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Full text of "Sur une nouvelle espèce du genre Mégaptère, provenant de la baie de Basora (golfe Persique)"

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Sur une nouvelle espèce du genre Mégaptère, provenant 
de la baie de Basora (golfe Persique) ; 


Par M. H.-P. GERVAIS. 


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« Le genre Mégaptére, tel qu'il a été établi par les auteurs de l’Ostéo- 
graphie des Célacés, comprend quatre espèces distinctes ; les deux premières, 
la Megaptera Boops et la Megaptera Lalandi, y sont établies d’une façon 
certaine; les deux autres, la Megaptera Novæ-Zelandiæ et la Megaptera 
Kusira, w’y sont inscrites que d’une façon provisoire, leurs caractères 
étant insuffisamment connus. 

» Bien que M. van Beneden, «ans un récent Ouvrage, soit revenu à 
l'idée qu’il avait émise il y a plus de vingt ans, qu'il n’existerait qu’une 
seule espèce de Mégapteres cosmopolite, la Megaptera Boops, nous croyons 
pouvoir, par la comparaison de nouveaux matériaux rassemblés dans 
les collections anatomiques du Muséum de Paris, démontrer, dans un 
travail que nous avons entrepris, que la loi de répartition des espèces 
établie pour les Balænidés et les Balænoptères doit s'appliquer aussi aux 
Mégaptères et que le nombre des espèces de ce groupe doit être porté à 
trois, qui sont : la Megaptera Boops, habitant l'hémisphère boréal; la 
Megaptera Lalandii, fréquentant la partie sud de l'océan Atlantique, et la 
Megaptera du golfe Persique, qui fait le sujet de la présente Note, espèce 
qui habiterait l’océan Indien et à laquelle nous proposons de donner le 
uom de Megaptera indica, car ce n’est qu’accidentellement que l'individu 
acquis pour les collections du Muséum aurait pénétré dans le golfe Per- 
sique d’où il nous a été expédié. 

» La taille de la Mégaptère du golfe Persique, qui est arrivée à l’âge 

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adulte, diffère à peine par le squelette de la Megaptera Boops, également 
adulte, à laquelle nous avons pu la comparer. Les formes extérieures de 
son corps devaient être pourtant plus élancées et la tête plus globuleuse. 

» La forme générale de la tête osseuse accuse, dans ses contours supé- 
rieurs, une courbure beaucoup plus masquée : le rostre est plus obtus, le 
maxillaire inférieur plus arqué. La région postérieure du crâne est moins 
concave que chez la Mégaptère du Nord, la crête longitudinale occupant 
le milieu de la face externe de l’occipital est plus accentuée, les saillies des 
occipitaux latéraux plus marquées et la région condylienne moins proémi- 
nente; le trou occipital est situé moins haut et regarde, par conséquent, 
plus en arrière. 

» L'os temporal diffère surtout dans sa portion zygomatique, qui est 
plus courte, plus massive, plus arquée à son sommet et dirigée plus en de- 
hors. Les os frontaux accusent aussi, dans leur forme, des différences 
assez grandes; leurs prolongements orbitaires sont plus massifs, à direction 
moins oblique de dedans en dehors et d’arriere en avant. La gouttière op- 
tique est largement ouverte dans toute l’étendue de son trajet. 

» La région inférieure du crane, quoique un peu mutilée, nous a permis 
pourtant de remarquer que les os palatins, qui donnent de si bons carac- 
tères, au point de vue de la distinction des espèces, chez les Cétacés, dif- 
fèrent par leur forme, leur épaisseur plus considérable et leur large arti- 
culation avec le maxillaire supérieur chez la Mégaptère du golfe Persique. 
Les ptérygoïdiens sont aussi très épais, et leur apophyse postérieure, beau- 
coup plus courte et plus forte que chez la Megaptera Boops, est très re- 
courbée en arrière et en dehors. 

» Les maxillaires supérieurs ont leurs bords externes moins droits que 
chez l'espèce du Nord. Le rostre subit un rétrécissement assez marqué un 
peu en avant de la base des apophyses orbitaires, puis il s’élargit dans sa 
région moyenne pour diminuer ensuite progressivement vers son extrémité 
antérieure, Toutes leurs parties présentent des caractères différents assez 
marqués. 

» L'os jugal et l'os lacrymal ont aussi une configuration particulière 
chez votre animal. 

» Les vertèbres se distinguent d’une façon générale par lépaisseur de 
leur corps, qui est plus grande dans les premières cervicales chez la 
Mégaptère du golfe Persique que celles qui leur correspondent dans la 
Mégaptère de Laponie, qui était pourtant supérieure quant à la taille. Les 


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apophyses transverses et épineuses de la première de ces espèces, com- 
parées à celles de l’autre, différent comme forme et comme direction; elles 
sont généralement plus courtes, plus larges et plus épaisses. Les apophyses 
transverses de la région dorsale, surtout celles qui occupent le milieu de 
cette région, sont plus relevées que cela ne se voit chez aucun des sque- 
lettes décrits jusqu'ici et rapprochent notre Mégaptère, plus qu'aucune 
autre espèce du groupe, des vraies Baleines. 

» Les deux premières vertèbres cervicales méritent une mention spé- 
ciale : l’atlas se distingue de celui de la Megaptera Boops par la courbure de 
son arc supérieur, l'épaisseur de ses lames dont le bord postérieur est 
creusé de deux cavités articulaires profondes dans lesquelles pénètrent deux 
apophyses articulaires venant du bord antérieur de l’arc neural de l'axis; 
ses apophyses transverses supérieures sont plus courtes et plus massives. 

» Les apophyses transverses inférieures se sont développées, ce qui n’a 
pas lieu chez la Wegaptera Boops; celle du côté droit, soudée avec l’apo- 
physe transverse supérieure, forme une masse apophysaire en apparence 
unique, à ja base de laquelle se trouve un large canal vertébral. 

» La deuxième vertebre cervicale ou axis diffère autant de celle de l’es- 
pèce du Nord que les deux vertèbre; atlas différent entre elles. La troi- 
sièéme vertébre cervicale porte deux apophyses transverses supérieures et 
inférieures très développées. 

» Le membre thoracique est plus long que chez la Megaptera Boops à 
laquelle nous la comparons, bien que la taille du premier de ces sujets soit 
inférieure de près de 2® à celle du second. L’omoplate est dépourvue 
d’acromion; l’apophyse coracoïde est représentée par une petite saillie 
osseuse et la forme générale de cet os diffère sensiblement chez les deux 
espèces. Tous les métacarpiens sont plus larges, plus longs et. plus épais 
que dans l'espèce du Nord; ils contribuent, avec les phalanges qui sont 
aussi plus longues, plus larges et plus aplaties, à donner à la nageoire de 
cet animal de plus grandes proportions. 

» Les côtes sont moins larges et plus arrondies que dans les deux autres 
espèces. 

» Le sternum, chez notre Mégaptère du golfe Persique, diffère complete- 
ment par sa forme de celui de toutes les espèces de Mysticètes décrites 
Jusqu'ici. Cet os est relativement très petit, quoique nous ayons affaire à 
un sujet adulte. Sa forme est celle d’une sorte de battoir dont la face an- 
térieure est concave dans le sens de la hauteur, convexe transversale- 


(4) 
ment. Les prolongements latéraux, s'arliculant avec la première paire de 
côtes, sont à peine sensibles. Tous les bords, surtout le bord antérieur, qui 
est épais et recourbé en avant, sont arrondis; le bord inférieur se termine 
par une forte pointe triangulaire. 
» La caisse tympanique présente chez la Mégaptère du golfe Persique 
une forme caractéristique ; elle se fait remarquer par ses faibles dimen- 


sions. 
» Les fanons sont larges, épais et de couleur uniformément noire. » 


(31 décembre 1883.) 


GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. È 
5906 £ Paris. — Quai des Augustins. 55. 10} 
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