui ne valent rien.
Comme en la Papauté , quand les Papiftes fe
veulent acquitter de ce qu'ils appellent ferui-
te de Dieu, il faut bien qu'ils foyent en fouci
& inquiétude grande. Or cela ne leurcouile
rien:mais fi eft-cequ'ils y font aflpeûiônez iuf
eues au bout.Voyâs donc que de nature nous
tendons là,& toutesfois que c'eft peine perdue
& frullratoire deuant Dieu , que nous foyons
tenus en celle bride que fainû Paul nous met
ici à tous en ce mot , Que de nous exercer
quant au corps ,cela n'eft point de grande va-
leur.Or il ne parle point ici de fe pourmener,
ne de iouer à la paume, ni à la boule , ni de la-
_--— — bourer le» chainps,ne de chofe femblable.Car
«juâd vn homme trauaillera pour fa vie, il fert
àDieu, &cela eftvne partie de cefle pieté dôt
il fait mention, & laquelle il loue tant. Mais
ftinft Paul par ces exejcicet corportls , entend
en fommc tout ce que nous faifons pour plai-
re à Dieu outre fa Parole: corne de garder v-
ne telle fefte , ne manger point chair vntel
iour,auoir vne telle deuotion, aller en pèleri-
nage,porter la haire, ieufner vne telle veille,
aller à matines, que l\n voudra eftre vcflude
gris, l'autre de blanc , l'autre de noir, l'autre
portera la chorde, l'autre ceci, l'autre cela :voi
la di-ie, toutes ces dénotions que le monde fe
forge & baftitpjurferuir à DieB,q fontcom-
priiites fous ce mot, Xi'everc'ctç a^rpor.ls.^t
pourquoy eft-ce que fainû Paul a ainfi parié?
C'eft au regard du vr*y feruiccde Dieu le-
quel cft fpirituel,comn»enous .^uons déclaré.
Voila Dieu q veut polTcder nos cœurs, il veut
làaujir fon lîcge pour nous gouuerner. Il cft
vray qu'il faut bien que les pieds irmainsail-
Icnt qiiant& pliant , tellement que fi l'Efprit
de Dieu nous gouuerne, cela aiifsi fe monihe
par toutes uos oeuuces. iliis cependant en
quoy eft-ce que conllflc le IVruice de Dieu?
C'tû que nous foyons do tout appuyez fur fa
bonté,cerchansfaIut en luy feul.Êt puis.d'au
tant que nous auôs & obtenons par noftre Sei
gneur lefus Chrift tout ce qui nous eft necef-
Jâire,que nous ayons là noftre addre(re,& que
là deflus nous inuoquiésDieu,&que nous por
Mons paifiblement les miferes &affliftionsdc
ce mcde, q nou^ foyon» &fobre',5; téperans,
iufques à ce que noftre Seigneur nous retire
de ce pèlerinage terrien. Voila donc côme le
fétuicedcDiei» eft i^irituel.d'autant qu'il c5-
fifte en cefte intégrité qi'aydite.Aufsi au cô«
traire.quâd nous ne voulSs point feruirDieu.
mettans noilre fiance en luy,l'inuoquans,& y
ayans tout'jioftre recours , nous tenans plei-
nement à lefiis Chrift, portans en patience f»
croix,& chemfinans en ce mode toufîours pour
afpirer au Royaume des cieux,qu,îd,di-ie,no*
ne voulôs point feruirDieu en telle forte.mais
que Tvn trotte en pe)erinage,q l'autre obfcr-
ue vne telle fefte , penfont appaifer l'ire de
Dieu , que l'autre fait ceci, l'autre cela, voila,
des exeicices corporels, lefqucls,combien que
fainft Paul ne touche point encores ici aux fu
perftiti5s,tant y a en fomme q nous lesdeuôt
bien noter. Car il y a deux vi^ es c» ce que S.
Paul taxe ici: Tvn c'eft, que les hommes pen-
fent auoir beaucoup fait & dtflcrui enuers
Dieif, en s'eftant ainfi tourmenté le corps , &
beaucoup occupé à quelques cérémonies. En*
cores qu'ils n'imaginent point de mériter Pa-
radis par cela, qu'ils ne conçoyuent point ce-
fte confiace diabolique d'ohliper Dieu, & que
il n'y ait point vne necef itédc loix , lî eft-ce
neantmoins que fi les hommes s'amufent à
ces choies externes, qu'ils pourront eftre em-
pefcJic2& retardez de venir droit à Dicu.Voi
la vn vice délia que fainft Paul condamne. Or
il y en a vn autre beaucoup plus errorjne, c'eft
eeltiy qui règne en la Papauté. Car non feule-
ment les hommes voudront s'employer du:
tout à feruir Dieu en abftinence de chair , en
portant la haire, ou en ceci, ou en cela: mais
ils cuident faire des oeuures méritoires, &pen
fcnt aofsi acquérir falut par ce moyen. Cefte
opinié diabolique eft beaucoup plus mtfchan-
te que ne feroit point l'exercice corporel de
foy. Ceci feroit encores plus obfcurfînous
n'auions l'exemple ies ancif ns,& cela donne
ra plus grâdluftre à ladoilnne que nous vou-
lons expofer. T.wtoft après le temps des A-
poftres, nous voyons que la moineriea com-
mencé. Or de ce temps -la il n'y auoit point
de rattx perpétuels comme auiourd'huy,& Ti
dolatrie ne regnoit point encores , que ceux
qui tftoyent raomi s.cftoycnt comme hermi-
tes.lefquels toutesfois tiaualloyent fort pour
gagner leur vie, voire & cependant vinoyent
fortfobrement.en r)rte qu'ils pouuoyent fat
re de grandes aumofjies.Car pource qu'ils fe
cotcntoyent démanger du pain bis & des her-
bes, beaucoup y en auou fam boire vin, ils fe
couchjy
s V R LA I. A T I M O T H.
»95
C'iuc^^yent Tur h terre. Voila vne vie fort au
ft;:re,cic coucher fur terre. Anciins m';fmes ne
s'ofoyent pas coucher , mais dormoyeiu tout
deboutaupre;d\neparoy. Et puis ils n'ofoy
ent pas goufter feulemét de l'huile.mais man-
geoyent les herbes toutes crues, ou biébouil
lies auec du fel Se de Teau , & n'ofoyent pas
toucher vne laifche de pain,& mefmes ils n'o
foyent pas parler. Voila vne grande aufttrité
de vie:qui eft-ce qui ne diroit que telles gens
eftoyent du tout tranfportei au fcniice de
Dicu.=Or tant y a que ce n'elloyent qu'exer-
cices corporels, que ces bonnes gens s'tftans
ainfî tourmentez n'auoycnt pas beaucoup ga-
çnc.CarDieun'approuue point telles chofes,
& ne veut point aufsi nous y amufer : mais il
nous e.fhorte de méditer cefte vie celefte qui
nous a eftéacquife parnoftre Seigneur leius
Chtift, querenonçansau monde, à tous nos
defirs, & qui plus cfl , à noftre raifon propre,
nous luy foyons pleinement fuiets , que nous
mettions peine de trauailler en folicitude , &
neantmoins quenous-nous repofîonsdatout
en luy. Voila dôc les vrais exercices fpirituels
où noftre Seigneur occupe (es enfans.Orfcô-
mei'.iy dclîa dit)vo!!a ceux qui ont voulu fer
uir Dieu .i leur guife , qui ont inuenté des fa-
çon? de faire bien fort pénibles Stpefantes,
qui ont eu beaucoup de tourmcns:mais tant y
a qu'ils n'ont fait quebatt e l'eau, comme on
dit : ce font ieux de petis enfàns. Toutesfois
cela aefté fortprifé.comnne nous fçauons que
de nature les hommes voulans feruir à Dita a
leur phantafîe, félon qu*ils font charnels troo
uét beau ce qui apparoift au dehors, & en font
cfmeus,& leur fe mbif que Dieu le doyue ap-
prouuer aufsi bien. Celle grande aufteritc dôc
aefté en grande admiration , qu'on eftimoit
que ces hermites fuflent défia pardeflustes
nues, qu'eftans ainfi retirez du monde ils fiif-
fênt comme demi-anges.Voila comme on le.»
a prifez, & qu'ils ont efté en admirarion. Or
maintenant comment en eft-il? Vrayeftque
nos moines font bien loin de celle grande ri-
gueur & aufterité de vie, que leur fobrieté eft
de manger plus que leur foul,& Jamais n'auoir
fâure,& viare cependant au defpens d'autruy,
fans s'occupera nulle vocation que Dieuap-
prouue:&-au refte, on fçait que ce font pow-
ceaui en l'auge.Mais prenons le cas qu'ils fuf
fent femblables en leur vie a ceux defquels
nous auons fait mention: il y a cependant vn
orgueil diabolique,dc ce qu'ils appellent leur
conuerfîon, vn fécond baptefme : leur vie, vn
eftat de perfê£lion : & leur femble que non
feulement ils méritent Paradis erruers Dieu,
mai; il« ont encores du réplage pour fuppleer
au défaut d'autruy.qu'ils font tant de bonnes
oeuures, qu'ils en ont à reuendre. Et d'autre
cofté il n'y a pas feulement ces exercices cor
poreIs,mais des lîiperfiitiôs mefchantes: corn
me d'adorer des idoles ,.de chanter, Meflfe,de
faire toutes ces aboininàtions 9c vilenies (|ui
font dircÛe.-îicnt côtraires à la pure vérité de
Dieu. Par Cela nous voyons que fair.ft Paul ne
parle point des fiiperftitions quand il y a quel
que outrecuid.icc enThôme qui voudra feruir
Dieu en ccremonie,mais il parle de ce qui de
foy ne feroit point à condamner cômemau-
uais, fi non que les homes s'y arreftalîênt par
trop. Et voila où gift le vice, que cependant ils
ne penfent point au principal quand ilss'amu
fentainfi i» Taccefloire. Q£i plus eft, il n'y a
nulle doute que Timotliee ellant lâinâ.côme
on le peut veoir,& que le tefmoignage luy en
eft donné, toutesfois nelaifloit pasd'eftretou
chc decefte folie , qu'il s'amufoit par trop à
ceft exercice corporel , iufques à blelîèr fon
eftomach par faute de boire vin , & fe rendre-
inutile: non pas qu'il penfaft mériter Paradis
par cela: tant y a qu'il s'y eft trop arrefté, en
forte que S. Paul eft côtraint de luy comman-
der de boire du vin.afTnde s'addonner micur
au feniice de Dieu. Il ne faut pas que ce coni-
niandemcnt-la foit donné àgueres degensi
tant y a que ceft exercice corporel eftoit peu
profî.ible àTimothec, attendu qu'il en pou-
uoi t cftre moins difpofé à feruir à Dieu.Et aiit
fi il nous faut regarder à quelle fin nous de-
nons rapporter tout ce que nous faifons,&: fiir
tout que Dieu ne foit point fruftré de ce quM
requiert de nous,afçauoir que nous cheminiôs
en <acrainte,&en rondeor& intégrité de con
fcience.Nous voyons donc maintcnât en fom
me quelle eft l'intention de fainft Paul. Et airv
fî, voulons-nous bien feruir à Dieu ? l>rvfons
point de cérémonies & chofes qui nous fem—
blent belles à noftre fantafîermais à l'oppofite
regardons à ce que Dieu approuue.Car côme
il eft dit .-lu Frophete , fes yeux cherchent la;
venté. I! veut que nous .-lyons ccfte rondeur
de cc?ur pour nous appliquer du tout à fon-
olicilïàrcerapres que nous l'aurôs cognu pour
Père , que nous luy foyons enfans pour che-
miner deuant luy félon fa Parole, q nous ayôs
là tout noftre refuge, & que nous meditiôs la
viecelefte ,que ce foii là noftre eftude pour
nous exercer toutle temps de noftre vie. Voi-
la don q ues ce que nous auons à faire . Or ff
nous cuidons beaucoup proffter par chofts
externes, c'eft.vn abus, cela ne fera que nous
diftraire Sfnous deftourner du bon chemirr.
Vray eft qu'en fefuant Dieu nous vferons d'e
xercices coi-porels entant qu'il (éra befoinr
nous regarderôs de nous feruir & de ce corps.;
S: de ce que Dieu a créé à vn vfage temporels
nous regarderons,di-ie,de nous feruir de tour
ceIa:voire afin que ce nous foyent autant d'af,
des. Mais fi nous penfons que Dieu requière*
feulement cela,& q le principal demeure der-
rière,tout ce que nous ferons n"'eftque fatrasr.
il faut regardera vne autre fin.De quoy nous
feruira l'abftinenceîC'cft pour faire que nous
né foyons point a'ffriandez aux délices de ce
monde,& quand rroftre Seigneur'nous voudrï
humilier en poureté, qiie la portions patiem-
B.i^
194
SERMON XXXI 1.
tnent, que nous foyons prefts de fouffrir tout
ce qu'il luy plaira.que nouî fouifrions d'eftre
gouuernez par luy, que nous ne foyons point
enueloppez auï choies de ce monde, que nous
ne foyons point empefchez tellement qu'vn
chacun ne s'acquitte de ton deuoir , que nous
foyons agiles pour prier Dieu , & pour eftre
continuels en oraifon, quenous foyons iblici
tcz de penfer a. nos pcchez quand noftre Sei-
gneur nous en touche , & qu'il nous enuoye
quelques afflidion> . Voila donqucs à quoy il
non» faut fairv; fcruirl'abftinéce. Et autant en
eft-il de toute^ les chofcs femblablesqui ap-
partienent à l'exercice du corps. Mais tant y
a qu'il ne faut point mettre la charrue deuanc
les boeufs, côme on dit : il faut cômencer par
ce bout, que nous iuuoquions Dieu , quenous
cJicminionsdeuant luy en pureté deconicicn
ce:&quâd il luy plaira de nous exercer en po
uretez &: miferes.que nous portiôs cela patié-
ment . Qjie donques nous ne facions pa- le
chef & le fondcmêt de ce que fainû Paul a ici
cond,ininé, mais quenous CDgnoiùions q ceux
qui s'amufct par trop àPaufteritéde vie, n'en
font point plus agréables àDieu.Q_iie fera-ce
doncques quand il y aura ce> ûipcllitions vi-
leines & brutales, par Icfquelles les homes per
uertiflent du tout le vray feruice de Dieu, corn
me nous voyons en la PapautéfSi les Papilles
veulct feruir Dieu,& bien, s'ils ont avenir au
temple, quand ils entreront là, il faut de l'eau
bénite, qui ell pour cfTaccr leur Baptefme en-
tant qu'en eux ell. O.it-ils ainfi blafphtmé
Dicu?ils s'en iront profternerdeuant vn mar
jnouzet. Voila vn (acrilege exécrable. Apres,
ils iront adorer leur grand Dieuqui repofcen
leur boite,c'cft à dire l'idole leplusvilein qui
foit.côbien qu'il ne foit guère-; grand, vn nior
ceau de pain ou d'oublié: tant y a que l'Ii.m-
ncur du Dieu vniant icra l.i attribue àceft ido
le.Apres'ihaurôt leurs chSdelles,& leurs cn-
cenfemcns,& tous ces menus bagages qu'ils
ont iniiétez,quine f-jnt linon que corruption
du vray feruicc de Dieu. Ce ne font pas donc
feulement exercices corporels oncles fiiper-
flition'sde la Papauté.maisce fontiniientions
q le diable a forgées afin d'abolir le vray fer-
uicc de Dieu,& de mettre en allant des chofcs
qui font du tout répugnâtes à fa purt Parole.
11 eft vray que l'abus le plus deteftabie eft ce-
ftuy-ci,que les Papilles par ce moyen -la veu-
lent obliger Dieu, qu'il leur fcmbleqw'ils font
beaucoup pour luy , & qu'il fera tenu de leur
en rendre loycr.Maistâi y a qu'on voit com-
me en tout &: par tout les Papiftes font bien
loin de ce que traittc ici fainft Paul.Ileltviav
que c'eft délia vn vice en ceux que fainft Paul
condamne: mais les Papilles en ont beaucoup
déplus exorbitans. Et ainfi, puis que S.Paul a
condîné ceux qui veulent par au/leritc de vie,
& par chofcs fcrablables feruir.iDicu.cobien
qu'ils ne facent run qui foit cotre l'Etriture
uiutie.qu'ilsn'ayJt point d'idolatiicj en eux,
que iera-ce quand les hommes feront Ju pi*
qu'ils pourront. Se. que le feruice de Dieu qui
doit eltre fpirituel,fera côuerti en des badina
ges,en des farceries,& en des chofes que Dieu
reprouue du tout par fa Parole? Voila pour-
quoy l'ay dit que celle doftrine eft bien ne-
cefTaire quand elle fera obferuee comme elle
doit.Ainli notons que celuy qui cht-rche d''ho
norerDicu en lîmplicité de cccui,cobien qu'il
n'.iit p jint grades pompes fciô le môde.qu'ii,
ha tout ce qui doit fuffire.Et au reile,ceux qui
voudrôtauoir grand luftre & grande pope, 'il
elt vray qu'ils pourrôt eftre pnfez S: honorez
du monde, &pcn fera -on qu'ils aycnt des ver-
tus admirables, mais tout cela n'eft que fumée
&:menfonge deuant Dieu. Ceci fera encores
mieux entédu par la côparailbn q'j'5 peut fai-
re de ceux qui s'addônentainlî àdes cercmo-
nieî,& de ceux qui feruét .i Dieu en pure (im-
plicite.Prenons de ces moines qui eftovcnt le
temps palTé deuant q lacnnfulîon Papale fuft
venue au môde:nous auij-. délia dit qu'ils n'a-
uoycnt point vne fauffe doctrine côme ont au
ioLird'huy les Papiftc'.:ils ii'auojct point auf
fi les fuperftitionî qje rEfcriturc faincte con
damne, mais lU auoyent celle grande rigueur,
qu'il leur fembloir qu'ils ne pouuoyciit allez
; doter leur chair.En quelle forte? l'ay .'.ileeué
qu'ils n'ofoyét pas mefines Ce coucher fur ter
re.mais fc tenoye't debout:fiquelqu'vn man-
geoitdu pâin,c'tftoit en le pelant à demi on-
ce,ou à vn quart pour iour:& beaucoup n'euf-
fcn: ofc mâger vne miette de pain. Et puis ils
eftoyent lifols qu'ils ne vouloyét point par-
lcr:c5mc cela eft récité en Phiiloire Ecclcfia
ftiquepourvne gr.ide vertu, qu'vn moine vou-
lant biéprattiqucrle Pfeaume que nous allons
chanté ce matin , aefté feptans {ans parlef.
Voy.ît celaon cftoit raui encftonncniê::Com
ment?voila vn tel bô hermite qui eft côme ra-
ui en fainclcté, on voit bien qu'il a pleinemct
renccé au monde, q fi fa propre fœur va à luy,
il ne luy parlera pas.O quelle vertu l Et puis,
quand on voit q ces bônes gés ne s'oient pas
coucher, qu'ils ii'ofent pas m.îger no feuleniét
de la chair,mais du pain.qu'iK n'ofét boircde
l'eau la moitié de leur foui , qu'ils n'ofent pas
inefniedifccincr entrevne eau de fontaine, ou
quelque eau qui eft troublée , ne voila point
grand' chofe ? Nous voyons donc quand les
hqmes fe font occupez à telles chofes, qu'on
les a cleiicz par dcflus les nues, qu'on a prifé
beaucoup cela. Mais.ccpendant que nous prc
rions des pouies Laboureurs qui feront en
leurs maifons. Voila vn homme qui aura char
ge d'cnfans, il aura grand befoin & necefsité,
& pourtant il faut qu'il s'efforce iufquesau
bout pour gagner fa poiire vie: quand il vien-
dra en (â niatlbn , vn enfant crie , l'autre le
fafche, l'autre eft malade : & bien il faut que'
lepoure hf^mme fupporte toutes ces char-
ges-Ja , & n'aura pas 'fouuentesfois de quoy
fe nourrir & luy & fa fimille:& bien,le poure
hom
P/..r.3?.
SVR LA I. A TÎMOTH.
rpî
liôme fe recômanle A Dieu il, va faire fon la-
beur Ht piiis.cju.ld il m.ige,& qu'il lia dtquoy
l'tûiSilanter , :1 cogiioift qr.e le labeur de i'es
mains eft bcnic de Dieiulur cela il i'en va cou
cher , & s'il lia des falcherics, illes remet en
Dien,& les hiy recôniande: & quand il prend
fon repos , ce n'eft pa* feulement afiaque le
rcAedefa vieilfoit plu.difpos àcrauailler,
mais afin d'elhe recueilli au lepos qui no' eft
apprefté au ciel.Et bié,ce labeur-Ia n'iia poTt
grand luftre, ce fenible.Apres, voila vn home
luechanique qui trauaillcra de fes niain<:& en
cores qu'il ait prins beaucoup de peine, fi eft-
ce que bien fouuent il n'aura pointdequoy fe
fubftâter.mais ilpaflèauiour la iournee.il bé-
nit Dieu qui luy donne fanté:il fe confolc ce
pendant, car ilcognoift que fa vie eft agréa-
ble à Dieu:côbien qu'il foit mefprifé du mon
de,& qu'on n"en tiene pas grand conte, fi eft-
ce qu'il cognoift , Tout ceci eft accepté de la
main de Dieu.Q^and nous ferons comparai-
fan de ces deux-la , nous verrons mieux l'in-
tention de fainû Paiilqund i!dit,Q^*/dfrd/«
te de Dieu eft -vtile .î toutes cbofcS. Il eft vray
que cela fera côtemptiblc au monde, ou n'ap-
perçoit point que vaut la iimplicité d'vn po-
ure idiot , on ne fera point grand bruit quand
il fe tiédra quoy en fon mefnage , on n'eftime
rien cela : mais cependant voila des f^crifîces
qui font précieux àDieu. f^n cotraire.ccix qui
font degrans agios , qui auront de belles pa-
rades,qui fcrontainfiprifez du monde, &que.
foHt-ils ? Le principal leur défaut: car ils ne
donnent point de lieu à ce que nous auons dit,
afcauoirde regarder droit àDieu pour rnettre
leur fiance en luy,& l'inuoquer en pureté de
confcience.Puis qu'ainfi eft, notons bien .]Ue
quand vn homme cheminera en rondeur de
caur,&: qu'il mènera vnevie fimpîe,voire co-
gnoiflànt qu'il eft deuant Dieu,que nous fça-
chions queceluy-la, combiéque le monde ne
le prife gueres.toutesfois eft compagnon des
Angcs,&q lafimplirité quieft en.luy eft beau
coup plus vertueufe que tout ce qui eft de
grand monftre deuant les hommes, & qu'on a
accouftuméde prifer.Puis qu'ainfi eft(comme
i'ay dit) tenons-nous là, & que nous y appli-
quions toute noftreeftude. Maintenant nous
voyon.', qu'il ne nous faut plus iugerdu ferui-
ce de pieu félon l'apparcce.Et voila en quoy
les Papiftes s'abufent ; car ils fe plaifenten
leurs badincries : &'pourceque tout ce qu'ils
ont.confifte en belles miçies , &qu'vn chacun
ha de gras apoareils pour feruir Dieu,& pour
eftre pjuseftimé , ils s'endurciflent toufiours
de plus en plus en leurs fuperftitiôs.Ôrau con
traire, fouffrons den'eftregueres priftz felô
le monde, qu'il ne nous chaille s'il ne nous
faut point.de grandes pompes & brauades , &
que nqusne monftricMis point nos eftandars
}>ournouifaireveoirdelGin:c5bicn que tout
cela nous défaille, c'eft tout vn, contentons-
soutde cheminet en cefte londeux & fimpU-
citéqiie Dieu demande, car c'eft au fvi où tout
fon feiuicf coiififtc.Quiind vn hômcfera forè
deuoir, encores qu'il foit poure, & qu'il n'ait
point des mignardifes beaucoup, qu'ii n'ait'
point des laçons de faire exquifes pour atti-
rer la faneur des homes, fi cependant il chemi
ne droit, & qu'il regarde , C'eft à mon Dieu à
qui ic doy feruir: &: que fur cela il l'inuoque,
qu'il fe repofe du tout fiir luy , qu'il chemine
en û crainte & en l'obeiflance de fa Parole,
encores qu'il y ait beaucoup de chofe squi luy
défaillent . moyennant qu'il ait fon afFeftion
droite à Dieu, encores q tout le mode le mor-
de, qu'il ait beaucoup de fafcheries & de mo-
leftes,& que mefmes il ne foit pas eftimé beau
coup, qu'il fe contente neâtmoins de cefte fînj
plicité-la:car lacraintedeDieu(dit S. Paul)
eft vtile à toutes chofes :comme s'il difoit,que
c'eil la vertu des vertu'.c'eft le comble de tou
te perfection. Et quand les hommes voudront
bien ordonnerkurvie , qu'ils ne s'occupent
point à beaucoup de menus fatras, mais qu'ils
s'eftudient à fuyiire la pure religion , laquelle
côfifte en ceftepraintede Dieii,&cnceftefim
pliçité de cûfur comme non; auons dif." Or il
adioufte que quand nous ferons ainfi,nous au-
rons cognoiflance que Dieu prut fuffiretant
à la vie prcfen te qu'à celle qui n'eft pas enco-
res apparue. Ceci eft pour nous donner coura
ge, afin que nous ne doutions point, moyen-
nant que nous fermons à Dieu en pu;-eté de
ca-ur,que tout n'aille bien. Et pourquoY?QiiJ
eft-ce que nou demandons plus finon que no
ftre Dieu nous gomierne ,& qu'il ait vilfoia
paternel de nous, afin de nous aider au befoin,
de no'deliurer de toutes nos necefsitc2,brief
de nous tenir la main forte, tellement q nous
fnyons toufiours gouuerneï & garentis par
Iny? que demandons-nous plus > ne voila paî
vne félicité & vne ioye parfa:tcrQj;ard nous
irons ainfi en rondeur & intégrité de coeur,
combien que nous n'ayons point vne vcmi
apparéte,que nousnc foyons point prifczdu
mode, que nous n'ayons point vne fi belle ap-
parence que les hommes la demandent , c'eft
allez que noftre Seigneur nous ait pour agréa
blés, que nous foyons afleurez de (on amour,
& que nous conuerfions en ce monde f^achSs
qu'il ne nous dçfaudra point, & qu'en fa fin il
ne nous recueille en ceft heritape telefte qu'il
nous a promis., Or puis qu'ainfi eft que fainft
Paul nous a ici voulu exhorter à la crainte de
Dicu,en nous inonftrant qu'elle apporte tour
bien & toute félicité auec elle , que nous ap-
prenions denous remettre là quand il eft que—
ftion de régler noftre rie. Carte n'eft point
aflcz pour fuyure Dieu qu'on plaife aux hon»
mes,niais il faut regardera Dieurcar lufques
à ce quVn homme le toit ainfi retueilli , ia-
maisil ne pourra marcher au bon chemin , il
ne fera que vaguer tout le temps de fa vie. Ap
prenons donqucs de régler noftre vie felop
Dieu^votxecl>eIchans eniuy tout noftiebieiv
BJi.
Ijtf
SERMON XXXH.
comme taùi c*eft là qu*il côlifte , & que nous
feroBs trompez en le cherchant ailleurs. Or
cependant nous auont diligemment à noter
«eque faintk Paul dit, Qu^en craignant Dieu
floniculcmct nous forames alTeurer de la vie
à venir.raais de celle vie caduque. Il eftvray
que le principal que nous deuôs délirer ,c"eft
que Dieu puis qu il nous a adoptez pour fcs
cnfans, ne permette point que nous foyons
iamais banis ni exclus de fon heritage.Il tant
donc querliomnie fidcle tende de tout fon
cœur , de tout fon delîr, & de toute fon atfe-
ftion â cefte vie celefte, & que nous portions
patiemment tes miferesjopprobres & fafche-
xies de ce monde, & raefines que nous appre-
nions de nous glorifier en nos tribuiations,
comme fainû Paul en parle au quinzième des
Romains. Quand donc nous ferions les plus
mal-heureux du monde, lî faut-il prédrc cou
rage:corame de fait fainfl: Paul confeire bien
au quinzième de la première aux Corinchiés,
que fi on eûime les enfans de Dieu félon la
condition prefente , ils ferôt plus inifcrables
que les incrédules. Et ainfi il nous faut bien
addonner noftrealfeftion à la vie celefte , &
pafler outre ce mode. Mais tant y a que nous
deuons cependant prendre courage en la bon
té de noftre Dieu.d'autant qu'il nous veut ici
■entretenir, & auoir le foin de nous cependant
que nous fomines en ce pelerinage.il eft vray
que de prime face on trouueroit ici quelque
contradiûion , d''autant qu'en cefte fentence
que r.iy alléguée de fainft Paul , & .\ l'e.tpe-
ricnce qu'on voit à l'œil , il nous eft monflré
<jiie fi on nous cô'îdcre quat au monde , nous
lommes plusraiferables que toutes créatures.
Or notons qu'vn morceau de pain vaudra
plus àvn Chrtftien,que toute l'abondîcedu
monde àvn incrcdule.Car vn incredule,com-
■feien qu'il mange & qu'il gourmande les biens
de Dieu, il ne fçait dont il lésa reccus , & fa
confcience cft toufiours ( comme nous auons
dit par ci deuant)comme bruflee d'vn caute-
re.qii'il n'y a point de repos. Et qu'eft-cedôc
que tout le bien qu'ont les contempteurs de
rXieu?QuJils ayét tout à fouhait.que leur vie
Toit eftimee heureufe tant & plus.helas il n'y
aquepôuretéeneux : car ils ont vn ver qui
les ronge au dedSs.ils oiit leurconlciéce pro
f re qui Tes tourmente-car puis qu'ils ne regar
dét pointa Dieu, il eft impofsible qu'ils puif-
fent rouir de fesbié*&de fes bénéfices. Et au
contraire.quandles fidèles reçoiuét les biens
qu'ils ont coine delamain de Dieu pour luy
en faire recognoiflance , voila comme il eft
dit qu'ils ont les promeflès de la vie prefente.
Mais il y a encores plus: car ce n'cft point le
tout d'auoir les biens en main, mais il faut e-
ftre alTeurez qii'aii nlilieu di la poureté.au mi
lieu dés dangers & de la mort mefmé , Dieu
nous fauuera toulîoui-s. Q^âd les infidtles au
J-byent tout ce queleur cœiir'-porte, (îeft-ce
qu'il leur fembl'c que terre leur d'oiuc faillir:
ils font en fouci Si en inquiétude perpétuelle.'
Ainfi donques ils ont leur Jvie comme pen-
dante d'vn filet.ainll que dit Moyfe : & n'au-
ront pas feulement les agitations qu'auront
les fidèles quand ils fe trouueront enferrez,
mais ils ferot là du tout effarouchez,qu'ils ne
fçauront à qui recourir,ni à quoy fe tenir,en-
cores qu'ils foyent bien munis félon le mon-
de.Au contraire.combien qu'il femble que les
fidèles foyent tellement agitez qu'ils n'ayent
point vne feule minute de repos, tant y a que
ils ne laiflent point d'auoir leurs confciences
paifîbles,d*autât qu'ils cognoiflent que Dieu
leur eft propice.Et côbien qu'ils ayentbeau-
coup de fafcheries & de moleftes , tant y a
qu'ils ne toberont iamais que fur leurs pieds.
Et pourquoy? Car nous fçauons qu'il eft dit
au Pfeaume , que s'ils tombent fept fois le
iour, qu'ils feront rcleuezneantmoins : tou-
tesfois & quantes qu'il nous aduiendra quel-
que mal, nous fçauons que nous auons noftre
garent au ciel pour nouS en deliurer . Ainfi
donques nous marcherons hardiment parmi
tous les dangers de ce monde, quand nous en
ferons enuironncz & circuis déroutes pars.
Et pourquoy? fçachans que Dieu a fa main e-
ftenduc pour nous garentir, & qu'il cft noftre
protcdeur. Et ainfi c'cftvn priu:legeineftima
ble que d'auoir cefte afleurâce que fainft Paul
attribue ici aux enfans de Dieu, quand ils che
minent en bonne confcience, tellement qu'ils
cognoiftrôt que cefte promclTe-ci n'eft point
fruftratoire. Et ainfi prenons courage, &• paf-
fons hardiment parmi tous les troubles de ce
monde,bata!llons contre toutes les tciuatiôs
de cefte vie caduque, fçachans que noftre Sei-
gneur nous y maintiendra par fa'vertu,iufques
à ce:que nous en ayons pleine viftoirc: &: con
fermons-nous de plus en plus , comme lainft
Paul dit que nous fomraes efprouuezpar les
affliftions , afin que nous apprenions d'eftre
toufiours plus conJlans en foy & en efpe-
tance , fçachans que l'efperance ne confond
iamais. Voila., donques ce que nous auons à
retenir pour maintenant de ce palïage, en at-
tendant que le refte fe dcduife plUs à plein.
O R nous-hous proftetnerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le prians qu'il luy plaife nous fai-
le la grâce qu'eft.îs abbacus en nous-mefmes
& humiliez pourla cdgnoiflance de nos of-
fen fes, nous puifsions geiiiir en forte qu'il ait
pitié des miferes au fquelles nous femmes cô-
ftituez . iEt que cependant il nous touche tel-
lement pai fjn fainft Efprit , que nous ne de-
mandions finon de nous ranger à luy , & que
nous ne foyons point fi fols de nousarrefter
àcequé'bohnvus fémblc , veii que tout cela
n'eft rien c'ftimë deuànt'luy ,' mais qiie nous
regardions â fa bohneVoIônté , pour nous y
conformer . Et d'au'tant qu'il nous appelle I
ce leruice fpirituel qui gift en pureté de con-
fcience
s VR LAI. A
T I M O T H. IS7
Aii,& à laquelle il nous faut tnaintenantarpi-
fcienee , que nous mettioni là tout noftre de
tir.Sc que nous y l'oyons difpofez de plus en rer. Que non feulement il nous face cefte
plus , iufques à ce que nous foyons confor- grace.mais aufsi à tous peuples & aa«ions de
mes à cefte iuftice qui elt aux Anges de para- U terie,&c.
SIXIEME SERMON SVR LE
Q^V ATRIEME CHAPITRE.
p C* ejï parole certaine, (f digne d'ejlreentiereittentreceuc.
10 Car pour cela nousfommei en fafchene , çy fômmes yitupe-
re2;}pource que nous efperons au Dieu yiuantj^ui ejl lefauueur de tous
hommes , principalement dcsjideles.
11 Commande ces chofes,0' l^s enfeigne.
. Ainû Paul auoit dit que les
I hommes craignis Dieu non
1 feulement feioyent aflèu-
rez de la vie celefte , mai»
I aufsi que Dieu les gardera
I en ce monde , & qu'il aura
toufiours pitié d'eux , & fe
monftrera leur Père. Or nousauons bien mon
ftréquecen'eitoit point où les iîdeles fe doi
uent arreftcr, qu'à ce qui nous eft promis tou
chant cefte vie caduque:car il nous faut touf-
ipurs tendre i ce but du Royaume celefte où
Dieu nous appelle & nous attire : mais les
biens qu'il nous diftribue en ce monde, nous
fontcomme aides pour nous faire marcher à
luy , d'autant que li nous appréhendons (a
bonté, ou paur le moins défia nous en itntôs
quelque gouft. Et ainfi c'eft à cefte occafion
d'afpirer plus outre, afin que nous foyons raf
fafiezcftaiis pleinement conioints à luy.voy-
ans fa face laquelle maintenant nous ne pou-
uons encores contempler pour noftre infir-
mité & rudefle.Or ccpendant.pource que les
fidèles font de pire condition en ce monde
queles incrédules, &qu'il lemble propremét
que Dieu les mette ici comme à l'abandon,
qu'il ne luy chaut de ceux qui le fcruent &
honorent.mais qu'il leur tourne le dos, &les
abandonne au befoin , fainil Paul pour ofter
vn tel fcandale dit , Q_ue bien ift vray que
nou^fommes affligez &en opprobre, mais
£ue cela n'empelche point que Dieu ne foit
gardien de nos vies , & que nous ne foyons
toufiours garantis par luy, & que cefte doftri
ne ne foit tenue vraye, qu'if a noftre falut
pour recommandé. Voila donc à quoy S.Paul
prctéd, c'eft d'ofter la doute qu'5 pouuoit fai
re touchant cefte fentence que nous auons
veue.Q^Dieua promis à ceux qui leferui-
ront en pure c infciéce, d'eftre leur Sauueur.
Si on allègue, Cément cela?onvoit tout Top-
pofite. Car ii vn homme de bien s'efforce de
marcher comme il d it.on le molefte, onl'in
iune, il fera tourmenté', dtaiTuieitiàbeau-
eaunw
coup de fafcheries.Dequoy donc luy fert d*«
uoir cheminé droitement? comme nous voy-
ons que cefte tentation-la eftaduenueà Da- p/>^«
uid,C'eftdÔc en vain que l'aylaué mes maint, _» ,,
que l'ay eftudié à toute pureté. Carcepédant
il voit que Dieu le dclaifle, comme il femble.
U eft donc comme esbranlé , & ne fçait plus
que dire. Or afin que nous puifsions repouf-
fer vne telle tentation, fainâ Paul nous ame-
né ici deux poinû/^ qui font bien à noter. En
premier lieu,dit-il, quand nous foufFrôs.Ojï
if.:it!.jnt <ju nous ef^ Tes a» V itu y'uaitt. Com
me s'il difoit , Voyons la cauft de nos affli-
ûions, & nous aurons dequoy noos confolert-
car Dieu nous veut exercer quand nous efpé-'
rons en luy, il veut efprouuer fi nous fommes
vaillans gendarmes pour demeurer toufiours
conftans. Voil.idôc pourquoy il permet que
nous foy6satfligez,qu'onfe mocquedenous,
que mefmes on nous deldaigne. Puisque la
volonté de Dieu eft telle, confolons-nous en
cela. Et puis il y al'ilTje quant & quant: Of«»
fdit-il).yî fauuettrde tous hommes:pîT plus for
te raifon il eft Père de ceux qu'il a prins en fz
garde , & qui fe remettent du tout à luy. Ici
donc fainâ Paul fepare nos affligions d'auec
celles des incrédules. Et commétîC'eftà eau
fe que l'ifTue leur eft bonne , que s'ils fe font
employez au feruicede Dieu eftans affligez,
c'eft vne arteurance de leur foy. Or fi Dieu
deliure tous hommes , nous oubliera-ildef.
quels iflavnfoin fpecial , pui que nous fem-
mes de fa maifon , & qu'il nous a adopter
pour fes enfansfAinfi donc il faut conclure U
delTis, combien que les fidèles foyent vilipea
dez en ce monde,côbien qu'ils endurent beau
coup de miferes, toutesfois ils ne lailTent pas
pourtant d'auoir les proraeflès que Dieu a
le foin d'eux, & que leur falut luy eft pour rc
commandé,& qu'il les.garentirade tous Jeurs
m'aux:& là deflus nous voyons que rien ne di-
minue noftre félicité. Quand donc vn hom-
me s'addonnera au feruicè de Dieu,& qu'il ne
demandera finond'acheuer le cours de la vie
B.iii.
ipS
SERMON XXXIII.
en pure confciéce, il a tout ce qu'on peut dé-
lirer. Et pourquoy? Car en ce monde Dieu
penfera de kiy , & quoy qu'il liiy aduiene , iî
eft-ce qu'il Icntira par etfeû qu'il eft en bon-
ne main & en bonne garde quand il a fon ga-
rent au ciel. Et puis le principal eft , quand
nous fçauons où eft noftre héritage & noftre
repos éternel. Caries biens dont nous pou-
uons jouir en ce mode, ne font pas pour nous
y retenir.mais pour no* y faire pafler.Q.u,id
Tn voyager fera aflez bien traitté en vn lo-
gis,ce n'eft pas qu'il y demeure pourt.ît.mais
celaluy doit donner courage de paracheuer
fonchemin tant mieHx:ileftoitlas,il fe rcpo-
fe : il auoit faim , & il a dequoy fe repaiftre.
Ainfi donques il fe délibère tant mieux de
pourfuiure fon chemin. Et ainfi, quand noftre
Seigneur nous donne quelques commoditez
en ce monde , & que nous fommes fupportez
de luy.c'eftafin que nous foyôs tant mieux ai
guillônez pour pourfuiure noftre courfe, ten
dans toufiours au but où il nous appelle. Or
nous voyons donc à quoy nous deiions appli
quer ce partage de S.Paul.quâd ildit,C>»' <''fl
fnf farole certaine , ^ue nous fommes ajfligex,
(^innpfrohre , d aHtaut ijue nous eÇfirons an
Dieu ^•iuan t. Or en premier lieu il nous mon-
ftre quelle doit eftre la caufe de toutes les
_. fafcheries que nous endurons en ce monde,
"■ corne aufs i S. Pierre en parle difant.QM nul
■ de vous ne doit foufFrircôme larron, ou meur
trier,oupaillard,maiscômeChrfftié,&qu'en
cela nous deuôs glorifier Dieu quand il nous
fait cefthôneur de porter fa marque,que no*
ne fommes point punis pour nos péchez, mais
que pluftoften nos affligions &' angoilles il
nous recognoift & aduouc pour liens. Voila
donc comme nos pafdons font côme iâcrees
& honorables deuant Dieu, quand nous endu
rons pour efperer en luy. Et cefte caufe nous
, fepare d'auec les iniques:car tous les contem
pteurs de Dieu , & toutes gens profanes qui
ne penfent qu'au mode, pourquoy eft-ce que
ils fouffriront finon pour leurs cupiditcz en-
ragées , finon pour leurs iniquitez, pour leur
Kiefchante confciéce, pour leurs difloUitiôs,
pour leurs folles entreprinfes &mefchates,
pour leurs mefchantes traffiques , pour leur
' cruauté,^ chofes femblables? Or ccux-h fôt
maudits en leurs affliûions.Mais quand Dieu
BOUS fait la grâce qu'en fouffrant nous por-
tons fes armoiries , nou^ auons biendequcy
nous refiouir en cela:car c'eft rne digniré qui
n'appartient point aux homes moi ttls. Vray
eft que ceci eftdur&eftrange àThommc: car
nous iugeons toufiours que ceux qui foufFrét
opprobre ou quelque autre fafckerie font mi
ftrables. Voire-,mais tant y a que le fainft E-
fprit prononce q c'eft vn priuilege que Dieu
fait à fes enfans , de fouffnr pour fon Nom
t: pour fa querelle. Il nous faut donc ici te-
nir tous nos fens captifs. Et voila auûi pour-
quoy (iiaù Paul met cefte preface,r4ri>i« fd*
le (dit-il)c>' J'^netTeflrereeeue : comme s'il
difoit, Mes amis, il eft vray que finous vou-
lons croire noftre fantafie.nous fuirons touf-
iours lespouretez,lcsatfliftions& lescôtem
nemens du inonde, car cela eft contraire À i^o
ftre nature. Mais cependant voici noftre Sei-
gneur qui déclare que ces chafes nous font
bônes,& qu'il nou', fait grand honneur quîd
nous pouuons fouffrir pour luy:contentons-
nous de cefte fentence , &arreftons-nous là,
& ne lafchons point la bride à nos fens na-
turels. Voila donc fainû Paul qui veut par
cefte préface captiuer tout ce que l'homme
peut iuger félon la chair,monftrant que pluf-
toft il nous faut acquiefcer à la fentence de
Dieu, Que nous fommes bien-heureux quad
nous fouffrons pourvue querelle iufte.Or no
tamment il dit,Pii«r« que nous efpiros an Vieit
■viitant. En quoy nous auÔs à noter ce que l'E
fcrituredit en d'autres paflàees plus i plein,
que l'efperance ne nous laiflera iamaiscon-
fus.Puis qu'ainfi eft donc que la caufe de nos
atfliftions eft d'cfperer en Dieu , ne pepfous
pas que nous foyons dcftituez de fon aide en
tel bcibin,ne penfons pas qu'il nous reiette,
combien qu'il dif'imule, combien que du pre
miercoup il ne nous donne point la main, ce
la ne doit pas cftreprins comme fi nous e-
ftions du tout abandonnez de luy : car cefte
fentence feroit fauffe, Que les hommes ne
feront iamaisfruftrez efperans en Dieu. Et
ainfi regardons là toutes fois & qiiante^ que
nous fommes troublez en nos affligions , &
que noftre foy fera comme à demi vaincue,
regardons, Et comment?poure créature, tu es
affligée, mefmes d'autant que tu cfpcres en
Dicu.-piiis qu'ainfi eft,ne penfes-tu point que
c'eft vn examen de ta foy , & que ton Dieu Ce
monftre fi parient quand il te tîent de fe< do
meftiques? Ainfi donques il faut que tu fois
fortrlié,&' que tu ne t'arreftes point à l'appre
henfionde ton fentiment charnehil fautdôc
que tu te confoles en cela, d'autant que tue-
fperes en Dieu , Se que tu es affligé pour la
caufe qui te fepare d'auec tous les mefchans.
Et au rtfte , cognoiflons ( comme l'ay défia
dit)que fi l'efper.ice que nous auôs en Dieu,
eft caufe de nous faire affliger,& de nous met
tre en opprobre, que cela eft contre le na-
turel de toutes lesmiferes, les fafcheries, les
tourmens,& les trifteflès que n ous pourrions
endurer. Il eft vray q poiiretcde foy, d'eftre
chafte d'vn pay< à l'autre, d'eftre de fpué d'a-
mis.de pârcns,d'c (tre affligé & mole fté, d'e-
ftre tourmenté & iniurié , d'eftre morftré au
doigt ii mocqué , que toutes ces chofes-la de
leur nature font adiierfitez ,( comme on le*
nomme )& procedenide Jamalcdtâion que
Dieu a mife fiir le genre humain pour le pé-
ché : mais quand Dieu nous a làit la grâce de
cOgnoiftre qtie nous enduros pour fon Nom»
que nous fommes dcchifle2,emprifonncï:que
on no* pillera & rauira toute noftre fubftâce.
SVR LA I. A TI M OTH.
ii>9
qne nous ferons en opprobre à cau/e du tef-
tnoign.ige de fon Nom.que tontes les miferes
que nous pourront fouffrir, nous feront con-
uerties en noftre contrairc:c'eft afçauoir.que
elles nous feront tefmoignagede l'amour de
noftre Dieu.S: qu'il nous adiioue pour fîens,&
ratifie l'adoption qu'il a faite pour nous tenir
comme fes enfans.Or ici on pourroit alléguer
qu'il s'en faut beaucoup que les fidèles endu-
rent toufiours pour le nom Je Dieu:car iour-
nellement l'expérience monftre que nous fom
mes chaftiez pour nos péchez : & l'Efcriture
aufsi le porte, qu'il faut que le iugement com
i.Vier. nience par la maifon de Dieu , voire quand il
4-'7' ■ cftquefîion que Dieu corrigenos fautes . Il
femble donc qu'alors ceci ne nous appartie-
ne plus. Il eltvray que quand nous endurons
pour nos pechez.que celle cololation ne nous
peutfcruir pour cftre appropriée à noftiev-
iàgc, c'eil que nous enduros pour auoir noftre
eiperance en Dieu. Mais notons que les fidè-
les aufsi ne peuuent pas tous auoir confola-
tion égale en leurs miferes . Ccluy qui endu-
re pour lès maléfices , Dieu le veut humilier
iufques là qu'il toit confus Si abbatu, qu'il ait
la bouche clole.Cehiy qui foutFre & eft perfe-
cuté poUrle tefmoignage dcTEuangile, peut
leuer le front , & fe glorifier en ceft honneur
qui luy eft fait , d'autant que Dieu l'a choilî
pour tefmoin de fa vérité. Voila donques vne
confoLitiondiuerfe entre les fidèles. Or celuy
que Dieu punira pour les taute*; qu'il a cômi-
fes.ne laillera pas d'eftre bien-heureux en fes
afflift'os.Mais quoy.'il ne peut paç cftre con-
foléd'vnemefuie pareille que font les Mar-
tyrs qui rendent tefmoignage à l.i venté de
Dieu par leur fingVoila vn itt m^que nous a-
uons à noter . Oï cependant il y -i auhi deux
pointiv qu'il nous faut obferuer à l'oppolîte.
L'vn c'eft.que ceux qui enduicnt pour le nom
de Dieu, doyucnt cependant c^gnoiftre qu'il
y aurait occafion de les punir'pour leurs fau-
tes quand Dieu les voudroit traitter en ri-
gueur. Maisquoy î il les efpargne ,& ne veut
point qu'Us endurent pour les fautes qu'ils
ont commifes : & cependant il veut que leurs
pafiions foyenc honorables, &- fe conioint là
auec euï. Voila donques vn Martyr qui fera
au feu, il eft viay que quand on luy drtlle vne
potence ouvn gibet , cela eft plus honorable
que ne font pas tous les lîeges de la uiftice
( qu'on appelle) qui les ont condamnez . Car
combien que le liège de iufticc foit dédié à
Dieu, toutesfois les iuges qui perfecutent les
enfans('eDicu,font pires que les brigafis.Car
voila le lîege dt iuftice qui eft pollué par l'hô
me inique quand il fera ainlî plein de cruauté,
qu'il fera exécrable deuant Dieu : & le gibet
qui de foy eftoit plein d'opprobre, fera plus
honorable que ne lira point le throne d'vn
Roy quand il aduoue les perfecutions . .Si eft-
ce cependant qu'il faut queceluy que Dieu ap
pelle paiu- rendre tefmoignage à iavcritéjCo
gnoiiTe, Hclas mon Dieu, il y a tant de fautes
en moy.que tu pourrois bien pour icelles me
punir encores plus rudement beaucoup, & ce
que tu ne le fais pas, pourquoy eft-ce, finon
que par ta bonté tu me côftitues ici four main
tenir vne caufe,la dignité de laquelle ne ra'ap
partient pas? Ay-ie mérité d'eftre tefmoin de
la doârinc de falut, d'eftre comme ton procu-
reur pour maintenir ta caufe ? Et qui fuis-ie.
Seigneur? Voila donc vn poinîJ que nous auos
à notcr,afçauoir,que les enfans de Dieu quad
ils fûulfriront pour efperer en luy, ne lailFe-
ront pas d'eftre poures pécheurs, & qu'il an^
roit lufte laifon de les affliger pour ce re-
gard,mais il ne le veut point faire . Et ainlî il
les confolc&leur donne vn cour.-ige tant plus
grand. Voila vn item que nous auons à obfer-.
ucr.Or le fécond eft,quâd nous n'auons point
cefte confolation particulière que fainû Pau!
donne ici à ceux qu'on pcrfecute pour le non»
de lefus Chrift,&: pour le tefmoignage de l'E
uangile.que nous ne deuons pas cftre pourtâc
côme dcfconfits,inais nous-nous deuons con-
tenter de cefte autre confolaiion qu'il adiou-
fte.Et queileeft-ellcJOr il eft vray que ie fui*
affligé pour mes péchez dira vn poure home,
qu.ind il fe trouuera prefle de maladie.ou bien
qu'on le dtfpouillera de fa fubllance : il doit
penfer. Or voila, i'ay mal vfé de ma fanté , ii
faut donc que ie foye ici abbatu,ie me fuis cf-
giyé par trop : & Dieu voyant que ie fuis vne
belle tfgarcc, q ie fui^ côme vn chenal reftif,
me dote quîd il m'amaigrit ainlî:i'eftoye par
trop orgueilleux en mon bien, & Dieu m'en a.
delpoutllé:ic m'eftoye eleué par ambition. Si
no.'tie .Seigneur me monftre icique ienede-»
uoye point monter iî haut, ni eftendre lî loin
me- ailes. Voila donc comme les fidèles, quâd
ilsfoulfrent pour leurs péchez , doyuent co-
gnoiftre, Et b!en,ie ne fuis pas digne d'endu-
rer pour auoir mis mon efperance au Dieu vi-
uant,mais tSt y a que ie ne perdray point cou
rage. Et pourquoy? Car noftre Seigneur nous ■
promet que nous ne laiflerons pas d'eftre bé-
nits de luy en nos affligions, en l'inuoquant,
voire combien que nous endurions pour nos
péchez . D'autît donc que Dieu n'a point feu
ïement promis à fes (Martyrs deleur donner
viéioirc contre les ennemis de vérité, & con-
tre tous les tourmens qu'on leur fera pour la
querelle de l'Euangile, mais il nous a promis
a tous en général quand nous ferons chaftiez
pour nos fautes, qu'après qu'en humilité nous
ferons venus à luy confeflàns la dette, nous
rendans coulpables, que nous ferons abfous
de luy , & mefmes qu'il nous chaftie afin que
nous ne perifsions: comme fainû Paul notam
met en parle en l'onzième de la première aur
Corinthiens , que toutesfois Se quantes que
nous fommes batus des verges de Dieu , c'eft
afin que nous ne perifsions point du tout , 3C
qui plus eft, tous ces chaftimens-ci nous fer-
ucnt de médecine. Voila donc comme quand
B.iiii.
200
SERMON XXXIIT.
Dieu ne nou5 fait point ceft honneur & cefte Elprit.tout défaut, & quand aufsi il cfpand fa
grâce de fouffrir pour fon Nom.mais que no' vertu.que toute la ter le tft renouiielte de fes
endurons pour nos péchez, nous deuonsauoir créatures reprenans vigueur . En cefte forte
noftre refuge à famifencorde ,&cognoiitre donc noftre Seigneur eftfjuueur detous kô-
que puisqu'il luy plaiftque nous fouffrions mes, c'eftàdire que /abonces'ellend lufques
celt opprobre, que nous ne fonimes pas delH- aux plus mefchans qui font cflongnezdc luy,
ï. C(>r)'».*"^^P°"'^'*"''^^^'* promeire:car ileftditque & qui ne méritent point d'y 'auoir aucune ac-
10.13. '' eft fidèle ,& qu'il ne permettra point que cointance,qui deuroycnt tftre retra^ichez du
nous foyôs tentez outre noftre portée, & que nombre des créatures de Dieu, & abyfmez: &
il feraf-ruir & profiter toutes nos afflictions cependant nous voyons comme Dieu encorcs
à noftre falut: & quand nous feros purgez par eftend iufques là fa grâce, car la vie qu'il leur
ce moyen-la , que ce fera pour nous attirer à donne ,eft vn tefmoignage de ù bonté . Puis
repentance.que ce fera pour nous faire telle- qu'ainfieft donc que Dieuaainfien recômar»
ment condamner nos péchez, que nous ne fe- dation ceux qui luy font côme eftrangers.que
rons point condânez par luy. Voila donc com fera-ce de nous qui fommes fes domeftiques?
me il nous faut contenter de fes promcfles. non point que nous foyons meilleurs ne plus
Ainfî nous voyons combien que Dieu ne con excellons que ceux que nous voyons eftre re-
fole pas les fîens en mefure égale, tant y a que prouuez de luy , mais le tout nous procède de
nul ne fe doit defcmforcer quand il eftaffli- fa mifericoide gratuite, qii'ilfe réconcilie a-
gé. Et pourquoy? Car ceci nous doit bien fuf- uec nous en noftre Seigneur lefus Chrift,
fire quand il n'y auroit autre chofe, que no- quand il nous a appelez à la cognoiflànce de-
ftre Seigneur a promis d'auoir pitié de nous, rEuangile,& alo s il nous ratifie, & nous feel-
quand nous ferons abbâtus , & recognoifTans le fa bonté enuers nous, tellement que nous
nos pech z que nous ferons receus de luy à deuons eftre perfuaJtz qu'il nous tient pour
pardon. Appuyons-nous hardimen: là demis, fe< cnfans.Puis qu'aiufi t ftdonc qnous voyôs
f^' cependant humilions-nous quâd nous voy- qu'il nourrit ceux qui font eftonguez de luy,
dis que nous ne fommes point encores difpo que nous a'.liô , nous cacher fou^ ks ailes:car
fez à foufFrir pour le tefmoignage de l'Euan- quand il nous aura prinsen f.\ proteftion, il a;
gile.Cela nousdefaut-ilr Et bien, noftre Sci- déclaré qu'il fe monftrcra Ptre enuers nous,
gneur nous veut par cela monftrerque nous Et penfons-nous donc eftre reicttei de luy,
ne fommes point tant approchez de luy. qu'il & que nous foyons tellement enferrez en nos
nous donne fes armoiries: mais cependant cô miferes, qu'en la fin rous n'en foyons de!i-
tentons-nous qu'il nous bénira en nos mifc- urez?N'attendron';-noHS pasiffiiedefîrable&
res,& conuertira le mal en bien pour nous le heureufe de la bonté de noftre Dieu, quand
faire tourner à falut . Voila donc ce que nous nous la voyons & contemplons iufques aux
auons à retenir quant à ce paflàge. Or touchât mefchâs,iufques aux beftes brutes ?en cela ne
ce que lâinift Paul dit, Qjie Dieu eftfauuenrje luy ferons-nous pas trop grand' iniure?Que]
toits hommes,0' principalement des fiieUs,c'cii les font les promcfles que nous auons de luy,
■vn argument qu'il tire de ce que nous voyons par lefquelles il s'oblige à nous?Nc nous mô-
à l'oeil, que Dieu maintient toutes créatures, ftre-il pas qu'encores que nous fufsions enni
voire côbien qu'elles ne luy foyent pas fi pre rônez de mille morts, la vie eftaffenreeïll eft
cieufes comme (es enfans qu'il aadopteiz.Car vray que noftre vie femble bien eftre cxpofec
ce mot de $4»»»c-»r,ne fe prend pas ici en fa fi- i Jata & à tous les ennemis de nos ames-mais
gnification propre & eftroite , qu'on appelle, tant y a que Dieu la conferne , voire & d'vne
pour le regard du falut éternel que Dieu pro- façon miraculeufe. Et ainfi ne faut-il pas que
met à fes eleus, mais il fe préd pour celuy qui les fidèles apprenent de fe contenter de ces
deliure, & qui garentit . Or voyons-nous que promefles-la ? Au reftc notons bien que Dieu
Dieu garentit mefmes les incrédules, côme il dejiure les fiens, non pas que cela apparoifle
>l4t.;. eft dit qu'il fait luire fon foleil fur les bons & toufiours au fens charnel, mais tant y a qu'en
^j. fur les mauuais. & nous voyons que tous font la fin il nous le faut appiehcnder parfoy.ll
ri peus par û bote, que tous font deliurez de faut bien que noftre foy foit cachee:(_comnie
beaucoup de dagcrs. Voila donc comme il eft fainft Paul en parle) & cjuand ildit'eiî l'autre Ri"».&
ici appelé Sauueur de tous homes, non point lieu,qce que nous efperons.nousne le voyos ^A-
au regard du falut fpirituel des âmes , mais point , & que noftre lalut eft enclos en cfpc-
pource qu'il maintient tontes fes créatures. rance:ilmonftrequ'ilfaut queles fidèles fer-
Anfi mefmes il eft dit qu'il faune les beftes, ment leurs yeuxqiiantau regard des chofes
T/i.Jrf.fc'eft adiré, qu'illes garde. Si noftre Seigneur prefentes , pour eftre alTeurezdcleur falut.
ne faifoit c roiftre l'hetbe pour la pafture des Mais quoy? tant y a que Dieu (-comme nous
beftes, &■ que feroit-ce ? Et mefmes encores auonsdit)lespreferue d'vne façon miraculeu
qu'ily ait nourriture pour les beftes, fi eft-ce fe: quoy qu'il en foit, nous ne ferons iamais
qu'elles ne viuent pas fi la vigueur ne leur eft fruftrez que cefte fentence ne foit vérifiée eo
donnée du ciel, comme il eft" dit au Pfcaume nous, c'eftafçauoir, que Dieu eft noftre fau-
centquatricme, que ûtoftijuc Dieu retire fon ueur quand nous efferôs en luy ,& que noftre
s V R L A I. A T I M O T H. 2cr
foy y t'/l appuyée. Puis qu'ainfi' e/1 qu'il dai- ■ nous aiioni cfla,nedciions-ndii5 pas nous lef
giit- bien garder ceux qui ]e tic fpitêcceux qui iouir au milieu de nos affligions ? Il lûbiea
s'elfirouchent arrière de iuy,S: qui ne femet certain. £t quSd nous aurons retenu cefiele-
tent point fous fa proteiiion,puis qu\ncores çon.nous autos beaucoup profité, non pas feu
il les veut maintenir.S^- le fait, ( comme nous lemcnt pourvn iour, mais pour tout le temps
le voyôs)que fera-ce de nous ? voire puis que de noftre vie. Et voila pourquoy fàinft Paul
il nous a clroiiîs & adoptez, mefmes qu'il s'tH dit,Tnfeigne cts cho[es,ou les remonfirercar le
obligé fi eftroitement à nous par des promef- mot l'emporte . En quoy fainft Paul fignific
fes infinies , lefquclles nous font comme vne que c'efl vne doftrine fur laquelle il nous faut
forterefle inuincible, dont nous deuons eflre infifter, q cen'eflpoint aflezde l'auoir ouye
de tous collez munis , pour repoufler toutes vn lour comme en p.iflànt, mais qu'il nous en
les tentatios du diable & du monde?Mais touf faut auoir les aureilles batues,que la mémoire
iours apprenons de leuer nos efprits par def- nous en foit refreiclne,&; que cela ne peut la-
fus tout ce que nous voyons, pourauoir Dieu mais eftre trop dit. Et pourquoy? Car nous ne
Sauueur.Et pourquoy.' Car (comme i'ay défia pouuons porter d'eftre affligez & d'eflre ex-
ditjil faut que noif re (AÏm. foit caché, & que polcz à la mocquerie des homes, comme nous
Dieu preferue les fiensd'vnc façon eltrange, voyons côbien nous fommes tédres &debiles.
laquelle n'entre point en noftre fens naturel. Nous auons donc beioin d'en eitre informez.
Et ainfi donc bataillons contre toutes telles Et ce n'tft point aflez que fouuentesfois nous
desfiances, & côtr'e toutes les doutes qui nous ayons efte aduertis de ceci.mais il faut qu'in-
viendrôt en fantafie,afinde retenir celle con ceflànmiét il nous foit remis au deuant ,&que
fôlation de fainft Paul quand nous ferons en nous y foyons pleinement addonnez, afin de
atllitlion. Et combien que nous foyons en op mieux retenir celte doftrine.voiia doc à quoy
probre,qu'on nous crache au vifage, combien S.Paul a pretédu,dilànt qu'il faut que ces cho
que nous foyons tourmentez des hommes , &c fes foyét enfeignees,& qu'on les cômande.Ec
qu'il femble que nous foyons l'ordure de ce fous ce mot de Comw^nrftr.il nous méftre que
monde(comme fainft Paul en parle en vn au- c'eftici où il faut faire inl}ance,& non pas eiî
tre lieu) toutesfois nous ne fommes point mi ces menus bagages de ftruir Dieu en ceremo-
ferables, d'autant que nous auons noftre refu nies. Ceux qui veulent côftituervn feruiccde
ge à Dieu , lequel nous conuie à foy , &veut Dieu en chofes externes, obferueront des c5
que nous mettions nos charges en fon gJron, mandemens friuoles: côme nous voyons û les
& promet non feulement nous en defchar- Papilles font feueres à faire garder les loir
ger , mais nous donner pleine deliurance qu'ils ont ballies à leur fantafie . Car fi on a
quand nous aurons ainfi trauaillé à fon fer - mangé vn morceau de chair en lour défendu,
uice. Voila donc en quoy les fidèles fedoy- ho, voila vn crime irremifsible : fi on a remué
lient exercer en celle vie tranfitoire, c'eft que vn doigt au iour de fc/le,il femble que le ciel
ils fe remettent du tout à Dieu, & àviure &: à doyue tomber. Nous voyons donc par expe-
mourir. Et au refte,qu'ils fçachent que c'efl à rience que ceux qui vfurpent domination fur
l'heritagedu Royaume des cieux qu'ils doy- les âmes auec tyrannie, renueifent la doftrine
uentafpircr, à ce repos éternel qui leur a e- de lalut par l'obferuation de leurs loix que
ilc acquis par no/lre Seigneur lefus Chri/l, ils commandent auec vne iiguenr extrême,
qu'ils ont tefmoignage de leur adoption, com Pourcefle caufe fainft Paul dit qu'il ne nous
me l'arre leur en efl donnée en leur caur par laut point inf lier fur ces ccmmandemens frr-
le faindl Efprit . Ilsdoyuent doncafpirer là, uoles, mai* qu'il faut commander les chofes
mais encores ne doyuét-ils point douter que qui font requifes de Dieu. Au rcfle, notons à
Dieu ne leur enuoye toufiours ce qu'il co- qui c'efl qu'il parle, afçauoir à Timotbee qui
gnoiltra eftre bon & propre quant à leurs n'eftoit ne roy ne prince, mais feulement mi
corp!:&; s'ils font tourmentez &: affligez, que niftiede la parole de Dieu. En cela dôc fainâr
ils fçachent que Dieu les veut tfprouuer par Paul authorife ceux qui ont la charge d'anon'
ce moyen : mais qifils ne doyuent pas pour- cer l'Eu.îgile.afin qu'ils parlent en verité,fça-
tant laifler de fe refiouir en luy, comme fainfl: chans de qui c'ell qu'ils font enfeignez, &• qui
Paul dit au î. des Romains. Et pourquoy? Car les a commis en ce fl office. Or puis que Dieu
noUreobciflànce (dit-il) ell tant mieux con- veut que nous parlions en fon Nom , il faut
fermée quad nous fommes ainfi en affliftion. bien que nous luy rendions l'honneur qui luy
Sinousn'enduriôsnulmal, que nous fuf ions appartient, c'tll qu'il foit exalté ayant mai-
toufiours à noflre aife , nous ne cuidcrions ftrife fur tous.Vray eft qu'il nous fait la gra-
point auoir nul befoin ou necefsitéde recou cède nous prier & nous exhorter ( comme
nr à Dieu,& par cela nous ferions comme ilu fainîl Paul en parle ) & pour nous faire plus
pides : mais fi nous fommes en opprobre, que grand' honte & plus grand reproche à noflre
nous (oyons affligez, nous retournons à luy, gr.'de ingratitude. Car fi noftre Seigneur s'ab-
nous luy demandons fecours , ayans fenti le balfle lul'que' là de nous prier, de nous exhor
befoin que nous auons de fon aide. Voila doc ter &■ admoneller, ne faut-il pas q nous foyôs
vne cfperâce qui nous doit fortifier. & quand pkb qneperuers fi nous ne plions, voire fous
C.iv
idi SERMON
vn ioug tant Joux &ainiable?Mais cela ne de-
rogue point â Ion authorité , que toulîours fa
parole n'emporte commâdement. Et que fe-
ra-ce du Dieu viuant ? y a-il comparaison?
Ainfi donc , quand noilre Seigneur parle , ne
faut-il pas quenous tremblions fous luy , que
nou5 luy facions hommage, cognoiflans l'em-
pire foiiuerain qu'il a par defilis nous? Et d'au
tant que nous ne le voyons point en fa per-
fonnevilible ,& qu'il ne nous enuoye point
des Anges duciel, mais qu'il ordônedes hom
mes mortels qui parlent en fon nom , il faut
bien qu'ils ayent la charge de nous comman-
der , voire non point de par eux , ne de nous
impoter loix , comme faincl Paul notamment
dit, Commattdf ces choses, afçauoir, après que
tu auras mis en auant la doârine de falut, que
tu parles en telle forte au nom & en l'aiitho-
lité de Dieu, que tout genouil fe ployé deuât
luy,& qu'vn chacun s'humilie en fon obeilTan
ce. Voila donc ce que nous auons à noter en
ce palIàge.Or d'vn collé que les miniflres de
la parole de Dieu cognoiflent à quel Maiftre
ils feruent,&qui c'eftqui les employé : qu'ils
faccnt que la doÛrine loit receue en toute re
uerence , & qu'ils ne fouffrent point entant
^u'en eux fera,qu'ellc foit raocqiiec ou mef-
prifee des mefchans: côme aufsi nous voyons
qu'en d'autres lieux fainû Paul magnifiant le
miniftere de TEuangile dit, Nous auons certe
authorité de douter tous Contempteurs de la
do£lrine,& d'abbatre toute hautelfe q fe vou
■ dra eleuer côtre nollrc Seigneur lefus Chrift,
qu'il faut que tout orgueil fe rangea cefte
vertu qui nous eft commife , non point d'vn
glaiue matericl,mais de la vengeancede Dieu
fur tous ceux qui fedreflentainfi côtre la do
urine qui nous eftcommife . Voila pour vn i-
tem.que les minières de la parole font ici ad
moneltez par le fain^ Efprit de traitter la do
ârine qu'ils portent en telle maiefté.que tous
facent honneur au Maiftre qui les a e'nuoyez.
Or ii tous Chreftiens en gênerai font admo-
ncllez de receuoir paifiblement ceux qui par-
lent au nom de Dieu , & de porter reuerence
à la doânne pour l'honneur de celuy qui les
enuoye, regardons maintenant quelle Chre-
flicnté il y a en tous ceux qui diront à tous
coups, Ho, il ne vous appartient pas de me cô
mander. Mon ami, tu ne fçaurois mieux dire
que tu neveux point que Dieu domine fur
toy.ne qu'il y ait aucun droid. Car voila l'o-
beilTance qu'il requiert de nous, c'eft que pai-
fiblement nous-nous afluiettifsions à fa paro-
le , comme il a ordonné fon Fils Paftcur fur
nous , que nous luy fovons dociles &• débon-
naires comme brebis en la perfonne de-; mini
ftres qu'il conflituc en fon nom.Q_nand donc
les hommes font (i peruers qu'ils ftdrcfltnt
contre ccft ordre qui cfl iniîitué du Fils de
Dieu, ne monftrent-ils pas qu'ils fe veulent
ouuettement eleuer contre luy? Et ainfi Jonc
XXXllI.
telles gens déclarent par effe£l qu'il n'y a nul
le religion en eux . Et il ne faut point trouuee
eftrange qu'ils fe lebecquent ainfi, quand on
leur remonftre leurs fautes : car, qui pis eft,
quels triomphes fait-on comme en defpit de
DieUfHelas.'noftre Seigneur a bien donné oc
cadon de pleurer & de gcmir.Sc à vous.enfans
de Geneuc,& à moy auec vous, comme il faut
qu'vn Pafteur,quand iladuient quelque fcan-
dale en i'Eglife, foit le premier à faire le
dueil pour demander pardon à Dieu, afin que
tout le peuple le fuyue . Et (comme l'ay dit)
Dieu nous donne bien occalion de cela,voire
& nous y contraint par force : &i cependant
tant s'en faut qu'on y penfe,& qu'on monftre
quelque ligne de repentance , que pluftoft on
tait les triomphes comme en defpit de Dieu.
Et où en eltes-vouif A'nûdonc voila les tef-
moignages qu'on voit à l'œil , que tous ceux
qui ne peuuent fouffrir qu'on leur commande
au nom de Dieu, & qu'on leur remonftre, qui
fe drelTent contre toutes admonitions, que ce
font des diables encharnez qui n'ont plus ne
loy ne bride, ne modeftie aucune . Or tant y a
quenous voyons ici ce que Dieu nous mon-
ftre,c'ell quand il parle à nous , voire com-
bien que ce foit parla bouche des créatures
fcmblables à nous,&: qu'ils n'ayent point d'au
thorité quant à eux .neantmoins qu'il veut
que fa parole nous foit redoutable , que nous
tremblions fous icelie ,&que grans & petis
s'y afluiettiflent , &que nous fçachions que
c'elt luy qui eft noftrc Maiftre & noftre Roy,
& que nous plions fous ceft empire fouuerain
qu'il a fur toutes créatures. Voila donc ce que
nous auons à taire,& par ce moyen nous mon
ilrerons quenous appartenons .\ fon trou-
peau,& que nous ne demandons iînon de nous
ranger fous fa main, afin de n'eftre point efga
rez çinelànnais de nous tenir pour cert.iius,
combien qu'il nous faille pafler par beaucoup
d'afflirtions, que puis que noilre Seigneur le-
fus nous a prins en d proteûion, nous ferons
gardez fidèlement , & fentirons en la fin que
noftre falut eft immuable, quand ce bon Dieu
nous aura deliurtz de toutes les pouretez&
miferes aufquelles nous fommes maintenant,
& qu'il nous aura dorme pleine viâoire con-
tre tous les combats par lefquels ilnous veut
auiourd'huy humilier.
OR nous-nousprofterneronsdeuant U
face de noftre bon Ditu en cognoiflànce de
nos fautes, le prians qu'il nous les tace telle-
ment fentir , que de plus t n plus elles foycnt
amorties en nous • & que cepcndaxit les grâ-
ces de fon faiucl Efprit croiflent & s'aiigmen
tent , & que nous en fovons tellement forti-
fiez , que nous furmontions toutes les tenta-
tions i^ui nous dcftournent de luy , & de che-
mmer félon la règle qu'il nous a donnée en
fa Loy. Ainfi nous nous dirons tous,Dieu tout
puiflànt, l'ère cclcfte.&c.
SEPT-
s V R L A I. A T I M O T H. ioj
SEPTIEME SERMON SVR LE
Q_yATRIEME CHAPITRE.
1 1 Que ml 71 c mefprïfe ta ieuncffe : mais/oh l'exemple des fidè-
les en parole ) enconuerfation, en dileSiion, enefprit^en foy, ^ en pu-
reté.
1 j lufjuà ce quç te vieneyfois attentif à la kcîurej à admonition,
(^adoBrine,
Ous auons veu ce matin com-
me fç doyuét porter ceux auf
quels Dieu a commis la char-
ge d'anoncer fa parole : c''eA
de donner authorité au Mal-
ftre aciquel Us feruéctellemét
qticce qu'ils anoncét, (oit receu en toute reue
rcnce . Or pource qu'il tft beloin que de no-
ftre part nou. monllrions que Dieu nous em-
ployé à Ion feriiice , famÛ Paul adioufte, que
Tmiotheedoit eilre patron & miroir en tou-
te vertu , afin qu"'ûn ne prene point oc-calion
en hiy de fe macquerde fon oflice , qu'il ne
foit point en fcandale, tellement que la doftri
ne de Dieu par ce moyen-la foit comme pro-
phanee.Et notamment il parle de Taage.pour
ce qu'il eftoit ieuiie homme : il monftre que
cela ne doit pas cmpefcher qu'on ne Tefcou-
te, & qu'on ne reçoyue ce qu'il dira, moyen-
nant qu'au relte il fe porte en fidèle feruiteur
de Dieu. Voila en fomme ce que nous auons à
recuiillir de la première fentence qui ellici
couchée . Or pourmieinc appliquer le tout à
no.ftre vûge, notons qu'il ne faut point touf-
iours raefuter la fagefle par les ans, comme
nous voyons que Timothee eftant ainfi excel
Jent comme il en a le tefnoignage, eftoit plus
ieune que beaucoup aufquels il monftroit h
<hemin. Voila comme EHeu diftribne fes grâ-
ces, tellement que celuyqui aura beaucoup
Tefcn au monde , n'a point dequoy fe gloii-
fier .Et cependant nous auons aufiàobfcr-
uer , que fi Dieu a ainfi conflitué vn homme
comme vn exemple de toute vertu, on doit
prifer & honorer ce qu'on cognoilt eftrede
Dieu,ou autrement l'ingratitude ne s'addref-
fe point à l'homme mortel . Et cependant
nous voyons auf^i quels font les vrais orne-
mcnsdont les Pafteurs de l'Eglife de Dieu
doyuent élire parezicen'eft pas qu'ils fedef-
guifent, comme nous voyons qu'en la Papau-
té les Euefqucs pour fe faire vénérables vont
chargervnemittre àdeux cornes, vne crofle:
brief les voila dp tout desfigurez, comme s'ils
auoyent à iouer quelque farce. Or Dieu n'en-
tend pas que fes feruiteurs foyent ainfi ornez,
afin qu'on les honore . Qupy donc ? Qij^en
leur vie & en leur Joftrine ih acquièrent tel-
le réputation qu'ils puiffèntauoir authorité,
Jk û onicsnjefprife, que cela viene de l'or-
gueil & de la malice de ceux qui ne tienent
contedes grâces du faind Efprit. Nous auons
donc ici vne inftruftion commune , combien
que fainû Paul parle à Timothee : ie di com-
mune non feulement pour les minières de la
parole de Dieu, mais en gênerai pour tout le
troupeau . De noftre cofté ,qu'auons-nous à
faire finon de cheminer en telle forte que la
doftrine que nous portons , foit vérifiée par
noftre vie , qu'on puiflc apperceuoir à l'œil
que nous y procédons à bon èfci'ent & d'vne
afFcftion pure , & que c'eft à Dieu que nous
ieruons ? Qvie noftre vie donc rende teCnoi-
gnage que ce n'ift point vne chofe vaine ne
friuole que la doôrine qui procède de noftre
•bouche , mais que c'eft la vérité que Diea
nous a commife : & fur cela que ceux qui dé-
firent d'obéir à Dieu , & qui le craignent,
monftrent que ce tefmoignage-la profite en-
uers eux .Or quand nous voyons vn homme
quia Tofifice de Paftcur, &■ qui nous enfei-
gne ,& cependant qu'il conforme tellement
fa vie à la parole de Dieu, qu'on cognoift que
il ne demande finon que Dieu foit honoré,
quand,di-ie, nous voyons cela.fi on n'en tient
conte, n>ft-ce pas mefprifcr Dieu tant en la
doftrine qui nous eft offerte en fon nom, que
en ce que nous voyons qui procède de luy?
Car fi vn homme procède en telle forte, il
eft certain que Dieu y bcfongne , &r que le
fainft Efprit s'y manifefte . C-e n'eft point
dôc refifter àvn homme mortel, mais au Dieu
viuant . Or cependant notons que fi les Pa-
fteurs ne font pas tels qu'ils deuroverrt eftre,
ceur'qui mefprifent la doûrine deDicu.ne fe-
ront point pourtant excufcz . Si le conuerfe
mal.Sr que ie mené vne vie diflolue, quand on
(prendra occafion de fe mocquer de Dieu , Se
de fouller au pied l'Eiiangile , fous ombre
que ie ne me porte pas fidelemét,ie vous prie.
Dieu foufrira-il que ma vie, combien qu'elle
foit mefchante , derogue à fa vetité? Ainfi
donc notons que la parole àt Dieu n'eft pas
•tellement fondée furies hommes , qu'on la
puilTe mefprifer quand celuy qui eft Paftrur
viura mal,& qu'il donnera fcandale:mais fi eft
ce qu'entant qu'en nous eft, nous fommes eau
fe d'vn te! mal.&faudra que nous en rendions
conte . Quand Dieu nous aura choifis & ap-
pelez pour anoticer fa parole, fi nous ne fom-
C.ii.
io4
SERMON XXXIII T.
mes en bon exéple à toute l'£glife,& que l'vn
fe desb.iuche,raiiti'e s'cfgare, rautie le moc-
aiie de ce qu'il aura entendu, & que la foy par
ce moyen-la aille en confalion& ruine, il tau
dra que nous refp ondions detiant liiy d^vn tel
facrilege.Et pourquoy?£ntant qu'en nous eft
ncus aiion» expole en mocquene la vérité de
Dieu qui eftoit iacree.Or li nous a commis vn
threlor incibraable , atiu que nous en foyons
gardiens; (comme nous Fanons veu par ci de-
liant) & nous r.iUons fouiller & propluner.
Voila donc vne hornblecondamnanôappre-
fi:ee à tous ceuï qui ne ie rangent pas fidèle-
ment au l'eruicede Dieu, quand ils font appe-
lez pour anoncer la doftrine de PEuaugile.
Mais cependant il nous faut retenir ce que
ùinâ Paul a entcndu,c'ert alçauoir que les R-
<leles , voyans que leurs Pafteurs cheminent
droit, & qu'ils leur monftrent le bon chemin
entant qu''en eux eft , doyuent eftre tant plus
contermez, & qu'il y ait tant moins d'cxcuie
pour eux.linon qu'ils prenent courage d'aller
■à DieUjfe conformans aux miroirs & patrons
qui leur font mis deu.u leurs veu:;:côme aufiî
l'Apoftre en parle en Pcpiftreaux Hebrieux,
que s'il y a tu gens fidèles qui nous ayent edi
fiezenladoàrine de TEuangile, que nous de-
uoi.s eftre tant plus incitez de la iiiyure : car
e'eft autant comme lî Dieu nous feelloit la ve
rite de f jn Euangile par ce que nous voyons
en eux. Voila doue l'intention de fainct Paul
que nous deuons retenir, c'eft qu'en contem-
plant les vertus de ceux qui ont la charge de
nous enfeigner, nous foyons tant plus incitez ^
à bien, & que cela nous férue de fortification
pournoftre foy,& que nous fjyons tant plus
armez cotre tous les fcandales que Satan nous
drefle pour nous desbaucher. Or notamment
fainft Paul requiert de Timochee , qu^il foit
patron en d^clrtiie O" in conacrfation de -vie a.
tous fideLs. Sur quoy nous anons à obferucr
qu'il ne luffit pas que celuyquiefl conftitué
pafteur enl'Eglifede Dieu, meine vne bonne
vie d'irrcprehenfible , mais il faut qu'il ait la
bouche ouuerte pour exercer ion eltat auquel
il eftappelë. La doclnne donc eft requifc en
premier lieu, mais cependant la bonne vie eft
coniointeaufsi auec. VoiJa deux chofes infe-
parables en ceux que Dieu ordonne pour gou
uerner fon £gl: fe , que là. doûrine , & la vie
honiiefte & faintte : ce que nous deuons bien
noter. Car nous voyons que les Papiftes ("ont
endurcis à fe glorifier de leur hierarch!e(que
ils appellent ) qu'il ne leur l'emble pas qu'on
leur puilTe arracher ce titre de l'Eglife de
Dieu, d'autant qu'ils ont l'ordre ficré, com-
me ils difent. Et liir quoy fe fondct-ils (inon '
fur leurs badinagesdont nous auôsdciîa tou-
che? quemTyennant que les Euefqnev foyent
mafqiicz, & qu'ils ne foyét point veftus d'ha-
bits communs, mais qu'il y ait force fanfares,
ho , il ne faut plus difpiiter fic'efi l'Eglifc de
Dieu ou non:&: cependat ce fout chiés muets.
ils ne fçauentfînon mor3re& ronger. Mais
qu'ils abbayent contre les loups,ils n'ont gar
deicar eux mefmes font loup^ Se iarrôs, quâd
on voit qu'ils pillent & qu'ils deftruifent tout
le troupeau. Et de leur vie quelle cft-elle non
pluj? Voila p jurquoy l'ay dit qu'il nous faut
bien noter ce pallàge : car fainct Paul nous
monftre quelles Ibnt \es marques des bons Pa
Iteurs qui doiuent & mentent d'eihx itco-
gnus pour feruiteurs de noftre Seigneur le-
lus Chrift:ce font ceux qui dônent bon excm
pie en cesdeux chofes , c'eftafçauoir en do-
drine & en conuerfation de bonne & famfte
vie. I-l faut donc que la doclrine aille deuant,
comme l'ay déclaré. Car fi vn homme chemi-
ne droit , & qu'il ait de grandes vertus & ex-
cellentes, cependant qu'il ne fonne niot.il fe
ra bien réputé Chreftié , mais il ne fera point
Pafteur. Et pourtant il faut que la parole de
Dieu refonne en noftre bouche, fi nous vou-
lons auoir ce titre, & refpondre â cela. Ainfi
donc ce n'eft pa. en vain que fainrt Paul fous
la pei fonne de Tunothee exhorte tous ceux
qui ont charge en l'Egiil'e de Dieu de mon-
Itrer bon exemple en doctrine.Or cependant
il déclare en foniine quelle eft la bon ne con-
uerfation de laquelle il auoit parle , quand il
met ces mots de charité , de foy, d'efprit, &
de pureté. Il eft vray que fainct Paul ne tait
pas ici vn grand regiftre de toutes les vertus
qui doiuent eftre en vn bon Pafteur, car il en
auoit défia allez traitté par ci deuant, & la re
pétition euft efte fuperflue: mais en Ibmme il
monftre ce qui eftprincipaleinet requis, d'au
tant que la chanté tft l'accomplillemeiu de
la Loy, c'eft vn lien de Dieu pârfaijC (comme
il en traitte en d'autres partages) Or ce mot
de Charité eft generahcar comme il faut que
noftre vie fou réglée, &: fe rapporte là , nous
pourrôs auoir beaucoup de belles vertus qui
feront louables deuant les homes, fi nous n'a
uons charité, ce ne fera qii'vne vaine peintu-
re. Voila donc pourquoy fiind Paul en pre-
mier lieu commande a Tiniothee, que pour e-
ftre vn bon miroir il s'eftudie à chante. Mais
cependant il met aufsi la foy, qui elt bien ca-
chée,& ne ieroit point en exemple finon que
elle le declaraftpar les fiuits. La foy(di-ie)
ne fera point cognue des hommes par foy,
mais entant qu'elle fruétifie , les hommes en
pourront auoir approbation , tellement que
nos prochains y prendront bon exemple. Et
comment cela? Ôiiand vn homme porte re-
ueréce à la parole de Dieu,&' qu'il ne demaii
de finon qu'vn chacun en foit tdifié, qu'on in
uoquc' Dieu purement , voila les fruits de la
foy qui pourront rendre tel ttlmoignage à
nos prechains qu'ils y prendront garde, &
feront confermtz voyans ce qui eft en nous.
Et c'eftainii que fainèf Paul l'a entendu, coin
mandant. Timochee qu'il ait chanté auec la
foy , pour monllrer le chemin à tou' fidèles.
Or notamment il met le mot (tî Jl^rh : car il
ÙHt
SVR LA I. A TIMOTH.
faut bien qu'il y ait vne viuacité fpecialc en
ctux quidoyuêt porter l'tnreigne,& qui l'ont
pour guider le relie du troupeau. Il cil vray
que tant la foy que la charité procèdent de
TElprit de Duu:come il ellmonltré en d'au-
tres palTàges. Et de fjiift nous ne pourrons
auoirvne feule goutte de'bien, qui ne nous
viene de cefte fontaine-la:que lî l'homme ne
puifedelà tout ce qu'il peut auoir , il eu ira-
poiiibie qu'il produire vne feule goutte de
bien, ni vne feule bône vertu. Pourquoy donc
eft-ce que S. Paul attribue l'Efpnt aux mini-
ftres de la parole de Dieu?Or il parle de celte
viuacité qui doit eftre plus grande en eux, afin
de coduire le refte au bon chemin. Nous voy-
ons donc quant à ce mot quelle eft l'in tention
de fainrt Paul. Or pour conclulionil mec la
pureté : corne s'il difoit.que Timothec ait vne
telle lainâ:e:é de vie en loy,qîi'vn chacun foit
incité à honorer la doftnne . Voila d jnc en
fbmme ce que nous auons à recueillir de ce
paflàge : c'ell que cambien que l'authorité de
la parole de Dieu ne foit point appuyée fur la
bonne vie des homme*, toutestois qu.îdnous
auons vne telle approbation , que cela nous
doit tant plus enflammer , Se que nous aurons
tant moins d'excufe douât Dieu & deuant les
homes, fi nous ne pnfjns la doftrine qui nous
eflpref<fhee, veu qu'elle nous ell latitîee com
me il Dieu auoit appofé quelque feau pour la
rendre tant plus auchétique enucrs nou..Puis
qu'ainlieft, d'autant pluilesbons Pafteurs fe
doyuent efforcer purement afin queladjftri-
ne qu'ils porten",ait tant plus d'approbation,
^•q l'onla reçoyuc en toute reuerence. Or
fainct Paul ayant parlé ainliadioufte , Iuftjins
a Cf qiie ie -vune qte ta fois atttnitfa la le.' tu—
ff>& i exhortation, c^ à doCh'ne. Or notam-
ment il exhorte ici Timothee à faire fon de-
uoir: mais il n'y a doute qu'il n'ait plus regar
dé à toute l'Eglife qu'à vn homme feul, lequel
r'auoit pas fort grand befoind'eftre incité,
pource qu'il couroit alTez de foy , ainlî que
nous auons défia traitté. Voila donc le faiuâ:
Efprit qui met en auant vne doCÏi ine généra-
le qui appartient à tous Pafl:c;urs de l'Eglife
Chreflienne. Et pource que fainû Paul auoit
cnuie de venir , il met vn mot de fon voyage.
Mais denoftre cofbé retenons ce qui eft ici
contenu, comme vne règle qu'il nous faut ob-
feruer tout le temps de noftre vie.Sainft Paul
parle de favenue,fîgnifiantqu'encores qu'el-
le foit prochaine,Timothee ne doit pas cftre
nonchalant pour ctluC jmbien que tum'at-
tendes,dit-il,&qu'eftant Uvenu ie befongne
ray félon la grâce que Dieu m'a faite, neant-
moinsgarded'ellre oilîf.que tu trauailles , &
que tu t'employes vertueuf--ment iufques à ce
que ie loyearrmé. Ormamtenât faifjnv com
paraifon de Ti.notheeauec nous:car nous n'a
lions pasaaiouid'huy d'.'tels perfonnages que
fainft Paul , qui nous puiflent fecourir au bc-
rotn,qui puiflent redreflcr les thofes quand el
20Ç
les defcoulent. Il faut (lotie que nous foyons-
tant plus ardeus à ce qui nous eft ici monlbé,
c'ell que nous ayons f jin d'exhorter ie trou-
peau qui nous ell c5m:s,& de l'enfeigner. Or
pource fane il faut bien que nous foyons at-
tentifs à lire l'Efcricure fainde.Car que pou-
uons-nous apporter de nollrecreu?Il faut que
nous foyons difciplesde Dieu pour exercer
l'office de dofteur.carlî l'home forge en fon
cerueau ce qu'il met en auant , il n'y aura que
vanité. Il faut donc que nous puilîons de ceJte
fontaine, afin de faire boire les autres , & que
nous profitions tous:comme il en eft parié en
Ifaie, Qu'il faut que nous foyons tous enfei- j/^ . . .
gnez de Dieu, tant celuy qui parle , que ceux 1^1',^^'^,
quiefcoutent.. Voila donc en fommece que .,
nous auons à retenu : c'eft que ceux que Dieu
à conftituez miniftres de fa parole, doyucnt e-
ftre attétih tant à profiter, qu'.i enfeigner les
autres. Or en premier lieu ildit.Swx attentif à
la ledure.Et pourquoy?r.iy delîa en brief tou
chéla raifon , afçauoir d'autant que nous ne
pouuons rien apporter linon ce que nous au-
rons apprins en l'efchole de-Dieu. Et cément
Dieu nous enfeignera-il lînon que nous pui-
iîons de ù Loy & de l'es Prophètes ce que no'
deuons mettre en auant.''Car il nous faut rete-
nir ce qui eft dit par faincl Pierre, Celuy qui '• ^''•4»'
parle , qu'il parle comme anonçant la parole '■'■'
de D;eu , que nous foyons afleurez de noftre
bafton,que nou n'auôs point inuenté ne for-
gé la dodrine de laquelle nous fommesmini-
lires, mais que nous la tenons de Dieu. Voila
donc pourquoy notament il eft dit, Soisatt.n
tifà la hclitre. Or outre cela nous auons aufsi
a noter que Timothee ne pouuoit auoir autre
Icûuredece temps-la, lînon la Lay &les Pro
phetes.Ainfi donc nous voyôs qu'auiourd'huy
il nous faut exercer en cefte dodrine-la.fi no'
voulons bien édifier l'Eglife de Dieu. Voici
deux points qui font dignes d'eftrenoteztl'vn
c'eft, que nous ne pouuons point exercer no-
ftre office fînonayans profité en l'Efcriture
fainfte.tellcmét que nous foyonsdifciples de
Dieu , Se que nous foyons tous en ce rang-la,
que nous puifsiô» protefter que noftre foy eft
fondée fur la pure vérité de Dieu. Voila pour
vn item. Le fécond eft,qu'auiourd'huy le vieil
Teftamé. n'eftpas fuperflu, qu'il ne faut point
le lailFer là comme vne chofe moific de vieil-
lelle,mais qu'il nous le faut appliquer en vfa-
geautant queiamais. Vray eft que les figures
de la Loy lont bien pa{rees,mais la fin & la ve
rite demeure toulîours:&puis lado(!îrine&: la
fubftance qui eft là contenue,nous doit aiiiour
d'huy feruir autant qu'elle a fait ladis aux Pe
res qui ont eftédeuat la venue de noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Or combien qu'il fuffiroit
d'âuoir noté en brief ces deux articles, lî eft-
ce qu'ils font bien dignes d'eftre dcduif. plus
au long.afi'i d'eftre reteiiu. & entédus. Et de
ti:d , il n'cft point queftion ici feulement de
nous, afin que nous fjachioris ce qui nous eft
C.iii.
106
commandé de Dieu:mais fainû Paul en la per
fonnede Timothee monrtre ce qui eft vtile
pour le Talut de tous enfans de Dieu,& qui ap
pai'tienc en commun à tout le troupcau:& cela
aufsi fe peut iuger par la doftrine quand elle
fera bien entédue.Car n'auons-nouç pas tous
intereft ( ie di chacun fidèle en fon endroit)
de fçauoir que noftre foy ne doit point eltre
en branfle pour receuoir tout ce qui nous fe-
ra propofe, fans lugement&difcretion, mais
que nous deuons eftre enfeignez comme de la
bouche de Dieu?Il n'eft point donc ici qUi fiiô
que les hommes foyent fages & fubtils à leur
phantafie.car il y auroit vn poure fondemét,
il y auroit vne fermeté trop maigre : mais il
faut que ceux qui s'auancent pour parler en
J'Eglife de Dieu , foyent défia exercez en la
l.oy & éf Prophètes , & en toute l'Efcnture
fainûc, tellement qu'ils n'apportét rien finon
ce que Dieu leur a donné, & qu'ils protellent
qu'ils ne font que mettre enauantla parole
àe Dieu comme de main en main, puis que ce-
la eft comim à tous. Il faut dôc que nous prat-
iquions cefte docltine,& qu'en cela nous co-
gnoifsions le foin que Dieu had* noftre fa-
Lit , puis que notamment il ne veut point que
ceux qui font en ccft eftat auancent leurs (on
eesSi refuenes.mais qu'il fe referue toulîours
l'office de Maiftre,& qu'il veut auoir cefte au
thorité de noiis conduire comme ilcognotft
qu'il eftbcfoin pour noftre falut. Qaâd donc
nous voyons que Ditu penlc ainfi de nom, ne
deuons-nous pas prendre tant plus grand cou
rage pour examiner la doftrine qu'on nous
met en a«ant , & que nous foyons rcfolus Se
certifiez que nous la tenons de Dieu , comnve
de la fontaine de toute vérité , quand nous a-
uoBS fon Efcriture fainfte? Voila ce que nous
auons à noter en premier lieu , c'eft afçauoir
«ue Dieu n'enuoye point des gés qui prefchéc
leurs fubiilitez , &■ ce qui leur femblcra bon,
Inais que noftre office eft tout mefiiré , afin q
nous tenions de luy tout ce que nous auons à
anoncer. Or cependant nous auons à venir au
fécond poinû, c'eft afçauoir que la Loy n'eft
pas du tout fuperflue , nile vieil Tcllament,
mais que c'eft vne chafe permanante , & qui
iah touiîours retenir (a vigueur iufqucs en la
fin du monde.II eft vray que tous ceux qui ont
la crainte de Dieu, confeflent cela fans con-
tradiOion : mais nous verrons ces pourceaux
^ui voudroyent mettre tout en côfufion entre
nous, qui defgorgeront ces blafphemes, Et à
^uel propos nous vient-on rompre les aureil-
les de ce vieil Tcftament , ne des Prophètes?
cela n'eft-il pas palTéîEt confummatii cft.Voi
la corne ces chiens maftins abbayent, & mon-
trent en cela qu'ils font contépteurs de Dieu.
Et combien qu'ils ne parlent que du vieil Te-
ftament.ho.fi voudroyét-ils bien auoir aneai)
ti tout ce qui eft de Dieu , Si qw'il n'y cuft
.point de Chieftienté , Etde faift, la chofecft
alTez notoire : & on voit leur turpitude , que
SERMON XXXIII I.
fans la regarder encores la peut-on flarirer,
tant eft puante & inkfte.Or d'autant que ces
vileins ofent ouurirla bouche pour dénigrer
ce threfor que lîoftre Seigneur nous a donné,
& Taneantir, s'illeureftoit pofsible, d'autant
plus nous faut-il obferuer les paflages oiile
fainâ Efprit prononce qu'auiourd'fcuy la Loy
&les Ptophetesnous doyuent édifier, & que
là eft contenuevne doânne qui nous eft corn
mune auec les Pères anciens. Car à quel pro-
pos fainû Paul euft-il commandé à Timo-
thee d'eftre attentif à lire la Loy & les Pro-
phètes , finon que cela fuit vtile & propre
pourenfeigner toute l'Eghfe; C'eft donc de
là qu'il nous faut auiourd'huy puifer la doéiri
ne , & faire que les fainfts tefmoignages de
Dieu auiourd'huy ayent leur vigueur &autho
rite en dcfpit de ces chiens maftins qui ab-
bayent ainli. Or au refte , notons bien qu'vn
miniftredela parole fera muni de tout ce qu'il
luy faut, & equippé (comme on dit ) quand il
fera exercé en l'Efcnture fainfte. 11 eft vray
que nous ne pouuons auoir trop d'aides quand
il eftqueftion de feruirà Dieu : mais tant y a
que le tout fe doit ici r.pportcr,c'eftque no*
foyon . fag es , d'à ucant que nous auons profité
en l'efchole de Dieu. Cela donc eft la fuffiiân-
ce, voire la perfeftion des miniftres de la pa-
role de Dieu, c'eft qu'ils ayent bonneinteili-
gcnce de TEfcriture fainâe , & qu'Us en foy-
«nt fidtlescipofitfurs: quand ils auront cela,
ils ont tout : mais s'ils extraiiagucnt de cofté
& d'autre, il n'y a plus que vaniré, comme nous
le voyons en ceux qui appetent d'eftre bien
prifez comme gens fubtils & aigus. Il eft vray
qu'ils auront beaucoup de pompes, & on leur
applaudira : mais cependant il n'y arien de
ferme, ne qui édifie ceux qui les oycnt. D'au-
tant plus donc nous faut-il bien retenir ce
paflàge : car en lifant la parole de Dieu nous
ferons fiiffifamment munis de ce qu'il nous
faut pour édifier l'Eglrfe comme il appai tiét.
Et au refte , retenons auf.i que ceux qui nous
oycnt, doyuent tendre à ce but , c\ftquepar
ce moyen ils foyent amenez k Dieu , & qu'ils
cognoilïcnt ce q eft cotenu en fa parole, qu'ils
Y foyent confermezdeioureniour. Car il ne
faut point qu'on vif ne chercher des curiofî-
tez friuoles & inu îles , mais que les fidèles fe
contentent d'eftre amenez à Dieu, tellement
que celuy qui pzrlcSr ceux qui efcoutét(coni
me l'ay dit) demeurent au rang des difcipies.
Voi aaoncce que noiisauons à retenir. Or
cependant ceux qui ont vne telle charge, doy-
uent bien regarder de prcsàeux. Car fi Timo
thee , qui eftoit tant auancc en comparaifon
des autres , a eu bcfoin d'vne telle admoni-
tion, que fcra-ce de nous ? Quelle diftance y
a-il entre eeft homme qui auoit efté choilî
par le fainft Efprit, (comme nous le voyons)
&entrenous qui ne faifons que ramper fur ter
rc'Or il a talu neantmoins que Timothee s'e-
ftudiaftàlire,afin qu'il cuft de quoy pour cou»
muni
SVR LA I. A
îl»iini<}uer à tout le peuple de Dicu.Ciiie pou
«ons-nou« donc finon que iournellemét nous
tafchions de nous auancer?Et en cela voyons
nous (ju''ily en a beaucoup qui n'ont iamais
gueres cognu de cefte chargea qui n'y pen-
lent enfaçopquece fou.Carcôbien en voy-
ons-nous de ceux qui s'appellét Miniftres de
la parole de Dieu, & qui veulent eftre liono-
rei:& cependant quelle peine mettent-ils de
s'cfForcer,& d'eftre côfermez, afin qu'ils ay-
ent moyen de mieux exécuter leur charge?
Nous en verrons beaucoup flairer le bon vin
des tauernes,& où il y aura i rire & gaudir,
c'eftlioù ilsfe trouuer5t:iln'eft point que-
ftionde liures ne de lefture.c'eft aflez qu'ils
montent en chaire vne fois ou deux la fep-
maine, & qu'ils parlent deuant des beftes que
ils entretienent toufiours enbeftife.tellemé!.
qae&celuy qui parle ,&ceiix quiefcoutent,
t'en vont bien contens : car le peuple ne de-
mande pas d'eftre édifie. Et voila pourquoy
Dieu enuoye de tels idoles.Car nous deuons
fentir vne vengeace de Dieu, quand ceux qui
occupent la place de Pafteurs, l'ont des chiés
malhns.gens diflolus en leur vie, gourmans,
& ie ne fçay quels , & qui n'ont nulle doftri-
ne, ou s'iK en ont, ce n'efl lînon par cérémo-
nie,qu'ils diront ce qui leur vient au bec, voi-
re à la volée fans difcretion. Qjjand cela fe
voit, il n'y a nulle doute que Dieu ne s'eflon
gne de nous, voiie d'autât q nous ne fommes
pas dignes d'eftre gouuerncz par luy. Et ce-
pendant fi on remonftre à telles gens , ils fe
defpitent quand ils fe voyent ainlî melpri-
fez. Et ceux qui veulent eftre honorez , que
n'ont-ils dequoy :Comment efl-il dit à Tiino
thee , Qjtf Dulnt mtfpri[<: tjieHncffe^ n'cll-ce
point afin que la doctrine de Dieu tuft rcceue
en authorité & reuerence,nonobitant fa leu-
nefle? Ouy bien,raais fi faloit-il que la vie re
fpondifl.Et cependant nous voyons des gens
qui feront tant contemptibles que rien plus,
qu'on a honte de les regarder. Et quel hon-
neur eft-ce qu'ils s'acquierétfEt ainfi notons
bien que fi nous ne mettons peine de profiter
tout le tép'.de noftrevie,afindepouuûir édi-
fier ceux dont la charge nous efl cominil'e,
nous fentirons vne horrible confufion, & fe-
rons grifuement condamnez deuant Dieu,
veu qu'il efl commandé à Timothee ( qui e-
ftoit vn Ange au prix des autres ) de profiter
en la ledure de l'Efcriture fainfte. Or cepen
dant notons aufsi ce que fainâ Paul adioufte
quant à l'exhortation de la doftrine. Car ce
n'eil point alFez qii'vn homme eftudie en l'on
cabinet , & qu'il foit grand dofteur & fiibtil,
mais il doit quant & quant mettre en auant la
dodtrine qui luy eft commife de Dieu, & pro
duirece threfor pour le cômuniquer à tous.
Il eft vray que chacun n'aura pas la grâce de
enfeigner : mais notamment ce propos s'ad-
drefle à ceux qui font en l'office. Lifons-no'
donc.'que ce ne foit pas pour cftie gras dccs,
T I M O T H. Ï07
& qu'on nous prife, & cependant que nous te
nions l'ihtelligence de l'Efcriture fainde ca-
me lerree & enclofe:mais quand nous aurons
receude Dieudodrine& inihuûion , ij faut
que les autres en ioyét édifiez auec nous. Va*
la donc cômc fainû Paul a conioiat ces deu«,
c'eft que nous deuons profiter en l'efcole de
Dieu.Sc y mettre peine:& puis,qu'i! faut que
en exerçât l'office de Paiteur.les autres foy-
ent amenez à vne raefme cognoiflànce par ce
moyen, & que nous leur communiquions ce
que nous auons receu, à telle côdition Se fous
tel fi, qu'il ne nous doit point eftre propre à
nous, mais commun à toute l'Eglife : comme
auAi fainû Paul enparle.fur tout au douziè-
me des Romains, & autreziemede la premir
reaux Corinthiens. Cognoiflbns donc, quand
Dieu nous fait cefte grâce d'auoirplus d'in-
telligence de l'Efcriture fainûe que les au-
tres,qu'il nous oblige tant plus ,&nous rend
dettcurs à tout le troupeau, qu'en tant qu'ea
nous eft nous deuons defployer ce que nous
auons comme vne chofe commune,âc que nul
ne s'attribue en particulier ce qu'il aura re-
ceu de Dieu , finon qu'il vueille eftre larron
non point d'or ne d'argent, maisd'vne cho-
fe qui eft beaucoup plus prccieufe , afçauoir
de la doftrine de falut. Et ceci eft non feule-
ment pour corriger l'oifiueté qui pourroit
eftre en ce(ix qui lont miniftres de la parole
de Dieu, mais pour abbatre aufsi en eux tou-
te ambition &' appétit de fe faire valoir. L'oi
fiueié doit bien eftre refueillee, quand il ell
dit qu'il ne faut point que nous fpeculions,
que nous foyons comme des Philofophes oi
fif';,mais qu'ayans leu,il faut mettre en auant
ce q nous aurons apprins en l'tfcolede Dieu.
Voila donc corrmie nous ferons incitez à met
tre peine que tout le monde foit bien édifié
par noftre labeur. Mais il y a le fécond que ie
ay touché,, c'eft que fi vn homme, quand il au
ta Pinteligence de l'Efcriture fàinék, garde
cela pour foy , & qu'il n'en baille qu'à lèche
doigt(côme on dit)afin d'eftre prifé,ij; qu'on
retourne à luy, & que perfonne n'entende ce
qui eft des plus grans fecrets, & plus cachez:
fi,di-ie,vn homme eft tel, il ne diftribue point
le don de grâce que Dieu luy a fai t à ies fre
res.mais il leur rauit le pain de vic,&.' cefte pa
fture celefte de la parole de Dieu. Ainfi donc,
apprenons que ceux qui feront eleuez plus
haut,trebufcher5td'vne chcute plus mortel-
le, finon qu'ils auifent de cômuniquer les gra
ces qu'ils auront receues de Dieu.Â: qu'ils les
diftribuentencommun à tout le corps de no
ftre Seigneur lefus Chrift, & qu'vn chacun ea
re çoiue félon fa mefure. Voiladonc ce que
nous auons à obferuer en ce partage. Et au re-
ftc,notons auf i que fainft Paul non fans cau-
feamis lidoSlrineSc t exhijrtittion.W e&yxzy
qu'il met l'exhortation deuant : toutesfois
nous ne deuons pas beaucoup infifter làdef-
fus.'car nous fjauôs que ceft ordre n'eft point
C.iiii.
208
SERMON XXXIII I.
obferué en l'Efcriture fainfte , de mettre les ment en feignez, &: que nous fommes (î froids
degrez premiers ou féconds toufiours , mais & nonchalans que ncii phis,&; pourt.it qu\n
il ûiffit qu'en fomme nous ayons l'mtention chacun eit contraint de péfcr qu'il n'tft pomt
de l'ETprit de Dieu, qui eft qu'vn Paiteur.s'il que/lion de fe iouer ainlî auec Dieu , mais
veut blé faire fon office, & s'en acquitter loy qu'il taut que nous receuions ce quinous eft
aument , ne doit pas propofer la hmple do- déclaré en l'on nom à bon elcient. Voila, di-
ûrine, pour dire , Voila ce qui y ell ; mais il ie,à quoy doiuent feruir les exhortations. Or
doit qu.int & quant exhorter. Il y a donc en donc celuy qui a la charge d'anoncer la pa-
fommedeux chofes requifes , c'eft que nous rôle de Dieu, qu'Une penfe point eftie quit-
donnions intclligéce bonne & faîne de ce qui te quand il aura mis en auant la bonne doftri
eft requis pour le falut des fideles:& puis que ne, pour dire, Il no' faut dû tout zppuyer fur
nous adiouftions quant & quant la vehemen- la feule grâce de Dieu.il faut que nous rccoa
ce, afin que la doftrine touche les coeurs plus rions àluy , il faut que noftre falut Ibit fondé
au vif, & que non feulement on cognoifle ce fur le mérite de la mort & pafsion de noftre
qui eft bon, mais qu'on foit incité à le luiure Seigneur lefus Chrift , & que nous cognoif-
&yadherer. Voila les deux chofes qui font fions que tous nos mérites ne font rien en-
ici coniointes,&n'eft point licite de les fepa- uersDieu: & puis tout le refte de la doftrine.
rer. Si nousauons les aureilles remplies de Q_u^on nous dife , Mes amis , voila que Dieu
mots bien colorez , cela ne profitera gueres. commande , voila l'expofition pure &iîmple
Et pourquoy? Q_uand vn homme dira beau- de la Loy. Vn homme donc qui montera en
coup ,& que cependant il ne monftrera point chaire pour inlhuire le troupeau de Dieu,
que ce qu'il propofc, ellde Dieu, qu'elle au- qu'il ne péfe point s'eftre acquitté loyaumét
thorité y aura-il?Il eft vray qu'on l'efcoute- en péfant ainiî. Et pourquoy?Il n'y aura que
ra. Comme nous voyôs qu'vn home qui vfe- froidure cependant : mais il faut que les ex-
rade rhétorique , pourra bien efmouuoir les hortations foyent adiouftces pour viuifierla
cœurs : &'encores qu'il fou vn mefchant , & dodrine, afin qu'elle foit nayfHe,& que nous
qu'il ne tende qu'à nial,& à induire vn peuple en foyons touchez comme il appartient. Et
à toute confufîon , fi eft-ce qu'il pourra bien comme celle charge eft donnée à tous Mini-
fe faire valoir:mais il y a vne autre chofe re- ftres delà parole de Dieu.aufsi faut-il qu'vn
quifc aux feruiteurs de Dieu: c'eft que la foy chacun en fon priué apprenc que ceci s'ad-
precede:& puis après, que le zèle y ioit con- drelle à luy .Souffrons donc d'eftre aiguillon
ioint pour l'accompagner comme vn accel- nez quand nous aurons cognu ce qui eft bon,
foire:que h foy(di-ie)foit comme le fonde- qu'on nouv incite, qu'on attife le feu, afin que
ment fur lequel on baftiire,& que le zèle foit nou-. bruflions du zèle de Dieu, & qu'il morti
i'cdifice. Voila pourquoy fairftPauldit no- fie par force nos concupifcences : &.' quand
tamment , S^is .ittentifù la Joflr:ne : comme nous fjmmes deftournez du bien,&." que nous
s'il difoit,quc noui (leuons tellement porter fommes entortillez en toutes les vanitez de
la parole de Dieu , que ceux qui nous efcou- ce monde , que nous defirions qu'on nous en
lent, cognoifltnt que c'eft la pure vérité , & retire. Qjieîi nous ne fouffrons cela patiem
qu'ils s'y puiflent tenir,&' que la certitude Je ment, la parole de Dieu fera comme vne cho
foy qu'ils ont ne foit point pour vaguer, ne fe morte, là où il n'y aura gueres de viua-
poureftre en quelque opiniondouteufe.Com cité. Et en cela voyôs-nous qu'il y en a bien
me nous voyons qu'il y en a qui diront , le peu qui ayent goufté que c'eft de la parole de
croy que cela eft bon , il me le iémblc. Mais Dieu. Vray eft qu'on fouffrira comme par ac-
que nous foyons arreltez & refolus que ce quit qu'on propofe la doftrine : mais quand
qu'on nous propofe, eft la doftrinede Dieu, on vfe de véhémence, & qu'on crie ,& qu'on
Voila donc le premier, c'eft que les Miniftres tempefte , Et y a-il ordre ? Ho, il ne faur
de la parole doiuent appliquer leur eftude à point fouffnr cela. Voire? comme fi Dieu
faire que ce qu'ils propofent, foit bien certi- auait cefte paiflion auec nous , & qu'on luy
fié , qu'il ait tel tefinoignage , que les fidèles euft donné congé de pai 1er feulement à de-
cognoilTent qu'ils ne font point menez à l'a- mi bouche. Ho, non, il taut que noftre turpi-
uenture.mais que c'eft la vérité toute certai- tude foit defcouuerte , quoy qu'on tafche de
ne & infalIible.Cela eft-iPll faut que les ex- la coauririS: ne penlons point qu'ion luy puif
hortations fuiuent quant & quant. Et pour- fe impoler filence. Il n'eft point noftre inte-
quoy? N JUS voyôs la tardiueté &' ludeffe qui rieur pour dire qu'on luy puifle impofervne
eft en nous.Q^and nous aurons cognu ce qui telle loy. Or tant y a que nous voyôs q bcau-
eft vicieux , ce n'eit pas à dire pourtant que coup voudroyét que la parole de Dieu n'euft
nous foyons reformez: chacun fera addonné iinon vn demi cours, pourdire , Q_ii'on pro-
à foy, chacun cftât préoccupé de fesaffcctiôs pofecequi eft bon, &: ce qu'on doit taire:
mondaines fera comme à demi mort, & il n'y mais qu'on ne viene point picquer, qu'on n'v
aura point de vigueur en la parole de Dieu, ie point de véhémence ni d'afpreté. Quand
Nous voyons donc qu'il eft befoin que nous nous voyons cela , c'eft fignc que telles j;ens
Icachions que noiis u'auoQS point eltédeue- n'ont iamais cognu que c'eft de foy. Or tant
y a
SVR LAI. A TIMOT H.
l©y
V a oueceux qui veiilet auoir réputation d'e- OR nous-nouî profternerons deiunt la
ihc li<ltles , fe doiueiit rendre dociles, & co- face de noftre bon Dieu en cognoillance de
gnoiltre qu'il faut que non feukmêt ils adhe nos fiutes.le pnans qu'il nous les face fentir
rent à la pure vérité de Dieu , & qu'ils reçoi- de plus en pluî, voire pour nous en retirer,&
uent paiiiblementce qui procède de luy.mais que nousauifions de tellemét venir à luy, que
qu'ils fourfi-ét d'cftre redarguez de luy qu.ld nous en approchions de iour en iour. Et que
il en fera befoin , & que la dottrine de Dieu cependant fi nous clochons par infirmité , &
ait telle vigueur enuers eux, qu'ils en foyent niefmes que nous facions beaucoup decheu-
viuifiez: comme aufsi la parole de Dieu a ceft tes , Se que nous foyons efgarez du bon che-
office-la.Quedonc nous y perfcueriôscon- min.qu'il nous redrefle,& qu'il nous fuppor-
ftammét fans nous en deftourner en quelque
façon que ce foit , afin que d'vn commun ac-
cord nous rendions à Dieu la louage qui luy
appartiét.afin qu'il foit glorifié en nous.iuf-
ques à ce qu'il nous ait receus en fa gloire ce
leAe où il nous appelle.
qu'il nous reareiie,(X qii
te en toutes nos foiblefles , iufques à ce que
no' en foyôs defpouillez &deliurezdu tout.
Que non feulement il nous face cefte grâce,
mais aufsi à tous peuples & nations de la ter
re, &c.
L E
HVITIEME SERMON SVR
Q_V ATRIEME CHAPITRE.
14 Ne ntcts point a nonchaîoir le don qui ejl en toy , lequel t ejl
donné par prophetie,auec Tinipofition des mains en la Vrejlrijè.
1 5 Exerce ces chofes,fois en ces €hofes,afin que tapourjùitefoit
manifcflec a tous-
elles nous doiuent eftre jJrecieufés, apprends-
de les faire profiter comme Dieu l'entend 8e
le commande. Et ainfî qii'vn chacun regarde
à foy, &qu'il fçache, & qu'ilentreen côtede
ce qui luy cft donné, cognoiflànt ql'intétiort
de Dieu n'eft pas q cela foit mis fous le picd^
Qupy donc'L'vn a-il bon cfpritiTautre a-il
force & vertu ? l'autre a-il doftrine ? l'autre
eii-il en office & eftat?qu'vn chacun péfe que
Dieu veut eitre ferui & honoré de tels moy-
L y a deux' raifons qui noifç
doiuent induire &• folieiter
à employer les grâces de
Dieu pour les faii e valoir &
ftruir.L'vne c'eft.que ce.'uy
qui ne tafche point de met-
tre en vfage la grâce qu'il a
ieceue,enfeuelit entant qu'en luy eft la gloi-
re de Dieu. Car Dieu veut eftre honoré quâd
il nous a élargi des biens : & quand nous les
fupprimons tellement qu'ils ne font point co ens. Voila donc ce qui nous doit inciter k fai-
gnus,c'eft autant comme fi on lettoit vfi thre revaloir les grâces de Dieu.Q^iconquesfe—
for en l'eau. OrDieuneveut point quece ra ici nôchalat, fera tenu pour ficri!ege,d'au-'
qu'il a deftiné à fa louange, foit ni anéanti, ni tant qu'il aura prophané ce que Dieu auoir
effacé. U y a l'autre raifon, que félon q Dieu dédié à vn vfage fi noble &: fi excellent, corne
BOUS fait plus de grâce , il nous oblige quant nous auons dit. Or cependant nous fraudons
& quant à nos prochains, afin qu'ils en foyent aufsi nos prochains quand nous ne penfons
édifie^. Car chacun n'eft pas riche pour fov, point de les aider entaritqu'en nous fera, fe-
mais nousdeuons communiquer enftmble ce Ion la faculté q Dieu nous aura mife en mam,
que nous auons receu>&que le profit en foit l'ay dequoy édifier mes prochaîs.ic m'en de-
commun : comme aufti fainft Paul en traitre porte, ie ûiis vn larron : car ce que Dieu m'a'
aflèz amplement au douzième desRoniains, donné.n'tftoit pas à moy.que ie lepeufle fup
& au douzième delà première aux CorintK. primer, le fruit en cft commun, mes prochains
Voila ( di-ie ) les deux regards que nous de- en deuoyêt eftre édifiez. Qilîd donc ie tour—
nons auoir afin de ne pas enfeuelir les dons neainfia mon particulier ce que Dieu auoit
de Dleu,raais de les appliquer en vfagc.Nous ordôné à mes prochains, il faudra que ie foye
Mrtt'lf. fçauons ce qui eft dit en la fiinilitude du fer- punid'auoir retenu ce que les autres deuoyéc
141 O" uiteur nonchalant, lequel auoit en feueli l?ar- receuoir par mon moyen: carie fuis vndiftri,
*J' genide fonmaiftre.Car il luy eftoit comman buteur dtfloyâl,commel'Efcriture aufsi nons
dé de lé faire profiter : lemaiftrcnon fans mor.ftre que c'eft.i cefte condition-la qi)e no'
caufe fe courrouce de ce que fon argent a e- ftrc Seigneur nous diftribue les dons de fon'
lié ainfi inutile. Or les dons queDieunous S.Efprit:comme<î le bien d'vne maifon nous
élargit, valent beaucoup mieux, & font plus à eftoit mis en charge , non pas pour le gour-
eftimer que l'or ne l'argent : car ce font les mander, & pour en faire ce que bon nous fcni'
marques du fainû Eiprit. Ainû donc puis que blcra,mais pour en vfer côme le maiftre l'or—
D.i.
ionne. Voila pourqnoy CxinSk Paul maince-
aant commande i Timothee , quilnemette
foint a nonchahir Us grâces cfiiil a. recettes.
Non l'eulement fainft Paul a4monefte Timo
thee qu'il fera mal s'il tourne en mauuais vfi
ge,&pour nuireàTEglifc , « qu'il a receu,
mais il adioirfte que s'il ne remploye,qu'il ne
talche de le faire feruir & valoir, il fera coul-
pabledeuant Dieu. Il eft vray qu'ici fainft
Paul parle à vn homme feul,mais celle do&ri
ne eft commune , & chacun doiteftrefolicité
de cefte exhortation pour s'acquitter de l'on
deuoir.Cognoiuons donc quand Dieu nous a
mis en ce monde, & qu'il luy a pieu noif; elar
girdes dons de fou fainâ: Efprit, quec'efta-
fin qu'il en foit honore. Et au refte,d'autant
que nous auons àviure eftans liez en vraye
Tnion de charité , qu'vn chacun regarde d'é-
difier fes prochains entât qu'en luy feia.Voi
la donc comme nous ne mectrôs point à non-
chaloir la grâce de Dieu, alcauoir qu.îd nous
metttons peine qu'elle profite à tous en com
mun,& que la gloire en reuiene à celuy qui en
eft digne: que chacun ne s*aiiatice point pour
fon ambition, pour Te monftrer & poureftre
prilï- car c'eft defpouiller Dieu du dioit que
iitneritermais plujtoft que toute noftrc incen
tion & noftre but l'oit qu'on cognoiirc la bon
té de Dieu quand il s'efi mouftré ainfl libé-
ral enuers nous, & qu'il ne nous a rien efpar-
^né. Q£e donc Dieu foit cognu autheur de
tout bien, & qu'on luy en rapporte la louan-
ge:^ voila comme fes grâces ne feront point
raifes i nonchaloir. Et au relie, fclon que la
gloire de Dieu nous eft precieul"e,& que nous
auons cher le falutde nos prochains.auifons
que toutes les grâces du faintl Efprit foyent
la rapportée:^ , comme aufsi elles y tendent.
Or notamment fainft Paul parle de la grâce
que Timothee auoit reccuc eftant ordonné
Pafteur: car il parle de l'impofition des maïs,
ti delà Preftiile.Vray eft que ce mot de Pi-*-
J{rife{e peut rapporter à celt office auquel e-
ftoit Timothee, qui eftoit la compagnie des
Preftres ou Anciens , c'eft àdire des Paftcurs
del'Eglife. Or cependant nous fçauons que
Jhinâ Paul veut Jire:car quant à cefte fenten
«c il n'y a nulle obfcurité: c'eft q Timothee,
quîd il hit ordonné Pafteur.auoit receu grâ-
ce de Dieii. Voire,& fainil Paul luy remon-
tre , puis qu'ainfi eft que cela eft aduenu par
prophétie , q Dieu l'auoit marqué afin qu'on
le choifïft à ti I cftat.que cela le doit plus en-
flammer,5:luy donner meilleur courage, veu
que c'euft efté re/îfteràOitu &à fon clcâiô
quand il ne fe f ift loyaumét porté en fon of-
fice. Or pour faite nuftre profit de ce paflà-
ge , nous au«ns à noter en picmier hea , que
c,efte cérémonie de mettre les mains fur la te
lie de ccliiy qu'on tftablilFoit pour Pafteur.a
efté en vfage entre les Apofties, côme ils ont
touliours retenu quelque forme qui auoit e-
fté accouftiiincc de long temps çn l'Eglifc de
SERMON XXXV.
Dieu. Quand doc on ordonnoit des Pafteurii
il y auoit ce figne extérieur, qu'on leur met-
toit les mains fur la telle. Pourquoy cela?pour
en fairevne oblation facree à Dieu : car c'a
efté la façon de la Loy,d'offrir ainfi les facri
ficcs. Et au refte,en prières folennelles aufsi
les Pères anciens ont eu cela(comme nous le
voyos mefmes deuant la Loy )qu'ils raettoy-
ent les mains fur la tefte de celuy qu'ils vou-
loyent recômander à Dieu. Maintenant nous
voyons que ce n'a pas efté vne chofe fuper^.
flue , que d'ordonner ainfi des Paileurs auec-
impofition des mains. Et pourquoy?Car tant
eux que tout le peuple eftoyent adraoneftez
que ii vn homme eft appelé à cefte charge de
picfchcr la parole de Dieu ■ qu'il n'eft plus â
foy.ni en fa liberté , qu'il faut qu'il fe dedie
pleinemct i Dieu. Non pas qu'il ne taille que
tous fidèles foyent aufsi bien de ce rang Se de
cefte condition:comme S.Paul ne parle point
feulement aux rainiftresde la parole , quand
ii dit, le vous exhorte par la mifericorde que Rj»»»».lt«
Dieuadefployce fur nous , de vous offrir en '•
lacrifîces viuans : mais il eft^end cela à tous
enfans de Dieu , & i tous fidèles fans diftin-
ûion. Mais cependant il eft-ce que celuy qui
eft appelé pour anoncer la doilrine del'E-
uangile , & pour adininiftrer la pafture de vie
& de falut , celuy-la a encore vne aftritlion
plus grâdc.il n'eft plus àfoy.maisdu tout de-
ftiné à l'Eglifc de Dieu- Voila donc J'aduer-
tiffement qui eftoit dôrié par ce %ne de l'im
poiîtion des mains. Et puis d'autant que c'eft
vnecliarge fi haute & fi pefanre que dépor-
ter l'ambaflàde de falut, de recôcilier les ho-
mes auec Dieu,& les alFeurer de la remifsion
de leurs péchez, il faut bien que Dieu befon-
gne ici. Car ce n'eft point fans caufe q fainii
Pauls'efcrie en la féconde aux Corinthiens,
Et qui eft-ce qui pourra eftre ftitfifant à vne
charge fi ditficite ?Mais il y a ce remède, c'eft
afçauoir,quc puis qu'il plaift à Dieu de fe fer
uirdes hommes en tel cllat.il leur donne auf-
fi dcquoy y fournir. Tant y a qu'il faut bien
que ceux qu'on eftablit pour eftre Pafteurs,
foyent pleinemét dédiez à Dieu, afin qi'il les
gouuerne par fon S. Efprit, qu'ils luy loyent
folennellemcnt recommandez,afin qu'il leur
donc efprit tant de prudéce que de Içauoir,
qu'il leur dônp efprit de vertu & de zèle, qu'il
leur donne efprit de conftace, qu'il leur don-
ne efpritde charité & douceur , & patienOiC.
Qjjiifdonc les mains ont efté ancienneme^it
impolies à ceux qui eftoyent eleus Se ord(;/n-
ncz pour Pafteurs, en cc-Ja les fidèles on/pro
tcftc qu'il faloit bien que Dieudcljjl^aft de
fa vertu , afin que le> hommes fe peutlent fi-,
delement acquitter de leur office. Voila donc
pourquoy famft Paul en ce partage parle de
l'impofîtion des mains à Timothee. Or il mô
ftre quant & quant qu'vn tel ligne n'a pas e-
fté vain ne friuole:car Dieu l'a fait valoir en
y adiou/lant fa grâce. Pource que l'eleftior»
de Ti
SVR LA I. A TIMOTH.
ISÏ
de Timothee eflort ftinfte, qu'elle iifl oit re-
liée comme elle daioit , Dieu auTsi y ell in-
teriienu,& y a p:eficlé:& quand la prière a c-
fté faite pour ta perfonne de l'homme, Dieu
a fait fentir par effed que tout ce qu'il a or-
<lonné , n'eft pas vain ni inutile .mais que
l'eflicacedc fon S.Efprit y ell couiointe.Voi
la en fomme ce que nous aiiou? à retenir. Ojt
côbicn queS.PauIpaile ici àTnnoclice, tou-
tesfois la doôrine eft pour nous. Apprenons
donc, quand il faut auoir des miniilrcs qui a-
lîoncét la parole de Dieu, qu'vn chacun doit
auoir le foin de prier alors, car ce n'eft pas vn
ieu de petis cnfans,<:omm€ on dit. Ueft que-
ftion que l'Egiife de Dieu foit gouucrnee c5
me il l'ordonne. Il vfe de ce moyen-la, 5; veut
qu'on l'obferue , & qu'il foit inuiolable iuf-
ques àla fin du monde. Vouiôs-nous donc e-
Jlre gouuernez de DietiPcognoiflons qu'il no*
faut auoir en finguliere recommandation de
choilîr des minières quifcyent fidèles, &■ qui
foyent propres pour exercer leur off ce.Car
^conie nousauons veu par ci deuant) ce n'ert
pas vne chofe contéptible que àe gouucrner
la maifon de Dieu. Il nou". faut puis âpres ré-
duire en mcnioireceque S.Paul alors a adiou
fté , qu'il y avn fecret qui furmonteinefmcs
l'efpritdes Anges, que Dieu a cfté manifcflé
en chair. Puis qu'ainfî eftfJonc quelesniini-
ilres de la parole fôt app< Irz pour gouuerrer
la maifon de Dieu, qui e/l fon Egli-fe, le pilier
qui fouftict la verite:quâd vn tel threfor leur
eft commis, c'eftque ce fccret admirable que
Dieu a voulu publier au mode nous eft poité
par km bouche.il fiut hienfcomnie i'ay ditj
que nous ayons le foin de prier Dieu qu'il
rou': addreffe en forteque les bémes^quife-
ront choifi'ifoyét vrai<^ inftrumensdefquels
il fe férue pour noftrc falut. Voila donc pour
vn item. Et cependant notons quand nous y
procec'Srons ainfî, qu'vn chacun de ion cofté
priera Dieu qu'il gonuerne ceux qui fot pour
porter h parole, q Dieo monftrera parefFeû
que nos prières ne fcrôt point vaines, que les
liôices ne ferot point choifis qu'il ne leur di
ftribue ce qui fera requis & neceflàire pour
s'acquitter de leurdeuoir.Au re)le,no' voy-
ons maintenantque c'eft à bon droiû fi Dieu
ne nous donne point gens qui s'acquittent
mieux,& par lefquels aufsi l'Egiife foit gou-
ucrnee vertueufemcnt. Car qui eft celuy qui
penfeàprier Dieu qu'il touche par fon S.E-
fprit ceux qui font côftituez en ceftcftat?Les
yns voudroyent qu'il n'y euft mils miniftres,
le qu'il n'y euft nulle forme de religi6,^non
quelque ieu, quelque badinage,teliement que
la parole de Dieu fuft du tout crfeuelie. Et
ils ne fe cachet point, 5 ce font chiens effron
tez qui abbayent côme fi feulemét le fon & le
fcrtutdela parole de Dieu les tourmentoit:
car ils fe gardée bien que leurs aureillcs n'e*i
foyent point tiop ropucsrils gôurmadent.ils
jurongncnt cependant qu'on prefche. Il eft
vray qu'ils vrédront bien ici quelque fois, voi
re tant feulcmct pour faire môftrermais fine
laifîent-il'- pas d'eftie des pourceaux à l'au-
ge pour réuerfer toute doftrine.Et quand on
voir q les fermons les fafchent ainfi,& qu'ils
fe defpitent à l'encontre, ne peut-on pas co-
gnoiftre qu'ils font biéloin d'auoirvne telle
folicitude &: Tcle.côme S. Paul le monftre ici
que tous Chrcfriens doiuttauoir, pour prier
Dieu que fon Eglifc foit toufiours bien four
nie de fidèles Pafteurs? Qj^ant eft des autres,
il ne leur en chaut, il leur femblc que cela ne
les c5cernepoint,&- qu'ils ne s'en doiuét fou
cier,& qu'il ne letir touche en rien quels mi-
niftres £1 y ait. Qjiâd dôc il y a vne telle non
chalance Scmefpns, fefaut-il esbahir fi Dieu
n'addrellè point toufiours des Pafteurs côme
il feroit àdefirer?Et mefmcs c'eft vn miracle
quand noftre Seigneur cnuoye auiourd'huy
gens qui tafchent ^défirent d'anoncer bien
Se purement fa parole, qui procurent le falut
de l'Egiife, & qu'il y a quelque affcftion. En
ccla,di-ie,il faut bicnque Dieu fuinionte no
lire malice & ingiatitude, veu que nulne pen
fe à le prier. Or tant y a que celte doûxine de
ueroit eftre mieux obfeiuee de nous ; c'eft a-
fçauoirque s'il y a fai;tc d'vn Pafteur pour
l'Egiife , vn chacun doit cftre en fooci côme
de fon cas propre, & qu'alors on prie Dieu AT
demment qu'il choifiiTe celuy qu'il cognoift
eftre idoine pour exécuter vne telle charge
quÉd elle luy fera cômife. Comme nous voy-
ons aul'si que les Apoftres,quâd ils ont voulu
ordonner des Pafteurs, non feukmctont fait
telles prières communes, mais ontadioufté
ieufi-esafin qu'on y proccdaftauecplusgran
de véhémence , & que chacun fuft mieux ad—
ucrti qu'il n'eftoit point qutfiioii d'vne cho-
fe vulgaire. Si donc nous voulons que Dieu
gcuuernefbn Eglifc de nofrre temps, & qu'il
y air gensqui foyent conduits par fon fainû
Efprit afin de s'employer pour noftre falut,
apprenons d'eftre plus fongneuxde fuiure la
règle qui nous eft ici moniireeic'eft qu'on re
commâde a Dieu ceu\' qui font en l'office, a-
fin qu'il fe férue d''eiix , Sr qu'il defploy e tel-
Itmet la vertu de fon S.Efprit, qu'ils ne foy-
ent point inftiumés morts ni inutiles. Si ainff
eft,f(;achons(côme l'ay dit)que Dieu ne per
mettra iamais que les figues qui font ordon-
nez de luy,foyctit fruflratoires,. que lefruift
ne s'en cognoifle. Et voila pourqnoy il eft
du que Timotheea receu grâce eftant appe-
lé en fon office, quand onluy a mis les mains
fur la tefte , que c'a efté pour le fanâifier au
fermée de Dieu , & pour ratifier fon eleftioB
auccceftc cérémonie fainfle , & que Dieu a-
uoit approuuee de tout temps. Ce figne done
n'a point efté vne chofe friuole,& côme vne
ombre &• vne figure vaine. Car fainft Paul no
tamcnt dit qu'alors il luy a efté dôné grâce*
Mars no* deuôs aufsi obfcruer cefte fobrieté
& modeftie, de ne ri«n attéter de noftre xer-
D-it.
lit
«eau : car nout voyons comme il en cft adue-
nu au monde , & U prattique en eft auiour-
d'huy trop mamfefte en la Papauté. Voila les
Papilles qui ont inuencé pour la Prcftrifcdes
Sacremens, qu'ils appellent. Or il y a vne au-
dace diabolique aux hommes , quand ils drel-
fent ainlîdesceremonies, voirtS: les appel-
lent Sacremens, comme s'ils tenoyent là at-
tachée la grâce de Dieu , & la vertu de fon
f.iin£t£fpnf&noui voyons ce qui en eu ad-
uenu. Voila le Papeqiii ordôncra fes Preftres
aiiecgrand' pompe . Il eft vray que Pimpûlî-
tion des mains y fera , mais ce n'eft que com-
me vn petit acceffjire , cela ne luy eft rien.
Cependlt il les faudra oindre & grailFer. Car
auhi les Prertres de la Papauté ne font point
appelez au feruicc de Dieu pour eflrePafteurs
d'Êglife , mais Us font inftitiiez pour eftre
bourreaux de lefus Chrifl.atin de Je meurtrir
tous les iours : car autant de Mefles qu'on
chante en la Papauté.ce font me;rc;es de le-
fus Chrift. Car ils dilent qu'iK le l'acrihent a
Dieu fon Père: & le facrificc ne fe peut taire
fans (Iiiiçicômemefiues le tellainent requiert
cela. Puis donc qu'ils veulent vûirpcr ccft of-
fice de facrifier lefus Chrifl, c'eil autant com
me s'ils s'appeloyent fes bourreaux. Et voila
qu'emporte la Preftrifcdc la Papauté, c'ert vn
facrilege infernal. Mais cependant il y a auf-
fî les cérémonies qu'ils ont inuétces, qu'il leur
faut graiffer les doigts , qu'il leur faut eftre
defguifez. Et qu'ell-ce que tout cela linon vn
<harme & vne forcclerierEt Dieu auf'ii a tour
né en malediciios toutcela.Car"qu'efl-ce des
prertres de la Papauté, fiaon qu'ils deuiencnt
diables, encorcs qu'ils culFent cfté Anges au-
païauant? Dieu doc les rend tellement hebe-
tez, qu'on ne voit entr'cux lînô vn abyfnc 8c
vne confufion infernale , que ce qui dloit de
Dieu en eux, eft du tout anéanti . Apprenons
donc de n'ellre point téméraires pour forger
des figues à noftre poite , mais côtétons-nous
delafimplicitcque Dieu nous a ordonnée ,&
alors no' fentirôs par experiéce qu'il n'a rien
inftitué en vain ne fans profit. Mais fi nous ex
cédons mefure, & que chacun le donne licéce
de faire ceci ou cela,il eft certain que Dieu fe
mocquera de noftre folie & arrogacej, & nous
rendra confus. Voila donc ce que nousauons
à retenir. Et voila pourquoy l'Efcriture lain-
fle,quad elle nous parle du Baptefme &de la
Çenede noftre Seigneur lefus Chrift, nous
monftre qce n'eft point en vainque l'eau no'
eft mife fur la tefte. Car puis que Dieu a infti
tué ce figne-la,& qu'il veut que nous en vfiô ,,
il le fera aufsi valoir , qu'il nous fera vn bon
lefmoignageque nous ferons lautz &■ purgez
de nos macules X:pol!utiôs par le fang de fon
Fils, que nous ferons renouuelcz par la vertu
de fon ùindl Efprit, & que par ce moyen auf-
li ce qui eft de noftre chair & de noftre natu-
, re mauuaife, fera amorti en nous. Et pour-
quoy ?Car il en eft rautheur,fa proraefie y eft
SERMON XXXV.
côiointe,& c'eft à luy feul de s'obliger enuer«
nous. Autant en eft-il de la lainde Cène. Car
puis que noftre Seigneur lefus a voulu que
nous la célébrions , pour eftre certifiez qu'il
eft noftre viande & noftre bruuage.quad nous
venôs â celte faintle table.ce n'eft point pour
mangerleulementvn morceau de pain, & boi
re trois gouttes de vin, mais pour eltre parti-
cipas de ia vie de noftre Seigneur lefusChrift,
pour eftre repeus de fa propre fubftance,pour
lentirque fi vie nous eft commune. Voila doc
comme noftre Seigneur befongne par la ver-
tu de fon faiirôElpricen ces lignes qu'il a in-
rtituez.à ce qu'ils foyent inftrumens de valeur
8r de vertu. Mais voila les Papiftes qui ont
voulu auoir vn milion de Baptefmes.Car l'eau
bénite qn'cft-ce ftlon qu'ils en difentj'vn mil
le de Baptefmes. Voire, comme fi Dieu n'auoit
point efté afiez iage pour inftitucrce qu'il co
gaoïlFoit nous eftre vtile II a voulu que les fi-
dèles fe côtcntafTcnt d'vn Baptefnic pour tou
te leur vie: voilâtes hommes qui le corrom-
pent,S: font tout au rebourt.S: difent que ce-
la ne fuffit point , linon qu'il y ait vn mémo-
rial qui renouuelle le Baptefme qui s'eft fait
pour vn coup. Etainlî qu'cft-ce de tous les
afperges de l'eau bénite Papale?Aiitant de re-
nonccmens de la foy,& pour anéantir ce que
Dieuauoit iiiltitué.U ne le faut point donc ef-
bahir fi Dieu les abbrutit en telle forte qu'ils
n'ont ne fens neraifon , Seau lieu de fe net-
toyer qu'ils fe polkicnt & fe plongent en l'or
dure & en la fange plus profond. Autant en
cft-ii de leur Mclïe : car là non feulement ils
ont peruerti l'vfagc pur & légitime de la Cène
de noftre Seigneur lefus Chrift , mais ils ont
eftabli vne abomination du tout contraire à la
faintte Cène. Nous retenons le facnfice feul
& viMque& perpétuel quia efté otfert par le-
fus Chrift en la croix:& ces diables font'àcroi
reque lefus Chrift eft iournellement otfèrt
par eux,& vfurpent celte dignité laquelle le-
fus Chrift (comme dit l'Apoftre) n'a pas ofé
prendre à foy , mais qu'il a attendu que Dieu
fon Père le conftituaft, voire auec ferment
folennel , comme il eft dit au Pfeauine , I ay
iuré,& ne m'en repentiray point , tu es le Sa-
crificateur éternel félon l'ordre de Melchife-
dech. Or donc maintenant nous voyons que
tout ainli que les lignes que nous auons de ia
main de Dieu & de fonauthoritc,ne font pas
inutiles nefruftratoires.aufsi aucôtraire nous
foiniiies admoneftez de ne rien attenter de no
Itre cerucau & à noftre appetit,mais de fuynre
lîii^f lement ce que Dieu à inftitué , lans pre-
fiimerd'y adioiilter ce que bon nous lenible.
Or cependant fainft Paul dit queTimothee
a efté inftitiic Paftcur par prophétie: non pas
que cela fuit commun , mais d'autant que Ti-
mothee eftoitchoifi cntic les autres ,il faloit
que Dieu luy donnaft quelque marque fpe-
ciale. Ce n'eft point doncvne chofe reqiiife
en tous Pafteurs qu'il y ait prophétie , que
Dicu
Helr.f.
6.f.
pyv.iio.
4-
SVR LA I. A TIMOTH.
*'J
Dieu <îeclar« du ciel qu'il veut auoir ccftuy-
ci ou ceftuy-la: mais il nous faut contenter de
cefte fimplicité, qu'ayant fait examen .ayant
inuoqué le nom de Dieu nous choilîrsions
ceux que no' cognoiftros eftre propres pour
le feruir . Mais cependant notons que ce n'a
point efté fans caufeque Timothee a eu ce
que fainâ Paul luy attribue de fpecial , d'au-
Xant que TEglifL Chreftiennen'tftoit pas en-
*cores dreflee alors , & qu'il faloit que Timo-
thee euft vne charge plus pefante quen'a-
uoyentpas beaucoup de fon ordre &de ion
eftat.Il y auoit encores vne raifon.c'cftfa icu
nèfle, qui le pouuoit cnipcfcher qu'iln'euft
authonte par delTus de vieilles gens.Car il ne
cftoit pas feulement ordonné en vne Eflife
(comme nousauonsveu par ci dcuant ) il fa-
loit qu'il dominai! mefme entre les eftian-
gers.Orcela requeroit bien vne perteftion
grande ; & comme lei hommes ne fe rangent
point volontiers , il faloit que Timothee fuft
approuué comme de la^'olx de Dieu. Voila
donc pourquoy cefte prophétie auo.'t elle
donnée pour luy . Au rcltc, après que fainft
Paul a fait cefte exhorution, il adioufte.E.Vfr
ce ces chops, Sois y : c'eft i dire que tu y infi-
ftes, Quetu t'y occupes du tout, teficment (]ne
tonauancemcnt foit m.m'f'flr Or quand fainft
Paul commande à Timo'.hce d'exercer ces
chofes,& d'y mettre toute fon eftude,&:de s'y
tenir comme lié, ce n'eil pas feulement fuy-
uant ce que nous auons veu , qu'il ne mette
point à nonchaloir cequia elté donné pour
i'vfage commun des fidèles : mais il y .1 plus,
c'eft afçauoir, qu'il ne s'amufepointàchofes
vaines, mais qu'il regarde ce qui peut ftruir
au falut du peuple , h. ce qui peur mieux édi-
fier.Ceci donc s'oppoi'e à toute ambition, & à
toute cupidité , & à toutes chofes qui ne peu-
uent gueres édifier, & qui ne font point pro-
fitables pour le làlut des enfans de Dieu . Or
en cela (âinft Paul nous monftre combien il
eft neceflâire que ceux qui font appelez pour
anoncer la parole de Dieu, regardent de près
à ce qui peut feruir à l'Eglife : car c'eft(com-
nie nous auons dit ) vne charge qui fiirmonte
toute faculté humaine. Or cepédant le diable
tafche à nous diiiertir.mefmes fous efpece de
bien. Quelquefois ceux qui font miniftres de
la parole de Dieu, s'occuperont à ceci ou A ce
la, iSl ne lailTcront point de tafcber à édifier,
mais ils ne tienét point le droit chemin. Il eft
donc requis vne grande prudence en ceux qui
doyucnt porter la parole de Dieu, à ce qu'ils
enûiyuent ce qui eii bon, & ce qui eft vtile à
tous , afin de ne s'amufer point à ie ne feay
qiioy defiuolf . où ils prendrôt beaucoup de
pt-tne, &: fan'; grand [ircfic : & puis il eft aife
que les hommes f"> j é: me nez ainfi d'affeftion
pour plaire,& ils regardent de gratifier quel-
que fois pi i(t )ft que d'fd fier . V )ila pour-
qtny fanift Paul exhorte fi cftroitumpnt Ti-
mothcCjde b'txcicer en ces chofci : corne s'il
difoit, Qup Ict paAeurs qui doyiictit ânoncer
la parole de Dieu, quand ils regarderont bica
à la chaigc<)ui leur eft co«mnfe, ne prendifit
foint loilir de s'amufe<i chofes vâines:car il
y a dequoy pour s'appliquer du tout , quâdilï
ne feront lînon propofer la grâce infinie que
Dieunousamonftrçcen fon Fils; & qu'ils ex
horterontles enfans de Dieu à fe dédier «lu
tout àceluy qui les a rachetez (i chèrement;
il y aura là de l'affaire tant &plus.AinfidonC
quand les miniftres de la parole feront ce que
Dieu leur ccmmande,<ls n'auront point loifir
de perdre leur temps. Se dieftre diuertis ou di
ftraits ç.i & là. C'eft ce que fainû Paul a entea
du en ce paflàge. Or notamment il dit , A. fit
ijue ton tiitancement foit maoifeflé.Cil ce n'eft
point aflez que nous demeurions toufiours eii
vn trainimais il no' faut marcher plus outre:
& non pas feulement nous , mais que nous at-
tirions le peuple à ce qu'il nous fu y uctcar celt
auancement dont parle famft Paul, s'eftend i
toute l'Eglife. Comment eft-ce que celuy que
Dieu a oidonné pour anoncer fa parole s a-
uance.-C'eft quand fon feruice eift profitable,
& qu'on en eft confermé en foy 8c en crainte
de Dieu, S; qu'on y profite de plus en plus.Au
reile,vnc peifonncpriuees'auancera, quand il
Icntira qu'il goufte mieux les promelTes de
Dieu qu'il n'auoit point fait, quand il eft plus
fongneuxS: plus ardent à prier.qu'il peut re-
fifteraux tentations, qu'il eft plus patient, que
il fe retire de ce monde, afin d'afpireràla vie
celefte. Voila comme nous auScerons ckacun
de nous en fn perfonnc. Maisceluy'qui eft en
cftat public, qui eft ordonné pourmonftrerle
chemin à tous, ne s'auancera pas luy feul • car
il faut qu'il attire le troupeau que Dieu luy a
commis en charge . Quand donc fainû Paul
dit à Timothee, que fon auancement foit no-
toire, il n'entend pas feulemétque Timothee
profite en vertu' quât à fa perfonnc, mais que
il s'employe tellement que tous fidèles foyét
attirez à Dieu,& qu'ils croiflènt & s'augmen-
tent en la foy & en tout bien, & en toutes ver
tus. Voila ce que fainû Paul a entendu en ce
paflage. Or appliquons cefte fentéce à noftre
inftruftion. Car puis qu'il a efté commandé à
Timothee de tellement s'efforcer & mettre
peine de faire valoir les grâces de Dieu, que
fon auancement fuft nianifi'fté,auiourd'huy
l'intétion de Dieu eft femblabie enucrs nous;
car fa parole nous eft auioiird'huy portée à
mefme condition , que nous f lyons inftruits
iournellement, voire non pas pour demeurer
toufiours en vn poinû.car ce feroit aflez que
nous eufsiôs vne fois cognu ce que Dieu nous
a déclaré en la parole ; mais il ne fe contente
pas q nous ayons efté cnfeignez, côme quand
on enuoye les petis enfans à l'efchole, & puis
on les retire, qu'il n'eft point queftion que
toufiours ils foyent à l'efchole , mais il faut
qu'ils prattiquent ce qu'ils auront apprins en
quelque temps. Dieu n'en fait-il pas ainfides
D.ui.
au
Chreftiens ? ilnereut pas que nous ceAions
■quand nous aurons ony deux ou trois ans.cô-
mefînous eftions afltz grans clercs, mais il
Tcut que nous foyôs efcholiers tout le temps
de nollre vie . Puis qu'ainfî eit , coçnoiflbnr
que l'vfagede ctftedoftrine qui le prefche
en TEglife iournellement.doit eftrc perpecu-
«Ue.Ainfi donc,d''autat que Dieu nous eniioye
la mefmc doûrine, & qu'il nous l'ordonne , il
faut aufsi que nous foyons auancez & confer-
mez de plus en plus & en foy Se en repentan-
te,pour faire valoir la grâce de Dieu laquel-
rous eil offerte par la prédication dtTfuan
SERM ON X5:XV.
fa iiiftice. Voila à quoy il nous faut penfer- Et
ainfi toutes fois &quances que la cloche foiv"
ne pour nous appellerau ftrmô.cognoiflbns»
Helas, le Seigneur a bien pourueu à tout ce
qu'il cognoirt nouseftre expédient pour no-
ftre falut. Car nous fommcs infirmes .noftrc
foy eftencores cémeen herbe, nous fommcs
eflongnez de luy : mais par fa bonté il nous
rappelle, que quand il luy plaift que fa parole
nous foit prefchee, il nous félicite de venir Ê
luy ,& ne veut point que nous foyons telle-
ment enueloppeaen nos dclices &afPef(ioiTt
mondaines, q nous n'^ayons encores le moyen
gile.Car(comme nous auons dit) ce <jue Dieu de retourner àrepentance , comme il nousy
a inftitué.il le fera quant & quant ferniràno- ■" '"--- — -' ' (..«.» r. -... i~ -^
lire falut >& y adiouilera l'efficace de fon
fainûEfprit.il l'augmentera par auancement,
en forte que nous fentirons qu'il n'a rien com
mandé en vain. Car par la prédication de fon
Euangile.il nous fait tellemét profiter en foy
& en patience , <jue nous pouuons'fup^orter
toutes affliftions, ainfi que faindPiul entrait
te en ce texte que nous auons len , & qtn fera
expofé après difner. Or en fomme fçachons
<jue nous refiflons à Dieu, & repoufTons entSt
qu'en nous eft fa giace, finon que nous croif-
fions iournellement,& qu'on apperçoyue que
nous marchons & nous auançons en Dieu, co-
rne nous fçauons aufsi que cefle vie terrcftrc
eft vn chemin , que Dieu ne rrous-a point mis
ici bas pour regarder çà & là, mais il nous dé-
clare qu'il nous faut cheminer.En quelle for^-
te ? Oriln'efî point queflion feulement qite
les iambes Ce remuent.mais il faut que de tou-
tes nos penfces & afFeûions,de toutes nos for
ces nous tendions à noftre Dieu:veu que nous
fommes encores fi eflongnez de luy, que notis
mettions peine d'y eftre coioints,& d'y adhe
ler : veu que noftre foy eft tant débile , que
jious appliquions noftre eftude à la côfermer
de plus en plus : veu que nous fommes tant
froids à prier, que chacun fepicque & s'aiguil
]onne,afîn d'auoir vne autre ferueur & zèle
d'initoquer le nom de Dieu.veu que nous foni
mes tant tnueloppezennos délices & volu-
ptcz mondaines, que nousfacions tant que ce
qui eft du .monde, foie mortifié en nous , que
chacun s'efuertue çà & là , d'autant que nons
fommef fi froids à méditer la vie celtfte, que
nousy tendions, voire &que nous fçachions
que cela ne fe-peut faire fans combat, & qu'il
nous faut batailler non feulement contre le
diable, & contre toutes les tentations qu'il
nous fufcite,maiï contre noftre nature. Car la
principale guerre qu'ont les fidèles eft con-
tre eux-melrncs , Tcu qu'il n'ya en nous ne
Teines ne nerfs qui ne refiftent à Dieu, & que
toutes nos pcnfees' 'S; affcftions ( comme dit
fainft Paul au huitième des Romains ) font
'butane d'inimicicz morcelles contre Dieu de
conuie.Car à quel propos )ei oit-ce que la pa-
role de Dieu nous feroit prefchee iournelle-
ment tout le temps de noftre vie, finon pour
remédiera nos infîimitezï Dieu donc nous co
gnoift& aduouede fon troupeau , puis qu'il
veut que nous foyons en fon efchole tout le
temps de noftre vie. Mais gardons-nous qu»
Dieu ne permette qne nous foyons priucz de
vn tel bien, qu'au lieu qu'il luy pla ftde nous
tendre les bras ,&• qu'il eft fi vigilant après
nous ( comme il en parle par fes Prophètes)
décrier & foir & marin , comme fi vn père fe
leuoit poilr induire fes enfans à bien.-jduifc as
di-ic,que I>ieu ne permette au lieu que fa Pa-
role nous eiï prefchee, & qi^il a vne telle fo-
licitude-dc noftre falut, qu'il ne nous reiettï,
& nous detàuoue pour fiens , puis q nous fom-
mes fi ingrats de mefprifer vne telle grâce *:
bonté comme il lamonftreenuersnous: m.ais
que nous tendions à ce profit & à ceft aduan-
cemcnt duquel parlf faincV Paul ; & que ceux
qui ont charge d'anoncer la parole de Die-u
fur tout ayent cezelt;, &• qu'ils regardent à
eux.pourdire, Pouiciuoy eft-ceque Dieu mTa
ici conftitué? c'eftafin quel'Eglife s'aiigmcn
te de plus en plus,& que le faUic des hommes
foit toufîours procuré. Qjie les miniftrp s doc
ayent toufiours ce regard-la, afin de fp pie-
quer d'auanwge.Jt que chacun en fon endroit
y penfe: & royans que telle eft l'intention de
■Dien,que nous y tédions,& que nous tafchios
de nous y conformer, de peur que noftie ré-
bellion ne fufcite vne horrible vengeanc-e,
quand au lieu d'approcher de Dieu nous en
ferons reculiez . Approchons-nous donc de
luy de plus enphis, voyans qu'il vfe de tons
moyés qu'il cognoift nous eftre ptopres pour
nous attirer à foy, fufques à ce qu'il nous ait
recueillis en fon Royaume éternel.
OR nous-nou- profterneronsdenant la
face de noftre bonDreu en cognoifTance de
nos fautes , le prians qu'il luy plalfe de nouî
en retirer : & cependant qu'il nous y fuppor-
te iufquesàce qu'il nous en ait nettoyg: du
tout, Ainfi nous dirons tous, Dieu tout-puif-
fant,Perc celefte,S«;.
KEVFIE-
s V R L A T. A T 1 M O T H. ^M,
NEVFIEME SERMON SVR LE QJ A-
TRIEME CHAPITRE.
j6 'Entcn àtoyo"^ ^<* docirinc:fois pcrjèuerant en ces chojès: car
en cefdifint tu tefauuercts toy-mefntc CT ceux qui tcfcoutcnt.
Afoitqueparcideuâtfaina furnosteftes quand nouî n'auront regarni
Paul cuftaflezaduertiTirao
chee de penfer à tellement
édifier rÊglife de Dieu par
bonne doànne, qu'âufsi il
donnaft bon exemple en fa
vie , tant y a que derechef il
confcrme ce propos, non point feulement au
regard de l'homme auquel ilparloit, mais lia
dôné vne doctrine qui tuft permanéte en tout
temps. Voila Jonc vne règle générale que S.
Paul donne à tous Paiteurs.c'ell qu'ils regar-
dent àeui en premier lieu pour cheminer quït
à leurs perlonnes fainftement , & puis qu'ils
prenent garde aufsi au troupeau qui leur eft
conmiis,aiîn de luy donner pafture. Voila doc
deux chofes qui font requifes en nouç qui a-
uons la charge de gouuerner l'Eglife de Dieu,
qu'il faut que nous pendons de chemineren
lorte quenoftre vienefoit point en fcandale,
mais en bon exemple : & puis d'autant que la
preud'homie ne luffit point en celuy qui doit
auoir la bouche ouuerte , qu' aufsi la dodrine
foitcôiointe quant & quant. (Quiconque veut
C«»t.ii eftre tenu & réputé Chreftien , doit penfer à
''• foy.commeauf^i cefte admonition eft donnée
Tfra.xi9 atout le peuple par Moyfc. Et voila pour-
vitm. quoy il eft dit que la Loy de Dieu nous doit
guider ^fin que nous foyons fur nos gardes.
Mais ce que fainâ Paul adioufte en fecôd lieu
eft notamment pour les Pafteurs qui ont char
ge publique:car Dieu ne lésa point eleus fans
câufe en cell ofiîcc-la.Or notamment ils font
exhortez de prendre garde àeux.Car comblé
que chacun fidcle dayue eftre prudent pour
régler (a vie.&doyue faire bon guet pour n'e
ftrc point furprins des tentations de Satan, 8c
aufsi doit preuenirtous les dangers def^uels
nous fomraes enuironnez , tant y a que ceci
n'eft point dit en vain aux minillres delaPa-
jole : car ceux-là font comme vn chandelier
qui eft mis fur vn buffet ou fur vne table , que
ils doyuent efclairerde loin. Il eft bien dit à
tous Chreftiens en gênerai , d'autant qu'ils
portent la clarté de vie quand Dieu les a illu-
minez par fz Parole, qu'ils doyuent monftrer
bon exemple,& qu'ils doyuent cheminer pru-
demment alîn d'inftriiire les ignorans. Mais
C cela eft requis en tous fins exception , que
fera-cede ceux que Dieu a conftituez pour
monftrer le chemin à tout le reftc? Ainfi donc
il y a beaucoup moins d'excufe aux Pafteurs
qui doyuent anoncer la parole de Dieu s'ils
cheminent delordonnément, qu'aux hommes
priuez.U eft vray que tous feront condamnez
4euant Dieu : nuisJa vengence fera double
l'office où Dieu nous a appelez , roire à cefte
condition que noftre vie Ibit comme vne ap-
probation de la dodrine pour luy donner plus
d'authorité . Et pourtant cefte adnonition-ci
doit bien eftre méditée de nous: que fi feule.,
ment nous montons en chaire pour parler.cn-
cores que nous eufsions la meilleure grâce
qu'on pourra fou'haittcr , celan'eft rien, c'eft
comme & vn bafsin d'airin fonnoit:il eft vray
qu'il pourra eftre ouy de loin, il pourra battre
les aureilles:ou bien qu'il y euft quelque clo-
che qui euftvn fon Iplaifant. Voila comme
nous en ferons quand nous aurons bonne do-
ftrine en la bouche,& que noftre vie fera raef-
chante Se diflblue. D'autant plus donc noue
faut-il bien reCorder cefte leçon , c'eft afça-
uoirquece n'eft point aflèz que nous ayons
purement anoncé la parole de Dieu,que nous
ayons expofé fidèlement l'Efcriture fainfte,
que nous ayons appliqué ce que nous traittôs
à l'vfâge du peuple,mais il taut que noftre vie
parle quant & quant, & que nous tafchions de
bien marcher ahn que les autres nous fuyuent.
Il eft dit de tous fidèles qu'ils doyuent telle-
ment attirer leurs prochains à Dieu, qu'ils
aillent quant & quant : car voila comrae"le
Prophète Ifaie en parle, Allons pour monter I/î<.i.«.S
en la montagne du Seigneur.Mais il y a(com-
me i'ay dit) vne déclaration plus eftroite en
nous qui fommes miniftres de la parole de
Dieu. D'autant plus donc deuons-nous eftre
fur nos gardes à fin de tellement reglerno-
ftre vie.que nous rendions tefmoignage par
èffeù que ce n'eft pas en vain que Dieu nous
a choilis, & que nous defîrions de tellement
môftrer lebon chemin de falut atout lemon-
dc.que nous allions deuât, que nous tafchions
d'approcher de Dieu tant qu'il nous fera pof-
fible. Voila donc pour vn item.Mais S.Paul ne
veut pas que feulement les miniftres de la Pa-
role s'eftudient à preud'homie , car cela doit
eftre en tous:mais il requiert aufsi d'eux , que
ils foyent attentifs à la doftrine. Ainfi donc,
quand nous aurons vcfcu fans reproche, que
nous aurons eftécommemiroirs detoute hon
nefteté & crainte de Dieu , & de toute vertu,
nous ne fommes pasquittes niabfous pourtat:
car Dieu nous a ordonnez pour anoncer la
parole. Mal-heur donc fur nous fi nous fom-
mes oififs en ceft endroit, comme aufsi fainft
Paul en parle. Et pourtant difcernons entre
les eftats & offices. Il eft vray que tous Chre-
ftiens font bié tenus d'édifier leurs prochains
félon le moyen qu'ils en ont : mais tant y a
que par fpecial Dieu nous 3 commis la char
D.iiii.
216
gede parler en fon Nom. Il faut doc que nous
ayons touliours la bouche ouuerte.Or fî celte
marque-ci eft donnée à tous ceux qui font co
mis pour gouuerner l'Eglile de Dieu , il faut
conclure que ceux qui ne donnent au peuple
nulle inftruûion.ne fe peuuét pas nommer ni
Prelats.ni Euefques,ni Anciens, ni Pafteurs.ni
Miniftres : ces titres-la font vfurpez faufle-
liîent de tous ceux qui font chiens muets. Et
de là nous voyons queleltle régime de l'E-
glife Papale. Ilsfe vanteront affèz que leurs
Euefques font fucceflèurs des Apoftres,& que
ils reprefentédes Principautezceleftes: mais
cependant quelle dpftrine pourra-on tirer de
eux ? A grand' peine donneront-ils ce qu'ils
iront pas : & meCiies il leur fembleque cela
derogue à leur dignité epifcopale, démonter
en chaire pour prefcher. Cependant lî eft-ce
qu'à pleine bouche ils fe nommeront Prélats
de l'Eglife.Voire.mais voici l'Efprit de Dieu
qui Icsdefjuoue.-ilnefaut point que nous c5-
bations beaucoup pour les defpouillerdes ti-
tres qu'ils s'attribuent faiiiremêt:car ils font
defmentis par fainû Paul.lcquel prononce en
Pauthorité de Dieu^ que ceux qui ne prenem
point garde à la dotbrme , ne doyuent point
eftre tenus pour Pafteurs. Voila donc ce que
nous auons à noter en premier lieu.c'^eft afça-
Hoir que tous ceuxque Dieu .T eftablis pour
anoncer fa Parole, doyuent quant à leurs per
fonnes cheminer fainftement pour dôner bon
exéple à tout le peuple, & fe doyuent contre-
garder fur tous autïes, puis q Dieu les appel-
le en premier lieu,& en degré foiuierain pour
Tenirà luy:&que cependant ils fe doyuct em
ployer à la doftrine.Or afin q ceci fuft mieux
cbferué.fainft Paul adioufte qu'il faut que Ti
mothee & tous ceux qui font de fon cftat , y
perfiftent.Ce n'eftdonc point affèz qu'vn fio
me tafche de bien faire , fînon qu'il contrmie
iufques au bout : ce n'ert point aflez que par
bouffées il enfeigne,mais il faut qu'il fe difpo
fe à ne fe iamais lafler en trauaillant pour édi-
ter l'Egli/e de Dieu. Comme on enverra qui
pourront bien quelquefois auoir vn figne
ie bon zele.mais cela fe refroidit tantoft, car
il n'y a nulleconftance.iln'ya nttl fil perma-
nent . Sainâ Paul donc déclare que celuy qui
tft appelé pour gouuerner l'Eglife, ne fe doit
iamais laflèr, foit enmonftrant bon exemple
en fa vie , ou bien portant la parole de Dieu
pour toufiours dôner pafturede falut autrou
peau II nous faut donc perfîfter en cela, car le
mot dont vfe/Jiuiît Paul,emporte autant corn
me s'y arrefter. En fomme il -veut dire que
Dieu.quand il appelle vnfiôme pour eJlre mi-
ni ftre de fa Parole , ne le prend point à loage
pour trois ionrs,ou bien pourvn petit de téps,
mais il veut qu'il s'addonne du tout à fon fer-
mée Eft-il ainli.'Il ne faut point donc q nous
foyos oifîfs ne lafches,mais que nous fuyuiÔs
k' train que Dieu nous a m5n:ré.-& qu.id nous
aurons (rauaiilc vn aa ou deux,<^ue nom f^a-
SERMON XXXVI.
chions que ce n'eft rien fait, lî iufques au bout
nous ne perfiflons conftamment. Et celle ad-
monition eft plus que neceflairercar nous voy
ons quelle foiblefle il y a en nous. Er d'autre
cofté nous expérimentons partropque Satan
machine tant qu'il luy eftpofsible,dcdesbau-
cher ceux qui ont bon courage , & pour leur
rompre le cœur, afin qu'ils défaillent au mi-
lieu du chemin. Encores que la charge q nous
auons ne fuft pas tant difficile nepefante , de
noftre cofté nous fommes tant infirmes qu'i^
ne faut rien pour nous faire cefler ou tourner
bride. Or eft-il ainfi qu'il y a de grandes diffi-^
cultez: & cependant voici le diable qui brafle
tout cequ^il peutafindenousdiuertir. Com-
ment donc pourrons nous eftre conftans pour
nous acquitter enuers Dieu & fon Eçiife , (î
cefte leçon n'eft biéimprimeeennoftre cœur
&en noftre mémoire, afçauoir que Dieu no*
à tellement obligez à foy, qu'il nous faut là e.
ftre attachez du tout y qu'il ne faut point que
no' preniôs occafiô c'e nous lafler quoy qu'il
adutene.mais que nous marchions iufques à ce
que nous foyons paruenus à noftre but. Voila-
donc ce que nous auons à noter en ce paflàge.
Mais combien que fainft Paul s'addrefle par
fpeciaJ à ceux qui ont charge de gouuerner
l'Eglife de Dieu, fi nous fâut-il recueillir vne
exhortation comune, de nous aieftcr à ce que
noftre Seigneur nous morftre, attendu la.lége
rets & inconftance qui eft en nous- toas.H n'y
a celuy qui ne fente côbien nbns /bmmes vo-^'
.lages : & puis iournellement que s'en faut-il
que nous ne foyons tranfportcz par Satan, en
Ibrte que nous oubhons à chacune minute de
temps, (S Dreu & noftre lâlut , n'eftori qu'vn-
chacun s'aiguillonaft? Pour cefte caufe notés
que fainft Paul'non feulemét a parlé à vn homi
me.ou à vn eftat,mais il a voulu aufsi aduertir
tous fidèles , que iamais ils ne fe tiendront a»
fêruice de Dieu s'ils ne fe conferment en per
feuerance, voire maugrc tout ce que Sata leur
pourra fufciter dé troubles. Que donc iamais
ils ne fe lalTentrcar c'eft la fin de cefte exhor-
tation que met ici fainft Paul. Or cependant
il monftre à Timothce le profit qui reuiendra-
de fon zele& de fi fermeté.s'il continue i
bien-faire,& qu'il ne tourne point bride,non—
obftantqu'ilait àrefîfler à beaucoup de com-
bats:f.ir (dit-il)*» rf falf.mt t» te fauutras û»
teux ijui t'oyent. Il n'y a celuy de nous qui ne
defire fon falut , voire les pliK peruersledi-
ront:& combien que cela ne leur touche point
le cœur, lî eft-ce qu'encores font-ils efineus
d'vneafftâion .qu'ils voudroyent eftre fâu-
uez;mais d'en tenir le moyen il n'en eft point
de nouuelles : car ils defpitent Dieu comme
d'vne malice délibérée, & s'.ibandonner.i à Sa-
tan à leur perdition : mais tant y a encores-
qu'on voit cefte affeftion eftre imprimée en
txju hommes, qu'ils défirent leur falut. Or S.
Paul monftreici à Timothee,que c'éft fon fa-
lut de cheminer côme il eft exhorté de faire.
£i ^uts
SVR LA I A TIMOTfî.
i'7
E'. pui'i il !ii^' îtiicine vne râil'in plus grande:
Cir le ialiitCdit-iO-ic :ou:e r£gl:(c tVilmis
en ;-.i2:n. Voila Dieu qui t'a di)iiné tn charge
tout fjn troupeau pour le coiu!uire:(i tu t'ac
quittes fidèlement, c'cTî pour ûujcr tous ceux
qui t'eicoutent : mais il tu es kl'clic, & que ta
vie foit fcanualcufcou que tu ne ticnc; conte
d'anoncer la parole de Dieu , tout fera dili-
pé, voila vneconfulîon horrible qui aduien-
dra.Ainii donc, puis que Dieu t'a conftituémi
niftre du làlut des âmes , il faut bien que tu
t'employes tant plus puifîàmment & auec vn
plus grand zele & ardeur. Voila donc en fora
me ce que fiinft Paul a entendu. Or on pour-
roit ici demander comment c'cft qu'vn hom-
me fe fauue : car nous fçauons que ceft hon-
neur eft.referucà Dieu fcomme il le mérite)
qu'il eft appelé noflre Sauueur , & que nous
tenons noilre falut de luy pour luy en fairt
hominage.&pourluy en rendre toute la lou-
ange.S^ chacun de nous fe fiuue, que refttra-
il plus à Dieu? Car il femble bien que fainct
Taul elcue ici les hommes par trop , quand il
leur donne celle chirgc& office de fepou-
uoir fumer. Mais l'Efcriture iSinile vfede
ctfle façon de parler, quand elle nou': exhor-
te de fuyure noftrc vocatiô e;> laquelle Dieu
nous appellera cela n'eftriéderogueràDieu,
ri amoindrir fon honneur en façon que ce
fbit. Voila donc Dieu qui ha le titre de S.ni-
ueur.commeilen eft digne. Et pourquoy:Car
comme il mus a créez , aufvi il nous reforme
à fon image pour H'îus imprimer la marque
de fon adoption, afin que nous foyons fes en-
, fans & héritier'". De nature nous fomipes
e/longnez de Dieu, nous fammes perdus &
damnez. Or luy ayant pitié denoftremifere,
& ne voulant point que nous perifsionT, nous
retire à foy: car d'autant qu'il clf la fontaine
dévie , quand il nous appelle à Iby , voila en
quoy gift noftrc <âlut. Et comment e/l-ce?
Q_uand il nous illumine par fi Parole /ic par
fon fainû Efprit, 8c qu'il reforme nos cœurs
afin que nouï le fcruions en toute pureté , &
quand il nous donne la vertu de pe- feueran-
ce , & qu'il nous tient la main pour batailler
auec nouscortre Satan, & contre tous les af-
fiuts qui nous font dreflèz. Nous voyons donc
que tout noftre falut procède de Dieu:c'ett
Iny qui le commence , c'eft luy qui le con*i-
Bue , c'eft luy aufsi qui le parfait : & ne faut
point que l'homme s'attribue ici rien qm foit
iufqucs à vne feule goutte. Mais d'autant que
Dieu fe fert de nous ,& qu'il mus conflitue
comme fes inftrumens , et qui hiy ell propre,
nous ell communiqué, voire par titre, comme
ileftdit QUe les miniftres delà Parole font
1. "■•3' aideç de Dieu. Et en quoy aides ; C'eft pour
"■ édifier fon Eglife. Et toutesfois cela luy eft
feifle en l'Efciture fainfte , que comme ila
fondé fon Eglife,quc c'eft à luy de la mainte-
nir & conferuer,& de la mènera fa pcrfeûiô.
.Conunent donc cela eft-il donné à vn homme
mortcIrOr combien que nous foyons inutiles,
toutesfois il plaift à Dieu de nous employer à
fjn ouuragc.Tout ainfi qu'il no" fait ceft Jjon
ncur , combien que nous en foyons indignes,
de le vouloir feruir de no' en vne chofe a no-
ble Se n excellente côme eft le falut des hom-
mes,aufsi il nous cômuni^ie ce titre tant ho-
norable,que nous fommes i'e^ coaduitcurs.j^ij
tant en eft-:l du fa'ur particulier d'vnchacun.
Car quand Dieu nous guide & gouuerne par
l'on ùu'iû El'prit , & dit que nous faifons no-
ftre falut(nô pas que cela foit en noftre main,
ne qu'il procède de noftre vertu ou induftrie,
mais c'eft d'autat que Dieu befongne en telle
forte que nous ne fommes point comme des
pierres ou des troncs de bois:)il nous déclare
fa bône volonté, il nous infpire la foy.il nous
donne toutes les grâces de fon fainA Efprit:
& quand cela eft en nous, nous le pouuons ap-
pcller noftre. Te ut ainfî que le pain que nous
mangeons , combien qu'il nous foit donné de
la pure libéralité de noftre Dieu , toutesfois
nou< l'appellôs noftre: ainfî en eft-il des dôs
dufa;nft Efprit. Et voila pourquoy S. Paul ..
auxPhJlippiés exhorte les fidèles de faire leur ^"'•^''*'
falut : mais il adioufte que cela doit eftre en
toute crainte, fçachit que c''eft Dieu qui nou»
donne le bon vouloir,& l'exécution, &; le tout
par fa pure mil'ericorde. Puis qu'Sinfi eftdonc
que Dieu commence & partait en nous ce que
nous tenons de luyi& que le bon vouloir, ScÏ3
force de l'exécuter vient tout de fon Efprit»
Si qu'il doit eftre attribué à la pure grace,nous
deuons bien chcm'ner en crainte , baiflàns le»
yeuY,n'ayans nulle prtfamption qui tKius en-
fle.Mais d'autant que nous fommes inftrumés
de Dieu, où il defploye fa vertu, il nous faut
employer à ce qu'il nous appelle , & auifcr de
n'cftrc point oififs. Ainfî d,:>n ck cminôs en la
vocation de Dieu, & alors nous ferons noftre
falut. Et commétle ferons-musîC'eft à dire,.
Dieu le fera en telle forte que nous ferons fes.
inftrurrrens.Ii ne nous faut point donctroïKier
eftrange que fainft Paul dit ici à Timothee,
qu'en viuant fain6>enie't,& s'àcquittantde fou
office, il fe fauuera.Car fainfl Paul ne difpute
point ici de lacaufcde noftre falut, ni à qui 1*
louange en doit eftre dônee,?! n'eft point que-
ft on de tout cela:maisc'cftque l'home s'em—
ployé, fçachint toutesfois qu'il ne peut rien,
qi'il n'eft rien du tout,& qu'il fe laiiïègouuer
ner .à Dieu,& qu'ii cognoifTè que la grâce qui
luy eft faite, il ne l'auoit point meritce,& tou-
tesfois qu'il chemine félon fa vocatiô.Et voi-
la en quoy lesPapiftcs s'abufcnt,qu'eft.is pré-
occupez de ceftc ph.ltafie infernale, qu'il faut
que l'homme ait fon franc arbitre, qu'il puifle-
coopérer auec la grâce de Dieu , qu'il puifle
quelque chofe de foy.incotinét qu'il y a quel'
que mot ou fyllabe en l'Elcrituie fainfte où'
il eft parlé .i l'homme de faire, l.idefTus ilscoa
ciuent qu'il y a donc quelque puifl^mce&queF
que faculté.Voire, mais l'Efcriture nous mon.
E-i.
UiS
St RMON
ftraKjucliftneftredeuoir.nc nousveut point
cnflerdre vanité , pour dire que nous ayons
quelque pcfomptio fauflc de nos vercus:mais
leulemét elle bous enleigne qu'il ne nous faut
joint flatter en parcfle, qu'il ne nous faut
• oint eftre morts qjand Dieu nous viuifie. Au
refte , elle nous mc5ïiftre dont c'eii: qu'il nous
faut rcceuoirce que nous n'auôspas.Ornous
fbnimes vuidesde tout b:c,il n'y en a pas Tne
feule goiltte en nous: il faut donc que nous le
receuionsd'enliaut. Et ainfi notons bien que
faind Pauln'a pas voulu donner quelque oc-
cîfîon d'orgueil aux hommes.afin qu'ilv fepn
fafl'ent en eux, mais Iculcmcnt il k-ura voulu
Bionilrer que Dieu fe veut fenur de nous , &•
qu'il nous veut appliquer àl'vfage auquel il
nous a ordonnez : qu'il faut qu'vn chacun de
nous fe Liifle conduire 1 Dicucomnie bon luy
/emblcr3,& que nous nefacions pointdesrc-
uefches , mais que nous apprenions de nous
ranger à luy ,quoy qu'il en loit. Voila pourvu
itcm.Qjunt au rccond.ûincT: Paul en à: faut à
Timotbee ^ Qj* ilfmiterj ceux qui Pefcwttnt,
nionlire de quelle importance eft d'anoncer
TEuangilc de Dicu:elle efi pour édifier à falut
vue Eglifc , ou pour la ruiner, &; la mettre en
perdition. Et lî cecieftoit bien cognu.nous de
noftrccofté ferions plus vigilans acheminer
droitement.&ànous efforcer à bien feruir l'E
glife : & tout le peuple auAi cognoilhoit
mieux quel bénéfice Dieu luy tait quid il luy
çnuoyedes Pafteurs fidèles, & les auroit en
plus grande recommandation. Voil.idonc en
femme ce qui eil contenu en ce pafl'ige : que
s'il y a vn bon docteur qui s'acquitte pleine-
ment d'anoncer la parole de Dieu ,&qui taf-
çhe de donner bon exemple en favie, qu'il foit
comme le mmiflre de falut , que Dieulecon-
Hitue afin d'appcllcr à falut tout le troupeau.
Et au contraire, quand vn homme fera non-
chalant à enfeigner , que ce luy fera tout vn
comme les chofes aillent, qu'il n'aura nul ze-
Je , qu'en fa vie ce fera vn desbauché , que ce
fera vne perte mortelle, quand nous oyons ce
la, en premier lieu cognoilTons que Dieu nous
maudit, quec'cftvn iiguede vengence quand
nous n'auons point debonsPafteurs.mais que
nous fomracsdeftituczde gens qui nousanon
cet ladoiirinede fâlut.&aufqucls il ne chaut
comme les chofes aillent.Si donc nous auons
des gens qui corrompent & falùfient la bon-
ne doftrine,ou bien qu'ils foyent de vie mau-
uaife ou fcandaleufe , c'elt autant comme fi
Dieuparloit du ciel pour nous faire fç.iuoir
qu'il fe retire de nous, S: que nous ne fomme^
pas dignes d'eftre enfeigncz de luy , ne qu'il
nous gouuerne : & non feulement nou". auons
ce tefmoignage-la.mais voila comme la por-
te d'enfer qui eft ouuertepour iibus faire tre
bufcher tous en perdition. Voila ce que nous
auons .à noter en premier lieu. Or combien y
en a-il qui y penfent .'' Mais au contraire, il y
en a beaucoup qui voudroyent auoir feule-
XXXVI.
ment des idoles qui feiflent quelque monftre
en chaire, & quelque parade, & au refte que la
parole de Dieu fufV gardée en vn coffre, corne
les Papiftes gardent leurs reliques. Nous en
voyons beaucoup qui voudroyet fe louer aiiilî
auec Dieu,& fe taichent quaa ils voyent quel
que zèle d'anoncer la parole de Dieu pure-
ment,de redrefler les chofes confufes, de cor
nger les vices. Que dira-on de ctux-la,(înon
qu'ils ont comploté auec Satan pour effacer
toute la grâce de Dieu, afi;i d'aller en perdi-
tion.'Car ce n'efl point par ignorace qu'ils pe
chét: ce que S.Paul dit ici n'cfl point oblcur,
s'ils croyent en Dieu , & qu'ils croyent que
l'Efcritiire ùinfte fjit l'a parole. De quoy il
nous faat bic douter quant à cux,veu que l'im
pieté eft !l grande & H énorme auiouid'hiiy, S
ceux qui le diront Chreftié, à pleine bouche,
ne font que fe mocquer fi vileinemét de Dieu
& de fa parole , qu'ils ne font pas dignes d'e-
ftre accomp.irezaux Turcs, ni aux Payés, mais
ce font des chiens &: des pourceaux qui veu-
lent defpiter Dieu tout ouuerteinét,&: le mon
ftrentaffez par cfFeCt. Mais s'ils croyent que
ce qui eft ici prononcé de fainil Paul, fait pro
cédé du fainfl: Efprit,il n'y faut point de gJo-
ie comme à vn palTage difficile: car il déclare
quand il y avndotleur qui ne s'acquitte point
de fon deuoir,que voila côme le gouffre d'en-
fer qui eftouiiert, que Dieu defplove fa ma-
leJiiflion fur tout vn peuple.Au contraire no-
tons bien, fi h parole de Dreu nous eft fidèle-
ment preichee,.?i: que ceux qui l'anonccnt taf-
chent à nous édifier aufi par bonne vie, que
voila en quoy confîfte n'.>ftie filut. £t ii ne
nous faut point troiiuerceci eftrange.veuque
faind Paul appelle l'Euangile la puiflànce de „
Dieu en falut à tous croyans.Maisquov?lly ' *
en a bien peu qui défirent d'appliquer cefte
vertu-ci à eux. Ils diront bien qu'ils défirent
d'eftre fauuez , mais cependant ils foullcnt la
dodrinede Dieu au pied, ils voudroyet auoir
exterminé tout ordre d'Eglife.ils s'en décla-
rent ennemis maniteftes autant ou plusque les
Papiftes. Cela donc fecognoift: & toutesfois
il voudroyent-ils qu'on les teinft pourgrans
Chreftiens. Voire , mais il faudroit qu'ils fe
baftiflcnt vn lefus Chrift tout nouuuau : car
nous voyons que Dieu a voulu comme atta-
cher le falut de nos amcs à la parole qui nous
eft prefcliee en fonNom,& par fon authorité.
Etpicuft à Dieu que telles gens enflent re-
couuré des Pafteurs à leur l'ouhait , & que ce
fulKi leur falut.Icvoudroveeftre bien loin de
Gcneiie : & picuft .i Dieu que i mais ie n'en
deulTe approcher de cent feues près pour
leur faire plaifir, moyennant qu'il y euft gens
qui defiialfent leur filut.Mais quoy? Ils vou-
droyent auoir des diables. S: telles gens eftoy
ent marris que noftre vie fuft vicieufe , que
nous fufions trop lafches d'enfeigncr ,&:de
confermcr la bonne doiffrine par bon exem-
ple & par bonne conucrûtion:& bien, en cel.i
jlnous
SVR LA I. A TIMOTH.
2I5>
H nonî f.mdioit cognoiftre noflre vice & no-
lï.c tiirp:tuJe , & coiifcircr aiac honte que
nous allons m.il clumi né. Mais quoy- Un'cft
qucftioîi linon Je dcfgorgcr lem vei:in con-
tre nouî, d'autan: quciiousdcfiron'; (quilque
infirraué qu'il y ait en nou';,& que nous foy-
ons bié loin de nou^ acquitter de uoftrc char-
çc)aue Dieu l'oit (trui &: lionoié.o.: qu'on luy
rende l'honneur & l'authoritc qui luy appar-
tient. Mais cependant ou dira que nous vou-
lons faire ceci ou cela.Toutesfois quand tout
fera conté & rabbatu , après qu'on aura bien
gazouillé & de domination, cSc de principauté,
& de tout ce que les malins ont accouftumé de
mettre en auant, fi efi-ce qu'on voit bien que
leur but eft qu'il n'yaic plus d'ordre ne de po
lice, qu'il n'y ait plus de reuerence à la parole
de Dieu,Qu'ô s'en mocque en telle forte corn
me on voudra. Voila en quel débat nous fom-
nics auioiud'huy , & qui a elle dcniené fi long
temps: & l'ordure croupit en telle forte qu'il
n'elt plus qucft on de le dif^imulcr , mais il
faut que foir & matin nous en p.irlionv : car la
vilenie eft trop gra;::d';.Et quand elle fera co-
gnue bien loin , & qu'en la maifun nous n'en
î'çaurons rien, ou bien que nous ferons fcm-
blanrdene lapa-, veoir.ie vous prie,ne ferons
nous pa alors bien àcordamner? Or donc
pour venir au propos de fainâ Paul, ou p!uf-
toft pour le continuer , auifons à ce qui eft ici
dit : c'eft que 11 nous dcfirons d'tftre fauuez
parla main de Dieu, ii faut que nous cher-
chions noftre falut en la doûnne qui nous eft
portiCen fon Nom. Defpitons-noiis contre
les hommes , mais ce fera à nos dtfpens. Car
ceux qui eftans chagrinez ne veulent ne boire
ne manger , à qui font-ils tort ou domni.ige?
Ainiî dtfpitons-nous cotre la parole de Dieu
en haine des hommes , il faudra que nous pe-
iifsions. Or puis qu'ainli tft que Dieu nous a
voulu enuoyer Ils hommes , &• qu'il veut que
rous foyons inftruits par leur bouche , qu'ils
nous ftiuemde guides pour nous monftrer
noftre falut , auifons de ne point irriter Dieu
en repouflànt fa grâce à noftre efcient. Voila
ce que nous auons à retenir. Et cependant,
quand Dieu r\ous prefcnte vne telle aide de
falut , c'ert afçauoir que fa parole nous foit
prefchee, & que nous foyons édifiez par bon
exemple, que nous fjcions valoir vn tel fhre-
for:car autrement noftre ingratitude fera in-
excufible. Maintenant, pource que tous ceux
qui fe difent Chreftiens,n e le font pa?, fainû
Paul dit que Tmiothee famiera ceux cjui l'tf-
(outcnt : fignifiant qu'il ne tiendra qu'à ceux
que Dieu appelle par fa paro!e,qii'ili ne fov-
«nt menez au chemin de falut quâd ils auront
vn Paftcnr fidèle qui les guide. Or il s'en faut
beaucoup que tous foyent tel auditeurs com
nie faind Paul le requiert ici. Il < ft vray qu'au-
cuns viendront au temple quand bon leur
femble , roire & p our monlher qu'ils veulent
auoir licence de n'eftre point fuiets à l'ordre
commun, ni .i aucune police. IK vienent donc
ici pour dire , l'y fien : mais c'eil quand bon
me kuiblc;car de moy, ho ie ne fuis point du
rang commun. 11 y en a donc qui demeureront
en telle ftup'dité , qu'ils ne feront quedor-
mirauliciide profiter. Les autres ne feroat
point tant abbrutis , & y aura en eux quelque
honneftecé,!ls ne feront point elfronttz pour
vouloirdefpiter Dieu , & mettre fous le pied
l'ordrede l'Eghfermais tant y a qu'ils auroBt
lesaureilles bien longues: car ce leur eft tout
vn de chofe qu'on leur diiè. Lesvns feront
endormis , les autres feront pleins de venia
comme ctapaux,& repoulTcront toute doftri-
ne fans qu'ils cognoiflentce qui leur eft re-
monftré : les autres viendront ici pour efpies
ce qu'on dira:conime notamment le Prophè-
te reproche cela aux malins ,& aux ennemis
domiftiques de l'Eglife de Dieu , qu'ils ef-
pient ceux qui parlent , qu'ils font le guet: &
quand ils pcuuent auoir vn mot d'auantage,
c'tft à faire grand bruit , Ho , il ne faut pas
fouftrir ceci, ho il y faut rcfiftcr. Voila donc,
comme beaucoup de ceux qui fe diront Chre—
iticns.monftrcntaflez qu'ils ne font point de
la compagnie des auditeurs qne fainft PauF
entend ici. Et pourquoy ? Car làinft Paul ne
parle point ici de ceux qui oyent , coiiime iî
quclqu'vn contfmploit fi face en vn miroir
(a:nfique fainft laques en donne la fimilitu- Uq.i,Ji
de) mais il parle de ctiixqui reçoyiient pai- 23,
fiblement la docfrine , &qui font dociles non
feciiement pour vn iour , mais continuent de
profiter enl'cfchole de Dieu. Quand donc
nous prefterons aiiifi l'aureille à Dieu, que
nous fouffriions d'eftre enfeigneapar luy , &
que nous monlherons ce defii-la, non point
pour peu de temps, mais pour toute ncftia
vie, alors nous ferons tenus pour bons tfcho-
liers &• audueun de ia parole , &. ferons par-'
ticipaiis du falut qui nous y tftofîcit irraivfi
au lieu d'efcoutei , les vus boufchent lesau-
reilles,les autres font c-c^irime cnyurtz.les au-
tres font endormis &s'affc pffent , les luties
ne font que fe mocqucr , iJ n'cft pas en pohs=
d'amener telles gens à fahit : car puis qu'ils
refiftent à Dieu, qu'y pouuons-nous faiie ?£c
voila pourquoy l'Euarg'le , qui de fa natur»
doit eflie vne odtirr de vie , eft coniieitiecir.
mort. Et en cela voit-oii quelle eft la perucr—
fité de' hommes. Dieu fait luire fon foleil fur
nous , & nous prenons occailon d'eftre pliiy.
aueugkz. Voila Dieu qui nous cnuoye {à pa-
role afin de nous faue cheminer en fon o—
beiflance , & celaeft pour nous endurcir d'a-
uantage. Q_i.and donc nous peruertlTons ain—
fi l'intention de Dieu , ne faut-il pi.> qu'il y.
ait vne maudite rébellion en nous?Brief nous,
tournons la clarté en ténèbres , la vie eai
mort, le pa.n en poifor.:voila ce que nciis fai—
fons.Ma;saprei que fair£t Paul a dit que TE—
uangile àcaiife de la maKce des hommes leuE
eu vne odeur de mort , il adioufte toutes—
iiA S E ïl M O N
fais que c'tft vne odeilv fouefue à Di€u:&:ad
ioiifte cela Ho;ammeat,a£n que nous preniôs
courage. Qusnd nous voyons l'ingratitude
des hommes , & que nous ne les pouuons pas
amener i Talut comme ilferoit àfouhaiter.iî
ne t'aut-il pas laifler de nous y employer. Si
donc nous voyons que les hommes s'aillent
|)crdre,& qu'Us reiettent la grâce qui leur elt
offerte par noftre moyeu,niarch5s touliours
outre:mais c'cft à leur condanation que nous
prefchons.Et bien, combien que ce leur fait
vne odeur mortelle que la dodrine qui proce
Je de noftre bouche , & que cela les face pé-
rir , toutesfois fi eft-ce vnc bonne odeur &
fouefue i Dieu, dit famtl Paul; il accepte no-
ftre feruice. Voila donc ce que nous auons à
noter pour côcluiîon de ce partage , c'cft que
les rain:flres de la parole de Dieu doiuét s'ad
drelTer à tou;,& à grans & à pctis,ils doiucnt
auoir ccfre aiFcdion d'cdilîer tout le monde:
mais s'il y a des lourds o ne les puillent ouir,
s'il y a des malins qui les reiettét, s'il' y a des
mocqueurs qui mettéc tout en confufîon, que
faut-il faire? Qu^ils pourliiiuent touiiours,&
j, , qu'ils appellent ceux qu'ils pourront à Dieu,
J^- S.d. jon^^g ji cftdit au prophète Haie, Me voici
& les enfans que tu m'as donnez. Il faut donc
que nous mettiés peine d'attirer tout le mon
de à falut:\'il y en a des reuelches & des fau-
uages qui fe retirét du troupeau,&bien,moy-
cnnat que nous ayons procuré leur falwt en-
tant qu'en nous cil, que nous pafsions outre,
l'cachans que celle odeur mortelle ne laifle-
ra pas d'eftre bonne deuat Dieu & agréable:
&<lifûTis auec le prophète Ifa!e,Seigneur,me
Toici , & les enfans que tu m'as donnez : fça-
chîs qu'il faut que Dieu donc à (on Fils ceux
qui font fîens,& que fon Fils nous paifTe, afin
- qu'il en foit le louuerain Paileur. Voila donc
«■e que nous auôs à retenir. Et au reftc.il faut
XXXVI.
qu'vn chacun face fon profit de cefte doôri-
ne,& fur tout que nous ne foyons point fcaii
dalifei quand nous vetrôs des gens fauuages
& des beJlcs farouches qui ne le voudiôt nul
lement ranger à Dieu , qui n'auront point vn
efprit paifible & débonnaire pour obéir à la
vraye doftrine.Quand donc nous verrons de
telles belles fauuages qui ne font que tout ga
fter& mettre difcord&diflenfion en i'Egli-
fc , que nous n'en foyons point fcandalifez,
nonobllant leurs machinations & prattiques,
maisccgnoiflàns que le diable par ce moyen
la tafche de nous faire perdre courasje , que
nous ne laifîions pas pourtant de to.iiiours
perfiilcr à anvincer ccile do£l:ine qui dl la
puillance de Dieu pour noftre ûlut : quand
nous y aurons couru défia, que nous y perfe-
nerio;is tout le temps de nollre vie,& iufqu£$
à la mort.
O R nous-nouî profternerons deuant la £i
ce de noftre bon Dieu en cognoilTance de
nos fautes , le prians qu'il Kiy plaife de nous
amener à vnc telle repentance, que nous ge-
mifsions de l'auoir ctfcnfé,& d'auoir conti-CT
uenu à fes l'ainûs comraandemens,& que nous
foyons enflambezd'vn tel zcle, nue nousne
demandions finon de nou^ conformer du tout
à fa iuftice,'& d'eftre defpouillcz de nos alFe-
ftions monda!nes,alîn qu'il nous reuefte de fa
gloire. Et que cependant il ait mémoire de
tous ceux qui font el^arez de fon troupeau, &
qu'il lesrappelle,"qii'illes illumine en la co-
gnoiflàncede fa vérité, en laquelle nouscioif
fions tous de plus en plus iufques à ce que no'
venions i cefte perfcûion que nous atten-
dons, & à laquelle il nous faut afpirer tout le
temps de noftre vie . Et pour ce faire il luy
plaife fufciter des vrais & fidèles minillres
de fa parole.&c
PREMIER SERMON SVR LE-
C I N,Q_y I E M E C jH A P I T R lE.
1 Ne repren point rudement ccluy qui cjî ancien , mais admone-
jïe-le comme percdes ieunes comme frère s y
z Le s femmes anciennes comme mères, les ieunes comme fcurs, en
toute chaîlctê.Hoyiore les yefues qui font vrayetnetit vefues.
Ous fçauons que bien peu de
gens pcunét fouffrir qii't)n les
reprenc, tncorev qu'iis ayent
failli, & qu'ils fe fcntcntcoul-
pables. Car il y a en pxfiiiier
lieu l'orgueil qui empefche la
plusjjart de s'afluicttir à corrediô:&puis no'
auons vne folle honte que nous aimons miru*
continuer en nos vices, que d'en cftrcauertis,
afin de nous tn garder. Poifr cefte ciufc iltft
bcfjin g celuy qui doit rcprédre les pécheurs,
a:t en fuy q.iclquc modération & attiépance,
afin d'adoucir ce qui pourroit cftre par trop
aigre en la remonllrance qu'il leta. Comme
nous voyons qu'vn médecin voulant donner
quelque bi image àvn malade, l'adoucira, pour
ce q la médecine de foy eft trop fifcheufe , &
y mc/lcia quelque fucre, ou bien quelque (y-
rop.Ainfi il eft vtilc.à caufe delà icpugnance
que l'ay due , que finous voulons profiter eo
adino-
s VR L A T. A TIM O T M. 221
adraoneftant ceux qui ont failli, que nous v- ftre admoncftez en p.-.i ticulicr , comme nous
fiôs de quelque humanité & douceur. Sur tout, voyons aufsi qu'en Êztcîiiel il n'cd point feu ^^'-i^i'
cela eit bien requis enuers les vieilles gens lemcnt dit que le Paileur c<t commis de Dieu 'J-4.
qui font plus difficiles àgouuerner,& plus pour mcnci le troupeau pai{lrc,mais que foa
chagrins. Car il leur femble qu'ils ont allez office tilde foulagcr les de bjles,Sc de guainr
vefcu au monde pour fçauoir ce quieftbon, les malades, & de remédier à toutes les infir-
me fevoudroyent exempter de toute remon- mitez qui y font. Ainii donques quand nous
ftrance fous ombre de leuraage.combien que voudrons nouî acquitter enuers Dieu i;ceuic
ils en ayent plus grand mcftier que les autres, qu'il nous a commis en charge, ce n'eft point
tellement que quâdvne vieille perfonne s'ad- allez que nous prci'entions ladtidrine en ee-
donne à mal, cela eft beaucoup moins.îfup- neral.mais quand nous voyon; qiielqu'vn qui
porter qu'il ne feroit point en vne ieune pcr- eft desbauclié, nousdtuôsmettie pc ine.de le
fonne.(5r tat y a que les vieilles gens ne font ramenei au bon chemin , qiiai.d nous voyons
pas trop patiens ii an les corrige. Par ainfi il l'autre cftic ùfché & defolé , que nous taf-
faut vfer de prudcce enuers eux, afin de leur chions de le reliouir: quand nous voyôs quel
faire trouucr la correiiion bonne, & Tadou- qu'vn qui eft dur d l'cfperon , qu'il foit pic-
cir , tellement qu'ils l'endurent , & qu'ils en que & aiguillonné ainli que {à nature le por-
puiflcnt faire leur profit. Voila pourquoy S. te. Voila donques ce ^iie nous auons à noter
Paul en ce pailàge dit à Timothte qu'il ne en ce paffage. Or cependant il nous faut aufsi
faut point qu'il ludoye les vieilles gens, mais auiferquc fainâ Paul ne veut point qu'on fto
qu'il les exhorte comme pères & nieies. Car porte les anciens iufquei là que de les nour-
aufsi nous auos veu que Timothee eftoit en- m en leurs vices : car s'ils ont befoin d'tftre
cores ieune home, & ceux qui cftoyent beau- admoncftez, il faut qu'on le face. Il eft vray
coup plus aagez que luy , euflcnt peu repli- qu'ils voudroyent bien qu'on les efpargnaft,
quer qu'il eftoit encores trop ieune pour les S: qu'ils ne fulient nullement touclicz : mai*
rudoyer ainfî.Sainft Paul donc vfe du moyen nous voyons le moyen que Dieu ordénepar
qu'il cognoift eftre conuenable . Or par ce- la bouche de fainû Paul , c'eft que les vices
la nous voyons que celuy quia la charge de foycnt tOLiïours redarguez & en ieunes,&e«
porter la parole de Dieu , ne doit pas leule- vieux, qu'on ne les nourrille point par flatte-
ment en gênerai expofer l'Efcriture fainftc, nés, que les hommes quoy qu'ils afîeguent,
& reprendre les vices, & arguer ceux qui ont ne foyent point priu'.legez de correûion &
failli, mais il doit aiifsi auoir prudence &di- difcipline.qu'ilyait feulement cela, qu'on ne
fcretion enuerschacBn,& telle prudence que s'aigriffe point par trop. £t fur tout quanl
Jadoûrine qu'il portera, foit bien reccue de n jus voyons vne vieille p.'rfonne , encores
luy.oufielle nel'cft, au moins q celanepro- fin.t-ïl honorer i'aage, qu'on vfede douceui
cède point de fa faute. Ca^ il pourra bien ad- &: humanité tant qu'il fera pofsible. Vray eft •
uenir qu'vn homme apies s'tftre acquitté, que cela doit cftreentédu de ceux qui ne font
trouucia neantmoins des gens reuefches en- point du tout incorrigibles. Car (î vn homme
«ers les admonitiôs qu'il tera.cnrores qu>l- ancien eft endurci àmal, Se qu'il vueille faire
les foyent bien douces & gracieufes.mais ci- du rebelle contie Dieu iufques au bout, alors
la ne viendra point de fa faiite:toutesfois(c5 il y laut procéder auec plus grande vehemen
me i'ay delîa dit) nous qui auonscharge d'en ce : mais deiiant qu'on l'ait eflavé , fi faut-il
feigner le peuple, non feulement nous dcuôs que celle attrtnipance foit gamee que met
regarder ce qui eft profitable .1 tous en coin- ici faiiiû Paul, c'eft afçauoir qu'on les exhor
mun.ains dcuons auoir ce regard, de traittcr te comme percs , encores qu'ils ayent failli,
chacun félon que I'aage le porte. Maisnous Or il eft certain que quand celuy qui doit re
auons aufsi à noter quât & quant que ce n'cft nionftrer àvii homme ancien la faute qu'il au
point aflcz qu'vn homme qui eft Pafteur en ra laite, s'il fe met deuant les yeux la perfon
■l'£glife de Dieu, prtfche,& qu'il iette la pa- nedupere, il fera retenu en quelque reue-
role en l'air : il faut que nous ayons nufsi rence &modeftie. Et voila pourquoy Ciinft
les admonitions priuees. £t voila en quoy Paul notamment nous dit. Que Dieu nous
beaucoup fe trompenticar il leur femble que prelente les anciVnj comme nos ^frff,& qu'il
l'ordre de l'Eglife n'eft fait finon afin qu'on veut que nous ayons ce regard-la. Voila don
fe trouue au téple vne heure la fepmaine ou ques le premier poind que nous auons àno-
quclqucs iours,&-que là vn homme paile, Se ter. Or quant à ceux qui font égaux en aage,
qu,îd il fera defcendu, qu'il ait comme la bou làind Paul veut qu'on les tiene comme frerei
che clofe. Ceux qui penfent cela, mouJlrent & faurs. Et cela eft aufsi bien pour nous
aflcz qu'ils n'mt lamais cognu que c'eft de adoucir , à ce que nous n'exercions point
Chreftienté ne d'ordre de Dieu. Car comme trop grande rigueur contr'eux ; comme aufsi
nous voyons en ce pal]age,& que défia Cl de- il faut que les frères & fœurs ayent entr'eux
uant il a efté monftré,quand celuy qui anon- quelque gracieufeté , ainfi que nature mefme
ce la parole de Dieu,aura enfeigné le peuple, 1 ordonne. Pour cefte caufe donc quand l'aa-
il faut qu'il regaideceux qui ont befoin a'c- ge fera pareil, S. Paul veut qu'il y ait comme
E.iii.
221
vne fraternité , & que cela foit cauie de nous
faire vfer d'admonitiôs humaines, tellement
que nul ne l'oit ofTenlé , voire finon qu'il ie
Tueilledelpiter à fon efcient > comme délia
nousauons touché qu'il v en a beaucoup qui
le font en quelque forte qu'on les puifle prf n
dre, &: iaraais on ne les peut gagner, car ils fe
font obflinez contre Dicii,&: ne peuuét fouf-
frir qu'on les rcdargue. Telles gens donc ne
profiteront lamais , combien qu'on vfe d'vne
façon tant humaine qu'il eftpofsible. Pour-
quoyfLe diable les pofllde.ils s'aigriflênt en
toute amertume, ils ont ccft efprit de pointe
dont l'Efcriture parlc.pour s'enuenimer con
tre Dieu,& pour reietter toute bonne adme-
nition.Nous en voyons beaucoup que le dia-
ble a tellement deprauez, qu'on p'a nul moy-
en ni accès à eux pour Jes redrefler. Mais fi
vn homme n'cft point encores du tout enJur
ci en fes vices, quand on luy portera vne mé-
decine attrempce, il eft certain que cela fera
pour le faire fléchir , 8c luy amollir le coura-
ge. Ainlidonques nous voyons en fonimc ce
que fainfb Paul a voulu dire ici. Car combien
qu'il parle à ceux qui ont la charge d'enfci-
gncr , leur monilrant quel efl leur office en-
uers le peuple, il rlt-ce quecefte admonition
nous conuient a tous. Car fi on nous traitte
amiablemcnt quand nous auons failli , & que
nous fcntions qu'on vfc d'afFcftion fraternel
le,&: qu'on cherche noftre falut, quand nous
voudrons élire rebelles , ctftc ingratitude-la
ne s'addrefle point à vn homme mortel, mais
nous dcfp'tons Dieu , &c6triftons fon hiv.ù
£fprit entant qu'en nous eft. Et pourquoy?
Car nous voy os que Dieu a ordéné ce moy-
en afin que nous profitions en fa doânne , &
que nous ne foyoni point endurcis en nos pe
chez. Il ne veut point que nos vices fe cou-
urcnt,& qu'ils croupiffent là, qu'on ne les co
gnoilfe point , & qu'ils ne foyent point rc-
prins. Dieu donc ne veut point qu'on vfc de
telles flattcnesicar cela engédrera vne pour-
riture incurable : mais il veut que les vices
foyent rcprins.quc nous foyôs abbatus, voi-
re encotes que les péchez foyent redarguez
auec douceur Se humanité , toutesfois quand
cela fe fait , fi nous ne pouuons porter telles
admonitions fi amiables, ce n'cft point del^i-
ter les hommes , mais c'cft faire la guerre à
Dieu .Vcila ce que nous auons à retenir. Et
fi ceci cftoit bien obferué , nous verrions vne
autre obeiflance qu'on ne cognoift.Car cha-
cun fuija les admonitions, & h tort qu'on ou
Bre la bouche pour redargucr quelqu'vn, voi
la comme vne guerre ouuertc , voila vne ini-
mitié mortelle. Et pourquoy? Car nous ne re
gardons point que c'eit i efifter à Dieu quand
on iciette aniC les admonitions qui fe font
en fon Nom , & par fon commandement. Et
ainfi, d'autant plus nous faut-il noter ce paf-
fage, où il nous eft monftré que Dieu ne veut
point que les vices foyent nouiiis en les dif-
SERMON XXXVII.
fimulant.mais qu'on les corrige aaec dou-
ceur & modeftie.. Or nous auons encores à re
cuciliiidece palTage vn autre article , c'eft
que félon qu'il nous eft commandé à tous de
reprendre & redaiguet nos prochains , que
nous fumions la rcçle qui tft ici contenue,
d'autïtque toute correction tft aigre S:faf-
cheufe , qu'elle foit addoucie le mieux que
nous pourrôs,afin qu'elle foit mieux receue,.
& qu'elle profite. C^uand S.Paul dit q TiniQ-
theef.ice cela auec tcute chafleté quant aux ie»
nesfcmmes,tl n'entéd pas que Timothee s'ak
ftiene de façonsdiflblues;car c'eftoit vn ho-
me de grande fain£teté:mais encores veut-il
ipreuenir les foufpeçons qu'on ponrroit pren
dre(côme le monde eft malin)& fi toft qu'on
voit parler vn homme auec vne ieune femme,
encores que ce foit pour fon falut , voila des
propos qui en volent, A des murmures. Sainrt
Paul donques voyant que Timothee pour-
roit eftte fuiet à telles calônies, l'admoncfte
d'eftre prudét en ceil endroit, & s'il faut qu'il
communique auec les ieunes femmes pour
lesadmonefter de kurdfuoir,qu'iile face en
telle crainte, que les mifchans ayent la bou-
che clofe,& que les infirmes n'en foyét point
ic.ïdalilez , qu'ils ne puifTcnt conceuoir aucii
ne mauuaile fantafic qui les trouble. Et c'cft
encores vn paflagc qui eft bien digne d'tftre
noté. Car nous fçauons que le diable ne ta{-
che finon de rendre la paiole de Dieu odicu
fc,& fur tout il vfe d'vn tel artifice pour no'
cmpcfcherque nous n'fxercions la ch.ugs
que Dieu nous a commife. Q_ue s'il poiiuoit,
iamais n'y auroit fcrmon ne doiftnm :5,: qu.id
il ne peut venir àbuut de cela, il voudroit
bien quand on monte en chaire, qu'où fcift
vn feimon comme fi des orgues chantoycnt,
qu'il y euft là vne doftriiie telle que perfon-
ne n'en fuft touché , & qu'on s'm rctournaft
comme on fcroit venu:3iufi que nous voyons
ces gaudilTeurs, gens profanes, qui vcudroy-
ent que tout fuft en confufîon. Quelle pré-
dication eft-ce ( ie vous prie} qu'ils di man-
dent? Q^ie la doûrine foit comme pendue au
croc,& que ce fo' t comme fi on auoit ouy vne
fleute : amfi que la coniparaifon en tft dônce
en Ezechiel, qu'on ne dift finon, O voila bien
prefchf .'o voila vn beau fermon' Et comniétâ
il n'y auroit nul profit m édification pour les
auditeurs. Et toutesfois c'eft ce que cherchét
auiourd'huy beaucoup de gens. Et ce prouer-
be. De prcfcher félon le- texte , n'emporte
finon que la paiole de Dieu n'ait plus ni vfa-
ge ni vertu entre nous. Se qu'on fou là com-
me en des cachettes , Se que Dieu ne nnu' ef- Hrfc. ^,'
claire point. Or au côtraire il eft dit.Qjic la ^.12,
parole de Dieu doit eftre vn çLui e trâthant
des deux cofttz, qu'il n'y doit auoir m m el-
le,ni os, ni péfces.ni affccliôs.quc tout cela ne
foit I. ndé,q Dieu ne face vn examen, & com
me vne anaiomie de toutCN les partie^ de nos
ames. £t puis eu l'autre paffàge il eft dit, que
Tofface
5VRLAI. A TIMOTtf.
I»f S.itf Toffice de h parole de Dieu eftde nous cfplu
cher iaf<ju''au bout , & de mettre en auant les
«hofesque nous voudrions couurir : comme
aufsi il eft dit, que tout ainfi que Dieu eft ce-
Jlifî.l.i4 '"y l"*' fonde les coeurs, & que cela kiy appar
I. Cor.i. tient .qu'il veut aufsi que cefte vertu-lafoit
jj_ en là parole. Ainiî donc, pource que Tartifice
de Sacan eft de nous empefcher que nous n'a-
noncions librement la parole de Dieu, quand
il ne peut pis faire, il trouue ces cal5nieb:Voi
re: Et comment ? fous ombre d'admonefter&
Je redarguer.vn preflieur aura liberté de dire
ceci Se cela : puis vn prei'chtur aura liberté de
entrer en vne maifon.Et puisd''autre s chofes
qu'on pourra allcgaer.Voila pourquoy fani£t
Paul veut que nous ayons ccfte prudence de
preuenir ces murmures ,& toutes les choies
qui feroyent pour rédre la doclrine que nous
portons odieufe . Et ainfi, que ceux qui vou-
dront profitera toute l'Egiife regarder bien
de ne point donner occaiîon ni aux irfiimes,
ni aux gens malins d'eftre l'candal.fcz,oubien
de mefdire & detracler qiiHd ils exercent leur
charge. Voila pourquoy fair.ft Paul ordonne
àTimothee qu'en pailat aux leunes femmes,
ilaitcn foy vne telle grauité qu'on ne puilTe
côceuoir aucune fiifpicion mauuaife, mais que
il foit retenu, & que la pai oie de Dieu ne foit
point fuiette àmocquerie par ce moyen-la.
Or fi Timothee a eu befoin d'vne telle admo
niti5,que fera -ce de nous qui à beaucoup près
n'auons pas profité comme luy,fur tout en vn
tel exercice; Ainfi donc apprenons d'eftiefur
nos gardes,&de nous abftcnir de to' propos,
&de toutes côtenances,& de chofe<; qui pour
royent engendrer quelque murmure, tellcir.ét
que ceux qui voudront mei'Jire de nous.foyét
confus : & quand on s'enqucftera de la chufc,
&dela vérité, qu'ô trouue qu'ils font mefmes
cfFronter, quand ils inuèntcnt & controuuciit
telles calomnies; Voila ce que nous auonv à
noter . Mais cependant il faut qu'vn cliacun
aufsi applique cefte admorrition à fon vfjge:
car fainit Paul nous mon ftre comme nous a-
uons à conuerfer auec les hommes, voire en
telle façon qu'il n'y ait ne paroles, ne conte-
. Bance qui puilFe donner quelque marque fini-
ftre.Sicela eftoit bien obferue, on ne verroit
point vne telle licence,iS:^ar côfcqiient il n'y
auroit point tant de fcandales entre nous co-
rne on les voit.Mais il y en a bien peu qui pen
fent à ce qui eft dit en l'autre palîàge , Que
chacun édifie fon prochain en bien. Car ùin6t
Paul nous remonftre là oue nous ne dtuons
flom.TT.l point eftre addonncz à nous, qu'vn ch.icun ne
fe dr.it point complaire le contentant de fa
pcrfjnne ; mas puis que Dieu nous a obligez
lesvnsaux autres, que nous auifions de nous
acquitter enuers no , pri.chains.En quelle for
te ? Pour les édifier en bien, dit iaiuû Paul;
Or il y en a bcn peu qui prattiquent ceftc le-
çon, mais plulloft thaciin f lafche la bride,
Que fi nous voyons qu'on foit fcandalifé en
aa5
nous, voila ce qu'on orra , Ho» ce m'eft tout
vn.ie ne l'dy point fait pour mal,& qu'on s'en
fcandalifé ii on veut . Mais il nous faloit ab-
ftenir de toute apparence de mal. Car ce n'cft
point afltz que noftre confcicnce foit pure
deuant Dieu , lînon que nous cliions toutes
mauuaifes occalîons deuant les hommes, cojn
me nous leur (ommesdetteurs. Ainlidonques
cheminons en telle honefleté qu'on ne puiflc
foufpeçonncr aucim mal de nous . Et com-
bien que fain^ Paul s'addrefle à Timothee,
fçachons que cela appartient à tous fidèles,
& que chacun en doit fane fon profit feio^
fou clhît &:la charge qui luy cftcommifede
Dieu. Au refte, après que fainft Paulanion-
ftré comme Timothee fe doit'gouuerner, ad-
moneftant ceux qui ont .failli , il adioufte va
autre aducrciilenient quant aux vefues ', di-
fant, Qjt'il honore erlles ^ui fent yr^yemcnt
yefues. Or ce mot S honorer, emporte qu'il es.
ait le foin pour les prendre en fa charge, &
comme en û protcÛion.Et ceci notamment:
efl dit, pource que les vefues qui eltoyencdef'
la anciennes ( comme il fera déclaré plus 1
plein ) cfloyent receuescomme à l'hofpitaf,
& les ncurnlloit-on. Vray efl qu'elles ne laif
foyent pas de trauaiiJer:mais s'il y auoit quel
que indigence, cela eftoit fupporté par les au-
mofne^j&ceptndant elles eftoyentaufsi pour
Iciuir aux malades : brief, celles qui eftoyent
vefues, fc dcdioyent du tout pour feruir à l'E-
glife , & eftoyent comme perfonnes publi-
qiies,&en portoycntaufi le nom, qu'elles c-
ftoyentminifties. Car comme les hommes e-
ftoyent pour Jiftnbuer les aumofnes , & les
recueillir , les vefi.es eftoyent pour foulager
les malades , & pour faire le mefnage entre
les pouresqui eftoyent ainfi nom ris d'aumof
nés .'Or d'autant que les vefues qui eftoyent
ainlî receues , eftoyent en quelque honneur
( car elles eftoyent conlàcrees à Dieu ) fainél
Paul notamment dit à Timothee, qu'il ho-
nore celles quf font vrayement vefues. Or
par ce mot de Vrayemtnt , il fignifie qu'il
ne taut point receuoir toutes velues , com-
me il fera déclaré en la procédure du texte.
Si vne vefue ( dit-il ) a des enfans , qu'el-
le demeure en fa maifon , & que les enfans
appienent auec les vefues de faire leur
deuoir,& de rendre la pareille à ceux qui
les ont engendrez : car cela tft bon & agréa-
ble deuant Dieu . Et puis fainô Paul encores
fpecifie plus clairement quelles vefues doy-
uent cftre receues en ceft eftat,afçauoir,cel-
les qui font defolees,& qui n'ont point de fe-
cours du cofté des homes , que celles-là doy-
ucnt eftre receues pour eftre nourries. Et ce-
pendant elles s'employét aufsi à feruir les po
ures : mais ii y a fur toutqu'encores qu'vne
vefue foit deiblee, faindft Paul veut qu'elle fe
attende Sc efpere en Dieu : car cela fera pour
tenir les vefues en bride, quand elles auront
cfté receues en l'Egluc , que fi elles mettent
E.uii.
an s E R M O
ainfi leur efperance en Dieu , elles ne feront
point diuerties ducollé du monde :& puis il
veut qu'elles foyent permanentes en prières
&oraifonf nuiÛS: iour. Voila en fomme ce
cjue fainct Paul a voulu ici dire . Car combien
<jue ci apies il faudra parler plus à pkin de
ccll ordre des velues & de la pohce qui tftoit
en PEglife ancienne, toutesfois nouj auonsà
noter pour le prel'ent, qu'alors il y a eu ce
qu'auiourd'huy nous n'auons pas. Il eft vray
qu'il y aura entre les Clirelhens quelques ho-
Ipitaux , mais la chofc tû iî maigre que c\ft
pitié. Et toutesfois quand on voudra faire cô-
paraiTjn de nollre temps à celuydont parle
laind Paul, ie vous prie , n'auons-nous point
meilleure occalion de maintenir ce qu'il or-
donne ici. qu'ils n'auoyét de ce temps-la? Car
les poures Chreltien> elloycnt perlccutez, ils
auoyent toulîours le coût au fur la gorge, ils
efloyent expofez en proye, ih cftoycnt com-
me poures vagabjns n'ayans rien de certain.
Sidonques on fait comparaifon de li charité
qui eftoit alors auec celle d'auiourd'huy.no'
deuons auoir grand' honte. Et encore» y en a
il qui voudroyent bien que les liofpitaux fuC-
fent appouris.&s'ii ne leur confie ricn:fi eft-
ce qif ih voudroyent cncores que ctlafufta-
neanti, qu'il leur fait fi mal au coeur, qu'il leur
femble qu'on leur arrache les boyaux quand
on donne quelque chofe pour la nourriture
des poures. Helas, c'eft bienaniere que tous
les lours on feifl oblation comme de ce temps
ia il fe faifjit. Il n'y auoit pointj'de rentes ne
de poflefsions.il n'y auoit rien de fondé.mais
il faloit qu'au iour la iournee on rccueilliil
les aumofnes pour nourrir les malades, & les
jourcs, & les vefues : tant y a que Dieu y be-
îbngnoit, & les fidèles auoyent en eux vne tel
Je compafJon, qu'il y auoit pour fubueniraux
pouretez de ceux qui ne fe pouuoyent nour-
lir. Or maintenant que d'ancienneté il y aura
des reuenus, il y aura des fondations ( qu'on
appelle)on ne demande finon à retrancher, &
«lue tout cela foit raui aux poures , & qu'on
leur ofte le pain comme de la bouche , &. que
«e qui auoit elle dédié à Dieij,5c qui deuoit e-
ftre tenu pour chofe facreç, qu'on le profane,
8; qu'on l'applique à des vfages,ie ne di point
•liucrs de l'intention de Dieu,mais qui font du
tout repugnans. Et ainfi, toutes fois &quantes
«ju'il nias eft parlé de l'ordre ancicr](comme
fcinft Paul en touche ici ) ce font autant de
condamnations & de procès pour nous ren-
dre inexcufables. Car quîd la parolede Dieu
3 eu {:i vigueur, qu'a-on fait ? Il y a eu dequoy
nourrir ceux qui cfloyent en indigence, il y a
eu quelque police , il y a eu gens qui fe vou-
loyent bien employer au feruice des poures,
les autres n'ont point efpargné leur fubftan-
ce:& toutesfois il n'y auoit vn ftuldenicr de
reucnu, il n'y auoit mille maifon finon à loa-
gc. Voila donques comme Dieu nous propofe
V» miroir aui^ucl il nous faloic conformer .Or
N XXXVII.
finousv«nons regardera nous ,c'efl tout le
contraire:car il lemble qu'on ait confpiréde
faire tout au rebours de ce qrvi a eilé obferué
en l'Eglife ancienne .N'tlt-ce pas donques
autant comme fi Dieu nous faifoit noftre pro
ces pour nous rendre confus ? Mais il y en a
bien peu qui en ibycnt touchcz:Vtant y a qu'il
nous coulîera bien cher, quand celt ordre-ci
nous aura cité moultré,& que nous n'en au-
rons tenu conte : & faudra , puis qu'auiour-
d'huy nous fommes fi ftupides.que Dieu nous
refueille. Et mefines nous voyons ( fans aller
plus loin) que les poures aueugles &les enne
mis de la vérité nous cond.uienf&Dieu nous
fait celte honte de les cdftituer nos iiiges. Les~
Papilles, quand ils'ji'ont que nous reprocher
pour la dodr-ne, que dirôt-ils finon que nous
auons prins l'Euaiigile , afin que les biens de
Eglife tuffent gourmandez , & que les hofpi-
taux fiiflent en pillage, & que tout cela foitdif
fipé ,& qu'il y cuft vn mtfiiiige tel que tout
fuftperueiti f Voila donques ce que les Papi-
lles allèguent pour nous ditFamer . Et pour-
qiioy? si'autatque nousne'l'ommes pas dignes
d'cflre rcdarguez par la bouche de Dieu. Car
nous ne voulons point t fcouter ce qui eil con
tenu en l'Efcriturc faincle,là où noftre ofEce
nous tftdccl.ué, nous bouchons les aureilles,
&faifjns des fourds .Voila pourquoy Diew
nou,s enuoye aux incrédules , afin que nous
foyons condamnez par eux à noftre plus gran
de confufion. Voila donc en fomme ce que
nous auons à obferuer en ce palTàc, e : & non
feulement pourdemcurer tels que nous fom-
mes,mais pour gtmir, afin de remédier aux vi
ces qui font infupportables . Or cependant il
nous faut noter touchant des vefues , qu'en
partie on les receuoit , afin qu'elles hiffenr
nourries fi elles n'auoyent point dequoy, &:
en partie afin qu'elles s'appliqiiaiTent au fer-
uice des poures. Et pource qu'en s'appliquât
à cela, elles eftoyent au fi-niice cômun de l'E
glife.c'eftoit vn eftat faci é & honorable . Voi
h donc ce qu'il nous faut retenir en premier
lieu pour auoir intelligence de ce q dit fainèb
Paul,&' aufsipourcn fçaaoir faire noftre pro-
fit.Et mefmes il eft bien requis q nous foyons
admoneftez de ces chofcs , pouicc que Satan
(ainli qu'il eftvn fingequi contrefait touf-
joursles œuuresde Dieu) a bafti vne façon
nouuutlIe:voire,& en defguifint ce qui eftoit
inftitué de Dieu.toutestois a prins fa coiiuer-
ture de ce que fainft Paul dit en ce paflage:
combien qu'il y ait autant j dire qu'entre le
iour iScla nuift.Car les nonniins des hofpitaux
font procedeesdece qui eft ici dit. Mais no-
tamment fainft Paul ordonne que les vefues
ne foyent point reccues deuanr l'aage de foi-
xanteans , &• qu'elles ayent cfté mariées vne
fois tant feulement, comme nous verrons. Or
puis qu'ainfi eft , que fainft Paul a eu ce re-
gard,c'e.ft bien tout l'oppofite de ce qui a efté
ainfi iuftitue par les ignoians,& qu'auiour-
d'huy
SVR LA I. A TIMOTH.
iij
d'hiiy on obferue en la Papauté. Et voila pour
<)iioy l'ay dit, qu'il faut que nou". foyon"; mu-
nis, quand nous cognoiffons l'intention de
fainft Paul, pourappliquer à noftrc in/liuftiô
ce qui eiï ici contenu. Or venons maintenant
à l'aduertiflcmcnt qu'il donne à Timothee:
Honore ( dit-il ) Us -vtfMS qui fnnt -vriiytnitnt
fefuet.tious voyons ici qu'il vtut qu'on face
bonexamen d'vne perfonne quand il e(i que-
ftion de la mettre en office: Se c'eft vnechofe
bien digne d'eltre obferuee. Car les ertats,
combien qu'ils concernent la police des hom
mes, toutesfoisiîdoyuent-ils eftre dédiez i
Dieu.Pourquoy? Car il en eiï le maiftre fou-
uerain,& le tout fe doit aufsi rapporter à luy.
Quand vn prince voudra ordonner (à mai-
fon.il aura en grSd maiftre qui fera les eflats.
Or Dieu pour nous donner meilleur courage
à le feruir, ne met peint feulement ici basvn
grand maiftre, mais il veut auoir le loin & fo-
licitude de tous les ellats qu! font en fon E-
glife . Ainfi donc notons bien que quand on
doit employer quelque perfonne en office, &
qu'il eft cboifi à cela. qu'il faut faire examen,
ou on profane le 1 eu nuquel il eft conftitué.
Et celle iniure-la ne fe fait point aux créatu-
res , elle fe fa-t à Dieu mefme . Dequoy eft-
ce que lâinft Paul pai le ici ? cVft de la proui-
fion des vefue'',lcfquelle';(comm'' nous auons
ditjdeuoyent feruir pour penfer les malades,
^'cependant eftoyent nourries d'aumofnes.
Or (î ainfi eft que Timothee foit admoneftc
de ne point reccuoir toute'^ les v( fues qui fe
pouuoyerrt prefenter, .?,: celles aufsi qui n'e-
ftoyent point dignes d'cftre reccues en ceft
eftat.fînous regardons cefte vocation félon 1'
apparence,Ia chofc n'eftpas fort grande: que
fèra-cedSc des offices qui fmt beaucoup pi'
excellésjQuand il /êraqueftiô de choifîr vn
iôme pouranoncepla parole de Dieu, ie vous
prie, quel foin 8f quelle prudéce doit-on ici
auoir pour ne point protancrlelîege de veri
té? Car voifa ( comme nous auons veu par ci
deuant)le"gounernement & régime de la mai
-fon de Dieu qui nous eft commis , & quant &
«^uant nous auons K porter le meflàge de fa-
wt aux hommes, le tbrefor de ce grand my-
ftere nous eft commis en garde,c''eft qucDieu
efl manifcfté entre les hommes. Ainîî donc
quand il eft queftion d'élire des Pafteurs , ie
vous prie, ne faut-il point vfer d'vne pruden-
ce beaucoup plus grande que celle qui eft ici
requife quant aux vefues ? Qjiç nous foyons
donc bien auifez en ceft endroit. Car R vn ho
me veut auoirvn f-ruitcur, il regardera bien
de lechoiïïr propre.&s'ilya quelque in.iuuai
fê tache, iamais on ne luy pourra perfuader
qu'il le reçoyueen (à maifon.Ceftuy-la cft-il
yurongne?Ie n'^ay garde de m'en charger. Ce
luy-la eft-il fufpeft de larcin? cft-il paref-
içux?eft-illang3rd ? nous l'çaurons bipn nous
garder de tous ces vices qui nous pourroyét
porter preiudice & dommage ,cojnnie nous
fommes addonnei à noftre profft:& pourtant
noos ne voudrons point rc ceuoir vn feruiteur
vicieux.Mefmcs C quelqu'vn veut prendre vn
bouuier pour fon bcftail , encores voudra-il
qu'il foit diligent ,&• qu'il y ait delà preu-
d'hômic.Or fi on doit choifir vn maiftre pour
gouuerncr les enfans , on aura moin-; de foin
en cela fouuentesfois qu'on aura point d'vn
berger qfi-ra pour penfer les beftes.Et qui en
eft cauft?Vnaucug!cmét brutalq eft entre les
hommes. Mais encores venons plus outre. S'il
tftqueftion dechoilîi gens qui prefîdct fur la
iofticc,& qui gouuernét au nom de Dieu, non
pas feulement les petis enfans, mais les grans,
commet y procede-on? On n'y penfegueres,
comme on levoit, &Iachofeeft déplorable,
qu'il femb le qu'on vueille faire deshonneur à
Dieu, en profanât ce qu'il auoit lanûifié pour
noftre falut.Car ce n'eft que toute mocquerie
auiourd'huy quand on doit mettre gens en of
j^ce. On regarde feulement à la cérémonie &
À l'appareiîce, comme fi on vouloit iouer vne
ftrce.Et non feulemét cela, mais il feinble que
on vueilleprouoquerla vengeance de Dieu,
mettant gens qui foycnt comme choifis pour
les plus peruer*. Voila comme on fegouuer-
ne aux eleftions.Brief.il ne fera point queftiô
que les eftats auiourd'huy foyent honorez,
mais ilnefcraqneftion qne de pouffer en a—
uant. Et quelles gens 'Ceux qui nevaudront
rfen,& ne font pas fenlemét femblantd'eftre
bons. Car pour eftre mieux auancfz , il faudra
qu'ils fe déclarent ennemis de Dieu , qs'ils
foycnt addonneï à toute corruption , qu'ils
monftrcnt qu'ils vcu'ét fupporter trutes mair
uaifes quereles, qu'ils ne dcmâdent fîncn que
tout aille en confus. Voila ceux qui feront e-
leutzcn crédit &• authoritc . D'autant plus
donc nous faut-il noter ce pafïàge: & mefmes
nous auons befoin auiourd'huy de cefte ad—
monitiô:car l'cleftion s'approche de ceux qui
dovuent cftre eftablis au goiiuernement de ce
fte République. Or ie vous prie, comment pr»
ccde-on en telle eleclion?Car ilne faiit poinr
que i'attende à Dimanche prochain pour dire
vnechofequi eft toute manifefte. Qjrand il
eft queftion d'élire & choifir les Magiftrats,
on deuroit iftre ici pour inuoquer le nom de
Dieu, afin qu'il prcfidaft au confeil qu'il don-
naft efprit de prudence &dedr9inire. Mais
cepédant où fera-on?Auxtanernes,ouauieu,.
& ceux qui ont voix d'élire , ce font ceux qui
fréquentent moins les fermons . Il eft vray-
qu'on ne les verra gueres non plus venir les
autres iour' au temple : cependant ils fe pre-
fcnteroni les premiers au confeil rererali.
&: voudront auoir laplus haute voix , enco-
res qu'ils n'aycnt monftré en toute 'eur vie
aucun figne de Chreftienté Cependant c'elF
alors qu'ils ie de^borderont le plus, &: qu'il y
aura plus grand defordre. Caren vn t liour
on les verra venir auf c vne impudence vilai-
ne, & feront par bandes cerne s'ils rouloyenr
F.i.
^Jk
2irr SERMON
faiie leurs monftres.Et d'où fortent-iU?D'vn
cabiret.aii lieu qu'ils deuroycnt citrc ici pour
jnuoquer le nom de- Dieu, 5r pour regarder en
eux-mefme5,Or ç.a,ftous auons auiojrd'huv à
eltregens quidomiuentau nom de Dieu:maiv
iln'eft point qucftion de les choiiir à naître
appétit, d'autant qu'ilçdoyuét ici prclidcr en
Paiithorité de Dicu-Gaidôs bien donqucs d'y
mettre gens iinon qu'ihayent celle atFedion
&; ce zèle de dominer en telle forte que Dieu
foit lerui, & qu'il ait touliours f jn degrt j'ou-
ueraiii &: Ion empire, ik que graus &: petis Kiy
facent hômage.Et puis cliacuu en Ion particu
lier doit penfcr ainiî.Or ça,ie doy clire vn hô
me qui aura puillance fur ma vie, il doit gou-
uerner la luftice : & quand tout fera à repos
chacun aura ce qui luy appartient : voire s'il
plaift à Dieu qie nouç foyons entretenus fous
la protecHon & ombre de iuJlice , & qu'il ne
permette point que nous foyons comme de?
belles lauuages. Voila ( di-ie ) à quoy on de-
uroit penfer.Mais le fait-onrNenni.Et il faut
auf>i qu'on remporte tel falairc qu'on l'a me-
nte.En fonime.coinbicn que lacliole meritc-
roit qu'il en hifldit d'auantage, retenons que
quand il eft queftion d'ordonner gens en que!
queeftat que Dieu ait conlliriié enfon Eglil'e
pour le bien commun, qu'il faut c.vammcr les
perfonnes:&ii or» ne le fait, &: qu'on profane
les chofes fainâ:es , qu'on defpite Dieu : fça-
chons que cefte conhifion rcuicndra fur la te-
ûe de ceux qui aurôt par fiueur 5i corruptiô,
ou par quelque autre regard voulu auancer
ceux que bon leur fcmble, Se que leur appétit
porte. Ainlî donc apprenons de nous condui-
re tellement quand il eft queftion de mettre
ordre en l'Eglife de Dieu, qu'il n'y ait nul of-
fice contaminé par des perfonnes vileines , &
qui font indignes de l'hôiieur qu'on leur pro-
cure . Car fi cela doit eflre obierué aux plus
petis eftats (comme fainû Paul nous monftre
en ce partage) quand nous venons aux plus
grans , que nous en ayons plus grand foin &
îolicitude:& quand nous en ferons ainlî, il elt
certain <pe Dieu nous bénira, & môitrera que
X X X V 1 1.
il domine entre nous.&donnerafon Efprit i
ceux qui font conftitucz en charge pour les
conduire à exercer ce qui eft de leur ofhce:5c
ainlî nous fentirons fa vertu telle entre nous,
qn'vn chacun aura occalîon de s'elîouir en
fon particulier, &: tous en commun de rendre
aftions de grâces à ce bon Dieu, quand il nous
aura lî bien pourueus. Mais quand nous vou-
drons psurluyure ce que nous auons commen
cé.c'ert afçuioir de s'ctforccrde mettre con-
fiillon en l'Egliie de Dieu, il nous raonftrera
qu'il peut bicu départir du milieu de nous, co-
rne il nous aura fait la grâce d'y relider pour
vn temps. Car li fa gloire eft départie du tem-
ple de ferulalem, comme il le monftrcau Pro
phete Ezcchiel,&que le temple qu'il auoitap
pelé la inaifon& fon repos éternel ,ait efté
vuide de ù grâce , & que ce loit efté vn lieu
profane , notons qu'auiourd'huy quand nous
ne pourrons j'outrnr que Dieu domine au mi-
lieu de nous,5c qu'il nous done gens qui foyéc
pour nous conduire enta crainte, mais que
nous voudrons auoir gens dcsbaucJicz qui ne
fe foucicront gueres ne de Dieu ne de noftre
(alut, qu'il nous pourra bien accorder nos fou
haits , mais ce fera pour nous monitrer que
nous ne fommes pas dignes d'cftre gouuer-
nez de luy .Et quand il nousauraainlîdelaif-
fcz, que pourrons -nous deuenir ; Ainlî donc
penfons de près à nous , & que nous prions
Diciigu'il luy plaife nous fufcitergens auf-
quels il donne fon fainftElprit, &lefquclsa-
uec prudence ayent ce zelc & afFcÛion de
nous gouuerner en forte que le tout le rap-
porte à luy,&: qu'ils lacent fur tout qu'il foie
feriii & honoré entre nous.
O R nous-nous profterncrons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
pardonner, &: en abolir la mémoire, & d'orcf-
enauant nous reformer en telle forte que no*
ne demandions iînondc nous conformer du
tout à fes fainfts commandemcns. Ainlî nous
dirons tous, Dieu tout-puiffant, Peic ccltfte,
&c.
SECOND SERMON S V R LE
C I N Ci_V lEMECHAPlTRE.
4 Maisfi (Quelque vefue a des cnfans, ou des fjcueux, qu ils ap-
prenent premièrement à monsirer leur pieté enuers leur propre mai-
fin, (f à rendre la pareille a leurs parens : car cela ejî bon (y agréable
deua?7tDieu.
5 Celle qui ejl vraycment \efue, (^ dclaijfcc feule , a efpcrance
en Dieu, ç^ ejl permanente en prières ç^ ^raijons nui^ c;^ iour,nîais
celle qui ejl en délice s, en \iuant cjî morte.
Nouî
s VR L A I. A T IMOTH.
Ous i'ç.iuons quelle e/lTin-
t(.-nt:On de faiati P^ul en
ce pair-.ijt, c\ft (jiie !a po-
lice <jtii eltoit bon ne & fain
tte.tiill niaintcii'.ie, .S: c|irel
le j'oblenia/l toiiliuiirs :
c'ell afçauoir, qu'en rice-
uant les vêtues pour tlhe nourries aux dtl-
pens communs . iScaufii pour feruir aux po-
ures, qu'on eull t.'gard à et lies qu: en eftoycnt
digues. Or maintenant làuitt Paul dit en pre-
mier lieu , Q^if/T ^«f/</«f -v(/7(f 4 Jet eiif.:ns,
il faut qu'elle commence pariamailon pour
nioiiftrer comme elle a la crainte de Dieu , &
ou'ence failant elle rende la pareille à ctux
oui Pont mile au monde . Car il faut que le
genre liumain s'entretiene par ce moyen, que
coût ainli que nous auons elle nourris par nos
pères & mères, nous facions le feniblable en-
aers ceux que Dieu nous donne , & qu'il nous
commet en charge . Et pource que nous ne
pouuons pas rendre la pareille à nos ance-
îtrcs en leurs ptrfonnes,que nous la rendions
à ceux qui font dcfcendus de leur race . Mais
pour mieux comprendre la dodrine de faiiift
Paul, notons quand il parle ici d'excrar lieté,
que c'cfl d'autant que fous ombre de la crain-
te de Dieu , &de quelque deuoiion, plulKurs
vefues Ce pouuoyent exempter de leurs char-
ges domeftiques' comme nous voyons que les
moines, quand ils fe fourrent en vn cloiftre,
diront bien que leur intention eft de iVruir
Dieu, & mener vue vie fpintuclie : mais ce-
pendant ils font priuilegcz de ne rien faire,
& font exemptez de tout bien, comme on dit.
Voila comme il en pouuoitaduenir à des vef-
ues.Et pourtant fainet Paul dit qu'elles appre
nentquc c'ill d'txercer p^eté , &d'auoir vne
vraye religion & droite enueis leur famille.
Pourquoyril tft vray que ce mot de P.Vtr, li-
gnifie proprement le feuiicedc Dieu . Car la
religion aufsi fe rapporte à cela . Q_u'eft-ce
que religion? (non pas comme on le prend en
la Papauté, mais en fon fins naturel ) C'tft la
reuercnce que nousdeuonsà Ditu pour ertrc
du tout fiiicts à fa parole, pour l'honorer coin
me il le demande, pour l'inuoquer, pour nous
dcdicr à fon obcidance.Mais cepembnt pour
ce que Dieu veut efprouucr le feiuice & l'hon
Fieur que nous luydeuons , il nous rciuioye à
père & àmerc: car ccux-la rcprcf nttnt û
perfonnc.Ainfi donc il y a vne efpecc de pie-
té quand les enfans honorcn t perc & mère, &
qu'aufsi les peies reprefentent la perfonne
de Dieu enuers leurs enfans ,&: qu'ils font
leur office. Voila donc pourquoy fainft Paul
dit qu'il ne faut point qu'on prene cefte cou-
uerture de pieté ou deuotion quand on fe
veut exempter des offices que Dieu nous en-
ioint,& qu'il veut & ordonne. Car c'eTl pluf
toù. renuerfer toute re]igion|, & abufer fauf-
fement du nom de Dieu. Voila leiîmple fcris
à.eùisx£t Paul, & le but aufsi où il tend. Pat
227
cela nous fommesadmoneftcz (comme il Icra
cncorts derechef tantoftcxpofc plus à plein)
de ne feruir Dieu à noilre faiitalie en inefpii-
fant les chofes aufqiiellcs il veut que nous
foyons comme attachez. Voila Dieu qui or-
donne qu'vn enfant loit luict à fon ptie,oue
vnpcre aufsi ait le foin de nourrir fes en-
fans, iX; les tenir en crainte , & en bonne foli-
citudc. Si (bus ombre de feruir Dieu , le père
ne tient conte de fes enfans , & que l'enfant
aul"si reiette fon père, il tft certain qu'ils fal-
sifient la religion. Et pourtat nous auons à re-
cueillir vne bonne doctrine de ce palîàge de
fainit Paul, c'cJl que pour bien feruir à Dieu,
nous auiliôs d'appliquernoftre tfludc à ce que
il requiert de nous.côbien que cela fera quel-
quefois mcfprifédu monde. Car nous fçauonç
que Dieu ne peut rien rtceuoirdc nos mains:
&qu'ell-cc que nous luy pouuons apporter?
quel profit aura-il de nous ? Puis qu'ainfi eft,
notés bien qu'il nous faut employer .1 ce que
il nous mcnflre : car c'cfl là où il veut efprou
uer fi nou; le craignons , & fi nous fouîmes
prelhdeluy rendre obeillànee. Celuy donc
qui ne tient conte de faire fon office cnuers
fes prochains , monllrc qu'il n'a nulle crainte
de Dicu.Qrand ilkuibieia tfirc tout confiû
en bon zelc, il n'y aura que vanité & hypo-
crifie. Et pourquoy ? c''eû la vraye touche ou
Dieu examine fes feruiteurs , quand ils s'em-
ployent à bonne choie , & qu'ils s'eftudient à
faire leur dcuo:r enuers leurs prochains. Ce-
ci feracncores plus facilement entendu par
cxeinples,&: ne faut point aller plus loin,qu'i
ce que nous auons délia touché. Voila en la
Papauté ceux qui voudront élire les plus ex-
cellent en toute fainiîteté, barboteront beau-
coup. Voila des amufe-fols pour tout potage:
car ils ne font que badiner .cuidans feruir à
Dieu . Mais encores prenons le cas que ce
qu'on appelle feruiee de Dieu en la Papau-
té, ne full: point vicieux ne corrompu , qu'il
n'y cuft ne lupcrftition ni abus, tant y a enco-
res que les Papiftes ne font que battie l'eau
quand ils s'arrcftcnt &• s'amufent du tout à
leurs cérémonies. Et pourquoy ? Car, cepen-
dant iU me^prifent ce que Dieu auoir ordon-
né , & chacun placqutra la charge que D.iu
luy auoit inife iur les cfpaules. Voila le lousr
que nous dtuons receuoir qui eft conuerti en
fupciltition :& cependant nous ne voulons
elhe nullement fuiets à Dieu , combien que
nous facions feniblant de luy vouloir obéir.
Or quand les hommes & les femmes auront
bien fait des bigots , &: que cependant ils ne
tiendront conte de s'acquitter de leur charge
&de leur vocation , penfons-nous que Dieu
accepte rien de tout cela ? Nenni . Aiiifi don-
ques notons bien que pour approuucr po-
ftre pieté ,c'efl à dire, pour monllrer à bon
efcicnt&fans feiutifequc nous rafcJions de
feruir à Dieu , qu'il nous faut employer à ce
qu'il nous commande . Si on dit, Ho , quand
F.ii.
ftlS
SERMON XXXV111.
nom tafchoms de bien faire aux hommes.ccla
eft feruir à Dieu. Ouy , moyennant que nous
(çndions à cefte fin. Car vn homme pourra
bien trauiiller pour nourrir fes enfans.la ftm
me aufii de fon collé tera Ion deuoir, & Dieu
s'acceptera rien de tout cela. Voire, fiiion que
ils ayét ce regard, Voici Dieu qui veut efpioei
ueriioftre obeifiance quand il nous a donné
deientans , qu'il nous a commandé de les in-
ftruirecn fa crainte, d'en auoir le foin, d'en
porter la tafchcrie qui nous en reuient. Car
puis quec'cll vn iacritice agrcâblc à Dieu, il
nous faut ici appliquer toutes nos vertus. Si
rhomme & la femme n'ont ce regard -la, il eft
certain que tout ce qu'ils feront, ne fera point
vn feruice de Dieu ni approbation de leur pie
tc.-niais quand ils fuyuront cefte doftrir.e-ci,
ce feront autant de facrifices qu'ils offrent à
Dieu que ce qu'ils feront fcJoii fa parole, &:
ce qui eft de la vocation de chacun en parti-
culier. Voila donques ce que fainft Paul a en-
tendu. Or maintenant iladiuiiflc pour conftr
mer tant mieux fon dire , que cela e(i bon çy
agréable a Vi'U. Voire, comme s'il difoit qu'il
y a vne conf orniitc entre la Loy de Dieu &
l'ordre de nature qui eftengrauc en tous hom
mes. Deiîa nous donnons ccft examen quand
il nous eft dit, que il chacun fe veut acquitter
de fon deuoir , il taut qu'il rende la pareille à
fes anceftres quand il fera fidèle enuers fa
maifoncmais cefera pcudechofe quand nous
tiendrons cefte honneftcté-la,&: que nous ta-
fcherons de faire ce qui eft de noftre office
enuers les hommes , & cependant que Dieu
foit mis en oubli. Saindl Paul donc non fans
caufe nous ramené ici au principal , & nous
moiiftre que tout ainll que ceux qui reiettcnt
leur famille, & n'en ont nul foin , font piresq
incredules:aiif iau contraire que ceux qui ta-
fchent de s'acquitter , & s'employent fidèle-
ment , non feulement doyuent eftre approu-
uez des hommes, mais que Dieu aufsi accepte
leur feruice. Nous voyons donc maintenant
outlleeft l'intention de fainft Paul , c'tfta-
içauoir de monftrer qu'en fuyuant l'ordre
naturel auquel chacun de nous doit eftre en-
clin, encores que nous n'enflions n'Efcriture
ne Loy, toute fuis qu'outre ce que cefte hon-
nefteréeft louable, & qu'elle mérite aufsi d'e-
ftreprifee deuant les hommes , que nous de-
uons eftre efmcus d'autant que Dieu accepte
vn tel Icruice , Se qu'iirapprouuc. Or nous a-
uonsà recueillir de ce paflage vne bonne do-
ânne 8c vtile ■■ c'eft qu'il n'y a rien qui nous
doyueplus inciter à taire noftre deuoir , que
quand il nous eft dit que cela eft plailant à
Dieu. Car nous denrions auoir grand' honte,
Veu que Dieu nous faitceft honneur de rcce-
U)ir cequi procède de nos mains , & déclarer
que cela luy plaift, & cependant que nous foy
ons lafches. Car regardons qui nous fem-
mes Se ce que nouï pouiions faire. Htlas,
Boùi fjmines créatures tant inutiles que c'cft
pi tié.'Il eft vray que quât au mal no» ne fom-
mes que trop habiles, & chacun trouueraaf-
fez de moyen de faillir & d'otfenfer Dieu:
mais quant au bien , il eftimpoAible d'en ti-
rer vne feule goutte de no', finon que Dieu
l'y mette. Et puis encores qu'il nous gouuer
ne par (on fainft Efprit , & qu'il nous donne
affeâion de bien faire , toutesfois il y a tant
d'infinnitcz que c'eft pitié,& toulîours la bon
ne afFeftion & le zelc que nous auôs de feruir
Dieu, fera meflé parmi beauc oup d'empefche
mes, en forte que tout ce qui procède de nous
fera comme fouillé. Mais quoy qu'il en foit.
Dieu ne laiflè point d'accepter ce que nous
luy deuons , voire d'vne pure gratuité : non
pas que nous le méritions, ne que nos œuures
foyent dignes d'eftre ainfi receucs de luy.
Quand donc nous oyons que Dieu de fa pu-
re & libérale volonté nous fait ccft honneur
de receuoir ce qui procède de nous corne vn
feruice bon & laintî, n'y deuons-nous pas e-
ftre bien affirtiénez? chacun ne doit-il point
s'efforcer tant qu'il luy fera poAible de fai-
re chofe que 'Dieu accepte , & qui luy foita-
grcable?Atnlî donc noté'; toutes fois & qiian
tes que l'Efcriture nous déclare que Dieu ac
ceptenos fcruices , que c'eft pour nous faire
hôte,finon que nous loyons cnfllmcz à appti
quer toute noftre eftude pour faire ce qu'il
requiert denous,(Sc pour nous- efforcer telle-
ment que nous tafchions d'v employer tou-
tes nos vertus. Voila pour vn itéra. Et cepen
dant aufsi notés que c'eft la vraye règle pour
cognoiftre ce qui eft bon, de recourir à la vo-
lonté de Dieu. Comment donc fçaurôs-nous
qu'vne chofe eft iouablcîSi Dieu l'approuue.
Âinfî que la volonté de Dieu nous foit pour
toute raifon &: fagcfll-,& que nous appreniés
que ccn'eft point fans caufe qu'il eft dit, que i.Samu.
obeifiance vaut mieux que facnfice. Car voi- if.it,
la aufsi en quoy Dieu eft prifé& honoré, c'eft
que nous fçachions que de nou> afluiettir à
luy , c'eft la plus grande perfeûion que nous '
puifsions auoir : qu'il ne faut point que les
hommes inuentent ne ceci, ne cela , ou qu'ils
"regardent ce qui fera trouué bon pour auoir
bruit & réputation deuant le monde, mais feu
lemcnt qu'ils tafchent de complaire à Dieu,
& de fe ranger à fon obeiflànce. Voila en fé-
cond lieu ce que nous auôs à recueillir de ce
paftàqe, quand fainil Paul, pour monftrer ce
qui eft bon, dit que Vieu i^.iccel>te.O: il .idiou
ftc quant & quant pour plus ample déclara-
tion de fon dire , que celle tjni efl ■vr.tyement
■vefue O- (iefo!ee,ifpere en Dieu,<0' continue tn
prières c nra'fiitinHit Cr "''"■• 1^' fainiit Paul
n'entend pas que toutes vt hies ne doiiient c-
ftrc fidèle' &• auoir efperance en Dieu, mais il
marque celles qui font du rang duquel nous
auô' pailcce matin : comme s'il diloit qu'on
ne doit point clne toutf s celles qui fe prtfen
tent , mai' qu'on doit choiiiraucc difcrction
celles qui fontproprcs pi.urfciuir àl'Efj/ifc.
Or en
SVR LA I. A TIMOTH.
iiî)
Or en qinoy les pourra-on cognoiftre ? quelle
en feralamârque?Ila<iioufte, qu'elles foyent
deftituee^ du coilé des hommes, & qu'elles e-
fperent en Dieu,& qu'elles s'addénent à priè-
res &oraifons. Puis que nous auons Tinten-
tion defainft Paul.maintenît tirons ladoftri-
ne que nous dcuons recueillir Je ce paiTàge.
Quand il dit,Qu_{ celle qiti efl trayemet -vtfue
tCr (lefotee,eJpere en Dieu , il n'entend pas que
les femmes mariées ne doyuent aulsi efpercr
en Dieu,& les hommes mariez aufsi bien. Car
ceux qui ont des enfans.li ccux-la fe doyuent
fonder fur leurs enfans & s'y arreflcr, où fe-
_. „ râ-cealler?Il eft dit que Dieu beneit ceux auf
•' ■ * quels il donne des cnfans:lemariage aufsi eft
vne iîngulicre bencdiâiondeluy. Orlijnous
eftions» diftraits parle mariage d'efpereren
Dieu, ou feroit-ce allerîlàinft Paul donc n'en
tend pa'; que ceux qui font mariez -foyent em-
pefchfz d'auoir vne vraye foy en Dieu , & de
y'appuYer en fa bonté. Il n'entend pasau{si de
mettre vne telle barre qu'ils ne face't ne prie
res ni oraifons,maisc5mcau 7.de la premiè-
re aux Corinthiens il dit , qu'vn homme veuf
ha plus de loifir de vacqneràDieu,& qu'il n'ha
point beaucoup d'cmpcfchement , comme le
mariage le porte , & la folicitude qu'on peut
auoir des enfans: aufsi en ce paflàge il dit.que
la temrae vefue fera plus induite à efperer en
Dieu quand'elle n'ha ni appuy ni fupport du
coftédes hommes , qu'elle cft du tout comme
abandonnée : que (î elle regarde de tous co-
ftez.il n'y a perfonne qui luy tende la main, il
n'y a perfonne qui s'en approche. Qnand
donc vne femme fe verra ainlî deftituec.fainft
Paul dit qu'elle ha plus d'occafion d'efperer
en Dieu. Or ceci ne fe doit point appliquer
feulement aux femmes vefues,mais en gênerai
nous auons à recueillir doftrine, que fi.15 que
nous fommes deftituez de moyens humains,
nous deuonieltre tant plus incitez à chercher
Dieu, & à nous remettre du tout à luy. Il eft
vray que fi Dieu nous donne des moyens,que
les hommes nous fauorifent,& que nous foy-
ons fécourus par eux, mal-heur fur nous & fur
noftre ingratitude fi nous ne cognoifTons que
tout cela procède de Dieu , afin de toufiours
regarder à luy:mais fi nous ne fommes fuppor
» tez en ce monde , & n'y trouuons faueur &
aide,fieft-ceque nous ne fonimcs pas tat prcf
fez , qu'il ne faille que nous tendions à Dieu
de tout noftrecourage.Pour ceftecaufedonc
il eft dit, que fi noftre Seigneur nous coupe la
broche, & que nous n'ayons plusd'attenteau
monde, qucc'eftafin de nous mieux retirer à
foYiqund il nous dcfpouilleainfi de tout moy
en. Pourquoy? D'autant que nous ne venons
iamais à luy q par côtrainte.Mais pour mieux
faire noftie profit de cefte dodrine .notons
en premier lieu qu'ici noftre ingratitude nous
eft reprochée. Car iî nous faifons noftre pro-
fit corne il appartient des aides que Dieu nous
met en main , félon que nous fommes fccou-
vus des hommes, nous deurions toufiours eftrc
confermez tant plus en fa bonté. Voici mon
Dieu qui me dÔne fecours de là où ie ne l'euf-
fe point attendu Car tout le bien que les hom
mes me font.proccdede liy. Nous dcuons
donc eftre confermez tn la bonté de Dieu
pour nous fier tant mieux en luy,&: j)our per-
fifter à Pinucquerr&deuons tant plus cftie cf-
meus à luy rencireaftionde graces.Ortoutau
contrair e , voila comme vn voile qui nous eft
mis deuant ici yeux , tellement que nous ne
regardons plus à Dieu , mais nous chcrcbons
les hommes, & fommes là comme enyurez , &
nous femblc que nous pouuons bien mettre
noftre appuy en eux. Nous voyon.s donc coin
me Dieu ici déclare noftre ingratitude .d'au-
tant que nous abufons- des grâces qu'il nous
élargit par la i\\»in & par le moyen des hooi-
mes.Or voyarts cela, qu'auons- nous à faire fi-
non de nous foliciter puis que cemaleften
nous, & que Dieu le cond.nmne , & qu'il n'eft:
point aufbi ftipportable? Ne faut-il pas que
chacun foit vigiIant?Q_uanddonc nous auons
faueur en ce monde, que nous fommes aimet,
quenous auons beaucoup de moyens que no«s
auons des amis qui demandent ée s'employer
pour nous, vtiIJonsde peur que Satan ne noue
esblouifle,& qu'il ne nous deftouméde Dietr,
attendu que nous y fommes tant enclins , &:
que noftre ingratitude nous tire U:craignonr
de mettre Dieu en oubli quand il fe monftre
ainfi libéral enutrsnous , que de nous prefter
les hommes qui nous fouftienent& fauori.«
fent, mais pluftoft, prénom occafion de luy
rendre grâces de fabonté,&que nous foy ons
toufiours plus confermez en la fiance que
nous deuons auoir en luy. Voila pourvn item.
Mais cependant pource qu'à grand'peinefe
peut-il faire que nous ne foyons retenus &
comme enueloppez en ce monde quand les
cliofcs nous y vicnent à propos & à noftre
grc.cognoiflons qu'il nous faut gémir, & que
Dieu nous admoncfte que nous fommes coul-
pables deuant luy , d'autant que nous n'auons
point fcnti le bien qu'il nous faifoit.Condam-
nons-nousdonc,afin den'cftrepoint condani
nez de Dieurque nous ne foyôs point diftraits
de luy par les moyens qu'il nous aura donnez
en ce monde. Voila ce que nous auons à faire.
Mais aufsi à loppofite notôs bien que fi Dien
nous defpouille de tout fupport, que nous foy
ons corne delnuez, qu'on nous reiette,& mef-
mes qu'il femble que tous nous foyent enne-
mis,cognoiflbns (di-ie) que Dieu nous attire
à foy parce moyen, veu q nous fommes trop
aifez à nous endormir. Qjiand nous auons en
ce monde quelque occafiô d'y paflcrle temps,
nous fommes incontinent aifopis , il ne nous
fouuient plus de mettre noftre fiance en Dieu,
ne de le requerir.Au contraire Dieu nous ref->
ueille quand il ne permet point que les hom-
mes nous foyent amis , mais qu'il veut que
nous foyons delaiiltz d'eux , & quand nous
F.iii,
i30
SERMON XXXVIII.
netrouuons pi?ce que nous aiioiisciiide.fça-
chons que c'tft autant comme fi Dau nous
vcnoit tirer l'aurcille pour dire, Or ça , tu
tlors , & tuas elle long tempr fans pcnfer
à moy , il faut donc que tu retournes mainte-
nant. Voila comme quand ks fidèles s'arre-
ftent par trop ici bas, & qu'ils y f nt corne per
Jus & effarez , Dieu les réduit au droit che-
min : comme s'il leur diloit , Il faut mainte-
nant que vous appreniez de retourner à moy
pour y mettre tout voftre fondement, & vous
y appuyer.Car quand vous for.df z voftre efpe
rance au monde , c'cll autant comme fi vous
vouliez ballir eu lamer , ou bienenPair. Et
en cela voyons -nous la bonté de noltre Dieu:
car nous ne fomines pas dignes qu'il fe décla-
re noftre Sauueur quand nous auons ainfi
ibufé de fà grace,& qu'au lieu de tendre à luy
comme il nous y conuioit , nous auons prins
occafion de luy tourner le dos , qu'cncores il
ait pitié de nouî ,& qu'il ne permette point
que nous foyons du tout efgarcz , mais qu'il
nous redrcfle,&: qu'il procure unftre Hilut en
toutes fortes. En cela donc nou\ jyons occa-
fion de macjnifier fa bonté. Mais ci.|><;r.dant
apprenons aufside faire noftre profitducha-
Ifiment qu'il notii enuoye, que quand nous a-
«ons efle fi malins de mettre Dieu en oubli,
quand il nous faifoit la grâce de nous attire;
à foy,& de nous monftrer que c'ed en luy feul
qu'il nous faloit mettre nollre efpcrance, ap-
prcnons(Qi-ic)fialors nous fomnies deilitucz
de fecours humain , de nous humilier (S:de
.-«ognoiflre que Dieu veut que nous venions
tant plus fongncufcment à luy : & quand il
nous deflitue de tous moyens , que c'eftafin
qu'il n'y ait plus rien qui'nousempefche, qu'il
n'y ait plus d'entre -deux, qu'il n'y ait plus de
voile qui nous oftufque les yeux, mais que no'
fenfions , Or ça ,i! ne refte finon ce refuge
d'aller droit à Dieu,& qu'il nous prene com-
me en fi proteifiion &: fauucgarde , que nous
apprenioas, quand nous foinmes dcftituez du
cofté des hommes de nous fier pltinement en
Dieu , cognoiflàns que c'eft le temps oppor-
tun,comme aufsi il ert dit au Pfcaume 31. Car
le temps opportun e/l l.i nomme quand nous
fommcs en angoilfe, & que nous n'en pou-
Bons plus, que Dieu nous a uiin uifques à l'ex-
Tiemitë , qu'il faut que nous venions à luy.
Vfons,di-ie,d'vne telle occafion. Voila quant
à ce poinèl d'efperer en Dieu. Or il eft vray
'•que les femmes vefues cependant doyuent
retenir cefle doctrine &: admonition, i^uisqu'el
kes n'ont plus l'ombre du mari , quand Dieu
les appelle à foy , & qu'il faut qu'elles fe re-
mettent du tout à luy. Mais afin d'auoir tant
plus piand courage de ce faire , qu'elles pen-
fent a l'honneur que Dieu leur fiit , combien
«qu'elles foyentdeftituees de fupport humain,
«ju'il fe prefente de fon bongrc d'cftreleur
protefteur,& lesauoiren fa garde. Que donc
• ks fcnunas vefues fe cpnfolcni en cela , Se
qu'elles fe remettent pleinement à Dieu. Au-
tant en cfr-il de ce que fainft Paul adiouftc
quant aux prières & oraifons. Il cftdit en gCr^
neral à tous fidèles, qu'ils doyuent continuer
a prier, & que jamais il ne nous faut lafler en
ctla,& mefmes il efl dit que nous deuons eftre
quafi importuns, cômc il en eft parlé auiS.cha
pitredefaindLuc.il efl vray que Dieun'ha
point meftierd'cftre folicité par nous : mais
il nous veut exercer quand nous le reque-
rons,iS: veut que nous foyons patiens pourat
tendre fon feccur . Et encore que nous n'ay-
ons point efté exaucez du premier coup , fi
faut-il que nous perfiftions àl'inuoquer : car
Dieu accepte vne telle perfeuerancc comme
vn fcruice honorable. Or cela eft dit à tous
fidèles. Pourquoy donc lâind Paul J'appli-
que-il aux vefues fi'mplement? c'eft fuyuant
ce que l'ay défia touché du paflage de la pre-
mière aux Coiinthiens, que les vefues font
moins empefchees que celles qui ont mefna-
ge à gouuerner : car il faut qu'elles s'arre-
ftent là. Et pour mieu.v comprendre ceci, no-
tons que les vocations f nt diuerfcs. Il faut
qu'vn chacun regarde la façon de viurc en la-
quelle il eft appelé: car autrement il n'y aura
que fingerie en nous , comme il eft dit par
(aindt Luc Qii'Anne fille de Phanuel, laquel-
le receut lefus Chriftauec .Simeon,eftoit qua-
fi toufîours au temple s'exerçaiu tant .i prier
Dieu qu'en ieufnes. Oi nous voyons des bi-
gotes qui voudront fuyurc ceft exemple!
mais qu'en aduicndra-il .' Nous voyons ce
qui fe fait en la Papauté , que beaucoup trot-
teront d'vn autel à autre, que ce ne fera pofnt
allez d'auoir ouy vue couple de Mefles , mais
il faudra encores auoir quelques dénotions
extraordinaires. Or ont elles bien ainfi cou-
ru? qui eft -ce qui penfe cependant de leur
mefn.ige ? Iln'tft point queftion qu'elles fe
méfient de rien qui foit,mais elles font déli-
cates , & quand clle^ tetourncnt , tout ce que
elles ontapprins à l'Eçlife , c'eft d'miuritr,
de frapper , de battre , & fe defpiter : Lrief,
voila comme vne tcnipefte qui retourne à la
miifon. Ho , voila vn beau feruice de Dieu.
Si eft-ce neantmoins qu'il leur fcmble qu'el-
les font venues en vn degré plus haut que les
Anges. Et pourquoy ? Ho , elles enfuyuent
l'exemple de cefte fainfte ProphetelTedont
parle ifainft Luc. Et comment ? c'eft bien
tout au contraire: car ce que faifoit Anne,
eftoit fuyuant ce que fainft Paul déclare ici,
que d'autant qu'elle eftoit ia fort ancienne,
&r qu'il n'eftoit plus queftion de gouuerner
neniaifonne famille, elle s'occupoit àprier
Dieu ,&: cependant elle auoit les ieufnes en
recommandation. Il faut donc qu'vn ch.i-
cun regarde à foy, &.îl'eftat auquel il eft ap-
pelé , car fans cela il n'y a que toute confu-
fion en noftre vie:chacun s'ingérera .1 faire ce
que Dieu ne luy ordonne point, 5: mefmes ce
qui cit coatrairc à fon oESce fouuentesfois.
£c
luct.iS
SVR LA I. A TIMÔT rt.
131
Et c'eft vn article que nous deuons bien no-
ter. Cjr nous voyons ce qui eftaduenu en Ja
Papauté , & le tout fous ombre de dcuotion.
Les diuorces ont cfté faits en mariage, par ce
^ue la fanme folicitoit ton mari de le faire
tnoine,& elle nonnain. Voila vn diuorce.voi-
lâ vn mariage qui t ft corrompu. Comment?
Ce lien doit cftre inuiolabie ainfi que Dieu
Ta inftitué,cependâut il ne coultera rien à ces
bigots & bigotes de rcnuerfer certe ordon-
nance de Dieu. Ne voila point vne choie plus
qu'infernale & diabolique, quïd les hommes
attentent de peruertirvn tel ordre? Q_uand
iis mederoyent le ciel & la terre, il n'y auroit
poiat vne confulion plus horrible. Nous a-
uons donc \ noter cefte doctrine, c'eil afça-
uoir qu'il faut bien qu'vn chacun regarde à
fon eft.it. Et ainlî , que doit faire vne femme
quand elle a inefnage à goouerner.loit qu'el-
le ait mari ou non? Qji'clle penfe de s'em-
ployer à la charge que Dieu luy a commife.
Si elle a des enfans, qu'elle les nournfle.qii'cl
le les entrecicne : li elle a mari , qu'elle face
fon mefnagc paifiblement, fçachat que Dieu
accepte cela. Car lî elle veut Ipeculer en l'air
&fe faire valoir pour cauler& pour v fer de
belles mincs5:ceremonies,iln'ya que fatras
en celâj&c'cft vne chofc puante qu'il faut re
ietter. Apprenons donc que noftre Seigneur
reçoit comme vn feruice agréable, quand vn
tomme & vne femme regardent à leur cftat,
& qu'ils cognoiflcnt , Voici Dieu qui nous
veut employer à telle chofe. Il ne faut point
donc que nous-nous y tfpargnuins.mais que
nous mettions les mains 3 la parte .comme on
dit. Quand d»nc & les hommes & les fem-
mes fuiuét ce train-la, Dieu les auoue,& met
en fei côtes tout leur feruice. Mais au côtrai
re , il eft certain que ce n'cft que pure ambi-
tion & folie quand les hommes & les femmes
le veulent exempter de leur charge fous om
bre du feruice de Dieu , ou de quelque deuo-
tion qu'ils ont imaginée. Voila donc comme
doit eftre entendu ce que dit faind Paul de la
perleuerance qu'ont les vefues à prier Dieu,
c'eft afçauoir d'autant qu'elles ne font point
diftraites par autre occupation. Or ceci doit
cftre appliqué tellement à leur vfage , que
nous retenions toufioursceftc règle générale
que nous auons alléguée , c'eft al'çauoir que
nous deuôs inuoquer Dieu incelTamment.que
Se loir & matin il nous faut exercer en cela,
& nuit Se iour. Mais il y a vn tel moyen , que
cependant noftre Seigneur veut qu'vn cha-
cun s'applique à fa befongne,& que nous re-
gardions à quoy il nous appelle , & ce qu'il
nous impofe pour noftre façon de viure, afin
de la fiiiure pailîblemciit chacun en fon eftat.
Oi ccpédant félon qu'vn chacun a plus de loi
fir, qu'il penfe à fe recueillir à Dieu tant plus
fongneufement. Car (comme fainiï Paul ad-
ioufteraàia proceduredu textc)ceux qui vi-
uent délicatement, âc qui ne demandent qu'à
riure en oifiueté,font comme desanortons.il
eft vray qu'ils auront de belles mines 5; bel-
le apparence , mais il n'y a que cela. Car ils
font inutiles:& quand l'home ne fert de rien,
ne vaudroit-il pas mieux qu'il fuit du tout r»
clé de ce monde que d'eftre vne créature foc
mee à l'image de Dieu?Q_u'oB ne tire nul fer
uice de nous,& que nos prochains n'en foycc
nullement fecourus ni aidez, où fera -ce aller?
Voila donc comment c'eft que chacun , après
auoir regardé ce qu'il deuoit faire fclon fon
office,felon qu'il pourra auoirloilîr, il fe re-
cueille, & qu'il s'efforce de prier Dieu tant
plus fongneufement. Exemple: Si vn horamc
Se vne femme ne font point chargez d'enfans,
il eft certain qu'ils feront moins eicufcz s'ils
ne fréquentent les fermons, voire posrpou-
uoirmefmes inftruirclesautres.&pour s'inct
ter d'âuantage,& s'ils ne s'employent à tou->
tes autres chpfes qui font requifes de ceur
aufquels Dieu donne plus de liberté. Quand
vn homme fera chargé de beaucoup d'enfans,
& bien,il fkut qu'il les addrefle , il s'applique
là:maisvn hôiue qui aura des biens, aura boa
loilîr,il n'aura point de folicitudevrgétequt
l'empelche beaucoup : fi vn tel homme fe re-
pofe,&: qu'il ne daigne s'appliquer à rien qui
foit , & qu'il ne prene point occafionde cela
de prier Dieu plus afFeûueufement , d'eftre
plus fréquent aux fermons, il eft certain qu'il
abufc de cefte liberté que Dieu luy donnoit.
Autant en eft-il de tout le reftc, c'eft aflet de
auoir amené vn exemple . Mais en gênerai
il nous faut penfer que Dieu nous exempte
de telles fohcitudes du monde, afin de nous re
cueillir à foy,& nous donne alors plus de loi
lir & de liberté , a ce que nous racquions 11.
Q^ie lî nous ne le faifons , nous aurons ranc
moins d'excufe , & la condamnation en fera
plus grande fur nos tcftes. Voila donc ce que
nous auon>^ à noter en ce paflàge,quand il eft
dit que celles qui font vrayement vefues, inuo
qucnt Dieu. Or notons aufsi que ceci doit fer
uir à tous , félon qu'vn chacun eft deftitué c»
ce inonde, qu'il doit s'approcher de Dieu , Se
l'inuoqucr tant plus ardemment. Et c'eft auf-
li ce que fiind Paul a entendu , car non fans
cauié il a conioint les prières & oraifons a-
uec refperancercar aufsi ce font chofes infe-
parables.Commcntdonc pourrons-nous dire
que nous efperons en Dieu? Car celuy qui eft
oifit , & qui demeure là affopi , monftre alTez
qu'il ne s'eftiamais attendu à Dieu , & qu'il
ne regarde point à luy. Saind Paul donc ay-
ant conioint l'efperâce aucc l'oraifon, mon-
ftre que félon qu'vn chacun de nous fera de-
ftitué de tout fupport en ce mode, après que
il aura fondé fon efperance en Dieu, qu'aufsi
il fedoit appliquer à prières & oraifons. Et
pleuftàDieu que ceci fuft bien imprimé en
noftre mémoire. Mais quoyrnous fçauôs bien
nous complaindre à chacun coup, Helas,ie ne
fiiispoint fccouru, & chacun m'abandonne.'
F.iiii,
iji SERMON
mais cependant fommes-nous foliciteux de
prier Dicu?Il eft vray que de fon cofté il no'
y appelle & conuie : mais qui eft-ce quiTc-
fcoutefOn dira bien,Ho,t'ay mon efperance
en Dieu. Mais qu'vn chacun regarde à foy,&
qu'il fe iuge {ans flatter , 8c nous ferons tous
conuaincus que nos orailons ne font que vol
tigeren l'air, que iamais nous n'auons regar-
dé à Dieu à bon ei'cient.Il ne faut point donc
d'autre tefmoignage que celuy-la pour re-
darguer noftre infidélité. Et amfi , d'autant
plus nous faut-il bien noter ce paflàge, quad
iainft Paul nous ramené à prier Dieu quand
nous fommes deftituezdu cofté des hommes.
Et notammét il parle de perfeuercr nuiû &
iour : car ce n'eft point aiTez qu'il y ait des
bouffées, mais il faut qu'il y ait vn train égal,
& qu'il continue. Il eft vray qu'il parle des
vêtues , afin qu'elles foyent efprouuees de
longue main , & qu'on ne prene point vnc
vefuequi aura monftré quelque bon ligne
pourvn mois ou pourvn peu de temps. Sainft
Paul donc a bien regardé à cefte elettion de
laquelle il parle : mais quoy qu'il en foit , il
nous met ici comme vn patron de ce que nous
auons à taire , tellement que pour bien prier
il ne faut point que nous foyons affeûionnez
de le prier quand la necelsité nous y côtram
dra , & puis que nous retournions à nous en-
dormit : mais il nous f,)ut auoir ce/le perfe-
uerance de laquelle il parle ici , comme toute
FEfcriture aufsi nous y exhorte. Et de fait,
fi les prières font la principale partie du fer-
uice de Dieu,'& de l'honneur & de la louan-
ge que nous luy deuons , taut-il que nous fa-
cions hommage à Dieu ieulemenr pour vn
coup, & puis que nous le quittions-là? Ne
fàut-ilpas que toute noftre vie fe rapporte à
luy? Apprenons donc de nous exercer à prie-
ies& orailons en telle forte, que quand nous
aurons commencé le matin , nous continuy-
ons, & que la nuidl'rcfponde au iour , Se qu'il
•y ait vne mélodie conforme & correfpondaa
le en toute noftre vie , tellement que Dieu
foit toufiours honoré de nous . U eft vray
(comme i'ay dcfiadeclaté)qu'ilne nous faut
point faire vn meftier de prières , corne nous
voyons qu'il y a eu de ces bigots qui ont vou
lu mener vne vie contemplatiue : Ho , il taut
prier Dieu. Et mefmes à bon droift on a de-
tefté anciennement ceux qui fe font nommez
Prieurs , à caufe qu'il leur fcmbloit qu'il n'y
auoit nulle Chreftienté finon qu'on barbo-
taft toulîours : &: d'autant qu'Us ne faifoyent
autre chofc, on les a ainli detcftcz. Et pour-
quoy? Car ils auoycnt conuerti vnecLofe fi
âinâe que l'inuocation du nom de Dieu , en
XXXVIII.
vne chofe mcfchante. Et de fait, les moinet
&nonnainsdela Papauté ont aufsi voulu fai
re vn meftier de prier Dieu non feulement
pour eux , mais ont donné leurs lagues à loa-
ge, penfansfaire vn feruice bienagreableà
Dieu d'eftre nui£l & iour à barboter, & à hur
1er en leurs temples. Or faind Paul n'a point
voulu introduire vne telle fupeiftition entre
les enfans de Dieu , mais il a voulu monftrer
comme les fidèles doiuent toufiours commen
cer par l'inuocation du nom de Dieu quel-
que chofe qu'ils ayent à faire : comme aufsi
nous nepouuons pas remuer vn doigt fans
fon aide. Apprenons donc de commencer par
là , afin qu'il nous gouuerne. Et puis auons-
nous commencé par ce bout-la?il nous y faut
continuer en beuuant & mangeant.Ex puis ei>
prenant noftre repos, que toufiours nous re-
gardions à Dieu. Et cependant qu'vn chacun
s'applique félon fa vocation & fon eft.ude vi
ure. Et au refte, fcl jn que chacun aura loifir
de s'exercer en prières & oraifons , & fré-
quenter les fermons , & lire i'Efcriture fiin-
cie.qu'il cognoiflè, Voici Dieu qui m'oblige
tant plus à venir à luy : car il y a vn lien tant
plus cftroit quand il me donne vne telle li-
berté.Il faut donc que fapproche de luy, que
ie l'innoque tant plus fongneutement. Se que
iem'addonnedu tout à cela. C'eftenfomme
ce que nous auons à retenir de ccfte doûrine
de fainft Paul.
OR nous-nousproftetnerons deuantla fa.
ce de noftre bon Dieu en cognoiffance de
nos fautes, le prians qu'il nous les tace mieux
fentir que nous u'auons point fait:& puis que
nous fommes pleinement deftituez de (a ver-
tu en nous, & ne la pouuons trouuer aux créa
tures,que nous apprenions de recourir.! luy,
& s'il luy plaift d'ciprouuer noftre infirmité
en ceft endroit , qu'il ne nous donne aide ne
fupport du cofté des hommes, que nous foy-
ons admoneftez que par cela nous ne le de-
uons pas mettre en oubli , mais pluftoft que
nos efprits doiuent eftre cituez en haut pour
le recognoiftre la fontaine de tout bien : Se
que quîdilluya pieu nousdeftituer de moy-
ens humains , c'tft afin que nous recourions-
tant plus ardemment à luy pour nous confier
en fa bonté , & poux y elfre confermez de
plus en plus :que cognoillàns cela, il nous fa-
ce la grâce de nous ranger volontairement à',
luy , & de nous afluiettir à fa main , fçachans
que nous ferons à feureté quand nous ferons-
fous (es ailes & fous fa coniluite,& qu'il nous,
tiédra là comme cachez. Quf non feulement
ilnous face cefte grâce, mais aufsi à tous peu.
pies & nations de la terre,i5.;c.
TROISIEME SERMON SVR
C I N Q_y I E M E CHAPITRE-
LE
7 Commande au^'t ces chofc s, afin qii elles Çoy et fans reproche.
s V R L A I. A T I M O T H. - 255
8 Qucfiducu7i ncL foin àesficm , «Cf principalement de ceux de
fa famille, il a mcUfoy,(yejlpire qu\}2 infdcle.
9 Qhc la vefucfoit elcue noyant pas moins de fixante ans, qui-
a ejlé femme d\n feu! mari,
10 Ayant tcfmoignage en bonnes œuures ,f elle a nourri fcs en-
fans fielle a heberpé les fur ucn ans ^fi elle a laué les pieds desfainSls,fi
elle afuhucnu aux afflige:^,fclle aperfueré en toute bonne œuure.
11 Mais rcfuje les 'vefucs qui font plus leujies: car quad elles ont
rible contre Chr ijl, elles fe y eulent marier,
1 z Ayans leur condamnation, entant quelles ont faufje leur prC"
tmerefqy.
chalan'î, comme tous quafî le font. Qui eft ce
luy qui fe pourra eicufer qu'il ne foit tardif
à feruir Dieu? Ainlî donc nous fommes admo
neftez d'tlire folicitez, & qu'on nous reduifè
en mémoire ce que nous aurons délia cognu,
afin qu'il nous entre au cctur, & que nous ea
foyons touchez au viï",& que le diable ne ga—
il eftqueftionde nous acquitcer.Or cepédant gne rien pour nous empcfcher que Dieu de-
les hommes qui appetent nouueauté, vou- ion collé ne nous poufletoufiours. Voila doc
droyent bien qu'on leur chatouillail les au- ce que nous auons à retenir en fomme , c'ell
reilles de quelque chofe friuole , qu'on leur que (î nous déclarons Amplement ce que no—
apportait toufiours quelque doQrine à leur lire Seigneur nous commande, la doÛrinefe-
fàntalîe : & penfent quand on leur ramentoit ra bien froide : mais il faut qu'ayans propofé
ce qu'auparauant ih ont entendu, que ce Toit ladoftrine pure&lîmple, nous tafchions de
peine perdue : il leur femble que cela foit fu- pouflèr ceux qui font nonchalans , & quand
perflu. Or Dieu qui ne veut point complaire nous verrons que nous n'aurons point aflèr
ànosfolsappetis & friuoles ,mais nous veut profité pour vn coup, que nous retournions à
édifier en (a crainte & en toute fainfteté de ce que nous auons déclaré. Et au Te^e , que
vie, commSde notamment que les chofes qui nous ne foyons point addonneï à ambition
nous font profitables, nous foyent fouuent re pour fuiure ce qu'il plaira aux hommes.con»-
'wr^f
Ombien que ce qui concer
ne le deuoir de chacun de
nous foit aiféà entendre,
toutesfois il efl befoin que
nous en foyons fouuentef-
fois admoneftez : car nous
auôs courte mémoire quad
duites en mémoire. El voila pourquoy fainft
Paul dit ici que Timothee exhorte les fidè-
les de ce qu'aiiparanant il auoit touché , ou
bien qu'il leur mette en auant tous les icurs
ces chofes. Non pas qu'elles foyent fi obfcu-
res : car il a parlé ci dcfllis connue les vtfues
■fe dotuent çouuerner,& comme chacun aufsi
en fon eftat & en fa taçon de viure doit iér-
HiràDieu& à fes prochains : ce n'clî point
vne chofe fi haute ne iî cachée , que chacun
me il y en a beaucoup, Icfqciels voyans qu'on
leur applaudit , veulent toufiours auoir quel-
que doftnne fretiDaiite où on prene plaiiîr::
au contraire, regardons à ce qui eft vtilepour
c-chtîerle peuple en la crainte de Dieu. Et
.-.uAi que tous c<.u^ qui défirent de profiter
cil la parole de Duu.mettét fotis fe pied toi»
te cunofité, & qiund ils viendi ôt au fernion,.
que ce ne foit point pourauoir quelque do-
^rinequi leur phife léh>n h chair, mais que-
n'y puifle mordre du premier coup, voire les ils cherchent d'elb e enfeigncz à profit, c'eft
plus ignorans & les plus rudes. Mais ccpen-
dît , ce qu'on nous atirs-tirt auiourà'huy,nous
efchappe demain, oumefmes ils'efcoulcde-
uant qu'auoir tourné la main. Voila donc
pourquoy fainfl Paul notamment comman-
de à Timothee de fouuent trahter ces chofes,
pource qu'elles feru£t à l'inftruftion des ho-
mes. Oi- de ce pafîàge nous auons à recueillir
que ce n'eft point auèz qu'vn homme qui au-
ra la charge de prefcherla parole de Dieu,
à dire qu'il- foyent incitez à mieux feruir
Dieu, à mettre leui fiance en luy, 8c qu'ils ne
fe la fchent point quâd ils orront et qui auoit
eflédit auparauant. Car vne telle repetitio»
n'eft point fupeiflue , d'autant que nous auo»
tantoft mis en oubli ce qui nous eftoit neceC
faire pournoftre falut. Voila donc ce qtic
aousauonv.i retenir en fomme de ce pallà-
gcde fainft Paul. (Dr potamment ildit, A/"»
tjip'ils foyent ir>-eprehinf!hles:à''iutîr\tc^ue la do^
monrtre ce qui eft bon, mais il faut que celle firme que Dieu commande de publier en fo»
doftrine foit con fermée, il faut qu'il y ait des Eglife, eft pour reformer noftre vie & la re-
aiguillons pour picquer ceux qui font non- gler , en iorte que nous le feruinns en toute
Ci.
2-54
SERMON XXXI X.
iàinâeté. Sdon donc qu''vn chacun monftre-
r.i pAr Ùl vie qu'il i entëdu que c'elt de la do
urine de laLuc.il le monftrcra aiihibon elco-
lier &fàclede lefusChnih mais quâd la vie
•ne fonneia mot , c'ell iigne que n.us n'auons
iamâis goufté TEuaiYgile ioun clcicnt. Ec
pourquoy? Comme ù:uct Paul lï m jnftie en
ce pallage , il faut que la parole de D;cu ga-
gne cela fur nou'î , de nous retirer de nos vi-
ce:,3f de nous rangera fa bonne volonté, que
nous monflrions que nous ne foinmes plus ad
dônel ànous-mef.nesiufqiiçs à tant que cela
y foit , il cft certain que nous proplianons la
parole de Dieu. Et voila auf. i pouiquoy tant
îbuutnt il elt réitéré en la Loy.que Ûieu n'a
point voulu feulement donner des fpccula-
tions vaines Afon peuple, mais quMluy adon
né la règle de cheminer drcuement. Dieu
non, a reuclé fes fccrets. Et pourquoy'' a£n
que nous adhérions a luy de tout uoftre coeur
&de toute noftre vertu. Et voila pourquoy
i.Timo. aufii fainû Paul en vn autre palTage dit que
3-16. rEliriturecftvtile : comme s'il diioit , que
ceux qui n'en reçoiuét point d'inlhuclion.ia
prophanét,&en abufentfaulTemét.Et à quoy
tendccfte vtilitt?c'e(lque nous foyons ren-
dus pai faits, que nous approchions de noftre
Dieu, & que iournellenient nous foyons tant
plusconiointsà luy , iufques à ce qii'tllans
defpouillez de toutes nos affedions char-
nelles , & de ce que nous auons de corru-
ption,nous foyôs du tout ficns. Or après que
fainû Paul a déclaré à Timothec qu'il eft be-
foin que les fidèles foyent fouiient admone-
ftez ae ce qui eft propre pour les faire acquit
ter de leur deuoir,adioufte , Qi^e ceUy qui tie
poMruoit point aKx fins, izfiir tout à fes dome-
Jl!ijites,a renié la foy, qu'il efl pire iji*-m infitit-
U.U adioufte ceci , pource que n'agueres il a
déclaré que les vefues qui auoyent quelque
famille en leur charge.deuoyent eftre là coin
me arrellees. Car (corne nous auons dit) il y
enauoit qui fous ombrededeuotion&du fer
uicedeDieu, fe vouloyent exempter de ce
<jiii cftoit de leur office propre. Saifift Paul a
monflré que pour bien fcruir à Dieu il nous
faut feruir à nos prochains. Car Dieu ne peut
rien receuoir de nos mains. Q^el profit luy
apporterÔ5-nous ? Mais il veut efprouuerno
ftre obeiflànce quand chacun de nous s'enar
ployepour aider àceui entre lefqucls il con
uerfe. Quand donc nous auôs vne droite cha
rité,& que nous ne fommes point oififs,niais
qu'vn chacun s'efforce de bien faire à ceux
aufquels il cil tenu, voila vnferuicc qui efta-
greableà Dieu. Suiuant celle fcntence S.Paul
adioufte pour plus ample confirmation , que
celuy qui ne poumoit point aux liens , c'cft à
dire à lès enfans , & à ceux qui luy f jnt com-
mis en charge , & fur tout aux domeftiques,
c'eft à dire à ceux qui font encore fous fa
main & en fa maifon.a renié la foy ,& qu'il eft
pire (jo'vn infidèle. Car vn père & vue mcre
pourront bien auoir des enfans mariez, & qui
tiédront leur mefn.ige î part. Il y a dôc dear
de!^rez entre les enfans. Il y en a qui font co-
rne émancipez quand ils font en mariage ; les
autres qu'on appelle enfans de tamille , font
encores fous la main du père, ils font de U
niaifon. Or fainft Paul maintenant dit que
ceux qui ne tienét conte de leurs enfans, &de
ceux qu'ils o'it en charge, fur tout de leurs do
meft:qu£s, qu'il, font pirc^ qu'infidèles. Pour
quoy? Ca» U ne faut point que nous ayons
de loix couchées par efcrit : il ne faut point
que n JUS ayons de lôgnes prédications pour
nous monftrer qu'vn père doit gouuerner fes
enfans , Si qu'il les doit guider pour les faire
paruenir en quelque bon train ; il ne faut
p<jint,di-ie,que Dieu fe reuelc du c:el. Pour-
quoy.'' Nous auons cela cngraué de nature ea
nous. Q^on aille interro^uer les Payens:^:
chacun pourra donner ceftc leçon : il ne faut
point aller à l'efcole: & qui plus eft, les beftes
brutes en leur qualité nous peuuét enfeigrcr
ceci. Il eft vray qu'vce befte n'aura point l'e-
fprit ne mémoire pour recognoiftre fa. feinen
ce : nuis tant y a que les bclies depuis les oi-
fcaux du ciel iufques aux befte. • fauuages,s'ac
quittent de leur deuoir.iufques à ce que Dieu
les en exépte.Nous voyons la folicitude que
auront les beftes pour leurs petis: & à quelle
etolecll-ce qu'elles ont apprins ccftedo-
clriiie? C'eft Dieu qui leur a baillé vne incli-
nation de nature. Les Payens en ont beau-
coup phis: comme aufsi c'eft bien raifon que
les créatures raifonnablesaycnt d'auantage
beaucoup que les beftes. Puis qu'ainfi eft que
ceux qui détaillent en leurs oflices.font pires
que les incrédules, il ne faudra point de paro
le de Dieu pour les condamner:ils ne pcuuct
alléguer ignorance de religion: car nature
les deuroit induire à ceLi.Les voila donc con
uaincus &inc?cufables.Il eft vray qu'on trou
uera bien aflez d'incrédules qui reietteront
leurs enfans,*: qui leur feront cruels, ou bien
qui leur mettront la bride fur le col, ne tcnas
conte de les enfeigner. Mais fainû Paul ne
parle point ici de ce que les hommes font: il
parle de ce qu'ils cognoiflent qui eft à faire.
Voila donc en fomme le contenu decefte fcn
tence . Or ici nous auons à noter en premier
lieu, que c'eft vne cxcufe trop Iriuole quand
on allègue, Ho, voila, ie ne fuis point enfei-
gnc en la parole de Dieu:ou, ie ne fuis point
clerc. Car il y a des chofes que noftic Sei-
gneur a tellement imprimées aux hommes,
queduvétrede la mère quart ils en font cn-
fcignez. Il cft vray que ccpcdant nous ne laif
fons point d'cftrc poures aiicugles,& que no*
ne fçauons que c'cft de feruir Dieu, que nous
n'auons ne rcsjle ne voye iufques à tant qu'il
nous ait tendu la main , iufques à tant qu'il
nousait illumine2:toiit cela eft bié vray. Mais
cependant, fi vn hommp prétend coiiuerturs
d'ijHorâce quand il paillarde.quâdil defro-
be,&
SVR LA I. A TIMOTH.
*3J-
l>e,& qu'il s'addonnea autres maléfices, & lia
tiiremcfme ne nouv enkigne-clli- pa^ ce qui
doit eftrc cognii à toiis?Ho voila, le n'ay pctt
elle enlcii^nc en PEuâgile.E: n'aiiois-tii poît
en nature vne dodrine/litfirantiPnc tçauoi';-
tu pas diTcerner entre le bien & le mal, com-
Rum. I "^^ (ainâ Panl en parle? N'auons-nous point
i-_ vnecognoiflancc fr.fKfaiite pour nous rédre
conuaincus au dernier ioiir, que nousmcritôs
d'eftre condamnez? Et iî nou> enfcueliirons
maintenant tous les remords que Dieu nous
donne, fi eft-ce que nous ferons refueillezau
dernier iour , A faudra que ce que nous pen-
fons eftre maintenant bien caclié, fe Ut fcou-
ure. Ainfi donc c'cft vne clioft trop puérile
d'alléguer que nous n'auons point filé enl'ei-
^nez en l'Euâgile de ce que nous deuons fça
uoir mcfmes de nature. Or fi ainfî eft que le
foin que doiuent auoir les pères ou mères de
leurs enfans , eft vn office tellement naturel
qu'il ne faut point que Dieu en parle en fa
Loy.ni en fon Euangilerque défia nous fora-
ines alTcz condamnez fi nous allons au con-
traire : que les incrédules mefmcs fe pourrôt
ieuer contre nous , retenons bien que quand
noftre Seigneur nous donne quelques poin-
tes dedans nos ccrurs poui fentir quel eft no-
flre deuoir & office , que c'eft autant comme
s"'il parloit à nous fans fc feruir des hommes,
& fans nous mettre nulle Efcnture dcuat les
yeux. Et celuy qui reiette vne telle cognotf-
ïânce,il efteint entât qu'en hiy eft l'Elprit de
Dieu,& liiy ertrcbellcÂpprenons doncquSd
il plaira à Dieu de nous faire fentir fa volon-
té, de luy eftre obeiflâns , &cognoiftreque
c'eft luy qui nous poufle.Voik pour vn item.
Au rtfte , notons que ceux qui fous ombre de
deuotion(comme il acftéditauparauât^veu-
lent s'cTcpter de bien faire à leurs prochains,
qu'ils pourront beaucoup trauailler, mais ce
fera peine perdue , d'autant que Dieu veut
cfprouuer noftre feruice en ce qu'vn chacun
mette peine d'aider à fes prochains , voire
ftlon lesdegrezque Dieu a conftitnezen na-
j ture. Et voila pourquoy aufsi la charité eu
" '^' ■* nommée lien de peiftftion.accomplifTement
de la Loy : pourquoy il eft dit que quand
nous conuerfons auec nos prochains çn bien
fàtfant, &nousabften3ns de toute nuilance,
que nous fommcs irreprehcnfibles, comme
fainû Paul en parleau premier des Ephefiés.
Voila donc encores vn article que nous auôs
1 noter en ce paflàge. Or cependant, pefons
bien la comparaifon qui eft ici mife , Qu_e
nous fommes pires qu'infidèles qu.id nous ne
fuiuons point l'ordre de nature. Non pas que
beaucoup de poures ignorans ne foyent bru-
taux iufques 1 . d'oublier ce qui eft de leur o-f
ficetmai^ tant y a que dénature tous cognoif
fent que les pères font redeuables à leurs en-
fans. Or puis qu'ainfi eft ayons honte quand
ftous ne ferons point ce que nous cognoif-
fons cAre bô, oielint iâns dire enftigncz par
la parole de Dieu. Et pourquoyî Car il ne
nous laudra point d'autres luges que les po-
ures ignorans : ceux-là f.ront conliitucz de
Dieu à noftre plus grande confufioii & ver-
gongne. Si ceci tftoit bien obù-ruc, nous ne
ferions pas fi lafches à faire noftre deuoir.
Mais quoy ?Auiourii'huy il n'y a celuy qui ne
fe flatte en ceftefaufTecognoiflànce qu'il prc
tend de l'EuangilcEt nous voyons aufsi que
nousfômes coulpablcs au double. Q^âd Dieu
nous appelle .'i ioy ,& que fa parole nous de-
uroit efclairer, tant s'en faut que nous foyôs
auancezcn faindctcdevie.quefi oncfpluche
bien &: qu'on examine noftre vie, on trouue-
ra que nous fommes pires que les ignorans.
Nous fçaurons bien nous moquer des Papi-
ftes: & ces poures gés font là en des ténèbres
horribles:niais voici la vérité de Dituqui ne
nous eu pas feulement comme vne lampe ar-
dente , ains comme le foleil qui luit en pleia
midi pour nous monftrer le chemin de falur.
Et comment eft-ce que nous viuons? Qu'on
regardes.- qu'on chcrchecequi fe fait entre
les Papiftes.Il eft vray que là il y a beaucoup
de corruption , & on pouiu dire qu'encores
font-ils plus desbordez que nous. Prenons le
cas qu'ainfi foit: mais cependant fi eft-ce que
ils fe condamnent,& après s'cftrc codamnez,
ils cheichent des moyens pour appointer a-
uccDieu. Ils ont leurs fitisfàftions , ils ont
leurs badinages,& s'efforcent de chercher les
remèdes quand ils ont failli, encore que tout
ce qu'ils font, ne foit que menus fatras. Et de
noftre cofté quoyrNous prenons vne licence
de mai-faire, de defpiter Dieu côme à noftre
efcient:& qu.idnous auons ainfi rcuerfé tout
ordre , que nous aurons reietté tout ioug de
noftre col , il n'eft plus queftion que de nouî
efgayerd'auâtage. Et ainfi, que refte-ilfinon
que cefte fentcnce s'exécute fiir nos teftes,
ou il eft dit que nous fommes pires que les ia
crédules; Or en quelle efcoleauons-nous ap
prinsd'eftre enduicisen telle forte.? Voila
pourquoy nous fommes impatiens , que nous
nefaifons que nous defpitcr quand ks vice?
nous fontmis en auât, & que nous en fonime»
redargiit z. Les petis enfans cognoilFcnt no-
ftre turpitude , & cependant il ne nous en
chaut.Ne faut-il pas que nous fcyons comme
enioicelez? Les poures ignorans qui n'ont ta
Jamais vne gouttedepurt doûnne , tant y a
qu'encores ont-ils quelques remords :& nous
fommes là fi tfouidis, que n<^s ne difcernôï
point entre le bien & le mal. Ne fommes-no*
donc pa' pires que les infidelcsPEtau refte,ti
nous faut encore venir plus loin. Car quand
les poures Papiftes feront desbordtz audou^
ble , on pourra dire toiifiours , Hc las , on ne
les admonefte point:ils font feduits par leurs
caphars, &mtfnics on les ei dort en leurs vi-
ces,comme nous en voyôs l'exemple. Or ce-
pendant voici Dieu qui nous foliate^il nous
rcliieille, il ne fouffrc point que pe rfonnc de
G.ii.
i.ys
51RM O N
.'«Ml,
'3-
rout fcnourriffe eo fon mal , ou'il ne nous
propofe noitre condAmnation. iit cependant
nouî tuy refilions, & loitimcs liobftuici . tic
voila point encore vne condamnation bcju-
coup plus grande? Ne faut-ilpas reutniràcc
que dit noitrc Seigneur Icfus Cliiifc, que puis
nue lonas a profité entrcles Paycns qui n'a-
uoyent iamais goufté la Loy de Dieu , que fi
luy nous anoncela dodrmede fon Euangi-
Ic , & que nous ne la receuions pas comme il
appartient, que ceux de Ninaie nous condam-
neront ? Or auiourd'huy Ditu ne tait point
cefte grâce aux Papiftev de leur enuoyer des
Prophètes, il les iaiffe li en leur perdition:
mais cependant c'cfl-fau:c d'ellre enieignez
qu'il . font amit corrompus . £t de nofiie co-
fté, quand Dieu fe leue de inat'.n(c jmnie il le
die ) &: quM le couche tard, cVft à dire , qu'il
eft afNiduc-1 pour nous donner bonne inllru-
ûion & vtile , & que nc.us demeurons touf-
lours ainfi croupiflàns en nos ordures, ne voi-
la pas ce que i'iind Paul dit en ce partage .ac-
compli en nous ? Or donc apprenons de nous
réduire à noftre Dieu, mieux que nous n'auons
fait auparauant,^ craignons celle honible
ccyidamnation , c'eft que quand nous aurons
effacé l'ordre de nature, lequel Dieu auoit
engrauc en nos CŒurs,quc nous Tommes pires
que les incredules.Et pourquoy ? Car ils fp-
ucnt bien les chofes qui font de laire en ce.l
endroit, &: nous les mettons en oubli. D'autre
cofté, les incrédules auront quelque extufe à
demi,non pas du tout : mais tant y a que leur
péché n'ell point fi grief" ne fi énorme deuant
Dieu .d'autant qu'ils n'ont nulle doûrine . Et
de noftre cofté , quandaous auons lesaureil-
les bâtucs des exhortations que Dieu nous
fait, que nous voyons qu'il trauaille tant pour
nous amener à luy, fi nous hiy fomraes ii re-
belles que decertaine malice nous luy foyons
obftinez iufques au bout, n'eft-ce point à no-
ftre grande confufion ? Or tant y a que ceci
eft par tJ.op commun.jCar auiourd'huy on au-
ra beau prefchef beaucoup de gens , ils font
lellement préoccupez de Satan & de fes illu-
lîons , que ce leur eft tout vn quoy qu'on di-
te , combien qu'ils foyent picqUez ,& qu'ils
ayent des poinûures terribles (ainfi que leur
confciéceleureftvnbourreau)tant y a qu'ils
repouflent le iugemct de Dieu tant qu'il leur
eft pof .ible.On déclarera aflez quel eft le de-
uoir d'vn chacun.On rcmonftrera & en gêne-
rai & en particulier , Voila quelle eft la règle
de tou4 Chreftiens. Onmonftiera puis après
l'office d'vn père de famille: on déclarera auf
<î l'office d'vn Miniftre de la parole de Dieu
& des Magiftrats.Les vus murmurent Se. gron
dent fi toft qu'on gratte leurs rongnesiles au-
tres font eflourdis , & ne s'en fondent en fa-
çon que ce foit: voire combien qu'on parle &
qu'on infifte fur cefte doftrine, fieft-ce que
beaucoup ne fçauent quec'eft d'eftre rcpre-
iienfibles. On verra d'autre cofté ces gros
X X X l x.i
yurongnes qui font hcbetcz corne des vilein»
pourceaux, qui fonttellemét enyurez en leur»
péchez , qu'ils font fi vileins ii fi puants que
chacun leideteftcq les petis enfans pourroy
cnt f (Ire leurs iuges:& cependant eux-mefines
i".c cognoiflcnt pas leur turpitude. Car au lien
de s'humilier & d'auoir quelque honte:les voi
la comme des punais qui font confits du tout
en leur vilenie : & puis ils fe desbordent en
telle extrémité, qu'ils n'ont plus de honte ne
de doleance de leurs péchez, mais ils font en-
i'orcelcz de Satan pour n'en auoir plus de fen
tiinent. Tant ya que telles gens fenttronc
que ce u'eft point en vain quelainft Paul he-
rautde Icfus Chnfta prononcé cefte fenten-
ce.Que telles gens font pires que des infidè-
les. Car s'il yauo^t aux poures ignorans 11
moitié de l'inftruftion qui eft ici catre nous,
il yauroit plus de fruift.Ainfi il faut bien que
vn tel threfor nous foit cher vendu quand
nous l'aurons ainfi prbpliané, c'tft i dire que
nous aurons ainfi abufé de la parole de Dieu,
& de fon nom facré.Or cependant fainû Paul
adioufte , ÇJk'h» n'elrft point lie -vtftie ,fnin
cju elle Alt foi xunte uni fmrlemoins , & au el-
le ait ejlé femme d'-m mari feu l , f]!* e/lea't tef-
mo'gnare en Uiiinesttuures. Et quelles? d'auoir
nourri lés enfans,d'auoir bien fai t aux poures
affligez, & les auoir fecourus , de ne s'eftrc
point cfpsignee pour receuoirceux qui cftoy
Clic defpourueus de logis. Qjmnd donc les
vefues feront telies,qu'on les reçoyiie,& non
autrcinét.Ornous auôsdefiadcclarcci deflus
de qucleftat il parle. Car ces vcfues-cieftoy-
ent en office d'Eglife , comme on le voit par
le dernier chapitre des Romains , où il re-
commande vne vefue qu'il appelle miniftre
del'EglifedeCenchree. Les vefues doncc-
ftoyent pour feruir aux poures, & pour les
fongner , & pour fournir à telles charges qui
font propres aux femmes :&ceft eftat eftoit
honorable, comme en la maifonde Dieu tous
cftats font facrcz. Et combien que félonie
monde ce foit vne chofe contempcible de '
feruir aux poures, tant y a que ce font autant
dcfacrificesde bonne odeur à Dieu. Et ain-
fi,ceft eftat eltoit noble deuant Dieu & de-
uant (es Anges. Au refte , quand faintt Pau!
neveut point qu'on elife des velues qu'à foi-
xante ans .c'eft qu'ayant efgard qu'elles fe
dedioyent aufcruicederEglife,clles renon-
eoyentdelàen auant à leurs mefnages. lia
dit aufsi qu'il n'en faloit point prendre de
celles qui auoyent enfans à nourrir. Il traitte
maintenant de celles qui eftoyentlibres:tou-
tesfois il requiert encore quelqu'autre con-
dition , c'eft de l'aage. Car vne vefue qui euft
efté encoresieune , euft peu auoir enuie de fc
remarier, & c'ciift efté vne confiilion, que
après s'eftre ainfi dediec au feruicc de !'£-
glife, elle s'en fuft retirée. Sainci Paul donc
rjtamment parle de l'aage entre autres cho-
fts,afiii qu'elkt ne foyent reccues dtuanr
ce temps
SVRLAI. A TIM O Tlf.
457
l
ce temps de foixante ans , & au reAe qu''elles
foyent bien efprouuees . Or pour bien faire
noftre profit Je ce paflàge.retenons ce <ju'il a
déclaré, cVftafçauoir , que les vefues qui ont
des entans.les doyuent gouuerner, & qu'elles
fedoyuent employer à cela. Car ceite pour-
uoyâcedont fainâ Paul a patlc.n'eft pas feu-
lement de la nourriture, mais le principal eft
delà bonne inftruûion que doyuent donner
les anciens aurieunes.QjMnd Dieu aura don-
né des enfans à vn homme, ce n'eft pas afin
u'ilait feulement la charge de leur donner
u pain à manger.raais le principal eft la bon-
ne inftruûion. Et voila en quoy il nous faloit
occuper:mâis on voit auiourd'huy tout le cô-
traire. U eft vray que les pères encores aurôt
folicitude de nourrir leurs enfans , non pas
tous.Car combien voit -on de gourmans &d'
yurongnes qui s'en iront dcfpedre en vn iour
en la tauerne tout ce qu'ilç pourront gagner
la moitié d'vne femaineïQujdifsipent & en-
gouffrent tout ? Et puis il faudra que les po-
ures enfans meurent à demi de faim.Nous ver
rons donc de ces beftes brutes,;,qui ont oublié
tout ordre & honneftcté de nature . Mais en-
core la plus part auront le foin de nourrir
leurs enfans, mais cependant où e.ftl'inftru-
âion? Qui pis eû, nous en verrons beaucoup
qui ne demandent lînon que leurs enfans les
lurmontent en toute meichancc'té : ils crai-
gnent d'auoir honte, & que leurs enfans ne
foyent meilleurs qu'eux. Voila vn contem-
pteur de Dieu , vn homriie malui &peruers,
plein de fraude fittrahifon, faits confcie'cene
loyauté, qui en attrappant là où il peut, vou-
dra que fes enfans luy rcflemblent. Il fera vn
paillard Se vn vilein, il s'efiouit quand fes en-
fans monftrent qu'ils font comme vermines
corrôpues dés l'aage de fix ou û-pt ans. Nous
verrons donc cela communémét: tant y a que
bien peu péftnt à dédier leurs enfans a Dieu,
pour dire qu'ils viuent purement, &■ que Dieu
en foit honoré, & qu'ils feruent à leurs pro-
chains.Combien y en a-il qui regardent à ce-
la? Il eft vray qu'ils cerchcront aflez d'eleuer
leurs enfans, de les mettre en credit.de les fai
re riches : mais toufiours le principal défaut,
& met-on la charrue deuSt les bœufs. Or d'au
tant plus nous faut-il bien noter ce partage
de fainft Paul , c'eft que ceux qui ont chaige
publique, foit pour nourrir leurs enfans , foit
qu'ils foyent en eftat pour gouuerner le peu-
ple,que félon que nous fommes vnis,nous de-
uons penfer les vns des autres .Car il y a les
degrez.qu'vn père fera plus tenu à fon enfant
qu'il ne fera point à vn autre qui ne luy attbu
che point de fi près, encore qu'il foit fon pa-
rent . Vray eft que le parentage encores nous
induit à cela. Q_ue les anciens ad uifent d'édi-
fier les ieunes en bien. Et puis il faut que nous
ayons vne conionftion & vne affinité vniuer-
felle . Car nous fçauons que nous fommes
créez à l'image de Dieu,que nous fomines vne
mefme chait,ie di <out le gf re humain. ToiU
donc à quoy nous deueriôs penfer. Or il n'eft
queftion auiourd'huy de pouruoir auxnecefsi
tez de nos prochains.finon quand ils ont vne
mauuaife caufe . Vn père nourrit fes enfant
quant au ventre, mais(côme i'ay dit) pour les
inftruire en bien & en bonne doÊtrine , il n'en
eft point de nouuelles , pluftoft on les entre-
tiendra en toute vilenie & corruption: & c'eft
là où il fera queftion de parenuge,autrement
on ne pourra auoir ne tirer nul (ecoursuelle-.
mentqù'vn pourc hôme.quand il fera deftitué
d'aide, il aura beau cricr:tout le monde aura 1*
aureilk bouchee,& la main fermee.que les af
flige7,S:qui feroyent dignes d'eftre fubuenuf,
ne le ferot nullemét de ceux qui eo auroy et le
pouuoir.Mais qtiât aux inalefices,s'»l faut pre
fter la confcience, s'il fautdefpiter Dieu, hi^,
voila où on eft grand coufin .voila où on Ce
veut employer du tout. Voyant donc que ceU
eft peruertir l'ordre de nature, & qu'il femble
que nous ayons confpiié contre Dieu, d'autât
plus nous faut-il fentir noftre inal^afin de no*
reformer félon l'admonition qn faincl Paul
nous fait, que chacun penfe de pouruoir aur
fiens, voire d'y pouruoir en telle forte que le
principal ne foit point laifle derrière. Au re-
fte,quadlain£i Paul parle ici de l'eleéHon det
vefues, en cela il nous monftre quel foin on
doitauoir(c6me défia il en fut traitté diman-
che pafle) Mais ceftedoftrine mérite bic que
on y retourne encore, veu que le fainû Efprit
qui eft la règle de toute fagefle, a redoublé i-
ci deux fois vne mefme chofe.Puis qu ainfî eft
donc, il eft bon que ce propos foit encore ta..
mentu,& fur tout quand le temps aufsi le por-
te Scia circonftancedu iour .Car pourquoy eft
ce que fainû Paul tant fongneufement exhor
te que les vefues ne foyent point eleues.finon
qu'on les choififle telles qu'elles puilTcnt fer
uir en l'Eglifede Dieu, S; qu'elles fepuiflènt
acquitter de IcurdeuoirîC'cft pource qu'il les
faloit mettre en charge publique. Voire, mais
fi on faitcomparaifondecefteftâtaueclefic-
ge de iuftice Se Tauthorité des Magiftrats, ou
auec l'office de portera anôccr la parole de
Dieu , il eft certain que ceci feroit en degré
bien inférieur. Car puis que nous voyons que
Dieu a voulu qu'on vfail de prudence telle, &
de difcretion.en ordonnant les vefues qui de-
uoyent feruir aux poures , que fera-ce quand
ondoit élire des Magiftrats qfoycnt fes lieu-
tenans en ce monde pour goui:erncr en fon
nom, quâd ondoitchoifirdes Pafteurs quia-
noncciu la doûrine de ûlut, qui portent l'am
baftâdeenfon authorité pour reconcilier les
hommes auec luy :-Ne faut-il pas qu'on y aille
auec vne affeftiô finguliere,& qu'on fe donne
garde de profaner les eftats que Dieu a dé-
diez à fon honneur? Mais quOy? Ceci eft tant
mal obferué que c^eft pitié. Car quand on doit
faire des eleftions, corne auiourd'huy fedoy-
uent eliie les gouuerneurs, Si demain, & dc-
C.iii.
Z38
SERMON XXXIX.
inain,& toute la (t inaine qu'on doit poiiruoir
à l'eftat de la vilic, & à l'ordre de iuiiicc , <]iii
eu vne cLofe fi fainfte, combien y en a-il qui
penfcnt à Dieu ? L'elcdtion Ja plus lolenneJle
fe fera maintenant: ceux qui viendront là, où
font-ils en partie ? l'en ay rencontré de mes
ruftres q iepourroye bien marquer au doigt,
mais iln'eliia befoin , car on lescognoiftal-
fez : les Vns s'en alloyentdeuers le Bourg de
four, les autres tiroyent ici bas. Il leur femble
aufsi qu'ik n'culTent point eu loifîr de deiiu-
ner, linon de choilîr l'heure du fermon . l'ay
reu cela de mes yeux en venant au templc.Et
n'eft-ce pas vne honte par trop notoireJAinfi
donc, quand nous voyons que nous qui deue-
rions défia élire grans docteurs en la parole
de Dieu, veu qu'elle nous eft ii familièrement
tous les ioursprefchee, que nous femmes en-
cores fi hebetez , mefmes qu'il y a vn efprit il
brutal en nous, n'eft-ce pas vne grand' honte?
Or donc pen'fons que ce n'eft point fanscau-
fe qu'il nous eft déclaré , quand on doit élire
«les gens en charge publique,qu'il y faut aller
auec reuerence:auec fo)icitude:autremétc'elt
pour prouoquer l'ire de Dieu fi on pollue le
fiege de iufticc , y menant gens qui n'ayent
acle ni affection pour l'honorer Se pour le fe r
uir . Or donc la circonft.ince du temps nous
monftre que puis que faind Paul a ainfi recô-
mandé l'^leâiô des vefues.il faut qu'on appre
ne (fi on ne veut du tout fe ruiner) de pratti-
quer mieux qu'on n'a point fait iulqnes ici,
d'auoir crainte &folicicude quand les eleftiôs
fe doyen t faire, tellemët que Dieu y prefide,
& qu'il face que tous foyent gouucrnez par
/on fainil Efprit, & qu'ils ayent zèle & affe-
<lion à fa parole.D'autre cofté ceux qui doy-
Kent goimernef, qu'ils pcnfent bien aufsi à ce
que dit fainft Paul.c'eftafçauoir, que s'ils ne
s acquittent fidèlement de leurs offices, il ne
faudra point que les Anges defcedent du ciel
pour les condamnei:car cela eft de l'ordre de
nature.Les Payens n'ont-ils pas cogmi que c'
eft de iuftice,&ce que les Magiftrats doyucnt
faire? Ainfi que les Magiftrats apprenant que
ils font conftitucz comme pères du peuple, Se
que s'ils n'ont le foin paternel pour pouruoir
à ceu X qui leur font commis en charge , il ne
leur faudra point d'autres luges q les poures
Payés & aueugles qui ont cognu que c'tftque
cmportoit ceft office-la. Or la prouifion n'eft
point feulement pour les corps, mais afin que
nous viuions(comme dit fainft Paul) en toute
honnefteté,& en la crainte de Dieu principa-
lement. Quand donc S.Paul monftre à quoy
les Magiftrats doyuent pouruoir, & quel foin
ils doyuent prendre de leurs fuiets,notammét
il nous propofe la crainte de Dieu.Quad dôc
les Magiftrats fouffriront que les boni edits
& les loix foyent violées, & que tout fera dif-
fipé, que voyans les fcandales aufquels il fe-
roit befoin^le remédier, ils ne s'en foucieront
point, apprenons qu'il ne faudra point q Dieu
mote en l'on fiege pour les condâner: car leur
condamnation eft délia toute appreftee, quâd
ils ne fatisferont point à leur office . Et ainfî,
qu'vn chacun en Ion endroit aduife de faire
fon dcuoir,& q tous en cômun nous-nous ren
diôs dociles à Dieu, pour faire que miftie vie
foit réglée à fa volonté , 8c qu'elle foit par ce
moyen irrcprehenfible. Et que cependant il
nous face la grâce que fa parole nous addrefle
en telle forte qu'eftans gouuernez par fon
faind Efprit , nous ne demandions fiuon de
profiter de plus en plus à luy obéir.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftrebonDicu en cognoillànce de
nos fautes, le prias qu'il nous en vueille mieux
toucher q nous n'auons point efté par ci de-
uant, & que nous ayant ouuert les yeux, nous
cognoifsions les pouretez qui font en nous
pour nous y defplaire , afin de cercher le re-
mède . Et que ce bon Dieu nous reforme tel-
lement que nous ne demandions finon deglo
rifier fon fainâ nom,&: de nous reformer à (es
fainûs cômandemens. Ainfi nous dirons tous,
Dieu tout-puiiTantvPerc celefte,&c.
L E
QJ/ATRIEME SERMON SVR
c I N Q_V lEME CHAPITRE.
5 Que U \efuefoit cleue ri ayant pas moins dejoixante ans, c^ui
tût efte femme d\nfeul mtCriy
lo Ayant tcfnioignage en bonnes ceuurcs, fi elle a nourri fes en-
fan s yft elle a hébergé les juruenans,fi elle alaucles pieds des faincls, fi
elle afiibuenu aux affUgc^fielleaperfeueré en toute bonne œuure.
Vand nous lifons l'ordre qui contenu en ce paflàgc, ouy quant àlapratti-
eft ici récité par fainft Paul, que. Car où font auiourd'huy les velues qui
nous dcuons auoir grand' hon ayent ceft office honorabde , duquel nous a-
te que la doftrine de l'Euan- uons fait mention ci deflus ? Nous voyons
gile foit prefchcecntrçnous, donc que la parole de Dieu n'a pas vne telle
* que nous ne fçachlons que c'eildc ce qui eft vigueur en nous comme il feroit à fouhaiter,
(d'autant
SVR LA I. A
d'autant que nous en aurons la doftrine, mais
l'exercice il le faut chercher bié loin: mefmes
ce nous eil comme vne chofe eftrange&in-
cognue : tant y a que le tefmoignage nous en
cil ici mis au deuant , & non fans caufe. Car
c'efl afin qu'en premier lieu nous apprenions
de garder vn tel ordre en l'Eglife, que nous
«ognoifsions que c'cft Dieu qui prelîde au mi
lieu de nous , & qu'il nous gouuerne , & que
tour ce qui eftde fou feruice nous l'eftimions
iàcré.afin de n'attenter rien par nosaftediôs,
fçachans qu'il faut feulement que ce que Dieu
a. eftabli pour le régime de ion Eglife fe prac-
tique, & que ce que nous n'auons point vne tel
le police comme fainft Paul la met ici , nous
doit apprendre de baifler les yeux, cognoif-
Cias que c'eft autant de vice en nous , dont à
bon droidaouspouu3$eftieredai^ue2,&dôt
les Papiftes nous pcuuent faire reproche. Au
relie , notons bien ce que faind Paul met ici.
En premier lieu il ne veut point qu'on elife
des vefues , ne qu'on les rcçoyue à moins de
foizantcans.Et pourquoy?Njus auons défia
expoCé que celles qui cfloyent receues en tel
Iieu.renonçoyent à leur mefnage, &eftoyent
comme perfonnes publiques pour feruir aux
poures. Or (i quelque vefue après s'eftre ainiî
offerte & dediee à l'Eglife fe retraûoit , c'e-
ftojt vne leoereté vileine,& vn fcandale.Et de
faiâ,cela eftant quelque fois aduenu.auoit ti-
ré vne queue encores plusmauuaife.d'autant
que telles femmes fe voyans comme notées
d'iufamie,renonçoyent du tout à la Chreftien
té comme pardefp t. Voila donc la railon
pourquoy faïud Paul ne veut point qu'on prc
nedes verues qui ay ent moins de foixante ans.
Ileft vray que le mariage de foy n'eft point
reprehenlible , Si n'emporte nulle mauuaife
tache, voire moyennant qu'vn chacun regarde
àiacôdition ou il eft appelé. Or d'autant que
les t.iinmcs pourroycnt encorcs eftre fuicttes
à fe marier quand elles ne feroyé: point hors
d'aage, voila pourquoy fainft Paul notammêc
exclud toutes celles qui ont moins de foixan-
te ans. Ceci eft bien digne d'eftre noté : car
nous voyons comme l'Èfprit de Dieu a pour-
ueu à tous inconueniens,& afin que s'il y auoit
vne vefue reccue, qu'elle n'abandonnaft point
l'Eglife en renonçant à la promefle qu'elle
auoit donnée. Et comment y a-il pourueu?
Par le moyen que le mariage a eu toufiours
foncours,& n'a pas cfté condamne. D'autant
donc que le mariage eft vn eftat approuué de
Dieu,& fi faind.faiiiû Paul n'a pas voulu don
ner occafion que celles qui eftoyent encores
en aage de fe marier , fulTent deftournees de
cela, Se de leur liberté , mais il a voulu retenir
&referucr celle? qui n'auoyent point occa-
fion de fcmaiier iamaisplus:&:ne fe contente
point encores de l'aagcmais il adiouftc,Q«>/
Us ayent eflé femmes J tn fml mari . Comme
s'ilditoit qu'vnc femme qui auracudcux ou
txpi« maris^ encores poijrrâ prendre le qua-
T I M O T H. 259
triemepluftoft qu'vneverueqinaura tenu fan
mefnage paifiblement aptes le trefpas de fan
mari fi elle demeure en viduité,& qu'on voye
par longue efpace de temps qu'il ne luy pre-
ne point enuie de trouuer eonditioit nouuelle:
cela fait qu'on fe peut beaucoup mieux aflèu-
rer. Ainli nous voyons le moyen que ùtintk
Paul a tenu ici, afin que les vefues qui s'e/loy-
ent vouées à l'Eglife, perfiftaflent à faire leur
deuoir , & cependant que Je mariage ne fuft
point blafiné ,& que la liberté aufsj ne futi
point rauie à perfonne d'en pouuoir vfer com
me Dieu l'a permis. Et c'eft vn article que
nous deuo'ns bien noter : car nous voyons
comme fous ombre de cha frété il s'eft engen-
dré tant d'ordure & tant de puanttfe que le
monde en a eftéinfeûé.i: eft encores de pre-
fent,& ce depuis qu'on a forgé ceile imagini-
tion diabolique , que ceux qui s'abftenoyent
du mariage , menoyent vne vie angelique , m
eftat de perfeâion. Là delTus il a 1-àlu que les
gens d'£glife(qu'on appelloit)fuflent priuer
de fe pouuoir marier.Etpuisilya eu les moi-
ncries qu'on a eftablies là deflus,afin de vouer
virginité. Or il eft vray que les preftres Se les
moines, & les nonnains fe font bien abftenus
du mariage.Mais quelle chafteté y a-ij eue en
beaucoup, voire qualî en tousîNe voit-on pas
auiourd'huy que cefte preftraille , & tout ce
clergé de la Papauté eft caufe que les maria-
ges lont violez & corrompus, qu'il n'y a plus
de foy ni honnefteté aucune ? Ne voit-on pas
que les preftres qui ont le moyen d'auoir des
putains , tiendront autant de tordeaux qu'il?
pourront deceuoir de femmes & de filles ; Et
puis de ces autres fallourdiers(qu'on appelle)
de ces preftres qui Ce louent à lix blancs , ou à
deux fols , pu à deuxcarolus , ne voit-on pas
comme ils trottent par les rues afin de s'infi-
nuer parles maifons.qu'ils irôt çà& là,& s'ils
peuuét vne fois mettre le pied en vne maifon,
c'eft autant comme fi le diable y auoit entré,
&: encores pis?Et pourquoyfCar comme Dieu
a in'ftitué le l'aind mariage.aufsi veut -il qu'on
l'ait en honneur & reucrence , Se quand on le
mefprifc.il faut que Dieu foit iniurié quant &
qumtTor il ne peut loulFrir cela. Notons donc
que ces ordures qui ont régné lufques ici au
monde , & qu'on y voit encores auiourd'huy,
font autât de vengencesdeDieu, rie ce qu'on a
ainfi prophané le laind mariage, qu'il a falu «ï
tout fuft ainfi dilTolu & de^bordé.Or il y a.en-
cores vue autre raifon:c'cft que Dieu a voulu
punir l'arrogance de ceux qui ont rtietté le
remède qtii eftoit bon & propre pour leur fra-
gilité. Ceux qui fe jiourrôt palkrdu mauage
auiourd'huy ,pourront-iK fe promettre rien
pour lereltede leur vie ; Il eft vray queceur
qui fe peuuent contenir, pemient , & doyutnt
aufsivùrdectfte grâce de Dieu, ouy bien en-
cores s'ils font plus libres & pl'ikfpoicz pour
s'addonner pleinemét au ieruice de Dieu.Car
encojes qu'vn home euft le don de continen-
G.iiii.
i4o
SERMON XL.
ce,& qu'il fc pcuft paflcr de Rmine, lî toutcf-
foii il cognoift que le mariaçe liiy foit plus
propre, & quM leruira "mieux à Dieuefraiu un
li conioiiu A vue femme, il le doit faire. Mais
quand vn homme fera fi oucrccuidé dédire,
le ne me veux lamais marier, ie fay vœu à Dieu
que ie viiiray en chaftetéin'eft-ce pas le inoc
querde Dieu & du faiiiil mariage ? Nous ne
pouuons pas remuer vn doigt fans la pure gra
ce. Or il y a des dos que Dieu n'élargit point
à tous , mais il les diltnbue comme bon luy
femble. Or la continence eit nommée entre
tous les autres, & la manière d'en vfer n'eft pas
facile, qu'vn chacun ne comprend point cela,
Mtfft.ip. dit leftis Chrill:& iainft Paul môftrc que c'eft
II. vn donlîfpecial qu'il ne nous en faut point
faire vne règle generale.pour dire qu'vn cha-
cun fe promette ce qu'il ne peut pas faire:c'eit
pafTer noftre mefure que cela. Et puis quand
nous ne voulons point vfer du remède 5 Dieu
nous a mis en main pour nodlre foiblefle.n'elè
ce pas drelTer les cornes pour hurter contre
k luy ? Il ne fe faut point donc esbahir iî Dieu
s'eft vengé aufsibien tn ceft endroit, quand il
a permis que nous ayons veu,& que nous voy
ons encores auiourd huy.dcs fc.idales fi enor
mes que les cheueux nous en deuroyent dref-
ferenlateftc. Car il n'y aura pas feulement
les paillardifes , maisil yades chofes beau-
coup pluçdeteftables:& c'eft le payement de
leur arrogance, quand ils ont bien ofé defgor-
gerce blafpheme qu'ils ont tiré de cefte ca-
uerne d'enfer , que le mariage efloit vne pol-
lution, & que pour mener vne vie angelique,
pour mener vn eftat parfaite entier, il s'en fa-
ioitabflenir du tout. Dieu donc pour venger
vne impieté fi brutale , a lafché la bride a .Sa-
tan,en forte que les chofes ont efté ainfi con-
/ufes comme on les voit. Et d'awtant plus nous
faut-il bien noter ce palTage defainft Paul,
où nous voyons combien que le feruice que
faifoyent les vefues à PEglifc.fuft bon,neant-
moin-s que Dieu n'a point voulu que cela em-
pefchaft le cours ordinaire du mariage. Et au
reftc,il n'a point voulu qu'5 receuft les vefues
«lii cftoyent encores en cllat de fe marier,
non pas que cela euft encores empefchélema
liage , mais tant y a qu'il veut monllrer qu'il
faut que la liberté que Dieu a eftablie au mon
dc.foitreferuee à chacun, S( que l'honneur du
fainft mariage foit maintenu. Et en cela voit-
on que Dieu n'cft point contraire en {es com
Kiandemens, mais il faut que tout s'accorde,
Yoirc moyennant que nous puifsionsnousaf-
fuiettir pleinemêt àluy.Q^ât àce que fainft
Paul adioufte , Quilf.:u-tlifue les -refiles ayent
tefmoi^nitge en toute bonne auurt : par Cela il
^ declareqceux qu'on appelle en cftat public,
" f.. ne doyuent pas eftie conilituez fous bonne
efpetanccpour dire , On verra qu'vn tel fçait
faire: mais que délia on doit auoir eu quelque
expérience. Comme fi on prend vn homme
pour eftre mi«iii[C de la parole de Dieu , &
qu'on dife, Pofsible qu'il fe gouuemera bien,
il ne s'eft point desbauché,on n'a point veude
mal en luy : & qu'on le lette ainfi à la volée.
Dieu punira celle tcnienté. Et pourquoy? Il
faut que le tefmoignage précède , que celuy
qu'on choifit en vne charge tant difficile ic
honorable, foit défia efprouué,& qu'on ait co-
gnu fa fufhfance. Autant en eft-il de tous a».
très office^: il faut qu'auparauat on ait cognu
ce qu'on choifit. Et le vous prie, fi on va au
marché pour acheter ou des poires, ou des pe-
ines , encores en voudra-on auoir le gouft, &
en fçauoir le creu. Et quand il eft queftion de
choifirdes gens qui feruentàDieu , voire en
des eftats ex cellens, qu'on les prenecommeft
on faifoit vn Roy de la feue ,que le premier
venu,&leplusefceruclé, que celuy là occupe
la placc,& où fera-ce allerMinfi donc notons
que quand il e/i queftion d'ordonner gens eo
eftat public.il faut qu'ils foyent efprouuez, &
qu'on fe puiflc fier en eux,q défia on ait quel:-
que tefmoignage qu'ils feront deuement leur
office :& fi on y procède autrement,mal-heur
fur ceux qui s'auancent ainfi. Carfinousfai-
fons côparaifon de l'office dont ttaitte fainft
Paul en ce palîàge , auec le.' charges qui font
plus hautes, & qu'on n'ait nulle difcretion,
& qu'on y aille à l'eftourdie , c'eft vne plus
grande condamnation pour nous. Voila donc
ce que nous auons à retenir quand fain£l Paul
monftre qu'il faut que les vefues ayent tefmoi
gnage. Or notamment il dit , En toute bonne
ctuHTe.ll eft vray que plufieurs vertus font re-
quifescn vne vefue qui doit eftre receue:maiî
le principal eft,qu'on l'ait vcu mettre la main
à la pafte, & qu'elle ait déclaré par bônes œu-
ures que c'eft à bon efciét qu'elle craint Dieu,
& qu'elle le veut feruir.Et ceci ha plus longue
eftendue : car combien qu'aux miniftres de la
parole de Dieu le fçauoir foit requis, la dexte
rité d'enfcigner,&' autres grâces, tant y a que
la preud'hommie tient toufiours le fouuerain
degré. Qiy fi vn homme n'a vefcu en forte
qu'on puifle iuger qu'il lia vne droiture & in-
tégrité en luy , que fera -cède tout lerefte fî-
non fumée ? On aura beau auoir fçauoir ex-
quis ni beau lang.ige , & tout ce qu'on pourra
fouhaitter au rcfte : iî l'intégrité n'eft en vn
homme, tout cela n'eft que vanité,tout eft cor
rompu. Autant en cft-il & desMagifhats,*: de
tous offices. Ainfi donc poifons ce mot de S.
Paul, ou auec le tefmoignage, il adioufte l'elpe
ced'approbatiôquedoyuent auoir tous ceux
qu'on met en quelque cftat public. Au refte,
fainft Paul monftre quelles bonnes oeuuresil
entend, c'eft afçauoir(dit-il) 5(7<j yepteanmr
ri fes enfuns , fi elle a hébergé les prures ejlrnn-
girs ,0" fubuenu à ceux tjui efl-,yint en itffif
éHon, & fi elle s'efl employée à bit n faire à ceux
qui iiHoyent netefiité ae /i'» fi cours . Or il nous
faut bien noter ce que fainft Pauldiiicircaril
fpccifie les bônes cruures.Non pas qu'il nous
faille auoir efgard mxx pompes , ni à la cere-
mouie:
s V R L A LA
monieimais qtiandon apperçoit cjiielqiieboii
ne fimplicité Si droitc.'comme ijiund vue tcm
nie aura nourri fes enfaiis , & «qu'elle les aura
entretenue & inftruits en la crainte de Dieu.
Et comment cela ^ Si vne femme n'a point eu
d'enfans,eft-ce à dire qu'elle foit moins apte
à celt office? Nenni : mai<; il fuliît qu'on eliie
celles qu'on coguo.ft crtrc propres pour met-
tre la main à l'ocuure.qui n'ont point cfle c5-
me ces délicates qui diront , Voila , ie ne puis
pas nourrir mon entant, i\ ie royoye cner.ie
mourroye de dueil.ie ne pourroye pas porter
la peine. Aux nourrices.aux nourrices, incon-
tinent qu'il eft parti du ventre. Sainâ Pau!
donc monftre que les femmes ne feront point
propres pour feruir à Dieu& a fon Eglife, lî-
non qu'elles ayent efté bonnes mefnagcres en
leur maifon.qu'elles ayét prins peine de nour
rir leurs enfans,& de foufFrir les molcftes qui
y font. Il eft vray qcela ne fe peut faire fans
grand chagrin: mai', fi eft-ce que puis q Dieu
accepte ce feruice,& qu'il y a obligé les fem
ines(comme nous auons veu par ci dciiant) &
que c'eften cela qu'il veut efprouucrlcur pa-
tience,non fans caufe derechef fainft Paul dit
ici.que fi vne femme fait trop de la migrwrde,
& qu'il, n'y ait que le babil en la langue.qu'el-
Je ait feulement quelque belle parad'., qu'il ne
Teut point qu'on Telife ayant cfgard à l'Sppa
rence, comme fi on eftimoit ù. Chreftiété par
belles mines: fy,fy,tout cela n'eft que fatras.
£t pourtant il ne fc faut point arrefter à cel-
les qui ont quelque monftre &. quelque hypo
crifie.mais qu'on regarde les femnves qui ont
volontiers exerce leur office , & qui s'y font
employées du tout. Vne femme cognoift-elle
que Dieu l'oblige à nourrir fes enfans?elle ne
lera point pompeufe ni trop délicate , qu'elle
ne s'applique à faire fon petit mefnagne, non
point feulemêt pour feruirà fon mari, ou pour
auoir le foin de fa famille.mais pour bien fai-
re felô fon pouuoir & faculté à fes prochains,
pour fubuenirauxpouTes& indignes, &fecou
rira ceux qui n'ont n'aide ne fupport. Et no-
tamment (ainû Paul parle des eftrangers,d'au
tant qu'en ce temps-la lesperfecutioes eftoy-
ent grandes , & que beaucoup de poures gens
eftoyent chaflèz de leurs maifons, qu'il faloit
qu'ils demeuraflènt en pays eftranges pour fe
fauuer.D'autat donc que la cruauté des enne-
mis de Dieu eftoit telle,& que les poures gens
eftoyent côme defpourueus, qu'ils ne fçauoy-
ent où fe retirer, il faloit bié qu'il y euft quel
que charité entre les Chreftiens pour les re-
ceuoir. Et atnfi notamment fainft Paul mon-
ttreqcelles quin'ont point eu de tels exer-
cices, qui n'ont point efté efprouuees de lon-
gue main pour bien faire iufques aux eftran-
gers.quand elles feront dédiées à PEglife.que
elles ne feront iamais propres pour faire ceft
eftat public de penfer les poures.carcela leur
fera en de(clain.Nous voyons donc maintenît
riuieiuioade S. Faut. Orlàdeflùs reteuors
T I M O T H. 241
en fomme.quand nom atîons à ordonner g.tns
en quelque ofKcc , qu'il faut regarder ce que
l'oHlce rcqiiiert.Ya-ilprudéce requiri.?iUaut
donc cht relier vn home prudent. Y a-il droi-
tujc & preud'homniie,côme elle eft toufiours
en quelque cfrat que ce fou r il faut que nous
ayons ce poind pour le principal, & qu'il foit
préfère à tout le reftc.Apres,y a-il diligéce &
chofes femblablesîil faut dôc pouruoir à tout
cela. Et c'cft ce que nous auons à noter, qu.'il
faut que nou^ ayon>. les yeux bandez pour ne
point accepter les perfonnes,iuf.jues à ce que
BOUS ayons fait côparaifon de l'tftat où nous
fomines, pour l'accôparer à noftre fùfïîfance.
Car R nous cémençons par l'hôincpour dire.
Ho, voila vn homme qui eft vn galand, il fera
menieil)es:tout cela ne fera que pope & vaine
apparence. Mais fi on s'enquiert de l'eftat pre
mierement,& qu'on regarde,. Voici vne chofë
difficile qui ne fe peut pas exetuiter aifémentr
qui eft-ce qui en peut venir à bout? Et puis eu
fécond lieu il faut auoir bône prudécei&alors
on regarde fi l'homme refpond à ce qui eft; re-
quis.Mais quâd on cômence par la perfonne^
tout eft gaftc& perucrti.Ainfi donc apprenôs
(fil Viiat la doûrinede fainft Paul)qti'en choi-
filîant ceux qui doyuét exercer quelque char-
ge en l'Eglife de Dieu,deconfiderer fur tout -
ce que l'office porte. Et cependant que nous
.iduifions d'appliquer en eftat ceux qui feront
cogiiiisfuffifîs,&qaur5taufsimôftrédequoy
en toute leur vie,& qui auront efté approuufi
défia de longue main.C'eft ce que nous auon»
à retenir. Or S. Paul adioufte quant & quant,
(^'onreftttf les -refues plus ieunes Et pour—
(^noy? Qstand elles ont rihlé contre U fus Clirijl,
elles fc -veulent marier. O' 1^ diffus elles ont -vne
iufte condamnation , poarce cjn'elles nnocent leur
fnfemicre foy. Or quand fainft Paul côinandeà
Timothee de rcietter les vefues plusieunes,
ce n'eft pas pour leur faire deshonneur,côms?
il y en a qui fe fentiront niefpriftes quand on
ne les choifira peint en eftat. Voire, mais fi el-
les n'y font point propres? Il faut doc q nou?
regardions l'intention de lainrt P.iul, qu'il n'a
point voulu que les vefues plus ietines fuflent
en eftat public, à caufe de leur ange: mais c'eft;
afin de remédier aux icandales qui pouuoyent
adiienir, d'autant qu'vne vefue s'tftant ainlT
offerte au fciuice de l'Eg'ife ,fi elleappctoit
de fe remarier,troublcit l'ordre qui eftoit re—
ceu entre les fîdcres,& mefme» elle faulToit fk
promefle. Voila donc .î quoy fàinù Paul a re-
gardé notamment. Et c'cftaufsi pourquoy ii .
dit <ijt''el'.sr;bhnt f'^"'"' ^'f"' Chrifl.ou qu'eli
les regimbent,qu''eljj^:bntdifloUies,& fe ict
tent à l'abandon end .pitdeDicu. Etlaraf—
fonPCe qui fera à fupporter en vne fémc ma-
riée,ne doitpointcftre fouffèrt en vne vefue-
teUe comme il en eft ici parlé. Si ie cuidoye-
faire comme <^ielque ieune compagne àmi^
rier , & que ie me permiflc vne telle licence
comme vn homme qii n'ha nulle charge , que-
H.i/
14*
S E R M O >J XL.
fcroit-ee? pourroit-an foulfnr cela ? U faut
qii'ily aitgriuité &iujdcrtieenceiix qui l'ont
en elUt, & qui ont quelque charge. Notons
bien doc que faind Pauldifain que telles vcf
ucs ont riblé contre lefusCKnft.lignihe qu'el
\e\ (e font lilché la bride à beaucoup de diilo
lutions , tellement qu'elles font nnpudiques
qu'il y auoit de« gelles, & le-, côcenauccs qui
n'cftoyent point pour refp.indre àleur citât.
Voila quec'eftde iibler contre leûiv Cluift.
Orileltdit q:^e teltrs vffties ont leurcomlam-
nation , ^curce quelUi Mit renonce leur frtmiiTt
f'y. Deuauc que palFcr outre il faut regarder
ce que J'aind Paul a tntendu par la première
fojf. Les Papiftes ont efté ehfrontcz quand ih
allèguent ce pailàgc pour approuucr les vœux
de leurs moiueN: uiaiv en cela voit-on q Dieu
les a du tout aueuglez , Se que d'eux-mcfmet
ils le prollituenc iSc le ietteut en opprobre. Et
pourquoyîÇar ih ne fi;-auroyent mieux decla
rçr qu'ih ont direiiemét bataillé cotre Dieu,
& ont voulu (c dotuicr licence contre luy , Se
fc font defpitez contre ce qu'il auoit eftabli
pour vn ordre perpétuel. En premier lieu no-
llre ScigiHur n'ordonne point de vorux ne de
promeires pour dire que cela doyue abolir le
ma nage, cS: comme lî c'eftoit vn eftat de per-
feftion.ainfiquelcs Papifte? l'ont penféimais
c'eft à vn autre regard. Voila vue vefuc qui le
donne au feruice de TEgliferor elle n'eft plus
en là liberté, il tant qu'elle s'applique à faire
ce qui eftdc fa charge, côme fi elle eftoit ma-
riee.Or en cela elle a fait défia côme vne pro
mefle: mais cefte promelTe fait-elle que le ina
riage loit poilu de foy,& que celle continen-
ce (qu'on appelle) loit vnever:u angelique?
Nenni:Dieu n'a point regardé à tout cela. Or
au contraire, quand les Papiftes ont introduit
les vœux des nonains 8: des moines, fur quoy
fe font-ils fondez? C^ue c'eftoit vnechofe
f»infte de foy que de s^abftenir du mariaçc,
que c'efloit vu eftat de perfeiftion. Voila vne
ûiablerie en premier lieu. Or paiTons plus ou-
tre : & le cas pofé que la fin pcMir laquelle les
yapiftesontcontrouuc tels voeux fuit bonne,
tant y a que yoila Dieu qui a déclaré qu'il ne
faut point qu'rne femme attente de s'abftenir
du mariage. iufques à ce qu'elle ait pafle l'aage
de faixante tn'i. Et pourquoy cela ? il y a du
danger.Qui le Toit? c'eft Dieu: le remède cft
tel comme il nous eft ici monftré. Or que font
les Papiftes là defluj?Il n'eft point qucftiôde
ce que Dieu défend, ne de ce qu'il commande,
pluftoft ils rcnuerfcnt Se fouUent au pied tout
l'ordre qu'il a inftitué , 3: vont ertablirdes
Toeux à leur pofte.Et quels ? Il eft vray qu'en
leurs canons anciens on voit qu'il n'eft point
licite d'ordonner vne nônain iufqucs à l'aage
de qiiarantcneuf ans,& encore? cela petit à pe
lit eftoit furuenu de corrupti5:& puis ils font
▼eniis à diminuer iufqaes à quarante an$:& on
voit lescanoris quiontefté faits de cela. Et
dcptjii on s\ft rauifé.Et nous viédrons i ttem
te, iufques à la moitié du terme, & de l'inten- •
tion que faind Paul ordônc.Et à la fin ils font
venus à y mettre les petisenfans quine fçi~
uent point encorej parler , qui n'ont encores
nulle cognoiiraiice. Etainfices mal-heureux
ne fçauroyent mieux monftrer qu'ils ont ren-
uerfé & corrépu la parole de Dieu pour efta-
blir ce qu'ils- ont fongé, qu'ils ont pollué le
faind mariage, & l'ont reicttc come rnecho-
fc que Dieu aurait défendue , pour fe profti-
tucr en toute rilenie&ordure,où onvoit que
ils l'ont plongez. Et par cela on peut conclure
qu'ils fe font cleuez manifeftemét contre Ic-
fusChrift , qu'ils luy ont rliii fon au.horité,
pour dire qu'il n'ait plus de puifTancc pour les
gouuerner,mais qu'ils peuuent faire ce q leur
tcfte & leur phantâfie porte. Et quel facrilege
eft-ce làfQûjnddôc iln'y auroit que ceft ar-
ticle, encores voit-on J les Papiftes ont pro-
phané la parole de Dieu:& toutesfois fi eft-ce
qu'ils nous allèguent ce pallage ponr prouuer
que c'eft vne belle choie que de vouer chaftc-
tc,& qu'il y a quelques vccui qui font approu
uez. Vray eft q tous vceiix en gênerai ne font
point à condamner , mais il faut detefter tou»
ceux qyi contreuienét àl'ordônancedcDieu.
Voila Dieu qui a ordonné le mariage atout
fans eiceptionis'il y a quelqu'vn qui fe puill'e
côtenir,5ibien, voila vne g i ace que Dieu luy"
fait:cepcndant ilfaut qu'il chemine en humi-
lité,qu'il fe recômandeà Dieu pour dire, Sei-
gneur, tu m'as gouiierné par ton fainâ Efprit
iiifqiies ici,i!cfpcre q tu mecôduiras à l'adue-
nir: toutesfois s'il te plaift m'appeller au ma-
riage, ce n'eft pas raifon que ie contreuicne â
ton ordônancc. Voila doc rhiimilitc qui doit
cftre en tous enfansdc Dieu. Or inainteniit lî
vn homme ou vne femme fait vœu pour rom-
pre le mariage,& pour cftablir vn eftat_de vi-
ure lequel ils ne fçauét pas s'il cft plaifant Sc
agréable à Dieuounô,voilavn voeu qui eft du
tout contraire à Dicu& à fa parole: & refont
les vœux que nous reiettons.Or tels font tous
les vœux de la Papautéicar les preftrej,& moi
nés, & nonnains vouent de iamaisn'eftre ma-
riez pourdefpiter Dieu notoirement,(ainfi â
nous auons dit)comme s'ils auoyent la chaftc
té en leur manche, comme s'ils eftimoyét que
lemariage fuft thc pollution:car en s'en vou-
lant garder ils cftabliflènt en ce monde vne
façon de viure nouuelle &baftarde que Dieu
n\i iamais cognue. Comme quand les moines
vouent poureté, c'eft pour eftre nourris au def
pens d'autruy :quâd ils youen t obedience,c'cft
pour cftre exemptez de toutes Joix,& de tou-
te bonne police. Car l'immunité dont fe van-
te ce clergé Papal.qu'eft-cc autre chofe finon
vne licence de viure comme bon leur femblc-
ra? Les moines ne feront fuiets ni .i Rois ni i
Princes, ni à pères, ni à mères : bricf , ils per-
uertiflcnttout ordre de nature. Et puis ils ne
font point fuiets à Dieumefme; ils voueront
feulement obcilïànce euuers leur Pricur.voiri
pour
SVR LA r A TIMOTH.
i45
pour s'en mocqucr encores comme on le voit
manitciamciu.C'clldonc vue conKulioiidia-
bolicjuc ijuc de tous les vœux qui ont elle ain
fi eftâblii contre la parole de Dieu, &cc font
ceux-Ja contre Iciquels nous crions auiour-
d'huy.Et ainlî donc, ii les Papifles vouloyent
faire trouuer leurs vœux bons & légitimes, en
premier lieu il faudroit qu'ils cognufTent que
le niariagc de foy eft bon & fain£i,& que qu.îd
on s'en abAieni.cela fe doit faire pour vncau
ire fin & regard,comme pourauoir plus de li-
berté de ferutr à Dieu,& de s'éplover en quel
que charge en laquelle on eft. Voila donques
ce qu'il laudroïc que les Papiftes fciflent en
premier lieu,& puis obferuer la rcgle de fainû
Paul,qu'il met qu'on ne prefume point de vou
crchafteté,ou continence.finon qu'on ait paf
ie l'aage de le inarier.Car les Papiftes abulent
encores de ce mot,quâd ils difent. Vouer cha-
ileté : comme û vn mari n'elloit point charte
auec fa femme. Or cela eft faire iniure trop
grande à Dieu, lequel a voulu que l'home fuit
«onioint à fa femraercat fi c'eftoit vne vie dif-
folue & impudique, où feroit-ce aller? Vray
eft que beaucoup de gens abufent du mariage,
& y en a de tels qui ne différent gueres à pail-
lards : car ils ne cognoiflènt point qu'ils font
coDioints au nom de Dieu pour fe tenir fobre
ment & en toute modeftie. Mais tant y a que
le mariage defoy n'empefche point que les
liômes & les femmes ne foyét pudiques. Mais
reuenonsà la rcgle de faind Paul. Ilfaudroit
que les nonnains cuflènt foixanteans deuant
que vouer chafteté : & puis qu'elles ne vouaf-
ienc point pour Étire des poupées en vncloi-
ûreji: fe tenirlà pour faire des agios , mais
que ce fuft pour feruir auv poures,& pour s'em
ployer à bon efcient en la charge qui leur fe-
roit coramife. Quant aux hommes,{î le terme
de foixante ans eft afsigné aux femmes , il en
faudroit bien quatre vingts pour les hommes:
& alors les mariages ne feroyent point ainfi
gourmandez comme ils font , qu'il n'y aiiroit
point vne telle corruption qu'on la voit par
tout. Mais il faut bien que Dieudefployefon
ire fur tous ceux qui fe font eleuez en tel or-
£ueil,(côrae nous au5sdit)pour nier le fainâ
mariage. Au rcfte, quâd fainft Paul dit que ces
femmes dont il parle , ont leur côndamtuition,
pource qu'elles ont renoncé à leur première
foy, il met ce mot , d'autant que ces femmes
ayans ainfi riblé fe feparoyent du tout de l'E
glife& de la Chreftiété.ttde faift.nous voy
ons quand vn homme aura perdu toute honte,
qu'il fe desborde iufqu'au bout , & mcimes il
fait fa gloire d'eftre mefchant. Si vn homme
n'eft point en mauuaile^ftime, encores retien
dra-il fa réputation « crédit : mais quand il
voit que fa melchancetéfedefcouure, & qu'il
eftdeteftable à toutes gens de bien .alors il
s'en va cueillir vue audace , qu'il femble quM
ait côgc de mal faire,& de.dcfpiter Dieuuinfi
^ue Aous ToyoM qu'il j ena <k ces ruftret
qui femocqtientde toute religion , qui foi; f
mai ris fi ijiuiqii'vn hait fculcmét fcmblantde
vouloir feruir à D. tu, Ho, tu es du rang des hy
pocritcstu es mortifié. Voila les blafphemet
qui feront oiiys. Et où?en la Papauté? Nenni,
nenni : ici au mil'cude nous, on verra ccsga-
lans qui fe gaudiflent de Dicu,& de toute re-
ligion , qui en font venus iufques-là, de blaf-
phemer ainfi Dieu à gueule ouuerte.Et qui lej
V a amenez ? Nous voyons le miroir en fainft
Paul, d'autant qu'on leur a permis vne licence
de mal faire, qu'on les flatte en leurs mefchan
cetez, &• voyans cela ils fedcsbordenr envne
plus grande audace : mais c'cftpour les faire
précipiter en ruine, quâd la licence qu'on leur
a donnée a eftt caufedc les faire plus empi-
rcr:cela augmentera aufsi tant plus leur con-
damnation .Et pourtant nous auons bien à no«
ter l'admonition générale de ce lieudefainft
Paul, c'ert afçauoir quand on choifit des çen»
pour les mettre en office , on doit regarder fi
ils y feront propres & idoines, ou autrement
c'eft leur mettre la chorde au col , comme on
dit. Si vn homme décline en fon petit mefna-
ge,& qu'il ne s'acquitte point de fon deuoir,
il n'efchappera peint la main de Ditu:mais ce
pendant encores Ce tiendra-il en quelque hon
ncfteté, àce que fa vilenie ne foi t cognuedc
tout le monde : il voudra toufiours qu'on le
tiene pour homme debien. Mais quand qucl-
qu'vn iera aiLincé , & cependant fera vn con-
tempteur de Dieu , vn homme prophane , vn
homme fans loyauté , vn blafphemateur, ra
homme qui fera affamé d'vne part , Si qui ne
demande que d'en auoir , qui ne fçait de quel
cofté en attraper, de l'autre cofté qui fera ef-
claue de Satan , vn homme qui fe fentira obli-
géaux nicfchans,pourdire,llfautque ie pafle
par leurs mains. Et pourquoy? Ce font-ils qui
m'ont eleué ,& faut que ie me maintienepar
leur moyen. Qjîand donc on mettra vn hom-
me eneftat, qui fera tot^tment deftitué de
l'Efpritde Dieu , n'elf-ce pas pour le ruine r,
8c pour luy faire rompre le col?II eft bien cer
tain:carDieu dif ipcra toutceja.d'jutant que
leschofesont efté conduites tout au rebours
de fon intention,& qu'on n'a point eu efçard
à fon honneur,ni au falut du peuple. Et ainfi
notons bien que quand on eleue des gens qui
ne font point propres pour exercer vn eftat,
c'eft autant comme fi on leur mettoit la chor
de au col. Voila qu'apportent tontes ces bel-
les faucurs pour dire , le feray \ aloir ceftuy-
la,il fiutau.îccrceftuy-ci.Car il faut en la fin
que la contulîon en viene fur la tefte de tous
ceux qui s'en feront mfflfï. D'autant plus dôc
nous faut-il bien noter la doftiine qui eft ici
couchee.c'eftafçauoirquc fi vne vtfuc,quand
elleauroit efté au feruicedel'Eglifc, rcnon-
çoit du tout à la Chreftienté fe voyant eftre
marquée d'vne mauiuife note, que fera-ce
de ceux qui lont en efiat plus haut & plus di-
gnefS'ils fe voyét diffamez, ic tous pric,ne fe
H.ii.
144
SERMON XL T.
ieh. 6:
7«.
destorderot-ils point plus? Et on en voit les
eiéples par trop notoires , leur turpitude eft
cognue de tous, & cependant ils n'en tienent
côte.Il eft vray que telles gens le plaindront
aflèi, Ho,côment?fcaut-il endurer ;^''on mef
dife toufiours ainfi de nou'.?Hclas,'&: que faut
il mefdire/Ciup perfonnc n'en parle,& qu'on
regarde quels ils lont , & ne faiidroit-il pas
qu'ils euflènt creué les yeux aux ignoras, s'ils
ne veulét eftre cognus tels qu'ils font?&; mef
me leur vilenie eiF fi patente qu'on la peut
veoir de bien loin. Il eft vray qu'ils font (î im
pudens en leurs vices, qu'ils ne tout pas fem-
blantdeles vouloir cacherunais lîeft-ceque
encores veulét-ils eftre reputez gens de bien.
£t comment feroit-il pofsible; Orcepédant
quadilsYoyét qu'ils fonrdeteftables à tous,
Ho, voila, iamais on ne fe fiera en nous, puis
que tout le inonde cognoift noftre gouuerne
méc:& la deflîis ils fe desbordent. Et d'autat
plus qu'ils feront eleuez en crédit , qu'ils fe-
ront en quelque el^at honorable , voila pour
les faire encores plus diables qu'ils n'eftoyét
auparauât, corne ce n'eft point fans caufe que
lefus Chrift appelle ludas diable , à caufe de
l'eftat honorable auquel il eftoit , qu'il faut
que l'ire de Dieu fe cognoiflc tant mieux en
luy. Ainli donques retenons cefte doftrine,&
cependant apprenons de cheminer modcftc-
inét chacun en fa vocation. Car combien que
notâment S.Paul parie ici des vefiies.tant y a
qu'en cômun nous fommes tous admonelter
de cheminer en lobrieté & roodeftic, & q cha
cun en fon endroit fe contiene en telle hône
fteté,que noftre Seigneur Itfus y domine pai
fiblement côme fur des brebis & agneaux, &
que noftre vie foit vn tednoignage que nou»
ne demandons linon d'eftre conduits de luy,
aKn de fuiure le chemin qu'il nous monftre,
& non point regîberà l'encôtre de luy, &fa»
re des g.îbades pour Icdefpiter, mais de nous
alTuiettir tellement à luy & à fa parole, qu'il
ait toute prééminence iur nous.
O R nous-nous profternerons deuant la fa
ce de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face telle-
mét fentir, que nous apprenios de nous humi
lier fous fon iugement pour n'cftre plus fi har
dis de nous eleuer cotre luy , mais pluftoft de
recourir à la mifericorde, afin qu'il nous ac-
cepte,non point en noftre dignité ou mérite,
comme nous fçjuons qu'il n'y a rien en nous
qui luy puifle eftre agréable, mais qu'il nous
reçoiue au nom & parlemoyen de noftre Sei
gneur lefus Chrift. Et que cependant il nous
face la grâce qu'vn chacun fe porte tellemct
en fa vocation qu'en gênerai & en particulier
on cognoilTe que grans & petis fe veulét ran
gcr à fa bône voloté, &que fon Efprit domi
ne paifiblement fur nous tous. Et que pour
ce faire il luy plaife fufciter vrais & fidèles
miniftres de fa parole,&c.
C I N Q_V lEME SERMON SVR LE
C I N Q_y lEME CHAPITRE.
1 1 Mais rcfufe les yefues qui font plus ieunes:car quand elles ont
rihîé contre Chrifi,ellesfe 'veulent marier,
II' Ayans leur condamnation, entant qu'elles ont faujjc leur pre- ,
mierefoy.
13 Et auec cela au fi eîîans oifeufes,ellcs apprencnt d'aller de mai
fon en matfon'.i;:^' non feulement oijèufes.mais aufibahïllardes ,xy ^t*-
rieufes,deuifansdechofesquine font point licites.
14 le \eux donc que les ieunesfe marient, qu elles produijcnt li-
gnée,quelle s gouuernent le mefnage, cr quelles ne donnent aucune oc
cafion a ïaducrfaire de mal dire.
1 5 Car de fia aucunes fe font defuoyees après Satan.
Ous auons veu par ci deuant à bon cfcient.&auec cela ils troublent les au-
quel mal apporte l'oifîueté: tres.tellementqfaina Paul appclloit vie pai-
( comme faind Paul en traitte fiblc qiund vn homme s'addonnc à trauailkr
aux ThelTaloniciens) car ceux pour gagner fa vie ,& s'occupe àlon labeur.
->w^- ^.-r qui n'ont que faire , s'empef- Car ceux qui n'ont que faire , & ne le veulent
chcnt beaucoup plus que ceux qui trauaillent point meflerde leurs befongnes.il fcmbic que
' ' ■* ' touiiourt
SVR LA I. A TIMOTH.
Hs
toufiours ils doiuét forger vn nouueau mon-
■de,Toila corne ils s'empefchenfll n'y a donc
vray repos linon qii'vn chacun s'acquitte de
fon deuoir, & face ce qire Dieu luy comman-
de, 8c ce que fon eftat porte & requiert. Sui-
uant cela aufsi S. Paul maintenant dit , Que
les vefues quand elles font nourries auï def-
pens communs de l'Eçli fe.s'addonnent à oi-
liueté,&del.-i(dit-il)'.'enl"uiuétencoresd'au
très vices:car on les verra trotter par les mai
fons, elles voudront humer toutes les nouuel
les d'vne ville, & là delltis babiller de ce que
elles aurôt ouy en vu lieu pour l'apporter en
l'autre.'quand on voidde tels incôueniens.on
y doit remédier s'il eil pofsible. Sur cela doc
S.Paul ordône que les leunes vêtues qui font
encores mariabîes.fe marient, & l\ Dieu leur
donne des enfans, qu'elles les nourriflent. Se
elles auront alors à qnoy s'occuper, tellemét
que l'oilîueté n'y dominera point, elles n'au
ront plus loilîr de babiller çà Se là, car le mef
nage les tiendra en la nraifon.il faudra qu'el
les feruent là à Dieu, & à ceux aufquels il les
aura obligées, comme à leurs maris & à leurs
enfans. Maintenant donc nous auons l'inten
tion de fainrt PJti! : nuis faifons aufsi nollre
profit de cefte doctrine. fçachans que ce n'eft
point fans propos que S. ?aul a conioint ces
trois chofes,roifîueté,la curiolîté Scie babil.
Or voila comme Dieu punit ceux qui font c5
me fainéants, & qui ne daignent s'employer
à quelque chofe vtile, qu'ils font affamez delî
rans toulîours d'auoir quelque vent qui fouf
fle. Et la curioiîtéles a-elle vne fois gagnez?
Voila comme vne fournaifequi brufle touf-
iours,ils n'ont point de repos nedecefle : Se
cependant il faut aufsi qu'ils dcfgorgent co-
rne la poifon , quand ils auront humé l'eau, il
faut qu'ils la reiettent.Ainii en eft-il de tou-
tes gens addonnez à curioiîré , que le babil
viendra tantoft après.* Apprenons donc de
nous employer à ce que nous pourrons cha-
cun en fon endroit: celuy qui aura quelque
art, qu'il labeure comme Dieu l'ordonne:ce-
luy qui aura mefnage à gouuerner, qu'il s'y
occupe:que les femmes penfent aufsi de leur
cofté.que Dieu ne les a point créées en ce mô
de pour eftre oifiues, mais qu'elles font pour
s'employer à chofes vtîles & neceflàires auf-
fibien que les hommes: qu'vn chacun regar-
de à cela,& que par ce moyen nous (oyons re
tenus afin de ne trauailler point nos pro-
chains.afin de ne faire point grîd bruit, mais
mener cefte vie paifible &modefte,delaquel
le S. Paul a parlé par ci deuant. Or venons
maintenât au remède qu'il adioufte, aiçauoir
t^^ilyeut <jue les "refins plus ieu>ies fe m.triet.
Il fembleroit de prime face que cefte docftri-
nede fainrt Paul ne fuft pas digne d'vnApo-
ftre : car l'Euangile eft-il pour trafhquer les
mariages?Il femble que S.Paul vueille ici pic
quer les femmes.comme fi défia leur chair ne
les aiguillonnoit point aflèz à fc marier. On
ne penferoit point donqnes que cefte dotlri-
ne fuft fpirituelle. Mais quad tout (éra regar-
dé,ce n'eft point fanscaufe que S.Paul a ex-
horté ici les ieunes vêtues à fc marier. Car en
premier lieu, nous voyons que la fupcrrtition
aregnéquafi de tout temps fur le mariage,
qu'on a eftimé que c'eftoit vn eftat comme
prophane & pollu,& que ceux qui cftoyi-t ma
riez.ne pouuoyent feruir à Dieu. Or S. Paul
au contraire monftre que fi le mariage cft
fait envfoy& en chafteté,& en ciaîte de Dieu,
qu'il eft fainiît & honorable .comme li tir dit
aufsi en PEpiftreaux Hcbrieux. Et au rc^e.il Hf?»,!},
veut aufsi môftrer aux femmes qu'elles ne fe 4-
doiuent point defpiter quand on les rcfufera
en ceft eftat public duquel il a fait mention:
car il fembleroit que ce fuft comme vne efpe
ce d'ignominie quand on ne voudra point re-
ceuoir les ieunes vefues , comme li elles n'c-
ftoyent point du nombre des Chrtfticns: aia
fi que nous fçauons bien alléguer qu'on nous •
fait tort , finon qu'on nous ticne en crédit.
Mais S.Paul à l'oppolîte déclare que ce n'eft
point pour les reculer fi on ne les reçoit en
ceft eftat dont il parloittcar elles peuuent,dit
il, feruir à Dieucftâs mariees.Chacun ne fer»
pas pourueu en oFiice , il ne faut point que
nous regardions i ceftuy-ci, ni à ceftuy-la,&
faire vne mefure pareille entre no*:car nous
fçauons que le pied ne fera point l'office de
l'œil, ne le bras ne fera point l'office de la te
fte.Tout ainfi donc que les membres font di-
ftinguez en vn corps humain,ainfi faut -il que
en l'Eglife de Dieu les eftâts foyent diftri-
buez,& qu'vn chacun regarde à ce qui luy tii
propre, & qu'il fe contente de feruir à Dieu:
que nous n'appetions point de nous eleuer.
félon que nous verrons quelqu'vn par deflus
nous , que nous ne luy portions point eiiuie,
que nous n'alléguions point. Et pourquoy ne
fuis-ie là comme vn td?Mais regardons fim-
plcment de feruir à Dieu , voire félon noftre
portée , comme défia nous .luons dit. V lili
donc l'intention de S. Paul, quand il coman-
dc que les vefues plus ieunes fc mariée. Or ici
cepédantnous fomme-, admoneftcz que le ma
riage n'eft point vne chofe pollue , comme
l'ont imaginé beaucoup de fanraftiques:mais
que c'eft vn eftat fainft, lequel Dieu fe refer- .
ue afin qu'il y domine, 5: qu'il y prefide.Et ce
la nous doit feruir,non point feulement pour
auoir en deteftation cefte tyrannie qui règne
en la Papauté , afçauoir que le Pape a cuidé
auoir vne perteÔion angelique quard il a for
gé les moineries , qu'il a priué le Clerçc du
mariage: mais on voit qu'en cela il y a vne re
pugnace manifefte entre l'Efpritdc Dieu , Si
ceux qui ont ainfi défendu le mariage .Car S.
Paul n'a point ici parlé de fon ccru-.au: voici
Dieu qui prononce ce qu'il veut eftVe obfer-
iié de nous pour vne règle infall'ble:& ccpen
dant les hommes mortels font fi enragez de
conceuoir en leur tefte ce que bon leur fem-
H.iii. ••
14^
SERMON XLI.
ble pour contreuenir direûement à ce que
Dieu ordonne. Ainli Jonc nous deuons bien
dcteitcrccs lions diaboliques, quand nous
voyons que l'ordre de Dieu eil ainfi violé &
dellruit. Mais et ftc doûrine emporte du pro
fît & de Pedificacion pour nous. Car ceux qui
ibnc mariez, doiuenc iAre tant plus incitez à
fcruir à Dieu , & prendre courage , quand ils
voyent que Dieu approuue ceft eftat, & qu'il
y veut eftre honoré. Cela n'eft-il point vn
bon aiguillon pour nous foliciter afin que le
mariage fe rapporte au feruice de Dieu,&que
ceux qui y font, tendentà ce but-la , qu'il y
ait vn accord entre le mari & la femme, pour
dire qu'ils le dédient du tout àDieu.fçachâs
qu'il les a contoints enTemble, & qu'il bénira
celle vnion, & qu'elle fera fainde Se approu-
uce de luy.' Et au£si d'autre cofté nous fom-
tnesici tenus en bride,afin que ceux qui font
I marier,cognoiirent que ce n'eft point pour
l'oublier & pour s'addonner i vne volupté
brutale, mais que Dieu doit touiîourt eilre
preferé,& que le mariage tend bien à vne fin
plus noble plus precieufe que de contenter
l'appétit de la chair. Et quoy donc?C'eft que
l'homme viue chaftement auec fa femme, que
la femme foulage fon mari,comnie elle a efté
créée à cefte intention-Ia. Maintenait nous
voyons que faind Paul a donné vn précepte
bien vtile, ordonnant que les vefues plus ieu-
nes fe mariaflent:comme s'il difoit qu'il faut
qu'vn chacun regarde à quoy il eftappelé, &
que nous ne foyons point comme finges pour
nous contrefaire , félon que nous verrons vn
exépledeuant nos yeux,que nous concluons,
II faut donc faire ainfi. Car chacun doit re-
garder fa portée: & mefmes il faut que Dieu
ce, que là il y aura vne fainfteté plus granda
8c plus approchante du royaume des cieux,
qu'il n'y aura point en vn cloiftre.ie ne di pas
ae ces inoincriesdelaPapauté,carce font au
t.« debourdeaux & de cauernes d'enfer,mait
ie di en vn cloiftre qui feroit pur de toute fu
perftition,& où il n'y auroit point d'impudi-
cité. Apprenôs donc de feruir à noflre Dieu,
non point félon la belle apparence,mais com
me il l'ordonne; contentons-nous quenoftrc
feruice luy foit agréable , encores*quenous
foyons contéptibles deuant le monde. Quad
fainâ Paul parle que les femmes doiuent j>ro-
cretrligntf, fous ce mot il comprend toute»
les peines qu'endurent les femmes à nourrir
leurs enfans:comme ci deiliis il a môAré qu'il
n'entendoit point que les femmes fulTentmi
gnardes,& qu'elles appetaflent tellemct leur
plailîr , que de vouloir fuir toute fafcherie.
C^iiand donc noftre Seigneur a ordonné que
les femmes enfantent auec peine,il veutauf-
fi qu'elles facent office de mères. Et fainâ
Paul réitère cela maintenant: comme s'il di-»
foit, que fi vne femme s'addonnoit à eftrc au
temple tout au long-du ioHr,& à prier,& chan
ter , que cède façon de viure ne fera point
tant acceptable à Dieu, comme fi vne femme
citant mariée porte patiemment ce qui eft de
fa charge,de nourrir fes enfans, de veiller a-
pres, de les addrefler , & mettre toute peine
& foin à les inftruire. Qilâd donc vne femme
s'appliquera à cela, & qu'elle aura fon but de
■feruir à Dieu , cognoiflànt que c'eft luy qui
J'appelle à vne telle charge,S.Paul dit que ce
ci fera beaucoup plus approuue : & non làns
caufe.car Dieu demande obeiflànce.Etau re-
fle , nous fommes tranfportez de nos vainet
nousgoiiuerne en ceft endroit, que nous fça- fantafies, nous faifans à croire que ce qui ne
chions à quoy nous fomines propres , & puis fera rien,eft plus que merueilles.D'autat que
ce qu'il nous permet, quelle eft ù. vocation,& les hommes fe trompent ainfi en leur fol iu-
que parce moyen il ioit efcouté de nous. Or
cependant nous voyons (comme il a efté dit)
que Dieu ne prifera point toujours cefte bel
le apparence telle que les homes approuucnt,
mais il regardera plus haut , voire & plus bas
quant & quant. Dieu regarde plus haut.c'eft
afçauoit à cefte humilité,qui eil vne vertu fin
guliere : 9c il regarde plus bas , c'eft qu'il ap-
prouue ce dont on ne tiendra conte. Comme
il femble qu'vn poure homme mechanique &
vne femme, quand ils feront enfemble, qu'ils
auront beaucoup de peine .\ nourrir leurs en-
fans, & à gagner leur vie , qu'il foycnt eflon-
gnei de Dieu:& cependant on voit ce qui en
eft dit par le fainft Efprit , Que Dieu habite
«n ces mefnages-la pluftoft qu'il ne fera pas
en vn cloiftre. Car encores qu'il n'y euft que
chafteté en vn cloiftre, & qu'il n'y euft point
de toutes ces ordures qui y font, que les ido-
lâtries mefmes en fyil^pt chalTecs , tant y a
que Dieu dominera en vn petit mcfnage où
il y aura beaucoup de pouretez, Si où le mari
Alafemaes'addonneronti faire leurolffi-
gement,& cependant <Ju'ils n'efcoutent point
Dieu p3rler,voila pourquoy noftre Seigneur
abbat toutes nos entreprinfes , Se les réuerfe,
& monftre que c'eft bien raifon qu'il foit fer
ui & honoré de nous comme il Je commande.
Or maintenlt S. Paul examine encore mieux
fonintention.endifant, Qnt les femmes ma-
riées gomtement leHrmtfiiag*. En quoy il figni
fie ce que défia nous auons touché , que les
femmes doiuent toufiours péfcr à quoy c'eft
que Dieu les appelle . Or Tordre de la créa-
tion eft inuiolable. Il eft dit, U n'eft pas bon
quel'hônic foit feul: Dieu luy a ordonné vne
aide qui hift prochaine de luy.Ciue les fem-
mes donc notent bien ce paflage Comment?
Dieu fera-il fiuftré de m'auoir créée & mife
au monde? Or m'y a-il mife afin que ie foye
vne aide à mon mari. Et quelle eft cefte aide,
finon que ie m'occupe à faire mon mcfnage,
& que le porte la moitié du fardeau auec luy?
Nous voyons donc maintenant où c'eft^que
fainâ Paul ramené les vcfucs,c'eft en fommc
à la vocation de Dieu , qui eft U vraye règle.
Sel»
SVR LA I. A TIMOTH.
*47
ii li Jroite Conduite des hommes & des fem-
mes . Carquand nous ^voudrons taire ce que
bonnousfemble.tout ei^lgâfté.II ne reftedôc
Cnon que Dieu domine, & que fon authorité
vaille tant fur nous, qu'il nous fufiife de nous
offrira luy, voire n'attentans point ceci ne
c«Ii, mais nous addônans du tout à luy obéir.
Voila cefteiîmplicité qui vaudra mieux que
tous les feruiccsdu monde. £t ainfî retenons
bien que le diable a esblouy les yeux des Pa-
piftes, quand il leur a fait à croire que les vies
eftoyent mondaines & feculieres.finon qu'on
fe feift prcltre.ou moine, ou nonnain.Orç'a e-
fté poui reduirelespouresames,afîn que ceux
qui eftoyent marier, fe donnalTent licence de
mal faire, comme s'ils auoyent la bride fur le
col, 8c qu'ils ne penfaflent point au ioug de
Dieu , Se qu'il ne refidaft point au milieu d'
eux. Cependant fous couucrture de fainâeté
il l'eft commis des ordures fi grandes Sc&e-
normcs que c'a cftc pour infeûer tout le mon
de , ainfi qu'il en a efté traitté par ci deuant:
Riais tant y a que le diable a voulu gagner ce
poinft,que ceux qui eftoyent mariez, tant ho-
mes que fcmmes,fedonnaflent licence de s'e-
xempter de Dieu - comme il le mariage em-
portoit cela , & qu'il fuft de telle condition,
qu'jl n'y euftpcrfonne qui fe mariaft.finon a-
fin d'auoir licence de s'eftôgner loin de Dieu.
Or à l'oppofite il nous eft remonftré q quand
l'iomme 8c la femme foncconioints en vraye
foy, 8c en bonne conlcience : voila Dieu
qui les accouple , & les tient là mieux , qu'vn
bomme qui voudra labourer fon champ ne
tiendra deux bcruf:,. Et ainlî notons bien que
pourcftre retenus en l'obêiflàncede Dieu, il
BOUS faut cognoiftre(comme il a efté dit) qu'il
nous fait ceft hôneur Si cefte grâce, de fe vou
loir foucicr de nous.combicn qu'il femble que
cefoit en chofes de nulL- valeur , & me fines
dont les hommes ne tienent contc:que noftre
Seigneur vfe de ce pTiuilegc-Ia , qu'il veut 5c
que le mariage , & que le trauail que les fem-
mes pren.ent à gouuerner leur mefnage,& tou
tes telles chofe5,foyent pour le g orifier . Or
quand fainft Paul a ainfi parlé, il adiouft^-.Q*»
elles fe Anyuent hien^arJcr Je donner cccjpon à
l'aduerfifre, tellement ifii'il ait dtijHoy fourmef
dirc.Yci fainû Paul entend que ce n'eft point
aflcK que les vefues s'abftienent de tout vice,
mais qu'elles doyuent aufsi noter que les mef
chansjc les ennemis delà foy ne puiflent a-
uoir quelque couleur de mefdire , & defgor-
ger leurs blafphemes , en forte que le nom de
Dieu foit diffamé. Saind Pauldoncveut que
les vefues ayent cefte prudencf-la , afin de
clorre la bouche à tous malins & mcfdifans.
Or (î cefte confîderation doit eftre aux fem-
mes.que fcra-ce en gênerai de nous tous ? Ne
deuons-nous point auoir plus de prudence,a-
fin de repoufler toutes calomnie^,&: d'cmpcf-
cher que les mefchans ne detraâent point de
nous, voire au déshonneur & à l'opprobre de
Dieu & de fa parole f Mais il y en a bien peu
qui s'en acquittent:pluftoft il femble que nous
ayons comploté auec les ennemis de la foy,
pour leur donner occafion de meidire. Car S
nous pelions que nous fommes coulpables tou
(es fois & quantes que les mefchans & aduer-
fairesde Dieu detraâent,& qu'ils calomnie t,
& fe mocqucnt de la profefsion que nous far
fons d'auoir la doârine de l'Euangile, Se que
ils ont occalion de mefdire, il eft certain que
nous .auiferions mieux à nous . Or eft-il ainfî,
qu'vn chacun cognoift alTet que nous fummcf
erpiez,& que les Papiftes ne demandent fînoB
à le mocquer.d'autant que nous proteftons de-
vouloir eftre mieux reformez , d'autant qae
nous auôs la droite fîmp licite de doûrine que
ont tenue les Apoftres. Or cependant ils font
au guet, & s'ils peuuent noter quelque vice en
nous,ce fera pour s'en mocquer. Quand il ne
nous en chaut , &mefmesquc nous leur don-
nons occafîondece faire, ie vous prie, quelle
excufe V aura-il? Mais c'tft par faute de pen-
fer à ce que dit ici faiiiâ Paul : & non feule-
ment nous dcuons penferaui Papiftes : mais
entre nous , n'y a-il point de ces gaudifTeurr
qui dcfcouure': leur impieté? Et ceux-là quîd
ils ptuuent nous furprendre en quelque cho..
fe,n'ont-ils point occalion dédire, Ho, voila
que c'tft: ciux-ci voudront tenir tout le mon
de en telle aufterité que rien plus : 8c cepen-
dart qu'eft-ce qu'il y a de mieux cntr'eux»
Ordonc pcfons bien- cille doûrine de fainti
Paul . Car combien qu'il traitte ici des vef-
ues par efpecial, toutes fois fî tft-ce que nou«
fommes toui admoncftci en commun , que
pour no' acquitter enuers Dieu.ce n'eft point
affez que noftre confcicnce foit pure & nette,
& de cheminer fins mauuaiftaffeûion ,maijs
nous deuons aufsi adioufter cefte prudence,
que les ennemis ayent la bouche chofe quand
ils voudront mefdire de nous, que leur inipu-
dence foit cognue, & que nous foyons touf-
iourspreftsde rendre conte de ce que nous
aurons fait,& qu'on ne puiffc auoir nulle cou-
leur de blafphemer contre le nom de Dieu 8c
fa parole.d'autant qu'il yauri quelque appa-
rence de nul en nous. Et mcfmes fi fainft Paul
veut (comme défia nous auonsdit ) que les
femmes foyent i\ prudentes, 8c fi bien aui-
fees, que fera-ce des hommes ; Et quand par
leur tolie & légèreté ils feront expofcz en
opprobre, quelle excufe y auia-il ? Il eft vray
que nous ne pourrons point efchapper que
on nemcfdifede nous:mais retenons ce qui a
efté dit.que l'occafion n'en foit point donnée
de noftre cofté, ne par noftre imprudence: Se
mcfines que les mefchans foyent conuaincus
quand ils ouuriront la bouche, qu'on cognoif
fe que leur mefdifance n'eft que mcnfonge
&calomnie,& fi on veut ouiirir les yeux, fi on
\ eut s'enquérir de la vérité, on trouuera qu'ils
mentent impudemment. C'eftdoncafTez que
nous ayons (entant qu'en nous (era)cmpefché
H.iiii.
a4H
SERMON XLI.
que les malins .n'ayent point dequoy dctra-
fter. £tâu refte , s'il faut que nous endurions
opprobres & mocqueries, portos cela patiem
ment. Voila on fomme ce que nous auôs à re-
tenir. Et cependat notons luiVi que quand on
mefdiradenous, encores q deuant Dieu nous
foyons innocens , qu'il nous faut bailler les
yeux, pource que nous n'auons point eftc fi fa
ges de nous garder.Et nous aurons beau auoir
quelque bonne coniideration en nous, iî Dieu
' nous cliallie, foyons modeiles à porter cela:
mais ccpédant gardont-nous de fcandale tant
qu'il no' fera pofsible.veu que Dieu veut que
noftr^ vie foit ornec par nous , côme il eft dit
en l'autre paflàge : & puis qu'il nous a impri-
mé fa marque, qu'elle ne foit poit fouillée de
rien qui contreuiene à fon honneur . Et voila
pourquoy faind Paul dit notaniment><J«» PaJ
uerfairt n'ait point otcapoo dt mefdirt . Or il
entend bien que nous ne fçaurions cheminer
adroitement que toufîours le diable ( quieA
père de menfonge) ne tafche à nous dif&mer.
£t nous voyÔs que les fafinûs Patriarches qui
ont vefcu en ce monde commemiroirs de tou
le pureté, n'ont pas neantmoins laifle 'd'eftre
calomniez. Mefmes on voit ce qui eft aduenu
au Fils de Dieu; & notament fainft Paul nous
i.CtT.i. dit qu'il nous faut cheminer par opprobre, Se
f, par bonne renoramee.lîgnifiât qu'il nous taut
clorre les yeux: car nous ne pouuons fuir que
on nedetrafte de nous,& qu'on n'en meidife.
Et bien.ie icray fouuétestois en cefte perple-
lité-la, que ie feray mocqué : toutesfois en-
tiers Dieu ie ne fuis point coulpable . Quand
il me faut fouftenir telles calomnies faufles,&
que les hommes prenent couleur & occafion
de detrafter, que faut-il là faire ? Cheminons
( dit fainft Paul) par opprobre âufti bien que
par bonne renommée .qu'il ne nous chaille fi
les hommes mefdifent ainfi&detraftent de
nous.Mais il dit après, Çyn ilsn aytnt point de-
^oy mefdire. Car les raefchans fans propos &
fans raifon abbayent comme des chiens enra-
gez,ils ne demadent finon à mordre pour dé-
grader k nom de Dieu. Or donc notons bien
qu'il fuffit que les mefchans n'ayent dequoy
mefdire, côbien qu'ils le facent. Comme quâd
làinft Paul dit que nous cerchions la paix, il
adioufte, Entant qu'en nous eft.Et pourquoy?
Qaand nous ferons paifibles, que nous procu
rerons de viure en bonneamitiéauec tout le
inonde, il fiut neantmoins que nous foyons
ennemis, & mefmes que nous fàcions la guer-
re aux mefchans. Car comment leur pourrons
nous compbire , (S: comment leur pourrons-
nous eftre amis , finon en offenfant Dieu, &
nourriflant toutes kurs iniquitez ! Il fautdôc
que nous foyons ennemis des raefchas,& faut
aufsi que nous les irritions beaucoup de fois,
& que nous prenions qaerele à l'encontre d'
eux:car il nous faiidroit eftre traiftres à Dieu
fi nous voulions viure en paix. D'autant donc
^ue les ChreHiem, ^uand ils Auront fait leur
deuoir , ne peuuent neantmoins eftre amis 1
tout le môde.faind Paul met cefte exception,
difant, Entât qu'en vous fera:c'eft àdirc, en-
tant que vous verrez q vous le pourrez faire
feruans à Dieu , ne vous deftournans point de
voitre fimplicité.Ainfî,c'eftlaire2 q nous ayôs
ofté l'occafion de mefdire de noftre cofté. Et
au refte, s'il faut que nous foyôs diffamez, por
tons cela patiemment ; car nous auons vn boa
garant au ciel, lequel fera reluire en la fin no-
ftre intégrité comme l'aube du lour, ainfi que
il en eft parlé .Il eft vray que pour vn temps
Dieu fouffrira que les fiens foyent humiliez»
& qu'on en merdife:mais il faut que nous por-
tions cela auec doucear,attendans que noftre
Seigneur maintienenoâre intégrité. Voila ce
quenous auons à retenir de ce paflage. Or en
la fin fainft Paul dit ,QU^autunesfe JontdeJh§tr-
nets a-fres Satan. Il allègue encores vn^plus
grand inconuenient,duquel il auoit défia tou-
ché.c'eft que de ces vefucs on voitCdit-il)que
défia il y en a eu qui ont quitté la foy, & ont
abandonné Dieu:les voil»reuoltees:les exem
pies nous doyuent bien aduertir d'y prendre-
garde, Yci en premier lieu, il nous eft monftré
que pour le moins nous dcuons eftre fages par
l'expérience. Il eft.vray qu'on dit que c'tft la.
maiftreflè des fols ornais fi vaudroit-il mieux
encores venir'à raifon tard que iamais. Quand
on voit qu'vnmaleft aduenu, n'y doit-on pas
remédier ? Et ceux qui ne le font , monftrent
qu'ils font du tout obftinez & endurcis, en for
te qu'ils ne fe veulent point corriger. On ver-
ra beaucoup de fcandales aduenir:&-bien,que|.
le eftl'occafion?On trouuera la fource quant
& quant . Il fàtidroii donc pouruoir à telles
chofes.Or fi on n'y pouruoit point,c'eft figne
qu'on veut nourrir le mal,& meûnes qu'on ell
bienaife qu'il •s'augmente,&' qu'il sîempire,
iufques à ce qu'il foit venu au comble.Appre-
nonsdonc toutesfois & quantes que Diea
nous fufcite des troubles , que «'eft pour nous
aduertir>afin que nous foyons tant plus fon-
gueux de remédier aux chofes mauuai fes , &
d'y pouruoir,ouy s'il eft en noftre main:c3r il
nous faut toufiours regarder aux moyens que
Dieu nous dône. Ceci s'eftend bien loin:niais
il fuffit d'enauoir touché quelques exemples.
Si nous voyons des fcaridales en vn pays , it
faut regarder dont cela procède , afçauoic
pourcc que le nom de Dieu fera b&fphemé, &
que quand on parle de TEuangile on voit les
conttmpteurs de Dieu s'en mocquer,auiquels
il n'y a nulle religion : qu'entre nous il y en.
aura de fi desbordez , qu'ils voudroyent que-
onlafchaftlabride à tout le monde pour fai-
re tout ce que bon leur fembleroit . Et voii*
comme la doftrine de t'Euangile eft diffamée-
en eux , d'autant qu'ils en font profeAion à
pleine bouche : que s'ils eftoycnt luifs , ou
Turcs, ou Payens, &bien, paflc : mais quand
on voit que le nom de Dieu eft comme foullé
au pied^&i qu'on n'y remédie point,<^ue peut-
on
s V R L A I. A
on attend* là dcffus ? Apres .cjiiaiid les kr-
jnons ne font point ti"cqijtntez,(i les gcns-Je-
uienent profines , & qu'ils ne fçachtnt plus
<^ue c'eft de confcience , ncde rcipciance de
là vie éternelle, cela n'cA point noiiucaii . Or
«jiie faut-il donques ? Il y faut pouriioir , &
quand on n'y met nulle prouilion , c'ell ligne
que le mal a gagné du tout,& qu'on veut con-
feimer Satan à l'empire qu'il aura delîa o£-
cugé. Q_ua«donvoit les païUardi/es régner,
nedeuroit-on point pen fer aui occalîons , &
cognoiftre qu'il ne fe faut point csbaliir ii
tout eft ainfi desbordé.'Car quand telles clio-
fes font pcrmifes , la porte elt ouuerte à tou-
te vilenie & ordure , qvi'il n'y aura plus d'
honneiletc entre les hommes & les femmes.
Quelque fois on eftimera que c'eft peu de
chofe que de ceci & de cela : mais ce font les
préparatifs pour corrompre toute honneftc-
té.pour mettre vneconfufion telle, qu'ail fau-
dra qu'vne ville Jeuiene bord eau. Cinanddôc
oncognoifl toutes ces cîiofts. ne faut-il point
y pouruoir, finon qu'on vucille tenter Dieu à
fon efcicnt? Ainlî donques retenons de ce paf-
ùge de fainû Paul, que s'il aduient des fcan-
dales entre nous , & que Dieu parle , & qu'il
nous foliote de faire noflrc Jcuoir.&depre-
uenir les maux, qu'il nous faut obfcrucr les
remèdes quM nous offrc,& qui font conuena-
bl'es, félon qu'il nous les mettra en main. Voi-
la quant à vn item. Or il faut maintenant que
vn diacun regarde en fon endroit. Qjie ceux
qui font en eftat public cognoifTent , S'il ad-
ulent quelque mal entre nous, Dieu nous ref-
ueillc: noBs auons efté endormis, il faut donc
quenoiK penfionsde tenir la bride plus cour-
te, & que nous veillions mieux lur ceci que
nousn'auons point fait: autrement il eft cer-
tain qu'on verra vn déluge qni furmontera, &
nous ne pourrons point empcfcher les abomi
nations quand elles auront par trop dominé.
Et ceux qui font perfonnes p-iuces, qu'ils re-
gardent à leur mefnage :& puis que chacun
vieneà faperfonne : Oriefiiis tombé en tel
mal . Et pourquoy ? car i'auoye auparauant
«hoppé en telendroitril faut donc que ie m'en
donne garde par ci après . Voila ce que nous
auonsànoter .Et de là voit-on quelle efl 1'
obftinationdes Papiftcs.canl n'tfl point que-
lconque les rcMionftrances ayent lieu entre
eux. le ne parle point feulemét de ce CIcrgc,
de ces moineries , & de ces cloiïtres oïi Satan ,
domine pleinement, & où il atout pcruerti:
mais on voit la corruption qui eft qiiaiî géné-
rale par tout : & cependant fi eû-ce qu'ils ne '
▼eulent nullement ouïr qu'on parle du remè-
de : n'eft-ce point batailler du tout contre
DieuïCariainft Paul ne dit pas que toutes les
vefues fe foyent reuoltees, mais il dit, A»cu-
nrx.Or il veut qu'on preuiene ce mal,afin que
le Cours en foit enipefché. Et que feri-ce dôc
quand nous aurons tant d'expériences qu'el-
les nous creuerûnt lesy€uxî£tc''cÔce <juc
T I M O T H.
149
nous auons à noter, qu'il nous faut eftrefages
en ceft endroit , pour fuyurc touliours et qui
eft dt Dieu . Car il nous faut retenir le bien,
ent.int qu'en nous fera, pour le fi parer d'aucc
le mal: commt anfsi fiinft Paul, quand il voit
qu'il y a des vefues qui fe font rtuolttes après
Satan , ne condamne pas tout Teflat ,mais il
v(ut qu'on cmpifchc celles qui poiirruytnt
flirre le fcuiblable. Et ainfi (comme l'ay ilit)
fcpaions toufîours le bicnd'autc le mal, car c'
cil la vrayc tîifcretio que celle-là. Et qui plus
eit, quand nous voudrons donner remcdc, que
nous ayons toufi()ur^ ccHe confidciacion en
nous,£t bien. Dieu comaïaude-il telle chok!
s'il nous aduenoit tous les inconueniens da
monde, ce n'ilT pas à nous d'y pouruoir : car
les liommes font malins quand ils voudront
attenter quelque chofe qui ne leur fera point
pcrmile; fuyuons donc ce que Dieu comman-
de ù ordonne. Comme auiourd'huy il y en a
qurdir nt. Ho, telle chofe pourroit aduenir.
Et vo" c fies bien prcuoyas: voire,vous voyez
plus loin & plus aigu que Dieu,Ho,voire,mair
voila vne telle confequence, telle chofe peut
aduenir. Voire, il faut que nous abbations ce
qui eft de Dita: voila des diables qui viencnt
hurterdes cornes àl'encontrede Ditu:& ce-
pendât il leur ftmble que ce n'cft rien de tout
ce qu'ils entreprcncnt, & qu'ils doyuent de-
meurer impunis. Or notons bien que nous ne
deuons point .luoir vne telle preuoyance, que
nous attentions rien deccquieftdeDieit.car
il faut qu'il demeure en fon cntierrmais quant
eR de ce que nous poutxons manier pour no-
ftrevfage , notons qu'il nous faut toutesfojs
difcerntr lïecc qui eft bon & vtite , & de ce
qm nous eft ncccflàire,qn'iInous y taut tenir.
Il ne faut point que nous regardions, Ho, cela
n'fft point inauuais du tout:nenni,mais il faut
que noiisvfiôs de ce qui nous eft nus en main,
en forte que It mal foit f mpefché entant que
en nous fera. Et cependant notons ec que dit
fainit Paul, Qwe les vefues qui s'eftoycnt cf-
gareesdubon chemin ,s\ftoycnt reuohies a~
fTis S.tt.m.\\ eft vray qu'il ne parle ici que des
femmes vefues: mais nous en poDuons recueil
lir vne doftnne générale , QW fi toft qu'y!!
homme qui eftpit au chemin de faliit, fe des-
bauche, il prend Satan pour fon capitaine , &
s'addonnc à luy, & s'y rend comme vn efcla—
ne. Ncfaifons point noftie conte quand non»,
aurons riblé contre Di(:ii , & que nous auront
reietté fon ioug, que nous foyons en liberté:
nenni, Dieu ne fouffrira point ce!a:m.iis qu.TsI
nous aurons ufufcd'eftrc à luy, il faudia que
nous changions de matftre en defpit de nos
dents, & que Satan fnccede au lieu de ccluy
que nous n'aurons point voulu accepter . De
feruiràDieii , c'eftvne condition iî amiable
que rien plus, le lougde noftre Seigneur re-
fus Chri/l eft fi doux & fi gracieux , qu'il dé-
clare qu'il nous veut ilipporter en toutes nos
infirmitez . Or cependant nous ne pouuoot
1.1.
IÇO
SERMON XLII.
fouffiir d'cftre goimernez ne de Dieu , ne de
celiiy auquel il a donné toute authoiité par
deflus nous, c'cft afçauoii lefiiv Chrift noihe
Seigneur. C^ue taut-il donc; C'eil v n lufte û-
laiie que Satan viene, Si que nous luy facions
hommage, & que nous loyons vn Eirdcau tous
luy. Voila donques ce que ûind Paul a voulu
déclarer eace pa!Tlige.£t pourtant penfons à
uousxarpuis que TEuangile nous cfîprelché,
voila lefus Chnft qui eteuc Ijn lîege &: ion
fceptre.il nous monllre qu'il veut cfïre nofrre
Roy , & qu'il nous tient pour ion peuple.
Quand nous auons ainlî taie profefsionde T
Euangile, (i nous ne perliftoai lulques à la tîn,
s'il naiisadaicnt de nous dcsbauclier en £i-
on que ce foit, non feulement nous refufons
'eihe en robciffancc du Fils de Dieu , mais
nous donnons toute maillrife far nous à Sa-
tan,& l'occupera, &: faudra que nous foyons à
fui foruice endefpit de nos dents. Si cecicft
vne choie horrible , Se qu'il nous face drefler
Ils cheueux eu la telLe,ie vous prie, ne deuons
nous point élire adnioncftez mieux que nous
n'auons eil:e,de rtous cacher fous les ailes de
noftre Dieu, Si nous tenir là quois , côme des
petis poufiins,&: no' laiflcr gouueruerpar luy
I
à ce qu'il no' reforme tellemctpa^on fainfl
£fprit,que nous ne foyons plus li volai^es Se fi
cfgarcz comme nous auons eilé ? Or pour ce
faire aduifons qu'il nous taut auoir pour con
duitenoflre Seigneur lelus Chrift:car iînous
voulons eftre vraycmcnt le peuple de Dieu.il
Elut que ce que dit le Prophète, foit accompli
en nous, que le peuple marchera, & leur Roy
Dauid ira douant . Ainfi donc foufFrons que
lefus Chrift marche, Se puis que nous le fuy-
uiôs pour approcher toufîours de plus en plus
de noftre Dieu Et puis qu'auiouid'huy il no'
efclaire par fon Euangile,que nous ayons touf
iours i"a doctrine deuant nos yeux,&: que nous
le fuyuions pas à pas, voire elcoutans fa voix
comme de noftre bon Pafteur , ainfi qu'il en
parle au dixième de fain£t lean.
O R nous-nous profternerons deuant U
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce 3e
nos fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
faire mieux fentir que nous n'auôs point fait.
Et cependant qu'il nous attire tellement à
foy, que nous ne demandions finon dedcdier
le relie de noftre vie à fon honneur. Ainli
nous dirons tou^,Dieu tout-puiflànt,Peie ce-
lcfte,&c.
SIXIEME SERMONSVR LE
C I N Q_V lEMECHAPlTRE.
y6 C^ft vn hovimc fidèle yOu \>}je femme fidèle a de s ^efiue^^que
illcurfuhuienc, ^quel'EgîifencnJoitgreuee,a ce qn elle ait ajjèz
Pour celles qui font yrayemcnt yefues.
17 Les Vreslres qui prcfideyit bien,Jôye}it réputé^ dignes de dou
hle honneur: principàement ceux qui labourent en la Varole c^ do~
cîrine.
18 Car tEfcriture dit, Tu ne lieras point la gueule du hœuf qui
foule le grain. EtyVouurier ejl digne defonfalatre.
1 nous fçauions garder le
moyen en tontes chofes, on
n'auroit point tant de peine
à nous retirer de nos vices
comme on a, mais nous de-
.clinons toufiours à quelque
extrémité . Voila po'irquoy
ceux qui ont la charge d'enfcigner , doyuenc
fe retenir prudemment, afin de traitter telle-
ment la dodrine, qu'ils ne donnent point oc-
calîonaux hommes d'en blaiplicmer. Car no-
ftre n.iture tendra là,& Satan aul'si a beaucoup
d'artifices pour y aider,&de noftre cofté nous
ne demamlons linon ànous fouruoyer. Or le
di ceci.pource que maintenant fainci Paul ^
commande à ceux qui auront des vefues de.
li'ur parentage, de leur donner. dequoy' le
nourrir. Et comment.=Ce fer3,dit-il,autânt cf-
pargner, tellement que l'Eglife pourra four-
nir à celles qui font vrayement vefues . Nous
voyons que ùind Paul veut qo'on relerue
pour Tes nccefsitez. de l'Eglife tant qu'il fera
pofsibleje bien qui eftoit pour lors ordonné.
Or maintenant comment eft-ce que le monde
vfera de cefte doÛrineiTl ne fera queftion que'
dechichétè,&detenir la main ferrée, car ori.
craindra toufîours que la terre ne faille. Voilà
donc pourquoy il tautbien auifcr de tiaittcr
tellement la doctrine, qu'elle ne donne point
occalîonaux malins de le deftournerde leur"
dcuoir ,preiians quelque oouucrture, comme
nous voyons qu'on le fait, & qu'vn chacun de
ndus.y éftçnclin. 5r lainû Paul a bien icgir-
déac&îa,iijCânt.<lu'il vait dequoy pouruoir
SVR LA I. A TIMOTH.
2^1
aux vefues.Q^iat-dcemot fera bien pci'é,com
bien que ceux qm veulent cftre pr.r trop du-
chés,ftcent vil bouclier de ce pallnge: coutcs-
foi« on le"; peut redarguer touliours , c] (aintè
Paul ne veut point qu'on efpargne iinon ià où
' il faut, & puis qu'on regarde à telle fin qu'on
doit. Il ya donquesici deux poinfts à noter:
^ l'vnc'eft, quand on veut eipargner .combien
qu'on ayc quelque confideration , toutesfois
il ne faut point qu'on détaille à ce qui eu ne-
ceflàire & requis : l'autre c'eii , qu'on ne foi:
point chiche fous ombre de quelque belle ex-
cufe, mais qu'on ait le coeur droit, & fi on re-
feruece qu'on a entre mains, que ce ne foit
point par auarice.que ce ne foit point pour 1'
appliquera mauuais vfage, mais .pour e:i ftr-
• «ir à Dieu comme il le cômandc. Or touchant
<Iu premier, il fera beaucoup mieux entendu
par exemples. Vn homme aura du bien pour s'
aider : il luy furuient quelque mal extraordi-
naire, il craindra d'auoir tante peur l'année
qui vient:& cependant ou il fe la iflcra mourir
detaim,ou il ne cerchera point fecours en
quelque maladie, ne i oila point vne folle re-
ferue.-Qjie l'homnic craigne tant d'auoir fau-
te l'an qui vient, qu'auiourd'huy quand Dieu
le touche de fa main , il ne vucille point s'at-
der de rien qui foit ? Autant en Itra-il quand
nous alléguerons de loin des couuertures , &:
cependant voici Dieu qui nous touche quafi
au doigt tout foudain,'5: nous voudrons là di-
re,Et voire, mais ceci & cela : cependant i'ay
dequoy pour fournir à vnencctAité vrgente,
c'efl autant comme fi Dieu me prefentoit ce
qu'il faut là faire.Nous voyons donc, comme
i'ay défia dit, qu'ici nous fommes exhortez à
pourfuvure ce qui eltde noftre deuoir , félon
que Dieu nous lecommâde, & félon que nous
en auons le moyen & faculté: comme vn hom
me doit regarder à foy & à fa famille , & par
ordre.il doit regarder àceux qui luy font pre
tentez de Dieu comme fes plus prochains. Et
en gênerai il faut aufsi regarder à tous ceux
^ui pcuuent auoir faute entre nous. Car quâd
il n'y auroit que noftre nature commune, ce-
ladefia nous doit toucher pour leur fubue-
irir : mais s'il y a ce parentage fpintuel , que
Dieu nous ait appelez pour etlre (es eiifans.ce
lien-la ell beaucoup plus eftroit & plus facré.
Viinfî donques penfons toufiours de tournir à
ce que Dieu nous cômande pour le temps pre
' fent, & fernions les yeux pour riiduenir,qu.îd
nous n'aurons point dequoy pour fatisfaire à
ce qui nous peut venir en fanta:lle .JEt pour-
quoy.- Car Dieu veut qu'on luy face cefthon
neur de s'appuyer fur fâ pouruoyanrc. 11 eft
vray que ceci pourroit eftre obfcur,mais ce ne
fera finon d'autant que la plus part font l'au-
reille fourde . Car fi en premier lieu nooîe-
ftions bien perfuadez que Dieu , félon qu'il
voudra que nous ayons faute, nous donnera
aufsi les xemedes conuenables , nous ne fe-
zions pasentelfouci& perplexité <}ue nous
fomm»s: & puis nout aurions ceci imprime m
no*^ mcinoues, que Dit-u veut ouc nou'. faciôs
à heure prclciuc ce qu'il oidonnc fans regar-
der plus loin: il n'y auroit nulle obfcurité en
ccfte docriine. Aiait l'incrcdulivé nous aucu-
gle en telle forte que nous ne pouiions appre
hcndcr ce que Dicii commande, & fommes en
inquiétude pour. nous enquérir comme nous
pourrons faire d'ici à dix & vingt ans . Mais
tant y a CjUe ccft aitide-ia doit eftre médité
de to' fidèles, c'eft afçauoir que Dieu ne veut
point que nous efpargnios ce qu'il nous a mis
entre les mains, finon en nous acquittant de
noftre dcuoir, fclon que nous voyons qu'au-
iourd'huy il nous folici te, qu'il ncusmonftre,
& qu'il nous déclara, Faites ceci ou ccla.Or vc
nons maintenant à bfin,qui cft qu.îd nous ef-
pargnons, qu'il ne faut point que nous preten
dions(comme nous auons de couftume) quel-
que excufe friuole, &<ju'il y aitde la feintife
en nous,& que nous foyons doubles, mais que
nous ch(tninionsrondeir.ét..Si i'cfpargne.qiie
ie n'allcgue point , lelï fay pour bonne lai-
fon, demoy le ne fuis point mené d'aoaiice*
que nous n'y allions point en cefrc forte,maiç
que Dieu nous foit tefmoin & iuge , que nous
ne pretédiors finô de gouncrner ce qu'il nous
aura donné, & que nous legouucrnions telle-
ment que nous en puifsiôs rendre conte fidèle
dtuant luy : & que nous ayons toufiours cela,
de mieux aimer que tout le bien du mode tVft
peri& aby fine, que d'y eftre enfeuelis. Quand
nous aurons ces deux chofesqui font ici no-
tées par S. Paul, nous aurons quant & quant ce
fte médiocrité qui eftrequife pour bien cfpar
gner ,en forte qtie nous ne ferons point chi*.
clie<: par trop.S: ne ferons point menez d'aua-
ricenon plus. Voila pourquoy il dit en pre-
mier ltei\,Qr^e fi aucun a des ftfiiei, qit'il y fiujr
«//JV:&- puis iladicufte , AfucjH''ily ah der^uoy
four fournir A cvUis cjui font Trjyemcgt -vef.ies,
£n premier liei! lainft Paul monftre que nous
•deuons fatisfàire .î noftre deuoir , &■ y mettre
peine entant qu'en nous fèra:& puis s'il y a re
férue, que ce foit tendant à ce but, qu'il y ait
toufiours dequoy fournir à ccque Dieu nous
commande , & non point que nous foyons des
gouffres iniàtiables. Or d'ici nous auons à ti-
rer vne bonne doftrine,c'eft quand nous fom
mes en charge publique.que nous difpenfions
le bien qui nous eft commis en telle forte que
nous n'alléguions point,£t comment? Il pour
roit aduenirtelle chofe: car ce que nous auôs
maintenâtdeuant les yeux doit eftre picferé.
Quelle folie fera-ce quad vn homme fera du
bon mefnager, & cependant qu'il feconfiime
du tout? Ceft ce qu'on dit en prouerbc,Qi;e
vn homme voudra efpargnervn fould en'&
bourfe, & cependant illaiflera plonuoir en fa
maifon,{bus ombrededire.Et quoy?Ho,ilme
faudroit trop d'argent fi iefaifoye monter
les ouuriers pour rccouurir ma maifon , il me
faudroit uop de tuilles. Voiie, & cependant
I.ii.'
t^l
SERMON XLII.
fiMlâ U p!iwé qoi-pooriira & chciirons.S: ci a- V\n. Or on trouuerialTer d'aduocats pour
leiions , &. tout ce qu'il y a, que tout Icra gi- faire donner du bien d'autruy , on verra des
fté: voila vn homme qni fera taxé à cent clcus zélateurs- qui fçauront tant bien recomman-
de domnsage paru tolic. Ainlien ell-ildc der que rien plus,Ho,Paumofneeft tant bien
ceux qui -Veulent ctpargncr lo ne (ç.iy quny, ici employee-niais s'il eftquertion de tirer vu
& Cependant ne regardent po!nt de t;>urnir j denier de ia bourCe, ho, il leur femble qu'on
ce que Dieu leur donnc.M.ii; le principal cil,
que nous ayons ceftcintcgnté tnnou',dei;e
pomc chercher des cxculcs vaincs comme
nous auons accou/himé, que chacun .'.Ueg'ie-
T.v, Ho, voila, ievoudroye bien faire ce qu'on
m'ordonne,ma'';i'ay des cntaiis,ray d'autres
charges , &; ie Tçay que Dieu approuue que
leur arrache les boyaux du ventre: & toutef-
fois ce feront ceux qui feront les plus affe-
ctionnez à faire donner , &mefmesfion ne
Kiuce qu'ils auront dit, incontinent c'efti
crier, qu'il femblera que tout foit perdu lî on
ne leur veut obtempérer . Dont vienent ces
grans murmures .dont vienent les fcandales
l'en aye le f lin. Il ell vray que voila quelques îînon de ces aduocats qui ne voudroyét point
belles couleurs : mais fi on fonde le cœur, on faire vneaumofne valant vn denier? Mais
n'y trouuera qu'hypocritic dedans, qu'il n'y a quoyfpour recommander ils font trop prodi
qu'auaricc qui règne, & qu'on en trouuera bié gués, ils feront leurs befongnes, & cepeildic
peu qui faccnt ofHce de pcre pour s'acquitter il faut qu'on leur obeiire,& fi on ne fait à leur
de leur deuoir enuers ceux aufquels Dieu les gré ii tort qu'ils auront ouuert la boyche,voi
oblige. D'autant plus donques dcuons-nous la vn murmure. On voit donc cela tous les
purger nos confcicnces atin que nous chemi- ioiir». Et ainiî d'autant plus nous faut-il bien
nions en iîmplicité pour ne prétendre point noter cefte dodrine qui eft ici contenue.c'eft
vnecouuertureobliqiie.&eftreconuaincus de que nous ne foyons point feulemét aduocats
uant Dieu, & deuant fes Anges , qu'il y ait eu pour faire du cuir d'autruy large couroyc,
aucune femtifeen nous. Cependant aut'si nous mais qu'vn chacun s'employe félon fafacul-
voyons comme ch.-icun doic prendre les char- té,voire,& qu.rd chacun aura fait aumofne de
ces fur foy ptuftoll que de les remettre fur le ce que Dieu luy aura donné , que les aumof-
commun : & c'ert vue leçon que nous deuons nés publ'ques aufsi fe facét l'elon qu'on pour
bié noter, pou rce qu'elle cft h malprattiquee. ra. Maisretenosce que fainâ Paul nous mon
Car qui eft celuy qui ne demande d'ertrc ftre,que celuy à qui attouchc la charge, s'il a
exempt de tout ce qu'il deura,^ cependant on quelque pouie de fonparéiage auquel il doi
ne fe fouciera gueres que le commun eu foit ue tournir,qu'il ne remette point cefle char-
chargé , on fera du cuir d'autruy large cou- ge-la au public, afin qu'il y ait dcquoy four-
roye.comrae ondit?Et pleuft a Dieuquecela iiir à ceux qui font dertituez de toute aide,
ne hirt point tant cognu par experiencc:mais Q_uand cela fera, tout ira paiiîblement, & les
on en a quafî les yeux creucz, que chacun au- murmures qu'on oit,âr dont il procède bcau-
la incontinent vn bouclier pour repoufler tou coup de fcandale<:,cefleront.S3inft Paul ay.ït
les charges , Ho, voila, de moyie [n'ay point ainli parlé des vefuesadiourte.Q"»/" Ancici
tel bien qui puifle fournir à tant de cholls:& (ou Preftres,qui vint iuti()Ufquels s''ttnploy-
puis i'ay ici .\ faire. A qui eft-ce donques que ent dtuement,^ Pacquitttnt de Ifitr ({eMoir,di>i
on renuoye?au commun. Et le S. Efprit qu'en »«»f rJJre rep».te\ dignes de double honneur,cy
prononce-il? Qu^vn chacun (dit-il) s'efforce fur tout ceux tjui tr.muillent en Lt Varole c?- da
félon fa faculté.afînque l'Eglife ne foit point urine. Car il eft efcrit.QuJonne lie point la Deu. if,
chargee.Or nous auons les aureilles bouchées gueule du bœuf qui foule legrain , ou qui la- 4,
àvne telle admonitiôifi faut -il toutesfois que boure la terre. Si Dieu a eu le foin des beftes, i.Cor.f,
tant plus nous auilions à nous ,&; que nous ne par plus forte raifon il faut bien que nous y.
foyons point tellement menez de noftrepro- ayons humanité entre les hommes, que nous
fit particulier , que ce qui nous eft ici pronon nefoyoTis point fî cruels de tirer la iiieur 8c
ce n'aille deuant,& ne foit vnebride pour re- lafubftancede ceux que nous laiflons mou-
primer toutes nosaffefti ons 8:cupiditez,c'eft rir defaim, mais comme le prouerbecômun
afçaiioir que chacun doit entrer en foy pour a toufîours efté , Que l'oauricr eft digne de M^f.ig,*
cognoiftre à quoy Dieu l'oblige , voire & fe fon falaire. Si cela doit eftre gardé enuers jq_ '
doit efuertuer de fournir de fon bien propre, tous, par plus forte raifon enuers ceur qui jl„, ,g,
afin que l'Eglife ne foit point foulée. Quand nous adminiftrentlapafture fpirituelle dont _^
nous ferons cela chacun pour foy , nous nos aines font nourries. Or deuant que paflcr
ne laiflerons pas de contribuer aux charges outre, nous auons à noter ici que fainft Paul
publiques , comme fainft Paul entend, que met denxefpecesdegouuerneurs d'Eglilé.Il
ceux-là qui eftoyent chargez de leurs vefues, met «eux qui trauaillent en la Parole, & ceux
ne laiffjyent point de faire aumofnes,qui qui font pourpenfer des moeurs, & pour veil
eftoyent diftribuees parccux qui y eftoyent 1er (ur les diflolutions qui fe peuucnc faire,
ordonnez. Mais auiourd'huy tSt s'en faut que afin qu'il y ait quelque police,& que les gens
beaucoup s'acquittent de tous les deux, qu'on ne foyét point diflolus, VoiJa donques deux
n'en trouuera point la moitié qui fuffifent à efpeccs d'Aiicieni que met ici fainft Paul : il
les
SVR LA I. A
Ie< appelle toasyreftres.ou AncienJ.Orileft
certain que de ce temps-U on ne fçauoit que
vouloit dire celte prcftrJle Papale : car ceux
<iw font crcet «n la Papauté pour Preftres.iis
ne font ordonnez finon bourreaux de lefai
Chriftponr leûcrifieriouraelleraent, quicft
vn blafpheme abom;.nable:raais voila la mots
excellent toucesfoisdont ces belles cornues
vferont enordonnant Icurt Preilres,c*crt que
ils doyuent facrifier Icfus Chriil.afin d'appât
ferTire de Dieu,&de réconcilier les homme?
auec luy. On ne fçauoit que c'eftoit de ctfte
preftnfe-Ia du temps de faiiiô Pauhmais quad
il parle desAnciens.il môftre que ce font ceux
qui fontapprouuez de Dieu,5tdefquels on ne
fe fçauroit pafler lî oo veut auoir vn régime
fpintuel, tel que Dieu l'a eftabli du commen-
cement, & qu'il veut eftrc obferué iufqiies en
la (indu monde. Or défia nous voyous que
{iinù Paul met les Anciens qui trauaiilcnt en
la parole de Dieu:*: puis lien metd"autres,&
dit que tou^ ceux dont il parle .doyuent bien
prefider. Il s'enfuit donquc-; qu'il y auoit des
Anciens qui n'eftovt nt ^oint prefcheurs, qui
n'auoycnt point Toftice d'ciifeigncr , ni d'à-
noncer h parole de Die u.Et de quoy feruoy-
ent-ils?llN iiioyeiit regard fur les mcrurs.afin
d'admoneJKr ccuk qui failloyent , & de ne
point fodffrir les fcandales publiques, afin d'.i
iioirauthirité, comme cftis cftablis de Ja part
de toute l'Eglife. Qjijndi) y auoit quelque
erimc,comme noifes.debats, rapineï, fraudes,
outrage$,iniures,pai!Iardife$,ceux-ladeuoyét
eftre vigilan'i fur tous ces vices, comme aiifsi
rEglifelcurdonnoit fuperintédancc.Or puis
qu'ainiî eft , qui eftceluy de nous maintenant
qui ofcr.i attenter contre l'ordre du fiincl
Êfprit? Et toutesfois on voit l'audace diabo-
lique qui y eft, qu'on tient autant de conte de
ce qui eft allégué derF.icriturc fainc^e, com-
me h on alleguoit \ pc fable d'Efopet: voila la
Chreftienté d'ici-.]Uicft vn liorrrblemonftrc.
£t quand on voit tilles choies, certes il feroit
bien à fouliaiter q Dieu ne nous laillîi II point
viure en vn fiecle li desbordé, que In parole de
Dieu en vn lieu où on tait profcfsion de l'E-
uangile , ait autant d'aiitJinrité coinmclion
auoit raconté quelque conte plaifint d'vn
homme prophanc. Or fi on croyoit qu'il y
euftvnDieu au ciel , il ell certain qu'on feroit
touché autrement, & qu'il yauroit quelque
crainte:mâis tous ceux qui vienentà l'encon-
trede celle ordoiinance, n'ont de religion no
plus que des chiens : s'ils eftoyent Turcs ou
luifs, on ne s'en esbahiroit point tantrmais
ils font pires que belles brutes. Et il ne faut
point trouuer eflrange que leur turpitude &
vilenie fe defcouure en telle forte, il faut que
cela foit notoire à tous , d'autant qu'ils n'ont
nulle honte de <'eleuer ainlî contre Dieu. Or
tant y a que c'eft vne marque qu'ils n'ont
point de religion.quartd ilsmefprifentainfi la
doftrine de Dieu,& que ces vileins ofent auec
T I M O T H.
'?»
vne telle furie Faire la guerre l leur Créateur,
il faut bien que nous contemplions en leurs
peifonnes mefmesvne horrible vtngcnce S:
inaledi£Hon de Dieu , 8c que (î pour vn tcmpï
Dieu les efpargne , ce terme-la leur ferabica
cher vendu.Ordonques retenons ce qui nous
ell ici dit par fainft Paul,Qu|il y a deuï cfpc-
ces d'Ancicns:que Dieu pour bien gouuerner
fon Eglifca voulu qu'il y cull des Miniftrci
qui anonçalTcnt fa parole, &qui fuHcntPa-
(îcurs:apres cela, qu'ily cull auKigens quant
& quant qui fuHent pour gouuerner , St qu'on
eltufl & cholîft ceux qui eiluyent de vie bon..
ne Se fainâe.qui auoyent délia acquis quelque
authoritt,& qui auoyentaufw quelque pruden
ce pour fournir à vne telle charge. Or pourrj
on changer ce que Dieu a commandé comme
vnechofe inuiolable? Qjj^on s'efforce t.Tîic
qu'on voud ra , mais enlafin nous fentivonr
que Dieu ne peut fouffrir que les hommes tca
uerfentainfifon ordre, & qu'ils bataillent di-
reûement pour tout peruertir. Tenonydonc
ceci comme vne chofe inuiolable. Il eft vray
^ucdelî.1 de long temps le diable atafchéde
lairc ce meflinge, en telle forte qu'il y adifia
treize cens ans qneles lâintlsperfonnages qui
culltnt déliré que Dieu eullefié purement l'er
ui.ic (ont plaints que cefl ordre-ci auoit efté
corrompu. Et comment?ou par nonchalance,
ou par orgueil : que ceux qui de ce temps-la
auoyét la charge d'anôcer la parole de Dieu,
auoyent attiré telle puiflance.àeux,qu'il n'e-
floit plus qucftion d'élire gens qui eulltnt fu-
perin tendance pour gouuerner l'Eglife. D'au
tant plus dôques nous f.rjt-il talchcrde nous
maintenir en celle pure intégrité que nous
voyons fortir de celle fontaine de vie, ouand
noilre Seigneur lefus a déclaré qu'il vouloit
que fon peuple fufl ainlî gouuernc. Perliilo.ns
donc en cel.i,& gardons bien de rien changer:
mefnies ayons honte que nous fommeibien
loin de cell citât dontparle fainft Paul. Car
qu'cll-cc.ie vous prie, de l'ordre que nous te-
nons entre nousj'C'c 11 comme vn petit ombra
ge tant feulement , de ce qui ell ici dcclaré. Si
on vouloitexammer-que c'cllvn C'onitftoirc
qui eft entre nous,hclas, combitn >'(n faut-il
que nous n'ayons cefte perfection ligrande
côme on l'a obfcruee du temps des Apoftrcs?
Et toutesfois encores y en a-il fcommc on le
voit)à qui cela fafche,voire q feulemét l'om-
bie de ce qu'ils cognoiflent eftrc procède de
Dieu , les tourmente.tout ainlî que le diable
fera tourmenté, & agitera les hommes en plus
grande furie quand Dieu defploy'c fa vertu. Et
ainlî il ne faut linon cefte petite ombre pour
defpuer lesmefchans,& les ennemis domefti-
qucs de Dieu. l'appelle ennemis domeftiqucs,
ceux qui font profefsiô de rEHangile,5; mon-
ftrent qu'ils fontplus contraires que les Pa-
pilles.Or tant s'en faut qu'il nous faille recu-
ler , que nous deuons câiclier pluftoftde nous
auancer,cognoillâns qu'il y a encores longue
l.iii.
î?T
■"SERMON XL IL
diftance entre nous& l'ordre qui aefté prac-
liqué du temps des Apoftres. £tainlî prions
Dieu quM nou'; cont-crme tellement qu'il re-
fide au milieu denous,&que pluftoft il amené
les choies en meilleur cftat pour approcher
tant mieux de la règle deû parole, que de re-
culer vn ftul pas, veu que nous ioinmes enco-
res,non point au milieu du chemin, mais qu''à
grand' peine auons-nous commencé pour en
bien dire. C'eftvn article que nous auons à
obferuer en ce pafTage. Or cependant il nous
faut aufsi noter , quand ûintt Paul parle des
Anciens , qu'il n'entend pas tous ceux qui en
ont le titre.mais ceux (^mpreflJent biea,Sc qui
font leur deuoir. Or fous ce mot de Vrefider,
notons que c'eftvn office honorable que de
gouuerner l'Eglife de Dieu,coiixme il en a efté
parlé cideflus.Il eft vrayq no'ne pouuôs eftre
Pafteurs , nous ne pouuons eftre miniftres de
la parole.nous ne pouuons eftreAnciens.finon
en feruant à Dieu & à fon peuple: brief, nous
ne polluons feruir àDieu,que nous ne Ibyons
feruiteurs de fon Eglife,& de fes fidèles, com-
me lainft Paul en parle au quatrième de lapre
miere aux Corinthiens. Quelle eitdonccefte
dignité? Ce n'eft pasvne façon de prelîder
comme aurôt les Princes & les feigneurs.mais
c'eft comme vn feruice. Glorifions-nous donc
feruans au troupeau qui nous eft commis. Car
(comme deiîa l'ay touché) il eft impofiible
t]ue nous feruions à Dieu, fînon nous dedians
au feruice de fon peuple : mais cependant fi
faut-il fçauoir que ce feruice eftcôioint auec
la dignité. Or on voit le mefpris qui eft quafi
par tout lemonde,qui procède de cefte ingra
titude , que bien peu de gens reputent à quoy
c'eft que Dieu nous a appelez & choifîs. Car
il leur fenible que les prcfcheurs font comme
des valets d'eftable , & qu'on en pourra faire
a fon plaifiryqu'on les pourra manier pour di-
re.Tire ci,tourne là. On voit ceft orgueil en
4'auciîs.Pourquoy?Carianiais n'ont goufté ce
mot dont parle ici fainÙ. Paul, c'eft afçauoir
que nous ne pouuons pas anoncer la parole de
Dieu , finon en prcfidant. Il eft vray (comme
i'ay défia dit) que ce n'eft point vne fuperin-
lendance impériale, ce n'eft point vne domi-
nation ne principauté : mais c'eft afin que la
pj-role de Dieu l'oit authorifee,& qu'on reco-
gnoiflè que nous deuons eftre efcoutez com-
me peresdesenfans. Si vn enfant reiettefon
père quand il Padmonefte , & luy donne bon
confeiljildefpiteDieu. Autant en eft-ild'vfl
homme qui lait profefsion d'eftre fidele,&: ce
.pendant reiette toute la doûrine deceux que
il cognoift luy eftre ordonnez de Dieu à ceft
office paternel. Voila donc pourquoy faind
Paul a ici vfé dece mot de Vrefider. Or reue-
«onsàce quei'aydeCa touché, c'eft que Dieu
ne commande point qu'on honore tous cçux
qui ont ce titre , mais feulement.il veut qu'oo
^'acquitte entiers ceuxx^ui font leur deuoir;
<£( en cela toit -on ijuclle impudence c'eft au
Pape' , & â tout fon Clergé , qui voudroyent
qu'on les recogmift Euefques, Prélats, &: tout
ce qu'il eft pofsible de penfer. Car ils enflent
leurs ioucs , quand il eft queftion de s'intitu-
ler , qu'ils auront leurs pompes magnifiques,
qu'il femble que la terre doyue tremblera
chacun mot qu'ils s'attribuent t mais cepen-
dant fi faut-il veniràce quedit S. Paul, c'eft
que les fidèles ne font point tenus finon à ceux
qui prefident bien. Q^'ori regarde mainte-
nant que c'eft que font les Euefques,& tout le
Clergé, c'eft à dire toute cefte vermine de la
Papauté. Eft-il queftion de fçauoir que vaut
leur charge ? Nenni: mais il faut fçauoir que
vaut vn bénéfice porté àcent lieues loin , &
qu'vn homme n'en approche iamais finÔ pour
fon esbat quand il en voudra auoirla vcue.
Mais quant eft de fe dédier à Dieu & à fon
peuple,il n'en eft nulle mention. Voyant que
leschofes font ainfi corrompues , que faut.'iJ
que nous facions ? C'eft de tenir cefte règle
qui nous eft d5needuciel,& ne prenons point
cefte couuerture pour dire , Ho , les hommes
peiiuent abufer d'viie telle chofe. Et Diea
n'eft-il point allez fage pour y pouruou? Or
voila ce qu'il nous commande, liiyuons-le fim
plcment, & gardons-nous bien que les chofes
ne déclinent point en mal. Et fi on voit qu'il
y ait danger que tout ne fe peruertifle, voici le
fain6^ Efprit qiii y remédie , quand il eft dit,
Qjte les V^fleurs doynent trMiaiUer en Lt paro-
le (j'doSlrine: & que les autres Anciens, com-
bien qu'Us n'ayent point l'office d'enfeigner
l'Euangile.doyuent toutesfois s'employer à
faire ce qui eft de leur vocation & eftat. Et
ainfi quand nous ferons obeiflàns à noftre Sei-
gneur lefus Chrift, iS:qiievolontairemét nous
fuyurons ce qu'il nous monftre, que les hom-
mes facent tout ce qu'ils pourront pour cor-
rompre le bien, que le diable aufsi machine
auec toutes fes aftuces qu'il ba,de nous diuer-
tir du bon chemin, nous ne pourrons tomber
que fur nos pieds, comme on dit. Mais quand
nous voudrons eftre fins & cauts de noftre co
fté,& trop aigus, Dieu permettra que nous fe-
rons lurprins en beaucoup de fortes : & nous
en fommes dignes, fi nous ne nous contentons
de l'efcouter limpleniét pour faire ce qu'il or
donne.Tant y a qu'ici fainft Paul a rembarré
envn mot tous ceux qui fe vantét d'eftre Pre-.
lats en rEglifc,& d'eftre Euefqu€s,quis'attri.
buent quelque oiïice& dignité ,.& cependant
fon t des idoles & des chiens muets : fainû Paul
les repouflc, & leur ferme la porte, en difant
que fi on veut eftr* réputé ou Paft«ur ou An-
cien en l'Eghfcyce n'eft point aflezd'auoirvn
titre volant,d'auoirIaplacc:maisil faut con-
fidererfivn home fait facharge.&s'il sV.cquit
te de la cômifsion qui luy eftd5nee:voila com
me il en faut vfer.Et quad nous en feros ainlî,
noftre Seigneu,r régnera au milieu de nous, Sc
nous profpererons par ce moyentmais en vou.
lanc<leclmer,il eil certain que nous ne ttrerôs
qu'à
s VR L A I. A TIMOTH.
*j#
"(^u'à noftre ruine. Il y a au refte, qu'il eft dit,
Varote , & DoShrine : ce qui eft bien à noter.
Car il môllre que nous pourrions taire beau-
coup d'autres chofes , & pourrions alléguer
que nous n'aurions nul loifir, mais cependant
il faut regarder principalement à quoy Dieu
nous appelle. Or le Pape, quand on dira que
c'eft vne befte oifiue , fçaurabien répliquer
qu'il fouftient les fardeaux du inonde: ki E-
uefques cornus feront empcfchez tant &plus
à leurs inanigâces qu'ils ont controuuees en
leur tefte : mais cependant il n'y a rien de ce
que Dieu requiert d'eux. Et au relie, que ceux
qui voudront eitre reputez Pafteurs , doiuent
notamment s'appliquer à -celte parole . Eî
comment?Eft-ce pour en faire vne eftude fe-
crete en vn cabinet? Nenni : mais pour l'in-
ftrudion commune de l'Eglife. Voila pour-
quoy fainft Paul a voulu adionfter le mot de
èaBrine. Il fuffifoit bien d'auoir dit , V.xrole:
maisilmonrtre quenousnedeuons point fpe
culer en priué ce que bon nous femblera,
mais quand nous auons eftudié, que ce foit a-
fin que les autres profiten t auec nous , Se que
l'inftruûion en foit commune i toute TEgli-
fe. Voila donques quelle eft la vraye marque
pour bien difccrner le? Pafteurs que Dieu ap
prouue , & qu'il veut eftre maintenus en fon
£glife,& ceux qui s'attribuent ce titre & hon
neur : & cependant font exclus & reiettezde
luy,&du faind Efprit. 0,r quand f^infl: Paul
dit que ceux qui trauaillent ainiî en doftrine
& parole,& qui s'occupent à enfeigner, qu'ils
doiuent eftre nourris aux dcfpens communs,
& qu'on les doit auoir en telle eftime , qu'ils
n'ayent faute de rien. Saind Paul n'a point
parlé ainiî comme cherchant fon profit. Car
nous voyons que là où il y auoit fcindale , il.
s'eft abrtenuQece qui luy euftetté licite. Il
eilvray qu'il a bien prins falaire des Egliles
poiir lefquelles il ne trauailioit point, qu'il a
fouffert qu'on hiy apportaft argent de deux
cents lieux loin pour lis neccfsitez: mais ce-r
P_endantlî eft-ce qu'il a mifux aimé ttauail-
1er de fes mains propres , que de donner oc-
cafion aux mefchans de detr^fter , comme il
traitte cela en d'autres lieux. Et en ce.paflà-
gc fainâ Paul n'a point. regardé à foy,mais il
a parlé en l'authorité de Dieu , afin que l'E-
glife né foit point defpourueué de gens qui
puiflent fidèlement enfeignist. Car le diable a
eu ceft artifice dés le conimencement, qu'il a
voulu affamer les"bons Pafteurs, afin qu'ils
peufTent Heiîfter , Se qu'il y en eult bien peu
quis'employaflentàanôcerla parojede Dieu.
Il eft vray quad il y aura desfacrificateurs de
Baal , comme on les voit en la Papauté , que
cela ne courte rien à nourrir, que cefte veimi
ne fera bien entretenue , chacun trauaillera
pour nourrir ces ventres oififs: & toutesfois
à qui eft-ce que cela s'offre fïnon au diable?
Mais le monde eftainC enragé. Cependant
s'il eft qucfhon de nourrit ceux qjji an{iHçc t
la parole de Dieu.il femble qu'on arrache les
entrailles de ceux qui ont la charge de les en
tretenir.tellement qu'il n'eft queftion que de
retrâcher: &Satâa toufiours fes fuppofts qui ■
ne tafehent finon de priuer les Pafteurs de
leur nourriture , afin que l'Eglife n'ait poinf
de pafture ipirituelle quant & quant. Voila
donques à quoy fainif Paul a regardé en ce
paflage.Et ainfi ne prenos point cefte recon».
mandation qui eft ici contenue , comme d'vn
homme mortel, mais efcoutons Dieu parler,
& fçachons qu'il n'a point eu acception de
perfonnes.mais que cognoiflànt ce qui eftoic
profit.îble à toute fon Eglife , & voyant que
beaucoup eftoyeiit lafches & froids enccit
endroit ,. il a donné vne règle à ce que ceux
qui doiuent anoncerl'Euangile, foyent nour
ris.comme nous voyons aufsi que faincl Paul
en 'parle en d'autres liéiix , & qu'il en traitte
plus à plein en l'Epiftre des Corinthiens. Il
eft vray qu'il en parle aux Galatiens , mais là
il en fait vne longue deduite.Or Dieu a vou»
lu retenir la malice de Satan, lequel voudroic
qu'il n'y euft nul entretenement pour ceuK
qui doiuent anoncer la parole de Dieu , afin
qu'il n'y euft plusdedoûrine , que tout fuft
peruerti,que les coiruptioBS dominaflent c5
me vn delugc,qûe tout fuft confus & difsipc.
Noftre Seigneur donc a pourueu à ce mal. Ce
pendat aufsi il a cognu l'ingratitude du mon-
de. Car fi l'Eglift de fon cofté eftoit vplon.«
taire pour s'acquitter de fon deuoir, il eft cer
tain que Dieu n'infifteroit point là deflus , il
fuffiroit d'en auoir dit m feulmor:mais quâd
il voit qu'il y a tant de mefcognoiflànce'îno-
tons que ce n'eft point fans caufe que tant in
ftamment il a monftré ce que nous deuos fai-
re. Il eft vray qu'il y en â beaucoup qui fe-
royent contens qu'on defpendift tant & plus,
moyennant qu'il n'y euft point de chaire qui
fuft libre poui" parler:mais pource qu'on leur
çiatte leurs rongnes, ils ne peuuent fouiFrir
cela , & voudroyent que toute doûrine fuft
mife fous le pied. Et comment? Ho, il ne faut
que trois prefcheurs : &: n'eft-ce point afTez?
Voire?Or il leur femble qu'vn fermon ne cou
fte né plus que leur fera vnebeuuette. Quad
telles gens auront defieuné , ho, ils ne laifle-
ront pas de fane grand' chère audii'ner. Et
puis, le goufter vient-il?c'eft à recommencer:
& fur cela ils ne laiflerôt pas encores de bien
. foupper : & mefmes quand ils auront fouppé
ii.ifques àcreuer. encores faudra-il faire col-
lation.Voila donc comme ces yurongnes qui-.;
feront cinq repas le ioiur , penfcnt qu'on doit
bien faire autant de fermons , & que cela ne
doit rien coufter non plus qu'à tenir là leurs
propos : mefmes quand ils auront dcfgorgé
leurs blafphemes , que c'en doit eftre autant
d'vnfermô, cène leur eft rien, ce leur femble.
Et puis il n'y a nulle vigilance , il n'eft point
queftion d'cftudiér, de regarder à ceci o.u 3,
cék , ila'eft.poin.t. (jucftjvndf .confoler çeu« ■
I.iiii.
l^f
SERMON XL ni.
qui en ont bcfoin, de vifîtcr les malades, rien
qui foit de tout cela. Et cepcndat telles gens
n'ont point honte de gronder ainli comme
des pourceaux qui viendrôc ietter leur groin
pour tout corrompre & renuerfer. Ainiidonc
BOUS voyôs par expcriencequecen'eft point
fans caule que Ditii a voulu pouruoirà la
nourriture de; miniftres de fa parole , & re-
d.irgucr quant & quant la malice & ingrati-
tude qui eit aux hommes. Mai'; poiircc que le
léps ne porte pas que le refte fe puiiTe defpef
cher raaintenât,nou$ le referuerons à vne au-
tre fois.
Cependant nous-nous profterneron? de-
uât la maiefté de noftre bon Dieu eu cognoif
ûace de nos tautes,le prians qu'il nous les fa-
ce mieux fentir que nous o'auoris point fait.ét
que d'orcfcnauant nous appreniôs à nous ac-
quitter chacun de (à charge & de fon deuoirr
que nous tafchions aufli de Toulager nos pro-
chaine , & que nouv portions les fardeaux les
vns desautres mutucUement.Etcependatque
nous exaltions ce bon Dieu entre nous , afio
aufsique nous foyons fouftenusde fa vertu &
de fa grâce iufques en la fîn:& quM nous au-
gméte en tous les dôs de fon S.Efprit,& qu'il
les face valoir tellement que de plus en plus
nous foyons conformeià fa gloire iufques à
ce qu'il nous y ait tranffigurez du tout en fon
royaume celefte. Que non feulement il bohs
face cefte grâce , mais aufsi à tout peuples Se
nations de la terre,&c.
SEPTIEME SERMON SVR LE
C I N CL.V I E M E C H A P 1 T R E.
17 Les Anciens quiprefident bien , foyent réputé^, dignes de
double honneur : principalement ceux qui labourent en la Varole (^ en
doShine.
18 Car ÎEfcriture dit, Tu ne lieras point la ^euïe du bœuf qui
foule le grain.Et,Vouurier eîl digne defonfalahre.
15 Ne reçoy point d'accujâtion contre T Ancien finonfous deux.
outrais te fnoins.
zo Kepren deuant tous, ceux qui pechent,a^n que les autres auf-
jî en ayent crainte.
me fpiritBel de l'Eglife Je Dieu. Et cepcndat
ceux qui fc dirôt Prelats.penfent que ce n'eft
point choie qui j'accorde à leur dignité que
d'anoncer la parole de Dieu. LesCurcxferÔr
leur profne: mais ce n'eft que tonte niocque-
rk. Ainfi donc notons bien que Dieu nous a
ici donné vne règle certaine & infallible pour
iuger queh font les vrais Prélats qui ont 1ère
gime dt fon Eglifc , c'eft i fcauoir ceux qui
trunaillent en la ilofîrine.Ot ce mot de trauail
emporte qiTïiNyfaut mettre peine à hô efciét,
que ce n eft pasvn ieu ou vne cérémonie,
mais qu'on s'y doit employer. Et cependant
fainil Paul ne parle poiin feulement de Joitri
n«,mais il met la Pan If deuant , pour fignifiet
que la doârine que nous portons , doit cÙfe
tirée de la pure parole de Dieu: que ce n'tft
point aux hommes mortels d'auancer ce que
leur fantafie porte, & ce qu'ils auront imagi-
né.Car il ne faut pointque nous foyons fagct
à noftre appétit , mais que Dieu ûomincluy
feul,5£ que nous foyons enfclgner de iuy. Or
cclacft-il? Sainû Paul déclare, Quectux^ut
s'ac^HÎtent fjelttnent Je leur deuoir , font ii-
vnet dt double honntur , qu'on doit auoir plus
d'efgard Heurs perfonnes, qu'aux vefues dot
il
Ous iuons cSmcncé àraon-
ftrcr quels font les vrais Pre
ftrcs q Dieu approuuc : non
' point ceux que le Pape a or
donnc2,ou fes Eucfques;car
' il les a introduits pour eftre
comme bourreaux de le fus
CKrift, le facrifians, cômc fi ce n'eftoit point
affcz qu'il fe fuft offert vn feul coup pour no-
Itre rédemption eternelle,ainfi que TEfcritu-
le le porte.Et puis les Preftres aufji en la Pa-
pauté font cftablis pour faire d'autres linge-
iies. Mais cependant voici DieuiuidecLire
par la bouche de fainft Paul, que \ii vrais Pre
ères ou Pafteurs de l'Eglife, ce font ceux qui
travaillent en la V^irole &• en lai{oiUrine:com~
ne s'il eftoit du, pour enfeigner purement ce
2 ni eft contenu en la parole de Dieu. Ce font
onc deux chofcs infcparables félon Dieu &
fon ordre qu'il a eftabli , que le titre de Pa-
âeur , d'Euefque.de Preftre, ou d'Ancien, ou
de Miniftre , & de pfcfcher & anonct-r la pa-
role de Dicu.Et de là on peut luger quelle cil
cefte Hiérarchie dont les Papiftes fe vantent,
comme ils difent qu'ils ont vne principauté
tiicree,& que c'eû a «ui <^u'appattici le régi-
SVRLA I. ATIMOTH.
*S7
Pc»». Il
10.
i.Cor.?.
4-
Rom. i{,
17-
llauoit fait cidefTus mention. Et d'autat que
le monde eft par trop ingrat en ctft endioit,
il adioiifte auf>i la probation , ÇJ^f Us haufs
tncfmescjin traK.tilltiit paurnous,furiiit fnfifl.in-
tex.,cjuon les nourrira. Et Thumanité le porte,
comme Salomon dit , L'homme fage, & qui a
quelque raifon en foy, penfcra fon clKual,&
ne le voudra point greucr outre mcdire , ne
le charger. Si nature nous monfcrc que nous
deuons vfer d'équité enuers les be/les brutes,
que deuôs-noiis faire enuers nos prochains?
Serons-nous là cruels?Vn bœuf qui laboure*-
ra les champs, ou qui foulle le blé, fera nour-
ri : & ceux qui adminillrent la pafture fpiri-
tuelle,ceux qui font conftituez de Dieu pour
nourrirnosames, ceux-là feront-ils mefpri-
fez? Il y aaufsi l'autre règle qui eft tirée du
droit commun , & de la couftiime qui fe doit
obferuer entre les hommes, c'eft^B^ celuy qni
trauaillc ,ffl dign- de loyer. Puis qu'ainiî eft
donc, que ceux qui trauaillét pour le falut de
nos âmes , la chofe la plus precieufe qui foit
au monde, ayent dequoy le nourrir : comme
aufsifainft Paul en traitte en d'autres parta-
ges plus à plein :& ne l'a point fait pour foy,
mais d'autant qu'il voyoït la malice de beau
coup de gens,&: que les vns murmuroyét con
trc les Pafteurs,d'aut.u qu'ils eftoyent nour-
ris aux defpés comnuis de l'Eglife.- les autres
euflcnt voulu qu'on les euft quafi affamez : &
le diable aufvi machine cela , qu'il voudroit
qu'il n'y euft homme qui montaft iamais en
chaire pour enfeigner. Sainâ: Paul donc ( ou
pluftoftle fainft Efprit de Dieu parlant par
fa bouche)a voulu remédier à vn tel mal. Pour
cefte caufe il déclare qu'on doit auoir le foin
de ceux qui s'acquittent fidèlement de leur
office, eftans conftituez Pafteurs. Et de fait,
nous voyons cequ'ilditenl'epiftre aux Ro-
mains,qu'il oblige les Payens qui eftoyét aux
régions lointaines , aux luifs qui habitoyent
en lerufalem , pourceque l'Euangile leur e-
ftoit venu de là: Vous eftes tenus, dit-il, en-
uers eux. Et pourquoy? Car d'où eft-ce que
vous eftprocedee ladoftrine de falut? Tou-
tesfois ce n'eftoyent point ceux-là qui l'a-
uoySt apportée: It eft-ce que fam£i Paul veut
que les Payens qui habitoyent en Grèce , &
aux jutres pays lointains , fuffent obligez 3
ceux de lerufalem , & qu'ils leur enuoyaflcnt
de leurs biens. Et pourquoy? Car l'Euangile
leur en eft vemi. Et que fera-ce donc de ceux
qui enfeignent en leurs propres perfonnes,&
qui s'occupent là? Maintenant nous voyons
à quoy faîil Paul a regardé, difant,</K*on dmt
auoir le foin de ceux cjiti trauaillent e» U dochi
ne (p- en la farote- Et fi nous regardons à no-
ftre temps , nous pourrons aifeement iuger
que ce n'eft point uns caufe que faind Paul a
ici parlé de la prouifion & nourriture des mi
niftres. Car il n'eft point qneftion auiour-
d'huy qu'on fe taille,& qt,; chacun contribue
pour le falaicedccenx qui anoncent l'Euan-
gile. Car le bien qui a efté mal employé le
temps- pafTé pour le<: aboininacions de la Pa-
pauté,& qui a tfté defpendu en toute vilenie,
doit eftic remis en l'on droit vfage & légiti-
me, que les poures en foyéc nourris, & les mi
niftres qui anoncent la parole de Dieu, &: que
les efcoîes en foycnt entretenues. Or mainte
nantdonc , que nul ne fe fent chargé en fon
priué.encores ne iailTe-on pas defc defpiter,
qu'on orra les murmures, qu'aucuns.parlét du
falaiie desminiftres , comme fi on leur arra-
choit les tripes du ventre. Et pourquoy cela?
Ilsmonftrent que le diable les poulie &' les
gouuerne.Car puis qu'il ne leur courte rié.de
quoy eft-ce qu'ils fe toumiêtent tant?Et ainiî
cognoilTons qu'ils font organes du diable , Se
qu'il les faut fuir &detefter corne des pertes
mortelles qui voudroyent auoir anéanti lave
rite de Dieu fi en eux eftoit.Brief,on les co-
gnoift ennemis de Dieu manifeftes: car nous
voyons comme Dieu a parlé:or ils y contre-
difent. Ainfî donc nous voyons que ce n'eft
point fans caufe que notammét il eft parlé de
la nourriture de ceux qui anoncent la parole
de Dieu . c'eft afin qu'on ne leur prene point
leur viure,& mefines que ceux qui font enlêi-
gnez , cognoiflent qu'ils leur font dettcurs»
pource qu'ils reçoiuent la pafture fpirituelle
par leurs mains , & q Dieu les a cômis à cela.
Et au refte,qu'on aille aufsi au deuant de cell.
artifice du diable , c'eft qu'il n'alfame point
ceux qui doiuêt s'occuper à anoncer la paro-
le de Dieu, afin que par ce moyen on en foit
deftitué.Et de fait nous voyons comme Dieit
a permis que le monde fïift aueiiglé quand it
s'eft ainfi môftré ingrat en ceft endroit. Car il
y a eu toulïours des faciificatcurs des idoles
qui ont erté nourris, & leur a-on farci le vert
tre, tellcmét qu'ils ont tiré le fàng & la moet
If des os, qu'ils ont piHé le poure monde : &
cela a efté (ùpporté. Mais quoyrles hommes
font dignes d'ertre ajnfi magez par cesch.és
& par ces loups, quâd ils ne c.ignoiflcnt point
quelle eft l'obligatiô qu'Us ont enuers ceux <|
Dieu leur enuo ve, afin de leur apporter la do
ftrine de vie & de falut. Or ccpédant S.Paul
adioufteauf>l,Q«'f renf doit fniin rectuoir accui
fation <(i»/r'f«.v , f>tca fous Ion tefmoignage de
deuv ou trois. On pourroit trouucr ertrange
que fainft Paul donne ici aux minirtres de la
parole vn priuilege. Car ilfàut qu'ils fiiyent
tenus en bride plus eftroite, & e'elt bien rai-
fon:car c'ert à eux de mcftrer le bon chemin.
Tant s'en faut donc qu'ils doinent eftre priui
legez , & auoir plus de licence que le rcrtedu
peuptc.qu'ils doiuent auoir vne règle plus au
ftere & plus rude. Mais fainâ Paul n'a pas ici
voulu fupporter les vices en {i(^ô que ce fuft,
comme il le môftre aflez en ce qxfiIaJioufte,
que eeHx qui rnt failli' fy-nt redar^iteK , Tor^
dttiant tous, al n qu'ils f-iyent en e\tmt>le ,iux ait
tres,(^ que chacun apprene de cr.i'ndre. Nous
voyous donc le moyen ipi eft ici tenu par le
1^8
SERMON XLÏII.
S.Efprit. Et quant au priuilegc qu'il donne,
ce n'eft point l'ans caufe:car nous voyons que
les miniflrcs font plu? fubiets à beaucoup Je
calomnies & fauljes detraftions , que :ie l'ont
pouit les autres. Et qui eit-ce qui mené cela
linon Sata qui bralTè tout en fa boutique? Car
c'cil aufsi le plus grand moyen qu'il ait pour
nous defgoufter de la parole de Dieu , quand
on ti'ouueraà redire lur lesmmiftres, Ho.ce-
ci,& cela. Qn^ind tels bnuts le rement,& que
ils font receus.cela eftcaufe qu'on fs deftour
ne de la parole de Dieu , & qu'elle n'a plus
telle autfiorité & reuerence enucrs nous coin
me elle doit. Il y a eu donc iufte raifon pour-
qiioy faind Paul a comme par taçon de pri-
iiilcge détendu qu'on ne reçoyue point ac-
cufation haft.uenient contre les minillres de
la parole de Dieu. Et cependant on voit qu'il
n'a point voulu t'uiorifer aux perfonnes, mais
qu'il a eu elgard à Dieu & à la vérité, afin que
il n'y ait point vn mel'pris pour s'ellongncr
derEiiangile fous ombre qu'on pourra mef-
dire des hommes, & qu'ils i'crôc notez, & que
on leur imputera quelque blafme. O: cepen-
dant,que ce pnuiiegenefoit point excefsif-',il
appert:car fainâ: Paul lîmplcnient nous rame
ne à l'équité commune , voire & à la loy de
Dieu qui a efté eftablie en genrtal pour tous.
Car il crt dit que l'homme ne fera point con-
dânc iînon fous deux ou trois telmoins , que
vn iuge ne doit point le trop hafler pour af-
feoir fentence de condamnation fur quelque
coniefture qu'il aura , ou à l'appetit de quel-
qu'vn, qu'il faut preuue légitime de deux tef-
ijioins. Si cela eft ordonné en gênerai pour
tous, faind Paul veut qu'il foitobierué aux
miniftres de la Parole. Nous voyôs donc que
il ne leur donne point vn priuilcge excefsif,
mais d'autant qu'il cognoift qu'on les char-
ge,& qu'on les blafme le plusTouuent fans oc
caiîon,il môftre qu'il faut qu'ils foyct main-
tenus en leur intégrité. Voila donc la loy c5
niune de Dieu, à laquelle faind Paul fe règle.
Le Pape en a bien vféd'vne autre façon : car
quâd il parle de fesEuefques, il ne veut point
qu'ils foyent accufez finon qu'il y ait foixate
deux tcfmoins,&que les Cardinaux ne foyét
point accufez finon qu'il y ait feptante deux
tefmoins. Et on cft-ce qu'on trouueroit vn iî
grand peuple? S'ilfaloii pour la paillardife
d'vn EuefqueamalPer foixâte deux tefmoins,
afin qu'ils le viHent là couclié auec la putain,
&quâdefb-ce qu'vn Euefque feroit corrigé?
Ne voit-on point q le diable les a côme en-
forcelcz quand ils fe font donné vue telle li-
cence & priuilege , pour dire qu'il faille foi-
xantedeux tefmoins pourprouucr la paillar-
dile d'vn Preftre?Et toutesfois ils n'ont poît
eu vergongne de coucher cela en leurs facrez
canons. Et en cela voit-on que Dieu les a de-
ilituez de tout fens Se raifjn, quand il a vou-
lu que leur turpitude fuft cognuc de tout le
mode iufqucs aux pctis enfans.Or fainfl: Paul
n'a garde d'introduire vn teldefordre.Qupy
donc? Il s'ell contenté de l'ordonnance de
Dieu, félon qu'elle eft contenue en fa loy. Le
plus grand priuilege donc quedoiuent auoir
les Pafteurs qui anoncent fc parole de Dieu,
c'ell qu'ils doiuét eftre honorez. Tat y a que
iî ne les faut-il point nourrir en leurs vices,
niais ce qu'on leur doit donner, c'eAd'obfer
uer pluftoft enuers leurs perfonnes l'équité
de Dieu,c'eftafçauoircelle quieft mifcen la
loy,& au droiLt commun, comme nature nous
ie monllre, qu'on ne doit condamner perfon-
ne finon fous bon tefmoignage de deux pour
le moins. Il dit doc que cela foit obferuéaux
miniftres, & on ne leur fera point de tort.
Pourquoy cela elt-ildit d'eux par efpecial?
l'ay défia allégué la raifon, que le diable ma-
chine toufiours de les dilfamer , afin de faire
vue brèche en l'Eglife,que la parole de Dieu
foit en opprobre, & qu'on s'en puilTe moquer,
& qu'elle ne foit plus receue en telle reuereo
ce qu'elle mérite, & que toute bonne dodri-
ne loit dénigrée. Q_iKind donc nous voyons
que le diable tafche à ce but , de noftre cofté
aduifonsy: caraufsi le diable ellant ennemi
mortel de noftre falut,demandede nous pri-,
uer de la pafture de vie, côme fi vn enipoifon
neur nous oftoit legouft de toute viade.Q_ue
donc nous luy refiftions entant qu'il nous fe-
ra pofsible. Or outre ce que le diable vie d'v-
ne telle prattique , nous voyons que chacun
n'eft que par trop crédule pour liun>er ce qui
fera dit: quad il y aura quelque mauuais bruit
des miniftres de la parole de Dieu , cela fera
receu promptement, & femble qu'on frétille
d'appétit d'en ouir quelque diffame. Voyans
donc qu'vn tel vice règne par trop , il eft be-
foin d'vfcrde bon remède & propre, non
point pourexcufer les pcri"onnes,mais d'au-
tat qu'il eft queftion de la doàlrine dont nous
fommes miniftres & difpéfateurs. Et de fait,
cefte eniiie & celte malice-la eft enracinée en
la nature des homes, que toufiours ils tafchcc
s'ils peuuent de trouuerà redire &: à mordre
en ceux qui ont l'office de les corriger. Cela
mefmes a efté du par les Payés, qne ceux qui
dominein,font fuiets à beaucoup de mauuais
rapports , non point feulement pource qu'ils
font en lieu eminent,& qu'on les voit de plus
loin, mais pource que les petisont quafi leur
reuenge quand ils voyent quelque vice , ou
qu'ils le peuuent imaginer en ceux qui font
plus excelles, &qui ont aiithoritépar deflîis.
Voila donc comme les petis & ceux quilont
mefprifcz, ont côme vue efpece de venge.îce
quand ils peuuent trouuer ,\ mordre inr ceux
qui font en lieu plus digne, & en vn degré fu-
pcrieur.Or maintcn.it les miniftres qui anon-
cent la parole de Dieu.douient auoir la bou-
che ouuerte pour corriger le-, vices, peur tai-
re les remonftr.lccs, pour mettre en aiiant les
menaces de Dieu. Ceux qui feront ainfi rc-
prins,&: aufquels on gratte les rongnes , font
picqu,-2
SVRLAI. ATIMOTH.
picqueï & enuenimez, & necefllnt iiirqueç k
ce qu'ils ayeiu peu trouucr qucloue occaiîon
de fe reuengcr contre ceux qui les ont ainfî
reprins:& côbien qu'il n'y ait nulle couleur,
fî ne cefTent-ils point de machiner tout ce
qu'ils peuuent. Nous voyons donc d'vn cofté
l'aftucede Sacan qui nedemâde finon démet
tre quelque mal fur les minillres de la paro-
le de Dieu , afin que ladaftrine foit vilipen-
dée,& que nous en foyons dcfgouftez. Nous
voyôs aufsi dont procède cefte crédulité trop
grande, que nous preftons fî volontiers l'au-
reille pour ouirmefdire de ceux qui nousdoi
uétenfeigner.c'eftpource que nos vices font
defcouuerts par eux. Voyâs cela nous douons
bien iuger que ce n ell point fans caulê que
fainâ: Paul a voulu ici pouruoir que les mini
ftres de la parole de Dieu ne foycnt point
blafmcz à tort, car c'eftl'intereft commun de
tous . Qu'eft-ce que nous pouuons gagner
quand on fe pourra venger de ceux qui anon
cent la parole de Dieu, & qu'on les aura dif-
famez?Voila où le diable pietéd,de nous de-
ftournerdc la parole de Dieu, parlemefpris
de ceuT qui l'anocent. Et voila pourquoy no
**^f- ^3- itre Seigneur Ufus Chrift difoit , Q^and ks
Scnbes & Pharifîens font afsis l'ur la chaire
de Moyfe, qu'on les efcoute pour faire ce que
ils diient,e^cores qu'eux nele facent pa'i.Or
là il ne veut pas approuuer toute doârine(cô
me les Papiftes fe font armez de ce paUat-e)
mais lefus Chrift monflre que fi le- perfon-
nes viuent mal,& que leur vie foit difToliie, &
qu'ils facent fcandale en l'Eglife, que toutef
rois cela ne doit nullement deroguer à lama
iefté de la loy de Dieu, & de toute fa parole,
que cela ne doit point abolir la reuerece que
Dieu demîde que nous luy portions. Or tant
y a donc que fî les mimftres font ainfî diffa-
mez,la doftrine de Dieu eft corrompue : non
point que cela foit licite, mais nous^fommes
a malins & peruers,que fi toft que nous pen-
fons auoir quelque excufe de nous exépterde
l'obeiflance de Dieu.chacû y fait fes efforts.
Et ainfi donc nous voyon'. maintenant que
toutel'Egiife de Dieua intertft , quand les
miniflres font diffamez, que leur vie efl en op
probre.Et pourquoy?Carladoftriiiede Dieu
par colequent n'a plus vne telle maieflé com
me elle doit, & qu'elle merite:bnel'.nous fom
mes priuez du plus grand threforque Dieu
r.ous donne en ce monde , c'eft que nos âmes
foyent attirées à luy Or donc ici faipft Paul
ji'a point regarde aux perfonnes,^côme l'ay
défia dit ) ni à Te/lat auquel il eftoit appelé,
mais il apiuffoft voulu maintenir le falut de
tous lîJeies , il a procuré le bien commun de
l'Eglife. Et au relle,qu'ilnous fouuienedece
qui a deha eflc touché , c'eft afçauoir outre
ce que S. Paul ne donne point ici vn priuilc-
ge ex'cefsit-aux miniftres , qu'il n'entend pas
que le mal foit nourri, ne qu'on les lupporte
en leurs vices nullement:car il adioufte, Q^e
ceux <ju! aumnt failli , foyrHteorr'geK litH.-.nt
tous: qu'ils f-tycnt mis en fpei:!.. de. Sainfl Paul
donc ne veut point pour i'hôneur de l'eftat,
qu'on ferme les yeux quand il y aura quelque
faute ou quelque crime aux miniftres, mais
que pluftoft ils foyent punis au double, cônie
défia nousauons dit que la bride doit cftre
plus cftroite beaucoup à ceux qui anôcent la
parole de Dieu, qu'au rcfte de tout le peuple.
Le Pape a fait beaucoup de loix, & y a là vne
efpece de grande feuenté.voire.mais cepen-
dant voila tout le Clergé qui eft exempté de
toutes loix. Et combien qu'ils ayent des ca-.
nous anciens qui leur commandent de faire
ceci ou cela,cen'efi rien, car ils s'efpargnent
les vns les autres , & cependant il n'y a point
de police commune pour eux. Nous voyons
que les moines auec leur faîftetc diabolique,
s'il y a des crimes énormes entr'eui , ils vou-
dront le tout enfeuelir. Eipourqucy? Pour
I'hôneur de l'ordre, difent-ils.Or faimfl: Patil
n'a point fuiui vne telle confi)fion , mais ilâ
monftré qu'on ne peut mieux honorer l'eftat
Ae% miniftres , finon en raclant tous ceux qui
fe gouuernent mal , que l'Eglife de Dieu en *
foit purgée ; car e!le ne doit point eftie vne
eftablc à pourceaux. Vn homme priué fera-il
excommunié pour paillardife oupourchofe
femblîble? Qu'vn miniftre foit dégradé quàc
&■ quant de fon eftat, outre ce qu'il fera ex-
communié.Vn home pour yuronçnerie fera-
il reprin'.fQuJvn miniftre foit ch.ifrc.Q.iiaiid
donc on y procédera; ainfi, c'eft afçauoir que
ceux qui ont la charge <5c office d'anoncerla
parole de Dieu, commenceront par leurs per
fonnes à eftre feueres , & à fe tenir en bonnç
bride & en bonne difcipline,alors orrne pour
ra point dire qu'ils foyent par trop priuile-
gez quand ils feront maintenus en leur inté-
grité, & que ce ne fera point en fàueiir d'eur
mefmes , mais àcaufe que la parole de Dicu'
ait fon.iuthorité, & qu'elle foit receue com-
me il appartient , ainfî qu'il a efté défia dit.
Maintenant nous voyons que fainS: Paul n'a
po'nt parlé en home mortel , &■ qu'il n'a riere
chrrché ne pour foy ne pwir fes côpagnons,
mais que Dieu nous a déclaré par fa bouche
ce que nous deuôs obfcruer, & ce qui tft pour
le profit & falut des âmes. Il refte maintenanc
de prattiquer ecfledoflrine. Et en premier
lieu , toutes fois Srquantes que nous ocrons
mal parler de ceux qtii anôcent la parole de
Dieu, que nous ayons le diable futpcdt,carles.
calomnies forciront toufioursde fâ boutique»
Et ainfî enquerons-ncus diliremment : ie ne
di pas qiiennns fermions les yeux , quand on
nous voudra defcouurir quelque mal , & que
nous ayons auf.i les aureilles bouchées pour
n'en rien ouix : niau contraire , fî toft qu'on
orra mal parler des miniftres , qu'on s'en—
quiere s'il eft ainfî ou non :m.ais cependant
coanoifTons qu'il nous faut auoir ce regard),
que i'ay touché , que le diable ne dema::Lie:
a(?o
SERMON XLIII.
finon de nous defgoufteï dcJ miniftret pour
Bou'v iliener de U paK>lc de Dieu.S: que nous
li hayfsionî, oubienqu^elle n'j't point fa di-
gnité enuers no' telle qu"'dle doit, & qu'il eii
icquij. Que nous foyons toufiour* Jrmez de
èeli pour cftie prudens, & pour nous retenir,
ifin de ne iuger poi«t à la volce:& quîd nous
aurons trouuéquelcî minifti es l'ont iniufte-
mcnt Mal'mez.que nous dcteltiôs ceux qui les
dcnigi'cnt iinli.£t pourquoy?C.ir ih l'ont iup
j' ifti de Satan, ce l'ont les inftrumens par lef-
iiuels il vient lemer telle zizar.ie.afin que la l'c
incnce de Dieu ne croiiTe & ne fruftifie point
en nous. Or maintenant ceux qui ont l'erui iuf
nues ici à Satan,&qui ont encores délibéré d'
y fcruir, qu'ils regirdét en quel lieu & en quel
le eftnne on les doit tenir . Car il cft certain
qu'entre les Papiftcs il n'y a point vue plus
grande inipudcce qu'il y a quelque tois entre
ceux qui îr dil'ent Chrcftiés.pour calomnier,
& pour diifanier iniuftement ceux qui cc'rchct
& qui procurent leur ûlut entant qu'en eux
ell.Or regardôs toulioursà celle droite fin où
le l'aind El'prit nous addreire, c'ell que la pa-
role de Dieu ait l'on authorité.&c que nous l'ef
coûtions volontiers, & que nous y prenions
gouft pour en eftre raflafiez : veu que c'ell la
vie de nos aines,& que fans icclle nous défail-
lons. Q_iie donc nous ne foutfrions point d'e-
ftre abbruuez de mélonges,que le diable braf-
fe par tous artifices qu'il peut pour nous en
tvôper & feduire:que fi nous luy preftons Pau
rcillc, c'eft autant corne lî nous loutFnons que
quelqu'vn no' veinll nicfler parmi noftre foup
pe & noflre viande ou bruuage, quelque herbe
amere pour no' defgoufter.ou qu'il feift quel
que meflinge.en forte que nous tufsions l.i af-
famez auprès de noAre nourriture. Sçaurions-
BOt« gré à celuy qui nous viendroit ictter des
cendres en noftre fouppe?Ou à celuy qui vien
droit ietter delà fange ou de la bouc fur no-
ftre viande? Ou à celuy qui meflcroit quelque
vilenie parmi noftre vin? Voudrions-nous re-
ceuoircela,&: le prendre de noftre bon gré: Il
cft certain que non. Or ceux qui vienent ainlî
mcfdire des miniftres & pafteurs.ils ne denian
dent finon à corrôpre la viande & pafturc que
Dieu nous propofe pour noftre falut : & tou-
tesfois voila dequoy nous fommes tant con-
uoiteux que rien plus. Et il appert bien que
nous n'eftimôs gueres le ûlut de nos amcs, 3c
qu'il no' eft bien mefprifé & bien vilein.Que
donc nous foyons mieux aduifcz ordinaire-
tnét que nous ne fommes pas en ceft endroit;
mais quand nou. voyons que les miniftres le
gouuernét mal,qu'vn chacun s'employe tant
qu'il luy fera pofsible .i racler telle ordure, cSc
que TEglife de Dieu ne foit point intcdtcc de
l'candales. Car (comme l'ay défia dit) elle ne
doit point eftre vne eftable à pourceaux, c'eft
vn temple dédié .\ Dieu &: à là maiefté , afin
qu'il refide au milieu de nous. Et que nous ne
iiourriûlons point les fcandalcs , mais qu'vn
chacun trauaille à les ofter en {<tn endroit,
comme fainft Paul ordonne ici que les Pre-
ftresjcombien qu'ils aycnt cfté en cftat faind,
en eftat que Diçu prife & honore , toutcsfoiï
doyuent eftre redarguezdeuanttou$,& com-
me fi on les mettoit fur vn efchatfaut.Ont-ils
commis quelque crime?qu'ils foyent en exem
pie à tous,& que chacun y prenegarde,& que
ils monftrent le chemin : quand il eft queftion
de corriger les vices , qu'ils commencent par
ce bout-la. Quand nous tiendrôs vn tel moy-
en,iScqu'il fera bien prattiqué entre nous , les
vices ne feront point fupportez fous ombre
de la parole de Dieu,& de la dignité qui eft en
ctft eftat & office. Cependant il ne faudra pas
que nous ayons licence de mal-faire:carquâd
nous ferons tenus en bride plus eftroite , le
peuple fera pourueu de bons Pafteurs . Voila
donc ce que nous auonsànoter fi nous vou-.
ions bien appliquer celle dodrine à noftre
vlage.Etau rcfte, poifons ce mot quand il eft
à\l,Afn que les autres CTaiviieni.Qiï quand on
verra vn miniftrcde la parole de Dieu eftre
ainfi dégradé , &. qu'il trcbufche comme de
haut en bas , cela nous doit beaucoup plus ef-
mouuoir:voila vnfcandale qui nous doit fane
trembler iScdrelTcr les cheueuxenla tefte:car
voila la chaire qui cft le ficgc de Dieu dont il
veut gouuerncr nos âmes. Le liège de lufticc
eft bien honorablc:mais quand il tft queftion
de ce régime fpirituel,Dieu nous veut condui
re iufques au Royaume des cieux : comme ce-
luy qui eft pour parler au nom de Dieu , elt
comme vn Ange.ainli mit le prophète M.ila-
chie en parle, il eft mcltagtr de Dieu. Et làintl
Paul vfe de cefte fimilitude d'ambaflàde. Voi-
la vn homme mortel qui n'eit rien de foy, qui
reprefentela perfonnede Dieu. Or fi nous le
voyons là condaniné,& qu'il loiten opprobre
àcaufequ'il aura failli ,& qu'il n'aura point
exécuté fidèlement fon office, ne voila point
vne admonition commune à tous ? & ne de-
uons-nous pas eftre beaucoup plus touchez
quand nous voyons vn tel fpeitaclerAinfi dôc
notons que Dieu n'a point voulu qu'en fon
Eglifeon efpargnaft les gians non plus que
les pctis: mais au contraire , quand vn grand
aura failli, il doit eftre puni au double. Il fera
beau voir qu'vn iuge puniiré les crimes, & ce-
pendant qu'en foy il vaille pis que k s autres,
ou bien qu'il face le fcmblable ,& que quand
il aura failli, il foit exempte : quel propos y
aura-il en cela ? c'eft contre nature. Notons
donc que Dieu veut files grans faillent qu'ils
foyent en exemple .à tous,& qu'ils ne doyuent
point eftre ûipportcz.m.'.i. qu'ils ccnimincét
la danfe pour eftre punis , afin que les autres
cheminent en craiiue , °< qu':K pcnkiit tant
mieux à eux pour cognoillrc qui.' s'iK taillét,
qu'ils ne T ront eljiargncz nô plii' . Q_i^ic nous
recueillions donc de ce p.iftage vne doctrine
commune pour tous, pour les grans &: poiii les
pctis, que nous-nous foumcttions tous à cefte
difc/j>
M4/.1.7
i.Cor.f.
10
s VR LA î. A TIMOTFÎ.
cUfcipline que Di«u a introduite pour nous
ranger à luy , vpire en telle forte «jue les^c-
chez ne demeurent point impunis:niais quand
il Vauravne faute commife en quelque per-
fonnage que ce foitiOU de quelque eftat ôc qua
lité qu'il l'oit, qu'on ne le lupporte point,ains
qu'il foit puni : voire en telle lortc qu'on co-
gnoirte que nous lu: voulons point nourrir les
vices entre nous, Se que cela tourne en edifica
tion.au lieu qu'il pourroit eftre en fcandale.
OR nous-noiis profternerons deuant la
face de noAre bon Dieu en cognoiflànce de
16T
Bof fautes , le priant qu'ii luy plai/e «otit le»
faire tellement (èatir, que ne^s retournions
tous k luy , & que cependant ti oow t^e U.
main, à ce que de plu: en plut il nous reâutfe k
foy,& qu'il ne permette poiar que nous foyôt
efgarez pour nous eflôgner de fa Parol^: mait
qu'il nous y conferme de iour en iour.â ce que ■
nous n'en Soyons iamaii de Aourneï.&que ce-
pendant il nous fupporte en nos infirmitez^
lufques à ce qu'il nous en ait dcfpouilJtï du
tout. Ainll nous Jiroas tous ^Dieu rouc-pujf^
fan t , P ère ceieiie,&c.
hvitieme sermon s V k le
C I N CL.Y lEME CHAPITRE,
2,1 le tddiure deudnt Dieu ^ le Seigneur Icfus Chrifi ,■ cr" l^f
Anges elcus,quc tu gardes ces chojes ftnshdilif iugancnt, nefaijant
rien félon djfcclion. *
XX N impofe point tojl les mains fur aucun , ^ ne communique
point aux péchez d autruy: garde toy pur.
Ous auons vevîpar cideuant,
côme c'eilvne chofe noble &
precieule de gouuerner l'Egli
le de Dieu, qu'aufsi il elt fort
difficile de s'en acquitter dcue
nient.Et voila pourquoy fainft Paul ayant dé-
claré à Timothee quel eftoit Ion otticc, con-
clud, Qu^il aduifebienà foy , comme ayant
Dieu pour fon iugc, & le Seigneur Ufus , Se
tous lesAnges pour tefaioins, qu'il regarde ce
qu'il a à faire ici bas au troupeau de Dieu.
Nous voyons donc que faiiict Paul ne le con-
tente pas d'vn limple adiiertillcmét pour en-
feigner Timothee de ce qu'il a à faire, mais il
l'adiure & l'adiourne comme dcuant k licçe
iudicial de Dieu, afin qu'il ait plus gr.îd'crain
te & folicitude : non point que Timothee
quant à foy eufi bcfoin d'eftre ainli pTclVé-car
nous fçauons le tcfmoignage qui luy eft ren-
du. Mais fainû Paul a regardé a deux chofes:
rvne, qu'il vouloir que Timothee tult aimé
contre tous mefdifans. Car il n'auoit pas vne
authorité (î grande, qu'on ne s'tlciiait contre
luy,& qu'il n'y eult quelque fois de gens ma-
lins qui eftoycnt prcfts à dctraûcr.Saimft Paul
donc veut qu'il {ice les chofes comme ayant
les feruitcurs de Dieu coniointsaucc hiy. Et
puis il a voulu au fsi donner vne règle commu
nc&r générale à tous ceux qui font en office
fpecial.Car celle epiftre-ci eftant efcrite .î vn
liomme,doit fciuir à tous fidèles, qu'eftant ef-
crite oudattce en vn ioiir, elle doit auoir fon
vlage perpétuel ;ufqiies en la fin du mode. Or
venons maintenant .i ce qui eft ici contenu.
Quand fainct Paul dit.V t'','.dluTe (leu.t>it IiiV»
(^ le Seinttmr Icfin, C /'■' A"gc3 : il n'entend
pas de faire les Anges pareils k lefus Chrift,
comme s'ils eftoyent iuges du mode : car cela
a cfté donné au Fils feul,commc il en eft par-
lé au f .de fâinrt lean, & par toute l'Efcriture
fainàic, & que l'article au fsi de noftre foy le
porte. Mais cepédant S. Paul a aufsi voulu ad-
iourner Timothee, & en fa perfonne tous mi.
mitres de la parole de Dieu , comme fi on fai-
loitvnaûefolennel. Carlemot aufsi tmpor-
tc cela, comme quand on appellera vn homme
en ingénient, & que là on prend aftc,& qu'il s'
oblige:fainct Paul en vfc 3infi,& ccfte fimilitu
dc-la eft bien à noter. Car il fignifie que ceux
qui ont la charge d'anôccr la parole de Dieu,
ne ptuutnt rien faire en cachette, d'autât que
ils l'ont regardez de Dieu &dcs Anges, &• que
toiislcurs pas font notez & maïqiitz. Ce/} le
premier que nous auons à obferuer en ce paf-
fage. Or de là nous auons à recueillir vne bon
nedoLtrine&vtilcpour tous-car par ccnioyc
nous fommes aduertis de l'amour que Dieu
nous porte , quand il luy plaift de veiller fur
nous , & regarder à tout ce qu'il faut en fon
Egiiie.Nous fommes poures créatures qui
ne méritons pas que Dieu nous lailTc > iure au
morde: encorcs qu'il fiift t(](inj;nc de nous,
mais fi ne laille-il point de noi:s porter vne
te Ile atFeâion, qu'il nous l^àit bien kntir fi mi
fericoide,fur tout quand nous f .mines afti ni-
blcz pour eftre conduits &:gouucme2 par fa
Parole, il prelide alors au mille u de nous, &• y
tait fa refidcncc,& y a fin re pos. comme aul-
fi l'Efcriture appelle l'Eghfe , le repo.v'dé
Dieu.Etc'cftvn article qui eft bien notaTjle ^J'-^^-
pournoiis monftrer que noftic -Stiqnciir ne ''*"
no'dchlilTe point, que l.iin.iis il n-. nous tour-
K.ui.
ne le dos. Et ainfî nous auons à nous confoler
tous enfemble , quand nouç voyons que ceux
qui portent la doftrinede l'Euangiie,font ad
iournezdeuant Dieu & deuaiir (es Anges. £t
pourquoy ? d'autant que PEuangile n'eft laif-
fee aux hoipmes, à ce qu'ils la traittent à leur
•appétit, .mais Dieu retient touiîours l'empire
fouuerain, & veut aiiAi que les' Anges ibyent
ici auec nous pour eftre tcfmoins de la dottri
ne qui nous efîanoncee. Mais comme les mi-
niflres font ici refueillez,telkraent qu'il faut
bien ( s'ils ne font par trop ftupides ) qu'ils
tremblent quand ils ovent que Dieu par fon
héraut fainft Paul, les adiourneicideuant fon
Jîege iudiciai, & qu'il veut qu'il -fe face acle fo
lennel de ce qu'Us auront fait, afin que les coh
tes en foyent rendus au dernier iour . Comme
donc de noftre coflé nous deuons bien penfer
ànous, &cftre vigilans, aufsi chacun en fon
endrpit doit bien appliquer cefle dottrine à
fon vfage.Car ii ceux qui oyent iournellemét
la doiSrine de l'Euangile, & en ont les aureil-
les batues, n'y profitent comme il appartient
pour eltre édifiez en la crainte de Dieu, & en
toute faiiicieté de vie, il faudra que nous re-
fpondions deuant Dieu,& ne fera ia befoinde
faire longue en quefte, & de former autre pro
tés.pource que Dieu eft ici au m lieu de nous,
leius Chriftnous eftprcfcnt,& fes Anges mef
mes rendront tefmoignage de noftre ingra-
titude quand nous n'aurons receu en telle re-
utrencela parole de falut comme elle le mé-
rite.Ainii en fomme nous voyons que les Pa-
fteurs font exhortez de faire leur dtuoir , tel-
lement qu'ils ne pourront efchapper la main
de Dieu. Et y a ici vne menace horrible con-
tre ceux qui n'on: point mis peine à s'acquit-
ter :& cependant tout le troupeau ei): enfei-
çné auf 1 bien de fon office, que nous adui-
fions de profiter cependant que Dieu nous
fait la grâce de n©u'. ouurir la porte, afin que
BOUS le venions ouïr ,& de nous tenir ici ef-
chole faifant office de Maiftre & Dofteur par
le moyen des hommes qui font coiilhtuez en
ctflc charge. Or cependant notons aulsi que
toutes fois & quantes que la doftrine de Dieu
TOUS eft prefthee, nous fommes adnionctlez
que noui auons bcfoin de nous adiourner , &
chacun doit faire ceft office , il ne faut point
que nous attendions que Dieu nous cnuoye
des fergeans, mais chacun fedoit en vertu de
ctftc fcntcncc folicitci & penfer àfoyique fi
auiourd'huy Dieu ne fait point femblant de
punir nos péchez, il ne les a pas mis toutef-
fois en oi.bli.que le tout eft enrcgiftré dctiant
h;y.Q_Me cela donc nous viene en mémoire, a-
£rde cheminer comme il appartient, & ne
ncus point iafchtr la bride par trop . Or no-
tamment fainil Paul, après auoir parlé de
Dicu,adioiiftc, Ah nom de iiofre Seifiieur lefr.i
Chr!fl : poiiicc que c'eft en fa perfonne qu'il
nous J-siit eftreiut-fz, comme ce priuilege luy
a tilc dor.rcic.-'.r t'i ft en luy eue ce paUasc de
SERMON XLIIII.
Ifaie fe doit accomplir, comme ùànû Paul le
dit au 14. des Romains , que tout genouil fe
ployera deuât lefus Chrift. Et voila Dieu qui
lure qu'il faut que toutes créatures refpon-
dent deuat fon thront : mai cela eft vérifié en
la perfonne de noftre Seigneur Icfus Chrift,
dit iâinft Paul .Ainfî donc il n'y a nulle doute
qu'ici le iugenient que Di^a ordonné, ne foie
exprimé par le nom de lefus Chrift , afin que
noilre foy regarde touiîours à cefte venue der
niere qui nous eft promife . Et ii maintenant
noftre Seigneur lefus nous eft caché, que nous
n'apperceuions point fa maiefté vifible, que
nous ne laif ions pas de nourrir cefte efperan
ce en nos coeurs, qu'il viendia,& qu'alors il fe
ra tftabli comme il appartient; & fi fes chofes
font auiourd'huy confufes, qu'elles viendront
en leur eftai &■ perfeûion. Voila donc comme
les fidèles doyuent en patience fe letenir luf- '
ques à la manite-ftation de noAre Seigneur le-
fus Chrift , dont l'Efciiture parle . Au rcfte,
quand nous vo^on, que les Anges fontordon
nez comme fpeftateurs, & qu'ils font leguet
fumons pour eftre tefmoms de tout ce qui fe-
ra pafle en l'Eglife, tant plus fommes-nous
confermez en cefle amour que Dieu nous por
te: car il ne fe contente pas de preiider entre
nous , mais il employé aufsi fes Anges pour Pk-PI"
veiller fur noftre falut, comme il en eft parlé "•
en d'autres paflages . Or tout ainfî que Dieu
nous déclare fon amour , & nous en rend tef-
moignage, aufi deuons-nous eftre édifiez en
foy & en certitude, voyans que nousauôs tou
tes les vertus celeftes qui nous enuironnent.
Se que c'eft autant comme fi Dieumettoit fon
camp tout à l'entoor , que nous fufsions mu-
nis, & qu'il y euft vne forterefle inuincible
pour nous garder & garentir de tous nos ad-
uerfaires. Voila donc côme nous auons occa-
fion de nous refiouir.d'antant que Dieu a efta
bli fet Anges à noftre feruice,& pour eftre mi
niftres de noftre fahit, & le procurer en forte
qu'ils foyent tefmoins contre ceux qui n'au-
ront point gouucrné l'Eglife quand elle leur
eftoit commife. Notamment fainft Paul les ap
pelle Angrs ihus, voire afin que nous foy ons
touchez d'vne plus grande rcuerencc. Car ce
font les principautez de Dieu, ce font comme
(es mains , & en eux il defploye fa maiefté &
vertu: côme le rayon efpâd fa clarté par tout
le monde, ainfî les Anges font les ravons de
la gloire de Dieu, pource qu'elle nous eft co-
gnue par leur moyen. Sainft Paul donc non
i'ans caufc a ainfî intitulé les Angcs:mais cepé
dant notons aiifsi qu'il les veut fe-parcr d'aiits
ceux qui font trebufchez.Car les diables n'ôt
pas cfté créez fi peruers& malins qu'ils font,
ennemis de tout bien , d'vne nature faufle Sl
maudite : ils ont efté Anges de Dieu , mais ils
n'ont pas cfté eleus pour perfîfter ,ains font
dcchcus. Dieu donc s'eft refcrué ce qu'il a vou
lu d'entre fes Ange'. Et ainfî nous auons défia
vn miroir de l'clt ftic gratuite de D:t« au ciel,
fi us
SVR LA I. A TIMOTH.
affj
fans que nouî venions iufqiies au monde.Or fl
la grâce de Dieu nous apparoift iiifquesaux
• Anges, que fera-ce de nous? Car tout le genre
y*-î •/ humain a elle perdu & ruiné en Adam(comme
("^'^•i nous fçauons)& fommes tous maudits, & naif-
fons enfans d'ire, comme l'Efcriture en par-
le. Que faut-il donc linon que Dieu nous
choilillè par fa pure bonté, puifque dés le ven-
tre de la mère nous fommes corrompus , &
fommes aliénez de luy i' Il faut bien que fon
eleûion gratuite domine pour nous feparer
d'auec les repïouuez qurdcmcurét en leur per
dition.Nousdcuons bien donc noter ce paila-
ge.que faincV Paul parlant des Anges, monftrc
que leur dignité procède de ce que Dieu les a
choilîs & eleus àfoy. Et ainlî par plus torte
raifon nous ne fommes point difcernczd''a-
uec toutes les creatnres quiapparoilTent.finô
d'autant que Dieu nous fepare par là miferi-
corde.Or venons maintenant à celle j)rotelhi
tion que fait fiintl Paul.'Qj;' '» g.trdes ces cho
fes(dil-il)fjiis h.ij}iueté de- iitgniient,ne décli-
nant point en -vne partie. 11 ell certain que Ti-
mochee n'efloit point fuiet à corruptiô.il n'e-
ftoit point aufsi vn homme léger ni tfuenté'
toutesfois , faind Paul ne l'admonefte point
fans propos. Car(c5mei''ây dit)ce n'eft point
feulement pour fa perfonne qu'il l'adinoiiefle
ainlî , il baille vne règle commune à tous mi-
niftres de la parole de Dieu. Mais tant y a auf-
lî que Timothee a receu vn tel aduertiffcmét
auec toute modeftie.Brief,faintl Paul ne par-
le point ici à gens desbauchez,à gens ou il n'y
a nulle raifon, & qui ont le cerueau bouillant,
mais il parle à tous bons miniJlres & fidèles.
Car s'il addrefloit fon propos à ceux qui occu
pent la place des feruiteurs de Dieu,& ne font
aucunement idoines à vn tel office , il vferoit
d'vn autre langage. Notons donc qu'en la per
fonnede Timothee il veut ici exhorter tous
fidèles feruiteurs de Dieu q fôt idoines d'exer
cer vne telle charge , &. qui tafchent de s'en
acquitter fijieleinenc: mais tant y encores que
ils ont befoin d'ellre retenus , qu'ils n'ayent
point ceftehafliuetéde iugement.qu'ilsnede
clinent point en nulle partie. Or ces deux cho
fes tendent à vn but. Car nous déclinons quel-
quefois à vne partie pource que nous fommes
préoccupez ou de faueur ou de haine , quand
les prefens dominent par trop.Saind Paul n'a
pas entêJu celarcar ce ne feroit pas chofe dé-
cente à vnferuiteur de Dieu, de fe lailTer ga-
gner d'vne atfedion mauuaife pour condaner
l'innocent, pource qu'il lehait:& pour main-
tenir lemefchant, d'autant qu'il l'aime, &de
fe lailTerainfî gagner par corruption. Pour-
quoy donc .*>. Paul dit-il qu'on ne doit point
décliner en vne partiefU cntéd.par trop gran
de facilité. Encores qu'vn homme foit pur. Si
qu'ilait bon zèle, toutesfois fi pourra -il decli
ner par fois. Voila à quoy S.Paul en femme a
»regardé.Or puis que nous entendes ce qu'il a
voulu dire, il relie d'appliquer celle doibine à
nollre vfage.Et en premier lieu notons ce qui
a elle dit, que ceci n'eil point fuperflu.que les
minillres de la parole de Dieu font exhortez
de ne fe point haller.Et pourquoy?Qjj3d no*
ferions les plus aduifez du monde , qu'il y au-
rpitgrandemodeftie& granité en nous,fieft-
ceque les gens font importuns , l'vn picquc,
l'autre allume le feu,l'autre poufle:brief,c'eft
vne grande vertu, voire finguliere , quand vn
home fe peut retenir pour prefter l'aureille à
ce qu'on luy dira,& cependant qu'il ne fe ha-
lle point par trop. Et ainii nous voyons lane-
cef ité quieftoit que le fainûEfprit nous don
naft vne telle regle.Au refte.côme ceci ell c6-
mandé aux miniltres de la parole,aufsi faut-il
que tous ceux qui font en charge publique le
prenent à eux , 5; qu'ils l'eflendent à leur in-
flruftion: car c'elt vn ordre qui doit élire ob-
fcrué , mefmes en iuflice , de ne point fe trop
haller. Ileflvray que ceux qui voudrôt vfer
de meure délibération, prendront excufepour
ne iamais rié faire:cômenous voyôs ceux qui
font froids & lafches,vfcrontd' vne telle cou-
uerture, qu'ils craignét de fe hailer par trop.
Or il ne faut point faire de vice vertu:car ce-
lle hailiueté dont parle faind Paul ,n'ellpas 0
diligence.Vn home pourra e/lre haflif en fou
ofrice,il pourra cflre feruent,& quand les cho
fes fe feront de luy, il y aura vne exécution vi
ue,& cependant il ne fera point trop haflif.Et
pourquoy? Telle hailiueté gill, quand on dé-
cline en vne partie, c'ell à dire qu'on laifleles
chofcs qu'on doit faire, & cepëdant qu'on s'a-
nuileàcequi n'ell pas tant expédient. Tant y
a qu'il nous faut aduifer de tellement nous re-
tenir , que l'importunité des gens , ou bien la
crédulité de noflre efprit ne nous précipite
pa<.:coinme nous voyons rexperience,que ce
mal a par trop règne au mode de tout temps,
& qu'encores auiourd'huy chacun s'en fenti-
ra:& cependant il y en a bien peu qui cherchée
le remede.Or s'il nou^ft commandé de nous
garder de trop grande facilité, encores que
nous ayons vn bon zèle , ie vous prie , quelle
condamnati5& vengence eftapprellee à ceux
qui n'vfent point feulement de halliiieté,mais
de certaine malice? Comme nous enverrons
auiourd'huy qui auront double mefure & dou-
ble aulne. Q^nd il fera quellion d'vne cauXe
toute pareille, voila deux perfonnes qui vien-
dront,l'vn fera condamné pour le mefme faift
duquel l'autre feraablous. Et pourquoy ell-
ce qu'il y a vn iugement fi diucrs en vne mef-
me caufe?£il-ce que le iuge ait elle préoccu-
pé d'ignorâce,&: qu'il cuida 11 bien faire; N'éni:
mais d'vne certaine malice, que les vns feront
corrompus par prefens, les autres fe font ven-
dus à Satan pour maintenir toutes les mauuai-
fcsquereles qui viendr6t,&: s'y cfforceiôt en-
tant qu'en eux fcra.Et puis quîd ils ferôt ain-
lî enuenimez cotre toutes gens de bien, ils lé-
rot procureurs de tous vices, & en la fin il fau
dra qu'ils s'ab.idonnét à tcute vilenie. Et c'ell
K.iui.
a6'4
SERMON XLIIII.
te qu'on voit auioiird'liiiy , & la chofe cft par
trop notoirc.Carfi ceyxqiii ciiident bien fai-
re,& ont bon zele.font condamnez en leur in-
conlidcration.pource qu'ils font par trop cre
dules.que lera-cedeceux qui y procedet ainfi
d'vne certaine malice ? Notons bien donc la
règle qui eft ici donnée à tous ceux qui ont
charge publique.afin que nous prenions garde
à nous , & voyans que nous ferions par trop
mal-aduilez en ceft endroit , que nous prions
Dieu qu'il nous donne efpritde prudence &
difcretion,à ce que nous ne foyons point com
me rofeaux branlas, pour eftre agitez de tous
A vents, que nous ne plions point çà & là pour
eftre démenez à l'auéture,mais qu'il y ait vne
bride qui nous retiene, & que nous ne iugions
de rien finon que nous ayons cognu premiè-
rement comment il en va.Or apres'que fainft
Paul a parlé ainiî en gênerai , il adioufte vne
efpece qui rcipond à ce propos, difant, N'/mf o
Je point haflmementles mains fur jttcutt , & ne
commitniijue point au v pechex.d'autruy: garde
toy pur. Yci il conterme ce que nous auons ton
ché n'agucres,c'eft qu'il a voulu armer Timo-
thee contre beaucoup de murmures qui fe pou
• uoyent leuer cotre luy.Et ainiî en fa perfonne
il a voulu aduertir tous ceux q ont la -charge
de gouucrnerl'Eglife , de ne le point fafcher
quand on mefdira d'eux, & que pour gratifier
aux hommes ils iledeclinent point quoy qu'il
en foit, mais qu'ils regardent à Dieu, comme
il les a exhortez par ci deuant.qu'ils ayent les
yeux dreflcz en haut , & qu'il iaiflcnt couler
tous ces bruits, & toutes ces folles deuifes que
on pourra faire , qu'ils mettent cela fous le
pied. Comme quoy ? Nous aurons afTcz d'ap-
probation encefte efpece quefainft Paul tou
che ici. Si vn homme arriue nouuellement, on
fera tout preftdeluy bailler la chaire: car
H y en a beaucoup qui font iî pleins de curio-
fité , & aufquels les aureilles frétillent telle-
ment, qu'ils appcteat toufiours chofe noo-
uclle,& voudroycnt touliourschangef dedo-
ûcursdix fois la fcpmaine. Or cependant li
m homme qui ha la charge de conftitucr les
ininiftres,n'acquiefce .-i tels appetis , on dira,
H(i,côment?pourquoy cft-ce qu'il fe réd tant
<lifficile?illuy fcmble qu'il n'y a que luy, c'eft
vn homme qui craint qu'on ne s'auance par
trop, il voudroit toufiours auoir le bruit , il
pcrtfe que fi quelqu'vn auoit meilleure grâce,
.iju'il pourroit gagner fur hiy. Oubitnfîon
ne l'accuft point d'orgueil , on l'accuferade
chagrin , on trouucra toufiours à redire en
(eux qui ne voudront point complaire à ces
• fols appetis. Il cft vray que cela ne doit point
trop effaroucher ceux qui font en ceile char-
ge : mais fi eft-ce que quand cela aduient , on
voit que ch.^cun en dira (à râtelée, tellement
qu'il cft unpofsible que d'vn homme qui vou-
dra feriTtr fidèlement à Dieu,cftaiit en charge
de porter fa parole ,les vns ne difent , Ccft
tomme eft trop credule,il ha incontinent l'au
reille ouuerte pour rcceuoir tout ce qu'on luy
dit,ii n'y a perfonne qui foitbien vcnudeuant
luy, que ceux qui luy ieront quelque rapport.
Les autres diront, Il ne s'appriuoife point fa-
cilement,il femble qu'il vueille eftre tout feul
d'vne opinion. Il y en a d'autres quidiront.
On voit bien qu'il ne s'accorde qu'à ce qu'il'
veut,& ne le peut-on faire aller au contraire,
Bricfileft bien difficile que nousnefoyorw
fafchez quand nous oyons ainfi mefdire,& que
on nous viene picquer,cela eft pour noui faire
fléchir d'vn cofté oud'autre. Pourceftecau-
fe S. Paul dit à Timothee, N'accorde point
(dit-il) aifeement qu'vn homme foit receu,
que tu regardes bien ceux qui doyuent eftre
mis en office.qu'ils ayent efté efprouuez, voi-
re de longue main, que ce foyentgens cognus
Se defquels on ait certain tefmoignage par
langue experiéce.Or cependant fi tu vois que
les autres foyét trop faciles, qu'ils ne deman-
détfino qu'on yproccde à la volée, ne te méf-
ie point parmi , (dit-il) ne communique point à
leurj pechex..Vr»y eft qu'aucuns cxpofentque
toutes les fautes qui icront commifespar ceux
qui auront efté inîtituez à l'auenture, retombe
ront fiir ceux qui les auront introduits : cela
eft bien vray. Mais fainft Paul a voulu ici ar-
mer notamment les miniftres contre tous les
bruits,murraures&:detractiôs qui fepourroy-
ent drefler contr'eux , & fe dreflent de faift,
comme nous le voyons. Si les autres (dit-fl)
veulent mal-fairc , que tu ne comman-iques
pointa leurs péchez, que tune fois point en-
ueloppé parmi eux, & qtu defpites tous ceur
qui fe mefcontenteront de toy , car c'eft à
Dieu auquel tu as à rendre conte. Or puis que
nous fçauons à quel propos fainft Paul aainfi
exhorté Timothee , aduifons de faire noftre
profit de cefte doftrine , & notons que iamais
vn homme ne pourra purement anoncer la pa-
role de Dieu,& faire fon office, finon qu'il ait
les yeux fermez à toute la réputation qu'on
pourra auoir de luy, qu'il ait les aureilles bou
chces à toute calomnies, car il nous en faudra
hunier beaucoup. Si nous voulions contenter
tout le monde, que feroit-cc.' Iln'yauroit au-
tre expédient finon de renoncer à Dieu, com-
me aufsi fainil Paul dit, Que cclny qui ne '^'''•'•'**
peut renoncer au monde, il ne peut eftre ferui
teur de Icfus Chrift, ce font chofes insépara-
bles.Voulons nous donc feruir à Dieu &. à fon
Eglife?Il faut eftre armez contre beaucoup de
murmures & de fiux rapports, il faut qu'on iu-
ge de nous de cofté & d'autre, que quand l'vn
nous aura accufé d'eftre trop crédules, l'autre
dife qu'on ne peut rien gagner enuers nous,
il fiut que nous pafsionspar là.Et au rcfte.n»
tons bien quand il cft dit, Q;<*<' noui ne commu-
niquions point aux pcchex d^autruy , c'cft afùï
que nous ne cuidions point eftre exempter
quand nous ferons bouclier d'auoir bcau^
coup de voix pourdire , le n'ay pas efté feul,
chacun eftoitd'atcoidA'Iu'y feroy-ic.'y pon
uoy-ie
SVRLA I. A TIMOTH.
uoys-ie contredire ? Q^ie nous ne penfîon;
point donc i^iie ccftc excufe-la doyiit valoir
deuantDieu. Et pourtant notons bien ccfte
exhortation , quand nous voyons la difficulté
qui eften noftre office. Car fi nousauions tout
le monde qui dift Amen , & encores que nous
peufsions proteftcr que le mal ne fv.l\ point
procédé de nous.finousy aiiôi communiqué,
nous ne laiflerons pas d'eftrc condamnez dé-
liant Dieu. Et pourquoy ? Il eft efcrit , T» ne
communiqueras point aux fttchex. des autres : il
faut quand nous voyons le mil > que nous
declarionsqu'il nous derplaift.Il eft vray que
vn feul home ne pourra pas reiifter touliours:
mais tat y a qu'il nous faut empefchcr ce que
nous voyons eftre mauuais , Se quand nous ne
pouuonsle Corriger, il nous faut vferde pa-
tience en celarmais quoy qu'il en foit,lî faut-
il condamner le mal,& y refifler s'il elt pofsi-
ble. Or combien qu'ici fainft Paul parle aui
minières de la parole de Dieu.toutesfois cha
cun doit appliquer cefte inftruftion à fon vfa-
ge.Comme ceux qui font en f ftac de iultice &
de gouuernement piiblic,auront beau dire que
ils voudroyent que tout allait mieuï , qu'il ne
tient point à eux,m.iis que la plus forte partie
le gagne, qui n'eft pas toufiours la meilleure.
Il faut en premier lieu qu'ils monftrent qu'ils
ont reiîflé, qu'ils ont tafché que les chofes fuf
fent bien c5duites:bricf,qu'ilsn'ont point dil"
fiinulé qu.id ils ont vcu que la plus part fe de-
ftouriioit du bon chemin, Si qu'ils n'ont point
confentiaux péchez d'autruy.&r n'y ont point
communiqué. Or il eft ainli , que quiconques
ne refiftepointà vnmauuaiscôfeil.à vne cor-
ruption,ou à quelque iniquité, celuy-la eon-
fent & y accorde. Et ainu,tous ceux qui aurot
prins vn faux vifage pour fe defguifer , & qui
n'auront point franchement maintenu la do-
ôrine de la vérité, & la religion,font compli-
ces des mefchans. Et pourquoy ? Nous oyon?
. , ce qui eft ici dit par ftiiiû Paul. Et en gênerai
•^ il dit en vnaurepaUage,Q^ nous communi-
quons aux péchez , encores que riou^ foyons
perfonnes priuees, finous ne les redaiguons.
Qugveut dire cefte admonition.Nccommu-
quez point aux oeuures infruûueufes des tene
bres,mais pluftoô redarguez-les?A qui eft-ce
que fainâ Paul parle?Eft-eefeuIemétauxmi-
niftres qui prefchent la doftrinede l'Enangi-
le?Eft-ce feulement aux Magiftrats & à ceux
qui ont leglaiue & legouacrneaientde lapo-
liee?Mais a tous Chreftiens.à grans & â pctis.
Il eft donc dit que nous ne communiquiorrs
point aux péchez d'autruy. Et en quelle for-
te?Enles redarguant. Etairrfi, celuy qui fait
femblant de flatter fon pro€hain,& qui ferme
les yeux quand il voit que Dieu eft offénfé,
celuy mefmes qui y confcnt.lêra encores plus
coulpable. Notons bien donc que nous auons
conte difficile à rendre deuant Dieu , finous
auons cheminé parmi les corruptions du mon
de.en teJk fofte qu'il ait fcmblé ^nous y fuf-
fions accordans.Et d'autant plus dcuôs-nous
nied/ter cefte doftrinc ,quâiidnous voyons
d'vn coftc qu'auiourd'huy il y a vne telle li-
cence de mal -faire, qu'il (Imble que la couftu
me foit comme loy.Or quand vn tel vfage fur
monte, le mal a defîa tellement gagné ,&i,'cft
desbordé iul".jues-l.i, qu'on cuide qu'il foit per
mis.E: pourquoyfCh.Tcun en vfe.Qii'vn hom
me foit conuarncu qu'il fait mal , moyennant
qu'il ait beaucoup de compagnons, il luy fem-
blcqu'il eft excufé.Et l'vlagc commun eft tel,
il fuit vrler entre les loups, dira-on. Or nous
voyôs que les péchez d'autruy ne ferôt point
poumons excufcr deuant Dieu •& combien
que tout le monde faille aucc nous, nous ne
kifleronspas d'eftre enueloppez en vnemef-
mecondamnationipenfunsdoncàcela. Mais
encores que nous n'ayons point ne pillé , ne
defrobbé,que nous n'ayons point paillarde ne
yurongné, que nous n'ayons point efté diflo-
lus en mal pour eftre complices de ceux qui
defpitent Dieumanifeftement,tant y aqu'en-
cores ne f' mmes-nous point purs, & ne pou-
uons efchapper de la main de Dieu, fînon que
nous ayons eftre exemptez des corruptions
qui apparoiflent , en les redarguant félon no-
ftre faculté. Comme quoy ? Nous verrons que
le nom de Dieu fera blafphemé, nous verrons
d'autres chofes vileines : fi nous faifons fem-
blant de baifler le col , nous ferons condam-
nez d'auoir communiqué à toutes les difTolu-
tions du mode: comme il eft dit que celuy qui
n'ha point vertu en foy de déclarer que le mal
luv defplaift,& qu'il le reprouue,que celuy-la
communique aux péchez d'antruy.Orauiour—
d'huy combien y ena-ilqui penfent à cefte
doftrine ? On n'aura les aitreilles batues que
des blafphemes qui fe font contre Dieu, on-
voit tant de vilenies &dilIofHtions:qui eft-ce
qui s'y oppofe?n n^y a nulle liberté de ce fai-
re , & nul aufsi n'ofe ouurir la bouche. Ainff
donc nous voyons, combien qiie les hommes
fe flattent, qu'ils ne laifîent point d'eftre cor»
damnez de Dien , lequel nous iugera-fclon fa-
parole. Se non point félon nosexeufes friuo—
les que nous amènerons, nous voulans couunr
d'vn fie mouillé, comme on dit.Or fi ceux qnr
n^ont cula hardicffe de red.Trguerles vKcs.crji
cores qu'ils s'en foyent retirez , û ceux-là ne
font point du tout purs & innocens.que fera-
cede ceux qui les fupportent ârmaintienent?
Voila vn homme qui fçaura bien que le nom>
de Dieu eft blafphtmé , il aura tité tcfn^oirp
d'vn periure,on de quelque fraude,de quelque-
iniure & outrage , & cependant tant s'en faut
qii'il ait 1* bouche ouuerte pour reiîfleraav
mal, qu'ilfe fàitcommc partie pour eftre ad-
uocat de toutes mauuaifes caulês.Et telles gés
font-ils dignes d'eftre du rarg'de; fidèles , Se
d'auoir Itf u en PEglife de Dieu?lls font pluf-
toft dignes d'eftre reiettezaucc les chiens Se
pourceaux. Et toutesfois on leur ti;t grand?
tortfi. onne les tient comme lïippolts de 1»
£.1-
SERMON XLV.
foy.Ec àquelles enleignesPD'autat plus donc
noib taïu-u bien noter ces pallages, où il cft
parlé uc ne point communiquer aux pecliez
d''autruy. Brief, conitiic;! que nous poumons
ertretranfportcz comme d'vne ttmpelle vio-
lente , pource que le mal domine par tout le
monde, qu'vn chacun (c retiencde cefle bride
la, que Dieu nous appelle à loy afin que nous
ne flechiûions point à Tappcùt des honi:ner:
& qu'il nouM fouuicne aiihi de ce mot que
falnd Paul a.lt-.ulle pour conclulion , Cirie-
toy ]Jl»r:quek■^ loiulleures d'aucruy ne foyent
point pour te contaminer. Q^nJ. vn homme
fera inteclé,ii ie me vien trotter parmi fon or
dure , ietire vue partie de Tinfedion à nioy,
s'il demeure louiilc comme ilelloit au para-
uant,ccla n'amende point ma caule.Ainfi déc
regardons.! tant de pouretez qui fontaiiiour
d'iuiy cfpanduev fur toute la terre , tellement
que nou'i y tommes plongez, que nous penfîôs
.1 nous,&: que nous fçachios qu'il ne faut point
cheminer parmi les pollutions, non pas k-ule
ment des incrédules, mais de ceux qui le van-
tent d'eftre du peuple de Dieu,& de Ion Egli-
fe.Q_u'vn chacun donc fc conferue pour n'e-
ftrc point pollue : car quand ù'mù. Paul dit à
TiiTiothee,G.(r(/f-fo'y j)Kr,il ne parle point feu
lementdes infections qui efloyent parmi les
Payens, parmi ceux qui fedeclaroyent enne-
mis de Dieu ouuerts , mais il parle des vices
inteiieurs qui eitoyent en l'Eglife, mefines
iufques aux miniftres & Pafteurv , que iî ceux-
là eitoyent fouillez^qu'il ne faloit point pour
tant queTimothee fc meflaftauec eux. Or puis
qu'amlîcftquc les vices qui font en ceux qui
doyuent monftrcr lecheminde falut comme
miroirs de toute faintteté , fi ces vices-la, di-
ie , ne font point pour nous eifcufer deuant
Dicu.aduifons de n'alléguer point pour excu-
fe,Vn tel faitainfi,ie ne fuis pas lepremier.ic
ne fuis pasfeul. Non, que tout cela foit mis
bas: & quand le mal fera ainlî desbordé , que
nous foy ons tant plus fur nos gardes, que nous
foyons tant plus folicitez à prier Dieu qu'il
nous prefcrue.que nous ne perifsionspointau
déluge , &; qif ilnous face tellement cheminer
parmi les efpines,qire nous n'en foyons point
tfgrat'gnez.que nous paf.ions tellcmét parmi
les cpnuptious , qu'elles ne nous attouchenc
point. Voila donc ce que nous auons à faire,
c'tftd'eftre iur nos gardes , & de veiller fon-
gneufement quand nous voyons que nous ti-
rerions beaucoup de corruptions îî nous vou-
lions croire Satan , (i nous foufFrions d'eftre
agitez çà c&là.par ceux auec lefquels nous
conuerfons. Que cela donc nous foliciteà
eflre fur nos gardes, & à prier Dieu qu'il nous
face la grâce que nous puifsions nous remet-
tre entre fes mains , afin qu'il nous guide en
telle forte qu'il nous garde innocens &purs
des iniquitcz.defqiielles nous pourrions élire
corrompus fans fa fauuegarde.
OR nous-nous prollerneronsdeuant la fa-
ce de noftre bon Dieu en cognoiflance de nos
taures , le prians qu'il luv pl;iile nous en tou-
cher cncores plus viuemeiit.afin de nous y dcf
plaire:& qu'aucc repentance nous recourions
àluy ,1e prians qu'il ait pitié de nous pour
nous defpouillcr de toutes nos imperfections
& vices. Et cependant qu'il nous retiene en
telle forte que lamais nous ne foyons eflon-
gnez de hiy , mais qu'il nous attire toufiours
de plus en plus .à foy.tendans au but auquel il
nous appelle , combien que nous n'y foyons
point encores paruenus , & mefmes que nous
clochions au milieu du chemin. Que non feu-
lement il nous faceccfte grâce .mais aufsi à
cous peuples & nations de la terre,&c.
NEVFIEME SERMON SVR LE
C I N Q_V lEME CHAPITRE.
. 1} Ne hoy point cCorefenduant d'edu , mais \fc d' 'vu peu de \>in
pour ton ejîomach, c;^ pour les maladies que tu asfouuent.
i4 Lf ;■ pochez d'aucuns hommes jont manifcjles de foy , \enans
cnauanten iugemcntt^f des autres ilsfuyuent après.
2-5 SemhlMevient aufsi les bien- fait s font dejôy manifefles: o*
ceux qui font autrement, nepeuuent ejlre celez.
N pourroit trouuereftran- à vnApoftre de lefus Chrift:&' aufsi nous fça-
gc Comme faindt Paul ayant uons qu'entant qu'en luy eftoiciil deuoit reti-
l'othce d'exhorter tout le rer les hommes delà terre pour les faire alpi
monde à lobrieté , aduertit rer au ciel , & à la vie fpirituelle , à quoy ceci
I ence pallàgeTimotheeque Btirefpond p'oint. Maisen premier lieunous
, il elt bô qu'il boyue du vin. «MRs .\ noter que les hommes ne tienent ia-
Car de prime face cela femblccftre répugnât mais mefure linon que l'Efpntde Diculcs
couuerne
SVR LA I. A TIMOTH.
^C^J
gouuerne.S; les ticne cômeen bride, ie dien-
cores qu'ils viR'illcn: bien faire, & que leur in-
tention foit d'afpirerà vertu. Et cela nous
monftrecôbien nousauous btfoind'inuoqucr
Dieu afin qu'il nous donne prudence , °< qu'il
nous môftre ce qui eft bon de taire en tout &
par tout. Et au relte, nous deuon'^ aiifsi noter
que Dieu nous aime tant qu'il ha le foin de no
ftre nourriture, afin qu'en ce monde & en ce-
ftevie corruptible nous apprenios deiîa .î gou
fter fon amour paternelle pour eftrcconter-
mez en l'efperancede la vie celeftc,qu'il ha le
foin de nos corps , afin que nous ne doutions
point que nos âmes luy font plus-que prccicu
fes.Et puis il ne faut point que nous trouuiôs
eftrange fi fainft Paul a remôitré à Timothee
ce qui luy eftoit propre & vtile pour le faire
mieux difpofer au feruice de Dieu & de fon
Eglife. Or donc notons pour auoir l'intelli-
gence de ce palTige, que ce n'eft point le tout
de mener vne vie auftere,car on pourroit eftre
excefsif en cela. Il faut donc reuenir au moyé
ou médiocrité , qu'on appelle : car c'eft là où
gift la droite vertu. Maintenant fi on deman-
de,Et c5ment?Elloit-il decet à vn Apoftre de
lefus Chnftjd'exhorter vn homme à boire du
vin?Lâ refponfe fera facile, c'eft qu'en tout&
par tout iufques au boire &au manger, Dieu
veut que noftrevie foit réglée, afin qu'é vfant
de fes créatures nous le puiiMons feruir , que
nous foyôs propres pour bien fiire.Et en ce-
lafcomme i'ay défia tonché)nous voyons l'a-
mour ineftimable que Dieu nous porte, quand
il ha le foinde noitre nourriture caduque. Et
de faicl, (\ nous n'ellions prrfuadez que Dieu
prefide fur noftre boire & fur noftre manger,
cornent hiy pourrions-nou< demander noftre
pain ordinaire comme nous faifonsPcela ne fe
feroit point en foy ni en certitude . Et puis
nous frauonsce qui eft dit par S.Paul en l'au-
tre palTàge.quoy q les fidèles fac et, qu'ils doy
uent rapporter le tout au no de Dieu, voire en
V prenant leur repos & leur nourriture. Q^iand
doc nous entendes que Dieu fe foucie de no-
ftre boire & de noftre mangerjen cela voyons
nous qu'il fe déclare vrayement Père en tout
ii par tout,& qu'il veut que nous en ayons tef
mo:gnagc& approbation iufques .i nos corps
qui ne font maintenât que poures charognes.
Or cependant notés que Dieu veut qu'on vfe
de (t^ créatures qu'il a appliquées à noftre vfa
ce tellemét que nous le puifuôs fèruir, & que
nous fçachiôsquele pain & le vin & lesauties
viandes font côme dédiées à cela, que nous en
foyôs fouftenus, voire pour n'eftre point inu-
tiles en ce mode. Dieu nous pourroit bien fiib-
ftanter fins boire ne fans mâger,c5mede tairt
"3 ih eft ( fcrit, que l'home ne vit pas du pain. Et
cornent le pain nous pourroit-il viuifier.veu q
c'eft vne créature mortefNous ne pourras pas
tirer du pain ce qui n'y eil pas. Or eft-il ainfi
qu'il n'y a nulle vie. H fautdonc que nous co-
gnoifsiôs que c'eA Pieu qui nous nourrit par
fivertu fccrete. Mais cepend.'îr,puis qu'il luy -
a pieu d'ordonner les viandes accla,cognoil-
fons qu'il veut qu'eftans en ce mode nous loy
ons fubftantez.PourquoyïCar ce font autant
d'aides pour nous y entretenir. L'hômc donc
doit auoir foinde fa fanté tant qu'il luy eft
pofsible , & non tant pour le regard de foy,ij
p:ur s'appliquer à bicn-faire: félon que Dieu
l'aura appelé à quelque eftat, qu'il peni'e qu'il
ne doit pas tftre inutile. Or mainten,n f\ nouï
rapportés le boire (Me manger à cefte fin-la,
ce fera vne grîde vertu à nous, céme aufvi l'in
tcntiondc S.Paul eft tclle.Or il nous faut re-
ucniraupropos qui a cfte touehé,c'eft eue les
homes qu.ld ils cui'-.-nt quelquefois bicn-fai-
re,& fcruirà Dieu.nf^ fcrét pointaflez prudes,
& qu'il y aura de la faute: comme Timothee
en men.u vne vie auftere, iufques à ne goufter
point (le v n,auoit quelque regard bé & fainft
Caril n'fftoit pas menéd'vne telle fiiperfti-
tion qu'il cuidaft que ce fuft œuure méritoire,
où qu'il vouluft eftablir vn feruice de Dieu, à
ne point boire de vin: il n'auoit pas vne telle
extrémité. Mais cepcndat lî eft-ce qu'il auoit
vne trop grande rigueur en fon viure , quand
il ne vouloir point goufter de vin. Voila donc
Timothee qui tend àvnbon but,,^" ne deman-
de fine à fe retirer de toutes délices de ce mon
de, afin qu'il puilTè mieux vacquer à fon offi-
ce,&qu'il médite d'vn efprit plus alaigre la vie'
ctlefte, <?v qu'il y conduife les autres , & qu'il
fou comme vn miroir de fobrieté &abftinen-
ce:toutcela eft bon & louable en Timothee.
Mais cependant, puis qu'il a efté redargué par
l'Efprit de Dieu , cognoifTons qu'il y a eu de
la faute en luy, &: que ce nous foit vn exeple,
que quand nous aurons le meilleur defir qu'il
eft poAible, encores noiis pourrons décliner,
en lorte qu'il y aura du vice,d'autât que nous
ne garderons point la médiocrité. Car fi ctla.
fe trouue en T'.mothee , qui eûoit vn homme
fi excellent ci-mme nous auons vcu, que fera-
ce de nous .' Ainfi apprenons de nous humilir r
deuant D:eu,& quand nous aurons vn bon zè-
le,& que ce que nous ferons, de fi<y fera digne-
d'eftre prifc,qi!'' ncores nous ne laifsions pa^
de pr:«r Dieu qu'il nous guide, & qu'il nous re-
tieneen tel moyen, que nous ne pa fions point
nos bornes, que nous ne foyés point exceisifs
neçànc l,à. Voila donc en fommece que nous
auons à retenir qu,-.nt à cepafTage.Etaii refte,
que touffeurs cela foitobferué en noftre mé-
moire, que nous vfions des biens que Dieu,
nous diftribue afinde le pcuucirfcruir. Car
il ne faut point que nous beiruions & man-
gion'> feulement pour viure, & tant moins que
nous viuions pour boire & pour mangeii-
mais il faut qu'en beuuantiS; en mangeant
nous aduifions pourquoy c'tft que Dieu nous
a mi' au monde, S: pourquoy il nous y retient::
c'eft qu'vn chacun de nous s'applique à l'ho»
norer tant qu*"il luy fera pofsible, que nous fa-
cions aufsi noftre deuoir de feTuir à nos pror-
L. ii>
16S
SERMON XLV.
chiins comme cliacun y eft obligé , car il y a
ce lien mutuel de charicé qui nous aftrainc k
cela. Voila donc ce cjue nous auons à obfer-
uer en noftre vie.afin <jue puis que Dieu nous
a créez à fon image , & qu'il no' a tait ce bien
que nous foyons nourri» à fesdefpcns, cepe«
dant nous mettions peine à le fcruir entant
qu'en nous fera.Au rcfte.nous dcuons bien a-
iioir honte quand iouniellement on cric con
ire noftre intempérance , & qu'on n'en peut
venir à bout , veu qu'il a falu que Timothec
fuftadmoneftéd'vneaufterité trop excefsi-
ue. Auiourd'huy où fe trouueront ceux auf-
quels il faille due que leur boire ne foit plus
d'eaiifCar on en verra la plulpart qui ne fcau
ion: p.iî tenir mefure au vin , & ne leur ara
pas allez qu'il; l'appetcrK,mais qu'ils i'enton
nent comme des goulïres. Ou voit la gour-
Biandile qui ert vn vice tant commun que rien
plus. Et de fa!t,encores qu'il n'en fuit l"o;mé
mot, la cliofedc loy eft (i vileine & li brutale
qu'on en deuroit auoir honte • Se neantmoins
on voit comme les hommes font endurcis en
ce vice d'intemperace,& qu'on ne les en peut
retirer. Qtynd donc nous voyons qu'il a ta-
lu admontftcr les feruiteurs de D;cu du com
mencement de l'Euangile, à ce qu'ils n'vial-
fent point d'vne telle rigueur fur leurs per-
fonncs,&: qu'ils prinflent plus de libertc:pu!S
qu'il les a talu aduertir de cela , Se cependant
que nous ne puifsions tenir nulle fobrieté &
modeftie en noftre nourriture, mais que la
plufparts'aflopi£rent& du boire &du m.iger,
quelle condamnation fera-ce à nous?Coinnie
on voit que ces gourmas font là du tout abru
tis , & qu'on n'en peut arracher nul feruice
qui foit:ils font hebetci pour leur yurongne-
rie:& combien qu'ils fourrent le mufeau plus
auant qu'il ne feroit de befoin, (ï voit-on tou
tesfois qu'encores le matin ils n'ont pas cu-
uc le vin du foir.on voit que toujours ils font
remplis : brief,il n'y a ne corps ni ame qui ne
foit fuffoqué & corrompu. Qjund nous voy-
ons cela,n'elt-ce pas pour nous faire honte fi
nous faifons comparaifon de nous aucc ceux
qui ont efté admonefttz de ne point vferd'v
ne façon de viure trop eftroite & trop aufte-
re? Or maintenant il nous faut faire vn brief
recueil de ce paflàge.c'eft qu'en premier lieu
nouscognoifsionslabonté paternelltde no-
ftre Dieu, quand il luy plaift auoir le foin de
noftre boite & de noftre mager.Et outre ce-
la,qu'il nous déclare qu'en prenant noftre rc
feâion nous pouuons vfcr des bonnes creatu
rcs qui font dedices à noftre vfage.tellcmcnt
qu'il prelîdera fur noftre boire & fur noftre
manger,& que nous pourrons nous efiouir en
tint. 14 fa prefencc ( corne il en eft parle en la Loy)
j». & que nous pourrons mcfmes en la nourri-
ture du corps tftrc conterniez , comme en
tout & par tout Dieu nous tient pour fes cn-
f.ins , & puis qu'il nous gouuernc en ce mon-
de , que nous ne doutions point quand nous
ferons parucnus enccft héritage cclefteiqu'a-
lors en perfeûion nous ne le trouuiôs tel que
nous le pouuons goufter auiourd'huy. Voila
pour vn item. Et pour le fécond, que nous ap-
prenions de tenir vne telle mefure en noftre
faconde viure.qu'il n'y ait point vne aufteri-
té trop grande,car Dieu ne veut point que les
hommes fe tuent d'eux-mefmes. Q_ue donc
nous ne trauailliôs point nos corps , nous ab-
itenas des biens que Dieu nous élargit, & que
il nous a mis entre les mains. Mais cependant
aufsi que nous auifions de n'eftre point gour-
m.ïs pour no* creuer,& pour opprimer nos for
ces Se vertus. PourquoyJLe boire & le manger
doy Lient ftruir aux hommes pour les fubftan-
ter:& il nous en prenons vne telle charge que
cela nous opprime, n'eft-ce point peruertir 1*
ordre de Dieu?Et cependant notons que ce u'
eft point à nous qu'il nous fiut viure, mais que
Dieu no' a obligez à nos prochains, qu'il faut
donc qii'vn chacun s'employe à bien faire , 8c
que pour ceftc caufe nous beuuions & man-
gions. Or h nous fommes ainfi detteurs à nos
prochains, par plus forte raifon nous le fouî-
mes à Dieu pourl'inuoquer. Qujiiiddôc nous
fommes chargez de viande Se de bruuagc, tel-
lement que nos efprits font amortis , & que
nous ne pouuôs pas prier Dieu d'vne afFedlion
droite, nous anons corrompu les biens qu'il
nous faifoit.&proplianédu tout comme facri
leges.Etainli.que nous afpirions toufiours au
but qui nouscft piopofe. Et au refte, pratti-
quons ce qui elt ait en l'autre palÎ3gc,quc no*
fçachions vferd'abôdance, Se auf i porter p.i
tiemment la pourcté.Si Dieu nous donne de-
quoy pour eftre nourris à noftre aife, Se bien,
que nous le remercions de cela : & cependant
que nous en vllôsauec toute fobrieté, Se pour
garder modeftie entant qu'il nous fera pofsi-
ble : que là où Dieu nous fait la grâce de nous
efiouir , que nous ncconiiertirsions point l'a-
bondance que nous auons en main, à délices &
à voluptcz : 8c qu'il nous fouuiene encores de
ce qui eft dit en l'autre partage au n.des Ro-
mains, qu'il ne faut pas que nous ayôs le foin
de noftre chair pour luy l.ifcher labride , &
hiy donner tous fes appétits, car il n'y auroit
nulle fin.Qu^cls font nos appétits? Ce font be
ftes fauuages ,& gouffres infatiables . Il faut
donc que nous venions à ctfte ncccfsité d(jnt
parle fainft Paul en ce paflage-la.Et au refte,
quand nous n'aurons point dcquoy pour eftre
nourris Se fiibftantez, que nous portions cela
patiemment, fçachans que Dieu pourra bien
conuertir en manne tout ce qu'il nous donne,
que celuy qui mangera des racines, fcia aufii
bien fubftanté par la bcnediftion de Dieu, que
celuy qui aura des viandes e.vquifes , & cehiy
qui fe voudra oouiierner par meilleur régime.
Seulement ne lertons point Dieu : qiiand il
nous donne à choilîr, que nous en v(ïon*:niais
que nous regardiôs i ce qui n( us eft propie &
vtile pour noftre fanté , & que nous en vlions
fobrc-
SVR LA I. AtlMOTH.
169
fobrement. Et au rcfte , que nous regardions
fur coût de fuir toutes fuperftitions : comme
Quand nous voyons que les hommes cuident
feruir Dieu en ne beuuant point de vin, en ne
inâgeant point de chair, & que fur cela ils s'o
pinia firent pour ne point fe ranger à nulle rai
fon ne coni'eil. Côme nous voyôs qu'vn Cliar
treux, quand il feroit affeuré de racheter fa
vie pour auoir mangé vn morceau de chair, il
en fera fcrupuie,& cuidera taire vn grâdfacri
fice à Dieu, de fe tenir au poifloa,&: luy fem-
ble que par ce moyen il acquiert paradis. Or
voilades martyrs du diable qui reiettent les
moyens que Dieu leur a ordonnez , qu'ils fe
tuent manifeftement , & fe delpitent contre
tout ordre de nature. Apprenons doncd'vfer
en telle forte des moyens que Dieu a ordon
nez , que nous rapportions le tout à fa droite
fin. SM eft queftion de chofcs necelTaires dcf
quelles on ne fe puifle exempter fans défail-
lir à noftre deuoir, alors encores que les ma-
ladies nous vienent, encores que nous voyô-s
beaucoup d'inconueniens, lî faut-il pafler ou
ire. Si vn homme penfe, Voila que Dieu me
commande.mais en ce faifant ie me greue,ce-
la m'cft pénible , & ie fens que cela funnonte
mes forces : fi l.i deflus il fait du délicat , &
qu'il défaille à fa vocation , qu'il repouflè le
ioug.il ell certain que ce n'ell plus vfcr de me
diocrité. Et ainli donc il ne faut pojnt efpar-
gner noftre vie , Se tant moins noftre fanté,
quand Dieu nous commande quelque chbfe,
mais en ce qui eft moyen, & que Dieu a mi'; à
noftre liberté, & où il y a des remèdes qui
nous font offerts , 8c mcfmes defquels il veut
que nous vfions , c'eft vn orgueil diabolique
de nous en vouloir abftenir.'Et l'exemple en
eft au boire & au manger, & en cbofes fembla
blés qui nous font permifes , & à noftre liber
té, moyennant que nouv nedefaillions point
en noftre office, mais que cela no* férue pour
nous rendre plus propres à fcruirà Dieu 8c à
nos prochains. Voila donc à quoy fc rappor
te ce confcilde famd Paul. £c là defiiis nous
pouuons iuger que ce n'eft point vne doÛri-
neà mefpriferque cefte-ci: car il eft bon que
noftre vie foit reigice iufques auK chofcs les
plus petites, comme eft le boire & le manger,
puis qu'ainfî eft , nous auons befoin que Dieu
nous aduertiflc:& en cela voyons-nous que lî
nousl'efcoutons, & que nous foyons prefts
de luy obéir en tout & par tout, qu'il n'y aura
chofe fï petite ne lî bafle où il nenou<:goii-
uerne,& dont il ne nous monftre lechemin.Il
ne faut point que nous alleouionr que Dieu
nous laifFc là .i Pefgarce, Se que nous lomiiies
en perplexité & en donte. Il eft vray pour
nous humilier que ûniiient il nous laDÎcra en
doute, qu'tftasangoiflVzen noselprits nous
.ne fçauron^ de quel coftc nou'i ton: nerrinais
tant y a que ii nous l'inuoquonsquc nous taf
chions de nous rendre dociles . luy, en la fin
il nousinôftrcra ce qui eft de faire, que nous
ne fléchirons iamais , que quand nous aurons
à marcher vn pas, à tourner vn doigt delà
main, nous ferons afleureï de la banne volon
té de noftre Dieu. Mais ccpcdant aufsi regar
dôs bienàce qui eft dit par S.Paul au 14.de»-
Romains , Qu'il nous faut eftre bien fondez
en telle certitude , que nous entendions qu»
Dieu approuue noftre vie. C'eft peu de chofe,
ce femble,du boire 8c du mager, mais nous pe
chons en mangeant, fi nous ne fommes certi-
fiez de la bonne volonté de Dieu , comme S.
Paul le déclare là.Car fous ce mot de Foy,il
entend la certitude qui doit eftreen toiv fide
les, que Dieu les approuue quand ils boiuent
& qu'ils mangent , voire s'ils le font félon là
volonté. Voila donc la modeftic& humilité
que nous deuonsauoir.c'eft de n'attétcr rien
à la volee , mais que noftre vie fe compafle i
l'obeiflance de la parolede Dieu, côme nous
voyons qu'il s'accômode à nous,& qu'il ^on-
defcend à noftre infirmité iufques là. qu'il ne
veut point nous défaillir en rien qui foit. Or
quand S.Paul a parlé de cela , il adioufte vne
autre doftrine qui eft plus haute, c'eft (>»?>«
pecheX. d'tiHCiinsfe dtclarettt ■>• ■/î,?f dit-il) Q- i
la haflr, & femble qu'ils courent i leur iuge-
ment.Mais il y en a(dit-il)qui fuiuét. car ils
cioupifleiit pour vn temps, & font cachez, ils
font cnfeuelis iufques à ce que Dieu le^ reue
le furie tard, qu'on diroit qu ilseftoyentabo
lis du tout , que Dieu les refueille & les pu-
blie . Autant en eft-il des bonnes ttuures &
Ae% vertus : car Dieu les fait reluire aucunef-
fois du premier iour,& elles fe haftent de ve-
nir en auantrmaisqueiquesfois elles font co-
rne fous le pied , qu'on ne les apperçoit pas.
Or tant y a qu'en la fin Dieu les fait reluire.
Voila en £omme ce que fainû Paul traitte
ici. Maiv cela fcroit obfcur fi en premier lieu
nous ne fçauians quel a efté le confeil & l'in-
tention du fainô Efprit.Ici il n'y a doute que
Dieu n'ait voulu remédiera deux tentations
qui nous pourroyent eftrc bien fafcheiifes.
C'eft vne grande tentation quand nous voy-
ons des mefchans contépteurs de Ditu qui le
defpitent en toutes Ibttes.qui ne font qiie tr*
uailler l'Eglife , qui ne font q perucrtir tout
ordre,*: que nous ne f "çauons par où commen
cer pour chafTer du temple de Ditu vne tel-
le ordure. Nous verrons les fcandalcv,& ce-
pendant nous ne les pouuons empefcher.Voi
la vn combat qui eft bien dur,qiiâd nous fom
mesalTcz conualnciisqucceuv qui mcfprifent
ainiî Ditu,&.<c defpitent contre fa Parole, ne
valent ricn,& toutcsfois on ne fc.iura pas les
retrar.clur du premier iour comme il feroit
3. ibiihaiter. Ils font comme dev maladies en
vn corps ,aufquclles onn'ofc toucher, car on
craint en les incitant qu'on efmeiiuc vp autre
mal plusdangeieuv. S'il y •<. vn cli.^cre.le voi
la cncharné.onne Içait comme Pafi.iiJlir.car
il y a lianger qu'il ne ^'enu niinc tant pln< , &
qu'il n'entre encores ded.îs le corp-.,& cu'vne
L.ui.
270 s E R M O N X L V.
inflammation s'engendre. Il y a donc beau
coup de pecluz qui font tehaux hommes.Or
cela eft caule que lesenfans de Dieu font faf
chez & contriflez ,voyans qu'ils n'ont J as
Je remède en main pour pouruoir aux vices.
Tant y a qu'il nous faut tflre patiéns ( com-
me l'ay dit)quand il plaira à Dieu de nous e-
sercer aiiilî ; car il y a beaucoup de maux qui
ne fe peuucnt ni fuir ni chalTer.Il les faut doc
• endurer uifqu'â ce que le téps opportun foit
venu,&' qu'ils foyent meurs , Si que l'apofte-
me creue.comrat on dit. Voila d'vn cofté l'in
tétion de S. Paul.ou plulloitdulaindl Efprit,
quand il parle des péchez qui croupilTent.que
Dieu les tiédra cachez pour vn temps, qu'on
ne les pourra pas luger comme il feroit à re-
quérir. Quarrt aux vertus, c'eft aufsi vne cho
fe bien fafcheufe , quand nous voyons qu'vn
homme en bien faifant:& qui s'acquitte fidè-
lement de fon deuoir,qui chemine en telle in
tegrité qu'il n'y a que redire, que toutesfois
il fcmblera qu'il ne vaille rien , qu'on conuer
lira tout en mal , qu'il fera fuiet à beaucoup
decalônies &decradions, combien qu'il tace
du contraire, & qu'il tafche de s'accômoder,
qu'on ne ceffera point de niefdire de hiy: voi
lavnechofe bien fafcheufe quand il va vne
telle ingratitude au mode, que les vertus font
conuerties en vices, &q«e. ceux qui font le
mieux, foit les plus blafmez.Mai^JDieu nous
veut, aulsi bien humilier en ceft endroit. Et
pour celle caufe il eftdit,Q_ue les bônes oeu-
ures,cncores qu'elles ne fc ha-ftent point à fe
monftrer, &qu'elles ne font point cognues
pour eftre prifees félon qu'elles le méritent,
que toutesfois Dieu en la fin lesdefcouurira,
files auront leur tefmoignage : ce fera fur le
tard , mais cependant contentons-nous que
Dieu,nou^- a donc vne promcfTe laquelle s'ac
complira. Pu;s que nous auons l'intention du
lainrt Efprit, il nou. eft maintenant facile de
cognoiftre où fainft Paul nous mené . il y a
(dif-il){{es fechex. qiti couvrent n leur iii^emét.
En cela nous voyons vne prouidence admira
ble de Dieu . car nous fçauons que les hom-
mes cachent leur turpitude tant qu'il leur eft
pofsible, & appliquent là tous leurs fcns: que
fi vn homme a vne goutte d'efprit en foy , il
le tournera ,i ccftc aftuce de cacher fes vices,
afin qu'il ne foit point en opprobre. Les hom
mes donc auront alfcz de fubtilité pour fouir
1]'a.zi9. des caiiernes, (comme dit le Prophète If.iic)
tellement qu'ils vouJroycnt tromper Dieu,
Si on voit qu'ils s'efforcent de ce faire. Qne
on regarde cornent c'eft que les homes font
fubtilsjon rrouuera que c'eft .i mal faire, voi-
re en telle forte qu'on ne trouue pnint à mor
dre fur eux. Voila donc tout l'artifice qui cft
au monde, c'eft qu'v'n chacun veut auoir lîceii
ce _5< libeité de m.U-'r,iiie,& cepédant le cou-
urir tellcmét que 1'. s homes ne puiflcnt pnint
les accufcr:& puis que mefmes ils fc moauct
»Je Dieu,qui tft bien pis. Or tant y a que cela
fe peut bien voir à l'oeil. On voftdoncCçôme
i'ay défia dit )que Dieu fe déclare iuge quand
les hommes fe précipitent , qu'ils s'aiiancenc
d'eux-mefmes, qu'il' cherchent leur ruine cô
me s'ils fe ittcoyent là à l'abandon : on voit
cela. Nous en verrons d'aucuns qui fçauront
affez mentir pour fe defguifer , qu'ils fe con-
treferont, comme ils font pleins de trahifon
& malice: ils feront fort aigus à chercher'des
fubterfuges , on les voit tels : & toutesfois fî
voit-on i l'oppofite qu'ils fe desbordent , &
commettent des aftes fivileins, quejeur tur-
pitude fera toute notoire. Voyant que les ho
mes fe iettent ainfi comme poures yurôgnes,
& qui n'ont plus de fens pour fe retenir , que
ils s'expofent à ignominie d'eux-mefiiies(c5
me S. Paul en parle au premier des Rom.)en
cela ne cngnoift-on pas vn ingénient manife
fte de Dicii?il cft bien certain. Et c'eft aufsi à
ce propos que fainft Pau! en parle, qu'il mon:
ftre qu'il feroit impofsible que les homes fe
deshonoraflent de leur bon gié, qu'ils fe mif
fent ainfi en opprobre &en ignominie à to',
que Dieu ne les euftmis en fens reprouué,
car c'eft contre nature. Nous auons défia dé-
claré , & la chofe fe cognoiftaufsi par expe-
rience,que c'eft là où les hommes appliquent
toutes leurs forces, quand ils ont offenfé, de -
chercher quelque menfopge , quelque cou-
leur &■ quelque fard pour couurir leur turpi-
iude,c&: font fort fubtils à cela.Cepédant tou
tesfois ils fe mettét hors des gons.ils fe def-
couurent en forte que chacun voit leur vile-
nie. Quand donc les hommes courent ainfi
à leur deshonneur, & qu'ils n'ont plus de hon
te , n'eft-ce pas figne que Dieu leur a creué
les yeux , & qu'il les a liurez entre les mains
de .Satan qui les précipite en telle forte? Tou
tes fois & quantes donc que nous voyons les
mefchans s'addonner à m.il, voire Se en telle
licence que le monde cognoift leur turpitu-
de , regardons plus haut , & cognoiflons que
c'eft vn iufte iugemét dé Dieu, lequel les pciuf
fe ainfi en telle ruine. Voila donc ce que nous
auons à obfcruer en ce que dit S.Paul,Q«'i7 jr
jii^ttiicun! pechex le (quels femantfeflcnt a la
h.tJte,Sc côme auant le cotrp,& courent à leur
iugement. Car Dieu ne permet pas qu'on fa-
ce longue inquifition , que ceux qui font ainfi
fiifisde Satan, d'eux-mefmes courent &s'a-
uancent en leur condïnation : non pas qu'i-k
le cuident faire, c.ir ils voudroyent bien re-
cullers'il leur eftoit pof ible: mais par force
Dieu les côtiaint, comme fi vn iuge tenoit vn
malfaiteur à la torture pour hiy faire contel-
fcr ce qui eftoit cadié auparauant; ainfi Dieu
a vne violence forcée pour contraindre les
mefrhans afin qu'ils fe iettent à l'abandon, en
forte que leur vilenie foit cognue de tout le
ni5de,&: ou'elle foit deteftablc.Or quand tel-,
les choi'et aduicnentjnoftre office cft d'y met
tre rcnude entant qu'en nous Icra. Car c'tft
aufsi à ce propos que S.Paul a donné ccftad-
ueitiflcment
SVR LA I. A TIMOTH.
2-/1
«ertiflement à Timothce : comme s'ildilbit,
que ceux qui font en charge publique, Joyiict
eftre vigilans,& qu'ils ne doyuent point taire
des borgnes:fi Dieu précipite les mefchans,&
qu'il les amené à leur ingénient , qu'il ne les
faut point efpargner: que li on laiflè des vices
impunis quand Us feront amenez en clarté, c'
eft comme fî on couppcit la main de Dieu , &
qu'on ne voulull pas vfer du remède qu'il or-
donne.Et qu'ainli foit, Tay delîa dit que li les
mefchans fe haftent pour eftre condamnez, c'
eft Dieu qui les ypoulïë. Or quand ceux qui
font conltituez pour maintenir bon ordre &
police entre les hommes , ne t'ont point leur
deuoir,& qu'ils ferment les yeux,& que ce qui
fera tout manifefte, qu'ils tout feinblar.t qu'il
lair eft cache & incognu , en cela n'vfent-ils
point d'vnelafcheté trop grade.- Notons bien
donc que Ciinù Paul nous a ici propofé le iu-
gement de Dieu, afin que ceux qui ont charge
en l'Eglife, fçachent que toutes fois Se quan-
tes qu'il leur viendra en notice quelque mal,
ou quelque fcandale.qu'iline Faut point qu'ils
renfeueiiflcntjS: qii'ils foufFient que cela s'ef
coule: car il faudra eu la fin qu'ils en refpon-
dent,& qu'ils en rendét contedeuat Dieu. Ap
prenons donc quand noftre Seigneur met les
chofes en clarté, que c'cft afin qu'on y pour-
uoye,c'cft afin que l'Eglife fou purgée : c'ell
afin que les fautes foycnt corrigées comme il
appartient, & que le mal foit repouffe, & que
mefmeson ne le laifTe point croiftre: comme
aufsi i'Apollre nous admonefte qu'il faut ar-
racher les mauuaifes herbes quand on peut, &
qu'il ne faut point attédre qu'elles ayent creu
par trop : carce feroit pour nous creuer les
yeux , & il ne lera plus temps d'y remédier
quand les corruptions auront par trop domi-
né.Retenons bien donc qu'il taut que nous
foyons attentifs , toutes fois &■ quantes que
Dieu amené les mefchans à leur condamna-
tion,on les doit chafticr, &: non point loufFrir
leur mefchanceté quand elle feiadefcouuer-
te. Voila pourvn item. Mais cependant il nous
faut noter qu'ayans fait tout dcuoir , encores
ne laiflèronb-nous point d'auoir beaucoup de
vices entre nous,voirc des vices lecrets, & tel
lement fecrets qu'on les apperceuera: nous fe
rons bien contiaints d'en gémir, mais il n'y a
point de côdamnation prelle.Et en- cela Dieu
veut elprouuer noftre patience. Il tcroit bien
que nous mènerions vne vie angclique entre
nous.&qu'il n'y auroit celuy quinemonftraft
le droit chemin à fes prochain'^, qu'il n'y au-
roit nulle corruption, nulle hypucriiie nief-
mes. Dieu donc pourroit tellement conduire
fon Eglife, que nous aurions vne mélodie ce-
lelle entre nous, que nous aurions vne conter
mité fi belle que le nom de Dieu feroit magni
fié par tout : mais il li y pla It que fon Eglife
foit femblable à vneaiie,où la paille (fiiiTef-
lee parmi le bon grain, qu'elle eft fcuiblablc à
des lets ou tou'. poillons s'afiemblcr.t f.: bons
Se mauuais.'qu'il y a des cbrruptiôs & des fcan
dales beaucoup, que les bons font méfiez par-
mi les mefchans, que les vns mènent vie j»io-
fane &desbordee,que les autres font des hy-
pocrites & defloyaux: Dieu veut que ces trou
blés foyent entre nous, & qu'il y ait vn eftat
ainfi confus pour efprouuer noftre patiécc, &
pour nous inciter aie requérir. Car combien
no«s feroit-il difficile de marcher ainfi entre
les efpines, n'cftoit que nous fufsions prefer-
uez de luy miraculeufement ? Et ainfi appre-
nons que s'il y règne des maux entre nous, que
ils foyent comme apoftemes cachées , ainli
qu'il y a beaucoup de maux qui couuent aui
corps humains, lefquels n'apparoiflcnt point
du premier c6up,&aufqucls on n'oferoit poît
donner remède fi toft qu'on voudroitiainli no
ftre Seigneur veut qu'au corps de fon Eglife
il y ait beaucoup de péchez lefquels ne fedef
couurent point du premier iour, voire pour e-
ftre corrigez. Car combien qu'ils foyent au-
cunement cognus Se manifeftes, (î ne peut-on
pa> venir à bout de les arracher, qu'il faut que
nous portions cela patiemment : que quand
nous verronsvnmefchant,vn contempteur de
Dieu, il eft vray que notrs defirerons qu'il fuft
exterminé , & il feroit aufsi à fouhaiter qu'il
fu.ft ofté du milieu de nous, & que l'Eglife en
fiift purgée, toutesfois^i ne fçait-on comment
y aborder: & Dieu en cela d'vn cofté nous pic
que & nous aiguillonne, quand nous auons de
quoy nous fakheriSc nous tourmenter . Mais
tant y a qu'il nous faut confoler en ce que dit
famift Paul, que c'eft comme vne maladie que
vn homme fentiraen foy, ilappellelemede-i
cin.mais on n'en ofe pas approcher. Et pour-
quoy?Le mal, combien qu'il foitcognu en par
tie,neantmoins n'eft pas tcllemét defcouuert,
que le remède s'y puifle donner promptc-
ment. Et plcuft à Dieu que l'expérience n'en
fuft pas telle, côme il feroit à fouhaiter : mais
puis qu'il no' faut eftre ainfi exers^.cognoif
ions que nous ne gagnergns rien à nous defpi
ter outre mefure II eft vray que nous pourras
bien nous en fafcher, & le deuons aufsi, pour
gemir:niais quoy qu'il en foit, bridons nos 'e-
fprits en patience, & ne ibyons pas comme d'
aucuns qui voudroyent rompre l'anguille au
gcnouil , côme on dit,& iont picqutz qu'td ils
voyent que du premier coup on ne s'auance
pas pour retrancher le mal . Voue, mais nous
fçauons que fi on vouloit mettre le cautère &
le tcu à toutes les playes , que fi on vouloit
coupper tous les membres qui feroyent vlce-
rtz,en la fin vn poure corps maleficié que de-
uiédroit-il?Ainfi en eft-il de l'Eglife de Dieu.
Apprenons donc de nous retenir, que nous ne
ayons point ccfte haftiueté trop grande : car
(comme l'ay dit~) Dieu nous veut humilier.cn
cela. Il eft vray que nous ne deucns point ce-
pendant nous flatter, &: qu'il ne tau: pas aulsi
que nous tirions ceci .i quelque nonchalance,
pour dire,Ho,qu'y fencs-nous;ll faut laifl'er
L.iiii.
ac puuiuuii n luut te uuc iioicrc ûcigncur mu on qch
nous met en auantrraais quand nous aurons v- fait en put
fc d'vne telle diligenceiCognoilTons qu'enco- doyue ÙC
les faut-il qu'il y ait des maux cachez , &■ qui nous leftr
, ayi S E R M O N X L V.
croupir le mal qu'on ne peut guarir. Talchôs foyons diffamez, & qu'on detraâe de nous, &
de pouruoir à tout ce que noftre Seigneur qu'on dtflourneàmal toucceque nous auons
V- fait en pure coni'ciéce.combien que cela nous
Tclier , toutesfois fi taut-il encores
qu'il y ait des maux cachez , &: qui nous ieitraindre,& prier Dieu qu'il nous face
croupiirentjvoire & dont nous fentironsgran lagracede nous tenir paifiblememà foy , &
de aigreur, & toutesfois nous n'y pourras pas qu'il nous fuffîfe d'cftre approuuez en fa pre
donner guarifon . Cependant nous auons à fence, combien que le monde nous elhmemef
nous confoler.quand il eu dit que neantmoins cbans,& qu'il y ait vne telle ingratitude, que
Us pecheKfuytient, c'eft à dire quand vn hom- pour tout falaire nous foyons diffamez quand
me aura bienjmachiné & tracaflc çà & là, qu'il nous aurons tafché de feruir à chacun. Que
fera tout esbaiiy que le péché eft après fes ta- fur cela nous attendions ^u'il plaife à Dieu
Ions, & qu'il ne l'a point abandonné de loin, de faire reluiie noftre innocence,& de la met
Ceci eft exprimé afin q nous ne foyons point tre en auant aux hommes . £t au refte, fi nos
eftonnez par trop fi Dieu ne reuele point la bonnes ccuures reluifent , que nous n'en pre-
turpitude desmelchans fitoftque nous vou- nions point nulle ambition pour eftre prifea,
drions.Sainû Paul donqnes nous monftre que mais qu'il nous fuffife d'auoir glorifié Dieu,
nous ne perdons pas noftre temps quand nous & d'auoir édifié nos prochains , & leur auoir
aurons longuement attendu. Pourquoy?C3r il donné bonne doftrine & inftrufti»» , comme
femblera que les vieux péchez foyent effacez, nous voyons que notammét fainô Paul a vou
<jue iamais on n'en doyue parler ,& on fera lu toucher cela .Neantmoins fi quelque fois
tout esbahy que Dieu les viendra refueiller, lesmefchans font aiianecz en l'f glife, &que
qu'ils feront ramentiis quand on n'y penfera ceux quidoyuent porter lapaiole de Dieu,
plus. Si donc nous auons patience,& que nous foyent des diables, & qui ne demandent finon
demeurions quois 8e paifibles , nous cognoi- à pcruertir tout bien : fi nous voyons de tels
ftronsen lafinquecequi eft ici efcrit.eft ve- fcandales, attendons que Dieu befongne.fça-
ritable, c'eft que les péchez combien qu'ils n' chans qu'il y mettra la raain.côbien que pour
apparoiffent point toufiours ,& que ceux qui vn temps il nous efprcuue & nous humilie.
les ont commis, foyent tellement fupportez, Voila comme il nous faut prattiquer ce palla-
lu'il femble que iamais il n'en doyue eftre ge de faincl Paul, Si quelque fois les bons font
ait mention ne memoire.que Dieu raonftrera reculiez ,& qu'ils foyent comme opprimez,
tju'iln'a rienmisenoubli.Etcelaeft dit pour qu'il femble que tout le monde ait confpiré
laconfolationdes fidèles : mais aufsi que lei contr'eux, & bien, que nous cognoif ions ce
mocqueurs de Dieu penfent à cefte menace,& qui eft ici dit, qu'il n'aduiendra pas toufiours
qu'ils cognoinent qu'ils n'auront rien gagné que les bonnes œuurcs foyent en clartc,&que
quand pour vn temps ils feront demeurez im- elles foyent cognues, mcfraes qu'on les foui-
punis , mefmes qu'ils fe feront glorifiez en lera au pied , mais tant y a qu'en Li fin on les
leurs iniquitez, qu'il leur femblera. Et qu'eft- pourra difcerner . Remettons-nous donques
ce que nous peuuent faire les hommes?£t mef en la main & en la prouidencede DieH:& puis
mes ils oferontdefpiterDieu.pource qu'il les qu'il gouuerne fon Eglifc,& qu'il a promis de
aura efpargr.ez longue efpace de temps. Mais prefiocr au milieu, que nous ne doutions pas
qiloy qu'il en foit.ceci fera accompli en la fin, qu'il n'amené à bonne ifllie tous les troubles
c'eft que leurs pechezJes fuyuront mefmes, c' &fcandales delquels il aura voulu efprouucr
eft à dire, combien que Dieu les ait là lailTez noftre patience pour vn coup,
comme .T l'abandon , que toutesfois ils n'ont OR nous-nous profterneronsdeuant la.
pas laifle de traîner toufiours leurs cordeau.T, face de nollrc bon Dieu en cognoiflance de
& leurs vieux péchez viendront en mémoire, nos fautes, le prians qn^il nous les face mieujt
comme auf.i il eft dit au Pfeaume.Ainfi ce paf fentir que nous n'aués point fait, voire Se que
fage doit feruir tant de menace pour effrayer nous en foyons tellement touchez, que nous
les mefcb-in? & contempteurs de Dieu, corn- retournions à hiy, qui eft le feul médecin qui
mcde côfolation pour adoucir la triftefle qui nous peut donner guarifon , afin qu'il purge
pourroit eftre aux fidèles, afin qu'ils ne fe faf- nos confciences de toutes mauuaifes affe-
chent point par tropde veoir que lesmefchas aions,& qu'il nous reforme tellement à fa iu-
font medez parmi les bons , & qu'on ne peut fticc , que nous ne demandions finon k nous
pas purger l'Eglifedu tout d'vne telle infe- ranger félon fes fainûs commandemens . Et
ftion & ordure comme on voudroit bien . Au- cependant qu'il nous fiipporte en nos mfirmi
tant en eft-il des vertus, comme nous dirons tcz, iiifques à ce qu'il nous en ait du tout def-
en vn mot , d'autant que le temps ne porte pouillez pour nous transfigurer pleinement
point qu'on en traitte d'auant.içe. Si donc, en Ton image . Ainfi nous dirons tous , Diea
quelquefois il aduicut qu'en bien faifant nous tout-puiflàns.Peie cclefte,&c.
PREMIER
t
s V R L A I. A T I M O T H. 275
. P R E M lE R S E R M O N S V R LE
SIXIEME CHAPITRE.
I Tousjerfs qui font f)us le ioug, qu'ils eîliment leurs ntdiîires di
gnes de tout honneur , afin que le nom de Dieu O'fa doShine ne/oit hla-
Jphemee.
i. Ef ceux qui ont maiîlres fidèles , quils ne les tnefprifent point,
fource qù ds font freresmais pluîiojl quils les feruent pource qu'ils
font fidèles 0* aime z^c^^ns part icipans du bénéfice. Enfeigneces cho
JèSfO'lesadmonefle.
Ous auons veu ee matin cô-
I me on doit procéder en l'E
glife de Dieu fur la corre-
^ Sien des vices , c'eft qu'on
V; iuge de ce qui fera cognu &
approuué. Car Dieu ( com-
me nous auons déclaré )
nous veut humilier en ceJt endroit, quand les
chofes nevienent point du premier coup en
cognoilHince, qu^il nous faut languir voyans
le mal, & n'y pouuans donner ordre quand
' nous voudrions. Vray eft que nous deuons e-
llre vigilâsàfaire ce qui eften nous:mais tant
y a qu'il faut aufsi eftre patiens s'il neplaift
■ pas à Dieu de nous donner moyen de purger
toutes les infections qui font au milieu de
nous.Ainfi le iugement des'vices ne fera point
égal, mais on verra ce que Dieu nous met en
main : car ce n'eit point à nous d'occuper fon
lieu.il fe referue de cognoiftre tout:de noftre
'cofté nous voyôs ce qu'il nous môftre, & non
plus:& ceux qui font trop haftifs pour cognoi
ftre cela, font iniure à Dieu, en ce qu'ils veu-
lent entreprendre plus qu'il ne leur eft per-
mis ne licite. Et en cela voit-on que les vices
fccrets & les vices notoires ne doyuent point
paiïer par vnc règle . Or ci deflus fainû Paul
difoit que tant s'en faut qu'on doyue efpar-
gnerceux qui portent la parole de Dieu, que
pluftofls'ils ont failli, ils doyuent eftre en e-
ïemple.qu'onles doitredarguerdeuant tous,
afin que chacun s'y miré , & qu'on en ait plus
grand' crainte. Car(comme nouîs voyons ici)
cela ne peut eftre entendu que des vices qui
font manifeftes: quand vn homme en fera con
uaincu,on ledoit redarguer : mais fi Dieu ca-
che /â turpittjJe, attendons en patience, 'e mal
n'eft pas encores meuri . Et c'eft vne chofe
bien digne d'eftre obferuee . Car il y en a qui
voudroyent.fi vn fcandale a e fté commis, que
Padmonition s'en feift en cachette, & en l'au-
reille, ( comme on dit) & qu'il n'y euft point
aufsi de carreûion qui tou'rn.ift en exemple.
Or telles gens ne fçauent quelle procédure
. Dieu a ordonnée en fon Eglife. Car ce qui tft
dit que nous deuons admonefter ceux qui ont
ïiiiUi^otaniment il eft exprimé,Si ie voy moa
frère en faute, & que i'en foye tefmoin , ie le
doy en priué réduire , s'il eft en moy . Mais
quand vn fcandale fera cognu de tous, & que
l'Eglife en fera troublée , fuffira-il d'vne ad-
monition particulière? Cela feroit pour tout
peruertir. Car iî ie comence pour le premier,
il faudra qu'il y en ait mille ou plus qui facéc
le femblable. Et ira-on à la procefsion après
ctluy qui aura commis vne faute publique &
notoire ? Nous voyons donc qu'il n'y aitroic
nul propos. Et ainfi notés bien ce qui eft con-
tenu en ce paflage de fainû Paul: c'eft afça-
uoir,lî les péchez vienent en clarté, qu'on les
corrige, afin que !e fcadale foit aboli,& qu'on
nedifepas, Celuy-laena bien autant fait, &
n'a pas efté corrigé. Car fi on ne punit point
ceux qui ont failli , il eft certain que cela eft
comme vne licence que les autres prendront à
mal,& fè desborderont tant plus. Il faut donc
que nous obfeniions cefte règle q nous auons
défia touchee.Mais cependant fi les vices fane
là retenus tellement qu'on n'en puifle iuger
iufqu'à tant que Dieu y mette ordre , foyons
patiens. En femme, voyans ce que Dieu nous
met entïe mains, contentons-nous de faire no
ftre office,& cepédant gemiflons s'il faut en-,
durer des chofes mauuaifcs, d'autant que le rd
meden'eftpas encores appareillé. Voila donc
en fomme ce que nous auôs à retenir.Or main
tenant fainft Paul adioufte vne autre admbni
tion, Que les ferfs ( qui font comme efclaues)
oheijjent à leurs maiftres'zvohe combien qu'ils
foyent incrédules , afin que la parole de Dieu
' n'en foit point blafmeç, comme fi elle abolif-
foit tout ordre A; police entre les hommes .Si
les maiftres fontfideles, tant plu-; ( dit-il) les
ferfs doyuent-iK eftre enclins & affeftiônez à
leur obéir. Carpuis que Dieu lésa c5ioints&
vnis en l'cfperance de falut, ils doyuènts'ad-
donncr d'vn couiage tant plus prompt à faire
leur deiioir. VoilaCdit fâinft Paul) les chofes
qui font àenfeigner. Comme s'il difo't que ce
qui concerne d'amener les hommes à bo'e &
faTcte vie,& de les tenir en la crainte de Dieur
& de s'ac uitter auf i de leur deuoir mutueli,.
doit eftre toufiours en la bouche de ceux qui
anoncent TEuanglle , & qui font coir.n-.ii de
■M.!.
i74
SERMON XLVl.
Dieu pour P.iftcurs. En i'ommcil Jeclare que
il ne tant point que nous pail'sions les aurtri-
Ics de vaincs (peculations ni penftes.mais que
nous tafdiions d'editîcr. Se que nous mcccions
en auant la dottiinequi ell vtile.Or ici en pre
miet lieu, notôs que l'cftat des inaiilrcs & des
{f ruiteurt n'eftoit pav tel pour ce teinps-la
côme ilelV aHiourd'huy: car on n'auoit point
de ftruiteursàlo.igc qui hilFcnt en liberté de
partir,mais iU cftoyét cfclaues, comme on en
\{e cncores en d'aucuns pays, que depuis que
vn homme eftoit acheté, c''eftoit pourcflre à
vie S: à mort en fiiiection, qu'on en pouuoit v-
feraiiec grande aftrii5lion Si rigiieiir;ce qui ne
le peut point taire en l'humanité que nous
gardons entre nous. Or il eft viay que nous a-
uons à louer Dieu de ce qu'il a ofté vne telle
el'pece de leruitude qui clloit tort cruelle.
Mais tant y a que cependant il nous tant bien
obfciuer, que s'il a talii que ces poures efcla-
ues, qyi citoyent tenus lous vn ioug tant c-
ltroit:voire quali comme s'ils euflcnt eltédes
bœufs ou des aines , leruilllnt patiemment à
leurs maiftres,&:d'v ne atïcdion frâche &droi
te, par plus forte railon ceux qui auiourd'huy
font fuiets & en condition meilleure Se plus
douce, n'auront nulle e.rcufe quand ils feront
reuefches, &ne voudront plier le col pour fe
rendre obeilTàns. Voila donc comme nousa-
uôs àprattiquerceftedoûrinedefainft Paul,
c'eft qu'en gênerai il admonefte tous ceux qui
font en fuiettion.d'obeir à leurs fuperieurs,&
de s'acquitter de leur deuoir,& de ne faire
point cela par contrainte ou par necefsité for
cee,ni3is d'vn franc courage.Mais afin q nous
foyons tant plus addonnez à nous rendre fu-
iets quand il plaift ainfi à Dieu.rcgardons à ce
qui a efté dit. Faifons comparaifon de nous a-
uec ceux qui du temps de fainft Paul ont efté
efclaues,qu'on les traittoitlî rudement quec'
cftoit pitié , & toutesfois Dieu ne les a point
exemptei d'vn tel ioug. Puis qu'ainfi eft,quâd
auiourd'huy nous ferons fi délicats que nous
ne pourrons fouffrir vne fuiettion moyenne,
que nous ferés des rebelles, ne voila point v-
ne ingratitude trop grande, & qui n'eft point
fupportable en façgn que ce foit?Nous voyôs
donc enfommequandilplaiftà Dieu de nous
afluiettir.que là dtflus il veut que nous ayons
Tn cœur paifîble.benin & ployable,&que nous
ne demandions finon de faire ce qu'il aura re-
quis de nous . Mais d'autant que les hommes
prefument volontiers de leur dignité, &leur
fcmble qu'il n'y a celuy qiii ne foit digne d'a-
uoir prééminence pardcflus fes compagnons,
& n'y arien plus contraire inoftre nature que
de nous abbaifler,pour ccftc caufe fainift Paul,
afin de coupper broche à telles obicilions,
dit, J-e s ftrft qui funt fous U io»».En cela il li-
gnifie que quand vn homme eft fuitt.il nedoit
pas fpeculer en foy s'il eft de plus giâd tfprit
que celuy qui domine par delTus Itiy, ou s'il a
des vertus plu» cxccllentes.ous'il eft de meiJ-
kiir parcntage.ou s'il a quelque condition et»
foy pourquoy pluftoft il deuft prelîder que d'
cftre efl feiuitude : il ne faut point que toutes
ces chofes-la nous vienenten la fantafie:com
meaufsien l'Epiftre aux Romains il donne
vn aduertilTement fcmblable, là où il, ne parle RoOT.rjU
point des ferfs ,mais il parle en gênerai de
tous.difant qu'il nous faut eftre fuiets.&obeir
aux fuperioritez : Dieu a ordonné les policet
duinonde(dit-il) & veut qu'on ait les Princes
5: les Magiftrats en reuerence. Or là deffus il
adioufte, Ceux qui font tleuez en haut & en
dignité dominent:comme s'il difoit.que ce n*
eft pas à nous de faire enquefte àqueldroift
& .i quel titre vn Prince domine, Se s'il y a ver
tu en luy pourquoy il doyue eftre honoré, Si
s'il a cela de iuftc luccefsion 5: héritage: com
me nous auons nos elprits qui nous chatouil-
lent toufiours, Si mefmes en ceft endroit, car
chacun voudroit pluftoft dominer que feruir.
Il nous lera doncaJe d'entrcrcn telles que-
ftions : mais fainft Paul notamment dit qu'il
nous faut contenter de cognoiftre qiie il »r
Prince domine.il n'a point cette puilîànccquç
elle ne luy ait efté donnée de Dieu.S'il y a vii
Magiftrat, combien que parambition ou par
niauuaife piattique il loic là parucnu.combien
qu'il s'y foit mis par violence , toutesfois iuf-
ques à ce que Dieu le dégrade , il faut qu'vB
chacun luy obeifle, (Si; qu'on plie le col. C'cft
donquesce quieft auAi entendu en cepallà>
ge,dirant,Cf«.ï qui font [nus U lou^ . Car Dieu
fçait bien pourquoy il no' a abbaiirez,5c pour
quoy il a eleué les autres . Vray ett que bien
fouuent vn homme qui meriteroit bien d'eftrei
en quelque grande principauté , fera vn petit
compagnon mefpriï'é de chacun, à grand' pei-
ne pourra-il 'gagner fa vie fimplcment : mai»
tant y a qu'il faut qu'il regarde à l'ordre de
Dieu, car ce n'eft point fans caufe que Dieul'
aainii mis bas. Il eleue beaucoup de gens, voi-
re pour Icsmettrejen ruine & contulîon : a-
pres qu'ils fe feront bien auancez, il faut en
la fin qu'il les abyfme : & cependant s'il luy
plaiftde tenir les fiens en bride courte , c'eft
pour leur profit & lalut'. Car côbien que nous
ayons de grandes vertus , fi ne veut-il point
toutesfois que nous prcfumions par trop coin
me s'il y auoit quelque haute dignité en nous:
pluftoft il veut anéantir tout ce qui nous peut
enfler,afin que nous auifions de ne point paf-
fernos limites, mais que nous foyons comme
petis enfans ( ainlî que Uauid en parle ) qui •'
font priucz de la mammelle,qui ne fçauét que ^'
c'eft de s'cleuer, ne fe faire valoir , qu'il faut
que nous foyons accépartz à cela. Amfidonc
paifons ce mot de fainft Paul.quad il dit, Q«r
fi nous fommes fous le ioug, il f.tut nue nous fi r-
uiotts à ceux qui dominent far Je/Jus nous. Voi-
rc,& cepédant qu'vn chacun regarde, Ce n'cft
point à moy de m'elire, ce n'cftpoint à moy
de me colloqiiw en tel degré ni en tel licgcil
faut que l'y foyeappclédc Dieu. Or puis qu'il
fc
p/'.JJt.
SVR LA I. A TIMOTH.
i7<
fc veutreriiirdemoy en tel cflat.ciue i'.iille
mon cliemiri,& qucic foye pailiblc, ne palVant
point mes bornes,n'attetant rien, Je peur que
Dieu ne me fteciiphe en ma folle témérité.
Carcen'e/tpointà no'd'vfiirperccftc autho
rité, mais c'ell à Dieu de nous temlre la main,
& qu'il diitribueJî chacun la condition en la-
quelle il veut qu'ô foit.Si cefte doibrine eftoit
bien imprimée en nous, il ne faudroit point
longue raifon pour nous donterrmais d'autant
qu'vn chicimafpire en haut,&:ne pëfons point
que c'eft à Dieu de nous donner des ailes, que
c'elt à luy.aulsi de nous dreflcr le lîege auquel
il veut que nous foyôs.ou bien de nous aiUoir
simplement à teri.e:lî,di-ie, nous coçnoiùions
cela, nous ne lerions plus iî fols ne ii arrogans
de vouloir monter plus haut qu'il ne nous ap-
partient. D'autatplus donc nous faut-il bien
noter cefte fîmilitude de long , que met ici
ùinâ Paul, afin que^Jiacuniiit cela pour rcfo
lu en loy , quand nous fommes en condition
èafle & contemptible, qnand quelqu'vn n'a ni
honneur ne^ redit, que cela luy cft comme vn
ioug que Dieu luy a mis fur la tei^e , & qu'il
faut qu'il porte cefte fuiettioxi-la , non point
«omnie cft.ît venue desliommes , mais comme
la règle que Dieu luy impofe. Or venons à ce
que faind Paul adioufte , c'eft qu'il ne fuffit
point que les ferfs obciflent à leurs maiftres
comme par contrainte, mais qu'ils les doyuét
• eftimeriij;nesde tout honneur: comme aufsi
en l'autre partage il dit, Qu^ils ne doyucnt
Ceî.J.ii point fcruir comme à l'œil, po^r côplaire aux
hônies, mais qu'ils doyuent rapporter le tout
à Dieu. Il eft vray que c'eft vnechofediffici-
Jemiais il faut batailler contre tout orgueil &
piefomptiô en ceft endroit, afin que nous ren-
iions à Dieu l'honneur que nous Juy deuons.
Si donc vn homjne «ft cialtten quelque di-
gnité par defllis nous , quand il fera mefchant
ou malo.ftru , ou qu'il y aura des vices nota-
bles, que nous aurons trouué pourquoy il ne
foit point digne d'eftre Jà, fi eft-ce qu'il nous
faut porter V ne telle reuerence à l'ordre Je
Dieu, que nous l'eftimions digne de tout hon-
neur,puis que Dieu l'a honoré. Voila doc vn
Jiommc qui fera en puiflànce: s'il a cfté confti
tué ou p.irmefchantesprattiques, ou par vio-
lence.ou par autre moyen illicite:&cependât
qiiecefeit vn côtempteiirdeDicu.ou vi^ hy-
pocrite,que ce foit vn homme où iJ n'y a nul-
le religion, que ce foit vn efceruelé, ou quexe
foit vne pure befte, que ce foit vn home non-
chalant & efféminé: s'il y a donc beaucoup de
■telles chofes à redire.fi faut-il cependant que
nous foyons retenus de cefte confidcration,
pour dire, Dieu toutesrois l'a voulu honorer^
& il fçait pourquoy: il faut doc que ■ic me tie-
ne ici bridé fous la police de Dieu. Voila.di-
ie,comme nous deuons eftimer dignes de tout
tanneur ceui que Dieu eleue, combien qu'en
leurs perfonnes bous pourrons allez trouuer
à redire potirquoy ilt deyuent eftre mefpri-
fci. Brief.il nous faut ici defpiter les vices qui
fe monftrent jui pcrtonnes, afin que cela ne
derogue en rien h l'ordre de Dieu , & ne luy
porte nul preiiidice. Or ce que le di.n'cft p^s
pour faire que les vices foycnt nourris ni (i.p
portez .comme on ne fedoit p s dcfguifer
quand vnminiftre de la parole de Dieu ncfe
gouucrncra pas en telle perfeftion qu'il doit:
li faut-il cependant veiller defrus,& que ceux
qui font en fcandalcfoyent racifï.Qjrand auf
fi il vauragens enPeôat deiufticequi feront
corrompus, & qui defaudront à leur office, il
faut bien qu'on y pouruoye tant qu'il fera
pofsible: mais cependant ii nous faut-il auoir
cefte confîderation,q*ie chacun en fon priué
doit obéir à ceux que Dieu auraainfi confti-
tiiez en honneur:& ne doit-on point faire ce-
la par contrainte, mais on doit porter cefte rc
uertnce à Tordre de Dieu, l'honore ceftuy-ci,
voire d'autant qu''ila pieu à Dien l'exalter
ainlî en Ivaut : il n'cft pas digne de cel.T, mais
puis qu'il plaift ainfi à Dieu, voila que ie re-
garde,& dequoy ie me contente. Or cependât
nous auôs à recueillir de ce padage, que Dieu
ne veut point auoir vp (eruice forcé de nous,
maisvolôiaireiiedimefmes quand il fera que-
ilion d'obéir à ceux qui nous traittent mal &
criiellemét. Comme û nous eftions fous la ty-
rannie- de gens quine dcmandaflent qu'à nous
manger , toutesfois fi eft-ce qu'encores Dieu
veut là auoir vne obeiflànce de ctcur.Et pour
qiioy?C*eflbien raii'on puis qu'il regarde l'âf
feftion intérieure du cœur , qiie tebluy foit
prefenté comme le principal feruicc. Car no'
pourrons employer tous nos membr«s,& fai-
re tout ce qui nous fera pofsible penfans fer-
uir à Dieu, que rien ne luy fera ^^reable fi le
caur ne maichedeuant . Or eft-il ainfi que \a
fiiiettion que rcndct les feruiteurs àceux qui
ontauthoritcpardeflîis eux , ne fc rapports
point aux hommcs.mais à Dieu, comme defî.t
nous auons déclaré'. Mais cependant, fi Dieu
veut que nous foyons fuiets à ceux qui domi-
nât mal par defliis notis,& qui abufentde leur
pnifl.incr.Srnous tourmentent iniuftcnKnt, &
nous font tort & iniure, ie vous prie , qiund il
fera queftion qu'vn enfant obcifle à fon père
q le traitera himi.iincnient,<]u'vnefemmc foit
finette à foiT m.iri lequel Juy fera doux, & s'ac
quittera irmtiii Ht ;ncpt de (ondeuoir,linousy
allons par forer, que fcra-cc? Autant eneft-il
de tout le rffte. Comme qjjandfaindPaiil par *
le des aumofnes,il dit- que Dieu aime ceux qui ' *
donnent d'vn cœuralaigre ,&• qu'il ne veut
point qu'on y aille comme par necefsité. Ainfi
que'nous en voyons qui aucunement pourrôc
donncr.mais il leur femble qu'on Icurarrache
les.boyajixïlu ventre : faintt Paul dit que tout
cela ne vaut rien , &■ ne fera iamais accepté de
Dieu.Et.pourquoyîCar il veut auoir des ebl*
lions volontaitesk C'f ft ce que nous luôs à te
tenir furce paflàge.là où fainft Paul veut que
notis eftimions dignes d'honneur ceux qut
M.ii.
x-^G
S E H M ON X L V I.
ne le méritent p»s , comme il parle ici des in- le col.Pourquoy?On dira que l'Euangile mef
crédules. Et pourquoy les eftimera-on dignes vne confuiîon par tout , qu'elle faitmaiftres
d'honneur , veu qu'ils n'ont point de vertu en ceux qui deuroyent eftre valet^:& à l'oppofi-
euïquiraeritecelarC'cit qu'il no" faut regar- te. Et puis, qu'elle donne licence de peruertir
der plus loin,afpuoir qut;Dieu le? a ainli ele- tout droit! & raifon . Voila donc comme le
uez. Car l'homme quelquefois aura dignité en nom de Dieu fera blafphemé : car encores que
fay.mais ceux-ci Tont d'ailleurs, d'autant que celle occafion n'y foit pas , & que les fidèles
noftreSeigneur(commeray dit)mefmes pour tjnt qu'il leur e(l pofsible tafchentde fe te-
îcurcontulion les voudra ainli eleuer pour vn nir tout coyemét,& obéir à leurs ftiperieurs,
temps, & nous voudra humilier denoltre co- Ç\ cll-ce qu'on ne laifle pas démettre fus eux
fie. Or combien que celle condition fott dure vne telle calomnie. Nous voyons comme les
& fafcheufe.fi nous y faut-il ranger pourtant, mefchans auiourd'huy mettent l'Euangile en
Et au refte, que ce que l'ay touché n'agueres, honte & en opprobre à ce titre : or iî eft-ce
nousconfole, c'eftafçauoir que (1 Dieu veut toutesfois qu'il n'y a nulle raifon. Q_ue fe-
que'nous foyons mefpnfez félon le monde.il roit-ce donc fi ies ferfs fe vouloyent rebec-
hiit cela pour noftie bien: car il fçait qu'il ne quer , &qu'vn chacun s 'eleuall, &qu'on ne
nou'. fcroir point profitable d'eftre plus auan- peull porter la fiiiet ion, mefines que tout or-
ccz , comme nouv voyons que beaucoup fout dre public full aboli i qu'il n'y eull plus ne
précipitez de leur grâdeur,&que cela eltcaufe loix ne flatuts : où feroit-ce aller? nediroit-
de les abyfmer. Dieu dôc prefcrue quelq fois on pas que la doiflrine que no' portos, eft cail
les iîcns , quand il les fait ainfi ramper quafi à fe de rauir aux homes ce qui leur appartient,
terre, au lieu de les mettre en haute parade, & S: de mettre confufion aux grans & aux pe-
qu'ils foyent regardez de loin. Et voila pour- tis? Sainft Paul donques veut que nous ayôs
quoy aufsi S. Paul dit au feptieme de la pre- ce regard-la : car combien que notamment il
miereaux Corinthies.Si tu es appelé en ferui- s'adrelleaux ferfs, & qu'il touche ici vneefpe
ce, ne t'en chaille. Corne s'il difoit,Mes amis, ce de fcandalc qui pouuoit eflre alors , nous
il n'ell point quellion de nous tourméterquâd auons toutesfois à recueillir vne admonition
iious voyons les melclians fur nos telles, qu'il générale de ce propos .c'tftque fi par nos vi
nous les faut porter fur nos efpaules , & que ces l'Euangile éll en opprobre, la fiute en eft
cependant ils nous tienent le pied fur lagor- double , &que nous ferons plus giiefiiement
ge, qu'ils nous foulent, qu'ils nous oppriment: coulpables.il eft vray qu'encoi es que le nom
car Dieu côuertira ce mal-la enbié. Ainfi fouf de Dieu ne foit point blafnié,& que celuy qui
frons que Dieu nous humilie ainfi, & ne foyôs aura failli , foit confus en fa honte , tant y a
point contriftezcôme fi cela nous eftoit dom- qu'il ne làifle point défia d'auoir allez grief-
rnageable: car noftre Seigneur le pourra bien ue condamnation fur foy. Mais quand nous
conuertirànoftrefalut. Voila dôc en quoy il ouurons la bouche aux mefchans, qu'ils peii-
faut que les fidèles fe confolent, c'eft qu'ils ne uent detrafter de l'Euangile , & s'en peuuent
ont nul dommage , encores qu'ils negouuer- moquer, pour le moins qu'ils prenent celle li
nent point en ce m5de,&:qu'ils ne foyét point cence-la , & en ont quelque couleur deu.tt les
cleuez en dignité, mais pluftoft qu'ils fedoy- hommes , n'eft-ce point vne vengeance plus
uét glorifier en leur petitelïè,d'autâtqueDieu horrible pour nous? Car outre la faute que
les fait compagnes des Anges en fon Royau- nous auons cômife enuers Dieu, outre ce que
meeternel,qu'illesaadoptezpour fesenfans, nous auons violé fa Loy & fa iullice , noiisa-
& pour eftre membres de noftre Seigneur le- uôs armé les mefchans cotre luy. Nouspriôs
fus Chrift:cela ne nous doit-il point eftre af- de bouche que fon Nom foit fandifié , & ce-
feifle feray melprifé félon le monde, ie n'au- pendant à caufe de nos ofFenfes nous l'expo-
ray ni eftat ni office , on femocquedemoy: fons en moquerie, la doftrine en laquelle no*
ouy , mais cependant mon Dieu m'a choifl auons tout noftre falut, fera mife en rang , &
pour eftre fon heritier.voire pour eftre parti- fur le bureau , que les ennemis diront qu'elle
cipant de fa gloire:ie fuis membre de fon Fils eft caufe de tout mal. Quand cela viendra de
vnique, les Anges me recognoiflent &auouét nous,&: qu'il nous pourra eftre imputé.ie vous
de leur rang comme ayans fraternité auec prie, ferons-nous excuCibles? Or fi ceci a deu
meyiil faut donc que ie porte patiemment le eftre obfcrué du temps de fainiîl Paul,auiour-
mefpris du monde , que ie n'appcte pas \<i\ de d'huy le befoin en eft autant ou plus. Car les
eftre glorifié. Que donc ccfte confideràtion ■ aduerfaires de l'Euagile font le guet, & nous
nous viene en mémoire , toutes fois & quan- efpient,& s'il y a quelque apparence de mor-
tes que nous voyons que félon le mondé nous dre fur nous,- voila l'Euangile qiii eft defchi-
ne fommes pas tant auancez comme nous ré par pieç*es,ils abbayent comme chiens enrà
voudrions. Et au refte, fainft Paul nous mon- gez'àl'encontre .encores qu'iK n'y puilTcnt
ilre que le nom de Dieu fera blafphemé quad mordrernous voyons cela, &• cependant nous
iious ne pourrons nous afluicttir de noftre ne lailTons pas toutesfois de nous ietter à
bon gré,& que nous ne ferons point pai- l'abandon: Voila pourqtioy i'ay dit que ccfte
fibies pour porter le ioiig qui nous eft mis fur admonition de fain^l Paul eftaufsi opportune
que
SVRLAI. ATIMOTH a;
fraternité ne doit poît faire enorgueillir ceux
qui font conteinptibles félon le monde,& <jui
/",_- J« .a»:. »A«. i^ .i';l^ «'i.I l^«. ; -II _-
qaeiamais ,d'autaatque nous fomraes regar-
aez,& que tous ceux qui côtredifent à TEuan-
gile.ne demandent linon d'en mefdire quand
il voyent que nous chemines mal.Maisquoy?
.Qjiieft-ce qui fegaide de nial-faireafin de
•clorre la bouche aux mefchans , & d'honorer
la bonne doftrine , afin qu'elle demeure en fa
dignité & réputation? A qui eft-ce qu'il chaille
beaucoup de cela î Mais plultoft il femble que
nous ayons côfpiré auec les ennemis de Dieu,
& que nous ne cerchions qu'occafîonde les
faire parler. Nous fçauôs bien que quand nous
ferons comme nous auôs accouftumé,par tout
les fcandales voleront , & qu'on dira , Voire,
quelle reformation eft-ce que ceux-ci preten
dent? Ils veulent eftre plus fages que tout le
raonde:& cependant où eft-ce qu'on voit que
ils foyent meilleurs ? Où eft-ce qu'ils fe font
amendez?On oit ces propos-la qui fe tienent:
& quand nous n'en aurions les aureilles ba-
tue$,fi eft-ce que nous n'en fommes pas igno-
rans;& toutesfois nous empirôs tous les iours,
&femble qu'vn chacun de nous le baigne quâd
H oit ainfi blafphemer le nom de Dieu. Or tat
y a que tousles opprobres qu'auront defgor-
gez les incrédules nous feront vendus bien
cher quand le mal fera procédé de nous, & que
ils auront prins couuerture (îir nos vices. Voi
la pourquoy il nous faut bien retenir cefte ad-
monition que met iA fainû Paul, Q_iie la do-
ûrine de Dieu ne fait point blafphemee, dit-
il. Or venons maintenant À ce qu'il adioufte,
(UiefiUsmaiflresftntfîAeleSyUuc les faut point
mtffrifer,d'aittant(]U''ils font frères, maispluf-
toft qu'il les faut eftimer,àcaufede la foy que
Dieu leur a donnée , qu'il les a adoptez com-
me fes enfans , & qu'il les a faits participans
de fes graces,qu'il ne faut point que cela nous
donne occafion de les vilipender, mais pluftoft
que nous deuons prendre courage à les hono
rertant plus. Yci nous voyons en premier
lieu l'ingratitude des hommes : car s'ils n'e-
ftoyent enclins à ce mal que fainil Paul corri-
ge ici,l'admoniti5 feroit fuperflue.Ainiî don-
ques notons que quand nous aurons trouué
«juelque occafion de nous eleuer par dclTus
nos prochains, nous tendrons toiifiours là,&
ne faut point que nous allions à l'efcole pour
apprendre cefte leçon: car chacun en feraaf-
fez grand doâeur pour foy. Or il y a vne in-
gratitude vileine en cela , que ie verraydes
grâces de-Dieu en vn homme, elles feront auf-
fi enmoyA'fur celaiediray,Etqu'eft-il plus
querhoy? n'eft-ce point le plus grand hon-
neur qu'il puifle auoirque d'eftrc enfant de
Dieu ?& cependant puis que ie fuis du nom-
bre, ne fuis-ie pas fon frère? Or il éft dit que
celuy qui eftde petite côdition quant au mon-
de,fe doit glorifier en fahautelfcid'aut.int oue
Dieu l'a anobli , & qu'il l'a choifi ,ui nombre
de fes enfans. Mais par cela doit-il mcfpiifLT
ceux que Dieu a voulu eleuer par dclfu'. luy?
Ainiî donques notons bien que ce titic de
fontde petit eftat. Qu^ils n'aillent point aile-
guer,Ceftuy-la eft mon frere:mais cependant
Dieuluy a aufsi donné vn autre parentage.
Nous fommes frères, & cela n'empefchera
point que l'vn ne foit maiftre, & l'autre valet,
que l'vn ne foit pere,& l'autre enfant, que i'vn
ne foit en office de magiftat,& l'autre perfon-
ne priuee. Ainlidonques cognoiflons noftre
ingratitude & malice en ce qu'vn chacun de
nous feroit folicité à mefprifer ceux qui doy-
uent dominer par deffus luy , fous ombre que
noftre Seigneur nous a conioints enfemble.
Car cefte vnion facree qu'il a mife entre nous,
ie di de fraternité , d'autant que nous l'inuo-
quonstous d'vne bouche comme noftre Père,
cela n'empefche pas qu'il n'y en ait l'vn in-
fericur,& l'autre fuperieur , qu'il faut qu'en
telle condition que Dieu nous appelle , nous
demeurions paifibles , comme ici làinftPaul
nous le monftre.Or fi ie fuis fuiet à vn Prince
incrédule , voila celuy qui fert au diable qui a
domination fur moy : voila vne chofe eftran-
ge du premier coup:mais fi faut-il cognoiftre
par là, que Dieu me veut humilier, cômcdcfîa
nous auons dit. .Si maintenant ie fuis foiwvn
Prince fidèle , & qu'il demande que Dieu foit
ferui & honoré, & qu'il fe cognoilTe eftre frè-
re de tous enfans de Dieu,afin d'vfer tellemèt
du giaiue qu'il ha en main,& de prefiderau fie
ge,que cependant il férue à Dieu & à fes pro-«
chains:quand i'auray vn tel aduantagc , Dieu
ne m'oblige-il pas beaucoup plus à m'acquit-
ter de mon deuoir?Et fi ie ne le fay.ne fuis-ie
pas ingrat à noftre Dieu? Ainfi donques non
ïans caufe fainft Paul met ceci pour déclarer
que ceux qui diront que leurs fuperieurs font
leurs frères , n'ont point d'occafion pour-
tant de les mefprifer , mais pluftoft d'au-
tant que la foy déclare que Dieu lésa con-
ioints auec nous , en ce qu'il les a appelez i
l'elperance de vie , que cela nous doit tant
plus encourager , qu'il ne faut plus que nous
trouuions eltrange de leur obéir. Et pour-
quoy? Car Dieu reluit en eux,il y amis fa mar
que, & les a tellement approchez de luy, que
outre ce que nous les cognoiflons nos frères,
puis qu'il nous a foumjs à leur fcruice , qu'il
faut que nous leur obeifsions. Ainfi donqiiès
notons quand Dieu nous fait ce bien &• priuî-
legequexeux qui dominent fur nous, font auf-
fidu rang & du nombre de (es enfans, que cela
nous doit faire tant mieux afluiettir, & que
nous ayons vneaffeftion droite de porterie
ioug qui nous eft impofc , voire d'autant que
nous voyons les marques de Dieu en ceux aijf
quels nous ferions autrement difficulté d'o-
béir.Mais ceei doit eftre eftendu encores plus
loin, c'tftafçaiioir que nous deuon' honorer
tous ceux qui font bien aimez de Dieu, quand
nous aurons cfté mcfme conioints à eux cndi-
ledlion & priuautt.Car combien que nous foy
Nl.iii.
ayS
SERMON XLVI.
If!,.^.
om participans d*ï« mefrae bien,& d'vn mef- qiioy ? Car ce n'cft point aflei que nom foy-
iiic heritagc,li cft-ce que it me doy foumcttre ont enfcignez en ce que nous contcileron^ e-
à les honorer , cucores que ie loy e égal à eut ftre bon, comme de bouche nous dirons allez,
en ceft endroit , d'autant qu'ils ne demandent Ceftedodiine cil bonne: maisnouinelaifle-
finon queie viene à Dieuaucccuxuutrcment roiiî pas- de touliours retenir nos affedionî
iieferoy-iepas par trop délicat & intraitta- maïuiaifei, , & quand noii'; aurons honoré de
ble,fi ie ne peux loutiFrir vue telle condition? bouche la doûnne de Dieu, nous la Foulleront
Etainli apprenons en l'omine d'honorer les aupiedcn toutenoftre vie: ceque nous fai-
gracesde Dieu quand elles nous lèront miles fons quand nous y fommes rebelles. Il ne fuf-.
deuant les yeux:& quand nous verres vnhom lira point donques que la doftrine nous foit
me qui aura en foy quelque ligne de craintede vne fois propofee , mais il faut que nous foy»
Dieu & de foy.que nous le prilions tant plus, ons picquez & exhortez, Se quecela nous foit
que nous demandions de nourrir toute amitié fouuent réduit en mémoire, afin de maintenir
auec luy,que nous le fupportions entant qu'en le bien que Dieu aura mis en nous. Voyant
nous fera , que nous délirions de nous accor- donques <ju'il s'en faut beaucoup que les hom
dcr auec luy. Et qu'vn chacun regarde à ce >ne$ ne fe rangent en telle obeiflànce qu'ils
qui nous eft ici dit, puis que Dieu nous a ainli doyucnt , tant plus les miniltres delaparole
alFemblez, que nous coonoifsionsquec'efta- doyuent-ils s'efforcer vertucufement à redui-
fin qu'il nous face tou<; Tes héritiers, que nous re les hommes de leurs rebellions , afin qu'il*
auons vn Eiprit q«inoiis gouuerne , que nofis le rendent dociles ,& qu'en toute humilité ilt
auons vne foy^que nous auôsvn Rédempteur, apprenent de s'alTuiettir &à Dieu& à ceux
que nous auons vn Baptefme: car fous ce mot aulquclsil auradonnéauthorité. Voila don-
de fct«»/rfr,toiit cela eft comprins. Quand dôc ques àquoy iaini't Paul a tendu.quaBd il a par
nous auons cela, que nous apprenions d'eûi- le à Timothee d'exhorter fongneufement.ft
mer les grâces de Dieu afin qu'elles nous m- par cela nous deuons eftre adinonellez de bi«
duifent à toute humanité , Se que nous pratti- reccuoir les exhortations afin que nous y foy
■ quions cependant la le-^on <^ue fainft Paul ons confermez , & qu'vn chacun en fon en-
nous monftre en l'autre palTagej-c'eft que no' droit y penfe : car par ce moyen noJtre Sei-
fommes redcuables les vus aux autres en cha- gncur veut efprouuer noftre obeiflànce & l'hô
rite, car c'eftvn lien qui nous doit bien fulfi- neur que nous luy deuon«rendre,quand nous
re.Et retenons quant & quantce que dit faintt ferons ainfi fuiets aux hommes mortels, félon
Paul pour conclu-lion, c'cft gx-'o» doit tnfeigner que bon luy ftnible de nous appeller chacun
ctstl>ofes,Sc qu'il ne les faut pas feulement pro en fa vocation.
f ofer pour vn couj),mais qu'il y en ait de Ion- OR nous-nous proftcrnerons deuant ia fi-
gues exhortations,& tant qu'il fera de befoin. cedenoftrebon Dicu.leprians qu'il luy plai-
Et par cela il fignifie que la dotlrine n'aura fc nous faire fentir nos fautes de plus en plus:
point fon ciFettcSc ù vertu, finon qu'elle nous &-cependant qu'il nous en retire, & qu'il nous
cdiiîe en la crainte de Dicu:comme s'il difoit, donne à cognoillre que noftr-e règne n'eft
il eft vray qu'on .pourroit difputerplus fubti point en ce monde , &qu'aulvi -ce n'eft point
lement d'autres matières: mais cependant re- ici qu'il nous le faut chercher , afin que nous
gardons à ce qui nous eft vtile,& à ce qui nous apprenions de porter patiemment beaucoup
eft propre pour nous ran^er.commei'ay défia de moleftes,po»retcz,& mifcres .iufquesà ce
dit.Car on ne nous.pcut donter, tant fommes qu"'il nous en ait deliurez Se affrâchis du tout,
huacains: il nous eft donques befoin d'eftre re Et que nous fçachions aufsi qu'il domine ttl-
(enus. Et pource qu'vn chacun conçoit cefte lement fur tous eftats, que ce luy eft vne chofe
liautefie.qu'il y aquelque chofe en luy qui le a^ reable,qu"vn chacun fuyue fa vocation, voi-
pourroit Mire cleuer.noftre Seigneur au con- re à laquelle il fera appelé. Q_iie donc il luy
traire nous monftre qu'il nous faut rangera plaife nous conduire tellement en ce monde
cefte modeftie.decneminer fimplement en par fon lainû Efprit, que combien que nous y
uoftre vocation .quelque balTeÂ: contempti- foyons en condition balTe& contemptible,
ble qu'elle foit félon les hommes. •Q_iiâd nous nous ne larfsionspastoutesfoisd'efperer que
aurons prattiqué cefte doftrine , nous aurons il nous eleuera en vne dignité excellente , &
beaucoilp fait , non 'feulement pour vn iour, qu'il fera que les opprobres que nous aurons
mais pour toute noftre vie. Ainfi donques ce endurez en cefte vie mortelle, nous feront
n'eft point fans caufe que fainft Paul dit.Quç conuertis en fon royaume en gloire d'iinmor-
iltaut quelesbons minlftress'eftudientàinet talité, Quçnon feulement il nous face celte
ire la bonne doârine cnauant:&.puis iLadiou
lie, Qitilf\t»t infifltf à txhertativnt. Et pour-
grace , mais aufsià tous peuples & nations de
la terre, &c.
SECOND
s V R L A I. A T I M O T H. ^7»
SECOND SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
3 Si aucun en feigne autrement , CT* ne confent aux faines paroles
de nojlre Seigneur lefus Chrijî, O'àla doBrine ^ui efl félon la crain-
te de Dieu,
4 îceluy efl orgueilleux,ne fçachat rien, mais Unguiffant entour
queflions O' dehats de paroles, de/quelles s engendre enuie,noiJêJniu'
res,tnauuaiJèsfufpicions,
5 Vaines difputations d'hommes qui font corrompus ^entende-'
ment,0'fi"^P^^^Z ^^ mérité, reputans pieté eflregain.
Our comprendre Tadmoni
lion qui cil ici dônee par S.
Paul à Timothee , & pour
l'appliquera noftre vl'age,
il nous doit fouucnir en pre
mier lieu de ce q a eùé craie
ce par cideuanc : car fainâ
Paul prefuppofe qu'il a monftré quelle eft la
bonuedodrine à laquelle il nous tauc cenir.
Or nousauons veu qu'il ineccoic ce grand fe-
crec & admirable de la fuy , en ce que Dieu
Dousa enuoyé fon Fils vnique, & s'eft cômu-
niquéànousen la perfonne d'iceluy. Q£and
donques nous auons lefus Chrifl ellanc veAu
de noflre chair & nacure , nous ibinmes par
fon moyen conioincs à Dieu le Pere,& en luy
auons couce perfeâion de bien. Or cepédanc
il nous faut aufsi cognoiflre les verxus de no
lire Seigneur lefui Chrift: car combien qu'il
ait fouffert feloi^Tinfirmicé de ù chair vne
pafsion pleined'ignominie.cancy a que Dieu
l'a exalté en gloire : &d'au(anc que les grâ-
ces du fainft Efprit onc cfté defployees en
luy,uous cognoiflons que la gloire donc il eft
fait mention au premier chapicre de S. lean ,
afin que nous puifsions nous appuyer du tout
fur noftre Seigneur lelus Chrill, cognoiflans
qu'il nous e(t 'donné pour fontaine de vie &
de falut, & que nous foyôs aufsi incitez à luy
. faire hônuge, non point failement pour flé-
chir le genouildeuant luy, mais pour nous ad
donner à fon l'eruice, & luy dédier nos corps
& nos âmes en toute pureté. Or fainft Paul
ayât parlé de ce haut myfterc lequel nous eft
reuelé par TEuangile , a auisi déclaré que la
doctrine que Dieu veut eftre prefchee en fon
Nom.n'ellpas feuleniét pourchatouillernos
aureilles,niais elle eft pour nourrir nos aines;
& puis qu'elle nous doit apporter bonne in-
ftruûion & vtile pour régler noftre vie. Et
mefmes il eft notanunent parlé du principal
exercice où les fidèles û doiucnt employer,
c'eftd'inuoqucr fon Nom. Car voila quelle
doit eftre noftre cftude,de recoririr à Dieu en
toutes nos nccefsitcz, le prians qu'il nous tie
ne eu fa main 5c en fa proteâion, 5r non feule
ment que nous ayons le foin de nous , mais
aufsi de nos ptocbains.Voila donc quelle eft
la fommc de la pure doârine qui doit eftre
iournellement prefchee , & à laquelle on fe
doit tenir,c'eft que cognoiflans qu'il n'y a en
nous que toute poureté &mifere, nous ve.-
nions chercher Dieu , voire tenans la voye &
l'addrelFe qu'il nous a donnée. Car il eft mi-
pofsible que nous approchions de Dieu.llnon
d'autant qu'il luy a pieu fe communiquer à
nous:orcela s'eft fait en la perfonne denO'»
ftre Seigneur lefus Chrift. Il faut donc que
nous appréhendions cefte grâce qu'il nousa
donnée , & de laquelle nous pourrons iouir«
ou il ne ciédra qu'à nous, c'eft qu'eftans meni
bres de noftre Seigneur lefus Chrift par foy,
nous ne doutions point qu'il ne nous condut
fe à Dieu fon Pere,& par cofequent au Roy-
aume des cieux. Or cela prefuppofe que noue
receuions de lefus Chrift ce qui nous défaut:
car il n'y a en nous que toute poureté, mais il
faut que nous foyons enrichis des biens que
lefus Chrift nous a apportez , & lefquels il
nous donc: & là delTus que nous ayons la har
dicfle d'inuoquer Dieu & de recourir à luy :&
cependant que nous apprenions de régler no
ftre vie comme il appartiét. Se non pas qu'vn
chacim fe forge quelques deuotions 1 fonap
petit. Car le feruice de Dieu eft corrompu
quand les homes veulent ainlî apporter leurs
inuentions propres,& nous fçauons que Dieu
demande fur tout obeiflànce , comme ce luy
eft le principal facrifice. Il ne faut point don
ques que nous attentions de faire ce que no-
ftre cerueau portera , ce n'eft qu'abus quand
les hommes s'addonnent ainlî à ce qu'ils onc
imaginé. Et au relce,cômenous fommeschar
nels,no*voudri5s aufsi appaifcr Dieu de nos
façons , (comme fainft Paula iraitté) que le
diable introduiroit fes dodrines, qu'on pen-^
ferait que Dieu prendroit en payement R on
s'abftenoit de manger certaines viandes, lî on
s 'abftenoit du mariage .Qui eft caufe que les
hommes apportent à Diiu ces menus fatras,
M.iiii.
iSo
SERMON XLVII.
qu'il Iciif fcmble qu'en cérémonies & en cho-
fes extérieures ils paruienent à grande fain-
fteté Se perfedionfCVft iju^ils mefurenc Dieu
à leur aulne : pource que rious Tommes gref-
fiers & terreftres , nous transfigurons Dieu à
noftre tantaiïe . Ainlî donques fainâPaula
monftré qu'il nous faut tenir à la pure & iîm-
ple parole de Dieu, laquelle nous monftre vn
feruice Tpirituel. Or après auoir déclaré ces
chofes.il aJioufte ,0^» eeUy qui enfeigne au-
trement,efl vn orgueilleux Qr yne befie-.comme
s'ildifoit, que les hommes fe pourront bien .
tranfporter par leur ambition pour amener
des façons d'enfeigner plus fubtiles, comme
nous voyons que les aureilles nous chatouil-
lent d'vne vaine eu riofité,<jue nous voudrions
qu'on nous repeuft de vent , comme il y en a
beaucoup aufsi qcerchentdecôplairc au mô
de & de gratifier, voyant qu'on demande cho
fes nouuelles.ils conçoiuent ceci & cela. Mais
fainÛ Paul déclare qu'il n'y a qu'orgueil & be
ftife, quand on ne tafche point à edifier,voire
félon la reigle qu'il a dpnnee ci deflus. Nous
Toyons donc maintenant ce qwe i'auoye tou-
che:c'ert afçauoir que pour bien comprendre
ce qui eft contenu en ce paflàge , il nous faut
réduire en mémoire ce qui a efté traitté par
ci deuant.à caufe que fâinft Paul fait compa-
raifon de deux chofes oppofites , afçauoirde
la doûrine que Dieu ordonne ou'on publie,i&
de toutes les fubtiliteï que les nommes inuen
tent , voire fans regarder ce qui eft propre à
vrayeinftruftion. Or notons cependant que
fain£t Paul ne parle pas de ceux qui corroni-
poy ènt la vérité, & la conuertiffbyent en men
fonge,quiapportoyent des faufTesdoftrines,
&quidemandoyent que le nom de Dieufuft
blafphemé ouuertement:mais il parle de ceux
qui i'e deftournoyent de la droite fimplicité.
Or c'eft défia obfcurcir la vérité de Dieu , &
la corrompre, quand on ne l'applique point à
{à droit vfage auquel Dieu l'a voulu deftiner.
Il eft dit que la doûrine de l'Euangile eft la
pafture de nos âmes. Or fi on nous vouloit
nourrir de chofes qui n'ont nulle fubftance,
combien qu'elles foyent plaifantes 1 la veue,
combien qu'il y ait aufsi quelque faueur de
prime face à la bouche , toutesfois s'il n'y a
nulle nourriture, que fera-ce? nous demeure-
rons affamez , ou bien nous ferons feulement
enflez mangeans beaucoup. Si on nous vouloit
paiftre de le ne fçay quelles fleurs , oud'au-
tres chofes , & qu'il n'yTîuft point de pain
ne de viande qui pcuft nous fouftenir, fi nous
«n mangeons peu , il n'y aura que faim , & (i
nous en mangeons beaucoup, Pcftumach fera
rempli feulement , mais il n'y aura nulle fub-
ftance , encores que nous en foyons comiT>e
ereuez.Ainfi en eft-il desdoftrincs qui u'cm-
portét point vraye édification. Il eft vray que
de prime face elles font plaiiantes , & on s'^y
dclcfte, voire à caufe queno<; cfprit'- fjnc vo-
lages,& adJonncz par trop àvanitc;mai: tant
y a que nos araes n'en font point nourries.
Brief, pour comprendre l'intention de fainii
Paul, il nous faut mettre trois degrez de do-
ftnne.Il y a la pure façon d'enfeigner qui eft
conforme à l'Efcriture fainûe.c'eft à dire cel
lequieft vtile pour nous édifier en la crainte
de Dieu. Et puis il y a vne façon d'enfeigner
qui n'eft point du tout mauuaile,qui'n'empor-
te point d'idolâtrie, m bla(pheme,nichôfe di
reftemét répugnante à la vérité de Dieu:mais
tant y a que c'eft vne façon baftarde , pource
que la parole de Dieu eft défia defguifee , &
qu'on la tranfpoite de fon vfage naturel &
légitime. Il y a pour le troifieme degré , des
doftrines faufles&mefchantes, qui peruertif
fent du tout la pureté de l'Euangile. Or main
tenant nous oyons ce que dit fainft Paul , il
parle feulement des fpeculations vaines , &
qui n'ont point de fermeté , combien qu'on
ne les puille pas condamner du tout , qu'elles
foyent faufles & mefchantes.m'ais quoy qu'il
en foit il n'y a point làde profit.que ceux- qui
en ont les aureilles batues, ne peiiuent pas e-
ftre amenez à Dieu pour fe répofer du tout
en fa grâce, pour goufter fa bonté infinie, co-
rne il l'a déclarée en noftre Seigneur leius
Chrift:ils ne font point incitez à l'inuoquer,
& auoir leur reluge à luy : ils ne font point
confermez pour s'addonner à toute fainfteté
de vie,& fe dédier du tout au (eruice de Dieu:
quand cela n'y eft point, ce font chofes friuo-
les & inutiles. Voila donques de quoy fainâ
Paul parle. Or ceci eft bien digne d'eftre no-
té:car il fe rapporte à ce qu'il dit en vn autre j,,t;.».
lieu, que l'Efcriture eft vtile,voire,toute:com j^^
me s'il difoit,que Dieu rie nous a point donné
fa Parole pour vn paflè-temps , que nous en
iafions comme de qiielque chanfon de plaifir,
mais afin qu'elle noui; profite. QjJand don-
ques nous ne poarrôs appliquer la parole de
Dieu à ceft vfage-la , nous la profinqns , &
voila défia vn facrilege,Diea y eft déshonorer
car nous en ferons comme vn meneftrier qui
louera de la harpe ou du lue , & cependant
il n'y aura que les aureilles qui foyent ba-
tues. Or nous voyons qu'il detefte cela, car
il veut que là Parole entre en nos âmes , que
nous en foyons touchez, qu'il y ait vn examen
fait,& côme vne anatomie de toutes nos pen-
fees & afFeûions. Sur cela que noftre vie puis
après foit reformée, & d'autant que c'eft vne
femence viue que la Parole de falut , qu'elle
produife fes fruits,& que nous môftrions que
ce n'eft point en vain que Dieu no' a inftruitï
en fon efchole . Notons bien donques toutes
fois Stqiiantes que nous venésau fetmon, oa
bien q chacun en fon pridc prend l'Efcriture
fainfte pour lire, que nous deuôs auoir ce but
la d'eftre édifiez , voiteen foy& en crainte
de Dieu.quenous foyons attirezà noftre Sei-
gneur Icfu'. Chrift, cogno/flans q c'eil en luy
que Dieu s'cft communiqué à nous , afin que
nous le pofledions comme noftre héritage,
que
s V R LA I. A T I M O t H.
iS»
que noMS méditions les grâces qui nous font
données en lefus Clirift , puis qu'il nous faut
puifer de fa plénitude, côme il en el} parlé au
premier de S.Iehan. Auifops dVftve incitez à
magnifier la bonté de Dieu, voire non feule-
ment de bouche , mais par bonnes auures, &
en toute noftre vie : auifons de l'tnuoquer Se
recourir à luy toutes tois & quantes que nous
fommes vifittz de quelque mal.-aiiifons de me
diter la vie celcilc parmi les pouretez &inife
res de ce monde , cognoiflans que Dieu nous
veut vifiter par croix & têt ations.afin de mor
tifier toutes les corruptions q font en no',&
que no' defpouiUiôs noftre vieille peau pour
cftre reformez à l'iiuagede noftre Dieu.Voi
la le but auquel il nous faut tendre , ou bien
nous ferons coulpables deuant Dieu d'auoir
pollué les chofes fainftes. Car la parole de
Dieu eft vn threfor ineftimable , & fi nous en
vfoiTî autrement que i'ay dit,il eft certain que
rous lafouillerôs en nos ordures,-côme ceux
qui Tappliquét à quertions curieufes, ou ceux
qui s'enveulent faire valoir par ambition, ou
qui tafchent d'en faire leur profit, comme S.
Paul en parle en la fin. Voila donqucs ce qne
npusauôs à noter en premier lieu. Or fi fainft
Paul vfe d'vne telle rigueur auec véhémence
contre ceui qui s'addonnent à vaines fpecu-
Jations , & qui delailTentJa fimplicité d' l'£-
uangile quand ils traittent des qucftions vai-
nes, que fera -ce de ceux qui empoifonnét les
âmes par leur faufle doftrine? Penfons-nous
pas qu'il y ait vne horrible vengeance appre
îlee fur ceoi qui ont ainfi peruerti la venté
de Dieu<'Nous voyons côme ceux qui ne font
3ue traitter des queftions friuoles,font con-
amnez.fainâ Paul n'en parle point finon cô
mel'Efpritde Dieu le touche -il dit toutef-
fois que telles gens font pleins d'orgueil, vui
des de toute fciencc,qu'ils font priuez de vé-
rité, qu'ils font tranfportez d'entendement:
& puis , que c'eft vne ziianie mauuaife pour
• infcfterl'Eglife,&d'*enuies,&de contétions.
Se de mefchans débats , & chofes femblables.
Quand S. Paul foudroyé ainfi cotre ceux qui
ne fontqu'obliqMemétdefguiferla parole de
Dieu , ie vous prie , que fcra-ce de ceux qui
corrompent entant qu'en eux eft tout ce qui
cft contenu enl'Efcriture famfte.'qui s'eleuét
contre Dieu, Se le defpitent,qui feruét au dia
blepourabbruuer les pouresamesde fauffeté
& de menfonge? Comme en la Papauténous
yoyons que non feulement la parole de Dieu
eft tranfporteeà ambition , mais corrompue
du tout,que là on n'y cognoift rien. Or no-
tons donc en quelle recômandation nous dé-
lions auoirla pure façon d'enfcigner, laquel-
le eft propre pour édifier nos âmes tant en
foy qu'en lacraintede Dieu.Etauiourd'huy
nous auons l'expérience de ce que nous auôs
défia touché , c'eft afçauoir qu'il y a trois
rangs diuersde doftrine. Comme nous voyôs
ceux qui défirent de feiuir à Dieu en droitu-
re de coeur , qui n'vfent point d'vne ilietori-
que vaine, qui ne fardent point leurs propos,
qui ne cirïlouillcnt point les aureilles pour
gratifier au monde, que font-ili? lis regarder
cequicftvtile pour cefte pafture fpintuelle
des âmes. Et puis.d'autât que cefte pafture de
Dieu eft aufsi vtile pour corriger les vices,
qui font côme maladies de nos âmes, ils l'ap-
pliquent auhi àceft v£âge-la. Ceuxdonques
qui voudront fidèlement s'employer au fer-
uicedc Dieii,ayani la charge de porter la do
ftrine de l'Euangile, ne regardent finon l'vti
lité du peuple & le falut des âmes : voire , 3c
quand ils auront ce regard, la gloirede Dieu
ira dcuât, comme aufsi elle le mérite bien. Or
il y en a d'autres qui ne blafphement pas ou-
uertcnient, qui nemettét pasenauantdesdo
ilrines faufles &; mefchantes qu'onpuiflecoa
damner, ciimme fi elles eftoyent du tout con-
traires àl'Efcriture (ainfte:mais il y avn ba-
bil & vne vaine fpeculation & curioiîté,qu'ils
ne demandent finon à chatouiller les aureil-
les: & puis ils mettront en auant des queftiôs
curieufes & friuoles.qui s'efuanouiflènt en la
fin comme vent. Voila doques ceux dont par
le faïe't Paul, qu'on cognoift auiourd'huy par
experience.Or il y a rextremité,& c'eft cora
me leprofoi]dde l'abyfme.quandles poures
âmes fontcmpoifonneesde méfonge:& mef-
mesenla doftrine des docteurs Papiftes on
verra tous ces deux vices que i'ay touchez.
Car ce qu'ih appellent Theologie,n'eft finon
pour tourméter les efprits de vaines fpecula
tions, qu'ils font lientortiliezen leurs curio
fitez,& trauaillent beaucoup, & vne queftion
engendre l'autre, tellement quec'eft vn laby
rinthe. Il eft vray qu'on ne pourra pas dire
que toutes ces queftions contienent autant
de blafphemes : mais c'eft défia ( comme i'ay
déclaré ) peruertir la parole de Dieu , quand
elle n'eft point appliquée à fon droit vfage.
Et ce que le di fera beaucoup mieux cognu
de ceux qui ont aucunement goufté que c çft
de cefte dotlrine fophiftique. Car en toutes
leurs efcoles il eti certain que iamais on n'y
traittevn fcul article d'édification. Quand
on fera là depuis le matin iufqucs aufoir , on
orra dès refueries beaucoup , mais qu'il y ait
vn feul grain de nourriture pour l'ame,qu'on
puifle recueillir le moins du monde qui foit
pour inciter les caurs à la crainte de Dieu,
néni:mais pluftoft tout eft là prophané,qu'ils
ont tellement defguifé tous les myfteres ce
Dieu,qu'il femble que ce foyent chofes pro-
fanes quand ils difputent de leur Théologie.
Mais s'ils montent en chaire U y a bien pis:
il n'eft pas queftion feulement de faire volti-
ger les efprits en l'air, & les entortiller en
beaucoup de vaines fantafies, mais de les de*»
rtournerdeDieu à toutes fuperftitions,voiire
qu'il y a côme vne brutalité; que s'il eft que-
ftiond'adorer Dieu , comment en feront-il»,
linon de renuoycr le pouremondeà desid'o-
Ni.
Ci>?.r.3
iSi SERMON
les & ides mirmozcts? Dieu fera-il honoré
quâd fa gloire liiy fera rauie pour la tiafpor
1er à des créatures mortes& iiifcnlîble ,ou il
n'y a que corruption? Au coiuraire.au lieu de
inuoquer Dieu , & s'adrelTcr à luy au nom de
noftre Seigneur Icfus Chrifl/h ont leurs pa-
trons & aduocatv aufqiicls ih attribuct l'iian
ntur que Dieu s'eft rcfi^riié à luy fciil. E: au
refte , s'il eft qucftion dt fc fier en Dieu , le
franc arbitrales mentes, les fatiitadiôs vien
dront en auant pour empsfcher les cieatures
de fe remettre du tout à noftre Seigneur Ic-
fus Chrilt & s'appuyer fur fa b )nte gratuite.
Nous voyôs danquc^^ côme là il n'y q.ic bl.if-
pliemes qui fjnt pourdefpiter Dieu, pour a-
neantir pleinement fa doftrine.voire non feu
lement par façons obliquesmais ouuercemét,
que le diable monftre li fes cornes, qu'il taut
en partie que les homes foyent ab;iuis quâd
ils s'addonnent à la doftrine Papale, ou bien
qu'ils fjyent enflez d'orgueil pour le faire à
croire qu'ils valet beaucoup . ou qu'il ne leur
chaille de l'hôneur de Dieu. Côuie quand ce
vient aux Sacremens.onvoit côme toutell là
renuerfé,& qu'ils n'ont rier. laiffe d'entier de
ce qui a eité inftitué par noftie Seigneur le-
fus Chrift.qui ell la iageffede Dieu fon Pere,
& auquel âufsi font enclos 8; caclirz tous les
threforsde (à plenitude,c5me S.Paul en par-
le. Or tout ce qu'il nous a donné, a eftc mef-
chamment corrompu îuec vneaudacediabo-
lique. Ils ont conuerti la Cène de nolUe Sei-
gneur lefus Chrift en cefte abomination exé-
crable de Melle. Et du Baptefme nous voyôs
comme il en va , qu'il a efté delguifé là aufsi
bien, quand ils ont introduit des autres facre
X L V 1 1.
fabonté.côinelleftdit aufsi que c'eft là où il
nous faut chercher tout noftre falut.Et cepc
dant que nous apprenions aufsi à dédier no->
ftre vieauferuice de Dieu , puis qu'il nous a
acquis à foy chèrement, que nous luy foyons
vrais facrificcs,&q nous ne le feniionspoinc
à noftre pofte , mais félon qu'il l'a ordonné,
cognoiflans que le feruice qu'il approuue.eft
fpirituel. Et au refte, qu'vn chacun regarde i.
fjn eftatjà quoy il eft appelé : que nous tta-
uaillions volontiers : que les pères ayent le
foin de leurs enfans.les mères aufsi, quvn chà
cun s'addonne à faire ce qui eft de Ion office
Si de fon cftat , cognoiflànt que noftre Sei-
gneur par ce moyen fera glorifié en nous.
Qjund nous aurons cela pour recommandé,
ne doutons point que Dieu ne nous donne la
difcretionde fuir Icsdoftrines qui font pour
nous retirer du bon chemin, & que nous ne
puifsions faire ce que dit fainû Pâul,de nous
feparerdeceux qui apportent autre faconde
enfcigner que celle qu'il a touchée parci de
uant . Celny dotiques <jii' tnf-igne autrement,
dit-il : & pour le mieux exprimer iladioufte,
Cduy tjui ne fe r.mge point aux faines farolet
ée \efus Chr'jl , £?• à la tioc'r ne qui efi ftion la
crainte ae-Dieit,la vrayr pitté Cjr rtlig'on.ARn
que nous ne fufsions point en doute quant à
ce mottcCaulre faccn : ou, diuerfe , faind Paul
nous déclare ici quelle eft là règle de bien en
feigner . c'eft que les paroles foyent faines,
dit-il. Or quand il les nomme ainli, il entend
qu'ellev nous apportent vtilité , que nous en
foyons édifiez, comme l'ay défia dit que c'eft
la pafture de nos âmes que la doûrine que
Dieu nous enuoye : c'eft premièrement la fe-
inens forgez en leur boutique. Or dôc il faut mence par laquelle nous fommes engendrer
bien que ceux qui s'addonnent à la doârinc
Papalci foyent ou contépteursde Dieu inani
fcfte«,qu'il ne leurchaut de riçn,ou qu'ils s'a
kufent de leur bon gré, & qu'ils permettent à
Satan qu'il leur creue les yeux. D'autant plus
donc nous faut-il retenir cefte admonition
en la vie celeiie, c'eft noftre nourriture, c'eft
vne médecine ibrief, c'eft le tout. Etainfiil
nous faut regarder que.lle dotlrine nous ap-
porte fanté , & celle-là il nous la faut tenir
c6tneenuoyee& procédante du Fils de Dieu:
mais toute doftrine friuole , de laquelle nous
de fainâ Paul , c'eft que tous ceux qui enfei- ne pouuons tftie édifiez , il faut que nous la
gneront autremét qu'il n'a déclaré ci defllis, fi^ons,encores qu'il n'y ait autre mal que ce
fte difsimulatjoD , qu'au lieu de la viande on
nous propofe »ne moquerie & vn abus . Et
puis notamment encores fainft Pauladioufte
font gens tranfportez d'orgueil,& gens igno
rans.combien qu'ils fe veulent faire grans do
tleurs & fort habiles , qu'il n'y a en eux que
corruption, qu'ils font priuezdelapure veri-
té:que nous les fuyons donc côme pertes mor
telles. Il eft vray que ùi\r\Ot Paul parle ici à
Timothee,luy déclarant qu'il ait àfefeparer
de telles gens : mais de noftre cofté nous fom
cCmotdep/>Ȏ , qui emporte quenous met-
tions toute noftre fiance en Dieu, afin de re-
courir à luy ,&de l'inuoquer luy feul(com.
me i'ay déclaré ) & que nous cheminions en .
fa crainte, obeilfaas à fa fainfte volonté ,&,
mesaulsiaduertisengene.raldefuirvn teldef que nous ne le feruions finon en renon^anti
guifementde la pure fimplicité de l'Euâgile.
Que faut-il donques.' Retenons cefte forme
de ladoûrine que fainâ Paulamifecideflîis,
&(comme i'ay défia déclare) recourons à no
ftre Dieu , &cognoiflons lefus Chrift & les
vertus qui font en luy,afin que nous trouuiôs
en luy tout le comble de ioye,& q nous ne va
guiôs plus, & ne foyôs pi' iettez ne çà ne là,
tsAK (^ue nous foyons pleinemct appuyez fur
toutes nosaffeftions &:voluptez,&mefmesà
toute prudence charnelle: car cependant que
les hommes veulent eftre fages enleurccr-
ueau.ileftimpofsible qu'ils fe ragent à Dieu,
ne qu'ils luy obeirtcnt. Maintenant donques
nous voyons que l'admonition de faincl Paul
n'eft point obfcure : encores que nous bou-
chions nos aureilles, ii eft-ce que nous fom-
tnet conuâincutde ce qu'il vcuc dire , & ne^
tiendra
SVR LA r. A TIMOTH.
283
tiéiti qu'à nous qVvn chacû ne fe puifle gar-
der de ces doftrines perueilc^.Mais (juoy?Le
monde veut eftreabuféà fonefcient. Qm eft
caufe {ju'auiouid'huy les erreurs dominent,
& que c'eA comme vn deiuge qui couurc cou
te ta terre , & qu'iJ y en a ii peu qui puilFert
s'afluiettir pleinement à Dieu? Ceft la non-
chalance qui procède d'vne certaine malice:
car les hommes ne demandent point deve-
nir à Dieu en pure rondeur , ils l'ont contens
decircuir, & cependant ne peuucnt appro-
cher de luy . Or quand nous cherchés de tels
difcours.c'eft bien raifon aulsi que Dieu nous
lailTe vaguer , & cependant que le diable ait
fes fuppofts qui nousdeftoiirnent ç. & là , &
qui nous mènent par des chemins- tortus , &
nous facent tracafler tout le temps de noftre
vie , nous eflongnans du but auquel nous de-
UODS tendre. Il faut donc que les homes s'im-
putent le mal de leur ignorance:car s'ils va-
guent,qu'ils foyent tranfportez çA&là,c'eft
par leur faute, (comme l'ay defîa dic)pource
qu'ils n'ont point cherché de venir droit à
Dieu.Et ainfi, oiiurons les yeux &• les aurcil-
les, & nous fçaurons faire noftre profit de
cell aduertiffement que Dteu nous donne , &
ne tiendra qu'à nous que nou": nedifcernions
ceuï qui font bons & fidèles Pafteurs, d'.nicc
ceux quicorromptnt & falfifient la vérité de
Dieu,que nous ne fuyon'i comme peltesmor
telles ceux qurnous abruiiétde menfon£;e&
dt vanitcz , & ne nous donnent point vne
viaye pafture.afin d'en eftieraffàficz. Voila
ce que nous auons àobferutr. Or cependant
il nous faut noter ce qui a défia cfté couché,
c'eft afçauoir, comment fainft Paul dégrade
ici tous ceux qui flechifïênt du droit chemin;
c'eft qu'en pitmier lieu il les nomme orgueil
Uux-.éi puis fecondement htpei-.comme s'il di
foit que l'orgueil les aueiigle, & cependant
qu'ils n'ont pas ce qu'ils appetent.Carpour-
quoy f ft-ce que les hommes mettent en auac
des iubtilitez & queft:5s friuoles, finon pour
fe faire valoir,afin d'eltre prifez corne grans
dodcurs & bien aigus? Or fainft Paul dccla-
ÎV<?. 1.7. re qu'ils ne font que beftes. Ex pourquoyfcar
la vrayefagefle , c'eft que nous foyons in-
ftrujts en la cramtc de Dieu, comme l'Efcri-
ture le porte. £t nommant ces doreurs fub-
tils, orgueilleui & enflez, il lignifie que nous
ne pouuons profiter en leur efcole. Et pour-
Vft. i$.Z quoy?car il eft dit que Dieu enfcigne les pe-
tis& les humbles. Voulons-nous cftredeue-
ment enfeignez en la parole de Dieu , Se que
nous en receuions le fruiâ qu'elle nous doit
apporter? Il nous f«ut commencer par ce
bout d'humilité & de petitelTe, que nous ne
prefumions point de nous eleuer,mefmes que
ayans cognu que nous fommes pouresaueu-
gies, qu'il n'y a poît vne feule goutte; de bien
en nous, voiie& qu'en fommenousne ioat-
mes que poures belles, nou^ venions poure-
Aie enfeigaez de Dieu ficde noAic Seigneoi
lefus Chrift , qui nous a efté ordonné pour
Mai/Ire & Dofteur, mcfmes que nous le rece
liions côme noftrc Paihur pour ouir la voix,
que nous iiiy foyons comme agneaux & bre-
bis,cognoiltans que nous ne fommes pas fut-
fifans pour nous gouuerner. £c au refle, que
noiisapprenions de nous anéantir du tout,&
de hayrnos vices, afin de detefter noftremef
chante nature, britf.que nous apprenions de
cheminer en celle hôtedenous-mefmes, que
nous foyons pleinement confus. Voila donc
côme lamais nul ne fera bon efcolier de Dieu
qu'il ne foit hiible & petit. Or ceux qui font
enflez d'orgueil, comment nous pourront-ili
amener au droit chemin, quand ils en font du
tout (f!ongnee,&meirnes qu'ils tendent tout
au rebours? Fuyons donc tous ceux qui font
menez d'orgueil & d'ambition, car il eft cer-
tain qu'ils ne pcuuentfinon nous précipiter
aufceux, comme le diable les gouuerne ,luy
qui eft le perc d'orgueil , ainfi nous ferons a-
hyfmez en vne mefme confiifion. Apprenons
donc de nous recueillir, &■ nous tenir comme
ft rrc3,S.' que eeux qui cheminent ainfi en toB
te vanité ne nous conduifcnt pas, que nous ne
foyons point menez çj & là comme à la pi-
pée.Voila pourquoy fiinO Paul aici mis l'or
gueil en premier lieu , ce n'eft pas feulement
pour donner vne marque d'ignominie à ceux
qui deprauent la parole de Dieu pour la met
trc en confufion & defgmfement,mais c'eft à
ce qu'on les detefte,& qu'on cognoifle qu'on
ne peut poinc proficer fous eux, mais pluftoft
y eftre corrompu & depraué. Or cependant il
•fe moque de leur outrecrfidance quand il dit.
Ils nefçaucnt rien , car ils aiment beaucoup
mieux eftre eftimez fort fçauans que d'eftre
cftimez gens de bien : comme nous voyon»
tous ces Ijraues qui s'appliquent à des fiibti-
litez vaines & friuoles, moyennant qu'on les
ait en réputation de dofteurs aigus , ce leur
efi afltz , car de preud'hommie il ne leur en
chaut. Or fainil Paul note cefte folle coriofi-
té,8(s'en moque, quand il dit, Ils ne fçauent
rien:& nous veut nionftrer que ceuxqui font
ainfi pleins d'orgueil, fe paifTent deveht. Et
pourquoyî car qui efl-ce qui chatouille ainfi
les hommes , & qui les fohcitedc s'.nddonner
ainfi à des vaines fpe culationsrCeft qile nous
voulôs fçauoir:voila vn defir naturel.Ieveux
fçauoir.Mais quoy?nou$ ne fçauôs quelle eft
la vraye fcience: car il nous femhle que rouj
fçaurôs beaucoup quad nous ferons enuclop-.
pez en beaucoup de menus fatras , que nous
fçaurôs faire des queftiôs.que nous les fçau-.
rons debatre,& que nous fçaurons déncr vne
refponfefoudainede tout ce qu'on nousde-
mâdeta. <2_uiddonc nousaurôs vn efpiitain
fi aigu , ho , il nous femble que voila vn beau
fçauoir & fort excellent. Or fainô Paul dé-
claré que tous ceux qui ne font point deue-
menr édifiez en la crainte de Dieu, ne fçauent
riea.Et pourquoy fil eft dit que le ch«f de fa- ft»>i-7 '
N.ii.
zH
SERMON XLVII.
gefle cft la crainte de Dieu. Q^and les hom-
mes ne fe cognoiirent point , &: qu'ils ne co-
gBoiflent point Dieu,ie vo' prie, cju'cft-ce de
tout le reftc? Or tous ceux qui s'anuUtnt ainli
à des queftions friuoles.ils ne tendent point à
Dieu. Et pourquoy?Car en tendant à Uiy ih le
cercheroyét comme leur perc & leur maiflre:
leur pcre.di-ie.afin de l'aimer ( corne il en elt
Iial.l.6. pj^ig jy Prophète Malachie )& de luv porter
tout honneur:& leur maiftre,.ifiii de cheminer
en fon obeilTance ,& en fa crainte , en le cer-
chant comme noftre Sauueur en lefus Chrift,
qui eft le principal. Car autremét lainais nous
ne goufterÔs la bonté paternelle cnuers nous,
&auAinou$ nepourruns pas nous rangera
fon feruice, nous ne pourrons pas le craindre
cômcnoftre Dieu, nous ne pourrons pas met-
tre noftic lîance en luy, lî nous ne regardons
ànoltre Seigneur lefus Chrirt, voire en telle
forte que renonçans à nos aff.'Ûions charnel-
les pourncu5 retirer du monde , nousappre-
nionsdenousdetlicr pleinement àlàiulHcc,
pour eftredifpofez de recourir àluy. Voila
comme on peut prouuer que tous ceux qui fe
addonnét à vaines curioiitez.ne fçauent rien.
E t pourquoyr'Car ils n'ont nulle cognoiflàn-
ce dcDitu. Etpuis, s'ils fecognoiflent eux-
mcfmes, il eil certain que ce n'ell pas tout de
conceuoir que c'cftde la nature des hommes,
mais il faut qu'ils refiftentaui tentations : ce
qu'ils ne peuuent faire s'ils s'addonnent à des
débats pleins d'oiiîueic,& qu'ils difputent de
ceci & de cela, qui ne peut apporter nul pro-
fit. Voila les hommes qui fe doyuent cognoi-
ûre efclaues de péché, ils doyuent fentir les
liens du diable, & de mort, & de malediftion
qui eft en eux, qu'il y a vnabyfme d'iniquité
en leur nature, tellement qu'ils doyuent eftre
conuaincus qu'ils font dignes de mort éternel
lc,& qu'ils, n'ofent pas fe prefenter deuant
Dira.d'autât qu'ils font fes ennemis mortels.
Qujindnous penferions bien à cela, ie vous
prie,aurions-nous loilir de voltiger ainfi,&de
faire nos brauadesîNous voyons bien doc que
tous ceux qui s'appliquent ainli à oifiuetc ,'Sc
qui fe forgent des eftudes vaines , n'ont nulle
fcience en eux, ils n'ont q du vent qui les en-
fle, combien que deuant les hommes ils foyc t
beaucoup eftirae2,& qu'ils fe plaifent en leurs
vaines curioiîtez ,Et voila aufsi pourquoy S.
Paul notâment adioufte, Qu^ilinefont que la»
^ r»rr, efiams frmex. ie la ytrité. Il aUoit dit que
U doûrine de lefus Chrift eft faine,& mefmes
il l'auoit ainii nômee, pource qu'elle nous ap-
porte guarifon:côme c'cft la médecine de tou
ces nos maladies fpirituelles.nous en tirés auf
Û rraye iùbftance pour en eftre nourris. Or au
contraire, qu'aduiendra-il quand nous vou-
dras eftre grant dofteurs fans eftre édifiez en
la crainte de Dieu, 8c en la foy de noftre Sei-
gneur leCus Chrift ? Nous languirons comme
yn hocnme qui fera defgoufté, il cerchera (es
appetit$:& bien,il trempe le doigt.il fucce, il
crache:& puis après, il verra vnc vi5de,& d'au
tant que ion eftomach eft délia rempli de mau
uaifes humeurs & corrompues , il luy femble
cncores qu'il pourra prédrc appétit à la vian-
de-mais li toft qu'ill'ha en la bouche,eile luy
flaire mal.Ainii en eft-il de tous ceux qui s'ad-
donnent ainli à vaines difputes, ou bien il y a
vn appétit ii desborde , que les hommes vains
& tnuoles ne fe peuuent iamais fouler de que-
ftions inutiles. Prenons la fimilitude plus pro
chaine.On en verra qui ne peuuent manger de
bonnes viandes, mais fi on leur apporte quel-
que ordure, ils s'en foulét, voire iufques à s'en
creuer du tout. Quand il yauravne viande
niauuaife.il n'en faudroit qu'vn morceau pour
faire mal à l'eftomachi&ils en prendrôt trois
douzaines.Or donc, tout ainiî oue les gens def
gouftez &iiial fains ne fe peuuent aflcz rem-
plir de maiiuaifes viâdes, qui font comme de-
mi poifons : alnfi faind Paul dit notamment,
que ceux qui cherchent auifi à s'enfler , & qui
appliquent toute leur eftuJc à des queftions
fiiuoles,<S: non point àcftreenl'eigncz fidèle-
ment en la doélrine de Dieu,& en la fimplici-
té de l'Euangile.que ceux-là font comme ma-
lades qui ont Tcftomach corrompu de mauuai
fes humeurs, & qui nedemandcnt encores que
de le remplir de viandes mauuaifesA nuifan-
tes pour toufîours augmenter leur mat. Ne
voulons-nous point donc à noftre efciét nous
elongnerde Dieu &de la pureté de fa paro-
le,qui eft la dodrine de falut?Ne voulôs-nous
point eftre priuez d'vn tel bien, mai? en eftre
iouiflàns tout letemps de noftre vie? Que no*
apprenions de nous contenterde la fimplici-
té de l'Euangile , que nous ne foyons iamaic
fafchez d'ertre confermez en la crainte de
Dieu& en fon amour, & en la cognoiflàncc
des grâces de noftre Seigneur lefus Chrift, a-
fin qu'eiiansdu tout dédiez à luy il nous atti-
re à l'efperance de la vie celefte. Que donc
nous ne foyons iamais foulez de cela, mais que
nous ayons vn appétit continuel d'cftre ainfi
repeus & ralTàfiezde cefte pafture celefte , &
en la vie & en la inort,& nous fentirons que la
doilrine de noftre Seigneur lefus Chrift eft
faine, & que nous en pourrons eftre guaris
pleinement , & qu'elle nous conduira au but
qui'nouseft propofé,quand nous ferons reti-
rez de celle vie caduque.eftans defpouillez de
toutes les corruptions de noftre chair.
OR nous-nousprofternerons deuant la fa-
ce de noftre bon Dieu, en cognoiflàncc de nos
fautes , le prians qu'il nous les face tellement
fentir, qu'tftans confus en nous-mefmes nous
ne demandions finon de nous ranger à ky.Et
que cependant il nous fupporte en nos infir-
miter , «ufqiies i ce qu'il nout en ait deliurex
pleinemét.Ainfî nous dirons tous, Dieu tout-
putflant.Pere celcftc,&c.
TROU
SVR LA I. :A TIMOTH. iFj
TROISIEME SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
3 S; aucun enfeigne autrement, çy ne confent aux faines paroles
de woHrc Seigneur U[us Chrijl, o'dla doctrine quicjl félon la crainte
de Dieu,
4 Iceluy ejl or gueilleux,ne fâchant rien^mais languijfant entour
queîlions cf débats de paroles , dcfquelles s'engendre enuie, noifc, in^
iures,mauuaifs fifpicions,
5 Vaines difputations d'hommes qui fnt corrompus d'entende-
ment, (f fnt priur^de yerité, reputans pieté eîlregain. Sépare- toy
de ceux qui fnt tels.
6 Certes pieté auec contentement ejl grand gain.
7 Car nous n'auons rien apporté au monde ^ il ne faut pas douter
lue rien dufin en pouuons emporter.
nom auons à retenir. Et de fait, nous royont
ce <jui en eftaduenu, & que cefte menacc-ci n'
cft pas tombée à terre. Car au lieu c^uon de-
uoit feruir à Dieu en paix & vnion, les hom.,
mes ont eité comme chiens & chats. £t qui en
a cfté caiifciînon qu'ils n'ont point acqutefcé
pleinement à la pure dodrine de l'Euangile,
mais ont voulu contenter leurs fols appétits»
Dieu leur a rendu le falaire,& en la fin le com
bledetout malyaefté adidufté,dont parfe
fairft Paul auisi bien en ce lieu , c'eft que les
hommes ont eité priuez delà verité.Combiea
que Dieu euft allumé la clarté de fon Euanj^^
le par tout, mcfmes que le Seigneur lefus fuft
comme rn folcilponr illuminer tout le mon-
de,on voit lès horribles ténèbres où le monde
eft plongé. Et pourquoy ? C'eft (comme l'ay
dît)le payemét de ceux qui n'ont point receu
la grâce qui leur eftoit offerte, mais fe font
enyurezen leurs folies. Puis que le monde n'a
point voulu fe tenir du tout à la parole de
Dieu, & ne luy a point rendu l'obeiflânce qui
hiy appartenoit, mais qu'vn chacun a voulu e-
ftre fage en fo» cerueau , il a falu aufsi qu'ils
s'tfuanomflent en leurs follet inuentionS.
Quelle yurûngnèiie a-ce eftéquè de cefte bc
ftife où font encores les Papiftesî Si les cnten
démens n'cuffèntefté du toufpeniertis, cela
fuit-il iamais aduenu ? Apres que lefus Clirift
auoit cftéanécé , qu'onfe fuft addone à telles
pouretez &abominatiôs? il eftoit inipofsible.
CognoiflTons donc vn iiifte chaftiement de
Dicu.en ce que la vérité a cfté comme efteio-
te & abolie au mondes c'eft pource que cha-
cun a voulu eftre fage s'addonnant à fes fan-
taiics , &nes'eft-on peu tcnii en cefte brid»
d^obeiflance , pour eftre repcu de la pafture
laquelle Dieuauoit of{Vrte,comrae ioutntilk»
N.iii.
' Ource que de nature les hô-
' mes font tant addonnez A ce
i fte folle conuoitife de fça-
uoir toulîours le ne fçay
' quoy de nouueau , ce n'eft
point allez de les aduertu
que h parole de Dieu nous
doit edifier,& qu'il ne nogs faut point amuû-r
â chofes vaines,car ce ne feroit point pour def
raciner vne maladie qui feroit lî profonde:
tnais il eft befoin aufsi que nous foyons admo
néftezde fuirtoutet cunolîtez mauaaifes , &
qui ne peuuentlînon empoifonner nos âmes,
& les desbaucherde la dodrine de falut . Et
Toila pourquoy fainâ Paul en ce partage ne
dit point feulement, Que ceux qui mettent en
auant des chofes vaincs i9e inutiles, ne valent
rien,& qu'on n'en doit tenir conte, mais il dit
<jue ce font gens corrompus, priuez de vérité,
infenfez : que ce font pertes qu'il faut fuir, &
qu'vne doftrine quand elle ne tendra point à
nous édifier en la crainte de Dieu , non feule-
ment fera fuperflue.mais qu'elle apportera a-
uec foyvne infedion grande, qu'il y aura des
fruidt de mefmes, comme il parle ici d'enuie,
de contention,d'iniure, & chofes femblables.
Nous voyons |donc l'intention du fainft E-
fprit, c'eft qu'en premier lieu no' cognoifsiôs
<jue Dieu ne parle point à nous en vain, mais
pournoftre profit S: falut. Secondement, que
fi nous appelons choùs vaines , comme des
fpeculationi qui ne nous peuuent feruir de
tien, en la fin il faudra que Dieu nous puniffe
âcaufede noftrecuriofité,&que nousayons
Boifes,debats,iniures,enuies entre nous, com-
me c'eft le payementde tous les curieux qui
oe fe contentent pas d'eftre conduits en bon-
ne £mph'dté . Voila <io«c en fommc ce que
aS<>
SERMON XLVIir.
».C«r.î.
«7-
ment nous la receuos.ou il ne tient qu'à nous.
Voila pour vn item . Or maintenant laiiidè
Paul pour la fin adioufte.Q»» telUt ge»t tou-
rnent la pittéefiregain, c'eit à dire qu'ils font
meftier & marchandile de la doftrinc de i'E-
iiâgile, comme iî la religion eftoit vn art pour
gagner. Il y en a donc qui eftiment que la pie-
té ne foit hnon pour remplir leur bourfe , dit
fainft Paul. Or quand cela y ell, il.ne fe peut
faire que tout ne foit peruerti : comme aufsi
quand fainfl Paul protelte qu'il a puremct ad-
miniftrérEuangile,ildit qu'il n'a pas elle co-
rne les macquignons qui faident la marchan-
dife,& la fallîHent pour abulèr les fimples.Par
cela il monftreque li ceux qui ont la charge
d'enfeigner.pretendent àleur profit, il faudra
que la venté foit corrépue mefchaniment par
eux ^& qu'ils deuiendront macquignons , au
lieu d'élire miniftres de Dieu . V oila en fom-
me où faind Paul prétend. Mais notons qu'i-
ci il ne parle point feulement à vn homme,
mais à tous en gene^ral, afin qre nous rçceuiôs
cell adiuertilTement, qu'en efcoutaiu ceux qui
fe veulent faire valoir, chacun de nous fe dé-
çoit de fon bon gré ,& ne demandons fiuon
que le diable nous aueugle,& qu'il nous tranf
porte . Or il n'y aceluy qui talchc d'en taire
fon profit, mais tous tédent au rebours. Q_uSd
donc le faind Efprit nous déclare que ceux
qui defguifent la parole deDieupar ambition
ou auarice, tournent 1,1 religion en gain,& que
ils en veulent faire foire & traffique de nos a-
Bies, nous voyons que quiconques s'addonne
à eux, ne cercne que fa perdition & ruine . Or
ceci eft biendigned'ellienoté .pource que
(comme i'ay défia dit) n'eftoit que nousa-
uons horreur de nous ietter ainfi aux liens de
Satan,il n'y a celuy qui n'ait les aureiUcs fré-
tillantes : Se nous expérimentons par trop ce
qui eft dit en la féconde Canonique de faiiicl
Pierre , c'eft que les aureilles nous chatouil-
lent toufiours, apperans nouveauté, & chofes
eurieufes . Maiv quand nous oyons que ceux
qui defguifent ainfi la parole de Dieu , font
marchans de nos âmes, ( comme aulsi fainft
P;crre en traitte)^ qu'ils traffiquentde nous
& de noftrefalut, voire fansconfcience,&que
ils ne font nul fcrupule de no' précipiter aux
enfers, d'abolir mefmes le prix qui a elté ex-
pofé pour noftre redemptiô, il eft certain que
ceux-là ruinent les âmes, & fe mocquent aufsi
du fang de noftre Seigneur lefus Chrift.
Quand nous oyons cela.ne deuôs-nous point
auoir endeteftation telsdofteurtîEtau refte,
l'expérience nous monftre aflti que nous dé-
lions retenir ceft aduertiflement de faindl
Paul. Car comment eftce qu'on a démené la
ieligion:-N'ena-on point fait comme vne foi
rejEn la Papauté qu'eft-il aduenuf Les Sacre-
mens font expo fez en vente ,& tout le refte
de noftre falut eft là comme taxé à prix : la-
nuis ludas n'a phis vendu le Fils de Dieu en
{» perfonne,que lePape Si toute cefte puanci-
fe de fon Clergé ont vendu lex grâces de fon
faincl Efprit, & tout ce qui appartenoit à fon
office, & ce qui eftoit propre pour noftre fa-
lut. Quand nous voyons cela , n'auons-nou»
point à nous tenir fur nos gardesrOr défia il a
efté déclaré que ccn'atftéqu'vne iuUe puni-
tion de Dieu fur^'ingratuude du monde.Au-
tant auiourd'huy nous en pourra-il aduenir,
& encores pis.Et ainfi penfons à nous. Mais a-
pres que fainû Paul a condamné ce vice-la en
ceux qui corrompent la vérité de Dieu , il ad-
ioufte en vn fens tout contraire , qu'il eft bien
dit queUpitti eft yn grand gain. Voire, mais,
non pas ainfi qu'en difpucent ceux qui font
maichans des âmes. Qupy donc ? C'eft.que &
nous craignons Dieu , nous fommes aflVz ri-
chesjcaril n'y aura rien qui nous défaille: vâi
la vne pleine félicité & parfaite. Ainfi.d'vn co
fté faiiid Paul accufe les faux dofteurs qiri
traffiquentde la parole de Dieu.&l'expoftnt
en vente' pour en faire leur profit & remplir
leur bourfe : de l'autre cofté il nous monftre
comme nous gagnerôs beaucoup, quand nous
pourrons appliquer à noftre profit fpintuel la
doûrine de falut : car voila ou confifte tout
le bien des homes. Nous dirons-tous que nou»
appetons d'auoir félicité . Or il n'y a qu'vn
feul moyen, c'eft que Dieu nous reçoyue i
foy,qu'cftans fous ta protection , le tenans c5
me noftre Peie, nous luy depiandioiis d'vn co
fté noftie pain ordinaire: & puis, qu'il nous de
tende contre tousennemis: finalement, qu'il
nous paidonnenos péchez, & qu'il ne permet
te point que iamais. nous penf ions. Q£and
donc nous aurÔJ cela, c'eft le comble & la per
feûipn de toute ftlicité & contentement.'
Si donc les hommes pouuoyent bien appli»
quer la religion à leur profic.il eft certain que
elle fcroit vr gain ineîtimable , & vn threfor
infini . Mais il y en a qui ne penfent finoai
leur bourfe & i leur ventre,& ceux-là peruer-
tilfent tout . Or donc , après que fauaft Paul
nous a exhortez à fuir ceux qui depiauent &
falfifient la pure Cmplicité de l'Euangilcà
caufe qu'ils demandent de faite leur profit, tt
de s'auancer félon le monde , iladuuifte que
il nous faut .cercher vn autre gain plus excel-
lent & plus noble que ceftuy-la. Vray eft que
Dieu ne nous donne point ia Parole , afin que
nous demeurions poures & vuides , il nous
veut enrichir en tout & pat tout . Mais com-
ment cft-ce } Ce n'eft pas que nous ayons nos
cupi,ditez qui font infatiables , Se que chacun
vueille que Dieu luy complàife: mais conten-
tons-nous de ce qu il nous donnera , & alors
rien ne nous defaudra pour vne pleine félici-
té.Et voila pourquoy il adioulte, contenttmêt.
Il eft vray que ce mot fe peut prendre en
deux fortes: car (comme on dit en prouerbe)
il n'y a riche que le content . Ainfi donc nous
pourrons expofer que la pieté eft vn grand
gain,'voire fi les hommes ne lafchent point la
^ride à leurs (ouoitifcs.Cai alors s'ils fe trâf»
joitcnt
SVRLAI. AT
portent par leurs concupifcences i voila vnc
. fournaife qui iette & feu Se flamme, & le bois
n'y faut iamais.Mais lî nous pouuons nous ré-
primer , tellement que nous portions patiem-
ment ce que Dieu nouv donne , voila comme
la pieté nous fera vn grand gain. Or il y a auf
fi le contentement de ce que Dieu nous donne
ce qu'il fçait nous eftre propre : comme delîa
nous auons veu que la piete ha les promefles
non feulement de la vie aduenir.mais aufsi de
la vie prefente.Qijand donc nous chemineras
en la crainte de Dieu, nous ferons non feule-
tnét aûeurezde noUre falut fpirituel.iiiaisauf
fi cependant que nous aurons à cheminer par
ce monde, combien que nous y foyons eftran
gers,& que nous.y foyons enuirônez de loups
Se de beftes lâuuages.combien qu'on nous op-
prime par iniures & violences, toutesfois fi eft
ce qu'eftans en la protetiiondc noftreDieu,
nous ne pourrons faillir d'auoirce qu'il nous
faudra. Il eft vray que nous ferôs traittcz mai
grement quelquefois: tant y a que Dieu nous
a promis d'auoir le foin de nous, & monftrera
P/* .34.11 qu'ainfi eft.Et voila pourqiioy il eft dit, Que
les lions c jurent quelquefois affamez , com-
bien qu'ils foyentdes belles rauilîànces , tant
y a qu'ils ne pourront pas toulîours trouuer
leur proye. Or l'homme fidèle, combier. qu'il
n'ait ne dents ni ongles , & qu'il ii'vfe point
d'outrage.qu'il ne rauilTe à pcrfonne fa fubfta
ce, tant y a qu'il fera repeu de Dieu, voire aa
temps de famine. Nous voyons donc mainte-
nant quçUe eft l'intention defainiîl Paul.c'eft
denousinonftierque les homes fout bien pçr
uert & malins quand ils appliquent à leur gain
temporel vue chofe fi precicufe comme eft la
doâiinede r£uangile.£tpourquoy?Voila oii
gift toute noftre félicité, que Dieu no' aduoue
pour fes enfans,& qu'il fe déclare noftre Père.
Or donc notons bien que quand Dieu nous
aura ainfi enrichis , puis que nous auons tout
cequ'ileft pofsiblede foubaiter pour noftre
bien parfait , que voila où noftre ingratitude
fe monftre.quand nous reiettons vn tel thrc-
for, & que ceux qui doyuent réceuoir vne fé-
licité fi grande comme Dieu leur donne, s'en
vontamuferàdes menus fatras , voire & veu-
lent remplir leurs bourfes.C'eftcôme fi nous
voulions faire foridre en abyûne les benedi-
ftionsde Diçu , pour en faire d'vne liurevn
fcrupule.ou moins. Qwnddonc les hommes
aneantilTent amfi les grans biens & ineftima-
blesq Dieu leur fait & leardiftribue, ne faut-
ai. ^..VVjïlpas qu'il y ait vne grande malice eneuï? Et
ainfi apprenons de chercher tout noftre bien
& noftre heur en feruant à Dieu , voire d'au-
unt que nous ferôs heureux & en la vie & en
la mort.polTedâs noftre Seigneur lefusChrift:
_, . I jj corne aufsi fainft Paul déclare que tout le re-
'■'• • fte luy a efté fiente &puâtiVe;ray(dit-il)cfti-
me tout le refte non feulement dômage, mais
aufsi ic Pay eftimé puantife & ordure.ll met le
dommage : ppurquoy? Car quelque fois pour
1 M O T H.
aSy
fauuer noftre vie nous quitterons '& cheual &
malette,& tout ce qu'il ya.Vn marchad quâd
ilfe voit entre les mains des brigans.il ne fait
peint fcrupule de ietter la bougette s'il s'en
peut fuir.Âinfi cneft-ildeceui qui font en 1«
mer, fi la tempefte les prefle par trop, ils iettét
& marchâdife & viduailles pour venir à bord,
leur vie leur eft en plus grande recommanda-
tion que les biens de ce monde. Sainû Paul
fuyuant cela,dit qu'il a volontairement renoa
ceikce qui luy eftoit defirable au parauant,
voire eftimant dommage tout ce qui l'empef-
choit de venir à lefusChrift. Mais encorct
pource que quâd vn homme iette fa bougette.
Se qu'il voit qu'il eft appouri , il ne Jaifle pa*
de regreter ce qu'il a perdu, & fe dc/pite & fe
fafche.combien qu'il ait mieux aimé faire vne
telle perte pour fauuer fa vie.quede s'expolèr
à la mort.pour cefte caufe,di-ie,S.Paul adiou*
fte que tant s'en faut qu'il ait rien regretéde
tout ce qu'il aimoit au parauant,& qu'il auoic
en grande reputatiô,que l'ay eftimé cela (dit-
il) comme fiente, comme charongne , comme
chofe puante, afin que ie pofledafle monSei- fhUip.t.
gneur lefus.Etpourquoy ? Il met la raifonen ctt.
vnau:rc paflage , Que nous gagnons & en la
vie & en la mort, quand nous pofledons noftre
Seigneur leftis Chrift,& fommes membres du
Fils de Dieu, qui eft noftre héritage. Et c'eft
ce qui auoit efté dit au parauant , mefmes par
les Prophetes,deuantqu'il y euft vnereuela-
tionfi pleine comme auiourd'huy elle nous
eft donnée en l'EuangilcDieu eft mon parta- pc^_ .g
ge,&ray euvnebonneefchcutê,!emeconten ^ {,
teray de luy. Puis qu'ainfi eft.apprcnons donc
auiourd'huy de chercher toute noftre félicité
à nous addonner à Dieu , & contentons-nous
qu'il nous promet d'eftre noftre heritage.que
nous fouffriôs aufsi qu'il nous poflède,&: qu'il
nous conduife comme fiens , & qu'il cheuifle
de nous.quc nous ne foyons plus en noftre li-
berté,mais du tout dédiez à fon feruice. Voila
pour vn item. Et afin que nous ayons meilleur
courage.apprenons de goufter cefte promefle
que l'ay défia touchée , c'eft que Dieu nous
tendant la main pour nous conduire à la' vie
celefte, nous dit qu'il ne nous de faudra poinc
au milieu. Si nous auionsfeulement cela ,quç.
l'héritage du Royaume des cicox nous eft ap-
prefté,nedeuri5s-nous point furmôter toutes
les tentations de cemondePne feroit-ce poinc
aflez pour adoucir toutes trifteflès & fafche-
ries? Mais encores quand il nous eft déclaré
que Dieu pouruoira à toutes nos necefsitez,
&que d'autant que no^is femmes infirmes, que
il nous fupportera :& combien qu'il ne nous
traitte point félon nos appetis (comme aufsi
tl ne nous feroit pas vtile,ainsil faut qu'il
nous retranche nos morceaux) neantmoins
qu'encores il fe monftrera toufiours Père, voi
re enucrscescorpscorruptibles:combicn que
nos corps ne foyentque charongnes, toutef-
iôis que Dieti encores veille pour les confcr-
N.iiii.
2S8
SERMON XLVIII.
lier quand il nous donc nourriture euuntc]ue
il nous eft meftierrquand nous aiions cela, ne
deuôs-nous point nous inciter tant plus pour
nous addonnerdu tout àDieu , renonçans à
toutes mefcliantes cupiditezqui nefont que
Boui plonger aux aby fines de mort?Or cepen
dant pource qu'il eft difficile que les hommes
fe retienent^ qu'ils dontent tellement toute
auarice.que ri>.nneles empefche d'afpirerau
Royaume des cieux, fainû Paul dit ,Ô»fnous
a'auons ritnaf forte tn ce monde,zp' ^t' '''ft il">
fe notoire que nous ;>'<» pouuons rien emporter,
Qjie faut-il donc finon de nous contenter d'e
ftre vertus &nourris?Sain£l Paul ne parle poît
ici félon la perfection qui doit eftre aux en-
fans de Dieu, mais il nous veut faire contem-
pler ce que nous cognoiflons de noftre fens
xuturel : ce qui fera aufsi confefle entre les
Payens & incrédules. Les Payens fans auoir
ouy vn feul mot ne deLoy ncd'Euagile,dir5t
bien que nous n'auons rien apporté en ce mon
de,& qu'il nous en faut retourner tout nuds:
ils diront aufsi que quand nous fommes nour-
ris & veftus.il nous doit fuffire.Or cependant
BOUS ferons profefsion delà vie fpirituelle,il
ueferaqueftion que de parler de Dieu entre
nous,& neantmoins nous fommes fî addorinez
au monde.qiie ce qui doit eftre cognu des plus
idiots & des plus beftes,nous efchappe , que
■ BOUS n'y penfons point,que nous fommes tel-
lement tranfportcz d'auarice,qu'vn chacun de
Ère & appete fans fin & fars cefle, & ne regar
«Ions pomt pourquoy c'eft que nous defirons
d'auoir ne d'amafler. Maintenant donc nous
auons la droite intention de fainft Paul , c'ert
qu'il nous a voulu ici propofer ce qui de na-
ture doit eftre tout notoire aux hommes, afin
^ue nous ne prétendions nulle excufe eu nos
«upiditez.Mais encores afin q ceci foii mieux
cognu, notons quand faind Paul dit,Q[<tr nous
femmes tonten) ayans tfeqHoy nous reftir, &• de-
tjttoj manger : qu'il nous ramené à ce qui nous
<loit& nous peut aufsi fuflîre pour maintenir
noftre vie. Ceci feroit obfcur s'il n'eftoit de-
tiare plusaulong.il y a premièrement les ne
«efsitez de noltre vie : nous ne pouaons pas
sous palTer eo ce monde de boire ne de man-
ger,nous auôs befoin aufsi d'eltre couuerts &
veft^ls:voila(di-ie)ce que nature appete& de
nfande. Mais il y a les cupiditez des hommes,
^ui n'ont ne fin ne mefure.Vn homme n'appe
tera pas fimplemét le boire & le nianger,mais
il appetera des friandifes , & beaucoup de vo-
luptez& delices:âr puis il ne fe côtente point
tncores qu'il ait dequoy fe nourrir. Et en cela
voit-on que nous fommes pires beaucoup que
les bcftes brutes: car vne beile fuit fon natu-
icl.Il eft vray qii'vne befte demandera paftu-
Te:quâd elle eft lafle.elle fe veut repoferrmais
f n homme n'ha nulle raifon en foy ,& quand il
«ft «ueftion d'appeter.c'eft toufiours à recom
(Dcncer , qu'encores que Dieu nous donne au
liauble Si ai» triple ce (^u'il ngus faut, fieft-ce
que nous en voudrions encorej cent fois au-
tant: vn monde ne fuffira point à vn feul hoin
me, il faudroit que Dieu cieaft des modes nou
ueaux pour chacun de nous s'il nous vouloit
contenter.Etainfi(comme i'ay dit)c'eft touf-
iours à recommencer. Et notons bien quand
ùitiû Paul dit ici,No»^ fommes tontius ayans *
Loire iy a manger,Zr eftahs -y»/î«/,qu'il lignifie
que fi nous ne cognoiflons cela, nous fommes
comme des monftres,renon çans à ce que nous
deuons lentirde nature, ^ fi nous auions quel
queattrempanceen nous.chacun fe tiendront
en quelque mefure. Qni eft donc caufe que
nous fommes ainfî desbordez?C'eft qu'vn cha
cun oublie ce qu'il luy faut, nous ne regardât
point à noftre necefsité , ni à l'vfage légitime
des biens de Dieu, mais nous voulôs eftre con
fits en toutes nos délices. Voire, mais là il n'y i(_f„^ j.^
a point de fin : comme faind Paul aufsi en vn j a.
autre lieu parlant de la folicitude que nous de
uons auoirde cefte vie, & qu'il nous faut fou-
cicr de nos corps, il dit , Non point pour les
conuoitifes.li met la mefme diftinûion de la-
quelle nous traittons maintenant. Car il nous
fera bié licite & permis de fongner nos corpsi
& Dieu n'eft pas fîauftere enuers nous qu'il
ne vueille qu'vn chacun regarde ce qui luy eft
propre pour fa fanté , que nous n'vfionsdes
commoditez qui nous font mifes entre mains :
mais cependant fi nous lafchons lajbride à nos
cupiditez , il n'y a nullt fin , nous fommes du
tout perdus &abyfmez. Et tant y a qu'enco-
res ne fuffit-il point d'auoir cefte nioderatio
telle que fainô Paul la met ici.car il nous faut
pafler plus outre, e'eftafçauoirqu'écores que
nous n'ayons ni à boire , ni à manger, toutes-
fois que nous ne laifsions pas de nous afluiet-
tir à Dieu.car il fçaura bien conuertir les pier
res en du pain, quand il luy plaira, fi nousauôs
faute.Au refte,il nous fçaura bien aufsi nour-
rir fans pain & fans eau: il a fait tomber la man
ne du ciel pour nourrir le peuple d'Ifraelau
defert : il a bien au fsi nourri Moy fe , il a bien
nourri Elie & noftre Seigneur lefus Chrift
fans pain ni fans manne, m (ans autre moyen.
Et de faift, nous auons la doctrine générale,
que nous ferons fubftantcz toufiours par la
parole de Dieu procédant de fa bouche, qu'il
fuffira qu'il nous maintiene&conferue.enco-
res que tous les moyens inférieurs nous defail
lent. Et pourtant , fi les fidèles ont faute de*
biens de cemonde,fi faut -il qu'ils fe remettét
à la bonne volonté de Dieu , & qu'ils pratti-
quent ladoftiineqee met ftinft Paul aux Phi thi.^>t%
lippiens,d'eftre poures & riches. Quand Dieu
nous donne abondance, que iious en vfions en
toute reuerence &fobricté , fi nous auons de
quoy manger, que ce ne foit point pour appe-
ler les frians morceaux.mais que nous aduiliô»
à ce que Dieu nous permpt , & à quelle fin il
nous a donné cefte abondance-la. C'eft donc
vne fcience grande & fort difficile àpratti-
quer.de fcauoir eftre riche, t'eft à dire i'vfer
^ * fobre
SVR LA I. A TIMOTH
Kom.;
X\S9
allons nos appetis qui font in/Jtfables:& tou-
tesfois le corps d'vn chacun de nous ne peut
pas tout cns:;ou!Frer : qu'vn homme fecrcue,
qu'il cn^Ioutiflc tout ce qu'il pourra, /ieft-ce
que le plus robufte du monde ne pourra pas
tant marger que fera vn bœuf ou vn cheual:
S: cependant nous n'auons nul contentement.
Noiu voyons donc comme les hommes s'ou-
blient,& quand ils auront confefie de bouche,
& qu'ils coçiioiflrctccftedoftrine, & dont ils
font côuaincus, qu'ils lamettrôt fous le pied.
Et qui en c/l caufe linon qu'ils s'aueuglent en
leurs cupiJitez excefsiues.'Et'ainfinous neper
dons point temps reduifant en mémoire ce
qui eft ici dit , Ç>»f nrus n'aurns ritn apferté en
cemondf.Et en premier lieu.notons ce que les
Payés mefmesont bien fceu mettre par efcritj
que nous ayons & faim & foif , encores que que Dieu a voulu nous déclarer que nous foin
nous ayons froid , qu'il ne faut point que la mes les plus miferables qui foyent , à caufe
que nous venons ainfî tous nuds du ventre
delamcre. Il eft vray queles autres belles
fobrement des richclTes: mais il faut aufsi que
nous fçachion<; que c'tft d'eflre poures,&:ce-
ûe fcicncen'eftpas moindre que l'autre. Car
nousvoyons cômc ceux qui ont faute de qnel-
qi# chale fe chagrin|'nent:&; qui pis eft,eiico-
les q Dieu ne nousdef.iillc poiiit ai'.iourd'huy
&demain, fi nous n'auons longueprou!Ùon,il
n'cftqueftion que de murmurer courre Dieu:
voila comme en font la plus part. Puis qu'aintî
eft donc que noftre nature ell ainh infirme, &
que nou; fommes lî pleins d'infidtlité, & que
la rébellion procède de là , que nous ne nous
pouuons contenter de Dieu finon qu'il nous
iette à pleine palee tout ce que nous délirons,
voila pourquoy l'ay dit qu'il nous faut paflcr
plus outre, & que ce n'eft point aflcz qu'on fe
contente d'eftre vertu & nourri, mais encores
lyons rroia, qu iJ neraut point q
fiance qnenousauonscn Dieu,defaille, corn
, „ me aufbi fain£t Paul en parle au huitième des
'' Romaini:Puis qu'ainfi eft que Dieu s'ert con-
ioint à nous en noftre Seigneur lefus Chr'ft,
& que nous fommes aireurezde (a bonté pa-
viendroBt bien toutes nues, mais elles appor-
tent vne peau qui leur fert d'accouftrement.
Mais l'homme ha faute de vefture , Ik cepen-
ternelle,il il n'y a rien qui nous puiflc feparer dant il n'en ha point. Voila dôc Dieu qui nous
de cela. Pourquoy ? Encore' qu'il nous faille
cheminer tous nuds , encores qu'il nous faille
eftre affamez, qu'il nous faille fftre affligez ,&
pafler par le glaiue (dit-il) fi eft-ce que nous
deuons tjufionrs eftre refolus , d'autant que
Dieu eft noftre Père, qu'il ne permettra point
que nous foyôs tentez outre nit fure,mais que
il pouiuoi.ra aux necefsitez aulquelles nous
ferons, quand il cognotllra que nous ne fçau-
Tons plus que deuenir.il nous donneja la ver-
tu de les furmonter. Voila à quoy doyiét s'ar
lefter les enfan: de Dieu. Mais cependant, ft
nous n'auons contentement d'eftre veftus&
nourris, non point félon nos fouhaits.mais fe
monftre quelle eft noftre poureté & noftre
indigerce.Orilya vne autre chofe plus hau-
te que les Payens n'ont pas obferuee,c'eftque
Dieu nous a voulu apprédre de recourir à luy,
quand nous fommes ainfi deftituez de tout ce
qu'il nous faut. Il eft vray qu'vn enfant fçaura
bien allaitter fi mère : mais tant y a que û on
le laifle, il défaut, il ne fçauroit chercher, non
pas prendre ce qu'il aura de befoin. Mais les
oifeaux fi toft qu'ils font efclos , commencent
à becqueter.'v- les beftes, combien qu'elles al-
laitent,c'eft à dire les petis,fi eft-ce qu'enco-
res ont-ils quelque fnduftrie,ils fuyuent la
mere^uand elle s'en ira , ils courent après, &
Ion la neccfité. il eft certain qu'on nous doit duprciTi;crcoup ils commencent à manger &
reiiuoyer aux beftes brutes pour profiter en
leur efchole , nous ne^pmmes pas dignes que
Dieu fc monftre dofteur enuers nous quand
nous auons vne cupidité plus exccfsiue q les
beftes brutes: les lions mefmes nous pourront
redarguer de leur part,& nous pourrôt e nfei-
gner noftre leçon. Venons inaintcnat à ce que
iainft Paul a mis pour fondement, c'^/? o«?
nous n'auons rit» apporté en ce monde, & qii'auf-
Ji il eft certain , c'eft une chofe triu!e p.itcnte nue
nous n'en pottuom rienempnrter. Il eft vray que
de prime face ceci femble par trop vulgaire:
& de faiftles poures aueugles l'ont confelTé:
mais tant y a que les hommes mbnlhent bien
en ce qu'ils font, que ceci s'efcoule de leur me
moire, &: qu'ils n'ont point cefte pcrfuallô bié
imprimée au cœur. Il eft vray que fans fcinti-
fe tous diront que nous ne pouuons rien reni-
porterd'ici,comme nous n'y auons rienappor
tc:maiç cependant regardons comme les hom
mes foiit tranfportcz pour attirer tout à eux,
qu'vn chacun(coramei'aydit)voudroitauoir
à le pouruoir.Et cependant nous fommes po-
ntes créatures qui défaillons du tout. Dieu
par cela nous inftruit à recourir à luy, & y a—
Hoir toute noftre confiance. Or puis qii'ainlî
eft qu'il fe monftre Pcredes créatures humai-
nes,& qu'il les nourrit & fubftante après qu'il
les a mifes au monde.voire du temps qu'elles
ne pcuiient pas remuer vn petit doigt, pour
chcrclier quelque fccours,tn cela n'auôs-nouï
pas fiffifante approbation que Dieu ne nous.
defaudra iamais, voire fi nous pouuons nous
appuyer fur luy , & y auoir noftre refïige?
Nous voyons maintenant combien cefte do-
ftrine eft vtile quand nous la fçaurons bien
prattiquer , c'eft afçauoir que nous n'auons
rien apporté en ce monde. Car nous cognoiC-
fons d'vne part n -.iire m fere : & d'autre part
la foîicitude qtie Dieu a eue de nous des le
commenccmert , & quedetîa du ventre de la
mère il nous a monftre qu'il a fait tel office
de père , que nous poiuions b'en nous fier en
luv pour toiifiours en acte ndre iecours, & que
VU monde à loy. Et qui eft caufe de cela; Nous il ne nous defaudia en rien quand nous af»
O.j.
1.90
SERMON XLVIII.
prendrons de recourir i luy .Aa refte, quand il
eftdit àloppolïte , Q»? "»«•» »«■ pouifons rien
fjn farter: ceci nous doit eftre encores remé-
moré. Carnons Ibmmes libeite? que nous ne
pt^nfons point à la mort , comme il eft dit au
t[ta.^9. Pfeaume 49, qu'on verra tous les iours les hô-
tf. mes mourir, & qu'on les traînera II comme
troupeaux de moutons: & bien, nous Içaurons
bien parler de la fragilité de no ftre vie, quand
nous voyons que ieunes & vieux dccedêt.He-
laslce n'cft rien quede nous. £t au refte,que-
" cft-ce de noftre lantérSi nous fjinmes auioiu-
d'huy lains.demaiunous ferôs malades. Vray
eft qu'il nous femble bien que nous deuons
triompher & tlorir : mais Dieu le mocque de
BOUS Se de nos toiles entreprinléi . Et quand
nous voyons nollre vie eftrc iî brietue & li ca
duqucpourquoyne fe contente-on de ce peu
que Dieu nous donneîBriet.nous ierons tous
crans docteurs quand il eft queftion de pref-
cherdelabriefueté de noftre vie: raaisquoy
qu'il en l'oit, les enfans monllrent qu'ils fuy-
ucnt le train de leurs pères , comme dit là le
Prophète , quand nous auons vcu les hommes
T/M.45). £jij-ç jjg jj hautes entreprinfes , Se que Dieu
'■*' leur coupe la broche,& qu'il leur mcM.ftre que
tout s'en va en fumée , ceux qui ont apperceu
cela,& le peuuent dire aux autres, n'y pealént
point, ils font tellement tranfportcz de cefte
folle prcl'omption qu'ils ont de viure cent ans
après la mort , voire mille , que quand ils ont
beaucoup amalTe.cc ne leur eft rien. Si on de-
mande à vn home, Pourquoy eft-ce que vous
tranaillez tant?Ho,ie'ne fçay ce qui me pour-
ra aduenir.ne combien ie doy viure, ni en quel
le necefsité ie me peux voir. Celuy qui parle
ainlî aura de quoy fe nourrir.voire s'il deuoit
viure fix foisaut.ît,& toutesfois encores n'ha
il point alle2,ce luy femble. Nous voyons dôc
qu'il nous femble que nous deuoas tJIlt em-
porter auec nous. Et defaiâ,l'ambition enco-
res s'augmente, Se femble qu'ils doyuent de-
fpiter Die» quand ce vient à leur trefpas.Dieu
nous ramené « c'ft exercice-ci, Nous fom-
nies fortis duventre de la mère tous nuds , &
nous ne remportons en terre linon' quelque
linceul pour couurir noftre turpitude écjhôte.
En quoy noftre Seigneur nous fait prattiquer
maugréquc nous en ayons ce qui eft ici dit.
Or cependant lî eft-ce qu'aucuns bataillét par
leur ambition contre l'ordre de nature , pour
dcfpiter & Dieu & les homes. Dont eft venue
ccfte fulle^upidité de grandes funérailles, 3c
de toutes ces pompes qu'on fait après la mort,
de faire des dons, &chofes femblables ,finon
pour dcfpiter Dieurmanifeftement?Il eft vray
que toufiours la deuotion fera pour couleur.
Voire , mais l'hypocrifie eft pleine d'orgueil
& d'ambition, & ce font deux chofes infepaïa-
bles , qic ceux qui f jnt femblant d'ordonner
tellesch )fes pour le falutde leurs âmes , Se
qui font faire des funérailles. Se de grandes
pompes à leur trefpas, veulent defpiter Dieu,
ils veulent rcnuerfcr l'ordre de nature, (com*
me nous auons dit) S:monftrent comme du-
rant leur vie ils ont elle des gouffres inlatiâ-
bles , qu'après leur t refpas ils veulent faire le
fcm'jlabk|Ci:a!tamerceiix qui viendront après
eux. Nous voyons cela à Tceil. Ainlidoacuo-»
tjns bien quand ûind Paul dit ici , Qji^e mus
n'aKonsrUitaj>(>ortcat* monde, O" <J»'il efl notoi-
re ime n>*s n c-it pim-'nr aiipi riot retenir à
»ous : que li nous auions cela bien imprimé en
nos cœurs, nous ne ferions point tant addon-
ncz à nos concupifcéces chamelles, nous n'en
ferions potnt ainlî tranfportez comme nous
en fommes : mais tant y a encores que quand
nous aurons cognu ces chofes, nous aurons co
gnuce que les Payens ont bien fceudire.Tant
plus d»nc deuons-nous auoir de vergongne,
qu'après auoir proteltc que nous demandons
de croire à IefusChrift,&: après auoir confef-.
fcque tout noftre faluc & tout noftre bien
gift en luy.ccpendant nous foyons entortillez
en ce môde.qu'il nous femble que iamais nous
n'en aurons allez. Apprenons donc de retenir
ce principe qui eft pardtlTus lefens humain,
c'ei\3i(<:3.\ioil cjte il pieté efi vn^.iin ituftima-
bU. Car les hommes fjauront bien dire que
nous fommes venus tous nuds , & qu'il nous
faut retourner tous nuds en la terre: ils fçau-
ront bien dire que fi nous voulons contenter
nature, qu'il ne faut point de choies de grand
pr x.qucc'ellpeu de choie dn corps del'hom-
me quin'appete point Tes délices: les Payens
diront bien cela. Mais cependant ils n'ont
point regardé aux cupiditez qui dominent en
n jUs, & comme nous lommes corrompus par
le peché*d' Adam, tellement qu'il eft unpofsi-
bledenous donter , lînon que Dieu y mette
vne bride pour nous retenir, d'autant que tous
nos appetis font comme beftes enragées , &
qu'aufsi nous fommes tant ftupides & terre-
itres,que nous ne penfons qu'au monde, & ne
regardons point à la vie ccltlte. Les Payens
donc, combien qu'ils Ondauinaflent les con-
uoitifçs, comblé qu'ils diflént que i'auance elt
vne chofe li exécrable que rien plus, & que
c'cft vue rage que des folles entreprinfes des
hommes, toutesfois li n'ont-ils point tenu de
moyen pour nous amener à vne bonne mode-
ration.Ôr denoftre part nous fçauons où gift'
la vraye fehcité, & faïaiit Paul nous en donne
ici vne vraye règle, laquelle il nous faut tenir,
c'elt qu'en cognoilTànt que Dieu eft noftre
Pcre , nous apprenions de nous addonnerdu
tout à luy, & comme il s'eft donné à nous en
la perfonne de fon Fils vnique , que nous ne
doutions point qu'il ne nous donne les chofes
qui font moindres & inferieures.comme il en
traitte en vn autre palTrige , que quand nous M4t.7.ix
auons lefiis Chrift qui tit noftre , puis qu'en
luy habite toute pienicudc de dminité , pcn-
fons-nous que Dieu nous lailTc ici périr qu'il
ne nous fubuiene qi:and bcfom f, ra ? Ainlî
donc, quandinous pourrons inuoquer noltre
I Dieu
s V R LA î. J
Dieu au nom denoftre Seigneur Icfii'. ChiUt,
& que nuuç le polllderonv , 3i qu'il louyia
de nouspailîblement, & qu'il nous recognoi-
ftra pour liens:quand,Ji-ie,ceIa y fera.ne de-
mandons ritnplus,& attendons ccfte per-
fetlion & fufrifance qu'il nous a promife:
non point que Dieu ne permette que nous
foyons ICI exercez , & qu'il ne fouffre mcfraes'
que nous foyons affligez en beaucoup de for-
tes: mais que nous foyons coufiours afleurez
qu'il ne fera point chiche de nous diftnbuer
de fes biens, tant lelon le corps que félon l'â-
me: toutesfoi; ce fera toufiours en pouruoy-
ant de ce qu'il cognoiftra nous cftre vtile
pour noftre faluc.
OR nous-nous profternerons deuant la fa-
ce de noûre bon Dieu.en cognoiflanccde nos
fautes, le prians qu'il nous les face mieux fen-
tir que nous n'auons point fait , &: qu'il ne
fermette point que nous foyons addonnez
à ce monde & à ces chofes caduques, comme
l TIMOTH. 251
nous y fommes par trop attachez & plongez,
mais qu'il nous efclaire &par fa laincte pa-
i-ole,& par fon faintl Efprit , tellement qu'en
contemplant la vie éternelle nous apprenions
de palier pat ce monde , voire d'y courir , &
que nous ne foyons point retenus par les em-
pefchcmens qui ont accouflumé de nous di-
uertir du bon chemin. £t que nous ne foyons
point fi volages de nous deftourner de la do-
ctrine de falut , mais que nous la fuyuions
quand ce bon Dieu nous aura fait la grâce de
nous en donner quelque gouft , que nous de-
mandions d'y profiter,& d'y eftie confcrmez
de plus en plus , afin que les tentations de ce
monde ne nous retardent ou empeichcnt au-
cunement,que nous ne pourfuyuions toufiours
noflre courfe.afin de tendre toufiours là haut
au ciel , où ce bon Dieu nous appelle & con-
uie. Qjje non feulement il nous face celte
grâce , mais aufsi à tous peuples & nîtions de
la terre, &c.
03^ ATRIEME SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
9 Car ceux qui yeulent cflre richeî, tombent en tentation, (^ an
îaqs,0'cnpkfieursdeJîrsfolsO' nuifibles , qui plongent les hommes
en dcjlruBion (^ perdition.
10 Car la racine de tous mctux cefl auarice: laquelle aucuns appe-
tins*ont erré delà foy , C3' fe font eux-mc[me s enueloppez enplufieurs
douleurs.
11 Mais toy,è homme de Y)icu,fuy ces chefs: (^ enfuy iuîlice, la
crainte de Dieu.foy, chante, patience ^douceur.
J
Ombien que fainiîl Paul ci
deffus notamment ait parlé
des Miniftres , toutesfois
par occalîon il traitte vue
dottrine générale, & qui ap-
partient à cous: c'eft quand
les hommes demandent à
s'enrichir , qu'ils le rendent comme â'.i.x liens
du diable, & en toute contulion, & ne le peut
faire aatrement. Car ( comme il adioufte)
il n'y a mal que l'auance n'apporte : par le;
fruits oncognoiit l'arbre. Or quand fainct
Paul a mis cela, il adioufte.que pour remédier
à ce vice que nous voyons fi mortel , il nous
faut mettre noftre fiance en Dieu, chercher le
Royaume celefte,viure les vus auec les autres
en bonne équité , fans appeter le bien d'au-
truy. Or d'autant que la nature des hommes
tire toufiours à mal , fi nous ne fouîmes bien
purgez , il faudra que Tsuarice domine en
nous. Et le moyen, c'eft que nous regardions
à Dieu,& que nous conuerfions auec nos pro-
chains comme il nous le commande. Voila en
fomme ce qui cft ici traittc.Mais pour mieux
déduire toutes ces matières , & les appliquer
à noflre vfage , en premier lieu nous auons ^
noter que ùmti Paul ne parie point icide
l'or &de l'argent , comme fi c'cftoyent cho-
fes mauuaifcs de leur nature , car Dieu les i
créez poui l'vfagc des hommes ; mais il parle
de ceftappetit dtfordonné auquel Satan noiîs
incite, & not^remahce pareillement. U ne dit
pas donc que ccluy que Dieu bt^nira ,& qui
fera riche, tombeaux filets de Satan, &s'ea
va à perdition ,mais il parle de ccft appetiot
C«(.v (dit-il) qui -veulent eflre riches. Or ce-
ci mente bien d'eltre oblerué , afin que les
hommes ne reiettcnt point lacoulpc fur les
créatures de Dieu quand ils s'en trouuent
mal ; car s'ils en abulent , c'ett leur £iute,.
G. II.
Ipt
SERMON XLIX.
tfautint qu'ils font peruers. Il eft vray que te qu''ils ne cognoilTent point leurs fautes, ils
l'or & l'argent font occalîon de leur ruuie: ne regardent point au danger où ils font , & i
mais à qui ell-ce que le mai en doit cftrc im- la folle qui ell Jcuant leurs pieds, iufques à ce
puiéfinonà nous.' Car ii nous pouuonsappli- quMsy loyent trebuichez.Tant y a que nous
quer ànoftrevfagc l'or & i^argent.ce ne fera cjgnoiflrons toufiours ceci eflre véritable, c'
point pour njus induire à attirer à nous le eiltjuf ceitv cjai ycitlent efirerich.s, tombent en
bien d'autruy, pour ellie des çoufrrcs ml.itia tent.tti:,n. Et pourquoy ; Premièrement, nous
blés, pour rapincr par ci Se par là.ce fera pour fçauonsque les affeftions des hommes lamais
bien faire in js prochains au befoin, &pour ne feront bien réglées , qu'il y aura toulîours
nousen feruir à noftre necefsité. Nous voy- de l'excès & de l'intempérance . Il fit vray
ons donc maintenant côuie fainft Paul a par- quel! nous auions noltre nature entière, qu'il
lé pruderainent.aiîn que les hommes ne prinf n'y eull point de corruption du péché origi-
fent point vne couueriiire vaine pont dire nel , nous pourrions appeter lans qu'il y euft
que l'or & l'argent les feduife , & qu'il n'y a nul vice . Car quand Adam a elle créé. Dieu
que corruption:carcefteiniure rctourneroit luy a bien donné vn fens fuiet à affedtion 8c
à Dieu, pource qu'on ne peut pas mefdire des appetits:mais maintenant que le pcché atout
bonnes créatures , que le nom de Dieu n'eu infeftc, que nous femmes tous corrompus de
foit bbfphcmc. Saint! Paula coupé broche à ce.fte ladrerie fpirituelle, il eft impof iblr que
telles cxcufes.nionftiant que li nous pouaios nous appetions ne ceci ne cela , qu'il n'y ait-
appliquer à noftre vfige l'or & l'argent, qu'il quelque faute ,& que nous ne fiyons touf-
ii'y auroit nulvice , il n'y auroit rien qui of- lotus excel-.ifs': comme mcfnies vn h imnie en
fenfaft Dieu: ma;s tout cela procède de celle l'amour de Ci femme & de fes enfau (qui font
fource de cupidité. Oroyans cela, cognoif- chofes bonnes ) faillira. Pourquoy ? Ce n'eft
fons matntenantcombicnnous fominesà con point que cefte amour-la de fjy doyue eftrc
damner, véu que nousdeprauons ainiî l'vfa- condamnée, ne que Dieu la rcprouut, pluftort
ge des chofes qui font bonnes , & que Dieu il la commande : mais c'cft que nous fommes
aufsiaujit ordonné à noftre feiuice: cela eft entachez de vice, & que toufiours le p'.ché
direfteniétbataillercbntreccluy duquel tout nous corrompt. Q^e fera-cedoncd'appeter
bien procède . Car voici Dieu qui a rcg.irdé l'or & l'argent? C'eft vne chofe beaucoup pi-
aux necefiitez des hommes, il ne leur a voulu rc . Or voila cjuant au premier .d'autant que
défaillir en rien :& comme il a créé le blé, le nos concupiiccnces nous tranfportcnt t^uf-
vin,& autres chofes, comme il nous a(en loin iours, & qu'elles font chatcuilleufes, & qu'el-
me) voulu nourrir & veftir,il a adioulté l'ar- les ne gardent point bonne mcfiire, qu'il nous
cent, afin que les hommes peulPent coramuni faut eltre fufpefts en tous nos appétits . Mais
querlesvns aueclesautres. VoiladoncDieu encores il y a vne autre raifon plus appa-
qui a eu vne bonne règle: & cependant ce qui rente, c'eft que Dieunou^ comm.idc à chacun
eftoit fi bon &lîpropre pour noftre falut, denousde receuoir cequ'ilnou doiinr. Si vn
nous l'allons tourner tout au rebours , corne homme eft riche,il faut qu'il vfe du bien qu'il
C nous voulions defpitervnfî bon Père & )î a entre mains , voire en faifant h mniage à
pitoyable. Nous auons donc bien occafion de Dieu: ce qui ne fe peut faire qu'il ne foit qu.ît
bailler les yeux, veu que nous fommes 11 per- &quantpreftde lereligner: & puis, qu'il en
uers de corrompe ainiî l'ordre de nature. Ce vfe comme il appartiét.Il y a(di-ie) deux cho
pendant notons bien ce que ditfaindl Paul, fes requifes, lî nous voulons bien vferde nos
Que ceux cjui fe yiitUnt inr:ch!r,tcmbent h lies richeflcs. f ic di ceux qui les ont & les poffe-
Cr à filets du, diaUe. Si ondemandoit à ceux dent.)Pour le premier, il faut qu'ils foyét po
fe rendre captifs au diable, & fe précipiter en point attachez à leurs richeflcs, mais quand il
ruine.Us diioyent bien que non.Mais cepen- plaira à Dieude les appourir, qu'ils luy remet
dant cell appétit defordonné qu'ils ont d'à- tét le tout entre fes mains & qu'ils ne dcman-
cnafler des biens , Se qu'ils concluent qu'il en dent finon d'auoir leur contentement en luy.
fâutauoir,qiioyqu'ilenfoit,Toire&fanste- Voila pour vn item. Et puis, cependant que
nir mefure , tout cela monftre bien qu'ils fe Dieu leur fait la grâce de imiir des richeflcs
veulent perdre à leur efcient.Pour cefte eau- qu'ils poflcdent, qu'ils en fçachent bien vfer
fe fainft Paul nous remonftre qu'il eft impof modercemcnt, quece ne foit pas pour gour-
fible que les hommes ne perifltnt,& ne s'acca mader à eux, & pour atramcr leurs prochains,
blent de tout malheur qu.îd ils font ainfi me- pour en faire leurs pompes, S: leurs biauetcz,
nez de cefte conuoitife.Ii eft vray qu'on fe ^e mais qu'il y ait toulîours W fage tel qi!C Dieu
ra bien à.croire( comme aufsi nous le voyôs) le commande. Or fi nous fommes poures,
qu'on peut appeter l'or & l'argent , fans que Dieu veut que noftre patience foit exercée en
on s'enueloppe comme fainft Paul en parle, ceft endroit-la, & que nous dépendions du
mais ceux qui feperfuadent cela , fe trouue- tout deltiy .Ccluy qui a prou,qu'ilne fe fie
ront en la fin trompez. Du premier coup le point en fonabondonce : celuy qu; eft poure
:ux,Uktfcduitcnfor- & humble , qu'il cognoilTt qu'il a fon perc au
ciel.
diahlc leur bâde les ycui.
s VR L^ I. A TT M O TH.
Kj^
cîel,&que labenedidionde Dieu vaut mieux
que tous les threfors du monde , voirc que
tous les royaumes. Qiijjd nous aurions am-if-
fé tout ce qu'il eft pjiiible de fouliaiter , &
que Dieu fouffle deirus, tout s'en ira au vent:
1/4.40.7 ^comme l'Efcriture le monftre^ mais iî Dieu
nûMS veut bénir , quelque peu qu'il nous ait
d5né,ccla nous iuftira, ce nous fera alTcz que
nous viuionsau iourla iournce , pource que
toufiours la main de Dieu s'cllendra fur nous
pour nous contenter. Or puis qu'.iinli eft que
Dieu a mis cefte règle, qu'il a la ffc celte loy
aux hommes.de fe contenter de ce qu'il don-
ne i chacun, quiconqucs appete d'eftre riclie,
ceiuy-la reictte pleinement le ioug ,&nc fe
veut point aflu:ettir à l'ordre de Dieu , mais
efV comme vne belle fauuage & efgaree.Nous
esbahilTons-nousdonc tî Dieu fe moque d'v-
ne telle rébellion, quand il voit que les hom-
mes ne fe peuuent tenirà luy, & qu'ils ne peu
uent tenir le chemm où il les conduit? Nous
CibahifTons-nous s'il permet à Satan vne tel-
le licence, qu'il les attrappe en fes filets, que
ils foyent fa proye.A: qu'en la fin il les même
d perdition & ru'iie. Ce n'cft point donc fans
caufe que famft Paul a ici prononcé que tous
ceux qui défirent d'f lire r ches, tombent aux
filets du diable. Qu'cft- 1 dinc de faire? Ad-
uifons i non, Si que nousav mis cela.de nous
contenter d'tltrc nourris en ce monde , fca-
chans que Dieu s'ell referué ccft office, com-
me il veut quenouïl'.iy demandions noltre
pain ordinaire.Làdcilusqu'i'n chacun tiaiiail
le,&: qu'il face fin deuoir. Et bien fî Dieu ou
trenoftrecfperace veut que nouv foyon'i aug
nientcr ,& qu'il face croiftrc notirebicn, re-
mercions-le.comme aufsi :1 efl dit au Pfcau-
Vje.itj. f,ie, que Dieu quelquesfoJS nourrira fe<; en-
'*" fans cependant qu'ils doruen:: non pas qu'il
faille que les fidèles f->yeut oilîfs ou noncha
lans, nvais tant y a qu'ils ne ferôt point tour-
mctcz de cescupjditcz inauiiaifcs, qu'ils ne de
manderont point de s'enrichir , mais ils vont
leur train , & attendent ce qu'il plaira à Dieu
lcurdonner,& fe remettent du tout à luy. Ce
(le confcience ainlî paifîblc, ell come vn dor
mir , 5c Dieu ne laiffcra pis de bénir les fîcns
quelquefoistvoire quîd il verra qu'il leur fe-
ra bon & vtile pour leur falut.Mais cependat
demeurons Ti.de nous remettre en la main de
Dieu, 3c receuoir ce qu'il nous donne. Et ce-
pendant gardons-nous de ceft appétit, finon
^uenous vueilliôsnous liurer .1 Satan. Et qui
ell-ce qui veuteflre tra'llre de fjn fahit? Ne
voila point vn grand aueuglcment, voire vne
rage, quâd les hommes f- vont donner .-i leur
ennemi mortel , qu'ils fe iettent dedans fes
laqs , & non point feulement afin que le dia-
ble s'en ioue, mail qu'il les accable du toiit,&
qu'il les plonge aux abyfncs de perdition?
Q*.;i ell-ce qui voudroit taire cela s'il l'auoit
bien premediré?Toutesfois quiconques appe
te d'eftrc riche , il le fait , comme il nous eft
monftrc ici,& comme aiifsi cliacun le ronfcf-
fera. Soyonsdonc l'ur nos gaules , &J-"uvonî
comme vne pelle mortelle rclt appétit dont
parle ICI fainft Paul. Voila donc qu.mtàvn
item. Et pourtant fi vn homme elt riche, qu'il
fe garde bien d'auoir fon cœur attaché aux
richefles.mais qu'il en vfe, voire comme fi du
lour à l'autre ildeuoit eftreappoun , & qu'il
face fon conte que ce n'cft point vu hérita-
ge perpétuel d'auoir ni champs, ni pollef.iôs,
ni or,ni argent en bourfe, mais que Dieu luy
en donne l'vfage lufqu'à tant qu'l luy plai-
ra. Et puis, que ceux qui font poures,fc con-
tentent de ce que Dieu les nourrit , qu'ils fe
fient en luy.&r pour eux & pour leurs enfans.
Ceux qui ont moyennement dequoy, qu'ils
ne demandent point de s'augmenter plus ou-
tre, mais qu'ils s'entretienent en leur médio-
crité. Et cependant que tous aduifcnt de bien
faire les vns aux autres.Sc de fubuenir à leur»
prochains. Quand nous aurons cela, Satan ne
pourra rien gagner fur nous : quoy qu'il ait
fes filets tendus , tant y a que nous ne feront
poû (i proye. Pourquoyr Voici le vray moy-
ycn de nous en prefcruer. Mais afin encoics
que celle doûrine (oit mieux entendue , pre-
nons l'expofition que fainifl Paul en donne,
difanr , oue l'autir'ce efl rac'Ke Ai tous maux .
Q_nand il parle ainfi, il n'entend pas que tous
les péchez que les hommes commettent. pro-
cèdent d'auarice: comme vn gourmand, vn y-
urongne , ouvn paillard , vn blafphemaceur,
pourra bien élire exempté de ce vice . Voila
vn paillard qui difsipera le fien,voiIa vngnur
mand.ou quelque fol efuenté, qui pour fe fai
re valoir de fpendra fon bien, il n'y a point li
d'auarice. Et comment donc fainft Paul dit-
il que l'iuarice eu racine de tous maux? Il ea
tend qu'il n'y a mal que l'auarice n'apporte,
c'tit.i dire, qu'elle ne puifTe apporter. Com-
me quoy? Voila les haines, les enuies, mau-
uaife foy.periureSitraliifîns, violences, em-
pnifonnemens, corruptions: toutes ces cho-
fcs-ia ne peuuent-elles pas venir d'auarice?
Car vn home qui appete de s'enrichir, fera en
premier lieu addoiinc a foy-melme du tout,
tcllemét qu'il en oubliera (e^ prochains,&: ne
tiendra conte de perfonne q de foy;il ell tcl-
lemét traf'porté, qu'on a beau luy parler d'é-
quité & droiture , il n'a que fon profit pour
recommandé: il tourmentera l'vn.il opprime
ra l'autre: il mange, il gourmande la fub/lace
d'autruy; il pille .tout. On voit donc en quel
feus famtt Paul a dit que l'auarice eft racine
de tons maux. Carfi vn home cllauaricicuï,
cft.mtami de foy(c6ine nous auons déclaré)
il n'aura nul fouci de fes prochains, on n'y co
gnoillta ni faueur.ni amour, mais il votidroit
que tout fi;(lfien , & luy femble que tout le
monde ne luy puiflTe fuf.îre. Au refle, ù nous
voulions proc der p ir ûidre,il taiidroit coin
mcncer pai Ir-, que i'aiiar ce apporte vn mef-
piis de Dieu. Car fî vn hôiiic apneie de s'tn-
O.ui,
i94
SERMON XLIX.
richir, il liiy fcmbic que Dieu nVft rien, & fe
. fiera plii\(cëme il l'cra Juci après) eniespoi'
fcAions & en fes thrcfors, tju'il neteraau
Dieu viuant.en forte qu'il en tera des idoles.
Et puis quand il aura beaucoup aniallc'.le voi
la enflé crorgueil,qu'il iHcIprile ck.icun.D6c
Pauarice fait la guerre principalemét à Dieu,
puis après à tout le monde , voire en diuerfes
fortes. Car l'auaricc ne peut eilre fans traude
& malice, tellement que ccUiy qui en veut a-
iioir, imagine tout ce qu'il peut pour tromper
ceftuy-ci,pour frauder ccil^uy-la,& nes'efpar
gnera en iien qui loit. Il le panureia d'vn co
ftc,il trahira de l'autre, il métiraa tous coups.
Et puis il y aura les violecLS, la haine ne peut
faïUu'.cepcdant les machinations & mei'chan
tes prattiques s'cnfuiurôt de tous collez. No'
voyôs donc que S. Paul non fans caufe a nom
nié l'auarice, racine de tous niaux:cmnme s'il
<iifoit que quand vn home lera entaché d'aua
rice , il faudra qu'en la fin il foit enflé d'or-
gueil, qu'il foit vn panure, qu'il foit plein de
out rage év de cruauté, qu'il machine tout mal,
qu'il n'ait loyauté à perionue, qu'il n'ait nul-
ledroiture, nulle religion en foy, qu'il nepen
fe linon de del'pouiller grans & petis. Voila
donc comme vn cafilogue ou vnrolle que S.
Paul a voulu nicEtre ici de to' vices qui pro-
cèdent d'auancc. Nous pourras bien donc of
fenfer Dieu & nos prochains fans efti e aiiari
cieuxicônvevnblafphimateurq oftenlegnef
licmét Dieu quld il prophane Ion laiiii:t nom,
vn paillard otfenfe & Dieu & fes prochains,
vn yurôgne fe tue & elt fon _^pte bourreau.
Si cepédant il pollue les bonnes créatures de
Dieu. Il y aura donc beaucoupd'otfenfes qui
fe commettront fans auarice'mais cependant
quand l'auarice domine en rious , il faut que
nousfoyons addonnez .i tout raal:qu'on re-
garde, qu'on efpluchc, & on trouuera q c'ell
vn abyfme des aby fmes, quâd les hommes fe
lailTent auilî traafporter à Satan. Et voila auf
lî pourquoy S.Paul adiouli:e,Qji'aucuns y e-
flans tôbez,ou aucuns rappetans,oot erré de
la foy. Côbien que cciie façon de parler foit
impropre, il eA-ceque S.Paulaaffez exprimé
ce qu'il vouloit dire: car il no' met touiîours
deuant les yeux ccfte cupidité dont il a fait
mention n'agueres.Car côbien qu'vn homme
foit poure,fi ne laiffera-il pas toutesfois d'e-
ftre captif fous les liens de Satan. Et pour-
quoy? Q_iiand l'appctit y cft,le mal y règne,
& nous voila plôgez en cefte perdition de la-
quelle il auoit parlé ci deflii' .il ne faut point
donc que les poures fe flattét comme s'ils e-
ftoyent exépttz du mal que S. Paul condâne
ici. Carqiiâd nous n'aurons rien, ii nous appe
tons d'auoir , nous ne laiffons pas toutesfois
d'eflre en celle maudite fcruitude , que le dia
ble loit noltre prince pour faire de nô' tout
ce que bonluy femblcra.Et aijifi nous royôs
que S.Paul a bien exprimé ce qu'il vouloit di
rc, & nous a donné bonne dovtiinc Si. inltru-
élion. Or notamment il dit, Qw^' ceux rpti Dp-
f ctent ainj! iVi Jtre riches , d^fudUnt lie Ltf'y,
Cy s'eiiueloppfttt en plu fiitn douleurs. Q_uâd il
dit qu'ils delaillét de la foy, c'ell que du tout
ils s'eflôgnent & s'aliènent de Dieu; après a-
uoir long tép? barguingné, qu'ils fefeparent
du rang des fidcles,& vont comme gens defe-
Iperez. Et de la aufsi procèdent les douleurs
defqucllesil parle. Nous voyons maintenant
côme S .Paul fe déclare mieux en ce qu'il a-
uoitdit. Il auoit parlé des tentations, il auoic
parlé des afluces ou filets du diable , il auoit
parlé des cupiditez lottes & mauuaifes: niam
tenant il met le comble, difant que quand les
hommes fe lérôt ainli corrompus , il faut que
lis renoncent pleinemêt Dieu & la toy Clîre
llienae,& puis qu'ils foyêt comme en vn en-
fer, que Dieu les perltcute d'vn collé, & que
cependant ils ne lailTcnt pas de pouifuiure,
combien qu'ils voyent leur luinc, qu'ils ferôc
comme enforcelez , qu'ils feront en telle fu-
rie , qu'il n'y aura plus de moyen de les pou-
uoir retirer du mal. Or quâd S.Paul parle des
cupiditcz lottes & pcruerfes , il n'entend pas
que les hommes qui font auaricieux foyent
reputez lois. Car quelle fagelfe prife-on ea
ce monde, linon celte .alluce de pouuoir trom
per l'vn & piller l'autre? qu'on dira, Ho,ceft
homme Içaitbien penfer à fes artaires,le voi
la (âge, le voila canonizé. Et cependant il ne
lallfc pas d'elbe vn loup ou vn renard, qui de
uore&; niant;e tout ce qu'il peut, & puis il au
ra fes allaces & malices pour attrapper de
chacun. Mais fainÛ Paul parlant de lottes eu
pidltez, entend que les hommes s'oubliét tel-
lement qu'ili ne fçauent plus que c'cft ne de
religion ne de lulticc, comme on le voit ma-
nitiftemtnc. Si ce n'eftoit qu'vn chacun cil
addonne à Ion profit , il ne taudroit point e-
fludier beaucoup pour luger equitablcment.
Car li on no' parle de quelque taittoùnous
n'ayons point cfgard aux petl'onnes , & que
nul aufsi ne nous ûduil'e, fans q nous foyons
docteurs ne gians clercs , nous fçaurons bien
dire, Voila le mal, voila le bien, voila le tort,
voila le droiét.Et qui nous l'a enfeigne?Dicu
a engraué en nos cœurs de nature vue telle
cognûiflîince. Orù elt -ce que tout fera per-
ueiti, fi nous entrons en conlideration de no
ftre profit ou dommage , ou que nous foyons
menez de faucur ou de haine, il n'y aurarai-
fon qui ne foit peruertie : c'eft côme li on a-
uoit vn pot d'acre pour elFacer vne efcriturc
qui fera belle, cSi: qu'on pourra lireaifeement.
Mais celte cupidité diabolique nous auei>gle
en forte que nous oubliés toute iuitice & tou
te raifon. Voila dôc pourquoy S.Paul au nom
de Dieu condamne ici de fottife tous ceux
qui peruertilit'nt ainfi leur bon (eHs,& qui fe
laifil-nt ainfi tuer à mal, en forte qu'il n'y a
plus de difcretion ne de iugeraent en eux: a-
prcs auoir oublié Dieu, Satan nous laifira de
prime face; vray efl que nous ne le verrons
point
<
J
SVRLAI. A TIMOTH.
point,mais cependant les kômes le tranfpor-
tcnt,& pouiliiyuc»: toufîours, & quand ils au-
ront aduancé trois pas pour s'addonner à Sa-
tan,il ne leur chaut, & leurs iensaufsi lontef-
blouis , iufques à ce que du tout ils détaillent
de,la foy. Or notamment fainft Paul a parlé
de ces cupiditez fottes deuant q venir au coin
ble, afin que nous H\ittenilionï pas ces extre-
mitcz qu'il met ici.de nous ietter à nollre per
dition quand nous ferons ainlî aliénez de la
foy. Puis qu'ainii eft donc, toutes fois & quan-
tes que noftre profit bou^ esblouit les yeux,&
que défia le diable prend polîehion de nous,
& que nous luy donnés toute inaiftrife & au-
tborité pour nous ietter à perdition, que nous
recourions à celle doClrine q Dieu nous mon-
llre, c'eft afçauoir, qu'en premier lieu chacun
fe contente de ce qu'il aura iuftemeat, & que
nous puifsions demander en bonne confcicn-
ce & pure noftre pain ordinaire , à celuy qui a
promis d'cftie noftre père & nourricier . Car
celuy q voudra viure de rapines & de fraudes,
renonce pleinement à la nourritute que Dieu
luy a promile.Voulons-nous donc demander
à Dieu ce que noftre Seigneur Icfus no' a mis
en la bouche, que nous foyons nourris du pain
que Dieu nous donneîU nous faut abftenir de
toutes ces mefchâtes cupiditez qui font pour
nous faire defi loyer du droit chemin, &: de cc-
fte droiture q Dieu a imprimée en nos coeurs.
Ori'ayditque fiintl Paul notamment amis
cela deuant que venir à l'extrémité, afin qu'vn
chacun veille & face bon guet. Pourquoy ? 11
ne fera plus temps quand nous ferons défaillis
de la toy : & neantmoins lî voit-on par expé-
rience que fa mil Paul nous a ici propofe le lu
gement de la vengeance de Dieu deuant les
yeux, telle qu'elle fe déclare iourncllcment.
Voila ceux qui ("ont auancieux qui içauront
bien faire de belles mines, & cependant ce (e-
ront de grans bigots, qu'on eftimera qu'il n'y
a deuotion que pour eux: ils prétendront fauf
fement le nom de Dieu, & melmes ils en abu-
feront en leurs troperies louuentesfois.Nous
voyons donc comme les auaricieux ne s'alie-
Bcnt point du premier coup de la foy. Mais
quoyrils ne la^fferont pas de s'addonnerà ces
cupiditez folles , tellement qu'on veria qu'ils
ne l'çjuent que c'cft de raifon ne de droiture.
Il eft vray qu'ils auront bien Dieu au bout de
la langue , &femblera qu'il n'y ait que toute
humanité en eux, qu'ils mordrôt affez en ria t:
mais quoy qu'il en foit.iî pourra-on appcrce-
uoir pai leur cruaute,qu'ils ne demandent qu'
à fine leur profit, reiettans là & toute la parc
le de Dieu,&: toute iuftice,& mefmes toute e-
quité humaine. N jus voyons donc cela. Or les
home? fe iont-ils amli louea quelque temps?
Se 1 jnt-ils ainii pourraenez en leurs mefchan
tes traffiqucs .' Q_iyndUs verront qu'ils ne fe
pcuuent nulleméc accorder auec Dieu, ou que
il fj;it rcdaigiKz par les ancres, & que leurs
iniqmtez fe dcftouurent,U n'eft plus (jueftion
finon de renécer pleinementDieu.S: fairp des
gens dcfcfpeiez.Nous voyôs cela. £t aptes, li
on les pouuoit examiner mieux, on trouucioit
qu'ils font en amertumes hornbles , d'aman:
que leur conicienceles tient là enchaînez de-
uant Dieu,& mefmesils font toufiours tiaiif-
portez, qu'ils ne fçauent ce qu'ils doyucnt lar
re,ni où ils veulét aller. Quand nous voyons
cela,nedeuons-nou£ point cftre aduertis de
nous garder? Et noftre Seigneur ne nous don-
ne-il point vne inftruétion vtile corne aux def
pensd'autruy.' Mais qaoy ? Nous ferraens les
yeux à tous tels exemples, &jfemble que nous
vueillion côploterauec Satan pour nous met-
tre en les filets, Se. pour nous captiuer du tout
fous luy. Or puis qu'ainfi cft,nous fommes di-
gnes de périr nialfaeureufemét , quand nous n'
efcoutons point les admonitions que noftre
Dieu nousdéne.Il regarde noftre h agilité, il
regarde mefmes que toutes nos cupidité^ font
peaierfes(coinme il a efte dit) il )»veut remc
dier: pour ce faire il nous monftrecômenous
pourrons preuenir le mal, il nous propofe ces
remedes-ci.côme nous vei rons après. Cepen-
dant nous ne luy donnons nulle audience .11 ,
nous dit. Regardez àvous, poures gens : il eft
certain q vous deuriez perir.carde vouf-mef-
mes/chacun fe iette aux abyfmes,&la fin fina-
le feia de quitter &la religion & rtlpeiance
de filut, que vous deuiendrez côme bcftes biu
tes:& ne faudra point que nul vous tourniéte-
car vn chacun fetourméteia aflez,& fegeliea
nera.Dteu nous aduertit, nous voyons dequoy-
nousauôs approbation certaine de ce qui no'
eft prononcé de ù bouche: ccpedant nul ne s'
en garde. Qu^eft-ce que nous pouuons alle-
gucrPAinfidonc apprenôs de faire noftre pro
fit de celle doclrine: & quad nous verrons des
gens qui fe defuoyerôt a:niî d'equité & droitu
re,entédons q l'inue en fera mauuaife,fi Dieu
n'a pitié d'eux pour les en retirer : car il fau-
dra,après auoir bien barguingné, qu'ils fe pré-
cipitent iufques li,des'alientr de Dieu , & de
monftrer qu'ils n'ont plus nulle accointace a-
uec luy. Et puis cela eft-il? Il faiidia que le dia
ble ayant prins maiftnfe fir eux, les tiaitte en
vn tyian cruel , & qu'eux-mefmes , quand ils
auront beaucoup fâfché & molefté les poures
genSjfe chagringnpnt & le teinpeftcnt, telle-
ment qu'il ne leur faudra point (comme nous
auons dit)d'autre bourreau, mais ih auront c5
me vn cautère qui brudera toufiours en eux.
Ils ont allumé le feu pour confumer les au-
tres, mais fans eftre confunitz , il faudra que
ils bruflent fans fin & fans ceffe. Attendons ce
fte fin-la : & cependant qu'vn chacun de nous
regarde à foy ,& que nous prions Dieu qu'il
ne permette point que nous tombions en ces
horribles cupiditez , c'eft à dire , que nous ne
foyons point tellement addonnez à noftre
profit, que nous ne fuyuions ce qui eftiuftê
& raifonjiable , autrement bous deuicndrons
comme bcftes brutes. Car quel eft le propre de
O. iiii.
■9^
SERMON XLIX.
l'homme, finon de fç.iiioirdiTcerner? S\ nous
n'auons prudence de ingerdubien & du mal,
fowmes-nous dignes d'clire au rang des hom
«les ? Or puis tju'iJ y a vrt tel aueuglement en
tous ceux qui demandent leur auantage aux
Jelpens d'autruy, qu'ils ne fçauent plus que c'
eft ne de bien ne de ni.il.c'eft à dire,qu'ils ma-
chinent le mal exprefiement, nous auons bien
à prier Dieu qu'il nous tiencla bride courte,
afin que nous ne foyons point enueloppez en
telles cupiditez, de peur de tôber en celt hor-
lible aby fjtie, c'eft de renoncer finalement la
foy Chreftienne,&d'abâdonnernoftre Dieu,
& nous feparer de fon Eglife &defon trou-
peau.Or après que /ainû Paul nous a monftré
que nous deuons fuir l'auarice comme vne pe-
fte mortelle, il adioufte à l'oppofite le remè-
de. Car (côme nous auons dit)il nous faut ba
tailler,voire& faire grad' force à nos paf»i5s,
fi nous voulons eftre purgez de ce mal-ci.
Il faut doffc que nous enfuyuions ce qui eft i-
ci àit,Vuy ers chofes,0' fnfiiy iuPUe.fny, pieté,
tharité ,manfuerH<{e . Qu^nd faincl Paul dit,
Fiiyces choies , il eft viay qu'il nous faloit
bien contenter de cela. Apres auoir cognu les
maux qui font ici déclarez , ne fi mincs-nous
pas bien enragez fi nous-ne les fuyons ? Mais
pource que nous fommes tellement incitez au
mal, que lî on ne nous met barre , &que Dieu
ne nous retire quafi par force, iamais nous ne
pourrons fuir l'auance, voila pourquoy fainft
Paul nous ramené à la foy, à la pieté, & à in-
dice, charité, & manfiictudc : comme s'ildi-
foit, qu'en premier lieu il nous faut regaider
à quoy nous fommes nais , & pourqiioy c'elt
que nous viuons cpfcmble : c'eftque Dici' a
inftitué,& comme dedié vne compagnie entre
tout le genre fcumain . Il eft vray que les vns
feront focieté particulière aucc Icj autres:
mais fi eft-ce que nous ne pouuons pas fuir
cefte focieté commune & générale que Dieu
a mife entre tous hommes . Qjjant à la poli-
ce.vn chacun pofTcdera bien ce qui luy eft pro
prc: toutesfois ccfte communauté demeure
toufiours entre les hommes, c'eft qu'ils foyét
obligez les vns aux autres de viiire comme
frères, & de s'aider:cequi ne fc peut faire que
nous n'ayons tefte iufticedont paile fiinft
Paul. Voila donc le lien de concorde pour re
tenir les hommes en vnité, & pour confcruer
le genre humaiiKen foinme, c'tft qu'il y ait iu
fiice,& que pour garder cefte iuftice & droi-
ture, nou; ne facions à autruy finon ce que
nous voulons qu'on nous face . Il eft vray que
•e mot de iuflice. Ce prend aucunes foi s. en au-
tre fens.-mais ici fainft Paul parlé de la droitu
re que nous deuons garder chacun en fon en-
droit, que nous conuerfions Icsvnsauec les
autres , en fjrte que nul ne nuifc à fon pro-
chain, & que nous ne gagnions rien que par
moyen licite, & que nous aduifions de ne com
mettre ne fraude, ne violence, ned'attrapper
ïien qui foit.Britf.i'ay défia dit cnvn mot que
quand nous ferons comme nous voudriôs que
on nous feift , nôu" aurons cefte luftice dont
parle fainft.Paul.Mais qui eft-ce qui no' pour
ra là amener ? C'eft la foy &■ la pieté . Quand
fainft Paul parle de foy, il faut que nous rap-
portions ce mot à la circonftance du lieu. Il
eft vray que Li foy a beaucoup de parties, elle
comprend plufieurs chofcs : mais il nous faut
regarder le fil du texte, & la procédure que
tient ici fainûPaul. Pourquoy donc eft-ce
qu'il met la foy comme vn remède pour nous
purger d'auarice? C'eft d'autant que l'infidé-
lité eftl'allumette.ou le bois, ou le feu qui no*
enflamme, & qui nous tranfporte d'auarice.
Voila pourquoy l'Apoftre aufsi en l'Epiftre
aux Mebrieux, quand il en parle , notamment
nous ramené à ce qui eft dit au premier chapi
tre de lofaé, le ne te laifleray point , ie ne te
defaudray en rien, dit le Seigneur . Quand
nous aurions ccfte fcntéce-labien perfuadee,
toute auarice fcroit mife fous le pied, il n'y
auroit plus nul appétit defoidonné au monde,
mais il yauroit vn contentement raifonna-
ble,que& poures & riches reietteroyent i'ar
gent comme fiente, finon qu'on en vferoit fe-
lon que Dieu l'a creé-mau cefte cupidité dia-
bolique corrompt & peruertit tout . Qj.i eft
donc caufe que les homes font ainfi trarfpor-
tez, qu'ils fe de<^fient de Di(u,f ' qu'il kiir fem
ble que la terre leur doyue faillir, finon qu'ils
ne coijnoifTcnt point que la bepediûiop de
Dieu vaut m:eux que tout ce qu'ils pourroyét
auoir au refte?Autrement s'il- lity demandent
leur pain ordinaire, ce n'efrque parhypocri-
fie. Qrand donc nou: aurons bien entendu ce
paflagede TEp ftre auY Hebrituv , nou' ver--
rons notamment pourquoy faiuft Paul parle
icidela foy. Voulôs-nous donc eftiebien put
gez de toute auarice? Rcpofons-no' en Dieu,
ayôs cefte promefledu tout rcfolue, puis que
il nous a prinN en fa proteftion , que iamais
nous ne ferons defttuez de luy au befoin, que
nous ne ferons defnuez de rien qu'il nous tail
le. Vray eft que nous ne ferons point nourris
toufiours fi grafllment que noftre appétit le
porte, mais tant y a que Dieu monftrera qu'il
ne nous a point mis en oubli . Or quand nous
aurons cela. alors nous ferons contens (côme
i'ay défia dit)fi Dieu nous donc des biens, que
il nous face la grâce de les pofleder, nous en
pourro-ts iouir:voire,mais ce fera fans y cftre
trop afFcftionnez, fans eftre détenus en ccfte
maudite feruitude dont font enueloppez les
auaricieuy.mais nous irons franchement là où
c'eftque Dieu nous voudra conduire.pour di-
re q du iour au lendemain nous foyons prcfts
de quitter ce qu'il nous aura mis entre les
mains, quiîd il luy plaira noiis en deflaifir. Or
roïintcnant nous voyons que tous ceux qui s
addonnent à l'auarice, par ce nxiyen fontcon
uaincus d'cftre infidèles. Ils auront beau pro-
tcfter d'eftre Chrefhens,mais tant y a que l'a-
uarice exprime toufiours l'iiifidelité des hom-
mes?
SVR LA T. A TIMOTH-
Zy7
& quiconques appcte d'eftre riche, il monflre
par ctfeft qu'il ne fe fie point en Dieu, qu'il n'
attend nul bien de luy, qu'il ne fe reporc point
fur le foin paternel qu'il a promis auoir de
nous.Apres que fainft Paul a parlé de foy , il
adiouAe, Suy pieté. Il eft vray que ce font cho
fes coniointes & infeparables : mais tant y a
qu'il a encores voulu exprimer plus que par
ce mot de Foy : comme s'il difoir, que fi nous
feruons à Dieu en toute pieté, nous chemine-
rons en fa crainte, & aurôs vne vraye religiô:
& fur cela nous afpirerons au Royaume cclc-
fte.Pourquoy fommes-nous Chreiticns?Pour
quoy fommes-nous baptiltz?Pourquoy inuo-
quons-nous Dieu ? Eft-ce feulement pour vi-
ure en ce'monde.poury auoir nos voliiptez&
délices ? Nenni : mais c'eft pour afpirer phis
liaut,& pour cognoiftre qu'il nous faut tcdre
au Royaume de Dieu, fçachans que noftre he
ritagc tû es cieux , auquel il nous faut courir
pafîàns par ce mode fans nous y arrefter nul-
lement.Or quand il y a vne telle condition en
nous.c'eft à dire q nous n'auôs point ici vn ha
bitacle permanent, mais qu'il nous faut tendre
en haut, & que Dieu nous appelle iournellc-
mét pour venir à luy,ie vous prie, fi nous fcm
mes plusaddôrezà l'auarice, aurons-nous ex-
cuferSinous fommes encores cnueloppez aux
chofes de ce mode, api es que Dieu nous aura
remonftré la briefueté & fragilité de noftre
vie, ne faut-il pas que nous foyons plus qu'i n-
ragez? Or toutesfois on voit comme le aiiari
cieux prenent plaifir à fe plonger en ce mon-
de:& puis, encores qu'ils foyent bien aduertis
de leur mortelle condition, il leur fembleqje
ils doyuent viure cent mille ans après leur
mort,iln'ya nf fin ne cefll-, leurs appetis font
inlâtiablcs.Oraucôtraire fi nous cognoiflons
que noftre Seigneur nous merici comme po-
ures cftrangers.qui ne font que paireriS: puis,
que nous fommes en vn combat où il faut ba-
tailleraf iduellemét.ce feroit aflcz pour nous
depeftrer de toute auarice.Et puis ;1 nous faut
cognoiftre d'autre cofté.que nous ne pouuons
pas tendre au Royaume des cieux fans morti-
fier nos afFeftions charnelles.il eft dit, Là où
cft ton threfor,là aufsi fera tô coeur. Si noftre
threfor eft aux cieux, il eft certain que cefte
rage diabolique fera quSt & quant efteinte. S:
que nous mortifierons tout ce qui nous empef
fhede venir à Dieu, qu'il faudra oue tout c-eli
fait 3bbatu,& que de iour en iour nous traiiail
liBns après pour retrancher toutisces fuper-
fluitez qui nous abiifentici bas. Et ainfi nous
voyons que non fans caufe fainft Pauladou-
ftc ce mot de Vietr, qui vaut autant à dire (jiie
religion &crainrede Dieu , qu'il le comoint
fdi-ic^à la foy.difant que quand nous aurons
mis noftre fiarce en Dieu, &: que nous atten-
dras de luy noftre nourriture, il faut aue noirs
ayons eneores ce rcç.irdde ne viure point en
ce mode comme G c'eftoit rcftre but, i^- de ne
nous y arreltcr poict^iais que nous tendions
au Royaume celefte .Or ayant ainff parle, il
nous ramené puis après à charité &■ àmanfue-
tude, comme aufvi nous auons acheminer cii
toute bonne amitié auec nos prochains ,au-t
trement nous ne monftrcrons pas que nous
ayons la iufticedont il a fait mention. Et par
cela voyons-nous que par tous ces mots qu'il
met ici, il ne veut finon confermer l'exhorta-
tiô qu'il auoit laite, c'cft afçauoir de fuyure iu
frice & droiture. Et cément la fuyurons-nons?
En premier lieu , en mettant noftre fiance en
DicuiX: puis afpirans au Royaume celefte; 8c
tiercement, viuans en bonne amitié les vns a-
uec les autres. Car celuy qaime fon prochain,
ne le voudra frauder. Et finalement, que nous
aimions manfuetude.c'eft à dire,q nous foyôs
débonnaires les vns aux autres , que nous ne
foyons point des renards pour circonucnirles
fimples,mais que nous foyons humains: car il
fautCccn-me défia nous auons dit)que l'auari-
ceemporte toulîours cruauté auec foy. Main-
tenant nous voyôs quelle eft cefte doûrine.il
ne refte finon de la prattiquer. Or en premier
lieu, penfo'ns bien à nous : que fi ncus n gar-
dons h Satan, l'ennemi mortel de noftre fallut,,
fi nous cognoiflons qu'il ait toi'fiours Ces fi-
lets tendus pour nous furprerdre .qu'il foit
comme vn lion bruyant qui ne dcniarde '-.u'à
nous deuorer (comme fainft Pierre en parle)
vn chacun de nous pcrfera 2 fe garder . Voici '• "'*•'•?'?'
noftre Seigneur qui nous dit&no.us déclare, S-
fi nous appelons les richtfles de ce monde,
que c'cft nous addonner audiable,& nous met
tre (11 ctfte feruitudemaudite, qu'il ait toute
niaiftrife par deflliv nous .Ainfi donc tenons
en bride toutes nos aifeclions mauuaifes pour
ne point nous addonner à ces appétits defor—
donnez d'auaricc . Et d'autant que de nature
nous y fommes par trop enclins , Se que nous
ne p.^urrions pas afpirer d ce Royaume éter-
nel fans batailler, & fans qu'vn ch.icun s'ti'for
ce , que nous prenions les remèdes qui nous
font ici donnez : voyans que nons fommes il
farcis d'incrédulité , Si que nous ne pouuons
nous fier en Dieu, recourons à la foy , & pri-
ons ce bon Dieu qu'il nous face du tout dé-
pendre de luy, & nous yappuyci,& qu'il nous
face goufter fa prouidence ,ahn que nous ne
doutions point que ce ne nous foit affez qu'il
veille fur nous, & que d'autant qu'il cft iiche,
qu'il a des biens pour nous élargir au t.Tnt que
il nous en faut, & que noHs-nous repofions là.
Q_ue s'il ne nou- donne ce- q noftre chair ap
pete, pour cela nous nelaifsions pasd'afpirer
toufiours au Royaume des cieux , car par G»
moyen-la ai'isi il nous veut retirer d'ici bas
pour nous eleucr à luy. Et puis avôs cntreno*'
charité , fçachans que Dieu ne nous a point
créez chacun pourfoy , mais il veut que nous
foyons addonncz les vns aux autres , dV que
nous ayons vn efprit debon.aire pour chemi-
ner en toute humanité &: douceur , que nous
n'ayons point vne cruauté pour nous faite
P.i.
2,<j8
SERMON L.
comme des bcftes ûuuagcs. Quand cela y fe-
ra , il n'y a doute que la milice Si droiture.n'y
rogne qiianc Se quant ; & fi la iuftice y règne,
Dieu feiaaufsi feruiJc tous d'vn commun ac-
cord. Et cependant l'argent le pnirra pour-
inencr cncie noui CinsquM loit ànoftre rui-
ne & perdition , mais nouç en pourrons vfer
comme Dieu nous Pa donne, & par ce moyen
Dieu fera glorifié en toutes fes créatures , &
cognoiftrons aufsi par expérience quel'vfage
en cil propre pour noftre falut.
OR nous-nous profternerons deuanc U
face de noftre bon Dieu en cognoiflaivce «le
nos fautes , le prians qu'il luy plaife de nous
moitifiei de toutes no$ affectons terrcflrcs
aulquelleinous fommes par trop addonnez,
afin que renonçans àicelles nous tendions là
où ilnoLis appelle. Et que cependant nous che
minions tellement par ce monde, que nous n'
y foyons point arreltez , mais que nous-taf-
ch:ons de retrancher de lour tn iour toutes
les corruptions qui font en nous , iufques à ce
qu'il nous en ait pleinement defpouillcz pour
nous reueftirde fa iuftice . Ainfi nous dirons
tous, Dieu touc-puiflànt,Per€ celefte,&;c.
LE
e I N Q_V lEME SERMON SVR
SIXIEME CHAPITRE.
1 1 Bataille la bonne bataille defoy , appréhende la v/e éternelle,
à lac^ucllc tu es appelé y Cf en as fait bonne couj'ejiion deuant beaucoup
de tefmoins.
13 le ienioin deuant "Dieu qui yiuijrc toutes chofes , q' dcuint
IcjùsChrijl^qui atefmoigîié fous V once V date bonne confefion,
'4 Q^^ ^^ gardes ce commandement, (^'c.
Ainéi Paul ce matin nous
déclarant les remèdes pour
fuir l'auance & les maux qui
en procèdent, nous a exhor-
tez notamment à patience,
& non fans caufe. Car nous
I fommes folicitez à gain, par
ce que chacun voudroit viureà fonaife.Or
quand nous auo ns vn tel regard à nos coinmo
«Jitcz , il eft impofsible que Satan ne fe meflc
patmi,& qu'il ne nous fcduife,& nous face def
border outre mcfure. Et ainfî nous ferons fou
ucnt tourmentez, on nous fera beaucoup d'in-
iures Si. de tors, nous ferons fafchez par l'vn,
pillez par l'autre : & fi nous ne fommes armez
de patience, comment fuWîfterons-nous ? Et
comment pourrons-nous auoir vne telle at-
trempance, de ne point appeterquoy qu'il en
foit,gainillicite:Mais pourceque la patience
des ndtks s'eftend bien loin , & comprend
fous foy beaucoup de parties, notament fainft
Paul a mieux déclaré fon intention ,adiou-
ftant, Que iwHt ctmhattons : comme s'il difoit,
que la foy ne peut ertre fans combat. Qjjicon-
Îuet voudra que fon feruice foit approuué de
)icu , il faut qu'il fe difpofe i la bataille, car
nous auons vn ennemi qui ne fe lafle iamais.
Ainfi donc maintenant nous voyons à quoy
regarde faind Paul,c'cftafin que nous ne trou
Nions point eftrange ce qu'il auoit dit de pa-
tience, qu'vn chacun face fon conte, d'autant
que Dieu nous a appelez à fon fennec , qu'il
nous veut aufsi exercer en côbat.Car il pour-
roic bien ccmr Satan bridé, il pourroic bien
empefchcr que nous n^eufsions nulle tenta-
tion,que nous tui>ions à repos pour aller no-
ftre chcmm.Or nous voyons que Satan a beau
coup de moyens pour nous tafclier, & Dieu
luy lafche la bride , Si luy' donne vne telle li-
cence . Il s'enfuit donc qu'il nous faut cltre
bons gendarmes , ou nous ne pourrons eftre
bons fidèles. Il cft vray qu'il deurou bien fuf-
fired'auoir dit cela en vn mot , mais pource
quccefte dodrine cft tant difficile à pratti-
quer,ellc a befoin d'cftre encores mieux exa-
minée, afin qu'vn chacun ait occafion d'y mi-
eux penfcr,& de la réduire fouuent en memoi
re . Nous difons que la foy n'eft iamais fans
combat. Et pourquoy? Car ii vn homme fe dif
pofe àbienfaire,&àfe rangera Dieu, le dia-
ble luy apportera beaucoup de difficultez
pour le desbaucher,le monde cft plein de trô-
peries.que nous ne pouuons point marcher vn
pas fans auoir rnaviuaile rencontre, nous che-
minons ici entre les efpines,ceux qui nous de-
uroyentauancer,nout recullent: carie diable
fe Icrt de k malice de ceux auec lefquels nous
conuerfons:& quand quelqu'vn nous fera mal,
il nous donne occahon de luy rendre la pa-
reille, ou pour le moins nous perdons coura-
ge , qu'il nous fafche que nous foyons ainfi
gourmandei.qu'on nous mange la laine fur le
dos quand nous y allons en limplicité, & que •
nous ne demandons finon de faire ce qui cft
de noftre deuoir.Et au reftc, encores que l'hô
me Chrtftien ne forte point hors de foy , fi
cll-ce qu'il faut qu'il comb'atc pour pcrlîftcr
ce la foy. Q^'ainù foit.il «'y a nen plus con-
traire
SVR LA I. A TIMOTH.
3-99
traire à noftre nature que de quitter tes cho-
ies tcrrcrtres, &n'y eihe point addoniuz , &
de cercberde toute noftre arfcdion &enten-
4lcment ce qu'on ne voit point,& ce qui eft du
tout caché à nos ye«ii,& quieftdu tout incô-
preheuiibJe à nos fcns.Ii faut que rhonime H-
âele sVlcue par dellus foy , quand il elt que-
Ihon de péfer au Royaunte de Dieu & à la vie
ccetnclle. Or cependant nous l'çauons comme
nos efprits font enclins à ce que neuf auons
en mam. Comment donc feia-il pofMble que
nous perfîjtionsen la t'oy,que nous ne farions
force & violence àtoute noftre nature .^Ainfi
donc I quand ces tentations nous vicnent au
deuant', & que nous fommes incitez i comba-
tte , faifons vni>ouclier de celle doftrine de
fain£l Paul , c'eft que la foy n'eft iamais fans
•combat.que nous ne pouuons feruir à Dteu li-
non eltans gendarmes.Et pourquoy?Car nous
auons les ennemis au deuant, nous en lommes
enuironnez de toutes parts. Et ainll il eft be-
foin que cous {oyons accouftumez à batailler,
ou il bous faudra défaillir .Puis qu'dinlî cft
que nui ne peut feruir à Dieu fans s'exercer en
patience, & au milieu des afjfli^ions dont les
cnfans de Dieu fonttourraentcz , .que nous a-
uiilons à ne point renorKcr à noftre foy, mais
qu'il nous faut iiiarchcr outre. £t bien,ie vou
droye que ie me peurte du tout employer à
louer Dieu aucc reliouilTance , & tftre en re-
pos Se contenteinent,<jue ie ne fufle point mo
lerté du cofté des hommes , que ie ne fentilTe
aucune répugnance en moy,mai$ que tous mes
fens s'addonnaflcnt à bien faire : cela feroh â
delîrerimais cependant Dieu me vait rfpiou-
uer, & faut que l'a'ye la principale guerrcxon
tremes afFtchons propres : & puis, quand le
diable raedrtfiera beaucoup de combats, que
ie ne foye point vaincu : qcand les tentations
viendront de tous coftti, que ie ticnebon,qiic
ie loye feime &<oiiflant. Il ne faut point
donc queie foye icrdebilicé.fiiion que le vueil
le renoncera la foy. Or que fcroit-cedequit
ter la foy h laquelle Dieu m'a appelé ? Ainli
donc marchons outre,& ne trouuons point e-
flrange que cefte vie-ci foit pleine de beau-
coup d'aflàuts,& qu'il nous faille rellfter à
beaucoup d'ennemis, & que nous deuons d'vn
iour à l'autre cueillir force nouuelle pour no*
arfliiettir à -cefte condition à laquelle Dieu
veut que nous foyons fuiets. Voila pour vn i-
tem.Mais cependant fainft Paul adoucit la tri
ûeflt: que les fidèles peuuent conceuoir.quand
il kur dit qu'ils auront à combatte tout le
temps de leur vie: c'eft q\iand il adioufte, tjur
I. Cor.S. ** """^'" 'fi ^""^^oraff -''1 difoit. Nous n'a-
j^_ uons point vne guerre douteufe : comme en
vn autre paflage il du que nom ne combatons
point à l'aucnture. Nous voyons les Princes
gui pour leur ambition liazdrderont tout ce
qu'ils ont , ils fe mettront en danger d'eftrc
dcrpouillez de toute leur puiflance : nous
vt>yoivs les gendarmes qui pour Auoir gages
de gens qui trauailleroyent aux vignes A'.itnt
champs, s'en vont e»pofcrlcur vitaiihazaid.
£t qui les mené à cela? Vnc efperancc dourcu
fe, il n'y a rien de certain. £t puis fouucntcf-
fois encores qu'ils ayent tout gagné , qu'ils
ayentlaviôoirc de leurs ennemis, quel tiuid
leur en reuient-il? Or quand Dieu nous appel
le au combat , & qu'il nous veut auoir comme
louldats fous fon enfeigne,ce n'eft point a ce-
fte condition-la, mais nous fommes aflcurcz
que la guerre fera bonne & heurcufe.Et ainfi,
fainft Paul a voulu confokr les fidèles en les
exhortant, comme aul'si Dieu s'accommode à
nous.quand il nous monftre quel eft noftre de
uoir, qu'il déclare aufsi que quand nous fe-
rons ce qu'il nous commande, que le tout re-
uiendra à noftre profit & falut.Il eft vtay que
fi nous citions bien auilez,il nous deuroit fuf-
firede cognoiière la volonté de noftre Dieu.
Voila où il nous faut refoudre : puis que no-
ftre Seigneur ordonne les cliofes ainfi , paf-
fons parla, nous ne deuons point difputcr li
deflîis.Maispourceque nous fommes tantdiF
ficiles à gouuerner, nous foirancs d'autre co-
ilépar trop délicats: 5; pois il ne faut rien
pournous amortir le courage, que nous fom-
mes fi-fiagiles que c'eft pitié, noftre Seigneur
nous monftre(comme l'ay défia dit)qiie >'il e-C
prouue noftre patiéce,qu''il nous impofc quel
que loy qui nous foit dure , s'il permet que
nou fuyons fa fchez & tourmentez de beau-
coup de tentations, qu'il le fait pour noftre
bien. Se que l'ilKic fera toufiours hturtufe &
defiiable: combien que pour vn temps les cho
fes loyert aigres, & que nous rechignions : 8c
que s'il nous tftoit pofsible.nous voudrions re
•cul!cr,& nousiiesbordf r,tant y a q Dieu mon
ftrc en la fin qu'il difpcfc tellement ce mal-la,
qu'il le fait retourner à noftre profit *; auarta
ge . Et ainfi nous deuôs bien pcfer ce mot que
fainiT Paul met. Que UgHerrt dts tnfaus it
VitH ift LoJine à teux ^ui a^mbattf.tlT en cô-
batant ils ne perdent point kur temps, pour-
ce qu'ils «e font rien à l'auenture . Et pu s il
adioufte encores poirr mieux ccfermer le pro
pos, que le falaire que Dieu nous propofe, tC
eft point de quelques figes d'or ou d'argenr,
mais il y a la vie eterne jfe Or (corne il eft dit
en l'autre paflage que nous auôs touché)fi les
hommes par vne ambition friuole font telle-
ment enfiambcz , qu'ils n'efpargncnt poJnr
kur propre vie, que iera-ce de nous ? Q^ielle
lalcheté,& combien incxcufablc, fi quelqu'vn
s'efpargne quand Dieu ne nous met point eft
auant quelque loyer temporel, quelque pièce
d'argent, quelque poflèftion tranfitoirc&' ca-
duque, trwis qu''il nous taille la vie éternelle,
qu'ildeclare qu'ilnedemande finon de nous
auoir pour fcs héritiers, que nous foyens par-
ticipas de fa gloire Si de fon immortalité, qur
nous iouifsions de tous fes biens, & de iuy en
fomme ; Quand Dieu nous eleue iufques là,,
se faut-il pas que nous foyons par ttop fiupi^
F.ii.
JOP
SE RMO N L.
de( fi toiv: «as fterfs ne s*efforcent à fuyure
ce combat du^^iiel le loyer elHî grand &li in-
e(hmabîe''Ain<id6c il nous ùutauoir ces trois
dcgrer que faind Paul met ici. Le premier,
eVllqueli foyp-e peut cltre fans beaucoup
d'aflâuts, & que la vie dcv tntans de Dieu cil
comme vne gendarmerie en ce monde. Le fé-
cond eft, qu'il ncnouîdoit point ùlclierli
Dieu nous elprouue.car ce n'eft point a Taucn
ture que nous batailiô>,nous ne lommes point
eu Jauger de perdre noftrc vie Cinsla recou-
urer.ni d'ellre dclpouillcz ou de bien, ou d'iiô
neur, mais l'iiruede nollre gendarmerie eft
dclîrable, d'autant que Dieu pieiidc fur noUs,
que c'elt luy qui nouv appclle,&; ne veut point
quenous perdion:; nalh'c temps. Et au relie,
qae nous fçachions pour le troiiieme , que
Dieu ne le contente pas de nous recompcn-
fer en ce inonde , mais il nous propol'evne
cliole beaucoup plus excellente, c'eft l'herua
ge du Royaume des cieux.D'autant donc que
il veut que nouspafsions par ce monde afin de
venir à iuy.&de louir àiamaisde ù gloire Se
béatitude immortelie , laquelle il nous a ac-
quife tant chèrement par le fang de noftre
Seigneur lefus Clirift ,n'eft-cepas railon que
vn chacun de nous s'applique du tout à cela?
Et ainfi,fomraes-nous retenus en ce monde, &
iceschofes quenous voyons? Q^nd nous
pourras faire coinparaifon de la vie ctlelle à
tout ce qui tft defïrable en ce monde , le vous
prie, combien que les honneurs, les richefles,
les cémoditez.les délices, & toutes choies auf
quelles les hoinmcs s'addonent,nous pla.lcnt,
ne faut-il pas qu'elles foyent corne tiente&
ordure quandil eftqueltion delà gloire de
Dieu .' Car il n'eft point queftion feulement
que Dieu fe monftre noftre Père en ce mode,
& qu'il nous face fentir fa grâce, en nous don
nant quelques biens tranfîtoires:mais de dire
. ^' que nous foyôs de fa natureCcôme fainû Pier
reen parie) que nous loyons conioints a luy,
qu'il foit vnauec nous, ne voila point vnpriui
lege qui furmonte toutf Or pour le quatrième,
faind Paul met , A laquelle aufsi t» et appelé.
Ceci emporte en premier lieu vne confirma-
tion de ce qu'il auoitdit. Appréhende la vie
éternelle. Car ce n'cft point aux homes de ga-
gner le Royaume des cieux, nedeleconque-
îier:ferôs-nous aflez vaillans pourcefaire? &
quand nous y courrions, toute noftre force 3c
confeil n'y feruiroit de rien. Mais qu.id noftre
Dieu nous y appelle,nous pourrons marcher:
car nous aurons v.n bon garent, nous ne ferons
point fondex fur quelque efperance que nous
aurons imaginée follement en noftre cerueau,
ou deflÀis qlquc promelTe que nous aura faite
vn homme mortel , ou fur quelque apparence
que nous verrons deuât nos yeux, comme tou-
tes ces chofes-la nous peuucnt tromper: &
nous voyons comme s'en trouuent ceux qui
s'y appuyét.Mais quand noftrcSeigneur nous
a tendu Ja main, que nous cbemiaions hardi-
ment:car nous cognjifttos que ce n'eft point
en vain que nous courons. Voila qui nous doit
pleinement confoler, afin que nous ne flechif
lions nullemêt quoy qu'il nous aduiene:quâd
BOUS verrons les chofes du tout confufes, re
gardons à la vocation de noftre Dieu. Ainû
donc nous voyôs que l'ainrt Paul a voulu con
fermer ccftedodruie.endifït que Timothee
tft appelé à la vie éternelle. Or ce qu'il dit à
vn homme, appartient à tous en gênerai. Car
(comme dclia nous auons dit ) il n'a pas ceft
office de nous introduire au chemin de falut,
mais il faut que Dieu nous y conduife. Et au
rcfte , en cela voyons-nous que les hommes
n'acquièrent point leurfalut parleur iiidu-
ftrie,mais que le tout procède de la bôtégr»
tuitc de Dieu. Afin donc que nul ne prene ici
occalion de magnifier (ex mérites , & de dire
que nous pouuons quelque chofe, que c'eft à
nous denouî aiûcerpour obtenir la vie eter
neUe,fainèl Paul rembarre toutes telles refue
ries,en difant qLie nous apprehendi ou» la vict
d'autant. que Dieu nous y a appekî.Vray eft
qu'il non-, faut traua:ller,,3i nous efforcer.voi
re mcfmes par delTus toutes nos vertus: mais
tant y a quecen'cftniauvueiliant.niau cou-
rant,(comme faind: Pauldit)inais àceluy qui Roi» . S>'
fait mifericorde.Car ce n'eft point de noftre iS-
bon vouloir, ou denoftrecourfe que nous ob
tenons lavie éternelle, pource que non feule-
ment nous lonimes lafches& inutiles atout
bien, mais nous tirons toutau rtbours.iufqu'à
ce que Dieu nous ait difpokz à courir, & que
il nous ait mis au droit chemin. Si les homes
fuiuent leur naturel , que feront-ils? Ils font
enragez au inal,& du tout ljouillans,tclkinét
qu'il n'y aura en eux nulle peu fee qui necom
bâte contre Dieu.Q_uant au bien, nous n'auÔs
garde d'y penfer: car pour bien faire nous ne
fcaurions auoir vne feule penfee,côme l'ainâ
Paul en parle. Et ainli c'eft Dieu qui no' met z.Cor!a,
en train, il nous difpefe à courir, il nous mon j.ç.
ftre le chemin.A-il faitcela?encores n'eft-ce
point aflez:car au milieu du chemin nous clo
cherons,& tomberons leauentesfo'is, mefnies
il nous aduicndra de fouruoyer , Il faut donc
que Dieu fupplee à toutes ces fautes , Se qu'il
rende fa vocation ferme en nous , & qu'il la
fortifie par cefte mefmc grâce dont elle eft
fource & origine. Tout ainfi donc que Dieu
n'a point eftéefmeuà nous donner efperance
de falut pource qu'il ait veu en nous quelque
bié,mais pource qu'il luy a pieu, & luy a pieu
par fa pure inifericorde:aufsi quand il conti-
nue à nous conduire, iufqu'àce que nous foy-
ons paruenus au port de falut , c'eft d'autant
qu'il luy plaift. Voila donc vn cours conti-
nuel de la vocation gratuite de noftre Dieu
enucrsnous , tellement qu'ici les homes font
abbatus , & n'ont point de quoy le glorifier,
comme il eft dit, qu'il nous faut parfaire no-
ftre falut. Voila comme Du u ne veut point Vhill . i.
que nous foyons piiifs,mais tant y a que c'eft u,
atie«
s V R LA I. 'A T I M O T H.
auec crainte Se tremblement. Et pourquoy?car
c'eft Dieu qui befongne en nous, nous donnât
Je vouloir.nous donnant rerfed,& le tout fé-
lon fonbon plaifir. Etfoiçons-nous tant tju'il
nous fera pofsibie.mais fins prefomptiô.fins
arrogance.Ne penfons point ici de bien faire
pour nos mentes, ne pource que l'homme foit
digne d'ertre exalté à Toppoiitede Dieu , car
cependant la grâce de Dieu feroit obfcurcie,
voire anéantie du tout. Gardons-nous donc
de celle refuerie, & ne faifons point côinc les
Papiftes , que quand il cft parié de bien faire,
voila le franc arbitre & les mentes qui vicnét
enauant.Mais quand il nous eft commandé de
faire&de neu>efforcer , cognoillons que la
vertu nous procède d'ailleurs , c'eft h dire de
l'Efprit de Dieu : cognoUFons qu'il n'ya en
nous ne prudence ne difcrctiô, mais qu'il laut
que Dieu nous y guide, & quand il a commen-
cé , qu'il faut qu'il parface, & qu'il fupplee à
toutes nos infirmitez.Si nous cognojlPjns ce-
la.ayons touliours l'iniquité en detcftation,
cheminons en folic!tude,inuoquons celuy qui
nous a vne fois receus à pitié, qu'il continue:
car autrement il nous faudra défaillir àcha-
cune minute de temps. Q^.'.iid il y aura vne
telle humilité. Dieu fera glorifié comme il en
eft digne. Et cependant les fîJeles ne feront
point côme des troncs de b:)is. Et pourquoy ?'
car ils befongneront en telle forte qu'ils co-
gnoiltront toulîours le Seigneur qui befon-
gne en euxiils s'efforceront ,mais liscognoi-
ftront que leur force leur procède du ciel, &
qu'ils ne l'ont point d'eux-mefmcs. Et en la
fin ils cognoiftrontqu'enapprchendant la vie
éternelle, ils n'ont point de vertu ned'indu-
ftrie dont ils fe puiflent glorifier, mais qu'ils
tienent tout de la bonté de Dieu.laquelleaeu
fon cours permanét cnucrs eux. Voila en foui
me ce que nous auons à obferuer de ce paflà-
ge. Or maintenant nous auons aufsi i» noter
que noflre ingratitnde eft par trop vileine , fi
nous quittons la vocation de Dieu. Car de di-
re qiienoftre Seigneur nous aie regardez nous
qui fommfes poures vers de terre , pour nous
choilirau nombre de fcsenfans, qu'il nous ait
apprtfté ion héritage celefte, qu'il nous en ait
donné l'efperance Se certitude , & cependant
q le cela foit mefpnfc de nous , que le inonde
nous retiene ,que ces chofes caduques nous
feduifent , que nous foyons aliénez & priuez
d'vn tel bien par noftre ftupidité bru talc, quel
le ercufe y aura-il pour nous ? Et toutesîois
nous voyons cômeilcn va.car ilne faut point
d'autres tefmoins pour nous accufer , & pour
faire noftre procès. Si vn chacun fe vante d'c-
ftreChrcftten , à quel titre cft-ce finon d'au-
tant que Dieu s'eft déclaré noftre Père? Et (î
nous lommes fes enfans,à quoy nous appcllc-
ilfàla vieetcrncUe.Oreft-il queftionde l'ap-
préhender.En quelle forte finon parce moyé
que nous auons dcfîa exprimé? Car nous ne
pouuons'fans batailler paruenir là où Dieu
•V»
ordonne.Ainfîdonc quand on verra qne noue .
ferons retenus en ces chofes caduques,& qu'il
ne taut rieti pour nous desbauchcr , que nous
fommes tant fragiles que rien plus , que fi toA
que Satan nous foutfleenl'aureille.noiis fom-
mes tranfportez bien loin, & qu'au lieu de re-
tourner au droit chemin , on voit qii'rn cha-
cun s'amufe en ces chofes de ocant , que dira-
on ? Ne voit-on pas comme nous ne tenons
conte de la vie éternelle ,d'vn telthrefor , 8c
de l'immortalité mefme de noftre Dieu? Or
tant y aquececia'eltpasefcrit en vain. Pen-
fons jonques de nous efueilleiyR: que nous ne
foyons pas fi endormis comme nous fommes.
Au refte, d'autant que les hommes fe fafchcnt
par fuccefsion de temps, &encores qu'ils ay-
ent eu quelqae zèle , qnand c'eft toufiours à
recommencer .qu'ils deuienent lafches& fc
refroidiffent, voila pourquoy faintl Paul no-
tamment dit. Appréhende: il faut (dit-il) que
tu paruiencs là. Et il s'expofe encores mirm
en vn autre lien aux Ph^I'ppiens tioificme
chapitre,verfetii,en difant,Qu^iln'eft point
encores paruenu où il prétend. I) fe propofc
pour exemple, & dit, Mes freres,combicn rue
i'aye beaucoup trauaillé , fi cft-ce qne :e ne
fuis point encores à mon butiil faut donc que
ic m'efforce, & que l'aille toufiours en aiunt,
ne regardant point ce qui eft derrière. Or
fi famrt Paul a eu befoin de s'inciter ainfi.qiie
fera-ce de nous , ie vous prie ? Ne faut-il pas
quand vn homme à grand' peine aura marché
vn pas, qu'il regardeau chemin qu'il luy refte?
V'eu que fainft Paul qui auoit delîa fait vn
gtandchemin,qui auoitcouru ij vaillamment,
toutesfois s'incite & s'efforce , ne faut-il
point que celuy qui ne fait que fortir, & qui
n'a encores gueres auancé , regarde beaucoup
plus .1 foy pourappliquer & employer toutes
les forces & eftudes pour obtenir ce que Dieu
nous propofe ? Et notamment il dit qui' ne
mus f, lut point regardera ce qui cfh derrière.
Pourquoyfcarnous voudrions toulîours con-
ter auec Dieu. Et comment'' l'ay fait ceciii^ay
fait cela : n'eft-ce point alFez? Voire? .i quelle
condition eft-ce que Dieu nous a apjicKzà
(in feruiceîEft-cepour vn afte ou poui deux,
& puis après qu'il nous donne congé afin que
vn chacun fe repoferNon.maisafin quenous-
nor dédions à |hiy&' àviure&: àmoiiiir,&
que nous foyons fiens du tout. Ainfi donc gar^
dons-nous bien de prendre cefte excufe iur ce
que nous aurons fait, pourdire, l'ay combatu,-
l'ay tant trauaillé : & n'eft-ce point aflez? Et'
que les autres n'ont-ils leur tour?Ne penfons
point à toutes ces chofes qui nous pcuiient
rendre lafches, mais regardons à ce qui cft de
rcfidu,& pourfuyuos ce qui nous eft corpman-
dé,autremét ne penfons point auoir rien fait:
car il vaudroit mieux n'auoir point commen-
ce, que de perdre ainfi courage au milieu du
chemin. Et au refte, fainct PauladioufteconT-
tinuant fon propos , Que Timnthee auoit fait
P.iii.
5of
■vue l>oime touftfslùh dtu attt plufîtitrs ttfmolns.
Par cck mots il a voulu tant plus encourager
à perfiilcr en ce combat de toy dont il i parlé.
Car (comme nouv auonsdit) c'k&. vne grand*
honte qu'»n homme ait bien commencé, &
puis après cju^il le reuolce, qu'il tourne bride ,
& Qu'on le voye tout changé. Car on ne j'e-
itonneia point il vn c^i lamais n'a donné efpe
rance de foy , continue à mal-t'aire , qu'il ibit
touiiours desbauchc-:oB dira.Ho.cepoure hô-
tne.il ne f^auoit quec'cûde Dieu, ne de la vie
éternelle , lamais n'a lieu que c'eft ne de ver-
(u,ne d'honneûeté, voila vne poure beAe. On
parlera ainfi.on dira, C'eft vn yurongne, c'eft
vn paillard , c'eft vu nelchant , il a efté (our-
iours tel,ileftc5iît<en Ton ordure.Mais quad
vn homme aura môftré <igne de feruir à Dieu,
& s'eft employé iidelement, Se qu'il aura efté
comme vn miroir de rainâeté,qu'il aura don->
Dé bon exemple , & aura édifie beaucoup de
gens,fî puis après il change propos , & qu'il fe
aesbauche,& qu'il fe propl>ane,& qu'on le co
gnoillè tout contraire à ce qu'il eftoit aupara
iiant,on le tiendra comme vninonftre.chacun
l'aura en deteftaciô. Et pour cefte caufe fatnâ
Paul dit a Timothee , Qu'il ai^oit reniuhttune
tonfcfsion' deuant pluJîeurJ tejmoini. Par cela
nous fommcî admonellez -quand Dieu nous
a fait la grâce de cheminer aroitement com-
me il appartient, que c'tft vne obligation plus
eftroite pour nous , afin que nous cognoif-
fîons qu'il ne nous efl point licite de décliner
ne fléchir, mais qu'il faut prendre tant plus
de courage à Paducnir. Il y en abeaucoup qui
«uidcnt auoir racheté les olfenfes qu'ils com
mettent qu.^nd ils allégueront leurs belles
prouelTcs du temps paUe:-comme nous voy-
ons ceux-mefmes qui lamais ne feirent rien
qui vaille, mais il a iemblé que ce fuft quel-
que chofe.ilsont eu<juelquebelleapparen-
<e de bien. Et fur cela ils fe desbauchent , &
font des diables , & veulent toutesfois qu'on
fcs repute comme Anges ,■ Comment ? l'ay
fait ceci Acela ( diront-ils) Brief, on feroit
des Chroniques de leurs belles vertus , qui ne
font rien toutesfois. Mais prenons le cas que
ilsayent efté comme Anges de paradis , tant
plu» grande vergongne y aura-il pour -eux,
& tant moins d'excuie de ce qu'ils allegyent,
& tant plus grande corifufîon deuant Dieu,
& deuant tous les liens. Et pourquoy ? Car ce
qu'ils ont fait auparauant, n'eft-il pas vn tef-
irioignage qu'ils ont cognu qu'il faloit feruir
à Dieu? Et s'ils fe font fafchci de ce faire, &
qu'ils fe foyent peruertis, faut-il leuramcncr
autre raifon pour les conuaincre?Leur vie paf
fec ne refpondra-ellc point qu'ils ne pèchent
plut par ignorance,qu'il n'y a nulle couucrtu-
Tcpoui eux,inaisqur-d'vnepure malice, com-
me eftan* tndiablei ils fe rcuoltct &: reicttcnt
ic ioi^ de celiiy qui les anoit appelez à fon
obciflancc ? Ainti donques notons bien l'ad-
ueuiiTuncnt qui a«vu cft ici doiiné,c'eft afca-
SERMON L
uoir quand Dieu nous aura mis en bon irain,
& que nous aurons efté comme pour conduire
nos prochains à bien , que nous ilommes tant
plui obligez à perlifter: que fi nous defaillôs,
ie fcandale en cftdoubié:&: d'autant que Dieu
t'eil manifellé à nous , il ne faudra point qut
nous prétendions ignorance, quand il nous
aura ainfi examinez en toutes fortes. Nous fe-
rons donc beaucoup plus «oulpables quand
nous ne pourfuyurons point noftre courfe,
après -qu'vne fuis Dieu nous aura tendu Is
main. Or il nous faut noter que S. Paul par-
lant ICI de la bonne confef ion qu'a rendu Ti-
mothee.il n'entend pas feulement vne confef-
lionde boucfae,mais <le vie:car c'eft aufsi l'ap
probation que nous deuons donner de noftre
foy,& de l'efperancc que nous auons du laluc
éternel. Si nous ne faifonsque parler, cela fe-
ra bien maigre.Mais quand vn homme fe por-
te tellement, qu'on apperçoit que c'eft à bon
cfcient qu^il proteftc de feruir à Dieu,& qu'il
porte la doftrine,voila vnechofe biencôclue
& certaine. Timothee donc eft ici loué par
faind Paul, de ce qu'en fon eftat & condition
il s'eftoit fi bien acquitté, qu'on pouuoit veoir
qu'il ne feruoit point à Dieu par feintife, qu'il
anon-çoit l'Euangile comme eftant afleuré que
c^ftoit la pure vérité & infallible en laquelle
coniifte le làkit des hommes. Or ayant fait
vne telle contefsion, il en eft loué, mais c'eft
à te\ fi, qu'il faut qu'il perfifte. Et notamment
il du,DeH<jnt fhjieurs tefmoini-.comme s'il di—
foit que Dieu l'auoit conftitué comme fur va
elchalFaut. Comme fi vn homme n'eft gueres
cognu, que fa vie foit comme en cachette, s'il
luy aduient de faillir , cela ne portera pas fi
grand dommage que s'il auoit eu grâd renom
entre-les fidèles, qu'il euftefté tenu comme vn
pilier d'Eglife:cependant s'il fecorrôpt, voila
vne grande ruine. Si quelque pièce d'vne mai-
fon qui ne fera point d'importance s'en va
bas , l'édifice demeurera en fon entier : mais
s'il y a vn des- principaux merubres qui tombe,
voila vne ruine totale. Ainfi en eft-ilde ceux
que Dieu aura conftituez en cmincnce, & lef-
quels font mis comme en fpeftacle à tous, que
s'ils fe peruertiflent, ils font caufe que beaa-
coupfedesbordcnt , & d'autant leur condam-
nation en eft-elle plus grietiie. Conioignons
donc ceci à tout le refte, c'eft que fi Dieu nous
a fait la grâce que nous ayons efclairé lesaii-
tres,cognoiirons aufsi que nous fsrons efçlai-
rez,c'eû àdire que n nous auors failli en
nous defcournant du bon chemin, nous aurons
plufieurs tefmoins qui crieront vengcnce à
Dieu contre nous, qu'autant que nous en auôs
édifié au paraiiaiit , feront autant de voix par
lefquelles nous ferons conuaincus Si condam-
nez. Puis qu'ainfi eft donc , quand chacun de
nous aura eu bonne entrée , & qu'il aura che-
miné coiiinic il doit , qu'il foit tant plus fiMV-
gncux de pourfuyure fa courfe iuîqu'au bout.
Car tant s'eufaut,fi nous auoui bienfait povir
vn
SVR LA I. A TlX*OTH.
vn tempi', ^ue cela nous duiue refioidir, <{ae
aoftre vie palFee nous doit l'eruirtôme d'vn
cfperoa pour no* picq^ier à recognoiftre touf
iours les grâces que nous aurons receucs de
Dieu.'& quand nous les aurons bien employ-
ées , cela nous doit foliciter à bien taire.fça-
chansque Dieu nous dilpofe ïfoy , &nout
ayat ainli bien dirpofcz,!! faut que nous foy"
ons en exemple aux autres , &: lur tout ceux
qui ont quelque renom en r£glife,& qui foat
y eus de plufieurs, c'tft alin de ne point réuer
fer ce qu'ils auront édifié , autrement il fau-
dra qu'il y ait vne horrible vengeance fur
eux.s'ilsfe deftournét du bien que Dieu leur
auoit fait, &: qu'ils aneaatiflènt la grâce que
ils auoyent receue. Or combien quVn cha-
cun fclon fa qualité duiue appliquer celte do
ftrine à fon vlâge.tant y a qu'en gênerai el-
le nous appartient à tous. Carileltdit d'vn
coflé,que les roiniAres de la parole de Dieu
Hutt. j. font comme lapes ardétes.qu'ils font la clar
14. té du monde: mais en gênerai (ainÛ Paul auf
fi dit à tous Chreftiens, qu'ils portent la lam
pe ailiimce quad ils ont cognoiflànce de l'E
u.igiJc.Ii faut donc que nous cheminions par
nii les ténèbres de ce monde .coçnoiflans que
Dieu nous a mis comme furvn cfchalfaiit , a-
fin que nous foyons regardez de loin. Et ain-
iî craignons de nous touruoyer quar.d nous
auons le chemin tout fait deuant nous,&: que
Dieu nous conduit & gouuerneccraignos.di-
ie.d'autant plus, afin de n'ellre caufe de per-
uertir ceux qui par noftre exemple pourroy-
cnt eAre difpofer i bien faire.Et pource que
la confef ion des hommes n'eft pas fuffifan-
te linô qu'elle toit mieux fondée, fainft Paul
piour conclufion ramené Timothee , & en la
perfonnc d'iceluy tous fidèles , à regarder à
nortre Seigneur lefus Chrift , & à la confef-
fion qu'il a faite fous Poce Pilate.Il eft vray
(comme défia nous auons dit ) qweccluy qui
a fait confeûion bonne , qu'il doit eftrc tant
plus difpoféà l'aduenif , que cela nous doit
donner courage quand Dieu a commencé en
nous , que nous tendions à n.oftre perfcûion:
nuis cependant fi faut-il que nous afpirions
plus haut, c'eft que le Fils de Dieu a cômen-
cé , &: que nous ne faifons que fuiure , 8c que
nous lommes participans de la côfcf!.ion que
lia faite deuant Ponce Pilate: voila qui nous
doit dôner beaucoup plus de courage. Et voi
la pourquoy fainft Paul dit,Q»'i/«i enioint à
Timothee deujHt DtrH,leqi*cl -v:\tifie toutes clio
fei^ & deuant lefus Chrifi, lequel a fait bonne
conftffton fous Vonce ?ilate,q»' il pourfuine. Oi
pour mieux faire noftre profit de cefte do-
ctrine.nous auons à noter que non fans caufe
faind Paul vfed'vne telle véhémence , car il
cognoift combien la chofe eft difficile. Il eft
yray qu'il parle ici à tous fidèles. Mais quoy
qu'il en foit, Timothee y eft comprins, voire
luy qui défia auoit approuué fon zcle & fa c6
fiance t <iu> s'elioit li bien acquitté que nen
305
plus: teutesfois encores faut-il qu'il foitex-.
horté.cômeauec vne admonition que Ùintk
Paul luy fait , qu'il l'adiourne deuant Dieu,
qu'il luy met lefus Chrift deuant les yeur,
qu'il luy fait vne iniôâion fi eftroite.Et pour
quoy ceJaHl eft certain q fi c'eftoit vne cho-
fe aifee,& à laquelle il ne faljift pas beaucoup
ï'arrcfter , faind Paul lé fuft contenté de di-
re en vn mot.B-egarde i ton office,il faut que
tu t'y employés loyaument , tu fçais A qui tu
fers: ainfi donc pren courage. Mais quand il
luy dit,Dieu eft ton luge, il te faudra rendre
conte deuant fon throne, & deuât le fiege de
famaicfté, ie t'adiourne deuant noltre Sei-
gneur lefus Chrift,qui eft conftitué noftre lu
ge,que fi tu ne fais ton deuoir pour perfifter
conftamraéc , ie pourray protefter que ie t'ay
déclaré cequieftoit requis , Se que tu n'en is
tenu conte:notons bi<n,di-ie,que lî nous vou
lonsDous employer au feruice de Dieu, il ne
faut pas nous y acquitter à la legere,nepen-
ferenvenirà bout quand nous y aurons ap-
pliqué toutes nos forces.Et pourtant nous a-
Hons à requérir Dieu qu'il luy plaifc de nous
fortifier,* de nous difpofer tellement, com-
bien que nul homme ne foit idoine ne fiiffi-
fant pour faire ce qui eft de fon deuoir , que
toutesfois nous en venions à bout , eftans ai-
dez & fecourus de luy. Voila en premier lieu
côme les fidèles lent admoneftez d'auoir leur
refuge i celuy qui les peut rendre capables,
veu que nous ne le pouuôs eftre de noftre ni
ture. Or fi cela doit eftre en tous Chreftiens
fans exception , que l"cra-ce des miniftres de
ta parole de Dieu qui ont vne charge beau-
coup plus haute , Se par confequent plus diflî
cile? Ne faut-il pas qu'ils penfentde près à
eux? Or cependant fi ne faut-il point que la
difficulté nous trouble. Comme nous en ver-
rons beaucoup qui regardas la befongne ont
lecccur failli qnandils voyentque cela fur-
monte leur portee:Ho,côment feroit-il pof-
fible que ie feilTe cela? le me fens débile, & ie
voy que cela eft vn grand faix , & qui me fe-
roit inliippoi:table.Non,non,trauaiilons feu-
lement , combien que les choies nous foyent
difficiles, Dieu bcfongnera pour nous. Et puis
que fainft Paul nommant des chofcs qui fur-
montent la force des hommes , ne laifle pas
toutesfois de les exhorter à les faire, cognoif
fons qu'il n'y a point d'excufe d'alléguer que
nous auons efté eilonnez & efperdus , voyans
que nous ne pouuions pas fournir à la charge
que Dieu nous mettoit furies efpaules: car il
fçait ce que nous pouuôs faire, c'eft afç.iuoir,
rien du tout.Et au refte,il ne nous veut point
defaillirj&nenousdefaudra iamai«, moyen-
nant que nous cheminioos en humilité,& que
nous apprenions de nous afluiettir à luy , Se
de nous remettre du tout entre fes mains. Voi
la donc ce que nous auons à noter . Et d'au-
tant que ces chofcs feroycnt pour nous def-
courager quand nous ne regarderions poin{
Paiii.
30.4
SERMON L I.
. plus loin qu'iu mode, notons bien aufsi la cir
conlbnce que faincl Paul adioufte, & que ce-
la foit pour conclufion.quSd il dit, Ç>»» Die»
•viuifie toutes clnfes : car par cela il nous veut
Hiôftrer, combien qu'il femble que nous foy-
ons poures gens &c miferables,que noftre co-
dition loit m.iudite,que nous foyons en mef-
pris & opprobre quant au monde, que les vns
nous menacent , qu'ils fe moquent de nous,
qu'Us nous tirent la l.îgue.que les autres nous
tourmentent , que nous foyons tenus comme
reprouue2,toutesfois qu'il ne nous faut point
défaillir pourtant, car Dieu viuifie.Regardôs
donc à celle vie que Dieu tiét cachée en foy,
& qu'il aman ifeitee quand il l'a reûelee par
fon fomft Efprit , & qu'il en a rendu bon tef-
moignage en fon Euangile. Quand donc le
monde aura confpiré noftre mort cent mille
fois, que nous ferons tenus pour condamnez,
que nous ferons en opprobre , paiTons outre,
car noftre vie ne coniîfte point ici bas, elle ne
dépend point des hommes, ne de leur réputa-
tion,ni de leur cred:t : n'tftinions point cela,
mais furraontons toutes les tafcheries que le
diable 4ipus met au deuant pour nous amortir
le courage, cognoiflàns que c'eft Dieu qui vi
uifie toutes chofes , il tient noftre vie en fa
main, il en fera bône garde & feure,&' il veut
aufsi que nous tendions à luy , que cela nous
fuffife, fçachans qu'il ne nous fruftrera point
de ce qu'il nous a promis. Voila donques à
quoy a tendu ici fainft Paul. Il eft vray qu'il
en fera plus ample déclaration ci après : mais
fi nous faut-il en fomnie retenir cela, afin que
toutes fois Se quantes que nous ferons agitez
au milieu des tentations de ce monde , Se de
toutes les fafcheries qui nous aduienent.nous
{"cachions, Si eft-ce que Dieu ne nous a point
appelez en vain à foycil faut dôqucs qne nous
foyons toufioiirs à luy. Voire, & fi nous fen-
tons beaucoup d'infirmitez qui nous incitent
ànousdesba«cher,que nous voyons d'vn'co-
fté l'ingratitude des hommes & leur malice,
de l'autre cofté qu'il femble que nous ne pro
£tions rien en bien faifant, que-ce foit peine
perdue,fi faut-il (comme i'ay défia dit) nous
efforcerde regarder à Dieu. Et puis,fommes-
nous tenus ici comme arrefte2?PalTons néant
moins par delTus telles barres : combien que
il femble qu'il y ait de grofles montagnes , fi
faut-il que nous ayons comme des ailes pour
voler quand nous ne pourrons marcherV& la
foy &l'efperance que nous auons en Dieu,
nous feruirontde cela, tellement que nous cô
prendrons la vertu qui ell en luy , & laquelle
il fe refcrue comme fon office propre ,afça-
uoir de viuifier. Or Dieu ne viuifie finon ce
<jui femble eftre mort. Il faut dôques que chic
rainansconlime nous deuons , &commenous
fommes appelez,nous foyons comme reprou
uez du mode, & qu'il femble que la mort no*
menace , qu'elle nous enuironne de tous co-
ftez. Et pourquoy? Autrement Dieu n'execu-
teroit point ce qu'il s'attribue en ce paflàge,
afçauoir de nous viuifier:mais au milieu de la
mort nous pouuons efperer la vie , fçachans
que nul ne nous pourra fafcher quand la ver
tu inuincible de ncftre Dieu fera fur nous,
que ceux qui auiourd'huy nous moleftent, de-
meureront confus, & Dieu fera qu'en la fin
nous triompherons auec noftre Seigneur le-
fus Chrift.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu , en cognoiffance de
nos fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
faire mieux fentir que nous n'auôs point fait,
pour nous ydcfplaire, & pour nous appro-
cher de luy de iour en iour.Et s'il y a eu quel
que apparence de bien en nous, comme de (a
grâce il nous a introduits en l'efperance de
fon falut, que nous y afpirions tellement, qiie
de plus en plus nous tafchions de faire valoir
tes grâces, fur tout pour relîfteraux tentatiés
& combats de Satan, céme nous voyons qu'il
s'efforce de nous empefcher que nous ne fer
uiôs à noftre Dieu:& que par ce moyen nous
furmontions tous les troubles & fcâdales qui
nous pourroyent aduenir,& qu'ils ne foycnt
point pour nous faire reculer , ne chager de
propos, mais qu'en cognoiflànt que nos con»
bats feront heureux, voire & que nous demeu
rerons vi^orieux pardefliis le diable , quand
nous ne nous deftournerons pointde noftre
Dieu, que nous recourions à noftre Seigneur
lefus Chrift, lequel nous conduife & gouuer-
ne comme noftre bon capitaine,bataill.is coa
-ftam-ment fous fon enfeigne en pure confcien
ce & ijitcgrité, iufqu'à ce qu'en fa vertu nous
obtenions la viftoire contre tous nos enne-
mis. Q_ue non feulement il nous face cefte
grâce, mais aufsi à tous peuples & nations de
la terre,&c.
SIXIEME SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
I î Je tenioin deuat Dieu qui Viuifie toutes chofes , (^ deuant le-
fus Chrij} qui a tefmoigné fous Vonce ViUte bonne confcf^ion,
)4 Que tu gardes ce commandement fans macule iQ'finsrc-'
f>rehe-nfion>iufques à l'apparition de noflre Scigneurlefus Chrijl,
U L,tquelle
s V R L A I. A T I M O T H. 30f
1 5 Laquelle en fis temps montrera le lien- heureux (ffc^^ ^^"^
ce,Koy des rcgnans,0' Seigneur desfeigneurians,
1 6 Qmjèula immort alité y Cf hahite lumière inaccefihle : lequel
■nul des hommes n'a yeUyO'»(^p^^^ -veoiriauquelfoit honneur O'p^^f-
fance éternelle, Amen.
Ou5 aiios défia iecl^ré par point nous inciter beaucoup plii":? Vraycft
ci douant pourqiioy fainft que lefus Chrifl n'a point vfé de beaucoup de
Paul vfe d'vne telle veh-- piopoî denant Pgnce Piiatefon iugeA nicf-
! inence.voulant eihorter Ti mes il s'eft teu.Il tfl vray qu'il n'cftoit point
mothee à ^'acquitter de Ton qucftion alors de maintenir fon intégrité, car
deuoir.Car il l'adiourne ici il eOoit là pour receuoir condamnation. le-
deuant Dieu , illuymctcn fus Chrift donc ne veut point rcl'pondre de-
auantque lefusCiritt a rendu bonne coiiftf liant Pilate.Pourquoy?car il demande de fa-
fion.pour nous doflnercouragc:& puis il ad- tisfaire à la volonté de Dieu fon Père , &au
ioufte les chofes que nous auons récitées, & décret qui auoit eifé conclu , qu'il fcait que
qu'il faura expofer tantoft.Pourquoy cela? Il par fon facrifice il abolit les péchez du mon-
niôftre que fi nous ne fommes fouftenus,mcf- de.Ufuï Cbrift d6n«jues fouftenant la perfon
rues eleuez en haut pour regarder droit à ne des pécheurs ne fedefeiKl point :&: com-
Dieu.en oubliant le monde, que cefte charge me il auoit elle dit par le Prophète Ifaie , il I/Tj.fJ^,
de bien & fidelemét feruir à l'Eglil'e de Dieu cft mené à la mort comme vn agneau qui efl
cft par trop difficile ,& qu'il n'y a celuyqui tondu, fans qu'il fonne mot. Mais cela ne re-
n'y defailliil.felonrinfirmité qui eilen tous pugncpointàccqui eftici dit , Qu'ilarenJu
lommes. Parquoy nous fommes aducrtis de hcnne confcfficn. Carenfe taifant il a tant &
loufiours regarder au Royaume éternel de plus approuué la vérité de Dieu fon Pe rc , &
Dieu, afîji de nous fortifier ,& de furmonter la mort qu'il a fonfferte , a efté pour don-
toutes les difficultez qui BOUS pourroyét cm ner authoritéà PEuangile , qu'auiourd'huy
pefcher à faire noAre office. Et notamment il quand on propofe la doftrine de fakit , il
dit,Ci«f D(V» -vfurfie toutes thofts: afin que la fiut que nous foyons côfermez en la try d't
condition prcfente qui elt fafcheufe félon la celle, que nous drefsions laveue au fangde
chair , ne nousdeftourrre point du droit che- l'agneau /ans macule qui aeftéelpandu.Com
iTiin.Car quand nous aurons mis peine À bien me anciennement fous la Loy , le liure eftoit
faire , il fcmble que nous ayons perdn noftre arroufé du fmg du facrifice , ainfi faut-il au—
temps , pource que le monde nous reprouue, iourd'huy, toutes (on Si quantes qu'on nous^
Se fe moque de nous , que le bien eft conuerti parle au nom de Dieu , que le fang de Ic(ûs
en mal parla malice des hommes:S:puis no- thrifînotisviene en mémoire, & que nou^ fça
ftre labeur ne profite pas en telle forte com- chions que l'Eu.lgileea eflarrouie, afin d'en
me il feroit àfouhaiter , lefruitlne s'cnap- aunir pleine approbation &; infallible , Se que
perçoit point du premier coup. Il fembledôc noflre foy foit là tellement appuyée , que
que c'eA vne peine inutile que d'anoncer la quoy que Satan machine, il ne nous puifT? ef-
pa rôle de Dieu. Mais il nous doit fouuenir branler. Car quel honneurautrement ferions
de ce que dit feinft PauI,combien que le mon nous à lefijs Chrift , fi fa mort ne nous furîj-
df nous condamne & nous reprouue , ou bien foit pour la certitudede noftre foy? Ne fe-
<]u'il nous ait«n me/pris ou opprobre, toutef roit-ce point anéantir la pafsion qu'il aendu
fois qu'il nous faut contenter que Dieu nous rfe? Ne feroit-ce point fouller fon (ângau
approuué, & qu'il nous retirera de cefte efpe- pied , veu qu'il eft nomm-é le fang du Tefta—
cède mort,de laquelle nous fommes mainte- ment nouoeau Se éternel ,qui cft le vrayfeau,
' ' ' ~ comme nous auons défia dit? Et ainfi cen'efi
point en vain que fàinft Paul protcfte en ce
paiTà^e, que nous fàifons iniure à noftre Sei-
gneur lefiis Chrift , & ne portons point à fon-
fang qu'il a efpandu pour noftre f.ilut, l'hon-
neur qui luy appartient , fi nous n'erfuiuôs ce
rant enuironnez. Suffife-nou^ de cela. Et au
re.'le , fainctî.aul nous propofe ici ccftc con-
fcAion que lefus Chrift a faite deuant Pila-
tciconime s'ildif3it,que nous auons vn Mai-
fxrc qui nous monftrc le chemin, lequel nous
dcuons enfuini e. Car fi la doftrine de PEuan
gile n'auoit point eu vn teltcfmoignagt com fteconfcfsion qu'il a rendue, quand il aexpo-
Tne fàinO. Paul recite ici , c'eft d'eftre ftelke fc fa vie pour non afleurer que ce qui nous
& ratifiée par le fang du Fils de Dieu, nous "e eû prefché en fon Nom, eft la vérité de Dieu
auriôs pas vne telle occafion de là porter vail certaine & permanente. Nous dciios donques
iantment.M.iis quand nous voyons que Dieu prendre courage de cheminer hardiment , &
l'a tcUcmcntautlionree, que lefus (;hrift n'y combien que le monde refiftc à cequinous
apoiat cfpargné fa propre vie,celanc doit-il eitanoncc, que nous ne laifsiôs pas foui tant:
30<î
SERMON L î.
d'')- cflre refolu<: J; fur tam.ccui qui ont ccft
.«fticc d'.iiioiKet l'Eiiaugile , qu'ils cognoif-
Icnt cju'ih Ile pcuuét eftre lifchcs en cêft en
drcnt , qu'ils ne défaillent comme periures à
ccluy qui les »mis en œuure.car lefus Chrift
rl\ leur côJuûcur.Ôr il ne leur dit point.Al-
Icz: mais- il leur comm.ïde de venir après luy,
comme il cft ailé dcuant , ainfi que nous fça-
oons. Et pourtant, toutes fois &: quantes que
neuj fommes froids & tardifs, ou que les téta
lions de ce monde J'oycnt pour nous empef-
chcr , que nous preniôs l'ejikortatiô qui nous
crt ici taitc par fainift Paul , c'elt puis que le
FfK de Dieu a rendu vn tel tcfmoignage , &
que par fon cïéple il nous a enfeignez de ce
que nous deuons faire , qu'vn chacun s'incite
&■; 'aiguillonne .i pourfuiure fa vocation.tei-
leinent que maugré Satan , en defpit de tou-
tes les çontradiâions des hommes, & de leur
malice obfiinecnout ne lailVions pas d'execu
ter la charge qui nous eft commife. Orno-
lamment S. Paul dit à Timothee,Ç)»'(7 ^4r</*
te commatKlcm^t, eftaitt irreprthettfibU & font
m.ituif , iufjues à U yen»c de noflre S eigneur
hfus chrifl . Eti quoy il iignilîe que Dieu ne
nous prend^oint à (on feruicc côme on prcn
dra vn feruitcurà louage pour vn an ou pour
dcux.ou bien qu'il ne nous reçoit point aufsi
comme les fouldats qui ne feront que pour
Tn mois ou pour trois, mais c'eft i perpe-tui-
té.à viurc Se à mourir qu'il nous faut employ-
er au frruice de Pie» &de fon Fils vniquc.
A\i leiï» , pourcc que le falaire de noftre la-
beur efl maintenant caché, & que nous ne i'ça
«ont pas Tiflue, fclon l'homme , de tous nos
Comhati, ûinû Paul ramené ici Timothee,&
«n la perfonne d'iccluy tous miniftres de l'E
Mangiie , âcefte dernière leuclation que nous
attendons. Car il faut qu'en patience nous tù
.«ion: ce qui nous eft commandé , iufques à ce
^ue lefus Chrift rienc comme il nous l'a pro-
■tis , & qu'il nous monftre le fruift du lâlut
^u'il nous a acquis par fa mort & pafsion.Or
en ces mots nous voyons encores plus claire
■icnl ce que i'auoye louché , c'eft que fainft
VauJ appelle ici tous les miniftrcsdelaparo
le de Dieu à ce regard fpiritucl qu'ils doi-
vent auoir , de par ce moyen pour les retirer
i\i monde , afin qu'ils n'aycnt point les yeux
«sblouis,& qu'ils ne s'amuicnt point aux cho
fes prefentes Si viiïblec , pource que fans cela
il eft impofstbie que nous pourfuiuions trois
^urs à bien faire. Car pour vn item, la doâri
9e de Dieu fera raefprifee d'flrn cofté, & beau
«oup ne fe contenteront point del'auoiren
iefdain , mais ils y rcfiftent furicufement , &
la voudroyent anéantir . Nous voyons Icf
feux allumez, nous voyons les horribles me-
luces qu'on fait, la cruauté qui s'exerce con-
tre tous les tcfiuoins de Dieu. Et puis ( lànt
aller plus loin ) au milieu de nous combien y
«-il de fcandales^ combien y a-il de chofes
^ni nous pouiroyeai fafckcr Si totun>e«ter
pour nous faire tout q^iitterl*. , n'cftoîtqac
nous regardif ions i la venue de noftre Sei-
gneur lefus ChiiftfPuis qu'ainli eft, que nouï
ne foyôr point fafche^de ccfte attéte quand
nous l'aurons loyaumeni ferui. Voila don-
ques à quoy fainû Paul a tendu,endifant,G.»r
de ce Commandemint influes k U -tenite (y n»
nelation tfn fiU Je Dieu. Et ainfi.ceui qui ont
l'office d'anoncer l'Euangiie, veulent-ils s'ac
quitter côrat il appartient; Qu'ils palTcnt oti
ne ce pionde , qu'ils ne s'amul'ent point aux
chofes caduques , ni à ce qu'on voit ici bas,
raai^ qu'ils ayent toufiours leurs cfprits elc-
ucz en cefte cfperanee de la venue du Fils de
Dieu, qu'ils cognoiflènt que c'eft luy qui*
ordonné vnc telle police enl'Eglife, qu'il
veut que l'Euangiie fe prefchc en fon Nom»
c'eft luy qui monftrcra en la fin que U Loy
qu'il a auihorifee.n'cft pas vaine: &conibiea ■
qu'auiourd'huy le mode foit malin Si ingrat,
toutesfots quand nous aurons chemine com-
me ilappartiéten noftre vocation, qu'il nons
fiiffira bien de l'auOir pour noftre garent.
Voila ce que nous auoins à retenir en fomme.
Or combien que faind Paul parle ici pare-
fpecial à ceux qui doiucnt conduire les au-
tres, tant y a que c'eft vnedoârmc commu-
ne pour tous enfans de Dieu. Car nous voy-
ons qu'il nous faut marcher entre beaucoup
d^fpines , il y a beaucoup d'obftacies qui
nous pourroyent retarder, il fcmble mcf-
nies qu'il ne foie point pofsible de paflcr ou-
tre, licen'eftqiie Dicunousdonnc vnc ver-
tu par deffus toutes les facultés humaines!.
Et ainli , quand nous voudrons cheminer lc«
Ion Dieu , apprenons & recordons fouiicnt
cefte leçon qui nous eft ici monftreé, c'cil ci'4
uoirnosentçndemensarreftez&côiiie fiches
à la venue de noftre Seigneur Itfus Chrilh .
Pourquoy ? Nous voyons tout corrompu i
renuiron,& n'y acehiy qui ne foit pour nous '
desbaucher : nous voyons le diable qui nout
fufcitera des troubles Si des fafcherics, S: de
noftre cofté nous fommes tant fragiles qu'en
cores que nous eufsions le chemin tout pl.îirt
& aifé, li eft-ce qu'à grand' peine pourrons-
nous leuervn pied , tant s'en faut que non*
courions vifte comme il eft requis. U y a en-
cores d'aïuntagc , c'eft que de noftre nature
nous tirons tout an rebours, Si quand Dieu
nous aura incitez par fa grace,il y a toufioiirii
de la débilité fi grande meflee parmi , qu'on
n'apperçoit gueres d'auancemét, encores que
vn chacun s'efforce. Puis qu'ainli elldoccno
tons que cefte dottrine nous eft plut que ne-
ccflàire, c'eft de nous refoudre à l'attente de
noftre Seigneur lefus Chrift,&de Jeucrljnot
yeux, afin que nous ne foyonspoint defcoura
gez fi les chofes ne vienent point \ noftre ap
petit, & mcfmes que nous ayons beaucoup de
occafiôs^e nous diiiercir du bon chemin. Piii<,
qu'ainli cfVqiic le PiKde Dieu, qui eft appât»
pour BoiUe talitt, viendra accôplirrn prrfc-
ûiogi
SVR LA I. A TIMOTH.
307
éion ce oii'il a commencé par Ta mort , que
nous foyons là connue liez , Si que nous fur-
nionrioiis parce moyen toutes <lifficultc2:&
«juoy que Saunbrafle pour nout aliciicr du
royaume de Dicu,tautestbis que nous ne hh
lions pas de pourjfuiure iufqu'cn la fin.Brict,
«'cft ce que 1" Apoftrc nous dit au<iixiemc des
lirbrieui.fi nous voulons eftrepatticipanï de
tout ce qui nous a cfté acquis par le Fils de
Dieu, que nous auons bcfoin de patience : a-
prcs qu'il a déclaré que Iclijs Chriit ayant
îbiiffcrt pour les péchez du mordc,tft monté
au cielÂ'quedclàilnous tant cfpercr favc-
suejl adioufte,Q^<e foit pour cftre armez
de patience. Car ce n'eli rien fait lî le fruict
decefte redéption qui nous a crté acquifc.ne
fcmôftre parla foy .car autremét cela feraa-
oeâtit&perira pour nous^inlî donc cognoif
fons quec'eûprincipalenient où il nous ta-
loit exercer, que de clorrc les yeux à cescho
€cs prefemes.de n'eftre point ccueloppcz en
Tcilat de ce monde qui eft tranfîtoire & cadu
^ue ,ntais de pouuoir attendre reroluemét la
♦tnuedenoftre Seigneur lefusChrilt ,&n>
telle confiance que nous p erCliions iu£qu'à la
fin : que nous neloyonspoinilaflczd'auoir
«heniinc long téps , mais conclues qu'il nous
faut toufiourschcroiner lufqu'àce que Icfus
Ch rill viene, ^ nous auons à perlîftcr lulqucs
li.Ecau reAe.pourcequenoHsfçauonsrini-
portunitéqni eftennoftre(uture,(ainâ Paul
pour lemedier à vn tel vice^dioufte,Q»r 1) >'«♦
mu^iftPcra ht -ytoue de uafirr SttvnfUr fefus
Chrifl tu faa tetafi . Côme sMdiloii qlapa-
ticce à laquelle il nous exhorte, ne pourra «-
iVre en no*,qu'en premier lietuios appuis ne
foyent railàliez : que nous ne Toyorn point fî
lialhfs ne & bouLUans côme nous auûs accou
Ihimé d'eârc «inaistjue nous apprenions de
noas modérer , Tcirecognoiflàns que Dieu a
les faifons & les téps en ûmain. Si qu'il nous
conduira félon fon côfeil mieux que nous ne
f^'aurions pcuCer. £t voila pourquoy fàincl
Paul ditiQuf fa finuc uoitt fera tnanifcfitetn
fin tnafi frafre i xomme s'il di<bii que les
iiommesen leur kafliueté neCçauenc ce que
ik demandent, au'il y a toutiours de la teme
titc en eux. Il tauidonqucs que les fidèles ic
temcttenii Dieu, &qu''als dépendent de luy
& de fon décret, & qu'ils ne fayent point im
portûs pour le youloir Aunmcr toutes fois &
quantes que lafanufie leur viendra en la te-
lle. Et quand les cliofes fe feront autrement
■qu'ils ne voudroyent, il n'cft pas^uellion de
Jtruictiir ainfi Dieua nous : mais foumettons
nous à luy 8( à fa bonne volonté. Nous fçau-
Tons bien attédre les fâifons de l'année. Pour
-quoy.» car flous f^auoos bien que ce feroit fo
J ic à nous , & que nous ne pourrions pas pcr-
ticriir Je cours de nature.Q^âd doaques Phy
ticr Commence, nous feiuôs le froid qui nous
prcîTe.îl eA rray que nous voudriôs que déf-
ia ic piira-terops fuâ venu ; isait tant y a que
nous l'attendons. Poiixqiioyr car Dit» a cou
flitué vn tel ordre qui ne lé peut cliangtr.
Qjjc nous bridions donques nos nppctis :nun
point que nous n'ayôs quelque fouhait pour
chercher ce qui nous cff dcfirable.mais li cû
ce qu'il faut qu'il y ait vne bride. Si vne fcm
me eftenceinte,elleaura la patience d'atten-
dre qu'elle ait accompli fon terme. Et quand
vn laboureur feme,(c5me S.Paul vie de celle
fimilitude-la )il iette fa femence en terreau
hazard de h gclee.de la pluye & de la fechc-
rtilc:il attéd la bonne volonté de Dieu, qu'il/
face profiter la ûmencc, &le labeur qu'il a
tnh i cultiucrla terre. Puis qu'en ces chofcs
delavicprefentenous auons cifteconlidcra
tion, n'cft-cepas raifon aufsi qu'en ce qui ap
particnt au royaume fpirituelde Dieu , nous
foyons modérez iufques là, de nous remettre
à celuy qui a toute conduite en fa nuin , &: aa
quel endripudenos dents il nous faut élire
luietsrOi la foy emporte vne telle obciiflàji-
ce, que nous vueilionsdenoflre bon grcce
i^ue Dieu nous comande. Ainlî donques rete-
nons ce mot de S. Paul,& pefons-ie comme il
le mérite; c'efl que Dieu reueJera la venue de
fon Fils au téps opportun qu'il fçait nous c-
flre bon & exptdiét que cela fc face.Nous ea
nuye-il donques Je laixguir en ce mode , que
nous voyons les perfccutionsd'vncoftc qui
font cotre les cntansde Dieu, que nous voy-
ons l'iaipicté il «norme, que nous voyons k«
■moqueursdc Dieu s''elcuer, que nous voyoïi*
ces chiciniailins qui abbayét, que nous voy-
ons ces pourceaux quiicttét leur gioin pour
rcueifer toute fàinct«é&: religion.qucnouc
voyons les desbordemcs & diflolutions?notjs
fa(che-ild''eftre en tel cflat, voire d'autant S
Dieu n'y remédie point, &aiefines qu'il dil-
iîmule?<iue nous peniîcns àce qui eft ici dit,
c''cllafçaiiQir,eombieD que les chofcs foyent
tnaintenât confulii,que Dicules fçaura bica
ramcïier en leur -ordre & en leur pcrfeûion.
Cômem? Pource que la dernière venue de no
fire Seigneur lefus ■Chrlft e/l appelée le iour
'qui doit reltaurertout.Etau rcftc,fï le temps
nous tardc,& qu'il nous ft-mblc trop long.co
gnoifTons quecen'eft point à nous d'en dé-
terminer icar nous femmes auciigles en cift
endroit, &auons vn appétit trop haftif. Mais
puis que Dieu s'eft referué les faifons de l'an
née. Si qu'il conduit le fokil & la lune , c'eil
bien raifon aufsi qu'il conduife ce qui appar-
tient à fon Royaume cekfle. Voila dofic quâc
àce mot de Saifon frnfre , qu'il ne faut point
que lc<: hommes fe dônent ici licence dt fom
mer Dicu,& de le vouloir ranger à leur fanta
£e,mais pluftoft qu'ils luy douent l'jiwthori-
■té qui luy eft deue, c'cft q luy cnuoye fô Fik
quand le temps fera accompli. Nous fçauonf
mefines que la venue première de noftre Sei-
gneur lefus Chrifl a cflé long temps attédiie
des fainâs Pcresauec grand defïr, voire autx
gesaillcmcns: & toutcsfois & eâ-ce q Dicuos
Qài.
J.Cor. f.
10 , O
'f.37.
5oS
SERMON LI.
sYfl point hiîké pour cela.La raifon ? Le téps
. depli-'iiitude n'eftoic pasencores venu ,com-
'''^' me rElcnture l'appelle. Puis qu'ainfieft doc
que noftre Seigneur lefus a efcc enuoyé pour
n.)US réconcilier p.tr la moit & paAionatiec
Dieu {on Père, lors que le ct-mps de plénitude
eft venu, fçachôs qu'aufsi il nous fera nianife-
fté en fa ûu'jn opportune , & non point celle
que nous aurons conceue en noftre cerucau,
mais celle q'ie Dieua délibérée en fonconfeil
éternel & '.'.n'.r.iiable .Autant en ell-il de l'E-
u.uigilc- TEiungile n'a pas efté du premier
- .., j- coup prefchéau monde. £t voila pourquoy
ii ."/j/j». '"''Jfi'^ P^"' ^•■"'t au dernier des Romains, que
, 9 çolo. *^'^' Eplieiîcns, Colofiiens, & en d'autres paf-
T 1 ^ , faeeî.dit que c'a elle vn fecret incognu Se in-
tim i ;o '-^'"P''^'""'^' "■' "°"^ '"■''■"''"'" '^'^'^^'''^''•"
$ite i.i. '^'•'^ i'emblable en celle £piltre-ci. Voila don
aues l'Euangile qui elt publit loudain, voire
outre l'opiniuii des tommes, qu'on cfl tout ef
b.ihy que Dieu s'eft ainlîcômimiqué à toutes
ii.itions, vcu qu'il auoit choiiî vn certain peu-
ple aiiparauant : & cela mefmes a efté iî nou-
iieau.que les Anges en font efmerueillez: com
me fainft Pau! dit de la grâce qui eft aufsi ap-
parue: car l'Euangile a eilé reueléà ccfte con
dition, & nous en voyons encores le friiict, d'
autant que nous cheminons par toy , & non
point par veue:& ce fruift-la nous eftdeclaré,
pource que Dieu Ta ainfi ordonné quand il s'
eft rcuclé à nous,c5me l'ay défia dit. Et de Là,
nous fomraes adinoneitez que iamais les hom
mes ne fe pcuiiét tenir en la fuiettion de Dieu
fans s'humilier, fans tenir tous leurs fens C3-
t. Ctrin- ptiucz.Et voila pourquoy aufsi fainft Paul no
lO-î. tammentdit.entre les autres proprietez de 1'
Euangile.qu'H faut qu'il nous apprene àcapti
uer nos efprits. Car cependant que nous va-
guerons,il faudra «)ue toutes nos pcnfecs com
bâtent contre Dieu:& noUs voyons auf<.i com
jne ceux qui frétillent & qui voltigent en T
air.ne fe peuucnt nullement contenir en ceftc
fobrieté qui eft requifc aux fidèles , Se fe def-
bauchent,& s'aliènent pleinement de Dicu,&
fe priuent de ce thrcforqui leur auoit efté
commis. Pour cefte caufe apprenons que pour
e.ftre fuiets àDieu,il nous faut renoncer à nos
fens, & à tout ce qui eft de noftre nature , &
que Dieu domine en telle forte nue nous luy
foyons comme captifs. Or f.!incl Paul adioii-
ftc,Q»f Timnthee gjrdc ce précepte, eft^wt ir-
reprehenfMe ir fans yn.icuU .Comme s'il di-
foit, qu'il ne fe peut acquitter de fon deuoir
édifiant l'Eglife de Dieu, qu'il nemonftre
bon exemple de vie , qu'il ne chemine en tel-
le intégrité, qu'on appcrçoyuc que c'eft à bon
efcicnt qu'il fcrt à Dieu , qu'il foit pur & net
de toute foiiillure & pollution . En fomme,
ftinil Paul veut ici dire, que ce n'tft point af-
fez que les miniftres de la parole de Dieu
ayent la bouche ouuertc.qu'ils s'efforcent d'
enfcignerdroitemcnt , félon la pureté de l'E-
ujngile,ceux qui leur font commis en charge,
mais qu'il faut quant & quant que la vie re-
fponde.Car fi nous cftions comme des Anges
en chaire, & puisque nous fufsions desbordei,
& qu'on n'apperceuft en noftre vie finonvn
mclprisde Dieu , que nous fufsions des moc-
quturs,gcns prophanes,Gueferoi*-ce? le nom
de Dieu ne feroit-il point vilipendé par ce
moyenrAinfi donc notons que fainét Paul rc^-
quicrt ici vue conformité entre la vie Se la do
ftiine. Il eft vray que ceux qui prendront oc-
cafion demcfpnfer l'Euangile par les fautes
des homes, ne feront point àexcuferrmaistanc
y a de noftre part qu'il nous faut tellement
régler noftre vie, qu'elle foit pour orner la do
ftrine que nous portons,& pour en mieux cer
ttfierccuY qui Tefcoutcnt de noftre bouche.
Voila donc en fomme ce que S. Paul a voulu
dire, que ceux qui font Paftturs del'F.çlifede
Dicu.doyucnt eilre fermes, .S: ne point fede-
ftourncrdi'ibon chemin , quoy qu'il aduiene.
La raifon; C'eftque Dieu ne les a point prins
à les gages feulementpour trois mois.ou pour
quelque certain tempi ,mais il veut qu'ils dé-
diant pleinement .i luy lewr vie & leur mort.Et
pour ce faire que non feulement ils cnfeignét
bonne duftrine,niais qu'aufsi ils teftificncque
ils veulét fcruir à Dieu, voire menans vne tel-
le vie que les autres y prcnent exemple. Or
combien que ceci foit notamment dit aux mi-
niilres de la parolede Dicu,toiitesfois en gê-
nerai fi faut-il que les fidèles regardent d'ap-
pliquer à leur vfage & inftriidtion ccfte do-
ftrine.C.ir nous fçauons le depoft qui nous eft
mis en main.'Dicii nous a cômis à tous le thrc
for incftimablc de fon Euangile. Q_nç faut-il
donc' Que nous le gardiôs, voire & qu'il nouj
fouuiene de ce qui a eftc dit,c'cft afrauoir que
plufieurs àcaufe de leur manuaife confcirncé
fe fontplongcz aux abyfmes, tellement qu'ils
ont renoncé la foy,& fe font retranchez de la
maifondeDieu.priuez &bannisde toute efpè
rancc de filut. Il tant donc que la pu re con-
fcicnce foit comme vn cofFre pour garder la
foy , ou .lutrement ce threfor fera t xpofée?!
proye à Satan , & nous en ferons defpouillez
àbondroiél , quand nous ne cheminerons pas
irreprchenfibles & fans macule. Vray eft que
nous ne pouuons pas fi bien faire qu'il n'y ait
toufîours à redire en nous' car cependant que
nous vluons au monde , nous auons àdcman-
der que Dieu nous pardonne ros péchez,
comme aufi nous luy fommes redeuables : &
la fouuerauie pcrfeftion de.' fiJdes , c'cft de
r'^cngnoiftre qu'il y a encores beaucoup d'in-
firinitfz Se de vices en eux , pour gcmir. Si
pour fe confcïTer rcdiiiablcs: niais tant y a
qu'il nous f.vn approcher de cebwt. Qj'and
dorciainfi Paul commande j Tfmotheed'e-
ftre irieprthenfible<S(: fans macule, il n'tnterd
pas que cependant que nou^ fommes veftus
de noftre chair corruptible, nous puifsions a-
uoir vne perfeftion Angélique, tellement
qu'il n'y ait iitille 'tfl.ïcule en nous : mais il
entend
s V R L A' I. A
«ntend-^^Til nous faut difpofcr noftre vie en
forte ~qd'on voye que nollre but ei\ d'c/lre
parfaits & fins reprehenliou auiourdu Sei-
gneur.ainlî qu'il en cft parlé au premier des
£phenens,& en d'autres paflages : car li il ne
du pas que nous foyons parfaits auiourt'huy,
mais il dit qu'il nous faut cheminer en profi-
tant iufqu'à ce que foyons dcfpouillez de tou
te corruption, & que Dieu repare en nous fon
iraage.cSc que noas- foyons pleinement renou-
uelez en luy. Voila encores ce que nous auôs
anocer enceliea. Or quant au refte.U tendà
ce but.que li auiourd''huy il leiiible que l'E-
uangile ne nous profite rien , il ne faut point
pour cela le mefprifer , nifauoircn moindre
eftime.Si tous lés gransdeccmqjide.k-'; Rois
& les Pritices femocquentdc Dieu , ou qu'ils
foycnt ennemis de la religion, il ne taut point
que nous en foyoïvs fcadalizcz pour élire trâf
portez loin de Dieu, mais abbailTins toute
grandeurs: hautefle terrienne . Voila ce que
fainâ Paul a entendu,difant,Q»ir I 'V» <fl fcid
Vrnce,<]ii'fl ejhlf Koy dcsregnatis ^e'gniur des
ftignturians . ijuf c'tfl ly.yftul cjui j tmmortuli-
te':comme s'il difjit.Il eft vray que les £dt les
pourroyent bien eftre débilitez en leur foy,
quand ils regarderont aux cbofes pref-ntcs.
Car lesgransde ce monde on tendent-ils li-
non qu'ils voudroyét aiioir furmôté les pues,
& fouler Di .u aux piedi ? On voit qu'ils fe
iouét de la religion comme d'vue pelottc, on
voit incfmes qu'ils en font ennemis mortels,
qu'ils la perfecutent d'vne rnge lî grande que
tout le monde en eft efFrayé:on voit ces cbo-
fes . Cependant que dira-on des enfans de
Dieu? On les monftreaudoigt.il fcmble que
ils foyent fols, tellcmét que ce qui eft dit par
I/4.S.18. ]è Prophète Ifaie.eftauiourd'huyaccôpli en
nous, c'eftq les incrédules nou; tienentcôme
des môftres.Et quoy? ces ponre> lois ? à quoy
péfent-ils ? q veulent-ils dire? Et il faut viu: e
auecles viua as,il faut vrlcrauec les loups . Et
quov?ils veulent qu'on foit toulîours en per-
plexité: ils ne parlent que de la vie éternelle,
& n"'ont pas loifir de fe donner du bon temps.
Voila, di-ie, comme nous ferons repiitez fols
l.Vier %. ^ infcnfez par les.incredulcs. Et fainCt Pierre
l.iA, dit qu'il faut que cela f lit accompli en nous:
comme le Prophète Ifaie enauoit fait la com
plainte de fon temps:il faut que les Chreftiés
expérimentent auiourd'huy le fembiable. Or
cependant nous voyons qu'il ne faut rien
pour nous effaroucher, il ne faut qu'vne mouf
che nous voler à trauers des yeux , nous voila
eftonnez : & puis nous fommes attachez au
monde, que quâd nous voyons les pompes des
princes tcrriens,que nous voyons ces grandes
Ifcauetcz, que nous voyons tous ces appareils-
at! monde, nous voila intontinét préoccupez,
que nous ne fçauons plus que c'cCi du royau-
me dé Dieu, i< le mettons en oubli. Et qui en
cltcaufe ? C'eft que nr.us n'efcoutont pas c?
^uicfticidttparMiotl Paul, Cat nous pour-
T I M O T H,
JOj;-
rions dcfpitertoutes princip.-iutcï terriennes
quand elles s'eleuent à l'encontrcdc Dieii.fi
nous cftions bien perfiiadez que Dieu cft le
feul Prince.'Roydes rtgnans, Se Seigneur des
feigneurians:!! cela eftoit bien imprimé en no
ftre mémoire, tous ces menus fitras du mon-
de ne nous feroyent rien pour nous eûonner:
i'appefleces menus fatras, tout ce que les ho-
mes pcuuent amener pour faire la guerre à
Dieu. Combien qu'ils penfent qu'ils peuucnt
beaucoup , cS; qu'il ne tient point à cur qu il»-
ne fc facent valoir tant Se pIus:toutesfois puis
qu'ils fe prcnent à la maiefté de Dieu, tout ce
qu'ils pourront attenter, n'eft que fumce, ce
n'eft mellnes que fiente & ordure. Et ainiî no-
tons bien ce que dit faini"^ Paul.c'eft afçauoir
que pour bien eftre confermez en la crainte
de Dieu, pour n'eftre poîc esbiouis des vanitcz
de ce monde, ne tranl'portczdes allechemcns
de Satan , ne pour eftre furmontcz d'aucune
tentation, ne pour eftre effrayez de nullepom
pc S: hautefle terrienne , 1! nous faut attri-
buer à Dieu ccft empire fouiierain , & cefte
principauté qu'il a, ttllenict que tout genouil
ployé deuant luy, & luy face hommage ,'qiie
nous cognoifsionsque c'eft luy feul qui cft
Prince. Non pas que les Princes terriens ne
méritent d'eftre honorez , voire quand eu x-
mefmes fe tiendront en leur ordre ,& qu'ils
auront ccfte modeftie d'cx.ilter l'honneur de
Dieu par dclïïis tout,*: qu'ils fe cn^noiftront
eftre fes officiers, qu'ils voudrot qu'on le tie-
ne en degré fouuerain, &: qu'il foit feriii com-
me il en fft digne. Qu.id Jonc les Princes ter
riens auront cela, lors ils méritent d'eftre ho-
norez: Se mefines encores qu'ils foyent enne-
mis de Dieu & de fon Eglife, fi cft-ee qu'en ce
qui concerne la police , il leur faut attribuer
honneur & crédit , on fe doit alTuiettir àeuï
pour garder les loix & edits qu'ils font : car
en ccft endroit la fcntcncede fainft Paul a r--, ..
lieu, Qui refifte à la puilTànce,il refifte à Dieu -,
qui l'a enuoyee. Mais quoy qu'il en foit, fi ne "'
faut-il point que cela empcfchc que Dieu ne
retiene ce titre qui luy cft ici donné, c'cftaf ça
uoir,que luy feul eft Prince . Et comment ce-
la ? Ccft qu'il n'y a nulle principauté qui ne
dépende de luy. Qiland on dira en vn royau-
me,Il n'y a que le Roy qui foit Prince. Apres,
quand on dira en v ne ville fr.iche,Il n'y a eue
les Sindiques& Confeihce n'eft pas pourem-
pefcher le commun ordre des officiers , lef-
qiiclsdoyuent auoir intégrité. Mais tant y a:
s'ils vûirpent quelque chofed'eux-mefnies, ce
ii'cftpasà dire que cela doyue valoir. Car
quand vn officier vondroit attenter contre
ceuxlcfquels l'ont eftabli, &defiiich il tient
t.TUt ce qu'il a, que fcroit-ce?Ain(î en cft-il de
tous les Rois & les Princes mondains, uu'il n'
y a point de principauté qui ne procède de
Dieu i il n'y a que la fiene ûule qui f jit vni-
que, toutes les autres font comme fiSalterncs,
qu'il faut quelles dépendent de là haut.JEt
;t<»
SERMON LIl.
('comiiif f.iiiK^ Pml dit envn autre piflùgc}
tout Aiiili 4JUC t»ut parer. ugccfl de Dicti.aul-
». Cof.7,
»3. .
Ji tDutf principauté dt de Dieu , & fe doit là
nppertcr. Aiiifi donc,notons bien quâd nous
vcirons ces pompes mondaines qui s'cleucnt
à rencontre de Dieu, tjuc nous verrons ceft
orgueil diabolique qui eft aux Princes, que
fi)us ombre de Pauthorité qu'ils ont, ils voii-
«icoyciu vfurpcr rhonncurde Dieu, que tout
cela ne nous eftonne point. Et pourquoyîCar
Hous fçjuons que le monde palle aucc ta figu-
re, comme S.Paul eu parle.Qu^eft-ce de tou-
tes les principautez de. ce monde > vnc figure
qui iemonftre , mais elle fera abolie en fon
temps:car alors(dit fainil P3ul)cefleront toB
tes principautez, quand lefus Chrift viendra:
il ùudra que tout ce qui eft maintenant haut
& eicelknt au mondc,fpit aboli,car il cA tcm
porel. Pourquoy eil-ceque les principautez
ont efté iniJitiiees.» Ceft pour l'yCige de celle
vietranfîtoire.Puis donques <ju'ainîi eft,quad
lefus Chrift viendra reflablir tout , il faudra
^ue ce qui fert maintenant au moDde,ceiIè, S:
«ju''il prene fin,quccela foitcafTc & aboli. Par
cela donc nous voyons que c'ertàion droift
Clic Dieu fe nomme feul Prince , afin que les
grandeurs de ce monde ne nous loycnt point
comme des bandeaux ou des voiles tqui nous
«iirtourncnt Jivcue,ou nous empefcbcnt que
nous ne regardions droit à Dieu & i no-ftre
Seigneur It fus Chrift.Ainfi donc aniourd'huy
JcAis Chrirt cft-il mefprifé?ne tient-onconte
in Royaume des cieuxî les mondains font-ils
Jcursbraiiades J ont-ils leurs délices &voly-
ptcz'Et bien.cependant nous femmes comme
po-.res vcrsde terre.uows fommes en inefpris,
nous i'orames eftimez comme reprouuez:(3!n-
fi que fainft Paul en parle ) fi faut-il que nous
funnontions telles tcntations.Et comment? Il
fft vrayquc pour yn temps les hommes s'ef-
gayent , 8c font leurs monftres : & cependant
Dieu n'apparoift .point, il fnnblequ'"il ne fc
foucie de lout-ccla'.mais attendons en patien-
«e,iufques à ce que le royaume de noïtre Sei-
gneur lefus Chrift nous loitmonftré , comme
ûena eAé défia touché auparauant .Et quand
sous aurons ceft aduis & ccfte prudence en.
•oas,*!? portera noihc Seigneur IcfusThoo-
neurquiluy appartîeni.alofs nous fcronî re«
tenus : quoy qu'il en foit, que nous ne porte»
rent point d'euuie aux mondains de toutct
leurs voliiptcz, de leurs honneurs, de toute I2
félicité qu'ils imaginenttqu'il leur fcmblc que
ils foy«nt des demidieux,& s'enyurent en eux
mcfinc$,& t'oublient tellement, qu'ils ne pca
fent plus eftre hommes mortels, ni créatures..
Et voila pourquoy ils ofent en telle audace
dcfpiter Dieu. Nous ne ferons donc point e«
Itonnezde tout cela . Et pourquoy ?Nous au-
rons toujours ccftc doftrine tefolue,Si eil-cc
que le Fils de Dieu a fon Royaume luy feul. U
eil vray que maintenant cela n'apparoit point
à noftre veuc , nous ne le comprenont point
mefines félon noilre fens naturel , mais par
foy il nous tîut contempler ce <jui eft «nuifi-
blc,&: cependant nous tenir afleures quVn 1»
fin Dieu montrera cômc il.efl luy feul Exnpe'^
rcur, non feulement du ciel , mais aufsi de I4
terre,& qu'il a tout en fa main : 9t que tout ce
qu'atiiourd'huy reluit , n'eft rien que ivunee.
que ce fontchofes qui perilTent & qui pre«
nent fin. Puis qu'ainii cû donc , pourfuyuoal
de feruir à noflre Dieu,afpirons a cefDietiui'»
ge qui nous eft promis,& nous ne ferons point
trompez de rjoftrc el'perance. Et combien que
auiourd'huy les mondains fe facent à croire
qu'ils fontbicn-heureux.&qu'ilsfemocqucru
de nous comme fi nous eftions fols & infen»
fezjtant y a qu'en la fin Dieu monflrera qu'it
ne nous a point appelez àfon feruice pour
nous deceuuir , mats ilnous fera participans
de la gloire qu'il a donnée i noftre Seigneur
Icfus Chriii. Et combien qu''auiour<i'huy cJle
ne nous foit point encores prefente, qu'acné
nous fera m.inifeftceen temps opportun.
OR nous-nous profternerons deiunt la
face de noftre bon l>ien en cognoiflàncc de
nos fautes, le prians qu'il nous Tes face telle»
tnent fentir, qu'aucc vraye defplaifance nom
retournions à luy pour en eftre purgez & net»
toyez. Etcependant qu'il nous fupportepar
fa grâce &bonté tnfinie,iufquesàcequ'ilnout
aitamenezà noftie fel'citc parfaite, & qu'ail
nous ait fait compagnons des Anges du ciei*
Ainfi nous dirons tous^Dieu tout-puiflan««
Père cclcftf,&<-.
SEPTIEME SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
15 Laquelle enfès temps monîlrerd le hien-henreux z^feulVr'm
€e,K^oy des régnons , zs" Seigneur desfeigficurians,
16 Onijeul a immortalité, CJ* habite lumière inaccej^ihle,i lequel
nid des hommes Titt yeUtQ" ne peut fcoir : auquel Jaithonneur^^ptiJ-^
fmcç éternelle fAmea,
Die a
SVR LA I. A TIMOTH. 5"
Ico n'dcue point çn ce roo» nous fçauons lufsi que nor »mf « »e pcrilTone
I de ceox aut font en quelque
degré d'honneur afin de les
■ mettre en ritupere : mais la.
1 malice det hommes fait que
' ceux qui ont efté exaltez en
honneur , foyent puitaprc»
Comme deilituex de Dieu .d'autant qu'ils ne
Cognoiffcnt point leur mefure. Et nous yoyôs
fi toiV qu'vn homme cft parucnu à quelque
rftat & dignité, eômc il j'oublie, & ne fe con-
tente point de mefprifer tes prochains, mais
iidrefle l'on orgueil contre Dieu. Il faut donc
que Die» abbaitTc vne telle hautcfle , comme
clic cfl diabolique. £t voila pourquoy il nout
faut eftre armez contre toates le pompes de
ceux qui font grans au mode, afin que nous ne
foyons point eftonnei d'eux , que louHours
Dieu n'ait fou droid.S: qu'en tout & par tout
il foit obey comme il le merite.Et c'cft la rat
fon(côrae ce matin nous l'auosdccIaré^poHr- ^
Kioy Ciinci Paul attribue à Dieu les titres qui pcrliller et» l'obeiflance de Dieu , eft vn do<
ont ici Contenus , Q»e luy feitl efi Vn'nce, ipt il qui leur procède d'aïUeuxi , & aufji l'immor^
point en la mort:combien qu'elles Ibycnt l'e-
parees d'auec lescorps,û eA-ce toutettott que
Dieu les garde iul'ques au dernier iour.Ainh il
fembie que fainû Paul renuerfe »b principe
de nollre foy,quand il dit qu'il n'y a qucDito
immortel, veu qu'il a fait çeltc grâce untaur
hommes qu'aux Anges.de leur donner immor
talité.Mais celle queilion fera aifément foluo
quand nous aurons obferué que faind Paul ne
veut point ici déclarer ce que Dieu a cômuni-
quc à les créatures, ou non : mais ce qui cil de
ion propre. Vray eft donc que les Anges font
cfpnts immortels, que ce Ae qualité auf^i con-
uicnt à nos amc$,mais cela n'eft point de natu.»
re: car tout ce qui * eu commencement, peu»
auoir fin,& peut aller en décadence, voiiepC'*
rir du tout. Or eli-it ainfi que les Angei fuuc
crcez:amlî de nature nous ne diront pas qu'il*
ayent vn cftat permanent,* qu'ils ne puillent
changer, maisccfte confiance qu'ils ont de
l
tjl le Rnjr dei régnons. Car de ce tcmp-ia , fi
Timotljee k tous les feruiteurs de Dieu euf-
fcntellc anellcïaur chofes du monde, il»
ciillcijt perdu, courage, d'autant que toutes
fcs forces de la terre eftoyent ennemies de
Dieu , Membloit que l'E'jangile deuft eftre
âbyfiiié parceiri quiauoyent quelque crédit
& autbotité.ll faioit donc que les fidcJes ap-
prinilènc de leucr les yeux par dcfiîis le mon-
de , 5c s'appuyer fur ceft empire éternel de
Dieu , cognoiQàns que quand il a eftabli les
principautcz de ce monde, ce n'a point efté
pour rien amoindrir de ce qui liiy cft dcu , ne
pour oblcurcir fa principauté fouueraine. £t
notamment fainâ Pauladiouftc, C)iit l'immor-
titlitê itfp4Ttient a Dieufcul : ce qui doit eftrc
entendu par manière d'expoiition : pource
«ju'on ne peut nier que pour vn temps les gran
dcurs de ce inonde n'ay cnt quelque appaiccc:
mais fainû Paul môftrc.d'autant qu'elles paf-
fint & qu'elles s'efcoulét, qu'il ne nous y faut
point fonder. Or Dieu ha vn tftat permanent
& inimiiable , c'eft là où il nous faut tenir : cf
<]ui le mue & ch.îge,ne doit point eftre de tel-
le vertu enuers nous.q nous en foyôs esbran-
lez.Brief.fainâ Paul veut que nous ayons vne
fermeté en nous pour ne point eftre volages,
félon que les hommes fe plairont en ce mon-
îie'.cAx il nîj^auroit nulle conftance en noftre
f oy, mais elle branleroit à tous vents. 11 faut
lionc que cefte éternité dont il parle, laquelle
ne fètrouuera qu'en Dieu feul , nous retiene
en telle forte,que tout cequicftcaduque,foit
«le nulle eftimc , & que nous le puifsions mef-
prifer. Mais deuant que palTer plus aiiant, il
nous faut foudre Ict difficultez qu'on pour-
ïoit iciallcguer.Carde prime face on ttuuue<-
roit cûrangece que fainci Paul dit,Qw Un y a
^* T>UiKfin' ji't immtrt/il'fr en foj. Car noiit
if auoas que Jet^Anges font rfj^nts immortel»)
talité . Autant en eft-»l de nos âmes . Et de
faift , le péché n' eft -il pas matière de corru-
ption pour nous ancaotirf Et quand nous voir-
ons que les hommes font tant aiuables, & que
ils tournent â tous rcnts , Jf qu'ils ne demeu-
rent pas vne muiute de temps en vn propos,
cela ne fcroit-il point pour nous faire due q
ce n'eft qu'vn ombrage que de noftre vie»
Mais cependit Dieu ne laille pas de nouscô»
muniqucr cefte iromottalitc , en vertu de ce
qu'il a infpiré vne fois vie en l'homme quand
il l'a créé. Il faut donc reuenir à ce qui cft dit
au Pfeaume centquâtriemc,Quç Ci Dieu reti-
re fon Efprit des créatures, tout fera trouble
& confus, & en la fin nous périrons , & feront
anéantis. Voire mais d'autant qu'il luy a pieu
infpirer en nous ce don d'immortalité , & que
nous l'auons non point de noftre vertu, no»
point que cela nous foit propre pour nous en
glorifier, il nous luy en faut faire hémage,fç4
chans que c'clt de luy que nous le tenons. te
voila en quoy nous différons d'auec les beftes.
brutes . Car li Dieu ne eonferuoit aux hônict
la vie qu'il leur a donnée , la mort d'vn hom«
mc& d'vn cheual ou d'vn chienferoit du tout
parcille.il n'y auroit nulle diuerfité: car non*
nefommcs point ne plus nobles, ne plus di-
gnes,m3ij le tout nous vient de ce qu'il a pies
à Dieu nous donner ce priuilege fpecial , que
nous foyons imm,ortels. Et au refte , notons
bien que fainû Paul outre cela a voulu ici ei«
pruner la vraye immortalité, qui eft que nout
adhérions â Dieu.Car les diables & le!^ rep/ou
uez ne laiHcnt pas de viure , combien qu'ilc
foye»t aliénez de Dieu , mais-la mort leur fe»
roit beaucoup meilleure. Ilvaudroit mieux
que tamait ne fuflent nais , ou qu'ils tulFcnt
bien toft anéantis , que de viure à telle condi-
tion,c'cftafçauoird'auoir Dieu pour Icurcon
traire, & 4'cftrc rcie«« dt luy. Mais S.Paul
Qj.iii.
jn
SERMON LU.
parle ici de la vraye vie,& môftre qu'elle n'ell
fff-iS.9 finon en Dieu : comme il eft dit, qu'en luy en
eu. la fontaine & la fource , & que c'eft de là
dont il nous faut puiler. £n fomme ici fainft
Paul nous monftre que quand nous aurions
tout ce qu'il eft pofsible de fouhaiter encefte
vie preftnte , que nous aurions la faueur du
inonde, que nous ferions riches, que npus au-
rions fanté corporelJe.qiie rien ne nousdefau
droit,neantmoins que uou^ ferons mifcrables,
ce n'eft que fumée de tout cela. Et pourquo y?
Car fi nous n'adhérons à noftre Dieu.il n'y a
point de vie certaine,!! n'y a point'd'eftat qui
dure , mais le tout s'efcoule. Voulons-nous
donc auoir vne droite fclicité?Qii,e nous adhe
rions â noftre Dieu:& fi cependant nous voy-
ons le monde qui nous abule,& qu'il ait beau
coupd'obiefts qui foyent pour nous deitour-
ner du bon chemin, paflons outre, refiftons à
cela.Et pour.quoy? Car fi nous voulons aaoir
vne longue durée , venons à nollre Dieu , &
n'ayons point d'autre but, marchés toufiours
iufquesàceque nous l'oyons là paruenus. En
■ fomme,fainâ; Paul fait ici comparaifon entre
• la vie qui eft tant appetee des hommes, & cel
'le à la quelle nous deuonsafpirer. Carpour-
quoy eft-ce que les vns font tranfportez d'a-
uarice , les autres d'ambition , que le monde
nous poffede tellement que nous ne penfons
poiiit à Dieu,qu'il ne nous peut ranger à foy,
que tout ce qu'on nousprefche du Royaume
des cieux ne nous touche point au vif? C'eft
que nous n'imaginons que cefte vie qui fe
monftre déliant les yeux,& nous ne regardés
pas cependant que ce n'eft rien qu'vn petit
ombrage & figure, flc qu'il ne faut que tourner
la main que tout le pafle. D'autant que nous
fommes ainfi ftupides , nous auons befoin de
recorder cefte leçon de fainû Paul , c'eft que
on ne doit point tenir pour vie vn tel paffige
& fi brief.Quoy donc? Vne condition qui de-
meure Si qui foit ferme. Or trouuera-on cela
au mordt? Les hommes feront-ils immortels
qwand ilsfe plairont en leurs vertus, & en leur
crédit & richefles. Qu'ils cherchent & haut
ti bas.il eft certain qu'ils s'efiianouiront touf-
iours.Ainfi donc il faut venir à Dieu, ou nous
ne trouuerons point de vie qui doyue e ftre te-
nue pour telle. Puis qu'ainfi eft , oublions le
inonde quand il eft queftion d'acheuer noftre
courfc , qu'il eft queftion de nous employer à
la charge qui nous eft commife.combienquM.
nous fcmble que cefte condition-la foit pire
que celle des incrédules. Combien que nous
voyons beaucoup de bazars , combien que les
menaces noHs eftonnent , toutesfois fi faut-il
furmonter tout cela , d'autant qu'il n'y a im-
mortalité quVn Dieu feul.Et quand nous au-
rons cefte doûrine bien ciigiauec en nos
<œurs,il nenous fera point mal de quitter ce-
fte vie pour trois iours , fçachans que nous la
M.it. le, rec ouurcrons en noftre Dieu : comme noftre
*f • Seigneur Icfas dit,Qu.e ccluy qui perdra fou
ame, c'eft à dire, qui ne tiendra contede fa vie,
mais l'aura en mefpris.que ce'luy-la la met en
bonne garde & feure.Et pourquoy?ear quand
les fidèles le retirent ainfi du monde.qu'ils ne
craignent les dangers , ne chofes femblables,
qu'ils fe defpouillent franchement de ce que
le inonde appete par trop , ils approchent de
Dieu,& approchans de luy ils font participas
•de fa vie &de fon immortalité. Voila donc
comme nous ferons vn bon efchange,& à no-
ftre auantâge & grand profit, quand nous au-
rons oublié la vie de ce monde, pour ne nous
y point arrefter, & que nous ne demanderons
finon d'adhererà noftre Dieu» Et voila pour-
quoy faintl Paul nous propofe la recompenfe "" ■ 3*7.
en noftre Seigneur lefus Chrift,& nous dé-
clare que quant à luy il a tout quitte, &aefti-
mc comme perte Se dommage ce qui l'empe-
fchoit de venir à lefus Chrift , & mefmes il
luy a cfté comme puant & exécrable. Et pour
quoy?Non point afin qu'il demeuraft defpour
ueu & indigent, mais afin qu'il trouuaft en le-
fus Chnftce qu'il auoit quitté quant aumon-
de: comme aufsi il dit qu'à viure &: à mourir
lefus Chrift nous eft vn bon gain quand nous
le tenons &polTcdons comme il nous eft don-
né de Dieu fon Père, comme iournellement il
ft prefcnte àiious.afinque nous iouifsions de
luy & de tous les bitns. Or après que fainft
Paul a par lé de Timmortalité de Dieu, il adiou
lie , Çhi'il habite TBf clarté inatccfsihh : Si dit
que lamais nul homme ne l'a veu & ne le peut
veoir.En<ju6y ilfignifieplus expieflcmentcc
que nous auons touché ci deflusiafçauoir.que
pour bien honorer Dieu , il ne nous le faut
point mefurer félon noftre fensne félon no-
ftre phantâfie.mais qu'il faut monter par Aef-
fus noftre mefure,& nitfmes pardcffus tout le
monde. Car fi nousdifputons de Dieu feloa
noftre apprehenfion, que fcia-ceî Nous voy-
ons comme les hommes fe transfiguient. Et
aa rcfte , nous fommes tant ftupides que nous
ne pouuons furmoiiter nos fcns corporels: o4i
bien encores que nous cuidions eftre lubtiis &
aigus , tant y a que nous défaillons, & toutes
nos fagcfles s'efuanouifient à my chemin ce-
uant que nous parucnionsau but.LciPhilcfo-
phes qui ont eu vn grand cfprit& excellent,
n'ont lamais cognu que c'eft de la vie cdefte.
Il t ft vray que Dieu les a fait parler pour ren-
dre tefmoi^nage au monde , aHn de leur ofter
toute excuïe d'ignorance, & ont prononcé de
belles fentenccs, que les hommes n'ont point
eité créez pour viure fciikmtnt ici quelque
peu de temps , comme nous "voyons que cha-
cun de nous ne fait que paffer par la terre.
Mais quoy ? ce n'a pas efte vne cognoiflance
certaine, qu'ils ayent «ntcndu que les hommes
fuflent créez à l'image de Dieu,& que par ce-
la ils font immortcl'.,& que Dieu leur a appre
fté Ittif héritage là haut au eiel : iair.ais tous
les fages du monde n'ont allégué cefte doiJri-
&e. Encores que iioasfufùonsconuaincus , fi
cit-ce
s V R L .A I. A T I M O T H
313
eft-ce que nous Tommes tant farci; & 11 pleins
de toutes les vanitez du monde , cjne nous ne
pouuons afpircr là haut. Qjiand vn bomuie
aura confciTe que noftre vraye félicité eft au
ciel,& que nous f^jmmes pèlerins ici bas , que
nous n^auons point vne demeure permanente
iinon aucc Dieu , quand nous aurons confelFé
tout cela,& que ce n'aura point efté par fcin-
tife, mais que nous en aurons efté perluadez,
encores ne lailTons-nous pas d'eftre entortil-
lez en ce monde , &c de croupir ici comme fi
nous y dénions demeurer àianiais.Nous voy-
ons comme les tommes trauailkn t, comme ils
le tourmentent. Si on leur demande, Et qiioy?
n'v a-il point de meilleure vie-'Et qiloydonc?
chacun le confeflera & fans hypocrilïe:car ils
le cognoifleiitainfi.Mais cependant les voila
abrutis,à caufe que leur incrédulité a défia ga-
gné place en eux, & que leurs aifeûions font
desbordees, & qu'ils n'en peuuentauoir telle
vifèoire, qu'ils fe retirent de ce qui n'eft rien.
Et ainfi donc ce n'eft point fans caufe que
fainâ Paul met ic!,Ç>»f DiVk habite -rne clarté
inaccffsible-,c''<.{ï à dirc.de laquelle on ne peut
approcher. Or par ce mot de cLrtc, il fignifie
que fi nous ne contemplons point les biens
ineftimables q Dieu nous a apportez, cela ne
vient point d'..bfcurité qui foit en Dieu, ni en
la grâce qu'il nous offre. Q_uoy donc f C'e/l
pource que nous auonï ici les yeux troublez,
que Satan nous auengle , que toutes nos affe-
ftions ,nos folicitudes, nos cupiditez font au-
tant de bandeaux pour eftouper nos yeu)r,mef
mes pour nous les crcuer. Notons bien donc
que nous auons ici double doiiVine en ces
deux mots.Sainft Paul dit que Dieu habite en
clarté. Par cela il demon/tre que quand nous
ferions capables de coiïnoiftre ,& que nous
aurions les yeux clairs &bien purgez, nous
verriôs la clarté en laquelle Dieu habite. Mais
quovrnous n'y auons point d'acccs.La r.iifon?
C'cft qu'il nous faut imputer la faute à noftre
vice , que nous fommes par trop débiles pour
môter fi haut. Et de faid.le foleri mefme nous
efl vn bon tefmoin de Tinfirniité qui eiî en
nous: carfinous d relions les yeux à la clarté
du foleil, nous voila esblouis: & toutesfoi'; ce
n'cft qu'vne créature , voire infc nfible. Que
fera-ce donc quand nous voudrons venir iuf-
ques à noftre Dieu? Car il cft certain -que la
vcue de nosaraes eft beaucoup plus tendre &
dcbile, que n'eft pas celle de nos yeux corpo-
rel';.Et ainfi notons bien que Dieu n'til: point '
caché en obfcurité. Car qv\'efi-ce que fa gloi-
re iinô vne lumière qui reluit par tout? Et mef
mes dont procède la clarté du foleil,&:la rai-
fon que nous auons ennos efpritsrDieu n'cft-
tlpoint l'origine de toutrPuis qu'amiî eft dôc
que tout ce qu'il y a de clarté au monde vient
de hiy,^que c'eft luy qui illumine tout, il faut
bien qu'il foit tout enuironné de clarté:(com
P/f.104. me il eft dit au Pfeaume)iîi.aisccpend.it fi nous
*v regardons quels nous foiumes.nous confefle-
ronsauec faine} Paul, que nous n'auorj ni ac-
cès,ni approche à cefte cla; tc-la, que nous en
fomincs du tout foi clos & ef ogncz. Et peur-
quoy? Car nous fommes par trop hebetezau
morde. Et qui eftcaufedc ceftaiieuplement-
ci? C'eft en premier lieu, que nous n'.uions pas
l'efprit fiifhfant pour monter fi haut : & puis,
que nous fommes préoccupez & iaifîs de be-
aucoup de vanitez, que toutes nosatFcttions &
penfecs font autant d'empei'chemens qui nous
eftongnent de Dieu. Puis qu'ainfi elt donc, il
ne fe faut point esbaJnr fi les hommes n'ap-
prochent nullement de Dieu , voire quant i
eux. Car cependant nous fçauons ce qui eit dit
au Pfeaume , Approchez de luy, Se vous ferez I'/<'-34-*
efcIairez.Cela n'eft point dit en vain, Dieu ne
femocque point de nous pour dire, VonsnVa
approcherez iamais , ie vous defpite , ie vous
veux faire honte. Mais au contraire , il nous
conuie humainement à foy , & nous déclare
qu'approchans deluynous ferons illuminez.
11 fat donc cefte grâce àceux qu'il a eleus
p^ur fes enfans , de les attirer à foy, & quand
ils y font venus,ilsvoyent fa clarté, & en louif
fent.Mais cela n'eft point d'vne vertu humai-
ne: car fa-nct Paul parlant en ce paflàge de la
clarté'inaccefsible en laquelle Dieu habite,
nous dénote que cependant que les hommes
font cnueloppez en leur fens propre, qu'ils fe
plairont en leur fagefre,& qu'ils feront plon-
gez aux chofcs de ce monde , iamais n'appro-
cheront de Dieu, qu'ils feront du'toiil bru-
taux , qu'ils n'auront nul gouft delà vie cele-
fte , que cefte vie les rauira du tout , qu'ils ne
dennndtront qued'eftre riches,d'eftre en cre
dit,d'eftie honorez .d'auoir ceci & cela, d'a-
uoir leurs voluptez & plaifirs . Que faut-il
donc?Si nous voulons vrayement eftrecfclai-
rezdeDien afin que nous n'errions point ea
ce morde, que nous ne choppions point , que
nous ne treaufchiôs point en vne cheute mor
telle , qu'en premier lieu nous quittions tour
noftre fensfçachans qu'il faut que Dieu nons
elcue pardelTus toute faculté humaine, ou ia-
mais nous ne communiquerons auec luy , ia-
mais nous ne fçaurons que c'eftde iâ gloire ne
de (a maiefté.iamais nous ne ferons efmeus de
tendre à cefte vie bicn-heureufe qni nous eftr
appiefteeau ciel. Voila donc l'intention de
fain£l: Paul. Or fi cecieftoit bien cognu, il n'y
auroit point tant de combats ni difputes qu'il
y a par le monde. Car qui eft caufe que les no-
mes dcfthirent ainiî la vérité de Dieu,& qu'ils
la tournent ça & là,&: la falfifient , finon cefte
aud.Tcedi.ibolique, qu'il leur femblequ'ils font
bien idoines pour iuçer de ce qui leur eft pro-
poteîD'autant donc qles hommes prefumxnc
de leur fagefle propre, ils veulct méfier le cieC
aucc la terre , & confondent tout. Or fi nous
fçauions que Dieu habite vne clarté inaccefsi—
ble,cela feroit bien pour nous humilier, fça-
chans bien que noftre cfprit ne peut nulle-
ment approcher de Dieu.ne des fecrets de foi»
i
I-p/>.i.iî
y4 SERMON LU.
Royaume , il yautoit vnefobrieté& mode- eftincelle. Voila vne clarté infinie en Dictit
t!ic en nous- pour fouffrir d'crtre enll-ignezde trauaiUons tant qu'il nous fera poAiisle, nous
Di^u, & nul ne cuideroitcftrefage, mais tous n'en aurons pas feulement vn petit rayon, iuf-
d'vnaccord nous-nous rendrions dociles pour qucs à ce qu'il nous foit rendu vilible. Or plu-
dire, Seigneur , enfeigne-nous, & ccquenous lieurs ont difputé(comme lainû Pauldit)quc
aurons apprinscnton efcholc nous fuffira, on ne peut veoirDieu. Veu que 1 Efcriture
nous ne voulons point pUisl'çjuoir que ce que déclare que nous le verrons tel qu'il eft quand
tu nous auras déclaré. Voila doc le vraymoy- nous ferons transfigurez en fa gloire, (car voi
en de nous con'oindre en robcuTance delà la comme faind lehan en parle en fa Canoni-
foy.c'cft que nous tenions ceci pour conclud, que , au troifieme ckapitre ,& l'Efcnture eft
que la clarté en laquelle Dieu habite n'ell pleine de celle doiflrine-la : nous fçauonsce
point capableà no, efprits. Et au refle , cela qui eft dit au Pfeaurae feizieme.q nous ferons
feroit aufsi pour rctrai>c))-;r toutes vaines eu- ralfalicz de fon regard, que voila la perfedion
riolitez, comme nouvvoyons que les. hommes de no lire felicité,c'eftnoli:reioye accomplie,
appctent de fçauoir plus qu'il ne leur compe- q^iand nous ferons conioints à nollre Dieu
te. Or comment eft-ce qu'il nous faut appro- pour le contempler tftans femblables à luy)
cher de Dieu ? Pource que nous ne pouuons comment eft-il donc dit que nul ne peut veoir
pas monter lufqiies à luy, il nojs fait la grâce Dieu ? Or cefte difficulté le peut aifeemenc
de de fcendre à nous, afin de nous eleuer à foy : foudre.Toutesfois deuant que venir à plus ain
miisdeuant qu'il nous y attire, il s'abbaille, pie déclaration , notons bien qu'il nous faut
c'eft .idire,!] le fait petit. Ec nous voyons de tiaittcr ceci auec reuerece, &non pas comme
faictcomme en PElcriture il s'accommode à font ceux qui nedcmandent qu'àmonter bien
noltre rudeUe.Car li Dieu parloit fclon Ci ma haut pour fc faire prifcr. Oi noftrc Seigneur
iellé , que feroit-ce ? qui ell-ce quipourroit Icfu> nous monftre par quel bout nous deiions
rien mordre à fon fty le? fon langage de qui fe commencer, quand il elt queftion de con tem-
roit-il entendu?Mais il parle félon noflre por p!er la gloire de Dieu fon Pcre.-c'cft.ifçauoir
tee. Et voila comme il s'abbai{re(ainlî que l'ay quenous ayons les yeux purs&ncts, &Jcs
délia dit) afin de nous eleuer à foy. Et pour- cx-urs quant & quant. Bicn-heureux font ceux M.jf f-.j.S
tant le commencement delavraye fagelle, qui font purs de coeur , car ils verront Dieu,
c'efl aueles hommes fçachent qu'ils ne pour- Cependant félon que nous lommes troublez,
royeiu approcher de Dieu , iufques à ce qu'il Dieu nous eft caché,& ne daigne pasaufsino'
les viene tirer: & fur cela qu'ils fecontencent receuoir ne fe moiiftier à nous, car nous n'en
de fçauoir ce qu'Us auront retenu de luy , & fommes pas dignes. Or eft-il ainlî que l'arabi-
q'i'ils quittent toutes leurs folles fpcculatiôs, tion domine en nous, nous lommes troublez:
ciai£;nans d'entrer en vn abyfine dont lamais s'il y a d'autres vanitez qui nous transfigurée,
ils ne pourront fortir,quand ils voudront fçâ- c'ell bien loin d'approcher de Dieu. Il nous
uoirplus qu'il ne leur eft licite. Au refte,rete~ faut donc commencer par ce bout, quenous
nons ce qui a efté dit , c'eft que Dieu nous a foyons purifiez , que les choies de ce monde
ouuert fon Royaume par l'Euangile , afin que qui nous corrôpent &. nous feparent de Dieu,
nous y entrions défia: comme il ell dit, que les foyciH retrâcheesiquandcela y lera, voila vn
fidelesfontpaflczde mort àvie, que nous foin bon preparatif. Or venons maintenant àce
mes afsis aux lieux celeftes : non point que que l'Efcriture nous déclare. Il eft dit au pre-
nons voyons prefentement ces choies , mais mier chapitre de fainti lehan.que iamais hom
d'autant que Dieu nous a reuelé ce qui eft in- me n'a veu Dieu, mais le Fils vnique qui eft au
iiifible au fens humain , & nous en a donné vn fein du Père nous l'a reuelé. Et comment cela?
tefmoignage fi certaine fi familier , que nous C'eft vne comparaifon d'entre les Pères an-
pouuons non ieulcment approcher de fa clar- ciens &le peuple nouueau,ou bien d'entre les
té, mais nous y entrons & y communiquons fidèles qui ont vefcu fousla Loy.S: les Chre-
entant qu'il nous eft vtile pour noftre falut.Et ftiens qui font auiourd'huy enféigiiez par l'E-
voilaàquoy tend ce que fainttPauladioufte, uangile. Dieu donques iufques à la venue de
Que nul homme ne Ta iamais -veu, & ne le peut fon Fils vnique a efté comme caché: & voila
-vto/V.IIs'expofefoy-mefme.&môlhe ce qu'il pourquoy noftre Seigneur lelus eft appelé l'i-
a entendu par ce mot inaccefiibU : c'eft âfça- mage de Dieu inuifible:non pas que les fainils ^"'•'•'l-
uoirquenul homme ne peut veoirDieu. Et Patriarches & Prophètes n'ayent euvnevi-
comment cela? félon noftre fens , comme l'ay fion qui leur a profité pour les amener .à filut,
défia dit. Il n'eftpoint iciparlé de la veue du. mais tant yaque c'eftuit vn regard bien ob-
corps , mais de toutes les apprehenfionsque fcur : car Dieu ne fe monftroit pas encores
nous pourrons auoir. Q_uç les hommes aigui- comme en face. Il eft vray que qiiandileft
fent leurs efprits tant qu'ils voudront , qu'ils parlé de Moyfe,il eft dit que Dieu s'cftmon- Nomi.li.
eilendent toutes leurs fagcfles & haut &:bas, ftré en face à luy : lacob en dit bien autant: S.
fieft-ce que iamais ne pourront contempler mais c'eft en voulant m.ignifîer la grâce que Ccne-it.
Dieu.c'eftà dire le cognoiftre tel qu'il eftiqui Dieu leur a fiite, quand il luy a pieu de fc re- 30.
plus eft , iamais n'en pourront auoir vne feule uelcràeux. Mais cependant encores, toutes
les
SVR LA I. A TIMOTH.
v<;
les vifions qu'a eu Moyle,5: qu'a eu lacob ont
eflé oblciiies, au prix de ce q noflre Seigneur
IcfusCIirift nouï a apporte. E: voila pour-
quoy il cil dit que le Fils vnique quia elléaf-
lf/».l.lS. ''S au fein ou au giron de Ton Père, noy; a ra-
conté les chofes qui auparauant eftoycnt ca-
chées & incomprehcniiblcs. Voila donc délia
deux degrez : l'vn c'cft, que les Pcres anciens
ont apperceu Dieu: voire mais c'a eflé en pe-
tite portion au prix de nous.quad noftre Sei-
gneur lefus cft defcendu au monde. Voila le
Soleil de iuftice qui eft apparu , par lequel
nous pouuons mieux contempler Dieu,& beau
coup plus clairement que n'ont pas fliit les
fâinds Pères , entant qu'il s'ell déclaré plus
priueement à nous. Or quand nous difons que
lefus Chrift eft l'image viuede Dieufon Pè-
re , ce n'eil point en celle perfonne humaine
qui eilici appaïue.en laquelle il a conucrfé.Il
a conuerfc auec les hommes pour vn temps,
mais cela fe rapporte àl'Euangile, comme
J&inft Paul en traitte en la féconde des Corin
thiens. Il faut donc que nous apprenions à
contempler Dieu.quand il luv pkiil de le ma-
nifcfttr à nous, comme il le tau toutes fois Si
quantes que lefus Chri/1 nous eft prefché;l'ça
chons que Dieu nous defploye là fon coeur,
que là il fe manifefte entant que nous le pou-
uons porter, entant qu'il nous eft propre pour
noflre inltruûion. Ouurons donc les yeux: &
d'autant que nous les auons par trop troubles,
prion'; Dieu qu'il nous lesdeliure de toujeiii-
pelchemens ,& qu'il nous illumine par fon -
faini't £l'prit,afin que nous le voyons, & que
nous le voyons en telle forte par efperance,
,j I qu'en la fin nous iouifsions de celte deruie-
'rc veue dont faintl lehanpaiIe.Et voila pour
quoy faindl Paul dit que nou'. iommes comme
abfens de Dieu, voire d'iutant que nous che-
minons par foy (dit-il) & non point par vi-
fîon. Il femble que ce foytnt choies contrai-
■ ' '^^ res:car fainû Paul parlant de la Loy& de l'£
uangile , dit qu'il n'y a plus de voile qui nous
retiene que nous ne contemplions Dieu aper-
tement:car l'Euâgile (dit-il)uous eft comme
vne entre'e au Royaume des cieuî: Dieu appro
che de uous,& ne no' faut plus alléguer d'ob-
fcurite aucune, car il n'y a rien de confus ne
d'incertain. Puis qu'ainfî eft que nous auop.s
les threfors de fagefle qui nous font ainli ex-
pofez.nous auons la vifion de Dieu,voire face
à face,côme il eft dit au troificme chapitre de
la féconde aux Corinthiens. Mais quand en
cefte mefine epiftreau cinquième , il eft dit
que nous ne cheminôs point par vifîon, il en-
tend d'vne vifion aétuelle:& puis il vient à ce
Ite monifeftation laquelle gift en efpciance,
«omme il ellditau huitième desRomains,Ce
qu'encores nous ne voyons pas , il faut qu'il
conlîfte en eiperance. 11 nous faut donc con-
clure que les fecretsduRoyaumede Dieu no'
lont cachez aâuellemét, c'eft à dire, que nous
ij'cn auons poiutvne polfeisiô prefenu;,.nous
ne les pouuons veoir à l'œil , ni toucher à Ja
main. Et pour mieux comprendre le tout, il
nous faut mefmes rcuenir à ce pallàge que ne'
auons touché de famèt lehan, car ilnouseit
vn tresbon expnCteur.en difant. Nous fçauôs
que nous femmes enfans de Dieu : mais ccLl
n'apparoifr poini(felon que nous auons dit)il
ne nous eft point viiîblc:& toutesfois nous en
auons vne bonne certitude. Comme s'il pro-
teftoitque noftre foy n'ell point douteufe,
qu'il ne faut point y aller parcuider,ma;s que
il nous faut eftre tout alTeurez que Dieu nous.
a rendu telinoignage de fon adoption. S: qu'il
nous en a donné vn ii bon gage au fang de no
ftre Seigneur lefus Chnft , qu'il faut que cela
nous férue d'vne pleine approbation qu'il eil
noftre Père, que quand noui l'inuoquerons en
vne telle foy & lî refolue, nous ne doutions
nullement qu'il ne nous recognoifTe pour fes
enfans. Or quad nous auôs tout cela, ne voila:
point délia vne vifion? Car ccfte i'cience ue
peut eftre que l'homme ne cognoilTe. Maiç
fainél lehan adioufte , qu'il n'apparoift point
encores. Et comment ? Voire l'clon Phomme,
& félon toute raifon charnelle. Il faut donc
que cefte l'cience-ci fo it côicinte auec la foy.
Or lafoy eft vneviftondes chofes inuifiblcs,
& vne fubftance des chofes lointaines, comme
l'Apoftre en parle en l'onzième de l'Epiftre
aux Hetvrieux. Il femble bien de prime face
qu'il y ait ici contrariété. Cornent ? Vifîon de
ce qui ne fe voit point? Mais ce qui Icrable e-
ftre impofsible à Feiuendement humain & à-
l'ordre de nature, eft pofjibie quand il elî
queftion du Royaume des cieux. Il eft dit que lA'^4-4
ail n'a point veu,& l'aureille n'a point ouy,(S:
n'eft point monie aii cofur Je l'homme ce que
Dieu a prépare .\ ceux qui lanncnp. Ainli dôc
Dieu en foy eil inuiiîble,&: en fa maieilc &ca
fon elTence : les biens aufqutls nous fomr.)es-
conuicZji'ont incomprehi: ciibles à noftre fens
naturel: & tant y a que Dieu par le miroir île
fon Eu.ingile ,nous fait contempler ce qui ne
fe peut voir par raifon, ne par intelligence de'
l'homme. Voila comme la foy til vne viiîoa
des chofes qui ne fe peuuét veoir. Et puis c'eft;-
vne fi/brtancedes<hofes lointaines. Commet
m'appuyeray-ie iur ce q eft eilfjngnc de moy?
Comment me feray-ie vn fondement pour ba
fttr, & pour reîîiter à toutes les tentations du-
monde?Or regardons quellediftanceil y a du
ciel à la terre. II lemble donc que nousdeuons
cftrecomme rofeaux branlans , & qu'il n'y ait
nulle feiTiieté. Or tant y a que Dieu veut que
nous pofledios fon Royaume par el'poir: com:
niedeiia nous auons allégué du premier cha-
pitredes Ephefiés, que nous fommcs af is aux
lieux celeftesjd'autant que lefus Chnft.qui eft
noftre chef,en a piins pofleAion pour tout le
corps de fon Eglilc.En voila donc vne fubftan'
ceimais tant y a q les chofes ne iailTent point
d'eftre eflÔgntes : corne aui'si l'Apoftre du cni
l'Epiftre àuxJHebrieux, qu'il nous faut £cher.
R. 11..
5ifî
SERMON LU.
nodrrCanelireanciel.C.ir fi ceux qui n.iiiigent
Air la mer, quand ils iettét leur anchre au pro
fond, ticnent bon parnai les vagues & les tem
pertes , n^âurons-nous point plus de fermeté
quand l'anchre de noftre foy fera fichce en
DicuîCombien donc que nous l'oyons eflon-
gnez de la gloire des cicux , iî ert-ce neaiit-
jnoins que nousnc laiflcrons pas d'enauoir
vne bône lublhice pour y eftre appuyez, quâd
Ja parole de Dieu aura l'on prix & l'on autho-
rité cerne elle doit cnuers nous. Auili main-
tenant nous voyons en lomme côme nul hom
me ne peut voir Dieu:car cepedant que nous
ïonuc; Tons au inonde , ileft certain que nos
ftnj ne paruiendront point lî haut que de cô
templer Teffcncc de Dieu qui cft du tout inui
fvAs. Il haut donc renécer à tout ce qui eftde
rhomnie & de la chair , corne il ei\ dit en vn
autre pallàge, que la ch.iir & le fang ne pofFe
j.Cor. II. deront point le royaume de Dieu.Or cepcn-
jo. dant Dieu ne laiffe pas toutesfois de l'e mani-
fefter à nous en quelque forte, voire Se trouue
la vnmoyen qui nous eftvtile , c'eftquepar
fon Eu.ïg'.le il nous prefente vne image en la
quelle nous le pouuons contempler : comme
en lefus Chrift nous auôs toute plénitude de
bien, nous auons & la iuftice de Dieu,& ù ver
tu,& fa fagefle, & fa gloire, & tout ce qu'il y
a , corne aufsi fon eflc-nce y eft en perfeftion.
Quand donc lefus Chriit nous eft aufi lèue
lé, voila Dieu qui fe monftre ànousimais ce-
pendant li faui-il que nous donnions lieu à la
foy & k Tefperance , &: que nous attendions
que les chofes qui nous font auiourd'huy niô
Jlrecs comme en vn rwVoir & en obfcurité,
nous foy ent reuelees : ( ainfi que fainft Paul
en parle au 73. de la première aux Corinth.)
& que nous facions ccft honneur à noftre Sei
gneur Icfiis Cluift d'auoir patience, (comme
il a efté déclaré ceniatin)!ufques à ce qu'il ap
YaroilTe pour accomplir les chofes qui font
encores comme en branle. Il eft vray quela
vie nous a efté acquife par fa mort Se rcfurre
ftion , mais le huift de la iouilTànce n'eft pis
encores venu iufjues j nous. Cheminons doc
en cfpoir, & cepedant ne lailTons pas de nous
afTeurerdes chofes que nous ne omprenons
point, 8c que nous ne foyons pointabrutis a-
uec les mondains &: les incrédules qui diront,
U n'crt qued*eftrc:&: regardent ce dequoy ils
peuuent cftre faills. Voila comme parlét ceux
qui n'ont iamais fceu que valoit la bonté de
Dieu & Ci vérité. Or il ne faut point que nous
en foyons ainlûmai . cognoilTocs que ccft E-
ftre du monde, n'ift rien, que cela s'cfuanouit
tantoft.cognoi/Tons que tout ce que les hom-
mes ciiideut poircderen ce mode, n'eft qu'v-
ne figure qui les déçoit , cScfjnt toutesbahis
quand ils te voyent vuides &dcl"nutz de tout
ce qu'ils pcnfoyent auoir : comme celuy qui
'X ai\ra fongé qu':! eft Roy , & qu'il eftenvn
'**) grand banquet , s'il s''cf leille, il trouue qu'il
•^cft tout afFainéjil le trouue vn poarc ocliAie.
)
Ainfi donc fçachons qu'il nous faut cheminer
par ces chofes baffes fans nous y amufcr . £t
cependâtiCombien qn'auiourd'huy Dieu pour
efprouuer noftre foy , & l'honneur que nous
luy portons , nous tiene comme priuez & de
foy &: de fes richeffes,&: de tous fcs biens fpi-
rituels, que nous nelaifsipns pas toutesfois de
les pi ifer beaucoup plus que ce qui fe voit en
ce monde, & dont nous auons l'vfage prefcnt:
car ccit vlage-la pafle , mais nous attendons
de iouir des biens de Dieu qui font perma-
nens, voire& de le pofTeder luy qui eft Sei-
gneur de nous.Et pour conclufion faind Paul
adioufte, Qk? c'efl en luy qti'tfl gloire & "»-
pire éternel. Ll cft viay que ce titre tend ii ma-
gnifier Dieu, afin que no' luy facions hômage
&grans 1.^ petis:mais cepedant fainft Paulauf-
lî regarde plus loin, c'eft de nous hure aimer
ce royaume de Dieu , & aufsi que nous le pri-
fions tellement, que tout ce qui eft du monde,
ne nous foit rien en comparaifon . Vray eft
qu'il nous faut honorer ceux aufquels Dieu a
donné la puiflance en ce mode. U faut que les
peuples foyent fuiets àleurs Princes ficalciirs
Magiftrats,voire ^qu'ils les honorent. 11 tiut
que les feraiteurs obeiflent à leurs maifties,
les enfans à leurs percs : nousdeuous l'hon-
neur mutuel aufsi chacunà l'on prochain, cou»
me l'Efcriture le porte, Mais cela n'empefche
point que Dieu feul ne fou honore . Et pour-
quoyî Car tout l'hôneur que nous faifonsaiir
hommes, fe doit rapporter à luy, autrement il
n'eft pas bien règle: comme les poures incré-
dules,quand ils honorent leurs Princes, ils laïf
fcnt Dieu derrière , ils le renoncent, & fe rc-
cullent de luy:Ho,voila, difent-ils, il fautvi-
urecome ceux qui ont domination fur nous.
Et cependant Dieu fera là quitté . Qjund vn
maiftre voudra contraindre Ign feruiteur à
mal , ou bien que le leruiteur aufsi de fon bon
gré nedrmande iînon de complaire , queFvn
fera macL|uereau, l'autre fera vn larrgn, l'au-
tre fera vn yurongne & vn desbauché: que ks
enfans auAi refiembleront à leurs pères, ils ne
vaudront rien : voila vn honneur p^erue.s 8c
maudit, voila vne confuiion qui peruci tit l'or
dre de nature. Mais quand nous honorerons
ceux qui font conftituez au nom de Dieu , &
que cependant Dieu retiendra fon degré fou-
uerain, & que ceux qui dominent, ne demande
ront iînon de feruir à Dieu,&' d'inciter les au-
tres à ce faire, V oila comme Dieu iera feul ho
noré. Et pourquoy ; Car tout l'honneur que
nous rendons chacun en fon endroit à ceux
qui nous font égaux ou fuperieurs, cft pour
magnifier l'honneur de Dicu,.àce qu'il ait touf
iours la prééminence. Et voila aufsi pourquoy
il exerce fon empire fui nous : car les loix &
polices, & chofes femblabics font pour nous
entretenir en crainte S: en f liettion.Et au rc-
fte.quand S.Paul dit, Qjte l honniur ^ tmpirj?
efl perpétuel en ! iiK fiUl c'eft afin que nou ap
prenions de tellement paiier par cmôdc.que
rien
SVR LA ï. A TIMDTH.
3'7
tien ne nous eftonne: quand nou'; verrons tou
tes les puiflaiices.lesprincipaucez.les royau-
mes,les raoiurchies, que nous verrons toutes
choies femblables s'armer contre Dieu, qu'il
•Icmble que nous dcuons élire engloutis arn
^raia de Tel, que les dangers nous enuironnét
de tous coftez, que nous ne loyons point ef-
frayez pour cela. Et poiirquoy? Il nous faut
furmonter toutes telles tentations , d'autant
que Dieu ne nous appelle point à vn royau-
me temporel, mais à ce royaume qui durera
fans fin.quad tous les royaumes & empires de
ce monde feront abolis, corne il a efté traitté.
O R nous-nous prollernerons deuant la
face de noftre bon Dieu en coçnoifTancede
nos fautes, le prians qu'il nous les f^ice fentir
pour nous humilier deuaiu fon nigement , &
luy en demander pardon:& qu'il nous refor-
me tellement , que nous ne demandions iîiion
de proiiter en l'efperace de ce Royaume ce-
lell:e,& y profiter de plus en plus.Scnous de-
fpouillerde tous les empefchemens qui nous
furuiendront en cemonde . Et d'autant que
nous fommes débiles, & que nous ne pouucns
point nous auancer d'vn pas pour aller à luy,
qu'il nous y attire par fon S.Ei'prit,nous (np
portant touliours en nos foiblefles, iufques à
ce qu'il les ait corrigées du tout. Que non
feulement il nous face cefte grâce, mais aufsi
à tous peuples & nations delà terre,&c.
HVITIEME SERMON SVR LE
SIXIEME CHAPITRE.
17 Commande a ceux qui font riches en ce monde, qu ils ne foy-
cnt point hautains en courage, c^ quih ne mettent point leur efperan-
ce en l incertitude des richcjjcs , mais en Dieu Viuant j qui nous baille
toutes chojcs abondamment pour en "vfèr'
■ j8 QhjIs facent bien, qù ils foyeiit faciles a dijïribueriCommu-
nicans volontiers..
19 Se faifxns thrcfor d\n bon fondement pour îaduenir : afn
quils obtienent la yie éternelle.
o V s voyonscôbitn il eft dif- monde, mais il veut que les riches foycnt ex-
Êîh^tS^Q fic'le . quand les hommes ont hortez de ceLi.Pourquoy^Car ils tp ont me-
xll'!^\ril^ quelque obicû pour les retenir Iticr , comme dcfia nous auons dit. Vfay cfl
au monde, qu':lç aillent droit à quidon les reprime ainfî,q ce leur eftvne cho
Dieu, & quand ils ont occafion fe falcheiife,car il leur femble bien qu'on les"
de s'arrefter ici , qu'ils ne ten- doit efpargner plus que tout .emoiide:d'au.
dent ni afpirent au ciel. Au c5craiic,ii ne leur tant qu'ihYe mirent en leurs plumes comme
faj.it quaii rien pour s'eleuer , & cftrc enflez des paons, ih voudroyét que chacun s'abba.-f-
d'orgueil, tcllcip.ét qu'ils niefpnfent l)icu,& fafc fous eux.qu'on n'ofe pas .! grad' peineles
ne tienent conte de l'a parole , & ne fçauent regarder entre deus yeux. Voila quelle cft
pi' que c'ell de luy obeir.Et cela eft par trop Ta": rogance de ceux qui ont des bi^n;. Mais
commun aux riches, d'auclt qu'il leur fcmble fainft Paulaucontrairc,pourabbatrc'ctft oa-
qu'ils ne lent plus du rang vulgaire , & qu'ils gueil, dit que ceux qui font riches, n'ont que
ont quelque condition à part. Là delTus ils fe vne vaine apparence , & vn luftre qui palTc &
font à croire merueilles,5: reiettït tout loug, s'efuanouit tantoft, qu'il ne faut pas pourtant
& leur iemble que c'eft honte à eux de s'aflli- qu'ils prefument à caufc qu'ils Cjm abondaus
iettir m à Dieu,ni à fa dotlnne.Et puis que ce en or & en argent , & qu'ils ont de grandes
Tice règne en eux, ils ont befoin de corre- poflefsions.car ils en feront tantoftdclpouil-
ftion telle que faina Paul la donne ici. Car il lez. Et qu'ainlî foit.quelle ell la vie de . hom-
ne parle point d'vneexhortatiô qui foitgene mes en foy lînon vnecourfe bien voiaçcPOr
raie pour tous, mais qui notamment douVcr- les biens n'en font qu'vne accelîoire. Fant-il
mr de médecine à ceux qui prefument fjus donc qu'ils donnent telle occaiîon d'nrt;iicil
ombre de leurs richeires,& fe veulent eleucr, à ceux qui les poffcdétPCar quand faii-tVpaul
& ne tiencnt quafi plus conte du royaume les a admonellez qu'ils ne font riches que
deDieu,eftan' par tropaddonnezauxchûfes pour vn moment , & que cela fe pailcra tan-
tranrttoirev. Saiiiâ Pauldonc ne dit point iCi toft.tl met aufsi, qu'ils fe rendent pctis: Com-
a Timothee, qu'il commande' fins evception m nde /««-.dit-il, ou cnicin.ou dcuôcc.Et en
a tous hommes detficminer enhmirlité, & cela voyons-nous cinmc fc prattique ce que i.C.-r.
de ne fe point" fieta^'bichs caduques de c6 ildit en vn autre paflàge.quei'EMangilc doit 10. J.
R.iu.
3.S
SERMON LUI.
X
abbaiffer toute haiitelTe qui s'eleiie contre la brecjue Dieu lésa mis en quelque preeminen
maitfté de noilrc Sergoeur Icfiis Chrift. Vo- ce, ou qu'il leur a élargi des biens plus ample
yons-nous donc les hommes qui le veulét fai ment que non pas à beaucoup d'autres. Or ve
re par trop val jir, d'autan: qu'il'; {ont en di- nons maintenant i la iiibftance de ce qui eft
gnité & honneur , & d'autant qu'ils font ri- ici contenu. Sainfl Paul en premier lieu veut '
ches?n tant que cela foit rabbaillé&niis bas, que les riches ioyétaduertis de n'eflre point
car l'Euangile autrement n'auroit point fon hautains en courageicar les nchefles volon-
cours. Vùila en quoy Icfus Chrift veut eftre tiers apportent orgueil, & cela viét par la per
magnifie, voila côme il drefle Ion iîege royal uerCté des hommes. Car nous fçauons que ce
au milieu de nous , c'eft quand toute hautefle qui procède de Dieu.ne nous doit point cor-
n'eft plus rien eftimee, & que les hommes ne rompre, côme aufsi il ne fait pasdefoy : mais
prétendent point de s'eleuer contre luy pour il y a vne telle malice en nous, que nous con
reietter fon iou^,mais que grans & petis l'a- uertiflons à mal tous les biens que Dieu nous
dorent , & luy font hommage. Et amfi nous diftribue. Au refle,nous fçauons que l'orgueil
voyons maintenant en premier lieu , comme vient de celle lolle imagination en laquelle
faind Paul prépare ceux qui autrement fe- les hommes s'enyurent & s'esblouiflent.cui-
royent préoccupez d'arrogâce, pour ne point dans élire demi-dieux s'ils ont des biens. Et
receuoir la doftrine qu'il leur propofe. Car pourtât fainifl Paul vient iufqu'à la fource.di
quand il dit que les richeffes ne font qu'vne f^nt tQ^ilsfi garde, d'efperer enPincfrtituJe
petite fumée, c'efl afin que les hommes ne s'y Jes ricl>e{fes.i-i nôihien donc que fainft Paul,
abufent^>lus,comme Us ontaccouftumé,quâd pour corriger l'orgueil dot les hommes font
ils cuidêt aflezauoir pour eltre exemptez du enflcz,quandik ont leur bien en trop grande
rang cominun,& pour efbre pnuilegez,que ce admiration.dit qu'il ne faut point qu'ils s'at-
la n'eft qu'vne figure quis'efuanouit tantoft, tachent l.r car cefte efpeiance que nousmet-
& qui n'a nulle durée. Et qu'ainfi foit, qu'ell- tons aux biens du monde eft caufc de nous
ce que du monde^Voiladonc vn bon prépara faire enorgueillir , que nous mettons Dieu en
tif,afÎQ que les riches , & les gés honorables, oubli, que no' mefpnfons nos prochains, que
|{ ceux quHont en crédit & honneur, ne fe re nous cuidons eftre dci idoles. Etainlinous
tirent point de l'obeiffance de lefus Chrift, voyons comme il nous faut conioindre ces
& qii'ils ne cuident point auoir priuilegc par deux mots. Pour le troifieme faimil Paul ad-
deilus les autres pour eftre exemptez, mais ioude, Q^t les riches doiiie?it tpre admonefteK
qu'ils reçoiuent le ioug que Dieu impofe à d'effurer a-. Dit» ■viu.tnt. lojuel tiens dcnite toi*
tous les iienv.Et cependant notons aufii,d'au tes choffsliheralcmintàfufJî/-"tc e. Ici S. Paul
tant plus que les hommes fout eleuez , qu'ils nous monftre comme nous pourrons deftour-
ont be foin qu'on corrige tout orgueil &pre- nernoftre efperance des biens caduques de
fomption en eux : car il n^y a rien plusaifé ce m5de,c'eft afçauoir en la roett.it en Dieu,
que de nous liauffer, quand il y a quelque pe- Car nousauons les efprits remuans, tellemét
tite occafion. Et qu'ainlî foit.nous voyôs fou que iamais nous ne ferons à repos (mon que
uent les hommes côbatre contre nature:com nous ayons trouué vn certain appuy. Il y au-
bien qu'ils foyent poures maloftrus, qu'ils ne ra donc toufiours de l'inquiétude & trouble
ayent nipuiflance,nicredit,nihonneur,ni pa pour nous agiter iufq-ues à tant que nous ay-
rcntage,ne rien qui foit, fi ne laiflent-ils pas ons trouué où il nous laut auoir contente-
d'eftre enflez comme crapaux,& creuét d'or- ment. Et ainfî iufqucs à ce que nous ayons ap
gueil. Que fera-ce donc quand il y aura quel prins de regarder à Dieu pour nous tenir
que matière de s'enorgueillir? Et ainfi, que pleinement .î luy, il faudra que nos efpriti
ceux atTfqiiels Dieu a donne des biens en a- foyent toufiours en branle, que nous ayons
bondance,&qui font eleuez en degré d'hon- des mouuemens pour nous tranfportcr çà &
neur , fçachent qu'ils ont plus grand meftier là. On aura beau nous dire, Qujeft-ce que des
d'eftreaduertisde leurdeuoir .d'eftre humi- biens de ce monde? nous voyons qu'il n'y*
Jiez & rangez en obeiflànce , que n'ont pas nulle aiTeurance. Qu.'eft-cedes honiieurs?ce
ceux qui fontdebalTe & petite condition : & n'tft q himee.Q_u'elt-cemefme;decefte vie?:
qu'ils oublient toutes ces folles fantafies que ce n'eil qu'vn fonge : il ne faut q tourner la.
conçoiuent beaucoup de gens, Voirc?&: corn main, & nous voila deuenus poudre & cèdre»
ment s'attache-on à moy?faut-il que ie foye On aura beau nous remoiiftrer ces chofes,,
ainfi traitté? Tous ceux qui y proccderôt am tout cela ne nous feruira de rien , iufques à
fi, ne gagneront rien, car ils regimbent con- ce que Dieu nous foit prcfenté, qu'on nous aie
tre l'tfperon. Mais fi ccux-la font ainfi des monftré que c'eft .\ luy qu'il nous faut adhe-
beftes fiuuages & rcuefches, que tous fidèles rer, & no' y tenir du tout. Et voila pourquoy
& enfans de Dieu apprcnctceftc le^on, c'eft tou-tes les belles remonftrances qu'ont lait
de peur qu'ils ne s'cleuent par trop, qu'il leur les Ph:lofophes, n'ont rien valu. Car ils ont
eft expédient & vtile d'cftre reprimez, & que affcz parlé de la fragilité de ctfte vie terre-
on les tient en bride courte, afin qu'ils ne {i-
eent point des cheuaux efchappcz , fous oin-
\
ftre, &dcrertat incertain des hommes : ils
ojjt monftré <jue ce font chofss fruftratoires
SVR LA I. A TIMOTH.
1^9
que de cuideranoimofVrc félicité en nos pof
(efsions.en nos feigneuries,ni en rien qui foit:
ils ont monftré que c'eft vn abus que de cut-
der auoir rien ici bas en quoy ils le puiflent
gloritîer. Ces grans Philofophes qui iamais n'
aucyent rien cognu de Dieu, eftans conuain-
cus par eTperience.ont affcz traitté & difputé
de ces chofes : mais cependant ils n'ont gue-
res profité, d'autant qu'ils n'ont point cerché
le vray remède à cela, c'eft afçauoir , de fon-
der les hommes en Dieu, & leur déclarer que
c'eft luy feul duquel il nous faut contenter:
&iufqu'à tant qu'on foit là venu, toulîourson
fera en beaucoup de perplexitez, comme i'ay
défia dit. Notons bien lonc l'ordre que fainift
Paul a tenu ici: car il ne parie point idemie
bouche, il nous baille vne doftrine pleine, & à
laquelle il n'y a que redire . Mais afin d'en
mieux fairenoftre profit, commençons parce
bout, c'eft qu'il nou; fiut efperer au Dieu vi-
uant, lequel nous donne richement toutes cho
ki à fufrifance , ou pour en vfer . Saind Paul
parlant ainfi , n'entend pas qu'il nous faille
efperer en Dieu Amplement, pource que c'eft
de luy que nous auons la promefle de noftre
Ûlut fpirituel : & c'eft aufsi à cefte condition
qu'il s'eft fait noftre Père , &nous achoifis
pour fes enfan; , afin que nous foyons héri-
tiers de la vie celefte : fainft Paul n'entend
pas (implement cela, mais il comprend cefte
vie tranlîtoire. Comme s'il difoit, Comme
nous deuons efperer en Dieu pourparucnir
au Royaume des cieux , & qu'il faut que nous
foyons fondez & appuyez fur fa pure grâce
& mifericorde,d'auiat qu'il nous a appelez au
nom de noftre Seigneur lefus Chrift,pour
pofleder le falut qu'il nous a promis: aufsi ce-
pendant que nous viuons en ce monde , ce-
pendant que nous auons befoin de boire & de
manger, il nous faut auoir cefte refolution en
nous , que c'eft l'office propre de Dieu de
nous fubftâter,&:nous dôner tout ce qu'il nous
faut. Et ceci eil commun tant aux riches- que
aux poures . Car lefus Chrift n'a point laifle
vne faconde prier feulement pour les po-
ures, mais en gênerai il a donné vne règle que
il neus'faut fuyure : car là il nous a dit que
nous deuons demander noftre pain ordinaire
de iouren iour. Par cela nous proteftons que
l'office de Dieu eft celuy qui a défia efte trait
lé, c'eft alçauoir, de nous fubftanter , comme
vn père appaftelle fes enfans: ainfi Dieu s'eft
referué cela, qu'il veut que nous demandions
de fa main noftre nourriture. Or fainft Paul
dit , Q»'/7»3«f donne rich.ment toutes chofes:
non pas que nous ayons tous nos fouhaits , &
que Dieu nous foule. Car nous fçauons que
nos appétits font desbordez : & fi Dieu nous
donnoit ce que nous demandons , ce feroit
pour nous eftrangier , comme nous fommes
des gouffres , & n'cft pas queftion feulement
de nous contenter de mefure & de fobrieté,
mais il n'y a cduy qui ne ie vouluft plonge^
aux délices de ce monde , pour gourmander
en toute intempérance : & mefmes nous ne
voudrions pas feulement gourmander en tou-
te intempérance', mais auoir & amalTer dee
biens pour nous creuer les yeux, & nous e-
ftouffer en noftre abondance . Voila que c'tft
des hommes félon leur nature. Dieu donc ne
nous donne pas richement félon noftre de-
fir tout ce qu il nous faut : mais fi eft-ce qu'il
n'eft pas chiche qu'il ne nourrifle fes enfanc
comme 41 cognoift qu'il nous eft propre.
Nous voyons défia la libéralité de Dieu, qu'il
ne défaut point au pouremonde, maisqu'W
fubftante ceux qui fe remettent àluy,& quil*
inuoquent . Et s'il a le foin de tous, ( comme
nous l'auons veu par ci deuant ) mcfprifera
il fes fidèles ? les mettra-il en oubli ? Et afin
que nous ne prenions point ce mot R/Vfc»-
mf»^ , pour dire que Dieu nous doyue ietter
à l'abandon tout ce que noftre courage ap-
pelé , fainâ Paul met , Vfur nojlre rfige : ou,
à fuffifance : comme s'il difoit, que Dieu re-
ftraint fes largeflès &■ fa libéralité , comme
il voit qu'il nous eft meftier d'cftre fecourus
de luy , qu'il diftribue à chacun ce qu'il co-
gnoift luy eftre bon & propre . Apprenons
donc de nous contenter de cela . Au refte,
voici en fomme la doûrine qu'il nous faut
obferuer, c'eft que non feulement pour la vie
celelle &. pour le falut de nos amesnous efpe-
rions en Dieu, mais que pour cefte vie cadu--
que , & pour tous fes accefToires nous fça-
chions que quand Dieu nous amis au mon-
de , il s'eft referué ceft officed'eftre perede
famille , Scd'auoirle foin de nous comme de
fes créatures , que c'eft de kiy qu'il nous faut
attendre tout bien, c'eft à luy où il nous faut
auoir tout noftre recours . Or fi nous prions
Dieu en vérité, & non point en feintife , il'
faut qu&^noftreafleuraace foit fichée du tout
en luy, ôî que nous prenions cefte refolution-
la.q'ic nous fommes bien perfuaJcz que Dieu
eft celuy qui nous fubftante de iour en iour.
Alors nous aurons vn bon moyen de retirer
noftre efperanne des chofes caduques de ce
monde, & de toutes les corruptions aufquel-
les les hommes s'abufent ,&s'enyurent con-
tinuellement. Car qui eft caufe que les riches
s'enorgueilIifTent ( comme délia nous auons
déclaré) finon pource qu'il leur femblc qu'ils
n'ont point de befoin de Dieu quand ils ont
belle prouifiô, qu'ils ont leurs greniers pleins
& leurs caues ? Combien qu'ils ne defpitent
point Dieu de bouche, fi eli-ce qu'ils fonf là
corne ftiipides:car cependant ils ne regardent
pas que tout cela leur peut eftre raui en vne
minute de temps. Et puis, combien que Dieu
leur lailTe la polTefsion de leurs biés pour quel
que temps, qu'il femocquera ncantmoinsde
leur folie en les retirant de ce monde, qu'il ne
leur permettra point d'en vfer.Vn homme
pouria auoir aflez de quoy boire & manger,
& cependant il faudraqu'il en foitpriué, &
'K. ivii.
310 SERMO
pu'il foit l.\ comme eftoiiffé au milieu de fes
lirgefTes.Si les riches cogiioilToyét cela, il eil
cei :ain qu'ils ne penferoyent point tantà ce-
lle vit caduque, & ne Icroyent point fi fuiets à
leurs biens pour en faire des idoles. Ainfi doc
quand nous aurons lecordécefte leçon , d'e-
fptrer au Dieu viuant, & luy attribuer l'hon-
neur qui luy appartient , c'tfl: afçauoir que c'
eft à luy denous donner ( cornme nous auons
dit ) tout ce qu'il cognoift nous eflre 'propre
pour noflre vfage.'Sc à fuffiûnce : alors toute
celle vaine efperance de laquelle les mon-
dains & les incrédules s'enyurent, fera corri-
gée aifcment , que nous n'efpererons plus en
Pincei tirude des nchefle'.. C'ell vn mot enco
res que nous auons bien à noter . Car fainft
Paul pouuoit bien dire fimplemét, Qu'ils n'e-
fpercnt point en leurs richtllès:mais :ldit,E«
/'/Hffrf;fH(ff, lignifiant que les biens que nous
auons en main fe pourront efuanouir tantoft,
«[u'ils feront tantoft efcoulc'z : comme aufsi
nous le voyons. Car combien que les riches
facent leur conte que iamais terre ne leur fau
dra: toutesfois nous voyons comme Dieu les
eu piiue , &non feulement pour leur inflru-
ôion, mais pour les côftituer miroirs &- exem
pies , afin que les autres foyenr enfeignez à
leurs defpés, de ne fe fier aux biens caduques.
Sainû Paul nous inonrtre ici quelle beftife c'
eft aux homme de fe fier aux richeires,cn di-
lant,(^-'''/j»f fit ils efpiTtnt au ' ieu liuaitt.
Se non fias' caufe . Car fi la benedidion de
Dieu eft fur nous,& qu'il nous fou fauorable,
«ouspouuons ertrc-aflfurez que rien ne nous
peut faïUir.que la grâce qu'il nous a promife,
quand il a déclaré qu'il nous fubuiendra en
tout & par tout, eli: fuffifante pour nous con-
tenter , que nous pouuons piufer de cefte
fontaine-la, & en prendre tous les iours, fans
craindre qu'elle nous défaille. Mais ffhous ve
Bons puifer en nos richeiîes , Si que nous n'e-
ftimions rien celle beneiliftion , comme lî elle
BOUS efioit fuperflue : il faudra que Dieu nous
face fentir par expérience que les richefTes s'
efcoulent , que ce n'eft qu'vne figure qui nous
cfchappe,& qui s'efuanoirit bien tofl.Êt ainfi,
cependant que les riches de ce naonde pofle-
den: les biens que Dieu leur a donnez , &: que
ils en ioiiiflent , que de longue main ils s'ac-
couflument à cefte doctrine de fainft Paul , &c
qu'ils en vfent en diùnt , Ceci n'eft rien, tout
ceci eft incertain, gardons de nous y arrefter.
Qjjand ils aurôt bien médité cela, alors Dieu
continuera fabenedi6Hon enuers eux , & fera
qu'ils iouiront de ce que défia il leur adonné.
ÂUis aucontiaire, s'^ils ne penfent i l'jncerti-
lude dont parle fainft Paul, il faudra qirils en
foyent cnleigntz .i leurs defpens & à leur con
fuiion.Or l'ay de fia dit que quand nous ferons
defpouiJlcz de celle vaine efperance, voire de
celle yurongne rie qui nous aucugle , quand
nous cuidons auoir noftre félicité aux biens
«duqucs de ce monde > que l'orgueil quant &
\
N L î I r;
quant fera abbatu.Et ainfî d'autant plus effor-
■ çons-nous .î cfperer en Dieu, pour retirer no
lire cœur des richelîes du mode, afin que nous
cheminion-: en modcllie : & que ceux qri font
riches , ne mefprifejit point leurs prochains,
qu'ils ne fe mettent point en oubli , qu'ils ne
fe facent rien à croire d'eux , comme s'ils e-
floyentplus dignes que les autres , mais que
plullofl ils cognoiffent que d'autant plus ils
font obligez à Dieu, en ce qu'il kur a élargi
de fes biens ,& qu'il s'ellmonftié fi libéral en-
uers eux. Se cognoiflans ainfi tenus à Dfeu , il
eft certain qu'ils ne tafchcront que de chemi-
ner en toute mâfuetude aucc leurs prochains,
&' fur tout ils oe feront point tranfportez de
fier- é,pour oublier le Royaume de Dieu, pour
oublier laviefpirituellc qui leur cil tous les
iours offerte en l'Euangile: ils ne ferort point
tranfportez de pompes, ne de vanitez, ne de
chofes femblables . Voila donc en fomme la
doilrine qui nous eft ici propofee par fainft
Paul . Or le principal eft qu'elle foit pratti-
quf e, & que nous commercions par cefte efpe
rance que nous deunns auo'r en Dieu , & que
puis après nou. fcachions que tous ceux qui s^
attachent aux biens de la terre, fe trompent à
li'ur "fcient , veu au'il n'y a rien de feime ni
de longue durée. Efli dtfîus que nous appre-
nions à nou< glcirifieren ce que Dieu nous a
appelf'Z à des biens plus hauts &• plus evcel-
lens que ne fjnt pa toutes les r chcflrs du
monde, quand il nou'^ a fait fes héritiers. Qjie
il n'v aitdùc rien qui nous cmpefche que nous
ne tédions toufiours àla vie celefle,& que ce-
la ne nous creue point les yeux. Or après que
fainél Paul a remédié aux vices que nous co-
guoiiTîns par trop communs entre les hom-
mes,il adi.uflc qnant & quant , Que les riches
Joyuent iftre exhortex. de f.iire tlulii'n : & Je
dniintr-potintiirs, 0- d'être cammunicat'fs, zy'
difir riches enhofin's iruiirts , Ces trois ten-
dent quafi à vn, c'eflafçauoir que les gens ri-
ch'-s ftcent du bien, qu'ils A-yent communies
tifs,& qu'il' donnent volontiers . Mais tant y
a que ce n'e/f point vn langage fuperflu. Car
quand fainft Paul veut qu'on les exhorte de
faire du bien, c'efl pour fignificr que la ma-
tière leur eft donnée de Dieu. Car ielon qu'vit
chacun a de faculté, Dieu efproiiue quelle eft
fon affi ftion . Celuy qui n'a rien,pourra eftre
libéral, car il aura pitié & compafsion des po-
ures indigensrs'ileftoit en luy, il leiirfubuien-
droit:cepédant il ne s'efpargne pas de ce que
il peut: À s'il ne peut rien, pour le moins loti
courage s'ouure. Mais ceux qui ont des biens
en abondance. Dieu les met là comme àl'el-
prcuue.Ainli donc S.Paul en commandant aux;
gens riches de faire du bien, les aduertit que
c'eft d'autant que Dieu leur a donné, voire
comme s'il leur auoit commis fou bien entre
leurs .rains,& qu'il les en euft couflituezdij-
penfateurs, comme tonte l'Efcriturc nous eu
parlc,& qu'à La vérité il nous faut penfe r que
félon
^
SVR LA I. A TIMOTH.
3ÎC
félon que chacun aura receu plus ou moins, iJ
faudra qu'il rende conte. Voila donc quant
au premier mot. Or il s'enfuit, Ef de donner
•volontiers : qui efl le plus général. Car fî les
hommes cognoiffent que leur faculté tende
à cefte fin de s'employer là où la necersité fe
voit, alors ils font efmeus de donner volon-
tiers.Mais dont viendra vne telle vertu ? Car
nous fçauons que chacun fe rcftraint , & cha-
cunyeut ferrer pour foVi& ce qu'on donc, on
cuide qu'il foit perdu . Il faut donc qu'il y ait
cefte vertu que fainft Paul adioufte.c'cft afça-
uoird'eltre communicatifs . Et qu'eft-ce que
ceci emporte? Que nous cognoif ions quand
Dieu nous a ainii couioints enfcmble,que
chacun cft redeuable à fcs prochains . Si Dieu
nous euft voulu tenir chacun à part, & bien,
nous n'aurions pas cefte necefsité qui nous
contraint de conuerfer les vns auec les au-
tres : mais maugré qu'en a vent les hommes, fî
faut-il qu'ils communiquent enfemble . Voila
donc où il nous faut reuenir, voire & cognoi-
ftre que Dieu nous a voulu faire comme mem
bresd'vn corps. Et tout ainli que Toeil ne fe
peutpaflerdu pied , la main ne fe peut palier
de l'aureille , la bouche ne fe'peut palTerdu
ventre , aufsi que & grans & petits ne fe pcu-
nent pas contenter chacun de (a perfonne,
mais qu'il nous faut eftrevnis , & qu'il nous
faut auoir comme vn lien mutuel de fraterni-
té. C^uand nous aurons ce regard-la , chacun
conclura puis après : le voy mon prochain
qui a faute de moy, fi i'eftoye en telle extré-
mité, ie voudroye eitre fecouru : il faut donc
que ic face le femblable.Brief cefte communi
catron dont parle ici faincl Paul, cft cefte af-
feftion fraternelle qui procède du regard que
nousauons quand Dieu nous a conioints en-
femble, & qu'il nous a liez corne en vn corps,
& qu'il veut qu'vn chacun s'employe pour les
prochains,que nul ne foit addonné à fbn par-
ticulier, mais que nous feruions tous en com-
mun . Maintenant nous voyons qu'il n'y a
point de fuperfluité au langage de fainft P.iul.
Or en premier lieu, il veut que nous conlîde-
rions nos facultez , afin qu'vn chacun s'em-
ploye félon le moyen qui luyeft donné de
Dieu . Sur cela que nous foyons communica-
tifs, quenous ayons pitié & compafsion de
ceux qui endurent , que nous fçachions qu'il
ne nous faut point feparer les riches des pc-
ures , les grans des petits , mais que nous fa-
cions tous vn corps,& que celuy qui femble e-
flre le plus excellent, qu'il foit le moindre en
courage . Qu_e nous ayons donc cefte liaifon
qui foit entretenue comme facree : & alors il
eft certain que 'nous'donnerons volontiers, c'
eft à dire, chacun ne fera pasainfi reftraint &
chiche comme nous fommes , d'autant que
nous fommes pleins de cruauté , ne cognoif-
fans point .i quelle condition Dieu nous a mis
au monde, & pourquoy c'eft aufsi qu'il nous a
a voulu adtoufter vn autre aiguillon , pcmr in-
citer les riches à bien faire.dil^nt , Q«'o« U;ir
commande deflre riches en bonnes ccuures . Or i-
ci il fait vne comparaifon de l'or & dé l'ar-
gent.'des poflefsions , du blé, du vin, des mai-
fons, & chofes femblables , auec les bonnes
œuures , qui font les richefles permanentes,
celles que Dieu reçoit & accepte , & qui vie-
nent en conte deuaiTt luy. Telles richefles
font celles qui ne nous peuuent faillir , &
dont nous iouirons en la compagnie des An-
ges . Ainfi donc nous voyons pourquoy ce
mot E» bonnes a[uitres,e{i adioufté. Car pour-
quoy eft-cc que les hommes font fi tenans, &
que l'auariceles empefche de bien faire, fi-
non qu'ils prifent par trop leurs richefles , &
qu'il leur femble que quand ils font diminuez,
tout eit perdu ? Voici, maintenanr ie fuis ho-
noré,i'ay crédit à caufe de mes biens: & fî i'e-
ftoye pareil & égal à beaucoup, que feroit-ceJ
on ne tiendroit conte de moy, ie ne me pour-
roye maintenir ainfî . Il y a d'autres vaniciz
âufsi qui font caufe que nous fommes par
trop folicitez à nous enrichir , & cela nous cf-
blouit les yeux. Pour cefte caufe donc, appre-
nons quelles font les vrayes richefles . Car fî
ceci nous venort en men>oire, que les bonnes
œuures font les vrayes richefles que Dieu ap
prouue , & qui ne nous peuuent faillir , & qui
ne font point fuiettes ni à corruption, ni à iar
cin : il cft certain que nous les cercherions
plus que note; ne faifons pas,&-par confequenr
nous ferions retirez de cefte folle cupidité
des biens da monde, nous n'y ferions pas ainfî
plongez, comme nous voyons que la plus part
y cft , & quafi tous . Et ainfî fous ce mot pe-
fons bien cefte concluiion que fainft Paul i
voulu fàire,afin que fî nous appetons par trop
les richefles, que nous vueillions eftre en di-
gnité quant au monde , que nous demandions
d'eftre honorez, &:anoir la vogue ici bas en
terre, nou'; cognoifsions,voire,mais il y a d'au
très richefles qui font plus precieufes & de-
firables,afçauoir celles que Dieu approuue,
& lefquelles demeurent toufîours en fon
Royaume . Et ainfî que nous appliquions là
toute noftrc alFcftion,& non point en ces cho
fes qui ne font que pour nous tromper . Et
pour mieux exprimer cela, fainft Paul adiou-
fté,Qa* nous f.teicns -vn threfor d^tn bon fonde-
ment four Padiien:r, afin d'obtenir la -vieeter^
nelle . Sous ce mot de bon fondement , fainft
Paul taxe encores mieux la vanité qui trom-
pe les poures mondains , & ceux qui ne peu-
uent eleuer les yeux â Dieu. Car ils appetenc
beaucoup , & leur femble félon qu'ils auront
entafle grande quantité de biens, que les voi-
la au comble de leurs Ibuhaits, voila leur fé-
licité, pour le moins , félon qu'ils imaginent.
Or cependant regardons vn peu corne ils ga-
gnent beaucoup d'eftre tant riches . Les voifa
auec leurs richefles toufîours flottans au mi-
élargi de fes biens. Mais, encores fainft Paul lieude la mer, ils n'ont qu'angoifles & folici-
S.i.
?"
SERMON LUI.
tudet qui lei tourmentent & tranfportent çà
Si là. Il cft vray quMs s'endormen: quand ils
voyent qu''ils ont des biens tant & plus,&
qu'ils mefpni'ent Dieu, 5c s'aflopiffent : mais
ils ne lailtcntpas toutcsfois d'cftrc toufiours
en tourment &:en ternpeflc . Ne voila pas vn
poure fondement , quand les hommes l'ont
ainlî agitez , comme s'iU cfloyent au milieu
de beaucoup de tourbillons en vue incr ? Les
autres font encores pis : car ils s'accablent
fous le faix Se l.i pcfanieur de leurs richcflcs,
que tout ce qu'ils ont am.illé.n'ell (înon com
me vne montagne pour les creuer , & pour
leur rompre le col . Il efl: vray que les riches
fc plaifiut bien en leur abondance : quand ils
manient leur or & leur argent , les voila en
c;iandes*delices,&: en grandes voluptez.ce fem
ble . Mais cependant lî on pouuoit contem-
pler en quel cftat cil leur efprit , on trouue-
roit qu'ils font là comme en vn abyfme,& que
tout ce qu'ils pofledent,& ce qu'ils pretendét
d'auoir , n'ell {înon pour les accabler de plus
en plus.iufques à ce qu'ils encreuent. Et ainlî
c'eft bien arrière d'auair vn bon fondement
fur lequel ils s'appuyewt pour eftre bien alFcu
rc2:c'eft bien arrière d'auoir vn bon appuy &:
certain auquel ils fe repofent.Saintt Pauldôc
a ici parlé plus que proprement , quand il ex-
horte les riches à fc faire vn bon fondement,
leur difant,que c'eft là le vray threfor. Qu^ils
fe confient (dit-il) fur ce threfor . Et qiioy?
faifans vn hon fondement , car c'eft la mai que,
cependant que les riches du monde, quand ow
leur parle de threfor, ne pcnfent ilnon d'ac-
quefter & champs & prez,& vignes, & d'auoir
leurs coffres bien garnis , & d'auoir gran-
de prouiiîon . Voila donc le threfor de ceux
nui ne peuuent regarder plus loin qu'au mon
de :& voila pourquoy Us s'arreftent du tout
à ces cho<vs caduques. Mais lî taut-il qu'en
ne prenant point de fondement , ils baftif-
fent en l'air. Et pourquoy ? Car leur efprit eft
plein de vanité, c'eft comme vne veAie qui re-
luira,& fera bien pleinc.mais il n'y a que vent
cependant . Ainlî donc en eft-il de tous ceux
qui trauaillent tant pour ccflt vie caduque. Il
eft vray qu'ils parleiot aflcz de threfor, & on
penfera que rien ne leur défaille, on verra là
vne grand' pompe, on verra vn grand amas, ils
attirct de cofté Si d'autre, &au long & au lar
ge, & haut & bas, ils ont de grans monceaux.
Mais cela n'efl point pour eftre fondez, il n'y
a nulle dureciqiii pis eft(comme deiîa nous a-
uons dit)outre ce qu'ils vaguent ainlî en leurs
Tanitez,il faut qu'en la fin les richefles Jes ac-
cablent, & qu'elles les cretient &confuinent
du tout,c'eft bien arrière de le fonder. Et ain-
fi,qu'eft-il de taire '. Que nous afpirions à ce-
lle vie éternelle', comme fainft Paul en parle
pour conclulion. Et quand nous aurons cefte
alFectiô.il eft certain que les richefles ne nous
pourront plus empelcher que nous ne ten-
<lions à Dieu : qui plus eu , elles nous fcrorit
bonnes aides & moyens pour sous aduaneer
à noftrefalut:carvpour ccftecaufeaufsi&à ce
fte intetion nous. font-elles données de Dieu.
Pourquoy ert-ce que Dieu élargit aux hom-
mes des biens du monde plus que leur vfage
le rcquiertrll veut efprouuer (comme nous a-
uons touché ) leur chanté, s'ils font humains
ou non, quand il leur a donné matière de bien
faire. Mais tant y a que les fidèles , quand ilj
font riches, ont dequoy s'aduancer : car ils
font incitez à remercier Dieu,cognoiflans que
il s'cft ainfi monftré large enuers eux. Au re-.
fte, ils ont à batailler contre l'orgueil, contre
les pompes & délices de ce inonde , & quand
ils y reiîftent en la vertu du faind Efprit,c'eft
encores vn autre aduancemcnt pour eux . Et
puis ils regardent, l'ay dequoy pour fubuenir
à mes prochains , s'il y a des poures indigens,
ie fun tenu de leur bien faire : voila encores
vne autre approbation enuers nous . Et aiafi
nous voyons comme en toutes fortes les ri-
cheires fjnt pour aduaccr les enfans de Dieu,
& pour les faire approcher de l'héritage ce-
lefte.Et poirrtant.ceux qui'afpireiit à la viee-
ternelle, n'auront garde d'elhe retenus ni en-
ueloppcz aux biens de ce monde , ils ne tour-
neront point à leur confulion ce que Dieu
leur a ordonné pour leur fahit . Mais quoy?,
Combien en trouuera-on qui cerchent la vie
éternelle, & qui baftiflent fur ce fondement?
Les hommes tracalTent beaucoup , on voit les
peines qu'ils prenent , comme ils fe trauail-
lent ,& qu'ils le meurtrillciit comme s'ils c-
ftoyent leurs bourreaux ■ mais cependant qui
eft-ce qui penfe au Royaume de Dieu?Agrâd'
peine fera-il queftion de remuer vn doigt.
Dieu nous appelle loir A: matin, il nous folici-
te : il ne faut point qu'il nous magnifie beau-
coup les richelfes des cicux,nous les deurions
aflez cognoiilrcmiais entores l'Efciiture no*
en parle félon noftre capacité : & cependant
nous ne daignons pas penferàcequi nousde-
uroit eftre tout accouftumé. Et ainlî, d'autanc
plus cefte do&ine nous cft-elle neceilaire,
quand nous oyons que faiKtt Paul notamment
nous met ici la vie éternelle, afin de nous rcti
rerdc monde, afin que nous ne foyons plus lî
brutaux de nous arrefter ici bas, mais que nous
cognoifsions a^ue Dieu nous a créez & ordon-
nez à vne choie beaucoup meilleure , & à vne
condition beaucoup plus digne & excellcn-
te,c'eft d'cft^re héritiers du Royaume celefte.
Et ainfi que nous tendions là, que nous y ap-
pliquions toutes nos penfees &crtudes.Etc6-
bien que nous foyons comme poures eftran-
gers en cefte vie prefente.que nous ne laif-
lîoHS pas pourtantd'eftreafleurezdela viee-
ternelle , comme de noftre héritage qui ne
nous peut faillir. Ainfi donc il laut commen-
cer par ce fondement, c'eft que Dieu nous at-
tire v payement à foy, & que nous n'afpirions
pas feulement pour vn lour à cefte vie celefte,
mais que nous y foyons pleinement arreftcz,
&
SVR LA I. A TIMOTH.
•^ -y ■>
ic que nos eCpths foyent occupez là . Quand
.nous y. procéderons en telle forte, alors tou-
tes nos ûciiures feront vn bon baftinienc . Car
aous cercherons de palier tellement par ce
monde, que touSours noilre afFedion fuit de
parucnir à noltre Dieui, voire tcnans le droit
chemin, & les moyens qu'il nous a ordonnez,
& qui nous font propres.
OR nous-nous profVcrnerons dcu.int la
face de nollre bon Djcu en cognoilLmce de
nos fautes, le prians qu'il nous les tace telle-
ment fentir , que noux apprenions de nous y
mieux defplairer°cniir en nos vices & en
nos corruptions, & cognoilire que li le mon-
de nous efl contraire, & que nous y foyons
enuironnez de tant de tentations , que nous
tendions au paracheuement de noftre coui fe,
& que nous bataillions conftamment pour par
uenirau but qui nous eft propofé. Et cepen-
dant qu'il plaife à ce bon Dieu d'appliquer à
tel vfagc tous les biens qu'il nous fait & diftri
bue de iamain, que nous ne foyons point iî
malins de les tourner tout à l'oppolîte de
fon intention , mats que nous les facions va-
loir, afin qu'il foit ferui & honoré de noirs , &
que cependant noftre falut en foit d'autant
plus aduancé.Q_ue non feulement il nous face
cefte grâce, mais aufsi à tous peuples & na-
tions de la terre.&c.
NEVFIEME SERMON SVR LE
SIXIEMECHAPITRE.
io O Tmothecgardc ce qui tejl commis , euitant "vanité, pro-
phine de habil, çy les oppofitions defcience faujjement nommée:
XI Laquelle aucuns anonçans ont erré en la foy . Grâce joitanec
toy.Amen.
I nous cognoifsions bien la
dignité & le prix des grâ-
ces que Dieu nous a faites,
nous ferions plus foiigncux
^ les garder, & en taire no-
{, flre profit , & pour les ap-
pliquer aufsi à noflre vfa-
ge. Mais d'autant que nous foraines tantad-
donnez aux choies caduques de ce monde,
voila qui fait que les dons tpirituels ne font
gueres prifez de nous : & auf-;! ils penllent
par noftre nonchalance . D'autant plus donc
auons-nousbefoin de celle leçon qui nous eft
ici donnée par faind Paul, quand il dit qii? iî
Dieu nous a commis fon Evangile, c'tft vn
threfor meftimable,& qu'il nou- faut prendre
peine de le garder . Et puis, que chacun aufsi
en fon endroit regarde quel eft fon depoft.
. Selon que Dieu aura choifî vn chacuh pour le
mettre en quelque office , qu'il liiy aura aufsi
diftribué quelques grâces de fouEfprit, vipi-
la vn depoft. Et au refte.pourccque raous au-
rions bcayçqup d'occaiîons en ce laaride
pour nous faîre quitter ce que Dieu nous au-
ra doncé, Se qu'il nous elchapptra des mains
fans que nous y peniTons , ûintl: Paul adicu-
fte, que Timotheepour faire Jro;teinent fou
c-'îce fe retire de toutes ambitions & vani-
tez, qu'il le contente de feruir finiplemcut à
Dieu. & d'anoncerl'Euaagilcqui luy eft com
laitS- Nous voyons donc maintenant en fnm-
me.quclle eft l'intencion de ù'.aù, Pau1,& cç-
î>ien cefte dortrine nous eft propre. M.v afin
qu'elle fuit mieux entendue, premiecqpient il
aousfiut noter,. qHe ce u'eft point fans caiife
que fainfl: Paul appelle ici depoft, la grâce que
Timothee auoit receuepour eftre Paftturde
l'Eglifc Chreftienne. Car tout ce que Dieu
nous élargit de fes dons, c'cft à celte charge
que noU-. le tacions valoir & profiter : non
point qu'il en puiiTe rtctuoir aucun gain, car
il eft atfez riche de foy : mais feulement que
ion nom en foit glorifié . Selon donc qu'vn
chacun fera appelé en quelque eftat , ou bien
que Dieu luy aura fait plus de grâce qu'à
vn autre, qii'ilpenfe qu'il aura vu conte tanc
plus difficile à rendre. Car Dieu ne nous,
met point (es grâces entre les mains pour en
abufer,pour les profaner, comme font beau-
coup : mais c'eli à cefte condition qu'elles
foyeni toufîours dédiées à fon honneur, & que
nous les rapportions là.Comme quoy? Ceiuy
quia desenfans,do;t pcnferque c'cft vn de-
poft que Dieu luy a donné en charge : comme,
fi quelqu'vn recommandoit à fon ami le bicm
qu'il aura quand il doit partir de fa maifon„
qu'il luy en conimift la clef, ou bien qu'il luy
c^oniiaft là boijrie en garde. Les pères donc 3c
^tneres.doyuent garder leurs enfans comme-
.leur .eftans coiprais de Dieu à cefte conditioa
quMs ay-cnt à en rendre conte . Ceiuy aufi
qui eft appelé à vne charge plus grande &:
plus haute, commeceux qui ont laïufticecn
main,&Le glaiue.doyiientpenfer: Dieu rem''
appiutici eflabli afin que ie domine , mais c''
eft afin que le le férue loyaument : Se cefte di-
gnité de -laquelle ilan'a honoré eil comme va
depoft. D'autaiît qu'il m'a co.mmis la charge,,
il t.uit que ie_m'y g-ouuerjie en forte que ic ne
foy.e^gijjt. co«,ii;able d!éri auoir abufé . Ainfc
Sf.ii.
3H
SERMON Lini.
en eft-il de ceux oui font Pafteurs fur TEglife las, afin qu\n tel bien ne périme point, Scqiib
de Dieu. Cir le threfor de TEuangile leur eft nous n'en foyons point priuez ni deipouil-
commic , & ce (ont les clcts du Royaume des Ici par noftre ingratitude. Voila pour vn ité.
cicuT.Conime toutes fois Si quantes que nous Mais cela eft à obferuer côme vne règle corn
anonçon»ladaarincdefalut,nousmonftrons muneàtous fidèles c!c enfans de Dieu. Hya
tjue Dieu eft preft à receuoir tous ceux qui puis après, que les pères, les maiftres,doiuent
viendront à liiy , que la porte leur eft ouucr- confiderer que ce qui Itur eftcômis enckar-
tc pour le pouuoir inuoq'ier,& poureftre af- ge.fe doit rapportera Dieu. Que leurs enfîs
feurez que leur héritage leur eft apprefté là donc foyent tellement cnfeignez que Dieu
haut, & ne leur peut faillir. Ainlî donc nous en ait toufiours la propriété. Car quant aux
voyons que la dodrine de rEuangilenonsell pères terriens , ils nedoiuent pas eftmier que
comme vn déport, à nous,di-ie,qui en fonimes leurs entansloyent tellement à eux, que Diea
côfticucz miniftres &difpcnûteHrs.()r main- n'en ait toulioMrs la polTef'ion foiiueraine.
tenant c'eft à nous de rcg.trder quelle eftia Autat en cft-ildetonc le rcfte.CarDieuveut
<^nité de ce chreior.Car il n'eft polt qneftiô dominer,& non point refîgner fon otfice:cô-
ici d'or ne d'argét, ne de chofcs corruptibles: bien qu'il nous en face comme participans,
il eft qiieftion du ialut éternel des amcs , que qu'il fe monftre ainlî libéral enucrs nous , li
Dieu Toit glorifié en nous , q noftre Seigneur eft-ce toutefois qu'il ne veut point quitter
Icfus obticnc l'empue Ibuuer.iin, afin que tout fon droit. Ainfi apprenons de luy referuer ce
genouil le ployé deuït lay:il eft queftion que qui luy appaitient,& que nous luy l'oyons fi-
la mort qu'il a lourferte, ne nous loit point dclcs.qiiâil il nous auia commis quelque cho-
vauie ne inutile.maisqu'elle férue pour noftre ie:voire en venté, tellcmét que nous en puif-
rcdemption. Maintenant donc nous voyons lions rendre bon conte au dernier iour. Au re
que ce n'eft point vn depoft vulg.iire que ce- fte , comme il nous eft ici comr.iandcde car-
luy dont faincl Paul parle. Et pourtant tous dernoftredepoft,& fur tout que les miniltres
ceux que Dieu aura commis & ordonnez pour delà parole de Dieu font exhortez de ce fai
eftreminiftres defaparole,doyuentbicn peu- re en laperfonnede Tiniothec : auhi ilnous
fer , d'autant que les clefs du Royaume des faut obferuer que Dieu a noftre falut en gar-
cieux leur font commifes, qu'ils doyuent gar- de,& que c'eft le depoft qu'il maintiendra fur
der ce threfor-ci qu'il ne perifle point , corn- tout.CXifainfi foit.fi nous auions noftre falut
me il fera quand nous n'en tiendrons conte: entre nos mains, & que nous en fufsions gar-
ainû que nous voyons que tout a cfté proplia- diens,que feroit-cc? Et en cela deuons-nous
r.é& corrompu, .\caufe que ceux qui eftoyent prendre tant plus de courage , pour nousef-
appelez Pafteurs fe font contentez du titre, & forcer à taire ce qui nous eft dît par S. Paul,
«cpendant fefont mocquezde Dieu, ont frau- Car fi Dieu nous auoit mis la bnde lur le col,
dé fon Eglife de ce qu'ils luy deuoycnt, &c ne qu'il ne luy chaluft de noftre falut, qu'il nous
leur a chalud'anoncer la doêlrine qui leur e- laillàft faire ce que bon nous fembleroit , &
ftoit coramife.Nousvoyons que par ce moyen qu'il ne penfaft point de nous, que feroit-ce?
tout a efté peruerti. Comme il y a auiourd'huy Chacun feroit côme efgaré , & tout s'en iroit
m abyfine fi horrible en la Papauté , que c'eft en diisipation par ce moyen , tout le monde
pour nous faire drelTèr les cheueux en la tefte periroit. Mais voila comme Dieu befongne,
quand nous y penfons. Et ainfi (comme i'ay ilferefcrue ceft otfice de garder noftre fa-
defia touché)que tous ceux que Dieu a telle- lut. Voila pourquoy fainft Paul en vn autre
ment honorez, qu'il veut qu'ils foyent difpen paffage dit, Celuy qui garde mon depoft, eft
fateiirs d'vn tel threforde la viecelcfte.ayent fidèle. Côme s'il difoit, Il eft vray que ie fuis
foin de s'acquitter de leur deuoir,&: qu'en tou vne poure créature & fragile: il eft vray que
te crainte ils gardent ce threfor qui leor eft tant de tentations me pourroyent taire coin
commis. Cependant , qu'vn chacun aufsien meefuanouirlafoy;maisiemerapporte(dit-
Ibn endroit penfe qu'il eft redeuableà Dieu il)toufiours à Dieii,& repofe en luy. Et pour
de tout ce qu'il a receu , afin que nous ne laif- quoy? D'autât qu'il a voulu prédre cefte char
fions point périr par noftre nonchalance les ge fur foy de maintenir mon faliit ,& d'en e-
graces qu'il nous auraelargiei , mais que nous ftrelegarent:d'autant qu'il eft fidèle, & qu'il
les facions profiter. Voila donc comme il nous ne peut fruftrer les fiens, voila où ie me fie;&
faut prattiquer cefte doftrine , & l'appliquer i'acheucray ma courfc hardiment & fans au-
'à noftre vfage. Or combien que le touche cune doute , fçachant que le Dieu qui eft af-
feulement ceci en brief , toutesfois chacun fez puiffant pour confcriierfes eleus , ne;îie
doit eftre aflez enfeignc quelle eft la foinme. defaiidra point. Or cepédant après que Dieu
Et ainfi quêtons regardent à leur vocation, a déclaré que noftre falut n'eil point en ha-
Nousauons premièrement tous enfemble la zard ni en branle puis qu'il l'a en fa main &
foy , qui eft vn depoft. Car Dieu nous a illu- en fa proteftion,il veut qu'vn chacun deiious
minez en la cognoiflànce de fa vérité , il s'exerce, & nous met comme entre les mains
nous a fait comme gardiens du threforde cequieftfien , ce qui luy eft propre : il nous
fon Euangile. Il nous faut donc cftre vigi- fait ceft honneur-la de nous le commettre,
comme
z. Timt,
i.u.
SVR LA I. ATIMOTH.
3^^
comme finous en edions difpenfateurs t &:ce ncceftoflîce àfon Fils rnique Je le tenir et|
pour efprouuer noftie fidélité , & aufsi pour famain,&<l'en fairebonnegarde étieuie.AiH
nous exercer , afin que nous ne foyonj point fi donc nous n'auons point occafîon d'eftre
oififs. Il faut donc conioindrc ces deux cho- lafches quand il nous tft commandé de garder
fes-la.Et quant àla première , c'cft afçauoir noftre déport. Et pourquoy?Car deuant tou-
que Dieu eft le l'cul gardien de noihe falut, . - -
fainft Pierre le déclare encores mieux au pre-
mier de fa Canonique première , quand ildit
que riieritage nous eit gardé là haut. Car fi
noftrefalut elloit ici bas.ilfcroit fuietàbeau-
coup dechangemcns:iliry auroit rien de fer-
liie:car tious fommes ici comme en vne foreft
pleine de brigans , ou comme en vne mer qui
eft agitée de tourbillonscotinuels.il faut doc
que noihe falut foit li liauc , pour eftre en vn
bon port & alFeuré-Or cependant fi fommes-
Doùs ici bas : & nous voyons qu'il ne faut rien
pour nous- esbranler ,& que le diable a telle
puilTauce fur nous , que nous fommes -comme
poures brebis fans aucune defenfe:& il y a vne
troupe de loups rauiffins pournous engloutir.
Q^e fera-ccdoncr.Sain(ft Pierre adiouftc,Cô-
me noftre héritage inconuptibleeft gardé là
liant , qu'aufsi nous fommes gardez ici bas. Et
comment ? Eft -ce par nolire induftrie, ou que
nous foyons aflcz habiles gés pour nous mani-
tenii?Nenni:mais il dit, Parla vertu de Dieu, qu'en ce monde nous facions valoir ce qu'il
par foy.Côme s'il dfoit, Mes amis, qujd nous nous aura mis entre les mains. Etpourcefte
^enfons qu'en ce monde tout fe remueA'qii'iJ caufe il vfe de cefte fimilitude.que les dons,&
y a des agitations foudaines , & qu'il n'y a ici les eftats aufsi aufquels Dieu nous a appelez,
rien de permanent , eleuons les yeux là haut: font commedesfommes d'argent, eu quelque
Dieu nous a fait ceft honneur qu'il veut que marchandife. Mais cependant fi faut-il auoir
noftre héritage foit hors de tous dangers, que ceci bien imprimé en noftre mémoire, quel'E
il foit exempté des mutations de ce monde, & uangile, &:ce qui en dépend, n'eft pas comme
des reuolutiôs qu'on voit chacun iour.Or d'au vn threfor caduque du monde , mais que c'eft
tât qu'il nous faut cheminer en cefte terre iuf- vn bien qui eft beaucoup plus à eftimer , afin
quesàceque Dieu nous rçtireà-foy.cognoif- que nous foyons tant plusardens à*e garder,
fonsque nonobftant nos infirinitez , fi eft-ce S: que nous y foyons vigilans , afinden'eftrc
que Dieu nous maintiédra-car c'eft en fa ver- point furprins: comme noftre Seigneur lefus
tu que nous fommes ici côferuez au milieu de nous admonefte de veiller fongneufement,
tous les allants que .^atan nous pourra efmou- que nous foyons toufiours debout : puis que
noir. Et comment ? Par quel moyen ? C'eft Satan nous efpie, puis qu'il fait toufiours le
(dit-il)par foy .Voila doncDieu qui defploye g^'ct pour nous rauir ce threfor.gardons bien
tes chofes Dieu nous deciaie qu'il k*ia la par
de de noftre falut, & qu'il le retient à foy,& ie
fereferue,afîn de lemaintenir.Et au rcfte.s'il
nous veut exercer ici bas ,&nous faire ceft
honneurde nous mettre & diftribiier fes era-
ces entre les mains afin que nous en (oyons
dilpenfateurs ,qu'vn chacun s'employc à ce
faire : & (comme l'ay défia dit) 'jue non , ne
foyons point tant esblouisau regard des cho-
ies caduques, que les dons fpiritutls doptDieu
nous a voulu honorer , ne nous foyent touf-
iours beaucoup plus précieux. Et ainiî donc
cognoiflons que l'Euaugile n'eft pas comme
vne pièce d'argent , mais que c'eft vn threfor
inertimable. lleftvray que tout ce que nous
auons de faculté eft acconiparc à quelque fom
me d'argent que Dieu nous aura mile entre
les mains pour la faire valojr. Car il nous ac-
compareàceux qui font auxga^esd'autruy;
ainfi qu'vn marchant aura fes taiieurs , il les
enuoye pour tr.ifhquer , noftre Seigneurveut
fâmain puiflante pour nous maintenir. Et au
refte , nous fentons cefte vertu-la par foy,
quand nous fommes appuyez en ù vérité , Se
que nous ne doutons point puisqu'il nous a
promis de nous garétir.qu'il le fera:quc nous
fommes comme en poflèfsion & iouillànce de
fa vertu Diuine pour eftre inuincibles contre
tout ce que Satan pourra machiner fur nous.
Et voila pourquoy aufsi noitre Seigneur lefus
Chrift voulant confoler les fidèles, afin qu'ils
ne le troublent point parmi tant d'agitations
du monde, il dit, Le Perc qui vous a donnez à
moy, eft puiffint par delTus tous. lefus Chrift
donc nous enuoye à la puilTmcede Dieu ion
Père , pour monftrer qu'il faudroit que Dieu
fuft vaincu (i noftre falut eftoit en doute, ni en
incertitude. Et au refte , il adioufteaufi qu'il
lera noftre protertcur , afin que nous rccou-
riou', a luy , &que nous fç.ichions que noftre
falut eft recommandéà Dieu,puis qu'il a don»
que nous ne luy foyons en proye. Et pour ce
faire , qu'il nous fouuiene de ce qui a efte dit
ci dclTus,que la bonne confcience eft le moyé
de garder ce threfor' de l'Euangile , quand
nous cheminôsen lacraintede Dieupuremct,
& que nous auons toufiours nos fens eleiiez là
haut, & qu'vn chacun fe refueille pour obéir à
Dieu,& fe dédier du tout à luy. Voila comme
nous garderons ce threfbr.necraignans point
les larrons qui le poiirroyent defrobber : car
Dieu ne le permettra point. Mais fi nous fom
mes noiichalans,n'eft-ce pas raifon que le dia
ble ayant vne telle entrée en nous que nous
luy huions , nous del'pouille , & que nous de-
meurions là defnuez ? Voila donc ce que nous
auons à noter quanta ce paflage. Or ce qui
s'enfuit fedoit rapporter fimplcment aux mi-
niftrcs de la parole de Dieu. Saintl: Paul ad-
uertit Timothce, d'nii ter toute r,ir.itc' prnpha-
ne de h.ibil , ^ toute ot^fofnen de fcit nce fnuf-
S.ui.
i,i6
SE R M
fematmommee. Par cela il entend que ceux
qui font appelez pour prelcher FEuangile,
pour enlcigner le troupeau de noftrc Seigneur
ïefus Chnit, Se le conduire , ne peuuent point
s'acc^uitterde leurdeuoir , lînon qu'il? reiet-
tent toute ambition, & qu'ils n'appetent point
de plaire aux hommes, ne d'eftre veus,ne d'e-
ftreen réputation : qu'ils eftiinent tout cela
comme chofetriuole , & qu'ils ie contentent
d'édifier- l'Eglile, de procurer lefalutdesa-
mes,de magnifier la maiefté de noftreSeigneur
lelus,& faire que tout le range en l'obeiflan-
ce de Dieu. Et en ibmme , qu'il leur iufflfe de
propoler en auant la fimplicité del'Euangi-
le,& d'enriclur ceux qui demandent eftre rai-
fafiez des biens de Dieu : qu'Us le contentent
de cela, & qu'ils n'appetent point ce que beau-
coup tont.c'eftafçauoir, d'eftre pniez, qu'on
leur applaudiife quand ils auront vn babil luu
tam, qu'ils- auront des lubtilitez ,&: qu'ils au-
ront monftré vn efprit bien aigu, qu'ils auront
vne grande brauade : U faut,dit-il, que toutes
ces chofes-la fjyent miles bas, ou lamais nous
ne feruirôs à Dieu & à Ion EgUle. Et pourtât,
que cefte fcience que les hommes appetent,
n'eft finon vne pure vanité, d'autant qu'il n'y
a rien de iblidc. Samft Paul dit qu'on pourra
bien reputer pour fcience ce que les hommes
appetent de leur doctrine, cela pourra bien
plaire. Comme on dna, Voila vn fage homme,
voila vn homme qui eft bien lettré , quand il
Tçaura bien taire fes grans nionftres , & eilen-
dre fes ailes comme vn paon.Pour cefte caule
fainfl: Paul dit, Que les hommes en ayent tel-
le réputation qu'ils voudront , mais tant y a
que.c'e/i^n fol babil que toute cefte fcience-
la qui n'St point fondée en l'Efcriture fain-
ôe.Car la perfeftiô de noftrc fageflcjc'eft que
nous foyôs enfeignez de Dieu,& que nous de-
meurions en nos bornes:quand nous fuyurons
lîmplement ce qu'il luy plaift de nous mon-
ftrer,que cela nous foit allez. Ainfi donc qirad
les hommes extrauaguent,& qu'ils s'enuclop-
pcnt ainfi en leurs fpeculations,il n'y aura que
inéfonge,il n'y aura que tauffetc & abiis,coin
bien que cela foit réputé grande fcience. Ainfi
donc nous voyons l'intention de fainftPaul.il
eft vray qu'il ne parle finon aux miniftres de
h. parole , mais tant y a que cefte admonition
BOUS profite ,i tous. Car côme ici les Pafteurs
font aduertis de leur deuoir , aufsi tous ceux
qui doynent efcouterla parole de Dieu par
leur bouche, lont enfeigntz quelle doctrine ils
doyuent cftiuier, afin de n'auoir point lesau-
reilles chatouiUeufes", pour appeter quelque
nouueauté,& desqueftions curitufes, ainfi que
le monde y eft addonné par trop , & qu'il y a
de ces glorieux qui lé veulent faire valoir; que
«ela foit rcictté de nous , tk que nous dciuan^
dions d'eftre repeus, quand nouî venons cher-
cher la pafturede noftre Dieu. Mais deuant
toutes ckofes ilnous faut eiicores fojider ici
plus outre ce que S.Paul a entendu par ce mot
O N L I 1 1 1.
de tanhi frofhamc de b,thil :]pource qu'il y a
deux mots Grecs qui font prochains l'vn de
l'autre, & quafi du tout feinblables : & quant i
la prononciation ,il femble quafi que ce foit
tout vn.Il y a eu leiture duierié, qu'aucuns au
lieu de Vanné , ont mis Nouueauté debabilî
toutesfois lavraye lefture & liquide eft de va-
nité.Or cependant ce motde Va«/>f',emporte,
autant que Vuidange,qu'jl.n'y aqii'vne appa-
rence triuole,qu'il n'y a poLntde fermeté. Voi
la donc quant au premier.afçauoir que S.Paul
veut que la façon d'enfeigner que tienent les
feruiteurs deDieu ait fubftâce en foy,& qu'el-
le ne foit point enflée côme des confies, (ainii.
qu'on dit)ou des vefsies, qu'il n'y ait point ici
vne refonnance pour faire grand bruit, & ce-
pendant qu'il n'y ait rien au dedans. Notons
bien donc que la doârine de Dici: « oit empor
ter fubftance.Etde faift, voila pourquoy elle
eftaufsinômee viande &:no«riiture: car nous
ne ferons point repeus des aureilles. Et puis,
quâd il y auroit vn bel appareil feulemét envn
banquet, S; qu'il n'y auroit rien pour manger,
que feroit-ce?Or ainfi en eft-il de cefte façon
ponvpeulé qu'ont ceux qui s'addonnçnt a am-
bition : car ils auront grand luftre &grande
monftre, il femblera que ce foit merueilles:8c
quand ils ouuriront li bouche, les propos que
ils mettront en auant, feront fi enflez qu'ils re
tentirontaux aureilles , qu'il femblera qu'ils
doyuét réplir du premier coup les eftomac hs.
Mais quoy?Il n'y aura q vent cependât. Voila
pourvu item. Or S.Pauîadioufte qu'vne telle
vanité de voix bié refonn.îte eft prophane. Et
pourquoyfCar nous dcwôs eftre fanftifiez par
laparoledeDieH:c"eft àdire.qla fainftete de
Dieu fe inôftre là: tellement que nous fommes
trâsfigurez en icelle,& qu'on cognoilTe q c'e/t
vrayementvne doftrine pour lenouueler nos
ames,&pour les reformer à l'miagc de Dieu.
D'autât donc q le vray but de la doctrine qui
nous doit eftre prefchec,e/l de nous fanftifier
à D:cu,nous retirant des aborainatiôs du moa
de, quand il y aura cefte vanité que i'ay dite,
& qu'il n'y aura que pôpes, cela fera propha-
ne , c'cft à dire comme vne phant.afie char- .
nelle qui n'aura aucune dottrme , finon quel-
que fubtilité. Et bien cela pourr.i plaire , &
celaaufsi fera pour occuper les ftns humains:
qu'on dira, Voila de belles fpeculations.Mais
cependant Dieu fera comme enftucli. D'au-
tant donc que toute cefte rhétorique qu'ont
les gens ambitieux n'attire point le monde à
Dieu, & ne le dédie point à Ion leru'ce , voi-
la pourquoy elle cû nommée prophane par;
fainft Paul. Or maintenant aduifons de fai-
re no.ftre profit de cefte admonition. Et en
premier litu.que ceux qui font ordonnez
Pafteurs , aduifent bien de fiiyure la fimpli-
cité de l'Euaiigile , de n'auoir point vn ba-
bil artetté , mais qu'ils fe contentent d'e-
difier les gens en Ja crainte de Dieu. Bncf,
qu'ils rcgaident pluftoft au piotit & au la.-
lutdcs
SVR LA I. A TIMOTH.
3^7
falut des anSes qu'à fe faire valoir: fi cela n'y
eft,on ne verra que corruption en tout ce que
ils pourront fairc.Il cft vray qu'ils pourront
pour vn temps fe plaire:mais quoyfce ne fe-
ra que fumée. Eftudions-nous donc à celle at
irépance.que toutes fois & quantes que nous
montons en chaire pour faire noftrc office,
nous ayons ceci bien imprimé en nos efprits,
de reietter toute vanité profane, que noia
n'ayons ponitvn babil pour amufer& con-
tenter le monde, pour chatouiller les aureil-
les, que tout cela foit loin de nous, mais que
nous demandions feulemét d'édifier. Quand
donc il y aura fubflance en nos propos, voila
ce qui fera prifé de Dieu, voila ce qui édifie-
ra fon Eglife. Et cependant conioignons auf
fi ce titre de fainûeté : que la doétrine que
nous portons, ne fente point vne pliiloi'opliie
mondaine.Comme il y en a beaucoup qui dcf
guiferont TEuangilerque fi on les oit, cela ne
fentira pas vne feule goutte de la maiefté de
l'Elcriture iainfte , que c'eft autant comme fi
on oyoit quelque conte de plaifirpour rire.
Or gaidons-Hous de cclarcar il cftditquela
fainderéde Dieu doit reluire en la dodrine
que nous portons,c'e(t: àdire qu'on cognoif-
fc l.\ comme la police du faind Elprit & de la
vertu fpirituelle exerce vnc lurifdition i'ouiie
raine par l'Euangile, pour condâner le mon-
de,& pour le réduire en l'obeifTànce de Dieu,
pour édifier les confciences,& pour les mor-
tifier, d'autant que la parole de Dieu doit e-
ftre comme vn glaiue çranchant de deux co-
ftez , afin de fonder iufques au profond du
cœur:qu'iln'y ait ni péfees.ni afix'dions,iuf-
qu'à la moelle des os , que tout cela ne foit
«fprouué. Q^e nous penfions à cela fur tout:
voire quant à noftre eftat.c'eft àdire quant à
ceux qui ont la charge & office de porter la
parole de Dieu. Or l'ay dit q ccfte dodrine
nous côcerne to' en gênerai. Car come on en
verra beaucoup qdeinâdent de plaire au mon
de,& de gagner les auditeurs par bône giace:
aufsi combien y en a-il qui ne demandent fi-
non qu'on leur chante vne mufique ioyeufc?
que quand ils viendront au fermon , ou qu'ils
liront la parolcde Dieu , ils voudroyent que
cela fuft leulement pour les refiouir , & que
Dieu leur leruift pour pafle-temps . Et de
fait , qui eft caufe que ceux qui deuoyent pu-
rement enfeigner l'Eglife , & en iîmplicité,
s'addonnentà des fpeculations friuoles.finon
qu'ils voyent les hommes élire defgouftcz,&
auoir vn appétit defordonné?Car fi les audi-
teurs de leur part ne deraandoyent finon d'e
ftre nourris & repeus de la vraye fubllance q
Dieu ordonne pour la pallure de nos âmes, il
cft certain que ceux qui ont l'office d'enfei-
gncr,ne feroyent point tentez de rien dcigui
fer ne de farder la parolede Dieu: comme S.
Paulaccompare àmacquignons tous ceux qui
ne fuiucnt point l'Euar.gile, mais vftnt de
fard & de belles couleurs pour gagner le mo-
de. Les miniftrcs donc ne Teroyent point ten
teï de corrompre la parole de Dieu , s'ih ne
voyoyent ceux aufqueU ta doânne l'adrcf-
fe.eftre ainfi corrépus cnTeurt appétit, D'au-
tant pi us donc nous faut- il obferucr celle rè-
gle. Et côme faind Paul défend à TimotKee
de ne point s'enuelopper en vanité propha-
ne de babil, qu'aufsi nous ne foyons point cht
touillez de cela. Quand chacun viédra al^fer
mon, qu'il regarde ; Or ça,ie ne vien point ici
pour ouir quelque refonnancc , afin Je m'en
retourner en la maifon comme fi l'eftoye ve
nu veoir vn balleleur, ou bien que i'eufie our
des chanfons de mufique : il n'eft point que-
lliôde venir chercher en la doftrinede Dieu
nosappetis charnels. Q_uoy donc? La palture
de nos âmes. Ainfi fuffife-nousd'auoir vne
vraye fuWlance qui nous foit mife en auant,
& que nous retenions nos fensafin qu'ils ne
s'efgarentpas,&que nous ne lafchions point
la bride à nos vaines curiofitez , aufquelles
nous fommes par trop enclins de nature.mais
tendions toufiours à noftre Dieu , lequel veut
que nous prenions plaifir en fa parole : non
point d'autant qu'elle nous apportera quel-
que refonnâce friuole,ou quelques belles fpe
culations& fubtiles : mais pource que nosa-
mes en feront nourries & repeues . Voila ea
premier lieu ce qu'il nous faut obferuer. Et
au lefte , que nous penfions aufsi àcefte fain-
deté de laquelle nous auons fait mention.
Pourquoy ell-ce que iournellement l'Euan-
gile nous cil prefché?C'ell afin que no° foy-
ons retirez des poUutiôs du monde, que nous
foyons dédiez à Dieu. Puis qu'ainfi elldonc,
n'appetons point vne laçon d'çnfeigncraf-
fedee , qui foit comme vne philofophiede
Payens:que nous cognoifsions que Die;u a iin
primé fa marque en l'Elcriture fainde , afin
qu'on cognoilTe que c'tftluy qui parle , Si
qu'il n'y a rien ducoftédes hommes, finon
qu'ils font minillres & inftrumens : mais que
c'eftdeDieu feul que procède la doftrine,
que c'eft deluy qu'elle nous vient ,& qu'elle
nous monftre comme il nous fautalTuiettir i
fa iuftice. Apprenons donc d'apporter vn tel
defir quand nousvenonsau fermon, c'eftque
Dieu nous fandifie par fa parple: comme auf
fi c'eft fon vray vfage , come noftre Seigneur "''•^•^4-
lefus en parle, que nous fommes vinifiez, voi-
re par 1^ dodrine que nous auons ouye. Voi-
la donc en fomme comme il nous faut appli-
quer cefte fentence de faind Paul à noftre in
ïlrudion. Or il adioufte encore? aucc la vani
té de babil, /'o/i/'i'/f/o» <te fcience f,iufjtmet mm
mec. Or fous ce mot (Toppcftiou , faind Paul
entend ce qui s'eleue pour obfcurcirla do-
drine aue Dieu nous donne, & qui eft contrai
rt- À l'Efcriture fainde. Car nous voyons que
l'Euangile n'a pas grand' pompe : Dit u qui
a formé les langues , pouuoit bien donner à
les Prophètes vne autre apparence, & vn plus
grand luftre. Il cft vray tpe nous trouueions
S.iiii.
3i!
S :E R M O N
bien en quelques Prophètes vue façon de-par
1er quiert polie ."iSi Dieu a voulu monftreren
cela qu'il poUuoit bien faire tous ceux d«f-
queh il Te vouloic ferniriaui'i>t eloqucs qu'ont
iamais efté les phiigrans Orateurs du mon-
de:riïais il liiy a fufti d'en dôner quelque mon
ftre. Cependant nous voyons que rEfcnture
faïfte eli fart iimplc, qu'il femble que ce foit
vne doftrine feulement pour les idiots:& ce-
la tie s'eft point fait ians caufe. Car d'vn co-
llé, Dieu a voulu ofter toutes excufes aux hô
mes , afin que fous ombre qu'ils font rudes &
nonlettrez.ils s'excuiâflènt.pourdire, Nous
n'auons point elle enleignez. Comme nous
voyons qu'il y en a beaucoup qui diront, Ho,
de moy , ie ne fuis point clerc , ie n'ay point
hanté les efcoles.Il leur femble qu'ils ont la-
ué leurs mains pour viure en leur brutalité,
quand ils auront mis cela en auant. Or Dieu
leur ofte tous fubterfuges, quand il nous a pre
fente fa doftrine en telle forte que les plus ru
des y ont leur part. II ne faut donc point que
on foit grand doûeurpoureftre partici|>ant
delà doftrine de Dieu : car il fe conforme en
telle forte , qu'il bégaye auec nous , afin que
& grans Se pctis , & hommes & femmes puif-
fent eftre repeus de ceùe nourriture celelte.
Voila pour vn item. Or il y a aufsi cependat,
que Dieua voulu efprouucrnoJtre obeiflan-
ce. Car voila l'humilité denoilrefoy qui le
monftre quand nous foufFrons d'cftre enfci-
gnez par vn bûuuier:c5nie Dieu a bien choi-
fi Amos de ce meftier-la : que nous n'auons
point hôte aufsi de nous afluiettir à des pef-
cheurs & gens mechaniques, comme nous fça
uons que les Apoftres ont efté. Et combien
qu'ils parlent ainfi rudement, & qu'ils u'ayét
point vn ftyle fort excellent , qu'ils n'ayent
point vn langage poli pour contenter lesau-
reilles,toUtesfois que nous ne demandions fî-
non d'eftre repeu« de la fubftance qui eft con
tenue en leur dodlrine. Voila en quoy nous
monftrons noftre obeiflance , noftre roy eft
■vrayement humiliée. Et puis d'autre codé,
nous auons vn plus certain tefinoignage de la
vci tu de noftre Dieu , quand nous ne fommes
point attirez par moyens humains ,&que les
hommes ne defployent point ici vne grande
dextérité. Comme quand nous lirons les rhe-
toriciens , & philoiophes Payens, il eft vray
que nous pourrons bien eftre touchez : mais
«ela eft d'autant que celte éloquence a vne vi
gueur , & que brief, nous voyons que ce n'eft
point la vertu de Dieu qui befongne là : mais
que c'eft vne conformité qui fe rapporte à no
ftre nature. Mais quand noilre Seigneur par-
le fïmplement & d'vne façon rude& grof-
fiere, &que nousfentôs là vne telle vchemen
ce que nous foniraes touchez au vif, en cela
cognoiflons-nous fa vertu, & que noftre foy
eft fondée furla gr.icede fonEfprit , comme
fainrt Paul en parle aux Corinthiens. Nous
voyons donc maintenant pourquoy Dieu a
L I r I T.
voulu jppofer la doûrine de falut en'telle fa-
çon & Il baflè , & qui eft contemptible quant
au monde, comme par trop vulgaire. Or ce-
pendant, le diable fçachant bien que les hô-
■raes volontiers feroyent toufiours voltigeas
en l'air, & qu'ils ne demandent finondes fpe
culatioDs qui les tranfportent , viendra met*
tre en auât vnefaçon de doûrine qui eftpora
peufe. Sainft Paul appelle cela Ofpofitjn. La
doftrine de Dieu fe propofe tout doucemcr,
& s'appelle la pafture de nos âmes , afin qu'il
nous fuffife d'eftre goiiuernez par la main de
Dieu, lequel vfed'vne grande priuautéauec
nous, quand il nous propofe C familièrement
i'a parole. Or le diable voyant bien qu'il y a
des efprits hautains & volages , leur viét met
tre en fantafiede faire de grandes monftres,
que ceftevanité de babil profane dot S.Paul a
fait mention n'agueres eft côme vn grand lu-
ftre.Or combien ([u'il femble que la doftrine
de Dieu doiue eftre du tout enfeuelie quand
le diable eftend ainiî fes ailes , &qu'ilafes
grandes tapifleries, hautes & larges, fi ne faut
il point que nous foyons efmeus pour cela de
nous deftourner de la pure fimplicité de l'E-
uangile. Ainfi donc,combien que ceux qui ont
l'office de porter lemeflagede iàlut , & qui
doiuent prcfcher la dotlnne de noftre Sei-
gneur k'fus Chrift,puiflent acquérir plus grâ
de réputation , en ayant vn langage affilé, en
ayant vne apparéce pour plaire aux hommes,
en ayant de belles rhétoriques ,de beaux di-
ftons,& brocards, &chofes femblables, qu'en
fuyuant Amplement la pureté de TEuangilc,
fi ne taut-il point qu'ils s'en deftournét pour
tant. Si on allegue,& comment? Voila des op-
pofitions qui fe mettront en auant contre la
puredoftrine. Quand vn glorieux viendra
pour arguer, il femble que la parole de Dieu
doiue eftre foulée au pied. Et fi on ne luy re-
lîfte.que fera-ce? Or qu'il ne nous chaille de
cela, faifons ce que Dieu nous commande , &
fuiuons le chemin qu'il nous monftre.finsv-
fcrde fubtilité vaine & fuperflue , combien
que ceux qui voudrôt impugner la vérité, s'en
vueillent aider. Nous voyons donc l'intctioa
de S. Paul. Or côme il exhorte ici Timothee,.
& en fà perfône to' miniftres de la parole de
Dieu.notôs bien qu'il nous faut déporter de
cela. Et côbien q nous voy ôs les fuppofts de
Satan qui fe facét valoir, neantmoins ne leur
portons point d'enuie:qii'ilsiettent leurs ef-
cumes tant qu'ils voudront, cependant feruôs
â Dieu fimplcmcnt, contentons-nous de la
mefure qui nous eft donnée. Et quand nous
en ferôs ainfi , nousaurôs cefte fobrieté pour
dire. Il eft viay que le monde prifera comme
grande fcience ce qui ne feruira de rien(coin
me nous voyons que cela eft par trop com-
mun ) mais ce n'eft que faufleté , ce u'cft que
mcnfonge. Et combien que cela s'oppofeà
Dieu , & qu'il femble que les folles fpecula-
tions que les caphars & gens fcmblable'; ap-
portent
SVR LA I. A TIMOTH.
portent, foyentpour anéantir ccfte parole
de Ditu.pourcc qu'elle eft ainlï baffe, tant y
a, puis qu'elle a vn (i bon fondement que la
vérité , qu'elle lera maintenue. Allons donc
toufiours noilre train , & ne décimons point
dn droit chemin, combien que le monde foit
fi malin &perucrs pour mal iuger. Et no-
tamment S. Paul dit que ceux qui ont voulu
s'addonner ainfi à babil, ont trré en Li foy.
c'eft à dire , qu'en la Hn ils fe ("ont aliénez &
comme abbaftardis de la pure vérité de Dieu.
Or ceci eft bien notable . Car du premier
coup il n'aduiendra point que ceux qui s'ele-
uent ainfi, ic qui cherchent de le faire valoir
au monde, renuerfent la vérité de Dicu,qu'ils
propofent des fauffes doûrines : mais tant y
a que la parole de Dieu perdra (a maiefté,
qu'on ne cognoillrâ plus que c'eft Dieu qui
parle , que les confciences n'en feront point
touchées. Voila le premier nwl.Mais en la fin
rortre Seigneur ne permet point que fa Paro
le foit ainfi mife en ieu , qu'on s'en moque,
qu'on en face vne farcene. Il aueugle don-
quesceux quianeantiffent ainfi la maiefté de
fa Parole, tellement qu'ils la profanent & pol
luent en des erreurs bien lourds. Et d'autant
que leurs efprits font fretillans, il faut qu'ils
imaginent ceci & cela:& Dieu lafche la bride
à Satan qui les trafporte. Voila donques pour
quoy fainft Paul menace ceux qui dcfguifent
ainfi la pure fimplicité del'Euangile.Or ccfte
menace-ci s'addrelTe aufsi bien en commun à
tous. Carfi nous fommes conuoiteuxd'ouir
des nouuelles , & d'auoir vn babil profane , il
eft certain que Dieu en la fin nous oftera la
droite pafture: que nous aurons du vent pour
tout potage pour nous remplir.mais il n'y au
ra point de fubftance qui nous nourriffe , & .i
laquelle nous puifsiôs prendre contentemét,
jf-^^ ., , côme le Prophète Ifaiedit , que c'eft le vray
-j, , repos des âmes, que nous efcoutiôs Dieu par
j„ 1er , & quand on nous propofe fa vérité , Que
nous tendions là : & puis qu'il fe déclare, que
nous foyons comme attachez à la clarté de
l'Euangile , & que nous ne demandions finon
de louir de ce threfor qui nous a efté donné,
afin que la poflefsion en foit permanente. Et
fi nous n'en voulons poin»^ eftre priuez , que
nos cupiditez volages ne nous tranfportent
point çà& là, qu'il nous fufhfe d'ouir ce que
noftre Seigneur nous enuoye , & ce qui nous
eftpropofé fimplemétdel'Efcriture fainfte.
Et auec la menace qui noiu eft ici faite par
fainft Paul , l'expenence nous doit bien faire
trembler. Car nous voyons comme il en eft
âduenu en la Papauté. Dont eft procedee vne
y-9
telle corruption comme on l'y voitfqu'il km
ble qu'on ait voulu pleincmét defpitcr Ditu,
pour ruiner tout ce qu'il auoit édifié par la
Loy.par fes Prophètes, 5: parl'Euangile.'que
il y a des abominations fi lourdes que c'eft v-
ne horreur, qu'il faut que les hommes foyét
du tout hebetez pour receuoir cefte dorfn-
ne-la?Or il n'y a nulle doute que tout ce mal
ne doiuc eftre imputé, pourcc que les homes
ne fe font point contenus en la lîmplicité de
rEuaiigile:&: il a falu que Dieu fe fou vengé,
pouice que les hommes ont voulu eftre plus
fages,enfaifant plus qu'ils n'auoyentappriiis
dehiy.Voyansdonques qu'on eft venu en des
ténèbres fi efpelTes, que les hommes ont efté
abbrutis de delaifTer la pure vérité de Dieu,
que le diable a gagné vne licence fi énorme,
pource qu'on ne s'cft point contété de la fint
plicité de l'Euangile, craignons vne telle ven
geance.Car elle nous eftaufsi bienappreftee,
quâd nous voudrons eftre par trop fretillans,
que nous donnerô! vogue à nos concupifcen
ce-;. Si donc nous ne voulons point errer en \x
foy, c'eft à dire, nous retenir en la pure doftri
ne de falut , auifonsde fuir touteambition Se
vanité, & que ceux qui portent la parole de
Dieu.nedemadent que d'édifier le peuple ea
lacrainted'iceluy , monftrer comme il nous
le faut inuoquer,& comme nous deuons auoir
noftre refuge à luy.Et au refte,tous ceux qui
vienent pour efcouter l'Eu5gile, qu'ils n'a'W-
ent autre defir finon d'eftre faniftifiez à Dieu,
afin qu'il les aduoue de fon troupeau, pour e-
ftrc repeus de la vraye fubftance de fa Paro-
le,qui eft la pafture de leurs âmes :& qu'il'; ne-
l'oyent point feulemét de leurs aureilîes char
nelles,mais que Dieu leur dône vne vraye r»
cine & viue, afin que par ce moyen ils foyenir
attirez à la vie eternelle,à laquelle nous fon\
mes iournellement conuiez.
O R noiis-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu , en cognoiflànce de
nos fautes, le prians qu'il nous les face telle-
ment fentir.quede plus en plus auec vraye re
pentance nous retournions àluy:&: que nous
apprenions à le magnifier, fur tout quand il
s\ft déclaré à nous fi priueemcnt par fa paro
le. Et que le requerans qii'il luy plaife nous
pardonner nos fautes panées, nous deman-
dions aufsi d'eftre conferinez par fon fain£ir
E<prit de iour en iour, iniques à ce qu'il nous
ait defpouillez de toutes les corruptions de
cefte vie prelênte,pour no' reformer du tout
à la iuftice. Ainfi nous dirons tous. Dieu tout
puiflànt,Pere cekfte,&;6.
LOVE SOIT DIEV.
T.L
530
Sermons de lehan Caluin fur la fe-
CONDE EPISTRE DE SAINCT
PauIaTimothee.
LA SECONDE EPiSTRE DE SAINCT
Paul Apoftre à Timochee.
G H A P. I.
A V L Apoflre de le fus Chrifl,par la y>oloté de Dieu,
félon la promejfe de yiejacjuelle ejl en le jus Chnj},
A Timothee montre fcher fils , grdce , miséricorde y
(^paix de par Dieu le?cre , 0* deparlefus Qhrifino
jlre Seigneur.
S'^^t?^ A s O I T qu'en tout ce que fainâ;
i^^< Paul nous a laiffé par efcrit , il nous
tSii^ faille confidercr que c'eft Dieu qui a
parlé à nous par la bouche d'vn homme mor
tel,& que toute fa doftrine doit élire receue
en authorité& reueréce telle comme fi Dieu
feraonftroit viliblement duciel, neantraoins
il y a encores en celle Epillte vn regard fpe
cial, c'eft que famâ: Paul eftat en prifon .voy-
ant fa mort prochaine, a ici voulu confermer
fa foy, comme s'il l'euft feellee de fon fang.
Ainfi donc, toutes fois &quantes que nousli-
fons celle Epiltre, queTcllat auquel eiloit
pour lors fainû Paul , nous viene dcuant les
yeux , c'ell afçauoir, qu'il n'atcendoit fînon
de mourir pour le tcfmoignagede l'Euangi-
le,amfi qu'il a fait, comme en portant l'enfei
gne.pour nous donner tant plus grande certi
tude de fa doctrine, & cela no' touchera plus
au vif. côme à la vérité fi on lit celle Epiilre
diligément.on trouuera que l'Efprit de Dieu
s'y eft déclaré en telle forte, en telle maiellé
& vartu, qu'on eftcontraintd'ellre comme ra
ui. Quât à moy,ie fçay que celle Epiftre m'a
autant profité que nul liure de l'Efcriture, &
tous les lours encores profite:& quad chacun
y regardera fongneufemét,il n'y a doute que
il ne trouue le femblable. Et fi nous defirons
d'auoir vn tefmoignage de la venté de Dieu
qui nous tranfperce le cœur , nous pouuons
bien nous arreiler ici. Car il faudra qu'vn ho
me foit bien endormi , & plus que ftupide , l\
Dieu ne befongne en luy qu.îd il orra la do-
ftrine qui en fera tirce. Voila ce que nous a-
uons à obferuer dcuant qu'entrer en pro-
pos. Or cependant nous voyons derechef ce
qui acfté déclaré c-n l'autre Epillre, c'ell af^a
uoir que S. Paul n'a point eu ici regard» vne
feule perlone, mais à toute l'Eglife de Dieuf
Qu'ainfi foit, s'il euft efcrit priueementi T*
mothee.il n'auoit nul beloin de mettre ce ti-
tre,Q«; (7 efloit Apnflre félon Lt -ooloté de DifUt
car cela eiloit allez perfuadé à Timothee qui
l'auoit cognude long temps, 8c qui auoit ap-
probation de ce qui ell ici contenu : melines
nous voyons quand il n'y a eu nul contredit
que faind Paulnefuft réputé pour Apoftre
de lefus Chrift, qu'il nes'cft point empefché
pour vouloit certifier les fidèles de cela. No-
tons bien donc , cobien que cefte Epifti e por
te le nom de Timothee , toutesfois qu'elle a
eftc dediee à toute l'Eglife de Dieu , afi"n que
auiourd'huy elle nous férue. Or cepédantno
tons bien que S. Paul quand il s'appelle ferui
teurde lefus Chrift, môftre que toute l'autho
rite qu'il demande, n'cft point comme fi on le
preferoitaux autres, mais que Dieu foit exal
té & obey en luy. Car de tait, ceux qui fcpor
tent fidelemét en l'Eglife de Dieu, ne deman
dent point d'vfurper aucune raaiftrife à eur,
pluftoftils cherchét que lefus Chrift ait luy
fcul toute prééminence , qu'on fc foumette à
luy, côme il no' a efté eilabli dofteurde Dieu
fon Père, qu'on fe tiene à ce qu'il dira. Il laut
donc que toute hautefle humaine s'abbaifle
quad il cil queftion<le la dignité de noftre Sei
gneur lefus Chrift, S: que ce qui a efté dit par
lehan Baptifte, toit accompli , c'eft afçauoir If/;.3.30
que tous fiyct diminuez, & que luycroilTede
plus en plus. Au relie , fainifl Paul aufsi nous
moftre que noftre foy nedoit point eftre fon
dec fur les hommes , mais qu'elle doit touf-
iours auoir fon but à Dieu,& .\ cthiy qui par-
le en fon Nini,afç.uioir à noftre Stigneur le
fus Chriil. Quand doc les homme s'tlcuent,
&prcnentvu tel degré,qu'ils voudroyé: que
on creuA
s VR LA IL A TIM O TH.
on creiift à leur porte, qu'ils vfurpcnt cefte li-
céce de baftir des articles de foy , ils detpouil
lét le Fils de Dieu, ils luy rauiffent ce qui luy
appartient : carc'eft de luy leul que le Père a
prononcé,qu''on l'efcoute.Et s'il y a auiour-
d'huy homme digne d'eftre el'couté , fainft
Paula-il efté le moindre? Or eft-il ainfi qu'il
nes'eft rien attribué quant à luy, mais feule-
ment a prins le nom de Icfus Chrift, d'autant
qu'il eftoit enuoyé de luy pour porter le mef
fagequiluy eftoit commis. Et afin que nous
foyons certifiez qu'il ne s'ingeroit point fauf
fement , il adioufte que c'eft/f /o» U yolôté de
Dieu,. Car (comme du l'Aportre en l'Epiftre
^'''■'i'^ aux Hebrieux ) nul ne fe doit ingérer , c'eft
vne chofe trop noble & trop prccieufe de
gouuerner l'Eglife de Dieu.pour dire que les
hommes prenent cefte fiardielTe : mais il y a
Dieu qui s'eft referué ceft office d' ordonner
ceui que bon luy femble. Or il a commencé à
lefus Chrirt , afin qu'en luy nous ayons com-
me vn patron gênerai. Combien qu'à noftre
Seigneur lefus appartiét toute maieftéS: em
pire.fî eft-ce qu'il a voulu encores eftre depu
lé de Dieu fon Père auec ferment folennel.
Pourquoy.^ Il nous efl comme vn miroir, que
les chofes ne fe doiuent point faire contuié-
ment en l'Eglife de Dieu , mais que chacun
doit attendre fa vocation. Et notâment lainft
Paul parle ici de la volonté de Dieu. Car cô-
bien que les homes quelques fois eliront(cô-
me Dieu a voulu que la police foit gardée)
toatesfois fi eft-ce que Dieu gouuernc touf-
iours quand les chofes font bien conduites.
Vray efl: qu'il y a eu vne confîderation pro-
pre en l'office d'Aportre:car il a falu q I3ieu
parlaft comme en perfonne.Mais quand il eil
queftion de tous les prefcheurs, & du régime
ordinaire de rEglife,cela doit auoir lieu que
tous paruienent à ce degré d'otfice par la vo
lonté de Dieu, que fon nom foit inuoqué,afin
qu'il prefide au confeil.que celuy qui i'era ap
pelé , ait tefmoignage que ce n'efl point du
cofté des hommes, que ce n'eit point par fon
ambition ne par autre mauuaife prattique.
Nous voyons donc en fommequefainil Paul
a voulu ici monflrer qu'il n'efl pas en cha-
cun de s'auancer , mais que Dieu nous doit
tendre la main , qu'il y ait bon ordre en l'E-
gliie, & que les chofes né foyent point confu
fes. Et cependant il refcrue toufiours à Dieu
fon droit, afin qu'on coçnoifle qu'il n'a point
refigné fon empire , mais qu'il veut que les
iîens luy foyét fuiets.Et en cela voit-on auf-
lî vne amour finguliere qu'il nous porte. Car
quand il difpofe félon fa voloté les eftats en
fon Eglife , c'eft ligne qu'il y eft prcfent , Se
^u'il veille delfus. Q^ud nous voyons vn tel
loin que Dieu a de nous , & que c'tftluy qui
Eou': pouruoit de Pafteurs , que c'eflluy qui
les choifit , en cela (di-ie) nous fommes tant
plus admoneflezd'vne bôté infinie qu'il nous
ing«ftre, & auons dequoy nous confoler,ma-
gnifians cefte bonté paternelle qui nous tit
ICI teftifiee. Or cependant il y a aufsi vn au-
tre poinft,c'eft que fainrt Paul magnjfie ici la
feulegracede Dieu, fans alléguer fes mentes,
fans dire qu'il ait deflerui ceft honneur. Car
quand il parle de la volonté de Dieu , il y a
comme vne comparaifon tacite entre vne e-
leûion gratuite que Dieu fait de nous, & en-
tre les mérites que nous pourrions apporter,
comme il femble. Les hommes voudroyenc
bien toufiours eftre reputez aflcz habiles , &
qu'on imaginaft quelque vertu en eux, par la-
quelle Dieu leur fuft obligé. Saind Paul au
c5traire,quâd il fe nomme Apoftre,nedreire
point la crefte pour dire qu'il s'y foit auan-
cé , mais il remet le tout à la bône volonté de
Dieu & à fon plaifir : comme s'il difoit qu'il
n'eft point queftion d'enquérir s'il a efté meil
leur que d'autres, ou plus idoine. Il eft vray
que cela y eftoit, d'autant que Dieu l'auoic
formé " mais cependant il fe démet de ce que
les hommes orrr accouftumé d'attirer à eux.
Sainû Paul donques côfefis qu'il n'eft point
Apoftre pource qu'il l'auoit defleraiv mais
d'autant que le plaifir de Dieu eft tel. Et eiî
cela voit-on ( fuiuant la doftrine laquelle eft
par tous fes efcrits)côme il ne laifle rien aux
hommes dequoy ils fe puiflent glorifier.mais
veut que Dieu apparoiflè en tout & par toxit^
Or il y a puis après vn mot adioufte qui em-
porte beaucoup • Delà pronuffe de -vie qui ej{
en lefus chrifl. En quoy fiiinû Paulmonftre
que les Apoftres n'ont point efté créez pour
eftre comme chiens muets, ou des idoles.maiî
pour anoncer la doftrine de fâlut , & en eftre
tefmoins. le di que ce poinâ emporte beau-
coup. Car nous voyons que le Pape auec fes
belles cornues n'ont point honte de s'appel-
1er fucceflèurs des Apoftres.& cepédant fi on
les veut attirer en chaire pour exercer ceft
office , cela derogue à la dignité Epifcopale,
voire ce leur femble. Or faind Paul monftre
ici qu'il n'y a nulle dignité de prélat ni d'£-
uefque,ni de Pafteur,finon pour porter & a-
noncer l'Euangile. Tou9 ceux donques qui
voudront auoir quelque preanincnce en l'E-
glife,il faut qu'ils cognoiffent que c'eft à ce-
fte charge que Dieu les a cftabbs, qu'ils pro-
pofent la doftrine de falut.Ec ainfi que le P*
p.; fe vante tant qu'il voudra de fa Hiérar-
chie,& qu'il dile que tous ces marmoufets-la,
c'eft à dire ces Euefques qui le tienent là, re-
prefentent l'Eglife , il ne faut que ce mot de-
fainfl Paul pour monftrer leur impudt nce , &
pour leur arracher ce mafque duquel ils fe-
couurent. Car s'ils nous anonçoyLr.t la veri--
té de D!cu,& qu'ils nous fuflent tefmnins de'
rtoftre fahii,il ne faudroit point contredire à"'
ce qu'ils allèguent. Mais ccperdant qu'il' per
uertilFcnt toi t ordre , voire d'autant qu'il ne
leur chaut d'exercer ceft office que Dieu leur
a commi' ,& mcfines s't n moqient,il leur l"em'
ble que cela ne leur fou point dccent,& qu'il
T.u.
3îi S E R M O N n
ne c-ôuiene point à leur eft«f.Il ne faut point Paul traitte ici de l'Euangile , c'eft que Dieu
vlerdfe ioguedifpute: car s'ils l'ont Eueftjues, n'a point voulu qu'il nous l'oit prefché pour
il faut qu'ils ayêt la bouche ouaerte pour pre- gain qu'il y ait de fa part, mais c'eftpour no-
Icher. To'.itesfois encores n'elt-ce pas alTez lire profit. Voila donc ce que nous auons à no
que les hommes faccnt office de prefcheurs, ter. Et cependant ce n'eft point fans caufe que
mais il faut qu'ils loyent vrais mciragersde fainct Paul monftre qu'il le propole, voire en
Dieu,& qu'ils ne mettent point enauant leurs lelus Chriltxarpar ce mot il nous veut mon-
fongeç & refueries , mais ce qu'ils auront re- ftrer que Dieu nous a plus honorez que les
ccu, qu'ils le difpenlcnt fidèlement fous y rien Pères anciens, & qu'il nous a clcuez en vn de-
adioufter. Et voila pourquoy iainct Pauluo- gré par delTus eux. Et d'autant plus fommes-
tamment pailede la promelfe de vie: comme nous à condamner ,& noltie ingratitude ell
s'il difoir, qu'il n'apportepoiBtdes longes que tant plus inexcufable, lînous ne venons auec
il ait baftis en l'on cerueau, qu'il n'a point auf- vn deiîr ardent , à vn tel conui que Dieu fait,
fi ramalfé ça & là quelque dodrine e/lrange, quand il luy plaift qu'on nous propofe& que
mais qu'il propofe ce que Dieu luy acomman on nous prtfche fonEuangile . Ileft vray que
de.Reccnonsdinques que tous ceux qui veu- de tous temps Dieu a promis aux fidèles le
lent dire recognus Palpeurs en l'Eglile de l'alut que nous attendons auiourd'huy, & qui
Dieu.doyuent s'aihaindre àcelte règle , c'cft nous eft prefenté en l'Euangile, & c'a eûé le
d'anoncer l'Euangile en celle forte qu'il n'y fruid de leur adoption. Cardequoyleureuft-
ait nul meflinge m corrupnonde leur collé, il feruide fçauoir que Dieu eftoit leur Sau-
Crpendant l'aind Paul aufsi nous rend ici l'on ueur & Pere.finon qu'ils euflent tendu à la vie
miuiftere amiable, afin que nous fçachions que celefle ; Ainfi donc les Pères fous la Loy ont
c'eitnoftre l'ouuerain bien que de l'efcouter bien eu vne efperance femblable à celle que
& rcceuoir. Car pourquoy &: à quelle fin eft- -nous auons auiourd'huy. Mais tant y a qu'ils
ce que Dieu nous l'ufcuedes docteurs qui nous ont efté comme en fufpcns , qu'ils ont langui,
prel'chent l'Euangile ? Eft -ce pour auantage & y a eu toufiourscôme vnedcftrefle, iniques
qu'il y ait?Nenni:mais il procure nollre falut. .à ce que lefus Chrift fuft apparu : car c'clt en
Quand donques nous voyons que Dieu n'a luy que toutes les promeffes de Dieu oir leur
regardé finon à nofttebien& profit, quand il 'ouy,&r leur certitude , Se que Dieu les ritifie.
3. voulu que fon Euangile l'oit publie , nous Ainfi donc notons bien que famftPaulen par
fommes plus que malins li nous reful'ons d'e- lant de la promeirede vie, nous monftre qu'au
Ure ainfi conduits:car c'clt comme fi nous de- iourd'huy elle nous eft plus priueement mife
fpitions Dieu en voulant repouffer la vie que en auant, qu'elle n'a elle fous la Loy. Car nous
il nous offre. S'il veiioit exiger Ion droit, com auons lefus Chrift qui eft raccoinplilfement
me vn Prince quidemâderafes tributs, cSd que de toutes chofes qui font requifes pour noftre
il vfaft de rigueur telle qu'il pourroit, encores rédemption , en luy nous contemplons ce qui
faudroit-il plier le col.Mais nous aririôs quel a efté figuré comme eu ombrage à nos Pères,
que excule deuat les hommes de dire, Si Dieu Et ainfi^comei'ay défia déclaré) malheur fur
fc monltroit Père & Sauueur enuers nous, nous fi nous n'auôs les aureilles drelTees pour
nous ferions contcns denous ranger à luy: receuoirla proinelTe quand Dieu nous lof-
niais quand il n'y a que frayeur , il ne fe faut fre, voire & l'accomplit par effeften la per-
point esbahir fi nous reculons. Nous pour- Tonne de noftre Seigneur lefus Chrift.Orcon
rions alléguer cela. Or maintenant il n'y a fequemment faintl Paul adioufte , A Tiwotfcf»
nulle exckil'e telle. Et pourquoy? CarDieune monfls aimr,gr,tce,mifcricorde, &■ faix Ae par
parle point finon pour noftre bien: il veut que rieu, le Vtre , o- de par nnfire Seigneur iefns
l'on amour, fa mifericorde , fa bonté infinie c/»>-//î-. Quand il appelle Timothee fon fils,
nous fovent mifes au deuant.que nous foyons c'eft d'autant qu'il l'auoit engendré en l'E-
certifiez de noftre falut , que nous foyons re- uangile. Et ceci n'elt point contraire à la len
tirez de la mort éternelle , que nous foyons tence de noftre Seigneur lefus Chrift , quand
deflicz des liens de Satan, que nous l'oyons af- il défend d'auoir nul père en ce inonde : car
franchis de Ja feruitude de mort poureftre c'eft afin que nous regardions tous à Dieu,
héritiers de fjn Royaume. Qjund donques qu'il foit honoré de nous, & que nous luy
Dieu ne prétend qu'à cela, ne faut-il pas dire foyons fuiets. Si donc chacun fe baftit vn pe-
que nous foyons par trop enforcellez de Sa- re, voila Dieu qui eftpriué de fon honneur,
tan, li nous ne fommes prompts à receuoir v- Mais quand nous lommes amenez a Dieu
ne telle do£trine?Ainfi doncquand nous fen- feul, & qire cefte doOrine nous eft fidèlement
tirons en nous quelque rébellion , ou bien prefchee , que tout parentage dépend de hiy,
quelque contredit, ou quelque tardiueté trop & que nous adhérons à la vérité, que nous luy
grande, que nous ne ferons pas fi agiles qu'il portons l'honneur qui luy appartient , celan'
feroit requis pour nous lailfcr conduire par empefche point que cependant ceux qui nous
la bouche de Dieu, que nous n'aurons pas vne enfeignent la doif rine de l'Euangile, ne nous
telle ardeur , ni vn tel zèle comme il feroit à foyent comme pères. Pourquoy? Dieu befon-
fouhaiter,rreduifons en mémoire ce que fainrt gne par leur moyen , & ks eftablit comme en
fon
SVR LA II. A TIMOTH.
fon lieu", non point pour deroguer rien à Ton
droit, (comme deiîa nous juons déclaré) mais
quîd Dieu eft Perc foimer.im, les homes font
inférieurs à hiy,& ne laillent pas de no' eftre
pères, &nous fommes leurs enfans:voirc cjiiH
ils nous apportent la femcnce incorruptible,
par laquelle nous fommes régénérez pour e-
ftre entans de Dieu: quand auhi ils nous nour
riront de cel^e mefme dodrine. Car les £uef-
quesdela Papauté le pourront bien- nommer
perej(comme ils le noinnient)mais cependant
ils «'ont dequoy pour vlurper vne telle di-
gnité.Car il elt dit que nous tommes faits en-
fans de Dieu par l'Euangilcqui ell la kmen-
ce incorruptible.Maintenant tous ceux qui ne
prefchent point TEuangile, ne peuuent allé-
guer aucune patcrnité.ou bien ils engendrent
dci enfans ballards que Dieu defauoue & re-
prouue. Notons bien donc quand fainû Paul
s'eft ici attribué l'honneur de père, que ce n'a
eftelinonau regard de l'Euangile qu'il por-
toit:<S>: puis qu'il eftoit miniltre de Dieu, qu'il
a engendré les araes. Et en cela voyons-nour
comme Dieu belongne par la parole qui nous
eit prefchec, qu'il n'y a point vre voix qui l'on
ne feulement en l'air, & qui s'efcoule : mais
Dieu adioufte la vertu de Ion fainû Efprit.tel
lement nue nou'; profitons quand chacun fe re
tire ainfi entre les mains de Dieu . Il eft cer-
tain que fi nous venons au temple, nous n'or-
rons pas feulemétvn home mortel parler.mais
nous fentirons que Dieu parle à nos âmes,
qu'il eit Maiftre, voire par û vertu fecrete : li
nous louche tellement que la voix humaine
entre au dedans, Se qu'elle nous profite telle-
ment que nous en fommes reftaurez & nour-
ris. Voila ce que nous auons à retenir fous ce
mot de ?ere.Et cependant il n'y a nulle doute
que faincl Paul n'ait ici propofé Timothee
comme vn exemple à tous fidèles . Et ainû il
nous exhorte que nous l'oufFrions pailiblemét
d'elhe réduits à Dieu par la doftrine de l'E-
uangile , & que ceux qui nous apportent cefte
doftrine-la , foyent receiis de nous comme
peres.non point pour en faire des idoles, non
point pour amoindrir en façon que ce foit 1'
honneur de Dieu, mais pour nous feruir d'eux
félon que Dieu nous les a comme dédiez : Se
puis qu'il veut dtfployer fa vertu par leur
moyen , que leur labeur ne foit point inutile
enuers nous. Notons bien donques que Tinio
thee nous monftre ici le chemin , que (i nous
voulons eftre tenus pour enfans de Dieu, il
nous faut ranger à l'obeilTance de fa Parole,
tellement que ceux qui nous anoncent l'E-
uangile, foyent efcoutezde nous , voire nous
loumetrans à ce qu'ils nous apportent au nom
de Dieu, en toute docilité &• rcuercnce. Et voi
■ la pourqu:)y notâniét il tft dît, par le Prophe
tja.sr.jg jç j,-_j,g p^i'y jjj^j j^^^ parole en voftre bouche.
hre ? 9 ^' quand Dieu dit qu'il fera cognu pour Pe-
V ■ ' re,il adioufte que l'Eglife eft mère de cou fes
enfans.Au refte,lî Tmiothee qui eftoit eleu de
535
Dieu come vne perle entre let autres, s'eft te-
nu en ce degré d'enfant, ic vous prie, que fera
ce de ceux qui à grand' peine font à l'a b c?£c
ncantmoins nous voyons tuiourd'huy vn tel
orgueil qu'il n'eft point qucftion de modcftic
ne de fobrieté : c'eft honte à ceux qui fe veu-
lent reclamer Chreftiens, det'afluicttir à nul
ordre ni police. Or tant y a que coft exemple
qui nous eft ici donné,nionftre qu'vne telle ar
rogance ne demeurera point impunie deuant
DieH Parquoy retenons ce qui a défia efté dit,
c'eft, puis qu'il plaift à Dieu de nietti e en la
bouche des hommes la femencede vie, & que
il veut que nous foyonsrenouueler par icelle,
qii'vn chacun s'afluiettifle àceft oidre-la : &
quand nous aurons cfté cnfeignez parles hom
mes, que nous facions vn telhômage à Dieu,
que nous monftnons que nous ne laiflonv pas
d'accepter fa Parole , encores que ce foit vn
threfor en vn vaifleau fragile, & de nul prix,
comme faintt Paul en parle aux Corinthiens. , ^
Venons au refte.t dit, Gr,»f<-, »j//(riVw(/*, c>- * '"'
faix de par DiV» U Vere, c de par mjire Sei-
gncar ltfu.s cjn-ijh. Il eft vray q ces deux mots
Crace iy p.iix, (ont bien quali en toutes le» là
liitations que fait fainâ: Paul en fes Epiftres.
Yci il entrelace lemotdeMjyif/csri/f. Quand
il parle de la grâce de Dieu, il entend fon a--
niour, qu'il nous foit propice, & qu'il nous ac-
cepte.Mais d'autant que cela ne fe peut faire
que par fa mifericorde.il a exprimé ici ce qu'it
a touché plus eff brief aux autres pafla^e,.N(>
tons bien donc que fauicl: Paul fous le mot de
Mipricorde.novs a voulu ramener à ccfte four
ce de la grâce de Dieu. Comment eft-ce que
Dieu nous fauorife?Comraét eft-ce que nous
luy fommes agréables? Q_nand ccfte queftioa
eft mile en auant, entrons en examen de nos
perfonneî,& nous venons qu'il n'y a en notw
quemifere.c'eft vn abyfme herribie de toute
pourecé. Comment donques Dieu nous aime-
ra-il? Commet pourrons-nous trouiier grâce
enuers luy, fi ce n'cft qu'il ait pitié & compaf
fionde nos pouretez?£t pourtant (cômei'ay
dciiadeclaré)Jamifencorde de Dieu eftrori
gine& la fourcedc U grâce &:dt l'amourque
il nous porte, quand il luy plaift nous aimer,
&:nous receuoir comme vn père fes enfaiis.-
Pour tftre dôc aidez de Dieu,& afin qu'il nous
foit propice, il faut premièrement qu'il nous
ainxe.Mais comment cela?Par fa bonté, pour-
ce qu'il n'y a en nous finô toute mifere.VoyIt
que nous lorames poures créatures & dânees,
qu'il n'y a nul efpoir de falut, il ouure les en-
trailles de fa mifericorde, (comme TEfcritu-
re en parle)il defploye vne aifeft ion de toute
bonté, que n'ayât point cfgard à ce que nous
fommes indignes, il prend occafion de nous ai
ri'i-i .d'autant qu'il voil que nous fommes per
dus.VoiJa mes créatures , & cependant Satan
dom;ne delîus: les voila comme plongées aux
abyfmes profonds de la mort:il faut donc que
ie les en récite. Nous voyons maintenant que
T. m.
354
SERMON I.
ce mot que fainft Paul a ici adioufté , n'eft
point ûiperflu : & combien qu'il ne l'exprime
point par tout, neantmoins il faut-il que nous
foyonsaduertis d'entrer iufques à ceftcmifc-
iicorde,fi nous voulons eflre bien certifiez de
la faueur paternelle de noftre Dieu . Or ce-
pendant notons aufsi que Dieu n'eft point mi
fericordieux enucrs nous pour vb coup , mais
qu'il continue ( comme aufsi il en eft befoin)
iufques à la mort . Car comment eft-ce qu'il
nous fûbuient tous les iours quanti nous fom-
mes agitez de nos mauuaifes tentations ? C'elt
luy qui nous fortifie. Et comment cela?Pour-
ce qu'il nous eft pitoyable . Comment eft-ce
qu'il nous pardonne nos péchez ? C'eft pour
cefte mefme caufe. Ainfî donques notons bien
que la mifericorde de Dieu a fon cours per-
manent enuers nous , qu'il ne nous la faut
point fentir feulement en ce qu'il nous a du
commencement adoptez pour fes enfans.mais
qu'elle a fon fil continuel , & qu'il en vfe
iournellement enuers nous , & qu'il ne celTe
de la faire découler fans fin ,& ainfî qu'elle
eft tcfufiours coniointe à cefte grâce de la-
quelle il eft ici fait mention . Or venons à ces
deux mots que fainft Paul met communee-
ment en fes Epiftres . Il eft vray que pource
que nous en auons parlé ci defliis , il n'eft ia
befoin d'y inlîfter par trop:m3is fi faut-il en-
eores réduire briefuement en mémoire ce qui
eft dit,c'eft en premier lieu.que Dieu nous e-
ftant propice , nous enuoye tout ce que nous
pouuons fouhaiter pour noftre telicité: com-
me au contraire , quand il nous fera ennemi,
ou que nous ferons reiettez de luy, il n'y au-
la que malheur fur nous , ie di encores que
nous eufsions tout à fouhait. Car les incré-
dules pourront bien manger leur foui , ils
pourront eftre eleuez en honneur & crédit,
ils pourront auoir fanté,s'efgayer, faire leurs
triomphes , tout leur viendra à propos : mais
tout cela leur fera conuerti en malediâion.Et
pourquoy ? Caries biens que Dieu nous élar-
git, ne nous font point fanftifiez pour noftre
£ilut,finon que deuant toutes choies nous fen
tiens qu'il nous eft propice &fauorable. Voi-
la pourquoy fainft Paul comméce par ce mot
de Gnîff.monftrant qu'il ne nous faut point e-
ftre tant abbrutis de cercher les chofes terre-
ftres, car ce feroit comme mettre la charrue
Jcuant les bœufs, ( comme on dit ) mais qu'il
nous faut toufiours leuer la tefte en haut.
Quand vn pourceau cerchera pafture, il flai-
le en bas, il lette le groin , il fouille par tout:
ainfi en font ceux qui s'attachent par trop au
monde . Car ils ne cognoillent point que le
vray bien , & la félicité parfaite des hommes
«onlifte en ce que Dieu les reçoyue , & qu'il
les ait pour agréables. Voila comme les ir.cre
dules fe contentent d'eftre riches , il d'auoir
leurs délices & voluptez, & s'abandôner à ton
tes leurs concupifcences:S: puis de fe faire va-
loir, Se puis d'acqucrir, & d'abonder félon le
monde : voila tout leur bien, &: toute leur fé-
licité . Or au contraire, il nous faut auor ce-
fte prudence , qu'ayans les biens du monde,
ayans nos aifes & commoditez,& toutes cho-
fes, nous cerchions que Dieu nous foit Père,
& qu'il nous tiene pour fes enfans . Quand
nous aurons cela, obferuons en fécond lieu &
inférieur , la paix que met aufsi bien fainft
Paul . Car fous ce mot de faix , il comprend
toutes chofes qui nous Ibnt propres &: con-
uenables , ce que nous appelions profperité»
Ne',penfons point donc profperervrayement,
finon d'autant que nous ferons aimez de
Dieu . Et au refte quand (ixnll Paul conioint
la paix auec l'amour de Dieu , ilfignifie que
Dieu eft afltz riche pour nous donner tout
ce qu'il nous faudra , quand de noitre cofté
nous demanderons d'eftre aimez de luy , qu'il
ne faut point que nous craignions de tout le
refte. Et c'eft encores vn poinâ bien notable:
car nous voyons comme noftre nature nous
folicite à dtffiance , & nous femble toufiours
que terre nous doit faillir. Et cependant quel
honneur faifons-nous à Dieu ? Nous confef-
ferons qu'il eft noftre Pete , & chacun fe glo-
rifiera de ce titre : & cependant fi rien nous
défaut , nous fommes en telle angoifle que c*
eft pitié, nous fommes là en perplexité, com-
me fi Dieu ne pouuoit rien, comme s'il eftoit
defpourueu de moyens pour nous fecourir.
Voyans donques que nous fommes ainfî agi-
tez de deffiance , d'autant plus nous faut-il
méditer cefte doârine , S: y appliquer noftre
eftude.quand il dit que fi Dieu nous eft propi-
ce, il ne faut point douter qu'il ne nous face
profperer,& que par (a benediôion il ne nous
donne ce qui eft requis r m.TJs quoy qu'il en
foit, contentons-nous de la firaple grâce de
Dieu . Il eft vray que nous luy pourrons bien
demander tout ce qui nous fait befoin , iuf-
ques à vn morceau de pain pour manger : il
faut que nous defchargions toutes nos folici-
tudes en hiymiais tant y a qu'ilnous faut com
mencer au principal, c'eft afçauoir à l'amour
qu'il nous porte , & que nous fçachions qu'il
a le foin de noftre falut : & quand cela eft,
qu'il nous fiiftife , encores que tout le refte
nous défaille. Or fainft Paul finalement mec,
D* f.îC Tiieu U Père , C nijlre Seigneur \efus
Chrifi . En quoy il conferme la dortrine que
nous auons detiaexpofée : c'eft que fi les hom
mes cerchent d'auoir tout ce qui leur cil pro-
pice , il ne faut point qu'ils i'eflongnent de
Dieu. Et toutesfois nous voyons comme nos
appétits voltigent ça &là: & cependant qui
eft-ce qui ccrche Dieu? Il eft vray que nous
en parlerons en vn mot : mais qu'vn chacun
regarde de pres.X; on trouuera que nous vou-
drions bien que Dieu fuft fc-paré , &• qu'il feift
fes befongnes, ( comme on dit ) & cependant
qu'il nous laiflaft ici efgayer . Voila comme
les hommes f -nt abbrutis. Or pour cefte cau-
fe faïuél Paul nous monftre, c^uW ne faut
point
SVR LA II. A TIMOTH.
point que nous cherchions ancune félicité fî-
non en Dieu. Car nous pourrons amafler beau
coup , que toutes les créatures du monde nous
foyent t-auorables,fi eft-ce qu'au lieu d'aduan-
cer nous reculerons, iufques à ce que nous ioy
ons venus à Dieu.Ec cependant il nous décla-
re q nous luy pouuons bien demander cela en
pleine côfîance, & el'perer qu'il nous fera ot-
troyé.Et pourquoyjCar ilne'nous faut point
-_.^ conlîderer iîmplement en Dieu fa maieité,
ftS mais aufsi le nom de Pere.duquel il veut eftre
>*'? comme reueflu.afin que nous ayons accès plus
familier à luy. Notons bien donques que faindl
Paul ne nous parle pas ici nuement de Dieu.
Car quand nous cuiderions approcher de luy,
félon que nous fommes tant indignes , nous
ferions effrayez & comme eiîarouchez : mais
il du qu'il eJt Père quant & quant. Et ainfî.il
nous certifie qu'il ne veut point élire cognu
des iîens fans fa miiericorde: & par fon exera
pie il nous exhorte à chercher la paix enDieu,
& en la grâce dont il a fait mention. Et c'eft
encores vn mot qui doit bien eftre médité de
nous. Car la maiefté de Dieu nous fera touf-
iours elpouuantable , û nous regardons en
luy qu'il eft f ulement Créateur. Il faut don-
ques toutesf ois & quantes que nous délirons
que Dieu nous reçovue ,& que nous voulons
auf I prendre hardielTe pour venir à luy , que
ce mot de Père nous viene deuant les yeux:
ce qui ne fe peut faire que nous n'ayons Icfus
Chrift pour Médiateur. Et voila pourquoy
aufi faind P.ml a mis , î^'ofl-re Se'gneur l^fus
Chrifi. Ileftvray qu'en difant qne la grâce
& la paix nous vienent de luy comme de Dieu
fon Pcre ,il nous monftre qu'il nous le faut
adorer, & qu'il n'elt point vne fimple créatu-
re ,& qu'il ha ce que n'ont point ni les hom-
ines,ni les Anges.Il faut bien donques qu'ici
nous prenions vntefmoignage delà Diuini-
tédenoftre Seigneur lefus Chrift , afin qu'il
foit exalté de nous f Ion qu'il le mérite. Mais
cependant fainft Paul nous veut confcrmer
en ce qu'il a dit, c'eft que lurdimeut nous de-
mandions àDieu grâce & paix,& que nous luy
demandions , voire pource que nous auons
noftre Médiateur qui nous donne fiance de
faire telle requefte. Et c'eft ce que l'ay delîa
touché , que nous ne pouuons conceuoir que
Dieu foit noftre Père , finon que noftre Sei-
gneur lefus Chrift fe prefente , & qu'il décla-
re qu'il eft le Fils vnique, & que nous fommes
entez en fon corps par foy quand nous fom-
mes fes membres, que tout ce qu'il ha de pro-
pre il nous le communique par fa pure bonté,
non pointqu'il nous foit deu.mais pource que
il defplove les richelTès de la mifericorde
de Dieu fon Père enuers nous. Ainfi donques
nous voyons qu'il n'y a rien de fuperflu en
celle falutation de fainft Paul. Et combien
qo'ilait parlé à Timothee,fi eft-ce qu'il a don
né à tous vne re^le cxnmune. Voulons-nous
doncmefmes félon cefte vie prefente eftre à
35Î
repos. Il faut que deuant toutes cliofes noue
cherchions d'eftrc aimez de Dieu; Se puis que
nous fçachions le moyen , car nous n'en fom-
mes pas dignes. Ilfaut donc venir à noftre Set
gneur lefus Chrift. Or fi ainfi eft que pour ceft
eftat caduque de ce monde,& ce qui concerne
noftre nourriture corporelle, ilfaut que nous
commencions par ce bout , d'auoir Dieu pro-
pice,que fera-ce s'il eft queftioadu falut éter-
nel de nos âmes f Si nous voulons manger vn
morceau de pain , boire, & eftre reueftus pour
noftre necefsité , il faut que toufiours nous
foyons fondez là defTus , que Dieu nous re-
garde en pitié , & que nous commencions par
fa bonté gratuite. Si nous ne pouuons ne boire
ne manger , ni receuoir toutes les autres chq-
fes qui concernent la vie prefente , que ce ne
foit a noftre confufîon , finon d'autant que
Dieu nous bénit par fa grâce ^ d'autant plus
deuons-nous, quand il eft queftion de la vie ce
lefte , nous remettre du tout à la grâce de
Dieu,nous afleurer pleinement en cefte ado-
ption qu'il a faite par noftre Seigneur lefus
Chrift, & n'eftte point fi outrecuidez de pen-
fer que nous ayons de quoy pour nous faire
paruenir à ce falut qui nous eft promis en l' E-
uangile. Oublions dorques tout ce qui eft de
noftre collé ,& commençons par l'adoption
de Dieu. Et au refte, quand Dieu nous aura v-
ne fois receus à merci , inuoquons-le hardi-
ment , ne foyons point comme ces poures in-
crédules qui font toufiours enfufpens,ne fça-
chans s'ils font exaucez ou non, mais que cela
nous foit tout perfuadé & conclud , que puis
que Dieu nous aimç , tout ira bien pour nous,
voire quand nous aurons cefte amour-Ia , que
rien ne nous peut faillir, d'autant que Dieu ha
tout en fa main, il eft la fontaine de tout bien,
& de toute félicité. Nous voyons donc comme
en la fimple amour de Dieu , il faut que tout
noftre falut, &: la louange d'iceluy foyent tel-
lement enclos, qu'vn chacun fe glorifie hardi-
ment,& qu'il ne doute point d'eftre fauué. £t
pourquoy.'D'autât qu'il a pieu â Dieu de nous
aimer, combien que nous en fufsions indignes.
Voila comme nous auons àleuerla teftefans
aucune doute, quand Dieu nous a teftifié qu'if
nous vouloit eftre Père en noftre Seigneur le
fus Chrift, qu'il nous faut marcher hardiment,
furmontans tous empefchemens qui nous
pourroyent retarder devenir à noftre Dieu,
iufques à ce que nous foyons entrez en ce
triomphe qui nous eftapprcitéau ciel. Et com
bien qu'il nous faille maintenant batailler, voi
re iufques à la mort , & que mefmes noftre vie
foit cachée , que toutesfois nous ne doutions
point que Dieu ne nous foit Père , puis cju'il
nnus porte cefte affeftion paternelle de laquel
le parle ici lâinft Paul.
OR nous-nous profternerons deuant la f.i-
ce de noftre bon Dieu en cognoiflance des
fautes innumerables que nous ne celTons de
commettre iournellement contre luy, le prias
T.iiii.
335 ' S E R M
qu'il luy plaife les abolir tellement que rien
ne nous cmpcfclie que nous ne venions à luy,
voire en confiance qu'au nom de noftre Sei-
gneur leltis Clinit nos macules feront eifa-
cees deuant luy , & que nous ne lailTerons pas
d'eftie tauonfez de luy comme fes propies
enfans,nonobrtant coulCs les infirmitez &cou
tes les miferes qui lonLen nous. Et cependant
qu'il nous donne vn tel gouftde fa mifericoi-
de,que nous ne doutions point puis qu'il veut
auoir le foin de nous, que toutes chofes iront
bien. Qjie nous apprenions de nous remettre
à (a prouiJence.atin que nous confians en luy,
nous ne foyons point agitez çà&làpourc-
ftre toufiours en branfle , que nous ne foyons
point attrappez par Satan entre les filets dot
ON II.
il a accouftumé de nous furprendre quand il
nous voit ainli volages.Et pourtant, que nous
cheminions tellcitient parmi ce inonde , que
toufiours nous ayons noftrc veue eleueeace
Royaume celefte. Et puis qu'ainfi eft que ce
bon Dieu nous a donné les promefles Se de la
vieprefente,&dela vie à venir.que naus foy«
ons admoneftez en tout& partout de nous
remettre à luy , iufques à ce qu'il nous ait de-
liurez de tous les combats qui nous tourmen-
tent &moleftent maintenant, pour nous atti-
rer en ce repos qui nous a elle acquis parte
fang de noftre Seigneur lefus Clirift . Clap
non feulement il nous face cefte grace>
maisaufsi à tous peuples & nations deUtei-
re,&c.
SECOND SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
3 le ren grâces a Dieu , auquel ie jèrs dés mes anceJJres en pure
confcience , que fans cejjcr tay mémoire de toy en mes prières nuiSî (X,
iour:
4 Dcfirant te yoir , ayant fouuenance de tes larmes : afin que w
joye rempli de ioye'.
5 Keduijànt en mémoire la foy non feinte qui cjl en toy , laquelle
a habité premièrement en ta mère- grand Loide, CT en ta mère Eunice:
(Xfuis certain quelle habite aufsi en toy.
A foinme de ce que nous a-
,7]l)^(j*&T^ uons maintenant Icu eft,que
L^ k./^4ir«,f faina Paul déclare l'affe-
dion qu'il porte à Tirao-
thee : & adioufte la raifoa
pourquoy , c'eft afçauoir
d'autant qu'ille voyou ho-
me craignant Dieu , & qui auoit toufiours eu
quelque bonne femence désfon enfance. Or
tepcndant notôs qu'il déclare ces chofes, non
point tant pour le regard de Timothee, que
pour ceux aufquels il vouloit que l'Epiitre fiift
commune , afin que par là chacun en hiit édi-
fié. Or de noftre corté le principal elt, de re-
cueillir de «efte lecture la doftrine qui nous ap
partiét.En premier lieu,la folicitude de famtt
Paul à Timothee nous doit feruir d'inftru-
ftion.Car d'autant que Dieu noub a conioints,
c'eft bien raifon qu'vn chacun dé nous penl'e
de fes prochains qui luy attouchent : ie ne di
pas de ceux qui nous font prochains félon la
chair, mais puis que Dieu nous eft Père à tous,
auilons de nourrir cefte fraternité qu'il a dé-
diée au fang de noihe Seigneur lefus Chrift.
Et ainfi.prucurons entant qu'en nous fera, le
falut Je tous ceirr qui font domeftiques de h
foy. Et au refte,que les Pafteurs qui ont char-
ge pubhque en PEelife , ayent ceci pour re-
commandé. Car il fout bien que leur zèle fur-
monte celuy qui fera en vn homme priuc , le-
quel n'a autre regard finon qu'il eft membre
de l'Eglife. Voila donc pourquoy fainft Paul
a teftihédu foin qu'il auoit de Timothee ,& de
fon falut. Nous voyons d'auantage.quadDieu
aura auancé vn homme, & qu'il l'aura doué des
grâces de fon fainil Efprit , que ce n'eft pas à
dire pourtant qu'il ne nous faille toufiours
prier pour luy .Car il n'y aura iamais telle per
feftion en ce monde, que nous n'ayons befoin
d'eftre auancez de plus en plus ,& que Dieu
nous tende toufiours la main , le prions qu'il
nous augmente (es dons , qu'il retranche les
corruptiôs qm font en nous. Quand donc il y
aura vn homme excellent , Se comme vn demi
Ange , il eft vray que nous auons occalion de
rendre grâces à Dieu , de ce qu'il auiaainfie-
fpandti in- luy les dons- de fon fainft Elprit,
mais cepéJant cncores faut-il que nous pnôs
Dieu qu'il continue à l'augiTiiîter, iniques àce
qu'il l'ait amené à fa perfection. Ot 11 nous a-
uoiis
s V R LA I !. A T 1 M O T
lions bcfo/n de prier ainlî pour ceux qii
:Dicii
a tant auancez , que fera -ce des poures gens
qui ne fout que commencer, qui font encores
bien débiles , qui ont feulement quelque petit
gouft de la vérité? Ne dcuons-nous point
auoir tant plus grande folicitude pour eux? Il
eft bien certain. Ainli donques, tailonv noftre
conte que iamais il n'y a eu créature morcelle
en ce monde qui n'cuft befoin qu'on la recom
mandaft à Dieu , afin que ce qu'il auoit com-
mencé,il le parfeift. Pourquoy? Car les hom-
mes font touliours en chemin, cependant que
ils viuent fur la terre. Et cela nous doit enfei-
gner à humilité, que nul nefe prife,quenul ne
fe contente de fon eftat,pour dire, le fuis venu
là où il faloit que ie veinfTe. Mais cheminons
toufiours,& prions Dieu qu'il nous auance.fça
chans bien que nous n'auons point encores
appréhendé , comme faindt Paul en parle aux
Phihppiens troilîeme chapitre, verfet u. Or
il y a aufsi d'autre coflé , que laind Paul nous
monftre que chacun de nous ne doit point feu-
lement rendre grâces à Dieu pour les biens
qu'il a receus de luy,mais quand il aura diftri-
bué de Ces dons à nos frères , que la ioye en
d;.crnne,noton, le', mots dont ùh.à Paiilvfe.
ïl ditjSe/on <jue iefay mémoire de toy njcijl.im-
nunt en mes prières , iiuUt O- iour. Yci nous
voyons ce que l'ay défia touché, c'eftafçauoir
combien fainû Paul a eu pour recommandé le
falut de Timothee, quand fans ceiTe il luy en
fouuenoit. Mais cependant notons aufsi que
les prières de lainft Paul eftoyent fréquentes;
car il dit, E»mïj /ir/tr«,nH<ff & ioitr. Il ne luy
fouuenoit point de Timothee en fes refueries,
comme ceux qui aiment charnellement, fe foa
uiendront aflez de leurs amis, voire pour boi-
re à eux en leur abfence , ou pour en parler:
mais l'amitié Chreitienne ha vne autre cliofe
plus grande , c'efl- quand chacun fe prefente k
Dieu, & que là nousdifons,Noftre Pere.que là
nous penfons à ceux aufquels nous femmes
conioints , &defquels nous ne deuons point
nous feparer.Et quand nous ne pourrons fai-
re vn rolle entier,pour le moins que nous pre
nions les efpeces,& que nous prionsDieu pour
ceiu qui s'employent à fon feruice,pour ceuK
aufquels on cognoift qu'il y a eu zele,& d'au-
tres vertus pour glorifier le nom de Dieurque
nous ayons pitié de ceux qui trauaillent,& qui
font tourmentez au milieu des ennemis delà
doit eftre commune à tous,& pareillement l'a-
ûion de grâces. Il eft vray que félon que Dieu foy, qui font comme poures brebis entre les
s'eft monftré libéral enuers moy , il faut bien loups , que nous ayon'. pitié &conipafçion de
que ie me fente plus obligé enuers luy, & que
cela m'incite à luy rendre grâces pour ma-
gnifier fon nom : mais fi elt-cc que ie ne doy
point me tenir encio' ni enferré en ce regard
de ma perfonne,il faut aufii que ie contemple
la bonté de Dieu enuers toute (on Eglife,en-
uers chacun de ceux qui font du troupeau. Et
d'autant que cefte variété de grâces qu'il a
efpandues fur les fiens appartient à (a gloire,
que ie f )ye aife quand ie verray que mes f rc-
res ont de qu iy pour feruir à Dieu,& qu'il les
pouire,& les conduit,& gouuerne , que ie voy
vn bon accord de ceux qui tendent à bien.
Nous voyons donques qu'il ne faut point que
chacun regarde feulement à foy , mais qu'il y
ait communication générale , quand Dieu di-
ftribue ainfî les dons de fon faintl Efprit à fes
fidèles, qu'vn chacun l'en doit remercier. Or
par cela nous voyons quelle malice c'eft, que
nous portions enuieà ceux lefquels Dieu au-
ra ornez de fes graces:comme le pliis fouuent
nous voyons que les hommes font enchns a
cela,que chacun voudroit auoir tout pour foy.
Et cependant il eft dit,que fi Dieu a mis de fes
grâces aux autres , qu'il nous faut fentir vne
ioye en nos cœurs , comme fi nous auions re-
ceu tout cela. Et de fai£l, fi nous eftions bien
aduifez, nous cognoiftrions que nos frères ne
poffèdent rien qui ne reuiene à noftre profit
& falut. Selon donc que Dieu a efpandu les dos
de fon Efprit par ci & par là,il procure noftre
profit & falut. Et voila pourquoy nous fommes
tant plus tenus de luy en rendre grâces. C'cft
en fomme ce que nous auons à recueillir de ce
yaflàge.Et pour mieux eftre côferraez en celte
eux,& de tous ceux qui font en quelque neccf
fité , félon que nous en aurons cognoilîànce,
que nous foyons picquez pour les prefenter
deuant Dieu,afin qu'il luy plaifede les fecou-
rir félon qu'il voit que le befoin y eft. Voila
côine il nou". faut monftrer amis:ce n'eft point
pourauoir vne fouuenance félon lemonde,de
ceux qui nous attouchent , mais fur tout que
nous les recommandions à Dieu comme faindt
Paul en parle ici. Et cela vaut cent mille fois
mieux que toutes Icsamitiez du monde-ce n'eft
qu'ordure quand les hommes s'aiment enfem
ble, & qu'il n'eft point queftion que Dieu foit
teirnoin de l'amour qu'ils fe portent l'vn à l'ait
tre,& que cela reuiene à luy,& qu'elle foit vn
moyen pour le foucier aufsideieur falut e ter
nel. Mais (comme l'ay défia monftré) fi nous
voulons prattiqiier ce que du ici ùintt Paul, il
nous faut auoir vne autre ardeur de prier que
nous n'auons point. Car ceux qui font tant
froids , qu'ils ne fçauent s'ils doyuent prier
Dieu vne fois la fepmairic, comment pourront
iisprotefter ce que dit ici fiinû Paul.c'eft-
afçauoir quenuiti & iour il fait mémoire de
Timothee en priantfVoici donques vn exem-
ple mémorable, c'eft que nous ne deuons point
prier Dieu feulement vne fois le iour comme
par acquit , mais que nous deuons retourner
fouuent à ceft exercice, & nous y picquer voy-
ant noftre parefle, & qu'vn chacun s'y poufîe
quand il s'y trouuera trop froid. Car il ne fut-
fit point de cognoiftre ce vice , mais il y faut
remédier, ainfi quei'ay dit. Picquons-nous
donques , & qu'vn chacun foit fon foliciteur,
n'attendant point qu'où le rudoyé. Car que
V.i.
53S
SERMON 1 1:
ferons-nous d'auantage mie ceft exemple de
fainfl: Paul ? Et au refte , fi nous n'auons autre
zele & ardeur pour prier Dieu.ce tefmoigna-
ge-ci nouî feriiira d'vne horrible condamna-
tion,Il eft vray que nous n'auons pas receu P£
fpritdeDieu en mefure lî ample que fainft
Paul, & tous ne peuuent eftre égaux: mais tant
Y a que nous ne pouuons auoir vne iî petite
portion Je lagrace de Dieu.qu^ellene fedoy-
iie déclarer encelt endroit.c'efi q nous ayons
afFedionde le prier , & que cela ne foit point
parccreinonie , mais que nous y retournions
fbuucnf.que nous oublions tout le refte pour
eleucr nos ca-urs à Dieu , encores que nous
ayons nos belongnes à faire, que Dieu reçoy-
tie quelque gemillement de nous: ouaud nous
voyons les poiiretez qui font par tout le mode
que nous voyons les contulîons,q nous voyôs
les necefsitcz.q nous prions Dieu qu'il eften-
de fa main pour nous fecourir , ou pour le
moins que nous lettions quelque foufpir, &
que nolire Seigneur exauce cela , & que nous
cftendions cclK' tolicitude iniques à nos pro-
chains, qu'vn chacun ne pejife point feulemét
de foy, mais qu'vn chacun aduife de procurer
lefalut de tout le corps de TEglife en gêne-
rai. Voila donc ce que nous auons à retenir de
celle circonftancc quieftici mife. Or quand
fainû Paul die , g(t'<7 ci fm^enance des larmes
de Timothee , ^ de la foy non feinte (jui efloit
en luy , par cela il nous monftre que félon que
nous aurons cognu vn homme eftre doué de
bonté , que nous le deuons tant plus honorer
& aimer , voire lî nous aimons Dieu. Et cefte
«dodrine nous doit léruir à double vfage. Car
fouuent nous auons des cupiditez efgarees,
que nous n'auons nul efgard lî les hommes
ont vne droite pieté,c'eft à dire que nous ap-
perceuions des marques de crainte de Dieu en
eux , lî nous cognoilTons qu'ils cheminent en
pure confciencie , que nous voyons en eux
quelque bonne affedion , nous n'auons point
d'efgard à tout cela , & pourtant nos amitiez
font volages. Mais à l'oppofîte,fi nous eftions
bien réglez , quand nous verrions vn homme
élire droitemcnt conduit de l'Efprit de Dieu,
& que Dieu luy auroit tellement imprimé fon
image que nous fentirions qu'il habite en luy,
il faudroit que nous fufsions afFcftionnez à
aimer telles gensique lî nous ne le faifons, ne
fommes-nous pas plus que ftupides& brutaux?
Il eft dit notamment au Pfcaume quinzième,
L'homme craignant Dieu aimera tous ceux
qu'il cognoiftra eftre tels , & qu'il mefprifera
les mefchans & iniques. Quand nous verrons
des contempteurs de Dieu qui ne feront nul
fcrupule dele defpiter , & qu'eftans desbau-
chez peruertiront tout entant qu'en eux fera,
nous deuons auoir telles gens en deteilation
comme peftcs mortelles, que nou', ïtis tenions
(di-ie) comme puans pour les fuir &• reiettcr.
Aufsi a l'oppolite , quand nous voyons des
gens craignaus Dieu , qui font coniomcs aucc
nous en telle affeâion , il eft certain que fi
nous ne les aimons , & que nous ne leur por-
tions honnenr,nous mefprifons Dieu, &l'in-
iure viendra à luy , & faudra qae nous en ren-
dions conte. Ainiî donc apprenons de nous
corriger de toutes vanitez en ceft endroit, &
que nous foyons affeûionnez enuers lesper-
fonnes félon que nous y verrons bonté, crain-
te de Dieu, foy, droiture. Et cependant aufsi
nous fommesadmoneftez chacun de nous , de
cheminer droitement , fi nous voulons qu'on
nous aime. Si donc ic délire d'eftre recomman
de aux prières des fidèles, que le donne occa-
fîon qu'on ait foin de moy, & que chacun face
le fcmblable. Souuent il nous femblera qu'on
nous fait grand tort quad on ne penfeia point
de nous. Mais quoy? Si on regarde quels nous
loniuies , nous méritons bien qu'on nous ou-
blie , & qu'on nous laifle là pour ce que nous
valons. Et ainlî,aiin que Dieu exauce les orai-
fons des liens , & qu'au fsi de leur part ils foy-
ent incitez à prier pour nous , prattiquons ce
qui eft ici dit,qu'oncognoilTe que nousaimons
le Royaume de Dieu , Se. comme il veut qu'on
penle de nous,que nous penlîons aafsi .\ luy,(S:
alors nedoutons point que nous ne foyons fe-
courus de luy au befoin. Voila ce que nous a-
uons à retenir fur ceft article. Or maintenant
venons à ce que fainiîl Paul dit de fa perfonne.
11 protefte ^»'// adore le Diea de fes anceflres
tn pure cinfcieuce. Il n'y a nulle doute q fainft
Paul n'ait ici voulu repoufler les calomnies &
faux blafmes dont il eftoit diffamé entre les
luifs. Car beaucoup le tenoyent comme vn
apoftat qui s'eftoit reuolté de la Loy deMoy-
fe, qui auoit delailTé le Dieu de fes Pères , la
religion en laquelle il auoit eftc nourri. Saincl
Paul donc veut ici monftrer qu'il adore le
Dieu d'Ifracl, qu'il perfifte en la vraye & pure
religiô qui a tlîé du temps de la Loy, & mef-
mes quand il adioufte en pure confcience,i\ mon
ftre qu'il n'a point efté efmeu m d'orgueil, ni
d'ambition, ni de folle conuoitife,c5me beau-
coup de gens appetent nouueauté .d'autant
qu'ils n'ont point de confcience qui lesarre-
fte & les retiene en la crainte de Dieu. S,.\\n^
Paul donc monftre que ce qu'il tenoit de l'E-
uaugile.n'c.ftoit point par vne cupidité vaine,
mais qu'il fe déclare eftre là comme deuant
Dieu,& qu'il ne fe veut point faire valoir de-
uant les homes, ni fe prifer,mais qu'il fe con-
tente d'adorer le Dieu viuant. Voila en fom-
me à quoy faiiirt Paul a prétendu. Or ici nous
auons ànotcr que iî vn Âpoftre tant excellent
comme luy.a efté ainfi dénigré parles mef-
chans,nous ne deuons point trouuer eftrange
files feruiteursde Dieu font exercez en celle
façon. Et au refte, fuyuons l'exemple de (.iinEt
Paul,c'eft que nous puiAions auoir ce bouclier
en la main pour rembarrer toutes les faillies
calomnies dont ou noiisfIiarge,& dont on taf
chcdenous rendre odieux deuant les hom-
mes , que nous puifsious toufiours monftrer
(di-ie)
SVR LA II. A TIMOTH
339
(<li-ie) à la vérité , Si non point nous vanter
feulement de bouche, que nous feruons au
Dieu viuanc, & que nous y procédons en pure
confcience. Q_iiand nous aurons ce tefmoigna
ge-la deuant Dieu, & que nous pourrons aufsi
monftrer de quoy deuant les hommes , il faut
que nous portiôs en patiéce les murmures, les
fauflètez.les mélonges qui fe feiuent de nous:
car ce n'eft pas raifon que nous ayons plus de
priuilege que n'a eu faind Paul. Voila quant à
fa perfonne. Mais cependant ici nous auons
vne bonne règle de bien feruir à Dieu. Car
fuyuant ce quieftdit.qu'il regarde au dedans,
& non point à l'apparence qui eft prifee des
hommes, il n'eft point queition que nous fer-
nions Dieu feulement des mains, &des pieds,
mais il faut que noftre cœur marche deuant. Le
vray feruicedc Dieu donc fera cordial, félon
aufsi ce qui eft dit en la Loy , Tu aimeras ton
Dieu, tu adhéreras â luy de tout ton caur. Il
eft vray que Dieu veut bien que nous emplo-
yons toutes oos facultez,& tous nos membres
à fon feruicc, que le tout luy foit dédié ,& ïe
faut aufsi:&de faift,vn bon arbre fe monftre-
ra toufiours par les fruifts extérieurs. Et ainfi,
quand nous aurons vne affedion cordiale de
feruir à Dieu,il faudra bien qu'elle fe monftre
en toute noltre vie, que toutes nos œuures foy
ent comme les fruiifts de cefte bonne racine.
Mais tant y a que pour bien feruir à Dieu , il
faut que deuant toutes chofes nous ayons ce-
fte pure confcience dont parle faincl: Paul.
C^ue nous n'ayons point feulement vne vie
bien modérée deuant les hommes, & vne hoii-
neftetc qu'il n'y ait que redire,que nous n'ay-
ons point des vertus admirables : brief , il ne
faut point que nous foyons dorez, mais il faut
que l'or foit au dedans:& ne faut point q nous
ayons feulement quelque apparence , mais il
faut que nous foyons maf ifs, c'eft à dire, que
la crainte de Dieu fou ferme & folide en
nous.Ainfidonc^î nous regardons pourquoy
Dieu detefte tant rhypocrifîe.qm vaut autant
comme fidion , quand les hommes fe contre-
font , &: qu'ils ont feulement quelque mafque
poureftre trouuez vertueux, nous trouuerons
que c'eft à bon droift. Et pourquoy? Car c'eft
toute corruption de fon feruice. Voila donc
vn facrilege. Car fi le feruice de Dieu eftper-
nerti, voila fon nom qui eft prophané , ce qui
ne fe peut faire fans facrilege :& puis on con-
nertitfa vérité enmenfonge, qui eft encores
pour anéantir ù gloire, & le tranffigurer. Et
ainlînon fanscaufe l'hypocnlie eft tant de-
teftâble à Dieu. Et d'autant plus nous faut-il
tendre à cefte pure fimplicitc & rondeur, qu'vn
chacun de nous fë prefente deuant Dieu pour
examiner ce qui eft en luy, & quand on n'aura^
nul regard au monde, qu'on face cefte conclu-
fion , Si faut-il que ie foye aduoué de mon
DieuiCar quand tout le monde m'applaudira,
& qu'on rjetromie rien à redire en moy,& ce-
pendant i^ue ie foye r«ictcé de mou luge ce-
lefte,qu'auray-ie gagné? Qjjand donc noui
auronscefte conchilîon-Ia pour dire, le ne me
contente point delà réputation que lepour-
ray acquérir enuers les hommes, finonquema
confcience foit pure deuant Dieu, & que f aye
afFeûion de profiter en fa crainte: quand, di-
ie,nous aurons ce regard-la, tous les fcruices
que nous rendrons à Dieu, luy feront agréa-
bles tmais fans cela ce ne fera quefumee:nous
pourrôs auoir tant belle parade que rien plus,
mais cène fera que fiente & ordore quanta
Dieu. Voila donc ce que nous auons à retenir
en ce palfagc , touchant la bonne confcience.
Or fainft Paul adioufte <j»';7 adore ce VieM-ci
dés fes anccjlres. Pourquoy ? l'ay defîa allé-
gué la raifon .d'autant qu'on luy reprochoit
qu'il auoit forgé vne religion à la volée, &
qu'il s'eftoit abaftardi tellement, qu'il auoit
lailTé le Dieu de fes Pères. Or il monftre que
il adore le Dieo viuant , lequel auoit premie-
reiitent elea Abraham & fon lignage , lequel
auoit donné fa Loy par Moyfe , lequel auoic
parlé par fes Prophètes. Sainift Paul donc
monftre qu'il ne s'eft point diuerti delado-
ftrine ancienne, qu'il n'a point inuenté vne
religion incognue, mais qu'il perfifte en la
Loy de Dieu,& aux Prophetes,qu'il fe main-
tient à la pureté qui a efté de tout temps, qu'il
n'eft point tel qu'on fe doyue tenir comme vn-
apoftat. Voila en fomme à quoy il a prétendu.
Comme auiourd'huy nous voyons que les Pa-
piftes nous chargent d'vne mefme calomnie.
Car ils font à croire aux fimples & idiots , que
nous auons controuué vne façon de viure
comme eftrange.que nous auons anéanti tou-
te la fimplicité, & que nous ne tenons rien de
ee qui a efté receu par les. Apoftres , & par le"!
Martyrs. Or nous fçauons bien tout le contrai
re. Car pouiquoy combatons-nous contre les
Papiftes.finon d'autant quenousn'accordons
point à leurs tromperies?Carils ont forgé en
leur boutique tout ce qu'ils appellent feruice
de Dieu , leurs articles de foy , & tout le re-
fte. Voila donc les Papiftes qui ont fait vn tri-
potage & vn meflinge de men foiiges qu'ils ont
ramalfez çà & là : & cependant nous deman-
dons qu'on fe tiene à la Loy, aux Prophètes,
& à l'Euangilc : que Dieu a là donné vne do-
âriue parfaite , Scoù il n'y a que redire : que
c^eftla doôrine qui doit eftre cfcoHtee,&:3
laquelle on fe doit aflîiiettir . Voila ce que
nous difons. Ainfi donc nous voyons qu'il a;
Êilu que fainâ Paul vfaft de cefte defenfe qui
nous eft auiourd'huy neceflaire.Et ce nous eft
vne belle confoJation quand nous voyons
qu'il ne nous faut point chercher des ex-
cufes çà& là pour clorre la bouche aux Pa-
piftes , & à toutes leurs f.iuffcs obieélions:-
mais qu'ilnous fuffife que faiuél Paul ait re-
fpondu en noftre nom.Pourquoyr'La caufe eft
du tout femblâble.N'auons -nous point à nous
refiouir quand Dieu nous côftitue faind Paul
pour aduûcat & procureur de noftre caufe,,
V.U.
34^
SERMON III.
contre les Papiftes? Tellement que nous ne
fomnies poït empel'che7.auioiird''huy il'aiioir
quelque réplique lie noftrecerueau,mais il tuf
'fie (le produire & mettre en au.int ce que S.
Paul a déclaré de fa bouche, voire ellant coii
duit par rEfprit de Dieu. Or fi nous auouî S.
Paul paur noftrc aduocac , voila le taiutl: E-
fprit qui nous aduoue du ciel. E: inefmes S.
Paul a eu vne procuration futrilante pour mô
ftier qu"'il ne pailoit point en qualité d'hom
me mortel , ne de créature , maiç quec'eftoit
au nom & en Tauthorité de Dieu. Ainlî donc
-que nous prenions courage quand nous voy-
ons que les Papilles nous blalment à tort, &
que cela ne nous tourmente point par trop,
puis que noitre Dieu prend la caufe , & qu'il
nous donne vne telle defenl"e,qu'encores que
nous eufsions la bouche fermée , il ne lailTera
point de monftrerqueles Papilles feront con
damnez en toute leur vaine gloire. Mais ce-
pendant il fcmbleroit que faind; Paul voulufb
ici dire que ceux qui chagent de façon de fai
refont à condamner. Car nous ne pouuons
pas nier que nous n'ayons beaucoup innoué:
car il a faluaulsi retirer le poure monde qua
fi des abyfmes d'enfer. Nous fçauons qu'en
la Papauté il n'y a rien qui ne foit peruerti.
Ainfi donc il a falu faire vn gradchangemct.
Mais lafolutioneftbienaifeeàceci Carquad
Ùinà Paul parle de fesancellres , il n'entend
pas d'approuuer toutes les fuperftitions qui
eftoyent luruenues , comme alors ily auoit
des erreurs tant"& plus entre les luifs. Sainft
^ Paul n'^ garde de fe vouloir là enuelopper:
mais fl parle de fes anceftres, entant qu'il e-
ftoit defcendu d'Abraham : & par ce moyen
il rapporte le tout à celle origine , & k celle
fource de l'alliance que Dieu auoit faite auec
les luifs.Comme quand nous dirons que nous
tenons la foy des faindls Pères , nous parlons
en vérité. Et pourquoy? Qjii font nos Pères
r/V,44;i (fuiuant ce qui eftdit au Pfeaume ) fînon les
Apoftres , & ceux qui ont elle commis pour
publier l'Euangile par tout le monde , & les
Martyrs qui les ont enfuiuis.Nous proteftos
donc en vérité que nous tenons la foy des
fainfts Pères , & cependant nous rapportons
le tout à l'Euangile. Mais quand les Papilles
fe glorifient de tenir la foy des Pères , c'eft à
fauffes enfeignes. Et pourquoy? Car ils amè-
nent pour leurs pères , des poures abiifez qui
ont elle au temps d'ignorance: ils prendront
des moines qui ont fongé & refué beaucoup
de menus fatras. Voila donc les pères des Pa
pilles. Etd'auantage , quand ils fe veulent
feruir de' doûeursancicns,i|çprédront leurs
■ erreurs : & ce qui e/l là de bon &de pur , fe-
ra reietté , qu'il femble qu'ils ayent confpiré
d'anéantir toutes les grâces de Dieu. S'il y a
cependant quelque chofe mal couchée, s'il y
a quelque lefture pour colorer leurs refue-
ri es, voila ce qu'ils prenent, voila en quoy ils
adhèrent à leurs pères. Autant en cftoic-il
du temps de fainél Paul. Ainfî notons bien que
iaind Paul ne veut pas ici condamner touc
changement qui fe fera quand la religion au-
ra elle mal conduite, & que les hommes y au-
ront apporté de leurs inuentions : il faut que
tout cela foit retranché, il faut qu'on reuiene
à la pure Si. lîmple religion de Dieu, afin que
ce fondement demeure, que Dieu feul règne,
& qu'il condtufefon peuple. Mais fainftPaul
difant qu'il a adoré Dieu depuis fes anceftres,
entend qu'il n'a point derogué à la pure reli-
gion telle que Dieu l'auoit ellablie entre les
luifs. Et de là aufsi nous voyôs que fainft Paul
n'a pas voulu ici dire en gênerai, que celuy qui
pourra alléguer fes"anceflres, foit iuflifîépar
ce moyen, car ce feroit v«e pure mocquerie.
Les Turcs auiourd'huy fçauront bien dire.
Nous feruons à Dieu depuis nos anceflres:car
il y a beaucoup de temps palTe que Mahomet
les a abbruucz de fes refueries diaboliques.
Voila doc enuiron mille ans que ces mal-heu
reux font enyurez en leurs folies, ils pourront
alléguer que leur religion n'ell pas nouuelle.
Mais quand elle auroit elle dés la création du
monde, ce n'eft rien dit. Pourquoy ? L'idola-
trie a efté de ce temps-la.Nouv voyons qu'el-
le n'apoint efté feulement quand le mode fut
reftaurré après le déluge . Auparauant le nom
de Dieu eiloit-il inuoqué par tout ? Nenni:
mais il eft dit que la lignée de Seth eftoit cel-
le où Dieu eftoit ferui: Se c'eil Comme vn mi-
racle,quand li pureté du feruice de Dieu n'eft
trouuee qu'en vne fi petite poignée de gens.
Ainfi donc l'ancienneté ne fuffira point' pour
approuuer vne religion , ce leroit vne beftife
trop lourde; car par ce moyen il n'y auroit re
ligion plus certaine que toutes celles qui font
mefch3tes,& que Dieu a endeteftation.Mais
fainâ Paul prefuppofece que nous auons def
ia dit,c'eft afçauoir qu'il eftoit defcendu de la
race d'Abraham, & que le Dieu qui eftoit là a-
doré,n'eftoit pas vne idole, mais que c'eftoit le
Créateur du ciel & de la terre.celuy auquel il
nous faut venir pour auoirfalut, celuy qui eft
vrayement noftre Pere.Et voila pourquoy auf
fi noftre Seigneur lefus difcerne entre les '"** 4»
Juifs & les autres nations. Vous ne fçauez que ^^•
vousadorez.il eft vray qu'il parle à la Sama-
ritaine : mais ce peuple-la auoit encores plus
d'affinité auec les luifs , que tout le rcfte du
monde. Car les Samaritains eftoyent circôcis,
& fe vantoyent d'adorer le Dieu d'Abraham:
ils faifoyent les facrifices à la façon des luifs:
mais cepédant fi eft-ce qu'ils n'eftoyent point
aduouez par la Loy, meimes qu'ils auoyent v-
ne religion baftarde. lefus Chrift prononce
qu'ils ne fçauent ce qu'ils font.quec'eftpeinc
perdue, Vous mettez beaucoup de peine à fer-
uir Dieu, mais il reiette tout cela, car vous ne
fçauez que vous adorez, il n'y a point de certi £_»_/•
tude . Or à l'oppofite, il dit, Nous fçauons ce " ''"■
que nous adorons . Il parle la des luifs , qu'ils
cognoiffoyent qu'ils adoroyent le vray Dieu.
SVR LA II. A TIMOTH.
34r
Et pourqnoy? Car ils en aiioyent vn tefmoi-
gnage iiifallible par la Loy.qiii eftoit bien c5
tennee par Talliance qui auoit efté faite en-
core plu? anciennement en lanlain d' Abra-
ham.Notôs bien donc que fainft Paul ne par-
le point ici fans exception de tous Pères &
anceftrçs, mais de ceux qui font fondez en la
rente de Dieu , & qui ont elté enfeignez par
luy.Etainfî que nous foyonsadmoneftezd'a
uoir prudence & difcretion, quand il eft que-
,ftiondedire,N>)s Pères, Nos Peres:que nous
n'y allions point à la volée. Car autrement
nous ferôs ferablables aux Turcs & aux Pay-
ens:& quand nous aurons gagné noftrecaufe
. deuant les kommes , qu'aurons-nous profité?
Que faut-il donc? C^ue nous puifsions choi-
fir les Pères qui font vrayement enfans de
Dieu , afin qu'il y ait vn lignage légitime. le
parle maintenant du lignage fpintuel-.&ainfi
que nos Pères foyent enfans de Dieu ( com-
pile l'ay defîa dit)afin que le tout fe rapporte
à luy. Or nous auros cela quand nous fuiurôs
la pure fimplicité de l'Euangile S: de TEfcri-
ture faincle,& que nous chercherons le Dieu
qui s'eft là manifefté.alors nous ne pourrons
faillir: & combien que le mode nous condam
ne.fi nousfommesafleurez d'eftreappj'ouuez
là haut, cela nous doit bien fuffire. Voila dôc
quant à ce mot où fainâ: Paul parle de fes an
ceftres.Orilmet puis a.pres,Qjt'il nnd gracet
à Diet de la foy nonf^^inte q»i cftoit en Timo-
thee, liiqutlle auoit haf"té aupar.iuant enfume
re-granJ Loi de, (^ en fa mère Eunicf, & qit'tl
eft ferf»adé qu'elle hahite anfji en /»^. Quand
fainû Paul parle de la foy non feinte , c'ert
encores pour confermer le propos qu'ila-
uoit tenu de la pureconfcience , comme aufsi
ilauoitainli intitulé la foy en la première E-
piftre.C'eft vne doctrine que nous deuôs bien
noter. Car fi ayans à faire auec nos prochains
nousdeuons cheminer en rondeur, l'hypocri
fie fera toufîours deteftable à Dieu. Que fe-
ra-ce quand nous venons deuant luy? Si nous
tafchôs de tromper vn homme mortel, Dieu
ne peut Ibuffrir cela. Or quand nous le vou-
dras tromper, & nous moquer de luy, S: nous
en iouer comme d'vn petit enfant , où eft-ce
aller, ie vous prie? NTeft-ce pas fe moquer
par trop de ù- maiefté? Ainfi donc ce n'eft
point fans caufe que ce titre eit attribué à la
foy,qu'elle eft fans hypocrifîe & fans fiftion.
Voulons-nous donc eftre fidèles? Q_iie nous
foyons defpouillez en premier lieu de toutes
. nos fictions defquelles nous fommes enuelop
pez tant & plus. Nous voyons qu'elle eft no-
ftre nature:que l'homme fenourrifle tel qu'il,
eft , il fera toufiours enueloppé en mille fub-
terfuges , qu'il fe trompera foy-mefme, il fe
fera à croire merueilles de foy, & cependant
il fera toutabbruti : car nos vices nous font
cachez , & mefmes nous leur fermons volon-
tiersles yeux, ne cherchas qu'à nous flatter.
Ainfi donc pour cftre vrayement fidcles,com
mençons par ce bout , c'eft afçiuoir de nom
def.pouiller de toutes nos fantalîes charnel-
les , & de toutes nos feintifes efquelles nous
fommes par trop enclins & addonnez. Et par
cela nous voyons que ce n'eft point vne cho
fe vulgaire que la toy. Il eft vray qu'vn cha-
cun s'en vantermais nous fentirons finaleméc
qa'elle eft precieufe deuant Dieu , & qu'il ne
faut point vfurper vn tel nom ainfi à l'auentu .
ture comme on fait. Chacun dira, le liiis fide-
le:& voudra eftre réputé tel. Mais quoy?Ce-
pédant tous font pleins d'hypocrifie, tous fc
louent auec Dieu.Côbien donc que le monde
face bon marché de la foy, fi eft-ce que nous
voyqns que c'eft vne chofe bien difficile d'c
ftre réputé fidèle, d'autât qu'il eft requis que
nous foyons purgez de tous nos menfonges,
de tous nos fubterfuges , que nous ayons ap-
prins de nous defplaire en nos vices, & de Icï'
fonder en telle forte que nous ne foyôs plus
doubles Jeuant Dieu, & qu'en nous condam-
nant nous ne demandions finon de nous con-
former du tout à luy. Voila donc qu.it à ce ti
tre de la foy qui eftoit enracinée en la perfô
ne de Timothee.Et cela nous doit feruird'ia
ftruâion générale à tous , comme fainfl Paul
adiouftepour mieux confermer Timothee,
qu'il pourfuiue le bon train où il eftoit en-
tré , quand il a eu fa mere-grand , &fa merc
qui ont eu vne vraye foy. Pourquoy eft-cc
qu'il ne fait mention ici du père aufsi bien?
Il nepouuoit pas, car il eftoit Payen, ainfi
que l'ainO: Lucie recite aux AQ.es. Voila dôc , rt
Timothee qui eft engendré d'vn père Pay- ■^'^•^^•*
en, &fon lignage paternel eftoit poilu de- *
liant Dieu,cSc condamné : mais du cofté de fa
mère il eftoit luif. Voila pourquoy fain£t
Paulnotamraent luy propofe l'exemple de fa
merc. Cognoiffons donc qu'ici l'orgueil des
homes eft rabbatu: car il n'eft point queftioa
de fe prifer félon les degrez qui font ici bas
en terre. Il eft vray que l'homme eft à préfé-
rer à la femme, voire quant à la police, qu'il
faut qu'il ait toufiours la prééminence & la
(dignité d'eftre le chef de la femme. Mais fi
l'homme s'efgare, qu'il foit idolâtre & vn def
bauché, qu'il foit peruers: quand la femme fe
tiendra à la parole de Dieu , qu'elle aura le-
fusChriftpour fon chef deuant les Anges de
paradis,elle furmontera tous les hommes qui
fe feront ainfi efgarez,& faudra que ce qui eft
dit des enfans'de Dieu, foit accompli en vne
.femme. Que nous marcherons. fur tous nos 'j'''44.^
ennemis, que nous leur foulerons la tefte aux
pieds. Notons bi^n donc que tout orgueil de
la chair eft ici abbatu,afin que nous rendions
à Dieu l'honneur qui luy appartient , quand
il eft dit que la mere-grand & la mère de Ti
mothee ont efté prifees deuant Dieu, & qu'el
les ont céfte dignité d'eftreici nommées , Se
. que les hommes font là laifTez , comme indi-
gnes qu'on en face iamais mention , & meri-
tans d'eftre reiettez , & comme plongez aut
V.iii.
34*
SERMON II.
abyfmes. Et pourquoy? Car ils ne font point
hommage au Dieu viuant . Mais les femmes
font ici comme canonizees , Dieu les met en
fon regiftre , & les met en degré honorable.
Aurefte , notons que la foy dont parle ici
fainô Paul, aeilé celle bonne affedion que
ces femmes auoyent eue de feruir à Dieu,
combien que TEuangile ne leur fuil point en-
cores reuelé.Ainfi donc, nonobftant qu'il n'y
cuft pas vne pleine cognoilîànce de i'Euan-
gile,& de noftre Seigneur lefus Chrift.fi efV-
ce que ces femmes-ci ont eu vne foy droite,
&approuueede Dieu . Pdurquoy? Carelles
attendoyent le Médiateur qui eftoit promis:
encorcs qu'il n'ait point efté reuelé leur vie
durant,il fuffit qu'elles ayent cheminé en ce-
fte efperâce,& qu'elles ayent inuoqué Diew,
iufques à ce qu'il euft accompli ce qu'il auoit
promis. Et ce n'eft point vne petite louage q
cefte-ci:car du téps de S.Paul tout eftoit tel-
lemét profané,que c'eftoitvn horreur: il n'y
auoit pi' nulle crainte de Dieu au cômun peu
pie , ie di entre les luifs : & la dodrine eftoit
tellement mellee des corruptions inuentees
des hommes, que c'eftoit pitié : mais tant y a
que Dieu auoit referué quelque petite femen
ce. Voila pourquoy i'ay dit que c'eft vne gra-
de louange que û'md Paul attribue à ces
femmes, de ce qu'elles ont cheminé entre les
efpines,&n'en ont point efté picquees, qu'el-
les fe font toufiours maintenues en iimplici-
té,& en la crainte de Dieu.Comme aufsi nous
voyons en l'Euangile qu'il ertdit,Cefthom-
luci me attendoit le royaume de Dieu. Ce mot
jf, ' n'eft mis que deux ou trois fois:& pourquoy?
Car ce n'eft point vn titre qui foit commun,
que d'attendre le Royaume de Dieu, c'eft à
dire , que ceux qui ciperoyent que Dieu en-
uoyeroit noftre Seigneur lefus Chrift , pour
Rédempteur, qu'il reftaureroit les chofes c5-
fufes au mode, il eft dit que ceux -la ont atten
du le Royaume de Dieu. Et pourtat ils ont e-
fté côme feparez du rang des autres; & corne
le nombre en eftoit bien petit, la louange qui
leur eft attribuée nous doit feruir d'inftruaiô
11 eft vray qu'auiourd'huy l'Euagile refonne,
nous entendons fa voix haut Si ciair:mais ce-
pédant nous voyons qu'il y en a bien peu qui
adorent Dieu puremét.nous voyons la rébel-
lion & malice obftinee qui eft en la plus part,
tellement que ceux aufquels l'Euagile fe prcf
che,s'aigriHent à l'encontre de Dieu,& fe ma
nifeftent Iny eftrc côtiaires plus que ne font
point les Papiftes:nous voyôs cela à l'oeil. Et
cependît en la Papauté, qu'eft-ce?quelles con
fuiions y a-ilfNous auons donc mefticr de rc
tenir ce qui eft ici dit, que la foy n'a pas laifTé
d'habiter en d'aucuns , tellement qu'ils n'ont
point efté efperdus.-combien qu'il y cuft defo
lation par tout , fi eft-ce qu'ils oAt cfperé en
Dieu patiemii>ent:& ce ne font point les hô-
»ies q font ici louez, car il n'eft point ici par-
lé des dofteurs,nuis des femmes, Q_iiaiid se-
la eft dit, fortifions-nous. Si quand nous ver-
rons tout le monde eftre tranfporté côme de
vn déluge, q nous appreniôs de nous recueil-
lir,& nous retirer de nos corruptions, car fans
cela nous ne pourrons auoir la foy à laqueilc
il nous faut donner logis en nous, côme il en
eft ici parlé , que la foy a habité en la mère-
grand de Timothee,& en fa mcre.Ainfi donc
donnés logis l noftre Dieu,& à fa p3role,afin
que la foy habite en nous , encorcs que nous
voyons qu'elle foit dechaflee de toxit le mon
de,& corne bannie. Et au reftc, pour conclu-
fion , notons que fi ces femmes du temps des
ténèbres , du temps que tout eftoit méfié en
ludee , n'ont pas laiffc d'adhérer à la foy de
Dieu , & qu'elles ayent eu vne afFeûion tel-
le que faincf Paul approuue ici , qu'il y aura
vne horrible vengence fur tous ceux qui per-
fiftent en leur incrédulité, combien que Dieu
apparoifle comme en plein midi , combien
que lefus Chrift foit le foleil de iufticc qui
nous efclaire , que nous en voyons encores
beaucoup qui ferment les yeux. Et aTnlî,quel-»
le condamnation y aura-il fur leur tefte,
veu que ceux qui s'aliènent quand les cho-
fes font confufes , ne font point à excufer
pourtant? Car félon que le fainâ Efprit ap-
prouue ceux qui perliftent en la foy d'au-
tant qu'il les enflamme , aufsi il n'y a nulle
doute qu'il ne condamne , & qu'il ne detefte
tous ceux qui prenent occafion de s'eflôgner
de Dieu quand les chofes neleurvienét point
à plaifir comme ils voudroycnt. Or quand S.
Paul dit i Timothee qu il fcait aufji h'enq^e
la foy habite en /« v,il ne parle point de fa foy
prefente,&de celle qu'il auoit depuis qu'il c-
ftoic appelé à l'Euangile , mais il parle de la
foy qu'il auoit eue dés fon enfance. Car Dieu
luy auoit fait la grâce qu'il auoit fuiui le bon
coftc, qu'il auoit adhéré à fa mère, puis qu'afn
fi eft que fon père eftoit infidele.ainfi qu'il en
eft parlé par fainft Lue aux Aftes des Apo-
ftres.Ainfidonc, pourquoy fain£l Paul lera-
mene-il à la foy qu'il a eue dés fon enfance?
Afin qu'il foit tant plus incité à fuiure la b5-
ne doihine en laquelle il a efté enfcigné dés
le commencement. Et par cela nous femmes
admpneftez, que fi nous auos efté nourris dés
noftre ieunellc en la pure religion, nous ferôs
tât plus inexcufablcs t'il nous aduiét de nous
desbaucher.Vn homme qui n'aura ouy parler
de l'Euangile finon trois iours auparauant,
s'il fe reuolte puis après, fi faut-il qu'il porte
fa condamnation : mais quand Dieu nous au-
ra appelez dés noftre enfance à la pure doûri
ne,& qu'eftas deuenus homes nous plaquions
là tout,& que nous châgions de propos, quel
le condamnation y aura-il fur nos tefte*? Et
toutesfois nous voyons comme il en va. An-
iourd'huy on euft attendu des petits Anges,
• quand il y a eu des enfans nourris en l'Euan
pile, qu'ils deiioyent auoir appris la religion
en testant la mamelle de leur nourrice. Btief,
il fcmbloic
s V R LA II. A
îl fembloît que ce deufvent eftre des perles
«n TEglife de Dieu . Et que font-ils deue-
nus"? Ils fe font peruertis comme des diables,
qu'ils font beaucoup pires que s'ils fuflent
demeurez en ces abominations horribles de la
Papauté . Et ainfi nous auons bien à déplorer
vn fi miferable fiecle, quand nous voyons que
Dieu efl ainfidefpité . Pourtant netrouuons
point eflrange fi Dieu enuoye de fi horribles
confufions comme nous les voyons , mais at-
tendons-en encores de plus grandes , comme
à la vérité il faudra que nous foyons englou-
tis aux abyfmes,quand Dieu vihcera en fa yen
T I M O T H.
345
geance l'ingratitude que nous* royonî par
tout.
OR nous-nous profternerons deuant 1*
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, -le prians qu'il nous les face mieux
fentir , afin que par la nous foyons incitez à
mortifier les cupiditez de noftre chair de plut
en plus, & que nous defirions le renouuelle-
raent qu'il promet de faire à fes fidèles, engr«
uant Ces commandemens en nos cceurs, & en
nos entrailles, pour nous conformer du tout à
fk iuftice . Ainfi nous dirons tous , Dieu tout-*
puiflantjPere celefte.&c.
LE
TROISIEME SERMON SVR
PREMIERCHAPITRE.
6 Vour laquelle caufe ic tddmoneîle que tu fufcitcs le don dé
Dieu qui ejl en toypar fimpofition de mes mains.
7 Car Dieu ne nous a point donne cfprit de crainte ^ mais de vcr-
tu Zf de dileSlion, (f dejôbnctê.
8 N'aye donc honte du tefmoignage de noîlre Seigneur , ne de
moy qui fus fin prifonnier. mais fois participant des affliSlions de t £-
uangilefelonlapuijfancedeDieu.
Ous voyons couftumiere-
y\ ment, quand les hommes fe
■^ font portez vertucufcmét,
rlalfent bien toit,&
:aufsi qu'on les doit
• quittes : ainfi ils laif-
fent venir les autres en rag,
'orome s'ils auoyent fait leur deuoir:& cepeii
dant Dieu ne fera ferui que par vne bouffée.
Au contraire fainil: Paul déclare en cepaflà-
ge.tant plus que Dieu nous a fait de grâces le
temps paffé , que nous deuons élire fongneux
de pourfuyure.&nous inciter à faire toufiours
de bien en mieux.Tant s'en faut donc que ce-
luy qui aura befongné vertueufemét pour vn
tempsdoyue eftre lafche,& !,'anonchalir,que
aucontrairc, ilnous faut penfei que c'eltau-
II ne dit pas.C'eft afl"e2,re t'abfous,ie t'affran
chy:mais,Il faut parfaire. D'autât que tu t'es
porté vaillament, cognoy cobien tu es tenu à
Dieu qui t'a fait vne telle grace:caril ne veut
point eftre ferui de no' pour trois iours, c'eft
à vie & à mort. Ainfi doc côtinue ne te laflànc
point.au milieu du chemin. Voila l'intétion de
S.Paul. Voulôs-nousdonc corriger la froidu
re&: parefle quieftennous?Quandnousfen-
tons que nous n'auons point vn tel zèle & de-
uotion côme il feroit requis, qu'vn chacun re-
garde: Or ça.ton Dieu t'ayantmis au monde
s'eftmanifeftéà toy,&ily a défia fi longtéps
que tu l'as cognu:il te fait ceft honneur à toy
poure créature & inutile, que tu as efté fon in-
ftrument pour exalter fa gloire,pour auancer
fon Rovaumertu l'as ferui, cela ne vient point
tant d obligation fur nous, fi Dieu s'cft voulu de toy.Que faut-il donc?Eft-il queftion de te
feruir de noftre labeur , & qu'il nous ait em- repoler,ou de croupir maintenât;Nenni:mâis
ployez a magnifier fon nom : car de fait nous
ne fommes pas digne<:d'vn tel hôneur. Etain
fiqu'vnchacun s'efforce, fuyuant l'exhorta-
tion qui eft ici mife, quand il aura efté enfei-
gnc dés fon enfance en la vérité de Dieu , de
q tu fois incité tant plus à parfaire ta courfe:
veii q Dieu t'a mis au droit cheinin,& <j^u'il t'a
auancé, garde maintenltde faillir. Voila côme
nous auons à prattiquer celle doftrine . Mais
- ^ . ^ , . - pour en faire mieux noftre profit,regardôs en
pourfuyure lufques a la fin.quand il aura che- fommc le c5tenu.R./««7/<di t-.l)/r %n ««/ ,(l
rame droitemet.de toufiours s'auScer: car no' .n toy . Le mot dont vfe ici S.Paul, ne fe peut
auons ouy ce matin ce que S. P.nila mis en a- exprimer d'vn feulmot Friçois, finon q nous
uant.il^iioit a Timothee: le me tiens alTeuré prenions Attifer:car cela fîgnifie proprement
que la foy qu. a efté en ta mere-grad, & en ta Attifer le feu.ce qu'il dit en fomme.I] met ici
mère, a aufM habite en toy dés ton enfance, vne fimilitude, que fi vn feu où il n'y a avères
Uadioultoit que Timothcc auoil monftré vne de bois, s'efteint, on l'attife, & qu'on ralîem-
linguliere affedion de bien viure . Il adioufte ble les tifons , qu'on fouffle afin de le rallu-
pour cefte caufe.A «/»,/«. dff4irr euçerei mieux, mer. Ainfi fainft Paul veut que nous me ctionî
V.iiii.
psi.ic à 1 elujiller les gracev de Dieu; £c pour
<juoy .- C.ir chacun en rcç )it félon ia portion,
que nous n'auons pas de cefte plénitude com-
me il feroit à délirer : non pas que Dieu foit
chiche enuers nous, mais il nous veut tenir en
bride :& voyant que nous Tommes enclins à
prefomption, il nous donne ce qu'il cognoift
nous eftre espedient pour noftre falut.Tant y
i que nous n''aurons point les grâces de Dieu
à pleine mefure , il y en aura feulement qiiel-
<]ue petite quantité. Or maintenant régardons
les moyens qu'a Satan pour amortir ce que
Dieu aura mis en nous. Il y a des tétatiorls in-
finies qui lont pour nous retenir en ce monde:
&celacftouffe le feu. Quand quelqu'vn fera
occupé de folicitudes pour les affaires dece
inonde, il ne penfe plus au Royaume de Dieu.
Quand donc le feu aura eilé allumé iaupara-
uani.&qu'il'y aura eu belles Hamrt»es^& quel-
que chaleur, fi efl-ce que cefte'vanitéqui di-
uertit l'efprit, quant & quant eftouffe la grâ-
ce de Dieu.Autant€neft-ilde''eout le refte: &
mefmes fans que nous y pcnfions.nc /ans auoir
des répugnances manifeftes.encores fommes-
nous tout esbahis.s'il y a eu en nous quelque
bon zèle , qu'il fe refroidit , & qu'il s'efcoule
petit i petit. Or.cepédanflesgraces que Dieu
auoit mifes en nous, s'en vont côme inutiles,
que nous ne fçauons plus que c'eft : ou Dieu
nous auoit douez de fon fainft £rprit,no' fom
Bies eflourdSî. Puis que maintenât nous voyôs
que l'exhortation de faintl Paul nous eft tant
neceflaire / c'eft afçauoir d'attifer le feu que
BOUS voyons qni s'eftouffe , ou qui n'a point
telle chaleur comme il feroit requis, que nous
Inettions peiné à faire valoir les grâces que
nous auoris feceùesj&les enflamraer,&que vn
chacun «.'incite à cela . Mefmes fiTimothee,
•Loriimefi çxcellent.conime il en a le tefmoi-
gnâge de Dieu , a eu befoin d'eftre ainfi pic-
qHë,htlai que fera-ce de no'? Aiifsi tp'vn cha
curi mefnie regarde à fon eftat . Car celuy qui
«ftcôftitué en charge publique doit tant plus
aiguifer fon efprit pour refueiller les grâces
de Dieu.afin de les mettre en ceuure & à pro-
fit, combien que cela appartiene ^ tous en gê-
nerai: mais encores fi faut-il q ceux «jueDieu
a'ctihftituez en eftat plus eminent , & en degré
yliJs-hattt,tnaTchent Jeiiant: & qu'ils monftrét
*.'téiri5yléhi^ic'àtitres-,&3|'ce'u')i''dni ne font point
tantàlSànc/^i. QJoy (^li''i'f-étl?oit, notons qiie
les donidu fainft'Ef^'ritiicWrsdoyuent enfîam
meràceque nouscerchios la gloire de Dieu,
& que nous ayons vn zélé de fuyure ce qu'il
nous commande , que flous foyons rauis hors
tlu monde', qiie la chiir h'^ domine point en
nous, ni nos afFelâioris'viciélirtt'i, mais que nous
■foyons bruflez d'e-.cefte ainôur ardente de ve-
nir à nofcre, Dieu' .'Voila à qu'elle fin fe doy-
«ent rapporter les dons du faincl Efprit.
Or maintenant, pource que de noftre nature
nous femmes froids , & que Satan a beaucoup
«iemoyés fubiils pour eftouffer la âamme qui
O >î ' I ^ lî
deuroit brufler en nous , regardons de l'allu-
mer , & qu'vn chacun s'efforce pour attifer le
feu.Et fi nous fcntons q les dons de Dieu s'a-
mortiflent en nous, que nous mettiôs peine de
les refueille,rencores que nous ne puifsios fai
re cela du tout.Voila pourquoy Dieu no' en-
ioint à profiter plus abondamment en fa Loy.
Voila pour vn item.Or au refte,faind Paul dit
que ce don eftoit en Timothee par rimpaf-
tion des mains. En quoy il fignifie qu'eltant e-
ftabli pafteur, il auoit reçeu grâces nouuelles
pouf mieux feruir à TEglife. Et c'eft encores
Vri poinft bien notable. Car nous deuons ob-
feruerce qu'il dit en l'autre paflàge, félon que
Dieu met les "homes en oeuurc, qu'il leur don-
ne dequoy pour y fournir. Exemple, Qjjand
des miniftres feront appelez vrayemétdeluy,
il les conduira en forte qu'on verra par effedl
qu'ils n'ont point elté introduits du cofté des
nommes, mais que Dieu eftl'autheurde leur
vocation . Beaucoup fe pourront vanter d'e-
ftre en ceft eftat de miniftre : & de fait ils oc-
cupent la chaire , qui appartient à ceux que
Dieu ordonne:riiais cependant on ne trouue-
ra rien en eux qui foit digne de vrais mini-
ftres de Dieu, que ce feront ou des gaudifleurs
& gens propliaries, & de vie diflblue , ou gens
ig"horanrbrief, ou il n'y aura ne fel ne faufle.
C'eft vn certain fîgne que Dieu ne les aduoùe
point, & que iamais n'ont efté introduits par
fon authorité.La raifon ? Corne i'ay défia dé-
claré ,Dieu a dequoy pour rendre les hommes
idoines, quand il les veut appliquer à fon ou-
urage.Or cependant Tay dit, q s'il fe veut fer
uir de quelqu'vn, 'il luy donnera ce qui eft re-
quis pour exécuter fon office. Quad donc il y
aura des Pafteurs qui n'aurôt point eftc appe-
lez par ambition, oU faneur môdaine, qu'ils ne
ferôt point entrez par la feneftre.mais feront
deuement appelez de Dieu , on les trouuera
quant &quat propres pour faire leur charge,
& ne ferôt point deftituez des grâces du fainft
Efprit. Voila dôc ce qu'il nous faut auoir pour
refolu, c'eft afçauoir, que Dieu élargit de (es
grâces à ceux qu'il côftitue miniftres de fa Pa
rôle. Voila en fomme ce que fainft Paul a vou
lu declarer,difant que Timothee eftant receii
en l'office, auoit aufsi receu les dons q tftoyét
neceffiires polir fe porter fidèlement. Vray
eft û ce mot,i'irnpolit'ion des mains, n'cft point
fupfrflu : car c'eftoit la cérémonie ordinaire
dont on vfoit pour co'nftituer les miniftres: &
les Apoftres auoyent retenu cela de la façon
ancienne de la Loy . Car on mettoit la main
/ur les facrificcs:& quad on failbitquelque o-
raifon folcnnelle, on mettoit ainfi les mains.
Cela eftoit vn figne d'oblation qu'on otfroit
à Dieu de ccluy qui luy eftoit recommandé,
corne s'il luy euft cftédcdié. Et par ainfi ceux
qui eftoyent eftablis pour porter la parole de
Dieu, eftoyent admoncftez qu'ils n'cftoyent
pku à'eux.Sc qu'ils' n'eftoyct phn comme per-
foune* princes, qu'ils n'auoyent plus de liber-
té,
SVR LA IL A TIMOTH.
.'47
té , mais qu'ils eAoyet du tout obligez à Dieu dedi.iflènt à fcniir à Dieu & à fon Eglife, /e-
& à Ion Egliff. Or cepédant qu'on taifoit vne Ion l'offerte qui ie fàiToir de leurs pcrfonne^.
telle offerte, chacun prioit .•comme c'tftaiifu Or voila le Pape qui veut faire des Prellrcsa-
vne finmiliere benedicliôde Dieud'auoir des uec onftion , voire à là façon de la Loyde
Pafteurs fidèles qui anoncent fa Parole, & qui Moyfe : & cependant leur donne & attribue
s'en acquittent: car voila en quoy côliflc le fa l'office de reconcilier les hommes aucc Dieu,
lut de tous fidèles!. C'efl-donc à tout le corps Voila donc vn facrilege énorme, & vneinuen
de l'Exil fe de prier pour celuy qui eft amfi tion que Satan a forgée. Ayons donc vne tel-
conlHtué Pafteur : car chacun le tait pour l'on le preftnfe en abomination.comme elle en ell
profit -Or Dieu exauçoitles prières qui e- digne. Et notons bien que ceux qui font of-
ftoyent amfi faites fur la telle d'vn home. Car ferts à Dieu pour anoncer fa Parole.quand la
en premier lieu on faifoit protelfation folen- prière fc fera comme elle doit.ne feront point
nelle: Ceft hoitime eft dedié à Dieu, afin qu'il deflituez de la grâce qui eft requife en ceil e-
s'applique du tout à l'édification de l'Eglile. ilat. Ec pourquoy.= Car Dieu prefîdeau milieu'
£t cependant,pource que les hommes ne font de fon tglife.&defployerafi vertu pour gui-
point idoines ni fuffifans pour faire ce qui eft derceux qui occupent fon lieu , &:defquels il
requis en ceft eftat , mefmes pour s'acquitter approuue l'eftat & office . 'Voila ce que nous
de la centième partie, il faut que Dieu befon- auons à retenir de ce paflàge. Et cepédant no ^
gne ici.Ordonc le premier eft.de demander à tons auAi que Timothee deuant qu'eftre e-
Dieu.qu'il luy plaife de donner grâce àl'hom lcu,auoit défia des donsexcellens: mais Dieu
tnc qui eftainfichoifî, défaire en forte que 1' les luy aconfermez , quand il a voulu qu'il fe
Eglife foi tdeuement feruie:&puis, qu'il y ait meiftau miniftere. Il faut bien que ceux qu'il
telle confiance, qu'il perfeuere iufquesenla choifît,delî^ayent donné approbation de 1*
fin.Pourceftecauîe fainàf Paul dit que Timo- office : on n'ira pas prendre à.l'auenture des
thee a reccu le don de l'Efprit, quand il a efté poures idiots , des gens ignorans, Se qui n'ont
conftitué miniftre.Or ce don-la eftoit experi- rien propre pour porter la parole de Dieu : il
mente aux prières c5munes:& cependant auf- faudra prendredes gens efquels on cognoift
fi la cérémonie n'eftoit pas fuperflue, ce n'e- délia quelque grace.Mais Dieu ne laifle pas de
- ftoit pas vne forme qu'on euft introduite à la befongncr en augmentant & confermant les
porte; mais c'cftoitvn tcfmoignage que Dieu dons qu'il aura défia mis aux homes, tellemét
receuant ceux qui luy font offerts, les gouucr qu'on apperçoit , depuis qu'il s'en fera voulu
ne,& leur donne dequoy pour exécuter l'offi- Icruir.que fon Efprit fe déclarera en eux aucc
ce qui leur eft cômis. Nous voyons donc marn plus grande efficace . Et cela n'eft pas feule-
tenanf.î quoy ceci tend . Et pleuftàDieu que mcntquâtauxminiftresde la parole de Dieu,
vne telle fimplicité euft efté gardée en l'Egli- mais aufsi quant aux Magiftrats.il eft vray
ie. Car on n'euft point fcea que c'eft de cefte qu'vnc eleéfion fera peruerfc & confufc lî on
preftrife infernale qui eft en la Papauté, fi on ne difcerne, c&qu'on ne prenc ceux qui font
euft inftitué feulemét des Pafteurs &• des Mi- propres , félon qu'on en peut iuger;: mais il
niftres,pour feruiràDieu en portât fi Parole: faut bien que Dieu befongne quand ils font e^.
ce facrifice exécrable de la melfe ne feroit leus , Se qu'il leui donne grâce de nouucau:
point envfage , m.iison euft cognu que Dieu autrement ils fe trouueroyent trop foibles:
ne demande autre chofe des miniftrcs delà car ce n'eftpaspcudechofede reprefenterla
Parole, fînon qu'ils enfcignent purement le perfonnede Dieu en ce monde, & tenir fon
peuple quileur eft commis en charge, & qu'ils iîege,afin de rendre droit à chacun. Il y aauf-
adminiftrent les Sacremés. Mais voila vnnou fi dételles chofa rcqiii/ês,qu'il n'y aura crea-
ucau badinage qu'on a forgé en la Papauté, ture mortelle qui y puiffe fournir. Il faut
qu'on leur graillera les doigts, & leur baille- donc que Dieu v befongne de fa main pro-
ra-on le titre de Preftre . Et pourquoy faire.= pre .Et pourtant apprenons de nous exercer
Pourappaifer Dieu enuers les hommes , pour en ceft vfage que lainft Paul note ici, c'efta—
offrir facrifice,afin d'obtenir remifsiondes pe fçauoir quand on élit des Pafteurs qui foyent
chez. Voila donc comme les Preftres qui font fpecialement députez pour anoncer l'Euan-
graifTez en la Papauté , font conftituez auec gile, qu'on face prières pour l-'edification com
vnblafpheme diabolique en l'office de noftre raune de tous. Q^ndon élit des Magiftrats,
Seigneur lefus Chrift.Car c'*eft à luy feul q ce qu'on demande aufsi à Dieu nu''il luy plaife
titre-la appartiét, d'eftre Médiateur de Dieu de les remplir tellement de l'a grâce, qu'ils
& des hommesrmais Satan a ainlî perucrti tou puiircnt fidèlement exercer leur charge pour
te la pureté de l'Euangile. Ainfidonc appre- en rendre conte quand ils viendront deuant
rons de diftinguer entre la Preltrife Papale, le grand luge. Voila en fomme ce que nous a-
& celle que lefus Chrift approuue ,& quia eu uons à retenir de ce paflàgp . Oi après que
fon origine de l'Euagile.Les Preftres qui ont fainft Paul a vfédcce propos, il adiouftcQ»*-
efté eleus &conft!tucz du temps des Apoftres, h Seigneur na fohit donné yn e[[rit crarntif à
r.'eftoyent pas créez linon pour anoacer l'E- ceux qui doyaent prrfchtr rEu^n^itc , m.îiV t»
vangile,& admjniftrer les Sacremens,qu'*iis fe ffp't de ytrtn , auec dileclion crfi^ricté . E»
X.i.
-%■
y^^
SERMON 1 1 T.
Row.S.
quoy il itgnifie qtic pourapprouuer que nous
fommes vrais feiuiteurs de Dieu , il ne faut
point que nous y aillions à main moite, (corn
me on dit ) mais que nous monftrions que le
zèle de Dieu nous brufle là dedans , & qu'il
nous poufle, & que nous auons vn el'prit , non
point de timidité, mais de vertu . En l'Epiftre
aux Romains iainû Paul faifant comparaifon
des Pères qui ont vefcu fous la Loy , aucc les
Chreftiens , dit que fous la Loy il y a eu vne
telle fcruitude qu'ion n''ofoit pas inuoquer
Dieu fi franchement. Comme aui'si nous voy-
ons que la Loy a rendu les hommes efpouan-
tcz , qu'Us ne fçauoyenc que dcuenir : &; non
fans caiife. Car là Dieu n''auo)t point encores
defployé fa grâce, comme auiourd'huy elle fe
monftre en TEuangile : mais depuis que lefus
Çhnft nous eft apparu. Dieu nous a tellement
ratifié fon adoption , qu''à f Icine bouche nous
pouuous crier.voire afin que l'ayans pour Pè-
re,il nous reçoyue pour fes enfans. Voila doc
qui appartient à tous fidèles en gênerai. Mais
ici faind Paul ne parle que des miniftres de la
parole de Dieu . Car il dit que s'ils veulent
monftrer qu'ils foyent vrayement appelez de
Dieu , il faut qu'ils foyent robuftes , qu'ils
ayent vne conltance inuincible, qu'ils ne fle-
chifTent point : quoy qu'il en foie , qu'ils ne
foyent point comme des rofeaux branflans,
qu'ils ne foyent point pour complaire au mon
de, qu'on ne les trouue point variables, & que nous refilions à ce qui s'i
ils n'ayent point la bouche clofe quand il fau diii eft -ce qui nou"; djnn
ira parler, mais qu'ils ayent celle viuacité en
eux pour fc monlbrer hommes au befoin . Et
quand ils verront les mefchans s'elcuer con-
tre Dieu, qu'ils leur refiftent puiflàmment,
qu'ils fe montrent bons gendarmes : quand
ils verront que la vérité de Dieu fera adail-
lie, que les vns s'eleueront manifeftement à 1'
encontre de Dieu , que les autres voudront
defguifer les chofes, qu'ils verront le bien e-
llre comme reculé, qu'ils ne diAimulét point,
que là ils mettent en auant ce que Dieu leur a
ûonné pour s'oppoferau mal: finalement que
ils monftrent qu'ils font vrais procureurs de
Dieu . Voila en fomme ce que fainft Paul a
voulu dire en ce padàge . Mais , helas , ici on
voit qu'auiourd'huy il y en a bien peu qui
ayent vne telle approbation , & par confe-
quent que le titre de miniftres & de Pafteurs,
& de Preftres eft par trop prophané.Car com
bien entrouuera-on qui ayent cefte magna-
nimité de refifter à tout le monde , & quoy
qu'il aduiene, qu'ils ne laiflent point d'aller
toufiours leur train? Mais au contraire , on
voit que nul ne veut auoir les males-giaces,
mais qu'on ne demande qu'à complaire . Et à
qui? Aux plus mefchans : tellement qu'il y en
a beaucoup à qui on feroit prefchcr aiifsi toft
l'Alcoran Je Mahommet , que l'Euangilc:
moyennant qu'ils ayent leur efcuelle drelFee,
& leur fouppe gralle, ce leur eft tout vn . On
verra ceJa.Helas, faut-il que nous foyons ain
fi blafonnez à noftre grand'Konte?Mais quoy?
Que gagnerons-nous quand noftre turpitu-
de fera notoire iufques aux petis enfans , &
qu'il n'en fera pomt parlé en chaire ? Etainfi
aduifonsànous .•& que ceux qui font confti-
tuez miniftres de la parole de Dieu ( commen
ç.tnt par moy) regardent qu'ils auront beau
fe glorifier du titre ; car ils feront defauouez
de Icfus Chrift, finon qu'ils ayent cefte con-
ftance en eux de maintenir la venté , voire &
de faire que lefus Chrift foit honoré & ferui,
&: qu'on l'adore, ic que toute hautefle du mon
de foi: abbatue , afin de.luy faire hommage de
cequ'il les aconftituezen lieu tant honora-»
ble-que s'ils ne le font, il faudra que leurcon
fufion foit tant plus horrible , s'ils ne tendent
i ce but que fainû Paul nous propofe. Il eft
viay que félon noftre infirmité nous ne pour-
rons pas faire ce qui feroit à fouhaiter : mais
fi faut-il que nous trauaillions après , ouau-
trement mal-heur fur nous. Voila quant à ceft
e fprit de vertu, lequel eft oppofe à Tefpric de
timidité. Car ce mot de Crainte, ne feroit
point du tout propre , pource qu'il y auroit
quelque doute : caril y a vne crainte qui eft
boae.Mais fainil Paul parle ici de pufillanimi
té, comme fur tout le mot dont il vfe en Grec,
le porte . Or donc les miniftres de la Parole
feront conftans , quand ils craindront Dieu.
Car qui eft eau fe de nous rendre hardis, & que
'eleue contre Dieu?
Q_m eft-ce qui nou"; donne vne telle conftan-
ce?La crainte de Dieu. Ainfi donc cefte crain-
te ne nous doit point retenir,mais pluftoft el-
le nous donne courage de feruir Dieu & de 1*
honorer . Cefte crainte donc qui eft bonne &
fainde, nous doit citer l'autre rc'tft à dire ce-
fte pufillanimité qui eft aux hommes : tellemét
que nous conceuions vne hardielle, & con-
cluons , Or fi faut-il qu'en defp t du monde
nous pafsions outre en noftre vocation. Que
on tcmpefte,qu'on s'enflamme,Yoire & qu'on
face des diables : & bien , Dieu a commandé
qu'on prefche l'Euangilernous fçauons quel-
le eft noftre règle: ne variés point quoy qu'il
en foit: car il faut que Dieu foit pretcré & o-
bei fur tout. Et quand nous verrons melmcs
que Satan cfmouuera fes orages 5: tempeftes,
qu'il Icmblera que tout doyue abyfmer, c'eft
alors qu'il faut que les vrais miniftres mon-
rtrent vneconftance . Or on en verra qui au-
ront de belles boulfees quand ils ne Icront
point aflaillis, il femblera que ce foit tout feu
de leur zèle quand il fera queftion de fe faire
valoir,voire fans coups ruer: mais ils retirent
leurs ailes quand il faut bien faire . S'il faloit
les employer en quelque bonne ocnure , on
trouueroit bien que ce n'eft rien de toute ce-
fte belle monftre qu'ils ont eue. On en verra
qui feront aufsi vaillans eftans loin des coups:
mais quand ce vient à ioindre(comme on dit)
on voit bien qu'ils n'ont point vne feule goût
te de ceft cfprit de vertu &• de conftancc dont
parle
SVRLA' II. A TIMOTH.
347
parle Yâinâ Paul. Or cependant maintenant il
adioufte,/otr/>li- & JHeàton-.^ovr fignifier que
il ne nous faut point auoir vn zc-it eltouidi,
ni enragé: comme il y en a qui n'auront nulle
affeûion du monde. Il eft vray qu'on verra en
eux vn zèle qui n'eftque par trop cxcefsif.
Cependant il y aura quelque ombre de vertu:
il femble, Voila des gens qui l'ont fi enflam-
mez que merueilie , il femble qu'ils doyuent
reformer tout le monde.ils ne peuuent porter
nul vice: cependant on les verra chagrins, que
ils ne peuuent rien fo\ifFrir, qu'ils ont en de(-
dain tout le monde : ils' n'ont ni folicitude
de leurs freres.ni compaTion poiir les rédui-
re à bien auec douceur . On verra auAi qu'ils
n'ont nulle attrempance, mais il y a vne ri-
gueur extrême & par trop excefsiue . Voila
donc qu'il nous faut bien noter , que fainft
Paul di/ânt qu'il faut que les miniftres de la
Parole foyent conftans & fermes, & qu'ils o-
ftent toute crainte qui les rédra pufillanimes,
monftre néantmoins qu'ils doyuent auoir a-
jnour à leurs'prochains,& auoir aufsi vne at-
trempance & ("obrieté pour modérer leur 2e-
Je,t(llement qu'ils-neiettent point leurs bouf
£ees fans propo<^. Comme dcfîa noirs aiions dit
qu'il y en a qui s'efcarmoircheirt , & ne fçait-
on pourquoy : ikfe courroucent contre leur
cmbre f>uuent,& ^ànd ce viendra au befoin,
les voila tout efperdu- , qu'ils feront vaincus
fouuét fans auoir rue vn f ul coup. Or ce n'eft
pas ainlî qu'il nous en faut faire:mais(comme
i'ay.'Sdit)appromions noftre zehe .voire pour le
mohftrer au befoin, &■ pour déclarer l'amour
Se l'afFeftion que nous auons de leruir à Dieu,
que nous fçachions nous eltiertuer , encores
que nous voyons que nollre doftrine ne plai-
ie point 'au monde, qu'on murmure à l'eccon-
tre,bue nous paf iés outfe'quoy qu'il en (bit,
£t melmes s'il faut venir à des combats plus
grans,qu'il faille hurtcr,& chocquer àbon ef
cient, que nous ayôs cefte fermeté en nous de
ne point reculer.mais que nous pourfuyuions
toufiours en defpitd-e tous ceux qui s'cleuent
contre noftre Seigneur lefus Chrill : voire
quand ce viendra aux menaces &auT 4angers,
que là nous monftrions ceile vertu dont ri eft
ici <^i eftion.Et cependant q nous ne laifsions
point de taftherfeiitant qii'eh nous fefa)d'a-
jnenerà lefiis Chrift par douceur & humanité
fous-ceux qui fer'endr<>i« dociles, que nous
ayons piiié & compdl(iôn d'eux. Car il faut
bien que nous ayôsdifcretion entre ceux qui
font reucfches, & ceux qui auront vn efprit
Jeboimaire . le verray vn homme qui ne de-
mande lînon d''eftre ènfeigné,'& icvjendray
yftr d'aigteur à Tenirontre:: quel propos?Et
pui?,ic verray vn homme qui fera reuefche, &
i'vferay d'vne pareille mefure. Or notons
quâd il eft parlé de l'ofKce dés miniftres, qu'il
cft dit qu'ils doyuent guarir ce qui eft malade,
«ju'its doyuét eonfermer ce qui eft debiîe, que
ils doyuent fupporter'lesfoibles.&kur tédre
lamain:&quadily a des loups quî veulent ap
procher du troupeau, qu'ils les doyuét rcpouf
fer .nuec grande rigntur:qu'ils doyuent confo
1er ceux qui font en angoifle& en fafcherie,
qu'ils doyuent par menaces & reprehenfions
aigres réduire fo' le ioug de Icfus Chriftceux
qui veulent faire des beftes fauuages : quand
donc vne telle difcretion fera obfcruee , nous
auros cefte fobrieté dont parle ici fainft Paul.
Or pour conclufion il exhorte Timothee Je
n^auoir point Imite Je /'E»j»?-//f Je hfusChri/h,
ne Jeluycjui tflfon prifinnier.Côme s'ildifoit,
il faut qu'auiourd'huy nous monftrions noftrc
conftanceipuis q le nom de Dieu eft blafphe-
mé, qu'on fc mocque de l'£uangile,qu'il eft rc
ietté communémet du monde , q nous foyonr
armez devertu,afin de ne point ftechir, voire
& de n'eftre point desbauchez pour cela. Et c'
eft vne exhortatiô bien neceflaire.Car fi nous
voulons marcher toufiours pour faire noftre
office , il eft certain qu'il nous faut auoir les
yeux fermez à tous les changemens & reuolii
tions qui pourront venir au monde . Et pour-
quoy? Les homes ont les aureilles chatouilleu
fes, on voit que beaucoup appetétnonueauté,
on voit qu'il eft difficile aufsi de continuer,
mefmes les Bons quelque fois feront esbran-
lez.voyans les chofes ainfi côfufes:bTief,il eft-
bien difficile de feruir à Dieu fans de grandes
tentations. Car on voit que beaucoup de'gens
font prophanes,& voudroycnt que l'Euangile
fuft anéanti : les autres voudroyent qu'on le
prefchail feulement par tferemonie , & que ce
fuft vne dodrine morte : mais ils ne peuuent
porter nulle correftion que ce foit.Les autres
voudroyent qu'il n'y euft nulle authorité en
la predication,&: que ce fuft toutvn quand on
aura préfché, comme qui auroit ouy vne har-
pe,ou vne flufte fonner:& bien.on aura les am-
reilles batues , & puis c'eft tout . On voit que
■les autres ne demandent qu'à defçuifer les
chofes, mefmes qu'ils fe piocquent côme gens
eifrontez de toute bonne doûrine, & comme
chiens maftinsneceflentd'abbayér contre la
vérité de Dieu. Voila côme auiourd'huy l'E-
uangile eft en opprobre & en mocquerie plus
grande,icdi mefmes où il eft prelché.qu'ilne
feroit point au miJieu de la Papauté , & de ce
gouffre d'enfer.Or quand les chofes font tel-
les, qii'eft-il de faire finoii que nous fermions
les yeux pour n'auo-ir point honte du tefmoi-
gnagede lefus Chrift:C'cftàdire,puis que no
ftre Seigneur lefusapprouuc fon Eu5^ile,que
c'eft vn threfor précieux deuantluy, combien
qu'il f;)it reietté des hommcs.que noas le ma
gnifions, faifansce qui nous eft là commandé
de Dieu, & ne regardés point à ce que le mon
de fait . Et notamment fainft Paul aufsi parle
de fa perfonnc:pource qu'alors il eftoit déte-
nu prifonnrcr.prochain de fa moit.&qu'ô pou
uoit reprocher à Timothee, Et tu as vn beau
maiftre.il eft 1.1 prifonnier.on le mènera quel-
que iour au gibet:& en la fin, qu'eft-ce eue fâ
X-ii.
Acl,
348 SERMON I,ÎÎ,L;
doctrine ?. Voila quels font les iugemens hu- coname Sente & ordure, & que nouf lesayions
mains-, Or fainû Paul monftre qu'il ne ùut coinrac deteftables quand ils s'eleueat contre,
point que Timothee s'amuleàce que les hom celuy auquel appartient toutegloire & toutt
mes debagoulent: car ils ne demandent linon niajeilé à lamais. ,
quelque couuerture de fe mocquer de Dieu, Se OR nous-nous profternerons deuantla fa-
detrafter de fa doûrine.Q^and donc ils voy- ce de nollre bon Dieu en cognoiflance de nos
eut quelque changement , alors ils prenent fautes, le pnans que de plus en plus il nous les
plailir à tout euibrouiUcr. Pour celle caufe face fentir,iufques àc,e qu'il nous ait amenez à
Sauid Paul dit, qu'il ne faut point auou; bon- vne yraye repentance , & que renonçans à ce
te des perfecutions qu'endurent les fcruiteurs qui ell du noftre , nous ne cherchions finoo à
de Dieu.nede tous lesblafphemes qui fe pro nous conformer du tput àlàfainûe volontéi
noncent contre l'Euangile. Car il nous faut comme il nous l'a declaree.Et puis q|u'il nous
rcarder .1 ce tefraoïgnage que nousauonsdu faut rctirerdumondequiçftmalin&.perueri',
ciel. VoiLi ie Fils de Dieu qui aduoue fon E- qu'il nous f^ce la grâce que: nous ne foyons
uanoile , combien qu'il ibit en mefpris & op- plus tranfportezneçànelâ par les vents que
probre.N'ayons donc point hôte de l'aduouer nous verrous fouffier , mais que nous demcu-.
auec luy. Et au refte , quand il nous fait ceft rions fermes à fa vérité , &i qu'il rende noih»
honneur que nous foyons tefmoins aueç luy,. foy vidorieufe contre toutes le^ (eiwat-ions,
de quel courage nous deuons nous employer? • par lefqucUes il nous iaudrapj^flerrjique nous
Car voila à quelle fin il a conilituez des Pa-
fteurs en fon Eglife , Vous ferez (dit-i!) tef-
I.4- moins auec moy. Puis qu'ainli eft, apprenons
derecognoiftre l'honeux que nous fait le Fils
de Dieu quand il fe veut feruirde nous en vne
charge fi digne & llnoble:c'eft que nous foy-
ons ttlmouis de fa verité,& que nous n'ayons
defpitions tous les melchans qui, drell'çht les
cornes furieufement à l'encpntr-e d« nQftrc
Di£u , qiie nous ne loyons p.ç^iiDtdwbaéchea
parles fcandales qui procéderont d'eux, maisc
que toulîoursnous demeurions feimes eivno-"
lire Dieu , pour batailler ^onllammcnt fous
l'enfeignc de noftre Seigneur IefHsCluift,iuf-
point hoate de communique"r à ce qui luy eft ques à ce qu'il nous ait rqçueiili^ .en fpn jer.
tant précieux jc'ell afçauoir fon Euangile, pos éternel. Q^enoij feulftnen^ij nous (aco
coriibien qu'il foit reietté de la plus part du cefte grâce, mais à tous petipleï&nations.dfl
jnonde.Garilfaut que les hommes nous foy et la terre, &c.
• ft! llp , .
■3 lu in;
Qjy ATRIEME
i!,"! j-lcuot
■M' :::^..-y-::i -r.O. ■: ] Î^KR'r^
P R E M I E R C H A P
iT.RJEir
"■"W
8 N^aye donc honte du tefroignage de nofiré Seigneur ^W '^if
moy qui fuis fon prifonnier. mais fois participant des affliSiions del'E
uangde félon la puijjance de Dieu, -, >.. .,.t,v > .1 . : M.^'ii--. ■■" i
9 Qiu nous afauuez & ap pelez par fa faintl'è \>oCdèiio,hdn'point
à caufède nos œuure s, mais félon fon propos ^ ^yace, là^ueUenpifS.^eJî
donnée par le fus Chrijî deuant les temps eternelsi^"' ■"!'^^ '"^-""•' ^* ^" = '''
•t •' j.ij ::. ..t,îiirt.'-r3 itsil l'îcaiin'Jv 'jim znonii.iom H-oncl îi^J»
.... ■ ■ '-:.,',• '\ ?;,';■ "' : ; .. aùr.o'i >T.hi^,T>-. ûf "<■ '"' > '^ •'•
çequi nous eft môftré en cepajiage, c'cft qu^
Ombien qu'en l'Euangile
Dieu monftre fa gloire &
niaiefté pour , eftre adoré
de tout le monde, C cft-ce
que l'ingratitude des hom
mes eft tdie que nous auôs
befoin d'eftre exhortez de
n'auoir point honte de l'Euangile. Etpourr
quoy? Car combien que Dieu appelle toute^
créatures à foy pour luy faire hommage , la
plus-part luy font rebelles , le iiiefprilent, &
nicfmcs defpitent la dodrine par Laquelle il
vouloit eftre cognu& adoré. Or côbicn que
les hommes foyent lî peruers que de s'elcuer
nous ne deuos point auofr l>ontede l'EuâgÎT
le. Et pourquoy? Cj^.ç'^le tefmoignagedç
noftre Diçu : c'eft quNen ce que n pus tenons
de luy, il l'oit prefchc,<]U(;>le tout fe rapporte
àceftefin , qu'il fou cognu S: glorifié ainli
qu'il le mente. Or li l'Euagile ne fepi-efche»
voila Icftis CJirift.quieft .cpranje cnf^ut-Ji,; il
faut donc qu'il y ait- bon tefmoig,nagf '; $c,t{
nous l'a ici rendu. Et ppurtat failpi^'^'Ui^icpll:
hoi\a,eur, quand nous verrous tout le ni(i)t)dt
an^lîi dc.sl^ordé(côme,i)qi,tv auoiis fiit-i) Jpii-M^uï,
tcnir-ljoulîouisàcdfe.fiine,doâKiiic,Et.niel-,
mef fai^jà Paul nou^ mçt ici fa pcf fonnp eu
contre leur Cfcateiu , retenons ucantaimus auât. npnpa.. qu'il luy chaluft beaucoup d e-
SV^R LA IL A TI M OTH.
5'r*»
fireapprouué.mais pource que fi toft qu''on le
fepare des feruiteurs de Dieu, on eft tout eC-
bahique le Maiftre eft aufsilbien laiffé & a-
bandôné.De prime irace, quand il y aura quel-
que miniftre de la parole de Dieu qui fera
toormeuté&fafciié, & endurera perfecution,
fi on le laifleau beioin , on nepenfcra faillir
qu'à vn homme mortel : mais Dieu ie fent of-
tenfé, d'autant que celt homme qui endure,
porte la marque de l'Eiungile , & c'eft autant
comme fi la caufe de Dieu eiloit trahie. Saintl
Paul donc voyant cela , notamment dit a Ti-
mothee, N'aye point honte dfmoy. Et de faiâ:
(comme défia nousauons touché) on pouuoit
le mocquer de Timothee,& le renuoyer à fon
maiftre ; comme les mefchans fçauront bien
faire leur profit , quand Dieu humilie [es fer-
uiteurs , & permet qu'ils foyent iniultement
:»ffligez , qu'on s'eleue contre tous ceux qui
ont adhéré à leur doc'irine ; Ho, tu vois com-
me il en eit. Tiinothee pouuoit tùve comme
esbwnlc., Pourîcefbe caufe fainû Paul luy dit,
Eiicores queiefoye en opprobre au inond€>
une les vns femocquentdc moy.les autres me
tienent comme deteftable , fi eft-ce qu'il ne
te faut poinc eftre eiineu de tout cela : car ie
fuis prifonnier.de lefus Chrift: comme s'ildi
foit.Que le monde me face tous les vitupères
qu'il luy fera pofsible.cen'eft point pour mes
ofteniîBS, Dieu aduouema cn'.Me : 3c auAi de
faift elle eft- fiene , ie n'endure point pour
nies maléfices , i'ay toufiours fa vérité de ma
part. D'autant donc que la caufe de mes pcr-
iccutions n'eftfinon que i'av maintenu la pa-
role de Dieu, & la maintien , il ne faut point
qu« tu t'arreftés à ce que le monde iuge , car
les hommes font menez d'aifertions peruer-
fes! qu'il te fuffife donc que ie fuis comme en
oftage pour le Fils de Dieu , & qu'il magnifie
ma prifon, en forte que lî elle eft en opprobre
quant aumonde , elle ne lailFe pas d'eftre en
honneur & en dignité deuant Dieu, &: deuant
fes Anges. Apprenons donc de ne point frau-
der lefus Chrift du tefmoignage que nous luy
deuQnsvayans' la bouche clole quand il i'eia
befoin de maintenir fon honneur ScTauthori-
téde fon Euangile:mais aul'si quand nous ver-
rons nosfrtces eftre en affliftion pour le nom
deDieu, que nous foyons côioints auec eux,&
que nous batailliôs entât qu'en nous fera pour
ceftc querelle, que nous ne fayôs point e^bran
lez voyans toutes les tempe ftes quis'efmeu-
uent , mais que nous tenions bon , nonobftant
que le diable ait la bride auallee, & q les cho-
fes foyent confules tact & plus, que nous de-
meurions toufiouxs côftans en noftre propos,
quand ilfaut eftre tefmoinsdu Filsdc Dieu,
puis qu'iiLnous fait cefte grâce de fe feruir de
nou^cn vûechofe fidigne. Et cependat regar
dons bien il les hommes enduicnt pour leurs
péchez, ou pour lavencé de Dieu:gardôs qu.ïd
nous voyons qiielqu'vn eftre opprimé, de le
mefpriferpour cela, car il ne nouï faut point
eftre téméraires en teft endroit, antrcmët l'in
iure s'addrefTera à Dieu. Il faut donc que nous
enquerions diligemment pour quelle caufe les
hommes fouffrent.Si nous voyons qu'ils ayét
cheminé en bonne confcience,& qu'on les ac-
coulpe,& qu'on les tourmente , voue pour a-
uoir ierui à Dieu,que tout cela foit pour effa-
cer les opprobres du monde. Et voila poui-
quoy fainft Paul adioufte, Sois parti ci]:>a!tt des
affligions de liiiangile. Car il n'y a ccluy qiji
ne s'efpargnaft volontiers, nous auons cela de
nature:& combien que nous confefsions, voi-
re i'ans feintife,quc c'eft vne grâce fingulicre
que Dieu fait quand il fe fertdes homes pour
maintenir fa caufe, il n'y a celuy neantmoins
qui nefevouluft exéptcrde perfecutiô. Nous
louerons bien ceux qui fe prefentent vaillam-
ment aux combats(conmie les Martyrs de no-
ftre Seigneur lefiis Chnft l'ont dignes d'eftre
pnfez&honorez)mais cependant il n'va ce-
luy qui ne foit content d'eftre loin des coups.
Et pourquoy? Car nous ne regardons point à
cefte admonition de faintt Paul.c'eft que l'E-
uangile emporte \is afflictions. lefus Chnft
ayant elté vne fois crucifié en fa perfonue,au-
iourd'huy veut encoresauoir fa doétrinecon-
iointe àbeaucoup de pouretez. Ilfcroitbien
(quand bon luy icinbleroit)que l'Euangile fe
roit receu fans contredit. Mais qiioy ? Il faut
quel'Efcriturefainftes'accÔplifle, Qu.'ildo- f/^-iit
minera au milieu de fes ennemis. Il faut au Ai
que les hommes vienent à luy à ceftc conditiô
d'auoir beaucoup de combats, d'autant que les
melchans s'eleuent à i'encontre dcDicu quîd
il les appelle à foy.Il eft donc impofsibie que
nous ayons l'Euangile fans affliétion:non pas
que les feux foyét toufiours allumez: mais tant
y a que foit en vne iorte ou en l'autre, il nous
faudra eftre exercez, il faudra(di-ic)que nous
côbations ious noftre Seigneur lefus Chrift.
Or maintenant celuy qui le voudroit eflon-
gner de lacroix de lefiu Chrift, ne renôce-il
pas à fonfalutîOù eftl'efperance de viefinoii
en ce que nous femmes rachcte*parcefacn-
ficedu Fils de Dieu? Or eft-ilainfi qu'il veut
eftre côforme en nous,&.- q nous foyons tranf-
figurezàfon image. Puis qu'ainfi eft.apprenôs
de nous ranger à cefte condition-la , puis que
nous y fommes appelez, corne nous auons veu
par Cl deuat que telle eft la volonté de Dieu:
il faut donc fans réplique que nous baifsions
les efpaules. Ormaitenant adiouft:onscequc
dit ici S.Paul:car pardegrez ilnous amcine 1.1,
qu'il ne nous faut point auoir hôte de nos fie
ies:quandnous les voyons maudits &: reprou-
ucz du monde, que nous fi>yons toufiours vnis
aucc eux. Etcomment cela ? Il monftre en
premier lieu , que l'Euangile ne peut eftre
lansatflii:l:ion<^,(c6me nous auonydit) il plaill
à Dieu que les homes foyent ainfidiu il z Non
point qu'il n'appelle tous àl'vnionde la foy,
&ladoâ:rine de l'Euangile eft le meilàgede
reconciliation: mais cependant voici les fide-
■ X.iii.
î^o
SERMON III r.
les qui fot attirez par la vertu de fon S.Efprit,
(comme il en fera traitté tantoftplus à plein)
les incrédules demeurent en leur dureté:voila
le feu qui s'allume:comme quand les tônerres
s'engendrent en Tair.il faut qu'il y ait de gras
troubles : ainlî en eft-il quand Tfiuangile fe
prefche. Or maintenant , Il PEuangiie em-
porte des af-âiâionç,& que lefiis Chrift vueil-
îe que ce qu'il a enduré en fa perfonne , s'ac-
complifle en fes membres,& que iournellemét
il foit corne crucifié, nous eil-il licite de nous
retirer de celle condition-ia ? Puis qu'ainfi eft
donc qu'en l'Euangile confifte toute fcfperan
ce de falut, & que nous deuons eftre appuyez
là deflus, contemplons ce que famû Paul dit,
qu'il nous faut preller laraamà nos frères,
quâd nous voyons qu'ils font outragez, & que
on les foulle au pied, qu'on leur crache au vi-
fage,qu'on les defpite.que nous aimios mieux
élire leurs compagnons pour fouftVir les op-
probres & les vilenies du monde , que d'eftre
honorez.d'ellre en bonne reputatiô & en cre-
dit,& cependant que nous foyons aliénez de
ceux qui endurent pour lacaufe que nousauôs
commune auec eux. Voila donc ce que nous
auons à retenir de ce partage. Or pource que
Je noftre collé nous fommesdebiles,& ferable
que nous deuions élire engloutis des perfecu-
tions , fi tort que nous fommes aflàiUis d'vne
telle inipetuouté de nos ennemis, que nous
voyons que le monde a tant de pouuoir,fain£l
Paul adijulle que nous ne ferons point defti-
luez de l'aide & fccours de nollre Dieu : &
quâd il nouscnuoyeau combat, ce n'elt point
pour efprouuer nos forces, mais il nous arme
quant & quant, il nous donne vertu inuincible
pour fiibfiller. Voila pourquoy fainil Paul ad-
ioulle,Sf/o» la Mfrtit de nie»: pour ofter toute
excufede lafcheté.Or fuyuant ce que nous a-
uons dit, chacun feroit bien aife d'auoir cou-
leur & couuerture de fe retirer des perfecu-
tions:Ho,voil.i,ie voudroye bien, fi mon Dieu
me faifoit la grace,de foufFrir pour fon nom,
ie cognoy que c'ell le plus grand bien qui me
puille aduenir. Chacun confeflera cela : mais
on adiouAera que nous fommes débiles , que
nous ferions tantoflabbatus,quelestourmens
font pour nous efpouuanter, on voit la cruau-
té & rage des ennemis. Voila comme chacun,
après auoir confeffé que c'ell vne chofe excel
lente deloufFrir pour le no de Dieu,voudroit
en eftre quitte. Mais {.\mù Paul nous ofte ce-
fle cxcufe-la , en diiant que Dieu fera pour
nous fortifier , qu'il ne nous faut point con-
templer ce qui eft en nous. Car il eft certain
que fans que nos ennemis chocquent contre
nous, il ne faudra que noftre ombre pour nous
effrayer; l'apprehenlîon feule fera pour nous
l'aire fuir.Mais après auoir cognu ccfte infir-
mité-la , venons au remède. U nous faut bien
regarder quelle foIblclTe il y a en nous, & les
^ifficultez que nous aurions de tenir bon con
trc nos enncmisanaii c'eftafin qugaous loy-
ons folicitez de prier Dieu auec toute tumî-
lité qu'il nous a Aifte , après auoir cognu que
nous ne pouuons rien, que nous venions à nout
abbaifler deuant Dieu , & que nous le prion»
qu'il nous tende la main,& quand ce viendra à
l'extrémité , qu'il ne nous défaille point. Ec
ainiî eftans en repos , que nous cognoifsions
que nous fommes plus que foibles , afin que
noftre Dieu nous prépare , quoy qu'il en foit,
& que nous foyôs armez quand il voudra nous
amener à l'efpreuue& à l'examen. Voila quel-
le ell la droite confideraciôde nolhe foiblef
fe,c'eft (di-ie)afin qu'en cognoifl'ant noftre
mal nous venions à Dieu , à ce qu'il remédie à
noftre fragilité , fclon qu'il cognoiftra qu'il
nous eft propre. Voila donc à quoy il nous faut
regarder. Et fi ccfte doârine eftpit bien im-
primée en nos cœurs, fans lègue difpute,nous
ferions beaucoup mieux d.lpofez à fouffrir
que nous ne fommes pas. Mais quayi"!! y en «
blé peu qui recordent cefte leçon: qui plus eft,
il femble que nous bouchons noi aureilles^
que nous fermons les yeux quand on nous en
parle. Nous ferons bien feniblant de fouhait-
ter que Dieu nous fortifie: mais quoy qu'il en
foit, nous ne pouuons amener noftre veue iuf-
ques à cefte puilTance dont parle fainû Paul,
il nous femble toiifiours que noirs n'auôs rieiï
de commun auec elle.Oreft-ilainfi que noftre
Seigneur nous «irclare que (a puiflance fer»
touïîours en nous, que nous en ferons faifis.Eiî
ainfi que noftre infirmité ne foit point caufe
denousfaire recirer de la croix ,& des per-
fecutions,voyans que Dieu nous a receus en (à
main pour fupplccr à nos defaut'i,& qu'il pro-
met aufsi de le faire. Or faintl Paul n'a point
ici prins la puilTànce de Dieu pours'en iouer,
mais il a déclaré à tous fidèles qu'elle nous fe-
ra prefte & appareillée quand nous la requer-
rons, voue fi de noftre cofté nous demandons
d'eftre munis d'icelle,& armez pour batailler,
quand le Fils de Dieu nous appelle au com-
bat. Au refte, pource que les hommes ont be-
foin d'eftre picquezde touscoftcz.ûinû Paul
adioufte ici vne remonftrâce qai «ft pour nous
faire grand' yergongne,fi nous ne fommes en-
flammez pour vouloir glorifier lefui Chrift,»
voire endurant perfccution,qiiandil luy plaira
ainfi.Il dit, Q^e DiV» nous a /mtex, Cf mus a
appeUx.d yiieTiie.ttiofaiofhe.Oi puis queDieU'
nous a ainfi preucnus par fa bonté infinie,re-
gardons fi noftre ingratitude tft a excufer
quand de noftre part nous ne luy refpoiidons
point.VoiLi noftre Dieu qui nous a retirez du
gouffre d'enfer, nous eftiôs perdus &<iamncr.
Or il nous a apporté le falut :& puis, il nous x
appelez afin que nous en fufsions participans.
QVind donc Dieu s'eftmonftré ainfi, libéral,
fi de noftre coilé nous luy tournons le dos , &
quenous delllaignionsd'acceptcr le falut que
ilnousprefinte,nevo:la pouuvnc malice tiop
énorme; Notons bien donc, quand faiiid Paul
accule ici ceux qui n'ont point ei\é con-
fia n s.
SVR LA IL A TIMÔTH.
3î'
Rins,Sc ne prenent point courage pour fou-
ftcnir to' les aflfauts qui leur font faits & dref
fez à caufede PEuangile.qu'il n'y a nulle dou
te qu''il n'ait aufsi voulu confermer les fidè-
les en vne bonne efperance pour l'aduenir,
leur remonftrant ce que Dieu auoit défia fait
pour eux. Car quand Dieu nous a donné quel
quefignede fa bonté, c'eft afin que nous elpe
rionsde luy le fcmblable , & que nous atten-
dions qu'il parface ce qu'il a commencé. Si
donc Dieu nous a fauuez , & nous a appelez
d'vne vocation fainde,péfons-no' qu'il nous
vueille laifler au milieu du chemin? Quand il
nousamonftré noftre falut, qu'il nous a don
né les iambes pourmarcher.qu'il nous a don
né fon Euangile par lequel il nous conuie à
fon R oyaume, qu'il nous ouure la porte.quâd
donc il a ainfi befongné , penfons-nous qu'il
nous vueille placquerlâ,&fe moquer de nous,
& faire que fa grâce foit perdue & inutile? Né
ni, non : efperons qu'il amènera fonoeuureà
perfeÛion. Ainfi donc marchons vertueufe-
ment , & puis que Dieu a défia defployé vne
partie de fa puifance cnuers nous, ne doutons
point qu'il ne continue pour l'aduenir, & que
nous n'ayons la viiîoire parfaite contre Sa-
tan Se nos ennemis , voire quand nous atten-
drons que lefus Chrift eftîc noftre chef & ca
pitaine.monfti'e que toute vertu luy cil don-
née de Dieu fon Pere.afinde nous la commu
niquer. Nous voyons donc ma.ntcnSt l'inten
tion de fainfl- Paul. £t ainfi après auoir côceu
la puiflàncc de Dieu , de laquelle il a efté fait
n'agueres mention , que nous venions adiou-
fter quant & quant celle renionftr.îce qui nous
eu faite.Oi ça, Dieu nous a par effed & expe
ricnce teilifie qu'il ne nous defaudra iamais
aobefoin. Etpourqnoy? Car ilnousadcfia
fiuuez. Q_iiând iln jun a appelez à TEuaiigi-
le , qu'eft-ce finon vne rédemption que Dieu
a faite de nous quieftiôs peri^? Or Dieu nous
a-il ainfi fauuez? Attendons de luy, puis que
nous fomnies cncores au chemin , qu'il nous
amènera au falut. Il no' a appelez d'vne voca
tion fainfte,c'eft àdire.il nous a choifisàfoy,
il nous a recueillis en cefte confufion vniuer
felle du genre humain.Q^d donc noftre Sei
gneur nous a ainfi retirez, ne nous tiendra -il
point fous fa main , &;en fa conduite iufques
en la fin? Voila donc vne confirmation certai
ne de la puifïànce de Dieu, q nous le trouue-
rons toufiours prcftà nous iecourir, moyen-
nant que nous y mettions noftre £lce , Si que
nous reduifions en mémoire cônie défia nous
l'auôs fentie.Mais pour bien faire noftre pro
fit de cefte dortrine , cognoiflons en premier
iours,&pourfuiure noftre train, earnous fe-
rons fous (a proteûion. Et puis qu'il eft fort
pour furmonter tous nos ennemis, noftre fa-
lut eft en bonne garde. Ne craignons point
donc que voyans noftre infirmité nous atten
dions que Dieu y pouruoyera, puis qu'il pro-
met de nous aAifter. Or ceci a befoin d'eftre
médité : appliquons-y donc noftre eftude, 5c
aduifons dereceuoir cequinous y eft dit. Car
il ne faudra point puis après longue rhétori-
que pour nous fortifier contre les tentations,
quand nous aurons ceci tout conclud, que no
ftre Seigneur parfera noftre falut cômc il l'a
commencé,voire nous afsiftant au milieu des
perfecutions , en forte que nous aurons con-
ftance pour les furmonter , & qu'il nous fe-
ra triompher contre tout nos ennemis, com-
bien que félon le monde nous foyons comme
fouliez au pied, voire abyfmez du tout. Mais
il nous faut venir à cefte déclaration que
fainft Paul adioufte touchant le falut dont
nous auons parlé,& de la vocation famûe. Il
dit que cela n'eft point/*/ n»oia'/»«»c« ,>nais
feltn le prof os de D ieu, ù" f" gf^'- Par ceci il
nous veut mieux admonefter , monftrant que
noftre ingratitude fera tant plus à condaner,
de ce que Dieu a ouuert les threfors incftima
blés de fa bonté enuers nous.Car il n'a point
tuefgardà nosœuures, ni à noftre dignité,
quand il nous a appelez à falut : il a fait cela
de fa pure grâce, voila pourquoy il nous a at
tirez à foy. Et tant moins d'excufe aurons-
nous quand nous luy fauflèrons la foy , veu
que non feulement nous auons efté acquis par
le fang de noftre Seigneur Icfus Chrift fon
Fils vnique , mais qu'il a eu le foin de noftre
falut deuant la création du monde. Notons
bien donc que faind Paul condamne ici no-
ftre ingratitude , fi nous fommes defloyaujt à
noftre Dieu, & que nous ne teniôs point bon.
pour rédre tefmoignage à fon Euangile,qu.id
il nous a appelez à cela. Pourquoy.'Nowjn^yôn»
mei point JauiteKfiloit nns oeuvres (dit-il )maù
film le propoi de D ieu.. Or pour mieux expri-
mer ce propos gratuit, fainû Paul adioufte
que cela nous a efté donné Jenant tous temps,
deuant que le monde ait eu fon cours , & fort
origine:mais maintenant il nous a efté reuelé
(dit-il ) à la venue de noftre Seigneur I-efus
Chrift:quand ce grand Sauueur eft apparu , la
grâce qui eftoit cachée au parauant,voire in-
comprehenfible du tout au fens humain, a tfté
comme mife en clarté. Et pourquoy? Car le
Fils de Dieu ayant anéanti la mort (dit-il) a
aufvi apporté vie immortelle. Et ne faut poît
que nous facions longscircuits pour le trou-
1T..'_;l .T o
lieu, que quand Dieu nous a donné la cognoif ucr,car l'Eiugile nous y mené, & nous y con
fance de là vérité, c'eft autant comme fi défia
il nous auoit déclaré que nous appartenons à
fon héritage celefte, qu'il nous veut auoir des
fiens,&de fon troupeau. Qiiand nous aurons
cela bien pcrfuadé & refolu en nous, alors
nous ne douterons point de cheminer touf-
duit. Et quand Dieu nous enuoye ce mellàge
de fhlut , il ne faut finon que nous receuions
l'héritage qu'il nous a promis, il ne faut point
que nous trottions bien loin , mais Dieu nous
vient chercher:feulemtnt ouuronsla bouche
afin qu'il la répliire,ouurons le ca:ur,&: don-
x.iiii.
55Z S ER M
nons entrée à ce terraoignage de l'Eiiangile,
& l'immortalité du royaume celé fie habitera
eu nous:côbien que nous foyons poures vaif-
feaiix fragiles , voire qu'il n'y ait que corru-
ption & pourriture en nou^,fi eft-ce que déf-
ia nous appréhendons ccfte immortalité,& en
auons vn tefmoignage tout certain , quand
nous pouuons accepter cefte grâce qui nous
cft offerte en l'Eiiangilc. Voila toute la dedu
ftion que fait ici faind Paul. Or cependant,
pour mieux entendre ce qui elt ici contenu,
notons que ce mot de Propos , {igmRe décret
éternel de Dieu , voire qui n'a point fes cau-
fes ne çà ne là. Car quand nous parlés du'con
feil de Dieu, il ne faut point touiiours difpu-
ler qui l'a induit , tellement que nous imagi-
nions des raifons pour dire, Voila pourquoy
Dieu l'a ainfî déterminé, voila pourquoy il
l'a ainiî voulu. Car au contraire , Dieu nous
veut tenir en cefte fobrieté, que fa fimple vo-
lonté nous fuffile pour toute raifon. Qjjand
il eft dit, Dieu l'a ainlî ordonné: encores que
nous foyôs esblouis,& que )a chofe nous (em
ble eftrange,& que nous n'y voyons pointde
apparence de raifon , tant y a qu'il nous faut
conclure que ù feule volonté eftiuftc&ir-
reprehenfible. Voila(di-ie)comme toute no-
ftre fagefle eft , de trouuer bon tout ce que
Dieu ordonne & fait , fans que nous difîons
pourquoy. Ord'autant que îeshommesont
touiiours leurs efprits chatouilleux , & qu'ils
Jalchent la bride à leur curiofîté , fainft Paul
pourabbatrevne telle audace , nous ramené
au propos de Dieu,& nous dit qu'il nous faut
côtempler que Dieu a fon propos,là oii nous
ne pouuons entrer fi profond, que de fçauoir
qui l'a efineu.Mais aufsi voila vnecaufe fou-
ueraine.c'eil que fa volonté eft iufte, voire &
la règle de toute iuftice. Par cela donc nous
fommes admoneftez que noftre falut ne dc-
péd point d'aucun regard de nos mérites, que
Dieu ne s'eft point enquis quels nous eftiôs,
■ne de quoy nous eftions dignes,quand il nous
a eleus à foy : mais il a eu ion propos, c'eft à
dire, il n'a point cherché ^ors de foy la cau-
fe de noftre falut. Q_ii'ainfi foit que ce mot
de Vropos (îgnifiece décret , l'intention de S.
Paul eft toute claire:mais pource que les ho-
mes félon leurarrogancc ne fe peuuent te-
nir d'imaginer toufiours quelque dignité qui
leur foit propre , qu'il leur femble qu'ils ont
bien defferui que Dieu les cherchait, notam-
ment fainû Paul, pour mieux exclure tout ce
que les hommes fe peuuent attribuer, dit Pro-
fos & grâce. Or cela emporte autant comme
s'il difoit propos gratuit. C'eft donques pour
abbatre toutes nos ocuures , afin que nous ne
foyons plus fi fols ni obftinez, de penfer que
Dieu no' ait choifis pource qu'il y auoit quel
que chofe en nous digne de cela: rien. Mais
coonoiflons que Dieu n'cft point forti dc'foy
mefme quand il nous a eleus .1 (alut . Car il
voyoït qu'il n'y a qiK perdition en nous : il
O N I I I T.
s'eftdonc contenté de ù pare grâce , & de fa
mifericorde infinie, que contemplant nos mi
i^eres , il nous a voulu fecourir , encores que
nous n'en fufsions pas dignes. Et pour plus
grande confirmation de cela , faindî Paul dit
que cefte grâce nous a efté dônee deuant tous
temps.Et en ceci voyons-nous côme les hom
mes font defpourueusde fens,qu3d ilsfeveu
lent faire valoir, & qu'ils fe font à croire que
ils font caufe de leur falut, & qu'ils ont anti-
cipé la bonté de Dieu , ou qu'ils font venus
au deuant de luy. Dont eft -ce que dépend no
ftre falut? NTeft-ce point de l'eleélion eter-
nellc?Dieu nous a eleus deuant que nous fuf-
fions.Et que pouuions-nous faire alors?Nous
eftions bien habiles, nous eftions biendifpo—
fez pour venir à Dieu. Nous voyons melînes
que noftre falut ne commence point depuis
que nous auons cognoiflance & dii'cretion,
depuis que nous pouuons auoir quelque bon
defir: noftre falut(di-ie)ne commence point
là, mais il eft fondé en l'eleftion éternelle de
Dieu, qui eftoit deuant que tout lemôdefull
creé.Qiie pouuios-nous alors? Auions-nous
le moyen de nousauancei? Pouuions-nous
donner occafîon à Dieu qu'il nous appellaft à
foy,& qu'il nous feparaftdu refte du monde?
Ne faut-il pas donques qu'il y ait vnemer-
ueilleufe yurongncrie en nous , quand nous
cuidons auoir quelque dignité , que nous cui-
dons exalter nos mérites pour obfcurcir la
grâce de Dieu , & quenous voulons aufsi e-
ftre préparez pour auoir accès à luy par nos
mentes? Retenons bien donques à quel pro-
pos fiinft Paul a ici mis l'elcdion de Dieu,
difant , <]ite U grâce nous a eflé donnée deuant
tous temps . Mais par cela nous auons vn
bon aduertiffement : c'eft afçauoir que ceux
qui cuident abolir la doftrine de l'eledion de
Dieu,aneantifl"ent entant qu'en eux eft le fa-
lut du monde, en forte que le diable n'a point
de ilippofts plus propres pour effacer la ver-.'
tu du lang de noftre Seigneur lefus Chrilf,
pourmettre tout en confufîon , pour ruiner
l'Euâgile,.?,: mefines pour exterminer la bon-
té de Dieu de la mémoire des hommesiledia
ble n'a point de plus propres fuppofts que
ceux qui combatent cotre la predeftirtation,
& qui ne peuuent fouffrir en leur rage diabo-
lique qu'il en foit parlé, & que ce meflage-ci
foit publié comme il appartient. Si nousde-
teftons les Papiftcs , comme ils font exécra-
bles , pource qu'ils ont prophané toute l'E-
fcriture fainfte, qu'ils ont peruerti & corrom
pu la vérité de l'Euangile, & le feruice de
Dieu , en ce qu'ils ont infcfté tout le monde
de fuperftitions & idolâtries , ceux -la font
plus dcteftablcs qui veulent anéantir l'ele-
dion de Dicu,& qui tafchent par voyes obli-
ques & indircftes , de faire qu'on n'en parle
point haut &: clair , & que cefte doîlrine-ci
foit anonccc comme elle en eft digne. Car en
quoy coniîlte le falut dgs fidelçs finon en l'e-
Icûion
s V R LA IL A T I M O T H.
leftion gratuite Je Dieu? Ne voulons-nous
point cjii'on prcfclieque Dicaachoifîles liés
pr.r fa bonté gratuite ûnsauoir*fgard àrien
qui loit? Ne voulôs-nous point que ce myrte
re û haut, comme il eft , &incompreheni!ble
nous foit déclaré , entant que Dieu nous l'a
voulu reuelerfll eft certain que nous confpi-
ronsauec Satan,àce que lelus Chriftait Ibuf
fer: en vain , & que la paûion qu'il a endurée
ne profite rien au monde, & que tout s'en ail
ie en perdition, & en enfer. Voila donques le
, premier article que nous auôs ici à obferuer,
c'eft afçauoir que TEuangile ne fe peut pref
cher , c'elVvn Euargile baftard & profane,
c'eft vne doûrine de M.ihommet , il n'y aura
plus d'Eglife.ne de Chreftiété, quand on vou
dra anéantir l'tleftion de Dieu. Que fera-ce
doncJQji'on defméte le fainft Efprit qui par
Je ici, quand on ne voudra acct pter celle do-
ûrine.Et pourtant de noftre cofbé.auifons de
batailler conftammét, car c'eft le fondement
de no/tre falut. Comment pourrons-nous edi
fier,& entretenir l'tdifice, quand le fondcmét
fera ruiné? Sain^ Paul nouv appelle ici.quîd
il veut monllrer en quelle vertu nous auons à
batailler, &c5nniitnous paruiendrons àceft
héritage qui nous a efté acquis li chèrement,
comment nous entrerons en poflef ion de la
gloire de Dieu, comment nous parferons ceit
cdifice:& dit, Mes anus, 1 nous faut eltre fon
dez fur cefte grâce quinous a cftédônee,non
point d'auiourd'huy ou d'hyer.mais deii.îc la
création du monde. Vray eft qu'auiourd'huy
nous femmes bien appelez de Dieu , mais fi
eft-ceque l'eleftion précède, voire , &quc
Dieu nous a eleus fans qu'il y ait efté m-
cité par nos mérites, ou que nous luy ayons
peu mettre en auant quelque chofe,finon que
nous luy denons tout , & qu'il nous a retirez
des abyfmes de perdition où nous cftionscô
me poures créatures defefperees. C'eftdonc
bien raifon que nous-nous foumcttions du
tout à luy, pour nous oblieer pleinement à
fa bonté , & que nous foyons du tout rauis en
icelle. Voila comme S.Paul parle. Et ain(i,que
nous retenions ce fondement (côme l'ay dit)
fi nous ne voulons que noftre falut s'en aille
en ruine & confiilîon. Au refte , notons aufsi
pour la fin , que cefte doctrine nous eft plus •
qu'vtile.quad nous la pourrôs bien appliquer
à noftre vfage.Ceux qui voudroyét qu'on ne
parlaft point de l'eleftion de Dieu, diront,
Ho,comment?cela n'eft pas neccflàire.Or tel
les gens n'ont iaraais goufté que c'eftoit ne
de la bote de Dieu, ne de Pefperace que nous
deuons auoir:ils ne fçauent gueres q c'eft non
plus , d'aller à noftre Seigneur lefus Chrift.
Car fi nous ne fçauonsque nous fommes fau
uez d'autant qu'il a pieu à Dieu de nous ehre
deuant la création du monde , comment fçau
rés-nous ce que fainfl: Paul nous récite, c'cft
afçauoir que nous foyons dedica à Dieu pour
cilre difpofez à viure & à mourir à fon fcrui-
. 3^^
ce? Comment pourrons-nous m.ignifîer Ion
Nom? Comment pourrôs-nous coutelier que
noftre falut procède de luy (eul , & qu'il ea
eft le c5mencement,& que nous ne luy auons
point aidé en cela? Nous le pourrôs bien dire
de bouche, mais ce ne fera qu'hypocrifie , fi-
non que nous foyôs bien refolus de cefte do-
ftrine, comme elle eft ici cxpofee.Apprenons
dôc que cefte doftrine de l'ekâion de Dieu,
& par laquelle nous fommes enfeignez qu'il
nous a predeftinez deuât la création du mon
de, que cefte doûrine-la, (di-ie)fe doit prel-
cher haut & clair en defpit de tout le monde
qui y voudra refiftcr : & non léulement cela,
mais cognoiflons que c'eft vn article qui nous
eft plus qu'vtile,d'autant que nous nepouuôs
pas appréhender à bon cfcient la bonté infi-
nie de noftre Dieu,iiifqucs à ce que nous foy-
ons paruenuslà. Car on defguifera touCours
la mifericorde de Dieu,finon que nous ayons
ce poind vuidé , qu'il nous a choifis dcianc
que nous fufsions nais, & deunnt que nous le
peufsions preuenir.Et pourquoy?Car on dira
bien que nous auons efté rachetez par le fang
de noftre Seigneur lefire Chrift , & que nous
n'eftions pas dignes que Dieu nous monftrafl:
vne fi grande mifericorde : mais cependant
aufsi on dira , Et quieft-ce qui a part & por-
tion à vne telle rédemption que Dieu a faite
en la perfonne de fon Fils? Ce font ceux qui
le veulent, ce font ceux qui cherchent Dieu,
ceux qui s'y afluiettiflent : ce font ctux qui ■
ont quclquebon irSiuuemét.qui ne font point
trop rudes, qui fontd'vn bon naturel,qui onc
quelque bonne deuotion. Or quand on fera
vn tel meflinge,& que les hommes penfèront-
eftre appelez à Dieu & à fa grâce, pour quel-
que chofe qui foit en eux, qu'ils apporteront
quelque loppin pour faire partage auec Dieu
delcur falut , voila la grâce de Dieu qui eit
obfcurcie d'autant , voire comme defchiree
par pièces. Or voila vn facrilege infupporta-
ble. Pour cefte caufe i'ay dit que la bonté de
Dieu iamais ne fera cognue en fon entier co-
me il appartient , iufques à ce que l'eleftion
nous foit mife en auant, & qu'on nous môftre
que nous fommes auiourd'huy appelez, d'au-
tant que noftre Seigneur a touIu eftendre fa
mifericorde fur nous , voire deuant que nous
fufsions nais. Voila en fommece que nous a—
oons à retenir. Il eft vray qu'il faut que cefte
doftrine foit pourfiiiuie plus outre, mais nou«
ne pourrions pas maintenant , ce fera dong
pour l'aprefdinee.
OR nous-nous proftcrncrom deaant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, Te prians qu'il nous l'es face mieux
fentir, afin que nous foyons attirez à vne
vraye repentance,voire pour anéantir toute»
nos mefchantes affeftions , & nous recueillir
tellement à foy , que comme il nous a choifîi
du monde , qu'aufsi nous demeurions fous {»
taa.ia,3iioùi fon gouuernciaent,nous rctirarnt
3,î4 ^ S E R M O N V.
detoutet les ordures & loferions de ce mon àfonferuice. Ainfi nOHS dirons tous > Dieu
ile,pour nous dcdter du tout à Ton honneur& touc-puifTaaCiPere cekûe,&c.
GINQJ/IEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
Mais Jois participant des affliciiom de l'Euangile félon la puijjànce de
Dieu,
5 Qui nous a fauuc:^ , (f appelé ^ par fa fainSîe vocation : non
point félon nos œuures > mais félon fan propos ^ gJ^ace , laquelle nous
efî donnée par le fus Qhrifl deuant les temps éternels,
10 Et maintenant efl mamfcfîee par f apparition de noflre Sei-
gneur le fis Chrifî , tjui a deflruit la mort , Q" a produit en lumière \ie
^ immortalité parVEuangile.
; o V s auons déclaré ce ma-
itin.fuiuant le texte de (aintl
jPâul, que pour biencognoi-
Jftre la bonté gratuite de no-
j ftre Dieu, en ce qu'il nous a
/ùuuez , il nous faut venir â
>fon confeil éternel , par le-
quel il nous a eleusdeuatla création du mon
de. Car là nous contéplons qu'il n'a eu nul re
gard à nos perfonnes , ni à dignité qui fuft en
nous , ni à aucuns mérites que nous puifsions
apporter.Poiirquoy?Deuant que nous fufsios
nais, délia nous eftions enrôliez en fon regi-
ftre , il nous auoit défia adoptez pour fes en-
fans. Ainfi donc apprenôs d'attribuer le tout
à fa mifericorde , cognoilïans que de noftre
part nous ne pouuons nous glorifier fans luy
defrobber l'Kôneur qui luy appartient. Vray
eft (comme les hommes iont malins ) qu'en-
cores on a bien vouhiici inuenter des cauilla
tiaas pour obfcurcir la grâce de Dieu. Car on
a dit, Combien que Dieu ait eleu les hommes
deuât que le monde fuft ciec, que c'a efté fé-
lon qu'il a prcueucômervn feroit différent
d'auec rautre.L'EfcrituremonItreafrcz coin
ment Dieu n'attéd point que les homes mon
ftrct s'ils font dignes ou non.quâdilleschoi
iit:mais il a femblé aux Sophiftes, qu'ils pour
royent obfcurcir la grâce de Dieu, en difant,
Côbien qu'il n'ait point regardé les mérites
pafTez.toutesfois qu'il a noté les mérites à vc
nir. Car(Jif(.nt-iK)combien que lacob & fon
frère Efau, ii'eulTent f.iit ne bien ne mal , que
Dieu a eleu l'vn, & a reprouuérautre,toutef
fois il a preucu (côme toutes chofes luy font
prefentes) qu'Efau deuoit eftre vn home pro
fane, vn contempteur de tout bien, & que la-
cob deuoit clhe tel qu'il s'eft déclaré auec le
téps.Voila couime telles gés baftilTcnt.Mais
ce font fpeculations fnuoles. Car c'eil plei-
nement defmentir fainif Paul, lequel veut
prouuer que Dieu n'a point rendu falaire à
nos œuures quand il nous a eleus, d'aut-ît que
cela s'eft fait deuant la création du monde.
Mâts encores que l'authorité de l'ainft Paul
n'y fulV point, lî eft-ce que la ckofe eft toute
patente , tellement que ceux qui veulent ef-
chapper par vn tel fubterfuge.femonftrét be
ftes,i: gens trop mai exercez, ie ne di pas feu
lemét en l'El'cnture fainde, mais en toute rai
fon.Car fi on efpluche ce qui eit aux hommes,
qu'eft-ce qu'au y trouuera , ie vous prie?
Tout le genre humain n'eft-il pas maudit?
Et qu'apportons-nous du ventre de la mère
finon toute iniquité? Nous ne diiferons donc
de rien l'vn de l'autre , iinon d'autant qu'il
plaift à Dieu de recueillir à foy ceux qu'il
veut. Et voila pourquoyaufsi fainif Paul vfe
de ce mot en vn autre palTage , quand il dit
que les hommes n'ont dequoy fe glorifier, '■ '-''''•4«
pource que nul ne fe trouuera point excellét ^"
par delTus fes prochains.linon entât que nous
fommes difcernez de Dieu. Puis qu'ainfi efl
donc quec'eit l'office de Dieu de nousdif-
cerner d'auec ceux qui demeuréten leurcon
damnation , cognoili'ons que tous fcroycnt
perdus iînon que le remède vcinft d'ailleurs.
Ainfi donques, quand nous aurons côleffé que
Dieu nous aura eleus deuant que le mode luit
c reé,il s'enfuit de là qw'il nous a donc prépa-
rez pour receuoir (a grâce, qu'il a mis le bien
en nous qui n'y eftoit point aupaïauant , que
non feulement il nous a choifis pour héri-
tiers de fon Royaume, mais qu'il nous a quat
& quant marquez afin de nos iuftifier , afin
de nous gouuerner par fon ïîinSt Efprit. Ec
celle dodrine-ci doit eftre tellement alTeu-
ree & refolue entre les Chreftiens ,que fi on
la mefprife, comme hous eu voyons beau-
coup d'erfiontez qui auiourd'huy veudroy-
ent auoir efteint la venté de Dicu,il faut que
nous coguoifsions ceux-là eftre répugnas au
fa in A
s V R LA I I. A T I M O T H.
-5«
fîiniflErpnt, voire corne des taureaux, & des
beftes furiciifes qui veiilentaneatirtoute i'E
fcnture faîae.Car de taid.il y a plus d'hôna
ftetéauxPapiftes.qu'iln'ya pas en eux. car
la dodrinedes Papiftes eil beaucoup mtiU
leure & plus fainûe , & plus conforme à TE-
fcnture fain£te , que n'efV celle de ces mel-
ehans vileinsqui auiourd'huy renuerfcnt la
fainfte eleftion de Dieu, ces chiens quiab-
bayent à l'encontre , ces pourceaux qui vie-
nent confondre tout de leur groin, comme
nous voyons auiourd^huy que ce/te impiété
" fe déclare par trop. Or quey qu'il en foit.re-
tenoils ce qui nous eft ici monftré , que d'au-
tant que Dieu nous a choifis deuant que le
monde cuft fonceurs, que nous dcuons attri-
buer à fa bonté gratuite la caufe de'noftre fa-
lut, nous deuonç confclTèr que nous ne tom-
mes point adoptez de luy félon nos «lerites.
Car nous n'auion^ rien, & ne luy pouuions ap
porter rien qui foit du noftre. Il faut donc
que nous mettions la caufe & la fource de no
ftre falut en luy feul, & que nous foyons fon
dez là deflus , ou autrement il n'y aura que
confiifîon en toutce que nous pourrons ba-
ftir. Mais cependant nous deuons bien aufsi
obferuerce quefainft Paul conioint ici. Pre-
mièrement, la grâce delefus Chrid aucc le
confeil éternel ^ Dieu fon Pere:5: puis qu'il
nous ramené à noftre vocation, afin que nous
foyons afleurez de la bonté de Dieu, &: de fa
volôté qui nous eftoit cacliee.finon que nous
en euf ions tefmoignage.En premier lieu doc
fainft Paul dit que la grâce qui depéddu feul
propos de Dieu , & y eftcomprife , nous eft
donnée en noftre Seigneur lefus : comme s'il
diibit. D'autant que nous méritions d'eftre
reiettcz &hays comme ennemis mortels de
Dieu, il a falu que nous ayons efté comme
entez en lefus Chrift, afin que Dieu nous rc-
cognuft & auouaft pour fes enfans.Cependat
que Dieu a le regard fur nous , il faut qu'il
nous detefte , pource qu'il n'y a que pourtté
en nous,&; que nous fommes pleins de péché,
& comme farcis de toute iniqm'té. Dieu qui
eft la indice fout^raine ne peut auoir nulle
conuenance ni accord auec nou<:, cependant
qu'il contejnple noftre nartire. Q_nand donc
il nous a voulu adopter deuant la création du
hnonde, il a falu que lefus Chr'ft fuft là com-
me entfc-deux, & que nous fuAions eleus en
' (à perfonne.car c'eft le Fih bié-aimér& qu.îd
"Dieu nous conioint à luy, il fait que non . tuy
foyons agréables. Apprenôs donc pour bien
cftre certifiez de Peledion de Dieu,& en fai-
r»noftrc profit.de venir droit à lefus Chrift,
<ar c'eftle vray miroir on il nous faut re-
garder noftre elcftion. Si lefus Chrift nous
cft ofté, voila Dieu qui eft iuge pour les pé-
cheurs.Nous ne pouuons donc ef(>erer de luy
aucun bien ni faueor.maispluftoft il nous tant
attéJre toute venge.ice: fa maiefté aufsi nous
lera tcmlîours efpouuaxabiefans lefus Chrift:
fi on nous parle de fon propos éternel, il fait
dra que nous foyons eiFrayez.comme fi défia
il eftoit apprefté pour nous abyfmer. Mais
quand nous cognoiflons qu'en Icfus Chrift
relîde toute grâce , alors nous pouuons nouj
certifier que Dieu nous a aimez, combien qu«
nous n'en fufsions pas dignes. Voila pour vn
item de ce que fainft Pau] met ici. Or en fé-
cond lieu, il nous faut obferuer qu'il ne parle
pas fimpleraent de l'eleûion de Dieu:car ce-
la ne feroit pas pour nous bien refoudre, pluf
toft il nous faudroit demeurer en perplexité
&angoifre.M3is S.Paul adioufte la vocation,
par laquelle Dieu nous a manifefté fon con-
feil,qui auparauant nous eftoit incognu,& an
quel nous ne pouuiôs paruenir. Cornent don
quesfçaurons-nous que nous fcroni eleus de
Dieu pour nous refiouir en luy, & pour nous
glorifier delà bonté qu'il nous a monftree?
Ceux qui parlent de l'eleftion de Dieu .î l'e-
ftourdie , laiffent làl'Euangile , ils laiffènc
tout ce que Dieu nous met enauSt pour noue
amener à foy , tous les moyens qu'il nous a
ordônez, & qu'il cognoift nous eftre propres
Se vtiles à noftre vfage.Cen'eftpasainfi que
il nous y faut procéder ; mais conioignons,,
fuiuant la règle de /âinû Paul , àl'eleftion e-
terne]le,la vocation. Or ce mot de Voeatiotty
fignifie autant qu'Appel : il eft vray qu*il eft
tiré du Latin, mais il faut que ceux qui ne
font point letrez , cognoiftent ce qu'il em-
pone.Or donc il eft dit que nous fommes ap -
pelez : aufsi il y a le mot fécond, qui fignifie
l'Appel. Dieu donc nous appelle:& cornent?
C'eft quand il luy plaiftnouî certifier de no-
ftre cleâion , laqueileautrement nous feroic
mcomprehenfible. Car qui eft-ce qui entrera
au confeil de Dieu? ( comme dit le Prophète ifu. ^o.'
Ifaie , & comme aufsi fainft Paul en parle) 13.
Mais quand il plaiftà Dieu de fe communi- V^m . 11^
querpnueement à nous , alors nous aoons ce 34.
qui fiirmôte tous fens humains:car nous auôs
vn bon tc/moin & fidèle , c'eft afçauoir le S.
Efprit qui nous eleue pardeîTîis le monde, &
nous introduit iufques aux ftcrets admira-
bles de Dieu. Maintenant donc nous voyons-
qu'il ne nous faut p.a-^ cruemcnt parler de l'e—
îeftion de Dieu,poi'rdirc,Nous fommes pre—
d'eftinezTiTiais'H faut pour eftre bien afleurer.'
de noftre falut , que nous n'enquerions point
en l'air ni j la volée,- afçauoir fi Dieu nous-
tient du nôbredes fi'dns oonon. C^ue fant-iD
donci' Regardons rEtiagile qui nous eft pro-
pofé:I.i Dieu riôus môftre qu"'il nous eft Père,
&• qu'il noirsa marquezafin de nous amener à
l'héritage de vie:& cefte cognoiilànce-la no*"
eft vue fig nature dn S.El'priren nos cœurs, &
vn tefmoignage certain de noftre fahtt, voi-
re quad nous le receuons par ioy.Car PEuaii
gilefeprefcheà beaucoup, ^ neatrKroins fonr
leprouuez : &mefmes Dièu dcfcouure 3c dé-
clare qu'il les a maudits, qu'ils n'ont point de
paît ni portion en fon Royaume, pource que
Y li.
3Î<^.
SERMON v;
lis lefiftcnt à. rEuangilc, & qu'ils repoulTent
lagtace qui leur clt oiferte. Mais quand nous
rcceuorts en obciflance de foy la doftnne de
Dicu,&que nous fommes appuyez fur les pro
melfes , que nous acceptons ccft offre qu'il
nous tait de nous tenir pour Tes enfans, voila
(di-ie)vne vraye certitude de noilre eledion.
Or cependant il nous Faut noter que quand
nousauons cognoiffmce de noftre falut , par
ce que no° fommes appelez, & que Dieu nous
lUumuie en la foy de fon Euangile , cela n'eft
point pouraneantir la predeftination éternel
ie qui va deuant . Or on en verra auiourd'liuy
beaucoup qui dirôt.Et qui font ceux que Dieu
a cleus iuionlcs fideles?Ieleconfeire:mais ils
font vne mauuail'e conlequence ( comme des
bcites qui lont) ced afçauoir , Q^e la foy
donc eÛ la caufc de noilre falut,voire la cau-
fe première . S'ils Tappelloyét caufemoyen-
ne.ccla eftvray en foyicarl'Efcrituredit que
nous fommes fauuez par foy.Mais il faut mô-
Epfjî.i.S ter plus haut. Car cependant , s'ils attribuent
la foy au franc arbitre des homes, ils blafphe
ment mefchamment contre Dieu,& font vrais
fâcrileges, 'pires que les Papilles, comme i'ay
dclia dit. Or il nous faut venir à l'oppolîte à
ce n'efl pas qu'il n'y âîf Tne caufe pluî Iiauteil
c'cft afçauoir l'eleÛion éternelle : & quicon-
que ne peut venir là, derogueàDieu ,&àfon
honneur, quand il difcerne entre les hommes
félon leurs raeritesA' félon qu'vn chacun s'eft
difpofé. Voila donc comme il nous faut rete-
nir Tvnion que {âin£l Paul a mife en ce palFa-
ge, laquelle aufsi fe trouue par toute l'Efcntu
re fainfte.Or maintenat pour taire vne bricfue
conclulion , auifous quelle procédure il nous
faut ici tenir. Quand nous.enqueronsde no-
ftre ialut, il ne faut point que nous commen-
cions par ce bout , pour dire , Sommes-nous '
eleusou non? Ncnni;car iainaisnousne pour-
rons monter li haut , &nous ferions confus
cent mille fois & esblouis en nos fens, deuant
que pouuoir approcher duconi'eil tftroitde
Dieu. Comment donc y faut-il aller ? Que
nous efcoutions ce qui nous eftdit enl'Euan»
gile:&: quand Dieu nous a fait la grâce de re-
ceuoir la promeflc qu'il nous offie , fçachons
que c'ert autant côme s'il nous auoit dcfployé
(on cœur , & qu'il euftenregillré en nos con-
fciences noftreckttion. Voila donc comme il
nous faut eftre ccrtiiiez.que Dieu nous a ado-
ptez pour fes enfans, & q l'héritage du Royau
me des cieux nous eft infallible, d'autint (di-
ceque l'Efcriture nous monflre.c'eft afçauoir
quand Dieu nous donne la foy , que ce n'eft ic)que nous fommes appelez en lefus Chrift.
point à nouide receuoir l'Euangile .fînond' Comment pourrons-nous cogno lire cela.?
autant qu'il nous a difpofez par fon fainct E- Comment ferons-nous arreftez à ladoftrine
fprit.Caril ne fuftît point que nous ayons les que Dieu nous met deuant les yeux ? Il taut
aurcillesbatues de la voixd'vnhômc, cefera quant & quant pour bien magmfiei la grâce
vu fon qui s'efuanouira en l'air, lînô que Dieu
bcfongnc là dedans, & qu'il parle à nous d'v-
ne façon fecrette par fon faïutt El'prit. Voila
de Dieu, cognoiflre que nous n'y pouuons
rien apporter de noftre codé, & que nous de-
uons eftre du tout anéantis , afin de ne point
qu'a l'autre ? iaina LUC nous le monitre, pele
iiifant, Que ceux qui eftoyent ordonnez à fa- nous auoit eleus deuant la création du monde,
lut.ont crcu au fermon de S.Paul. Voila beau- Or il eft vray que ce font letres clofes que ce-
coup d'auditeurs ,& il n'yenaqu'vne partie ftc élection de Dieu,voireànous,d'autânt que
qui reçoyue la promeflc de falut.Et quelle eft elle confifte en foy Se en ù nature : mais nous
ccfte partie-la î Ceux qui eftoyent ordonnez y pouuons lire, pource que Dieu nous, en rend
à fakit, dit faina Luc . Faut-il plus difputer là tefmoignage quand il nous appelle à foy par
delPus ? Et puis S.Paul au piemier des Ephe
fîens en traitte (i à plein, qu'il faut bié que les
ennemis de la prcdeltinationde Dieu foyent
du tout hebetez,& que le diable leur ait creué
les yeux, & qu'ils foyent comme defpourueus
de raifon, voire enforcclez du tout , quand ils
ne voyent goutte à vne chofe fi euidente. Car
S.Pauliiit q Dieu nous a appelez,& qu'il nous
a fait participansdesgrans threfors >3crichef-
la cognoiflànce de l'Euangile ,& parla toy:
alors nous en auons côme vn double.Car tout
aiufi que l'original, ou le prothocole ne dero-
gue point à la Ictrcou à rin,flrument qui fer.t
leué,mais pluftoft c'en eft vne approbation, &
mefmes on ne s'en ira point enquérir du pro-
thocole quand oh aura l'inftrumcnt authcnti-
qiie:ainlî faut-il que nous foyons afleurezde
noftre elcdion. Car quand Dieu nous certifie
fes infinies qu'il nous a apportées par noitre par l'Euagile qu'il nous tient pour [es enfant.
Seigneur Icfus Chrift.Et comment? SelonCdit
il)qu'il nous auoit elcus deuant la création du
monde. SainQ Paul traittant delà foy, nous ra
mené à ce principe qui eft plus haut , à cefte
caufc première, & à lavraye fourcede noftre
Ialut, c'cft cefte bonté gratuite dôt dcfia nous
auons allez traitté. Quand donc nous dilons
que nous fommes appelez à Ialut, &afleurcz
«i'iceluy.d'autât que Dieu nous a dôné la foy,
voila des letres allez authentiques qui iont
(îgnees du faiig de noftre Seigneur Icius
Chrift,& feellecs par fon faind Efprit.Qnand
nous auons cela, n'auons-nous point de quoy
nous contenter ? Or maintenant (comme l'ay
dilatant s'en faut qucl'clettionde Dieu con-
tieuieneà cela.qu'elle ratifie beaucoup mieux
le tcûnoignage que nousauons en l'Euangile.
Non point qiul nouifj.iUc aller feuilleter le
pjoth oc
s vu LA, II. A TIMOTH.
protlioeole & le regiftre de Dieu , conyne s'il
yanoit quelque doute : nous auons l'inftru-
ment qui eft infallible:que voulôs-nous plus?
Ne fera-ce point \a. témérité & arrogance
de dire plus. Qui eil-ce qui montera par def-
fus les nues , quand nous auons la parole en
noftre boucte & en «oflre coeur? ( comme dit
Veu.xo, Moyfe) Vray eft que iî on penfoit qu'vn in-
,i, ' ' ûriimentne fuft pat tiré du vray regiftre de
fon original, alors on le reuoqueroit en dou-
termais quand la chofe eft toute certaine.que
faut-il plus ? Autant en eft-il qu'il ne nous
faut point douter que Dieu ne nous ait cnre-
giftrez deuant la création du monde au rang
de fes eleus & de fes enfans : mais il s'eft re-
ferué cela par deoers foy. Cependant nous a-
uons letreg patentes de noftre falut , nous en
auons vn inftrumentaflczcertain.commc fay
defiadeclaré. Il y a encore; plus.c'eft de touf
iours venir à noftre Seigneur lefiis Chrift,
quand il eftqueftion de noftre elcdion : car
fans luy(commenousauonTmonftré)nous ne
pourrons approcher de Dieu. Et aulsi quand
on parlera de fon décret , nous ferons efton-
nez comme coulpables de mort : mais ayans
Itfus Chrift pour conduite, notis pourrons
nous efiouir hardiment , fçachins qu'il a aflcz
de dignité en foy pour rendre tous fes mem-
bres agréables à Dieu fon Père, qu'il fuffit que
nous foyons entez en fon corps , que nous
foyons vnis à luy. Voila donc comme nous a-
uonsà méditer ce ftedoftnne, fi nous en vou-
lons bien faire noftre profit , fuyuant ce qui
nous eft ici monftré par lama: Paul . Il dit que
cefte grâce de fahic nous a efté donnée. Et
comment? Deuant nul ffm()j,dit-il.Il nous faut
paffer par defllis tout ordre de nature , quand
il eft queftion de fç.iuoir comme nous fommes
fauuez,& de quelle caufe.S: dot cela procède.
Au refte, cognoiflons q Dieu ne nous a point
voulu laifTer en fufpens , & qu'il ne nous a
point caché fon confeil pour ne fçauoir com-
me il va de noftre falut, mais il nous a appelez
à foy,non feulement quand l'Euangile nous a
efté prefché,car cela ne fiifhroit pas, mais il a
fcellé en nos cœurs le tcfm jignage de fa bon
té & de fon amour paternelle . A'nfi donc,
quand nous auons vne telle certitude , qu'en
premier lieu nous glorifions Dieu de ce qu'il
nous ^ appelé? par fa milericorde gratuite : &
au rcfte.quenous foyons appuyez fur noftre
Seigneur lefus. Chrift, & que nous fçachions
qu'il ne pousa point fruftrez quand ilnous a
fait prononcer qu'il s'eftoit donné à nous, &
niefmes que cela nous a efté teftifié par le
fainû Efprit.Car la foy nous eft(comme i'ay
défia dit)vne marque infalbble que Dieu no'
tient pour fes enfans : & de là nous fommes
aufsi conduits à l'eleftion éternelle . Et pour-
quoyJDieu nous a appelez ( dit fainftPaul au
premier chapitre des Ephcfi^ns ) ftlon qu'il
npus aiioit eleus auparanant . Il ne dit pas que
î^içunpuS-auoit eleus,pource que nous auons
5f7
ouy l'Euangile : mais aucontraire il attribue
la toy qui nous eft donnée à cefte caufe fou-
ueraine.c'eft que Dieu nous auoit défia refer-<
uez pour nous fauuer.voyant que nouseftions
perdus &ruincz en Adam. Au rtfte, notons que
fainift Paul ne parle ici que des fidèles. Car il
y a des badins qui pour esblouir les yeux des
ignorans & de leurs femblables , voudroycnt
ici cauiller, que la grâce de falut nous a elle
donnée , pource que Dieu a ordonné que fon
Fils foit Rédempteur du genre humain , mais
que cela eft commun à tous,& indiffèrent. Or
fainû Paul a parlé d'vne telle façon, qu'on ne
peut pas par telles glofes &li puériles corrora
pre la dodrine .Car notamment il auoit dit
auparauant , que Dieu nous a fauuez. Cela fc
rapporte-il en gênerai à tous, & fans exce-
ption? Nenniiil n'eft queftion qiiedes fidèles.
Apres, fainû Paul auoit-il a^>pe!é tout le mon
de ? Les vns eftoycnt appelez par la prédica-
tion: mais cependant ils s'eftoyent rendus in-
dignes de ce falut qui leur eftoit offert . Lei
voila donc reprouuez. Les autres, Dieu les a-
uoit laiflèz en leur incrédulité , que iamais !!*■
auoyent cuy anoncer motde l'Euangile.Ain-
fi donc fainû Paul notamment& parefpecial
s'addrefle à ceux que Dieu auoit choifis& re-
feruez àfoy . Et ainfî, retenons que iamais la
bonté de Dieu n'aura fon vray luftre pour e-
ftre honorée comme elle mérite, fînonquc
nous cognoifsions que Dieu n'a point voulu
que nous foyons demeurez en la perdition
commune du genre humain ,en laquelle il a
laifle ceux qui eftoyent femblables à nous, Se
aufquels nous ne différions en rien, comme n'
eftans point meilleurs qu'eux : mais il luy a
femblé bon ainfi. Il faut donc que toute bou-
che foitici clofe,que les hommes ne prcfn-
ment point de fe rien attribuer : & cependant
que nous ayons les bouches ouuertes pour
louer Dieu , en confeflànt que nous luyde-
uons tout ce qui eft de noftre falut . Voila en
fomme ce que nous auons à retenir. Orcepea
dant notons bien les autres mots dont fainft
Paul vfe ici. Il eft vray qu'en fomme il entend
ce que dclra nous auons déclaré , d'autant que
l'eleûiondeDieunenous feroit point profi-
table ,& qu'elle ne paruiendroit point iuf-
ques à nous,fiuon qu'elle nous fuft cognue, &
que nous ladeuôs cognoiftre parle moyen de
l'Euangilerpour celle caufe Dieu nous a vou-
lu manifefter ce qu'il tenoit Comme fccretcn
foy de tout temps . Mais il entrelace' aufsi
pour mieux exprimer fonintention, que cefte
grâce nous a efté maintenant reuelee.Et com
ment î f-n rapparition de mflre Seigneur leftti.
Quand il dit que cefte grâce nous eft reuelce
en l'apparition de lefus Chrift, il monltre
( comme défia nous auons touche ) que nous
ferions par trop ingrats fi nous ne pouuions
auoir contentement iJ.: repos quand le Fils de
Dieu fe donne à nous. Et que demandons-
iious plus?Quand nous pourrions monter par
y.iii.
5îS
SERMON V.
defliis les nues , & que nous pourrions fonder
les fecrets- de Dieu les plus profonds ,1a fin
quelle fera-elle? IsPeft-ce pointde cognoiftre
que nous rommesfes enfans & héritiers? Or
cela no»s eft allez cognu &manifcfteen le-
fus Chnft.Car il eft dit que tous ceux qui croi
ront en luy, louiront de ce priuilege , d'eftre
Iraifl.lt f^its cnfans de Dieu. Il ne faut point donc dé-
cliner tant peu que ce foit de lefus Chrift, lî
nous voulons eftre bien certifiez de noftre e-
Jedion . Or il eft vray que délia fainct Paul
' nous auoit monflré comme nous n'auionsia-
mais elle aimez de Dieu, ni eleus, qu'en la per
fonnede fon Fils vnique: mais il en fait main-
tenant vne cxprefsionplusample,quand ildit
que Icfus Chrift nous eftant apparu nous a re-
nde la vie , qui autrement nous teroit inco-
gnue, il nous a prefcnté la grâce de Dieu , de
laquelle autrement nous eftions eflôgnez , que
il nous a tellement appriuoifez à Dieu , que
nous fçauons quel efl fon conleil eterncl.voi-
re fans nous enquérir outre mefure de ce qui
ne nous efl point licite. Car quand Dieu nous
énfcigne de fa propre bouche, il ne faut point
que nous prefumions d'ailer trop auant.com-
meceux qui ne cheminent point en obeiflan-
ce:c'eft vne prefimption fi les hommes atten
tentde plus fçaiioir qie Dieu ne leur permet.
Mais quand noi:^ chemipcrôs en toute fobrie-
té Se reuerence fous Pobeiffance de noftre
Dieu,cfcoutans & rcceuans ce qu'il prononce
en rEfcriturefainfte, ( comme l'ay défia dit)
le chemin nous fera tout drefle . Voici donc
fainfl: Paul qui nous dit maintenant que le Fils
de Dieu cft.mt apparu au mode, nous a ouuert
les yeux , que nous cognoiflons que la grâce
nous a elle faite deuant la création du monde,
d'eftre reccHS pniir enfans de Dieu , & luy e-
ftre agréables, d'elhe reputez iuftes.tellement
qu'il ne nous faut point douter que l'héritage
ne nous foit appreftc au Royaume celefte,non
point q nous ayons cela par nos mérites , mais
d'autant que léfus Chrifî en a le droia,& qu'il
neus l'a cômuniqué . Or quand il eft ici parlé
de l'apparitiô de lefus Cbrift.il nous faut rap-
porter cela à i'Euangile, pource que fainâ
Paul conclud finalement , qu'il a mis la vie &
l'immortalité en lumière pat I'Euangile . Car
comment eft-ce que lefus Chrift nous eft ap-
paru?Comme il apparoift tous les iours. Mais
cependant iî eft-ce que l'aintl Paul n'a pas vou
lu obfcurcir les chofesque l'Efcriture nous
met au deuant pour nous certifier que nous a-
uons falut en lefus Chrift.Iln'eft pas dit feu-
lement en vn mot, que lefus Chrift eft noftre
Sauueur, qu'il a ifté enuoyé comme lieutenant
de Dieu fon Pere.Quoy donc?Il eft dit, qu'il
oous eft enuoyé comme Moyenrcm- , lequel
nous a réconciliez par le ficrificède fa mort:
îl nous eft enuoyé comme l'.tgneau fmsni.T-
cule pour nous purger, &• pour faire fatisfa^
ïlion de toutes nos dettes: il cftnoftiç pleige
-afin de nous deliurcrde la condamnation dfc
mort en laquelle nous eftions: il eft noftre iu«
ftice. noftre Aduocat qui iiucraedeen noftre
nom,& qui fera que nos prières foyent exau-
cée-, de Dieu,qu'il eft le lien de concorde en.»
tre Dieu & nous, comme celuy qui nous a ac-
quis ce qui ne nous appartient point de natu-
re. Il fautdonques attribuer toutes ces quali-
tC2-la à lefus Chrift,fi nous voulons bien l'ça-
uoir comme ilcftapparu. Carde prendre fim-
plement ce mot d'Euangile , & ne regarder
point la fubftance qui eft là contenue , ce fe-
roit tout peruertir.Et de faift,nous ferons le-'
fus Chrift comme vn phatofme, fi nous difons
qu'il cftapparu pour nous eftre Sauueur,&que
on ne face nulle mention ne mémoire de ce
qu'il a enduré pour noftre falut , 3^ qu'on ne
parle point comme nous auons efté réconci-
liez à Dieu fon Père par fon moyen , comme
nous auôs efté purgez de toutes nos macules,
que nous auons efté rachetez de l'obligation
de mort éternelle. Si cela ne nous eft dit, que
fera-cerSi nous ne fç.îuôs que lefu Chrift tft
noftre Aduocat, &: qu'il porte la parole quand
nous auons à prier Dieu.afin q nous ne foyôs
point repouflez,que de«iendions-nout?Q_uel
le fiance y aura-il plus d'inuoquer le nom de
Dieu, qui eft la forterefle de falut, comme l'E-
fcriture en parle? Notons bien dorques,quad
laisft Paul dit que lefus Chrift eft apparu, que
il entend en premier lieu, qu'il a accompli tou
tes les chofes qui cftoyent requifes à la rcdem
ption du genre humain. Mais ccpédant il nous
a notifié la vertu de cefte clarté qni nous eft
apparue en fa refurreftion, afin q nonsfoyons
participans d'vn tel bénéfice. t< q nous en puif
fions ioiiir.Or fi l'Euâgile eftoit oitc.que no'
profiteroit-il que le Fils de Dieu euft enduré
vne mort fi amere , & qu'il fuft reflufcité au
troifîeme iour ? Tout cela nous feroit inutile.
L'Euangiledonques nous met en peflcfsion
des biens que lefus Chrift nous a apportez , &
qu'il nous a acquis. Et pourtat,fiauioBrd^hiiy
il nous eft abfcnt de corps , qu'il ne con\ierfe
point ici basauec nous, ne penfons point qna
ftre condition en foit pircrce nVft pas qu'il fe
foit retiré côme s'il nous le faloit cercher, &
qne nous ne le puifsions trouner. Car le folcil
qui nous Iiiit.n'cfclaire pas pins le monde, que'
lefus Chrift fc môftre cnidemment à ceux qui'
ont les ycnx de fa foy pour le regaider, quand'
l'Euâè'Ie fe prcfche. Et voila pourquoy fainû-
Paul oirtrc le motd'Apparitioh , dit que lefiiS'
Chrift i mis ih (t^.rté l.Tyie^voire h viefeitriot'
tellelMaisafin que nous tffouuiôsaux propres^
mots de fainô Paul tout ce que?ay dit.not^s'
bien ?;fiiynons le côtcnode ce paflàge.'lldir
q le Fils de Dit ii a dt ftruit la mort.Etcômenr
l'a-il dcftrili.te ? S'il n'auoit offert le ficrificé
éternel ponrappaiftfl*iiedeDi("u, s'il n'cftoit
entré iufqKcs aux abyfmes .ifin de nous en re-.i
tirer,. s'il n'auoit pi-in<f noftre mafcditTi'('in fur
f^v.afin de no'il'rcri defcîiarger, 3? qu'il n'euff
ofté k farde^nfbus kqud nous cftioïisconVi
JBC
SVR LA II. A TIMOTH
3f5
We accablez , qne feroit-ce ? La mort Teroit-
elle deftruitef Or le péché domineroit du tout
en nous , la mort y auroit fon règne quant &
quant. Et de faift.qiiVn chacun entre enfoy,
rous trouuerons que nous femmes efclaucs
de Satan, qui eft le prince de mort. Nous voila
donques enclos en cefte milerable leruitude,
finon que le diable, le péché Se la mort foyent
deftruits de Dieu. Et cela fe fait , mais com-
ment.'D'autant que par le ûng de noftre Sei-
gneur lefus Chrilt il a etfacé toutes nos ma-
cules.Combien donques que nous foyons po-
ures pécheurs, & que par ce moyen nous foy-
ons redeuables au lugenient de Dieu, tant y a
que le péché ne nous peut nuire ,que l'aiguillô
où eft le venin, eft tellement rebouché, qu'il ne
rous peut picquer , d'autant que lefus Chrift
ena eu la viftoire. Car il n'a pas fou/Fert en
vain.l'effufion defonlâng n'eft point tombée
à terre, ni à l'auentare , mais c'a efté vn laue-
ment duquel nous auons efté arroufez par le
- r/^r.l. 'aintl Efprit, comme fainû Pierre le monlHe.
Amfi dôques nous voyons bien que fainft Paul
''■■' traittant de l'Euangile auquel lefus Chrill
nous efl apparu , & nous apparoift iournelle-
ment , ne met pas en oubli fa mort & palsion,
& toutes les chofes qui appartienent aa falut
du genre humain. Il nous faut donques noter
-ces deux chofes:c'eft qu'en la perfonne de no
ftre Seigneur Icl'us Chrift nous auons tout ce
que nous deuons defîrcr, nous auons pleine Se
parfaite fiance de la bonté de Dieu , & de fon
amour qu'il nous porte. Pourquoy ? Voyons-
nous que nos péchez nous feparent d'auec
Dieu , &qu"ils foyent caufe de guerre & d'i-
nimitié mortellerNous auons l'appointement
en noftre Seigneur lefus Chrift. Pourquoyfll
a efpandu fon fang afin de nous lauer de tou-
tes nos macules , il a offert vn facritîce par le-
quel Dieu eft réconcilié auec nous, il a faitle
■payement de toutes nos dettes:brief,il a ané-
anti la malediûion afin qu'auiouid'huy nous
foyons bénis de Dieu. Et puis il a vaincu la
mort.&a triomphé fur icelie afin de nous de-
liurer de fa tyrannie, quieftoitpour nous ac-
cabler du tout: il a eu vne vertu pour tout fur-
monter.Ainli donques nous voyons toutes les
chofes qui appartienent à noftre falut.aùoif
efté accomplies en noftre Seigneur lefus
Chrift. Là deflus pour entrer en poflefsion de
tous les biens, notonsque tous les iours il nous
apparoift par fon Euangile. Il e(t vray qu'il
habite en fa gloire celefte.nous ne le verrons
point ici d'vne façon vifible,& en cefte vie ter
Tienne: mais tant y a qu'il ne s'eft point voulu
eftongncr de nous , &: ne faut point que nous
facions de longs circuits pour le chercher.ou-
Hrons les yeux de la foy ,& nous verrons com-
me il fe manifcfte à nous. Et ainiî maintenant
nous auons au texte de fainft Paul tout ce que
i'ay touché. Et pourtant apprenons de ne
point feparer ce que le fatott Efprit a con-
joint. Aurefte.nocons que fainèt Paul a ici
par comparaifon voulu amplifier la grâce que
Dieu 4 monftree au monde depuis la venue
de noftre Seigneur lefus Chrift : comme s'il
diloitque les Pères anciens n'ont point eu
ceftauantage , que lefus Chrift leur foit ap-
paru comme à nous. Vray eft qu'ils ont eu
vne mefme foy : & aufsi l'héritage des cieuK
leur eft commun,d'autant queDieuleura re-
celé fa grâce comme à nous , mais non pas en
telle mefure. Car ils ont regardé lefus Chrift
de loin, &en ombrage, (ainfi que dit fainft
Paul en la féconde aux Corinthiens troifîcme
chapitre , verfet 14. ) fous les figures de la
Loy:il y tuoit le voile du temple qui cftoitcn-
cores tendu , tellement que les luifs ne pou-
uoyent approcher du fanâuaire , voire mate»
riel. Mais auiourd'huy que le voile du temple
eft rompu , nous approchons de la maieftédc
noftre Dieu , nous venons iufques au ciel â<jec
pleine priuauté: &puis quant & quant nbus
auons l'image viue de Dieu en laquelle habite
toute perfedionde gloire : brief, nous auons
Je corps, au lieu que les Pères ont eu l'ombre
tant feulement , comme fainft Paid en parle
aux Colofsiens fécond chapitrcverfet 17. Oir
par cela nous fonimcs admonefttz que fi les
Pères anciens ont eu cefte fermeté & cezelc
inuincible, de perfifter aux affligions du Filj
de Dieu , combien qu'encore* il ne fuft pumt
reuelé au monde , qii'auiourd'huy il faut que
nous foyons enflambez d'vne plus grande ai -
deur,ou noftre lafcheté fera trop vileine. Voi-
la donques les Pères anciens qui fe font plei-
nement rangez à porter les affîidions de le-
fus Chrift: (comme il en eft parlé en l'onziè-
me de l'Epiftre auxHebrieux)car il n'eft point
dit que Moyie ait porté l'opprobre de fon pc
re Abraham, mais de lefus Chrift. Voila don-
que^comnTe les Pères anciens,combicn qu'ils
ayent vefcu fous les ombres obfcurcs.de la
Loy , a eft-ce neantmoins qu'ils fe font pre-
fentez à Dieu en facrifice pour porter en tou-
te patience les affligions de Chrift. Or main,
tcnat que lefusChrift eft reffufcité des morts,
& qu'il nous a mis la vie en clarté, que deuons
nous faire ? Si nous fommes tant ddicats que
nous ne puifsions porter les affliélions de l'E-
,uâgile,nefommes-ncJus pas dignes d'cftre ra-
clez du papife'r de Dieu,& qu'il nous dela-
uoue? Et ainfi notons bien que nou'; dcuotis
eftre tant plus encouragez auec vne confian-
ce de foy, pour endurer au nom de lefusChrift
ce que Dieu voudra,voire d'autant que la vie
nous eft mifc deuant les yeux , que, nous en
auôs vne cognoifïànc^ plus prochaine S: plus
familière que n'ont pas eu les Peies anciens.
Ôr làdelTus regardons ce qui eft dit par l'A-
poftreen l'Epiftre auxHcbrieux. Si nous li- jj,J- .jï
fons comme les Pères anciens n'ont iamais ,, ' "
fléchi ,& qu'ils ont eu vne vertu admirable,
nous ferons contraints d'eftre rauis enefton-
nement . Nous fçauons comme ils ont efté
tourmentez des tyrans & ennemis de la ve-«
Y.iiii.
3«fo
SERMON VI.
Tité , Se comme ils ont tous conftamment en-
duré: k condition de TEglife n'eft pas âuiour-
d'hiiy plus dure ne plus facheufe à porter que
elle eftoit adonc.Puis qu'ainfî eit,terons-nous
difficulté de marcher après lefus Chrift , qui
nous a monftré le cheraiD?Mais afin que nous
ne foyons point lafches ne trop froids, no-
tons bien qu'il dit que lefus Chrift nous a mis
la vie& Timmortalité en lumière par TEuan-
giletque toutes fois &quates qu'on nous pref
«hedela grâce deDieu.c'eft autant comme fi
leRoyaumedes cieiixnous eftoit ouucrt , lî
Dieu nous tendoit la main , & qu'il nous cer-
«ifiaft que la vie nous eft prochaine , & qu'il
BOUS veut faire participans de fon héritage
celefte.Et cela nous eft diî,pource que iufques
à ce que nous ayons veu lefus Chrift, nous ele
uanten haut auec luy pour nous mener àvne
vie certaine, nous-nous arrefterons toufiours
à cefte vie prefente, nous voudrons demeurer
au monde , & ce fera par force quand on nous
en tirera. Mais quand nous regarderons à ce-
flevie qui nous a efté acquife par noftre Sei-
gneur lefus Chrill, il ne nous couftera riendc
quitter tout ce qui nous peut retenir ici bas,
yourafpirer là haut au ciel. Etainfidonquoi
que nousne foyons point aueugles volontai-
res quand lefus Chrift loiirnellement nous
propofe la vie & l'immortalité dont il eft ici
parlé. Et notons bien quand faind Paul parle
de la vie , & qu'il adioufte l'immortalité , que
c'eft autant comme s'il difoit que nous en-
trons défia au Royaume de Dieu parfoy.'com
bien que nou^ foyons comme eftrangers ici
bas ,& qu'il fembiw' qu'il n'y ait que mort&
malediiiion en nous , que toutesfois la vie &
& la grâce qui nous eft communiquée par no-
ftre Seigneur lefuïChrift.apportera fon fruift
en temps opportun, c'eft afçauoirquand.il fera
enuoyé derechef de Dieu fon Père pour nous
monftrer l'efFeft des chofes qui nous font
iournellement prefchees,& qui ont efté accom
plies en fa perfonne , cependant qu'ilaveftu
noltrc nature humaine.
OR nous-nous profternerons deuant lu
race de noftre bon Dieu en cognoillànce de
nos fautes, le prians qu'il luy plaife nous faire
tellement fentir nos pourctez , que nousne
foyons plus fi prefomptueux de nous attri-
buer nulle gloire, mais cognoiflàns que nous
femmes puans Si deteftables deuant luy en'no
ftre nature, que nous venions chercher toute
la caufe de noftre falut en fon propos,& en ce
conftil lequel nous a efté reuelé par la co-
gnoillànce qu'il nous a faite de fa grace,quâd
il nous a appelez àfonEuangile: & qu'il nous
face aufsi ce bien que nous puifsions nous ad-
drefler a noftre Seigneur lefus Chrift, & nous
repoferdu tout fur luy , nous appuyer fur la
rédemption qu'il nous a acquife, afin d'eftre
auouez pour enfans de Dieu, pour eftre parti-
cipans de l'héritage de vie quand nous aurons
bataillé en ce monde. Et d'autant qu''il luy
plaift que nous foyons alTaillis de Satan, 5: de
tant d'ennemis , tant domeftiques qu'eftran-
gers, qu'il nous donne vertu pour Ibuftenir
leurs combats,& que iamais il ne nous aduienc
de nous lafler , iufques à ce que nous ayons a-
cheué noftre courfe, & que nous foyons parue
nus en ce repos auquel nous fommes iournel-
lement conuiez. Ôue non feulement il nous
face cefte grace,mais àtous peuples Si nations
de la terre, &c.
SIXIEME SERMON SVR
MIER CHAPITRE.
LE P R Ë-
13 Aye U pro^e forme de s faine s paroles , ïejqueîîes tu as ouyes
âe moy enfoy ç^r charité qui ejî en lefus Chrijl.
14 Gardekbondepofi^uit'eft commis parle fainSiEfpritciui
habite en nous. ' "' ^
Ource que Satan fçait bien
I que la vie de nos âmes côn-
lifte en la pure doftrine de
Dieu.voila pourquoy il s'ef-
force tant de nous en priu»r:
& quand ri ne peut conuertir
la nourriture en poifon,il taf
the de la corrompre en la defguil'ànt en forte
qu'on n'en eft pasdroitement repeu comme il
feroit requis. Vray eftquetoufiourslediablc
fc raonftre père de menfonge , corrompant la
vérité de Dieu tant qu'il luy eft pofviblermaip
il ha diuers moyens pour ce taire. Car fi Dieu
luy lafche la bride, ilperuertit tout,& fallîfie:
c5me nous voyôi qu'il en eft aduenu en la Pa-
pauté,que les chofes font là fi lourdes & fi ex-
orbitantes , qu'on voit bien que Satan a eu la
bride auallee,& que c'a efté vue horrible vén-
gence de Dieu, de ce qu'il a permis que le mô
de fuft ainfi aueuglé du tout, & defpounieu de
fens &de raifon: car la façon qu'on tient fous
le Papcjcft fi brutale , que les pctis enfans en
jiour
SVRLAIL ATIMOTH.
pourroyent eftrc iuges. Orcant y a <jue les
plus lages y fontabiife2:inais (cômei'ay
touchOc'eft que Dieudonnclicenceà S
delîa
Sacan,
àcaulcdes pecliezdu inonde, quand on eltain
fi abruti. Or fi le diable voit qu'il ne puifle du
tout anéantir la bonne doftrine, & la conuer-
lir en meiifonge , il la defguifera par quelque
artifice , tellement qu'on ne lacognoillplus,
cen'eft pas la vraye pafture, pure & naifue:
comme lî on alloit mcfler quelques Taupic-
quetsfur des viandes qui en feiflènt peidre
Je gouft, que cela reflemblaftplus eftre terre,
qu'auoir quelqiïe faueurrainfi le diable en vfe-
ilde la pure dofbrine:quand il ne la peut anean
tir du tout(comnie délia l'ay touché)il la de-
ftourne à fa guife.Pour cefte caufe fainft Paul
dit ici à Tiniothce , Q»''/ gar,{e la propre for-
me &• la facond'tnfeigntr ijit'il anoit ouye de
liiy Le mot qui eftici couché, emporte autant
conmie vn pourtraift tiré au vif. Sainû Paul
donques ne fe côtente pas feulement que Ti-
motnee garde la fubftance de ce qu'il auoit
apprins.mais il veut qu'il fuyue les traifts.qUe
il y ait vn certain ftyle pour dire, Voila com-
me l'Euangile a eflé prefché en fa pureté, il
n'y a nul changement, nous fuyuons toufîours
vn fil continuel, oncognoift^uec'eftcé qui a
toufiours eftéouy. Mais voyons maintenant
qu'emporte cefte fentencede fainû Paul.c'elt
afçàuoii' que Timothee fuyue toufiours le
ilyle & façon d'enleigner, fan'; aucune varie-
té , comme du premier coup il auoit entendu
de faind Paul. Voila pour vn item. Orcepcn-
dant ("cachons que ceci n'a point feulement
efté dit pour vn temps , mais que le fainft E-
fprit a voulu monftrer comme nous auonsà
nous maintenir en i'efperance de falut , c'cft
afçauûir<juând la doftrinede Dieu fera bien
conferuee en fa pureté naifue, qu'on ne la fal-
(îfiera point en façon que ce (oit, qu'elle ne
fera point desfiguree par inuention'. eltran-
ges, mais qu'on cognoiltra , Voila l'Euangile
tel qu'il a efté publié par les Apoftres. Mais
afin que nous retenions mieux cefte admoni-
tion , penfons à ce que l'ay dit : car il y en a
bien peu qui cognoiflcn: que la parole de
Dieu foit la pafture de leurs âmes : non point
que chacun ne le confeflè de bouche, mais ce-
pendant nous n'y penfons çu'.'res.Et de faift,
nous aurons vn grand fouci pour noftre boi-
re & pour noftre manger. Si vn homme voit
qu'on luy vueille rauir fondifner,il mettra la
main à l'tfpee : & cependant , s'ileft queftion
de la doftrine de vie , que nous voyons mani-
fcftrcment que le diable la voudroit empcifon
ûer, ou bien qu'il nous priuc de ce qui eftoit
pour nous entretenir au royaume de Dieu , il
ne nous en chaut:hous fouffrirons les faux-
prophetes &fedufteurs,mefmes ils feront les
bien venus entre nous, 8: nous l'auons veu.N'a
nons-nous point ici apperceu que ces met'-
chans hérétiques ont trouué des amis, comme
i'ils eufTcnt efté leurs coufins germains, qu'on
leura applaudi?£t qui?Ceux q«f font femôlant
d'eftre àFEiungile. Or tant y a quclachofe
eft toute notoire que fe diable les fufcitoit a-
finde nous faire pis que s'il uous coupoit les
gorges. Ainlînous voyons qu'il v en a bien
peu qui fçachent garder ce que dit ici fainci
Pauhcar iJsne cognoiffent point aufsilanc-
cefsite qu'ils ont de cefte admoj^ition. (>u«
faut-il dorques? En premierlieu cognoiJibns
que les poures âmes n'ont nulle vie fînon d'au
tant qu'elles la reçoiuent par la parole de
Dieu : & comme noftre Seigneur nous retiie
delà mort par ce moyen-la,aufsi il nous con-
ferue en I'efperance de falut, & nous y forti-
fie iourncllement. Brief , comme nousauons
befoin d'eltre fubftantez quant au corps , de
pain &de viande , aufsi faut-il que nos âmes
foyent entretenues par la parole de Dieu , &
par la pure doftrine de l'Efcriture fainfte.
Puis qu'ainfi eft que nous fommes eftonnez
quand nous-nous trouuons priuezdu boire Se
du manger, que nous penfions à ce qui nous
doit eftre beaucoup plus excellent : car noî
âmes font plusprecieufes que nos corps. Et là
deflus cognoiflons les aftuces dé Satan, (com-
me l'ay dcfîa dit) qu'il ne cefle ( comme c'eft
fon office, & fon propre naturel) de tout de-
prauer, & conuertir la clarté en ténèbres, que
s'il luy eft pofsible,il nous abbruuera de fes
menfonges, que tout fera rempli d^rreurs, &
cefontautant de poifons mortelles. Puis que-
ainfi eft que .Satan veille ainfi ftir nous, & que
il fiifcite toufiours quelque picque pournou»
deftournerdela pure vérité de Dieu, que nous
foyons de noftre cofté vigilans , que nous fa—
cions bon guet. Orce n'eft point encores af^
fez : mais que nous foyons prudens , afin que
fi on nous veut introduire quelque doftrine
fauuage , encores qu'elle ne tuft pas du tout
mauuaife,& qu'on n'appereeuft pas qu'elle
fuft direâement contraire à l'Efcriture (àin-
<Se , toutesfois fi nous voyons qu'il y ait vne
efpecede defguifement, que ce foit comme v-
ne façon baftarde, que nous repoul'sions cela,
fçachans que la vérité de Dieu doit eftre te-
nue en fon naturel , ftns qu'on y change rien
qui foit. Voila donques comme nous auons à
prattiquer cefte admonition que donne ici
fainft Paul. La chofe fera encores mieux en-
tendue par exemple. Nous fçauons comme
noftre Seigneur nous appelle à loy. Or fi on
nonspropofe quelque doftrine toUtedinerfe
à ce qui nous eft monftré par la Loy & PE -
uangile , il rions faut reictter cela comme pe-
fte mortelle , fçachans bien que c'eft le diable
qui veut meurtrir nos âmes : mais encore*
quand on y viendra comme par delTous terre,
& er. cachettcpar moyens fubtiU Si obliques,
neperucrtifîànt point du tout l'Enargilcmais
en mettant quelque chof ■ moyenne pour na-
ger entre deux eaux , il faut auAi qu'en ceft
endroit nous ayons difcretion de nous gar-
der,Pourquoy f Nous ferons tout csbahis que
Z.i.
3^2
SER M ON: IV .-IJ ;'
la bonne /emence fera eftoitffee.la bonne viau
de fera comme fade -, & aura perdu ion goii 11,
tellement que nous n'en ferons point repeus.
Eî nous auons.veu tous les. Jl'ux de noftre
j.CoMi. tcmps:& plçurtà Dieu que ce t'uil lafîn.Mais
J*. quoy ? Dieu veut efprouuernoftre foy parce
moyen , comme iamd Paul dit qiril faut que
■ il y ait des fcdes,afin que ceux qui ont cliemi-
,né droitement, foyeut cognu'i i3l approiiucz
■ quand ils auront tenu bon,& qu'ils auront pei-
iiltc conftammenc fans flécha'. Mais on verra
auiourd''iuiy ecsc.iphars, qui tafchent de met-
tre Ibus le pied toute bonne dodrine:& ccux-
Ja y vont à bride auallee, qu'ils combatent fu-
ritulcmeiu contre toute la parole de Dieu. On
en verra de li volages , que ti auiourd'huy ils
ont receù l''Euangiie,demain ils en feront de-
ft^iurnez.Et pourqiioy? Car ils n'ont point eu
de racine. De noftre part, il nous faut cognoi-
itte reflicace de Satan, & que la vérité deDieu
ne- nous férue pâï feulement de nourriture,
mais que nous enloyons armez pourpouuoir
relîfter à ce qie Satan machinera pour nous
en dinertir. Voila vn item. Or on verra d'au-
tres gens quint feront pas protelsion mani-
1-cite de maintenir la Papauté , mais ilv iront
entre deux : comme nous auons veu ceft Inté-
rim diabolique de nofbre temps , qui a eflé mis
caauaut. Et pourquoy? Pour donner couleur
& couuerture aux abominations qui ne font
rullement toler-ibles. Et puis , il y en a d'au-
tres qui font plus fubtils , qu'ils youdroyent
tjufiours contenter le monde. Les autres font
menez d'ambition , qui pour fe faire valoir
chercheront quelque haut ilyle , quelque bra-
uade,& ie ne fçay quoy.tcUement que cepen-
dant l'Euangileefl comme transfiguré , qu'on
n'y cognoift plus rien. Qu_and nous voyons
telles choies, qu'.-iuons-nous .à faire?B.etenons
bien ce qui eft ici déclaré par faincl Paul , que
nous foyons comme imbus & habituez à ce
langage nait de l'Efcriture fiinûe, que nous
foyons tout accouftumez aulang.lgedu fainil
Efprit, & qu'il y ait vn exercice tel, que (i on
n.nn mjt en auanc autre façon qui ne foit
poun couuenable à ce que nous aurons ap-
prins de l'Efcriture fainrte , nous reiettionç
cela,fçachans que c'eft pour nous faire décli-
ner petit à petit: encorcs que nousinefacions
pas- vn faut pour nous rompre le col du prcr
miercoup,liefl--ceque Satan nousefgareJ^ins
quenous y penllons : preuenons donquesvn
tej danger. Mais quoy ? Il y en a bien peu qui
punirent oblenierccflcdodrmc: iedi mefnes
de ceux qui dcuroyent monflrcr le chemin
aux autres. Lcsmin:ftres de la pa,role , com-
bien en verra-on qui ont feulement regardé
par dtffu;, & qui font (î peu (tylu en l'Efcri-
ture faincte que c'eJt pitié ? Tellement qu'il
ne faut que tourner la main.les \ oila changez.
Et pourqu oy? Car laniais n'unt prins vncei-
ta.ii ply pour fc former du tciitau langage
du fainft El"prit,voirc comme bons'efcholierî.
Si vn efcnolief cil homme d'efprit,&: que fon
nui/lre aulsi ait dextérité d'eiifeigner, il eft
certain que non feulement il retiendra les
. l'ciences, nuis il retiendra aufsi quelque traiû
de fon maiftre, qu'on dira, Celuy-la a efté en
telle efchole : qu'il y aura des marques telles,
qu'on pourra luger mefmes endeuinant fans
eftre trompé. Or maintenant voulons-nous
auoir nieiliturniaiilrequcle fainclEfpnt? Et
■jurcfle, nous voyons come Dieu a voulu fepa
1er la doftnne de l'Efcriture fainde de tou-
tes, fcienccs prophanes. Car vn homme q«i
aura kudiligvniinent l'Efcriture fainûe, qu'il
(oit aueugle puis après, qu'on luydife, VoiU
le Prophète Ifaie : & qu'on liie les plus bel-
les lentences qu'on pourra chercher en tous
les Philoloplies du monde, & puis qu'on ameâ-
•ne quelque fentence de l'Efcriture fainde,
celuy-la l'çaura bien dire. Voila le langage du
lu net Efprit, Voila donques ce que nous ai»-
rions à faire. Mais ( comme l'ay délia dit) on
en verra, mefmes de ceux qui lont niinirtresde
la parole , aufquels il ne chaut gueres de fe
former ainlî,&de prendre vn tel ply. Et voila
pourquoy ladoûnne fera du tout peruertie:
mais mal-heur fur eux. Cependant, que ceux
quiont quelque zèle à Dieu , & qui cognoif-
fent la charge qui leur eft commife , penfent
bien a cefte admonition. Que pour édifier
PEglife de Dieu & le troupeau qui leur eft
cjmmi>,ce n'eft point alTez qu'ils s'abftienent
de mettre en auant doftrine faulTe & erronée,
mais il faut qu'ils afleurcnt le peuple , telle-
ment qu'il puilïè recognoUhe qui c'eftqui
parle : Se qu'ils l'accouftiiment à cela : &que
ceux qui efcoutent.puilFent conceuoir vne cer
taineperfuafion,pour dire, Nous fçauons que
ceci n'eft p nnt des hommes, mortels , cène
font point fables qu'on nous conte, mais nous
voyons là vne inaiefté de Dieu, nous voyons
vne droitç & pure limplicité de l'Efcriture
fainde. Qj^ donques nous ayons cela pour
recommandé, que les auditeurs aufquels nous
prefchons l'Euangile puiffcnt auoir cela coin
meenregiftré& fcellé en leurs caurs , qu'ils
font enfeignez, non point de nos inuentions
& phantalîes,mais de ce que Dieu nous à mon-
lhc,& de ce que nous auons receude luy. Au
refte , comme ici les miniltrts de la parole dç
Dieu doyuent monllrer le chemin, aufsi faut-,
il qu'vn chacun Chreftien en fon ordre facç
le femblable, &, que nous tafchions d'cftre tej
lement enfeignez , que nous puifsions protCr
fter que noui ne tenons rien des créatures,
mais que nous auons la purçijtiimple vérité
de noftre Dieu. O' linous regardons à nofti;ç
temps, on verr.1 que ceci eft plw que neccllai|-
re.Cai' auiourd'huy il y a tant d'tfpiitj vola^
ges quec'ert pitie.Et puis nt^us en. verroijs
beaucoup quj ne dcuiandcnt quc,de fe mcttrç .
ei. credit:voire,& cependant il y a vn mefpriî
(le
s V R L A I I. A T I M O T H.
3<f5
dfcDieu.&Vnc impieté fi vile oie.que beaucoup
ne font nul Tcriipule de faliîfier toute Jado-
ûiine de l"alut:& le monde aufsi eft digne d'a-
uoir de tels docteurs. Cir combien y tna-il
qui défirent d'cftre conduits droitcment à
Dieu?Nous voyons que tous quafi ont les au-
rcilles chatouillcufes , qui font menez de va -
ne cupidité , qui ne demandent iînon ie ne
j'çay quoy de noiiutau. Or noftre Seigneur
permet que telles gens foyent remplis de vent
&defumee. Et voila pourquoy on en verra
tant auiûurd'huy qui ne Font que deprauer
r£fcriturel"aincte , 5; latalfifier, la defguifans
s'ils ne peuuent du toutiatailler à l'encontre^
Et ainii prattiquons cefte admonition, voyans
qu'on ne tafche linon de defguifer le langage
dufainft Efprit, que nous retenions ce pour-
traidqui eft tiré au vif.dont parle faintiPaul:
que nous foyons tout accouftumez à ce que
noflre Seigneur nous a enfeigné en TEfcriture
fainde, tellement que fi toit qu'on nous appor
tera quelque doûrine de iiouuéau , nous la
puifsions apperceuoir, oiiy de loin, pour nous
en garder. Et afin que ceci ne non», foit point
difficile, fainâ Pauladioufte, En lafoy & ih.t-
rité qiti eflenfeful Chrift. Ilauoit dit aupa-
rauant, Lefquelles tu as ouyes de moy . Car il
cfl befoin de difcerner quand il y a beaucoup
de cens qui prétendent le titre de miniftres &
Dodeurs:voire,&s''eleuentaLiecv ne telle ou-
trecuidance , qu'il femble que tout le monde
fe doyue taire, & auoir la bouche clofe quand
iJs parlent. Mais cependant il Faut regarder
s'ils font enuoyezde Dieu ou non. Et com-
ment? Il nous faut venir à ccfte touche de
l'Efcriture fainûe.qui eft pour examiner tou-
te doftrine. Qi^and nous voyons qu'vn hom-
me en fa façon de parler ha la maicfté de l'E-
fprit deDieu,&que nous fommes édifiez com-
me il appartient, que nous cognoifsions là
qu'il n'y a point vne rhétorique friuoîe', que
ce n'eft point vn langage afferté , qu'il n'y a
point des fpeculations extrauaganteSjmais v-
ne purefimplicité,comme nous la voyons aux
Prophètes. Voila ceux aufquels il nous faut
conformer. Mais encores c^eft vne grande ai-
de quand fainft Paul adioufte , F» la fay cr
charité qui eft en lefu-s clirift. Comme s'ildi-
foit, Sinous voulons efprouuer lesdoftrines
pour retenir vne certaine forme Si figure oii
l'image de Dieu apparoifleSc reluife «vetiçns
à la toy & à la charité. Caj à quoy eft-ce,que
Dieu prétend quand il nous cnuoyé fa parole?
Il ne nous met point là envnegrande compa-
gnie,pour aller à refgaree, mais il nous baille
vn certain but afin que nous. ne puifsions fail-
lir. Ainfi donques il nous faut appuyf r fur la
foy,& fur la chanté , à ce que nous auancions
iournelkment, & que la foy profite, & qu'elle
s'augmente : & pareillement que nous foyons
confermez en charité. Quand nous en ferons
aiiill , voila comme la parole de Dieu aura
fon droit vfage enuers nous : mais fi ces deux
chofes-la n'y font , nous pourrions eftre les
plus aigus du monde, nous pourrions difpu-
tcrmerueilles des fecrcts de Dieu , il n'y au-
ra que vanité en nous, ce ne fera qu'vn ombra-
ge , il n'y aura point de fermeté ne de con-
fiance. Notons bien donques que fainft Paul
n'a pas adioufte ces mots fans caufe : car c'eft
afin que d'vn cofté les rudes & infirmes puif-
fent eftre guidez, & qu'ils ne fe tourmentent
pas beaucoup pour s'enquérir , Et comment
fçauray-ie que c'eft le vray langage du lâinû
£fprit,quec~dlla pure forme,& le pourtrai£l
naif que Dieu veut qu'on obferue ? comment
cognoiftray-ie cela ? Or il y a vn moyen qui
eft facile , dit fainti Paul. Car nous fçauonï
à quoy c'eft que Dieu nous appelle, nous fça-
uons le but qui nous eft propofé,c'ert afçauoir
que nous croifsions iournellement en la foy
de l'Euangile , que nous profitions en bonne
vie & faipfle , que nous y foyons confermez.
Or quandnoiis trouuerons cela en vne doctri-
ne, voila le tefmoignage de Dieu qui y tft
comme engraué au vif, il n'en faut plus dou-
ter. Mais cependant nous auons à noter en
bricf , qu'emporte ce mot de Voy: car il y en a
beaucoup qui en parlent, qui ne fçauent cepen
dant qu'il fignifîe. Or la foy c'eft,qu'en pre-
mier lieu nous cognoifsions quel eft le vray
Dieu, pourne point nous diftraire ne çà lie là
après nos folles imaginations , pour n'eftre
point rirez aux idolâtries.!! faut que nourco-
gnoifsions le Dieu viuant : & puis que nous le
cognoifsions noftre Père ,afin que nous puif-
fions nous repoferdu tout en liry, &■ y mettre
noftre fiance, que nous attendiôs remifs.ion de
nos péchez de lHy,& que fur cela nous l'inuo-
quionsen pleine hardiefle., ne doutans point
que nous ne foyons exaucez en toutes nosre-
queftes. Voila donques qu'emporte la foy,
c'eft que non feulement nous cognoifsions
quel eft le vray Di€u,mais que nous le tenions
pour Père &Sauueur,eftansafleurez de la grâ-
ce & de fon amour, tellement qu'en droite
fiance nous le puifsions inuoquer. Et pour-
quoy eft-ce que fainô Paul a mis lâchante
quant & qu.itrCar il femble qu'il y ait d'autres
chofes requifes,c5me aufsi y a-il. Sobriété, at-
trempancccharteté, patience , ne font-ce pas
vertus que nous 'apprenons en l'sfchole de
PieufMais pource.queceluy qui aime Ces pro
fhainsaura le refte.voila pourquoy l'Efciitu-
:re fairfte , quand elle veut parler f'ommaire-
inent,vfedecemotdecWi>f,& côprend tout
le refte dcffous.Et de faift, ce n'eft point fans
jcaufe que fainft Paul dit , (^ue c'eft le lien de
perfection. Et puis, que fi nous auons la chari-
té (cy>mni'e il le met au premier chapitre des
Ephefiens^nous ferons purs & irrcprchéfibles
deu.it Dieu.D'autat donques que nous ne pou
uons aimer nos prochains félon q Dieu le com
mande, que nous n'ayons toutes nos affections
Z. ii.
3^4
SERMON VI.
foniwes à luy obéir t voila pourquoy fous ce
mot de Chitrité , fainiîl Paul a comprins toute
la vie (les fidèles quand elle fera réglée Iclon
la parole de Dieu.En lomme.il veut dire que
quand nous ferons du tout arreftez à Dieu
pour appuyer noilre fiance en luy, pour l'in-
uoquer , ne doutans point qu'il ne fenionftre
Pere&Sauueur enuers nous , & quand aufii
nous ferons addonnez à fainûeté de vie , que
nous renoncerons à nous-mefmes pour fer-
uir à nos prochains , c'ellvn figue que nous
auons bien profité en Pefcole de Dieu,& que
ladotlnne qui nous a conduit là.eft la pure &
vraye venté que Dieu commande qu'on a-
nonre. V pila donques ce que nous auons à ob
feruer.fî nous ne voulons eftre trôpci de Sa-
tan. Or notamment fainû Pauladioufte, que
c'eft en hfus CJrr fl, afin que nous ayôs le Sei
gneur lelus pour noftre conduite, fi nous vou
Ions eftre édifiez tit en charité qu'en la foy:
& il eftimpofsibleque nous ayôs foy, deuat
qu'auoir cognu lefus Chrift. Or i'ay dit q la
ioy emporte que nous foyons afleurez du tef
nioignage de l'amourde Dieu. £t comment
fe pourra-il faire? Sommes-nous dignes que
Dieu nous accepte pour fes enfans?En quel-
le audace viendrons-nous deuant luy; Auons
nous dignité ni excellence qui nous rende a-
freables deuât fa maiefté?Helas,il nV a rien
e tout cela : mais au contraire , il faut que
Dieu foit noftre luge, iufqucs à tant que no-
ftre Seigneur lefus ait fatisfait pour nous, &
3u'il nous ait lauez de nos ordures. Et ainfi
éques tant s'en faut que nous puifsions met
tre noftre fiance en Dieu, deuant qu'auoir co
gn.u lefus Chrift, que nous l'aurons toufiours
en horreurttqutes fois & quantes qu'on nous
parlera de Dieu nous ferons efpouuantezde
ù, maieftéique nous voudrions qu'elle fufta-
peantie du tout , ou que nous fufsions aux a-
by fmes,& au profond d'enfer. Voila ce qui fe
Ta toufiours aux hommes,iufquesàceque le-
fus Çhr'ift fe foit inanifeftéàeux. Çaralors
nous apprenons de fentir que Dieu nous eft
fauorable : &; combien que nous foyons mife-
rables créatures, neaniinoins il nous reçoit â
merci: car iln'a point d'efgard à nous, il foit
valoir la mort & pafsion que fon Fils a endu-
rée.Voila donques comme il nous faut com-
mencer par Icfus Chnft, fi nous voulôs auoir
.entrée à la foy. Autant en cft-ild'inuoquer
Dieu. Car fi nous n'auons lefus Chrift pour
Aduocat,& qu'il intercède pour nous, & qu'il
nous foce obtenir faueur afin que nous impe-
trions de. Dieu ce que nous luy demai'dons,
que fera-cc?Il eft certain que nous ferôs touf
iours repouflez. Mais quâd lefus Chrift nous
ouure la porte, qu'il nous monftre le chemin,
mefmes qu'il fait office d'Aduocat, alors no'
pouuons prier Dieu hardiment, & fans aucun
fcrupule. Autant en eft-il de la charité. Car
comment fommcs-nous amenez à celle vnion
irifcmellc que ncus dciions auciraiiec tout
hommes lifinon d'autant que lefus Chrift eft
le lien de noftre paix, & que nous fommes
tous conioints en luy, que nous fommes mem-
bres de fon corps , & que luy eftant noftre
Chef veut que nous viuions en concorde : &
puis d'auantage , que nous foyons gouuerner
par fon fainû Efprit ? Voila (di-iejcomme U
charité ne fe pourra iamais apprendre,fi ce n'
eft qu'on ait cognu lefus Chnft. Car fans luy.
nous fommes en difsipation : & ne fe fauc
point Gsbahir fi nous fommes comme chiens
& chats, fi tout eft plein de haine . Car luf-
ques à tant que nous ayons apprins de no;*t
aimer , nous ne pourrons pas eftre enfans db
Dieu, nous ne pourrons auoir ne part ne por-
tion en noftre Seigneur lefus Chrift . Voila
pourquoy fiinftPauladit que la foy & lâcha
rite font en Iclus Chrift. Or maintenant nous
voyons que tous ceux qui font deftourner de
la pure doftnne de (aliit , n'ont nulle excule..
Car ils font aduertis fuffifamment : & le dia-
ble les poflede, d'autant qu'ils s'addonnent à
luy de leur bon gré. Auiourd'huy on en verra
beaucoup qui fe voudroyent excufer quand
ils font tranfportez en erreurs & en fauflct
doftrines: Ho, voila, ienefiiis point sflcz fa-
ge pour me garder . Voire, mais fi nous dref-
fions les auieilles pour obéir à ce qui nou». elt
ici monftré , il n'y a fi rude ne fi idiot entre
nous qui n'euftaflezde prudence : comme dé
fait Dieu ne veut point que nous l'oyons com-
me rofeaux branflans à tous vents , que nous
foyons côme petis enfans qu'on mené à la pi
pcc:(ainfi que fainit Paul en parle au quatriè-
me chapitre des Epheficns ) il veut que nous
foyons afleurez fur fa venté. Et fi on nous
dit. Cela eft trop long . Et il n'y a que tro'is
mots que faintl Paul met ici : il dit que nous
retenions la foy & charité qui eft en lefus
Chrift,& alors nous aurons le vray vfagepoiir
profiter en la doârine . Voila troi*. mots feu-
lement. Si on dit, Ho, ils font trop obfcurs. Il
n'y a rien plus clair.Et cependant nous voyôs
que ces pouresgens felaiHent mener comme
bcftes à leur perdition . Et qui en eft caufeï
Peuucnt-ils due que Dieu ne leur ait point
monftré le chemin, qu'ils n'ont point cognu
ce qui eftoitbonîNennirtous fubterfuges font
ici oftt'z. Et ainfi aduifons, fi nous ne voulons
eftre inexcufablesauderniei iour.de bien no-
ter ce qui eft ici dit. Et afin que iournellement
nous ne foyons pas esbrankz de noftre foy,
que nous ayons ces marques qui font ici cote-
nues. Aucoiuraire, quand nous ne les aurons,
il noiisenaduieiidiaainfi que nous voyons en
beaucoup, & qiufi à la plus part- Qui eft cau-
fc que ciux qui auoyent goiifié l'Euangiie , Sc
quiauoyent f-.it femblant d'cftredes plus a-
iiancez.fccorrompent.&deuienentapoftiats,
qu'on les voit eftre cnnimis tout ouuerts , ou
bien qu'ils font ,dtfgnifi.z en forte que le dia-
ble les tient là faifis, qu'il'^ ftroycnt content
que conte la parole de Dieu fuft comme cnfe-
uclic,
SVR LA II A TIMOTH.
uelie.voire anéantie du toutMont vient cela?
C'eftqu'ils.ont blé retenu des choies qui ii'e
ftoyent pas de grande édification, pour fe ("ça
uoir gaudirdes Papiftes , & pour brocarder
les fuperftitions du mondeimais cependant il
n'y a nul profit ni eu foy, m en cbatité. C'c-
ftoit donquesbicn raifon que Dieu les ban-
niftde fa Parole, comme il les en priue. Crai
gnons que le femblable ne nou? adiiiene , fi
nous n'auifons d'cftre conferrr.cz tant en cha
rite qu'en foy , fi bien que le diable n'ait nul
accès â nous, & qu'il no'piiiffe faire brefche,
que nous foyons munis de tons collez. Voila
en fomme ce que nous auons à retenir de ce
paflage. Or S. Pauladioufteqiiant & quant.
Car Je le depcft txcellent farl Efprit'jiii habi-
teen nous. Ici ilconferme l'eïliortatioii qu'il
auoitmilercomnies'ildifoir.Ie t'ay en feigne
de retenir la forme telle que tu l'as apprinfe
de moy, qu'il n'v ait rien de changé , que ce
foit comme vn pourtraift tiré 3!i viic : & c'eft
afin que tu ayes tant plus de foin de cela , &
notes que toutes les grâces que Dieu t'a com
mifes, comme de ce que tu es ordonné mini-
ihede (a parole , Paftcur de fon Eglife , que
tu as les dons <[ui font requis pour t'acquit-
ter de ton deuoir, que tout cela eft vn depoft
excellent : il le faut donques garder. Or fous
ce mot de Dfpi/f.lainft Paul fignihe que ceux
qui ont receu quelque grâce font d'aut.ît plus
obligez à Dieu, S; cnargez. Comme ii vn hom
me auoit donné en garde à fon ami tout ion
bien, qu'il luy euft baillé la clef de foncolïre
où fuft fon thrcfor, qu'il hiy ciift mis tous fes
inftru.mens entre mains.voila vn. depoft. Aiufi
Dieu nous commet ce qu'il a, S: ce qui appar-
tient à luy feuhil nous le commet: non point
que nous en foyons propriétaires. Il eft vriy
que les grâces q nous auons rcccues de Dieu,
font noftres , & les pouunn' ainlî appeller;
mais ce n'eft pas qu'il nouS aie quitté fon
droift,qu'il n'en doiué toulî ->urs eftre glori-
fié, & que le toiit ne fe doiue rapp.irter à luy.
N JUS Yoyonsdonques que iaincl PauLulmo-
ncfte ici ceux qui ont receu les grâces, qui
ont quelque charge c*"; commifsi.in, qu'il fau-
dra qu'ils en rendent conte à Dieu. Qu'ils
nepenfent point douques les appliquera tel
vfage que bon leur femblera , iînon qu'il' les
faceiit feruir à leurs prochains , que Dieu en
fou honoié, & que lefus Chriftait touficurs
fa prééminence. Que s'ils ne tendent là , ils
font fâcrilcges,^ faudra que Dieu plaide cô-
tr'eux.Car fi vn homme auoit fraude fon ami
quand il luy aura baillé fon bien entre mains,
fe fiant en fa foy, que celuy-la f j^tvn larron,
qu'il retiene le dépoli, ou bien qu'il ait difi-
pécequi luyeiloit commis entre mains , ne
faudia-il point que nous foyons coulpablcs
deuant Dieu qu.and nous aurons abufé de fes
glaces? Voila p-iur vn item. Mais pource que
on ne tient pas iigrâd conte d'vn depoft com
«un côme des ctofcs qui font precitufes.no-
5")
tammét fainft Paul parle de ce depoft qui ell
plus à eftiiner & prifer que toutes les chofes
duaionde.Si on baille en garde vn pot ou vn
plat, ou ie ne fçay quoy, & bien, voila vn de-
poft:mais on le mettra là,& ne s'en foucicra-
on gueres . Si on baille quelques loyaux qui
foyét de grand prix.alors on les ferre , on ca
gnoift bien , Voici qui eft d'importance. Ou
Lien fi on regarde, Voici tous les documens
d'vne mai£on:cômeut?vn homme iéroic ruiné
s'il auoit ptidu ceci.Nous fommes donc plus
longiieux de garder les depofls qui font de
prix. Sainti Paul fumant cela dit que ceux qui
ont receu les grâces du S. Efprit , n'ont pas
feulement vn depoft vulgaire, mais que Dieu
leur a commis vn threfor ineftimable, & qu'j|
faut bien qu'ils auifeutde le garder. £n quel-'
le forte.'Ce ne fera point en le fupprimât,ncn
ni:inais la façon de garder ce threfor qui no*
eftcômis.c'eilque nous le facions valoir (c5
me il nous eft monftré en toute l'ff^riture
fainâe) que nous en foyons fidèles difpenfa-
teurs. Car Dieu ne veut point que fes grâces
foyét enfermées en vn coffre, mais il veut que
on les publie, & qu'vn chacun en foit fait par
ticipant. Voila donc corne nous auons à gar-
der ce depoil.c'eft que ceux qui font miniftrcs
de la parole de Dieu, & qui doiuent eftrc c5 -
mêles port'en feignes , que ceux-là adiufent
de difpéferce qu'ils ont en garde, ,3; de le-dif
penfer en forte qu'ils procurent &'auancent
entant qu'en eux fera le falut de l'Egiife. Et
puis qu'vn chacun Chreftien aufù s'emplovc-
ielon fon degré & mefurc , & que nous-co-
gnoii'sions que fi nous prifons les threfors du
monde, il faut bien que nous pri'.îons d'auan-
tage les richelTes fpirituelles , voire qui ten-
dent àce q Dieu foit honoré, que fon Royau
mefoitdrelFé &cftabli entre nous, que lefus
Chrift nous gouuerne,& que gr.îs &■ petis luy
facent hômage,& que le tout reuiene .i noftre
fil ut. Quand nous voyons cela, n'eft-ce pas
vne fhofe precieule.&qui nous doit enflam-
mer d'vne telle ardeur,que nous abandônions
tout le reftcqui nous pourroit empelcher en
ccft endroit de nous acquitter de noilre offi-
ce? Voila en fomme ce que nous auôs 3. noter.
Mais pource que nous ne pourrions pas gar-
der les biens que Dieu nous a cômis en char-
ge,linon qu'il nous dônall la vertuA' que ce-
la ne fe peut faire par noftre induftrie,faincl
Paul adioufte,Pjr le fJ^it Ey/^i'cvoire,!/»/ h*
hite en nous. Comme s'il difoit, Quand Dieu
nous a élargi de fes grâces, ^q^r^ilPa tait
pour le bien & profit de tcms fidèles , il voit
que nous fommes fragiles, & q le diable nous
pourroit rauir à chacune minute do tf mps, &
arracher des mains ce que nous auons receu:
mais Dieu en eft le fauuerain gardien. IXffi
vray qu'en degré infeneur par deflous fov il
veut bien que noHS foyôs gaidiésde fcstnfe
fors, il nous veut employer à ceft office tant
honorable : mjis.ceper.î'ant il fe fertde no»
Z.iii.
3S6
SERMON VU.
perfonnes pour déclarer les dons qu'il a mis
en noiis:& de faid.la veitu du S.Efprit fe dé-
clare en ccll endroit. Sainô Paul donc n.nrî
moiiftic Q pour bien v fer des grâces de Dieu,
& les employer fidèlement côme nousdcuôs,
afin que nous en ayons la poflcfsion A tout ia
mais , qu'il ne nous faut point fier en noftre
vertu, côme iî nous eltion? alTcz habiles gens:
mais demandons à Dieu, côme premièrement
il luy a pieu de nous douer de fes dons gra-
tuits, qu'aulsi il côtinue à nous lescôfermer,
que nous ne les perdions point , & que nous
n'en i'oyons point defpouille2:& que pour ce
faire il nous nuinifle de plus en plus de la ver
tu qui y cft requife.Et d'autre cofté, que nous
foyons tout perfuadez de cela, Içachans bien
que Dieu nefemonftre pas de loin à nous,
mais qu'il fe fait fentir à nos âmes. Et qu'ain-
iî foit.qu'vn chacun entre en foy,Lebien que
Dieu a mis en nous , n'eft-ce pas vn certain
termo*ignage qu'il y a habité par fon fainA
Efpritî Q^^and donc ffous voyons que Dieu
a prins logis en nous , & qu'il veut que nous
foyons fes temples , & qu'il y habite par fon
faind Efprit , craignons-nous qu'il ne nous
donne la vertu pour perlîfteriufques à la fin,
qu'il ne nous main tiene en poflefsion certai-
ne des biens que nous aués receus de ù main.?
Il eft vray que le diable s'efforcera de nous
en dcfpouiller : mais comme nos âmes ne luy
ferôt point en proye,pource que lefus Chrift
les a receues en fa proteftion , comme elles
' Jiiy ont efté commifes de Dieu fon Pere:aui-
ii tout le refte que Dieu a ordonné pourno-
ftre falut,ne fera point en proyei Satan. Et
ponrquoy? Car nous auons l'Efprit qui nous
défendra àl'encontre de tous fes efforts. Et,
où eft ceft Efprit? Il ne nous le faut point al-
ler chercher par deflus les nues. Il eft vray
qu'il remplit toute la terre , & que fa maietté
habite par deflus les cieux : mai^ fi nous fen-
tons qu'il habite en nous, puis qu'il luy a pku
d'efpâdre fa vertu fur fi poures créatures que
nous fommes, fçachons quecefte vertu fuffi-
ra pour nous défendre à l'encôtre de tous les
allants de Satan , voire moyennant que nous
ne foyons point lafches de noitre cofté. Car
il ne nous faut point flatter en nos vices pour
eftre nonchalâs.mais il nous faut prier Dieu,
nous remettans du tout à luy, en attendant
qu'il nous côferme toufiours de plus en plijs.
Et d'autant qu'il a cômencéde nous faire mi-
niftres de fa grâce , que nous fçachions qu'il
continuera , & continuera en telle forte qtie
noftrc falut , & celuy de nos prochains fera
toufiours de plus en plus auancé en fa gloire.
O R nous-nous profterncrons deuant la
facedenoftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
faire mieux fentir,afin que nous mettions pei
ne de reformer noftrevieà fes iainûs com-
mandemens , & que de plus en plus nous ba-
taillions contre toutes les cupiditez de noftre
chair. Et que cependant il luy plaife de nous
fupporter ennosinfirmitcz.iulquesàce qu'il
nous ait pleinement reformez à fon image.
Ainfi nous dirons tous. Dieu tout-puiffanc,
Pete celefte,&c.
"s EPTIEME SERMON SVR LE
P RE M I E R -C HA P IT RE.
1 5 Tujçdh que tous ceux qui font en Ajie .fejont diuertis de moy^
dejquels ejl Vhygele (f Hermogcne,
16 Lf Seigneur doint mifericorde a la mai fon d'O nefphorc: car
fuucntesfois il m'afulage,^ 7ia point eu honte de ma chaîne:
1 7 Mais quand d a efé à. Rowe, // nia cherché diligemment y (f
m'a trouue.
i8 Le Seigneur luy doint trouuer mifericorde y>ersle Seigyieur
en cefle iournce- la: (j' tout ce en quoy il maferui en Ephejè , tu le co-]
gnois trcs-hien.
Ous auons veu ce m.itin l'ex-
hortation que S. Paul faifoit.i
Timothec , de garder ce di.--
poft exccllét qui luy cftoit c5
mis. Qr maintenant il adioulte
vn aduerti'lîcmct pourmonftrcr<j Timothce
auoit befoin de fe tenir fur fes gardes , & de
veiller, afin q ce threforneluy fuftpoït ofté.
U luy dit, Qnte ceux d' A.fie,a^ fe nômoyent au
parauSt Chreftiés& fidèles, s'fyîojyint deflonr
w.-Ji (te luy: 5: notamment il en marque deux
côme les plus cognus,P/;i^f/f 0- lUrmog^tr.
Voila
s V R LA 1 1. A T I M O T H.
î<7
I Ytoila vn fcadale qui pouuoit troubler les plus
conltans.Car ii on voit vn homme fe reuolter
. de r£uâgile,cliacuu penfera àfoy.&nous fem
- ble que ie femblable nous doyue aduenir . Or
■ il nVftpoint ici qucftion de deux ou trois feu
• lemét.maisfaind Paul dit que tous ceuxd'A-
lierauoyét quitté. Voila vne région fort am-
ple qui a elle acquifeà noftre Seigneur lefus
Cliriftpaile labeur de ûinCl Paul, il fenible q
l'Euangile doyue là trit>nipher par tout, il y a
des villes grolFes & opulentes , il y a gens de
renom . Or tout y ell abbatu : combien qu'ils
facent femblant de perlîlter en la foy, fi eft-
ce qu'en reiettant t'aïuct Paul ils reiettent le-
fus Clirift. Voila donc vne horrible defola-
tion.Quel fcandale pouuoit-il aducnir à ceux
qui n'tftoyencpas trop fermes > Or tant y a
que fainft Paul recite ceci.môflrant que pour
cela il n'ert point defcouragé, mais qu'il pour
fuit fon train , d'autant qutla toy ne depen-
doit point des hommes , mais qu'il tftoit fon-
dé en Dieu. Et recite notainmét ctci.afîn que
- Timotliee fe confcrme en vne telle conftan-
. ce & fermeté. Combien qu'il n'a point tant d'
efgard à l'homme auquel il efcrit.qu'à toute!'
Eglife, comme il a eiïé dit par ci deuant . En
fomme,nous voyons l'intétionde fainft Paul:
c'eft qu'il veut munir les fidèles, afin qu'ils ne
foyentabbatus outre mefure, quand ils oyent
parler que ce qui tftoit d'Euangile au pays d'
Afie.eft comme anéanti : mais qu'ils cognoif-
fent, quand tout le monde feroit dcftourné,
qu'il no' faut perliftcr en la dottnnc de Dieu,
&ne point vauer . Or ceile admonition nous
doit bienâuiourd'huy feniir . l'ay défia tou-
ché combien nous fommcs délicats . Q_uand il
y aura vn feul homme qui aura tourné bride,
il femble que nous cerchions telles occafions
pour nous dcsbauehcr: & nous les cnibralFons
par trop à la vérité. Car on voit que fi tofl que
elles fe prefentent, chacun en f^ait faire fon
profit: comme li nous auions beaucoup gagné
de nous liurcr aux mains de Satan , pour dire,
Puis que tu es venu à bout de celluy-la,il faut
que tu me poiredes aufsi bien . Mais ceû vfa^c
efl par tropconimun;&pleuftàDieu que nous
n'en eufsions pas les exemples. Mais aiiiour-
d'huy quand on parle de r£uangile,il ne fau-
dra linon auoir cefte couleur pour dire, Ho,
volavntel qui eftoit comme vn des piliers
- de la Chreftienté, qui s'eft dcftourné < Pour le
moins on eftalfoibli. En alléguant cela ,il fem
ble qu'on doyue prendre quelque honiiefte
couuerture pour quitter Dieu,c?c pour fairedi
uorce auec luy : on verra cela en beaucoup de
gens. Or cependant lediaWe auiourd'huy ala
, vogue, que plufieurs fe defrournent de l'Euan
gile, & ne s'en faut point csbahir, comme il,a
cfté dit ce matin . Car ou eft la racine viue de
toy & de chanté pour nous m.iïntenir en la
puredoûrine ; Q\ipy qu'il en foit,iourneilç-
ment on en voit des rebelles, que ceux qui ont
filé en grand crédit , Se dcfquels on crperoit
inertieilles,s'cn vont quittçrl'Euangile, mef-
mes deuiendront ennemis manifeftes, ou pour
le moins ils feront gens prophanes,& où il n'
y a ne fcl ne faueur . Qu^eft-il donc queftion
de faire , finon que nous foyons armez de ce
que fainft Paul nous monftre , c'ell afcaiioir,
quand nous venions tout le monde tourner,
que nous perfiftions en ce qui eft perpétuel &
immuable? Car Dieu ne pourra elhe esbranlé
félon que les hommes changeront de propos,
mais demeurera toufiours en (on entier.Or eft
il ainii qu'il luy a pieu de nous édifier en fa
fainûe Parole, laquelle eft du tout immuable.
Perfiftons donc en la foy, quand nous verriôs
tout le monde changé. Cela fe peut aflcz en-
tendre en peu de mots, mais la prattique n'en
eft pas aifee : & d'autant plus nous faut-il re—
corder cefte leçon . Si donc auiourd'huy nous
en voyons qui flechiffent, les autres qui plac-
quent làl'Euangile , cognoiflons ou'encores
n'auons-noits point telle occafion d'cftre con
fus & efperdus côme auoit fainft Paul, &: tous
ceux de fon temps , quand ils ont vcu le pays
d'Afie fe reuolter. Voila pour vn item. Au rc-
fte.fi les ennemis de l'Euangile nous alleguét
cela, comme pour nous faire honte, que nous
foyons confermez en ceft endroit . Il eft vray
que Satan machinera de mettre l'Euangile en
opprobre, & de rcnuerfcr aufsi la foy de ceux
qui iamais n'ont prins bonne racine . Mais
quov qu'il en foit, fine faut-il point que le-
fus Chrift perde fon droift pour la dignité des
hommes . Demeurons donc fermes quand on
nous viendra alléguer , Ho, voila vn tel qui a
monltré grande côftance & grand zele,il fem-
bloit que ce fuft merueilles, i& nous voyôs au-
iourd'huy quec'eft.Et bien,il eft Jiomme:mais
cependant la vérité demeure à iamais, comme
ditTe Prophète Ifaictcar c'eft àce proposque '/•'•40-^
il parle: il fait comparaifon de noftre fragili-
té, que nous ne fimimes que fleur & verdure
pour eftre incontinent flcftris : mais la vérité
de Dieu eft permanente , dit-iI . Voila où il
nous faut reuenir pour lepoufler toutes les
obieftionsde ceux qui ne demandent finon à
diffamer l'Euangile. Et cependant apprenons .
de condamner les hommes en iuftifiant Dieu.
Car autrement que fera-ce?Or l'appelle iufti-
fier Dieu, comme l'Efcritureen parle, c'eft de
luy attribuer la louange qu'il merite:que nous
coçnoifsions, qu'encores que le<: hommes cor
rompent la dotlrine, qu'elle n'eft point pour-
tant pire, & que ce n'eft point pour luy^moin
-drir fonaiithorité: car il ne faut point qu'elle,
emprunte rien d'ailleurs, elle confifte çn foj',.
Donnons donc gloire à Dieu quand nous ver
rons que tout le monde fe trouble : comme il,
eft dit au huitième chapitre d'Ifaic , fi noni;
voyons que las incrédules fe mutinent , & fe
troublent, fi nous voyons que les méfchans s'
cleuent contre Dieu, que nous ne foyos point
efpouuintez pour cela, mais iiftifions le Sei-
gneur des armées, c'eftà dirc/i-iénous luy re-
Li^.iiii.
3«8
SERMON VII.
feruions ce qui luy eft deu.cognoiflàns que to'
ceux qui i'eleueronl contre luy, demeureront
en la Hn confus , & ne pourront luy apporter
aucun preiudice . Or cela fe doit cJUndre en-
cores plus loin. Car nous ne pouuons pas fan-
ftifier Dieu qu'en approuuant la dottrine qui
cft venue de luy. Comme il a falu que les fidè-
les reteinlïènt toufiours celle ferme perfua-
fion , que faindl Paul ertoit Apoftre de lefus
Chrift , combien qu'ils le veillent eftreauifi
condamné:autant nous en taut-il faire. Voy-
ons-nous des contempteurs qui fe desbau-
chent,lcs vus par dcfpit, les autres qui fe faf-
chent d'auoir les auieilles trop rompues du
nom de lelus Chrift; les voyons-nous (di-ie)
eltre apoftats ? Ne laiflons point de toufiours
honorer la doôrine que nous auons cognue
eftre bonne & fainde , Se d'honorer ceux qui
la portent, combien qu'ils foyent ainfi deipri
feZjCombien que tout le monde les reiette . C
cft ce que nous auons à retenir de ce paflage.
Au relie, notons bien que ce n'ell point fans
caufe que fainft Paul a ici nommé VhygeU iy
Hermogtn:. Il n'y a nulle doute que ces deux-
ci n'ayent efté de grand renom,& qu'on ne les
reputaft cflre côme des piliers de la foy, mais
cepédant lainû Paul les dégrade, ¬ament
il les marque au doigt , afin qu'on n'en foit
point fcandalizé . Et en cela il monftre qu'il
n'y a nulle grandeur humaine qui doyue ob-
voila vn Royaume où on ne voit que defola-
tion. Quand telles gens auront tout allegué,fi
eft-ceque Dieu ne perdra point facaufe.Maiï
le tout tll que de nollre part nous apprenions
de pcifiller conftamment au milieu ie toutes
les ruines que le diable tafche de faireiquacd
nous verrons tout le monde confus , que les
prouinccs & régions viendront à tourner bri-
de, que nous ne laif ions point de pourAiyure
no/lie train. Et pourquoyrCar Dif u ne chan-
ge point. Mais au lelle, notons bien ce qui eft
dit de la grandeur des hommes. Et c'eftmer-
ueilles qu'auiouid'hiiy Dieu foit fi peu prifé.
Car il n'ell point quellion d'auoir gens de
grande eAoffe ni qualité pour amoindrir l'au
thorité de l'Euangile : on prendra des mar-
maille-, qui ne font rien, il ne faudra que quel-
que belillre feulement qui s'eleue, vn homme
fans propos ne raifon, Ho , voila vn tel qui
commence à décliner. Et qui eft-il ? Vne pure
belle : comme nous en voyons par trop les e-
xcniples. Or quand ce feroyent des Anges de
paradis, nous fjauons qu'il nous les faudroic
niaudire.s'il leur aduenoit de fe reuolter con-
tre l'Euangile : non pas «Jii'il fe puifle faire:
mais fainô Paul ne peut allez magnifier lave- G4/, 1.8,
rite de Dieu, s'il n'vfe decefte fimilitude-la:
c'eftafçauoir que tant s'en faut que par l'air-
thoritédes hommes nous dénions eftre diuer
tis du bien, que files Anges venoycnt às'ele-
fcurcir lamaieftéde Dieu,ne la reuerenceque uer, nous les pouuons tenir pour des diables
— ,r j„.,s, \ (, .^-.,-.^l„ n\„-.„^A — ^„„,,,„x._ Orc'eft bien ariicre qUenousauthorifions la
doclrine laquelle nous doit eftre certaine &
infallible, defpitans cous les ennemis d'icclle,
qu'il ne faut que l'ombi'e de quelque beliftre
lequel incontinent nous feruira d'vn idole
pourledrclTeràl'enciMitre de Dieu: Ho, voi-
la vn tel. Et qui eltce tel? Et qui font-ils tous:
ceux dont on parlera ? Or quoy qu'il en foit,
retenons bien ce qui nous eft ici monftié par
làiiift Paul : c'eft que s'il y en a de crédit & de
réputation qui fe desbauchent, & nous don-
nent mauuais exemple, que pour cela nepluï
ne moins:niais qu'il nous faut pourfuyurc no-
ftre bon chemin , auquel Dieu nous a intro-
duits. Car ce n'cft point fans caufe qu'il nom-
me ici ces deux, Phygele & Hennogene . Ce-
pcndani aufsi laii-ft Paul .nous monftre que
nous ne deuons point tfpargncr les hommes,
qu'ils ne foyent dégradez quand nous voyons
qu'ils tal'chcntde nuire .il'-Euangile, deimet
tve quelque difsipation ou quelque trouble.
On dira qu'il ne_ faut point blafmer perfon-
ne :il cft vray . Mais on verra des pcftes qui
veulent empoifonner l'Eglife de Dieu , on
verra des loups rauiflans qui ne demandent
qu'à mettre dilTcnfion au troupeau, on verra
des brii^ans& des larrons qui voudront def-
rober à Iclus Chrift ce qui luy appartit-nt, on
verra de ficrilegcs qui ne dcmarident qu'à
nous deuôs à Ù parole. Q_nand donc nous ver
rons tout vn pays fe reuoltcr,difons. Dieu cft
fuffifant luy fcul pour maintenir fa vérité.
Qj2?r"^ nous verrons des pcrfonnages d'efti-
nie & de renô défaillir , cognoiflbns qu'il faut
que t lute hautelTe des hommes foit abbaillèe,
& que Dieu feul foit exalté, & qu'on l'adore,
&que Satan en dcfpit qu'il en ait, ployefege
nouil deuant luy auec tous fes fuppofts. Voila
comme il nous en faut faire. Or maintenant
nous voyons quelle eft l'ingratitude du mon-
de . Car ( comme l'ay défia touché ) il y en a
beaucoup qui penfent auoir honnefte couuer-
ture de renoncer lefus Chrift & fon Eu.îgile,
quand ils auront des exemples de ceux qui ont
lait le femblable,&mcimes ils cerchcnt telles
occafîons . Comme nous en verrons qui font
au guet: s'ils voyent que l'Euangile fe recule,
qu'il y ait quelque trouble, Ho,voila,on voy-
oit bien que ceci ne fcroit point de tenue. C5
aie quand il y a quelque ville qui s'cft rtuol-
lee, ou bien que par tyrannie & par violence
l'Euangile aura efté opprimé, on voit q beau-
coup en font bien aifes,lefqucls auparaiiant a-
uoyent fait l'embl.int de croire àl'£iungile,&
leur a fcmblé qu'ils pouiioycnt quitter lefus
Chrift. Et tout ccl.-i fe raileinble,q telles gens
ont bonne memoire:'Ona vcu qud'Euanjjiic
eftoit aduancc, il y a eu telle apparence qu'on
penfoit que tout deuftflorir,& voila vne ville corrompre la doôriiiedefalut : de cependant
quicft maintenant toute changée, voila vn tel on les apportera pour couurir leur turpitu--
peuple , voila. vn Prince qui s' eft dciijurnc, dc:& où (.ft-ce alkrf Voila vne terrible hon-
ncftcté,
SVR LA IL A TIMOTH.
nefteté,quand nous foulFrironii que les pourcs
aines qui ont cftéii cliereiiient acquises, sVn
aillent en perdition : que nous fouffrionsque
le nom de Dieu ioitblaipliemé, que tant or-,
dre. foitanc.inti.iSc que cependant on le taile, . , . _. . _
& qu'on endure que ceux qui takhcnt d'abyf Q^iand Dieu nous propofe vn bon exemple,
meç tout, & d'arracher Dieude fon lîege, s'il c'cft autant comme s'il nous enuoyoit v ne gui
leur eftoit pol'sibJe, que ceux-là facent tout
3,^9
nous voyons vn homme qui nousdesbaucht,
il nous fuffit: fi nous en voyons cent qui nouj
conduifent bien , nous femmes fi Oupides que
nous ne pouuons marcher après eux. Et ne
faiir-il pas mie nous foyons pliis que peruers?
ce qu'ils voudront, & que cependant on n'en
fonne mot: ne feriôs-nous pas traiilres & dcf
loyaux à Dieu & au't hommes . Apprenons
donc à rcxempledcfainft Paul, de marquer
telles gens au doigt ,•& quarid nous cognoi-
llrens des mefchans qui ne demandent qu'à
galler tout, & fur tout quand ils s'attachent à
la doftrine , & qu'ils ne demandent finon de
renuerfer l'édifice quiaeftc fait au nom de
Dieu,quc ceux-là ibyét diffamez, que chacun
lésait en deteftation, qu'ils i'oyent cognusa-
fin ou'on les fuye de loin iSr-mcfines quand
on en orra parler , qu'on bouche les aureillcs,
pour dire. Que nous n'ayons rien de commun
auec ces diables-ci : quand ils fe font déclarez
ennemis ouuerts de lefus Chrift , que nous n'
ayons nulle accomtâce pour communiquer a-
uec eux en façon que ce foit, mais qu'ils nous
foyentdeteflabjes comme ennemis de noftre
falut . Voila ce que nous auons à noter. Il eft
vray q quelque fois il nous faudra laifll-rceux
qui ne demandent qu'à fe faire cognoiftre en
piflànt au benoifliev ( comme on dit) car il y
en a beaucoup qui voudroyent acquérir bruit
& renom par leurs mefchancetez . Or ceux-là
ne font que canailles , & ne font pas dignes d'
eAremb entre les vachiers:tant y a qu'ils v ou
dront eftre tenus pour Paiteiirs d'Eglife : &
encorcs ne fe contentent ppint de cela, ils ne
demandent qu'à renuerfer tout ce qui fera de
bien. Or telles gens feroycnt bien aifes qu'on
les nommaft,& ne fuft-çe qu€ pour leur honte
& leur vilerue.Or il faut laifler telles ordures,
& ne point remuer leur puantife : mais quoy
qu'il en foit, quand nous verrons qu'ils pour-
royent apporter dommage par faute d'eitre
<:ognus,qu'on les inarque au doigt ,& que nous
n'oyons pointées beaux propos , Ho, voire:
mais faut-il mettre vn homme en defefpoir?
Et pourquoy eft-ce qu'il fe précipite ainfi
pour faire guerre ouuerte à lefus Chrift, &
pour ruiner tout ce qui auraefté fait.en fon
nom? Et pourtant ne foyocs point plus iâges
que le lâmû Efprit.C'cft encores.ce que nous
auons à retenir jde celle fentejice de fainÛ
PauLOr cependant il met ici vn home à l'op-
pofite':quand il a parlé de tous ceux d'Afie , &
que notamment il en a marqué deux qui e-
iioyent les plus renommez apoflats.il dit, O-
iiefiphore.i bien tenu vn autre cî»cmia,&Dieu
Iny doint de troiiuer mifericorde,3c lv*y.& tou
te fa m3ifon:voire qu'il luv donne mifcricor-
dc enuers le Seigneur en celle ioarnee-la.Yci
fainft Paul nous mon ftre quelle comparaifon
nous deuons faire entre les hommes . Car fi
de pour dire, le ne veux point que vp' erriez:
le monde cli- plein de ténèbres , il y a beau-
coup de chemins tortus : afin donc que vous
luyuiez droitcment où vous elles appelez, ie
vous conduiray. Et cela fe fait quand nous a-
uons vn homme qui taichedenous mènera
Dieu . Cela ne nous doit-il pas profiter plus
que s'il y en auoit cent qui nous attiraflcnt en
toute mefchanceté ? Or fi aucontraire.il nous
eft dit qu'il n'y en a qu'vn feul qui va mal, &
que nous tafchions de rçfltmbler à luy, dclaif
fans tout vn peuple qui nous monftrera bon
exemple, Kous ferons plus qu'inexcufables, at-
tendu ce quinpusell ici dit & propofé par
fainû Paul.Car d'vncoftéilamis tout le pays
d'Alîie:voila vne reuolteefpouantable: car ce
n'ell.point feulement d'vne poignée de gens,
nuis de beaucoup de peuples : il y auoit des
villes notables &: fort renommées, il y auoit
des gens beaucoup, l'Euangile eftoit là plan-
té , S: neantmoins tous fe feparent de faind:
Paul. Sur cela il dit. Ne vous cftonnez point,
mes amis, quand vous verrez vne fi grofle ar-
mée de gens : car Dieu cependant demeurera
ferme, vous verrez mei'mes ceux qui ontefté
comme capitaines pour conduire les fidèles,
que çeux-la fereuolteront.Etbien,perfiftezi
voftie Dieu.Qjiand il a dit cela,& bien, à l'op
pofite il met vn feul homme. CarCcommc i'ay
dcfia Qit)il nous admonefte, quand Dieu nou?
monftrera quelqu'vn qui nous doit donner
bon' courage , & qu'il y en aura plufieurs qui
leront pour nous diuertir.que fi nous fiiyuons
le nial,& quittons le bien, il n'y aura nulle ex
cufe pour nous. Et cela eft bien ànoter. Car il
eft vray qu'auiourd'huy on enverra qui pour
crainte de la mort,& par infirmité tomberont
& renonceront lefus Chrift . En voit-on de
tels.'Mais on verra des Martyrs qui vont con-
ftamment à la mort , qui ne font nullement e-
ftonnez, qui mf fines fe refiouilTent qu.id il elt
queftion de feellejf l'Euangile par Itur pro-
pre lang , Si nous voyons vn feul Martyr, fa
confiance ne doit-elle pas nous fortifier beau
coup plus, que la légèreté de ceux qui défail-
lent,& qui ne regardent point à quoy ils font
appelez, ne nous doit çftonncr? Apres, nous en
verrons qui par ambition, par auarice, & pour
d'autres regars du monde fe deprauent &cor
rôpent: mais nous en verrôs d'autres qui font
comme des rochers, qui ne font nullement cfr-
meus quelques tétations que le diable leur fii-
fcitcils furfnontent tou t. Quand nous voyôs
vn feul home qui eft ainfi cfprouut comme vn
vaillant champion, que Dieu monftrera com-
me au doigt-que l'a vertu habite là,nc dtuons
Aa.i.
^^0
SERM
n jiw point faireccAlionneuràDieu, de nous
conformer à luy , pluftoft qu''à noftre efcient
nous peruertir, voire Içichls bicnquele touc
ne fera qu''à noftre perdition? Or tant y a que
auiourd'huy nous voyons ceci bien mal prat-
tic|ué.Car tant s'en faut qu'vn homme de bien
vaille plus, & ait plus d'importance enuers
nous pour nous ed:fier,que n'auront vne cen-
teinede mefchans:que li nousanions les yeux
crcuezde bons exemples , il ne taudra linon
que le diable nous mette cnauarttvn fcanda-
ie, tout le relie fera perdu Se mis en oubli. Si
ell-cc que Dieu en la rinmorflrerr. qu'il prife
ce qu'il nous donne pour nous cdilier d'auaa-
tage. Et d'autant plus nous faut-il recorder
celle leçon qui nous efticimonlhce parfainft
raul:c'elt que toutes fois & qnanres que nous
vcrrôi des brouillons qui tallifiét la vérité de
Dieu, que nous verrons des enncr-is domciti-
ques qui talchcnt de ruiner tout entre nous,
que nous verror^devapnflats qui retournent
à la Papauté, que nous en verrons d\iutrcs qui
defgiiirent la parole de Dieu, que pour n'eftre
point troublez nous regardions à Tentour , &
que fi noftre Soigneur nous propofe des gens
qui notis piiilTcnt inciter à confiance, qui mon
lîrentque quoy qu'il en l'oit ils vont toufîours
leur cours, & que la vérité de Dieu a vne telle
vertu en eux, qu'ils ferment les yeux à tout le
monde, qu'ils font inuiucibles contre toits af-
faucs:fi nous voyôs cela, prenons à noftre pro
fit ce qui nous eftainfi prefentéde Dieu. Car
il cft bien certain que combien qu'auiour-
d'iniy les choies foyent corrompues , & que
nous ioyons en vn lîecle comme perdu & de-
fcfpcré , toutesfois encores Dieu ne permet
point que nous foyonsdeftituezdcbons exeni
pies. Il eft vray que nous en verrons beaucoup
qui s'abbarftaidiirent:nous en verrôs d'autres
qui mettent fous le pied tout ce qu'ils auoyét
entendu , nous en veirons qui bataillent con-
tre Dieu à leur efcient, nous verrons tout cela:
mais cependant nous verrons que noftre Sei-
gneur gouuerne ceux qui tellcmét auront en-
duré pour le tclmoignage de fon nom, qu'ils
rendront confus tous leurs ennemis.quoy que
il en foit. Il eft vray qu'on les bruflcra, qu'ils
feront tourmentez iufques au bout: mais ils ne
laillèront point de fane leurs triomphes en
delpit du monde & de Satan. Nous verrons de
tels miroirs que Dieu nous donne; & ne de-
uons-nous pas les faire valoir? Apres, nous en
verrons d'autres qui ayans contcplé que c'eft
de l'cftat du monde, fçauent bien qu'ils pour-
royent retourner en la Papauté, ils pourroyét
quitter lefus Chriftpourviureàleuraifc:mais
ils aimeroycnt mieux mourir cent mille fois.
Q_nand nous voyons qu'ils cheminent en tou
te luimilité & obeiflancc,que leur vie parle,&
combien qu'ils cuifcnt dcquoy taire orand'
monftrc & parade, que tou:csfûis ils s'abbaif-
fent lufquevau bout, fçâchons que Dieu nous
les Hict liomsie ùirvn cfdialfaur , afin que
S'
ON VII.
nous cognoifsionsque puis qu'ils nous peu-
uent ediher,nous ferons bien vileins &ingrats
quand nous ne pourrons fuyure tels exeples.
Voila donc en fomme ce que fainft Paul a vou
lu ici dire en premier lieu,quand il parle d'O-
nefiphorc. Or cepédant nous auons aufsi bien
à pefer las mots dont il vfe , Q«' /<• Srigneur
(dit-il) lionne mifcricmîe à la mnifin {TOntJi-
phnrc^c.ir ilmit donné -vigueur fhfieursfois , iy
mefmes eflant à R.WIC1I m a CtrcUé jongntitfe-
ment,C~ m'iitrr:tiué,& » "1 point eu honte que f
efroye (■n/tirt.que l'eftoye attaché aux fers:-
combien que ie fulTe ainfi vilipendé du mon-'
de, il m'eft venucercher pour faire comme of
fice d'enfant enuers fon père. Or quand (iin£k
Paul demande que Dieu face miiericorde à
Oneiîphore àcaufequ'ii s'eftoit porté fi fidè-
lement entiers luy : par cela nous fouîmes ;n-
icigncz que fi Dieu reconipenfe le bien que
nousaurons fait parla vertu de fon fain-^t £-
fprit,cen'eft point vn payement' qu'il nous
fait de nos l'eruices, comme fi nous auiôs rieii'
mérité. Et pourquoy ? Voici Onefiphore qui-
aiioit fait des aâes vertueux tant & pii:s : or
faind Paul parle- il de nierite?dit-ilque Dieu-
foit oblige enuers luy ?Maisaucontiaire, qu'il
luy fait mifericorde.Et que preûippofcmife-
ricorde,finon que Dieu ait pitié de luy, Se que
il luy pardonne fes fautes ? Ainli donc nous
voyons que tous les falaires que les fidèles
doyuent attendre de Dieu, ne font point com
me des payemeiis aufqucls il foit obligé, qu'il
faille mettre en balance Ce qu'ilv ont mérité'.'
maisq le c'tft d'autant que Dieufe monftre li
bcral enuers eux,& qu'il leur fait merd:com-
me il dit aux poures pécheurs, quelques fautes
qu'ils ayent com^ifes, qu'ils doyuent touf-
iours auoir leur refuge à ceRe bonté gratuite
de Dieu, fur laquelle leur falut eft fondé. Voi-
la pour vn item. Et fi ceci eftoit bien obfcrué,
nous n'aurions point tant de côbats ni de con
tentions auec les Papilles touchant cefte re-
compenfedesœuiires. Car ils (maginent que
nos œiuires font méritoires, qu'ils ont vne di-
gnité pour obliger Dieu. Or corne nous voy-
ons que quand nous aurons tout rapporté ce
qui cft en nous, à ce que Dieu y a mis par fa
grâce, encores ne pouuons-nous pas fommer
Dieu qu'il nous rende ce que nous aurons def
ferui,& qu'il nous fatisface : mais il nous faut
venir à ce poinCl.qu'il luy plaife de nous par-
donner nos péchez, «5i que s'il nous a fait ce
bié d'auoir efté humains enuers ceux aufquels
il a fccouru, que maintenant il vfe de mifcri-
corde enuers nous. Voila donc vnitem.Or ce-
pendant notons que iaincl Paul monftre ici
que ce que nous auons fait enuers lesenfans
de Dieu, ne fera point perdu, encores qu'ils n'
aycnt point le moyen de nous rendre la pa-
reille.Et de faïA.quand Dieu nous commande
d'aider à i\oi prochains, & leur fiibuenir, ce n'
cft pas en nous propofant quelque loyev,com
mêles Papiftcs ont iiiugint. C.u to" ceux qui
n ;;.ir-
SVR LA II. A TIMOTFf.
".■^i
regardent cela, il ne faat point qu'ils attcn-
' dent loyer au cid.Si ie fay feruicc & plaifîr à
quelqu'vn.d'autâut qu'il le me peut rendre, ie
r'ay point égard à Dicu.ie procure mon pro-
fit charnel tantqueic pyis, & pourtant Dieu
defauoue telle cliofe:mais quand nous tailons
bien àcc-UT qui ont nccefsité de noftie aide, Se
que nous n'3uon<; point égard s'ils ont faculté
de nous rendre la pareille ou non, voila Dieu
qui met le tout en les contes, c'eft à luy que s'
addreflent ces ittras-la,& les alloue en Tes re-
giftres. Et c'eft ce que fainil Paul nous mon-
ftre ici. Car combien qu'il parle d'afFc£tion,dc
prières, fi cft-ce que cela vaut autant qii'vne
promefTe: comme fi le fainft Efprit par la bou
che de fainft Paul.difoit, Que nous ne crai-
gnions point en bien faifant aux pourcs indi-
gens, quand nous les verrons deftitucz de tout
fccours, qu'ils ne nous puiflent faire ne cliaut
nefroid,quenousne pcnfions point auoirper
du la fiibftance que nous aurons mife pour les
aider , & pour les feconrir ; car nous auons vn
bon detteur, c'eft afçauoir Dieurnon pas qu'il
y foit tenu, mais il nous eftdetteur volôtaire,
caril luy plaiftde remettre au lieude ceux q
demeureroyent autrement courts. S: qui font
là côme rciettez de tout le môde.Voyans cc-
laapprenons denepoint cercher les reconi-
penfes de ce monde quand nous ferons du
bien, iedimcfmes ûene pofntappetcrd'eftre
louez & prifcz de par les hommes : conten-
tons-nons que Dieu cognoifle & nous foit tef
moin que nons auons tafché de nous monftrer
fes cnfans : d'aurant que nous voyons que fa
bonté s'cfpand fur toutes créatures , que nous
aduifions de luy rcfîembler ,& nous confor-
mer à fon image. Qnad cela fera,fuffife nous,
encores que le monde fc mocqne, 8r que nous
n€ voyons qu'ingratitude , & que cela nous
peut deftourner , pafloiis outre . Or tant y a
que fâindl Paul par fon exemple monftre ici à
'' tons fideles,que '.'ils ne pcuucnt recognoifire
le bien qui leur eft fait, pour le moins emiers
Dieu ils le mettent toufiours en auant, & que
ilsl'ayent en mémoire. Vray eft que fi nous a-
iions faculté de nous employer potir ceux def
quels nous aurons recru quelques bénéfices,
nature nous enfeigne à quoy vous fomme s te-
ni,is:encores qu'il n'y euft ne I.oy.m Prophè-
tes,ni Enangilc, fi cft-ce qur les Payens nous
condamnent quand nous feron' in£;rats.^îaiç
fi nous fommes poures gens, &■ quand on nous
aura fait quelque plaifir , que rcgardans par
tout nous ne puifsions faire rien qui foit pour
cruxaufqucls nons fommes tenus , que nous
rcfte-il? Que nous prions Dieu pour eux , &
que cela demeure imprimé en noftre cœur,'
comme i'ay dit .Car quand nous en ferons en
telle forte, cela fera pour donner courage à
ceux aufquels Dieu a ciargi plus amplement
de fes biens : comme nous voyons que cela a
efté obferué de tout temps,que IcsPayéns put
penfë que û va Erorame cftoic ingrat , il cftoi t
abominable, & reiettc de tous , & ont cHhr.é
quec'eftoit vne vertu louable que libtialité:
mais cependant ils n'ont point eu égard à
Dieu Comme ils deuoyent . j^u contraire , fi
nous prions Dieu pour ceux qui nous ont fait
du bien, ils feront incitcxd'auantage à pour-
fijyure. Mais notamment il nous faut obfcr-
uer ce mot, quand (àinft Paul dit, Que U Sei-
gneur luy doinl trouuer mifericcrde en ce ioiir—
la. Quand fainft Paul parle ainfi, ilmonftre
qu'il nous faut fcmerrcomme il en perle au fsi-
aux Corinthiens, que quand nous faifons pisr
fir à qutKju'vn , que nous luy fubuenons à fa
necefsite.il faut que nous attendions le temps
patiemment , que noftre Seigneur nous mon-
ftre que cela n'eft point perdu. Sainft Paul \ fe
de cefte fimilitude: Vn laboureur de terre at-
tendra la faifon qu'il doit recueillir, il laifle-
ra pafler l'hyuer.il femblera qne tout foit per
du:la neige vient, la grcfle.la rcpcfte:& quand
le temps de moiflon cft vcnu.le laboureur voit
que fon fruift n'eft point perdu . Ainfi donc
nous en fant-il faire :iX: notamment appre-
nôs d'cftendre noftre efper.ince à la venue de
noftre Seigneur lefus Chrift . Il eft vray que
Dieu nous promet que fi nous fommes hu-
mains enners les poures, & que nous tafchions
de les fecounraubefoin.que la femblableme
fiire nons fera rendue, tellement que ii nous
tombons en necefsité , Dieu aufsi nous fer»
tronnergrace enuers les hommes. lia promis
que nous ferons bénits, & que fabenediftioa
futfiia non feulement pour noftre vfage, mais
aufsi pour en communiquer à ceux qui en au-
ront faute. Ces promeffès-la donc nous font
bien données pourla vie prefente-mais fi nous
Kiut-il paiTer plus outre, & que nous afpirions
au iourdernier,& que nous attendions patiemi
ment pour poffeder la vie que nous efperons:
encores qu'il femble que tout foit perdu pour
neus,& qne nous n'apperceuions pas que Dieu
nous benifle & nous face profperer, que nou^
ne laifions point de toufiours nourrir cefte
efperanee, qu'au dernier iour quand les régi-
ftres feront ouuerts .alors on verra que nous
n'aurons point perdu le bien que nous aurons
mis comme entre les mains de Dieu, fêcou-
rans ceux qui eftnyétindigés,& lefqucls ncuî
eftoyent recommandez dé luy. Et ceci doire-
ftre obferué en gênerai en route noftre vie,.
Car i\ cefte efperanee ne règne en nos cxxvi';,
&■ qu'elle n'ait là comme fa preeminence.nous
defaudrons .i chacune minutç de temps.Voti-
Jons-nous doc cheminer egalcmctau fcrui'ce-
de Dieu ? VouFons-nous auoirvneronftance
qui ne flechilTc point ? Deuant toutes chofes
apprenons de f cher nos yeux , Si de les arre-
fteT.îcedernieriour,&.\ cefte venue de no-
ftre Seigneur lefus Chrift,qiie nous fçachionr
que la couronne nous eft alors appreftce:;
& qu'il ne nous face point mard'eftreen oran
des difficultcz cependant , d'auoir beau
coupd'incpmraoditez.de mener vne viepeni^
Aa.ii.
Î7 *
ble & f^rchnife , que nous pafstonî pir deJTus
tout cela, voire regardans à ce dernier ioiir
auquel Dieu nous conuic-.& me imes nous voy-
oni comme fainftPaul en p.irle,E»t ce iour-Li,
dic-il.Tou; Chrétiens ne peuuent lire ce p.if-
Hige, qu'ils ne foycnt touchez au vif .Car nous
SERMO k VII.
.ftre touftours employé poul luy. Quant &
quant il eft monftré, que combien qu'il n'ai-
tcndift rien de luy , & qu'il peuft eftre recoin
penfé quant au monde, toutesfois ilauoit ion
îilaireapprcfté au ciel , qui ne luy pouuoit
faillir. Mais outre cela il cft dit, A /amaZ/iw:
oyons que faind Pauleftoit comme raui.par que Dicuàcaufedcluy.&enfaueurde fa per
'"' "'^'■""'^ o.j~i- lonne veut faire mifericorde à ceux qui luv
font prochains. Qmind nous voyons cela,
que noftre Seigneur non Iculcmét recognoift
ce que nous aurons fait de feruice à ceux qui
font liens , mais qu'il nous fera profperer, cS;
en noftre lignage,& en tout le relie , & qu'il
eftendra fou amour paternelle fur ceux lef-
quels nous aimons, & lefquels font conioints
auec nous: quand nous voyons cela, ie vous
prie, faut-ilcraindrc qu'il ne nous ibit propi
ce quant à nous? Noftre falaire ne nous eft-il
pas plus que certainfEn fomme notons qu'ici
fainrt Paul nous déclare que c'eft vn feruice
agrca'sle à Dieu entre les autres, que nous
fubuenions à ceux qui endurent pour la que-
relle de l'on Euangile, à ceux qui font outra-
gez du monde, qui l'ont en opprobre, qui l'ont
perfccutez : quand nous fccourrons ceux-là.
Dieu accepte ce feruice comme vne oblation
de bône odeur & fouefue entre les autres. Et
de faiftjquand nous aiderons ainiî à ceux qui
trauaillent pourniainu .iLr la vérité de Dieu,
ne fommes-nous point tefmoîs auec cux,por
tans vne partie de leur fardeau entant qu'en
nous eft? Ainiî donc prenons ce partage com
me fi Dieu declaroit , quand nous verrons
quelqu'vn qui fera tourmenté iniuflement du
monde pour maintenir ladoftrine , qu'on le
diffame, ou qu'on le moleltc en quelque fa-
çon q ce foit.quenoHS foyonscoiointsàluy,
que nous n'ayons point de honte de tel op-
probre,& qu'il ne nous fafche point de foufte
nirvneparcie des outrages & des fafcheries-
q font douces aux feruiteurs de lefuv Chrift.
Et quand nous en ferons ainfi, Dieu pronon-
ce qu'il nous regarde du ciel. Et combien que
le monde nous tire la langue , combien qu'il
fenible que nous foyons comme befres, ne re
gardas point que nous cl'mouuons la ragedes
niefchans à l'encontre de nous : combicn(di-
ie)q nous voyôs toutes ces chofes,futhl'e-jio'
que Dieu prononce du ciel qu'il demanda de
lant de celle venue de le fus Chrift, & de la rc
furreiflion dernière. Il ne dit point que le Sei-
gneur luy face trouuer grâce à fa venue, au
iour de noftre rédemption , quand il apparoi-
■ lira derechef au monde pourle iuger: fainii
Paul pouuoit bienvfer deces laçons de par-
ler.Xlais il dit , En ce lour-Lv. co;nmes'il pre-
fentoit le Seigneur lefus vifiblement auec les
Anges. Ainli donc nous voyons quelle a efté
fa foy, & qu'il n'a point voltigé en l'air pour
dire timplement que lefus Chrift cft ordonne
luge du monde: ^: puis qu'il fe Ibit arrefté ici
ha;. Saind Paul (di-ie) n'a point parlé de ces
chofes-la froidement, ni félon l'homme, mais
il a efté elcué par de (lus tout le inonde pour
pouuoir s'cfcvier.Ce iour, ce iour. Et ou eft-il;
Or il cft vray que tous ceux qui veulent eftre
fàges en eux-nicfmes , n'auront garde de le
trouuer: car pluftpftilfaut que cela l'oit veri-
Iftt.^^.^ lié.Q^ l'œil n'a point veu, les aurcilles n'ont
point entendu, & n'cft point entré au cœur de
l'homme, ce que Dieu a préparé àceux qui le
aiment. Q£e les hommes appliquât tous leurs
fens pour cognoiftre cela, ce leur fera vne cho
fe.obfcure & profonde , & n'en pourront ap-
prochcr:mais quand nous embraflerons la pro
mefTe qu'il nous a d5nee,& après auoir cognu
lefus Chrift eftant refful'cité des morts
que
n'a point làdefployé fa vertu pour foy , mais
pour recueillir tous fes membres , & pour les
conioindrc à luy, alors nous pourrons bien di-
re,Ce îour-la.Et pourquoyfCarli cefte paro-
le ne nous profite quand elle fera mife en no-
flre bouche & en noftre caur, c'eft autant (dit
(âiniil Paul en l'autre paflage) comme lî nous
arrachions Ici'us Chrift du ciel, comme fi nous
voulions nier qu'il euft enduré mort &pafsion,
qu'il fuft defceudu aux enfers. Ainfi donciio-
tons bien ce mot v & de quelle importance il
eft:& fçachons que fainit Paul non feulement
nous a déclaré ici quelle eft fa foy,mais il nous
Veut teltifier de fa doûrine , nous moiiftrant
qu'il ne parle point du bout de.la langue.mais tels l'eruices , & fi nous n'en fommes reconi-
qu'il ha vne telle affeûion pour nous mener à penftz pour maintenant , que noftre falairc
ce iour deïefus Chrift , qu'il nous le monftre
comme vi^echofe prefente, & nous y conduit
en vertu de La proraclle: &.nipfmes iiûus>auon^
à noter aufsi qu'il ne prie pas feulement pQur.
Onefiphpre, mais pour toute fa: jnaifoi»,.Etrcn
ceLi deuons-i^ousencores eftreraieux enflam-
mez à bien faiçcj tous les membres de lefus
Chrift.&lcurdo^incr fccours. Car Ditu.nous
déclare que non feulement il aura pitié de
nous, ijiais aufsi deceuiç qqi nous attouche«r.
Voici Onefiphorequi eftlané.dJauoir cherché
fâfnÛ Paul ài^omc, de luy auoir ferui, iS; s'c-
nous eft apprc!ré,qui ne nous peut faillir à la
venue de noftre Seigneur lefus Chrift: &: que
nous fçachions que tout aiiifi qu'il a fouffert
mort & pafsion pour nqus , qu-'aufst>^n'eft;-il
ppint ipoBté en vain ^u ci^l , mais que c'eft
pour nous recueillir à l"oy>,&pour nous mè-
nera çeûc couronne 4e gloire qui nous cft
maintenant.cachepi . ~
OR nous-nous proftcrneroni devant, la
face dcnoftre bon Dieu en cogooilTànce de
nos fautes, k prians qu'il nous les face fenfir
de plus-
SVR LA II. A TIMOT H
■37?
ée pluj en plus , en forte que nous profitions
aufsi en vne droite repen tance, que nous met-
tions pekie demortifiertous nos vices.iiifques
a tant que nous foyons renouuelez en hiy. £t
d'autant que nous ne pouuons cheminer en
fa fainftevocation.que nous n'ayons toufîours
fon Royaume deuant nos yeux, qu'il luy plai-
fed'eleuer tellement nos fcns en haut , que
nous ne demandions finon d'cftre attirez à
„oilre Seigneur Iel"usChrift,&que nousmef-
prifions leschofes caduques de ce monde ,&
que nout furmontions toutes chofes qui
nous pourroyent deltourner du bon chentin,
iufques à ce que nous venions à nolhe but,
& que inoftre Seignct^r lelus nous déclare
qu'il nous a touiîours regardez , cependant
que nous trauaillons à fon feruice . Q_ue
non feulement il nous face ccfle grâce,
mais à tous peuples & nations de la teu-
re,&c.
P R 'e M ï E R SERMON SVR LE S E^
CONDCHAPITRE.
1 Tqy donc mon fils ,Jôis fortifié en la grâce laquelle ejl en leftis
Chrijl.
z Et les chofes que tu as ouyes de moyen prefence de plnficurs
tefnoins, enfeigne-les ahommes fideles,qui front fuffifxns a enfeigner
aufsi le s autre s.
5 Toj donc endure trauaux comme bon gendarme de lefis
Chrijl. ■
: 'E-Yperience nous monftre
alTcz que lioiis ne pouuons
peilifler au feruice de Dieu,
que nous n'ayons vne vertu
plus qu'hiiniame. Car nous
pourrions défaillira chacun
pas que nous aurons à marcher , & nous voy-
ons les aflaut?que Satan ne cefle de nous fai-
re,tellement que d'y relïfter il ne feroit pas en
nous , fi nous n'auions vne vertu pUr. haute.
Mais Dieu qdt cognoift noltre foiblcfle , ne
nous enuoye point aux combats, qu'il ne nous
donne de quoy Y fournir ; &:noftre Seigneur
lefus a reccu toute vertu & puiflance , afin de
■ne point lailTér les fiens qu'il ne les fortifie.
Tant y-a qu'il nous fâutàppreftcrd'auoir cou
rage inuincible.voire lî nous voulons pourfuy
lire noftre vocatiori:&; fur tout ceux qui doy-
uent monftrerle chemin an peuple,ont bcfoin
de celle aidecelefte : car Satan leur fera les
plus gransa(ïàuts& les plus rudes. Voila pour
quoy maintenant fainA Paul exhorte Timo-
ihee , J'ejtre fortifié en Uj^race qui ejh en nojire
Seigneur h fus Chrifl. Or par ces motsiladmo
neîte qu'il ne pourra point exécuter la char-
ge qui liiy eftcommife fans prendre courage,
& fe refondre .à batailler iu(<:]ues en la fin.
Mais noton»^ qu'en la peffonne d'vn homme,
le fainft El'pritnous a ici voulu donner vne
doftrine générale. Ne penfons point donc fer
uir àDien .1 nollre aifc&.i repos : car il veut
efprouuér le coeur que nous auons de nous em
ployer pourluy. Et voila pourquoy il lafche
la bride aux mefchans,& aux malins,& permet
que nous foyons moleltez par eux;voila pour-
quoy il nous drefle tant d'exercices. Mais le
remède nous eft en la main: car faintt Paul
nous dit que la grâce qui ell en noftre Sei-
gneur lefus Chriit nous fera commune, moy-
eniiant que nous ne la reiettions point par ho
ftre pareiïè. Or ce mot emporte beaucoup,
quand il dit que In grâce eflfii ti.ijlre Seigneur
lifus chrifl: il iigniHe qu'elle n'eft pas enclofe
ni ferrée tellement que nous puifsions dise
que nous n'y pouuons paruenir.Dieu nous'ie-
ftific que lefus Chrift nous a efté donné au«c
vne telle vertu , que par icelle il aouspromct
que nous obtiendrons vieloire contre, tous
nos ennemis. Maintenat nous voyons en fom-
melecôtenudecefte fentence ; c'eftque nous
fommes àduertis que pour nous adonner au
feruice de Dieu , ce n'eft point allez que nous
ayons quelque atfeition moyenne &, troide.
Et pourquoy? Car Satan tafcherade nous era
pefcher tant qu'il luy ferapofsible,c5me nous
le voyons pareffed. Nous fommes débiles de
noftre collé : il nousfaut donc, cueillir vc-rtu:
car fans cela nous ferions comme abbatus^Voi
la pour vn item. Or le fécond eft, que nous ne.
dcuons point craindre , car Dieu nous aflTeure
qu'il nous aidera aube foin. Et pourquoy? Car
lefus Chrift n'eftpoint defpourueu de forcç:
fi nous fommes débiles , retirons-nous ver-s
luy , & il aura de quoy pour nous fouftcnir. Il
eft vray que cefte dollrne ha mcftier dVftrc
méditée plus que d'en faire k^ngue declira-
Aa.iii.
374
S ER M
' tion:inais tant y a que nous poùuôs bien veoir
i rœil,<jue ce n'cft point fans caufe que fainft
Paul aamll exhorte Timothee. Car de ceux
qm font femblant d'auoir quelque zèle pour
ieruir à Dieu , combien en voit-on qui perfî-
fient? La plus part fe deftourne.Et pourquoy?
Car ils font leur conte qu'en fe iouant ils
feruiront à Dieu , Si ne penfent point à leur
foiblefle : ils ne cognoiflent pas aufsi que les
filets font tendus par tout , & les embufches,
que Satan machine tout ce qu'il peut. Ceux
donc qui ne s'appreftent point à fe fortifier,
feronffurprins tous les coups , & ne s'en faut
point esbahir , car il n'y a nulle excufe. Puis
que Dieu nous a déclaré qu'il nous veut exer-
cer àbon efcient , 3c que la vie Chreflienne
n'efipas vn esbat,qu'il ne faut point que nous
■foyonsendelices.mais qu'il nous fautbatail-
ler.puis que cela nous e 11 dcclaié , fi mainte-
nant nous défaillons par noftre nonchalance,
la faute ne nous doit-elle pas eftre imputée?
D'autant phisnous faut-il retenir cefteadmo
nition defainft Paul.c'eft que nous foyons
robuftcs, qu'il n'cft point queilion d'eftre dé-
licats nç tendres.Et pourquoy?Car le feruice
de Dieu requiert vnc fermeté & confiance tel
le,que nous auons befoin d'eftre fecourus du
cicl,pourcc que toutes les forces des hommes
n'y pourroyeni fuftire. Et cependant conlo-
lons-nous en ce qui eft adiouilc , qu'il ne faut
point regarder noftre pouuoir : fi nous fouî-
mes defiuiez d'armes , fi nous n'auons ne cou-
rage ne ianibes , (tomme on dit) voici noftre
.Seigneur Icfiis qui ha le remède en main , &
ne fera pas chiche de nous fecourir. Si donc il
fait mai à quelqu'vn de fouftcnir des alTauts
pourcc qu ils liiy font trop rudes , c'eft d'au-
tant qu'il eft ingrat à la bonté de Dieu, & qu'il
ne peut foutfriv d'cltre fouftenu quand noftre
Seigneur lefus hiy tend la main. Car Dieu ne
fe veut point mocquer de nous en permettant
à Satan de nous opprimer , &de nous toiiller
.;aupied. Ileltvray qu'il vont bien que nous
Tentions nos foibiefies. Pourquoy? Pour ge-
mir,& pour nous humilier, afin que nous foy-
ons incitez de recourir à luy.Car filanecefsi-
té ne nous prcflè.nous voyons l'ortjueil &: pre
fomption qui eft en nous. Il faut àoc que nous
foyons conuaincus de noftredebilitc, afin que
, nous apprenions par ce moyen d'inuoqucr
LDieu,& de nous cacher fous l'ombre de fesai-
les. Il faut auAi que nous apprenions de baif-
ferla tcftc,& cheminer en crainte & folicitu-
de.Mais tant y i que ceftc gr3ce& cefte con-
lUnce que i'ay dite , fetrouuera touûours en
noftre Seigneur lefus 4hrift , Iclon qu'il leur
fera prcfenté par l'Euaugilc, ils feront quant
& quant munis de fa vertu pour eilre viûo-
rieiix contre Satan,& contre tous leurs enne-
mis. Ainfi nous voyons que Dieu ne nous reiv-
uoye point à noftre franc arbitre , il ne nous
dit pa'.jEirayezquels vous cftc$,i:qucllcs lont
. vos facultez: car il fjaif que nous uc pomions
ON VIII.
rien du toufmais il nou? appelle à foy ,rl tihâi
addreffe mefmes fon Fils vnique , auquel il 3
commis la charge de nom fortifier. Et voila
pourquoy aufïi fainû Paul dit en vn autre
paflàge, Qu'il peut tout en celuy qui leçon- pj/.^.j»
forte : quand il s'eft glorifié de n'auoir point
efté vaincu d'vne tentation, afin qu'il ne fem-
ble qu'il s'attribue rien de cela , ne qu*il fe
vueille magnifier en fa perfonne,C'e>ft(dit-iJ}
en celuy qui me fortifie que ie peux tout. Et ce
n'eft pas feulement poui luy qu'il met cela en
auant,mais il protefte comme lefus Chrift eft:
le Chef de tous fidèles , qu'aufsi fa vertu eft
efpandue fur tout le corps de FEglifc. Voila
donc en quoy il eft queftion de nous fier:& ne
doutons point quanci nous aurons efté esbran»
lez, & que Dieu nous aura fait fentir que nous
fommcs comme poures vers de terre,que nous
ne fonmies pas à grand' peine comme des
moufches , qu'après cela ilfuppleera à ce qui
nous défaut. Voila quant au premier que nous
auons ici à obfcruer.Or cependant fainft Paul
adioufte que Timothee commette les chofes çne
il 4 ouyes de luy .i s"" fdeles ■ & dit que plu-
fieuys en font tefmoins. Puis il adioufte^x* ceux
la fourrant aiifii biei: eijfeigner les :uires.Or ici
nous voyons derechef quel tlirefor c'eft que
del'Euangile, & combien il eft priféde Disu.
Vrayeftquc l'ingratitude du monde eft telle,
qu'on n'en tiendra conte , qu'aiiiouid'huy
beaucoup font foulez delà do£lrinede falut,
les autres n'y ont iamais prins gouft : & com-
bien qu'ils l'entendent , fi eft-ce que iamais
n'ont fenti nulle efficace.ni la vertu de ce qui
eft là contenu , que ce leur eft tout vn ou de
l'Euangile.ou de la Papauté, tant ils fontftupi
des.Lesautres mefmes fe font endurcis en tel-
le impieté , qu'il n'y a plus de raifon en eux,
qu'il n'y a non plus de religion qu'en des chiés
& des beftcs brutes. Les autres, qui pis eft,forit
enuenimez,qu'ils grincent les-dents , & qu'ils
voudroyent auoir anéanti tonte mcmoirede
Dieu:nous voyons cela à l'ail. Pour cefte eau
fe retenons ce qui nous eft ici dit , c'ïftafça-
uoir , puis que Dieu nous a donné vn tel thrc-
for & fi ineftimable qu'eft fa parole .qu'il nous
faut entât qu'en nous fera employer à te qu'il
foit conferué en fon entier,& qu'il ne periffe
point ; fiir tout , ceux qui font ordonnez pour
prcfcher r£uangile,doyuent auoir ceci pour
recomm.mdc , que la dotlrine de falut ne d'e-
chee point ,& qu'elle ne foit point efteinre,
mais qu'on la rcçoyue , & qu'elle foit gardée.
Tant y a au Al q chacun en fon ordre .SI en fon
degré doit auoir vne telle affê(flion,& y apgli
qucr fon eftude. Voila à quoy f nd le propos
de S.Paul en ce partage, quand il dit.Ces chfvs
que lu .isoHfts (ftmoy que tu-Us cimet tes à gfs_
qui [■•ycni fich^.lXck vray qu'en prcuiiei I:eu
chacû doit auoir ce thretor ferré en foncœur,
& la clef pour le garder eft b bône confcicce:
comme nous auons vcu par cideuant,qiie ceux
qui n'ont point de crainte de Dieu, ont efté
en
SVR LA II. A TIMOTH.
m
itnfondrw, comme fi Satan les eufteueipo-
fez en proye. Car c'cftbien raiibn aufsi que
Dieu fe vcge de ces gens profanes qui fe mo-
quent de fafainfte ParoIe.quilapoUuctmel-
châment.Et ainfi,voulons-nous que ce thre-
for nous demeuref Qu^vn chacun en premier
lieu le ticne comme ferré en fon cœur. Mais
cependant ce n'eft pointaflèz que nous pen-
lîons à noflre lalut , ams il faut qu'en gênerai
Ja cognoiflànce de Dieu rcluife par tout le
monde , Se qu^vn chacun en foit participant,
que nous mettions peine d'attirer au chemin
de falutauec nous , tous ceux qui font efga-
rez : & que nous ne penlîons pomt feulement
en noftre vie, mais après iioftre trefpas: com-
, pi «neaufii fainft Pierre le propofc en la fecon-
r ' ' ' de Canonique , d'autant qu'il voyoit iâ mort
prochaine, & qu'il faloit qu'il de/logcaft, il
dit qu'il s'eftudie àfaire que la nienioire de
ce qu'il a enfeigné l'a vie durant , viue quand
Dieu l'aura retiré d'ici, & qu'il ne conuerfera
plus entre les hommes, que neïtnioins on ait
Ibuuenance de ce qu'il aura prtfclié. Et c'eft
aufsi à quoy f.iinù Paul a pretenji.i en ce paf-
fage.Apprciiôsdonc quand il eftqueftion que
l'Euangilc foit reccu.que les fils des fils ayét
vne mefme grâce , & que quand Dieu fe fera
reuele à vn peuple , ceux qui viendront après
cftans reflufcitez des morts , fentent la vertu
qui H'auoit point efté attendue. Ainfi donc
nous voyons en premier lieu , que l'Euangile
cft comme vn déport , &. vue choie precieufe
qui nous cft commilc : & Dieu nous faitcelî
honneur que nous en femmes gardiens : en
quoy nous deuons fentir combien nous fom-
tiics obligez à luy . Car quelle eft noflre
condition, que Dieu nous mette entre les
mains ce qu'il a le plus précieux & le plus di
gne? Car fa gloire reluit en l'Euangile, c'efl
le fceptre de fon Royaume par lequel il veut
gouuerner les fiens : & toutesfois il nous le
cômunique. Apprenons doiicde n'eilre point
nonchalans pour letter à nos pieds vne chofe
li excellente: mais ii le monde n'en tient con
te, que nous prilîonscomme il appartient là
dignité. Voila pourvu item. Et au rcfte, que
ceux qui ont la charge de prcicher l'Euangi-
le,aduifent de laiie en forte qu'ils prenét vne
li bonne racine que iamais ils ne flccIiiHent,
combien que le diable ne celïè d'cfraouuoir
troubles & fcandales pour tout peruertir.que
noushatailliôs à l'oppofîte entât qu'en nous
fera , & que nous ne procurions point feule-
ment que l'Euangile floriiTe auiourd'huy &
profpere , mais qu'après naftremoit ilyait
toufiours quelque peuple qui adore Dieu , ic
^ que la doftrine ait &rctiene fa vigucur,& que
ifi.^O.S £e que J,t iç Prophète Haie fe voye entre les
hommes, que la vérité de Dieu cft permanéte,
Se qu'elle ne défaut iamais. Mais pour mieux
comprendre ceci, notons que fainà Paul dif-
ccrne la pu; été de l'Euangile d'auec les do-
diincs ballardcs, quand si dit , Les cl> fei qiic
tu as ouycs demoy, Car'deCâ noaî atlons Vcu
comme l'Antechrift baftifloit fout terre & eti
cachette,delîa il y auoit beaucoup de trompe
ries:&ainli il eftoit befoind'eftre prudent &
attétif pour fçauoir quelle eftoit la pure iîn»
plicité de la parole de Dieu. Or fainil Paul
s'eftoit bien glorifié , & à bonnes enfeignes,
qu'il eftoit meflager de lefus Chrift,& orga-
ne du faindt Efprit, tellement que ce qui a e-
i\é ouy de luy ne peut eftrc reuoqué en dou-
te.Saind Paul donc a donné ici vne marque à
la bonne doûrine,afin qu'il y en ait vne cent
tude infallible.Et c'eft cncores vn article que
nous deuons bien noter. Car nous voyons la
légèreté qui eft aux hommes, que fans difcre
tien ils rcçoiuent tout ce qui leur fera mis en
auant : mefmesils ontvn appétit corrompu;
que C on leur apporte quelque vanité & raen
fonge, incôtinent cela fera receu auec vn dé-
fit ardent.d'autant que les hommes fontaini»
volages , 3c que mcfines il y a vne folle con-
uoitife & corne brutale, d'auoir quelque nou-
ueauté, fainél Paul notamment veut que nous
cognoiAions quelle eft ladoûrinc de lafoy,
en laquelle nous auons cfté eni'eigncz , que
nous foyons bien refolus que c'eft la vérité
certaine,& que nous ne la tenons point du co
fté des hommes, que nous ne chemines point
à l'auéture.niais que Dieu eft le vray autheur
de noftre foy, &: qu'il en eft le garent. Voila
donc ce que fainct Paul a voulu lignifier. Oril
ne fe met pas ici en la place de lefus Chrift
pour vfurper maiftrife , ( comme nous auons
vcuauparauant)car ilnes'cftrien referucfi-
non qu'il elloit feruiteur de lefus Chrift : il
prefuppofe donc ce qu'ila dit défia. EtainA
il veut retenir Timothee en la droite obeif-
lànce de l'Euangile: c6me s'il difoit que nous
ne pouuons eftre tranfportez çà &lade va-
riété dedoftrine , quand nous regarderons â
ccluy que Dieu nous a ordôné pour Maiftre.
Que donc noftre foy foit fondée corne il ap
appartient , ainfi que fainft Paul rend ici tef-
moignage à Timothee. Mais il dit que cela
s'eft fait deuant flufieurs tefmoins, non point à
caufe ni au regard de Timothee : car Timo-
thee fçauoit allez que fainâ Paul ne l'auoit
point abbiuuéde menfonge : comme il eftoit
aufsi perluadé par le ûinft Efprit,que la do-
drine qu'il auoit ouye de fainft Paul eftoit
du tout celefte &:dimne : Timothee a cela:il
ne luy faut dôc point de teCiioins d'ailleurs,
fa con/cience luy en refpond afltz.il a le feau
de l'Ei'prit de Dieu qui cft enregiftré en fon
cœur, &cela luy fuffit tant &: plus. Mais
fainct Paul a voulu ici prcuenir la malice
de ceux qui pouuoyent obiecter à Timot
thec , qu'il auoit forgé en fa tcftc ce qu'il
prelchoit.il remonftre donc qu'il y. auoit af-
fez de bons tcfmoins, lefqueh aideroyent Ti
mothcc à .maintenir qu'il n'a nen introduit
de nouueau,oii d'eftrangc'nujs qu'il difpenle
loyàumcnt ce qu'il a reccii,5;ce qui li.y ,uioiî
A.i.iiii,
376
SERMON VIII.
eftéanoncé par 11 bouche de faind Paul mefi
me. Vray eft qu'il faut que ces tefmoins-ci.
foycnt choifis; il ne faudra pas aller prendre
ceux qui font des borgncitqiiand ilv auroyét
vcu tuer vne douzaine d'iiomrues.on ne fçau-
roit arracher vn mot de leur gorge.Ilne faut
point aller chercher ccj telinoins internaux,
comme nous les voyons auiourd'huy : ceux
auGi qui foutfnront que le nom de Dieuloit
blafphemé &delchiré par pièces, qui varront
vnmefpris tout manifefte de Dieu & de fon
Euangile.qni verront des diffolutions fi vilei
nos que c'eft pitié : & cependant rien de tout
cela.-tant s'en faut qu'ils s'y oppofent, que fi
on les iblicite de feruir à Dieu d'vn feul mot,
il ne lera quelHon que de le frauder. Mais S.
Paul parledes tefmoins qui auoyent profité
en l'Euâgile auec Timothee: ceux-là deuoy-
ent aufsi luy aider afin que la doârine demeu
raft ferme , côbien qu'elle fuit de tous collez
combatue.Et ainfi nous voyons encores l'in-
tention de fainft Paul quand ce mot eitad-
loufté, Commets(àiC-il)cefte dofirinf .^i gens fi-
dèles y hfqn^Ulafinffent aiiffi anoncct aux att-
ires. Qiiand il dit, à gens fidèles , il n'entend
pas iîmplement ceux qui auront creu à l'E-
uangile , mais gens qui auront vne loyauté &
droiture pour feruir àDieu , & qui ne feront
point doubles. En femme dôc famft Paul par
le ici' de fidélité & rôdeur : comme s'il difoit,
qu'il y en a beaucoup qui trahiffent Dieu &
fa parole, & qui defguifentmefmes les chofes
tellement que tout s'en va en confufion. On
<n verra (dit-il)beaucoup de tels , mais il eft
queftiondechoifirgensoù il y ait intégrité
polir feruir à Dieu, où il y ait vn bo zèle pour
tenir & conferuer la doftrine en fa pureté, ji-
fin qu'elle ne s'abbaftardifle point en façon
que ce foit. Et notamment il eft dit qu'enco-
res ils pourront ertfeigner lesautres:comme
s'il difoit qu'il faut que celle ièmence-ci s'ef
pande. Caraiifi^i quand nous auons prefché,
ce n'eft pas alTcz qu'vn chacun perife de foy,
mais il no' faut tafcherque Dieu foit cognu
partout le monde : & pour ce faire nous dé-
lions attirer les vns les autres : comme dit le
Ip.1.3. Prophète Ifaie, qii'vn chacun tendra la main
à' fon prochain, pour dire, Allons en la monta
gne du Seigneur, & il nous enfcignera lés vo-
yes. Afin donc que nom ne foyons point ad-
donnez à nous , laincî' Paul monftre qu'il ne
nous faut point chbifir- gens qui ne puilTent
communiquer aux'pourésignorans ,& ceux
qui ont befoind'eftre enfeignez.ce qu'ils au-
ront rcceu. Or fi le téps a iamais efté de prat
tfquer ccfte doûrine, nous le voyons auiour-
d'huy.Car d'autant queDielta derechef aWu
mé vne clarté fi viiie que les chofes font Co-
nnues, &c côbien que le mondé cuft efté côine
.ibbruti.iVqu'il euft cfte en des ténèbres fi ob
fciires qu'il n'y auoit qu'àbyfmes par tout , fi
voit-on corne auiourd'huy nous fommcs ef-
clairez par l'Euangile , que Dieu feuunûre
priiiément à nous comme face à face. Or le
diable voyant que fi ceftc clarté dure.il a per
du fon règne , il machine tout ce qui luy eft
pofsible afin d'obfcurcir ou defguifer cefte pu
re vérité , ou en vne façon ou en l'autre ; Se.
nous voyons comme les caphars font à loua-*
ge en La Papauté pour s'eleuer à l'encôtre dé
ladoûrine, voire auec vne rébellion diaboli-
que. Car ils fontaflez conuaincus qu'ils n'y
peuuent refifter: mais fi eft-ce qu'ils lont ve-«
nus à cefte impudence , de defgorger tout ce
qui leur eft pofsible, afin de retenir toufiours
k pourefimple peuple en fuperftuion : nous
voyons cela. Et quand ils ne peuuent du tout
renuerfer la doftrine de Dieu , ils la rendent
odieufe ou fulpeifle,ils la defguifent ou en v- ^
ne façon,ou en l'autreinousvoyonstoutce-
la.Et mefmesau milieude nous Satan ne fait
il point de tels efforts, que fi le zèle des ferui
teursde Dieun'cftoit aiguifé , qu'il faudroit
que tout ce que nous auons main tenant de co
gnoiflance fiift tantoft aboi:? Car nous voy-
ons les calomnies qui fedrefllnt contre la do
iflrine deDicu. Il eft viay qu'on s'adreffera
aux hommeç,ouonenferale lemblant : mais
quoy qu'il en foit,on voit que Dieu eft dire-
âement affailli, qu'on ne pourra fouffrir que
l'Euangile fe prelche comme il doit , & en (a
pureté. On eft li venu, de brider le S. Eiprit,
qu'auiourd'huy on voudroit que les points
fuflent oftez de l'Efcriture l'ainûe , quand ils
nevienent point àTappetit^ à la guife de
ceux qui veulent airoir plus de droit que n'a
point Dieu mefnie.Onvoit toutes ces chofes:
on voit des canailles qui ne ceflentde ietter
leur venin & poifon , afin que la doclrine de
Dieu foit haye : on verra l'ambition qui en
tranfporte beaucoup , lefquels ne ceflent de
remuer mefnage.Etcébien y ena-il qui che-
minent purement, &r qui cherchent que Dieu
foit honoré , & que fa face rcluife , à ce que
nous foyons transfigurez en icelle? ( comme
dit faintf Paul)Le nombre de ceux qui chemi i.Cor.5.
nent ainfi rondcmét eft bien petit & clair (e- 18.
mé. D'autant plus donc nous fiut-il efforcer
pour garder ce déport, & ce thiefor tant ex-
cellent & facré que Dieu nous a commis. Et
cependant adiiifons bien que nous foyons re-
foius en nos confciences,pour ne point chan-
celer , & pour n'eftre point esbranlez .îtous
vents.Car quiéftcaufe qu'auiourd huy on en
voit fi peu qui perfiftent , Srlurtéut quand iJ
y a quelque trouble cleué, qu'incontinerit les
Voila duiertis & desbauchez : qui eft caufe de
cela.finon que iamais ils n'ont efté édifiez c5
me il appartenoit, qu'Us ont feulement flairé
l'Euangile côme en partant? Il eft vray qu'ils
feront des gras fiippofts, il n'y aura que poitr *^
euximais fi eft-ce qu'ils ne fçauroyét refpo'n
dre d'vn feul article de foy, moins que les pe
ti'! enfans. Cii'and on demandera à ceux qui
font des grans zélateurs ( lefquels , lî on les
veut crone,ont foit meiufiiles^&fçaurôt liien
prefchcr
s V R L A I r. A T I M O T H. 5^7
pr«fcher leurs p'rouefles)<]nî<l, di-ie, on leur ia tenions comme letresclofes où le mondi-
demandera que c't it de Dieu , &. comme il le n'entéde rien,voire les ignoranï,& les idiot»,
fautptier.quec'eftdeielus Chrift, ils feront auec les plus iages &entcdus.Maisdenoi)re
là comme bcftes:& il ne s'en faut point esba- cofté , encores que la Loy de Dieu nous foit
hir , car ils ont par trop abulé de la cognoif- côme des letres cachetées , que nous ne foy-
fance qui leur eftoit donnée : ce {but des y- ons pas pourtant ignoras de ce qui cftli con-
uronencSjdes paillars, & gens diflblus en tou tenu. Car c'efl aufsi ànous qu"'il j'addrelîè,&
tes fortes, pleins de trahifon, pleins d'enuie, fur tout, ceux qui ont la charge d'anoncer la
&de rancunes , adonnez à toute corruption, parole de Dieu.ayent cela.qu'ils puifient di-
& raefmes qui ne ceflent de defpiter Dieu, re auec le Prophète Ifaie.Me voici, Seigneur,
non feulement en prnté, mais qui voudroyent auec les ieruucurs que tu m'as donnez. Cat
auoirofté toute difcipline, & toute bonne- ce n'eit point aflez que nous approuuions la
llctédu milieu des hommes : ils prophanent doftrinedeDieueftrevraye.maisil aousfaut
àTceil. Et pourtant foyons bien aduifcz de appelé,qu'il dife, Me voici, Seigneur.auec les
a'auoir communication auec telles gens. Et enfans que tu m'as donnez. £t afin que nous
ainfi, que nous rcfte-ilfinô qu'il y au debôs foyons plus animez de ce faire , notons que
tefmoins qui foyent pour nous aider à main- cela n'a point efté fculemeat efciit pour le
tenir la doârine? Et cependant cognoiflbns temps d'Ifaie. Car l'Apoftre en i'Epiftre aux
que nous fommes venus au temps dont par- Hebrieui nous môftre qu'il faut qu'il foit ac H«Sr i
ifa S T(f '*"* ^^ Prophète Ifaie;car il reçue que Dieu côpli au téps de noftre Seigneur leius CLriA, j,
^' ' luy a commandé qu'il cacheté fa Loy entre & fous fon règne : qu'auiourd'huy , combien
{es difciples. Ileftvray que le Prophète a- que la trompette fonne par tout, & que les au
uoitefté enuoyé pour prefcher en commun reilles nous foyent affez batues.fi eft-ceq«e
la doôrine de Dieu à grans & à petis.Car tou lefus Chrifi a bien peu d'audience : comme
te la lignée d'Abraham cftoit eieue en vertu aufsi iJeft dit en vn autre paflage,Q£i eft-cei/^ ,a,'
de la promefle.Mais quoyfQ^andle Prophe qui croira à noft*epredication,&àqui le bras jj, ,^_
te a beaucoup trauailJé, il voit que la pl«s de Dich fera-il reuelé? lefus Chrift donc fe- , g ,.^^^
grand' part font rebelles , voire & tellement ra mefprifé, il fera reieité.on fe moquera me/ ,q ,g
endurcis, qu'il ne fait que les empirer , qu'ils mede fa dcârinextaty a qu'ilaura touiîoOr»
s'aueuglent de plus en plus,& femblent qu'ils les £ens, lefqueh il referue à Dieu fon Père,
ayent confpiré contre Dieu. Surcelail pou- SoufFront doncd'eftre cottiprins encefieca-
uoit perdre courage, & quitter tout:mai$no- chette heureufe que Dieu nous ordônepouT
ftre Seigneur luy commande de cacheter fa noftre falut,&ne regardons point à la malice
Loy entre (es difciples. Nous fommes(di-ie) de ceux qui veuléi périr à leur efcient, & qirt
auiourd'huy en ce temps.Car ne voit-on pas ne peuuét porterie mefTagedu Fils de Dieu»
que le monde a côplotc contre Dieu? Quant mais fuiuons ceux qui nous monftrent lebon
aux Papiftes nous voyons leur rage, non feu- chemin, & cogooifîbns que comme la doân-^
lement leur obftination.Mais entre nous,qar ne de Dieu eft auroatd'huy aâàillie par touti
ferôs profefsiondel'Euangile.oùeftlacrain & qu'il y a vne telle confufion qu'il femble-
te de Dieu? on eft ccfte humilité de receuoir que tout doiueruineT,nousauo]]s aufsi befoin
fa parole doucement , & en telle manfuetude de recueilLr nos efprits , & de fuiure «e qui
que fainft laques commandefOn ne voit qu'v noi» eft ici monftré. Car nous voyons ceu»
ne fierté délions en beaucoup : onverraaiii quifont profefsion d'eftreàl'Euangile, qui
autres moins d'honnefteté qu'en àes pour- toutesfoisont autantd'humanité en eux que
ceaux:brief,on verra des loups, & des renars, des beftes (àuuages.' Il oe fera plusqueftion
& tant peude brebis que rien plus: qu'on re- auiourd'huy de p*rlerde fraternité Ctreftié
garde çà & là , & on cognoiftra qu'il y a vne ne:mais fi nous regardons à oous.on trouueta
horrible difsipation par tout. Or Dieu ne pre le fcmblable entre no*,voire& pis beaucoup^-
tend qu'à nous recueillir quand il nous a vne qn'edtrçles Payens&Jes Tnrcs.Carilyen»
fois enuoyé fa parole, &toutfesfoi$ no» voy- qui font. beaucoup pires, & faut aùfsi que ce»
ons côbien il ^ en a peu qui y adhèrent. Que fte forcenerie de laquelle il eft parlé aux Pr»
rcfte-il donc iinon que nous fuiuions l'exem phetet , apparoilTe en tenis ceux qui fe font
pic du Prophète Ifaie? Car Dieu quoy qu'il ainii moquez de l'Euâgile. Nous verrons ces
en foit , aura tdufiours fes diftfiples quand le' vilcinsCcomnve l'ay délia tou€hé)quioDt voi»
mondé T^h ira ainfi en pcrditioiî , & qu'il ne Inmcder pirnYi leurs ordures la Hacree doôrè
demadèili qli^à s'aller mettre aux liens de Sa ne de falot, tfoniv-err&ns qu'ils ôet prétendu
tn. Dieu aura roufiours quelque petite femen fauflcmertt le AomyêO*èii, qu'^Us ont expo-
ce. Ileft vray qu'elle ne fera pas fi grade que fé en opprobre {«HbnV èi fiôttre Seigneur le;
il fcrott i foiihaiter : mais cohtentbns-nous ftis Ckrift.voire èntre*!es PapiftesiCar if faut-
de cela,& cachetons la Loy de Dieu,que nous bien qu'ils foyent pleineii>ent forccncz ,qiie
lȔ.i.ii.
378.
SERMON VI It.
Dieu lesin««e en fens reprouué',& qu'an âp- Chrift. , nous auons vn accord 3c vne raf lodîc
"perçoiucque le diable les polTedie da tout, aueceax:(commer£rcntureDons.le.môftre)
«^ifiln'y aplus riend?huTnain en eux -que la mais Cependant pour conclufioo , retenons
fig«re,& ce qui eft au dehors, qu'encorcs faut aufsi ce <}ue fainâ Paul met en la fin, Q»'//
i-1 q J'on voye qije Dieu y a imprimé vnemar fiafs fiitt fortetp fatitmment les affliSlionscom-
quede Ton irc (Scd^fa vengeance. Et ainftprô me bons gendarmes de Icfuscbrjfi. Carlànsce
fitonsenfuiuâs l'eyhortation de fainû Paul: la nous ne pourrôsacheuer noftre courfe. Et
& que ceux qui font commis pouranoncerla de fait, voila pourquoy il a aufsi exhorté Ti-
Parole,gardent-ce thiefor , & qu'ils le corn- mothee de fe fortifier. Car s'il n'y auoitnul-
iBufticfuét àceux qui foni propres &: fuffifans le gnerie>nulles afflit^ons.il ne nous coufte-
pbJr en départir atixiautres..& que nousayôs roitrien (enfomme) deferuir àDieu ,cefte
pbur le/moin^ autant de courage à mainte- force-la feroit fuperflue: mais d'autant qu'il
ftir leTegt>ed€ noftre Seigneut^Iefus Cfarift; aous faut eftre affligez ,. Si que Dieu par ce
comtwe hrfu& voyons ces miferaWcscreatures moyen-la efprouue noilrezelCi&le defîr que
éienra^ess s^effoi-cerile diftiptr &le met- nous aurons de pecfifter en iaParoU, {unSt
t-rè'enJdofolâîion.Voilia quant àlapra.ttique Paul notammét nous âdiiertit qu'il nous faut
tliécofte dodrine. Maisretenonsaufsi ce qui eftre gendarmes de lefus Chrift : comme s'il
aeftcdit I qu'il nous faut fçauoirquec'eftde difoit que Dieu ne lailfe point les fîens en oi-
Dieu,&qiie uous puifsions nous glorifier que fiuêté., mefmes que nous n'auronspas vne vie
o'eit de liiy qae uoas tenons la f-oy que nous Angélique en ce monde.niais qu'eltâs inefler
auons',&pon point des Komes. Cai'iufques à parmi les conteinpteur,sde l'Euangile,; parmi
i tant^' oelanoQS l'oit bien pcrfu.idé, no' v.olti les ennemis mortels de Dieu, parmi les hypo
gèroii* toU(îouri,& ne faudra rien pournous crites, parmi les diables encharnez , il faut
diuertir : t^onsine nous voyons auiourd'liiiy que nous bataillions: & cependant Dieu nous
qHC les-pptis fcandales font pour faire dëcli- coafole quand il dit que lefus Chrlleft no-
nerlamoitiéde ceux qui âuoyét quelque ap- ftrc Capitaine. Voici dore deux poinfts que
parence de perfifter iufques en la fin. Il ne nous auons à noter , &A retenir en fomnie.
faut point qu'ils attendent les grans heurts: L'yneft,que pour feruir à noftre Dieu il ne
<5u'i! y ait feulement quelque petite bouffée faut point faire noftre conte d'auoir rnc vie
; de vent î les voila incontinent tranfportez. paifîble.mais que nous ferons picquez& mo-
, Et pourquoy? D'autant que iamais n'oiitefté ïeftez-: & au refte, qu'il nous faut vaincre esj
bien ippuyez fur la vérité de.Dieu. Que doc patience , qu'il n'eft point queftion de nous.
nous puisions difccineff entre ceux qui fer- exercer à mal faire, mais que nous ayons les
ueDr>loyanment^ Dieu, & que nous ayons ce efpaulcs pliees pour monftrer noftre humili-
fte touché de l'Efcriiurefainâfe,. pour faire té. Voila quant au premier lieu. Pourle/è.-
cximen dé k dodrine qui nous eft prefchee, cond,.puis que lefus Chrift eft noftre Capital"
3c que iamais nous n'en foyésesbrâlez quand ne,& que nous fommes fous luy.ne craignons,
nous cogndiflons que cela eft de Dieu.Et au point:eombien que nos ennemis (oyét pleins
reftetnctonsiquiniencores Dieu a quelque d'efpritdemeurtre.qu'ils foyent pleins de ra,
petit nombre dépens qui adhèrent a nous, ge, de malice, fc de trahifon, qu'ils facent du
■&-conuienent en vnité de laifoy,que de nous pis qu'il leur fera pofsible, que nous fuiuiofis
eft '.autant d'aide. Vray eft que fi vn Jiomme. hardiment.Et pourquoy ?Nous ferons garejir-
eftoit feul:«i monde, & qu'iLfe.veiftdeftitué tis fous la main de ceiuy qui a promis & pro-.^
de(!oiKecompttgnie,tant y a que Dieuraert- nonce que rien de ce qui luy eft donné de^
te bien d'auoir cefte maiftrife qu'on fe tiene Dieu fon Pere,ne périra, mais qu'il en fera.fi 'f»-.i7'
à Itty.&qu'on renonce à tous hommes. Mais bonne & feuregarde,qu'il en rendra bon coà
encocesquïd Dieu nous fupporteiufques là, teau dernier lour. Or fi nous retenons ces
'que nousnefomraeS:poi)itcôme.efgarezcha deux points-ci , ilnous feraa,ifé de loufFrir.
c-un àpart, mais-qui'iiy-ena qui-s'accordent patiementtoutceen quoy Djcunous voudra^
auecnous.iSe nous voyofis comme l'Euai^ile exercer.que nous tiendrons bon, encores que
fructifie & profete 1 bon çfcient jiquejayic nous-voyons vne telle peruerfité comme ellç
laefme monftrequp ce^ix qui pncfait profef- eft cognuepar tout le monde;, & mefine? en~
fion de^'Euagilei^i'ont-pas eftéenfelgnez en trenotis>i qu'on voit que le d,iable y règne à
vain : quanddoncinous auons vne telle com- bride auallee, autant que fi iamais on n'auoic
tBunion eritre nous, c'eft potn confermer no ouy vn feul mot de l'Euangile. Quand donc
ftrc conftâce,& pour no' aider à Cuiure Dieu, iloijs voyons vnp vilenie fi grande.qu'il fenj-
Et ainfî.que nous faciôs valoir çeinoyen que Ut.'que les fur.ies d'enfer font <:oran»e efpanr!
Dicunous sl<?i>ne jquqijd il, y a de bons; tefr dtiet» & ,que't,out eft en confufion extrem^:
moins. Et^u-reftp, r,egardoRS,,onçprcs plus, qu«r)d nous voyons cela ,&,bjen, il nous fauif
haut. Car le»!Ange^.4ç'pawdt*.font:tefraoins, fouffrir baiflàns les efpaules. Mais nous^uos,
de la doârinè que s»ç>u/:auoflis receuq : nous vo^bon garent au ciel : defpiçons hardiment
les auipns Comme -freret Se conipagndijs :,«£ cen'vqui dreflèntainfi les cornes. Il leur fem-
qnandàplcinc bQUche nous magnifions Isfv^ blç bica qu'Us ont tout gagné , & qu'ils doii*
uent
is:
s V R L A i 1 1 A. T LM O T H. 371;/;
oenfdefia.fai^Ê Ifûis'xriompKes àl'encoilVc , Içuera à J'çncon.tredenous, &quc nousver- '•
deDieu:mais fôyo-'afleùrezde la vicToiie'Sie forfs'le diable auec tousies luppofts q\)i ne
noftre part , &qiie nous demeuieions virto- demandent qu'atout ruiner &confc»n^ii<;,quij
rieux.quoy qu'il en foit, puis que nous auons nous cognc^ifiionf là vne lulte vengeance de
Dieu de nbftie pirt,& fa mai* ibra afiti tôt- Di«u , Si qae ileiliatk.les tran f^orte qoaml
te pour nous main teri:r. Et p'cnforis-nousauf ils fe moquent ainfi de Dieu & de fa Parole,,
il que Dieu foulFre ces blafphcmes,& qu'il les & qu'ils ofentdefgorger de leur bouche piiaii".
Jaifrefmpunis,qua.nd fous ombre de Ton nom ce telles vilemes.Qu^ils font cela pour l'ho»
■ qu'il regarde comme luge coût ■ voit qw'i
ce qui le fait au monde , .vpire pour en pren- Et les petiv enfens Ip eognoiflent , &lc paû'é!
dre la vengeance quand on aura ainfi fiufl'o-' mcfme;& tes nvwraii lies en retejptiflenC: briçf,
ment abufé de fon nom , ponr dire que c'eft; u)ucléihondeipperçdit«e« cKofes. Q_uand
pour l'honneur de Dieu , & pour maintenir bous voyons cela , demindens -à Dieu qu*H '
i'Euangile? Penfons-nous(di-ie)qu'il ait les y pouiuoye. Et cependant reterroris ce que'
yeux bâdez ou aueuglez, qu'il ne voye point dit faind Paul, que iî nou<. fommes vrais geni
j'outrage qu'on fait aux liens, & le ™efp"s fi ; darmes delel'us Chrift , il nous faut loufFrir'
énorme de ("a Parole?Non,non:qu'on s?atten iufques .' ceqii'ildcfplbye'fon bras fort pour '
de hardiment q Dieubefongnera en lelle for vaincre tonsnosi ennemis. Car comme iféft '
le.quenoltrepatience nous apportera viftoi-; dicqu'ileft le Paftieur des brebis , & qu'il.'a »
re quand nous bataillerons , voire chacun en . vne verge .po»r nous conduire doucementi ,•
fon eftat. Si que nous cognoilhons à quoy le &.ppur nous recueillir à foy : aufsi^u coii*» •'
Fils de Dieu nous a appelez. Etd'autant que t<-aire , ila viïdbarredefer(commeil eftdif*
nous fommes liens , qu'vn chacun fe dédie a au Pfeiume fécond ) pour caflet' Si brifer le». '
luy.&cependantque nous prenions courage. teiVes de tous cenx'.qui fe voudront eleue^- '
Ileft vray que ce font de grandes tentations contre luyi&'norifeultmentces'petitesitiar-'
quand nous v«oyons que la iuftice eft comme maille';, mais les-Rois&'leS'Princes , coramB'*
enferrée en vne petite, chambre , .& que les! iidldtrau I^eiitme centdixiame.' Prions-le'
brigandages regneot par les- rues , & p.1r les. (di-ie).qu&rious voyons. éelà accompli: Re-
places publiques,fansofer forti r: comme lî vn nousJe'veiron.s'hioycrinanrque' nousayonS-'
hommeeftoit dedans fa maiCjn ., & qu'ail eufl. là' patience d'attendre , & que nous iuy fi--'
là tous fes inftr_uraeus,-& cepédanc qu£ les \oi ciolis cell honneur de flout' remettre du tout^
leurs Iuy veinflent rauir fort bien & fa fubilatf enfaptoteÛion^
«e.que l'vnfauchaft fes prez-, que l'autre feift - :'•[•;•.
moiffon , que l'autrefeift vendange, & qu'il , .O R-nous-nousproffernerons detian't ISW:',
fuftlàcoramecaptiif, ayant fculemcnrfes in-. fa<0 de noftre bon Dlèa en .cogOoiflànce «le-^
ftrumens.en main. Q_!iai)d nous voyons qu'il nosifauies, leprians qu'il nous les face telle-^
a'y aqu'vne petite mai que de;iulhce , & cc4- mont feiitir,que déplus en plus'nousmeh*iés''
pendant que lediable rf.ohxne- pàifllunineDr».. peine de nous defpouiilér de>tC)Otes-lesic^d'ri^
& q oes chiens & ce* pouKeau^.oe dtnwdient, rHptionïdetDoftraihairy oEn^de-iK^addoti^ i
.^'a tout rerjuetièi ,. voila.de gittrideï, «entar--. r(e>r, plfeinemô àfa 6iiettibn,'&qp'if tMM^cti^
tions,& qui feroyent-pour dtibaitçKer les in- uerne par fes.&inâs coihmandemens.ît cOHif'
firmes»>lais reuenons J ce ^wJ; vft'jcKdit.c'eft me noDsattanssfa vérité efcrite, qu'aufsî il ire-'
afçauoir qse nous ne ferons. .poùt dïflitue*. forme nos caurs à icelle ,n.aas,fupport3ftouf ~
d'aide., moysjeMaiit <^ue nous attendions ea> iflws trinosiirfitmitez, influes à ce qirttrib»"
fatieoce^jsie Dieu r«nHdieat«t diQieri'diXe^, ai%ft\elbtmerH):ect£tmd£laipti(sùiODê&ùi^
pend«j)tquçxiouftch.i!minion* d,roiitenientj.eh/ ipfticfiAirifi.-npuï dir^JftOHS^ieutOttt>pùifr'{
»oft<e ¥OM»pn,^^iqrn4tnl.t«4itisraQndies'e'^ (antkJΫire^ektteAc.:V.'n.'.o:i.; , ..- \ :J..i ;■,•
■jîtiioii!nidioo<j lO.j'.i.i l'siijJfiî-
^ijiinriiKl ifjoft !i, -iroii-j') oflon y-
•TixiA- -uM5i3i3i>ii;'j(iaoti ft3J..:i.;i.';i'i'U jr-fir-j
îiîiiiji >>i/3iirlis i'iial îsjuoj.jîkfao'ij. <•-•'' .'3 lofîws»
-.M)..3 : ,71 /j !3:njt3<V. "i.Èiin- •': i: :',.; -";i.-'^(r-jri '.fTi l:T ; îîi .utnTTjjTftaiI
- .i4;' ' ^ulqm^tdîîîe'',n£imp6fcTe.a^^
:'ii ■-' rrrji aj s *} j nîflssriWï'i: c:
BhMt-< ,■ ..U1.1 ■■
j^o s E R M O N I X.
ç Etftaupi aucun combat f ilncjlpointcourontiés'ilnacomhattt
dcucment.
6 1/ faut ^uc le laboureur trauaille premier que prendre des
O V s auonf tcu ce mitin
pourqaoy (âind Paul ex-
horte icî Timotliee de fc
porter en bon gendirme:
cVft afçauoir d*aucanc que
Dieu noujveuc exercer en
affliâioDS , 8c que c*eA là la
miroite efpreuue pour montrer que nous de-
vrons de iuy obéir en tout Se par (out.renon-
çans à nos propres volôcez.Nous auûs veuauf
R pourquoy il mec notamment en auanc no-
Are Seigneur Icfus Chrifl, c'cAa£n que nous
fçacliions à quelle condition il nous taut gucr
royer:r.on pat en mal faifant.côme font ceux
qui ont le diable pour capitaine : ceux-là ne
cercbent qu'à nuire : mais il ru>Mc faut en pa-
tience pofleder nos âmes, Se. tafcher de rain»
cre le mal en bien Faifant.Au reHe.quad nous
fonimes fous Tenfeigne de noftre Seigneur le
fus Cbrill,ne craignons pat que Tiflue de tous
nos combats ne foit bonne ècheureufe pour
nous:coinbieu que les merckans pourront fai
re leurs triomphes , fi eft-ce qu'ils demeure-
ront confus. Et de noftre coÂé nous fommes
certains, Se. ne pouuôs tomber q fur nos pieds
( comme on dit ) flc ferons rellaurez en la fin,
d'autant que lefas Chrift eftconioint à nous,
& qu'il ne foufFrira iamais que nous foyons op
primez.Toutesfois d'autant que c'eft vne cho
Ce dure i la chair,fatn£ï Paul nous ramené à ce
fte comparaifoRique les gendarmes de ce mon
de laiflcnt tout leurme(iiage,& oublié: ce qui
leur eAcber.afin de s'acquitter enuers leur ca
[>itainc,.Si donc on fàitceilhâneuràdes hom
iBesmoirtels,quedeuôs'^noi!isau Fiisde Dieu,
quand il nous fait cède grâce de nous rece-
voir à farfoulde , 8c qu'il veut que nous le fer-
uions? Car il fe pourrait pafler de nous , & ce
de marchandife , il faut qu'ils s'en déportent.
Et pourquoy ? Afin de plairc(dit fainû Paul)i
ccluy qui les àchoifis. Puis qu'ainfî efl,appre-
nons de nous addôner du tout au Fiisde Dieu«
Toire tellement que rien ne nous dedourne
de fon feruice.Or maintenant il nous faut ap-
pliquer celle fimilitude au propos de l'Apo-»
ftre. Nous fçauons que noftre Seigneur lefuy
Chrift nous fupporte iufques là.qu'il nous per
met bien de vacquer à nos affaires : 8c tant
moins fommes-nous ercufables II nous ne
pouuons vferd'irne telle condition , &lî dou-
ce.Il eft vray que cependant il nous faut cftTC
prefts de tout quitter : il nous faut toulîours ., ^ , ■
auoir vn piedleue. Car il elt dit que celuy qui
aimera ou fa femiiie.ou fon père, ou fes enfant
plus que lefus Chrift , n'eft pas digne d'tftre
fon difciple.Nousdeuons donc auoir cela tout
refolu en nous, que s'il plaift à Dieu que nous
n'efpargnions point noftre vie, que nous foy-
ons prefts d'eftre defpouilleï de nos biens:
brief, que rien ne noui empefche que nous ne
marchions quand noftre Seigneur lefus nous
appelle:il faut fuyure cefte vocation. Mais ce-
pendant fi voyons-nous que noftie Seigneur
lefuV nous fupporte , &'nous efparç^necn no-
ftre infirmité, qu'il ne veut point que nous quit
tionscequi eftde la vie prefente, iufques ace
qu'il nous y contraint.Commentdouques en-
tendrons-nous ce que met ici fainâ Paul, que
pour trauaillcraux négoces du Fiisde Dieu,
il ne faut point que nous foyons enueloppe*
aux afFaires du monde.'C'eft que deuant toutes
chofcsnous regardions à quoy nous fommet
appelez,que nous auifions bien que porte no-
ftre office, que nous ne foyons point preoccu
pez de rien qui foit , que nous n'ayons point
nos répliques comme nous auons accouftumé.
n'eft pis pour necçfsitcqu'rlait quand li nous -Carfitoft qu'on nous propofe vne fentence
choiut,.mais c'eft pour noftre falut . hTeft-ce
pas donqucs vne grand' honte que les'poures
ibuldats qui combatét.&nefçauét pourtjuoy,
feront neantmoinsceft honneur à des créatu-
res mortelles, d'oublier toutes leurs affaires 5c
négoces, & cependïttt que nouj/pypn» fi dé-
licats qiic'noufne pùifsiolis lieh porter pour
l'honneur du Fils de Dieu? V.oiiS donc i quoy
tend cefte comparaifon que met ici faintt
Paul.Oril n'eft iabcfoin d'amener lôgue ex-
pofîtion de ces mots .quand il parle des affai-
res de cefte rie.Car nous fçauons qu'en temps
de guerre chacun laifTe/on train.Â: fes pr.itti-
qiics ordinaires ►& tout c^Utqui marchcn(>
de l'Efcriture fainûe , incontinent voila vne
phantafie qui nous viendra au deuant. Et voi-
re.mais fi ie fay cela, ie feray contraint icmt
hazarder en telle chofe.Or pour bien nous ac
quitter de noftre deuoir , il nous faut mettre
•fous le pied toiitte qui nous potifroitidii^rtir
que nous ne fuyuions paifîblemêt & fans bruit
ce que noftre Seigneur lefus nous commande:
& quand nous ferons cela en vérité, qu'alors
novs facions àufsi comparaifon de toutes les
chofes qui font pour nous enipefcher, Se pour
nous reciilcii& que tout cela foit mis bas.Cot-
me quay? C^uand le ï^is de Dieu.nous com-
mande de "inaînténir'li-'gJoirc de fun Rbyau-
qiiittent& abandonnent leurs mefnages: s'ils me.vdija le pionde qui, ha beaucoup dochofcs
font laboureurs, il faut qu'ils laifTent leli>f pouThoÙ* attirer tour au reboiirs : & fi.noui
champs,*: icurspofrcfsions:s'i]s mènent train fommes affoiblis pour ccla,fi nous faut -il lur-
ifio'iter
. SVR LA II. A
monter toutes (lifficulteT,& pafler pardeflus.
Voila doc quelle eft rintétioii de fainû Paul.
Oi maintenant il nous fera aifédecognoiftre
côme nous âuons à piattiquer ceftc dodrinc.
En p remier lieu, cognoiflons la grâce que no
ftre Seigneur Icfus nous fait , quand il noui
choilit pour batailler fous luy . Car qui fom-
jnes-nous?Or cepcdant iî cft-ce qu'il s'en veut
feruir. Puis donc qu'il nous fait cc(t honneur
de nous élire, nous ne fommes plus en noftre
liberté, il ne faut plus barguigner, mais nous
refoudre.que d'autât qu'il nous a cleus,il nous
faut fuyure noftre train . Et en quelle fortef
Or nous voyons les poures geni du mode qui
trauaillent pour feruir aux hommes mortels,
voire ne fçachans quelle recompéfc ils en au-
ront.car on les voit fruftrez tous les coups de
leur atcéce: tant y a que c'eft le Claire qui les
nuit , tellement qu'ils quittent & maifon , &
mefnage, ainfî que nous auons dit. C'eft donc
pour le moins que nous ayons autant de zèle
pour feruir au Fils de Dieu . Or S. Paul ayant
ainfî parlé, adioufte, Q^t p q^elqu'-vit combat,
HK»rei ttefirj-il point couronné , fnrfi qu'Hait
tvmhatiKteuimcitt. Uvfcicid'vn mot qui figni
fie, D'vne façon légitime pour s'cftre acquits
té. Il femble bien que ce foit encores vne au-
tre fimilitude. Car le temps pafleil yauoitdes
luiâes,dcs iouftes,& choies fembIables:(com
tne il eo eft parlé au neufieme de la première
aux Corinthiens)là fi quelqu'vn auoit bien cô
nicncé, fi n'auoit-il point la couronne finon
^uM cuft paracheué. Comme en vne coui fe, s'
il yauoit àcourirvndemi quart de licue, il fa
loit que la courfe fuft acheuee, ou autrement
ccluy qui auoit commencé, s'en retournoita-
Uec fa honte,on fc fuft mocqué de luy s'il euft
retourné à mi chemin. Autant en eftoit-il des
luiâeurs. Ainfi fain6> Paul en ce paflàge dit q
fi quelqu'vn (c viét mettre pour courir,&Que
1 vueille eftre d'vn prix , ce n'eft point allez
u'il ait tiré Tn coup, & qu'ilait fa t vne leuee
e bouclier quand on l'aura rcgardé:s'il ^'en-
fuit.s'il tourne bride, on fe niocquera de fa kl'
cheté , & vaudroit mieux que iamais ilnefe
fuft ingéré, & qu'il n'euft point efté cognu . Il
faut donc acheuer le combat. Ainfi en fjmme,
faind Paul parle ici de la perfeuerance . Or
inaintenât nous auons ici deux points à obfer
uer.L'vn eft.d'autant que le Fils deDicu nous
a appelez à fa gendarmerie , que c'eft pour le
moins que nous luy facions autant d'honneur
que font les gendarmes du monde à leurs ca-
pitaines.Et quoy ?C'eft que nous foyôs libres
de tous empefchemens , que nous ne foyons
point enueloppez auxchofesqui nous pour-
royent retcnirrmais que nous cheminions har
diment pour nous acquiiterdenoftiedeuoir,
piiisqu'ainfi eft que nous ne fommes plus en
noftre liberté . Mais deuant toutes chofcs il
nous faut auoir prémédité ce que nous auons
»en:c'cftafçauoirque noftre condition eft tel
l«,de b«tsiller,puis que nous fommes appelez
T I M O T H.
j8i
l
pour eftre du troupeau de noftre Seigneur le-
fusChrift. Etau rcfte.cognoiflons que noftre
gendarmerie n'eft point pourcombatrc cotre
la chair,ne contre le fang, mais contre les puif
fauces de l'airfainfi que fainâ Pau! le monftre f.flic.6.
en vn autre lieu) cotre toutes les cupiditez de Ji.
noftre chair,& contre toutes les tentations du
monde. Il faut donc que nous foyôs cquippez
pour ce faire. Et au refte, puis quM r.out faut
endurer beaucoup d'afiliûiont,q nous foyofv
aul'si prefts pour les foulfrir : & fur tout co-
gnoiflons quel'-iflùe nous eft certaine & infaJ
lible.quc nous ne combacons point '^ l'auentu
re, comme au fvi Ciinfl: Paul nous le monftre en
ce jwflage que nous auons touchc.quc nous ne
fommes pas comme ceux qui fe tourmentent
beaucoup pour auoir quelque couronne de
fueilles,mais fouuent ils font trompez . Car
beaucoup(dit-il)courenten Tnelice,5cil yen '" """'^
a votant feulement qui eft couronné : ccluy- ^*'
la qui a gagné le prix.endefpouille to* les au
tres.Etde noftre cofté, nous auons vne autre
condition bien meilleuie : car tant s'en faut
qu'vn chacun Je nous empefcbc fon côpaguô
pour le priuer du prix &:dc la couronne oui
nous eft promifc , que nou' aidons les vns (es
autres . Celuy qui va le p'rcmier.ne fera point
pour exclure le fécond : le fécond n'eft point
pour reculer le troifîeme , mais nous fomme»^ '
tous receus au prix 3: à la couronne. Ainfi dôc
nous n'y allons point à l'aucnrure. Et puis il
n'eft point quelHon de quelque couronne de
fueilles qui fleftrifle Si qui pafle tantoft ; il n'
eft point queftiô de quelque petite gloire que
nous aurons quant au monde:mais noftre Sei-
gneur lefusnous appelle en fa gloire, il veut
que nous régnions auec luy . Ne faut-il pas
donc que nous foyons par trop làfches,fi cela
ne nous enflamme tellemét.que pour le moins
nous foyons femblables aux gendarmes ter-
riens.'Mais il nous faut aufii venir -à la perfe-
uerance . Car nous en verrons beaucoup qui
ietterontdejgrandes boufFees,mais tantoft ils'
fe refroidillent . Or ce n'eft point alTez que"
nousayonsainficommencé.Qupy donc?Aui-
fons à quelle condition nous fommes appelez,
lefus Chrift ne fait pas fes monftrcs pour vn
iour: il veut que tout le temps de noftre vie'
nous courions . Il eft vray qu'il ne nous-
faut point trauailler comme ces poures gens
qui couroyent à la lice,lefquelsen eftoyent
tous rompus te caflez.Car Dieu fçachant no-
ftre portee,& combien elle eft infirme, nous cf
pargne:mais fi eft-ce qu'il nous faut courir, & .
non pas feulement pour vn iour.noiis auons à
continuer tout le temps de nolhe vie. Et ainfî
ne vc-nons point impofer loy à noftre Mai-
ftre,ne barguignes point pour dire, Ho, ie fe-
roye content de trauailler pour vn autre téps,
mais ie voudroye auoir relafehe quand il fe-
roit téps de me repofer.Que nous n'cntriont
point en telles difputes.Quoy donc?Sçachôs
que noftre Seigneur lefuj nous a propcfé vn«
£b.iti.
^^i
SERMON XL
conrlc.en laquelle il veut que nous perfiftions quoy qu'il en foit, ne fouffronî point d'cftre
iiUqucs àkmort . Carfi vn homme u''acom- retardez quand Itfus Chrift nous appelle,
ba:u comme la Lay porte , ccliiy-Ia ne fera- que nou^ ne mircliions fclon qu'il nous Je
point couronné. Car voici lellis Chrift qui pre commande . Sainft Paul ayant vie de telles
■ ifide fur tous nos combats, & nous a mis l'or- Compar.iifons, adioulie , Q» -vn laboureur tra-^
dre & la police telle qu'il a voulu. Il nous faut nailU douant que receuutr hs fruits Je la. ter--,
doHcairuiettir à fa volonté, &n'efl point que '* . Or ici nous pouuons luger que noftre
ftioD de nous retirer quand bon no;is femble- rature eft (î tardiue à Faire ce que Dieu de-
rav^in'î armons-nous à perfeucrace:& toutes mande, qu'il nous faut picquer & donner
fois & quantes que nous l'erons folicitez à beaucoup de coups d'efperon , deuant que
nous fafcher,& à perdre courage, que ceci nous fuyons incitez comme il appartient.'
nous viene au deuant. Car le faindEfpnt nous Et en cela deuons-nous bien nous defpJair-
reproch&ique nous ferons trop ingrats fi nous re. Car n'eft-ce pas vne grande pitié que no-;
ne combatons aufsi couftamment fous lefus lire Seigneur qui nous deuoit auoir gagnei;
Chriftj-comme font ceux qui fc iettenc en vne du premier cotip faifant ligne du doigt , ne-,
lice quand >1 yaura vn prix qui fera crié . Si nous puiffie efmouuoir, quand il nous aura ex— •
donc nous portons moins d'honneur au Fils hortcz de venir à luy .qu'il nous aura decla— .
de Dieuquenefecont ceuï-lapour vnegloi- ré quelle cft fonaffeclion enuers nous , ^u'il
re mondaine, ne fauc-U pas que nous foyons n'en puifle cheuir: mais que nous demeu-t
plus qu'aueuglez.=Ce n'eft point donc fans eau rions toufiours là endurcis , quand il aura en-
fe qu'il tft dit que nous deuqnscôbatredeuc- cores adioufté vne féconde rcmonftrancc:
ment, il nous voulons obtenir la couronne <]ui pour redoubler, que cela ne profite point , &
nous eft promife . Et cependant aufsi notons qu'il ne piiillc corriger nollre pareflèf Quand,
ce que nous auons touché , c'eftafçaiioir que donc nous voyons qu'il faut vfer do tant d*'
CEUX qui combatoyent anciennement, auovct aiguillons pour nous picquer , n'aiions-nous.
vjie affedion fi ardente de fe faire valoir, que point iufte raifon de nous defplaire, & de ge->
c'elloit pour leur retrancher leurs morceaux, mir, voyans noftretardiueté fi vikine ; 11 efc
pour fe donner du mauuais temps :brief,qu'ils vray que fainû Paul n'accufe pas ici ni Ti^
nlofoyent pas fe nourrir. Car ils auoyent ce- mothee , ni les autres.; mais fi eft^ce qu'il'
fte faconde faire, iedi les luifteiirs , de man- monftre que les hommes de nature iajnais»
ger feulement du bifcuit , qu'ils s'abftenpyent ne feront alltz efmcus pour venir à D4eu , fi
de toutes délices, qu'il n^efioit point quelbon on ne les folicite : & non lèulcinent pourvn,
dfe boire ne démanger à leur appetit.Et pour coup, mais il faut touGours recommencer.-,
quoy ? Pour auoir vne couronne de fueilJes. Etmefine fi Timtohee aeubefomd'eftreain'-.
Or maintenant puis que Dieu nous permet d' fi incité.que fera-cede nous ? Car il s'en fauo
vfer dis biens qu'il nous élargit, ( voire fînon beaucoup que nous ayons vn te] zcle&arfe-
que nous fufsions empefchez de recourir à ftion que luy . Il eilvtayque fainft Paul n'a,
luy) qu'il ne nous facepoint mal quand il fe- pas eu cfgard feulemtnt à fa perfonne : mais
ra queftionde fuyure noftxe Seigneur lefus fi eft-ee qu'il l'a compris au rang de ceuic.
Chrill, de retrancher tout ce qui nous feroit aufquels il parle. Qii'i-ft-il donc .queftion de
en obftacle. Et ainfi notons bien qu'il nous faire ? Apres auoir chalTé toute parefie , que
faut abftenir de toutes chofes qui nous pour- nous aduifions de ibuuent réduire en memoiTi
royent débiliter ,& qui pourroyent retarder le its chofes qui font ici contenues. Or le,
noftre courfe. Et ceci fe rapporte à ce que i' fainft El'prit n'a point vfé d'vn langage fij.1,
ay défia touché: car nous ne pouuons pas de- perflu , quand il a ainfi recueilli des compa^
terminer tout ce qu'il faut que les feruiteurs raifons diiierfes : c'eft fign'e que fi Dieu nous-
de Dieu quittent, quand ils doyuent batailler a crié pour vn coup l'alarme, que noas,fe-
fous l'enfeigne de noftre Seigneur lefus rions incontinent refroidis s'il ne conti^
Chrift.Etpourquoy?Auiourd'Jiuy nous pour- nuoit . Et pourtant quîvn chacun aduife des.*
rons vfer d'vn 'chofc, qui demain. ne nous fera elForcfr,que quand le diable tafchera de nous
point licite.Et pourtant il nous faut regarder bander les yeux , de nous afTopir, qii-de nous
à la nccefsité vrgente de laquelle lainft Paul empclchcr en quelque façon que ce £bii, que
Ait métion au feprieme chapitre de la premie nous prenions les remèdes qui noas font ici.
reaui Corinthiens : que fi auiourd'huy Dieu mis en euant . 'Voila ce que nous auqnj àn.o-
nous permet d'eftre à repos, & de boire & de ter en premier lieu. Or maintenant venonsà,
manger à noftre aife, il ne faudra finoa tour- cefte fcntence : \n,,hb<iu.reur tmiiaille Jeuiit^t.
ner la main qu'il notis appellera à poureté, à que recueillir les fitiU s defin-chamf,(p' délit-,
maladie &autxesfafcheries&trnuaux .Ainfi moiffon. Ici fainfl Paul nous redargue pari',
«Jonc on ne peut pas déterminer chacune mi- vfage commun des hommes : «omiae s'il di-
nutede temps de quoy fed,oyuét abftenirles foit , qu'en ces chofes terriennes il ne fau-
feruiteurs de Dieu îiTuisregardQnstpufiours droit pas vfcrde tant dercuionftrances . Et
à noftre vocatipn,(cqmmei'A}! de^sdit}^ poui^^uoy ? Nature conduit les hommes tel»
à
SVR LA II. A TIMOTH.
38-3
lement ï que de leur bon gré ils marchent &
fondeur deuoir. Faut-il auoir beaucoup de
«refcKeurs qui aillent de maifon en maifon
aux laboureurs de terre, pour dire, Or ça il
eft vray au'il vous taudra maintenant mener
la charrue aux champs , & vous ne fçauez
pas quel fruiâvoiis en doit reuenir : & puis
il faudra ietter la femence, il vous faudra at-
.tendre que le temps de moiflbn foit venu.
Faut-il puis après, quant aux prez , quant aux
vignes,& toutes choies femblabies , aller ain-
iî-3ifputer ? Nenni : chacun y ed tout accou-
ftumé parvfage : & les hommes ont défia fait
leur conte , qu'il faut trauailler. Se ne leur en
fait .point mal , ils se trouuent point cela C;-
itrange.Et pourquoy ? Il eft queftion de cefte
vie caduque. Or maintenant fi nous auons à
iuyure Dieu, voire lequel nous appelle à la
yie-celeûe , nousnepouuons rien porter : le
moindre trauail du monde nous feniblera vn
&rdeaiifiperant,que nous defaudrons : brief,
nous ne pourrons pas remuervn doigt . Q_ui
«il caufe de cela ? Ne faut-il pas ici condam-
ner noflre ftupidité , comme elle fe monftre
par trop ? Et ce que l'ay dit du labeur des
champs , nous le voyons en touseftats. Car
qnandvn marchant leue vne boutique, ou quel
que tiafhque.ii penfe bien qu'il faut aller par
pluyes& par-vents , il penfe bien qu'il fcfaut
kaza.der en beaucoup de chofes.qu'ii faut ex
pofer fa fubftance à beaucoup de dangers , &
ne faut pas en cela ( comme l'ay dit ) longue
prédication. Et pourquoy? On ferme les
yeux à tout ce quipourroit desbaucher : car
autrement chacun raourroit de faim. On di-
i;a. Et quoy ? Si ie veux délibérer , afçauoir fi
iedoy faire ceci ou cela, que fera-ce quand ie
Yoy que ie ne puis autrement viure ? Il faut
donc conclure , & exécuter quant Se quant.
Voila comme nous parlerons , & monftrons
aufsi par efFe£t que cela nous eft tout per-
fuadé,quant à ce qui concerne cefte vie cor-
ruptible. Il faut donc dire que nous n'auons
nulle apprehenfion de la vie celefte, quand
nous Ibmmes ainfi attachez à ce monde , &
aux chofesvifîbles , & que nous ne penfons
point que noftre héritage eft au ciel . Car û
cela nous eftoit bien conclu, il eft certain que
nous ferions prefts à batailler autrement que
nousnefommespas. Ainfi donc nous voyons
maintenant l'intention de faindt Paul : Vn la-
boureur (dit-il) trauaille deuant qu'il reçoy-
ue le frmddcfon champ. Or noftre Seigneur
nous a appelez à cefte codition de trauailler.
Pourquoy donc nous plaindrons-nous fi nous
n'apperceuons pas encores le fruift qui nous
en doit reuenirf Et neantmoias on orra les ge-
miflèmens tous lesiours.qu'yn chacun fe cha-
grine quand noftre Seigneur nous veut em-
ployer àfon feruice,& qu'il noustraitte plus
xuden^ept que nousnefouhaitterions : on fe
dcfpite^oiDine délia i'ay dit:J£il-ce pour touf
iours que ceci durera?Et fera-ce pour tout le
temps de noftre vie? Aurons-nous toufîours
ainlî des fal'cheries & des moleftes? Et ne fe-
rons-nous iamaisàrepos? Voire, maisc'eftla
failbn de trauailler. Vn laboureur dira-il , Et
fera-il toufiours le prim-temps ? Quand li
fçait, Voici le prtm-temps , il faut que ie tra-
uaille , c'eft le temps de mon labeur : dira-ij,
Et comment ? Les années s'entrefuyuent, que
c'eft toufiours à recommencer : ie trauailiay
l'an palTé, & maintenant il faut r'entrer au tra
iiail plus que iamais,i'en voudroye e/lre quit-
te. Les hommes ne parleront iamais ainfi: car
ils voyent bien que ce feroit temps perdu. Il
faut bien donc que nous foyons defpourueus
de raifon , quand nous murmurons à l'encon-
tre de Dieu , & que nous ne pouuons pas at-
tendre patiemment le temps de moiflbn pour
lecueillir le fruiû quinouseft apprefté . Or
maintenant il nous 'faut retoarner à noftre
comparaifon: c'eft que ces poures gens ayant
trauaille , fouuent feront ftuftezde leur at-
tente: voila vne gelée qui vendengera tout,
voila quelque grefle ou teinpefte qui gaftera
les blez,& autres fruiâs de la terre 1 & néant-
moins les laboureurs ne fetafcheront potn»
quand ils auront eu ainfi vne mauuaife rencon
tre, fi eft-ce qu'ils y retournent. Pourquoy;ll
faut viure. Or de noftre cofté , combien que
nous ayons de mauuais heurts , tant y a que
nous ne perdons rien , d'autant que toute les
affligions & miferes qu'il nous faut porter,ne
empirent point noftre condition. Car noftre
vie eft referuee au ciel en fi bonne garde qu'el
le n'ert poît fuiette ni à orages,ni à tourbÛlôs,
ni à grefles , ni à rien qui foit. Puis qu'ainfi eft
donc que nous ne trauaillons point à l'auentu-
re,mais que nous fommes afleurez du fruift,ne
deuons-nous point auoir plus de courage que
les laboureurs de la terre? II refte maintenant
de veoir quel eft noftre labeur. Car comme les
bonnes gens ont à traîner la charrue, & puis à
faire le refte qui eft requis à leur labourage:
aufsi de noftre cofté , il faut veoir ce que no.-
ftre Seigneur nous commande : car autrement
nous pourrions trauailler fans nul profit, Com
me nous.voyons que ceux qui veulent eftre de
uotsà leur phantafie , fe tourmentent fans fia
& fans cefle.Miisquoy ?Ils n'auancent de nen.
Vn Papifte quand il bruflera de zele,apre* s'e-i
ftre beaucoup empefché en fes fupetftitionsy'
qu'aura-il gagné?R.ien qui foit: car Di«a defa
uoue tout. Il faut donc fçauoir le moyé de bié
trauailler. Et de fai<El,pour cultiuer Ja terre.ii
vn home ignorât fe fourre là.il gaftera tt>ut,&
reculera le labeur d'vn autre. Et ainfi pcfons à
quoy c'eft q Dieu nous employé. Or nous fça
aqns quelle femence il veut que nous iettionsV
npiis fçauons quel labçur il demande de nous'y
nous fçauons tout le refte , voire moyennant
que nous foyons attentifs à efcouter fa doûti-
QC. Ainûdonc pour nous accjuitter de ce que
Pb.iiii.
j84
SERMON IX.
Bouj monftre ici fainft Paul, il nous faut eftre
enfeigntz carefcholede noftrc Seigneur le-
fusChiift. Car nous oyons ce que die le pro-
'^•4' phete Icrcmie, que nous auons à nous confor-
mer à ce que nous voyons eftre obl'erué au la-
beur delà terre:ildit qu'il faut desfricher cou
tes les efpines qui font en nous, & les ronces,
& les mauuaifes herbes. Car (i on vouloic fe-
mer fur vne terre deuant qu'on Tait labourée,
que fera-ce?Si on veut mettre la charrue par-
mi les bois , qvand vne terre n'aura point efté
desfricheede long temps, qu'elle fera pleine
de ronces 84 d'efpines , que «e feront comme
des hayes , que profitera-on d'y ietter la fe-
Bience? Ilfaut dcsfricher premièrement. Et
ainfi nous voyons qne fainft Paul nous rame-
né, à ce qui cft tout accouftumé entre les hom-
mes , nous monftrant qu'il ne nous faut point
aller à l'eftourdie, mais quenoftre Seigneur
nous a monAré la leçon à laquelle il nous faut
tenir.Et puis.quand faintb Paul parle de feruir
ii nos prochains , il accompare les aumofnes à
la femence , & dit que ii nous femons chiche-
ment , nous recueillerons aufsi vne moiflbn
bien maigre :mais fi nous femons libera4emét,
voila le truiûqui nous eftappreflé aflezabon
dant , qu'il ne faut point craindre que nous
ayons rien pei^du. Par cela nous Ifommes ad-
moneUez ( comme l'ay défia dit) de n'y aller
pas fans difcretion.mais de trauailler en forte
qiie Dieuauoue noftre L>beur,& qu'ill'approu
uc: Si cela fe fera quand nous pourrons nous
conformer à la doctrine qu''il nous a donnée
par fa parole.Tant y a que durant cefte vie il
nous faut faire noftre conte que Dieu nous
veut exercer en trauail: car ce n'eit point en-
core; la faifon de repos : fi noftre chair mur-
mure,fi nous fommes fafchez &moleftez, co-
gnoiiïbns que la faifon n'eft point encores ve-
nue de nous repofer. Etpourquoy ? D'autant
qu'il ne plaift pas à Dieu.d'autant qu'il nous a
limité toute noftre vie comme à vne courfe,&
qu'il veut efprouuer nofftre obeiflance quand
il nous employera endeschofes qui nous font
& rudes,& fafcheufes,& defquelles nous vou-
drions bien eftre exemptez. Voila en fomme
ce que nous auons à retenir. Or en la da.Sc
pour conclufion fainû Paul dit, Enten les cho-
Us qtr ie te frofofe , tp" que D iV» te donne en-
tendement en toutes chofes. Or quad Clinâ Paul
exhorte ici Timothee de bien obferuer ce que
il luy auoit dit.ce n'eft pas que les chofes foy
ent obfcures. Il a parlé de cultiuer les terres.
Et bien, cela eft artèz commun aux plus rudes
& aux plus grofsicrs. Il aparl-édes luiâes &
des courfes qui fe faifoyent : cela ne requiert
pas grande fcience. Il a parlé aufsi de la gen-
darmeric,&des foukiats qui quittée leurs mai
fons pour feruir à leur capitaine : cela fe voit
aircz:il ne faut point aller à l'efchole pour ap
prendre des matières û vulgaires que celles-
ci. Mais fainft Paul fignilicque nousnepoH-
uons appliquer à noftre vfagc ce qui cft le plus
commun du monde,voire s'il le faut appliquer
droitement pour nous conduire au Royaume
de Dieu. Car s'il eft queftionde noftre profit
temporel, nous ne ferons que trop aigus &ât-
tentifs,& ne faut pas qu'on nous dife deux fois
vne cho(e : mais quand nous deuons venir an
Royaume de Dieu , nous fommes fi hebetez
que quelque choie qu'on nous dife , nous n'y
entendons rien, nous n'y pouuons rien mor«
dre. Voila donc pourquoy fainâ Paul a ici ex-
horté Timothee , qu'il entendift ces chofeï.
Comme s'^ildifoit. Regarde bien àtoy: carie
te monftre ici ce qui te doit eftre aflez cognu,
en forte que tu n'as nulle eicufe.Or nous auôt
défia monftré qu'il a plus regardé aux autres
qu'à Timothee.Et cependant fi eft-ce qu'il l'a
voulu mettre du nombre commun , afin de
nous monftrer que fi' Timothee a eu befoia
qu'on luy tiraft ainfi l'aureille , par plus forte
raifon il faut que nous foyons picquez,ou ixt-
trement tout ce qu'on nous pourra dire,ae
nous elinouuera point, & mcfmes il s'efcoule-
ra dfuant nos yeux deuant que nous y ayonf
penfé.Or là deflus notés que l'Efpritde Dieu
argue noftre rudelTe , de ce que nous fommes
tant cllourdis quâd il eft queitié du Royaume
fpi rituel, voire tellemétqu'encores qu'il nous
tende la main comme à des petis enfans,& que
il nous mené à petit pas , nous ne pouuons ,
nous auancer. Voila pourquoy noftre Seigneur ""•3''*
lefus difoit,Si vous n'auez point entendu les
chofes terrcftres que ie vous ay monftrees,co
ment volerez-vous iufques au ciel? Ileftvray
que lefus Chriftparloit toufiours de chofe»
ccleftes, & c'eft fa fin & fon but: mais fi eft-ce
qu'il difoit les chofes félon la capacité de
ceux aufquels il parloit. Car il voit Nicodcme
qui n'y comprend rien , qui foutesfois cuide
eftre grand dofteur.Sur cela il luy inôftre qu"!!
n'a pas entendu ce que les petis enfans co-
gnoiflent:comment donc fi i'vfed'vn haut fty
le& profond (dit-il) le comprendrez -vous.'
Ainfi en eft-il en ce paflàge. Et pom-tant ne
penfons point eftre fi habiles que nousaYons
coprins du premier coup ce qui eft vtile pour
noftre falut. Car encores que Dieu nous maf-
che nos morcc3ux,qu'il ne refte qu'.i les aual-
1er, fi eft-ce qne nous fommes fi eftourdis que
nous ne comprenons point la doftrine.Et qui
plus eft,)ainâ: Paul adioufte vne priere.difànt,
Qu^e le Seigneur te donoe entendement en toutes
ehofis-Comme s'il difoit. Voici, ileftvray que
les chofes que i'ay ici efcrites, fontfi claires
' qu'il ne 6ut point eftre grand doûeur pour
les entendre , car les petis enfans voycnt que
c'elhmaiv cependant fi eft-ce que nous ne pou
00ns point tirer à Dicii,& quand on nous par-
le de le feruir , quand on nous parle de cher-
cher la vie cclcfïc, nous fommes tant endor-
mis querié ne noms entre en Pcfprit.Puis que
ainfi eft donc, nous auôs befoin que Dieu nous
donne intelligence en routes chofes. Or pour
te que le temps ne porte point que ceci foit
dcduit
SVR LA II. A TIMOTH
5^î
déduit plus au long , que nous recueiJlrons en
fomme vue bonne dpcinnex'ert ar^auoir.touc
ainfi que quand Dieu nous aura commandé ce
que nous dtuons taiic , que nous ne ferons
pomc tenus de nous acquitter cnuers liiy uif-
ques àce qu'il nous y conduile par fon làintt
Eiprit:aufsi quand il nous enfeigne à difcer-
ner entre le bien & le mal , ^e nous demeu-
rerons touiîours en noftre Ignorance comme
pouresâueugles.iufques àce qu'il nous ait il-
luminez, & qu'il ait tàit valoir la doitrine qui
eft prelchee par la bouche des hommes Or
ceci nous eft bien neceiraue. Car q'.iand nous
ferons venus aufermon, fi nous fomraes rem-
plis d''vne folle opinion de noftre vertu, & de
noftre indulhie ,& que nous cuidions cftre
fuFfifans pour comprendre ce qui nous feia
dit,nollre Seigneur fe raocqucra d'vn tel or-
gueil,& permettra que nous retourneras plus
ignorans q nous ne fomn.es . enus,& non fans
caufe.Car nousn'auons point efpritpous rie
comprendre decequi cftdu Royaume Spiri-
tuel deDicu.q nous ne fent.ons qu'il faut que
il nous guidc,& qu'il nous donne ce qui nous
défaut. Etcepenclant auAi, combien que nous
voyons que nous fommes fi lourds que nous
ne pouuôs pas appeiceuoir vn pitd loin (com-
me on dit ) que pour cela nous ne ptrdions
point courage. Etpourquoy? Carnoltre Sei-
gneur nous donnera entendement en toutes
chofes.que félon qu'il nous prefente ù paro-
le,ri nous ouurua les yeux 8< les aureilles , &
non feulement nous donnera. iiueiligence> -
mais quant & quant formera tellement nos
coeurs, que nous fuyurons par tout où U nous
appellera. Voila donc comme d'vn cofté ii
nous faut eftre humbles &• petis , cognoiilàns-
que nous ne comprenons rien linon d'autant
que nous fommes illuminez par l'Efprit de
Dieu. Mais derechef il faut que nous foyon»
tout refolus q noftreSeigneur nous inftruira,,
afin que nous ne doutiôs point qu'en efcoutit
fa paioleauec vneafFûftiondroite,& ne cher
chans finond'ellre gouuernez par luy,&d'e-
ftre (es difcipies , que nous ne foyons illumi-
nez en forte que nous ne comprenions fcs fe-
crets ceieftes.qui autrement furinonteroyent
toute noftre capacité.
OR nous-nous proftetneronsdeuant Jt
face de noftre bon Dieu en cognoillàncc de
nos fautes, le prians qu'il luy plaife les abolir
du tout,& en effacer tcllemét la mémoire par
le fang de noftre Seigneur lefus Chrilt fon
Fils, que nous le puifsions trouuer propice en
uers nous.Et que dorefenauantilnous refor-
me tellemét, qu^eftans retirez &defpouillez,
de tous les empefchemens de ce monde, nous
ne demandions finon d'adhérer pleinement à
luy,&de fuy ure le chemin qu'il nous propofe»
& que iamais nous ne foyôs las.mais que nous
continuyons lufques en la fin en l'eiperance
de la vie celefte, fçachans que nous ne ferons
point fruftrez de noftre efpoir, & de la fiance
que nous aurons appuyée Si arreftee en luy^
Que non feulementil nous face ceftegrace»
nuis à tous peuples & nations de latecre^u >■
TROISIEME SERMON SVR LE
SECONDCHAPITRi.
8 Aye mémoire que lefus Qhrijl ejï rejfufité da morts, quiejî
de ïafemence de Dauidflonman Euangde,
^ Auquel l'endure traudux iufqucî aux îiem,comme niMaiteun
mais la parole de Dieu nej} point liée:
10 Vour cejle caufc i endive toutes chojespour les eïeus, afin que
ils obîienentaufsi lefalut quiejî enlefisQhrifi,duec la gloire etermlkl
Ous suons veu par ci dcuat
i';q«e le diable ne pouuoit fai
4w>re vne playe plus mortelle •
JtI entre les hommes,qu'cn cor
^rompant la pureté de l'Euair
gile:pource que c'eft en cela
que gift leur vie. Tout ainfi
que rh omme , s'il eft pnué de fon ame , n'ha
plus ne fens , ne vigueur : ainfi elt-il de nous
quant à Dieu.qii'il faut que nous perifsions fi
nouslommes^deftituez de la parole ,,en vertu
de UquclleDieu nous v'iiïifie. Voila pourquoy
de tout temps ie diable a machiné de peruer-
tir la pure doftrinerqnand il ne "a peu du totic
anéantir, fi eft-cequ'il y a m..; des mrilinges:
& corruptions, afin de toutdeYguifer; s'il luy
eftoit pof;ible,ilvoudroit bien que le nom de-
noftre Seigneur lefiis Chrift, full exrerminé
du monde ,& qu'on n'en parlaft plus. Mais^
quand il voit que Dieu ne permet point que-
le règne de fon Fils foitdu tout abbatu, qu.e-
fait^iUll y vient pai aftucc; & depraue & lal^
fifie la droite fimplicué , afin qu'il y ait vni
ph^niofme au licade lefus Chrift. Et voilât
cortimeilen tftaduenu en la Papauté: carie».
Papiftes confeiïèront bien 'auec nous qua k.-
58fi
SERMON X.
Fils lie Dieu cft icicêJH au inonde ponr eftre '
noftre Redépteur,& quVftîs baptizez en l'on
Nom, il faut que nous ayons cjuelcjue reuereii
ce à luy:&cepcdant û eft-cequ'ih necognoif
lent nuUemét la vertu ,& tout clt là peruerti,
qu'il n'y a pas vn feul poincl de dottrine que
les hommes n'ayent brouillé , en telle forte
qu'on ne cognoill pas ce qui eft procedéde
Dieu. S'il eit queftiô de Içauoir corne les hoin
mes doyuent eftre fondez pour auoir fiance
de falut.làon voit comme le diable a gagne, &
qu'il n'y a rien d'entier: pource qu'au lieu de
l'cauoir que lefus Chrifteft la pleine & parfai
te iuftice.ces pouresaueuglês font enyurez en
leurs mérites : Se quand ils fc fcntentcoulpa-
bles deuant Dieu, ils ont leurs fatisfaûions,
& le tout pour anéantir la vertu de la mort &
paûion de noAre Seigneur lefus Chrift.Si on
veut feruir Dieu, cornent y procede-onJCha-
dit ici dereiehef àTimotRee; Q»'/? tefoit-tU'
ne que parte mm {.uangile. Et quelle en eft la
fubrtancerC'eftque nous regardions à noftre
Seigneur Icfus Chrift.comme aufsi nousfça-
uons qu'en luy font enclos & cachez tous thre
fors defage(Ie,que pour auoir vne droite per
Cclo.l.t
feiiion , c'eft à luy feul qu'il nous faut tenir.
Quand donques nous aurons cognu le Sei-
gneur lefus , fçachons qu'il n'y aura plus que
redire. Et ainfî pourfuyuons à adhérer à lefus
Chrift nuugré ceux qui ne fe côtentent poinc
de luy, qui veulent auoir leurs refueries,ou
bien ce que les hommes auront forgé: Se que
ils extrauaguent tant qu'ils voudront:cepen-
dant que nous cfcoutions noftre Dieu , que
nous foyons cnfeignez de luy,fçachans que le
but auquel il nous addrelFe, c'eft que nous tea ^
dionsi lefus Chrift , d'autant que toutes les
parties de noftre falut font là comprifes.que^
cun aura fa deuotion particulière. Et puis il y ' quand nous le poflederons.il ne nous faut ne
a les loix qui ont efté torgees à l'appétit des
hommes:& cepédant Dieu n'eft efcouté qu'à
demi,&encoresàgrand'peine.Si on parle de
prier, les oraifons font toutes poiluesi Car au
lieu que l'Efcriturefainfte nous déclare que
c'eft le principal feruice que Dieu demande
de nous , & le facrifice aufsi par lequel nous
vcnonsàdeclarer que nous auons noftre re-
fuge àluy,&q l'accès nous y eftdôaé, pource
que noftre .Seigneur lefus Chrift eft noftre
fouhaitterd'auantage. Voila en premier lieu
ce que nous deuons ici noter fur l'intention
de fainft P.iul,qu'il ne veut pas que les CBre^
ftiens foyent volages , & qu'auiourd'huy ils
ayent vne do6lrine,d: demain qu'ils vueiUenc."
cnanger: mais qu'ils perlîftentiufquesà la fin •
en la pure vérité de Dieu. Au refte.il nous m»'
ftre quec'ell à lefusChrift qu'il nous faut te-r •
nir, ou autrement il n'y aura que confulion en j
noftre foy. Et d'autant que le diable s'efForce -
Âduocat & patrô:tout au rebours en laPapau de nous desbauchcrde la pure verité.comme
té on réuoyeaux faintls & aux faindes.Q|uât
aux Sacreraensjil ya vneconfulîô fi horrible
qu'on en fait des idoles : & au lieu que ce de-
uroyent eftre corne miroirs pour contempler
la grâce qui nous elt donnée en lélus Chrift,
ils le? ont fait feruir de miraclespour empef-
cher que lefus Chrift ne fuft nullement co-
gnu. Voyans dôc vn tel artifice de Satan, no'
deuons tant plus eftre munis de ceft aduerttf
fenient que donne ici fainû Paul à Timothee,
Se àtousChreftiens en general:c'eftque notts
foyons ditigés à retenir la puredoûrine,telle
qu'elle cft contenue en l'Euangile , que nous
ne foutfrions point d'en eftre diuertis en quel
que façon que ce foit , mais que nous l'ayons
tellement imprimée en noftre cœur Se en no-
ftre mémoire, que quand le diable aura brafle
tout cequ'ilaura peu, que neantmoins noftre
foy demeure ferme Se confiante, que nous co-
gnoifsiôs qu'il n'y a qu'vn Dieu,& félon que
il/eft dcdaré ànous.quenousdemeurios en
la pureté de fa parole : que nous fçachions
quel eft lefus Chrift,dcquoy il nous doit fer-
uir , les biens qu'il nous a apportez , afin que
nous foyons autour appuyez & arreftez en
luy feul ■ que nous fç.ichions en fomme, que
c'eft d'.- foy 8;de repcntance, pour inuoquer
Diea.Q^and nous aurons cel.i,nous nepour-
rôspjiut craindre, côbienque tout foit méf-
ié, en trouble & en obfcuritéique neantmoins
la vérité de Dieu -nous efcUirera pour tenir,
le droit chemin. yjoiUp.otirquoylaJa^raWlj
■nous le voyons parexperience.que nous foy-
ons armez à l'encontre, que cette cognoiilàn
cède Dieu que nous aurons vne foisreceue
ne nous foit rouillee,& qu'elle ne fe puifle ii-,
mais effacer , mais que nous en ayons la mé-
moire imprimée en nos cœurs, pour refifter à
tous les allâuts Se fcandales qui pourront ad-
uenir , que nous pourfuyuions ou noftre Sei-
gneur nous appelle , & que nous demeurions
fermes,combien que le diable necelTede touf
toftez d'aflàillir noftre foy,que nous ne crai-
gnions point d'autant que nous auons noftre
Seigneur lefus Chrift qui nous fortifiera en
tout& par tout. Or cependSt lefus Chrift eft
ici intitulé Je ta fimence Je DauiA : Se puis la
raifon eft adiouftee quant &qu3nt,& non fans
caufe.Car (î nous voulons auoir viftoire con-
tre toutes les tentations de Satan, il faut bien
que nous ayons vne grande fermeté , Se que
nous fçachions que ce n'eJl point àl'aduentu
re que nous croyons en lefus Chnft ,que ce
n'eft point par opinion douteufe , mais qu'il
nous cft procédé de Dieu pour noftre Redem
pteur. Et pour cette caufe fainél Paul marque
ici qu'il eft de la lignée de Dauid, 8e de (a fe-
mence. Car nous Içauons les promclTes qui
font contenues en TEfcriture lliinûcc'eft a-
fçauoir que tout le monde dcuoit eftre bcnit
en la fcmence d' Abraham. Or Dieu a ratifié
cela à Dauid , de monftrer que c'eftoit de là
dont dcuoit procéder le Rédempteur , afça*.
uoirdc la lignée de lud4,& raefoiei de la mai- ■
fjn
SVRLAII. ATIMOTH.
f7
Ton deDâuid.VoiJa dôques poiirqiioy en pre-
mier lieu fainil Paul luy attribue ce titre, c'crt
afin que nous ne àoutions point qu'ayans les
promefles" que Dicii auoit faites ladis aux pè-
res, touchant le Redcmpteui qui nous a cité
donné.nousledeuons receuoiren pleine cer-
titude , & n'auons point occafion de dou-
ter (îc'eftluy, ou non. Pourqiioy? Ileft forti
ie la maifon de Dauid.Et combien qu'alors il
n'y euft plus de dignité royale , ce defaut-là
toutesfois ne pouuoit point deroguer à Lî
gloiredenoftre Seigneur lefus Clinft : mais
pluûoft c'eAoit pour eftre mieux confermcz
que c'eftoit luy qui deuoit e/lre enuoyé. Et
pourquoy.'Ifaie le Prophète n'a point dit que
il naiftroit en vn palais, qu'il l'eroit nourri en
grand' ponipe:mais il a dit, qu'il fortiroit vn
}fi'lUl> petit furgeon du tronc d'Ilài: comme s'il di-
foit que lefus Chrift , combien qu'il foit de-
fcendu de la lignée royale , neantmoins a eu
des parens poures.&qui n'eftoyent nullemét
prifez quant au monde , ou il n'y auoit pas
grande apparence ni dignité. Tout ainfi que
feroit vn arbre liée , ou bien vn arbre coupé,
duquel il ne demeuraft que le tronc & la tige
qu'on fouleroitau pied: mais delà (dit-il)il
viendra vn petit furgeon comme par deflous
■ terre. Et auTsi nous voyons que Itius Chrift
eft nay de telle façon, comme le Prophète l'a
uoit teftifié. Etce nous eft vne confirmation
plus grande de noftre foy quand nous voyons
«ju'il eft ainfi manifeité au monde afin que
flous foyons du tout arreftez à luy. Voila
pour vn item. Mais cependant fainft Paulauf-
il nous déclare que le Fils de Dieu ayant pris
noftre nature , s'eftant vcftu de noftre chair
infirme,eft relTufcité en gloire, afin que nous
eufsions toute noftre confiance là, & que ce
fuft pour nous faire hardis , à ce que nous ne
JefaïUions point parmi tousopprobres, tou-
tes perfecutions.Â' toute< iniures.Brief.quand
il femblcra que PEglife de Dieu foit comme
abyfmee , que nou^ ayons les yeux elenez en
iiaiit pour contempler la gloire en laquelle le
Fils de Dieu a efté exalté, A; afin que nous fça
chions que nous ferons participans de tous
fes biens, 8e. qu'il nous * conioints à foy : que
nnus Tçachions aufsi qu'auparauart if s'eft
a iiiffé lu^ques à vne côd ition 11 poure & fi mi -
ierable, qu'il a voulu eftre fail Jiôme mortel &
-p^fiiblec&xjuiploseft.ij s'eft teJlemét anéan-
ti, qu'il eft venu iufques à ceft opprobre de la
croix. Puis qu'ainfi eft donc que noftre Sei-
gneur lefuî Chrift n'cft point afsis en fon
Empire feulement quant à fa maiefté diuinc,
mais en ù nature fiagile qu'il auoit prinfc de
nous , en cefte condition en laquelle il a efté
feruiteur, que maintenant nous foyons afleu-
rez qu'il nous reccura en fa compagnie, & que
-le mefprisque nous auons maintenant à fouf-
fnr n'empefchera point que nous ne pre-
nions courage 4e toufiours courir en cefte
cfpcrance (jui nous eft donnée en luy. En fom
me, qu'il nous fouuiene de ce q(ie dit k Pro-
phète Ifaie, au cinquantetroilîeme chapi-
tre jveifet X. qu'il a eité elcué d'argoiftPe & de
vitupere,pour eftre mis comme envn chariot
triomphant quand Dieu le Père l'a voulu ma-
gnifier : mais c'a efté de ctfte extrémité fi
grande qu'il fembleroit qu'il fuft du tout con
fus, qu'il cftoit comme desfiguré ainfi qu'il en
efttraitté en ce pa(Tàge-là, qu'il n'y auoit
plus mefmes nulle r< putation d'homme, qu'il
cftoit iniurié&reiettéde tous:comme auhiil
en eft parle au Pfeaumevingtdeuxieme, qu'il
fouftenoit l'opprobre 'non feulement des
gians.mais du commun populaire. Or main:e-
nant nous voyons ce mie nous auoni à rete-
nir plus outre de ce paflage.c'eft afçauoir que
fil'Eglife deDieu en ce inonde eft mefpri..
fee,& qu'il femble qu'elle foit du tout defti-
neeà périr, nous n'en foyons point pourtant
dcftournez.Et pourquoyMl nous faut venir à
cefte refurreftion de noftre Seigneur lefus
Chrift , que nous cognoifsions quand le chef
-de ce corps-ci qui trauaille au monde, eft ref-
• fiifcité en gloire, que ce lera pour nous forti-
fier afin que nous ne foyons vaincus de nulle
tentation. Au refte , que nous ayons ces deux
chofes , c'eft afçauoir que le Fils de Dieu a
prins toutes nos infirmitez , qu'il s'y eftalTu-
ietti de Ion bon gré, afin que nous ne doutiôî
point que tout ainfi qu'il a prins ce qui eftoit
noftre, ilnous veut faire aufsi participansde
ce qui eft fien &; de ce qui luy eft propre à luy
feul comme au Fils vnique cle Dieu: que nous
ayons toufioursce regard-là pour repoufler
les tentationsde Satan. Et aufsi que nous le
cognoif ions fans aucune doute le Rédem-
pteur qui auoit efté promis, afin qu'e luy nous
ayons l'accompliflement de tontes chofes qui
. appartienqnt à noftre falut : que nous ne foy-
, onspoint nonchalansà bien goufter cela pour
eftre- efmeus &eftoi7nez; mais que nous l'ay-
ons tout refolu ,d'aur.int que Dieu eft fidèle,
qu'il a accompli ce qu'il auoit dit aux Percs
anciens , quand il a enuoyé le falut au monde
par la main de fon Fils vnique. Or fi ceUe do-
ôrine fut lanvais neceflâire pour tous fide-
- les, elle l'eft auionrd'huy.Car combien que de
tout temps ce qui eft dit au Pfeanme foit veu,
c'eft afçauoir que TEglife de Dieu a efté pa- ^f-^^f-'
reille à vn champ qni eft labouré, & que la
charrue a toufiours traîné fur fon dos: tant y
a qu'auiourd'huy nous voyons les perfccn-
tions fi cxcefsiues que c'eft vne horreur. On
voit tous les grans de ce monde quiontcon-
fpiré de ruiner l'Euangile : on voit en quelle
iiirie ils y proc{dent:on voit ier^ cruautez qui
s'exercent contre les enfans de Dieuion voit
l'orgueil qui eft en tous incrédules, & en tous
<enx mefmes qui ne peuuent faire hommage
au Fils de Di en, qui neantmoins fe renom-
ment Chrcftiens , qu'on les verra er.ircnimez
àl'encoiitre de tout bien , qu'ils vondroyent
peruertir tout afin d'auoir vn Euangile à leur
Cf. i;.
jSS
SERMON X.
porte: OQVolt toutes ces diofes-la. Brief, là
où les glaiues ne feront point del'gainez , ni
les tcui allumei , ou voit toutesfois qu'on ne
dumauJc finon de corrompre PEuangik , &
faire que tout aille aa rebours, & en dil'sipa-
tioa.Que rc(le-il donques iinon d'auoir no-
ftre recours à ce que faiud Paul dit ici , que
nous apprcniôs a nous conloler.d'autant que
le Fils de Dieu en detpic de tous fcs ennemis
cft afsispoureftre lieutenant de Dieu Ion Pe
rc.pour gouucrncr tout le monde, pour auoir
empire louuerain? Q_ne donques on s'cnflam
me tant qu'on voudi>.,liert-ceqn'ildeclaiera
fa puillance , maugré tousceu\ quiluyrelî-
ftét.Si nous ne fommcscôtermez parcelle do
ilrine.que pouuôs-nous faire linon eftre com
nie efpcrdus Se efuanouis du tout?Mais quand
nous aurons regardé à la relurreftion de no-
ftre Seigneur lefus Chrift , ce fera pournous
faire defpiter hardiment tout ce que le dia-
tlc s'efforce de faire. Que les troubles foyéc
tant grans que rien plus, qu'il femble que le
ciel & la terre le doiuent méfier , nous tien-
drons bon moyeanant que nous puifsionsâ-
uoir la veuc feulement drertee à ce que fairifl
Paul nous propofe en ce paflàge , c'efl que
no° contëplions noftre Seigneur lefus Chri/t
en fa maiefté. Mais cependant apprenons auf
fi parce lien de foy de nous vnir à noftre Sei
gneur lefus Chrift. Car fi nous ne cognoif-
fbns que no" fommes membres de fon corps,
& que ce qu'il a , n'eft point feulement pour
foy, mais afin qu'il nous fou communiqué : fi
nous n'auons cela , nous pourrons bien ado-
rer lefus Chrift, mais eftans feparez & eflon-
gnez de luy,nous ferions neantmoins en per-
plexité & en fafcherie,mefmes nous n'auriôs
linon à déplorer nos miferes.Or cela donne-
roit plus grand luftre à tant d'opprobres, & à
tant de pcrfecutions que les fidèles endurent,
fi no' Toyions q noftre Seigneur lefus Chrift
en euftefté exeinpté,& que cependant il nous
y ait afllitettis : cela (di-ie) feroit pour nous
faire perdre courage, n'eftoit qw'il nous fou-
ueinft de ce que dit ici fain£l Paul , c'eft que
lefus Chrilt a efté de la feméce humaine, que
il s'eil: fait femblable à nous ,■ qu'il n'a point
fait ceft honneiiraux Anges de prendre leur
nature (comme l'Apoftrele remonftreen l'E
Hehr.i, piftreaux Hebrieux) maisafin d'auoir allian
IS. ce plus familière auec nous , & d'cftre noftre
frère, &coinine noftre compagnon, ila receu
nos infirmitez, & n'a point defdaigné la fer-
uitude où nous cftions.Puis qii'ainfieft don-
ques que le Fils de Dieu s'ell ainfi aflbcié a-
uec nous, que hardiment nous contemplions
fâ gloire pour eftrc alFeurez que nous y par-
uiendrons , & qu'il n'ell point monté au ciel
afin de nous laifler ici bas pourrir en nos lan-
gueurs , mais que c'a efté afin de nous ouurir
la porte, & qu'ayant prins poffefsion en no-
ftre nom il nous rccueillira à foy. Voila don
ques ce qu'il nous faut adioufter , toutes fors
& quintes que nous voyons qu'on nous dcf-
pitc , qu'on nous crache au vifage , que nous
fommes tenus comme exécrables . Car l'or-
gueil des Papiftes eft tel, qu'il leur femble que
nous ne fommes pas dignes d'eftremagez des
chiens, comme on dit . DefpitoBS hardiment
tout cela,& qu'il nous futfife quand nous voy-
ons que le Fils de Dieu s'eft voulu abbaifTcr
iufques là,de louiïrir tels opprobres , afin que
nous prenions courage, fuyuans le chemin que
il nous a monftrc, eftans conformez à Ion ima
ge: car la volonté de Dieu eft telle, comme il
en eft parlé au huitième des Romains . Que
donques nous ayons ainfi mémoire de la fer-
uitude en laquelle noftre Seigneur lefus s'eft
mis, pour nous alVeurer qu'eftant maintenant
entré en fa gloire, il n'a rien de particlIlier^
mais qu'il a tout en commun auec nous. Or ce
pendant notons bien aufsi qu'il eft de la fe-
iTience de Dauid.&vpour ce taire que nous re-
cueillions les promclles qui font données en
l'Efcriture fainc^e . Car ce n'eft point letoDt
de dire que lefus Chrift eft Rédempteur du
monde : ce titre-la luy fera bien donné entre
les Papiftes à la volce: mais que nous cognoif
fions fa vertu, que nous fçachiés ce qu'il nous
a apporté, comme l'Efcriture en parie . SainA
Paul donques. fous le nom de Ufitnencfde l>a
»!'(f,veut que nousmeditionsbien toutes les ri
chelTes de noftre Seigneur lefus Chrift, afin
que nous ne le tenions point comme vnc ido-
le,ou vne chofe vuide, mais que nous cognoif
fions que tout ce qui eft requis à noftre lalut,
luy a efté donné , & a efté mis en fa perfonne,
afin que nous puifions tous de fa plénitude, &
grâce pour grace.ainfiqu'il en eft parlé aupre
mier chapitre de laind lean. Maintenant don
ques nous voyons à quoy ce pallàge doit eftte
appliqué, fi nous en voulons faire noftre pro-
fit" comme le fainft Efprit l'a entendu. Or do
tamment fainft Paul adioufte,ÇV(f cela ejl fclmt
fin Eitangile. Et c'tft pour mieux déclarer le
propos que nous auons défia touché , c'eA a-
îçauoir qu'il vouloit que Timothee & tous fi-
dèles fuyuillènt la pure fimplicité de la do-
ûrine qu'ils aiioycut apprinfe de luy , voire
iufques à bien noter-lcs traces,le ftyle, qu'il y
en euft comme vne effigie, ou vn pourtraift
peint au vifrcoinrae il a v le de ccfte limilitiide
la,c&' non fans caufe: pour monftrcr que fi toft
que nousdeclinons tant peu que ce loit de la
pure fimplicité de l'Euangile , le diable nous
mettra beaucoup d'empefchemens, en forte
que nous ferons comme efgarcz, que nous ne
fçaurôs plus veoir noftre but.Sainû Paul don-
ques met ici fon Euangilc, comme s'il dilbit.
Mes amis, que ceux qui auront efté enfeignez
fidelemét en la parole de Dicu,aduifent de ne
CB eftre point deftournez en façon que ce
foit, qu'ils ne varient, & qu'ils ne chancellent
point, mais qu'ils rctienent toufiours la pure
dodrinc fur laquelle ils ont efté fondez, telle-
ment qu'ils tafchciit d'y profiter de plus en
plus.
s V R LA II.
plus. Or cefte admonition no' doit aufsi bien
ieruir , afin que nous apprenions à difcerner
entre les doctrines . Ce nVft point le tout
qu'on allegue.l'ây efté ainfî enicigné,mes pe
res.mesanceltres ontainlî vefcu: cela fe trou
uera en la plus part du mode. Vray eft que les
ignorans feront vn grand bouclier décela,
maisc'eftautat de paille.il ne Faut lînonvne
eftmcellc pour tout coiifumer. Il faut bien
que nous ayons vne autre fermeté en noftre
foy, c'eft que nous ("cachions qu'elle eft fon-
dée en l'authorité de Dieu , & que ceux qui
no' ont enfeignez , ont efté cnfeigiiez de par
luy. Car !ain.ft Paul n'entend pas d'auoir for-
gé vne dodi ine à fa phantafie,*: qu'il en fou
autheur : mais pource qu'il eftoit Apoftre , Se
que la prédication luy eftoit commife ; & ce-
pendât il voyou beaucoup de gens s'ingcrer,
quieftoyent ncaotiiioins fcdutteurs.&quiai-
moyent à defguifer les chofes, tellement que
lefus Ciiriftnp fuft plus cognu comme ilde-
uoit : faind Paul dôques,afin que les hommes
nefoyeot !i malins de l'accufer qu'il vouloit
qu'on s'adonnaft à toutes chofes fans difcre-
tion & prudence , dit ici qu'on doit regarder
à qui on croit , tellement que Dieu ( comme
t'ay dit)roit par delTus nous afin de nous gou
uerner.que lelus Chriiè foit noftre Ma.ftre &
Doûeur.côme l'oflîce luy a efté donné. Mais
cependant, que nous cognoifsions que les ho
mes qui feront moyen de nous ramener à la
foy, ont efté enfeignez du ciel, que la charge
Jïura eité donnée de Dieu, qu'ils fontaiitho
riiez de par luy. Si nous n'auôs c-ela.il n'y au-
A T IM O T H. i9.j
& rufcs qu'il eft pofsible pour bous esblouir
les fens, que nous ne laifsions pas de nous te>-
nir à l'Euagile. £t mefmes quand entre nou«
il s'eleuera des brouillons,coiTuiie nous-voy*
ons d'vncofté les contempteurs de Dieu, cet
gés profanes qui font pires q Turcs ou Pay-^
ens,qui ne demandent îînon d'ofter toute re-
ligion dumonde:quand nous verrons ces vi-
leins exécrables qui voudroyét auoir du tout
anéanti i'Euangile : quand nous verrons de
l'autre cofté ces boute-feux que- Satan nous
fulcite àl'enuiron denous : quand toutccla
fera pour alTàillir noftre foy:que neantraoïiit
elle ne foit point réueriee, mais que c'en foit
pluftoft vne approbation , pour monftrer que
la venté de Dieu eft allez puilFante pour no*
maintenir contre tous les combats de Satan.
VoiJadonquescômenous auons à prattiquer
ce pallàge, quand faind Paul nous rappelle à
l'Euâgile lequel il auoit prefché.Oral adiou-
fteconléquémentlanecefsué qui eftoit pour
ce têpsrla.que les fidèles fullcnt ainlî armez.
Car il eftoit détenu prifonnier : & cependant
les mefchans prenoyent occafion de mefdiro
ôcdetrader de la dodrine qu'il auoit pref-
chee.Et ne voit-on pas que c'eft?Car il eft de
tenu prifonnier,il lâguit là,& non point pour
peu de temps : car il auoit eité détenu en lu-
dee défia plufieurs iours,& de là il eft trâfpor
té à Rome toufiours attaché ^ vne chaîne. Ce
ftoit donques pour ouuru la bouche des mef-
châs,alin qu'ils detraitaisét & de luy,& de la.
dodrine qu'il auoit prefchee. Parce moyen
les infirmes pouuoyent eftre esbtanlez,qu'vn
ra en nous que curder au lieu de foy, & nous chacun pouuoit eftie côme côfus, linon qu'ils
ne ferons qu'eftre tr.rfportez .i chacun coup.
Parquoy,encores que pour vn téps nousayôs
efté opiniaftres, (comme nous voVons que les
Papiltcs font endurcis, & qu'il leur femble
que c'eft allez d'auoir ce mot de Foy au bout
de la langue, & cepédant eftre en doute & en
fufpens , & u'eftre allèuré de rien finon d'au-
taiftqueles hommes auront parlé) de noftre
cofté apprenons d'eftre appuyez fur la pure
venté de Dieu , & que nous puil'sions dire Se
nous glorifier,que ce n'eft point des hommes
que nous tenôs la foy qui nous eft prefchee,
nuis qus c'eft la pure parole de Dieu. Voila
donques à quoy faind Paul a regardé. Et au-
iourd'huy nous auons befoin d'approprier ce
ftedodrine àtcl vlage:carnous voyôs beau-
coup de brouillés qui ne demâdent qu'atout
peruertir. Que faut-il donques.** Q\i^ nous
foyons prudens pour fçauoir luger quelle eft
la droite fimplicité de I'Euangile. Les Papi-
lles fe diront aflèz Chrcftiens à pleine bou-
che:mais cependant onvoit comme ils anean
tiflènt toute la vertu de noftre Seigneur le-
fus Chrift.entant qu'en eux eft.Orau contrai
re, quand ils auront ioué toutes leurs farces,
quand ils auront vfé de tous leurs mafques,
quand ils auront tafché à fe transfigurer, mie
le diable leur aura foufâé toutes les fincnes
eullent eu ce bouclier pour repoulTer toutes
tentations : c'eft que la prifon Se les liens de
faincl Paul ne deuoyent point mettre en op-
probre fon Euangile. C'eft tout vn,dit-il:c5-
bicr qu'en ma perfonne l'endure , toutesfois
la parole de Dieu n'eft point lieeauec elle,el
le n'eft point prifonniere. Car nous voyons
maiigré tous ceux qui s'eleuent à l'encontrej
qu'elle ne lailFe point d auoir fon cours , que
Dieu augmente fon Eglife de plus en plus, &
que la femencede vie elt efpandue toufiours
plus loin. Quand donques nous voyons que
Dieu befongne ainfi (du faiéf Paul)il ne faut
point qu'on perde courage , & que fous om-
bre q ie fuis prifônier, que le luis en vitupéré
des grans , qu'on oublie que l'ay efté enuoyé
Miniftre de lefus Chrift, & q le me fuis fidè-
lement acquitté de ma charge, que la doctri-
ne que l'ay portée pour le falut du mon-
de,cftla nourriture des amas , que c'eft là ûii
eft toute l'efperance, toute la gloire Se la fé-
licité de ceux qui demandent de régner au
Royauinedes cieux.Maintenât donques nous
Voyons que fainèl Paul non fans caiile a ex-
horté ci dtflus Tim'othee,& auec luy tous fi-
deies,d'auoir en mémoire que lefus Chrift e-
ftoit rcflufcité des morts. Pourquoy? quand
les fidèles de ce temps-i.i voyoytnt leur Pa»
Cc.iu.
3ôO
SERMO
<kiir',cciuy parkijuel ils auoyentefté ame-
nez à h foy Chreftieane, Comment? Il cft ici
comme foulé au pied : que les luifs le reiet-
toyent : & mefmes il leur efloit en abomina-
tion. Quant aux Payens.ils luy eftoyeiit en-
nemis,& chacun en parloic à la volée, le voi-
la comme vne vermme au milieu des prifon-
niers. Il ell vray que ("ainft Paulauoit quel-
que liberté , (comme faind Luc en parle aux
. rt , o Âdes) mais fi ne laiflôit-il pas neatmoins d'e
,_ Are toufîours enchainé, &cela elloit comme
vne marque d'opprobre , qu'il eftoit là com-
me mal-fâiteur, qu'il'eftoit côme les larrons
6c les meurtriers. D'autant donc que les po-
ures fidèles pouuoyent prédre vu grand fcan-
ilale en la perlbnne de faind Paul, il leur du,
Regardez à noftre Seigneur lefus Chrift , &
à la gloire en laquelle ileft exalté : cela eft
pour abolir tous les opprobres que nous ver-
rons en ce monde. Et de faiû, ce n'eft point
fen s câufe qu'en d'autres paflàges il fe glori-
1. T<«o. £ç jç fgj jjgj^j ^ jjy»j[ jgj pnfe beaucoup plus
*■* que les fceptresde touslesroisdu m5de,que
les couronncs.&tous les ornemens des Ducs,
des Rois , & des Princes ; car ce font comme
Gid^.iy l^s arnioiries q noftre Seigneur lefus Chrift
luy auoit données. Il eft vray qu'il les appel-
le bien des fleftrilTeures , comme on fleftrira
vn mal-faiteur:mais ces fleftrifleures-la font
plus precieufes déliant les Anges du cicl.que
ne font pas toutes les armoiries des Princes
de ce môde.auec toutes leurs brauetee.Main-
tenant dôques il refte aufsi bien de noftre co
fté d'approprier ceci à noftre vfage. Et en
premier lieu notons qu'il nous faut prudem-
Kiétdilhnguerdela caufedes Martyrs de no
ftre Seigneur lefus Chrift , d'auec celle des
mal-faiteurs. Car quant à l'opprobre , quant
aux tourmens, quant aux prifons , & chofes
femblables , nous ne pouuons pas diftinguer
entre les Martyrs de lefus Chrift.&les nieur
triers, les brigâs & les larronstcar nous voy-
ons raefnies qu'on tafche de rendre la mort
des Chreftiens plus infâme que ne fera point
la mort des brigans. Voila donques leur con-
dition qui eft commune quît à la peine qu'ils
rndurcnt.-mats cependant l*c3ufe eft bien di-
uerfe.Gar les larrons endurent côme ils l'ont
inerité,aufsi font les œeartriers,& lés brigas:
& pourtant ils pjrtent leur opprobre:&' quad
ils feroyent elcuez le plus haut du monde , &
mefmes par dcflus les nues,fi eft-ce qu'ils por
tét la marque d'ignominie;& de fâià,ils font
punis de leur raauuaife confcience: comme S.
Paul dit qu'ils ont vn cautère qui eft imprimé
iiifques aux os, St qui les vient brufler iufques
au profond des cœurs. Qjjedôques les mef-
chans & contempteurj de Uieu.ceux qui che-
minent s'adonna ns 5 toutf iniquité, a y ent le«
plus beaux p.irtrocnsiju'icleft pofsible, qu'ik
aycnt de beaux titres pour fedefguifer,!! elf-
ce toutesfois qu'en la fin on les verra eftre
çleJQs d'opprobre , & qu'on togaoiftra bien
N X.
qu'ils ont toultours cfté exécrables,^ i Dieu
&àfesAnges. Mais fi les feruiteurs de Dieu
cndurent,& bien.ils feront en opprobre, voi-
re quant à leur condition exterieurecmais les
mefchâs retienent cefte fignature-la,que leur
punition doit eftre deteftable,& tout ce qu'ils
auront enduré d'opprobre &d'ignominie.Et
voila comme il nous faut difcerner de la eau-
fe:3utrement nous fommes par trop brutaux,
& noftre aueuglemet n'eft point fupporuble.
Car c'eft comme fermer les yeux afin de ne
point veoir la clarté:c'eft comme effacer l'i-
mage de Dieu qu'il a imprimée en tous let
fiens , pour ne le point honorer : bnef , c'eft
pour mettre vne côfufion entre lefus Chrift
Se Satan. Et ainfi notons bien , quand fain£^
Paul dit qu'il eft comme les mal-faireurs, que
il réfute toutes ces fantafies qui nous pour»
royent venir en la tefte. Que c'eft merueille
comme Dieu foutfre & permet que les fiens
foyent ainfi aflligei , qu ih foyent mis fi bas
iufques aux aby fines. Or n'en foyons point
eftonnez.Et pourquoy ? Car cependant Dieu
ne laifferapoint de teftifier fa vérité , lefus
Chriil maintiendra (i querelle, & nous auons
vn garent fidèle au ciel,& tous ceux quiendu
rent pourfon Nom fentiront toufiours fa fa
ueur & fon aide , quelque affliftion qu'ils puif
fent porter. Et voila pourquoy fatnû Pierre
dit, Mes amis.que vous n'enduriez point com '• P"w
me paillarsa; adulteres,c5melarrens,&gent 4-iî.
mefchans & diirolus.que vous nefaciez point
cefte iniure à voftre Maiftre, d'eftre expofez
en opprobre , de fouffrir pour vos maléfices:
mais quand vous fouffrirez côme Chrcftien»,
glorifiez-vous en cela. Maintenant donc ap-
prenons en fomme , que les mondains & tous
ceux qui ne fçauét que c'eft de feruir à Dieu,
auront l'Euagile en deteilation Si en mcfpri?,
qu'ils voudront perfeciittr les feruiteutt de
Dieu en vne façon ou en l'autre , apprenons
(di-ie ) de n'eilre point fcai)daliï.ez de cela,
comme fi c'eftoit vne chofe nomiellt :car^ét
le commencement il eneft ainfi aduenu. Pour
fuiuôs toufiours noftre courfc,& regardés à la
refurreftion de noftre Seigneur lefus Chrift,
& fçachons que ceux qui amourd'huy perfe-
cutent fi cruellement les poures fidelei,& qui
font pluv cruels enuers eux que bcftes fauua-
ges , qu'il faudra qiieceiix-la vienentdcuwt
le fiege iudicialdu Fils de Dieu ^ ils fe àit{~
fent auiourd'huy furiçufement contre luy, it
contre ceux qui mamtienent fadcftrine.mais
en la fin il fera afsis pour les condamner , &
faudra que là ils rendent conte de leur impie
t« & de leur audace,d€ leur tyrannie & cruaa
té,&de leur obftination.quâd ils n'ont pjint
voulu rendre obcilTaiiceàrEuangile , qu'ils
«e fe font point voiiiluhumijier fous fa Para
le. Voil.1 comme nous auons à prattiquer ce
partage, que nous foyôs liaidis pour defpiter
tout îe monde, & gians & pctis , quand nous
voyons qu'Us font fiobllmczdefe vouloir
attacher
SVR LA II. A tIMOTH.
^sr^
attaclier au FiUde Dieu , que des poures vers
de terre qui ne font que pourriture,que ceui-
\x ofent batailler cotre eeluyqui a toute puif
lance en fa main.Et que nous ne'foyons point
fafche» outre mefure des opprobres qu'il no»
faut endurer, puis qu'ainfi eft quedeuant Dieu
& fes Anges ils font tenus beaucoup plus ho-
norables que toutes les dignitez de ce monde.
Ormaintcnant, pourcc que letcmps ne porte
pas que nous deduifions tout ce propoj.en at-
tendant qu'après difner le relie foit déclaré,
aduifons où c'eft que fainâ Taul nous ramené:
c'eft afçauoirà la focieté & liai/bn que nous
auonsauec le Fils de Dieu, pour leceuoirplei
ne & entière côfolation.tantde ce qu'jl a ïbuf
fert pour nous.quedecequ'il efl rcfllifcitéen
gloiie.Or ie di ceci, d'autant que dimache pro
chain nous auôs à receuoir la faindle Cène de
noftre Seigneur lefus Clirift:& maintenant
ceci vient â propos, quand lefus Chrifl fe con
ioint à tout le corps de l'Eglife. Car fans cela
(comme i'ay dit)d'?quoy nous feruirott-il que
il a efté glorifié , que l'empire luy a efté don-
né, afin que tout genouil fe ployé deuant luy,
que les diables mefmes tremblent deuant fa
maiefté Diuine : dequoy nous feruira cela, fi-
non que nous cognoifsiôs qu'il n'a rien de fe-
paré auec nous:£t pourquoy ? Car non feule-
ment il s'eft fait homme mortel feniblable à
nous «afin d'auoir vnevraye fraternité auec
tous ceux qui fe rendent à luy par foy.mais il
nous nourrit de fa fiibftance , il veut cftre no-
rtre Chef, & faut que nous tirions vie de luy,
& que cela fe face par la vertu de fon faind
Efprit. Mais cependanfil nous l'a teftifié en
fa fainAe Cf^ne.qui nous en eft vn gage. Tou-
tes fois & quantes que nous venôs à cefte fain
cte table.^ous deuons eftre confermei que no
ftre Seigneur lefus Chrift eft vni en nous , &
que nous ne pouuons iamais eftrefeparez de
luy : que s'il eft riche , nous ne deuons point
craindre noftre poureté:s'il eft puiflani, nous
ne deuôs point craindre nos foiblefles: s'il eft
la iuftice de Dieu, nous ne deuons point crain
dre nos pechez:i'il eft la fagefTe de Dieu, no'
deuons approcher hardimét de Iny pour eftre
renouuelez. Voila donquesce que nousauons
àobferuer , quand cefte fainfte table nous eft
raife au deuant . Aufsi noftre Seigneur lefus
Chrift nous teftifié qu'il nous reçoit à foy, &
qu'il veut que nous foyons nourris de fa pro-
pre fubftancc. Mais aduifons de n'approcher
point de cefte fainfte table de noftre Seigneur
lefus Chrift, que nous n'ayons cefte mémoire
dont parle fainft Paul . Car en premier lieu il
eft requis que nous foyons enfeignez en la do
urine. £t ce n'eft point aflez que nous y ayons
efté enfeignez , mais il faut qu'elle ait (i vi-
gueur en nous , & que nous fçachions quand
nous y viendrons iournellement.que c'cft vnc
eftude pour nous exercer tout le temps de no
ftire vie.Mais.quoy?Nous en voyons beaucoup
qui font bien loin de fepauuoir fouuenir que
lefus Chrift eft reffufcité : car iamais n'ont
goufté que c'eftoit des principes de la foy, ils
font demeurez toufiours en leur bcftife. Nous
voyons les autres qui ont prefté l'aureille dif
commencement,& ont faitfemblaat de croire
à l'£uangiie:mais ils fe font deftournez en for
te.'queliont fait comparaifon d'eux auec lef
Papiftes.il eft certain qu'ils font diablcs,& les
Papiftes font Anges au prix: & il faut bien'auf
fi que Dieu fe venge de leuringratitude.d'au-
tant qu'ils fefontainfiroocqucz de luy ,& de
ce threfor lî excellent de l'Euangile qu'ils ont
fi malheureiifement proptané comme on le
voit:mais iknélaiflent point defemefter par
mi les enfansde Dieuà leur condamnation.
Quand nous voyons cela , nous deuons getnjr
de noftre cofté.Non point que nous ne dtuiéî
procurer, entant qu'en nous eft , que ce fainâ
Sacrement ;ne foit point ainfi corrompu par
telles pollutions & fi vilciries, & quand nous-
nous ferons efforcez d'y mettre ordre, q nous
prions Dieu qu'il purge fon Eglife de tellev
ordures k fcandales . Et de noftre part adui-
fons à nous, que nul ne fe preferite pour rece- .
uoirla Cène de noftre Seigneur lefus Chriit,
qu'il n'ait ceci deuant les yeux : c'tftde con-
templer le Fils de Dieu qui a efté du tout a-
neanti pour nous, qui a efté mis en eitrensité-
d'opprobre, &eftdefcendu iufquesauxabyf-
mes d'enfer,& que de là il a efté exalté en gloi
re, afin que nous foyons en la -fin receusauec
liiy_, comme fainft Paul le touchera ci après.
Q_tiand nous verrons les hommes fedrelTer
ainfi contre fa maiefté,que nous apperccuions
leur ruine prochaine, que nous ne laîfsiôs pa;
d'aller toufiours noftre train,& q nous foyons
inuincibles pour furraonter tous les combats
que Satan nous fufcitera.&qu'auec toute hu-
milité & crainte .nous afpirions à cefte con-
ftance de foy,de no'eleuerlàhautaux cieur,
& de contempler lefus Chrift qui a le règne
en fa main, auquel toutes créatures font fuiet
tes , & que nous tendions toufiours à cefte vie
celefte, paflans tellement parce monde, que
nous y foyons eftrangers, n'ayans point de re
pos affeuréjfinon en cefte héritage celefte qui
nous eft apprcfté , & où nous attendous cefte
couronne de gloire qui nous a efté acquife par
le Fils de Dieu.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le prias qu'il luy plaife de nous en
purger de plus en pluSifif de nous renouueller
en droite repentance , afin que nous ne cer-
chions finon de nous addonner du tout à luy.
Et cependant qu'il luy plaife d'abolir toutes
les fautes que nous auons commifcs , afin que
nous luy foyos agreables:'non point que nous
en foyoBsdigncs,mais par fa pure bonté 5: 1*
amour qu'il nousamonftree tn noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Ainfi nous dirons tous.
Dieu toiit-piiiflànt,Pere celefte, &'c.
Cc.iiii.
53?^ s E R M O N X I.
OJATRIEME SERMON SVR LE
SECONDCHAPITRE.
- 8 hye mémoire que le fus Chrijl efl rejfufcité des morts , qui eji
de Ufcmencc de D au id, félon mon Euanaile,
9 Auquel i endure trduaux iufques aux liens, comme malfaiteun
mais U parole de Dieu nefl point liée.
10 Vour ceîle caufe î endure toutes chcjcs pour les elcus, afin que
ils okienent au fit lefalut qui efl en lefusOyrifl.duecla gloire éternelle.
1 1 CHefl \>ne parole certaine , que fi nous fommes morts auec luy,
mus viurons aufii auec luy:
1 1 Si nousfoujfrons,nous régnerons aufii auec luy : fi nous le rr-
nions^d nous reniera aufii.
13 Sinous fimmt s mcredules,il demeure fidcle^il ne fie peut renier
fày-mefine.
MaSt Paul ayant parlé des
. affl d.ôi (jLi'il enduroit pour
rEuangilc, fe coiifjle , & le
relîouit, d'autan: que la pa-
£■ rôle de Dieu ii'cit point iiee
u auecluy , &■ fc co:uente que
lefus Chrift foi-t cependant
glorifié, que PEuangile ait fon cours, & que i'
Ëglife s'augmente, que beaucoup foyent xc-
cndllis en robeiflâiice de t'oy . £tainli nous
voyons qu'il n'a point eu efgard à fa perfon-
jie.pourcercherce qui luy eftoit vtile enfon
priué,mais que fur tout il s'eft addonné à tai-
re q lefus Cjïrill fufl ferui & honoré par tout
le monde , que Dieu fuflcognu pour Perc&
Sauueur , que les poures âmes qui eftoyent en
train de.perditionjfulTent retirées au chemin
Je falut. Voila q fainti Paul a deiîré.Et pour-
tant tous ceux qui ont charge d'anoncer la pa
rôle de Dieu, font ici aduercis de l'affetliô que
ils doyuent porter à toute l'Eglife'c'eftafça-
uoir qu'ils s'oublient eux-mefnies quand U ell
qucftion du falut commun de tous fidèles . Et
au reile,nous auons aufii vn aduertiflemét gê-
nerai,que fi quelque feruiteur de Dieu eft affli
gé , nous ne deuous point, eftre abbatus pour-
tât, côme i\ laparolt de Dkun'auoit plus fon
regncniiaisplultoil fouuenons-nous de ce qui
efl ICI dit,qu'tUeerien liberié,combienqu'vn
hônie fou prifonnier.Car Dieu peimettia b é
que quelqu'vn des fiens fouffie.mais ccpcndît
il ouurira neantmoins la porte à fon Euangile
en dcfpit des ennemis.il ciï viay que l'inten-
tion de Satan Se de fes fuppofts qui luy feruét,
ferait bien d empeûher que la parole de Dieu
ne couruft plus , niais qu'elle ruil cm-pcfcJiee
de tou'; coftei, mefines qu'elle lufl mifL-fous
le pied; mais Dreu fera que fa venté demeure.
inuincible, mefmes qu'elle s'auance quand o«
tafchera de l'oppiimei ainli, & qu'elle s'aug-
mente en delpit des hommes.Comme de faiét
la prifon de lainû Paul a cité caufe de faire q,
la parole de Dieu tuft publiée auec plus grade
authonte. Cai (comme il en pai le au premier
des Philippiens) la prifon a elle comme ano-
blie tât au palais de l'£mpereur,que par tout,
quâd le nom de lefus Ci»nft,qui n'auoit point
eflé ouy auparauant , a elle leclamé entre les
incredules:& mefmes auand les mefchans onc
amené leurs calomnies pour diffamer tout ce
que fainft Paulauoit enfeigné: celaa cfte eau
fe que beaucoup ont ouuert les aureilles,&que
ils fe font enquis de ce qui auparauant leur e>
ftoit incognu & caché. Voila donc corne Dieu
a multiplie fon Eglife par la prédication de
fainél Pau], & cependant, quand il eftattachâ
en fa perfonne, la doûrine a eu tant plus de li.
berté . C'tft ce que nous auons à retenir de ce
paflàge. Et amfi nous voyons que non feule- -
ment (àinil Paul par fon exemple monftre à
tous ceux qui ont la charge d'anoncer l'Euan
gile, qu'ils doyutnt procurer fur tout l'edifica;
tion de TEgliie, fans auoir trop grand foin d''
eux: mais il monftre que nous ne deuons point
perdre courage quand nous verrons quelques
atldidions fur les fer,.iteurs de Dieu.Êt pour-
quoy?Elperons neantmoins queTEuangiie i-
ra plus outre, & que Dieu furmontera tous les
empifchcmens & difhcultcz qui nous tfton-
nent. Mais tant s'en faut que ceci foitappli- ,
que comme il doit , que beaucoup de gens fe
forgent à leur fantalie des tentations pour re
patiller la parole de Dieu:& eneores qu'il n'y
au point (itquoy, tant y a qu'ils imaginent'OU
ceci ou cela, qui fciapourdeftouriici (ce fein-
ble^queTEuangilene s'augratmc . Puis que
«elk
s V R LA II. A T I M O T H.
>05
tefte ingrititude-Ja fe monftie , cognoilTon? lailfcrOn voit qu'il pourrit U en prifoii: & lî
que nou'î fouîmes bien loin de ctfte vertu &: fa caufe eftoit bonne , Dieu Je delaiireroit-il
conftanct que S.Paul monftreici,& à laquelle aubefoin ? Quand donc vous oyez ces mcu-
il exhorte tous fidèles. Et ainfi lailTons courir longes qui volent , vous pourriez eftrc cfton-
l'Euangile , c'eft à dire que nous 'permettions nez félon la chair : mais cognoiflez que Ten-
qu'il aitfon cours:&c5bien queles mefchans durepour voftre profit, àce que vousfoytz
s'efforcent de diminuer l'honneur àPautho- tant mieux fortifiez, & que ma prifon vous ûr
rite qu'il mérite , fçachons neantmoins que uc d'vn bon tefmoignage , que comme ie vous
quoy qu'il en aduicne , noftre Seigneur main- ay anoncé la parole de Dieu en toute liberté
tiendra toulîours fa vérité, &i:cramefmes que & hardicfle ,qu'aufsi ie n'efpargne point ma
ce qu'auront enduré les mifi;ftres de fa Paro- vicS: que i'ay les yeux fermez à tout ce qui
Je,feruira de tefmoignage & de fignatuve,afin tftdema perfonne, que ie neraefafcKepoinc
que l'Euangile fou toufîours tant p!u< prifé, d'tftre en prifon, ce m'ell tout vn moyennant
comme de tàiftc'eftbieniaifon.Q^iand nous que cela vous profite . Ainfi donc ne foyci
•voyons vn homme quin'a ne pouuoirnecrc- point ingrats àDieu, veu qu'il vous veut con-
dit, qui refifte neantmoins à ceux qui font en fermer la dotlrine que vous auitz receue au-
puiirancc,& qui fouftient tous alïàuts fans parauant, pource que vous cognoiflez qu'elle
fkchir, que nous voyons, di-ie, que les ferui- ne vous a pas efté prefchee en vain , ne par
teursde Dieu perfiiient conftamment , &que quelque kgercîé: mais quand vous voyez que
ils ne font point eftonnez quoy qu'on leur ta- ie pcrJîftc iufques.^ la mort, cognoifltz que i*
ce,voudrions-nous meilleure approbation ne ayfenii à Dieu loyaument , & que vcflrc foy
plus ferme pour ratifi.er ce que défia Dieu no* foit tant mieux allcuree par cela. Nous voyôs
amis en auant touchant fa verité.'Etainfi ap- donc maintenant pouiquoy fainft Paul parle
prenons quand lesmefchans auront confpiié ici pluftoftdes enfansdeDieuqueduRoyau-
tout ce qu'il leur fera pofsible, qu'ils ne pour- me de noftre Seigneur lefus Chrift . Car foa
ront pas neantmoins attacher la parole de intentioneftoitd'eihorter lesfideles,afin que
Dieu.quetoufiours elle ne marche plus aiunt, ils cognuflent que c'eftoit pour leur bien &
& que Dieu n'augmente le nombre & la com- pour leur falut qu'il cnduroit .Mais ercores
pagniedes fiens,& qu'il ne face piofiter fa fe- on pourroit ici répliquer qu'il femble que ce-
itience par tout le monde. Or faind Paul ad- la fufl fuperflu, que fainâ Paul enduraft pour
ioufte icefropos,Qu^i! fndure ces ch:fei kcau les eleus.Cir Dieu ne peut-il pas fauuer ceux'
ftdt-seUus : comme s'il difoit qu'il n'a pas vn qu'il a eleus & adoptez deuant la crcationdj
tel foin de fa perfjnne , qu'il nepenfepluf- monde , fans que les hommes luy foyent en
tort à tous enfans de Dieu, voire afin (dit-il) aide?Lc confeil immuable de Dieu a-il befoin
ijit'ilsoUienent le ftliit <jHt tfl en Ufits chrifi de fecours humain , ou des créatures ? Pour-
comme moy, Se qu'ils obt.eiient quant & quat quoy donc eft-ce que fainft Paul dit qu'il fouf
la gloire éternelle. Sainft Paul oppofe ici le fre acaufe des ehus ? Orileft vray que Diei;
falut aux affligions qu'il endure : la gloire, à amènera bien les fiens à ceft héritage qui leur
tant d'opprobres & d'ignominies qui luy e- tftapprelléimais cependant il luy plaift de fai
tloyent faites .Comme s'il difoit , I'ay vne re valoir le labeur des hommes : non pas qu'il
bonne recompenfe, il me fuffit quand l'endu- ait mellier de rien emprunter de nouî.mais il
re affliftion , & que ie voy la mort qui in'cft nous fait ceft honneur par fa bonté gratuitt ,
prochaine : que cependant le falut des enfans & veut que nous, foyons in ftrumens de fa ver
de Dieu eft|auancé par ce moyen: cela me tu. Samél Pau! donc ne fe vante pas ici que ic^
doit bien fuKire . Et puis , fi ie fuis vilipendé falut des enfans de Dieu dépende de /â con-
du monde, que les incrédules me reiettent de ftance.ou des affliflions qu'il auoit à fouf—
leur compagnie. Dieu fait valoir cela à lagloi frir , mais feulement il lignifie que Dieu veut
re de tous fidèles . Ainfi il n'y a ni aftliâion, conduire les fiens par le moyen de /a parole,
ni opprobre qui medoyue fafcier , quand le & qu'il applique les hommes qu'il a cfioifis i
voy que Dieu en fait fortir vn tel bien & vn cela comme à fon œuurc,& les fait inlhumens
tel profit pour tous les fiens , Voila en fomme de la vertu de fon fainft Efprit. Ainfi donc no
l'intention de faind Paul. Or ICI on pourroit tons que Dieu luy ftul commcil a commen-
dcmander s'il n'a point eu cfgard fur toutà ce noftre fahit, qii'aufsi il le parfait : maisce—
la gloire de Dieu, laquelle doit bien cftre pre pendant il ne laifîc pas d'vfer des moyens quç-
ferte au lalut des hommes .Mais la refponte il a ordonnez comme bon luy femble , non
clt tacilc àcela : afçauoir que fainâ Paul taf- point par ncccfité, mar pource qu'il luy
che à exhorter les enfans de Dieu,&;àlcur plaiftninfî. Et en cela cognoiiTons tant mieux
donner courage. Pour cefte caufe il ne fait fi bonté, quand il nous applique àvnfcruice
mention que d'eux, & de leur profit ; comme fi honorable , qu'il nous donne la charge de-
s'il difoit. Mes amis, il eft vray que félon la procurer le ialu: de fes enfans, &d'en auoir
chair vous pourriez eftre esbranlez , quand le foin. Il eft vray que cela not.imment cftdic
vous oyez de mcfchans rapports de moy : Et des miniftres de l'Euangilt: mais tant y a que
Ci^mcfchant, aevoic-onpas i^ue Dieu l'a de- il s'eûer.dàtous£deks,&àgrans,&àpcu.s:
Dd-i.
594
qu'il n^y à ilonc celuy qui ne doyue entant
qu'en iuy eftauancerlefalutde fesprocliaini:
non pas que nous y. puif^ions rien de nous
( comme dit aefté) mâisc'tft Dieucjui noU'. .
coriftitue en tel honneur & dignité , que nous
qui fommes perdus &: damnez de nature,puil-
lions eArcminiflresdufalutde ceux qui p jur
rayent périr. Cela.nous doit donner tant plus
de courage , quand nous voyons que ù nous
enduroui pour TEujgile , non feulement c'tfl:
vn ftruice agréable à Dieu , non feulement il
cfl honoré en cela par nous , niais aufsi que c'
elt vn feruice profitaWe à toute TEglife, que
le fahit des fidèles en eft conternic . Q_uand
nous voyons cela, ne deuons-nous point eftre
beaucoup plus incitez à taire ncftre office,
quand nou!, fommes appelez à cela par la bon
te dé noftre Dieu? Et notamment fainft Paul
di:, \ fn qii'iccux aupi ol'tiemnt le pilm qui
efl en Ufiis chrift . Quand ildit , Eux aufsi : il
monllrc que nou.s nedeuons point cflrc ad-
'donnez chacun à loy , mais que-.nous dcuons
attirer autant de compagnie que nonv poiii^.
rons auëc nous . Si donc Djeua tait ccfl hon-
neur à <:jii,clqu''vn de le faire marcher dcuant,
il ne doit pas mefprifer ceux qu'il pourra ga--
gner,mai,s ildoitalTemblei; tant grande corn-:
pagnicqu''il pourra. Car il ne nous faut point
craindre que nollre bien fcdinunuc.Côme 11
nous auons yn héritage en ce monde, quand il
fera diuifé en beaucoup de portions, il n'en re
Itéra giiérçs pour chacun: mais quant àl'heri-
■t.îgecelefte , nous fomincs tout affcurczque
rien n'eft perdu pour nouç,on amoindri:quand
nous aurôs attiré beaucoup de nos prochains,
Voire en mi.Uitude infinie , c'eft noftre gloire
que celle -la , &: noflre félicité . Ciuand Dieu
nousappcllc à foy.il n'y va point par portion,
fclon que les ehofes croillt-nt ou diminuent
en ce mondc:'mais il y en aura tant quefcom-,
me i'ay défia dit ) noftre fahit fera tant plus
augsientc.iSi noflre gloire pareillement, qo.id
nous aurons gagne quelque multitude à no-
■ ftre Dieu. Voila donc ce que nous auons à ob
ferucf. Et cepcndantaufsi notons que fainft
Eàul ne met point ici vu Xalut qu'il ait acqids
par fon in'duftrie , mais il dit qije ce fahit cft
en Icfns Chnft. En quoy il nous aduertit que
tout ce que nous taifons, n'eil p.is pour r<cn
derçgucr à la grâce qui nous a elle apportée
par le Fils de'Dicu, mats pluftoft pour la fai-
re valoir , afin qu'elle ait tant plus grand lu-
ltre& Vertu enuers nous . Ayant parlé ainii, il
adioufte , Qwf c'eft yne partie certaine, que fi
mus [imtnes, morts jiiu li[ns Chrifl , que nous
■v'mrons Huec Iuy • p nous e!:i{itroiis eu et monde,
que nous curns l lierit.i^e i'e fm R."yaiime ecle-
fie ; pour raor.ftrer qut nous nedeuons point
eftic troublez; voyans les pcrficutions que \c
di.ible fiifciteen ce monde, voyans les incré-
dules-enragez, mefmes les loups qui viendront-
pour Jif.iper tout le troupeau , qu'il ne faut
p-Juit (juçnous foyons vaiiicuv Je.tcUc; tcu-
SERMON XI.
talions. Car au contraire, il nous faut mourif,
il nous voulons paviicnir à la vie de lefus
Chrift;& fi nous voulons entrer en fon règne,
jlnouS faiit cheminer parles afflictions que
nous auons à endurer , afin que nous foyons
Configurez à Iuy & à fon image . Or pource
■que Ccfte doftrinc fcmble cftrange de prime
face, & qu'elle tft difficile à digérer au fen«
humain, fainét Taul v fe de cède prciac#, C'efi
(dit- l)vn* parole tout iij]euree. il met ce mot-
ci quand il traître de quelque chofequi ne fe
peut perfuader qu'à grand' peine aux hom-
mes , ou ben qui cil de telle importance que
elle mente bien d'cftre notee^, iS\: qu'on la pe-
fe.Oi (comme l'ay dit)celaHC ptut entrer aur
coeurs des hommes .qu'il faille mourir pour
viurc .qu'il faille par opprobre païuenir âla
gloire de Dieu : car ce font chofes contre na-
ture. Or tant y a que c'eft la condition de L*
Eglife. Mais afin que nous bataillions contre
tous nos fcns , & que nous rcccuions ce que
Dieu a ddibei'é. voire en renon çant à tout ce
que nous auons de raifon: afin donc que nous
facions ceft liunneur à Dieu de rcccuoir pai-.
iiblement fon décret, faind Paul met ici, Pa-
rolc certaine: comme s'il difoit, Mes amis, ii eft
vrayque fi nous iugeons fclpn noftre fantâ-
fie , il nousfcmblera que c'eft viie chofe im-
pofsible quand nous ferons morts d'cftre vi-
uifiez.&quccelbit là le moyen .&• puis qu'il
faille que nous foyons defpitez du monde,
qu'on nous craclie au vifage. que nous foyons .
en opprobre exticme pour régner aucc lefus
Chrift : tout rela nous fcmblera comme fon-
ge.Mais abbatons toutes difputes, ne nousar-
rcftons point à noftre cuidcr ni feniblant,
puisque DieXi l'a ainfi ordonné .acquiefçons
à fon confeil,&; fjuflProns d'eftre conduits par
luy.Nous voyons donc maintenant pourquoy
fainét Paul notamment a mis ce mot. Mais re-
uenons à cefte (entcnce , Qu'il fuit quf nous
fiyons morts ,mec \efus Chrift . ieuânt que vi-
ure auec Iuy. Yci par ce mot de morf, faindl
Paul n'entend pas feulement le trcfpas des
hommes, quand Dieu les retire de la terre:
mais ce qu'il exprime tant au quatrième cha-
pitre de la féconde auv Cniintiiiens , qu'au
troifiemedcs Colofsiens : c\ft afçàuoir.qu'il
nous faut porter la mortification de Ufus
Ghiift en noftre chair, afin que fa vieapparoif
fe.en nous. Qujnd fiinft Paul parle aiufî, .il
entend ce qu'il dit au fécond pafiage que re
vien de. toucher ,que cependant que nous vi-
uons en ce monde, noihcvie eft cachée: tout
ainfi qu'en hyuer lavie des arbics eft cachée.
Voila les arbres qui f jnt fecs,on n'y voit nul-,
le vigueur, il fenible que ce foit du bcis mort:
mais tant y a que la vigueur fe monftre au
pnm-temp.s.Ainh eneft-il des fidcJe.v: c.ir ce---
pendant qu'ils font en ce monde, ils ont le^i'r
vie encloit en etpcrauce- O. ce que nous efpe
rons (comme faincf Paul dit au huitième des
îloraainsjeft inuiiible, on ne le comprend. pat
à Taii.
s V R LA IL A T I M O T H.
■35r-
à l'oeil. Il s'enAift Jonc qu'en vinant il nous
faut mourir:non point feulementd'viie efpc-
ce de mort, mais que lournelkm.ent nous /oy-
ons morts.quc nous allions tri decaJt nce, ic-
lon qu'il dit quant àPhomme exterit ur , que
les maladies, les pourettz, les igncuiinies , &
toutes choies femblablcs nous lerucnt de re-
noncer au inonde , Si l'cntir que noftrevie n'
eft qu'vn ombrage, que ce n'eft rien : nx fines
que nous rcceuons aucat de meffigc. de mort
quand les cliofes nenous vienent point à gré.
Notons bien donc que fainft Paul n'a point i-
£1 entendu fimplement qu'il nous faille mou-
rir jJour vn coup afin de viurennais cependant
que nous viucns , que nous foyons toulîours
comme enfeuelis: que nous voyons comme la
mort prefente, que nous foyons comme mou-
tons qui ont le couteau fur la gorge, ainfi
qu'il en traitte en ce huitième chapitre des
Romains . Car ce n'eft point aflez de mourir
ainfî.mais il faut que nous fuyuions l'enlcigne
du EilsdeDieu pour regardera fa refuirc-
ftion , laquelle eft fufhfante poumons adou-
cir la rigueur de la mort. Au contraire, il laut
que les mefchans en defpit qu'ils en ayent,
voyent la mort qui les menace, 5: les adiourne
à chacune minute de temps. Car combien que
il femblc qu'ils foyent à leur aife ,fi efl-cc que
ils endurent beaucoup d'afflitlions,& plus que
ne font pas les enfans de Dieu. Car il', ont vn
ver qui les ronge au cœur , & les tourmente.
Et combien que tout le monde les laiffe en
paix, il faut-il que le iugement deDicu les pçr
fecuçe,& qu'ils fente't là delîa de tels remords,
qu'ils ne puifTét iamai' cftre à repos,S: que ce
I/rf.i/.ii que dit le Prophète Ifaie, foit accompli en
eux, <jue leurs péchez font comme vagues qui
fe frappent les vnes les autres. Il eft vxay que
tant<ju'ils peuuent.ils endorment leurs con-
fcience^ : mais tant v a qu'eu defpit de Iturs
dents Dieu les refueillo . Voila donc comme
les mefchans font affligez : mai', ils n'ont ne
p.irt ne portion auec Icfus Chr ft . Et pour-
quoy .' Car ils endurent la nialcdiflion qui eft
prononcée fur tous les mefchans. Car quelles
font leurs afiîi(flions,&rous les ch.iflimens que
ils foulfrcnt ?,C'eft TentrcT.- d'enfer poureur:
carilnefaut point qu'ils attendent ilTiie heu-
rcufe, quand ils n'ont que le péché qui les me
ne à perdition . Il faut donc qu'en mourant &
en fouffrant nous foyons compagnons de le-
fus Chrift. Et comment celâ?C'ell afçauoir
que nous aduifionsd'.^dhcrer à nollre Dieu,
que nous cheminions félon fon feruice, & que
pouî mettions peine de viure tellement , que
quand les hommes nous feront quelque faf-
cherie ou moIefte,ce ne foit pas pour fautes q
nous ayons commifes contr'cu.x , mais que ce
foit d'autant que nous feruons ànoftrc Dieu.
Q.uanddûnc nous aurons le monde ennemi &
contrairepourauoirmarchédroitement , voi
Ja commc'nous fouffrirons auec lefus Chrift.
Car nous aoaibatons fous fou enfcigne, nous
deitiandôns qu'il foit gloiilîc , & les hommes
qui nous moleftent&touvmctent, n'ont point
cfté prouoquez parnous ils ne pcuucnt pas di
rc mefmes que (elon la chair ils ayent occi-
lion de vengeance. Voila donc en fonime ce "
que nous auons à retenir de ce paflàge.c'cft a-
fcaiioir que pour eftre pai ticipaus de la vie (ît
duregnede noftre Seigneur Icfus Chrift , il
faut que ncus foyons conlormcS à luy en teu
tes nos afflrtions , c'ert que noi-s ayons bcui
tcfnioigrage que nous auons voulu feruir à
Dieu. Or onpourroit ici faire ntâtmoinsvne .
cbieâicn.Car les fidèles endurent fouuentes-
fois pour leurs péchez', combien qu'ils ayent
ferui à Dieu:toufcsfois fi cft-ce qu'ils oiitcô
mis beaucoup de fautes qui méritent chafti-
ment:& Dieu aufsi leur donc des coups de ver
ges afin de les humilier, & les amener à conte.'
Il eft vray: mais fainft Paul parle ici des affli-
ftions qu'cRdurent ceuxaufquels Dieu fait la
grâce d'cftre tourmétcz pour fon ncm,&pour
le tefmoignage de fa Venté . Si noiis fommes
punis pour nos pcche2,& bien, il nous faut baif
1er le col,& receuoir paifiblcment la coriecliô
que Dieu- neus cnuoye, & fentir que nous ne
fommes pas dignes de fouifrir pour fon nom,
mais il ne fairt-ii pas laifler de nous confoler
qu.ul nous voyôs que Dieu a le foin de noiire
falut, d'autant ou'il ne nous veut point laifler
là comme bcfles efgarees, mais qu'il nous reti
re n foy;Voila comme eftâs chafticz pour nos
péchez , nous re laiflons pas d'auoir de quoy
nous confoler. Mais quand il eft qucftiond'e-^
ftre peifecutez des hommes, aduifons bien.à
quel titi'CiS: pourqiioy nous ferôs perfecutez,
fiiyuant ladoilnneS: exhoitationde S.Pier- i. Vier.^f
re : c'tft afçauoir que nous fouffiions comme It.
Chreftiens, afin de glorifier noftre Dieu, que
nous ne foiiifiions point comme malfaiteurs:
iaçoit que le monde nous accule Se nous con-
danine,& que fouuét il fcmble que nous foyos
plus dégradez que les plus mefchans du mon-
de, qu'il nous fufffc que Dieu nous approuue.
Et au refte.quand il nous fait ceft hôntur qi)e
. nous tnduriôi pour fon nom, cognoiflons que
il nous pourroit iuftcment affl'çer pour nos
ofFenfîscmais il no' tfpargne en ceft endroit;
& cependant voila vne caufe honorable pour
laquelle il nous fait foufftir. Comme les hlar-
tyrsqui ont enduré pour le tefmoignage de
Dieu-, ils pouuoyent bien eftre punis pour
leurs fautes:car iamais il n'v a eu home fi par
fait , que Dieu ne le peuft cent fois latJer du
■ riicde.Mais tant y a^qu'il difsimule enuer' les
fiens.S: cependant il les honore iufques là, que
ils foufFrent pour ]uy,& pour fa querele.com-
me s'ils cftoyent' fes procureurs . Airfi donc
apprenons de louer Dieu t[uai"dil nepeiin«t
point quenotis fjyôs punis peur nos offénfes
propres , majs pluftoft'qué ce fou pourauoir
maintenu {:i caufe, & pour auoir efte tefinoins
de f m Euant;ile. Voila en fonirrie ce que nous
auôs à retenir, quand faindt Paul dit que poi*r
' Dd.ii.
39
r,
SERMON XI.
M<ttIo
eftre paiticipins de la vie cle lefus Chrift , il
faut que nou5 foyons morts aiiparauant auec
luy.Or quant & quEt iladioufle quefinouîle
rcnions.il nous reniera. Apres qu'ilnous a in-
citei par douceur, il adiouftelamcnace:com-
mc nous fcauons que Dieu ha cefte couftume
de nous picqucr, quand il voit que nous ayant
attîiei par douceur nous lomines tardit-. , &
qu''il ne nous gagne pas tantoftà foy.il adiou
ftc aufst la iigucur.Ec fainft Paul vfc mainte-
nant de cède ta jon, en dil'ant, Toutainfi que
la vie nous cft certaine fi nou< tommes confî-
gurci à lefu^ Chrift,paflàns par ce mode co-
rne ellans afsiegc-z d'vne centaine de morts,
qu'ainliau contraire , quand nous voudrons
nous feparer d'auec lefus Chrift , il nous re-
nier.''.:commc aufsi ill'a prononcé de fa bou-
che,Celuy qui me confelFeradeuant les hom-
mes, ie le confelTeray deuant Dieu mon Père
qui eft es cieux:mais celuy qui me reniera de-
uant les hommes, l'auray hontea.ifside leçon
fctrer,& deuant Dieii,& deuant fes Anges. Ici
{.\\nSt Paul nous remet au deuant ccfte fentcn
ce horrible de noftrc Seigneur lefus Chrift,
& qui nous doit bien faire drelTer lescheueur
en la tefle.fi nous fomraes lafches à conferter
fon nom , & à maintenir la vérité deuant les
kommes, quand nous voyons qu'elle eft alTail
lie & combatue.En fomme, (ainft Paul nous a
ici voulu monftrer qu'il n'efl point queftiô de
nous defguifer , comme beaucoup fe feront
à croire qu'ils ne laiflent pas d'eftre Chre-
Aicns , encores qu'ils trahiflent lefus Chriil,
fncorcJ qu'ils difsimulent,& qu'ils fedeigui-
fent.il leur femble que cela eft tout vndeuant
Dieu.OrfaInftPaulmonftre ici que Dieu de-
mande ce feruice de nous , que fa vérité foit
maintenae.iJc que s'il eft queftiô de noftre vie,
qu'elle n'y foit point efpargnee : car elle ne
nous doit point eftre tant precieufe comme la
vérité en laquelle confifte noftre faiut, &par.
laquelle aufii Dieu règne fur nous. Nous voy
ons donc ici que toute excufe eil oftee à ceux
qui voudroyent bien chercher des fubterfu-
ges afin de s'exempter des afAiéliôs que Dieu
. veut que les lîens foufFrent , comme il y en a
tant de délicats qui fe voudroy ent donner pri
nilcge de ne rien foulfrir pour le nô de Dieu.
Or il n'eft point queftiô de cda.ditS.Pauhcar
nous auons vn Maiftre qui veut eftreadoré &
confeflede nout:&quiconquesaura honte de
maintenir fon nom deuant les hommes , qu'il
fçachc qu'il eft aufsi raclé du rcgiftre de fa-
!ut , qu'il ne penfe point que lefus Chrift le
doyue tenir au nombre des fîens.Or quâd il a
ainli parlé,iladiouftc,C>»r /7»)<«yâ»im« incre
Utilrs , Difi* demeure tnittrsfols fijele , (y ne fe
fent renoncer fiy-mefm*. En cefte côclulîon S.
Paul môftrc que quand tout le monde fe dcf-
baiichera.laveritéde Dieu demeurera pourtat
en fon entier,aiîn q nous ne penlîôs point que
elle depéde de nous,& qu'elle foit fondée fur
itoAic tefmoignage.Et c'eft vnc dotlrine bien
Ttile. Car en premier Keu , S. Paul defpite ici
tous ceux qui font doubles, & qui voudroyent
pour fauucr leur vie trahir noftre Seigneur le
fus Chrift , & blafphemer contre fa doûrine
(ainfi qu'on en voit beaucoup auiourd'huy)
faind Paul les defpite.Et bien(dit-il)il vous
femble que le Fils de Dieu ne fe peut palier
de vous:non,non,allez vous eii(dit-il)&que
vous le quittiez tant que vous elles: il demeu
rera neantmoins Roy du ciel & de la terre. Et
puis fur tout il regarde aux infirmes qui font
troublerrquand ils voyent que quelqu'vn tre
bufche , & qu'il fe fouruoye , il leur femble
que tout eft perdu. Et auiourd'huy nous auôs
befoin de cefte remonftrance plus que n'ont
eu ceux du temps de fainû Paul. Car combien
qu'il y ait eu alors de l'infirmité bcaucoup.au
iourd'huy nousfommcsiî tendres que rien
plus:il ne faut finon vne fueille branler, qu'il
nous Icmble que tout le monde s'en va en rui
ne : Se qui pis eft, nous fommes tant enclins à
cela, que nous cherchés les occalions de nous
troubler. Si on oit dire qu'il ibitaduenu quel
que chcute à vn homme, on en voit beaucoup
qui ont ccfte conuoitife diabolique, qu'ils ne
demandent finonde trouuer quelque couuer-
ture pour s'elongner de TEuangile. Et ledij
ble aufsi a bien cefte rufe de s'infinuer par
tels moyens obliques, & comme en cachette.
Mais quoy qu'il en foit , fi voy oni-nous au-
iourd'huy que la plus part font efpcrdus €
toftque quelqu'vn aura renoncé la vérité, on
que quelqu'vn qui eiloit en bon train fe four
, uoye , & qu'il fedesbauche. Et qu'eft-ce que
ceci veut dire? Il femble q la parole de Dieu
n'ait point de fermeté.Et comment?Voila vn
poure pot fragile & caduqueis'il eft C3(ré,eft
ce à dire pourtant que la vérité de Dieuqui
eft permanente, doiuc eftre abolief Faudra-il
que le Seigneur lefus foit arraché de fon fie-
. ge , auquel il a efté exalté de Dieu fon Père?
Faudra-il que le falut des hommes, & des An
ges aufsi perifle en vnc créature tant foible?
Ainfi donc, nous voyons maintenât à quel pro
pos fjinâ Paul a vfé de cefte fentence, en di-
fant que fi nous renon çons Dieu , il demeu-
rera hdele.Ilauoifdit aiiparauant,quefinous
renonçons lefus Chrift, il fe pourra bien paf
fer de nous. Mais cela n'eftoit point encores
aflcr exprimérmaintcnant il met vne plus am
pledeclaratiop , c'eft que Dieu n'emprunte
rien de nous comme s'il en auoit befoin, mait
que fa vérité luy fuffit , & que quand tout le
monde le renoncera, fâ condition n'empire
point pourtat,/'/ if>mf»r# ^Jf/r, dit-il. Ce mot
doit bien cftie obferué.'car c'eft aufsi ce qu'il
traitte aux Romains, quand il dit, Q|K)y? Si Rip,.?.*
aucuns des luif^ ont efté defloyaux, Dieu fe-
ra-il pourtant menteur? Ncnni:ia n'aduiene,
dit-il : car au contraire il eft efcrit que tout
homme eft menteur , & que Dieu clî vcrita-
ble:qui plus eft, l'incrtdiiïitc des homes don-
ne jiliisgiand Juftrcàlabonté de Dit». Car
quand
SVR LA 11. A TIMOTH.
qiunJ nous voyons que le monde luy faufle
la foy qu'il luy a donnée , & queneantmoins
il pourluit. â: concinue touiîour? , en cela ne
voit-on pas que par Ci vérité il lurmonte tou-
tes nos menteries,& toute la vanité qui eft en
nous? Nous voyons donc comme ces fenten-
ces s'accordent , voire tellement que quand
nous verrons tout le monde eftre comme dif-
iïpé,ilne faut point quenoftrciroy foitren-
uerfee pourtant :car elle doit regardera Dien
qui perlîfte toufîours en la nature, & qui de-
meurera fidèle , combien que les hommes va-
rient,& changent. En ce partage que nou'i a-
"Uons allégué , où fainilit Paul traittc de^ luifs
lefquels Dieu auoit appelez pour eftre fon
troupeau, & le peuple eleu &:'fanftifié d''entre
toutes les nations de la terre , il inonll re que
les luifss'alienentdel'elperancede falut, le
fcruice de Dieu eft là du tout peruerti, la reli
gion eftfîconlu/e que c'eft vne horreur.Ne-
ântmoins voila lefus Chrift qui apparoift : &
combien que les luifs- fe foyent rendus plus
qu'indignes deccfte rédemption qui Icure-
ftoit promife, tant y a que Dieu perlîfte en fa
vérité. Voila donc le Sauueur du mande qui
fc prefente aux luifs, voire lefquels eftoyent
Hat. If. comme brebis perdues (ain'.î qu'il en parle)
14. car tout eftoit alors tellement mené , qu'on
nefçauoit plusquec'eftoit ni delà Loy , ni
des promeflès.nide rien qui foit. lefus Chrift
s'eft-il ainfi prefente ? Tant s'en faut que les
luifs fentans leurs niifercs cherchent le reine
de , comme il leur auoit efté promis de tout
temps, qu'ils prouoquct l'ire &la vengence de
Dieu fur eux , en renonçant au falut qui leur
eft offert. Et ne fe côtentent pas d'auoir mcf
prifé lefusChrift.mais après Tauoir faitmou-
ïir ignominieufement en la croix,ils perfccu-
tent fon Eiungile de plus en plus. Nous voy-
ons donc ce peuple-la que Dieu auoit elcu,
qui eft defloyal iufques au bout. Et c'eftoit vn
horrible fcandale pour les fidèles de ce tépv-
la:mais frinû Paul dit combien qu'ils foyent
ainlî defloyaux & infidèles, lî ne taut-il pnint
que la foy de Dieu , c'eft à dire ù vérité, foit
eftimec par là, car elle demeurera toufiours
«n fon entier:qui plus eftCdit-il)c'cftvnc ap-
probation plus grande comme Dieu rcferue
quelque femeiice de ce peuple-là , qui eftoit
ainfi adonné à f» perdition, voire& qui la cher
. choit à fon efcient.Dieu donc cognoiflant ce
qu'il auoit déclaré, c'eft qu'il faloitque la vil
le delerufalem hift comme Sodome Se Go-
tnorre,excepté qu'il y auroit qlque petit nom
brefauué,il le garde d'vne façon niiraculcufe.
Dieu donc accomplit ce qu'il auoit aufsi pro-
•ji. 1.^. nonce en l'autre palTage du Prophète Ifaic,
Qu^il y auroit quelque petit refidu qu'il rc-
cueilleroit à fov,& quedc cefte femence-ci il
y auroit comme vne abondance pourefpan-
dre par deflus toute la terre. Quand cela s'cft
vérifié, ne voila point Dieu qui a donné ap-
probation plus certaine à la vérité ? Quand
557
il a ainfi dcfpité les menfonges des hommes,
& qu'il a furmonté la defloyauté des luifi , &
leur rébellion, quand le falut qui auoit efté
promis.a efté manifefté,il a monftré alors que
fes promefles ne depcndoyêt point des hom
mes , mais qu'il trouueioit vn moyen incçyi-
prehenfible au monde.afin d'accomplir fa pro
mefle,& la faire valoir pour la mener à fa pcr
ftftion. Ainfi donc , quand nous voyons cet
chofcs,apprenonsdc les appliquer aufsi bien
i noftre inftruftion.Car auiourd'huy combien
y en a-il d'incrédules , &: de combien de for-
tes?Les vns demeurent obftinez en leur aueu-
glement : comme les Papiftes , on voit qu'ils
font emienimezconjtrerEuangile,& le diable
les tranfporte tellement, que pour raifon que
on leur.imene, encores qu'ils en foyent plus
que conuaincus,neantmoins ils ne veulent nul
lementapprocher.mais font toufiours des be-
lles fauuages.ils luent.ils mordent. Voila doc
ladefloyauté de ceux qui prétendent le nom
de Chrc-fticns,& mefmes qui ont réceu leba-
ptcfmc. Nous voyos les luifs aufquels les pro
mefles appartienent ,& qui font comme les
fils aifriez de la maifon de Dieu, que ceux-là
perfiftent en leur obftination diabolique, que
ils ne fe contentent pas de fe fermer la porte,
& de fe priuer du Royaume de Dieu, mais ils
blafphcment contre l'Euangile en toutes for
tes, & voit-on qu'ils fedefpouillent de toute
humaine aftei^ion pour faire la guerre àDicu,
Nous voyons les Turcs qui fe font retran-
chez, d'autant qu'ils ont fuyui les tromperies
deMahommet,voire qui font de telles tables,
que finon qu'ils fuflent dut tout abbrutis.il eft
certain qu'ils pourroyent incontinentappcr-
ceuoir la beftifc qui eft là côtenue.Maisquoy?
Dieu a là defployé fa vengeance , qu'il les a
mis en fens reprouué, voire à caufe de leur in-
gratitudercar ils eftoyent Chreftiens baftards
comme les Papiftes. Or mainten.ît entre nous
combien en voit-on qui fe deftournent du
droit chemin dé l'EuangilcfCôbien y en a-il
qui veulent iiager entre deux eaux,&qui font
mefme des moyennears.qui voudroyétauoir
vn Euangilebigarré?N'auons nous point vcu
de noftre téps,& ne voit-on pas encores, que
ceux qui ontbafti cefte corruption d'Intérim
ont voulu raefter Dieu euec le diablerNe voit
on pas que ceux-là fe font alors diuertis du
bon chemin ? Voila donc beaucoup d'efpeces
d'incrédulité. Mais quoy? Quand tout fera en
confufîon,& que tout le monde fera incrédu-
le,Dieu demeurera fidèle: ne mefurons point
Dieuàla mefuredes hommes ,&: àleurtefte:
carceferoit luy faire frpp peu d'honneur,
quand on dira que félon que le monde fera fi-
dèle,Dieu le feraaiifi.Ne voila point comme
anéantir la vérité de Dieu , quand on la vou-~
dra ainfi mefurer felô la fidélité des hommes?
Car on fçait bien qu'il n'y a en eux que vani-
té & menfonge:&auc5traire Dieu eft vcrita-
ble,voire il eft la vérité luy-mefme.Ainfi doc
Dd.iti.
398 S £ R M O N X I r
que How; méditions bien c^fle Jotlrine,& qu
nous- rappliquions i tel vfage que le ûiiUt
Efprit r<i cn:eniiu:t'eil quand nous verrions
cent mille confufionf: crïce monde, touteifois
nous demeurions fermesi cftans tondez en la
vérité de Dieu j qui rie varie point félon fin-
conriânce& la légèreté des hommes. Et pour
quoy?ll ne fepeut renoncer foy-mefme.Def
pitons donc toiii ccuv qui auiourd^Iiuy le de-
itournent de la vérité , Si leur femble qu'ils
mèneront auec cun ert ruine beaucoup de lîm
pies gés: defpitons-les,car s'ils font traiïîres
& defloyaux, ils ne pcuuent point deroguer à
Dieu en façô que ce foit-ît au relie , ne pen-
fons point que fainû Paul ait ici parié de l'ef
fence de Dieu , comme s'iJ difoit : Efperons
que Dieu demeurera fidèle là haut : mais il
veut que cefle fidélité foit^n nouî.c'eft à di-
re,que d'autant que la-pàrole de Dieu eft vne
femence incorruptible , qu'elle fruftifie : &
quand le diable tafchera de l'arracher ou
amortir, qu'il ne puifle rien Contre nous,d'au
tant que nous auons là vi.floire par laquelle le
monde eft vaincu:fi le diable nous fufcite auf-
fi des troubles, que noUs les furmontions.Voi
la donc comme Dieu iion feulement en foy
demeure fidele,maisaufsi d'autant qu'il a im-
primé en nos coeurs le tefmoignage de fa vé-
rité par fon fain£l Efprit , il fait défia que ia
parole eft permanente, & que nons allons touf
iours noftrc train, quand nous verrons que les
mcfchans ne demandent (îiion de nous def-
baucher auec eux. fuis qu'ainfi eft donc que
Dieu ne fc peut renoncer foy-mefme , adui-
fins quel il eft:& pour ce faire arreft5s->nous
à ù parole. Car fi lious voul5s penfer de Dieu
ce qu -■ bôn-nôus feiublera, nous imaginerons
tous les coups des phantofmes, & des idoles.
Il faut donc que nous cognoifsions quec'eft
de Dreu félon qif il s'eft déclaré à nous par la
parole; L'auons-nous cognu tel ? Sçachons
qu'iLnefe peut renoncer, & qu'il ne changera
iamais de propos ne dénature. Etainfînqus
voyons que nous ferons aflez fortifiez contre
... ,". . ..1, ,.
tous les troubles du monde.contre toutes les
mutations & changemens qui pourront adue-
mr, moyennant que nous retenions toufiours
cefte foy , & cefte cognoiflance-là , de dire.
Dieu s'clt manifcfté à nous , tellement que
nous le pouiion\cognoiftrc.Etcomment?Par
fa Liiy.pai les Prophctes.&par fon Euâgile.
Q_ueles hommes i'cfgarenc çà& là tant que
ils voudront , fi cft.-ce que Dieu ne laiflera
point de demeurer fidele:car il n'y aura poinc
de variété en luy.Et quand nous ferons làar-
reitez, voila comme nous pourrons auoir vi-
ftoire contre tous les alTauts de Satan , telle-
ment que nous bataillerons conftammcnt,
iufques à ce quenous foyoïxs recueillis en cç
repos éternel qui noos eft apprefté au çie.l.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noftrebon Dieu en cognoilîànce de
nos fautes , le prians qu'il luy plaife de nous
faire la grâce qii'in chacun de nous le puilPe
examiner. Et voyans que nous fommes rem-
plis de tant de vices , que nous apprenions dé
nous defplairc , & de gémir , iufques à ce que
nous ayons trouué la médecine en luy :'quc
nous foyoris purgez par fon fainfb Efprit, non
feulement de tous les péchez qui ont régné
par ci deuant en nous , mais de la racine de
tout mal, qui tft celle incrédulité & cefte ré-
bellion,à laquelle nous fommes trop enclins.
Q_u,'il nous inftruifcdonc tcllemi.nt en /â pa-
role,que nous ne demandions finon de fuyure
ce qu'il nous enfeigne, non feulement pour re
fifter aux tentations qui nous aflaillent , mais
aufsi contre tous les fcandales que le diable
nous fufcite. Et combien que nous voyos toac
le monde rcnuerfer, que noftre foy dcineure
deboutj fçachans que Dieu demeurera touf-
iours en fôn entrer , & qu'il demeurera tou/^
iours fidèle, niaugré tous les incrédules & tous
les mefchans , & tous lesapoftats qni font aii'
monde. Q^ non feulement il nous face cefte
grâce , mais à tous peuples & nations de la
terre, &c.
CINQVIEME SERMON SVR L
SECPND CHAPITRE.
14 Admonejle de ces chofes , protcJîdMt deuctnt le Seigneur que
iU n ayent point début de paroles , qui 72e vient à nulle utilité , mais aû.
deflourhier de ceux qui l'oyent.
iç Foy diligence de te prefenter approuué à Dieu ouuriernon
(onfus,dijinhuant droitcmcnt U parole de vérité.
Nouî'
SVR LA IL
Ous auôs defla veu par ci de-
uant c5i»e faiiid Paul fur tout
exhortoit Timothee d'auoit
ce regard d'édifier TEglife.
Carli nous appliquons à au-
tre vl'age la do£trine que nous
portonsjc'eftlaprofaner.&peiuertirrvfagc
<jue Dieu aiioit inftittié : car il neveut point
c[ue nous ayôs les aureiHss batues en vain de
la Parole , il veut qu'cile nous profite à falut.
Sidôcceluy qui parle, veut plaire, s'il le veut
monftrer , s'il a quelque folle affection qui le
tranfporte , tellement qu'il ne regarde point
au falut des auditeurs, il eft facrilege: d'autat
que mefcliaiiiiîicnt il deftourne la parole de
Dieu àautrevlage qu'il ne doit. Or ileft vray
" que volontiers les hommes ont les aureilles
chatouilleufesrcar nous voyons côme le mon
de eft mené de curiolîté,nous appctons touf-
■ ioiirs ie ne fçay quoy de noiiui'au , tellement
que voila qui c-ft caille que beaucoup qui ont
la charge d'enleigncr, pour fe faire valoir, &
â ce qu'on leur applaiidilTe, cherchée des que
fiions friaolcsnioyennant qu'il y ait quelque
apparence de iubtilité.il leur ûitht, ils nepen
fent point à ce qui édifie. Or fainél Paul no-
tamment dit ici à Timothee , que Ccluy qui fe
voudra môftrcr fidèle dotleùr, doit touliours
appliquer Ion e/hide à côfermcr les hommes
çnla fiance de Dieu,& en lacrainte:5cficefte
dtoftrine ialchc(commc beaucoup voudrovét
qu'on leurapportafl quelques fpcculations)
U ne fautpoiut que ceux qui ont la charge de
enleigner,l"edcftournét pour cela du bon che
min, mais qu'ils continuent. Or cependant
uous; fommes ici exhortez tous de receuoir
volontiers ce qui nous eft vtile pour noftre
lâluc. Car côbien que faiud Paul adrtfle fou
propos à Timothee , & qu'en (i petfonne il
moniîre quel ell l'office des bôs dodeurs, ce-
pendant toutesfoisil retianche tous nos fols
appetis.Quand donc chacun viendra au fer-
inon,quece ne I oit pas pour ouïr quelque ciio
fe plaifante,& qu'on luy chatouille les aurcil
les,& dont il puiffecaufer à plàifir : mais que
ce loit pours'auahcer en la craintede Dieu,
& en humilité. Si pour s'inciter à l'inuoquer,
& polir fe confermer en patience. Et cepen-
dant , fi nous auons ouy vne exhortation au-
iourd'huy,& que demain elle nous foit réité-
rée , ne penfons point que cela nous foit fu-
perfiu, n'en foyons point f.ifchez : car quand
chacun fera bon examé, il trouuera qu'il s'en
faut beaucoup qu'il n'ait recordé la leçô que
il auoit apprifc pour la bien prattiqucr. Si
donc Dieu nous en refrcfchit la mémoire,
e'elV vn grand bien qu'il nous fait. Voila ce
que nous auons à noter en ce palTàge , quand
S. Paul du, Admet), fie J.- ces chofes. Cir il Cil
certain qu'il a voulu preucnirce qu'on voit
communémcnt,qu'ondira,Et nous auùns ouy
ce propos:n'eft-ee pas vne choie afllz vulgai
r<? qui ci> le petit enfant qui ncleco^noifl?
A T 1 M O T H.
3yy
Voila qu'alleguét ceux qui voudroyent eflrc
repeusde queftions inutiles. Mais voici coiii
me le fainft Efprit veut que iournellementce
qui nous eft vtile, nous foit ramené au deuant,
d'autant que nous ne l'anoris point aflcz en-
téduiil nous le faut mettre en piattique.com.
me on dit. Car ce n'eft rien qu'vne chofe no*
yole au cerueau, mais il faut que la racine en
foit aucaur,& que les fruits en apparoifllnt
en toute noftre vie.Or cependant (àinû Paul
adioufte vn mot qui emportebeaucoup, Vrcte
fie Jeuant P;>»,commefî tu les adiournoiS,&
que tu prinfles vn tefmoignage folénel,^» lY*
ne s'adoiieitt paint à content ici: i de paroles. En
ceci nous voyons plus clairement ce que i'ay
touché:c'eft que faind Paul a voulu remédier
à l'ambition des hommes, qui pour eftre pri^
lez &: auoir bruit s'adonnent à beaucoup de ,
contentions. Car ils voudroyét efplucher les
chofes çà Si là, où il n'y ait que rcdirc:&; s'ils
trouuent quelque pctitraot , c'eftcomme vn
fcftu auquel ils s'achopent, & là ils font gian
de inilancc , il fcrable que le ciel Se la terre fe
doiueiit mefler:& s'ils voyent quelque fenten
ce qui leur vigne à propos, il Icurfemble que
ils ayent tout gagrté, combien qu'on voit que
ce n'eft que fumec de tout ce qu'ils attentent
& entreprpnent. Et voila pourquôy aufsila
plus part de ceux qui ont quelque efprit S: fça
uoir, tafchent pluftoftd'eftre en réputation
quant au inonde, que feruir àDieu.Et pource
eft-il tant difficile de les reprimer. Cen'cft
point donc en vain qucfainiâ: Paul met ici ,fi
on voit qu'il y ail gens qiri s'adonnent ainiî à
folles curiofirez , qu'on lis adiourne douant
Dieu, qu'on leur face vne proteftation foien-
nelle qu'ils auront à rendre conte de ce qu'ils
deftournént ainfi la parole de Dieu à contèii
tions & débats , d'autant que ce n'eft point à
ceflé fin qu'elle nous eft donnée. Et au refte,
fainft Paul dit , Qb'o» i:efe dchate point de p.t~
rohs.En ce mot il coprend toutes les conten-
tions qui n'ont point de fondemene ni de fub
ilance, comme on dit. Cars'ileft queftionde
riiaintenir l'hôneurde Dieu, & ce qui eft des,
premiers fondemens de la foy , là il faut que
nous trauaillions , & qu'vn chacun s'y porte
vertueufement. Carde fouffrir que la venté
de Dieu foit conuertie en menfonge.qu'on la
defguife,qu'on maintiene des erreurs & fauf-
fes fuperliitions, quelle condamnation fera-
ce? Dieu donc veut que nous foyons vaillans
champions, quand il eft queftion de maintenir
Ca vérité . Et ainfi il n'eft point queftion de
nous efpargner,il ne faut point que nous y al
lions àdemi bouche: & mefu-.es quand tout le
monde deuroit périr , U vaut beaucoup mieux
en défendant la vérité de Dieu mettre vne
horrible confuiîon par tout; que dcdifsimu-.
lér,& laiflèr aller les chofes mauuaifes.Etde
fait.nous voyons comme il eft aduenU, quand
aucuns ont nagé entre deux taux (comme on
dic3'&ont VQuIu inoyeaner, que noftre Scii
D.iiii.
490
SERMON XI T.
gneur s'eft moqué d'tux , & à la fin ils n'ont
eu que turpitude & hontede leur folle outre-
cuidance. Que faut-il donc?Q_ue nous obfer
nions rondement ce que Dieu nous acôman
dé : & fi nous voyons que le diable prattique
pournous cmpefchercefte libertc-la , pour
nous venir delguifcr la pureté de la doûrinc,
& pour mettre en auît des erreurs pour fedui
re les poures âmes , & les mener à perdition,
que nous entrions hardiment aucôbat, & que
nous nefaciôs point diftîculté:voirc,&quoy
qu'on nous alleguc.que nous ne laifsiôs point
de pafler outre , & que nous ferinios les yeux
à tout ce qui nous pourra aduenir , fçaclians
que l'ilTue en fera bonne, moyéuant que nous
ne pafsions point nos limites , & que chacun
de nous félon fon eftat aduife d'appliquer ici
toute fon eftude.Ceci elt bié à noter;car quel
que fois on verra fléchir de bo> feruiteurv de
Dieu quand on les vient fafcher.&quandily
a de grans troubles:ils déclinent de leuroffi
ce quand ils fe voyent prellèz. Et pourtat-.t
nous faut-il bien aduifer deux fois à ce que
nous auons à faire , que quelques diftîcultez
qu'il y ait , nous ne fiiiuions toufiours la pure
lîmplicité de l'Eiîangile, & que nous ne con-
tinuyons conftamment en cela. Et au refte,
quand nous voyons que la vérité de Dieu eft
làuue,& que le peuple çi\ bien édifié, que no'
allions cJinouuoir des difputes fans fçauoir
pourquoy, leulement auec vne folle vanteric
pour cftre renommez,& qu'on dife .Voila vn
homme aigu.voila vn homme de fçauoirimal
heur fur ceux qui deiguifentainfi la doûrine
de falut, & qui demandent d'eflre prifez. Et
voila qui fufcite tant de contentions : car les
home; de leur nature font adonnez à ceft or-
gueil diabolique.de toufiours demader qu'on
les prife & cftime.Mais d'autat plus nous faut
il pefer ce mot de faintl Paul.c'tft que fi nous
voyons de ces glorieux qui feveujét ainfi fâi
rc valoir , quand nous ne pouuons par Cmple
admonition S< remonltrance les attirer & ga-
gner, que nous leur ficions comme vne adiu-
ration deuant Dieu, qu'ils auront à rcdre con
te.d'autantqu'auiourd'huy ils troublentainfi
l'Eglife, & qu'ils efmeuucnt des queilions fri
«oies 8c fans propos, tclleraét qu'ils font com
me effrontez pour vouloir ofter le foleil , &
i'obfcurcir. Que donc nous renuoyons tel-
les gensdeuât Dieu, leur afsignantcefte lour
née en laquelle ils feront iugez. Voila ce que
nous auons à retenii . Or comme nous deuons
auoir en deteftation ces brouillons qui cfineu
uent quelques débats en TEglifc, aul'si appre
notisdenofbrccoftéd'ciire paifibles , de ne
donner point ouuerturcA nulles curiofîtcz,
mais que nou, foyons fobrcs, & que nou.v de-
mandions fiulçment d'eftrc enteignez i no-
Rte filnt,telltm.rnï que Dieu f>it honoré en
ttf'nous.que nous foyons toutac,coHnun>cai
ce uire.q nous fjyon. confcraiez en fj crain
te Si. ea foa amo.ur,& que nous foyoiu Lunii-
liez fous fon ioug , pour porter ce qu'il luy
plaira. Voila donc où il nous faut appliquer
toute noftre cflude, fi nous ne voulons point
donner occafion que l'Efcriture faincle Se la
parole de Dieu foyent prophanees , & que
nous ayons des combats friuoles qui font de
nul profit, & à la ruine des auditeurs, dit faîâ
Paul.Or nous auons à noter aufii les deux rai
fons per lefquelles il rc proiiue les débats &
contentions,& les difputes friuoles. Enpre-
mier lieu il allègue ijuelUs font Jt nul frffti
Si en (ecôdyiju'tlltJ ferHcrtijJ'int les audittnrt.
Par la première raifon , il fignifie ce que l'a-
uoye défia touché, c'eft que ce qui ell conte-
nu en la parole de Dieu , nous doit feruir de
qudquechofc : car (dit-il) toute l'Efcriture *• Tiw»,
eft vtile : comme de fait l'expérience nous le J*'^'
nionftre , au moins il ne tient qu'a nous. Car
qui eftcaufc qu'on lira l'Efcriture fainâe , Se
qu'on ne fçait en la fin fi on a perdu fon tépî,
ou fi on l'a bien appliqué. C'elt pource qu'on
y vient à Teftourdie , & qu'on ne fe prefcntc
poît à Dieu pour receuoir de luy ce qui pour
roitprofiter.il eft bien dit que Dicuenfeigne r^.ir.ji
ra les humbles & les petis : mais outre cela il
nous le faut cognoiftre vn bon Maiftre& fi-
dèle.Or cel.i emporte que nous attendions de
luy quelque bonne doûrine , quelque inftru-
ftion qui nous férue, &• qui nous foit vtile. Si
donc nous venons mettre le nez pour lire l'E
fcriture fainftc , & que nous ne tranchions
droit, mais que nous y cherchions ie ne fçay
quoy qui contente noftre fantafie , il ne faut
point trouuer eftrâge fi nous fomines repeus
de vent, Si que Dieu nous laifle retourner c5
me nous eltions venus. Mais fi nous auons ce-
fteaffcélion & defir d'eftie enfeignez pour
noftre falut, il eft certain que nous ne trouue
rôs rien en l'Efcriture fainûcqui ne foit bon,
& dont nous ne puissions recueillir quelque
chofe qui foit pour anancer noftre foy , pour
nous incitera craindre Dieu , & à luy obéir,
pour nous inftiuireà l'inuoquer, pournous
confermer en patience, comme l'ay défia ditr
foit aux hiftoiies, foit aux Prophètes, par tout
il y aurade Pvtilité.Ecainfi qu.id famft PauJ
côdamnc les chofes qui ne profitent de rien,
c'eftautânt comme s'il difoit que tous ceux-
qiiine cherchent point le falut des auditeurs»
prophanent la parole de Dieu. Et au rcfte ,ili
nous faut toufiours venir sufsi bien à nousr
car fi nous fommes contentez quand nous a*
rôs ouy quelque chofe qu'on nous dile,&' que
cependant nous ne f^achions à quel TfagC'
nous deuôs appliquer ce qui nous a efté mon
Are, nous foninies lacrilcgcs.En fomme.qu'viv
chacun apprcnc à fc foI'Citer,& que nou. ay-..
ons nos cfprifs attentifs , afin de n'appctee
tien finon ce que nous cognoiflons cftre pra
prc pour nous foitificr en foy, en crainte de.
Dieu, &cn chûfes fcinblabks. Mai^ pour la.
féconde raifon, fairft Pniil veut encoics plus
agg 1 auêr le uul «jui elt.en tous combats fu-
pcifius
SVR LA II A TIMOTH.
perflus;c*éft qu'ils peruertiiTent les auditeurs.
£t pourquoy? Nous voyons combien chacun
. ^fL A,t.:i^ r^.,r. „..';! r-;» orl^ri;iù,I'^;i
401
de nous eft débile fans qu'il foit esbrâléd'aiJ
lcurs:fans qu'il viene ne tourbillon, ni tempe
ile , encores ne faifons-nous que chanceler:
que s'il nous vient quelque trouble , par plus
■ forte raifon nous venons incontinent à dou-
ter,& nortre e<prit,coinme il eft volage, fc rc
jnuetoufiours, & Satan rient là mettre beau-
coup d'obiecls. Bricf.cncores que nul ne vic-
«e i efmouuoir queftion ne débat, li eft-ce que
nous fommes par trop débiles, & ne pouuons
point nous refoudre pour cheminer comme
il appartient, & ne pouuons aufi prendre vne
telle certitude en la vérité de Dieu, que no-
ftre cœur foit paifible & rafsis. Q;ie fcra-ce
donc quand il y aura des foufflets peur allu-
mer le feu encores plus? Délia (comme i'ay
dit)nousauonsen nous vne fcmenced'infide
lité. Or voici des moqueurs qui voudront fai
re feruir la parole de Dieu à leur ambition &
vaine gloire, qui efmcuucnt des qutftions.De
quoy fcruira cela? Chacun commence à s'e-
ftonntr, Et comment? le penfoye élire bien
rcfolu décela : Se ie ne fçay maintenant où
l'en fuis. Pour le fécond , fi l'ay douté de ce
poinft,& que fera-ce du refte?Te!lcmcnt que
c'eft le moyen le plus aifé & le plus propre
qu'ait Satan pour nous ruiner du tout , que de
nous faire ainfi adonner à difputes curitufcs
•& friuoles.Qjje faut-il donc?Tcnons la fim-
plicité de i'Eiiangile, arrertons-nous là du
tout. Et quâd nous aurons cflé enfeignez que
nous auons vn Dieu qui s'cft déclare Père &
Sauueur enuers nous , que nous cognoifsions
le moyen par lequel nous pourrons trouuer
grâce deuanthiy, c'tft au nom de noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Pui< après, que nous co-
gnoifsions fa volonté, que nous fçacl^ions cô
ment & en quelle fiance nous le deuons inno
qucr , que nous cognoifsions comment c'eft
qu'il nous attire à foy, que fiousmeditiôs fei
promt ires,& que nous céioignions les Sacre-
mens qui nous doiuent feiuir'de fignature fe
conde.Et au refte.que nou' cognoifsions que
tout cela nous procède de la bonté gratuite
de noftre Dieu , & de ce qu'il luy a pieu nous
conioindre à foy, efperans qu'il nous condui
ra iufqiTcs à la fin. Voila ce que nous iuons à
méditer. Et c'eft vne fentence fi entière, que
moyennant que nous l'ayons apprinfe , il ne
nous faut point porter enuie aux plus fubtils
du monde, de ce qu'ils auront imaginé. Car
nous auons ccftc perfeftion-la , que depuis la
création du monde, voire dcuant,de toute c-
tcrnité, nous voyons noftre falut fondé fiir la
bonté de Dieu,& en fon confcil immuable. Et
puis nous voyons côme il nous a appelez pri-
uement a foy : nous voyons qu'en la perfon-
ne de noftre Seigneur Icfus Chiift il s'eft re-
concilie i nous, là nous auons ta rcmifsion de
nos pcche7.,là nous auons la plénitude de tou
te graceCcotnme il en açfté parlé ce matin)il
nous élargit les dons de fon (ainft Efprit. Et
puis nous cognoillbns comme noftre vie doit
eftre réglée, & quels font les facrificcs que
Dieu demâde, c'eft afçauoir de reformer nos
affeftions charnelles, de pafler par ce monde
en afpirant à Dieu , & contemplant la gloire
immortelle qu'il nous a promife. Et puis no'
voyons comme nous auons accès à luy pour
le prier, nous fçauons quel eft l'vfage des Sa-
crcnicnç,& quel en eft le profit. C^ue deman-
dons-nous plus?Nous voudrôs paiTcr par dcJ
fus les nues : allons-nous rompre cent mille
fois le col, noHS ne pouuons auacer d'vn iëul
doigt, que Dieu ne nous conduife.Ainfi donc
tenons-nous à la fimplicité de l'Euangile , iî
nous ne voulons point eftre reprins de cher-
cher occafion de ruine. Car puis q nousauôs
ici vn aduertiflement par l'Efprit de Dieu,
(i nousallôs au contraire, nous ferons incicu
fables du tout. Et fi ceci eftoit bien obferué,
on traitteroit en plus grade reueréce la paro
le de Dieu qu'on ne fait pas. Mais quoy? on
voit l'audace du monde , & les plus ignorans
font les plus hardis, félon le proucrbe. Mais
tant y a que nous deuons bien noter , Se fça-
uoir , & méditer ce palTagc : c'eft que quand
nous verrons comme nous aurôs elle bien edi
fiez en Dieu, nous cherchions de profiter fé-
lon que Icbcfoin en eft. Et au refte, gardons
bien de nous eleuer en folle outrecuidance,
&.'de n'appeter ce qui ne peut feruir qu'à no-
ftre perdition. Or faintl Paul ayant ainfi par-
lé adioufiCCi^f Timotbee s'ejlitait à fe prtfritj.
ter à Diru ynfHiiri'r apfrou^c , & n»n tonfus,
Ir.vich.tin cH coufant droitemevt la fartile de ft
rite. Q^and en premier lieu fainft Paul ex-
horte Tiniothee à fe prcfentcr à Dieu.ilmô-
ftrc le remède que i'auoye touché. Car i'ay
prins vn fommaire de la doftrine qui eft ici
contenue .-mais il la faut main tenant déduire
par le menu. Cornent donc ceux qui ont l'of-
fice d'enfeigner le peuple de Dieu fe garde-
ront-ils de queftions vaines ^- inutiles?& co-
ment pourrortt-ils refîfter à ceux qui brouil-
lent l'Euangile'Afçauoir s'ils fe prefentent 3
Dieu, &■ -qu'ils s'eftudiént à ce faire. Car ce-
pendant que nous regardons au monde.il eft
fmpofsible que nous ne foyons desbauchez,
& que nous n'ayon'squelque vanité qui nous
e{gare, & qui nous face décliner ou ç.i oulà.
Celuy (di-ie) qui viendra fenltment monter"
en f hnit;e deuant vn peuple pour fe faire va-
loir, il eft impofsible qu'il ne prophanela pa
rolc de Dicu.cS; qu'il ne la dcfguife.Et ainfi Ie_
premier que nous auons à faire approchas dç,
la chaire (ie di nous qui auons la charge d'a--
nonccr la parole de Dieu ) c'eft de nous ad-
iourner , & deuant toutes chofcs de fçauoir.
que quand nous fommes ici , puis que Dieu
nous a Ciinftitucz en ceft ofÈce, que nous au-
rons aufsi à rendre conte deuant luy , & que
d'autant que nous reprefcntons fa pçrfonne,
fî nous n'auons parlé en toute irtcgrité.conie
Et.i.
40i
SERMON XII.
ayansfamaiefté deuantnosyeux , voila tous belle parade : comme fi vn komme voftioit
les Anges lie Paradis qui foDcalllmblcz pour bcfongner à ic nel'çay cjuoy , & cependant
cftie nos telmoins ànoftre cond.inacion plus qu'il ne teift mil profit, qu'il ne meift point la
grade 5c plus horrible.Voilaponrquoy faind main à la charrue.Voilavnchâp qui fera bien
Paul maintenant rameui-' Timothce à la pre- parc quand feulement on aura vn peu gratté
fence de Dieu, Que tu te mettes là(dit-il)& la terre pardeflùs : maiscependanrles mau-
que tu comparoillès deuant D:cu. £t pource uaifes herbes ne laifleront pas d'y croiftre
que nous louimes de nature eucluis aux clio- quad il n'aura pas efté labouré alTez profond,
fes terreftrcs, ùinâ Paul veut que Timothee Q_iiand donc vn homme mettra la main à la
s'efforce à cela: comme s'il diloit que ce n'clï befongneàbon cfcient,ileft vray qu'on n'ap
point afll-z d'aiioir vn feul regard iia volée, perçoit point du premiercoup que Ion labeur
^depciiier pour vn coup qu'il nous faut fer ait beaucoup profité.c'eft vne cnol'egrofsie-
uir à Dieu, mais qu'il nous tant trauaiUer lour re,c6me il fembleiS: ceux qui feront des me-
nellement en cela. Car nous ierionsinconti- nus fatras feulement pour fe faire valoir , ils
nent ramenez aux hommes, & nous mettrions ne remueront point le bout d'vn ongle qu'il
Dieu en oubli, & ce Icroitpour nous faire in ne femble quece foie pour créer vn monde
continent décliner de !a pure iiinplicitcdc la nouueau. Voila donc comme il enert de ces
parole de Dieu.Voulons-nousdonc(enfom- petis glorieux qui par leur rhétorique, ou par
me)nous abitenir de toutes qucftions fuper- leur beau langage ,& leurs queftions fubtiles
fine: & inutiles? Qjre nous cofeignionscom- voudront plaire:il faudra quand on aura bien
me fi Dieu eftoitici prefcnt, comme fi vn le- examiné cequicften eux, qu'on trouue qu'ils
çretaire pailoic deiiant vn Prince, ou deuant n'ont point trauaillé. Q^'eft-il donc de fai-
ceux qui ont la iuftice en mainicar il efl: orga rcf Q_ne nous fumions la limplicité de la do-
nc de ccluy quia la fupcriorité fouueraine. clrine qui eft contenue eu l'Éfcnture fainde,
Ainfi faut-il que nous parlions , cognoillàns & cognoillans qu'il n'y a nulle fermeté ne cô
quelle perfonnc nous eft donnée, fi nousvou fiance en ceux qui contrefont les prefcheurs
Ions fidèlement anoncer la parole de Dieu, de l'Euangile, & cependant ne font que tout
Et d'autant que le diable eft fubtilà merueil brouiller parleurs queftiôs inutiles.que nous
les, & qu'il ne faut rien pour no' desbaucher, ayons telles gens en deteftation.Voilapouf-.
quenousy appliquions toute noftreeftude, qiioy faincl Paul notamment dit, A quoy foni
que ce ne foit point aflez d'auoir parlé pour nies-nous appelez , nous qui auons la charge
t;i coup^mais que nous n'approchions iamais d'aqoncer l'Êuangilc; Elt-ce pour farder no
3e la chaire que nous n'ayons tait comme vn ftre langage. Eft-cc pour plaire afin que noue
adiournement folennel, pourdire,.Ie fuisici foyons en eilime quand on nous aura ouysf
Comme deuant Dieu , mefmes ie fuis comme Nenni:mais pour nous faire tra'uaiUer au Sei-
fa bouché:&ainfi il faut que ie foycreformé, gneur.Noas fommes appelez à fa vigne, foy-
qu«.toiit ce qui eft de l'homme, foit mis bas, ons bons laboureurs , edil^ons le peuple qui
lellemeflt queie puifle protfcfter en vérité, nous eft commis , qu'on voye que noftredo-
que tout ce que ie prononce, eft de Dieu , & drinè a fenii de quelque chofe.pour le moins
que ie l'ay puiféde lny. Or cependant nous qu'il n'a point tenu à nous qiie nous n'ayons
fommes aufsi admoneftezea général , quand entant qu'en rwuseftoi^, tafché. d'attirer le
nous venons pour eftre enfcigncr en la paro- peuple à la crainte de Dieu, & de donner tou
le de Dieu.de nous prefenter deuant luy.Q_ue' te authorité à Ces commandement. Et puis de
donc nous n'ayons point décachettes: com- môftrer quel eft le vray feruice que Dicude-
me nous voyons eaux qui viendront au fer- mandede nous ,.& demonftreren quoy no-
mon:il eft vray qu'ils feront quelque conte- ftre falut eft fondé , & le moyen par lequel
nancc,mai5 ce n'eft que ceremonie.Et en ce- nous deuôs paruenir à la vie éternelle. Quad
la ils fc moquct de Dieu:çar les vns fo«t en- nous ferons cela , alors nous ferons nommez
dormis,& nôchalans, les autres ont leur cœur bons duuriers : car nous aurons trauaillé à
enferré, qu'ils ne peuuent receuoiraùainç ad' bon efcient en l'Eglife de Dieu. Mais fi nous
Hipnition.ils font â endurcis q c'eft pitié, que ne voulons trouuer en la dotlrine que des fin
le diable a tellenicnt préoccupé leurs cœurs, freluches,des fanfare*, &ie ne Içay quoy.no'
qu'ils ne peuuent prendre gouft à ce qui leur ne ferôs point ouuriers, il n'y aura autre cho
eitpropofc. Gardons-nous donc d'vne telle fequ'vn badinage que nous aurons fait,& vne
lonchalance : mais qu'v'ii chacun cognoilTc
qtic ceci luy eft dit, qu'il le faut prefenter de
uant Dieu,&: nous fjliciteràcela, d'autat que
nous voyôs qu'il y a vne telle parefle & froi
dure en nous. Or notamment faincl Paul dit, '
Ouftrier 4l>[>raitU{. Et pourquoy?D'autant qite'
farce que nolis aurons iouee. Or côme fainùl
Paul parle ici à Timothee , notons que tout
fidèles, en Icur-endroit font admoneftez que
lors qu'ilï font cnfcigncz fidèlement en la pa
rôle de Dieu: leurs âmes font bien cultiuccs.
Venons-nous doaic ici pour cftrc vrais difci-
ces doftcurs cotemplatifs dopt il a parlé qui pics de Dieu? Souffrons que la charrue de fil
veulent plaire, ne trauaillent point pour dire, parole palTc par deflus nous.fouffrons que les
l'ay fait autantimais c'eft. aflez d'auoir eu vne ronces & les cfpincs, & les mauuaifes herbes.
foyent
SVR LA II. A TIMOTH.
4C5
foyent arrachées de nous. £t ce n'eft point
ltr.4.^. fans caufetjiie le Prophète leremie v/e d'vne
telle fimilitude, qu'il nous faut desfiichcr ce
me vn lieu lâuuage. Car vn lieu quiaura tfté
laifle en friche,& en landes, il faut qu'on pur
getoiitce'la , il faut qu'on houe iufques àce
que les mauuaifei racines foyent ofteefi.Ainfi
faut-il donc que Dieu nous fonde iufques .lu
profond du cœur.qu'il purge toutesnos tnef-
chantes affedtions, toutes nos penfees: & puis
que la charrue de fa parole palTe par defiîis
nous. Et au refte, que mefmes nous cognoil-
fiôs<]uer£uîgile eft vn glaiuequi nous doit
mortifier .comme fainft Paul eil parle. Car
aufsi nous ne pouuons eftre offerts ne dcdiee
à Dieu en facrifice , fin on que nous ayons re
nonce à nous-mcfmes , &'à noftre rébellion.'
Puisqu'ainfi e/t, que nous vcniôs ici receuoir
la doârine telle que Dieu commande qu'elle
foit propofee:c'efV que nous foyons delpouil
lez de tout ce qui eft de noftre nature. Et au
refte, quand on nous remonftrenos vices, que
6n nous en fait honte , qu'on nous redargue,
qu'on nous menace du iugement de Dieu, que
nous n'en foyons point fafchez, mais plulloft
<}ue nous foyons abatus du tout. Voila com-
me iious ferons bons elcoliers de Dieu : au-
trement nous ferons en defert,&: tout ce que
on fera après nous neferuiraderien.Et voi-
la pourquoy il y en a tant peu qui loutfient
d'eftre cultiuez côme il appartient- nous vou-
drionsauoir des laboureurs qui ne fciflcnt
<]ue nous endormir, ainii qu'il nous en tltpar
lé au Prophète Ezechiel. Voici donc l'ad-
monition qu'il faut que tous fidèles recueil-
lent ici,&grans & petis : c'eftque s'ils vienét
en l'elcole de Dieu pour ouïr i'a Parole , que
ilscognoiflcnt qu'il faut qu'on befongne en
eux à bonel"cient,que puis qu'ils font v ne vi-.
gne.il faut qu'on les fouiffe, qu'on les taille,
qu^onleseffueille, qu'on leur ofte beaucoup
de fupetfluitez , mefmes qu'on les vendange,
ou autrement iamais n'apporteront ffuift à
leur maiftre. Mais encore? fainû Paul adiou-
fte vn mot pour bien confermer celle doctri-
ne,afçauoir, «a» confits. En quoy il nous reti-
re de ces folles yergongnes de ceux qui par
trop (ont efmeus de çefte réputation du mon
Je. Il eft vray qu'ils ne font pas niefchâs,fin5
qu'ils font trop tendres & délicats : & quand
ils voyent qu'on fe fafche de la fnnplicité de
l'Euangile, les voila tcmeïdedifsimuler par
trop, ôrca'llent la voile , comme on dit. Pour
ceft< caufe fainé) Paul dit qu'il ne nous faut
point eftte confus , qu'il nous fautauoirvne
conftice telle, que lî les vns fe moqivcnt de la
doârinepourceou'elle n'eit point ahez bien
paree,& qu'elle n a point vne telle apparence
corne ils lefouhaiteroyét: fi les autres la mef
prifent,fi les autres la defguifent, que les au-
tres mefmes fe defpitent j l'encontre, q nous
«liions toufiourt nollre train , que le monde
°^t fes appetis côme il voudra, nuis que nous
fuiuions toufiours ce que Dieu a commandé.
Car de fait, ce que dit lainft Paul.s'eft manife
Ûé en ceft endroit, que tous ceui qui veulent
gratifier aux hommes, ne peuuent feruirà Ic-
fus Chnft:& nous voyons comme il en prend
aux médecins. Si vn médecin eft près vn mal»
de , voila le malade qui aura, fon appétit : Se
puis tous ceux qui lont là à l'entour, ne demâ
dent Cnon à complaire chacun au inalade. Or
fi vn médecin fe laifle tranfporter pour com
plaue& au malade , & à ceux qui font àl'en-
tour de luy,au lieu de fane fondeuoirenuers
le poure malade, ne fera-il point fon bcsur-v
reau ? i'Vufant en eft-ilde ceux qui font con-
ftitutz en l'office d'enftigner la parole de
JDieu.Car ceux qui font redarguez,fcch»gri-
gnent,&fe defpitent, & voudroyent qu'onv.,
ûft d'vne façon toute diuerfe^t puis chacun
encores qu'il ne foit point raaliriftruit,nelaif
fera pas de côtrouuer à fa phantafie ce q bon
luy féblcra,pour dire,Ho,ie voudroye mieux
ainfi.Maisde noftre cofté fi nous acquiefcons
à toutes ces folles cntreprinfes , que fera-ce.?
Il eft vray que nous aurÔs vne honte qui km
blera modcfte:maii tat y a que nous quittons
le fcruicedeDieupar ce moyen. Etaîfipour
ne point offcnfer le Maiftre auquel nous auôs
à leruir, ne foyons point confus , c'eft à dire,
que nous ne foyôs point falchez.fi nous voy-
ons que nous ne foyons point prifez,& qu'on
ne nous cherche pas,& mefmes qu'on no' re-
iette.ou qu'on dii"e,Ho,il n'y a point là ce qui
i'eroit pour contenter m peuple:ho, voila vn
homme qui ne me contente pomt de faire ain
fi : ie voudroye bien l'efcouter : mais quoy?
quâdie viendray là,ie n'y trouueray point ce
qui rcfpond à mon naturel. Si nous voulons
ainfîde noiis-melmes nous rédre confus,no'
tomberons en horrible confufion , c'eft que
Dieu- nou^ defauouera. Il eftvray que nous
pourrôs cftre prifcz du mode: mais ceftc hon
te-la nous couftera bien cher. En la fin fainft :
vauldit. Que limothee coupe ilroinmcnt la pit
rôle ih ■vtrité. Gr ici en premier lieu , il nous
monltre pourquoy c'eft que Dieu veut qu'on
prcfche en fon Eglife , & qu'il y ait vn cer-
tain ordre d'enfeigner , & que les vns foyent
appelez àcela.&queles autres efcoutét.c'eft
à dire que la Parole de vente foir bien diftri
buee^ Or ceci eft bien notable. Car nous en
verrons des phantaftiques qui penfent qu'ils
ayétperdu leurs pas de venir au temple pour
cftre enfeignez. Quoy? Toute la doftrine de
Dieu n'eft-elle pas côprifcenia EiblefQu'clI:
ce qu'on pourra dire d'auâtagtr Quand ils au
ront la Bible , illeurlcmblc que les voila e-
xépts,& ne voudrôt plus eftrc luicts à nul or-
drcC'eltàfaireaux petis enfa;(dii6t-ils)de
venir ici pour cftre cnfcignez: mais lesgrans
s'en pemient palTcr. Nous verrons (di-ie)des
phantaftiques qui tiédronttels propos, voire;
&:ne diront point cela par ignorance & befti
fc,niais ils fôt enuenimcz cotre Dieu,& vou-
Ee.ii.
404
SERMON X 1 L
droyentbien auoir Anéanti toute police ; Et
cjuoy?Faut-il t«nt prelcKerîEt il n'y a q deux
poinds enrEfcriture', afçjuoir qu'il faut ai-
mer Dieu Se fon prochain . Nous n'auans pas
ou'y ces choies feulement de ceux qui font ve
nus les rapporter:mais les plus grans fuppofts
de ceux qui ont defgorgé ces blafphemes , les
ont déclarées e.ui-mefmes: &ie Içay leiour q
cela a efté dit, Se les maifoiis, & Theure , aufsi
bien que ceux qui y cftoyent prefens,& côme
ces mcfchâs ont ictté leur venin &leur poifon
à l'encontre de Dieu, pour renuerfer & anean
tir toute religion s'il leur cftoit pofsible:ccia
cil par trop uotoire. Or au contraire, faini.1
Paul nous monllreici.que linousauons feule-
ment l'Efcriture faincle.ce n'eft pas allez que
nous la liliôs chacun en Ion priué.mais il faut
que nous ayons les aureilles batues de la dor
Ôrine qui cil tirée de là, & qu'ion no' prefche,
afin q nous foyôv inftruits.Et pourquoy?S'il y
a vn pain,&que le nuiftre de la niaifoii ait des
petis enfans qui ne puiflent foufleuer ce pain,
qui fera grand ic entier, fi les petis enfans en
veulent manger,pourront-ils inordreauecles
dents en ce grand painîlls trouueront lacrou
fie trop durc.Ainlî donc, ils nepourront man-
ger beaucoup, S: demeurcrôt affamez. Ou bien
lî vn feruiteur taille la fouppe de fon niaiflre,
cela fait.s'il difoit, Voila le pain.qu'il en man
ge s'il veut:&: qu'il laiflall tout en confus, fans
mettre la table en ordic,feroit-il fon deuoir?
Mais quand le feruiteur taille du pain, qu'il ap
porte la chair fur table, qu'il met tout par or-
dre,n'eft-ce pas vn feruice qu'il fait à îbn mai
ftre ? Voici noftre Seigneur qui condefcend
iufques là à noftre intîrmité,que quand il nous
adonnélavraye pallurede nosames en fa Pa
rôle , & que là eft comprins tout ce qui cfl re-
oHis à noftre falut, il veut encores de fupera-
bondant,pour fe monftrcr plus libéral enuers
nous,& déclarer le foin qu'il a de noftre fahit,
comme vn bon père, que le pain nous foit tail-
lé, que les morceaux nous foyét mis en la bou
che,â( qu'on nouv les mafche.Or quand nous
voyôs vne telle amour de noftre Dieu enuers
nousfaut-il que nous aillions gronder quand
il nous fait vr tel auantage ? Faut-il que nous
aillions abbayer côme des chiens?Mais quoyî
L'ingratitude du monde tftant telle , il nous
faut retenir & bien réduire en mémoire ce qui
cil ici dit par S.Paul.c'eftafçauoir que l'office
Jeceux qui ont la charge de porter la parole
de DieUfSi enfeigner l'Eglife, n'eft pas de for
ger rien en leur cerueau,mais c'eft de bien fça
uoirdillribuer & prudemment la parolede ve
rité.Q^nd faind Paul dit, VaroU dt ycrité, il
requiert là vn poinil, c'eft q nous n'auancions
pas ce que nous aurons imaginé. Car nous ne
pouuô'.pbint cftre prefcheurspour forger &
baftir ce que bon nous ftmbleraj 6i pour abru
lier Icpeuple de nos fantalics : maijJa Parble
de veiité noire tient obligea, 'Scekiy qui par-
lc-,&ctlny qui cfcotitc.Car Dieu vcutdoinincf
fur nous.Iefus Chrill luy feul veut auoir tSii-
te inaiftrifc: mais fi eft-ce que quand nous a-
uons la parole de vérité , il ne faut point que
nous en déclinions en quelque façon que ce
loit , que nous ne foyonS point volages pour
eftre tranlportex çà & là,inais que nous la fça
chiont bien diftribucr, & droitement ,c'eftà
dire, en telle laçon que le peuple en foit re-
peu. Car (cumme l'ay défia dit) beaucoup de
gens pourroyent trouuer grande obfcuritccn
l'Efcriture faintle: & quand ils en auront ouy
vne expofîtion fidclc,iU verront que la clarté
leur Icra allumée là où auparauant ils ne voy-
oytnt goutte: & ceux qui font leur deuoir de
lirel'Elcnturefaintle deuant que venir au fer
mon, cojnoiflent ceci par expérience. Quand
vn home lira le paflage qui ell eicpofc au fer-
mon, & que ccluy qui prefche,s'acquitte de
fondcuoir,il mafchera les morceaux, ou bien
il fera tel otfice que le monde fera incxcufa-
ble,iînon que les pqures amcs foyent rcpcues
de la dottrine.Crief,quand vn home qui fçn\~
ra lire, fera leàuredu paflage, deuant qu'il re
tourne en la niaifon, il verra que Dieu luy a
donné la cognoilTànce qui auparauant luy e-
ftoit comme obfcurc. Et c'eft aufsi l'office tel
qu'il eft monftré en l'Efcriture fainàe , que
quand nous viendrons en toute humilité pour
cftre enfeignez de Dieu, nous neretournetôs
point vuides de fon efchole: mais quand nous
voudrons ainfi eftre arrogans,ce ferapropba-
ner le pain que Dieu no*is donne. Il ne fe faut
point esbahir fi en ce faifant nous ne rappor-
tons nulle fubrtance delà parole de Dieu,
mais que nous demeurions touCours affamez:
car no/lre ingratitude eft bien digne d'vn tel
falaire.Et pourtant, ceux qui fontconftitucï.
miniftres de l'EitangiIe doyiicnt bien noter
que veut dire cemot , detiancherou couper
droitement la parolede Dieu. Cemot tiroite-
ment.fe rapporte comme fi fainft Paul difoit,
Regardons , nous à qui Dieu a fait ceft hon-
neur de nous conlhtucr {es mcflàgers, regar-
dons, di-ie, le peuple que nous deuons édifier,
que nous fçachions ordonner la parole de
Dieu, que nous monftrions & à hommes , &à
femmes , & à grans & à petis , que c'eft à eux
que Dieu parle, pourquoy c'eft qu'il leur par-
le, quels propos il leur tient. Voila doncqae
c'elt de droitement diftribuer la parole de
D icu : c'eft quand nous fài fon s vneadmonitiô
qui eft conforme à la portée des aiiditeurs,&
qu'vn chacun prend & retient fa portion &
mefiire: comme les entans qui fcrôf appafte-
lez de leur pcrc, quand il leur donneà chacun
leur portion, ils la reçoyuent:voila,di-ic,com
ment Dieu nous.traitt*;, &cou«nc les mini-
lires de la parole font ici admoiicftcz de leur
deuoir. Adulions auisid'cn Kiircvn.chicuntla
nous fon profit , Si que nous demandions que
la parole de Dieii nous foit iatilec,.aiio que
plus facilement nous la puifsiôs digérer pour
en ef:tc rcpcus droitcment,& que nous venjfts
ici
SVR LA TT. A T I M O T H. 4^^
«et comme à vne table, ainlî qu'au matin nous OR nous-nous preH-erneronç Jcuant Ta.'
auéî eu la Cene,qui nous conduit iccla. 11 eft face de noJtre bou Dieu en cognoiflance de'
vray que nous n'auroBs pas toufîours la table nos làutet, le prians quM nous lei face ciico-
mife pour communiquer au Sacrement de la res mieux fcntir , & que nous y defplailânï
Ceiicmuis il eft-ce que la parole de Dieu nous demandions de tout noihc cœur, qu'il
nous eft toujours viande . Qjund donc nous nous en purge Se nous en retire , & ntrij non*
venons ici , que ce loit pour reccuoir noftre illumine en telle forte que nous monrtrions
nourriture de Dieu , ainlî qu'il nous la diftri- que nous auons profité fous loy , S: qu'il n'a
bue par fesferuiteurs .Et ainlî, que nous de- point perdu fa peine en nous inftiuifant , mais
mandions qu'on nous diftribue Ja parole de que nous fommes vrayement fcs tcmnles.a—
»erîté,&que nous ayons tcîuiîours cela.de ne fin que fon (ainclErprit y liabitc , Aqn'il (oit '
rien tenir des hommes : mais cependant que glorifié de nous comme il appartient , S: de '
les hommes nous ferm nt , & quj'iK nous di- corp'; &d'an)e . Que n m feulement i! noni
ftr:bucnt la pafture.que nous en fçachions fai tace celle ?race , mais à tout peoplcs & na-"
KAolhe profit , comme fa nft Paul nou'^ en lions de la terre,&c. '■-
adjnoncfte en la première dti Cûruuhiens.
SIXIEME SERMON S V R LE
s E C o N D , Ç H À p. Il R E.
15 Aujsifuy vanité propha^ic de hal'd : car elle duancçra à plus
grande m:fch.ir7cete.
1 7 Et leur parole comme chanc re s'cfpandra: defijuehjont Hyfne
vee çy Vhylt'tc,
18 Qui fefont depioyr;^ de la -vérité , difans que la rcfurrcUion
cjl de fia faite, O'fibuertifjent lafoy d'aucuns.
Ous auons déclaré par ci
dcuant.quc S. Paul non^fans
caufe a longiieufcnicnt c.v-
hortc Timothce à iiiyure la
pure fimpl'.cité de la parole
de Dieu.faiK y rien dcfgui-
fer.Cir le diable voyatque
c'eft b paihiredenos âmes, que ladoftrine
qu'on nous propofe au nom de Dicu.s'elForce
tant qu'il Juy eil pofsible de la corromprc:&
quand il ne peut la peruertir du tout.il y nieflc
des cK,^fes pour nous endefgoufter , & pour
faire qiS^nous necognoif.ious pas la volonté
& l'intention de Dieu comme nous deurions,
& li manifeftement comme il feroit lequis.-
Et nous en royons l'expérience. Car auiour-
d'buy combien yen a-i! qui s'auancent pouf
enfeigner limplement fans aucun fard? Et oui
eit caufc de cela ? Il eft vray que l'ambition
«raivfporte ceux qui defguifcnt ainfi la venté
éfi Die^rmais cependant il nous faut regarder
plus loin.c'eftaïçauair que Satan machine de
jious priuerdc la vie fpirituellc:S: il n'en peut
venir à bout, finon que là doârrine de Ditu
ioit c.brrompuecn quelque façon que ce f(Mt;
A»n{ifainét Paul ne te contente poinrd'aiioir
djt.poui; vp.cdup <]ii'on doit fuir tonebabilin-i
utile,&;qi!'Qn fedoit arreiler à«ncfimple fa
•çon'd'ea'Vigner.qin foit feinte, & qui empor->
te bonne fubftanceritiats tlxtiterecefte exhor
^•«Hs>.R.-^a s Et,nott$.faiitcoter.que fainft'P.iul
•■1 v>»
ne condamne pas ici feulement les erreurs m»
nifeftcs.les fuperftitions.lcs menfonges : mair'
il condamne cedefguifement de la parole de
Dieu, quand les hommes veulent plaire.A: que
iUinuentent des fubtilitez qui font feulemét
pour chatouiller lesaureilles, & qui n'appor-
tent point vne vraye nourriture aux âmes, qui
n\dilient point les auditeurs en la foy & en
la cramtede Dieu.Or qnand fainft Pjul parle"
de la vanité de babil, il entend ce qui cbnten-'
te les hommes curieux, con-uie nous voyons'
que beaucoup prenent plaifîrà des queftions
friuoles , qui les font (âuter en l'air , qui leur
apportent lene fçay quoydenouueau:Icçvb!
la tout raiiis,& s'y baignent.Il n'eft point que
ftion d'cftreouuertcment contredifant rtrai-;
tant y a qu'ils mefprifent là deflus la veriV#de
Dieu coriimevne chofe trop communes: baf
fe.que c'eft pouries petis &-^our les idiots,^:'
qu'ils veulent fçauoir quelque chofe plus hau'
te & plus profonde. Et puis ils fe dcrgoiiftent"
de'ce qui eil vtile . Et poUrquoy î Car il; font"
addôncz à cefte folle cupidité de fçauoir,fans'
difccrneriicela profite ou non. Ainfi donc pc
fonsbiencesmiatsdefainélPjul.qiiançlïlriictf
U-v.ii>itf Je'bahUiiofAtne s'il difoit,bU(i s'il ri*
y â'qrtè {Jompe,& Vnébeîlt rheroriqift '/Sicë-
pciidant des mots esL-durs pour faire valoirce-
luy qiKparle, & pout mbnftrei'lqulil'cfthonl'-;
ftte'bieh fçaiiî;t-,t<Sùt ecl.i (cHt-ifjïrc'doit poini
cftre fétfu-eT! l'Egilife, ofi ft dditthànnir :'^
Ix.v.u
pourquoy? Car- Dieu veut qui; (on peuple foit
eJilïé , &. a oidonné fa Pavoise i ceft vfage .Si
donc nous ne tafchonï au falut du peuple , &
qu'iJ reçoyue bonne Aibftance de ladoûrine
qu'on luy propofe, c'eil vn facnlcge, car on
peruertitlf pur vfage de la parole de Dieu.Et
notamment cncores faind Paul adioufte , pro-
fhane.Ot ce mot J>fi)/'/;.iBr,s'oppoi"e a ce qui eft
facré ou dédié à Dieu. Ainfi donc tout ce qui
appartient à magnifier Dieu, afin qu'ayans co
gnu fa'mai.eAé, nous radorions,,nous foumct-
tansdutout àluy : tout ce qui nous attire au
Royaume celefle > tout ce qui nous deftourne
du monde, & qui nous conduit à lefus Chrift,
afin que nous foyons bien incorporez en luy,
cela eft nommé facré. Au cotraire, quand nous
ne fentons point la gloire de Dieu pour nous
y afTuiettir , que nous ne recognoiflons point
les richefles de fon Royaume des çieux , que
nous ne fommes point attirez à fon feruice
pour viure en pureté de confcience , que nous
ne fçâuons que c'eft du falut qui nous a efté
acquis en noftre Seigneur lefus Chrirt , nous .
demeurons en ce monde, & par ce moyen fom
mes prophanes ■ &' vne doftrine qui eltpour
nou«desbaucIier de telles chofes, s'appelle auf
fî'propliane. Or maintenat donc nous voyons
l'intention de (ainft Paul : c'eft afçauoir que
qiiand on s'aflèmble au nom de Dieu, ce n'eft
point pour ouir des chanfons plaifantcs, &
pour le paiftrede vent.c'ert àdirede vaine eu
riofîté 5: inutile, mais c'eft pour auoir vne bon
ne nourriture : coninie de faift Dieu ne veut
point que rien foit anoncé en fon nom qu'il
ne profite, qu'il n'édifie les auditeurs. Se qu'il
necontiene ca foy bonneilibffance. Or ileft
vray que de nature nous prendrons plaifîr à
ces nouueautez , & à ces fpcculations qui icm-
bleut eftre fubtiIes,tout cela nous efi fort con
uenabIe:maisgardons-nous-en,fçacliansbien
que c'eft proplianer la'parole de Dieu:& cer-
chpns ce qui édifie, & ne nous abufons point à
ce qui n'a nulle fubftance ni fermeté en foy.
' Et ^'autât qu'il eft difficile de retirer les hom
mes d'vne telle vanité, à caufe qu'ils y font en
(lins fans qu'on les y poufle, fainft Paulmon-
ftre qu'il n'y a rien plus miferable qu'vne tel-
le curio<îté:Mr ceux(dh-ili']Hi t\y addonntnt,
■ C^tfunctnt À fli^s grande imfieté teitfioHrs.Cova
me s'ildifoit.Mes amis, il eft vray que de pri-
me face vous necognoiflez pas le mai qui eft
en cei fedufteuisqui fe veulent mettre en cré-
dit, l< pour eftre prifez vous amènent de bel-
les plai{ânteries pour vous refiouir : mais
«roy ez que ce font fuppofts de Satan,'& ne fer
uent nullement à Dieu,mais i'auancent àplus
frande (mpietc: c'eft à dire,que fi unies laifle
faire , ils corrompront toute la, Chreftienté,
^u'il n'y demeurera rien de pur ne d'entier.
Qji'on les fuye donc coii^me des peftcs,enco-
les que du premier coup on n'appi;rf oyu-e pas
)cs poifons qu'ils apportent.Or.rci nousauons
jifioterfo premier lieu, qn'rn cba^^uide nous
5ERMON XIII.
doit eftre fufpeftà foy-mefme, quand il eft
qucftion deiuger delà dortrine. PourquoyJ
Car ( comme i'ay défia touché) nous fommes
tout débiles , ou bien nous auons nos efprits
fretillans, & auons ce fol appétit qui nous at-
tire à chofes qui ne profitent de rien. Si nous
fuyuoils cela, nous fommes comme phreneti- '
qucs.nous voila comme ellourdis.eneores qu*
pourvn temps nous eufsions efté bien enfêi-
gnez en la parole de Dieu , nous voila deiii
tout aliénez. £t ainfî gardons de vouloir fàtif '
faire à nos delîrs:mais fçachons.cncores qu'v-
ne doftrine ne femble pas du pmier coup maii
uaife : fi toutesfois elle n'eft point pour nout
amener à Dieu,& poUr nous fortifier à fon fer
uice,pour nous eonfermer en la foy, & en l'e-
fperance qui nous eft donnée de la vie celefte,
cognoiflons qu'vne telle doftrine nous trom-
pera en la En, & que c'eft vn meflinge qui eft
pour nous ofter mefmes le bien quand nous 1*
aurions receu auparauât. Voila ce que nous a-
uons à retenir de l'admonition de iÀinù. Paul.
Brief, tout ceux qui n'ont point ce but d'atti-
rer le mode à Dieu, & d'edifierie règne de no
ftre Seigneur lefus Chrift , afin qu'il domine
au milieu de nous , qu'ils cognoiflent qUe c'eft
pour tout per.uertir : & qu'ils ne tafcficnt fi-
nonàs'auanceren impieté, Scii on leur donne
la vogue , qu'on ouure la porte à Satan pour
faire vne horrible dif;ipation , S: que tout ce
qui eft de Dieu, foit comme anéanti: combien
que cela ne fe face point du premier iour,fi eft
ce qu'il fe voit finalement. Et pour mieui ex-
primer ceci, fainft PauLadioirfte que leur pro-
pos prend pafturc, Cr cju'il s'efleni cemmevne
^angrtne. Or ce mot-ci ne fcroit pas entendu
communément , car c'eft ce que les Chyrur-
giens nomment Eftiomene , & ce qu'on ap-
pelle aiifsi le feu laini> Antoine : c'eft à dire
quand il y a vne li grande inflammation en
quelque membre du corps, que ce nul-la paf-
fe toufiours outre, & qu'il ne mange point feu
lement la chair & les 'nerfs , mais les os , &
que celte irflammatioii-la croift de plus en
plus : en fomme, que c'eft vn feu qui cpnfu-
metout, que la main fera caufe de faire, per-
drsle bras, & le pied toute la iambe,finon,
qu'au commencement on coupe ce qui fera
infe6lc:que voila vn homme qui fera en dan-»
ger de demeurer perclus de tous fes'mcmbreî',
quandce mal-la aura gagné en quelque pari,
tiède fon corps ,finon qu'ily 'ait les remède»
conuenables,& qu'on n'y efpargnéricn i mail
qu'on coupe le niai qui aura deua gagné , que
tout cela foit rafé.afin qu'il ne foit point cau-
fe de la perdition dU refte . Or nous voyons
ici vne telle limilitude. Car fainft Paul non*
monftre, encoret que nous eufsi'ons efté bit*
inftruits en la faine doftrine de Dieu, que Xô\xt
fera peiuerti fi on donne lieu àces queftion<
inutiles, Si! qu'on fei'ouede la doârine.afin de
gratifier aux auditeursj *; de nourrir leur fol
appcuttqu'on n'appcrccura point dujprcmler
coup
SVR LA IL ATI M OT H.
407
<OUp'IemaI,inaisfî eft-ce qu'il fera bien poOr il y aura de telles peftei qui s'aduaiiceDt,qubl
tout confumer , qu'il n'y demeurera point
▼ne feule goutté dévie. Maintenant puis que
nous entendons ce que ûind Paul a voulu di-
rc.aduifonsde practiquer cefte exhortation:
c'eft fi tofl que nous venons des gens qui ne
demandent qu'à nous desbaucher de la bonne
dodrine.que nous les fuyons, & que nous leur
fermions U porte. Car lî nous les endurons,
OU difsimBlons,qu'aduiendra-ilïQu_'il ne fera
. plus temps d'y remédier quand nousvoudrôs,
non plus qu'à vne maladie qui td incurable,
.£aon qu'on fc loit aduancé du premier coup
.pour tout couper. Ne toyons point donc en-
dormis en ceft endroit : car ce n'eft point peu
le peine met-on à les rembarrer. Mais pluftoft
nevoit-dn pas que ceux qui dcuroyent eftre
armez à rencontre pour repouflèr tels loups
rauinans,les nourrillènt,& les tienent comme
en leur giron,*: déclarent que c'eft leurfaiâ
propre ? Et ainfi d'autant plus deuons-noHs
tafcher de feruirà Dieu, & dcperfeuerer co«
fiamment en la pureté de fon Euangile : Se fi
nous délirons d'obéir à nollre Dieu comme il
appartient, que nous prattiquions ce qui nous
eft ici commandé :c'eft afçauoirde fuir telles
pfftes,& de n'attendre point qu'ils ayentcor
rompu l'Egliie de Dieu, mais que nous prcue
nions entant qu'en nous eft, fçachant que cè-
de cliofe que faindt Paul nous dénonce ici que fie maladie fera incurable fi on attend par
cefte maladie eft mortelle, lion n'y pouruoic trop: &qiJenous deteftions ceurquiles en-
iflcôtinent. Si cefte exhortation euft eftc ob- tretienent,& qui roudroyent quece mal cro-
feruee.leschofes feporteroyent auiourd'huy "pift ici , & qu on nournft vne telle ordure.
beaucoup mieux en laChreitienté;mais par la Quand donc nous en verrons qui cherchent
corruption qui eft aduenue , on voit que non de telles peftes.que nous les deteftions, & que
fans caufe le lainttEfpntavoulu aducrtir les nous prions Dieu qu'il en purge fon Eglife:
fidèles deuant la main ( comme on dit )& de carcefont fuppofts dudiabie , quelque belte
long temps.Car tout ce badinage de la Papau mine qu'ils facent. Or il eft rray que ceci fe
té, n'eft iînon cefte vanité prophane dont par pourroit appliquer à toutes les corruptioirs
le fa inû Paul.Ceux qui veulent cftre reputez & fcandales que le diable nous fufciteimais il
là les plus erans dodeurs , qui par l'cfpacede eft ici prononcé de la doûrine , pource que
douze ans ieront leurs cours ,&mefines tbu- c'eft paricelleq nousfommes viuificz.Ccora-
teleur rie, nepcnferont lînonà eftudiervn me nous auons dit) c'elt la vraye nourriture
largoQ qui fera comme pour trani'porfer les de nos âmes. Venons à ce que fainft Paul ad-
hommes, & ne fçait-on que c'eft qu'ils veiilét ioufte. Il dit que ilymenee & VhiUte font du
dire;il y a autant de gouft pour attirer les nombre de ceux-là defqucls il a pailé , /</-
hommes à Dieu,commcen fiente, ou ordure: qHtUfe font depoumeK de la feritéi_iiii-û)ii-
maisplulloft il femble queJe diable d'vnar- faiii que Urifunedionefi defiafaitf,Cr fuhuer-
tifi'ce exquis ait forgé ce langage-la , afin de tifJentUfoy d'aucuns. En nommant ici Hymc
confondre tout ,& mettre toute doârine en née & Philete , il monftre qu'il ne faut point
vne canfufion horrible. Btief.il femble qu'ils cfpargner ceux qui pourroycnt infefler le
ayent confpiré manifeftement défaire tout troupeau comme brebis rongneufes, mais que
au rebours de ce que fainct Paul auoit ici de- piuiîoft il faut auertir chacun, afin qu'on s'en
fendu au nom de Dieu. Par cela voyons-nous garde.Etdefait>,nc fommes-nous point trai-
que ce n'eft point fans caufe que le fainû E- itres à nos prochains, quand nous voyons que
fprit a prononcé ceci par la bouche de faind
Paul: car de tant plus feront rendus inexcufa-
bles tous ceux qui auront ainlî conuerti la pa-
role de Dieu en vn langage prophane de mots
incognus & barbares. Or tputcsfois nous voy
ons que ce vice dure toufiours.Car combien y
en a-il qui voudroyent qu'on leur apportaft
ils font en danger d'cftre aliénez de Dieu, Si
que nous ne faifons ferablant de rien ? Vn
Iioinme malin qui tafchera de femer vnedo-
drine peruerfe , ou de mettre fcandale ea
l'Eglife, qu'eft-il linon vn empoifonneur? Itf
difsimule en le voyant,n'eft-cc pas comme fi-
le voy.oye mon prochain en danger de mal,&
ie ne fçay quoy de plaifant?Ils veulent que la que ie iieiuy fonnafle mot pour s'en garder»
parole de Dieu leur férue de pàlTe-temps , ^
d'esbat : voila ce que cherchent beaucoup de
gens.Et pourtant il ne le faut point esbahir iî
noltre Seigneur permet que la fimplicitc de
fa parole foit corrôpue pour piinirla perucr-
ie cupidité de ceux qui ne peuué. fouffrir d'c-
ftre purement enfeignez par luy. Etmefmes
combien y en a-il qui çljerchent ienedipas
quelque façon inutile &fritiole d'enfcigncr,,
mais des erreurs manifeftcs ,dçs contentions
& débats pour.trooblcrrEglife, pour mettre
en (foûte lafby que nous tenons , pour enue-
lopper la patole de Diett.j en fprte qu'on ne
Ne .voila point vne trahi fon rtleine ? Or fi la
vie des corps nous, doit cftre tant precieufè,-
que nous tafchions de. la maintenir entant
qu'en nous fera .que fera-ce de la vie des a-
mes ? Nous fcaurons bien dire enprouerbe
corammi.qu'il ne faut qu'viiebrcbis rongneu-
fe pour gailertoutie troupeau: cependant
nous ne le pouuons prattiqiier pour garder
l' Eglife de Dieu çii fa pureté. Mais iJ y a en-:
cores pisicas ccs.mefchansqui ne demandient''
qu'à tout renuerfer , viendront femcj leurs
faufles doftrines pour attirer le peuple à rn
nitfpris de Dieu, Gomme nous voyons ces
cognoiffe point ne blanc ne noir? Quaiiddôc chiens qui abbaycnt, qui voudroyent qu'on
E e '
408
SERMD-N ^X;I 1 I.
nieift en oubli toute religion,ceux.-b font-ils
brebiv roiignculVs i Ncnni ; ce font- boucs in-
fct^,& puants.ce font inefmeç des loups rauif
fani.cjui vieiient pour tout difsiper.Et cepen-
dant on les endurera. Il eil vray qu'ô allcgue
vne belle couleur , Et comment Faut-ilainlî
desfier les hommes? Les faur-il reietter pour
les mettre en dtfefpoir; Voila ce que préten-
dent ceux qui font femblant qu'on doit vfcr
id'liiimanité, quand il eft qutftion que l'Eglife
.de Dieu foit corrompue pas raefcKantes do-
ârincs,& par fcândales. Voire , mais ie vous
prie, quelle mifericorde fera -ce, qu'on efpar-
gne vn feul homme , Se cependant que mille
.poures âmes s'en aillent en perdition par fau
te de les admonefter ? Nous oyons ce que dit
J'Apoftrc, qu'il ne faut point laifler croiftre
les mauuaifes herbes au milieu de nous , car
elles auront incontinent gagné ,& quelque
bonne femencequ'ily air, elle fera eftouttee,
ou elle iera du tout perdue. Nous voyons
;nQn feulement des mauuaifes herbes, mais
des poifons de Satan qui font comme des
pertes pour tout gafter : on voit le troufceau
de Dieu eftre troublé & tourmenté par des
,boncs qui viendront hnrter des cornes, qui
tiendr5tinfe(îlertout:on voit,brief,les loups
rauiflansqui deuorent , qui ruinent tant qu'il
leur eft pofsible. Eaut-illàeflre efmeudemi-
fericord- entiers vn loup, &: cependant qu'on
laifTe les poures brebis, & les agneaux que no
ftre Seigneur ha en vn foin fingulier , qu'on
les lai{rt(Ji-ie) làpcrirrNotôs bien donc que
quand nous verrons quelque malin qui trou-
blera PEglife, ou bien par les fcândales qu'il
fait, ou bitn par faufle<. dodrincs , qu'entant
■qu'en nous eft nous dcuons empefcher qu'il
n'ait plus la vogue, nous deuons aduertirlcs
fimples afin qu'ils ne foyét point deftourne^.
Voila(di-ie)ce que nous auons àfaire.Q_ue (i
on murmure à l'encontre , Se que ceux qui ne
peuuent foufFrir que perlonne foit nommé, fc
JÉafchent & fc tempcfient.que nous ne foyous
point plus fagcs que le fainft Efprit nous a
faits: voici noftre leçon qui noustft donnée
par faindl Paul: que les pourceaux & les chiés
grondent tant qu'ils voudront , maiv il nous
{ûŒt que Dieu approiiUe que les riitfchans
foyent déclarez, qu'on lcsdi(crrne,&: que kur
irtftiuie foit notoire à toUV.afili qu'on s'en gar
de. Nous auons veu ci dciiant que faiiid Paul
parlant des gcs desbauchez,voirc,&: nô point
ni en paillardifes,ni en larrecins.nien blafphe
mes,maisdes fai-ncas qui ne gagnoyét point
leur vie,& ne fe tenoyét jioini paifîbles, mais
cftoyent gens frctillans,& pleins de curiofité,
& oififs î ceux-là , combien qu'ils n'cuflent
point de crimes raanifcftes, toiitesfois fainct
Paulrouloit qu'il? fulTent marquez afin.qti'on
les eiii[aft:&'qHefera-cc donc dé ccu*! qiii ont-
le glanic au poing, qui font cndiablez, qui ne
fe peuuent millcnicnt contenir en p-.iix &:con
corde, mais que le diiblc les pouuc à ruiner
tout ? quand on les voit ainli, ievotis pric.fc
faut-il taire? Et ainfi apprenons de difcerner
ceux qui troublent l'Eglife de Dieu, de les re-
poufler , Se faire tant que la broche leur foit
coupée, afin qu'ils nepuiflent nuire. En cela
voit-on combien il y en a peu qui portent nul
zele à l'Eglife de Dieu. Car on cognoift aflcz
ceux qui auiourd'huy tafchent de tout pcruer
tirrie ne parle poît feulcmét des ennemis m»
nifeftes:car quant aux Papiftes,nou'^ confef-
fons qu'il nous les fant noter, afin que nous ne
foyons point enueloppez en leurs erreurs &
fuperftitiôs.Mais nous voyons ceux qui nçde
mandent qu'à nousdesbaucher de la fimplici-
tc de l'Euangile , qui voudroyent auoir pef-
uerti tout oidre & toute police , qui fement
des zizanies afin que la doèlrine foit rendue
odieufe, qu'on s'en fafche, qu'on s'en defpite:
nous voyons cela. Nous voyons aufsi ceux qiiî
voudroyét auoir vne licence desbordee h tout
mal qui tafchent petit .i petit de rompre le
ioug de noftre Seigneur Ufus Chnrt. Nous
voyons ceux qui ne demandent linon de rem-
plir tout d'impiété, quidefgorgent leurs blaf
phemes,& leurs vilenies, afin que toute reue-
rcnce de Dieu l'oit mife fous le pied. NouJ
voyons ces gros yurongnes, & pouacrcs, qui
ne demandent finon à mettre vne telle confir-
fion , qu'on ne fe foucic plus de rien qui foit,
que la religion férue feulement d'vn ombra-:»
ge,& que ce foit tout:on voit cela. Or cepen-i
dant qui cft-ce qui s'y oppofe , & quife con-
ftitue partie formellcfQui eft-ce quidit,Gar
dons-nous,S:faifons bon guet? Mais au con-
traire,ceux quideuroyent pournoirviuement
à tout le mal, non feulement ils y difiimulenf
& le laiflent efcoulcr,mais ils y fauorifent.il
n'eft point qutftion d'amener Icschofcsen
clarté, car elles fort toutes cognues &mani-
fcftes : 8c cependant on n'en tient conte. On
cognciftra, Voila vne vilenie trop grandc:cC-
luy-la tft ennemi de Dieu nianihfte , qui ne
tafche qu'à tout ruiner'& cependant on l'en-
durera.Tu vois le mal auAi qui s'tfpand pour
tout corrompre & peruertir,il tft queftion ici
de ton falut & de celiiv de toute l'Eglife de'
Dieu:&' cependant tu d'.fM'niules, tu fais fim-
blànt de rien. Et quelle lafcheté eft-ce là ? Er
rteantmoiiis c'tft vne chofe par trop commu-
ne.Vantons-nousd'cftre Chrerticns tant què
nous voudrons, fi cft-cc qu'il v a plus de dia-
bles entre nous que de Chrcfticns , en faifant
âinfi.Et pourtant regardons àladoflrincqui
nous tft ici donncc;c'tft afc3noir,fi nou<. voy
onsdcs gens peruers qui tafthcnt d'inteiflcr
l'Eglife deDicu, d'obfcurcir la bonne do£lri
ne,ou i'abbaftardir.qu'rl faut qu'il: foyent cf-
chaffàudcz, qu'on les cognoilTc, & qu'vn cha-
cun s''en donc gardc.Si On voit anfsigens qui
fcnient zizanies & {caudales, que le feinbLible
doit eftre prattiqué : & tous ceux qui ne s'en
acquittent, chacun en Ton endroit, qu'ils font
traiftrcs à Diaij& qu'ily n'ont mil lelede fon
honneur,
SVR LA II. A TIMOTH. 409
honneur, ni du falut de fon Eglife. Ils auront eut eu grand renom, voire par toutes les EgJi
beau fe vSter auiourd'huy d'eitre fideles:mais fcs, iufques outre mer : & cependant les voila
il faudra que Dieu deuant fes Anges& deuat tombez eii tel aueuglemcnt, qu'il ment la re-
toutes créatures tes reprouue, comme ceuxqui furreftion des morts :c'cft à dire.ils renoncent
n'ont tenu, conte de maintenir fa querele le principal article de noftrefoy, ils fe piiuëc
quand il leur faifoit ceft hôneur de les appel- & defpouillen t de toute efperanct de faiut.Ec
lerà.vnferuicé tant honorable. Voila don- où eft-cealler?Coinment cela eft-il pof ible?
ques comme nous deoons eftre ennemis for- II femble que ce foit comme vn monflre con-
melsdu mal , fi nous voulons feruiràDieu, tre nature, de voir gens qui ont efté pour cn-
quece n'eft point affez que nous n'en foyons feigner les autres.que c<;ux-la peufl'ent venir
point autheurs.mais il le faut condamner en- àvne telle ignoiance,& fi brutale. Voire.mais
cat qu'en nous eft.afin qu'il ne domine, & que voila comme Dieu fe venge des mocqueurs
il ne gagne point fur nous.Or après que fainil qui deftournent fa p3role,il faut qu'il les met
Paul a nommé ces deux,il adiouile,Q»'/7j se- te en fens reprouue, qu'ils ne difcernent plus,
Jioyent deflaurntxde U foy , iufjitej a3ire que en forte qu'ils n'ayent plus metaes nulle lai-
la refurreSlioneflolt faite. Or ici nous voyons fon humaine en eux. Voila ce que nous anons
que leur cheuteeftoit horrible: tant y a que à noter furcepaflage. Et pourtant fi auiour-
cen'eftoyent point gens incognus.Car quand d'huy nous en voyons qui foyentdu toutab-
fainÛ Paul les nomme , voire de fi loin, quand brutis après auoir cognu la vérité de Dieu, &
Timothee cftoit en Ephefe, qu'il veut que là qu'ils deuienent comme chiens fans raifon,
ôncognoilTe ceux-ci, il faut dire quec'eftoy- cognoiflbns que Dieu par cela veut magnifier
ent gens renommez : brief , ils auoyent efté fa parole , & nous veut faire fentir quelle en
pour vn temps en réputation d'eftre comme eft la maiefté. Et pourquoy ? Car il punit le
des piliers de l'Eglife , &des principaux. Or mefpris d'icelle.quand il donne au diable tej-
nous voyons où ils font trebufchez,de rtnon les gens,& qu'il luy permet toute licence, que
cer le falut éternel qui nousaefté acquis par illuy lafchela bride, qu'il les poflède ,& \cs
noftre Seigneur lefusChrift. Car fi nous n'at tranfporte tellement qu'il ne leur demenre
tendons la refurreftion, dequoy nous profite plus figure humaine, tant font abbrntis. Tant
d'eftre auiourd'huy enfeignez qu'il y a vn s'en faut donc que nous deiuiôs eftrt Tcanda-
Redempteurqui nous a retirez de la feiuitu- lizezvoyans ceux qui ont goufté rEuangile
de de mort? De quoy feruira la mort & paf- fe reuolter del'obeiflance de Dieu.quc pliif-
fionde nofVre Seigneur lefusChrift.finon que tort c'efl: vne côfirmation de nortrefoy. Car
nous en attendions le fruid qui nous en eft Dieu monftre qu'il prife & ertinie tant fa pa-
promis au dernier iour , & à fa venue ? Ainfi rôle, qu'il ne peut fouffrir en aucune manieie
donc notons bien que ceux-ci eftoyent tre- que les hommes en abufent , &:qu'ils la pre-
bufchez comme au profond gouffre d'cnfer:& nentainfîen vain, & qu'ils la d(.ô;uifent& la
tant y a qu'ils auoyéterté pour vn teps au mi prophanen t. Voila pour vn item Mais cepen-
lieu dcsfideles,qu'il fébloit qu'ils fuflent pour dant que nou5 foyons aufsi aduertis de cherai
guider les autres. Ainfi Dieu a voulu déclarer ner en craint &en folicitmie: qu'vn chacun
en ces deux hommes , quelle eft fa vengence de nous penfcHelasIpuis que Dieu nous met
fur ceux qui abufent de fjn Euangile.De pri- de tels miroirs deuant les yeux, que ceux qui
mefaceilleur fembloit que ce n'eftoit point ont fait femblac d'eftre fidèles iufqu'au bout,
grad mal démettre en auant leurs fnbtilitez, que nous les voyons ainfi peruettis, qu'ils
& comme ils eftoyent enyurei d'vne folle am n'ont qu'outrages en leurs bouches , qu'ils v-
bition , qu'ils ne demandoyent finon qu'on frnt de propos exécrables , qu'ils dcfpitent
leurapplâudift : ilsdefguifoyentla fimplicité Dieumanifeftemcnt.qu'iln'y a que turpitnde
de la parole de Dieu, ils vouloycnt monftrer cnitoute leur vie, qu'on voit qu'ils font difTo-
qu'ils eftoyét plus grans clercs que les autres, lus ,& qu'il n'y a nulle reuerence de Dieu:
Or en cela ils fe flattent , & ne penfent point quand donc Dieu nous propofe de tels exem-
que Dieu les doyuelaifler ainfi tomber. Voi- pies , n'eft-cepas pour nous .iduertir afin que
re,mais voici Dieu qui monftre defoncofté vn chacun de nous fe refueille , & que nous
me demi Anges,deuienent du tout diables , & Il eft vray que ceux-ci auoyent vne refurre-
quMs font fi auttiglez qu'ils ne rctiencnt plus ftion phantaft que, comme il y en a eu de no-
ies principe' de la foy, ni les rudiinens, qu'ils ftre temps des gens forcenez qui ont vcufo
ne penfent point eftre à l'a b c , & veulent c- faire à croire qu'on rcflïifcite quand on eft
ftre trop grans doâcurs. Voila donc ce que Chreftien. Au lieu que l'Efcrtiiue nous appel
nous auons à noter fur la qualité des perfon- le à la venue de noftre Seigneur. lefus Chrift,
nés dont parle fainft Paul, qu'ils n'tft.-.yent & qu'elle nou': dit qu'il nous faut tonfîonrs
point gens vulgaires^ni idiots, mais ils auoy- eftre prefts & appareillez: mais cependant
Ff.i,
4'0
-SERMON XIII.
^u";! faut que lefus Chrift foit manitcfté , Se
d.ji- ;if.^iiei la noftre vie foit cachée ,quc nous
foyons comme fous ombre Je mortiCainfî que
fainû Paul en parle au troifieme chapitre des
Colofsicn5)au lieu donc que l'Efcriturenous
appelle à noftre Seigneui Itfus , ces phanta-
ft.ques diront qu'il ne taut point imaginer
d'autre refurredion que celle qui fe fait quad
anôs dit^c'eft vne chofc fi trutale qu'on ddît
d« premier coup la rcietter , Que la refurre»
ftion foit ir'aitc. Et comment? On voit que les
enfans de Dieu font mifcrables en ce monde,
&quec'eft pitié que de leur condition. Que à
on les accomparc auec les incredules,ou troa
uera qu'ils font comme languiflans ici bas, &
que les contempteurs de Dieu ont leurs ai fes
Dieu no' illumine en fonEuagile. Voire, mais & leurs delicestbrief.quMs font leurs triom- ^•^«'^'^
i.f ler.y
M.
pluftoft au contraire , il nous faut eftre enfe
oclit en ce monde , & cognoiftre que lefas
Chrift n'tft point noftre refurreftion,iufques
à tant que nous ayons cfté comme transtor-
niez en luy.Il faut(di-ie)que noftre vieil ho-
me loit crucifié auparauant , ii nous voulons
élire participans de la gloire de noftre Sei-
gneur lefus Chrift, 5c reflufciter auec luy. Et
c'ertce qu'auparauant faind Paul auoit decla
ré, que c'i-lî: vne parole certaine , & vne con-
cluiion qifil nous faut tenir , que pour élire
du règne de noftre Seigneur lefus Chrift, il
nous faut maintenant cômuniquefà fes croix,
qu'il faut que nous cheminions en la mort.de
uant que de paruenir à la vie. Et cefte mort-
ci combien durera-elle? Cependant que nous
fommes au monde. Et voila pourquoy fainft
Pierre dit que le Baptefme eft comme vne fi-
gure de l'arche de Noé.Car ilnous faut eftre
enclos comme en vn fepulchre.eftans comme
du tout trefpaflei au monde , fi nous voulons
eftre viuifiez par la marque de noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Or maintenant ceux qui
voudroyent auoir vne refurreftion au milieu
du chemin, que font-ils linon qu'ils peruertif-
ient la naturedu Baptefmc.&parconfequent
tout l'ordre queDicuaconftitué entre nous?
Ainfi donc, apprenons que iufques à tant que
Dieu nous ait retirez de ce monde , il nous
faut eftre toufiours pèlerins, & côme en pays
eftr.lgc,5: que noftre falut ne nous fera point
phes, au lieu que les autres font comme l'or- *^'
dure du monde,ainfi que fainéi Paul en parle.
Et comment donc pourroit-on conceuoir v-
ne telle herelîe, que la refurrcélion foit delît
faite ? Et neantmoins on voit que cela a efté
receu d'aucuns, voire en l'Eglife primitiue.du
temps des Apoftres : quand ceux que lefus
Chrift auoit choiiîs pour anôcer fa vérité par
tout le monde viuoyent encores ici bas, voila
des gens qui fe font deftournez. Et en quoy?
En vn erreur (comme l'ay dit) diabolique.en
vne refuerie brutale. Quand nous voyons vn
tel exemple, ne deuons-nous pas eftre cfton-
nez, voire pour cheminer en crainte? Non pas
qu'il nous faille douter q Dieu ne nous aide,
& qu'il ne nous guide: mais tant y a qu'il nous
faut armer. Et comment?De prières, & médi-
ter les promeiîes de noftre Dieu, comme il fe-
ra adioufté ci après. Voila donc l'enormité
d'vn tel erreur qui nous doit faire drefler les
cheueuxen la tefte,quand nous oyons parler
que Dieua permis que la toy d'aucuns fuit
défia peruertie, pour fe deftourner iufques là,
en vne chofe fi vileine & fi exécrable. Et puis,
il y a la malice auec. Que fi les Apoftres, quîi
ih ont defployé la vertu qui leur eftoit don-
née d'éhaut pour maintenir la vérité de Dieu,
n'ont toutesfoispeu empefcher qu'aucuns ne "
fuflcnt peruertis.que fera-ceauiourd'huy? Et
ainfi donc craignons doublement , non pas
pour eftre eftonnez , (comme il fera déclaré
déclaré iufques à la venue de noftre Seigneur après difner , au plaifir de Dieu) mais pour
T.C»
a,o.
Oel. I.lS
jljx)r.l.5
Tefiis Chrift. Et pour cefte caufe il eft appelé
les prémices de ceux qui reflufcitent. Car il
faut bien que leChef lille deuant les mem-
bres. Si qu'il commence l'ordre & le rang. Il
eft vray que lefus Chrift eft reffufcité:mais il
faut qu'il nous apparoifle, &quefa vie & fa
nous foliciter à prières ,& pour auoir no-
ftre refuge à Dieu, afin qu'il nous preferue
par fon fainft Efprit , & que nul ne foit enflé
de prefomption , que nous cognoifsionsque
nous ne fommes rien , & que nous ferions
bien toft abbatus , n'eftoit que Dieu nous
gloire nous foit déclarée deuant que nous par foufteint . Ainfi donques retenons que ces
uenions à luy. Et voila pourquoy aufsi fainû admonitions ne font point faites fans cau-
' fe. Et' combien qu'auiourd'huy Philetc &
lean dit que notis fçauons bien que nous fom
mes enfans de Dieu, mais cela n'eft pas enco-
res déclaré. Nous le verrons (dit-il)tel qu'il
eft quand nous ferons faits femblables aîuy.
Maintenant ilefl vray que Dieu nous eftre-
uelé quand il nous reforme à fon ima^e , mais
ce que nous conceuons par foy , ne fe vo.ic
point encores , il nous le faut cfpcrerà la ve-
nue de noftre Seigneur lefus Chrift. Or quel-
que abfurdité qu'il y euft en ceft erreur-ci,
fainrt Paul dit que ca deux dont il parle, orit
renuerfé la foy d'aucuns. Voici vne cliofequi
nous doit faire trembler, voire pour deux rai
fons.Car en premier lieu, (comme dcfia nous
Hymenee ne viuent plus , fçachons qu'en
leurs perfonnes le fainfl Efprit nous a voulu
ici dégrader cous les mefchans qui tafchcnt
depcruertir noftre foy, afin que nausncfoy-
ons point fafchez pour rien qui aduiene,voirc
pour eftre deftournez du bon chemin , mais
que nous foyons munis contre tous lcand.iles:
&• cependant que nous ne foyons point enflez
d'vne telle outrecuidance , qu'vn chacun de
nous s'cfgare après fes folles imaginations,
mais que nous aduifions de nous retenir eu
vne droite obciflance de la parole de Dicu:&
alors ne doutons piaint que qous n'y.foyonf
toufiours
SVR LA II A TIM07 H 411
toufîours confermez de plus en plus, iu/gues à foit contorme à fe$ fai»£ls commandtmeiis.
ce que ce bon Dieu nous retire à ce repos Etencoresque noftrevie foit fi maligne que
éternel auquel il nous appelle. nous méritons bien d'cftre reiettez de luy,
OR nous-noHS profternerons deu.int la toatesfois quepar familericordeil nous Aip-
face denoftrebonDieu en cognoiflànce de porte iufqiies à ce qu''il nous ait retirez de ce-
nos fautes , le prians qu'il nous attire à vne ûe vie mortelle pour nous transfigurer à ii
vrayc repentance, & que de iour en iour nous gloire celefte. Ainfi nous dirons tousi Diai
tafchions d'y profiter.en forte que noftre vie tout-puiffant Père celeftej&c.
SEPTIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
19 Toutesfois le fondement de Dieu demeure ferme,quî ha ce
feauy Le Seigneur cognoijl ceux qui font fiens: (f quiconque inuoque le
nom deChrijlyqtidfe retire d'iniquité.
fe peut fairetcar Dieu eft gardiéde noftre ùi-
iutjcomme il l'a prononcé:&mefmes ceft of-
fice eft donné ànoftie Seigneur lefus Chrift,
de maintenir tout ce qui a efté eleu de Dien
fon Père. Et c'eftce que maintenât fainiJ Paul
entend par ces mots, l.e fondement demeuT*
ferme (dit-il) uy.iAt ce cachet , & ce Jean , <jH«
Dieu cegnoift^ui font les fcns.SAÏnEt Paul met
ici deux articles que nous deuons bien noter.
L'vn c'eft.quand nous voyons de telles reuo-
lutions , que ceux qui fembloyent eftre défia
les plus aduancez en la foy, reculent de nous,
afin qu'ih s'aliènent du tout du Royaume de
Dieu, qu'ils deuiènent incrédules, que nous ne
penfions point quePEglifepourtant dcchee.
Il eft vray que le nombre de ceux que nous a-
iiions eftinié eftte fidèles fe diminuera par ce
moyen:inais quoy qu'il en foit, il y a vn fon-
dement ferme, c'eft àdirc que touiîours Die»
gardera fon Eglife,& qu'il y demeurera quel-
que nôbre de gens pour rinuoquer& l'ado-
rer;qu'il nous fuffife de cela. Car aufsi il a iu-
ré, cependant qu'il y aura (oleil & liineluifans
au citl.quici bas il y aura quelque peuple qui
adorera le Souuerain.Voy6s-no.us doc que le
diable dif^ipe le troupeau de ooftrt Seigneur
Icfu". Ctn,ft? Voy5s~nous que ceux qui auoy-
ént donné quelque bône appaiéce fedeftour-
nent, §ceniafin foyêntdu tout retranchez?
, Tat y a qu'et^cores il y decyeure édifice, voire
combien qu'il foit caché fous terre : car la
foiircedemeure côme nousl'auô veuparex-
perience,quâdpar toutle monde à grand' pei
nepounoit-ôn irouuer vn ftul hôtne fidèle.
Qûjcftoit-ce deuantque Dieu nous rendift
la clarté de fonEuangile, ily a quarante ans?
ne fembloit-il p^î que toute la Chreftienté
fultabolie au monde ; Tellement qu'il n'y a-
uoit point d'édifice qui feraonftraft, & qu'on
peuft ippciccuoirdt loin. Mai' cependant il
, y iuoit vn tondemenft caché,c'fftàdire,Dieu
a referué d'vue façon adiiiirablt & incom-
pielienfible,ceux qu'il a voulu, combien qu'il
Ff. li.
Ous auons v«u en partie ce
matin quand fainû Paul par
iloit de ceux qui s'eftoyent
diuertis , que c'eftoit pour
admonefter les fidèles , afin
qu ils n'en fuflènt point
troublez par trop. Mais en-
cores il remédie plus amplement ici a vn tel
fcandale, dilànt quefinousvoyos trebufcher
ceuï qui fembloyent quafi fouftenirl'Eglife,
que pour cela il ne faut point que nous foyôs
esbranlez . Car fi les hommes font fragiles,
s'ils fe de.bauchent du bon chemin , s'ils font
peruers, ce n'eft riendenouueau, leur nature
le porte, & ne fe faut poïtesbahir s'ils fe tour
nent à mal ploftoft qu'à bien. Mais noftre fa-
lut cependant eft appuyé fur la grâce de no-
ftre Dieu , voire entant qu'il luy a pieu nous
ehoifirdeuant la création du monde, & nous
ma-rquer pour eftre du rang de fes eleus, & de
tésenfans. Or nous fomraes fafchez.de veoir
flue ceux qui auoyent monftré quelque bon
figne tournent tout au rebours , cela eft bon:
car nous deuons auoir zèle que l'Eglifede
Dieu s'augmente, & qu'elle croilTc phiftoft q
de diminuer. Nous deuons aufsi auou- foin de
nos freresSc eftre contriftez les voyans périr:
'.car ce n'eft pas pcudechofe.que les ame. qui
■ ont efté rachetées par le fang de lefus^ Chnil
periflent. Mais tant y a qu'xl nous faut touf-
iours confoler en cefte d jûrine, q Dieu majn
tiendia fonEglife.combic que le nombre foit
petit:& non pas tel que nous fouhaittenons,
neantmoins qu'il fe faut contenter que Dieu
gardera bien tout ce qu'il a choili à foy .Qu.Ht
à ceux qui fedeftournent,& àcesapollat qui
renonceiu lekis Chrift, combien qu'ils ayent
efté meflez parmi nous , il nous laut conclure
qu'ils n'tftoyçnt point de-s noftre.'>,(côme dit
l.leain.. fatnft Iean)puis qu'il: en font fortis.Car ceux
l>. q Dieu à vrayement retenus à foy: illaudrcut
que le monde ful^ieu'ré plyftoft mille fois,
auant qu vn des elcus de Iheu perift : cela ne
P/f.7a.I
14.
/ira-
n'y en cuft f non va petit nombre. Voila doc
q-.iant à IVndes .irticles que touche ici iainit
Vâul,c''ert que le fondement de Dieuderacu-
le ferme. Et iinfî apprenons quand il y aura.
de gras troubles , que mcfmes nous cuideroKS
que tout doîue eftre perdu, de contempler ce
fondement inuiiTble, voire par foy:car quand
nous Fi'aurôs point cela, il fe pourra faire que
nous ne verrons goutte pour difcerner TE-
glife de Dieu, elle nous fera corne abolie. Et
nous voyons mcfmes ce qui eneft aduenu à
Elicle Prophète, il péfoit eftre demeuré fcul
au monde , & lors il n'y àuoit qu'vn coin de
pays là où Dieu fuft adoré : S: cependant le
Prophète ne pouuoit pas vesjr troi$-ou qua-
tre hommes qui fuflent côioints à luy en foy.
Or Dieu le redargucSi luy dit qu'il en a en-
cotes fcpt mille qui font fous ù main , Se fa
proteûion.Ainiîdonc enaduiédra-il tous les
coups, quand il nous femble que l'Eglife foit
du tout etfacee du monde , iî cft-ce que Dieu
tiendra (on fondement fou; terre. Or il y a
Ja fimilitude du cachet, que nous auons à no-
ter en fécond lieu.Saiiift Paul dit, Q»f !f f^n-
demoit de Vieu, dimeitre to» froitrs : mais c'cft
com:Tievne lettre clofe &cnchetee,dit-il.Et
pourquoyî Die» c^imifl l' i f'.ns '. que quand
nons ne pouuons pa'i les choifir , que nous ne
pouuons pas concluie, Celhiy-ci en eft:Dicu
rous veut humilier en t:e(t endroit, que nous
ïbyons corne aueugles, ou bien que nous ay-
ons les yeux esblouis.Mais tat y a qu'il nous
faut contenter que Dieu cependant a fon e-
leclion touteafleuree : combien qu'elle nous
' foitfecretc, combien qu'il ne vueille pas la
publier du premier coup, fi cft-ce que cela de
meure en fon confeil cftroit. Si donc Dieu co
gnoift les liens, ne trouuons point eftrange fi
nous fommes fouuentesfois abufer quand les
homes fe reuoltent. Pourquoy? Nous ne les
auons pascognus. Mais cependant Dieu ne
fera point trompé.qu'il n'accomplifle par cf-
fe£l ce qu'il a déterminé en fon confeil. Voi-
la pour le fécond. Or cependant fainiî Paul
nous exhorte qu'il ne nous faut point eftre
ronchalans, quani nous verrons cegx qui e-
ftoy et défia quafi afsis au rang des Anges, qui
' delaiflent la bonne voye , que nous auifions
de cheminer en crainte & folicitude , & ne
point abufer du nom de Dieu.faifans vne fauf
fe couuertùre du nom de Chre(hété,ainfî que
font les hypocrites qui prenent le nom de
Dieu eu leur bouche , mais cependant mon-
trent qu'ils fe moquent de luy, & qu'ils falfi-
fient ce fiini> nom qui leur eftoitdôné. Qije
donc nous prattiquions ce qui eftici adiou-
fté , c'eft afçauoirque fi nous reclamons le
nom de noftre Seigneur lefus Chrift, fi nous
faifons profefsion que nous fommes des fiés,
il nousfaut départir de toute iniquité. Car
no' ne fommes pas de l'Eglife de Dieu finon
eftans feparezd'auec le monde, & fesaftuccs.
Cognoiflbns djnc à quelle fin nous fommes
SERMON Xlîll.
appelez, quelle eft noftre f5dition:& lideffus
que nous ne foyôs point defloyaux.Car Dieu
nous pourra bien retracherdefonEglifequâd
il nous aura monftré de tels exemples, & que
nous n'en aurons point fait nofti* profit . Or
maintenant pour mieux appliquer ce partage à
noftre inftruftion , traitions en premier lieu,
fuyuant ce q nous auons défia dit, quand fain6t:
Paul nous ramené ici au confeil éternel de
Dieu, furquoy noftre eleiCtion eft fondée rtrait
t5s(di-ie)ce poin£l-la, c'eft afçauoir fur quoy
noftre falut eft vrayement appuyé. Il eft viay
(comme l'Efcnture dit)que nous forames fau
uez par foy. Car nous ne cognoiflTons pas que E^of.l*
Dieu nous foit Père, nous ne cognoiflons pas
que nous ayons efté recôciliez aucc luy, finon
par foy, en appréhendant les promeflès de i'
Euïngile : voila Dieu qui nous déclare que
nous luy fommes agréables au nom de noftre
Scigncut lefus Chnrt. Il faut donc que nous
acceptions vn tel bien , ou il nous fera inco-
gnu . Nous eftions donc en poffefsion de no-
ftre falut par foy;cela eft vray: mais ccpcdaiic
qui eft-cc qui nous donne la foy finon Dieu»
Et pourquoy eft-ce qu'il nous la donne,finon
d'autant qu'il luy a pieu nous choifir deuant
que nous fufsiohs créez, voire deuant la créa-
tion du monde raefmes ? ainfi que fainft Paul
en traitte.fur tout au premier chapitre des E-
phefiens. Il ell vray qu'il nous propofecequi
nous eft le plus familier, & ce que nous co-
gnoiflons, c'eft afçauoir que Dieu nous a fait
participans des biens celeftes en lefus Chrift,
qu'après nous auoir pardonné nos péchez , il
nous a monflré q nous luy fommes agréables,
& qu'il nous a acloptez.Nous auons donc tout
cela qui nous eft manifeftépar l'Euangile.
Mais fainft Paul nous eleuc plus haut, difant,
que tout cela nous a cfté dôné félon que Dieu
nous auoit choifis deuant que le monde fuit
créé, d'autant qu'il nous a aimez en noftre Set
gneur lefus Chrift.deuant que nous peufsions
faire ne bien ne mal.Voiladonquesoù il nous
faut reuenir, c'eft combien que Dieu nous at-
tire à foy par rEuangile,& que par la foj
nous rcceiiions la iuftice de noftre Seigneur
lefus Chrift, qui eft câufe de noftre falut, ne-
antmoins qu'il y a eu vne amour fecrctte de
Dieu qui a précédé, voirecombien qu'elle no"
fuft cachée , & que Dieu ne fe hafte pas fou-
dain de nous attirera foy , mais c'eft d'autant
qu'il nous a choifis . Voila donques où tend
cefte fentence de fainft Paul qui eft ici cou-
chée, Qiiily il fil fmif '.ment (fe l^ieu ( dit-il )
(jui elh ferme .Or t\ oppofece fjndement de
Dieu à tout ce qui Ce pouf.a trouuer de vertu
aux homes, ou de ce qui fera eftimé fcnibl.ible
à vn édifice. Il oppofe cefte fermeté dont il
parle à noftre eftatcaduqii*. P-Miiccque nous
fommes inconftans, q'enoiisdcclieoni incon
tinent, que nous ne faifon^ que couler comme
eau, pour cefte caiife hinÙ P.iiil dit qu'il nous
faut prendre noftre fermeté en Dieu.puis que
nous
SVR LAIT. A TIMOTH.
4'5
nous ne la voySs pas en nous, ni en noftre na
ture. Or ceci nous doit feruir à double vfage.
Cai quand nous voyons des rebelles , qu'il y
a des apoftats qui le dcftournent de l'Eglile
de Dieu, il nous pourroit venir vne tentation
en fantafie.Et qaoy? Tous homes ne font-ils
point infirmes? Autant donc en fera-il de tout
le reftc comme de moy . Et de fait, chacun de
nous experunente et la,que iî nous Toyôs que
l'EuSgile ne fe prefcKe plus en vn pays, qu'il
y ait quelque difsipation , tout efi perdu , ce
nous femble. Quand nous voyons quelques
troubles , quelques changemens, nous regar-
<lons,£t pourquoy les chofes ne demeurent-
elles fermes ca vn lieu aufsi bien qu'en l'au-
tre.'Mais iliious faut repoufler cefte tétation
par ce bouclier que fainft Paul dôneici , c'eft
afçauoirquel'Eglifeeft fondée en Dieu , &
■on point en nulle codicion humaine.Si donc
nous ne crouuons rien de certain ici bas, ce-
gnoiflbns que Dieu a fondé noftre ûlut , 8c
1. Uh.l
i9.
compagnie:mais cependant il let a cognus e-
ftre reprouuei: & combien qu'ils feiflent fera
blant d'eftre brebis , il eft-ce qu'en la fia iU
n'ont point eu de peau pour cacher leur ma-
lice. Et mefmesnoftre Seigneur le^cavfc
de cefte mefme rai fon, pour monftrer que les
fidèles ne doiuét point eftre troublez par l'ia
gratitude àes hommes , quand ils font rebel-
les à l'Euangile , veu qu'fls fe fafchent de la
bonne doûrine, ou qu'ils prcnét occafion de
dcfpitcr Dieu fous quelque ombrt qu'ils ont
cherchée, ou quelque phantaiîe qu'ils auront
conceueenleur cerueau : lefus Chriftditlà
deflus.Tout arbre que Dieu mon Père n'aura
point planté fera arraché. Il accôpare ceux <j m<^, [j,
femblent eftre du nombre de fidèles à des jj.
aibres qui font platez en vn champ , & en vn
iardin. Car ceux qui font du tout ennemis de
Dieu, ils n'ont nulle fimilitude d'arbres: mais
lt% hypocrites qui font bône mine,&: qui vou
droyent eftre rep utez pour enfans de Dieu,
qu'il le tient en forte que iamais ne pourra ef femblent bien que ce foyent arbres plitez au
uanouir. Voila vne confideration qui eft bien
vtile . Mais l'autre eft quand nous venons à
nous.laqucUe eft beaucoup plus grande. Car
fi ie voy vn home qui fe deibauche, que peux
ie dire quant a moy? le fuis femblable àluy.
Mais il faut que ie reuiene là.combien que ie
foye debile,Dieu a en foy aflez de fermeté.Il
faut donc que ie me remette du tout en fa
inain.Etvoila aufsi pourquoy noftre Seigneur
,lefus Chriftau lo. chapitre de S. lehan, nous
dit que ce que le Père luy a dôné.ne périra ia
mais. Etpourquoy?Dieumon Pere(dit-il)eft
plus fort.& puiflànt que tous ceux qui veulct
l'empefcher de parfaire <a volonté. Par ces
mots il nous admonefte que fi nous confidc-
. ros noftre eftat,il eft vray que nous pourras
tftrc efperdus: & de faiû , à chacune minute
-de temps nous pourrions périr , n'eftoit que
nous tufsiôs maintenus d'vne vertu plus gran
de que la noftre. Mais comme la puinânce de
Dieu eft inuinctble.aufsi noftre falutcftafleu
ré,car Dieu en eft le gardien. Et mefme'fcom
me nous auôs dit) lefus Chrift a prinslachar
e de nos ames:il ne foutfnra point que nous
'oyons rauis de fa main: quoy que le diable
lïiachine.quoy qu'il ait beaucoup de moyens,
qu'il femble que nous deuionscent mille fois
eftre arrachez des mains de noitre Seigneur
lefus Chrift, fi eft-ce que nous demeurerons
loufiours là. Pourquoy? Noftre falut(comme
i'ay dit) eft appuyé en l'eledion de Dieu , &
en fon côfcil immuable. Voila ou il nous faut
venir. Et quant au fcîdale que nous pouriiôs
prendre de ceux qui fedeftournent del'Euan
gile, venons à cefte remonftrance dont famft
I< han vfc , & laquelle n jus auon défia t 'U-
chee.Il eft vray(dit-il) qu'ils fon t f irtis d'a-
nec nous , mais ils n'f ft jypnt piint de: ni-
ftres.car iamais ils ne s'en fulTent f parr z.Co
gno'iTons que Dieu pour vn tenp' a permr
que hs hypocrites fulTent mefliz ca noftre
I
champ,&en lamaifonde Dieu.mais ils n'ont
pas prins racine, d'autant q ce n'eft pas Dieu
qui les a plâtez,c'cft à dire, ils ne font pas e-
leus de luy.Il eft vray qu'il fouffre^pour nous
efprouuer, qu'ils prétendent fauflement fon
Nom : mais tant y a que iamais ne les a rete-
nus pour fiens, ils nefontpointchoifisàrhc
ritagede vie.lJfaut donc qu'ils foyent arra-
chez. Les difciplesauoyent allégué à noftre
Seigneur lefus Chrift ce que nous voyës fo«-
uét. Car fi quelqu'vn eft defgoufté del'Euan
gile, on nous viédra dire, Ho, voila vn tel qui
a tout reietté. S'il aduient quelque fcandale,
ie ne di point de ceux qui le monûrent du
tout ennemis de Dieu, & cqntempreurs mani
feftes de fa Parole. mais s'il y a quelques ou-
trecuidez qui ne puiflent porter la bonne do
ârine , combien que pourvn temps ils ayenc
fait femblant de la receuoir, s'ils s'endefgou
ftent et s'en fafchent , voila vn fcandale. Et
pourtant les diiciples allegoyent à noftre Sei
gneur lefus Chrift , â quel propos les Scribes
& PhariCenseftoyent fi mal édifiez. Laiflez,
laiflez-les(dit-il)ce font aueugles: mais gar- Là tnef-
dez-vous d'aller en ruine aviec eux.Cepédaiit ^,
toutesfois cognoiffez que tous nefont point
cleus ni choifis de Dieu mon Père, Il eft vray
qu'on dira qu'il n'y a que famftcté en eux:
mais ce n'eft qu'vn mafque : & cependant on
voit maintenant que iamais n'ont eu crainte
de Dieu, puis qu'ils ncpeuueiic receuoir fa ve
rite, ce font nypocrites. Ne vous eftonnez
point donc fi vous voyez de la rebrliion aux
homes , car tous ne font point planttz de la
main de Dieu. Maintenant hous voyons corn
me il nous faut faire noftre profit de cefte
dot^iine : c'eft qu'en prcmirr lieu nousco-
pnoif ions que la foy nous eft donnée d'cn-
haiir , d'autant que Dieu nous a illumipcz par
f 'n (.\'rli Efprit, que nciii auoiîs rcceu l'E-
uâçile, & non pas de noi.rcindi ftrie& vertu
Ff.ui .
4'4
SERMON Xri IL
propif . Voila powr vn item. Or quand Dieu
nous fait cefte grâce, d'autât qu'il nous auoit
choiiis pour fes enfans , qu''il nous auoit ado-
ptez deuant la création du monde, & qu'il n'a
point fait cela à tous, voila vn priuilcge fin-
gulier& inellimable qu'il nousfait.Car ileft
en fa liberté de choifir ceux que bon luy fcm
ble , & voila comme il a voulu nous tenir des
■fiens.Ainfi doc cognoiflons que nous fommes
tant plus obligez à luy, puis qu'il nous a reti-
rez de la perdition générale du gère humain.
Et ayâs cognu cefte eleftiô gratuite de Dieu,
laquelle cft pour difcerner entre les enfans de
Dieu & les reprouuez , cognoiflons que cela
nous eft bien vtile. £t po«rquoy? Car toutes
fois & quantes que nous voyons des fcandales
& des troubles en l'Eglife , que nous voyons
que ceux qui auoyent biencômencé ne pour-
fuiuent pas, mais que pluftoft ils tournent bri
de, il nous faut reuenir là. Et bien, il eft vray
que les hommes font fragiles , mais fi eft-ce
que nous trouuerons aflcz de fermeté en no-
ihe Dieu , puis qu'il luy plaift nous faire ce-
fte grâce de nous adopter pour fîens , il nous
gardera: &: fur tout, puis qu'il a commis àle-
fus Chrift ceft office de nous maintenir, fça-
chons qu'il s'y employera fidèlement , com-
me il l'a promis. Reuenons donc à cefte ele-
ôion de Dieu, toutes fois & quantes que nous
pourrions eftre eftonnez de quelque cheute
d'vn homme que itous aurions eftimé aupara-
uant.Et puis s'il nous femble que toute l'Egli
fe s'en aille en perdition:non, Dieu a fon fon
demét.c'eft à dire, l'Eglife n'eft point fondée
fur la volonté de» hommes: car comme ils ne
fe font point créez, aufsi ne fe font-ils point
reformez, cela procède de la pure bonté &
mifericorde de Dieu. Et combien que l'édifi-
ce pardefTus foit comme rafé , que tout foit
(ce fcmble)fans piliers , qu'il n'y ait plus de
forme ne de figure, fi eft-ce que Dieo encores
gardera fon fondement lequel ne s'esbranle
iamais. Or delà on voit fi la doctrine que no'
publions de l'cleftion de Dieu, eft fuperflue.
il eft vray que nous ne pre fumons pasd'en-
irer au confcil eftroit de Dieu, pour cognoi-
llre iufques au bout fes fecrets admirables:
■lais fi cela nous eft caché , de fçauoir que
Dieu nous a eleus deuant la création du mon
de,n'eft-ce pas nous priuer d'vne confolation
OUI nous eft non feulement vtile , mais plus
<)ue neceflairt? Le diable ne pourroit mieux
machiner de ruiner noftre foy , que de nous
cacher ceft article. Et pourqu jy? Car où en
feiions-nous , ie vous prie?Et fur tout auioiir
d'huy qu'il y en a tant de rebelles, qu'il y en
a. tant d'hypocrites , voire Se d'fqiicls on a-
woii atltcndu nieiueilks , ne pcn ferions-nous
pas qu'autant noxis en poinroit-il.iduenir?Et
là delTus comment ferions-nous conftansde
ncvus repofer en Dieu ,& de nous remettre à
luy d'vn couiage rafis.ne doutas point qu'il
. aura le foin de uoui iufqucs àla fiu,coaunsAC
pourrions-nous faire cela fînon en nous re«
mettant à cefte elertion comme h noftre re-
fuge vnique? Car il nous femblera que Diea
faulTe fa promeflè qu'il nous donne quant à
fon Euangile , 8c que lefus Chrift doiue eftre
dechaflc du monde. Voila donques la caufe
principale, & le meilleur moyen que Satan
pourra tronuer pour nous defgoufter de la do
ftrinede l'Euangile.Retenôs donques en de-
fpitde Satan ,& de tous fes fuppofts.ces armes
defquelles nous deuons eftre munis: ie di qne
nous foyons conformez tn l'eleôioD de no-
ftre Dieu,& que nous la fâcions valoir,*: que
ceci ne nous foit point ofté , fi nous auons le
làlut de nos âmes cher ^ précieux : mais efti-
tnôi pour nos ennemis mortels tous ceux qui
nous voudront cacher vr>e telle doftrine,fça-
chans que le diable les fufcite pour nous pri-
uer d'vne confolation , fans laquellc(comme
i'ay dit ) nous ne pouuons pas nous afleurcr
de noftre falut:ce que toutesfois nous deuons
dcfirer pardefliis tout. Voila comme nous a-
uôs à piattiqucr ce partage qu< met ici fainâ
Paul. Or cependant il nous faut aufsi retenir
cefte exhortation qu'il adioufte , Qut ceux
5«i reclamtnt le nom du Segneur lefus ,fe dot-
u.ntfefav'r de toute iwtjuité. Car toutainiî
que l'elcdion de Dieu eft pour bous ionner
vne confiance ferme , pour nous refiouiraa
milieu de tous les troubles qui nous poùrro-
yent aucunement inquiéter, aufsi ne faut-il
pas que nous cefsionsd'inuoquer Dieu,de re
courir à luy , & de cheminer fongneufement
en la vocation en laquelle il nous appelle.
Car il y a grande diuerfité entre l'aflVurance
qu'ont les fidèles pour eftre bien perfiiade*
de leur falut &: eftre tn repos, & vne noncha-
lance qu'auront ceux qui ne regardent à rien,
mais ayans ietté la plume au vent ( comme
on dit ) penfent que nul mal ne leur peut ad-
uenir:comme les homes ne font que par trop
nonchaIans:mais ils font ftupides cependant,
qu'ils ne cognoiflent point les dangers def-
quels ils font enuirénez.pour inuoquer Dieu,
& pour fe retirer fous fes ailes comme en ca-
chette:&: puis qu'il ne leur chaut de toute do-
ôrine quand ils auront cftéenfeignez pour vn
coup.Or cependant les fidèles pe laiucnt pas
de craindre , combien qu'ils s'alTeurent fur la
bonté de Dieu , combien qu'ils i'oyent refo-
lus que quelque tcpeftc ou tourbillon qui ad-
uiene , lamais ne pourront eftre tranfporteï,
toutesfois fine laifTent-ils pas de veiller touf
iours fur les efforts que leur fait Sata.Etpuis
d'autre part ils cognoiflent Icgr fragilité : &
cela les fjlicitede recourir à Dieu , & de le
prier qu'il ne les laiffe pas au bcfoin.mais que
- il ait fa main citendue pour les preferuer : ils
regardent à quoy ils font appelfz , ils fe fo-
Icitcnt eux-mefmes à repentance , ils inuo-
q\ient Dieu à ce qu'il augmente en eux les
grâces de (in fainft Efpnt, qu'il le- defpouil
le des affections de leur chair . Voila don-
(^ues
SVR LAÎI. A TIMOTH:
^ueî comme les fidèles eftans ifleurei ne kif-
fenc poiBC de craindre : comme au contraire
les incrédules ne craignent point, n'eftans pas
toutestois afleurez . Car lî vne fueille tombe,
ou s'ils voyent quelque petite ombre, les voi-
la elperdus . Et pourquoy ? Car ils ne font
poinifondez en Dieu , ils font comme endor-
mis ainfi que les yurongnes : c'eft donc bien
raifonque Dieu le mocque d'vne telle ftupi-
(dité.Mais les fidèles craindront touiiours. Et
voila pourquoy aufsi fainâ Paul dit, quand il
a parlé de la cheute Se ruine des luits , que
ceux qui font debout, doyucnt bien regarder
àeuT qu'ils ne tombent . Non pas que faindl
t.Cor.IO Paul nous vueille mettre en doute ouendifFe-
ji. rent , que nous l'oyons là en fufpens , ne fça-
chans que nous deuôs deuenir,&fî Dieu nous
Conduira iufques à la fin : car il faut que nous
ayons cela tout conclu, que Dieu n'a pointcô
mencé qu'il ne vueille parfaire : comme il en
traitte tant au premier chapitre des Pliilip-
piens, qu'en d'autres paflàges aflez.Mais cepc
danc fi nous faut-il touiiours foliciter à priè-
res & oraifons:& puis il ne nous faut point a-
bufer de la grâce de Dieu : nuis d'autant que
nous foraraes dédiez à luy, chemines en crain-
te & folicitude,& adulions den'eftre point
enueloppez parmi la condamnation des mef-
chans.Car s'ils font poures aueugles,il ne no*
faut point esbahir s'ils s'efgarent:mais puis q
Dieu nous efclaire,ne faut-il J>âs q nous che-
minions droit?Et puis.d'autant qu'il nous a a-
doptez pour Ces enfans,ne faut-il pas que no'
le feruions Se honorions comme noftre Pereî
Voila donques de quoy nous doit fciuir celle
exhortation que famd PaulaJioiifte.quandil
à^UtQHJ conque in»oque,ourecUme le nàm de le-
fi*s Clnifi^cpt'ilfe départe de faute iniquité.CîT
inuoquer le nom de Chnft, c'eft le reclamei-
éltre des ûens . Il eft vray que quelque fois
quand nous parlons d'inuoquer Dieu , c'eft: à
dire de le prier, & de recourir à luy : mais ce'
mot eft plus gênerai en TEfcriture par fois.
Nous inuoquons donques le nom de Dieu,
quand nous faifons profeAiond'eftrede fon
peuple, & de fon Eglife. Celuy qui le nomme
Chreftien, il reclame lefus Chrift. Comme fi
quelqu'vn difoit, Vn tel eft monmaiftre, il fe
renomme deluy.Nous ne pouuons donc nous
reclamer du nom de Chreftien, nous ne pou-
uons faire proteftation que nous foyons de la
compagnie du Fils de Dieu, que nous ("ommes
de fon Eglife & de fa maifon : nous ne pouuôs
(brief)eftremeflez parmi Icfus Chiift.finous
ne fômes deliurez de toutes nos ordures . Car
autremét ne luy failbns-nous point vn deshô
neur infupportablerSi quelqu'vn fe vante d'e-
ftre à vn prince, & qu'il foit vn brigand, il fera
puni au double, d'autant ou'il a abufé du nom
qui ne luy appartenoit point . Voici le Fils de
Dieu qui eft la fontaine de toute faindeté &
iuihce , Se nous viendrons nous cacher de fon
.ombre^ & nous couuiiions fous iccluy coûtes
4'y
nosordures, quelques puaates qu'elles foyent.
Ne voila point vn facrilege qui mente vne hor
rible punition ? Nous voyons donques à quoy
tend ce que dit ici fainft Paul. Il eft Ti.iy que
quelque peine que nous mettions de feruir pu
rement à Dieu, nous ne laiflons pas d'eftre pa
ures pecheurs,d'eftre fouillez de beaucoup de
macules, d'auoir beaucoup d'imperfeftions vi
cieufes en nous:mais quand nous tendons à ce
but, de defirer de bien faire, & que nous hayf-
fons le mal , combien que nous allions en cla-
chant,toutesfois puis que nous auons vr.e bon
ne fin, & que nous-nous efforçons de nousad-
uâcer en la crainte de Dieu & en (on obeiflaa
ce,voila vneafFeâion droite , & lefus Chrift
nous accepte comme fi nous eftions iuftes , &
nous abfout de toutes nos fautes, d'autant que
elles ne nous font point imputées . Ainfi donc
les fidelesjcombien qu'ils «e Ibyent point par
faits du tout.mais qu'ils ayent beaucoup de vi
ces, qu'il y ait àredireeneux,ne lailTenc point
d'eftre acceptez poar enfans de Dieu,& lefus
Chrift ne prend point i deshonneur qu'ils fe
reclament de luy : car il fait par lit giace que
ce qui eft de bien en eux , eft agréable à Dieu.
Mais fi nous abufons fauflement du nom de
lefus Chrift,& que nous en vueillions faire r-
ne couuerture de nos iniquitez.cela ne mérite
il point(comme l'ay défia dit)que lefusChrift
fe leue comme noftre partie ïduerfe, d'autant
que nous aiirons violé fa maiefté.d'autantque
nous aurons falfifié fon nom & ; fes armes»
Ainfi donc notons bien qu'emporte ce mot de
Chreftienté , c'eft que nous foyons membres
du Fils de Dien:puis qu'il luy a pieu nous acce
pter poureftre de fon corps, il faut que nous
adhérions à loy en toute luftice, comme il a re
ceu toute plénitude de grâce, afin de nous ea
communiquer . Il eft vray que ce n'eft que par
niefure & portion, voire bien petiteimais tant
y a qu'il faut que l'Efprit de Dieu règne en
nous , fi nous voulons eftre tenus pour fes en- "
fans, & pour membres de noftre Seigneur le-
fus Chrift. Et pourtant nous voyons que tous
ceux qui s'adonnent à mal. Se qui ne s'eftudiét
point de fe ranger à la volonté de ,Dieu pour
mortifier leurs mefchantes cupiditez.que tous
ceux-là font fauflàires , quand ils prétendent
auiourd'huy lenomde Ohreftiens . Voila en
fommece que nous auôsànoter dece pallàge
pour en faire noftre profit. Qrand nous voy-
ons que beaucoup de gens le fcparentdel'E-
glife de Dieu, que ceux qui auoyent bien com
mencé ne continuent pas,cognoiirons que s'il
y a de l'infirmité aux hommes, Dieu ne laif-
fe pas d'auoir fon fondement ferme. Et com-
mentîCar Dieu fçait ceux qu'il a choilîs pour
fiens,& il les maintiendra. Et là dclTus ne dou-
tons point que nous ne foyons du nombre:
puis que noliie Seigneur no' a appelez à loy,
voila vn tefmoignage qu'il nous auoit mar-
quez deuant que nous fuliifs naisrcontemons
nous de fa fain£te vocation. Et cependant que
Ff.iiii.
4"^
SERMON xriri.
nous efperions que quand nous ferons ainiî
preferuez Tous la garde dt noltre Dieu, &que
nous aurons quelque £çlife,que Dieu ne louf
frira point que :out fou peuple periiFe, enco-
re? que le monde tafchcde le diminuer . Ne
foyons donc point troublez de tous les fcanda
les qui pourront aduenir . Et cependant eftu-
dions-nous à cheminer en ciainte , n'abufans
point de la bonté de nofbie Dieu, mais cognoif
fons puis qu'il nous a fepareï d'auec la refte
du monde, qu'il nous faut viure comme eftans
en fa maifon , 8c que nous foyons liens , tout
ainlî qu'il nous a donné la marque extérieure
du Baptefme.qu'aufsi nous ayons la fignature
iphe.i, <ic foi 'âinft lËfprit : carc'eft l'arre ( comme
i^. , fainft Paul l'appelle) de noftrecleôion.c'eft
le gage que nous auons.que nous femmes ap-
pelez à l'héritage celefte.Priôsdonques Dieu
qu'il ligne & qu'il feelle en nos cœurs fon ele-
ûion gratuite par fon fainft Efprit : 8c cepen-
dant aafsi qu'il nous tiene comme cachetez,&
comme ferrez fous l'ombre de fes ailes:& fi les
poures rcprouuez s'efgaient, & qu'ils s'efua-
nouiffent ,&que le diable les tr3nfporte,&
qu'ils ne.foyét point redreffez quand ils tom-
bent,mais qu'eux-mefmes fe precipitêt en rui
ne, pnons-lede noftrecofté qu'il nous tiene
fous fa proteftion , (j nous fjachions que c'efl
deinous ranger à fa vol5té,& que nous foyons
maintenus de iuy: encores que le monde i'ef-
force de nous esbranler, que nous foyons ap-
puyez fur cefondemtft, iijue Dieu cognoiil qui
font les fienstS: que nous ne foyons lamais di
uertis de cela , mais que nous y perliftions 3c
profitions de plus en plus, iufques i ce que
Dieu nous retire en fop Royaume qui n'eft
point fuiet à mutation.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noltre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le prians que nous les fentions tel-
lement,que de plus en plus nous apprenions à
nous ydefplaire . Et que cognoiflans noûre
fragilité, & que nous ferions incontinent ab'«
ba:us,fi nous n'eltiôs fouftenus d'ailleurs, que
ce bon Dieu nous fortifie en telle forte que
nous foyons conformez de iour en icur pour
fuyure la faiiifte vocation . Et puis qu'il nous "
a conioints à fon Fils bien-aiiné noftre Sei-
gneur lefus Chrift,& que nous auons de quoy
nous contenter eftans alïeurez de noftre falut
qui nous a efté vne fois acquis par Iuy, q nous
croifsions de plus en plus en vnc telle certita
de, comme nous y fommes lournelicment con
fermez par la prédication de l'Euangile.Que
non feulement il nous face cefte grâce , mzit
9 cous peuples Se nations de la cerre,&c.
HVITIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
to Or en ^ne grande maifonil n'y a point feulement des Wif-
jèattx d'or CT* d' argent^mais aujli de hais çy de terre.
^l Si aucun donquesfe nettoyé Joy- mefme de ceîle efpece, iîfera
\aiffeaufanBifié à honneur, duifant auSeigneur, (^ appareillé à toute
honneœuure.
I nous voyons des contem- par vne fimilitude bien conuenable.Et en pre
pteurs de Dieu, des gens per mier lieu, afin que nous ne péfions point eftre
uers qui nous donnent mau- excufez de mal-faire, fi nous enfuyuons ceux
uais exemple, nous prenons qui mciprifent Dieu,& le deftourncntde Iuy,
occalîon de nous deftourner fainft Paul dit qu'en vne grade raaifon il y au-
du bon chemin, & nous fem- ra des vaiilcauz diuersrque fi vn buffet, ou vne
bleu nous auons vne excufe table font parez de vaiflelle d'or ou d'argent,
toutepropre, voire'pour eftre abfous deuant en la cuifine il y aura aufsi des vaifièaux de
Dieu: & ne péfons point que ce nous font au- bois pour ietter les trippaillcs,& les ordures.
tant de moyens pour nous exercer,afin que no
ftrc foy foit mieux efprouuce,& qu'alors Dieu
veut que nous entrioss en combat . Et voila
pourquoy fainft Paul ici non feulement nous
exhorte à nous feparer de toute iniquité, afin
que nous ne rclfemblions pas aux contem-
pteurs de Dieu, mais il adioufte aufsi bien que
pour ietter ce qui fera baillé de la maifon m1 y
aura aufsi des vaifleaux de terre . Et quand on
voit vne telle diuerfité, cela ne fe trouue poïc
eftrangc.Car fi vn homme alloit ietter fon or
& fon argent parmi les raclures de fa maifon,
que feroit-ceJNe diroit-on pas qu'il feioit in
fenfé? Si dôc on ne dit point qu'il y ait difcor
il ne nous faut pas eftre fcandalizez , quand de en vne grande maifon, s'il y a des vaifleaux
nous verrons des gens ainfîde mauuaifecon- deftintzà vfjgc qui n'eft pas fort honnefteoi
dition, il ne faut point que cela nous trouble honorable , pourqnoy en la maifon de Dieu
ou nous defwoye. Vrayeftq défia il aiioit tou cela ne fcra-il aufsi bien enduré ? Permettra
ché cepropes,mai$mainumancille coufcrme on plus depriuilege aux hommes mortels , &
aux
SVR LA II. A TIMOTH.
4'7
•iiif créatures, qu^on ne fera au Dieu viuant?
Or cependant lainft Paul exhorte tou'; en fans
de Dieu,c6bien quMs foyent aiiifî méfiez par-
mi les mefcliansqu'il ne faut pas qu'ils fc don
nent congé de fe corrompre parmi euv, ne de
s'infefter de leurs ordures : mais pluftoft que
cela les doit inciter à folicitude, afin quMseui
tent leurs'mâLiuais exemples, qu'ils fe feparent
deleurcompagnie:brief,qu'ils fe dédient tant
plus fongneuferaent à Dieu. Voila en fomme
ce qui eft contenu en ce paflàge . Or quant au
premier.nous auons défia monilré que c'eft v-
jie admonition bien vtile que celle que nous
fait ici faind Paul : c'efl afçauoir, s'il y a des
mefchâs& des hypocrites enTEglifede Dieu,
qui pour vn temps foyent là, voire & fe vueil-
lent plus elUmer que les autres , que cela ne
no' doit point troubler.Et pourquoy? La mai
fon deDieu eft grande. Vray eft qu'aucuns en-
tendentparce mo t, tout le mode, & cela pour
roit allez conuenir,& nous en traitterons plus
à plein tantoft:mais il nous faut ici noter l'ar-
gument que fainct Paul traitte. D'autant qu'il
auoit fait mention CI deflus des apoftats qui
feieuoltent.&apresauoir quelque temps fait
profefsion de l'Êuangile s'aliènent, & fe ban-
niflent:ce propos nous amené Vne grande con
folation. Car c'eft comn>e s'il difoit, Puis que
l'Eglife de Dieu eft eftendue par tout le mon-
de,& qu'il y a pluiieurs gens qui font appelez
à l'Euâgile, prenons le cas que ce foit de ceux
qui font aiiifî a(remblez,& côme fi en vne mai
fon il y auoit des vaifTeaux d'or & d'argent qui
fuflent pour parer vn bufFet ou vne table : Se
puis qu'il y en euft des autres de terre, qu'il y
cuftaufîi des vaifleauïdebois quineferoyent
que pour traincr parmi la maifon , & quand ils
ont ferui quelque temps, qu'on les brufle, on
les lette là, on n'en fait pas grand conte. Ainfî
donques, combien qif'il feroit àfouhaiter que
tout fuft pur en l'Eglife de Dieu , & qu'il n'y
euft que redire, fi faut-il neantmoins reuenir à
cela.que nous verrons des fcandales,qu'il fem
blera q tout foit confus. Pourquoy? Car Dieu
aflemble pluficurs vaifleaux, & de diuerfes for
yiat.i^. tf'- Comme en d'autres partages il eft dit que
^7. l'Eglife de Dieu eft femblable à des retz qui
font lettees en l'eau , où toutes fortes cSi efpe-
ces de poiflons s'aflemblent: il y en a & des
bons,& des mauuais:aufsi il eii impofsible que
l'Euangile feprefche, queplufieurs ne s'yac-
cordent:voire,&que pour vn temps ils ne fa-
eent femblant d'cftre du rang des fidelestmais
Mat.i II P"'^ apres,les poiflons font feparez. L'Eglife
j^j 1 ' de Dieu eft auAi bien accôparee à vne aire, où
' ' le blé eftant batu fe méfie parmi la paille , &
mefme il eft là caché, qu'on ne pourra pas di-
fcerner le bon grain d'auec la paille, qui doit
cftre après iettee fur le fumier. En fomme tout
cela eft pour nous monftrer que durant cefte
vie prefente l'Eglife de Dieu ne fera point
fans meflinge, qu'il y aura toulîours des hypo
«rites «jui s'accorderôt à la doftrine de la foy,
ou pour le moins'voudrontauoir lieii& répu-
tation de Çhreftiens:mais tant y a qu'en la fin
ils fe troiiueront eftre comme enfans baftars,
&• feront déshéritez: ainfî que nous en auos la
figure en Ifmael. Car celuv-ia pour vn temps ^,_ . .
a bien efté par dellus Ifaac comme premier-
nay de la maifon: mais il eftdechafle , & faut
qu'Abraham le retr.iche. Ainfi donques en eft
il. Voila en fomme l'intention de fainft Paul.
Mais deuant que pafler outre, il nous faut fou
dre vne difficulté qu'on pourroit ici faire . Il
eft dit au Pfeaume quinzième, &au vingtqua-
triemc, que ceux qui doyuent venir en la mon
tagne de Dieu,& auoir lieu en fon téple, pour
y habiter, doyuent eftre impollus, qu'ils doy-
uent cheminer en toute intégrité. Or puis que
ainfi eft,il femble que ceci foit contraire, qu'il
y ait des vaifleaux en opprobreicar tous doy-
uent eftre choifis pour feruir à Dieu , & touj
aufsi fe doyuent fanâifieren fon obeillànce.
A quel propos Dieu nous appclle-il , finon J
toute fainfteté? (comme l'Efcriture le porte) ,
Ne fommes-nous pas vaifleaux de fon téple? t"^'^-^
Ne fommes-nous pas mefmes chacun de nous
partie de fon fanftuaire ? Puis qu'ainfi eft, ne
deuons-nous pas eftre confacrez à luy ,& ne de
uons-nous pas eftre purifiez de toutes macu-
les & pollutiôs?Mais en ces partages que nous
venons d'al]eguer,iJ eft monftré quels doyuét
eftre ceux que Dieu appelle à foy : cependarrt
il n'crt pas dit que tous foyent tels de faid.
Car il y en a beaucoup qui ne refpordent pas
à la volonté de Dieu , combien qu'il leur foit
commandé de fe dédier à toute pureté , qu'ils
ne laiflent pas d'eftre poilus. Et mefmes quad P/f .14.4
il eft dit que ceuT qui font nets & purs de
cœur, & qui auoy ent laué leurs mains de tou-
tes feuillures ,que ccnx-la habiteront en la
fainftemontagnedeDieu , il eft déclaré que
combien que pluCenrs fe vantent d'cftre en-
fans de Dieu, &: qu'ils fe glorifient du nom de
fidèles, toutesfois qu'à la vérité ils ce font pas
dignes que Dieu les aduoue de fa maifon , Se
qu'en la fin ils feront reiettez quand ils aurôt
occupé place fous ce faux titre , & qu'ils au-
ront abufé ainfi mefchament du nom deDieo,
qu'il faudra qu'il les bannifle, comme nous a-
uons défia parlé d'Ifinael . Voila donques ce
qui eft entendu en ce^ deux Pfcaumes que no'
auous alléguez : c'eft afçauoir que pour Tn
temps il fe pourra faire(c5me nous le voyons
tous les iours) que ceux qui habiter au temple
de Dieu,& qui font des domeftiquesdc la foy,
feront malins & peruers, que quant à Dieu on
verra qu'ils le mefprifent, &■ quant à leurs pro
chains,il n'y aura que fraude & malice, ou vio
lenccs,rapines,& cruautcz:on verra cela. Ce-
pendant ils ne laiflent pas de s'auancer comc
ceux qui feroyent les plus prochains de Dieu:
mais cela ne peut durer toufinurs, qu'en La fin
il faudra que Dieu fepare les boucs d'auec les
agneaux, & qu'il monftre ceux qui font fiens À
Ja vérité. Et ccfte doûrinc s'accorde aflez à ce
Gg.i.
4iS
SERMON XV.
queditici Tainâ: Paul. Oren'fecondlieunons
▼ oyoni qu'il nous exlionc de nons purger de
toiues ordures des malinsafin que no' nek-or
refleniblini'". pomt.E: pourquoy ? Car fi nous
fomme^ uiefle?. en leurs pollntions,Dieu nous
Jettera en oppr :;bre . Si nous voulons donc e-
ftrc honorible.v en Con Eglil'e, il faut que no'
«'ayons point feulement le titre exterieurde-
lunt les homme!-, mais il faut que nous rcfpon
dions en cffett à noftre vocation, que nous mô
ftrions que ce n'eft pav en vain que Dieu nous
a'choilis à l'oy. Oi" cependant retenons ce qui
eil icidit.Q^ s'il y a des melcha> méfiez par
ini les bons, qu'il ne faut point que cela nous
trouble outre melureicorame nous en voyons
qui font tant délicats, que s'ils peuuent noter
qu'il y ait des vices en l'Eghfe.&r que la refor
nation ne foxt pas telle, ne iî parfaite comme
il feioit à l'ouhaiter.Et c5ment?Eft-ce ci l'E-
glikde Dieu ? Et s'en veulent fcparer, & leur
fenible qu'ils fe poUueroyent s'ils fe tenoyét
en la compagnie de ceux qui ne peuuent du
tout corriger les vices qui font entr'eux. Or
ii eft vray que nous deuons auoir vn zcle ar-
dent à dechafler les fcandales du milieu de
nous tant qu'il eftp ofsible.chacun fedoit ef-
- forcer à cela:que fi nous voyons quelque mal,
qu'il foit purgé , qu'on le retranche, & qu'on
aille au deuant bien vide , & qu'on ne fouffre
point qu'il croiffe par trop. Nous deuons dôc
cftre tous zélateurs à ce que le temple deDieu
demeure en fa pureté ; mais cependant il nous
faut foufFrir beaucoup de chofes q«c nous ne
pouuons oftei:& quand nous n'y pourrons do
ner remède , gemiflons . Qupy qu'il en foit,
nous n'auons point occalîon de nous aliéner
de l'Eglifede Dieu , fous ombre que tous ne
cheminent pas comme ils- doyuent . Et pour-
quoy? En vue grande inaifon, fi on entre ei> la
cuiùne , on ne fe fafchera point iîon voit là
des vaiffeaux à l'abandon qui ne foyét gueres
honneftes?Et pourquoy'Car cen'efl pas corn
me fi on les vouloit mettre l"ur vn buffet , ou
furvne table pour parement: ils ibnt làdefti-
nez feulement pour y ietter les ordures &leî
puantifes, cela fert mefmes à l'hônefteté de la
maifon . Et fi vn homme eftoit R chagrin, que
pour cela il vouluft tout quitter, pour dire, le
n'entreray iamais en celle maifon-la.d'autant
que l'y voy là des vailleaux qui ne lèruét qu'à
recueillir les ordures:vn homme (di-ie)fera-
il lî infcnfc de fe defpiter pour cela ? Mais au
contraire, il verra qu'on prend peine à ce que
il foit mieux traitté.Q^nd donques nous ver
rons qu'en l'Eglige de Uieu il y a de tels vaif
féaux, que nous ne foyons point fafchez pour
nous en eflongner, mais continuons noftre
train. Or cependant faincl Paul notamment a
ici voulu exprimer que les mtfchans, combien
qu'ils tafchcnt à faire que le nom de Dieu foit
en opprobre & deshonneur , ne laiircnt point
de feruir à fa gloire en dcl'pit qu'ils en ayent.
Et pourquoy?Dieucôaertitleurraal en bien.
Voila donc des mefcliâns.G on les regarde.on
dira de prime face qu'ils font faits pourdef-
honorer Dieu, pour anéantir fa maiefté, poar
abolir fa iufiicc, pour renuerfcr tout ordre, à
ce qu'il ne foit plus cognu au inonde , il elt
vray qu'Us tendent à cclic fin-la , & le diable
les y pouflermais.cependant ils ne laiffent pas
d'eftte vaiflcaux:c'eit à dire, Dieu trouuera le
moyen de s'en feruir, en forte qu'il en fera
glorifié. Non pas que cela les excufe, ne qu'ils
le puilTcnt aufsicouurir d'vn tel fubterfuge,
& ils ne l'ont point fcrui : car leur intentioa
n'cltoit pas telle:mais quoy qu'il en foit, fi eft
ce que Dieu s'en feruira. Etde noftre codé, (î
nou> ne pouuons nous conformer à la proui-
dence de Dieu , ne penfons point eftre excu-
fcz en nos chagrins.fi nous alléguons, Et voi-
re,le voy ici tout cftre confus. Attendons que
noftre Seigneur reforme ce qui eft mainte-
nant desbauché . Mais quoy qu'il en foit, que
nous foyons refolus qu'en dcfpit de Satan,
Dieu ne laiflera pa, d'eftre glorifié . Au refte,
apprenons de prattiquer celte dotlrine , c'tii
quand noHs voyons qu'au milieu de nous il y a
beaucoup de pouretez , & que les fcandales ne
font pas réprimez comme ils deuroycnt,"qu'iI
n'y ait pas vne telle honnefteté qu'il feroit
requis, mais qu" les diflolutions foyent per-
niiies , qu'on ferme les yeux pour ne veoir
goutte , ou bien qu'on difimule beaucoup de
choies,qu'il n'y aitpas telle rigueur &feueri-
té pour tenirles gens en bride comme il fe-
roit à ibiih.i ter : quand ("di-ie ) nous voyons
cela, il nousfiut gémir, & s'il eiloit en nous, il
f.uit mettre peine d'y remédier. Mais cepen-
dant fi ne faut-il pas que nous cuidions que le
règne de Dieu pourtant foit ruiné, que noftre
Seigneur lefu'. Chrilt n'ait plusde vertu, que
fou Eglife perifle, & qu'elle s'en aille du tout
dil'sipee : il ne faut pas que nous tombions en
telles fantafies, mais pluitoft fçachons , com-
bien que les mefchans desfigurent Ja beauté
de l'Eglife de Dieu,& qu'ils la ibuillent &'pol
luent entant qu'en eux eft, fi eft-ce toutesfois
qu'en la fin Dieu ne lailîcra pas d'eftre glori-
fié,qu'il faudra qu'il les amené à leur fin, quad
ils auront eu la vogue , qu'ils auront fait de
grans troubles. Dieu (e mouftrera leur iuge,
& nous ferons confcrmez d'autant plus . Mais
cependant ayons patience, &: cognoiflbns que
Dieu eft vn ouuricr admirable , & qui a des
moyens exquis par lefqucis il fçait bien eftre
glorifié, tant par le diable que par les mefch ïs.
Il eft vray que le diable ent.ît qu'en luy eft l'a
monftrera toufiours ennemi mortel de la gloi
rede Dieu.&tafcheradela mettre f l'Ie pied.
Mais a-il tout fait ? Dieu conuertit le mal en
bien . Ainfi en eft-il de tous les mefchans qui
machinent &prattiquent pour mettre tout en
confufion , pour faire qu'il n'y ait plus de
Dieu qui règne fur nous , que la mémoire de
fin Nom mcfines foit comme raclée : rtiais
quand ils ont fait du pis qu'ils ont peu, fiefl^
c e
SVR LA II. A TIMOTH.
4'9
*e qu'ih ne la'ffcnt point d'cftre vaifleauv. Ec
de ùid.laiiid Paul au ncufienie des Romains,
combien quM Jeduile vn propos plus gênerai
qu'il ne tait ici .monilrê bien que les reprou-
«ez , non feulement ceux qui Font profefsion
dVitre Chreftiens,rBais ceux qui ibnt ennemis
nianife/les de l'Euangile , qu'encores ceux-là
font vaiflcaiix &inftrumensde Dieu,aufquels
il fait reluire fa gloire, combien que leur inten
«ion ne fort pas telle, mais qu'ils tendent tout
«11 rebours, & qu'ils y font traînez. Sainét Paul
parle là en commun tant de ceux qui iamais
n'ont côttlTéde Dieu,& n'ont point l'ait fcm-
blant d'cftre de fes domeftiques , que des hy-
pocrites qui auoyent quelque apparence de
bien pour vn temps, iulques à ce que Dieu les
defcouure : car il dit que tous font fes inftrii-
mens. Voila vn mefchant qui ne demande qu'à
mefler le ciel & la terre : touttsfois il eu en la
mam de Dieu, & faudra quand Satan l'aura
tien tracafle de cofté &: d'autre, & qu'il aura
femblé qu'il doyue faire mons & merueilles,
que Dieu monftre qu'il l'a tenu en bride & fu-
iettion, & qu'il luy a ferui d'inltrument. Il eft
vray que les mefchans ne font pas conduits
par l'Èfprit de Dieu à mal-faire , & ce feroit
vn blafpheme de parler ainfi : car l'Efprit de
Dieu nous côduira à toute iuftice & droiture:
mais quoyquele diable pouffe ainfi les mef-
chans,toute^fois Dieu domine par delïïis, voi
red'vne façon qui nous eil mcomprthenlible:
mais tant y a qu'il fçait vfer des mefchans , &
les appliquer à fon feriMce, en telle forte que
fa gloire fe monftre aufsi bien en ccft endroit.
Puis qu'ainfi eft donques, apprenons quand il
y aura desfcandalescn l'Egliied'eftrcpatiés,
non pas pour nourrir le mal: car(comme l'ay
défia déclaré) il faut qu'vn chacun en fon en-
droit.^ felonfacôdition mette peine quel'E-
glife foit purgée de toute ordure. hUw quand
il n'eft pas en nous de mieux faire , après que
nous aurons foufpiréS: gémi, que nous atten-
dions en patience que Dieu vfe du mal,& qu'il
le tourne à bonne fin. Et cependant retenons
ce qui en eft ici prononcé, c'eft afçauoir que
les mefchans font vaifleaux, c'eft à dire, qu'il
fautqu'iK foyent contraints deferuir à Dieu:
il n'y a nerfs en eux qui y tendent , mais Dieu
les fçait bien corne tiainer par force, & en dif
pofe par fon confeil qui furmonte tous nos
iens : tant y a qu'ils valent en la maifon , non
point à hôneur, mais en telle forte, que cepen
dant le mairtre demeure toufiours en fon en-
tier, que le nom de Dieu ne laifle pas d'cftre
toufiours glorifie, q ce n'cft point pour amoin
drir fi iufticc, fa fageffe, fa vertu & bonté. Voi
la donques Dieu qui demeurera toufiours en
fon entier , combien que les mefchans foyent
méfiez parmi les bons. Voila (di-ie ) comme
nous auon^ à piattiquer cefte doctrine. Or ce-
perdant fainct Paul adioufte , Que f cjuelqn'yH
fe nettoyé de telle tfpece. ejn'il fer.t t» ra-'ffeau
hoaorabk.V oiçi la fecôde parue i* ce que nou»
auons touché . Car il a efté dit que fainct Paul
en piemier lieu veut obuieraux fcandales qui
nous tempeftent & nous tourmentent beau-
coup : quand nous ne voyons pas l'Eglifede
Dieu fi bien reformée comme nous defire-
rions , nous eftmrons tout eftre perdu , & que
Dieu ne règne plus au monde. Non, dit famâ:
Paul , il ne faut pas qu'on fe defconforte par
trop, mais qu'on attende en patiéce que Dieu
face feru'.rà fa gloire la malice des hommes:
car l'ilTue fera toufiours bonne , moyennant
que nous foyons conftans pour n'eftre point
esbranlez qu.H tout fera confus en ce monde.
Or cependant fi ne faut-il pas que conuerfans
parmi les mefchans nous foyons conformes*
eux, que nous loyons de leur ligue, mais il nous
en faut cftre leparez. Et notamment il eft dit.
Si qnehjii^yn fi nettoyé de cefte efpece, Sainft
Paul ne dit pas iîmplemét. Si quelqu'vn fe pur
ge, qu'il fe dédie à Dieu: mais il dit qu'il nous
faur purger de ceux defquels il a fait mention.
Et c'eft vne chofe difficile de cheminer par
la boue & par la fange qu'on ne fe crotte , &
quand on ira en vn lieu inleft, fi on n'en tire
nulle tache , ce fera beaucoup. D'autant plus
donques faut-il iious foliciter, que quâd nous
conuerferons parmi les contéptcurs de Dieu,
parmi les gens dilTolus &les hypocrites, qire
nous aduifions d'eftrepurs &nets: car il n'eft
rien plus aifé que de nous enuelopper en ces
pollutions cômunes,& en eftre infeûcz.SoyoS
donques lur nos gardes, dit faind Paul. Or ce-
ci n'a pa< efté pour vn temps, il nous doit fer-
uir iufques en la fin du monde. Apprenons don
quts, combien qu'il y doyue auoir quelque po
lice en l'Eglifc- pour chaftier les fautes, pour
tenir le peuple en la crainte de Dieu.cSf en vie
honneile : toutesfois que nous ne lailTerons
pas de vcoir beaucoup de chofes qui nous fe~
royentnuifiblcs ,&• qui nous pourroyent de—
ftourncr du bon chemin , fi nous n'eftions vi-
gilans poumons en preferuer. Combien don-
ques qu'ilnous faille eftre conioints autc les
mefchans &' pcrucrs qu:int à la vie prefente,
iufques à ce que nous foyons fortis du mon-
de, toutesfois mettons peine à nous purger de
leurs ordures ; & combien que Satan ne de-
mande lînon à mefler tout, que de nçftre co-
fté nous prions Dieu qu'ilnous retire, & qu'il
nous garde par fon fainft Efprit en toute pu-
reté, à ce que i"a uiftice reluife S< règne touf-
iours en nous. Voila donques ponrquoy fatn<3:
Paul a ici exprimé qu'il nous faut nett^^yer
de ceux defquels il a efté ràit mention : com-
me s'il difoit, qu'il n'y aura nulle excufe, coiQ
bien que nous ayons àcôucrfcr auec eeux qui
nous vondroyent mener en leur compagnie,
que nous cuAions vne communauté auec eux
quant au ir.al : toutesfois fi ne faut-il pas que
nolis foyons conformes à eux : car Dieu ne
nous a point farflifez en vain, quand il luy a
pieu nous dioifir à foy. Or maintenant f.iin£t
Paul dit qu'il nous faut nettoyé» : non pas qus
Cg.ii.
4£0
SERMON XV.
Bxe.jg.
cefte vertu foit ei» nouc,taais d'autan: q Dieu
veut que chacun trauaille pour s'adéucr à l'on
feruicc. Aucuns fous ombre de ce mot, ont vou
lu conclure qu'il eftoit ea nous de taire que
TOUS foyôs eleus Se predeftiiiez de Dieu: mais
c'eft renuerfer tous les fondemens denoftre
foy : & celte beftifc eft trop lourde , de dire,
Il nous faut fcparer d'auec les mefchans , ff
nous voulons que Dieu nous elife . Car c'eft
autant comme qui diroit que deuant que nous
fiilsions Hais.deuît que le monde ait elle créé,
il nous a talu préparer à ce q nous fufsiôs di-
gnes de Padoptiô de Dieu. Dieu donques qui
nous a eleus deuant que le monde fuft tonde,
n'a pas regardé à aucuns mentes. C'eft don-
ques vne beftile trop fotte,& qui n'eft pas di-
gne qu'on en parle beaucoup. Les autres aufsi
ont voulu eftablirlet franc arbitre.difans que
il nous eft ici commandé de nous nettoyer; il
f*ut dôquetque cela foit en noftre induftrie.
M«iis telles gens monftrent aflez qu'ils font
par trop grofsiers & ignorans, qu'ils font par
trop mal exercez en l'Efcriture fainde. Car
uL'înd Dieu nous monftre quel eft nollre offî
ce & noftre deaoïr , il ne dit point que cela
foit en noftre faculté, ne que nous le puifsiôs:
mais il nous exhorte àfaire ce qui eftbon.Or
cependant il ne laifle pas de befongner en
nous, voire d'autant qu'il voit que nous defail
ions, Si que nous n'auons point le moyen de
nous acquitter enuers luy. Apprenons don-
ques en ce partage, qu'il nous taut purger afin
que nons ne foyons femblablesaux mcfchâs.
Voire, mais Dieu dit par Ezechiel qu'il en-
uoyerades eaux nettes& pures , & que nous
en ferons lauez: c'eft à dire fon fainâEfprit.
Il nous eft donques commandé de noui net-
toyer.Mais Dicumonftre que cela eft en luy,
& qu'il procède de la pure grâce de fonfaintl
Efprit.Èt pourquoy donques eft-ce que fain£t
Pauls vfédecelangageïCombien quepoftre
Seigneur face tout le bien qui eft en nous , ôc
qu'il n'y ait riendenoftremouuement natu-
rel,toutesfoisd'autat qu'il ne befongnc point
comme endcs troncs de bois, mais qu'il nous
donne la volonté, qu'il nous donne auf>i l'af-
feftion & la force, à ce que nous combations
contre tous empefchemens, voila pourquoy
il nous attribue ce qui eft fien. Car il le fait
tellement en nous , qu'il femble que nous le
facions. L'homme fidèle donques trauaillera,
Voire auec grand' peine & difficulté à fe pur- des Romains)cela eft cjuafî cotre nature:c'fft
perflues. Voila donquM qiiïBt i ce mot , où
iainit Paul dit qu'il nous faut nettoyer. Or
ccpédant il dit , Afin que nous foyms y^iffeaux
en l>cHiuur,frofres i [vfage du maij}rf,tir adon-
nera bonnes ccuures. Quand il parle des vaif-
feaux d'honneur, c'eft pour monftrer qu'il ne
fuffit point que nous ayons place en l'Eglifc
de Dieu, & portions le nom de Chrefticns,
finon que nous foyons comme feparez. Il eft
vray que tous ceux qui font baptilez, tout
ceux qui participer à la Cène de lefus Chrift,
S: qui fe méfient parmi les fidèles , fontdelu
feparez d'auec les incrédules : on ne dira pas
, qu'ils ioyent Turcs ne Payens: mais tant y a
qu'il nous taut cncores tftre mieux fanîtifiez,
& d'vn degré fecond &plus haut : c'eft que
non feulemét nous ayons la marque exterieu
re.non feulement que nous mettions en auâc
noftre Bapteime, & que nous facions quelque
profefsion de vouloir feruir à Dieu.mais que
noftre vie approuuc que vrayeraent nous font
mes enfans de Dieu, que quand nous fommes
gouuernez par fon fainft Éfprit,que cela auf-,
iîno' tefraoigne & certifie noftre adoption.
Voila donc l'intention de fainû Paul , quand
il dit qu'il nous faut eftre vaiflèaux en hon-
neur.Et pourquoy? Car il fe pourra bien fai..
requ'eftâsen l'Eglife de Dieu,voire des plus
auancez, enlafin nous ferons iettezlà com-
me vn pot cafle,que nous ferons delaillez cô
me vn vailTe.iu de bois , qui ne feruira plus ^
rien qu'à eftre du tout inutile. Voila dôcrif-
fue des hypocrites qui fe vantent d'tftre du
rang ^compagnie des enfans de Dieu: com-
bien qu'ils foyent vaiflcaux à la verité,& que
Dieu s'en férue , fi ne liillcnt-ils point d'e-
ftre en opprobre , & Dieu les amènera à leur
côfufion. Ainfî donc auifons bien d'eftre vaif
féaux honorables, non point feulement pour
auoir la marque extérieure & temporelle , i
ce qu'on nous repute enfans de Dieu , mais
que nous foyons choifis, que nous foyons re-
tenus pour fon héritage perpétuel,* que par
ce moyen nous approchions de noftre Dieu.
Et voila aufsi comme non feulement nous fe-
rons raiffeaux d'vne maifon, mais nous ferôs
railTeauxdu temple pour feruir à faire les fa-
crifices&oblations fainâes , tellement que
Dieu feraferuiiSc honoré par nous. Car qiisd
Dieu eft glorifié par les mefchans (ainiî qu'il
eft parlé de Pharao , tant en Exode, qu'au s.
P/«.:
ger des ordures du m5de,afin de n'eftre point
infcûé delà Oorruption des mefchans : nous
mettrons donques peine à cela auec grand
c5bat:mais c'eft Dieu qui nous y poulTc, c'eft
îiiy qui nous donne la vertu:biiet,il nous don
ne le vouloir ,&l'execution , (comme fainft
•'3 Paulen parle)&le tout par fa bôté gratuite.
Mais d'autant que nous ne de«5s point eftre
oi(ifs,ce n'eft point fans caufe<juc nous fom-
mes exhortez crmie nous le voyons en ce paf
fagc: & telles exhortations ne font point fu-
comine qui tireroit le feu de l'eau.Et de tait,
il faut que Dieu(côme défia nons aii5sdit)fa
ce miracle, quâd il fait feruir à fa gloire la ma
lice des homes : car elle tire tout au rebours,
il eft certain. Voila dôc vn ouwrage q eft d'vn
artifice trop grâd Si trop haut pour le côpren
dre:& ainfi nous ne pouuons pas dire (i par-
ler proprement ) que les mefchans glorifient
Dicu:itiais nous leglorifions qii.id nous fonv-
mcs dédiez à luy, que nous ne demandons iî-
non que fon nom foit honoré. Or cela fe fait
quand
SVRLAlî. ATIMOTH.
I/4.fl
h
3nin<i nous lny fommcs t rais enfant-, que &
e corps &d'ame nous tafchons de nous ap-
pliquera fonvfage.Or maintenant regardons
fi Dieu ne nous a point appelez à cela. Mais
qui plus eft, il ne du pas feulement que nous
fommes vatflèaurde Ion tcple, mais que nous
forames Sacrificateurs qui les portons. Voila
donc Dieu qui nous fait celt honneur de fe
vouloir feruir de nous comme de vaifleaux
honorables, dédiant nos corps & nos âmes à
fon leruice : mefmes il veut que nous foyons
vaifleaux de fon temple, pour élire appliquez
atout ce qui peut (eruirà famftetc , afin qu'il
règne au milieu de nous.Q^iand nous voyons
cela, d'autât plus nous faut-il efforcer à nous
fanûifier, comme il en eft parlé au Prophète
U Ifaie, Nettoyez-vous qui portez les vaiffeaux
du Seigneur.Et puis nous fçauons corne Dieu
a commandé eftroitement que les vailTeaux
fuflent bien purs&nets,& défendu qu'on n'y
meslaft nulle pollution. D''autant donc que
nous fommes les vaifleaux du temple , nous
fommes les porteurs d'iceux, & les gardiens,
aduifons de nous dédier àPvfage de noilre
Dieu, voire à vn vfage honorable. Puis aufsi
que nous forames les temples de Dieu chacun
denou'î,&tousenferableen c5mun, que nous
aduifîonsde nous maintenir en toute pureté.
Voila donc comme nous auôs à prattiquer ce
qui eft ici touché par fainû Paul del'vfage
honorable. Et afin que nous fçachionsquece
que i'ay allégué du Prophète Ifaie, nous ap-
partient &s'addrelTe à nous.appliquons àno-
itre vfige ce que fainâ: Paul nous remonftre
au fixieme de la l'econde aux Corinthiens. Là
ilamonilré quec'ellà nous que le Prophète
Ifaie a regardé aufsi bié qu'aux Sacrificateurs
anciens. Et pourquoyfCar nous auons les pro
méfies, dit fainft Paul. Puis qu'ainiieft donc
que Dieu nous fait cert honneur de nous rece
uoir pour vaifleaux de fon téple, mefmes qu'il
nous dédie à fon vfage , qu'il veut habiter en
nous par fonfainÔ Efprit , ne faiit-il pas que
nous foyon'^ purgez de toute orduie?Ce n'eft
pas raii'on que Dieu habite en vn lieu infeft &
poilu, il faut q fon domicile foit pur ic fainft,
que tout ce qui luy attouche & approchede
luy , foit fanftifié.ou autrtinent il n'approche
ra point de nous. Voila donc quanta ce que
fainâ Paul nous exhorte de nous l'anttifier, à
ce que nous foyons en vfage propre à Dieu:
non pas que Dieu neface feruir à fon vlage ce
que les mefchans auront fait tout au rebours,
mais(comme i'ay dit)cela eft par contrainte.
De noftre cofté,nous ne pourrons point eftre
propres pour feruir à noftre Dieu (qui eft le
Maiftrede la maifon) finon que nous foyons
vaifleaux d'hôneur, c'eft àdire(commeil ad-
ioufte pour déclaration) tiAdoneX. à toutes bon
nei auures. Voila donc comme nous ferons
propres pour eftre vaifleaux honorables. Car
(comme i'ay défia dit) tous ces desbauchez
Jont inftrumens defquels Dieu fe feruira;ie di
4it
les plus mefchans , les plus desbordez , qu'il
faut que ceui-la en la fin glorifient Dieu , ou
bien qu'il (oit glorifié en eux : mais tant y a,
pource qu'ils ne font pomt addoniitz à bien,
mais tirent pluftoft à mal, qu'ils ne demandent
qu'à violer laïuftice de Dieu, à rcnueifcr toa
te loy: brief.àmettrevneconfufionhornblc
en ce inonde, il faut que Dieu les tiene en bri
de,& alors il s'en fort à ce que bô luy fcmble.
Mais de noftre cofté , iî nous voulons eltie
propres pour feruir en bô vfage à noftre Dieu,
aduifons d'eftre addonnez abonnes amures,
c'eft à dire , que nous ne cherchions linon de
luy obéir , & de refpondre à fa fainûc voca-
tion : & alors nous ferons non feulement in-
ftrumens en la main de noftre Dieu, mais nous
luy ferons vaifleaux d'honneur. Et pourquoyJ
Eftans gouuernez par fon fainû Efpiitnous
ferons propres à fon feruice , c'eft à dire , de
noftre bon gré nous tirerons à ce qu'il foit
exalté, & ne tiendra pas à nous qu'en premier
lieu il ne foit ferui de nos corps & de bos
amcs.puis qu'il nous a appelez à ceft office,&
qu'il nous fait ceft hôneur de tious appliquer
à bon vfage pour eftre glorifié en nous. Voila
donques en fommc ce que nous auons à rcte-
nirde ce paflàge. Et pourtant afin de faire v-
ne briefue conclufion , apprenons de ne nous
point desbaucher,combien que le diable nous
mette beaucoup de troubles en aiiant i,& que
nous voyôs des vagues & tempeftes,q;ie nouï
voyons qu'il n'y a pas tel oïdie & police coin
me il (eroit requis, toutesfois que nous pour-
fuyuions noltre train, & que nous ne penfions
pas que cela derogue à la maicfté de Dieu,
mais prenons le cas que ce loycnt vailTeaur
d'ordure en vne grande maifon , car il faut
qu'il y en ait. Et cependant toutesfois ne pen
fons pas eftre excufez nous mtflans parmi tel
les pollutions, mais foyons tant plus vigilans:
puis qu'ainfî eft que Dieu veut tfprouuer Taf
feftion que sous luy portons , qu'vn chacun
face bon guet fur foy: &: quand nous voyons
les mefchans qui s''cfgayent,& ne demandant
qu'atout desbaucher, que nous tirions tout au
rebours: quand nous voyoui que les vices ré-
gnent , & qu'ils ont la vogue, &qu'vn chacun
ne demande finon de traîner <on compa-
gnon en ruine auec luy , recourons à noilre
Dieu.S: le prions de nous tenir fous la condui
te de fon Efprit , & que nous mettions peine
de nous conformer à cefte pureté de laquelle
fainâ: Paul parlejci. Et voyans que nous ne
fommes pas fuffifansàcela, mais outre noftre
débilité qu'il n'y a que corruption en nous,
prions Dieu qu'il nous enuoye les eaux pures, g
dont il a parlé par fon Prophète Ezechiel > & , . •
cognoiflons qu'alors nous ferons propres au ' ''
feruice de Dieu, quand nous ne demanderons
finon de nous addonner à fon obciflance, voi-
re d'vne franche volonté , & non point par
contrainte &par force : comme quand il eft
glorifié aux mefchans, airfi qu'il dit qu'il les
Cg.iii.
4ii
S E RM O N X V r.
a referiicz pour (â gloire, que nous cognoif-
fîons que cela ne vient point d'eux, mais que
c'eftd'vne prouidence admirable laquelle il
nous faut adorer,d''autant que Dieubclongne
li ben,qu'il l'çait tirer le bien du mal, tout ain
fi qu'il a conuerti les ténèbres en clarté, quâd
le monde a efté creé.ainfi que fainrt Paul auf-
fi vfedecefte fimilitude-la en la féconde des
Corinthiens.
OR nous-nous proflernerons deuant la
face de noftre bon Dieu encognoiflanccde
nos fautes, le pnans qu'il nous les face mieux
fentir, voire & afin que nous n'abufîons point
de fi. bonté, puis qu'il a voulu que nous foyôs
domeftiques de ù maifon , qu'il nous face la
grâce de le feruir en telle forte que nous foy-
ons feparez de toutes les ordures & les cor-
ruptions de ce monde. Et combien que nous
nepu;fsion> pas euinidu tout ce meflinge
d'iniqu'te qui ha la v )gue par tout, qu'il nous
conferue te.lemcnt que nou, ne ioyons point
paiticipans de la niaice des iniques, mais que
pluftoft nous aduifions d'en élire purgez , &
quel'Eglife de Dieu mefines s'en purge , at-
tendant que lefus Chrift apparoifle pour re-
ftaurerce qui eft maintenant confus ,& pour
amener les chofes à leur perfedi5,& qu'alors
il nous recognoifle vaifleaux honorables por
tans la marque de fon faindETprit ,afin que
par ce moyen nous foyons viuans à iamais
auec luy en la gloire qu'il nous a acquife , IZ
qu'il nous a appreftee au ciel. Qjje non feule-
ment il nous tace celle grace,raais à tous peu-
ples Si. nations de la terre,&:c.
NEVFIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
z i ¥uy aufsi les dejirs de ieHnejfe.mais pLJîoJ} enfuy iujlkeyfoyy
charité (f P^^^ '^^^^ ^^'^^ j^^ inuoquent de cœur pur le Seigneur.
zi Ef rciette les queflions qui font folles i^Xfins inJîruSlion .fâ-
chant quelles engendrent débats.
i4 Or ne faut il point que leferuiteur du Seigneur dehatcmais
au il fait bénin enuers tous, propre a, enfigner, portant patiemment les
mauuais,
25 'Enfignant auec douceur ceux qui refijlent , pour effayer
fi quelque fois Dieu leur donnera repentance pour cognoijlre la
yerité,
z6 Et qu'ils reuienent hors des Uqs du diable , ejîansprins de luy
afa yolonte.
I nous coguoifsions bien nos
I vices & imperfeftions , nous
aurions en tout aage occafiô
\ de nous humilier deuât Dieu,
I & noHs defplaire, & cftre fur
' nos gardes, veu qu'il ne faut
' rien pour nous faire trebuf-
«her. Car quand nous aurons Ytfcu en ce
inonde lulques .r l'aage de trente ans, encorcs
que Dieu nous ait fait la grâce d'auoir fa pa-
role,qiie nous ayons eu moyen"; propres pour
BOUS inllrtnrc, & aufsi que nous ayons eu bon
ne arîection pour y tendre , encorcs ne fom-
mes-nous poiat toimez ni polis. Or auons-
nous palle ctllaage-la? Nous commençons à
décliner , il y a d'autres vices contraires qui
fucctdcnt. Si donc on prend vn homme en û
ieuneffe, il ne fera pas encores du tout façon-
né:lî toft qu'il a pafle ce temps-là , il com-
mence à entrer en d'autres vices. Briet, U n'y
a ne leunes ne vieux qui nedoyuent tlhead-
moncllez de s'humilier pour cognoiftre Jès
vices, & cependant mettre peine de cheminer
en forte ,que s'ih y a du mal en eux ,pour 1«
moins qu'il n'y domine point. Et en cela nous
en auôs vn exemple bien notable en celle ex-
hortatio de S. Paul. Si iamais U y a eu home ex
cellent,Timothcea elle du nôbiedeceiix-laà
qui Dieu aiuiit tendu la main pour les mettre
en fon Eglitc comme miroirs de toute vertu:
nous fçauôs le tcfmoignage qm luy eft doné.
Or cepédant nous voyôs ce qui luy eft ici ie«»
mollit par S.Paul.Qw ilfoyf /' J cocupjfc.irces
deieiintfj'e.Ct n'eft pa^qu'ilfoit cômcv nicune
garç5devingtans:cardciia ilauoitellé cxeice
à pfchcr la parole deDieu.il cftoit Docleur no
ûulc
SVR LA IL A TIMOTH.
feulement d\ne Eglife, mais de la région cir
eonuoifine : comme nous fçauons que faina
Piul l'auoit ordôné non feulemét pour prel-
chev en vnlieu, maisauf-ii pourauoirefgard
de loin, afin d'admonefter les Euefques , &
tous ceux qui eftoyenten charge pareille à
luy . Voila doc vn hamme qui a défia du téps,
& eft aflez meuri: d'autre part Dieu Ta choi-
fi d'entre les autres , comme nous auons veu
par ci deuant : & mel'mes il auoit receu des
dons finguliers : non feulement il yauoitla
doâxine en luy & prophétie, mais aufsi la vie
refpondoit , il auoit vn ijrandzele d'auancer
l'honneur de Dieu-.bnet,il eftoit en exemple
à tous. Si eft-ce qu'il a beloin encores d'e/lre
reprimé, &que laindlPaul l'aduertiffe qu'il
veille bien , afin qu'il ne fe laifle point aller
hors des gons quclqiie fois , & qu'il y ait des
bouillons de ieunelfc. En quelaagefllfaloit
qu'il euft plus de tréte ans. Maiï(comme l'ay
dit) l'Efprit de Dieu par la bouche de fainft
Paul nous a ici voulu raonllreren la pcrfonne
d'vn homme , quand nous aurons profité en
l'efcole de D:eu , que nous ferons gouuer-
nez par Cin fainft Efprit.que nous aurons mis
peme par longue efpace de temps ,. ce faire,
qu'encores ne ferons-nou' point du rout for
mez ni polis. Et mefines quand nous venons
iufques à l'aage de quarante ans , montrons
nous que nous loyôs deuenus hommes?N.ius
ferons prefts à refilter à tout ce qui nous fe-
ra monftré , & fur tout quand ;1 iera queftion
du feruice de Dieu, il y aura toi.:fiours dei fu-
mées &• des bouilljns. Par cela (comme l'ay
dit ) iufques à tant que nous ayons commen-
cé à décimer , toufiours nous ferons rude &
mal polis:il faut que Dieu rabote toufiour<:,
& qu'il nous dône quelque coup de marteau,
ou bien qu'il trauaillc à nous polir, ou autre-
ment il y aura toufiours beaucoup à redire.
Or cependant nous venons à décliner deiiant
que Dieu nous ait mis comme en eilat paifait
de le feruir , le di entant que peut porter en-
cores Pinfirmité des hommes : mais dcHant
que nous foyons venus en ceft eftat moyen,
nous fommes défia comme à demi calTfz. Et
ainfi apprenôs de ne point prefumer de nous,
&de n'eftre point envurcz de fierté ne vaine
gloire, voyans qu'il y a toufiours à redire.De
ce qu'il eft ici notamment parlé des ieunes
gens, qn'vnchacun regarde à fov, combien il
s'en faut qu'il ait vne telle lainâeté & perfe-
ftion que Timothee. Si donc les icunes gens
font de bon efprit &alaigrc,ils peuuent auoir
vne ardeur qui les efchaulfe à beaucoup de
folies : ils n'ont point encore? l'v fage & l'ex
perience pour auoir acquis prudence : il' ne
preuoyent point le* ch fesde loin , que rien
ne leur courte , ils f_,n;hardis & téméraires:
après, il y aencorcs d'autres vices beaucoup.
Il eft vray que, fainû Paul ne parle pas ici de?
concup-fcences qu'ont les ieunesgers qrand
ils font addonnez à diffolutions > qu'ils font
desbauchez en leur vie , les vns paillars , ïex
r.utres loueurs, les autres yurongnes : cela e-
Itoitbiin fuperflu en la pcrfonne de Timo-
thee , qui elloit pour inftruire & endocflri-
ner les vieux (comme nous auôs veu)& Dieu
l'auoit côftitué là, qu'il vouloit qu'il fuftprin
cipalement pour endoûriner ceux qui pcu-
uoyent eftre fes pères quant à l'aage . Voi-
la donc vn homme qui n'a nul befoin qu'on
le retire des folies de ieuneffe : mais ii eft-ce
qu'il n'eft pas qu'il ne tiene encores de l'aa-
ge, comme noftre Seigneur lefus pour humi-
lier les fiés ne les parfait pas du premier lour,
mais les lailTe là trainer vne ïambe, ou vnt ai-
le,afin qu'ils apprenêt degemir& s'humilier,
qu'il ne leur fcmble pas qu'ils puiflcnt fe glo
rifier,qu'iln'y ait pour leur faire honte. D'au
tant doc que noftre Scgncur laifle toufiours
quelques imperftftions à ceux aufqucls il a
fait grand' grâce, voila pou.-quoy Timothee
eft ic! admonefté de fuir les cupiditez de ieu-
nefle.Que fera-ce donc de ceux qui l'enfui-
uent de loinrEncores(coinHie nous auons tou
ché)que Dieu mette vne telle mefnre en eux,
lî eft-ce qu'il y peut auoir des bouillôs touf-
iours , & faut qu'ils cognoiflent qu'ils n'ont
point encores l'vlage pour eftre piudéscom
me il ieroit requis, qu'ils n'ont point de gra-
■iiité , qu'il leur coule beaucoup de choies de-^
uantles yeux qu'ils n'apperçoiuent pas. qu'ils
ont vne feiueur qui les trarfporte par trop:
ils ont auf'i vne audace qui eft exceisine, que
ils fe fiét trop d'eux-mefmes,rien ne leur cou
fte. Q_i?e les leunes gés donc cognoiflent que
ils font exhortez en la pcrfonne de Timo-
thee àfe dciiiettre,&: qu'ils clumirét en tou
re modeftie: carc'eft la propre vertu des en-
fans & des ieunes gens , de fe laifler gouuer-
ner, cognoiflans qu'il' ne lonr point encores
capables de iuger de tout ce q feroit belbin,
& qu'ils n'ont point côfideration des chofes
qui leur feroyét propres. Si cela n'eft aux ieu
nés gens, toutes les vertus qu'ils pourront a-
uoir, feront conuerties en vices, voire qu'el-
les feront detcftables , qu'il ne faut que ccfte
leule tache & macule pour corrompre tout le
bien qui fera en vn ieune homme , c'eft afça-
uoir quand il fera fi prcfomptueux qu'il ne fe
voudra point rager pour efcouter & receuoir
paifiblement ce qu'on luy dira. Puis qu'ainlî
eft dore, que les icunes gens ayent celK mo-
deftie en recômandation fur tout. Car il ceux
qui cheminent hôneftement.qui ne font point
desbauchez en leur vie, ni d'IT) lus, ont belbin
d'auoir telle admonition, que fera-ce de ceux
qui font des veaux desbridez? On ne voit que
toute intempérance en eux : de;, frians , des
yurongnes , des.coutempteurs de DieuX: de
toute religion, des petis paillaf.Ccux-la dôc
n'ont pas (fulement befoin d'tftre irprimez
d'vne telle exhortation comme fainfl Paul la
donne ici .\ Timothee, mais il faudroit quali
qu'ils fudeet enchaînez, p.'r manière de diie.
Gg.iiii.
4^4
SERMOM XV r.
Toute^foison roît auiourd'huy vne corru-
ption fi énorme au monde, qu'on pourra eftre
trompé en vne grande partie des leunes gens.
Car ou eft l'humilité , qu'ils lé laillènt con-
duire, &qued'eux-mefines il^ayét ceftaduis
de fe réprimer ? Q_ue lî Dieu y a mis quelque
petite vertu, les voila tant outrecuidez qu'on
ne leur peut iamais porter vn feul mot de cô
feil qu'ils veulent receuoir, & qu'ils i'urmon-
teront en fagefle les plus anciens, ce leur fem
ble. Quant aux autres, ils font tellement def-
bordez en leurs folies & diflolutiôs que c'eft
pitié, on ne peut aborder à eux, ils font pleins
de fierté : que fi on leur apporte vn feul mot
de remonftrance , incontinent â grincer les
d(nts,àdefgorger leur venin, ou àdrefler in-
iures & outrages non feulement fur ceux qui
pour l'aagedeuroyét eftre prifez d'eux, mais
il n'y aura ne père ne mère qui foyentefcou-
tez:les Pafteurs n'auront nulle reuerencequi
fou. Nous voyons donc vne ieunelTe fi perdue
que les cheueux nous deuroycnt drelFcr en la
lefte.Or le di en vne grande partie:niaii> tant
y a qu'ici tous ceux qui ne font eiicores allez
meuris cS^: façonnez , doiuent cognoiflre q^le
Dieu leiirdonne vn bon remède, quand il con
damne les bouillons de leunefle.les conuoiti-
fes exorbitantes. Et pour celle caufe.que tous
cognoiflent que c'ef} à eux que ceci s'adref-
fe. Car ils ferôt bien enragez s'ils s'accompa
rent à Timothee: & encores qu'ils fuflentcn
pareil degré, toutesfois le laiiA Efprit ne laif-
fe pas de monftrer qu'il y a encores à redire
en eux. Or ik font beaucoup plus imparfaits.
Qji^ils penfent donc que tant plus k- doiuét
ils efForctr à mettre peine de reprimer ces
excès de ieuneffciSc celle ferueur dont ils fe-
loyent tranfportcz:qu'iIs mettét de l'eau par
jni le feu de leuraage , tellement qu'on voye
,que confeil, raifon,& prudence, dominent en
tux. yoilace que nousauons à retenir de ce
paflage. Et au re/le , fi ceci eftdit aux leunes
gés, par plus forte raifon ceux qui font défia
vieux doiuent auoir honte quand ils feront
encores trop ardens,& qu'il y aura des excès
en eux , qu'il n'y aura nulle granité ni modé-
ration. Si l'aage qui efl fuiet à ce vice de trop
grande colère , n'excufe point les hommes,
»jue fera-ce quand on eft vieil , & qu'on doit
défia auoir pafle tous ces efcarmouches-la,
fi touflours on demeure tel.&r qu'on ne fe cor
rige point? Ne voila point vne chofe deshon
nefte , & quafi contre nature? Il eft vray que
fur tout il eft dit que les ieunesgeas ont be-
foin de la parole de Dieu pour dreflèr leurs
»oyes: non pas que les vieux ne foyent com-
prins en ce nombre-la:car ce n'eft point fans
«aufe que Dieu veut que nous profitions tout
le cours de noftre vie en la dodrinc qu'il no'
propofe. Les vieux donc doiuent bieneftre
efcoliers:mais pource qu'ils ne doiuent point
cltre nouices, il faut qu'iK- tnonftrent par ef-
ictl qu'ils ont tellement profité , que ce n'eft
point d'aiiiourd'huy qu'ils eommencent à le
m jdcrer & à fe tenir en telle grauué,que le»
bouillons de leunellc- ne régnent plus en eux.
Cepédant il nous faut aufsi reuenir à ce que
nousauons touché: que les hommes en quel>
que aage qu'ils viuent , cognoiflent qu'il y a
touliours à redire en eux. Car fi la vieillellc
ne tend point à colère, qu'il n'y ait point de
chaleur trop grade, qu'il n'y ait point de pre
fomption, qu'elle foitplus attrempee.elleap
porte d'autres incommodités grandes, telle-
ment que les vieilles gens peuuent bien dire.
Quand nous auons eiîé en fleur d'aage, nous
pouuions faire beaucoup de bonnes chofes,
mais nous-nous fommes trefmal acquittez, &
auôsmal employé noftre tcmps.Auiourd'huy
non; fommes à demi morts, encores que nous
allions & que nous fubfiftions par la grâce de
Dieu pour vaquer à ce que nous auons à fai-
re,nous fommes à demi caliez & rôpus.Brief,
nous voyons toufiours le proiieibe commun
véritable , Uunefle ne fçait , & vieillcfle ne
peut: que ceux qui cuideront eftre les plus la
ges, feront pleins de prefomption , &ne fça-
uent quel chemin ils ont à tenir. Ils font com
me des chcuaux qui ont eftc à demi formez,
ils fautiilent.i L courent ci & là, pource qu'ils
n'ont point apprins de fe laiffer gouuerner.
Voila que c'eft deç ieunes gens. Et au refte,
quâd ils commencent à bien goufter que c'eft
de vertu & d'honncftcté , alors ils ne peuuent,
c'eft à dire, la faculté & vertu décline. Voila
comme nous auons toufiours à nousdefplaire
Se nous humilier deuant Dieu:& qu'vn chacun
prene garde de près à fes vices, afin de les c5
damner,& en les con,danant que nous auifions
bien d'y reiîfter tant qu'il fera pofsible parla
grâce de Dieu. Or cependant fainft Paul met
ici les remèdes couenables pour corriger ce-
fte ardeur qui fe voit trop grade quafi en tous
ieunes gen^.Sny(dit-il):nfi:cf,itHec foy,charl—
té, (y faix aitec tous ceit ï tjui imtoijuet Je cœur
pur le Seigneur. Quand faind Paul parle à Ti
motheedefuiure iuftice,foy,& charité: en ce
la il nionftre que quand les hommes font def
bauchez,ou qu'ils font trop ferucns.qu'il y a
quelque intempérance & exces,que c'eft ligne
qu'ils n'ont point prins aflez de racine en la
foy Se en la crainte de Dieu, qu'ils ne regar-
dent point aflez à leur deuoir. Car ceux qui
monftrent quelque fuperftitlon , ou bien qui
ont zèle inconfideré , il eft certain que c'eft
d'autant qu'ils nefe recognoiflent point, &
qu'ils n'examinent pas bien ce qui eft en eux:
les voila doc comme elgarez.Et ainfi ce n'eft
vointfms caufe que fainA Paul nietcereme
de à l'oppofite de ce que défia il aiioit dit. Er
pourt.itfi nous voulons corrigerles vices qui
nous empefchcnt , venons à ce moyen que S.
Pau! môftre, c'eft afçauoir que nou<- cognoif-
fions que s'il y a de mauuaifes colères for-
mées en nous, voirc pource que nous n'auons
pointaflez profité à cheminer fongneufemét
en foy
s V R LA II. A T I M O T H.
4^5
en foy & en charité , que now: fortion? hors
des gons,(p.ir manière de <iire)que c'crt d'au
tant que iioftre confciéce n'eft point bien at
finee. Brief.côcluons quand les hommes font
ainfî excefiih , qu'il y a de la vanité en eux:
c'eft à dire,qu'ils /ont mal formez au dedans,
qu'ils fontvuides,& par cemoycn s'efgarent
& le laiflent tranfporter à leurs afFecbons.
Voila comme vn vice nous doit aducrtirde
l'astre : & quand nous aurons cognu tout le
mal , que nous venions au remède , ainfi qu'il
nous ei\ ici déclaré. Voila en fomme où fainft
Paul a prétendu, & le-proiît que nous deuons
recueillir de ce paflage. Viay cfl que Timo-
thee n'auoit point befoin d'eftre exhorte à
fuiure fjy & charité , il n'eftoit pas nouueau
encela(cômme nous auons déclaré) Se le tcf-
moignage luy en eft rédu par le faind Efprit,
qu'il n'eft pas Iculcment loué des hommes,
mais voici Dieu qui le prononce eftre excel-
lent entre les autres : il eft-ce toutesfois que
çncores fainft Paul le folicite à future droitu
re, charité, & foy. Puis qu'ainlî eft, cognoif-
i'ons que les plus auancez ne font pas encores
paruenus à leur but , ils font encores au che-
min pluftoft:& ainlî ils ont meftier d'eftre in-
citez. Et c'eft vn article bien à obfcruer. Car
quand nous aurons fenti quelque auancemét,
& que; nous ne lerons pas tels que nous efliôs
par le palTé, il nous feinblc que deiîa nous fur
montions qualî les Anges de paradis : & (i li
deflus on nous remôftre.c'cfl peine fuperflue
& inutile. Et qui en eit caufe? D'autant que
nous n'apperceuons pas que viu.ns en ce mon
de il nous faut toulîours cheramcr , & mefme
que nous n'examinons point afïez combien
BOUS fomraes débiles, & combien il y a à dire
que nous n'ayons vne iulbce parfaite.vne in-
tégrité de foy & de chanté aîii que Dieu l'or
danne;nous ue penfons point i cela, nous ne
le mettons point en vfage. Et cependant nul
ne s'adiourne deuant Dieu pour cognoiflre
que s'il a aucunement profité, ce n'eft qu'à de
mi. Et c'eft ce qui eftdit par Salomon, Ilelt
vray que les hommes ( ?tit-il ) fe plaifent en
leurs voYes,& s'y prifent affez:mais Dieu pri
fe cependant les cœurs. Quand les hommes
fe feront abufez , qu'ils fefacent.i croire
qu'il n'y a que redire en eus: & bicn.fc font-
ifs ainfi flattez! Il faut venir deuantle iuge,le
quel aura vne autre bahice.U fondera les pcn
fces les plus fccretes , & là il mettra en auant
iioflre vanité. Dontcft-ce donc que procè-
dent tousces bouillons, ces excès, ces fumées,
ces intéperances qui font en nous? Celï d'au
tant que nous ne fommes point aflez bien mu
nis, & que la crainte de Dieu n'a point prins
yne racine viiie, qu'elle n'eft point enferrée là.
dedans, comme il feroit befoin. Par cela donc
que nous apprenions de ne clorre point les
yeux à nos vices , mais ir nous ne les fentons
pas, prions Dieu qu'il nous efclaire , afin que
nous foyôs induits à gémir 3c à nous condam
ncr , & que nous retournions toujours a luy.
Au rcfte, il nous faut retenir ceftc comparai-
fon que i'ay touchée entre Timothee ôc no'.
Voila Timothee qui eft pour vn miroir de
fainûcté & iuftice , c'eft vn vray patron de
charité & de foy. &: neantmoins il luy eftdit
qu'il s'y adône mieux qu'il n'a point fait.He
las .' que fera-ce de nous au prix? Et ainfi ne
foyons point du nombre de beaucoup d'ef-
ceruelez, qui cuident qu'ils fçauent aflez com
me ils doiuér viure.Et fi on leur parle de che
miner bien & iuftement, & félon Dieu, Se d'e-
ftre confcrmez en foy , Et qui eft-ce qui ne
cognoift cela ? Et font-ce choies nouuel-
les? Gardons-nous, di-ie, d'eftre préoccupez
d'vne telle folie, mais pluftoft pourluiuons ce
fte leçon qui nous eftmonftree iournellemét
de Dieu. Et quand il nous eft parlé de iuftice,
au lieu que ces coquars penfent que cela leur
elt trop coçnu , apprenons de nous exami-
ner : car voila comme il en eft ici parlé. Et
qu'ainfi foit, quand nous aurons regardé fon-
gneufement à ce qui eft en nous, quelle fagef-
fe Se prudence y a-il? Il nous faut venir à ce
vice ordinaire, c'eft que nous fommes côuain
eus d'eftre ignorans: & cependant nous fora-
Bies réplis d'outrecuidance, penfins tout fça-
uoir.Vcnons à ce mot de foy. Chacun penfe
eftre fidèle , il femble que c'eft vne doftrine
vulgaire, c'eft comme T a b c des Chrefticns,
de parler de la foy. Cependant il ne faudra
qu'viie fncille tomber d'vn arbre, & vne peti-
te ombre s'cfcouler.iJ: nous voila efpeidus:&
encores qu'iln'yeuft point de péril apparêt,
fi ne lai/Tons-notis pas d'imaginer beaucoup
de chofcs cil noftrefantafie , qui nous attiiêt
àdtsfiance. Q^and donc nous n'inuoquoni
point Dieu en fermeté de coeur,que nous fom
mes e-^branltz ayans eu quelque tentation, &
me (rue que toute vertu nous défaut, fçachonsr
que la foy eft encores bien petite & bien mai
green no'. Et aiiifi cefte admonition qui ncus
eft donnée n'eft point fupei fluc. Voila donc
ce que nous auon.s à retenir de ce paflage. Et
notamment fainû Paul exhorte Timothee,
a'cnfuiure paix .luec tous ceux qui iiiKoquent
d m cœur tar le Seigneur. Oi cecieft.pour ré-
primer ceûe grande véhémence laquelle a e-
tté condamnée ci deflus. Car quand nous y al
Ions ainfi à l'eftourdie, c'eft pour rompre tou
te amitié , & efmouuoir guerre : car vne trop
grande ferueur en vn Jiomme feruira comme
de trompette ou de tabourin pour efmouuoir
vne alarme. Et ainfi la paix fur tout nousdoit
eftre reconimâdecjafin que Dieu habite & re
gne au milieu de nous. Et poiirtâc fa met Paul
a regardé au vice qu'il reprcn.nic eu ce p.iflà-
ge.quand not.îmcnt il exhorte & foJxite Ti-
motheede garder paixiouyautcjo' ceux qui-
iiiuoquéc de cœur pur le Seigneur. Et de fait,
qu.id nousaurôs cela, il ne nous taudra point
de meiUcnre bride pour nous modeierienco-
res que les occafîons fc prclcntcnc, <le nou*
I]!;.;.
4-ts
SERMON XVI.
crch.iiiffer , c^u'il y aura pour nous retenir,
raoyéiian: que nous délirions à nourrir paix.
Au refte , il cft du que cela fe doit faire ,i»trc
tous ir.tis fidèles. Non pas que le' enùns de
Dieu ne doiucnt mettre peine d'eftre paifî-
bles.entanr qu'en eux eft,aucc tout le monde
(côtne fainft Paul en parle au quinzième des
Romains) mais cependant il adioufte aufsice
ftc e\ccption-la , int .ait qu'en tus efl . Et
pourqiioy?Car combie-n||ue nous ne donniôs
point occatîor\ au\mclchans& ennemis de
Dieud'auoirnul côbat, qu'ils ne Ibyent point
irritez pariniure qu'on leurtace, li ùut-il
que nous ayons la guerre aacc eux, ccpcdant
que Satan fera ennemi de noftre Seigneur le-
lus CIirift:car ils font menez de Ton cfprit.il
les poulie à tout mal. Et ainlî, comment pour
rons-nous accorder auec eux, iînon en com-
muniquant à toute iniquité?Brief,quiconqucs
fe voudra ranger .1 la compagniedes mefchâs
pour leur couiplaire, il l:aut qu'il renonce à
Dieu ,& qu'il le feparede fa uiftice. Et on le
voit : car s'ij y a des gen? corrompus & per-
uers.li toft qu'on s'accouple auec eux, il faut
qu'on appiene de les fupporter en leurs vi-
ces : & puis qu'on demeure leur complice, &
qu'on s'enueloppe auec eui en tout mefpris
de Dieu. Et pleuft à Dieu que les exemples
n'en fuffent pas fi communs qu'on les voit. Il
cft vray que telles gens fe plaignent qu'on
ne leur clt point ami. Mais ils voudroyent
qu'on s'armaft à l'encontrede Dieu en fa-
ueur d'eux. voila ce qu'ils défirent. Or il nous
eft impofsiblc. Ainfidonc nous deuons bien
procurer paix & vnion auec tout le monde
tant qu'il nous eft pofsible, mais fi faut-il fai
re noftre conte que les mefchans ne s'accor
deront lamais auec nous , 3c qu'il nous leur
taut taire la guerre, fi nous voulons batail-
ler fous l'cnfeigne de noftre Seigneur lefjs
Ch ri ft. Voila vn item qui nous doit eftre tout
refolu. Qjie refte-ildonc? Q.ue nous ayons
paix auec ceux qui reclament Dieu. Voila doc
oii il nous faut auoir concorde &: fraternité.
Car fi nous fo*nmes en difsipation 8c en noi-
fcs auec les vrais fideles,àqui faifons-nous la
guerre? U eft vray que nous cuidons auoir
qucftion auec les nommes mortels, mais fi eft
ce que nous moleftons Dieu , &c'cft autant
côrwe a nous venions à noftre clcicnt le pro-
uoquer. Briïf, nous ne pouuons pas nsus fe-
parer d'auec les fidèles , ni entrer en conten-
tion auec eux, que Dieu ne fe monftre noftre
partie aduerfc. Tant plus donc nous faut-il
tafcherd'auoir paix auec tomceux qiiiinuo
qucnt Dieu. Et ainfi cognoiflons qu'iln'y a
ne foy oe charité en nous,finon que nous fo-
yons mis iufques Id.d'auoir cette communion
fraternelle qui nous conioigne , tellement
qu'vn cliacun prefte la mainifes prochains,
êc que nous tafchios d'induire les vns les au-
tres pour feruir à Dieu:qu'vn chacun s'effor-
ce de tant fon pouHoir de feruir ,i ceux q«i
ont befoinde fonaide , &qoe far totit nous
craigHiôj que le diable n'allume quelque feu
de difcorde entre nous. Car c'eft autant cônie
fi nous voulions dechaffer Dieu de noftre c3
pagnie, d'autant qu'il n'a point promis d'ha-
biter finon auec ceux qui viuronten paix. Et
pourtant, fi nous voulons eftre approuuez £-
glife de Dieu, Se troupeau de noftre Seigneur
Icfus Chrift , que ccfte fraternité fe monftre,
&.' qu'elle fe cognoirte. Cepédant pource que
bc.uicoup réclament le nom de Dieu, qui toU
tcsfois monftrent trefmal qu'ils foyent des
ficns.faind Paul met ici, D'yn cccur pur. 11 cft
cft vray que ce mot Inuoquer, fe peut prendre
en deux iortcs;mais le tout renient àvne do-
ctrine. Quelque fois l'Efcriture fauiûe dw-a
iiiuoquerle nom de Dieu(comme nousauons
veu par ci deuât que S.Paul difoit,Tous ceux
qui inuoquct le nomdu Seigneur.qu'ils fe dé-
partent d'iniquité) c'eft à dire, Réclamer le
nom de le fus Chrift , eftre intitulez de luy.
Comme quand on nous appelle Chreftiens,
alors il elîdit que nous reclamons le nom de
Dieu, que nous portons la marque du Fils de
Dieu. Et en ce pall.ige il fe peut bien prendre
ainfi. Mais l'intention de S. Paul eft de mar-
quer ici la première: quand il parle d'inuo-
quer Dieu, c'eft de recourir à luy ,&le fup-
plier quand nous fommes en quelque necclsi-
té.Et pource que l'oraifon eft le principal fer
uice , & corne le facrifice fouuerain que Dieu
dcmâde(ainlî qu'il en eft parlé au Pfeau.jo.)
quelque fois fous vne efpece le tout eft com-
prins en l'Efcriture faint>e:c& quâd on parle-
ra de ceux qui inuoquent Dieu , c'eft .à dire,
qui l'aiment, qui le Icruent.qui luy font hôma
ge,qui l'adorent côme il appartiét. Car Dieu
ne s'adore point £n cérémonies : quand nous
ferôs beaucoup de mines, ne péfons pas nous
eftre acquittez par cela du feruice de Dieuile
principal qu'il demâde de nous, c'eft quÈ par
prières & oraifons nous proteftions que nous
fommes dcfnuez de tout bien , qu'il n'y a en
nous que toute mifere, & que c'eft à luy qu'il
nous faut auoir noitre refuge, & que nous luy
facions hommage de tous (es bénéfices. D'an
tant dôc que le rray foruice que Dieu demaa
de, c'eft l'oraifon , voila pourquoy inuoquer
le nom du Seigneur, fe prend pour l'honorer
Se feruir. Et voila pourquoy il eft dit que no*
blafphemons fon nom, quand nous-nousde-
ftournons de fon feruice.S. Paul parle bien ici
de ceux qui inuoquent le nom du Seigneur,
mais cependant iladioufte, D^rorwrfarrpour-
cc qu'il y a toufiouri beaucoup d'hypocrites
méfiez parmi le troupeau,lefquelsfe moquent
du nom de Dieu, combien qu'ils en facét leur
couuerture.Orauecceux-la eft-il pof.ible d'à
uo;r paix.'Mais ils nous font plusgrans enne-
mis que ne l'ont pas ceux qui reiettét du tout
l'Euangile. IJ cft vray que les Prophètes ont
eu de grans combats contre les idolâtres : Se
autant en a-il efté des Apofttes & des Mar-
tyrs
SVRLA II A TIMOTH.
42-7
tyrs : mais cependant ils ont eu plus de dif-
ficulté beaucoup pour les ennemis intérieurs
&daiiicftnjues , pour ceux <|ui à pleine bou-
che le vântoycntd''tfhe du peuple de Dieu,
ficneantmoios cftovent malins & peruers. Il
t'en faut donc beauconp cjue nous puifiions
iuoir paixauec telles gens: combien qu'ils
facentde grandes Icuecs de bouclier, qu'il
femblera qu'il n'y en ait que pour eux, qu'ils
foyent les plus grans fuppofts de la Clirc-
ftienté , fi fàut-il qu'ils foyent nos ennemis,
que nous bataillions vaillamment contr'tux:
car ce font ceux qui troublét plus l'Eglife de
Dicu,& qui nuifcnt d'auantage : car ils ont le
moyen. Vne apoftume quand elle fera dedans
le corps , eu beaucoup plus dangereufe que
ne feront pas beaucoup d'autres qui apparoi-
ftront , car on y pourra donner remède plus
facilement : & celle qui eu dedans le corps
pourrira tout.Ainlîen eft-il de ceux qui font
nieflez parmi les fidèles, & cependant fc mo-
quent de Dieu.lcmefprifent, &s'eleuent con
trefaparole.il lautdôc que nous ayons touf
iours des combats:&: notamment nous en fom
mes aduertis en ce paflàge,afin qu'vn tel l'câ-
dale ne trouble point les infirmes. Qj^and
nous voyons qu'il faut que les ftruiteurs de
Dieu,& fur tout ceux qui ont charge d'anon-
cer fa parole , que ccux-la ayent des picques
quâd il y a gens qui leur rcilftcnt, qu'il fe tail-
le drefler côtr'eux,ne nous esbahilTons point
de cela , mais ayons pour tout refolu qu'il
faut qu'ainlî foit , & que Dieu nous veut ainfi
exercer. Cependant que nous auifions quand
vn homme inuoque Dieu en pureté de cœur,
de l'entretenir, &: ne kiy donner point occa-
fion, non feulement de fe desbaucher , mais
d'eftre contriilé par nollre violence: pluftoft
que nous demandions de nourrir paix & v-
jiion auec luy. Voila donc ce que nous auons
a noter en ce paflage. £t cependant nou;- a-
uonsaufsià rtcutillir vnedoûrine en gc.ie-
ral.d'inuoqlier le nom de Dieu,no(i ftuTeméc
de la bouche , afin que celte reproche qui tlt
au Prophète Ifaie ne s'adrtllê pointànoiis,
I/j.ip.iî Ce peuple m'honoredes leures, mais le coeur
cft bien loin de moy : gardons-nous ( di-ic)
que Dieu ne nous accufcd'-vne telle feintifet
& pourtant fi nous reclamons fon nom , que
nous apprenions(fuiuSt ce qui fut traitté n'a-
gHeres)de nous depai tir de toute injquité:en
coresque nousen loyons aAiegezde toutes
parts , & que Je diable nous fufcitc beaucoup
d'infeiftioBs au milieu denouspour tout cor-
rompre , que nous foyons feparez des mef-
thans : encores qu'il nous faille cftre en leur
compagnie pour vn tfps,c'eâ àdirCiConuer-
fer auec eux quant au monde , qu'il nous faut
fuir toute priuauté, en forte que nous ne foy-
ons point accoujJlez corne fous vn ioug auec
«ux. Et cependant notons bien que ce n'cft
point aflez de cheminer honneftcment deuSt
es hommes, mais le piincipal cil de ccfte pu-
E
reté de cirur , car Dieu ne s'arrcfte point à
l'apparence, (comme il en efl parlé , & cômc
il tut dit à Samuel ) mais il regarde le cccur. r- S-tmit.
Ainfi donc que nous apprenions fur tout de 1S.7.
nous purçer de toute fiction &inalice quand
il eft queltion de réclamer le nom de Dieu,
car lors nous pourrôs dire en vérité que nous
fommes Chreiliens.que Dieu nous aduoue de
fon peuple, quand nous ne ferons point dou-
bler,q nous ne ferons point fardez pour nous
contrefaire deuant les hommes , & pourac-
querir bonne réputation, mais que nous che-
minerons droitement en toute honnefteté de
vie,que nous inuoquerons purement Dieu, en
cores que nous n'eufsions d'autres tefinoins
que luy , quand il nous auouera , nous ferons
purgez de toute traude &: malice. Et cepen-
dant , pource qu'aulsi les queftions vicncnt à
riotes , & que ce font autant de côbats, fainft
Paul veut que Timothee s'adonne a édifier,
qu'il rej:ardc ce qui fera vtilc au peuple de
Dieu, côme nous l'auons veu deiîa par ci de-
uant.Il ne luy cômande rien denouueau-.mais
en cela pouuons-nous iuger que c'eft le prin-
cipal qu'ont à faire les Hiiniflres de la paro-
le de Dieu, c'tfl afçauoir de n'eftre point me
nez d'ambition pour fe faire valoir , ne pour
appeter chofes qui ayent belle niôftre & para
de quant aux hommes, mais qu'ils fe conten-
tent de fcruir à Dieu, & à Iturs prochains, &
à dôner inftruftion propre à ceux aufquels ils
lont cômis. Voila doiiç où S. Paul ramené de
redief Timothee, fuiuant ce qu'il auoit dit ci
deffus. Ileft vray que ce paflage ne fe peut
pas du tout defpefcher maintenant, il faudra
qu'ilfoit rcferué pour l'aprefdineeimaisquoy
q'.i'il en foit,apprenons (iedi nous qui auons
la charge d'anoncer la parole de Dieu) d'eui
ter toutes que/lions triuoles, que nous ne taf-
chions de mettre en auaiit que toute bonne
doi5trinc,qui (oit poui toufiours confermerle
peuple en la crainte de Dieu Se en foy, pour
l'inciter à prières &: ora^fons.pour luy mon-
ftrer q tout fon falut procède d'eiihaut , afin
que toute gloire humaine foit abhatue. Voila
(di-ie)far quoy il nous faut infilier Se trauail
1er fans fin & fans celTe.Or comme nous auôs
ici noitre leçon, auAi toute la compagnie des
fidèles e/laduertie de n'appeter autre Uoctri
ne fînon celle qui luy profitera â l'cdifier en
foy, en repentance & en crainte de Dieu. Voi
la donc à quelle intention il nous faut venir
au temple: que nous n'y venions point eftans
menez de quelque appct't volage : car nous
prophanons la parole de Dieu , ?c ne fommes
pas dignes de reccuoir nulle mfiruclion qtri
nous foit bône pour ncftrc falut, qu.îd nous y
venc5s ainfi. Voulcs-nous donc cftre difpofez
pour cftrc viais dcolierj de Dieu &; de noftre
Seigneur Icùis ChiifL' Q_ue no'avôsceftc af
feifion-lad'ouirvne doilrinequi no' foit eu
édification. Et cepédant, combien que noftre
chair nout pouflcS: nous folicited'appeter
Hh.ii.
4iS
SERMON XVII.
Ate qneftions Taines, que nous refiftions à ce-
la, comme àvnechofe pernicieufe .Scdamna-
ble, & que nous facions le femblablc fi nous li
fens en noftre piiué.Car fi toft que nous pre-
nons la parole de Dieu en vain , ou que nous
dtuifoni de luy , il fauc que cela nous viene au
dcuant, que le nota de Dieu apporte auec f'oy
vne telle- maiefté , que c'eft bien railon que
tout genouil fe ployé deuant luy , non feule-
ment par dehors , mais en nos âmes ; que de
toutes nos penfees & affeftions nous ne de-
mandions finon de nous affliiettir à luy,& que
nousauof.s apprins de le feruir &c honorer:
■ q nous (oyons toufiours tant mieux alFcrtion-
nezdele prier que Ion Royaume florifle &
profpere iufques à ce qu'il viene à fa perfe-
âion.
OR nous-nous profternerons deuant la
facedenollrebon Dieu en «ognoiflance de
nos fautes , le prians qu'il luy piaifi nous les
faire fentir.voire tellement qu'auec vraye rc-
pentSce nous foyons induits à recourir à luy,
rcnonçansàtousnosdefîrs&affedions pour
nous conformer à fa iuftice. Et nonobflSt que
quelque chofe que nous tafchions de le feruir
en ce monde, il y ait toufiours beaucoup de vi
ces, qu'il luy plaife nous fjpporter , iufques à
ce qu'il nous ait attirez à foy,& q nous foyons
non feulement exemptez de ce que nous a-
uons à faire par la Loy , mais que nous rece-
uions la doéinne de foy &de repentance pour
cheminer en telle pureté de vie, tellement que
nous monftrions que fa gloire reluit en nous,
8c que fon image y eft réparée par noftre Sei-
gneur lefus Chrift . Ainfi nous dirons tous.
Dieu tout-puiflànt,Pereceltfte,&c.
DIXIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
i3 lÊ.treiettclcs queHions qui font folles (^ fans inîlruSlïon,
[cachant quelles engendrent débats.
14 Or ne faut- il point que le jcruitcur du Seigneur dehate, mais
au il fait henin enuers tous, propre a enseigner, portant patiemment les
mauuaisy
X 5 Enfeignant auec douceur ceux qui refiflet pour cjjayerfi quel-
quefois Dieu leur donnera repentance pour cognoijïre la "venté,
z6 Et qu'ils reuienent hors des laqs du diahle,ejlans prins de luy
a fa yolonte.
Ous âuons commécé ce ma-
j tin à expofer cefte fentence
I de faind Paul, en laquelle il
i défend les queftions qui ne
font pas vtiles pour noftre
fallu. Or afin qu'on ne s'y
plaife point , ii les appelle
folles : non pas que la plus part du moncie les
iuge telles : car il ftmbleiaqu'vn homme foit
bien fubtil & aigu quand il pourra mettre en
auant quelques ditficultez qui ne feruiront fi-
non à noyer les efpiits quand on s'y tourmen
tera beaucoup , voire pour n'y trouuer nulle
jflue : & cependant on ne i'çait à quel propos
,on a difputé & combatu. QjK'y qu'il en foit,
,vpila qiie beaucoup de gens ont en grade efti-
pie , c'eft qu'on amené des queftions friuoles.
Mais tant y a que la vraye fagelFe des enfans
de Dieu eft,de cheminer en fa crainteuout ce
tliiine peut de rien feruir à cela , cft condam-
ne par le fainttEfprit comme friuoJe. Et c'eft
vn beau partage. Si on nous dit (comme aufw
toute rEfcriture parle)que I-l fageflcdes hé-
lucs cft de craindre Dieu, chacun le confcflë-
ra:mais cependant nous n'entendons pas que
cela vcutdire:car au lieu de nous occuper à ce
qui nous peut faire craindre Dieu, nous eïtiâ
uagons en chofes vaines Se fiiuoles . Et voila
où chacun employé quafi toute fa yie, & no-
ftre efprit y cft enclin de nature:car nous n'ai
mons que vanité. Et ainfi beaucoup le repaif-
fent de vent:qui plus cft, les plus gians cfprits
qui pourroyent feruir en l'Eglife de Dieu, ie
lafchcnt la bride pour s'cnquenr de chofes
inutiles & fupcrflues , & cependant dclaiflcnt
ce, qui eftoit propre pour auoir bonne doftrr-
ne. Et pourtant retenons bien ce que fainft
Paul rcmouftre en ce palTage, c'eft que quand
vne doflrine n'eft point profitable , combien
3u'on la puiiTe prifer comme haute & profon
e,toutc^fois qu'il n'y a que folie. La raifon?
,C'tft celle que l'ay défia amenée : c'eirafçà-
iioirque nous n'ayons aiitçe pcnlec finon t(e
craindre Dieu. Or notamuieiu ciuand iainït
Paul parle d'inftiuiflion .ilfigiufic, non pas
que nous foyôs reputcz fçauas &gr.is clercs,
mais que nous {oyons cnfcignez .\ pi ofit, (co-
rne on dit) que nous fçachions outre noftre
fcience,
SVR LA II. A TIMOTH.
419
fcience, 8c ce qne nous aurons entendu , qu'il
faut quMy ait effcftqui sVnfuyue. Mainte-
nant nous voyons comme le poure monde n'a
pas eflé aueuglé fans caule : car noftre appétit
tretille toufîours,que les hommes veulent fça
uoir plus qu'il nclcurelT: licite ,& ne s'amu-
fent linon àdes menus tacras . Il eft vray que
ils diront bien que ce (ont grans fccrets: mais
tant y a qu'il n'y a nulle vtilité . Dieu donc a
iuftement puni vue telle ambitiou pource que
les hommes ont par trop delîréd'ouir chofcs
fiiuoles, Se n'ont point regardé ce qui les pou
uoit édifier en la crainte de Dieu, il a falu que
Dieu lafchaft la bride à Satan pour les fedui-
re. Et ainiîcognoiflons que c'a efté vne iufte
vengeance de Dieu fur l'ingratitude des hom
mes, quand il y a régné tant de folies & de fu-
aufsi de les repoufler loin,&: les banr.irdu mi-
lieu de nousrcarc'efb nousempoifonner à no-
flrcefcient, quand nous leur donnons accès &
ouuerture. Voila donc pourqiioy fainû Paul a
mis netamment que les queftions inutiles ne
font qu'efmouuoir dcbats.voire pourconfer-
mer l'exhortation qu'il auoit faite de les re-
ietter.Carli nous n'appcrccuons que telles
queftions nous portent dommage , iamais
nous ne les pourrons fuir. Et pouiquoy ? Car
noftre nature nous y folicite ( comme dc/ii
nous auons dit ) ccfte maudite cupidité a fa
racine fi profonde en nous , que iamais nous
ne pourrons hayr ccfte vanité, que nous ne
ayons appeiceu qu'il nous en faut garder
comme de quelque poifon,& d'vne chofe mor
telle . Mais après que famft Paul a parlé des
perftitions, q toute laventéa eftéconuertie noifes&debats.iladioufte.QK'/YKf/^îwt (>jr»t
en menfonge . Or quand nous venons à l'e- tju'vn fnnit.urJe Dieu dchatt ,mais au'il foit
fchole de Dieu , il nous faut préparera re- dehcvnaire,t^u'il fait fatitnt, O' ffofre À cnfei-
ceuoir doûrine qui nous férue, & que nous ^f«r.Yciil veut conclure que tous ceux qui
foyons addonnez à cheminer comme il âppar s'addonnent à queftions friuoles , moiifticnt
tient en toute fainfteté de vie. Si cela n'cft, bien qu'ils n'ont nuldefir ne ïdedeferuir à
nousflbufons de la parolede Dieu , & la pro- Dieu . Car quand vn homme fera le plus fça-
phanôs entant qu'en nous eft: aufsi Dieu nous uant qu'on pourra dire, fi nous le faut-il cfti-
rend vn fal.iire tel qMc nous l'auons mérité,
que nous fommes abbruuez de mêfon^es,d'au
tant que nous n'auons point cerché d'cftre e-
dificz en luy comme il appai tenoit. Or voyas
que Dieua exercé vn fi horrible lugcmcnt fur
la terre , c'eft qu'il n'y a eu nulle inftruûion,
mais au contraire il n'y a eu que munfonge; &
refueries.â: q ceux qui ont cfte reputcz Tiieo-
logiens,& q 11 auoycnt toute lalagelTedu niS
de.ont toutabbruué de leurs menfonges,yoy-
'ans cela, tant plus deuon -nous obfeiuer celte
admonition de fainâ Paul.afin de nous ranger
à ce qui nous peut feruir,5c eft vtile pour nous
amener à la crainte de D.eu Se en foa obcif-
(ance. Et combien que le monde applaudilJe à
ces queftions friuoles,que nous fçachions que
il n'y que tolie & vanité, fclon que le faintt E-
fprit en prononce en ce lieu , puis qu'il n'y a
point d'édification ne profit . Au rcfte, fainû
Paul voyant qu'il eft bien difficile de retenir
les hommes qu'ils ne s'occupent par trop aux
mer comme vn diable du tout deft fperé, quand
nous verrons qu'il n'a point ccfte alfcûion-
la de feruir à Dieu , quand il n'aura point ce-
fte fin, & ce but-la que Dieu foit honoré . £c
de faift, ce n'tft pas fans caufe qu'il a efté dit
en prouerbe ancien, que le fçauoir en vn hom
me qui ne fe range pas àdroiture, eft comme
vne efpec en la main d'vn furieux , ou d'vn
phrenctiquc. Voila dore l'intention de fainû
Paul, c'eft de marquer tous ceux qui font ad-
dorncz à content ion, à ce qu'on lesdetefte, &
qu'on les ait en exécration , comme gens qui
ne demandent nullement àfciuirà Dieu . Et
pourquay ? Car cefont chofes incompatibles
comme le feu & l'eau.de feruir à Dieu,& d'ap
peter combaiSiS; difputes quin'engédrent fi-
non noifes & riotes. Or nous pouuons recueil
lir d'ici côbien il y en a peu qui méritent d'e-
ftre rcputez vrais ftruiteurs de Dieu. Car cô-
bien en voit-on qui fans propos ne demardét
que d'eimouuoir quelques difputes pour ticu
chofes triuoles, pour nous faire dctcftercequi Mer l'Eglife? Combien y a-il auiourd'huy de
n'eft point propre pour nous ed:fier,iladiGU-
fte.Quf cela ne fait cjii engcndr'r com/Mfi.Nous
voyons donc que les hommes ont ce fol appc
tit qui les mené de fe faire valoir en queftions
aigites & fubtilcs,& q le monde aufsi y court.
Se qu'il fe tourmente après cela. Voyans donc
boutcf, ux , combien qu'ils foyent gens igno-
rans,& qi'afidu tout beftcs,qui ncantnioins ne
laiflent pasde fe vouloir monftrer en tfmou-
uant des troubles ? hilais d'autant plus nous
fant-il bien noter ce pairage,afin que ceux qui
ont charge d'anoncer la parole de Dieu , co-
que nous femmes ainfi deftourncz , retenons gnoiftent qu'ils ne fe pourront iamais acquit
bien ce qui nous eft ici dit, c'eft afçauoir que ttrfidckment deleur office, qu'il' ne fe foyét
quand nous aurons perdu noftre temps, il y rangez à ce que fainfl Paul monftre ici, c'fft
auiavnphis grand mal ,&- plus morte!, c'eft de fuir tous combats &: noifes. Et ccpcndant'il
que nous ferons infedez decontétions &■ noi- y a atif;i inftruflion cômune à tout le peuple,
fes, au lieu que nous deuons eftre paifibles a- Car il no'eft necefiairede bien difccrneren-
uec tous fidèles. Car ( comme il a efté tiaitté tteles feruiteuis de Dieu , d; les hypocrites
ce matin) fi c'eft grand pitié de veoir en l'E- qiiiabulentdefon nom . Or voici vne marque
glife de Dieu des combats, apprenons non fcu infallib'le, c'eft que quand nous verrons vh hô
Jenient de fuir toutes queftions friuoles, mais me riotcux, qui ne demandera finon à trouucr
i;h.iii.
45<?
SERMON XVII.
cinq pieds en vn mouton ( comme on dit ) il
nous le iaiit reiettcr comme vue perte mortel
le.lçachans bien que quelqnc cliole qu'il pro-
tcftcil ne veut finon feruir à Satan, & qu'il ne
tend nullement â édifier l'Eglife de Dieu.
Voila ce que nous auons à retenir de ce paf-
lage de famû Paul , où il el\ dit que le ferui-
teurde Dieu ne doit point eftreaddonnéàcô
bats. Or cependant il expofe comment cela fe
peut faire:c'eft alçauoir,Q^.i»(f»o«j yi-ronx be-
nins entttrj touSy proprrs à tnfcigner, Çy fatiens
«» mal . En difant qu'il nous faut eftre bénins
cnuers tous, il entend que nous deuons eftre
faciles Jcaifez pour receuoir tous ceux qui
viendront pour élire enfeigncz en l'Euangi-
le.Car lî nous ne leur dônons accès, c'eft com
me leur fermer la porte, que lamais ils ne pour
ront approcher de Dieu. 11 faut doc que nous
ayons ccfte humanité & douceur en nous.d'e-
llre prefts à receuoir tous ceux qui demandent
à eltre enfeignez. Et voila pourquoy il adiou-
ile , Q« '' nous faut ejlre piopris à eiifiigmr:
comme s'il difoit,quc ce font cliofes conioin-
les.la douceur, & la dextcrité(qu'on appelle)
d'enfeigner . La raifon, c'eil que fi vn homme
eftfauuage &inacccfsible,iamais on ne pour-
ra receuoir doânne de luy. Il faut donc que
celuy qui veut eftre bon docteur , foit débon-
naire , & qu'il ait quelque moyen d'attirer
ceux qui vienent .î luy, afinde les gagner : &
cela ne fe peut faire, qu'il n'y ait ceite man-
fuetude dont parle ici ûinft Paul. Nous voy-
ons donc maintenant comment il a voulu con
fermer ce qu'il a touché , c'eftafçauoirqu'vn
homme noifeux,&: addonné à difputes Se con-
tentions,n'eft nullement feruitcur de Dieu.Et
pourquoy? Car feruaiit à Dieu , ne faut-il pas
que nous tafchions de gagner les poures igno
rans.'Et cela ne fe peut faire que nous ne foy-
ons paifîbles , que nous n'efcoutions patiem-
ment ce qu'ils apportent,que nous ne fuppor-
lions leur infirmité.iufques à ce que petit à pe
lit ils foyent édifiez. Si nous n'auons cela,c'eft
comme les reietter . Or eft-il ainli que ceux
^ui ne demandent que difputes troublent les
efprits . Ils n'ont garde donc de les faire ap-
procher de Dieu, mais pluftoft ils les cfFarou-
thent.Et pouttant c'eft vnechofe toute prou
iiee& conclue, que quand vn homme eft ad-
donné .àcuriofite&: contention, il ne deman-
de finon à ruiner,au lieu d'édifier, que Dieu ne
a là nul honneur ne reuerence , qu'on ne cer-
che point qu'il foit ferui, mais tout le contrai
re. Voila donc en fomrae là où fainft Paul a
prétendu. Or de ceci nous pouuons recueillir
qu'à tous ceux qui ne font point propres à
enfeigner.on ne doit point attribuer le nom,
le titre, l'honneur, & la dignité de Prélats, de
Euv.fqucs, de Miniftres , & de Paflcurs . Car
fainft Paulcontlud que tous ceux qui ne font
point propres à enieigner.doyucnt eftre ra-
clez du nombre & du rang des feruiteurs de
Dicu. Noos voyoas donc que le Pape & tou-
te celle ordure de fon Clergé ( qu'iJ appelle)
font par trop eiTiontez, quand ils fe vantent
de leur Hiérarchie celefte, qu'ils font l'Eglife
de Dieu, qu'Us font Pafteurs & Prélats. Nous
ne leur porterions point enuic de cela, moyen
nant qu'ils monllraflent dequoyimais s'ils vea
lent qu'on les croye, qu'ils monftrcnt ceftc
enfeigne q fainft Paul a mife ici: c'eft le vray
niarreau, afin qu'on fçache qu'ils font ferui-
teurs de Dieu.Or eft-il ainiî qu'ils font chiés
muets : ils fçauront bien mordre & ronger:
( comme on voit qu'ils difsipent le troupeau
de Dieu)& s'ils nefaifoyent que gourmander
le bien & la fubftancc des poures.ce feroit def
ia vn trop grand mahmais ce font gouffres de
enfer pour aby fmer les poures âmes. Au reftc,
qu'il forte de leur bouche vn feul mot de do-
ctrine, on voit qu'il n'y a nul d'entr'eux qui y
penfc : pluftoft ce feroit deroguer à la dignité
epifcopale : car ils font empefchez à d'autres
chofcs qu'à porter la parole de Dieu. Puis que
auifi cil donc que ceux qui fe nomment Pré-
lats & Euefques en l'Eglife Papale n'ont nul-
le doftrine en eux, & tant moins il leur chaut
d'édifier le peuple, on peut veoir que le fainû
Efprit les condamne ici , & déclare qu'ils ne
doy ucnt élire nullement tenus pour tels qu'ils
ié vantent. Et pourquoy ? Car ce font chofes
coniointes& infeparables d' élire pafteurs de
Eglife, & d'eftre prefcheurs , comme fainft
Paul le monfti e ici . Au refte , fi nous voulons
enfeigner comme Dieu le commande, notons
que cela le doit faire aucc afFeftion de gagner
ceux qui nous efcoutent.Car s'il nous fuffitde
auoir bien parlé , & que nous ne tafchions
point de redune au chemin de falut ceux qui
en font cfgarez, & que fera-ce ? Fy de tout le
titre & dignité d'Eucfque , quand on ne met
point peine de gagner à Dieu ceux qui en font
eflongnez. Aiiiiiddnc, qu'il ne forte point vn
mot de noftre bouche quand il eft queftionde
prefcher la parole de Dieu, que r.ous n'ayons
ce regard quant & quant d'inftruire ceux auf-
qucls nous parlons , & de leur apporter quel-
que profit. Et de là nous voyons que ce n'eft
point lanscaufe qu'auiourd'huy le monde eft
ainfi mal édifié. Car où fe trouucrôt ceux qui
demandent de profiter quand ils portét la pa-
role de Dieu'Il £uit bien qu'il y en ait,niais le
nombre en eft petit Si clair femé, corne on dit.
Voila pourquoy toute do(^rinc s'efcoule , Si
n'apporte gueres d'édification .Et ainfi rete-
nons bien ce que dit S.Paul, que les viais do-
eteurs, ce font ceux qui s'addonncnt tant qu'il
leur eft pofsible de gagner à Dieu les poures
ignoram.pour ramener au drait chemin ceux
qui ont tailli,&: font cfcartez & fouriioytz.Or
cela ne le peut faire(c'( û à dire, nous ne pou-
uons auoir vue telle affetlion)fi nous ne fouî-
mes patiés.Car on verra beaucoup de gens a-
racncr des fottil'es:quâd on lalchi ra de les a-
meiicr à qlquc inftruSion.ils fauteront du coq
à rafncjilsaurot des chofcs ii lattes &: fi badi-
nes
SVR LA II. A TIMOTH
4ît
lies que c'eft pitié. Les autres eitrauaguent:
combien qu'ils vouiliont tairedes fagcs.où ia
mais n'ont leuvn l'eul mot en l'Elcnture fam
ôe.ils Youdront babiller , 8c tenir bon i tou-
tes dil'putes,& les plus ignorant font les pluj
hardis. Ainfi il eft inipolsible d'auoir ce zèle
que (aiiiwl Paul nous commande , que noiJj ne
(oyons patiens au mal , que nous ne fuppor-
tions beaucoup de folies en ceux qui n'ont
point encores gouftc la venté de Dieu, ou
Sien qui en ont eu quelque gouft à la volee,&
n'ont pas encores »n vit fentimeiit pour por-
ter reuerence telle qu'ils dovuent à ce que no
ftrc Seigneur nous a déclaré . Ceux donc qui
fbntvolagesdoyuent eftre fuppottez , ceux
qui font rudes, & lourds , ceux qui font efga-
tez par Faute qu'ils ne fçaucnt encores que
e'cft d'eftre mattez en l'obciflànce de Dieu, il
faut (di-ie^ que nous Toyons patienl enuers
tous ceux-la:car autrement il Icra impofsible
que nous les attirions à Dieu. Voila en Tomme
ce que faiiift Paul a entendu en ce pallàge.
Mais pource que beaucoup de malins , voire
des contempteurs de Dieu voudroycnt élire
fupporter , & içauront bien alléguer ce mot
de patience , afin qu'on leur pardonne quand
ils Icmocq'ierot de toute l'Efctiture ùmSte,
fifqu'ils Ce gaudiront de toutes admonitions,
voire de toutes les menaces de Dieu , fainft
Paul notamment adioufte rne déclaration de
ce qu'il auoit dit, c'eftafçauoir qu'il faut bien
que nous Ibyons patiens au mal, mais ce n'eft
pas pour le nourrir en vaine flatterie. Q_iipy
donc?Afîn(dit-il) (i''inflruiri,0' arguer enbe-
ttiT'tité ceux qui contrediffitt.Oï voici vi) bon
moyen, & qu'il nous faut fongneulement no-
ter:car ily a deux vices extrêmes qui font à
condamner. L'vn eft,iî nous fommes trop fa-
ciles , tellement que quand nous verrons des
mocqueursde Dieu, nous fermions les yeux,
nous tacios femblant de rien, &: que nous leur
foulFrions de brocarder tout ce qui leur fera
propofé au nom de Dieu: celle facilité-la eft
niauuaife.Or il y a vn autre vice à l'oppoiîte:
c'eft que quand vn homme aura dit rn mot de
trauers,fi on le rccîargue du premier coup en
telle rigueur qu'il foit cfpouanté , le voila du
tout exclus, qu'on ne luy dône plus nul naoyé
d'approcher de Dieu. Il fe faut donc garder
de ces deux vices:& fainft Paul monftre le te-
inede,en difant , Qjfdfitut biin inflruire aitec
hotignité. Il eftvray : mais cependant il faut
aufsi itiftruire pour corriger. Car le mot dont
ilvfeici , ne lignifie point iîmple doftrine,
mais vne inftruâion qui foit pour reformer,
quatid on inftruit ceux qui ont failli , & qu'on
lesameine à quelijue bonne difciplme pour
porter le ioHg,& qu'ils cognoiflent qu'il ne fe
laut point iouer à Dieu. Voila donc l'inflru-
aion dont parle fainû Paul. Et ainfi notons
bien que fou intention n'a pas efté de lafcher
M bride àcesgaudiffeurs qui voudront auoir
ticeaccdefe bauer quand on leur parle des
myfteresdc Dieu : fainS Paul ne veut point
que cela foit foutfcrt ne difsimulé. Or tant y
a qu'auieurd'hay on voit le monde eftre plein
de telles mocquerics .Combien y en a-il quâd
ils s'enquierétde la volonté de Dieu, qui ay-
ent quelque humilité en eux pour penfer que
Dieu doit e/tre adoré en fa parole,& que c'eit
pour le moins qu'ils fe rangent quand on leur
propofecequi feravenudc Dieu : combien,
di-ie,y en a-il qui penfent à celaîMâis au con
traire on voit que ï'Efcrirure (ainûe eft expo
(ce en opprobre, 3c que ceux qui en parlent.ea
tienent autant de conte comme lî on recitoit
quelque fable.Voila donc le nom de Dieu qui
fera ù vileinemét prophané que c'eft vne hor
reur: & ces palans voudront bien qu'on prat-
tique enuers eux ce mot de Douceur: mais de
tenir le moyen, il n'en eft point dcqueftion:!!
on fe fafclie quand on verra le nom de Dieu
eftre ainlî foullé au pied, & qu'on porte fi peu
d'honneur à la parole, Ho, où eft cefte patien
ce dont fainft Paul a parlé ? Voire , comme fi
nous dcuions humer les opprobres qui font
faits ainfi à Dien iàns nous en contrifter.
Quand chacun de nous voit que fon pcre eft
vilipendé, cela le touche au caur. Nous ver-
rons que Dieu eft comme arraché de fon liè-
ge par ces canailles qui fe gâudiflent ainfi de
toute ladoôrine de lalut , & nous difsimule-
rons celaîOù feroit noftre zelerNe nionftre-
rions-nous point alors que nous ferions par
trop lafches ; Et ainfi que nous foyons adui-
fez, quand ces ruftres qui ne demandent qu'à
fe mocquer de Dieu voudront eftre fiippor-
tet en leurs blafphemes , que faind Paul n'a
point voulu que nous foyons patiens iufques
aies nourrir en yne telle enormité;niais feule
ment que nous ne fermions point la porte aux
ignorans , que nous ne les repoufbions pas en
trop grande rigueur,iufques a ce que nous ay-
ons clTayé s'ils feront corrigibles aucunemét.
Voila donc l'intention de fainû Paul. Et ainfi
toutesfois& quantes qu'il nous eft parlé de
patience, de fupporter le mal.d'eftre humains
&: de fuyure mâfuetude , notons que celte ex-
ception doit eftre adiouftce.que nous ne foy-
ons point empefchez pour cela d'inftruire vi-
uement ceux qui reliftent à Dieu , & de leur
faire fentir quelle mifere ce^doit eftre pour
eux , quand leiougde Dieu eft mis fur leurs
efpaulei , & qu'ils le repoulTent : S(. ceux qui
Youdront eftre reuefches, qu'on leurapprenc
de fe ranger. Car il faut que toute hautclTè hu
maine qui s'eleue contre lefus Chrift, foit mi
fe bas, (comme fainû Paul en parle)autremét (- • ■
l'Euangile ne fe prefchcra pas en ta maicfté. ' ,
En lomme , nous voyons que le lainit tlprit
nous a ici déclaré le moyen que doyuent te-
nir les miniftres de la parole de Dieu , quand
ils feront patiens pour fouftrir ceux qui Ju
premier coup ne pourront pas eftre amenez
en l'obeiflànce de i'Eiiangile:c'eft que cepen-
dant ils De laiflent pas de les corriger, & leur
Hk.iui.
452
SERMON XVII.
remonftrerleiir faute, & leur faire fentir qu'il
y A ynedilcipiine à laquelle toutes créatures
dayucnt eftre fuiettes. Voila pour vn item. Et
cependant nous fommes admoneftez tou; en
gênerai, de ne point appeter qu'on nous flat-
te, comme nous voyons que le monde y cil
par trop adonné. Ainii que delîa l'ay dit, cha-
cun prendra ceci à fonau.intage, quand il eil
déclaré que les minières doyuent corriger
auccm.inruetude:mais cependant ils oublient
ce mot de Corriger ,& mettent en auant la
manfuetude : voire afin qu'on ne fonne mot,
ou bien quand on parlera, que ce foit pour les
amadouer, & qu'on ne leur gratte point leurs
rongnes.Miis celle patience dont ÛMaU Paul
paile ,&; laquelle il approuue , cil coniointe
, _. , aueccorredion. Et voila pourquov il dit en
1 autre pall.ige,qu il raut bien que le feruiteur
de Dieu foit debônairc.Mais pourquoy? Eil-
ce pour clorre les yeux quand il verra des of-
fenfes qui fe commettront ? £ft-cc pour en
parler tellement qu'il n'y ait que paroles CiÀC
crées? Nenni: mais il tant qu'il corrige quant
& quant. Voila en foniine ce que nous auons
à retenir de ce pailage.Mais il nous faut aufsi
noter ce que ûintl Paul adioufte , Afcauoir
(dit-ll)// Diei* leur donnera quelque f^ijrepen-
tancs. En parlant ainlî il monftre qu'il ne faut
pas du premier coup nous dclcourager, enco-
res que nous voyjns grande dureté aux honi
mes , & qu'il ne femble pas qu'il foit aifé de
les ramener au bon chemin , qu'encores de-
uons-nous mettre peine de les vaincre par
douceur , entant qu'en nous fera. Il ell vray
Vint 6 7 S"''' "°"' ^^ défendu de femer les perles de-
uant Ici chiens, & deuant les pourceaux. Mais
comment fçaurons-nous qii'vn homme foit
•yn chien ou vn pourceau , deuant que Tauoir
expérimenté. S; ic voy vn homme ignorant, le
jaediray pas qu'il f^it vn chien. Car qui ellce-
luy de nous qui n'ait eflé vn poure aueugie,
enfeuelien rincrcdulité de la Papauté? Etlî
Dieu ne nous euft Icmé nulle parole, qu'e-
iloit-ce ? Mais il nous a cherchez cependant
que nous citions comme belles iauuages.C'eft
ionc bien raifon que nous lacions le fcmbia-
_, bleenuers ceux qui font encores détenus en
telles ténèbres, & qui font fous la tyrannie du
Papcen laquelle nous auons yefcu en bruta-
lité & ignorance. Mais tout ainli qu'il nous
faut gagner, s'il eilpofsiblc , ceux que nous
n'auons point encores cognuscftre chiens ne
pourceaux : aiif^i quand nous aurons expcri-
nicntc qu'vn homme eft du tout rebelle , &
qu'il porte les marques d'yn reprouué,& que
ilieiette toute nictiecine , qu'il conuertitle
bien en mahquand donc nous veriôs vn hom-
me eftre amll endurci, que pouuons-nous fai-
re finon le laifTer la , a'autant qu'il n'eii plus
digne que lado6iiine de falui luy foit mile au
d'.'iiant'' Voila comme doit eftreentend-.ie ce-
ftedcf nfcde noftre Seigneur tcfus Chri/t;
il du qu'il ne nous faut point feincr les pier-
res precieufcs deuant les chiens &rpourceaux:
mais quain A ceux qui n'ont point encores ma
lire vue telle obitination , & qui faillent par
faute d'auoir bien entendu ce qui en efticeux
la (di-ie) nous ne pouuons pas les repoufler
iufques àce que Dieu les ait leduits: & enco-
res qu'ils fembiét eftre durs à l'efperô,fi faut-
il côtinuer iufques en la fin. Car que fçauon$.t
nous fi Dieu efîendra fa mifericoide iufques à
ceux qui nous femblent elf re damnez?£t c'eft
vnpointlque nous auons bien à noter. Car Vfe.^S.%
quand il eft dit que lamifencorde de Dieu fur
monte les nues, qu'elle va iufques au plus pro-
fond des abyfmes, c'eft afin que nous ne la re-
ftraignions point à noftre pofteicar nous fom
mes ù malins de nature que fi vn homme nous
dclplaift , nous voudrions que Dieu quant &
quant foudroyait fur luy : ainfi il nous mon-
ftre qu'il n'eft point femblable à nous , difant ■/• ^
par fon Prophète Ifaie,Aufsi longue diftance
qu'il y a du ciel à la terre , auisi mes penfces
font tflognees des voftres.Et pourquoyr'Car
ie fuis bénin & pitoyable , le fuis débonnaire
(dit-il)& vous ne comprenez point quelle eft
ma inilericorde. Ainiidoncgaidons-nous de
vouloir enclorre en noftre mefnrc la mifcri-
cordede Dieu , mais pluftoft quand il nous
femblera que c'eft fait de quelqu'vn , &: qu'il
n'y a nul moyen de le gagner , atrendons en
patience fi Dieuvoudia bel"ongner:& fi l'hcu
re ne vient pas fi toft que nous voudrions , il
nous f ndoit faire mai,& dcuons gtmir là del"
fus, mais cependant,quoy qu'il en foit, ne lail-
fons pas de toufiours mettre peine, félon que
Dieu nous l'ordonne, de gagner les hommes à
foy.Et voila pourquoy faintt Paul notanimét
àil, AfcAHoir-mon fi quelejiie foii Dieu Iciiy don-
nera repentance.Comme s'il difoit, Mes amij,
c'eft vne chofe bien fafchcufc & difficile , de
fuppjrter ceux qui refiftent à Dieu, qui s'op-
pofent à fagrace, & qui ne peuuent ouir du
premier coup la bonne doftrine qui eft pour
leurfalution ledefpite contre eux, tellement -
qu'on les reiette. Mais quoy ? Si faut-il que
nous foyons bénins en ceft endroit : & enco-
res que nous vovons les hommes desbauchez
pour vn temps , linon qu'il y ait vne certaine
nialice,qu'il y ait vne rébellion délibérée co-
tre Dieu , tellement qn'orv les puifleiuger in-
corrigibles,que nous tafchionsdc les amortir
& les douter : car Us font (dit-il) en la maio
de Dieu.D'vn coftéildit,Sj rjuelijue foù'.moit
ftrant que fi la conuerfion des mcrtdulesnc
vient fi toft qu'il feroit à fouhaiter , qu'il ne
faut pas pouitint les placqiicrlà.car Dieu le»
ha en fa main. Et puis il adioufte , quandvi»
homme au 1 OUI d'Juiy ieraobiliné, que nous ait
t'çauons point quel il fera demain. Et pouF'^
quoy?Car la conuerfion des hommes ne vient
point d'eux.ni de leur vertu , ni de Icurmou-
uemcnt proprc-.c'eft Dieu qui les rcf -rme.qui
en fait des nouuellcs créature-;. Et f mpeiche-
roiis-nous Dieu qu'il nebefoiigued'vne façô
luiraca
s V Tv L A I I A
niiraciiîeiife, & qui ûirmontc tous nos icns?
Aiiili donc attendes de la grâce de Dieu pins
que nous ne pouuon? conceuoir.Nous voyons
donc maintenant en fomme où tend ce pro-
pos de (ainft Paul. Il eft vray qu'il ne ft peut
pas tout delpefclier auiourd'huy:mais iî nous
taut-il noter pour conclulîon.que nous ne de
uons pas reietter comme chiens & pourceaux
ceut qui font ignorans-&: combien qu'ils s'op
pofent à Dieu, & qu'Us luy coiitrcdifent, iuf-
ques à ce qu'on les ait expérimentez du tout
incorrigibles , & qu'ils s'opiniallrent par vne
malice délibérée, lufques-la il ne Faut point
les reietter de l'efperancede falut : il ne faut
pas aul"s'i leur elorre la porte, mais pluftoll que
on tafche de les gagner. Voila donc le moyé
que nous auons à tenir, c'eft que nous dilccr-
nions prudemment entre ceux qui relîftcnt à
Dieu par incrédulité. & ignorance , &: entre
ceux qui font affez conuamcus que c'eft Dieu
quiparle.mais qu'ils l'ont enuenimez pour re-
ietter toute bonne doClrine , qu'ils ne i'e veu-
lent point amender , puis qu'vne fois ils ont
commencé de relifter au bien : ceux qui font
ainlî delel'perez.il les faut lailTcr là comme ils
en font dignes, qu'on ne leur propofe plus la
doctrine de vie , car ce fcroit h prophaner.
Mais quand il y aura des ignoians , qu'on les
fupporte,& que toufiours on les attire, iufques
à ce qu'on ait cogiiu s'il plaira à Dieu les re-
tirer à foy.Or l'argumét dont vfe fiinft Paul,
T I M O T H. 4.^3
c'eft que la coucrlîon des hommes n'( ft point
en eux, ni en leur vertu : & pourtant quand il
Icmblera qu'ils foyent incorrigibles , mclaics
que tous les tours ils empirent, Dieu y pour-
ra mettre la main, qu'on fera tout csbahi qu'il
aura fait miracle. Puis qu'ainfî eft donc que
Dieu fe referue ainlî la conuerfion des hom-
mes, d'autant qu'il fait ce qu'il luy plaift, ap-
prenons de luy remettre tout entre les mains:
&cepeHdant aduifons de nous acquitter de
noftrc office, c'eft d'attirer tout le monde à ■
falut, entant qu'en nous fera.
OR nous-noiis proftcrnerons deuant la
facede noftre bon Dieu encognoiflaiice de
nos fautes, le prian: qu'il nous les face mieux
fentir que nou^ n'auons point fait , tellement
que iiuus foyons abbatu^ en nous-mefines , 5:
que non feulemét nous conférions auoirfail
11, mais que nous haifsions nos péchez, &: tou-
te la peiuerfité qui eft en nous , afin de nous
addoniicr à fuyure la volonté de noftre Dieu,
& nous y aduancer iournellement, iufques à ce
qu'eftans delpouillez de toutes iiiauuaifcs af-
fcrtions & rebelles , nous foyons contermez
en obeirtànce de û iuftice.Et cependant qu'il
luy plaile nous fupporter en nos infirmitez,
iuques à ce que nous ayant dcliurez de toutes
les corruptions de ce monde, nous foyons re-
cueillis finalement en fon Royaume celefte.
Q_uenon feulement il nous face cefte grâce,
mais à tous peuples & nations de la terre, &c-
ONZIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE.
zy il faut que le fcruiteur du Seigneur cnfcigne patiemment
ceux quirejiflcntyafcauoir monficn quelque temps Dieu leur donnera,
repentance pour cognoiflrc la yeritê,
7.6 Ef quïls rcuieyient hors des Ltqs du diuhîe, eflansprins de luy
afa^oîonté. '■
Ous auonsveu par ci deuant main de Dieu : comtien qu'il fcmble que Ju
enuers quelles gens S. Paul tout il n'y ait plus d'efpcrance , fieit-ceque
veut qu'on fe monftre bcuin Dieu y pourra befongnerd'vne forte qui nous
I&: amiable : c'eft afçauoir eft auiourd'huy mcognuc. Apprenons donc de
j ceux qui par ignorance con ne point mcfurer la puillànce de Dieu à no-
trcdiléi à ia parole de Dieu.
Car nous en deuons auoir
pitié, veu qu'ils font pouics aueugles, & mef-
mes qu'ils fout menez de quelque^ folle dcuo-
ti'on, & penicnt bien faS» : combien que cela
ne les cxcul'e point deuant Dieu, ii eft-ce que Or que famft Paul pai'lc dételles gens.il mô-
nous deuons eltre efmeus à quelque pitic,taf- ftre cela quand il dit qiie Dieu leur pourra fai
chans de les ramener au chemin de falut. Mais re cognoiltre fa vcrict- .Nou-. voyôi donc que
pource que c'eft vne choie difficile d'endurer il n'tft point ici qncftion de ceux qui par ma-
ceux qui fe rcbecquent aiufi contre la. vérité liçeVç-leuent pour troubler PEglile de Dieu,
de Dieu, & q^u'il ftmblc qu'on y perde ïi pci^ ceux q'iii font rebelles au bien qui leur eft cô-
ne , (comme deiîa nous auons touché ) faind guu,ou dcsai oftats quiapresauoirgoufté I'E
Paul reinonftre que leur changement eft en la uangile , s'aiment pour faite la guerre &à
- 11. i.
ftre fens : auand nous verrons des poures in-
crédules eftre fort durs & obftinez, attendons
veoir fi Dieu leur fera mifericorde. Et cepen-
dant aduiioiis de taire nollre office enuers
eux, c'eft A dire de les gaj^ncr s'il eft pofsiblc.
4H
SERMON XVIII.
Dieu.S: i tout ce qui cft contenu en û parole,
&ii fon Eglifc:ûtnct Paiil(di-ie)n'a point re
ij.ifdé à telles gens , comme iU n'en l'ont pas
dignes : mais il veut Ljifon ûipporte pour ?n
téps ceii\ qui n'ont iamais cognu c|uc c'clloïc
de la vcnté,&; qu'on attende paticment veoir
ii Dieu leur tendra la mam pour les amener à
fon truupeiu. Or cependant il noui faut bien
noter cjiie l'ainrt Paul commence par la péni-
tence, quand il parle de cognoiftre la venté.
Et en cela il lîgnitie que ce n'eft point vnc
chofc petite ne vulgaire,decognoiftre la véri-
té de Dieii.Ec de taid, on ne dira point qu'vn
homme cognoilTe Dieu , quand ilauiacom-
prins en fon ceiucau qu'il elt.iSc qu'on luy pro
pofe fon nom : mais il tant que la racine ibit
iniques au coeur. Q_M2e!t-cc donc que laco-
gnuillàncede la pirolede Dieu ? C'eA qu'en
premier lieu nous apprenions d'adorer Dieu
& nous affuiettirà luy, Se à tout ce qu'il nous
dira. Et au refte, apies nous elUe enquis de ce
qu'il nou^a voulu enfeigner, que nous y ten-
dions fans contredit en tout & partout. Or
c'eft vne choie fi grande , qu'elle furmonte
t jutes les tjcultcx du monde. Il ne le taut
point donc esbahirlî îimÙ. Paul dit qu'on ne
peut cognjiftre la vérité tans repentancc. Et
pourquoy? Car en premier lieu, félon que les
hommes font malins & peruers, il, nedeman-
dent que de s'exempter du ioug & de la luie-
tion de Dieu, & repoulTer toute dodnne : ils
voiidroyent que Dieu ne leur demandafl: rie,
& qu'il ieurlalchaft la bride fur le col. 11 faut
donc que bous foyons dontez en cefi orgueil
naturel , ou iamais nous n'approcherons de
Dieu pour luy eflrc bos efcholiers. Car il ne"
faut comencer par humilité pour receuoirpai
fiblement ce que Dieu nous dira:&: au contrai
re nous voulons élire comme beftes fauuages,
nous fonimes pleins de prcfoniptiô Se d'outre
cuîdance. C'eft bien loin doc de nous ranger à
la parole de Dieu, en laquelle il veutelprou-
uerfi nous voulons eftre côduits par luy. D'au
tre part, voici Dieu qui abbat toute raifon hu
marne, toutes arfediôi de la chair: Se de faitl,
Zphef.S. ^oii'i oyons que l'Euangilec/l appelé vn glai
17. ue par lequel nous famines facrificz à Dieu.
Hebr. 4. Oi'sn cotraire nous voulons demeurer en no-
li, ftre entier: & Dieu nous veut anéantir. Q^el
accord donc y aura- il , mfqucs à ce que nous
- foyons diminuez? Car ccpcndît que nousde-
meurerôs en nos affctf lôs Se penices.il cft iin-
pofsiblc que Dieu gagne rie fur nous:car no'
ferôs touliours aueugles,nous aurôs desccrars
de pierres, endurcis cxobftinez: Se Dieu veut
que nous luy foyons cônie brebis & agneaux
pour cfcoutcr fa voix, & pour fuyure ce qu'il
nous commande & ordonne. Notons bien doc
qu'il faut que les hônes foyent dontez dcu.it
que fçauoir que c'elldc la vérité de Dieu. Et
en cela nous fommes adnionellez de ne point
trouuer eftrange qu'vnc gr.îde partie du mon-
de rclille k l'F.uangiJc.S: ne peuuent cflre at-
tirez par quelque moyen que ce foit. Car ce-
pendant que les hommes iront leur tram coin
nuin,il taut qu'ils s'eflongnent toujours tant
plus de Dieu (comme no us auons dit) & d'en
appiocher il n'en tftpoint qutftiô. K'e foyôs
pointdonc fcandalizez , quand nous verrons
vne grande partie eftre côtraire à la vérité de
Dieu. Et pourquoyf Cclacft dénature. Mais
quand nous voyons vn petit nôbredc fidèles
qui louiFrcnt d'élire gouuernez fuus la main
de Dicu.cognvilTons que ce font aut.ît de mi-
racles.Car voila des créatures nouuelles:voi-
la vne coucrlîon que Dieu a faite, laquelle on
n'euft iamais attendue. Et quâdnous voudrôï
ainli magnifier la bôtéde Dieu, qu'vn chacun
commence à loy: que nous fçachions premic-
reinét eftre refolus.q fi Dieu nous auoit laifTc
cheminer félon noftte phantalic, nous luy fe-
rions ennemis mortels, iamais nous n'cufsions
gouftc que c'eftoit de ù parole. La foy donc
que nous auons eft vn don lingulicr de fon E-
fpritjil nous a illaininez:autrî.ment nous fiif-
fions demeurez aueugles.fans cela nous n'euf-
lions point les cœurs touchez au vif:car il n'y
a aulsi que pure rebclhô. Ain(i que chacun ne
fe glorifie point côme 11 la foy e.lo.t fon pro
pre creu: mais rendons à Dieu l'honneur qui
luy appartient , de ce qu'il nous a attirez à fa
cognoilTance du téps que nous eftions du tout
elgarezdeluy Iclon noftre nature. Ainfi en
fomme.nous voyos parce pailàge que la foy
nepeut eftre fans pénitence. Voila pour va
item. Pour le fécond, nous voyons que tant la
foy que la pénitence nous font données de
Dieu, &: que ce n'eft point à nous de reformer
&: nos efprits,& nos atFechons.mais qu'il faut
que Dieu y befongne , voire d'vne façon ca-
chée,& qui furmonte tout cequipourroit pro
céder des homes. Nous difons en premier lieu
que la foy ne peut eftre f.ms pénitence. Viay
eft que beaucoup de gens volages , efcoutans
ce qu'on leur propofe, femblent bien auoir la
foy;&: neantinoins ils demeurent toufiours en
leur malice. Us accorderont allez que la pjiro
le de Dieu eft veiitable , mais ils n'y veulent
point adhérer. Or ceu.\-la combien qu'ils s'in
tituiêt fidèles, font toutestois incrédules. Car
(comme défia nous auons (lit)la foy lia fi ra-
cine au cœur de l'home, d'autant qu'il fe fiib-
met à Dieu,& qu'il cogaoift qu'il eft gouuer-
né par luy. Et au refte.ce malque, ou pluftill
cefte feintife de foy qu'aurôt les hypocrites,
fi faut-il encorei qu'on les rccognoifle de
Dicu,cntant que nous ne pouuons point par-
uenirfi haut que d'auoir le moindre gouftdu
monde de ce qui eft contenu cnl'Efcriture
fainfte:mais tellei gens ne font pas renouue-
Icz comme il feroit requis ,ils n'ont point le- ,
ceu l'Efpritd'adopriô pour cftic du rang des
enfans de Dieu. Voila que c'ift de la foy que^
ont les hypocrites , comme il en eft parlé en „ .
l'Epiftreau.x Hebrieux. Ca. la cognoiflànce
qu'auront ceux qui fe rcuoltent, d qui fe dcf-
baucK«
s V R L A I I. A T I M O T H. 4^^-
fcaucKcnt, eft bien appelée don ccle/lc : maiî drions.Mais cependant il prononce que nous
cepédaiit ciux-lj n''ont jamais elle toucluz à ne poiiuonspas nous coniiertirdenoftrc ver- ,
bon cfcieiu.Èc voila pomtjuoy l'ay dit tnco- tu , que nou. n'y fomnies point enclins , ci:c
res que nous ayons quelque lentinitnt voLige nous n'y tendons pas linon que Dieu nous
de la vente de Dieu , que dclîa il a befongné gagne , & qu'il nous attire à foy.que nous ne
en nous. Mais quand il c(t queltiô de la viaye pouuons pas nous ouiinr les ycujr del'entcn-
foy.par laquelle en croyant à l'Eu.igilc nous dément pour comprendre les fecrets qui font
fommes participans de ItrusChiill,& de tous contenus en l'Euangilc , mais qu'il faut qne
(es biens, il faut que celle foy-la l'oit côiointe nolhe Seigneur nous tende la main , il faut
auec penitéce.Et pourquoy^Car nous ne pou qu'il nouschange.brief il faut qu'il nous face
lions pas nous ranger à Dieu deuant qu'auoir nouuclles creatureSi VoiJa donc l'honneur
renoncé à nous-inelhics, à toute nollre laifon que nous dcuonsà Dieu. Et c'ell ce que l'ay
Se prudence, à toutes nos cupiditez. Et ainli délia touché , que chacun de nous quand il fc
cognoiflons que ceux qui n'ont encores nul compare aux poures ignorans & incrédules,
changement , combien qu'ils vueillent eilre doit pcnfer , Helas i voici vn miroir où Dieu
leputez enfans deDRU,&: fideles.font du tout me donne à côtempler quel f eufle elle &fuire
incrédules, Si abufent du nom de Dieu quand demcuié , lînon qu'il m'cull reformé par fon
ilsprenent cetitredcChrelhés.Etpourquoy? faintl Elpnt. Car dénature ic n'eftoyc point
D'autant qu'il nous faut auoir repentance meilleur que ceux que levoy ici tHre du tout
pour cognoiltrclaverité.ainli que nousâuons contraires à Dieun'cftoye plufloll fon e«ne-
dit. Aduifons donc de retrancher tout ce qui mi mortel, ie n'auoye nerf en moy oui tendill
tilde nolhe nature pour elhefacnticz àDieu, .1 fon obeiflance, mais l'clloye plein de fierté,
& pour luy taire offrande & de nos âmes , & plein de malice, plein d'outrecuidance &:d'v-
denos corps,afin qu'il prelide & qu'il domine ne obftinatio diabolique pour refi/ler .îDieu,
fur nous. Voila pour vn item. Et inelmes ùiv.d &■ pour ni'aby fmer en la mort eternelle:voiia
Paul commence par la repentance, pour nous quec'cufl cflé de moy , linon que mon Dieu
amènera la cognoilFance de vérité & àlafoy. m'eullreceu à pitié , linon qu'il eulldcfployc
I.Cor.J. ^«"' noas fçauons ce qui cil dit en l'autre paf les threfors infinis de (.1 miiéricoide cnv.cvs
18. fage.que nous ne pouuons pas venir à celle fa moy. Apprenons donc de faire compaïailon
gelFe de Dieu h nous ne foinmes fols en nous de nous auec les incrédules , que quand nous
nicfmes : c'tll à dite , fi nous ne cognoilTons verrons ceux qui font ainfî eflôt^niz de Dieu,
q<i'il n'y a que vanité & menfonge en nos e- que nous ayons horreur de veoir que Ils
fpriis .Or quant au lecond poinci, notons que créatures s'eleuent contre celuy qui les a for-
&la pénitence ,& la foy font dons de Dieu, mees : & cependant que nous cognoifions
Car s'il n'ell point à l'homme mortel de fe que nous ferion. du tout femblabies , finon
créer pour viure en ce monde, comment aura- que nollre Seigneur eiifl: eu pitié de nous. Or
il celte vertu de le reformer pour cflre corn- pour mieux exprimer cela, nous auoHs aufsi à
pagnon des Anges du ciel? Voila qu'emporte poifer ce que lâintl Paul adiouftc , Q«''/- /<?
îafoy & la pénitence, c'cH qu'tllans dehurez retiTent ties lianÇoada filets) de Satmi , c/,/-
4e lamaledittionque nous auons tireedeno- qucU i'.sfnt tnms c^ptifj fckn fiyolontè. Ce
ftre père Adam , nous foyons adoptez pour mot exprime beaucoup mieux, & conferme ie
eftre héritiers delà vie ceicllc , poui ellie en propos que levien de mener. Car fi nous cui-
l'onime paiticipans de laglouede Dieu. Si dons pouuoir venir à la cognoiflance deve-
cela eftoïc en nous,& qu'vn chacun fe dontiall rite & à la foy , fan' que Dieu nous chance, il
\n tel bien & fi noble, que feroit-cefNous au- faut doiiC que nous foyons afiez forts peur
lions bien occafion de nous enorgueillir , & nous racheer des liens de Satan. Car îulqLics
nous n'y fommes que par trop adonnez. Et à ce que Dieu nous ait retirez des filets du
ainfi apprenons que lamais nous ne pourrons diable, lamais nous n'approcherons de luy : &
approcher de Dieu en façon quece foit, nous mcfiues il faut que nous foyons efclaues de
ne pourrons auoir vne feule bonne pcnfee, ni péché , que nous ayons la mort pour noltre
vn feul bon mouuement.finon qu'il nous vie- héritage. Q_ui eft celuy donc maintenant fi ha
ned'en-haut , & que Dieu befongné par fon bile , qu'il fe puifle deliurer , & élire fon Re-
fain«5tEl"prit.Car ce n'ell point fans caufcque drmpteur? Otcions-nous bien vfiirper ce que
il eft dit, Bitu l'ofibU léiir ({c>in:rarej<ti!ta>ne Dieu s'attribue r N'ell-cc point vn facnuge
pour -vn rà la reri te.Siinâ Paul pouuoit bien que Dieu dételle ,& à bondroiclrSi on deman
dire, Et que Içait-on s'ils fe pourront chan- de à chacunde nou- ,Pourrois-tu cflie ton re-
ger ? Si auiourd'huy on les ellime incorrigi- deinpteur.'ll dira.Ncnnucar l'v.fiii pcroye par
blcs, on y trouuera demain quelque amende- ce moyen l'office du Fils de Dieu. Or mainte-
ment. Saintt Paul pouuoit bien ainfi parler: cant fi quclqu'vn cuidc auoir la foy de fa pro
mais ilnous raincineàDieu. Ileflvray qu'il pre vertu,fi quelqu'vn fe péfe côuertir, celuy
regarde à ce que nous auôs touché: celt pour ladcfpoHille lefusChri/lde l'olficedc Rcdé-
iious exhorter à patience quand les hommes ptcur,& fe côllituccn faplace. Et pourquoy?
aeie rendrout pas ûdociks comme nous vou fainû Paul dicnotamment que nous ne ferons
li. li.
45 <?
SERMON XVIII.
I. €cri.
13.11.
point illuminez en U foy,qae nous ne ferons
point conucftis.iufques à ce que nou's foyons
dcliurez des liens du diable. Ôr doc que nous
l'oyos tant mieux rclolus de ce que deha i''ay
déclaré , c'eft afçauoir de magnifier noftre
Dieu de la grâce qu''il nous a tlaigie , quand
illuy a pieu nous taire participans de la foy
de l'on Euagile , qu'il luy a pleude nous y cô
fermer. Et par cela que nous detcftions tant
plus Toutrecuidâcc qui eft en ceux qui fc con
lient en leur franc arbitre, qui le veulent tai-
re valoir, Ci s'aucuglent en quelque toile iiua
ginition de leurs mérites : que tout cela l'oit
mis tous le pied quat à nous. Et au refte,tout
ainfi qne nous deuons taire Iiomiiiage à DicH
de ce qiie délia il nous a doaétau Ai pour Pad
ueuir nous deuôs auoir noftre recours à ta pu
remifericorde , afin qu'il nous augmente la
foy, afin qu'il nous auance, & nous tace pro-
fiter de mieux en mieux à pénitence. Cariî
nous auons toy , ce n'eft pas à direque la
foy toit parfaite en nous: nous verrons quel-
que petite eftincclle de clarté, mais ce n'eft
qu'en partie, côme dit ûind' Paul. Ainddonc
nous auons 3 prier Dieu qu'il nous augmente
la foy : & ne cuidons poiKt par noftre indu-
ftrie ou habilité y paruenir, il faut que com-
me Dieua cominécé.aufsi qu'il parfice. Tou
chant de la penîre;;CC, combien que nous ay -
ons-quelque bon defir Se zcle d'approcher de
Dieu.toutesfois nous tramons nos cordeaux,
& venons en clochant , & il y a tant u',nipa-
tience encores en noftre chair que c'eft pitié.
Ainlî nou> auons befoin de prier Dieu que de
jour en iour il nous fortifie, iufques à ce qu'il
nous ait retirez de ce monde : ëc ne cuidons
point par noftre mouuemct Se par noftre vej
tu gagner fur nos atfeftions vicieufes, il faut
que Dieu nous donne cefteviftoire-la. Voila
(di-ie) comme nous l'ommesaduertis de non
leulemét glorifier Dieu touchât le bien qu'il
nous a délia fait.inaisaufsitlerecourir à luy,
afin qu'il fuppleei nos défauts , iniques à ce
qu'il nous ait amenez à la droite perfeftion,
de laquelle nous iomines encores bien loin.
Or cepédant ce paflage nous doit bien indui
Tc à humilité, quand il eft dit que le» incrédu-
les font tenu; captif, aux liens de Sat.^n. Car
qu'aiions-nouî cfté.S: que ferions-nous enco
rcs finolcrc Seigneur ne le fuft monftré pi-
toyablccnuers nous ? Wauons-nous pas efté
nourris en ceft aueuglement oii nous voyons
encores les pourcs ignorans? N'yfufsion;-
nous pas demeurez linon que Dicii nous en
euft affranchis? Quand donc nous appetons
de nous faire valoir , que ceci noasvieneau
deuant, Il eft vray qie de nature tu es vn ef-
claucdc Satan : vn clieual ou vn bœuf, ou vn
ai'ne n'eft pas plus à fonmaiftrcque tu cftois
à Satan. Va-t'en maintenant prifer de ta ver-
tu,tu cuides cftremcrueilles : voici Dieuqui
blalbnne tev armes, &: dit en femme que tu es
vn pourechien que Satan tient lié à £oy,&en
feruitude: voila où tn en es,&t'y faudra demen
rcr.iul'ques à ce que ton Dieu ait rôpu les cor-
deaux dot tu eftois détenu. Q_uand donc nous
oyons que les incrédules font retenus en cefte
maudite captuiitc fous Satan , ne faut-il pas
que nous foyons plus que forccnez lî encores
nous Guidons valoir ie ne l'çay quoy,û nous e-
leuons Tn franc arbitre, fi nous prclchons nos
vertus & nos mentes .= Or le lainft Elprit ne
pouuoit mieux foudroyer pour nous deipiter,
& nous mettre en tout opprobre, que quand il
a dit que Satan nous polïcde,que nous fouîmes
fous la tyranie, qu'il domine à Ion vouloir fur
nous, iufques à tant que Dieu nous detiure.Ec
au rcfte,que nous apprenions aufsid'apprehen
d;r cefte horrible maledidion de Dieu furie
genre humain, quand il eft dit que Satan domi
ne fur tous hommes, 5: grans & petis fans ex-
ception.Or nous foinmes formez à l'image de
noftre Dieu, le mode eft créé à caufe de nous:
&■ quand il a imprimé ù marque en nous, c'tft
afin que nous luy fuûions comme l'es tnfans.
Et voila pourquoy auf 1 il nous adonné mai-
ftril'c fur toutes créatures . Cependant, que le
• diable nous tienc en (e^ cordeaux & filets, ne
voila point vue chol'e horrible, &■ qui nous
doit faire dreller les cheueui en latefteï'Si
nous côlîderons noftre première origine.voi-
la Dieu qui nous a créez comme fes cnfans, il
a voulu q le ù gloire reluift en nous, & nous a
c.iiiftituez en ce monde, afin que nous ful'.ions
comme fes images viues. Il faut donc drre que
II' péché emporte vne hoirible ruine, que le
• diable prene polîèf ion de nous, qu'vne natu-
re fi noble, fi digne, & fi excellente comme eft
celle de l'homme, fjit abyl'inee iufques Ij.que
le d able le tiene en fes cordeaux. Orceci eft
pour nous faire detefter tant mieux le péché:
Comment? Dieu nous auoit créez à foa image
p lur eftre compagnons des Anges, & cepen-
dant nous fomincs abyfmez iufques au pro-
fond d'enter, & du ventre de noftre mère nous
attirons tous cefte inalcdiftion-la ? Et où eft-
ce aller ? Or qui en eft caufe finon Te péché?
Nous deuons bien donc aiwirle péché en dc-
teftation, quand nous cognoiflons qii'il nous a
telle-.iét ruinez, qu'il faut que noui foyons en
la feruitude de Satan. Cependant nousdcuons
aufsi eftre amenez à la crainte de Dieu ,&de
f,)n iugeme't.N uis voyons quelle nonchalan-
ce il y a aux homes, 5: comme ils font enyurez
en vne vaine outrecuidance , tellement qu'ils
ne l'çauent que c'eft de venir à conte deuant
Dieu : & combien qu'ils oycnt tous les iours
que Dieu les ticntfes ennemis niortelv.&qu'il
eft armé, qu'il a fa vengeai^ce toute appareil-
lée fur eux, il ne leur en chaut : S: ce n'eft pas
feulement vue yurongnerie que cela , mais il
fuit qu'ils foyent du tout en forcelez , qu'ils
foyent empunaifis en leurs o.-dures , pour ne
fentir rien de cefte ire de Dieu qui leur eft tou
tc appflce.&rdô; PEfcritiiie les nierace. D'au
tant que nous fouîmes ainii tflourdis.tant plus
fonentu-
SVR LA IL A TIMOT H.
437
l
fongneurcnientdeuons-nous noter les pafla- fur tous mci-eidules',(c5raeûin£i Paul le trait
ges , là ou nous voyons que c'eft de nous^ce- te en Pâutre pa(Iàge.)Car en pariant aux fide Et^.i.»
pendant que nou5 demeurons en nos péchez: les, il leur dit , Gardez-vous, mes amis ; caf
c'eftafçau.oir que Dieu nousdefauoue, & que Dieu vous a prins afin que loyez l'on hérita-
il ne nous tient phisau nombre:ie nedi point' ge:& ne vous adonnez point à Sa tan, lequel a ^
de Tes enfans , mais de l'es ocuures. Car puis l'on ethcace & fa vertu fur les incrédules. Ce-
u'il nous remet lous la fuietion de Satan , il la donc cft bien vray en gênerai . Mais co-
aut bien qu'il nous defpite.il faut bien qu'il gnoiffons que lï les poures Payens , & ceux
nous ait du tout retranchez de fon royaume, ' qui ont toulîours el(:éaueugles,qiamais n''ont
& qu'il ne vucille rien auoirde commun aiiec efté approchez de Dieu, font fous la tyrannie
nons. Or puis qu'ainlî c(t, voila qui nousdo't de Sata.par plus forte raifon il faut que ceux
foliciter à la crainte de Dieu, quad nous voy- qui fedeflournent de Dieu , &quideuiencnt
ons la condamnation qui elf mile fur tout le ainfi apoftats apies qu'il les auoit attirez à
genre humain. Mais cepéd.nt nous allons dé' foy, loyent des monftres horribles , que nous
tant plus à magnifier la bonté de Dieu, quâd apperceuions vnc telle furie en eux, qu'on co
il nous retire d'vrr tel gouffre où nous eftions gnoiffe qu'ils font corne diables encharnez,
captifs de Satan, que non feulemét il nous ait que ce font des diables pofTcdez du diable,
affranchis, mais qu'il vueillc eftre noflre gou Or que nbftre Seigneur defploye vne telle ri
ucrneur , & que par fon fainft Efprit il nous gueur fur tels mal-hcureu\-,on le voit. Car ie
guide, & qu'après nous auoir illuniuiez il châ vous prie, trouuera-on aux Papiftes l'impie-
ge aufsi nos cœurs & nos atfcJlions. Q_uand té pour defpiter Dieu , telle cemme ont ce?
donc nous voyons que noftre Seigneur befon apoftats quiontcognu l'Euangile , & en la
gneainfi, n'auons-noHs pas vn plus grand lu- lin s'en font desbauchczf Trouuera-oii aux
ftre beaucoup de fa mifericorde,afin que no' Turcs, 5: aux Payés telle cruauté comme aux
luy rendionsla louange qu'elle merite?Voi- Papiftes ? Nous voyons comme de degré en
la ce que nous auons înoter en fommede ce degré, feloii que IcOiommes fc font appro-
palIàge.Maisil y a encores plus: car lî le dia- chez de Dieu, & qu'Us ont voulu faire de; be-
ble poflede les ponres ignorans qui n'ont ia- ftes enragées , qu'ils ont prophané ce don fi
mais rien coguu de l'Euangile, que fera-cc de cvcelknt de la cognoifTàncc dé vérité, & que
ceux qui s'adonnent à luy , & qui reiettcnt la ils en ont abufé lî vilcinemét, il fautaufsi que
cognoiflancequi leur auoit efte donnée, com Dieu femonftre leur iuge , & qu'il dcfployC
me s'ils vouloyent prouoquer à leur efcient vne vengeance double fur eux. Ne faut-il pas
& de propos délibéré l'ire de Dieu côtr'eux? que cela nous foit comme vnmonihe pour
Saind Paul parle ici des poures Payens qui ia nous rendre touseftonncz? Et ainli retenons
mais n'auoycnt ouy vn fcul mot de la Loy,ni de ce que dit ici faird Paul-iufque^ à tât que «>
àa Prophètes, ni-de rEuang:Ie. Voila le^ po- noftre Seigneur Icfus Chrift au fait office de
ures gens qui font nais en fiiperiHtion, on les Rédempteur enuers nous, que nous ferons de
y a nourris , ils cuidét bien faire quand ils s'a tenus aux liens de Satan : coliilnc au Ai noftre
donnent à leurs folies : & s'ils fçauoyent que Seigneur Icfus déclare au huitième de fainft
c'eft de Dieu, ils s'y voudroyent bien ranger, Ichan.que c'cft l'on propre office de nous de-
ce fenible : car ladfuocion q l'ils ont enuers liuicr. Or puis qu'ainlî cft que nous aùos efté
leurs idoles, mon ftre quelque ligne qu'ils delî fous la feruitude du diable, iufqres .\ c-equele
rent de craindre Dieu. Or tant y a que faind fus Chnft nous ait afFr.ichis.auifonsde chcuii
Paul déclare pource qu'ils font ignorans, que ner en toute humilité &' crainte, en toute foll
ils font fous la tyrannie du diable, qu'il les citudc.it no' voulôs demeurer enpofT. fion
tient captifs, qu'il les traine, qu'il les pouffe & ioiriffance ferme de ceftc liberté qui nous
félon fa volonté. Si des poures ipcredules qui a efté acquife par le fang du Fils'de Dieu,
n'ont ianiais rien cognu font en vne condi- qui nous eft donnée par le fainft El'piit.Qj.ie
tion tantmifcrable,Teii6s mainteilant àceux donc pourdcmeurer en poflehion d'vn tel
aufquels Dieu auoit tendu la uiain.aufquelsil bien, nous foy ons fur nos gardes, S: que nous
auoit ouuert la porte de fonEglife .pcurdi- aiiifîonsdéné nous poiut iettcr aux filets &
re, Entrez: &aufquels il auoit donné fa inar- aux laqs'd'è Satan à noftre efcient. Q^ant à
que, c'eft afçauoir le Baptcllne : que ceux-là ce qu'il dit, que ^atan !es titiit c-iptifs ti fi -vo-
fe reuoltent quand ils ont cugiui que c'eft de hntc: cela nous doit eftre encores v;i aduertif
l'Euangile, qu'ils reiettcnt la cognoiflance fcment pour nous cfueiller quand nous fe-
qu'ilsont rcceue, qu'ils enfeuelilTent les dons riôs plus ou'endormis,que le diable nous trai
de Dieu, qu'ils prophanent le fang de Icfus re,& nous poufle à fon plailîr, qu'il fifede
Chnft , brief, qu'ils lettcnt à leurs pieds tout nons tout ce que bon luy féùiblf. Or quand
ce qui leur auoit efté d5né:ne faut-il pas que cela tl] dit des Payens, que fera-cc donc de
Satan en prene double polTcfïionfNc faut-il ceux qui -int mérité vne double vengeance,
pas qu'il domine beaucoup plus fur eux" eue & beaucoup pNs'griffuefM^îs tant y a que (î
furies poures ignorans? Il «ftbien certairrll le diable traine air.f? les incrédules, ce n'eft
cft vray qu'en gênerai le diable a l'tmpiie pas qu'ils foyent ex'ciiûz pourtant, comme il
Il.iii.
438
SERMON XVIII.
y adesgaudifleurs qui voudroyent bien par
vn tel fubterfuge efcnapper la jnaiii de Dieu,
Et uuoy?Si nous fommes pouffez de Satan, le
pecné nous doit-il eftre imputé? Les autres
blafphement contre l'Efcriture fainfte:car il
leur femblc que Dieu doit louftenir toute la
couipe de nos péchez, s'il nouslaiire en telle
leruitude. Mai? notons que les incrédules ne
font point abfoiis , combien que le diable les
iiydnile, qu'il les traîne en telle rage qu'on ap
perçoiuc qu'il domine uir eux.£t pourquoy?
Q^iand nous verrons des aftes énormes , no-
ftre Seigneur nous monftre que c'tlt Satan
qui domine. QM,elques fois des hommes cui-
deiont eltre aigus Scfubtils , & bien aduifez:
or ils (e tromperont , & feront des choies fi
lourdes que les petis enfin 4 fc moqueront de
leur beftifc, qu'on voit. Et cela comment eft-
:1 peu aduenir ainfi? Ils feront des aiies li vi-
leins qu'on les a en exécration, qu'ils font en
horreur à tout le i)i5de,il femble qu'ils ayent
confpiré de fe mettre en infamie & opprobre
â grans Si. à petis. On verra donc de telles cho
fes fî énormes qu'on fera contraint de pen-
fer , Voila le diable qui domine. Or cepen-
dant (î on examine afçauoir fi le mal defplaill
à telles gens , on trouueia qu'ils ont vn cœur
félon & rebelle contre Dieu, on trouuera que
ils font pleins de peruerfitc.on trouuera que
ils ne dem.ldent que d'appliquer & leurs fens,
& leurs efprits,& leurs atfetliôs, & tous leurs
membres à oifenfer Dieu , Se à nuire à leurs
prochains. Or quand les hommes font telle-
ment tenus captifs de Satan , que de leur bon
gré ils font nul, que ce n'cft point par force,
mais qu'ils s'y adonnent de tous leurs mou-
uemeiH , y a-il nulle excufeen cela? Nenni.
Notons donc en fomme, que celle captiuitc
doiit parle ici fainft Paul.ellvolontaire qu.it
aux hommes, c'cfl afçauoir qu'ils n'y font
point forcez: mais tant y a que Satan ne laillc
point de les tranfporter en forte qu'on ap-
perçoit la vengeance de Dieu que i'aydite.
Ceci pourroit eltre entédu en vn mot, fi nou«
eftions touchez des iugcmens de Dieu com-
me il appartient. Mais quoy? Ce que nous ne
cognoilfons point que Dieu aueugle les hom
mes, qu'il les met en fens rcprouué par fa iu-
fte vengeance, ceb eftcaufe que nousne pou-
uons apperceuoir comme les hommes font te
nus captifs du diable, & toutesfois qu'Us font
Jamnables deuant Dieu. Mais fi faut-il néant
jBoins que nous avons ces deux chofes toutes
Ttfolues.L'vnc cli, ^uc quad nous verrons des
hommes le ietter à l'abandon, qu'ils procéde-
ront d'vne telle fureur qu'il femblc qu'ils fo-
yentpriuezde r^ifon & d'honneltcte , qu'ils
foyer abiniiti': du. tout, cognoiflons que c'eft
le Ji.ible qui domine. Voila des hon^niïs qui
defpitcnt D.ieu mauitcflemét, ilfcmbic qu'ds
tafchctd'c.mpyifouuer tout lc;nÔdtde leurs
corrnptions.ilï s'eleuei': %ontrc toute bonne
«loftri8c,fi on tafclic de les gagner par dou-
ceur,ils fegaudiflention n'y voit que moqiif-
rie:fi on les menaci.& qu'on les redargue.ils
murmurent, les voila comme endiablca, qu'il
n'eft quellion que de machiner tout ce qu'il
efl polsible:nous voyons telles gens faite cô
plot auec le diable qui les tient laifis Si. en fa
poflefsion.ll taut donc qu'ici nous appreniôs
de nous adonner & nous ranger à Dieu , le
prians qu'il ne permette point q nous le pto-
uoquiôs en forte qu'il nous quitte & nous a-
bandonne à Satan, & que nous luy ioyons co-
rne en proye. Voila pour vn item. Or d'autre
cofté, cognoiflons que quand les homes font
ainfi tranfportez , combien que Satan exerce
fon empire fur eux, qu'il les rue, qu'il les agi-
te , qu'il s'en fert à ceci & à cela , toutesfois
qu'Us ne ferét point excufez en leurs pécher.
Et pourquoy?Car ce n'elt point par côtrain-
te qu'Us font mal, Us y vont toufiours de leur
voleté. Il cfl vray qu'Us fontdefpourucus de
fens & de lailon: mais fi eft-ce qu'on trouue-
ra toufiours la racine de malice en eux , on
trouuera qu'Us ont côfpirc & comploté auec
Satan: côbien qu'il exerce cefte maiftrife que
nous auons dite pour les tenir en feruitude,fi
eft-ce qu'Us ne demandent que de luy com-
plaire, & le prefentei àkiycommefts fup-
polh, quand il ell qucilion de fane ia guerre
à Dieu,de fe desborder contre tout bien, con
tre toute honntiteté : on voit que les mef-
chans font adonnez à cela. Quelle excufe cft
ce donc qu'Us auront? Et ceux qui tafchent
d'accufer Dieu afin de trouuer quelque fub-
teifugc , nt faudia-il pas qu'Us fentent vne
horrible vengcancejd'auoir ainfi dtfguifé les
chofes, & qu ce que dit le Prophète Ifaie.foit
accompli fur eux , Mai-heur fur vous qui di- jJâ.t.lO
(es le mal cllrc bien? Or quand nous aurons
cognu ces deux chofes, appienô^ de glorifier
Dieu,& de condamner les hommes : car c'cft
aufsi la finpiincipale où ci.ftedoihine tend:
ie di que voyant que le diable trâfporte ainfi
les hommes,côbien que ce nous fou vne cho-
fe efpouuantable, que nous deuons confeiref
que Dieu eft lulle iuge , & que ce n'ell point
fans caufe qu'il met les créatures en telle c5
fufion. Pourquoy ?Comme dit S.Paul.Qj^^and Kanut.j.
nous ne voulons point nous alTuiettu àceluy xS,
qui nous a formez, n'eft-cc pas raifon q le dia
ble nous polfede? Et encores que Dieu n'ait
point donné cogno. (Tance de fa parole aux
Payens , tant y a qu'Us font inexcufables fi
toU qu'il lésa nus en ce mode. Car nous voy-
ons que tous de leur bon gié s'adôncnt à mal
pluftoil qu'.i b'en. Voila donc Dieu qui doit
eftre gloiifiéd'vii coftc, en ce qu'il ft môftre
iuge équitable quad il met ainfi les homes en
fens rcprouiie,& en elpritde forcencrie(cô-
mc il en paric)quand il cnuoye ceft aueugle- Rtma, u
ment fui les hommes, qu'Us font enragez du y».
tout, ou bien qu'Us deuiencnt ftupides & bru
taux: coijnoillons qu'en cela il le monfire iu-
ge tel qu'ildoit eftic.£taurefte,qu'a l'oppo-^
fite nous
SVR lA II. A TIMOTH.
43!»
ttt nouic apprenions d^auoir en horreur le pe
«hé.d'eftre fur nos gardes, Se d'eilre vigilans.
Or puis qu'ainfi cfV (comme dcfia nous aiious
dit ) que ceux qui l'ont tranfportez de Satan,
font autant de miroirs, liclas , que ûra-cc de
nous;Carnûus ferions femblables àcui.lînon
que Dieu nous eufl prcferucz,& qu'il cuft touf
iours fa main eflenduc pour nons tenir en ù
protedion. Et ii les poures infidèles & igno-
lansqniiamais n'ont rien cognii de Dieu, font
ainli tranfportez,hclas,que fcia-ceîSi nous ne
lomnies humbles pour cfieminer tn modeftie,
en fobrieté,en crainte de Dieu, que meritons-
noui?Car nous oyons la menace qu'il fait con
trc ceux- qui auoycnt cognu fa Parole plus fa-
milièrement.Il eft vray que les Prophètes di-
ront bien comme hérauts d'armes , que Dieu
aueuglera le monde , & que le diable régnera
par tout : mais cependant quand ils vienent à
ceur qui ont efté priuément eiifeigncz,& auf-
quels Dieu s'eftoitmanifefté.que leurdilcnt-
ils?Que leur iniquité furmonte toutes les au-
tres . C'eft donc à ceux que Dic.i auoit appe-
lez à foy,qu'ell referuee la vengcace tant plus
horrible , qu'ils foyent du tout reiettez de
Dieu:& non fculeméc ci.la,mais que Dieu don
ne plus grande licence à Satan, qu'il les tranf-
porte en telle rage, qu'on apperçoit (comme
i[ a efté dit)que quad Dieu cnuoye ce threfor
de fa Parole, Il on ne le reçoit en telle reueré
ce qu'il appartient, qu'il fe vége du raefp ris &
de l'ingratitude qui eft aux hômes. Voila donc
ce que nous auôs à retcnir,tQUtesfois Si quan
tes que nous voyôs que le diable poulTe &pre
cipite ainfî ceux qu'il veut abyfmer, qnc nous
apprenions de nous recueillir fotis la garde de
noftre Dieu, & que nous le prions de nous te-
nir en bnde courte, & de iamais ne permettre
qu'il nousaduiene de nous efgarer, aiîn que
quoy que le diable machine , toutesfois nous
ne foyons point fuiets à Û volonté , que nous
ne luy dônions point accès ni entrée en nous,
tellement qu'il ne gagne rien fur nous , quoy
qu'il face . Ce qui fera, moyennant que nous
demeurions fous la garde & fous la conduite
de noftre Seigneur lefus Chrift, lequel fe mon
ftrera fidèle pour exécuter la charge qui luy
eft comaiifede Dieu fon Père, c'eièafçauoiv
de faire que de tout ce qui eft venu à luy, rien
ce pcrifle, mais qu'il foit gardé iufques au der
nieriour.
OR nous-nous profterncrons deuantia
face de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir que nous n'auons point fait.en telle foi
te que nous foyons amenez iufques à vnedro<
te repentance , Se que nous y profitions de
plus en plus, nous fupportant toufiours en nos
infirraitez , iufques à ce qu'il uous en ait cor-
rigez , voire defpouillcz du tout . Ainli noue
dirons tous, Dieu touc-puiflaat, Père ccJcftc,
&c.
PIlEMlER SERMON SVR
TROISIEME CHAPITRE.
L E
I Orfcdchc qu'es derniers iours les temps feront périlleux.
2. Car les hommes feront s'aimans eux- mefmes, auaricieux, "van"
tcurs yorgueilleux.dijfdmdtcurs Mfohetjfans a père (f à nter e, ingrat s ^
contempteurs de Dieu,
5 Sans ajfcBion naturelle, fan s loyauté > impofeurs de crimes fans
attrempance, cruels hayjfans le hicn,
4 Traiîires, infolens, enflez > ^wctrewr j de y oluptez pl^^ <{tie de
Dieu.
5 Ayans la forme de preud hommie, mais renians la force d ic el-
le. De?lournc-toy aufi diceux.
l nous voyons des corru- forgent à leur fantalîe quand ils n'cfl tronuét
ptions àl'entour denoiis, il point. Carnioyennant qu'ils ayent des com-
nous femble qu'elles août pagnonsàmal, celeur eft toutvn, il leur fem-
doyuét feruit d'excufe pour ble que c'eft vn bouclier pour fe couurir: inef-
nousdesbauchcr awec le re- mes ceux qui ne font point mal affectionnez,
fte : comme beaucoup font encores fe troublent-il> quand ils voyent les
leur profit des fcâdalcs qu.îd chofes aller mal, & ne fçai.ent qu'ils doyuent
lis aduiencnt, & mefmes ils les cerchent, & en plus faire . Or tant y a' que o'icu de fa part
li.iiii.
440 : S E R M O
notis a aflcz miiaiç , afin que nous ne foyons
point deitouriiez du bon cliemm, combien que
nous voyons des chofes contul'cs tain &: plus:
mais nous n'efcoucons point les aduertiflemés
qui nous lont donnez du ciel. Voila pourquoy
le diable nous esbraiile ii airément . Si ell-ce
que Dieu ne lailFe pas de nous monlher.com-
bien que tout le monde le perueitifle , qu''il
nous faut tenir à luy:li nous ne le failons, mal
heur fur nous: car il nous faut eflre inexcufa-
blcs, d'autant que nous n'auons point efcouté
celuy qui nous euft bien armez, quand nous
culiions tait noftre profit des admonitions
qu'il nous dônoit. Comme en ce paflàge nous
oyons ce qu'il dit par lainft Paul , c'ell afça-
uoir que uifques à la fin du monde on ne doit
point penler que les choTesdoyuent eflre fi
bien réglées en l'Eglile de Dieu , qu'iln'yait
que redire, qu'on voye comme des pctis An-
ges qui ayent bon zèle de feruir à Dieu : mais
tout à l'oppofite on verra des gës gloricux.on
verra des gens defloyaux, traiftres , pleins de
cruauté & malice, inhumains comme befles fau
liages: on verra des côtemprcurs de Dieu, on
verra des gens addonncE à toute intemperan-
ce>de viedilTolue, vileinec&bruta;le : & ceux-
là le nommeront Chre/liens .Brief(dit fain£t
Paul)combien qu'ils lemblcnt eftre enfansde
Dieu, (ieit-ce qu'on ne trouuera point vne
l.eule goutte Je vertu en eux. Car quand le
faintt Elpnt a prononcé vne telle lentcnce,
cft-ce pour nous donner congé de mal-fairc,
& qii'vn chacun dile qu'il pourra vrler entre
les loups?Nenni:mais c'eft afin que nous Coy~
0ns tant plus fur nos gardes, que nous ne pen-
fions punit eftre ici comme en paradis pour
nous repofer : mais d'autant que nous auons
les combats appreftez, que Satan tatche.de
nousdiuertir,il nous faut eflre tant mieux for
tihez-.Vojk à qu^liç intention nous fonimes
admoneftez . Mais quoy ? Nous faifons l'au-
leillê fourde>: A:- voila pckirqiioy Dieu parle
ainfi, Q_ue beaucoup de gens le deflourncronc
encores qu'ils euircnc l'apparence de chemi-
ner comme Chreitiens, on les verra changer
en moins de rien. Et pourquoyrCar ils ne dai-
gnent pas efcouter ce que Dieu déclare par
la bouche de fon /ipoftre : ils méritent, donc
»j le diable ait facile accésà eux,6i qii'il'Ies ga-
gne & attrappe du premier coup. Ainfi d'autît
plus noys taut-il dire attentifs .1 ce qui nous
fit déclaré ei^rcp.^fÇige. Gar.ijinft Paul n'a
point ieulement parlé pour fon temps: il dit
qu'aux derniers iours cela feia . Et qu'cll-cc
que cela comprend? Tout l'cflarde l'Eglife
Chreftienne. Car quand l'Efcnture parle des
derniers ioufs.elle fait compataifon einrrc les
ombres de la Loy , & cefle pi/rfeitioii. qui a-
uoit eiié eipcrce à la venue du Rédempteur.
Caries Pères lufqucs à l'Euangiio ont efté'cô
me en fufpens: d faloît que le mande full c-oim
me cliangc quand leliis Chrifl cil apparu jvour
Icfilutdes hoiuaics. Or pour celle caufé'dc-
N XIX.
uant que noftre Seigneur fuflmanifcflé, les fi-
dèles ont toufiours attendu ce qui auoit cflc
promis fous la Loy : c'eil que Dieu deuoit a-
menervne perfttlion autre qu'on ne voit-pas
maintenant: depuis que noflre Seigneur lefus
a tout accompli ce qui eiloit requis pour le (a
lut du mode, nous fommes aux derniers tours.
Voilà pourquoy l'Apollredit au premier cha
pitre de l'Epiftre aux Hebrieux,que Dieu a
ladis parlé en diuerfes fortes , & par plufieurs
fois à nos Peres:mais en ce temps dernier il a
tait vne conclufîon parfaite , quand il nous a
reuelé fon Euangile par noflre Seigneur le-
fus Chfift . Voila pourquoy faindl Paul aufsi
dit que nous fommeï paruenus à la fin des
temps, & que les fins des temps aufsi font com
me elcheues fur nous , qu'il faut que mainte-
nant nous courions vifle pour acheuer ce qui
nous refte à viure en ce monde , que nous ne
foyons plus ici en doute pour fçauoir ce qui
aduiédra:car lel'us Chrifl nous a apporté tout
ce qui auoit elle promis à nos Pères : il ne re-
lie donc finon qu'vn chacun de nous chemitie
uifqu'àceque Dieu le retire de ce pèlerinage
terrien. Et cependant que nous apprenions
toufiours de regarder à cefle dernière mani-
fellation, quand lefus Chrifl viendra pour re-
cueillir les liens, &:pourconfopdre fes enne-
mis.Voila donc comme les derniers iours ont
commencé depuis le temps des Apoflres, ils
continuent à prefent, & dureront iufques à la
fin du monde . Or pourquoy efl-ce que l'aindl
Paul tant ici qu'ailleurs parle des derniers
iours, qu.îd il aduertit les-fideles qu'il faut que
ils fe difpofent &'appreflent à beaucoup de
troubles & de tafchcries ? C'eft d'autant qu'il
y auoit celle tantafic quafi commune, que les
chofes iroyent beaucoup mieux qu'elles n'e-
lloyent: pnurce qu'aiiparauant les Prophètes
parlans duRoyaume de Icfii; Chrifl, difèyent
que tout feroit h bien reforme que merueilles,
que le monde fe rangcroit à'Dicu, que fa ma-
ieflé fcroit adorée & de grans & de petis , que
toute bouche luy chanteroit louange , & que
tout genouil fe ploycroit deuant luy :brief,
qu.îd on oit de telles promefTes, il femble que
• nous dou-rions eftre en vne faniCteté Angéli-
que, depuis que lefus Chrift eft.ipparu . Et la
raifon?C'cft(comme l'ay dit)quc beaucoup a-
uoyent conclu cela en leur fantafie , qiji les
trompoit.qiii; depuis Li venue du Rédempteur
on ne,ver'roit phisque tome honnellctc 5( mo
deftie, que' les chufcs fcroycnt tant bien reduil
tes qiiM n'y abroit plus de vices au mondcOr'
maintenant l'Apoftredit à roppofite,quecqm.
bien que cela doyUe commencer, que \a per-
fcfbion ne s'en verra pas du premier lour.Tât'
s'en faut(dit-il)queceuxq(ii s'appellét Cliré-;
ftiens,, fi^ycnt tels commcils en font prot'el~
ficmde bouche .qu'ion les verra pleins d'or-:,
gueil, pleins de mali'ce, pleins dpdcCoyamc Set
de ti.ilul'on, pleins d'auarice.pk-ms de inclpris
de Dieu & de toute iniquité, qu'ils lucncronc
vne
s V R LA II. A T I M O T H.
44^
Tne vie difTolue & mefciiaiue , que.Ies vçis fe-
ront jjâill.irs, Icsaucres yuronguCs, les autres
niefdilaiis,& fetôt toulîoars à racointer. Voila
(dit-il) la Chreftiétc qui fera en beaucoup de
gens. Nous voyons maintenant pourquoy no-
tammét famâ Paul a parlé des dernieis lours:
x.fltr.1. comme quand fainû Pierre en fa féconde Ca-
I. noniquedit qu''il y aurades feduûeurj entre
nous.corae il y a eu au peuple des luifs, & des
faux-prophetes:par cela il Cnôftre que fi Dieu
a Toulu exercer les fidèles f'ms la Loy, permet
tant qu'il y veinft des mefclians qui tafchoy et
deperuertir la pure vérité , qu'il y aura aufsi
bien maintenant de telles canailles qui tafche
ront defalfifier TEuangilè, & mettre tout en
corruption, d'obfcurcir la clarté de Dieu , &
coniiertir fa vérité en menfonge.Brief.ilnour
cft monftré par ces mots, combien que noftre
Seigneur lefus Chrift fe foit déclaré le Sau-
ûeur du monde, comb en qu'en fa pcrfonne il
ait accompli tout ce qui eft requis à noftre Ci-
lut, neantmoins cependant que nous auons à
cheminer ici bas , que nous ne fommes point
encores enctfte perfcftion , mais qu^il nous
faut batailler, qu'il nous faut cheminer parmi
les efpines, qued'vn cofté nous ferons tour-
mentez par la malice des hommes quand les
vices régneront: & pourtant que nous foyons
fur nos gardes, que nous ne foyons point def-
bauchez par le« troubles que nous verrons:
quand il y aura des zizanies & faulTcs doftri-
nes-&que Satan machinera de tout rcnuerfer,
& faire que l'Eglife foit difsipce , & que tout
l'édifice de Dieu s'en aille bas, que nous priés
noftre Dieu qu'il nous face furmonter tout
cela. Nous voyons donc que ce n'eft point af-
fez que les Chreftiens foyent en bon train , &
qu'vn chacun deCre pour foy d'obéir à Dieu,
mais il nous faut aufsi refifter à toutes tenta-
tions: combien que nous foyons enuirônez de
ieaucoup de fcandales, que nous deuons eltre
jnunis à l'encontre.&qu'ilne faut pas qnous
foyons comme rofeaaxbranlans à tous vents.
Il eft vray qu'vne eau fans tourbillon ni tem-
pefte pourra bien eftre paifîbie : mais de quoy
fert cela quand il ne faudra qu'vne bouffée de
yent.que la voila toute côfufc? Er fi nous fom
mes ainlî qu'eau, qu'il n'y ait fermeté en nous
ne conftance,& li toft que Satan eiinouucra vn
tourbillon , que nous ferons agitez , que nous
ne fçâchions quel chemin il nous faut tenir,
levons prie, ne voila point noftre foy qui eft
vaincue? Ainfi apprenons qu'il ne fuffit pas
que ceux qui veulent eftre reputez enfans de
Dieu, foy ent bien difpofez quant à eux pour
s'acquitter de leur deuoir.mais encores qu'ils
foyent aflàillis de beaucoup de troubles , &
^u'il femble qu'ils doyuent eftre esbranlez çà
écli, moyennant qu'ils ayent prins vne con-
clufion ferme & confiante de toufiours aller
plus outre,& ne point changer propos, il faut
qu'en defpitde Satan 3i de tous fes iiippoftsils
profitent de plus ci plus, qu'ils demeurent eu
leur intégrité , encores qu'il n'y ait par tout
que faufletez &abus,&: que tout le monde foit
plein d'infc£tion&ordure,il faut(di-it)qu';l! ,
fe mainticnent .d'autant que Dieu lésa vne
fois fanftifiez,& qu'ils perfiftent en cela. Voi-
la en fomme ce que nous auons à retenir de ce
paflage.Mais notons bien que fainft Paul non
fans caufe dit, Sfrtffef. Il eft vray qu'il parle à
Timothee : mais en la perfonned'vn homme
fcul il aduertit & les Pafteurs qui auoyenr
charge de gouuerner l'Eglife, & par confe-
quent tous fidèles, qu'il faut que nous foyons
tous informez de ceci, comme ce nous eft vne
doflrine bien vtile.Et voila pourquoy l'ay dit
que nous ferons aifeementdesbauchez fi nous
ne fommes munis deuant le coup : que fi nous
fommes nonchalans , le diable aurai trouiié
bien toft accès à nous pour y faire vnebrel-
che. Ainf donqucs non fans caufe fainft Paul
vfe de cefte préface , qu'il nous faut fçauoir
ceci. Et au refte, quels Chreftiens font-ce qui
prenent occafion de quitter TEuangile, ou de
blafphemer à rencontre, quand ils voyentque
les chofes ne fe gouuement pas à fouhait?
Voila les propos qu'on orra quafi par tout,
Ho,i'eu(îèpenfe que les hommes qui fontpro
fefiion de l'Euangile, euflent efté fans aucune
tache ne vice,& ie voy qu'ih font les pire^: va
homme parlera de Dieu à pleine bouche , Se
cependant on le verra eftre malin & peruers:
l'autre fera paillard, l'autre fera vn auan-
cieux, l'autre fera addonné à fraudes Se à trom
pcries, l'autre à cruauté • quand ie voy ces cho
fes-la,que puis-ie faire ? Il vaut mieux ne s'ad
donner à rien qui foit. On orra(di-ie3ces pro
pos-la . Et dont vient vne telle beftife , finoa
qu'on n'a point youhi recorder cefte leçon
qui nous cft icimonftree? Il faut fçauoir ce
poinft.dit lainft P.iul,& nous le roulons igiia
rer:& encores qu-- l'expérience, qui eft la mai
ftrelTe des fols ( comme on dit en prouerbe)
nous tiene làconuaincus, fi eft-ce que nous y
fermons les yeux , & n'en voulons rien fça-
uoir.Orfi ceux qui veulent ainfi périr, periC-
fent.de noftre cofté que nous ouurionsnose-
fprits quand noftie Seigneurnous déclare que
iJ nous faut bien retenir ce qu'il nous mon-
ftre.afin den'eftrepoint feduits.Au reile.poi-
fons aufsi ce que fainft Paul adioufte,I/a/» «»
<fM(dit-il)</fJ ttnips, ou dangereux, outerri-
bles.ou fafchcux: car lemot dontii vfe,figni-
fie toutes ces chofes .difficile , terrible , faf-
chcux,peruers .dangereux. Il dit donc que les
enfans de Dieu s'appreftent àcecKcomme s'il
difoit , Mes amis , il eft vray que Dieu nous
pourroit bien recueillir en quelque coin là oi
nous fufsionsvn peuple arrcfréd'vn commun-
accord,* où il feroit honoié & ferui de tous,
& ce feroit vne vie defirable que cefte-la:
Dieu donc nous pourroit bien donner vne tel
le condition-mais quoy? il nous veut exercer:,
il veut q:ie nous fovons mefez comme le
rrain parmi la paille, que nous fnvon' me fines
Kh.i.
44i SERMO
entre les efpines qui nous plcquent & pei-
gnent , que nous ayons des combats tous les
iouis, quequanilnous ferons el'chappez d'vn
mal, que l'autre fiiruiene,& quenortre vie foit
comme vne gendarmerie iulquet en la fin.que
nous foyons alFaillis de tout coftez, aue le dia
bie machine , & qu'il ait fes prattiques tontes
propies pour^ious peruertir; Dieu veut que
cela l'oit, afin d'examiner il nous le feruons en
vérité ou non , afin que les hypocrites fayent
Cognus âc defcouuerts . Ainli donc receuons
ceft aduertiflement , que fi Dieu nous donne
quelque relafche , que nous foyons paiSbIes
pour vn temps , que nous ne laïf ions pas de
toufiours noter que nous ne fommes pas loin
des temps périlleux, des temps terribles , des
temps fafcheuï. Et pourquoy ? Car il eft ainfî
prononcé parle fainil Efprit . C'cfl donc en
vain que les hommes fe promettent le con-
traire. Q_ue gagnerons-nous àefperer tout ce
qui nous viendra en fantalîe , & que nous ne
ayons point la promefle de Dieu qui nous ad-
drcllc ; Il ell viay que nous ne pouuons eftre
evcelsif'. en nous appuyant fur les promefles
de Dieu:mais il faut que les hommes fe trom-
pent quand Us balHilL-nt en leur cerueau ce
que Dieu ne leur a point dit . Puis qu'ainfi eft
donc que Dieu nous apprefle des temps terri-
bles & fafcheux.que nous n'imaginions point
vn repos, pour dire.Nous ferons à noftreaife,
il ne fera plus qneftion que de chanter, com-
me fi nous eftiôs défia au Royaume des cieux:
mais voici le temps de nos combats , il faut
que nous foyons appareillez, il nous faut ar-
mer.il faut auoir l'efpee au poing, il nous faut
prëdre 3c bouclier,& heaume:brief,il no' faut
eftre equippez de pied en cap , comme fainA
Paul aufsi en parle au fixicme des Ephefiens.
NJais notons bien aufsi quand il dit que les
temps feront dangereux & terribles , pource
que les hommes s'aimeront eut-mefmes , que
ils feront auaricieux , qu'ils feront malins 8c
defloyàux,& comme il s'enfuyura.Q_uâd nous
parlons des temps fafcheux,& terribles, &af-
pres , c'eft feulement à caufe ou de la famine,
ou des guerres, ou des pertes , Se autres mala -
dies, quand les choies ne nous viencnt point à
propos, mais que nous fommes affligez. Voila
les temps qui nous font afpres & rudes. Helas,
que voici(dira-on)vn ma^uais temps, Et pour
quay?Iln'y aneblé ncvin.Apres,Noiis fom-
mes en mauuais temps. Et pourquoy?Car voi
Cl la guerre qui eft venue. Nous fômes en màu
liais temps : car nous auons la pefte.noftre vie
eft pendante comme en vn filet , il fcmble que
nous feulons eftre raclez chacun lour . Voila
donc ( ce nous femb'e ) les temps rudes , faf-
cheux& terribles. Or fainft Paul n'allègue
rien de tout cela, mais il dit que les teinpslfe-
ront talcheui,à caufe des corruptions, que les
vices auront la vogue, qu'il y aura comme vn
déluge de toute iniquité Retenons bien donc
que quand nous aurons abondance de blé&
N XIX.
de via, qu'vn chacun pourra vîure à fonaife,'
que nous aurons paix, qu'il n'y aura point ap-
parence de grandes maladies ; quand donc
Dieu nt usefpârgneraainfi,il ne nous faut en-
dormir en telle profperité . Car le principal
eft , de bien regarder fi nous fommes règles
comme il appartient , qu'il y ait vne mélodie
pour honorer Dieu, qu'vn chacun s'accorde à
cela, qu'on ne voye point les blalphemes re-
gner.les yurongneries.les paillardifes, les ra-
pines, les cruautez , les fraudes , les pariuresi
qu'on efcoutela parole de Dieu,& qu'on l'ho
none- Quanddonc nous voudrôs fçauoirquel
eft le temps aiféjiJ ne faut point que nous en-
querions fi les vignes font belles, s'il y a bon-
ne nioiflbn.fileschofes fontdifpofees com-
me nous defirons: il ne faut point nousarre-
fter là, car ce font autant d'amufe-fols . Il eft
vray que fi Dieu nous donne de quoy eftre
nourris, ceftebencdiûion-la nous eftvn tef-
moignage de ("on amour paternelle , que nous
deuons eftre tant plus incitez de venir à luy.
Mais ce n'eft point lànoftre dernier but , il
faut regarder plus haut, c'eft afçauoir fi nous
voyons les chofes eftre bien & deuement re-
formées. Vorladoncceque nous auons àrete
nir de ce paflàge. Mais quoy? ? Nous fommee
fi charnels que ce nous eft tout vn.moyennane
que nous ne fentions point le .mal qui nous
preflè , ou d'incommodité félon le monde.
Q_iiand chacun viura paifiblemcnt en fon mçf
nage, & que nous n'aurons ne molcfte ne faf-
cherie, nul n'apperçoit que les temps foyent
mauuais : & neantmoins on ne laifiera pas de
blafphemer Dieu, il y aura des enormitez gra
des.il y aura des fraiides.deslairecins.des lan
cunes,il y aura les chofes dont parle ici ùiinOt
Paul.Et cependant nous n'en parlerons point
finon que le mal nous attouche : car nous ne
fommes que par trop délicats fi on nous gre-
ue. Qu^on nous face quelque tort, que nous
ayons dommage feulement d'vn denier, nous
fçaurons bien dire, Et qu'eft-ce que de la per
uerfité qui eftauiourd'huy ? Nous en feros de
grandes plaintes &qiieriraonies . Mais tant y
a que fi nous auons ce qui eft à fouhaiter.lans
qu'on nous fafche, fans qu'on nous trouble,il
nous femble que tout va bien. Et tant y a que
l'honneur de Dieu fera foulléau pied, toute
honnefteté iéra difsipee , il n'y aura ni ordre
ni police,les hommes feront côme beftes bru-
tes:ce nous eft toutvn(c5me l'ay di:)moyen-
nant que nous n'en i'entions ne perte ne dom-
mage. Or tant y a que fi nous fommes enfans
de Dieu, il nous faut goufter ce qu'il a ici dé-
claré par fon faiiifl: Efprit , Qu^cncores que
tout aille félon noftre phantafie.voire quant à
nos commoditczdu monde.nous nedeiiôs pas
laifler pourtant de foufpirer &cftre enangoif
fe.finon que Dieu foit icrui, qu'il y ait vne rè-
gle commune, que le bit n ait fun cours, & que
le mal foit réprimé comme il doit. Si cela eft,-
chacun tafchera de faitéfon dcuoir.Car ceux
qui
SVR LA IL A TIMOTH.
443
qui font en eAat public awreront.C'eft peu de
Chofe q nul n'ait efté f oiilJé.qu'on n'hait point
laui le bien en quelque maifon , ou que nous
ayons maintenu iî bien les perfonnes qu'il n'y
a eu aucun excès commis : ceux(cli-ie)qui ont
leglaïueenlamain.qui font afsis pour gouuer
ner la iuftice.ne penferôt point s'ellre acquit-
tez, quand ils auront tenu quelque moyen en-
tre les hommes, tellement que nul ne fe plain
dr^: mais ils regarderont plus loin , qu'il faut
y loyauté,droiture,la religion fur tout, & puis
les vertus qui font requifes pour bien viure,
que tout cela florille,& qu'il foit maintenu. Il
faudra aufsi que les minières de la parole de
Dieu,les prefcheurs de l'Euâgile cognoifTent,
encores qu'il n'y ait point de troubles mani-
fertes,que cela eft peu de chofe,finon qu'on vi
ue h5neftcment,& que Dieu foit honoré, que
les chofes aillent bien, pour le moins qu'ils s'y
efforcent. Mcfmes ceux qui n'auront point de
charge publique péferont à eux: que quand vn
homme veira qu'il a des enfans mal inrtruits,
qu'il aura^ou feruiteurs, ou chambrières qui fe
desbauchcnt.il ne fera point à fon aife:enco-
res que cela ne luy porte nul dommage , il fe
fafchera, & tourmentera, voyant que Dieu ne
cft point ferui en fa maifon . Ceux qui auront
tafchéde bien ^ouuerner leur mefnage, quad
ils fortiront par les rues, s'ils voyét qu'il y ait
des vilenies, des enoimitez, & que les chofes
ne feconduifentpas c:,mme il appartient, ils
ne laiilèront pas de gemir.ll eftdit notainent
de Lot, qu'il a angoifle fon cœur , qu'il ciloit
cndtflrefle cependant qu'il viuoit en Sodo-
me.Il eft vray quede ce temps-la, (comme E-
zechiel en parle)il y auoit telle abondance de
tout bien, qu'on fe pouuoit creuer: & nous fça
uons que les habitans de ce pays-la, non feu-
lement t'eftoyent lafché la bride à toute in-
temperance.maisils efboyent venus àvn tel or
gueil, qu'il n'y auoit plus ne pitié ne compaf-
lion en eux , non plus qu'en des bcftes fauiia-
ges. Lot ne pouuoit-il pas faire grand' chère
auec le refte de ce peuple-la' Ony bien : mais
quand il voit que Dieu eft ofFenfé , qu'il voit.
les chofes aller fi mal, il fe tourméte,il Ce tient
comme à la torture. Voila comme nous en de-
uons faire. Si nous voulons donner v raye ap-
probation que nous fonimc<; enfans de Dieu,
que nous fcntiôs les temps afpres & fafcheux,
combien que les chofes nou- foycnt profpe-
res , côbien que nul ne nous outrage, qu'on ne
nous face point de tort félon la chair,tant y a
que iî Dieu n'tft point honoré, que les chofes
foyent malcopduii«s , nous dcuor' fcmir ce-
tte affliftion de laquelle fainft Paul parle ici.
Or au contraire , qiiand il dit que les hommes
s'aimeront eux-mefmes, qu'ils feront orgueil
leiix, qu'ils ferontauancieux, qu'ils ferôt mef-
difans & menteurs, qu'il; feiont rebelles à pe-.
re & à more, qu'ils feront ingrats, fens-raiibn,
fans humanité, qu'ils feront dtfloyaux:quand
(di-ie)fainû PaulamafTe ici tant ae_vices,que
il femble que ce foit comme vn gouffre d'en-
fer , ou comme vue groffe montagne qui ob-
fcurcifle toute la terre, cément fe peut-il fai-
re que ceux dont il parle,ayent encores quel-
que apparence d'cltre fidèles, ouqu'iL enpor
tent le titre? En la fin fainft Paulconclud que
ceux-là auront quelque marque de fimplicité.
Il appelle Tarme, apparence extérieure . Or il
femble qu'il y ait contrariété. Car fi vn hom-
me fe desborde iufques à mefprifer Dieu, que
l'vnfoit mefdifant, l'autre plein de rapines,
l'autre plein de cruauté , ne dira-on pas que
telles gens font abandonnez à tout mal? Mais
ce n'tft point fins caufe que faimâ Paul a par
lé ainli : & de fai£i, nous le voyons . Car nous
verrons fur tout l'impudence des hommes e-
ftre telle , qu'ils fe vanteront d'eftre fidèles:
combien qu'il y ait en eux tant de vices , & fi
exorbitans , qu'on les verra eftre comme des
diables, encores ne lailîèrpnt-ils point d'abu-
fcr du nom de Dieu, tant font elFrontez . Que
nous n'aillions point cercherles Papiftcs : il
eft vray que là on verra bien ce que iainft
Paul dit ici, que le plus grand bigot delà Pa,
pauté fera le plus cauteleux , & le plus mef-
chant : &ceux quibarbottcnt depuis le mati.a
iufques au foir, qui trottent par les marinou-
fets, &' par les chapelles, qui font chanter des
mclTès, quand ils auront bien fait tous leurs a-
gios , fi on s'enquiert d'eux Se de leur vie, on
trouuera que ceux-là qui feront tant de céré-
monies, font les plus grans vfuriers , les pius
cruels, les plus vileins ch toute defloyauté, les
plus tiaifties & les plus grans contemptturs
de Dieu : on verra bien cela , c'tlt vne chofe
pai trop notoire . Mais combien que nous ne
ayons point tous ces dtfguifemcn5-Ia,& tou-
tes ces cérémonies , que nous n'ayos point ces
alpergcs d'eau bénite, toutes ces fanfares,
tous ces menus fatras qu'ont les Papilles pour
faire à croire à Dieu. qu'il leur eft rtdtuable,
quand ils l'autont ainfi ferui par leurs abomi-
nations :t;ôbren(di-ie)que nous n'ayonspoint
et ]a,irvoyori<-nous encores comment tout va-
entre nous. On vetra ceux qui ne demandent
que c'abolir la parole de Dieu , ou bien d'a-
uoir l'Euagilci leur porte pour j'en mocquer,,
qu'ils baftillcntvn Euangle tel qu'ils auront
conceu en leur tefte, qui cependant fe desbor
dent en toute vilenie. On voit ceux qui fe dref
fent contre toute polxe, qui ne pcuuent por-
ter aucun ioug,'qui ne et flirt dedrcfler trou-
bles en l'£glife,& de faire des fcandales fi c-
noinies que c'eft pitié:brief,ils voudroyent a—
u^^ir ruiiié le rempk de Dieu.Ceux-la toutef-
fûis ne la'fleront pa-. tncores t'e fe glorifier à
pleine bouche qu'ils font bons Chreftiés.cVft
mcrueille que de leur zèle. Mais qiioyrils font
cognus eiii e côtemptcurs.dc D'^i-lcur vie eft
fi vilenie &• difToUie que les pctis enfans en i—
tbntà la mouftarde.QHiand do¥ic nous voyôs
le mode eftre ainfi enclin i piophaiiCT.lesg'ja.
ces de Dieu, & que ceux qu! ri'ont point vite
444
<eul» goutte de Tobrieté en leur vie, ne UifTent
point de fe renommer bons Chrcftient , no-
tons que ce n'eft point fans cîufe que faind
Paul iit que les plus brutaux, les côtempteurs
de Dieu , les malins , gens pleins de rapines,
genjdifroluf,piillârs,merdifans,& toutes tel
les canailles(commc il en fait ici vn rolle)que
toai ceui-la ne lailTerôt pas d'auoir quelque
lîiafque pour fe defguifer , qu'ils porteront
quelque enfeigne pour dire qu'ils font du rSg
des fideles.dii troupeau de Dieu, & de l'Egli-
fe Chreftienne : $c nous en voyons la pratti-
que.Mais quand nous aurons bien contemplé
ce que Dieu nous monftre.quc nous venions à
ceft aducrtiflement qui nous cft ici déclaré,
Qjie ceux qui ont ainfi faux vifage pour eftre
Bi.-ifquez, renonceront la yertu &: la nature de
la droite pureté.Et pourquoyîqu'emporte ce
fte protcftation , Qu^e nous foyont à Dieu?
Ceft que lefus Chrift foit noftre Chef , que
cous foyons conioints & vnis en luy du tout.
Et s'il Y a vne liaifon facree par laquelle nous
adhérons au Fils de Dieu , il faut en pre-
mier Keu que nous reflemblions à Dieu fon
Père, qui ei\ la fontaine de toute iuftice:& ce-
la ne le peut faire que nous ne luy foyons de
diez comme en (acrifice pour cheminer en
toute pureté de vie , & auoir noftre recours à
luy. Voila donques comme il nous faut eftre
conioints &vni! à Icfus Chrift quieft noftre
Chef , afin qu'il nous vniffeaufsi à Dieu fon
Pcre. Et puis il eft queftion que nous foyons
conioints erifemble.Et comment?En droiture
*: équité , en bonne dileftion , viuans comme
frères, & qu'vn chacun penfe au profit de (es
prochains: que nous ne foyons pas comme
beftes fauuages , mais cognoifTons qu'en con-
uerfant auec ceux qui font enfant de Dieu
comme nous , & qui font membres du corps
de noftre Seigneur lefus Chrift, il faut que
BOUS tafchions de nous employer pour eux.
Voila qu'emporte ccfte forme de pieté. Nous
'■ lie pouuons donques aUoir nulle religion,que
' efi premier lieu quand Dieu nous donne fon
Euangile,é<: qu'il cft prefché entre nous, nous
ne le receuions,non point par femblant Jf ce-
rémonies,niais en pureté dévie, que Dieu n'ait
fon droift>& qu'il ne foit adoré comme il ap-
SERMON XX.
partient: & pui5,que non» ne foyons coioîtit»
anec nos prochains , pour fecourir ceux qui
auront befoin.&pour nous employer pour
eux. Il faut donc que tous ceux qui ne fe mon
ftrent pas eftre ainfi addôner î Dieu & i leurs
prochains, foyét déclarer infideles& apoftats,
qui ont renoncé de faid la droite religion,
combien qu'ils vfurpent encores le mot au
bout de la langue , que Dieu les condamne,
qu'il les reiette ,& déclare qu'ils fontbannii
de Ion Royaume, & les tient comme excom-
muniez. Voila donc ce que nous auons 1 no-
ter pour eftre munis contre les fcandales qui
nous vienent de tous coftei. Mais afin que
vn chacun de nous au fsi penfe à foy ,auifons
de réduire fouuent cefte doftrine en raemoio
re : & combien que nous voyons le noai de
Dieu eftre blafphemé par les raefchans , que
nous ne laifsions pas neantmoins de luy por-
ter vne telle reuereiice , que noftre vie rende
tefmoignage que c'eft à bon droit que nous
l'appelions noftre Père: & que nous raciôs ce
la non feulement pour Thonorer , mais aufsi
pour feruir les vnsaux autres, afin que l'ado-
ption qu'il a faite de nous foit tant mieux ap
prouuee , quand nous aurons vraye fraternité
enfemble.
OR nous-nous profterncrons dcuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
faire mieux fentir, afin qu'en premier lieuVH
chacun de nous appiene de fe condamner &
& fe dcfplaire en fes péchez & en fes vices:&
làdefliis que nous ne demandions finondele
feruir en toute puretédevie:encores que no*
voyons beaucoup defcandalcs &■ de dcsbau-
chemens , que toutesfois cela ne foit point
pour nous corrompre & peruei tir .mais que
nous foyons fortifiez par la grâce de noftre
Dieu,afîn que nous pourfiiiuions fa fainfte vo
cation. Combien que le diable tafche de nous
diuertir& faire' tourner btide , que nous ne
laifsions pas de marcher toufiours , iufques i
ceq nous foyôs paruenusoù Dieunousappel
le: c'eft qu'eftans defpouillcz de tous nos vi-
ces , nous foyons reformez à fa iuftice. Que
non feulement il nous face cefte grâce, raait
à tous peuples & nations delà terre,&:c.
SECOND SERMON SVR LE
TR OISIEME CHAPITRE.
6 Car ihfofit de ceux-là quife lancent es ntdif>ns,0' tienentca-
ptiues les femmelettes chargées dépêche^ , le [quelle s font menées par
diuers defirs,
' ,!. ' J7 Toufiours apprenans^O' iama^s nepouuas \cnir a la cognoif-
fancc de \>erité.
C'eft
SVR LA I!. A'TIMOTH
44î
l 'Eft vne chofe qni nous doit
faire trembler , quand nouf
voyons que ceux qui fem-
blent eftre fiJeles,& le van-
tent defuyurela parole de
Dieu, font toutesfoiî fi def-
bauchez.que les vns fe trou
ueront pleins d'auarice, le:> autres adonnez à
rapines Se fraudes, les autres dilFolus en toute
vilenie, touscontempteursde Dieu. Orque
Je nom de Dieu foit ainli prophané.c'cftvne
ehofe horrible Se contre nature. Et c'eft raer-
ueiUesd'vne telle impudence, qu'vn home qui
proteftera d'eftre des enfansde Dieu, le defpi
te en telle forte, & mené vne vie mefchan te &
diabolique. £t combien que telles gens foyent
conuaincus de n'ellre nullement du troupeau
de noftre Seigneur lefus Chrift.tQUtesfois ils
s'y fourrent. Mais quand cela fe voit aux Pa-
fleurs, & en ceux qni ont charge de garder les
autres,& mon tirer le bon chemin, cVfteiîco-
rctvneenotmité plusgrande.Or tant y a que
faind Paul déclare ici , que nua feulement du
commun peuple il y en aura de fi malins 8c
perueri.maib deceux qui font femblantd'e-
ftre doreurs , qui auront crédit Se authori té.
Qjjand nous oyons que le fainû Efprit nous
a aduertis de cela,apprenons d'auoir les yeux
ouuerts pour bic difcerner.Et ainfi nous voy
ons en quelle prudence nous auons achemi-
ner. Se comme il nous faut eftre vigilans. Car
encores que nous foyons en quelque Eglife
ou la parole de Dieu fe prefchera , où il fem-
blera qu'il y ait quelque bon ordre Se police,
fi faut-il que nous foyons meflcz parmi gens
qui ne vaudront rien du tout , que nous ver-
rons beaucoup de fcanda les pour nous desbâu
cher.iinon que nous fufdons confermez en la
vertu de TÉfprit de' Dieu : Se non feulement
parmi le troupeau il y aura des boucs qui ne
feront que pour infefter les brebis , mais il y
aura mel'mes de ceux qui occupent la placé de
Pafteurs Se Mmiftres, lefquels non feulement
fe porteront mal, mais feront pour tout cor-
rompre & peruertir. C.u ce qui a eité prédit,
il faut qu'il aduiene. Soyons donques fur nos
gardes. Et combien que cela fuit pour nous
eflonner.ncantmoins palTons outre.&prenôs
courage, puis qu'âinfî eft que Dieu nous a ad-
uertii:moyennant que nous efcoutions les re-
môftrances qu'il nous tait, nous ne ferôs point
deftituet de fon aide qu'il nenous tende la
main, qu'il ne nous donne force pour furmon
ter tous- ces troubics-la , tellement que nous
ne ferons point confus : mais pourfuyuons le
chemin de falut.iufques i ce que nous fsyons
paruenus au but. Voila donc comme il nous
faut auoir les yeux ouuerts comme prudens:
quand nous verrons que des canailles le vou-
dront infinuer& entrer en crédit fous ombre
denousanoncer la parole de D-eu', oue nous
penlîons à non, *" que nous difcernions qutls
Us font à laveiùé.Car ce n'elt point aflez que
le titre foit prétendu , il faot venir i l'effeft,
que les hommes qui fe difent feruitewrt de
Dicu,fe déclarent tels par- expérience, qu'on
les cognoiflè quand on les aura eiamincï i Ja
yraye touche. Or notamment fainft Paul par-
le des faux doâeurs , lefquels penuent plus
nuire que les perfonnes priuees. Car ibn in-
tention n'a pas cfté Amplement de picqiier
ceux qui en eltoyent digneî.mais il a rcgaidé
au profit du peuple de Dieu. Si les mefchant
n'apportoyent nulle nuifancc quâd ils chemi-
nent raal,& bien, on les pourroit laifler ponr
tels qu'ils font. Se pourriroycnt en leurs or-
dures fans qu'on leur fonnaft mot. Il eft vray
qu'encores Dieu veut qu'ils foyét rendus in-
cxcnfables,& qu'on leur déclare leur turpitu-
de,qu'on leur anonce la condânatioBqui leur
eft appreftee.Mais encores fi cela n'apportait
nulle corruption au refte de la compagnie,o«
pourroit difsimuler fans grand danger. Mais
quand on voit que c'eft comme vn feu allumé
qui feroit pour confumer tout fi on n'ydon-
noit remède, quand on voit que c'eft comme
vne poifon qui s'elpand fi on laiffe couler cet
iniquitez: alors il faut qu'vn chacun s'y oppo
fe,ou nous n'auons nul zcle à Dieu,& ne nous
chautde noftre falut:nous fommes aufii trai-.
ftres à l'Eglife de Dieu,& à to'nos prochains
Notons bien donc que faird Paul n'a point
ici marqué ces gens dont il a parlé, finô voy.ît
qu'ils' pourroyent apporter beaucoup de dom
mage A on ne les empefchoit, & qu'ils ne fuf-
fent comme bridez : amlî qu'il dit en l'autre
partage .qu'il faut monftrer au doigt telles
gés.qui font pour peruertir TEglifede Dieu,
qu'il ne les faut point efpargncr.Carc'eJlvne
trop grande cruauté, fi on voit les ponres brc
bis expofees en proye,& qu'ô ferme les yeux,
qu'on ait la bouche clofe. Et fur tout il faut
qu'vn bon Pafteur crie àhautevoix , quand il
voit le troupcaueftre aflailli.Si vn berger laïf
fe fon troupeau paiftrc, quîd il verra le foup,
ou les larrons , qu'il fe tâife, &; qu'il s'en aille
cacher, qu'il face femblant de rien, qu'il tour-
ne le dos, que ftra-ce? Ainfi donques li pons
voulons fidèlement nous acquitter dcnolire
office , il faut qu'en voyant les corriiptions
qui font en l'Eglife de Dieu , nous crions ar-
demment pour y remédier, & pour les re pouf-
fer. Car (félon que défia nous auons touché)
fainft Paul voyant que ceux qui ont charge
publique,qiiifont en eftat de conduire les au-
tres, pouiioyent faire beaucoup de mal , pou-
uoyent difsipcr le troupeau , voila pourquoy
notamment il met ici comme fur vn cfchalFaut
les prefcJieurs , qui fous ombre du nô de Dica
&de fi parole trompent les fimples,& cepen-
dant defgui fent la verité,& la fal/itîent,^ met
tcnt la parole de Dieu en vente pour Icurpfo
fit & pour leur gain. Sainft Paul donc les man-
que ICI,*: les ditfamcafin qu'vn chacun les de
tcfte, qu'on les fuye corn,; c poifon ,&que
nous ne foyons pas fi fols d'appcter m tel
Klz.iii.
44<?
SERMON XX.
domnuge. Or par là nous fommes inftruits, deuoit auoir pitié de ces poiiresfémellettes^
que fi nous aimons le falut de nos prochains, <]ui en iimplicité font ainlîabufees de ce titre
quand nous verrons des ruftres qui font pour . dedeuotion. Et Dieu ne deuroit-il point ad-
gaftcr tout, &: pour elpandre leur infection, drelPer gens qui tiilTent pour les conduire fî-
qu'il ne les faut point cacher.mais au contrai delement ? Comment foufFre-il qu'elles loy-
re nousdeuons procurer , entant qu'en nous ent ainiî efgareesduchemm de falutJll fem-
fera , que tout le monde s'en recule ,afin que bleroit donc que Dieu n'v fait point demife-
par ce moyen ils ayent honte, s'il y a efperan ricorde enuers ces poures femmes quand elles
ce qu'ils ne foyent point du tout incorrigi- font aiidt feduites.Voire.mais faind Paul dit,
blés, & qu'ils retournent au bon chemin : ou qu'elles font chargées de pechex. , c'eft à dire,
bien s'ils font defefperez du tout, & endurcis qu'il y a de l'hypocrifie, & qu'elles le veulent
en leur mal , que pour le moins on lesfepare: nourrir en leurs vices,&cependant voudroy-
& quand ils ferôt cognus, qu'on ne puifle plus ent eftre réputées faindes,& qu'on creuft que
eftre trompé, que ceux qui fe conioindront à elles font du tout confites en religion. Elles
eux ne periflent iinon àleur efcient,&de leur ont doriques cefte malice-la , de fe vouloir
bon gré. Voila comment nous en deuons fai- monftrer , &: cependant elles ne valent rieo,
re.Ec comblé qu'on murmure (ainlî que nous quoy qu'il en foit.Or voila vne iiifte punition
voyons qu'il y en a qui vogdroyent bien que de Duu , quand elles ont gens qui les fedui-
tOLifiours leurs ordures fuflcnt nourries par fent,& les tienent en teilccaptiiiité : car elles
Clencé) combien qu'on trouue cela mauuais, ne veulent point eftre conduites de Dieu par
que nous dcfcouunons les malins afin qu'on fa pure [ arolc.Et puis iladioufte,Q«f fo<>/?o«w
s'en garde, (i fauç-il que nous pourfuyuions: elles apprenent, <S» iamaisne peuueitt -venir à la
car c'cft à Dieu q nous feruons,ce n'cit point cngno'ff.mce de -reritc. Elles feront bien fem-
3UX hommes moueJs de contreroller FElprit blant de vouloir eftre prochaines de Dieu:
de Dieu, ne de changer la règle qui nous eft elles auront leurs finfreluches , elles feront
donnée en l'Elcrituie fainde. Voila pourvn tant d'agios, & de ceci ,& de cela , pour dire
item. Or pour le fécond, nous auons à noter qu'elles font plus dénotes que les autresimais
qu'il faut touliours auoir l'oeil fur ceux qui cependant iamais ne vienent,&ne peuuent
ont l'office d'anoncer la parole de Dieu, pour venir à la cognoiflance deverit,é:caraufsi el-
veoir comme ils fe gouuerneront. Car tout les ne vont que par circuits, & rie tienent
ainfi que c'eft le bien le plus (îngulier q Dieu point le droit chemin. Or en ce pafTage fainft
nous lace en ce monde,que nous ayons la pu- Paul a parlé des femmes pluftoft que des
redodrinc delà parole de Dieu qui nous hommes, à caufe qu'elles font plus fuiettesà
foit prefchee , & qu'il y ait gens qui tafchent cefte efpece de tromperie qu'il met ici. Il eft
d'en faire leur deuoir:aufsi au contraire , il vray que c'eft vn payement commun & aux
n'y a peftc plus mortelle que d'auoirgens qui hommes , &aux femmes , que d'eftre abufeat
occupent la chaire de venté, c& cependant que quand ils ne cherchent point de fe rangera
ils deprauent tout : & qu'ils foyent adonnez Dieu,& qu'ils n'y tendent pas rondement: il
ou à leur profit, fans auoir le foin du troupeau, faut que Dieu lafche la bride à Satan , qu'il
ou qu'ils n'ayent point cefte afte£tion pure luy donne la puifïànce d'attirer en erreur
de feruirà Dieu. Voila donc ce que nous auôs ceux qui y vont ainfi par circuits , & à trauers
à obferuer en ce palTige. Et au refte , notons champsmiais tant y a, fi on fait comparaifon,
que fainft Paul a ici touché vne efpece de on trouuera les femmes plus fuicttes à ces
ceux-là , afin que par vn exemple on puifle folles dénotions , que non point les hommes,
comprendre quelles gens il a voulu noter. Il Voila pourquoy fainft Paul en a parlé no-
dit qu'il y en a de ceux qui font ainfi contem- tamment. Etcesgalans quiabufent dunom
pteurs de Dieu ,& qui s'aimeront eux-mef- de Dieu, voycnt bien que c'eft leur droite
naes,gens arrogans, & qui mefpriferont tout, proyc , que de s'addrefler ainfi aux femmes
moyennant qu'ils viuent à leuraife : i/jif» 4 quiveulent eftre tenues dénotes. Or notons
(dit-il) de ceux-là (jm fe lancent par les mai- que fainft Paul parle ici des femmes qui font
fcm, (ou s'infinuent) c'eft à dire, qu'ils trou- chargées de péchez. Il eft vray que & hom-
iient moyen fubtil, comme en gliflant , d'en- mes & femmes font tous pécheurs & peche-
trer en vue maifon,& fç fourrent l.i plus suât rcflcs,& me f mes pour venir à Dieu, voila pa.r
qu'on ne voudroit:&:ayans prins cefte audace quel bout il nous faut commencer , c'ift de
de s'auiicer ainfi , ils tienent captiues les fétu- feiitir nos maax,& nos psurctci, afin de nous
mtllettes. Or notamment il vfe de ce mot: il y defplaire , que iamais nous ne profilerons
ne dit pas les femmes, mais il dit les témcllct- en l'Euangile , que nous ne foyons touchez
tes'comme s'il diloit, Ces petites bigotes qui d'vndioii ftntimcnt de nos victv,& que nous
veulent manger le crucifix (comme on dit)& ne foyons conhis en nous-melines : & c'eft
qui font fcmblant d'auoit grande deuotion, pourcefte caufe que noftre Seigneur lefus
cclles-lj^4'f"'0'<->ut menées captiues par tels Chiift dit.. Venez à moy vou» tous qui ell^s Malt.ii,
caphars ,& par gens qui abufeiu de la parole chargez, & qui tiau3iiltz,& levi/ foul.igeiay, ig.
Je pieu.Et pourquoyîCarilfcmble que Dieu & vous trouuerez repos àvoi amcs.ilfautdpc
A T I M O T h; 447
dent d'eftre corrigées franchement quand el
les auront failli , qu'elles ne s'y endorment
point.qu' elles ne demandent point en fommc
d'eftre flattees.Car toutes celles qui pourront
fouffrircorreâion de leurs fautes , Dieu ne
permettra iamais qu'elles foyent.iinfi fedui-
tes. Mais voici le falaire de ces hypocrites
qui voudrôt qu'on ferme les yeux à leurs fau
tes.qui fe voudront louer auec Dieu, comme
s'il y auoit moyeu de le tromper:c'eft qu'el-
les feront tellemét feduites, que le diable les
tiendra en fes liens, & encaptiuité miferable.
Voila donques ruiftruûion que doiuent ici
retenir les temmes , fi elles ne veulent point
tomber en cefte malediûionde laquelle par-
le ici fainft Paul. Et ceci fedoit aufsi bien ap-
pliquer aux hommes en gênerai. Car qui eft
câufe que le poure monde eft ainfi aueuglé?
Veu que Dieu nous donne fa Parole, que no-
ftre Seigneur lefus Chrift eft le Soleil de iu-
SVR LA II.
que pour venir au Fils de Dieu, & pour trou*
«er repos e.i liiy , & en fa grâce , nous foy ons
charger de péchez. Il eft vray i mais il y en a
2ui font chargez, & cependant foufpirent , &
emâdent allegement.'les autres veulent crou
piren leurs ordures. Sainâ Paul donc parle
ici des femmes qui fe veulent entretenir en
leurs vices & en leurs peche2,& font bien ai-
fes qu'on les flatte, & qu'on couure le mal qui
eft en elles. Or de celles-là, il faut bien que
Dieu leur enuoye des trompeurs , comme el-'
les le méritent , d'autant qu'elles ne deman-
dent pas qt'e lefus Chrift prene leur fardeau,
& qu'il les affranchifle des hens de Satan. Il
faut donc qu'elles foyét tenues captiues.puis
qu'elles ne veulét point venir à celuy qui no'
donne liberté. Quand le diable nous a tenu le
pied fur li gorge, que nous auons efté en ce-
fte miferable feruitude de peché.fi nous ne de
mandons que noftre Seigneur lefus nous en
retire, ne faut-il pas que cefte captmité-la re fticequi nous cfclaire, veu que nous auons le
double? C'eft donc vne iufte vengeance de chemin aflez manilefte quadl'Euangile nous
eft prefché.pourquoy le monde s'abufe-il ain
ngeance
Dieu. Orafinque cefte docbrme foit mieux
en tendue, regardon s à ces bigotes qui fe glo-
rifictd'vne faindeté particulière, corne nous
en voyons les exemples en la Papauté. Ca^
les vnes feront pleines d'orgueil & d'ambi-
tion,on verra qu'elles ont vn œil aigu, & veu
lent eftre toulîours les premières les plus a-
uancees : que s'il y a quelque pompe, s'il y a
(brief ) rien de mondanité , il faut qu'elles y
foyen t les premières. Et côbien qu'elles foy-
ent grades bigotes, (î eft-ce qu'elles fjnt plei
nés de tous vices, elles en font maiftielTes.tel
lemeat qu'elles pourroyent tenir efcole &
d'orgueil, & de toute vanité, &de mefprisde
leurs procIiains.Les autres feront pleines d'à
uarice,on les verra cruelles, elles n'aurôt nul
le humanité, ni en leur famille, ni entre leurs
voiiîns. Les autres niefmes feront des paillar
des vileines,& moyennant qu'elles barboter,
pour trotterd'autel en autel, qu'elles prenét
beaucoup d'eau bénite, qu'elles facent beau-
coup d'agios,les voila faiidiiîees, ce leur fcm
ble. Brief, qu'on regarde toutes ces bigotes
de la Papauté , on n'en verra pas vne qui ne
foit chargée de péchez ( côme lainét Paul en
parle ) & qui ne fe veulent nourrir en rébel-
lion de Dieu,en malice,en hypocrifie. Il faut
donc que le diable les tiene bridées , & qu'il
les tiene pour les tranfporter çà & là, puis que
elles ne veulét point porter le loug de noftre
Seigneur lefus Chr:ft, lequel eft tant doux &
gracieu.f.il faut que les fuppofts de Satan les
mènent captiues à leur volonté. Voila le fens
naturel de fainft Paul. Or nous auôs à recueil
lir maintenant vne bonne inftruÛion pour no
ftre vfage.Et en premier lieu, puis qu'il eft ici
notamment parlé des femmes, que Ici femmes
Chreltienncv regardent , fi elles ne veulent
point eftrc entortillées aux liiets de Satan, Si
eftre menées captiues à leurefcient , de vl le
nourrir point en leurs vicesjqu'elles denian-
fi.'Car fi on demande a chacun s'il ne prétend
point d'aller àlalut.ildiraqu'ouy.Et cepen-
dant tous courét ea perditisn.Mais c'eft d'au-
tant que les hommes & les femmes ne font-
pas dignes que Dieu leur donne prudence ne
difcretion pour fuir le uialicar ils l'appetent
naturellement. Combien y en a-il qui fe pre-
fentent à Dieu pour eftre retirez de leurs vi- •
ces. Mais au contraire,chacun voudrait auoir
efteït la clarté,afin qu'on ne veift goutte. Voi
la donc pourquoy tant peu font enfeignez de
Dieu, & que la plus grande multitude s'en va
en ruine , c'eftàcaule que nous ne pouuons
fouffrir que Dieu nous enfeignç: nous deman
dons les tenebres,& nous les trouuons: com-
me noftre Seigneur lefus en parle, difant que
il ne fe faut point esbahir fi l'Euangile eft fi jj^ ^g-
mal receu dij mode, Car(dir-il)ceux qui font
mal, cherchent toufiours les cachettes. Or eft
il ainiî que les hommes font addonnez à mal:
ils tédent donc à fe cacher tant qu'il leur eft
polsible :& ainfi ils refufcntd'auoir la pure
cioûrine que Dieu leur offroit. Apprenons
donc pour eftre fidèlement enfeignez , pour
iouir de la grâce de Dieu quîd fa parole no*
eft prefchee purement , que nous ne deman-
dions point de porter ce fardeau maudit de
peché,maisque nous veniôs A noftre Seigneur
lefus Chrift, qui eft celuy qui nous en dcliure:
& alors il eft certain que tous les liens de Sa-
tan feront rompus. Mais cependant que nous
voudrons eftre flattez , & que nous ne pour-
rons fouifrir qu'on nous redargue vititment,
&: qu'on gratte nos rongnes , il eft vray que
ijous pourries bien auoir nos ailes pour quel
que temps, mais cela nouscouftera bien cher;
car nous fentirons en la fin ces liens eftre fi
ferrez , qu'il ne lera pofsible d'en fortir. Et
qui en crt caufefinon que nous n'auons point
voulu eftre affranchis par la grâce du Fils de
Klz.iiii.
448
)t i
ÎSERM ON : XX. n\' ?
Dieu , laquelle il prefente i tous ceux qui ne
Teulent point fe nourrir en leurs ordures &
iniquitez? Voila donc ce que nous auons à no
ter quant à ce paflàge. Or quand famû Paul
adioufte ijitt telles ftmmes apfventnt tcufiours,
Cj* qite iam.îis ne patuent -venir i la cofnoif-
fance de vérité : il femble bien de prime face
que ceci foit eftrange. Car Dieu protefte par
■'''•45 . fon Prophète Ifaie, qu'il n'a point parléen fe
'*' cret.que fa voix elt toute patctc. Quâd donc
nous appliquons toute noftre eftude poar fça
uoir , il femble que nous deuions bien parue-
nir à la cognoilTance de venté , ou bien que
Dieu fe ;-etire & s'elôgne de nous quand nous
voulons approcher de luy : & cela elt contre
lilat.7-7 fa natureril dit, Cherchez, & vous trounerer.
Comment fe peut-il faire donc qu'vn hom-
me ou vne femme s'eftudient de fçauoir,& ce
pendant qu'ils demeurent toulîours poures
iguorans & aueugles? Il lemble qu'il ne tient
finon que Dieu ne leur veut pômr donner ou
uerture,combi^n' qu'ils y tendent. Or nous a-
uons à noter que cefte apprétilTage dont par
le faincè Paul, n'eft pasd'vn vray defir qui
qui foit ni aux femmes, ni aux homes de pro-
fiter en l'cfcole de Dieu, mais c'ell: vne curio
fité pluftoib de fçauoir afin de fe môrtrer. On
verra de ces bigotes-la qui feront des que-
ftions. Et quellé-î? Elle' ne demandent point
que c'eft de vrayepenitéce. Car il feroitque
ftion alors d'approcher de Dieu en droiture
& en rôdeur, il feroit qucHion de fçiuoir que
c'eft de noftre nature ; & alors il leur feroit
monftré qu'il n'y a que malediftion & corru-
, ption en nous , que nous fommes du tout re-
belles à Dieu , que noftre raifon cftaueugle,
«u'il ne nous faut point fier en noftre fens
propre, mais qu'il nous taut-xhercher toute
noftre prudécc en la parole de Dieu. On leur
• monftreroit puis après, que toutes nos péfees
luim.'S.c Si atfeilions font autant d'inimitiei contre
Dieu, qu'il faut que les homes & les femmes
renoncent à cux-mefraes pour venir à DHeu,
qu'ils fe condamnent en leurs vices , 8c qu'il»
fentent leurs fautes, pour dire,Helas.'c6ment
ferons-nous afleurees de noitre falut.veu que
nous fomraet fi pleines dé toute mifere? Car
nous naeritons bien que Dieu nous reiette, &
qu'il nous ait en exécration. Or fi nous taut-
il reconcilier à noftre Dieu , afin que nous le
puif ions inuoqucr.Et cornent ftra-cefCom-
jncnt pourrons-nous eftre fi hardies de venir
à luy, & d'.ittendre qu'il nous foit propice, Si
faire que nous pourrons cheminer par les ten
tations de ce monde , nèdoutans point qu'il
ne nous conduifc infques à ce que nous (oy-
ons partieniies à l'héritage de nbftie falut?
Comment pourîons-nou' auôir vne telle fian
ce en nous? Ov ces bigotes dont parle faind
Paul n'ont garde devenir là, mais flirs aurôt
des queflions ie ne f^ay quelles, pour duc, Or
ça, noftre M3iftre,ou beau-perccommét eû-
ce que ie doy faire quand il eft la veille d'va
tel Saincl.''Il eft vray queîe iufnë:mais enco-
res.ie vous prit, lequel feroit meilleur de dif--
ncr,ou de louppei*' £i puis après, Qi^ant aux
autres lufnes , comment m'y doy-iegouucr-
ner?Et puis, Comment faut-il obferuervn tel
pèlerinage.? Et puis, Q^e fa ut -il faire quand
ie vien pour adorer vne telle SainÛe , & vne
telle? Apres, A qui eft-ce que ie doy plus grî
de deuotion, ou à ce Saind-la, ou i vn autre?
Comment elt-ceque ie doy difcernerlavier
ge Marie d'auec fainde Agathe, ou {aiile Gel
tiude?Et comment eft-ce qne ieme porteray
quand l'iray à confefle? Car ie ne fçay pas
quels font les péchez mortels, ie ne fçay que
ie doy dire de ceci Se de cela. Voila les que-
ftions que feront ces bigotes. Et puis après,
Cômentfe gouuerne-onen paradis?Et quand
l'y feray, me mettra-on au râg des Martyrs,
oti des Confefleurs<'Etdemoy, doy-iepluC
toft adorer vn tel Sainft , ou vne telle SainÛe
qu'vneautre?Etpuis,A quel Sain4> faut-il re
courir pour auoir remède d'vn tel mal? Voi-
la donc comme ces bigotes , en faifânt fera-
blant de vouloir apprédre, ne leur chaut gue
res de profiter en la vérité , mais pluftoft el-
les la fuyent, voire & la perfecutent. Et pour
tant ne trouuons point eltrange fi iamais el-
les n'y peuucnt paruenir : comme faicftPaul
ne dit pas feulement qu'elles n'y vienentia-
mais, mais il eft inipof ible, dit-il. Et pour-
quoy.^Car elles n'y tédcnt pas, mais vont tout
au rebours.On verra de ces bigots & bigotes,
quand ils auront dei^iorgé en l'aureilie d'vn
moine , ou d'vn prcfti e ce qu'ils aurorit vou-
lu,encores ne les pourra-on arracher de là.
Mais qu'y font-iK cependant.' Car prenons
le cas que la coRftfsion papale tult bonne : il
eftvrayque c'eft vne inuention diabolique,
d'autant que les hommes ontvfurpé ceci. fur
les poures âmes , d'attacher la remifiioh de»
péchez à cefte forcelerie Se malediftion dont
le Pape a lié les poures confciences , comme
pour deipiter la vertu & l'efficace de la mort
& pafsion du Fils de Dieu. Mais encores que
le fondemét de la confefsion papale fuft bon,
ici on voit encores leur hypocrilîe, qu'au mi
lieu des'tencbres du Pape encores voit-on la
malice Sch trahifon de ces bigots& bigotes,
lefquels ne demandent finon à fe iouerauec
Dieu.CarCcommt défia nous auons dit)voila
vn homme ou vne femme qui voudront fe fan-
ftifîcr par feintife ,ils viendront à confefle .S-
fouaent y retourneront, qu'ils n'auront point
defcliqué en trois heures ia moitiéde ce que
ils voudrôt dire. Et bien qucdifent^ils cepen
dant? Des menus fatras:Voila, l'ay fiiit telle
chofe Se telle. Et qu;n'? Rien du tout. Mais
s'ils rencontrant d'auenturevn côfelTciir qui
ne les flatte point , mais qui les examine aiï
vif, Venez ça, ie vous ay ici ouy en patience,
vous m'auez battu les .luiciUes de ie ne fçay
quels fatras : mais cependant vous ne parlez
point (le ceci ne décela . S'il vient dore les
SVR LA IL A TIMOTH.
ïbndei- , & qu'il prene vue lancette pour les
picqiier iLifqueçau vif, brief, s'il vient à cief-
couurir leur ver^ongnedu tout, ho, ils n'au-
ront Icrs garde d'y retourner fi louuent : au
lieu qu'ils le confclToycnt vne fois la fepmai
ne, ils n'y retournerôt d'vn an,d'autant qu'on
ne les traître pas comme ils voudroyét .Nous
voyons donc comme telles gens ne deman-
dent point d'approcher de Dieu. Ainfi il re
fe faut point esbahir fi Dieu les lailTe en tel
opprobre , que Satan les traine & les pouffe,
& qu'il les tiene captifs en fes liens , c'efl vn
iui'te falaire de leur hypocrifie. Ainfi appre-
nons , quand il eft queftion de venir à la co-
gnoiflance de vérité, que nous tenions le che
tnin qu'il appartient : c't:& qu'en premier lieu
nous demandions que Dieu foit noftre mai-
ftre , & que nousluy foyons vrais difciples:
c'eft à dire, qu'il y ait vne docilité en nous
pour nous afluiettir pleinement à fa parole,
que nous n'apportiôs point vn bec afiilé pour
nous rebecquer quand la dodtrine de Dieu ne
nous plaira point, que nous n'ayons point ce
fte outrecuidance de dire , Ho , ie ne trouue
point celabon.Nenni:mais que Dieu ait tou-
te authorité par dcfïîis nous, & que nous fouf
frionsd'eftrepaifiblement en feignez de luy,
comme nous voyons que les brebis fuiuent le
If/). 10.3 Pafteur à fa voix, ainfi que Icfus Chrift en par
le. Voila poùrvn item. Et puis en fecôd lieu,
que nous n'ayôs point vne folle cunofîté qui
nous face voltiger par ci & par là, pour dire,
le voudroye bien entendre vne telle chofc:
voire, où il n'y aura nulle vtilité. Or tout ce
qui ne nous peut édifier ni en foy ni en crain-
te de Dieu, il faut que nous le reiettions corn
me vne chofc pernicieufe : car le diable aufsi
a celle aftuce , de nous faire ainfi tourner de
cofté& d'autre pour nousdiuertir du bon che
min. Si quelqu'vn a vne iournee à faire, & ce-
pendant qu'il s'en aille veaiitrer en vn pré, &
qu'il s'amufe à cueillir des fleurs, quand il fe-
ra i vn bout , qu'il retourne à l'autre : voila
fa iournee perdue , qu'il n'aura point fait vn
traift d'arc de chemin. Et pourquoyf Pource
qu'il n'a point fuiui fa iournee. Ainfi dôc.que
nous n'ayons point toutes' ces diftraftions-la
quâd il eft queftion de venir à Dieu, inais ten
dons droit au but auquel il nr>us appelle. AdHjf
fons doc de chercher les chofés qui no' font
profitables àJfaiut:comrrie'd'eftre coiidamnez
entiospechezpoUr eftre a:rrirez à vraye re-
pentance, d'oùir les menaces qiron nous fait
afin de cheminer en la crainte de Dieu.d'ouir
les exhortations pour nous picquer à bien fai
re.de nous employer là du tout.d'efcouter ce
que Dieu nou; monftre, afin que nous chcmi
niés prudemment & comme il faut, que nous
fçachions que c'elï de portèr'paticment les
affllîlions quand il plaira à Dfeu de nous en-
enuoyer,que non feulemét nous fçachjos que'
c'êft à caufe de nos péchez, mais q nous foy-
otos dociles , Kaiflans la tefte& 1& efpàulès.
449
pour en receuoir tant qu'il /uy en plaira met
tredciTus : que nous apprenions que c'eftde
cheminer tellement par celle vie terreftre Si-
caduque, que nous tédions à la vie cekfre.que
nous foyons pèlerins en ce monde , que nous
mortifions les concupifcéces de nollre chair,
que nous fçachiôs que c'eft d'inuoquer Dieu
en vraye fiance, q nous içichions quec'eftde
nous appuyer en la mort & palsionde noftre
Seigneur lefus Chrift;Cognoiflàns que c't. ft là
que nous auons toute noitre iuftice, que c'eft
parcemoyen que nous fommes agréables à
Dieu le Père, afin qu'il nous re çoiue à merci.
Q_uanddonc nous appliquerons làtouteno-
ilre tftude, nous viendrons à la cognoiflance
de vérité, nous fentirons que ce n'eft point en
vain que Dieu nous a promis qu'en cherchât
nous trouuerons:mais il faut chercher, côme
dit Moyfe, Voici la voye,fuiuez-la.Ciue nous
n'allions point donc nous efgarer de noftre
bon gré. Voila en fomme ce que nous auons
à retenir de ce palTage. Et en gênerai notons
que quand Dieu cnuoye des faux-prophetes
(côme il le déclare par Moyfe au I4.du Deu-
ter.) c'eft pour efprouuer fi nous l'aimons ou
non. Car quand nous preftons l'aureiUeaux
feduileurs , & que nous fommes abufez de ce
qu'ils nous flagornent.il eft certain que voila
Dieu qui defcouure qu'il n'y a en nous qu'hy
pocrifie : car fi nous auons eu quelque deuo-
tion en apparente; cen'elloit rien finon leia
tife. Dieu donc ne foufFrira iamais que nous
foyons abuf.z par les fedu£leurs, quand nous
le chercherons en pure vérité. Et cependant
notons que fi nous venons à l'cfcole de Dieu
pour eftre enfeignez, & que nous luy foyons
dociles, que nous foyôs bien aifes à receuoir
û parole, que nous paruiendrons du premier
coup à la cognoiflance de verité:non pas que
nous y foyôs parfaits, mais fi eft-ce que Dieu
ne fc cachera point de nous que nous ne le
cognoifsions entant qu'il fera expediét pour
nollre falut , qu'il ne s'appriuoife de plus en
plus , & que nous ne foyons confermez en la
bonnedoftrine,iufques à ce que nous foyons
deliurez de toutes ténèbres d'ignorance.Voi
la donc comme il nous faut ellrcafleurez que
Dieu;ie permettra point -que nous crrios, fi-
lion que nous le faciows de noftre bon gré. Et
au rt fte, il ne fe faiit poît esbahir fi beaucoup
font fru flrez quand ik ont quelque defir d'ap
prendre, & toutesfois qu'ils demeurent touf-
iours poures aueuglês,& que le diable melme
lés enueloppe en beaucoup d'erreurs :carauf-
fi ils n'ont point cherché Dieu. Or il a falu
qu'ih cufientle falaire tel qu'ils auoyét mé-
rité. Nousdcuons bien .iniourd'huy confide-
rérccla, véu que les C^irnlptions de Satan ré-
gnent ainfi ainponde.tjue ceux qui cuidcnt e-
ftve bien fagcs:& bien ûibtils , mefmcs ceux
qui cnident monter par deflus les nues, côme
les plus'éxcéllfsjqu'ilfemble que toute la fa-
gefle-di/niôdefoit enlfur tefte.on voit ceiix>
Li.i.
4P
SERMON XX.
19.
14.
19-P.
Ifr.I3.i3
laeftredutout sbbrutiç. Et pourquoyf Cir /"ont bigots, & quibarbotent,*: qui rufnent,*
(comme délia nous auos déclaré) il n'y a ce- font ceci & cela, (ineantmoins Dieu les rend
liiy qui ne fe donne liberté de fe iouer auec elclaues de Satan quand ils n'ont point vne
Dieu, & tous le voudroyent payer en EiulTe confciéce pure & droite, que fcr«-ce des con
niônoye. Il faut donc qu'il les amené en fens tempteurs manifeftes, comme auiourd'huy on
reprouuc , & qu'il leur enuoye vn efprit d'y- les voit ? le vous prie quand on ouurira les
urongnerie, (comme il en parle par (es Pro- yeux.ne verra-on pas que le monde veut def-
phetes):ellement qu'ils n'ayentplus nulle di piter Dieu auiourd'huy nunifcftemét,ie di &
Icretion. Voila ce que nous auons à retenir grans & petis,& riches & poiires? Quantaux
de ce palTage. Or il y a encores vn petit mot grans, ce font des geans qui voudroyent hur-
quant à ce que (ainiîl Paul parle de la vérité, ter contre Dieu. Et ceux qui ont quelque ver
Car ilmôitre quecen'efl pas le tout de beau tu ou efprit, à quoy l'appliquét-ilslinon à fe
coup fçauoir.mais qu'il fiut auoir vne doc^ri- moquer de toute religion? £t fans aller plus
ne folideS: ferme. La vérité doncqu'empor- loin , qu'on regarde ici au milieu de nous là
te-elle? C'cft où giftla l'ubllancede noftre fa oùl'Euâgile fe preiche,& non feulement aux
lut , & que nous i cachions comme Dieu doit villes .nuis aufsi aui villages, qu'on regarde
eftre glorifié. Nous pourrons donc fçauoir comme chacun va fon train, ie ne parle point
beaucoup de Iciences, nous pourrons conce- de deux ou de trois , mais qu'on regarde le
uoir beaucoup de fpeculatiôs , nous pourrons train gênerai, ne voit-on pas qu'il y a vne re
auoir la lague habile pour en iazer.S: mefines bellion toute manifefte? Auiourd'huy & hom
il femblera q nous fçachions nicrueilles.mais mes & femmes non leulemét ferôt malins en-
le tout ne !^ra rien que vanité(ainfi qu'ila e- tr'eux.mais ils voudroyét auoir arraché Dieu
fté traittéci delTus ) quand nous n'aurons pas du ciel. Il ert vray qu'ils voudront bien auoir
ce vray fondement , c'eit afçauoir que Dieu quelque réputation , côbien q par feintife ils
foit glorifié par nous , & que nous fçachions voudroyent fe couurir & efchapper la inaia
que c'ell de le feruir , que nous fçachions où du iuge:mais tant y a qu'ils n'ont nulle rcue-
noftre efperace doit eftre appuyée, afin qu'e- rcnce à la parole de Dieu. Et dont vient ce-
ftansalTeurez de noftre falut nous attendions la?Il eft; vray que la fource eft, qu'vn chacun
que ce qui nous eft auiourd'huy promis, nous veut auoir la bride auallee.comme on dit. Les
foit reuelé par efFeû. Voila donc cefte vérité yuron»nes voudront qu'on les laifle gour-
dont parle fâinû Paul , comme il lemonftre mander auec toute intempérance comme des
aufsi en d'autres paffages. Et au refte,iî Dieu pourceaux : les paillars voudroyent auoir li-
aueugle atnfî ceux qui par hypocrifie ne le cence de fe veautrer en leurs ordures*: infe-
chcrchét point, mais ont des folles deuotiôs, dions : les auaricicux voudront attrapper le
que fera-ce de ceux qui auec vne rage fe dref bien d'autruy de collé & d'autr€:les blafphe
fent cotre luy,& font des taureaux pour hur- mateurs voudrôt auoir la gorge oiiuerte fans
ter des cornes,monftransvn mefprisde tou- qu'on leur remÔftre leur oifenfe:on voit que
tereligion=Ceux-la ne meritét-ils point d'e- ''nV a nul qui fevueilleafluicttir à Dieu.Li
ftre encores plus abruuez deméfongc, S: que deflus fe faut-il esbahir lî nollre Seigneur
Satan les aueugle tellement qu'ils n'ayent permet qu'il y viene beaucoup de troubles, i5£
plusnegouftne ûueur en eux non plus que queles Miniftrcsmefraes&lesprefcheurs ne
aurét les afnes & les chiens? Voici fainfl Paul facét point leur deuoir? C'cft merueilles pl|if
qui dit que s'ilya des poures femmelettes toft, voiremefmesc'eft vnmiracle, que Dieu
quiayentdel'hypocrifie en leur cœur, quand laide quelque femcnce de ii parole , quand il
elles feront femblant d'apprendre , combien y a vne telle ingratitude au monde. Car pluf-
qu'ilfemble qu'elles ayent quelque defir de toft s'il vouloit vfer de rigueur enuers nous,
feruir i Dieu, que toutesfois le diable en a la & qu'il nous traittaft félon que nous en fom-
pofTefsion. Et c'eft vn iufte falaire qu'elles mes dignes, il faudroit que les diables môtaf-
remportent, quelque excufe qu'on puifle aile fent en chaire,& qu'ils fulTent encharnez afin
guer. Voila Dieu qui eft iufte iuge.quâd il les defeduireceux qfontainfi malins & peruers,
permet ainll aux liens de Satin & des fedu- & qui ne demandent (inon de faire la guerre
ûeurs. Sivne tellerigueureftiufte contre les manifeftcment à Dieuen toute leur vie. Et
femmes,vdire contre les poures femmelettes atnlî.quand nous verrons des troubles Si fcan
qui femblentles plus fîmples, que fera-ce des dales, que nous Tcrrôs des ca^iailles qui nede
hommes? Il y aura beaucoup moins d'excufe. mandent qu'à femer leur poifon pour tout in
L'homme eft le chef de la femme, celuy-la fedfer,& pour peruertir la vérité, cognoifsôs
doit auoir plus d'auis& de prudence. Quand quec'eftvn iufte falaire contre ceux qui fe
donc les hommes voudrôt ainfi fe moquer de veulent ainiîdeftourner à leurcfcient du bon
Dieu , qu'ils voudront demeurer entortillez chemin:mais cependant que nous remercions
en leurs vices, ne font-ilpas dignesd'eftre de ce bon Dieu, dece qu'il nous a aduertis , afin
tenus en telle captiuitê.q iamais ils n'efchap- quç nous ne foyons point trompez, mais que_
pept des liens de SatanfU eft bien certain. ()r nous cognoifsions qu'au milieu de tels com-
é les hommes qui ont queUjue deuotion , qui bats nous pourrons toufiours fuiure le droit^
chemin.
SVR LA II. A TIMOTH.
cliemin.moyénant que lefus Clirift nou'; con
<luife,&4"c nous nehry foyoni point rebel-
Jes. Et puis quid nous voyons que Dieu enco
res nous Jaifle fa parole; & quel<]ue ingratitu
de qu'il y ait en nous, que toucesFois nous ne
fommes point piiuez de la dotkrine de VEul
gile , fouffroDS dVftie enfeignez fidèlement
deluy.&d'eftreconfermezdeplusenplus en
Ja dodrine que nous auôs defïa apprinfe, que
nousdemâdionsde côtinuer l'tftude où Dieu
nous veut employer tout le temps de noftre
vie, &■ que nous reccuions fa doûnne en telle
humilité, que nous puifsions quant &.quant
monftrer que noUs auons contemplé la face
Àe noftre Dieu pour eftre trasfigurez eniceJ
le de gloire en gloire.
4Tr
O R nous-nous prollernerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoilîance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fcntir que nous n'auons point fait. Et puis
qu'il no'a fait cefte grâce & ce priuilege fpe
cial , que nous ayons la pure doftrine de fon
Euangile, qu'il ne permette point qu'elle ibit
lamais efteintepar noltre ingratitude, mais
que nous y profitions tellement , que quand
nous ferons confermezen icelle, qu'elle pre-
ne toulîours racine plus profôde,& ûlon que
elle frudifiera, qu'elle s'ei'pâdc toufiours plus
loin , & que ion nom en foit glorifié , & le
Royaume de noftre Seigneur lefus Chrift fon
Fils augmenté. Ainlî nous dirons tous, Dieu
tout-puiflant,PereceIefte,&c.
txod.7.
II.
TROISIEME SERMON S V R L E
TROISIEME CHAPITRE.
■■îl'.qV'îli'
8 Ef en tdle manière que Idfines (^ Unthres ont rcfiflé a Moyfc,
pareillement aufii iccux refijleyit a la 'venté : hommes corrompus d' en-
tendement,reprouuez quanta lafoy.
9 Mais ils ne profiteront plus : car leur folie fera manifejlee à
ious,comme aufi a ejïê celle de ceux la.
^Y^^^^^ Ource que c'eft vne chofe
- ^-^-^ ^*^ ■-• dure Se fafcheufe q d'auoir
contrariété quand nousvou
Ions feruirà Dieu,&aduan-
cer ia parole , ceux qui font
exercez en ces combats ont
befoin de confolation,ou au
trement ils poilrroyeiit tout quitter, penfans
■que c'eft vne chofé infupportable que les
Créatures bataillent ainfi contre Diéif, que
Ja vérité foitainfi difsipee , qu'on la defgui-
fe tellement , qu'on tafcbe de l'anéantir , &
qu'on luy face tout effort. Voila pourquoy
fainâ: Paul ayant parlé de la condition qui
eft appareillée à tous prefcheursde l'Euarigi
le,adioufte qu'il? n'endurêt rieri de houùeaui
car autant en eit-i^adue^u , & i Mc/yfe , & à
tous les Prophète? r mais il' fecorrtéte dé friet
tré en auant réieinplc dé Moyfe.Cépendaflt
toutesfois Timotheeatioit occafion de redui
re en fomme ce qui auoit efté fait depuis. Car
il a falu que les Prophètes fe foyent confor-
mez en cela, que toulîours ils ont eu des repu
granccs: & iamais n'crtit ferui paifiblcment à
Dieu, que Satan n'aitmachiné tant qu'il pou
uoit d'empefcher lé cours de leur dodlrine'.
faiiicl Paul doric dit , iiiious voyons gensqiti
batâillentcontre lareritéde Diei*,'que c'eft
comme il en a efté fait de tout temps. Car il
y a eu les enchanteurs de Pharao qui ont auf
lï refifté à Moyfe:& alors Dieu a eftablt com
me vn patron pour nous nionftrer ce qu'au-
ront .1 faire tous ceux qui voudront auâcer la
bonne & puredoûrine : c'tftafçauoir , qu'ils
foyent armez pour combatre, d'autant que Sa
tan leur fera la guerre,& prattiquera mainte-
nant d'vn cofté, maintenant d'autre, de faire
que la vérité n'.iit point fon cours. Voila le
premier qiie fainû Paul amené pour confoler
Tiniotkee:& en la peifonne d'vn home il do-
ue aufsi courage à tous feruiteurs de Dieu, SC
Miniftres de fa parole. Il adiouite vn fecôd ar
gument, c'eft que Dieu pouruoira à ce quel*
vérité ne foit point touliouis opprimée: com
bien que pour vntémps elle foit cômeobfcur
cie, toutesfois en la fin Dieu la rendra vifto-
rieufe-iiX: faudra que Satan & tous fcs fuppofts
demeurent côfus, après auoir attenté tout ce
Qu'ils auront peu.Am<î nousToyooS'cn i'om-
mê qiie le S. Efprit par ^a boucl>c de S. Paul
nous propofe ici deux rai fons pour nous for
tifiefi Quad-nous voyons qlic Satan a des co
trarietez,& que la vérité de Dieij n'eft point
receuede'tous , mais qu'il y a des malins oui
tafchent de-tout perùcrtir,&: qui la calônienc
&• depiàfuent, voici en quoy il nous faut con-
foler : c'éft^h premier jieW-, que noftre Sei-
gneur riodsïWUtt-comBîedetout temps- il- *
fait fon Eg'ife , qiie ceux qui ont vefcu de
uant nous n'ont point eu meilleur marché en
ceft endroit: -car Dieu les a exercez enuoyat
des faux-p^fteurs, ou bien lafchant la bride à
Ll. ii.
4îi
SERMON XXL
Sitan qui les fufcitaft.Qu.'ainfi foit, cognoif- n'eftoyent pasennemiî domeftiques , comme
(oM ce qui eli aduenu depuis que h Loy fut ceux qui prendront couuerture de rÉuaneilc
publiée. Voila Moyfe qui eftoit douant le* au- pour ùllîficr la pureté de toute bonne doûri
très Prophètes . Or dciia la guerre iuy a efté ne:mais d'autant que défia Moyfe a (ouftenu
dreflceiS: iamais ce mal n'ictire.Ainlî.qu'au- dcscombats,&que les Prophètes l'ont enfuy
iourd'liuy nous portions en patience, s'il nous ui, appreftons-^nous : & quand ce viendra à la
faut endurer le femblable: car ce n'eit pas rai pr.ittique, ne trouuons rien de nouucau , que
fon que noftrecôdition fou meilleure ou plus nous ayons prémédité cela de longue main,
aifee que celle de Moyfe , 5: de tous ceux qui voire pour le foufFru doucement, & fans nous
l'ont fuyui. Voila pour vn item. Or le Iccond esbranler en taçon que ce foit. Si on demande
cft.que l'illue fera toulîours bonne & heuiçu- d'où faindt Paul a prins ces deux noms qui ne
fe:côbien qu'il nous fafche de côbatre,& qu'il font point exprimez en Exode , la refponfc
fembleque la veritéde Dieu doyue élire abo- fera, Que les Pères anciens, outre ce qu'ils aw
lie du tout, attendons que Dieu y pouruoye.. uoyent par efcrit , ont retenu fidèlement les
Car il fera tellement que les mefchans ne rem chofes qui auoycnt efté faites auparauant,tel
porteront que toute vergongne : après qu'ils lement que le peuple des luifs a eu comme
auront triomphe, lî faudra-il que Dieu dcfcou par héritage plus de cognoiflance de Fhiftoi-
iire leur turpitude,ScHaus verrons corne Dieu re anciéne que nous n'auonspas auiourd'huy.
aie foin de maintenir fa caufe , combien que Saind Paula peuauoir deceft vûge-laceque
cela n'apparoiflc point pour vn temps . Or il il récite en ce p.i(rige:c'elt afçaUoir que les
refte d'appliquer celle dodrine à nollre vfa- enchâteurs de Pharao clloycnt nommez ainii
ge. Ce nous eflvne grande confolation quand qu'il les appelle ici.Qu.'il y en ait deux, ileli
nous nofommes point l'eparei de lacôpagnie viay-fembiable,à caufe deMoyfe &d'Aaron. ■
des enfans de Dieu, mais plufloft que Dieu Voila deux Prophètes que Dfeùenuoye.Voi-
nous fait liiyure leur tram , & qu'il nous mené la Pharao pouflc par l'elpiitdudi.ibie,qui eu
tellement à eux, qu'il n'y a qu'vnrang. Q^âd oppofe deux autres , l'vnà Moyfe', l'autre à
nous voyons cela, nous auons bien occalion de Aaron, pour monftrer qu'il n'eft en rien infc-
eftre fortilîez.Si maintenant les chofes e- rieur. Àinlî donc , combien que Moyfe n'ait
ltoyentconfufes,& que quand nous viendrons point déclaré qui eiloyent ces enchanteurs,
à regarder coiiie Dieu a traitté fes fidèles par m en quel nombre. tant y a que faintt Paul l'a
cideiiant,& que nous trouuerions leur condi- cud'vne telle certitude qu'il ne faut point que
tion toute diuerfe, ce feroitpour nous faire cela viene auiourd'huy cndifpute .£tau re-
esbahir:mais quandnous voyôs que nous fom fte, la chofc n'eft point cftrange ni douteufe,
mes fcmblables à ceux qui ont ferui à Dieu, q que les Pères n'ayent gardé cela fongneufe-
nous fommes exercez corne en vne mcfme li- ment, q ce qui n'eftoit pas couché par efcrit,
çe,& qu'ils ont fouftcnu les difiîcultez pareil fuft toutesfois cognu , & ces chofes ont efté
les, quand nous voyons cela , ne deuons-nous entretenues tellement, que iutques àl'aage de
pas nous confûler,pour dire, Et bien, faut-il q famft Paul les noms des enchanteurs ont efté
nous réfutions d'eftre conformez à Moyfe , à en mémoire. Or cependantnotons de ce paf-
tous les Prophètes de Dieu ,& aux Apoftres? fage comme le diable pour guerroyer contre
Et ainlî apprcnôs de toulîours contéplcr l'c- Dieu, contrefait touiiours le Ijien: brief,on le
ftat de l'Eglife anciéneiquand nous ferons faf peut à bon droift nômcr côme lînge de Dieu».
chez des aÎBifliôs que Dieu nous enuoye. Car 11 eft vray qu'il fe gardera bien d'approcher
nous fçauons que cela eft efcrit pour noftrc delà verité:maisfi cft-ce qu'il dffgijifçra tel
doftrine, que l'Eglife eft femblable à vn chîp, lement les œuuresdc Dieu, qu'il fe transfigur
fur lequel lacharruea trainé,qu'il faut que de rera:3cluy eftant prince de ténèbres donnera
vn bout «niques à l'autre toulîours elleénduf<f quelque efpece de clarté pour trôper les igno
afflLi^ipn. Et lî cela eft aduenu à nos per.es, .il rans:aoi|is le voyons en ce qucfamft. Paul re-
faut quen.ous, fuccedions en leur lieu , A;.fifr f ite ici.Vçila Dieu qui enuoye Moyfe & Aa-
tout qiund nous voyoïjs que les.ciujeruls'.de joB.Or au confraiie voici Pharao qui eft pouf
venté oax, la vogue,& qu'on leur.fauorift,que fé dcl'efprit .du diable, qui flict dçux.cn^hanr
ils s'cfi^ayét, Se qu'ils dreflent les creltes com teurs à l'oppolîte. Il ne leur peut pas donner
me s'ils auoyent tout gagné:& cependant que cfprit de Propketie: fon intention aufsi n'eft
pnmiirmure,qu'onblaYpheme,&qironneco- pas de maintenir la vérité , mais de la ruiner
gnoiflc point de Dieu. Si dôc nous Ibmtnes en s'il peut . & cependant d'opprimer l'Eglife de
angoilfe pour cela, il nous faiit,rcuenir à' ccft Dieujd'aboliri'alliançede faliit, & toutes les
exéplc que fainft Paul nourpropole,ç'cft que promeirc? qui eftoyent^lonnccs aux Pères an
dés le temps de Moyfe il en eft, 4i{rfî aduenu, cicns.Vpiladonç Pharao qui demande .\ don-
qufiles PropheiesoiitexpefiinétCîle lémbla- ner couleur, à fes tromperies, t«llcnient qu'on
blell faurdono,^ i»»w»s,kî*fsions la tefte pour lie fçaitdeg.uelcofté fe tpurnçr quâd oi)..^ojt
eftredeleur ranig^rpuis que Dieu veut que Ja Je$ cnc.ha(>ttiirs qui contretont les lig.ii-£s^
côditioadefonÉglifefoit telle, Vray eft que miracles ,' vSj; fcinble qualiquecr foit tc.utp.»-
ccsdeux enchanteurs dQiBtpaïieiâ|nft Paul^ teil, Orilcit vray que Satan ha beaucoup
s VR 1 A II. A TIMOTH.
47Î
4en»oyens , & qu'il prend diuerfes mafqucs: que cela ait el\é inuentc Ctfii raifon ni propos:
mais tant y a que touiiours il tafchera de faire mais ils nous amènent à la mort & pafiion de
vn tel raeflinge, qu'on ne puifTe difcerner en- noftre Seigneur lefus, pour dire que la Ccne
tre la vérité de P.ieu & les menfonges qu'il el\ le vray memori»! qui cft pour nourrir no-
introduit . Et c'eft vne doûrine qui eft bien à ftre foy en l'efpcrance de falut, come nous e»
noter. Car fi nous ne cognoiflbns fes rufes, cô auons le tefmoignage par le Fils de Dieu mef
ment nous en pourrons-nous garder? Et voila
où fainû Paul nous ramené, quand il veut que
nous pélîons à nous de près: Mes amis(dit-il)
nous fçauons les fineflcs &cautelles de nolhe
ennemi.&ainfi quand nous verrons que Icsfe-
dudVeurs prendront couucrture du nom de
Dieu.quand ils auront des façon? pour dcigui
fer leurs propos, tellement qu'il y aura quel-
que couleur.ne foyons point trop cftonnez de
cela. Et pourquoy ? C'eft la rufe ancienne de
Satan. En premier lieu, d'autant que le diable
cognoift qu'il ne nous peut pas aliéner pleiue-
me.La Cenedonc viendra en auant,& dira-on
que la Mefle en a efté tirée, que c'ell de ccfte
origine qu'elle eft venue , &alleguerâ-on de:
belles couleurs. Voila côme le diable ce relie-
ra de îe couurir Tous quelque goult du raaieau
de Dieu: mais c'eft autant comme s'il eu def-
chirpitrn pan;&au relte.cji ne verra quînfe-
âion & ordure, que nous ferons tout esbahis
que le diable nous aura trompez de prime fa-
ce.que nous n'aurons point apperceu (â mali-
ce.Si nous examinons plus auant.nous trouue-
rons que tout ce qu'ils font fous le ntre du
ment de toute religion , il ne viendra pas du nom deDieu.n'a riendecon.munauec ceque
premier coup dire qu'il n'y a nul Dieu, que ce
eft toute mocquerie que de le feiuir :mais en
prenant ce mot de Religion, il en fera vn bon
clier.& cependant ce fera vn glaiue mortel cô
tre tous ceux qui ne font point munis & aimez,
comme il appartient . Et voila coni:ne de tout
téps fous ce nom &ce faux titre de Religion,
beaucoup de gens ont efté abutei . Il cft vray
(comme nous auôs traitté ce matin) que ceux
qui cerchent Dieu en pureté de cœur, lamais
ne feront feduits.Car Dieu les preteiucr.ipar
la conduite de fon £fprit:combien que le dia-
ble vfe de beaucoup de tables , il ne gagncia
rien contr'eux : car c'eft fa prattique urdin.ii-
re, c'eft afçauoir que l'ous ic lure de religion
il feduira les ignorans s'il peut. Et au reftc, li
toft qu'on tafchera dedreffer le fcruice de
Dieu, voila Satan qui ne ceflcrad'enuelopper
des corruptions parmi, tellement que le bon
il a ordonné , combien qu'ils fe vantent que
rien n'eft fait par eux qu'à rexeraple & de le-
fus Chrift, &des Apoltres. Comme voila leur
eau bénite, qui eft comme vn renoncement du
Baptefme:toutes fois ils la fçiuront biendcf-
guifer, endifant, Ho .l'eau bénite n'eft point
pour abolir le Bapteimc auquel nous auons la
rc:ndsion de nos pechez:mais pource que no'
ne pcnfons point à noitrc Eaptcftne comme il
faut , Se que lî nous auons failli, nous ne pou-
uons pas nous ccrci£er que Dieu nous pardon
ne, il eft bon de nous retraifchir la mémoire,
& que nous ayon- quelque tefmaigiiage fé-
cond,& côme lubalterneitouliours IcJBaptef-
me demeurera en fon entier & en fa vertu,
mais l'eau bénite fera commt vn accelToire.a-
fiiique nous foyons tant mieux certifiez que
nos péchez nous font pardonnez. Voila l'eau
bénite qui abolit le Baptcfiiie, & toutesfois le
grain ne demeurera iamais pur li on le veut diable s'insinuera tellement qu'on penfera que
croire. D'autant plus donc deuons-nous eftre ce foit vne chofe conforme à l'inftitutiondc-
attentifs à faire quela doûrine de Dieu de-
meure en fa pureté, &: que celle des faux-pro-
phetes Si trompeurs foit reiettee.que nous ne
leur donnions nul accès, mais que nous les re-
poufsions viuement , & que nous demeurions
touiîours enclos au parc que Dieu nous a fait
par fi parole. Caf lî nous efcoutons celuy qui
nous a prins en fa garde.iamajs nous ne pour-
rons faillir : noftre Seigneur lefus Chrift ne
Dieu. l'allègue ces chofes pour les plus fami-
1 ères : mais qu'on face vndifcoucs de toutes
les abominatiôs de la Papauté, & de toutes les
corruptiôs que Satan a introduites, & on trou
liera qu'il a eu touiîours cefte rufe, ic fe méf-
ier tellement, & fe fourrer parmi l'ordic e ue
Dieuauoit eftabli en fa Parok-, qu'on trouue-:
ra que tout s'accorde tresbién.Mais c'eft autât
côme des enchanteurs de Pharao,ccux-la onç
fouffrira point que iamais nous foyons efgaj-' bien fait les lîgnes iemblabics que Moyfe &
rez, combien que S.itan nous folicite , & qu'il Aaron,mais on aveu qu'ils batailloyentcon-.
nous flagorne aux aureiUes.Mais tant y a qu'il
nous faut eftre vigilans : & ne pcnlons point
que le diable dorme. Se que Dieu ne luy per-
mette d'exercer noftre foy , comme il en eft
aduenude tout temps:&fur tout notons cela,
qu'il y aura vne conformité pour nous ef-
blouir les yeux entre les chofes que Dieu au-
ra ordonnées, Si ce que Satan aura entielacé.
Comme quoy î Q_ii_and auiourd'huy les Papi-
ites voudront approuuer cefte abomination
diabolique de leur Mefle, ils ne diront pas que
.elle ait efté forgée à l'appe cit des hommes,oii
tre Dieu nianifeftemét.que leur fin cftoit mau
dite &mal-heurcufe, qu'ils ont eu la vogue iuf
quesàceque Dieu euft exercé fon peuple ,&
qu'il euft ratifié que c'eftoit de fa main & de
fonbras robufte qu'il faifoit cefte redemptiô;.
alors il a rendu confus ceux qui auoyent pour
vn temps efté ainfî malins à l'oppoiitede
Moyfe &■ d'Aaron.Ainii donc, que nous apprè
nions de bien examiner les chofes:& quand le
diablç viendra ainlî uiefler fes zizan,es &: cor-
luptics parmi la pure vérité de Dieu, que nous
prions celuy qiùa i'Efprit de prudcce,de nous
Ll.iii.
4î4
SERMON XXI.
gouuerner tcllemét que nous ne foyons point
feduits.Et au refte.que nousvcniôsàcefte tou
che de la parole de Dieu, qui ne permenra
point que nous faillions . Voila donc ce que
nous auonî à retenir de ce paflàgc, quand il tft
ici parlé du combat qu'a eu Moyfe cotre lan-
nes & lambres. Or i'ay dclia touché , &nous
faut bien retenir.quâd faind Paul allègue Te-
lemple de Moyfe, que c'eft afin que nous fqi-
chions que les Prophètes onr fuyui vn mefme
lement que noirs' considérions ce qui eft ad-
uenu pour lort, mais il dit, quand nous expé-
rimenterons lefemblable, que nous ncdefàu-
drons point quand nous aurons celte fermé-
té en nous de toufiours feruir à Dicu.& quand
nous verrons tout le monde esbranlé , qu'il
fembleramefmes qu'il y ait des orages & tour
billons lî grans que nous deuions eitre effa-
rouchez, fi nous tenons bon, & que nous de-
meurions en la doûrine que nous cognoiflbns
train,&qu'ilafalu qu'ils fuflent en combat af eftrede Dieu, après les ténèbres la clarté vien
fiduel . Puis qu'ainfi eft donc , eftimons-nous dra . 11 eft vray que ce ne fera pas fi toft que,
heureux quâdDieu nous mettra d'vn tel rang, nous defirerions : mais remettons le tout À
Et fi auiourd'huy nous auons à refifter à ceux Dieu. Cependant noftre office eft de nous te-
qui falfifient la venté de Dieu, & la conucrtif nir quois , & en patience , & ne point fléchir
fent en menfonge , prions celuy qui a vertu & quoy qu'il nous aduiene, mais que nous puif-
conftance en foy.de nous maintenir, & batail-
lons fous fon enfeigne, comme a fait Moyfe,
& nous ne ferons point confus en la fin. Et no
tons bien que celle tentations eftégriefieà
Moyfe, quand lannes Se lambres ont eu la ver
tu de faire miracles : car il fembloit que Dieu
fuft contraire à foy, ou bien que le diable fuft
quafi en puiiTance égale . Voila Dieu qui en-
uoye vn figne fur Egypte, de couertir les eaux
en fang,il couertit la clarté en ténèbres, il fait
venir ia vcrmme pour gafter les chaps,& tout
le pays. Les chofts femblables fe font par les
magiciens & enchanteurs de Pharao. Si Dieu'
befongne des deux coftez, ne femble-il point
qu'il fe contredife.A: qu'il combate quafi con-
tre fov-mefine?Ou fi c'eft le diable qui befon
gne ainfi parla main des enchanteurs, ne dira
on pas que Dieu eft là comme en difficulté de
furnionter Satan ? Voila donc vne tentation
horrible, non feulement pour lefisiple popu-
laire,mais pour Moyfe & Aaron, tcllemét que
c'eftoit pour les accabler, & leur faire perdre
courage, & les taire desfier de leur vocation.
Et ainfi, quand auiourd'nuy nous verrons que
les melchâns auront tel artifice, qu'il fenible-
raque Dieukur dônedequoy pour oppugner
la vérité, làoii au parauant ils eftoyenc gens
indoûes, gens fans nulle dextérité , qu'on les-
verra habiles à mal-faire,que nous perfiftions
neantmoins, fçachans que Moyfe a vaincu vn
tel fcandale , afin que nous n'en l'oyont point
eftonnez auiourd'huy. Voila pour vn item. Et
quand nous verrons que le monde pri fera plus
les menlonges & tromperies, que ceux qui ba-
taillent contre Dieu &■ fa vérité auront la vo-
gue , qu'on leur portera faucur , qu'ils feront
les bien venus , Si que nous ne pourrons auoir
ni équité m raifon pour maintenir noftre eau
fc.qucnouv trouucrons des aureilles fourdes
quand il lera qucftion de dcmaixler aide pour
rcpoulTer le mal : quand, di-ie, nous verrons
cela, que nous pourfuyiuons neantmoins no-
ftre cours, f'^achans qu'il a falu que Moyie
fuft en ces pcrplexitez-la pour vn temps:
mais attendons l'iiTue telle que Dieu l'a touf
iours donnée aux fions , & comme elle eft ici
promife par faini^ Paul . Car il ne dit pas fcu-
fions dcfpiter le diable &tousfes fiippofts,
pour toufiours fuyure la bône querele. Qu^d
nous en ferons ainfi, nous aurons la viftoire,
comme a eu Moyfe contre lannes & lambres.
Or cela n'cft point aducnu pour vn coup, mail
Dieu a teftifié alors comme fa vérité fera touf
iours viûorieufe, & que ceux qui lamaintie-
nent, pourrôt faireleurs triomphes:conibien
que pour vn temps il femblé que les ennemis
ayét tout gagné, fi nous fommes fafchez pour
cela, reuenons à ceft exemple qui nous eft ici
propofé, c'eft de nous tenir à la promené, que
l'ifllie de nos combats fera toufiours heureur
fe, moyennant que nous ne défaillions point.'
Au rcfte, fainft Paul dit , Que ce font gens cor-
rr'tn^us d^enteiidemtnt , C reprouutx. quant à lu
foy. Ce n'cft point fans eau le q fainft Paul dit
que leurs entendemens font corrompus . Car
que dira-on, qu'vn homme mortel s'ofe ainfi
enuenimer contre Dieu, qu'il ofe faire la guer
re à la veritérC'eft autant comme fi quelqu'vn
par furie vouloir combatte le ciel . Car nous'
pourries pluftoftariàcher le foleil de fon lieu,
q nous ne pourrions abolir la vérité de Dieu:
il fnit que tout le monde paflc , &• qu'elle foit
permanente . Comment donc fe peut-il faire
que des créatures vienent iufques à vne telle
audace, & fi enragée? Or c'eft(dit fainft Paul)
vn aucuglemcnt qui procède de corruption,
qu'il faut que telles gens foyent infcnftz. Par
cela il nous déclare en premier lieu, que ceux
qui font ainfi la guerre à Dieu, font dcfia aucu
glez par Satan, qu'il leur a ofté toute raifort &
toute modeftie , qu'ils font comme torcenéz.
Voila pour vn itcni.Et par cclail nous ofte le
fcandale que nous pourrions conceuoir en
nous enquerant comment il eft pofsible que
les hommes vueillent ainfi f.-.ire la guerre à
Dieu. Et notamment il vfe auf.r de ce mot,a-
fin que nous ayons en tant plus grande deté-
ftation les ennemis de la vérité , ceux' qui' taf-
chent à la peruertir en façon que ce foit , que
nous les fuvons comme peftes.Car les cmpoi-
fonneurs ne pcuucnt faire tant de maux cômc
cesinelchans qui nous apportcrlcurv ordures
qui font pour oftcr la vie , feulement du flair
ou de l'odeur. Si de loin vne poifon a fi grSde
SVR LA II. A TIMOTH.
Ml
vigueur qu'elle puifle meurtrir les hommes, il
eft certain que les menlbnges de Satan ont
encorcs plus de vertu: car ils corrompent en
forte qu'on eftesbahi que tout eft incontmét
corrompu.Sainft Paul donc nous a ici voulu
aduifer que nous fuyons , voire auec exécra-
tion, ceui qui nous brouillent ainii , & qui ne
demandent qu'à femer leurs faufles zizanies
parmi la bonne leraence & pure de la parole
île Diea.llàitHiùi.qt' ils /«ntreproHM ex. qu,int
À U foy. Ce mot dont il vicie peut prendre
en deux fortes : c'eltafçauoir gens fans ingé-
nient , gens deftituez de difcrction , ou bien
gens reprouuez.c'eft àdire vileins &detefta-
bles quant à la foy .Or tant y a que ie ne dou-
te point que fainû Paul n'ait voulu dire que
ils font apoftats, qu'Us font du toutabbaibr-
dis , Si. combien que pour vn temps ils ayent
eu quelque apparence de foy, que le^ voila du
tout reprouuez , les voila comme membres
pourris & retranchez du Royaume de Dieu,
&de fon Eglil'c. C'cftdonc pour plus ample
approbation de ce que nous auons dit.c'eft a-
fçaiioir que nous ne pouuons auoir trop en
haine les ennemis de la vérité de Dieu, voire
pour les fuir,& nous en donner garde, (cachas
que quand nous aurons approché d'eux,incon
ttneiu nous ferons infeclcz deleur poifonS:
ordure.Or cependant adiiifons aiif.i de noftre
part d'appliquer celle dodrine à nous, pour
vn aduertilTement qui nous fera bien vtile.
Carl'mtegrité dcaosamcs&de nos cfprits
gill en ce , que nous ayons la pure parole de
Dieu. Voila pourquoy aufn lAinû Pauldit
que c'eft la droite chalieté, par laquelle nous
fommes vnis au Fils de Dieu, comme vne fem-
me eft à fon mari.Voila(Ji-i(;)lc vray lien du
mariage fpirituelque Icfu»^ Chrilla contraité
auec nou'i , que nous adhérions purement à la
parole de Dieu & à la doârine de l'Euangilc:
voila l'mtegrité de nos âmes. Car (îtoftque
nous ouurons vn petit pertuis à Satan , qu'il
nous vient diftiller , voire iufqucs à vne feuk
goutte de faulTe doûrine ,nou'i fomuies cor-
rompus,voila vne maladie fecrctte, mai s d'au-
tant cft-ellepire. Nous fommes comme vne
femme qui aura prefté l'aureille à vn ruffîen,
ou à vn macquereau pour élire feduite : elle
monftre qu'elle n'eft point trop pudique , &
qu'elle elt prefte de s'ab.'.ndpnner. Ainli donc
en eft-ilde nous, fi Dieu ne nous fait la grâce
qu'auiourd'huy nous foyons entiers en fa pu-
re do£lnne,& qu'il nous y tiene conftamment
pour repoufler tout ce qui n'accorde point à
l'Euangilc .auquel nous auons efté inftitucz
& enfeignez. Et mefmes quand il eft parlé de
ceux qui font reprouuez quant à la foy, adul-
ions bien de ne trcbufcher point en telle rui-
ne &: confufion.Etcomment fera-ce?Chemi-
nons enbonne confcience: comme par ci de-
uat nous auons ouy ce quedifoit fanift Paul,
que ceux qui ont laifle la bonne confcience,
ont efté comme enfondrc-z,ainfi qu'vne naui-
re dedans la mer. Si donc nous abufons de la
parole de Dieu.ou que nous n'en tenions con
te , il el^ certain qu'vn tel thrcfor nous fera
raui,& faudra que Dieu nous reiette, voire 8c
•qu'il nons enfondre comme au profond d'rne
mer. Et pourtant apprenons de cheminer en
crainte, en priant Dieu qu'il nous con férue en
la foy que nous auons receue de fon Eiiangi-
le.Et fi nous voyons des cheutcs en beaucoup
de gens, que ce nous foyent autant de miroirs,
que nous en facions noftic profit , que nous ^
l'çachions que fi Dieu punit ainfi leur hypo-
crifie.ilne faut pas que nous foyons fembla-^
blés à eux. Quand donc nous en ferons ainfi,
toutes les punitions que Dieu enuoyera fia
ceux qui en font dignes, nous feruiront pour
nous confermer en fa crainte. Il y .1 d'auanta
ge quant à ce poinft qui eft pour nous aileu-
rer de l'iflue qui fera bonne & défirable pour
nous , il dit que les mefchaits ne s^au^iticeront
plus , d'autant que leur folie Jer« cognue à tout
comme Je ceux-ci.ll fait mention des deux en-
chanteurs de Phatao,Iannes& lambres.Ordc
prime face on penferoit que ceci fuft contrai
re à ce que faincl Paul auoit défia déclaré par
ci deuant,& ce qu'il adiouftera dercchef:c'ell
alcauoirque les mefchans s'auanceront de
pluscnplusiildit qu'ils ne s'auanceront point
plus outre. Il y a auf^i l'expérience qui hous
monftre que c'eft lans fin & fans melure que
les ennemis de la vérité s'ingerent toufiours,
i?v' qu'ils cueillent force, & qu'il femble qu'ilt
doyuenttout gagner. Q^e dirons-nous à ce-
la?Or quand faiuil Paul dit que tous ceux qui
tafcheront de faUifier la vérité de Dieu , ne
s'auanccrôt plus, il entend, combien que Dieu
permette que l'Eglife ait toufiours des com-
bats nouueaux, fi eft-ce que les fidèles auront
toufiours lavi(floire, que Dieu leur fera luire
fa ciarté,& mefmes ceux qui le feruiront pure
ment auront de quoy s'efiouir, voyans leur la
beur n'eftre point inutile. Comme quoyfVoi-
la des troubles qui s'eleuent par l'aftuce de Si
tan,& ce font gens orgueilleux qui le veulent
faire valoir en peruertillânt toutbié.la vraye
doârine fera combatue , & tafchera-on de la
dénigrer par beaucoup de calomnies. Les fer-
uitcurs de Dieu cependant trauaillcront de
tout leur pouuoir : & tant y a qu'on mefdira
d'eux, qu'il faudra qu'ils foyent delchircz par
pièces: comme nous voyons que beaucoup fc
desbauchent , que félon que le monde eft le- ,.i\'i
ger & volage, beaucoup preftét l'aureille aux
feduûeursqui font pour introduire lesfauflès
doûrines.pourperuertir la foy. Les vrais fer-
uiteurs de Dieu ont à gcmir fur cela , voyant
que le mal croiftde plus en plus,tellemét qu'il
femble que tout l'édifice doyue eftre ruiné,
& qu'il n'y ait plus rien de refidu de ce qui
auoit efté édifié, & quieftoit défia aduancé, en
forte que cela eft pour faire perdre le coura-
ge à ceux qui s'eftoyent employez à l'ocuure.
Or toutcsfbis fi faut-il que nous cfperions
Ll.iiii.
4s^ SERMON XXI.
que Dieu befongnera en telle forte, que touf- à cefte promefTe , que Dieu couppera les cor-
iours nous verrons ceci accompli , c'eft alça- deaux des melchans , qu'il renuerfera toutes'"
noir que ces brouillons n'auront plus le moyé leurs entreprini'es , & Fera que ceux qui font
de corrompre &peruertir la bonne doûrine haut montezitrebulchent en plus grande rui-.
comme ils ont eu. Car on verra que leur vile- ne,& que ceux qui font reputezgrisdofleurs,
nie fera defcouuerte. Se quM n'y a eu qu'or- foyent en opprobre,qu'on cognoifle leur ma-
gueil & malice qui lésait pouffez à cela. Et lice,& qu'on les detefte ,& qu'on voye que ce
bien, d'aucuns Ce retienent : les autres mon- font empoifonneurs des âmes. EfperonsdonC
firent bien qu'ils font dignes d'eftre priuez de cefte ifTue-la , & ne doutons point que quand
tout fens & raifon: car aufsi ce font des chiés nous aurons conftamment ferui à Dieu , qu'il
& des pourceaux qui defpitenc Dieu ôc toute monftrera que la victoire nous eft certaine 8c
religion: & pourtant il'faut bien que leur infallible . Et aufsi nous auons à noter ce qu'il
ignominie fou delcôuuerte. Cepédant fi faut adioufte, Qjte leur folie fera defcouuerte comme
il que les feruiteurs de Dieu pourfuyuent (/fff».v-/d. 11 ne dit pas feulement que leur ma
toufiours : encores qu'^ femble que tout foit lice fera cognue.mais leur folie defcouuerte.
perdu & defefperé, li faut-il qu'ils regardent Et pourquoyfCar beaHcoup fe laiffent fedui-
que Dieu pourra d'vne façon miraculeufe gar re à leur efcient,&ne veulent point iuger:car
aer quelque refîdu , qu'Us cognoiftront que ils porteront faueur à vne doftrine pcruerfe",
leur peine n'aura point efté inutile. C'eft: dôc pource qu'ils le veulét ainfi.Or en la fin Dita
ce que faintt Paul déclare ici , e'eft afçauoir les contraindra de vcoir, qu'on cognoiflra que
que les mefchans pour vn tempS-auroitt telle il n'y a tu'que menfongeen euï,qu'il n'y aeii
vogue, qu'il lemblera qu'ik dôYuent tout abo nul fondement, & feront cOnfus en leur hon-
lir, qu'ils doyuent exterminer la mémoire de te.d'atîoir adhéré à vne querelle fi mefchante.
Dieu en ce monde, que fa parole doit eflre de Ainfi donc, combien que la vérité de Dieu foit
chaffee pleinement : fi faut-il que durant ces pour vn temps iugee folie, qu'elle foit en mcf-
troubles-la,& telles extremitez.nous tenions pris, que les orgueilleux de ce monde n'en tie
bon,& que nous attendions patiemment ce née cote, penlans qu'il n'y a qu'vne fimplicité
qui nous eft ici promis, c'eft afçauoir que no- louide,ou bien qu'ils ne veulent point fcran-
ftre Seigneur fera reuenir le iour , quand il y ger l.i , pourcè que les chofes leur font trop
aura eu des ténèbres fi obfcures & efpeffes dures, qu'Us ne les peuuent pas digérer: cotn-
qu'on n'y voyoït goutte , que derechef il ra- bien donc que la vérité de Dieu foit fi maliu-
menera fa venté au deirus,& qu'il luy donne- gee par le monde, fi eft -ce qu'en lafin on cu-
ratelle viéloire que nous aurons de quoy te- gnoiftra que fous cefte ombre de folie qu'oa
nir bon : noiis verrons qu'il ha le foin de fon a cuidé,il y a eu vne doftrine profonde & ex-
Eglife , & qu'il fçait bien remédier aux maux cellente, voire & telle que les Anges dePara-
qui nous femblent incurables. Voiladoncce dis l'adorent. Etcombienque les peruers &
que iainft Paul a entendu en ce palTàge , en ennemis de Dieu s'efgayent en leurs menfon-
difant que les rriefchansne pourront pas s'a- ges,&qu'ilss"eftiment bien fages,fi eft-ce que
uancer toufiours. Et c'eft ce quieit dit au Pfe- toute leur fagelTe- demeurera confufe , &que
aume(combié que ce foit .A vn propos diuers: nollre Seigneur monftrera qu'il n'y a eu que
car làileft parlédesperfecutions)quefi Dieu pure vanité. Auiourd'huy quand on parlera
donne la vogue aux mefchans , ils exerceront des abus de l'Eglife papale , il eft vray qu'on
toute cruauté fur les bons , & telle tyrannie, Verra bien que ce font chofes puériles, & tant
qu'ils feront contraints de fe cacher. Voila fottes que rien plus, les petisenfans s'en moc
des canailles qui auront la vogue pour vn quent: mais il y a quarante ans que cela eftoit
temps , la iuftice fera corrompue , il n'y aura eftimé vne telle fageffe, qu'il fcmbloit que ce
nulle raifon ni équité, tout feraexpoféen tuft vne perfedliô plus qu'Angeliqueiperlônc
proye,&le plus fort l'emportera. Or fi vn tel n'euftofé prendre la hardiefle de douter s'il
eftat & tant confus duroit toufiours,il eft cer- y auoit raifon en toutes ces fingeries qui fe
tain que les enfans de Dieu mefmes feroyent font là , on eftimoit que ce fuffent des hauts
esbranlez, & feroyent folititez de fe desbau- my fteres facrez , qu'vn chacun fuft contraint
P/r. 1^.4 cher. Et fo«i' cefte c.aufe il eft dit au Pfeaume, d'adorer. Carpuisque les grans dofteursa-
que Dieu coupperalescordeàux des mefchâs uoyent paflé par là, il n'eftoi't pas licite de
quand ils auront trainé la charrue fur le dos rien retrafter. Voila donc comme tes fottifes
de fonEgl;fe,&: qu'il aura fouftertquefes en-
fans fuffenc ainfî moleftcz fans ailoir fupport:
il viendra (dit -il) doupper ces cordeaux-la.Et
pourquoy?Afin que les bons ii'eftendét point
de la Papauté auoyent vne réputation telle
de doftnne, qu'on les adoroit connue les plus
hauts ft'crcts du ciel. Or maintenant qu'eft-
cb qu.id Us ont tfté defcouucrts?' Auiourd'hiiy
fcurs mains (dit-il) pour mal-faire'. Et poiir- nous ne poutions croire, nous femmes qiiafi à
tant quand nous fétor^s fofcitez de porter en douter , fi nous auonseftéfi enchantez d'y a-
uic au mefchans , ou bien de nous lafcher la uoircreu. Etd'autaht plus deiions-nousma-
bride pour vrler auec les loups (comme on gnificr la' grâce de noftré Dieu quand il nous
dit en prouerbe commun)que nous reuemoiis en a retirez , veu que nous cftions htbetez en
telle
SVR LA II A TIMOTH
■M7
telle forte.Ainfi donc ce n'eA point ftns caii-
fe que fainft Paul met ici , que la folie de tous
ceux quicombaroyent contre Dieu a eftcde-
fcouuerte à tous, Or quand il dit à tous, il n'en
tend pas en gênerai à tout le monde, mais il
veut déclarer à grans & à petis , comme nous
voyons que Dieu a tellement illuminé les po-
ures idiots, qu'ils peuuent eftre iiiges des plus
grans dofteurs de la Papauté. Nous ne f aifons
point ici nos triomphes, mais ils font con-
traints de veoir ce que ie di.que s'il y a vn po
ure homme mechanique qui foit détenu en
prifon pour Ja doftrine de l'Euangile , qu'on
Jyy ameine les plus grans dofteurs du monde,
il eft certain qu'ils feront là confus, qu'ils ne
auront que leur cruauté pour leur rehigc.en-
uoyansles feruiteursde Dieu au feu:mais tat
y a que leur vergongne eftdefcouuerte.Quâd
donc nous auons vn tel tefinoignage , & vne
telleapprobation,ne ferons-nous pas trop in
grats fi nous ne conclues qu'il nous faut adhe
reràcefte vérité certaine, laquelle eftainlî vi-
ôorieufe contre tout le monde, contre ces fa-
ces qui cuident prendre la lune aux dents(c5-
ine on dit) qu'on voit que Dieu les rend con-
fus,& cependant qu'il donne bouche & fagef-
fe àfesenfans, voire & aux plus rudes, à ceux
qui n'ont m literature, ni rien qui foit , qu'il
leur donne , di-ie , la force Se la fagefle pour
rembarrer tous leurs ennemis ? Voyans donc
vne telle chofe,ne deuons-nous pas tant plus
donner louange à la bonté de Dieu, pour nous
alTuiettir à favolontéfEt cependant que nous
foyons munis de la vérité de Dieu en telle for
»e,qae quand tout le mjnde s'cleuera i ren-
contre, que nous verrons des troubles , & des
fcandales beaucoup, que nous ne lai fsions pas
d'y perfifter.' £c c'eit vn poinô quenou; auôs
bien à noter. Il eft vray que ceci ne fc peut
pas déduire du tout pour maintenant , mais fi
nous en faut-il toucher vn mot,c'eft que quâd
nous pourrions eftre esbranlez en tentation,
il nous faut eftre fouftenus de la vérité, qu'elle
nous férue d'vn bon fondenié:: comme fainft
Paul adioufte que Timothee auoit fuyui fa
patience,{à doûrine,fafoy,fa char!té,fesœu-
ures, fes pcrfecutioas. Il faut donc que nous
apprenions de nous conficrer tellement au
feruice de nortre Dieu, pour e/lre inftruits en
fon efchoie.que ce pointl nous (oit tout refo-
lu, que Dieu tft noflre Maiftre : & ^uand on
nous apportera quelque doélrine de nouiicau,
qu« nous tenions bon.fçachans que nous auôs
efté fidèlement inftruits. Et voila qui ert cau-
fe que tant peu de gens fjauent faire leur
profit de la bonne doôrine : quand la parole
de Dieu leur eft prefchee,ce leur eft tout vn:
c'eft affez s'ils peuuent dire , Nous auons les
fermons, nous auons l'Euangile. Mais ils font
nouices, & il y en a beaucoup entre nous qui
font de ces apprenâns , defquels fainii Paul
parloit ce matin, qui iamais nevieneiitàlaco-
gnoiflancede verité,d'autant qu'ils font touf
iours trop empefchez aux négoces de ce mon
de : ou bien qu'il leur fcmbic qu'ils auront
toufiours le moyen de recouurer ce qu'ilj
ont perdu:Et bien (diront-ils) fi ie n'ay ouy
vn fermon, laifleray-ieà eftreChrefticn pour
cela ? 11 eft vray que nous ne perdrons point
noftreChreftienté pour vn fermon:mais qu.îd
nous mefprifons ainfi la parole de Dieu, il fe
pourra bié aufsi retirer de nous:& quad nous
ferons defgouftcz petit à petit de fuyure la
parole de Dieu, nous ferons tout esbahis que
le diable nous en aura eftongnez de fi loin, que
nous n'aurons plus moyen d'en approcher.
Ainfi donc aduifons cependant que Dieu ap-
proche de nous, cependant qu'il nous prefente
fa doàtrine,d'y eftre tellement fondez & con
fermez, que de plus en plus nous puifsions
conftamment barailler contre toutes les ca-
lomnies,& contre tous les troubles & fcanda-
les que Satan fufcitera autc tous fes fuppofts.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le prians qu'il nous les face telle-
ment fentir, que nous venions au droit remè-
de pour guérir toutes nos maladies, c'eftafça-
uoir d'eftre confermez en fa parole, & d'y
prendre vn tel goirft, qu'elle nous foit vne
vraye nournciire.Et ccpendant,que nous foy
ons purgez de toutes les corruptions de no-
ftre chair, & de toutes les chofes g nous pour-
royent deftourner de fuyure le chemin qu'il
nous monftre , tellement que nous aduifions
d'adhérer toufiours d'auantage à luy , iufques.
à ce que nous foyons paruenus à la perfeârion
où il nous appelle. Que non feulcmét il nous
face cefte grâce, mais à tous peuples & natios
de la terre, &:c.
QJ/'ATRIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
lo MazV toy,tu ds affcz appcrceu ma doSïrineJnjîitutio, propos,
foy, patience ^quelles chojcs ni ont cJîéfaiSics en Antioche, çy home, ^
en LyFlrc:
Quelles perfècHtïons (f affliSlions l'ay endurées, C' àe ton-
II
Mm. i.
4?8 S E R M O N X X I I.
tes le Seigneur ma. deliurê.
1 1 Et tou f ceux dufsi qui veulent \iurc fidelemct en le fus Chrifl,
foHJf riront perjècutiofi.
1^ Mais les miuuctis hommes ^y àcccueurs profiteront en fis,
ahufans i(f cjlxns abufèz-
rTcendii la fragilité qui e/l
\:n nous, quand nous auons à
jfouftcmr de grans combats
)& dif"ficile5,il elt bien requis
ique nous foyons armez , Se
q de longue irjain nou-> foy-
ons- tellement pourueiis,qiie
les chofcî ne nous eftjnnent poirtt comme
aduemus foudainement.Et voila pourquoy il
feroit plus que ncccflàire qu'vn chacun (e di-
fpofaft toute fa vie , afin que nous ne tufîions
point ùirprs' mais fi Dieu nous dône quelque
loilir.nous demeurons nonchalans, & ne fça-
uons qne c'eft de batailler, &. ne voulos point
mefmes qu'on nous fafche.ne qu'on nous rom
pe les aureilles en nous exhortant que nouf
penlîôsànoftrecas.Et voila qui eft caufe que
tant de gens font vaincus par des tentations
bien petites. Et pourtant aduifons de profiter
en cefte doftrine qui elt ici contenue. Car
fainftPaul ayant parlé des troubles qui de-
uoycntaduenir eu l'Eglife, ayant exhorté Ti
ihotheeàeftrc confiant pour ne point fléchir,
iladiouftc que defia de long temps il deuoit
eftre préparé à tout cela.pource qu'il auoit e-
fté cnfeigné en bonne efchole: T» ai (dit-il)
cegnu frluémcnt : comme celuy qui euft fuyui
pas à pas: caraufsi lemotdôt vfe fainâ Paul,
«mportecela : T»4j (dit-il) .i/Jf^ tognitcjitel
train i'ay mené. Or il met la doftnne en pre-
mier lieu , mais il ne fc contente point de ce-
la,il adioufte.Latonififtt*,/» propos: & puis, L'A»
man!té,foy,patitnee,dileSiion,ic choies fcmbla
bles.Et en la fin il dit, qn'il Va cogn» inin'nci-
hlt en fet perfecutions , Itfquelles il l»y a falu
fmftenir. Nous voyons donc Tintentionde S.
Paul, c'cft de monftrer à Timothee que defia
il deuoit eflre du tout duit & aguerri(comme
on parle) & qu'il ne fe deuoit point trouuer
nouiceiquand le diable fufcitera des troubles
en l'Eglife, qu'il ne faut point pourtant qu'il
fe fouruoye , ne qu'il donne aucun ligne qu'il
fe trouue effarouché. Pourquoyî Car (dit-il)
tu vois comme i'ay cheminé , tu ne l'as point
cognu feulement pour vn iour.inais félon que
tu m'as peu cogmirtrc, tuas eftéaflez infor-
mé (dit-il) de tout mon tr.iin. Or ici en pre-
nixrlieu , nous auons à noter que iainais nul
ce fera bondoâeurnj propre, qui ne puifle
qiiant 5: quant propnfer exemple en ù per-
fonne àc tout ce qu'il dit. Car lî no' prcfchôs
de bnuclic.Sf que iiollrc vie ne rcfpôde point,
ilcftvray que l.i vérité de Dieu n'en vaut pat
ni-siiis pourtant,!.^' fou authoritc n'en Arti: pit
eftre amoindrie:mais quoy qu'il en fait,cnclt
qu'en nous eft nous l'expofons en vitupère Se
en opprobre. Si ie prefchoyedcconftaucc,a£
qu'il faut élire ferme, 3c. cependant qu'on mt
cognoifTe couart,& qu'en toutes chofes là où
il k faut monftrer vertueux, le me retire loin
des coups.tout ce que ie pourray dire,aura-il
qlque vigueur pour cfmouuoir les auditeurs}
Si ie prelchoyede fobricté, & qu'on me co-
gnuft vn yuronene:fi le prcfchoye de chafte-
té,& que ie fulle vn paillard , bnef que la vie
ne refpondift point, de quoy feruiroit tout ce
que i'auroye prcfché , linon pour mettre en
opprobre la doàtrine que ie porteroye ? Pour
le inoins le monde n'en feroit gueres cdilîé,
Ainii, voulons-nous donner authorité à la d»
ftrine , & qu'on la reçoyue, qu'on en foit ef-
meuviuement? Aduilbns que noftre vie fait
conforme à noftre bouche , & que nous puif-
iîonsprorcfter que c'eft kbon cfciétqucnottt
parlons, & que nous ne voulons point enuoyer
les autres fans leur tenir compagnie,pour di-
re,Cheminez, portez-vous vaillaramét:*: que
nous allions tout au rebours en elcreuiccs.
Gaidont-nous donc de cela , mais lafchons
d'approuuer que nous parlons de cœur.Et ce
pendant aufsi notons que ii vn homme qui ha
la charge de nous enfeigner.nous monftre que
il n'y v.i point en feinttfe,ni,ais d'vn vray zelc,
& qu'il deiîrede monllrer le bon chemin, que
cela eft pour nous redarguer tant plus.fî nous
ne mettons peine d'obéir à ce qu'il nous mon-
ftre : & û la doiVrinc n'ha point de vertu de
nous foliciter à bien, noftre ingratitude eft tït
moins cxcufable. Ainfi adulions de faire no-
ftre profit des exemples que Dieu nous met-
tra déliant lesyeux.Q^andil y aura gens qui
non feulement nous déclarent de bouche ce
qui eft requis , mais noHs monftrent quant &
quant par effeCi comme nous auons à chemi-
ner,que nous foyons prefts, qu'il y ait vne tel
le promptitude en nous , que nous ne foyons
point ingrats à Dieu quand il nous prclente
tels moycns,iS: de (î bôiies aides & fî propres.
Au refte, notons que f.iiuft Paul n'a point feu
lemét parlé au regnrd de Timothee, mais que
il a fait vnepro:cft.uion qui auiourd'huy doit
auoir fa vigueur enucrs nous. Car combien
qu'il neconuerfe point mainten.u au mondi.',
que nous n'ayons.poiot appcrctu la façon de
vuue comme TimothL-e, ce tclmuignagc nous'
doit bien luffîre,quc faind Paul iion fcukmét'
nousacftéfidelemcflàgerde Dieu .mais que
fa vie a ratiSécequi t ft contcoucn fadoftri-
ne.
SVR LA IL A TIMOTH.
M 9
nc.Ainfi apprenôs Je nous inticf r tant mieuT,
veu que Dieu a donné vne fignature à ce qui
nous eft ici déclaré, afin que nous n'oyons
point feulement la voix dont nos auieilles
lovent battues, mais que nous regardions à la
Tertu qui s'cft demonftree en la perfonne de
ftinù Paul, que l'Efpritde Dieu l'a conduit
Se gouucrné en forte, que nous auons vn pa-
iron & vn exemple de ce qu'il nous a enfei-
gné. Venons maintenant à ce qu'il dit, T» as
tagnu (dit-il) ma di£lr<ne,m.i aniJuiieyO"""»*
fropos.lci nous auôs i noter que ce n'eft point
Ans caufe que fainâ Paul commence par la
<ioârine,& qu'il luy attribue le principal de-
fré. Car combien que la preudhommie d'vn
omme,& les vertus nous doyuét efmouuoir,
fî eft-ce que la doftrine va toufiours deuant,
& non {ans caufc.Car tout'ce que nous pour-
rons veoir en rne créature mortclle,n'lia pas
*ne telle vertu comme quand Dieu parle. que
nous fçauons que c'ellluyqui nous appelle,
que c'eftluy qui nous met en befont;ne •• Et
ainfi apprenons de tellement confiderer les
vertus qui font aux hommes , que la doftrine
ne foit point oubliée ni mife en arrière. Et
c'cft vn poinft bien à noter. Car il nous ad-
uiendra de mettre la charrue deuât les bœufs,
auand nous penferons qu'vn homme loit ex-
cellent,&que làdeflîis nous voudronsnous
conformer àluyen tout &: par tout fansdi-
fcerncr.Voila Comme de tout temps beaucoup
de fimples gens ont eùé abufez quand ils ont
voulu enfuyure tout ce qu'ils voyent,fans au-
cune prudcnce.Carilfaut q la parole de Dieu
nous efclaire , & que nous foyons conduits
par icelle pour iuger ce qui cft bon ou mau-
uais,afin que nous n'aillions point à l'cftour-
die,que nous n'alléguions point, Vn tel a ain-
fi tait:mais que nous f cachions que nous fuy-
uons Dieu , & celuy qui aura fuy ui fa parole.
Voila donc de quoy nous doit feruiv ce que
feinft Paul a mis en ce paffage,& l'ordre qu''î 1
y tient , quand it préfère la doftrine à toutes
vertus qui eftoyent dignes de louange rniais
tant y a qu'il faut qu'elles fuyaent , & que
Dieu ait cefte authoritc de monftrer ce qui
eft bon, & ce qui luy eft agréable. Etcepert-
dànt noiK voyons aufsi qu'il ne fuffira point
qu'vn Pafteur qfiî a charge de gouucrner PE-
^life de.Dicu,ait de grandes vernis, qu'il viue
fainftcmént,maii. il faut qu'il parlrtcar s'tléft
luuet, toutes fes vertus ne font rien , il moh-
ftre qu'il n'eft pas digne d'cftre réputé fet-
niteur de Dieu. Ainfï il faut que tous ceux qui
' fe diront eftre Pafleurs en PEglife ', ayent la
doftrihe , & flue non feulement ils viuent en
forte qu'pâ foit édifié de leursTértus ,rtiais
que la vérité de Dièii refonot" th. Ibur boiJch'e,
& qu'ils mettent peine d'infti^rire ceux qiii
lèiy font commis en charge. Vbila pour vn
item. Mai< au re/te ,' fi'inff P.iW adioufte àla
dodlrine, ta<fnistiit,'C;> ?r' frôfo/.'En ce mot
de CoDduitc.il £gniiîe vn fîl,<;iu vn triain egil:
& puis en Propos.il fignifie côft.Tnce.En fem-
me il a voulu monftier que cen\ll point le
ftiiftd'vnCcruiteur de Dieu, de babiller, (Sidé
auoir vn beau langage,mais qu'il faut quant &
quant qu'il y ait propot, c'rft à dire qu'on
voye , Voila vn homme rtfoJu , il n'ha point
feulement des bouffées. Qjiand il fera en chai
re,il pourroit parler comme vn Ange:&: quâJ
il eft deicenduce fera vn ial'cur,vn galebon-
tcnips:& puis ilfemblera que ce foitmerueil-
le que de luy , & quand ce vient au befoin il
n'y anulle vertu:on cognoift en cela qu'il n'y
a eu qu'hypocride, & non point cefte condui
te & cefte conftance qui doit eftre en vn fer-
uiteur de Dieu. Voila en fomme ce que nous
auonsànoterdecepafTage. Or fi nousauions
les yeux pour bien confiderer ce que Dieu
nous monftre,il eft certain que nous ne feriôs
pas fi toft desbauchez que nous fommes quâd
iladuierit quelque trouble ou fcandale. C.u-
nous aurions prémédité à loifir, quand Dieu
nous auroit donné quelque bon exemple, Voi
la comme il nous faut gouuerner: & cela nous
fcroit tout refolu: nous l'aurions imprimé en
noftre mémoire. Mais c'eft tout l'oppofîte , il
femble que nous voulions fermer les yeux : fi
nous auons quelque exemple pour nous bien
confermer:& quand Dieu nous tend la main
pour nous aider,il femble que nous reiettions
tout cela. Au contraire, nous ne cherchons fi-
non quelque couuerture pour excufer nos vi-
ces: quand nous voulons mal-faire , moyen-
nant que nous puifsions alléguer que nous ne
fommes pas les premiers,*: que beaucoup font
femblables.nous voila(ce nous femble)inno-
cens Si abfous. Mais noos ne faifons qu'em-
pirer noftre marché, d'autant que par ce moy
en nous defpitons Dieu. Car nous fomme»
défia aflèz enclins à tous vices de noftre na-
ture:*: de nous obftiner ainfi, n'eft-ce pas com
me fi nous complottions auec Satan pour
nous endurcir à Fencont re de Dicu.'Mais cela
ne laiffe pas d'eftre tout commun :&dcfaiû
voila pourquoy Dieu permet que nous ayons
tan: de gens qui nous deftourncnt du bon che
min , &• qu'il s'en trouuefi petit nombre de
ceux qui puifTent proteftcrauec-fainft Paul,
qu'en fnyuant leur conduite & leur train on
iradroitement. On voit ceux qui on la char-
gé d'anofitér la parole de Dieu , qui font laf-
thçs& froids : il s'en trouuera mefmebeao-
cpup qui hitnent vne vie desbordee , Si voit-
on que ce font des galans & mocqueurs de
Dieu. Et pleuft à Dieu que les exemples n'en
fuflent point fi frequens :niâis imputons cela
à noftre malice.quand noftre Seigneur lafche
la bride à Satan.&qu'il y Vient de telles con-
tradiftibns , car nous eh fommes bifn dignes.
Sinous regirdoiis que cheréhe la plus parc
dumonde , on voudraauoir des prtfcheursà
fa' pharitafié , oh voddta auoir gens addon-
nez i tout mal & à toute vilenie ,'*: que la
parole de Die^ fou en vitupéré: voila((îi-ie)
Mm.ii.
4^0
.SERMON
ce que le monde cKcrche auiouid'huy • Ainfî
apprenons de mieux faire nortre profit des
exemples que Dieu nous donne quïd ils nous
peuuenc feiuir pour nous bien régler : & non
feulement cela, mais aufsi que nous foyons ar
mci cotre toutes tcntatious qui pourront ad
uenirrit le diable fufcite des troubles , q nous
foyons tout difpofez pour les fouftenir , que
nous ne foyos point effarouchez, ni vaincus.
Voila donc ce que nous auons à noter de ce
paflage, quand ûniiQ: Paul parle & de fa doûri
ne,& de ù conduite, & de Ion propos. Tou-
chant des autres vertus qu''il allègue , deiîa
nous auons touché en vn mot à quelle fin fe
^oit tout rapporter: c'eft afçauoir.que celuy
qui a la charge d'anoncer la parole de Dieu,
aduife bien de fe gouuerner en forte qu'A
puiflc,quand il voudra exhorter ceux qm luy
font commis, alléguer ce que faintt Paul met
en ce pâfljge,c''eft que s'il a en feigne la foy,
qu'il la monltre : s'il a enfeigné charité, qu'il
en donne le miroir en fivieri'ila enfeignépa
ticiicc, qu'on cognoilTe qu'il demande d'eftre
patient. Voila donc comnie(en fomme)il faut
que ceux qui doiuct porter en leur bouche la
parole Je Dieu, s'eltudient à donner approba
tiô d'icelle en toute leur vie: & que le peuple
aufide foncofté aduife de ne point perdre
les moyens que Dieu donne, mais que nous le
gardions, Cela nous peut-il feruir pour nous
aider à cheminer comme il appartient? Voyas
eue nous fommes tant débiles & tant froids,
que nous prenios cela pour nous aduacer. Et
au reftc, quand fainû Paul parle des perfecu-
tions qu'il auoit fouftenucs, A: fur tout celles
qui eftoyent cognuesà Timothee.c'cllcom-
me s'il difoit que non leulement il a chemi-
né en la crainte de Dieu quand il l'a laifTé en
paix,& qu'il n'a point guerroyé contre fes en
nemis , mais quand c'eft venu aux grans com-
bat$,ileft toufiours trouué pareil, il n'a point
varié ne chancelé . Et c'elt vne efpreuue qui
mérite bien d'eftre notee.Car il pourri adue-
nir qu'vn homme eftant en repos fe gouuer-
nera modeftement , & femblera qu'il ne de-
mande qu'à feruir à Dieu:raaiiquïd on n'au-
ra point apperccu nulle foiblefle, s'il adulent
quelque trouble, 1« voila efperdu, on ne ver-
ra plus celuy qu'on auoit réputé auparauant,
il fera tout changé, £t ainfî non fans ciufe
. fainû Paul déclare qu'outre ce qu'ij a efté fi-
dèle à porter la parole de Dien où elle eftoit
receuc, que s'il y a eu des perfecutions, on ne
l'a point veu varier, tellement qu'il n'a point
efpargnc fa vie:c5me il a rffifté au mal quand
il acftcqueftion de maintenir la dodrine.juf
fî que s'ila faluqu'il la fignaft par fon ù.os
propre , on a yeu qu'il n'eitpjt point lafche a
cela>, en fomme qu'il eftoit bon gendarmç de
noftre Seigneur lefus Chrift. Voila dont ce
que nous auons i retenir. Et en enûiiuantJe
propos quia deiîa efté touché , noton? que
non fculemét nous deuons cftrc cnfeignez de
XXII.
viure en la crainte de Dieu Si en tonte fiin&e
té,qu3d nous fommes en lieu paifiblè,mais que
il nous fautdifpofers'ilplaift i Dieu de nous
appeller plus loin, c'eft quand il faudra expo-
fer noftre vie pour le tefmoignage de l'Euan-
gile,que nous foyons prefts i ce faire:s'il ad-
uient des troubles & fafcheries , que nous les
fouftenions conftamment,que nous ne foyons
pas feulement prefts à aller quand le chemin
fera tout plain, mais que nous puifsions fauter
par deflus les foflez , que nous puifsions nous
.iduancer parmi les efpines & les ronces : car
telle eft la condition des fideles,& de tous en-
fans de Dieu . Or d'autant que cela eft rude à
la chair, fainft Paul adioufte vne coni'olation
pour l'adoucir.difant, qu* Dieu Pa toujicurs Je
li'trè. Comme s'il difoit. Tu as veu comme ie
me fuis porté conftamment.raais cependant tu
as aufsi cognu comme Dieu ne m'a point de-
failli , toufiours i'ay efté fecouru par fa grâce.
Efpere donc que quand tu chemineras comme
il faut, que Dieu fera toufiours auec toy, que
tu fentiras fon aide prochaine, que quâd tu la
inuoqueras, il fera toufiours prtftde fe mofi-
ftrer Sauueur enuers toy. Voila ce que fâinift
Paul a entendu (en fomme) en ce pailàge. Or
maintenant nous auons à recueillir pour le pre
mier, d'autant que nous fommes fi débiles, que
fi noftre Seigneur nous monftre des exemples
de vertu & de force, nous en deuons faire no-
ftre profit. Comme auiourd'huy nous voyons
combien de gens foufFrent pour la parole de
Dieu: il eft vray q nous ne verrons point touf
ioursles feux allumez deuant nos yeux, mais
les aureilles nous en doyuent corner:car nous
oyons allez fouuent comme noftre Seigneur
appelle à la mort ceux qui nous font cognus.
Or fi nous ne voulons eftre condamnez d'vtic
ingratitude vilcine, il nous faut receuoir cefte
aide que Dieu nous donne,<5{ l'appliquer ànt>
ftre vfage:Cônjent?Ien'en\oy pas feulement
vn, mais fi grande multitude qui ont fouifert
pour le nom de Dieu:il n'y a ne prifbn,ai tour
• ment plus cruel q la mort, qui les ait deftour-
nez. Et mon Dieu ne m'a-il point déclaré par
cela q ceux qui l'inuoquent,ne font point de-
laiffcz de luy au befoin , mais qu'il les fortifie
teUcinét qu'ils font vitlorieux par delt* tout?
Et fi nous alléguons noftre foibleflV, ce n'eft
, jiçn:car ccuxTla fon t-ilsde fer ni d'acier rton
pVs que nous.'Et ainfi d'autât que nous voyôs
qu'ils ont perfifté àçaufequé l'Efprit deDjeu
lésa conduits & fouftenus, que nous faciôs le
fcniblable,.'& ne nous flattons plus en nos ex-
cufesftitiolçs,alleguansque nous fommes hô
nies :carpi<is, que ccux-;la fopt fragiles comme
npus.&.que Piei^Jçf fortifie ^ij t^forn.ne dbu
tes pas, qu'i|nefac/t; le ifemblabié enuers nqiis,
mo.ycnrvant'«lue nopsle requerions.ayans tou
tf noftfe^:,ô&»n<^ & noftre refyge^luy.Mais
j.xjiundnçMS. aurôs 3.jif(,(çduit en mémoire les
• içxemplef ,qui_nouf font propofcz, notôs,aufsi
que Dieu conduit tcllcmerfes fidèles, que la-
mais
V
SVR LA II. A TIMOTH.
tnaîsnneleurdefairt.Ileftvray q fainft Paul
allègue ici qu'il au'ÎTit cfté deliuré , pource
que Dieu fe vouloir encores feruirde liiy en
ce nionde. Mais Dieu adiucrfes façons de
fauuerles (îens. Qiielque fois il Icsdeliure,
d'autant qu'il leur prolonge la vie, il les reti-
re delà maindes mefchans en defpit qu'ils
en ayent : mais quelque fois Dieu deliure les
Cens par la mort. Il eft vray que cefte deli-
urance ne fera gueres prifee des enfans de ce
monde & des incrédules : car ils font du tout
"arreltez ici bas , ils font attachez à celle vie
corporelle. Ils ne cognoiflcnt point donc que
cela vaut , d'eftre deliuré de la main de Dieu
en mourant.Mais de noi^re cofté, quand nous
voy5? que les enfans de Dieu ne font nulle-
ment eftonnez de la mort,& que Dieu cft glo
rifié en eux , 8c fait fes triomphes : combien
iju'ik foyent en opprobre au monde, tant yâ
que les ennemis demeurent là confus:&ceujt
qui ne fembloyent eftre rien , monftrelit que
Dieu les a reueftus d'vne grâce admirable,
qu'il y a en eux ce que iamais on n'eiift atten
du.& (en fomme)que non fculemét il y a vne
vittoircpourfurmonter toutes les tentatiôs,
mais que Dieu fait là reluire vne fageffe qui
n'eft point accouftumee,& vne vertu plus que
humaine. Oitand donc nous voyons tout cela,
n'auons-nous point occafîon d'eftre confer-
mez? hTeft-ce pas belle matière deconfola-
tion.telle que (linà Paul l'a ici baillée? No-
tons bien donc que quâd nous aurons fait no
ftre profit de la confiance qui eft airx fcrui-
teurs de Dieu,& de leur bonne conuerfation,
& de leur lâinfteté de vie laquelle nous au-
rons apperccHe en eux, qu'il faut aufsi q bous
renions à regarderies grâces que Dieu leur
a faites, côme toufîours il leur a tenu la main
forte , Si que iamais ne leur a défailli au be-
foin, qu'il les a retirez du gouffre de la mort,
qu'en tout & par tout il s'cft monftré Père pi
toyable enuers eux. Voila le principal que
nous auons à obferuer , fi nous voulons nous
refoudre tellement que toutes les tentations
que le diable nous pourra mettre au deuant
ne puiflent rien contre nous. Voila comme
nous auons a practiquer ce partage , quand
faiiîâ Paul déclare ici, Se fe glorifie que Dieu
Ta deliuré de tant de perfecutions.derquclles
il fembloit bien qu'il deuft eftre englouti cô-
me en vn gouffre de mort. Or fi nous ne dai-
gnons noter les bons exemples qui foyent
pour nous édifier , nous défaillons auûi bien
en ceft endroit. Car nous deurions par manie
re de dire, auoir les yeux «freucz de tant de
tefmoignages que Dieu nous donne de fa ver
tu & de fo.n aicfe , & nous n'y penfons point.
Et puis nousalleguons, Mo, voila, ie ne fçay
|)as qu'il fera fait de ceci.ie ne fçay que ie de
^uiendroyéenceft endroit. Et pourquay^Pour
■;Ce qlie le diable noUs a tenu les yeux bandez,
' & noifs auons elle contens qu'il nous teinft
. en tenel>res;&iious auôs veu ce qui en eftoit,
4-61
Se comme Dieu nous l'a eKpofc detiant nos
yeux.Etainfi apprenons de marquer comme
nous deuons les grâces qae Dieu élargit à
tous les fiens , afin que ce nous foit autant de
confirmations, & que nous prenions courage,
& que non feulement nous ayons zèle & ae-
lîr de cheminer droitement , mais que quand
il fcmblera que le ciel&la terredoiuent c-
ftre comme réuerfez, nous pourfuiuions to<if
iours noftre train. Et pourquoy?Car nous fça
uons que Dieu eil immuable , & cororee il a
commencé, il parfera. Oreft-ilainfi qu'il»
deliuré les fiens de tout temps. Ne craignons
point donc qu'il nous laifle à la neccf.ité,
que nous ne foyôs i'ecourusdeluyaufsi bien.
Et afin que nous fçachions tous que famâ
Paul ne parle point feulement de fa pcrfon-
ne.il adioufte vne fentcnce générale, Qw^ it**
ceuxqm ytinfront yture funifemtnt en h/«<
Chrifl,/cri>nt perfecuteK. Quai:id 11 dit cela, il
monftre que la doârine qu'il auoit mife au
parauant , n'eft pas pour deux ce pour trois,
mais qu'il faut qlesmébresde lefus Chrift,
tous ceux qui voudront eftre de fon troupeau
s'appreftent à ceft vfage,& qu'il n'a point ain
fi parlé d'vn exemple fîngulier , mais qu'ii
nous a rais en auant ce qui nous eft propre &
vtUe à tous. Vray eft qu'il n'y aura point me
mefure égale, que tous foyét perfccutcz d'v-
ne façon. Car nous voyons comme Dieu ef-
pargnc beaucoup de fes fidèles : que s'il y en
avn bruf.é, vne ccntiiiie mourront en leur
lift , &• d'âuantage. Dieu donc n'a point or-
donné vne loy certaine 8c égale que tous
foyent pcrfccutez d'vne façon : mais tant y»
que nous ne pouuons feruir à Ditu finon e-
fiâns gendarmes. Et pourquoy?Caril eft im-
pofiiblequelc monde necontrcdifeànoftrc-
Seigseur lefus Chrift, & à toirs fes membres.
Car nous fçauoni que le nionde eft pouffé
par l'efprit de Satân:il faut donc que la crua»
té foit auec la haine de laquelle l'ay fait men
tion.Puis qu'ainfi eft, iamais les fidcles ne fe-
ront à repos , qu'ils ne fe trouuent moleftez
& picqnez en quelque façon que ce foit. Or
ccftedoflrinenous doit feruir à double v Ta-
ge:c'cft qu'vn chacun la face valoir à l'on re-
gard;& puis quand nous voyons les fcrititcurs
de Dieu eftre tourmentez p.iv les mefch.uis 5:
par les incrédules, que nous ne doutios point
■paurtatdeleur boûiie réputation. Ceci feroit
obfcur s'il n'eftoit déclaré plus à plein. l'ay
dit (en premier lieu) quand (ainift Paul pro-
nonce que tous ceux qui veulent viure fidè-
lement en lefus ChrifîjfoufFriront perfccu-
tion , qu'il faut qu'vn chacun s'apprgfte à ce-
la . Or nous' allons deiîa dit que le diable eft
noftre ennemi mortel , 8c qu'il a des fuppofts
infinis en ce monde. La guerre donc nous eft
ouuérte, voire fi. nous voulons eftre de lab'àn
de de lefus Chrift,& adhérer à luy. Qu'vn fi-
dèle ne face point foi conte ( s'il ne veut e-
ftre trompé) de viure à repos ,8c quand il ne .
Mni.iii.
4«fk
donner» occifîon i perfonnc de fe plaindre
de luy, qu'il ne pcnfe point cju'vn chacun doi
ue faire le femblable : car Dieu ne permettra
point que nous yiuions en tel repos. Nous
voyôs mefmcs qu'vn homme qui n'aura point
d'autres ennemis , fera inquiété en foy : mais
tant y a que Dieu nous donnera toufiours des
aiguillons pour nous poindre, & ne fuft finon
pournous refueiller.il faut aufsi qu'il efprou
«e nolhe patience : il faut d'autre cofté que
nous apprenions d'afpirer au repos celeftc,
afin de ne nous point endormir en ce mon-
de.Aufsi en foinme.voici l'heure des combats
pour nous. Or quand nous aurons prins cefte
refolution de refirter à tous les alTauts de Sa-
tan , & s'il nous faut eftre perfecutei.de por-
ter cela en toute patience , & ne point nous
desbaucher , il nous faut Tenir au fécond
poind , que quand on affligera iniuftement
quelque fcruiteur.de Dieu , nous ne l'ayons
pas en moindre eftime. Et ceci eft bien nota-
ble. Car nous enterrons beaucoup qui tour-
nent à tous vents(commeondit)quand ils au
ront applaudi à vn homme cependant qn'il
cftoit prifé & honoré , s'ils voyent qu'il y ait
vn vent contraire , ils regardent, Comment?
Qu'eil-ce que i'ay penft? En forte que du
premier coup ils condamneront vn fideîe.voi
le comme des aiieugles fans regarder s'il eft
perfecuté à tort ou non. Et en cela fi on ne
faifoit tort qu'aux perfonnes , ce feroit deiia
trop; mais on ne fait nulle difficulté de con-
damner la doftrine de Dieu quand on la per-
fecuté. Ileftvray qu'il s'en trouuera qui fe-
ront femblant de receuoir l'Euangile cepen-
dant qu'on le prefche fans contredittmais s'il
y vient quelque trouble, ils monftrent bien
que iainais n'ont eu nulle racine viue , Se ce
qu'ils ont donné d'approbation d'eftre fidè-
les , c'eft comme vn afnc qui baiffera les au-
reilles, que mefsies ilsn'attédront pas qu'on
les afflige vinemét pour plaquer là tout, mais
s'il y a la moindre occafion au monde, qu'on
Yienecontefter contre la vérité de Dieu , &
^u'on la dégrade, combien en voit-on qui fui
tirent incontinent les corruptions,& fe reuol
teront?£t puis, fi vn feruiteiir de Dieu eft in-
iiiftemtnt perfecuté, on luy crachera auvifa-
ge.Et dont procède cela, finon que nous n'a-
iions point médité cefte doûrine dont parle
fainô Paul? c'eft que les iffliclions qui aduie-
»ent aux bons, font plus honorables ( & doi-
«ent eftre iwgees tellcs)qHe tous les triôphes
de la tcrrcrautremét nousnedifccrnôs point
«ntre les vertus & ^-s maléfices. Voila vn fer
niteurde Dieu qui fera perfecuté. Et pour-
HHoy? Pource qu'il s'cft loyàument acquitté
de fondcuoir. Voila aufsi vn malfaiteur qui
fera puni de fcs crimeyrtous les deux font per
iccutei. Voire,maij l'vn mérite d'heure en de-
Itftation.jc l'autre d'eftre prifé. C^uand nous
SERMON XXII.
font perfecutez pour vérité, &que nonsaui-
fions fur tout de ne point ietter condination
fur eux à la volée , comme nous fommes trop
enclins à ce faire. Ainiî donc , ce n'eft point
fans caufe que fainà Paul a mis cefte fenten-
ce, c'tft afçauoir que tous ceux qui voudront
viure làinfttrarnt en lefus Chrift , feront per
fecutez. Que faut-ildonc? En premier lieu,
qu'vn chacun regarde à foy de près. Etd'au>
tant que Dieu nous afsigne , le nous enrolle
ici pour eftre comme fes foldats , apprenons
de nous aguerrir: encorcs que pourvn tcmpt
Dieu nous fupporte , & que nous foyons en
paix , «e laillons pas pourtant d'auoir les ar-
mes toutes appareillées. Se de pi iei celuy qui
nous doit donner vertu, qu'il ne nous defail-
le pointau bcfoin.Et s'il adulent que nous ne
foyons point perfecutez à glaiuesdefgainez,
que les feux ne s'allument point pour nouç,
cognoiflons que Dieu nous fupporte, & le re
mercions en cela. Mais foit que nous foyons
en danger, foit que nous foyons à repos.pour
ce que nous ne fçauons pas ce que Dieu nous
referue.que toufiours rrous ayons cela refolu,
que quand il luy plaira que nous foyons per
fecutez , & bien, que nous foyons tous prefts
de nous offrir à luy en faciince. Et puis, que
vn chacun regarde à fa vacation : il ne faut
pas que nous alléguions. Et commentfCeluy
la n'eft pas tant preflc que moy. Carc'eftà
Dieu de nous bailler à chacun fa portion : il
fçait en Quoy il fe veut feruir de nous. Ainfi
donc, laiflons-nous conduire par luy. Et quâd
nous verrons que d'autres font plus perfecu-
tez que nous , cognoiflons la grâce que Dieu
nous fait.<inâd nous en verrons d'autres qui
font à leur aife, qu'on ne fe trouble pas , que
nous ne foyons point efmeus d'enuie, que
nous ne venions point à murmurer contre
Dieu comme s'il nous prefli»it par trop,mais
qu'vn chacun portefonfardcau:&puis qu'ain
fi cft plions les cfpaules , Si que nous deman-
dions à Dieu qu'il nous fortifie. Voila ce que
nousauôs à faire. Et puis notons qu'il yadi-
uerfes efpcces de perfecutions.que nous ne fe
rons pas toufiours traincz du premier coup à
la mort, mais nous aurons des picques de no*
Toifins, nous ferons iniuftement affligea, on
nous menacera, il y enauia d'auties qui ferôt
outragez par les moyens que Satan fiifcitera:
brief.fçachons qu'il faut que toutes les tenta
tiôs de/quelles nous ferôs aflàillis ep ce mon
de foyent mifes en ce rang , & que cefte fen-
teflce s'accomplit , toutes fois Se quantes que
nous ne fommes point à noftre aife en ce mô
de, mais que nous auons à guerroyer. Cepen-
dant pefons aul'si ce mot quad il dit.T^w^ cetx
qui yfitUnt fainfiemtnt tiure en lefus Çlirijfi
car il eft certain que les mefchansqui fui-
ront la croix, »e laiflerontpas d'eftre beau-
coup tourmentez , comme on le Toiç.,^Çar
voyôs cela, que l'ingratitude du monde n'era ' les ennemi» de Dieu, les gens adonnè^ii mal,
pefche poiot que nous ne priûons ceux qui portent leur bourrcau.-encores que pcrfonne
ne leur
SVR LA II. A TIMOTH.
ke leur demande rien, fi eft-ce que toutetfoiî
kurt crimes les agitent tou(îoBrs,en forte que
ils ont m feu allumé là dedans, ils font com-
«ae vne mer en tourmente quand les vagues fe
«ntrebatent. Ainiî en eft-ilde l'inquiétude de
tous mefchant. Et puis on ne les peut porter
■e fouffrir , d'autant qu'ils font pleins d'or-
guciljde cruauté,& de rapines:& d'autant que
il n'y a ne foy ne loyauté en eux , il faut que
tous leur foyent ennemis. Nous royons mef-
mes comme ceux qui font-addonncz à anibi-
tioo,ouàauarice,ouàcliofes femblables, font
comme chiens & chats qui s'entremangent, &
s'efpient pour fe donner toulîours quelque
troulïe;on voit leschofes ainfidiuifeesaumô
de. Et pourtant il faudra bien que ceux qui fe
addonnent à mal foyent perfecutez.Mais no-
tamméc fiiaù Paul nous appelle à foulFrir let
combats qui nous font fufcicezde Satan pour
viure fainftement en lefus Chnft-comRieauf-
I.P/fl',4.fifainft Pierre nous exhorte que nous nefouf
If. frions point comme larrons, corne meurtriers,
comme paillars, corne rauilTêurs: mais que les
alfliûions que nous auons à endurer foyent
pour le tcfmoignagede l'Eu.îgile.&que Dieu
foit glorifié. Puis qu'ainfi elïdonc, aduifons
que nous ne foyons point tourmctez pour nos
maléfices. Mais cependant notons aufsi.com-
bien que nous foyons diffamez à tort, qu'il ne
faut point que nous foyons defcouragezpour
cela. Car par ci deuant fain£b Paul nous auoit
aduertis que non feulement onvfera de vio-
lence contre nous,mais que nous ferons en op
probre quant au monde, que par faullcs calom
nies & detraûions nousfcrôi denigrez-il faut
que nous portions cela patiemment. Mais tant
y a que nous deuôs mettic peine de cheminer
tellement deuant Ditu,&côucrfer en telk fo-
brieté auec nos prochains , que nous puif>ions
protefter de noftre innocence, & la monftrer
par eiFect:& que touflours ceci foit cogna, que
no' fommes perfecutezpourauoir vefcu fam
ûeraent . Et luefmes fainft Paul adioufte le
mot de Icfnr chrifi. Il eft vray qu'il fcmble de
prime face eftre fuperflu , mais ce n'eft point
10. J3„j cjyfe (jy',l l'j expr]mé:car c'eft pourmô
^^' ftrer que noflre Seigneur lefus Chrifi accom-
plit la fentence qu'il a prononcée de fa bou-
che, C^u'il n'eft point venu apporter la paix
en ce monde , mais qu'il a allumé vn feu qui
bruflera .qu'ila efmeu vne guerre qui ne fe
pourra appaifer, iufqiies à ce que le diable foit
du tout vaincu auec les fiens. Et qu'aiafi foit,
le diable ne ceflera de s'efforcer tant qu'il luy
ft-ra pofsible d'empcfcher le cours de l'Euan
gile: les mefchans font du tout enragez après
cela . Et comment donc fe pourroit-il faire
qu'en fuyuant Icfus Chriftnousfufsionsà re-
pos? Et ainfî notons bien que lefus Chrift a
ion en feigne d refile pour dire qu'il nous faut
entrer en combat:il crie à l'arme: & pourtant
fuyMons-le fî nous voulons eftre fei difciples.
Car nous pourrons bien veoir quelquefois des
4^3
gens qui ont apparéce de grande rertii Se fai»
fteté, qui ne feront point poortît tourmentez
du monde. Et pourqaoy.C«ril eft facile enc»
rei de s'accorder auec les incrédules qiiîd oa
ne fuit point lefus Chrift.Mais quand î'Eiian-
gile vient en auant.que hous auons la religion
pour dire, Il faut adorer le Dieu riuant,il faut
qu'il foit ferui en cefte forte: alors il eft que-
ftionde delailTer boutes les fuperftitions qui
régnent entre les incredules;4r les voila incoa
tiiient comme enragez.voila vne furie qwi s'ef
meut & s'enflâbe. Voila donc pourquoy fain^
Paul a ici notamment déclaré que û nous adhe
rons à noftrc Seigneur lefus Chriit,il faut que
nous foyons aflàillis& tourmentez. Car il eft
venu au monde pour mettre diuifion, en forte
que pour nous côformer à la doflnne de l'E-
uangtle,il faut que nous ne facions point dif-
ficulté de nous déclarer ennemis mortels de
ceux qui feroyent contens de nous fupporter,
moyennant que nous ne fuf ions point Chre-
ftiens. Côbien en y a-il qui feroyent bien ai-
fes de viure auec nous quand nous voudrions
nager entre deux eaux ? Il ne faudroit point
fuir bien loin, moyennant que nous voulufsiôe
nous dcfguifer : mais d'autant que nous auons
la parole de Dieu en noftrc bouciie , d'auunt
qu'il faut aufii qu'en noftre vie nous nion^
ftrions quec'eft àbonefcient quenouj faifons
proteftation de l'auoir pour noftre Maiftre &
Doôeur:d'autant donc qu'il nous faut rendre
confefsion de noftre foy, voila les efclats qui
volent , voila vn tonnerre qni eft efmeu auec
tous ceux qui feroyent bien aifes d'cftre pai-
lîbles auec nous,finon que lefus Ctrift y meift
vne guerre. Ainfi donc apprenons que ce n'eft
point aflex de viure en Philofophe ( comme
ondit)telleraent qu'iln'y ait point de repro-
che en nous , qu'on ne puifle pas nous mettre
vne Ignominie de larrecin,de paillardife.d'y-
urongnerie.ou de quelque autre vice: ce n'cfl
point allez de tout cela , mais il faut que nour
fuyuions noftre capitaine le Fils de Dieu . Et
puis qu'il cleue fon enfeignc pour crier â l'ar-
me,& qu'il veut que nous entrions en combat
contre tous ceux qui ne le pcuuct endurer, qui
refîftent furieufement à fon Royaume, il faut
qu'vn chacun de nous fe fubmctte à telle con-
dition. Voila en fomme ce que nous auôs à no
ter de ce paflàge.Orcefte doûrine eftaflèz fi
niiliereiil refte devenir à la prattique,&le téps
nous y appelle, voire & nous y contraint . Car
le monde eft auiourd'huy fi peruers qu'il n'eft
point poisible que nous cheminions droitc-
ment fans auoir beaucoup d'ennemis . Pour-
quoy ? Nous fommes méfiez parmi beaucoup
aecontemptcursdeDieu.il eft vray que nous
aurons bien la prédication de l'Euangile, nous
aurons bien quelque police: mais tout cela ne
fera iamais qu'il n'y ait beaucoup de corru-
ptions : & nous voyons l'audace S: malice qui
eft en tous ceux qui bataillent contre Dicu.U
faut donc que nous ayr;ns des combats par
Alm.iiii.
>
454
S E k M O N XXII.
tout: &: mefnies nous voyons comme PEuangi
le eft propluné, & que les poures erifans de
Dieu ne Içauent où marcher, que la terre ne
les peut fouffrir,nous voyons tout cela . Ainfî
donc, fi nous ne fommes du tout defpourueus
de fens,aduifons de faire noftre profit de cefte
dotlrine, Se n'attendons pas que nous foyons
allàillis viuement.mais que nous foyons com-
me en vn exercice continuel , que nous médi-
tions (di-ie) tout le temps de noftre vie cefte
admonition de famû Paul : & d'autant que ce
nous eft vne chofe aigre & difficile félon la
chair, de fouftenir pcrfecution , laquelle nous
fuyons de nature, qu'il ne nous face point mal
d'cllre membres de le fus Chriftàcefte con-
dition-la, &i que nous rcduifions en mémoire
ce que nous auons déclaré par ci deuant,que fi
nous mourôs auiourd'huy auec hiy.la vie nous
eft appreftee au ciel. Puis qu'ainii eft doc que
li vidoire nous eft toute certaine, & mcfmes
que pour tous les combats que nous auons à
fouftenir pour trois lours, nous au5s vn fruiû
au ciel qui nous eft permanent, & qui ne périra
jamais , que nous prenions courage là deflus.
£t combien que ce mot de Perfecution,de pri
me face fuft pour nous retirer, que nous fur-
montions cela,& que nous fuyuions tellement
lïoftre Seigneur Icfus Chrift, qu'encores que
nous voyons qu'auec opprobres il nous faille
eftre chaflez du monde, nous ne laifsions pas
d'adhérer à luy, iufques à ce qu'il nous intro-
duire en la gloire celefte qu'il nous a promi-
se,&laqueile mefraes il nous a acquife par fon
fang . Et au refte, afin que nous fçachions que
les perfecutions dont parle fainciPaulne font
pas feulement de glaiue & de feux, mais qu'il y
en a beaucoup d'efpcces.notâment il dit. Que
Us hommes maHstais s' iiitanctnnt de flus'en plus,
tf^ans trompiK,&' tromfans les autres.Or il met
ici vne efpece notable de perfecution,q quand
en aura beaucoup tourmenté les feruiteurs
de Dieu, quand ils verront que Satan aura la
Togue auec (es menfonges, que beaucoup fe-
ïont enragez contre la doftrine.que les autres
peruertiront & corrompront tout : & cepen-
dant que les mefchans ne laifleront pas de fe
aiwncer toufioursenmal:quand(di-ie) les fer
oiteurs de Dieu verrôt cela, ne feroit-ce point
pour eftre desbauchcz , finon que de longue
main ils fuiTent munis à l'encontrePPour cefte
caiife fainft Paul dit qu'il ne nous faut pas e-
ilre tellemét efpcrdiis,fi nous voyons la mort
appreftee, les prifons, les tourmcns, & tontes
thofes lemblablc;: quelcsmefchans grincent
les dents contre nous, fi faut-il pourtant que
en cela nous monftrions vne conftance inuin-
cible.Mais quand nous voyons les ennemis do
meftiques qui profitent au dommage de l'E-
glifc, que nous voyons qu'on reçoit mieux les
coriupcions & les abus que la b<inncdo£lrinc,
que nous voyons que le» mcfcKans font leurs
triôphes, & qu'ils ont la bou'-he ouuerte pour
mefdire & blalphemer,& cependant que la do
ôrine de Dieu foit reculée, que toutesfoif
nous perfiftioiis au milieu de tels fcandales.
Voila à quoy fainft Paul nous a voulu exhor-
ter en ce paflage. Or d'autant que pour cefte
heure le tout ne fe peut pas déduire, conten-
tons-nous qu'en toutes fortes il nous faut e-
ftre armez pour batailler , autrement laraais
nous ne ferons capables pour feruir à Dieu &
à noftre Seigneur lefus Chrift, 3c pour rcfifter
à fon ennemi mortel Satan . Car lamais ne ce{
fera: & puis il a fes fuppofts au monde en nom
bre infini: nous fçasons qu'il eft pcre de men-
fonge, nous fçauons qu'il tft addonné à toute
cruauté.qu'il a vn efprit de meurtre. Puis que
ainfi eft donc , fçachons qu'il nous fauttouf-
iours eftre fuiets à beaucoup de fafcheries &
d'affliftions pour viure Chreftiennement . Et
ce n'eft point à chacunde nous d'en prédre fa
portion ,nuisc'eftàDieude nous en donner
tant qu'il luy plaira. Et pourtant remettons-
nous à fa bonne volonté, car c'eft à Juy de dif
pofer de nous, & deUa vie,&de la mortiquand
il luy plaira de nous appeller de ce mode, que
nous foyons prcftsde fuyure . Et cependant
confolons-nous qiund Dieu ne permet point
que nous foyons affligez pour nos maleficcî,
combien qu'il nous pourroit abyfmer,&àbon
droit. Car qui eft celuy de nous, tant iufte foit
il, qui ne meritaftcent mille morts ? Or puis
qu'ainfî eft que Dieu laifle nos vices cachez, &
qu'il ne nous punit point pour iceux,mais que
il veut que nous fouffrions pour le tefmoigna
ge de fa vérité, pour vne chofe tant honora-
ble & tant precieufe, ne deuons-nous point
ptédre courage làdeirus,& luy rendre grâces
du bien& de l'honneur qu'il nous fait, quand
en nous exemptant de l'ignominie que nous
auons méritée , il veut que nous portions fes
marques Si fev armoiries , Se que nous foyons
comme (es hérauts? Brief.que nous fouffrions
comme en fa propre perfonne, que la querele
que nous portos , foit fîene,& qu'il déclare que
il tft ennemi de nos eiinemisrqu.id nous voyôs
cela,n'auons-nous point bien matière de non»
confoler ? Et puis nous fçauons qu'en toute»
nos fafcheries , nous auons m bon garant au
ciehcar nous fçauons que noftre Seigneur le-
fus Chrift eft celuy auquel toute vertu eft don
née de Dieu le Père. Et pourtant, quand nous
ferons fortifiez de fonElprit.ne doutôs point
que nous nepuifsions furmontcr tous trou-
bles S: fcandales , toutes tentations qui noiu
pourront aduenir, que nonqbftant toutes nos
infirmitez.nous obtiendrons ta vifloire, telle-
ment que rien n'enipefchera que nous ne par-
uenions à ce triomphe qui nous eft apprcftc
au ciel.
OR nous-nous profternerons deuant la
face denoilre bon Dieu en cvgnoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les tacf micut
fcntir que nous n'auons point ^ait, qu'il nous
auufc les yeux , afin que nous detcfnons tou-
tes nos corruptions & nos vices pour nous y
defplaire,
SVR LA II. A TIMOTH.
46î
defplaire,& pour cercher le remède. Et d'au-
tant que nous auoiis à cheminer en ce monde
parmi tant de corruptions & de contradidiôs,
qu'il nous donjie quant & quant & la vertu &
la force de confiammcnt batailler à rtr.ton-
tre de tous empefclieméstelicmcnt que nous
De foyons point retardez, & tant moin"; def-
bauchez pour tout ce que le diable machine-
ra : mais que noftre Seigneur lefus Chrift rè-
gne tellement en nous, que ce qui eft dit de (a
pcrfonne, l'oit accompli tn nous auAi bien, ce
cil ai'çauoirque nous demeurions victorieux
par dtlTus tous emumisiufques à ce quM les
ait mis le fcabeaude (es pieds, & qu'il nous ait
retirez de ce monde à la vie celefte , laquelle
nous attend au ciel. Q^ie non feulement il
nous face celle grâce , mais à tous peuples 3t
nations de la terre,&c.
. C I N QJ/ lEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
14 Or toy demeure es chofes que tu as dpprinfes , ^ qui te font
commifesycognoiffant de qui tu les as apprinjès,
1 5 Et que tu as cognu dés ton enfdyice lesJàinSîcs îettresjejquel-
les tepeuuent rendre ftge àjalut,pdr lafoy qui ejl en lefus Chrifl.
A foit que la tentation foit
grande quand nous voyons
le monde eftre fi peruers de
adhérer plulloft aux corru-
ptions de Satan qu'à la véri-
té de Dieu, fi nous faut-il a-
uoir celle conllance, mcfiiie
ouand vne fois Dieu nous a déclaré fa volon-
té,de nous tenir là fermes fans iamais en eflre
csbranlez.Car ce que les menfonges font phif
Joli rcceus que la vérité, cela ne vient finon de
noltre malice, que nous fommes corrompus, &
que nous fuyuon^ ce qui nou; eft propre, & ce
qui fc rapporte 3 noUre nature. Car nous fça-
iions qu'il n'y a que vanité en nous . Q_iiand
donc Satan nous vient mettre fes tromperies
en auant pour nous brouiller, nous acceptons
cela,& y courons, il ne faut point qu'on nous
y picque . Mais il faut que Dieu befongne en
nous par la vertu de fon fainftEfprit , quand
il nous veut attirer à foy , qu'il nous reforme,
voire qu'il nous change du tout . Et ainfi fur-
montons celle tentation : quand le monde fe
dcsbauchera à mal, regardons que cela procè-
de de la malice & corruption des hommes.
Mais pour mieux cognoillre côme nous pour
rons batailler iufques à la viéloire, notés bien
ce qui ell ici dit par fainft Piul,?erfj}e(dk-'d)
es chofes que tu as apfrinps , 0- tjui le font com-
mises, f cachant de tjui tu les tiens, <y que tu al
cognu les f.iinfles lettres dés topenfance.En pre
niier lieu il monllre que nous ferions inconti-
nent tranfporttz.fi nous n'eftions munis & ar-
mez de la vérité de Dieu. Car quelle fagefle y
a-il en nous de tenir le bien,& fuir k mal?Au-
rons-nous vne telledifcretion de nature ,que
nous foyons addonnez pluftoft à la venté que
auxmenfongesPC'cll tout le contraire. Com-
me i'ay défia dit,il ne faut point que nous aiU
iions a l'cfcliolepourapprendre menfonçes,
illufions, tromperies: chacun fcra fon mai'ftre
& fon doûeur en ceft endroit. Or quand le dia
ble de fuperabondant machine tout ce qu'il
peut.qu'rla fes fuppolls pour nous diuertir &
desbaucher,pour no' esblouir les yeux & pour
tout rcnuerfer, voila le mal qui redouble . Et
ainfi il faut bien que nous ayons dequoy pour
repouirer le mal . Et c'eft ce que fainét Paul
monllre en ce paflage.que quand nous aurons
bien profité en i'cfchole de Dieu, que nous au
rons prins bonne racine en fa Parole, alors cô
bien que Satan vfede (es prattiques&alluces>
côbien qu'il vueille tout difsiper,& qu'il fem-
ble que la vérité de Dieu foit comme anéan-
tie, fi cll-cc que nous pourrons perfi/ler& te--
nir bon . Car la venté de Dieu a la vertu de
nous rendre inuinciblcs contre tous menfon-
ges, moyennant qu'elle foit rcctue de nous,&
que nous kiy facions l'honneur qui luyappar
tient. Voila dont quant au premier article qui
ell ICI touché par fainél Paulril nedit paslim-
plement i Timothee qu'il foit homme ver.,
tueux pour ne point croiie les abus &les illu-
fions aufquellcs le monde s'addonnc : mais il
dit.Verfiffe en ce que tu as apprins . Comme s'il
difoit.S tu cftois vn homme ignorant, qui lâ-
mais"n'euftgoullé la vérité de Dieu, en vain ie
t'exhorteroye à élire ferme: mais maintenant
puis qu'ainfi ell que Dieu t'a fait celle grâce
de te recirer à foy , puis qu'ainfi eft que tu as la
Parole, il faut que tu entres hardimét en con»
bat . Nous voyons donc ici en premier lieu,
quelle grâce Dieu nous fait quand il luy plaift
de nous illuminer en fa vérité : ce n'eft pas feu
lement à ce que nous cognoifsions le bien,
mais que nous fçachions aufsi difcerner le
mal pour eftre fur nos gardes , que nous ne
foyons point empoifonnez de.', nienfongesde
Satan, que nous ayons celle prudence de nous
retirer de toutes centatioH<:quand il nous au-
ra tendu quelques empefchemcns , qu'il nous
les aura m:s au dcuant , que toutesfois nous itt
Nn.i.
466
SERMON XXÎIT.
foyorn-i.imaiç furprin» . Et là deffiis nous de-
Hons eftre tant plus incitez* faire valoir la
parole de Dieu.Combien que nous voyons de
grandci contufions & troubles en ce monde,
^ue nous voyons les fedufteurs gagner beau-
coup, & ( comme les aurciUct du monde font
frctillantes) qu'ils acquièrent plulîeurs dil'ci-
ples , que nous ne l'oyons point empefcliez
pour cela.C'eft ce que nous auons à retenir de
ce partage. Mais il y a encores vn autre poind
que faind Paul adioufle , c'cft al'çauoir que
non feulement Tiniothec auoit edé inftruit
en la pure dodrine de TEuangilc.dc la Loy &
des Prophètes, mais aufvi qu'il (n eHoiccoii-
ûitué gardien , pourJa difpcnfcr aux ajitres.
Orilcflvray qu'vn chacun de nous félon la
mefureeft obligé d'cnfeigner fes prochains:
mais il y a ici vne circonftance fpeciale en Ti-
mothee à caufc de Tofficeic'eft.puis que Dieu
l'auoit ordonné miniflrc de ù Parole, qu'il c-
lloit comme threforier& dilpenfateur de la
dortrine de falut , que cela le doit tant plus
enflamber à cefte folicitude &' diligence de la-
quelle fainft Paul a parlé ci dertus. Et ainfi no
tons bien que les fidèles doyuent cftre con-
Itans, quand ils verront le monde s'aliéner de
Dieu, qu'il y en aura des rebelles Se des obfti-
tcz, que toutesfois leur foy demeurera vido-
rieufe:maisles mimftresde la parole de Dieu,
ceux qui ont quelque charge publique d'enfei
gnt-r.doyuent monftrer le chemin, Scy z plus
griffue condamnation fur eux quand ils fe-
ront volages , quand ils feront efmeus ou e-
ftonnez voyans quelque confufîon adiienir.
Voila donc ce que nous auons à retenir en ce
paflàge, quand fainû Paul après auoir parlé de
l'inftruûion de Timothee , adioufte que Dieu
l'a conftitué gardien de la doftrine, afin qu'il
la difpcnfaftaux autres : comme auAi en rn
autre lieu il dit , Ce threfor-ci nous cft com-
mis. Il adioulte quant & quant , Q»f Timothee
ici fi» enfance .lUni't itp^TÎn! les fjiaites lettres.
Or en cela il lignihe que Timothee auoit rn
plus grand aduantage beaucoup que s'il eurt
elle nouicc, que li depuis peu de temps Dieu
l'euft attiré à la foy, & qu'il euft efté conuerti
4'entre les Payens. Il crt vray que fon père e-
ftoit homme Paycn : mais Dieu luy auoit fait
b grâce de fuyurc la foy de fa mère, & de fa
grand' mcre, comaie nous auons vcu par ci
déliant. Ainlî donc il auoit efté fidèlement en-
i'eigné, & quafi auoit cité imbu de la doflrinc
de Dieu àdela vraye religion auec le laift.
Or cela fcroit bien requis en tous minières
delà parole de Dieu:& de faift, quand les cJio
fes ont efté bien ordonnées en l'Eglifc , ceux
où il Y auoit quelque c fpcrance cltoyent cn~
feignez auec vne telle diligence , qu'ils n'e-
ftoycnt pas feulement pour apprendre les let-
tres humaine':, mais on les accouftumoitil'E-
fcriturff faincte: Si quand ils venoyent en l'aa-
ge de vingt ans, ils faifoycnt mefraes la levu-
re «« l'Egljfe, tfia qu'ils prinlTwit couragc de
*/lrc tant mieux confcrmei. Toot cela i efté
abbaftardi quand le*diable a gagné ,!c que ce-
fte horrible dissipation de la Papauté eft ve-
nue. Mais quoy qu'il en foit, cela deuroit e-
ftrc obferué entre les Chreftiés, que pour gar
dcrbonnefcmencecn l'Eglife, ceux qui fera-
blcroycnt eftre propres pourcnfeigncr , que
on les accoulttimaft en l'Efcnturelàinde , &
<^u'ils y tuflent exercez dés Itur première en-
fance.Mai>. cependant notons que fainft Paul
s'eft addrefle à tous ceux qui ont eu ce priui-
legc d'juoir dés le commencement efté in-
ftruits en la pure doftrine de Dicu.Etc'eft
encores vn poinû bien digne d'eftre obferué.
Car fi vn home àl'aagede foixaoteans,eftanc
défia vieil & caduque a cognoiflànce de l'Euan
gile,il faut qu'il s'efforce, puis qu'il a erré tou
te fa vie,de recôpenfer ce qu'il a perdu. Maiï
ceux qui ont receu la vraye &• pure doûrine
de tout temps, que doyuent-ils faire?Ne font-
ils pas beaucoup plus obligez à Dieu ? Il eft
bien certain. Voila vncnfant qui aura eftéba-
ptizé au nom de noftrc Seigneur lefus Chrift,
il ne fçauraque c'eftdes ordures & abomina-
tions de la Papauté, il aura ouy l'Euangile, il
en aura Icsaureilles batues,deuantmefmeauc
il viene en aage de difcretion on l'aura conti-
nué en cela : ne faut-il pas qu'il foitbien in-
grat Se vilein, finon qu'il rcl'ponde à vne telle
grâce que Dieu luy fiit,& qu'il ne foit plus di
ligent a reccuoir ce qu'il cogi'oift eftre de U
verité?Notons bicndonc qu'ici S.Paul repro-
cher tous ceux qui dés leur enfance auront c-
ftédeuement enfeignez, fi leur aduient dcfe
desbauchcr , qu'ils auront tant moins d'excu-
fe , & méritent d'eftrc condamnez au double,
puis qu'âinfi eft qu'ils fe dcftournent de la do-
ûrine laquelle les auoit enfcigncE de fi long
temps, & en laquelle ils deuoycnt cftre fi bien
confermez. Et ceci cft notamment dit pour la
ieuncfle qui a cité inftruite en l'Euangile.
Beaucoup ont erré longuement : or il ne fauc
pas pourtant qu'ils foycnt lafches fi Dieu les
appelle quand ils font défia paruenus en aage
d'homme , ou qu'ils ont parte la plus grand
part de leur vie: mais ( comme i'ay délia dit^
ils fe doyuent loliciter à cheminer tant mieux
pour rccompcnicr le temps parte qui a efté
perdu, &: qui a efté inutile. Mais quoy qu'il ea
îbit, les ieunes gens qui n'ont iamais cftéab-
bruucz de faufle dodtrine , qui iamais n'anc
prins vn mauuais pli, mais qu'ils ont efté pre-
ucnus de la grâce de Dieu pour cftre duits, Si
pour s'accouftumcr dés le commencement i
tenir le chemin de falut, ceux-là quand ils fe
dcftournent de la vérité , Se que le diable les n
bien l'ceu gagner , ne faut-il pas dire qu'ils
fontplus que mal-heureux , & qu'ils ont per-
du vn bénéfice plus qu'ineftimable? Et neant-
moins on voit ce qui en eft . Car ceux qui ia-
mais n'ont cognu que c'eft des fupeiftition»
de la Papauté , deuroyent eftre des pctis Afi*
gcs : &: on voit qu'ils n'ont quafi nulle reli-
gion.
SVR LA II. A TIMOTH.
4(î7
gion, qu'il y a vn mcTprij de Dieu , &■ vne im-
pieté il grande, qu'il fitnble qo' lamais n'ayct
entendu vn friil mot de J'£iiangiie, qu'ils vueil
lent defpiter Dieu .comnie il lainais iln'tiift
approché <i'eux:& d'autant plus qu'il s'ell ren
du familier, il femble qu'ils prenent plailîr à
fe dtlpiter à l'encontre de luy comme des dia
blés enragez. Car qu'efî-ce de la lenncffc tel-
le qu'on la voit ? A-on iamaisouy parler d'v-
pe impieté lî diabolique comme elle eu au-
icurd'liuy? £t on le voit. Ainfi donc il y a vue
horrible condamnation apprcftce fur tous
ceux qui dés leur enfance auront elle enfei-
gnez purement en la doûrine de lalut , & ne
refpondent point à cela , monftrans vnc plus
grande vertu & fermeté pour reiîfter à tous
menfonges Si faulîés doftrines, que ceux qui
font encores nouices,& qui n'ont pas de long
temps cognu que c'eftoit de la venté de Dieu.
Voila ce que nous auons à obi'eruer en ccfte
circonllance.Or faiad Paul adioul>e,Sf«/M«f
tiufti lie cjH' tu. Pus apfriBS. £n quoy il monftie
que nous ne pourrons point eiirc arreftcz en
▼ ne dodrine, qu'il n'y ait bonne certitude.
Car lî nous voulons tenir bon, &: ne point flé-
chir,& cependant que nous nefoyons point af
feurei.que fommcs-nous finon opiniaftres?
Ce n'ell point vertu que cela . Amlî donc de-
uant que nous refoudre d'eftie conftansen v-
ne choie, il faut en premier lieu qu'elle nous
{bit bien iîgnce , & que nous en ayons pleine
certitude, pour dire. Ceci eft authentique, il
n'en faut plus douter, ce n'eft pas vne chnfc
de laquelle i'aye feulement opinion, pourdi-
re,Ielecuideainfi,ilmcle fcmblc:mais la cho
fe cft telle.c'ell la rente infallible. Si nous ne
auons cela , nous ne ferons que nous opinia-
flrer quand nous voudrons tenir bon . Voila
donc pourquoy notamment fan ft Paul expri-
me que Timothee fçauoit de qui il auoit ap-
prins.Or ici nous voyons quand iioftre foy fe
la deuement réglée, icdi celle que Dieu ap-
prouue : caries Papi/lcs fe vantent d'aiioir la
foy , autant en font les Turcs Se les Payens:
mais quoy?Ce n'eft qu'vn cuider, vne opinion
qu'ils ont conceue . Voire, mais on les y voit
du tout arreftez. Er bien, ils font opinia/îres,
ce n'efl pa^ louange : car on ne doit pas te-
nir pour doftiine , vnc chofe de laquelle ils
n'ont nulle approbation . Il faut donc que
nous apprenions à difcerner, fi nous voulons
auoir vne foy bien réglée , c'tft aiçauoir que
nous fçachions quelle cfl la vérité , que nous
difcerntons entre la clarté & les ténèbres.
Voila donc quant à vn item . Cependant nous
fommcï aiif.i admoncflcz de n'ellre point
trop haftif^ poumons précipiter, & pourrcce
uoit vne doftrinc qui nous tA incognuc:fî toft
^u'on aura parlé, ii nous embraflbns ce qu'on
BOUS aura dit, cela tflvne légèreté friuolc'. Il
cft vray qu'il nous faut rendre docile» à Dieu,
nous deuons auoir vne telle promptitude, que
& cofl qu'il aun ouueit fa bouche, nont foy 5«
attentifs pour efireobeiflàns, voire fans ré-
pliquer: mais il faut auoir cognu deuant , ii ce
eA Dieu qui parle. Sur cela donc que noui sii-
fcernions . Et ainfi gardons-nous d'vne fol-
le légèreté , pour receuoir indifféremment
&• fans difcrction tout ce qu'on nous dir».
Car ceux qui font ainfi légers à croire, ils
font faciles à eftre cfgarez ,& en peu d'heu-
re : on ne fçait quand on les a perdus ou ga-
gniz. Voici donc vne admonition bicnvtile,
QucMous (cachions élire auecdifcietion , Se.
pour ce taire, que nous ayons cognu aupara-
uant (i c'eft la vérité ou non. Or à l'oppoiîte
nous deuons tftreaduertis de ne point com-
b.ître auec obftination , quand nous ne ferons
pas du tout bien afleurezrcar c'tft comme fer-
mer la porte à Dieu , lî nous voulons mainte-
nir vnc opinion doutcufe. Comme nous voy-
ons beaucoup d'ignorans , qui ont honte d'e-
ftre inlfiiiits : Ho, iefçay que c'eit de viure,
i'ay trop long temps tflé au monde, ie ne fuis
pas vn petit enfant. Voila que diront des fols
tflourdis.qui iamais n'ont rien ccrché en tou-
te leur vie: toutesfois voila vne audace dig.
bolique, quand les hommes font ainfi rebelles
& obftincz .Car ils rcpouiTent Dieu fiirieu-
fement : entant qu'en eux tft, ils empefchent
que fa grâce ne puille paruenir i eux . Ainfi
gardons-nous d'obftination en choies dou-
teufes : &■ fiiyuant la règle qui nous cft don-
née de fainft Paul , que nous ne foyons point
conftans finon là où nous cognoiftrons que
c'cft Dieu qui a parlé à nous , & que nous a-
uons (i venté infallible . En fomme , quand
nous aurons erré en ignorance, apprenons â
tourner bride : & fi Dieu noMs fait la grate de
nous tendre la main , de nous aduertir que
nous ayons mal fait, ayons honte de la faute
que nous auons c< mmifc:mais cependant que
nous foyons prefts & appareillez d'eftre re-
dreflez comme il cftbefoin,& que nous ayons
cefte docilité en nous , d'eftre amiables , de
nous- rendre obeiflans à ce que nous cognoi-
•ftrons élire bon , puis que du preinier coup
nous n'aurons point efté fi bien aduiftz qua
de tenir le droit chemin de lîilut . Or mainte-
nant il reftc de fçauoir dont viendra vnc tel-
le certitude . I'ay dit qu'il faut que nous fça-
chions que c'eft de la vérité que nous auons
receue. Voire,mais cefte fcicnce-la dontpro-
cede-elle?II femble que fainft Pa 1 fe conten-
te ici que nous ayons vn homme de bien &• ap
prouué, qui nous ait cnfeignez . Car c'eft luy
quicftdo£leurdeTimotheci(Scildit,SMf/>^nt
ie <jui tH l'as affrins . Si eft-ce que noftre foy
feroit par trop débile, & mal fondée, fi elle fe
addrcffoitau regard d'vn homme mortel;ilne
y a que Dieu fcul qui puiflccftre autheur de
noftre foy. Comment donc eft-ce que /âiuft
Paul r'appelle ici Timothee au regard de fa
perfonne-Or notons que fainft Paul n'a'poirït
ici voulu magnifier m fagclTe qui fuft en luy.
ni preud'hommie,ni chofc fcœblablcpour di-
Nu.ir.
\
4^S
SERMON
rc que ecla fuft fut'fiûnttmais le principal a e-
ftc, qu'il cftoit coiiftrtué Apoftre , qu'il auoit
vnc vocation celefte , qu'il elToit eiiuoyédc
Dieu. Voiladonc lur qiioy il veut q'ie Timo-
ihecs'appiiye.Ilcft Tray qu'il monftroit bien
paretFect que ce n'eftoit point en vain que
Dieu l'euft appelé : car nous içauons comme
il s'eftoit acquitté loyaument de Ion dcuoir,
quelle intégrité il y a eu en luy, quelle fainfte
té de vie. Il pouuoit donc eftre vn miroirde
toute pcrfeftion. Mais lî faloit-il q ceci pré-
cédai!,c'eft afçauoir qu'on cognuft que Dieu
l'auoit eltablià l'on feruice.&quela doftrine
qu'il porte, n'eft point terreftre, mais la pure
vérité de nortre Seigneur lefus Chrift. Ainiî
-en fomme , nous royons que pour bien eftre
afleurez, & auoir vne foy refolue & caftante,
•1 nous faut eftre perfuadez que Dieu a parlé
à nous , & que c'cft luy qui nous a enfeigiiez,
côbien que ce foit efté par le moyen des hom
mes. Et il rîous difons.l'ay vn fage dotleurrce
luy qui m'a inftruit eft vn home bien expert,
& de fainfte vie : tout cela ne fera qu'aide in-
férieure.Il faut donc qae nous puifsions pro-
tefter que nous auons Dieu qui nous efclaire
par fa parole, & que ceux qui nous ont epfei-
gnez font fes ihiniftres , & qu'ils nou5 ont in-
ftruits purement , & fans aucun meflinge ne
corruption , qu'ils nous ont apporté ce qu'ils
ont receu de luy , & de fa propre bouche. Or
on demandera comment nous pourrons auoir
vne telle certitude.il eft certain que ce ne fe-
ra point de noftre induftrie ni prudence, miis
il nous faut prier Dieu qu'il feelle en nos
cœurs par fon S.Efprit la vérité, afin que nous
ayons vnc arre pour n'eftre point empefchcz
que fadodVrinene foit toute refolue en nous,
comme vn marché qui aura efté contraûé Et
voila pourquoy ce titre eft attribué à l'Efprit
filom.S.Tî de Dieu, qu'il eft l'arredenoftreadoptiô. & q
i.Cori.i. c'eftle feaupar lequclDieu ratifie fa parole,&
11- qui la rend authentique en nos cœurs. Voila
Ife. II. 1* pourquoy aufsi il eft nomé Efprit de pruden-
ce &de difcretiô. Notons bien doc qu'il nous
faut eftre afleurez de Dieu pour auoir vn tel
fondement de foy , que le diable ne la puifle
iamais ruiner quoyqu'ilbrafle.quoy qu'il prat
tique, mais que nous pourfuyuios toufîours le
droit chemin, iufqu'à tant que nous ayôs vain
en tous les combats aufquels Dieu nous vou-
dra exercer en cefte vie tranfitoire.Or mainte
nant fi on demande aux Papiftesà quelles en
feignes ils font fi opiniaftrcs.que pourrôt-ils
alléguer pour leur defenfe? Ileft vray qu'ils
diront , Nous voulons cnfuyure nos pcres Se
nos anceftres:ils mettront en auant leur mère
fainfceeglife; mais quand tout cela fera confi
Heré, leurs percs quels font-ils, & leurs ancc-
ftres,{^nôn de pon:es bc'fteseriantev'Et quant
â Icui eglifj(qu'lls appellent leur mere)c'fft
vne fynago[;ui.' de Satan, laquelle a dcchalFé
& banni Icfus Chrift de fiy. Ainfi donc
nous voyons , coniblen qu'ils foycnt comme
X X II I.
furieui pour reietter toute bonne ioàrine, Se
que le diable les ait enforcelez pour fmurc
les illufions dont ils ont efté cnyurcz de tout
temps, que toutesfois ils n'ont nulle fermeté
en eux : que s'ils auoyent entré en leur con-
fciencc pour examiner à bon efcient s'ils ont
vne bonne certitude, ils le trouueroyent là
co4nme efperdus. Or il ne fe faut point esba-«
hirdes Papiftes : car ils n'ont qu'vn abyfme
confus, & leur fondement eft le gouffre d'en-
fer: mais c'eft pitié qu'entre nous où l'Euan-
gile fe prefche , où nous auons l'intelligence
tat claire que rien plus, 5c combien que Dieu
nous appelle à loy.que nous oyons la voix de
ce grand Pafteur Icfus Chrift, que neâtmoins
il y en ait qui foyent R volages , qu'il n'y ait
nulle fermeté en eux, qu'ils ne fçachent fi
c'eft Dieu qui parle ou non. Car côbien y en
a-il qui croyent à l'Euangile? tellement que
s'ils voyent des troubles & des confufions,
ils ne s'en foucient gueres .Et pourquoyfCar
ils n'ont iamais prins nulle racine. Il eft vray
qu'il leur femble que ce qu'on leur dit, eft bô,
■ Se l'approuuent : mais tant y a qu'il s'en faut
beaucoup qu'ils ayent prins cefte concliifîon
en euX;de tenir bon iufqu'à la fin,& pour dire
que c'eft à Dieu auquel ils ont creu , & qu'ils
n'ont point efté incitez à la volée pour eftre
adonnez à fuiure le confeildes hommes, mais
que Dieu les a afleurez qu'ils ne.fçauroyét er
rer en obeiflant à fa Paroleril y en a bien peu
qui tendent à ce but. Et voila pourquoy aufsi
Dieu les laifle en inquiétude, qu'ils font com
me pendans à m filet, & leur foy n'a nulle te
nure. Or tant y a q le ceci n'eft point dit en
vain, qu'il faut fçauoir de qui nous auons ap-
prins la doftrine.Or quand fiinft Paul a par-
lé ainlî.il adioufte, Q^ff T'maihee pcunoit eflre
reniu Çnge pur les fjin fies lcttrts,voirc finitan t
la foy cjul efl en lefiis Chrifl-. Voici vn beau ti-
tre & excellent que fain Paul attribue i l'E
fcriture faincïe, que là nous auons vne droite
fagefle& pleine. Mais cependant il nousad-
uertit que (î nous cuidons eftre fages en no-
ftre ccrueau , iamais nous ne profiterons en
l'efcole de Dieu, 8c qu'il faudra que nous de-
meurions confus en noftre arrogance. Com-
me ceux qui veulét iiiger à leur fantafie,ceux
qui ne daignent pas interroguer la bouche de
Dieu, mais cuident eftre aflcz habiles po^irdi
fcerner entre le bien &le mal: Dieu fe moque
ra d'vne telle prefomption,Et bien, vous vou
Icz eftre gians doftcurs fans auoir efté enfei
gnez: allcz,alle2,pour vous côfondre 8c vous
abyf ner du tout. Voila donc côme Dieu trait
tcia ceux qui fe côhiMitainfi en leurs fens pro
pres.Et pour cefte caufe fiirtl Paul d:fant en
ce palFageque noftic fageflc eft en l'Efcritu-
re /ainftc,incftrc que de ncos il ne f.i\n point
que nous penfi ins auoir vne telle perfefliort
que de cogrtoiftrc ce qui fera bon Se droit;
mais pliift'^ft que nous I yons vuidcs dérou-
tes tciici folies : c'cft que nous ne cii'dioh*'
point
s V R L A II. A r I M O T H.
46- !>
Sw.
^oint eftre fages.Qiiei fera donc le commen-
cement de nortrefageffe? Que nous foyons
fol";, comme ûinQ. Paul en parle en la prcmie
re Epiftredes Corinthien?. Il eitvray que cé-
da de prime face femble eftre rude , que nous
foyons fols pour eftre fages.Mais cependant
que l'homme aura vne feule goutted'opinion
de foy, qu'il penfera aiioir quelque bon efprit
pour fegouuerner.Dieu IcdefJaigne.&ledef
auoue pour fon difciple. Ainlî donc il ne re-
ftc (înon que nous proteftions que nous fom-
mes fols, que nous ne fçauons que c'eft de vi-
wre , iufques à ce que Dieu non s ait tendu la
niam, qu'il nous ait percé l'aureille (comme il
en eft parlé au Pfcaume quarantième) afin de
nous inftruire. Voila donc ce que faintt Paul
i ici entendu, en difant que rEfcriture fainfte
BOUS peut rendre lages.Or cependant faifons
ceft honneur à la parole de Dieu, de nous hu
milier fous icelle, & de nous arrcller à ce qui
eft là contenu , fçachans quand nous l'aurons
apprins, qu'il ne nous faut rien plus, qu'il n'eft
point queftion d'y rien adioiifter.nous ferons
alTez ùges quïdnousferôsdifciplesde Dieu:
mais lî nous voulons paffer outre, il faudra
que le diable foit noftre doûeur.Car de nous
niefmesfcommei'ay dit)que comprendrons-
nous? Or voici Dieu qui sous fait cefciende
nous enfeigner, il s'accommode à noftre ru-
defle tant priuément que rien plu;: mais tant
y a qu'il protefte qu'il n'y aura que redire,
que nous ferons parfaitement inftiuits quand
nous l'aurons efcouté.Et fi nous fommes tant
fretillans de ne point acquiefcer à la pure &
fimple parole de Dieu, en voulant auoir le ne
fçay quoy d'auantage, n'eft -ce pas raifon que
Satan nous poflede.S: qu'il nous dcftourne du
droit chemin, afin que nous vaguions comme
beftes efgareesfEt ainlî (comme i'ay dit)fAi-
fons ceft honeur à la parole de Dieu, de nous
tenir en l'obeiflance d'icelle. Se luy attribuer
toute perfeûion de fageffe. Et au refte,not55
bienaufsi que lainft Paul n'a point adioufté
fans caufe ,(^u-e nous foyons ainfi nifsrigneKpar
laFoy qi-fefl '"■ Iffus Cfcr/'/î-.Car ce n'c-ft point
aflez d'auoir la letlure fimple de l'Efcriture
fainftcraais il faut que nous croyôs en Dieu,
que noiîs foyonsa-fleurez de fa vérité pour ne
point vaguer. Voila les luifs qui ont la Loy
& les Prophètes toulîours en main , ils les li-
fent en leurs fynagogues , mais cependant ils
demeurent toufîoursaueugles. Et pourquoy?
Car ils ne tienent point le droit chemin, ils
ne fçauent que c'tft d'appliquer l'Efcriture
fainftcàbon vfage. Autant en cît-il de ceux
qui par curiolîté liront l'Efcriture fainfte. Il
y en a d'aucuns qui veulent fçauoir beaucoup
pour en dcuifer: & bien, ils fueillettent. Mais
quoy ? Au bout de leur vie ce fe^a comme du
premier iour , d'autant qu'ils n'ont point eu
vn efprit arrcfté , qu'ils n'ont tenu nullle rè-
gle.Les autres font menez d'.imbition, les au-
tres tafclicnt de perueitir rEftriture faincle,
qu'ils ont vne malice certaine , comme, nous
en voyons beaucoup qui ont vn efprit enucni
mé,&quine demandent finon qu'l infeAer
tout , ils font tortus comme ferpens : il faut
donc qu'Us peruerttflent toute fimplicité.Tel
les gens ont-ils iamais profité en l'Efcriture
faindefNô: toutesfois elle ne perd point ceft
office que faind Paul luy attribue, c'eft de
nous inïtruireen toute perfcilionde fagcirc.
Ouy bien: mais (comme l'ay Jcfiadit) il mec
not,iment,L.f fôji en Ufas Chri(l.Et pourqiioy.'
Car il eft dit au troiiîeme delà tecondc auK
Corinthiens , que lefus Chrift eft l'aine de la
Loy, en lorte que la Loy eft accomparce à vu
corps mort qui n'ha point de vigueur , ne de
vertu, ne de vie , quand Icfus Chrift en eft fe-
paré.Qiie faut-il donc? Si nous voulonspro-
fiter en l'Efcriture fainde, apprenôsde nû)us
addrefler à noftre Seigneur lefus Chnft. Et
comme fainft PauU'appellecn ce paflàge-la
l'ame de la Loy,ou l'cfprit: auf,! envn autre
partage il dit que c'en eft la fia. Ne voulons- Kont.is.
nous point donc tracaffer en forte que ce foit 4.
peine perdue & inutile de nous eftre exercer
en l'Efcriture fainûePAuifons de no* addref-
fer droit à lefus Chrift: car c'eft auf i en luy Colof.l.}
que font enclos les threfors de lagefle S: in-
telligence.L'Efcriture fiinde quelle eft-clle
lînoH vn miroir pour nous faire contempler
noftre Dieu? N-ius fçauonsque noftre fouiie-
rain bien , noftre félicité & gloire , c'eft que
Dieu fe reuele à nous. Or eft-ilainfi que le-
fus Chnft eft l'image viue eu laquelle Dieu fe
reprefente, comme fa'nft Paulen parle au cha
pitre fuyuaiitdecefte féconde epiftreaux Co
rinthiens. Puis qu'ainfi eft donc , nous ne fe-
rons que vaguer en toute noftre vie, & errer,
encores que nous lifions rEfcriture fainfle.fî
ce n'eft que nous (uyuiôs la doftrinc qui nous
eft ici déclarée : c'eft que nous cognoifsions
Icfus Chrift, les biens qui no«s font enuoyez
par luy, &: lefquels il nous elaigit , comme il
ha les threfors infinisde toute fagclTe.&de
toute iuftice.dc toute fain(!^eté,de vie en fom
me,&de falut. Ainlî nous voyons quj ce.inot
n'eft pas faperflu , quand faind Paul dit que
nous pourrons eftre rendus figes par l'Efcri-
ture fainite, voire iî nous l'appliqu jus à fça-
uoir que c'eft de lefus Chriit , pour mettre
toute noftre foy en luy. Or d'autant que le
monde n'a point fiiyui ceftc règle, voila pour
quoy on a fi mal profité en l'Efcriture iain-
fte.II eft vray que la plus part n'a tenu conte
de fçauoir quelle eftoit la venté de Dieu , on
aptnfé que c'cftoit pour les grans doftcurs
que l'Efcriture famflea cfté donnée, tcllemét
que les gens rBariez,&: nobles, & marchans.S:
laboureurs, & gens demcftier.ont quicté cela:
Nous fommes laics(ont-il . dit)aou; fommes
feculiers:tellcmcnt qu'ils fe font piiuczdu te
ftament de leur Père celefte: & par ce moyen
fe font forclos de fon héritage , entant qu'en
eux eftoit. Voila donc vue ingratitude horri-
Nn.iri.
470
SERMON XXIII.
hic qui a régné au monde, c'cft que ce threfor
^ui nous cftoic donné en PElcriture fainfte,
n'a point eftc receu, que nul n'y a voulu elhe
attentrf.Maii il y a eu vnplusgr.ind mal.c'eft
^ueceux qui penfoyent ellrc les plus liabiles,
iicqui ont elle intituler doûeur», n'ont pas
daigné regarder l'Elcriture fainûe. Et qu'ain
il foit.il y a trente ans qu'il n'eftoit point que
ilionde lire la Bible pour enregraaddoâcur:
que fi en toute l'Italie, Frice,& toui les pays
^u monde on euft demandé & enquis de la »e-
litéà ces grani clercs, s'ils auoyent leu toute
la Bible , ils euflent confefle que non. Car ils
eftoyent occupez àdeschofes plus grandes, âc
leur lenibloit que la Bible n'eftoit rien au prix
de ce qu'ils auoyent leurs déterminations des
fainfts Conciles:ils auoyent leurs Bobulaires,
cii ils s'appliquoyent , & eftimoyent la Bible
quali comme la th-eologie des fimples , & des
petis clergeons. Voila donc corne vn tel thre-
for de fagelle a efié melprifé, & que ceux qui
auoyent la charge de conduire les autres ont
efté poures aueugles:&: quand ils ont leu l'£-
fcriture faincte, il eft vray qu'ils l'ont approu
uee , mais il n'a point efté queftion de cher-
cher là Icfus Chrift , & les grâces infinies que
Dieu nous a données en la pcrfonne d'iceluy:
mais il a falu chercher mille contrariété! fri-
«ioles,&: l'Efcriture fa;nde a efté tirée par les
cheueux , en forte qu'il y a eu vne horrible
contuiion & facrilcge, quand vne chofe li fain
fte a eftéconuertie à l'appetit des hommes:&
Biefmes ils n'ont point eu honte de l'apptller
vnnez de cire , voire pour la prophanerdu
tout. Et on voit bien par cela qu'ils fe font
mocquez pleinement de Dieu , Et l'Efcriture
fcintic n'eft qu'vn nez de cire. Et auiourd'huy
quand ils difputent contre nous , voila leurs
belles allegatiôs, qu'ils difent qu'il n'y a point
d'arreft en l'Efcriture fainûe , qu'on ne f^ait
«omme on la doit prédrc ni eipofcr.mais que
il fe faut arrcfter aux faindls Conciles, & à ce
quia efté làdcterminé. Car (difent-ils) puis
^ue l'Efcriture fainfteeft vn nez decire.on la
pcHt tourner çà & là comme on veut. Nous
voyons donc côme le diable a dominé du tout
à bride aualke «n ccfte maudite âc exécrable
■papauté. Or d'autant plus deuons-nous bien
ucttr ce paflagc.voyant que le fainû Efprit a
voulu remédier à vne telle confuiîon, & fi in-
fernale,qiu»d il dit, Mes arnis, il eft vray que
Touii aurez le threfor de toute fageffe quand
TOUS aurez la Loy Se le» Prophètes : niait ce-
pendant fi faut-il que tous foyez addrelFez.
Car fi voui-vous gouuerncz à voftre phanta-
fie,qiie TOUS vouliez fuyure vos appctis.noftre
Seigneur permettra que vous ne tiendrez nul
ckcinio, ii que lanuis ruas ne patuicndrcz au
but:comme nous auons reii par ci deiunt, ^ue
il y a des apprentis qui jamais ne s'auancent,
mais pluftollrecult-n t. Que faut-il donc; Qu_e
vous cherchiez IefusChnft,& quand vous l'a»
rez trouué, que vous preniez tout voftre con-
tentement en luy , que vous fçachiez que d'à»
uoirla foy en fon Euangile,c'eft toute voftre
petfeftion. Voila donques ce que nousauont
à noter de ce paflàge. Et retenons aufsi com-
me il faut poifer ce mot de Tay : car ce n'eft
point aflez d'auoir cognu lefus Chrift d'vne
telle forte qiie font les incrédules, mais il faut
que noftre foy foit fondée en luy,& que nous
le receuions comme celuy qui nous eft confti»
tué Maiftre de Dieu fon Père, voire adhérant
àlafimplicitéde fadoftrine.Et puisque nous
cognoifsions que nous auons en luy toute iu
ftice, que c'eft par luy que nous fommes re-
conciliez à Dieu ayans obtenu la remifsioa
de nos péchez, que c'eft par luy que nous fom
mes fanûifiez afin de cheminer en pureté de
vie: que nous foyons là du tout arrtftez, co-
gnoiflans qu'il eft noftre Médiateur & Aduo-
cat qui intercède pour nous , que nous inuo-
quions Dieu en fon Nom , & que nous ayons
tout noftre refuge à luy , que nous ne cher-
chions point vne feule goutte debienfinon
en luy feul, car il en eft la fource & la fontai-
ne,& que c'eft de 11 plénitude qu'il nous fauÇ
tous puifer , comme il tft dit au premier cha-
pitre de faiiift lehan. Voila donc pourquoy
fiinft Paul vfe dece mot de foy en lefus
Chrift:car alors nous pourrons tellement con
templer Dieu, que nous ferons transfigure»
en fa gloire , mifme en ce monde, & en cefte
vie caduque délia Dieu fera reluire fon image
en nous.iufqu'à ce qu'il nous ait recueillis en
fon Royaume éternel, & qu'il nous ait deli-
urez de toutes les poureiez & miferes de ce
monde.
O R nous-nous profternerons Jeuant la
face denoftve bon Dieu en cognoiflàncede
nos fautes, le pnans que nous en foyons tou-
chez tellement , qu'aucc vraye defplaifance
nous retournions du tout à luy,& que nous ne
demandions finon qu'il nous prene en fa con-
JHite,& qu'ayans renoncé du tout à nos pen-
fees & afFcélionç,nous foufFrions d'iftre en-
fcigncz tellemët par fa parole qu'elle ait tou-
te authorité pour nous corriger , pour nous
exhorter Si reprendre ,afin que co^noiflàns
combien le Fils de Dieu nous a profité , non»
venions à luy pour eftre membres de fon
corps, & qu'.ldheiant ainfi .i luy nous foyon»
recueillit en la vie celcftc,& au Royaume que
Dieu fon Pcre nous à promis. Atnfi nous di-
ront tous.Dicu tout-puiflànt,Pcrc celrftc,&e.
SIXI£
SVR. LA II. A TIMOTH. 471
SIXIEME SERMON SVR LE
TROISIEME CHAPITRE.
i€ Toute l'Efcriture efl diu'mement inffircc, o* yt'dcpour do-
Brinc , pQur reprehenfion ,pour correSlion, pour 'tnJlruBion qui cH en
iuîiicci
17 hfn fic l'homme de Dieu [oit entier,dppareillé à toute hon-
neœuure.
'Autant q là parole de Dieu
cft nômec noftre glaïue fpi
rituel, nous auons bcfoin
d'en eftre armez , attendu
eftrintention de ûinft ?aul en ce paflàge.
Car en parlant de l'Elcriture fainâe il n'en-
tend pas ce que nous auons de luy ,ne des au-
nes Aportres & £uagelifte$:il n'y auoit pour
qu'en ce monde le diable ne lors rien efcritque l'ancien Teflament. Ainfl
ceffede batailler cotre no*, nous voyôs qu'il a voulu qu'en l'Eglife Chrc
afin de nous feduire & de Aienne la Loy hill tonlîours prcfchee , &let
nous attirer en fcs mcnfonges. Or fainû Paul Prophètes, comme c'eft vne doctrine qui doit
pour nous mieux eThorter i ce faire , dit ici demeurer à iamais. Et en cela Toit-on que
qu'en premier lieu la parole de Dieu mérite ceux qui voudroyent que la Loy fiift auiour-
vne tvile reuercnce , qu'vn chacun s'y range, d'huy reiettee,& qu'on n'en parlaft plus, font
qu'on l'cfcoscf pailiblemét & fans contredit, comme chiens & pourceaux : comme aucuns
Et pais il adioiifte le profit qui nous en rc- rileins pouacres , qui depuis n'agueres def-
uient, qui nous doit aufsi inciter à la receuoir gorgeoyent leur Confummatum tft , & cela
en toute reucrence &obeiflànce. Or notam- par toutes les tauernes:dôt il a falu que moy
ment il parle de l'Efcriture faimae . Car de mefme leur aye rcliilé en mes prcdicationt
tout temps il y a eu des fantaftiques qui ont auec grande veheraenceitellcmentqueccs vi
voulu remettre en doute ce qui eftoit conte- leins raifoyent m prouerbe cômun en toutes
nu en l'Efcriture fainde, combien qu'ils euf- leurs fynago^iies & en leurs tauernes.pourdi
fent honte de nier que la parole de Dieu ne re.Il ne nous faut plus ne Loy, ne Prophètes,
meritaftd'eftrercceue fans aucune réplique: Etcelaacfté aufsi commun qu'il feroit entre
& de tout temps il s'eft trouué des efprits ma les Turcs. Or au contraire, nous voyons que
lins qui ont bien confefle de prime face que fainft Paul retient ici les Chreftiens en bride,
la parole de Dieu a vne telle niaiefté en foy, & monftre que fi nous voulons approuuer no
qu'il faut que tout le monde s'humilie fous ftre foy & obeiflànce enuers Dieu, que la Loy
icelle:& cependant ils n'ont pas lailTé de blaf & les Prophètes doiuent régner par defluî
phemer contre l'Efcriture fainfte. Or où le- nous, qu'il nous faut la régler , qu'il faut que
irouuera la parole de Dieu , iînon qu'on la
cherche en la Loy,& es Prophctes,& en VE-
uangilef Car c'eft là où Dieu nous a déclaré
fa volonté. Afin donc qu'il n'y cuft point de
réplique en ceû endroit , & qu'on ne s'excu-
nous cognoifbions que c'eft vne vérité perra»
nente & immortelle , & non point caduque,
qu'elle n'eft point variable , que Dieu n'a
point baillé vue doûrine téporelle afin que
on s'en feruift quelque temps, mais il a voulu
fall point pour dire qu'on peut bien croire à qu'elle eult fa vigueur auiourd'huy , & que
la parole de Dieu fans accepter l'Efcriture pluftoftle monde perifle , &: que ciel & terre
fainde,notamment ûincl Paul nousaici de- foyent ruinei , que Pauthorité de la Loy ni
«laré que (î nous voulons faire hommage à des Prophètes foit anéantie. Voila donc Pin-
Dieu, & luy eftre fuiets, qu'il nous faut rece- tention de faind Paul , c'tft que nous deuons
uoirccquieft côtcnuen la Loy &: es Prophe du tout nous laiflergouucrncr par PEfcritu-
tes.Or afin qu'vn chacun ne fe donnaft point rc fainde , & qu'il nous faut rapporter là , &
licence de choifîr ce qu'il voudroit , &aiifsi qu'il ne faut point que nous cherchions nul-
d'obeir à Dieu en partie, il dit que toute PE- le fagefle ailleurs. Et cependant notons(com
fcriture aceftemaiefté dont il parle, Scqu'el- me il a efté dit) qu'il ne nous donne ici nulle
leeftvtile. Eu fomme, fainft Paul prononce liberté de choifir ce qu'il nous plaira, mais
ici qu'il ne faut point que les homes prencnt qu'en tout & par tout il veut que nous foyons
par loppins & par morceaux ce qu'ils auront obcilîànj à Dieu , trouuas bon tout ce qui cft
approuiié, & ce qui leur viendra à gré de l'E- contenu en PEfcriture iàinâe. Or rcuenons
fcriture fâinfte : mais que fans exception ils aux deux poinfti qui font ici coucher. Il dit
concluent, puis que Dieu a parlé en fa Loy, (en premier lieu ) Que fEfcrtture faincle eft
& en fes Prophètes , qu'il fe faut là tenir du /Fiy))iKf <//<»f»fm*»t:puKil;.dioufte, Qa'f/Zf e/f
tout. N<ftis voyons dont ««intenant quelle ytiU, Voila donc deux louar.gcs que famft
Nn. iiii.
47 i
SERMON xxirrr.
Paul attribue à l'Elcriture faïéVe.afiade n-ous
la rendre amiable, Se puis digne d'eltre acce-
ptée auec toute humiiicc. Quad il dit qu'elle
a elle infpiree de Dreu.c'eft afin que nulliom
me mortel n'entreprcne de fe rebecquer à
rencontre de Dieu. Car qu'eft-ce il nous luy
refi/lons?Or eft-il ainlî que les créatures en-
treprenent la guerre contre Dieu, s'ils ne veu
lent point accepter l'Elcriture (ainfte.Pour-
quoy? Elle n'cil point forgée des h5mes(dit
faintl Paul)il n'y rien ici de terrelhe. C^ni-
conqucs donc ne voudra fe mjnftrerdu tout
rtbcUe contre Dieu, & le defpiter.il faut que
il foit fuiet à l'Efcriture fainde. Voila quant
àl'authorité.Or (anc^ Pauladioufte en lecôd
lieu, qu'outre la reuerence que nousdeuons à
Dieu, luy irail'ans hômage, qu'il faut aulsi que
nous cojnoilsions qu'il a procuré noftre pro
fît Se noftre falut , quand il 1 ly a pieu de nous
enfeignerpar l'Efcriture fiiude. Car il ne
nous veut pointamufer àdes chofes inutiles.
Quand donc nous ferons diligens à lire l'E-
fcriture lainfte , nous fçaurons que Dieu n'a
rien là couché qui ne no* foit bon Se propre,
& dont nous ne recueillions quelque vfage.
Puis qu'ainfi cfl, qu'elle ingratitude fcra-ce ii
nous n'acceptons le profit qwi nous cil offe rt
lî liberalcniét du collé de Dicu^Ainfi en f(>in
ine,fain(ft Paul après auoir magnifié l'Efcritu
re faincle.niôftrant que l» maicftéde Dieuap
paroifl li.nous en veut auf i dôncr çou/l, que
nous y venions auec vnc affcûion Se defir d'y
profiter , fçachans que c'aft à celle fin-la que
Dieu a prétendu. Or touchant le premier ar-
ticle, notons bien que iamais l'Efcriture iain
fte ne nous feruira comme elle doit , li nous
ne fommes pcrfuadez q Dieu en ell l'autheur.
Car (i nous venons lire Moyfe.ou quelqu'vn
des Prophètes comme vne hifloire d'vn hom
Hie mortel, fentirons-nous vne viuacité de VE
fprit de Dieu qui nous enflamme? Il s'en fau-
dra beaucoup. Ainlî l'Efcriture fainûe fera
c6me vne chofe morte & fans vigueur enuers
nous , iniques a ce que nous ayons cognu que
c'cft Dieu qui parle li , Se qui nous y déclare
<a volonté. C'ell donc par là qu'il nous faut
commencer, quad fainâ Paul afferme que l'E
fcriture fainflea eilé infpiree diuinement.Or
il eft vray que le Pape fe vantera que tout ce
qu'il a mis en auant cil de Dicu.ficmefme voi-
la côme le poure monde a elle feduit de tout
temps, c'ell afçauoir fous celle couuerture du
nom de Dieu. Car iamais il n'y a eu poifon de
favflcdoftiine qui n'ait elle mis en ce calice
d'or.e'ellàdircqui n'ait elle caché fousce ti
tre honorable , que Dieu parloir aur homes.
Mais (comme nous auons touché ce matin)
moyénant qu'vn chacun de nous fe laille çou
uerner à Dieu, i! aura vne bonne (îgnature de
fa^oy , tellement qu'il coonoiftra que ce ne
font point illufioUs de S-^tan , que ce ne f'out
point tables coiitrou'JCes des hommes, ce qui
cil cor.teau CJI rEi'ciiturc fainctc , ni2is que
Dieu.a parlé, fc-en ell l'antheur.Nous aurons
donc cela aflez ratifié: mais cependant fi les
incrédules n'en cognoifftnt nen, & qu'ils vie
nent heurter des cornes à l'cncontre de l'au-
thorité de l'Efcriture faindle, cognoiflons la
bonté infinie de nollre Dieu, en ce qu'il luy a
pieu nous feeller laverité,& nous faire fentir
la vertu d'icelle : que nous cognoifsions que
c'eft de luy que nous tenons noftrê fby , que
nous puifsions dire qu'il a parlé, comme nous
voyons que ces proteftations font fi commu-
nes à tous les Prophètes. Voila donc comme
nous auons à prattiquer ce paflagé.Or cepea
dant nous pouuons auf\i recueillir de ce que
dit fainft Paul, qu'il n'y a nulle authorité fer
me finon celle de Dicu:ie di en l'Eglife. Vou
lons-nous donc bien approuuer vne doftrine?
Il ne faut point qu'elle emprunte fon autho-
rité de la f'agelle des hommes, mais que nous
cognoiflons qu'elle ell venue de Dieu : fans
cela tout le rc-lle ne fera rien. Et c'ell vn arti
cle blé notable. Car voila en quoy Dieu veut
f fprouuer fi nous fommes fon peuple ou non,
c'cfl que nous monllrions qu'il ell vrayemét
noftre Roy , d'autant que nous ne tenons ne
loix m ordonnances que de luy.que nos âmes
ne font point conduites à la volée, mais qu'il
domine par dcflus , & que nous fommes du
tout fuiets à fon long. Sicelan'eil, nous ne
monftrons point que Dieu nous gouuerne:c5
bien que nous prétendions fon Nom, ce ne fe
ra qu'à faulTes enfeignes. Ainfi retenons bien
que fainft Paul en cepaffage, pour monllrer
que nous deuons tenir l'Efcriture fainûe in-
dubitable,ne dit pas, Moyfe a efté vn homme
excellent : il ne dit pas , Ifaieauoit vne élo-
quence admirable: il n'allègue rien des hom-
mes pour les faire valoir en leurs perfonne s:
mais il dit qu'ils ont eflé organes del'Efprit
de Dieu , que leurs langues ont elle condui- \
tes en forte qu'ils n'ont rien aduancé de leut
propre , mais que c'ell Dieu qui a parlé par
leur bouche , qu'il ne faut point que nous les
eflimions comme créatures mortelles , mais
que nous fçachions que le Dieu viu.ît s'en eft
ferui , & que nous ayons cela pour tout con-
clu , qu'ils ont elle fidèles difpenfateurs du
threfor qui leur elloit commis. Or fi cela eull
elle bien obfcrué.on ne fufl pas venu en tel-
le & fi horrible confufion côme cncores font
tous lés poures Papiftes.Car fur quoy ell fon
dee leur foy, finon fur les hommesfOn ne fuft
point donc venu en celle horrible confufion
où on voit les poures ignoras. Car il n'ell pas
quellion de dire en la Papauté, Voici Dieu
qui parle : voire, donnant approbation de fa
maieflé : il n'y aura que fcintif'e en tout leur
cas. Il ell vray qu'ils allégueront bien le nom
de Dieu:mais cependant ils mettront en auac
leurs fonges Se refuerics,& puis c'eft tout. Or
au contraire , voici fainft Paul qui nous dit
qu'il nous faut tenir à TEfciiturc faindle.Voi
la pour vti ité. Et à quelles cufcignesfPourcc
que
s V R LA II.
que Dieu parle là , &"hon point !ei hommcî.
Nous voyons donc comme il cxcliid toute au
thorité humaine, qu'il fnut cjue Dieu ait fa
prééminence par delFus toutes fes crcaturev,
& que grans & petis s'afliMettilTent à luy , &
que nul ne prefume de s'ingérer pourdiie.Ie
parleray : comme aul'si fainû Pierre veut que
nous ayons celle certitude, qu'en montant en
chaire nous monftrions que c'eft Dieu qui
nous enuoye, & que nous portons le meflàge
i.Vie.^. qy'jj nous a conimis.Ciue celuy qui parie(dit
?'• ii)qu'il parle comme parole de Dieu: c'ell à
dire, qu'il môftre par effeâ qu'il ne s'eft point
ingéré à la volée, & qu'il ne nielle rien de l'es
fonges, mais qu'il a & tient la pure vérité de
Dieu : qu'il face donc valoir la doûrine qu'il
prononce , afin que Dieu foit honoré. Puis
que toute doftrine humaine eft ici abatue,
«jue l'accez donc luy foit fermé, mefmes que
elle foit bannie de l'Eglife Chreftienne. Et
pourtât auifons de nous tenir à cefte pure fim
plicité-la, d'autant que noftre Seigneur nous
a fait cefte grâce de nous déclarer fa volonté
parla Loy &par les Prophetes.que nous de-
meurions là fermes, & que les hôincs ne foy-
ent point eleuez en vn degré fi haut que d'e-
ftre par deflus nos confciences , & de baltir à
leur pofle des articles de foy.Or venôs main
ten.ït à l'vtilité que fainft Paul adioufte.U dit
^fi£fcritureeft -vt/'/f.Nous auons défia mon
tiré à quelle fin ceci fc rapporte , c'eft afça-
uoir , que l'Efciiture fainfte nous foit amia-
ble , Se que nous foyons enflambeïd'vn defir
& zèle d'y profiter,veu qu'elle nous eft don-
née non point feulement pour nous monltrer
quelle elî la raaiefté de Dieu , mais pour nous
édifier à noftre /alut. Si donc l'Efcriture fain
fie eft vtile, nous fommes par trop ingrats en
n'appliquant point noftre cftude à icelle. Or
^ui eft celuy qui de nature n'appetera fon'
bien & fon falut? Et où le pourrôs-nous trou-
uer finon en TEfcriture fainôe , par laquelle
il nous eft communiqué? Mal-heur donc fur
nous quand noDS n'efcouterons point Dieu'
parler, veu qu'il ne demande finon noftre vti
lité.Ii ne cherche pas fon profit:car quel be-
foin en a-il? Au refte , cependant nous fom-
niesàduertis de ne point lire l'Efcriture fain
ôe pourlafaireferuirà nosfantafies,onpour
«n puiferde vaines queftions. Poiirquoy?Car
«lie eft vtile à iàhit , dit fainô Paul. Qiiand
donc l'eipofe l'Efcriture fainfte, il faut que
ie me règle toufiours là.c'eft que ceux quinie
oyent, reçoiuent profil) de ladoftrine que ie
propofe, qu'ils en foyent édifiez à falut. Si ie
B'ay ecfte afFcclion là , & que le ne procure
l'édification de ceux qui m'oyent , iefulsvn
facrilege , prophanant li parole de Dieu. Et
aufsiceux qui lifent l'Efcriture fainâc , ou
qui vicnét au fermon pour efcouter, s'ils cher
chent quelque folle l'peculation, s'ils vienent '
ici pour prendre leurs esbats , ils fontcouU'
pablesd'âuoir propliané vne chofefifainûe.
A T I M O T H. 475
Quand nous voudrons tirer l'Efcriture' l.iin
(fte à nos appetis , que nous voudrons clicr-
cher quelques queftions, & cependant nous
DC re»;ardons point à rvtilitc, c'eft vne poilu
tion que cela. Qrand donc fainft Paul nous a
monlhéque nous deuons venir à l'efcole de
Dicu.iucc vn defiraiJét.attédu qu'ilne cher
che finon noftre bien & falut, il nous monftre
qu'il ne faut point aufsi que nous polluôs l'E
fcriture fainôc , en la voulant faire ferisirà
nos faïua^îes , mais fçachas que Dieu a voulu
qu'elle nous fuft profitable , que nous veniôs
làpoureftre en feignez, voire enfeigncz de ce
qui eft proprepour noftre falut. Voila en fom
me ce que nous auons à recueillir de ce mot.
Or il refte de voir par efpccial Se parle menu
quelle eft cefte vtilité.Car fi faind Paul euft
coupé broche ayant prononcé ce mot, le fens
de ce paflage feroit obfcur : mais il adioiifte
vne telle déclaration, qu'il ne faut point cher
cher de glofe ailleurs. Car ildic 5'»^ /E/ir/f»-
re efl -vt île four docir ne , four rtdargHt ion, f sur
correStion, pm-r inflrudion <» iuflice , tellement
•jue l'homme de Dieu foit rendu entier ( dit-il)
formé . ou appareillé à toute bonne auure. Or
en premier lieu nous auôs ici à obferuerquff
faiuâ Paul ne met point vnvfage fimpledc"
l'Efcriture fainfte , mais ayant parlé de do-
ftrine.il adioufte redar^Htion,corre{lloii,inflnt
(lion. Etpourquoy? Ce n'eft point aflez que
Dieu nous monftre ce qui eft bon, d'autant
que nous fommcs tant froids qwe c'eft pifié.
Il faut donc qu'il nous picque , & qu'il y air
véhémence , afin que nous cognoifsions que"
c'eft à bon efcient qu'il parle, & qu'ilne nour
faut point ioueranec luy. Vbilâ donc pour-
quoy il n'y a point yne do£lrinenué& morte
en l'Efcriture fainûe, mais afin que nous iby-
ons pouflez viuement pour venir à Dieu , il y
a les redargutions & les correâions. Voila vn
article. Cependant nous voyons aufsi l'ordre
que iainft Paul a ici tenu. Car il dit tju''rUeeH
vtile four dofirme: & puis il aiiouRe red.i>-^u -
tion , Cr correâ-im. Etpourquoy eft -ce qu'il
cômencepar le mot de Doif/r/nr?D'autat que
c'eft levray ordre naturel.Car fi nous ne fom
mes enfeignez pour dire , C'eft la vérité : on
aorabeau nous exhorter: mais il faut en pre-
mier lieu, que nous cognoifsiôs que ce qu'on
nous monftre, eft bon,& vray,& droit. Et ain-
fi le mot de DtClrine , emporte que nous foy-
ons enfeignez de la vérité pour en eftrcbien
refolus , pour y eftre tellement édifiez que
nousnedoutions plus afçauoir ce qui en eft
ou non. Or maintenant nous auons-a réduire '
en mémoire ce quia elté traitté ci deflus, quel
le eft la doflrine fainftc comme fainft Paul
en a parlé : mefincs ce matin nous auons veu
que le but eft de cngnoiftrc lefus Chrift , afin
que mettans du tout noftre fijcc en luy, nous
fovôs faces félon Dieu. Et puis il a eftc trait,
té aufsi par ci deuat es prierez & oraifons, de
mettre noftre elpcrarrc* en Dicu,de regaider
Oo.i.
474 SERMON
à la vie éternelle,! laquelle il nous conuie.de
mortifier tout ce ^ui ettde nos affcciiont, de
BOUS reformer à ù iuftice. Voila donc en fom
me la doârinc de rEfcnturc fainile , c'tft
tjuc nsus cognoil'.i'jBs qur Diou a voulu que
nous inettioii; plcisienuHt noftre fiance en
Itiy.cjiie nous y ayons noftie retuge ; & puis,
que nous cognoiGions comment , &■ par quel
moyen il le deciaic noflre Père & Sauueiir:
c'eil en la pcrlonne de noflrc Seigncnr Icfus
Chrift l'on F<Ai , lequel il a expol'é à ia mort
pournouî. Car voila comme nous- fomraes re
conciliez 1 luy , voila comme nous forames
nettoyez de toutes nos macules & pollutiôs,
yoila comme nous tommes reputex iuftes : Se
dtl.i procède la (ianceque noas auons d'in-
Ooqi'.cr Da-u , fçackans qt^il tic nous reiette
point quand nous venon'i à luy au norade ce-
luy qu'il nous a conftitué Aduocat. Au refte,
cognoifTans qu'il n'y'a en nous que pcché 5C
inalcdidion.quc nous apprenions de nousdef
plaire: cognoilTans que Dieu mérite bien d'e
flre fcruiit honoré de nous: que nous cognoif
fions ce qu'il demande âr ce qu'il approuue,
pour nous en acquitter. Voiia la dodrine qui
eft contenue en l'Efcriture fainifte.Oi (com-
me delJa nous auons touché) combien que de
la doûrine procède tout le refte,(î eft-ce que
elle ne profite point par foy , icaufede no-
ftre pareflc & froidure. Il faut donc qu'il y
ait des aiguillons pour nous picquer. £t Toi-
la pourquoy fainà Paul met en fécond lieu,
l^sdarrution-iy eft viay que ce mot n'efl point
fort vlité en François , & aufsi l'ay mis Re-
prehenlîon, aiin d'cftre niieuï entendu : tos-
tesfois fi eft-ce qu'il nous faut noter q faind
Paul a voulu ici exprimer que nous deuons
eftre conuainciis pour eftre bien enfeignez
en l'efcole de Dieu, qu'il faut que nous foyôs
poinûs là dedans, que nous foyons redar-
guez& conuaincus.Et c'eftce quieftdit en la
première de. Corinthiens, chapitre quatorzic
me, car il vCc du verbe qui rcfpond à tx raot-
eiic'eftafçauoir que quand la parole de Dieu
eftdeueracnt expofce , la prophétie a fa vi-
gueur & fon règne, que non feulemét les fide
fcs en font édifiez , mais fi vn incrédule entre
en rEglife,& qu'il oye ladoftrinede Dieu, il
fera rcdargué& iugé.dir fainû Paul. Quand
il dit, Redargué,& luge, cela emporte que U
■ où au auparauant vn incrédule tftoit enuclop
pé comme en ténèbres , Se qu'il fe plaiioit'en
fon ignorace, Se :)uc ne cognoillànt point que
c'cft de Dieu , U eftoit eflourdi : quand Dieu
l'efclaire en telle forte, qu'il cognoift la po-
Breté en laquelle il a vefcu, il voit qu'il a eflé
mefchant Se mal-heiircuv,& toutesfois il voit
comme les cieuï ouuerts.s'il veut prcflcr l'au
reille à la vérité da Dieu : il cognoift que les
hoiumesne font point créez pourpafict feu-
lement par ce monde,mai$ ilinôte plus haut.
Voila donc comme les incrédules font con-
uaincus. £c de fait, faiiiA Paul pour le mieux
X X I 1 1 1.
dire, adioufte que les fecrett in eotur font »•
lors manifeitez.Car Doos fçauons, cependant
que la parole de Dieu eft cnfeuelie.que nul ne
regarde à foy.que nous auons nos coeurs eem
me entortillez. Q^if faut-il donc? Q^ç noo»
appliquions la parole de Dieu à noitre vfagc,
c'eltque nous foyons refuciller au lieu que
nous auons efté par trop endormis , que nous
cômencions de mieux penfer à nous.que nous
ne mettions plus en oubli ni Dieu , m le faluc
dc-nos âmes , mais que nous y foyons atten-
tits. Et puis que nous foyons fondez là de-
dans pour faire vn bon examen de toute no-
ftrevie, tellement que nous ayons honte de
noftre turpitude , que nous foyons nos iuges,
afin de preuenir la condamnation qui nous fe
roit autrement apprefteedeuât Dieu. Main-
tenant nous eiiteadonsce que fainft Paul a
foulu dire par ce mot deRcprehéfion, ouRe
dargutionic'eft afçauoir que ce n'eft point af
fez «Ju'on nous propofe le bien pour dire.
Voila quelle eft la volonté de Dieuimais que
nous foyons efueillcz pour y penfer à bon ef
cient , que nous foyons contraints de regar-
der de près il nous , que niefmcs nous appro-
chions de Dieu comme s'il nous aHoit adiour
nez deuat fon ficge iudicial:& que tout vienc
en la clarté, afin que nous foyôs confus, voy-
ans les pouretez oii nour eftions plongea au
parauant.&aufquelles nous eitiôs quan pour-
ris:& puis, que nous afpirions à la vie celefte,
& que nous n'en foyons point deftournet.Or
encores ne fufhra-il point que nous ayons e-
fté ainfi redargucz , mais il faut que la corre-
ôion viene auec : c'eft que nous ayons com-
me des chaftimens par la parole de Dieu,afin
de nous reformer:que nous foyons retirez de
nos vices, & fi nous y auons efté enyurez, que
on nous face force 8c violéce, afin de les def-
raciner de nous , 8c que nous en foyons dcf-
pouillez. Voila donc comme après auoir efté
refueillez pour penfer à Dieu , il faut que n»
ftre procez nous foit fait , que nous foyont
condamnez, que nos vices nous foyentrais au
deuant, tellement que nous ne fçachions que
faire finan palTer condamnation. Et puis là
deflus, que nous foyons côme attirez par for •
ce:Ci nous auons efté enyurez en nos déliées,
que nous ayons eu des vaines folies qui nous
ayent par trop deceiis , que les correftiont
foyent viues, vertucufes&afpres , tellement
que nous rendions .\ Dieu l'hannewr qui luy
appartient, fouffrôsqu'il nous reforme, qu'iK
no' reduife à i'oy .Côme quâd vn père voit fee
enfansdcsbaiichez,il nefecôtente pas de leur
dire,Et que faites-vous, mes enfan\;cela n'cft ■
pas ne beau ne bonimais ildira,Mal-hcureu-
fescreatures , vous ay-ic nourris , vous ay-ie
entretenus iufques ici , pour me rendre vn tel
payementî'Faut-il que maintenant vous me fa
ciez vn tel dcihoiineur après vous auoir trait
tezfidoucemétîAllez,mal-heureux,vousme-
riteid'cftrc entre les mains d'vn bourreau,
puis
s V R LA II. A T IM OTH.
47T
fuis que vo' ne voulez rien valûir:faut -il cjtie
ie Byiirriffe telles ordures en ma mailon.'Ain
fi en eft-il quanti Dieu voit qu'il nous a beau
Coup kippostez, & que cependant nous luy
fommes beaucoup plus rebelles que nt font
pas les enfans defobeiflans à leurs pères ter-
riens. Ne faut-il pas qu'il s'efchauffe enuers
nous , & que nous foyons touchez viucnienr,
^uandnous fentirons qu'il entre comme en
colère à l'encùtrc de nous ? Non pas qu'il ait
uulle pafsion:mais il prend cefte vehimence
la, afin qu'il nous matte , que nous ne facions
plus des chenaux efchapptz , quand nous au-
ras eftéefgarez de luy, qu'il nous retiene par
force, & que nous apprenions quec'cftd'o-
beir. Voila donc pourqiioy faind Paul a mis
ces degrei que nousvoyôs en ce paflage. Or
de là nous pouuons luger lî c'tft alTez qu'on
deuife comme d'vne hiftoire , quand on vou-
dra expoièr l'Efcriture iainde. Car fï ainfi e-
Aoit,cc que fainft Paul attribue ici àrEfcri-
ture fainde,feroit inutile:ce feroit aflez que
il euftdit,que pour prefcher l'Euangilc il ne
faut finon déclarer, Voila comme Dieu a par
létraais il dit, qu'il faut que les coups d'clpe-
rons Y foyent poui nous picqucr. Puis qu'ain
Jî eft que l'office d'vn bon&èJele Pafteur ne
fera pas d'expofer l'Efcriture fîmplement,
pour dire. Voila ce qui en eft , mais qu'il fau-
dra qu'il vfe de véhémence quant & quant. Se
flu'il y ait viuacité pour donner vigueur & ver
tu à la parole de Dieu, voiJa pourqiioy faircl
Paul eu l'autre paffage met que les Payeurs
de l'Eglife.perfirtét, voiie iufques àimportu
nité(dit-il) & non feulemét qu'ils monftrent
ce qui fera bon, mais qu'ils rcprenent , qu'ils
ledarguent. Il eft vray qu'il dit bien que cela
fe doit faire en douceur &c man/lictude, & a-
uec patience:mais quoy qu'il en foit.lî faut-il
que les correftions ayét leurs cours, & qu'on
ne vienepoïtdire, Ho, cela eit trop dur àpor
ter .cen'eftpas ainli qu'on y doit procéder.
Ceux qui ne peuuent fouffrir d'eftre redar-
guez, qu'ils s'en aillét chercher vn autre mai
Ihe que Dieu , car ils ne font pa'. dignes de
ouir vn feulmot de fa bouche. 11 eft vray que
le môdevoudroit bien cftie cfpargné,& nous
auons les aureilles clia:ouilltuies:côme nous
en verres beaucoup qui fcnt enuciiimcz quad
on vfera de corrections & de nupaces , Et
qaoy? Eft-ce la façon d'enfeignci? Ho, nous
veuions cftre gagnez par douceur. Vous vou
lezfAllezdonc apprcdre à Dieu fa kçon.Voi
la nos délicats qui ne peuuét fouffrir vne feu
le repreheniion quand elle leur tlt prop : fee.
Et pourquoy? Ho, nous voulons eftre enfei-
gnezd'vn autre ftyle? Allez-vous en à l'efco
k du diable, car il vou, flattera afilz à voftre
perdition. Or quant aux hdtlcs , apics auoir
recca fimpltuKiit la doûrine.il laut qu'ils fe
tumilient eftans picflrs ù'cllit iedjrguez, d'e
ôte exhortez quandil;. aurôt ta:lli, que leurs
ycïhez & .jffcnfcs foy et dtfcouucries .qu'on
prcne la lancette pour creuer l'»poflnnne , .1-
Hu que l'ordure qui eft cachée au dedans for-
te,, & que par ce raoyen-la ils foyent purgez
pour venir adroite guerifon. Voila(di-ie)cà
I il nous faut venir pour cftre deuement enfei-
gnez en l'etcolede Dieu. Or en la fin faiiiil
Paul adwufte.QK*- CEfcriturt efl utiU pmr iii-
firucHon m luflice, afn que l'homme de Dieit
foit entitr , (y appareillé à toute bonne ccHure.
.Qu_andildit que nous auons en l'Efcriture
fainfte vne inftruftion parfaite à iuftice , il
exelud tout ce que les hommes peuuent ad-
iouder : monftraut que nous ne ferons point
plus luftes d'auoir obl'erué ceci ou cela, quad
il aura eRé introduit par ies créatures. Et en
cela voyons-nous comme les poures Papi-
lles fe tourmentent en vain: car ils neceflent
d'obferuerce qui leurfera cnioint. Mais ce-
pendant quelle eft leur iuftice? Sur quov eft*
elle fondee.'Ho.l'Eglife l'a commandé ainiî.
Mais fainft Paul ne monftre point qu'il v ait
religion(en fomme) ni doftrine , finon celle
qui eft contenue en l'Efcriture fainûe , qu'il
yaitmefme autre iuftice que celle-là. Sui-
uent-ilsdoncce que Dieu leur a commandé?
Mais tout le contraire. Et pourtant fi nous
voulons que noftre vie foi t bien réglée, que
nous ne foyons point fondez fur ce que les
hommes auront introduit à leur pofte , mais
fuiuons ce que Dieu approuue. Au refte , fi
nous tendons à l'inftruftion qui eftconteiuvc
en l'Efcriture fainfte.là nous pourrons trcu-
i:er noftre iuftice:mais Dieu exclud tout le re
fte. Si déclare que cen'eft rien que folie, que
ce n'eft que fumée. Ainii donc retenons que
ce n'eft point fans caiife que fur.ft Paul a
mu, ïnJfritfUcn en tufl-.ce. Mais au refte, no-
tamment il a voulu exprimer que pour eftre
bons th'.ologiens , il nous , faut mener vne'
fainftt vie , que laparclede Dieu n'eft point
pour nous apprendre à babiller , qu'elle n'eft'
point pour nou? rendre tloquens & fubtils,
& ie ne fçay quoy : mais c'fft pour reformer
noftre vie, qu'on cognoifle que nous defirons-
de feruir à Dieu , de nous adonnerdu tout h
luy ,& nous conformer à (a bonne volonté.
Q_uKnd donc nous voudrons cognoiftie fi va
homme a bien prcfiic en i'Eu.rgile ou non,re
gardôs à fa vie. Il eft vray que plufîeurs pour-
ront ûuteraflcz haut: &-puis il- auront la lan>
gue à deliure. mais cependant fi nou< ne tr-oti<
uons point en leur vie vne telle côfoi ni té à
la ii'ftjce de Dieu comme /ainft Pau! h de-
mande, fçachons qu'ils poili;ent tout le refte
de kHrvie,d'autant qu'elle n'tft point T?glee-
à la parole de Dieu comme il appa: t:ent.No-
t.immét donc fainû Paul a voulu ici ^cciarer
tiu'iliious fautfniic valoir & fcrujrla parole
de Dieu à ctft vfage , que noftre vie /oit Te->
formée, que nous chrniiniors droitenvent.Or
pour côcluficnil dit , Qwf //)or7.-f (/f Dr'tK fnip
iitlitr, (y tju'ilfoitp^mé.t toute hajine rriinre.
C'ellcncorcs pour mieux approprier ce pro-
Oo.il.
47^
SERMON
pus il''lBftruâion à iuftice, 5: quît 5: qii.it pour
mieux exclure tout ce que les hommes pour-
ront muenier, comme nous voyons qu'vn cha
<an toti^roit feruir Dieu à fi fantalie : mai»
parccBiOven ilferoitûiict à nous:&puisnous
imajinerioas de bonnes œimres ainli que bon
nousi le't>lcroit:yoire, mas Dieu ne les aduone
ra point.Ainfi S.Paul royant qu'il y a vne tel-
le audace aux homes, que toutiours ils veulent
prifer leurs Œuures,& quMs ne le peuuct tenir
e«tre 1« limites Se les bornes que Dieu leur a
doDBces , a ici comme touché la nsaladie, afin
qu'elle fuft plus facile à guerir,& dit q moyen
nant q nous ayons li parole de Dieu, nnus au-
f>ns -tnt inttorititn miHi : car rien n'y defau-
dva ; & puis, que hsus jercns affaritHeK a toute
hl>l»^*al^ure.Q_^^3.\■^ôi il parle d'mtegrité.il figni
fie que BOUS lerons bien proportionnez & ap-
propriez : comme quand vn corps a toutes {es
parties, que rien n'y défaut. Ce mot dont il v-
fc,emporte cela, afijauoir qu'il n'y ait rien à
redire . Ainfi donc notons comme de nature
BOUS fomraes du tout peruers , aufii que Dieu
répare fon image en nous par le moyen de fa
Parole, tellement que nous venons à celle in-
icgritc dont parle laind Paul. Et puis iladiou
Ite, Quf noHs fommes alors formex. à tou-ti bonne
tcuure. Q_iie les hommes donc fe vantent tant
qu'ils voudront de bien viurc & laind^etnent,
o leurs cEuures font vertueufes,quand ce vien-
lira dcuSt le luge celefte,tout cela ne fera que
yent . Et aufsi ce n'eft point fans caufe que
fainft Paul met ici, toute bonne acuure, qu'il ne
fe contente point de dire, que nous foyons ap
pareilltz à bonnes œuuies : car encores eiift-
©n peu cauiller qu'il ne faut pas condamner
tout ce qu'oB pourra adioafterdemieui:mais
il dit,.j toBiftïnntfarKMrftfîgnifiant quenousne
faifoBS que brouiller tout Si peruertir, quand
nous méfions nos inuentions parmi ce que
Dieu nous a commandé. Et ainii en gênerai
il nous faut recueillir de ce paflage, que tout
ce qui auia eftc furgé par les hommes , font
autant de corruptions . On appelle bonnes
oeuures en la Papauté , de iufner la veille d'v-
ne telle ferte, de ne manger chair en vendre-
di, d'obferuer le Carcfme, de feruir aux
Sainds&aux Saiiidcs, de trotter par les au-
tels Si chapellcs:d'ouir mefle, d'en faire chan
X X 1 II I.
prend vne balance" pour poifer les traditioiif
humaines auec la parole de Dieu , il n' J aura
point la centième partie de la parole de Dieu
au prix de tant de traditions qui font là. Et
Bicfmes quand on (lira, Dieu l'a commandé:^:
bien on ne peut pas nier que Dieu ne doyue
eftreferui: mais cependant fi prifera-onbcati
coup plus les traditions humaines. Et où eft-
ce aller cela.'Etainlî ne nous trompons plus à
noftre efcient,voyans que nous aurons le com
ble de noftre pcrfedion , & de toutes bonnes
oeuures en TEfcriture fainae,& que Dieu ex-
clud tout ce qu'on y pourra adiourtcr,& qu'il
déclare que cela ne viendra point en conte,
ni en mi(e,ni en recepte deuât luy,& que c'eft
en vain que les hommes en feront leurs items:
car cela lera pour doubler leur condamnatiô.
On pourroit demander , Puis qu'ainfi cft que
en la Loy & es Prophètes il y a vne telle in-
tégrité,de quoy nous feruira donc l'Eiiângile?
Car il femble q la doftrine mcfmes de fainft
Paul nous fou fuperflue.La rcfponfe eft faci-
le à cela, que l'Euangile n'a point eftc donné
aux homes pour rien adioufter ni à la Loy,-'fii
aux Prophètes. Lifons.fMeillettons tout ce qui
fera contenu au nouueau Tcftament , nous ne
trouucrons point vne fyllabe qui foit adiou..
ftee à la Loy & aux Prophètes ic'cft feuleniét
vne déclaration de ce qui eft.iitdelîa là en fei-
gne.Il eft vray que Dieu nous a fait cefte grâ-
ce plus qu'aux Pères qui ont vefcudeuant la
venue de nollre Seigneur lefus Chrift,que les
chofes nous fi»nt maintenant cfclaircies beau
coup plus : mais tant y a qu'il n'y a rien d'a-
ioufté. Ainiî, quand fainû Paul piononce que
nous trouuero! intégrité de luftice en la Loy
&és Prophètes, cela ncderoguerien i l'Euan
gile , mais il y a bonne conformité en toute
l'Efcriture famûe du vieil & du nouueau Te-
ftament. Puis qu'ainfi eft, nous voyons qu'au-
iourd'huy nous auons moins d'txcufe que ne
ont eu les fidcles de l'ancien Ttftament : car
outre la dodrine qui eftoit contenue en la
Loy, voici les Apoftres qui après lefus Chrift
nous ont expofé les chofes iï priuément, que
Dieu nous attire à (oy en telle fa ç5 que nous
ne pouuons dire qu'il nous faille faire ne ce-
ci, ne ceia,finon ce quia efté commandé de
tOKt tcmpr. Mais fi cft-ce cntanf que Dieu
ter,d'aller en pèlerinage : c'cft vn l.ibyrinthe nous ajelclairci les chofes, qu'il nous a propo'
de tout cebadinage-la.iln'y ane tond ne ri-
tie en tant de loix & ftatuts que le diable a là
forgt-Z.Mais quoy .= Il faudra venir vne fois
ieuant le In^e, là nous aurons à rendre con-
te,^' défia il l'a prononcé, il ne faut point que
nous penfions que cefte dodrine ne nous ait
efté donnée pourvn arrcft irreuocable . Or
ici il e.'t dit que nous ferons formez à toute
bonne a;tiure,moyennant que nous ayons pro
fité en l'Efcriture fainde . Que fcra-ce donc
des traditions qu'on a miles ii.n,Si qu'on a in-
nenié tant de chofes que la parole de Dieu
tu eft comme enfeuelie en la Papauté ? Si on
l'é tant de raifons.il faut bien que nous l'oyons
vaincus d'vne telle priuauté,ii nous ne voulus
eftre comme des môftres, que nous vueiUions
de fpiter toute nature. Voila donc en fomme
comme nous auons à prattiquer ce partage,
c'eftq pour bien profiter en l'Efcriture fain-
de, nous appliquiens noftre eftude .i faindeté
de vie, & que nous cognoifsions que Dieu ne
veut point eftre fcrui félon nos phantafies,
mais qu'il nous a donné vne rcfje certaine,
voire laquelle il nou? faut tenir pour par-
faire ,& à l*<iuel'e il n'y a que redire. Ilfaub
donc que nouïappliquiôs toncc-snos pcnfee*,:
nos
SVR LA II. A TIM OTH.
■OJ iffeûions, 5: nos cruures à ce qui eft con-
tenu en l'Efcriture fainûc , Si alors nous fe-
rons approuuex du luge celertc:& que nous le
facions d'autant plus <^ue nous voyont que no
ftiebon Dieu sVftainli approché de nous, que
il nous a tellement manitefté l'a volonté, qu'il
n'y aplusd'excufe pournous , qu'il ne nous
faille adhérer pleinement à luy.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noitre bon Dieu en conteûion de nos
fautes, le priant qu'il nous les ùce toulîours
lentir de plus- en plut . Et d'autant qu'il nous
prefle& nousexkorce de venir à luy ,& qu'il
a. comme leibnti eftendut pour nous y appel-
4"?
1er, que noutnefoyons point fi malins de nous
en reculer.niais qu'il no" incite par l'on ûir.d
Erprit, * qu'vB chacun de nous s'ciïorce à'id
herer toulîours à luy d'v ne afFetlion plus ar-
dente .Et pour ce faire, que nocî apprenions
de nous régler & conformer du to-iit à fa fain-
£tc voloBté:& qu'en nous déportant de toutes
nos inuentions, fagefle, & prudence cliarncl-
le, nous demandions de nous rendre dociles
pleinement à fa fairfte Parole , & d'y proticcr
en forte qu'elle nous foit rendue de lour en
iour plus amiable. Q^ non feulement il nous
face celle grace.mais à tous peuples jic nations
de la terre.
PREMIER SERMON SVR LE
djy ATRIEME CHAPITRE.
I le tadiure donc dcuant Dieu, ^ le Seigneur le fus Clmjl, qui
iugerd les \ifs ç^ les morts dfon apparition, ^[on Koyaume:
z Vrejche la Pdrole,perfeuere à heure cr' hors heure, argue, me-
noce iddmoneîle auec toute patience (^ doSlrine.
E qui BOUS fut dit au der-
nier fer:iion, eftoit pour in-
citer chacun de nous'. à" lue
l'Efcriture fainâe, veu que
elle nous eft tant vtile,&que
Dieu a corapnns en icelle
tout ce qui eft requis à no-
ftre falut.Mais Dieu encores ne s^cft pas con-
tenté de mettre l'Efcriture fainftecn auant,
afin qu'vn chacun yeftudie,mais il a par fa
bonté infinie aduifé d'vn fécond moyen pour
nous inftruire ; c'eft que la dodrine qui ift là
contenue fe prefche.ii qu'on nous l'expcfetSc
àcefte fin il a ordonné les PaOcurs en fon E-
glifc,qui ayent l'office & la charge d'enfei-
gner. Voila vnc aide que Dieu a voulu adiou-
Uer i caufede noftre rudefle . C'eftoit deii.i
bien affez qu'il nous euftpropofé la Parole,
qu'elle fuftefcrite, *: qu'vn chacun la leuft, &
peuft apprendre; voila Dieu gui s'eftoit deiia
raonftré plus que libéral en<;cft endroit: mais
quand nous voyons qu'il nous traitte filon
noftre infirmité, &qiie les morceaux nous font
mafchez.afin que nous les puif.ions mieux di-
gérer : bnef, qu'il nous appafttUe comme des
petis entans, en cela nous voyons qu'il n'y a
plus nulle excufe.lîuon que nous profitions eri
fon efchole. Nous pourriôs alléguer que l'E-
fcriture lainde nous eft difficile , finon qu'on
nous l'expofaft : mais quand D:eu a n^i. tous
les deux moyens, c'eft afçauoir qu'on life ,&
«ju'on efcoute , qu'vn chacun cerche & ^'tn-
quierede la venté félon qu'elle eft contenue
en la Loy, es Prophètes, & en l'Eiiangilc : &
puis que nous ayôs encores des meflà^f rs qui
sous vieacnt dcclarer les cKofes plus à plein,
& que Dieu fe rende ainfî familier i nou';,ceJa
ne nous doit-il pas rompre le caur?Ne ferioï
nous point bien lafches fi nous ne mett-ions
peine à receuoir ce qui nous tft ainli propofé
au nom de noftre Dieu? Et voila pourquoy
maintenant S.Paul adioufte , Qu'il aiiiurt donc
T'moil'ce de frffcher. Ilauoitditau parauant,
L'Efcriture elt vtile. Et bien, c'eftoïc corne s'il
euit renuoyé chacun de nous à lire : & cela eft
bien vray : mais il monftre quant & quant que
Dieu veut q les homes foyent inciteï,& pouri
ce qu'ils font rudes & grofsiers , qu'ils ayent
qui leur monftre le chemin, qui le; conduil'c,&
qui leur tende la main, & qui leur porte le mcf
fagede l'Euangile, pour leur monftrer quelle
eft la volontéde Dieu.Car quand nous aurons
leu l'Efcriture fainete.S: que nous y aiuôs pro
fité, fi eft-ce que Dieu veut encores que rous
en ayons vne intelligence plus facile.ayan ce
fecôd moyen qu'il ab^en voulu adioufter.Voi
la donc ce que nous auons à obfcruer en ce
pafTage, qu'vn chacun de nous doit bien eftie
tfmeuà lire & s'enquérir de ce qui eft conte-
nu en l'Efcriture fainfte : & ncii f ulemejit
chacun doit taire cela en fon priué, mais nous
deuons tous enfemble tftre diliocns à rece-
uoir la dodrine qu'on nous prcfche,S; gaidcr
ccft ordre que Dieu a eftabli entre nous . Et
ceux qui ont la charge d'tnleigncr .doyucnt
eftre aufsi fongueux de s'en acquitter , &: de
taire ce qui leur eft commandé par la bouche
de faintt Paul.Mcfmes nous deuons bien poi-
fer les mots qui l'ont ici couchez . Nous auons
délia veu par ci dcuant, que Timothee eftoit
homme excellent, il eftoit homme diiiger:t à
édifier l'Eglife de Dieu,& qui nes'efpargnoit
Oo.iii.
478
SERMON XXIII I.
en rien. Il fcmble donc qa'il de'Joit bien fuf-
fire àfau'.ft Paulde l'aduertir. Car puisqu'il
auoit vn te) zèle, il ne faloit point le picquer
d'auantage : & neantmoins voici ùmâ Paul
qui vfe d'vnc grande véhémence, en i'or^e que
il n'enfeigne pas feulement Tiraotliee de Ion
deuoir , mais il l'adiourne comme s'il auoit là
deuant le luge celefte : let'adiure (dit-il) de-
vant Dictt : Si puis , deuant le Seigneur hfus
Chrifl, qui iugern les y ifs Cr les morts . Voila
donc Tunothee qui eft côme adiourné en per
fonne, pour comp3roiflre& rendre conte, s'il
ne s'eft deueiuent acquitté , &en toute fideli-
té,de la charge qui luy eftoitcommife.En ce-
la il a niôlhé que ce n'eft point vne chofe pe-
tite & légère que la parole de Dieu foit pref-
chee:&de faid,c'eft le thrcfor de vie&defa-
lut.Toutainfi qii'vne fois Dieu nous a retirez
des abylmes de mort , quand il-n'a pas efpar-
gné fou Fils vnique- aufsi il nous fait partici-
pans de ce bien ineftimable.de ce bien qui no'
a efté acquis, qtiand l'Euangile fe prefche . Et
P voila pourquoy fainâ Paul dit oue c'eft la ver
^""' ■ tu queDieudefploye en falutà touscroyans.
Si donc Dieu nous veut attirer àfoy& à fon
hcritage.il vfcde fon Euangile.Et ainfî celuy
doit bien cflre vne chofe piecieufe , puis que
voila comme lamoit&pafsion de noflre Sei-
gneur lefus Chrift nous eftappliquec.afin que
nous en receuions le fruicl , Se qu'elle ne loit
point inutile enuers nous, ni oifiue. Voila com
me nous paruenonS à falut, voila comme nous
fommes réduits à nolhe entier , tellement que
nous fommcs faits compagnons des Anges de
Paradis:voila comme Dieu rcgneau milieu de
nous, & nous gouucrne . Aufsi ce n'ell point
lins ciufe que fainû Paul exhorte Timothee
auec vne telle façon de parler, quand il Tad-
journe là à rendre conte deuant le lugeccle-
fte.tînon qu'il ".'employé de tout fon pouuoir
•& faculté à prefcher la parole de Dieu. Et mef
mes il adiouftcQ^f cil.^ fc face,(^en temps, O"
hors teynps.Comme s'il difûit,Ie ne veux point
que tu choilifles feulement des heures à l'ap-
pétit de ceux dont tu asJa charge, mais que tu
leur foii importun. Il eft vray que celle impor
tunité-ci feruble tftre mal à propos : car puis
que les hommes font trop délicats de leur na-
ture, ils fc fafchent quand on les prefle par
trop. Si donc on ne ceire,il femble que cela ne
férue qu'à les defgoufter, qu'ils j'ennuyent de
la parole de Dieu. M.iis que fera-ce quand on
kur voudra complaire ? Et fi on s'arrcfte lors
qu'ils dirôtiC'clîaflezique fera-ceflls ne cer
«herôt pas Dieu aucc trop griîd defir.Et pour
tant la prédication de la parole de Dieu ft-roit
bien mil rcccue , & bien troic^cmcnt , li on fe
■fouloit accorder à tous les fouh.ms dumôde.
Voila pourquoy noIlrcScigreiir veut que ceux
«jui ont l'oflice de prefcher foytit importuns:
 fi ceux qui doyuent efcoutcr fe cliagrinciu,
& qu'ils en fovcnt comme foulez, qu'on ne les
lailTc point là croupir en ceAe pareâe, ij[uaiid
on voit qu'ils fe veulent fi tort deflourner de
la parole de Dieu. Il les faut donc picflcr, en-
corcs qu'ils ne le vacillent pas . Et puis fainct
Paul remôflre que ce n'tlt point aflcï de prel
cher, comme lî on cnfeignoit en l'efchole, &
la Loy de Dieu, & les promefles , & ce qui eft
côtenudedoÔnneen l'Efcriture fainéleimais
il faut arguer,menactr,& exhorter : comme s'il
difoit, que 11 on lailTe cela au chois des hom-
mes, de fuyure ce qui leur i& raonlhé, iaroais
ils ne remueront vn pied. La doftrinc donc de
foy ne peut profitei de rien.finon qu'on la ra-
tine par exhortations, par menaces, qu'il y ait
les aiguillons pour picquer les hommes : car
des befte. qui font tant rcuefches,quâd on les
laiflera là croupir en leur parefle, il fera bien
difficile en la fin de les faire aduancer au che
min de falut. ToutesfoisaSn qu'ily aitmefu-
rc,fair.ft Paul adioufte quant &: quant que cela
fedoit faire aucc dèélnne : comme s'il difoit,
qu'en exhortant il nous fautelhc fondez en,
bonne raifon : car fans cela nous baHirons en
l'air. Voila donc la doârine qui eft comme le
fùEdement,& puis les menaces, les reprehen-
fions , Se tout le refte cfl pour pourfuyure l'é-
difice. Et aufsi il veut qu'il y ait douceur méf-
iée,afin que l'aigreur trop gr.îdene foit point
pour dtfgoufter les auditeurs .d'autant que
cela fouuentesfois eft caufe qu'ils fe defpi-
tent, & ne font que s'enucniraer contre Dieu.
Il faut donc qu'on leur remonfhe tant qu'il
fera pofsible , qu'on ne demande finon de les
attirer à Dieu. Et c'i ft cefle doucetir dont par
le fainél Paul, laquelle il veut cftre coniointe
aiiec les leprehenfions & menaces . Or puis
que nousauons en bricf l'intention de l'Apo-
l>re,ou pluftofl du faind Efprit qui a parlé par
fa bouche ,aduifons de profiter en ce petit
fommaire.Et quant au premier, notons que
c'cft vne chofe que Dieu a en recommanda-
tion finguliere, que les fidèles foyent deue-
ment enfeignezen fa Parole . Car il eft cer-
tain que le lainû Efprit a gouucrné la langue
de fainft Paul , qu'il ne luy a point efchappé
vn mot fuperflu : & nous voyons comme il y
procède. Cognoiflons donc que ceci eft (coia
me défia nous auons touché ) plus que pic-
cicux à Dieu, c'cft afçauoir , quand la doftri-
iie qui eft contenue en l'Efcriture fainâe Ce
prefche, & que le monde en eft inftruit com-
me il appartient . Et de faift, Dieu a déclaré
par vn bon gage, combien ilaiîoit cher noftrc
falut, quand il n'a point efpargné fon Fils v-
niquc. Et niefnus quand (unit Paul.ippelle i-
ci Timothee deuant le fiegeiudicial de noftrc
.^ieigneur lefus Chrift .cognoiflons quec'ift
en luy rtduifant en mémoire ce qui elt dit par
le Prophète Eïfcbicl , Que ceux que DitiiaE^fcft. 3
ordonnez pour anoncer ià Parole, font com- 17. c
nie des guets , & que s'ils ne veulent point 33.7.
crier quand il.s voyent quelque m.ii ou danger
prochain , le amcs feront reqirfcs de leurs
luains. Si doue les hÔD>e« periii'cr.t par noft;e
11 on c ha
SVR LA II. A TIMOTH.
4'^î»
iionclialanee qiund Dieu nous a côftituez Tes
mefiàgtrs pour anoncer fa parole, il faudra
que le fang foit requis de nos mains, nous fe-
roniiugfideuant Dieucommecoulpablesde
la perdition de tous ceux qui n'auront point
erté tnfeigaex par nous. Voila donc Tadiour-
nement que faina Paul fait, qui eft pour rati-
fier ce que delta aaoït cfté dit par Ezechicl,
pour monrtrer que ceux qui ont l'office d'en-
icigner ont vne obligation plus eftroite , Se
qu'il faudra qu'ils foycnt tenu; coulpables de
morttnôpointdes corps, mais des amcs.quad
ils n'auront point fait leur deuoirde retirer
les poures pecheur.edu chemin de perdition.
£c ainfî nous auons à prendre courage.voyis
<^e Dieu procure il bien noftrefalut : &nout
ferons par trop ingrats , fi nouj-nous desfiôs
maintenant de la bonté de noftrc Dieu , »eu
qu'il pcnlede nous maintenir à foy ; encores
que nous y fjyons ncgligens,*: que nous foy
ons comme endormis, li eft-ce que Dieu veil-
le pour noftre bien , Si. ne demande fin»n que
nous foyons fauuez en l'héritage celefte. Ne
voila point pour nous donner vnc grande con
firmation?Mais à roppolite, il y aura vne hor
rjble condamnation fur nos telles , fi nous ne
fommes vigilans pour cheminer en f jiicitu-
de,Sc que nous ne refpondions à Dieu de no-
ilre coIté , Se que nous ne tafchions de profi-
ter en fon efchole quand il nous tend la main,
& qu'il fe rend fi familier à nouv. Au refte.cn
gênerai notons qse c'eft le vray moyen de
nous efue<ller, quand on nous appelle au iuge
meut de D:eu:& fi Timothce qui tftoit com-
me vn Ange en ce monde , a eu befoin «l'cftre
ainfi folicité.que fera -ce de noui qui (bmmes
tant charnels, qui auôs nos fens Se nos efprits
diitraits çà de. là. mefmes qui font comme ef-
uanouis parmi ce monde corruptibk.'Ne faut
il pas par plus forte raifon , que fouuent on
BOUS propofe le iugement de noftre Dieu?
Ainfi donc qu'vn chacun de noui recorde b:c
çefte leçon:c'eft quandlemôic nous retient,
que nous fommes ici comme attacher, que
uous ne fentons point vne affeâion vue qui
nous attire à Dieu, que nous reduifions en me
moire qu'ayans paue parce pèlerinage ter-
rien,il nous faut comparoiftrc deuant le luge
celefte:il faudra alors q tout foie mis en clar-
té. Vo la le vray moyen de nous incirer, quïd
le monde nous tient comme liei à foy. Et au
reile, notons que moyennant que nous puif-
fion taire nollre profit de la venue de noftre
Seigneur lefus Chrift , que ce i;e fera point
poHr nous cfpouuanter , encores que nous en
foyons de prime face comme eftonnez. Il ert
vray que lainais on ne nous en pourra retirer
cômc il eft requis , fi nous ne fommes picgiiei
de quelque crainte: car cependât que les hom
jnes font aifeurei, ils fe flattent, & ft plaifcnt
touùours enkursdclices.Ilfautdonc qu'il y
ait de la crainte en no',ou iamais no' ne fercj
4iligcot à venir i Dieu.Mais il y a deux ('fp«-
ces de craiflte:rrne,c'eft pow noue efpoHan-
ter en forte que nous fuyons Dieti,& que nous
ne puifsions nullement approcher de luy:ra.a
tre eft feulement pour nous donner occafion
de penfer à nous, au lien que nous eftionc en-
dormis &nonchalans^, que nos fens eftoyetic
efgarer & vagabons , que nous apprenions de
les recueillir pour n'eftre plus enyuretde noï
▼aines phantafies. Votla pourquoy il eft die
qu'il nous faut comparoiftrc deuant le iuge-
ment de Dieu. Q^iaml ce iugement de Dieu
nous eft ainfi propofe, ce n'eft pas pour nous
efFaraucher,afin que nou/demeurionsi^xoo-
fus, 3c que nous perdions courage : mais tout
au rebours,c'eftafin que nous ayôs vne crain-
te modérée, laquelle feulement nous efueille:
& puis que nous concluyons qu'il nous faut
tellement cheminer en ce monde , que nous
puifsions Comparoiftrc deuat le luge qui nous
a cfté ordonné. Et qui eft-ilr le Fils de Dieu,
noftre Redempteur,voire noftre Aduocat. Et
voila pourquoy notamment fainû Paul dit,
rjH'il tdiure Timathee Jeuant le Seigneur lefitt
qui iugirn U) yiuanj & les mortt. Oyans par-
ler du Fils de Dieu qui intercède pour notJ!;,
craindrons-nous de venir deuant fon fiege iu-
dicia!?Ncnni: mais nous en pouuôs approcher
hardiment en pleine confiance, car il ne fouf-
frira point que fa mort & pafuon foit inutile,
qu'il ne la face valoir enuers nous:& puis que
il a prins ce titre d' Aduocat & Interceffeur.il
fera tellement noftre luge , que cependant il
maintiendra noftre falut.&en fera le garent.
Et ainfi retenons que le iugement de Dieu ne
nous eft point propofe comme efpouantable
enTEfcriture fainûe.mais que c'eft pour eftre
amenez à noftre Seigneur Itfus Chrift, afin q
nous fçachions que Dieu ne nous veut point
iiigeràla rigueur:(car queferoit-ccfnous fe-
rions tous aby fmez) mais qu'il nous vent tel-
lement tenir en bride, que cependant nous ne
doutions point qu'il nous receura à merci
quand nous aurons tafché de nous fubmettre
à fon feruice pour l'honorer & l'adorer com-
me il appartient, & de nous acquicttr de la
charge qui nous eft cômife. Voila ce que rous
auons à retenir. Il eft vray d'vn co fié, que
fainû Paul parle ici notamment de noftre Sei
gneur lefus Chrift , d'autant qu'il eft le luge
demonde.-parcela il veut remonftreri Tim»
thee,que ceux qui aurôt laifle le troupeau de-
folé,&qui ne l'auront point gardé des loups,
qui auront laifle les poures brebis affamées
fans leur dôner la paftiire de vie.qu'iK ne doy
uent efpererfinon toute vengence de noftre
Sf igneur lefus Chrift. Et pourquoy? Car il fe
referue l'office de iuger le monde, c'eft dciiat
luy qu'il nous faut comparoiftre.Or mainte-
nant il nous fait ceft honneur , que nous foy-
ons ici comme e» fa perfonne:ccluy qui entre
en chaire pour prefcher,il eft là en Pauthori-
té & au nom du Fils de Dieu : comme ûinc^
Pauldit qi»erambanàdefiou5 eft commis, afin
Oo.iiii.
48o
f, ^SE R MO N XXV.
que nous exhortions TEglife en fon nom.quo
nous publions TEuangile en fon authonté.
Quand donc il nous fait cell honneur à nous
poures vers de terre , que nous le lepreferj-
tions,que nous parliôs comme par fa bouche,
que la doitniie que nous portons.ait telle au-
thorité comme s'il eftoic ici viliblcment , &
qu'elle ait vnc authorité plu5 grande , que fi
les Anges de Paradis nous apportoyent rien
de leur propre : quand donc noftre Seigneur
lefus nous honore iufques là , fi nous défail-
lons de noftre part > & que nous ne tafchions
de nous CMployer fidèlement en ce qu'il or-
donne,quelle pitié aura-il de nous?Noftre de!
loyauté ne merite-elle pas qu'il exerce vne
horrible vengeiice fur noftre ingratitude?
D'autre cofté, regardons le rhrefor qu'il nous
a commis: c'eft, que Dieu fon Père règne fur
nous par la vertu de fon fainû Efprit : car fa
parole eft organe de cela Se inftrumét.Et puis
il eft queftion aufsi de nous faire participans
du falut immortel quinousaefté acquis par
fa mort & paf.ion.Si donc il n'y a predicatio,
la mort & pafsion de noftre Seigneur lefus
Chrift fera ane.itie.on ne lecognoiftra point
Rédempteur du monde, il ne profitera rien
«u'ilfefoit ainfi expofé pour nous. Qnani
tout cela fera c5me aboli par noftre defloyau-
t^, y aura-il nulle excufeîQiiandnouçcûinpa
roiftrons deuant luy.ne faudra-il pas qu'il s'e
Jeueà rencontre de nous pour nous confon-
•dre? Ainfi donc voila fainft Paul qui donne ici
de terribles aiguillons à Timothee, afin qu'il
penJe de s'acquitter deuement de fon office.
Mais au refte, notons combien que Tmochee
euft cite ainfi exhorté, que cependant ilauoit
occafi in de fe refoudre,que s'il auoit cheminé
en bonne confcience touchant d'édifier l'E-
glife,& de bié gouuerner le troupeau qui luy
eftoit commis en charge , qu'il pouuoit venir
franchement deuant le luge celefte. Et pour-
quoy?Carc'eft celuy qui nous fupporte quad
il voit noftre foiblcflè.il fupplee à noftre dé-
faut.Ne pcfons pas donc qu'il vucille exercer
toute rigueur enuers no'.mais il couurira nos
fautes, & fa iuftice refpondra pour nous dcuat
Dieu fon Père , fa mort & pafsion feront vn
pavement pour nous exempter de toutes nos
dettes: car il fera toufiours office d'Aduocat,
encores qu'il foit noftre luge. Or notons bien
que ceci eft gênerai à tous, côbien que S.Paul
parle à Timothee, que toutes fois Se quantes
qu'on nous appelle ou adiourncdtuHt le thro
ne ou le fiege iudicial du Fils de Dieu , q d'vn
cofté nous deuons penfer que quand nous ije
aurôs daigné receuoir ce bien ineftimable qui
nous eftoit offert, c'eftafçauoir.q nousiouif-
fionsdecefte rédemption qu'il nousaacquife,
qu'il ne foiitfrira point que cela foit ainfi mcf
prifé.Et puis c'cftvne chofe tfop fainftc q l'E
uangile,po(ir dire qu''6n h'çn ti(?ne conte, c^eft
vn facrilege quand nous polUiqns -cfte chofe
que Dieu auoit dediee à noftre falat. Et ainfi
cdgnoiflônsCombiê que la feijle mémoire du
iugemcnt qui eft donne à noftre Seigneur le-»
fus Chrift , nous doyue bien faire trcmbler.fi
nous ne fotiiïions qu'il pai le à nous,& q nom
ne receuions paifiblemcnt ce qu'il nousdira^
quand auiourd'huy nous ne le voudras point
accepter pour noftre Pafteur.il faudra q nouf
l'ayons pour luge en defpit de nos dents. Et-
de quelle façon eft-ce qu'vfe le Fils de Dieu
pour nous gagner à foyî II nous prie , comme
fainft Paul le dit en vn aure paflage. Ainfi pen
fons, Commet? Celuy qui eft chef des Anges,
Dieu éternel, auquel habite toute plénitude
de diuinité, deuat lequel tout genouil doit e-
ftre ployé, voire des diables d'enfer,que tou-
tes créatures luy font hommage, que celliy-la
daigne parler fi douceirient,& qu'il foit côme
pair à compagnon , & que cependant nous nf
daignions i'efcouter? Où ferâ-ce aller ? Ainfî'
donc, nedeuons-nous point eftre côme rauis
en-eftonnement,voyans vne douceur fi inefti-
mable.que le Fils de Dieu s'abaifle iufques là,
de nous prier,nous pouies charognes qui fom
mes pleins d'iniquité.pleins d'ordure, qui de-
urions eftre reiettez de luy comme des ladres
iufefts , voire qu'il nous abyfmaft au gouffre
d'enfer , & neantmoins qu'en la fin il vfe de
prieres,pournous gagnera noftre falut?Mais
notons bien(comme i'ay dit)que cela nous fe
ra bien cher-vendu , quand auiourd'huy nolis
aurons bouché les aureillesàux admonition*
du Fils de Dieu , qu'il faudra que nous oyons
ccfte trompette horrible, qui nous confondra'
aux aby fmes d'enfer , que nous oyons la fen-
tente de condamnation fur nos teftes , quand
nous n'aurons point voulu ouir la voix douce
&■ amiable,par laquelle nous fommes auiour-
d'huy conuiez de pârticiptr au falut qui nous
a efté acquis. Voila donc comme d'vn cofté
toatcifois& quantes que nous oyons parler
du iugement de noftre Seigneur lefus Chrift,
nous deuons eftre efmeus d'viie telle crainte,
que tous nos fens s'effrayent. Et commet? Ce
n'eft pas que nous foyons eftonnez dutout,
afki de fuir fa prefence : mais que nous foy os
efueillcz.il refte que nous aduifions que fi au-
iourd'huy nous obeifTons à la voix de noftre
Pafteur.quoy qu'il y ait beaucoup de vices en
nous, que noftre Seigneur lefus Chrift n'ou-
bliera point qu'il eit toufiours noftre Aduo-
cat, &que nous ferons reccusdc luy , 4; qu'il
couurira toutes les fautes que nous auons c5-
mifes, tellement que nous pourrons toufioùrs
regarder à fi venue (comme fainû Paul en a
parlé ci delTu' )nous attendans & nous efiouif
fans en icelle.Car faincf Paul enTepiftre pre-
mière idit que les fidèles doyuentîuoir ccfte
marque-la, de s'cfiouir en attendant la venue
de noftre Seigneur lefusChrift. Voila dont ce
q nousauoixs àretenirdc ce pafTàge. Or qn.y
il parle de iuger les viuans &. les morts , c'cfï
pource que ceux qui feront trouucz en ccfte
vie preunte à la venue de noftre Seigneur
le fut
SVR LA II. ATI MOT H.
481'
le/us Clirift, ne mourront pas comme noiiî, auoirmal employé fa peine en feniaw à Dieu
mais feulement ils feront cJi.mgezeH vue mi- comme fi la mort cftoit pour abolir tout, mais
mite de temps , ainiî cjne nous l\uions vcu aux qu'ri mefpnfc ce (|u'il ha deuant fer: pitdv , &
, ft, f 1 Tlieflaloniciens, & qu'il en eft parié au rf . de que fon cfperance foit là à la venue qui nous
j. ' la première aux Corintli. Nous ferons auiour eit promifede noilreRedempteur.Vsila doc
d'huydefpouillez de noftre chair, elle s'en ira comme il nous faut faire pour prendre cour».
en pourriture, nous ferons la confumez com- ge,&eftre fermes & conflans pourferuirà
me iî ce n'eitoit rien de nous : cependant fî Dieu,& batailler là où il nous employé: c'eft
elt-ce que nos âmes feront recueillies en bon afçauoir.que le Fils de Dieu à fa venue iugera
ne garde Se feure , iufques à ce iour de pleine les morts aufsi bien q les viuâs.Ainli ceit artî
reftauration. Mais ceux qui viurontà la venue cle defoy doit tftre approprié à la circonflan
de noftre Seigneur lefus Chrift.combien que ce de ce paiTàge,d'autant que S. Paul a voulu
lis foyent changez, & que ce qui eft de mortel déclarer que quand nous faifons ce qui nous
en eux foit anéanti , toutesfois fi eft-cc qu''ils ' eft commandé, il nousprend en fa proteftion,
ne pafleront point par vue mort naturelle cô- & qu'il ne faut pas que nous craignions d'au-
meauiourd'huy on voit qu'il fe fait. Voila tant que lefus Chrift ne nous apparoift pas du
pourquoy il eft dit en noitrecreace, que no- premier coup, car nous nefçauons pas quand
ftreSeigneur lefus viédra pour iuger les viuas le tempsopportun fera de favenue,mais quoy
& lesmorts:& fainfl: Paul le ratifie en ce paf- qu'il en foit. il pourra efttc auiourd'huy aufsi
fage.Or par cela il nous fignifie qu'il ne nous toft que demain. Appreftons-nous donc , afin
faut point promettre ne lour, ne long temps, que nous ne foyons point furprins.Et au refte,
mais qu'il nous faut toufiours auoir comme encores que nous ne fçachios point que la ve-
vn pied leué pour venir àcefte heurcufe ren- nue foit fi prochaine,& que nous n'en voyons
contre du Fils de Dieu quand la trompette nul figne,& cependant que nous foyons fur le
fonnera.Si donc nous viuons mainten.ît,noiis bord de noftre foffe, & qu'il femble que nous
nefçauons pasfilefus Chrift viendra, car fi deuions eftre cent foispourris en terredeuât
venue fe fera en vn moment, cependant qu'on qu-- lefus Chrift viene pour nous reilaurer en
pourroit feulement filler l'œil , comme fainû tierement,que nous ne penfîons point que no
l.Corm. Paulenparle:ilvfedeceftefimiliiude-la quJd ftre condition foit pire pour cela : ca'r'Iefus
it.fi il parle de cefte venue qui fe fera quand nous Chrift n'eft point ordonné loge feulemét des
ne l'aurons point attendu. Q_ue donc nous fa- viuâs.mais de ceux qui font trefpàirez,& qu'il
cions bon guet , & que nous foyons fur nos fera fortir la poudre des fepulchres.Et quand
gaides , que nous ne foyons point endormis la refurreftion nous femblera vulgaire, que ce
comme les incredules:car (ainfi qu'il nous eft fte voix dernière refonnera.rout ainliquele-
1. 1"/!,,/; rerruauftré par fainiï Paul aux Theflaloni- fus Chrift nous relTufcite quant à nos âmes
j.j, crens) nous ne fommes point en la r.uift, puis lors quel'Euagile nous eft- prefché, aufsi nous
que noftre Seigneur lefus nous efclaire par aurons vne refurrcftion parfaiâe &accoin-
fon Euangile:il eft le Soleil de iuftice , c'eft plie quand il viendra en perfonne pour remet
bien raifonque nous foyons vigilans.Si les en t re les chofes en leur integ rite, & en leur plein
fans de ce inôJe dormét.il ne s'en faut point eftat. Cependant fainft Pauladioufte que ce-
esbahir:car Dieu ne leur a point fait cefte gra la fe fen en finregneinon pasqu'auiourd'huy
'^' ce de les attirer à la clartérmais cheminons & lefus Chrift ne foit Roy, corne il eft dit au 1.
T/wff courons vifte,& que nous ne foyons point fur des Ph;lippiens,que Dieu luy adôné vn Nom
' prins:car la venue du Seigneur nous fera com fonuerain, deuant lequel toutes créatures doy
me vn lanon : mais fi nous taifons bon guet uent ployer le çenouil.&côfefler qu'il eft en
(commeilaefté dit ) nous ferons toufiours la gloire de Dieu fon Père. Voila donc lefus
prefts à refpondre quand noftre Seigneur le- Chrift qui defiaaprins polTel'siôde fonRoy-
fus nous appellera. Et pourquoy? D'autat que aume quand il eft reflufcité des morts , & et»
nous Taurons attendu , ainfi que nous auons ce qu'il eft monté au ciel. Carquantàceftar-
alleguéde l'autre pafTage. Voiladéc pour vn ticle de noftre foy que nous conRffîns qu'il
item. Et cependant nous fommes aufiadmo- eftafsis àladextrcde Dieu foii Père, ceh ne
neftez d'autre part, qu'encores q nous mou- fe rapporte point à vn lieu certain: mais c'eft '
^ rionsice n'eft pas à dire q'ie nous ayons per- vne fimilitude prinfe des Rois, qui ferotfeoir
^^ du noftre temps en feruant à Dieu. Il eftvray leurs lieutenans à leur cofté. Voila donc Dieu
^H que nous retournons en poudre , mais atten- qui veut gouuerner lemonde par le moyen &
^V dons ce iour-la : combien que noftre vie foit la main de fon Fils. En lomme , noftre Sci-
cachee,& qu'il n'y ait qu'apparence de mort gneur lefus Chnft ha auiourd'huy dominatiS
deuant nos yeux.fçachô; quenoftre Seigneur furies creJture>,mais d'autant que cela n'ap-
lefus Chnrt n'eft pas relTufcité en vain, car ce paroiftpoint, voila pourquoy faind Paul dit
n'a pas efte leulcment pour fa perfonne , c'a qu'il viendra en fon regne:commeluy mefiue
erté afin de nous recueillir à foy.côme mem- l'auoit prononcé, Le Fils de l'homme viendra j,i^ff,iy
bre s de fon corps. Et ainfl,qu'vn home quand en la m'aiefté de Dieu fon Pei-e.II eft vray que ^ j,
Ifc verra vieil & caduque, ne penfepoinç û toft que l'Euangile a commencé d'eftrc
Ppj.
Waf.
44
I
3
l.P;rr.3.
10.
48i
SERMON XXV.
prefLhé»iinionde,voiIa le Royaiinje de Dieu
qui s'tft eftabli : mais tant y a que -nous n''en
voyons point la pcrfe£l:5 pour en ioiiir:main
tenant noftre lalut gift en efperance, &:cc
que nous efpcrons,il faut qu'il nous l'oit ca-
ché , comme dit faiiiû Paul au huitième des
Cfl.},}.^ Romains. Et voila pourquoy aux Colofsicns
notamment il dit que noftre vie ef: cachée c^
lefus Chnft , & que la reOauration n'en fera
point lufques à ce que lefus Chrift.qui eft no
ftre vie mefme.apparoifle. Notons bien donc
qu'anioiud'huy Dieu domine fur nous en la
jperlonede Ton Fils',&q noflre Seigreur lefus
Chrifta deiîa prins polkfsion de ceft empire
i«iiuerain qui liiy aeflédonué:& notons cela
aiîn de nous fier en luy , cognoilfany qu'il ha
toute vertu en fa mam. Car pourquoy nous
teroit-il rellufciter, (înon d'autant que nous
fommes en fa protcÛion & fauuegar<ie,''Si ce-
la n'eftoit , quelle mifere fcroit-ce ? Ne fau-
droit-il pas qu'à chacune minute nous fuf-
llons expofezen proyeàSatanfOùferoitno-
ûre foy Se certitude, Se le repos de nos con-
fciences? Mats quand nous fçauons que telle
puiiîance qui eft en noftre Dieu,eft en la per-
fonnede noflre Seigneur lefus Chnft , afin
qu'il nous preferue , qu'il nous garentilTe de
tout mal.qu'il refifte à nos ennemis, tellemét
que nous foyonj à feureté fous fon ombre,
voila comme au milieu de tous combats nous
appréhendons délia la victoire , au milieu des
tempeftes & tourbillons nous ferons au port
«le falut.nous pourrons hardiment nous repo-
fer Se fans aucune doute. Voila de quoy il no'
fert que nous fçachions que noftre Seigneur
lefus Chriftefldelïa entré en fon Royaume.
Mais cependant , pource que nous attendons
fa venue, & qu'elle nous eft cachée , fçachons
que ce Royaume nous eft encorcs incognu, &
que nous n'en iouiflbns finon par foy Se par
cfperancc, que nous en auons bien les prémi-
ces .maisqu'ilnous faut eftendre nos efprits
plus loin,& nous tenir là , que les chofes que
nous ne voyons point auiourd'huy nous fe-
ront cognues en temps opportun, & que nous
nelaifsions point de les embrafler en telle
certitude,comme fi dcfîa nous les touchions à
la main,& fî nous en auions certaine experien
ce.Voilaceque nous auons à noter fur ce mot
deRegne.que ùinCt Paul a ici mis. Or cepen-
dant venons à ccfte exhortation qu'il fait:
Q»f Temothee prefchc- la paTole,foire & à heure,
& hors heure,iy comme fjr importumté.En ce-
la il monftre que nous ne pouuons eftre trop
diligens à enfeigner, d'autant que les hommes
de leur nature font aflêz froids quand il eft
queftion de chercher le Royaume de Dieu. Il
Mat 4 Ȕ ^^ bien dit , Cherchez le Royaume de Dieu
■" en premier lieu,& le reftevous feraadioulté.
Quand nous voudras chercher premièrement
ce qui concerne la vie prefente , c'eft mettre
la charrue deuant les bqrufs : carcen'eftque
vil accefTotrcEt qiii eft-cç ncantraoins qiji ne
le fait'On voit comme nous fommes enaelop
pez en ces chofes caduques , voire tellement
qu'on ne nous en peut arracher:il faut vfer de
force & de violence lî on nous veut appto-
clitr de Dieu.Si donc on attend q*ie les hom-
mes demandent la pallure fpirituelle, que/e-
ra-ce ? Et bien , l'vn s'en contentera de huit
iours vne fois, l'autre moins:& quand on aura
ouy vnmot,c'tftaflez,fi nous ne fommes pref
fcz.Ainfi donc ce n'eft point fans caufc(com-
me dcfîa nous auons dit) que fainft Paulmet
ccfte importunitc.E: au refte, notons que com
bien qu'il s'addreflèà Timothee, neâtmoinj
ceci appartient en gênerai à tous fidèles. Et
tout ainiî que lesminiftres delà parole ledoy
ucnt eux-niefmcs prattiquer, c'eft: à dire, que
ils doyuente/lre importuns pour s'acquitter,
& pour bien faire leur deuoir-ainfi faut-il que
vnchacun les enfuyueen ceft endroit,& qu'oit
s'y conforme. Car non feulcmét les auditeurs
feront lafches à ouïr la parole de Dieu , mais
celuy qui doit prefcher iamais ne fera C bon
zélateur qu'il doit, lînon qu'il fe parforce , fi-
non qu'il fecontraigne.pourdire.Enquel lieu
fuis-ie ? Q_uelle charge m'eft conimife? Car &
elle elt honorable d'vn cofté.il faut que ie co-
gn jilTe qu'elle me fera vendue bien cher fi ie
ne m'en acquitte, (iganddonc vn homme ne
pcnfera point àfaire fon deuoir,iS; mcfmes qui
ne s'efforcera point, il eft certain qu'il ne fera
jien que comme par acquit, comme s'il faifoii
coruee ,ainfiqn'on dit. Ord'autant qu'il faut
que leminiftrcde la parole foit importun ea
le contraignant, c'eft bien raifon aufti qu'il le
foit à ceux lefquels il voit eftre trop tardifs, &
qui volontiers reculent pluftoft que de s'auan
cer.Ainfi, quand le monde fera trop délicat, &
qu'il fe fafchera incontinent de la bonne do-
iVrine , ne laiHons pas pourtant de prefcher.
Et notons que cefte importunité ne s'adrefle
pas feulement à ceux qui ne tienent conte de
Dieu,& qui rciettciit fa parole, mais aux fidè-
les mefmes. Et fur tout que nous poifions bié
ce que fainft Paul adioiifte des reprchenfîons,
& des menaces. Pourquoy? Qiyndnous aurôs
quelque doQrine,& bien, nous ferons encorcs
retenus , moyennant que cela ne nousf.ifche
pas tant, mais fî on gratte nos rongnes, qu'on
infifteànous redarguer , qu'on nous difeque
ce n'eft rien de ce que nous auons fait , mais
qu'il faut cncores mieux fiire , voila ce qui
nous ennuyé , Si eh quoy on nous eft impor-
tun : Si on voit les meilleurs quelque fois qui
diront , Et ic fay du mieux que ie puis:poiir-
quoy cft-ce qu'on me prelle tant ? Les mini-
ftres voudroyent qu'on feift toufîours plus.
Et c'eft d'autant qu'ils font procureurs de
Dieu,&qu'ils regardent au Maiftre auquel ili
fcruent , Si veulent qu'on fe range à ù maie-
fté. Si les bons quelque fois voudroyét qu'on
lesefpargnaftA'qii'on leur gratifaft.potir di-
re que c'eft allez quand ils auront tait leur de
uciir à ilcmi & eu partie , iS: que pnur cela il
ItUf
SVRLAII ATIMOTH
Jcur faloit eflre importim.que fcra-ce df ceux
qui d'ciiv-melmes l'ont cÔccmpteurs de Dieu,
& qui voiidroyent aiioir rcittcc tout long? Il
faut bien importiiner ceiix-h d'auantage que
leî bons, qui font (eulcmeftt fragiles, comme
Tlous auons dit. Maintenant nous voyons en
fomme comme nous deiions faire noftre pro-
fit de ce paflage de lain£t Paul. Il eft vray que
il ne fe peut pas démener tout au long pour
le prefentimais tant y a qu'il nous en taut re-
cueillir ce que nous auons touché:c'eftqueles
miniftresdelaparolede Dieud'vn coUéadui
fentde fe picquer quand ils verront qu'ils
n'ont point vn tel zèle ne lï ardent comme il
feroit requis, 3c qu'ils s'importunent les pre-
miers. Voila rn iteai.Et puU au refte, quand
ils verront que les auditeurs fe fafchent & fe
defpitent de la doârine,& qu'ils voudroyenc
qu'on ne leur en dili point la centième par-
tie,qu'ils ne lailïcnt pas de pourfuyute,& que
ils continuent toufîours. S'ils voycnt les mcf
chans grincer les dents .encores qu'ih deuf-
fent creuer,qu'ils aillent toufîours leur train,
& qu'ils cognoiflent qu'ils ne peuuent feruir
à Dieu fans cefle importunité > de laquelle le
fainftEfprit parle ici. Mefmes quelquefois
les bons voudroyent qu'on les mignardaft vn
peu , & qu'on y procédait plus doucement,
qu'on ne les redarguaft point de leurs vices:
qucleminiilre neantmoms continue à ce fai-
re , i'çachant qu'il faut mefmes que les bons
foyen: ainû importuner : car ceci n'efl point
dit d'vne partie tant feulement , mais de tous
ùm exception. Et de fairt, l'expérience nous
monftre comme il eft neceflàire que ceux qui
ont quelque bonne affeiftioii devenir à Dieu
y foyent conuiez.Et pourquoy? Car il y aura
toufîours de la nonchalance en nous : & puis,
nous voudrions nous repofer àciiacunpas,
4 :>
côraeccux qui ont à faire voyage, Se qui traî-
nent les iambcs &. les ailes, quclînô qii'^-n les
)iafte,& qu'on leur difc,Maic)ions,m.iiclioiis,
ils voudroyent à chacun lieu qu'ils rencon-
trent fe ictter là,& fe veautrer dclTus l'herbe,
ou en l'ombrage. Ainfi en fcmnies-nous , que
encores que nous ayons quelque bon mouue-
mentjlî eit-ce qu'il n'eft pas de lorgue durée,
S: que nous fommes laffez pour vue minute,
& puis tantoft refroidis: &puis, combien que
nous pourrons endurer quelques bouffées,
nous fommes tantoft fafchf z , tellement que
nous demeurons-là , fînon qu'on nouspicque
& qu'on nous poufFe.L'experience donc nous
monflre afTez combien ceftc importunité
nous eft neceflàire. Et ainfî ne trouuons point
eftrange qu'on nous refueiIle,qu'on nous pic-
que pour nous faire marcher auant : car (i on
nous laifTe là croupir, ce l'craànoftrc perdi-
tion , ce fera vn dormir mortel. Et pourtant^
que nous fouffriontd'eftre tellement incitez,
que nous courions toufîours , iufqu'à ce que
nous foyons paruenus à noftre but.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon £)ieu en cognoillànce de
nus fautes , le prians qu'il luy plaife nous les
pardonner: & cependant qu'il les corrige en
telle lorte , que de plus en plus nous renon-
cions à tous nos vices, & à tous les alleche-
mens qui dominent en noftre nature par trop,
& qui nous deftournent de fon Royaume. Et
cependant , quand il nous aura tendu la main,
qu'il luy plaife fupporterla foiblefTe qui efl
en nous, iufques à ce qu'il nous ait amenez à
la perfeiiion, laquelle nous ne pouuons obte-
nir iniques à ce qu'il nous ait recueillis en l'o»
Royaume éternel . Ainfî nous dirons tous,
Dieu tout-pui{Iànt,Pete celeAe,&c.
D E V X I E M Ë iS# RM ON S V R L g
CLY ATRIEME CHAPITRE. '''
1 Vr€fchelaparoleyp£rfeuereahcureO'^orsheurCtdrgue,mc-'
nace,admoncfle auec toute patience (f doShrinc.
3 Car v« temps -viendra quih ne receueront point faine doShi-
ne,mais ayans les aurciUes chatouillcujcsjls s'ajfemhkrotdes àotieurs
Jclon leurs dcjirs:
4 lc.njide?iournerontîouycdcUyerité,çyfeconuertirontd
fables.
5 Mais toy,')/eille en toutes choJês,trauaille,fay tœuure d'Euath-
geliflc^rentonadminifirationapprouucc.
Pp.ii.
SERMON XXVI.
, Oas auons vcu ce matin que trancliTu pour Bons Cicrificr à Dieu,&.que ia-
\ ce ii^eft point iiTcz q la pa- mais nous n'y auiôs bien profité, lufques à tant
I ;ole de Dieu nous t jit prtf que nous foyons abbatus du tout,& que ce qui
icliee quand nous y ferons eitdc nollre nature loit mortifié , tellement
unciini,"; que cela uo' vicn que Dieu louiffede nous paihblement.Orce-
' dra à propos de h rcceuoir: la ne le peut faire qu'il n'y au grande vehe-
' mais d'autant que nous y mence,& que Dieu ne tonne,& quali foudroyé
fommes trop tardifs, il faut qu'vn chacun s'un fur nous. Et ainlî,ceux qui ne pcuuent foufFrir
portune , & que nous foutïiions auf-.id'cftre nulle menace ne correction , monltrent allez
folicitez comme Dieu le cômande.Il y a d'à- que iamais n'ont gouftéque c'tftoitdelaparo
uantage.qu'il ne fuffit point que nous ibyons k- de Dieu, & qu'il n'y a eu qu'hypocrifie en
enfeigncz de la volonté de Dieu, mais il nous eux.quMs le font raocquez en faifant femblât
faut eftreaulsi redarguezen nos vices, & de- d'adhérer à la religion: &ncantmoins c'cft v-
uons fouffrir patiemment les corrcdions qui necomplamte par trop commune. Cependant
nous font ami;nees:car ce font médecines qui apprcnôs de pratdqucr ce qui nous cft ici en-
nou» font propres. Si nous tlHons bien fains, ioiutde Dieu , & que tous les murmures que
qu'il n'y euft nul vice en nous , Dieu leçon- nous orrons, n'empcfchent point que nous ne
tentcroit de nous donner vne pafture amia- luy feruions franchement félon la règle qu'il
ble, tellement que nous ne trouuerions en fa nousadônee.Siquelqu'vn cftenuoyéde quel-
parole qu'vn bô gouft de toute douceur:mais que gros fcigneur, il fera aflcz hardi de par-
à'autant que nous ne fommes point capables 1er, combien que fa commifsion loitodieufc:
de profiter en la dodfrine.finon que Dieu pur car il dira, le ne parle point par cœur.ie feray
ge le mal qui eften nous, il faut que cela fefa toulîoursaduoué, le porte mon cas par efcrit.
ce.Etc'eft àceftc fin que feruent les menaces Si on attribue cela à des créatures mortelles,
^ correâions qui lont contenues en l'Efcri- que deuons-nous à Dieu, quand il nous met en
ture fain£te, laquelle il no' faut tous les iours la bouche les correclions & menaces , Se qu'il
propofer au peuple, pour nous bien acquitter veut quel'vfageen foit tous les iours en fon
de nollre deuoir. Et notons bien que ce que Eglife î Nous faut-il efpargner, encores que
dit ici faintt Paul, cft conforme & le rapporte les hommes ne s'en contentent pas ? Voila
àcequ'ilauoit délia traittédel'Efcriturefain donc ce que nousauons à retenir de ce pafla-
âe.Caraufsi defait,cen'eftpasànousde far ge.c'eft en premier lieu que nous ne prenions
ger vne façon telle que bon nous femblera point la parole de Dieu comme par esbat,
quand nous voudrons feruir à Dieu & à fon quand nous aurons loifîr que nous donnions
Êglife : mais il nous faut toufiours efcouter quelqueaudienceà Dieu:carc'eftbien loinde
fe qui nous eft enioint de Dieu. Il n'y a nulle luy rendre l'obeiflance qu'il mérite: mais que
maiftrii'c que celle qu'il a donnée à fon Fils >n chacun s'efforce de profiter . Et toutainfi
PO ftre Seigneur lefus Chrift.Il faut donc que que Dieu protefte que loir & matin il aies
celuy qui voudra eltre bon & fidèle dofteur, bras eftendus non feulement pour nous rece-
côforme du tout fa façon d'enfeigner i la re uoir.mais pour nous appellerde loin,& ne de-
gle qui luy eft donnée de Dieu. Au refte.puis mande lînon que nous foyons comme fous fes
qu'en l'Efcriture fainûe il n'y a point vne lim ailes. Se qu'il nous gouuerne , & qu'il cheuilTe
pie déclaration de la Loy de Dieu.mais qu'il paifiblemcnt de nous:que de noftre cofté auf-
y a cefte véhémence de reprendre , d'exhor- îlnous mettions peine d'accourir à luy quand
ter , de menacer , notons qu'en vn fermon ce il nous y conuie , & que mefmes nous retran-
n'eft point aflez qu'on dife, Voila ce q Dieu chionstous les empefchemens qui nous de-
nous a monftré: mais il faut qu'il y ait les ai- ftournent : comme nous voyons qu'vn chacun
guillons quant & quant. Et par cela voyons- cuidera eftre exempté s'il a quelque affaire
nous que ceux qui fe fafchent quand on leur où il s'occupe : Voila, ileftvray que l'iroye
remonftre leurs vices, ne fçauent que c'eftde volontiers au fermon,maisienepuis,ray d'an
Chreftienté.Que ne prefche-on l'Euangile? très affaires, il faut m'appliquer à ^eci &; à ce-
(diront-iIs.)Voire,niait regardons ce qui eft la. Ne penfons point que Dieu prene en paye-
la c5tenu.Il n'eft pas fitnplemct dit que Dieu ment des fubterfuges h fruioles. Cela nous cft
eft noftre Père, qu'il s'eftmôftré noftre San- monftré par noftre Seigneur Icfus Chrift,
ucur en lefus Chrift, que nous le deuons inuo quand il fe mocque de ceux qui allèguent que
qtier, en efperït qu'il nous fera toufiours pro l'vn fe marie, que l'autre a acheté vne nictai-
pice, ennous appuyant fur fa bonté gratuite, rie.que l'autre veutallercn fa vigne ou en fon
attendans de luy falut & remifsion de nos pe champ. Cela eft allez cémun en la bouche des
chez, quand nous le feruirôs félon qu'il le c5 hommes : mais le Fik de Dieu , qui eft noftre
niamde : cela n'eft point fimplement contenu luge, déclare que cela ne vient ni en mife, ni
en l'Euagile. Mais Dieu nous redargue, quiid en receptedcuant luy . Or donc quand nous
il nous a admoneftez,il nous adiourne deuant voyons les filets tédus.Si: que le diable ne pou
luy , il nous menace : brief , ce n'eft pas fans uant nous retirer pleinement de Dieu, nous re
caufe qu'il eft dit que l'Eiuingile cft rn glaiue taide,ou machine de nous mettre des obicûs,
afin
s V R L A IL A TIMOTH.
■4SÏ
\
afin que nous ne courions point fi vifte com- donc qu'vn homme mortel s'attribue tant de
me il feroit befoin , que nous apprenions(di- maiefté.que de reictter tout ce qui ne luy vié
ie)de rompre tous ces filcts-la,& de pouriui- drapomtàgré, mais il faut que nous ayons
ure, voire lufque? à nous importuner, comme la doârine de Dieu qui approuue noftre dire,
nous voyons que le famâ Ei'prit nous y ex- & que nous foyons refoltis que nous ne me-
horte. Ôr s'il tauc que les fidèles fe contrai-
gnent ainfi, & qu'ils rcnôcent pliiftoit à leurs
cupiditez & alfcilions , que de s'aliéner de la
parole de Dieu , que fera-ce quand il ne fera
queltion que de nos esbats &d'aniuremens de
fols?Péfons-nous que Dieu le contente quad
on préférera toutes ces chofes friuolcs à fa
parole? Ainfi donc.d'autant plus deuôs-nous
bien noter cequieft ici dit par fainèl Paul.Et
au refte, quand nous venons cuir la parole de
Dieu , que nous fçachions que ce n'eft point
feulement pour apprendre ce qui nous eftoit
incognu aupacauant , & que nous rapportions
ie ne fçay quoy de nouueau en noftic maifon,
mais encores que la volonté de Dieu nous
euft efté raauifefiie auparauant , que nous ve-
nions eftans difpofez à receuoir la médecine
qui nous eft appareillée : voyans que nous
fommes tardifs , que nous l'outfrions d'cftre
incitez, & que Dieu nous picque à gras coups
d'elperon: & que non feulement nous foyons
patiens en cela, mais que nous en facions no-
ftre profit ; ne foyons pas comme d'aucuns
qui ne fe contentent point quand 011 leur re-
monftre leurs fautes. Mais quoy? Ils ont des
aureilles d'afne, cependant ils ne s'en efmeu-
uent nullement. Or ce n'eft point afTcz que
nous nereiiftions pointa Dieu auec vne ai-
greur Se obftination manifcfte , mais il nous
faut faire profiter les admonitions qu'il nous
enuoye ; Se quand nous aurons efté endormis
pour vn temps, voire endurcis en nos péchez,
que nous aurons abufé de la bonté de Dieu,
que nous n'aurons point cheminé en fa crain
te comme il appartenoit.que nous foyons na
urer viuement;& que nous foyons amenez 'à,
decognoiftre que noftre vie eft briefue , &
qu'il faudra rendre conte quand nous n'au-
rons point receu les chaftimens de la main de
Dieu : 4:quemefmes nous cognoifsions qu'il
nous fait vne grand' grâce, quand il nous cor
fige de paroles , & qu'il nous menace deuant
que mettre la main fur nous. Voila donc com
me il nous faut eftredifpofez,(i nous délirons
de profiter en l'efcole de noftre Dieu : c'eft
que non feuleract nous apprenions quelle eft
fa volonté , mais aufsi que nous foyons pic-
quez par correûions & par menaces , félon
que nous voyons que les maladies requièrent
de tels remèdes. Or cependant (comme nous
auoHS touché) faintl Pauladioufte, <'.oclrine
er putitHce. Quant à ce mot de Doûrine,
c'eft afin que ceux qui ont à rcprédre <5c crier
contre les vices , foyent bien tondez en rai-
fon. Carlî nous eftions fi chagrins de con-
damner tout ce qui nous defplairoit , que fe-
roit-cefChacû voudroit eftre iuge,& l'autho
rite de Dieu leroit mife bas. Il ne faut poinr
naçons point en vain. Car il y a vn Leg;(la- i,g,4.(i,
teur ( comme il eft dit ) & celuy-la a luy feui
l'authoritéde nous fauuer &denous perdre.
Quand donc vn prefchcur voudroit crier i
fa fantafic, il eft certain qu'il vfurperoit l'au-
thoritéde Dieu. Et ainfi notons que la doftri
ne doit toufiours aller deuant , fi nous voulos
baftir lurvn bon fondement & ferme. Oi par
ce mot de doflrine, faintl Paul fignifie que le
premier degré pour bien commencer & tenir
bonne procédure, c'eft que nousdcclarions la
grâce de Dieu qtti nous a efté monftreecn na
ftre Seigneur lefus Chrift.que les homme: co
gnoilTent où gift la fiance de leur falut, qu'ils
fçachent comme ils pourront inuoqucr Dieu
fans aucune doute: Se. puis, qu'ils cognoilTcnt
la règle de bien viure, Se le tout félon l'Efcri
ture fainfle. Quand nous aurons cognu cela,
fi nous femmes endormis au monde & en fct
délices , il faut qu'on nous picque , & qu'on
nous face fentir que ce n'eft rien qu'vn om-
brage Se vne funiec que de ce qui nous retiét
ici bas enterre : fi noftre chair fe rebecquei
l'encontre de Dieu , il faut que nous foyons
mattez auec menaces, que Dieu fe propofe là
comm* luge , quand nous ce le voulons pat
auoir comme noftre Pere,& que nous abufons
de fa douceur fi amiable, àc laquelle il vfe en
uers nouî , Se laquelle il nous prefente en la
perfonne de fon Fris: quand nous ferons en-
flez de prefomption, qu'il nous rabate noftre
outrecuidance, & qu'il nous mette noftre tur
pitudeaii deuat, que nous ayons honte de nos
péchez, que le monde nous defplaife,&: qu'on
nousapprene que nous fommes ici corne ex-
pofez en proye , fi ce n'eft que Dieu nous ait
en fa garde. Et en la fin que nous foyons inci
tcz à prier Dieu, &auoirnoftre lecoursàiuy,
Voiladonccome la doftrine doit eftre kfon
dément de toutes exhortations & menaces,
c'eft àdire, qu'on ne nousmetterienen auant
que Dieu n'ait parlé , c'eft à dire , que nous
n'ayons tefraoignage & approbation de !'£_
fcriture fainde , que ce que nous enfeignons
procède de luy , & qu'il en eftrauthcur. Là
deflus on pourra bié exhorter.on pourra bien
reprendre, & faut qu'on le faceimais tenôs ce
pendît l'ordre qui tft ici déclaré par S. Paul:
car c'eft vne règle en laquelle il n'eft point li
cite de rien changer. Q^uant au mot de p.uien
ff,ou doHCiur, notés que fainft Paul n'a point
ici parlé d'amieller les hommes quand on les
redargue : comme il y en a qui voudroyent
que tout ce qu'on leur propofe , fuft fucre Si
miel:mais il a parle de cefte douceur qui doit
eftre en ceux qui ont Poffice de porter &• a-
nôcer la parole de Dieu: c'eft âfçauoir qu'ils
defirét le falut de ccku qu'ils enfeignct, voire
Pp.iii.
4^5
SERMON XXV r.
combien que fouuent à caufe de leur ingrati-
tude ils auroyét lufle raifon de fe colerer c5
tr'cux,& les quitter là comme genj perdus &
defefpertz.Et de fait ce n''tft point fans cau-
fe que faillît Paul a ici adioiifré ce mot. Car
nous voyons <jue les Proplietes.côbien qu'ils
fuirent remplis del'Efprit de Dieu, fe font
tellement fafchei& aigris , voyans la malice
& obftination du peuple, qu'ils eftoyét prefts
de renoncera tout , que quelque fois ils ont
mefmcdefpité leur ne, qu'il y a eu quafi des
efpeces de blafpherae , Et pourquoy eft-ce
«jue Dieu m'a ici mis? Faloit-il que iefulTe
côtraint à telle cliarge?£t l'aimcroye mieux
cent fois la mort que de trauailler auec telle
difficulté. D'autant.qu'ils voyoyent qu'il n'y
auoit point d'amendement,&: que leur labeur
ncprofitoit guercs,ils fe font ainfi efchauf-
fez. Puis que les fiinds Prophètes ont elle
tentez iufques là, notons que nous auons be-
foind'eftre retenus en patience,afîn de pour
fuiure quand nous voyons les hommes non
feulemét cftre tardifs, mais reuefches à Dieu,
que nous les voyons pleins de venin , & les
autres pleins d'airogance, les autres du tout
abbrutis , les autres eftre volages , qu'on ne
fçait comme on les doit gagner :& encores
qu'on les ait vne fois attirez à Dieu, qu'ils'le
quittent là,& s''en reuoltent: quâddonc nous
Voyons tout cela , fi faut-il que nous foyons
armez depatience : car à chacun iour il fau-
droit renoncer à l'office qui nous eft dôné en
charge. Voila pourquoy fainâ Paul a mis ce
mot de fatience. Or cependant ce n'eit pas à
dire qu'il n'y ait de l'aigreur en toutes le re-
prehenfioDS qu'il bous faille fafre , que ceux
qui les orront quelques fois, en ferôt fafchez.
Et de fait, nousvoyôî comme les Prophètes
& Apoftres s'y font gouuernez,& fur tout l'e
jeniple de leremie nous donne vne bonne de
claratioa de ce paflàge.Car leremie eft aufsi
afpre q nul des Prophètes :il ne celle de par-
ler du uigement de Dieu & de fa vengeance,
iJ tonne tellement que les reprehenfions ef-
tlattét : & puis il vfe de telles reproches qu'il
femble qu'il vucille abyfmer le peuple , & le
rendre le plus infâme & le plus puât qu'il eft
pofsible. leremie donc, quand on regardera
fon ftyle.eft plein d'aigreur,ou pour le moins
il y a vne telle véhémence qu'on tréblera.Or
cepédantfi eft-ct- que cefte douceur dot par-
le S. Paul, a efté en luy. Car ce mot emporte
propremét.que le courage de l'hômc foit re-
I v- 3» "^"" tellement qu'il ne fc chagrine point ou-
t.u tre mefute. Ezechiel aufsi môftre du premier
coup qu'il a eu cefte vertu , quand il dit que
Dieu luy a fait aualler le liure, voire où il de
uoit menacer la ville de lerufalem , & tout le
pays de ludce. Voila Dieu qui fait le proccj
tnmincl aux Iuif£,il oxdône Ezechiel pour le
publier, & pour en eftre corne la trôpette, ou
pour reciter là le diéion. Et bien,il faut qu'E
sechiei deiiaot tuut«s chofcs aualle ce liurc-
la.c'cft à dire, qu'il foit impn'mé en fon cocor,
& qu'il ne l'ait point feulemét au bout de la
ligue, mais qu'il ait zèle & afFcûiô pour por-
ter vn telmcfiage.il dit que fes entrailles luy
en ont fait fi grand tourmcnt,qu'il n'en pou-
uoit pluiiiSf neiitmoin; fi voit-on qu'il ne s'e-
fpargiic pas. Nou<: voyons donc qu'il y a eu
to' les deux,c'eft afçauoir qu'il reuargue.que
il repréd: & poiirfuit la cômifsion qui luy eft
dônee, & al'efprit ficonftant, qu'il ne fléchit
en façon que ce foit pour le regard des hora
mes. Si eft-ce que cependant il n'eft pas fins
pitié, ne fans humanité. Nousvoyôs mefme»
que leremie voudroit eftre fondu en larmes, Itte.a,^
que fes deux yeux fuiTent deux fontaines en
fon cerueau , que tout cela fuft conuerti en
pleur.d'autiît qu'il a compafsion de ce poure
peuple qui pcrit. Ainfi donc, voila pourquoy
S.Paul a notament adiouftc,A«*f fjtience S"
douceur. Il faut redarguei& reprendre:com-
bien que nous aurôs occafion de nous fafcher
Se defpiter,voyans que nous ne gagnons qua-
fi rien, encores qu'il femble que le monde em
pire fous ombre de noftre dodrine , que les
mefchans qui auront defpitéDieu auparauât,
continuent de fe mocquer de luy , en reiet-
tant fa parole,& en la foulant au pied:côbiea
(di-ie ) que pour cela nous aurions occafion
de quitter tout , que nous foyons retenus de
cefte bride, Or fi eft-ce que Dieu veut q nous
pourfuiuions, non point maugré nous, c'eft à
dire,qu'iln'yait point vne contrainte forcée
pour obéir à cçluy auquel nous fommes, mai»
que nous ayons cefte patience-ia d'attendre
que Dieu touche les cœurs de ceux qui fe m5
ftrent eftre comme incorrigibles , Se qu'en la
fin il les conuertiflè,& qu'il les donte,& qu'il
les ramené au chemin de falut: ou bien que ce
fte dodrine férue de condamnation aux hom
mes, quand ils voudrôt du tout defpitcr Dieu,
qu'ils feront rendus inexcufàblcs,& qu'il fa*
dra que Dieu defploye fon ire finale , après
qu'il les aura long temps attendus. Or fainû
Paul adioufte pour mieux confermer ceftad-
uertifleracnt, que les hommes aimeront beau
coup mieux fedeftourner aux vanitez 8e men
fonges , que de receuoirla bonne doârine,
& qui leur i'eroit profitable. Le temps -viendra
(dit-il)^«f /# mande tiura le} aureillei chalouil
leufei,^ qu'il fera fn grand am.is de dafteurs,
tellement tju.' iU fe rempliront les tiureillei de f»
blet: c'eft à dire.dechofssfriuoles & inutiles:
ils ne pourront porter la -urité de Dit» . Qiff
dcnc f» ir.iHailles d'autant flus.Ot c'eft com-
me fi on difoit à vn médecin, quand il aura vn
malade impatient, Haftcz-vouç.car ceft hom
mené fe peutgouuerncr:i3tde fait ,dcfia dés
long temps il a dit ceci ou cela: & fi le remè-
de n'eft foudain, l'excès fera par trop violet,
& le remède ne fera point opportun. Voila
donc qu'on dira à vn médecin qu.îd il aura vn
malade qui fera difficile à gouuerner. Et ainfi
S. Paul dit à Timochec , qu'il faut qu'il foie
iaftif
SVRIA II. A
kaftifat ardent à foliciter les hommes , voi-
re par imporcunité , comme nous auons deiîa
TCU.Etpourqiioy ? Car(dit-il)Satanbraflrev-
nc telle corruption , que la plus part en font
deiîa cn)poironnez:& qui pis cft,ils s'amaflent
(dit-il)des doûeurs quafî par monceaui.maii
ce font des prefcheuri. de Fables , des caphars
qui ne demandent qu'à les fcduire.Nous voy-
ons l'intétion de faind Paul. Mais il nous faut
obferuer ce qui eft ici dit par le menu. Quand
il parle de la ruine & de la corruption qui de-
uoit aduenir , notamment il accufe les hom-
mes.qu'ils ont les aureilles ckatouilleufes.Or
ce chatouillement dont il parle, vient tan c de
folle curiolîtc Se vaine , comme de ce que les
hommes font délicats , & qu'ils veulent eftre
mignaidez, qu'on les flatte,& qu'on les entre
tiene doucement & à plailîr:commc nous voy-
ons que de tout temps ce vice a regné.qu'on a
eu cefte conuoitife d'ouir ie ne fçay quoy de
nouueau &:de plaifant, comme auf i lainâ Paul
enaparlécideflus .Quand donc les hommes
rculent appliquer leur eftude à quelque cho-
fe, toufiours ils fe tourneront à des folies , &
laifleront ce qui leur eft propre pour leur fa-
lut.C'eft gtand'chofe que les hommes quittét
ainll leprincipal bien que Dieu leura donné,
Se quemefmes ils le peruertiflent & le tour-
nent tout à rtbours. Car quel eft le fouuerain
threfor que nous ayons?N'eft-ce pas la raifon
& intelligence, par laquelle nou'; fommes dif-
ferens d'auec les beftes brutes ? Voila l'image
de Dieu qui efl imprimée en nous.d'autat que
il nous a donné raifon & intelligence. Or que
faifons-nous î Au heu d'appliquer vn don fi
précieux & fi noble à fon vfage légitime, nous
Talions peruertir , que nous voltigerons en
l'air, & ne ferons que tourmenter nos efprits.
En quoy?. En chofcs de néant , en des badina-
ges, tellement que G les bcftes auoyent quel-
que goutte de difcretiô, elles nous pourroyét
condaner.Et cornent, poures enragezrQj^iand
Dieu vous a créez à fon image, qu'il vous a dô
néfagefle&intelligence.que vous alliez vous
amufer à des menus bagages qui font de nul
profit, & cependant q vous n'appliquiez point
Toftie elhide à regarder queDieu vous a créez
en l'efperance d'vne meilleure vie? qu'il vous
a nommez fes enfans , afin de vous faire par-
uenir en fon héritage ? que vous ne compre-
niez point ce que Dieu a imprimé fon image
en vous, afin que vous lepuifsiez contempler
en famaiefté&en fa gloire? Voila(di-ie)com
me il ne taudroit point d'autres iuges que les
bœufs &i les afnes pour nous condamner.qiiad
ils pourroyent apperceuoir laperuerfité qui
eft en nous. Or d'autant que nous y fomme', fi
enclins,voiie fi addonnez, tant plus nous faut
il retenir cefte admonition de fainft Paul,
quand il dit que Je monde fe deftournera de
Dieu,& que ceux qui auparauant auoyent bien
commencé deuiendront apoftats, & que le dia
ble les aliénera du tout du troupeai::&. dit que
T I M O T H.
4S7
cela aduiendra, d'autant qu'ils auront les au-
reilles chatouiUeufes. Gardons-nous donc de
cefte folle curiofité comme d'vne peftemor-
telle,veu qu'elle nous priue du principal bien
que Dieu nous a donné, qu'elle nous dtftour-
ne de la vérité en laquelle gift noftre faliit, dr
y eft du toutenclos.Oril y a aufsi l'autre vice,
c'eft quand nous voulons qu'on nous traitte à
noftre guife,& qu'on nous complaife; comme
il eft dit au Prophète Michee, que les luifs de u;^/ .V
ce temps-la euflent bien voulu auoir des pref- .
chcurs de bonne vendange, & de bonne moif-
fon, car ceux-là ne leur apportoyent que nou
uelles plailântes . Côme auiourd'huy ceux qui
veulent qu'on prefche à leur appétit, que vou-
droyent-ils ouir parleurs prefcheurs?£t fai-
fons grand' chère, mes amis. Dieu n'eft point
C rigoureux ne fi cruel qu'on dit : & de dire
qu'il n'y ait plus de mifericoide en Dieu,c'tft
pour nous defefperer iufques au bout. 11 eft
vray qu'il nous faut bien cognoJftre nos vices,
mais cependant nous pouuons bien nous don-
ner du bon temps:il fcmble à ouirparler ceux
qui s'cfcarmouchcnt ainfi, & qui prononcent
le iugtment de Dieu , qu'il nous foit ennemi
mortel, Se qu'il nous vueille foudroyer à cha-
cun coup. Et eft-il fi cruel? Ne veut-il pas que
Ces enfansayent quelque repos ? Voila donc
quels font les prefcheursde bonne vendange
Se de bonne moilîon, qui feduifent leurs audi-
teurs en leur promettant que Dieu leur en-
uoyera dequoy cftie nourris 8e repeus . Or fi
cft-cequ'Ezechiel dit, Malheur fur ceux qui £>U(<^.
mortifient les âmes qui doyuent viure ,8e qui ij.t?.
vinifient les âmes qui doyHent mourir. Union
ftre bien que les Aduâeurs ne ceflent mfquec
à tant qu'ils ayent meurtri ceux qui font bien
fains, fi: qui auoyent deCa quelque bonne en-
trée en la cognoiflànce de Dieu : & que ce-
pendant ils laidènt là ceux quideuoyent e-
ftre réduits au bon chemin ,8e ne leurenfont
nulle mention , & aufsi ils n'en vculent'poiDC ,
ouïr nouuelles . Retenons donc que quand
nous aurons les aureilles chatouilleufcs, c'eft
àdire que nous appeterons qu'on mette dei
cmplaftres fur le mal qui eft en nous, &: qii'o«
le couure,que nous appeterons d'eftre nourris
en flatterie ,Tque Dieu nous enuoyeia ce que
nous voulons,& ce que nous auons dcfirtniais
ce ne fera point pour noftre profit. En fomme
quand fainû Paul déclare que le monde fcia
peruerti, que la vérité de l'Euangile fera cor-
rompue,qu'il n'y aura plus de pureté de doftri
ne, il déclare que cela viendra pource que les
hommes auront lés aureilles chatouilleufcs.
Et ainfi, qu'auons-nous à faire ? En premier
lieu,cognoifronj que ce n'eft point fans caufe
que telle difsipation & fi horrible eft aduenuc
comme on la voit auiourd'huy. Et pourquoy»
Car on alléguera que les fimples gens ne peu-
uent mais s'ils font mal gouuernez , & qu'on
les trompe . Mais cependant on ne vient
point iufques à la foBrccîc'cft queiamaisilne
Pp.iiii.
ixech.
13.10.
488 S:ERM O N X X Vr.
fuft adiienii vue relie côfiilîon.que Dieu n'euft Paul en parle.Etde fiiâ on Ta vea,& le voit-
lenduaux homes lefalaireqifilsauoyent me- onencores en la Papauté. le vous prie, quel-
nté, quand ils ont eu les aureilleschatouilleu le vermine y a-il de moines, de prefties.A: de
fes,&: quand ils appçtent tes menronges,&' que tout ce Clergé ? Or celte puantife-la a telle-
ils ont mieux aimé qu'on les deftournaft en ment rempli le monde, que c'eft pour luycre-
perdition,que d'eltre conduits d Dieu.Et voi- uer les yeux . Tant y a qu'on elt bien aile de
Ja pourquoy fainû Paul en la fecôde des Thef les auoir . Et s'il faloit nourrir en vne ville U
faloniciens , dit que quand les erreurs domi- vingtième partie de bons & fidèles Pafteurs,
«ent.c'eftpourceque les hommes n'ont point qu'il y a de celle canaille depreftres&demoi
obeiàccluy qui les a formez kcreez,Sc qu'ils ncs,quei'eroit-ce? Car il ne faut point qu'il y
n'ont point voulu accepter la vérité de Ion E- ait deux prcfcheurs , qu'incontinent on n'en
uangile, qu'il faudra qu'ils foyentdeftournez foit ennuyé. Voila donc ceft amas dont ileft
en toutes luperftitions. Et puis, qiiâd nous au- ici parlé, qui eft tout commun. Et quand il n'y
rons cognu que l'Euangile a efté corrompu & auroit que ceft aduertiffement de fainâ Paul,
peruerti , à caule que les hommes ne fe font cela ne nous deuroit-il point fuffire?Mais en*
point rendus dociles à Dieu,mais qu'ils ont eu
des appetis extrauagans , qu'vn chacun entre
en foy, & quenous aduilîons bien de ne point
lafcher la bride à nos folles curiolîtez , que
nous ne venions point faire desdifcours infi-
nis pour nous enquérir de ceci& de cela, mais
cores quand nousauons l'expérience, & que
noftre Seigneur nous monftre que ce qu'il a-
uoit prédit par fon Apoftre, a cfté accompli,
qu'auons-nous à faire finondenous retenir
en la (implicite de l'Euangile, prians Dieu que
il nous donne toufiours elpritdemanfuetude.
■quç nous foiitFrions que Dieu nous monftre ce que nous luy foyons dociles, efcoutans pa
qu'il cognoift nous eftre propre pour noftre
falut.Et puis, que nous n'y venions point auec
nos délices, que nous necerchions point d'e-
fti e mignardez.ne pouuans fouffrir nulle cor-
rcûion, mais au lieu que les aureilles déman-
gent à ceux qui veulent pourrir en leurs ordu-
res, quç nous Tentions nos vices qui nous pic-
■quent, que nous foyons naurez d'vne crainte
ticniment ce qu'il nous dira , & que nous ne
foyons point agitez de nos appetis vagabons,
pour faire vn amas nouueau ? Voila donc de
quoy nous femmes ici admoneftez par fainft
Paul. Or cependant il nous faut encoresredui
re en mémoire ce que nous auons dit , c'eft a-
fçauoir, qu'il exhorte Timothee d'eftrc tant
plus vigilant, quand il voit que le mode fedef
-de Dieu : que nous ayons toufiours frayeur & borde ainfi.Et pourquoy? C'eft pour le moins
honte de nous-mefmes,iufquesàce que noftre que nous n'ayons pas vn cœur filafchede dif-
Dieu ait mis fa main fur nous pour nous gue- fimuler & de nous taire, quand nous voyons la
rir, S; qu'il ait fait office de médecin parle venté de Dieu eftre ainfiafîàillie,que nous
moyen de fa Parole. Voila donc en fomme ce foyôs aufti diligens à la maintenir , comme les
que noui auôs à retenir. Or ce n'cft point fans fuppofts de Satan font à la renuerfcr. Or il eft
caufe que fainft Paul dit, ç»';7j s'amaffent des vray que c'eft vne chofe pénible & fafcheufe,
ifocfFfwrî.Il ne fe contente point dédire, qu'ils qu'vn homme s'oppofe à vne grande multitu-
cerchent des doifleurs à leur pofte,& rciettcnt
ceux /qui Wur eftoyent cnuoyez de Dieurmais
ilpaile ici d'vn am.is.&d'vne grande multitu-
de.Et pourquoy? Car les hommes font infatia
blés quand il eft queftion d'ellre trompez. Et
voila pourquoy aufsi les Prophètes accompa-
e. Mais quoy ? 11 ne nous faut point esbahir
de cel.i : car Satan trouuera toufiours allez de
fuppofts qui font propres pour obfcurcir la ve
rité, pour dénigrer la pure doftrine , & pour
l'abbaftarJir : brief,',pour introduire les men-
fonges & corruptions, pour mener les âmes à
rent cefte ferueur diabolique qu'ont les mef- perdition. Satan donc trouuera toufiours allez
chans, quand il* veulent feruir à Dieu en hy-
pocrifie, àvnc rage de cheuaux quand ils font
efchaufFez après des iumens, ou à quelque au-
tre beftial, qu'il femWe qu'ils foyent du tout
tranfportez, qu'il n'y a plu"; ne railin ne di-
fcrction en eux. N nis trouucrons cftrange de
prime face vne telle façon de parler , mais ce
eft d'autant que les hommes fe font deftour-
nez de Dieu, que voila le diable qui les agite,
qui les poulTc tellement qu'on ne les peut raf-
felier. Ils aiment lei menfonges, ils les appe-
tfnt.S: ne leur ch.iiu q\iandils en feront trom
pczr car ils en vomlroyct auoir cent fois plus.
Voila oui eftcauff-qie les hypocrites nevic-
ncnr point cercher Dieu droitcmét.mais font
de femence . Et puis nous voyons ce que i^ay
défia dit, que s'il eft queltiond'abufcr.chacua-
y eft maiftte fans auoir efté àl'cfchole. Or ce
pendant il y aura vn petit nombre , & comme
vne poignée de gens,de ceux qui maintienent
la vérité de Dieu, ou qui tafchent de gouuer-
ner l'Eglifc en fimplicité.CXuand donc les fer
uitcurs de Dieu fe voyent ainfi deux ou troiî
contre vne centaine, cela les pourroit eftôner
de prime face : mais il faut qu'il foyentarmea
de la vertu d'enhaut pour bataillei conftam-
mentC.irla vcntéde Dieu en la findemeure-
ra vitloricufctcncorcs qu'elle ne troiiuc point
en ce monde beaucoup de procureurs , & que
inefmes'clle foitdcehaflce delà plu^ part iut^
fcmblant de venir à luy parcircuits:&' cepen- qu'à l'obfcHicir,& l'aiieancir pleinement, tou
dant s'en cflongnent, teilempnt que ceuv-la tesfois elle viendra toiifioiir'; .ludclTus. Etain
feront vw grand amas de do£Vears,côme fainft fi que nous prenions courage de nouç confer-
mcr
s V R l R ■ 11- A : Tl M O TH. ^85,
tttët auandïidiis.vbyôfls c)iie fle'diaWe.fui'cite vigilans, quand ils voyent que les hommes fe
des gens qui ne dcma-ndent qu'à renuerfcr abbrutiflen: ainfi en leurs vilenies, qu'ils vou-
rEfcritUre, qtie nous ayons cefte conchifîon droyent que tout leur fuft permis: quand
prinfe, quMn'eft point queftion de fléchir ni nous voyons vne telle ftupidité, que celanous
"uir le combat, mais que nous foyons vail- incite d'auantage à crier, & eftre plus afpres,
iiifques au bout. Au rcfte , fi en mena(^ant & corrigean: ceux qui le veu-
n aeité neccffi^re du 'temps lient' ainfi elcuer contre.Dieu , S: tafcherit^à
tout corrompre & peruertir. Voila pour vn i-
tert . Et au'refle, qu'vn chacun face aufsi fon
profit de cefte admonition : & cependa^nt que
Dieu nous laifle l'opportunité , que nous en
vfions : car il eft certain que fi les chofes con-
tinuent , il faudra que Dieu enuoyedes con-
fufions plus énormes qu'elles n'ont point e-
ùé en la Papauté . Car ces poures aueugles-la
n'ont point otFenfiè Dieu en telle extrémité
de fui
lans cendarmes
cefte: exh<irtation
de Timothee, elle l'eftauiQwrjd'^iuy autant ou
plus . Car quant autaureilles chatouilleufes,
ne les voit-on- pas? L'£uangilefa(che à beau-
coup de gens , 8c voudroyent auoir ie ne fçay
quelle philofophie prophane : & fi ce qu'on
Jeur apporte, ne leur vient à gré, ils voudroyét
que cela fuft reietté & elfacé du regilhe de
Dieu. Autant en a-il elté de la doélrine de no-
ftre Seigneur lefus: car n'a-elle pas eftc reiet
teede ceux qui eftoyent par trop arrogans, & comme nous auiourd'huy : c'eft comme fi on
qui fe fioyent en leur fens propre ! N'ont -ils venoit heurter contre luy à ion efcient,& que
pas dit, Ce propos-la eft dur ; Mais il fau- on vouluft du tout anéantir fa maiefté. Et
droit que nous cufsions les coeurs ployables,
& alors rien ne nous feroit dur ni eftrange en
la parole de Dieu . Il eftvray qu'on en verra
auiourd'huy qui voudroyent auoir vn Euan
pourtant apprenons ( comme i'ay dû ) tous
enfembledenous efueiller,& de cheminer en
crainte.voyas qu'il en y a tant peu qui fe con-
tentent de la fimplicité de l'Euangile , que
elle defguifé. Et pourquoy ? Cefte rondeur & nous mettions barre à tous nos fens & nos e-
limplicité qui eiè rcquife ne leur plaift point
Et puis il y a cefte curiofité, que beaucoup ne
demandent qu'à fçauoir babiller , & remuent
des queftions ie ne fçay quelles . Voila Dieu
qui nous veut tenir en bride, &ne veut point
que nous vaguions ainfi à nos phantafies.iiiais
que nous fuyuions fimplemént ce qu'il a co-
gnu nous eltre expédient &vtile pour noftre
fprits , pour ne point appeter de fçauoir plus
que Dieu ne permet, &: qu'il nous communi-
que par ù Parole , quand nous voyons que
ceux-là s'addonnentdu tout à mal , que nous
cheminions tant plus eftroitemét fous la crain
te de noftre Dieu. Il cft vray que Ion loug
nous fera doux & gracieux quand nous l'au-
rons accouftumé: mais cependant fi ne faut-il
falut.Ornous auons lesefprits bouillans : il point que les aureilles nous frétillent pour
faut que nous foyons enfcignez à noftre gui- ouïr des flatteries . Car ceux qui veulent eftre
fe. Et d'autre cofté nous voyons que la plus fliciez, il faut qu'ils Oen aillent au diable, & il
part ne peuuent plus fouifrir, ni correûions, les flattera allez : car li ne demande que d'a-
ni menaces, non point uiefmes la fimpîe do- madouerceuv qu'il veut attirer en perdition
ôrine. Quand on déclarera les vices, encores aucc luy , il leur complaift , il les mignarde;
qu'on n'vfe point de grande véhémence , il brief,il les fcrt félon leur appétit: mais il leur
femble que tout foit perdu. Voila donc le mon fait payer l'efcot bien cher en la fin. Or de no
de qui eft aufsi peruers queiamais il a efté , & ftre partn'appetonspoint toutcela , car c'eft
femble que ceux qui ont fau profefsion de poifon mcrtclle ( comme l'ay défia dit ) ma-s
l'Euangile, tafchent tant qu'ils peuuent d'.i- n pluftoft nous remercions noftreDieu quand
neantir la grâce de Dieu . Car il n'eft point il nous enuoye des médecines qui font peur
queftjon feulement des Papiftes,qni bataillent nous purger de nos cupiditezmauuaifes, que
fiiiieufement contre nous , mais de ceux qui nous fçachions par.cela qu'il a le foin de nous,
proteftentd'auoir la reformation de FEuan- Et pourtant que nous foyons tant plus fon-
gile : on voit qu'ils voudroyent eftre comme gneux& attentifs de recenoir vn tel bien en
des veaux desbridtz, il n'eft point qiieftion ni toute reuerence,de nous fubmettre & afliiiet—
de ioug,nidepohce,nide rien qui foit : qu'on tir à fa bonne volonté, & que par cf moyen ia.
laifle faire ce qu'ils voudront, que toutesdif- - Parole & la doftrjne de falut continue entre
folutions foyent perrmifes.que les blafphemes hou';, comme c''eftaiif«i le leul moyen comme
ayent la vogue , que les paiilardifes régnent, nôus en poutrorfs itFtur à^erpctuité»'- '' ;•
les yurongneries,& toutes chofes femblables, > - ' ■■■■'' ■' • . ri-i ;i.'>.i .ii:ç
ic'cft tout vn: moyénant qu'on .lit qiielqiie for O R nous-nous pfofterfieroTis deu»0t la
me de cérémonie, & qu'on de^pitc le Pàpe<3c niaiel^é de nollid boii D:cu en c-oCr^oiflànce
les idolâtres. Voila donc comme beaucoup de de nos fautes, le pnans qu'il nous les face tel-
ceux qui font femblant à'eftre à l'Euangile,
voudroyét eftre gouuernez: mais c'eft à caufe
q les aureilles leur chatouillent. Or craignons
cependant que noftre Seigneurne retire la
grâce qu'il a mile entre nous : & que eeux qui
onc la charge d'enfeigner- foyent tant plus
lementfentir, que nous foyons contciiAiez ëa
vne droite repentance,& que nous tltans^ei-
pleus& condamnez en tant de î'ebeiliofi%<J«i
font en nous,& eh tant depouretcZt^tie nous
le prions de nous conduire par fon tainêl E-
fpritj&qu'il domine pleinement en nous pour
490 .':SERMON XXVII.
noiiî faire renoncer à ce monde , nous fup- i la pcrfedion de iuAice , à laquelle nou»
— ... , ...^ _ ._ j,. ,..„.„.. — , _ — j — ..
forçant couhours en nos toibleues , iufques tendons maintenant . Qiie non feuleme
à tint qu'il nous ait reformez pleinement à nous face cefte grâce , mais à touf peup!
fon image glorieufe, & qu'il nous ait amenez nations de la terre,&c.
nt il
peuples ôi
TROISIEME SERMON SVR LE
Q_V ATRIEMECHAPITRE.
5 Mais toy •veille en toutes chofc s, endure les affliSiions,fdy Ïœu
urc d'Eudngeliïle'.ren ton adminiHration approuuee.
6 Car ie doy maintenant eîire facrijié , 0* le temps de mon de-
partement ejl prochain.
Onibicn qu'en voyant les
autres desbauchez.nous fe-
rons en danger d'eltre ef-
bralcz de nollre part,faincl
Paul prend vn argument de
cela,(ï les fidèles l'edoyuenc
tant plus confermer.quand
Us voyent que ceux qui n'ont point eité fer-
mes ne conftans s'alicnent de Dieu , &: fc de-
llouvncnt ainii du bon chemin , que cela les
doit tant plus inciter à fuyure la fainde voca-
tion de Dieu. Voila pourquoy après auoirde-
claré que le monde cft ii peruers qu'il ne pour
ra porter la bonne dotlrine, mais qu'il ne fera
queftion que d'appeter des tromperies , il dit,
Tojf vrille en toutes cl/ojc-s . Nous voyons donc
que Dieu nous incite àcftretant plus vigi-
lans quand les chofes font confufes en ce mon
de . lleft vray que fain£l Paul exhorte ici Ti.
mothee qu'il doit porter la lampe pourefclai
rer toute l'Eglife : mais tant y a qu'vn chacun
de nous en fon endroit doit prattiquer cefte
doftrine : commeauAi il nous faut bien gar-
der de nous endormir quand nous voyons les
dangers eftrc prochains . Et de faid,quant au
monde & à la vie prcfentc nous fommes aflez
aduifcz de cela : & pour le talut de nos âmes
aurons-nous moins de foin? Voila donc ce que
il nous faut conclure , Qjx- fi Satan trauaille
l'Eglife de Dieu, qu'il mette en auant des fcan
dales.que le monde s'efgarc.que tout foit dif
lîpé.quc tout aille à rebours, qu'il nous faute-
lire tant plus vigilans , afin que nous ne foy-
ons point furpnns.Or pour ce iaireileftbc-
foin que nous foyons armez de patience : car
quand tout fera ainfi desbordé à mal, il ne fe
peut faire que les cnfansde Dieu ne foycnt
'picquei Si tourmentez , qu'on ne fe mocque
d'eux , qu'on ne leur face beaucoup d'iniures
& opprobres . Et quand on ne s'addreflèroit
point à leurs pcrfonnes , ce leur cft défia vne
angoiflcbien grande, & tafcheufe à porter,
^qjiandiJs voyent que le nom de Dicueftbla-
. /phemé, quefon fcruicc cft mis fous le pied,
^ue la religion cft vilipendée, que tout bien
cJl comme mocuuc & mis bas . Q^anJ ils
voyent cela , encores qu'en particulier on ne
leur fcift nul molcftt, ii doyuent-ils fentir en
cuxvnedeftreflc fi grande qu'ils n'ayent nul
repos , mais qu'ils gemiflent Se. nuid & iour.
C^uaiiddonc le diable aura fon enfeignedref
fec, & que les fcandales & les troubles auront
la vogue, nous ne pourrons pas eftre attentifs
pour nous garder, finou que nous foyons for-
tifiez en patience, Que nous ne perdions point
courage pour les maux qu'il nous faudra fouf
frir. Or fi cefte admonition aiamaisefté vti-
le,la necefsité nous monftrc qu'auiourd'huy
nous en auons grand befoin. Car le monde ne
eft-il point venu au comble d'iniquité .' On
voit que la plus part rcictte furieufement l'E-
uangile. Les autres qui font fcmblant de l'ac-
cepter.en quelle obeilFance la reçoyuent-ils?
Il y a vn tel mefpris &vn tel orgueil , que il
toft qu'on reprendra les vices , ou qu'on fera
trop aigre à l'appétit de ceux qui voudroycnt
auoir toute licence de mal fairc,&ne tafclient
qu'à tout ruiner, c'cft àfe defpitcr . Combien
que les Papiftes foufFriront de leurs caphars
qu'ils crient & qu'ils tempeftent àrencontre
d'eux. Se. neantmoins ne font que les abbruuer
de menfonges d leur perdition , ceux qui di-
ront à pleine bouche qu'ils veulent la refor-
niation del'Euangile, nepeuuent porter que
on les corrige quad ils auront fulli,maisgrin
cent les dents à l'encontrede Dieu, &accom-
pliflcnt ce que dit faind Paul aux Corinchiés,
que s'il y auoitdcs trompeurs qui les veinf-
ftntabufer.ils endureront toute tyrannic.que
on les pourroit foufflctcr, qu'ils fe ticndroyét
quois:mais fi on les enfeigne pureméc au nom
de Dieu, Se pour leur falut, ils font fi délicats
qu'vn feul mot les fera entrer incontinent en
rebeUion:& fi on continue à faire aucunement
fon deuoir, la guerre fora incontinent décla-
rée. Et pieuft à Dieu que les chofes ne tuflènt
point fi patentes qu'on les voit .Or puis que
ainfi eft, que refte-il , finon que fuyuant l'ad-
monition de faind Paui nous foyons fur nos
gardes? Et d'autant qu'il nous faut louftrir. Si
des murmures , &dcs contentions , & que les
nicfchajissytoat Ii vogue, q Til faut.oii qu'ils
nou;
s VR
nous «rachent an vifage , ou qu'obliquement
ils nous tourmentent , que nous foyons com-
me endurcis en patience , &. que rien ne nous
dcftournc.que nous pour fuyuions toufiours le
chemin auquel le Seigneur nous a appelez.
Voila donc le moyen de perfiller quand les
chofes feront toutes confufes : c'clt que le
mal nous contrifte :mais cependant qu'il ne
nous faut point perdre courage. Sainft Paul
adioufte , qitf Timotber face oHuruge d'Euan-
gel'flt , O' </»''' accomfhffr , o« <j»';7 rAtific ^
ttpfrouue fleinemttit fo» minijïere . Yci (ainft
Paul pour inciter Timothee ,luy monftre à
quoy il cfl appelé : c'e(l que Dituluya fait
vne grâce excellente, de; le conftitueren tel
degré d'honneur en fon Eglife: car nous fça-
uons(felon qu'il eft contenu au quatrième des
Epheitens) que les Euangeltftes ont cfté pro-
chains des Aportres> ils font nommez deuant
les Pafteurs & Dofteurs . Car pource que ce
nombre de douze ne fufHfoit point pour por-
ter l'Euangile par tout le monde, Dieu auoit
ordonné des aides . OrTimothee eftoit en ce
degré : car nous auons veu par ci deuant, que
iaind Paul l'auoit ordonné, afin d'auoir ef-
fardfurles Pafteurs, de mettre police &; or-
re par toutes les Eglil'es.Puis donc que Dieu
Pauoit tant honoré, c'eft bien raifon qu'il fe
eiforce défaire tant mieux. Carquelle ingra-
titude fera-ce, fi nous ne nous employons de
tout noftrcpouuoir, quand Dieu non feule-
ment nous adopte au rang de les enfans, mais
qu'il veut que nous ayons régime & fuper-
intendence en fa maifon ? Comme il a elle dit
ci deflus , que fi l'ofiîce de prefcher nous eft
commis , Dieu nous conftitue difpenfateurs
des fecrets admirables qui, font pour eleiier
fon Royaume en ce monde. Et mefmes quand
nous penfons à ce que Dieu nous eftmanife-
fté eu chair , & que la gloiie celefte nous eil
apparue', & que celny qui a vellu noftre natu-
re,eft adoré des Anges , que toutes créatures
luy font hommage, qu'il eft conftitué en ceA
empire fouuerain du ciel & de la terre , & le
tout pour noftre falut: quând(di-ic)nous pen
fons à cela, nedeuons-nous pas eftre rauis en
eftonnement? Car nous femmes des v3;f[cnuT
fragiles, voire des pots calFcz de nulle valeur:
& cependant Dieu veut que ce threfor foit
porté par nous . Ainfi donc c'eft bien raifon
que nous mettions peine de nous acquitter R -
delement de noftre dcuoir , &: que ceux qii''l
a conftituez miniftresde fa Parole auront vn
plus grand conte à rendre, que s'ils cftoyent
feulement du rang des fidèles . Voila donc
pourquoy notamment laiiiû Paul dit à Ti-
mothee, ÇjKii fjce OHurage d Eu.m^elifle , (rf
qu'il af^ouue : ( ou qu'il accomphlPe ) faa
mlnifter: : comftie s'il difoit , Ce n'eft pas le
tout que tu ayes le titre, mais il f.uit que tu
entendes que ccluy qui t'aappelé.vcur que tu
demeures fon feruuear iufques au bout . Et au
refte, adujfons de tirer vne règle geoer^le de
L'A II. A TIMOTH.
.451
ces mots de fainft Paul:c'eft qu'vn chacun re^
garde à foy , & qu'il fçache quel eft lon eftat
& fafaçonde viure où Dieu Ta appelé. Q_ue
vn homme cognoifle, s'il eft marié , à quelle
condition c'eft:afçauoir,qiril ait la charge de
fon mefnage, qu'il viue p.-iiCbkmcnt auec fa
femme, &: qu'il iuy fou chef pour la bien con-
duire, qu'il la fupporte, qu'il tafche d'inlhui-
re Cei enfans en la crainte de Dieu, qu'il tra-
uaille ,& qu'il porte patiemment les fafchc-
riesdomcftiques , par lefguclles Dieu exerce
vn chacun. Apres, fi vn home a des feruiccurs,
qu'il cognoifle qu'il faut que Dieu domine
par defllis,& cependant qu'il les employé tel-
lement , que Iuy foit pour leur monftrcr bon
exemple. Que celuy qui eft en eftat public re-
garde bien .1 foy,qu'il n'eft point là feulement
du coftédes hommes,mais qu'il faut qu'il com
pare vne fois deuant Dieu, qui s'cft rcferué la
fuperiorité par deflîrs tous eftats . Voila donc
comme chacun doit faire cefte conclufion.que
en quelque eftat qu'il viue. Dieu le veut auoir
à fon feruice,& qu'il nous but employer fidè-
lement en ce que noftre office porte , fi nçuî
ne voulons eftre coulpablesdeuant Dieu. Car
combien que nous loyons tenus S: obligez au
monde , toutesfois Dieu eft noftre principale
partie : & c'eft là qu'il nous faut regarder. Ce
n'eft point aflez d'auoir pour vn temps mon-
ftré vn figne que nous ne dcmâdons qu'à nouï
employer au bien, mais il faut continuer iuf-
ques au bout , &• faut approuuer noftre mini-
ftere, c'eft à dire, noftre, feruice, que nous mon
ftrionî que nous n'auons point ce titre à fauf-
fes enfeignes, comme ceux qui fe glorifient de
vn eftat, & cependant ne font que polluer le
lieu où ils font , & y dcfpiter Dieu . Helas, il
vaudroit beaucoup mieux qu'ils baifTaflent la
tefte,& qu'ils n'euflenc occafîon finon de fe
cacher deuant les hommes , & d'auoir toute
vcrgongnc. Car l'honneur qu'ils vfurpent
leur fera bien cher vendu, qrand ils n'auront
point fait leur profit pour feri:ir à Dieu en
l'eftat auquel il les a occupez . Et fur tour,
quand il nousaconftitutz en charge honora-
ble, que cela nous êniîambe tant plus .Noui
fçauons qu'en la maifon d'vn Roy & d'va
Prince , il n'y a nul eftat petit ne contempti-
ble . Or fi noftre Seigneur nous appelle pour
le feruir en ia maifon, ne deuons-nous point
prendre cela à plu* grard honneur cent mille
tois,que fi nous eftions à vn Prince terrien, qui
n't ft rien au prix r Mais encores quand cha-
cun regardera , Or ça, me voici vne créature
inutile ,& neai-tmoins Dieu me veut encore»
employer .\ fon Icriiice : &: combien que le ne
vaille rien , fi eft-ce qu'il veut tirer de nioy
feruice agréable. Et comment- lime fait cefte
grâce , combien que ie ne puiflc iien appor-
ter de mon propre ,que par fon fair.ft Efprir
il veut eftre glorifie- en moY.Q_raiid il n'y au-
roit «jue cela , ne icuons-nous pas eftre bien
inciiet 3 ratifier nefire miniftere, c'eft à dire,
Q_q.li.
45>i
SERMON XXVII.
i môftrer que ce n'cfl point en vain que Dieu
nous a choilis ,& qu'il nous a voulu donner
lieu en la inaifon.afin de non? employer pour
iuyîC'eftce que nous aaons à retenir fur ces
mots de lâinct Paul. Mais notons biencequ''il
adiouftc, De moy(Au~il) iem'cn fay e^râ fi-
ctif i , c h temfi de mm département {ou, de
-ma refolution) ejl procluin. Qjand ilpirle
ainii, c'eft polir monftrerà Tnnothee ôit'iI
faut qu'il te fortifie d'orefenauat.potirce qif il
n'aura pas vue telle aide, & vn tel baft on que
.ilauoit eu. Car ce u'eiT: p.is fans caufe q fimrt
Paul l'appelle Ion vray fils & naif:comi;ie s'il
diloit, mon fils naturel : non point qu'il l'euft
engendre félon la chair.mais il veut nionftrer
que c'eftoit vn entant qui ne dcmandoit qu'à
fe contonnL-r du tout à fou père. Voila donc
quelcftoit Timotlieede fon cofté. Orfaiiicl
Paul ne luy a point défailli, qu'il ne fe foit
monflré père enuers luy aufsi bien.Timotliee
donc du viuantde fainft Paulauoit vne bonne
aide & propre:que s'il eftoit débile, il pouuoit
cdre exhorté: s'il auoitbefoin de confeil , S.
Paul le redreffoit : fi on luy faifoit la guerre,
il fe venbit mettre pour bouclier , ill'armoit
de fon authoriié , comme nousauons vcupar
ci deuant.Or faind Paul déclare que tout cela
ne fera plus: Dieu me veut retirer de ce mode
(dit-il)& pourtant apprefte-toy,car tu auras
des combats plus rudes que tu n'as point eu
iufques ici:de moy,ie ne feray plus au monde
pourt'aider,ie ne viendray plus prëdre la eau
fe comme i'ay accouftumé par ci deuant.tu ne
auras perfonnequi te fupporte, mais il faudra
que tu fois capitaine pour les autres , que tu
conduife? tout.Ainfi donc aduife de te prépa-
rer pour inuoquer Dieu , &encefte fiance-la
de pourfuyure côftamment: car ces afiauts-la
te feront bien difficiles à fouftenir. Nous voy
valoir telsmoyens qu'il nous donne .entant
qu'en nous fera.Mais tant y a, quand nous fe-
rons defpourueus d'aides quant au monde , 8c
que les mefchans fe viendront ruer contre
Jious.que les fcandales ferôt gransjqu'il fem-
blera qu'il n'y ait que déluge par tout, & que
tout doiue élire difsipé, que nous regardions
neantmoins au ciel-, que' nous requérions à
Dieu que par la vertu lecrete de fon faind
Elpritil nous rende inuincibles contre tout
ce que le diable aura machiné. Voila donc ce
que nous auons à faire en fomme , c'eft d'ap-
pliquer à noftre vfage les aides prefentcs , &
quand il nous les oftera , que nous ne laifsiôs
point d'eitre côr!ftas,& de marcher toufiours
plus outre. Et pourquoy? Dieu fuppleera au
défaut de ce que nousn'auôs pais ici à la vcuë
des hommes. Voila dohcce que nous auons à
retenir dece palTàge. Et cependant notons
aufii queûinâ Paul a voulu donner plus de
vigueur à fon exhortation , comme fi c'eftoit
vne déclaration de la dernière volonté, & vn
teftamét que feroit vn per-e qui parlera à fon
enfant, Cependant que l'ay vefcu au monde,
i'ay tafché- de toufiours te monftrerle che-
min,afin que nous ferUifsiôs à Dieu tous deux
d'vn accord : iufques ici tu as cheinmé ainfi
qu'il eftoit à fouhaiter.' Or il reftc que quand
ie feray départi du monde , que tu ne lailFes
point de continuer : & maintenant le t'anon-
ce ma mort : mais retien ce dernier mot-ci,
comme fi ie faifoye vn teftamen't lolennel &
authentique, c'eft le meilleur héritage que ie
te puiflelàilTer , afçauoir que tu férues touf-;
iours à Dieu. Or il refte maintenant de noter'
les. façons de parler dont ûv.nà Paul vfe cn^
cepalTage. Um'tHiray eflre facrif((dn-il)U
temps de mtn departimeut eft frochatn.Q_uand
il dit qu'il s'en va eftre facrifié, il exprime l'e
ons donc maintenant quelle elH'intention de fpece de fa mort laquelle luy eftoit appre-
fainrt Paul. Or par cela nous foinmesadmone ftee:&mefmeslemot dont il vfe.s'appliquoit
aux facrifices qu'on auoit accouftuméde fai
ftez qu'il ne faut point que noftre foy défail-
le quand toutes aides nous feront oftees,i'en-
ten les moyés inférieurs qui nous font vtiles,
quand il plaift àDieudenous les donner.lleft
▼ray que quand nous aurôs des bons Pafteurs
pour nous conduire , fi nous ne fommes plus
reruens, cela nous fera imputé àdoublecon-
damnatiô.Mais encores que nous n'ayons pas
les fupports à fouhait, & que les chofes bran-
lent , & quand le diable aura quelque entrée
vers nous, qu'il ne foit point repoufle fi virile
ment qu'il feroit requis , fi ne faut -il point
que nous foyons efperdus pourtanf.car Dieu
nous afsifterad'enhaut,& aura fon bras eften-
du pour nous fecourir quand nous regarderas
à luy. Que faut-il donc ? Si Dieu nous donne
des gens qui nous monftrent bon exemple,
& qui foyent zélateurs de fa gloire, qui' ne
demandent finon à nous fecourir au befèin,
faifons-en noftre profit, 'que nous remer-i
crons Dieu de ce qu'il haïinfi pitié de nous,
qu'il • fupporte noftre infirmité : faifôns
re aux alliacés. Car A des peuples ou des Prin
CCS contraftoyent alliancc,il fe faifoit vn fa-
crifice pour la ratifier. Et là il fe faifoit pro-
teftation que celuy qui faudroit,fiift defchiré
en pièces, que Dieu lecôfondift. Q^âd fainft
Paul parle de fa doftrine.il l'appelle le mellà i.Co;-.f.
ge de reconciliation:c'eft à dire, que Dieu l'a '?•
enuoyépour faire l'appointemét de luyaiiec
les hommes. Ainfi quand l'Euangile fepref-
che.c'ert autant comme fi Dieu s'allioit auec
nous , déclarant qu'il nous e(t Père , & qu'il
nous tiendra pour fesentans. Et pour ce fai-
re,qu'il ne no^ veut plus imputer nos péchez:
combien que nous foyôs créatures maudites,
qui n'aiionsmerité que toute confufion, tou-
tesfois qu'il nous veut laner & netf.iyer par
lefingdc fou Fils , accepter l.rniort «S: paf--
fion qu'il a endurée , pour la iuftice qui nous-
défaut; Voila qu'emporte 1,1 dortrinc de l'E-
uangile quand elle eft publiée au monde. Or '•
fainft Palilditqtj'il eïï'ftérifié) pour'Canfcr-'
nier
s V R LA 1 1. A
Serdereclief l'alliance que Dieuaifaite auec
les hommes : d'autant que fa mort feellera ce
qu'il aprefché.&queladoftrine qu'il a anon
cee de bouche , ait tant plus d'authorité en-
tiers les fidiles.quand ils verront qu'il ne s'eft
point efpargné , que ù vie ne luy a pas efté iî
precieufe, qu'il ne Tait voulu eipofer pour de
clarer la vérité infallible de la doftnne la-
quelle il auoit en/eignee.Et voila comme il en
parle au fécond chapitre des Philippiens , Si
ie fuis facrifié (dit-il) pour le facrifice de vo-
ftre foy.ie mViiouy en cela,& m'y eiiouiray,
fçachant que tout reuiendra à voftre falut.Ét
Uditapres, qu'enbriçf il fera facrifié. Or de
ce motnousauôsà recueillir en premier lieu,
lînoftre Dieu nous fait la grâce que noitre
fanglbit efpandu pour le tefmoignagede fa
vetité , que ce luy eft vn facrifice de bonne
odeur , & pourtant que nous deuons prendre
la mort en gré,& funnôter toutes tentations.
Car combien que noftre chair foit débile, tou
tesfois fi nous pouuons bien goufter ce mot-
la, que noftre Seigneur nous vueiUe prendre
pour facrifice, afin de fceller la venté de fon
Euangile.ce fera pour nous faire venir à bou t
de furmonter tous les regrets.que nous pour-
rions auoir. £t ainfi donc prions Dieu qu'il
imprime en nos âmes que vaut ce mot de fa-
crifice , que s'il aduient qu'il nous choihffe &
appelle pour rendre telmoignagt de r£ti,tn-
gile.qu'vn chacun s'y prelence en fon endroit
d"vn courage tranc ij; libre i & que nous pri-
ions ceft honneur que Dieu nous tait, quand
nous fommesdignes de fouffrir pour fon nom,
comme il en eit parle au cinquième des Aites.
Or il y a d'auantage.que tout.iiniî qu\n cha-
cun fidèle doit s'inciter às'olFiir à Dieu.aufsi
que nous appliquions à la confirmation de no
ftte foy la mort de ceuï qui demeurent con-
ftans à maintenir la querelle de PEuangile,
nonobftant la cruauté des mefchans. Qjiand
nous voyons les Martyrs que Dieu .ippçlje
pour ratifier fon Euangile,& que les mei'chîs
fcroyent contens de leur fauuer la vie, moyen
liant qu'ils flechiflent ,& neautmoins qu'il?
perfîllent làconftamment > & ne déclinent en
façon que ce foit, ne voila point vne appro-
bation de la vérité de Dicu?Faifons donc va-
loir la mort de ceux quimonftrentque c'eilà
bonefcient qu'ils ont creu ,&qui ont eu vne
foy commune auec nous:car voila le triiit qui
nous en eft commun. Il eil vray que les enne-
mis de Dieu tafchent (entant qu'en eux eft)
d'abolir rEuangile.&voudroyentauoir abo-
li toute mémoire de noftre Seigneur lefus
Chrift.Voila pourquoy ils font enflamm'ez en
vne telle r.age, voila pourquoy ils allument les
feux, qu'ils voudroyentauoir conûimé toute
1.1 doftrine de noftre fahit : mais cependant il
fait profiter la niort des <iensà vnautre vfage,
tellement que ce luy eft vne femence pour
toufiours multiplier le nombre de fon peuple.
Il veut que nous fdyons arroufez comme vne
T'IMOTH.
4$>5
terre qui feroit àdemi fecfe. Quand il voit
qu'il y a vne telle fechcrefle & fterilitéen
nous.que nous ne porterions point fruiûaflci
aboqdant,il nous arroufe du fang desMartyrs.
Et aufsic'eft bien raifon quand nous voyons
V rie telle conftance &fidiuineaux hommes
mortels , que nous glorifions noftre Dieu, 6c
en le glorifiant que nows fçachioiis au il veut
feeller noftre foy , qu'il veut que le tefmoi-
gnage que nous auôs défia receude fon fain6b
£fprit,foitengraué en nous. Ceft donc en le-
cond lieu ce que nous auons à retenir de ce paf .
fage.II eft vray que noftre foy ne doit point
eftre fondée lur les hommes. Car quand tous
fe feroyent reuoltez , & que la crainte auroit
dominé tellement en eux qu'ils auroyenc
quitté & renoncé PEuangile pour fauuer leur
vie.celane nous doit point esbraiiler. Et pour
quoyr La vérité de Dieu eft permanente: com
bien que les hommes foyent fragiles & varia-
bles,toutesfois la vérité de Dieu demeure en
fon eftat.Ainfi.il n'eft point queftion que no-
ftre foy s'appuye lur la conftanc e ou fur la fra.
gilité que nous verrons aux hommes ; mais
quoy qu'il en foit , telles aides ne font pa> à
melprifer: comme nous fomnies admoncftez
en l'Efcriture fainde,&: fur tout quand l'Apo II.4r.tt
rtre dit que nous auôs vne grofle nuecde tef-
moins, que nous voyons que les vns ont eiié
ftiizpar le milieu, les auti es lapidez, les autres
ont cfté eftendus comme des tabourins.les au
très ont efté efcorchez , les autres en ont re-
Ipondu en autre forte , tant de tourmens, & n
horribles. Et quand nous voyons que la vertu
de Dieu a efte vidorieufe par dcllus toutes
ces cruautez-la,& q ceux qui ont creu à Dieu,
ont rapporté la couronne & le tiiomphede
tous leurs ennemis :quand(di-ie)iious voyons
ccla.tels exemples ne nous doyueot-ils point
comme creuer les yeux ? Et n'eft-ce point
grand' honte ànous fi nous défaillons? Ainlî.
donc ce n'eft point fanscaufe que fainû Paul
parle ici du facrifice de fa mort;afin qu'auiour.
d'huy mefme fadoélrme foit tant mieux ap-
prouuee,&: que fon lang nous vicned.-iiant les
yeux:quand nous oyons qu'il parle, que nous
fçachions quecen'eftpoint vn homme qui ait
deuifé à repos, mais qu'il eftoit là voyant déf-
ia le bourreau prochain de luy , n'attendant
finon l'heure qu'il fcroit traîné au fupphce,
pour y eftre meurtri hontculement : & quand-
il parloit de la bouche, qu'il n'y auoit goutte
de £àng en fon corps , qui ne refpondi/i pour
feeller le tefmoignage de PEuangile. Q^iiand
nous voyons cela , ne deuons-nous pas eftre
rauis pour dire , Ce n'eft point d'vn homme
mortel qu'il no' faut tenir tout ceci,maisc'eft
l'Efprit de Dieu qui s'eft déclaré en ces petis
vaifteaiix & fragiles, & y a fait reluire ù ver-
tu admirable. Et amli que nous foyons forti-
fiez d'autant, & que non feulement nous pre-
nions la mort de farndt Paul pour l'appliquer
À tel vl"age,mâis aufsi de tous ceux qui mefme»
Q^l.iii.
llfh. 10
a-
fftit.US
15-
Jja.is.S.
Ci;- 21. 4.
494 i'TOgËRMON XXVÏI. '
de noftre tempt nous aidehr àafuoir vu6 plus de nous en retirer , que nous ne regîmtîon»
grande certitude de cefte doctrine, côme nous point àl'encôtrcdeluy.mais que paiiîblemcc
voyons que Dieu en ceft endroit nous en pre nous venions nous offrir, Seigneur,tu nous as
fente, qui nous doyuent bien confermer. Il eft creez.tunousas nourris & entretenus iufqu'à
vray qu'il nous doit faire mal quâd nous voy- maintenant : il faut donc que tu difpofes d«
ons lipspoures frères loufFrir,& que s'ils font nous à ta volonté ,& que nous n'y refiftion»
pnfonniers (comme nous fommesadmonefter point en façon que ce foi t. Voila donc corn-,
en PEpiftre aux Hebrieux)q nos coeurs doy- me nous dcuons prendre courage : combien
lient eftre captifs auec euï par vne augoiue que nous ne fouffrions point pour l'Euangi-
commune.Mais cependant l\ faut-il bien que le, voyans que Dieu accepte & noftre vie. Si-
nous glorifions Dieu quand nous voyons que noftre mort comme vne oblation facree, que
il les fait ainfi batailler , & qu'ils triomphent Rous foyons prefts de luy rendre obeiilànce
par defllis tous leurs ennemis : c'eft bien rai- en tout & par tout. Et c'eft aufsi fuyuant ce
ion quâd le profit de leurs côbats nous eft c5- qui eft eft dit au quatorzième des Romains,
mun, que nous rendions louange à celuy qui que nous viuions & mourions auec luy.e'elt à
les tortifîe. Car Dieu les à tellement voulu ar dire , que nous ne foyons point addonnez à
merdcconftancepour fe feruir d'euxenmain nous-mcfmes pour viureà noftre phantalîe
tenant la querelle de fa vérité, que cependat pu appétit, que nous ne vueiUions point aufsi
il veut que nous en foyons édifiez. Voila donc 4"âncer noftre mort, ni l'abbreger , mais que
comme la mort des Martyrs ( c'eft à dire des nous remettions tout cela en la main de no-
tefnioinsde Dieu)eft vn facrifice.Mais quoy? ftre Dieu, que nous viuions en mourant, pour
Tant s'en faut que nous foyons difpofezde captiuer tous nos fens .toutes nos affeftions
prendre ceci à noftre profit, que nous laiflons cliarnelles, & que nous mourions en viuant,
couler tout. Or il eft dit que les larmes des eft.îs prefts & appareillez de partir quâd Dieu
fidèles font precieufes deuant Dieu , comme nous appellera. Et cependant que nous appre
s'il lestcnoiten vnephiolecôme vn onguét. nions(comme i'ay dit) de nous remettre en-
Et que fera-cede leur fangquad nous lelaif- trefes mains, tellement que nous puifsiôs pro .
ferons couler, que nous n'en ferons pointar- teftcrauec Dauid, Q_ueli noftre efprit eft en J^'3'*
roufez pour glorifier noftre Dieu? Et tat s'en fa main, qu'il fera en bonne &feure garde. Et
faut que cela fe face , que ceux qui fe diront pourtant que nous luy commettions , & l'en
eftre grans fuppolts derEuangile,on voit que faifons du tout mai(he,afin qu'il ne luy puifl'e
le nom de Martyrs leur eft puant, qu'ils ne le point eftre ofté. Or pour nous confermer en
peuiient porter. IK monftrent bien par cela cefte doftrine-ia , il nous faut noter ce mot
qu'Us font des chiens niaftins , qu'il n'y a de que fainft Paul Adiouûe,Le temjis de mare fo-
Chreftienté en eux non plus qu'eu des pour- /«t(o;i(dit-il) eft prochain. 11 veut ici iîgnifier
ccaux , quand ils ne fçauent pas les mots les vn département quant à ces chofes terre-»
plus communs de l'Efcritttte fainftc. Or re- ftres. Car comment eft-ce que nous fommes
tenons de noilre cofté.que cen'eft point fans fcparez en iainort?Il eft vray que nous ferons
caule que fainft Paul a parlé ainlî, que ce n'a bien retirez de la c^mpagnie des viuans:mais
pointcfté vne ambition qui l'a incité à cela, chacun de nous foutfre vne feparation en foy,
mais qu'il vouloit que fa mort fuftvtile:& non entant que l'ame eftdepartied'anec le corps,
iciilement pour vn temps, mais iufques à la fin Et par là nous voyons que l'homme fidèle
du monde, il a fait que la mémoire eneltper- n'eft point anéanti en la mort, mais feulement
petuelle. Cependant, côbien que nous ne foy- qu'il fe fait vne feparation. Combien donc
ons pas tous appelez .i ccl.i,que Dieu nous t'a que le corps s'en aille pourrir en terre, &: que
ce ceft honneur de paflcr par le glaiue,oupar il femble eftre comme anéanti, toutcsfois l'a-
ie feu,afin de rendre tefmoignagc à fon Euan me demeure en fon entier:d'autant qu'elle eft
gile, fi faut-il qu'en la vie & en la mort nous créée à l'image de Dieu , il faut qu'elle garde
luy foyons ficnfices , qu'en noftre vie nous fon immortalité. Puis qu'ainlî eft, nous ne de-
tnfuyuions ce que dit fainûPaul au douzième uons point élire tant fafchei & troublez en
chapitre des Romains, Qje nous foyons ho- la mort, comme on a accouftuniéd'eftre.Q_iii
fties viuantes 3 noftre Dieu. Et pour ce faire, eft caufc que la mort nous cfpouantc ainii?
que tout ce qui eft de noftre nature, meure, & C'eft noftre infidélité , qu'il nous femble que
loit abbatu:voirc,& le meilleur que nous cui- tout eft mort pour nous & beaucoup fe nour-
dons auoir, c'eft noftre raifon, qu'elle foit tel- rilfent en cela, qu'ils s'eftinunt autant qnc
lement amortie en nous,que TEfprit de Dieu des beftcs brutes. Il eft vray que nous aurons
nous gouuerne , afin que nous luy foyons des bien noftre vie conmiunc auec les belles bru-
lacrificcsviuans. Voila donc comme lesChrc- tes : mais cependant nou^ auonsles marques
de la vie immortelle, quand Dieu nous a don-
né fens & raifon, qu'il nous a donné cognoif-
f.ince, pour dire qu'il eft noftre Créateur.
Combien que nous foyons embrouillez .
ftiens doyuent appliquerlcur cftude à s'offrir
àDicu,pour luy titre dédiez en toute leur vie.
Et en la mort comment luy ferons-nous facri
fices? Q_u.ind nous ferons prefts de fortirdu
jnonde,toutesfois&quates qu'il plaira àDieu en tant d'ignorancet & d'erreurs que rien
plus,
SVR LA II. A TIMOT H.
49Î
ï'-y.4
f lus.toutesfois il no' demeure toulîours quel
que re(îdu pour nous faire fencir que nous i-
uonseftécreez.non point pour cefte vie pre-
fente 8c trâlîtoire,mais que Dieu nous appel-
le plus haut. Et pource que nous r.c cognoif-
l'ons point affezque Dieu nous appelle à ce-
fte côdition, voila qui eft caufe que nous fuy-
ons la mort tant qu''il nous el\ pofsible , &
quid on nous en parle, nous Tommes furprins
de frayeur, qu'il femble que tout foit perdu.
Et ainlî pour prédre la mort tout quoyeniét,
&pour y allerauec vne telle conAance que
nous ne l'oyons point retardez de nous offrir
à Dieu quand il nous appelle , notons ce mot
de faind Paul, Qujeft-ce que mort? Refolu-
lion ; c'eilà dire, que s'il y a vn changement
en nos corps , cen'eftpasque nous péri Ciôs,
ne que nous (Toyons aneatis du tout, car nous
demeurons toulîours en noUre entier. Il eiï
vray que les corps s'en vont en pourriture:
mais nous auons la rcfurreftion qui nous eft
promife au dernier iour.Confions-nous donc
en cela. Il eft vray qu'encores n'eft-ce point
alTèz: car nous ferions toulîours en fcrupiile,
ainfi que les infidèles, lefquels ne fçauét qu'ils
deviendront : combien qu'ils fçachent que
leurs âmes foyent immortelles , Et que fça-
uons-nou'ï(difent-ils)qu'il en fera faitfMais
quand nous auons la promefle de falut , que
nous cognoiflons que noftre Dieu veut eftre
gardien de nos âmes , il faut couper broche à
tonte doute & desfîance , & pour ce faire il
faut reuenir àce que nous auons allégué de
Dauid, Scigneur,Ie te remets mon ame en ta
main. Il difoitcela durant l'a vie . il voyoit
qu'il eftoit en des hazars continuels, Et bien,
Scigneur,tu me garderas: côbien que ie foye
afsiegé d'vne centeine de morts, fi tft-ce que
ie feray en feureté en ta main. Il nous fjut
donc enfuiure cefte regle-la , eftaiis afleurez
que Dieu ne nous laiflèra point à l'abandon,
qu'il ne nous recueille à foy,& fiir tout d'au-
tant que nous fomraes mébrcs de noftre Sei-
gneur Icfus Chrift, en la garde duquel il nous
a commis. Car le Père celefte ne s'cft point
contété ie déclarer qu'il eftoit le protefteur
denosames,maisil abailléàlefus Chrift ceft
office-la , d'eftre noftre proteftion & fauue-
garde. Et pourtant quand nous feront en fa
main , que nous ne doutions point que par fa
vertu infinie il ne nous cÔferue , combien que
nous foyons ici au milieu de beaucoup de faf
chéries. Il dit, Le Père qui vous a donnez en
ma main.eft plus fort que tous. Par cela il li-
gnifie que fi nous fommes eftonnez par ieï
grans orages & tempeftesqui nous pourront
allàillir,qu'il nous faut contempler cefte ver-
tu de Dieu qui furmonte tout , fçachans que
paricelle nous viendrons au deffusde tout
ce qui maintenât nous pourroit effaroucher.
Or il eft vray que cela ne fe peut defpefcher
pour maintenant.Car ce qui fera traitté apree
difner,eftl'expofition de ctite doûrine.d'aii
tâtque fainft Pauladiouftera que la courône
de iuftice luy eft appreftee. Il faut donc que
nous cognoifsiôs pourquoy nous fomraes ap
pelez à rheritagedu Royaume des cieui.Car
combien que Dieu nous retire de ce monde,
ce n'eft nnon pour nous amènera la çloire
celefte qui nous eft maintenant cachée, com-
me aufsi eft noftre falut, & toute la plénitude
des biens que nous efperons.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir que nous'n'auons point fait : que nous
en foyons touchez au vif, pour cllrc amenez
à droite repentance,& que nous foyons inci-
tez de venir tellement à luy , que nous effor-
çans nous tendions de plus en plus au chemin
de falut: & qu'il nous fuppoite cependant en
nos foiblefles.iufques à ce que nous en foyôs
defpouillcz du tout, voire pour iouir delà
perfeftion de fa iuftice.Ainfinous dirôs tous,
Dieu tout-puiflant,Pere celefte,&c.
Q_y ATRIEME SERMON SVR LE
CLV ATRIEME CHAPITRE.
7 Vay bataillé vne home bataille , lay acheué ma courje , i'ay
gardé la foy.
8 Quant au rejîe, la couronne de mfïice niejl préparée, laqu elle
tue redra le Seigneur iujle luge, en cejle iournee- la : ^ non feulement
à moy,mais a tous ceux qui aiment fa -venue.
Vand quelqu'vn nous monftre
bon exemple , Si que nous co-
«|W^*|J8|J^ gnoiflbns qu'il y a des vertus
rVV^^^TJj en luy qu'on ne peut mefpri-
^^S>^S5î fer , la feule vcue nous profite
beaucoup. Et pn le voit,qu'en vnc ville, ou en
vn pays , la prefence d'vn homme feruira tat,
que les choies fe conduifent droitement , &
Dieu fera profiter la grâce de fon S. Efprit,
quand il la diftribue ainfi à quelques vns. Et
voila pourquoy S. Paul en ce palFage, voyant
que fon abl'cce pouuoii nuire à quelques vus,
Q^jT.iiii.
49^
•H IS^ÈÏiM O'N X X\^ II t'-
déclare que s'il a acheué fa courfe , il ne faut
point que les autres défaillent à mi chemin,
mais plulloft qu'ils pourfuiuent, & qu'ils fça-
chent qu'ils n'auront rien fait , finon qu'ils
pourfiiiueiit iufqu'au bout comme luy. Voila
donc S. Paul qui auoit mis peine toute fa vie
d'édifier l'Eglife de Dieu,& fon exéple auoit
retenu beaucoup de gens : quand il veut for-
tir du monde, il voit qu'aucuns fepourroyent
desbaucher. Il preuient donc ce danger-la, &
dit que comme on l'a veu pourfuiure fa cour
fe, & q iamais il ne s'eft laflc iufqu'à ce qu'il
ait acheué, qu'il faut aufsi qu'on race le fébla
ble , &: que nul ne perde courage , iufqu'à ce
' qu'il foit paruenu où Dieu l'appelle. Mais a-
fin que nous comprenions mieux la doftrine
quieftici contenue, notons qu'il met lalîmi-
litude des combats qui fefaifoyent alors, ou
delà luitte,ou autrement. Car comme main-
tenant on tirera au prix à la hacquebutte, ou
à l'arc , aufsi alors on combatoit : & puis il y
auoit les courfes & à pied , & à cheual , & en
chariots fur tout. Or notamment fainfl: Paul
en premier lieu dit , Q»''V « cmhatit yn bon
combat : c'eft àdire, quand il s'eft venu offrir
pour monflrer l'affeftion qu'il auoit de fer-
uir à Dieu, qu'il s'y eft employé du tout. Et
au rcfte, qu'il n'a pas efté fruftré de fon entre
prinfc , puis que 1 iflue de fon combat a efté
heureufe.Mais cependant.afin qu'on entende
que ce n'a pas efté vne fimple bouffée , il ad-
ioufte la féconde fimilitude de la courfercom
me s'ildifoit , le n'ay point fait vneleueede
bouclier feulement pour efprouuer ma force,
mais i'ay tenu bon, &ay perlîfté conftammét
en la courfe qui m'eftoit ordonnée. Or il y a-
tioit certaine mefure pour courir, comme on
fera les lices:il y aura tant de long & de lar-
ge:ain(î il y auoit pour les gés de pied à cou-
rir d'vne traitte tant de pas, & quid ilsauoy-
ent acheué leur ftade,le premier s'eftoit mô-
ftré & approuué le plus vaillant. Autant en e-
ftoit-ildes chariots. Ce n'eft point fanscau-
fe que fainû Paul nous amené telles compa-
•laifons . Il eft vray quec'eftoyent desesbats
pleins de vanitez & friuoles: mais cependant
c'eft pour nous faire plus grand' honte quand
nous ferons lafches à courir Si à côbatre lors
que Dieu nous appelle , & qu'il prelîde pour
nous regarder, Se qu'il nous a promis vn falai
reineftimable. Si donc il y a alors de la paref
fe en nous , ou bien qu'il nous fafche de per-
fifter, ou que nous défaillions à mi chemin, y
■aura-il nulle cxcufe? Car voila aufsi comme
il en eft parlé aux Corinthiens , En ces com-
i.^ er.fi. ^^^^ ^ dit-il ) où les hommes fe tourmentent
iufnu'au bout, quVft-ce qu'ils efpcrent? Vne
couronne de fueilles pour tout potage : car
c'cftoitvn grand prix d'auoir vne couronne
de fueillcs. Or voici bien vn autre loyer : car
noftre Seigneur nous appelle à l'héritage du
Royaume Aes cieux , il nous veut faire parti-
el pans de fon immortalité Si de fa gloire : &
it
cepédant nous ne daignés pas leiier vn pied,
ne remuer vn bras qu'auec grande difficulté:
nemonftrons-nous pas que nous ne donnons
gueres d'honneur à Dieu , qtie nous n'adhé-
rons point dé fait à fes proraefles , brief^ qtie
nous fommes incrédules du tout. Car en ce
temps-la ceux qui le delrberoyent à comba-
tre, ne mangeoyent que du bifcuit : voire, &
n'oloyent pas encores mager à moitié de leur
foui. Voila doc ces poures fols(dit S.Pauhcar
notamment il remonftre cela) pour eftre pri-
fez & qu'on dife. Voila vn homme agile, voi-
la vn tel qui luit te bien, pour auoir feulemét
ce petit mot de louage,ils iufnoyent, ils expo
foyent là leur vie. Car ils ne faifoyét que laa
guir en viuant , ils n'ofoyentpas manger du
pain bis , ils n'ofoyentpas boire de l'eau leur
foui, Us s'abftenoycnt de toutes viandes déli-
cates,ils faifoyent là vne diète extrême, côra
me s'il euft efté queftion d'vne double vie : 8c
feulement c'eftoit pour auoir quelque applau
diflement , & qu'on frappaft des mains pour
dire. Ho , voila vn vaillant homme, il a bien
mcritéd'auoir vne douzaine de fueilles , il a
bien combatu , il faut qu'il foit couronné. Et
voici noftre Dieu qui nous appelle,non point
pour auoir quelque mot de louange en ceftc
vie prefente, mais nousayanschoifîs àfoy, il
nous déclare que noftre filaire eft tout appre
fté, la couronne de gloire ne nous pourra fail
lir,que nous fçauons que tous les Anges de pa
radis nous applaudilîent.que nous ferons fina
Icment au dernier iour receus des fainfts Pa-
triarches, des fainfts Prophètes, Apoftres, Si
Martyrsicela ne nous doit-il pas donner cou
rage de cheminer loyauiTicnt,& combaire en
bonne conftance iufques à la fin? Voila donc
pourquoy fainft Paul vfc ici de telles fimili-
tudes, quand il dit qu'ila côbatu vn bon com-
bat : comme s'il dii'oit, Q_ue ceux qui auront
trauaillé félon le monde pour leur ambition,
ou pour leur auarice,ou pour quelque regard,
qu'ils fe plaifent & fe glorifiét tant qu'ils vou
dront en leurs combats:mais qu.ît àmoy i'ay
biendequoy me contenter quand i'ay ferui
à mon Dieu , que ie n'ay point perdu vn pas
qui ne foit venu en conte deuant luy , que les
Anges de paradis m'applaudiftent de ce que
i'ay efté vn inftrument pour exécuter au nom
de mon Dieu ce qu'il lu'auoit commis pour
auaiicer le règne de fon Fils:i'ay dequoy me
efiouir en cela,diî-il. Et puis quant àlafecoh
de comparaifon , notons bien que fainfl Paul
ne dit pis fans caule qu'il aathcué fa cour,fc:
car nous en verrous beaucoup qui voudroy et
eftre quittes quand ils aurôt. fait quelquç bon
3de:& pour cela il leurfemble que Dieu leur
deuroit donner congé, & qu'ils fe pourroyent
repofcr tout le temps de leur vie. Sainft Paul
monlîre que ce n'eit rien fait, fi nous n'auorrs
perfifté iufques en la'fin. Or cepédant il nous
fiutnoterics circonftances qui cftoyenten
la perfonnedelàihftPaul. Il eft en prifon, il
atCLud
SVR LA II. A TIMOTH.
4!^7
attend la main du bourreau , Se fa mort doit
eltreignominieulc quant aiimondc: lesincre
dules auoyent la bouche ouiicrte pour bl.if-
phemer, on luy icttoit lub tout opprobre, les
îuifs le tenoyét pour vn apoftat, & beaucoup
de faux chrefliens Paiioyent diffamé parles
Eglii'es, tout le monde luy eftoit ennemi mor
tel. On pouuoit donc iuger qu'il auoit bien
mal employé Ion temps d'auoirainiî comba-
tu , car il pouuoit eftremonfîeur ledodeura-
uec grand hôneur.il pouuoit eftre aAis au pre
niier rang, lu^er les autres, S; auoir la vogue
& renom:quât & quant il pouuoit auoir bruit
defainâ homme en lerui'alem , car il n'y en
auoit point qui lefurmontaften toute honne
lleté de vie: il pouuoit eftre riche & bien ve-
nu par tout. Q^uielt-cequin'euft dit qu'il a-
iioiteftébiendcfpourueude fens,& biéaueu-
^le, de s'aller expofer en toute ignominie,
de perdre toute eftime.d'efmouuoir & enfl.i-
merla ragede tout le mondecontre luy, tant
de fa .nation que de tous peuples , aufqucls
mefmes il auoit elté cognu , & puis fe veoir
mourir hôteufement en la fin? Qj^i eft-ce qui
n'eull dit qu'il eiift mieux valu qu'il fe fuft re
pofé? Mais fainft Paul a defpité& mcfprifé
tous les iugeinens du mode. Et pourquoyîCar
il a fon luge au ciel , il luy fuffit d'eftre «infi
abfous, combien que tout lemondelecondam
ne. Car les punitions & la mort font commu-
nes tant aux mal-faiteurs qu'aux Martyrs , il
n'y a que la caufe qui les difcerne.Qiiâd dôc
nous voyons vn Martyr eftre brullé , & nous
verrons aufsi bien vn brigand, quant à l'efpe
ce de mort tout y ef^ confus. Mais qu'on vie-
ne examiner la caufe: voila vn brigand qui
fouffre pour fes maléfices, & pour fes crimes :
vn Martyr a ce tefmoignage en foy,& puis il
le peutaufsi monftrcr par effeftdeuant tout
le monde, qu'il a cheminé en intégrité, & qile
il fouffre pour le nom de Dieu. Voici donc
pourquoy S. Paul defpite ici tous les iagemés
des incrédules, & ne luy chaut d'eftrevilipen
dé quant au monde , moyennant que le luge
celefte l'approuue. Mais iiotôs bien qu'il no°
faut auoirces deux cho fes que i'ay touchées
cnbrief, pour nous glorifier à l'exemple de
ûinft Paul. Car les plus mefchans quelques
fois feront les plws effrôtez:& on le voit, que
mefmeceux qui ont mérité vne centeinede
cordeaux, defgorgeront toute vilenie contre
leurs iuges:on voit cela. Mais il faut venir au
poincl,c'eftafçauoirqii'vn home puifle touf-
lours protefterdeuât Dieu & fes Anges, qu'il
a cheminé droiteinent,& puis qu'il l'approu-
ue aufsi par effedi , que quand ou iugera de fa
vie , qu'on cognoiffe vne telle intégrité , que
tous ceux qui aurôt les yeux ouuerts, luy ren-
dent tefmoignage que c'eft à tort qu'il fouf-
fre.Or ces deux chofes ont efté enlaîft Paul,
comme en tous Prophètes , en tous ceux qui
ont iamais enduré pour le tefmoignage de
l'Euangile. Voila pourquoy il a peu dire à
bonnes enfeignes, qu'il auoit combatu vn bon
combat. Ainfî Jonc fuiuant l'admonition que
no' fait fainft Paul,aduifons de ne point fouf
frir pour nos crimes , ne pour meurtres , ne
pour paillardifes, ne pourlarcins,ne pour tra
hifons , ne pour mutineries , ne pour aucune
mefchanceté : mais quand ileftqueftion de
refpondre pour la vérité de Dieu , voila vne
condition plus honorable , quand il daigne
bien nous faire fes procuieurs , qu'il fait fes
monftres de nous pour triompher , declaiant
vne vertu inuincible de fon fain£l Efprit en
ceux qui fuiuent &adherét à fa parole. QjiSd
donc Dieu nous employera, voire pour le tef
moignage de fon nom , & qu'il voudra eftre
glorifié en nous, fuiuons hardiment, & n'efti-
mons point que ce foit vne peine inutile;com
bien que le monde fe moque de noftre fimpli
cité, combien mefmes que les incrédules nous
crachent au vifage,& qu'ils nous ayét en de-
teftation, que nous eftimions tant d'cftre ap-
prouuez de noftre Dieu , que nous furmon-
tions, & que nous defpitions auec fainft Paul
tout ce qui nous fera fait & dit en fbuffrane
pour la vérité. Mefmes nous voyons comme . .
il defpite les Corinthiens , combien qu'ils fe "'"'•
nômaffent fideles,& qu'ils fe prifaffent beau- ^
coup, il fe moque de leur fol iugement quand
il les voit pleins de gloire , Si enyurez d'or-
gueil, & qu'ils cuidoyent eftre faces pour iu-
ger pardeffus l'£uangile:Et bien(dit-il)i'en
appelle , car vous ipgez maintenant en tene-
bresrmais le iourdu Seigneur(dit-il)apparoi
ftra,& alors les chofes ferôtdefcouuertes. Si
l'Apoftre a ainfi deffié ceux qui par hypocri-
fie fe vantoyent du nom de lefus Chrift , que
deuons-nous taire enuers les ennemis mor-
tels de noftre falut, ceux qui fe dreflènt auec
vne rage brutale cotre le Fils de Dieu, &qui
manifeftement contredifent à la religion que
nous tenons? Faut-il que nous foyons esbrar>
lez quand il nous faudra endurer entre les
mains de ces tyrans? Apprenons donc à l'e-
xemple de (ainâ Paul d'auoir les yeux leuez
en haut, afin que nous puifsions pafTer outre:
quand le monde nous reiettera, que nous fouf
frions beaucoup de moIeftes,que nous ferons
en ignominie & opprobre pour auoir bié fait,
que nous apprenions d'eleuer nos yeux en
haut, car fans cela nous ferions comme des
rofeaux branlans à tousvents:mais fi vne fois
nous poupiôs arreftcr noftre veuc à Dieu, no'
ferons endurcis , comme l'Apoftre vfe de ce
mot-la, parlant de Moyfe:Il a efté(dit-il)en Heb. u,
durci contre tout n-ial après auoir contemplé 17.
Dieu. Il veut lignifier que Moyfc s'cft nion-
ftré côme vn rocher contre des vagues. Quel
les tentations y auoit-il quand il cft nourri ea
la Cour royale , qu'il pouuoit eftre tftimé de
la couronne comme eftant adopté de la fille
du Roy? Et toutc^fois il a mieux aimé l'op-
probre de lefus Chrift, & n'a pssefté uns va
côbat bien dur & difficile . il endure par loa-
Rr.i.
498
SERMON XXVni.
gue efpace Je temps en pays eftr.inge , qu'il
«ftlj jlwmiaii: pour •.iguer l'a vie. Ecpuuà
la tin il f.iii: cju'il fe vicnc dicirer Cvîiure le
Roy , qu'il oye tant de menacer , qu'il voye
tant d'opprobres & coutu.iiciies . Il falait
bien donc qu'il fuit endurci . Ainfî nous en
faut-il faire. Or le moyen nous citmouftré
parl'Apoftre; c'cft que li nous pouuonsvne
fois contempler Dieu, nous aurons vue con-
ftance inuincible : combien que le diable ma-
chine tout ce qui fera pobible pour ruiner
Boftre foy.que lamais il n'en viendra à bout,
tellemét que nous ne cTognoifsions que nous
ferons heureux en combatant fous l'enfeigne
de noftre Seigneur Icfus Clniil: combien que
cela ne le tace point ûm que nous foyons
moquez & leprouuez du monde quand nous
tendrons à Dieu plcinemét: mais il nous faut
eftre armez àperfeuerance. Car il nou'; fai-
fons feulement vne belle leuee de bouclier,
que lera-ce? Et ainfî que nous pourfmuions,
fçachans bien que Dieu ne nous a point prins
à fon feruicepour quelque terme, mais que
c'eft à vie & à mort. Celuy donc qui ne t'eft
difpofé& refolude viure& mourir en glori-
fiant fon Dieu , celuy-la ne l'çait que c'eft de
batailler. Il lautdonc en premier lieu faire
noilre conte , que quand Dieu nous appelle,
c'eft alîn que nous luy foyons facrifices , non
feulement pour nous employer , & luy faire
offerte d'vn iour.mais pour continuer tout le
temps de noftre vie: combien qu'il nous fail-
le languir.combien qu'il femble que nous de-
uons périr en nos raiferet , que nous periî-
ftions ce neantmoini . Et puis quand ce vien-
dra à la mort, que nous fçachions que c'eft a-
lors qu'il nousfaut prendre plus décourage,
afin de nous aduancer:comme les nautonniers
quand ils approchent du nuage, combien que
ilsfuflent laflcz auparauant , lieft-ce qu'ils
fe refiouiflènt au fcul regard du port , qu'ils
ont cefte opinion : Or fus ,ded«ns deux ou
trois heures nous auons à nous repofer tout
à noftre aiie. Quand donc nous voyons que
ces poures gens qui n'en peuucnt délia plus,
qui font tous rompus & calTcz , neantmoins
pour le regard du port.pienent vne telle ver
tu oouuclle : que deuôs-nous faire quâd nous
approchons de noftre but , & que nous voyôs
que nous auons couru , que noftre Dieu nous
a tenu la main forte , & encores que nous ay-
ons fait beaucoup de faux pas, que mefmes
nous foyons tombez quelquiss fois , que no-
ftre Dieu nous a redrcffez & releuez dcuant
uenous foyons paruenus a noftre fin? Ne
àut-il pas que nous mettions peine de venir
à noftre Dieu , &d'en approcher tant plus?
C'eft donc ce que nous auons à retenir fous
ce mot , quand faindl Paul dit qu'il a acheué
fi courfc.Ec mefmes il expofe puis après, com
incnt nous combatrôs hcurcufement, c'eft a-
fçauoir en gard.mt la foy . Il cft vray que ce
mcjê de Foy , le peut prendre pour tîdclitc:
l
comme s'il difoit qu'il a efté loyal à noftre
Seigneur lefus Chrift,& qu'il n'a iamais fouï
che,que toufiours il n'ait accompli ce qui c-
ftoit de fon oflice. Mais aufsi nous pouaons
prendre ce mat de foy, en fon fens le plus co
mun : c'eft afçauoir que faincf Paul ne s'ert
point deftourné de la pure limplicité de l'E-
uangile , & mefmes qu'il t'eft appuyé ûr les
promeflcs de falut qui luy eftoyent'donnces,
& qu'ayant prefché aux autres , il a monftré
que c'ertoit à bon efcient qu'il parloit. Car
de fait, toute la loyauté que Dieu dcm.ide de
nous procède de là , c'eft que nous foyons fi-
chez du tout en fa parole,que nous y foyons
tellement fondez , que nous ne foyons point
efmeus pour nul orage ni tourbillon qui vie-
ne. Retenons donc quand nous aurons bien
bataillé.quepourauoiriirue hcureufede tous
nos combats il nousfaut garder la foy. Or
nous auons veu par ci deuant , que la bonne
confcienceen eft comme l'eftuy. Car ceur
qui s'adonnent à mal , ces moqueurs de Dieu
qui ne portent nulle reucrenceà l'Euangile,
non plus qu'à ie ne f çay quoy, méritent bien
que Dieu les faceabyfmer,& que leurs cheu-
tes foyeiu non feulement mortelles, mais ef-
pouuantables. Voila pourquoy aufsi li dit que
ils font abyfmez comme au profond de la
mer , ainli que quelque nef qui s'enfondre, &
périt. Ceux-là donc qui ne retienent point la
foy en bonne confcience font ainlî enfon-
drez , & Dieu vent qu'ils periflent mal-heu-
reufement, pour monftrer combien il prifela
doûrinc de fon Euangile.Car quand il en fait
vne telle vengeance , c'eft ligne qu'il ne veut
point qu'on fe moque de la doârine de falut.
Ainlî notons bien qu'il nous faut auoir cefte
intégrité Se bonne confcience , & que noue
cheminions en la crainte de Dieu , que nous
retenions les promelfes de fa bonté & de là
grâce, ou lamais nous ne ferons difpofez pour
pourfuiure noftre coiirfe iufques à la fin. Et
pourtant retenons cefte bonne confcience
pour garder noftre toy : & encores qu'aucu-
nement nous foyons retardez parla foiblef-
le qui cft en nous , combien que nous foyons
eftônez des rudes allàurs & alarmes qu'il nous
faudra fentir, combien que nous foyons em-
pefchez de pafler outre, lî eft-ce que nous en
viendrons à bout.voirepiiis queDieu ne nous
abandonne point. Car il nous doit fouucnir
de ce que nous auons dcfia dit du paflage que
nous auons allégué cncc neufîemcde la pre-
mière aux Corinthiens , que fiinft Pau! pour
faire plus grande reproche i ceux qui ne cou
rentpasd'vne telle arfedion qu'il fcroit re-
quis,leur dit, Comment? Ceux qui fe mettent
en vn ieu dcprix(cir le pren ccquicft Icphir
commun auiourd'huy ) ceux qui vicnem là
luitter,cncores ne font-ils point aiTeartz que
ils emportent nul falaire.Car de ce tcmps-Ja
on cuft veu deux au trois cens perfonues cou
rir.ils vcnoyéc là en grand cquippaj^c de icnc
lieiic-i.
s V R L A I I. A T I M O T H. 499
ne JoyaJ? Car il tll certain que tons ceux qui
s'arrcftcnt à ce que Dieu dit , il faudra qu''ilï
fui mon cent tou". les cnipefchemens du mon-
de. £t ainfi concluons que tous ceux qui ie
latitn tau milieu du chemin, ou mefmes qui
ne peuuent remuer ne bras ne ïambes, que
ceuï-la font incredules,& qu'ils veulent dc(-
mentir Dieu , entant qu'en eux eft : combien
qu'ils ne prononcent point ce blafpheme de
luy qui elloit trouué le plus vaillant: le rtlle bouche , fi cil-ce que leur vie monllre qu'ils
t'en retournoit auec (à honte , & mefmes a- n'adiouftcnt nulle foy à Dieu , qu'ils ne luy
uccmoquerie,qu'ondifoit, Ho, ceftuy-la y a font point ceft honneur-la de fe repofer en
lieiies.&dedeux cents lieues. Et bien, c'efloit
feulement pour auoirvne couronne de fueil-
les.Ils necraignoyentpoint de fairedegrans
defpcns , & de prendre beaucoup de peine
poiir vnc chofe de rien : & encores quand ils
auoyent tout tait , il n'y en auoit qu'vn qui
f\i{i couronné, quand il auoit elle trouué a -
gile.Oubien G on failoit deux prix, ou trois,
ou quatre, la couronne n'eftoit que pour ce-
pretendu , mais il ne l'a pas gagné pourtant
après il y auoit en ces luittes , d'autres com-
batans , qui quelques foit fe heurtoyent en
forte , que c'elloit pour s'efcacher de grans
coups : ils tenoyent des plombeaux en leurs
mains pour fe frapper & fe cafler , tellement
qu'ils s'en retournoyent toutdefrompus. Et
bien, quand ceux-là auront beaucoup comba-
tu , il elt vray qu'ils pourront emporter le
prix , mais non pas tous , il y en aura vn , ou
deux, ou trois entre toute la multitude. Or
^uand Dieu nous appelle pour courir , ell-ce
feulement pour donner le prix à vn feul , Si
pour reietter les autres qui fuiuét apres?Nen
ni:mais nous aidons les vns les autres en cô-
mun : tellement que ie foye le centicme.voi-
re qu'il viene après vn million, moyennant
feront d
que le tende à Dieu , ceux qui feront défia
parucnus me tendront les bras pour me re-
ceuoir en la compagnie des i'ainfts Martyrs deuons faire, c'eftafçauoir que roftrc foy ne
précédez, & des fainûs Prophe s'eflendc pas feulement iufques à la veue des
luy, côme en celuy qui ne nous peut fruflrer.
Ainfi donc apprenons que nous ne pouuons
pas nous glorifier auec fairô Paul d'aueir c5
batu vaillamment, &: d'auoir riflîieheureufc,
finon que nous foyons tout perfuadez que no
ftre Dieu ne nous a point appelez en vain. Il
faut aufsi que nous ayons les promeflespar
ItfqucUes il nous a mis en chemin pour efpe-
rer le falut immortel qui nous eft referué au
ciel: il faut que nous ayons toufiours ces pr»
mcflcs-ladeuant ros yeux , & en nollreme-
moire.Et notamment il dit, Quant au refie:c6
fne s'il difoit.Il eft vray queie me voy iciea
terribles angoiires,& ie cognoy q ie fuis créa
ture fragile ; mais tant y a que mon Dieu qui
iufques ici m'a fecouru,ne me defaudra point,
& aufsi ie me fie en luy, pour l'aduenir, com-
me l'ay expérimenté fa grâce le temps pafle,
& en toute ma vie. Et c'tft ainfi que nous ea.
l.Cor.p.
3-6.
qui nous ont pr
tes qui nous ont encores attendu plus long
temps. Quand Dieu nous appelle à vn tel
combat , &à vne telle condition , ne faut-il
pas que nous foyons trop vikins fi nous ne
prenons courage , que nous ne foyons affe-
Aïonnez de marcher & courir pour nous ef-
forcer félon que noftre Seigneur nous com-
mande? Voila donc quant à ce mot de garder
la foy. Suiuant cela faincl Paul adioiifle,Q»f
^uatit au rejfe, la cournnne dt iujliee luy efh ap-
frejlee , qui hy fera renduf far le Seioncuriu-
fie iitge en ce iour-'a : Cr ucn f.ulemint à mny
{dit-ii) mais 'a teus ceux qui défirent f.t venue
& fn affuriticn. Ici fainft Paul conferme
leproposque i'ay défia touchérc'cftafçauoir
qu'il n'a point couru en vain , comme aufsi il
le dit en vn autre paflage. Car comme nous
difons en prouerbe cômun, Batre l'eau, fainft
Paul dit, Batre l'air : pour monftrer qu'il n'a
point combatu en vain. Car il fçauoit (côme
chofes prefcntes , mais qu'elle furmonte le
mode. Et de fait ce n'eft point fans caufe que Hï6. u.
l'Apoftre dit que c'eftvne vifion des chofes *•!•
inuifibles,&vn fondement des chofes abfen-
tes.Il tft vray que cela nous femble eftrange.
Comment? de voir les chofes inuifibles.? cela
n'eft point pofsiblc. Il tft vray: mais Dieu
nou< donne des yeux qui font,non point pour
apperceuoirce qui eft apparét félon le mon-
de, mais les yeux de la foy percent les cieux.
Combien donc que félon le fens humain , &
noftre raifon , l'tlperance que Dieu nous
donne foit cachée , fi ne Uiflons-nous pas
d'en eftre affeurcz quand nous auons le mi-
roir de fa parole , & que noftre foy s'adrelTe
à luy. Voila où nous lettons noftre ancre,
non point feulement à vne centeine, ou de
pas, ou de coudées , mais nous la lettons iuf-
ques au ciel , côme il en eft parlé en FEpiftre
aux Hebrieux.Et ainfi notons que pour che- "*''''•
1 l'exprime en ce paflage) que la courônene miner corftammenc,& pour ne point tourner ''
luypouuoit faillir, d'autant qu'elle luy eft
promifede celuy qui eft la venté certaine &
infallible. Quand donc nous auons la pro-
meflè de noftre Dieu, quand par fa bonté in-
finie il s'oblige à no', faut-il craindrerSi nous
ne prenons courage là deflus , quelle excufe
y aura-il! N'eft-ce pas figne que nous ne por
bride quand nous ferons au bon chemin, mais
pluftoft pour bien aduanccr,il nous faut' eftre
afleurez que iamais Dieu ne nous defaudra,
& combien que nous foyons cmptfchcz par
les fafcheries que nous endurerons, de venir
à luy pour nous cacher fous l'ombre de fes
ailes , & pour l'iuuoquer comme noftre Père,
tons nul hôneur à Dieu, mais pluiloft q nous toutesfois fi nous faut-il auoir ceftc refo
luy faifons iaiure , oc Teftimans point âdele luti»n-la, que la courooae de iufticc nous eft
Rr.ii.
^
çoo
SERMON XXVII î.
sppreilee ? Et pourquoy ? Car quand il noii'; a
mis enccuiire, ce n'a pas efté pour nous plac-
qiier là,& pour veoir ce que nous tcrions.'mais
il a promis de nous donner vertu &: confian-
ce. Etainli attendons la victoire de luy, &ne
craignons pas qu'elle ne nous foit délia toute
apprcftee, comme li nous la teniôs en la main:
mais il veut que nous luy facions ceft hon-
« neur, d'efperer ce que nous ne voyons point,
& ce qui nous ell mel'mes incomprehenfîble.
Voila qu'emporte ce mot, Quant aitreflt. Et
ainli adulions de recueillir tellement les grâ-
ces de Dieu que nous auons receues par ci de-
> uant, que noftre conclulîon finale loit de di-
re , Dieu qui a commencé parfera : ainfi que
faintl Paul le déclare au premier des Philip-
piens . Et aulsi quand il dit aux Corinthiens,
•.Cor.i.î qiJe Dieu qui a efpandu fes largelTes lur eux
ne leur detaudra en rien qui foit pour leur fa-
lut, iufques à la venue de noftre Seigneur le-
fus Chriil : par cela il nous monftre celte do-
ftrine, c'eit aii'il ne faut point que nous le re-
mercions feulement de ce que nous auons def
ia fenti de fa bonté , mais que nous pafslons
pardelTusle inonde, & que nous ne doutions
point que puis qu'il nous a adoptez, qu'il nous
, conduira iufques à ceft héritage immortel du
Royaume des cieux.Combien que nous ayons
beaucoup de mauuaifes rencontres , que nous
pourries eftre defcouragez, que mefmes nous
voyons les gouffres ouuerts de toutes parts,
que nous ayons toulîours comme vn pied en
la fofle.que nous foyons affligez de beaucoup
de hazars, que le diable mefmes ait la princi-
pauté en l'air, neantmoius efperons en noftre
Dieu, & ne doutons point qu'il ne face valoir
noftre adoption, iufques à tant que nous pof-
fedions les chofes que nous efperons mainte-
nant, d'autant qu'elles ne nous font point en-
core? prefentes . Mais' il] femble bien de pri-
me face que fainct Paul s'attribue ici quel-
ques mérites, quand il dit que la couronne de
iuftice luy eft appreftee . Et de faift, les Papi-
ftes quand ils veulent approuuer leur Franc-
arbitre,& leurs œuures méritoires, allèguent
ce partage. Comment ? Voila fainft Paul qui
dit que la couronne de iuftice luy eft appa-
reillée . Il faut 'donc qu'il ait efté iufte en fes
CEUures . Ainlî on voit que nous ne fommes
point fauuez par la feule foy,(difent-ils)niais
quand nous auons deflerui, Dieu nous recom-
penfe, comme ceu^ qui auront bien trauail-
ié . Or en premier lieu , il nous faudroit r^3~
uoir dont nous vienent toutes nos vaillan-
ces. Ya-il|homme qui s'ofe vanter d'auoir
nulle fuffilance en foy pour fouftenir vn feul
combat ? Q_uand fiind Paul parle de ceux qui
Q font de fon e/lat, c'eft à dire qui ont la char-
'•'' ge d'anoncer l'Euangile, Nous ne fommes
point fuffîfans, dit-il. Et de quoy faire ? Il ne
dit point de perlifter, il ne dit point de nous
porter vertueufcmeht en quelque perfccu-
tion, ilne dit point d'édifier vise Eglife, iinc
dit point de reCfter au mal pour tri coup, il
ne dit point de nous cxpofer à la mort,& d'e-
ftre prefts de quitter noftre vie, & tout ce qu'il
y a : mais feulement (dit-il)d'auoir vne (eule
bonne penfee: nous ne fommes point idoines
àcela(dit-il)(înon que la fuflifancenous vie-
nca'enhaut.Qu,e les hommesaillent mainte-
nant s'exalter,& qu'ils facét les braues, qu'ils
mettent en auant leur Franc-arbitre: car puis
qu'ils ne peuuentauoir vne feule bonne pen-
Ice.comment auront-ils l'exécution? commet
auront-ils la conftance de perfifter en la véri-
té de Dieu, &defurmonter tout ce que le dia
ble machinera au contraire ? Et s'ils ne peu-
uent auoir vne penfee d'vne minute de temps,
comment cotinueront-ils toute leur vie?Ain(î
donques notons bien quand faintl Paul dit
ici que la couronne de iuftice luy eft appre-
ftee:!! n'allègue point les prouefles qu'il ait
faites , comme s'ilauoit cela de fon propre:
mais la iuftice de laquelle il parle , eftoit ce
qu'il auoit receu de la ijrace de Dieu. Et c'eft . /-.
iuyuant ce qu a dit en vn autre pallage, Q_ue
as-tu(dit-il)que tu n'ayes receuPSi tu l'as re-
ceu.tu le dois:&: puis que tu le dois, pourquoy
t'en glorifies-tu? Voila fainfi: Paul qui en vn
mot abbat bien toute lahautefTcdes hommes
quand ils fe voudront rien attribuer. Tu n'as
rien (dit-il)lînoncequi t'eftdonné:tu es doc
facrilege quand tu te veux faire valoir: car tu
vfurpes ce que Dieu te donne , voire c« qu'il
te donne à telle condition , qu'il demeure
toulîours en fon entier, c'eft à dire, qu'il ait la
louange qui luy appartient. Car autrement
que fera -ce , finon que tu es vn brigand , &
que l'honneur de ton Deiu eft en proyeîVoi-/ ,
la pour vnitem. Et au refte, les Papi ftes mef-
mes doyuent bien noter ce qu'a dit l'vn de
ceux qu'Us appellent leurs Doûeurs : Com-
ment Dieu rendroit-il la couronne comme
iufte iuge, s'il n'euft premier donné ja grâce
comme Père mifericordieux? Etcomment y
auroit-il iuftice en. nous, fînonque la grâce
euft procédé, laquelle nous iuftifie ? Et com-
ment celle couronne feroit-elle rendue com-
me deue, lînon que tout ce que nous auons,
nous euft elté donné fans cftre deu ? Voila les
mots de faintl Auguftin.Et quand les Papiftes
ne l"e veulent tenir à l'Efcriturc fainfte , c'eft
pour le moins qu'ils ne fufîènt pas il vileins
de renoncer à ce qu'ils font femblant de te-
nir.Mais encores n'eft-ce pas tout que cela:il
eft vray que c'eft vne doftrine qui mérite bien
d'c.ftre receue, que Dieu ne peut eftre iufte
luge pour nous fauuer , qu'il ne fe foit décla-
ré Père mifericordieux auparauant & en pre-
mier degré , qu'il n'y aura nulle iuftice en
nous, fînon celle qu'il y aura mife: & qu'il ne
nous peut recoinpenfer lînon en couron-
nant fes dons. Mais il y aaufsi bien,'qu'cnco-
rcs que Dieu nous ait fait grâce de Icfcruir,
que nous ayons mis peine, & nous f lyonsem-
ployez de faire félon noftre mcfure tout ce
qni
SVR lA IL A TIMOTH.
tp\ nous fera pofsible , qu'encores n'âurons-
rous point fi bien fait , qu'en tout & par tout
Dieu nous accepte : raefmes il tronuera bien à
redire en toutes les meilleures œuures que
nous aurons faites , que la plus grande vertu
qu'on fçauroit choifir en nous, fera vicieufe.
Car quand nous penferons eftre bien difpo-
fez pour feruir à Dieu, il y aura toufiours ie
ne fçay quoy qui nous retardera, nous regar-
derons au monde, nous aurons quelque tenta-
tion qui nous volera au trauers des yeux, nous
n'inuoquerons pas Dieu comme il appar-
tient , nous ne ferons pas affedionnez & en-
flambez d'vn tel defir Si amour qa'il feroit re
quis.nous ne regarderons point de feruir à
nos prochains comme nous y fommes tenus,
plxiftoft nous trauaillerons pour nous ,&,re-
garderonsànoftre profit. D'autant donc que
il y aura toufiours de telles taches en nos œu-
ures,& qu'elles pourroyent eftre toutes à con
damner, n'eftoit que noftrc Dieu eult pitié de
nous,& qu'il nous fupportaftCcorame il dit par
fon Prophète, qu'il accepte nos feruicescom
me vn perc fait ce que fon enfant tafchede
luy apporter pour luy complaire , combien
que cela ne foit point parfait, mefmes qu'il ne
vaille rien, fi eft-ce que le père s'en contente,
non pas que l'ocuure le vaille, comme l'ay dit,
mais c'cït d'autant qu'il aime l'on enfant)
Dieu déclare qu'il vfe de fa pure bonté, quand
il accepte nos œuures,-non pas qu'il regarde
quelque dignité ou mérite, mais d'autant que
il nous aime, il les reçoit : voire &: les aduojue
comme iulles, & comme s'il n'y auoitque re-
dire, encores qu'il y ait de l'imperfeftion
beaucoup . Ainli tant s'en faut que ce pallàge
foit pour aider en rien aux Papiftes,pour mon
ftrer que les œuures méritent quelque chofe
enuers Dieu,& que la leule foy ne nous faune
pas, que c'eft pluftoft pour les conf(jndre.Car
quand on aura bien regardé les mots de fainft
Paul , ce paflage-ci conclud neceflairement
qu'il faut que nous foyons fauuez par la feule
fby, d'autant ( comme nous auons dit) que
Dieu ne peut couronner en nous nulles œu-
ures,fînon celles que nous aurons faites par fa
pure grace.Et qu'ainfi foit, quand les Papiftes
parlent de leurs œuures méritoires , en pre-
mier lieu ils fe font compagnons de Dieu, &
cuident coopérer auec luy ( comme ils vfent
de ce mot) c'eft à dire qu'ils apportent quel-
que bon mouuement.qu'ils ont bon vouIoir:&
bien,Dieu leur aide quand ils font bien difpo-
fez.il y met la main en partie. Or eftans enflez
d'vn tel orgueil, on fe fait à croire qu'il eft en
l'homme de bien faire . Et voila qui eft caufe
de les faire enyurer en leur nonchalance, d'au
tant qu'il leur femble qu'ils auront toufiours
la faculté de bien faire quand il leur plaira: vît
làdcflus ils s'abandonnent à tout mal, en for-
te qu'ils font pleins de toute immondicité Jj
dedans, qu'ils foQt iranfportez d'affedioni^-
xecrables,méfmes ils fontlàenforcelez, &co
me aueuglez , ils ferment les yeux i tout . Et
puis ils font enflez de leur Franc-arbitre, de
leurs vertus,& de leurs mérites. Et puis.d'au-
tant qu'ils n'ofent pas mer qu'ils ne foycnt pe
cheurs , & redeuables à Dieu , ils adiouftent
leurs fatisfadions , pour dire, Si ie ne me fuis
acquitté en vn tel endroit , voila qui fupplee-
ra au défaut . Voila (di-ie)oùen font ces po-
ures miferables. Mais encores quad ils auront
tout fait, quel repos ont-ils en leurs contcien
ces?Il eft impofjible qu'ils ne foyent toufiours
en trouble & en inquiétude, d'autant qu'ils ne
ont nulle certitude de leur falut . Et de faift,
c'eft vn des principaux articles de leur foy,de
dire que c'eft vne prefomption aux hommes
d'ellre aflèurez de leur falut. Et c'eft vn iufte
iugementde Dieu, d'autant qu'ils fe font cle-
uez à rencontre de luy comme beftes fauua-
ges . Voila donques ces poures mal-heureux
qui demeurent en fufpens, c'eft àdire, qu'ils
font incrédules, d'autant qu'ils n'ont nulle e-
fperance de falut. Mais de noftre cofté, quand
nous fçauons que nous fouîmes appelez de
Dieu par fa bonté gratuite, qu'il nous aduoue
pour les enfans au nom de noftre Seigneur le-
fus Chrift, & non pas que nous l'ayons delTer
ui,nous cognoiuons aufsi bien que nos œuures
luy font agréables. Et pourquoy? Eft-ce pour
leurdi§nité;Nenni: mais pourcc qu'il ne nous
impute point les fautes qui y font : combien
qu'ily?it à redire, toutesfois il nous accepte,
comme fi nous l'auions ferui en tout & par
tout. Cependant nous auons noftre refuge à la
remifsiondc nos péchez, nous l'inuoquons.Et
bien,Séigneur,puis qu'il tcplaiftnous fuppor
ter, & nous faire vne telle mifericorde, nous
fommes d'autanfplos tenus & obligez à toy:
Se quand il te plaift d'accepter nos œuures qui
font vicieufes & imparfaites, c'eft par ta pure
bonté & gratuite. Voila(di-ie)comme vne tel
le confideration nous abbaille & nous humi-
lie.Mais les Papiftes, encores qu'ils criét bieit
haut pour magnifier leurs œuures &leur.s mé-
rites, fi faut-il qu'ils ayent la boucheclofe:
car Dieu les rend confus en leur orgueil, quad
ils luy veulent ainfî faire la guerre . Q_i*;ind
doc il n'y auroit que ce partage en toute l'E-
fcriture fainâ:e,il..fuffit pour môftrcr que nous
ne fommes fàuuez que par la feule foy, d'au-
tant que nous mettons noftre fiance en la pu-
re bonté & gratuite de noftre Dieu, non poiwt
feulement pource qu'il nous reçoit à merci,
mais aui'si qu'il accepte nos œuures, combien
qu'elles en foyét indignes,& que mefmes pluf
toft elles luy deuroyent eftre puantes, à caufe
des imperfeûions qui y font , togtesfois qu'il
les accepte, d'autat qu'il luy plaift les aduouer
comme s'il n'y auoit que toutç perfection &
pureté , & les reçoit au nom de noftre ^çi-<
gneur lefus Chriû. ,;,_ . j.j.'; ,,i,,
■ ; ■•> ' , '. ;.'nvi .' i >! s! î
•' , OR nouspnous.proftetç^{u;gns déliant lu
race de noftre bon Dieu encognoiffance de
■ K.Mll.
çci SERMO
nos fautes, le prians qu'il nouç les face mieux
fcntir.Et d'autant qu'il luy plaill de nous exer
ter en ce monde, que nous ne foyons point ii
délicats qu'vn chacun ne s'efforce de batail-
ler vertutufement , à ce que nous rciiftions à
Satan , & à tous fes fuppofts . Et combien que
nous voyons de tous coflez que nous fommes
affàillis , & qu'il y a tant d'ennemis de Dieu,
que tout le monde en eft plein , & que niefmes
h poure Eglife eft fur tout affligée des enne-
mis domeltiques.que nous ayons vn bon cou-
rage pour pourfuyure conftamment iufques à
ce que nous foyons paruenus à noftre viftoi-
rc:& non feulement cela,mais iufqu'à ce qu'il
nous face triompher pleincment,&: qu'il nout
N XXIX.
ait amenez au but aaqucl nous tendons.Et ce-
pendant qu'il nous face la grâce aufsi de noUS
humilier dcuant luy, tellement que nous ne
prefumions point ni de nous , ni de nos ver-
tus , mais que nous dépendions du tout de fa
pure bonté : que nous fçachions que c'eft de
luy que nous tenons tout noftre b;en,& ce quj
nous eft ueccflàire en ce mondt,& que c'eft de
luyqu'il nous faut attendre tout lerefte:&fur
tout que nous rcccuions pardon de nos fau»
tes &de nospechtz par la faindeté parfaite
& la iuftice accomplie qui a efté en noftre Sei-
gneur lefus Chrift. Que non feulemctil nous
face ctfte'gracciouu à tous peuples & naciés
de la terre,&c.
CINQJ/IEME SERMON SVR LE
CLV ATRIEMECHAPITRE.
8 Quant au reîle , ta couronne de iuHice mcj} gardée , laquelle
me rendra le Seigneur iuBe iuge en ceîle tournée- la : (^ non feulement
à moy,mah aujli à tous ceux qui auront aimé fa yenue,
^ Fay diligence de -venir bien tofl à moy.
10 Qar Demas m'a laijfe, ayant aimé ce prefcnt monde , (^ s* en
efï allé à TheffaloniqueyCrcfccns en Galatie, Tite en Dalmatie.
11 Luc eflfcul auec moy. Vren lAarc, CT l'amené auec toy : car il
mefiytileauferutce.
IL Vay aufii enuoyê Thy chique en "Ephcfè.
13 Quand tu "viendras, apporte auec toy la manteline que tay laïf-
fee en Troas chez Carpe, Qt les Hures, ç^ principalement les parche-
mins.
Ous auons veu par ci deuât,
jque pour auoir bon courage
1 ds feruir à Dieu,toufiours la
: venue de noftre Seigneur
lefus Chrift nous doit eftre
en mémoire: car fans cela il
nous faudroit défaillir à cha
cune minute de temps. Nous fommes fragiles,
il faut peu de chofe pour nous desbaucher, &
ks tentations que Satan nous met deuant les
yeux font grandes. Il n'y a donc autre moyen
de nous confermcr à ce que nous periiftions
conftament a fuyure le bon chemin, finon que
nous fçachions q noftre Seigneui lefus Chrift
riëdra pour rcftaurer les chofes qui font main
tenant confufes.Il femble que nous trauaillôt
en vain quand le monde femocquede nous,
queraefrues nous fommes blafmez après auoir
bien fait : mais nous f^auons que lefus Chrift
à fa venue rcnucrfera toutes les faulTes opi-
Dioos du VM&âli,6c mds^ifiii que' ce n'cA
point peine perdue de s^employer à fon fer-
uice . Or cependant il nous doit fouuenir que
nous ne pouuons pas efpcrerque Itfus Chrift
à fa venue nous rende la couronne de iuftice,
fmon d'autant que Dieu par fa pitié accepte
ce que nous failons : non point que nous ap-
portions rien du noftre qui vaille, ou qui mé-
rite d'eftre ainfi renomme : mais d'autant que
il nous a receus vne fois à merci , & qu'il nous
aime comme k^ enfans . Voila aulsi pour-
quoy nos CEUures luy font agréables . il nous
faut donc eftre fondez fur la pure venté de
noftre Dieu , fi nous voulons rien attendre de
luy. Or maintenant il rcfte ce iour dont par-
le fain£b Paul . Il dit , C* iour-la . Il pouuoit
bien déclarer plus à plein la venue de noftre
Seigneur lefus Chrift . Mais ceftc façon dç
parler dont ilvfeaplus grande véhémence,
ic. nous doit mieux toucher. Car il déclare
ceftc certitude de foy qui cftoit en luy : il
marque ce lourde la.reAue im lefus Chnil
'■ ■'■• • ■■ comme
SVR LA II. A TIMOTH
«amme vne cKofc qui luy eftoit dcfia prefen-
te.Il eft vray que felô le fcns de la chair nous
ne comprenons point que noftre Seigneur ic-
fus Chrill foit prochain de renir : car aufsi il
e o faut quenoftrefalut foit enclos en efperance.
' ■ Or cequenous cfperons (dit fainâ Paul) eft
caché.Mais cependant, puis que nous fçauons
que le Fils de Dieu eft delccndu à cefte con-
dition de nous retirerde toutes les miferes de
ce monde , & nous acquérir le Royaume dcj
cieux , ne doutons point qu'il ne nous al'sifte
pour faire valoir la mort & pafsion qu'il a en
durée pour noftre falut , Se pour nous mettre
en pollefsion de tous les biens qu'il nous a ac-
quis, pour nous faire fentir le truifl & l'efFed
de fa première venue.Ainfi,quand fainâ Paul
en parlant du iour du iugement.le marque cô
me au doigt , notons que par cela il nous veut
certifier en U vertu du fainû Efprit , que ce
n'cft point vne cliofe douteufe que cefte fé-
conde apparition du Fils de Dieu. Mais com-
bien qu'elle nous foit incomprehenfible félon
Ja chair, toutesfois nous la deuons côtcmpler
des yeux de la foy : c"eft à dire , d'autant que
nous au5s fes promelTes qui nous en (ont don
nées, comme vn miroir , qu'il nous faut là du
tout arrefternos fens. Mais il s'en faut beau-
coup que ceux qui fc nomment Chreftiens
ayent prattiqué cette dodlrine comme il le-
roit requis.Carnous ne pouuons pas regarder
trois doigts loin de nous. £t lî tollque Dieu
diffère fon aide quand nous fommcs en necef-
fité, nous voila efperdus, nous ne fçauons que
deuenir. Comment donc pourrons-nous mon
ter li haut que de veoir le Fils de Dieu afsis
au fiege de fa maicfté,&àfa gloire celcfte,
combien qu'il foit caché félon noftre fens
humain?Or tant y a que ceci n'eft point cfcrit
fans caufe.Et quand lefus Chrift nous appel-
le à foy, &qu'il veut que cefte trompette re-
fonne à nos aureillet , comme fi dclîa nous
l'oyons, Ciu'il nous faut trouuer tous deuant
fon fiege iudicial:cela nous doit bien refueil-
ler.Et ce n'eft pas feulement ici qu'il vie d'vn
l.Tim I tel langage ôcftyle, mais quand il a ditcidef-
jl^ ' * fus qu'il auoit efté iecouru par Onefiphore, il
dit que le Seigneur luy rende en ce iour-la.
Et notons que l'ainû Paul fe voyoït défia pro
chain de la mort quand il parloit de cefte cou
ronne de iuftice. U ne faut point donc que
nous foyons eftonnez quand il femblcra que
nous foyôt du tout péris & perdus, mais c'cft
alors que nous devions eftre tant plus incitei
a eleuer nos telbes en haut, puis que noftre ré-
demption eft prochaine ,&nousaircuret que
nous ne ferons point fruftrez, ayaiis ainiî ap-
puyé noftre fiance fur le Fils de Dieu qui ell
la vérité immuable , & par lequel Dieu fe dé-
clare à nous, Se cognoifloni fon c«n feil éter-
nel. Voila(di-ic)ce que nousauons inoterde
cepaflàge , quand faind Paul marque ainfi la
venue de noftre Seigneur le fus Chrift. Or afin
qu'on ne penfe point c^ue ce qu'il i du fuft
feulement pour fa perfonne , il adioufte , Q«*
c'fjl yne rtfouiffance commun» à tons enfant as
DieH. Mais cependant il attribue aux fidèles
ce titre, qu'il» aiment cefte apparition de no-
ftre Seigneur lefu! Chrift . Voulons-nous
donc eftre participâus de ce bien ineftimable
dont fainft Paul a parlé, c'efiafçauoir qu'en
toute noftre vie nous fçachions que Dieu
nous reçoit par fa pure bonté, & que ce que
nous luy offrons n'eft point perdu,mais qu'il
luy eft comme vn facrifice de bonne odeur?
Voulons-nous au milieu de la mort contem-
pler la vie ? Q^nd nous ferons diffamez de
opprobres entre les hommes , voulons-nous
fupporter cela patiemment , Se mefmes eftre
afleurezde \î couronne de gloire! Q_ue nous
aimions cefte venue du Fils de Dieu. Or ce-
fte amour-ci ne peut eftre fins cognoiJIancc,
comme on dit en prouerbe commun, Qji^il
faut auoir cognu deuant qu'aimer. Si donc
nous ne femmes bien certifiez par 1» parole
de Dieu que noftre Seigneur Icfus Chrift eft
conftitué luge du monde, & qu'il le monstre»
ra quand nous ferons recueillis auec luy en la
compagniedes Angesifi nous n'auos cela bie*
enraciné en nos cccurs , ileft impofsible que
nous aimions fa venue: car nous n'y pren-
drons nul gouft.Ec defaiâ nous voyons coin
me les vanitez de ce monde nous tranfpor-
tent , & que nous en fommes tant enyurez
que nous ne penfons point à ce Royaume
fpirituel auquel Dieu iournellement nous
conuic. Il eit vray que toutes fois&quantes
que nous viendrons au fcrinoo , nous aurons
les aureilles battues de cefte doflrine.noiis ne
fçaurions ouurir l'Efcriture fainâe que nous
ne trouuionslà quelque mot pour nous in-
citer : mais nous fommes tellement defgou-
ftez , àcaufe que les vanitez & les fols appe-
tisdc ce monde ont préoccupé tous nos feni,
que nous ne fçauons que c'eft de cefte amour
de la venue de noftre Seigneur lefus Chrift.
Et ainfi donc deuons noftre foy , efueillons-
la, qu'elle ne foit plus ainfi eftouffee parles
plaifirs du monde , par les appetis de noftre V
chair qui font du tout corrompus , mais que
nous arrachions les mauuaifes herbes.afin que
rien n'cmpefche que la bonne fcmence de
foy ne fruûifie,& que quand nous aurons em-
braflc les chofes quiappartienentà la venue
du Fils de Dieu pour noftre rédemption &
falut , qu'elles nous incitent à cefte amour
dont parle fainû Paul. Or donc nous voyons
quecen'eft point fans caille qu'il eft ici dé-
claré que ceux qui veulent iouir de la cûuroi\
ne de iuftice, y doyaent afpirer , voire d'vne
telle affcdion & fi ardente, & que rien ne les
retiene ici bas , mais qu'ils prattiquent cefte
fentence de lefusChrift.que leur ccrur fera là '
où ils côftituent leur threfor. Que donc nous *''"
ne mettions point noftre félicité en ces cho-
fes corruptibles , fçachans que nous y ferons
trompez ; mais que nous cognoïKions qi;c
"Ri. i:ii.
50+
SERMON XXIX.
noftrc fouiierain bien, & auquel il nous faut
afpirer du coiic,c'cfl: la vit celefte qui nous cft
appreftee:^: laquelle le Fils de Dieu nous ma-
nifefteraà favenue.-cS: que noflre cœur s'adon
ne là, c& qu'il y foit du tout attaché. Mais ici
on pourra demander, cônient nous pourrons
aimer lavenuede noftre Seigneur lefusChrift,
atteudu.que nous fojnm.es poures pécheurs, &
que nous ne pouuons finon élire confus en
comparoifTant deuant ia maiefté. Car quand
nous ferons côparaifon entre le Fis de Dieu,
& lespouretez qui font en nous, n''eft-ce pas
pour nous abyfmer du tout en defelpoir ? Or
n'eft-il point pofsible que nous aimions fa ve
nue, finon que nous foyons bien perfuadez &
rcfolus que c'eft pour noftre falut qu'il doit
venir. Il eft vray quand Dieu parle aux mef-
chans,àceux qui font rebelles à la parole,aux
cétcmpteurs de fa iuftice, aux hypocrites qui
■abufent defon nom , &en prenent vnefauffe
■couuerturejil dit bien, Mal-heur lurvousauec
toute Pefperance que vous cuidcz auoir à la
hfli-i- Tenue du Seigneur. Car quand Dieu viendra,
ine fera-ce point en ténèbres & en obfcuritc,
en tempelle &en tourbillon?ne fera-ce point
pour vous apporter angoifle & tourment? Il
ne vous faut point donc attendre à cefte ve-
nue. Il eft vray que les Prophètes ne parlent
point là de cefte dernière apparition de no-
ftre Seigneur lefus Chrift , mais ils appellent
la venue du Seigneur , toutes fois&quantes
qu'il fedemonftre. Or les hypocrites faifans
femblant de fe fier en Dieu en obeiflance 5:
Jjumilité, cependant reiettent fa parole, &Iuy
font du tout contraires. Pour cefte caufe les
Prophètes leur difcnt. Vous demandez de
veoir le iourdu Seigneur,& laites femblât de
l'appeter fur tout: or quand il viendra en fon
fiege.n'eftimez point que ce foit finon à voftre
confufion. Mais de noftre cofté nous fçauons
oue noftre Seigneur lefus Chrift ne viendra
point pour con fumer en rigueur les membres
de fon corps, mais phiftoftce fera pour mon-
ftrer le fruift de cefte rédemption qu'il leur a
acquife.Etainfi donc, combien que nous foy-
ons poures & mifcrables pécheurs , combien
qu'en nous il n'y ait que toute malediûion, fi
eft-ce que nous pouuons hardiment nous ef-
iouir à la venue du Fils de Dieu.d'autant qu'il
eft noftre Aduocat,^: n'a point oublié ceft of-
fice-la,& eft tellement luge duTnonde,qiie ce
pendant il nous couuriraJe-cefte obeilunce
qu'il a rendirc à Dieu fon Père, afin qu'elle
nous foit allouée en conte, côine fi nous-mef-
mes l'auions .iccomplie.Puis qu'ainfi eft donc
que noftre Seigneur lefus ne viendra point
auec vne maiefté terrible &cfpouantabIe , &
qu'il ne nous traittera point fcion nos déme-
ntes,mais qu'il fera quenov fautes nous ferôt
pardonnees,& que nous fentirons le fniiil dff
cequi nous eft iournellemenc prefciié , c'eft
afçauoir que Dieu fe réconcilie gratuitement
à nous par ili pure bouté: puis, di-ie, qu'ainfi
eft , nous pouuons bien aimer la venue. Mars
nous voyons maintenant combien il y en a
peu qui puiffent dire auec fainû Paul , que la
couronne de iuftice leur eft appreftee. Chacû
fe vantera aflez d'eftre Chreftien,mais cepen
dant allons-nous à la mort comme eftans af-
feurez que Dieu eft gardien de nos âmes , 8i
qu'il les aura aufsi en fa proteftion , que nous
ferons en repos iufqu'à la dernière venue de
noftre Rédempteur? Qui eft-ce qui vit telle-
ment qu'il ne foit point efpouâté delà mort,
& qu'il cognoifle qu'en remettant fon ame
entre les mains de Dieu,il la met en vn lieu iî
afleuré qu'il ne faut point qu'ilen doute?Mais
au contraire, quand nous aurons à pleine bou
che protefté que nous fommes Chreftiens , iî
on nous parle de la mort, nous voila tant ef-
frayez que c'eft pitié, il femble q iamais nous
n'auonsouy vn feul motde l'Euangilcque le
Fils de Dieu foit defcendu aux abyfmes d'en-
fer pour nous en retirer , qu'il foit monté au
ciel afin de nous ouurir la porte:nous ne gou-
ftons rien de tout cela. Ainfi nous monftrons
noftre infidelit é. Et c'eft vne honte trop vilei-
nc de nous glorifier en ce mot de Chreihété,
quand nous n'en auos goutte qui loit.Et pour
tant,quc ce paflage nous aduertifle que nous
ne pouuons eftre recognus pour enfans de
Dieu, finon que nous viuions tellement en ce
monde,que d'autant plus que nous approchôs
de la mort, nous prenions matière de nousef-
iouir,fçachans que fi ceft homme extérieur eft
anéanti, c'eft pour eftre reftaurez pleinement
par la vertu de celuy qui peut tout. Que donc
nous ayons les promefles de Dieu tellement
imprimées en nos coeurs, qu'il y en ait vne tel
le fignature par le fainft Efprit , que nous ne
doutions point de ce qui eft contenu en fa pa
rôle. Et au refte que nous ayons toufiours les
yeux ouuerts pour côtépler ce qui no' eft dit,
c'eft afçauoir que quand FEuangile nous eft
prefché, c'eft autant comme fi lelus Chrift e-
ftoit crucifié deuant nous. Puis qu'ainfi eft,nc
doutons point que fa mort & pafsion n'ait (a
vertu & fon eiFeft , comme faintt Paul dit que
fi nous doutons de paruenir à fa gloire , c'eft:
autant comme fi nous l'arrachions de fon fie-
ge.Et nous confelTons qu'il eft afsis àiadex-
tredeDieu, qu'il gouuerne en pu!flance&
empire fcuuerain. Qupnd donc nous doutons
fi nolrre héritage nous eft referué aux cieux,
c'eft autant comme fi nous renoncions à ceft
article-la de noftre foy, que nous fommes ra-
chetez de la mort: c'eft autant comme fi nous
renoncions la mort & pafsion de noftre Sei-
gneur lefus Chrift, dit fainft Paul. Que ces
cbofes-la nous vienent en mémoire, afin que
nous corrigions ccftemaudite incrédulité qui
règne par trop en noftre chair,&: que nous ap
prenions que c'eft d'aimer la venue ciu FiU de
Dieu. Or fimrt Pauladioiifte,<T/(f Timoihet fe
bafle de -venir k luy. Il eft vray que Timothce
eftoit aflez occupé au lieu ou il fcruoit en la
ville
s V R L A II. A T I M O T H.
ville d'EpIiefc.que laily auoit.degrans afFai-
res: mais il ne taut point douter que ùmù
Paul regarde que fa preience luy eftoit plus
vtile beaucoup pour le profit commun de tou
te l'Eglife. Cependant U n'oublie point PE-
ghled'Ephefe,car il y enuoye Tychique,afin
qu'il fuppleeau défaut de Timothee. 11 adiou
fte la railbn pourquoy,!.- /<«(■>/««/ (dit-il) «r
Demas m a U']]é , ayant aimé ce prefent monde,
g^ s'en efhallc a Thc-jfaloniqHe. Crvfcens s'en ejl
allé en Gal.itie ,Tite en Dalmatie. lln'y a fie
Luc auec mty -En ceci fainû Paul monftre que
il auoit beloindela prefence de Timothee
pour luy aider en la defenfe de l'Euangile.
Or il ertoit alors détenu prifonnier , & n'at-
tendoit que l'heure de la mort : ilpreuoyoic
de gras troubles, pource que les infirmes font
fcandalifez tantoft , finon qu'ils euflent occa-
lîon de Ce confcrmer en la foy . Sainft Paul
doncpreuoit cela, & pourtant il deiîre que
Timothee foit près de luy à l'heure de fon
trefpas.ou bien pour quelque autre chofene-
ceiraire que Dieu luy cômandoit,où il ne pou
uoit pas Fournir luy feul. Voila donc en fom-
jne ce qu'il dit ence paflage.Maisafin q nous
ne penfions point que ce loyent propos fami-
liers,& qui ne feruct de rien à l'Eglife, & que
le S.Efprit nous ait ici couché des choses iu-
perflues parmiladoftrinede noftre falut,no-
tons quand faind Paul exhorte & prie Tin»o-
thee de venir bien toft , par cela il nous mon-
ftre que ce n'efl point peu de chofe q pour l'e
dificatiô cômunede toute l'Eglife on prenie-
ne les troubles & les fcandales q le diable fu-
fcite quad il y a quelque changement & muta-
tion.Et ceci eft bien vtile. Car nous voyons
tous les iours que les feruiteurs de Dieu font
moleftez, il femblera que l'édifice s'en doyue
aller en ruine quand les meichans auront la
vogue, que les ennemis de venté exerceront
leur cruauté contre lescnfansde Dieu:il y au
ra des changemés. Cela doc feroitpour esbrâ
1er la foy des fidèles. Pourtant il faut q nous
en foyonsiaduertis,afin de n'eftre point /âitîs
d'vne frayeur foudaine , mais que de longue
main nous ayôs prémédité cela, afin que quoy
qu'il aduiene nous demeurions toufiours fer-
mes,que nous ne flechifsiÔs point ne çà ne là,
mais plufloft que noftre foy ait vne conftâce
inuincible, pour furmôter tous les afiâuts que
le diable nous drefle. Voila pour vn item. Et
mefmes quand nous oyons que fainft Paul at-
tireTimothee d'outre raerpour eftreauec luy
pour la defenfe de l'Euangile, cognoiflons q
c'eft vne chofe precieufe q la parole de Dieu
foit maintenue. Q^âd queiqu'vn fera perfecu
té.ilfaut bé\]u'il cogn nflè. Vo'ci vne charge
difficile que le f niftien fur mes efpaiiles,mais
elle efthonorablc & c'eft le plu^gr.ld facrifî-
ceque ie puifle offrir à Dv.u que de maintenir
h querelle de fon Euang:lc , S: de rendre les
mcfchansconfîis. Qjantàmoy ie f-mitien le
nom de taon Ditu,& faut <^ ie pcrfirftc en cela
iufques à la fin.Ainfî noHS voyofis,côbien que
fainci Paul parle à Timothee , qu'il ne laiïïe
point de nous donner vne dûftrine qui eftpro
fitable à tous, moyennant que nous la fçachiôt
prudemment appliquer à noftre vfage & pro-
fit.Mais fur tout il nous faut bien noter quand
fainft Paul parle de Dénias, qu'il du qu'ill'a
la'[[é,ayaiit aiméle monde : il n'entend pas que
ceft homme duquel il parle,ait du tout renon
ce l'Euangile, qu'il foit deuenu vnapoftat &
ennemi deDieu, qu'il fe foit retranché de l'E-
glife comme vn membre pourri, il n'entend
point cela:mais feulement que pour fon pro-
fit,ou pour quelque commodité plus grande,
ou bien fuyant la croix & les fafchenes qu'il
luy faloit endurer en la compagnie de fainâ
Paul, il s'eftretiré.Or cependant fi eft-ce que
fainft Paul le dégrade , car c'eft plus que fi va
homme eftoit fleftri par ignominie , quand il
dit. Il a aimé le monde, & pourtant il m'a laif-
fc.c'eft autant comme s'il diioit qu'il a prefe
ré le monde à Dieu. Et c'^eftvn efchangebien
mal propre que ceftuy- ci, mais c'eft pour no-
ftre m ftruftion que fainft Paul a prononcé v- ...
ne fentence fi dure contre Demas.Nous voy- ^™-4J4
ons comme en d'autres paflagesilleloue : il ^'•'•5*
l'appelle fon compagnon à maintenir l'Euan-
gile,qu'il luy a aidé. Et ici il luy met vne no-
te pour le diffamer à iamais. Car iufques à la
fin du monde, cependant que le nom de lefus
Chrift fera prefché.il faut que Demas foit ici
comme efchafliudé , & qu'il ait vne fentence
de condanation fur fa tefte, d'autant qu'il s'elt
voulu exéptcr de la peine qu'il endurcit auec
fainft Paul, & qu'il a efté trop délicat , qu'il a
trop aimé fes aifes.Retenons donc que quand
nous aurons fait beaucoupCce nous femblera)
ce n'eft rien fi nous ne perfeuerés iufques au
bout. Car (comme défia nous auons déclaré)
Demat auoit efté en grande réputation, ayât
ce tefmoignage fi excellent de la bouche de
fainft Panl.Eft-ce peu de chofe qu'il foit nom
mé compagnon d'vn tel Apoftre.auquel Dieit
a defployé (es grâces , que fon nom' en a efté
magnifié,& qu'il l'ait appelé inftrument eleu
pour porter le nom de noftre Seigneur lefur
Chrift par tout le monde?Et voici Demas qiir
eft appelé auec luy. Le voila donc céme exal-
té par defTus les nues,& non point que les ho-
mes luy applaudifltnt, mais c'eft comme fi le
fainft Efprit l'auoit ainfi honoré , qu'il l'euft
eteué comme vne lampe ardente au milieu de
fonEglifc.Orapre-. qu';la eftéainfi conftitué
en vn degré fi hautd'{ionneur,voici vne igno-
minie perpétuelle: c'eft afçauoir quand fiinft
Paul déclare qu'il a mieuv aireé le monde. Ec
pourt.înt , i\ Dieu nous a fait la grâce de l'a-
uoir ferui, & de nous eftre employez pour le
tefmoipnage de fon Euangile, que nous ayôs
efté en bon exemple Si-en réputation en for».
Eglife, que nous ayons conduit les autres tel
lement q^e nous puifsions eftre mis cômeaii'
pvcmier rang,aduifi;ns de cht miner tottfio\ir.s
S.f.i.
J0<
SERMON XXIX.
tnfolicItoJe ,Sne peii(oB« point que Dieu
tioas ait prins àloage fenlcmét pour cjuelquc
temps, Si qu'il nous donne congé au bout du
tcrme.miis fçachons qu'il n'y a qu'vne l'eule
condition & fimplc en Icruant à Dieu.c'crt a-
/çauoir que nous luy dédions noftre vie & no
ftre mort. Que tous ceux qui ont fidèlement
tiauaillé en édifiât TEglifc deDieu.enaduan
çât l'Euâgile de noftre Seigneur lefusChrift,
le mirent en La perfonne de Demas, auquel il
cft reproché qu'il a mieux aiiné le monde : &
qu'ils cognoillent finalement que s'ils ne per
feucrent, encores que tous les homes du mon
de leurpardônalTent vne telle faute, qu'il fau
«Ira qu'elle viene en conte dcuant Dieu. Car
nous ferons iugez en vnemefmemefuredeuat
«eluy qui n'accepte point les perfonnes.mais
<jui prononce en venté. Cognoiflons donc, en
coies que le monde nous f.iuorifalt , & qu'vn
tel vice nefuft point apperceu en nous, ou que
ilnefufl point cognu , que nous n'y aurons
rien gagné, pource qu'en la fin il nous faudra
paiTer par celle condamnation de Demas , lî
nous neperfillonsiufquesau bouta cheminer
fclon que Dieu nous appelle , & pour retran-
cher toutes les cupiditei que Satan nous prc-
fente pour nous faire aimer le monde. Il cft
vray que nous pourrons bien auoir foin de no
flre vie,& procurer les chofes qui nous y font
neceffiiiresimais c'eâ auec tel lî^ que nous ne
foyons point cependât reculez, ni deftournez
de noftre vocation. Il faut qu'vn chacun re^ar
de à quoy Dieu l'ordonne, & qu'il ait fa
charge. Si noftre Seigneur nous donne repos,
& que nous luy puifsions feruir fans grans
combats , remercions-le de ce qu'il fupporte
noftre foiblefle: & cependant toutesfois gar-
dons-nous bien de nous endormir en nos ai-
fes& délices, que nous ne laifsions point de
marcherpliis outre, encores que nous ne foy-
ons point prelTezd'affliftions,& q Dieu voy-
ant noftre foiblefle, ne vueille point lafcher
la bride à Satan, & lay permettre de nous per
fecuter lufques au bout. Mais cepédant fi Dieu
veut que nous foyons affligez, que nous ne fa
cions point tout ce q nous délirerions, q nous
méprenions point d'excufe pour dire, le ne
voudroye point renoncer iamais à ce que i'ay
cognu de l'£uagile,ie ne voudroye point me
retirer de mô deuoirmiais quoyfil y a tant de
difficultez que lien plus: &il me femble que
ie ne laifleray poït de feruir à Ditu,& d'auoir
mescommoditez. Voire, mais voici Dieu qui
nous appelle d'vn cofté,& nous tirons tout au
rebours , Scnous femble qu'il nous fera licite
de tourner bride , & de laifler le train lequel
il nous aura monftré.Ainfi donc qu'vn chacun
regarde de près à foy,& que nous cognoifsiôs
que veut dire cefle amour du monde dont par
le fainft Paul.Q^cft-ce donc que l'amour du
inondcJC'eft quand nous fommes retenus aux
chofes prefentes, tellement que cela nous re-
froidit , que nous ne pouuons pas afpirerau
Royaume celcfte.S; à cefte vie à JaquejIeDieu
noui conuie& exhorte. Et voila pourquoy
famû Paul i\i,le monde qui tfl muinttnat.CîT
parce mot il veut taxer ceux qui font telle-
ment esblouis en ces chofes caduques , qu'ils
nepenlent point que le monde doyue eftre
reftauré.Qj^nd nous parlons du mode, nous
ne Içauons pas me fines ce que nous difons.
Carl'cftât prel'ent du monde eft iemblableà
vne femme qui ei\ en trauail.côme famd Paul
en parle au S.des Romains. Car les créatures
ne font pas en leur perfcdion : à caufe du pé-
ché d'Adam tout eft aflîuetti à miferes: il n'y
a nefoIeil,nelune, qui n'ait quelque tache de
corruption. Haut Si bas, donc quand nous re-
gardons au monde, nous voyons qu'il eft ca-
duque,& qu'il n'y a rien decertain:caril faut
que les marques de nos péchez nous foyenc
mifes dsuant les yeux,afin de nous fane touf-
ioursgcmir.En fomme (dit faintl Paul) tou-
tes lescreatures, encores qu'elles n'ayét point
de fentiinent,font comme des femmes qui tra-
uaillent. C'eft donc pour le moins que nous
qui fommes enfans de Dieu , qui auoiis receu
les prémices de fonEfpnt pour afpirer à vne
perfection, tenions compagnieaux créatures
infenfibles,qnous trauaillions auec ces créa-
tures mortes. Pour le moins (di-ie)que nous
ne foyons point fi abbrutis ,qiie nous neco-
gnoifsions que maintenant le monde n'eft pas
en fon eftat, & en fon intégrité. Voila donc ^
pourquoy notammét iainft Paul a mis,Umoii-
i{e qui tji èi prefeiu. Côme s'il lai foi t vnecora
paraifon de ce monde tel qu'il eft maintenant
auec ccfte perfection que nous y verrons à la
venue de noftre Seigneur lefus Chrift. Puis
qu'ainfi eft donc que nousapprenions de tel-
lement aimer ,& noftre Dieu.&celuy qu'il
nous a cnuoyé pour Rédempteur, que ce mon
denenous empefche point que nous n'afpi-
rions toufîours aux biens fpirituels. Et c'eft '-P/^.I.S
ce q fainft Pierre dit en fa première Canoni-
que,que les fidèles, cobien qu'ils n'ayét point
veu lefus Chrift, l'aiment , & font tellement
rauis de fon amour.qu'ils treffaillent de ioye.
Qu.and vous oyez (dit-il ) que lefus Chrift,
après vous auoir rachetez de mort, vous a re-
cueillis en la gloire des cicux , vous l'aimez,
voyâsqu'ils'cft ainfîexpofepourvoftre falut,
voyans qu'au facrifice de la mort & pafsion
vous auezefté réconciliez à Dieu fon Père: là
vous cherchez tout voftrebien, & cela n'eft
point d'vne affeftion froidc(dit-il)mais vous
treflaillcz de ioye. Si nous n'auons cela, c'eft
figne qu'il n'y a gueres de foy en nous. Et aiii
fi notôs bien que quâd l'amour de noftre Sei-
gneur lefus Chrift, & fa venue fera engrauee
en nos coeurs, nous ne ferons point fi ciuielop
pez aux chofes du monde, que nous ne pafsiôs
toufiours outre, & qu'vn chacun ne regarde à
la charge qui luy c/t cômife pour s'en acquit-
ter,&au chemin qui luy eft propofé , afin de
s'y auancer, ayans toufiours les ycuxdrcffc/.
àccfte
SVR LA II. A TIMOTH.
fcv
à cefte venue de noftre Seigneur lefus Clirift
fluc nous attendons, &: qui nous eil maintenât
cognue par foy. Voila doc ce que nous auons
à retenir quand l'exemple de Demas nous eft
propofé. £t en gênerai notons (comme Tay
defîa touché) que tous ceux qui font retenus
descupiditez de ce monde, pour h5neurs,pour
licheuès ou pour plaifirs, que ceux-là feront
mis au rang de ce mal-heureux qui ellici de-
gradé. Et ne faut pas qu'ils alléguée pour leur
réplique & excufc, qu'ils n'ont point abandon
né lefus ChnihCar (comme défia nous auons
declaré(faindiPaul n'accufc point Demas de
auoir efté ennemi de r£uangile,de s'ellre du
tout retranché de l'F.glifermais il l'accufe de
s'eftre retiré en lieupaifîble, d'auoirtuy les
coups, de n'auoir point fouftenu les combats
qui luy eftoyent appareillez. Qnand donc vn
home fe voudra feparer du troupeau, ou pour
fonaife, oupourfescommoditez , & quand il
verra qu'il y aura des perfecutions appreftecs
àl'Eglife,qu'il fe retire, il eft du rang deccux
qui ont aimé le monde. Car fi nousfçauos que
c'eft d'aimer lefusChnft , il eft certain que
nous ferons tout difpofez à receuoir les affli-
ûions communes quand nous y ferons appe-
lez.Or cependant nou? auonsànoterq faind:
Paul.quclque necefsité qu'il euft de la preftn-
cede Timothee, n'auoit pas neantmoins tel
regarda foy , que cependant il ne pouruoye
les Eglifes, félon qu'il en eftoit befoin.Com-
nie nous voyons qu'il enuoye Tite, quieftoit
auec luy , en vn pays lointain , afçauoir en
Dalmatie:il enuoye l'autre en Afie. Voila doc
côme il fait pafler la mer à ceux qui luy pou-
uoyenteftre fidèles compagnons , & qui luy
pouuoyent aufsi bien feruir : toutesfois il fe
veut bien priuer de toutes ces aides-la, voyât
la necefsité vrgente de l'Eglife. Voila pour-
quoy Tay dit qu'il n'a point appelé Timo-
thee voulant deftituer la ville d'Ephefe d'vn
bon Pafteur , mais pource que les chofes y c-
ftoyent plus paifibles, que Timothee pouuoit
venir à Rome, fans qu'il y eiiftlà nul trouble
pour fon abfence : ioint aufsi qu'il enuoye
Tychique en fon lieu. Voila pourquoy il le de
£re auprès de foy. Mais cependant , combien
«ju'il foit à l'extrémité , fi ell- ce qu'il ne met
point en oubli les chofes qui eftoyent bien
loin de luy. Car il ha toufiours la folicitude
paternelle de toute l'Eglife de Dieu.que fi en
quelque angletdu monde ily auoit quelque
thofe à redire, il ne demandoit finon d"y en-
uoyer quant & quant le remède lelon fon
pouuoir. Quand donc nous voyons cela, ap-
prenons que nous ne deuons point eike telle-
ment adônez à nous, que nousnepenfion en
gênerai de toute l'Eglife. Et c'eft vue Icçô q
nous auons bon meftier de recorder, attendu
noftre lafcheté telle qu'on la voit. Car fi nous
fomme bien , nous ne penfons gueres à nos
frères, lefquels font tourmentez. Les feur fe-
ront alluaicz par tout , noui orrons ce qu'on
machine contre les enfans de Dieu , nous
verrons les troubles & fcandales.nous en or-
rons parler:& ne faut pas que ce foie de trois
cents lieues loin, mais quaii à nos portes. En
fommcs-nous touchez ? Or quand il n'y a au-
tre humanité en nous,penfons-nous que Dieu
nousaduoue pour fes enfans, veu que nous
deurions auoir compafsion de toute l'Eglife,
Se que nous deurions eftre participans du bien
& du mal.= Qu_'vn chacun donc apprene, à l'e-
xemple de fainû Paul, de n'auoir point vn
tel regard à ia perfonne , qu'il n'eftende ù
folicitude à toute l'Eglife , & qu'il ne talche
de pouruoir& remédier à tout le mal qu'il y
voit eftre.chacun félon fon degré & fa mefu-
re. Il eftvray que nous n'aurons pas tous le
moyen qui eftoit donné à fainft Paul : mais
fi faut-il qu'vn chacun s'efforce félon fa fa-
culté,de fubuenir à toute l'Eglife de Dieu: &
fi nous ne pouuons mieux, que pour le moins
Dieu foit tefmoins de noftre affeftion , que
nous le requérons pour nos poures frères qui
font tourmentez ; quand il nous donne loifir
& repos , que cela nous incite à regardera
ceux qui font plus preflez que nous. Finale-
ment iiinft Paul dit à Timothee, QwV/jfpor-
te en Tenant, ou U mnuteline , ou l ejiny des li~
ures , nuec Us Hures , &• fur tout Us fanhtmtns
qu'il auoit UijJ'eKtn la yilU de Troade. Or ici
nous voyons , combien que fairft Paul fuft
prochain de la mort .qu'il nelaiffepas neant-
moins de toufiours eftre efcholier , afin qu'il
foit mieux difpofé à enfeigner les autres.
Quant au mot de Kanteline , aucuns le pre-
neur pour vne efpece de robe qui eftoit pour
la pluye. Or fi on le prend ainfi, ce fera bien
vn figne que fainû Paul n'auoit pas toutes les
comraoditez du monde, demandant de fi loin
vn manteau pour fecouurir en prifon. Mais
pource qu'il adioufte les Iiures,& les parche-
mins , il eft vray-femblable que ceci fe prend
comme pour vn buffet , ou quelque layette à
ferrer les liuies. Tant y a que nous voyons
(comme i'ay defîa touché)que fainft Paul de-
fire toufiours de profiter , cneores qu'il fe
voyevn piedquafi au fepulchre. Or notons
que c'eft celuy qui auoit efté raui iufques au
troifieme ciel , qui auoit veu les fecrets in-
comprehenfibles aux hommes , & lefquels
mefmcs il n'ofe pas exprimer . Quand nous
voyons que fainft Paul qui a eu de telles re-
uelations , voire par defliis tous les Apoftres»
que nous voyons qu'encores il eftudic , qu'il
demande les liures pour fon vfage, & qu'il le
fait eftant en prifon , ayant comme dcfpouil-
lé ce corps-ci , & fe voyant prochain de-la
mort, qu'il eftoit défia comme à demi fortir
de ce monde, que fon ame tftoit plus rauie en
haut qu'elle n'habitoit en fon corps, que
nous voyons qu'encores il ha le ioin d'eftu-
dier : Helas Ique deuons-nous faire? Ainfi
mal-heur fur noftre lafcheté , quand ceux
qui font ignorans, n'ont point aucun vo»-
Sf.iw
^o?
SERMON XXX.
loir de profiter ea fEoingile , comme on le
voit. Car ceux qui font ii beftes que rien plus,
qui ne feauroyent dircvn mot pour rendre
raifonde leur foy, s'ils font exhorter de s'a-
donner i lire , & à cuir , Ho , ie ne fuis point
clerc, ( diront-ils ) ce n'eft pas mon office.
Voila comme les vns fous ombre de leur igno
rance cuident eftre cfchappez : les autres (î
toft qu'ils auront^ quelque cognoiflance de
Dieu , & qu'ils pourront difputer de l'Efcri-
tiire fâiniîie.les voila enflez d'vne vaine gloi-
re , tellement qu'il leur femble qu'ils en fça-
«ent trop, il n'efb plus queftiond'cftudier; &
«icfmes cela feroit diminuer de leur réputa-
tion, qu'il faut qu'ils facent femblantde tout
fçauoir : Se principalement s'ils ont quelque
ellime qu'on les repute grans dofteurs.il faut
flue les liares foyét fermez, ils n'ont plus d'v
fage,ils ne font plus de faifon : mais tant y a
que nous voyons ici que famû Paul ( duquel
nous n'approcherons iamais tout le temps de
noftre vie) eftant paruenu à fa dernière per-
fection,ne laiflc pas encores de s'appliquer à
Peilude : & ne le fait point par hypocriiie,ce
n'eft point vne humilité feinte, mais il le fait
fçachant que iamais il ne fera trop idoine
pour enfeignerFEglifede Dieu. Etpourtac,
quand nous voudrons eftre bons maiflres &
bons doaeurs,il nous faut commencer par ce
bout , d'eftre efcoliers , & que ce ne foit pas
pour le commencement, mais il nous y Eiut
(employer tout le temps de noftre vie. Quand
donc fainft Paul nous monflre vn tel exem-
ple, quelle honte fera-ce à nous quand nous
en penferons fçauoir aflcz, quand nous auros
comme en paflant regardé de loin ce qui eft
contenu en l'Efcriture fainûe? Notons bien
donc qu'ici nousibmmes exhortez en gêne-
rai de nous confermer tout le temps de no-
ftre vie en la dodirine de falut.Et pour ce fai-
re que nous (cachions qu'il ne faut point que
nous demeuriôs le bec ouuert, mais que nous
aduifions d'vfer des moyens que Dieu nous
donne. Que nous fréquentions les fermons,
^ue nous ayôs la leélure de la parole de Dieu
pour recommandée , .^ue nous devrions d'e-
ftre édifiez par bons propos & fainfts , que
nous ne cefsions ne foir ne matin d'appren-
dre quelque bonne fentence, qui fou pour
nous rafrefchir la mémoire de ce que nous
pourrions auoir oublié, & de ce qui nous pour
roit aduanceren la cognoiflance que Dieu
nf)us a donnée de fa venté. Et fur tout que
ceuxqui-ont la charge d'en feigner les autres
regardent bien à eux : car quelques habiles
qu'ils foyent.il s'en faut beaucoup qu'ils ap-
prochét de fainft Paul. Puis qu'ainlî eft donc,
qu'ils auifent de fe recommander à D!eu,afia
qu'il leur face la grâce de touiîours auoir
plus ample cognoiflance de fa volonté, pour
diftribuer aux autres ce qu'ils ont receu. Ec
quand ils auront fidèlement enfeigné tout le
temps de leur vie, quand fe viendra à la mort
mefme, qu'ils défirent encores de profiter,
pour communiquer à leurs prochains ce que
ils ont cognu , & que grans & petis,& les do-
fteurs , & le commun peuple qui doit ouir , Se
les fages, & les idiots, &: les riches, & les po-
ures,& les vieux, & les ieiines: que tous, par ce
qui nous eft ici monftré, foyent exhortez de
tellement profiter tout le temps de leurvie,
qu'ils ne fe laflent iamais , iufques à ce qu'ils
ne voyent plus en partie ni en vn miroir,mais
qu'ils contemplent la gloire de Dieu face à
face.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de nôllre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il luy plaifene nous
les point imputer. Et cepédant qu'il nous re-
forme tellemement à foy , que nous ne defî-
rions finon de luy complaire pour confacrer
toute noilre vie à fa fainfte Loy.Et puis qu'il
ne fe peut faire que nous ne foyons touiîours
empefchez de beaucoup d'infirmiter , qu'il
nous fupporteiufquesàcequenous en foyons
defpouiliez pleinement , & qu'il nous reuefte
de cefte perfeftion à laquelle nous afpirons
maintenant.Ainfi nous dirons tous,Dieu tout
puiflànt, Père celefte,&c.
SIXIEME SERMON SVR LE
Q_y ATRIEME CHAPITRE.
14 Alexandre forgeur m a fait beaucoup de maux : nofire Se/-
gneur luy rendefelonfes œuures.
iç (Duquel garde toyaufi) car il d grandement reJîFlé à m^pa
rôles.
16 Nul ne m'a afi^é en ma première dcfcnjê,mais tous m'ont de*
laijjc.iepriequ il ne leur foit point imputé.
17 Mais le Seigneur m'a ajiiîié, O' ni a fortifié, afin que la pré-
dication
SVR tA II. A TIMOTFÎ. 5-05
iîcdtionfujl accomplie pdr moy , ç^r que tous les Gentils touiffent. Et
ty ej\c delmré de la gueule du lion:
18 Et leSeigneurme deliurera de toute mauuaife œuure , ^ me
fduueYden fonroyalUmc celejle. Mquelfoit gloire a toufiours-mais.
Amen,
1^ Salue Vrifce o* A^«i/e, o* la famille d!OneJiphor\
lo Erajîe ejl demeuré à Corinthe , 0* ay laijfé Trophïmc mala-
de à Milet.
z i Diligente - toy de yenir deuant fhyuer. Eubulc , O* ^tidcns,
(j" LimSiO' Claudia, (f tous les frères te faluent
z 2. Le Seigneur le fus Chrijlfiit aucc ton efprit. Grâce foit auec
'^oustkmen.
L femblebien de prime fa-
ce que faîâ: Paul ait efté ici
tranlporté d'affeilion trop
véhémente, quand il deman
de à Dieu qu'il fe vége d'A
lexandre le forgeron : car à
Toppoiite , tant s'en faut
qu'il fe foit ainlî efmeu contre ceux qui n'ont
point fait leur deiioir pour luy aider , que
pluftoft il prie Dieu qu'il leur pardonne. On
diroit qu'ily a ici deux prières qui ne font
point conuenables. Voici fainû Paul qui par-
le d'vn homme lequel luy auoit refîfté:il par
Je de pluiîeurs autres qui s'eftoyent raonftrez
lafches & froids à maintenir la querelle de
l'Euangile.Oi du premier ildit.Qaf Di'fH hy
rendefelonft s démérites , que Dieu le punifle
àla rigueur. Et c'ell autant comme s'il dif )it,
que iamais Dieu ne luy foit propice, & ne luy
face merci , mais qu'il l'abyfmeaux enfers.
Des féconds il dit que Dieu en ait pitié: com
bien qu'ils ayent vfcd'vne telle trahifon &
defloyauté, toutesfois encores que Dieu leur
pardonne vne telle offenfe. Mais quand nous
aurons bien tout confideré , nous trouuerons
que fain£l Paul a elté efmeu d'vn zèle pur &
droit contre Alexandre forgeron: & que ce-
pendant Dieu Ta aufsi gouuerné, afin qu'il fe
moderaft cnuers les autres , encores qu'ils
n'en fuffent point dignes. Mais pour mieux
comprendre le tout , notons en premier lieu
que ceft Alexandre forgeron ( ou vn fondeur
de cuiure)dont il parle, auoit du commence-
ment monftré grand ligne de Chrcftienré, en
forte qu'on l'eftimoit des plus aiianccz. Or il
ne fecôtente pointdc tourner fa robbe(com
me on dit)mais il fe déclare ennemi manife-
ôe de l'Euangile , & combat contre la ven-
té de Dieu tant qu'il peut , &• eft mené d'vne
telle rage, qu'il c/lla partie aduerfede fainft
Paul pour batailler contre luy . Car il n'eft
point queûiofl icid'infirmité:comme nous en
verrons qui par crainte flechiff'ent,& ne moa
firent pas vne telle conftice qu'il feroitàde-
firer.Ceux donc qui calent la voile eftïs vais
eus de toiblefle, encores font-ils dignes de pi
tié. Mais vn homme qui fe desborde iufques
là, de refifter à Dieu , & de fouller au pied fa,
parole , & blafphemer contre la doftrine de
falut,de mettre peine qu'elle foit anéantie, il
faut bien qu'vn tel homme foit du tout polie
dé de Satan , & qu'il porte comme la marque
de réprobation. Voila donc pourquoy S. Paul
vfe d'vne telle véhémence cotre ce forgeroa
ci, d'autant qu'il n'y auait point en luy quel-
que fragilité,ainfi qu'il aduiendraaux enfans
de Dieu , mais pluftoft vne rage diabolique.
Car il faloitbié qu'il fuft defefperé du tout,
quad il fe manifefte ainfiaduerfaire de l'E-
uâgile. Nous voyons donc maintenant côme
S. Paul en tout & par tout a tenu mefure. Car
quand il a veu les poures débiles qui ne s'e-
ftoyét point acquittez, il en a eu compafsion,
voyant qu'ils eftoyent comme poures brebis
efgarees,& a demâdé à Dieu qu'il ne leur fuft
point imputé. Voila donc vne charité où le S.
Efprit domine. Mais cependant il n'a pas ef-
pargné vn homme du tout reprouué:quand il
a veu qu'il n'y auoit pl'de remède, mais qu'il
eftoitdu tout incorrigible,il a alors defployc
fon zèle iufques au bout , demandant à Dieu
qu'il l'abyfmaft fans aucune remifsion . Or
pour appliquer cefte dotirine à noftre vfage,
notons en premier lieu, que Dieu a voulu hu-
milier fainû Paul quand il luy a fiifcité vn tel
homme en cobat.Si en fait comparaifon, voi
la vn homme raechaniqiie, on ne dira point
qu'il foit lettré, ne de grand efprit : &le plus
grand titre que fain£l Paul luy donc, c'eft de
î'appeller ou forgerô, ou fondeur de cuiure:
& toutesfois il faut que S. Paul entre en di-
fpiite auec luy. Si c'euft efté vn homme fort
fubtil & fçauant , encores euft-on dij qu'il y
auoit partie égale. Mais il a pieu à Dieu d'e-
Sf.iii.
510 S E R M O
otcrcerainfî fain£t Panl.Et par cela nous voy-
yons que quelques fois il nous faudra bien
fouflenirdes combats contre des gens de nul
le valeur , qui ne méritent point qu'on ouure
la bouche pour répliquer contre leur babil:
ce lont des chiens qui abbayent pour tout po
tage : fi faudra-il que les leruiteurs de Dieu
vienent ici en qombat.Or s'ils penfent que ce
la derogue à leur réputation , il faut venir à
ce poinrt.c'eft que quâd nous feruons à Dieu,
combien qu'il femble que noftre labeur foit
fnuole & inutile , qu'il nous doit bien luffire
que Dieu nous approuue. Qjiand donc nous
aurons affaire à gens de null'çauoir & de nul
efprit.tî fâut-il neautmoins que nous tenions
bon en combatant pour la vérité , & qu'il ne
nous chaille de ce que le monde pen fera, ou
<3e ce qu'on pourra dire: car il nous faut pluf-
toft regarder à Dieu qui nous veut exercer
• par tel moyen. Et de iait.nous voyôs qu'il a
Exe. 13. bien falu que le Prophète Ezechiel côbattft
1^. contre des femmes, des forcieres qui contre-
faifoyent des prophetefles de fon temps, il a
falu qu'il s'adrelTall .1 telles perfonnes. Il eft
vray que cela n'eft point conuenable félon
le fens commun à la dignité d'vn Prophète:
mais il a conclu qu'il faloit , puis que le dia-
ble regnoit en ces femmes-la , qu'il prinft la
Querelle de la vérité de Dieu, contre les men
fonges & les abus de Satan. Ainlî donc nous
en faut-il faire. Car ce n'efl point à nous de
choifîr les parties afin de nous monftrcr &
d'auoir plus grand luftre quand nous aurons
abbatu quelque homme de grand crédit & re
iiom:cc n'eftpas ànous de choiiîr cela. Con-
tentons-nous que noftre Seigneur nous met-
te en la lice , & que là il nous cfprouue : Se
^ue quand nous aurons tafché de le feruir,
que nous fçachions que ce que nous aurons
fait luy eft agréable , combien que le monde
«n juge àJ'oppoftte. Voila pourvn item, que
nous ne deuons point auoir honte, H quel-
ques fois il nous faut batailler contre des gés
maloftrus.qu'on appelle. Cependant nous a-
uons aufsi à noter qu'il n'y a audace qu'aux
plus ignorans. Car vn homme d'efprit Si de
Içauoir, encores qu'il foit malin, aura en foy
plusdemodeftie queceluy qui n'aura iamais
lien cogiui:car là il n'y a nulle honte. Ce for
geron donc dont il eft ici parlé, nous eft com
me vn miroir d'impudence telle qu'on la voit
en ces yileins qui ne fçauent que c'eft de nul-
le honnefteté , ils ne feront nul fcrupule de
s'eleuer contre Dieu & les hommes, ce leur
eft tout vn , on ne gagne rien à leur amener
nulle raiibn , car ils font des fûwrds,& ne les
pourra-on faire rougir en façon que ce foit.
Que ceux donc qui s'elcuenc contre les fer-
uiteurs de Dieu ne fe prifent pas pour dire
qu'ils les ont fafchez&molellcz : car il les
faut renuoyer au rang & à la côpagnie de ce-
Juy dont parle ici fainft Paul. Comme nous
Terroaiauiourd'huy beaucoup de canailles,
N XXX.
ces yur5gnes,ces fuppofts de tauerne,^' gens
femblables, quidefgorgerot làleur vilenie, ft
leur femble qu'ils gagnent beaucoup quand
il auront dénigré les leruiteurs de Dieu. Or
s'ils fe glorifient en cela, quel honneur eft-ce
qu'a Alexandre forgeron d'eftre ici enregi-
firé en la parole de Dieu.finon que noftre Sei
gneur, comme l'ay défia dit, a voulu monftrer
vn patron de celle audace effrontée qui eft
en tous ignorans , lefquels font la guerre à
Dieu fans lugement ne fans raifon , mais y
vont d'vne pleine furie.? Quand donc nous
voyons tels exemples de noftre temps, ne les
trouuons point nouueaux , cognoiflans que
Dieu dés le commencement a voulu que tel-
les efpreunes fuflent en fon Eglife.afin qu'au
iourd'huy nous y foyôs tous mieux endurcis.
Au refte , notons quand Dieu lafche la bride
à Satan, qu'il s'aidera de tous inftrumés, & les
appliquera tellement en ouurage, qu'on fera
esbahi comme il eft pofsible que ceux qui n'a
uoyent au parauant ni efprit , ni habilité (ce
femble)feront comme grans clercs à mal fai-
re. Mais en cela cognoiflons quand il plaift à
Dieu de donner licence à Satan, qu'il trouue-
ratoufiours des fuppofts qui luy font pro-
pres , & que nous foyons admoneftez de re-
cognoiftrc la grâce que Dieu nous fait quand
il tient les mcfchans bridez. Car quant à bien
faire , nous y fommes tant tardifs que c'eft
pitié : mais au mal , chacun ne fera que trop
agile & trop prompt. Quand donc nous ver-
rons le monde eftre rempli de gens malins,
& contempteurs de Dieu , & qui nedcman-
deroyent qu'.î mettre tout en confufion , co-
gnoiflons que Dieu nous fait vne fînguliere
grâce de ce qu'il ne leur lafche point la bri-
de , & qu'ils font là retenus : car autrement
il y auroit beaucoup de forgerons au mon-
de , lefquels s'oppoferoyent à la vérité . Or
cependant nous auons aufsi à obferuer , que
ceux qui ont vne fois gouftc r£uangile,font
pires ennemis, & plus enuenimez cet fois que
les poures aiieugles q n'ont iamais cognu que
c'eiloitde pirredoftrine: ceux-la(di-ie)font
plus rufez à mal faire beaucoup:comme on le
voit. Car ces apoftus qui ont elle méfiez par
mi nous , & qui ont mefmes efté enfeignez,
quand ceux-là fe reuoltent,&: qu'ils viencntà
defpiter Dieu , il eft certain qu'ils font beau-
coup plus propres à renuerfer la vérité, à lal-
fifier tout , que ne font pas les poures Papi-
lles, etKores qu'on les eftime grans dodeurs.
Et pourtît ne trouuons point auiourd'huy e-
ftrange,fi ceux qui ont efté comme du trou-
peau de lefusCluill, & qui ont ellédome-
fliqiies de l'Eglife , après s'eftre de^b3uchez,
font corne demi diables poui delguifcr la ve
rite. Et nous voyons ce qui en eft aducnu du
téps de S.PauI.Toutesfois nous auons à nous
confolcr, q Dieu en lafchât amfi la bridt à Sa
tan, donne toufiours viftoire à fi venté en la
fin:& non feulement contre ces ignorans qui
p'onr
SVR LA lî. A TIMOTH.
f"
n'ont qu'vne audace elFrôtee, mais contre lej
plus fubcils doûeurs q foyent an mode. Ayons
dcnc la vérité de noftre part.inuoquons Dieu,
& cheminons en fimplicité,& ne doutés point
que nous ne demeurions toulîours viûorieux
contre nos ennemis. Il eft vray que ce ne fera
pas fans eftre fafchez & tourmentez : car ce
n'eft point fans caufe que fainft Paul dit que
ceft Alexandre forgeron luyamonftré beau-
coup de mal.carvoilalemot dont il vfermais
c'eft à la façon cômune de parler de fon langa
ge, qui vautautât comme s'il difoit,Il m'a fait
beaucoup de mal . S. Paul donc combien qu'il
fuft foufbenu de la vertu du fainftEfpritjCom
bien qu'en vn mot il peuft rembarrer tous les
fnefcnansqui refiftoyent àla vérité , n'a pas
laifTé toutesfois d'eftre fort empefchéen ce
combat. Et pourquoy ?Dieu l'a voulu ainiî hu-
milier. Ainii donc, combien que les mefchans
ayent quelques fois la vogue, &: qu'on leur ap
plaudifle , & qu'il femble que nous deuions c-
îlre opprimez, ne nous eftonnons point pour
cela,i^âchans hien que i'iinft Paul ne fe plaind
pas fans caufe , qu'il a fouilenu beaucoup de
mal par vn forgeron .Comme auiourd'huy,
quand il y aura quelque rurtre qui s'eleuera
contre la pure do6irinedc l'Euangile, il aura
vne longue queue apres,(S: grande fequellf .Et
pourquoy- Car combien que tous faccntpro-
fcfsionde l'Euangilc, tarit y a qu'àgrand'pei-
ne en trouucra-on de dix Pvn, qui ne deman-
de fînon que les chofes foyent confufes, qu'on
ne fceuft qui l'a gagné ou perdu . Et pour-
quoy?Caril leur femble qu'alors ils auroyent
licence de mener vne vie diflolue & de fe moc
quer pleinement de Dieu . D'autant donc que
la religion elt comme vne bride pour retenir
les hommes,paurce qu'ils feroyent comme be
ftes fauuages, voila comme beaucoup de gens
aiment les combats, & les difputes,&:toufiours
les plus mefchans l'emportent . Mais quand
nous voyons cela(comme i'ay dit)portous-le
patiemment ,& ne doutons pas que Dieu ne
donne telle ifTue comme faintt Paul l'a expé-
rimentée . Car en fa perfonne nous auons vn
tefmoignage comme Dieugouuerne toulîours
les liens, & qu'il leur donne la viftoire, com-
bien que pour vn temps il les trauaille.Or il y
a cependant à noter q fainû Paul ne fe plaind
point qu'Alexâdre forgeron luy ait fait beau-
coup de mal en faperfonne.qu'ilait pourchaf
fé fa mort, qu'il luy aitditdesiniures :mais il
dit qu'ilarefiftéàfadodrine.Notonsdoncfi
nous fommes enfans de Dieu , que ceci nous
doit plus naurer le cœur,& nous apporter plus
grande trilteire,quand nous voyos qu'on bla-
fphcme contre Dieu, qu'on defguife & qu'on
falfifie fa vérité, que fi on nous faifoit tous les
outrages, & toutes les violences qu'il ell pof-
Tft.g?, fîbic ()e penfer.Et de faid, R la vérité de Dieu
lo, lean ^e nous cft precicufe lufques là, où fera noihe
l.i8,ro>n zeleJCequicftefcritau Pfeaume, côbien qu'il
'î'3- - ai( eRé accompli en Ja perfonne de noftre Sei
gneur lefus Cbrift.fainft Paul l'ipptique à to*
Hdcles:c'eft que quand ils oyent que rhôneur
de Dieu ell vilipendé, qu'ils doyuent prendre
cela à eux, & qu'ils doyuentauoir vnzele «ti»
leur ronge le cœur, & qui les deuore du tout,
qu'ils n'ayent nul repos en eux . Si nous n'a-
uons cela , nous monftrons que nous n'auons
nul zèle ni amour à noftre Dieu : & pourtant
que nous ne fommes pas dignes d'eftre rcpu-
tez les enfans. Car qui ell celuy qui foufFrira
qu'on fe mocque de fon père? & toutesfois ce
eft vne créature terrienne , & de nulle valeur.
C^uj ofera donc fe vanter d'eftre enfant dc-
Dieu , Se cependant il ne luy chaudra que le
nom de Dieu loit en mocquerie, que fa vérité
foit là expofce à tous blafphemes > Voila ce
que nous auons à retenir:que fi on s'eleue con
tre Dieu,& contre la pure doftrine de l'Euan
gile, que nous deuôs eftre plus fafchez & tour
mentez Je cela, que fi on nous faifoit tous lej
opprobres& outrages qu'il eftpofsible à nos
perfonnes.Et voila pourquoy aufsi fainctPaul Gal-^-t»
dit qu'Ifaac a efté perfccuté par Ifmael . Il ne
eft point queftiô gu'Ifmael ait batu ni frappé
fon frère Ifaac , ne qu'il l'ait deiheritéde fon
héritage, qu'il l'ait dechafle par force de 11
maifon: mais qu'il s'eft mocqué. Voila feule-
ment vn petit mot de rifce,&- fainft Paul l'ap-
pelle perfecution.Et pourquoy? Or c'eft là oii_
il nous faut eftre enflammez . Quand nouï
voyons que la maieftc de Dieu eft vilipendée
par les hommes , quand nous voyons des ver-
mines, des charongnes qui prenent cefte aud*
ce de s'eleuer contre leur Créateur , quand
nous voyôs que la dotlrine qui doit eftre com
me le fccptre royal par lequel Dieu exerce
fon Empire fur tout le monde , 5:aufsi en la-
quelle confifte noftre lalut, eft conuertie ainfî
en l'opprobre des hommes, faut-il que nous le
fouffrions fans monftrer aucune trifteffe & an
goifle en nous?C'cft ce que nous auons à rete-
nir en bnef de ce paflàge , quand fainft Paul
pour toute complainte des maïux qu'il a endu-
rez de ce forgeron , dit , Il a refiflè à mes pro-
pos. Il n'allègue pas ic: qu'il aitenduic au-
cune peine pour foy , mais pource qu'il a
veu qu'il bataillait contre la venté. Or ve-
nons maintenant àlaprieie que faind Paul
fait contre luy. Q»'r7 luy foit re!}du{àit-û) fé-
lon qu'il ta defferui. Nous auons défia déclaré
que làincl Paul n'a point efté efmeu de choic-
re, (Scd'vne impetuofiié contre ce forgeron:
mais q ce zele-ci a efté gouuerné par le faintl
Efprit, tellement qu'il nous faut prendre cefte
requefte de fainft Paul comme vne fentence
authentique contre cefte malheureui'e creatu
re qui s'eft ainfîofédcfpiter contre l'Euangi-
le. Or de là nous pouuons recueillir combien
Dieu tient fa vérité piecieufc. Car des fautes
qui font commifes contre luy, nous voyons
comme il les fupporte, & comme il vie de pa-
tience pour attirer lez hommes à repentancc,
voire ceux qui fe font desbauchez contre luy.
Sl'.iin.
îli
SERMON XXX
i(re.y:. Nous voyons mefmes ce qu'il dit parfon Pro
phete. Si vne femme a paillarde, & qu'elle ait
abandonné fon mari , où fera l'homme qui la
Tueille receuoir ? Or quand vous m'aurez efté
defloyaux (dit-il) &que vous m'aurez tant of
fenfé que rien plus, encores fuis-ie prert de
me reconcilier à vous . Là noflre Seigneur te-
ilifie que non feolement il nous pardonnera
les fautes légères que nous commettons par
ignorance, ou par quelque infirmité.ôc que fou
dain nous venons à retourner au bon chemin,
mais encores que nous ayons efté long temps
comme gens perdus &defefperez, que noiîre
vie ait efté vileine & énorme , qu'il ne laifle
pas d'auoir pitié de nous. Mais quand nous ve
nons àblafphemer contre fa vérité , voila vn
péché irremifsible, voire fi nous le faifons par
vne certaine malice, comme il tft aduenu àceft
home qui eft ainfi maudit, & fur lequel le faind
£fprit prononce vne fi horrible condamna-
tion.Notés biendonc que fi tous péchez font
«xecrables deuant Dieu , ceftuy-ci furmonte,
c'eftal'çauoir quand on mefdit& qu'on detra
ûe de la doctrine &dela vraye religion:iln'y
a ne meurtre,ni cruauté, ni empoifonnement,
ne rien qui foit que Dieu accompare à ceci,
quand on fe reuolte contre luy . Et defaift, fi
nous regardons bien, la vie d'vn homme nous
doit-elle eftre tant precieufe que la vérité de
Dieu ? Car la vie d'vn homme eft temporelle.
Or ici il eft queftion du falut de nos âmes, voi
le de tout le monde: il eft queftion du royau-
me de Dieu , comment il fera ferui & glorifié
entre nous. Si donc on fe vient ainfi eleuer cô
tre la maiefté de Dieu , qu'on vueille abolir le
legne & l'empire qui eft donné à noftre Sei-
gneur lefus Chriit.qu'on vueille ruiner les po
ures âmes & les mener à perdition , que pou-
îions-nousdire fînon qu'il faut que cela nous
fcit plus exécrable beaucoup que tou? les au-
tres crimes ? Et ainfi ne nous esbahirtons pas
-^uc fainft Paul vfe encores d'vne telle véhé-
mence contre ce mal-heureux fuppoft du dia-
lile , lequel après auoir cognu la vérité , après
auoir efté enfeigné en l'£uangile , & en auoir
fait vne telle profefsion, fc vient armerd'vne
furie infernale poUr anéantir la maiefté de no
lire Seigneur lefus Chrift, pour renuerfer tou
te vérité, pour abyfmer les poures âmes, & les
priucrde leur falut, pour clorre le royaume
de Paradis , & faire que les hommes n'ayent
plus rien de commun aucc Dieu , & auec leur
Créateur. Qtnnd donc vn homme fedesbor-
^e iufques H , nefatrt-il pasbien que Dieu fe
leBe,& qu'il monftrevne rigueur extrême à
Pencontre de luy ' Or apprenons donc en pre
mier lieu , d'honorer la vérité de l'Euangile,
kquclle nous voyons eftre tant precieufe 5: fi
honorable deu.ît Dieu. Et puis qu'amfî eft que
Dieu eftimeplusTa fainfte Parole, qu'il ne fait
point ce qui fcmble eftre excellert au mon-
de, qu'en todre humilité &■ reucrencc nous la
ïeteuions- , qu'vn chacun s'y affiiiettifle : & fi
nous voulons faire hommage â noftre Dieu,
que nous le môftrions en ceft endroit, c'eft de
nous ranger en l'obeiflànce de fa Parole, co-
gnoiflàns que c'eft làoù il nous faut addonner
du tout , comme aufsi c'eft là qu'il fait reluire
la gloire enuers nous. Voila pour vn item. Et
H deflus gardons d'eftre tranfportez iufques
là, de nous eleuer contre la fainde doftrine &
contre la pure religion:car c'eft manifeftemét
defpiter Dieu , voila vne guerre ouuerte con«
tre luy : encores que nous ne le prononcions
point de bouche, la chofe le môftre.Et fi nous
voulos nous garderd'vn tel mal,aduifons bien
de ne nous point iouer auec Dieu: comme il y
a des ruftres qui ne font que plaifanter quand
il eft queftion delà parole de Dieu,ils en tien
dront leurs propos en rifee. Or quand ils font
accouftumezà vn tel mefpris.il faut que Dieu
les delaiire,& là deflîis le diable en prend pof-
fefsion, tellement qu'ils s'enucniment & s'en-
flamment pour blafphemer contre le fainft E-
fprit. Voulons-nous donc que Dieu nous tie-
ne en bride, tellement que nous ne tombions
point en ceft horrible abyfme de blafphemer
contre luy.â: de faire la guerre à fa verité?Ad-
uifonsde receuoir ladoftrine qu'on nous pref
che & que nous lifons, tellement que ce nous
foit vne chofe facree.que ce nous foit vn thre
for incftimable. Et au rcfte,quand nous voyôs
de ces miferables qui fe desbauchent ainfi iuf
ques à defpiter Dieu, cognoiflbns que ce font
les fruifts de leur hypocrifie.quand ils fe font
voulu louer à vn fi grand maiftre comme eft
Dieu, qu'il faut en la fin qu'ils trebufchent de
vne telle cheHte& fi mortelle comme nous le
voyons. Et pleuft à Dieu que les exemples ne
en fuflentpas~fi notoires comme ils font.nnais
quand Dieu nous les môftre.il nous en faut fai
re noftre profit, afin de le craindre Se l'hono-
rer en patience . Et qu.îdnous voyons de tels
miroirs, 'q nous en ayons horreur:& ccpendiît
dctertons telles gens, comme fainft Paul dit,
G^rje-toy Àe \uy\\\ en feigne Timothee de fuir
ceft Alexandre comme vne pefte mortelle.
Ainfi donc quand nous voyons ces malheureu
fcs créatures qui fe dreflèrt ainfi contre Die»
& contre fa Parole, feparôs-nous d'auec eux,
craignans d'eftre enueloppez en vne mefme
vengeance de Dieu. Il y en a qui fe plaignent
qu'on les fuit:& combien qu'ils foyent les pi-
res ennemis de Dieu, encores voudront-ils fâi
re à croire qu'on leur fait grand tort & iniure
fi on les marque au doigt, & qu'on admonefte
les fimples qu'ils les fuyent,&: qu'on leur mon;
flrc en quel abyfme ils fe mettent de les han-
ter.Là defîus ils murmurent, EtcômcntrPour
quoy cft-ce qu'on nous blafm- ainfi? Et pour
quoy vous diffamez -vous ? Carceluyqui s'e-
leue contre fon Créateur, ne porte-il point la
marque de Satan ? ne fait-il po'rt la guerre
ouuerte à Dieu ? Voila le diable oui eft nnftre
ennemi:& quand nou- verrons fes fiippofts,(î
nous fommes leurs alliiz, ne ccplotons-rous
point
s V R L A 1 1. A T I M O T H.
l'y
Point ancc eux à l'cncontre de Dieu? N'eft-ce deuant que dcmanJcr à Dieu qu'il confonde
point iiuniteftenient le dclpiter , encorcs que les iniques. Or ceci cTt rare.c'eft à dire qu'il ne
nous n'ayons point du premier coup vnc telle nous en faut point faire vneïegle commune.
malice que de vouloirnous armer contre l'E- Apprenons donc de nous retenir, & de n'eftrc
uangileJTanty a que nous tentons Dieu qu.îd point trop bouillans à faire telle requefte, que
cous auons quelque priuautéauec telles gens. Dieu perde, qu'il difsipe & abyfme ceuï qui
Nous fonunes par trop fragiles ,& cependant nous font contraires. Car nous fçauons ce que
nou» venons là nous ietter en yne telle corru- noftre Seigneur Icfus dit à fesdifciple.s,Vousi«c?.îf,.
ption.Et ainfi notons bien, quand nous yerrôs ne fçaueï de quel cfprit vous eftes menez . Et
des ennemis de la vérité de Dieu , qu'il nous toutesfois ils alleguoye't l'exemple d'Elictcar
les faut tenir tellement exécrables, qu'vncha Us vouloyent que le feudtfcédiftduciel pour
cunfe fepare de leur compagnie, que nous ne engloutir les ennemis de r£«angile . Voire,
ayons nulle accointance auec eux , fi nous ne mais ils n'clloyent pas menez del'tfprit d'E-
voulons eftre empoifonnez . Car ils polluent lie, il y a de l'excès par trop . Ainfi gardors»-
tout le refte quant & quant, tellement qu'il eft nous de cela.Et pourtant(c6mei''ay dcliaditj
ïrapofsible qu'on les fréquente , ne qu'on ap- fjachons qu'il ne nous faut point tirer en re-
proche aucunement d'eux, qu'on n'en foit du gle commune ce que fainft Paul die d'vue per
fonne- mais fondons les chofes, aduifons bien
fi ceux qui blafpKemeDt contre la vérité, y
vont d'vr.e certaine malice, s'ils font apofiais
quiayent tellement abandonné Icfus Clirift^
qu'ils luy vueillent faire la guerre pour abolir
(oi
tout infeâé . Voila donc ce que nous auons à
noter en celle admonition de fainft Paul. Au
refte, retenons bien quand fainft Paulaainlî
requis à Dieu qu'il rendift à ce forgeron félon
(es démentes , qu'il ne l'a point requis ayant
efgardà fa perfonne, comme défia nous auons fon règne & fa maiefté, pour extcrminir de ce
declaré.Et ilno'fautbienaduifer Jcnepoint monde la mémoire de fon Nom. C^uândnous
prendre vne faufle couuerturede l'exemple voyons des gens eftre ainfi aliénez de toute re
de faind Paul , comme beaucoup de gens qui ligion , voila le diable qui les poflede,& Dieu
femblent eftre grans zélateurs , & voudront alors les punit, en forte qu'il nous môftre que
aufsiauoir telle eftime, mais ce fera pour leur ils font du tout reprouuez , & qu'il n'y a plus
querelle priuee qu'ils s'efchaufferont . Or ici d'efperanceie falut en eux. Or combien qu'il
fiinà Paul n'a point efgard à foy ,mais il s'eft ne nous faille point faire vne règle commune
corne oublié du tout, il ne penfefinondemain décela, toutesfois fi e(l-ce que Dieu en don-
tenir la veritéde Dieu. Voila pour vn item. Si nera bien quelques figues & quelques roar-
donc nous voulons prier Dieu qu'il purge le ques:autrementcc qui elt iciefcritd'Alcxan-
monde , & for tout fa poure Eglife , extermi- dre forgeron,& ce qui cftdit en fainaiean,fe-
nant les contempteurs de fa maiefté, qui ren- roit fuperflu , afçauoir qu'il y a vn péché qui . .
iierfent la pure religion, qui corrornpent & fal eft à mort . Si donc nous n'auions quelquefois .g -
fifient fa Parole, q nous ayonsce but-la, c''eft cbgnoiflance que Dieu a reprouué des hom-
que nous ne foyons point menez d'aucune affe mes,& qu'il leur a fermé la porte de falut,que
ftion charnelle, mais que nous cerchions fc u- il les mÔftre du tout incorrigibles,& défia pof
lement que Dieu foit glorifié . Et mefmes en- fedcz de Satan , à quel propos fainft lean.di-
cores que nous ayons vn tel but.fi nous faut-il roit-il qu'il y â vn péché a mort , lequel ne
garder en fécond lieu, de rien méfier de nos peut eftre pardonné? Et TOilâ poutquoy il
pafsioi'.Carilyaura incontinent de l'excès: nous faut reucnk à ce que nous auons défia
* ce n'elt point aflez que noftre zèle foit bô, touché : c'cft que quand nous verrons des po-
il faut quant & quant qu'il foit modéré d'vne ures gens eftre viincus de leur foiblefTe , qui
lelle prudence , que l'Êfprit de Dieu domine flechifïènt contre l'Ëuangile , qui ne rendent
par deflus. Et puis notonsbien qu'il nous faut point téfmoignage pour faire confefs
aiioir pitié de tous ceux que nous ne ccgnoif- leur foy comme il feroit requis, que n
iqu iJ en ait p
tie,& qu'il defpioye fur eux fa mifericorde
que
laifsions point d'en auoir pitié, qiienous pro-
Or eft-il ainfi que nous deuons toufiours mfa. curions entant qii'en nous fera de lés ramener
#fperer,infques à tant que Dieu déclare qu'il a au bon chemin, que nous priôs Dieu qu""!] ieur
retranché ceux qui s'elcuent ainfi contre luy, tende la main, qu'il les reduife par la grâce de
qir'il les a retranchez,di-ie,de fon Eglife, coin fon faircl Efprit.Mais quand nous eu verrons
me des membres pourris. Et il n'y a nulle qui defpite'nt ainfi Dit u hiàiiiftfttinet.r , qui
doute que fainû Paul n'ait eu vne telle certi- s'elcuent contre Ta p4rolt,quireuletita*,--rirui
mdequant à ce forgeron dont il parle. Car il re là religion entant, qu'en eux cft.voiJa vsje
îteVeft point précipité à la volée pour afsi- marque que Dieii noi/s donne qu'il les a ré-
gner vne fentence deuant le temps : mais il a prouuez :& pourrai) t qu'il ne veut plus que
cognu que ceft homme eftoit du tout reproij- nous ayons rien de commun auec eiur. Et potir
ué. Q^ donc notu ayons tel tclmoignage quoy: Ce îi'cft point fans caiife que fainû Paul
Tc.i.
r'4
SERMON XXX.
TiiAib déclare que ceux qui relaient ainlî,voirc
^ leur ef<:ietu, Sf A^\nc uulice Jelibcrce con-
tre la vérité Je Dieu qu'ils !)nt cos^i-.uc.S; d\i-
«eant-ir ielcriucede Dicu.Q'clU-indvc Ucl.ir-
tc de IJ Parole, que ceuv-l.i doyuent eltrc dii
tout condamnez uns aucune rnileticorde,-que
il n'eft plu? queftion ici de L;ardercharitc.Cïr
Dieu nous lepare d'auec telles gcns,& ne veut
plus que nous les eftiinions lionunes,niais que
nous les tcniiins dtlia du rang du diable . £t
puis que Dieu en a ainfi prononcé , aulsi faut-
il que nous le prions que ceux qui fontainli
incorrigiblesfoyent abylmez, qu'il les deftriii
fe.pour môftrer combien fa vérité luy eft pre-
cicufc,&cn quelle recomm.indacion il a le rè-
gne qu'il a cftabli en laperlonncdc Ion Fils.
Apprenons donc d'auoir c irjipaûion & pitié
lie tous poures pécheurs , & mclares de ceux
> <jui ne reudent point teùno gnaçe à la vérité,
de ceux qui calent la voile quad il eft queftiri»
tle maintenir vnc bonne querelle: qui font fur
prins de crainte, qui font des morts : encores
que nous ne voyons pas là vne vertu telle que
il feroit à délirer, que toutcsfois nous en ayôs
pitié à l'exéple de S. Paul, lequel pouuoit élire
aucunement indigné qiiand il çft delaifle û vi-
Icinement. Et par qui; Par les frètes, par ceux
qiji fjifoyent lembl.u d'auoir vne caufe cornu
ne auec luy, comme elle eftoit auùià la venté:
& ccux-la le retirent tellement qu'il eft defti-
-tué de tout fecours. Combien donc qu'ils ayét
vféd'vne telle lalchetêenuers luy , iî eft-ce
qu'il leur pardonne, & prie Dieu pour eux.
Voila côme il nous en faut faire. Et de faid,<î
chacun de nous fe cognoilToit bien , nous ne
(crions point ii hardis d'afleoir iugement fur
nos prochains,nous fériés plus modcftes pour
Aipporter les vns les autres en toutes les fau-
tes qui le commettent . Garde bien que tu ne
I.C»!".!© f^jij tcnté,dit fainct Paul. Quand donc tu voit
*^-^3- queïes procliains auront failli, que te rtfte-iJ
lînon de prier pour eux, attendu que tu as be-
loin qu'on face le femblable pour toy ? Voila
donc ce que nous auons ànoter. Cependant
nous voyons ^ue c'eft vnc vertu admirable de
Dieu, de perfiflerconft.îment quand il eft que
rtiondc maintenir la dortrine de PEuangilc.
Sainft Paul parle de ceux qui cfloyent comme
lespremicesen TEglifcdc Dieu , c''eftoyent
comme la fleur des eleusivoila Dieu qui a com _
niencé d'appeller ceux dont il parle, &: mefines
ilies conflitue comme miniltrcs. Ils n'eftoyét
pas feulement trois ou quatre fidèles à Ro-
l»e:il cfl vray que rEglilc n'cfïoit qu'vne pe-
tite poignée de gens, en comparaifon de ccftc
grande multitude qui cfcoit en celle grande
Ville: car elle tlloit peuplée alors comme vn
pays : mais lî cR-cc qu'encores la compagnie
des fidèles eftoit allé? grande , & toutcsfois il
ncs'en trou'.ic pas vn quiâfsifte à fainû Paul.
11 a Luc auec f jy , ,S.' toat le refte luy défaut.
Q_iund donc nous voyons cela, baifTiiis la,tç '
lie, l^aciiank bien qu;- iî Dieu ne.nous donne
l'econrsdcla vertu d'cnhaut, que nous luy fe-
rons traiitres au bcfoin: 5: fur tout quand il le
ra gucftion de maintenir fa vérité .chacun le
delaiircra, chacun s'en voudra exempter. Or ii
eft vray que c'ert m péché grand & énorme
qae ccRuy-ci:mais quoy qu'il en foit.fi eft-ce
qu'il faut que ks hommes fe cognoJllcnt ini-
ques là , de lé desfier d'eox-mefmcs , vayans
qu'il n'eft point en eux de fe pouuoir foufte-
nir . Q_iie lera-cc donc fi Dieu ne nous main-
tient: Car nous oyons cefte horrible fentence
que prononce nollre Seigneur lelus Chritt,
Que; quiconqucs l'aura niédcuant les hom-. M4f . lo.
mes, il le niera deuant Dieu Ion Père qui elles 33..
cieux. Et fi Dieu n'euft fait vne finguliere mi-
fericorde à ceux-ci, ils eftoyent tous perdus:
entant qu'en eux elloit , Us s'eftoyent bannis
du royaume de Dieu, il auoyent renoncé le fi
lut qui leur fcftoit vne fois prefenté par l'E-
uangile. Ainfi donc nous auons bitnoccafion
d'auoir la bouche clofe.S.: de foufpirer, vovas
la poureté qui eft en nous , Se que fi Dieu ne
nous tortifioit, à chacune minute de tcpsnoas
poumons nous abyfmer.nous tenons ep train
de faire vn faux pas pour nous rompre le col,
voila donc de quoy ncnudeiions élire cnfei-
gnez en ce pallàge . Cependant nous voyons
quelle venllmilitude il y a en ce que les Papi-
lles allèguent, que fainft Pierre a elle le pre-
mier Euefquede Rome . Car fi on veut croire
à leurs chroniques-, luy &. laincl Paul eftoyenc
d'vn mefme temps . Làdellus ils difcnt qu'ils
font morts en vn mefme iour : c'cft à dire l'.ia
reuolu , mais que iour pour iour ils ont elle
meurtris. Or faind Paul parle ici de fa premie
re defenfe : il faloit qu'alors l'.\\nSt Pierre fyfl;
à Rome. Car les Papilles ellendent fon ponti-
ficat iniques à fept ans. 11 s'enfuit donc que S.
Pierre ait quitté la religion de noflreSeigneur
lefus Chrilljqu'il ait renoncé à l'héritage, Si à-
l'elperance de falut qui luy elloit donnée en
l'EuangUe ,& qu'il fe foit lepare dii nombre
des Aportres, pour n'auoir plus de communi-,
cation auec eux . Voila donc comme on-pcup,
airtz veoir que ce n'ell que fable &menfoil-
ge de tout ce que les Papille» allèguent pour
mettre lefiegcde faintl Pierre à Rome. Niais
quant au relie de toute la compagnie dont
parle faincl Paul ,cognoiirons qu'ils lont.içii
couchez.afin que nousappreiuôs de nous.hu-..
miiicr,& de cheminer en telle folicitude., qgc .■
no.us demandions à Dieu qu'il ne permette
point que iamais nous Juy fayons lafcliess
quandiljio.us appelle pour rendre telinoigna,
ge à h vérité. Or en la fin fainct Paul eonclud
ijitf Vicu ne luy <t point iltf.rlti : &i .par cela il
nous monllrc que fi les hommes .s'eflongncuc
de nous ,&: que nous foy.en . ploip.emcnt aban-
donnez,nou;nedcuoni pas pouitant iftreçl-
perdus : car quand nous ferons aiufi dclailTez,
Dieu eft alTcZ puiŒint pour nous fccou nr. Et
c'çft.vnp bonne efprcuuc&.ya bon v-v.imqn de
n"i?fli é foy.ll elt vray t^jUe nous pourrons cftrc
tftjiii'cz
SVR LA II. A TIMOTH.
î'î
eftonncz quand nous n\ippercfturonj milfc- fefuez de liiy , &; que noffre Seigneur Iclus
cours ICI bas. Maif que nous apprenions de rc Chrift nous ticne en ia gard^ , tellement que
courir i nolhe Dieu , & nous repofer en luy nous foyons conduits, non pas feulement du-
l'eul : car iniques à ce qwc nous ay oni apprins rarit ceftc vie caduque & tranlitoire.mais iuf-
<le luy faire ceft honneur de nous contenter qucs à lamort,&: par defTus mefmes.tellemenc
de luy ieuJ , &de l'on aide, il cft certain que que nous ne demandions finon de glorifier no
nous ne luy talions nulauantagepar defllis les ftre Dieu.iufqu'àce qu'il nous ait t'ait partiel -
hommes. Car quand nous voyons que les hom pans de fon inimoitali'té gforieufe.
mes l'ont puifl'ans pour nous iccourir, nous fça OR nous-nous proiterneron% deuant la
Hons bien nous fier en eux:& Il Dieu nous de- fice de naître bon Dieu en cognoiflànce de
clare qu'il cft puillànt , &■ qu'il ne nous mon- nos fautes, le prians qu'il nous les face touf-
rtre point du premier coup dequoy,nous voi- iours fentir déplus en plus.nouj amenant à v-
li eltonnez,voirc tranfportez de desfiance.Et ne vraye rcpentance ; puis qu'il luy a pieu de
n'eft-ce pas le mettre au rang des creatures,& nous nianifcrter la vérité , que nous la rece-
mefincs luy attribuer moins qu'aux hommes uions en toute reuercnce , que nous y l'oyons
mortels? Voila donc ce que nous auons .à retc tant mieux confermez. Et li nous voyons les
nir de ceftedodrine:c'eltarçauoir,que quand fiippoftsde Satan s'eleuer à l'encontre , que
nous ferons deilituez de tout fecours humain, nous ne l'oyons point troublez pour cela, fça-
que nous ne laifsions pas de nous appuyer en chans que c'eft vue chofe commune, & qu'il a
Dieu, fçachans que luy feuleftalTez puiflant faluquela foy denos Pères ait efté approu^
pour nous deliurer,& quand nous aurons Icn- uee par ce moyen-la : mais que nous prions
Il Ion aide, que nous concluons auec fain£l Dieu qu'il nous confermc de plus en plus, &:
Paul, qu'il nous deliurera de toute œuure mau que ce nous foit vnc occalion de batailler cou
uaile.Car fainCt Paul ne dit pas ici que Dieu le fîamment &: d'vne telle vertu pour fa gloire,
deliure de la mort ( combien que delîa il euft que nous foyons toulîours certifiez de" la vi-
fait fon conte qu'il faloit qu'il fuft prefenté ftoire,& que le triomphe nous eû appreflé,'&
en facrifice ) mais il fe contente que Dieu le que ce bon Dieu nous afiflera . Et cependant
fortifie de fon faind El'prit , tellement qu'il qu'il ne permette point que les mefchans ga-
piulfe mourijpour le tefmoignagede l'on £- gnent, mais que s'eftansaduancez , ce foit i
uangile . Il ne luy chaut de fa perfecution ne leur ruine & confulion . Et au refte , que nous
de tous les tourmens qu'il faut qu'il endure, foyons difpofcz à viurc & à mourir en l'obeif
moyennant qu'il obetiTe à Dieu, & qu'il obtie- fmcc denoftreDieu , &:quenous ne deman-
ne la viftoire par deilus toutes les tentations dions finon qu'il habite en nous par fon fainA
&airiuts qu'il luy faudra louHenir.Ainfi nous Efprit -Se que nous foyons preferuezde tou-
en taut-il taue.Et au refte, retenons la prière tcsmauuaifcsœuures , & de toutes lestenta-
qu'il hiit ici en la fin, Ouf le Sû'^ntur Ufus foit fions de Satan. Et encores qu'il nous faille^paf
,ittecl")ifpn't de Timoiha-.U cltvray que finous fer par beaucoup deiniferes & de fal'chefies,
fommes en la proteftion de noftre Dieu, nos que toutesfois nous foyons tellement confer-
corps feront preferucz de luy aufii bien,& en uez par luy, que nous feiitions que nous fom-
tout & par tout il nous fubuiendra félon qu'il mes en fa proteâion , & que pous puifsions
nous elï vtile . Mais cependant que nous ne nous glorifier qu'il nous a toufioùts fecourti A:
ayons point tant nos corps pour recomraan- aftiftc, tellement quenous nt fojnmej rauia'is
dez.que l'ame n'ait le degré fouuerain . Ainfi tombez en nulle mauiiaifc ceuûre.lQ_uc'ndn feu
jp'U nous fufhfe moyennant que noftreDieu lement il nous face ccftr grâce , mais à tous
oie auec uoftrcefpritj&que nous foyorrspre- peuples & nations de la terre,&C. ..,
K
LOVE S- O' I ^ '"D ï E •*..
•P
;d"e m. I e h a n
FIN PES
■■ € A l V. IN SVR -L E S D E V X E P I S T R E S D £ s.
"î*aiil Apoftre à Timothee,feloh qu'ils ont efté llmplemcnt recueillis par
rEicriujim ordinaire, fansquc l'autheur les sitireueus ne changez en aucu*
.JJl '.IJl'I.
iiSi > 'tL
Sermons de lehan Caluin fur l'E-
PISTRE DE SAINCT PAVL
A* T I T E.
L'EPISTRE DE SAINCT PAVL
Apoftreà Tite.
C H A P.
I.
\ Aidjcruiteiir de Dieu, ^ Apojîre de lefui Chrifl,Jè''.
I Ion îafoy des eleus de Dieu, (f la. cognoijfance de yc-
\ rite, qui ejl félon U crainte de Die Uy
En l'efperance de \ie éternelle, laquelle Dieu, qui ne
tnentpoint,apromijè deuant les temps éternels,
3 Et a manifejlé en fin temps , afçauoir Ja parole par prédica-
tion , laquelle m'ejî commife fclon la commijlion de Dieu noîirc
Sduueur:
4 A Tite mon vray fils félon Iafoy commune entre nous , Gra -
ce, mifericorde, ^paix de par Dieu le ?ere , ^ de par lefus Chrijl
nojhre Sauueur.
E n'eft pas d'iuiourd'hiiy
q beaucoup de malins fous
ombre d'cftre de lacompa
gnie des Chreftiens , taf-
chent & machinée tant que
lU peuuent à troubler l'or-
dre de l'Eghfe , & crapef-
cher^iie leschoTes bonnes & faindet n'ay-
ent leur cours , & peruertiflent tout , entant
qu'en eux eft. Nous i'çauons qu'vne Eglil'e
nepeuteftie maintenue en Ion eftat, linon
qu'il y ait de bons Pafteurt & fidèles. Dieu
adoqné vne bonne reigle& certaine , pour
les élire & conlHtucr. Mais cependant beau-
coup ont tafckéde, s'auancer par ambition,
pat mefchâtesprattiquestvoire du temps des
Apoftres,quaiid l'Euagile florilToit en fa droi
te pureté.defîa ce vice-la regnôit, comme on
le voit. D'autre part, fi nous voulons chemi-
ner en l'oheiflànce de Dieu , il faut bien que
la doftrine qui fe porte , ait authorité enucrs
iious,& que ceux qui font commis i cela.foy-
eat efcoutez 3ue< reuerencc. Car li onmcf-
pr:fc les Palteurs , par confeqiientla Parole
fera mefprifee, & mife fous le pied. Or nous
voyons comme délia du temp? de ùiixû. Paul
H y aiiûit beaucoup de reb(.-iJioi;. *:de mui-
mures, on fçauoit bié porter les fedufteurs.S:
touliours ils eftoyent les bien vcnus.cncores
qu'ils impofalTent des charges & fardeaux
bien difficiles. Mais quand ceux qui vouloy-
CBt feruir loyaunient à Dieu s'acquittoyent
de leurdeuoir , incontinent il y auoit feftes
dreflees , il y auoit des bandes faites , & des
combats tout preftt pour les fafcher ê< mole
fter.Et c'clt à quoy fainft Paul a prétendu fftr
celle Epiftce,c'cftafijauoir de corriger ceux
qui voiiloyent pcrucrtir l'ordre & la police
de l'£glile,& qui ne fe vouloyent point ailu-
iettirauioug , eftansdociies & dcbo^ipaires..
pour receuoir la dortrind qu'on leul-preif-
choit.D'autreparCpourjcoque iBbil^îôlirs il y
a eu des gensvolages, qii»'Ont demandé pluf-
ll:oft de luiure leur cijriomé, que (TeHre edi-
fiw- par4>onne doftrinc , fttnfJ-Piul coupe
broche à toutes quefliôstViuoletv'Sequi n'eni
portent nul fruid,& monftre que iî nous voti
Ions eftre enfeigncz llion Dieu, il nous faut
auoir ce but de mettre noflre fiance en luy,
pourcftre confermtzà rinuoqucren droite
fiancc:& puis.que noilre vie foit rciglce corn
nie il appartient, que nous moiiftrions par ef-
fcA que iioilre jicritageeftau ciel, & qu'il
nous faut palTcr jiarcc inôdelaiis nuus y ar-
fiih r.
SVK f E PTS t.
■f eft?r. Voili (îooc Pintentroh dé fainft-paul
en cefte Epiftrè. Or regardons fi de noftrc
tépt telles remôftrances Hedoynët pas auoir
lieu,& fi elles ne nous font pas plus qn>tilcs.
Car qui voudroit croire hcaucoiip de gcnt,
quelsprefcheursyauroit-ii autourd'hayfCar'
Toici Taftaced* Satin , d'introduire ge'at qui
ne valent rien,3fin que la parole de Diea foit
en mefpris & opprobre. Et il y en a beaucoup'
oiri ne demandent finon d'ananccr pour f a-
fteurs & miniftres de la' parole, gCus ou dévie
dilToluejOa qui n'ont nul zèle, ou des liauars,
& mefmes des contempteKrs de Dieu, qui fe-
ront pluftoft fuppofts de tauerne 4u''autrc-
nient. Et pourquoy? Cjr ils voyent bien que
tels prefchcurs font côme bridez,&que guîd
lis parlent on ne s'en fait que mocquer,& que
mefmeï ils auront la bouche clofe, qu'on leur'
fera honte du premier coup:& qui plus cft, oiS
les fera pafler comme des linges par deflus le
baftonicaronleur reprochera incontinentiEt
qui es-tu? On te fait vnc grand' grâce de te
laiiTer au lieu où tu es : car tu n'es pas digne
d'eltrevn porchier ou vn '»achier,&tu es au
lieu de Pafteiir. Voila donc comme beaucoup
de malins voudroyent auoir des prefchcurs à
leur pofte:on levoit, Se on l'a veu: &pleufl i
Dieu que les «temples n'en fuflent pas û coin
muns.Et d'autant plus auarts-rious befoin d'e-
fcouter ce qui nous cft ici remoftré par fàinfl
Pauliafin que sousayonsgeus qui foyentpro
près pour enfeigner, & qui s'acquittent fidcle
ment de leur deuoir:& qiiand ils aui-ont prèf-
ché comme il appartient, que leur vie rcfp'on-
de,& qu'elle foitpoui' ratifier laddftrihe que
ils portent, Si luy donner approbation. Et de
autre eofté.d'aatant que nous voyons aûioiir-
d'huy les aiireilles de beaucoup de geiis li de-
licates,que fitoft qu'on gratte leurs rongn'es,
c'eftifc tempefter,& voudroyent aucir chan-
gé tous les coups quand on ne prefche point à
Içurappetit, qu'à grand' peine decentl'vn
voudra-il du tout fe ranger paiiîblcmeh't à la
bonne do'iSrine,&ceux qui pr'otefterôt à plei-
ne bouché d'eftré grans fidèles, quand on vou
dra les inftruiré ,& qu'on ^e leur foufFrira
plaint de continuer eri leurs vices,ils fedeclâ-'
reront ennemis, ou bien ils fe peruertifont,
eh forte qu'ils perdront goiift& faucurdc la
dpârine de pieu:& les autres fe mettront'cn
leur rage pour defpiter tout, &; ne deniande-
rpîif fînon que toiitaille e'i? cÔnifîqn.aE'n à^i-
upir la v.ogue çoufibiirs auec leurs cnornjrtéz;
^uanddonc pqus voyons ceIii,notôs bicnqjje
nç.n fans caufe le iain^l Efprit a pourucu à t<?l
les ^aladies,! i^t"""^ V a donne remède', afin
3"i)'vn t;.haçun pour foy àppt-enc à s'affliiettir
oucement & en touteliumilité à la parole de
E|ieii j^' quand nous verrons ces rebelles &
èaudiueàrs qui î'éleuent , quin^jd^andcnt
uopn.^ MUS piçquer, ti à nous tourmenter,
«Ùe'nous-les;deteftions comme pefte5,qi\e ce-
U-/ôit reprimé :'ècfî nous voulons que Dieu
A -T fT E. -^iff
nons tiené en poflVfsioit diitfrtcfor <tc foo
Euangilé , que de noftre eol^c nous ne nous
méfiions point auec ceur qui demandent q'je
tout foit difdpé . que lé troupeau de nc/tre-
Seigneur lefus Chrift foit efgarc , 5: que l'c-
difice de EHcn foit ruiné efttrc nous. Finalc-
ment.'puis qu'iuiourd'huy lé mondé cftaclon-
né i folles cufiofîtez autant qu'ii fut laniais,
que nous retenions tant mieux ce qui nous eil
ic'idecl'aié'par'faina Paul ,c'e(f afçauoii^qtic
quàrid nous Kfons la parole dé Dieu, quand
nous'venons au fefmon, que ce ne foie à autre
fîii,fînon pour eftrc inftruits en bonne doftri
ne,c'eft a dire qui foit vtile pour noftre fahit:
qWe nous profiîions de plus en plùi en la foy^
de noftre Seigneur lefus Chrift, pour cftrc af-
feliroi" du falut qu'il nous a acquis , Se nous
appuyer fur la gracé qu'il nous a appoicer,
que'uouspuifsioasinuoquer Dieu pijremeac
&: fans feintife.quéaouS regardions roufiourç
à l'héritage celefte,que nous fçachions quelle
eft la volonté de noftre Dieu, afu de n'eftre
point toufîours en branle & en doute, mais
que nous allions touiîours lU'the chemin,
puiï qu'ainfi cft que Dîeh nous apprcuue,
que" nous adJieriohs purement à fa parole.
Quçdoncnbus fçachions que ce'fté Epiftre
nous cft auiouid'huy a'iitârit ncceTîairc qu'cl-.
le fut iaraais Or venons iiiàintfeiian: à ce qui
cft ici contenu. En premier lieu fainft Pauhc
nomme Sentiteurdf Dieu, Cr ^f^fireaeiefus
C/jn'yî. Or ce raotdc Seniiteur en ce paflàge
ne comprend pas feulement yne fuiettion'
(comme il faut bien'dué noui. lovons tous au
feriiicedc rioftréD'icu,puis q'u'ifluy pl.tift de
nous accepter ) mais falpcî; Paul note ici &,
marque rofKce fpecial qui luy eftoit'çommisV
il y a donc différence entre Suict & Scrui-
teur. Car tout vn peuple fera fuiet au Piince,
ou à la feîg'neiirie'fous laquelle ij viç,r maii ce
font' les officiers qui onf charge publique.
Ainfidbnc fa'inft Paul outre ce qu'il eftoit de
la compagnie des Chreftiçm pgur feruir à
Diéu,éftoit'doQ:ciif,5: aupk charge ,&:cftgt en .
rE'glife; Qr.ll, fpecifie qiiej cftoit;ce|l,ofi^'ce-«,
rà,'di'^ji< qij^il eft ApOjftré de ItUivÇlûilt ; &,
no"us içàuon.s que Dieu. a e.nupyq iph Filj à
telle con^itiojti que luy fcul duiuine pardef-,
fus nous. Or il ne conuerfc pas ici en perfon-.
ne , niaisil a choifi ceux qui luy a pieu, afiti^
dâiionccf fji' parole, , &; de. j;cpi;çfenter fa.
perfonne&, foalieu.Et^'éjO: ce ^^uj eft tyaitq
plus amplement au, quatrième desÉphe/iins;,,
que lellis Chrift çftant .mgnté au ciel ,. 3, o,r-iv
donri'é en fori,Eglife des Apofttçs ,.iiçsJÇHaiv-!
geliftes.des pâfteui:s,^dps Çoftciirs, qu'il n'a;
point laiiTé les ficns dei'pourueus ; mais jla
eftabli vne fi bonne police, qu'il ne lailTc pas.
de nous gouuerner , combien qu'il loi: ablcnt,
de corps. liions voyons 4oncmaint«;iiant quei>
le cft l'intention de ûinft Paul : & de là a,Çifsi;
noMspouuoos recueillir qu'il ji'apoinf cfcrJft
fculemeiit à vh liômincmais que celte dodri-
Tt.in.
Ç.8.
SERMON ils
31;'
necftpoui- t.out le peuple. Car il y eniuoit
beaucoup de malins(commc dclîa nous aiions
touché) qui nele laiflovciit point gouuerner
par Tite.Pour ceftc cauû ùiiict Paul û; vient
ici mettre comme bouclier , & contermede
fon autliorité cehiy qui e/loit ainli alIàilli.Ce
n'eit point donc au regard de Tue qu'il s'at-
tribueces titres lionorable5:car cela cufl elle
liiperflu : Tite le cocno'.lloit comme Ion pè-
re : car ce n'eft pa^ lans caufe qu'il l'appelle
ici Ion vray fils : S: il fçauoit bien aulsi de qui
il éftoit enuoyé.Saind Paul donc n'auoit nui
bel'oin de fe magnifier enucrs ceft homme
^ui défia luy portoit honneur tel qu'il eftoit
j-equis : mais pouTce que le peuple de CtetSi
où Tite cftoitpourlors,ne felailloit pasgou
«erner , lainû Paul ne vient point là eu loi»
nom priué, mais il fc déclare élire enuoyé de
Dieu,& de noftre Seigneur lefus Chrift.Mais
cncores pour mieux approuuer ce qu'il dit, il
adioufte ^ue c'eji felott la fuj» communt des
tleus. Et puis il déclare quelle eil ctftc toy:
c'cll afçauoir /.« co^ntifffjhce de ■virité : Se non
point iimplemcnt, mais ijui ejl félon la ernfute
di Dieu, -foire en Tefferance delà fit éternelle.
Orici nous voyons qn'einporte l'Apûrtolar
de lainct Paulrce n'eit pas vne dignité oifiue,
ce n'eftpas aiifsi vn titre volant en l'air, mais
c'eft vne charge qui eÛ d'anoncer la parole
de Dieu, voire tellement que le monde foit
édifié à bien.&quelefalut qui nous cft pro-
mis,ibit public , &que tous fidèles en foyent
participas. Voila donc en fomme ce que nous
auons à retenir de ce paflàge. Mais encores
il fera mieux entendu quand nous l'applique-
rons à noltre mftruction. Il y a eu de tout
jemps deux extr«raitez, quant eftde receuoir
«eux qui anohcent la parole de Dieu , ou de
les reictter.Car beaucoup ont efté menez par
Ignorance , ou pluftoft bejtife , qu'ils n'ont
point difcerné entre le bien &le mal , & le
font contentez d'oayr feulement vn titre vo-
kge. Et voila qui a efté câule d'abbrutirle
poure monde', comme auiourd'huy on le voit
en la Papauté. Car ceux qui font du tout apo
ne par toute; erreurs & fupcrftitions. Voila
donc vne extrémité bien uiauuaife.quand fous
ombre du nom de Dieu, les hommes font ain-
û tranfportez à mal. Mais il y a vn autre vice
encores pire & plus luefchant : c'eft afjauoir,
que beaucoup reiettcnt toute doftrine,& tout
ioug,& ne leur chaut iî on leur parle au nom
de Dieu.ou comment que ce foit. Nous auons
monftré comme les poures Papilles s'en vont
à perdition, pource qu'ils font ainlï aueuglcz
de receuoir tout ce qui leur eu apporté par
les hommes, qu'ils ne cognoiflent nullemenc
ce qui eftde Dieu. Or entre nous que trouue-
ra-on?Beaucoiip diront aflez en vn motqu'ilt
veulent fiiyurc l'Euangil^ : mais cependant
ii ne leur chaut gucre.s de rjulle doôrine, que
ils ne feront nulle difficulté de fe mocquer
de Dieu , & de regimber ,à l'encontre de la
raaiefté , & de babiller contre fa parole , 5c
contre tous c€ut qui la portent. (Xue vaut
donc entre beaucoup de gens «uiouid'huy ce
mot de Seruiteur^ de Dieu , encores qu'il
foit bien approuué? Rien qui foit. Et là on
cognoift vne impudence trop vileine, que
ceux qui veulent eftrc rcputez Chreftiens
(voire de hpnte qu'ils ont d'eftre Turcs , ou
jnfideles)fcdefpitent tout notoirement con-
tre Dieu 8: la parole, & ne Iciir chaut de rien
qu'on puiflè dire. Or iu contraire , aduifons
à nous : Si en premier lieu notons que pour e-
ftre eognus Chreftiens, il faut que nous ayons
cefte humilité d'obéir à la do&rine qui nous,
eftanoncee, A:de neus y ranger fans contre-
dit: & quand nous oyons ce titre de Seruiteur
de Dieu, que nous apprenions que ce n'eft
pas vn ellat à mefprifcrtconime. fainél Panl l'a
déclaré cidefliis , que fi Dieu conftitue eii fi
maifon ceux qui l.i doyuent gouuerner , il ne
faut point les rcictter,quenousne foyons rc-
iettez quant & quant de noftce Ditu.Eft-ct la
raifon qu'il nous aduoue pour fcs enfans, &
nous le defpiterons,& luy cracherons au vifa
ce entant qu'en nous fera? Si nous difoBS que
noftre intention n'eft point telle: il a déclaré,
qu'il veut eftre cognu par f.i parole , voiie &"
ftats de i'Ejlife , cpux qui reiettçiit furieufe- qu'ô rcçoyueceux qu'il a eftablis pôiirlapor
ment la parole de Dieu, diront toUtésfçsis que tér,& les appelle difpenlateilrs dé les fecreti, '
" " " " goiiuerneurs de fa raaifoh: & cependant nous
n'en tiendrons contci'Et où eft l'honneur que
nous portons à noftre Dieu ? Car il ne veut
point eftre transfiguré p.ir les mcfchans. Il îl
donc voulu que nous luv faciont hommage
en receuaiit fa parole rcointîie il lé dit par foa
Prophète Ifaic, qu'il a mis faparole* afin que
elle foit receue,ruire par là bouche deshom»
mes,dè. liiâin en nvain iufques à la fin du m on-
de. En îbmrae apprenons d'eftre atcentifs à
cfcoutcrla doûrirte qu'on nous prefenteau
nom de Dieu , & Je Fefcouter autc telle hu-
milité, q;ie qu'and nous fçaufons'que c'eft'
Dieu qui parle à iious, encores q^u'il vie dlf
moyen des hoiiiiiles , &dc gens contempti-»
ils veulent ertre fuict*. à leur mère fàinûc
i-glifc, 8c fous ombre d'humilité ils feront la
juerre 8f àDieu.&à faparole, comme beftei
«nragees:& neâtmoins en i'honneur de Dieu
ih s'aflliiettiront à la tyrannie dés hdmmes.
£t qui eft caùfe de celâf II n'y a nulle pruden-
ce ne difcretion, il leur femble que c'eft alTcz
d'auoir ouy bien refonncr ce mot d'Eglife.
Gr ii faloit enquérir que c''eftoit : & quandlc
Pape s'appelle vicaire de lefus Chrift.fucccf-
fcurde fainft Pierre , il faloit fjauoir liainlt
eft ou non:3i: quand il aura approuué ce qu'il
dit , alors receuoir la doilrinc. Mais qiioy?
(Du voit comme vne grande multitude i'e
iailTcrdcccuoir: S,: ces poures gens font con-
«Lnsd'auoirles yeux baiide3,A:<^u'oi\lcs tr.ii-
blcs fclo'n la chair', que aaus ac laifvious V^î
'àt
s V R L' Ë P I S
2e plier le coI,3c de monftrcr «jue rrayemcnt
jioas luy fommes brebis , puis ip'il iuy plaift
«le nous eftre Pafteur , quM n'y ait point Je
£ercé en nous, que nous ne loyons point dif-
ficiles à gouaenier, niait que nous ayons ccft
efprit de mafuctude duquel lainû-Ia<|uei par
Ii^J.I.il 2ç^ quand il nous monftre la façon de bien rc
ccuoir la parole de Dicu.Voila pour vn item.
Mais cependant notons aufsi qu'il nous faut
eftre certifiez que ceux qui parlent, ne s'mge
leiit point d'cuï-mclaies , qu'ils ne nous ap-
portent point leurs fonges Se refuerics , mais
que c'eft Dieu qui nous lescnuoye. Et com-
ment cognoiftrons-noub' cela? Il ne tieijdra
qu'à nous: feulement que nous ouunoos les
yeux & les ayreilles . Mais qrioy? Il y en a
beaucoup qui ne demandent, finon des'aueu-
glcnConvnelçs Papi fies, quand on leur dira
<ju'il feroic bon de s'enquérir de la doftrinc
^u'on leur porte : non, ils ne le veulent point
faire. Etpourquoy? Car ils fe ioueutauec
JDicii : ^ syins leurs agips.kurs fglles cere-
inpnics I & tOMt ce njenu bagage, il leur fem-
Me que les voii? bien acquittez, ■& le forgent
vne idole à lea? plaillr : tellement que iainais
le moniie n'elt crompé,fiBon d'autant qu'il le
cherclic& le délire. Auiiidecesgaudifleurs
qui ne demandent lînon d'auoir toute licen-
ce , ils ne voudront point s'tnqueru li on les
enfeigne au nom de Dieu,ou non. Ils auront
bien celle réplique toHlIours en la bouche,
Ho.de moy, le ne veux pojnt refiftcr à Dieu:
;iiais que fçay-ie li ceiuy-Ja ra'anonce la pa-
role de Dieu; Voire.iTiaisenquier-toy. Et ie
n'en feray rien, ie ne daigneroye.Nous voy-
ons donc maintenant que tous c^ux qui ne
fouffrent point d'eflre recueillis à Dieu, & en
fon troupeau, ne s'efgareut qu'à leur cfcient,
&nep.eriirentfinon.parleur faute, tellement
qu'ils ierôt touliours coulpablcs de leur mal.
Il eft yt-ay qu'ils ne iailTeront point de faire
cpuleur de leur ignorance:mais ils ne fe ioue-
r,ôt point à Dicu,que Icurinalipencioit touf
ipurs cognue.Brief.iamais les Kpmesne fajl-
Içnt que ce ne Ibit de leur bon Erc.Car(com
me l'ay dit)ily aura toujours de l'hypocri-
fieauec ignorance, ou de la nonclialance, ou
delà rébellion manifefte. Lesvns voudront
del^iiter Dieu : les autres feront hypocri-
ces , & fe contenteront d'auoir des menus a-
gjos , & chofes friiiûlcs pour s'aquitter en-
uersD4eu : ils auront kurs belles dénotions.
Le» autres feront cnyurcz aux vanitcz de ce
wonde.ils auront leurs négoces & folicitudes
qui les empefchéc ce regarder à Dieu, telle-
ment qu'ils feront r.onchaians : on aura beau
parler à eux, ce leur M.ra tout vn.cc qui entre
par vue aurcilJcefciappc par l'autre.Et.pour
^uoy? Ils fout tle^:". prcocciipet,ile,cIiefcs,c&
i^airçs. D'aman [ plus donc n.ous faut-il bicp
«otercep.ill.i£;c;c'eflafçauoirquandonnous
parle de la p.irole de Dieu,& que ceux qui la
prcfchét, proteftétque ce n'eft point de leur
T:'ATlfE. îT^
ftntafic , mais que lefss Chrift qui en a toute
maiftrifc& authorité, leur en a eftabli ccft or
ire , qui deit eilre facré & inuiolable iufque»
à la fin du monde : que nous foyonsattentift
à cela,qu'vn chacun clcoatc, & que nous- en-
quêtions fongneufement li c'ell le Fils Je
Diea qui parle ainlt à nous, afin de luy rendre
l'homroage qa'il mérite : comme nou'; oyons
qu'il dit.Bailez le Fils. Que donc il foit fcrui
Si honoré de nous, autrement voila Dieu qui
cfl outragé , nous tafclions d'abslir fa maie-
llc Je fa gloire, entant qw'il nous eft pohiblc>
& fomwes coulpables cryn tel facrilcge, quel
que belle proxeftation que nous fpcliiôs fai
re. Ot ici fiinit Paulmonftre que tous ceujç
qui anonc ent la dodrine dé Iefu6 Chrift, font
vrais feruiteurs de Dieu.Et pourquoyfD'au-
tant que le Père Se. le Fils font vn: non feuler
ment pouxce que le Fils eft de l'elTence du
Pere,mait il y a m accord liir tout , quand le
Père fe reprcfente i nous en la pcrfunne de
fon Fils,comme Icfus Chrift mefme protclte,
Qu.i croit enmoy, il ne croit point en aïoy,
mais enceluy qui m'a eouoyé. Comme s'il di-
foitiqu'il n'a rien de fon propre entant qu'il
eft homme fuoTtel;inais comme il eft defcen-
du du ciel, &.qu'tniluv habité-toute plénitu-
de de diuinité, fi nous croyons en luy , nous fe
rons conduits à la gloire immortelle de no-
ftie Dieu: car c'eft luy par lequel nous fom-
mes créez Si formez, & par lequel nous fom-
mes côferuc;z iSc maintenus. Voila donc ce que
nous auons à obferucr , quand liinû Paul le
déclare feruiteur de Dieu, eftant Aportrede
lefus Chrift. £t cependant cognoilFons que
pour eftre receus &: aduDuez de Dieu , il faut
en premier lieu que nous obeif,i5s à fon Fils,
auquel il a donné toute puilîance & feigneu-
rie fur nous. Car les Turcs proteftcront allez
d'adorer Dieu, niais cependant ils fe forgent
vne idole, d'autant qu'ils fe feparentde lefuj
Chrift.Oi qui n'a point le Filv,il n'a. point la
pcre, cûme dit faind Iehan.en fa C/lnonique,
Autant en eft-il des.Iuifs,& tpu^ Paycns. Eç
les Papilles , combien qu'ils fe vantent alTea
de croire en Dieu,lî eft-ce que leur jncreduli
té femonftre.pource qu'ils refiftent^à l'Euan
gile, &• qu'ils ne peuuent pas adorer le Fils de
pieu, voire fe foumettaus du toat jl fadoûri
nepour,luy.ol»cir:d'autant qu'il^n'ont point
cela, nous lespouuons .ippeller increduleiiEf
penlons-nous donc que Dieu nous reçoiije
au nombre des liens, iinon que nous rendions
toute fuietion i noftre Seigneur Ufus Chrift?
C^uand il nous enuoye Ces Apoftres.que nout
fçachions qu'il nous eft conftituéRov, afin
que nous foyons.fon peuple : que le fceptrc
par lequel il nous doit gouuerner.c'eft fon 1;-
uangilc, & que les hommes qu'ilnoijs confti-
tuCjtcpijefcntent faperfonnc. Si nous n'auos
cela, ne pçnfont point que Dieu nous reçoiT
ue, &mermes ilnouscoiiftera bien cher Je
nous eftre glorifiez du nom dç Chrcilient^»
Tc.ilii.
Tfe.t.il„
44.;
jtç
SERMON I.
finon que nous »yons te qui nous eft ici dc-
claré par fainâ, Paul , c'eif d'efcouter le Fils
<de Dieu quad il parle àiious, voire par la bou
che des liommet mortels- Car ( comme i'ay
die ) il ne faut pis que nous attendions qu'il
defcendedu ciel: c'eft aflez qu'il nous fufciie
gens qui nous portent iidelcinent ù. parole,
qui foyent comme inftrumés de fon iâinél E-
fprit.qui re^oiuent deluy.aiîn de nous le di'
fpenfer fans mettre rien de leurs fonges ni
fantaiîes. Quand donc nollre Seigneur lefus
Chrift nous fait ceiVe grâce, c'eft bien raifon
que nous Toyou obeiflkns & paifibles pour
receuoircequinout eft apporté en Ton nom.
Voila donc ce que nous 2u6ns à retenir. Or
faintl Paul adioufie «ncorei vh mot qui eft
bien digne d'eftre obferué : aiçauoir qu'ileft
Apofire ftlon lafoy communt (dit-il) des eleus
Je Ditu.En parlât ainfî,il s'adioint auec tous
les Patriarches & fainôs Wrerqui auoyent
vefcu dés le commencement du monde, & a-
uec tous les fidèles qui eftoyent de ce temps
la. Et par con/equent il môftre que tous ceux
qui ne voudront point receuoir fa doûri.ie,
fe retranchent & le bannilTent de l'Eglifê-de
Dieu,& qu'ils fôt reprouuez. Car s'ils eftoy-
entdela compagnie des eleus , ils s'adioin-
droyent à luy , d'autant que fon Apoftolat
jj'a rien de feparéd'auecla foy de tous eleus.
Or ûinâPaul exprime ici ce que nous auôî
défia touché en brief: c'eft afçauoir que ce
n'eft pas vne dignité oifiue que l'office d'A-
poftre , mais que c'eft vne charge qui luy eft
commife de Dieu, voire pour anonc'er pure-
ment fa vérité. Et en cela voyons-nous file
Pape doit eftre recéu pour le chef de l'Egii-
fe,& que c'eft que vaut enfomme toute certe
Hiérarchie dont il fe vante,c'eft à dire toute
cefte vermine de Clergé plein d'ambition.
Car il dira bien <]ue luy & fes Euefques cor-
nus font fucccfleurs des Apoftres : mais nous
»e pouudris point ici eftre trompez , lî nous
voulons faire ciamenà ce que Dieu nous cô-
inanée. Voici vne doftrine certain* & mfalli
ble pour fçanoir quels font les vrais fucce'f-
f«urs des Apoftres : afçauoir ceux qui nous
prefchent l'Euangile, qui s'accordétà lafoy
4e tous les eleus de Dieu. Quand nous trouue
Tons que le Papeprefthera ladoârine laquel
lekï Patrrarcl>cs S; 1er Prophètes ont tc-
iftué , & laquelle auf;i les A^ofttei ont fuiuie,
alors il nt faudra pla? rïpTiqtier que vraye-
mcnt il ne foit du nombre âc^ Paftf ars : niais
eependant qu'il fcradtPidole, qu'il aura vne
tyrannie barbare , qu'on rfe fçaurott ouir vn
feiil mot de doôrine de fa bouch* ( car aufii
ce la derogueroit 3 & digmtc) il D.utqueno'
deteftions ce mafque innoduii par Sa'tati.d'.iu
tant que ce n'eftiinon vne corniptiou-dîaibo-
lique qui s'eftcleuee Cotte l'authorité^f Fils
•le Diéu,3< c5tre l'ordre q\)f il auoittftabii-cn
.fon Eglifc. Car là trouuera-on la fby des e-
•leusdctit parle ûinft Paidf Qui plus eft, on
voit que le Pape pour maintehir ceâe puiâàn
ce tyrannique qu'il a vfurpee , ne veut point
qu'on s'enquiere en façon que ce foit de la
verité'deDieu : il voudroit que l'Efcriturè
fainâ* fuft enleuelie,& fe voudroit tellement
magnifier par dellùs toutes creatures,que le«
Prophètes &les Apoftres ne fuflent nen en
comparaifon.QuSnddonc nous voyons qu'a
uecvntel facrilege il dtfpouille Dieu de fa
maiefté , & ne fouffrant point cequi doite-
ftre ^ourapprobatiôdefon office, qu'il veut
eftre cognu(quel qu'i lfoit)pour Apoftre, ne
doutons point que ce ne foit vne baftardife
que le diable a mife en auant,afîn que toute la
police que noftre Seigneur lefus Ckrift nous
commande , fuft difsipee. Voila en premier
lieu ce que bous aiions â retenir. Et au refte,
notons que pour eftre afleurez fi on nous par
le au nom de Dieu .. il faut que nous venions
i ce but.c'eft afçauoirde nous enquérir quel-
le eft la foy des fainfts Pères qui ont vefcu tl
deuant la Loy, &du temps des Prophètes, de
confequemment aufsi quelle eft là foy des A-
poftresîquenous ayons cela,& nous ne pour-
rons faillir. El ce nous eft vnîe confolatiotl
ineftimable^ quâtid nous fçauôn* que Dieu
nous abfouf ,encoîes que le monde nous con-
d<imne:qu'il nous reçoit pour fes enfans,com
bien que le monde eftime que nous foyonî
plus que reprouuez. Et pourquoy? Ceci ne
nous peut faillir , c'eft que lefus Chrift nous
gouoerne.qu'il nous accepte pour eftre mem-
bres de fon corps, tellement que nous accor-
dons auec les fainâs pères , & auoris vne foy
commune aucc eux. Et pourquoy? Carnous
fommes conioints à luy d'vn lien indiffolu-
ble. Cognoiffons donc que nous fommes vnis
en leurs corps, moyennant que nous ayons la
foy qu'ils ont fuiuie. Voila donc comme au-
iourd'huy nous pouuôs defpitrr les Papiftet,
& Its desfier.quelque orgueil qu'ils ayent:cô
bien qu'ils fe vantent d'cftré les vrais tatho-
liques(côme ils parlent)totJtesfoi$ nous fon»
mes afleurez que Dieu nous aduone , & qu'il
les condamne.Et pourquoy? d'autant que ce
régime fpirituel que le Fils de Dieu nous a
commandé.cft entre nous: c'eft que nous oy-
ons fa parole, tellement qu'il v a vn accord 8c
vne mélodie entre la foy des frères anciens,
celle de tous les eleus de Dieu, & la noftre.
Q_nand cela y eft, nous fommes alTeurezîque
k mond'eiugc tant qu'il voudTa,msis flous le
condamnerons en toute liberté. Car fi nous
pouuons dcfpiterles Anges du ciel quand iU
fe drcfTcroycnt contre l'Euangile de lefus
Chrift, que fera -ce de ceftc ordure puante du
Pape,&dc tous les fiens , quïd ils s'attribue-
ront vnt telle puiflance , que Icfus Chriftne
foit pi' rien;que la foy foit mife fous le pied;
& qu'ils fe forgét vne telle doftrinc quefeoii
leur fcmblera? Voila dôc comme nous auôs i
prattiquerce paffàgc de S. Paul. Or ceci doit
eftrcTB moyen pour afleiirer ceux que Dieu
enuoye
SVRL'EPiSTiATITE ^xi
enuoyepouranoncerfa parole, Qweq^"'^ viendront coniger.S: Dieu, & fon S. Eipric.
ils Centiron: ou'.h ne peuuenc iufhre pour Or iainû Paul au contraire (corne ai.fsilefus
porter ladoannederEuangile , que néant- Clirift en cepaffagcque nousauons allègue J
moins ih aventcequedit.c.rainftPaul.c'eft monftre bien que la toy ne commence pomc
afçauoir que noftre do^rine foit conforme à de noftrc cofte : ma;s c cft d autant que Dieu
la fov de tous les eleus de Dieu ,& que cela nousauoit choifis , &acaulede fon eUaion
foit pour repoiiffer ceux qui s'eleuent contre immuable.à carife de fa bonté gratuite par la-
nous & que nous ne faciôs nulle difficulté de quelle il nous a adoptez pour fes entans , il
. direâuecS.Paul, Quenousauonsleglaïue nous donne â 'lelus Gknll ,& nous venons a
t.Cerm. ^^ j^ ^^.^ . ^^„ y„ jaiye matériel , mais luy .Et pourquoy ; Pource que nous luy fom-
^°-'^- pour prononcer fentencede condamnation, mes enuoyezde Dieu Ion Perc: c eftamar-
' & pour déclarer que la vengeSce de Dieu eft queparlaquelle il nous monftre qu ilnous a
appareillée contre tous ceux qui ne voudiôt en pofTef ion & héritage. Et amli apprenons
receuoir noftre doarine. Il eft vtay que nous que li l'Euangile nVlt point auiourd huy^ac-
deuons tendre touliours à ce but, d'amener le cepté ians réplique, & fans contention, s il y
inonde à robeilTance de noftre Seigneurie- a beaucoup d'ennemis,& maniieftes,& dome-
fu> Chrift. Mais quoy qu'il en foit, que nous ftiques , meimes cefte vermme qui eft meflee
auons dit.à lefus Chrift.quMs font excommu point pour vn tel fcandale.Et pourquoyPCar
niez de l'Eglifcqu'ib font bannis du royau- il lA il point donné à tous de fe ranger ainfi a
me de Dieu, & qu'il ne leur refte finon de rc- noft; t Seigneur lefus Chrift : mais qu'il nous
ceuoirla vengeance korribleqm leur eftap- fnfhfe d'.ft.c enrôliez auec les eleus de Dieu:
preftee. Voila pour vn item. Mais aufsi notés car c'eft fon plailir: & puis qu'il s'en conten-
q tous Chrtlhés ont ici vn bon appuy, quand te , c'eft bien raifon aiifsi que nous paAion»
ils feront agitez de beaucoup de centations, tous par là. En fomme, toutes fois & quantes
qu'il leur fuffifede s'eftre ragez au troupeau que nous voyons l'orgueil de ces vileins qui
de noftre Seigneur lefus Chnft , & d'auoir blafphement contre Dieu , que nous voyons
vne foy conforme à celle des Pères anciens, des diffolutiôs & des vices qui font plus enor
&de tous ceux que Dieu a eleus; quand ils au mes entre no' qu'entre les Papiftes, que nous
rôt cela.qu'ilsfecontécent.Mais pour mieux voyons ceux qui fe defpitent contre toute
veoir le profil que nouy apporte ce palfage, bonne doûrine , n'en receuans finon ce que
notons en premier lieu , que fainû Paul a ici bon leur femble , & quand ils fe feront raoc-
voulu armer,& Tite,& tout le peuple, contre quez de toutes remonftrances^, qu'ils feront
le fcandale qui trouble beaucoup d'infirmes: knicquet, voire mefmes qu'ils dreuent les
c'eft quand il« voyent qu'il y a des repugnan cornes côme de taureaux pour heurter cotre
ces & côtradidions, mefmes que ceux qui por Dieu,& ceux qui les enfeignent, que nous ne
tent le titre de Chteftiens veulent faire des foyons point fcandalizez pour cela.mais que
reuefches& beftes fauuages : voila qui trou- nous foyons armez de ce qui eft ici dit. Et
ble beaucoup de (impies. Or il nous eft ici de- bien, tant y a qu'ils ne reculeront point les c-
claré qu'il nous peut bien fuffire que nous leus de Dieu: car il cogno ft Se. fçait qm font
foyons conioints & vnis auec les eleus de les /ïens.c'tft fon propre héritage, il les mai»
Dieu. Or fainiS Paul en parlant ainfi, monftre tiendra donc. Cependant que nous ayos tous
qu'il ne nous faut point esbahir s'il y a des tels fuppofts du diable en dettftation , i cn-
mutin:en l'Eglife, qui tafchent de renucrfer tenctux qui inau ftftemcnt fe drelK'nt ainfi
tout ordre, 'il y a des hypocrites qui iement contre Dieu & fa doftrine , nous eflongnan»
leur zizanie pour diuertir les ignorans de la d'eux tant qu'il nous fera pofible.Ainn dôCi
pureté de l'Euangile, s'il y a des mtfchans & que nous ayons cefte conftance inuircible de
dilTolus qui regimbent à i'encontre de Dieu, dcfpiter tous ce- mcfchans qui le rtbecquenc
& bataillent contre le royaume de noftrc Sei ainfi à I'encontre de Dieu, & que nous chemi
gneur Ufus Chrift.Et pourquoy?Car tou ne nions toutîours en la lîmplicité de l'Euâgile,
fontp*int eleus. Cognoiir.ms que c'eir vn quoy qu'il en foit. Voila donc pouiquoy no-
don Ipccial, qu'il faut que nous foyons du tammtiit fainft Paula ici parié des eleus de
troupeau de le fus Chnft pourauoir la foy, Si Dicu.O. il adioufte pour déclaration plus an»
I«6.tf.ffj pour obéir à fon Euangile.Or il dit qie ceux pk, que cefte foy-ci de laquelle il a fait men
qui croyent en luy , luy eftoyenc donnez du tion, c(i U en^noffai'ce ie -verhé </<tr efl fthn la
Père pour héritage. Par cela ilm.-inft' e que craintf de Ifi» ,tnl effer..nce de l.i -ne éternel-
ce n'cft point ànous de commencer noftrei'a /r.Or en appellaut la foy.cognoifuiiccde ve-
lut. Et ce, babouins, ou pliiit jft ces ûipp'ifts rite, ilm-onftre en premier lieu, qu'il ne nous
de Satan voudront remit, fer le premier fin faut point auoir feulcnientvne opinion feule
dément de noftre foY,c'ut afçaunir de 1', 1^ - -j nir noftrc foy, mais qu'il taut que r.ou< co-
ûion & predtftmation cternelk dt Dau , & ^uoiLions que c'eû de noftre Dteu , & de fa
Vv.i.
S^i s E R M O N I.
. volonté. Car les Papiftes ont forgé en leur que ce nVft point à fauffcs cnfeiçne» 5 Died
boutique vne toy qu ils appellent Enuelot)- veut que nous foyons fi bien perfuadez de fa
pee , & dilent que c cllafllz que les idiots & parole. £t pourquoy? Car ce n'efl point vne
les gens la.cs croy et ce que PEglife croit.Or doftrine luiette à menfongercognoifTons qui
cependant il n y a nullecognoillance.Q^el- en eftl'authtur. Voila Dieu quîeft la fourc
le donc eit cefte creance-la? D'eftre pures be -> --^ -' • ^
ftes.pour dire, le ne fcay quec'eftde Dieu,ie
! j n. ^' ^ -..^^.v,i^>..- 1.11 cit j aucncur. vonauieuqui
le donc eft cefte ereance-la? D'eftre pures be de vérité. Nous pourra-il enuoyer donc quel
ftes.pour dire, lene Içay quec'eftde Dieu.ie auedoarineanMrPi.rp? A.nC^^;,, „,.;, ^
n'ay pas vne feule goutte d'intelligence de fa
parole : mais ie m'en rapporte à la mère ialn-
£te Eglife:lî cela cft bon.ie n'y veux point c5
tredire.Q^nd on leur dira qu'il y a vne cen
teine de dieux:Et bien, fi la mère faincte egli
fe le croit, l'en fuis content, ie le côfefle auec
elle, ce lu'eft tout vn, ie m'en rapporte touf-
ioursànoftremere fainâe Eglife. Voila(di-
ie)la foy qu'ont les Papiftes" Et ainfi c'eft à
bon droit que nous les pouuons nommerin-
credules , combien que ce leur eft vne perfe-
ftiô d'auoir vne telle toy enueloppcc,5: qu'il
fuffità vnlîmple Chreftien de croire ainlîà
crédit. Or ici fainft Paul nous monftre bien
tout l'oppofite.-car il déclare que la foy n'cft
hh.t.u.
que doctrine douteufe? Ainfi donc , puis que
noftre Seigneur veut que nous foyons fondez
en luy, c'eft bien raifon que nous ayons cefte
certitude de laquelle parle ici faind Paul, que
nous en foyons refolus , 5: que nous n'ayons
point vncuider pour plier corne des rofeaux
branflans i tous vents : & mefmes notons que
nous ne pouuons eftre reputez fidèles , finon
en nous tenas du tout à Dieu. Car fainfl: Paul
a voulu exclure tout ce qui eft procédé des
hommes, quand il dit que la foy emporte co-
gnoiiTance de la vérité. Car qu'eft-ce que les
hommes nous pourront mettre en auant de
leur propre? Il cft dit qu'il n'y a que vanité ^fi'
en eux. Et ainfi ils nous tromperont tous les
coups , finon qu'ils puiflent protefter que ce
Î9.tf.
pas vne telle beftife: mais il l'appelle cognoif qu'Us nous enfeiçnent , ils l'ont receu d'en
fance.voire cognoifsâce de la vérité de Dieu, haut , & qu'ils dlfpeufent de main en main
pour fçauoir quelle eft l'cfperance de la vie la pure verité.qui eft vne chofe fi fainfte que
eterndle. Apprenons donc pour eftre reco- il n'eft point licite d'y taire aucun meflinge.
gnus Chreftiens.d'ouurir les yeux , & de ve-
nir à l'efcole pour eftre difciplesdeceluy qui
fc nomme Maiftre & Docleur eft.abli de Dieu
fon Père. Car fi lefus Chrift no'a enfeignez,
notons
Il faut donc que la vérité de Dieu fe pref-
che en telle forte que rien n'y foit adioiifté,
mais qu'elle demeure pure comme elle cft.
Voila àquoy fainft Paul nous a voulu anie-
que nous pourrons bien protefter d'e ner ,& fur tout quand il dit que cefte verité-
ftredes iiens.voire quâd de noftre cofté nous ci cft félon la crainte de Dieu , auec l'efpe-
receuronscequinoiiseftmoftréen fon nom, rance de la vie éternelle. Il taut que nous
&cequieftprocedédeluy.Carce n'eft point foyons édifiez en "bien, &: que nous appre-
aflez d'en auoir quelque opinion, corne nous nions d'eftre vn peuple fanftifié à Dieu : Si
Toyons que beaucoup deceux qui s'appellét pour ce faire que nous cherchions quelle eft
:nouî ne foyons
.1res beftes,que
: pour en nous ne cherchions point iculemcnt d'eftre
eftre bien perfuadez & refolus, il s'en troiiue nourris & veftus pour nous arrefter à cefte
bien peu. Et neantmoins fainû Paul a voulu vie caduque, mais que nous foyons eleuezen
ici notamment difcerner la foy d'auec toute -• ■ • ■ ■
incertitude, que nous n'ayôs point vn cuider
Volage,pourdire,Iepenfequ'ainfi foit : mais
que nous foyôs affcurez: comme fainrt Ichan
dit que nous fçauons que nous fommes en fans
de Dieu. Ce croire donc qui fe rapporte à i'E
uangile.n'eft pas tel comme nous le prenons nous foit apprellc , comme il nous a efté ac
en langage commun : comme quand nous di- quis fi chèrement par noftre Seigneur lefus
roDS, Et le le croy:car ie n'en fçay rien,& ic Chrift. Et afin d'y paruenir, que nous chemi-
ne m'en veux point enquérir: mais celle per- nions en la crainte de noftre Dieu en toute
fiufion conftante & ferme que nous conce- pureté, comme fainfl Paul en parle ici. Et fi
uons(comme fainft lehan dit en l'autre pafla nous voyons que Dieu n'a rien cherché que
ge)& rcceuons tout ce qui nous eft prononcé noftre falut,qU3d il nous a enuoyé fon Euan-
au nom de Dieu: comme fi nous eftions tef- gile, quieftia foiiuerainc félicité &• la pcrfe-
moins de quelque inftiumét,& que nous mif- ftion de tous biens, que ccl.l- nous incite i
fions là noftre fignature. Voiiace que Dieu nous y affuiettir d'vn tant meilleur courage,
demande de nous,& comme aufsi nous le de- & de non-: ranger au troupeau de noftre Sei-
uons honorer, pour confefler qu'il eft fidèle gncur lekis Chrift , afin qu'il foit noftre Pa-
on toute fa dodrine , &• qu'il a vne vérité in- ftcur,& qu'il nous gouiirrnc.
fallible.qui iamais ne nous peut fruftrer.Voi- ORnous-nous proftcrnerons deuant la
1.1 donc c:fte cognoiflancc. Et aufsi quand face de noftre bon Dieu en cognoiftance de
faillit Paul parledc ia vérité, il nous monftre nos fautes , le prtans qu'il nous les face tel-
Icincnc
ceft héritage immortel qui nous eft promis.
Voila donc à quoy Dieu a prétendu quand
il nous enuoye fon Eoangile , c'eft de nous
retirer de ce monde , afin que nous tendions
à luy , Toire tellement que nous ne doutions
point que l'héritage de la vie immortelle ne
i
SVR L' EPIS T. A TITE.
î^3
Icment fentir, que nous foyons abbatus en
nous-mcfmes pour nous cieuer en luy , & en
fa bonté, &:noiis eleucr en telle forte que
nous l'oyons retirez de toutes les ordures de
ce monde , de toutes les mefchantes cupidi-
tc2 & vices qui régnent en nous , & que nous
foyonsconfermezde plus en plus à (a iufti-
cc , & à fa fainde parole. £t qu'il luy plaife
nou<: iupporter en toutes nos.foibltflts , iuf-
ques à ce qu'il nous en ait du tout dcipouil-
Icz. Ainfî nous dirons tous , Dieu tout-puif-
fant, Père celelte,&c.
DEVXIEME SERMON SVRLE
PREMIERCHAPITRE.
1 Vaulferuitcur de Dieu, (f Apojîre de le fus Chrîflfelon lafoy
des cleus de Dieu, ^ h cognoijjunce de yerité j qui ejl félon la craints
de Dieu,
i Ew f'e/perance de Vie éternelle, laquelle Dieu,qui ne met pointa
a promifc deuant les temps éternels,
3 Et a manifcjlé en [on temps , afçauoir fa Varoleparpredica-
tion,laqueUe ni ejl comifeflon la comniifion de Dieu nojîre Sauueur:
4 A Tite mon y>ray fils félon lafoy commune entre nous , Gra-^
ce,mifericorde, ç^ paix de par Dieu le Vcre, CJ" de par le Seigneur le-
fis Chrijî noJlre Sauueur.
O V s auons veu ce matin,
que S. Paul a déclaré quel-
le eft la vraye foy)en difant
qu'elle emporte cognoilTàn
ce delà vérité : & làdeflus
nousauôseftéaduertis qu'il
nous faut profiter en l'tfco
le de Dieu,fi nous voulons cflre reputcz pour
Chrelliens deuant luy. Or cependant notons
aufsi que ce titre qui eft attribué à la parole
de Dieu, nous apporte vne fînguliere confo-
lation.Car nous fommes deliurez de doute &
de fcrupule, quad nous cognoifTons que c'eit
Dieu qui a parlé à nous : car en luy il n'y a
que veiité certaine 5: inlallible: comme auf-
fi derechef S. Paul adioufte que c'eft luy qui
'ne peut mentir ; monllrant qu'il ne nôiis faut
2 point aller félon les hommes. Car nous pour
. ïions toufiours nous desfier de ce qui feroit
dit: mais ce qui eft procédé de la bouche de
Dieu.eft certain, & en doit-on eftreplenemét
refolu. Comme aufsi fouuent il nous ell decla
^ ré que la parole de Dieu eft purgée, qu'il n'y
?/<■<«. II. 3^ efcume,ne fuperflnité,ne rien qui foit. Et
7. C^f^- pour cefte caiife elle eft acconiparce à l'or &
à l'argét qui a paffé, & aura efté bien irefondu
au feu. Cela eft pour nous certifier tellement,
que nous pouuons dire que nous ne tenons
point des hommes noftre foy.mais que Dieu
en eftl'autheur : que nous fommes afleurez
contre tous combats que Satan nous pourra
drefler.Et au refte,il nous eft aufsi bien fieni
Je que (juand nous auiionî tout le fjauoir du
II
môiîe, a nous ne cognoiflons Dieu Se fa par»
le,qu'il n'y a rien que fumée en nous. Ce n'efl
pas ici feulement que le S. Efpritparled'vn
tel ftyle: c'eft afçauoir que la parole de Dieir
eft la verité.vne vérité fans queuefcomme on r t j il
dit ) mais quand fainft Paul aux Colofsiens " '
veut magnifier l'Euangile.Vous aue2(dit-il)
cognu la vérité : c'eft àdire la parole de vie
qtiivousa elle prefchee.L'Efprit vous mène-
ra en toute vérité , dit noftre Seigneur lefus
Chrift. Et puis s'addreilant à Dieu fon Père, '^'
Père celefte,taparole eft vérité. Apprenons ^^>^^7r
donc que Dieu en toutes fortes nous a voulu '''"'
arreftcràluy;non feulemétafin que nous luy
portions l'honneur qu'il mérite , & que nous
luy attribuy ôs l'authorité qu'il dem3de,mais
quenoiis foyonsbién fondez & refolus , que
nous n'ayons point vne opinion volage, mais
que nous puifions dire comme difoit ce peu
pie mefme à la Saniaritaine.Nous l'auôs ouy. Iffi.4.41
Voila ce qui doit eftre retenu en ce paflage.
Or cependant il nous monftre à quoy cefte
vérité prétend: car il la difce'rne d'auec tou-
tes autres doûrines qui appartîenent à ce-
fte Vie tranfîtoireA- de tout ce qui eft du mo-
derpource qu'il ditgxf eeftf ^•frîtè efi f,!on U
trainte de Dieu: comme s'il difoit que c'eft
pour édifier les homes en telle fainJ^eté que
' Dieu en fort glorifié. Car nous aurôs beau tra
uailler en toutes les Iciences humaines de»
■ ^lant qu'elles nous côduifent à Dieu . EtainS
]' notons que faincl Paul difc'erne ici la foydee
'Chreftiés, d'auec tout ce â nous orfonsd'ail-
• ' ■ Vv.ii.
r-A-
SERMON II.
lcurs:car il n'y a point" (Vautre règle Je vriye
religion que celle qui eft contenue en la paro
le de Dieu, & laquelle nous tenons de Kiy. Or
cependant iladioufteauAi, Selon tcffer.:nce Ae
la -»iV.«f»rf»t//f :ou,lacaiife de l'efperance . En
«uoy 'l monftre que lama s les hommes ne fc
pourront bien dedierau feruice de Dieu, s'ils
ne.pcnfent plus à Dieu, qu'à tout lereite.Car
encores que nous foyons comme retenus, en-
cores que nous ayôs quelque affeftion à Dieu,
ce n'eft rien,celas'elcoule.Brief,iln''y a point
yne racine viue, nidefoy, ni de religion, iuf-
ques à tant que nous foyontamencz au ciel:
c'eft à dire, que nous cognoifsiôs que Dieu ne
nous a point créez pour nou? tenir ici en vne
vie terrtftre auec les belles brutes , mais qu'il
nous a adoptez en fon héritage , & qu'il nous
tient pour fes cntans . Si donc nous ne regar-
dons au ciel , il eft impofsible que nous ayons
vne vrayedeuotiô pour nous addôncrà Dieu,
<ju'il y ait ne toy, ne Chreftienté en nous . Et
voila pourquoy auiouid'huy de tous ceux qui
Ce renomment Chrefliens, & fe reclamét pour
tels, on en trouuera bien peu qui ayent cefre
vraye inarque.telle que faintt Paul l'a donnée
aux cntans de Dicu:cartous font occupez en
ceftevie prefente,&y font tellement atta-
chez , qu'ils ne peuuent afpirer là haut . Or
voyant cevice tant ordinaire .d'autant plus
nous faut-il prcferuer, & nous defpouiller des
chofes qui nous retienent ici bas, & rompre
mefme par force ce que nous ne pouuons pas
du tout deftâchcr,iufques à tat que nous adhe
rions à Dieu:ce qui fe fera, quand nous aurons
conccu àbon efcient& en vérité l'efperance
de la vie éternelle, comme fainâ Paul en parle
ici . Et notamment aufsi cli emporte inftru-
ûion, pour nous monftrei que fi noftre vie
nous eft encores cachée , ilnefaut point pour
cela que nous en foyons defgoufttz. Car les
hommes fe tienent toufiours à leur fens natu-
rel : & voila pourquoy ils ne peuuent enibiaf-
fer la promelTe de falut qui leur eft tous les
ïours offerte. Car ils ne voyant point ce que
Dieu promet : & cependant ils ne peuuent e-
ftendre leur phantalie plus loin, qu'à ce qu'ils
voyent & qu'ils conçoyuent en leur imagi-
nation . Or fi faut-il quoy qu'il en foit , que
nous foyons tout afleurcz de ce qui nous eft
caché, quand nous oyons que Dieu parle,
encores que nous ne le conceuions point de
noftre fens naturel. Et ainfi recourons à ce-
fte cfpcrance dont parle ici faincl Paul . £t
combien que nous n'ayons point vcu l'héri-
tage qui nous attend, que nous ne laifsions
pas de l'aimer , voire d'vne affeftion ardente,
que nous foyons là rauis , que les chofes de
ce monde nous foyent comme menus fatras,
fçachans que non feulement elles nous dc-
flourncnt de marcher ^u falut que Dieu nous
preftntc, & que ce font des appafts pour nous
allécher, (5i nous letenir ici bas , mais que ce
eilaufsi pour nous perdre &r ruiner du tout
quand nous fommes ainfî enueloppez an mon
de,& pour nous infeder d'vne poifon mortel-
le. Voila donc comme nous auons à prattiquer
ce mot, quâd fainft Paul dit qu'il eft ftruiteur
de Dieu,voire félon l'efperance dé la vie eter
nelle.Comme aufsi il loue les Colofsiens.voi- ^'^•'•'♦'
re pour leur chance & aftettion qu'ils ont en-
uers Dieu, à caufe de l'efperance qui leur eft
appreftee au ciel,& môftre que les tidtles pre
nent courage de feruir à Dieu, de trauailler à
bonnes œuures,&de batailler contre toutes
dithcultez,quand ilsfe propofentceft hérita-
ge qui leur eft apprcfté au ciel, & qu'ils y re-
gardent , & qu'ils fe tienent là. C'eft ce qu'il
veut aufii dire en ce partage. Or d'autant que
les hommes cherchent toufiours ce qui leur
eft le plus prochain,*: s'ils ne cognoiilent vrie
chofe.iJs ne peuuent eleuer leurs efprits pour
la contempler , fainû Paul pour corriger vn
tel vice, nous rameine à la promefle de Dieu:
comme s'il difojt , Mes amis , il eft vtay que
quand on nous parle du royaume celefte, c'eft
vnechofequi furmonte tous nos fens, cela eft
trop haut & trop profond : mais fi ne faut-il
pas que nous laifiions pourtant d'y afpirer.
Et pourquoy.' Car nous auons vn bon garent:
voici Dieu (dit-il)qui nous l'a promis , voire
Dieu qui ne peutméntir. Nous voyons com-
me ces chofes s'entrctienent,&que nou. fom
mes ici retirez de toutes créatures, pource que
noftre foy ne feroit pas ferme fi elles'adref-
foit aux hommes.ouà rien qui foit au monde.
Il faut qu'vn tel renouucllement nous foit
certain, & que nous demeurions là fermeit , Se
que nous y foyons du tout retenus. Et cepen-
dant fiifons à Dieu l'honneur qu'il mérite:
c'eft que nous le feparioiis du rang des hora-
mes:commemefmes nous voyons que ce faux
prophète Balaam , qui s'eftoit loué & vendu ""-^J^
pour mentir, iî eft-ce qu'encores eft-ilcon- -
traint dédire vérité, comme vn mal-faiteur 1
la tçrtiire: Dieu, dit-il, n'eft point femblable
aux homes. Et qui eft-ce qui parle ainfi? C'eft
vn trôpeur.vn mefchant qui nedemanJe qu'l
peruertir l'honneur de Dicu.iS: le falut de l'E
glifc. Etcependant Dieu le contraintcomme
vn brigand forcé.de rendre tefmoignagei la
Tcnté.Puis que Balaanra parlcainn, quede-
uons-nous faire? Viendrons-nous à reuoquer
en doute ce que nous deuons tenir des pro-
mcffesdeDieu , fi elles nous font infallibles,
ou fi nous n'en ferons point fruftrez ? Ainfi
donc notons bien ce qui eft dit ici, pour l'ap-
pliquer à noftre inftruflion,& fçauoirqucl eft
le fondement de noftre toy :c'eftde rccognoi
rtre que Dieu n'eft point femblable aux hom-
mes. Et pourquoy ? Car le mcnfonge ne lliy
peut nullement competcr, à liiy, qui eft la vé-
rité infallible & permanence. C'eft donc ce
que nous auons à retenir de ce pafljgc, afça-
uoir quand nous fcrÔs tentez de quelque dëf-
fianceàcaufc que nous n'apperctuons point
la gloire qui nous eftproiuifc, que nous ve-
rt io/i$
SVR L'EPISTRE A TiTE.
nions làiEt bien, il eft vray que ce font chofes
q lurmôtenc nollre capacué.mais il fcjbut fier
«n Dieu ,& nous trouuerons qii'ainli elt . Et
pourtant , que nous luy remettions entre fes
mains noftre depoft , & il en fera bône garde:
l.TIms, comme fainft Paul en parle en la féconde à Ti
II. niothee.cjuc puis qu'il eft lîdele gardien de no
ftre depoll(c'eft à dire de noftre falut) q nous
pouuons hardiment nous mettre & recomman
der entre (es mains. Au refte.fainâ Paul parle
ICI de la promeflc de Dieu qui a efté faite dé-
liant tout temps, & de ce qu'il nous eft démon
ftré en faifon opportune. Quant à la promef-
fe, aucuns le prenent pour l'elcûion qu'il a
faite de tous fidèles : comme nous auons veu
«ju'ildifoit à Timothee, quel* vie leur a efté
donnée deuSt toute éternité: mais pource que
ce mot de Promefle eft vne correfpondancc
aux hommes aufquels Dieu parle, ie ne doute
point que iaiuft Paul ne vueille ici par lés
temps eternelt,{ign\(ici longue polTefsion.Car
nous fçauons que dés le commeacement du
monde Dieu a teftifiéaux hommes qu'il vou-
loit eftre leur Sauutur , voire & quant 8c quant
iiabailléle gage, le Rédempteur qu'il leur
Commeitoit:ila côtinué en cela toufiours. Ce
n'eft point donc fanscauft que fainâ Paul dit
ici, que Dieu deuant les ;emp éternels a pro-
mis le falut qui nous a efté manif^fté en VE-
uangile Et c'eftaiiCsi la promefle qui a efté dô
née aux Pères anciens . Car quand Dieu les a
adoptez, & qu'il s'eft déclaré Pcreenuers eux,
ce n'a pas efté qu'en les tenant toufiours en
fufpês iufqii'àla venue de noftre Seigneur le-
fus Chrift.Et de fiid,lcs Prophètes ont touf-
iours regardé! ce but-la : caril.eftdit que ce
RflW.lO. eft la fin delà Loy. Voila donc des promeffes
^, qui eftoyent comme fiifpenducs iufques à la
venue du Redempteur.Or maintenant nous en
auons vne déclaration plus ample, quad lefus
Chrift nousa efté enuoyé. Vray eft que de pri
me face il fembleroit qu'il y euft ici quelque
contrariété, quîd lainft Paul a rais le mot D'e
fperance : 8c puis il met, Q_ue les chofes nous
font maintenant monltrees, & que Dieu les a
mifci corne deuant nos yeux. Or cela s'accor-
4le aifément, d'autant qu'il y a trois devrez i
Confiderer.Le premier.c'eftla côdition en la-
quelle les Pères ont vefcu fous la Loy. Car ils
ont bien eu te&noignage de la mifericorde de
Dieu, 8c qu'il leur vouloit eftre pitoyable , &
ont aufsi attendu le falut qui leur eftoit pro-
mis : mais cependant ils ont efté en ombraçe,
■ ils ont regardé les chofes de loin ( comeTE-
' fcriture en parle) car aufsi ils auoyét le voile
deuant leurs yeux, qui lesempefchoit de veoir
ce qu'auiourd'huy Dieu nausa-raanifefté, voi-
re en vertu de la promefle dont parle fair.ft
Paul. Etainfî il nous eft rcmonftré qu'il nous
faut toufiours en patience i émettre noftre fa-
lut entre les main'- de Dieii;comine auAi nous
en fomme';atlmoneftez parl'Apolhe.Hebr.ri
Vous ne pouucî auoir la foy lînon en vous ap
î*î
puyant fur les promeflcs de lavié k venir.Car
en ce monde nous n'auons point noftre repos.
Car qu'eft-ce de celle vie iînon m pèlerinage
qui côtinue iufques en la finîNous auoHS donc
les promefles,& par confequent nous ne voy-
ons encores que par vn miroir, &en obfcurité.
Voila comme faind Paul en parieaur Gala-
tiens . Mais fi eft-ce qu'au prix des Pères qui
ont vefcu fous la Loy, nous auons la fubftancc
&: la venté, qu'elle nous eft toute patente: car
en noftre Seigneur lefus Chrift noos auons la
perfeftion iM'accompliflement de toutes les
chofes qui eftoyét requifes à noftre falut. Sont
mes-nous efpouantez,d'au:ant que nous fom-
mes pécheurs ? Nous trouuerons la iufticeau
Fils de Dieu. Noftre ignorance nous trouble-
elle.' Il eft donné pour (àgefle à tout le mode.
Sommes-nous captifi & efclaues de Satan»
Nous auons noftre rançon tn luy . Sommes-
nous poilus & fouillez.» 1. nous fàndtifie. Som-
mes-nou- débiles? Il eft la veitude Dieu pour
nous fortifier.Ne voyons-nous en nous qu'or
dure.'Ileft la fontaincde pureté . Apres, n'a-
uons-nous que mort? Il eft la vie:& mefmes il
en a la maiftrife,car il a vaincu la mort. Voila
donc les chofes que les Pères ont efperees 8c
attendues ,qui nous font auiourd'huy donnée»
en la perfône de noftre Seigneur lefus Chrift,
Or il eft vray que nous n'en auons point en.-
cores le fruiù m la iouiflànce en nous: mais fl
nous faifons comparaifon de ce que les Pcres
ont eu.nousauonsbeaucoup plus qu'eux. Ain-
fi donc ce n'eft poinft fans caufe que fainâ;
Paul dit que Dieu nous a reuelé auiourd'liuj
ce que les Pères ont attendu, à caufe de la pro
mefle qui les tenoit là comme en fufpens'. Or
le troifieme degré eft la perfcAion qui fera au
dernier iour, quand nous ferons recueillis a-
uec les Pères anciens :& alors il n'y aura plus
de foy . Car la foy eft comme vne vifion des
chofes inuifibles,(ainfi que l'Apoftre l'appel-
le)& vnecognoiflance des chofes qui font ab-
feates. Puisqu'ainfi eft que nous poflederons
ce que Dieu nous offre auiourd'huy en l'Euan
gile, la foy n'aura plus de lieu . Voila ce que
nous auôs à retenir en fomme.de ce que fainft
Paul met, que Dieuauoit bien promis de tout
temps ce qu'auiourd'huy nous eft reuelé, mais
nous en auons la pleine déclaration , voire en
noftre Seigneur lefus Chrift, combien qu'elle
n'apparoine point encores en nous qui fem-
mes fes mébres, mais que cela foitdiferé iuf-
ques au dernier iour. Et notâment S.Paul mec
ici les fiifons propres &■ oppcirtnnes,3finde nous
faire glorifier Dieu en fon confeil , & que
nous foulfrions qu'il difpofe de tout comme
il luy plaift,&que nous ne foyons point fi
outrccuidez de répliquer contre luy, quand il
ne fera pointles chofes à noftre appétit , que
nous n'entriôs point en queftion ni procès a-
uec luy,côme nos auons de couftume. Et voila
pourquoy il dit aufsi bien aux Galat. Quand
la plénitude des temps eft venue , Dieu a en-
Vv.iii,
îl^
SERMON II.
uoyc Ton Fils. Et qu'emporte ce mot-Ja î Les
hommes lelon leur curiofîté demandent , £t
pourquoy cft-cé que lefus Chrift n'cft appa-
ru pluftoll? Voila Adam qui auoit ruine toute
fa race auec foy : le genre humain eft de-
meuré en celle confiriion-la ii longuement,
qu'il elllà comme pourri en la milere : &fa-
loit-il que Dieu teinft là les Pères le bec en
l'eau ( comme on dit ) & que le Rédempteur
ne fuftenuoyé pluftoft? Puis que le mal e-
ftoit défia aduenu , pourquoy eft-ce que Dieu
n'y a pourueu de meilleure heure , & qu'il n'y
adonné remède ? Voila comme les hommes
difputent: mais quand ils fe donnent vnc tel-
le licence, ils pourroyentaufsi bien deman-
der,pourquoy le monde a efté créé leulement
depuis fix mille ans ,& que Dieu ne s'en eft
pluftoit aduifé.Mais quoy.'Que font les hom
mes s'ils s'embroutUent ainlî ? Or c'eft pour
t'abyfmèr & pour fe ruiner du tout . Appre-
nons donc d'eftre fobres , & de ne nous point
enquérir outre noftre mefure , & cognoiftrc,
tout ainfi que Dieu a fceu la faiibn opportune
en laquelle ildcuoit créer le monde, qu'aufsi
il a cognu la faifon opportune d'enuoyer l'E-
iiangile . Et voila comme il coupe broche à
toutes les queftions friuoles aufsi bien auder
nier chapitre des Romains ,& en la féconde
Epiftre à Timothce,&aux Corinthiens, &aux
Ephefiens: ences pafiàges-lail monftrc qu'il
ne faut pas que les hommes foycnt ici iuges;
car ce feroit trop vfurpcr , quand ils vou-
droyent déterminer d'vne chofe fi haute,
comme du confeil de Dieu. Mais contentons-
nous que Dieu l'a ainfi difpofé , & qu'il a co-
gnu les faifons propres & opportunes pour
faire fesœuures. Et ainfi donc , quand nous
oyons que l'Euangile nous a efté prefché , &
qu'vne telle grâce n'a pas efté faite aux Pères
anciens,& aux Prophètes, magnifions Dieu de
ce qu'il luy a peu nous aduancer en vn degré
plus haut : non pas que nous en fufsions di-
gnes,neque nous l'euGions mérité, mais il l'a
ïait par fa bonté infinie. Et cependant n'eii-
querons point outre noftre mefure : car nous
demeurerons confus, quand nous voudrons
nous lafcher la bnde:nous ne ferons que nous
efgarer , & ne trouuerons ne fons ne riue:
mais ayons cefte fimplicité-la de dire. Dieu a
befongné comme il a cognu eftre bon,& fa vo
lontc nous doit fuffire pour toute figefle. Et
fi nous en voulons cercher d'auantage , c'eft
tn orgueil diabolique , quand nous ne ferons
point ceft honneur à Dieu.de dire qu'il a tout
fait par vne f3gefle& iuftice admirable . Ap-
prenons dôc d'eftre fobres & modeftes.Qjûd
fainû Paul nous met ici les temps opportuns,
aufquels l'Euangile nous a efté reuclé , Se que
les chofe» qui auoyent efté attendues aupa-
lauant nous ont efté raanifcftees, iladioufte,
I4 pt:roleenla prédication tj:ti m'cfl commife.
Yci il fera bien conuen-ible que nous cntcn-
«lions par la ?anU, noftre Seigneur kfus
Chrift : comme nous voyons que fainft lehan
en parle en fa Canonique ,que dés, le com-
mencement ( dit-il ) c'eft ce que nous auons
ouy de la Parole de vie , quand la vie nous a
efté manifeftee, & nous l'auons touchée à nos
mains, dit-il. Làfainft lehan déclare qu'en la
perfoune du Fils de Dieu , la vie nous a efté
oiferte , tellement que nous en auons certai-
ne poflefsion, combien que le fruift n'en foit
pas encore cognu. Et ici ûinû Paul, après a-
uoir parlé des promefles de Dieu, Se de ce qui
nous a efté reuelé en temps propre & op-.
portun, il adioufte, Afçauoir, la Vnrole . Or il;
eft vray que Dieu nous a donné fa Parole,
comme le tefmoignage de noftre vie , & qu'il
nous faut arrefter à icelle : mais cependant
où eft-ce que la parole de Dieu nous mené
finon à lefus Chrift ? Car c'en eft la fubftance:
comme fainft Paul dit en vn autre paflage,
qu'en luy toutes les promefles de Dieu font
Ouy & Amen:qu'iln'y a point de fermeté li-
non que nous foyons appuyez fur noftre Sei»
gneur lefus Chrift : non pas que Dieu foit va-
riable en foy, car nous ne difpucons point i-
ci de ce que Dieu peut faire , mais nous dif^
putons de l'ordre qu'il a eftabli. Or eft-il ain-
fi qu'il ne nous faut point cercher, noftre vie
ailleurs que là où il nous la donne , & veut
que nous puifîons de là toute l'aflcurance
que nous auons en fa promefle . Ainfi non
fans caufe faincl Paul nous propofe ici la
perfonnc de noftre Seigneur lefus Chrift,
comme'aufsi c'eft en cela principalement que
nous différons d'auec les Pères anciens,
quand nous auons le Rédempteur auquel
nous contemplons clairement les chofesqui
eftoyent requifes à noftre falut. Les Pères
anciens ont eu les facrifices . Mais quoy ? Le
fang d'vii taureau ou d'vn agneau les pou-
uoit-il fanflifier ni réconcilier auec Dieu ? Il
eft bien certain que non . lîs ont en les laue-
roens: mais telles cérémonies leur pouuoyent
elles apporter vne droite iuftice' 11 s'en faloit
beaucoup . Ils ont eu vn médiateur , mais c'e-
ftoit vn homme mortel, l'uiet à toutes infirmi-
tcz comme eux ,5f qui auoit befoin de prier
Dieu pour fes fautes. Us ont eu vn fanQuaire
vifible,mais tout cela n'eftoit point pour les
amènera perfeftion. Maintenant nous auons Co/.i.ij»
le Fils de Dieu.auquel tonte plénitude de bien O* ^-S'
eft encloferil eft noftre Médiateur, & n'a
point befoin que fes fautes luy foyent par-
donnees, d'autant qu'il eft pur & innocent, 8t
qu'il a oblerué toute iuftice. E: d'autre cofté,
il n'eft point incognu à Dieu , d'autant qu'il
eft venu de Iuy,& non point feulement quand
il a cflc conftitué noftre Rédempteur^ jamais
qu'il eft d'vne mefir.e cflencc, qu'il eft noftre
Dieu immortel. Voila donc comme en la per-
fonne de noftre Seigneur lefus Clnift nous
fo^mmes aduancez par deflus les Pères, an-
ciens. Car fa mort & pal'sion a efté le facrifïce
éternel , par lequeluous fouîmes acquittez de
toutes
5VR U EPIS T. A TITE,
Ti?
tOUtes"no5 offenfes.que l'ire & la malediflion
de Dieun'eft plus fur nous, d'autant qu'il s'eft
contenté d'vn tel payement: nousauonsfon
fang qui a efté efpandu pour nous purger.
Qjjand donc nous auons toutes ces cikoies,
nous voyons comme en la perlonnede noftre
■Seigneur lefus Chrift.ce qui auoit efté ancien
nement promis, nous cftauiourd'huy priiiee—
ment reuelé.Mais cependant fiinft Paul nous
met fa prédication : comme il ne nous faut
point aufsi feparer l'vn de l'autre. Car il y a
vnlien infeparable entre IefuvClirift& l'E-
uangile : que fi nous prenons lefus Chrift
tout nud, le defpouillant de fa doûrine , c'eft
comme l'aneancirrainfi q les Papiftes en font
vne idole. Car ils diront aflez,IefusChrift Fils
de Dieu noftre Rédempteur : mais cependant
ils ne penfentpointà fjn office, &nefçauent
pourquoy il eft VEnu,5: ne le veulét point fça
Hoir qui plus eft. Car ils s'enucloppent en ie
ne fçay quelles vaines imaginationsqu'ils di-
ront bien , lefas Chrift njus a efté enuoyé:
maisfcôme i'ay dit) ils ne fçauent pourquoy,
d'autant que ù vertu ne fe cognoift point ii-
ron par fon Euangile, lequel ils mefprifent &
reiettent.Nous voyons donc pourquoy fainft
Paul derechef nous réduit en mémoire q fans
la prédication lefus Chrift ne nous profitera
de rien. Mais auf>i d'autre cofté notons que fi
nousnefommes vnisàlefus Chrift par l'E-
uangilcnous effaçons entant qu'en nous eft le
Confeil de Dieu,5: renuerfons fon intention.
Il eftvray qu'il nous faut eftre du tout cer-
tains par la parole que Dieu nous dône: mais
G faut-il venir à cefte cognoilTance, où Dieu
nous a monftré que nous ne ferons point fru-
ftrezde nous tenir à ce qu'il nous dit , &que
lefus Chrift nous en eft vn bon gage. Etainfî
retenons ces deux chofes ainfi côiointes com
fne nous les voyons ici en fainft Paul , & que
ce lien nous foit facré : c'eft afçauoir quand
nous oyons prefcher la parole de Dieu , que
nous tendions à noftre Seigneur lefus Chrift,
comme c'eft le but auquel nous deuons eftre
addreflez :& que nous (cachions que là nous
«uons tout ce qui appartient àl'efperancc de
noftre falut.Et au refte, quad on nous parlera
de lefus Chrill, que nous n'imaginions point
ienefçay quelphantcfme, côme font:les Pa-
piftes,mais que nous venions à l'Euigile, afin
que là il nous foit cognu,qiie nous fçachionj à
quelle fin il nous'.eftdoncde Dieu fon Père,
le<; biens qu'il nous a apportez, & quel eft fon
office emiers nous. Quand toutes ces chofes-
Ja nous font môftrees par l'EuangiIe.cognoif
fons que ce nous eft vn vray miroir où nous
pouuons contempler noftre Dieu en l'image
de noftre Seigneur lefus Chrift:comme fainâ
l.C»f.4. Paul en parle en la féconde des Corinthiens.
4, Voila donc pourqwoy il dit que Dieu a rcue-
lé en temps opportun le falut promis , c'eft
afçauoir la parole en fa prédication. Oril
adioufie, Qw çejif ^redUation Uy ejl c^mmife;
•ifîn qu'il foit receu en telle quilité comme il
doit.Car il prétend de parler auec authorité:
& fans cela qu'euft-il gagné d'efcrire ? Il veut
donc qu'on reçoyue ce qu'il propofe comme
venant de Dieu,& non pointd'vn homme mor
tel. Pour cefte caufe il allègue qu'il ne s'efl
point ingéré , mais que la prédication luy eft
commile. Et de faiéi,cen'eft pasauftiànous Hffc.f.4
d'vfurper nul eftat en TEglife de Dieu. Car
nul ne fc mettra en l'honneur , dit l'Apoftre.
Voiia lefus Chrift qui ne s'eft point auancé
de foy-mefme , combien qu'il fuft eycellent,
& que toute authorité luy apparteinftril n'eft
point venu à la volée pour prendre fon offi-
ce, mais il a efté conftitué Sacrificateur de Vfe.11%^
Dieu fon Père , voire auec ferment folennel, ^.,
conimeil eft dit au Pfeaumc, I'ay iurc ,&ne
m'en repentiray point,tu es facrifîcateureter
nellement félon l'ordre de Melchifedec. Voi
ladoncnortre Seigneur Icfus Chrift qui dé-
clare que le Père celeftel'a authorifé. Si le
Wâiftre de la maifon parle ainfi , le Chef des
Anges, aujjuel toutes créatures doyuent hom
magc,& ployét le genouil deuant luy, que fe-
ra-ce de nous poures vaiflcanx de terre & fra
giles , de nous qui ne femmes rien ? Oferons-
nous venir prétendre le nom de Dieu, finon
que nous foyons deuement appelez ? Notons
bien donc que fainft Paul n'allègue point ici .
fon authorité pour eftre prifé : il ne fe vante
point d'auoir e^Cié en crédit quant au monde,
mais il dit qu'il eft appelcde Dieu. Orilert
vray que fa vocation 3 efté fpeciale comme
d'vn Âpoftre; mais maintenant Dieu a eftabli
vn ordre qu'il veut qu'on obferue en fon Egli
fe. Ceux donc qui font choifis lelon Dieu, Si
qui demandent de feruir à Dieu.peuuent dire
auec fainift Paul , La prédication m'e'ft com-
mife. Et quand ikfont reiettez, cefte iniute-la
i'addrefle à Dieu,& non point à leurs perfoii
nés. Mais il faut que ceci fe face en authorité.
Car Icsfcdudeurs pourront bien prétendre
la coQuerture du nom de Dicu.comme ils ont
fait de tout temps: mais fainil Paul qui a dé-
claré que la prédication luy elloit commife, a
eu de bons tefmoignages &infallibles. lia
donc falu que fa doflrine fuft authentique.
Or notons qu'il n'a point feulement parlé
pour vn temps, mais comme la vérité de Dieu
eft permanente , qu'auiourd'huy il nous faut
applicquerces titres à noftre vfage, & quand
nous oyôs ce qui eft amené de fainft Paul, que
nous ne le prenions point comme quelque do
ftrine qui auracreu au cerueaud'vn homme,
mais que nous fçachions qu'il eft inftrument
de l'Efprit de Dieu. Pourquoy? Car la prédi-
cation luy eft conimife, & il s'en eft acquit té
fidèlement: il a ferui à Dieu , difpenfant le
threforde l'Euangile,auquel nous auons cer-
titude de noftre falut. Puis qu'ainiî eft donc,
tenons-nous à ce quieftefcrit , fçachans que
noilre foy alors ne fera point appuyée l'ur
les hommes . Et pour conclufion il met
Vv.iiii.
jz8
SERMON II.
^ue cel.t eji félon l'ordonanee <{e D/f».Ici Ûind
Pjulneveut point qu'on regarde à l'a digni-
té.Il tft vray qu'il auoit de quoy fe glorifier,
quand il euft voulu, ainfî qu'il le monllre quâd
il en a efté contraint : que s'il y a eudcs glo-
rieux q vouloyét faire trop des braues,il dir,
a. Cor. Il Si iem'accompare à eux , le ne fuis point en
J. rien inférieur. S'ils difcnt, le luis de la lignée
d'Abraham:& moy.n'en fuis-ie pas aufsi.'S'ils
dilent qu'ils font cleics : & moy , ne fuis-ie
point dodieur en la Loy ? S'ils fe vantent de
leur preud'hommie&deleurcôuerfation, on
fçait que l'ay efté irreprehenfible en toute ma
vie : onm'auoit eftimé vn faindkomme dé-
liant que ic fufll- Chreilien : le puis alléguer
tout cela, dit-il:Mais quoyfToutes ces chofes
lame fjnt fiente & ordure .depuis que Icfus
Chrifl m'a efté donné. Car Tay cognu que i'e
ftoye plongé au profond d'enfer auec toute
ma fagelle & fainàt té, que l'ay eftimé tmt ce
la perte &dôinage,afiti de gagner ItfuiChr ft.
Bricf,faind Paulaeilé en c fi cndi oit comme
vn homme qui fera en danger, qui quitte tout
ce qu'il auoit pnfe auparauant , afin de fauuer
fa vie, qu'il dit qu'il n'a paî peu tftre faune, iî
non en fe dclpouiUaiit de tout ce qu'il auoit
eucliL-id: piecitux.afin d'tftie ' nr cb des
grâce de noftre Seigneur lefus Chuft. Vola
donc comme faind Paul fe pouLio;t hardm et
glonfier:maii il fc dep ntcde tout cela, pour
nous monlher qu'il ne faut point que nous ap
portion', rien du noftre quand nous voudrons
eftre cfcoutez: mais que nous monftrions ce
que nous auons de Dieu.Et vne telle proccdu
ï.Cor.4. ^^ ^^ '''^" pour nous humilier : comme il dit
^\ ■ ' en l'autre paflage , Qu,'eft-ce que tu as finon
ce qui t'eft donné? Car il y en a beaucoup qui
parieront des grâces de Dieu, mais ils ne laif-
fent pas d'eftre pleins d'orgueil:comme nous
i»riS.ii voyons ce Pharilîcn qui eft au temple , enflé
d'orgueil Se de prcfomptiô: il Juy fcmble que
les autres ne font pas dignes d'approcher de
luy :& toutesfois il dit, S; igneur.ic te ren grâ-
ces.On diroit qu'il eft defpouillé de toute ar-
rogance : mais cependant il ne laiflepasde
monftrer ù fierté , car il veut eftre exaucé
pour fts bien-faits Si fes mentes: & cepend.u
il necignoit point les giaces de Dieu en pu-
reté de coeur. £t pourtant il faut qu'il foit là
laifle maudit,& que ccluy lequel il ne daignoit
regarder, l'cftimSt vn mal-hcurcux, foit exau
ce de Dieu:c5ne noftie Seigneur IcfusChnft
le rcmonltrc. Et c'tft ainfi que fainû Paul en
a vfé.Et voilapoiivqioy en ce palfage , com-
me aufi par tout, quand il parle de la dignité
Euangclique,il dit, C'a efté ftlon l'ordonnan-
ce de Dieu: protcftant par cela , que Dieu ne
Tauoit point choifi comme le plus idomc & l«
plus futûfant, mais d'autant que fon b m plai-
Hr eftoit tel. Or puis qu'ainfi eft .apprenons
maintenant de nous alTuiettii du tout î U vo-
lonté de Dicu,& mieux q nous ne fail'ons pas:
il quand aoi alFcûioBS ne t'y voudront point
ranger,que cefte bride-ci nous retiene. Voire,"
mais fi faut-il que Dieu nous gouuerne,&
qu'il foit mailhe par dclRis nous. Etmefmes
quand U y aura quelque choie qui nous l'em-
bkra fafcheufe , & dont nous voudrions eftre
exemptez, que nous cognoif ions, Voire.mais
lî eft-ce que ceci n'eft point licite, le yoy que
il defplaift à mon Dieu. C^ne cela donc foit
pour repouffer toutes les tentations de noftre
chair qui nous folicitent à m<il faire;& cepea
dant quand nous auôs l'ordre de l'Eglife qui-
aura efté inftitué de Dieu.que nous n'y veniôs
nen méfier qui foit de noftre cerueau.pour di
re , Ho, il me femblc que cela feia bon, &: ic
voudroye que cela allait ainfi. £t qui eft-ce
qui parle? Les petis vermiceaux fe voudront
eieuer:les crapaui voudrôt fauter.Il tl\ vray
qu'ih auront bien les eftomachs enflez : mais
cependant, qu'eft-ce qu'il y a? Toute vermine
& pourriture. Et cèpe, dant ils voudrontap.
piouuer ou reietter l'Euangile àKurpofte,&
en voudi ont eftre iugcs à leur phantalie. Or
de nefire colté.aduifonsce qui lit déclare par
fainct Paul:car il .1 y a doute qu'il n'ait voulu
dt Ipittr les plu- gi.m- de ce monde, quand ils
ne le voudront point langer à la dottnne de
lef s Chrll , & à roidoiinaiice de Dieu ion
Pert ^lai'. encore, afin de nous rompre le
cctur , il attribue à D.eu le titre dt Sauueur:
comme i'il d!foit,Q__aiid il a fait celte ordon
nance de pn A hci fon Eiiangilc. quand il a in
ftitue gens qui feruiiTent en ceft cftat.à quelle
fin eft-ce qu'il a preteiiduîA noftre falut.Mal
heur donc fur nous quand nous ferôs ici com
me des beftes venimeufes.que nous viendrons
ici leuer les cornes contre Dieu, pour dire, le
ne veux point rcceuoir le bien qui m'cft pre-
fenté.Et qu'y gagneras -tu mal-ntuieule créa
ture? Ainfi donc fainÛ Paul n'alltgue pas icj
iîmplemét la inaiefté de Dieu à laquelle nous
nous dcuons rendre fuiets, mais encores il ad
ioufte ce mot amiable, que Dieu s'tft déclaré
noftre .Sauueiir,quandila commandé que fon
Euangilc fiii\ prefché: comme aufsi il dit no-
tamment au pumier chapitre dc^ Romains,
que Dieu a voulu qu'on receuftfadoftnneca
obtilîàncc. £t puis il adioufte tantoft après,
que c'eft ù puilïànce en falut à touscroyans.
Quand donc il a remonftré que Dieu à en-,
uoyé du commencement fe Apofttes,& qu'ai»
iourd'huy il eftablit les Paiteurs m Ion Êgll-
{c , que par ce moyen il procure noltre lalur,
cognoilTans que li nous kiy fommes ingtatsv
& que nous ne puiAions nous aflu.ett r plei-
nement à luy , que ce fera vne double confu-
fion pour nous, d'autant que nou- aul'n^ retu-
fé le bien qui nous eftoit offert. Et ainli co-
gnoiflons que pour auo rDicH noftie Sau-
ueur,il faut que nous venions en fon efchole,
que nous f )yons enfcigni z par l'Eii.'igiie. qui
eft Icfus Clin ft.Et quand et bien nous tft ap-
porté, que nous ly.ichious que c'eit vn thre-
for qui furmonte tout ce que nous pourrions
aujir
SVRL'EPIST. A TITE
Ci»
iuoir en ce monde. Les Papiftei parleront bié
ce langage, Dieu cftnortreSauiieiir : mais ce-
pendant <ju'eft-ce enuers eux de la vertu de la
predication;Sçauent-ils de quoy leur doit ler
uir la venue de noftreSeigncur leûis Chrift?
Sentent-ils que FEuangilc leur foit la puiflàn
ce de Dieu pour leur falut?Mais ils grondent
à rencontre comme des belles fauuages, voire
&leperfecutent furieufement.VoirefEt pen-
fent-ilsque lefus Chrift ait plus nulle reue-
rence entr'eux, quand ils quittent & reiettent
ainfi fa dodlrine? Ainfîdonc notons bien que
fî nous voulons que Dieu nous aduoue , il ne
faut point nous eflongnerde fa parole , mais
il nous faut receuoirle falut qui uons eftpre-
fenté en l'Euangile ■ car quand nous aurons
cela, nous auons vne confoïation ineftimable,
que nous ne douterons point que Dieu ne par
face noftre fàkit , combien que nous foyons
ici fragiles , que nous foyons. fuiets à tant de
miferes , fi eft-ce que noftre f^lut nous eft af-
feuré.Et pourquoy; Si nous auons la prédica-
tion del'Euaiigile , c'e/lpour nousmonftrer
queDieu veut eftre noftre Sauiicur, qu'il do-
mine au milieu de nous, & qu'il y ha fon liege
drelFé. Voila donc en fomme ce que nous a-
uons à retenir,c'eft afçauoir que nous ne foy-
ons plus addonnez à nos -phantafies vaines &
friuoles, pour nous en laifler tromper & cir-
Conuenir,mais que nous venions à la vérité de
Dieu pour eftre appuyez fur icells.fans en de
clineriamais:& que nous rcgardios plus haut
qu'en ce monde & àceftevie terrcftre, que
nous venions à -noftre Seigneur lefut Chrift,
le prians qu'il defploye les grâces fur nous,
qu'ilnousen communique, & que nous obte-
nions par fon moyen vne telle afleurancedc
la bote de Dieu enuers nous, que nous ne dou
tiens point que nous ne paruenionsau fruid
&à la iouifiance des chofes qu'il nous pro-
met auiourd'huy,& que nous efperons.Et ce-
pendant, que nous glorifions noilreDieucn
ce qu'il nous a fait plus de bien qu'aux pères
fous la Loy : puis qu'il nous a préférez 1 eux,
en ce qu'il nous a donné plus ample déclara-
tion de fa volonté &des promeflès de noftre
falut, que nous venions à luy d'vn tant meil-
leur courage , & que nous y adhérions d'vne
afftftion plus ardente, iufqu'a ce qu'il nous re
tire en fon Royaume celeftc, où nous verrons
en pleine perfedion les chofes que nous co«f
tcmplons maintenant par foy.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflàncedc
nos fautes, le fupplians qu'il luy plaife nous
les faire tellement fentir,que nous foyons de
plus en plus côfus en nous-mefmes pour nous
defplaire en nos péchez, & pour en auoir vne
vraye repentance.iufquesà tant que nous foy
ons du tout purgez de nos imperreâions. Ec
entant que nous fommesdutout corrompus.
Se qu'il y a tant de vices en noftre nature que
nous ne pouuons finon l'ofFenfer , qu'il luy
plaife nous fupporter,&ietterroeiJ de fami-
fericorde fur nous , afin qu'eftans gouuernez
par fon lainft Efprit , nous ne puifsions plus
prouoquer fon ire en telle licence que nous
auons fait par ci deuant , mais qu'il nous par-
donne par fa bonté paternelle , afinque nous
luy foyons agréables au nom & par le moyen
de noftre Seigneur lefus Chrift.Que non feu-
lement il nous face cefte grâce, mais aufsi à
tous peuples Si nations de la terre,&c.
TROISIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
1 Vauljeruiteur de Dieu, er Apoflre de lefus Chrijl félon la foy
des eleus de Dieu, O' la cognoi[fance de yerité , qui ejl félon la crainte
de Dieu,
^ En l'efperace de v/e éternelle ^laquelle Dieu, qui ne mentpoinpy
a pontife deuant les temps éternels y
3 Et a manifeflé en fin temps , afçauoir fi parole par prédicat
tion , laquelle mefl commife fclon la commifion de Dieu noîlre
Sauueur:
4 A Tite mon vray fils filon la foy commune entre nous, Gra -"
ce, mifericorde, O'paix de par Dieu le Vere , CT de par lefus Cbrifi
nofirc Sauueur.
■ 5 La caufe pourquoy ie tay laiffe en Crète , c'eft afin que tu
Xx.i.
^ih.li.
t. PiVr.i
?3-
î50 S E R M O N 1 I I.
ncheuei de corriger kichofs qui défaillent y (f que tu conjlitucsdes
Vrefirespar les villes yCOiwne ic te lauoye oràonné.
L n'ya plus de cette (ûnti- gn r ea telle forte.que c'eft Iny qui commence
non de ûind Paul autf: & 4111 pirfiit le tout.la gloire ne luy en doit-
chofe \ eipofcr, finon qu'il clL' point eitre rendue? Côme quand il eft dit
appelle Ti te fou vray fils que les ininiftres de la parole pardonnent les
félon la foy côaiune:& puis pecher.qu'ils deflient lésâmes, ce n'eft pas â
il demande à Dieu qu'il liiy Dieu leur ait refîgné fon office , & qu'il s'en
face grâce & niifericorde,& foit dcfueftu : mais quand il leur â commis fa
liiy donne 'paix. Orilcft vray qu'il nous cft parole, il leur a aufsi déclaré àquelle fin elle
défendu d'auoir nul père en ce monde : mais doit eftreprefcliee,& quel cft ceft office: car
cela s'entend que nous ne deuonspoint nous ceux qui reçoyuent les promefles que nous
ârrefter à la créature pour defpouiller Dieu offrons au nom de Dieu, doyueat eftre certi-
defonhonncur-.cat il faut que tout parenta- fiez que tout ce que nous auons prefchéert
gelé rapporte là, comme aulsiilen procède, aduoué au royaumedescieuxrcar nous \^s a-
Melme cela n'efc pas feulemét lelon l'elprit, uons renuoyez à Dieu qui nous a commis à ce
mais en tout & par tout il faut que Dieu foit la.Ainfi donc ceux qui ont charge d'anoncer
recognu & honoré pour Père vnique. Ileft l'Euangilcdeflient les âmes, ils reraettest les
vray que l'Apoftre en l'Epiftre aux Hebrieux péchez au nom de Dieu: mais cependSt touf-
declare qu'il ejt Père de noi ames,&: fait com iours ce qui nous eft dit parle Prophète IfaieIA.4J.if
paraifon de luy auec les pères charnels: mais demeure vray&: en fon entier.C'ell ceftuy-ci
tai;t y a que félon nos corps il faut bien aufsi qui pardonne tes fautes,Ifiael,& qui les tfFa-
que Dieu foit noftre Père. Car combien que ce : tellement que Dieu ne veut point qu'on
nous foyons engendrez par nos pères ternes luy mefle nuliecreature .monftrantque c'eft
félon nature, fi eft-ce que Dieu nous a formez (ow office propre d'effacer les péchez : voire
& créez. Et c'eft vn miracle qui mérité bien mais cependant le moyen, &côint fon inftru-
d'eftre renommé que celuy-k , quand Dieu ment pour ce faire, eft fa parole, laquelle il a
crée vne telle créature qu'eif l'homme, de ce commife aux hommes mortels. Nous voyons
qu'il luy donne vne telle forme. Là doncDieu donc maintenât que S.Paul ne s'tft point exal
defploye vne belle iageffe , voire & telle que té outre fa inefure , mais feulement il a voulu
nos corps font des miroirs aufquels nous de- monftrerqueleft l'officede ladoftrinede l'E
uons contempler fon ouurage.Et ainfi (com- uangile, c'eft que par icclle nous foyons Faits
me i'ay défia touché ) Dieu fera Père des nouuelles créatures Et pourquoy ? Car c'eft
corps aufsi bié comme des âmes, mais fur tout vne femence incorruptible. Comme nous font
il veut eftre noihe Père fpirituel.Au refte.ce- mes engendrez en ccfte vie prefcnte & cadu-.
\i n'empefthc point que ceux qui nousengen que parla femence corruptible, aufbi la paro-
drent parla parole de Dieu , ne foyentaïf;! le deDieu nous viuifie afin que nous paruenioï
eftimez pères fous luy en degré inferieur.Voi à ceft héritage immortel qui nous eftapprc-
h. doc Dieu qdemeurc toufîours en (x princi- fté. De là nous fommes admoneftcz, quand il
pauté fouucraine.&n'ha point de compagne: plaift à Dieude nousenuoyerfa parole, de la
car il n'y a homme mortel qui fe puiflè cga- receuoir auec vne telle alFcéfiô coinme fi elle
1er à Juy : mais d'autant qu'illuy plaift vfer nous apportoit la vieicaraufsi fait-elle. Nous
des hommes mortels ,& les faire inflrumens ne le fentôs pa;, 8; ne l'appréhendés point fe-
pour nous engendrer en la vie celeftc , voire Ion noftre phantafie.mais la chofe cft telle.Et
de cefte femence incorruptiblefcomme fainél ainfi cognoiflons le bien qui nous eft côrouni-
Pierre la nomme) c'eft afçauoir la doftrine que quâd Dieu nous enuoye fa parole.Et voi-
de l'Euangile , ceux qui font conftituez paur la pourquoyauûi l'F.glife eft appelée noftre
prefcher fa parole, font nos pères. Saincl Paul mere:commeS.Paiil ledit.quelagardeluy eft
donc n'a point ici vfurpé ce qui eftoit propre commife de la venté de Dieu. D'autant donc Gai 4.1 à
à Dieu, mais il s'eft nommé père de Tite,d'au que Dieu nous fait d'fpenfcr fi parole par le i.T/m.i.
tant qu'il l'auoit engendré en la foy Chre- moyen des hommes, & qu'il a eftabli ceftor-lj.
ftienne.Or tant s'en faut que cela obfcurcifle dre en l'Eglife.il faut que tout ainfi que Dieu
l'honneur & la dignité de Dieu , que pluftoft eftnoftre Père, que l'Eglife aufsi foit noftre
c'en eft vne approbation. Car fi les hommes mère, que nous foyons conceus par icclle, que
qui nous apportent la dodrine de falut pour nous f )yons allaittez & nourris. Tout ainiî
nos âmes , f >pt nos pères ,qHe fcra-ce de ce- qu'vn homme s'accorde auec fa fcinmc pour
luy q nou; réii'ye,& qui cft le vray authcur, nourrir leurs entans , S: que la femme en doit
& qui fait feruir le labeur des hommes comme auoir le foin de ù part : iiuf 1 Dieu a commis'
bon luy femble? Q_^nd il donne la faculté Se ccfte chargea (">n Eglifc, qu'il veut que parle
le moyë.qu'il dôiie la vertuàla d-iftr'neafin laiff d'iceilp nou fjyon^ fubft.inrez iufqu'i'
qu'elle nous protite,quand(di-ie)Dicu befon ce que nous foyons parucnus tn aagc d'hôme:
Cumme
s V R L' E P I S T.
A T I T
5^1
E^S.4.l3comeiIcn eft parlé aux- Ephefiens. Voila doc
qui cflcaufc q!;c S.P.iiil appelle Tite, Ton vray
hU:3< not.imaieiit il l'appelle vray & naturel,
pour ledifcernercrauec les hypocrites, qui fc
ronthien engédrcz en la niaifon de Dieu felô
l'appaiéee extttinire(côme aiifsi il en tiaitte
Ga7.4.2.i jyj; Galat:éj)niaiscepend.uil faut qu'éla fin
*^ 30- il? foyét retranchez corne baltars qni ne font
point vrai'; fils, ainlî que l'exemple en eft là
amené d'Ilmacl. Car la niaifon d'Abraha a efié
vne vraye image on figure de l'Eglife. Voila
Ifmael qui eft fils d'Abraha felô la chair, mais
fa mère en eft exclue. Or Ifmael femble bien
auoir le droift de primooeniture.tellemct que
lut , tellement qu'ils reçoynent la «race de
Dicu,& la fontvaloir,& ne fe çôtentcnt point
feulement du titre, mais aufsi ont la fiibftance
& la vérité. Or et pendant fainfl: Paul adiou-
11e , Q"f t(Li eftftlon l^'f^y eummune qu'ils eut
enfcmhU.'El ceîi comme pour comprendre ce
que nou« auôsveu qu'il s'appelloit perc, afin
qu'on cognull qu'il ne s'elcuoit point pour
obfcurcir la gloire de Dieu, ni pour amoin-
drir la dignité de noftve Seigneur lefusChi ift.
Voila donc ce qu'il dit, que combié qu'il foil
pcre, il ne laifle pas dVftre du nombre des en
fans. Et ainfî.celuy qui eft Père en l'Eglife de
D'eu, d'auunt qu'il porte la femence de vie,
il fe mocque d'Ifaac foi' frerc,& veut ane.itir d'autant que les âmes font reformées par fon
la promcffe qui eft dônee, que Dieu fufcitcra
bcnediâion par le moyen d'Ifaac:il s'en moc-
que: car il luy femble qcefoitafllz qu'il foit
le premier-nay. Or il faut qu'auec tout cela
il foit banni de la raaifon, non point feulemét
de fon pcre Abrahamaispluftofl de Dieu, &
ou'il foit réuoyc c5me pnphane. Et voila vn
mébre pourriiJc tout ce qu'il a eu auparauant
efl: venu à rien, dit S.Paul. Oril applique cela
à noftre inftruftion c5mune,difant que quand
la parole de Dieu fe prcfche.beaucoup l'aurôt
qui n'en pourront pas faire leur profit, pour-
ce qu'ils ne font point engendriz en liberté,
qu'ils ne font point illuminez par l'Efpritde
Dieu, qu'ils nereçayuent point les promelTes
gratuites de leur falut , qu'il n'y a point vne
vraye foy & viuc , qui prene racine en leurs
cœurs. Ceux-ta donc ferot b'é rcputez enfans
de Dieu: mais il n'y a nulle femence légitime
en eux, il n'y a qu'vne apparéce vifiblf , il n'y
a que corne vne chofe formée fans fnbftance.
Et s'ils s'en glorifient pour vn téps,il ne s'en
fautpoît esbahir:carcela s'eft fait en Ifmael,
mais ila falu en la fin qu'il ait efté dechaflé.
Ainfi fera-il de tous ceux qui à faux titre fe re
nôment du peuple de Dieu.S; q ceux qui ont
eftévrayement engédrez foyét retenus, &• que
ils iouifletit de l'héritage de falut. Ainfi donc
apprenôs de n'auoir point feulement le titre
moyen & par fon labeur à l'image de Dieu,
celuy-Ia ne laifle point d'ellre du rang com-
mun.PourquoyfC'cft la toy qui nous apporte
vn tel priuilege, que nous foyons eftimez en-
fans deDicu:comme ileftdit au premier chs
pitre de fainftlehan , Q_uiconques croira au
Fils v nique, l'au thon té &la grâce luy eft don-
née d'eftre des enfans de Dieu. Puis qu'ainfî
ert donc que nous obtenons vn tel bien parla
foy,s'il eft dit que la foy eu cômune en ceux
qutenfeignent,& en ceux qui font enfeignez,
nous fommes tous en vne compagnie, & en vn
ordr.e , & faut que Dieu ait la prééminence
luy fcul, qu'il domine par deflus , & qu'il foie
exalté luv feul comme Père. Et ainfi nous
voyons que fainft Paul fous ce mot de faycom
mK»f,s'eft voulu paîfiblement ranger, afin que
on n'eflinuft point qu'il vouluft plus s'attri-
buer qu'il ne luy appartenoif, ou bien qu'il ne
luy chaliift point d'v furper l'hônenr deDieuà
foy. Il a déclaré qu'il ne laifloit point d'fftre
frère de Tite , puis qu'ils eftoycnt tous deur
engerdrez par la parole de Dieu. 11 eft vray
que fairâ Paul auoit efté dcuant , mais quoy
<3u'il en foit , fi eft-ce (comme défia non^ a-
uons dit) que d'autant que nous fommes ré-
générez par l'Efprit d'adoption tousenfëm-
ble , il faut que Dieu foit n<'ftre Père , S: que
nous foyons humiliez four: Kiy , & qu'vn clia-
d'enfans , mais que nous foyons reputez pour cun s'y a{luiettifie,& que nulne vueilledomi-
vrais enfans & légitimes. Et cela fe feia qu3d
nous ferôs tclleniét noftre profit de la doftri
ne de TEuangile, qu'elle aura vne droite raci-
ne en nous, &: qu'elle produira fes fruits, que
nous prendrons gardeàn'eftre point baftars.
Quand donc nous irons en telle forte , Dieu
nous rcticdra toufiours du nôbre &' de la corn
pagniedes Cés.Sinô.aduif ns à nous:car U'nis
aurons beau nous glorifier de ce titre de fidè-
les ou Chreftiés, telle couuerture ne nous fer-
uira T'en, ni telle vanterieicar ce qui a cfté ac
ner fous ombre de la foy de l'Euargile, com-
me s'il auoit authorité de foy-mefme: mais
que Dieu demeure en fon entier ,&■ que rien
ne luy foit diminué, & que cependant les
hommes le ferucnt cfiacun en fon eitat &
en fa vocation. Or en la fin il dit, Grare,wife~
riccrJ.' ^r p^iiv de frr I rcK le Vcre , (y Je par-
\efiis Chrrfl iioftre $.d««r. Communément
famftPaulen fatuant les frênes , fc conten-
te dt ce^ deux mots. Grâce Se Paix : figni-
fiant (comme nous auons déclaré en d'autres
couipli en Ifinel nousaduiédra Etairfi r.ous paiTisres ) que tout noftre bien & félicité
voyôs que S Panl n'a point parié feiilrmér en gift en cela , que nous foyons réconciliez à
laperfoned'vr. hrin- mais en ge-cral il .i don Dfo. qu'il nous ticre en (à fai'eur& en foit
né ic vnr inftruûiôvtileà toute l'E-'if, ..-fin amour. Voila donc la fou-ccde tout ce que
que fou^ Pev'mplf de Tire nous fnvons via's rou' dru-^n» defîrrr , c'eft que Dieu nous
enfan .f< -i-'e n.nis p ir'. ô la ma- qi'e Je c ux a-m^' , A -u'il noKs foit propice: car ce-
^ui oi.t tfté cngcrduz jai ladoiflfint dt fa- fe:ida;-: que nous l'aurons contraire , mal-
Xx.ii.
13*
SERMON ITT.'
heur far nooi.encores que tout le montlc ciift mes incontinent deflituez de la grâce qu'ail
^onfpircde nous aider: mais fi Dieu noiKac- nous a faite. Prenons le cas <)ue Dieu prefen-
^cepteà foy,encores quenous foyonsmilera- te à vn homme pour vn coup fa merci, & que
blés fclon le fcB5 humain , tant y a que tout quand il Taiira tait participant des piomef-
fcous fera conucrtiàbicn& àfalut. Ce n'eft fesde fon Èuangile, il le laifle en fon eftat:
pas donc peu de choie que cc-fte grâce dont quand cell homme-la fcroit le plus parfait da
parle faindTaul.- mais notamment il Pappel- monde,cncoresa-il bcfoin que Dieu pourfuy-
îe grâce, pluftoft q dileition ou amour, pour- ue & continue à le maintenir, ou autrement il
ee que c'eft vne amour gratuite , c'efl à dire fera tantoft priué de cefte dignité qu'il auoit
que Dieu ne nous peut pas receuoir en fa fa- reccuc,&: de ce grand prmilege d'cftre des en-
neur.lînon qu'il aitpiticde nous. Car en fom fans . Et ainfi il eil requis que Dieu continue
mes-nous dignesflln'y a en nous que pcché. à nous Elire mifericorde, ou autrement la gra-
U faut donc que Dieu nous haiffc félon la ri ce qui nous auoit cfté donnée pour vn iour,ne
gueur de droit, que nous luy foyons detefta- feroit point fuffifante , A: n'auioit point en
bles,& qu'il nous defauoue d'entre fes creatu nous d'efFcft, finon que Dieu diftiliaft touf-
res : nuis quand il luy plailt d'auoir compaf- iours de nouucaii au dedans . C'eft en fomme
fionde noftrc mifere,alors ilcômcnceà nous ceque faim!:'!: Paul nous » voulu enfeigner en
aimer, voire d'vne bonté gratuite. Mais ici ce partage. Et ainfi retenons bien, quand il prie
S. Pauladioufte le mot de mifericorde quant Dieu qu'il face grâce à Tite, que ceci n'cil
&^uât, qui cft encores pour mieux exprimer point fuperflu, quand il adioufte la mifericor-
cefte bonté dont nous parlés. Car il faut que de. Car de là vient la paix ( comme défia nous
Dieu nous reçoiueà merci, voyat qu'il n'y a auons touche) & toute noftre profpcrité, tel-
cn nous que tout mal &perdition:s'iln'eftoit lement que c'eft corne fi Dieu nous enuoyoit
cfmeu de cefte côpafsion-la, iamais ne fcroit la pluye du ciel pour arroufer la terrc:& quâd
induit à nous aimer. Il eft vray que cefte mife la terre fera arroufee, qu'elle prene fubftance
ricorde(à parler proprement)precede la gra & vigueur. Mais dont procède la pluye ? C'eft
ce. Car Dieu regardant au genre humain n'y du ciel. Etainfî tous les biens que nous pou-
trouue que confufion,d'autant que nous fom- uons fouhaiter nousvienent de cefte amour
mes tous maudits en Adam. Or il eft vray que gratuitede noftre Dieu.Etau refte , quand
il n'a point pitié de tous ( comme nous auons nous auons à foutfrir beaucoup de pouretez,
déclaré cidefrus)il y a fon eleâion: &cùin- que Dieu nous exercera maintenant en rnala-»
_ me dit Moyfe, il fait mifericorde à qui il la dies.maintcnant en opprobres, maintenant en
*■*»• JJ- Yf,]t fajrç; pour couper broche à toutes di- dommages terriens , il faut que nous appre-
■** fputes, afin qu'on ne demande point la raifon nions de recourir toufiours à cefte grâce, à: de
pourquoy c'eft que Dieu en vfe ainfi , C'eft eftre en repos , d'auoir contentement de ce
(dit-il)pource qu'il le veut. Or tant y a que que Dieu nous aime : que nous apprenions de
ceux que Dieu veut élire à {àlut , il les regar- addoucir toutes nos tnftefles par cefte con-
de auec vne affedion pitoyable: & là deilus il foktion que fainft Paul nous amené au huitie
~les reçoit enfaueur par ù bôté gratuite. Voi me des Romains , qu'à ceux qui aiment Dieu,
la donc la mifericorde qui vadeuant en pre- toutes chofes viendront en aide & à bien,
«lier lieu, & puis la grâce eft côiointe auec, & Quand il parle deces chofes , notamment il
procède de cefte fource Se fontaine-la. Mais parle des affligions, des opprobres , & autres
ici fainfl: Paul l'a mife après la grâce , voire miferes par Itfquelles nous palTons parmi ce-
pour mieux exprimer commet c'eft que Dieu ft^ i"e terreftre . Or ce n'tft point i'ins caufe
nous eft propice, c'eft afçauoir après qu'il auAi que faincl Paul met ici noftre Seigneur
nousa recensa mifericorde, ou bien pourmô lefui Chriftauec Dieu fon Père. Car combien
flrer.encorej que Dieu nous aime,& que nous q D'eu foit autheurde tout bien.fi eft-ce que
foyons repatez fes enfans , comme il nous a il nous faut addrefl'er h Icfus Chrift , d'autant
adoptez: encores qu'il defployc fa bonté fur que fans cela il y auroit trop longue diftance
nous, qui eft vn certain tefmoignage de fon entre Dieu & nous, que nous ne pourrions nul
amour , fi faut-il maintenant qu'il pouritiiue lement approcher de luy pour goufter fa gra-
& qu'il continue fa mifericorde iufques en la ce afin d'en eftre particip.ïs. Voila donc Dieu
fin. Et pourquoy?Il eft vray que quîd il nous le Père qui nous enuoye tont bien, mais tant
appelle, quand il nous tient de fon troupeau, y a qu'il faut que kûi'. Chrift s'approche de
qu'il nous gouuerne par fon fainft Efprit , il nous. Car la msicfté de Dieu feroit trop hau-
ne permet point que nous foyons toufiours te : mais noftre Jeigncur U fus s'eft fait petit,
desbaiichez & efgarez : mais il nous reforme voire il s'cll ane.iti afin de nous mener à Dieu
à fon image , combien que nous demeurions fon Pere.Et afin que nous ne foyôs point cm-
toufiours infirmes, & qu'il y ait toufiours des pcfchcz àlccercher foit Join , il cft noftre
vices Se macules tn nous. Et ainfi il faut que Dieu manifcftéen cha'r. Voila dôc pourquoy
Dieu iourncllcmét nous face pardon, & qu'il fiinû Paul nous rcnuoye à noftre Seigneur
nous reçoiue à merci,& qu'il efface nos traf- lefus Chrift, afin que par fon moyen nous ve-
grefsions&offienfes, on fans cela nous fom- nions à cefte perfcûion de gloire, & à fa ma -
icilé
SVR L'ÎP IS T. A TI T E.
tefté dîuîné.'Cf pédant notons atifsi qu'il bail
le le titre de Sauucur à Dieu le Pere,& à no-
ftre Seigneur lefus Chrift,mais c'eft pour di-
eerfes raifons.Car Dieu le Père cil noftre Sau
ueur , d'autant qu'il «ous a enuoyé falut par
foa Fils vnique : lefus Chrift eft noftre Sau-
ueur, d'autant qu'il a accompli les chofes qui
eftoyent requifes à noftre falut. Il eft dit que
Dieu a tant aimé le mode qu'il n'a point efpar
ita.^.lS- gnéfon Fils vnique , mais l'aliure à la mort
pour nous. De là il nous faut conclure que la
caufe principale de noftre falut eft ccfte bon-
ne volonté que Dieu nous a portée, quand il
luy a pieu de nous retirer de la perdition en
laquelle nous eftions. Voila donc côme Dieu
le Père eft noftre Sauueur, mais cependant i 1
s'eft déclaré en la perfonne de fon Fils. Car
noftre Seigneur lefus eftant venu nous a ra-
chetez de la feruitude de mort , il a fatisfaic
pour toutes nos dettes, il a offert vn facrifice
de fon corps Si de fon fang à Dieu fon fere,
»oire de fon ame , afin que nous hifsions ab-
fous deuant Dieu. Puis qu'ainfi eft donc que
nous fommes iuftificz par noftre Seigneur le-
fus Chrift, 3c qu'il a apporté les chofes qui e-
rtoyent requifes à noftre falut , ce n'eft point
fans caufe qu'il eft intitulé ici noftre Sauueur.
Voila donc ce que n lUS auons à retenir, c'eft
quand il eft qoeftion de noftre falut, que nous
cognoifsions qu'il eft londé en la mifericor-
de de Dieu le Père , & qu'il a efté accompli
par noftre Seigneur lefus Chrift, que nous a-
uons là corne vn patron & miroir en fa mort
&pafsion,voire la vérité & la fubftance du fa
crifîce qu'il a offert pour nous, & de la ré-
demption par laquelle nous fommes iufti-
fiez. Or faind Paul ayant ainlî parlé, déclare
pourquoy il a lailTé Tite en l'Ifle de Crète,
c'elt ifçauoir afin qu'il corrigeaft auec toute
fagcfle les chofes qui rcftoyent encore? , &
qu'il eftablift par toutes les villes, des Anciés,
ou des Preftres.En parlant ainlî il ne veut pas
inftruire Tite de fon deuoir , mais il luy veut
donner authorité , afin que nul ne s'oppofe
quand il fera ce qui luy eft commis en char-
gc:comme s'il difoit, le ne veux point que tu
fois empefché quand tu ordonneras en l'Ifte
de Crète, Se que tu y difpoferas les chofes c5
tne il appartient, afin de maintenir PEghfe en
fon eftat& en bonne police, que tu ne fois
point deftourné de ce que ie t'ay commis en
charge. Nous voyons donc maintenant l'in-
tention de l'Apoftre. Or cependant il nous
faut anfsifloter que fiinft Paul ii'4uoit point
plus donné i Tite qu'il ne luy en cftoit com-
mis àluy.Carce n'eftoit pas comme vn empi
re ou vne puiflànce royale qu'il euft, mais feu
lemét qu'il fift office de Miniftre. Car S.Paul
auoit la charge d'édifier l'Eglife de Dieu , &
d'auancer l'édifice , iuftjucs a ce qu'il fiift ve-
nu à fa perfcftion.Maintenât regardons pour
quoy fainft Paul auoit là laifle Tite. Or la rai
fon eft toute patente: car il n'eftoit point dit
533
aux Apoftres, Vous prefcfierf? ici eiù Ià:il e-
ftoit dit, Vous prefcherer l'Euagile partout
le inonde, à toutes créatures. 'Il faloit donc
que fainû Paul eiecutaft fa commifsion taac
que luy eftoit pofsible , qu'il allaft de lieu i
autre pour mettre l'Euangile par tout. Main-
tenant venôs à fçauoir s'il fuffit d'auoir prcf
ché ou vn demi an, ou trois mois eu vn lieu, ou
vn an.Nenni:il faut que cela continue, ou J'c-
difice tomberoit tantoft,que tout ce qu'on ai
roitcommécé , ne feruiroitde rien.finon que
on y coDtinwaft , encores que le fondcrnenc
fuft fait, il faut baftirdelTus, ou tout ne vau-
dra rien qui foit. Si on a bafti vn pan de mu-
raille , de quoy feruira-il finon que toute la
maifon s'acheuefAinfi en eftoit-il de l'Euan-.
gile, qu'il ne laloit point prelcher pour quel
que efpace de temps, mais il faloit que les A-
poftres comifTent en leur lieu des Euefques,
comme faind Paul vfe de ce nom-la en l'au-
tre paflàge , quand il parle de l'ordre conti-
nuel de l'Eglife. Et là defTus il faloit aufsi ^'^■'^9'
qu'il y euft des Pafteurs eftablis , comme il en ^''
parle ici. Car voila en quoy diffère l'office
d'Apoftre & de Pafteur. Vn Pafteur fera corn .
mis en vn lieu certain , Si. il faut qu'il fe tiene
là comme lié. Vn Apoftreaura la charge d'ai
1er par tout le morde: & l'office d'Apoftre
n'a efté que temporel, iufqu'à ce que l'Euan-
gile fuft publié par tout le monde. Alors ila
fala qu'il y euft des Apoftres:mais cela celle,
il n'y a plus que l'ordinaire, c'eft afçauoir des
Pafteurs. Les Apoftres ont efté comme lieute
nans pour mettre lefus Chrift en poffefsion
de fon royaume : comme fainfl Paul dit que
par ce moyen a efté accompli ce qui eft con-
tenu au Prophète Ifaïc , l'ay efté cognu de 'A-*>''I«
ceux qui ne s'eftoycnt point enquis demoy:
là où mon Nom n'auoit point efté ouy.ie me
fuis manifefté. Voila(di-ie) à quoy a efté or-
donné faind Paul & fes femblables , qu'il fa-
loit qu'ils anonçalfent la parole de Dieu là
où elle n'auoit point efté cognueauparauât,
qu'ils auâçafTent le règne de noftre Seigneur
lefus Chrift , qu'ils retiraflcnt les peu^es qui
auoyent efté eflongnez auparauant, qu'ils re-
cueillilîent au troupeau ceux qui auoyent c-
fté comme beftes fauuages, & qu'ils les redui
fïlTent fous l'obeiHànce du grand Pafteur Se
fouuerain qui leur a efté donné de Dieu le Pc
re.Mais quant aux Pafteurs, ils ont eu vn offi-
ce tout autre: c'eft qii'vn chacun auoit vn lieu
certain & afsignc, où il faloit qu'ils fe teinf-
fent. Or maintenant les Pafteurs font eleus.
Et comment?Non pas comme ont efté les A-
poftres,qu''il leur faloit aller par tout le mon
de fans s'arrefter : mais il faut qu'vn <ha-
cun Pafteur cognoifle la charge qui luy eft
commife , & quand il eft conftitué en vn lieu,
qu'il trauaillefidclemét.&qu'il s'y employé.
C'eft donc ce que fainft Paul a voulu mon-
ftreren ce pafrage,quand ildit,I<' t'aylaifféeti
Crète ,ajin que tu efiahlijfes des V.zlteuTS,o» des
Xx.iii.
r!i
SERMON HT.
Trefires fur ch.Tcnne Ville. Car Cf mot de Pre- aiioit ordonné, mais qu'il y adioiirtaft, & que
ftrei,qirilmet,lignifieaiitat qu'Ancien^. Non l'oeiuire fiifc amenée à Ta peittciion par ce
pas que tous ceux qui eftoyeit appelez à ccft moyen -la. Oi quand iaintt Paul au f.i arme Ti
office , fuflcnt vieilles gensd'aage : car nous te d'authorité , de li nous r.-^mme-: aduertis
auons veu que Timothee, qui tiloit du nom- que chacun entât qu'en luy e(>, doit aider aux
bre, voire des plus excelles, eltoit icune hom feruiteurs de Dieu , afin qu'iK facent pleine-
me : & quand lainft Paul Ta ordonné , il n'a ment leur otfice, & que fi quelqu'vn s'y oppo
point neantmoins peruerti l'ordre de Dieu, foit pour les retarder,que cekiy-la foit rem-
mais c'eftvn langage tout accouftumé en TE barré. Voulons-nous donner vraycapproba-
fcriture fainfte , que les gouuerneurs mefmes tion que nous femmes Chreftien>?Tenons la
eftoyent appelez Anciens, combien qu'ils ne main forte à ceux qui doiuent anôcer la paro
fuflent point d'Eglife.roais pource qu'ils des le de Dieu , afin qu'ils puiflcnt cyecutet leur
uoyent auoir prudence , & grauité , & qu'ils charge & office:que fi on les empefche,nous
deuoyent mefmes eftre tellement raf.is , que leur aidions entant qu'en nous fera , & qu'va
ils t'uffènt comme s'ils ertoyent défia vieux, chacun le face félon fon ordre & fon degré.
Voila pourquoy ce titre leur a allé attribué Qiie les perfonnes priuees aduifent d'aider à
de tout temps. Ov maintenant celle canaille ceux qui fjnt en traicil.ceux qui ferucnt fide
<ie Preflrifc.qn'on a appelé en la Papauté, eft lementà Dieu,& de les maintenir en leurau-
ridicule, voire infame:mais fi ne faut-il point thorité:& s^ily a des brouillons &des canail
c'eftvn nom facréde foy que Preftreitoutef- rôs vrais Chreftiés.Qi.eceu>- qui ont la puif-
fois il vaudroit mieux elhe pendu au gibet, fance du glaiue,s'y employét, 5.' que fur tout
que d'eihe preftre papal. Car c'e 11 vue exe- ils facét que le mini Itère de l'Euigilefoit ea
fiiation fi vileine , qu':l les faut tenir comme fcn entier, c'cft à dire,q les Pafteurs ne foyét
bourreaux de lefu' Chrift.car ils le crucifié: poin. empcfchez qu'ils n'vfent de la liberté q
tous les iours.enranr qu'en eux eft. Mai' d'e- Dieu l'-ur a do mee : c'eft qu'ils maintienent
flre Preftro Chreftié.c'eit autre chof?. N m; l'orde & ladifcipline côme il appartient. Et
-voyons donc maintenant à quoy fainft Paul mef nés que les Pafteurs aduifent de faire le
.a prétendu en ce palTage : nous voyons aufsi femblab'e l'vn à l'autre : q celuy qui aura re-
^uecc n'eft point alTez que l'Eiûgle fe pref ceu plus de grâce, nedonne point du coude à
che en vn lieu pour quelque peu de tcpMnais fcscôpagnons pours'auacer par deflus eux,&
ô ladoârinedjit continuer iufques en la fin. pour les mettre en arrière: mais pluftoft qu'il
Et pourqnoy?Car nous ne ferons pas amenez leur tédela main, qu'il leur aide & les auâce.
àlaperfeûion incontinent: & puis il faut que Ceux qui font inférieurs , & qui n'ont point
ce qui a efté vnc fais drellc foit entretenu iuf telle authonté , qu'ils regardent d'enfuiure
flues au bout. Et ainfi nous auons befoin que tellement les autres, qu'ils fe conioignent en
par tout il y ait des Pafteurs, ou des Preftres bonne concorde auec eux : Si quoy qu'il en
(lui fuccedent l'vn à l'autre, & que ceux-là c5 foit que l'édifice fe parface,& qu'ils feruent à
ferment toufiours les fidèles , & qu'ils les fa- Dieu fans enuie.fans émulation, fans deftrui-
cent profiter en l'efcole de noftre Seigneur re l'ordre que Dieu a inftitué , & que ce foit
lefus Chrift, & qu'ils feruent aux grans Se aux vn vray tefmoignage comme ils font de fes
petis,& aux vieux & aux ieuncs, & qu'ils tra- enfans. A l'oppofite on voit quels font ceux
«aillent tant qu'il leur fera pofsible, que la qui ne demandent qu'à renuerfer fauthorité
vérité de Dieu demeure, Se qu'elle continue, des prefchenrs. Il eft vray que fi les homme»
& que de miin en main ils la facent venir iuf fous ombre d'eftre Pafteurs de l'Egl'fè , four
«ues à ceux q li doiiiétviure après nous. Main ombre d'aiioir la charge de difpenfcr la do-
lenant puis que nous auons cela, regardons à rtrinede falut.fe vouloycnt eleuer, qu'il faut
ce mot que fainft Paul met ici:If t'aylaifféa- bien relifter à vne telle tyrannie: mais quand
fnt^tt t» corritres & par.ichenei ht chops rf't il y en a qui ne demâdf ntque de faire vilipert
dtfailUnt & reflent à accomplr incores. Ce der ceux qui anoncent la parole de D'eu , 3-
«lot dont vfcfainft Paul , fignifie propremét fin que ladodrine ne foit rcceué qu'à dcmiv
Correftion,mais ilfignifie aufsi Acheuer. Or qu'on s'en moque tant q^i'on voudia. quand,
il n'entédpas que Titc deult corriger en cha di-ie, cela aduicnt , tenons pour fijppoftîd*
séant toutes les chofcs que fainft Paul auoit Satan tous ceux qui t'effoi cent de mettre au»
jaifci dés le commencement , & qui eftoyent C les Pafteurs de l'Eglife en opprobre Si en
bonnes &fainftes, & n'y auoit que redire: diffame. Comme nous auons veu les combats
«lais d'autant qu'il auoit coiiimencé l'édifice, qui ont efté ainfi contre ce mal-heureux hc-
il le faloit pourfuiurc & auanccr. Ainlî donc retrquc , oui ne demandoit qu'à toMt reniier-
'ila faluquc Titecorrigeaft ce qui defaillo t fer & mettre me confufion horrible c^tre
«ncoies, mais fans aucun changement, c'eft à nous. Et ceux qui ont efté mtfcz paimi vne
iire,qu'ilBereflucrfaftpasce «jucfainûPaul telle vermine, en dcuroyentrougir tout le
temps
SVR L'EPIST. ATITÉ.
?îî
tempî ie leur vie : car ils ont eombatu contre
Dieu entant qu'en eux eftoif. ils fc font mon-
ftrez ennemis de l'Eglife, quand ils ont fauo-
life à ce malheureux qui a tafché d'alluinei i-
ci vn feu internai, qu'il n'euil pas efté facile à
cileindrc.Oril ne no' faut point auoir efgard
icesgens-lairnai"; plulloft fuyuons l'exemple
de fainû Paul, c'eft alçanoir , qu'entant qu'en
nous fera , nous talcliions que la parole de
Dieu foit receue en toute reuerence.que nous
preftions faueur à ceux qui l'anoncent fide-
lement>que nous aduilîons qu'en toute liber-
té ils puilTent faire leur deuoir , & qu'ils
foyent armez non point du glaïue matériel,
mais de ce glaiue de la parole de Dieu , afin
que quand ils parleront au nom de Dieu , on
les efcoute , & qu'il n'y ait point de rébel-
lion , & que Icv chofes ne foyent point trou-
blees:inais qu'il yait vn tel ordre , que la bri-
de ne f^it point lettee fur le col , pour dire
qu'vn chacun fera à fa fantalîe , mais que nous
eltans .rangez au ioug de Dieu , nous-nous
gardions de toute confuûon . Et voila pour-
quoy il faut prattiquer ce palTage.quad fainft
Paul déclare cjit'ila Utfj'é Titeen Vide de Crè-
te.Et nous voyons que ce faind Apoftre , com
bien qu'il fuft excellent par deflus les autres,
n'a pas toutesfois porté enuie à Tite , qui e-
ftoit beaucoup inférieur : & toutesfois nous
voyons qu'il luy dit, \dnife de corriger ce qui
refle encores.Ctux qui font menez d'ambition
Toudroyenc tftre reputez habiles gens du pie
mier lour.ils voudroyent efti e en telle reputa
tion qu'on penfallqu'ilt fefuflènt acquittez lî
fidèlement, qu'il n'y euft plus que redire. Or
au contraire, quand nous auon^ mis peire tout
le' temps de noflre vie d'édifier l'Eglife de
Dieu, encores n'en ferons-nous point venus
à bout du tout.Ccgnoiffons donc qu'il ne nous
faut point tellement pri. fumer de nollre indu
ftrie, ni de nos vertus, que ccluy qui eft doué
déplus amples grâces puifle incontinent a-
uoir édifié l'Eglife de Dieu en perfcdion:
mais il faut que nous aidions l'vn à l'autre,
que celuy qui eft le plus auancé cognoifleqiic
il ne peut pas tout,&: qu'il plie les efpaules ,&
qu'il demande fecours de ceux que Dieu aura
ordonnez, & qu'il foit bienaife que les autres
s'auancent , moyennant que tous tendent de
feruir à Dieu, & d'auancer le règne de noftre
Seigneur lefus Chrift . Or fi nous penfons
bien à nous, il y aura toufiours occafion de
gémir, d'autant que nous forames bien loin
de nous acquitter de noftre deuoir . Et ceux
qui fefont à croire ceci ou cela, pour dire.
Voici vne Eglife tant bien reformée qu'il ne
s'en faut rien, s'abufcnt : car s'ils fçaioyent
ue c'ell de refcimiation, ils n'auioyent gar-
e Je penfc-r qu'il n'y eufcque redire.Carquel
que peine nu'on puifle mettre à régler & or-
donner les chofes, c'eft beaucoup quand ona
feulement ommencé , qu'on fuit quelque
train coounun : nais de païuenir à la perfe-
l
ôion qui feroit rcqnifc , notJî eti (ommes biea
loin . Etaufsi il nous doit fouuenirde ce que
dit ûina Paul en l'autre partage, quand il du jy^;^;
qu'il s'efforce de paruenir à fon but, combien ,.
qu'il euft fait quatre ou cinq cottrfes , voire 4c
qu'il fe ftift efuertuéiufquesaubout,(î cft-ce
qu'cncores n'eft-il point paruenu : te m'e-
ften (*dit-il ) au long & au large, mais enco-
res n'eft-ce rien de tout ce que i'ay fait, itif-
quesà q ce Dieu aittnis fin àmon labeur.c'ertr
à dire, qu'il m'ait retiré de ce monde . Car de
faift, il ne faut point faire noftre conte de vi-
ure ici à noftre-aife,quând nous aurons trauail
lé pour vn temps, mais il faut que nous foyons
feiuiteurs de Dieu à celle condition d'y viure
& mourir pour édifier fon Eglife .Or pourcc
que le temps me porte point que ceci fe de-
duife plus à plein , adulions d'appliquer ceci
à noftre doûrinerc'eftquc comme fainft Paul
en parlant ici de l'Eglife de Dieu , dit que fou
labeur eft imparfait , qu'il monftre qu'vn feul
homme ne peut pas fuffire à vne telle œuure»,
mais qu'il faut qu'il foit aidé non feulement
par deux ou par trois, mais qu'il y ait vne cou
tinuation de tous ceux qui feront appelez»
ccfte charge , & que de main en main l'ouura-
ge s'auance & s'augmenteinue quand nous au-
rons procuré tout le temps de noftre vie que
l'Eglife foit édifiée ,& que Dieu nous aura
fait la grâce que noftre labeur ait profité, que
noBs tafchions aufsi 'qu'après noftre tréfpas
la befjpgnene foit point delailTee, mais qu'il
y ait toulîours gens qui l'auancent, & qui taf-
chentde l'amènera fa perfeâion: &" que pour
ce faire nous ne mefprifions point les moyens
ôc aides qu'il nous a inftituees. Car comme il
cognoift bien noftre fragilité & rudefle, aufsè
fçait-il bien y remédier . Il ne faut point
donc que nous perdions coiiiage quand nous
voyons que du premier coup nous ne venons
pasàtelleperfeilion qu'il feroit requis : que
nous re laifsions pas toutesfois d'y tendre de
vnealFetlionalaigre, voyans que noftre Dieu
nous fupporte,& qu'il nous aide en toutes
fortes pour nous attirer à foy . Et iedi ceci
pource que nous auons à receuoir la fainfte
Cène Dimanche prochain . Or il n'eft point
qucftion de venir à cefte fainûe table à la vo-
lée, & de nous ingérer là comme vn pourceau
viendra ietter le^roin en fon auge : vn tel fa-
crilege ne demeureroit point impuni .Mais
toutes'fois «cquaiiies que la fainût Cène nous
cH jppreftee, eognoiflons que nous femmes
admoneftez de nos foiblefles , & que Dieu
veut fubuenir à neftrc infirm:té.ll eft vray que
cela fe fait quand l'Euangile nous eft prefché
tous les iours : par prières & oraifons nous
faifons le mefmc : quand nous liforts en no-
ftre maifon, ou que nous oyons quelque pro-
pos à iioftre falut. Dieu toufiours nous mon-
ftre en cela qu'il nous fupporte : mais cepen-
dant la Cène encores nous eft vn tefmoi-
gnage /fccial ^ue bous fomiaes aidez de no-
Xx.iiii.
53^
SERMON un.
lire Dieu , quand nous fouîmes comme au mi-
lieu du chemin, que c'eft pour nous fiire paf-
fer outre, pour tendre touiîours à noftre Dieu.
Notons aufsi que la Cène eft pour corriger &
pouracheucr les chofes qui défaillent enco-
res . Car ce ne feroit rien de commencer en
nous , linon que Dieu cencinuafl à nous l'aire
fentir fa grâce : &nous enauons vne bonne
certitude en la Cène . Malheur donc fur nous
quand nous viendrons polluer ceftc lâinfte^ta-
ble qui nouj'eft donnée pour aide de noftre fa
lut . £t ainii aduifons d'eftre bien fondez en
foy,& en repcnt3ce,& en chanté, pour y com
muniquer.'Et puis que nous fommes affez con
uaincus de noftre débilité & foibleflè , & que
nous n'auons point tout ce qui feroit requis,
que nous demandions à Dieu qu'il nous forti-
fie .qu'il nous aduance, & qu'il nous augmente
la foy , & Tefperance que nous auons i la vie
celefte, & que nous y tendions de tont noftre
pouuoir, qu'vn chacun s'efForce & s'efuettue:
non pas que nous le puifsions faire de nouf-
iiiefmes,mais demandons à Dieu la vertu, & il
ne nous defaudra point. Voila doc ce que nous
auons à retenir en ccpalIàge.Et quenousad-
uilîons d'eftre tellement edifiez,qu'vn chacun
procure l'aduancement de Ces prochains, &
que fans porter enuie l'vn à l'autre, nous taf-
chions tous d'eftreaduancez félon Dieu & no
ftre Seigneur lefus Chrift, eftans conioints de
ce lien facré Se infeparable qu'il a dedié entre
nous,quand il nous a appelez pour eftre mem-
bres de fon corps,afin qu'il fou ferui & hono-
ré de nous, & qu'en la fin nous foyons héri-
tiers de fa gloire celefte auec luy.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de nolère bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir,& que ce foit toufîours pour nous ame-
ner à vn vray defplaifir de nosoiFenfes, &
pour nous faire aimer là iulhce,& pour y afpi
rer, iufqu'à ce qu'elle règne pleinemeilt ea
nous , & que nous foyons reformez à icelle,
qui fera quand nous ferons defpouillez de nos
imperfcaions,pournous reueftit de fa gloire.
Ainfî nous dirons tous, Dieu tout-puillànt,
Père celefte,&c.
Qj/ATRIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
5 La cdufe pourquoy ie tay laijfé en Crète, c'efi afin que tu ache-
ues de corriger les chojcs qui défaillent , ^ que tu conSlitues des Pre-
jlrespar les y>dles,commc iete Fauqye ordonné.
6 Si aucun ejl fans crimcy mari d\ne feule femme , ayant enfant
fidèles, non accufez de dif[olution,ou incorrigihles,qudfoit eleu.
fi que c'eft l'édifice commun de toute l'Eglifi?,'
& qu'vn chacun s'y doit employer-car entant
qu'en nous eft, nous deuons amener les cho-
fes plus outre. Et ceux qui fe plaifent à l'eftat
prefent,s'abufent par trop.c'e ft figne qu'ils ne
ont pas encores regardé à quoy Dieu les ap-
pelle, & qu'ils n'ont pas bien examiné ce qui
eft en eux : car nous fommes bien loin du but
il nous faut afpirer . Et ainiî tendons-y tant
qu'il nous fera pofsible , & penfons bien à ce
qui nous défaut. Quand Dieu nous aura fait la
grâce que fa Parole nous fera purement a-
noncee , qu'il y aura quelque ordre paflàble
entre nous,aduifons s'il n'y a pas encores à rc
dire: nous trouuerons que ce n'eft ianiais fait.
Or cela ne nous doit point amoindrir le cou-
rage,mais pliiftoft il nous doit picquer & foli-
citer à faire ce que nous dit ici fainâ: Paul, de
venir à cefte addreflc. Mais quoy? Nous /oy-
ons fi toft que Dieu aura commencé de baftir
fon Eglifc au milieu de nous, que les hommes
ne demandent qu'à tout ruiner. Q^ioy qu'il en
foit.qui eft-ce qui penfe à ce qui nous défaut?'
Mais au contraire, nous ne ^ouuons pas fouf-
fiir
Ous auons commencé i mô
ftrer ce matin , quec'eft vn
ouurage bien difficile d'edi
fierl'Eglifede Dieu, & que
on n'en pourroit venir à
bout en vn iour,ni en peu de
temps . Amfi il faut pour-
ftiyure:* la vie d'vn homme ne fuffiroit point
à cela. Vray eft que Dieu pourroit amener les
liens à perfeftion quand bon luy fembleroit:
mais il nous veut mener par degrez & com-
jas,& le tout afin de nous humilier, & que no*
cognoiûions iournelleii>ci nos pourete^ pour
gcmii fous icelles, & qu'en cheminant pai et
inonde nous ayons toufiours recours àluy,fça
chans que ce qu'il a commencé en nous n'eft
ïicn , iufques à ce qu'il y mette la dernière
main, comme on dit.Etmefmes d'autant qu'vn
chacun de nous doit eÛre temple du faintl E-
fprit, trauaillons en ccft édifice . Car comme
Dieu a mis ceux qu'il a appelez pour prefchcr
fa Parole, comme leJ maçous pour édifier fon
temple : aufsi il veut qu'vn chacun y mette la
■Min ca foo cndToii.£( ce^ andanc notons awf
s VR L'EP I S T. A TI T E.
S37
l
frir l'eftat tel qu'il fera, c'cft à dire bien débi-
le,que chacun fe plaindra que le ioug de lefus
Chnftluy eft troppefant,& fi nous auôs quel
que police f combien que ce ne foie rien)fi e/l
ce qu'on-ne la peut porter : Ho, voila, fi telle
rigueur dure, que fera -ce ? Si on fait ftmblant
de reprimer les blafphemes,Ho,il fe faut gar-
der de trop grande rigueur : car à qui eft-ce
u'il n'aduiendra ? Si on parle des autres dif-
"olu tiens, Et comment? Il ne fera plus donc li-
cite de fe refiouir. Quand les danfcs & autres
ordures feront corrigées, chacun en murmu-
re. S'il y a des lois aufsi bien pour tenir bri-
de, i ce qu'vn chacun ne fe desborde point à
fonappetit, cela nous fembleeftre trop dur.
£tpourquoy ? Par faute d'auoir confideré ce
que fainci Paul dit ici. Combien qu'il eult tra-
uaillé en Crete,& qu'il eult ordonné vne for-
me d'Eglifc, félon la règle de nollre Seigneur
lefus Chrift, encorcs n'auoit-il peu amener le
règne du Fils de Dieu à fa perfeftion.il faloit
dôc que cela fe feift par fuccefsion de temps.
£t aujourd'huy comment pourrions-nous fur
monter fainft Paul ? Si nous cuidons eftre
mieux difpofezireceuoir vne police parfaite
& entiere.que n'ont efté ceux de ce temps-la,
c'eft vn abus. Etainfi apprenons de nous def-
plaire , & que cela nous picque pour cercher
toufîours 1 aduancement du règne de noftr'e
Seigneur lefus Chrift : Se voyans que l'ediEce
n'eil point parfait , que nous mettions peine,
entant qu'en nous fera, de toufîours l'accom-
plir . Si nous auons quelque maifon, quand la
pluye donneradedans, on craindra que tout
ne fe pourriffe , on la recouurira : s'il y a vne
muraille qui menace ruine, on penfera delà
réparer. Or y a-il maifon en ce monde fi pre-
cieufe , que le Temple facré de Dieu ? E: il
nous fait ceft honneur qu'il veut habiter en
chacun de nous parfonfainft Efprit: & puis il
veut que nous eftansconioints enfemble Coy~
«ns pierres viues , pour feruir à ce baitiment
fpirituel , afin que nous luy offrions facrifices
au milieu de nous, & qu'il foit là adoré , & que
ion Nom y foit inuoqué . Nous verrons la
pluye qui découlera dedans.nous verrons les
creuafles, nous verrons les ruines tontes ma-
nifeftes , & nous ne penferons point à entre-
tenir vne chofe de C grand prix & dignité?
Qjjand les pourceaux entreroyct en la cham
bre d'vn feigncur, n'y mettroit-on pas incan
tinent ordre, qu'vne chofe fi vileine ne conti-
ruaft ^lus ? Et nous verrons les chien' & 1rs
pourceaux fouiller l'Eglife de Dieu , & y ap-
porter leurs infeâions , nous verrons vne li-
cence desbordee par laquelle le nom de Dieu
fera en opprobre, fon Egtife fera vilipendée,
Anuln'y penfra? Mefmes on voudra qu'vne
telle confiifîon foit difiimulcc. & vne telle e-
normité .Brief , on voit que la plus grand*
part s'efforce .î mettre en ruine &confufîon
tout ce qui aura eltéaduancé.Q.ua'^1 :1 y aura
vn feiuJieur de Dieu qui preichera fidèle-
ment la Parole, qui aura zele de bien guider le
peuple , & qu'il y aura quelque petit nombre
de gens femblables à luy, qui' tafchent de luy
aider, la plus grande multitude s'efforcera de
ruiner tout : qne quand aiiec grand' peine &
difficulté ceux-là apporteront vne pierre, les
autres en arracheront trois ,Sc empefcheront
que l'édifice ne fe pourfuyue . Voila ce qu'on
voit auiourd'huy au monde. Et d'autant plus
nous faut-il employer hardiment à ce bafti-
ment fpirituel du temple de Dieu, & que la
difficulté n'empefche pasque nousneconti-
nuyonsen vn tel labeur : car Dieu nous fera
la grâce d'en venir à bout , moyennant que
nous ne foyons point oififs ne nonchalans,
mais c'cfl bien raifon que nous-nous y effor-
cions, comme l'exemple nous en ell ici donné
par fainâ Paul.Et notons fur tout quand il dit
cf 5»< rf/îf.qu'vn chacun regarde à foy, & que
il efpluchc ce qui luy défaut , & nous trouue-
rons qu'cncores nous fommes occupez en
beaucoup de vices, tellement que nous défail-
lons du toutànoftredeuoir. Et puis il y a vne
telle parcfle.que nous ne trauaillons pas de la.
centième partie comme il feroit requis : au
lieu que nous deurions méditer la vie cclefte,
& palier par ce monde , captiuans toutes nos
mcfchantesaffeûions ,fansy eftre plus rete-
nus.a grand' peine pouuons-nous auoir quel-
que penfeeau ciel qui ne pafre& s'efcouletan
toft.Biicfnous voyons vne froidure telle que
glace, quand il eft queftion de tendre à Dieu,
& de cercher la vie à laquelle il nous appel-
le. Or cependant nous auons nos affeftions Si.
cupiditfz bouillantes qui nous tranfportent.
Et pourtant , quand nous aurons apperceu en
ce monde que tant de chofes nous défaillent,
que nous foyons tant plus affeûionnczà nous
corriger . Et quand nous aurons fait cela , e-
ftendons noftre veue pins loin , regardons à
l'ellat public, & alors nous verrons les blaf—
phemes d'vn cofté, les paillardifes de l'autre,
les diflolutions & intéperances, & autres fcan
dales & infeâions : ceIa(di-ie)nous doit bien
refueiller.afin que nous ne foyons point fi ou—
trecuidez d'imaginer qu'il y ait vne perfe-
ftion telle en nous, qu'il n'y raille plus mettre
la main : mais aucontraire que cela nous foli—
cite, afin que nous procurions que le bien s'a—
uance,& qu'il y ait meilleure police que nous
ne la voyons pas auiourd'huy , &que déplus
en plus nous approchions de Dieu, & de la rè-
gle & pureté entière , laquelle il nous com-
mande par fa P.irole. Voila donc ce que nous
auon-, à retenir . Or cependant notons aufsi
que l'Euangile ne fe peut maintenir fans le
moyen que fainft Paul adioufle , QjjIiI y aie
des Paftcurs eflablis en chacun lieu. Car le
moyen de maintenir l'Eghfc , c'efila prédi-
cation, comme nous auons monftré ce matin
oue c'eft la femcnce incorruptible par la-
cuellenous fommes engerdrez à Dieu , c'eû
le hiàdes petis €nfans,c'eft la pafture de*
Yy^.
Çî«
SER M O
grins : 8: ainfi il faut que TEglife perifle , &
qiiVlles'en aille en ruine, liuon qu'elle Toit
tnsintenue par la prédication de la parole de
Dieu. Voila pourquoy fainft Paul veut qu'on
eftablifle des Anciens, ou de? Preftros, qtii
aycnt la charge detoufiours mener le peuple
à Dieu , Se le tenir Ibu» fon obeiflance . Non
pas d«s Preftres tels qu'ona imaginé en la Pa
pauté : carceftcpreftrife-la eftvne infedion
pleine de facrilege, qu'il n'eft queftion là que
de renuerfcr tout oidre:miis ce font des Prc-
fties Chreftiens , qui ont la charge d'anoncer
l'Euangile ,& non point pour iacrificr lefus
Chrift , comme ces diables vfurpent cefte au-
thorité-Ia .difans qu''ils peuuent ofFrir lefus
Chrift a Dieu ion Père . Or cela n'a rien de
commun auec la Preftrife qui nous eft ici mi-
fe en auant : car faind Paul montrera puis a-
pres, que les Preftres dont il parle, font les
Miniftres, Se les Pafteurs d'Eglife . Mais cela
fera traitté encores plus amplement en Ton
lieu : il fuflît pour le prefent de noter que fi
Bons délirons quePEglifedeDieu foiten fon
entier, qu'il nous faut auoir gens qoi nous a-
jionccnt fa Parole, & non pas ceux qui vou-
droyct abolir tout ordre pour leurambition,
qu'ils voudroyent auoir coupé la gorge à vn
homme : car il n'y a nulle autre vie deuant
Dieu, fînon celle que nous auonspar la foy,
ainlî que nous auons declaréce matin. Et pour
tant inlîftons là defîus , & demandons quand
Dieu nous enuoye fn Parole, qu'il nous fufci-
te quant & quant des hommes lefqucls nous
en foyent vrais miniftres . Or maintenant
fainâ Paul adioufte , tefq^els il faut choifîr:
comme ilvfede ccfte préface à Timothee,
Que eeliiyqui defire d'eftre Eucfque, prend
vne charçe excellente, que cela n'eft point viil
gaire, qu'il n'eft point ici queftionde fe iouer:
comme il dit en vn autre lieu , (^ue celuy qui
9{te 1.3. eft Pafteur en l'Eglife.eft comme maiftre d'ho
ftel en lamaifon de Dieu,qu'ila legounerne-
ment des âmes. Et ainfi il ne faut point qu'on
y aille à la volée, & que le premier qui viendra
loit aduancé , mai» qu'on difcerne & qu'on
thoififfe tellement, que nul n'occupe la place
Hnon qu'il foit propre pour édifier l'Eglife
ie Dieu, S: pour fatisfaire à vn tel office. Suy-
oant cela il eft dit, qttt aux qu'on élira doyufiit
tfhe ftns crime.Or parce mot (ainli qu'il a e-
fté déclaré en l'Epiftre première àTimothee)
il n'entend pas que les Pafteurs foyent du
tout fans vices , car il feroit impofsible d'en
trouuer . Les Sacrificateurs du temps de la
Loy, eftoyent figure de noftre Seigneur lefus
Chrift, entrans au fauftuaire pour raoyenner
entre Dieu & les hommes, ils faifoyent la rc-
«onciliatioH Si appointement : & toutesfois (î
eft-ce qu'en premier lieu il faloit qu'ils fe c5
fedalTent poures pechcurs,& l'eftoyét à la vé-
rité.Ainfi l'Eglife feroit pleinement defpouil
1 -ede dotlcur$,s'il faloit en cercher qui n'euf
fentaucunc tache ne macule . Mais il y a des
N I 1 1 I.
vice» d'infirmité, il y a des tIcc» de crime »UT
hommes.On pourra bien trouuer gens qui fer
uiront à Dieu, & n'auront point de tache en
leur V ic,qa'on leur puifle reprocher,Tu es vn
larron, ou vn paillard, ou vn yurongne, ou vn
blafphemateur , ou chofes femblables,. Il y
pourra donc auoir des infirraitez, comme il Ce
en trouuera en tous hommes. Mais cependant
il n'y a point de tache qui cmpefche q celuy
qui fera appelé àceftcftat, ne férue loyaumét
à Dieu, qu'il n'ait authoritéde reprendre &
rcdarguer les vices. Voila ce que fainft Paul a
entendu en ce partage. Or ce n'eft point fans
caufe qu'il veut qu'il n'y ait point détache
fur ceux qui prefchent la parole de Dieu. Car
que fera-ce quand vn homme fera entaché de
quelque vice notable pour le rendre infâme?
Pourra-il ouurir la bouche pour redarguer
les delinqiians ? Il n'y aura nulle liberté . Car
(■ comme dit fainci Paul en l'autre paflàge ) il i.Tim.i.
faut que nous foyons de bonne confcience Se i9,0'}.p
purepouranoncerla vérité, & enfeigiier libre
ment & fans contradiûion . C'eft donc la fin
où il no' faut rapporter ce que dit fainû Paul,
afçauoir que la parole de Dieu ne foit point
amoindrie par la faute de celuy qui la porte,
& qu'on ne dife pas, Et qui eft ceftuy-la.'Il eit
vray qu'il parle bien quand il eft en chaire:
mais vn meneftrieren fera bien autant, & ce-
luy quiioue vne farce pourra bien refpondre
à fon perfonnagc:mais ce n'eft que badiner ce
pendant . Voila comme la parole de Dieu fe-
roit en mefpris.Qwnd vn home ne monftre-
ra point en fa vie que c'eft à bon efcicnt qu'il
parle , afin d'euiter vn tel iacrilege , afçauoir
que lajparolede Dieu fou foulleeau pied en-
tre nous , que celuy qui eft miniftre pour l'a-
noncer, foit pur de tout crime.dit faind Paul.
Or il eft vray que les feruiteurs de Dieu ne fe a.Cjf.tf»
ront iamais fans blafme:conime il dit mefmes S*
qu'il a falu qu'il ait cheminé par infamie &
opprobre. Il eft vray que fainft Paul en toute
fa vie s'eltoit porté fi vertueufement qu'il n'y
auoit que redire en luy , voire deuant que ve-
nir à la foy de lefus Chrift: tellement qu'il vt
uoic fans reproche, qu'il eftoit vn miroir & v-
ne perle de toute faindeté . Vray eft qu'il ne
fçauoit qu'il faifoit, car il n'eftoit point cnco
resgouuerné par l'El'prit de Dieu : mais ila-
uoit vne vie fi honefte, qu'on ne luy euft fceu
rien reprocher. Et cependant il dit qu'il a é-
fté monftré audoigt, qu'on s'eft mocqué de
luy, qu'il a efté en opprobre, voire mefmes il
a efté accufé entre les fidèles, qu'il y a eu vre
telle ingratitude, qu'en fonabfence on l'a blaf
mé, on l'a charge de beaucoup de calomnies.
Ainfi eneft-il des feruiteurs de Dieu. Mais
quand fain£l Paul requiert qu'ils foyent fans
crime, il veut qu'on s'cnquicre, i: qu'on rogar
de bien fi la vie d'vn homme fora pure, & fans
blafme,& qu'il continue à fe porter ainfi. Com
bien donc que nous ne puifsions pas clorre la
bouche à tous mefJiûns, qu'ils ne detradent
de
SVRL'EPIST. ATITE.
î39
it BOUS, toiitesfois fi faut-il que nous foyons
fans crime: cl''autant qu'il cft dit qu'on detra-
ftera de nous comme de maltaiLlcurs , inais
nous ferons purs & innocens.Et en quelle for
te ?. DeuantDieu nous aurons ce tefmoigna-
"* ge, qu'il nous approuue , & que tout ce qu'on
caquette de nous,n'eft que nienfonge. Et puis
quand nous ferons admis & rcceus, que nous
pourrons mamtenir noftre intégrité. Si vn
homme s'efForce toufiours à maintenir fa bon
ne caufe , & qu''il fou prefV de rendre conte
toutes fois & quantes qu'on l'appelle , voila
comme ij fe montrera fans crime , & qu'il y
viendra franchement , ayant fon,' gaiant au
ciel: comme aufsi le Prophète Ifaie nous rcn-
uoye la , quand les hommes font fi malins de
detraéler de nous fans raifon ni propos. Nous
voyons maintenant à quoy fainft Paul a pré-
tendu , quand il a déclaré qu'il faloit choifir
des Pafteurs fans crime:c'cftafin que la paro-
le de Dieu foit honorée comme elle le méri-
te,& que les vices des hommes ne foyent
' point caufe de la mettre en mefpris& envi-
tiiperervoire, & afin que ceux qui ont la char-
ge de redarguer les delinquans, puiflent faire
leur office en toute liberté , qu'ils ne foyent
point empefchez quâd on auracefte réplique
en la bouche, Et qui es-tu ? Ne fçait-on pas
bien comme tu as vefcu? Ne fçait-on pas bien
comme tu te gouuernes ? Afin donc que les
niiniftres de la parole qui ont la charçe de cô
duiie les autres , ne foyent point empefchez
de faire leur office , fainft Paul veut qu'ils
foyent fans blafme.Il adioufte quant & quant,
(luili foyent maris i' yne ftult ftmme . Ce paf-
làge a elle mal entendu , pource qu'on ne re-
gardoit point à la necefsité q a efmeu fainft
Paul à parlerainfi . Car entre \t!i luifsilya-
uoit vne telle corruption , qu'il leur fembloit
qu'il leur fuft licite d'auoirplufieurs femmes
à l'exemple des Patriarches , lefqucls ils en-
fiiyuoyent tropfottenicnt . Caries hommes
ayans la moindre occafion qu'on fçauroit di-
re pour fe desbaucher, feront toufiours d'vne
mauuaifecouftumevneloy . Et fi ce vice-la a
efté aux Patriarches , en d'aucuns tant fcule-
M4f T» '"^"f • Dieu n'a pas voulu pourtant qu'il fuit
tiré en règle, & en confequéce. Car noftre Sei-
■ * gneur lefus nous ramené à la première inllitu
tion du mariage, difant, Aduifez quelle a efté
la condition que Dieu a mife quand il a con-
ioint l'homme auecla femme. Il n'a pas dit
que trois ou quatre feront en vne chair , mais
deux. Les luifi Jonc auoyent fauffement taf-
cfaéd'obferucr l'exemple des fainfts Patriar-
ches. Mais tant y a que ce vice eftoit trop re-
f eu entr'eux. Or du côniencement de la Chre
fhenté, c'euft erte vne chofe rude & afpre, de
contraindre les hommes à delaifler les fem-
mes qu'ils auoyétprinfes . Cela donc leur euft
efté trop rude de les reietter. Mais ce qui eft
aucunement ftipportable au peuple , ce n'eft
pas à dite qu'il le faille endurer ea celuy qui
doit eftre le miroir, & qui doit mop.ftier le
chemin aux autres. Si on me reproche quelque
vice,&: que l'allegue.Mon voifin vn tel en fait
bien autant .Voire, mais mon voifin n'a pas
cefte charge d'enfeigner les autres, & les re-
darguer. Ainfî donc il ne faut pas que les nii-
niftres de la parole de Dieu fe permettent v-
ne telle licence, que ce qui fera enduré aux au-
tres, ils le facent : mais qu'ils cognoiflent ce
qui leur eft licite . Car c'eft bien raifon qu'ils
ayent vne bride plus eftroite : ou fi les aiMres
ont vne bride , qu'elle foit double en eux.
Sainft Paul donc voyant qu'il y auoit vn mal
entre les Juifs qui ne fe pouuoit pas fi tofl cor
riçer,afçauoir la multitude de femmes , (c'eft
qu'vn homme fe donnoit cefte licence d'auoir
deux, ou plufieurs femmes , combien que cela
fuft contre la parole de Dieu , tellement que
l'ayant vfurpé par vne longue couftume,ils en
faifoyent vne loy,qui ne fe pouuoit pas ofter
du premier iour, comme il en aduient des vi-
ces enracinez':) notamment il ne veut point
que les Pafteurs, &: ceux qui ont la charge de
enfeignêr, foyent enueloppez en vntelblaf-
me.qu'ils ayent plufieurs femmes : car cela ne
pourroit eftre que d'intempérance . Et puis
quand vn home qui aura peruerti ce qui doit
eftre le plus fainft de tous lescontrafts,&mef
mes qui aura renuerfc l'ordre de nature, com-
ment pourra-il eftre exempté de tout blaf-
me ? Nous fçauons que le mariage cft comme
vn lien facré. Et nature nous enfeigneque la
multitude des femmes eft vne chofe vileine
&deteft.ible . Celuy donc qui aura renuerfc
les fondemens de nature, s'il monte en chai-
re,& qu'il dife. Mes amis ,il nous fautmon-
Jlrer en toute noftre vie que nous demandons
de feruir à Dieu en crainte &obei(ranee, &
en toute honnefteté jilne faut pas que noui
foyons comme les Payens qui n'ont nulle rè-
gle de la parole de Dieu, & comment ofera-il-
ainfi parler, quand on luy dira , Et vilein, ta
viens ici crier que c'eft vne corruption con-
tre le lien de mariage que d'auoir deux fem-
mes,& tu lésas? Ainfi donc fainft Paul a voulu
qu'vne telle corruption fuft retranchée en
tous Pafteurs ,afin que par ce moyen les au-
tres cognuflènt.Ceci defplaift à Dieu, c'eft vn
de Tordre qui n'eft point àfouffirir, & combien
qu'il ne fe corrige pas au commun peuple fi"
toft qu'il feroit requis, fi faut-il que nous ap-
prenions de nous réduire. Voila donc par
quel bout fainft Paul a voulu commencer r Si
nous auons maintenant fon intention. Cepen-
dant il nous faut noter que fainft Paul n'a pas
cerché quelque ftir,fteté(côme le Pape)qui5d!
lesminiftres de la parole de Dieu s'abftien-
droycnt du tout du mariage. Quand fainft
Paul dit qu'vn miniftrcde la parole ait fon:
mefnaçebien ordonné, qu'il viue paifiblemér
auec fa femme, qu'il gouuerne fes enfans en
telle modeftie qu'iU foyent en exemple aux
autres , ne parle-il point par l'authorité de
Yy.ii.
Î4<»
SERMON un.
«loftreSelgoeflf lefns Cl» rift .'Voila donc I»
feinûeté que Dieu requiert en Ces feruiteurs,
ic en cens qu'il* conftituer pouranoncer fa
parole, c'eft qu'ils fe maintiencnt ckaftcment
inee leurs femmes, qu'ils viucnt en mefnage.
Voici le Pape qui dit , fl vn Prcftre eft marié,
qu'il eft poUa, qu'il eft des enfans de ce mon-
de, qu'il n'eft pas digne de ceft cftat Angéli-
que,qu'il faut renocerau mariage pour auoir
eftat en l'Eglife.Si le Pape prétend de parler
en l'authoricé de Dieu, qu'il monftre dequoy.
Car voici vne contradiftion nianifefte : qui
plus eft, nous voyons que notamméc le fainft
Elprit a prononcé que le mariage eftoit légi-
time en tous Pafteurs d'Eglife, Si qui ont of-
fice , afin qu'on n'en face point de fcrupule:
fi«5 j, .comme en l'autre pafTage ileft dit,Qu.e lema
riage eft honorable en tous. Puis qu'ainfi eft
que l'Apollre en Tepiftre aux Hebrieuxad-
ioufte ce mot , que Dieu fera vengence des
paillars & adultères , mais que le mariage eft
prifc deuant iiiy, voire nonfeulcment en ceut
qui font laies (comme ccfte canaille &vermi-
nedc Clergé Papalont controuué cesmots)
mais honorable en tous, ne faut-il pointdonc
que le diable ait parlé par la bouche du Pape
& de tous fes fuppofts, quand ils ont ainfi re-
jette le mariage de ceux qu doyuent anoncer
la parole de Dieu ? Et ne fe font point enco-
res contentez d'vne telle tyrannie , Se d'ofter
la liberté que Dieu donne: mais ils ont vfé de
fi horribles blafphemes, qu'ils n'ont point eu
honte de dire,que ceux qui font en la chair ne
peunenc plaire âDieu. Etqu'eft-ce làfinon
eorrôpre&falfifier l'Efcriture fainde?Sainct
%«m.2.î- Paul parle 11 des adultères & paillars, il parle
des rauiflTeurs, des blafphemateurs.des trom-
peurs, detraôans parméfonges de leurs pro-
chains, de ceux qui font adonnez à toute ini-
quité : il dit que ceux-là ne peuuent plaire i
Dieu. Et voila ce diable de Rome qui defgor-
ge vn blafphcme infernal , diûnt que ceux
qui font au mariage ne peuuent plaire à Dieu.
Sçauroit-ont plus vileinement polluer le
faincl mariage , & blafphemer i l'encontre?
Car qui eft l'autheur du mariage?Et 1 qui ce-
lle iniure-Ia s'addreffe-elle ? Noui voyons
donc que Dieu a permit que Satan regnaft en
«e fiege d'apofta(ie,tellement que ceux qui ne
cognoiflent point que c'eft vn gouffre d'en-
fer, ils font aueugies à leur efcient,& meritét
d'aller en perdition.On ne pourroit point al-
léguer ignorance , pour dire , Et ces poures
gens-la fuyuent comme ils font conduits par
leurs Prélats. Mais ils demandent d'cftre ainfi
Tleceus & trompez, & d'aller enconfufîon.Or
il a falu cependant que Dieu fe vengcaftde
«efte confufion infernale. Car comment s'eft
ïl fait que le monde ait eilc priué de bons P.i-
fteurs ? Onaexclud tous ceux qui vouloyeiit
"Viiire (ainiftcment & fan'; pollution, ceiiv qui
cherchoyent de feruir à Dieu, & ne s'addon-
ncrà paillardifes ,ni autres vilenies: ceux-
là n'ont point efté capables d'eftre ni Eue^
ques, ni Preftrcs, ni rien qui foit. Pourqucy?
Ho,ce font gés mariez. Mais ceux qui fe font
donné licence de paillarder , les voila bons &
prapres pour eftre fuppofts du Pape.Et ainfi,
qu'ils foyent Euefques cornus , qu'ils foyent
preftres graiflèz , c'eft tout vn , car ils y font
propres: & il a falu en la fin que le monde ait
efté rempli d'vne telle infeûion. Car voi-
la d'où font venues les paillardifes, que les
mariages ont efté corrompus , qu'on a eu la
plus grand' peine du monde à tenir les mai-
fons nettes, d'autant queceftepuantifea ré-
gné tellement.que par tout ils ontietté leur
venin, & a efté vne maladie fi contagieufe,que
quafî nul ne s'en pouuoit garder. Et puis
Dieu les a aueuglez, & les a mis en telle turpi
tude , qu'ils n'ont peu difcerner entre le bien
!c le mal , ie ne di pas cémebeftes brutes(car
la brutalité de tous ceux qui veulent mainte-
nir la ty rânie du Pape.Ti'eft pas telle que cel-
le des beftes brutes ) mai-; beaucoup pire , Se
plus abominable. Voila doc le ûlaire q Dieu
leuraenuoyé par fon ire , & parfon iufte iu-
gement , d'autant qu'ils ont reietté le fainft
mariage , qui eft vn eftat fi noble & fi excel-
lent. Et pourtant , fi nous voulons auoir vne
droite fermeté , n'imaginons lien de noftre
tefte , mais regardons ce que Dieu approiiue.
Se contentons-nous de cela. Et puis quand il
eft dit que les feruiteurs de Dieu foyent ma-
ris d'vne feule femme, que nous ne rcqueriôs
point plus en eux que cela. Car quand fainft
Paul dit qu'vn Pafteur foit mari d'vne feule
femme , il n'entend pas d'impofer loy qu'vn
homme foit marié, non plus qu'il n'eft pas li-
cite d'empefcher le mariage A ceux qui font
conftituez Miniftres pour anoncer la parole
de Dieu;fain£t Paul n'y met point ici de con-
trainte : mais il monftre ceft ordre commun,
qu'vn chacun regarde à foy , 8c que celuy qui
n'eftpoint marié vfe tellement de fonabfti-
nence.que ce foit à l'honneur de Dieu,& qne
il ne regarde finon d'employer tout ce qu'ila
à fon feruicc. Sainft Paul parlant ainfi s'abfte
noit de femme.comme il le protefte en la prc
miere Epiftre aux Corinthiens, fepticme cha
pitre:& euft bien voulu qu'vn chacun luy euft:
reflemblé: voire,inais il ne laifle pas de pro-
tefter qu'il ne veut pas toutesfois mettre vn
iougfurlcs âmes, mais qu'il faut que tous
foyent en pure liberté, & que celuy ccpédanc
qni eft marié , qu'il paffe par ce monde com-
me s'il ne l'eftoit point , que celuy qui n'eft
point marié ne mefprife point les autres. Car
il vaudroit mieux qu'vn homme fuft paillard,
que de blafmer le mariage fou»; ombre qu'il
n'a point de femme : il vaudroit mieux qu'il
s'en alla ft fourrer en vn plein bourdcau , que
de mefprifer le mariage en s'en abftcn.int, &
de reirttervn tel eftat que Dieu a firftifié.
Et ainfi que nous cognoifiiofqiie fainft Paul
n'a pas voulu iinpofcr Joy qu'on fuft marié,
mais
s V R r E P I s T. A T ï T E.
H*
tuatt' Amplement il» voulu dire ouecat)c<iui
font côftituez miniftres de li parole de Dieu,
ne doyuent point eftre gens intemperans , ni
addonnelàdiflolutionrc&ciue s'il y a quelque
vice en ceft endroit qui peut eftre fiipporté au
commun peuple , que cela foit retranché en,
ceux qui font Pafteurs de rEglife,& qui doy-
uent eftre comme miroirs: qu'on regarde bié
de ne le point foufFrir fous ombre qu'on le
foufFrira en quelque homme rulgaire , 5c en
ceux qui font moini;prifez:mais quant aux mi
aiftres qui ont vne difcipline plus eftroite qtie
les perfonnes priuees , qu'ils foyent tenus de
plus près ,& qu'ils ne felafchentla bride en
façon que ce (oit. Uadioufte quant & quant,
Q»f frj mfansfoyent fideles,& non point acci*-
fex.dt di0ohtioit,Cr no» point rebclUs.Ceci me
rite bien d'eftre noté:carraefmes en l'Epiftre
i Timothee nous voyons que fainft Paul ne
fe contente point de la perfonne des raini-
ftres , mais il veut que leurs femmes foyenr
bien réglées, en forte que fi vn homme vmoit
Jionefteraent Se fans reproche, Se ^u'il ait vne
femme diflolue.ce vice-la reuient fur luy:c5-
bien qu'on puiflè redarguer la femme, lî eft-ce
qu'on dira toufiours, Ho, voila la femme d'vn
Prefcheurquieftdesbordee, & on voit beau-
coupde vanitez& diflolutions aufquelles.Ie
mari deuroit bien obuier: il ell donccoulpa-
ble de tout le mal. Car s'il ne fçait gouuerner
fa maifon(dit fainft Paul)comment gouuerne
ra-il lamaifondeDieurComment gouuerne-
ra-il tout vn peuple. Se hommes, & femmes, &
grans & petis, quand il ne fçait gouuerner fa.
Femme f Ain(î donc notons que quand en ce
paflàge il eft parlé des enfans.c'eft afin qu'on
aduiie fi vn homme eft propre pour conduire
le peuple de Dieu,& pour bié régir fi maiibn
& fon Eglife , qu'il ait déclaré cela par efFeft
en fon raefnage. Si donc vn homme non feule
ment monftre qu'il chemine en la crainte de
Dieu.&s'abftientde tout mal.maisaufsi qu'il
face q Dieu foit ferui & honoré de ceux qu'il
ha en charge, qu'il ne fouffre point que fà mai
fon foit ni vnbourdeau , ni vn brelan , ni vne
tauerfie pour yurongijer.ni chofe femblables:
qu'il ne permette point ni à feruiteurs , ni à
femme;, ni à en fans d'eftre,de';bordez ne diflo
lus en façon que ce foit.qu'il n'y ait ne pom-
pes,ni vanitei aucunes. Q_iiand donc vn hom-
me gouuerne ainfi fon mefnage, alors on co-
gnoift qu'il eft vigilat,& qu'il ha zèle deDieu,
& qu'il ha prudence Se granité en foy. Cela
donc eft vne approbation pour monftrer qu'il
eft idoine pour régir l'Eglife de Dieu. Voila
pourquoy faind Paul norammentdit,Q»f les
eafaas fiyent f ides, & fins trime de diffolutlon.
^)nonrehelles.\\ met ici notammenrtroisquâ
litez.La première, c'eft que les enfans foyent
fideles:car fi on choiiît vn homme pour anon-
cer la parole de Dieu.qui n'ait point enfcigné
{a famillcqui ait des enfans, aufquels fi on de-
mande raifou de leur foy, qu'ils n'en f cachent
dire feulement vn mot.cSraentcera^-Ia aine-
ner*-il les eftrangerc à la foy , quand il y'n *
point aivencfiçs liens propres'C'eftdoac par
ce bout qi^iL&utcommencer.Si «OUI voyons
qu'il ait inftmit fes domeftiquct , qu'il fcfoic
bien porté ea fa maifon.on doit eftimer qu*it
fera encores mieux fon deuoir ^uand il fera
eleué plus haut , Se qu'il s'employei-* ï l'edifi»
cation commune de tout le peuple. Lt foy
donc va ici en premier lieu. Or il y a quant 3c
quant, qu'ils ne foyent point aecufee de dilTo -
lution. Quand (aina Paul met ce mot-ci, iJ'
entend qu'on ne les voye point diflolus. Car
il n'eft point quefl^on ici qu'on forme VH pro
ces deuantvn iuge.qu'ily ait partie qui ajipet
le pour accuferrinais il entend qu'on n'apper-
çoyue point d'intemperar.cc, ne quelques vi-
ces notables aux entansdesPrefcheurt.Car (î
vn homme allègue, Ho.comment? Etquicfty
ce qui viendra reprendre mes enfans?Si quel -
qu'vn fe veut ingérer à leur faire iniure , i'e».
auray la raifon. Si quclqu'vn (di-ie)fait fem-
blantd'eftie grand zélateur de fon honneur
&de celuy de fcs enfans, & cependant il leur
lafchera la bride à tout mal , tellement qu'on
fe mocqueradeluy, afçauoir fi vn tel homme
eftàexcufer. ToutC'ïfois on en voit beaucoup-
qui cuident valoir tant Se plus , quand on leur
parlera des vilenies qui fe commettent er»
leurs maifons , la réplique fera , Ho, fi quel-
qu'vn s'attache à moy , il faudra qu'il en re-
fponde , ho Tenauray" la raifon , ieluy mon-
ftreray à qui il ha affaire. Mais cependant on
fe mocquera de luy , & de tout fon train , oïl
fe mocquerade fa femme , il voit & fçait que
elle ne vaut rien, & encores voudra-il foufte-
nir le contraire : Se ne merite-il point d'ertre
cocu.'Vn homme ne voudra point qu'on parle
mal de fet enfans , & cependant il permettra
qu'ils fe desbordent, ils femocquerontde tou
tes admonitions qu'on leur fera, ils s'en iront
defpiter Dieu, il n'y aura que toute mefcban-
ceté eneux:&cependant ils ne veulent point
qu'on lesaduertifledu d.inger auquel ils font.
Ilsapperçoyuent bien qu'ils tienent leche-^
min & letrain de perditi5,ih ne peuuét fouf-
frir qu'on les en retire. Mais puis qu'ils font
des malades qui ne veulent point eftie guaris,
& qu'ils répondent tous les remèdes qu'on
leur propofe, qu'ils periflent côme poures &
miferables, créatures qu'ih font. Ainfi donc
notons bien quand fainft Paul dit qu'il ne fauc
point que les enfans des miniftres de la paro-
le foyent accufcz d'intempérance , que par
cela il entend qu'on n'apperçoyue point en
eux vne vie diflolue & mefchante, mais qu'ils
fe gouuernent honneftement, Se qu'ils ne
foyent point en fcandale , qu'ils ne donnent
point occafion qu'on dctrafte ne qu'on mur-
mure d'eux. Voila pour le fécond. Il y a tier-
cemcnt, qu'ils ne foyent point rebelles: c'eft
à dire, que ce luy qui eft conftitucpouranon-
cer la parole ,& pour gouuerner & inftruirc
Yy.iii.
Î41
SERMON iiir;
rJEglifede Dicu,a(luifc bien que Ces enfansne
foyent. point reuelches , qu'ils ne foyent
ppint c online befte s fauuage? ,kltiirs', & faf-
cheux à gouuewier. Car s'il ne pàiit 'faire cela
de fçs enïans , que fera-il enuers deux qui ne
luy appartienent de rien ? S'il ne peut repri-
roervn petit enlTant en fon infolence , que
pourra-il faire enuers toutvn peuple? Voila
donc Tintentionde faindPaul. Mais cepen-
dant notons qu'il parle tellement à ceux qui
doyuent ertre elcus Pafleurs,que cefte doûri-
ne elt générale à tous. Ici il ne remonftre
point aux Pafteurs quels ils doyuent eftre,
comme s'il leur addreflbit fon propos : mais
il déclare quelles gens on doit choifîr en ceft
office & en ceft cftat:Qu]on fe garde(dit-il)
s'il y a vn homme tant mal-aduiféiqu'il ne
puilîe gouuerner fa maifon , qu'on fe garde
de luy mettre rne charge beaucoup plus pe-
fante& difficile. Et puis quand on parle de
l'eleftiondes miniftres, que cela pafle enco-,
res plus outre.Car fi vu homme cft eleu pour
anoncer la parole de Dieu, Se qu'il fegou-
uerne mal , & luy & fa maifon , il n'cft pas en
héritage , il faut que cela foit retranché , &
■qu'vn tel fcandale ne foit point enduré : mais
tout ainfi qu'il faut qu'vn chacun regardeà
foy.iedi nous qui fomraes conftituez enchar
ge publique, & que nous aduifions àcc que
fainâ Paul ordonne, pour fçauoir quelles
gens on y doit choifîr , qu'vn chacun aufsi
mette peine de fe conformer à la reigle qui
€lt ici contenue , Se que nous prions Dieu
qu'il nous face la grâce de cheminer en forte
que fa parole ne foit point fuictte à mocque-
rie à caufe de nous , & que nos vices ne don-
nent point occafion auxmefchansdeblaphe-
mer contre le nom de Dieu , pour dire , Ce-
ftuy-la eft vn blafphemateur , c'eft vn mef-
chant, voila donc vn bel Euefque:que ce mot-
la ne puifle efchapper delà bouche des mef-
chans, qu'ils ne foyent rerobarrej;, & qu'ils ne
foyent malins quand ils parleront ainfi. Et
aiifsi il monftre quels doyuent eftre les Chre
ftiens. Il cft'vray que les Miniftres de la pa-
role de Dieu vont deuant : mais tant y a que
les autres fe doyuent aufsi bien ranger à ce-
ci,chacun félon fon eftat. Et quand Dieu aur
ta fait cefte grâce à vn homme d'eftre marié,
qu'il dcfired' eftre tellement vni& conioint
auec fa femme, qu'il ne foit point .préoccupé
de paillardife, q fon cœur ne tende point ail-
leurs, mais qu'il fuyue fon train ', cognoiflant
que c'eftau nom de Dieu qu'il eft marié , &
qu'il faut qu'il tienefoy à fa partie , puis, que
«lie luy cftafsignee de Dieu.Voiladonc com
me tous Chreftiens, combien qu'ils foyent en
eftat priué , doyuent tellement cheminer en
Peftatde mar)age(s'ils y font appelez)qu'vn
chacun fe contente de fa partie , qu'il viue
honneftement , & fans aucune diflcnfion. Et
puis ceuxaufquels Dieu à fait ceft honneur
de leur donner des enfans, qu'ils aduifent que
ils font d'autahtpluî oblige? à mettre peine
que leurs enfans foyent inftniits deuement.
Or s'ils veulent auoir vne bonne inftruftion,
il faut toufiours commencer parla foy. Car-
ies enfans pourront auoiren apparence tou-
tes les vertus du monde , mais ce ne fera rien
finon que Dieu foit craint & honoré d'eux;
Comme nous en verrons qui prendront
grand' peine à ce que leurs enfans foyent
endoétrinezaux affaires du monde: il eft vray
qu'ils donneront bien des maiftres à leurs en-
fans, mais ce fera pour apprendre quelque bel
le parade, qu'ils ayent quelques trois mots de
Latin pour fe faire valoir à table, qu'ils fca-
chentdeuifer, & tenir de belles contenances
félon le monde : mais de cognoiftre Dieu , il
n'en eft point queftion ou nouuelle. Cen'eft
pas ainfi qu'il y faut proceder,c'eft bien met-
tre la charrue deuant les boeufs. Apprenons
donc à l'exemple dclainâ Paul, de commen-
cer par ce bout pour inftrnire les enfans. Car
quand ils auront cognu Dieu,c'cft vn bon fon
dément fur lequel nous pourrons baftir: mais
fans cela , il n'y a que ruine & confufion : car
quand nous aurons trausillé pour inûruire
nos enfans en la foy,& en la droite & pure co-
gnoiiraiicedeDieu& de fa vérité, il faut que
leur vie refponde , c'eftà dire qu'ils foyent
honneftes, qu'il n'y ait point de diffolution,
d'intempérance, qu'il y ait vne telle bride
qu'ils ne s'adonnent pointa friandifes, nia
ynrongneries , ni à ieux diflolus , ni à chofes
femblables , qu'il n'y ait point de chatterie,
comme on appelle. Voila donc le fécond qne
fainû Paul nous cÔmande en ce paflage. Mais
pource que c'eft vn beftail difficile â gouuer-
ner que les ieunes gés.fainû Paul efcrit qu'il
faut qu'ils foyent humbles Se dociles : car s'il
n'y a modeltie aux petis enfans , on prendra
beaucoup de peine à les inftruire , mais ils re-
gimberôt côme les cheuaux qui ne font point
façonnez, qui mordent & ruent contre leur
raaiftre. Ainfi' donc notamment fainft Paul a
mis cefte humilité-ci pour la vertu la plus re-
quife.aux ieunes gens:mais comme elle eft re-
quife,aufsi elt-elle bien rare. Q_u,'on regarde
quelle eft laieunefle. Auiourd'huy comment
les enfans fe laiflent-ils gouuerner?Il eft vray
que les pères font bien dignes fouucntesfois
que leurs enfans leur creuent les yeux : car il
ne leur chaut de les inftruire en la crainte de
Dieu: n'eft-ce pas rai fon qu'ils ay et vn falaire'
demeimes? Mais c'cft vne choleà dcplorer
quand on voitles enfanseftre rebelles, qu'on-
ne les peut donter en façon que ce foir,-
quand ils feront péris , qu'on ne leur peut'
faire gouftcr que cVft du bien. Erpuis font-
ils venus en aage ? ie ne di point d'hommes,
pour dire qu'ils foyent hommes faits , mais
qu'ils ne foyent plus pétis enfans , qu'ils
foyent ieunes compagnons , qu'on appelle:
ho , fi voudront-ils neantmoins eftre appe-
lez hommes, & leur femble qu'on leur fait
grand
SVR rSPiST. A TITE
Î4î
grand tort fi on les nomme autrement. Ils
deuroyent encores auoir des verges d'ici
idix ans à Tefcole ,& ils voudront cepen-
dant eftre reputcz pour grans perfonnages.
£t ic leur ay dit trop de fois, Allez babouins,
que vous foyei hommes î vous deuricz eftre
encores fous la verge, le eftre là tenus en bri-
de. Et fi on euft voulu receuoir pailiblement
ces admonitions, il ne faudroit point mainte^
nant pleurer, il ne faudroit point vfer de ru-
deUe telle qu'on la voit , il ne faudroit point
qu'ils fulTent châftiez ainfi honteuferaéc, s'il
y euft eu quelque prudence & difcretion en
eux.D'autant plus donc nous faut-il bien no-
ter ce qui eft ici dit par faindl Paul, & que le»
pères aduifent de tenir la bride roide a leurs
eofans,& s'ils veulent faire des homes quand
ils doiuent eftre encores fous la verge, qu'ils
ne les efpargnent point. Il eft vray que les pc
res nedoiuêt point raoleftcr leurs enfans, ne
leur donner occafion de fc desbaucher par vn
traittement trop rude:mais tant y a qu'il leur
faut craindre que leurs enfans eftans ainfi dif
ficiles à gouuerner.ne fe Ufchét la bride pour
s'adonner à tout mal,&: fe desbaucher en for-
té qu'on ne peuil pas les ramener au bon che
min:& quant & quant que les ieunes gens re-
cognoiflent aufsi.que «'ils n*oiitcefte inode-
ftie en eux, Sccefte grâce de felaiffcr gouuer
ner paifiblement par leurs fuperieurs , qu'iC
fant dire fy de toutes leurs rertuc : comme
aùfsi ce ne fera rien, il n'y aura qu'orgueil *:
puaHtife , Si Dieu aufsi les mettra en cenfi*-
lion. Qu]|_vn chacun donc apprene cefte le-—
çon, comme elle eft ici raoaftrec à tous en c«
pafTâge de fainft Paul.
O .R nous-nous profternerons deuant la
facedenoftre bon Dieu en cognoiflànce d»
nos fautes, le prians qu'il nous les face tellcr.
ment fentir, que depuis le plus grand iufquet
aa plus petit nous foyôs tous abatus en nous
inefmes.&que.nous n'ayôs autre refuge qu'à'
fa mifericorde. Et que cependant nouscher-
chiôs de nous red>iH¥ à luy,que nous demaa-
dions a eftre de plus en plas auancez en fa
crainte & en fou obeiflance , & que par ce
moyen fon Nom foie inuoqué au milieu de
nous , & que fon temple foit purgé de toiitc
pollution,& que l'ordre commun foit entre-
tenu , qu'vn chacun foit aidé pour tendre à
fon falut , &que tous enfeinblenous y ten-
dions d'vn commun accord. Que pour ce fai
re il luy plaife fufciter vrais Se fidèles MiHi->
rtres,&c.
cinqvieme sermon svrle
PREMIERCHAPITRE.
7 Car il faut que l'Eue fque foit feus crime , comme dijpenfteur
de Dieii)no7i point fer,ne colerem addomé au Vm,nc batteur, ne con-
uoiteuxdegaindeshomefle:
8 Maiî faifant recueil "volontiers aux eîlrdgers,amateur de hon
tê,prudentiiujleifiinSl,attrempéy
$ Embrajftnt la Varole fidèle , qui efl félon domine : afin qu'il
foit puiffant d' admone fier par faine doUrine j (f reprendre ceux qui
contredifent.
o V R bien faire «oftre pro
fit de ce paflagCjnousauons
à retenir que ceux qui font
appelezpour anoucer la pa
rôle de Dieu, doiuent ici re
cognoiftre quel eft leur of-
fice &deuoir, afin de s'ac-
quitter fidèlement enuers Dieu & fon Egli-
ie.Et puis tous Chreftiens en gênerai ont à
regarder ce qui eft requis en vn bon Pafte«r,
afin qu'on n'en choiiîfle point à la volée, &
qu'vn chacun ne le gouuernc point icipar fa
ueurou par ambition , ou félon fon appétit:
mais qu'il regarde le bien & le falut commun
de to' les cnfaus dç Dieu,& que cela s'obfer-
ue en ceux qui font défia en office , qu'ils n'y
fovent point maintenus finon qu'ils s'y gou-
uernent ainli que le faiuû Efprit a comman-
dé.Et puis, d'autant que les vertus dont par-
le ICI fainû Paul , font requifes en tous Mini-
ftres de la parole de Dieu , comme ceux qui
doiuent monftrerlecheminauxautres ,ilya
aufsi vne leçon commune. Car fi vn Pafteurfe
gouuerne bien & félon Dieu, & que le peuple
foit adonné à tout mal & diflblution , que fe-
ra-ce? Mais tout ainfi que le Pafteur doit mo
ftrer le chemin, & donnes bon exemple:auf*i
faut-il que tout le corps de l'Eglife fe con-
forme à ce qui eft ici côtenu.Or afin de pour-
fuiurc ce que dit faintt Paul par ordre , nout
Yy.iiii.
•H4
ï iTS'ER MiOH V.
auonsj recueillir que cenx qu'il auoitaupara
tant nommez Preilres, illesnôme fiiel'ques,
iquiiîgnifie l'urueillâs oufuperintencians,(c5-
me on dit)&: attribue ce nom à tous ceux qui
doiuent anoncer la parole de Dieu. Et ainfi
c'a eflévne corruptions: abus en la Papauté,
voire en l'fglife ancienne, qu'vn leul ait efté
intitulé Euefque: car c'a efté changer le lan-
gage du fainûEfprit:& il nous taut parler fe
Ion l'Efcriture-Or nous voyons que Satan ne
tafchefinon denous diuertirde la pure (im-
plicite de la parole de Dieu. Et puis c'eft fai
re tort & inigre à Dieu , quand on fe veut fe-
parerde Tordre qu'il auoit eftabli par fon an
thorité inuiolable. Ainfi donc,notÔs que tous
ceux que Dieu appelle pour anoncer fa paro-
Je,& qui font ordonnez en ceft office, doiuent
premièrement cftre meurs & pofez côme An
«iens.Et puis ils doiuent eftre furueillans:c6-
Ewc. 3. nie 3ufsi le Prophète Ez^chiel en parle,quad
^, il les accompare à ceux qui font le guet fur
vne tour. Car il n'eft point ici queftiond'vn
titre de dignité ni de pompe : c'cft vne char-
ge, voire bien difficile & pefante , cependant
•que les autres dorment , de veiller & d'auoir
le foinde tout le troupeau. Voila donc ce que
nous auons à retenir en premier lieu. Et ainfi
le nom & titre que le famfl Efprit attribue â
tous Pailcurs , monftre défia h quoy c'eft que
JDieu les appelle,& ce qu'ils doiuent ^ fon £-
;glife , afin que les hommes ne cuident point
qu'il y ait fon repos. Or cela ne fe péue faire
que nous ne liiy foyons prochains, & qu'il
n'ait toulîours l'œil'fur nous, qu'il rt'aitquat
& quant le foiri de nous gouuerner &nourrir'.
Voila décqui nous doit bien efmouuoirquad
nous entendons que nous ne forames point
feparez de noftre Dieu , & que nous ne croy-
ons point à crédit (comme on dit) que nous
n'allons point à l'efgaree,mais qu'il nous re-
cueille en fon troupeau , voire à telle condi-
tion qu'il eft auec nous , & fera iufqucs en Ix
fin du monde. Or cela nous doit quant & quât
incitera l'âimerd'vn courage tant plus ar-
dent , & à le feruir. Car puis qu'ainlî eft que
Dieu nous a fous fa garde, qu'il nous fait ha-
biter en fa famille,& qu'il nous eft pour Père
& Maiftre, & qu'il conftitue des procureurs
afin que tout aille comme il appartient , qu'il
y ait ordre, que rien ne foit difsipé entre
nous: quand nous voyons que Dieu fe décla-
re d'y ne façon tant priuee , ne fommes-nous
point trop ingrats fi nous ne femmes du tout
adonnez à l'aimer & à le feruir? Notons bien
donc quand l'Eglife eft appelée la maifon de
Dieu, que c'eft afin que nous magnifions la
bonté ineftimahle qu'il nous monftre , quand
il luy plailt approcher de nous,& faire fà rc-
fidence au corps qu'il a aflemblé de fes fidè-
les , Se qu'il veut que nou'. foyons conioints à
luy, 5: cependant qu'il prend la charge de no-
ftre falut , qu'il nous veut gouuerner Se nour-
pouuoir eftre eftimez Prelats,& cependant fe rir comme noftre Maiftre & comme feul fu
repofer & dormir,& faire grand' chère. Car
Dieu ne choifit point ceux qu'il conftitue Pa
fteurs en fon Eglife , pour leurs beaux yeux
(comme on dit ) mais c'eft en les obligeant à
tout le peuple : car autrement nous ne pou-
Bons feruir à Dieu, finon en nous employant
au feruice de tout fon troupeau : & le plus
^rand honneur que puiflent auoir les Mini-
ères de la Parole , c'eft de bien feruir à tous
2es fidèles. Or venons maintenant â ce que
&ia(\ Paul-adioufte. Il dit que c'eft bien rai-
ibn que les furueillans foyet fans crime, puis
qu'ils font gouuerneurs en la maifon de Dien.
Comme aufsi nous auons yeu qu'il difoit à Ti
^mothce.Aduife bien comme tu te dois porter
en l'Eglife : car c'eft la maifon de Dieu , il y
prefide,ily fait fa demeurarce : pu!sqn'ainfi
«(Vqu'il t'a côftituélà en fon lieu, il faut bien
•«)ue tu chemines droitcmenti Eft-ce peu dé
«hofe d'eftreprocu/eùrdèDieo , & auoir la
place pour gcHuerner fa maiAiri^ Et ainfi en
«e paflàge fainûPàiil n'oUs monftre en quel-
le folicitude doiuent cheminer ccu*r auii]uels
Dieu a fait ceft honneur de porter fa Parole,
& del'anoncer:car en ce faifantil veut qu'ils
goùuerncnt fa famille' Màis'3'autre cofté,
nous auons à recueillir de ce paflaî^ç vne do-
ftrine de grande côfolation &rfinguliere. Car t, ■ i
Dieu nous honoretantùt plus quand il nous lieu auquel il eft , qu'il corrompra toate l'E-
«laigneappetlerènra nfaifon, que nous foy'ôs glife.Voila dôc les crimes dont il auoit parlé
iesdonïcftiques.qu'ilhabiteau milieu de no', tidefllis, difant «juel'Euefque doit cftre Tans
ciime.
perintendant, voire rapportât cela non point
à fon profit , mais à noftre falut. Et au refte,
puis qu'ainfi eft.aduifons que nous ne pouuÔJ
pas fuir les yeux de noftre Dieu:car nous luy
Ibmmes prochains: que dose chacun fe ticne
en bride. £t d'autant qu'il nous a alTembleï
au nombre & en la compagnie des fidèles, que
cela nous enflamme tant plus pour nous pre-
fenter à Dieu, afin qu'il nous conduife, & que
nous ne facions point des beftes farouches,
puis qu'il nous a tant magnifiez que de nous
recueillir en fa maifon , il veut que nous luy
foycns comme agneaux , d'autant qu'il veut
faire office de Pafteur enuers nous. Et ainfi
nous voyons que ce paflàge ri'eft point feule-
ment pour les Miniftres de l.i Parole , niais
qu'en gênerai il doit piofiter à tons fidèles,
quand ils le fçaurôt bien appliquer à leur in-
ftruftion. Cependant fainû Pauladioufte les
vertus qui (ont requifès en vn bon Pafteur,
c'cft'àf^auoir qu'il ne foit point fier , ou opr-
riiaftre, adôné à fon fens propre, qu'il ne foie
point ni rolcre,ni a'donhc au vin, nr conuoi-
teux de gain deshonnefte. Or ùwçt Paul met
ici les vertus par leur contraire : comme s'il
difoit qu'vn homme qui fera adonne au vin,,
qui fera opiniaftre, qui fera noffeux , qui fera
adonné au gain , qu'il ne fait qu'infidler le
SVR L* EPIS T. A TITE.
crim«. Or ces vices qne fainft Paul note ici,
font par trop enormes:& aufsi iU emportent
komme vne pollution pour peruertir toute la
police de l'Egliie , qu vn homme qui en fera
entachéaucunement, ne peut nullement fer-
uirà Dieu. Il faut donc que ceci foi t purgé de
Bant. Et voila les premières vertus que fainft
Paul demande, c'eft que celuy qui doit anon-
cer la parole de Dieu , s'abftienede ces vices
qui font ici condamnez , & qu'il mette peine
de les corriger , afin que rien ne Pempefclie
de faire fon oflîce. Et de fait,ccfte opiniaftre
té dont parle faintt Paul, rend les hommes in'
fupportables. Quand vn homme eft adonné à
fon fens pour s'y fier.il faut qu'il face comme
vn monde à part : ainfi que les Payens l'ont
bië fceudire. Or tour ainfi qu'vn Miniftrede
la parole de Dieu doit attirer ceux qui font
comme efcartez, il doit aufsi retenir en bône
vnion& paix ceux qui font défia en l'Eglife.
Et s'il elt ainfi arrefté en fon opiniaftreté , il
faut qu'il effarouche le troupeau de Dieu , &
il s'enfuyura vne horrible difsipattô. Et pour
tant il faut qu'vn homme fe déporte de fon
fens, afin qu'il puiflê feruir à Dicu,& mainte-
nir l'Eglife en bonne concorde . Etcelagift
en deux chofes principalementic'eft que nous
fouffriôs d'eftre enfeignez, quand nous enfci-
gnons lesautres.Car fi nous n'auôs cela.d'ap
prendre volontiers, &deprofiter,afin que les
autres profiter auec nous.iamais nous ne pour
rons nous acquitter de noftre deuoir. Celuy
donc que Dieu a conftitué pour maiftre &do-
ôeur en fa maifon.il faut qu'il foit le premier
difciple , qu'il fe rende tant plus docile pour
rcceuoir dofbrine & admonition . Voila le
premier poinft. Le fécond, c'cftqu'aufsi nous
fouffrions qu'on nous donne confeii , qu'on
nous remonftre, &que nous receuionsce qui
fera le meilleur. Voila dôc ceqUefainft Paul
a voulu ici en fomm« : c'eflafçauoir que ceux
qui font appelez pour anoncer la parole de
Dieu, regardent bien de n'auoir pas vne tefte
dure , mais qu'ils foyent dociles, qu'ils ayent
▼nefpritbenin Se paifible, qu'ils nedemandét
finon à édifier , qu'ils ne foyent point eleuez
en teile prefomption de cuider tout fçauoir,
mais au contraire, quêtons les iours ils de-
mandent d'apprendre,& qu'ils fonffrentaufsi
d'eftre enfeignez:& auAi qu'ils foyét traitta-
bles en kurs mœurs. Et de faift.nous voyotaS
que tous ceux qui font ainfi addôncz à fierté,
deuiédront tous les coups fcliifmatiques.-c'eft
àdire qu'ils feront des feues en l'Eglife de
Dieu A troubleront tout. Ainfi donc ce n'eft
point fans caufe que fainO: Paul a voulu cor-
riger vne telle hauteflè.diiânt que c'eft vn cri
me, comme l'experiencelemonftre.Il Idioff-
ftequant& quant , C*»'»/ ne f^lt point colerr.
^ui eftvn vice prochain. Car fi vn homd Ià(-
^he la bride à fts pafsions , il eft certain que
cela l'empefchera par rrop-de féruir à Dievr.
£t d'autant que l'yurongnerie eftj>oi»t au-
Î4î
^menter encores la fierté de ceux oui delîa
y font trop enclins, & que cela eft comme vne
efpece de rage , fainft Paul notamment dic
qu'il faut que les Miniftres delà parole de
Dieu foyeftt fobres, & non point adonnez a»
vin. Car fi l'yurongnerie règne en vn hom-
me , il n'y aura nulle raifon , nulle équité ne
modeftie. Voilà donc autant de peftes mortel
les que fainft Paul nomme de vices, defquels
les Miniftres delà Parole fe doiuent garder.
Il adioufte quat & quant, Qu'ils uefaytt point
hattiHTi ne no'/eux : qu'ils ne foyent point
comme gendarmes , & gens tonCours prefts à
defgainer.ayans la tefteàl'efcarmouche.com
me s'il faloit toufiours auoir l'efpee au poîg.
Il faut bien aufsi que ce vice foit corrigé. Fi-
nalement il met l'auarice. Or il ei\ certaitr
qu'vn homme qui tafchera de s'enrichir , e-
ftant en ceft eftat.il fera comme vn raacqui-
gnon pour farder & corrompre la parole de
Dieu : il vowdra complaire à Tvn , il voudra
contenter l'autre:brief,il ne fera que defgui-
fer & falCfier toutrou bien il defguifera les
chofes en telle forte , qu'il ne demandera ff-
non de caller la voile : il regardera en quoy
il pourra profiter , afin d'attirer la farine avt
moulin, comme on dit. Et pourtat fi l'atiarice
règne aux Miniftres de la Parole, il eft cer-
tain qu'ils feront fauflàires , & ne feront que
peruertir la bonne doftrine , Se conuertir ta
vérité en menfonge. Voila donc ce que nous
auons à retenir en premier hau , quand faind»
Paul ne nome pointles vertus, finon encom—
men çant par ce bout , que ceux qui voudront '
loyaument s'acquitter de leur deuoir, édi-
fiant l'Eglife de Dieu , qu'il faut qu'ils s'ab-
ftienent de tous crimes &• de tous vices qui
font énormes, & qui font dutoutinfupporta—
blés en ceû eftat & office. Or quant & qtlfcit
il adioufte les vertus , que celuy qui eft pour
anoncer la parole de Dieu , foit amiable en-
uers les eftr3ngers,& qu'il les reçoiue humai-
nement.Ceci doit eftre obferué en tout tépsr
mais (comme nousauonsdeclaré ci deflùs eir
TEpiftre à Tiraothee ) il y atioit vne raifoir
fpeciale lors , d'autant que les poures fidèles
eftoyent comme oifeaux fur la branche, qu'il
faloir que par volées ils allaflent d'vn lieu à'
autre, ielon que les perfeeutiôs s'eleuoyent^
Se que les feux eftoyent allumez, vne bande le
leuoit.&s'en alloit èfi'vne autre ville, & là oii
ils pouuoyent rqoiemefmes ilreftt)yent con-
trâititsde s'expofer le plus fôuiiét à lamorr.
Il y auoit donc là grande compahion. AiaS
ce n'eft point fans cxufe que fainl} Paul re-
quiert que l'Eucfque qui deuoit eftre comme
père de l'Eglife, fuft vn home libéral Si amia-
ble aux eftrangers, pour les receuoir bénigne
rrtent. C^eft en premier lieu ce que nous auos
Sobleruer.' Pour t (ccond, il adiouftequ'ils-
ayent bonté.Et cefte vertu eft coiointe à cel-
le que n#rs venons de dire. Car combien que
inirtCt Paul met ici vn mot, tant v a qu'il eoi-
Zi.i.
5:4^
SERMON V.
porte Pamoar d'humanité , & la bonne affe-
ction qu'on a de bien faire à ceux qui lonc en
ncceûité , & d'y appliquer fon eftiide, Celiiy
donc qui cllinliumain,qoi n'a nulle pitié, qui
fe tiendra à fou aife , ne regardant point aux
autres, il eft impofsiWe qu'il ait la vertu de re
ceuoir humainement ceux qui l'ont perfecu-
tez& affligez. Voila pourquoy S.Paul a con-
ioint ces deux vertus. U met quant & quant,
fohre,mfit,ftiincl,ittrem^é. La fobtieté fe rap-
porte au viure. U y à puis après la lufticc, qui
eft droiture, quand vn homme regarde de
rendre à chacun fou droiâ , qui ne voudroit
point pour mourir auoir fait aucun tort , ni
violence.niiniure à perfonne. C'eltceque S.
Paul.a entendu parce mot de lujiice. Or il y a
la faindteté qui fe rapporte principalement à
Dieu,c'eft alçauoir quâd non feulement nous
conuerfons auec no< prochains fans mal f.ii-
re , mais aufsi que nous fommes chattes , que
nous lomines adonnez à feruit à Dieu, q nous
auons tout ce qui eft de la première table de
la Loy pour recommandé : c'eft afçauoir, les
prières & les oraifoBs, l'hôraage que nous fai
Ions à Dieu. Et puis que noui apprenions de
nous retirer de ce monde , n'eftans point ad-
donnez à pompes & à vanitez Se diflolutions,
mais pluftoft fouffrans en toute humilité d'c-
(Ire recueillis en l'obeillance de Dieu. Voila
ce qu'emporte la fainûeté. Aufsi la iuftice a
fon regard aux hommes : pource que c'eft la
vertu par laquelle la droiture Se équité eft ob
feruee enuers vn chacun. U y a Hnalement
laltrtmf.tnce. Or ce mot eft pour compren-
dre ce qui pouuoit eftre entendu fous le mot
de fobneté. Car ce n'eft point alTez qu'au
boire & au manger nous foyons fobres, mais
il faut aufsi qu'il y ait attrempance & hon-
neftetcen toutle refte denoftrevie, & que
les mains, les yeux.les aiircilles , & la bouche
foycnt comme tenus en bride. C'eft à quoy
fainû Paul a prétendu par l'attrempance, qui
lignifie autant comme s'ildifoit que nous de-
uons eftre pofez & mqderez , qu'il n'y doit
auoii nulles dilTolutions , ni geftes impudi-
ques en nous, nulle vanité dont on apperçoi-
ue que nous foyons diflblut & vileins : mais
que nous deuons eftre retenus tellement fous
l'obeilTancede Dieu , qu'on appcrçoiue que
nous auons renôcé au monde. C'eft en fomme
ce qu'il met ici. Or en la fin il adioufte,Q»'i7i
foyent frcfts d' emhr.i/Jcr la faroU fiJcle, qui eft
félon do£irine,Et c'eft le principal qui cftxe-
quis aux Mmiftres de la Parole, afçauoir que
non feulement ih foyent inftruits pour enlci
gnerlcs autres, mais qu'ils foyent forts Si
conftants pour tenir bon & pour batailler,
quand il fera queftion de maintenir la doctri-
ne de vérité, à ce qu'elle demeure en fon en-
tier. Et voila pourquoy faiodt Paul vfc d'vp
mot qui fignifie proprement tenir & embraf
fer. 11 faut donc que nous retcnionsja «lortri
lie de vérité: car il nous l'ciuon: apprthcndee
fort & ferme.iamais elle ne nous efchappera,
combien que le diable machine tout ce qui fe
ra pohible pour nous la faire efcourre , que,
neantmoins lamais nous n'en ferons diuercit.
Il met quant & quant l'vfage , à ce que nous
puifsions exhorter par faine doûrine ,Sc rc-
darguerles contredifans : c'eft afçauoir que
nous ayons la faculté & moyen d'enfeigner
ceux qui font prefts d'obéir à Dieu , & qui fe
rendent pailibles: mais que nous ayons quant
Se quant la vertu de batailler contre les con-
tredilans, contre les ennemis de la parole de
Dieu,contre les rebelles, contre les contem-
pteurs,Cotre gens qui tafchent de mettre con
tufion en l'Eglilc , que nous ayons vertu &
authorité de les reprouuer , en forte qu'ils
demeurent confus au combat. Voila en fom-^
me ce qui eft ici dit. Or deûa nous auoni de»;
claré, quand ùmû Paul veut que les Paftcurs
monftrent le chemin, qu'il a cftendu ceci conv
munt-cment i tous £deles. Car pourquoy eft-
ce que les Mmiftres de la parole de Dieu doi
uent eftre attrempez, luftes Se fainûs? Pour-
q.ioy doiuent-ils eftre fobres, non point ad-
donnezau vin.ni à noife.ni à batterie? Pour-
quoy doiuent-ils eftre ainfi modérez.' C'eft
afin que la parole de Dieu ne toit point en op
probre quand on verra des vices il notables
en eux. Et puis c'eft afin qu'ils approuuent
leur dodrine par bonne vie.qii'ils la ratifient
tellemait qu'elle foit roietsx reccue. Et puis
c'eft afin que le peuple les enfuiuer & qu'il fc
côforme à toutes les vertus qu'il verra en (ei
Pafteurs.Apprenonsdonc que faind Paul n'a
point voulu ici aftraindre feulement les Mt-
niftres de la Parole à fe garder de toute in-
tempérance & diffolution , à fuir l'auarice Se
rorgueil,& à eftre humains, iiiftes, fobres, cha
ftes; mais qu'à leur exemple il a exhorté tous
fidèles de fc régler tellemenr , que la fobric-
té foit vne vertu générale, la iuftice , la fain-
ûeté, l'attrempance, & toutes chofes dont il
eft ici fait mention. Voulons-nous donc eftre
approuuez enfans de Dieu.'' Aduifons de cor-
riger les vices qui font ici condamnez par
fainil Paul: .iduifonsde fuiure les vertus lef-
quelles il nous propofc. Et de fait, fi vn Mini
ftre eft gouuerncur en la raaifon de Dieu , ce
n'eft pas à dire que nous n'ayons chacun de
nou' (c'eft afçauoir les perfonncs priuees)auf
fi bien cefteftat pour feruirdem.;iftre.Q_uâd
Dieu appelle certains perfonnages pour anô-
cer fa parole , ce n'eft pas qu'il quitte les au-
tres , ne qu'il ne fe yueille point leruir d'eux:
mais au contraire, c'eft afin qu'il foit ferui de
toUN fans exception. Voila Jonc à quelle con
dition& à quelle fin Dieu nous a ordonnez
PiOUBaiioncer d parpje, c'eft que toui foyent
adonnez à fon fcruice. Car quand Dit u nous
fait ceft honneur de nous rcccuoir.de 1^3 mai-
fon , -&de nous adopter pour fes cntans , ce
n'eft pas que nous foyons oififs ,. ou bien il
ne nouî,met pas l.i bride fur le col pourdirc
^;l'^■«
SVR L* EPIS T. A TITE.
f4T
quVn chacun s'ingefe à fan appecit : mais il
BOUS yeut tenir fous fon ioug , & veutqu'vn
chacun s'employe à Je, glorifier. Car (comme
nous auons veu par ci Jeiiant) puis cjue Dieu
nous fait ccfl honneur de nous employer à
, fon feruice , il ne faut psint que nous foyons
inutiles. Carce ii'ell point en vain tjuc Dieu
nous a appelez en tel cftat , & en vne dignité
fi hante , non feulement d\lhe fes doincfti-
i^ues.mais d'eftre de la compagnie Se du rang
de fes enfans. £t pourtant, cjiic les Miniftres
de la Parole regardent bien à eux de près : &
que cependant aufsi tous Chrcft.cs cognoif-
fent qu'ici ils ont vne rcglc qui les atcoiiche
& les comprend tous, depuis le plus grâd iui-
ques au plus petit. Et ainfi regardons d'tftre
menez de ceft efprit d'atcremparce , de ceft
efprit de fobrieté ,&de iullice,&'de fainfte-
té.dont fairû Paul parle ici: & regardes auf-
fi d'eftre tellement bridez, que les vices donc
il parle ne régnent point en nous. Comme
»oiJa l'yurongnene qui eft vne chofeaiifii
contraire à tous fidèles qu'il en y .tic point.
Carfi les hommes font tous formez à l'ima-
ge de Dieu,& qu'vn yuôrgne s'abbrutifle tel-
lement, qu'il eft comme vne befle lans raifon
ni entédement,ne deuons-nous pas eftre tant
plus fongneux de nous retenir? Car quand
les hommes s'abbniciffent ainfî , quand ils
i'enyurent, non feulement ils effacée l'image
de Dieii,voire laquelle a eilé rcpareeen nous
par noftre Seigneur lefiis Chuft , mais toute
liôneftetéde vie, qu'ils font là comme chiens
& pourceaux. Si donc nous voulons eftre re-
putez enfans de Dieu, nefaur-ilpas que ce
vice foit cflongné de non? Et voila pour-
quoy fainû Paul excommunie tous yuron-
cncs , qu'il ne veut p Jint mefmc qu'on com-
munique auec eux , ne qu'on les hantç , afin
qu'ils foycnt vaincuv de vcrgongne pour fe
corriger, tant s'en fau qu'ils doiucnt eftre
admis à la fau.fte table de noftre Seigneur le
fus Chnlt.Êt puis l'orgueil & la fieite n'eft-
elle pas du tout contraire à l'cfprit de nian-
fuetude , qui eft la vraye marquede' enfans
de Dieu? En quoy cogiio:ftra-on que nou^ a-
uons profilé en l'cfcole de noftre Seigneur
lefu^ Chnft? Si nous fomme humbles & pe-
tis & débonnaires. Et amfi c'cft ligne qi:ai:d
la fierté dominera en vn homme, qu'il fera a-
donné à fon fens & à fon cerutau, qu'il n'a la
mais gouftc que c'citoit de profiter en l'e-
fcole de Dieu , ni de noftre Seigocur Icfu?
Chnft. Nous voyons donc que les venus dôc
parle fainft Paul , ne font pas feulement pour
les Minilties de la parole de Dieu , r.iais que
elles font communes à tout le troupeau & à .
tout le peuple. Autant en eft-ilderauancc.
car nous voyons qu'en penfant trop de ce mô
de, nous oublions les biens fpirituels, & l'hé-
ritage auquel Dieu nous conuie. Puis qu'ainfi
eft donc , que fera-ce quand l'auarice regnc-
la, ^iiouc en feiom teJlcraét empefchez.que
nous ferons tellement enueloppex aux folici
tudes des biens de ce mode, qu'il ne nous foa
uiendra plus de la vie cclefte? Et encores que
nous en ayons les aureilles battues , & que
iournellcment ce vice nous foit reproché , fi
eft-ccque nous nelaiffeiés pas d'eftre touf-
iours préoccupez de ces folicitudes terrien-
nes,&; ferons tellement attachez à ce monde,
que nous ne pourrons eleuer nos efprits en
haut pour con(épler la vi« cdefte: tellement
que ce qui eft dit fe trouuera toufiours véri-
table en nous , que là où eft noftre threfor, là
fera noftre cœur. Et ceux qui font adonnei
aux biens de ce monde, ils y mettent tellcmét
leurs peufces & leurs alfcftions , qu'il eft im-
pof.ible qu'ils afpirent à ceft héritage où
Dieu nous conuie. Et ainfi nous voyons que
l'auarice eft vne pefte mortelle qui aueugle
les hommes , & les defpouille de ce que Dieu
leur promet. Se mefmes ce n'cft pas fans cau-
fe que S. Paul l'appelle racine de tous maux: '• ''""•
car elle emporte de faift les fraudes & mef- ^-lo*
chantes praitiques, les trahifons, Icsdelloy-
ïiitez & cruautez.Brief.il n'y a nul mal qui ne
procède d'auaricc. Car fi vn homme tafchc
d'en auoir , il oubliera toute droiture , corn-
mefi tout luy cftoit licite; il prendra licence
derauir, de piller, d'arracher tout ce qui luy
fera polsible. Puis après, il fc moquera de
Dieu pleinement , Se n'en aura nulle crain-
te , qu'il ne fera queftion que d'vfer d'ou-
trages & de violences: comme nous voyons
que l'aiiaiice amener.! les hommes iufques là,
de s'entretuer , de s'empoifonner , Se de fai-
re toutes mcfchancetez. Brief , c'cft vne ra-
ge qui poffcdc les hommes , tellement que
ils font comme endiablez quand ils font ain-
ii adonnez à l'auarice . Voila donc vnecho-
fc que doiucnt bien fuir les Miniftres de la
parole de Dieu : & aufsi chacun des fidèles
s'en doit garder en fon endroit. Et puis il eft
dit que les enfans de Dieu doiuent eftre non
feulement paifibics, mais frncur.ms î* p.iix.
C'eft vne marque par laquelle noftre Sei-
gneur Icfus Chnft vtut qu'ils foyét cognus.
Bicn-hcureux font ceux qui procurét la pair,
car ils feront appelez enfans de Dieu. Or "'■•î-î-
maintenant fi nous fonimes vindicatifs Si noi
feux, aimas le? querelles, n'eft-ce point pour
monftrer que la paix de Dieu ne rtgne point
en nous,&: que nous ne tenons rien de luy? Et
nous fjauons que tout parentage & conion-
ftion procède de Dicu,& en fommes admone
ftez afin que nous «y ons fraternité enfemble.
Si cefte v mon facree, pour t ftre comme mem
bres d'vn corps. Ceux donc qui font ainfî noi
feux 5: pk ins de quercle, côineiu fera-il pof-
fible qu'ils ft nomment eufan.s de Dieu? Fina
lement aduifons d'eftre aulW humains cnuers
ks eftrangers , qnand nous les verrons defti-
tuez d'aide Si de fecours. Car c'eft vnebarba
rie trop vileine quand on n'aura nulle pitié
& côpafsiosdeceux qui font defnucz : S^cc-
Z. ii>
Î48
SERMON V.
bi fft-é pirtrop noté,*efme entre lei Payés,
ou'iJt ontdtffamé ceux qui n'auoyét point ce-
tte raWbn &doâ:rineen eux.de recueillir ceux
qui efloyentainfi dcflogez. Doncpar plus for
te ration, quand nous voyons l'Eglife de Dieu
«lire tourmentée parles tyrans & ennemis de
vérité, que les poures fidèles font deflogez, fi
nous ne les recueillons humainement, nVft-ce
pa» figue q nous renôçons à Dieu? Voila Dieu
oui veut que nous foyons eftrangers en ce mô
«c,&nous fommes aul'si fes enfans à telle con
dition(commerAportrcen parle en TEpirtre
„ « aux Hebrieux.) Dieucftauciel,& cepédant il
* defcend ici à nous,& nous veut gouuerner: ne
nous raonftre-il pas donc par fon exéple com
me nous dcuons auoir pitié de ceux qui le reti
lent à nous,& qui demandent refuge, quand ils
font comme poiires moutons efcartez par les
loups rauiflàns? Et ainfî ce n'a point efté feu-
lement aux miniftres de la parole de Dieu que
faind Paul a parlé, mais en leurs perfonnes il a
donné côraevn miroir auquel il nous faut tous
cftre côformes, comme en ce qui s'enfuit, que
nous foyons addonncz à bien faire & à bonté.
Car fi nous auons cefte rigueur en nous, de ne
nous foucier point defecourirà ceux qui ont
faute & indigence, que nous ne foyons point
cfmeus de compaAion , voyans que nos pro-
chains endurent, il eft certain que nous ne te-
nons rien de Dieu . Et qu'ainfi foit, voila en
quoy Dieu veut que nous foyons configurez à
fon image, c'eft en bien faifant: comme noftre
Hat.s. Seiggeur lefus aufsi nous môflre que tel eft !e
4Î> Père celefte, qui fait luire fon foleil, non feule
met fur les bons, mais fur ceux qui en font in-
dignes.Qiiedeuons-nous donc faire fînondc
regarder ce que Dieu nous a mis entre mains,
tognoilTans que c'eft afin que nous communi-
Buiont enfemblc , & qu'vn chacun férue à Ces
prochains? Carautremétileuft falu que Dieu
curtbafti autant de modes qu'il va d'hommes
Se de femmes, s'il faloit qu'vn chacun fuftad-
donné à foy.s'il faloit(di-ie)que nous fufsiôs
chacun reclus envnanglet. Mais d'autant que
Dieu nous a aflociez enfemble,& qu'il ya vne
vie cômune.il faut qu'vn chacun conclue qu'il
n'eft point nay pour foy ,& qu'il ne vit point
en ce monde pour fon profit, mais pour comu
niquer & pour feniir à fcs prochains. Et mal-
heur fur nous fi nous n'auons cefte confidera-
tion-Ia.Aduifons Jonc que nous ayons bonté,
e'eftà dire tant qu'il nous fera pofsible,&que
le moyen Se la faculté nous fera donnée, que
BOUS aduifions(di-ie)de bien faire h tous,& de
fccourir ceux qui ont faute de noftre aid e , 5:
les foiilager,& communiquer auec eux en tel-
le forte, que ce que nous auons ne foit point
feulement à nous, mais que l'vtilité en rfuie-
ne à chacun , félon que noftre faculté le por-
tera. Il eft vray qu'ici on ne peut pas impofcr
loy certaine : comme aufsi fainft Paul fecon
tente de nous exhorter que nous 'y aillions
d'vnc afFcftion franche & liberalc:mais fi cft-
ce que nous mooAroBf bien que bous ne fom
mes nullement enfans de Dieu.fi nous n'auon»
cefte amour & bonté en nous pour bien faire
à ceux qui en ont faute. Et mefmei quad norf»
défaillons en ccft endroit, nousdeprauonsce
qui nous deuroit eftre cognu mefmes déna-
ture, encores que nous n'eufsions ne foy , ne
religion, ne cognoiflance de la Loy ni de l'E-
uangile.Il y a puis après la fobrieté & attrem-
pance,qui eft pour nous monftrer que fi nous
fommes Chreftiens, ce n'eft pas aflez de nous
abftenird'iniures,d'extorfions,de violences,
de cruautez , d'vfurcs, de pillages, & de rapi-
nes: mais qu'il faut aufsi que nous ayons vne
telle moftedie.que nous ne foyons point mon
dains.ni adonnez À toute vanité, comme font
ceux qui ne demandent que de fe monftret
par grandes parades,&d'eftrepri fez , d'eftre
braues,& regardez de loin. Ceux qui auront
tous cei menus fatras en la tefte , monftrent
bien que le monde domine encore en eux par
trop, & qu'ils font gens diffolusqui ne deman
dent qu'à gourmander & à remplir leur ven-
tre,tant s'en faut qu'ils ayent profité en l'el-
chole de Dieu , qu'ils ne font pas dignes d'e-
ftre recognus du nombre d&s homes. Car s'il
y auoit quelque honntftcté.ils rctiendroyent
cela. Car font-ils ainfi intcmperans au boire
& au manger ? ils font aufil diflolus en toute
leur vie. Et puis les yurongnes fonttellemét
tranfportezde leur fens, qu'ils fe tuent d'eux-
mefines, comme s'ils fe vouloyent coupper la
gorge:quand ils vienent à table, ils s'y mettét
comme chiens,& s'en leucnt côme pourceaux.
Car ils font intemperans en leur boire & en
leur manger,en forte qu'ils fe rendétdutout
inutiles. Quand donc il n'y a nulle raifon auit
homes au boire & au manger, diront-ils qu'ils
ay et appris d'eftre nourris de la main deDieu?
Caries Payens doyuent auoir plus d'honne-
ftctéen eux (côme défia nous auons déclaré)
que nature les conduit à cela. Or nous auont
vne inftruftion plus parfaite , & qui doit bien
réprimer nos appetis beaucoup mieux: c'eft â
nous demadons à Dieu noftre pain ordinaire,
que nous deuons toufiours penfer qu'au boire
& au manger nous rcccuons tout de fa main.
Et fi nous en abufons en gouimandife &: y-
urongnerie,n'eft-ce point comme effacer fon
image en nous?Et puis ne môftrons-nous pa»
que nous fommes tellement attachez aux cho
{es caduques de ce monde, que nous en oubliés
le ciel? Voila donc ce que nous auons à rete-
nir de ce pafïàge. Et puis finalement, quand
faind P4ul met que les Euefques foyentiiiftes
& fiinfts , cognoilTons qu'en gênerai il faut q
nous ayons ceftcdroiture & equité,de rendre
à chacun ce qui hiy appartient : ce qui ne fe
peut faire qu'en fe gardant de toutes haiides
& malices. Que donc nous ne foyons point
fins pour noftre profit, mais que nous aduiflôs
ce qui eft deu à chacun, afin de nûu<; acquitter
de noftre dcuoir.Or aiions-uouy ainfi (;ôucrfé
entre
s V R L* Ë P r s T. A T I T E. ^^
tntreleïî>5mêj fans aucun maléfice nenuifan infeparable.Orpui? quel'Enângile te«dicc-
ce?Aduifons aufsi de noui gotiuerner tcllemét fte fin, il s'enfuit au/si que nous fommes coi»-
deuant Pieu.quc nous raonftrionsqu'il y a 7- fermez en ceftemefinc doftrihe par la fnaâe
■e vraye fainâeté en nous:c5mede faift il n'y Cène, qui nous eft mife au deuant pour la jccc
a rien plijscômun en toute rEfcriturefainfte, uoir. Venoas-nousdonc icefte fainfte table.»
fiion que Dieu pour nous feparer de toutes Coguoiflons que noftre Seigneur lefus CJirirt
les pollutions de ce monde.môftrc que la fain fe prefente ici à nous.afin que nous foyôs con
ûeté emporte cela, q nous foyons coiue nour fermez en l'vnion que nous auôs défia receue
ris en fa maifon,que nous foyons côme fes do par la foy de l'Euangile, 8c que nous fommct
mcfhques, tellement q fon fainft Efprit règne
en nous. Voila donc en fomme ce que nous a-
uons à obferuer.Et pourtant regardés de plus
près à nous que nous n'auôs point fait. Q^ac
"'à ce que S. Paul requiert delà doârine, nous
en traitterons après difner,au plaiiir de Dieu.
tellement entez en fon corps, qu'il habite eo
nous.&nous enluy.Il faut d5c que nous met-
tions peine de profiter en cefte vnion fîmàe
de plus en plus , Se que nous adhérions mieux
que nous n'auons point fait au Filsdé'Dieo.
Et Toila pourquoy l'vfage de la fainûe Ccne
'Mais pour le prefent qu'il nouî fuffife de re- nous eft tant requis : voila pourquoy aufii *l
.•„;_«„':^; r,;„A d»,.i n«,,r t„«mI,, k^iiior „_ nous eft réitéré, d'autant que nous fommes ter
reftres & charnels cepéJant que nous conue*^-
fons en ce monde, il faut que ce qui nous a e—
fté môftré pour vn coup, nous foit réduit fos
uent en mémoire, afin que nous en receuions
le fruia qui nous y eft propofé. Et pour ce fai
re, que nous aduifios bien de ne point propha
ner la grâce qu'il nous fait,quandil nous rend
tefmoignage par vn tel figne que nous coramu
iiic]uons vrayement à fon Fils noftre Seigneur
lefus Chrift, que nous le pries qu'il nous gou
uerne tellemét par fon fainft Efprit, que nous
ne venions point à polluer cefte fainSc table,
mais qu'ayans cognu'que nous fommes po-
urcs & miferables créatures, nous veniôs à no-
iftre Seigneur lefus Chrift,afin qu'il nous pur-
ge de toutes nos macules, comme il eft la fon
taine de toute pureté, qu'il nous nettoyé tel-
tenir qu'ici fainft Paul nous a voulu bailler v
ne règle qui côcerne tous fidèles, afin que per
fonne nes'encuide excpter. Or il refte main-
tenant de fçauoir comme nous pourrons par-
uenir à ces vertus, & come nous pourrons don
ter & abolir en nous les vices qui font ici con
danez.Helas,ce ne fera point de noftre franc-
arbitre, ne de noftre habilité , mais il faut que
Dieu y befongne.Etcôment?Qiie nous foyôs
des membres de noftre Seigneur lefus Chrift.
Tl eft dit que nous deuons eftre iuftes, fainft?,
febres,attrempez.Et commet cela? QMnd le
fainft Efprit dominera en nous, alors nous au-
rons des vertus.Ueftdit que nousdeuons fuir
yurongnerie,intemperance;noife,debats, fier
té. Et comment î Ayans l'efprit de manfiietu-
de, l'efprit d'humilité , l'efprit de crainte de
Dieu, l'efprit de prudence &dedifcretion.Or
tout ceiaa efté donné à noftre Seigneur lefus
Chrift, afin qu'il le communique à fet fidèles.
D'autant donc que de nature nous fommes in-
temperans, que nous fommes pleins de vanité
& de menfonge , pleins d'ambition Se d'or-
gueil .addonnez à iniuftice, à fraudes, à rapi-
nes: d'autant que nous lafchons la bride à nos
appetisdefordônez, venons noui ranger fous
le chef qui a efté eftabli,cognoi(ror.s qu'il n'y
a autre moyen d'eftre preferuez en l'obeiflàn-
ce de Dieu,& de viiire fclon fa volonté, fiiion
que nous foyons vnis au corps de noftre Sei-
gneur Icfu'; Chrift.Car alors fon ûindl Elprit
eft efpandu fur nous, qui eft pour nous confer
mer tant mieux, d'autant que c'eftia fourcede
toute fainfteté,de toute iuftice,&de toute per
feftion en foinme. Voila donc le moyen que
nous auons à tenir , Se par lequel il nous faut
paruenir àce que faintî Paul nou's côinandeen
ce paflage . Et c'eft la caufe pourquoy il nous
eft monftré iournellcmét que nous fommes ap
pelez à la communion de noftre Seigneur le-
fus Chrift. Car quand fainft Paul veut définir
en brief la fin de r£uangile,& l'on vray vfage,
il dit que nous fommes appeliez pour cômuni
quer à noftre Seigneur lefus , pour eftre vnis
tellement auec luy, que nous y foyons incor-
porez,& qu'il habite quant & quât en nous, &•
que nous foyons conigints enfemble d'vn lien
lement que nous defpouillions tous nos vices,
afin qu'ils ne régnent point en nous, combien
qu'ils y habitent : mais que foii fainft Efprit
domine tellement fur nous, qu'on apperçoyue
que vrayement nous fommes vnis à luy , que
nous fommes retirez de ce monde pour cer-
cher les chofes fpirituelles:&: que nous batail-
lions tellement contre les vanitez de noftre
chair,& toutes nos atfcftions corrompues, que
nous nedemandions finon de nous conformer
de plus en plus à fon image, pour eftre vraye-
ment recognus &aduouez pour fes cnfans, &
que le Père celefte nous veut tenir & aduouer
pour fes héritiers.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoifTance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir que nous n'auons point fait, afin de nous
y defplaire,& en nous y defplaifantde recou-
rir à luy, Se nous prefenter en facrifice , afin
que nous ayant mortifiez , il luy plaife nous
renouuclleren forte que fon nom foit touf-
iours glorifié par nous. Et que cependant il fe
monftre toufiours Père enuers nous , en nous
fupportant en nos imperfertions , iufques à'ce
qu'il nous en ait defpoiiillez du tout. Ainfî
nous dirons tous,Dieu tout-puiflànt,Pere ce-
lefte,*c.
Zz.iii.
jj^o s E R M O N V I.
SIXIEME SERMON SVR LF
PREMIERCHAPITRE.
"7 Car il faut que rEuefqueJoitJàns crime y comme difpenfateur
deDicu.non point fier,ne cholcre,7ji addonné au \in,neb3tcur, necort'
uoiteuxdegaindeshoneîle:
8 Mais fanant recueil 'volontiers aux eîlrangers, amateur de hon
té,prudentju^e,fainci,attrempé,
5 Emhrajfant la Parole fidèle, qui e fi félon doBrinc- afin qùilfoit
puiffant d' admoneSler par faine doSlrine , ^ reprendre ceux qui con-
tredifent.
PRES que faina Paul a
déclaré quelle doit élire la
vie de ceux qui anoncent la
parole de Dieu : afin qu'ils
puifTent tant mi(.ux édifier,
quand enverra que c'eftà
bon efcient qu'ils parlent.
&envraye crainte de Dieu, iladioufte ce qui
tft le principal : c'eftafçauoir qu'ils periîftcnt
«enflamment en bonne doftnne & pure . Or
ceci prefuppofe que delîa ils y foyent enfei-
gneï . Et telle conllance ne peut elhe qu'il ne
y ait bon fondement en premier lieu . Voila
, cnquoy nousdifcernons les opiniaftres d'a-
«ec ceux qui font conftans. Quand vn homme
cftant eltourdi prédra quelque folle phantafie
fans inftiudion,làdelTus il fera tellement ob-
ftiné, qu'il ne receura rien qu'on luy dife . Or
cela ne doit point eftre réputé à vertu, quand
vu homme ne change point propos, qu'on ne
luy puifle point oder vne folle opinion de fa
tcflc: mais la conltâce doit toufiours cftre fon
dce en raifon,& en vérité. Sainû Pauldoncdi
fantqueles Palleurs doyuent tenir la doctri-
ne comme s'ils l'aucyent embrafTee pour ja-
mais ne lalaifler eichapper,il entend qu'ils
foyent deueraent informez quec'eft la venté
de Dieu qu'ils fuyuent , & qu'ils ayent ccfte
coiiclufiun bien prinfe en eux, & vne telle ccr
tiîude, qu'ils puiUent rendre tefmoignage que
ils fçauent bien de qui ils la tiencnt.afin qu'on
ne les puifîè esbranler ne çà nelà.Ainfien
fommc, fainû Paul déclare encepaflàgcque
nul n'cft propre pour gouuerner l'Eglife de
Dieu, finon qu'il fol t fuffifant pour en feigne r.
Mais il adioultcla fermeté que nous auons di
te,qu'vn homme ne fou point vatia!»le:& cora
bien que les vents & tourbillonb felcuentde
tous coftcz , qu'il pcrfifte eu ce qu'il cognoift
cftie de Dieu . Or cependant fairtt Paul veut
nue la doftnue s'applique à l'inftruftion du
BeHple,!ldlt,Pjri)/f (dtle,qu! eji f,rl/ti daCIrhie,
c'clt à due , qui fou propre pour édifier. Car
Dieu ne veut point paiûre nos aurcilles quand
il cômande que fa Parole nous foit prefchee,"
comme il y en a beaucoup qui n'apportét que
vne folle curiolîté quand ils vienent au fer-
mon . Or Dieu regarde vn autre fin , c'eft que
nous foyons édifiez à profit, comme on du . Il
y a donc ce poinû-la.D'autrepart iaind Paul
adioufte que ce n'eft point alFez que les Pa-
lleursconduifent ceux qui fe rendent dociles
& fuiets de leur bon gré , mais qu'ils doyuent
eflre armez pour refiiter à tous contredilàns:
que s'il y en a qui s'eleuét contre la parole de
Dieu , que ctluy qui eft ordonné Pafteur foit
puiflànt(dit-il)pour les redarguer. Nous voy
ons donc maintenant ce qui eft ici contenu. Et
ce n'eft point fans caufe que S. Paul requière
telle doftrine en ceux que Dieu conllitue en
fa maifon.Car fi vn homme ordonne vn proeu
reur en là famille, il luy baillera quant Se. quac
(a charge. Or quelle eft la charge qui nous elt
cômife de Dieu, finon de diihibuei à fon peu-
ple la pafturcdc vie, c'eft à dire fa Parole ? Si
donc nous n'auô» cela, ii'cft-ce point vn titre
volage d'eftre nommez Paftcurs? Si qiiclqu'vn
feditoit berger d'vn troupeau de moutons, ou
de bœufs ,& qu'il laiflàft les poure». btftesmou
rir de faim, ne meriteroit-il point d'eftre lapi
dé.' Or nous fommes bergers, non point de be
ftes' brutes, mais des enfans de Dieu : & puis il
eftqueftionde nourrir , non pas les corps de
viande corruptible , mais les âmes du pain ce-
Icftiel . Q_uand donc nous n'aurions de qiioy
pour fournir à noftre office , n'eft-ce pas fe
mocquer de Dieu par trop, en vfurpant ce ti-
tre tant honorable, & que la chofe ne refpon-
de point? Ainfi donc notons que ce font cho-
fes infeparables d'eftre Paftcurs , Suiueillaoj,
ou Miniftres, Preftrej & gouuerneurs d'Egli-
fc^d'auoir doctrine pour édifier le pcuplede
Dieu. Et en cela voit-on quelle Egliic il y a
en la Papauté. Us fe glorifieront à pleine bou-
che de leur principauté facree:& c'eft leur ar-
gument principal qu'ils pienf nt pour rcietter
mefmes toute la parole de Dieu , afin qu'elle
n'ait poiatd'authoricé. Quandnous allcguôs
l'Efcti
SVR L'EPIS
rEfcrîture fâinôe , & que le Pape & tout fon
puant clergé fe trouuent conuaincus.ils n'ont
autre refuge lïnon de dire , Et comment? Ne
fommcs-nous pas TEglife? Or il eft queftion
de raonftrer fi ainfi eft ou non. Ils difent qu'ils
reprefentent l'Eglife, d'autant qu'ils en lont
Prélats. Voire, mais à qui c/t-ce qu'il appar-
tiendra de déterminer s'ils font Prélats ou
non? Il faut que Dieu en parle, & qu'il en pro-
nonce. Car il eflrluy feul lugecompetent.Or
il monftre en ce palfage qu'il n'aduoue pour
Prélats ni Euefqucs,finon ceux qui font fuffi-
fans & propres pour enfeignerÀ qui exercét
vn tel office. Nous voyons donc qu'il y a vne
fynagogue diabolique que Satan a forgée en
toute la Papauté , veu q ce font des Euefques
qui nefjauent c&ue peuuent rien finond'cllre
la chiens muets:moyennant qu'ils s'acquittét
bien de leursagios , & de tous leurs menus fa
tras, qu'ils facent bonne mine,& qu'ils foyent
comme des idoles, ce leur e(t aflez.Car la di-
gnité epifcopale n'cft point pour prefcherla
parole de Dieu:& encores que cela fe face, ce
fera auee grand' pompe & cérémonie , qu'on
dira quec'eftvnextraordinaire:il fcinble que
vnhômefoit tombé des nues quand il porte-
ra la mitre cornue fur la telle , & que cepen-
dant il ouuriia la bouche pour parler de Dieu.
Voila dôc pour môftrcr qu'on ne fedoit poît
ellonner de toute la van tenedôt les Papilles
vfent,& qu'ils prétendent pour monflrer que
ils ont l'Êghfede leur coîié : car il faloit en
premier lieu q leurs Prélats & Euefques (que
ils appellét) tuflcnt miniftres de la parole de
Dieu. Voila pour vn itc. Or notâment S.Paul
dit,ParoUfiiieU. Car fi nous n'auons difcretio
entre ce qui eft de Dieu,& ce qui aura eflc for
gé des hommes, il n'y aura qu'opiniaftreté en
nous. Il faut donc que nous cognoif^ions que
la doûrine pour laquelle nous combatons eft
de Dieu,car autrement il n'y aura nulle certi-
tude.Nous Içauons que les homes de leur na-
ture font adônez à vanité & menfonge:il faut
donc que nous foyons fondez en Dieu , pour
eftre certains de noftrefoy. Et ainfi retenons
que la religion feroit nulle &friuole,finô que
la doftrine qui eft prefchee entre nous face
fruit1:c'eft à dire,quç nous n'ayons nulle dou
te qu'elle ne foit deDieu,afin d'y eftre du tout
afleurez.Et en ceci voit-ondercchef qu'en la
Papauté il n'y a que confufion horrible. Car iî
on demande là d'eftre cnfeignc par la parole
de Dieu, il n'en eft point de qiieftion: car il fe
faut contenter de ce qu'il aura pieu aux hom-
mes de forgeraleurappetif.il n'y a nulle di-
fcretion:mefnies ih voudroyent que les hom-
mes s'abbrutiflent du tout:car on ne peut croi
teàleur guife, fiijon qu'on foitdefpouillé de
tout fens & raifon. Il eÛ vtay que l'entrée de
la foy eft de rendre obeilïàiice à Dieu, q nous
foyons comme fols.c'eft à dire vuides de no-
ftre fens propie : mais cependant fi eft-ce
qu'il nous faut auoir ccftc prudence d'efeou-
T. A T I T E. îfi
ter Dieu, & que nous fçicKioBt qee c'eft luy
qui parle,tellcmcnt que nous ayons ceci pour
tout refolu , que ladoûrine que nous tenont
eft fidèle. Mais notons bien encores que fainft
Paul veutquon efprouue toute doéirine pour
en ratifier l'authorité.afin qu'elle profite.Car
ce n'eft point allez qu'vn homme puifle allé-
guer qu'il n'a mis nul erreur en auant , qu'oa
ne le peut redarguer de fauffeté : c'eft bie«
défia quelque chofe , mais ce n'eft pas le tout.
Car fi ie vouloye difputerde raines fpecula-
lions,& qu'on ne rapportaft de ce que l'auray
dit finon ie ne fçay quoy qui ne feruift de rien
pour édifier en la crainte tîe Dieu,& en la fîaa
ce de h bonté, qui fuft pour nous certifier de
noftre falut, qui fuft pour nous inciter à priè-
res & oraifons,& pour nous exercer à patiea»
ce.que tout cela n'y fuft point,mais feulement
que i'eufle mis en auant quelque fubtilité qui
fuft plaifante.afçauoir s'il fuffiroit q ie n'euf-
fe amené nulle faufleté en auant. Nenni : car
cela eft prophaner la parole de Dieu , quand
onprefchera fans fçauoir à quelle£n,ni a quel
vûge. Notâment donc faind Paul.apres auoir
mis qu'il faut que la parole de Dieu foit fidè-
le 8c droite,il adioufte qu'elle doit aufsi feruir
au falut des ames,que ceux qui efcoutent.n'ay
cnt point perdu leur temps ,& que celuyqui
parle.nc bâte point l'air d'vne voix inutile 8c
fans fruiû , mais qu'on apperçoyue que c'eft
pour le bien & pour le falut de tous que la pa
rolede Dieu fe prefche. Et voila pourquoy
aufsi au douzième chapi«e des Romains il dit,
Celuy qui enfeigne, qu'il le face auec do dri«
ne. Là fainft Paul monftre qu'il nous faut em-
ployer quand nous fommes appelez en char-
ge publique, tellement que le tout fe rapporte
à l'édification de l'Eglife , Se à tout le corps:
que ceux qui doyuent enfeigner,ne cherchent
point leur gloire pour fe faire valoir, & pour
fe môftrer: mal-heur fur eux quand ils l"eront
menez d'vnc telle ambition:mais qu'ils fe con
tentent d'auoir proiîté & ienii à l'Eglife de
Dieu. Pour cefte caufe (dit faind Paul) celuy-
qui enfeigne,qu'il lefaceauec enleignement,
à ce que le dodeur s'applique à dodrine.Nous
voyons donc maintenant que c'eft d'auoir
parole fidele,& de l'auoir félon doftrineic'cft:
que la vérité foit purement anoncee fans y
méfier nulle inuention humaine , que les fide^
les foyent affeurez de leur foy ,& qu'ils en
ayent vne refolution telle, qu'ils fçachent de
qui ils la tienent.Et au rcfte, qu'ils ne l'oyenc
poiut repeus de vaines curiofitez , mais que
nous ayons vne pafture ferme qui foit pour
apporter bône fubftance à nos amcs.Car quSd
on nous prefcberadesi'iibtilitez qui nous plai
ront,& que nous n'en rcceurous aucun fruift,
c'eft autant comme fi on nous auoit foufflé
force vent , le ventre nous en creuera , nous
aurons les boyaux aflez pleins & farcis : maisi
quoy ? où eft la nourriture? Or noftre Sei-
gneur veut que fa parole nous foit viande,
Z7.iiii.
îî^
SERMON VI.
comme il en eft parlé lu fixieme chapitre de
fainû lehan.Il faut donc que nous en rcceuiôs
inftruftion,ou autrement iTn'y aura qu'ordu-
»e,il n'y aura que vanité en tout ce qu'ô nous
apportera. Combien qu''on ne puilTe dire, Voi
la vn erreur, voila vne herefîe , ce n'eft point
afTezrmais il faut que quant Se quant nous di-
fions.Nous auons profité, Dieu nous a fait ce-
ûe grâce, d'autant que nous auons ouy fa pa«
rôle. Et pourquoy? Car nous voyons qu'elle
nous eft anonceeafin que nous puifsions con
ceuoir vne telle certitude que nous ne vaguiôs
point comme les poures ignorans,& que nous
l'çachions comme nous auons appréhendé fa
grâce & mi fericorde, voire pour eftre du tout
appuyez fur icelle : que nous venions à lefus
Clirift pour eftre afleurez de noftre falut.fça-
chans quel eft fon office, ât les biens ineftima-
bles qu'il nousaapporter:que nous fçachions
•que c'eftd'inuoquer Dieu fans aucune doute,
&d'auoir noftre recours à luy : que nous fça-
chions que c'eftde patience en affliftion &
en aduerfite2,que c'eft de nous refîonir au mi-
lieu des mifercs de la vie prefente : que nous
fçachions que c'eft de la vie celefte,& comme
il nous faut pafler parce monde. Voila donc
les deux chofes qui font requifes notamment.
Or fainft Paul adioufte la confiance, Q^e le
Pafteur (dit-il) embraffe tellement la doftri-
ne pure, 8c qu'il la tiene fi bien ferrée , que ia-
raais on ne luy puifle elcourre d'être les bras
€e qu'il aura vne fois receu de Dieir.Voila en-
cores vne vertu bien neceflàire.Car fi les fidè-
le», iufques aux plus rudes & idiots , doyuent
eftre ferm es en la foy, & ne point eftre cème
rofeaux branlans à tous vents, que fera-ce de
ceux qui doyuent monftrer l'exemple à tout
le refte? Sainft Paul au 4. chapitre des Ephe-
£ens,dit que fi nous fommes enfeignez en l'E
uangile,nous ne ferons point comme petis en
fans , tellement qu'on nous face accroire que
Yefsies font nuees:mais que nous receuions la
vérité de Dieu pour eftre refolus en nous,
pour demeurer là fermes, qu'on ne nons roei-
ne point à la pipee (comme il vfe de ce mot-
îi) mais que nous pnifsions refifter à toutes
tentations &aftuces de Satan , Se de tous fes
fiippofts. Là il n'tft point queftion feulement
des Pafteurs , mais de tous fidèles en gênerai,
depuis le plus grand iufques aux plus petis. Et
^Ue fera-ce donc de ceux qui doyuent eftre
comme les piliers pour fouftenir tout le refte
:i.lth.f..A ^^ peuple'Sainû lehan dit que la foy doit e-
ftre noftre viftoire pardefHjs le monde : & il
parle des plus i^norans. Car ileftditde tous
J/<.î-4.i3 Chreftiens par le Prophète Ifaie.qu'ils feront
tous enfeignez de Dieu.Et ceft enfeigncment
k n'cmporre-îl pas que nous lyôs la foy tou-
te concUic&arreftee , &qiicnous n'en pnif-
fîorrs point eftre diuerris ni esbranlez?Or fi la
foyd'vne perfonne priuee doit eftre vifto-
licufepir delTus tout le monde, non (eulemét
pardclTis vnalîàut.oii roc douzaine, mais ^ue
le diable machinera tout ce qui luy eft pofsi'"
ble pour renuerfer noftre foy, & que néant--
moins elle demeure inuincible, qu'elle ait vnc
conftance ferme, & non variable, que fera-ce
de ceux qui doyuent côdiiire les autres, & qui
font corne fuppofts de laChreftientéîEt ainfî
ce n'eft point fans caufe que S.Paurne fe coa
tente pas que nous foyons bien fondez en la
vérité de Dieu , & que nous l'appliquions à
l'vfage & profit de tout le peuple,mais il veut ^
que nous demeurions là fans fléchir: & com-
bien que les vents, les tourbillons, les tempe-
ftes s'efmeuuent , que nous ne chancellion;
point, mais que nous tenions toufiours la do»
ftrine ferme , & qu'on ne nous la puilTe arra-
cher , encore qu'on vfe de violence , & qu'on
nous aflaille de tous coftez,que iamais ce thrc
for-ci ne nous foit oilé que nous ne demeu-
rions toufiours pofleflèursde la doftrine que
il nousa commife. Or combien que ceci loit
tant neceflàire , fi voit-on qu'il eft tres-raal
prattiqué. Car combien en trouuera-on au-
iourd'huY quiayent vne telle conftance pour
retenir ferme & de près la vérité de Dieu
quand elle aura efté cognueîOn a veu l'expé-
rience quand ce ft Intérim diabolique eft venu,
que beaucoup fe font reuoltcz , & ont mieux
aimé nager entredeux eaux, que d'acquérir la
haine du monde.Or c'eftoit par faute d'auoir
médité cefte exhortation de fainû Paul, d'a-
uoir cognu que nul n'eft propre pourenfei--
gnfr,finon qu'il fe foit refolude tenir bon
fansflechir.Et pleuftà Dieu que les exéples
en fuflènt bien loin. Mais quoy? Il fe trouue-
ra beaucoup de prefcheurs qui feroyent anfsi
preits de mettre enauant l'Alchorande Ma-
hommet.ou vnbreuiairedu Pape, que l'Euan-
gile:moyennant qu'ils facent leur profit,& fe
maintienent, moyennât qu'ils ayent toufiours
Icurfouppe, & leur efcuelle toute prefte , ce
leur eft tout vn. Ils diront affez qu'ils tienent
la refonnationderEuâgilc,maisils fontche
uaux de loage , & ne font pas dignes encorej
d'eftre accomparez aux beftes b rutes, mais ce
font des macquereaux qui fe transfigurent
en toutes fortes , Se ne leur chaut de tout ce
qu'on leur dit: moyennant qu'ils retienent la
^racedes hommes, ce leur eft allez. Or mal-
ïieur fur telles gens,& double mal -heur, car il
faudra qu'ils fentent qu'en defpit de leur»
dents ils nepeuuent fuir le fiege iudicial de
celuy qui a défia prononcé cefte horrible fen
tence de cond<Tmnation fur leurs teftes.Ainff,
quoy qu'il en foit, de noftre cofté aduifons
bien , puis qne noftre Seigneur nous a commis
pour maintenir (i venté, & I.1 défendre cotre
tons aflaurs.cncores qnt te mode dcbate con-
tre nous ,que nous nelaifsions point d« paf-
fer outre-comme nous voyons que le P'''^P''^i^,,i,iv
te lercmie eft enuoyé à cefte condition-la, Ils
coinbatront contre toy mais ils ne gagneront
rien. Et pourquoy?Q2ie tuaycs vn front d'ar-
r ain poui hurter contre tous ceux qui te vou
droyent
s VR L'E PIS T. A TITE. çî3
dToyent refîfter. Il eft vray q cela eft notam- Car il y en a bien peu aursi quj adniCeat de
ment du à leremie.mais en là pei fonne Dieu s'armer : quafi tous le font à croire que c'eft
nousa voulu bailler vncreigledece que nous afllz d'auoir gouliccommeenpaflant la paio
auons i faire. Or Venons maintcnarît à ce {[(îe le de Dieu. Or le diable les trouue tous vuides
fainft Paul adioufte, touchant de faire valoir d'autant qu'il n'y a eu que quelque apparence,
la doârme:c'efl pour exhorter ceux qui felaif il n'y a point eu de fermeté. £t tant s'en faut
fent conduire paiiiblement,& pour redarguer qu'ils foyent munis pour relîlter à toutes ten
I fi 10 4.1escontredifans.Nous fçauonsqu'vnbon Pa- tatiôs.qu'encores qu'iln'y euft nuls combats
• * fteur aura vne voix douce & amiable pour ap- à fouftenir.fi eft-ce qu'ils flcchiront.d'autaRt
pcller & aflcmbler fon troupeau. Et fur cela qu'ils n'ont point prins iamais vne racine vi-
il eft dit de lefus Chrift, q les fidèles oyent fa ue,qu'ils n'ont point tiré vnedroitelubftance
voix,& la fçauét bien dtfcerner d'auec la voix de la parole de Dieu pour nourrir leurs âmes.
d'vn eftrangcr,pourlafuyure,&pour fcran- Mais tant y a que toulî ours noftre Seigneur a
ger fous fa houlette. Mais ce n'elt point aflez donné cefte vertu à fa parole, & nous pourra
tju'vnpafteur attire fon troupeau, qu'il le re- reprocher au dernier iourque nousen auons
cueiUe.qu'il le tiene là amaflermais il fautque mal fait noftre profit , quand nous n'en fom-
il ait quant & quant vne voix pour efpouan- mes point enfeignezdeuementcomme il faut,
ter les loups & les larrons, qu'il crie quand il quenous n'en fommes point armez pour te-
voit le troupeau eftre aflailli , que les chiens nir bon à l'encontre de toutes les tromperies,
abbayent, pour chaflcr ceux qui voudroyent les erreurs & corruptions que Satan nous fu-
difsiper le troupeau. Ainfi faut-il pour nous fcitera pour nous diuertirduchemin de falut.
acquitter de noftre charge, que nous fuyuions Or de là nous pouuon: recueillir qu'il ne tien
cefte voix gracieufe de lefus Chrift pour atti dra qu'à nous quand nous ne ferons point
rer les brebis àfoy , & pour les maintenir.il deuemcnt afleurczdeceque nous deuonsfai-
fautaufsi que nous ayons vne voix effrayante re,&que nous corromprons la doftrine de
pour dechafler les loups & les larrons qui ne Dieu. Et en cela voit-on aufii q c'eft vn bla-
demandent 4 la ruine du troupeau. Voila donc fpheme exécrable quand les Papiftes accon{-
le double vfage qui eft en la parole de Dieu, parent l'Efcriture fainfte à vn nez decire,&
Or il eft vray que ceci appartient à tous en ge qu'ô ne peut cueillir là nulle certitude de foy.
neral. Car quand fainô Paul arme les fidèles, Car fi la parole de Dieu n'auclt cefte proprie
l.T()/.5.8 il jjt que la parolede Dieu eft leur^laiue, q té & vertu de nousaflèurer de tout ce quieft
?f"'^-i7 la foy eft leur bouclier , l'efperance eft leur bon pour noftre falut, fainft Paul ne parleroit
heaume. Parlant ainfi il monftieque la paro- pas ainfi. Souffrons donc d'cftre gouuernez
le de Dieu non feulement feruira quand nous par la bouche de noftre Dieu: & alors foyons
aurons bien profité en icelle,de ranger noftre alTeurez cfe ne point faillir, ni errer. Voila va
vieenrobeiflancede Dieu,maisci nous pour- item.Orappreftons-nous mieux que nous n'a
rons rembarrer le diable Se tous (es fuppofts: uôt'f oint fait pour refil^er à tous aflàuttjpuis
s'ils nous veulent desbaucher , & qu'ils nous qu'âinfi eft que la parole de Dieu elf noftre
vueillent aliéner de lamaifonde Dicu.ônous glaiucfpirituel.Quandnous verrons quel'E-
pourrons refifterà l'encontre. S'il dit cela de uangileferaafsiegé de tous cofiez , que nous
tous fidèles, que fera-ce de ceux ^ui doyuent prions Dieu qu'il nous fortifie, & que cepen-
eftre côme les capitaines, & qui doyuent fou- dant chacun de nous fe munifle des armes que
ftenir les premiers coups,& qui doyuent eftre Dieu nous donne, afin que nous ne foyons
mieux armez que tout le refte du peuple ? Ce point furprins à defcouuert,& cognoiflons
n'eft point doc fans caufe que S. Paul met ici qu'il ne tiendra qu'à nous quand nous ferons
ces deux vfigesde la paroledeDieu. Ainfi ap- defpouiUcz de nos armHres: car Dieu nous a
prenons que touffeurs nous pourrôs bien pro donné dequoy.fi nous ne fommes nonchalans
fiter en la Loy 8c en rEuagile,& en toute l'f de noftre cofté. Mais fur tout, ceux qui font
fcriture fainûe, quand nous ferons enfeignez commis en ceil office d'anoiicer la parele de
de la volonté de noftre Dieu, que nous ferons Dieu, qu'ils regardentd'enfeigner & exhorter
affeurezde noftre profit,& exhortez pour no par bonne doftii e. Car faiuft Paul ne fe con
itre bien, mais quenous aurons aufsidequoy tente pasdn mot d'cnfeigner, mais il vfed'v-
poUr batailler:quand noftre foy fera aflaillie, ne véhémence plus grande , fignifiant qu'en-
que Satan viendra machiner noftre ruine,que coresque les hommes foyent dociles, & qu'ils
nous ne foyons point confus , mais que nous fe laifTcnt gouuerner,& qu'ils reçoyuent d'vn
foyonsbonsgendarmes, puis quenous auons efprit humble & modefte le ioug de Dieu, fî
l'enfeigne drelTee,& puis q rtous cognoiflons ne f ifht-il point de leur dire feulement, Voi-
quelcfu, Chiift nous veut auoir cômecham- latj'ii eft bon:mai; il les faut picquer.Car le»
piôs qui côbatent fous fa vérité. Voila ce que meilleurs , & les plus deilots (comme on par-
nous auons à retenir en premier lieu. Mais le) auront encores befoin d'cftre aiguillon-
quoy?Combieu en trouuera-on qui perfiftent nez:il v aura toufîoiîrs de la parcfTe en eux, il
<juand il y aura feulement quelque petitvent y aura de l'infirmité beaucoup. Et ainfi ilne
<îui foutflef Les voila abbacus. JÈtpourquoy.? luffii pas que nous receuions ce qifon nouj
AAa.i.
fî4
SERMON VI.
?a
2,Corîn.
ie.4.
dit , mais il faut que nous foyons picqnei , &
oiic la parole de Dieu ait vne veheméce pour
nouspoulTer comme par force. Voila ce que
nous auons à noter. Et faiuft Paul en ce pauà-
ge ne traitte point de ceux qui font reuefches
& malins, ou hypocrites, & difficiles à gouuer
ner:il parle des vrais aigneaux qui demandét
d'obéir à leur Pafteur , qui (e laiflent manier
en vn mat. Mais encorcs il cognoift qu'il y a
vnc telle infirmité en tous hommes , qu'a-
près qu'ils luront elle enfeigncz, fi les faut-il
eihorter, qu'il faut que celle aide foitadiou-
ftee, c'eftafçauoir qu'on l,es picque, & qu'on
leurmonftrece qui eltde faire. Combien que
ce mot emporte Confoler quelque fois: mais
fainil Paul a voulu dire qu'il ne iuffit pas que
nous entendions ce qui eft bon , mais il faut
q<ie nous y foyons incitez. Orparceja nous
fommes aduertis quand nous venons au fer-
mon.que nous ne deuons point trouuer eftran
ge fi on nous folicitede venir à Dieu. Car il y
e« a d'aucuns qui voudroyent qu'on feiftdes
leçons froides, & quafi toutes mortes , &que
feulement on leuil ce qui ell contenu en l'E-
fcriture fainde.M.w> quoy? Dieu fçait mieux
|ue nous ce qui nous eftexpediét pour noftre
alut.Et ainfi venons ouy r la parole de Dieu,
Bon feulement poureftre inltruits de ce qui
eft bô mais aufsi pour y eftre pouffez, comme
il eneft befoin,& que noftre parefre& noftre
infirmité le requiert. Or cependant aduifons
d'eftre de ce nombre dont parle faindl Paul, fi
nous voulons que la parole de Dieu nous fér-
ue d'inftruâion. Car autrement nous ferme-
rons la porte à Dieu , tellement qu'il ne nous
pourra cftre doâeur,ni faire ion office cnuers
nous quand nous luy ferons rebelles, que npus
ferons fauuages, que nous ne pourrons recc-
•oir fon ioug en toute obei{race.Voila(di-ie)
comme il nous en faut faire pour auoir Dieu
noftre dofteur.Et ainfi, voulons-nous élire ca
pables de bonne do£lrine,&: qui profite? Que
nous foyons de ce rang des agneaux Se brebis
qui efcoutent volontiers leur Pafteur, & que
BOUS ne foyons point trop difficiles à manier,
Scmefmes à fuyure tout doucemét les exhorta
tions qui nous feront faites quand on nous
picquera. Mais notons aufsi qu'il faut rcdar-
guer les cotredifans.Car celuy qui ha la char
ged'enfeignerrEglife , doit auoir cefte pru-
dence, de regarder i tous ceux qui fe laiflent
gouueruer fans contredit ,& que noftre Sei-
gneur Icfuv règne fans aucune rébellion: mais
s'il y a quelque contredit.il faut venir à ce re
mededontvfe S. Paul. Si vn homme qui anon-
ce l'Euangile n'ha ce regard, il eft certain que
il ne profitera gueres. Et ainfi retenons bien
q«e quand leminiftre monte en chaire.ildoit
toufiours en premier lieu tédreà ce but,d'at-
tirer tout le monde en l'obeiflàncede Dieu:
comme aufsi S.Paul en traittc ailleurs : quand
il parle du glaiue fpintucl qui eft pour reiet-
tïfjcout fenc kumjiia , &pour abbatre toute
hiutcffe qui s'eleue «ontre IefusChriô,& q%e
la vengence eft appareillée contre tous con-
tredifans.il dit, Voire quand noftre obeiflan-
ce fera accomplie : car c'eft la principale fia
que nous deuons auoir quand nous prefchons
l'Euaiigile, d'attirer en l'Eglife tous ceux qui
fe laiflent doucement gouuerner. Voila pour
vn ite.-n. Mais cependant n'oublions pas la fé-
conde partie : c'eft que s'il y a des contredi-
fins, ils foyent viuement rembarrez: comme
nous en voyons beaucoup de dincrfes efpc-
ces. Car les vns viendront femer leurs here-
fies pour infefter la pure doftrine de Dieu, ils
viendront femer leurs menl'onges,(S: leurs ref—
ueries. Il faut donc refifter en premier lieu â
ceux-la.Les autres auront vne corruption qui
ne fera pas fi grande, ne tant excefsiue, mais
elle ne laifle point d'eftre mauuaife ponrtat.
Car nous enverrons qui font chatouilleux, Se
des gens qui appccentdes menus fatras, & des
chofes vaines & friuoles, où il n'y a nulle edi
ficition. Or il faut aufii que ceux-là foyent
rembarrez. Il y ades contempteurs de Dieu
qui ne fe couuriront point de faufles doctri-
nes , mais on voit qu'ils ne demandent finoa
que toute police fuft rafce,quc toute religioa
hift ane,uie.U faut donc qu'ici le Pafteur foie
armé. Qujind il y auradesgés diflolus,& qui
feront adonnez du tout ànul.li nous ne vou-
lons foutfrir nulle corruption, &û nous n'ac-
cordons auec eux , ils feront leurs bandes, &
leurs complots diaboliques, pour abbatre tou-
te difcipline , Se tout ordre. Il faut aufsi bien
leuer les cornes contre ceux-là. En fomme,
tousceuxquinc fe laiflent point conduire par
la parole de Dieu, font comprins fous ce mot
de Contredifans.Or maintenant nous voyons
qu'on ne doit point trouuer eftrange quand
les Pafteurs parleront rudement en chaire, &
qu'il femblera qu'ils vfcntde grande rigueur
& feuerité. Car cognoiflbns quel eft noftre
eftat auiourd'huy . .Sommes-nous beaucoup
meilleurs & pins parfaits qu'on n'eftoit du
temps de faind PaulfMais on fçait que le mo-
de eft venu iufques au comble de toute iniqui
te, que c'en eft vn déluge. Puis qu'ainfi cft| .
comment fera-il pofsible que nous fermons i
l'Eglife de Dieu fans faire la guerre aux con-
tredifans , veu qu'il y ena vn nombre infini,
veu qu'ils s'eleuent auec vne audace & furie
plus énorme que iamaisils n'ont fait, & que
le diable ioue maintenant à la defefperee,com •
me on dit? Qjund nous fommes yepus îuP-.
ques là.il faut bien q les miniftresde la parole,
de Dieu s'appliquent ici ,& s'y employent vi-
uement.Et encorps s'en faut-il beaucoup que.
ils ne facent leur deuoir , combien que beau-
coup de mignarscSc:. de délicats y erouuentde
l'exces.HelasIquand ce viendra a rendre con^
te déliant Dieu, il ne faudra finon pafler con-
damnation que nous n'auons point fait la
moitié de noftre deuoir, non pas la dixième^
pa.rtie.,Mais tant y a ijn'iJ mous ùiit toufiours
afj>irer
SVRL'EPIST. A TITE.
5ÎÎ
éfpirerâeequitionsefticimonftré, &: à la rei
gle qui tft contenue en ce paflàgt- -c'cft que fi
nous voyons des contrcdifans , nons foyons
armez à l'encontre , que la trompette fonne,
& que nous kurdenoncions la guerre ouuer-
te,ou autrement nous fommes lafches Se trai-
§res à Icfus Chnft, qui nous a appelez à cefte
condition que nous combations fous fon en-
feigné contre tous ceux qui fc voudront ele-
uer pour vilipender & mettre en mefpris fa
parole, & pour la falCfier: il faut qu'elle foit
receuc en telle reuerence qu'elle mérite. Ain
fi donc ceux qui ne voudront point élire ru-
dement traittez par la parole de Dieu , qu'ils
aduifcnt de ne fe point rebecquer ,& qu'en
premier lieu ilsreçoyuent la doftrine de vé-
rité,& qu'il; nourriflent paix & côcorde auec
le troupeau. Voila pour vn item. Pour le fé-
cond , qu'ils ne tafchent point de remplir le
monde de leur zizanie infernale , qu'ils ne
mefprifent point Dieu, fc iouans de fa paro-
]e,mais qu'ils fe tienent ious la crainte d'icel-
le, voire iufques à y trembler:comme le Pro-
tfa k6 1 pJi"ts l'aie en parle, que l'Efprit de Dieu re-
' ' pofera i'ur ceux qui tremblent à fa parole.
Que ceux qui ne voudront point eftre rude-
ment traittez , aduilént s'ils ont eftc diflolus
pour vn temps , de fe ranger , &: de reformer
leur v ie, tellement qu'ils ccgnoiflent qu'on eft
contraint de leur faire la s^uerre s'ils ne s'a-
mendent &fe changent. Si vn paillard, ou vn
yurongne, ou vn blafphemateur fe baigne en
fon ordure, fe faut-il esbahir lî les feruiteurs
de Dieu luy font la guerre?Si on auoit mis vn
homme en quelque mai fon de village,& qu'on
l'euft là conftitué métayer pour garderies
champs & les vignes, s'il voit que les larrons
entrent pour tout rauir,& cependant qu'il fa-
jce femblantde rien ,& qu'il s'enferme .qu'il
face du borgne , n'eft-il point complice de
tous les larrons? &nieûnes n'eft-il point pire
^ueceux qui ont fait le mal , d'autant qu'on
s'cll attendu à luy,& qu'on fedesfioit des au-
tres ? Ainfi quand nous verrons que les mf f-
«hans peruertiflent toute crainte de Dieu , &
toute honnefteté, qu'ils ne demâdent q d'em-
puantir tout par leurs pollutions, li nous dif\i-
inHlons,& que nous ne refiftions point à telles
gens, nous fommes caufede tout lemal.ll ne
faut point donc qu'ils fe plaignent quand ils
feront aigrement reprins. Car s'ils fe veulent
donner vne telle licence, il faut en premier
lieu qu'ils aneantiflent l'ordre que nollrc Sci
gneur lefus Chrift ainftitué. Ainfî cogndif-
fons toutes fois Arquantes qu'il y a des con-
tredifans , c'cft à dire que la parole de Dieu
r'eft point receue en telle reuerence comme
elle doit , qu'il faut que nous ayons lagncr-
rt.Et fi ceux-là difent, Ho.coroment on crie,
comment on tempefte? Ce fontceirx qui font
le btuit : d'autant qu'il n'y a nulle foy, nulle
religion , nulle crainte pour cheminer en l'o-
iciuance de Dieu , c^u'ih se ccflccc de tron-
bler tous.il faut bien que nous leur relîAion*,
quand ils tafchent d'arracher le Fils de Dieu
de fon fiege , qu'ils veulent penieitir fon rè-
gne en ce monde, omettre tout en confu-
fîon. Or il eft vray que fainft Paul parle ici
aux miniftres de la parole de D:eu , motam-
ment:mais cependant il nous faut prendre v-
ne reigle générale pour tous Cfirt-ftiens, c'cû
que nous deuons faire la guerre à tous les en-
nemis de Dieu.Q^ fi nous voyons qu'il y ait
des mefchans contempteurs qui veulent met-
tre tout en trouble Se en confu£on,que Satan
ait des ledufteurs qui falfifient la pure vérité,
qu'il y ait gens diflolus qui prenent l'eftan-
dart pour desborder tout ,&.'pour faire que
Dieu ne foit point honoré ne ferui , £ nous
ne renonçons à la promefle que nous auons
donnée a lefus Chrift, il faut que nous foyons
ennemis de telles gens , & que la parole de
Dieu nous arme contr'eux , & nous leur faut i^^^\ jj.'
refifter. Il eft vray que nous deuons procurer , •
la paix auec tous, entant qu'en nous elhcom-
mc aufsi fainft Paul met cefte exception-la,
d'autant qu'il voyoit bien que nous ne pou-
uons point conuerfer,£ii ce monde qu'il ne
nous faille defpiter les mefchans ,& qu'il ne
nous faille eftre leurs ennemis , quoy qu'il ea
foit. Car mal-heur fur nous fi nous auôs paix
aucceeux qui font notoirement la guerre à
Dieu: n'eft-ce pas comploter d'vne tiahifon
trop vileineanec les ennemis de ncftreRoyf
Et voila petirquoy il tft dit au Pfeaume quin-
zième,que Dieu retient peur citoyens de foi»
Eglife.ceuY qui hayront les mefchans, &
aimeront, Sauront en bon eftinieles gensde
bien. Car fi la vérité n'eft prifee entre nous,*
fi le mal n'eft hay aufsi demefmes, que fcra-
ce?Voila donc ce que nous auons à retenir de
cepaflàge.Que nous deuons tafcher d'inftrui
re en toute douceur ceux qui fe laiflent gou-
uerner à Dieu, & mefmes encores qu'ils foy-
ent infirmes, nous les deuons fupporter: mais
s'ils vienent à eitre rebelles, à rudcafne rude
afnier : qu'alors nous prattiquions ce qui eft
ditau Pfeaume dixhiiitifme. Il eft vray que
noftreDieu ne demande qu'à nous faire fen-
rir fa bonté : mais cependant il eft dit qu^il
fera reuefche à ceux qui le font , &: qu'il fera
ruded: afpr'é à ceux quis''eléuent en audace, &
qui veulent eftre comme de; arbres endurcis,
qu'il faudra que cela foit raft Se abbaïu.Prat-
tiqûons(di-ie)cefte dcftrine-la, & refiftons à
toAis malins , & demandons à £)ieu qu'il nous
retiéne do nombre de for peuple. Et afin que
nous cngnoif'ions combien cefte dcftrine
nous cftaoiourd'huy-neceflaire, poifonsbien
laraifonque fainft Paul ad^orifte, difar.t qne
il y en a plnfietirs reue fches, qui ne fe laif-
fent point afluiettir , qui ne fc reule Pt point
ranger ,gen$ (dit-il) d'tn certain babil, gens
abufans le. poure monde . Mefmes d'entre
les luifs qui ft vantoyent d'eftre le pei>-
ple de Diea, Toicc comme les<ils aifncidc
AAa.u.
f.Cet'u
S.«.
ÎS^ S E R M O
i'Eglife.iyii fe mettoyent là en degré fomic-
rain, fain£l Piul dit que de ceux-là il y en a
beaucoup qui né valent rien , &qui (eroyent
pour tout "ruiner , finon qu'on leur refîftaft.
Puis qu'ainfi eft.raind Paul mettant en auant
lâ necefsitc rrgentc qui eftoit de fon aage,
veut fant mieux inciter Tite & les autres Pa-
ftcurs. Il faut aufsi regarder Buiourd'huy à
nousjcomme i'ay défia dit. Car fi les choies
ont efté iamais corrompues , & que le monde
ait efté dcsboTdé , nous en lorames là venus.
Car fi on s'arrefte à Teftat prefenc du mode,
nous deuons eftre du tout confus d'eftonne-
ment.Puis qu'ainfi eft.ne faut-d pas que nous
foyons auiourd'huy armez plus que umais?
Ne faut-il pas q nous ayons ce zcle en nous,
de refifter à tous contredtfans?Veu que le mô
de en eft rempli , & que grans & petis font la
guerre à Dieu , ne faut-il pas monfirer à qui
nous ibmmes? Metmes noftre Seigneur lelus
Chriit ne nous a-il point appelez afin de
maintenir la gloire de Ion royaume ici bas?
Et puis qu'il nous fait cefte grâce que nous
foyons procureurs de fa vérité , n'eft-ce pas
là qu'il nous faut employer? Car il eft bien
certain qu'il ne nous trouue point capables
de ce faire , mais tant y a qu'il nous fait ceft
honneur de nous employer. Ceft donc pour
le moins qu'vn chacun de nous fe prefcnte à
luy pour dire , Seigneur , que tu te férues de
moy , & que le ne m'accorde nullement auec
ceux qui s'eleuent contre ta parole, & que ie
n'aye nulle accointanceauec eux,mais queie
foye recognu du nombre de ton peuple. No-
tammét l'Apoftre dit que Moyfe ne pouuoit
eftre conioint au peuple de Dieu , finon qu'il
mjittaft les richefies d'Egypte. Et qu'eft-ce
«non en quittant la compagnie de ceux qui
■fe leuoyent contre Dieu? Car s'il y en a qui
cuident eftre fi conftans qu'ils pourront bien
fe maintenir auec les mefchans , & faire leur
deuoir cnuers Dieu, ils fe trompent. Car il eft
certain que toufiours cefte doiLirine fe trou-
uera véritable, qu'il ne faudra qu'vn peu de le
'uain pour aigrir toute la pafte.Etainfi appre
nous de nous eftranger le plus qu'il nous fera
pofsible , de tous ceux qui ne peuuent finon
nous desborder, &nous deftourner de l'o-
beiflànce de Dieu , & engendrer des corru-
ptions entre nous. Mais au refte, notons que
rous ne pouuons cfchapper cefte necefsité
de faire la guerre à ceux qui s'eleuent contre
Dieu , ou autrement lefus Chrift nous defa-
N VIL
ooue.Il eft conftitué chef de fon Eglifé, «naît
c'cft à cefte condition que nous foyon» faits
conformes à luy. Or il dit que le zèle de la ''/'•*•* S'
maifonde Dieul'arôgé.&queles opprobres "'•
qui ont efté dits «'Dieu, font retôbez lur luy. "''■-■''*
Il faut donc que nous prenions la querelle de ""'■''•î
Dieu fur nous , que nous ne fouffrions point
que la parole de Dieu foit nullement vilipeà
dee en façon que ce foit, & que nous facions
la guerre non feulemét à ceux qui font enne-
mis déclarez, comme les Papiftes , mais à ceuic
qui font méfiez parmi nous, comme fainft Paul
parle ici des Iuifs:mais il veut qu'on s'addref-
fe à ceux principalement qui ont le moyen de
plus nuire , quand ils font ainfi meflcz parmi
les Clirefticns .Voila donc comment il nous
faut refilter, non feulement aux Turcs, &aux
Papiftes, & autres incrédules , mais à ceux qui
conuerfent au milieu de nous , & tafchent de
renuerfer l'obeiflance de Dieu . Qjujy qu'il
en foit, fi faut-il que nous leur foyons enne-
mis,ou bien qu'ils s'amendent, ou qu'ils fe raa
gent,& qu'ils monftrent qu'ils veulent confen
tir auec nous,& nous donner la main, que tous
enfemble d'vn cœur & d'vne bouche nous fer
nions & adorions ceiuy auquel tout empire
eft donné au ciel & en la terre , 5: dciiant le-
quel tout genouil doit flecliir,'confeflàns que
il eftafsis à la dextredeDieu fon Père.
O R nous-nous profternerons deuant lia
facedenoftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le priaus qu'il nous les face mieux
fentirque nous n'auons point fait: & que ce-
pendant nous fouffrions d'eftre nourris & lub
ftantez par cefte viande de fa Parole. Et d'au- ,
tant que nous auons befoin d'eftre fortifiez,
qu'vn chacun s'employc à receuoir la grâce
qu'il nous prefente.afin que nouspuifsions re
fifter à tous les ailâuts des contredifans[qui fe
eleuent iournelJement contre fa doftrine, &
que cependant nous bataillions contre nouf-
niefmes, d'autant que de nature nous ne pou-
uons finon nous eleuer à l'encontre de Dieu,
& de fon feruice,&?dela droiture qui eft con-
tenue en fa Loy.Et que nous foyôs fi vaillans
gendarmes, qu'ayans obtenu la viftoire con-
tre tous Içs côbats de cefte vie mortelle, nous
paruenions en la gloire celefte qu'il nous a ap
preftee, & laquelle il nous a acquife fi chère-
ment , & que là nous iouifsions du fruift de
tous nos combats. Que non feulement il nous
face cefte grace.mais à tous peuples & natio:^* ^
de la terre,&c.
SEPTIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
lo Car il y en ap lufieurs incorrigibles, parlans yamtcz > O'J^r
duBeurSfp rincipdemcntceux qui font de la circoncifion:
II Auf
tVA U E P I s T. A T 1 T E. j^7
11 Aujqueb faut clone U bouc1?€ , qHtJubucrtijfcnt toutes f li-
mille s, en feigndns pour gain deshontieilc ce qui nappartiènt point.
12. Quclquvn â! entr euxlcur propre Vrophcte a dit, Ler Crc-
tdins font toufiours menteurs, mauuaifes befles, ventre s parejfeux.
13 Ce tcfmoïgndge ejl way.
Ons auons déclaré par ci Je-
I uant à quelle intétion laind
j Paul dit ici qu'en la ville 3c
}au pays de Crète il y auoic
I beaucoup de gens incorrigi-
1 blés : c'ert afin que Tite qui
eftûit en cefte Ifle-la fuft pi»
vigilant à ordonner gens qui fullênc pour re
prouuer ceux qui s'eleuoyent contre la vérité
de Dieu, qui troubloyent TEglife , & qui fai-
foyent quelque fcandale. Car nous fçauons
qu'on regarde à pouruoir de vemede lelon les
dangers & les necei'sitez. Qu.and donc nous
voyons qu'il y a des malins qui ne demandent
finon mettre confufion en l'Eglife , d'autant
deuons-nousauoirplus de foin & plus de zè-
le de reprimer le tout, comme fainil Paul a re
gardé làiCn dilant que plulleurs efloyent nief
lez parmi les fidèles, non point du cômun po-
pulaire.mais qui fe mefloyent d'enreigner,gcs
rebelles(dit-il) adonnez à vain ba'jil Se à gain
deshonnerte , enfeignans ce qui n'cftoit point
propre pour edificr.Notons donc quand nous
voyons l'Eglile de Dieu eftre aiiiiî troublée
par des raefclias,quc les Pafteurs doiuent s'et
forcer tant mieux de tenirles chofes en bon
eftatj&doiuentcitre armez non point du glai
ue materiel,mais de la parole de Dieu.de pru-
dence & de vertu pour refifter à telles gens.
Et quand nous voyons qu'il y en a qui machi-
nent quelque nouueauté.aduifons entât qu'en
nous fera, que l'Eglife de Dieu foit pourueue
de bos gouuerneurs,& qui ayent dequoy pour
einpefcher que nul fcandale ne foiteleué par
Satan.C'eft donc ce que nous auons à recueil-
lir en fomme de ce paflage. Au refte , faind
Paul ne fe contente point de dire qu'aucuns
cftoyent tels : mais il marque les Juifs princi-
palement : toutesfois c'eftoit la fleur de l'E-
glife.c'eftoyét les premiers-nais en la maifon
'de Dieu.Carnous fçauons que les Payens ont
eftc comme des fauuageons que Dieu a voulu
enter par fa grâce au tronc de la lignée d'A-
braham. Et ainfi les luifs eftoyent de tonte
ancienneté les propres héritiers de falut,l']ie
ritage de vie leur appartenoit: & cependant
fainft Paul ne laifle pas de leur mettre cefte
ignominie , c'eftafçauoir qu'ils font les plus
granstroubleurs de l'Eglife. Or nous auons à
, recueillir qu'il n'eft point queftion d'efpar-
gnerceux qui peuuent nuire & apporter quel-
que dominage,mais qu'il les faut dégrader, a-
nn qu'vn chacun s'en garde, quand nous voy-
ons que nous ne pouuons pas autrement les
erapefcher. IlefV vray qu'ils voudroyent qirc
ianiais on n'efpluchaft leurs vices , encorct
que lesperfonnes fuifent cognues : mais ce-
pendant regardons ii nous deuons prtferer
les fuppofts de Satani tout le corps de l'Egli
fe de Dieu, & à fon peuple. S'il y x des hom-
mes mefchans qui fenient quelques zizanies,
foit de faufles doâ:rir>es,ou de mefchans pro-
pos , pour diucrtir les fidèles du bon chemin,
fi on difsimule,& qu'on face ferablant de rien,
voila le poure peuple qui fera infefté : on ne
s'en donne point garde , & beaucoup de fim-
ples feront ieduits. Voila donc vne pelle qui
régnera par tout.Or û on marque telles gens.
Se qu'on les monftre comme au doigt, chacun
les fuira : & ainfi ils feront empefchez de mal
faire. Etc'eftce que fainftPaul a regardé.
Et à fon exemple, quand nous voyons des gé«
qui ne peuuent finon ruiner 8c machiner quel-
que trouble en l'Eglife , Se que nous les ver-
rons adonnez à mal, il eft vray que fi nous les
pouuons réduire au bon chemin paifiblemeat,
nous y deuons tafcher : mais quand ils periî-
ftent , que nous les voyons obftinez en leur
malice , il ne faut point que nous foyons plus
figes que le faindi Efprit : qu'ils foyent co-
giius , qu'on les defcouure , &que leur tur-
pitude loit diffamée , afin qu'on les detefte , 8c
qu'on fe fepare d'eux , comme délia nous a-
uôs veu en d'autres paflàges. Et ceux qui mur
murent quand on vfe de telle liberté , mon-
ftrent bien qu'ils ne demandent finon confu-
fion en l'Eglife. Il eft vray qu'ils feront fem-
blant d'auoir quelque regard d'humanité, Voi
re? Et faut-il ainfi dégrader les gens, & les
mettre en opprobre comme fi onlesvouloit
là rendre confus?Mais cependant faut-il laif-
fer la poure Eglife de Dieu comme entre les
loups & les larrôs,&: que tout le troupeau foit
comme difMpé,quelefang de noftre Seigneur
lefus Chrift foit foulé au pied,& que les âmes
qu'il a fi chèrement rachetées s'en aillent en
perdition,que toutordre fou aboli, & que ce-
pédant on fe taife,& qu'on ferme les ycux?Ec
quelle lafcheté cft-ce U ? Ainii notons bien
qu'entant qu'en nous fera il nous faut réduire
ceux qui ne font point du tout incorrigibles
fans les difFamer,& fur tout fi leurs vices font
fccrets:mais quSdils fedc^bordent iufques l.i
de mettre cofufion en l'Eglife, il y faut pour-
uoir d'vn remède plus grâd: c'eft qu'on decla
re quels ils font, qu'ils foyét cognus, & qu'on
s'en garde,& qu'ils ne foyét point efpargnez,
d'autant qu'il eft ici queftion du falut commun
AAa .iii.
Îî8
SER.M
de tout le peaple de Dieu.Voila pour vn item.
£t au refte.quad fainâ Paul parle des Iuifj,no
tons qu'il ne faut point ici eftre eimeus par
faueur de perfonne pour dire , Et ceftuy-ci
doit cftre priré:& fi faut-il encores fupporter
ceftuy-la.Il eft vray qu'entant qu'il fe pourra
faire(camrae nous auons dit) on doit bien ra
Biener au bon chemin ceux qui ont failli. -mais
fi nous voyons que le mal s'efpande plus loin,
il faut couper broche à Satan , &liiy mettre
barre. Ne regardons point donc tellement les
perfonnes qui ferablent eftre auiourd'huy ho
norables,& qui femblent eftre priuilegiez.que
nous ne regardions aufii à ce qui eft de noftre
deuoir& office.il eft vray qu'il y en a qui font
wnt facrez.que (î on les touche,il leur femblc
que tout eft perdu , & fe feront valoir en leur
parefle, encores qu'il n'y ait qu'ordure. Mais
encores prenons le cas qu'ils fuflcnt gens ex
celles, que pourrôt-ils alléguer d'auâtage que
les Iuifs?Pourront-ils retenir quelque dignité
pardeffus les autres? Nous auôs deiîa déclaré
^uel'Euagile eftoit venu d'eux, qu'ils cftoyét
côme la racine {ainûe,vn peuple eleu & facré,
l'Eglifc de Dieii.Q_uand donc les luifs auoy-
ent telles prerogatuies, ne pouuoyent-ils pas
alléguer qu'il ne faloit poït s'attacher à leurs
perfonnes,? & encores que tout le monde fuit
diffamé, qu'on leur deuoit referuer quelque ti
tre.Mais quoyf Sainft Paul regarde qu'ils au-
ront tant plus d'entrée à mal-faire. Car pour-
ce ql'Euangile eftoit venu deludec.&dela ra
ce d'Abraha,il fembloit qu'ils fuflent des An-
ges, & auoyent plus d'occafîon de nuire. Car
il ne faloit feulement qu'ils vfaiTent de ces
beaux titres, pour dire, Nous fommes les pre-
lUuB, II. miers-nais de la maifon de Dieu (côme faindl
jtf. Paul les nomme aii!lî)& la porte eftoit ouuer
te pour eux. ils pouuoycnt dire, Nous fommes
le peuple que Dieu a elcu à foy, nous fommes
la lignée d'Abraham quia eu de touttéps l'a
doption , c'eft à nous que Dieu s'eft reuelé,
TOUS n'auez auiourd'huy ladoftrinede filut
que par noftre moyen. Quand donc les Iiiifs
auoyent vne telle préface , n'eftoit-ce point
poureltonner les fimples.' Notons bien donc
cuand des gens feront conftituez enqiwlque
Jegré d'honneur, oH que dés long téps ils au-
lôt acquis crédit, lï par ce moyen ils fe veulét
faire valoir pour nuire, ou pour femer deszi-
ïanies, & pour ruiner l'édifice de Dieu, qu'on
.leur doit refifter tant plus vertucufcment, voi
Te comme à ceux qui font les fias dangereux,
ti contre lefquels il faut heurter fur tout: car
ils abufent plus du nom de Dieu pour luy fai-
jc laguerre.Et puiïvn fimple homme qui n'au
la point efté cognu,qui n'aura pas grand mo-
yen de peruertir tout , celuy-la encores qu'il
îbit malin, fi eft-ce qu'il fera commcattaché,
lellemét qu'il ne pourra efp.îdre fon venin au
loin.Mais celuy qui a quelque preeminéce, ce
luy qui eft cleué de loin , Se qui alléguera fou
«redit, c'eft (di-ic) côme tq kôme enragé qui
ON V II.
fera armé. Et fi on lelaifTeainfî.quepourra-IJ
faire?Retenons bien donc quand les hommes
feront honorables, foit pouri'eftat auquel il»
font conftituez , (oit pour la réputation qu'il»
ont eue de long téps,foit qu'ils ayent monftré
quelque bon fignede Chrelliente, que s'ils fe
corropent & fe bandent à l'cncontre de Dieu,
Se côplotent mefchament pour difsiper la do»
rtrine de l'Euâgile, il faut q les Pafteurs fans
auoir aucun efgard à leurs perfonnes, leur fa-
cent principalemét la guerre:côme nous voy-
ons q S.Paul vfe d'vn tel fty !c, & nous en bail
le la reglc(c5me il en parle ici) en forte qu'e
ftat gouuernc par l'Efprit de Dieu, il nous mô
ftre la conftâce i laquelle il nous faut confol
mer. Au refte,quand S.Paul parle ici de telles
gens, notons qu'il ne les appelle point herett
ques ( comme en d'autres paflagesilparlede
ceux qui peruertilTcnt pleinemét la vérité de
l'Euangile, qui mettent en auant des erreurs
& faufles doélrincs ) mais il les appelle babil-
lars, il les appelle gens reucfches, adonnez i
leur propre volonté , qui ne fe veulent point
lailTer gagner à rai fon & à vérité. Et ainfî no
tons bien, combien que la doftrine de Dieu ne
foit point aflaLllie ouiiertement , que nous ne
deuons pas laiflcr pourtant de regarder s'il y
en a qui parvoyes obliqi)cs,& comme par def
fous tene vientnt pour rtnuerfcr tout. Or il
faut que nous les tmpefchions de pafler plus
outre : n'attendons point(di-if)qu'vn hom-
me fe diclare erntmi mcitel de l'Euangile,
mais û en cachette il tafche de troubler, il eft
affez ennemi : mefmes il n'y a point de plus
mortels ennemis, que les traiftres, & ceux qui
fous ombre du nom de Dieu vienct mettre di
uiGon en l'EgJife , qui tafcheni de reculer ce
que Dieu auoit auancé, de brouiller la purc-
tf.'de la doftrinc , combien qu'ils n'apportent
pointues herelîcs manifefles . Exemple de
cela: Nous en verrons d'aucuns qui ne dirons
point la doârinc qu'on prefche, cftre fauflc:
car ils auroyét honte de parler ainfi, quelques
cffrontez qu'ils foyét: &aufsi ils voyent biea
qu'ils ne pourroyent rien gagner. Et voila
pourquoy tels diables ne monftrent point les
cornesdu premiercoup , mais ils tafchentde
defgoufter le peuple,comme nous en aués par
trop veu les eiéples.Et pkuft àDieu que no*
fufsiôsbien purgez de telle infeQion Se ordn
re. Apres, ils voudront gouuerner toutà leur
phâtafîe, faire quelq ch.îgcment Si nouueauté:
afîn qu'ils ayent accès plus facile pour mettie
vnecôfufion générale par tout. Vray eft q ce-
la ne fe fera point du premier coup. Et telle»
gens aufii re dirôl pi' q la doclrinc foit fauf^
fe en Iby, mais ils ne lailfcrôt point pourtant
d'( ftre ennemis. Or fi on les laifle,qu'ô face {%
blat ne ricn.où en viédra-on en la fin.'Le dia-
ble ir'aura-i 1 pas tout gagné?Et ne fctôs-no*'
point coulpables q le troupeau foit cxpofé. Si
q ce qui auoit efté édifié au nom de Dieu, fera
luijiéî' £c 'iofi noiÂi bien ^ue nous auôs à ba-
t*Ule<
SVR L' EPIS T. A TITE.
rlf
taïller,nen feulement contre les Papiftes, ou
contre lej Turcs , qui reiettcnc pleinement la
doârine que nous portons .mais contre les
ennemis domeftiques , qui tafchent par mali-
ce & partrahifon d'anéantir les chofcs qui
font bien inftituees, de faire que lefus Chrift
ne règne point en fa pleine vigueur, que tout
ï'efcoulc petit à petit,qu'il y ait quelque cor-
ruption , qui en la fin infetfte toute la pureté
de religion . Il faut que nous refiftions con-
Aamment k telles gens. Et au rcftc.ii nou^ de-
Hons fouftenir tels combats, par plus forte
taifoB quand les hérétiques voudront enuahir
fe troupeau des fidèles, qu'ils voudront con-
uertir û vérité de Dieu en menfonge, à por-
ter des doÛrines mefchantes, alors il n'eft
plus quelHon dedifsimuler, mais il faut qu'on
fe garde tant plus fongncufemcnt ,& qu'on
leur rcfifle. C'eft ce q nous tuons à retenir de
ec paflàge de S.Paul.Or tant s'en fatit qu'on y
prene garde, qu'il fembte qu'vn chacun nede-
mâde qu'eftre empoifonné àfon efciét.Si nous
auions doute de quelque viande , nous fçau-
cions bien nous en abftenir : car l'amour & le
foin de cefte vie caduque nous mènera là:
mais quand Dieu nous aduertit que ce font
poifons quand on fe deftourne de fa Parole,
&dela reuerence que nous luy deuons por-
tcr,& du zèle dont nous deuons eflre enflam-
mer pour profiter en iceile , nous n'en tenons
conte . Les vns ne demandent que quelques
folles curiofîtez pour paiftre les aureiiles : les
autres fe baignent quand ils voyent qu'on
trouble le cours de la doôrine : car ils ne de-
mandent finon que les feruiteurs de Dieu
foyent molefter ,& font leurs triomphes de
«ela. Pour cefte caufe ils preftent la main aux
hérétiques :commenousen auont veu les c-
xemplesici par trop, fans aller plus loin. Mais
tant y a que les fidèles doyuent eftre aduertit
de ce que Dieu leur monftre, c'eft que s'ils veu
lent demeurer fains Se faufs quant à leurs a-
tnes , ils doyuent eftre vigilans à fuir toute
mefchante doûnne.Et mefmes quand ils fen-
tiront que Satan comme en cachette les veut
defgoufter de la parole de Dieu qui leur eft
prefchec.ils doyuent penfer àcela,&y pour-
uoir ,& y remédier, & chacun s'y doit em-
ployer de fon cofté: car fainft Paul n'a point
lèulement parlé à Tite , mais à tout le peuple
en gênerai, comme nous auons défia déclaré.
Au refte, notons auûi ce qu'il adioufte, Qu'ili
f»hHeniffinths maifons totalts. Si vne.perfon-
ne feulement cftoit desbauchce, c'eft défia
trop : car les âmes nous doyuent eftre pre-
cieufes, puis que noftre Seigneur lefus les a e-
ftimees iufques là, de ne point efpargner fa
propre vie pour noftre rédemption & falut.
Or quand on verra toutes les maifons desbau
cheet, c'eft à dire les maifons totales & en-
tieres.voila vne chofe qui nous doit eftre plus
deteftable . Et ainlî nous voyons que fi toft
qu'on mefle ^elquc peu de Jeuain parmi la
bonne pafte.que tont eft incontinent cofrrom-
pu.Or défia nous auons veu q\ic fainâ Paul e«
parlant ici des crimes griefs & énormes qui
crtoyentiux fedutleurs, parloit duvain babil
& folles imaginations : il parloit de quelques
traditions qucletluifs apportoycnt de leur
LoY,mal & fauflement cntendue.Or il dit que
cela eft pour tromper plus aifeement. Ne de-
oons-nous point maintenant eftre alTeiad-
moneftez de nous donner garde? Et fi on
nous abufc, â qui en deuons-nous imputer la
faute i Si noftre Seigneur permet que Sataa
nous deçoyue,& que nous foyons du tout ab-
brutis,que nous ferons mis finalement en fene
leprouué , bous en fommes dignes quand
nous aurons eftc ainfi nonchalans , voire ftu-
pides, comme en defpit de Dieu, quand nous
n'aurons point voulu vfer du remède qu'il
nous prefetrtoit. Et ainfi prt uenons tels dan-
gers, puis que le Ciinft Efprit prononce qu'il
ne faut quafî rien pour empoifonner les famil
les totales.Et pourtant anticipons.Car quand
fainâ Paul a parlé ainfi , il adioufte la raci-.
ne.c'eft, frurgain deshotmefle . Et ainfi notonc
que fi toft que nous ferons mener d'auarice,
quand nous appeterons ( brief ) les biens de
ce monde , qu'il eft impofsibleque nouspref-
chiens purement : il faudra farder la doûri-
ne, comme R nous eftions des macquignons,
pour falfifier tout . Et faind: Paul non fans
caufe vfe de cefte fimilitude-la, quand il pro- ^'Cit.i,
tefte d'auoir purement anoncé î'Euangile, ij'^'
dît qu'il n'a point fait comme les macqui-
gnons pour rien farder , mais qu'il a retenu
la pure {implicite . Et pourtant que tous ceur
qui ont la charge d'en feigner en l'Eglife re-
gardent à eux : qu'ils fjachent que pour fer-
uir Amplement à Dieu , il faut qu*tl fe con-
tentent de ce que Dieu leur donnera , & que
ils feretirent& defpouillent de toutes cupi-
ditezde richefles,& qu'ils facent leur con-
te qu'ils font aflez riches quand ils auront
édifié l'Eglife de Dieu , & qu'ils verront de-
uant leurs yeux que noftre Seigneur aura
fait profiter leur labeur, qu'il n'y ait point eu
cefte auarice&: cefte concupifcence de s^enri-
chir, mais qu'ils fe contentent que leur peine
n'eft point inutile, que Dieu la fait profiter:
qu'ils ayent toufiours l'œil là deflus. Car lî
les hommes appctent d'attirer à eux & dee
prefens ,& des corruptions , & que l'vn de-
mande que l'autre prene de tous coftez , lî
toft que cela y fera, que nous fçachions que
c'eft vne entrée mortelle , que c'tft vn venin
pourperuertir toute la vérité de Dieu. Voi-
la donc ce que fainQ Paul nous a voulu mon-
ftrer en ce paflàge . Or ici il augmente enco-
res.endifant que toute cefte nation en laquel
le cft'oit Tite.auoit efté dés long temps diÎTo-
lue 8c peruertie . Ceft Tlfle de Crète , qu'on
appelle auiourd'huy Câdie.Et c'eft vne gran-
de Ifle : car autresfois il y a eu cent villes , ou
bourgs en cefte Ifle-la . Or cependant fainft
A /a.iiii«
5^0
SERMON Vil.
Paul dit qu''ils fonnliiFame2,& qu'on les a co-
gniis vn peuple pcruers Se malin , qu'il faut
bien que Tite d'autant plus foit arme de ver-
tu &conftance pouramollirla dureté de tel-
les bcftes & fi mefchactes . Et mefmes il allè-
gue vn Poète de leurnacion:Etpourtant(dit-
il ) quelqu'vn d'entrVux , voire leur propre
Prophète quiaefté renomnié.ccluy-laabien
déclaré ce qui en efloit.c'eftafçauoir, 5»? /^j
Crfteins ejloytnt toitjîours menteurs, -ventres fa-
relJeux,mauuatfes heftes. Voici de grans oppro
bres quand il les appelle des fay-neans , des
gourmans,des ventres parefleux,des méteurs:
& puis après qu'il leur ofte toute réputation.
11 femble que fainft Paul fe vueille ici décla-
rer ennemi. Car il n'efcrit point à Tite en fe-
cret.ilveut quecefte Epifire foit leue & pu-
bliée, & que les Creteins oyent ce qui eii dit
d'eux:il femble par cela qu'il les vucille quit-
ter du tout. Cependant fi eftoit-il leur Pa-
fteur: combien que fon office s''eftendift plus
loin, fi faloit-il. qu'il euft folicitude de celle
Eglife.Et ainfi apprenôs.encores qu'vn home
defire le falut d'vn peuple , & qu'il luy porte
vnc finguliere amour, fi ne iaiflera-il pas pour
tant de luy remonftrer les vices aufquels ilelt
addonné . Et de faiô, nousne pouuonsmon-
ftrer que nous aimions ceux aufquels Dieu
nous a commis , finon en tafchant de corriger
les vices & maladies dont ils font entachez.
Car en nous taifant, entant qu'en nous cft
Tiou! endormons les hommes, qu'ils ne regar-
dent point à s'amender : & cela eft nourrir
comme vne perte entr'eux . Voila donc pour-
q\ioy i'aydit^u'vubon P.ifteur,eiicores qu'il
crie aigrement contre vn peuple, qu'il le doit
ncintmoins aimer— plus que fa propre vie.
Mais tout ainfi que l'office de ceux qui font
conftituez pour anoncer la parole de Dieu eft
tel, d'v fer d'vne liberté félon que fainft Paul
Aous la monftre: ainfi faut-il que les fidèles
ji'.iyent point les aureilles fi chatouilleufes
d'ctlre fafchez par trop quand on leurremon
-^re leurs vices. Mais nous en femmes auiour-
d'huy là venus, qu'on ne pourra rien foufFrir;
il faut qu'on foit flaté.ou autrement ce ne fe-
ra point prefcher TEuangile â la règle de
beaucoup degens,c'eftà dire, qu'ils ne reco-
gnoiflent point qu'on prefche la parole de
Dieu, finon qu'on counre toutes leurs ordu-
res, qu'on leur complaife , & qu'on les flate.
Or ici nous voyons bien vneautre théologie,
en laquelle il n'eft point licite de rien chan.
ger. Ainfi en ce paflage.tant les Miniftres com
me tout le corps des fidèles ont leur leçon, ce
•ft afçauoix que les Miniftres de leur cofté,
<|uand ils Yoyentqu'ily a des chofes mauuai-
ies entre ceux qui leur font commis, qu'ils ne
âoyuent point couuer telles infeâions, mais
«ju'ils lesdoyucnt mettre en auant: car il vaut
mieux que nous f.icions honte à ceux qui ont
«fié par trop 'endormis, que de leur mettre
àet bandeaux pour leur cfioupper les yeux
d'auantage.Ilfaut,di-ie,que plulloftils foyét
refueillez : comme nous voyons que làinft
Paul , quand il dit que les Corinthiens n'a-
uoyent point vn autre père que luy, Encores
que vous ayez des maiftres qui vous ayent en-
feignez, dit-il , fi eft -ce que vous n'en auez
point vn fécond : car ic vous fuis feul père. Et
fi eft-ce qu'après il dit, le vous veux faire hon
te pour vous diffamer. Non point que fon in-
tention foit de les rendre infâmes deuant le
monde : mais entr'eux il leur veut faire hon-
te, d'autant qu'ils ne fe cognoifloyent point
auparauant . Ils auoyent par trop abufé de
leur vaine réputation : & ils s'eftoyent mef-
mes glorifiez en leur mal . Or il s'addrefle là,
il les fonde, & y niet la lancette:mefmes il fait
comme vn chirurgien qui aura vne playe â
guarir, qui coupera toute la chair pourrie, ou
bien s'il y a quelque apoftume,il faut qlechi-
rurçien purge iufquesau vif, afin d'ofter tout
ce qui eftoitinfeLlé&corrôpu. Ainfi en eft-il
de ceux qui fe veulent acquitter & enuers
Dieu,& enuers le peuple auquel ils font com-
mis.Voila pourvu item. Or cependant il faut
auf\ique les fidèles portent patiemment tel-
les correâions, combien qu'elles leur foyent
afpres & dures : il faut qu'ils cognoiflcnt que
ils ont befoin d'eftre ainfi traittez. Et fur
tout quand ils fe bandent les yeux par non-
chalance, quand ils ne regardent pointa fe re
duire , & que leur malice croiftra , qu'on les
trouuera endurcis , que leurs vices feront tel-
lement enracinez qu'on n'en pourra venir à
bout , qu'alors les fidèles cognoiflent qu'il
fautvferde cautères, & autres remèdes plus
afpres, comme en maladies extrêmes. Et la def
fus qu'ils ne grondent point, & ne murmurent
point contre ceux qui procurent leur falut.
Car que gaçnerons-nous quand nous ferons
honorables deuant le monde, & cependant
que nous ferons en exécration- & à Dieu & à
{es Anges, & qu'il faudra qu'au grand iour , en
cefte pleine clarté, quand les liures feront oa
uerts , qu'alors noftre vilenie',foit cognue , 8e
que toutes créatures demandent vengeance
contre nous ? Et toutesfois voila où en vic-
nent ceux qui demandent qu'on difsimulc
leurs vices, & qu'on les enfeuelifle : ils vou-
dront félon le monde eftre en bonne répu-
tation , mais cependant ils ne font que touf-
iours augmenter l'ire de Dieu contr'eux,&: fe
rendent tant plus exécrables aux Anges de
Paradis, aux Prophètes & Apoftres,&3 toH-
tes créatures, d'autant qu'ils defpitent Dieu
pour leur obftination dcfefperee. Et quel pro
fit y a-il en cela? Mais encores c'eft vne folie
d'eftre défia mocqué des petis enfans , S: que
les hommes ne peuuent foufFrir qu'on leur
monftre leurs vices à la vérité. Car fi celuy qui
a la charge de les enfcigner parle, & qu'il dé-
clare. Voila vn tel mal qui règne entre nous:
c'eft par trop, ils fe defpiteront: lesvns grin-
ceront les dents,les autres aduiferont de me-
ner
SVRL'EPIST. ATITE.
S^i
nerprattiqires poiirempercher tcJle liberté,
les aatrei s'tii mocqiient par les tauerncs. Or
cependaut il n'y a celiiy qui ne cognoifle kiu
turpitude : on voit les coruiptions de lulticc,
on voit les faueurs, on voit qu'il n'y a nulle
mefure ni équité, on voit les diflolutions tou-
tes manifelles , delquelles raefnies les petis
cnfans peuuent auoir honte. Et qui eft-ce qui
ofe fonner mot de cela ? Par les maifons, par
les boutiques, par les rues & carrefours on en
fçaura parler:mais û en la chaire de vérité on
en touche vn mot, alors on s'enflamme, il faut
quant & quant eflre efchauffez en cholere,
comme fi tout eftoit perdu. Et cependant aux
maifons & aux rues publiques on fera le pro-
cès de ceux qui font fi délicats . Ils le fçauent
bien, & cependant ils ne s'en foucient, ce leur
cft tout vn . Mais quand leurs vices font def-
chiffrez par la parole de Dieu , voila qui les
met en cholere . C'eft merueilles que nous
voyons clair, & que Dieu ne voye goutte: que
les hommes puillent parler , & que Ditu foit
muet: que les hommes oyent. Se que Dieu loit
fourd. Or fi eft-cc que voila où nous en fem-
mes venus, Et comment ? ces prefcheurs fça-
uent tout. Voire, mais faut-il que nous igno-
rions ce qui eftraanifefte iufques aux cham-
brières &; aux petis enfans i II n'y aura celuy,
quel qu'il foit,qui n'ait liberté de dite, Vn tel
vice règne , on a commis vn tel a£lc . Brief, il
n'y aura celuy qui ne foit iuge des vices & e-
normitez qui régnent auiourd'huy : & cepen-
dant ceux qui fontconftituez pour veiller, ne
oieront ouurir la bouche pour en dire vn
mot.Or tant y a que leur office port« bien au-
trement. Car il eït dit que la parole de Dieu
qu'ils anoncent , elt pour entrer iufques aux
penfees les plus fecrettes , que c'eflvn glaïue
tranchant des deux collez, qu'il n'y a ne moel-
le,ni os, que tout ne foit tranfpercé , qu'il y a
là comme vne anatomie pour efplucher ce
qui eftoit caché en nous:& comme fainft Paul
dit aux Corinthiens, c'tll pour defcouurir les
penfees fecrettes qui efloycnt cachecsaupa-
rauant. Brief, il cft dit en l'Epiftrc aux He-
brieux(comme défia le paflàge a elle allégué)
que Dieu luy attribue ceft office , de fonder
iufques au profond des cœurs. Or fi la parole
de Dieu a celle vertu-la ,penfons-nous que
ceux qui en font miniftres n'ayent point ce-
lle-prudencc-la, qu'il faut qu'ils regardent de
loin, qu'ils veillent, & qu'ils fon dent les cho-
fes, afin de preuenir les dangers, & de donner
remède tel qu'ils cognoifTent efti e txpt dientî
Mais quoy?on voudroit(comme l'ay dit) que
il n'y euft que les Pafteurs & fourd» , & auêu-
^lcs,& muets. On donnera bien Lcence & aux
femmes, &aux petis cofan- d'ouir, de parler,
& de veoir . Et fi les chofes font trop vifibles
& pateute;, finou^ ne la pjuuons veoir , que
fera-ce ï Ainfi d nie apprenons , quand nous
voudrons clhe leputez Chrcftiens , que nous
dcuons auoir vn efprit paifîblc & débonnai-
re, pour fouffrir que nos vices foyent redar-
guez : & quand nous auons quelque apoi'iumc
cachée , que nous fouffrioni qu'on iapc:ce,
que nous n'appetions point qu'on y mette
des emplaftres- & quand le mal nous cuit, que
nous ne laifsions pas pourtant d'aimer la mé-
decine ,fçachans que c'elt pour noftre bien:
que nous ne venions point à nous regimber
contre le médecin, quand nous voyons qu'il
ne defire que noftre falut. Voila en fomme ce
que nous auons à retenir de ce paflage:& mef
mes notons comme fainft Paul y procède. Il
pouuoit icieftant conftitué iuge , en vertu de
la parole de Dieu, remonflrer les vices qui e-
lloyent en ces pays-la : il pouuoit dire ce qui
nous eft apporté pour vne inftruftion fpiri-
tuelle par la bouche de noflre Seigneur lefus
Chrift: car il a condamné le monde de péché,
de iullice,&deiugement . levien ici à vous l^'tn lï»
pour veoir comme vous elles difpofez à vous 8.
maintenir en l'Eglife de Dieu ; le voy qu'il y
a des infeûions qui font pour vous abbrutir
du tout :& tant s'en faut que vous foycz bre-
bis, que vous elles pires que les loups rauif-
fans . Il pouuoit ainfi parler en fa perfonne,
voire fuyuant fauthorité qui luy efloit com-
mife . Or que fait-il ? Il allègue vn Poète
payen& prophane : il ne veut point vfer de
ce qui luy eft comrnis de Dieu, mais il dit»
Vous ferez redarguez par vn aueugle, par vr»'
infidc-le . Dieu vous a fait la grâce que vous
foyez efclairez de fon Euangiie,que noftre-
Seigneur lefus Chrift, qui eft le Soleil de iu-
llice,regneau milieu de vous : mais il faut que-
vn ignorant & vn aueugle monte en fiege
pour vous condamner . Q£and nous voyons
que fainft Paul parle ainfi , notons que c'eft
pour rendre ceux de Crète plus confus .Et
auf.i recueilles de noftre cofté, que fi nous ne
voulons plier le col pour receuoir le loug de
Dieu.c'tftàdire pour nous condamner par (a
parole, & que nous fouffrion s qu'il exerce fa
lurifdiction fpirituelle , par le moyen de ceur
qui nous font conftituez pour anoncerfa Pa-
role, qu'il faudra que nous foyons condam-
nez & par les incrédules , A: par les diables
d'enfer finalement . Et voila pourquoy au-
iourd'huy les Papiftes detraftent de nous . Il
eft vray que nous ne fçaurions cheminer en
telle intégrité qu'il ne faille qu'on nous dif-
fame.C'eft àceftecondition aufsique fainft
Paul en parle, Qu^il nous faut cheminer par 2. Cw.aU
infamie: encores que nous ayons bonne con- 8.
fcicncedeuant Dieu, fi faut-il que nous foy-
ons en opprobre : & Dieu nous veut exercer
en ce combat, afin i|ue nous apprenions de
regardera luy . 11 faudra biertdor>e que les
boiv foyent diffamez : mais tant y a que
nons en foinmes caulc iouuent , pource que
nous ne voulons pas que Dieu foit noftre iu-
ge. Et voila pourquoy les Papiftes auiour-
d'huy defgorgent tant de vilenies à l'encon—
lie de nous, & à bon droiû : tellement qu'il
SBb.i,
Ç(>i
SERMON VIL
faut qne neus Laifsions lés aitreilles.one nouS
ayons II bouche clofe : car nous voyons bien
que nous fominei coulpables . Et qm tfl caule
de celaîCeft qu'en nous glorifiant de l'Euan-
gile, nous voudrions auoir quelque Euangile
baftard &derguiré,qui s'efuanouift en l'air , &
que nul ne nous fafchall, qu'on ne veinft point
nous gratter nos rongnes , que nous n'euf-
ilons nulle honte d'cftre punis : nous vou-
drions cela . Et noftre Seigneur le m3C<j'.ic au
double , & nous rend tant plus confus : car il
faudra que les. meugles vienent, &: qu'ils nous
condamnent fans y veoir , en tallant feule-
ment : il faudra que ceux qui eftoyent comme
muets , parlent . Et ainlî retenons , fi nous ne
voulons point eftre condamnez par les infi-
dèles, qu'il faut que nous ayons celte douceur
& patience en nous ,de nous rendre dociles
quand noftre Seigneur nous condamnera par
fa Parole . Cependant , quoy qu'il en foit , fi
faut-il que nos vices nous foyent amenez au
deuant, que nous pal'sions condamnation , Se
que uous confefsions la dette, comme on dit.
Et par cela nous voyons quelle Chrcftienté
il y a en ceux qui dilent.Ho.ilne t'appartient
point à me corriger. Voila de nouueaui théo-
logiens qui feront des fages , qye fi on vient à
1-cur remonllrer vue chofe mauuaife, Ho,il ne
t'appartient point . Or faind Paul donc n'a
pas fuyui vne bonne mefure, quand il a reprins
ii viuement ceux de Crète . Tant y a que c'eft
la règle que le fainû Efprit nous donne par
toute l'Elcriture fainfte . Mais c'eft auioar-
d'huy la prattique commune, qu'on voudra
repoufler toute corredion, qu'on voudra que
les vices ayent toute licence, & qu'il n'y ait
nulle bride . Or ce n'eft pas ainfiqiie ceux qui
veulent eftre reputez Chreftiens, fe doyuent
conduire . Car nous oyons les exhortations
qui nous font faites . Admoneftee les vns les
l.TheJf. autres. Et puis apres.Redarguez le mal. A qui
T-'3- eft-ce que le fainft Efprit parle en ces deux
Ephe.f. partages ? C'eft à tous fidèles fans exception.
?!• Car combien que Dieu en ait choifi quelques
vns aufquels il a donné la charge fpeciale de
-admonefter, d'exhorter, de reprendre , Si de
redarguer ceux qui faillent , fi eft-ce qu'il or-
donne aufsi à toutes perfonnes priueesde fe
oppofcr au mal, félon le moyen qu'ils en au-
ront, flc que l'occafion leurenfera offerte .Si
cela cft permis à ceux qui ne font point en
charge publique.que fera-ce des miniftres auf
quels Dieu a donné commifsion expreflede
«e faire î Et toutesfois c'eft vn ftyle commun
auiourd'huy à Geneue, de ne tenir conte de
telles correûions, qu'il y aura des Chreftiens
b.iftars qui ne fçauent que c'eit ni de Dieu, ni
de fa Parole, moins que ceux qui habitent aux
Ifles ncufues, comme on dit. Que s'il eft que-
ftion d'ouurir la bouche pour mettre en a-
^ uant quelque correftion. Ho, voila (diront-
Jisjf ay mon iuge ordinaire : ie n'ay que faire
ie rcfpondre par deuant vaus.C'eft h rcfgon
le commune de 'tous ces coBtemptéurs de
Dieu, qui ne veulent fouffrir nulle correflion.
Il cft vray qu'ils cerchent tant qu'il leur cft
pofsible des elchappatoires, afin de ne point
eftre amenez à raifon : mais ils ne peuuent a-
mener couleur qui leur foit propre. Et ainfi
notons quand faindf Paula ledargué les Cre-
teins.difant qu'ils doyuent penferau tefmoi-
gnage de leur prophète, qu'il a monftré que &
Dieu dclcouurc nos vices, Se qu'il en face vne
efprcuue( par manière de dire) qu'il procure
par cela noftre falut, que'nous deuons en teu-
te humilité recognoiftre noftre mal, pour
nous y defplaire & pour en gémir . Car nous
ne gagnerons rien quand nous ferons obfti-
ncz , nous aurons beau faire des beftes fauua-
ges.des endurcis, mefmes des enragez, û fau-
dra-il en la fin tomber bas : & quand nous ne
pourrons point plicr.il faudra que Dieunoui
rompe du tout. Voila ce que nous deuons re-
tenir de ce paffaoe. Or pource que le tout ne
fepourroit pas defpefcher maintenant , no-
tons pour concluiïon, que c'a efté vn miracle
de Dieu, que TEuangile parueint iufques en
Crète, vcu que ce peuple eftoit fi malin com-
me il nous eft ici monftré :& toutesfois no-
ftre Seigneur le vifitc par fa bonté. Et ainfi ce
eft autant comme fi la grâce de Dieu eftoic
entrée iufques aux enfers, quand ce qui eftoir
ainfi depraué, a efté attiré à la cognoiflance
de Dieu. Et ainfi retenons que noftre Sei-
gneur n'a point efgardà noftre dignité quand
il nous appelle pour eftre les premiers en fon
Eglife : mais quelque fois qu'il veut donner
tant plus grand iuftre à fa mifericorde:quand
nous aurons efté gens perdus, s'il nous retire
Se nous tend la main , qu'il mérite d'eftre tant
plus magnifie . Car voyans que nous n'auons-
rien delîerui enuers luy.if faut que toute bou-
che foit clofe, & que les hommes ne prefu-
ment rien d'eux . Et ainfi apprenons que fi
nous auons l'Euangilc , ce n'eft point que
nous l'ayons gagné par nos vertus , mais que
Dieu a voulu eftendre fa bonté iufqu'à nous,
pourmonftrer qu'il ne peut eftre efmeu d'au-
tre caufe que de fa mifcriccrde gratuite,
quand il appelle les hommes à foy pour leur
faire cognoiftre fa volonté . Apprenons donc
«n toute humilité de glorifier noftre Dieu : &
ccpe!;idant de ne nous point plaire par trop.
Et fi noftre Seigneur nous a choifis, laiflànt
les autres, cognoiflons que pour demeurer en
poflefsion d'vn tel bien , il nous faut tous le»
iours examiner noftre vie, & qu'en cognoif-
fant qu'il n'y a en nous que toute roaledi-
£lion,& qne de nature nous ne pouuons finon
irriter noftre Dieu contre nous, qu'en nous
condamnant noijs preuenions fon ire. Car
quand chacun fe iugera , alors nous ferons
abfous deuant Dieu , alors non feulement il
nous purgera de toutes nos pouretez.mais il
fera tcltv^-e. de plus en plus la gloire furnous,
tcUeaient que nous aurons occafion de l'in-
uôquer
SVR L' EPIS T. A TITE.
Î<î3
Moquer comme nollre Père, & deuant le mon-
de protefter aufsi qu'il nous a acquis par le
moyen de fon Fils, afin que nous foyons fon
kericage.
OR nous-nous profternerons deuant la
maiefté de noftré bôDicu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir,5fque fans orgueil ni ambition jious
venions nous ranger pleinement à ladifcipli-
nedenoftre Seigneur lefns Chrift, pour re-
ceuoir non feulement la dotirine qu'il nous
offre, mais anfsi les correftioBS qu'il nous
fait , tellement que nul ne Ce nourrilFe en fon
mal, mais pluftoil que nous trichions & adui-
fions de bous en retirer . Et que cependant
rouspafsions tellement par ce monde , que
nous tendions toufiours au Royaume des
cieux , iufqu'à ce qu'il nous y recueille pour
nous reueliir de fa iuftice, & nous faire parti-
cipans de la gloire qu'il nous y a préparée.
Et ainfî nous dirons tous. Dieu tout-puiflànt,
Père celefte,&:c.
HVITIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
12. Queî(^uyn d'entreux leur propre Vrophete a dit > Les
Creteins font toufiours menteurs , mauuaifes belles , ventres pdref-
feux.
13 Ce tejmoîgndge ejî yray . Vour ceîic caufe reprcn-lcs \iue--
merit,afin quilsjôyentjains en Ufoy,
14 Ne s'amufans point aux fables îudaiques , ^ aux comman-
démens des hommes ^qui Je deslournent de la vérité.
1 5 Toutes chofès certes font nettes à ceux qui font nets: mais aux
fuillez O'dux infidèles rien nejî net, mais leur entendement ç^con-
fciencc font fouillez.
OVS auonsveu ce matin,
quand les hommes neveu-
lent point eftre leurs iuges,
qu'ils ne font que redou-
bler leur condamnation. Si
ils penfent le gagner en-
uers Dieu par hautelïe &
par dureté , ils s'abufent : car il fera périr
en plus grande rigueur quand il les verra ain-
fi obftinez . Car luy il prattiqueralcprouer-
le commun, A rude afne, rude afnier. Carno-
■ftre Seigneur encores ne fait point toufiours
ceft honneur à ceux qui veulent eftre flattez
en leurs vices,de les iiiger par fa Parole, mais
il leur fufcitera des aueugles qui les condam-
neront , comme nous en auons ici l'exemple
notable. Car fainft Paul pouuoit bien remon-
trer à ceux de Crète, en vertu de TEfprit de
Dieu, le mal qui eftoit en eux . Mais il ne dai-
gne pas les iuger:il appelle ici vn poure aucu-
gle , vn incrédule, vn Payen qui iamais n'a-
uoit eu vne goutte de clarté ni de la Loy , ni
de l'Euangile : il l'appelle pour prononcer la
fentence contr'eux , pour 'leur faire plus
grand' honte . Or en premier lieu , ici ils font
nommez menteurs , qui emporte toute def-
ioyauté : comme s'il eftoit dit qu'il n'y a ne
Tondeur ni intégrité en ce peuple, mais qu'ils
/oatda tout addonnez à petiurct & àtiosi'*
peries.à faufletez &à tri^ifons.'S.t^uhilzâ.'^
\ouHe,qiiilsfoatmatiuaifis hefles. Comme pour
les retrancher du rang des hommes . Car il
fcmble bien que ce foit le fens de ce mot,
quand on dira , Ce ne font plus créatures hu-
maines,mais ils font conuertis en beftes , voi-
re mauuaifes : 5c puis, goumians & difToIus,
& fay-neans. Si nous ne pouuons fouffrir que
Dieu nous redargue, voire doucement , pour
nous amener à quelque correétion , voici ce
qui nous reftera , c'eft que nous ne ferons
point admonneftez d'vne façon humaine,
mais que les incrédules defcouuriront telle-
ment noftre vilenie ,que nous ferons infâmes
entre toutes créatures . Et ainfi apprenons
de nous humilier, & d'auoir vn efprit mo-
dcfte , pour receuoir les correQions que Dieu
nous enuoye , & baiflbns le col à fon ioug:
& mefines apprenons de nous condamner,
afin que nous foyons abfouts deuant luy.
cognoilTons aufsi nos vices,afin qu'ils foyent
îouuerts & cachez, quand on nous appellera
à conte : ayons honte d'auoir failli, afin que
noftre turpitude ne vicne point en itige-
roent, ne deuant les Anges , ne deuant les hom
mes mortels. Voila quant à ce poincl.Or ve-
nons à ce que fainft Paul adioufte,Il dit,
Vour ceflt cttufe refren-les finement ,a(in qa*
ili foyitft filins tu U foy . 11 fembk <jtte
BBb.ii.
5«4
SERMON VIII.
ccftedoAiia* oacefteaimonition n'ki point
befoin de rigueur , qiuiid on doit attirer les
komincs à la faute de foy dont il parle : il n'y
faut point aller par rudefle. Car en nous mon
ftiâtu que nous fommes bien loin de fuyure
la pureté de l'Euangilej&quM nous faut retc
nircn l'obciflànce de noitre Seigneur lefus
Chrid, eft-il befom de commander auec fi
grande rigueur?Faut-iI mefmes vferde repre
Kenfion?!! ne femble point donc que cefte dj
ftrine foitvtile.Maii quand nous aurons bien
regardé à Tingratitude de beaucoup de gens,
ce n'eft pas fans caufe que iaïud Paul veiitque
ceux de Candie foyentainfî traitiez. II y eu a
beaucoup qui ne pcuiicnt l'oulîrir qu'on les
gagne par douceur:comme ceux qui foindef
gouftez ,fi on les appelle pour venir diluer,
ils fe fafchent , ils le defpitent à Pencontre,
tellement qu'il les faut quali poulFer parles
efpaules. Il £^udra importuner les malades
pour leur faire prendre quelque chore:ils re-
culent tant qu'il leur eft pofsible. Ainlî en
eft-il de beaucoup. Si on leur dit que tout leur
bien gift à fuyure l'F.uangile , 5: que d'autant
que Dieu cognoift que nous fommes en la
mort , qu'il nous reflufcue par la grâce qui
nous eft là offerte, qu'il guarit toutes nos ma-
ladies , qu'il fait office de médecin: fi (di-ie)
on nous déclare cela doucement, on voit la
plulpart eftrc tellement addonnez à ce mon-
de,qu'ils mefprifentlesbiensfpirituels, &nc
font que s'en mocquertles autres encrares re-
chignent à rencontre, & fe defpitent il on les
veutamener àDieu:car ilsne demandent que
d'e/lre toufîours efgarez. Il y en a que le dia-
ble tranfportc en telle furie, qu'ils voudroy-
entauoir arraché Dieu de fon fîege, afin que
jamais il n'en fuft mémoire : on voit cela. Et
ainlî fainft Paul dit qu'il faut contraindre
beaucoup de gens pour leur profit , d'autant
qu'ils n'y vienent point de leur bon gré:
Que tu les redargues (dif-il) afprement , a-
fin qu'ils reçoyuent guarifon. Car fi on voit
vn malade qui ne Ce contregarde point, qui
ne fe vueille afluiettir à nul confeil ni rai-
fon, il le faudra manier en telle forte qu'on
k face ioindre,encores qu'il ne vueille point.
Si m homme fe range. Se qu'il foufFred'eftre
gonuerné paifiblemcnt , il n'ha nul befoin
de rigueur . Ainfi voyons-nous que Dieu
vent que fa parole foit appropriée à nous, fé-
lon que nous fommes dociles : il veut qu'on
nous appelle humainement , félon que nous
Tommes brebis , que le Pafteur vfe d'vne voix
gracieufe: mais fi nous voulons faire des be-
ftet reuefches , alors il faut que nous foy-
onsdontez quafi par violence, & que la paro-
le de Dieu ne nous foit point prefchee fim-
■plement pour enfeigner ce que nous dé-
lions faire, mais qu'elle foit prefchee auec
corrcftion , auec rigueur : que celle hauteflc
qui eft en nous foit mattee en defpit que
nous en ayons. Voila ce que noire auons à re-
tenir de et paflàge. Notons bien donc quVii
chacun doit examiner fa complexion, & quïd
nous voyons que nous fommes lifchcs de ve-
nir à Dieu , finoji qu'on nous picque èc qu'on
nous aiguillonne, fçachons que ce u'eft point
fans caufe qu'on nous rudoyé , & qu'on nouf
tire raureille,& qu'on vfe de reprehéfions ai-
gres &' fafcheufes:car autrement Dieuneche
uiroit iamais de nous. Cognoiflans cela, pre-
nons gouft à toutes les correûions qui nous
font ainfi vtiles.S: ne faifons point côme ceux
qui ne peuuent eftre attirez, côbien que Dieu
fe conforme quafi en tous moyés pour les ga
gner à foy pailibkment. Ceux qui ont befoin
d'eftre plusalprement corrigez, ne peuuent
■fouffrir qu'on vfe d'vne ieule rude parole.
Mefmes les bons & ceux qui défirent de ve-
nir à Dieu.encores y feroyent-ils enclins, fi-
non qu'ils bataillaflent corure vne telle ten-
tation : toutesfois fi on les admonefte , qu'on
les poulie, qu'on les refiieille , Si qu'on vfe de
véhémence, ils prendront cela d'vn efprit pai-
iîble. Car ils fçauent, encores qu'ils n'apper-
çoiuét point leurs maladies , & qu'elles foyét
fecretes, que toutesfois Dieu les cognoift : &
ainfi ils ne font point des rebelles , quand on
les reprend de leurs vices. Mais ceux qui ont
vne dure tcfte , qui ont vn col d'airin pour ne
pouuoirplier , qui fe moquent de Dieu Se de
toute la do(flrine de falut , qui font abbruuez,
ou pluftoft enforcelez des vanitez de ce mon-
de, tellement qu'ils ne prcnent nul gouft â
toutes les proniefles de Dieu:ceux-4a,fi on r-
fe de quelque mot vn peu afpre, fe fafchent Se
fe tourmentent , & voudroyent placquer VE-
uangilc â tous coups: on le voit ainfi. Il n'y a
que les beftes fauuages quifoyent rebelles:
ceux qui font ti"aittables,& qui fe laiflent ma-
nier, & qui plient fous l'obeiflàncede Dieu,
encores qu'on les redargue, ils ne laillèntpas
d'aller toufiours leur train: ils prendront dou
cément tout ce qu'on leur dira , fans s'elcuer
ne s'enuenimer contre la doftrine , ne contre
ceux qui leur font ainfi afpres & vehemens.
D'autant plus donc nous faut-il bien noter ce
pairagc:que ceux qui ont la charge d'anoncer
la parole de Dieu , cognoiflent la portée de
ceux aufqiiels ils font commis. Quand nous
verrons que les hommes ne fe veulent point
réduire de leur bon gré, vfons du remède que
Dieu nous commande ici , afçauoir que nous
les reprenions viuemcnt , que nous y allions
d'vne façon precîfe, comme le mot dont vfe
fainft Paul, emportecela, qu'on coupe court,
qu'onn'vfe pointde gr.idc rhétorique, qu'on
n'amadoue poît ceux qui font ainfi reueiches,
mais qu'on les fomme en vn mot , Venez-çi,
miferables creatures.à qui eft-ce que vous pen
fez vous iouèr? Ne voyez-vous pas que vous
bataillez contre Dieu? Quelle maiftrifc a-il?
Penfez-vous qu'il vous endure toufiourî? S'il
v fe maintenant de douceur enucrs vo»'i,S; que
il vouj conuie de vemràluy en la pcrfonnc
d'vn
s V R r E P I s T. A T I T E.
tfrn liomme mortel, penfer-voui cjue ceci du-
re?Ne faudra-ils pas en la fin qu'il toudroyeî
Vouleï-Tous eftre des diables au lieo de créa
turet qu'il a formées à fon image? Ne penfeï-
Tous pas quel mal-heur c'eft à vous.de mettre
en oubli le prix de voftrc rédemption, quand
rousmefprifez ainfi la grâce de l'Euangile?
Quand donc les miniftrcs de la parole de
Dieu cognoiflentquelc monde ert: tant diffi-
cile àgouuerner, il faut venir à vn tel ftylc&
langage ainfi rude. Voila pour vn item. Et voi
la pourquoy aufsi il eft dit que le Palleur
eftantcoramis fur vn troupeau, ne doit pas feu
lement propoferla pafture.mais qu'il doit
auoir pitié des poures brebis qui font débi-
les,afin de les conforter:qu'ildoit amener les
malades à guan ifon,8: qu'auec le temps quâd
il voit qu'il y en a de reuefches, qu'il les don-
te. Et âinfî apprenons que la parole de Dieu
fcdoit appliquer félon la nature &comple-
3tion des hommes aufquels elle s'addrefle.
Cependant ceci appartient à tous fidèles en
gênerai. Car fi nous fomme» ainfi corrigez
afprement.que gagnons-nous de nous defpi-
ter contre Dieu ? Comme nous en verrons
beaucoup, quand on ne les chatouillera point
ainfi qu'ils appetent, ils fc chagrinent, & grin
cent les dents contre la parole. Or c'eft ainfi
qu'vn homme qui fe defpite contre fon ven-
tre, & qui ne daigne manger : en la fin il faut
qu'il porte le dommage fur luy. Ainfi en eft-
iîdcceux qui fepriuent-dela pafbure fpiritnel
le de leurs âmes : en la fin ils demeurent affa-
mez,finon que Dieu ait pitié d'eux, & qu'il les
refueille.Et ainfi, que tous apprenent de ne fe
point fafcher quand on vfera de rudeffe en-
uers eux.mais qu'ils cognoiflent qu'ils en ont
fcefoin : i: fans qu'on nouî picque , 5; qu'on
nous folicite , nous demeurerions là ftupides
& hebetez. Sçachans donc que Dieu ne nous
traitte point ainiî fans caufe , Se qu'il apper-
çoit des maladies fecretes en nous , qui ont
befoin qu'on les purge, fouffronsd'eftrcgou..
uernez félon que bon luy femble. Et cepen-
dant ne foyons point addonnez par trop à
nos appetis : fur tout d'autant que le monde
eft auiourd'huy fi corrompu , qu'on voit que
tout eft depraué,fçachons que fi on crie,& que
onvfe de véhémence Se d'afpreté , ce n'eft
point fans caufe. Si nous faifons comparaifon
denortretemps auecceluy de fainâ; Paul , le
inondé a beaucoap empiré depuis: nousfom-
mes venus comme au comble de toute malice.
Eft-ildonc queftion que Dieu auiourd'huy
nous flatte,& qu'il nous mignarde?NouE fom-
mes quafi pourris en nos afFeûions, & cepen-
dant on nous viendra graiflcr d'huile, &n'y
mettra-on nul remède conuenable aux mala-
dies qui font venues à telle extrémité. Appre
nous (di-ie) de fcntir que nous auins befoin
d'eftre afprement efucillez , &ne reiettons
'point les corrcftions que Dieu nons eniioye,
veu que nous voyons que ce font médecines,
if^î
voire vtile^. Et ft nous «ilegiions q«e itwis ne
fommes point femblables àceftc nation dont
parle faind Paul , il eft certain que s'il y a eu
là des vices bien mauuais, il y en a de fembla-
bles auiourd'huy entre nous^ ou de piics.Baif
fons donc la tefte , & ne nous trompons point
par vaines flatteries.mais foiilfronsqueceliiy
qui a eftc leur iugc , auiourd'huy nous traittc
â fa façon, fçachans bien que nous ne cognoif-
fons pas ce qui nous eft propre &vtile. Il ert-
vray que quand vn prefcheur fuyura ie ftylc
qui luy eft ici commandé , ce ne fera poiat
-pour réduire tout le monde à Dieu , il elhm-
pofsible. Etdc ùiù, ileftbien vray-fembla-
blc que ceci a efté en fcandale à beaucoup de
ce peuple. Car ils fe font fafchei de veoir
leur nation ainfi dégradée par tout le inonde,
quand (tinâ Paul leur reprochoit qu'ils eftoy
ent menteurs,defloyaur,mauuaifesbeftes,fay-
neant, gourmans: cela n'a point efté receu de
eux , ie di de tous , mais il y a eu beaucoup de
murmures. Or tant y a qu'il afaluqueùind
Paul parlaft ainfi,& il eftoit approuné de fou
Maiftre : & ceux qui fe font fafchez à l'en-
contre, ont redoublé leur condamnation. Or
cependant ils n'ont eu nulle excufe : Dieu les
a aducrtis que s'ils ne pouuoyent fouffrir
condamnation deluy,queles Payens& in-
crédules les auoyent dcfia condamnez : cel«
(di-ie) les a rendus plus que coulpables.Mais
il y en a eu de bons quL-fe font paifiblement
accordez à ceci , voyans que ce n'eftoit point
fiiis caufe que leur nation eftoit ainfi déni-
grée. Auiourd'huy quand nous verrons que
tousne reçoyuent point paifiblenient les rc-
monftrances qui s'addreffent à eux , & qu'il
feur femble qu'il y a trop grande rigueur, que
nous nelaifsions point d'en faire noftre pro-
fit: car cela leurferuira de tefmoignage pour
leurofter toute excufe deuant Dieu. Quoy
qu'il en foit, les bons , & qui font vrayement
brebis de noftre Seigneur lefus Chrift , pren-
dront en patience les reprehcnfîons, Se ne fe-
ront point defpitez à l'encontre de l'Euan-
gile,ni aliénez de leurs Paftcur<r,quandils fen
liront que c'eft pour leur profit & falut quand
on eft contraint de les picquer ainfi:S: fi nouï
ne cognoillbns cela ,nouî fommes pires que
beftes. Et ainiî que nous ne foyons point faf-
chez quâd on vfera d'vn tel fty le enuers nous.
Car voila en quoy nous approuuerons que
nous fommes enfans deDieu, c'eft quand nous
ne nous desbaucherons point de l'obeiflance
de l'£uançile,nc du train de noftre foy .quand
nous ferons ainfi afprement traittcr. Cepen-
dant nous auons à noter qu'ici en vn mot
fainrt Paul nous déclare par quel moyen les
hommes fe pourront maintenir &preferuer:
c'eft afcauoir quand ils garderont la pureté
de foy. Si donc nous ne déclinons point de
la fimple doctrine de l'Euangile , mais que
nous demandions d'eftre gouuerncz félon la
volonté de Dieu, & que nous ne foyons point
BBb.iii.
^66
SERMON VIII.
tranfporteï par nos affeôions volages , que
nous ne cheminions point félon nos appctis
fiiuoles,brief<jue bous foyonsbonç efcoliers
de noftre Dieu,&tju^il nous fiiffire d'auoir
receu la doftrine guM nous propof'e : ficela
ell, nous ferons afleurez contre tout mal. Il
eft vray que le diable femera toufiours fes in-
fections, &qu''il ne demande que d'empoi-
fonner tout le mode de fon venin, qu'il efpan
dra fon ordure par tout, tellement que le mon
défera plein de tant de corruptions que tout
en fera infeûé : mais quoy qu'il en foit, fi ne
faut-il point que nous déclinions de lafim-
plicité de noftre foy , que toufiours nous ne
demandions d'eftre enfeignez fimplement de
no ftre Dieu. Quand nous y procéderons ain-
fi, quoy que le diable machine tout ce qu'il
luy fera pofsible,nous ferons garétis de tout
Rial. Voila donc ce que nous auons à noter,
quâdfainft Paul àil,qn' ils foyent fains.'En quel
le forte? E» foy, dit-il : comme s'ildifoit que
les hommes vont chercher leur mal à leur
efcient ■, quand ils fe deftournent de la pureté
de PEuangile. Car s'ils fe laifToyent gouuer-
ner à Dieu,& qu'ils ne demandaflent que d'a-
uoir {i doftrine fans fléchir ne çà ne la , il eft
certain qu'ils feroycnt vnis comme ileftbe-
foinrmaisd'autant qu'ils font variables,qu'ils
courent de coftc & d'aiitre,qu'il n'y a que lé-
gèreté en eux, voila qui eft caufe de les trôper
& les feduire. Et ainfi retenons la foy en la-
quelle Dieu nous vnit.Or fainft Paul adiouAe
quant & quant pour déclaration plus ample,
Q»'»7j ne pre fient point Tiwreille aux fables I»-
tlaimes,C aux commani emens des hommes qui
fe aefiournent delayerSté. Ilellvray que ce
mot àefoy, eftoitvn fommairedeceque nous
auons dit: mais d'autant que le s hommes font
trop rudes à entendre ce qui eft de leur pro-
fit fpiritueliil a falu que fainû Paul fe decla-
raft plus à plein. Voici donc la fimplicité de la
foy , c'eft que nous reiettions toutes inuen-
tions humaines , que nous adhérions a ce que
Dieu nous monftre , & ce qui eft contenu en
fa parole fans y rien adioufter: car le meflin-
ge qui s'y fera , ne fe trouuerâ en la fin que
«orreption. Voulons-nous donc retenir cefte
fimplicité? Reiettons tout ce que les hommes
apporteront de leur propre pour méfier par-
mi la parole de Dieu. Voila en femme ce que
lainÛ Paul a voulu dire. Or il appelle ici/d-
hles iudaiques, chofes friuoles , ou inuentions
lie BuUe valeur & profit. Car il s'expofe en
■ ifant commanderaens d'horhmes. Et pourcmoy
les appelle-il ludaiques ? C'eft fuyuan't ce
que nous auons traitté ce matin , que fur tout
les luifs faifoycnt beaucoup de mal en l'E-
giife primitiue , fous ombre qu'ils auoyent e-
Aé de toute ancienneté le peuple de Dieu,
qu'ils eftoyent nourris en la Loy dés leur en-
f.ince, mefmes qu'ils l'auoyent d'Lentsge:
pour ce fte caufe on les efcoutoit. Or cepen-
,<taDt ils cafiVnt voolu faire vu Rieflipge ac la
Loy Se derEuangile.il eft vray que qoand le
tout fera bien entendu , il s'accorde tresbien.
Car Dieu n'a point changé propos : & quand
il a eniioyé foc Eiiangile,ce n'a pas efté pour
aboLrla Loy , mais pluftoftpour ratifier cç
qui eftoit c 'ntenu en îcelle. Voire, mais la
vrayt confirmation de la Loy g'ft s" £C que
les cérémonies foyent mifes bas. Car elles
n'ont pas tfté en vfagefinon pour feruirde
ombres en l'abfence de noftre Seigneur lefus
Chrift. Depuis, fclon que la vérité & fubftan-
ce de toutes ces figures ancicnes eft apparue,
il faut que cela cefle.Mais ce n'eft point pour
faire tort Se iniure aux cérémonies : ce n'eft
point aufsi pour condamner cefte police qui
a efté ordonnée aux luifs quand onlescalTe
&qu'onlesabolit : mais c'eft pour monftrer
que toute la force & vertu d'icelles s'eft dé-
clarée quand noftre Seigneur lefus Chrift eft
apparu.Et iî cela n'eftoit, quand on regarde»
ra fîmplemét les cérémonies de laiLoy, qu'eft
ce qu'on trouuerâ fînon toutes chofes puéri-
les ? Mais quand on regarde la vérité , & à ce
patron celefte que Moyfe auoit veu en ia
montagne (comme il en parle au vingtroifie-
me chapitre de fon troifieme liure) alors on
verra qu'il n'y a rien inftitué de fuperflu. Voi
la donc l'accord qui eft entre la Loy & l'E-
uangile : mais les luifs eftoyent eipofitears
peruers , & nepouuoycnt fouffrirque lesfi-i
gures anciennes fiiflent aboliesiilss'amufoy-»
ent toufiours là,c'eft à dire à des menus fatra?»
voire ^ui auoyent efté bonnes ordonnances
& vtiles, iufqu'à ce que le Rédempteur fuft
apparu au monde : mais elles ne faifoyenC
pour lors qu'obfcurcir noftre .Seigneur lefus
Chrift, & mefmes apportoyent vne feruitude
infupportable. Voila pourquoy notamment
fainft Paul redargue les luifs, difant qu'ils a-
uoyent meflé leurs fables pour obfcurcir l'E-
uangile , & qu'il fe faut contenter de ce que
noftre Seigneur lefus Chrift a enfeigné: que
la Loy demeure toufiours quant à la doûrine,
mais quant à l'vfage des cérémonies, que cela
cftpaflc, & qu'il ne faut plus que les Chre-
ftiens s'y amufent. Nous voyons maintenant
l'intention defainft Paul. Or de ce partage
nous auons à recueillir en premier litu , que
les commandcmens des hommes font reprou-
ucz.Car faindl Paul n'vfe point d'autre argu-
ment ni raifon pour ofter ce qui eft des hom-
mes,fi^non endifant, Q^oy? qui font-iIv?Ap-
prenons donc que Dieu veut auoir telle mai-
flrife furnouj , que les hommes n^entreprc-
nent point de nous impofcr des loix.Or i'en-
ten loÎT fpirituelles fur nos âmes. Car ceci
n'atiouche point à la police : il y a l'ordre
extérieur : & noftre Seigneur veut qu'il y
ait des loix en ce monde : & notamment il eft
dit que par fa fageflèil prefîde fur les Prin-
ces , Se fur les Magiftrats , afin qu'ils facenl
loixSc edits. Mais il eft ici queftion du régi-
me fpirituel <ie uos -aiacs , de f^auoix comioe
nous
SVR U EPIS T. A TITE.
SC'7
noac deùons ferulr à Dieu , quelle cft la Traye
religion. Or il ne faut point que les hommes
s'anacent ici pour impofer loy , on pour faire
quelques edits, pour dire, Voila côrôe il nous
fautferoirà Dieu. 11 s'eft refcrué cclaàluy
feul. Etainfi nous voyons que ce qu"'ona ap-
pelé feruice de Dieu en la Papautc,n'eft finon
pour fubuertir 1* vraye obeiirance que nout
deuons à Dieu. Il ne faut point vfcr de longs
«ircnits: car celle Tentence nous doit fuflîre
quand S.Paul en vertu du S.Elprit déclare que
les commandemens d'iiômc! doiuêt eftremiî
bas,& qu'il faut que tout cela foit raclé, &: que
nous tenions l'ordre que Dieu approuue en-
tre nous. Voila pour vn item. Or notons que
tous commandemens d'iiommes font appelez
fables ou refueries, voire qBelque apparence
de fagefTe qu'il y ait : côme il cft bien certain
que tout ce qui aura efté introduit à la phanta
fie des hommes, fera toufîours trouué meil-
leur que ce que Dieu cômande.Et pourquoy?
Car nous recognoiffons là ce quj ell de noftre
nature. Et cela eft caufe que quand les homes
auront forgé des loix, qu'on y prendra touf-
iourç plus de goull , Se que cela plaira mieux
quedefuiure la fimplicitédel'Efcriture fain-
âe:Ho,ceci n'eit-il pas beau?Q^nd en la Pa
pautéon cftime les loix qu'on y a forgées,
N'eft-ce pas (difent-ils) chofc bien vtile que
on s'ab ftiene de manger chair en vend redi? &
puis qu'on face le Quarefme? Cela eft en pre
mier lieu, pour donter lachair:&puis c'eft en
rhôneurde lamortS: pifsion de Ufus Chri/l
qu'on obferue ces iours-la. Et puis que les
preftres s'abftrenent du mariage : car ils doi-
oent eftre pleins de toute fainfteté. Et ainfi,
de fc prophaner comme gens laies, &:decc
monde, il n'y auroit point de propos. Ils doi-
ucnt adminÙlrer les fainÛs Sacremens.& s'ils
eftoyent du rang commun des hommes, cela
feroit deroguer à la dignité des chofes faiu-
ftes. Et puis après quant à la confelTc , y a-il
rien meilleur que de venir fe profterner en
humilité pour confefler tous fes pcchez àvn
homme ? Brief, toutes telle innentions, com-
bien que ce ne foit que fottifes , ne lailTeront
point d'auoir apparence de fagefle. Et pour-
quoy? D'autantCcommei'ay dit)que nous ai-
mons ce qui s'accorde à noftre phantafie : Se
tout ce qui a efté ainfi inuété des hommes, eft
conforme à noftre nature: & ainfi nous aimôs
ce qui nous eft femblable. Mais Dieu ne re-
garde pointée quenousappetons , ni àquoy
nous fommes enclins:fa volonté nous doit e-
ftre pour règle , & nous faut tenir là , quoy
qu'il en foit. Et ainfi notons bien quand les
inuentions humaines nous plairont , & que
nous y prendrons gouft , que Dieu a déclaré
vne fois pour toutes que ce ne font que me-
nus fatras , ce ne font qu'ordures , ce ne font
que fables & chofes de néant. Il eft vray que
Tainfi: Paul dit bien en l'autre partage, c'eft a-
Cwj,.î3 f jauoir aux Colofsicns , que les loix qui font
proccdees des horames.ontqHelqne belle ap-
parence de fagefle, &mefmes.qu'il y aThiinn
lité parmi, qu'il ("emble qu'on s'humilie quand
on obferue ce qui cftainfî cômandé des hom-
mes : mais après il adioufte , Puis que ce font
commandemens d'homes, ce n'cft rien qui vail
le. Voila donc en fommc-,c6me ce qui fera eili
mé haut Se eicellét par nous,n'cft iinon puaa
life & toute abomination quant à Dieu , ainfi
qu'il a efté prononcé par la boHche de noftre
Seigneur lefus Chrift en faind Luc. C'eft ce ^' ^^^
que nous auons à retenir de ce paflage.Vcnôs '^'
maintenant à ce qui eft adioufte. Sainû P»ul
fpecifîe quelles fontlcs pollutions dont il par
lc,difant, \raycfl qu'à craie ^»i font purs gr
nets,tout Uureji pur: mais à cfux qui font poUut,
iln'y aricnqniltHrpuiffceflrentt. La râifon?
Ils corrompent tout, en touchant les bonnes
créatures , ils les infeûcnt par leur pollution:
car l'incrédulité eft comme vne pefte mortel-
le. Ainfi doncquand vn homme eft poilu, tour
ce qu'il attouche il le fouille auec foy. Par ce
ci fainft Paul monftre que les luifs voulans
contraindre les Chreftiens à s'abftenir des
viandes qui eftoyent défendues en la Loy, ne
font que peruertirle feruice de Dieu , quel-
que belle apparence qu'ils ayent.Or on trou-
ueroit eftrange quand ftinft Paul parle en tel
le véhémence des chofes qui ne font point de
grand' importance, comme on les eftime. Ce-
la n'cft-il pas indiffèrent qu'on mange chair,
ou qu'on n'en mange point? Faloit-il s'efcar-
moucher fi fort? Si les luifs auoyent deuo-
tion à ne manger point de certaines viandes,
& bien , encores qu'en cela ils s'abufaflenr,
&qu'ilyeuftde la fuperftition & de l'erreur,
il femble que fainéi Paul deuoit couler cela
fans en faire femblant. Et auiourd'huy les d"
ges du monde qui voudroyenc nager entre
deux eaux, en font encores là : carilsdifent
que nous fommes par trop importuns , quand
nous ne voulons point qu'on s'afTuiettiMeaut
loix humaines. Car y a-il (i grand malCdifent
ils ) quand on ne mangera point de chair en
vendredi? Mais il nous faut toufiours venir â
lafouice : car il n'eft point queftion de l'ça-
uoirfi on mangera chair en vendredi , quand
en ctft endroit nous condamnons les Papi-
ftes :mais nous venons à la fource du mal, pour
fçauoir s'il eft licite aux hommes mortels de
vfurper l'authoritédeDieu pour gouuerncr
les confciences.pour faire des loix à leur po-
fte , pour y afluiettir fur peine de péché mor-
tel,de mettre vne*dîê ob^gation.q leurs fta
tus foyét eleuez par delTus la parole de Dieu.
Et où eft-ce aller? Il eft dpnc queilion de ce- '
la:il eft queftion de fçauoir comme Dieu veut
eftre ferui & honoré.fi c'eft en obeifTanccou
à l'appétit des hommes;il eft queftion de fça-
uoir quel eft le vray feruice de Dieu, & la
vraye religion. Or quand cela eft, faut-il que
ceux qui ne pcuuent créer vne moufche , nous
défendent de manger des viandes que Dieu a
BBb.iiii.
585
SERMON VIII.
créées à nofhe vûge? Etfîl'vn condamnera
rautr€ fous ombre qii'vne chofe aura efté in-«
uenrce à Pappetit des hommes, faut-il cepen-
dant que Dieu foit priué de fon authonté , &
qu'iJ foit arraché de fon fiegc, & quM ne do-
mine plus fur nous, mais que les hommes y ay-
ent toute puilTance pour nous damner ou lau
uer àleur fantalîe? Voila donc où il nous faut
maintenant reuenir,pour cognoiftre fur quoy
eft fondé le débat que nous auôs auiourd'huy
auec les Papiftes. Et voila qui a efté caufe que
faind Paul s'eft ainlî choleré , pour refiftcr à
la fuperftition de ceux qui ne vouloyét point
que les Chreftiens euflent liberté de manger
les viandes telles que Dieu les a créées pour
noftre vfage. Vray eil que Dieu auoit bien
mis quelque difcretion des viandes: mais cela
a ceflé (comme nous auons dit) à la venue de
noftre Seigneur lefus Chrift,il a falu que tout
fuft mis bas. Caries enfans ne feront pas en tu
telle finon iufqu'à ce qu'ils foyent venus en
aage d'homme. Quand on ordonne vn tuteur
ou curateur à vn enfant, cen'eftpasqu'àl'aa-
ge de trente ou quarante ans il foit toufiours
comme il a efté en fon enfance. Ainiî Dieu a
voulu gouuerner le peuple ancien à la forme
des petis enfans, comme fainiîl Paul eu parle:
maintenant il nous donne vnc façon & régi-
me qui eft propre à la perfeiiion à laquelle il
nous a amenez. Si les luifs vouloyét contrain
dre les fidèles à obferuer leurs ceremonies,ce
feroit faire vngr.id outrage ànoftre Seigneur
lefus Chnft , ce feroit deroguerau bien qu'il
nous a apporté : car il veut qu'en fon Eglife
on vfe de la liberté qu'il nous a acquife. D'a-
Mantage,ce feroit obfcurcir fa grâce. Car com
me on pourra bien par vne ombre iuger d'v-
ne chofe abfente : aufsi les luifs pouuoyent
bien eitre conduits & amenez anciennement
à lefus Chrift par les ombrages que Dieu leur
anoit ordonnez. Mais cependant puis que le-
fus Chrift eft apparu.de s'amufer encores aux
ombres , & de laifler là le corps & la fubftan-
ce, n'eft-ce pas fe moquer & le defpiter plei-
nement? Et ainfi notons que la clarté de l'E-
iiangile eftoit obfcurciepar cefte contrainte
«jue pretédoyent mettre les luifs fur les Chre
ftiens.Et ainft non fans caufe fainft Paul s'eft
ainfi adrefle à eux , & auec telle véhémence.
Retenons donc en fomme.quand les hommes
veulent eftablir quelque nouueau feruice de
Dieu, q cela eft infupportablê. Et pourquoy.?
Car c'cft autant comme fi on vouloit abbaif-
fer Dieu au rang commun, & côme fi les créa
tures vouloyent vfurperce qu'il s'eft referué
à luy feul. C'eft le premier que nous auons â
retenir de ces traditions humaines. Mais ce-
pendant notons aufsi que quand il y a des me
rus fatras aufquels on veut eftablir faindctc,
que cek eft pour abaftardir le vray feruice de
Dieu. Qjj'tft-ce que Dieu demande de nous?
C'cft que nous mettions noftre fiance en luy,
<^u''ca cognoiIEuu cosroilercs nousayôsua-
ftre refuge à fa mifericorde, que nous l'inuo»
quions en toutes nos nccelsirez,que nous por
tions patiemment les afiîidions qu'il nous en
uoye.que nous ne laifsions point d'efperer en
luy , combien que nous fovons tentez, de gras
troubles , que nous cheminions en pureté de
confcience , que nous ayons rondeur & inté-
grité auec nos prochains. Voila quel eft le
vray feruice de Dieu. Or cependant on nous
viendra mettre en auant que c'eft vne belle
choie que de s'abftenir de mâger chair vn tel
iour:on nous deftournera du vray feruice fpi-
rituel,& nous fera-on à croire que Dieu fe c5
tente de menus fatras.Car qu'eft-ce autre cho
fe finon des hochetes de petis enfans, de tout
ce que les hommes aurôt ainfi inftitué; Et voi-
la comme les Papiftes ne font que fe moquer
pleinement de Dieu. Et pourtant, de s'arre-
fter à leurs fables.ce feroit vne pollution fem
blableà celle que fainft Paul a ici défendue.
Parquoy fi les Papiftes veulent feruir Dieu à
leur phantafie,laiirons-les là,& gardons-nous
bien de nous mefler auec eux. Ils dirôt,Il faut
auoir vne telle deuotion: c'eft vne belle chofe
quand on ne mangera point de chair vn tel
iour,qu'on fera ceci ou cela. Q^iiand Us aurôc
amafle beaucoup de tels badinages, qu'eft-ce
au prix de ce que Dieu nous a commandé par
fa parole? L'inuocation du nom de Dieu,n'eft
ce pas vn facvifice beaucoup plus excellét que
tout ce que les Papiftes auront forgé en leur
tefte? Et c'eft ce que fainil Paul a voulu ici ex
primer, en difant qu'il faloit refifter à telle
feruitudeque les luifs pretendoyent mettre
fur les confciences. Par cela il nous monftre
que fi on veut ordonner vne bonne règle en-
tre nous, il faut intcrroguer Dieu pourfça-
uoir ce qu'il approuue, & ce qui luy eft agréa-
ble : & alors nous fçaurons que nous ne fai—
fons rien à noftre tefte, quM veut que no' che
minions en pureté de confcience,que fon fer-
uice eft fpirituel.il ne demande point ne mul-
titude de bœufs qu'on luy offre en Sacrifice»
ne grandes pompes , ne ceci , ne cela : mais il
veut que nous renôcions à nous-mefmcs pour
luy eftre fuiets: il veut que nous recourions à
luy, fçachans que c'eft fon office de pouiuoit
à toutes nos necefsitez : que nous luy attri—
buyons pleinement la louange de tout bicnî
quand il nous affl/ge que nous demeurions la
quois , que nous ne murmurions point quand
les chofes ne viendront point à noftre phan-
tafic: que par ce mode nous cheminions com
me en vn ombrage de mort , &. que nous ne
laifsions pasdecontéplei la vie celefte, com-
me il nous la propofe par l'Euangile. Voila,,
di-ie , quel eltlc vray feruice de Dieu .voila,
quelle eft la pureté qui eft contenue en fa pa-
role.Mais quand les nommes fc veulent iuAi-
fier par des badinages ie ne f^ay quels, qu'ils
auront leurs dcuotions, pour dire, Voila com-
me i'appaiferay Dieu.voila comme îc fausfe-
ray pour mes tauccs,ie nicriteray en telle for-
te &
SVR L" EPIS T. A TITE.
fffp
te&en telle:5c puis, ceci fera eiicorcs par dt l'
fus,ie feray chanter des mcfles, l'auray teJles
chofes <jui m'ac(^iiefteront paradis : <juand
doncles hommes penfent s'auancer parceJa,
ils s'abufent par trop : car non feulement ce
font chofes friuoles & puériles , mais ce font
abominatiôs vileines& diaboliques que Dieu
ne peut fouffrir. Ainfi donc apprenons que
toute l'obeiffànce que nous deuons à Dieu,
c'eft de le feruir félon fa volonté. Et il nous
monftre quelafaçon de le bien feruir , n'cil
point par cérémonies, ni chofes externes:
mais que nous deuons commencer par l'inté-
grité intérieure, que nous-nous exercions en
prières &oraifons, que nous apprenions de
renoncer tellement à ce qui eft de noftre rai-
fon& denos appetis, que nous foyons vrais
facrifices,voire eftans reformez en nous-mef-
mes,afin que l'Efprit de Dieu règne en nous.
Si nous retenôs cela, alors nous verrons bien
que tout ce que les hommes auront inftitué,
n'eil que fumée , & que cela s'efcoulera ai-
feement : puis au lien qu'on s'y abufe tant , Se
qu'on en faityn tel cas , nous verrons que ce
n'eft qu'ordure , ou bien qu'il n'y a qu'hypo-
criiîe,& chofefemblable. Or quand nous au-
rons bien profité en cela, nous ne ferons plus
en danger d'eftre fcduitsne trompez quand
nous aurons cognu comme Dieu veut eftre
ferui & honoré. Le reile fera referué pour vne
autre fois.
OR nous-nous profternerons deuant li
maielté denoftre bon Dieu en recognoiflàn-
cc de nos fautes , le prians qu'il nous les face
tellement fentir,que ce foit pour nous attirer
à vne vrayerepentance , Se non point feule-
ment poumons condamner en nous-mefmes,
mais aufsi pour chercher le remède , & pour
eftre purgez de toutes nos pollutions par la
vertu de fon fainft Efprit. Et que de iour en
iouril nous face celle grâce de nous confor-
mer à laiufticede fa Loy , & qu'il l'impiiuie
tellement en nos cœurs, que nous ne cher-
chions linon de nous aflùiettir à luy , & à ce
qucbon luy femble. Que non feulement il
nous face cefte grâce , mais à tous peuples &
nations de la terre,&c.
NEVFIEME SERMON SVR LE
PREMIER CHAPITRE.
1 5 Toutes chofes certes font nettes a ceux qui font nets: mais aux-
fouillez O" itux infidèles rien nefl net , mais leur entendement ^ con-
fciences font foudlces.
i6 lis confeffent cognoiflre Dieu , mais ils k nient far œuuresy
( qu'ils font abominables (^ incrédules , O' reprouuez a toute bon-
\eu quiisfc
ne œuure.
' V fermon prochain , fainft
j Paul nous moftra qu'il nous
I faut régler félon Ji parole
5 de Dieu.ayans les coinman-
j démens des hommes pour
friuoles, car ce n'eft point
là où giil la fair.^eté & per
feitiôn de vie. Maintenant il adiouflc vne e-
fpece de ces commandemens qu'il auoit re-
ièttez , c'eil afçauoir quand on défendra cer-
uines viandes , & qu'on ne permettra point
d'vler de la liberté qtie Dieu donne à fes fi-
deles.Vray eft que ceux qui troubloyent l'E-
glifedu tempsaefaina Paul, mettant en a-
aant telles traditions, fe couiiroyeir» des com
mandemens de la Loy : mais pourcc que cela
n'auoit elle eflabli que pour vn temps , non
fânscaufc fainft Paul dit que ce ne font que
rnuentions humaines , pource que le Temple
deuoitelhc aboli à l.i venue de noftre Sei-
gneur lefus Chrill. Qi.and donc en l'Eglife
Chrcûieune ona voulu auoir cefte fupcifli-
tion,qBe certaines viandes fuflent defendueT,
l'âuthorité de Dieu n'a point efté pour ceux"
la , car ç'aerté contre fon intention qu'on s
voulu aflùiettir les Chreftiens à telles céré-
monies. En fomme , fainfl Paul déclare ici,
qu'auiourd'huy nous auons liberté de man-
ger fans exception de toutes viandes. Car il
n'eft pas qiieÛion ici de la fanté du corps,
mais c'eft d'autant que les hommes ne doiuéc
point auoir cefte maiftrife de nous impofer
loy qui foit contraire à ce que Dieirnous dit
par fa parole. Puis qu'ainfi eft que Dieu ne
met point difFeience cntie les viandev,vfons—
en, fans nous enquérir de ce qui plaira aux
hommes, ou de ce qui feia approin'.é d'eux.
Voila donc en fomme , ce que fair.ft Paul a
ici enfeigné quant à la p;f niiere partie. Or '.1
cft vray que nous deuons vfer de fobrieté&
tempérance des biens que Dieu nour. donne:
cncores que nous en ayons â regorger fconi-
me on dit ) fi faut-il qu'vn chacun fe rctiene,,
&q;Ue nous puifsions garder cefte rcigle qui
CCf.h.
Î70
SERMON IX.
ooa- eft monflree , c'eft aTçiuoir que Dieu comme à noitî appartenant ie droifl. Mainte
Boii'î a créé le^ viîd;s, mu point pour emplir nint voyoïi'; dont celle pureté procède. Nous
noftrc ventre comme des pourceaux, mai; ne la trouiierô; pomt en nous, mais elle nous
p lur en vUr pour lovillenir nollre vie. Cju- cfl donnée par la foy. Saind Pierre au qain-
técons-nous(di-ie) de celle mcfure qu? Dieu ziemedes Acies( combien que là il traittevn
nous m jnftre par fa parole. Et piiis encores propos plus gênerai) dit que les cœurs de
que nous n'ayons point nourriture à fouhait, tous les Pères anciens ont elle purifiez p.ir
portons patiemment la p lureté, & prattiquôs ce m lyen , c' ft quand Dieu leur a d jnné la
la dodrinc de faind Paul, que nous f^acKions foy. Or il efl vray qu'il regarde là au l'alut e-
eftre indigens , auf^i bien que d'auoir quanti- terne], d'autant que nous auoa^ elle poilus du
té. Car iinoltre Seigneur nous donne outre tout iufqucs à tant que Dieu nous ait recon-
nollre lugcment , li nous l:aut-il (comme l'ay ciliez à foy , au nom de noltre Seigneur lefus
deiîa dit) tenir en bride nosappecis: â:àl'op- Chrill,& que nous l'ayant conllitué pourRe
polîte, quand il luy plaira nous retrancher dempf ur, il nous ait apporté le prix & la ran
nos morceaux, que nous loyons nourris mai- ç^n de nos âmes : mais celledodrine fe peut
grement , Jî faut-il le contenter, &: le prier & fe doit appliquer à ce qui concerne la vie
qu'il non» donne patience quand nous n'auôs prefente.cSf lufquesàtant quenous ayons co-
point ce que noftre chair fouhaite. Bricf, il gnu qu'eftans adoptez en lefus Chnft, nous
uous tant reueniràcc qui eildit au trerieme fomiiiei enfani de Dieu, & par conlcquct que
des Romains, C^ue nous n'ayôs p'oint foin de l'héritage du monde eft noftre. Nous ne pour
noftre corps pour fatisfaire à (es cupiditei: rions pas toucher vnc feule riande que nous
car il n'y auroit iamais fin li les homes fc laf- ne fufsions larrons : car nous fommes pnuer
choyent la bride: mais contentons-nous d'à- & bannis de tous les biens que Dieu a crecx.à
noir ce qu'il nous faut , cSc ce que Dieu co- caufe du péché d'Ad.î,iufques à tant que nous
gnoiflnouseftre propre. Voila comme toutes en ayons la pofTcfsion en noftre Seigneur le-
chofes nous feront pures , quand nous ferons fus Chrift.Il faut doc que la foy nous purifie,
ainlî purifiez. Or il eft cray qu'encores que & alors toutes viâdesnous feront nettes,c'eft
les hommes fulTcnt tous poilus, les viâdes que à dire , que nous en pourrons vfer en liberté
Dieu a créées ne iaifleront pas d'cftre bônes: fans aucun fcrupale. Et fi les hommes nous
maisil eftqueflion ici de l'vfage.Qiiâdfaind vienent impofcr des loix , nous les pourrons
Paul dit, Toutes chûfes font pures, il n'entéd mefpnfer , fçachans qu'v ne telle obeillance
point qu'elles le font d'elles-mefmes , mais ne peut plaire à Dieu, quand nous luy donne-
quâtà ceuiqui les reçoiucnt: comme nousa- rons des compagnons qui foyent pareils à
uons veu par ci deuat, qu'il difoit à Timothee luy en degré. Car il fe referue cela , de nous
que tout nous eftfandifiépar lafoy, &par a- gouuerner. Le régime fpirituel donc doit e-
dion de gr.îces : Dieu ( dit-il) a rempli le ftre inuiolable à Dieu. Et ainlî quand nous
monde de telleabondance, que nous dcuons donnerons cefte fuperiorité-la aux hommes,
cftre esbahis quand nous voyons qu'il a eu rn qu'ils attrapperont & enuelopperont nos a<
foin plus que paternel de nous. Car toutes les mes en leurs liens.c'tftautant aneîtir lapuif-
richelTes qui font ici bas , à quelle fin fe rap- fance & l'empire de Dieu. Et ainfi cefte humi
portent-elles, finon que Dieu s'cftraonftré II lité que nous aurions , roulans obferuer les
beral enuers les hommes? Or maintenant au traditions humaines, feroit pire que toutes les
contraire, quand nous ne cognoiftrons que rebellions du monde, d'autant que c'eft de-
Dieu no* elt.ît Pere,veut faire office de nour fpouiller Dieu de fon honneur, & le tranfpor
ricier enuers nous , Se quenous ne receuions ter comme vne defpouille à des hommes mor
de fa main ce qu'il nous donne, tellement que tels, & àdes créatures qui ne font rien. Or il
(juand nous mangeons, que ce fi#it eftans réf.) eft rray que faintl Paul parle ici de la fupcr-
Jus que c'eft Dieu qui nous nourrit; fi (di-ie) ftition qu'auoycnt aucuns luifs, voulîs qu'oo
nous n'auonsccla , Dieu ne peut eftreglori- obfcruaft encores les ombres & figures de la
fié comme il le mérite: & mefmes nous ne Loy : maisfieft-ce que le faind Efprit ena
fçaurions manger vn morceau de pain , que prononcé vne fentence qui doit eftrcobfer.
BOUS ne foyons facrilcges , Se nous en faudra uce iufques à la fin du monde , tellement que
rendre conte, fi cela ne nous eft refolufcom- Dieu auiourd'huy ne nous a point aftrains i
me l'ay défia dit) que c'eft Dieu qui no* nour vn tel fardeau comme les Pères anciens, mais
lit &fiibftante, & qu'il nous eft licite de iouir a retranché ce qu'il auoit commandé oude-
dcs biens qu'il nousdiftribue. C'eft la pureté iendu des viandes, d'au tant que ccn'cftoit fi-
dont parle ici faind Paul , difant que toutes non vne loy temporelle. Puis que Dieu nous
chofes nous font pures, voire quand nous au- aainfi mi» en liberté, maintenant quelle auda-
rons vne telle intégrité , que nous nedefpri- ce fera-ce à des vers de terre, d'impofcr de^
fions point le bien d'autruy , mais que nous loix nouuclles, comme fi Dieu n'tuft point
demandions à Dieu noftre pain ordinaire : & H\ù aflcz fage? Quand on allègue ce lieu-c»
puis , que nous foyons tout perùiadez que ce aux Papiftes,ils refpondent que faind Paul a
qii^BoiM donne , nous Icpouuons rcceuoir parlé des Imfs, & des viandes qui cftoyent
dffcndues
s V R L* E P I S T. A T I T E.
Î7«
défendues en la Loy.Ie le c5feirc,& eft vray:
maib auifons '.i v ne telle réplique eft de mife,
ne de recepte. C.u faincV P.iul ne dit pas Itu-
lement qu'il foit licite d'vlcr de cecjuiauoit
«fté détendu : il'parlc en gênerai , dilant que
toutes chofej font pures. Et ainlî nous voy-
ons que Dieu â ici donné vue liberté quant à
l'vfage des viandes , tellement qu'il ne veut
plus que nous foyons en telle fuietion cô.ne
onteftéles Pères anciens. Ormaintcnant puis
que Dieu luy-metme a abrogé la !oy qu'il a-
uoit faite, qu'il ne veut point qu'elle tiene.ne
qu'elle foit en vigueur, mais qu'elle folt abo-
lie,fi les homes vienent forger des traditions
à leur pofte , & qu'ils ne fc contentent pas de
ce que Dieu leuradeclar6, mais qu'ils vueil-
lent eftre plus lages que luy.où fcra-ce aller?
Ne voila point double mal; L'vn c'eft , qu'on
veut encores tenir l'Eglife Chrcftienne en ce
fte façon puérile quia efté fous l'ancien Te-
ftament. Or Dieu nous veut gouuerner com-
me ceux qui font défia venus en aage , qui
n'ont point befoin d'vneinftrudion puérile
comme d'vn a b e. C'eft donc rompre l'ordre
que Dieu a eftabli. Voila pour vn item. Et
puis , en voulant eleuer ce qui a eAé controu-
ué parles hommes, & dire qu'il le faut garder
fur peine de péché mortel. Dieu ne veut point
que ù Loy mefme foit auiourd'huy obferueé
entre nous, voire quant aux ombres &: aux fi-
gures , d'autant que tout cela a pris fin à la ve
nuedenoltre Seigneur lefusChrift. Sera-il
donc plus licite d'obferuerce que les hom-
mes auront bafti en leur cerueau?Et s'ils nous
y veulent contraindre , cela fera-il fupporta-
fele? Nevoid-on pas que c'eft vne chofe qui
tend direéiement contre Dieu? Ainfi , faintl
Paul fe veut oppofer à tels fedufteurs , lef-
«juels vouloyent obliger les Chreltiens à s'ab
ftenirde certaines viandes , comme Dieu l'a-
uoit commandé en faLoy:s'il fevient(di-ie)
oppofer àeiix , d'vne taçon precife , *:auec
toute rigueur, auiourd'huy quedeuon^-nous
faire quand les hommes fe vienent ainfi dref-
fer raanifeftement contre Dieu, quand ils Par
rachent de fon fiege,& qu'ils veulent s'attri-
buer l'authorité qui luy appartient à Uiy fcul,
qu'ils rapportent comme vne delpouille ain-
fi que s'ils l'auoyent vaincu , & qu'ils le me-
naffent en triompheîCela ne doit-il point e-
ftre réputé comme vn blafpheme exécrable
qui s'adrefle contre Dieu? Or fi on allègue
que c'eft peu de chofc de s'abftenir de man-
ger chair le vendredi ou en Quarcfnieregar-
dons fi c'eft peu de choie que le feruice de
Dieu foit^orrompu & abaftardi.Or eft-il ain
ijque ceux qui veulent mettre en auant ce
<)uc bon leur femble pour donner lieu aux tra
ditiôs huniainet,& les oppofer à ce que Dieu
ordonne par fi Parole, commettent vn facri-
lege qui eft pour tout peruertir. Puis qu'ainfi
cft (j[ue Dieu veut eftre fcrui eu obeiilànce, ad
tifons de nous tenir entre le« bornes qu'il
nous a mifes,& ne fouifios point que les hoia
mes y adiouilent rien de leur propre. Et puis
il y a encores d'autres vices , pource qu'on
penfc qu'il y ait vn feruice mentoircde s'ab-
ftenir de manger chair ( ainfi que nous auons
déclaré ci deflus)pour côlbtucr là toute fain-
fteté:& cependant 1-e leruicede Dieu qui doit
eftre fpirituel , eft comme anéanti quand les
hommes s'abufent à ces meiui^ l'atrasrili laif-
fent le principal pour l'accefToire, comme on
dit. D'autant plus donc deuons-nous infifter
fin ccfte liberté-la , afin qu'elle foit mainte-
nue aux fidèles , c'eft que nous cnfuiuions la
reigle que Dieu nous donne par fa parole, que
nous ne foyons point moleftez d'auantage,&
qu'on ne viene point fe forger des loix nou-
uelles pour mettre les âmes en feruitude.Gar
c'eft vne ty ranie infernale qui derogue à l'au
thorité de Dieu..& qui enueloppc la vérité de
l'Euangile parmi les figures de la Loy, & qui
peruertit Si corrôpt le vray feruice de Dieu,
qui doit cftre fpirituel. Voila quant au pre-
mier , où fainél Paul déclare que toutes cho-
fes font pures à ceux qui font purs. Et ainfi
adiiifons que c'eft vn piiuilege ineftimable
quand nous pouuons remercier Dieu en re-
pos de confcicnce , fçachans qu'il veut que
nous iouifsionsde fes biens. Et pource faire
que nous ne foyons point enuelopez parmi
les fuperftitions des hommes : mais conten-
tons-nous de la pure fimplicité qui eft con-
tenue en fa parole. Et cependant cognoiflbns
aufsi que nous ferons purifiez, ayans receu le
Seigneur lefus Chrift, lequel nous nettoyé de
nos pollutions & macules, ayans cognu que
le gouuerncment du monde vniuerfel luy ap-
partient , afin que par fa grâce auiourd'huy
nous communiquions aux bénéfices de Dieu,
& que nous foyons repatez pour fes enfans,
encores qu'il n'y ait en nous que vanité, Dieu
nelailTe pas de nous tenir de la maifon afin
de nous nourrir. Or il s'enfuit quant & quant,
Qji'à ctux <jui font poilus & incret{nles rien ne
fra net . En quoy fainct Paul monftre que
ceux qui impofent ainfi des loix nouuelles,
auront beau chercher tous les moyens qu'il
eft pofsible de complaire à Dieu, car ils fe-
ront toufiours dechaflezdeluy , & mefmes
tout ce qui fortira d'eux , fera plein d'infc-
ûion.Et pourquoyrCar cependant qu'ils font
incrédules ( dit-il ) ils feront poilus & fouil-
lez, ayans vne telle fouilleure en eux , ils ne
pourront iamais rien attoucherqui ne foit in
fedé de leur vilenie. Et ainfi toutes les loix
& reigles qu'ils pourront faire ne feront que
vanité : car Dieu defauoue tout , & les reiet-
tc , 8c mefmes tout cela luy eft exécrable. Or
ici nous voyons que les hommes fe pourront
beaucoup tourmctercn cérémonies & chofcs
externes : iufques à ce qu'ils ayent intégrité
iie caur, ce fera en vain qu'ils trauailkroBt.
CCc.U.
Sl^
SERMON rX.
ils ne feront que battre Teau, comme on dit.
EtpourcjaoyrCïr le viay Tcruiccde Dieu cô-
mcnct par tell;.' rondeur & intégrité. Ccpeii-
diiit doiK que non'; fomiues incrédules , nous
fommcs infcd; & puant .deuant Dieu, tout ce
qui fortira de nous ne fera qu'infeflion &: or-
dure:&Ia chofe doit eftre alTez claire & faci-
le, mais rhypocrific; efl tant enracinée aux
hommes, qu'on ncleur peut apprendre ce qui
n'a nulle difriculté on foy.Qj^nd on dira que
nous ne pouuons plaire A Dieu en noftre fcrui
ce, iufqucs à tït que noftre cœur loit purgé de
toute malice.chacunconfeflera qu'il eft vray,
& touscuideront que cela ne foit point ob-
fcur : iruis cependant nous n'y penlons point.
, £t qui en eft caufcr Noftre hypocrifie, comme
l'ay dit. Et roila pourquoy Dieu a combatu a-
uec le peuple ancien touchant cefte doctrine,
côine nous le voyons fur tout au fécond cha-
pitre du prophète Aggee, ou Dieu demâde aux
Sacrificateurs, Si on euft touché quelque cho-
fe fainile.al'çauoir fi on euft: efté fandlifié pour
cela ? Les Sacrificateurs refpondent que non.
j^u contraire il leur demande, Et fi vn homme
poilu attouche vue chol'c.alçauoir fi elle fera
pollue ? Ouy,difent-ils?. La delTu? Dieu con-
clud:Tel eft ce peuple, & telles font toutes fes
œuures.Or maintenant rapportons à la vérité
ce qui cftoit cotenu es figures & ombrages de
la Loy.Carfi vnhome eftant poilu euft manié
quelque chofc,tout eftoit infedé,il faloit que
^ il y euft la purgation. Maintenant noftre Sei-
gneur dit,Regardcz quels vous eftes:car vous
n'auez en vous que toute pollution & ordure:
& cependant il vous fembleque par vos facrifi
ces & ofFrandes,& chofes femblables,vous me
deuiez côtenter. Non, non, dit-il, cependant q
vos amcs feront entortillées enmefcli.ïtescu
piditez.que les vns ferôt paillars & adultères,
que les autres feront blafphemateurs & periu
res,pleinsde fraude, pleins de cruauté &'inali
ce, que voftre vie fera diflolue , qu'eft-ce que
vous m'apporterez?'^Tout cela m'eftinfeûion,
ie ne le puis foufFrir, quelque apparence qu'il
y ait deuânt les homes.Nous voyons donc que
tous les feruices que nous attéterons de faire
à Dieu.iufques à ce que nous foyons vrayemét
reformez en nos cœurs, ne feront que moque-
ries , & que Dieu condamne & reiette le tout.
Or qui eft-ce qui fe perfuade cela ? Il eft vray
que les raefchans qui fontconfits en leursini-
ouitcz.quâd ils auront quelque fcrupule.aurôt
aes moyens pour appointer auec Dieu, & tra-
uailleront en cérémonies: & ce leur fera aflez
en fomme,d''auoir côtenté les hommes, & leur
femblera que Dieu auf i doit eftre appaifé
quant & quan t:'c'eft vne façon ordinaire qui a
régné de tout tcps.Ainfi nous voyons que d'au
tant que les hommes fe baignent en leurfcin-
tife, qu'ils ne irecognoiflent point quand ce
vient à bon efcient,ce qui leur deuoit eftre af-
ffz familier ¬oire.Et non feulement en ce
palî.igc du prophète Aggee,Dieu redarguc \ti
hommes de ce qu'ils font ainfi doubles, & que
ils penfent fe reconcilier àluy par des menus
fatras: mais c'a efté vn combat perpétuel que ,,.
ont eu tous les Prophètes auec les luifs: Al- ^''' '
lez, ie ne puis porter vos iours de ferte, ni vos °
facrifices.ce m'eft vne chofe qui me fait qaafi
vomir. Dicuvfede cefte fîmilitude-là , pour
monftrcr quecequ'ilauoit mefmes comman-
dé quand on l'obferuoit fi mal , & que les hy-
pocrites en abufoyent.cela luy cftoit infeét &
puant ,ainfi qu'il dit par leremie. Comment i-"f-7'-\
l'entendez-vous.'Q_uandi'ay retiré vos Pères
delà terre d'Egypte,lesay-ie voulu amufer à
des facrifices ni chofes femblables ? Nenni:
mais il m'a fuffiqueie fufle obeydevous:&
vous faites tout le contraire. L.iaufsi il leur I^f'./.U
reproche qu'ils ont fait vne cauernede bri-
gans de leurs cérémonies &: de leur temple.
Apprenons donc quandles hommes voudront
feruir Dieu à leur guifc, qu'ik fe trompent &
abulent.car tout cela ne viendra point en con
te:comme auf".i il le déclare par l'autre parta-
ge d'Ifaie, Qui eft-ce qa requis ces chofes de
vos mains? En quoy il manlhe q fi nous vou-
lons qu'il approuue nos œuures, il faut que
nous ayons approbation dé fa parole,c'eft par
ou il nous faut commencer. Or maintenant
nous voyons l'intention de faindl Paul, quand
il dit qu'à ceux qui font fouillez , il n'y a rien
de pur.Et pourquoy?C>»r/fHr eiitâiidemeiit(^dit
il) (y l^ifrs confciences fmt ^audlees. Par cela
il monftrefcomme i'ay défia declaré)que ini-
ques à tant que nous ayons apprins de feruir
Dieu en intégrité & rondeur, nous ne pro-
fiterons rien en tous nos menus bagages que
nous priions beaucoup, & aufquels nous auons
accouftuméde nous flatter & endormir. Main
tenant regardons que c'eftde toutes les tra-
ditions de la Papauté. Or leur fin principale
eft , d'appointer auec Dieu par leurs œuures
qu'ils appellent de fupererogation , c'eft à
dire de fuperabondant : quand ils font plus
que Dieu ne leur a commandé , il leur femble
qu'ils s'acquittent enuers luy,& qu'ils le con-
tentent d'vn tel payement: ils font leur con-
te là dcffus , quand ils auront ieui'né leurs vi-
giles , qu'ils n'auront point mangé chair en
vendredi, qu'ils auront fait beaucoup d'agios,
qu'ils auront ouy la mefic deuotement.qu'ils
auront prins de l'eau bénite , il leur femble,
di-ie, que Dieu ne leur doit plus rien deman-
der,qu'il n'y a plus que redire'en eux. Or ce-
pendant ils ne laifteront pas de fe nourrir
toufiours en leurs vilenies intérieures, en leurs
paillardifes, en leurs pariures , en leurs blaf-
phemes,chacun feraaddonnéàfes vices:mais
cependant il leur femble que Dieu doit ac-
cepter pour rccompenfe ce qu'ils luy auront
prcfcnté , c'eft à dire , leurs fatras : comme
quand ils auront prins de l'eau bénite , ado-
ré les marmoufets , couru d'autel à autre, &:
chofes fcmblables:en faifant des coniurations
& forcclltrics de Satan , il leur femble que
ce leur
s V R r E P I s T. A T T T E. ç7?
ce leur fera autant de payement èc recompen ce qui proccde de rKHiu e{\: propIiaiic.Or ccpé
Xe de leurs pécher. Or fi eft-ce que nous oyôs dant notons bu'n que c'tft vne horrible cou-
la doftrine du lainft Efprit , quant à ceux qui damnation furies Komines,qi)and il eft dit que
font fouillez , qu'il n'y arien depurni de net rren ne leur eft net, que tout cil poilu & fouil-
cn tout ce qu'ils font. Car prenons le casque lé pour eux.mfques à ce q Dieu lésait rcnou-
toutes CCS fingenes, ou pluftoft ces abomina- nelez.Car tant s'en faut que nous luy pui(si5s
tiens des Papilles ne fa&nt point mauuaifes apporter chofe qui luy fuit agréable, que no"
de leur nature: fi eft-ce que fuyuant cefte do- ne fçauriont ne boire ne manger, ni eftre ve-
ûrine de fainû Paul, il n'y aura que pollution, ftus, ni marcher vn feul pas qu'il n'y ait vfte
puis qu'ils font pleins de vices & de macules. corruption:qui plus eft, habitant en ce monde
Voila donc vn Papille qui entrera au temple, nous infeftons toutes créatures. Et voila pour
il luy faudroit vne trcteinede lacs, ou de mers quoy il faudra qu'elles demandent vengeance
pour le lauer,& il prendra trois gouttes d'eau au dernier iour contre tous incrédules & re-
bcnite.il luy femble que le voila bien nettoyé prouuez.Nous auons donc bien raifon de nous
deuant Dieu.Et puis il luy faudroit bien du lu defplaire.&d'eftre côfus.voyans qu'elles ont
mmaire pourrefclairer:car toute la clarté du nuifanceà caufe de nous, & qtie noHsfommes
monde ne luy fert de rien.d'autant qu'il eft vn tellement poilus d'auoir infefté ce que Dieu
poure ignorant &aueugle,eftant làabbruti en auoit dédié à noftre vfage,&mefmes qu'il n'y
fon ignorance. Et cependant il s'amufera à ce a que toute corruption en nous, que Dieu mau
beauluminaire,&nepourraveoir goutte en la dit &defauoue.Or quand nous ferons ainfihu
vérité de Dieu. Ils feront aflezdili^ésde trot miliez.cognoiflbnsd'autrecofté le bien nefti
ter çà & là pour ouir melTe. Mais quoy? Que mable que Dieu nous fait quad il nous recueil
auront-ils gagné en tous ces badinages? Il eft le à foy, & après nous auoir purgez, qu'il fait
vray qu'ils aurôt beaucoup trauaillé,& cuidét que nous vfiôs de tous Ces biens & largefles en
bien que Dieu daigne prendre à gré la peine pureté de cœur,& q nous foyons alTeurez que
qu'ils auront mife pour le feruir en telle for- il nous eft licite de boire & de manger quand
te : mais quoy qu'il en foit , ils n'ont de rien nous le ferons en toute fobrieté.&auecmefu-
changé , car ils croupiflent toufiours en leurs re raifonnable.Et an refte.non fei.lemét Dieu
ordures , & en leur incrédulité, en forte qu'ils nousfasftifie, afin que nous ne foyons point
ne retournét point à Dieu. Il eft vray qu'il ne coulpables d'auoir pollué Ces bonnes creatu-
faudra point que les hommes s'occupent là,& rcs.mais il accepte de nous ce que nous luy ap
qu'ils péfent y trouuer quelque moyen de s'y portons, côbien que nos bonnes œuuresfoyét
purger dcleurs macules: car le diable y a tel- toufiours entachées de quelque macule: corne
lement misde toutes fes drogues quec'eft vne il eft impofsible que nous foyons iamaisfî par
infeûio plus qu'infernale. Mais i'ay prins ceft faits que nous feruions à Dieu en intégrité.
Ciéple pour monftrer en fens contraire ce que Mais quoy qu'il en foit, fi ne laifle-il pas de
du S. Paul, que cepédant que les hommes font receuoir ce que nous ferôs par fa Parole, d'au
incrédules, les voila poilus & fouillez , telle- tant qu'il nous a purifiez par fa bonté gratui-
tnent que tout ce qu'ils attouchent eft infetlé te, au nom de noftre Seigneur lefus Chrift,
par eux.^Or nous fommes encoresmieuxcon- mais c'cft à celle condition que nous n'atten-
fermez en la doûrine quenousauons ouye:ce tiôs point d'amoindrir riende fon authorité,
cftde nous côdamner, & cognoiflans qu'il n'y en vfurpant ce quiappartient à luy feul, côme
a rien en nous que corruption, que nous priôs défia nous auons monftré. Voila donc ce que
Dieu qu'il luy plaife par fon fainft Efprit de nous auons i noter de ce palFage, que nous co
nous purger,&denousfaireparticipansdeno gnoifsions le bien ineftimablc que Dieu nous
ftre Seigneur lefus Chrift, qui tft la fontaine a fait, quand il nous a retirez de la maudire c5
de toute iuftice Se fainfteté . Or par foy nous fufîon en laquelle nous eftiôs plongez du téps
cômuniquons à luy, afin que nous puifsions e- que nous eftions Papiftes,& qu'il a monftré c6
ftre eftimez purs & irreprehenfibles deuant le me nous le pouuons feruir d'vne confcience
Seigneur.encores qu'il y ait beaucoup de pol- paifible,que nous pouuons aller avenir, & fai
lutiôs en nous, toutesfois que nous luy foyôs re ce qui eft de noftre vocation, fçachant que
agréables, & qu'il accepte ce qu'il nous aura cela plaira à Dieu , à caufe de la liberté qu'il
donné de bonne afFeÛion,pour le feruir en o- nous donne.que nous ne fommes point agitez
beiflance,& non point félon nos fantafies. Au d'inquiétudes continuelles , comme fi nous e-
refte, notons bien que iamais nous ne paruien ftions en doute que nous n'eufsions point de
drons à vne telle pureté.finon en mettant fous règle certaine , que nous ne fceufsions point
le pied toutes les imaginatiôs que nousaurôs quelle elHa liberté qu'il nous a acquifeparno
conceues , &• tout ce que nous pourrôs eftimer ftre Seigneur lefus Chrift : mais que nous Fa-
bon félon noftre fens charnel. Et pourquoyril cions valoir tout cela , afin que nous ne fouf-
n'y a qu'vne feule règle que Dieu approuue,ce frions point que les hommes nous vienent fur
eft que nous oyons fimpîement ce qu'il nous prendre derechef par leurs aftuccs pour nous
commande, & que nous apprenions de nous y mettre en feruitude : comme en la fin lainft
ranger fans y rien adioufter,d'autant que tout Paul adigufte,2»f ttllei gés <ji't ïmfoftnt heau-
CCc.iii.
Î74
SERMON XL
rouf Jf îo! X , feront fctnhlant deCDgntiiJire Dit»,
piuls i'.i te rtniiicent de f.iict.Car ili font mutins
^ rthelles, (jr repmnHK à toutes bonnes «u-
ures . Yci il Jelcouure ces perfonnages , aSii
qu'ils nedeçoyuent plus fous leur beau lem-
blant.Car ceux qui inuentent beaucoup de lla-
tuts &d'ordonnâccs touchant les cérémonies,
ils diront que c'eft poiarleruir à Dieu, ils pren
dront cefte couuerture:mais cependant qu'on
regarde leur vie, & on trouuera qu'ils font c5
terapteurs de Dieu,& qu'ils fe niocquent plei-
oemét de faraaiefté. Voiladonc ce que fainû
Paul touche ici notamment. Mais il nous faut
regarder de près corne il parle. Car il du qu'il
«ftvray que ceux-ci de prime face auront ce-
fte ombre de religion , qu'il femblera qu'ilj
foyentfort deuots , & zélateurs de l'honneur
de Dieu . Mais en quoy ? Il faut là venir : car
Dieu veut que nous fasions examen par la Pa-
role,(i nous .luôs fâ crainte ou non.Q_uand on
voudra efprouucr de l'alloy, on prcdra la tou
che, ou on le mettra en la fournaifc . Or nous
n'auôs autre chofe pour examiner noftre vie,
& pour fonder quel eft noftre cœur, lînon que
nous venions aut coramandemens de Dieu : &
ceux-ci raettct toute leur faincieté en des me-
nus bagages , qu'il leur fuffira qu'on ait ferui
Dieu en ce qu'il ne requiert point,& en ce que
il a laifle ennoftré liberté:&cepédant ils laif
fcnt ce que Dieu commande par (i Loy.Or de
tout temps ileneft ain{îaduenu,c'eft que les
hommes ont mefprifé la Loyde Dieu pour
j- , leurs tiaditiôs.ainli que noftre Seigneur Icius
lereprochoit aux Pharifîens : nuis cela aufsi
IfaAS.ïi eftoitdeiîadu temps des Prophètes. Car ce ne
eft point fans caufe qu'Ifaie cnefîafprement
contre ceux qui s'abufoyent aux traditions
des hommes. Et pourquoy ; Cependant qu'on
s'occupoit à cela, on pafloïc légèrement ce que
Dieu auoit commâdé: comme nous en voyons
l'exemple trop familier entre les Papiftes.
Qu^appellent-ils feruicede Dieu?Cefte mul-
titude de fottifes & badinages qu'ils ont con-
trouuei pour plaire à Dieu. Quand ils auront
ouy vnc mefle,il faut retourner à la fecôde: il
faut aufsi faire tant de cérémonies que rien
plus,& puis ceci,& puis cela, Se telle offrande,
& puis telle deuotion à vn tel lainû,& puis al-
ler en vn tel pèlerinage, à vn tel iour de fefte,
& puis quelque autre chofe;brief,on n'y trou-
uera ne fin ne mefurc, comme c'eft vn abyfine
quand les hommes fe donnent congé de taire
ce que bon leur (cmblcra, & cequi leur vient
tnla tefteàleit certain qu'ils entrét en vn la-
byrinthe fi confus, qu'il furmôte tous les abyf
mes du monde. Car quand vn homme ne feroit
autre chofc finon s'ainufer à cela, il fera bien
empefché. Comme nousvoyôs que ces bigots
& bigotcs.dc la Papauté, quand ils auront em-
ployé toute la matinée, encores kur tfchappe
il des fanfares beaucoup : car il faudra faire
tant de Mea culpa, prendre tantd'afpergesde
«au bsaitc, que cec'cAiamais fait. £t puis cb
Hat
leur Conftflc.ils n'en auront Jamais aflei def-.
gorgé, c'eft toufiours à recommencer. Brief,
quand les hommes s'occupét ainlî après leurs
traditions, il ne leur reftera point vne feule mi
uutede temps pour penfer au vray feruicede
Dieu: car aufsi iL le laiflcnt là derrière, pour
s'ainufer à leurs folles inuentions. Voila ou en
feront les hommes quand ils fe voudront gou
uerner à leur appétit, &: félon leur cerueau.Et
c'eft pourquoy le Prophète Ifaiea crié con-
tre ceux qui mettoy ent en auant les traditions
humaines , voire drclarant que Dieu fait vnc
menace horrible , qu'il aueuglera les plus fi-
ges, àl'jLUUnc qu'ils le font ainlî deftournez de
la pure règle de la parole de Dieu, pour fuy-
ure leurs folles inuentions.C'eft où fainô Paul
nous ramené en ce paflàge.difant que ceux-ci
inonftrent qu'ils n'ont nulle crainte de Dieu,
& qu'ils le renoncent de fait . Et' commenta
Car qu'on regarde leur vie (dit-il)ils font vi»
leins:comme s'il difoit, Il eft vray qu'ils lauc-
ront leurs mains quatre fois pour eftre fanûi
fiez: comme on prendra l'eau bénite en la Pa«
pauté ,ainfi ccux-laauoyent leurs afperfion»
accouftumees : après, tant de cérémonies que
rien plus. Mais où eft le principal cependant?
Car nous fçauons que Dieuderaâde qu'on che
mine en chafteté,qu'5 s'abltiene de toute.vio-
lcce,de rapines,de cruautcz,de malice, de frau
de : que tout cela n'apparoifîè point en noftre
vie:il veut qu'on foit fobre,& téperant, il veut
qu'on foit modefte , & non point difToiu . Or
ceux-ci font vilcins f dit-il) qu'on voit qu'ils
font desbordez, & qu'il n'y a que fouillure en
toute leur vie, il n'y nulle crainte de Dieu. Et
ou fe trouuera ce zèle dont ils fc vantent pour
plaire à Dieu auec toute leur deuotion ? Ainfî
d5c(dit-il)qu'on les cognoifle, afin de n'cftrc
point trompez de ccfte vaine couuerture que
ils prétendent du feruicede Dieu. Or par cela
nous fommes adraoneftez que ce n'eft rien de
eftre prifez des hommes, quand on nous aura
applaudi:fi nous fommes dcfauouez du luge ce
lefte,qu'auons-nous gagné? Et toutesfois on
ne cerche que d'cftre approuué ici bas,& quad
chacun s'cft flatté en fa phantafie, il luy fem-
ble qu'il a bien payé Dieu par là. Or ne nous
abufons plus, car Dieu ne retracera point ce
qu'il a ordonné en fa Loy .':Voulons-nous
donc fçauoir quand noftre vie fera bien ré-
glée ? Venons au contenu de ce que Dieu com
mande. Or là (comme délia nous awons dit) il
n'eft point queftion de nous fanâificr par ces
bagages, & ces fanfares, & ces pompes exter-
nes qui lont beaucoup prifees des hommes:
mais il tautf ômcncer par l'intégrité du ca-ur,
que nous inuoquions Ûieu,mettans noftre fian
ce en luy , qu'eftans dcfpouilUzde tout or-
gueil & prcfomption, nous venions à luy en
droite huuùlité.quc nous ne foyons point ad-
donncz à nos affluions charnelles, qu'vii cha-
cun s'tffbiceà fe tenir captif fous la iuiet-
xioB de iioArc Dieu , (jue nous foyons loin de
goutraaa
SVR L' EPIS T. A T IT E.
57ï
gOHrman<îire,.de paillardife, d'intempérance,
ae larrecinsde 5Ufphemc5,&; aucie^ diflolu-
Cions. Voila donc où Uica nous ramcine pour
("çauou (î noilre vie (eia i-icn regice. Âinft
ceux qui roudronc iultifier le h om.nes en des
choies externes, c'cltaiitant co iime s^ils cou-
uroyent des ordures puantes de quelque lin-
ge.oD quelque iinnteau:ni lis l'ordure dcincu-
re cependant. Ainfîoftonsla puant. fequi-eft
cachée dedans nos caurs , que le mal (di-ie)
foitdechalFe de nous,& alois noftre Seigneur
approuuera noftre ric.Or ici nouj voyons ce-
pendant quelle eft la droite cogno lîàuce de
Dieu:cen'eft point que nouvfpcculions en
l'air.mais que n jus foyons vrayemcnt refor-
Biezca fon obcflànce. Or ilclt impol'sible
«jueaous cognoifsions Dieu, que noui ne foy
ons transfiguiei en fon image. Il cft vray que
nous aurons bien me cognoiilànce de Dieu
confufe , comme ont les Payens : mais ce ne
fera fînon pour nous rendre tant plus inexcu-
iablcs.Car Dieu nefoufFre point que les hom
nies foyent fi abbrutis qu'ils n'ayent quelque
fentiraent qu'il yavn Dieu qui les a créez,
«nais cela eu à leur condamnation , car en co-
gnoifiTant ib ne cognoilFent rien , pourcc que
ils fout e^blouis, que Satan leur a bandé les
yeox.comme fainft Paul en parle: & encores
tjue TEuangile leur foit prefchc , ils n'y voy-
cnt goutte, comme nous en auôs auiourd'huy
l'exemple. Combien en y a-ilau monde qui
oncefté enfeigner enladoftrine del'Euan-
gile, qui toutesfoisdemeurét abbrutis en leur
ignorance, & fonttoufiours befteb comme ils
auoyent eftérC'eft pource que Satan les a pre
occupez tellement par mauuaifcs afFcdions,
<juc combien que le foleil luife, ils font toiil'-
iours fi aueugkz qu'ils n'y voyét goutte. Ap-
prenoils donc que lavraye eognoillance de
Dieueft viuc.quece n' cft point vnechofemor
te,nuis qu'elle fc monltrc , & qu'elle fruûifie
en toute noftre vie. Etainfipour cognoiftre
Dieu(comme fainft Paul en parle en la fécon-
de des Corinthiens) il faut que nous foyons
transiigurezen fon image.Car (i nous preten
dons de l'auoir cognu, Se cependant que no-
ftre rie foit diHolue & mefchante , il ne faut,
point de tefmoins pour nous démentir, noftre
Yiercndaflez tefmoignage que nous fommes
l&ocqueurs& fauHàires , en abufant ainfidu
fcom de Dieu. Et voila pourquoy lainû Paul
«ufsi en l'autre pallàge dit, Si vous auez cognu
lefusChrift .ilveusfaut defpouiller le vieil
faorame:comme s'il difoit que nous ne pouuôs
pas auoir cognu lefus Chrift.finon pour le te-
nir comme nollrechef: comme aufs» il faut
^u'il nous contoigne à foy comme fes mem-
bres : ce qui ne fe peut faire iufques à ce que
mous ayons renoncé à noftre vieille peau , &
ye nouj foyenj faitt nouucJlcs créatures.
Mais H'adioufte quant Equant, Voire, fî vous
l'aucz cognu comme il appartient. Et cela cft
notamniét adioufté, pource que de tout temps
k- monde a mcfchamment abuié du nom de
Dieu, comme auiourd'huy on le voit encores.
Et ainli regardons à la cognoilîànce vraye3c
légitime dont paile ici fainû Paul. Et au re-
ftc , pour conclufion , & pour la fin de tont,
quand il parle des bonnes ocuarcs , que nous
n'apportions point ici noftre poids Se noftre
balance, pour dire, Celaeft bon , car il me le
femble , le le cuide: mais cognoiflons que les
bonnes œuures font celles que Dieu nous 4
comciiandees en fa Loy, que tout ce que nont
pourrons faire au refte ne iera rien, mais que
nous apprenions de nous conformera ce que
Dieu nous commande.d'auoir noftre fiance ea
Juy , de l'inuoquer , deluy rcndie aûion de
grâces, de porter patiemment ce qu'il luy
plaira nous enuoyer.de cheminer en droiture
auec nos prochains, de nous contenir en tou-
te honnefteté & modeftie : voila les bonnes
oeuuresque Dieu requiert de nous. Et quand
nous ne ferions d'vne nature fi peruerfe que
nous fommes , il n'y auroit celuy qui n'en iu-
geaft:voire,&les petis enfans mefmes fçau-
ront bien dire, voila les bônes ocuures, 8c tout
le refte n'cftque folie, ce ne font mefmes que
abominations par Icfquelles le pur feruicede
Dieueft peruerti. Voila (di-ie) comme nous
cognoiftrons quelles font les bonnes Œuures
dont parle ici famd Paulrc'eftafçauoiff quâd
nous les difcernerons d'auec tout ce que les
hommes auront initenté,&quc nous fuyurons
fimplement ce qu'il a vne fois déclaré par ia
parole, que nousn'auons autre règle que cel-
le qu'il nous a donnée , Se qui fera aufii ap-
prouuee de luy , quand il nous faudra rendre
conte au dernier lour , Si qu'il n'y aura qu'y»
fcul luge.
OR nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoifl'ance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fcntir,&: qu'au nom de noftre Seigneur lefuf
Chrift cependant il nous donne vne telle f aa
ce, que nous ne doutions point de venir à luy,,
& que nous foyons afieurez de la remifsioa
de nos péchez , & qu'il nous fera participans
de la fanté de foy par laquelle toutes nos
fouilleures feront nettoyées , tellement que
nous n'infeitions point le monde où nous ha.
bitons, mais qu'cflans purifiez par la foy qu'il
nous a donnée en fon Euangile , nos oc-uures
luy foyent agréables, d'autant qu'il n'impute
point les fautes & iniperfr ftions qui y font,&
les vices pour lefquels elles font toufiourtà
condamner. Que non feulement il nous face
ceftc grâce, mais ï tous peuples & nations de
la tetTe,tic.
CCc.iiiii
Î7ff
PREMIER
SERMON X.
SERMON
S V R LE
SECOND CHAPITRE.
1 Mais toy^ânonce les chofes qui conuienent afàine doBrine.
a Que les hommes anciens foyent foires, graues en mœurs, ^th^
dens,fains enfoy,en charitéfO'enpatience.
3 J^areillement que les femmes anciennes Joyent en contenance
ftinSle oy conuenable , non mefdfantes , 72on adonnées a. beaucoup de
Vin, enfeignantcs ce qui ejl bon: ^
4 Afin quelles injlruifcnt en prudence lesieune s femmes à aimer
leurs miris^a aimer leurs enfans,
5 A efrc prudentes, chafes, gardantes la maifon, bonnes,fàet'^
tes a leurs maris, afn que la parole de Dieu ne fait blafnee.
• Oiis auons veuparcideuat,
) comment faindî Paul con-
jdamnoit ceux qui parambi-
I tion corronipoyent la paro
1 le de Dieu , ne l'appliquans
point à fou droit vfage, afin
' tjue le peuple en full édifié.
Car Dieu ne nous a pojntdoné fa parole afin
tjuc nos aurcilles en loyét batues,& que nous
laifsions el'coulcr en l'air tout ce qu'ilnous di
ra:mais il veut que ce nous foit vne pafture,&
que noftre vie y foitreielee,& en fonime,que
nous monftrions par effeft que nous n'auons
point perdu noftre temps quand nous auons
«fté enfeignez en fon efcole.Or pource que le
inonde appete toujours des nouuéaute2,&
que la plus part font bien ai fes qu'on leur
traitte des queftions curieufes , cela pourreit
induire ceux qui ont la charge d'enfeigner,
de fc defguiferpour plaire & gratifier au peu-
ple, & par ce moyen il n'y auroit point vne
àoârine bonne & vtile ; A fur tout quand il y
en a qui fe veulent faire valoir par leurs bel-
les monftres , on feroi't tenté de faire le fem-
biable, finon qu'on fuft retenu de la cfainte
de Dieu,& qu'on regardait, Comment? le luis
icicôftitué en ceft office tant honorable, l'ay
à rendre conte à noftre Seigneur lefus Chrift,
lequel m'a commandé de parler en fon nom,
-li çnfon authorité : le falut des aines m'eft
«ommis.c'eft vn threfor que Dieu prife telle-
ment , qu'il n'a point cfpargné fon Fils vni-
que.U ne faut point donc que ie prophane ce-
lte doftrine de faim, que ie la'comiertilTe-à ce^
que bon hiè femblef ,1, & à ce qbe ie verraîy e-
Jtre'p la liant au monde: car ceféfoic tout def-
giiifl.'r,ce ferblt vné eifjitcè de faùlTeté quand
le fcroye coulpabled'vn te! crime deuaut fno
Dieu. Si ceux qui ont la charged'anonccr l'E-
tiangilt ne penfent bien à cela , il eft certain
qu'a tous coups ils feront comms tranfpor-
tez, & que pour complaire à ceux quiontlej
aureilles chatouilleufes,ils traitterôt des que-
ftions friuoles : comme nous voyons qu'il en
eft aduenu de tout téps , & que beaucoup font
bien aifes quand on leur applaudit , & quand
ils font rire:illeur femble qu'ils ont bien em-
ployé le temps, & n'eft point queftion d'edi-
ficr,ne que le profit de leur dottrine (é mon-
ftre , & que les amts en foyent repeues. Car
comme nous fouîmes fouftenus quâtau corps
du pain & des viandes, aufsi faut-il que nos a-«
mes foyent repeues de la doftrine de falut.
Voila pourquoy maintenant fainft Paul dit à
Titc,Côbien que tu voyes que les raocqueurs
de Dieu foyent prifez, que le monde les flat—
te,& qu'il femble qu'ils foyent les plus grans
dodcurs, à caufe qu'ils traitcent des fpecula-
tions vn peu fubtiles , quand tu verras que Je
monde les fuyura, que tu ne fois point pour-'
tant diuerti de ton but , continue , & pourfuy
la iimplicité de bonne doôrine , que tu regar-
des feulement que l'Eglife reçoyuefruiftde
ton labeur, contente-toy que tu as ferui à
Dieu, & que tuas procuré le falut des âmes;
voila toute ta louange , voila ce que tu doit
regarder. Ainfî donc ne t'abufe point après
les exemples que tu verrai pour les enfuyure,
ou pour t'y conformer. Voila pourquoy no-
tamment famft Pauldit , Huis toy. Car il a ci
dcflus parlé deceux qui eftoyent recueillis en^
grand honneur , à cauf« qu'ils auoyent belles
parades , & qu'ils prelchoyent aiicc grand'
pompe pour le faire valoir. Combien que'tu »
voves que la fauetir du monde fpit de leur i;o-'^
ftc'pardè-toy(dit lainft Paul)(fc fléchir, mais*
pbuii'uy toulio'urs ce que tu as 'commencé:
c'eft .1 dire , ^ne la doftrine qui proccdeia de'"'
ta bouche,^^! faine.Cïmotâmmcnt'ir vfe de'
ce mot , à caufe que c'ell le moyen pour nous
tenir en vraye intégrité , q la parole de Dieu
oui nous eft prefchee fou noftre palturc fpiri
tucllc.
SVR L" EPIS T. A TITE.
Î77
tuelle.Il cft viay qiron ne rappcrcc-iira pa'i du
prcinitr coup, mais la chofe elt tcJle.Et pour-
quoy nerjppeiceuoii>i-iious poinc? C'ijfKqi'.e
nous fjmineb trop fen fuels Se terreftres. Car
quand la paftare défaut pour nos corps, nous
fommes incontinent effrayez, nous craignons
nous n'auons point vne minute de repos , car
cela r^ous touche de près : nous fommes deli-
cats.quant à ce qui eft de la vie caduque, mais
nous fommes quafi infenfibles en ce qui attou
chenos âmes , il y a vne fhipidité fî brutale
que nous ne cognoiflons point noftre défaut,
encores qu'il nousprefle. Toutesfois notons
qu'il n'y a que langueur en nous , fi nous ne
fommes lepeus de la doctrine de Dieu. Et voi-
la pourquoy cjle eft nommée faine: car c'eft
en quoy confifte l'intégrité de nos ames.Com
me nos corps font maintenus en leur eftat par
nourriture bien rciglee : ainlî nos âmes s'en-
tretienent par cefte doftrine , laquelle non
feulement fert de nourri ture.mais auAidcme
decine. Car nous fommes pleins de vices qui
font pires que maladies , il faut que cela foit
purgé, &: que nous en foyons guairis.Le moyé
eft, que nous profitions en la parole de Dieu.
Etainfî ce n'eft point fans caufe que fainft
Paul luy attribue ce titre, qu'elle eftjlaine. Car
il môftre l'office qu'elle ha enuers nous c'eft
de nous reftaurer quand nous fommes mal.i-
des, & puis de nous maintenir en noftre en-
tier,en forte que nous ayos vne vigueur pour
nous employer au feruice de Dieu , que rien
ne nous empefche que nous ne foyons net-
toyai de vice, &: delà corruption qui nous de
ftourne du bon chemin. Notons bien donc
que la parole de Dieu fe doit appliquer à Tin
ftruftion des hommes , tellement qu'ils foy-
ent difpofez pour feruir àDieu.Et c'eft ce que
l'Efcriture entend parce mot d'edifierrcar il
faut que nous foyons cftablis , veu que de na-
ture nous fommes tant defpourueus que rien
plus. Nous ne pouuons pas remuer vn doigt
pourtirer au bien , nous n'auons pas me fm es
vne feuJe bonne penfee. Et ainfi il faut que
Dieu befongne par le moyen de fa parole en
eeft endroit,afin de nous gagner à foy.Sc puis
quand iJ nons a mis au chemin, qu'il nous con-
auife,& qu'il nous auance de plus en plus. Or
après que fainft Paul a parlé en général, il ad-
ioufte,C^«# leshomes tndtnsfiy nt fthrtnt,qut
ilsfoytnt graues fy- modefles , faim en foy , en
rh.trité &■ en patience. Siinâ Paul pouuoit bié
parlerde la Loy, pourdire q Tite enfeignaft
le peuple afin que chacun fegouuernaft félon
Dieu i mais il traittedu deuoir particulier
d'vn chacunrce qui eft bien à noter. Car il ad-
niendra que fi feulement on prefchc en com-
mun,la doiflrine fera bien froide , qu'on n'en
fera point touché. Et pourquoyî Car nous re-
culons tant qu'il nous eft pofsible quâd Dieu
nous appelle à foy. Ainfi il eft befoin qu'il
s'addrefle à chacun , & que nous l'oyons tou-
chez de plus près. Dieu donc fait fes appro-
che* quai:dil monftre à tous c/î.its à quoy
chacun ill tenu .qu'il parle rotJinmciTt aux
vieilles gens , & puis aux itnnes : Se puis qu'il
parle à ceux qui l'ont mariez, tant aux hom-
mes qu'aux femmes, qu'il parle aux feruiteurs
&aux maiftres , qu'il parle aux riches & aux
pouresqu'irparle à ceux qui l'en: en authoi'i-
té,q font au fiege de iufticc, qu'il parle à ceuic
qui ont la charge d'anoncer fa parole, qu'il
p.irle à ceux qui ont mefnage à gouiiei ner , &
à ceux qui n'en ont point. Quand donc cha-
cun eft amfi appelé à Ion tour & en fon rang,
alors la parole de Dieu nous folicited'auan-
tage, que nous fommes contraints depenfer à
nous,au lieu que tout nous fuft efchappé, que
nous l'eufsions efcoulc en l'air , comme on le
voit par expérience. Notons bien donc que
fainft Paul ne s'eft point contenté de dire en
gênerai qu'on doit enfeigner le peuple afin
qu'on férue à Dieu, contormant fa vie à Ij
Loy qu'il nousadonneennais il dit qu'vn cha
cun doit cftre admonefté de l'on office,qu'on
doit parler aux maiftres &aux feruiteursauT
ieune\5(:auxvieux,àhommes& à femmes, que
nul ne foit oublié. Voila donc pour vn itemce
que nous auons à noter. Or il eft vray que ces
choies feinblent aflèz communes , & qu'il ne
feroit point befoin mefmes quenous en euf-
fions les aureilles fort battues. Car qui eft cc-
luy qui ne cognoift que les Vieilles gens doy-
uentauoir quelque grauitc & attrempance en
leurs mœurs , qu'ifs doyuent monftrerexem-
pled'honneiteté aux autres, qu'ils doyuent
eftre patiens à caufe que Dieu les a exercer
de plus long temps, qu'ilsdoyuent brief,mon-
ftrer que ce n'eft pas en vain qu'ils on vefctj
au mondefCcla nous fera cognu de nature. Il
nefemble point donc qu'il fuft fi grand be-
foin de venir au fermon pour ce faire , c'eft à
dire pour eftre inftruit de chofes qui font fi
patentes. Autant en eft-il de ce qu'il adicufte
quant aux femmes:car cela fepeut apprendie
en la maifon , Se chacun en pourroit quafi te-
nir efcole, ce femble. Neantmoins fainft Paul
n'exhorte pas Tite qu'il en prefche feulemet
vn coup ou deux, mais il veut qu'il perflfte en
cela. Il femble de prime face que ce foit vn la-
beur fuperflu, Se mefmes fclon que nous fom-
mes chatouillezdevainéconuoitife,DOUSvon-
drions qu'on nous apportaft chacun iour ie
ne fçay quoy de nouueau , 4: il nous fafche
quand on nous parle de ces chofes commu-
nes,Et comment ? l'apprendray ceci en mon
mefnage, que ie foye en ma rnaifon, que i'aye
là ma femme & mes enfans à gouuerner:faut-
il que Dieu me reuele fa parole du ciel pour
des chofes qui font fi vulgaires Se fi petites*
Sous ombre (di-ie) qu'il fenible que nous ne
profitons point beaucoup quand on nous ré-
cite ces chofes , nous voudrions que pluftoft
on nous traittaft quelque ncuucauté qui notJS
feift voltiger en l'air : comme i'ay défia dit
que le moridc eft eudin à cela , d'auoir qutl-
DDd.J,
S78
SERMON X.
que? qu("ftion?curieute>; qui rcfponJent à no-
ftrc t'i>l & delordaniié appétit. Or tant y a
que l'Elprit de Dieu eu plus ùe,e que nous, il
fcait ce qui nous cft propre : & auifi tenon<-
n:)us en bride. Et combien que nous pourries
nous ennuyer iî on nous remonftre les cbofes
«ui font ici contenues, coirime lî on ne taifoit
que battre l'eau , rçathous que ce n'cft point
(ans c.iufe que Dieu veut & commande que la
mémoire nous en fait rcIr'refchie.Etdc taid,!!
nous regardons à nous, il fera facile de iuger
que iamals nous ne profiterons en toute no-
rtre vif (tant qu'il feroit befoin) en cet cho-
ies que nous eftimôs plus que viilgaircs,&' qui
font quafî cognues aux petii enfans. Comme
quand il eft parlé des vieilles gens , il e(\ dit
en premier lieu, (j«'r7^ ayent grjuité & atlrem-
pance en leurs mitun. Orque cela fedife, &
qu'on en parle foiiuentesfois.comment profi-
te-on?On verra les vieilles gens qui font en-
durcis au mal, que fî on veut auoir des moulles
de vilenies (comme on dit) il les faudra aller
là clicrcber. Les vus feront des vieux renars
qui n'apprendront que fraude & malice, &
quand on fe voudra conformer à leur exem-
ple,il n'y aura ne loyauté, ne droiture qui foit
Apres, on enverra d'autres qui feront diflo-
lus& desbordez en toute leur vie. Les autres,
i'ils ont efté addonncz à blafphemes en leur
ieune aage.ils ne s'en corrigeront non plus
envieilleue. On verra mefmes les vieux co-
quars qui feront confits en leurs paillardifes,
voire tellement que ce fera pour tout inte-
ûer, qu'ails tiendront des propos tant infâmes,
quelesieunes gens auront honte de leur ouir
defgorger telles vilenies & fi puantes. Apres,
ils ne demanderont finon que de fe detbor-
der en toutes diflolutions. Car encores qu'ils
ne puiflent remuer les iambes.s'ils voyentdes
tlanfes , & autres chofes vileines &diffolues,
ils s'y baignent. Voila ce qu'on voit aux vieil-
les gens. Et ainfi, quand nous aurons regardé
àces chofes ,cognoiirons que Dieu ne nous
amufe point en vain à telles exhortations. Il
cft vray que nous cuiderons eflre alTez habi-
les, & que ce fcroit afTezdc nous en auoir dit
vn mot en partant: mais qu'on necefle,& »ju'a
près nous en auoir parlé auiourd'huy, que de-
main on continue.nous y ferons toufîours no-
«ices , au bout de l'an nous monftrerons que
nous auions befoin d'eftre touchezau double,
voire cent fois plus. Ainfi apprenons que ia-
mais on ne fe doit fafcher d'eltre exhortez à
bien faire , iufques à tant qu'on aura vue telle
perfection qu'il n'y ait plus que redire. Or
qu'on la cherche en vn autre monde:car il n'y
a celuy de nous qui ne cognoifle fes vices &
iea infirmitcz.ou nous fommes par trop aueu-
gles. Et ainfi remettons-nous à Dieu,& fouf-
frons qu'il nous folicite& nous redargue. Et
d'autant que nous auons eu l'aureille fourde,
& que nous auons eftc par trop froids & tar-
dif», s'il nous donne des coups d'cfpeion par
chacun iour,que nous foyons patiens pour lei
receuoir,lçaclians que cela nous cft plus qu'y
tiie. Voila doue comme nous ne ferons point
fi délicats pour nous ennuyerde labonnedo-
ftrine,fçachansque fi on ne nous larenouucl-
le toute noftre vie, nous l'aurons tantoft mife
en oubli, d'autant que mefmes nous ne l'aurôi
iamaisalFez apprinfe comme il feroitàfou-
haitter. Or cependant notés aufu ce que i'ay
touché, c'eft afçauoir que Dieu pour s'appro-
cher de nous plus priucement après qu'il nous
a attirez à foy , nous traitte en particulierdu
deuoir de chacun. Q^nand nous auons la Loy,
il eil vray que c'eft vne règle fi fuffifante que
il nous doit bien fuffire:& Dieu aufsi n'y ad-
ioufte rien. Quand il parle des maris,des fem
mes,dcs percs,des enfan<:,desmaiAre$,dts fer
ui:eHrs,des magiftrats & des fuiets,& det
vieux &:des ieunes , Dieu par cela n'adioufte
rien .î ce qui eft contenu en fa Lov,roais il Tex
pofeafin que nous en foyos mieux enfeigner,
& qu'vn chacun regarde à foy pour examiner
fa vie mieux que nous ne faifons pas. Voila
pourquoy il nous eft vtile de bien regarder
quand nous lifons l'Efcriture fainôe , quand
nous venons au fermon, ce qui fe peut appro-
prier à noftre vfage. Mais quoy?noLis faifons
tout à l'oppofite:car chacun efcoute fi on par
lera cotre fon voifin.Et c'efl bien fi; mocquer
de Dieuinous rendons par ce moyen la paro-
le inutile, & quafî luy fermés la porté. Et ainfi
donc retenons qu'vn chacun doit eftre atten-
tif à noter fi ce qu'on dira l'attouche ,& qyi'il
luy foit propre, VoiciDieu qui neparle point
feulement en gênerai à toute la compagnie,
mais ie voy & fen que ceci m'appartient , &
que Dieu entre quafi en mon cœur afin de me
foliciter à bien faire. Voila comme nous de-
uons eftre aigus àappliquer ànoftre inftru-
ftioncequi nous eft prefenté de laparolede Xfjy^t
Dieu. Et voila pourquoy aufsi fain£t lehan ' .
dit, le parle à vous, vieilles gen5:car celuy qui
a efté dés le commencemét vous prcfente fon
Euangile,& veut que vous veniez à luy. le par
le à vous , ieunes gens: car vousauez vn Père
au ciel , pource qu'il vous a adoptez pour fes
enfans. D'autant que les vieilles gens ne font
gueres dociles, & qu'il leur fembîe puis qu'ils
ontvefcu au monde qu'on ne leur doit plus
rien apprendre:& là defllis qu'ils s'enorgueil-
lifTent & font quafi rebelles à Dieu, fainft
lehan leur dit, Comment nedaignez vous pas
cfcouter celuy qui eil de toute éternité ? Si
vous auez vefcu quatre vingts ou cent ans au
m5de,qu'eft-ceau prixde celuy qui n'a iamais
commencé d'eftre, mais à toufioursefté?VoiJa
noftre Dieu qui vousappelle, voire pour eltre
participans de cefte figcflè infinie qui a efté
de tout temps cachée en luy : & vous ferez fî
fiers & fi arrogans, qu'il vous femblera qu'on
ne vous doyue rien monftrerde nouueau?Voi
la comme S. lehan s'addrefTe aux vieilles gens
pour les mieux picquer. Et puis quant à vous
(dit-il^
SVR L' EPIS T. A TITE.
r?
(•Jit-il)ieunes gen^.il vous femble <jue vous y
viendrez ton: à ttmps. Car les ieiines gen'; le
promettent de viure cent ans après leur mort;
&Iàdeflus ils s'adonnent aux vanitez de ce
monde, &leur femble (jifil ne faut point que
ils fe melancholient.mais pluftoft qu'ils peu-
U€nt faire grand' ctiere & (e donner du bon
temps. Voila qui fait que tant peu gouftent la
parole'de Dieu pour s'y addonner.Comment?
(dit-il) Voici voftre Dieu qui vous a défia ado
ptez pour (es enfans,il veut eftre voftre Pcre,
& cependant vous ne regarderez point à luy?
Voila donc ce que nous auons à retenir en ce
paflage, quand nous voyons que Dieu non feu
lement nous appelle d'vne voix cômune.mais
qu'après il nous prend chacun en fon rang, &
dit,Or ça, il faut maintenant q vous cognoif-
fiezquec'eftàvousque ie m'adrefle,que vous
fçachiez ce quieft de voftre office: regardez à
quoy vous eltes tenus. Quand nous voyôs que
Dieu ha vne telle folicitude pour nous gagner
àfoy.ne faut-il pas que nous foyons plus que
peruers, fi pour le moins nous ne venons à luy
quand il s'accommode ainfî à noftre rudell'e?
Voila en fomme comme nous deuons pratti-
cjuerceftedoftrinede faind Paul, quâd il dit,
t.nfeigne Us yleilhs gen) . Or cependant no-
tons que les vieilles gens, combien qu'ils foy-
ent expérimentez , ne doyuent pas pourtant
eftre reucfches, comme nous en voyons beau-
coup'il leur femblera que ce qu'ils ont veu les
fait aflez fages. Mais quoy?Nous voyôs coin
me Dieu les appelle à fon efchole,& qu'il veut
encores qu'ils fuflent fur le bord de leurs fof
fes,& qu'ils eulTent vefcu long temps, que tou
tesfois ils demeurent toufiours fous la doiiri-
Be,& qu'il» efcoutét,& qu'ils foutfrent d'eftre
gouueruez : car s'ils veulent eftre trop fages,
Dieulescôfondraen leurprefomptiô. Et ain
finotô^bien queladoûrinedtf PEuagile n'tft
pas vn a b cpour nous inftruire quand nous fe
rons encores rudes & nouueaux.mais que c'eft
vne perfeûion de toute fagefle, à Liquelle il
nous faut airuiettir & ieunes & vieux. Tou-
chant ce qu'il dit , Qji'ils f-ymt fubtes , cyUs
mytnt grnuité,C ciii'ls ayent .ittretnfance: cela
ef 'înt pour corriger les vi ces qui font en la
▼il (TeiComme aiifsi pour monftrer les ver-
ttis q, "int propres à ccft aage-la. Car quel-
que fou n verra les vieilles gens addonnez
àboire:& u au..:nt que cela eft par trop com-
mun,il leur femble que c'eft vne excufc.Mais
a» contraire,c'eft vne choi'e honteule,& con-
tre naturcque ceux qui ont ainfi long temps
vefcu au inonde , ne puiffent encores vfer de
ces créatures de Dieu , qu'ils ne cognoiflent
pourquoy & à quelle fin le boire & le manger
nous font dônez-Sainft Paul donc notammét
a voulu corriger ce vice:& cependant il mon-
ftre que les vieilles gens doyuent auoir &• gra-
uité & attrempance. Il eft vray que fi les icu-
nesgens fontdiiïblus.ii les faut reprimer.s'ils
fgctvolaget, t'iU font des veaux desbndez,
qu'il faut les ramener au iowg : mais tant y a
que fi on fait côparaifon, les vieilles gés fout
beaucoup plus vileins & deteftables du tcut,
quand il fuyuét encores après leurs cupiditer
volages:car ilsdoyuét eftie mattez:&nefuft-
ce que l'aage,natureenftigneceJa Mais quâd
nous auons la dodrine de î'Euangile qui nouj
monftre à quoy nous doit feruir d'auoirlong
temps vefcu au monde , nous deuons appren-
dre ce que Dieu nous y monftre, en taichant
de profiter tellement que nous foyons plus at
trempez, félon que nous cheminerons plus
auant en cefte vie, que nous foyôs fobres, que
il y ait grauitc. Et mefities on verra que c'eil
comme vn monftre de nature qu'vn vieil hom
me qui s'efgaye encores comme vn ieuûe fol.
Si qu'il ha ks bouillosde ieunefle.Car qu'vii
vieil homme s'efforce tant qu'il voudra , il ne
pourra pas traîner les iambes, ne remuer les
bras: la dcbilitédefon corps l'aduertitalTcz
décela. Car quand il eft ainfi cafle & rompu
qiiat au corps.fi l'ame eft ainfi reuefche.qu'el
le fjit volage,qu'elleait fes bouillons, ou fe»
ra-ccaller?Il femble que ce foitdefpi ter tou-
te humanité que cela. Nous voyons doc pour-
quoy lair.ft Paul a ici notamment parlé de la
robricté,&: delà grauité.&del'attrempance.
Or il 3.àioMlic,QH'ils foyentfahis enfoy^en cha-
rités en pati<ncf. C'eft autant côrae s'ildi-
foit, que fi les vieilles gens font caduques &
rompus, qu'ils nourriflcnt beaucoup de mala-
dies, qu'ih n'ayent plus telle vigueur comme
ils auoyét: pour le moins que cela foit rccom
penie quant à l'intégrité des amcs. Il eft vray
quefaindt Paul n'exprime pas cela de mot à
mot ,mais fia-il regardé à cefte fimilitude.
Pour mieux comprédre ceci,prenonsce qu'il
traitte en la i.des Corinth. c'eft afçauoir que i.Cor.t i
felô q no/lre loge (qu'il appelle de ce corps)
s'en va en décadence, il faut que nous foyont
reftablis félon l'homme intérieur. Il accompa
re nos corps , voire & tout ce qui concerne la
vie prtfente,ill'acconipare, di-ie,à vne loge.
On fera vne petite loge de paille &defiKil-
les: fi la pluye continue , S: que le vent donne
dedas,ccla fe corrompt & pourrit, il n'tftpas
de longue durée. Nous voyôs comme les gros
baftimcns & bien mafsifs ne laiflent pas toii-
tesfois de vieillir & deuenir caduques : que
fcra-ce d'vne fueillee qui eftfouftenue fur des
fourches? Cela s'en va bié toft,dit fainft Paul,
Ainfi en eft-il de noftre vie. Car après q nous
aurons fleuri pour vn temps, voila noftre vi-
gueur qui s'efcouie petit à petit. Et encores
que nous n'appcrccuions pomt à l'ccil comme
Dieu nous retire de ce morde, & que nous al-
lions toufiours nolhe ti Jin , fi ift-ce que le
corps dcuiendra courbu , 'a veue s'accourcit,
les nerfs le débilitent & fe retire nt:brief,i'h5
medeuiendra oefant en toutes chofes.Q.uand
donc nous voyons cela (Jit fainû Paul)..Tous
fommes admoneftcz de chercher vne meil^
leuie vie. Car autfemcnc , Dieu ne nous au-
DDd.ii.
î?o
SERMON X.
roit-il pômt creei de pire condition que les
beûcs brutet? Car les belles brutes aurôt plus
de vigueur en touî le cours de leur vie , que
n''auront point les hommes.Toutc la rigueur
que noBs auons , combien dure-tlle? Ce n'eft
rien : il ne faut que tourner la main , Si nous
voila palTez. Or voila aucunes belles quivi-
uent plus long temps, & les autres en leur rie
fe continuent en leur eftat.Qi^ fera-cedouc
de nous?£t pourtant apprenons d'elhc renou
£ff,.t,ig uelcz.dit fainft Paul. EtcômentfQne l'hom-
me intérieur fou reftabli, Se que par foy & e-
fperance nous foyons rob'.iftes . combien que
nos corps défaillent, que neantmoins Je Roy-
aume de Dieu nous entretienc toufiours de
plus en plus en vertu, & qu'elle s'augméte en
nous.fi-lon qu'il nous faut quitterle inonde,&
que le monde auTsi nous renonce. Car quand
les hommes déclinent ainfi, c'cft comme li le
inonde le retiroit d'eux , pour dire , le ne te
veux pastouiîours entretenir. Il faut que tu
coçnoiflî's que ic ne puis pas l'uffire à te fou-
ftenir touiîours en vn melme eftat. Quand
donc le monde nous quitte, il nous le faut auf
fi quitter, 5; cepend.int regardera la vie cele-
ftc,àl.iqiielleDieu nous conuie. Voila pour-
auoy notamment fainrt Paulditici,Qj*# T'f'/
lesgens f'iy ntfains tn foy,cH charité, Cr en pa-
tience. Si feulement ils cognoiflent leurfoi-
blelTe pour dire, Helas, que fay-ie plusauraô
de? fi(di-ic ) il n'y auoit autre chofefînon de
penfer, Helas.' ie ne me fçauroye plus exercer
en ces chofes prefentes : & bien , il vaudroit
beaucoup mieux qu'ils fulTcnt retirez du pre-
mier coup:mais quad ils font fains, voire d'v
ne intégrité fpirituellc , il ne fant point que
cela les fafche , qu'ils foycntabbatus quant à
leurs corps. Qu'ils tafchent donc de recora-
pcfer ce qsi leur défaut. Vray eft que les vieil
les gens doiuent bien eftre prifez: 8c aufsi no-
ftre Seigneur le commande , 8c nature nous le
monftre: mais cependant fi faut-il aufsi qu'ils
aduifcnt d'auoir de quoy. Car ils fe rendent
cpntcroptibles fouuent. Us fe plaindront , (î
on (è moque d'eux qu'on les defdaigne, ils di-
ront qu'on leur fait grande iniure , & en de-
manderont vengeance à Dieu: mais le plus
fouuent ils en fontcaufe. Et pourquoy? Car
ils n'ont nulle vertu en eux pour eftre hono-
rez : qui plus eft, ils cherchent d'eftre en op-
probre à leur efcient ( comme i'ay défia dit)
que la plufpart des vieilles gens ne feront que
pour corrompre la ieunefle', ils feront com-
me des patrons de toute ordure , & de toute
dilToIution. Ne font-ils pas donc bien dignes
<ju'on leur crache au vifage? Il eft vray que (î
les ieunes gens fe desbauchent , ils ne feront
point excufez, pourtant qu'ils ne doiuét eftre
diffamez: mais les vieilles gens feront coulpa
blcs au double de la honte qu'on leur fait, lî-
non qu'ils foyent honorables en vertus. Ainfi
donc quand les vieilles gens voudront eftre
prifc2,qu'ils aduifent de iccompenftr l'infir-
mité de lcurcorpjpar|cefte fanté fpirîtuelle
dont parle ici faiuft Paul. Il eft vray que l'ara
bition ne doit point mener les feruiteurs de
Dieu:mâis ie ne parle poit aufsi pourquoy les
vieilles gens fedoyuét efuertuer d'eftre ainlî
entiers en foy, en charité, Se en patience. Mais
voila pourquoy fainft Paul notamment parle
ici de la fanté.Car ce font céme demies pour-
ritures que les vieilles gens:ils ne fçauent plus
s'appliquer en vfageà quelque chofe, ils fen-
tent le fcpulchre.ils ont le vifage bailTé en ter
re,il fenible que le monde les iette dcfia com-
me vne fuperfluité. Puis qu'ainfi eft, qu'ils re-
courent au remède qui nous eft ici enfeignc
quant à ce poinft. Or notamment S.Paul par-
le de foy , de charité,de patiéce.qui eft la droi-
te perfeûiô 8c pleine de noftre vie. Il eft vray
que l'Efcriture fouuent ne|parlera q de foy 8C
de charitc:S:ces deux chofes-la aufsi fuffifent
bien pour nous monftrer quelle eft la règle de
feruir à Dieu:inais la patience eft ici adiouftee
pour plus ampledecla ration, & non fanseau-
fe. Il y a donc la foy en premier lieu ,c'ettdc
nous remettre du tout à Dieu, de nous fier en
fa bonté, d'cmbrafler la remif'ion de nos pé-
chez qu'il nous a promife au nom de noftre
Seigneur lefus Chrift,d'cftrca(reurez du falut
qu'il nous offre par fon Euangile:&puis là def
fus, que nous ayons noftre recours àluy, que
nous luy demandions qu'il nous reçoyue en (a
garde,qu'il ait pitié de nous, qu'il nous forti-
fie contre toutes tentations. Quand donc
nous aurons cela , nous aurons la fanté de foy
dont parle fainû Paul . Et ainfi nous ne pour-
rons pas eftre entiers en la foy , que nous ne
ayons l'affeurâcedespromeflesde Dieu pour
nous fier en fa bonté, pour accepter la remif-
fion des péchez qu'il nous offre par noftre Sei
gneur lefus Chrift , pour receuoir aufsi le fa-
lut qui nous a eftr acquis , & qui nous eft aufsi
referué au ciel . Et là delTus que nous inuo-
quions noftre bon Dieu, ayans tout noftre re-
fuge à luy , comme à ccluy qui eft la fontaine
de tout bien. Voila quant à la foy . Or auons-
nous ainfi honoré Dieu ? l'auons-nous reco-
gnu pour noftre Sauueur& Père ? Nous fom-
mes-nous du tout appuyez fur la mort & paf-
fion de noftre Seigneur IcfusChiift.'auôs-nous
apprehédé la vie celefte qu'il nous a promiftî
11 eftqueftion que nous^conuerfions auccnos
prochains en toute droiture& équité : ce que
nous ne pouuons faire que nous n'aimions no
ftre prochain comme nous-mefines. Commet
m'abfticdray-ie de frauder l'vn, de piller l'au
ire.de circonuenir quelqu'vn, de faire nuifan-
ce à l'autre, de machiner quelque mefchantc
prattique, d'v fer de trahifon & de vengeance:
côment(di-ie) ni'abftiendray-iede tout cela,
finon que i'aime mes prochains? Mefines corn
ment me pourray-ie appliquer à procurer le
bien d'autruy, finon en cômuniquât auec ceux
que Dieu aconioints à moy? Il faut que la cha
nté foit le lien de toute droiture , & que nous
fo yons
SVR L' EPIS T. A TITE.
foyoi» gouûernet & reftraints p»r icelle , ou
autrement nous ferons côme chiens & chats,
nous ferons pires que les loups & beftes fauua
gcs:car chacun creuera les yeux de fon pro-
chain. Ainiî donc il nous faut pour auoir inte
gricéde vie, tenirceftecôduite de charité mu
tuelle entre nous. Il y a puis après la patien-
ce.Ilellvray qu'elle dépend de la foy : mais
(comme i'ay défia touché)ce n'eft point fans
eaufe que dinSt Paul en parle , â caufe de no-
ftre rudefle.Si nous auons foy.nous ferons pa
tiens en toutes nos aduerficez. Et pourquoy?
Car la foy nous doit rauir Uh3ut,& nous doit
faire oublier le môde.pour le moins que nous
ne facions qu'y palTer.Car û nous ne fommes
eftrangers ici bas,pouuons-oous dire que no-
ftre héritage foit au royaume des deux? Et
pourtant que nous pafsions tellement parce
monde, ,que nous n'y foyons nullement rete-
nus : 8c s'il nous y faut fouffiir beaucoup de
miferes&d'affliâions, nous les pourrons por
ter paciemment.inoyennant que nous cédions
toujours au ciel , là où Dieu nous appelle.
Mais pource que les homes ne portent point
tant doucement les affligions que Dieu leur
enuoye comme il feroit requis, 5c melines que
ce prouerbe qui eit entre nous, (lue patience
pafle fciéce, déclare que c'efl vue chofe iî dif
ficile que Th jmme fe range , qu'il plie les ef-
paules quand Dieu luy enuoyera quelque af-
fliâion a p irter, & que fi nous rcceuôs les ad
uerfîtez de la main de Dieu, que c'eft comme
par fotce:d'autant(dt-ie) qu'il nous faut tra-
uailler àceli , & que nous n'en pouuons pas
venir à bout linon auec grande difficulté ,&
auec grand eiforcvoila pourquoy fainft Paul
adioufle ici la patience , pour monftrer com-
ment nous ferons fains& entiers : c'eft afça-
uoir quand nous pourrons embrafler la bonté
que Dieu nous offre en noftre Seigneur Icfus
Chrift, quand nous aurôs noftre refuge à luy,
6c que nous pourrons conuerfer auec nos pro
chains en toute loyauté & droiture , aimans
ceux que Dieu a conioints auec nous , voire
iufques à nos ennemis , que nous foyonspa-
tiens,que fi Dieu nous traitte non poiut k no
ftreguife , mais tout au rebours de ce que no*
Appetons , que les vns foyent tourmentez de
poureté.les autres de maladies, les autres lan
guiuentie ne fçay comment, les autres foyct
en opprobre & en mefpris, que chacun ait fes
ennuis & fafcheries, que l'vn foit tourmenté,
mefmes en fon mefnage, la femme par le ma-
ri,le mari par la femme, le père par les enfâs,
que nous venions li: Et bien, c'eft à Dieu de
nous gouuerner.il ne faut point que nous ay-
ons le chois pour luy impofer loy.Car que fe
roit-ce s'il tftoit fuiet à nos appetis? Ainfî
donc fouffrons d'eftre tellemét gouucrnez de
Ù main.que quand il nous tirera tout au con-
traire de nos appetis, nous ne murmurions
point , mais que nous foyons comme des a-
gncaux,qu c nous ayons la bouche clofe, nief-
fSf
mes que nous luy rendions adion Je gracet
ouâd il nous aura ainfî afflige2,qu'il nous fuf-
hfe de ce qu'il ne permet point que nous <Jcj-
faiilions du tout. Voila(d/-ie)la vraye inté-
grité qui compcte aux vieilles gensrcar fçlon
que nous auons vcfcu plus long temps en ce
monde, nous auons befotn de patience. Il cft
vray que quand Dieu nous a recordé tJnt de
fois cefte Ieçon,nous y deurions eftre du tout
exercez, & fçauoir par cœurque c'eft de fouf
frir. Mais quoy? cependant nousyfonimes
toufiourt nouueaux : Se melmes nous voyons
que les vieilles gens font plus chagrins qqe
ne feront point les ieunes : car il ne coufter»
point tant àvn ieune homme defouffrir quel
que malril pafle cela,5c préd le frein aux déts;
mais les vieilles gés font tant difficiles, qu'eu
cores qu'on leur face tout ce qu'ils deman-
dent,fi eft-ce qu'ils prendront occafîon de fe
fafcher,&de fe picquer,& auront vneamertu
me qu'ils nourriflent en eux. Et ainfi ce n'eft
point fans caufe que fiinGt Paul notâment les
inftruit ici à patiencc:niefmcs il y a de i'ingra
titude vileine, pource qu'au lieu d'auoir pro-
fité quand Dieu lésa exercez en beaucoup
d'afflidions, ils feront vn recueil pour s'aigui
fer d'auantage. Voila qu'vn vieil homme de-
uroit pcnfer quand il endure quelque mal : Et
bien , ceci ne me doit pas eftre nouueau : car
l'ay tant veu d'exéples de ceux qui ont efté ar
fligez de 1.1 main de Dieu: & fi ie fuis du rang,
le doy-ie trouuer eftrageî Et mefmes fi Dieu
m'a affligé par ci deuant , & que neantmoins
ien'aye point plié fous fa main pour porter
fon ioug , maintenant il faut que ie me range
à luy. Or au contraire.ils feront vn recueil &
vn grand regiftre.Et quoyPDieu ne fe conten
tera-il iamais de m'affligsr? Depuis mon ieu-
ne aage i'ay eu ceci 5f cela, i'ay enduré vn tel
mal.Q^at eft des bénéfices de Dieu, il ne leur
en fouuient point , tellement que Dieu a tout
perdu , d'autant qu'il l'a mal employé enuers
telles gens. Mais ils Içauront bien augmenter
les fafcheries qu'ils ont eues : Et voire ( di-
ront-il^i'ay eu vne telle affliélion : & quand
ie n'aurjye iam.'is eu d'autre aflaut.que Dieu
nem'auroit point chaftié de fes verges que ce
coup-la, ce feroit aflcz : mais c'eft tcufiours à
recommencer. Voila comme les vieilles gens
font leurs plaintes, & intentent qualî procès
contre Dieu. Acaufed'vne telle ingratitude,
il eft befoin qu'ils foyent femblablement ex-
hortez à patience, comme fainft Paul en par-
le ici. Or non feulement (comme nous auons
dit);! s'adreflcaux hommes, ni.iis les femmes
quant &: quant ont leur rolle & leur inftru-
ftion, quand il dit qu'elles doiuçnt aufsi bien
auoir ce regard d'eftre fobres. En premier
lieu,il parle des accouftremés,& vfed'vn mot
compofé,comme s'il difoit, hônefteté (acree:
il y a ainfi de mot à mot. Et pourquoy? On
voit la curiofité qui eft aux femmes de fe pa-
ier:& quand elles viendront en aage.combiea
DDd.iii.
îSi
SERMON X.
<j;ie nanire.Sc <jn«lque honte les contraigwent
de prendre accouftreinent plus inodefte:tant
y aquetoiilîours tant qu'il leur fera pol'sible,
elles s'appliquent à curiolùé. Pour ceftecau-
fçfainéi Paul veut qu'il y ait vne façon hon-
nefte & mode (le, qu'on n'y voye point de bra
ueté ne de pompe : car cela ne conuient nul-
lement à femmes Chreftiennes, qu'elles fe pa
rét , & qu'elles reluifent comme des poupées:
l'y fy .car il faudroit que cela s'en allaft trot-
ter les champs , Se c'tft vne chofe quieftdu
tout infupportable entre les Chrefticns, corn
bien qu'on y foit trop accouftumé . Or fi les
yicilles femmes ont quelque modeftie , c'eft à
dire qu'elles ne s'amufent plusàs'attifFer,&à
eftre après leurs parures atîn qu'on les regar-
de.elles tomberont en vn autre vice, ou extre
mité mauuaife, c'eft qu'il y aura quelque mar
quedefuperftition:commenous voyons qu'il
y en a qui voud ront eftre côme des nonnains,
& auoir ie ne fçay quoy qui les face regarder
de loin. Or fi eft-ce qu'il y a ces eïtremitez
•qu'elles doiuent euiter , c cftà dire qu'elles
ne cherchent point à fe parer, en forte qu'on
cognoifle qu'il n'y a point de curiofité pour
iemôftrer. Et puis, qu'elles n'ayent point auf
fi ce regard de prendre vn habit qui ne con-
uieneà femme fainfte & Chreftiéne.Or il fem
ble bié de prime face que ceci n'emporte pas
l>eaucoup : car on dira quelesaccouftremens
font chofes indifFerétes, que Dieu laiflê en la
liberté des hommes & des femmes. Et pour-
ouoy donc S. Paul inlîfte-il là defllis, comme
n c'eftoyct des chofes de grande importâcc?
Voire, mais regardons dont procède cefte fol
le ambition qui eftaux femmes. Il ell certain
<jne fi elles penfoyent à la vie celefte, elles re
ftraindroyent tous ces excès, & ces fuperflui-
tez-la.Ceux qui n'ont iamais ouy vn feul mot
de la parole de Dieu , mais, ont efté poures
Payens & aueugles , ont bien fceu dire , C^iie
ccluy qui fe pare trop en fon corps, laifle fon
Avne fouillée. Et on le voit aufsi par experien
ce,qu'il eft impofsible que ceux qui font ainfi
Adonnez à ces pompes mondaines, & qui veu-
lent eftre regardez, & qui voudra.".! eftre pri-
fez en leurs accouftremsiis.il eft impofsible,di
ie.qu'ils penfent .î leurs âmes. Mais il y a en-
cores pis, que félon que les hommes & les fem
mes feiôt ainfi adonnez à fe plaire en accou-
flremens , il eft certain que leurs âmes feront
fouillées de macules devant Dieu. Et ainfi no
tôsbien que ce n'eft point fans caufe que S.
Paul a roulu reformer les veftemens des fem-
nies,& leur façon de s'accouftrer , & fur tout
pource qu'elles y ont vn appétit beaucoup
plus CTcefsif que n'auront point les homes. Il
eft vray que les homes ne feront que par trop
desbordez enceftendroit:maisfion fait com
paraifon d'eux auec les femmes , on trouuera
que l'excès furmonte de beaucoup aux fi m-
mestque ce n'eft iamais fait quad elles s'adon
•cnt a feparer,à fe mirer,3< à t'atcificr,il faut
que ce foit pour toute leur vie. Et ainfi no«
fanscâufe lainft Paul, quand il monftre com-
me leur vie doit eftre reiglee,corrige notam-
ment ce vice. Car en premier lieu, il deftour-
ne le coeur de Dieu:& puis après, c'eft la cor-
ruption des âmes , que cela les retient telle-
mei-.t en bc.aucoup d'allechcmens du monde,
qu'il eft impofsible qu'elles penfènt au royau
nie de Dieu. Et toutes ces parures , & toutes
ces brauetez , ne font-ce pas autant demac-
Querelages? Il eft bien certain. Et quand vnc
femme appctera par trop d'eftre regardée,
c'eft vn certain figne qu'elle n'eft pas trop
chafte , ou bien qu'il y a vn orgueil fi puanc
que c'eft pitié, ou bien qu'il y a vn autre vice
plusvilein. Combien que ce foit leur excufe
commune, qu'elles veulent plaire à leurs ma-
ris,fy fy,on cognoift bien où elles tédent. Et
ainfi notons, quand fainft Paul a parlé de ceft
accouftrement d'vne honnefteté iàinfte & fa-
cree, qu'il a corrigé(en fomme) deux chofes:
c'eft quand il y ad'vn cofté l'orgueil , & puis
la diflolution. L'orgueil fera,quâd les femmes
voudront charger vn eftat, pour dire qu'elles
feront prifees par deflus les autres .11 eft vray
qu'il n'y aura point de façon diflolue : mais
cefte hautefle ne laifle pas d'eftre par trop 3
condamner. Voila donc ce quenous auonsà
obfcruer pour vn item, c'eil afçauoir qu'il
nous a voulu mener à la fobrieté.Et puis il y a
la diflolution: qu'on verra vne braueté, quand
les femmes voudront eftre veues , qu'il y au-
ra tant de defguifemens que ce fera pour fai-
re honte à ceux qui voudroyent que les cho-
fes fuflent bien reiglees. Quand donc lainft
Paul veut ici qu'elles foyent accouftrees en
telle honnefteté, qu'elles fe môftrent femmes
faîdes en toute leur parure,'d'vn cofté il veut
que les accouftremcns feruent pluftoft à l'vfa
ge qu'.i pompes , 8c qu'on ne regarde point de
fe faire valoir, ou d'eftre eftimees:comme il y
en a beaucoup qui auront cela , & on le voit,
que les femmes aimeront quelque fois mieux
mourir de faim , que de diminuer leur eftat:
elles voudront mcfmes en defpit de Dieu 8e
de nature, eftre braues, afin qu'on penfe, Ho,
voila vne bone bourgeoife,elle a bié dcquoy:
& cependant les poures femmes n'auront pas
de quoy fe difner. Brief,encores que Dieu fa
cèdes reformations à grans coups quand fa
parole n'y profite rie, fi voit-on qu'il ne peut
abbatre l'orgueil de ceux qui font deiîa com-
me abyfmez de poureté & mifere, qu'on voit
qu'il permet que les poux mangent ceux qui
voudrôt encores s'cieuer en orgueil Se en fier
té , Se aufquels il y a vnediflolution defefpe-
ree contre Dieu & contre nature:on verra ce
la. Et ainfi,d'aut.ît que le fainft Efprit a pour
ueu à cet chofes, comme il cognoift nosra^la-
dies, fçachôs que iufques à tant qu'vn chacun
puifle fouffrir d'eftre medecinc.voirc félon le
bcfoin qu'il en a, & l'ordônance qui en eft ici
donnée , c'eft vn figne qu'il y a de l'orgueil
4c de
i
SVR L' EPIS T. A TITE.
S?' 3
tcie lï prefomptton en luy.Touiesfois fî nous
refîftons à Dieu, il faudra <|u'il heiine fi dure-
ment contre nous, qu'en la fin il faudra que
nous plions maugré nosdents.Etainii notons
que noftre Seigneur nous veut ici purger corn
me d'vne fieure. Quand on ne voudra point
traitter vn malade rudement, on luy baillera
fa règle , afin qu'il s'abftiene de ce qui luy ert
inauuais:ainli fainft Paul nionftre que les fem-
mes Chrelliennes doyuent eftre modelles (cô
me aufsiilen traitteàTimothee ) & qu'elles
doyuent auoir vne telle règle , qu'elles ne fe
dcsbordcnt point en accouftremens,ni en quel
que «hofe que ce foit . Il faut aufsi que nous
tous en gênerai fouffrions d'eftre tellement
gouuernez, qu'vn chacun en fon endroit pen-
fe de fe remettre à Dieu,& que quand nous au-
f ons cfcouté comment c''eit qu'vn chacun fe
doit conduire, que nous ne foyons point reuef
ches, mais que nous plrons le col fous le ioug
de Dieu,afin que nous le portiôs quand il nous
fera impofé pour noftre bien 8c falut.
O R nous-nous profternerons deiiant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieuic
fentir que nousn'auons point fait parcide-
uant , voire tellement qu'eftans confus ea
nous, Se nous defplaifans en nos vices , nous te
prions qu'il luy plaife de reformer tellement
noftre vie, que nous ne demandions finon de
luy complaire en tout & par tout, fuyure fes
fainâs cômandemens,& nous exercer aux ex-
hortations qui nous font faites , afin de nous
picquer& aiguillonner d'auantage.Ainfi nous
dironj tout, Dieu tout-puiflant, Père cel(ile.
Sec.
SECOND SERMON SVR LE SE-
COND CHAPITRE.
3 Pareillement que les femmes anciennes foyenten contenance
JàinSle (^ conucnahle , non mcfdifantcs , nonadomtecs à beaucoup de
yiniCnJcignantes ce qui ejl bon:
4 Afin quelles injlruifent en prudence les ieune s femmes a aimer
leurs maris yà aimer leurs enfans,
ç A ejlre prudentes, chafies, gardantes la mdifon, bonnes, fuiet-
tes à leurs maris, afin que la parole de Dieu ne foit blafnee.
o V s auons veu ce matin
[ pourquoy fainift Paul com-
mande aux femmes aagees
de s'accouftrer honnefte-
raent auec toute fainfteté,
afin qu'il n'y ait nulle pre-
^ fomption.ne rien d'afFtÛé:
mais qu elles aycnt vn maintien qui puifle edi
fier,& donner bon exéple à tout le monde. Or
après auoir dit cela, il adioufte quant & quant,
Çlu elles ne Çoyent f oint mefdifantes .Ciï nous
auôs défia dit que fainû Paul a regardé de cor
riger les vices aufquels & les homes & les fem
mes font cncTins , & qu'il a aduerti chacun en
fon endroit de fe donner garde : comme nouj
fçauons qu'vn médecin doit auoircognu la cô
pleiion d'vn malade.s'il le veut guarir,& l'ad
uertir des chofej qui luy font vtiles . Mainte-
nant regardons s'il n'eltoit pas expédient de
exhorter le vefues à tenir leurs langues en bri
^e,& les femmes aagees. Car nous fçauons c5
• jne elles font addonnees à caqueter beaucoup:
ce leur eft vn vice tant commun que rien plus;
fcpleuft â Dieu qu'on s'en peuft taire .Mais
d'autant que la maladie a Tn tel cours .voila
pourquoy fainft Paul notamment dit que les
teraojcj.&fur tout cellcj ^ui font délia en aa-
ge, & qui doyuent auoir plus de prudence , fe
doyuent garder d'eftre langagières, ni mcfdi-
{àntes. Car on fçait(5:rexpeiiécele môftre)
que ce font comme des fllbeaux pour mettre
le feu par tout que les mauuaifes ]âgues:& fiir
tout vne fcmme,c5me elle aura accès plus fa-
milier, pourra beaucoup plus nuire. Ainfi puis
que le faintl Efprit a voulu ici approprier la
doûrine félon qu'il cognoifloit eftrevtile.que
les femmes péfent de fe retenir, & fur tout de
s'abftenirde mefdifance:car ce feroit corne rc
fifter à l'Efprit de Dieu, fi elles fe donnent li-
céce de parler, & fur tout d'v fer de murmures
& detraftions, tellement que les noifes s'allu-
ment par leur malice. Il y a d'auâtage,(T»'»/fcf
ne foytnt point addonnees a» yin . Car c'cft vne
chofe trop vileinc, fi vne femme ellyurôgnef
fe.Il eft vray que fi les hommes font entachez
d'vn tel vice,ils méritent bien d'eftre dettfta-
bles.Carqu'eft-ce q l'yurongnerie, finon vne
brutalité q eft pour effacer toute raifon ôi in-
telligence en ceux qui font créez à l'image de
DieufCarnous fçauons qu'en vn home yure il
n'y a plus ni hôneftcté.ni difcretion.non plus
qu'en vn afoe ou en vn cheual,& encorcs il eft
beaucoup pire. Car les beftes retienét cncores
leur naturehmais vr home eft tout desfiguré,
DDd.iiii.
5H
s E R M O N X.
c'eft vnmoiiflre . Et ainlî l'ytirongnerie tant
aux Lonimes qu'aux feHimes eft vue chofe vi-
leine.que nouî deuonsdeteiler:mais que fera-
ced'vne femme yurongnefle ? Et neantuioias
encores c'efl vn mal trop commun, comme on
le voit en beaucoup. D'autant plus donc faut-
il que celle leçon loit notée . Et (i les Payens
ont cognu que c'eftoit vne chofe infupporta-
ble que les femmes fiiffcnt addonnees au vin,
& leur ont défendu cela corne vne chofe con-
tre nature, que l'era-ce li nous auons la parole
de Dieu qui nous guide , & qui nous cfclaire?
Ne deuons-nqus pomtauoir plus de fobrieté
que n'ont point eu ces poures aueugles-la.qui
neantmoins ont bien apperceu que ii les fem-
mes eftoyent enclines à yurongnerie, qu'il fa-
loit que tout full desbordé , Se qu'il n'y eiift
plus ne vergongne, ne modeftie aucune? Voila
donc quant au tccond.Or fainft Paul adioulle,
Qj£elUs foyent mai jirejj'es a»biin:côme s'ildi-
foit que les femmes volontiers défirent d'e-
ftre cfcoutees. Et de faid, on verra d'aucunes
femmes qui appctent plus qu'on les efcoute,&
qu'on les ait en réputation , que les hommes.
Orpourceque laùiperiorité ert donnée aux
homes, ils fe tienent en leur degré:mais pour-
ce que les femmes ne peuuét paruenir là, quel-
que fois il y a plus d'ambition &:de hautcfle
qu'il n'y a point aux homes. Or ie ne di point
que cela fe trouue par tout, aufsi ce feroit pi-
tié:mais quand nous regarderons de près, on
verra bien qu'il y a des femmes beaucoup plus
hautaines que les hommes, & qui font plus frc
tillantes' pour auoir quelque principauté &
niaiftrife,& qu'on les ellime bien fages, qu'on
prife ce qu'elles diront, qu'elles foyentadmi-
fcs en côieil pour délibérer &dire leuraduis.
Voila donc vn vice qui eft maouais .Or fainft
Paul les ramené à vne vertu oppofite : c'eft
qu'elles s'appliquent à enfeigner ce qui eft
bon. Au lieu donc qus les femmes appetet ain-
£ de fe faire valoir, qu'elles regardent quand
elles feront auec les ieunes de kur chanter
leurleçon, de les exhorter àbien faire. Voila
(dit fainû P3ul)la vrayemaiftrifedôt les fem
»es fe doyuent contéter.Or ce n'eft pas pour
nourrir cefte hautefTe , & ce fol appétit de fe
monftter, n»ais c'eft comme s'il difoit, Voici,
TOUS demandez d'auoir bruit & réputation: or
il faut que tout cela fcit abbatu . Mais cepen-
dant fi le Seigneur vous a fait grâce d'auoir
plus cognu que les ieunes pour i'aage que vo'
aue2vefcu,aduifezde vous employer àmon-
ftrer le chemin de falutà celles qui ne font
point cncorcs fi bien duites comme vous , &
qu'elles foycnt apprinfes par voftre exemple.
Or notamment il dit, A fniju,' elles attirent lei
ieunes à aitrempamt . Ce n'ell point pour les
faire^des babillardcs, pour les faire des affet-
tees.ikpour apprendre des contenances ie ne
fçay quelles, ou bien qu'elles puiflent plaifan-
tcr.brocarder l'vn, larder l'autre. Car voila les
lejoas communes qu'on appréJia aux ieunes
filles, qu'elles fçachent bien rcrpondre à tous
venans.qu'ellesloycntl.icôme fi on leurbaii-
loitla lance au poing.X; qu'on les meiftenla
lice. Voila comme le monde fe gouuerne au-
iourd'huy .Or au contraire, faintl Paul veut
que les teinmes enfeignent les ieunes à mode-
llie.Voila(dit-il)toutela fagefle que vous ap-
prendrez, ce fera que vous les teniez quoyes,
qu'il n'y ait point de fard pour fe defguifer en
vne forte & en l'autre, qu'il n'y ait point de
trop grande fubtilité pour fçauoir bien babil-.
ler,mais qu'elles cheminent^finiplemét, & que
elles femaintienent en telle forte qu'on co-
gnoifle qu'elles n'ont point efté en vne efcho
le de finefleS: de malice. Or ici nous "voyons
quelle eft la vray e prudence des femmes fidè-
les,& des filles:ce n'eft pas d'eftre des courti-
fannes & des alfettees,tellemét qu'on s'en ef-
bahillè quand on les verra ainfi promptes à
caufer, & à babiller, & auoir vn bec affilé, les
veoir efticmigardes ,&iene fçay comment:
mais c'eft quand elles fçauront cneminer ea
attrempâce,gouuerner leur mefnage paifible-
ment, nourrir leurs enfans, & eftre fuiettes &
obeiflàntesà leurs maris. Voila les femmes
qui feront cftimees bien fages félon Dieu, le
fainftEfprit en prononce la fentence. Cepen-
dant celles qui défirent qu'on les ait en admt
ration,qu'ôdife, Voila vne femme qui eft bien
fage: & cependant il n'y aura qu'vne belle m»
ftre.iln'y aura que vanité • que celles-là, di-
ie, s'en aillent cercherieur los ailleurs, carie
fainft Efprit les condamne , quand il monftre
que nulle doûrine ne fera propre aux femmes
linon pour les attremper , & les tenir quoyc»
&paifibles , afin qu'on n'en parle point par
malice. Or fainû Paniquant & quant pourfuit
les vertus qui doyuent eftre aux femmes défia
m^eei-.c'ch i(aiuo\r ,ÇU^tUts aiment leurs ma-'
ris ijit'elUs aimtnt leurs en fans, & qu'elles Joyst
gardiennes de leur mai fon, C (pt'Ues foyent faf
fihlesauec leurs maris.Q^nà il dit qu'elles ai-
ment leurs maris & leurs enfans.il femble bien
qu'il parle ici d'vne chofe qui ne conuient pas
à la doûrine de Dieu.Car les femmes n'aimêt
elles point leurs maris?Mais notons que faindt
Paula parlé d'vne amour réglée félon DieuâC
& fa Parole. Car combien que ce foit vne cho
fe louable que les femmes aiment leurs maris,
& les maris leurs femmes, tant y a. qu'ici nous
ajperceucrons la corruption de noftre natu-
re, autant qu'en nulle autre chofe . Car fi les
maris aiment leurs femmes, ce fera d\ne fol-
le amour & excefsiue,& n'y aura point cepen-
dant de règle, ne de modcftie. Si les femmes at
ment leurs maris, ce fera d'vne affcûion def-
bordee : & puis fouuent la ialoufie fe méfiera
parmi. Cependant qu'il y ait vne reuerence tel
le, que les femmes fe tienent en bonne amitié
auec leurs maris , cela eft bien rare : voire , ft
encores qu'il y ait du vice , qu'elles les fça-
chent fupporter, d'autant qu'il y a vn lien fa-
.cré & inuiplable,puis que Dieu les a c5ioint%
qu'il
s V R L" E PIST. A T ITE
î^f
qti'iJ fatit Qu'v'n cîiaciiii s'acqcittc fideJcnient brieté en toute leur vie . Ceci dont ne fe rap-
de Ton dcuoir.-qu'on aic,cli-ie, ce regard-ia, il porte point feulement au vin ni auinangcrr
s'en faut beaucoup : pour Jemoins c\ft vne mais il le rapporte à vneattrempnnce , qui fe
chofe qui fc'voitbien peu ibuuent.côme jious nommera>auAi fobrieté, quand les fiMiihies ne
auons dit . Ainfi notons que faintt Paul n'a lafchernnt point la bride à leurs folles &mef
point ici voiiluexhorter les femmes d'aimer chantes cupiditez. £t ci delTus en parlant des
leurs maris ie nef çay comment ielonlemon hommes, il en Jifoit autant:il réitérera cnco-
de.iSr félon la chair : mars il a voulu monllrer res ci après cela mefme en parlant des ieunes
qu'il y doit auoir vne aifeftion ûin<fle, telle- gens. Mais la vertu principale qu'il demande
ment que les femmes fe Aibmettent iimplemét aux femmes, c'eft d'eftre chartes. Côbien que
à leurs maris . Carfi vne femme mefpnfe fon ce mot s'eftend plus loin: carilfignifie toute
mari, où eft l'amour ? Mefmes entre les petis pureté . Et de fait ce n'eft point alTetz qu'vne
où il n'y a nulle fuperlorité , encores faut-il femme ne s'abandonne point .mais il'faut que
on'vne vraye amour porte aucc foy vne reue- elle foit pure & honnefte. Car fi elle fe farde,
rence&vnecointe . lenc pourray pas aimer & qu'elle attire les gens après fa queue, cnco-
iînon que i'honoreccluy quei'aime. Que fe- res qu'il n'y ait point de paillardife, fi eft-ee
ra-ce donc d'vne femme quand Dieu l'a aflu- que défia voila vne fouillure qui eft pour dif-
iettie à fon mari ? Car on voit que les femmes famer vne femme. Notes bien donc que fainft
qui font folles de leurs maris, leur defobeilTét Paul ne veut pas feulement que les femmes
à tous propos,qu'ellesleur tirentla l.îgue,que foyent chartes, gardas la foy & loyauté qu'cl
ils ne font non plus obéis en leur maifon, que les ont promife à leurs maris.- mais il veut que
ie plus' eftrange ou incognu . Et puis elles le elles fc tienent en fobrieté,& qu'elles chemi-
courroucent lifonuentque c'eft pitié, on ne nent en telle hônefteté, qu'elles monftrent en
pourra arracher nul feruice d'elles : car elles toutes leurs fa çôs de viure,en toutes leurs pa
trottent decofté 5; d'autre, & laiflerôt 1.^ leurs rôles & contenances , qu'elles font chartes Se
enfans & leur mcfnage : au lieu qu'elles de- modeftes.Si cela eftoit, nous aurions bien à
uroyéteftre retenuesauec leurs maris enbon louer Dieu. Mais côbien s'en faut-il que cel-
nevnion.elles vagueront &cxtrauagueront le les qui fe renomment eftre femmes Chrcftica
nefçay comment. Nous voyons donc mainte- nes.ayent vne vieainfi réglée, comme S.Paul
nantquece n'eft point fans caule que fainft monftre qu'elles doyuétaiioir ? D'autant plus
Paulaainfi parléde l'amour des femmes en- donc nous faut-il gemir>voy3s les vices & cor'
uers- leurs maris . Et puis iladioufte quant & ruptions qui font en nous.Etcepédantquclcs
quanft leurs enfans. Car fi les femmes auoyent femmes regardent de mieux profiter en l'E-
appliqué leur courage & leur affeftion à delà, uangilc qu'elles n'ont point fait: & que celles
il eft certain qu'elles (eroyét retenues de beau à qui Dieu aura fait la grâce de prattiquer ce-
coup de vices . Qm elt c.uile que les femmes fte doctrine, mettet peine d'attirer les autresj
ne fe peuuent tenirpaifibles en leurmefnage, afin qu'elles foyent bonnes maiftreflès: & que
qu'elles ne pcuuét feruir leurs maris, qu'elles les leunes à leur exemple s'efforcent de profî-
ne fe peuuent addonner à bien , qu'elles font ter tant mieux. Voila ce que nous auons à rete
pleines de vanité, & puis qu'elles courent çà nh.OrilAdioaûcQit'eUesfiyint^Hfsigartdrtr
Se là,& qu'elles font fi légères à rcceuoir tout nés de leur maifm,tjH\lUs foyentdthomiaires^u'-
ce qui leur eft mis en auac: qui eftcaiife de ce- fuj-rttes a leHrymorls . Quand il dit qu'elle?
la, finon qu'elles ne regardent point àquoy- foyent gardiennes de leur maifon, on voit que-
Dieu les appelle, & quand il les a mifcs m ma- cVft vne vertu qui dairoit eftre affez rtcom-
riage, que c'eft côme leur donnant vnonibra- mandée aux femmes, fans qu'on les en exhor—
ge.pourdire qu'elles fe reticnent là :& puis taft.Car nature le m5ftre:& mefmes les Payés
quand elles ont des enfans, qu'elles ay ent le ont bien fceu déclarer cela, iufques à en faire-
foin de lès nourrir &' garder, & les iiiftruirè en vne leçon grofsiere en peinture, (c5me on fê-
ta crainte de Dirn quand ils font venus en aa- roitle Kalendrier des bergers) qu'ils ontac-
ge? Si l'e^ femmes pouuoyerit penfer à cela , il coparé vne femme à vne tortue qui porte touf
eft certain-' qti'bévèfroit bienvne autre ê6cor iouri fa coquille auee foy. Ainfi les femmes ne
de er>feiiii.fcbiip'de mefn*ges qu'on 'he fait dwyuehépointappeter de trotter çà& là. Et
point :£'tâiiîH n'cftimbns pasq\i«?fa-inftP.i'iil" pourquoyîQuand elles auront affeftion de fe
ait ici^rlé.d'vne choie fupeifluc, quand il c5 employer côme Dieu le comma'.ide.'il eft cer-
ixu.de aux felhmcs d'aimer leurs maris, & leurs' tain qu'elles trouueront toufioUrs à quoy s'oc
enfans. Et puis fur celailrrtet Vne vertu qiiieft cuper.Car quand elles auront vn petit niefna-
affeï coniomte, & cCtnrae'^n'fcpàrStrlK c''eft'à g-é-' à goimerner, encores troiuierôt-cllcs aflez
fçanoir, cjWeltéi foytnt jehret'-.Tk^'tiytJHWle* de TjeVorgrie.movc^inint qu'elles ne vucillent
firent chaprs: car iPaiioit aliparafcarièdit,qu'él- poifr'teftre oifiù^v.Q^âd elles alrfont vn grai
lès ne foyem-potiit a(ld<*nnées-ati Wn.Par là il mfeTnage, tant pliis«ran'd' peine faut-il qu'el-
cbndamnoitl'yurongneriè Se l'ihtrttipéiance: les y'mettentifi elle, veulent faire leur deuoif
mais il requiert ici encbpés plus jffrft queles comme il appartient.Maisc'tft pitié que ceci,
feminas foyent attrempees, qu'il y ait Viffe fo- eft fi mai^obferuéauiourd'huy.Carr.-uiibition'
Eut.i.
^86
-S E R MON XI.
&laciiriolîté, &4ehc fçiiyi|uelvaintabil, cft
c.iufc lie ch.iirL'c les t'cmmes hors de leur ni.ii-
roii,& l:s t.ure cracaiTer ci Se là; & cependant
on voit mille maux qui procèdent de cefte in-
(^uietude.Nousauons veu par ci deuanr, quand
I Tim.f. ft'"^ P-*"' patloit des h.miiie'; , qu'il enlei-
lî. gnoit q fi elles eftoyent oifiucs, elles feroyent
cariçules,& puis qu?elles s'adonneroyeiu à e-
Are babillardesjà s'enquérir de ceci & de cela
pour le rapporter: & par cela il monftroit que
iî les femmes ne mettoyent la main àlapalte
(cônieon dit) quel'oiliuetéles inciteroit àe-
^trecurieules, qu'elles le voudroyent méfier
de tout:& puis'qu'ayâs les aurcillcs batuesde
toutes nouuelles, elles en parleroyent. Car ce
cil vn tonneau qui cft percé de tous coftez • &:
quand il y a du vent beaucoup , il faut qu'il le
delcharge: que fi les femmes l"^auent vn mot,
elles en diront quatre: que (era-ce donc quad
elles auront cueilli toutes les nouuelles d'vne
ville ? Sera-il polsible qu'elles le puilTent te-
uir d'en caquetter ; Nenni; elles creueroyent
plulèoft. Et puis quâd elles fe desbordent ainfi
à babiller, il n'y a nulle mefure , Voila pour-
quoy elles deuroyct eftre tant plus attentiues
à ceitedoLlrine.Car on verra (corne i'ay défia
touché)qu'vn tel babil allume des feuï infinis,
& des difcors qui feront par les maifons , tant
d'enuies.tant de rancunes:& puis cela s'elpa nd
iufquesaux voifîns, tellement que voila qui eft
caufe de beaucoup de noifes & débats, qui ti-
rent après eux vne mauuaifequeue.Puisau'ain
fi eft, qifvne femme croyc qu'elle aura beau-
coup profité en l'Euangile, quand elle fe pour
ra occuper paifiblemét en fon mefnage, & que
elle gardera fongneufement fa maifon.Or ce-
ci n'eft pas pour exempter les femmes qu'el-
les ne ferucnt i leurs voifins, & à ceux qui ont
necefsitéde leur fecours .Carfï vnefémedit,
I'ay aflez à faire en ma maifon,ie n'ay que fai
vedeme méfier des autres : où feralacnanté
que nous deuonsauoir à nos prochains? Mais
quand fainû Paul, dit que les femmes doyuent
eftre gardiennes de leur mailbn, c'eft pour les
tenir comme enferrées, qu'elles n'ayent point
vn pied leué à tous propos pour fçauoir des
nouuelles, pour trotter çà & là , & pour met-
tie les gens en noife & en difcord . Afin donc
de reprimer toutes ces curiofitez qui ne font;
que par trop communes , il veut que les fem-,
mes s'occupent àgarder leurs maifons.Au rc-t
fte, il commande aulsi , Qjt'elles foyent ^ d*r,
bmnarres, Cr fitiettes ^ Uurs maris . Or notam-
ment il dit qu'elles foyent débonnaires . Car
autrement où fera l'amour qu'elles doyuent à
leurs maris ? comment les pouna-on tenir en
fuiettion Bc obeilTancc ? Si vne femmecft re-
ueûhe, & qu'elle ait vne tefte enragée, çotn,^,
ment fon mari en pourrariicheuir? Ainfi.dÔc^
fi vne femme fe veut alTuiettir à ce que l'ordre,
de nature monftre qui fe doit faire, & àçe quq
Dieu aufsi commande, il faut qu'en prenjier
lieu elle vicncà celte raifon, de dontcr; fes
mefchantes cupiditez ..qu'elles n'apportent
point vne dure tefte pour s'opiniartrer à l'en -
contre de ce que Dieu ordonne : il faut que
tout cela toit mis bas, qu'iln'y ait. nulle fier-i
té, nulle arrogance qui l'empefche de faire le.
deuoir qu'elle a à Dieu,& à fon mari:c'eft cefb
elprit débonnaire dont parle ici faincl Paul.
Et puis il y a la fuiettion qui viendra après. II.
auoit parlé de l'amour que doyuent les fem-»
mes à leurs maris: maintenant il adioufte aufst-
la fuiettion :carcombien que les femmes ne
puilient aimer leurs maris , finon en leur pox*
tant rcuereucc.encoresy a-il plus, c'eft qu'il
faut qu'elles ne foyent point trop fagespdqr
vouloir dominer , mais qu'elles, cognoiHcnt
que leurs maris ont efté loftituez pour leur
chef, & qu'il ne faut point;qu'eUes gouucr-
nent.Si les hommes s'eftoyent ingérez d'eui-
mefmes pour vfurpervne telle authorjtéioa'
diroit qu'Usauroyent procuré leuraduanta-
gc: mais quand Dieu l' ordonne, & que nature
mefme le monftre.que faut-il batailler là dcf-
fus ? Or cependant c'eft vne choie difhcilei
comme on le voit , & fur tout la prattique le:
monftre . Ainfi , que les femmes ne tourmen-i
tent point leurs maris en vain, mais qu'elles
monftrent qu'elles ont profité en l'Euangile
en ceft endroit:c'eft à dire, en fe rendant pai-
fîbles, & amiables, & eftans fuiettes comme le
Seigneur l'a commandé. Car fi vne femn^eeft
reuerche,& qu'elleait mauuaife tefte,& ccpeit
dant qu'elle vueille auoir l'empire deuers
foy ,&. qu'on ne la puifTc gouuerner paifibte-
njent,niais qu'elle vueille toufiours marcher
deuant , toutes fes vertus feront tournées en
vice. Car noftre Seigneur condamne cela com
me piiantife.Queles femmes donc apprenent
qu'elles nepourront plaire à Dieu, & que tou-
te'leurviene luy fera point agréable , finon
qu'elles fe foyent rangées premièrement à ce
fte fuiettion dont parle ici faind Paul . Or il
eft vray qu'en ce paflage il ne traitte point de.
l'office des maris : mais quand nous aurons
cognu fon intention, ce n'cft pas qu'il ait vou-
lu exempter les hommes pour ne rendre nul
deuoir à leurs femmes , comme s'ils auoyent;
vne domination fans bride , ne fans mefure:.
fainél Paul ne l'a pas ainfi entendu, comme onj
le voit par les autres paflàges . Mais, ppurce
qu'il n'eftpit point qucftio» de faife vn de-,
nombtementde tous offices parçiçuhejf, il fe,
eft coptenté démettre en ananf^c^ e?«rapJcs.
qui font ici contenus. Or de l.\ clif^cuçi peut re-
cueillir quel eft fon deuoir . Carjipxesjiju'il a
commandé aux femmes d'iftre paifibles , il
fautqu(;.lesmfiispenfcnt, Or ça, Dieu nous a.
honorez çjB.p.^lS:icqn(l}tiiant chefs fur pos,
£èmine«.Mâis .quijv ? Eft.-c^ppur exercer ty-
rannie îeft-ce pouj lcur,tcnyle ficd fur^
gorge? ((;p.m|>>ç oa<iit)î^"î"^iV|Car Allcs-foiif
cependant ,noç.co»iipagne_SvUn'e|l.p3vditj<)uç
\qt icmHiefoi^.Tn çfclaiie, miii,i.^l cft dit ii^.t
taminent qu'elle eft compagne, 4e la vie.du
mari.
s V R l'.BPl ST. A T IT E.
5S7
^^ri, itf/l<lil quelle e/t comtjievnc portfon
defoncorps,& ^e/a perfonne. £t pmsvd'au-
tanc quç jpieuaaiiilî honoré les maris , c'eft
double ingratitude pour eux,finon qu'ils fça-
chcnt fc^uuerneihuBiaiiumcnt auec leurs
femmes, teUeinentquMs les hipportent comb-
ine vailTeaux fragiles, ainfî que fainft Pierre
' en parle. £t puis qu'il y aie vne arnitic i'ainfte
qui les conioigne, comine en d'autres paflà-
■ ges no^is l'auons veu, à Tiinothee, aux Ephe-
' ficus , & ailleurs : tellement que hwtl Paul
■ monilre que finon que les maris s'entretie-
nent en bonne concorde auec leurs femmes,
ils deshonorent Ic-fus Chri/J. C^r nous iuons
Tn miroir ( dit-il 3 de l'vnion qui doit eftre
entre le mari & la femme, quand lefus Chrift
s'eft comme c/poule auec nous . Car c'eft vn
mariage fpiritueJ que l'vnion facree que nous
auons auec luy , quand nous femmes paitici-
pans de fon corps , que nous femmes chair de
fa chair, & os de fes os . Car ce qui a elle dit
d'Adam & Eue , a efté accompli en noftre
Seigneur lel'us Chrift . Si donc vn homme n'a
ceft efgard-la, d'aimer fa femme, il moiiftre
qu'il n'a iamais goufté que c'eftoit ne de la
grâce de noftre Seigneur lefus Chrift , ne de
fon Euangile . Et ainli notons que fainft Paul
enaddreflànt fon propos &fon exhortation
aux femmes , n'a point vouJu mettre h bride
furlecolaux hommes , pour leur donner li-
berté de faire ce que bon leur feniblera : car
ils ont aufsi bien leurregle . Et ainlî voila où
il nous faut rapporter le tout . Quand nous
cognoiftrons que ceci nous eft necellàire, ia-
mais nous ne ferons fafchez d'en auoir les
aureilles battues , & que la mémoire de cefte
doûiine nous foit refrefchie . Et au refte, a-
£a que ceci fuft mieux receu , fâin.f^ Paulad-
iotifte, Qne la parole Je D<«» ne fait foint hUf~
mee. Or ceci doit eftre prins en gênerai, pour,
rappliquera ce qu'il auoit traitté ci dclTus.
Car U lignifîe (en £bnnae ) que li ceux qui fe
renomment de lefus Chrift, & qui. font ba-,
ptiiez en fon nom, ne fegeuucrnentfainfie-
ment, & eu toute intcgjité, A" qu'ils ne don-
Bent bon exemple , que cela retoi^rnexa à dif-
famer rE»angile , & qu'on ft mocqué'ra, 4e la
leligion que nous tepons, pour. dire ,Çoim«
ment .' &cef. gens fe vantent d'auoir la do-
ôrine de Dieu , d'auçir la Loyrquj ^ft la re-f
jje, «le.toute: pçrfeàicfl , & cep^nd^^t- o/i^es
vqitdesfco;dei en^put-nial, .ppiy^if qu'il ^'y
aquèfcandale ençUx^S; deiiiaucivemcns :,Sç
v'cfila vne belle ]^oy, voila vne be^lÇjrefçinj^jj
tiort:&qûi eft-Cjequilesgoiiuerneainfi? Vpi-r
là cçmnjp. Jes ni^lios am^cj^it la gptg^ouuer,^
tç pour Blalp h enifr. E) le Uj»; ïâ, jP wplj; ^ 'ssf. çipAMÇ
lon}œts.,^aVife ,(|e^sela <^u?nd,jnoUs ne^vi^ons
pji^^ cqmroc il. appartient, .Aii^î'jiotans que
up'ûj-ç y'if^bpnpcft^e & fainÔe eit' çpnvne, vj^
ornciifèDt (■ àiplî qu'aille dit en l'autre pallà-
ge,& <jué Dp^s l'aupos veu*) vn ornetnent (cîi-
i£^ de i'Euangile. Ne voila point vn honneur
admirable que Dieu nous fait, quand il veut
qu%fa Parole foit ornée & parée par nos bon-
nes maurs,& par noftre vie fainctc&bien ré-
glée ; Car qu'eft-ce qu'il trouucia en nous?
qu'tft-ce que fa Parole ? C'eft fon image où
fa gloire reluit, l.î fe ccgnoift ia niaiefié, c'eft
le fceptre par lequel il veut gouuerner ce
raonde:brief,la fagefle, la puiflànce, la vertu,
laiuftice, la bonté qui eft en Dieu fe déclare
en (a Parole .Et comment donc la pouuons-
nous orner ? Nous qui fommes comme poures
grenouilles,habitans ici en la fange & en l'or-
dure: nous qui fommes infcûez de tant de pé-
chez &; macules , que nous puifsions encores
faire hôneur à la parole de Dieu ?Mai<; quoy?
Dieu daigne bien nous appeller à telle digni-
té, c'eft que quand nous viurons fainftement,
fa Parole en reçoyue honneur, & qu'elle en
foit prifee. Si nousauions vne feule goutte de
humanité en nous , cela ne nous deuroic-il
point amollir le cœur ? Et puis ceci ne nous
doit-il point enflammer en vne affcâion & ze
le, voire nous rauir du tout pour nous addon-
neràbicn? Et pourtant apprenons quand il eft
dit que Dieu eft blafphe mé par nos vices, que
fa Parole eft fuiette à l'opprobre & mocque-
ric des incrédules, que nous fommes plus que
coulpables,& qu'il n'y a nulle excufe que nous
ne deuions eftre condamnez. Car que refpon-
drons-nous deuant les Anges de Paradis,
quand l'image de Dieu aura efte ainfi fouillée
àcaulede nous, & qu'on aura craché àl'en-
contre.'Siondit à quelqu'vn, Aduife bien âte
gouuerner honneftement: car lî tu pourfuis le
train que tu as commencé.tu feras deshonneur
à tes parens:ce fera pour deshonorer tout ton
lignage:quand,di-ie, vn homme entendra ce-
la, tncores qu'il foit bien desbauché, fi aura-
il vergongne, pour dire, le ne veux point fai-
re deshôneur à mon père ni à ma maifon . Or
qui fommes-nous de noftre cofté? Mais qnard
Dieu a imprimé fa marque en nous , & que
ijous cognoiflons que fa gloire reluit en fa
Parole, que c'eft la doftrine de falut, fi cepen-
dant nous fommes caufe qu'on tire la lan-
gue contre, qu'elle foit blafmee.qu'pn la bro-
carde,, qu'on dife, Et voila vne religion
phantaftique, yoiM vne reformation d'afnes
& de cheuaux : ,quand>di-ie,inous ferons coul-
pablesd'vn tel opprobre qui fera fait àDieu,
&qij'^ftaura amfi vilipendé fon image , que
^irpnVTnous'Et ainfi apprenons, puis que no-
ftre Seigneur, veut qu'il y ait vne mélodie
entre la doârine qu'en nous propofc, & no-
ftrej.yie, qu'vn chacun s'employelà ,que ce
foU.lt)ute noftre çftudç . & que nous y tra-
uaiJlyç^BS pourrons ycopfermer: comme il
eft ti..çfojriauAi que (lous.baia allions en la Ter
tu de l^Éfpritde Dieu. & non point en noftre
fotce.y.r^^y. cft,enco,rcf que la parole de Dieu
Df iipus tuft point prifihce, que nous nedc-
uons pas pourtant nous addonher à nial.Mais
(ainû Paul veut ici f^irç honte à ceux qoifc
EEc.il,
^ss
SERMON XI.
4esbor(lcnt , ne pcnfais point que leur pecKé
Ici a double quand ils leroiu caule de l'oppro*
brc qu'on ferai Dieu, & du vitupère de lapa-
role.Si elle eft en mefpns par noftre faute, en
COI es qu'il n'y ait point de tel'moin qui nous
rcdargue, fi eil-ce qu''ll nous doit bien lufrire
que nen n'eft caché à Dieu. Ainlîdonc.enco-
)cs que la parole de Dieu ne fuft point blaf-
mce à caule de nous , il faut-il quo nous l'oy-
ons rçienuspar nos coniciences pour chemi-
ner en droiture &:en pureté deuant noftre
Dieu. Et puis ilyaauûi qu'il nous fautcom-
paroiftre deuant les Anges de Paradis, &: que
ce qui eft auiourd'huy caché nous fera mis en
cbirté , qu'il faudra que noftre turpitude foit
defcouuerte deuant le ciclS.: la terre. Puis
.qu'ainiî eit donc que nous ne pouuons cfchap
perla cognoiflanccde tant deiuges.helasine
.deuons-nous point eftre aflez retenus pour
ne point faire aul fcandale contre l'Euaiigi-
le?Mais li outre cela que nous feront conuain
«us deuant Dieu,& que nos confcicnces ferôt
nos iuges pour nous condamner , Ci encores
les mefchans ont la bouche ouuerte, &: qu'ils
■prenent occalîondefe mocquerde Dieu , où
fera-ce aller ? Or ii nous penfions bien a ceft
aduertiflement , nous ferions mieux retenus
eue nous ncfommes pas. Car auiourd'huy
nous voyons comme les ennemis de la vérité
nous aguettent,& nous efpient. Car fi les Pa-
çiftes trouuent quelques vices en nous, incon-
tinent ils remuent toutes nos ordures. Et
ponrquoy ? Afind'auoir quelque couleur ap-
parente de mefdire de Dieu,&delavraye re-
ligion.Nous fçauons bien cela, Dieu nous met
ici comme fur vn efchaifaut, il veut que nous
foyôs efclairez afin qu'on nous voye de loin:
ie. toutesfois cependant nous ne laiflon.s pas
de nous desborder à tout mal, qu'il femble que
nous vueiliions defpiter Dieu & le monde:
combien qu'il nous remonftre,que iournelle-
ment il ne ceflc de crier , & qu'il nous ordon-
ne des tefmoins de fa dodrine afin qu'elle ait
approbation,non feulement nous n'en tenons
conte, mais en toute noftre vie nous l'allons'
diffamer , & la dénigrons tant qu'il eft pofsi-
ble. Ne voila point vn facrilege deteftable,
quindàcaufe de nous l'Euangile eft aiiiour-
d'huy ainfi en opprobreîEt non feulement les
Papiftej cherchent à mefdire de nous, mais
ceux qui fe vantent d'auoir l'Euangile", entfo-
res font-ils bien aifesde chercher octafion
pour noos brocarder , & de fe moCqlier de
Dou'.combienqHece foit à tort. Quand donc
nous voyons que nous fommesainiiaguéttez,
tant plus deuons-nous eftre fages & modérez.
Maitquoy ? Il n'y a ri«n qhi nous piiîfïè' rë-
tenir.Toire tant nous fommeyenyufer'èn nos
affeiiions charnelles. Or nous voycÀis Wen
qu'on ne cherche qtfà nous taxer :J!c Scores
qu'il n'y ait point d'occafion', fl^ell-ie qu'oir
ne laifle point de mal parler de nous. Q^aiid
irous auons à noftre cfcient donné matière
aur mefdifansde detraôer de ftMis , h'eft-ce^
pas eomiiie fi nous auiotis fait complot auee'
Satan, pour faire qu'on s'eleue contre Dieu,&-
qu'il fufcite fcsminiftres. pour dire que l'E-'
uangilefùit-vilipendéi'Oin'Voit celatoutcoih'
munément: & pleuft à Dieu qu'il ne fuft pas <î
cognu. D'autant plus donc nous- faut-il bien
noter ce paffage.où fainft Paul rembnftre que
il ne faut point que par noftre faute ladottri-
nc de Dieu foit blalmee: côme iladioufte tan "'
toft après ; 5:nous conioindrons cela, entan-t \
qu'il le rapporte à la doftrine, combien qu'it
mette & entrelace d'autres propos: mais le'
meilleur eftdeconioindreces deuy. Ildit,A^
fin que l'adutr/aire foit confus , ne irouujntnut
mal à dire fur mus. Quant au mot d'Aduerfai
re.il entend celuy qui eft à l'oppofite.Lemôc
dont il rfe, fignific celuy qui eft là fe dreflànt
contre nous, ou eltant au rebours : quecekiy.i'
la foie côfus, dit-il. Or faifift Paul par ce mot:
déclare qu'il nous eft vtile d'eftre fur nosgar
des. Et pourquoy? Car les ennemis de venté
nous prefrent,& toufiours font vigilas afin de
nous furprendre: &:trouuer à redire fur noui.
Cclaaeftéde tout temps, & Dieu a voulu ai-
guifer les fiens p.tr ce moyen-la. Car les Pay-
ens & incrédules ont bien fceu dire que nos
ennemis nous font plus de profit' fouuentef-
fois que nos amis. Et pourquoyf Car nos amis
nous flattent , ils font des borgnes en nos vi-
ces , & font femblant de n'y rien veoir : qui
plus eft , ils nous y maintienent , & font touf-
iours de noftre cofté, combien que nous ayôs
mauuaife caufe: S: voila qui nous a mené à per
dition. Cependant nos ennemis fçaucnt bien
examiner tous nos vices , & s'en enquérir , ils
nous font noftre procès :& cela eft pour nous
aduertir.finousauôseu quelque vice en nous,'
qu'il le faut corriger.Si nous fominesadinone"
ftez de prendre garde i nous , & que les Pay-
ens nous inftruifent à cela, quelle excufe fera'
ce à nous fi nous ne pouuons prattiquer ce quf
nous eft monftré par tous les Apoftres? Or
donc, quand fainit Paul p.irle que nous ren-
drons les ennemis confus quand ils ne trou-
uerontque redire fut nous,ilmonftre qu'il ne
fe peiit faire, qunnd nous voudrons feruirii'
Dieu, que nous ne foyons obferuez , & qu'on
ne nous efpie afin de mefdire de nous:& Dietj
nous veut aiguifer par ce moyeti-la , comme"
i'ay dit.Au refte,il eft vray que qupy queriotlfr
faciôns , iarnais nous ne pourrons garder le'^
mefchantes langues de mefdire. Carnonsfça^'
uons que le diable, qui eft perc de menfonge,'
toufiours fufciterales Cens iuftjues àcefte ra'
ioj,
dës-Hàii . , ...
fti0n î taht iSc'ploiî S l'on notiitfccSij^'^'ai-e âueé*
faioft î'àirf , Se inVffliés aue'e ;Ii?« 'Pi-p^îic^èr^
A'p'o"ftrés,Wias.'nod5 fommés tjirn loiird'é ce'-;'
ftë i\itegrité laquelle on a'féfifî cVi éux.Çar if^
ontcft-c'cn ce nKindt comme de^'An^es:*
toutes
SVR L' EPIS T. A T I T E.
toUteifois on n'a pi'; lïilTé dVn detrafter, tel-
lement qu'ils ont cfté en diffame & en oppro-
bre.Et les Apoftres quels eltoyent-ils? voire
fur tout fiinft Paul qui a efté Irreprehcnlible,
mefraes deuant qit'clVrc côuern à Icûi^Chrift,
il auoit mené vne vie telle qu'il fembloit que
il ne fuft plus du rang des hommes : & quand
leYus Chrift l'a appelé à Ion Euâgile, on voit
qu'il renorrce tellement à foy-mefine , qu'il
eft comme raui de la terre, qu'il nç ceffè touf-
iours de trauaiUer pour TEglffe; on vdit (^u'il
a'ha nul elgard à foy , mais qu'il s'oublie , Se
toutes fes commotiitei: briel, ilnépenlelino
d'auancer le royaume de Dieu , & magnifier
lefus Chrift:&cepcdant, eft-il fans reproche
Se fans detradionfMais il faloit qu'il fuftbla-
i.C«r.4. fonné par tout. Car (comme il dit)nonfeule-
ij. ment lia porté des iniures ,& enduré qu'on
detraftaftde luy comme d'vn iTiefchantimaiî
que luy Se Ces femblables ont efté comme la
fiente du monde , comme des tripailles qu'on
iette là, & toute l'inteftion, aptes qu'on a tué
des beftes-Sainfl Paul vie de telles limilitudes
poifr monftrer comme Dieu l'humilioit. Et
ainiî il eft certain, quoy que nous facions, que
nous ne pourrons point clorre les mcfchan-
les bouches, que nous ne l'oyons fuiets à beau-
coup d'iniures & opprobres. Mais cependant
viuons tellement que nous puilsionsappellcr
&dcuant Dieu,& deuant les Anges, pour fou-
flenir noftre integrité:& puis deuant le mon-
de que nous foyons preftsde rendre conte de
ce qu'on nous reprochera, que nous ne dcman
dions linon de déclarer noftre innocence, &
qu'il n'y a nul fcandale en noftre vie. Qn/ind
nous en ferons ainfi , nous fuyurons les Apo-
ftres & Prophètes , & ferons bien accompa-
gnez.Et cependant.combien que nos ennemis
necefleut demefdire , (î ne lailTeront-ils pas
d'eftre confus.Et pourquoy? Noftre confcien
ce nous refportd de noftre intégrité , &en la
fin ils feront conuaincus qu'ils ne trouuent
nul mal fur nous. Il eft vray qu'ils delgorge-
ront des vilenies tant & plus. Et bien.cela paf
fe & s'efcoule, c'eft vn bruit qu'on aura fcmc,
il'faut qu'il ait la vogue pour vn temps : mais
en la fin on voit que ce n'eftqu'vn ombrage
qui palTè & s'efcoule, &: qu'on s'eftott mocqiié
aùfarauant. Il eft vray que beaucoup nedt-
maiident finon que les Chreftiens foyent drf-
fariiez, &encoresqu'ikne fçachent poirttce
qrt'oh dit d'eus.ils.femérortt lé bruit par tout
de 'Ce que raefmes ils ne fçaUent p.is , X: dctra-
CTcTonc par vne cértainr malice des enfans de
Dieu. Mais quand nous voyons cela, recoures
ihbftre garent qui eft au ciel , &fur tout que
noftre Vie refponde ,& qu'elle loitj>onr ren-
dre cqnhis /es mefchans qui dctrActént aiiiii '
(ans aucune vérgongne:& quand ils'âiir'oj\lou
M&r't latôiiçlie pour mefairèdehous,que no-^
Ifrefioiine'vié& conuerïatlori ■foit poUrlettr'
fermer tellement la bouche, qu on appefcoy'- '
ueleirir turpitudi.A'duifons ddnfque'qiiand le
îSy
diable fufcitcr.i ainlî fes fiippofts pour detia-
fter de nous, 8: nous mettre en opprobre, que
nous ayons de quoy les rembarrer : & quand
les malins auront fcmc des mauuats bruits , Se
des fcandales, que toUlîoursCela leur retour-
ne fur leurtefte , & qu'on cognoilTe que nous
fommes innocens. Voila Cdi-ic) ce qu'il nous
fautfaire, visire , 8e lefa;ieen telle forte que
nous ne foyons point deftournci , coinb'en
qu'il y ait vne telle ingratitude au monde, que
pour âuoir bien fait nous foyons dénigrez. Il
eft vray que cela nous fjfchera, que qu.ind vn
homme aura mis peine de l'eiupToyer i-bien
faire, qu'il eu ait vne fipourerecompenfequc
on mefdifede luv,cela lepicquc. Màisreiie-
nons toufiours à cela , que iî les hommes font
fi peruers de niefdire de nous en bien faifant,
qu'il nous doit bien fuffired'auoir noftre ga-
rent Ju ciel, auquel nous pouuons appeller.
Les Prophètes ont aufsi bien fouftenu de tels
combats, Vous m'appelez fedufleur(dit 1ère- ''^•'■<'-7
mie)c'eft donc Dieu qui m'a feduitiallez vous
en parler à luy:carfî le fuis trompeur &fcdu-
fteur ,Dieu l'eft deuant moy. Apres , quand l/u.fo.f
Ifaie parle aufs'i des diffames qu'on defgor-
geoit contre luy. Et bien (dit-il )il faut q,uc ie
baille ici mes ioues&que ie foye loiir'fletcdc
toutes parts: comme s'il difoit , Il faut qu'on
me face tous les reproches du monde, que ie
foye defcbiré par pièces, que ie foye brocar-
dé par tous les banquets , 3e qu'vn chacun fc
mefle d'eftre mon iuge , âcdeme condamner.
Et bien , quand les hommes auront ainfidcf-
gorgé toute leur malice , fiay-iemon garent
auciel,5;celuy-la me fauiiera(dit-il)de toute
leur mefdifance. Voila comme il nous en faut
faire : que li nous voyons les mefchans de-
traifler de nous, que toufiours noftre confcien
ce refponde deuant Dieu quand elle fera pure
& nette de tous les blafmes qu'on nous met-
tra fus,& qu'il ne nouschaille quand le mon-
de nous rendra vn fi maigre falaire , que pour
auoir bien fait nous foyont blafmez: conten-
tons-nous que Dieu nous approuue , & que
nous ne foyons iamais dcÂourntz de luy,
quoy qu'il en foit, que toufiours nous ne pour
fuyuions noftre vocation à la gloire de Dieu.
Et quand chacun aura profité en fou endroit
en çefte ttoftrine.que nous tafchions d'y atti-
rer les autrcs,& àla coguoiflânce del'fuan-
gile'qiie' f^ieu nous'a donnée ;^S: què-cept^.^
daiit toilS ceux qui voudront mefdire de nou<,,
demeurent là confus, & que leurs Voiiches foy
cnt aiffsiclofes endcfpitde Icufs dents.'
O'R nous-nous proftcrnérons dcuii^t la
■ que noui n'awons point rait , ann que
cfep^liife en plii^ nous Éiataillio'ftS contre îioif'
niéfthântcs affcftfon^'; & ôu'e liSuVtpyùhs'sc-i*
co
n'oip
EEe.iii.
^i)0
tczàe luy.sfin qutpar fon ûinû F.fprit il
nous gouiierne, & que nous renoncions à nos
appetis, louffrons qu'ils foycnt menez com-
me captifs , Se qu'Us ne dominent point par
deSits nous,& tant moins qu'ils s'eleuent coa
SERMON XII.
tre robeiilàiice que nons deuons i noftre Sei-
gneur lefus Chiiil: .deuant lequel toutge-
nouil fe doit ployer. CXilS non feulement il
nous face cefte grâce , ra.ùi à tous peuple; Se.
nations de la terie,&c.
TROISIEME SERMON SVR LE
SECOND CHAPITRE, '\
<? SemhUblement exhorte les imms hommes au ils fâycHtÉtV
■■■ .■ ' ".I i .ri l'if.. • .3 y «^ ■■'■■',■ .Jj
trempez» '■ '
7 Te donnant toy me f ne en toutes chojès exemple de bonnes.
auures,fuyuant la dotlnnc en integrité,en granité deptœurs, , ;'
8 Sain en parole y fans reprchenfion : afin que celuy qui repugnCt ■
jcitconfiuSin ayant rien de mal qu il puijje dire de nous. à ^ v.i
9 Exhorte lesferuiteurs quilsfoyentfuiets a leurs maijîres, leur,'
complaifans en toutes choJês,non contrcdifans,
10 Nepillars,mais monflrans toute bonne loyauté > afin quils or-i
sent en toutes chofcs la doSirine de Dieu nojlrc Sauueur.
1 1 Car la grâce de Dieu,Jalutaire à tous hommes efi apparue,
17. Nousenfeignant quen renonçant a toute infidélité CT* defirs
mondains , nous \iuions en ce prefent monde fohrement , iufiementy ^
religieufement: ^
13 Attendans la bien- heureufe efperance , c^fy î apparition de la
gloire du grand Dieu,(^ de nojîre Sauueur lefus Chrijl,
14 Lequel s efi donné foy-mefne pour nous , afin quil nousréi4^
chetafl de toute iniquité. \
Imanche dernier nousmon-
I (Irafraes quel honneur Dieu
nous fait cu.ind il veut que
. ladoûrine de fon Euangile
I foit approuuee pa,r noftre
' bône vie& fainfte. Car no^us
fpuons qfie la gloire de
Dieu reluit «n fa doftrine ; &qui fommes-
nous q nous la puifsions honorerr| Mais.il luy
piaift ie feruir de ces niiferables créatures en
vne chofelî digne & fi precieuf<s.Et,cç}anoi.ls.
doit tant plus inciter,tellemen:,qu'vn chacun
s'effûrcc'à en faire fondcuoirl lleftditque
teirx qui anonsent la,p<irole de Dieu doyuent
ejl're comme'mir^irs^ afin au' on, pùjflF eïtre^
édifié parlçur ^oriftevip & exemple, li ^pur
«ft tc'monftre que le nom. de Dieu fçri bj?f-
£l»çil«;..p.»r.Um iivvt (s'JiJe ilÇibof d^nf. Car |
les Papiflcs& incrédules prendront occâfîon
de fe luocquer de noilre foy & Chreftienté
que nous auons , fi noihe vie a'eft conforme
& femblable.Mais faïaÛ Paul viét iufques aux
fcrfs,qui n'efloyent pas tomme auiourd'huy. ^
on aura dciferuiteursà loage: mais ils eiloy^^^
ent efclaues,& leur condition cftoit quafî <;on».^
me des boeufs ou des autres bcftesjoue le njai-'j,
ftiepouuoit tuer fon feruiteur aiifsi bien com
me fon chien. Or tant y a'quc fainÔ Paul dit',
quç.la religion fera ornée par'eujç,moye.npane
qu'ils Je gouuernent en tc|lè fof te ; que lés..
mefc.haas,'foyent contraints de Ççn'tir que la.'
doftrin'e de Dieu cft pour rcfoi-nVer les hpm-»,
mes, & ppi^r les ^mener à fâinîiete de Vie."
Ci\iad nous v'oyos cela'.ne fomipes^nous poït.
bien lafches fi nous ne tàftho'nVent^'nt qu'en,
■RS^^ eA.d^cle.rrçla boucitcà toutnièfdifant?^
SVR LEPIS
Toire nefme les contraindre a honorer Dieu
& à le glorifier? Et ainfi.que ceux qui font de
bafle condition , & <jui font raelprilez de tout
le inonde,fe contentent, d'autant que Dieu les"
a tant honorez , que non feulement il les re-
çoit en la compagnie de fes enfans , mais il
veut que fa gloire reluife en eux , & que non
feulement ils portent fes armoiries , mais que
leur bonneviefoit côme vne parure &vn or-
nement de l'Euangile. Or cepédant,que ceux
qui font eleuez en degré d'honneur & en di-
gnité regardent à leurs perfonnes.Gar iï Dieu
veut que les plus pelts dcfquels on ne tiët con
te.lefquclsmefmeson reiette,& qu'on nedai
gn« pas regarder entre deux yeux.iî Dieu,di-
ie , veut que fa doftrine foit ornée par ceux-
là, quand on fera conftituédes hommes en vn
degré pi* haut,& en precminéce, n'eft-ce pas
7T.1J • raifon que ceux-là fegouuernent en telle for
■-•te qu'ils ne foyent point pour diilamerlabon
oe doârine, & qu'on ne prene point occafion
ew leur mauuaiib vie de fe moquer de Dieu?
Car Voila les MagiArats qui font comme ima
gesde Dieu au mode: quand les vns ferôtcon
lempteurs de Dieu, les autres adônez i corru
ptiou & auaiice , les autres feront pleins de
cruauté , les autres voudront que tout ordre
foit viole Se corrompu , ne fera-ce point pour
fe desborder en tels fcâdales.que tout le mo-
de mcfdira de la doûrine qui feprefche? Et
ainfi.qu'vn chacun regarde â foy fclon fon e-
ftat, & que grans & petis regardent que Dieu
ne reiette nul , mais qu'il veut que fon Roy-
aume foit drefle entre nous , afin que chacun
en fon endroit l'adore & le glorifie : que tous
('di-ie)s'employent à cela , Se que nous puif-
fions empefcher que les calomnies des mef-
chans n'aycnt point la vogue : non pas qu'ils
fe taifent du tout, comme nous voyons qu'il y
aivne impudence defefpcree aux contépteurj
de Dieu : Si quand nous ferions aufsi parfaits
que les Anges , ils ne laifferoyent pas toutcf-
foit de defgorger leurs detraûiôs contre no':
luais fi faut-il qu'ils demeurent confus, quand
on aura cognu la chofe en vérité , que noftre
vie refponde,& que non feulement nousayôs
bon tefmoignagcdeuât Dieii en intégrité de
iiosconfciences,Tnais qu'aul'si deuant lés hom
mes noiis puifsions monilrcr qucc'eft â tort'
qu'on mefdit de nous. Voila donc ce que noue -
auôs a retenir .en fomrae. Or fainft Paol par-
lant des ieunes gens, veut qu'on les exhorte
7.^- d'eftre attrempez , qui cft vne vertu bien re-
qiiife àceftaage-la, d'aucâc que nous voyons
qu'il y a grand'ardeur, voire qu'il n'eit rien
plus diflicile que de tenir en bride lesieunes
genti G'eft comme vn pot qui commence a'
bouillir I car alors il iette toute fon efcume:
ainfieft-ildeceftange,ciril lœfepeiit repri-
mer qu'auec grîd effort.Or tapt y a que fain£t
Paul ne laifle pas de dire quMs doiuent eilré
attrempez. Et pourquoyfCar ce n'eft pas ex-
cufe quand on appcrceura des vices en nous;
T. A T I T E.
Î9»
& qu'il y aura legeretérçe n'eft p»s à dire que
il ne nous faille point réprimer, mais pluftoft
que voyant les maladies , il y faut quant &
quant appliquer les remèdes. Si vn homme a-
uoit mal, il ne croupiroit pornt là,raais il adui
feroit tous les moyens qu'il eft pofsible , &
ne demandcroit que d'eftre fecouru. Quand
donc les ieunes gens cognoiffent qu'ils font
pleins de mauuaifes cupiditez qui les pouf-
fent & incitent i mal, qu'ils ne fe pcuuent ran
gerfinon par force: que les vns fe desbordent
en paillardifes,les autres aurôt tant de toUer
phantafies que c'eft pitié: il y aura l'audace.ii
y aura les pompes.ily aura les gourmandifes,
il y aura les ieux : quand donc les ieunes gess
voyent que leur nature les pouffe ainfi, fc doi
uent-ils flatter? doiuent-ils faire bouclierde
ce que ceft aage-la eft ainfl enclin à beaucoup
de vices? Nenni : mais qu'ils efcoutent ce qui
leur eft ici remonftré, c'eft afçauoir que tart
plus doiuent-ils batailler contre leurs mefeha
tes affeâions, iufqu'â ce qu'ils fe foyent repri
mez, & que Dieu ait gagné fur eux telle mai-
ftrife , qu'ils nefe desbordent plus. Or com--
bien que cefte exhortation foit plus que ne-
ceiraire,no«s voyôs combien elle eft mal prat
tiquee. Car outre ce que les ieunes gens font
mal aduifez, & qu'il n'y a ne fobrieté.ni attrc
panée en eux,qucllemodeftiey voit-on?Pour
le moins s'ils font fols , &qu'ils ayentvn e-
fprit volage , ils deuroyenteftre humbles , Se
croire bon confeil pour y obéir : mais on y
voit plus de prefomption & d'audace beau--
coup que s'ils auoy ent & prudence , Se v fage, ■
& tout ce qui feroit lequis , qu'ils ne daignée
pas efcouter vn feul mot, qu'il leur femble que
ils font trop liges. Or quand les ieunes gens
font ainfi adonnez à prefomption , c'eft vne
chofe incorrigible &defefperee, & n'en at-
tend-on rien qui vaille. Car quand toutes les
vertus du monde feroye t en vn jeune homme,-
s'il cft prefomptueux,& qu'il n'yait pointde
humilité & modeftie , il cft certain que tout
s'en va en fumee.C'eft comme vne herbe inu
tile:elle verdoyera affez.mais on n'y cognoi-
ftra point bon fruict en la fin. Q.apy qu'il eii
foit, fieft-cequele fainftEfprit ne veut pas
que cefte admonition foit perdue , puis qu'il
Ta vne fois donnée par la bouche de S. Paul;
Et pourtant , que les ieunes gens aduifent d<!
fe ranget en telle forte, qu'on cognoiffe que
ils ne demandent point d'auoir licence de fe
desbaucher à leur appétit , mais qu'ils fe re-
ftraigncnt encorcs qu'on ne les pouflè point
d'ailleurs. Cependant fi on voit qti'ils foycnt
de«bordez,que'ceuxqui Ont la charge fureur'
s'employent à leur remonftrer leurs folies,&'
à les tembarrer.Que les Miniftres de la -Pafo»
lefçachét qu'ils auront à rendre conte à DieiT
s'ils ferment les yeux , &<ju'ils pardonnent a<
c3es çonuoitifes de ieunefle : qnand ils voyenf
les ieunes gens eftre ainfi desbaucher , s'ils
n'en font nul femblant,qu'il« ne s'y oppofcnt
EEc.iiii.
59^
SERMON X II.
point , il cft certain qu'ils aurontà en rendre
conte dciiant Dieu. £t s'il y a del'ingratitu-
dc,&;cjue les ieunesgens foyent fiaueuglez &
{i tranlportez qu'on ne fçache de quel cofté
ksaborder, li faut-il neantmoins que cefle
dodrine ait fon cours. Que les pères aulsi v-
fent de l'authorité que Dieu leur donne en
ceft endroit, & qu'ils tafchent d'amener à bon
ne attrempance ce qu'ils voyent élire ainii
desbordé. Or cependant fainil Paul dit à Ti-
te, g»'</ doit ejlre miroir ou patron de tonte ytr-
tufclm ladodrine. Côme s'ildifoit quel'hom
me qui a la charge & office d'anoncer la pa-
role de Dieu , doit en toute fa vie prefcher,
puis que Dieu l'a eleu & choifi en vn tel eftat ;
quand on regardera comme il le gouuerne,
<ju'on trouue vne approbation de la doctrine
qu'il porte,& qu'il profite & édifie non feule-
ment de bouche, monllrant ce qui fe doit fai-
re,mais aufsi par fon exéple.quand on cognoi
ftia que c'eft a bon efcient qu'il parle , & non
point en fcintife, qu'on en puiffe élire édifié.
£t pleufl à Dieu que ceci fuft bien oblerué:
car la vérité de Dieu feroit receue auec plus
grande reuerence qu'elle n'cft pas. Mais quoy
qu'il en foit, lî ne ferons-nous point excufez
puis que Dieu fe veut feruif de nous pour ré-
gler les autres , iînon que nous cheminions
droit pour nous régler nous-melraes,&com-
pafler tellement noftre vie, que quâd on nous
fuiurad'vn commun accord, nous tafchions
d'honorer Dieu,& que nous ne dônions point
occafîon demefprifer fa Parole facree , puis
que Dieu nous a faits inftrumcns,& qu'il veut
que fa doûrine fou receue de nouS; comme fi-
luy-mefme parloiten perfonne. Notamment
fain£t Paul dit que nous deuons porter cefte
doOnne engraititè, en attremp.xnee,0- enfalnt
parole. En quoy il monftre que nous deuons
auoirce regard, de nous tenir en bride plus
courte <]ue les autres. Car on enverra beau-
coup qui fontafTeï choleres quand il eftque-
iiion de reprendre lc<: vices , tellement qu'ils
i>e peuuent rien foutfrir , tout leurdefplaira:
mais fainft Paul parlant de ceft aduertiflemét,
dit, Aucuns font qui fe plaifeqt en leurs vices,
Scep^ndant ils font fort afpres à redarguer
les autres. Or c'elf mal pTQçe<ier,&toutau re
boiirs, quand nous Voudrons que les autres fc
rangent à la volôtédeDi^Uj&quenpus-npus
en deftournon! les prem/ers.lln'ç^iît yas qtie-
ôion de dire, Marckez. : mais il faut^llcr de-
uant. Il fera beau veoir vn prefcheur qui vou-
dra ici exhorter le peuple .îmodellic,& ille-
ravn paillard, il fc desbordexa en propos. vi-
itiiis &deshonncftes: &i on von qu'tife con-
damne de fa propre bouche. Aortes il louera
iobrietc & attrempafice,& c'ôffcqtmlque gros
^iirohgne.iSi quelque gourmand, Aprèsiil cou
damnera l'auance, & ilpedemahde qu'à rajit
iter <ie tous coftez.Il dira qwe poas. deuôs quit
ter le monde pour afpirer à Dieu, S; on verra
qu'il efl plonge au plus profond de b terre.
& qu'il ne luy chaut de la vie celefte non plus
qu'à vne belle. Il fera beau veoir(di-ie)qiJ'vu
homme incite ainfi les autres.qu'il dife, Mar-
chez deuant : & qu'il ne les fuiue pas : mais il
el\ qiïeftiou de conduire, & de môflrcr le bon
chemin. Ainll donc non feulement lainâ Paul
veut que nous foyons attrempez , & que nous
réglions tellement noftre vie, qu'on ne puiffe
prendre occaûon de fe iouer à Dieu , & mef-
prifer fa Parole : mais que pluftoll on voye
que comme nous parlons, nous tafchons aufsi
d'approuuer& ratifier la doârine: & quadoa
verra cela,qu'on foit incité à bien faire: mais
il adioufte quant & qa»nt,tn fiiine paraUimon
ftrant qu'il ne veut point raefmes qu'en nos
propos il y ait aucune vanité qui foit pour in
citer à fegaudir. Car nous fçauôs quedesmef
châs propos & paroles procède la corruption
des bonnes moeurs , comme faind Paul le dit i.Cor.if.
en l'autre paflàge: & mefmes c'a elté vn pro- 33-
ucrbe commun entre les Payens : car il allè-
gue là vn tefmoignage d'vn Poète prophane, ■
pour faire plus grand' honte aux fidèles, fi ea
leurs paroles & deuis ils font desbordez , &
qu'ilks'infe(;lent de corruption ,quec'iitvn
ligne decontemnementde Dieu , & qu'ils ne
demandent que de donner la vogue à tous vi-
ces. Voila donc en fomme ce que nous auons
à retenir. Or quand il parle des ferfs & efcla-
ucs,ildit, Qjt'ilsobeijjentà leurs mai ftres,tji*' ils
leur pUifint en tout , qii'ih ne rechignent foint,
tp'ilsnefoytnt point fiUars, mais qit ils monjlrêt
-rne bonne loyauté en toutes cbofes. Ici nous voy-
ons bien comme faindi Paul a regardé notam
ment à ceux defquels il parloit. Car les ferfs
de ce temps-la eiloyent adonnez à pillages:
& puis ils eftoyentcontredifans, voire s'ils.ne
enflent craint les coups dont ils eftoyent cha
liiez : mais on les voit quelque tois endurcis, '
d'autant qu'on ne les nourrifloit point humai
nement , mais qu'on les traittoit comme des
belles brutes, on les frappoit,on les tôurmen
toit, on les mettoit à la géhenne, que bien fou
u.ct leurdifner efloitd'ellre battus tous nuds,
tellement que le fang en fortoit de tous co-
llez.D'autant donc qu'ils eftoyent ainfi endoi--
cisau mal, il ne fefaut pointesbahirs'ilya-'
Hoit Celle corruption de fe reuenger contre
leurs niaiftics quand ils en auoyent quelque
iBoyeow Orniaiotcnant fainft Paul ne laifle
poiu| de. les exhorter de côplaire à leurs mai
lli-es, . voire ien tout bien , comme il met ceft*
exception en d'autres palTages. Et pHis,9«'/7i ïf'".<'.T
fiytnl pati(ns,C qii'ih ne repli<]uent riin.Et au
rcfte, qu^ih m:mp.rent bon exemple , encores epu
Unrs ne.il flres foyent ivgrals. Or combien que^
entre nous il n'yait point vne telle feruitlide:
comme elle a clVé anciennement, fi eft-ce que-
celle dotirineauiourd'luiy ne nous ell pas. in»,
tjle.) C;ir ceux qui font en fuietion moyenne,;
doiuenc s'acquitter de.leiur.deuoir tar» plûSi
alaigrcmcnt.Car voici iacôpaiaifon quenoBS
deuous faire: Si ceux qui eftoyent efckues,.8C'
qu'on
s V R L* E P I s T. A T / T E. S9i
tfo'on traictoit en telle criiauté,& lefquelç n'e que leurs niai/lre<; auront le dos tomné.ih fa
lioyent fupportez nullemét, R ceux-là eiloy- cent du pis qu'il leur fera pofsible : comme il
ent tenus l'elon Dieu d'obeir à leurs maiftres, y en a qui fçaiiront faire lî bonne mine , que
*oire qui exei-çoyent vne telle tyrannie fur les mailtres y feront troroptz. Or faind Paul
eux, que fera-ce de ceux qui font à louage, veut qu'il y ait vneafFeiftion franche,qu'enc&-
qui ne font point ainfi tourmentez , s'ils ne res qu'ils ne fuflent point regardez de leurs
s'acquittent de leur deuoir? ne font-ils point maiftres , qu'ils ne craigniflent point d'en e-
doublement coulpables deuant Dieu ? Il cft ftre lamais blafniez ni reprins.&tâtmoinspu
bien certain. Car feion que noftre condition nis , que toutesfoisils ne laiflèntpasdeleur
eft douce & fupportable , tant moins aurons- eftre loyaux comme deuant Dieu. Orcepen-
nous d'excufe, finon que nous adwifiôs de no» daut il y a l'exception, que les feruitcurs plai
ranger.£t pourtant, que ceux qui font en fer- fentaux maiftresen tout bien.Carfivn ferui-
uicc cognoiflcntque celle doftrine s'adreffe teur pour gratifier àfon maiftre veut eftre
auiourd'huy àeux,& que faincl Paul leur com fon macquereau,qu'il batte l'vn, qu'il frappe
mâde d'cftre tellement i'uiets à leurs maiftres, l'autre, qu'il pille, qu'il defrobbe , qu'il bla A
qu'ils ne leur répliquent point, qu'ils ne foy- pheme Dieu : on voit que tout ordre feroir
ent point pillars, qu'ils tafchentdelcurcora- peruerti en cela. Notons bien donc quand il
plaire entant qu'il leur fera pofsible. Voila eft parlé des degrez, que Dieu fereferuetouf
pour vn item.Êt mefmes nous pouuôs recueil iours fon authorité, & qu'il ne quitte pas fon
lir vne admonition générale de ceci. Car il office. Si donc les feruiteursdoiuent obéira
nous femble que iî chacun ne fait fon deuoir leurs maiftres , ce n'eft pas finon en bien. Et
enuersnous , que nous fommes quittes quand qu'ainfi (bit , quand vn maiftre aura voulu in-
nous ferons du pis que nous pourrôs. Et com duire fes enfans ou fes feruiteurs à mal faire,
ment?dequoy liiis-ie tenuàceftuy-laî Voi- àce qu'ils foyentlarrôs ou meurtricrs:qu'vn,
re, comme fi ie ne l'eftoye point à Dieu. Mais à l'appétit de Ion maiftre, aura attété de tuer
ileftditque la charité nous doit rendre fu- quelqu'autre,Queleferuiteur aura cmpoifon-
iets les vns aux autres, & nous y oblige. Ainfi né, qu'il aura fait quelque trouble , qu'il aûîa
donc, qu'il y aitceftecomparaifon , Helas.'& voulu faire quelque trahifon,le feruiteur fera
quand nul ne nous pourra demander par ty- il abfous,pour dire, Mon maiftre me l'a com-
rannie plus qu'il ne Juy appartient , tant plut mandé.? Commenr , ton maiftre? Il faut qu'il
^•.. fuis-ie malin G ie ne péfedem'acquitter,puis fbitfuiet aufsi bien à la police : par plus forte
! que Dieu nous fupporteainfi. Aduifons donc raifon il faut que tu le fois. Orfilaiuftice
quand nous ne ferons point rudement trait- ne laifle point d'auoir fon cours.combien que
tez , que nous deuons auoirvn courage tant les maiftres foyent obéis chacun en fa mai-
plus franc & mieux difpofé de feruir à nos fon, penfons-nous que Dieu vueillc refigner
prochains,& de faire ce qu'il nous fera pofsi- fon office, & qu'il (è déboute de (on droift,
ble, pour monftrer que nous ne deuons point fous ombre que les maiftres, & Magiftrats,
frauder ceux aufquels Dieu nous a obligez. & autres feront en degré plus haut, & que les
Voila comme celte dotîrine non feulement feniiteurs & le peuple foyent inferienrs?Re—
eft pour les feruiteurs & chambrières, mais tenons donc que fi nous voulons eftre fuicts
aufsi en gênerai & fans exception pour tous aux hommes , ce n'eft pas à dire que le droift
fidèles. Mais notamment quand il eft dit que de Dieu foit diminué Se empefché pour cela:
les feruiteursdoiuent eftre agréables à leurs mais au contraire, nous deuons eftre tanc '
maiftres, par cela il nous eftmonftré qu'ils plus incitez à feruir Dieu. Car il eft dit que
ne les doiuent point feruir d'vne contrainte les poures ferfs, combien qu'on les tounnen-
fculement, mais qu'ils cognoirtent quence te, combien qu'on les traittc fi durement que
faifant ils feruent â Dieu. Ileftvray (comme c'eft vnc horieDr,dùiuent toutesfois tafcner
fainô Paul dît au feptieme de la première aux de complaire à leurs maiftres. Et voici noftre
Corinthiens } que fi vn homme pouuoit eftre Dieu , qu'eft-il au prix des hommes.' Car il
librede ce temps-la, il neledeuoitmefprifer, n'exerce pas vne tyrannie fur nous, il ne nous
ainseftoit à fouhaiterrmais quoy qu'il en foit, preflc point comme feroyent les homes mor
fi veut-il que chacun fe ticne en fon ordre , Se tels , il ne veut point arracher noftre fang 8i
qu'il cognoi(re,Dieu m'a voulu humilier,il ne noftre fueur pour fon profit ou aduantage.
m'a point conftitué en dignité , mais a voulu Qjjeft-ce qu'il demâde finon ce qui eft pour
que iefoye fuiet:& ainfi il faut que ieme tie- nollrebienèc falut? Qjianddonc Dieu fede-
jie au lieu où il m'a mis. Apprenons donc que clare ainfi libéral enuers nous , mal-heur 8c
fi quelqu'vn eften feruitude, il ne faut point • donble mal-heur fi nous ne fommes difpofei
qu'il foit froid à bien fàire,mais qu'il s'efFor- tellement que nous foyons afftôionnczà le
ce foy-mefme , iufqu'àtant qu'irait vn cœur fennr,& à nous offrir à luy du tout en facrifi-
*?"»•*• alaigre.vne afFeftion franche & libre de s'em ce volontaire.Et ainfi retenons bien, quand il
*•*• ployerrcomme aufsi fainft Paul dit eti l'autre eff parlé de 'la fuiettion que nous deuons aux
4oL^.ti, j)3flage , qu'il ne faut point que les lêruiteurs hommes, que par cela Dieu nous monftre que
complaifeiuàlcHriiiiaiftftsiraihqàefîtuft tant plus nous femmes tenus à luy, voire lans
rFf.i.
594
SERMON XH.
compariifon : & nous fçauôs aufsi que fa ma-
icfté fiirmonte tout ce qui fera de fiiperiorité
entre les créatures humaines. Mais d'autant
que de fon cofté il ne demande que de nous
gouuerner dVnc façon paternelle, & qu'il
1er il $ nous fiipporte comme fes enfans, ( ainlî qu'il
le déclare par fon Prophete)tant plus le de-
uons-nous feruir d'vne affection franche ic
volontaire. Or fâm£t Paul après auoir traitté
de cela, il adiouite, Cl^e h^r.xce de Dieu cft af
tiarue,yoire f.iltuaire à tous hommes ^ni^us in flriti
fant q<ie nou-s délions rcnccer à toute impiété, &
à.nos apl'etism'^ndains , pour yiiirc- fainctemcnt,
iujicmi-nt O" fobrcmrnt en ce monde , 'ufijues à
ce qiiele gr.xiid^ Se'gneut & Rédempteur lefus
Chriflappaniffe. Or(comnie delîa nous auons
touché ci delFus) fainû Paul ne traitte point
par le menu , & ne fait point vne déclaration
entière de tous les deuoirs particuliers qui
font en tous efiats, mais il fe contente d'ame-
ner ici quelques exemples : comme s'il diloit
que fi nous voulons bien édifier l'Eglile de
Dieu, nous qui auons la charge d'anoncer l'E
uangile , nous ne dcuons pas nousarrefter à
desqueftions curieufes,& qui n'apportent nul
profit, mais que nous deuons foliciter chacun
à faire fon deuoir: & non feulement en gêne-
rai nous deuons monftrer quelle efl la règle
de bien & fainftement viure , mais nous de-
uons aufsi déclarer aux pères comme ils ont
à gouuerner leurs enfans:aux enfans, comme
ils ont à s'humilier fous leurs pères & mères:
que nous deuons reraonftreraux maris com-
me ils doiuent viure paifiblement auec leurs
femrnes,que nous deuons remonftrer aux fem
mes d'eftre paifibles auec leurs maris , que
nous deuons monftrer aux feruiteurs comme
ilsdoiuent eftre loyaux enuers leurs maillres:
& aufsi que nous deuons retenir les maiftres,
à ce qu'ils ne penfent point que tout leur foie
licite, & qu'ils n'abufent poiiiîde leurautho-
ritc pour eftre cruels , mais qu'ils fe conten-
tent d'auoir ceft honneur-la , de dominer fur
des créatures raifonnables. Voila donc com-
me fainiîl Paiil en brief a voulu toucher que
la doftrine 4e Dieu n'eft pas poijr nous cha-
touiller les aureilles , mais qu'elle eft pour
nous édifiera tout bien. Voira(di-ie)enfom-
rae cequp nous auons à retenir. Or rriainte-
nant il e.ft queflion de confermer ceftedoftri
ne. Et comment la conferme-il? Ôrnousa-
uons veu en l'autre paflage, que iouinelle-
niét ondoitprcfchercefte grâce de Dieu qui
s'eft déclarée à la venue de noftre Seigneur
lefus Chrift. Voila vu fccret admiiable .que
Dieu foit manifcfté en chair, & que cepédanc
il nous ait monftré fa gloire cclelle,,afînique
niius foypns vnis à icclle. Voila donc pu il
faut que tous les Payeurs s'occupent. Car
quand ils ne ccfleront de rciuonftrer quelle,
acftéla (agciïcque Dieu,n.ous,a declareçen
la perfonnc de fon Fils , il eft certain que ce
ne fera point temps pcrdu.Ec voila pourquoy
aufsi en l'autre paffagc «ux Ephelîcns ,fain£i
Paul dit que c'eft la hautelle & la profon- iph-i-it
dcur,le long, le large, & l'efpais de toute co-
gnoilTance ; quand nous aurons bien eftendu
nos fens pour fpeculer le plus haut qu'il fera
pofbible, que nous voudrons entrer aux abyf
mes pour nous enquérir de ce qui nous eftca
ché iulques au bout , que nous voudrons paf-
fer la mer & de long Se de large, fi eft-ce que
nous auons vne lagclTe , dit-il , afllz haute &
aflez profonde , alTcz longue & aflez large,
quand nous cognoidrons ladiledion inRpic
que Dieu nous a monftree en la pcrfonne de
fon Fils vnique. Or maintenant regardons i
quel propos c'eft qu'on nous doit iournelle-
ment déclarer ce haut myftere & ineftimable,
que Dieu eftmanifefté en chair. Sainft Paul
dit que fur tout c'eft vne règle pour viure fairt
dément. Et c'eft ce que funù lehan remon- l.leh.^.S
itre, que lefus Chrift n'eft point apparu pour
édifier le règne de Satan, mais pour le ruiner,
afin que le péché n'ait plus la vogue. Puis que
ainfi eft donc.cognoirtbns que quand on nous
parle de noftre rédemption , laquelle nous a
elle acquife à la mort Se pafsion de noftre Sei
gneur lefus Chrift, que c'eft afin que nous
foyons retirez hors de ce monde , que nous
puifsions renoncer à nos mefchantes cupidi-
tez , & nous dédier du tout à Dieu : comme
aufsi il eft déclaré par ùinCt Pierre , & puis
aux Ephefiensaufsi.que noftre Seigneur nous Efr/>.i.i+
a rachetez à foy , afin que nous récitions fes j.p/f.^.i
louanges iournellement, puis qu'il nous a re-
tirez de ce monde Se de toutes les pollutions
qui y régnent. Pourquoy donc eft-ce que le-
fus Chrift a efpandu fon fang , finonafinde
nous nettoyer?Et fi nous fommes ainfi lauez,
faut-il que nous veniôs encores derechef no*-:
polluer , comme des pourceaux qui fe vien-
drôtveautrer en l'ordure &en latange, quâtl
on les aura fait pâfler par l'eau ? Voila donc
à quoy faintt Paul a regardé. Or maintenant
il refte que nous dediiifion- le. points 5: arti
clés qui font ici contenus. Il a bien talu noter
l'intention principalcquand il déclare que la
grâce de lefus Chrift eft apparue, à ce qu'e-,<
ftans retirez du monde , nous foyoos vn-peu^l
pie facré,'S: que Dieu nous gouuerne.. Il fautj
donc que nous foyons exhortez tous Icsiourf '
à noftredeuoir. ^lais faitiâ Paul ayant parlp
des ferfs , dit <]sie lu f^race de D'eu\ejt-^pl\uritf!_
. fleinenemeta tous hommes : comme iPWAiioit ^
que Dieu ne i'cd point ccntcré de choifir les
grans &:les nobles, & ccu* qui fout en reputa
tion,nuis il a efpandii fa niiftricord^ iulques;.,
aux plus ppfis,ccu>-, qu'on rejette, ceux qu'on,,)
, defdaiguc,<ïu,i font çn opprobre. Dieu a vou»^
lu honorer (;fj^x-la,lçs mcttaiiqa,iuaTig.& de- T
gré^l,e fi;s.^ffrns..Qr nous voyons mamte-^",
, n^ç pqHrquov^!,n4 Paul paihe jci de tous ; ^ .»*^î
, hommes: & auftjid*! U po«s pouuôsiugcr quel,. .V*
le fottifc c'eft àccsbrouiilqns, qui fe méfient . . .io»
devouiQtr eipofer.r£ftriçute faif.a« . Si ne.
i'cnten
s V R L' E P I- S T.
s'entcijdçnt point^ef) leurftyle., quand ijs di-
ront,£t Dieu veut que tout le mode foi i iiu-
iiécla grâce de Dieu eft apparue pour le lilut
de tout lemôde:il s'enûut donc quMyatrjc
arbitre, qu'il n'y a pointd'eleâion , que nul
n'eft predcftiné â faliit.Or il faudrait, li Us be
lies parloyent , qu'elles tufient vn peu plus
A TITE.
S91
leur fb.uuient plus à quoy ils font appelez , hi
à quoy Dieu regarde quand il nous propofe
ainliles tlirefors de ibn amour paternelle. A
l'oppolîte faîd Paul dit que la grâce de Dieo
eft apparue pournous inftruire. Par cela en-
tendons que nous ne pouuons pas feparer l'vn
d'auec l'autre, la fainde vie & la foy que nous
d'aduis que cela. Car fainft Paul n'a voulu en auons pour nous repofer en noftre Seigneur
ilTàge , m en ceux que nous auons e.vpo
fezà Timothee, linon dire que lesgjans font
.appelez de Dieu, combien qu'ils n'en foyent
pas dignes ;les petis.cÔbicn qu'on les mefpri-
fe , ne laifTent pastoutesfois d'cftre; adoptez,
^uç Dieu leur tendia main pour les r^^ceuoir.
. De ce tempi-Ja, pource que Jes Princes ic les
Klagilhats eftoyety ennemis mortels de !'£-
uâgile.il fembloit que Dieu les euft reiettez,
&que iamaisilsncdeuflent paruenirà falut.
Saind Paul dit qu'il ne faut point leur fermer
la porte, & que Dieu en la fin en pourra clioi
fîr de cefte compagnic-la , encores qu'ils
femblent eftre defeiperez du tout.Ainlî en ce
paflage .après qu'il a parlé des poures efcla-
ues qui n'eftoycnt pas tenus du rang des hom
mes , il dit que Dieu n'a point laifle pourtant
de fc monftrer pitoyable enuers eux , &: qu'il
veut que l'Euangile foit prefché àceuxauf-
quels les hommes ne daignent pasibnner vn
mot. Voila vn poure homme qui fera reiet-
lé de tous , à grand' peine luy dira-on , Dieu
yous gard' : Se Dieu s'adreffe à luy première-
ment, & fe déclare eftre fon Père , & veut
lefus Chrift,& pour nous remettre enl'obeif
fance qu'il a rendue à Dieu fon Père. Ainfi
donc , nous declare-on que Dieu nous a efté
propice, &• qu'il s'eft voulu reconcilier à ncui
en la perfône de noftre Seigneur lefus Chriû?
Sçachons que c'eft afin que nous conceuion»
vne haine de nos péchez , &. qu'en ce fïifant
nous foyons tant plus incitez à nous retirer
à noftre Dieu, veu qu'il ne veut point que
nous demeurions efgarez , & que nous fuiuiôf
le train de perdition & de mort où nous e-
flions. Voila donc le lien infeparable de la
grâce de Dieu auec la doûrine de bonne vie,
tant s'en faut que fous ombre que Dieu nous
a fait mifericorde , il nous faille demeurer là
ftupides , fans difcretionde bien & de mal,
que pluftoft nous deuons cheminer en folici-
tude pour nous retirer de toutes les pollu-
tions de ce monde. Voila pourquoy aufsi
fainâ Paul ne trouue point exhortation plus
viue & de plus grande vertu, que de propofer
la mifericorde de Dieu quand il veut bien ex
horter : Mes amis ( dit-il ) cognoiffez com-
me Dieu s'eft monftré & déclaré enuerj vouf
que ceftuy-ci l'efcoute.&neluy ditpas corne pitoyable , &: que cela vous efmeuue , qu'il
€a/.î.i3
Yn mot en palFancmais ils'arrcfte là pourdi
re, Tu es de mon troupeau , que ma Parole te
foit pour pafture, qu'elle foit la vie fpirituel-
Jedeton ame. Q^iand donc Dieu s'eft ainfi
monftré lî bénin enuers le genre humain, que
ceux qui eftoyent en .opprobre & tant vilipen
dez , qu'on ne daignoit pas les regarder d'vn
Ijon œil , qu'il a prins ccux-la comme en fon
giron, qu'il fe déclare Père enuers eux , & les
adopte pour fes enfans, ne taut-il pas qu'il v
ait vnejiorrible dureté en nous , fi nous ne
fommes amollis quand vne telle bonté de no-
llre Dieu s'eft ainlî déclarée? Ainfi donc fça-
chons que ce mot emporte beaucoup, quand il
elt dit que U grâce dt D.ieu-cft apparue plei-
nement à tous hommes. .Or-cepcndant no-
tons ce mot qu'iladioufte , ^tie c<ft four nous
îuJïruiTt, Ç^r nous.en v.errons(beaucoup qui
abiifêntviieinenjct de la booié de EUeun^uad
n's|îë.donnentjilcence de mal faire. Et voila
pourquoy auûi iainft Paul nous exhorte que
nous ne tournions point la liberté qui nous a
eftélî chèrement acquife, en couuerture &i
licence cfiarneUq. Nous verrpnsdotjcbcauy
C(i^jp ^f gens qui fe louent auec Dieu , & leur
/énîtré que tout leur eft permis , d'autant que
ilsont efté rachetea par noftre Seigneur le-
fus Chrift. Or cela eft trop commun: mais on
en verra d'autres qui s'anonchaliflent quand
on leur prefchc la nufericordede Dieu; il ne
vousenfl.ime en l'amour dcvoftre Dieu. Car
(comme l'ay dit ) c'elt vne ingratitude trop
brutale, fi no' ne fommes retenus en fon obeif
fance. Voila ce que nous auons â noter en ce
mot , que la grâce de Dieu eft apparue pour
nous inftruire. Or il faut bien que ceux qui
ont la charge d'anonqer l'Euangile foyent
prudens en ceft endroit. Car s'ils difent.Dieu
s'eft dççlaré Père du monde , quand il a en-
uoyé fon Fils pour nous racheter , que nous
auons toute iuftice en la remifsion de nos pé-
chez : s'il n'y attoit que cela , nous voyonf
comme le monde eft enclin à mal, & qu'il taf-
che de peruertir la grâce de Dieu,& l'elfacer.
Ce feroit donc pour lafcher la bride à tout
mal. Mais il faut que ces deux points demeu-
rent, c'eftafçauoir pénitence & foy. Comme
quand noftre Seigneur Iffus Chrift enuoye
fes ^ifciples, il leur commande de prefcher ^'"14'
la.remifstpndes péchez : & outre cela peni- 47.
tence: il ne veut point que l'vn foit feparéde
l'autre. Il eft dit du mariage , que l'homme ''"•''•
ncdoit poiijt feparerce que Dieu aconioint. *
Par plus forte raifon , cpftevnionqui appar-
tient à la vie fpirituellc, ne doit point eftre
rompue. Et ainfi qiard nous voudrons bien
prclcher la foy il nous faut aulM prefcher pe
nitence : c'eftà dire , en monftrant que Dieu
nous a receus à merci, & que iournellf ment
il nous pardonne nos fautes par fa botégra-
FFf.il.
Ç9<f
SERMON XII.
luite, & que nouç fotnmes iuftifiez d'autît cjue
Ielu5 Clirilt l'a reconcilié atiec nous, & qu'il
nous tient pour iiiftes,c5bien que nous foyons
pourcs peclieurs:en prefchant cela il faut que
nous adiouftions, que c'eft àceft.- condition
que nous retournious à Dieu:comme aufsi Jef
ia lien eftoit parlé par les Prophètes . Il eft
dit que Dieu viendra pour fauuerfon peuple:
voire afin que les reliques de lacob fe retirent
de toute iniquité ; c'eft à dire, afin que ce que
Dieu aura referué par fa mifericorde, l'oit vn
peuple dédié à foy . Or puis qu'ainlî eft que
■Dieu nous a acquis tant chèrement , ce n'eft
pas raifon qu'yn chacun viue à Ion appétit, &
félon fa phantaiie: mais il faut que noftre Ré-
dempteur iouiflede toute noftre vie. Et no-
tamment il monftre quec'ffl afn que rtnoncani
à toute impieté, O" ^ («ût def>rsmi>n{a!ns,nouS
tluions en ce fecle fainîlement , iuflement ù"
fobretnent , attenJattsla -venue de ce rrand Sei-
gneur qujnd il fe monftrera tn fa gloire . Ce n'e-
ftoit point allez d'auoir dit que la gloire de
■ Dieu, quand elle fera bien prefchee, emporte
inftruûion , ou fainfteté de vie •• mais il fa-
loit Spécifier ce qui eft ici contenu, qu'en pre-
mier lieu il nous faut renoncer à toute impie-
té,& à tous defirs mondains. En Comme, fainft
Paul a ici marqué quelle eft la corruption de
la nature humaine deuat que Dieu befongne:
il y a l'impieté:& puis, les defirs mondains.Or
quant à l'impiété, fainû Paul n'entend pas tou
tes les fuperftitions: comme nous voyons que
les hommes veulent eftre fages à leur phanta-
fie, & cependant ont beaucoup de folies qu'ils
conçoyuent en leur tefte quand ils cuident a-
uoir quelque prudencetils font aufsi fauuages,
£ers & arrogans:& tout cela eft impieté.Mais
fainâ Paul entend, deuant que Dieu nous ait
illuminez en la vérité de fa Parole, que quel-
ques (nines que nous facions , quelque hypo-
crifie qu'il y ait , toutesfois iamais nous n'a-
uons vne droite pieté en nous : comme il eft
' certain que les infideles,corabien qu'ils facent
beaucoup de monftres, & qu'en cérémonies ils
monftrent vne grande deuotion , & ardente, fî
eft -ce que iamais il n'y aura crainte de Dieu
aux hommes, iufques â ce qu'ils foyent deue-
ment enfeignez. Et puis il y a les defirs mon-
dains qui régnent quant & quant en noftre na
ture.Ces deux chofes font bien à poifer. H eft
vray que maintenant nous ne pourrions pas le
detlarer à plein : mais pour la fin retenofl^ eii
brief, que fainft Paul a voulu ici déclarer quel
le Jnftruaiottil nous faut receuoir en l'Euan-
gile:c'eft de cognoiftre le mal qui eft en nous:
& l'ayans cognu, de nous y defplairc . Voila
pour va item .' Let hommes donc ne com-
. i i.:n; ,;■
iutà Jiior
..iiinomnî ,s" i»>.ii>'j:,'->-»''j;.
menceront iamais à Bïcts faire , finon que
Dieu y ait befongne, qu'ils foyent reforniei,
qu'ils foyent faits nouuelles créatures . Car fî
nous voulons trouuer quelque bonne difpo-
fition en nous , c'eft vn abus . Ainfi donc ap-
prenons, pour donter toutes les mefchantcs
afFedions de noftre chair.qu'il faut que Dieu
defploye la vertu de fon (àinft Efprit, autre-
ment nous demeurerions là croupiffàns en
nos vices.Voila pour vn itein.Or là delTus co-
gnoiflons que les deux combles de vices &<lc
tout mal font,vn mefpris de Dieu,quand nous
n'aUons point vne droite rcuerence pour che-
miner félon fa volonté: &puis,qiic nous fay-
uons nos delîrt mondaiti^ , Se nos mefchantc»
cupiditez,tufqu'à ce que Dieu nous ait attirez
à foy. n eft vray que les incrédules fe feront
aflez à croire qu'ils font tant deuots que mer
ueilles,mais ce n'eft qu'abus. Or ce n'eft point
fans caufe que le Prophète Ifaie dit que l'E-
fprit de la craintede Dieu eft donné à noftre
Seigneur lefus Chrift. Par cela il nous mon-
ftre que nous ne pouuôs auoir vne vraye obeif
fance de Dieu, finon que par foy. Et ainfi les
pourcs incrédules auec leurs fuperftitions ne
font que fe mocquerde Dieu.tournans à l'en-
tourdu pot, Scn'approchent point de luy.iuf
ques à ce que par foy ils y foyent attirez. Or
cependant il y a aufsi les defirs mondains qui
nous tranfportent.que nous fommes adonnez
àmefchantescupiditez.qii'il n'y a ne loyauté
ne droiture.ni humanité, ne douceur, nechi-
fteté.ni attremp.mce : le monde nous agitera
ainfî,tufqu'à ce que Dieu nous ait mis la bride
de fa parole pour nous retenir : &non feule-
ment cela , mais qwepar fon fainft Efprit il
nous ait dontez,& qu'il nous aie monftré qu'il
ne faut plus que nous prenions cefte licence
de nous ietter ainfi à l'abandon. Voila donc
par quel bout il nous faut commencer, quand
nous voudrons bien feruir à Dfeu : ce qui n6
fe peut faire que les hommes ne foyent là
confus en eux-mefmes , afin de fe prefenter à
Dieu,& le prier qu'il face vn tel changement
en eux , que tout ce qui y eftoit auparauant,
foit aboli.
ORnous-nous profternerons deuant lâ
maieftéde noftrebon Dieu en cognoiflàncâ
de nos fautes , le prians qil'il nous les face
mieux fentir.Et que cependant iJ nous reçoy-
ueà merci , iufqu'à ce qu'il nous conduire eh
fon Royaume, & nous condHifant,que de pliif r
en plus il mortifié Toutes nos mefcnantescii-
piditez , iufques à ce qu'il nous en ait pleine-
ment defpouillcz. Ainfi nous dirôî tous,Die«
toHt-pmflant,Perecelefte,&c'.'"" ' ', ''
1. lîoj jup jTtniiii
• jilas-i ?il; iiuzli
, lont'j! liiu) «ii!/r.'{) fiii.'^tiî
■ U.»
SVR t'EPIST. A TITE. W
::;jQf ^À^lÈiE Kl È , SERMON sV^'-yt:^:.
Miyi
SECOND CHAPITRE.
- ^ - ••« v^ ^Grfr/rf frtfd-e de DieuMutdhréà tous hommes, cjt apparue^
- , .1» • No«J enfeignant qu en renonçant a toute inpdetite^ dejirs
tttondatnSinous ^tuions, encc ntondefohrcmentjusîement^o' religieu-
i'..''\!^^:i;^^ o* f apparition deU
'gloire au grdndtiieth^ de noîire^uueur\ejùsChrij\i
y.. 'M ri "^quetste]} donné fôy-mepnc pour mus, afin q nous ra*
thetajl de toute iniquité. ^
religion, iufques à ce que Dieu nou? ait refor
niez,& du tout clianeer.Il eft vray que fi nous
regardons les incrédules, il femble qu'ils sad
doniiét à Dieu,& qu'ils ayant quelque lele de
bien faire: mais l'Efcriture ne peut mentir,
quand elle mon/he que les hommes font re-
belles i Dieu,& qu'ils tendent tout au rebours
de fa volonté.âc qu'il; voudroycnt eftre exem
ptezde fon ioug, s'il leur eftoit pof.ible.Pour
quoy eft-ceque les hommes vfent de quel-
ques cérémonies pour s'acquitter.finon d'au-
tant qu'ils ne peuuent efchapper la main de
Dieu ^u'il ne foit leurluge'Mais s'ils auoyent
gagné ce poin6V-la, il eft certain qu'iUdcf'pi-
teroyent toute maiefté alors, & qu'ils luet-
troyent tout ordre en confufion.£t ainfi.iuf-
qucs à tant que Dieu nous ait rechangez , &
réduits à foy, il n'y a en nous qu'vne telle im-
pieté , qu'vn chacun voudroit mener vne vie
biutale, que nous ne pcferions iamaisau roy-
aume ^ts cicux,,que nous ne fçaurions mefmçs
qyec'eftaufsid'auoir efté créez, car chacua
feroit comme abbruti.Or pource que l'impir-
té éft plus couuerte,& que c'efcvn nul qui cou.
ue au dedans, & ne fe monftre pas tant, fainû:
Pauladioufte,/« «fc/nmoBiia/ni, lefquels ren-
dent tefmoignage de ce qui eft en nous, c'eft
afçauoir que nous femmes pleinement desbot
dez au mal , & qu'au lieu que nature nous de-
uroit guider à Dieu, voire pour le cognoiltre,-
& pour le çontemplcr,nous foramcs pires que
les beftes brutes . Car cpnibien que les beftes
n'ayét nulle difcretion entre le bien & le mal,,
fieft-ce q^i'encoreffetienent-elles en leurs,
bornes,^' eo leur niei^ire : & combien qu'elles
fuyuentle^r$appetis,pour le moins quand cl-j
les auront mangç leur foui, elles fe repofent:
quand elles auront prins leur rcpos,elles tra-,
uaillent : quaiid elles auront faim, elles pren-.
^ont paftûte, pourle.moiiw^ejlç^ la cerchc-
ront, jUais.de l'homme, c'eft pitié, : il fcmbla
qu'il fe vufiUe derguifer , ii(: fe i;ontrf faire, du
tout . Nou^ voy[<)fjt quelle io>pcwol)té il y ai
<j^ tçus not,^ppe.tij,cq."''( n]f fti>i>'nf.iq(ieftw>H,
qu on aime feulemét fes aifes Se commodittz,
FFf.iii.
OVS auonsexpofécema
tin, fi toft qu'on nous parle;
de la bôté de Dieu qui nous
a efté inoftree en laperfon
ne de noftre Seigneur lefus
Chrift.que nous deuôs ertre
incitez à fainÛeté de vie.
Car c'eft: bien raifon que Dieu , qui nous a fi
chèrement acquis,nous poflede.fur tout quâd
il nous monftre la fin de noftre rédemption,
atnfi qu'il en a efté traitté défia, 5: que Zacha-
rie le déclare en brief en fon Câtique.aui.cha
ptnedé (ainû Luc, (iue nous fommes affran-
chis, afin que tout le temps de noftre vie nous
feruions à noftre Dieu. Car(côme fainft Paul
le déclare au (.chapitre des Romainj)nous e-
fbiôs fous les lieiis & feruitude de péché: main
tenant nous fommes mis en liberté, mais c'eft
afin que le péché ne domine plus fur nous.Cô
ment fe fera-il? Quand nous ferons fuiets à la
iiilhce de Dieu. Or il n'y a point ici dt force,
ne contrainte : mais c'eft vne fuiettipn gui eft
meilleure & plus defirable que tous l&s Empi-
res du monde . Car fi Thomme veut auoir fon
franc-arbitre pour feruir à fes appetis , c'eft
autant comme s'il feplongeoi tau profond de
enfer,& que le diable le traîne, ic le pouffe cô
ftie il voudra. Pourquoy? Nos appetis font en-
nemi: de Dieu, & le péché domine fur nous,&
y a toute vogue , quand nous lafirhons ainfiU
Bridé a noftre chairl II n'y a d'oc autre moyen,
â'éftfç'en droite liberté,lirion qii eilanj , f ete-
ilusfoiiiî là bride de Dieu &de f» iuftice..pr
cependant nous auôs à pourfùyure ce que def
U'ilôus àiibns entamé , q'eft'afçàuo'.r que pou^
bien ndusiddonher à DieUiilnoiis faut renon
cer à toute impicté,& à tous.defirs mondains.
Oriiousfçauohs qu'il n'y a çn nous que tou-
'ic malice, & qu'il eft impofs^ible que Dieu tire
Milbicnde nous,iufquesa,cp qu'il nojisait tc-
forfnei.ou autrement nous jie fçayronsquece
Éll dëferuir àT)ieu.Car combien que nous fa-
çipns'feinblanlt d'auoir q^clquf,deuotion,^eft
ce qùe'n'oiis ferp'ns toufiours ftupides & non»
c1iarans,iSc n'y aiira véiiié' qui têdéà vne clroite
qu I
mais il femble que çul n^ Te piiii^p rcfiouir ^
noa^u'il ait tout péruerti, quVI. ait nreîlc ftr
ciel auec la terré . £n fomoïc» puis que ^nous
fommes enueloppez ici bas, que'nournepen-
foDS niiUcmejy âuRoyjunje dfs cieux,enjte-_
la cognoift-orique nous lomnics du 10111^^^-
uertis, & qu'il n'y a point vne feule goutte de
bien en nous, & que nous fommes aueuglqs en
tous nos delîrs. Et pourquoy ? Ils ne tendent
qu'au monde :& nous fommes créez à vne fin
toute diuerfe. Car noitre condition feroit bien
malheureufe, fi nous ne regardions pluriqin^
qu'à la terre,quand ici nous fommes alTuiettis
à tant de pouretez,à tant de {qitcitu^s,à ff^t
de fafcheries&d'angpifles. Les belles brutw
ont beaucoup meilleur tem'ps!:cî6r elles néii'ai -
gnent finon ce qui leur cft prefent, elles ne fe
foucient de rien , elles ne font point menées
d'ambition, elles n'appréhendent point le mal
^ui leur peut aduenir^ellés ne fe portét point
«l'enuLe cdmmcles hommes, elles n*6rit point
de folicitude pour cent, ans après leur m'tfrt,
elles fe contentent de là pa/lure qui leur eft
prefeiite. Mais voici les hotiùn'es qui font en
tourment continuel : & neantmoins quand
Dieu nous laiffe, où eft-ce que nous demeu-
rons? Le monde nous retient, il nous poflede,
nous y fommes dn tout attachez, voire enter-
iez, que nous fommes là Itupides, que nous ne
penfons à rien finon à cefte vie caduque. Puis,
qu'ainfi elt donc , cognoifFons que poitf ap-
procher de Dieu, il nous faut fortir de nortre
rature laquelle nous tenons d'Adam ,& faut-
que nous (oyons faits nouuelles créatures ,Sc
en premier lieu. Vùila pourqOoy fainft Paul
commence par ce bout, qu'il nous faut renon-
cer à toute impieté, & à tous defirs mondains.
Or il adioufte puis après que le tout eft , pour
■viure en ce mande frefent Jainftement ,iufte-
tnent (yfobretfifnt.il ordonne ici la vie Chre-
ftienne en trois chofes r qu'il y ait fainfteté
•(ou reuerencè dç Dieu ) qu'on luy obremj)e-
rt^qu'il y ait iuflice& droiture enners nos pro
chain5:& qu'il y ait honnefteté & attrempan-
ce, que nous ne foyons pOint diirolùs , mais
que noihe vie foit modeiîe & pudique . Voila
donc la vraye perfertioii que Dieu demande,
& à laquelle il nous faut afpirer pour' profi-
ter tout le temps denoftre vie . Or il eftvfay
que l'Efcricure fainfte fomient ( cdmmèaufsr
nous auonsdit )nétoucheqtiè' deiix parties
^uand elle nOiis vèur.nitffifher où gift la fiffti-
te parfaite:c'eft(cc(mrtie là Loy au'fii a'?flre til
k en deuï tables) qù'îrriciifsfàutîe'r'tri'i' Dieu
«n toute pureté, & qu'il nous faut di'rinéffer'a-
uec nos prochains en toute intégrité 5: ron-
deur.Cela fiiffiroit bien: mais cette âtt^empan
ce, ou fobrieté , de laquelle parie 'ftinfV Paul,
eft mife comme vne 'troilierrte-pSrKé , qui e(¥
«oniointeinïëparablènréntaùet Pésytfrx.'Car
comment eft-*e qae nbttr f«rbn<«W^6s fpi-
l^iel qui nous cfté5mindi5,flK6hqué4'attrém-'
jaocc domine en b6usîCtidJment^allis\'ftrôns'
S;ERM Q N; X 1 fc
Ooqs patiçiis ep nosaffWl^irsi Qr,p»»çi de-
l'anf famèl'Pisl ad:oift«t le Itwiife de-Dieu,
uantlamèl'PiSl ad:otlt«t le Itfuiije ^ei-'ieu,
, &la ol^tifé-qwe nous deuons garder auec nos
prochains, pouf vii principe. Mais maintenant
U li\ nii^îf c(ln«aut:é eii;ceflii''^l dit.'K^r cc-
ue àttrempancc criipoclc que l'homme fe re-
^ti-iie, comme captif, & qu'il ne fo. t pûiht ad-
,d5né à fes délices, mais qu'il foit dont^ ibus I4
mainte Dieu, pdur eftregouuerné, non'pomt
à fon appétit , mais comme Dieu le xpi^^t;^.
Q^and donc nous aurôs nos efpiits ai'nfi farii
gez^np^saut^s W fobrieté d-ôt fwrle icifainft
Paiil. Et niàinteriànt nous pouuons aifém^nc
.Conclure que q^nd iii i^jç ces troïciàôu.ç'i
efté ppur môi^rer.q Dieji ne nous mené point
'par.long«*îîi€iHts,rnaii que le chtmin nous cft
certain & infallible , moyennant que nous, ne
voulions point errer à rîoftre efcieiit :conimè
font.ceux quiinuentent- dçs fottes deuotion:
pour plaire à Dieu,ils fe tpyrtniantérpnç beïn-
Coup-, mais ils ne Font qjué tracafler. .Teifons
dôiic lédroit chemin^carfainit Paul nous dé-
clare que les hpmmes né feront qii'e perdre
temps quand ih fe fouruoyciont 'aîijfi apie»
leurs imaginations. Et pourqu6y? Voici le r^
pos: c'eft à dire. Voici où nous pourrons eftne
afleurez que noflre vie fera agreabje à Dieij,^
quand elle fera réglée félon la Loy. Or quant;
à la luftice, il comprend fous ce mot^ toute la
droiture que nous deuons garder auec nos
prochains, tellement que nous ayons ceftce-
qûité naturelle dont parle npure Seigneuï
lefus Chiift , c'eft de ne faire à nul , finon ce Mdf.7,
que nous voulons qu'on nous fjce . Quand '*;
donc nous auons à trâffiq'uer aiiec nos pro-
chains, que nous n^fions ne de haude, ne de
mahce,ne de cruauté,que nousne foyos point
addonnez à rapines , que nul ne ceiclie fon
profit^que nous ne foyons point iiienez d'am-
bition pour fu'ppediter. les yn les autie^ .^pi^
pouf' gagner lé deflli'; : tpais qiié npus .cer-^
chions de cpramuhiqùec feulement cnfcmbJe,
en forbe que nul n'ait oçcifion de !?_ pjaindrt;
dç obus : & mefnVes que iiul né folt addonnc j
fôn profit , liiàis que nous cerchions ce quiefif
profitable à chacun, c'eft cefte iuftice qu'on ai
définie en bnéfiDe rédré à chacun/on droî^
Mais la déclaration de noftre SeigpÊur,Ie-
fiis Chri'ft eftépcbres plus ilicilé, Défaire, à
ihacun' ce qi4c nous voudrons qu'on npu^'fa^
ce.' Oar nous ïçauroiis bien toufiburs diipjitei'
fùi^tifemént dé ce qui noui' cft deu , ii ne faut
point Qu€ nousjluoDs au conlcil pour ççia,
Ir eft vray que fi ^tieftu vn avne çau(e auf,T
duirc , il s'en ira dem.inJer q'ii'oh'luy formé
fon aÛion, qu'on luy donne couleur, afin dç
déclarer tant mieux fon dro:£l:màis (i np troi^
ùèrù-on iatliais hortime fi idibt,ne défi ptu de
feils , qui ne'fdlt' ifléz fiibtil, pour'dire , Cela
m'appartient .11 èftvray ou il ne pourra, paj
SVR L^E i?^l5'T. 'A' 1 1 T E. V^i
■Ofrme faît'tof t tin tel endroit.Or maintenant diMnions ce': p'oUres fols gUÎ, s'amufent à hcià ,
quVtftcaufe qtie nous né voyons aufsi clair coup de menus bagages, pefa'ns Honorer Dieu'"^
pour maintenir le droiftdVa ïhacun .finon parleurs fihgeries;tout cela n'eft qu>bus. Ef
que nous fommes co'rrotnpi<s?'Et'ainlîileft pt)urquoy?Caril veutmifericorde,& nô point ofe.g.j^
certain qu'il n'y a que nos âifeftidns qui nous fàdrifice:il demande droiture,foy,& iugement t*at.s>.Ti
ttnpefchent que nous n'ayons celle droiture comme il le dit par fon Prophète ,& comme ^ i^.^,
ehnous.Carlionnouspropolernecaufcge- aûfsi noftre Seigneur lefus l'allègue. Voila ifa.fs.i.
iWrale, où il n'y ait ne haine ne faneur, nous en quoy Dieu approuue fi lious le craignons^^t^.i^.
ftiuronsbien prononcer. Il faut ^frififaire, ou no'rt, 'c"eft (juand nous chenlinerons en iu- ^j,
voîk quieftiufte. Orilne faut point qu'on IHce ,&! que nous conuefferons les vnsauec,
fibit grand clerc, ne qu'on ait beaucouphanté lesailtres fàns'aucune riuifance. 11 faut bien,'
lés efcholesquind oti noùs'propofd 'vfie chb-' qàfe ijp'û's ayoHs cela. Mais cej^endant fi faut-i^
fe i nous ne la trouuerons- point diftitétifè ni iriursiqifé Dieu ne ïoit oublié ,. que nous rie
éftueloppee : ma'ii fi Tôfl-qiie nous'iuroï' ié riè"' Tèèôdti'oAs àluy, que nous ne mettions toute
fçay quoy qui nous duiertit , nous ne fçauons noftre fiance en lefiis Chrift, que nous n'ayôs
plus que c'eftde celle droiture. Appténoris' ceft' exercice cô'tinuel,d'inuoquer en fon nom '
donc pour plaire à Dieu.qu'il nous faut telle- ' Oieu fon Pere.vçu aue la necefsité nous y in-.^
mentcheminerauecrtosprpdhains,qùtntilne dàit , & nous'j^'poufle à chacune minute de ,
fe plaigne de nous. Voila pour V^ iteiri. Or tetrt^slil fiut quié noî:s glorifions Dieu.tenans
c'eften vain quebeaucoupfetrkuiiHên/ppur tiatbièn deitiyi&que nousaçluifîons de bien
piaireàDieiiencereinonresVcàiÀnl'enôusyciy' prdfiiier er^c'e cjui nous eft commandé épi-
ons en la Papauté qu'on fait beaucoup d'ê/cho p'r'emiefe Tablé , & que cela foit obferué fuc^
fes.Ec cotnmen'ti'Pour contenter Dieu. Mais tôuf:& puis gué nous venions au refte. Car la,^
cependant les vns font adoTinei à rapines, les l'oy de Diérfue fe peut , & ne fe doit diulfei*. "
antres à fraudcS& â malice, ils feront chanter Ueft vray qu'il y a deux tables ,8c faut bien
force melFes pour fe racheter . Et n'éft-ce le's drftinguer , afin que nous fçachions que le
point fe mocquer pleinement de Dieu ? Car^ feruicede Dieu va deuant , & puis la charité
nous voyons où il nous appelle: il ne nous cô-' aùec les hommes éftadioullêetniais cependac
mande poin t tant de menus fatras, mais il Veut '. Dieu n'a point baîllévhe partie de fa Loy aux
que nous apprenions de nbusexercer en^roî-' luifs, 5; vne partie aux Payenis,mais ila voulu
ture,que noftre eftude s'applique là , ce font ' qliechacun li reçoyue:car il y a fait vne telle
les vrais fruits qu'il demande & approuu'e',que ' liaifon,' qu'il n'eft point licite aux hommes de
' -nous cheminions en touteintegrité,fubuenaris faire ici nulle feparation.il eftdit, Maudit fe- '"•^Z-
à ceux qui ont faute de noftre aide,& nous ab- ra celuy qui ne s'acquitterade toutes ces cho * •
ftenansde toute iniure & outrage. Or il y a fes.Ileft vray qu'on ne pourra pas accomplir;
la fainâeté qui eft adiouftee, voire & non fans tout ce que Diçu,commande,il s'en faut beau-,
caufe.Carcen'eftpas tout que les hommes te coup:& ëncôrés que Dieu nous conduife par*
contentent de rious,& que nous n'ayon's'pro- ' fon fâinft Efprit , nous ferons toufiours em-
cUré le dommage d'autruy eri façon que ce pefchezpar nos foit)lelIes. Mais quoy qu'il
foit: mais Dieu mérite bien'd'alfer deuant. Si en foit , fi faut-il Sfpirér à ce but- la, de nous
les femmes (cotnme nous allons veii)doyuent ' afluiettir à Dieu en tout & par tout. Car ce-
eftre fuiéttes àleursmaris,quefera-ce déno* liry qui a defendula'pai]larûife,a aufsi defen-
eiwers Dieu au prii? Voila les femmes qui du le larrecin (dit fainft laques ) tellement l'^î-i-n.
font rompagnesde leurs maris , Se touteffois qu'on viole la maiefté de Dieu en tout 8< par
elles leur doyuent reuerence , comme à leur tout.quand on s'abandonne à quelquev.ice^ue.
chef':& puis elles fifà-oyuent humilier: Main- ' ceiq'it. Et pourtant apprenons démettre la'
tenantvbici noftre Seigneur lefus Chriftoui fârn(?t'eté a'ueclaiufticêy'c'ellàdire, qùenoùs^
at^traôé vri mnriagé'fpirituelau'ec noUr,qUi ' cô'nùcrfio'ns tellement auec les hommes fans'
eft beadc-dup-'pius.fact'c que tous ley mar
damondttqliand riousifiy fàufTefons la
Wque les VhS S'addonhans à fiiperftitfdr
idolâtries-, s'«h\rohcWener'du*éatitrér par- ' nepcnfiSs'pciirit eftre quittes quand les hom-^
pli toutes les ordures-'dela Papauté , ievous nies ne nou's'jCondamnefont.è.oint'cnccft en-
prie.q fera-ce de'dela'Il eft vray qu'iis'pour- droit. CaVnou^Tçauons ce qui eft prononcé,
ront dire quils n'<»nt ofFenfé perftïhne.Voire que's'il nou$'id«ierit"de noujs de (guifcr deuan't^.^
iciibas^: mars qije lîirtiaie-ftétiè Di'tu fôitàinfl ' lé<'hdmfflés,&^Qènoùs'ay6ns^'hoDlé'dé fuy^^
vifetee» On diî-»,Ié ntiliï^'poî'nt lârrcrti, Eïhii^. urêït:M't:JhtiK, ij'ù'îl'r^aHs 3éfaii'dù^ra auj^i
csfacrHege«i(>ple:ida!V»'comeaufvîfefTiàT*.iiil'' de\3iV[tlèi'Ahg'ês'3ép3titâis:<^op)o^
«>p^rle.Âirt(î'adViif,i!#^'âV6uV, & qnaVi'diéëïle'' làVi^'lp^^Àos'<Jû'2pfâ'(rt qu^' hps cVrpvi' nos
doStnne non^éih-^fc^ ,' a'ëft=àyrrè '({if^l ; aitrqîoyefird^die^s i Dieli;.Si'viie'!ernWi>^ï?i'"r^
nottî. faut-cortue-rfcr- «n^iwlrè Wtegrité Jt'Wc'' fLWblintdè'^^ft'èofàë^ Tç'p^^IlàVdVcîeftà'efl,^
lei-hMnmiçsne procwanS^nul fe>iV domma*!?,' fera ttnuei^our tiieft'hantejai'Sn feruiteu'r rip ■
nwjs pluAdlt kur bien . qli'îea'èela nous cdti-'' feulcracirribufffoit qu'on rtî'fdift Je fon mai-
.:;-••. FFt.iiii.
CT T T SER MON-.XIII.
^
ftre.ou vn enfant de fon pere,mais qu'il [e çoa
ioigne parmi lés detradeurs, & qu'il dcclâre
qu'il en eft comifte complice > qu'emportera
vnc telle deflôyauté ? Car fi nous conuerfoQS .
'auec les mefclians,& difsimulons cjn telle for-
te qu'il leur femble que nousaccordiôs àleur
impieté, il eft certain q nous trahiffons Dieu.
Et ainli ne nous flattons point quand les hom
mes nous auront applaudi, ou bien qu'ils cou-
urirbnt noftre orduçe : il faut venir en conte
deuant celuy qui nous condamnera au double,
quand nous aurons voulu ainlîp^r hypocriHe
& couuerture frjijole défguifer fayerité.Voi-»
la en fomme ce que nous auoQs à retenir fur
ce mot.Or il yal'attrempaBce, qui eft(com-
me l'ay dit)non point pour rien adioufter à la
Loy de Dieu,mais pour nous monftrer qnellç
rillafainûetéfl: droiture de laquelle il a fait
mention. Car lî nous ne fommes attrempez,il
n'eft point pofsibledenous altuiettir à Dieu
uand il nous enuoyera des afflictions, quand
il nous voudra matter. Si ainfi eft,& que nous
ae facions que languir fur la ÉeVre' , que nout ,
ayons beaucoup de pouretez.&defalcheriés,
fera-il pofsible d'adorer noftre Dieu, & de
louer fon Nom, fi nous n'auons cefte attrem-
pance & fobrieté dont parle fainû Paul ? Et
puis, quand nous feronscomme veaux desbri-
de2,& qu'il y aura vne licence, &en danfes, Se
en chanfons diflc)lues,& entels fcandales,quc
»out fera desborde ,ic vous prié,c6mment cha
cun fe contentera-il de viurepaifiblemét auec ;
fa feinme,fàns attenter defloyaument au ma-
riage d'autruy? Or s'il y a desfcandales.fi on
permet les diiTolutions & intempérances, s'il
y a(di-ie)de telles ouuertures,il faut quant Se
quant que les paillardifes & adultères ayent la
TOgue,& qu'il n'y ait plus ne loyauté, ne droi
ture entre les hommes, que tout foit abandon
né pour fe desborder fans aucun moyé, qu'on
s'adonne à cruàutez À: à rapines, qu'on pille & ,
qu'on faccage tout quant Se quant. Ainfi donc
notons que quand fainâ Paul parle ici de fo-
brieté, ce n'eft point pour rien adioufter à la
Loy de Dieu , non plus qu'auparauant il n'a
pas voulu mettre d'auantagc que ce qui eft
contenu aux deux tables ^ auand ila patléde
patience: mais il a vbulU naoflrer comme noux
pourrons obéir à Dieu:ce ^r^ quand nous au-
rons retranché toutes les fu^tfluiteKdu.mo"
dè,en forte que Dieu cheuira paifiblernent de
iious,& y aura fçn regne.,Or nqtan^met (ainû
Paul dit qu'il nous faut viure ainfi en toute
fobrieté, & p\}Ternent,attepJa^t l bturnt/f efpe
ranet,& 1 4tff*r!tio^^ii ^rapd^ pifi*y& ^* '»'-
Jirt $aHnr»T lefits 'Chrift.fii (pja il np.U» mou-
ftre que Dicq nous; tient, iti l^ï e<jmme en
qiielque efprçuue^ qu'il r^çMij'vëjOir quçls nous
fommes: & pôUrçafjt, q.ue^Mn^ç vie f,^ coratue <
vn6pmb,àt^fsidMC^,.& q+iè JÇjieu oénous y lâif
/e point 9ilîfs,,n;i^is il noy», y exercie! afin d'a-
uoir certaine appi^obatioa de Ja crainte Se de
rhonneur <jue n«v<s liiy portons. Et cela eft
bien vtile : car nous voyons quVtt cliacan fe
plaind, pourcequc Dieu ne nous accorde pas
nos appetis,mais pluftoft y eft contraire, que
nous voudrions qu'il nous.conduilîft ,Se qu?ii ,
nous gouuernaft à noftre phanta(ie:brief,qu'il
perraiftqu'vn chacun de nous fuftmaiftrede
fa perfonne. Ici fainft Paul declarequec'eft
bien raifon que durant le cours de cefte vie
tranfitoire nous foyons exercez au feruicede
Dicu,& qu'il efprouue quels nous fommes en-
uers luY:niais à caufe aufsi que la longueur du
temps nous fafche , il nous en feigne que c'eft
en attendant l'efperancc de la venue de no-.'
ftre Seigneur lel'us Chiift. par cela il monftre.
qu'il ne nous faut point amufer à l'eftat pre-
fent du monde , fi nous voulons auoir ferme
côftance de feruir à Dieu,mais qu'il nous faut
eftre attentifs à l'efperance qi)i nous eft don-
née.que le'Fils de Dieu viendra pour eftre lu-;
ge dumoade.Etainfien premier lieu, notons,
que Dieu veut examiner les fidèles, quand il
permet & ordonne que durant cefte vie terre-
ftré iU fpyentfafchez & inolettez',qu'ils-paf-
fent parmi beaucoup de troubles ,& que les
chofes ne leur vienent point à propos, il fem-
ble qu'il les ait abandonnes, mefaies qu'il leur
foit ennemi. Mais cognoiflbns que non fans '
caufe il fait cela. Se que nous auons befoin d'e
ftre ainfi exercez. Etdefaiâ, nousyoudroos :
bienfçauoir quand on nous baillera de l'or, -
ou de l'argent, iî c'ell bon or, ou bon argent:.
& quand nous en douterons, nous le ferons :
bien paflèr par le feu. Et noftre foy (comme I.P»V.i.7
dit fainû Pierre)n'eft-elle point plus precieu
fe que tous ces métaux corruptibles qu'on
efprouue fifongneufement? C'eft donc bien
raifon qu'vn chofe fi digne comme eft noftre
foy,ait la crainte de Dieu,qu'eile foit approu
uee àbon efcicnt : ce qui fe fait , quand Dieu
nous enuoye des atfliûions , & qu'il veut que :
nous ne foyons point addonnez à noftre prp-
fit.mais pluftoft que nous feruions à ceux-mef
mes qui font ingrats, & qui nous rendent mau
uaisfalairc de ce que nous aurons tafchéde
leur bien faire: quand Dieu prdonne cela ,ce ,
n'eftpoint fans caufe.Voilace que ngus aùôï
à retenir eu premier lieu. Mais cependant co ,
gnoiflbns aufsi la briefuetc de n<?ftt« vie,afin ■
que nous ne nous fafchions po.mt. Car nous
voyons cofnme, nous fommes délicats : ceux
mefme^ qui auront mpnftié quelque bonne,.
afFtftion de fe dédier àpiçu.qtiapd Us auront
aduancé quelques pas, il leur femble qu'il leur
eft l;citede demeurer au miiieu duchejnin. Se
fcfafchct.Etceci durera-il coufioursfEt nous
nepenfons point c^pejidant à la fragilité de
npftre vie. Si Ip chemin d'vn homme eft court»
il prend xpuragc: encores qu'il ait les umbes-
fi r9qapues qu'il n'eupuifle phis,lieft-ce qu'il
fenajne iufques au logisi Scfnefmci quandyni
homipeaura chemipé dix ou douze iout:nee(^.■'
félon qu'il approchera de fon voyage . ii'ie ■
rcfiouit ,& prend courage d'aller iyfqiie^aa
bout.
SVR -L'EPIST:' A TITE.
^O!
tout. Or qoand tious voyou» <jae noàs ne foin
mes point loin du but où il nous faut paruc-
nir.là dell(i';c]ilÈ ne prenons-nous coiiragede
palFer toulioiirs outre, & fur tout qifarui iioU5
Tommes ainliadmoneftez parle fainti Efprit?
Orce h'efl pas le tout encores de penfer que
Bortre vie eftbricfue& caduque, que ncus au-
rons bien tofl achtué noftre courfe , & pour-
tant que nous ne défaillions point:inaisil nous
faut regarder à cefte cfperâce à l3t}ufHe-nous
fommes appelez. Et pourquoy? Voil.i q*ti*ft
caufe qu'il ne nous chaut gueres de noUs dé-
dier à Dieu.pource que nous ne voyons point
de profit deuant nos yeux , & que nous ne le
pouuoas poiin toucher â h main , nous vou-
drions que Dieu nous applaudift.Or il elt cer-
tain qu'il n'attend pas cncoresque nous l'ay-
ons ferui pour nous faire du bien : mais quoy
qu'il en foit , (î ne veut-il pas nous tenir tant
aifeement en ce monde, que nous prertiôs oc-
calîon de nous y endormit .Câi nous oyons ce
qu'il a prononcé , que ceux qui s'addonnent
ainfi aux chofes prefentes.ont défia receu leur
falairc. Orhoûfe Seigneur nous folicite de
regarder au ciel. Et voila pourquoy cefte vie-
ci eit pleine d'inquiétude , de tant de fafche-
ries qui nous enuirorifient de tous coftez. Car
autant d'affliftions que nous endurons , ce
font autant de coups d'efperon par lefquels
Dieu nous picque afin de nous attirer à luy ,&
que nous foyonsaddonnez de penfer auxcho
fesceleftes , & par confequentd'eftre retirez
de ce monde. Voila pourquoy notamment
faind Paulparleici de cefte efperâce: comme
s'il difoit qu'il ne fe faut point esbahir files
homes font plus q morfondus quandileft que
ftion deferuiri Dieu. Et pourquoy? Car ils
ont les yeux fichez, & s'arreftent du tout aux
thofes térreftres. Orilfaloit penfer à la ve-
nue de noftre Seigneur lefus ChriftiS: chacnn
s'en deftonrne. Voila qui eft caufe dont que le
monde nous retient ainfi, & qu'il nou$ esblouit
les yeux de fes allechem€s,& que nous y fom
mes du tout abbrutis. Apprenons donc que
c'eft le vray moyen deferuiràDieu.que nous
pafsions viftepar ici bas, & que nouscognoif-
fîons qut ce n'eft point ai autre cnnditiôn que
Dieu nôori ici mis,finon pour cheminer com
meeftrangèrs,qtienous ne deudns {«sirit faire
ici noftre nid , ôrqu'éncbresque Dteunous y
, donne qitelqae'repos, fi faut-il paflèi? outre, 3c
i^i.i.u j qijç j^gyj ttndibrts ài\iy,& à celfe vetfué de iio
•t-î 'i iftre Seigneur ïèfusChrift. lufqùes à tAfit que
nous foyoris venus là , il eft certain que ^viel-
que belie'appareilce que nous ayons, il n'y au-
ra que vahité eh n6us.Et'ainfi.c'ert'l^]>rilicii-
■pgil de bien régler Ttoftfc vie , trfllsftéhf ^re
'nous cognèifsions ^ïié Dièw rie notiS'à fcolrtt
"îci logez pour y habiter toiTlîoilrsVmatli tjife
C^eft afin que nous tendions ^ luy, votre eÀîs
afleurczdeja venue heureufe de' noftre" Seî-
gncur lefiis Chvift. Et voila poxiiquoyirad-
rioufte après l'efpcrance,!» venue.ou l'appari-
tion de la gloire du grand Dieu , & de noftre
S.iuueiir leùjs Chnit. Sainû Paul apariede
l'cfpcrancc tant heureufe «comme s'il diloit,
Mes arais , il ne faut point que nous tendions
au Royaume des cieux comme à l'aucnture,
cftans incertains fi nous y paruiendrons ou
nonrcar'nousfçauons qui nous l'a pronii';.Or
Dieu eft fidele.Contentons-nous donc d'cftre
appuyez fur fa venté. Voila pourvn item. £t
au rcfte, nousauons vne certitude & vnbon
garent de cela. Car autrement que feroit-ce.?
Voila noftre Seigneur lefus Chriftquicftve-
nu au monde. Eft-ce peu de chofe que le Dieu
éternel fe foit tellement anéanti en cefte na-
ture humaine qu'ilauoit prinfe, qu'il aitfouf-
fertvne mort , non feulement ignominieufe
deuant les h<bmraes,mais aufsi maudite & exé-
crable deuant Dieu ? Voici le Fils de Dieu,le
chef des Anges, la fontaine de vie, l'image vi-
ue de Dieu.celuy auquel appartiét toute gloi
re &miiiefté,qui eft defcenduiufquesà fe fai-
re femblable à nous, il reçoit toutes nos infir-
mitez excepté péché. Il eft vray qu'il n'y a
nulle macule en luy , mais tant y a qu'il s'eft
allùietti à froid & à chaud, & àautres pafsiÔs:
briefil a fouftenu toutes infirmitez humainesj
en la fin il a falu mefraes qu'il fuft maudit de
Dieu,voire non point à caufe de luy, mais d'au
tant qu'il fouftenoit le fardeau de tous nos pe
chez,& que la malediûion de Dieu foit venue
fur fa.tefte, qu'il s'en eft conftitué detteur
principal,âfin de nous en acquitter.Or main-
tenant penfons-nous que Dieu ayant fait vn
tel afte.fcufFre que fa mort & pafsion foit inu
tile , quand nous croirons en luy après eftre
crucifié, qu'il foit làenfon Royaume celefte,
& qu'il nous laifle là nous qui fommes fes mé-
bres.'Il fera donc valoir fa mort & pafsion. Et
ainfi, quand nous ferons esbranlezde quelque
de^fiance, pour dire, Et voire, mais que fera-
ce? Nous ne voyons point le Fils de Dieu , il
n6u<eftcaché. Que nous cognoifsionsrou-
tesfois qu'il eft noftre SaUueur.Or cela feroit
inutile fînon qu'il apparuft maintenant en ù
gloire : fa mort & paAion feroit comme vne
farce qu'il auroit iouéeiil n'y auroit nul pro-
fit qtie DWu air ainfi changé tout ordre de na
tiire, qù'if foit defcendn ici ba^ pour- prendre
Itt fimilitudé d'vn pecheur'.combien qu'il ne le
fuft' point .tju'il ait tfté ftianifcftéen chair, &
tbutièsfoiSiqu'iltienous cognoifle plus , que
àelà'fé paflé &s''efcfaule.af que nous n'en re-
ceuions nul profit pour nos perfonnes. Em-
braffons donclcfalut qui nous a eftc acquis,
a-fin que par ce moyen nous foyons certifiez
que noftre Seigneur lefus Chriftapparoiftra,
cômbfeniqUe 'maintenant nous ne l'apperce-
Hions point. Et ainfi nous deuons bien noter
cè(ijuédftfiiinvt Paul aux Colofueris : c'eft a- Coh.y^.
fçiuoii' que nous ne deuons point eftre eftôn-
nCz il ' autoUrd'huy nous lanjuillôns au mon-
9e , & qu'il femble que nous ne gagnons rien
de feruir à Dieu. Car les fidèles là dtffusfe
GGç. u
(TOI S E R M O
faTchent <]iiand ils voyent que les mefchans
»nc ta vogue, & qu'eux font opprimez ,£t où
, cft Dieu? Il ne pcnfe point de nous. Or i'naA
Paul p.ou! decUre qu'il nous faut porterie
. tout pitiemmeut . Et pourquoy ? Oâ eft no-
lire vie? (dit-il)elle n'eil pas en nous,niais en
noftrc Seigneur Icl'us CliriiL Orvoili leùis
. Chriftqui eft à lagloirede Dieu ton Pere.iuf
.qiics à tant qu'il nous l'oit reucic au dernier
iour.Il ne fe faut point donc esbahir (dit-il)
luioftre vie ellcacliee quant &.quant ,&que
nouîfoyons coinmc en l'hyiier. Q^ndles
fueillcs lont tombées des arbres , on voit lA
du bois qui eft t'cc &mort:mais la vie ne lai 1-
fe pasd'ellre au dedans. Ainfi receuons noftre
Seigneur lefu': Ciirift, & nous remettons du
tout à luy , fçachans que noftre vie eft là cnclo
ft.Et d'autant qu'il n'eft point encores mani-
fcfté, que nous attendions en patience, & qu'il
nenousface point mal s'il nous faut languir
au milieu de beaucoup de mifercs &d'affli-
ftions. Voih donc pourquoy maintenat fainft
Paul, après auoir parlé du fiecie prefent,&
qu'il a monftré que ce n'eftqu'vne figure qui
j.Cor,7. palTe (coaime il le dit es vn autre lieu) nous
ji, ramené à noftre Seigneur lefus Chrift,di-
(int qu'il nous faut perlïfter en cefte efpcran-
ce-la.Ordonc apprenons que la vraye con-
fiance dei fidèles , c'eft l'cfpcrance ; car c'eft
celle qui nourrit la foy. Qjjelle différence y
a-ilentre la foy 3c l'elperance ? Par foy nous
embraffjnsles promeflesde Dieu, Scne dou-
tons point qu'il ne les accompl flè. Mais ce-
pendant ce n'eft point âlTez d'auoir creul
Dieu ainlî pour vn coup : ma s il nous y faut
perlïfter conftamment.Orcela fe fait.d'autât
que nous efperons. Ainfl refperance n'eft li-
non la conduite de la foy.afin qu'elle ne s'ef-
uanouille point, que ce foit vnc cliole tempo-
relle & caduque, mais à ce qu'elle perfîfteiuf.
quesaubout.Or il eft vray q cependant nous
aurôs beaucoup île combats àfouftenir.il nous
faut(di-ie) batailler fi nous voulons efpcrer,
& linous ne voulôs point défaillir 3c decheoir
de noftre efperance. Or cefte doftrine feroit
quelque fois pour nous faire perdre courajc,
ftnon que toujours nous; demeurions rcîoT.
lus en cela:c'eft, puis que le fus Chili ft qui eft
noftre vie,n'eft point ençpres,appary,que no,f
fouffri'ons que noftre faflut foi; enclos en l^iy,^
&quandnousne le voyons point,qijenoii«nq
laifsions pas pourtant d'<?uurir letjyeux df 1;^
foy pour auoir cefte certituderc'eit quç nous
fçauons en quelle main nous auous mis noftre
depoft. Sivn homme eftoit en danger en la
maifon.ou de feu, ou d'ennemis, ou de pillage,
Se qu'il ait vn lieu bien afleuré, qu'il ait Yl.ami
fidele:quand il luy aura commis tout fon thre
for en garde.il ne courra point à chacune mi-
nute pour le veoir , & pour fuetUeter ce qu'ij
aura là:il fc contente. Vn homme fouftiira bié
d'auoir toute fi rubft.îcc enttielqs mains d'vç
lîenamijil fçfieàluyj&auboucd'vnanilcô-
N XIII.
,tinue. Or maintenant , puis que Dieu fe fait
gardien de noftre falut,& que s'il eftoit entre
nos mains il feroit expofé en proye, & que le
diable l'auroit bien toft raui , mais que Dieu
en ha la folicitude.Sc qu'il le garde,& qu'il s'é
appclledepoli taire , ii nous n'auons fiance en
luy qu'il enfer» bonne & feure garde, quel
honneur luy taifons-nous ; Si vn homme eft
gardien de quelque choie , Se qu'il ait vn dé-
port cn'trc fes mains, s'il en fait tort, voila vn
lai-recin le plus vilcin i: le pire qui pourroit
eftre.d'autant qu'on s'eftoit fié en luy.Etpea-
fons-nous que Dieu vueille tftreaccuféd'vne
telle deflovauté , attendu mefmcs que nous a->
uons tant de promefles qu'il accomplira no-
ftre falut, puis qu'il en ha vne fois prins la
charge? Etainfi, toutes fois & quantes que
nous pourrons eftre tentez de perdre coura-
ge,ou que nous-nous fentirons trop lafches
& trop tardjifs.qwe nous apprenions de regar-
der à cefte venue de noftre Seigneur lefm.
Chrift , &de nous appuyer fur les promelVes
du falut quinous fera alors apprefte.Voila en
f.)mme comme nous auons à prattiquer cefte
dotirine qui eft ici.contepue. Or quand faiiitl:
Paul parle du grad Dieu, & de noftre Sauueur
lefus- Chrift, il ne nous faut point diuifer Dieu
le Pcre d'auec l'on Fils : mais lâind Paul en-
tendqncDieu apparoiftraen, la pcrl.snuc^e
noftre Seigneur IcfusCKrift:conime.il dit que ' "'* **'
alors Dieu fera tout en toutes chofes.Or ceci,
eft bien à noter cotre ceux qui ont voulu niei
la Diuinité de lefus Chnft,& ont imaginé que
il eftoit comme vn dieu forgé de nouueau:
ainfi que cedetcftable quiacftépuni en cefte
ville , confefloit bien que lefus Chiift eftoit
Dieu, mais il difoit qu'il n'auoit pas cftt touf-
iours, fculemét qu'iiauoit commence Ion cf-
fence Diuine à la création du monde , Si quç
Dieu le Père lauoit fait palTer par vn alam-
bic (ainfi qu'iirappelloit)&,pui$ qu'ilcftap-r
paru elbe Dieu quand ileft nay au môde.Yoi-»
la vn dieu forgé à lahafte. Or ceux qui ont eu
vne mefnic opinion, comme les hérétiques an-
ciens^ fe font armez de ce p.iff.ige, Ho , voila
fainft Paul qui nopimcvn giaiid Dieu : &puis
le-fus Çhfift :. il vVnfuit donc que Iefui,Chrift
eft vn brçu inférieur & sfubaltçfpe : cCux-la,
di-ie,fe niocquent hien de TEfcritute fainûe. ,
Car fain^rPaifl monjlre, qu?il ne nous faut
poirij .cftinv^f aufupe ,niaif lié de;pieu qu'en
Ipfus C|>rift;carlà(commc ijl Iç, dit en l'aucrç Col.x.ip'.
panage).eftç0clol'e toute Diwnitc. Ilvfclà O- i.y.
d'vn mi3t groAier . afin quç-nous y compre-
.niphspiusaifterr^pnt cefte tfltnce infinie qui
.eft en PifVi&.que noârCiingratituçle fou tan,t
.piu^dçi(pftahle^Û,nojis,(roaginpsricndePie))i,
.fin(?n en Ip cQ»fi4ç;^t,e;j noflr)^Sf.igncur J^-
iiiç Çhf/ft, yojJadoDcpoufquoy ilduqM'àljï
T^uç.de noftre Scignciu- Itfus, .Çlirift noys
veTronK Diçu en.fa pli;ineg,randeU,t.Or poflt-
quoy eft-ce;qu'il:parledcla grîJturdeDiifU?
C'eft pouice que maijjttiiant e)leeft amoin-
" ' "" - drie
s VR L" EPIS T.' A T I T E.
<îC3
drie par noftre ignorance, par noftre ipfidtli-
té.iipaice que aous foniracs tant cflourdis
en ce monde <]iie c'eft pitié. 11 efl vray cjiie
nous co> t'tflcrons bien de bouclic qtie Dica
eft grand.qii'il eftineomprelienfible, qu'il tft
ii haut que nous fommei confus en penfant
de luy:chacun dira bien cela en vn mot. Mais
cependant nous voyons le mefpris.nous voy-
ons qu'on ne fe peut fieren luy , on voit qu'il
ne peut arracher aucune fuiettiô de nous pour
-porter reuerence à fa maieflé.on voit que fon
Royaume cclcfteeft mis en oubli , que quand
il y aura quelque petit gain qui nous eft pro-
poré.nous courons après, nous dtfpitons ma-
nifeftement Dieu , nous ne tenons conte des
promeffes de l'Euâgileibrief.lcs hommes font
fi malins qu'ils nedcraandët que d'appetilVer
Dieu, & nous voyons que toute noftre vie téd
Jà.quand chacun péfera bien à foy fans fç flat-
ter. Voila donc comme iufqucs à ce que Dieu
nous retire à foy, noftre nature n'cft linon
pour amoindrir fa gloire, & en la fin pour l'a-
bolir du tout fi en nous eftoit. Or fainû Paul
nous monftrant qu'il ne faut point s'amufer
aux chofes prcfentes , ni au regard du monde,
dit qu'alors nous verrons le grand Dieu. Non
pas qu'il foit augmenté: car nous fçauons que
Dieu ne croift ne diminue en foy : mais alors
nous aurons des autres yeux pour le contem-
pler. Oi aduifons bien que ce ne foit point à
noftre confutîon. Cardes mefchans, ilfaudra
qu'ils le yoyent en dcfpit de leurs dents, & ne
verront point d'Autre grand Dieu que celuy
aui eft noftre Rédempteur , Icfus Chrift. Car
(comme nous auons allégué au palîàgc de
fainft Paul)il eft tellemétconioint aïKc Dieu
fon Père, qu'en hiy habite toute plénitude de
Diiiinité:mais tant y a que \es mefchans & re
.prouuez verront ce grand Dieu maugré leurs
acnts, & en feront confus. Or de nolfte part,
adtiiions de contempler ici par foy cefîe gran
deur qui eft en Dieu, & que fi elle eft cbfcur-
cie par le monde , & quand nous voyons que
les mondains par kur orgueil defpitcnt Dieu,
qu'ils fe mocquent de fon Eiiangile, qu'ils fe-
ront leurs tnoniplies, & qu'il fcnible que ceux
qui chcniiiicnt en modtftie ne foyent rien au
p.ix , que nous verrons tant d'hypocrites qui
fe contrefont ici ba^, & qui toutesfois ne de-
mandent que û'obfcurcir la gloire deDieuî
quand, di-ie,nous verrons tout cela, que nous
nelaifsions pa' de contempler parles yeux
fpintuels de la foy, cefte grandeur qui eft en
Dieu, en attendant que nous le voyons face à
facequandnous ferons transfigurez en cefte
gloire de laquelle nous portons maintenant
comme vne petite marque, d'autant que Dieu
règne en nous par fon fainft Efprit. Voila
donc ce que nous auons à noter de ce paflage>
en attendant q le refte fe deduife plus à plein.
ORnous-nous profternerons deuant 1*
face de noftre bon Dieu en cognoiflàncc
de nos fautes, le prians qu'il nous les face
mieux fcntir, & qu'en les fentant nous les de»
teftions pour toufîours approcher de plus en
plus de luy, & pour eftre côfermez en fa crain
te, &que nous apprenions de nous defuelop-
pcrdecemonde,&dejant d'empefchemens
defquelsnous fomnies retardez de nous ran-
ger à Jiiy, & que nous ayons toulîours noftre
regard drefle -à lefus Chrift, fçachans que
comme vne fois il eft apparu pour fe pre-
fenttr en facrifice, qii'aufsi il viendra pour
faire valoir fa mort & pafsion ou'il a endurée
pour nousattirer à foy, & ratiiier le falut que
défia il nous a monftré en fa gerfonne , afin
qu'il foit aufsi bien accompli en nous,qui fom
mes fes membres .Q^ie non fctilenicnt il nous
face cefte grâce , mais à tous peuples & na-
tions de la terjc,&c.
C I N Q^V I E M E SE R MON SVR LA
FIN DV SECOND C H A P I T R eE» i T LE
comme nc'^n>ent du troifi'tirtiei''^'"''''' •''=-■
,,;• 1*1-' ^rtoncecc^chofes , çy ddmonrfie y^TCprcnaueC toute iiîi^
gcnce de co mmander: quepcrjonne ne te mefprije. i
■-' - • ■ i • ' ' "
c HA P I T R E' TA. G I S I E M E. '
1 Advionefîc'lci qiiih foyent fuict s aux VrincipaUtez 0" ^uif-
ftncesy quih ohcijjerit aux Gomicrneurs > qu'ils frymtjrcfiî a toute
..i S.TtVsB! j'il'k xr.: ,(.;■; JfîtiDIJot hH") ««O'ilS
bonne œuurei
■ni'tt * .: Quils ne dieritjnal de perfônne >, (juifs ne prerieat point de de^
hat,mais foyent humains, monjlrans toute douceur cnucrs tous hommes.
GGg.ii,
«04
S -E TIMON XI 111.
Oat lootts ve\i pourqnoy le
Fils de Dieu s'cft cïpolè à
; lamort ifindc nous rache-
! ter , c'ed qu'il nous a acquis
1 à ce que nous luy foyons vn
^ peuple l'cparé & târtirié.Car
puis qu'il nous a retirez de
la fcruitude de Satan , c'eft bien rail'on que
nous facions hommage à noftre Rédempteur,
voire obeilFans à la luftice qu'il nous monftre.
Or pt)urce qu'il Icmble que cefte doctrine l'oit
CQmmunc,& que le monde aimeroit beaucoup
mieux ouïr des choies plaifantes, notamment
faintt Paul dit que c'cil là qu'il nous t'aut in-
fiflerrlînous voulons fidèlement feruir àl'E-
glifede Dieu , qu'il nous faut exhorter ceux
qui ont elté fi chèrement rachetez, de s'adon
ner à bien taire, ic quand nous les aurons en-
feignez.il nous les faut inciter & admonefter.
Car ladortrine de foy ne fuftîroit point , iî-
non qu'il y eutt des aiguillons pour picquer
ceux qui font tardifs. Mefmes il adioiide que
il faut redarguer ceux qui faillent , & les re-
darguer viueraent. Et pource que beaucoup
meiprifcnt la parole de Dieu, il veut que ceux
qui i'anoncentjla portent en authorité, mon-
ftrans à quel maiftre ils feruent , & au nom de
qui c'eft qu'ils parlent, & qu'ils mettent peine,
entant qu'en eux fera, qu'on les efcouteauec
toute reuerence & humilité. Voila donc en
fomme ce que fainft Paul traitte ici. Et puis il
parle d'obeir aux Magiftrats, & qu'on fe gou
uernepaifiblementrque ceux qui fe nomment
fidèles, foyent modérez, que non feulement ils
s'abftienent de toute iniure & violence , mais
qu'ils fouiFrent,& foyent patiés,& qu'ils taf-
chent tant qu'il leur fera pofsiblede mainte-
nir concorde cSf ftatcrnité entr'cux : mefines
qu'ils n'irritent point les incrédules, mais que
pluftoft ils tafchent de les gagner par dou-
ceur. Voila en fomme ce qui eft adioufté pour
le fécond article principal. Or nous auôs déf-
it adioufté que ceci n'elt point Tbperflu, c*e(l
afçauoir que fainû Paul veut que ce qu'il a de
claré auparauant' foitaduancé. Gar li on ne
nous apporte rien de nouueau , ^vus gommes
tantoft ennuyez: il nous femble que c'eft téps
perdu.lînon, qu'on nous chatouille les 4ia:eil.>
les, & que nous oyons ce xjué nous n*auîous
point entendu auparauant. Et cependant ncrtis
ne cognoiflons pas que nous auos'befoin d'e-
ftre fouuent aduertis de noftre deuoir. Cap
nous ne monftrons point que nous ayons co-
gnu la volôté de Dieu.mfques à tant que nous
la mettions en cyccution , pour declircr fî
•nous auQiis bi^»-grofité en l'cfcolp de noilre
Seigneur Itlh', Chrift. Or on verra que nous
auross efté fouuent exhortez d'vne raefme
chofe,& joutesfpis nous n'en tcnonsconte. Si
on'notfs laiffcJlçert èè\ ieft;ît , qu'àuriorts nous
sjajjné d'auoir oiiy & trois & (\ix fois ce que
Dru nous a déclare? Et ainfi, pource qu'il y a
vn tel appétit desborde aux hommes, qui dé-
firent qu'on leur aduanee totWîours ie ne f^ây
quoy qui ne leur feruiroit de rien , fainit Paul
les ramené à ce qui édifie , & s'addrcffc à tous
Pâfteurs qui ont la charge de gouuerncr l'E-
glife de Dieu, difant. Il ne fe faut point arie-
fter àde$ fpeculations inutiles, mais Dieu veut
que fa Parole ferue,afqu'elle profite. Et com-
ment fcra-ce? Quand chacun (cra admonefté
de fou deuoir, qu'après qu'on nous aura pro-
pofé quelle eft la grâce de Dieu enners nous,
&les threfors de fa mil'ericorde qu'il a def-
ployez en noftre Seigneur Icfus Chrift, qu'vn
chacun regarde à foy,& q noiis ne foyôi point
lî ingrats d'enleuclir la mémoire de noftre re
demption.Et côment cela ? Q^e par bonne 8c
fainde vie nous monftrions q nous fommes le
peuple de Dieu, que nous fommes fes domcfti
ques, puis qu'il luy a pieu de no'accepter.Car
(côme i'ay délia touché)il ne fuftit point que
ceux qui ont la charge d'enl'eigncrfacétleur
deuoir:mais chacun à fon efgard.quâd il vien-
dra au fermon.doit eftre difpofé à receuoir ce
qui luy eft vtile pour fon falut : nous deuons
aufsi taire le femblable quâd nous lifons l'E-
fcriture fainâe.Brief,toutesfois & quâtes que
on parle de Dieu pour noftre falut , c'eft que
nous cognoifsôs fa bonté infinie enuers nous:
il faut que de noftre part nous foyons incitez
à l'honorer & à le feruir . Or auec la doûrine
il faut que l'exhortation fuyue.Cemo^d'Ex-
horter.tinporteque nous foyôs refueillez de
noftre parcrte . Car nous voyons <jue fi on ne
fait qu'expofer l'Efcriture faîtlc, cela '.'efcau
ie,& n'en fommes poiht touchez au vif.Si doc
la doûrine n'eft aidée par exhortations , elle
eftfroidc,ellenenous percera point le cœur:
mais qu^nd nous fommes exhortez, nous pen-
fons triieux à nous. Toute^foisil y a trois de-
■grei: qu'il faut qu'on redargue ceux qui mef-
méifortt fi nonchalans , qu'enrores qu'on les
incite ils ne marchent point . Il faut donc que
telles gens foyent menacez du iugement de
0icu,qu'ori leur propofe comme bicu punita
ceux qui aurôt mcfpnfé fa Parole.brief.qu'ott
les examine en telle forte , qu'ils foyent con-
trants de feotir qiiellevertu&authorité doit
auoir la dodrine laquelle ils ont mefpril'ceau-
; parauant. Noui voyons don^^m^intenaiit que
s*il yacraintede Dicuenno'us, ce n'eft point
'^ffczque nous defiriatœd^owtr & fçai)Oii"Ce
qui eft côtenu en l'Efcriture fainde, mais qnc
nous foyoïjsdocilçî.&id'vn cfprit bénin pour
receuoir les corrediôv qu'on nous fera, & en-
cores qu'elles nous foyept dlires & fafchcu-
fcs , neant'moins voyant qu'autrement on ne
nouy peut-aitirer .i Dieu, quf nquî; ne foyoqs
point reuefchcirlî oh' nous picque,qu'on nous
traitte plus durement que hdlis ne voudrions,
quecelanefojt point poor< noijs dclgoiifter
de la bonttii^'doftrine ; lie tournons la faire
fuir, mais.que nous contlmiyons ce que Dieu
cognoift nous eftre pioCtable. Car l\ nous al-
léguons. Et comméu''nc fcroit-ce point .ilFez
cnie
5VR L' EPIS T. A TITE.
<îoç
que «ion» fuAîons en feignez ?Car chicun re-
gardera de le goduerner : mais qu'on nous
picque , qu'on nous vueille ainfi pouffer par
force , il n'y a point de propos : eft-ce la fa-
çon? Si nous alléguons ccla.c'elt nous rebec-
quer contre Oieu,& non point contre les hô-
mei. Et cependant, tous ceiix qui parlent ain-
fi, monftrent que iamais ils n'ont entre à bon
efcient en leurs conlciences pour efprouucr
ce qui y eft. Car celuy qui fecognoiftrabien,
fentiraque Djeunon fanscaufca voulu que
nous fulsions & exhortez, & redarguez par fa
parole.Ie vous prie, l'homme le cognoiftra-il
mieux qu'il n'eil cognu de Dieu: Car nous ne
voyons point clair, tur tout à nos perhez(cô-
medit faintk Ichan)& Dieu y voit beaucoup
plus clair: quand nous fendrons vn vice, il en
cognoiftravne centine. Or maintenant il a
prononcé , quand nous aurons efléadmone-
ftez , qu'on nou'; aura déclaré les chofesqui
font propres pour noftre laliit.mefmes quand
on nous aura mafché les choies , qu'on nous
en aura donné vne intelligence toute priuee,
que ce n'eft point affez , mais qu'il faut auec
cela que nous foyons folicittz par bonnes
exhortations & véhémentes; & pins ,que nous
foyons redarguez , comme li on fondoit vne
playe: pource que nos maladies font fouuent
fecrettes, li faut que Dieu entre là dedans , &
qu'il viene iufques à la mouelie des os, (ainiî
que l'Apoftre en parle en l'Epiftre aux He-
iJehr. 4. brieux)qu'il n'y ait ne penfees, ni atfedions,
u. que tout cela ne fou bien fondé par la parole
de Dieu. Puis qu'ainlî eft que nous en auons
vne telledeclaration , *u'eft-ce que nous ga-
gnerons à nous rebecquer plus? Et c'eft ligne
(comme i'ay défia dit ) que iamais nous n'a-
uons penfé à nous , mais que plulloll nous a-
Bons fermé les yeux à nos vices, & ne deman-
dons linon qu'on nous flattc.comme cefte hy
pocrilîe nous creue les yeux. Et pourtant, re-
tenons ce qui nous eft ici dit par fainâ Paul,
c'eft que la parole de Dieu nous eft donnée
pour guider nos pas. Et au relte , que ce n'cft
point affez que le chemin nous foit monftré,
mais d'autant que nous fommes pare{Icux&
ronchalans , &mefmesqu'encores que nous
' ayons eu quelque bon defir , il fera bien tan-
toft refroidi , il faut que nous foyons attirez
par exhortations, &s'il nous adulent de tour
lier le dos à Dieu, ou que nous foyons efgarcz
çà & la,il y a le remède fécond que nous auôs
dit. Et puis il faut que le troilîeme foit adiou
fté , c'eft quand Dieu nous menace , que nous
foyons enfeignez à plier le col fous fun obeif
fance. Voila le vray vfage de la parole de
Dicurvoila anfsi comme il faut que nous oyôs
les fermons, &qHe nous lifions en l'Efcritiire
faindle , c'eft qu'après que nous aurons cognu
ce que Dieu nous mon lire, nous foyons pouf-
fez à le fuiure:& fi cela ne fiiffir.que no' foy-
ons touchez au vifafin de no' defplaire:bricf,
que nul ne demande de s'endormir : & s'il le
fait.qu'il foit bien aife qu'on le refueitle d'au
tre cofté. Voila en femme cequenoittauonc
à recueillir de cefte doûrine-Or quand fainâ
Paul dit que cela fe doit faire auec totitc au-
thorité, ou auec comniandeniét,il nous mon-
ftré qu'il n'eft plus queftionde fe iouer auec
vn fi grâd maiftre comme Dieu. Et toutcsfois
nous voyons quelle eft auiourd'huy la rt be4-
lion de plufieurs: ils fe diront affez Chrc flics,
mais fi on leuranonce la parole de Dieu , ils
voudroyent que Dieu pLiaft là pour eux , & i
leurappetit:mefmes on leur fera trois renioa
ftrances deuant qu'ils fonnent vn mot. Et qui
font-ils?Encorev qu'ils fuffentplus que Prin-
ces,fi faut-il que toute grandeur de ce monde
foit abbaiffee lous la maicfté fouucraine de
Dieu : mais des maloftrus qui ne font rie n, ne
pourront fouffrir qu'on parle viuement à euK
qwâd ils auront failli: qu'on Its corrige, ils di
rôt,Et ce n'eft point i voui de no" côiiiander
Ce n'eft point donc à Dieu :car Dieu nous a
commis à cefte codition qu'il nous fautanon-
cer f* parole.Et commet? Il eu vray quenoa*
deuons & prier,& adrooncfter,& vl'er de tou-
te douceur : mais cela n'empefche point que
touliours il n'y ait authorité, que nous ne mu
ftrions que noftre parole procède de celuy de
uat lequel toutgenouil fe doit ployer, & qu'il
faut que toute créature foit comme abbatue
po» fe ranger en toute fuicttion. Ceux donc
qui ne peuuent foiitfrir que If parole de Dieu
leur foit prefchce auec authorité & comman-
dement,qu'ils aillent foTgc-rvn Euangile nou
ueau. Car nous oyons ce qui eft ici dit:il eft ini
pofsible qu'fn homme s'acquitte d'enfeigner
le peuple de Dieu, finon qu'il conim.îde, pour
dire. Il faut qu'ainfi foit, il faut paffer par là.
Car nous auons vn Maiftre lequel ne foutfri-
ra point qu'on le mefprife , iene fuis point ici
comme en mon nom,ie neveux rien aduancex
de par moy, ne rien apporter de mon propre:
mais quand ie parle, c'eft au nom de Dieu : il
faut qu'en defpit de tous contrediians on fe
range li , que toute hautcffe foit abbatue , &
qu'il n'y ait créature qui Icne le bec , m les
yeux àl'encontre de celuy auquel il faut que
grans& petis s'affuiettiffcnt. Voila dôc pour
quoy fainft Paul adioufte ici ce mot de Com-
mandeinent,ou d'Authorité. Orfî nous auiôs
cefte dodnne bien imprimée en nous, il eA
certain que nous profiteriôs beaucoup mieur
en la parole de Dieu : mais qui eft caufe que
ayans oay beaucoup de lermons, nous dcmcu
rons toufiours en noftre naturel , iiiion d'au-
tant que nous ne cognoilTons pas que noftre
Seiîîneur no' appelle à foy?ouy afin que nous
luv ficions telle reuercce qu'il mcrite,& non
feulement par cérémonie , mais eu toute no-
ftre vie, que toutes nos alfedions lovent don
tees fous Uiy.que toutes nos pcnlces te retie-
nent là comme bridées, qu'il n'y ait plus ne
raifon , ni appétit qui ne foit là reftraint . Si
nous cognoilsions cela , il eft certain que ia-
GGg.iii.
6cr;
SERMON XIII I.
mais nous n'orrions vnfeul mot de l'Efcritu
te fainfte qui ne nous profitaft. Mais quoy?
Nju!. y venons comme beAes.&noftre Sei-
gncui nous renuoye tels que nout fommes vc
nus: &aufsi nous en fommes dignes. Et ainfi
apprenons que comme Dieu veut que fa paro
le foit prefcnee en authoritc.il faut aufsi que
nouî apportions là vue reuerence pour nous
humilier deuant luy , pour receuoir fans con-
tredit tout ceqii^lnous Jira,& que nous dé-
pendions tellement de fa bouche , qu'on co-
gnoilTeque ce n'ell point en vain que nous
proteftons de le tenir, Se pour noftre Dieu, &
pour noftre Père. Et l.î deflus il adioufte enco
rcs, Quf nidntmeflrifc The. C'clt à luy qu'il
s'adrelle, mais ceci appartient à toute l'Egli-
fe:cjnimes'il diloit.Aduife que la Parole que
tu portes ne foit point en mefpris. Or il eft
vray que cela ne fera point en nous:car on en
verra beaucoup d'incorrigibles : & d'autant
plus qu'on les inftruit , & qu'on obfcri;e tous
les moyens que Dieu monftre afin de les ré-
duire , ils ne feront que s'endurcir & empirer
toulîour^.Nous verrons donc ceia:mais quoy
qu'il en foit.lî deuons-nous toiifîours auec au
thoriténnnftrcr que BOUS fommes enuoyez
"a. Cori». de Dieu. Et c'tft ce que dit fainft Paulicar il
■^to,A, -dcfpite cesorgueilleuï qui ne tienent conte
de toutes let menaces- Et bien , fi auons-nous
(dit-il) le gl.iiue tout appareillé pnur cxscu-
ter la vengeance contre tous ceux qui nous
auront rciettez , ou bien qui n'auront point
obei \ la doftrine que nous portons. Or faintt
Paul ne parle point là d'vn glaiue matériel,
mais il dit que Dieu ne fouffrira point que fa
parole ait efté ainfi reiettee.Et il dit que nous
auons ce g!aiue-la en la main. Et pourquoy?
Car il faut que nous foyôs iugex par Is paro-
le de Dieu ; fi auiourd'huy nous n'en tenons
conte, fi cil-ce qu'au dernier iour nous fenti-
lonsla vertu qu'elle aura tue.Et ainfi ce n'eft
point fans eaufe que maintenant il eft dit à
Tite,Q»f /««/»* tt m :fpr:fe: comme s'il difoit,
Si les hommes font ici des rebelles , & que tu
«'en puifl'es cheuir,& combien que tu leur inô
ftres que tu parles au nom de Dieu , que tu es
f nuoyé de luy , qu'ils fe mocquent toufiours
de toy , Se qu'ils aillent leur train , que tu ne
laifTes point pour cela de toufiours leur anon
eer quelle maledicUon leur eft appreftce pour
leur impieté. Voila (di-ie) comme il nous en
faut faire. Et cependant notôs qu'ici en gène
lal, S. Paulmonltreà tous Chrefticns comme
ils doiuent profitcren la parole de Dicu.c'eft
(comme i'ay délia touché ) en apportant vne
telle reuerence que tout ce qui leur fera dit,
ils le reçoyucnt tomme en tremblant. Il eft
vray que la parole de Dieu nous doit citre
douce 8c amiable, mais fi faut-il que noiiv ay-
ons ccfte crainte de laquelle parle le Prophè-
te îfaie: car il dit que l'Efprit de Dieu ne re-
tjU.U.ié pofcraHnon fur ceux qui tremblent à fa pa-
rgU.Et ainfi gardâs-nous bien de ce niefpris.
Car nous ne fçaurions mieux monftrer que
nous fommes créatures dcfefperees, qu'en meC,
prilaiit ce qu'on no' propofc au nom de Dieu^
ti mcfines quand nous venons à nous eleuer
c5tre ceux qui nous font ordonnez Miniftres
d'icelle.Et neantmoins combien y en a-il qui
ne font que hocher la tefte quand ils oyent
ce qui leur eft remonftré au fermon? Et puis
quand les Miniftres parleront , il leur femblc
que c'eft coruee de les ouir,tant s'en faut que
ils adiouftent foy à ce qu'ils difent pour s'y
ranger : on void cela auiourd'huy. Q^Teft-tl
donc queftion défaire, finon que nous co-
gnoifsions vne telle maicfté en la parole de
Dieu.que ceux qui la prefchent.nous foyent
en telle reuerence, que nul ne s'i leue pour re
iettf r ce qu'ils nous anoncent. Car ceux qui
mt fpriferont noftre doûrine , c'eft àdire cel
k que nous portons,au nom de Dieu,fentirôt
que ce n'eft point â nous qu'ils font la guer-
re , mais qu'en la fin ils cognoiftiôt que Dieu
eft leur partie aduerfe , d'autant qu'ils auront
a.nfi bataillé contre fa parole.Or venôs mais
tenant au fécond article principal que fainû
Paul traitte ici. Il veut que les Chrcftiés foy-
ent admoneftczde s'afluiettir nuv Vrincipa»'
tex. O- Vmjfances,iyi''ohi:ir aux M.ig:flrati.OT
nous auons à noter en premier lieu que les
Juifs eftoyci alTez difficiles à gouuerner. Car
ils ont e/té toufiours mutins de lair nature:8£
cependant à caufe des promeflcs , que Dien
les auoit choifis pour fon peuple , Se pour fon
héritage, il leur fembloit qu'on leur fai foit
grande iniure de les tenir fous l'obeiflance
des Princes incrédules. D'autre cofté nous
voyons la hautefle qui eft en tous homes, qu'il
n'y a rien qui les fafche plus que d'tftre fu-
iets:& cependant ils fçauét bien faire couiier-
ture de toutes les promeflcs de Dieu. Car
quand il eft dit que nous fommes héritiers du
monde. que nous (oinmes enfans de Dieu.que
nous fémesvne facrificature royale, pliifieur»
prédront cela à leur aduantage, qui s'eftoyét
exemptez de toute fcruitude , Coninient?&de
quoy nous profitera-il que Dieu nous ait choi
fis pour fes enfans, que nous luy foyons Se (x
«rificatcurs,& rois, finon que nous ne foyons
plus tenui en captiuité & en bride fi eftroite?
Il a donc falu que les fidèles fuflent admone-
ftez quand Dieu les exalte en tel degré d'hon
neur.que ce n'eft point quant à la vie prefeo-
te.mais qu'ils fe doiuent contenter du royau-
me fpnuuel de noftre Seigneur Icfuv Chrift,
Si. qu'ils foyent deliurez de l.i Icriiittide de Sa
tan, des lii-nS de péché &' de mnrt, qu'ils foy-
ent afFrâchispour iouu de l'héritage qui lenr
eft apprefté au ciel. Et c'tft à quoy tend cefte
exhortation que fait ici faïj Paul. Or aniour
d'huy cjmbif n que nous n'ayons pas vne oc-
cafion telle que les luift auoycnt , pour nous
retirer de toute fuiettion, fi ift-ce que ce vi-
ce eft tellement enraciné en tous nos efprits,
qu'il nous eft vtile d'eftre râgez & matiez. Se
(comme
Svll. L' EPIS T. A TITE.
CoT
I/ï.44.
ir.
l,&6.
^ comme r*y<ic fia touché ) (inon <jiie noftre
Seigneur nous déclare que nollre condition
eA telle, tamais nous ne pourrons trouucrbon
que nul domine fur nous , & l'expérience le
monftre par trop . Voila aufsi corne touiiours
il y a tant de rebellions qu'on a veues aux
hommes.Car on a peni'é.Et taut-il que le foye
fuiet à ccfluy-ci.ou i ceihiy-la ? Ne foinraes-
nous pas tous fils d'Adam, & fortis de Tarche
de Noé ? Voila des propos phantafliques qui
font pour peraertir toute police au monde.
D'autre coilé on a regardé, Et ceftuy-ci cft-il
déplus grande qualité que moy ? A quel pro-
pos m'airuiettiray-ie à luy , quand pluftoft il
ocuroit eftre mon intérieur î Y a-il raifon en
cela ? Q^and on regarde ainli les perfonnes,
touiiours on prend couuerture de Ce rebec-
quer: mais quand nous aurons ceft article re-
folu.c'ell que toutes Principautez n'ont point
eiU eftablies à l'appétit des hommes.mais que
Dieu en eft l'autheur; & puis que ceux qui do-
minencne l'ont point là par cas fortuit, mais
que c''eft Dieu qui en difpofe ainiî:quand nous
aurons cela bien conclu, alors Cnon que nous
vueillions taire la guerre contre Dieu, il fera
qucftion de nous tenir paiiîblcs : comme aufsi
fainti Paul en parle au trezitme chapitre des
Romains. Apprenons donc par ce pairage.quc
fainû Paul a voulu déclarer aux Chrcfliens
qu'il ne faut point fous ombre que Ditu les a
adoptez pour Tes enfan<: .qu'ils cuident faire
valoir cela quant à cefte vie caduque, & qu'vn
chacun ait fa fcigneurie àpart , & qu'il n'y ait
plus de fuiettiop:mais qu'il nous faut conten-
ter que noftre Dieu nous foit Père, iS; que par
efperance nous attendions l'Krritagequi nous
eftencorescaché,& que nous l'.itttndions pa-
tiemment, iufq"iie> à ce qu'il nous retire de ce
monde. Mais cependant, qu'vn chacun fe con-
tente Je fa petittfle : que ceux qui font po-
ures,qui font de baffe condition, qui font vili-
pendez Iclon le monde, ne s'clcuent point : &
que mefraei chacun delon bon gré rcçoyue
ce que Dieu aura difpofé de luy : c'eft que les
feruitcurs obeifient à leurs maiftres.que le
peuple obeifTe à fon Magiftrat,&: à toutes gés
de iijftice ,&■ que nous fçachions que c'eft vn
'feruicc agréable à Dieu . Il eft vray que ceux
qui font elcucz tn honneur ne le doyucnt
point enorgueillir à l'encontre: car ils auront
à rendre conte à Dieu s'ils ont abufé de leur
puifianccAuf^i celuy qui efl riche, s'il fait du
tyran fur fcs frères, & qu'il domine en toute
cruauté:fi les Magiftrats auAi excédent mefu-
re ,& qu'ils ne foycnt point vrais Paitturs du
peup!c(commerÉfcriçure les nomme) il fau-
' dra qii'ils f<-ntent en la fin qu'ils n'cfioyent
rien plus que les autres : comme il f ft dit au
Pfeàume, lisent cftc lieutenansde Dieu pour
vn temps:ils cogrioiflenj qu' Is n'( ftoyent que
vers de terre . Car èftan^ dtfpoullcz de celle
hauttfleqiii leur cblcuilToit les yeux, ils vie-
neni à pourriture,telkmtnt que Dieu n'a peu
endurer qu'ils s'elcoâflênt ainfi par defluï
leurs prochains . K4ait quoy qu'il en foit, que
les Chreftiens en gênerai foycnt aduertis que
Dieu ne les «point conftitueî: rois&facrifi-
cateurs pourauoir louiflànce de ce royaume-
la, ni de cefte facrificature en ce monde par ef
fet, mais qu'il faut qu'ils attendent par efpe-
rance ces bien» fpiritucls.Et au refte.quant au
monde, qu'ils foulfrent que Dien les conduifc
comme des brebis , & qu'ils cheminent en ce-
lle Cmplicité-la.Car(comme i'ay défia dit)ce
pendant que nous regarderons les hommes,
nous ferons toQlîours agitez de quelque in-
quiétude,comme nous voyons que nos efpritc
font fretillans, Se qu'il ne fautguercs d'occa-
fion pour nous delpiter.en forte que nous re-
ietterons toute bride & tout ioug : mais que
nous reuenionsàce qui nous eftmonftrépar
fainft Paul . Il eft vray quand en ce paflàge il
dit que nous foyonsadraoneftetd'eftrc fuiets
aux Principautez &■ Puiflànces, qu'il ne parle
point de foy, c'eft au nom de Dieu:mais cnca-
res il en fait déclaration pins expreflè en ce
trezieme chapitre des Romains q nous auons
allégué : car il dit que toutes puiflànces-font
fondées en la vérité de Dico , non feulement
entant qu'il veut que le genre humain foit gou
uerné partel ordre & police, mais que fi vn ho
me eft en authorité & au fiege de iufticc , que
c'eft autant que s'il luy auoit colloque de fa
propre main. Car c'eft fon office de donner le
glaiue,& defceindre aufsi le baudrier,quand il
voudra déprimer ceux quiauoyentauparauant
le glaïue de iufticeiS,: quad ils font elcucz bien
haut, il les rabbaifle.Q^ç donc nous cognoif-
fions cela .afinde ne nous plus abufer en nos
fpeculations, pour dire, Et pourquoy feray-ic
fuiet à celuy-la; fourquoy feray-ic iaferieur
AcciKiy-ci? Pourquoy vn tel dominera-il par
deffus moy.'Or quand nous auons ainfi plaidé,
fi cft-ce que Dieu renucrfera en vn mot tou-
tes nos belles couleurs &:fubterfiiges,d'autant
qu'il luy plaiftainfi : &: ce n'eft point à nous
d'en difputer , quand nous cognoiflons qu'il
nous veut ramènera telle raifon . Vo Jadonc
ce que nous auons à retenir de ce paflage . Et
fuyuant cela, nous voyons eue nciis fomnies
tant mieux confermez en l'efperarce de la vie
éternelle , quand leschofes ne nous vienfni
point en ce monde félon nosappetis . Car fi
nous eftions tous comme ptti<: Princes, &: que
feroit-ce î II n'y auroit point d'autre Paradis
pour nous, la terre nous retiédroit tellement,
que le ciel ne nous feroit plus rien . Mais
cuand noftre Seigneur nous, coçiduit par ce
m nde en telle forte que trous Icniroesici con
ttmptiBJes,que.nous fommcs en'fi^iettion, ce-
la nOjUSadçionefte & nous^fpcited'eleuer léj
yeux de noftre foy en haut, & qire nous atten
dioiis ce qui ne nous eft point ercores .ippa-
ri'.Or s'il a efté commandé aux Chreftiens de
obéir & eftre fuiets aux Principautez & Puif-
fanccs du temps que ceux qui auoyent leglai-
GGg.iiii.
.«.
«îo8 SERMO N XII M.
«e<le iafticc cftoyent incrédules & ennemis traigne par force pour obéir aux MagiftratÎF
de Dieu , qtiandnouj aurons ceft aduantage- mais qu'ils s'y commettcnc, cognoiflans que
la, que ceux qui dominenti font héritiers auec Dieu veut efprouiiernoflre humilité en cela,
nous de l'héritage celcfte , & qu'ils ont vne quand il ne nous fafchcra point de nous tenir
mefme foy , il y a encores plus de raifon de fuiets fous la puilTance des hommes,puis qu'el
leureftrefuiets ,& moins d'excufe quâd nous le eft ordoneedeluy, acqu'ila toufioursTem
leur ferons rebelles . Si nous eftions fous des pire fouuerain. Car quand nous obeiflons aux
Turcs,foui des tyrans, fous des ennemis mor- hommes qui dominent félon la volonté de
tels de l'Euangile , encores nous efl-il com- Dieu, nous obeiflons à luy qui lésa côftitucz.
mandé de leur élire fuiets. PourquoyîUplaift Et cependant notons aufsi que quelque fois
ainfi à Dieu. Or s'il y a vne mefme toy.n'y a- Dieu fufcitera des gês qui ne font pas dignej
il point double mal'li le peuple ne fe veut ran de nul honneur.Et pourquoy ?C'eft pour nous .
ger,& s'il ne demeure là paifible fous le ioug defpiier.Car iî nous luy eftions fuiets comme
de Dieu, quand il femonftre ainfi amiable? nous deuons, il eft certain qu'ildomineroit tel
Maisquoy qu'il en foit , cefte règle demeure lement fur nous, que nous pourrions contem-
touiiours générale ,c'eft que nous refiftonsà pler qu'il nous gouuerne, & qu'il prefîdc au
Dieu fi nousne pouuons fouffrir d'eftregou- milieu de nous: que ceux qui feroyent en eftat
uernez félon la police qu'il a inftituee & efta- de iuftice feroyet comme de petis j^nges, que
blieen ce monde. Et non feuleniét fainft Paul on neverroit point deRois nede Princes en
parle de la fuiettion.niait iladioufteaufsil'o- ce monde dominer en tyrannie, ni en fierté,
beiflance volontaire. Car on verra bien quel- mais l'image de Dieu reluiroit en eux: mais
que fois que les hommes ne fe rebecqueront d'autant û nous dechaflons Dieu loin de nouS,
point, pource qu'ils ne peuuent , ou ils regar- il faut qu il s'en recule,& qu'il retire fa bene-
dent qu'ils n'y gagneroyent rien, ou ils crai- diftion ,& qu'il mette gens pour dominer fur
gnent le dâgcr:mais fainft Paul paffe plus ou- no' qui peruertiflent tout droift & equité.Ce-
ire.difant qu'il nous faut obe!r:& le mot dont la donc eft vn figne que Dieu a retiré fa grâce
il vfe, emporte ( comme i'ay défia dit) vne o- loin de nous, d'autant q nous n'auons peu por
;.» beiflance volontaire:comme il eft dit aux Ro- ter qu'il nous euft en fa proteftion, car noUs
mains, que ce n'eft point aflez que nous crai- ne luy âuô'^ pointvoulueftte fuiets. Maisquoy
enions.mais pour la confciéce qu'il nous faut qu'il en foit,tOHfiours reuenons là, que noftre
•obéir. Et pourquoy ? Encores que les Magi- Seigneur fçait bien ce qui no' eft propre. Puis
ftiats n'euflent point dequoy eftre honorez & qu'ainfi eft.qu'vn chacun regarde de ne pafler
obéis, d'autant quelefieg» auquel ils font con point fes bornes. Celuy qui eft perfône poure,
ftitucz eft ordonné de Dieu , fi on leur rcfiftc, qu'il ployé le col, & qu'il cognoifle que Dieu
ce n'eft point aux hommes qu'vne telle iniure l'a voulu aflîiiettir, & que par ce moyen nous
ï'addrcfle.maisà celuy quilesa misen ceft e- monfttions quevrayement nous fommes fon
Jtat , & qui veut que fon image rcluife en eux. troupeau, que no' ne fommes point beftes fau
Voila donc ce que nous auons à retenir, c'eft uages,que nous ne fommes point fi difficiles jt
oue non feulement il y ait vne fuicttion for- gouucrner, que nousne fuuffrions qu'il nous
cee.mais que de noftre bon gré nousaduifions conduife comme il luy plaira , & qu'il difpofe
que l'ordre que Dieu a mis en ce monde foit de nous tellement, que quelque petite que foitr
maintenu, &que nul ne porte enuie à ceux qui nofticcôdition.ou niefprifeedu monde, nous
font plHS grans.ou qui font eleucz en hôneur. la portions patiemment. Or fainâ Paul cepcn
Et pourqiioy ? Car c'eft refi lier à Dieu quand dant adiouftc,Ç)u'/7»wu/j«» aufsi ejlrr admo-
on fait quelque trouble ou quelque fedition: nejie%.d^eflre .rfii'areiltex. à toute benne «uure,
il non feulement cela, mais aufsi quand on ne Et par cela U nionfti e que ceux qui ne pèuuét
peut d'vne affection corxiiàle fe râger là,ipour obéir aux Magiftrats, ne dcmSdcnt finon troti
due, C'eft vn factifice que Dieu demande que ble & confufion.Et ceft argument-ci eft prins
eeftehumilité-la, que ie ne m'eleue point tel- del'oidreque Dieuacôftituéaumonde . Car
kinent,9ueie me face à croire que ie fuis plus pourquoy eft-ce qu'il y adesRoi^,&des Pria
diçne qu'vn tel, qui me dcuroit pluftoft obéir ces,des Magiftrats & gens de iufticc?C'cft afin
oue moy à luy:il faut,di-ic,que le me déporte que les hommes ne foycnt po^nt come chiens
de toutes ces chofes , cognoiffant que Dieu & chats pour s'entrcmanger , qu'il y ait iufti-
yeut que ie ne foye rien en moy , mai? que ie ce, que le plus fort ne l'cmpoitc pcint.que les
»ne tiene bas, abbaifiànt tout orgueil & hautef pouies& fimples ne foyent point foulez &
fcquî feroit pour me faire elcuér.Kifques àce gourmandeZ.Voila donc pourquoy Tordre de -
-que nous en foyons venus là, il eft certain que lUfticc a efté eftabli.Or il tft v lay que que|(^ue
nous ne ferotls que nous tourtnéiitéf : Si ehco- fois ceux qui font en ceft çlïat ne j'acq-iut^çj-
ïes ônouk foyons paifibles àucurirnicnt pour ront point fouuent de'leur deuôir," f^u'ils ppj
ne juivint reiettcr loute laicttion, fi c ft-ce que primeront les bons, & ftipporteront les mcl-
cllene fera point volontaire. Voila donc ce cham : mais encores fi cft-ceque toufioursil
que nous auons à retenir, qu'il ne faut point nous eft vtilcd''aiioir quelque rtgimc.Prciionî
oue les Chreftjens attendent qu'où les con- k cas qu'il y aft de graudes con uptiôs, com-
me
s V R L' E P I S T. A T I T E.
<îo<»
ihèon en voit fomienteîfois : .^ plcuft à Dieu teniu par eefte confideration . Carfî nous ne
qu'il en fjluftcercher les exemples bien loin: fiippoïtons beaucoup d'iniurcs , il eft certain
mais encores quâd il y auroit des tyrans, gens qu'à tous coups il nous viendra des occalîons
peruerv, que ceux qui ont aiithorité appliquaf de nous troubler, qu'il noui faudra ietter aux
icnt leur tfpilit à toute inefclianceté , 8c qu'ils cliâmp$,& efmouuoir guerre. Sainâ Paul donc
obfcurciflènt toute rel:gion,& que cependant en fommc , nous monitre ici que fi nous vou-
ilslafchaflcnt la bride à leurs mefcliâteseupi Ions eftre appareillez à toute bonne œuure, il
dicez:tantya encores qu'il vaut mieuxauoir faut qu'au lieu quede nature nous rommes par
vn régime corrompu, que n'en auoir point du trop addonncz chacun à fon profit.nous adui»
tout.Ca r s'il n'y en anbit point, helas, que de- fions d'endurer de nos prochains, voire en tel
uiendrions-nous ? il -vaudroit m'eiix que nous le forte que nous réprimions celle impetuofi»
fufsions fondus en abyfme. Ainfi donc, quand té, ou cefte violence qui eft en nos «fprits,
nous ferons appreftez à toute bonne ccuure, il quand nous fommes ainfi noifeux"& quand on
cft certain que pous Vmc^"^ lalpî>licc,& ^lie nous auroit ofFenfé , que nous n'vfions point
nous ne demanderons finon d'ooeir aux Ma- de rigueur extrême pour auoir noftre reuen-
giftrats. Mais encores ûind Paul a regardé à ge. Car voila comme nous pourrons nourrir
vue autre chofe en ce paflàge , c'eft qu'après paix, ainfi qu'il nous eil ici enfeigné . Suyuant
nous-auoiradmoncftezen particulier que no' cela il adioufteauf.i,<^* wo«jm(!»/?r(o«f to»te
dcuons fuiettion à ceux qui ont fuperiorité
pârdefliR nous, il adiouftc que non feulement
nous leur fommes redeuables , mais aux plus
petis, qu'il faut que nous cognoifsions qu'il y
a comme yn Hen naturel qui nous oblige tel-
lement, que ie ne puis alléguer que ie ne doy
r^en àcelîuy-ct.ou à ceftuy-lâ : car il faudroit
Jouteur enutrj tous hommes . Qjiand il dit en-
uers tous hommes", par cela il monftre que les
fidèles mefmesdoyuent mettre peine de ga-
gner ceux qui font encores belles fauuages. Se
qui ne fe font point rangez au troupeau de no
frre Seigneur Icfiis Chrift . Voila vn infidèle:
leftvray qu'il eft ennemi dcDieu,feparé de
que ie me feparafle de la compagnie des hom- l'Eglife : mais tant y a que s'il y a moyen de
mes . Et ainfi il faut qu'vn chacun s'applique rinftruirc , il faut que ie luy monftre douce-
tellemem à la vocation,que cependant il s'em ment , autrement il ne fera point pofsible Je
ployeen tout ce qu'il pourra enuersfes pro- le gagner que par cemoyen-la, c'eft afçauoir
chams.Voila donc pourquoy fainÛ Paul nous que ie tafche de l'amener à Dieu. Or fi noi»
donne ici vne règle commune, qu'il nous faut deuons vne telle douceur aux incrédules,
eftre appreftez à toute bonne œuure . Et puis quand nous les voyons cftre fi lauuages que
il monftre comment cela fe fera;c'eft^«f «o»j rien plus ,&que quelquefois on ne puiflepas
nr mtfiiifons de ftrjonne , <!»( nous ne Joyns les donter, que neantmoins il nous y faille pro
foi»f»o//ei»« : mais que nous foyons equita- céder par ce moyen-Ia , que feTa-ce de ceux
blés & modérez : brief, que nous monftrions qui font défia enfans de Dieurne fentiront-ils
que nous voulons viure droiteinent& entou- nulle douceur en nous ? Monftront donc que
te douceur auec tous hommes . Or en premier nous auons efté en l'cfchole de celuy qui ait
iieu.nousauonsicià noter(qui fera aufsi pour qu'il ne demande que de nous traitter douce-
la conc!ufion)que fi nous voulons eftre appre ment.Carfinousncreflemblonsinoftre Sei-
ftez à toute bonne œuure.il nous faut auoir ef gneur le fus Chrift, tout le refte pourra bien
gardde nourrir amitié auec ceux qui font con auoir quelque belle apparence de farnfteté fe
loints à nous de ce lien facré&inuiolable que Ion le monde.mais ce ne fera que puantife dé—
i'ay dçfia dit. Car fi vn homme veut qu'on pri uant Dieu . Et ainfi aduifons de nous confor-
fe îes vertus, & cependant il ne tiendra conte mer à l'image & patron qui nous eftdonné de
^e perfonne, cependant il fera infupportable, Dieu le Pere,c'çil d'autant que la colombe eft
noftre Seigneur reiette tout cela:mâis la pria- defcendue fur noftre Seigneur lefus Chrift,
cipale vertu qu'il demande, c'eft que nous ap- qu'il nous a monftre par figure vifible, flu'c-
pliquions noftre eftude à nourrir paix & con- ftans fes membres, nous deuons eftre painbles
corde, tellemét que nous monftrions que nous fous luy . Et que cependant nous puifsions a-
nedemandons finon que Dieu foit ferui de uoir ce qui eft «lit par le Prophète Ifaie ' il eft
tousd'vn commun accord. Or comment les vray que cela notamment eft attribué à la per
hommes feront-ils paifibles enfcmble?ll nous fonne de noftre Seigneur lefus Chrift : mais il
faut fupportcr . Car il eft certain qu'il y aura nons faut eftre conformes à luy , c'eft que
toufiours des vices & imperfeftions grandes nous n'efteignions point le lumignon , quand
en nous :& quand nous voyons que défia Sa- il n'aura pbint tcJle clarté qu'il feroit à fou-
tan a tant de rufes & de finefles pour nous met haiter:mefmes encores s'il fume,que nous ad-
treen difcord, & que par ce moyen il tafche uifions de l'allumer pluftoft que de l'efteirdre,
de nous ruiner , gardons-nous de luy com- que nous ne rompions point du tout le ro-
piaire ef cela, mais vfons de patience , que feau.qui Jera caiTè , que nous cognoifsion»
nous ne foyons point addonncz ànous efcac- ceux qui font f/aibles fltfragiles, afin qu'eftans
moucher toutes fois & quantes que .nous fe- fupportez de nous.ils prencnt courage, A- s'ef-
rons incitez à mai faire, que nous foyons re- ucrcuent, Si foyent tellement attirez à Dieuj
HHh.i.
6\o. S E R M O
que d'vn commun accord nous foyons tous
conioints à luy , fc que noui y adhérions iuf-
ques en la fia.
O R nouj-nous profterneronsdeuantla
ficcdenoftrc bon Dieu en cognoiflànce de
nos fautes, le priani qu'il nous les face mieux
fentir , & que de iour en iour nous croifiionj
tellement en toutes les gra«es de fon faind
£rprit,d'autant qu'il luy apleudedreflcr l'on
règne au milieu de nous, que nousmonfttions
N X V.
aufsi que nom luy roitimec vn peuple acquis,
& que ce n'eft point en Tain qu'il nous a re-
cueillis à foy, mais que comme il nous a atti-
rez, que nous foyons prcfts aufsi de luy re-
fpondre, voire en telle forte que noftre vie
monllre qu« nous ne deniHdons iînon de nout
confacrer à fon feruice, tenon çans au monde,
&afpiransilaviecelcfte, où nous fommesap
pelez iournellement par la prédication de foo
Euangile . Ainii nous dirons tous, Dieu tout-
puilTantiPcre celcfte,&:c.
SECOND SERMON S V R LE
TROISIEME CHAPITRE.
I ^M
3 Car nous ttujîi eîliom iddisfans entendement, incrédule s, ahu^
Jèzyferuam àdiuers dcfirs O" 'volupté z^ \iuans en malice O" c» enuic^
odieux^O'ayam haine l\n contre l'autre. .\..',\,..-
''l 4 Mais quand la bénignité & l'amour que Dieu noslre Sauueur
a enuers les hommes, ejl apparue,il nous afauue^:
5 Non point par œuures de iuîlice que nous ayons faites, mais je-
ion fa mifericorde ,par le Uuement de la régénération , (^ renouuclle-
ment dufainclEJpritfO'c,
Ous auôs veu ce matin que
(àinâ Paul commâdoitaux
fidèles d'eftre doux 5c gra-
cieux enuers tous hommes.
Or nous auons déclaré que
cela eftoit pour les induire
i humanité, afin qu'ils fup>
portaiTent les fautes de ceux qui n'eftoyent
point encores entrez au bon chemin de falut.
Maintenant poilrconfermer celle dodrine, il
adioufteque deuantque Dieu les euft appe-
lez, ils eftoyent femblables à ceux qu'il pou-
uoit à bon droit' reietter .Or de ce temps-la
ilseulTent bien voulu eftre fupportez . C'cft
donc autant comme s'il difoit, que c'efï bien
raifon qu'Us vfentd'vne pareille douceur en-
vers les incrédules . En l'autre paflàge aux
Galatiens , quand il exhorte à fupporter les
vns les autres, il dit, Q_iJ^vn chacun regarde
fon infirmité : car fi nous y penfons, il faudra
que nous foyons bien atieugles.fi cela ne nous
inflruit , qu'il ne faut point que nous exer-
cions vne rigueur extrême enuers les defail-
lans. Et pourquoyî l'ay befoin qu'on me par-
donne beaucoup de fautes: fi iene veux rien
fouffrirde mes prochains, que fera-ce? le fuis
infupportable . Aduifons donc de regarder à
nos infirmitez & vices, & cela nous tiendra en
bride que nous n'vferons point de trop gran-
de feueritépourcondamner ceux qui faillent.
fans aucun pardoa Si relafche . Or ici il pallè
plus outre : car non feulement il veut que les
fidèles regardent à leur eftat prefcnt, & que Ce
voyans fragiles, ils vfent dedouceur & huma-
nité enuers ceux qui leur rcflembicnt : nuis il
leur remonftre quels ils ont efté.Nous voyons
donc qu'il les amené plus loin.Et ainfi nousa-
uons bien à noter celle doûrine : car il 1cm-
blera à beaucoup qu'ils font iuftifiez , moyen-?
nant qu'ils ayent griefuement condamné let
autres . Vray eft que nous deuons bien corri-
ger le mal par tout où nous le verrons, & ne lo
faut point nourrir par flatteries: mais cepen-
dant nous ne tenons pas l'ordre qu'il nous fa-
loit tenir, c'cft qu'vn chacun commence far
foy. Si ie veux donc eftre bon luge de mes'pro
chains pouriuger leurs vices, il faut que ie
cognoiue quels font lesmicni ,& que ié les
condamne en premier lieu. Voila donc •vnê
leglc que nous deurions fuyure , c'tft qu'vn
chacun fe feift fon procés,& s'eftant condam-
né,puis après qu'il vciiift à fcs prochains. Mais
nous oublions toute<^ nos iniquitez,&: ne vou-
lons point nicfmes qu'on y regaidc:qui pis
eft.il nous feinblc que nous auons bien rccom
penfé Dieu, quand nous auons elle afprc; Ar ru
des enuers les dclinquan<r , &: qu'on nous doit
donner licence de mal-faire , moyennant que
nous n'approuuions point le mal que nons au
rons veuenquclqn'vndc nos ficrcs.Or à l'op
pofite, ilnouseft ici monftié que quand nous
auont îrcdarguerccux qui faillent, qu'iffaut
que
s V R L'EPIST. A T IT E. <tii
^«e no» feul-ement nons pcnfions quels nous tomnieergarez, mais que nom eiif<.ion?peifî-
foraines auioui:il'hiiy,& les vices detjuels nous fté en ce la.iinon que Dieu nous euÛ fait tour-
fomincs eotackez, afin que cela nous amené à iicr bride.Car le changement qui eft aux tom
hiuiulite& aûreinpance, mais que nou^ pcn- mes dcmai en bicn.neprocccic pas de leur ver
fions, deuancqile Dieu nous euftattrrezà foy, lunemouuement propre, c'eft Dieu qui y au-
que nous aoons efté desbiucliez, & qu'on pou ra befongné quand cela fe fait . Cognoiirons
uoicbienvier d'vne telle rigueur enuers nous, donc que iî nous auons efté poures créatures
quecVftoit pour nous rendre confus, que nous &miferable5 , que nous fuAions empirer iuf-
eufvions eAé defnucz de toute efperance . Sur ques au comble, linon que Dieu nous cutt ten-
cela nous deuons eftre plus iiumains enuers du la main,& qu'il nous euft attirez à foy. Car
les poures aueugles.iufqu'i ce que Dieu les ait fi vn home dés fa naiflance cA plein de rebel-
iilumtnez , &c que nous les ayons mis en bon lion, il eft certain que toufiours il augmentera
tram.Or deceftedoftrine nous auonsà retc- demal en pis. £t pourtant il faut que Dieu y
nir que nous deuons pluftoft fupporter lesi-
gnorans, que «eux qui fe dctbauchent à leur
efcient.apres auoir cognu la volonté de Dieu.
Comme quoy ? Quand ceux qui tont prorel-
mctte ordre.Ainfi donc /âinû Paul non feule-
ment allègue ici que ceux qui font fideles,de-
uant que Dieu les euft vifitez par fa grâce, onc
elle desbauchcz , mais il adioufte que s'il y a
fionde rËuangile.fe mocqueront pleinement du bien en eux, il ne faut pas qu'ils s'en glori-
de toute vertu, qu'on les verra mener vne vie £ent,mais qu'ils regardent comment cela leur
dilTolue & vileine, ceux-là ne méritent point eft propre . Dieu (dit-il) nous a-tl fauuez par
d'eitre efpatgnez.Et pourquoyïCar ilsine peu les œuures q nouseufsions faites, ni aufsi pour
uent alléguer nulle ignorance: & ainlî on leur noftre iuftice? Mais c'a efté de fa pure miferi-
doit tenir la bndeplus roide.Mais s'il y a des corde.Puisqu'ainiî eft donc,baiflbns les yeux,
poures aueugies , qui ne difccrnent point le & n'vfons point de prcfomptiô. Or fi cela eft,
blanc & le noir,qui n'ayent :3UU!s eu nulle in- nous ferons quant & quant humains pour fup-
ftrLiûion.ilnous en fautauoir pitié, & ne faut porteries foiblcfles qui font cncores en ceux
pas que nous trouuions ellrange s'ils font du que Dieu n'a point amenez lufqu'à vn tel de-
commencement difficiles à ranger . Et pour- gré. Voila en fomme ce que nous auons à rete
quoy r Car ils n'ont point accouliumé le ioug. nirdecepallàge. Mais cependant il nous faut
Si on prend vnieunecheual,qui nefçache que ici regarder .par le menu les chofes que fainft
c'eftnedebride,ncde felie.qui n'ait laraais e- Paul trait te. Il dit, Nous aucins eflé qutlcjue fois
déferré, on n'en pourra pas chcuir: car natu- O" foU,^ Aeptbeilfjni,&- Tntnex.de concHpiJce»
re ne Ta pas encore formé pour foufFrir que ta lir -rolirftex. d'uerfts . Q^and il dit , Nous
J'homme le gouuernenl faut qu'oa:)e luy ac- .auons cfté:c'tftafin d'addoucir tant mieux ce
couftumepar vfage . Or de nature nous ibm- fte remonftrance, laquelle pouuoit auoir quel
jnes bien pires que les bcftes , car il n'y a en que poinde, quand il euft dit en féconde per-
nous que toute peruerfité& rébellion: mais il fonne, Vous aucz efté fols & dcfobeiflàns .•&
faut que Dieu nous change pour nous gagner qu'il ne fefuft point mis du rang & de lacom-
â fonferuice, Ainfi donc, quand nous voyons pagnie:cela euft eftévn peu plus difficile idi-
de poures incrédules qui ne fçauent que c'eft gérer. Mais quand il dit, Or ça, mes amis, co-
de feruir Dieu, qui & en paroles , & en faits gnoiffons quels nous eftions deuant que Dieu
font diffolus:& bien, que nous en ayons pitié, nous euft retirez desabylmesd'incrcd'ilitéou
& que nous cogooifsions quels nous auons e- nou^ auons vefcu:n'eftions-nous pas & fols.S:
fté,& quels nous ferions encores finon q Di(u rtbclle^fEt cependant il a falu que Dieu nous
nous euft receiis à merci , & qu'il nous euft re- ait fiipportez . Nous auons aufsi defiré que les
iformezpar fa bonté gratuite. Voila donc ce q hommes vfaiTent enuers nous de patience . Et
fainâ Paul a ici vcnlu en ftigncr, c'eft que nous ainfi auiourd'huy rendes la pareille à ceux qui
deuons fupporter ceux qui n'ont iamais cognu ne font point encores paruenus iufques là, de
ne gouftéla parole de Dieu, & que Hifques à fçauoirq c'tft d'obéir àDieu. Voila pourquoy
•tant que nous les ayonsenfeignez.il nous faut fainft Paul s'eft mis comme celuy qui a efté t-
,vfer de douceur & de patience enuers cux.Voi gnorât & rebelle,quiaefté pouffe Scmené par
■Ja pourvn item.Ornou.s auons à noter la rai- diuerfes concupifcences. Mais on pourroit de
/on qui eil amenée ici, c'tft que nous auons e- mander.fi laintt Paul a efté ou vn paillard, oo
fté incrédules aufsi bien, & de ce temps-la fi vn yurongne . Car quand il parle de ces volu-
-«n euft vfé de trop grande rudefle &; afpreté ptez diuerfes, il compréd en fomme toutes le*
enuers nous, nous ne l'eufsions peu foufFrir: & pouretti aufquelles nous voyons les hommes
«elaJ'ouseuft endurcis pluftoft qu'amendez, eftrefuicts deuant que Dieu les ait réforme»
•Fuis qu'ainfi elt , cognoiflbns que noftre Sei- par fon fainft Efprit.Car nous fçauons qu'il a
gneur nous monftre le moyen que nous de- efté irreprehenfible deuant qu'il fuft attiré à
lions teiîir, fi nous defirons de réduire à falut l'Euargile,* qu'il a mené vne viefi fainâe&
kj poures créatures qui s'en vont ,à Jteidi- fi honnefte, qu'il cftoit réputé comme vn petit
tioD.Et puis il y a la féconde raifon, c'eft que Ange entre les hommes. Si tft-ce maintenant
non feulement nous auoos pour to temps efté qu'ilne confciTe pomt ici par hypocrifie qu'il
HHh.ii.
6iz
ait edé des&auché.Mait nous auôt à noter que
quand l'Efcriturf pirle del'eftat dei iniîde-
les, Icftjuels Dieu n'a point encores regene-
itz par (on faindEfprit, elle mettra beaucoup
de vices : non pas qii'vn chacun en foit enue-
loppé.nc qu'ils apparoilTcnt en tous hommes:
m.us Tvn lera fuiet à rn mal , l'autre à l'autre:
tellement qu'il n'y a celuy qui n'ait lufterai-
fondebailfer La tefte, eftant c.^-.uaincu qu'il
•n'a rien en foy qui ne l'oit poilu. Exemple:
Nouv en verrons qui n'ôntiamiis fentiq c'eft
de Dieu, qui ne feront pas adoniiei à tous vi^
ces. Les vas ue fçauront que c'eft d'ambition,
qui fe contenteront de (implicite & rondeur,
qui ne porteront point enuie aux^rans de ce
monde, ni aax autres , ils les lail^ront là : 8c
cependant l'yn l'cravn liboureur , vn homme
mecbanique, ils mangeront leur pain (anse-
ftrc tourmentez b-'âucoup de nulle côuoitile.
Les autres ne font point pailla rs:les autres fe
ront fobres en leur vie: mais tant y a q fi nous
faifons examen de chacun , nous trouuerons
qu'il n'y a point de bonnefemence.ne de bon
ne racine : & encores qu'ils ayent quelques
belles vertus en apparécc.tout cela n'eft qu'in
fedlion deu.î: Dieu. Et pourquoy? Car le prin
cipaleit pour bien reglei la vie des hommes,
qu'ils cheminent en intégrité de cœur. Et G.
les infidèles s'abftienétde paillardife,ce n'elt
pas qu'ils craignent d'otfenfer Dieu, 8c qu'ils
ayent ce but-la:mais Dieu les preferuc,ilfçait
pourquoy.afin que tout n'aille point en confu
îionau genre humain: mais ce n'eft pas qu'ils
méritent pourtant d'eftre reputez iuftes.
Quoy qu'il en foit, combien que les incrédu-
les ne foyent point entachez de tous vices , 8c
que nous envoyons me fines beaucoup d'en-
ir'eux qui ayent vne vie aflez bien réglée , Se
qui fera bien prifee des hommes , que toutes-
fois en leur coeur il y a vne corruption laquel
le Dieu condamne tellement, que depuis le
plus grand iufques au plus petit ils font tous
ignorans, comme fainû Paul les appelle mal-
aduifez,errans,ac ne fçaucntque c'eft en fom-
mede feruir à Dieu. Et pourtant notons que
fainâ Paul.combien qu'il ne mena ft point vne
▼iedesbordeedu temps qu'il eftoit incrédule
& ennemi de l'Euangile , n'a pas laifle d'eftre
mené de plufieurs delîrs mauuais : comme il
confeflê au fcptiemc chapitre des Romains,
qu'il s'eft tellement prifé , qu'il luy fembloit
bien qu'il eftoit iuftej voire d'autant qu'il
n'auoit point cognu que cefte Loy vouloir
dire, en difant , Tu ne conuoiteras point.
Sainft Paul fe contentoit d'eftre en bonne ré-
putation quant aux hommes, t'eftant abfte-
nude tout crime , &de toutes chofes repre-
benlîbles : mais cependant il n'entroit point
en (i confcience pour fonder Ces vices ca-
chez , il s'aueuglort plaftoft en hypocrifie:
cependant fl eftoit enflé, ftenyuré d'orgueil.
Et voila fur qiioy ilfondoit fa iuftice. Mais
quand il a cognu que la Loy de Dieu n'-çft
SERMON V.
pas feolement font nou» amener 3 mr po*
lice externe .afin que nous ne foyontpoine
condamnez dejs hommes.mait qu'elle doit re-
former toutes nous péfees Si alFcâioni ,& dei
mande vne iuftice Angélique Se parfaite rilori
faind Paul a cognu qu'àuparauiat il n'y a eu
qu'ordure en luy : Se tl confelTe qu'il a quitte
mefines la iuftice delà Loy qui luy fembloit
eftre en luy. Car il appelle la iuftice de la Loy,
non point celle qui eft monftreeen la Loy
de Dieu.mais celle qu'il auoitcuidéauoir,^
de laquelle il eftoit fauirement abbruué. Il a.
falu donc qu'il cftimaft cela comme fiente 8c
ordure : car fans cefte humilité il ne pouuoic
pofleder la, grâce de noftre Seigneur lefuî
Chrift. Et ainii à bon droiÛ il protefte en ce
palFage qu'il a efté comme les autres, du tépf
de fon incrédulité, vn poure homme 8c igno^
rant &abufé , voire 8c mericde concupiicen»
ces diucrfes. Il ett vray qu'il n'eftoit pas dii
rang des dilTolus, que fa vie n'eftoit pas fcan
daleufe.qu'on ne le pouuoit pas attirer en iu-
ftice pour l'accuferde quelque crii'ne:mais ce
pendant il ne laiir>it pas de nourrir beaucoup
d'infcdious cachées. Et c'eft ce qu'il reco-
gnotft ici. Or puis que cefte difficulté eft fo-
lue,renons i recueillir vne bonne doftrine de
ce palTageic'eft qu'ici nous auons comme vne
peinture de ce qui fe trouuera aux homes de-
uantque Dieu les ait illuminez par fon fainft
Efprit , 3c qu'il les ait faits nouuelles créatu-
res, il eft vray que les hommes fe plairont af
ftz:mais c'eft par faute de s'eftrecognus.Car
il eft certain que nous prattiquerions ce pro-
uerbe de nous mcfprifer, fi nous n'eftions ain
fi aueuglezde folle prefomption : mais cha-
cun s'aime tant, que nous en fommes tous ef-
blouis , 8c n'apperceuons pas noftre turpitu-
de. Mais quoy qu'il en foit , voici le fiinti E-
fprit qui donne la fcntence, non pas fur dcuit
ou trois , mais en général fur tous les enfant
d'Adam. Il a défia ici monftré quels nous fom
mes de nature iufques à tant que Dieu nous
ait changez. Et quoy? Fols , en premier lieu'.
Or il eft vray, que ceci ne fe pourra point per
fuader du premier coup:car nous voyonscoiH
mêles hommes cuident eftre fages. Et c'eft le
plus grand enipefchement qui nous deftour-
ne de venir à Dieu que celuy-la.d'autant que
nous ne pouuons pas nous ranger pour eftre
goHuernez felorr fa paTole. Car nous auons
toufîours nosqucftions ; il nous femble qu'il
y a quelque apparence de raifon, que Dieu (fe
doit taire , ou bien qu'il nous doit-quitter la
caufe , comme fi tout eftoit ga^né'de noftre
cofté.Les hommes donc auront roufiours. ce-
fte folle opinion de fagcfl'e: mais que gagin».
rons-nous, veu que le Ùini\ Efpritnoiisa iii
donné fon arrefl irreuocable , c'eft que no;jj
■fommes tous fols.iiifqiies à t.ît que Dieu nous
ait iMi/mincz? Il efVvray que nous n'ay>cfeii-
iioHsf <>intcela:inais l'Éfcrituredit qiit Dw?u
a cognu toutes les peuples des (hgcs.Et qu'en
dit-ii
SVR, L'EMST-^iit 7ITE.
c.j
dit-il «près fcj)auoir,cogtm«s?Ce^'eft qyani -
té Se menfonge. Et f*xi& ngus auoDs4)ÇM< cho"
fe$â noter en ce paflige.Bn premier lieu.co-
gflotiTons que*'»! y* vne.ftuUgoUttede bon
oc iatelligence & droite en'nous,<}iië cela elï
vfi doa Ipecul du f^ùù ^rptit . & que nojt»
n'en pouuons pas attribuer ia.louange à nous,
fi aaus ne voulons eftre facnleges, rauJlFans il,
Dieiiccqut luy appafrtient. Puis qu'amll ^,.
ou'eft-ccfdafranc-axbitré, qui e/lMntraagrti
6éeat>e.leS;Papifles,f Car quandilieft parlé
du frajOCr-arbitrc , ils entendent, la rai(bnque
les hommes ont d'eftre 6 prudentipour ehoi-»
£r Iebi«Dw&i fuirje mal. Or à ruppolite.voiqË
Dieu qui declare.quciulquetitant qu'il nous
«ic fait profiter en fon elcholc , nous Cotimes
fols, VDire ceux qui ctudent eflre les plus/a-
ges.Et ainli , roila toute cefte folle outrecui-
dance abbi«ue, qu'il faut que les homnws Cor.
gnoilTent que iulques à tant que Diçu lésait
appelez à li yetitCkquMs fgmt vuides deooute
raifon Se prudence. Yoila pourvn item.Oric*-.
pendant nous auonsaafsi à noter qu'il n'y a;
autre moyen de cheminer droit, Iluoa de oous!
defpouiUer de toutes nos phancalîes.Et pour
quoyfNous cuidcrons bien faire: maiscepen-
dant Dieu prononce que nous fommes lois.
Etainfi ne nous abufons plus en nos deuotiôs
(qu'on appelle) pour dire, 11 me femble;que
cela eft lultc. Car quand nous aurons fatisfait
3UZ hommes, Dieu ne fe contentera. point
pourtant. Voila (di-ie)Ia féconde raii'on qu'il
nous faut recueillir de ce paflage , c]eft de ne
nous plus Her à nos{>hanta(îes,mais cheminer
félon que Dieu l'ordonne, fçachans quetout
ce que nous cuidons eftre beau , & qui ba ap-
parence de fagefle Se raifon, ne fera que folie
'& menfangp deuant Diea. Or lainâ Paulad-
ibuAe q toux font rebelles: voire.ou onteftc;
■omme quand li dit que tous font fols . il dit
aufs'i bien rebellés : & c'eft pour dégrader du
tout leshomracs,monftrantqu'iln'y aeneux
que tout mai. Ils défaillent en prudence 'Se
puis encores qu'ils cognuflcnt le bien, Se que
ils eu(Tentdifcretion,lieft-ce qu'ils font per-
tiers Se malins. Se qu'ils cheminent au rebours
decc à quoyDieu les voudra conduire.Nous
ne fQinmcs donc pas feulement corrompus en
nos efprSts pour eftre aueugles , mais en tous
nosappetis nous auoDs vne inclination maur
uaife , que nous alloiis tout 'à l'oppoiitedece
que .Dieu aura commandé. Q^e refte-il plus?
Allons maintenant pnfernoftre franc-arbi-
tre,& nos vertus: mais nous voyôs qu'en tout
6e par tout Dieu nous reprouue. iniques à tant
qu'il nous ait changez. Or ileftvrayquecC'-
fte rébellion n'apparoill point toufiours : les
h,ommcs feroht la chatemité: qui plusett, ils
fecontrefunt, tellement qu'ils pourront eftre
prifez du monde : &-mefmesii Icur.femblera
qu'ils font bien deuots-eniiers Dieu. Voirc,
mais ils ne font que s'abufer , iufques à ce que
ils ayent ce nouueau cœur duquel patient les
PrppJKtfF.Orce feeott cbofe fupçriltiie que
Dkai »o\is ^onmllvaxceur noiitieaM, fi ie oa-
ftrc «ftait ditita bon. Et ainfi cagnettroiis- q^e■.
ii/q4K^,»)ce qii«Dieu Ijt change,& quMlc rc-;
nouuellj; 4u,tout , qu'auparauant iliryaeu.
qui: malice. Yoila donc comme noue deuoat
eAtieabbatus, Se chercher en Dieu le bien qui.
luy e(lattribué,afinquenos vicet ncfe oour-
rtdènt point parivne vaine outrecuidance &
prefomptton.Orfaui^ Pauladiouûe.çn foni-
meiqu'ils font . efgarez ov abufex , ç^cR à dire
pouresaueuglec , iufques j t4ut que Dieu les
aitmis^ii chemin de faJut.Qr quand il dit ce-
livG^e&pour retranc^her. toutes cet vaincs pMt
fces'Bc fagefle où lés hommes fc glorifient,
Ho.comment? faut-il que ie foyc «inCcon-
dacnoé? ic ne trouue point la raifô pourquoy.
Sainâ Paul dit,£t bien.s'il y en a qui fc plai-
feQt.iis ne llilTent point d'eftre reprouucz éc
Dieu.Et pourquoy?Ils s'âbufi.nt.Orc'cft co-;
rac s'iltedoubloit la condamnation qu'il met
toit atiparïMiit ', quand il nous a appelez tous
fols. Ns>ftfe folie donc çft double quand elle
n^f««ognoift point,& que nous n'en voulons
point eftre conuaincus pournous en corriger.
Etainfi que ceux aufquels Dieu aura fait la
grâce de les réduire, entendent que s'il ya y-
ne goutte de bien & de vertu en eux , ils ne le
ont point apporté du ventre de leur mère, que
ce n'eft point vn héritage qu'ils ayent delà
cliair ne du fang,mais que c'eft vndon fpecial ,
«le. Dieu. Touchant des concupifcenccs3(To-,
liiptez diuerfes , notons que fainâ Paul n'a
point mis feulement pluiïeursconcupifceiices
Se voluptez, mais il dit qu'elles font diuerfes.
Et pouiquoyîD'autant que nous fommes agi-
tez de pafsions qui femblent tllre comme in-
compatiblet. Exemple : Voila vn homme qui,
fera & auaricieux , Se paillard ,&yurong.ne.-
Comment cela fe pourra-il accorder? Car ce
font des vicfcs qui bataillent l'vn contre l'au-
tre. Vn homme eftantaddoQné à,raiiarice,fe
youdroit quafî laiflêr mourir de faim : il luy
femble que ce qu'il mige,roit perdu, il le vou-
droit retirer de fes boyaux s'il eftoit pofsi-
ble. Et cependant s'il eft addonné à pailUrdi-
fe,il ne fe fouciera de defpendre , moyeiiraiu
qu'il fatisface à ù cupidité desboràet.Autaiit
en eft-il d'vn ambitieux , ou J'vn yurongnei
qu'il feralàenuelippéen faturpitude,& n'au-
ra efgardà rien, non plus xjii'vne btfte brute.
Voila donc des vices qui auront bien telle di-
uerlîté ou répugnance , qu'il femble qu'ils ne
s'accordent non plus que le feu & rcau:& tou
tesfois on en trouuera aufquels touccs ces
pafsions dominent , combien qu'elles foycnt
ainli diuerfes. Voila donc ce quefanid Paul a
voulu noter en ce paflàge.difant que non feu-
lement chacun de nous fera enueloppé en
Quelque vice, riiiii.s que nous aurons des cupi-
itez conti'ariantbs J'vne.i l'autre, oui conibs-
tront toutes contré Dieav& ne la flerôt point
Coutesfuis defeietter d'vncofté & d'autre:
HHh.iii.
$14
3 71 sFRMOî^- Xv.r. '
cônj*»* 'qJ^»n3 '^ y * cwlelque tem'prtté ftt U
roeryndUsiftoyiofts les âots'^ms'eirttféh^ïtét:
aiûfi entft'-tld* nos cupiditez.Orléi iAslVioif-
foris quelle hîifere c'eft' j'qu^rtOp ftiAeïWtîi*
le diable ndui tient en fenr^ude |»oUrtno»H '
tranfpoîtér i tour mal , mai^ qu'il fe-iUie de»
nous , commefînous eftions dés fîrtg«s, 'qu'il -
n'y ait nulle a ttrempance ne modeftic,& qu'il
nous face non feulement f jrtir hors de nous
pour nous mettre en vn combat /mais qu'il y,
ait vne coiîfufiofljioïrible.qùe nousipbrdons
ennosahiesA eh nos corps comme vn abyf-:
me d'enfer.~Quad donc nous fentos ee«bouil
lôhs ■& mefchantes cupidint qui «V^uen»
aiofî àl'oppofite l'vne de Pautre.cagnioiÛonï
quelle eft_noftremifcre,iufques à tît que Dieu'
nous ait regarder en fa mifericorde infinie,
pour nous ramènera foy. Et que cependant
nous retenions ce q«i nous a eftc dit, qu'ici S.
Paul ne parle point d'vn feul homme, maii eh
gênerai de la nature humaine. Or il met en la
&n,(^ils elioynt tiieuxjehayjfaniiet vnsies
mures , plein) i'cnm* & de malice. Ceci tie fe
verra point à l'oeil en tous ceux qui font en^i
cores aliénez de Dieu & de faparole:mais tSt
y a que la racine eft toufiours en nous.iufquet
a tant que Dieu nous en ait purgez. Et qu'ain-
fi fou, dont procède la vraye amour que nous
auons auec nos prochains? N'cft-ce pas de la
cognoiflance que nous àiiôs que Dieu nous ei\
Père ? & pourtant qu'il faut que nous foyons
contointi&vnis les vn^auec lesautresfCcux
donc qui aurowt tourné ledos à Dieu.n'aurôt
garde de s'entr'^aimer. Et mefmes les Payens
ont bien veu cela,ccux(di-ie)qui ont regardé
plusaigu.c'eft afçauoir qn'vn chacun efladon
né à s'aimer. Voila (di-ie) vne maladie com-
mune , Si de laquelle tous font entachez , iuf-
ques à tant que Dieu les en guarifletc'eftque
vn chacun fe plaift, chacun s'aime. Or qu'em-
porte l'amour de nous-mefines ? haine d'au-
truy.Car fi ie m'arme, ie demâderay mon pro
fit, & il faudra que ie face tort à l'vn , iniure à
l'autre. Et puis , ceux qui fe plaifent ainfi en
♦uT-mefmej il faut qu'ils foyent enuenimcz
d'orgueil pour ne tenir conte de leurs pro-
chain»:.Car ils eftimét qu'il n'y a ne vertu, ne
fagelTe.ne chofe louable iînon en eux. Et ainfi
dotons bien que non tans caufe fainû Paul at-
tribue à ceux qui fe contentent ainfi de leurs
perfonnes , qu'ils font dignes d'eftre hays,
d'autant qu'ils font pleins de malice Std'en-^
■ie. Voulons-nous donc auoir charité & ron-
deur en nou^, pour ne machiner nul mal a nos
prochains ? Il faut en premier lieu,que nolhe
Seigneur nous reforme par fon fainftEfprit.
Et puis, voulons-nous eftreputsd'cnuie? Ad-
uifonsde regardera Dieui. Car.il faut qn'il
Bous ait regardez deuant toutes ebofcs:com-
C#i.4.i>. me fainfl Paul le déclare en l'autre paflage,
Vous auez cognu Dieu, ou pluftoft(dit-il)vo*
auez «rté cognus de luy : tellement que iauiais
au] nes'adaancera,& ne pourra approcher de
Diel^,<îhéi1l■^l«Dleu1*rpreïM>nedVn^î(^4Bpé''
gratuifé.'fit atnfiretdnbnsiqliand nousfom-:
mê«;plelh«'ii?cnoie"& de «nal(ce,que ncms'f«mt ■
mes<a7|nesd'^ftVeJiays,- 3t qùit ntjus hayion»^
nos firochains i ittfquts à taint'qxie nqliieSei» '
gfliîUr tious-aiiattiiéx à tuy. Voila comme no»--
arme? font blafonnees,afih que (ous apprjenét
de s'humilltr ik u.mt Dieu , & Confeltèr qu'il,
faut bien'qiie Cieuvft d'vpe giaudc,metti,&
d'vnc 'ihifeiitorde. intft.mabïe entiers noiif(>
quand lil Iny otaift de nôuriilunliner.. Garent
Quelle Condition nous crobue-iltfînbnâmoni
finîmes plçinetneiii contraires à luy.fl: à toxx
bien? C'eft cf que Ainft P^aul aicKdeclatéei*
premier Ijeu. Or il adiûufte que quand il» bon-
té deDicuefVapparue,& fon amour enuers les
hommej,qu'il noKs a fâuuez, non point feloi»
les Œuures que nous eufsions faites. Car quel*
les font nos iufticeSjfinon celles que Dieu met
en noui par fon fainô Efpruîll n?y a donc fi»
non fa pure grâce qui reluit ici : Se il faut que
tout Ce que les hommes pourront amener de
leur cofté foit misa néant. C'eft la raifon par
laquelle fainû Paul nous veut induire àeftre
patiens, &à fiipporter doucement & en toute
humanité' les vices & les imperfeÛions qui
font en nos prochains, & fur tout en ceux que
Dieu n'a point encores illuminez en la foy de
fon Euangile. Or cependant , fi nous l^iut-il'
recueillir des mots de fainft Paul vne doélri-
ne generale:c'eft que la fouice & lecommen
cernent de noftre falutelt la pure bonté des
Dieu. Quand iedi la pure bonté , c'ell pour
exclure tout ce que les hommes imaginent
auoir de bien. Il eft vray que les plus igno-^
rans confcfleroDt ( comme ils y font con-
traints) fi Dieu n'vfoit cnuers nousdemife-'
ricorde, que nous ferions tous abyfmeE Si per
dus:roais cependant ils ne lailTent pas toutef»
fois de s'attribuer quelque veïtu, en forte que
ils ne veulent point tjoitterà Dieu toute ilou»
ange.mais ils en rcfaxiieni quelque portion à
eux. Voila vn erreur qui toufiours a regné«n
ce monde. Et auiouid'huy il eft encore com-
mun entre les Turcs , entre les luifs & les
Papiftes : c'eft vn article de leur foy, c'eft
al'çauoir que les hommes ne pourront pas par
uenir à falut.finon qu'ils y foyent aidez parla
mifericorde de Dieu: mais cependant fi-.ne
lailTent ils pas d'auoir ceftc fauile opinion , 3c
diabolique, qu'il nous faut venir en concur-
rence, c'eft à dire , qu'il nous faut befongner
de noftre cofté , & que nous femmes comme
compagnons de Dieu : & fur cela ils imagi-
nent des préparations. Entre les Papiftes on
dira que les hommes ne ptuuent mériter, iuf-
ques à tant que Dieu lésait preuenus : voi-
re mériter de dignité égale. Et pourquoyf
Car il faut bien que Dieu commence , di-
ront-ils : mais fi eft-ce que nous auons de
bons principes ennous',& de bons mouue-
mens. Vn homme ne pourra vouloir le bien,
d'autant qu'il lia dci'u fon coeur infcAé:
nuii
s VR L'EPIST. ATITE.
<riç
mtls (i pourr»-iJ,?P(>oFter fon yottlQiir',pour
bien faire: çncgre; qu'il n'ait point vjie affe-
ûipn ferm«,fipouiT.-i-ilauoirie nefçay cjuoy
<ic bon.yoire de foy-roefmc,pour dirc.Ie voli
<lrpyeawpi,iivnet5onn« volonté. Voila que les
PapilUt imaginent. Aucanceneft-il des ljji£f,
^ de tout leurs feinblables. Orap contraire,
Toici Dieu qui pronohce qu'il n'y a nulle œu
urc qui yipne en conte, quand il luy plâiftd*
ngusàpp^litr, & vferdç la purcmùejrtcordfl.
Sainte fa^il ne; dit point qUQ nos écumes nous
e)]0èric peu profiter , ajqii'il.falott que Dk{i
,iuppk4lè feulement à n«Rre.d«fauc : iln'y jra
paiainlî aucc vHtel.par^agçtearce'feroit det-
ifP}\tilef, Pieu d?M>e partie dc.fa louange: les
:Komme^j?e Ce peutiçut attribuer tant peu que
ff foit ,que Die^ine Toit amoindri d'autant.
Or lâinâ Paul coupe broche à coufcela., &
dit que c^n'^ôippint par oosiosuures'JEtcom
flieqt 4<*n«? félon fa unifericflrde.- Etcxû dfin
■de mieHiiaobatre toutç preforaptionL' Udit,
httcftUUfftt <}ttt nous tttfiÎMti fai tvs.f.itte mot
il:t)out.;;a,n>enËsà.penrer comme Dieu tK nolis
peut.^fit'ifc re4^uable,voire attédu>)u'il:a défia
prononcé que nous fomincs&iblt:i&, rebel-
les, & abufer, & pleins de mauuaisdeiîrs, que
le diable nous poflede en telle forte qu'il n'y
aentiouc que feruitude de peché'& de m^i
QjJe'pouuons-nous mériter? qu'eft-ce que
nous apporton? là deflïïsà'DieiSpiîur l'obli-
ger enuers nousfOrcepédant fainft Paul pic-
^^uejciIa.'foué'^ypocrilÎQde^)^a|^pe$,ren la
quelle ' ils s'esBlouiflent quanrf ils s'attribuéf
quelque louange de bien. Orquieft caufede.
çela.lînon qu'ils ne fe regardent point?Côme
aufoùrd'hiiv les doreurs de la Paj^autéprefi
xherQntaflèz l(?ur franc-^rbitrc,& leurs-bpn-
«es\>Vep)ri*ti&As, & ieiirs h»ierite$."Êt;qul elT
câufe de tout cela?Ce font des mocqueurs qui
jamais n'onj entré en leur côfciéce. Voila vn.
"^ilw.puitprjva yurôgne confit.eo~touBSs for
tes de mauT ,t1 pourra prefcher de toutes les
vertus & cardinales , & théologales : mais ia-
rosis nçs'eftadiçwrnédeuîi Dieu, pour dite,
QJiî-rtif{-te?4u'èfticè-qUt de mbyfAfnriTaih'ft
Paul fe mocque ici de ce que les hommes s'a-
ueuglent àleur efcient , ou qu'ils ferment les
yeux afiryde ,ne poiijCj veoir leur, turpjtudç.
Baais ceoedant 'nouV'foçTiriét atlmonéJTèï que
quand cbAcun aura regarde a fov .Viouspoa-
lions eltrenriïïdges^our nou$,cqri^amncr eh
tout &jpa>' tout,', 8ç qu^i'n'cft plus quen?ign"4c
nous refèrueryt^-|féul grain de louange'. €i^r
il efl dit que ce n'eft point par nos propres
ocuuresque nous ëufsions faitq^.Et puis il ad
ioi'fte , ï» iuJUce :cpmmç \M difoit , Quand
les hommes fç glorifient d'auoir fait g^ielque
bîeii , c'tft qu'ils ne"vienent point à là balanr
ce de Ijieu : car nous cui^erons que vice foit
vertu foiiuentesfois. Mais' regardons ceqiie
pieu en prononce.^ car'ifn'y a que ce lugé-
la qui foit compétent', St'à'la f<;ntencè'duqucl
il fe faut arrefter. O* i^fel^ dît que tufticc,
cJdl l'obeiflànccqui- fer» reaiat à fâ Loy;
c'efti(di-te) qu'en tout>&parjtoBt nous coa«. •■
fiormioai noftrevie àceique Dieu nous com>
iniandc.Yoila quelleeftia iufti<e qu'il apptou
,àc- lOr venons maintenant à ce qui nous ell
dpclaiéx'eft afçauoir que Dieu ne veut point
que nous.chpninions feulement- dcuant les
hommes en. intégrité pour eftreirreprehen-
fibles,roais.qiw nous, foyôs purs Se nets de tou
-te,ûiauuaifej»ffcéboni. jEtflujjJuracela? Nous
«byoni 'donc iquciie'jnotsi'cft point fiiperflu,
-dtiaijdl^aâ:Pàt(l:^tlê.des-«c(iiires qui font
'eniiiAicep comme t'ildifoittfUe les homme»
s'endormeiit par troptquand ilscuident auoir
«rqtielqtwfeciu poux obliger Dieu.afin qu'il
Jesairiraftà fo^- voira ,: d'autant que iamais
jrforitbieniceuinegouftéquec'eftde la vraye
inAif'ei' Et pouitàm ijl^môftre que le tout doit
cûf&atiiibu^i k bonté deDieui&à l'amour
qu'il a-pwrteeaux. hbipmier."QuialiTdil met U
bonté CD :pi rentre il lii^„'«'bft pèureïprimer
(jue nous ïbmnte^ duicnkis dcDieu ,:iufques
-i tant qu'ilv feîenuers nbùsjdfe ûmifericsprde
.gratuite, lljdïvtiy qurnoqsiudns «(té' nt-
chetez par le fang de noftre Seigneur leftt
Chrift , d'autant que Dieu ne l'a point efpar-
gné,à caufe de l'amour qu'il nous portoit :ain
fi qu'il en eftpàfléau tîoi(ïemt,ch.ap 4ç fainft
lehan, Dieu a tant aimé le monde, qu'il a ei-
fotéi la'miort fon-Çili vnique pour lefalut
des poures pécheurs. Mais cependant fi faut'
^ ii.)^')e;npiMtfi^gn'pl(i^iiésce{Vî*iJ«Ôur élite gra
''^tuitè. Car ( cpmme délia il^efté toucné) les
*iidmjfies;«Jbfciirciflént la gloire de Diéuçïir
■ leur ingratitude tapt qu'il leureft pofsible:*
■ 'qiiândmontconfqflc qùefans'que Dieu le«
, eiiflaijneî.iU c&jyét p'ec4(is,ils o'emid^nt là
QtUus.Et pourquoy tft-ce qu il nq' a airaei?
Pource qu'il a trouué. quelque blçn en pç^:
ençores^ue n^us re,fup.ioiîs"pas dignei,-!! eft
xei]ili? nbù^W^AiËni^às reiettez Ci fort, en-
cores ^ue nous n'eufsions d.equoy- eftre ap-
pelez àfoy.Or donc.afin qlié lèshôméSloy-
, entdefpouilleï^ettHj'te vaine preforoption,
"&J qu'ils foyent pleinement aneantiis çn euj,
non^çulcmept fainô Paul di,tqueçequVnons
auons eftc rachetez, c'a efté pour iSimour de
m
mbien
cpra-
qi^e nj)i|^iursio;is^ ^ojjt|Pip;fe5ans& dc_
'uez)que.nous luy.ei^^sjps fait')34;uerre,& que
nous eiifsions mérite qu'âufstïjpfe monAraft
ennemi enuers novijy ijf çnxiemjimortel. Voila
cç' que nous auons à ijetçqir de.ce païïàge.p;'
ce ^ue /âinô Paul çip/ii^e nje fe_ pçi^t j plainte
naiit déclarer , c'^ll'qiJ(^céJt.ç,f^jnour'je Dieu
p'^^ M"? *PP*r"«!' <^"Jifffi'^i'!^iqH^4 lefqf
faits paiticipans de ce bien inertimable:com't
■'-■■■■ ■ HHh.'iiii. ■
«15
jne auioiird'huy ix bonté A ratfi'oui'dË Dieu
nous apparoiû',quaDd il iiijr-^pLiifl de dous at-
tirer àlbn tioupe^u,&;'nous recueillir de cé^
lie horrible difsipatiiaitxiù nons/ eition^ yafin
-^u'efcans en fa mairDiiJ& endbn Egiife ,)ncn>s
foyons alTeureZ'de Piieritage qui nbus ellap-
prefté au ciel. Voiladonc ceqtiencmsauops
encore: à retenir, après auoircognu labontë
gratuite > ou l'amour patectieile de noftre
Diea , qui procède de bonté ^ que nous fça»-
chiôs qu'il nous.la manifeûeaDiourdi'bcry.iBt
pourquoy? Qwndrfio^gilélrtoutJefbprep-
ché.ce nous eft comme.v'ne iatnpe qui nbuseT
claire,afin que nous cogiret^sio;nsoe quiflols
tcfioit caché S>L]paraliaat.^jC4riafques^ ce que
nous ayons CDgDoiJànce de labonne-^otlonU
té de Dieu,:nous fommesfomineleniiedshcan
teilebres:niais fi eft-ce que.Dteu nouscâitant
beain & JiâmairfA]ue là noiis cogndclIbBsqa'il
4pprocliedaiifdus<-^qu'rlnatty.vCTi*<çKib^ar'-
■iier canmmrc^ ehi'ain$,iqii'iiL iratini^ ^t tellé-
■imeat<{\iC'iàsàsjaa deucms poincikxiten quîil
-fie pfbcuieaoilbc £diit quand il nous addref-
»ie fa'^arole,'& «pienous atfouscehuude de £i
T ÎÏSERM OK' X VR
i'wetite.
;2 sifion
;.r;0
-'iî'Is: f XI.' >i(p ir.î->!ie')ï,
1.1.. >■■ ■:'ji .'o;- '■ '■!'■ ■■yonu'. ih Ajt.
-y isli'i p.sijaotn ->i •)■■■; 3'i",3 )i u-.'i , ■ ■•:
•Jut'j ri JfitL.u ■;•<•. ' j,M.. rfijtlj >:; ■ j
€) il'4ioas-nous;prdf}ér}iefon» dtfuant'b
raaieAé'de' nôftra bon pietf en 'eognoiflaiice
de iJosfautes",iôiprias qu'il ticjuslés ïace tel»
iement Tentir, 'qu'v^ tiiâicuri dtf noiisappi^éi*
ntis'y mieux" dcfplaire. EtqWe'oe r»e (bit
point reulenien't pour ^aflfèr coiidamikatioh
.de bouche , -niais qu'en toute noftre vie nous
ayons regrctde la malice qui eùeti lioits : 0c
i^ue nous fentiôs que le bien que^eu y a mis
.nfeftpointàcaofd dé noftre iu*(teé; ne que
'.oonrl?a:ycais acquis, mais qû'il*ôus k donne
iparfa pure libcr'alité-, afih'que nous hiy en
ocndibns graceic. £i «jue de plus éA plus nous
nous addôniont à Igy.le.priâtis qu'il pôurfui-
ue fon cEuure , iufques àcc qu'il l'ait amentë
àTa petfeûion.Et que cependant nouscortuér
.fions tellement les vns auec4es autres , qé'fii
chacun'tende la main ifpn prochain , &que
noDsillionstous àce bon Di»i , voire d vu
tel ircord,qiie nous ne ¥agut'ob^ ^lus cotnnie
les pburesincredulç;,mai» que declitan^'que
<nousibHi<ne«.enfatr!râe-clairté;'H,o(n'Je'mo(iw
ftr ions aufsi biea 'par eïFeft. Qoe noB'ftùle-
.mehf il aqtis facecefte grace,<niait à tous peH
-pies & nations de la terre. .ipaj-rrMi j
.Il
SERMQN S VR LE,
C H;A P:l'iT;R.£. ihr .Tif jT^qqr. îuon
cnuer/hshommcSiejiaf>parue,ilnousaJàuuez' '^ ' ' ' r
'Non point par œuùrcs de iufliçe que nous ayons faites, mais Je
lonffmfeiricordty^^iel^f^nt d^e Xf^^nemm^. îCnMçllçnfcpj;
.nr<^<-'f'i Lequel -itaeipandu abondamment en nous, par lefus Chrifi
ItOjtre^aUUeUTr-, f -t-i,[. ■,0.-,-^\ l i^\:r -w Mir.-? ; î5li-r>l'.3Hi *, ;5li.nil>itt> iSîm < >v
fperancede \ieeterndlk^-^-'
i':Oujiid<5i?^affii'e^^ôl^^ar
^: cTa'e\ÎS/;&kirti» nu/irtl'aûl
en'Ve |.Wf^è'àttrib=ûeVô'H(-
Itéîi/apa'.inoiVrè'ftfàV^à
la'jivif ^orttç' débieu'.àîm
qvife {JoHS 3{)prenions de re-
co^?ioiftre en toute huniili
le que cVft 'dejluy''qùè n'ôus tenons tbut , &
que nol ne fe'^loi'mipllis ien foy. Pour cefté
èaiife Ua'é)fcluVbàt«iqU'elcs hoin/nes Vma-
■^■. i'jiui-ciji/iiLa? j;..?jii-.i ■ •"-■■•
! >'nr.nu^ rii'.ip iif
i;iSi"jl-j
U'p: <;i ..l l:;4'l
toutes
cè^'téjiSc que noiîs luy'lp5nmesagfeaMes. î>ïo
l'os bien donc que cidtflus/âinff Paul a mon
flré la foutre de noftre ^lùt.c'cft ccfte amour
- ' .Car ii nous faut toùf
ïginen^ dëinëHt'è'tee\i*,difant que nous Jl'a-
toqs Hftrlldfe^'éÉyÀi'^s.poiir bbligejtiicUiej;
«ers noui ; iî«is'^afc|^ous auons iuftice quand
il luy .plaift afaiôi ac(;epter pair fàfnilçricor^e
|ratiiitç. C);r(J-iii'ntenant fainia Pauladipu'ft.e
c moyen: c'eû afjauoir que Dieu a efpandii
qiie Dieu nous a portée. Ca
loujrs venir là , quand. n'ous.youloris fjauoir
dont twoctde que hbus'àyôns efté retire! de
T..r.r..-Î. •,.,-, ':.i.'i'V'5':'.'ir.
fc
Ta.^nalediaion'th'laquel'Ie nous fomnies de
'nâture.Mais çepeiidant.poiirçe qu'il y.a lon-
gue Sjlance entre tjieu & nous, fi faut-il «juje
le rn^yèii nb* Ipit^.pjiopo'fe.pàr lequel il nous
foit plus facile d'apprpcher . Or ce moyen
e/i noftre Scignéut le fus Chïift , auec toute»
les
s V R L' E P I s T. A T I T E. ^17
lesgracesdeffuirâinaEfprit.Etc'cftceque Dieu : car ileftla fontaine de toafepnret*^
maintenant nous au5s à traitter. Mais il nous Et ainfi donc, puis qu'en noïis il n'y i ^ue toa
faut toufiours retenir ccfte vnion de la caufe te ordare.il faut bien que Dieu nous foif e»-
principale auec ce qui eft ici adiouAé , c'eft a- nemi : comment pourrons-nous maintenanc
fçauoir que non fLuiemcnt il nous a aimez, acquérir quelque grâce deuant luy parnoftre
mais aufsi il no' a déclaré fon amour, & nous dignitéPllfaut donc conclure qae les hommes
a monftré comment nous y pourrons parue- font plus qu'infenfez & enragez quand ils s'o
rir,& comme nous pourrons iouir du falut le fent attribuer lien qui foit en leur falut,& que
quel il nous prefente. Or il ell dit notament, ils ne cognoiffent point cefte pure'grace & in
(iu'iUeffandtifur mus le Uuement de ngene- finie.de laquelle fainft Paul nous parle ici.Or
ration er renouuellement du fuinii Effrif.vohe après ce mot de lauement, il adioufte que c'eft
& le tout par nnflre Seigneur Ufia C/jn/î. Il eft (<i régénérât io„,&rfn~ituellement du fainfl E-
bien vray que quand nous voudrons trouuer fprît.ll n'y a nulle doute que faind Paul n'ait
le m»yen de noftre falut.il nous faut commen ici regardé au Baptefitie , & qu'il ne nous ait
cer par le Fils de Dieu. Car c'eft celuy qui voulu comme en vn miroir vifibte propofer
BOUS a reconciliez à Dieu fon Père , c'eft ce- cefte doftrinc. Car auûi d'autant que noiis
luy qui nous a lauez par fon fang, c'eft celuy fommes nides , Dieu ne s'eft point contenté
qui no' a acquis iuftice par fon obeifsace, c'eft de nous teftifier par l'Euangile que nous font
celuy qui eft noftre Aduocat, & par lequel au mes lauez & nettoyez au fang de noftre Sei-
iourd'huy nous troouôs gracex'tft celuy qui gneur lefus Chrift , mais il nous a donné vne
nous a apporté le fainû Efprit, c'eft celuy qui figure de cela , que quand nous auons efté ba-
nous a acquis l'adoption par laquelle nous
fommes faits enfans & héritiers de Dieu. No-
tons bien donc qu'il nous faut chercher tou-
tes les parties de noftre falut en lefus Chrift:
car nous n'en tiouuerôs point vne feule goût
te ailleurs. Mais fainft Paul ne s'eft point ar
ptifez, c'a efté comme fi Dieu nous auoit mon
ftré à l'œil, que quand nous venons à luy, nous
n'apportons finon toute pollution, & que fon
office eft de nous purger. Il nous monftré
donc cela. Et pourtant fainû Paul au lieu de
dire que nos péchez nous font pardonnez , &
refté à l'ordre, comme fi ce lauement duquel que la vie nous eft offerte, il dit que Dieu a
il parlCjeftoit fuperieur : mais ici il eft feule- efpandu fur nous vn lauement . Et ainfi nou»
ment queftionde monftrer d'vne façon pri- voyons qu'il nous ramena à noftre Baptefme,
uee aux hommes, comment c'eft qu'ils pour- à caufe qu'il nous eft plus aifé de contempler
ront eftre conioints à Dieu , & eftre partiel- là cefte grâce de laquelle il eft ici parlé. Or ce
pans du falut qui leur procède de cefte amour pendant il nous nlonftreque ce laucment-la
gratuite de laquelle il eft parlé. Car nous co- ne confifte point en l'eau vifible. Car que fe—
gnoiflbns quelle eft noftre rudefle,tellcment roit-ce que nos âmes fuflent purgées par vn
qu'il faut que Dieu defcende pour nous faire élément terrcftre,& qui eft corruptible?L'eaa
cognoiftre ce qui autrement nous feroit câ- donc n'a point cefte vertu. Mais cependant iî
ché:comme tout ce qui appartient à noftre fa noiis faut-il àcauféde noftre infirmité , com-
lut furmonte noftre capacité, & nous ne pour mencer par l'eau , afin que nous foyons eh"
rions pas monter fi haut pour le comprendre, uez plus haut. Or ie di qu'il nous faut corn—
Voila donc des fecrets qui nous font incom- mencer par l'eau , mais non pas nous y arre-
prehenfibles,&me('mes cenouseft comme vn fter:carce figne qui nous eft prefente deuant
langage incognu,quâd on nous parledu roy- les yeux eft pour nous renuoyer au fainft E-
aume fpirituel de Dieu. Voila pourquoy S. fprit , afin que nous cognoifsiôns que c'eft de
Paul ici quafi nous mafche les morceaux , afin là que procède la vertu du Baptefme. Et pouf
qu'il nous foit plus aifé de côprendre en fom cefte caufe , combien qu'il vfe de la fimilitude
me ce qu'il nous a enfeigné. Il dit donc que telle que i'ay dite , fi cft-ce qu'il monûre que-
Dieu pour nous fauuer a efpandu fur nous vn noftre fiance ne doit point là eftre attachée,
lauementrcommes'ildifoit que (le noftre na- mai"; que nous deuons attribuer au fainû E-
turenous fommes fouillez & poilus , qu'il n'y fprit toutl'effeft , Se la perfeftion duBaptef-
a en nous que toute ordure & puantife', tel- me. Voila pour vn item. Mais cependant iî
lement que nous fommes exécrables deuant nous monftré quelle grâce du fainft Efprit
Dieti,& faudra qu'il nous tciette & nous def- noiK eft acquife quand nous fommes baptl—
daigne , mefmes qu'il nous repoufle fi loin 7ez,c'eftafçauoir régénération, & renouuel-
que nous foyons bannisde toute efperance. lement. Or cematdeRegeneration, emporte
Voila donc le premier pbinft que fainft Paul que nous foyons rais pour' la féconde forsv
nous a ici déclaré :c'ellafçauoir la pollution non point qu'il nous faille fortirdu ventre de
de laquelle nous fommes tellement fouillez, noftre mère: mais Dieu nous fait nounelles
qu'il faut que Dieu nous ait comme abomina créatures quand il luy plaift d'imprimer for»
blés. Or allons-nous maintenant glorifier, Se image en nous. Car qu'eft-ce que nous appor-
qnand on nous parlera de noftre fa In t, allons- tons eftans enfans d'Adam, finon toute male-
le chercher en nos mérites, veu qu'il faut que di£Mon?Oril faut que Dieu nous charge. Et
tout ce qui eft infeû & fouillé defplaife à ainfi , afin que noas cognoifsiôns qu'en ûo«b
ffi8
S ERM
il n'y â que milice , que nous fommes du tout
peruers , & que cC^u'on appelle raifon, n'eft
que folie,c« qu'on appelle frânc-arbitre,n'eft
qu'vne feruitude nuudite de péché: afin donc
que nouscognoifsions cela pour nous côdara
ncr du tout,il eit dit qu'il faut que nous foy-
ont comme refondus & changez. Voila qu'em
porte ce mot de Régénération. Saind Paul
Ta expofé , en difant qu'il y a vne nouucauté
en nous: comme aul'si l'Efcritureen parle •. &
c'eft vn lâgage aflez commun, qu'il nous faut
eilrenouueaux hommes. En quoy il eftiîgni-
fté que iufques à tant que nous ayons renon-
cé à ce qui eft de noftrt père Adam , qu'il n'y
aura en nous que rébellion contre Dieu, raali
ce Se hypocrilîe,&mefchatescupidite2:brief,
c'eft vnabyfme detout mal que la nature des
liommes, amlî qu'elle eft corrompue, iufques
à tantque Dicii y ait mis la main pour y re-
médier. Or cependant fiinâ Paul adiourte,
que tout cela fe £ace par noftrc Seigneur le-
fus Chrift. Car (comme défia nous auons dé-
claré) comment nousappartiendroit l'Efprit
de Dieu, fi ce n'eftoit qu'il nous fuft don-
né par celuy qui en a en foy toute plénitude?
Ainfi cognoiffons que pour eftre laiiez: il no*
faut eftre nouuelles créatures: brief,que nous
n'auons rien qui foit appartenant à noftre fa-
lut, qu'il ne nous foit donné par le moyen de
noûre Seigneur lefus Chrift, & en d perfon-
ne. Conclufion , quand il eft queftion de no-
ftre falut,il nous faut touûours auoir ceci re-
folu, que nous cftions péris & defefperez , fî-
non que Dieu euft eu pitié de nous. Que fa
miferîcordedonc foit eftimee le principal, &
comme lifource de noftre falut. Orcepen-
dint cela ne feruiroit point pour nous coafer
mer en vnedroite fiance. Il eft vray que c'e/l
JbienalTez pour glorifier Dieu, & pour faire
que les hommes s'aneantiflènt , quand il leur
eft monftré qu'ils font perdus & ruinez, finon
d'autant que Dieu les reçoit à merci. Ne faut
il pas qu'ils foyent du tout abbatus, & cepen-
dant qu'ils foyeut rauis pour fentir combien
ils font redcuablesi ce Père de mifericorde?
Ainfîcefeul article fuffiroit bien pour humi-
lier les hommes, & pour leur faire recognoi-
ftre la bonté de Dieu: mais cependant nous
ae pourrions point nous appuyer en vne fer-
me fiance , finon que Dieu nous apparuftd'a-
uantage , de que fon amour nous fuft plus fa-
(siliercment declaree.Apprenonsdoncde vc
nir à noftre Seigneur lefus Chrift, lequel a ve
ftu noftre nature,afin que nous ayons familia-
rité auec luy : il eft homme.afin qu'il ne nous
le faille point aller chercher loin. Ainfi donc
«oftre falut nous eft mis en auant quand il eft
queftion de la certitude que nous en deuons
auoir. Il eft vray qu'ilfaut bien que Dieu le
referue toufiours en la mainrcar fi nous en e-
ftions les gardiens , hcLav.'que feroit-ce? mais
combien que Dieu preferue nollre falut , &
qu'il foit excjnpté de tous les dangers de ce
ON X V I.
monde , eftant au ciel, ( comme fainft Pierre
en parle)fi eft-ce neantmoins que nous en a-
nons vn tefraoignage fi familier.qoe c'eft au-
tant comme fi Dieu nous le donnoit toutaf-
feuré. Et comment cela ? d'autant que lefu»
Chrift fe conioint auec nons , !c nous appelle
fes frères. Il nous faut donc là venir , fi nouî
voulons eftre bien fondez en pleine certitu-
de , fi nous roulons inuoquer Dieu fans aucu-
ne doute : fi nous voulons eftre affeurez de
noftre adoption. Se de noftre héritage celefte,
il faut que nous ayons noftre adreflè à lefus
Chrift.Mais cependant notons pour le troifie
me article , que ce n'eft point affez d'auoir le
nom de lefus Chrift:mais il nous faut cognoi
ftre fon office & fa vertu : il nous faut, di-ic
fçauoir pburquoy c'eft que le Père celefte
nous l'a enuoyé , & ce qu'il nous a apporté.
Et pourceftecaufe fainft Paul traitte ici de
ce lauement par lequel nous fommes renou-
uelez , Si. fommes faits nouuelles créatures.
Notés bien donc que lefus Chrift n'eft point
venu vuide des biens qui eftoyent requis pour
le falut /pirituel de nos araes , mais que toute
perfeftion du fainû Efprit luy a elîé donnée,
afin qu'il nous en diftribue à chacun félon fa
portion 3c mefure. Il eft dit que l'Efprit de
Dieu a repofé fur luy,voire l'Efprit de fagef-
fe, l'Efprit de pureté, de difcretion 8c de ver-
tu : brief , il n'y a rien que nous ne tiouuions
en lefus Chrift , quand il eft queftion d'auoir
toutes les parties de la vie éternelle : & aulsi
(comme i'ay dit,que nous ne pouuons appro-
cher de Dieu, finon par le moyen de noftre
Seigneur lefus Chrift : au refte , qu'ayans vn
tel Moyenneur , nous pouuons eltre affeurez
que Dieu nous aime, & qu'il no' aduoue pour
fes enfans. Et fi nous voulons l'çauoir com-
ment cela fe fait , venons àcefte doârinede
fainû Paul , c'eft que noftre Seigneur lefus
nous ayant lauez par fa mort & pafsion , ay>
ant efpandu fon lâng à ceft vfage , que toutes
nos macules foyent nettoyées , afin qu'elles
n'apparoiffent plus deuant Dieu fon Père,
ayant efté crucifié afin d'abolir le péché, S(
nous affranchir de la tyrannie en laquelle
nous eftions détenus , que maintenant par la
grâce & vertu de fon fainû Efprit, il nous
communique toutes ces chofcs : il faut que fa
mort & refurreûion profitent en nous : car
fi nous n'auions le fiinù. Efprit , ce feroit en
vain que lefus Chrift auroit fouffert. Il eft
vray que fa mort & pafsion auroit bien cefte
vertu de nous iauuer : mais cependant nous
en feri5spriuez& exclus. Il faut donc que no
ftre Seigneur lefus Chrift , pour faire valoir
auiourd'huy en nous le fruid de {a mort Se re
furrcftion , nous fice participas de fon fainit
E/prit. Voila (en fommc) ce que nous auons
à retenir de ce partage. Or ccschofes méri-
tent bien d'ellre déduites plus au long : mais
quelque fois qujnd on prolonge ainfi les pro
pos, onncfaitquc les obfcurcir. Voila poiir-
qiioy
SVR L' EPIS T. A TITE.
tfi9
quoy i'ay tafcbé de recueillir en brief fom-
inaire,afin que les plu? rudes puifTent en trois
mots comprendre où c'elt qu'ils doiuent cher
cher leur falut, Si les degrez qu'ils doiuent te
nir : qu'il faut (di-ie) que nous cognoifsions
que Dieu le Père bous a ei\é pitoyable : &
puis,que nous foyons amenez à lefus Chrii^:
& puis, que nous cognoilsions comment c'elt
que nous auons laluten leAis Chrift : c'elt a-
fçauoir, comme il a accompli tout ce qui e-
ftoit requis pour noftre falut, que maintenant
il nous élargit par la vertu & la grâce de fon
fainft Efprit. Or faindt Paul adioufte encores
yuecr tai*emtut a efié efpandu furnoH s en tou-
tes richeffes. Comme s'il difoit que Dieu n'a
point diftillé goutte à goutte,comme s'il euft
cité chiche enuers nous, mais iJs'cft monilré
ii libéral, que nous auons bien raifon de nous
contenter. Or ceci fert àdouble vlagc : l'vn,
c'eft afin de nous inciter tant mieux à exal-
tera magnifier les richefles de noftre Dieu,
comme elles le méritent: car combien que no
lire Dieu pourfuiue enuerSTious tant &plus,
il nous femble que ce n'eft quafi rien , nous
fommes là comme enferrez , qu'au lieu que
Bous deurions élargir tous nos fens , toutes
nos afFeûions & penfees pourreceuoir lagra
cède Dieu qui nous eft offerte, nous fommes
(comme i'ay dit)enfortrllez en incrédulité &
en ingratitude, tellement que Dieu ne trouue
point ni accès en nous, ni vne telle ouuerture
qui feroit requife , afin que (es grâces foyent
feceues félon leur dignité. Pour celte caufe
iainft Paul parle ici de l'abondance que nous
auons en noftre Seigneur lefus Chrift:quçû
nous comprenôs bien jamifericordc de Dieu
félon qu'elle s'cft làdefployce , que nous an-
TODS & de long , & de large , pour nous rem-
plir & raflàlier du tout. Et en fécond lieu , il
BOUS veut aufsi retirer de toutes les vaines
confiances efquelles nous vaguons par trop.
Combien y en a-il qui fe repofent du tout en
lefus Chrift? Il eft vray que nous ccnfelTe-
rons bien qu'il eft noftre Sauueur , que c'eft
par luy que nous fommes réconciliez à Diea:
mais cependant nous cherchons encores d'au
très aides,& ce n'eft iamais fait , d'autant que
les hommes extrauaguent ainfi,& qu'ils ne fe
peuuent du tout arrêter à lefus Chrift , (<^-
chans que toute la perfedion de leur falut
conlîfte en luy. Sainâ Paul nous déclare ici,
qu'il faut qu'il y ait rne ingratitude trop vi-
Jeine , quand nous ne fommes point rafïàlîez
de la bonté que Dieu nous monftre en fon
Filsvnjque. Etpourquoy.? Là il y a de telles
lichefles qu'il faut bien dire que nousfoyons
jnfatiables quand nous ae pouuons pas nous
y tenir. Voila les deux raifons pourquoy S.
Paul a mis ce mot Richement. Orilauoitdit
que Dieu nous a fauuez : il adioufte puis a-
pres , A/» que mm fufsions faits héritiers de
U -rie éternelle félon efperance. Il nous faut ac-
corder ces deuit propos. Que Dieu nous %
fauuez: & puis après. Qu'il veut que nous
foyons faits héritiers félon l'efperancc. Or
ici en premier lieu , il nouSa monftré que du
cofté de Dieu , &de noftre Seigneur lefus
Chrift, noftre falut eft défia parfait, qu'il n'y
a que redire : mais cependant que nous ne le
pofledons point linon par efperance , nous
n'en auons point encores l'effeô. Voila deux
points donc qu'il nous faut obferuer : l'vn
c'eft,que quand nous croyons à lefus Chrift,
défia nous fommes palTezde mort à vie , ain-
lî qu'il en eft parlé au ciaquieme de fainô
lehan. Et ne faut point que nous imaginions,
comme les Papiftes, que lefus Chrift nous ait
ouuert la porte de falut , & que ce foit à nous
d'y entrer,fi nous voulons:qu'il a commencé,
& que c'eft à nous d'accemplir. Voila des
blafphemes raefchans & exécrables Mais fça
chons quenoftre falut nous eft du toutaccom
pIi,voire du cofté deDl..:. Cependant nous
n'en icuiflbns pas encores : car il nous feut
ici batailler en cefte vie mortelle, nous fom-
mes en troubles & en fafcheries , il femble
mefmes que nous foyons enuironnez de mil-
le morts , il femble que nous foyons plongez
au gouffic d'enfer. Noftre falut donc eft ca-
ché, (côme il eft dit au huitième chapitre des
Romains) mais cepédïntnousnelaillons pas
d'eftre héritiers par efperance , c'eft à dire,
que nous fommes afleureï.combien que Dieu
nous exerce , combien que nous fentions nos
fragilitez qui nous pourroyent mettre en an-
goilfe & en doute, fi fommes-no' refoins que
Dieu ne varie point , & quand il nous a eleus,
9i qu'il nous a rendu tefmoignage. de fon ado
ptioniU-oltie efperance que noasanôs en liry^
nourrit &cntEetient cefte certitude de foy:-
& en cefte attente-ia deiîa Pheritage nous eft
apprefté,& ne refteraplus finon d'en prendre
poffefsion quand le jour fera venu. Mainte-
nant donc nous voyons quelle eft la doclrine
de ce paflàge.Or il refté de la bien prattiquerr
& toutes fois & quantes qu'on nous parle de
lamifcricordede Dieu, que nous fçachions
que toute la fiance.de nos mérites eft abba-
tue, & par confequent toute gloireaneantie,
que nousn'aués pkis dequoy nous prifer,d'aa
tant que nous n'apportons rien à Dieu , mais
que nom tenons tout de hiy. Cependant co-
gnoiflons aufsi que nous ne pourries pas con»
prendre la bonté & l'araour de noftre Dieu,
finon qae nous en eufsions le gage en noftre
Seigneur lefus Chrift. Etainfî n'entrés point
en hautes fpeculations & profondes , quand
nous voudrons eftre affeurezde noftre falut.
Comme nous voyons beaucoup de phantafti-
quesqui ne fe corttéeeront iamais, finon qu'ils
ayent circui le ciel Se la terrermais adreffons
nous à lefas Chrift : car Dieu fupporte noftre
foibiefle en cela, quâd il veut que nous foyôs-
du tout fonder en fon Fils vnique, tellement
qu'il ne faut point que nousvfîons de long?
«tifcours pour venir à noftre Seigneur lefus
Ili.ii.
fo.
M4f.;i.
<rio SERM ON' XVI
Chriftieârilefticfcenduicibasànout, mef- grâce de Ton {i\n& EfpritJÀinfî donc, que
mes ilâefté mis au deflbus de tous les hora- nous prions ce bon Dieu qu'il nous mette
mes.commeileftdîtau Pfeaume 31, qu'ila e- enpoflersion de ce quM nous a acquis parla
Ré l'opprobre du monde , qu'il a cfté defnué mart &: refurreftion de noftre Seigneur lelus
comme vn ver de terre. Apres, il eft du parle Chriftlon Fils , que les donsdufainû Efpric
. Propketc Ifaie, qu'ila cftédeslîguré comme foyentefpandusfur noos.Et coment?£n pre-
vn ladre . Et pourquoyî Afin que nous 'puif- mier lieu, que nous foyont illuminez en foy,
fions embrafler la grâce qu'il nous offre . Et pour auoir cognoiflànce que Dieu eft noftre
comment a-il efté ainli aneanti?Or ùind Paul Père, & pour nous certifier de ù bonté. Puis
vfe aufsi biendeccmotaux Philippiens.Tous après , que nous ayons l'efprit de crainte de
lesioorsilneceflèdenousconuier à foy.voi- Dieu, pour renoncera nos mefchantcs cupidi
re tant priuémenc , & d'vne telle douceur & tez 8c afFeâions , pour nous dédier au feruice
humanité que rien plus. Car par fon Euangile de celuy qui doit dominer ùirnous : que nous
ilnenous commande point que nous venions, ayons efpritde vertu & confiance pour batail
mais il nous exhorte, & nous prie, comme 1er contre tous les alTauts que Satan nous fe-
faind Paul en parle en la féconde des Corin- ra , & pour refifter à toutes tentations : que
thiens.Puis donc que noftre Seigneur lefus nousayonsefpritde prudence pour nous gar-
Chriû nous eft tant amiable , & que tous les der des rufes & cauteles de noftre ennemi,
iourscemeflàge nous eftapporté,qu'ilnede- Voila donc oii il nousfaut venir, afin que la
mande que de nous tenir pour membres de fon mort & pafsiô de noftre Seigneur lefusChrift
corp5,&quecefte fentencedoit refonner touf profite en nous , afin que fa rcfurretliony aie
iours en nos aureilles. Venez à moy vous tous fa vertu & fon effed. Or cependant cognoif-
qui trauaillez , & qui eftes chargez , & ie vous fons que cet chofes nous font teftifiees au Ba-
foulageray,& vous trouuerez repos à vos a- ptefmc:&ainfi quand nous fentirons que nous
nies : puis qu'ainfi eft donc , ne nous efgarons fommes vuides des grâces du fainâ Efprit,ne
point à noftre efcient, mais que lefus Clirift doutons point qu'elles ne nous foyent appor-
foit noftre but.car nous ne pourrons faillir en tees quâd nous les requerrons. Et pourquoy?
venant a luy . Etaureftc, quand nous aurons Dieu ne nous a point frullrez quand il nous x
eognu que c'eft par fon moyen que nousfam- ordonné lefîgneduBaptefme: car là nous a-
mes reconciliez à Dieu le Père , que nous a- uons comme vne arre qu'il n'cft point chiche
uons pleine iuftice, que nous cognoifsions enuers nous, qu'il n'cfpande krgement(voire
aufsi que par fon fainû Efprit il nous diftri- félon qu'il cognoiftra nous eftre vtile)de tou-
bue tout cela. Le premier eft,de nous conten- tes les gracesqui nous défaillent, & defquelles
ter de lefusChrift,alîn que nous n'adiouftions nous fommes deftituez . Sentons-nous donc
rien qui foit à la grâce qu'il nous a apportée: qu il y a faute de vertu en nousî'Cognoiflbns-.
que nous ne facions point comme les Papifter, nous qu'il y ait des ténèbres d'ignorance?que
quand ils auront confefle que lefus Chrift eft nous foyons cnueloppez en ce monde telle-
leur Moyenncur,ils iront chercher les fainds ment que nous ne puiAions pas comprendre
& les fainèles pour leur» patrons &aduocats, les chofes fpirituelles? Recourons à Dieu ,8c
ils prendront les mérites des Apoftres Se des que noftre Baptefme nous y conduife : car
Martyrs, & leur femble que la fatisfaftion de (comme i'ay dit ) noftre Seigneur nous a là
noftre Seigneur lefus Chrift n'eft rien, finon déclaré qu'il ne veut point nous défaillir en
qu'ils y adiouftent pièces Se morceaux. Et puis rien qui foit, moyennant que nous ayons no-
il leur femble que leurs mérites aufsi feront ftre refuge à luy. Mais cependant notons d'au
vn tripotage, ils ne fe contétent point de ccfte tre coftc , que ce ne iera rien d'auoir receu le
nourriture parfaite qui leur eft donnée pour Baptefme. Qu?"'! "ous aurons eu lefignevifi
leurs aines au Fils de Dieu, mais ils adiouftent ble, dequoy nous feruira-il quedeplus gran-
leurs laupicquets qu'Us ont inuentez à leur po de 'condamnation , fi ce n'eft que nous ayons
tte&àleur phancafie.Ordenoftrecofté,ad- aufsi l'efFefti' Etcelaaiifsi nous fera imputé:
uifons d'eftre pleinement raflafiez de ces ri- fi nous y trouuons aucune faute , il nous faut
chelTes de la bonté de Dieu qu'il nous a def- condamner noftre incrédulité mieux que nous
ployees en la perfonnede fon Fils. Cependant
(comme i'ay touché) que nous fçachions que
lefus Chrift ne nous communique point tts
grâces, finon qu'il nous ait fait participans de
fon faind Efprit . Que profitcra-il donc que
nefaifons.Et maintenant fainû Paulattribuc
la vertu de noftre renouHellement& régéné-
ration , à ce lauement dortt il parle : voire , Si
s'addreffèaux fidèles , lesquels ne repouffcnt
^ point les grâces de Dieu.maisouurent la bou-
noftre Seigneur lelus Chrift aitelpandu (on cheafin qu'il la remplifle:felonaul"si que nous
fang, finon que nous en foyons arroufez par en fommes exhortez au PIcaume.Et ainfi no- Vfe.Si.u
le iaind Efprit ? Car voila aufsi comme faind tons bien que les incrédules fontcommevn
i.P«C4. Pierre en parle en ù première Canonique, pot fermé: Dieu eipandra fes grâces, mais ils
I. Q^e nous profite-il que lefus Chrift ait abo- ne les reçoyuent point: car lis font telle-
Ji le peché,& la tyrannie de mort , eftant cru- ment bouobez, qu'il n'y a nulle entrée en eux:
cifié, iînon que nous foyons recueillis par la ou bien Us font durs comme rochiers .• Il
poHua
SVR L* EPIS T. A TITE.
pourra plouuoir yn tel iour , mais vn rochier
ne fera point mouillé dedans , car ilefttrop
dur .-.ainli en eft-ilde tous ceux qui refufent
les grâces de Dieiirmais li nous auons la bou-
che ouuerte par foy, nous ferons rafTalîez. Et
pourtant ce n'eft point ûnscaufe que (ainft
Paul adreflànt fon propos aux fidèles, dit que
Dieu a efpandu ("ut eux ce lauement fpiritue),
& qu'ils en ibnt faits par ticipans. Voila com-
tneil nous faut prattiqncrla doftrine qui eft
ici contenue. Or venons maintenant à ce der-
nier mot , où ileftdit, Cl»f mus fommts fau'
ue*.: voire, mais c'tlld'autantque nousfom-
tncs héritiers par efperance. Saind Paul mon
ftrefur quoy noflrelalut eft fondé,&en quoy
il confifte i c'eft afçauoir , d'autant que nous
fommes héritiers de Dieu. Car noftre falut
n'eft pas no ftre, à parler proprement, fînon
en titre d'hcritage.Or nous ne fommes point déclare en ce partage: c'éft afçauoir que nous
héritiers de nature, c'eii par adoption, d'ju- fommes faits héritiers par efperance. Voila
tant qu'il piailla Dieu de nous receuoirpour (di-ie)comme il nous faut nourrir en lacer
fesenfanstcar nous naiflons enfans d'ire, c'eft
â dire , que nous fommes maudits , & que tant
s'en faut que nous puifsions réclamer Dieu
pour noftre Père , que nous fommes reiettez
deiuy.Mais cependant fi ne lailTe-il point de
nous adopter. Et comment? Sainft Paul nous
renuoye à noftre Seigneur Iefu« Chrift , le-
quel non fans caufe eft appelé Fils vniquede
Dieu. Car i) citvnique , voire de nature : ce
titre-la luy appartientdedroid : mais entant
que nous fommes entei en fon corps, & fom-
mes fes membres, nous fommes adoptez auf-
fi.C'eft dont nous procède l'héritage du roy-
aume des cieux. Sommes-nous heritiers.'Nous
fommes fauuez : mais notons que c'eft par
fez quant 5 nous , & que nos. lîFcftioni ne do-
minent plus , mais que Dieu foit le maiftre.
Ainfîpuis que Dieu no* veut e.xerccr en teJJe
forte tout le courydenoftré viê.apprenôs de
recourir à et qui eftdit d'cfperance.Et pour-
quoy? Car quand on nous dira que nous fom-
mes fauuez, cependant nous verrons que Je
diable ne cefle de pourchafler noftre ruine,&
qu'il en a les moyens , finon que nous foyoni
prcferuez par la vertu admirable de noftre
Dit u. D'autre cofté, nous voyons les miferei
qui nou : circuiffent , que noftre vie eft fi po-
ure.queles incrédules en ont meilleur mar-
ché aue nous, que leur condition femble eftre
plus heureule que celle des enfans de Dieu:
nous verrons toutes ces chofes. Etainfî.ce le
roit pour nous rendre confus .finon que nous
fufsions aduertis de ce que fainû Paul nous
titnde de noftre lalut.c'eft que fi en ce monde
nous fommes mocquez des incrédules , qu'ils
nous facent mille opprobres & violences, que
nous ne laifsionspas touresfois d'eftre afièu
rez que nous fommes agréables à noftre Dieu
Et puis, combien que noftre vie foit cachée, &
qu'il femble que nous foyons appreftez à rui-
ne.que nous foyons comme des moutons qui
font amenez à laboucherieCfelon qu'il en eft
parlé au hiiifUemedes Romains) que nous
foyons comme foulez au pied , que nous l'oy-
ons reiettez du monde , qu'on fe mocque de
nous , que cela n'empefché point que nous nfe
apprrhendions par foy ceft héritage qui nou»
cftallêuréau ciel ,&que nous concluyons là
efperance. Et il faut bien que nous foyons deiru$,combicn qu'il femble que nous foyons
aduertis de ceci : car Dieu ne veut point que
nous foyons oififs en ce monde. Combien
qu'en la perfonne de fon Fils liait accompli
noftre -falut, fi eft-ce neantmoins qu'il nous
y veut conduire par l'ordre qu'il a eftabli:
c'eft que quand nous aurons receu le ttfmoi-
gnagede fa bonté . que nous aurpns accepté
ce qu'il nous offre en Ton Euangile, c'eft que
nous foyons iuftifiez par fa pure grâce , qu'il
nous exerce en combat contre S.itan :&que
cela ne foit point feulemét pour vn iour, mais
que nous pourfuiuions tout le temps de no-
Krevie les combats aufquels Dieù nous vou-
dra employer. Et puis, que nour bataillions
pour renoncer à toutej nos affections, à tou-
tes^nos cupiditez & defits.irtiefmes à. toute
perdus, que nous ne laifTerôs pas d'eftre touf-
iours fauuez. Etpourquoy? Car noftre falut
eft en bonne main & feure.Dieu en eft le gar-
dien. Et voire , mais nous fommes aflàiUis de
tous cofttz.Tant y a que nous ne ft r5s point
en proye à Satan, quand Dieu le Père defplo-
yera fa^vertu pour nous maintenir. Et puis>
que noftre Seigneur lefusChriftexercera fori , t ,. ■
orhce , d autant qu il nops a prins en charge.
Et nous fçauons qu'il a dit qu'il ne laiflcrl
rien périr de tout ce qui luy a efté donné -, &
que fclon que Dieu eft toiu-puiflàiit,qu'aufsi
iiofti^é falut eft exempte de tous dangers. Voi
la en quoy il nous faut côfolerjVpiU-enqttçjy
nous pouuons dcfpiter, & Satan, & le monde,
K tojites les téntattoris ';dont <ious (erons af-
noftre prudence. Car c'eft làprincipalement faillisibrief, nous pouuôsdefîa nous glorifier
'cn quoy Dieu vent efprouutr noflréobeiri- de la vie éternelle, combien qu'il femble que
iance .c'eft que nous mettions fous le pied ce
qui nous femble bon, &que nous ne foyons
point fages ànoftrcpliantafie : m^is àucop-
traire , que nous demandions de nous afluiet-
tir pleinement à luy: que là où nos appetis
nous foyons défia non reiilimcnt fur le bord
de la foue.mais que nous fovons prefts à trc-
bufcliçriA qu'à chacune minfit^de temps la
mort noils menace. Or notons aufsi que fain£l
Paul en parlaôtide la ^lie etérneUei'noùs veut
nous pooflèqt çà ic là , nous ayons vnebride retirer, de ce moindeiauqijej npiis fommes par
pour hoUVicapti'uer , & qu'en defpit dé'- rtoj ^ l^§^ sd
«Icou nous foyôt là comme morts & trefpaf-
adjorniez-. -H'ri'y- i celuy..qlii n'.-ippcte de
Yiure & d'eftre: mais nous ne fçauons choifir
Ili.iii.
fil SE R M ON X Vil.
la vraye yic.ain'J.nou'; embraffons l'ombrage, que l'efperance n'tft point vne chore morte,
corne h on vouloit mordre la lune aux dents, que ce n'elt point quelque phantafie légère
a.inlî qu'on dit. Ce feul mot de viure, nous ra- que nous conceuons , mais que c'eft vne telle
uiia. après foy.inais cependantnous n'embr.if atfeâion du laipû Efprit , que combien que
fous que rombre:car chacun s'attache àcefle nous loyons enuironncz de ce corps corrvr-
vie caduque , &: ce monde nous tient enuelop- ptible , combien que nous lentions vn tardeau
pczeufoy ,& cependant nous merprifons la lîpefant qu'il ferable que nous dcuons eftre
vie permanente à laquelle Dieu nous appelle, engloutis aux abylmes , combien que nous
&. laquelle nous a elle acquife par noflre Sei- ayons la veue fi courte ^ fi oblcure que c'eft
gnear lefus Chriû.Et ainli rttenôs qu'il nous pitié, & que toutes nos venus défaillent , tou-
liiit f alTer par ce monde, & que fainft Paul tcsfois que Dieu à l'oppofite befbngneparJa
nous donne ici comme des coups d'efperon, vertu de ion fainct Elprit.afin que nous foyôs
afin d.e nous Soliciter àcerchcr la viecelefle, toufîours eleuez en haut , & que nous mar-
^jious faire courir par ce monde çellement chions plus outre , &:. tjue nous afpirions à
oue nous neioyons retenus pour rien qui l'oit, cefl héritage qui nous eft aj)pfefté,ne douuns
Et d'autaiu que nous femmes par trop dcbi- point que nous n'y pariienionsipourcequç no
lis,&: que nos fens ne peuuent monter fi haut, ftre Seigneur lefus Chrift appvoiftra alors.fc
que to'jlîcî'.ss nous ayons noftreaddrefleàno que cefte vie qui nous eitmaiutenact cachée*
lire Seigneur lefus Cnr;ft-.& toutes fois & nous fera reuelee. ..«vi ■.
fiumtesque ijous cognoiffons comme IcF'ls OR nous-nous profternerons deuant la
e Dieu eil defcei^lil ici bas,&: puis après, que face de nqftre bon Pieuen çognoiflance de
ijnousa receus eu fi gloire, voire que Dieu a nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
ordôné vue primauté de ft^s Anges auec nous, fentir , &• que journellement \l corrige les
que nous fçac liions (Combien que nous habi- raaux§:vices qui font en nous , en forte que
ticms en ce monde , toutesfois que nous n'y nous ne demandions finon de nous régler à
fomniesoue pèlerins, & cependant <^ue nous fes fainâ$comiuandemens,& que nous y pro-
ue laiflons pas d'eftre citoyens des cieux ,& fitionsde plus en plus,iufques à tant qu''il
que l'efperance nous mené iufques là. Et c'eft nous ait defpouillez de tous nos vices & ira-
à .cefte caufe qu'en l'autre paflagc il dit que perfeûions , pour nous reueftir de fa iuflice.
BOUS famraes défia afsis aux lieux celcftes. Et Ainfi nous dirons tous, Dieu touc-puilTant,
cemment? Par efperance.Ainfi, donc notons Père celefte.&c.
Qjr A T R I E M E s E R M O N S V R LE
T R O I s I E M É C H A P I T R E.
8 'C'ej} psroïe certaine: (^ ie yeux que tu ajfcrmcs de ces chojéî,
afin (pie ceux qui ont crcud Dieu,ayentfoindeprejidera bonnet œu-
uresices chofes font honnes ^ \td£S auxhommes. •■ :
9 Maisreictte les folles queîlions , CT généalogies ,1^' coWèn-
tions O' débats de la Loy,car elles font inutiles ^ -vaines.
10 Rxiettc ïhomme hérétique j après la première ^ féconde ad-
moniùom:
[[']]'% ^^-^çachant que cclujcpùejlteUefl ruiné, C'cpi il pèche eslant
co»dminépar]^y-'mefmé. "''P"'^^ .■n.M...M/. ':»b
-■; jaa Quand hcnmyerayyeritoyJ\rtenuts,ou lychiquc,duigeti^
te- toy devenir vers moj a l!>licopolif:f Mi' ay dclibcrc de faire îà mort
huer. ' y'IT; ^^^''-r -t
;! .^j- GtmuoyefongneHfnki^2.encé)UeurdeîdLoy.,^'ApoUofy
^uerieniteleurdefamei-', .-uii.t'i r.,jq.,K «.-i u, ■.; m,,. . vu-' .. ifort.'Mi';<jiii
s V R L' E P I S T. A T T T E. ^^3
»rf / potfr les ^figcs nccejfaires,afin qu'ils ne foycnt point fins fruicî.
15. Tous ceux qui font auec ynoytejalucnt. Salueccux qui nous
. ainièfit en foy. Grâce ion duecyoHS tous. Amen.
Oii'i aiiuns veii pîrci deuain
)i.i il(Klrme eo laquelle (iwà.
iP.uilcoaiin.iiidoit à Titede
fs^jccourtumv-r . Il adioiifte
ipour c^kIuIîoh , que c'eft à
^€el4<ju'iUedoit empefclier,
,. . & qu'il hWE qu'il laifle les
. diofe»: ûiperflucs,-& qui ne peuuét édifier !'£-
..glifedeDicu. Cependaiu iirexliorteâufsi de
..^arler.entelle aiithoritf devichofes qui font
' dtoites,que Iës auditeurs ne (bycnt point laif-
lez en doute, mais qu'ih ayent vne pleine cer
titude.Orcependantdercchef tl Taduertit de
re fe point occuper à folles qucflions , & à
débats inutiles, qui ne peuuent apporter au-
cun profit. Et d'autant que ceux qui deman-
dent à troubler PEglifç .voudroyentauoîr le
dernier mot ,& taire li delTiis leurs triom-
phes, &que par ce moyen \U pourroyent in-
. duire les feruiteurs de D:ea à tenir pied à bon
le (comme ondit )raind Paul déclare q l'il
les faut laifler pour tels qu'il-- font. Que tel-
les canaille5(dit-il)n'occupent point les fer-
uiteurs de Dieu. Car que profitera-on quâfid
on voit que ce font gen-- eifrontez , qui por-
tent leur condamnation en leurs ctriirs ? On
ne les peut gagner ,c'eft temps perdu : carie
diable les poflede , & ils méritent d'eftre mis
en fensreproiiué , puis qu'ils bataillent ainiî
contre Dieu, & le defpitent par certaine ma-
lice. Là delTus il exhorte encores ceux de
Crete,de bienfaire. Et en cela voyons-nous
qu'il y auoit grande nonchalance , puis que <î
gran-, dodeurs trauailloyent après , & que
neantmoins on ne voyoit nul etfeftenleur
vie , & fembloit que iamais n'eufl'ent ouy vn
feul mot de l'Euangile.Pour ccfte caufe fainrt
Paul dit , qu'ils .apprenentde s'employer en
/orte qu'on cognoiiîê qu'ils ont profité en
.l'efchole de Dieu. Voila en fommece qui eft
ici contenu. Or deduifons maintenant chacun
ne partie en fon ordre. Vo/n" (i]i-\l)Mne p.irole
eeri.tine : û" " "veux que tu affermes de ces
thofes. Quand il dit que cefte parole eft cer-
taine, c'efta.utât comme s'il aducrtifloit tous
JS.Jiaiftres de l'Euangilcien la perfonne de
Tite.qu'rl ne faut point;, qu'iK-'propofent en
_PEglife chofes e)(trai.iagantes, & du il n'y an
jioint d'appuy: mais qu ilsdoyuçiit enfeigner
jci; qui eft bien approuué ,;afin que lesenfans
de Dieu foyent édifiez.^ qu'ils ayent vne foy
infaillible , & non point vnA opinion vol.ige.
Or çiaintenant regardons 4e quoy il parle:
fp p'eft .p<:)int-d£, fpeçiiUtJons flniji'ayent
iÇPii^f fiCra.^ignage, en j'iJE/cfjtnEèi: Uinaevtoiis
.Ç!e<;e .qui appartient- à noftceifeJ'Ui- .'£««?eft
tons que Dieuiie nous a point porté enuic-.en
nous cachantce qu'il n'a pointdecl.iré eu TE
fcriture famcVe : mais il achoi(i cequinous
eftoit bon &vtile. Et en cela voyons-nous
quelle folie c'eft à be.uicoup de gens qui fa
tatchcnt quand ils ne tAouueiu point en P£-
{cnture tout ce qui leur vient au ceriic-au : Et
pourquoy eft-ce que Dieii n'a parlé de ceci?
poarquoy eft-ce que cela n'eft deciaréf'pour-
quoy eft-ce qu'v ne telle queftion n'eft rufo-
lue? Voire , mats Dieu nous a déclaré ce qu'il
fçauoitnous élire propre ! contentons-nous
d'efcouter ce qu'il nous dit , Se nous tromie-
rons que rien ne nous defaudra. M.iis ci pen-
dant.que Dieu complaife à nos fols :ipperis,&
félon que nous auons les aureilles frétillan-
tes, qu'il nousviene remplir devent, & que
ferort-ce ? Etaufsien quelle rewerence Kipo-
role de Dieu feroit-elle tenue, fi elle feruoit
ainfi à nos folles cupiditez ? M.iis quand noo'j
voyoïvs que c'eft la dodtnne de noftrc tâlur,
& qu'au fsi nous voyons que c'eft vne chufc li
facree & fi lainrte , que nous apprenions de la
tr.^irtercS: lareceiioir en telle crainte 5: hu-
milité comme ii Ijuti Etainfi notons quand
fainft Paul dit ici , parole certaÎHe , ou'il nous
veut retenir en nos bornes , afin que nous ne^
vaguions point comme nous auons de couftu-
me pour nous enquérir de ce que Die» ne
a point déclaré , mais tenons-nous éii cefte
certitude. Et au rciîc%cependant il nous aduer
titaufsique nous ne deuons point auoir vne
audace de rien approuuer , finon qu'il nous
foitcognu. Or comment fera-ce ? Il ne taut
point que les hommes apportent ici leurfens
pour iuger comme bon leur feniblera : mais
commençons parce bout , d'eftre cnfeignez
par la bouche de noftre Dieu: autrement nor
itre témérité fera ridiculcen la fin. H eftvray
<juepoUr vn temps nous pourrons t-ftre pri-
fez : comme nous voyons que ces glorieux
fçauent eftendre leurs plumes comme des
paons: mais en Ja fin Dieu ie mocque de leur
prcfomption. Ainfi nous en aduiendra-il , fi
nousvoulons plus fçauoir qu'il ne Cious eft li-
cite, ou bien affermer Jece q.ii nous eftin-
cognu:mais.que notis ayons bon tcfinoignagè
pourlçauoir ce qui noîis eft vtile. Etcepen-
d.iùt , anons-nous certitude de l'Efcriture
fainftejQue no' n'enqOc'riSs plus pourquoy,
ne comment: qu'il nousfuffife que Dieu a par
lé. Car nous voyons où on eneftainourd^huyî
D'aucuns outrecuidez, pour faire des fnbtils,'
répliqueront à l'encontre de Dieu ,: livi\h
chofeJeur eft obfciir« oifdifficile-. Et cotri-
mônt-celi? ie wé'l^ pHi<cion>prcn<li'é."Ç^MrTci
Ui.iiiu
614
SERMON XVII.
fi eft-ce •qu'ils Ont pâffc iiicfure , de fe rebec-
<juer ainfi contre ce que Dieu aura prononce.
Mais nous verrons des beftes qui voudront
cftrc reputez clercs par vne telle rébellion.
Ho voila , il me femble que c'eft vne chofc
trop dure i digercr.que de dire que Dieu fau-
ue ceux que bon luy femble, & qu'il reprouue
aufsiceux qu'il luy plaift: & puis.qu'ildifpo-
fede toutes choies en ce monde félon fa vo-
lonté , & que fa volonté en foitla reigle ,&
que nous ne fçachions point la raifon quand
il veut le faire ainlî.Et bien, fi cela eft trop ob
fcur,apprende t'humilier,& apprcnen paticn
ce iufques à ce que Dieu t'ait fait profiter.Or
I Cof»» *^^ "°''^''^^oft^'*PP''^'>o"s que cependant que
nous fommes en ce monde, nou^ voyons com
me en obfcurité, (ainfi que faind Paul en par
le) & en auons quelque petit goud, mais nous
n'auons point vne pleine perfedion niaccom
plie , iufques à ce que nous foyons transfigu-
rez en la gloire de Dieu , pour le veoir tel
qu'il cft.face à face: cependant cheminons fé-
lon noftre petite mcfure. Mais ces beliflres
ne fe contentent point de cela , & voudront
(comme i'ay dit)faire des grans clercs en di-
fputant contre Die u.Or fainâ Paul nous bri-
de , en difant que quand nous auons tefmoi-
gnage de la vérité de Dieu, qu'il nous la faut
fuiure, & yâcquiefcerdu tout. £t cependant
il veut auisi que les Miniftres en afferment,
qu'ils n'en parlent point à demi bouche, mais
qu'ils ticnent bon , quelque murmure qu'il y
ait : combien que le m^nde s'eleue à l'encon-
tre, & qu'il tafchaft d'empefcher que la liber
té de l'Euangile n'eufl fon cours.qu'ils defpi-
tent tous ces diables qui fe drelleront ajnfi
contre Dieu , quelque grandeur ou bautelTe
qu'il y ait , & que ceut qui ont la charge de
nous enfeigner , prononcent ce qui nous eft
certain & refolu.S: qu'en defpitde tout le mô
de,&de tous les diables. Dieu déclare ce qui
eft vray,(5i: qu'il ne foit point empefché.quoy
qu'il en foit, que tuufiours celte doftrine iii-
fallible ne fe monftrc, voire & qu'elle ne foit
liquide iufques au bout:& qu'ils ne fe rangent
point à l'appétit des hommes, quand ils vou-
dront ployer çà & làiqu'ils nefc deftournent
point pour cela de la vérité. C'eit ce que nous
auons à retenir de ce paflage.En fomme.ceut
quidoyuent anoncer la parole de Dieu , font
ici en feignez de ne rien mettre en auant, que
ils ne puilTent protefter que c'cft Dieu qui
parle. Et d'autre cofté , ils font aufsi retenus
en telle modeftie, qu'ils ne fedoyuent point
araufer à ce qui eft friuqle.Et pourquoyï Car
Dieu aufsi ne leur a point reuelé : il fçait ce
qui nous eft propre pour noftre falut. Et en
gênerai, tous fidèles aufsi doyuent cftre aduer
tis de ne point appeter de fçauoir ce que no'
ftre Seigneur nous a caché^car nous ne ferons
que nous embroiiiller , quand noiis voudrons
nous fourrer trop auat en telle* imaginatios:
■mut cbcrcltoat ce ^uifft icime & ffiîiidc>i]ue.
nous n'aillions point noiw ietter en Peau:
nous ne pouuons .pas nager, à grand' peine
pouuons-nous marcher fur la terre: 3i quand
nous voudrons nous ietter en la mer , que fe-
ra-ce ? Sommes-nous aiïèz habiles pour itiiouï
porter fur les eaux?Ainfi, marchons où noftre
Dieu nous a afFermis,c'eft à dire, quand il nous
a moiirtré le chemin par fa parole , conten-
tons-nous de nous tenir là, & ne nous aduan-
çons point plus qu'il ne nous permet , c'eft i
dire,que nous fuyuions toufioiirs fa conduite
quand fa vérité nous efclaire, & que nous de-
meurions là court , quand il ne nous a poinc
reuelé ce qu'il a cognu eftre inutile. Or il y a
aufsi l'autnorité que fainâ Paul recommande
ici:caren difant à Tite, Q»'»' afferme Jit cet
chofef.'û fignific'qu'/l ne flechilTe point quand
les hommes ne voudront point eftre tant pref
fe2,& qu'ils diront qu'on les importune.Coin
bien donc que le monde foit fafché , ne laille
point (dit-il) d'aller loufiours ton train. Et
ainfi regardons ce qui peut édifier; & fur tout
aduifons ce que noftre Seigneur nous com-
mande, & dcquoy il veut que nous foyons re-
folus, &qi.ie cela foit toufioutsconfermé par
nous, & que nous ayons vneconftanceinuinci
ble:& quand on tafcheradc nous diuertir.afin
que nous n'enfcignions pas félon que noftre
Seigneur nous l'a couinûdé, que nous tenions
bon, &que nousanoncions les chofesqiii font
bennes &vtilesaux hommes. Et par cela il re
monftreàceux qui ne peuuent fou/Frir d'eftre
bien édifiez pour leur falut.quelle ingratitude
c'eft, quand lisrcfufent le bien que Dieu leur
offre. Car fi noftre Seigneur ne parloitfinon
déchoies obfcures, & là où nous nepeufsions
mordre, il y auroit occafion de fe plaindre.cô-
me s'il nous amufoit à des fpeculations où il
nous faluft beaucoup trauailler:&: en la fin que
nous ne fccufsions plusdcfquels nous ferions,
& que nous n'y eufsions nulle vtilité:nous
pourrions là nous fafchcr. Mais quand noftre
Seigneur condefcend à noilre rudefle ,& qu'il
nous inft^uit priuémcnt , non feulement com-
me vn père fcs petis cnfans ,:mais coinme vne
mère nourrice qui begaye.afin 'qu'elle foit en-
tendue par celuy qui n'a point encores bonne
intelligence:quand,di-ie,Dieu nous fait ccfte
grâce, & puis qu'ilnousenfeigneen forte que
il n'y a riendefuperflUiCn fa Parole;qu'il n'y
a rien dont nous ne puifsiofts reciieillir bon
fruid pour noftre falut , quand nous' voyons
cela, ne fijui-il pas que nous foyons bien déf-
pourueiis-de fens,A: que nous ayons vnénatu^
rr par tropperucrfe fi nous n'en, fçauons fai-
re noftre profit ? Nocons donc que faind Paul
d'vn cofté monftre aux Pafteurs de l'Eglifc,
qu'ils ne doyuent ccrcher ne pompe, ne gloi-
re quand ils font leur office, & qu'ils ne doy-
uent -poiot rfgardéree qiii ferl plaifant, & ce
qui fera mieuX'rNtu , mais ce qui féva au falut
commun de toui.Et cependant »ufsi ^ue l«^ fi-
4cle{<}uiTieacBtaafetinon^doytient poiin
i:hercher
SVRfEPIST. A TITE.
«ÎÎÇ
cKerclier qu'on les repaifle felô leur phanta-
fie.-caron neleur apportera que vent fî on les
teut contenter : mais qu'ils regardent , Ceci
m'eft vtile , il faut donc que ie le reçoyue. Et
cependant aduifons à nous ; car le plus fou-
uent nous fommes comme des malades qui
voudroyent auoir à boire quand on leur doit
donner à manger , qui voudroyent eftre re-
muez quand il Faut qu'ils fe tienent tout quois
au lift. Ainfi nous voudrions qu'on fe depor-
taft de reprendre nos vices,& ne voulôs point
eftre grattez où il ne nous démange point
(comme on dit)fî on nous folicite à bien fai-
re.nous voudrions eftre efpargnez:fî on nous
redargue,nout-nous efchautfons en cholere:
fi on nous met nos tranfgrcfsions en auant,
nous grinçons les dents ,& voudrions iamais
n'en ouir parler. Or qu'vn chacun fe ttene fu-
fpeft,& que nous aduifîons ce qui nous eft pro
pre:non point à noftre fens,car on s'y pourra
abufer tous les coups : mais que Dieu en foit
iuge, comme c'eft à luyaul'si qu'il appartient
d'en prononcer. Voila pourquoy fainft Paul
adioufte,Q»f f« chofcs font -vtiles aitxhomi^es.
Venons maintenant à ce qu'il dit des que-
ftions:E»iff (dit«iI)/M qutflions felUs.Sous ce
mot il comprend tout ce qui ne peut finon en-
gendrer difputes entre nous. Il eH vray qu'il
fe faut bien enquérir deuant qu'auoir vne do-
ârine certaine :& on dit en prouerbe com-
mun , qu'vn fol ne doute de rien. Non fenle-
niét donc il nous fera licite d'efmouuoir que-
ftion pour remédier à noftre ignorance , mais
cela eft requis. Etpourquoy donc eft-ceque
fainft Paul met ici ce mot , comme vne chofe
vicieufe? Car il dit i Quefiiens folles: & puis il
entend (comme i'ay delîa touché) ce qui ne
peut finon efmouuoir débat entre nous. Car fi
ie ne ni'enquier d'vne chofe qui me pourra e-
ftre monftree par la parole de Dieu, & que ie
reçoyue d'va efprit docile & débonnaire ce
que i'auray entendu , ce n'eft point queftion
(à proprement parler)que cela. Mais fi ie me
enquier d'vne chofe,& puis quand on m'a re-
fpodu.que ie réplique, & que ce ne foit iamais
fait de toufîours debatre , voila ce que fainft
Paul a voulu condamner fous ce mot. Comme
nous voyons que ceux qui fe veulent faire va-
loir , trauailleront beaucoup à chercher des
chofesqui ne fe peuuent iamais refoudre : ils
voudront prendre quelque but, pour dire, Or
ça, on pourra parler de ceci,on en pourra trait
ter en telle forte:& encores qu'on en determi
ne, l'y trouueray toufipurs quelque réplique.
Ceux qui prenent plaifir à cela, font d'vne na-
ture maligne. le di , quand il eft queftion de la
lagefle de Dieu , qu'il veut que nous foyons
refolus.Et puis le principal eft de la foy & de
l'obeiflànce. Et nous fçauons aufsi que noftre
Seigneur veut amener nos efprits à repos , au
lieu que no' fommes en inquiétude & en tour-
ment, iufques à ce qu'il nous ait monftré le
chemin de falut. Puis donc que l'intention de
Dieu eft telle.de nous réprimer afin que nous
n'ayons plus nos efprits agites de trouble,
quand de propos délibéré soasamaflêrôs de*
qucftions, ie vous prie, n'eft-ce point reietter
ce bénéfice incftimable que Dieu nous olfroit?
Et puis,n'eft-ce pomt prophaner fa fainûe p*
rôle , quand nous en voulons faire m Aiietde
caufes &de combats? Etpourtant fainft Paul
pourmieuK condamner toutes telles façons,'
jit qu'il n'y a que folie. Non pas que cela ap-
paroifle:car (comme naus auonsdit)ces que-
ftionnaires qui font toufiours fournis de pro-c
pos& de quellions nouuelles, s'eftiment biea
fages.&penfent auoir acquis vnebonne repu-
tationi&lenjonde s'y abufe, tellement que ce
luy qui fçaura le mieux babiller.eft le plus pri-
fé.Et pourquoy eft-ce que fainft Paul dit que
telles queftions font toutes folles ? Oi il ne
prend point cefte folie félon que les homes en
iugent.mais tout ce qui n'eft point vtile.il l'ap
pelle fohe , il l'appelle friuole & fuperffu. Et
ainfi , que ces dofteurs fubtils qui efmeuuent
beaucoup de difputes , Ce plaifent tant quMs
voudrôt,& qu'on leurapplaudilTè en leurs fpe
culations & fubtilites , Ç\ eft-ce que le faind
Elprit pronôce qu'ils ne font que fols : car ils
ne tafchent point à édifier le ptnple de Dieu,
ils ne regardent point au falut de<: âmes. Et de
faift , fainft Paul adioufte vne efpece qui eft
pour exprimer ce qu'il vouloitdire : Ceux <jui
s'amnfent (dit-il) aux généalogies , ne font que
/(i/i.Car il yen a qui veulétmoftrer toute leur
fubtilité à pouuoir raconter combien ily a eti
d'enfans en vne telle maifon:& après, comme
les races ont efté departies.il eft vray q quel-
que fois il fera bien requis de traitterles ge»
nealogies:mais fi faut-il encores y garder fo-
brieté. Ce n'eft point fans caufe que fainft
Matthieu & fainft Luc nous ont recité côme
noftre Seigneur lefusChrift eftoit defcend»
d'Abraham:mefmes fainft Luc nous meine iuf
ques àAdï. Pourquoy? Afin que nous cognoif-
fions qu'il eft vray homme:& puis, la femence
fainfte qui eftoit promife à Abrahâ:& puis, de
laquelle Dauid a eu encores reuelation plus
certaine , quand le Royaume a efté eftabli en
fa main, & qu'il luy eft dit qu'il feroit perpé-
tuel. Voila donc quelque déclaration des gé-
néalogies qui eft neceflaire^mais nous voyons
en quelle attrempance y vont les Euageliftes.
Sainft Luc en traitte tellement, que c'eft coin
me en courat.afin qu'6 ne s'y amufe par trop.
Et puis fainft Matthieu met là trois téps:cora
me s'il difoit , C'eft aflez d'auoir en fournie q
noftre Seigneur lefus , qui eft nomme Chrift,
eftdcfcédudu lignage de Dauid &d'Abraha:
en forte qu'il fe contente de fçauoir que c'eft
le Rédempteur qui a efté de tout temps pro-
mis aux fainfts Pères. Nohs voyons donc que
le fainft Efprit nous tient en bride , afin que
noui; ne vaguions point en nos queftions fu-
perflues.Ainfi en cefte efpece fainft Paul nous
monftré qu'il nous faut tenir à ce que Dieu
lli. V.
SE RMON XV IT.
6X6
noui a declaré.Et pourquoyîCar il a bien co-
gnuce qui nouseftoit propre.Iladioufteaufsi
Ittdtbats (^ conttntions. Car il eftimpol'sible
<]uand les horanies fe veulent monl>rer,qu'ir>-
continent le feu ne s'allumetambicion cmpor-
K toufiours auec foy mille debacs , quand on
s'adonne â difputes : comme fainft Paul nous
admonefte aux Philippiens.Et pourtant ,que
nous ne foyons point adonnez à noftre appé-
tit,& à vne vaine gloire , qu'vn chacun ne re-
garde point de furraonter fon compagnon:
mais que nous demandions à édifier les vns les
aucres:queceux qui ont la charge d'enfeigncr
s'y employent fidèlement , afin d'auancer les
autres:qu'vn chacun difpéfe ce qui luy eft don
né de Dieu.qu'il cômunique ce qui luy eft de-
parti, comme membre du corps. Quand nous
ferons C€ls,il eft certain qu'il n'y aura point
de noife entre nous. Car ce n'cft pas aflez d'o-
béir à la vérité : en demandant que Dieufoit
Je Maiftre.que grans & petis profitét fous luy:
mais quand nous auons les efprits volages , il
faut que nous portions le feu auec nous , & le
diable n'a point de meilleurs fuppofts que
ceux qui fe veulent faire valoir,ce font les pi-
res pertes du monde. S'il y a vn homme glo-
rieux . encores qu'il ait toutes les vertus en
foy , il vaudroit mieux qu'il fuft paillard , &
yurongne, quand il eft queftipn de gouuerner
J'Egliie de Dieu. Car vn paillard aura ce vice
particulier tn foy:aut.ït en eft-ild'vn yuron-
gne. Mais quand vn homme ha cefte maudite
afFeâion de fe monftrex , & de fe faire valoir,
il faut que le diable règne , il faut qu'il y ait
vne horrible confufîon , fi Dieun''y remédie
par fa grande bonté. Voila pourquoy fainû
Paul ayan; traitté ie^ queftions fuperflues,ad
io'jfte qu'il nous faut aufsi abftenir de tous
débats : carce font chofes qui ne fe peuuent
iamais feparer.côme nous auons dit. Or main-
tenant il veut q»e Titefitycnihemme hereti-
me , après îauoir admonefte -vne fois oh deux.
Ceci dépend de ce que nous auons défia trait-
té.Car fi nous n'auons ceft aduertiflèment , il
jious fera impofsible de prattiqucr cefte do-
Arine que nous auons ouye.Pourquoy?Enco-
res queie tafche d'édifier l'Eglife r&quei'y
applique mon eftiule en toute fimplicité, n
n'eft-il pas en moy de retenir les curieux que
ils ne s'efgarenr,&de retenir les mutins qu'ils
n'efmeuiient débats, & qu'ils ne s'eleuent.Ain
fi, que feray-ielà? Sainéi Paul dit qu'il faut
•ouper broche , s'il y en a qui foyent efmeus
d'vnefprit d'ambition , qui ayent cefte con-
uoitife dcfe faire valoir. Il eft vray qu'il n'y
aura iamais fin,(ï on les veut croire-.qu'encore
qu'on leur ait fermé la bouche , ils ne lailTe-
ront point de répliquer comme gens effron-
tez: S; on le voit par expérience. Mais enco-
res n'cft-ce point le remède qu'on les laifle
Li,?; qu'on les reiette,& que nul ne leur tiene
propos. N)us voyons maintenant quelle liai-;
ion rl^ y a.de cefte donnas auec ce que nous
auons expo fé. Mais encores faut -il mieux dé-
clarer combien cefte difcretion eftoit neeef-
faire. Caries feruiteurs de Dieu font tentez
quand on les attire,maugré qu'ils en ayent,en
débat: ilsfont(di-ie)tente2, àfuyurefes que-
ftions.Il eft vray que fi c'eftoità eux à choifîr,
ils fe voudroyent oscuper à déclarer la vo-
lonté de Dieu , à monftrer fîmpleraent ce qui
eft bon & V tile pour le falut de tous :mais quad
on ne le foutfrc point , & qu'on les picque, &
qu'on leur fait hontc.fînon qu'ils refpôdent,
&bicn,ilya là excufe legitime.quand ils font
ainfi forcez. Or tant y a qu'il ne faut point
qu'ils en foyent esbranlez , (dit fainâ Paul.)
Notons bien donc que ce n'eft point fans'cau-
fe qu'il a aduerti Tite de laifler vn homme he
retique. Et pourquoy'Car le diable eft touf-
iours preft de nous fuficiter gens qui nous de-
ftûurnent de noftre office,qui viendront nous
picquer, afin que nous n'ayons loifird'enfei-
gner le peuple, & l'édifier ielon qu'il en ha be
foin. Quand nous aurons l'Efcriturefainfte,
que nous demanderas de la traitter purcmét,
& àl'vtilité d'vn chacun , voila le diable qui
nous fermera la porte, & nous viédra fufciter
des brouillons qui nous deftourneront de ce
qui eftoit bon & propre. Or fi nous auons cela
ainfi accouftumédu tout,que fera-ce?Tous les
iours répliques nouuelles, tous les ioursnou-
ueaux propos : & ainfi la vérité de Dieu fera
obfcurcie. Pour cefte caufe aduifons à fuyure
ce qui nous eft ici c5mandé,c'eft de laifler les
hérétiques , après lesauoir adinoneftezdeujt
ou trois fois.Or S.Paul prefuppofe qu'il faut
auoir cognu l'herefiqucdeuât que le rcietten
Car que fera-ce fi à tous propos nous voulôs
condamner ce qui ne oousviendra point à gré?
Il faut qu'il y ait ici difcretion. Et ainfi no-
tons qu'en parlant d'vn homme hérétique , il
marque tous ceux qui ne fe peuuent accorder
à la vérité de Dieu,&qui fefeparentde rvniô
de la foy, & qui font trouble en l'Eglife. Car
nous oyons ce qu'il dit aur Philippiens , q'ue
les fidèles feront bien en débat de quelque ar-
ticle, & qu'ils ne pourront point cofentir en-
femble en tout & par toutrmais alors ils doy-
uent vfer de modeftie , & nourrir paix & con-
corde, iufques â ce que Dieu leur ait reuelé ce
qui ne leur eft point eogiiu.Nous ne pouuons
pas donc fçauoir toutes chofes:rvn marchera
beaucoup plus auant que ne feront pas les au-
tres.Et ccluy qui eft le plus adiiancémefprife
ra-ille refte.d'autant qu'il en fçaitplus?(5coù
feroit-ce.iUer? Mefmesil aduicdra que celuy
qui eft le mieux exercé en l'Eicnture fainâe*
& auquel Dieu a reuelé beaucoup de fes fe-
crets, quant à vn article fera ignorant. Ainfi il
nousfaut fiippnrter en cel^ endroit. Tous ceux
donc qui n'accorderont point auec nous, ne fe
roiit pas condamnez pour hérétiques, mais ce
font ceux q l'e bandét cotre la venté de Dieu,
&qui fedcllournent des principes de noftre
foy,& ds <^^ T*'" appelle kfubûâcc de noftre
Chrc
s V R r E P I s T. A T I T Ë.
<if
Chreftienté : & par ce moyen Teparenc les
gens d^auec le corps de noftrc Seigneus lefus
Chrift. Ceux donc qui diftipent ainfi l'iEglile,
& qui troublée l'édifice de Dien, ceux-là font
nommez hérétiques en cepaflage . Or quand
fatnâ Paul dit qu'il les faut admonefler, il ne
parle point feulement des admonitions pri-
uees qu'on pourroit faire : mais il entend que
ils foyent redarguez viuement,&conuaincus.
Comme maintenant fi vn homme a quelque er
reur, il ne fera point hérétique encores qu'il
ait erré : iedi combien que la fauDe foitbien
lourde,s'il y a eu quelque inaduertence.il fera
bien redargué . Il eft vrayquela cheuteeft
lourde , & ne faut pas qu'il s'y plaife : mais
quoy qu'il en foit.ce n'elt pas herefie,où il ne
y a point de rébellion ,& là où aufsi vn hom-
me ne fe fepare point de l'vnion des fidèles:
car il faut qu'il y ait fede, quand il eft queftion
d'herefie. Puis donc qu'ainfi eft, notons que
quand vn homme feraadiierti en priuc , qu'il
n'eft pas hérétique en cela : mais fi vn homme
s'opiniaftre , & qu'on ne puifle cheuir de luy,
alors il faut venir en cognoiiTancepublique &
légitime. Car voila que c'cft des admonitions
dont faind Paul parle ici.Q_u_and donc on au-
ra trauailié pour gagner va homme, & qu'on
TOit qu'il s'enuenime tant plus, & qu'il defpi-
ic Dieu manifcftement, & qu'il ne demande
qu'à troubler rEglife.qu'il y va en malice, co-
gnoiflbns que voila vn hérétique defefperé.
Pour ceftecaufe iladioufte, V» tel homme efl
mint.ll prend lafimilitude d'vn édifice qui fe
ra du tout abbatu.S'il y a quelque vice en vne
maifon,5c bien, on repare ce vice-la : fi le toift
eft defcouuert , s'il y a quelque paroy où il y
ait des creuafles,on y remédie, on le reftaure,
&le remet-on en quelque eftat: mais quand
c'en eft fait,que gagnera-on ? fi on veut s'y a-
mufer , on ne fera qu'augmenter les ruines.
Sâinft Paul dit qu'vn homme qui n'a point de
crainte de Dieu.cft ruiné. Et de faift.fi m hoin
me erre en quelque chofe, moyennant qu'il re
tiene toufiours quelque racine de la crainte
de Dieu, on le réduira à la longue . Et l'expé-
rience le monftre de ceux qui font efgare» en
leurs phantafies: tellement que cela fe trouue-
ra toufiours vray à la prattique.que fi vn hom
me eftabbruué de quelque faulTe opinion, s'il
a quelque crainte de Dieu, on le réduira en la
fin^ car le fondement demeure, & le baftiment
fe peut faire li deffus . Mais quand vn homme
fait de l'enragé contre Dieu.que fon ambition
diabolique le tranfporte,que profitera-on làî
Il faut donc diligemment obferuer & difcer-
ner fi vn homme eft ruiné, ou non. Et cément?
Quand âpres l'auoir enfeigné doucement, on
l'amené dcuant l'Eglife comme s'il elloit en
la prelence de Dieu, & que làxin l'admonefte,
& qu'il eft corrigé, que s'il eft endurci, & qu'il
ait vn efprit d'amertume ( comme l'Elcriture
en parle ) pour ne rien receuoir de ce qu'on
luy dit, alors il n'y a plus que ruine , on co-
gBoift qu'il n'y a plus rien for quoy on puiife
baftir.Et pourquoy ? Pource qu'il n'y a point
de fondement de crainte de Dieu, Voila donc
en fomme ce que fain6l Paul a entendu en ce
pailàge. Or fi ceux qui ont la charge & office
d'anoncer la parole de Dieu, font admoncftez
de fuir les keretiqnes, notons que ceci appar-
tient aufsi à tout le corps de l'Eglife. Car fi va
homme particulier s'oppofe à vn hérétique,
que fera-il > Il eft vray qu'il doit tafcher de le
amener à Dicu,entant qu'il luy fera pofsible:
s'il y a vne brebis efgaree, illa faut ramener
au troupeau. Voire, raai^s'ilyavn ioupil'a-
menera-on au troupeau pour tout d>fsiper?
hreft-ce point fe mocquer de Dieu , quand
beaucoup diront (comme on le voit ) Et c'eft
vne poure brebis efgaree, il la faut réduire. Ec
on voit que c'eft vn loup , roire vn diable qui
ne demande finon à tout peruertir : & cepen-
dant qu'on face femblant de rien U deflîis?
Voulons-nous eftre plus fages que Dieu?Or fi
nous n'y entendons, noftre Seigneur fe ven-
gera de noftre nonchalance, & ferons eriue-
loppez en vne mefme condamnation . Voila
que gagnent ceux qui veulent palTer leirs bor
nés . Or s'il n'eft point licite de fe fourrer
trop auant pour gagner les hérétiques, quand
on voit qu'ils font defefperez, que fera-ce de
les teceuoir en fa maifon, de les nourrir, & de
leur monftrer plus de familiarité que fi on e-
ftoit leur coufin, ou leur frère ? que ceux qui
font en eftat de iuftice , qui deuroyent em-
ployer leur puiflance àpunii- & repouflerleï
heretiques,Iesmaintiendront àcor Scàcri? Et
puis ils viendront ici impudemmentmonftrer
qu'ils defpitent Dieu en tout & par tout. Voi-
la vn homme qui aura authorué en vne poli-
ce : & bien, il veut eftre tenu bon fuppoft de
l'Euangile, il viendra receuoir la Cène de no-
ftre Seigneur lefus Chrift. Voila vn ludasrcar
tu as les hérétiques qui ont pcruerti la doftri
ne de Dieu, tu les reçois, tuleurfauorifes. Et
qu'en aduiendra-il, finon que tout fera infe-
ôé,& que tout viendra en defolation? Voila
donc à quoy il nous faut appliquer ce paflàge
de fainft Paul, quand il moniire qu'vn héréti-
que, après qu'il aura efté ainfi admonefté com
menons auons veu , & qu'auec proteftations
folennelles, & comme en la prefence de Dieu
on luy aura rcmonftré , s'il demeure obftiné,
qu'il le faut fuir comme vne pefte mortelle, &
qu'il ne faut point qu'on dife. Et quoy ? l'E-
glife ne reçoit-elle pas les hommes à pitié,
quand ils croyent & qu'ils fe repentent ? Ouy
bien : mais quand on en voit aufquels Dieu a
fermé la bouche Se le cœur, qu'ils ne font que
blafphemer, pluftoft que de monftrer quel-
que figne de repentance,faut-il retirer ceux-
là au troupeau?Or nous fçauons quel eft l'of-
fice des vrais miniftres de l'Euangile : il ne
faut pas feulement qu'ils ayent vne voix dou-
ce & amiable pour attirer au troupeau ceux
qui fe rendent déciles, & qui loufFrenc d'eftre
6li
SERMON xvri.
t
enfeignee : maïs il faut qu'ils dechaflent les
loups & les larrons, ils Joyuent auoir vne voix
pour crier contre tous ceux qui difsipent le
troupeau . Voila donc à quoy fe doyuent em-
ployer les feruiteurs deDieu, s'ils veulent e-
xercer leur office . Or cependant lainft Paul
dit pour conclure , Que les uojhes af gênent à
eftre excellem en bonnes auures-.comfae il auoit
dit auparauant, qu'ils y appliquent leur eftu-
de. 11 oppofe ceci àcefte folle outrecuidance
ui eftoit en beaucoup, lefquelspenfoyent e-
:re habiles gens quand ils auoyent fpeculé çà
&là. Ho.vous auez, dit-il, de belles fpecula-
cions : mais cependant aduifez quelle eft la
droite excellence des enfans de Dieu: c'eft de
œonllrer qu'Us ont bien profité pour bien fai
re,& que c'eft là où ils appliquent leur eftude.
Et puis il dit, Qk'<Vj apfrenenf.comme s'ildi-
foitjlufqucs ici vous aucz mal employé voftre
temps.car il n'y a eu que folle ambition.vous-
vous elles par trop arreftez à voftre vaine
phantafie:il faut que maintenant vous fuyuiez
vn autre train , c'eft que d'orefenauant vous
foyez excellens à bien faire,& non point à ba-
biller : que cefte curiofité & ambition de vous
faire valoir.n'ait plus de lieu entre vous, mais
qii'vn chacun s'employe à feruir à fes pro-
chains. Il appelle les bonnes œuures , tant les
aumolnes , qu'autre aides que nous auons fai-
tes à ceux qui ont faute de nous . Or appre-
nons de nous addonner là : & fi iufques ici
nous y auons efté tardifs &nonchaIans,&mer
mes que nous ayons trop reffcmblé à ceux auf
qnels fainft Paul parle.que d'orefenauat nous
cognoifsions que noftre Seigneur nous tient
en fon efchole , afin que quand il nous aura
monftréla grace,nousloyons rauis après luy,
& y foyons rauis en telle forte.que cependant
nous ne demandions qu'à communiquer auec
nos prochains. Et qu'vn chacun regarde quel
le eft fa faculté : Se félon le pouuoir que Dieu
nous donne , que nous feruions tous les vos
aux autres . Voila comme nous monftrerons
que ce n'cftpoint en vainquenousauons re-
ceul'Euangile.
O R nous-nous profternerons deuant la
face de noftre bon Dieu en cognoiflance de
nos fautes, le prians qu'il nous les face mieux
fentir que nous n'auons point fait, & qu'il ne
permette point que nous abufions de fa fâin-»
fte doârine , 5^ qu'elle foit prophanee par
nous , que nous ne la prenions point tout au
rebours que fon intention n'eft,mais qae nous
en foyons édifiez en la foy de lefus ChiLft,a-
fin de nous arrcftcr pleinement à luy ,& de
nous exercer en prières & oraifons. Et que ce
pendant aiifsi toute noftre vie s'addonne à
bien faire , & aider à nos prochains, & que de
plus en plus nous apprenions de nous confer-
mer en la grâce de noftre adoption, laquelle
Dieu nous déclare tous les iours , & qu'eftans
frères les vns enuers les autres , nous le fen-i
lions noftre Pere,& qu'il nous recueille & ad-
uoue pour fes enfans . Q^e non feulement il
nous face cefte grâce , mais aufsi à tous peu-
ples & nations de la terre>&c.
LOVE SOIT DIEV.
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