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Full text of "Traité pratique de médecine légale v. 2"

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!L^iàa«iBi 


S 


TRAITÉ    PRATIQUE 

MÉDECINE  LÉGALE 


D'APBËS  DES  OBSERVATIONS  PERSONNELLES 


llvivÇASï^i^''''"''-  ■ 

PnfMKiir  de  nrfdHlns  léfilii  t  ruiiinnilc  da  B«rli]i, 
■dn  (ap<n  ità  inbonaiii,  Rtembrc  d«  li  diipuUlitHi  KianliAqu  de  Pruuc, 

Coùeillir  ialina  du  roi  de  PrutH,  Cosiiunitfur  de  l'Aigle  rou^e 
ih«  mnetdeSiinle-Anne  ■(  Siinl-Stiniil».  Chevalier  due  ordrode  DiDebwe 
ds  Lcapiild  (1  de  Siie-Weiniir. 
Hentre  cmTeayoodint  de  rAudéirin  ImpMala  de  niM«iii«  de  Ptria, 
"  -'-     leHoima,  de  Bniinllei,  dei  ï^ocldlà  nédiulet  devienne.  Leipiie, 
bn,  Igan,  U  NouieUD-Orlêinb,  Dru'ide,  Stacklmlai,  etc. 


TraMoll  tr  rAlInnind  m 


»  rmi  de  l'Anlear 


GosTiii  eEKDEII   etILUEIIE. 


TOHE  SECOND.        ( 


PARIS 

LIBRAIRIE   MÉDICALE  GERMER  BAILLIÈRE , 
rue  tlo  l'Erole-tle-Médecine,  il. 

LonpBBs  1  new-iroiK 

Mit!  blIMn,  bmi  iirn[,  m.        I  bfllMn  ttDilwn,  IH,  Nilvai. 

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TRAITÉ  PRATIQUE 


MÉDECINE  LÉGALE 


PARTIE   THANATOLOGIQUE. 


INTRODUCTION. 

I«  Cadavre. 

LÉGISLATION.  —  Code  pénal  prussien,  1851,  S  i86.  Celui  qui  à  l'insude  Taulorilé 
aura  inhumé  ou  caché  un  cadavre,  sera  puni  d'une  amende  jusqu'à  200  thalers 
ou  d'emprisonnement  jusqu'à  six  mois. 

La  punition  sera  l'emprisonnement  jusqu'à  deux  ans,  si  une  mère  inhume  on 
cache  le  cadavre  de  son  enfant  nouveau-né  illégitime,  à  l'insude  l'aulorité. 

Avant  rapparition  du  nouveau  Code  prussien,  on  n'avait  jamais  eu 
à  préciser  la  définition  du  mot  cadavre.  Hais  maintenant  cela  devient 
nécessaire  puisque  ce  mot  est  employé  dans  le  Code,  et  il  s*agit  de 
savoir  si  une  mère  qui  cache  un  fœtus  de  trois  ou  quatre  mois,  doit 
être  considérée  comme  ayant  c  caché  un  cadavre  ». 

Scientifiquement  parlant,  un  cadavre  humain  est  un  être  humain 
privé  de  vie  ;  par  conséquent,  un  Tœtus  de  trois  ou  quatre  mois  est  un 
cadavre  ;  car,  sans  cela,  que  serait-il? 

Cependant,  dans  plusieurs  affaires,  la  Cour  de  cassation  prussienne 
a  donné  une  autre  interprétation  à  ce  mot,  en  disant  que  :  t  Consi- 
1  dérant  que  ne  peut  être  mort  ce  qui  n*a  pas  vécu  et  ne  pouvait 
»  pas  vivre,  la  viabilité  d*un  Tœtus  est  nécessaire  pour  qu*on  puisse 

IL  I 


2  PARTIE    TUANATOLOGIQUE. 

i>  lui  appliquer  la  qualiOcalion  de  cadavre:  *•  Dans  un  cas,  elle  a 
déclaré  également  qu*un  fœlus  de  trois  ou  quatre  mois,  qui  n'était 
pas  viable,  n*étant  pas  considéré  comme  ayant  vécu  d'après  les  lois 
civiles  et  les  usages  de  TEglise,  et  ne  devant  pas  être  soumis  aux 
règlements  des  enlerrements,  ne  pouvait  être  considéré  comme  un 
cadavre. 

Ainsi,  au  point  de  vue  du  droit,  on  ne  considère  pas  la  vie  végé- 
tative du  Tœtus  dans  Tutérus,  mais  sa  viabilité  exira-uterum.  C'est 
celle  interprétation  que  nous  adopterons  et  sur  laquelle  nous  aurons 
à  revenir  à  propos  de  la  docimasie  pulmonaire. 


PREMIERE   DIVISION. 

MEDECINE  i^ÉGALË  GÉNÉRALE. 


PBEMIÈIIE  SECTION. 

BUT  DE  L'AUTOPSIE. 

Une  autopsie  peut  avoir  pour  but  les  (rois  points  principaux  sui  • 
vants: 

1  Déclarer  si  un  enrant  nouveau-né  est  né  viable  et  a  vécu  ; 
2*  Détenniner  depuis  combien  de  temps  un  sujet  est  mort; 
3°  Découvrir  quelle  est  la  cause  qui  a  amené  la  mort. 

Le  premier  point  est  celui  que  Ton  a  à  résoudre  le  plus  souvent  (1); 
le  troisième,  qui  consiste  à  découvrir  la  cause  de  la  mort,  se  présente 
légalement  très  fréquemment;  enfin,  le  second  est  celui  que  Ton  a  le 
moins  souvent  à  étudier.  Deux  de  ces  questions,  ou  même  toutes  les 
trois,  peuvent  se  présenter  pour  le  môme  sujet  ;  nous  les  étudierons 
Tane  après  l'autre. 

(1)  A  Berlin,  et  probablement  dans  toutes  les  grandes  villes,  les  autopsies  des 
nouveau-nés  forment  à  elles  seules  le  quart  de  toutes  let  autopsies  légales. 


PARTIE    THANATOLOGIQUE. 


CHAPITRE    PREMIER. 

VIABILITÉ. 

Législation. —  AUgemein  Landrecht*  thl.  11.,. Ut.  2,  §.  2.  Conlrc  la  pré5ompUon 
légale  (que  des  enfants  qui  sont  procréés  et  nés  pendant  le  mariage  sont  pro- 
créés par  le  mari),  il  ne  sera  fait  droit  aux  réclamations  du  mari  que  lorsqu'il 
peut  prouver  qu'il  n*a  pas  cohabité  avec  sa  femme  dans  le  temps  qui  a  couru 
du  trois  cent  deuxième  jusqu'au  deux  cent  dixième  jour  avant  la  naissance  de 
l'enfant. 

Code  civU  des  Provineei  rhénanes,  art.  312 Le.  mari  pourra  désavouer 

l'en  tant  s'il  prouve  que,  pendant  le  temps  qui  a  couru  depuis  le  trois  centième 
jusqu'au  cent  quatre- vingtième  jour  avant  la  naissance  de  cet  enfant  il  s'est  trouvé 
dans  l'impossibilité  physique  de  cohabiter  avec  sa  femme. 

Loi  du  24  avril  1854,  §  15.  Sera  regardé  comme  père  d'unenCsnt  illégitime,  celui 
qui  a  cohabité  avec  la  mère  entre  le  temps  qui  a  couru  depuis  le  deux  cent 
quatre-vingt-cinquième  jusqu'au  deux  cent  dixième  jour  avant  la  naissance  de 
l'enfant. 

ÀUg»  Landreckl.,  thl.  1,  tit.  I,  §  17.  Les  enfants  sans  forme  ni  figure  humaine,  sont 
privés  des  droits  civils  et  de  famille. 

/6tc(.,  Qrid,,,  }  18.  Si  ces  monstres  vivent,  ils  doivent  être  nourris  et  soignés  autant 
que  possible. 

AUg.  Landrecht.f  (h.  I,  tit.  1\,  §  371.  Si  la  question  :  A  qui  appartient  un  héri- 
tage? dépend  de  la  naissance  d'un  fruit  conçu  lors  de  la  mort  du  testateur,  on 
doit  attendre  la  naissance. 

Ibid.y  tli.  I,  tit.  XII,  §  13.  On  doit  admettre  qu'un  enfant  est  né  vivant  si  des  té- 
moins dignes  dto  foi,  présents  à  l'accouchement,  ont  entendu  clairement  sa  voix. 

Code  civil  des  Provinces  rhénanes,  art.  725.  Sont  incapables  de  succéder  :  1^. . . . 
2**  l'enfant  qui  n'est  pas  né  viable 

IM,,  ibid.f  art.  906 Néanmoins  la  donation  ou  le  testament  n'auront  leur 

effet  qu'autant  que  l'enfant  ^era  né  viable. 

§  1er.  ^  définition. 

Un  nouveaU'Hé  est  viable^  en  sens  médicaly  si,  par  son  âge  et 
par  la  configuration  de  ses  organes^  il  peut  vivre  exlra-uteroy 
e'est-à-dire  s*il  peut  atteindre  la  durée  moyenne  de  la  vie  humaine. 
Un  Truit  même  bien  formé,  de  cinq  mois,  ne  peut  pas,  dans  le  sens 
scientifique,  vivre  extra-uteroj  pas  plus  qu*un  fruit  de  dix  mois  qui 


VIABILITE.  — DéFINITlOW.  5 

est  né  avec  une  ectopie  des  orgnnes  de  la  poitrine,  ou  une  oblitérn- 
lion  complète  de  Tanus. 

Des  juristes  distingués  se  sont  rangés  de  celte  opinion,  par  exemple 
Mittermaier  (I)  et  Ed.  Henke  (2),  qui  regardent  comme  sans  impor- 
tance une  vie  de  quelquesjours.  Mais  d'autres  proresseurs  de  droit  sont 
d'une  opinion  contraire  et  prétendent  que,  si  l'enfant  a  vécu  un  seul 
instant  extra-uterum^  il  doit  être  considéré  comme  étant  né  viable, 
et  doit  jouir  de  tous  les  privilèges  de  cette  qualité. 

Les  diflérentes  législations  ne  sont  pas  d'accord  sur  ce  sujet.  Le 
Code  civil  prussien  demande,  pour  que  l'enrant  puisse  hériter,  qu'il 
ail  vécu  ;  tandis  que  le  Code  civil  français  et  ceux  qui  l'ont  copié, 
comme  le  Codesarde,  demandent  que  l'enfant  soit  né  viable. 

Nous  laissons  ces  questions  juridiques  aux  hommes  de  droit,  nous 
06  les  avons  mentionnées  que  comme  renseignements  curieux.  Le 
médecin  légiste,  en  Prusse,  peut  se  contenter  de  la  définition  que 
nous  venons  de  donner,  car  il  est  évident  qu'un  enfant  qui  est  né  à 
cinq  mois  ou  qui  est  né  à  terme  mais  avec  une  occlusion  de  l'œso- 
phage, quand  même  il  a  vécu  et  respiré  quelques  instants,  n'est  pas 
né  viable. 

Cependant  il  y  a  quelques  vices  de  conformation  auxquels  les  se- 
cours de  l'art  peuvent  remédier  et  qui  n'excluent  pas  la  viabilité. 
Nous  ne  sommes  pas  de  Tavis  de  H.  Robert,  qui,  dans  une  dis- 
cussion récente  à  l'Académie  de  médecine  de  Paris,  soutenait  l'opi- 
nion qu'un  enfant  doit  être  déclaré  'viable ,  s'il  est  né  avec  des 
vices  de  conformation  qui,  abandonnés  à  eux-mêmes,  amènent  la 
mort,  mais  auxquels  on  peut  remédier  par  une  opération  dangereuse, 
quand  même  le  résultat  en  serait  rarement  favorable  ;  encore  plus  un 
enfant  qui  est  né  avec  une  difformité  légère,  par  exemple  l'imper- 
foration  du  prépuce  qui,  abandonnée  à  elle-même,  amène  aussi  la 
mort,  mais  à  laquelle  on  peut  remédier  par  un  procédé  opératoire 
simple.  MM.  Trousseau  et  Devergie  luttèrent  contre  celle  opinion  et 

(I)  Archiv  des  Crim.  Bechls^  vol.  VU,  p.  I,p.  318. 
l2)  Handbuch.  des  Crim.  Kechis,  II,  p.  58. 


6  PARTIB  THANATOLOGIQUE. 

avec  raison.  H.  Robert  citOi  par  exemple,  Tabsenoe  congénitale  com- 
plète du  rectum,  à  laquelle,  dans  certains  cas,  il  est  vrai  très  rares,  on 
a  remédié  par  la  formation  d'un  anus  artificiel  ;  il  nous  prouve  par  là 
que  son  opinion  est  erronée,  car,  de  cette  manière,  nous  retombe* 
rions  dans  la  vieille  controverse  des  degrés  de  létbalité  (Voir  plus  bas. 
Partie  SPÉciALK,  sur  la  Uikaliti  accidentelle^  sur  les  iraUementâ 
médicaux  plus  ou  moins  bien  appropriés).  La  position  sociale  des  pa- 
rents qui  peuvent  avoir  recours  à  un  médecin  tout  de  suite  après  la  nais- 
sance de  Tenrant,  Tbabileté,  labardiessederopérateur,  la  possibilité  de 
faire  un  traitement  suffisant,  etc. ,  seraient  alors  à  examiner,  et  nous  au- 
rions une  viabilité  diflTérente  entre  les  enfants  des  riches  et  les  enfants 
des  pauvres,  entre  les  enfants  de  la  ville  et  les  enfants  des  campagnes, 
et  chacune  de  ces  circonstances  serait  un  point  de  contestation  entre 
les  deux  parties  intéressées.  Par  les  mêmes  raisons,  on  aurait  tort 
d'admettre  avec  certains  auteurs  français,  comme  troisième  condition 
de  non-viabilité,  la  présence  de  maladies  avec  lesquelles  l'enfant  naît 
et  qui  sont  ordinairement  mortelles. 

Tous  les  codes  pénaux  modernes,  excepté  les  codes  de  Prusse  et  de 
Wurtemberg,  considèrent  le  meurtre  d'un  fruit  qui  n*était  pas  viable, 
comme  une  tentative  d*infanticide.  Le  Code  pénal  prussien  ne  parle 
pas  de  viabilité,  il  semblerait  par  là  que  le  médecin,  dans  une  affaire 
criminelle,  n'a  pas  à  s'occuper  de  la  viabilité;  je  n'hésite  cependant 
pas  A  conseiller,  au  contraire,  de  l'apprécier  dans  toutes  les  affaires, 
car  une  question  civile  peut  surgir  à  propos  du  fruit  en  question, 
même  lorsque  les  apparences  sont  loin  de  le  faire  supposer. 

Dans  la  détermination  de  la  viabilité,  c'est  surtout  la  maturité  du 
fruit  qui  est  importante  A  considérer;  car  les  vices  de  conformation 
qui  rendent  impossible  la  vie  extra-uterum^  sont  d'abord  très  rares 
et,  ensuite,  très  faciles  à  reconnaître.  La  question  de  maturité  a 
été  très  longtemps  discutée.  Le  Code  civil  admet  cent  quatre-vingts 
jours  (d'après  Hippocrate)  ;  mais  il  est  beaucoup  plus  conforme  à  la 
nature  de  porter  le  chiffre  comma  on  le  fait  en  Prusse,  jusqu'à  deux 
cent  dix  jours  (trente  semaines  ou  sept  mois),  époque  A  laquelle  la 
membrane  pupillaire  disparaît  et  les  testicules  descendent. 


YfAVILITÉ.  —  MONSTRtTOBITÉ.  7 

Ceux  qai  connaissent  les  histoires  extraordinaires  contenues  dans 
certains  livres  avoueront  que  les  législateurs  ont  eu  raison  de  fixer, 
par  des  limites  exactes,  un  terme  qui  serait  resté  trop  vague  s*il 
était  livré  aux  opinions  des  médecins.  N^a-t-on  pas  souvent  cité  le 
Tameux  exemple  de  Forlunato  Liceti,  mort  à  soixante  dix-^neuf  ans, 
que  Tun  a  fait  naître  à  cinq  mois,  l'autre  à  quatre  mois  et  demi,  et 
qui,  à  sa  naissance,  n'était  pas  plus  long  que  la  maiti,  de  sorte  que 
Ton  a  dû  le  conserver  dans  un  fourneau  comme  les  œufs  de  poule  des 
Égyptiens  I  !  Nous  laissons  ces  fables  pour  ce  qu'elles  valent,  et  nous 
conseiUons  au  médecin  légiste  de  constater  et  de  déclarer  si  le  firutt 
a  atteint  soit  cent  quatre-vingts,  soit  deux  cent  dix  jours,  selon  la  légis* 
lalion. 

I  2.  —  Xoastnioiîté. 

Comme  nous  venons  de  le  voir,  la  question  suivante  :  Tel  fruit 
est-il  un  monstre?  peut  se  présenter  au  médecin  légiste.  Pour  la 
résoudre,  je  pense  que  ce  dernier  doit  faire  un  peu  abstraction 
des  principes  de  l'anatomie  pathologique  afin  d'avoir  surtout  en  vue 
le  but  du  législateur.  C'est  en  me  basant  sur  cette  manière  de  voir, 
que  j'établis  la  définition  suivante  :  Un  monstre  est  un  fruit  dont 
les  organes  sont  tellement  anormaux  que  la  vie  exlra^utérine  est 
impossible.  En  un  mot,  en  médecine  légale,  un  monstre  est  un  fruit 
non  viable. 

Ainsi,  je  laisse  de  cAté  la  question  de  savoir  si  le  fruit  a  c  forme  et 
figure  humaines  »,  ou  s'il  a  un  doigt  de  plus  ou  de  moins;  ce  qui  est 
important,  c'est  de  savoir  &*il  est  né  viable  ;  le  médecin  légiste  devra 
déclarer  s'il  a  vécu  ou  non,  en  laissant  aux  juges  le  soin  d'apprécier 
ce  que  cette  dernière  circonstance  peut  avoir  d'important.  Je  com- 
munique ci-après  deux  observations  de  monstres  qui  ont  été  l'objet 
d'autopsies  légales.  La  première  se  présenta  lorsque  l'ancien  Code 
était  en  vigueur  ;  la  seconde  est  très  intéressante,  parce  qu'elle  nous 
présente  un  vice  de  conformation  congénitale  très  rare,  et  parce  qu'elle 
nous  montre  qu'un  nouveau-né  peut  être  un  monstre  selon  la  défini- 
tien  que  j'ai  donnée,  tout  en  conservant  c  une  forme  et  une  figure 
humaines.  » 


4 

8  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

Obs.  1 .  —  AnefMéphaUe, 

Ce  monstre,  de  lese  féminin,  était  un  anêticéphale.  L'ooeipital  manquait,  le  cer- 
velet, groi  eomme  un  e»uf,  unguinolent,  était  renfermé  dant  set  membranes.  La 
cavité  det  deux  premières  vertèbres  était  anormalement  large  et  contenait  de  la 
matière  cérébrale.  La  tète,  difforme,  était  enfouie  dans  les  épaules,  et  les  téguments 
du  menton  faisaient  -tvp*  avec  ceux  de  la  poitrine,  de  sorte  qu'il  n*y  avait  pas  de 
cou  ;  en  outre,  il  y  avidt  spina  biflda  de  toute  la  colonne  vertébrale  et  épanchement 
séreux  dans  la  cavité  pectorale. 

Obs.  2.  —  Hernie  congénitale  âiaphragmatique. 

Ce  cas  concernait  un  fruit  bien  formé,  mâle  et  complètement  à  terme.  Il  avait 
vécu  pendant  quatre  heures,  et  était  mort,  disait-on,  à  cause  d'hémorrhagie  par 
négligence  de  la  uge-femme.  En  effet,  le  linge  du  cadavre  était  rempli  de  sang, 
tout  le  corps  blanc  comme  de  la  cire,  les  lèvres  pftles. 

Aussitôt  que  l'on  ouvrit  la  poitrine,  on  vit  le  dbpbragme  refoulé  en  bas  entre  la 
huitième  et  la  neuvième  côte.Totite  la  partie  drolle  de  cet  organe  était  rudimentaire. 
Au  milieu  de  cette  partie  droite  se  trouvait  une  ouverture  triangulaire  &  bords  presque 
cartilagineux,  dans  laquelle  une  portion  du  foie  était  étranglée  et  surgissait  dans 
la  cavité  pectorale.  En  même  temps  une  partie  du  gros  intestin  pénétrait  aussi  par 
cette  ouverture  et  remplissait  presque  toute  la  poitrine  (t).  L'intestin  qui  se  trouvait 
dans  la  poitrine  était  vide,  et  la  portion  qui  se  trouvait  dans  le  ventre  était  gorgée 
de  méconium.  Le  poumon  droit  était  situé  derrière  le  fragment  d'intestin,  dans  le 
thorax  ;  sa  couleur  était  brun-clair  et  sa  consistance  ferme;  pas  plus  grand  qu'un  gros 
haricot,  ce  qui  prouvait  que  la  hernie  avait  eu  lieu  de  bonne  heure  dans  la  ma- 
trice de  la  mère.  Le  foie,  la  rate  et  la  veine  cave  inférieure  contenaient  asseï  de 
sang,  de  sorte  que  Ton  ne  pouvait  pas  admettre  une  hémorrhagie  mortelle.  Le 
cœur  était  plat,  large  et  ne  contenait  pas  de  sang,  mais  il  avait  une  conflguration 
complètement  normale.  La  sage-femme  accusée  dit  que  l'enfant,  au  moment  de 
u  naisMnce,  était  tout  à  fait  bleu  «  comme  si  on  l'avait  plongé  dans  de  l'indigo  » . 
Il  va  sans  dire  que,  dans  notre  rapport,  nous  déclarâmes  le  fruit  non  viable  et  qu'il 
était  mori  non  pas  par  hémorrhagie,  mais  par  vice  de  conformation. 

Les  résultats  de  la  docimasie étaient  aussi  très  intéressants.  Nous  avons  déjà  décrit 
le  poumon  droit,  le  gauche  était  brun  et  marbré  de  rouge  clair  ;  les  deux  poumons 
avec  le  coeur  pesaient  31  grammes  35  centigrammes,  les  poumons  sans  le  cœur 
pesaient  1 3  grammes.  I«es  deux  poumons  avec  le  cœur  nageaient  sur  Teau  ;  séparé 
du  cœur,  le  poumon  gauche  nageait  complètement;  le  poumon  droit  gagnait  le 
tond  excepté  deux  petits  morceaux  qui,  détachés  du  reste,  nageaient. 

Le  poumon  gauche  incisé  contenait  de  l'écume  sanguinolente  et  faisait  entendre 
une  crépitation  (2). 

(1)  Lct  iMrniet  congënitâU»  diapliragmatiquat  sont  lrè«  rarci  du  eôlé  droit. 

(2)  J'ai  rapporté  dans  mon  journal  {Vierteljahnichrift,  t.  VIT,  p.  160),  un  autre  cas  de 
herni«  c  )ngénilale  irauche  diaplirag matiqiu*. 


XOXENT  PRÉCIS  DE   LA  MORT.  ^  GÉNÉRALITÉS.  0 

CHAPITRE  n. 

MOMENT   PRÉCIS  DE   LA  MORT.   PRIORITÉ. 

UfinLATiOH.  —  A.  L  A.»  thl.  I,  Ut.  I,  $  39.  Si  deux  ou^lKsieurs  personnes  ont 
perdu  la  vie  dani  un  malheur  commun  ou  autrement,  dé  sorte  que  l'on  ne  peut 
pas  reconnaître  laquelle  d'entre  elles  est  morte  la  première,  H  sera  admis  qu'au- 
cune n'a  survécu  àrauti*e. 

Code  civil  rhénan  (/i*afipait),art.  720.  Si  plusieurs  personnes  respectivement  appe- 
lées à  une  suceession  périssent  dans  un  même  événement  «ans  qu'on  puisse 
reconnaître  laquelle  est  décédée  la  première,  la  présomption  de  survie  est  déter- 
minée par  les  circonstances  du  fait  et  à  leur  délaut  par  la  force  de  l'âge  ou  du 
sexe. 

/ftid.,  Udd.  art.  7S1.  Si  ceux  qui  ont  péri  ensemble  avaient  moins  de  quinze  ans, 
le  plus  ftfé  sera  présumé  avoir  survécu;  s'ils  étaient  tous  au-dessus  de  soixante 
ans,  le  moins  âgé  sera  présumé  avoir  survécu.  Si  les  uns  avaient  moins  de  quinte 
ans  et  les  autres  plus  de  soixante  ans,  les  premiers  seront  présumés  avoir  sur- 
vécu. 

Ibid.^  tNd.,  art.  72S.  Si  ceux  qui  ont  péri  ensemble  avaient  quinze  ans  accomplis 
et  moins  de  soixante  ans,  le  mâle  est  toujours  présumé  avoir  survécu,  lorsqu'il  y 
a  égalité  d'âge  ou  si  la  différence  qui  existe  n'excède  pas  une  année.  S'ils  étaient 
du  mémo  sexe,  la  présomption  de  survie,  qui  donne  ouverture  à  la  succession 
dans  l'ordre  de  la  nature,  doit  être  admise  :  ainsi  le  plus  jeune  est  présumé  avoir 
survécu  au  plus  âgé. 

$  1.  Oénér Alités. 

Ordinairement  la  recherche  du  moment  précis  de  la  mort  n'est  pas 
étudiée  par  les  auteurs  qui  écrivent  sur  la  médecine  légale.  C'est  une 
grande  lacune  que  tout  médecin  légiste  sentira  ;  car  il  arrive  très  sou- 
vent que  le  juge  d'instruction  demande  à  quelle  époque  le  défunt  a 
périy  soit  dans  des  cas  d'assassinat,  soit  lorsque  des  personnes  disparues 
depuis  longtemps  sont  trouvées  mortes,  soit  dans  des  cas  d'inranlicides. 

Une  vieille  femme  fut  assassinée.  Au  moment  de  l'autopsie  on 
o'élait  pas  encore  sur  les  traces  de  l'assassin,  comme  cela  arrive  sou- 
vent. Il  était  certain  que  le  samedi  soir  précédent  on  avait  encore  vu  la 
femme  bien  portante,  et  le  lundi  matin  on  Tavail  trouvée  assassinée. 
Le  soupçon  se  dirigea  sur  plusieurs  individus  qui  avaient  des  rapports 
avec  celle  femme,  les  uns  le  soir,  les  autres  le  matin,  et  il  était  im- 


10  PARTIE  TRANÀTOLOOIQUR. 

portaat  de  savoir  si  elle  avait  été  assassinée  le  samedi  soir,  le  dimanche 
matin  ou  le  dimanche  soir;  en  d'autres  termes  à  quel  moment  précis 
la  mort  avait-elle  eu  lieu  ? 

Dans  un  autre  cas  d'assassinat  que  nous  communiquerons  plus  bas, 
il  était  également  important  desavoir  si  l'assassinat  avait  été  commis 
le  samedi,  le  dimanche  ou  le  lundi  matin,  jour  où  on  avait  trouvé  le 
cadavre,  car  on  soupçonnait  le  valet  de  la  victime,  et  celui-ci  avait 
disparu  depuis  le  dimanche  matin.  L'époque  de  la  mort  que  nous 
fixâmes  fut  déclarée  exacte  par  les  aveuK  du][meurtrier. 

Dans  d'autres  cas  d'assassinat,  j'eus  à  fixer  non-seulement  le  jour, 
mais  même  l'heure  de  la  mort!  Une  fois,  c'était  un  jeune  homme  qui 
avait  disparu  sous  des  circonstances  très  singulières,  tout  à  coup, 
pendant  la  nuit.  Les  bruits  les  plus  extraordinaires  couraient  sur  sa 
mort,  et  l'on  trouva  dans  l'eau,  trois  mois  après,  qn  cadavre  que  l'on 
soupçonna  être  le  sien.  On  me  posa  la  question  :  Combien  de  temps 
ce  cadavre  a-t-il  été  dans  l'eau?  La  réponse  était  importante  pour  fixer 
l'identité. 

Cette  question  se  présente  souvent  aussi  pour  les  cadavres  des 
nouveau-nés ,  surtout  si  l'autopsie  démontra  qu'il  y  a  au  infanticide  ; 
car  alors  la  détermination  de  l'époque  de  l'accouchement,  c'est-à-dire 
de  l'époque  où  l'infanticide  a  eu  lieu,  peut  aider  à  la  découverte  de 
la  mère.  Comme  on  le  voit,  cette  question  importante,  et  qui  peut  se 
présenter  souvent,  mérite  une  étude  approfondie. 

La  question  de  priorité  de  mort,  concernant  plusieurs  per- 
sonnes trouvées  décédées  ensemble,  est  excessivement  rare.  Elle 
ne  s'est  présentée  à  moi  qu'une  fois  [108-171  obs.),et  on  n^en  trouve 
dans  les  auteurs  que  peu  d'exemples.  Il  est  très  difficile  de  poser 
un  jugement  certain  dans  les  questions  do  ce  genre.  Voici  la  thèse 
générale  que  l'on  peut  seule  adopter  :  Il  n'y  a  pas  de  symptôme 
sérieusement  valable,  s\nppliquant  à  tous  les  cas,  au  moyen  duquel  on 
puisse  déterminer  le  moment  précis  de  la  mort;  il  faut  peser  toutes  les 
circonstances  particulières  se  rapportant  n  chaque  cas,  telles  que  les 
difTérences  d'âge,  de  sexe,  de  constitution,  de  position,  de  putré- 
faction. 


MOMENT  PRÉCIS  DE  LÀ  MORT.  —  SIGNES  DE    LA   MORT.  H 

Suppoionv,  par  exemple,  que  trois  hommes  se  li?raiit  un  combat 
ont  été  tués  tous  les  trois.  A...  a  reçu  un  coup  de  sabre  sur  la  tète, 
B...  un  coup  de  baïonnette  dans  le  cœur,  et  C...  a  reçu  une  balle  qui 
a  effleuré  et  déchiré  la  veine  jugulaire.  Il  est  évident  que,  dans  ce 
cas,  B...  est  mort  le  premier,  C...  a  dû  avoir  une  hémorrhagie  qui 
a  duré  quelque  temps,  enfin  A...  a  résisté  plus  longtemps  que  les 
deux  autres  à  Tinfluence  mortelle  de  sa  blessure. 

Mais,  lorsque  plusieurs  personnes  ont  été  noyées  ou  brûlées  lors 
d'un  même  accident,  il  est  réellement  impossible  de  déterminer  h  qui 
appartient  la  priorité;  du  reste,  le  législateur  a  sagement  prévu  cette 
impossibilité.  Le  médecin  doit  cependant  faire  toujours  son  expertise, 
car  il  doit  déclarer  si  cette  impossibilité  existe. 

Le  seul  signe  un  peu  important,  c'est  le  degré  de  putréfaction. 
Nous  étudierons  cette  question  plus  bas. 

$  9.  —  Signes  de  le  mort. 

An  moment  ou  la  vie  s'éteint,  l'organisme  commence  à  se  mettre 
en  équilibre  avec  les  milieux  environnants  ;  il  subit  toutes  les  influences 
extérieures  puisqu'il  ne  peut  plus  leur  opposer  une  réaction  vitale  ;  il 
se  putréfie. 

Dans  la  crainte  chimérique  et  traditionnelle  de  prendre  la  mort 
tpparente  pour  la  mort  réelle,  on  s'est  efforcé  de  toujours  chercher 
de  nouveaux  c  signes  infaillibles  >  de  la  mort.  Nous  avons  eu  les 
observations  de  Frank  concernant  la  séparation  facile  de  la  con« 
jonclive  et  de  la  cornée,  le  thanatomètre  de  Nasse.  Ce  sont  là  de 
simples  curiosités  scientifiques,  car  les  signes  généralement  connus 
suffisent  bien  dans  la  détermination  de  cette  question,  et  la  médecine 
légale  serait  heureuse  si  elle  pouvait  donner  à  tous  les  problèmes 
qu'elle  a  à  résoudre  une  réponse  aussi  souvent  infaillible. 

Je  vais  donner  l'histoire  chronologique  des  phénomènes  de  la  mort  : 

1**  La  reêpiration  et  la  circulation  cessent  au  moment  même  de 
la  mort.  L'auscultation  ne  permet  plus  de  reconnaître  ni  le  rhythme 
du  coBor,  ni  le  moindre  bruit  des  poumons. 


12  PARTIF.  THANATOLOQIQUE. 

2*  Immédialement  après  la  mort,  le  brillant  de  l'ail  disparaît. 
Celui  qui  a  une  seule  fois  écarté  les  paupières  d'un  homme  qui 
vient  de  mourir  connaît  ce  regard  sans  vie,  fixe,  indescriptible.  Na- 
turellement la  lumière  n*a  plus  d'effet  sur  la  pupille. 

S""  Aucune  excitation  ne  provoque  plus  de  réaction,  je  passerai 
sous  silence  les  expériences  par  l'électricité  qui  n'appartiennent  plus 
ici.  Nous  parlerons  plus  bas  de  nos  expériences  sur  l'excitabilité  des 
cadavres. 

b!"  Tout  le  corps  se  décolore  et  pâlit.  Cependant  les  personnes  qui 
sont  très  rouges  gardent  encore  quelquefois,  après  la  mort,  un  peu  de 
leur  couleur.  Les  bords  rouges  des  ulcères  ne  se  décolorent  pas.  Les 
marques  de  tatouage  rouges,  noires  ou  bleues,  ne  disparaissent  pas 
non  plus,  si  elles  n'étaient  déjà  effacées  pendant  la  vie.  Une  coloration 
ictérique  ne  s'efface  pas  non  plus  par  la  mort  ;  enfin,  les  ecchymoses 
gardent  toujours  aussi  leur  couleur  rouge-bleue,  vert-jaune,  etc. 

b""  La  chaleur  animale  se  conserve  encore  un  certain  temps,  car 
les  tissus  de  la  peau,  et  surtout  la  graisse,  sont  mauvais  conducteurs 
de  la  chaleur.  Aussi,  les  individus  trèsgras  restent,  toutes  choses  étant 
égales  d'ailleurs,  plus  longtemps  chauds  que  les  individus  maigres. 
D'autres  circonstances  encore  influent  sur  le  refroidissement,  ce  sont  la 
température  du  milieu  environnant  et  le  genre  de  mort.  On  sait  que  les 
cadavres  refroidissent  très  vite  dans  l'eau,  qui  est  toujours  plus  froide 
que  l'air.  Dans  les  lieux  d'aisance  et  dans  les  fumiers,  les  cadavres 
restent  proportionnellement  plus  longtemps  chauds;  il  en  est  de 
même  des  cadavres  qui  restent  dans  un  lit.  Quant  au  genre  de  mort, 
on  dit  que  les  individus  tués  par  la  foudre  restent  plus  longtemps 
chauds  après  leur  mort;  je  ne  puis  donner  mon  opinion  à  cet  égard, 
car  je  n'en  ai  jamais  observé.  Mais  il  est  certain  que  ceux  qui  pé- 
rissent par  asphyxie,  quelle  qu'elle  soit,  refroidissent  plus  lentement 
que  les  autres.  Nous  trouvâmes,  par  exemple,  une  femme  étranglée, 
vieille,  très  grasse  il  est  vrai,  qui,  trente  heures  après  sa  mort,  était 
froide  à  l'extérieur,  mais  dont  l'intérieur  de  la  poitrine  avait  encore 
un  degré  de  chaleur  très  sensible. 

Pour  la  grande  majorité  des  cadavres  on  peut  poser,  en  thèse  gé- 


SIGMDS   DE   LA  MORT.— CHRONOLOGIE.  l^ 

nér^le,  qu'ils  sont  complètement  froids  après  dix  à  douze  heures. 

6^  Immédiatement  après  la  mort  arrive  le  relâchement  général 
de  tous  les  muscles,  le  premier  symptôme  qui  prouve  que  le  lurgor 
vilalit  est  éteint. 

Un  cadavre  quipre'senle  seulement  les  symptômes  décrits  jusqu'à 
prêtent  (1-6)  peut  être  regardé  comme  celui  d'un  homme  décédé 
au  plus  depuis  dix  à  douze  heures, 

T  Une  autre  preuve  de  l'extinction  du  turgor  vitalisy  c'est  l'af- 
fdissement  du  globe  de  l'œil.  On  le  voit  clairement  vingt-quatre  à 
trente  heures  après  la  mort,  quelquefois  plus  t6t.  Le  globe  de  l'œil, 
à  Tétat  vivant,  par  la  tension  de  ses  fluides,  est  résistant  au  toucher 
et  élastique,  même  chez  les  mourants.  Mais,  après  la  mort,  quand 
le  laps  de  temps  que  nous  venons  d'indiquer  s'est  écoulé,  la  ré- 
sistance n'existe  plus.  Alors  le  globe  cède  à  la  pression;  plus  la 
mort  est  ancienne  et  plus  sa  consistance  devient  analogue  à  celle  du 
beurre,  jusqu'à  ce  que  dans  une  époque  avancée  de  putréfaction,  il 
crève  et  se  vide. 

S"*  La  mémecause,  l'extinction  du  turgor^  produit  V aplatissement 
du  tissu ^des  muscles  sur  lesquels  le  cadavre  repose;  ainsi  non-seu- 
lement aux  fesses  et  aux  mollets,  mais  aussi  aux  muscles  des  parties 
latérales  du  corps,  aux  muscles  des  membres  et  des  joues,  selon  la 
position  que  le  cadavre  a  conservée  depuis  que  la  mort  est  survenue. 

9*  Hypostases  sanguines.  Le  sang  s'accumule  dans  les  capillaires, 
d*après  les  lois  physiques  de  la  pesanteur.^Par  cette  raison,  Tliypostase 
se  trouve  aux  parties  déclives  du  cadavre,  qui  sont  ordinairement  toute 
la  surface  postérieure,  le  dos,  les  fesses,  les  mollets  ;  mais  aussi,  quand 
le  cadavre  est  plus  ancien,  cette  hypostase  gagne  les  oreilles,  les  côtés 
de  la  poitrine,  les  côtés  des  membres,  parce  que,  comme  dit  Engcl, 
ces  parties  elles  aussi  ont  une  portion  supérieure  et  une  portion  infé- 
rieure. Il  est  donc  évident  que  lorsque  le  cadavre  est  resté  couché  sur 
le  ventre,  Thypostase  se  rencontrera  à  la  partie  antérieure  du  corps. 
On  peut,  dans  de  tels  cas,  conclure  avec  assurance  quelle  a  été  la 
position  du  décédé,  pendant  ou  aussitôt  après  la  mort.  Ces  hypostases 
commencent  à  se  former  sur  le  cadavre  après  six  à  douze  heures,  et 


lA  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

elles  augmentent  de  circonférence  jusqu'à  la  putréfaction  commen- 
çante. Elles  sont  en  elles-mêmes  un  signe  suffisant  pour  prouver  la 
mort. 

1"  HYPUSTASES  SANGUINES. 

Les  hypostases  sanguines  peuvent  se  diviser  en  hypostases  externes 
et  hypostases  internes. 

A,  H ysposlases  sanguines  externes. 

1*"  Les  hypostases  sanguines  externes  (hypostases  du  tissu  cellu- 
laire sous-épidermique,  lividités  cadavériques,  vergetures,  taches  de 
mort)  f(Nrment  un  signe  cadavérique  important  à  étudier,  car  on  les 
confond  quelquefois  avec  des  ecchymoses,  c'est-à-dire  des  traces  de 
violence  exercée  sur  le  vivant.  On  peut  cependant  les  reconnaître  par 
de  simples  incisions  ;  lorsque  l'on  a  affaire  à  une  tache  cadavérique  il 
n'y  a  jamais  épanchement  de  sang  dans  la  plaie,  on  voit  tout  au  plus 
quelques  petits  points  sanguins  épars,  provenant  de  petites  veines  de 
la  peau  qui  ont  été  coupées  ;  tandis  qu'une  ecchymose  coupée , 
quelque  petite  qu'elle  soit,  présente  un  épanchement  de  sang  soit 
liquide,  soit  en  caillot. 

Puisque  c'est  un  symptôme  infaillible  dans  le  diagnostic  et  que 
c'est  le  seul  qui  puisse  faire  distinguer  la  tache  de  mort  de  l'ecchy- 
mose, le  médecin  légiste  ne  devra  jamais  négliger  de  faire  ces 
incisions,  afin  de  ne  laisser  aucun  doute.  Les  médecins  superar^ 
bitres  sont  complètement  dans  leur  droit  si ,  dans  le  cas  où  ces 
incisions  n'auront  pas  été  faites,  ils  contestent  les  résultats  des 
experts  avec  tout  ce  qui  s'ensuit.  Pour  prouver  l'importance  de  ce 
que  nous  venons  de  dire,  nous  allons  rapporter  le  cas  célèbre  de 
l'assassin  Schall  (1). 

Les  experts  qui  étaient  chargés  de  l'ouverture  du  corps  avaient 
dit  que,  aux  extrémités  supérieures  et  inférieures  du  cadavre ,  ils 
avaient  trouvé   «  des  ecchymoses,  qui  semblaient  indiquer  que  ces 

(1)  Voir  mou  Journal  (Vierleljahrsschrifti^  1,  p.  293]. 


SIGMES  DE  LA  MORT.  -^  UY1*06TA5ES  SANGUINES  EXTEKMES.         15 

paities  avaient  été  souniMes  à  une  forte  preaaion  »,  et  l'accusé  niant 
cette  manœafre,  le  difenseur  appuyait  sa  défense  sur  la  présence  de 
ces  ecchymoses  qui  prouvaient  que  plusieurs  personnes  avaient  dû 
coopérer  à  Tassassinat.  Or,  lei  experts  avaient  oublié  de  prouver  que  les 
taches  étaient  des  ecchymoses  en  faisant  des  incisions,et)  requis  comme 
oiédecin  superarbitre,  je  dus  mettre  en  doute  la  certitude  de  leur  con* 
closion,  attendu  que  ces  prétendues  ecchymoses  pouvaient  n'avoir  été 
que  de  simples  hypostases  sanguines.  Cela  a  été  confirmé  plus  tard 
complètement,  lorsque,  au  moment  de  Texécution,  Taccusé  avoua  son 
crime ,  disant  qu'il  n'y  avait  pas  eu  de  résistance  de  la  part  du 
défont I  résistance  qui  aurait  pu  amener  des  ecchymoses;  il  ajouta 
qu'il  n'avait  eu  aucun  complice,  et  qu'il  avait  tiré  un  coup  de  fusil 
dans  la  tète  de  sa  victime. 

La  couleur  des  taches  de  mort  peut  varier  entre  le  rouge  écre- 
visse,  le  rouge  cuivre  et  le  rouge  bleu.  Jamais  ces  hypostases  ne  sou- 
lèvent la  peau  comme  le  font  souvent  les  ecchymoses.  Leur  forme 
n*est  pas  nette  :  tantôt  ce  sont  des  stries,  tantôt  des  tâches  de  forme 
ronde,  d'autres  fois  anguleuse.  Au  commencement  elles  sont  éparses, 
de  la  grandeur  d'une  noix,  d'une  pomme,  d'une  assiette,  puisse 
réunissent  et  couvrent  des  parties  entières  du  cadavre,  le  dos,  toute 
la  partie  postérieure  du  corps.  Ni  âge,  ni  sexe,  ni  constitution  n'ont 
une  influence  sur  leur  formation. 

Elles  ont  lieu,  sans  exception,  après  tous  les  genres  de  mort,  même 
iprès  la  mort  par  hémorrhagie.  M.  Devergie  (1)  dit  le  contraire  et 
appuie  son  opinion  sur  une  seule  observation.  Mon  opinion  est  com- 
plètement opposée  à  celle  de  M.  Devergie,  et  elle  est  basée  sur  une 
expérience  de  Vieille  date  (2). 

:i)  Médecine  Ugalê,  2*  édit,  1835,  t.  I,  p.  81. 

(3)  Voir,  entre  autres,  les  réflexions  qui  suivent  les  observations  75  et  137. 
Usas  un  autre  cas  que  je  n*ai  pas  rapporté,  qui  a  élé  occasionné  par  l'hémorrhagie 
•l'on  vaisseau  de  Testomac,  le  cadavre  était  si  anémique  que  Tarière  pulmonaire 
et  la  veine  cave  étaient  tout  à  fait  vides.  Néanmoins  le  dos  du  cadavre  (deux  jours 
après  la  mort)  était  tout  eouveri  de  taclies  de  mort  bien  dessinées  d'un  rouge 
cahrre. 


16  PARTiE   THAKATOLOGIQUE. 

Du  reste,  le  cas  de^l.  Devergie  ne  prouve  rien,  puisqu'on  ne  sait 
pas  à  quelle  époque  après  la  mort  s'est  faite  Tautopsie  de  cet  homme 
qui  s'était  coupé  les  vaisseaux  du  cou  avec  un  rasoir  et,  protiablemeni, 
M.  Devergie  l'a  observé  au  moment  où  les  bypostases  ne  s'étaient 
pas  encore  formées.  On  ne  peut  pas  non  plus  concevoir  à  priori 
pourquoi  ces  tacbes  ne  se  formeraient  pas  après  la  mort  par  hémor- 
rhagie,  car  celle-ci  ne  prive  certainement  pas  le  cadavre  de  tout  son 
sang,  et  il  est  indubitable,  comme  je  le  démontrerai  plus  bas,  que, 
même  dans  ce  genre  de  mort,  il  se  forme  des  bypostases  internes. 

Engel  prétend  que  l'on  peut  faire  disparaître  la  tâche  de  mort  sur 
le  cadavre  en  faisant  des  incisions  dans  les  taches  de  mort  déclives, 
et  en  laissant  le  cadavre  en  repos.  Quoique  cette  expérience  n'ait 
aucune  valeur  en  médecine  légale,  je  l'ai  répétée  pluâeurs  fois.  J'ai 
vu  les  taches  de  mort  devenir  plus  petites  et  plus  pâles,  mais  je  ne 
les  ai  jamais  vues  disparaître  complètement.  *" 

B.  Hypostases  unguines   internes. 

Les  hypostases  sanguines  internes  se  rencontrent  dans  les  organes 
suivants  : 

1"*  Dans  le  cerveau  elles  se  montrent  par  un  engorgement  des 
veines  de  la  pie-mère,  à  la  parlie  postérieure  du  cerveau,  si  la  tète, 
comtne  cela  a  lieu  ordinairement,  repose  sur  l'arriëre-téle.  Cet  en- 
gorgement est  plus  prononcé  s'il  y  a  hypérémie  générale  de  la  cavité 
crânienne,  mais  il  est  encore  très  visible  lorsqu'il  y  a  anémie  dans 
cette  cavité.  Ce  sont  justement  ces  hypostases  du  cerveau  qui  ne 
manquent  pas  dans  la  mort  par  hémorrbagie,  comme  nous  le  prou- 
verons par  beaucoup  d'exemples.  Cette  remarque  est  importante,  car 
elle  doit  mettre  les  médecins  en  garde  de  ne  pas  nier  que  la  mort  u  eu 
lieu  par  hémorrhagie,  parce  qu'ils  trouvent  i'iiypostase  sanguine  à  la 
parlie  postérieure  du  cerveau. 

Il  est  douteux  que  lorsque  Thypostase  sanguine  s'est  formée  on 
puisse,  en  changeant  ledécubilus,la  faire  naître  dans  un  autre  endroit. 
J  en  ai  fait  une  expérience  qui  est  restée  sans  résultat  :  je  pris  le  ca- 


SIGNES   DE   LA   MORT.   —  HYPOSTASES   SANGUINES   INTERNES.       17 

davre  d*une  femme  empoisonnée  par  Tacide  sulhirique,  morle  depuis 
six  jours,  je  le  disposai  de  manière  que  la  tête  était  pendante  et  je 
le  laissai  dans  cette  position  pendant  vingt-quatre  heures,  il  n'y  eut 
aucune  nouvelle  hypostase  sanguine.  Mais  il  est  très  important  de 
ne  pas  confondre  cette  hypostase  du  cerveau  si  fréquente  avec 
rhypérémie  cérébrale  (apoplexie),  ce  qui  peut  arriver. 

I''  L'hypostase  sanguine  interne  la  plus  fréquente  est  celle  des 
poumons.  Orfila  dit  qu'elle  ne  commence  à  se  former  que  vingt- 
quatre  à  trente-six  heures  après  la  mort;  je  suis  certain  qu'elle  a 
lieu  plus  tôt  et  se  forme  en  même  temps  que  les  autres  hypostases 
sanguines.  Toute  la  surface  postérieure  des  poumons,  c'est-à-dire  à 
peu  près  un  quart  de  la  surface  entière,  se  revêt  d'une  coloration 
plus  foncée  dans  tous  les  cadavres  couchés  sur  le  dos,  et  lorsqu'on  y 
fait  des  incisions,  on  voit  très  bien  l'engorgement,  même  dans  les 
poumons  anémiques  ;  cette  hypostase  est  si  considérable  qu'elle  peut 
induire  en  erreur  et  faire  croire  à  une  apoplexie  pulmonaire  ou  à  une 
pneumonie.  Cela  peut  arriver  surtout  si  le  sang  est  très  foncé,  alors 
on  peut  prendre  pour  un  état  pathologique  ce  qui  n'est  qu'un  phéno- 
mène cadavérique. 

S*"  Dans  les  intestins  l'hypostase  se  trouve  aux  parties  déclives  de 
Torgaoe.  La  coloration  rouge  livide  que  montrent  les  anses  intesti- 
nales inférieures  peut  induire  en  erreur  et  faire  croire  à  un  état  patho- 
logique. Cependant  le  diagnostic  est  facile  :  en  soulevant  l'intestin  on 
verra  des  endroits  livides,  d'autres  complètement  intacts;  tandis  que, 
s'il  y  avait  eu  inflammation,  il  y  aurait  eu  injection  et  coloration  uni- 
formes. 

&**  Quant  aux  reinsy  l'hypostase  se  trouve  à  la  partie  postérieure, 
bien  entendu  lorsque  le  cadavre,  comme  cela  a  lieu  ordinairement, 
est  resté  couché  sur  le  dos  ;  aussi  on  ne  la  confondra  pas  avec  un 
engorgement  de  ces  organes. 

if  On  a  attaché,  jusqu'à  présent,  peu  d'importance  à  l'hyposiase 
sanguine  (/e  la  moelle  épinière  qui,  pourtant,  est  très  importante  et 
peut  facilement  être  le  sujet  d'erreurs.  Elle  se  montre  dans  les  veines 
de  la  pie-mèrei  et  peut  faire  croire  aune  méningite.  Cette  erreur  est 

II.  2 


18  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

d'autant  plus  facile,  fQe  les  experts,  ayant  rarement  l'occasion  d'où- 
vrir  le  canal  vertébral^  ne  connaissent  pas  ce  phénomène;  et  ils 
seront  d'autant  plus  portés  à  admettre  qu'il  y  a  eu  inflammation,  si  le 
hasard  veut  que  le  défunt  ait  reçu  des  coups  dans  le  dos.  On  trouvera 
la  justesse  de  cette  observation  conGrmée,  en  examinant  un  cadavre 
quelconque  qui  sera  resté  quelques  jours  sur  le  dos. 

2°  COAGULATION  DU  SANG  APRÉ3  LA  MORT. 

Le  cœur  ne  présente  jamais  d'hypostase  sanguine,  mais  il  nous 
offre  un  phénomène  très  important  ;  je  veux  parler  de  la  coagulation 
du  sang  (concrétions  polypiformes,  fibrineuses).  Cette  coagulation 
peut  se  former  pendant  la  vie,  lorsque  l'état  intermédiaire  entre  la 
vie  et  la  mort,  lorsque  l'agonie  se  prolonge;  mais  elle  se  forme 
également  après  la  mort  pendant  le  refroidissement  successif  du 
cadavre,  et  c'est  ce  qui  arrive  le  plus  souvent. 

Il  est  donc  certain  que  le  sang  trouvé  coagulé  dans  des  blessures 
d'un  cadavre  ne  peut  pas  prouver,  comme  on  l'a  cru,  que  la  bles- 
sure a  été  faite  pendant  la  vie. 

Henke  (1)  est  dans  la  plus  grande  erreur,  lorsqu'il  dit  :  «  La  coa- 
»  gulation  du  sang  épanché  dans  les  ecchymoses  prouve  que  la  vio- 
»  lence  qui  a  produit  l'ecchymose  a  eu  lieu  pendant  la  vie  ».  La 
grande  autorité  dont  son  nom  a  été  longtemps  entouré,  explique 
comment  cette  opinion  s'est  répandue  facilement,  et,  cependant,  il 
suffit  d'examiner  le  cadavre  avec  attention  pour  en  faire  justice. 

Engel  dit  très  bien  :  <  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  une  maladie  ou 
un  genre  de  mort  qui  empoche  le  sang  de  se  coaguler  dans  le  ca- 
davre. > 

Bock  fixe  môme  le  moment,  quatre  heures  après  la  mort,  à  partir 
duquel  la  coagulation  commence.  Je  ne  parle  pas  seulement  de  la 
présence  continuelle  du  sang  coagulé  au-dessous  des  téguments  de  la 
tête  des  cadavres  d'enfants  nouveau-nés,  mais  de  coagulations  indu- 
bitables dans  des  organes  internes. 

(1)  Handbuch^iU'O. 


SIGNES   DE    LA   MORT.  —  COAGULATrON   DU   SANG.  19 

Un  rniitde  sepl  mois  était  né  mort,  comme  le  démontrait  avec  cer- 
titude la  docimasie  pulmonaire.  Il  y  avait  grande  hypérémie  dans  la 
cavité  crânienne,  et  nous  trouvâmes,  ce  qui  est  très  rare  chez  les 
nouveau-né^,  du  sang  coagulé  dans  les  sinus.  Les  popmons  étaient 
semés  de  nombreuses  ecchymoses  sous-pleurales,  qui  couvraient 
aussi  le  cœur. 

Brûcke  a  prouvé  que  le  contact  du  sang  avec  Tair  qui  n*a  pas  lieu 
dans  le  cadavre,  ne  facilite  pas  beaucoup  la  coagulation,  car,  en 
mettant  le  sang  dans  le  vide,  on  ne  peut  pas  le  conserver  liquida. 

Il  est  extraordinaire  que  des  faits  aussi  clairs,  aussi  indubitables, 
et  que  chacun  peut  observer  journellement,  n'aient  pas  plus  tôt  mis 
les  hommes  de  science  sur  la  voie  de  la  vérité. 

La  coagulation  du  sang  après  la  mort  obéit  à  des  lois  que  nous  ne 

connaissons  pas.  Ainsi,  pourquoi,  après  la  mort  par  asphyxie  dans 

laquelle  la  conservation  de  la  fluidité  du  sang  est  caractéristique, 

pourquoi  le  sang  est- il  quelquefois  coagulé?  Pourquoi  la  coagulation 

commence-t-elle  toujours  dans  certains  organes,  par  exemple  :  le 

ventricule  droit  du  cœur,  la  veine  cave,  le  foie?  (Voir  obs.  309). 

!^o\is  ne  pouvons  résoudre  ces  questions,  mais  nous  admettons  comme 

certaine  la  loi  suivante  : 

La  présence  du  sang  coagulé  dans  le  pourtour  ou  Ictprofon-' 

àtur  d'une  blessure  ne  prouve  pas  que  la  blessure  ait  eu  lieu 

ftndant  la  vie,  car  cette  coagulation  peut  se  former  même  après 

h  mort. 

Obs.  3.  —  Rupture  du  cœur.  Mort  subite.  Coagulation  du  sang. 

loe  femme  de  cinquante -neuf  ans  avait  été  écrasée  par  une  voiture  et  était  restée 
^orte  sur-fe- champ.  Le  cadavre  avait  une  couleur  de  cire  blanche  et  on  voyait  que 
^  mort  avait  eu  lieu  par  suite  d'une  hémorrhagie  interne,  quoique  extérieurement 
il  b';  eût  pas  la  moindre  trace  de  blessure*  Après  avoir  incisé  les  tacties  de  mort 
lipides  du  dos,  nous  trouvâmes  de  grandes  extravasations  de  sang  qui  occupaient  la 
iDoiUé  du  dos  et  les  fesses.  Le  sang  épanché  était  en  partie  liquide,  en  partie  coa^ 
g^é.  11  n*y  avait  pas  de  fracture  de  la  colonne  vertébrale  ni  des  os  pelviens. 

Ce  qui  avait  causé  la  mort,  c'était  une  rupture  du  cœur.  L'oreillette  droite  était 
vfkarée  du  ventricule,  elle  ne  tenait  plus  au  reste  du  cœur  que  par  une  petite  lan- 
Pelles  bords  de  la  déchirure  étaient  dentelés.  La  substance  du  cœur  était  tout  à 
t>it  aormale.  Le  péricarde  était  rempli  de  sang  en  partie  liquide,  en  partie  coagulé^ 


20  PARTIE   THASâTOLOGIQUE. 

c'est-à-dire  que  des  caiDolf  nageaient  dans  le  sang  fluide.  Le  cerveau  était  exsan- 
gue, excepté  à  la  partfe  fostérieure  où  se  trouvait  une  hypostase  sauguine.  Les 
poumons  étaient  peu  remplis  de  sang,  mais  le  foie  en  contenait  beaucoup. 

0b8.  4.  —  Ç^np  de  pUlokt  ayant  atteint  le  ventrictUe  gauche  du  comr. 

Mort  subite.  Coagulation  du  sang, 

Un  ouvrfer  de  trente  ans  s'était  tué  en  se  tirant  un  coup  de  pistolet  dans  la  poi- 
trine. La  balle  était  entrée  au-dessus  de  la  cinquième  cdte  gauche  et  avait  enlevé 
toute  la  pointe  du  ventricule  gauche  du  cœur.  Toute  la  plèvre  gauche  était  remphc 
de  sang  avec  beaucoup  de  caillots» 

Il  est  certain  que,  dans  ces  cas,  où  la  mort  a  envahi  subitement,  le 
sang  n'a  pu  se  coaguler  qu'après  la  mort. 

Les  faits  suivants  en  donnent  également  une  preuve  bien  convain- 
cante. 

Cas.  5*  —  Blessures  à  la  télé  reçues  après  la  mort.  Coagulation  du  sang. 

Nous  avons  fait  beaucoup  d'expériences,  sur  le  cadavre,  concernant  les  blessures 
de  tête,  expériences  que  nous  continuerons  encore.  Nous  avons  frappé,  avec  un 
marteau  de  bois,  la  tête  intacte  d*un  noyé,  trois  jours  après  sa  mort;  trente  heures 
après  nous  fîmes  l'autopsie.  L'endroit  de  notre  rapport  qui  nous  intéresse  ici  était 
ainsi  conçu  :  «...  7<*  A  la  pointe  supérieure  de  l'oreille  droite  on  voit  une  blessure  de 
trois  quarts  de  pouce  de  longueur,  à  bords  non  sanguinolents,  dentelée,  déchirée  ; 
8°  au  milieu  de  l'os  pariétal  se  trouve  une  blessure  contuse  longue  d'un  pouce, 
dont  les  bords  ne  sont  pas  nets,  dans  la  profondeur  de  laquelle  on  aperçoit  du  sang 
liquide.  Une  autre  plaie  aussi  longue  et  de  même  aspect  se  trouve  à  l'occiput  ;  le 
fond  de  cette  plaie  est  couvert  d'un  caillot  de  sang  de  deux  millimètres  d'épaisseur,  » 

Ainsi  il  s'était  formé  une  coagulation  du  sang  trois  jours  après  la  mort  Du  reste, 
le  sang  do  ce  noyé  était  très  fluide  dans  tout  le  corps. 

Obs.  6.  —  Coagulation  du  sang  quatre  jours  après  la  mort. 

Par  une  journée  froide  de  janvier,  nous  ouvrîmes  le  corps  d'un  homme  asphyxié 
par  l'acide  carbonique  et  mort  depuis  quatre  jours.  Le  cadavre  était  resté  dans  la 
chambre  des  morts  qui  était  très  froide  ;  pendant  que  l'on  retirait  le  larynx  et  la 
trachée-artère,  il  s'écoula  par  hasard  du  sang  le  long  du  cou  et  de  l'épaule  gauche  du 
cadavre.  Ce  sang,  très  fluide  à  sa  sortie,  se  coagula  assez  vite  sur  le  cadavre  très 
froid,  de  sorte  qu'on  put  le  prendre  avec  le  manche  du  scalpel  comme  un  vrai  caillot. 

Obs.  7.  —  Sang  coagulé  che*  un  enfant  mort-né. 

Le  cadavre  de  cet  enfant  màlc  avait  déjà,  par  suite  de  la  putréraction,  la  tête 
nuire  et  le  corps  vert  ;  les  poumons  étaient  encore  très  frais,  d'un  brun  clair,  et 


SIGNES   DE  LA   MORT.  —  RIGIDITÉ  CADAVÉRIQUE.  '21 

remplissaient  peu  la  poitrine.  La  docimasie  pulmonaire  prouva  que  l'enfant  était 
mort-né,  néanmoins  le  cordon  ombilical  était  gorgé  de  sang  coagulé,  ce  qui  démontre 
que  la  présence  des  ecchymoses  sur  le  poumon  ne  prouve  rien  dans  la  docimasie. 

Obs.  8.  —  Un  cas  sen^lable. 

L'extérieur  du  cadavre  d'un  fœlus  prouvait  qu'il  n'avait  pas  encore  attein 
l'âge  de  trente  semaines,  car  les  ongles  et  les  cartilages  des  oreilles  étaient  encore 
mous:  la  longueur  du  cadavre  était  de  cinquante  centimètres,  son  poids  de  un 
kilogramme  et  demi.  La  docimasie  pulmonaire  n'aurait  pas  été  nécessaire  si  le  juge 
ne  l'avait  pas  demandée  expressément.  Elle  démontrait  avec  certitude  que  l'enfant 
n'avait  pas  respiré  ni  pendant,  ni  après  l'accouchement.  A  l'occiput,  au-dessous  du 
péricrâne,  on  trouva  une  extravasation  de  sang  coagulé  de  la  grandeur  d'une 
pièce  de  cinq  francs.  Tout  le  cerveau  était  hypérémique,  et  la  putréfaction  avancée 
empêcha  un  examen  plus  approfondi  de  ses  parties. 

Obs.  9.  —  Un  cas  semblable. 

Un  enfant  du  sexe  féminin,  attaché  encore  au  placenta,  fruit  de  huit  mois  de 
grossesse,  fut  trouvé  mort  dans  un  cimetière.  Les  poumons  mis  dans  l'eau  gagnaient 
le  fond,  ainsi  que  lorsqu'ils  étaient  coupés  en  plusieurs  morceaux  ;  les  incisions  dans 
ces  poumons  ne  donnaient  ni  crépitation,  ni  écume  sanguinolente.  Évidemment  il 
n'y  avait  pas  eu  vie  (respiration)  ni  pendant,  ni  après  l'accouchement.  Cependant, 
an  milieu  du  front,  on  trouva  une  tache  de  la  grandeur  d'un  franc,  ronde,  rouge- 
brune,  molle,  qui,  incisée,  montra  un  foyer  de  sang  coagulé. 


'ô^   RIGIDITÉ  CADAVÉRIQUE. 

La  rigidité  cadavérique  est  le  dernier  des  signes  de  cette  première 
époque  de  la  mort,  et  précède  la  première  période  de  la  putréfaction  ; 
elle  est  constituée  par  le  raccourcissement  de  certains  muscles  et 
laugmentation  de  leur  densité,  surtout  des  fléchisseurs  et  des  adduc- 
teurs des  extrémités  et  de  la  mâchoire  inférieure  ;  ces  muscles  de- 
viennent durs  et  donnent  à  tout  le  corps,  comme  le  dit  très  bien 
K.  Devergie,  quelque  chose  d'athlétique.  Cette  roideur  envahit  de 
haut  en  bas,  commence  à  la  nuque  et  à  la  mâchoire  inférieure,  arrive 
ensuite  aux  muscles  du  cou,  de  la  poitrine,  aux  membres  thoraciques 
et  enfin  aux  membres  abdominaux.  Elle  disparait  ordinairement  dans 
le  même  ordre,  et,  une  fois  disparue,  elle  ne  revient  plus;  alors  le 
cadavre  redevient  souple  et  flexible  comme  il  était  auparavant. 


22  PARTIS  THANATOLOQtQUE. 

Le  moment  où  la  roideur  cadavérique  survient,  après  la  mort, 
n'est  pas  régulier,  cela  peut  être  après  huit,  dix  et  vingt  heures,  et  elle 
peut  persister  plus  longtemps  qu'on  ne  l'admet  ordinairement,  savoir 
de  un  à  neuf  jours.  M.  Sommer  dit  que,  pour  les  cadavres  qui  sont 
restés  dans  Teau  fraîche,  la  rigidité  peut  se  maintenir  pendant  qua- 
torze  jours  et  plus;  mais  je  ne  puis  affirmer  la  même  chose,  car  je 
ne  Tai  jamais  observée,  quoique  j'aie  vu  un  très  grand  nombre  de 
noyés, 

La  cause  de  cette  rigidité  n'a  pas  été  expliquée,  malgré  les  re- 
cherches minutieuses  de  Brûcke,  Ed.  Weber,  Stannius,  Kfilliker, 
Brown-Séquard,  Hachka,  Kussmaul,  Pelikan  et  autres.  La  répétition 
des  mêmes  expériences  n'a  presque  jamais  amené  le  même  résuK 
tat.  Nous  ne  savons  pas  encore  quelle  est  Topinion  qui  est  juste,  on 
l'opinion  ancienne,  remise  en  vigueur  par  Brûcke,  de  la  coagulation 
de  la  substance  nutritive  dans  le  muscle,  ou  la  théorie  de  Stannius, 
de  la  mort  des  nerfs  dans  les  muscles,  ou  celle  de  Kôlliker,  d'un 
changement  particulier  des  molécules  des  muscles. 

Il  nous  reste,  à  nous,  médecins-légistes  praticiens,  à  faire  de  nou- 

m 

velles  observations  ;  nous  devons  surtout  étudier  les  différentes  condi- 
tions qui  accélèrent  oa  retardent  ce  phénomène. 

Il  parait  certain  qu*après  des  empoisonnements  narcotiques,  elle 
est  faible  et  de  courte  durée.  Je  ne  puis  dire  si  le  même  phénomène 
ft'vbserve  sur  les  hommes  tués  p^ir  la  foudre,  car  je  n'en  aï  pas  ob- 
servé. Je  nai  jamais  observé  celte  rigidité  sur  des  cadavres  de 
fœlus  non  à  terme.  Mais,  comme  d'autres  obeervateurs  l'ont  vue, 
dans  les  maisons  d'accouchement,  avouant  qu'elle  est  très  faible  et 
très  court<î,  on  ne  peut  pas  la  nier  absolument,  on  peut  seolenent 
la  regarder  comme  n'existant  pas  pour  le  médecin-légiste,  car  son 
observation  ne  peut  avoir  lieu  assez  vite.  Chez  les  enfants  nouveau- 
■es  venus  à  terme  et  chez  les  petits  enfants,  la  rigidité  est  très  faible  et 
de  très  courte  durée.  M.  Sommer  a  dit  qu'il  en  était  de  même  chez  les 
vieillards,  mais  je  prouverai  que  c'est  une  erreur.  L'opinion,  souvent 
énMse,  que  la  rigidité  n'existe  pas  ou  n'arrive  que  très  tard  ou  très 
faible  el  de  trè»cowrt)e  durée,  après  les  morts  par  asphyxie,  est  corn- 


SIGNES   DE  LA  MORT.  —  RIGIDITÉ   CADAVÉRIQUE.  2S 

plétement  erronée.  Nous  avons  trouvé,  comme  on  le  verra  dans  nos 
observations,  qu'il  n'y  a  pas  de  différence,  sous  ce  rapport,  entre  la 
mort  par  asphyxie  et  les  autres  genres  de  mort. 

Certains  auteurs  prétendent  que  la  rigidité,  après  la  mort  par  con- 
vulsions ou  par  maladie  aiguë,  envahit  vite  et  est  courte;  que  la  mort 
subite  et  la  mort  par  congélation  amènent  une  rigidité  tardive  et  lon- 
gue ;  que  cette  rigidité  est  en  général  d'autant  plus  longue  qu'elle  en- 
vahit moins  vite,  etc.  Ces  assertions  sont  loin  d'être  complètement 
exactes  et  ont  besoin  d'être  conflrmées  par  de  nouvelles  observations. 

La  température  basse  et  l'alcoolisation  favorisent  évidemment  une 
dorée  plus  longue  de  la  rigidité.  Je  l'ai  vue  encore  le  quatrième  jour, 
dans  un  cas  de  mort  subite  par  hémorrhagie  cérébrale,  en  état 
d'ivresse;  je  l'ai  vue  le  septième  jour,  dans  un  cas  où  un  homme 
ivre  s'était  pendu  ;  le  sixième  jour  chez  un  homme  qui  s'était  tué  par 
un  coup  de  pistolet,  dans  un  moment  de  très  grand  froid  ;  dans  un 
quatrième  cas,  la  rigidité  cadavérique  existait  aux  membres  abdomi- 
naux encore  le  huitième  jour  chez  un  jeune  garçon  d'auberge,  qui 
fat  frappé  la  nuit  d'une  apoplexie  du  cœur  et  fut  trouvé  mort  dans 
son  lit  (au  mois  de  décembre);  et  chez  un  homme  mort  subitement, 
au  mois  de  novembre,  à  cause  d'ivresse,  d'une  hypérémie  pulmo- 
naire, nous  l'observâmes  encore  le  neuvième  jour  (218''  cas). 

n  n'est  pas  rare  de  voir  la  rigidité  cadavérique,  quand  elle  dure 
longtemps,  combinée  avec  les  colorations  de  la  putréfaction.  Il  parait 
certain  que  cette  rigidité  a  lieu  chez  presque  tous  les  cadavres,  et 
on  doit  noter  l'habitude  populaire  importante,  car  elle  est  fondée  sur 
des  milliers  d'observations  impartiales,  qui  consiste  à  laver  le  cadavre 
et  le  vêtir  aussi  vite  que  possible,  avant  qu'il  devienne  roide.  On 
ne  peut  pas  confondre  la  rigidité  cadavérique  avec  la  congélation.  Le 
cadavre  gelé  est  roide  comme  une  planche  de  la  tête  aux  pieds, 
tandis  que  la  rigidité  cadavérique  permet  toujours  encore  de  fléchir 
un  peu  les  articulations  des  coudes  et  des  genoux. 

Un  cadavre  qui  montre  seulementjes  signes  de  la  mort  décrits 
juiquà  présenty  c'est-à-dire  des  hypostases  sanguines  internes 
H  extemesy  et  de  la  rigidité  cadavérique,  peut  être  regardé 


2&  PARTIR  THANATOLOGIQUE. 

comme  celui  d'un  homme  qui  est  morty  au  plus,  depuis  deux  d 
trois  jours. 

V  PUTRÉFACTION. 

Quand  la  mort  remonle  à  plus  de  deux  ou  trois  jours,  le  seul  phé- 
nomène qui  puisse  servir  à  déterminer  à  quel  moment  elle  a  eu  lieu, 
c'est  la  putréfaction.  II  est  donc  nécessaire  de  préciser  à  quel  instant 
ce  phénomène  commence  à  se  produire,  et  quels  sont  les  intervalles 
de  ses  différentes  phases. 

Malheureusement  ici  les  difficultés  abondent,  surtout  &  cause  des 
modifications  nombreuses  que  peuvent  apporter,  dans  le  phénomène 
de  la  décomposition  ,  les  influences  de  toute  espèce  venant  soit 
de  Textérieur,  soit  de  l'individualité  même  du  cadavre.  C'est  ce 
qui  faisait  dire  à  Orfila,  (ju'il  est  <  au-dessus  des  forces  humaines  ) 
de  déterminer  depuis  combien  de  temps  est  mort  un  homme  dont 
le  cadavre  est  putréfié.  M.  Devergie  a  eu  raison  d'objecter  que 
le  portier  de  la  Morgue  et  le  garçon  de  peine,  par  une  longue 
habitude  du  maniement  des  cadavres,  arrivent  à  déterminer  avec 
exactitude  l'ancienneté  de  la  mort  ;  je  puis  affirmer  qu'à  Berlin 
pareille  chose  a  lieu,  et  il  est  évident  que  la  science  doit  pouvoir 
offrirla  solution  d'un  problème  dont  la  routine  seule  donne  la  clef. 

Si  nous  consultons  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  cette  matière, 
Orfila  et  Lesueur  (1),  Gûntz  (2)  et  Devergie  (3),  nous  y  trouvons  des 
observations  fidèles  et  de  savantes  appréciations,  mais  une  richesse 
de  détails  allant  jusqu'au  chaos  ;  et,  comme  les  nombreux  phéno- 
mènes décrits  n'ont  pas  été  rangés  en  catégories  générales,  il  en  ré- 
sulte une  confusion  qui  ôte  toute  valeur  à  ces  travaux  pour  le 
médecin-légiste  praticien. 

Je  vais  tâcher  de  remplir  la  lacune  qui  me  semble  exister  dans  la 
science  sur  cette  matière,  ne  visant,  comme  toujours,  qu'à  un  but 
pratique,  et  n'exposant  que  ce  que  j'aurai  observé  moi-môme. 

(1)  Orflla  et  Lesueur,  Exhumaléons  me'dico-lêgales. 

(2)  GunU,  Der  Leichnam  des  Ncugebortien»   Leipzig,  1827. 

(3)  Devergie,  Traité  théorique  et  pratique  de  médecine  légale,  Vans,  iHtî2, 


SIGNES  DE   LA  MORT.  — PUTRÉFACTION.  —  CONSTITUTION.       25 

Les  conditions  qui  modifient  la  putréfaction,  tantôt  l'accélèrent, 
tantôt  la  retardent,  et  si  le  cadavre  A ,  après  vingt-quatre  et  trente- 
six  heures,  a  la  même  apparence  que  1^  cadavre  B,  après  quatre 
semaines,  cela  tient  ou  à  des  circonstances  internes  et  individuelles 
on  à  des  circonstances  extérieures;  il  est  bien  entendu  que  la  putré- 
faction ne  se  fait  que  par  l'influence  d'un  contact  extérieur,  et  que  la 
viande  fraîche,  mise  dans  le  vide,  ne  se  putréfie  pas. 

A,  Circonstances  internes  de  la  putréfaction. 

Les  modifications  individuelles  qui  influent  sur  les  progrès  de  la 
putréfaction  sont  : 

!•  Vàge.  Je  répète  ce  que  tous  les  auteurs  ont  dit,  que  les  cada- 
vres des  nouveau-nés,  cœteris  paribuSy  se  putréfient  plus  vite  que  les 
autres.  Mais  ce  que  je  ne  trouve  mentionné  nulle  part,  c'est  que  les 
cadavres  des  nouveau*nés  que  le  médecin-légiste  a  à  explorer  sont, 
presque  sans  exception,  soumis  à  des  influences  difl'érentes  de  celles 
des  cadavres  des  adultes.  Ils  ont  été  exposés  nus  tout  de  suite  après 
kav naissance f  ou  tout  au  plus  couverts  de  quelques  lambeaux  ;  jetés 
dans  l'eau,  dans  le  fumier,  dans  les  fosses  d'aisance  ;  tandis  que 
pour  les  adultes  il  n'y  a  que  certains  noyés  qui  sont  trouvés  nus.  Or, 
les  habits  dont  est  couvert  le  cadavre  retardent  la  putréfaction.  Les 
hommes  âgés  se  putréfient  plus  lentement  que  les  adultes,  mais  ici 
aussi  la  constitution  a  son  influence  (Voir  le  n°  3). 

2*"  Le  sexe.  —  Je  ne  puis  pas  dire  que  le  sexe  soit  une  cause  de 
différence.  Vouloir  invoquer  c  la  constitution  plus  lymphatique  de  la 
femme  >,  c'est  se  jeter  dans  la  théorie  pure.  Remarquons  seulement 
que  les  cadavres  des  femmes,  mortes  de  suite  après  l'accouchement, 
se  putréfient  vite,  quel  que  soit  leur  genre  de  mort. 

3"  La  constitution  a  une  très  grande  influence.  Les  corps  obèses, 
lymphatiques,  se  putréfient  plus  vile  que  les  corps  maigres  et  secs, 
parce  que  l'abondance  des  liquides  dans  l'organisme  favorise  la  dé- 
composition. G*est  pourquoi  les  cadavres  des  vieillards  se  conservent 
mieux  que  tous  les  autres,  étant  ordinairement  maigres  et  secs. 


26  PARTIE  THANATOLOGIQUE . 

4*  Le  genre  de  mort  modifie  essentiellement  les  progrés  de  la  pu- 
tréfaclion.  Après  une  mort  subite  elle  arrive  plus  tard  qu'après  la 
mort  qui  a  succédé  à  une  maladie  de  langueur  accompagnée  d'une 
décomposition  du  sang,  le  typhus,  l'hydropisie,  les  vices  organiques, 
la  tuberculisation,  les  fièvres  putrides,  etc.  La  putréfaction  envahit 
vite  les  corps  très  mutilés  soit  par  des  coups  multipliés,  soit  par  des 
forces  mécaniques  violentes,  par  exemple  les  accidents  de  chemin  de 
fer.  On  ne  trouve  d'exceptions  que  dans  le  cas  où  la  mort  a  été  pro- 
duite par  des  éboulements  de  terrains,  des  écroulements  de  mu- 
railles ;  car,  alors,  le  cadavre  restant  couvert  de  pierres,  de  planches, 
de  décombres,  de  sable,  de  terre,  l'air  ne  peut  pénétrer  directement 
jusqu'à  lui. 

Les  asphyxiés  par  la  fumée,  l'oxyde  de  carbone,  se  putréfient  vite. 

« 

Nous  ne  pouvons  pas  dire,  faute  d'en  avoir  vu,  s'il  en  est  de  même 
pour  les  asphyxiés  fui  ont  succombé  à  l'influence  des  autres  gaz 
irrespirables.  Les  poisons  narcotiques  favorisent  la  putréfaction. 
D'autres  poisons  n'ont  pas  le  même  effet,  surtout  le  phosphore. 

J'ai  observé  que  les  cadavres  dont  le  sang  était  intoxiqué  par  l'al- 
cool, c'est-à-dire  les  cadavres  d'hommes  qui  sont  morts  d'apo- 
plexie en  état  d'ivresse,  se  conservent  longtemps  frais  ;  et  l'odeur 
de  l'alcool  se  perçoit  très  sensiblement  dans  les  cavités  (216*  à 
220''  cas).  Tout  le  cadavre,  pour  ainsi  dire,  est  conservé  dans  l'al- 
cool. 

Enfin,  il  est  à  remarquer  que,  dans  les  empoisonnements  par  l'acide 
suirurique,  la  putréfaction  est  retardée,  vraisemblablement  parce 
que  l'acide  empêche  la  formation  de  l'ammoniaque  dans  le  cadavre, 
ou  parce  qu'il  neutralise  l'ammoniaque  aussitôt  qu'il  se  forme.  Il 
n'est  pas  rare  de  trouver  les  cadavres  empoisonnés  par  l'acide 
sulfurique  encore  frais,  et  n'exhalant  aucune  odeur  quand  on  ouvre 
leurs  cavités  à  une  époque  où,  dans  d'autres  circonstances,  la  putré- 
faction serait  déjà  avancée. 

Après  les  empoisonnements  par  l'arsenic,  la  putréfaction  a  lieu 
selon  les  lois  ordinaires  ;  mais  on  sait  qu'elle  peut  être  interrompue 
par  la  momification  sur  laquelle  nous  reviendrons. 


SIGNSS   DE   LA   MORT.  —  PUTnÉFACTlON.  -*- AIH   ATMOSPHÉRIQUE.      S7 

Il  est  certain  qoe  tooies  les  circonstances  que  nous  menons  d'énu» 
mérer  ont  bien  une  valeur  générale,  mais  il  existe  de  plus  des  cir- 
constances inconnues  jusqu'à  présent,  qui  favorisent  ou  qui  empêchent 
la  putréfaction. 

Je  citerai  comme  exemple  l'observation  suivante  : 

J'ai  examiné,  le  20  mars  1848,  quatorze  hommes  presque  tous 
du  même  dge^  de  vingt-quatre  à  trente  ans,  vivant  tous  dans  les 
mêmes  conditions  (des  prolétaires  ouvriers)  ;  ils  se  trouvaient  dans 
la  même  chambre  de  la  Morgue  ;  ils  avaient  succombé  sur  les  barri- 
cades, leiS  mars,  tous  au  même  genre  de  mort  et  à  la  même  heure. 
Il  y  avait  certainement  là  les  mêmes  conditions,  et,  cependant,  il 
a'y  en  eut  pas  deux  qui  offrissent  les  mêmes  signes  de  putréfac- 
tion. 

Dans  un  autre  cas,  deux  époux  presque  de  même  âge,  de  cinquante 
à  soixante  ans,  avaient  été  asphyxiés  en  même  temps  par  l'oxyde  de 
carbone.  Les  cadavres  avaient  eu  à  subir  les  mêmes  influences  exté- 
rieures jusqu'au  moment  de  notre  exploration.  Néanmoins,  quatre 
jours  après  la  mort,  au  mois  de  novembre,  le  cadavre  du  mari  était 
vert  sur  le  ventre  et  sur  le  dos,  la  trachée-artère  colorée,  couleur  lie 
de  vin ,  tandis  que  la  femme,  quoique  très  grasse,  s'était  conservée 
très  fraîche.  Il  est  certain  que  dans  ce  cas  la  différence  du  moment 
précis  de  la  mort  ne  peut  être  alléguée,  car  elle  ne  peut  être  tout  au 
plus  que  d'une  heure. 

B,  Circonstances  extérieure!  de  la  putréfaction. 

Les  circonstances  extérieures  ont,  sur  la  putréfaction,  une  influence 
bien  plus  grande  dans  le  retard  ou  dans  Favancemenl  de  son  appari- 
tion, du  moins  celte  influence  est  plus  connue.  Ces  agents  sont  :  l'air 
atmosphérique,  l'humidité,  la  chaleur.  On  a  voulu  aussi  cpmpter  la 
lumière  et  Télectricité  ]  mais  on  doit  considérer  que  ces  deux  agents 
sont  déjà  compris  dans  l'air,  et  que,  d'un  autre  coté,  leur  influence  est 
encore  assez  problématique. 

1'  Uair  atmosphérique,  -^  Tout  ce  qui  favorise  eu  empêche  son 


28  ,     PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

contact  avec  la  substance  animale  morte  (végétative)  accélère  ou  re- 
tarde la  putréfaction.  C*est  pourquoi  les  cadavres  qui  restent  en  plein 
air,  par  exemple  les  pendus,  se  putréfient  plus  vite  que  les  cadavres 
enterrés  ou  submergés  ;  les  cadavres  nus  ou  légèrement  vôlusse  putré- 
fient plus  vite  que  ceux  qui  sont  vêtus,  surtout  d'habits  étroits  et  peu 
perméables.  Il  est  fréquent,  chez  les  hommes  qui  sont  lires  de  Teau 
encore  habillés,  de  trouver  encore  fraîches  les  jambes  couvertes  par 
la  tige  des  bottes,  tandis  que  Tépiderme  des  autres  parties  du  corps 
est  déjà  soulevé  ou  détaché.  Un  tailleur  bossu  s'était  pendu,  la  pu- 
tréfaction était  déjà  avancée;  mais  le  thorax  présentait  une  grande 
différence  par  la  raison  que  le  décédé  portait  un  pansement  collant  en 
grosse  toile  qui  était  rembourré  du  côté  opposé  à  la  scoliose,  afin  de 
cacher  sa  difformité. 

La  terre,  selon  sa  composition,  peut  empêcher  ou  favoriser  le 
contact  de  l'air.  Selon  que  le  sol  est  mou  et  poreux  comme  du 
sable,  ou  gris  et  ferme  comme  de  l'argile,  le  cadavre  inhumé  se  pu- 
irifiera  plus  ou  moins  facilement.  Mais  pour  le  sol  l'humidité  rétablit 
l'équilibre  et  égalise  à  peu  près  la  facilité  de  la  putréfaction,  car 
cette  humidité,  elle  aussi,  comme  nous  le  verrons  tout  à  l'heure,  a 
une  grande  influence  sur  la  décomposition.  Le  sol  sablonneux  qui 
contient  de  la  chaux  est  plus  sec  ;  celui  qui  contient  de  l'argile  ou 
de  la  tourbe  est  plus  humide. 

Il  est  certain  que  les  cadavres  qui,  comme  ceux  des  nouveau-nés, 
ne  sont  enterrés  qu'à  la  surface  de  la  terre,  se  putréfient  plus  vite 
que  s'ils  étaient  enterrés  profondément. 

Par  la  même  raison,  on  doit  tenir  compte  de  l'objet  qui  enveloppe 
le  cadavre  dans  la  terre  ;  c'est  ce  qu'Orfila  a  prouvé  par  de  nom- 
breuses observations.  On  sait  que  les  cercueils  en  sapin  se  pourrissent 
très  vite  et  tombent  bientôt  en  poussière,  ainsi  que  leur  contenu  ; 
tandis  que  les  grands  de  la  terre  restent  longtemps  intacts  dans  leurs 
cercueils  solides  de  bois  dur,  de  plomb,  de  pierre,  surtout  lorsqu'ils 
sont  renfermés  dans  plusieurs  cercueils  emboîtés  les  uns  dans  les 
autres.  Au  contraire,  les  cadavres  enterrés  nus  dans  la  terre  se  pour- 
rissent très  vile. 


SIGNES  DE   LA   MORT.    —  PUTRÉFACTION.  —  CHALEUR.  29 

2*  Vhumiditc,  —  Sans  eau  ou  vapeur  d'eau  il  n'y  aurait  pas  de  * 
putréfaction.  Mais  les  liquides  propres  du  cadavre  suffisent  complè- 
tement à  produire  cette  humidité.  Ils  s'évaporent  peu  à  peu,  rom- 
pent avec  le  temps  les  téguments,  d'abord  ceux  de  l'abdomen,  puis 
ceux  de  la  poitrine,  enfin  ceux  du  crâne,  de  sorte  que  le  cadavre 
macère  dans  ses  propres  fluides.  Â  ce  moment,  des  vers  et  des  larves 
se  montrent  à  la  surface,  d'abord  aux  plis  du  corps,  paupières, 
oreilles,  vulve,  région  inguinale,  puis  ils  se  multiplient  par  myriades, 
et  complètent  la  destruction  des  parties  molles. 

Plus  l'humidité  du  dehors  parvient  facilement,  plus  la  putréfaction 
envahit  vite.  C'est  sans  doute  la  raison  pour  laquelle  les  cadavres  des 
noyés  qui  restent  dans  l'eau  se  décomposent  beaucoup  plus  vite  que 
les  cadavres  enterrés.  L'humidité  jointe  à  la  chaleur  fait  marcher  la 
putréfaction  à  grands  pas,  lorsque  par  exemple  les  cadavres  sont  dans 
du  fumier  ou  des  lieux  d'aisance  (voir  15*"  obs.);  tandis  que  la 
sécheresse  prévient  la  putréfaction,  dessèche  le  cadavre  et  favorise 
la  momification. 

3"  La  chaleur: — Un  haut  degré  de  chaleur,  en  évaporant  rapide- 
ment les  liquides  du  cadavre,  amène  le  dessèchement  bien  plus  vite 
que  l'absence  d'humidité.  Quand  cette  chaleur  est  à  son  plus  haut 
degré  et  qu'il  y  a  combustion,  le  cadavre  est  carbonisé.  Mais  la  cha- 
leur jointe  aux  deux  autres  conditions,  l'air  et  l'humidité,  favorise  la 
putréfaction  proportionnellement  à  son  élévation.  Il  est  connu  de  tout 
le  monde  que  les  cadavres  se  putréfient  plus  vite  en  été  qu'en  hiver. 
Des  cadavres  qui,  en  été,  à  une  température  de  18  à  22  degrés, 
sont  aujourd'hui  très  bien  conservés,  seront  peut-être  demain  ou 
dfprès-demain  complètement  putréfiés  et  presque  impossibles  à  dissé- 
quer ;  tandis  qu'en  hiver,  à  une  température  de  —  6,  — 6  et  —  8  de- 
grés, les  cadavres,  après  dix  et  douze  jours,  sont  encore  assez  frais. 

La  différence  de  température  est  encore  très  remarquable  pour  l'eau. 
Si  le  cadavre  gèle  soit  dans  l'eau,  sott  dans  un  sol  humide,  il  reste 
très  frais  pendant  longtemps,  et  le  terme  de  milliers  d'années  n'est 
pas  une  exagération,  car  j'ai  vu  moi-même,  au  musée  de  l'Université 
de  Moskou^  les  téguments  mous,  il  est  vrai  saponifiés,  d'un  mam  - 


SO  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

*moulh  déterré  en  Sibérie.  En  hiver,  un  cadavre  tiré  de  Teau  dii  à 
douze  jours  après  la  mort,  lorsque  l*eau  a  de  2  à  6  degrés  de  cha- 
leur, est  encore  assez  bien  conservé  pour  que  Ton  retrouve  les  traces 
de  Tasphyxie;  ce  qu'en  été  on  peut  à  peine  retrouver  après  cinq  ou 
six  jours,  quand  Teau  est  à  18  ou  20  degrés. 

On  doit  aussi  considérer  ici  une  autre  circonstance,  la  température 
de  Teau  est  plus  basse  dans  les  couches  inférieures  que  dans  les 
couches  supérieures,  parce  que  le  calorique  du  soleil  n'atteint  pas 
ces  couches  inférieures.  La  putréfaction  fait  des  progrès  plus  rapides 
ou  plus  lents,  selon  que  le  cadavre  est  à  la  surface  ou  est  retenu  au 
fond.  Il  faut  tenir  compte  de  toutes  ces  circonstances,  et  le  mé- 
decin-légiste devra  en  être  instruit  lorsqu'il  lui  faudra  juger  l'époque 
de  la  mort  par  le  degré  de  putréfaction,  s'il  n'est  pas  présent  quand 
on  retire  le  cadavre.  Ajoutez  que  des  cadavres  retirés  de  l'eau,  qui 
restent  exposés  à  l'air,  se  putréfient  excessivement  vite.  L'intervalle 
d'un  seul  jour,  alors,  amène  de  plus  grands  progrès  que  n'en  auraient 
amené  trois  ou  quatre  jours  de  plus  dans  l'eau.  Je  ne  pourrais  pas 
dire  si  l'on  doit  attribuer  ce  résultat  au  changement  des  milieux  ou  à 
quelque  autre  circonstance. 

4*  Différence  des  phénomènes  de  la  putréfaction  provenant  de 
la  différence  des  milieux. — C'est  s'exposer  aune  fâcheuse  confusion 
que  de  décrire  les  périodes  de  putréfaction  séparément  dans  chaque 
milieu,  comme  l'ont  fait  les  auteurs  les  plus  compétents  dans  cette 
matière,  Orfila,  Devergie  et  Gûntz  ;  de  plus,  c'est  superflu,  puisque 
le  procédé  de  la  putréfaction,  depuis  le  premier  instant  jusqu'au  der- 
nier, est  toujours  le  même,  et  qu'il  n'est  pas  modifié  dans  son  accé- 
lération seulement  par  les  milieux,  mais  encore  par  la  réunion  des 
trois  agents  que  nous  venons  d'étudier.  Il  me  parait  plus  convenable 
d'adopter  une  règle  générale  pour  chacun  de  ces  milieux  :  Tair,  l'eau, 
la  terre,  et,  dans  chaque  cas  particulier,  on  pourra,  en  outre,  ajouter 
les  autres  influences  qui  ont  pu  agir.  ^ 

Bien  qu'il  soit  assez  difficile  de  déterminer  cette  règle  générale,  je 
crois  pouvoir,  d'après  mon  expérience,  poser  la  thèse  suivante  : 

La  température  moyenne  étant  à  peu  prés  égale ^  la  puiréfac- 


SIGNES  DE  LA  MORT.  — PUTRÉFACTION  DES  ORGANES  EXTERNES.   81 

tion  sera  égale  apriê  une  semaine  de  séjour  du  cadavre  à  l'air  * 
libre,  après  deux  semaines  de  séjour  dans  l'eau^  et  après  huit 
semaines  de  séjour  dans  la  terrcy  dans  les  conditions  d'inkuma^ 
tion  ordinaire*  Ainsi,  cœteris  paribus^  trois  cadavres  A,  B,  C,. 
montreront  à  peu  près  le  même  degré  de  putréraction,  si  A  est  resté 
en  plein  champ  pendant  un  mois,  B,  noyé,  est  resté  dans  Teau  pen- 
dant deux  mois,  et  C  a  été  enterré  pendant  huit  mois  dans  un  cer-< 
cneil  ordinaire.  En  évaluant  les  circonstances  particulières  du  cas  et 
les  ajoutant  i  cette  règle  générale,  on  pourra  être  certain  de  ne  pas 
faire  d'erreur  grave. 

C.  Chronologie  des  phénomènes  de  la  putréfaction, 
a.  Extérieurement. 

La  plupart  des  cadavres  qui  se  présentent  &  Tautopsie  médico- 
légale  ont  séjourné  jusque-là  dans  Tair.  Nous  les  prendrons  comme 
types  pour  décrire  les  progrès  chronologiques  de  la  putréfaction. 

1°  Le  premier  signe  est  la  coloration  des  téguments  du  ventre  en 
vert  avec  laquelle  survient  l'odeur  de  la  putréfaction  (nous  étudierons 
plus  bas,  dans  la  partie  spéciale,  les  exceptions  que  présentent  les 
Doyés).  D'après  les  différences  de  température  et  de  conditions  indi- 
viduelles ,  cette  coloration  se  fait  de  vingt-quatre  à  soixante-douze 
heures  après  la  mort. 

2^  Ed  même  temps  le  globe  de  l'œil  devient  mou  et  cède  à  la 
pression  du  doigt. 

3"*  Après  trois  à  cinq  jours,  toujours  comptés  du  moment  de  la 
mort,  la  coloration  verte  devient  plus  foncée  et  s'élargit  sur  tout  le 
ventre,  y  compris  les  parties  génitales  où  elle  prend,  dans  les  deux 
sexes,  une  teinte  d'un  brun-vert  sale.  Chez  beaucoup  de  cadavres, 
surtout  chez  les  asphyxiés,  un  fluide  écumeux  et  sanguinolent,  mêlé  à 
une  certaine  quantité  de  bulles  d'air,  est  expulsé  du  nez  et  de  la 
boocbe.  En  même  temps,  on  voit  des  taches  vertes  plus  ou  moins 
grandes  envahissant  avec  une  grande  irrégularité,  le  dos,  les  extré- 
mités infériearesy  la  cou,  les  parties  latérales  de  la  poitrine. 


32  PARTIE   TUANATOLOGIQUE. 

à"  Après  huit  à  douze  jours,  toutes  ces  Uiches  s'élargissent,  se 
réunissent  et  couvrent  tout  le  corps  en  defenant  plus  foncées  et  en 
exhalant  à  mesure  une  odeur  plus  forte.  A  quelques  places,  surtout 
à  la  figure  et  au  cou  et  à  la  poitrine,  ces  taches  commencent  à  prendre 
une  teinte  vert  rouge,  parce  que  le  sang  décomposé  est  épanché  daiis 
le  tissu  cellulaire.  Les  gaz  produits  par  la  putréfaction  commencent  à 
se  développer  et  enflent  le  ventre.  Ce  sont  ordinairement,  mais  pas 
toujours,  des  gaz  inflammables,  l'hydrogène  sulfuré  et  phosphore.  Si, 
alors,  on  fait  une  piqûre  sur  les  téguments  gonflés,  et  qu'on  allume 
le  gaz  qui  sort,  on  peut,  pendant  un  certain  temps,  entretenir  une 
lumière.  La  cornée  est  aflaissée  et  concave,  mais  on  peut  encore  re- 
connaître la  couleur  des  yeux  ;  on  ne  peut  plus  constater,  chez  les 
fœtus  non  à  terme,  si  la  membrane  pupillaire  a  disparu.  Le  sphincter 
de  l'anus  est  ouvert.  A  certains  endroits,  surtout  aux  extrémités,  au 
cou  et  à  la  poitrine,  à  travers  la  peau  restée  plus  claire,  on  aperçoit 
des  sillons  d'un  rouge  sale  formés  par  les  veines  et  renfermant  des 
bulles  d'air.  Les  ongles  tiennent  encore  ferme. 

60  Après  quatorze  à  vingt  jours,  la  couleur  d'un  vert  grenouille  et 
d'un  rouge  brun,  est  uniformément  étendue  surtout  le  corps.  L'épi- 
derme  est  en  partie  soulevé  par  bulbes  de  la  grosseur  d'une  noix,  en 
partie  tout  à  fait  détaché  dans  l'étendue  de  50  centimètres  au  plus. 
Des  vers  innombrables  couvrent  tout  le  corps  et  cherchent  surtout  les 
plis  et  les  ouvertures  naturelles.  La  production  des  gaz  a  tellement 
augmenté  que  le  ventre  est  gonflé  comme  un  ballon,  ainsi  que  la 
poitrine*,  tout  le  tissu  cellulaire  est  soufllé,  tout  le  corps  est  mons- 
trueux. 

Les  traits  de  la  figure  ne  peuvent  plus  se  reconnaître.  Ceux  qui 
ont  connu  le  sujet  peuvent  à  peine  établir  son  identité,  car  les  pau- 
pières,  les  lèvres,  le  nez,  les  joues  très  gonflées  changent  toute  la 
physionomie.  De  plus,  la  couleur  des  yeux  n'est  plus  reconnaissable, 
riris  et  la  pupille  ne  sont  plus  visibles,  et  l'œil  montre,  chez  tous  tts 
cadavres  arrivés  à  ce  degré  de  décomposition,  une  coloration  d'un 
rouge  sale  uniforme  dans  la  continuité  de  la  sclérotique.  Chez  les 
hommes,  le  pénis  gonflé  a  une  dimension  colosfale,  et  le  scrotum 


SIGNES  DE  LA  MORT.  —  PUTRÉFACTION  DES  ORGANES  EXTERNES.      33 

peut  atleiudre  le  volume  d'one  tête  d'enfant-,  les  ongles  sont  déchaus- 
sés et  facilement  déracinables.  Les  téguments  du  crflne  sont  décollés. 

L'envahissement  de  ee  degré  avancé  de  putréfaction  dépend  beau-*» 
coup  de  la  température.  Ainsi  cet  état  peut  se  présenter  après  huit  à 
dix  jours,  quand  la  température  est  de  16  à  20  degrés  ;  tandis  qu'il 
n'arrive  qu'après  vingt  à  trente  jours,  quand  la  température  est  de 
0  à  8  degrés. 

Nous  avons  déjà  dit  que  dans  cette  période  de  putréfaction  le  ca- 
davre est  criblé  de  vers,  et  il  n'est  pas  rare  de  voir,  quand  il  est  resté 
en  plein  air  ou  dans  l'eau,  qu'il  a  servi  aussi  à  la  nourriture  d'autres 
animaui.  Ce  sont  principalement  les  rats  de  terre  et  d'eau  ;  puis  les 
chiens,  les  chats,  les  oiseaux  de  proie,  les  renards  et  les  loups.  On 
trouve  alors  les  traces  de  la  voracité  de  ces  animaux  à  la  poitrine  et 
au  ventre  qui  sont  ouverts,  et  aux  membres  où  souvent  des  parties 
entières  semblent  préparées  anatomiquement  jusqu'aux  os.  Ces  ouver- 
tures de  cavités,  ces  blessures  de  téguments  ne  pourront  être  confon- 
dues avec  les  blessures  Iraumatiques,  Notons  que  nos  poissons  de 
rivière  ne  mangent  pas  de  cadavre. 

Ces  phénomènes  décrits,  on  pourra  déclarer  avec  quelque  assu- 
rance, ajant  égard  aux  températures  et  milieux  différents,  que  l'indi- 
vidu est  mort  au  moins  depuis  quatorze  jours,  mais  pas  qu'il  est 
mort  au  plus  depuis  vingt  jours  ;  car  ce  degré  de  putréfaction  se 
conserve,  en  général,  très  longtemps,  plusieurs  semaines  et  même 
plusieurs  mois,  et  passe  très  insensiblement  à  la  période  suivante, 
contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  les  périodes  précédentes. 

On  ne  peut  déterminer  avec  assurance  si  un  cadavre  putréfié 
fut  est  vert  y  gonflé  et  excorié  y  est  mort  depuis  un,  ou  trois  y  ou 
même  cinq  mois, 

6*  Après  quatre  à  six  mois,  ou  plus  tôt  pour  les  cadavres  qui  ont 
séjourné  dans  un  milieu  chaud  et  humide,  survient  la  phase  de  colli- 
«(iialion  putride.  Les  téguments  des  cavités  sont  crevés  par  le  déve- 
loppemenl  continuel  des  gaz,  et  les  cavités  thoracique  et  abdominale 
sont  ouvertes.  Les  sutures  du  crâne  même  ont  cédé  à  la  pression,  et 
\e  cerveau  a  coulé.  Les  cavités  de  l'orbite  sont  vides.  Toutes  les  par- 

II.  3 


SA  PARTIE   THAKATOLOGIQUE. 

lies  molles  sont  en  bouillie  et,  pins  tard,  se  dissolvent  tout  à  fait  et 
disparaissent.  Des  os  entiers,  surtout  ceux  du  crâne  et  des  extrémi- 
tés, sont  à  nu.  Les  os  des  extrémités  sont  souvent,  déjà  à  cette  époque, 
détachés  de  leurs  articulations  par  suite  de  la  destruction  des  ligaments 
et  des  aponévroses.  Il  n'y  a  plus  une  trace  de  physionomie.  On  ne 
peut  plus  reconnaître  s'il  y  avait  des  seins  de  femme  ;  de  plus,  comme 
les  organes  génitaux  extérieurs  sont  tout  <^  fait  détruits,  on  ne  peut 
plus  fixer  le  sexe  du  cadavre  par  son  hahitus  extérieur,  excepté 
lorsque,  ce  qui  arrive  quelquefois,  la  disposition  des  poils  au  pubis 
peut  encore  être  reconnue.  On  sait  qu'une  interruption  nette  des  poils 
indique  le  sexe  féminin,  tandis  que  la  continuation  des  poils  jusqu'à 
l'ombilic  indique  le  sexe  masculin.  On  peut  du  reste,  si  on  fait  l'autop- 
sie, vérifier  le  sexe  d'un  cadavre  par  la  présence  ou  l'absence  de 
l'utérus  (Voir  de  la  14'  à  la  16«  obs.)  (1). 

SaponiHcation. 

La  putréfaction  colliquative  s'arrête  quelquefois  par  la  saponifica- 
tion. Cela  arrive  surtout  quand  le  cadavre  gît  dans  l'eau  ou  dans  un 
terrain  très  humide,  et  d'autant  plus  facilement  que  le  corps  est  plus 
gras  ;  aussi  est-ce  plus  fréquent  chez  les  enfants  que  chez  les  adultes. 
Outre  ces  deux  circonstances,  il  en  est  d'autres  qui  sont  inconnues 
et  en  vertu  desquelles  certains  cadavres  se  saponifient  plus  tôt  que 
d'autres  placés  dans  les  mêmes  conditions. 

Il  y  a  saponification  lorsque  l'acide  oléique  se  combinant  à  l'am- 
moniaque, il  se  forme  le  gras  de  cadavre ,  l'adipocire  (2).  Il  est 
difficile  de  déterminer,  en  général,  à  quelle  époque  ce  phénomène 
de  saponification  commence.  Il  est  certain  que  les  fossoyeurs  du 
cimetière  des  Innocents  à  Paris,  dans  lequel  on  fit  pour  la  première 
fois  des  expériences  sur  le  gras  de  cadavre  (Fourcroy),  se  sont  trom- 
pés en  assignant  le  terme  de  trente  ans  â  la  production  de  ce*savon. 

(1)  Pour  1«  procédé  particulier  de  putréfaction  des  noyés,  voir  la  partie  spéciale, 
et,  plus  loin,  la  putréfaction  du  fruit  dans  la  matrice. 

(2)  Sur  la  théorie  de  la  formation  de  l'adipocire,  voir  Orfila,  /oc.  cil.  Une  analv^e 
chimique  de  WetliereU,  im  Arch.  der  Phartnacie^  1857,  février,  p.  203. 


SIGNES  DE  LA  MORT.  —  PUTIIÉFACTION.  — SAPONIFICATION.        35 

Quand  il  se  forme,  c*est  beaucoup  plus  tôt.  M.  Devergie  dit  :  «  Il 
faut  un  an  environ  pour  obtenir  la  transformation  en  gras  de  la  totalité 
d'un  noyé,  et  trois  ans  à  peu  près  dans  la  terre  pour  arriver  à  ce  ré- 
sultat. >  Quant  à  moi,  je  puis  citer,  parmi  mes  observations  propres, 
outre  Texemple  d*un  cadavre  (SO""  obs.),  qui  présenta  une  saponifica- 
tion partielle  après  quelques  semaines,  le  cas  d'un  enfant  nouveau-né 
qui  n'était  resté  enterré,  dans  un  jardin,  que  pendant  treize  mois  dans 
un  terrain  très  humide,  enveloppé  dans  de  grosses  toiles,  et  dont  un 
tiers  du  corps  était  déjà  saponifié  (voir  lA*"  obs.).  Enfin  j'ai  vu  récem- 
ment un  cas  présenté  par  un  fruit  venu  avant  terme,  dont  le  cadavre 
était  enveloppé  d'adipocire  ;  ce  fruit  n'avait  été  enterré  que  depuis 
six  mois  et  demi  dans  un  jardin.  Je  crois  donc  devoir  admettre  que  la 
saponification  n'a  pas  lieu  en  moins  de  trois  à  quatre  mois  dans  l'eau, 
et  en  moins  de  six  mois  dans  un  terrain  humide.  Je  veux  parler  de  la 
saponification  totale  ou  presque  totale,  car  ce  phénomène  commence 
plus  tôt  à  se  manifester. 

Une  fois  formée,  cette  saponification  ne  peut  pas  être  méconnue. 
C  est  un  produit  homogène  blanc  ou  blanc-jaunâtre,  gras,  s'affaissant 
sous  la  pression  du  doigt,  mou,  fondant  à  la  chaleur,  d'une  odeur  qui 
n'est  pas  désagréable  et  qui  rappelle  celle  du  fromage.  Les  muscles  et 
leurs  aponévroses  présentent  les  premiers  cet  état;  mais  il  n'y  a  pas 
un  seul  organe,  soit  interne,  soit  externe,  qui  y  échappe.  Les  parties 
saponifiées  deviennent  une  masse  informe,  dans  laquelle  on  ne  peut 
plus  reconnaître  le  type  original. 

D'après  les  expériences  de  Gûntz,  le  gras  du  cadavre  a  un  volume 
et  un  poids  plus  considérables  que  ceux  de  la  graisse  que  possédait  le 
corps.  C'est  une  circonstance  importante  quand  on  veut  fixer  l'âge 
d'un  nouveau-né  par  le  poids  du  cadavre;  c'est  d'autant  plus  à  noter 
que  le  cadavre,  retiré  de  la  terre  et  saponifié,  est  déjà  rendu  plus  lourd 
par  le  terreau  qui  y  adhère.  Je  n'ai  jamais  vu  un  cadavre  complète^ 
mtni  saponifié,  ce  qui  s'accorde  avec  ce  que  dit  M.  Devergie  (4). 

;l)  Ubf.  de  Mponification.  14%  15%  26%  29%  30%  320«  obs. 


36  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 


Mornincatioii. 


En  n'ayant  égard  qu'à  la  conservation  du  cadavre,  il  n'est  pas 
étonnant  que  l'on  ait  divisé  la  momification  en  grasse  et  en  sèche  (1). 
Mais  la  «  momification  grasse  »  ou  saponification  est  visiblement  et 
chimiquement  tout  à  fait  différente  de  la  momification  proprement 
dite  ;  aussi  doit-on  séparer  ces  deux  phénomènes,  quoique  nous  les 
ayons  trouvés  réunis  sur  le  même  cadavre  (26*"  obs.). 

On  appelle  momification  cette  dessiccation  complète  particulière  du 
cadavre  au  moyen  de  laquelle  il  conserve  son  aspect  général  et  même 
sa  physionomie  quoique  défigurée,  et  il  revêt  une  couleur  brun-rouille. 
La  peau  devient  alors  sèche,  dure  comme  du  parchemin,  fermement 
adhérente  aux  os.  L'odeur  n'est  pas  du  tout  celle  des  cadavres  putréfiés, 
mais  celle  du  vieux  fromage.  Les  organes  internes,  en  partie  disparus^ 
sont  transformésen  une  masse  noire  brune,  sèche,  et  sont  impossibles  à 
reconnaître  à  l'œil  nu  ;  dans  la  partie  abdominale  surtout,  les  viscères 
réunis  en  une  seule  masse  sont  difficiles  à  distinguer.Toussainta  fait  des 
recherches  microscopiques  et  chimiques  sur  la  momification,  qu'il  a 
jointes  à  celles  qui  existaient  déjà  dans  la  littérature  médicale  (2). 

Les  Egyptiens  savaient  déjà  que  ce  phénomène  pouvait  être  pro- 
duit artificiellement  par  des  injections  d'arsenic  et  par  d'autres  mé- 
thodes d'embaumement.  Mais  les  conditions  générales  de  la  momi- 
fication naturelle  sont  très  peu  connues  même  maintenant.  Elle  se 
présente  sur  les  cadavres  renfermés  dans  les  caveaux  et  sur  ceux  qui 
sont  exposés,  n'importe  de  quelle  manière,  à  un  courant  d'air  dessé- 
chant. On  peut  en  voir  un  exemple  sur  un  cadavre  qui  repose  depuis 
soixante  ans  à  Charloltembourg,  près  de  Berlin,  dans  un  caveau 
fermé  seulement  par  une  grille  de  fer,  et  qui  est  parfaitement  con- 
servé et  momifié.  D'un  autre  côté,  la  momification  s'observe  aussi  sur 
des  cadavres  qui  sont  soustraits  au  contact  de  l'air  et  enfermés  dans 

(t)  Siebenliaar.  Encyclop.  Ilandbuch  dcr  gcr.  Arzneik.  Leipzig,  1838,  I,p.474. 
(2)  Voir  mon  journal  {Vierleljahrsschrift,  1857,  XI,  p.  203). 


SIGNES  DE  LA  MORT.  —  PUTRÉFACTION.  — MOMIFICATION.        37 

des  cercueils,  etc.  (1).  On  ne  peut  douter  que  des  cadavres  se  momi^ 
fient  facilement  dans  du  sable  chaud  et  desséchait,  et  il  n*est  pas 
incroyable,  comme  on  le  raconte,  que  des  caravanes  entières  ayant 
été  enfouies  dans  les  sables  de  TÂrabie,  aient  été  retrouvées  momifiées 
longtemps  après,  car  une  très  haute  température,  jointe  surtout  à 
une  grande  sécheresse,  semble  favoriser  ce  phénomène  de  la  momi- 
fication ;  de  même  que  le  courant  d'air  continuel,  elle  amène  Tévapo- 
ration  des  fluides  du  cadavre.'  On  dit  que  les  enfants  se  momifient 
plus  vite  que  les  adultes,  les  femmes  plus  vite  que  les  hommes,  les 
personnes  maigres  plus  vite  que  les  personnes  grasses. 

Rieke  prétend  que  le  phénomène  de  la  momification  naturelle  a 
lieu  dans  les  cimetières  de  Stuttgart;  il  dit  que,  quant  à  Tinfluence 
du  genre  de  vie  qu'a  mené  le  décédé,  les  fossoyeurs  lui  ont  confirmé 
le  mot  de  leurs  collègues  dans  la  scène  admirable  de  Hamlet  :  <  La 
putréfaction  d'un  tanneur  dure  neuf  ans  complets.  >  Cependant  nous 
attendrons  des  observations  plus  exactes  que  celles  des  fossoyeurs. 

La  momie  une  fois  formée  peut  se  conserver  des  milliers  d'années  ; 
aussi  ne  peut-on  pas  dire,  même  approximativement,  depuis  combien 
de  temps  est  mort  un  corps  momifié;  et  si  on  se  contente  de  dire  :  la 
mort  a  eu  lieu  il  y  a  plusieurs  années,  la  justice  ne  sera  guère  éclairée. 

Pour  ce  qui  regarde  l'autopsie  légale,  ce  qui  est  surtout  impor- 
tant c'est  la  momification  du  cordon  des  nouveau-nés  et  la  momi- 
fication provenant  de  l'arsenic.  Nous  y  reviendrons  plus  bas  dans  la 
partie  spéciale. 

b.  Intérieurement. 

Les  organes  internes  ne  subissent  pas  la  putréfaction  au  même  mo- 
ment ni  au  même  degré.  Leur  structure  hislologique  différente,  la 
quantité  différente  de  sang  et  des  autres  fluides  qu'ils  contiennent, 
leur  position  profonde  ou  superficielle  qui  changent  les  conditions 

1)  D*après  ce  qu'assure  le  professeur  Demaria,  l'éditeur  de  la  traduction  italienne 
de  cet  ouvrage,  la  momiflcation  des  cadavres  est  assez  fréquente  dans  quelques  loca- 
lilèi  du  Piémont.  M.  Demaria  en  cite  plusieurs  exemples.         ^ 


3s  PAUTIE   THANATOLOGIQUE. 

(l'imbiliitîon  d*après  les  lois  physiques,  enfia  la  possibilité  plus  pu 
moins  grande  du  contact  de  Tair  atmosphérique,  sont  autant  de  causes 
de  différences  importantes.  Il  y  a  des  organes  qui  ont  besoin  de  vingt 
ou  trente  fois  plus  de  temps  que  d'autres  pour  se  putréfier  complète- 
ment; aussi,  au  moyen  de  la  chronologie  de  la  putréfaction  des  organes 
internes,  on  peut  juger  Tépoque  de  la  mort  avec  plus  de  certitude 
qu'au  moyen  des  phases  de  la  putréfaction  des  organes  externes.  Et  je 
me  crois  autorisé  à  donner  la  description  suivante  de  ce  phénomène, 
d'après  mes  nombreuses  observations  sur  le  cadavre,  indépendamment 
de  ce  qu'ont  dit  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  cette  question 
(Bichat,  Orfila,  Devergie,  Gûntz,  Hébreard). 

l""  L'organe  interne  attaqué  le  plus  tôt  par  la  putréfaction  est  la 
trachée  y  y  compris  le  larynx. 

Chez  les  cadavres  frais  ou  qui  n'ont  que  quelques  taches  verdàtres 
isolées  sur  les  parois  de  l'abdomen,  la  muqueuse  de  la  trachée  a  encore 
dans  toute  son  étendue,  jusque  dans  les  ramifications  des  bronches,  sa 
couleur  blanchâtre  qu'elle  prend  aussitôt  après  la  mort,  excepté  lors- 
que la  mort  est  survenue  par  suite  d'une  asphyxie  ou  d'une  laryngite. 
Mais  si  la  décomposition  est  plus  avancée,  quoique  le  cadavre  pa- 
raisse encore  frais  et  ne  présente  qu'une  couleur  verdàtre  sur  l'ab- 
domen, par  conséquent,  en  été,  après  trois  à  cinq  jours,  et,  en  hiver, 
après  six  à  sept  jours;  tandis  que  l'on  trouve  tous  les  autres  organes 
intacts  et  dans  leur  état  naturel,  déjà  la  membrane  muqueuse  de  la 
trachée  change  de  couleur,  elle  devient  d'un  rouge  cerise  ou  d'un 
rouge  brun  sale,  sans  qu'on  puisse  y  distinguer,  même  avec  une  loupe, 
des  vaisseaux  injectés.  Je  ne  puis  dire  si  ce  phénomène  est  produit 
par  irabibilion  ou  par  le  contact  direct  de  l'atmosphère. 

Que  l'on  se  garde  de  prendre  pour  une  injection  capillaire  ou  le 
résultat  d'une  asphyxie,  ce  qui  n'est  qu'un  simple  phénomène  cadavé- 
rique primitif.  Les  différences  d'âge ,  de  constitution  ,  de  genre  de 
mort,  n'ont  pas  d'influence  sur  la  manifestation  de  ce  phénomène.  Plus 
tard,  quand  la  putréfaction  est  plus  avancée,  la  muqueuse  de  la  trachée 
devient  d'un  vert  olive,  les  cartilages  du  canal  se  séparent  les  uns  des 
autres  jusqu'à  ce  qu'enfin  ils  disparaissent  dans  la  dissolution  générale. 


SIGNES  DE  LA  MOBT.  — PUTRÉFACTION.  — ESTOMAC.  39 

2"*  Le  cerceau  des  nouveau-nés  et  celui  des  enfaals  n'ayant  pas 
plus  d'un  an,  vient  en  seconde  ligne  parmi  les  organes  qui  sont  pu- 
tréfiés le  plus  vite.  Il  est  vraisemblable  que  la  structure  de  cet  organe 
chez  les  petits  enfants  favorise  cette  décomposition  hâtive;  ajoutons 
cette  circonstance  importante,  que  Tair  atmosphérique  peut  facile- 
roeut  pénétrer  dans  la  cavité  crânienne  par  les  fontanelles,  qui  ne  sont 
encore  couvertes  que  de  membranes.  On  comprend  alors  pourquoi 
cet  organe,  chez  les  enfants,  se  putréfie  plus  vite  que  chez  les 
adultes,  qui  ont  un  cerveau  plus  dur  et  abrité  du  contact  de  Tair  par 
une  voûte  osseuse  continue. 

S'il  y  a  seulement  chez  ces  enfants  une  légère  couleur  de  putréfaction 
à  l'extérieur,  quand  même  tous  les  autres  organes  seraient  intacts,  le 
cerveau  est  déjà  décomposé.  Il  ne  remplit  plus  la  cavité  crânienne,  il 
est  devenu  une  bouillie  plus  ou  moins  fluide,  de  couleur  rose,  et  s'é- 
coule dès  que  Ton  sépare  les  os  du  crâne,  sans  que  l'on  puisse  distin- 
guer ses  différentes  parties.  Cette  circonstance  peut  être  très  fâcheuse 
quand  il  s'agit  de  déterminer  le  genre  de  mort  d'un  nouveau-né. 

3*  Il  n'y  a  pas  d'organe,  dans  les  cadavres  que  l'on  trouve>  d'une 
forme  plus  différente  que  V estomac.  Tantôt  petit ,  tantôt  grand  ; 
tantôt  boursouflé  de  gaz,  tantôt  affaissé;  tantôt  plus  ou  moins  rempli 
d'aliments,  tantôt  vide;  jamais  deux  estomacs  ne  se  ressemblent. 
ajoutons  que  l'estomac  se  pénètre  avec  la  plus  grande  facilité  des 
matières  colorantes,  de  sorte  que  sa  muqueuse  présente  les  couleurs 
les  plus  différentes  :  jauni  par  le  pigment  de  la  bilO',  noirci  ou 
bruni  par  les  médicaments,  par  les  fruits;  rougi  par  le  vin,  etc. 
Sans  parler  des  changements  que  cette  muqueuse  peut  présenter  par 
l'influence  de  maladies,  catarrhes,  inflammations,  poisons  cautéri- 
sants, et  du  phénomène  cadavérique  le  ramollissement  gélatiniforme . 

n  faut  savoir  tenir  compte  de  ces  différents  aspects  que  peut  pré- 
senter l'estomac  pour  pouvoir  apprécier  avec  exactitude  les  change- 
ments apportés  dans  cet  orga^ne  par  suite  de  la  putréfaction. 

L'estomac  se  putréfie  très  vile.  Les  premières  traces  de  la  décom- 
position se  montrent  déjà  après  quatre  à  six  jours  par  des  taches 
isolées,  d'un  rouge  sale,  pas  circonscrites,  irrégulières,  plus  ou  moins 


40  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

• 

grandes,  jusqu*à  la  dimension  de  la  paume  de  la  main  à  rextréroité 
splénique,  dans  laquelle  on  aperçoit  quelques  sillons  d*un  bleu  rouge 
qui  parcourent,  en  serpentant,  l'étendue  des  taches.  Tous  ces  phé- 
nomènes se  voient  d'abord  à  la  partie  postérieure  où  ils  se  joignent  à 
Thypostase,  puis,  bientôt,  aux  parois  antérieures.  En  môme  temps, 
il  se  forme ,  à   la  petite  courbure,  des  sillons  rouges  semblables. 

Il  est  important  de  bien  connaître  ces  altérations,  afin  d'éviter  les 
erreurs  dans  les  cas  d'empoisonnement.  Les  «  stases  sanguines,  » 
même  les  c  traces  d'inflammation,  i»  de  beaucoup  d'auteurs  alléguées 
comme  des  symptômes  d'asphyxie  dans  la  suspension  et  la  submer- 
sion, ne  sont  autre  chose  que  les  résultats  du  phénomène  de  la  pu  - 
tréfaction  commençant  de  bonne  heure. 

Lorsque  le  phénomène  de  la  putréfaction  avance,  la  couleur  rouge 
sale  est  remplacée  par  la  couleur  noir  gris,  et  le  tissu  de  l'organe 
se  ramollit  d'une  manière  uniforme  dans  toutes  les  couches. 

Jamais  je  n*ai  vu  la  membrane  muqueuse  se  décoller  (excoriation) 
du  tissu  musculaire  par  le  fait  de  la  putréfaction,  comme  cela  a  lieu  par 
rînfluence  des  poisons  corrosifs  ;  ce  que  Ton  ne  doit  pas  confondre 
avec  le  seul  boursouflement  emphysémateux  que  produit  la  putréfaction. 

A*  Les  intestins  viennent  après  l'estomac  dans  la  chronologie  de 
la  putréfaction,  et,  tout  ce  que  nous  avons  dit  de  l'estomac  se  rap- 
porte au  reste  du  tube  digestif  (1).  La  coloration  connue  du  pigment 
de  la  bile,  et  qui  a  lieu  par  endosmose  dans  les  parties  voisines  de  la 
vésicule  du  Rel,  ne  peut  pas  induire  en  erreur.  Mais  la  coloration  due 
à  l'hypostase  sanguine  des  anses  de  l'intestin  que  l'on  aperçoit  quand 
on  tire  en  haut  les  intestins  pourrait  plus  facilement  tromper. 

(1)  Je  ne  me  rappelle  pas  avoir  jamais  trouvé  des  portions  d'intestin  putréfiées 
plus  tdt  que  l'estomac.  Le  cas  suivant  montrera  combien  est  importante  celte  chro- 
nologie de  la  putréfaction.  Dans  un  cas  d'empoisonnement  douteux,  par  le  vin  de 
colchique,  les  experts  avaient  admis  «  inflammation  et  gangrène  de  l'estomac,  »  au 
lieu  de  mettre  sur  1$  compte  de  la  putréfaction,  indubitable  du  cadavre  «  la  rou- 
geur foncée  et  la  friabilité  du  tissu  de  l'estomac,  »  parce  que  le  reste  du  tube 
digestif  n'était  pas  encore  putréfié.  Cette  «  gangrène  a  alléguée  fut  cause  que  l'af- 
faire passa  devant  toutes  les  instances  légales,  et  il  fallut  rectifler  l'erreur  des  experts 
par  un  supe^arbitre  de  la  députation  seientiflque. 


SIGNES  DE  LA  MORT.  —  PUTRÉFACTION.  —  CERVEAU.  41 

La  putréraction  commençant,  les  intestins  deviennent  bruns  fon- 
cés; ils  se  crèvent,  laissent  écouler  leur  contenu,  deviennent  pâteux 
et  se  changent  enûn  en  une  bouillie  foncée,  sans  forme.  Orfila  dit  que 
chez  des  cadavres  exhumés,  qui  ne  présentaient  plus  aucune  trace 
d'organe  dans  la  poitrine,  il  a  trouvé  quelques  restes  de  tubes  intes- 
tinaux. Je  crois  qu*il  y  a  ici  une  erreur,  qui  est  très  facile,  dans  l'exa- 
men des  organes  d*un  cadavre  exhumé  après  longtemps. 

ô""  Dans  la  plupart  des  cas,  la  rate  se  conserve  plus  longtemps 
que  l'estomac  et  les  intestins,  quoique  quelquefois  elle  se  putréfie 
plus  tôty  ce  qui  semble  dépendre  de  son  état  plus  ou  moins  sain.  Il 
est  certain  qu'elle  doit  être  comptée  parmi  les  organes  qui  se  putré- 
fient vite.  Elle  devient  molle  et,  plus  tard,  se  change  en  une  véritable 
pâte,  se  laisse  écraser  facilement  sous  le  doigt  ;  en  la  ratissant  avec 
le  manche  du  scalpel  on  en  enlève  des  morceaux.  Par  suite  des  pro- 
grès de  la  putréfaction  elle  revêt  une  couleur  vert  bleu. 

^  Uépiploon  et  le  mésentère  résistent  un  peu  plus  longtemps  à 
l'infloence  de  la  putréfaction.  Ils  peuvent  même  rester  encore  quel- 
ques semaines  après  la  mort  assez  bien  conservés,  lorsque  les  sujets 
sont  maigres.  Mais,  lorsqu'ils  sont  gras,  ils  se  putréfient  vite.  Alors 
ib  deviennent  d'un  gris  vert  et  secs. 

7**  Ordinairement  on  trouve  le  foie,  encore  quelques  semaines 

après  la  mort,  ferme  et  dur.  Chez  les  nouveau-nés  il  se  putréfie  plus 

tôt  que  chez  les  adultes.  La  décomposition  commence  à  la  surface 

convexe,  et  paraît  sous  une  couleur  vert  luisant  qui  s'étend  sur  tout 

l'organe,  puis  cette  couleur  passe  et  le  foie  devient  noir  ;  en  même 

temps,  le  sang  qu'il  contient  diminue  par  l'évaporation  comme  dans 

tous  les  organes  qui  se  putréfient,  et  le  parenchyme  devient  plus  ou 

moins  pultacé.  Le  tissu  de  la  vésicule  du  fiel  se  conserve  longtemps  ; 

mais,  quand  elle  ne  contient  pas  de  concrétions,  elle  s'affaisse  sur 

elle-même,  par  suite  de  l'évaporation  et  de  la  transsudation  de  la  bile. 

8*  Ce  n'est  qu'ici  qu'arrive,  dans  Tordre  de  la  putrescence,  le 

cerveau  des  adultes.  Après  la  mort  il  s'affaisse,  et,  à  mesure  que  sa 

putréfaction  augmente,  cet  affaissement  devient  plus  considérable.  Les 

premièret  traces  de  la  décomposition  se  montrent  non  à  la  surface. 


42  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

mais  à  la  base  du  cerveau ,  par  une  couleur  vert  clair  qui  se  continue 
de  bas  eu  haut  dans  tout  le  cerveau  ;  elle  envahit  de  la  substance  cor- 
ticale à  la  substance  médullaire.  Après  deux  à  trois  semaines  (à  une 
température  moyenne),  le  cerveau  se  ramollit,  mais  il  reste  ordinai- 
rement plusieurs  mois  chez  les  adultes  avant  de  se  changer  en  cette 
bouillie  rose  que  présente  si  vile  le  cerveau  des  nouveau-nés. 

Le  cerveau  qui  a  été  blessé  et  qui,  par  conséquent,  se  trouve  en 
contact  avec  l'air,  se  putréfie  beaucoup  plus  tôt,  comme  cela  arrive, 
du  reste,  pour  tous  les  organes  blessés;  cette  dernière  circonstance 
peut  s*opposer  à  un  examen  minutieux  des  plaies  de  tête  pénétrantes. 

Les  organes  nommés  jusqu'ici  appartiennent  à  la  catégorie  de  ceux 
qui  se  putréfient  vite.  Dans  la  catégorie  de  ceux  qui  se  putréfient 
lentement,  on  compte  : 

9**  Le  cœur.  —  Lorsque  déjà,  quelques  semaines  après  la  mort, 
estomac,  intestins,  foie,  etc.,  sont  avancés  dans  la  putréfaction,  on 
trouve  encore  cet  organe  dans  sa  fraîcheur  et  présentant  très  distinc- 
tement toutes  ses  parties.  Mais  il  est  plat  et  affaissé,  ordinairement 
exsangue  ou  contient  du  sang  huileux.  Puis  peu  à  peu,  d'abord  les 
colonnes  charnues,  ensuite  les  parois  se  ramollissent.  L'organe  devient 
mou,  verdâtre,  gris  et,  enfin,  noir.  La  liqueur  du  péricarde  s'évapore 
quand  la  putréfaction  est  un  peu  plus  avancée,  et  le  péricarde  est  sec. 
Mais  il  faut  plusieurs  mois  après  la  mort  pour  que  le  cœur  présente 
ces  derniers  degrés  de  putréfaction. 

lO*"  A  peu  près  en  même  temps  que  le  cœur,  quelquefois  plus  tôt, 
les  poumons  commencent  à  montrer  les  indices  de  la  décomposition. 
Des  cadavres  qui  extérieurement  présentent  des  degrés  de  putréfac- 
tion avancée,  une  couleur  vert  foncé,  l'épiderme  décollé,  etc.,  offrent 
encore  souvent  des  poumons  assez  bien  conservés,  de  sorte  que 
l'on  peut  bien  reconnaître  leur  structure,  quoique  l'on  ne  retrouve 
plus  de  sang.  Ce  fait  est  important  pour  écarter  les  objections  des 
purs  théoriciens  (Henke  et  tous  ceux  qui  l'ont  imité),  alléguées  contre 
le  degré  de  confiance  que  l'on  doit  attribuer  aux  épreuves  hydrosta- 
tiques de  la  docimasie  pulmonaire.  Car  si  les  poumons  d'un  nouveau- 
né,  dont  le  cadavre  est  encore  frais  ou  même  présente  quelques  traces 


SIGNES  DE  LA  MORT.  — PUTRÉFACTION.  —  POUMONS.  A3 

de  putréfaction,  nagent  sur  l'eau,  il  est  absurde  de  prétendre  qu'ils 
nagent  grâce  aux  gaz  développés  par  la  putréfaction,  puisque  les  pou« 
mons,  encore  une  fois,  se  putréfient  très  tard. 

Néanmoins  on  ne  doit  pas,  dans  certains  cas,  méconnaître  l'inQuence 
delà  putréfaction  des  poumons.  Les  premières  traces  se  montrent  par 
l'apparition  de  petites  vésicules,  de  la  grandeur  d'un  grain  de  millet 
à  celle  d'un  haricot,  qui  soulèvent  la  plèvre  et  sont  très  faciles  à 
constater;  on  possède  ainsi  un  très  bon  signe  diagnostique  de  la 
putréfaction  de  cet  organe.  D'abord  ces  petites  vésicules  sont  isolées 
çà  et  là  y  plus  tard  elles  deviennent  plus  nombreuses,  de  sorte  que 
Ton  trouve  des  parties  entières  du  poumon  qui  en  sont  couvertes, 
i;urtout  â  la  partie  inférieure. 

Au  commencement,  malgré  le  développement  de  ces  vésicules,  la 
couleur  n'est  pas  changée  ;  mais  au  bout  d'un  certain  temps  cette 
couleur  devient  plus  foncée,  vert  bouteille  et  enfin  noire.  En  même 
temps  que  cette  coloration  devient  plus  foncée,  le  parenchyme  se 
détruit.  Les  poumons  deviennent  mous,  s'affaissent  à  cause  de  l'éva- 
poration  de  leur  contenu  fluide,  et  enfin  ils  se  décomposent  tout  à  fait. 

J'ai  observé  quelques  exceptions  à  cette  règle;  comme  elles  sont, 
en  général,  très  rares,  je  vais  les  citer. 

Des.  10,  il,  12  et  13.  —  Putréfaction  précoce  des  poumons» 

Obs.  10*. —  Un  enfant  nouveau-né,  du  sexe  féminin,  fut  trouvé  mort  dans  Teau.  La 
mort  avait  eu  lieu  par  apoplexie  cérébrale.  Le  corps  avait  déjà  quelques  taches  vertes 
aux  téf^ments  du  ventre,  mais  était  encore  bien  frais  et  sans  odeur  de  putréfac  • 
tion.  Néanmoins  nous  trouvâmes  de  petites  vésicules  d'air  à  la  surflice  des  poumons. 
Mais  tous  les  signes  de  la  docimasie  pulmonaire  étaient  si  nets  et  si  convaincants, 
que  nous  n'hésitâmes  pas  â  déclarer  que  Tenfant  avait  respiré  et  vécu,  ce  qui  fut, 
plus  tard,  complètement  confirmé. 

Obs.  1 1*.  —  Dans  un  autre  cas,  chez  un  enfiint  qui  était  né  à  terme  et  mort 
d*apoplexie  cérébrale,  très  probablement  à  cause  de  l'étranglement  du  cou  par  le 
conion ,  nous  trouvâmes  sur  les  poumons  du  cadavre  encore  frais  de  nombreuses 
vésicules  d'air,  surtout  à  la  surface  du  poumon  gauche,  l'une  de  ces  vésicules  même 
iUeifnait  la  grandeur  d'un  haricot  blanc. 

Obs.   12*.  —  H  fut  réellement  surprenant  chez  un  enfant   né  à  terme,  dont 
k  cadavre  (au  mois  d'avril,  à  une  température  de  9  à   10  degrés)  montrait 


44  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

seulement  quelques  lividités  sur  le  dos ,  mais  pas  la  moindre  coloration  verte 
des  téguments  abdominaux,  de  trouver  des  vésicules  do  putréfaction  sur  le  pou- 
mon qui,  (lu  reste,  était  encore  tout  à  fait  frais.  L'une  d'elles,  à  la  base  du  poumon 
g^auchc,  avait  la  grandeur  d'nn  petit  pois  ;  six  ou  neuf  autres,  à  la  base  du  poumon 
droit,  avaient  la  grandeur  d'un  grain  de  millet.  L'enfant,  du  reste,  avait  vécu  et 
(Hait  mort  d'apoplexie  bientôt  après  la  naissance. 

ObS.  13^. —  Un  4^  cas  se  rapporte  à  un  enfant  nouveau-né  à  terme,  trouvé  mort 
le  27  avril,  dans  la  rue  :  (temp.  de  8  à  10  degrés)  les  téguments  abdominaux  étaient 
déjà  colorés  en  vert,  et  les  poumons  encore  tout  à  fait  frais,  comme  on  pouvait  s'y 
attendre,  leur  couleur  était  rose  claire,  marbrée  de  bleu,  ils  remplissaient  la  cavité 
thoracique,  crépitaient  à  la  pression,  et  à  l'incision  laissaient  échapper  une  écume 
sanguinolente.  Mais  la  base  des  deux  poumons  était  couverte  de  vésicules  de  ia. 
grandeur  d'un  grain  de  millet  qui,  comme  toujours,  soulevaient  la  plèvre  et  figu- 
raient des  perles  blanches. 

Il''  Après  les  poumons  et  le  cœur,  les  reins  sont  saisis  par  la  pu- 
tréfaction. Ces  organes  durs  et  fermes  seront  toujours  trouvés  frais 
dans  les  cadavres  qui  ne  présenteront  que  des  commencements  de 
putréfaction.  Quand  ce  phénomène  se  manifeste  en  eux,  ils  revêtent 
d*abord  une  couleur  chocolat,  puisse  ramollissent;  mais  on  peut  en- 
core bien  reconnaître  leur  texture,  et  ce  n*est  que  très  longtemps 
après  la  mort  qu'on  les  trouve  pâteux,  faciles  à  déchirer  et  d*une 
couleur  vert  noirâtre. 

12*  La  vessie  se  conserve  encore  plus  longtemps  que  les  reins; 
qu'elle  soit  vide  ou  pleine,  elle  ne  commence  à  se  putréfier  que  lors- 
que tous  les  organes  mentionnés  jusqu'ici  sont  déjà  décomposés. 

1 3""  Vœsophage  ne  se  putréfie  pas  en  même  temps  que  le  resle  du 
tube  digestif;  il  résiste  très  longtemps  à  la  décomposition,  et  même 
après  plusieurs  mois  on  le  trouve  encore  assez  résistant,  mais  coloré 
seulement  en  gris  vert  sale,  alors  que  l'estomac  et  les  intestins  ne 
peuvent  plus  être  l'objet  d'un  examen  exact. 

14"  Le  pancréas,  —  Il  faut  que  tout  le  cadavre  soit  déjà  putréfié 
pour  que  cet  organe  soit  envahi  par  la  putréfaction.  Il  revêt  alors  une 
couleur  rouge  sale,  reste  longtemps  ainsi  jusqu'à  ce  qu'enfin  il  par- 
ticipe à  la  destruction  générale. 

ib*"  Le  diaphragme  se  putréfie  excessivement  tard.  Il  a  bien, 
dans  les  premières  semaines  après  la  mort,  des  taches  vertes  ;  mais 


SIGNES  DE  LA  MORT.  —  PUTRÉFACTION. UTÉRUS.  45 

uu  peut  très  bien  encore,  après  quatre  à  six  mois,  distinguer  sa  slruc- 
ture  musculaire  et  aponévrotique. 

16**  Le  système  vasculaire  des  petites  branches  échappe  à  l'obser- 
vation dans  les  organes  putréfiés,  mais  les  grosses  branches,  surtout 
les  grosses  artères,  sont  décomposées  presque  les  dernières  des  parties 
molles.  M.  Devergie  (1)  raconte  l'exemple  d'un  cadavre  qui,  exhumé 
nprùs  quatorze  mois,  présentait  encore  une  aorte  très  facilement  re- 
counaissable. 

JT"  Enfin,  je  dois  déclarer,  contrairement  à  ce  que  dit  Orfila,  que 
l'organe  qui  résiste  le  plus  à  la  putréfaction  est  Vutérus,  On  le  trouve 
encore  intact,  frais  et  ferme,  d'un  rouge  sale,  et  bien  conservé,  à 
une  époque  où  tous  les  autres  organes  échappent  à  l'observation,  par 
suite  des  désordres  apportés  par  la  putréfaction.  Le  cas  que  nous 
rapportons  plus  bas  (15"^  obs.),  est  très  remarquable  :  il  prouve  com- 
bien ce  fait  peut  devenir  important,  quand  il  s'agit  de  constater, 
longtemps  après  la  mort,  une  grossesse  douteuse. 

Les  utérus  des  nouveau- nés  ne  font  pas  exception.  Ce  sont  ces 
cadavres  de  nouveau^nés  que  nous  voyons  le  plus  souvent  à  des 
phases  avancées  de  putréfaction.  On  les  jette  dans  les  lieux,  dans  les 
cloaques,  dans  les  ruisseaux  ;  on  les  enterre  dans  les  caves,  dans  les 
jardins,  etc.,  et  ils  sont  ensuite  trouvés  longtemps  après.  Nous  trou- 
îâmes  toujours,  même  lorsque  la  putréfaction  était  complète,  la  ma- 
trice bien  conservée,  de  sorte  qu'il  était  encore  possible  de  déter- 
miner le  sexe  du  fruit,  quoique  les  parties  génitales  externes  fussent 
détruites.  On  trouvera,  dans  les  observations  suivantes,  des  preuves 
évidentes  de  cette  Conservation  de  la  matrice. 

Obs.  14.  —  Formation  de  gras  de  cadavre.  Utérus  rcconnaissable. 

Au  mois  de  mars  on  exhuma  d'un  jardin  humide  un  fruit  du  sexe  féminin.  Le 
corps  était  tout  noir,  et  la  surface  ne  pouvait  ôtre  débarrassée  de  toutes  les  par- 
celles de  paille  et  de  plante  qui  y  adhéraient.  La  tète  était  détachée,  et  on  ne  pré- 
senta à  l'aulopsic  que  quelques  os  du  crûne.  Il  va  sans  dire  qu'extérieurement  on 

(I)  Loc.  cil. 


46  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

ne  pouvait  plus  distinguer  le  sexe.  Le  tronc  avait  40  centimètres  et  pesait  2  kilo- 
grammes. Les  muscles  du  tronc  et  des  membranes  étaient  saponifiés  en  gras  de  ca- 
davre. Les  organes  des  cavités  thoracique  et  abdominale  étaient  noirs  et  on  ne 
pouvait  plus  les  reconnaître,  excepté  la  vessie  vide  que  l'on  pouvait  très  bien  distin- 
guer. La  matrice  était  très  bien  conservée,  d'un  rouge  sale.  Nous  pouvions  donc 
reconnaître  le  sexe  du  fruit  et  admettre  que  très  vraisemblablement  il  était  né  à 
terme,  et  que,  probablement,  il  était  resté  dans  la  terre  plus  d'un  an.  Ces  conclusions 
ont  été  confirmées  par  l'instruction  criminelle. 

Obs.  45.  —  Submersion  dans  une  fosse  d'aisance.  Conservaiion  de  lutérus. 

Gras  de  cadavre» 

Une  jeune  fille  qui  avait  dû  être  très  jolie,  ce  qui  peut  expliquer  les  complica- 
tions deTafraire  que  nous  allons  rapporter,  avait  été,  au  mois  de  mars  18...,  atteinte 
d'une  pleurésie  et  devait  être  transportée  à  l'hôpital.  Elle  s'y  était  vivement  opposée 
et  avait  dit  qu'elle  aimerait  mieux  mourir  tout  de  suite. 

Le  même  soir,  le  21  mars,  elle  avait  tout  à  coup  disparu.  Toutes  les  recherches 
pour  la  retrouver  furent  vaines,  et  le  bruit  courut  qu'elle  était  devenue  enceinte 
par  suite  de  ses  rapports  avec  un  homme  marié  qui  restait  dans  la  maison,  et  que 
celui-ci  l'avait  fait  disparaître.  Mais  on  ne  put  constater  ce  qu'il  y  avait  de  vrai  dans 
cette  rumeur. 

Au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  ainsi  près  de  neuf  mois  après,  les  lieux 
de  la  maison  furent  vidés.  On  trouva  dans  la  fosse  un  corps  humain  tout  à  fait  pu- 
tréfié ;  on  soupçonna  que  ce  pouvait  être  celui  de  la  fille  disparue  au  printemps,  et 
la  justice  demanda  l'exploration  médico-légale  de  ce  cadavre.  Je  ne  crois  pas  avoir 
jamais  eu  l'occasion  d'observer  un  cadavre  présentant  un  tel  degré  de  putréfaction. 
Même  les  garçons  du  service,  si  habitués  à  cette  odeur,  sentirent  peut-être,  pour  la 
première  fois,  un  dégoût  invincible.  Le  crâne,  le  maxillaire  inférieur,  les  membres 
inférieurs  étaient,  en  grande  partie,  dénudés  par  la  macération,  détachés  de  leurs 
articulations  ;  ce  qui  restait  des  parties  molles  n'était  que  des  lambeaux  infects  et 
méconnaissables.  On  ne  pouvait  naturellement  pas  faire  une  autopsie.  Mais  le  juge 
posait  cette  question  :  Est-il  encore  possible^  de  vérifier  si  cette  fille,  à  l'époque  de 
sa  mort,  était  enceinte?  J'espérais  pouvoir  répondre  à  la  question,  et  on  ouvrit 
l'abdomen.  Les  muscles  étaient  saponifiés,  les  intestins  présentaient  une  masse  noire 
et  huileuse  dans  laquelle  on  jne  distinguait  plus  les  différentes  parties  ;  le  foie,  la 
rate  et  les  reins  avaient  subi  la  même  transformation.  Nous  trouvâmes  l'utérus  rose 
clair,  dur  et  épais,  de  la  grandeur  d'un  utérus  vierge  ;  sa  forme,  que  l'on  distinguait 
très  bien,  était  normale,  sa  cavité  vierge  et  iHde-  Bien  qu'on  ne  put  pas  dire  quel 
avait  été  le  genre  de  mort  de  cette  fille,  nous  pouvions  cependant  déclarer  avec 
certitude  qu'à  l'époque  do  sa  mort  elle  n'était  pas  enceinte.  Celte  déclaration  lit 
tomber  les  soupçons  que  l'on  avait  sur  le  soi-disant  père  et  assassin,  un  homme  du 
reste  qui,  jusque-là,  avait  joui  d'une  bonne  réputation. 


SIGNES  DE  LA  MORT. —  PUTRÉFACTION.  ^  UTÉRUS.  &7 

Obs.  16.  —  Restes  du  cadavre  d'un  nouveau-né.  Utértts  conservé. 

Le  7  juillet  18...,  nous  fîmes  à  Charlottenbourg  Tautopsie  d'un  enfant  nouveau- 
né  ,  du  sexe  féminin,  qui  avait  été  tiré  de  la  Sprée  et  que  l'on  disait  être  resté  très 
longtemps  dans  l'eau.  Sur  la  table  de  dissection  se  trouvaient,  comme  restes  de  la 
tête,  simplement  les  os  pariétaux.  La  colonne  vertébrale,  la  jambe  gauche,  toutes 
I  ^^S'  côtes  du  cété  droit,  les  deux  mains  avaient  été  rongées  jusqu'au  squelette  par  des 
rats  d'eau,  qui  avaient  mangé  aussi  tout  le  poumon  droit.  Les  téguments abdomi- 
cft^ux  étaient  noirs,  putréfiés  ;  le  cordon,  qui  n'avait  qu'un  pouce  et  demi  de  longueur, 
ôt^it  momifié.  Ce  qui  prouve  que  le  cordon  une  fois  desséché,  ne  se  ramollit  plus, 
vxiéme  par  un  long  séjour  dans  l'eau.  Tous  les  viscères  de  l'abdomen  étaient  trans- 
formés en  une  bouillie  grise,  excepté  l'utérus  qui  était  d'un  rose  clair  ;  c'était  le 
seul  organe  qui  fût  tout  à  fait  reconnaissable (Voir  25'  obs.). 


h 


/ 


AS  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

CHAPITRE  III. 

CAUSES   DE   MORT. 
S  1.  Généralités. 

Il  arrive  souvent  des  cas  dans  lesquels  l'examen  le  plus  minutieux 
d'un  cadavre  ne  monlre  pas  un  dérangement  matériel  qui  puisse  ex- 
pliquer la  mort.  Ces  exemples  se  présentent  quand  la  mort  a  été  la 
suite  de  mauvais  traitements  qui  causent  une  maladie  générale  et  qui 
finissent,  après  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  mois,  par  amener 
la  mort:  Tintervalle  de  In  maladie  laisse  aux  traces  des  violences  le 
temps  de  disparaître  de  la  surface  du  corps. 

li  arrive  d'autres  cas  dans  lesquels  un  homme  a  succombé  à  une 
mort  violente  parce  qu'on  l'a  vu  tomber  malade  et  mourir  au  milieu 
de  circonstances  que  l'on  ne  peut  expliquer,  et  cependant  la  dissec- 
tion n'offre  rien  qui  puisse  prouver  que  la  mort  a  été  violente.  Ce  sont 
des  cas  qui  embarrassent  le  médecin-légiste  peu  exercé.  On  ne  trouve 
rien  d'anormal  ni  à  la  surface  du  corps,  ni  dans  les  cavités  crânienne, 
thoracique  ou  abdominale.  De  quoi  le  décédé  est-il  donc  mort? 
Quelle  conclusion  peut- on  faire?  Le  médecin  déclarera-t-il  qu'il  ne 
sait  pas?  Qui  dira  à  la  justice  comment  un  homme  est  mort,  si  l'ex- 
pert se  déclare  incompétent? 

Une  telle  déclaration  d'incompétence,  outre  qu'elle  ne  rendrait 
aucun  service  à  la  justice  et  qu'elle  compromettrait  la  dignité  scien- 
tifique, indiquerait  que  l'on  ne  comprend  pas  le  but  judiciaire  des 
autopsies  médico-légales.  Il  importe  peu  à  la  justice  qui  guette  la 
trace  d'un  crime  et  qui  veut  savoir  la  vérité,  d'apprendre  les  causes 
physiologico-pathologiques  de  la  mort  ;  par  exemple,  une  fièvre  ner- 
veuse, un  marasme,  qui  certainement  ne  pourront  pas  être  constatés 
parl'autopsie.  Le  juge  a  seulement  besoin  de  savoir  si  la  mort  est  arrivée 
par  les  voies  naturelles,  par  suite  d'une  maladie  (n'importe  laquelle)  ou 
par  un  moyen  violent,  artificiel,  par  la  faute  d'un  tiers.  Dans  le  pre- 
mier cas,  naturellement,  le  juge  abandonne  l'affaire.  Dans  certains 


CAUSES  DE  MORT.  —  MORT  VIOLENTE.  49 

cas  il  arrive  que  le  juge,  qui  conaaii  les  anle  acta^  denianJe  des 
délails  sur  celte  €  maladie  »  admise  par  le  médecin  comme  cause  de 
mort,  et  désire,  par  exemple,  savoir  si  elle  a  été  la  suite  de  mauvais 
traitements  antérieurs.  Si,  alors,  le  médecin-légiste  sait  les  antécé- 
dents, il  ne  lui  sera  pas  difficile  de  juger  la  question.  Nous  en  rap- 
porterons plusieurs  exemples. 

Il  n'y  a  que  pour  les  cas,  heureusement  rares,  dans  lesquels  on 
soupçonne  que  la  mort  a  eu  lieu  ou  a  été  accélérée  par  riropéritie 
des  médecins,  que  Ton  doit  admettre  une  exception  à  la  règle  que  nous 
avons  posée  et  qui  dit  que  la  déclaration  de  c  maladie  »  suffit  dans 
le  rapport.  Ici  il  va  sans  dire  que  Ton  doit  rechercher  par  l'autopsie 
un  diagnostic  précis  de  la  maladie  mortelle  et  de  sa  période  de  déve« 
loppement. 

C'est  seulement  dans  ces  cas  qu'il  est  nécessaire  de  faire  une  des- 
cription spéciale  des  altérations  pathologiques,  par  exemple  des  tuber- 
cules, des*  cavernes,  des  dégénérescences  du  foie,  des  reins,  des  tu- 
meurs, de  la  période  des  inflammatiojos,  de  la  gangrène,  etc. ,  tandis 
^e,  dans  toutes  les  autres  autopsies,  cette  description  spéciale  est 
^Qperflue,  et  une  description  générale  suffit.  En  efiTet,  si  l'on  décrit 
avec  détails  une  altération  purement  pathologique  qui  n'est  pas  du 
tout  en  rapport  avec  la  mort  violenté,  par  exemple,  si  l'on  fait  une 
description  minutieuse  d'une  hydropisie  de  l'ovaire  chez  une  femme 
foi  a  été  étranglée,  d'une  maladie  de  Bright,  chez  un  homme  qui  a 
^Çu  une  balle  dans  le  cerveau,  etc.,  cela  ne  sert  qu'à  prolonger,  sans 
l^ulet  sans  profit,  l'autopsie  et  le  procès-verbal,  et  il  faut  se  souvenir 
<|Qe  l'autopsie  doit  être  légale  et  non  pas  clinique  « 

J  s.  «—  Mort  violente. 

Les  cas  dont  nous  venons  de  parler  dans  le  paragraphe  précédent 
forment  la  minorité  des  cas  médico-légaux;  le  plus  souvent  on  a 
^flaire  aux  morts  violentes.  La  mort  violente  peut  avoir  lieu  de  six 
n^anières  différentes. 

1*  Mort  par  cause  mécanique, —  La  plupart  du  temps  cette  mort 
n.  4 


*   -  T     -     - 


•>       • 


60  '  PARTIE   TIÎANATOLOGIQUE. 

est  subite.  L'harmonie  de  Torganisme  est  violemment  dérangée  en 
partie  ou  en  totalité  :  par  exemple,  par  l'écroulement  de  maisons,  de 
murailles,  d'échafaudages,  de  mâts  de  vaisseau;  lorsque  le  corps  est 
écrasé  par  une  aile  de  moulin,  paç  une  roue  de  machine,  ou  bien 
lorsque  le  corps  est  brûlé,  lorsqu^il  est  broyé  pat  une  voiture,  un 
chemin  de  fer,  lorsqu'il  est  atteint  par  une  explosion  de  poudre  (i)) 
lorsqu'un  nouveau-né  est  empaqueté  avec  force  dans  une  caisse,  etc. 
La  plupart  des  blessures  par  armes  à  feu  appartiennent  à  cette  caté-* 
gorie,  surtout  celles  par  lesqtielles  le  cerveau ,  le  cœur,  la  moelle 
épinière,  les  gros  vaisseaux,  ou  le  poumon  ont  été  atteints. 

Lorsque  la  mort  ne  survient  pas  par  cause  mécanique,  elle  a  lieu 
par  cause  dynamique;  mais  on  peut  diviser  ces  causes  dynamiques 
ainsi  qu'il  suit  : 

2°  Mort  par  neuroparalysie.  —  C'est  juste  l'opposé  de  la  mort 
par  cause  mécanique,  ainsi  qu'on  le  voit  sur  le  cadavre.  Le  méca* 
nisme  général  de  l'organisme  n'est  nullement  altéré  par  la  neuro- 
paralysie  (apoplexie  nerveuse)^  on  ne  trouve  aucun  changement  sur 
le  cadavre.  Les  résultats  de  rautopj^ie  sont  tout  à  fait  négatifs,  et  on 
arrive  à  la  conclusion  que  ce  genre  de  mort  a  eu  lieu,  par  exclusion 
de  toutes  les  autres  causes,  sans  pouvoir  le  prouver  positivement.  On 
la  rencontre  souvent  chez  les  noyés  et  les  pendus. 

3<>  Mort  par  inflammation,  —  La  vie  peut  être  terminée  par 
l'inflammation  d'un  organe  important  et  ses  suites,  telles  que  la  sup- 
puration, l'épanchement,  la  gangrène,  etc.  C'est  ainsi  que  finissent  un 
prand  nombre  de  blessures,  celles  du  cerveau,  des  p^bumons,  du  foie, 
des  intestins,  du  péritoine,  etc.;  ou  bien  ce  mode  de  terminaison  est 

(1)  A  Toplosion  du  laboratoire  du  préparateur  de  feux  d'artifice  D...,  quatre per^ 
Sonnes  périrent.  D...  eut  toute  la  moitié  gauche  de  la  tôte  fracturée  et  enlevée,  son 
cadavre  ne  présenta  pas  d'autres  lésions.  Un  ouvrier  avait  les  os  du  crâne  com- 
pli^tement  écrasés,  tandis  que  les  téguments  étaient  intacts.  J'ai  observé  ce  phéno« 
mène  deux  fois  dans  les  blessures  à  la  tôte.  La  femme  de  D...  a\aitété  tuée  vraisem- 
blablement par  la  chute  d'une  planche.  Un  autre  ouvrier,  qui  était  malade  et  était 
couché  dans  une  baraque  prés  du  laboratoire,  fut  lancé  à  cent  piedi  avec  son  Ut. 
Son  cadavre  était  tout  à  fait  niéconnaissabic,  la  télc  fracturée,  tous  les  membres 
écrasés.  La  baraque  et  le  laboratoire  avaient  complètement  disparu. 


•  •         .  a  .  I 


CAUSES   DE   MORT. — MORT   VIOLENTE.  ÔJ 

ie  résultat  d'empoisonneineDts  par  des  substances  corrosives  ou  des 
brûlures  graves. 

&*  Mort  par  hypérimie.  —  Ce  genre  de  mort  s'observe  lorsqu'il 
y  a  stase  sanguine  dans  les  viscères  : 

a.  Dans  la  cavité  crânienne  la  mort  peut  être  le  résultat  de  la 
compression  produite,  soit  par  Thypérémie  des  vaisseaux  (congestion 
cérébrale),  soit  pai  un  épanchement  (hémorrhagie  cérébrale). 

è.  Dans  la  cavité  pectorale,  la  mort  peut  arriver  par  apoplexie  ou 
pir  paralysie,  lorsque  la  stase  sanguine  se  trouve  dans  les  poumons, 
le  cœur  ou  les  gros  vaisseaux  (asphyxie). 

L'apoplexie  cérébrale  peut  être  le  résultat  de  blessures  à  la  tôte, 
de  la  pendaison,  de  la  strangulation,  de  la  suffocation,  des  em- 
poisonnements par  des  substances  narcotiques,  de  la  congélation  et 
quelquefois  de  la  submersion. 

L*asphyxie  est  le  genre  de  mort  ordinaire  dans  la  submersion,  et 
en  général  lorsqu'il  y  a  empêchement  à  Tentrée  de  Tair  dans  les  voies 
aériennes.  L'asphyxie  est  donc  le  genre  de  mort  des  personnes  dont 
la  poitrine  est  fortement  comprimée,  des  gens  qui  meurent  dans  le 
teu  et  la  fumée,  de  ceux  qui  succombent  par  suite  de  l'inspiration  de 
gaz  irrespirables  et  souvent  aussi  des  gens  pendus  et  étranglés. 

On  sait  qu'on  trouve  souvent  les  deux  hypérémies  dans  le  même 
cadavre. 

5"  Mort  par  anémie.  —  Il  y  a  anémie  lorsque  le  sang  est  en  si 
petite  quantité  que  la  vie  n'est  plus  possible.  Ici  appartient  la  mort 
par  hémorrhagie  externe  ou  interne,  quelle  que  soit  leur  cause,  et  la 
mort  par  inanition  et  privation  de  nourriture. 

Q""  Mort  par  dysémie.  —  Il  est  indubitable  que  la  mort  peul 
provenir  de  l'intoxication  du  sang,  comme  cela  est  démontre  par 
1)  micfoscopie  et  la  chimie.  L'autopsie  montre  quelquefois  la  dysémie 
par  un  aspect  anormal  du  sang,  mais  cet  aspect  peut  tromper.  Une 
grande  quantité  de  poisons  ne  tue  pas  autrement  que  par  l'intoxi- 
cation du  sang,  par  exemple  dans  les  empoisonnements  chroniques 
P^l'arsenic,  l'acide  prussique,  l'alcool,  probablement  la  plupart  des 
^bloldes,  certainement  aussi  le  phosphore  ;  et  il  doit  y  en  avoir  encore 


52  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

beaucoup  qui  ont  le  même  effet,  quoique  jusqu'à  présent  on  ne  Tait 
pas  encore  prouvé.  C'est  également  par  djscmie  que  meurent  les 
individus  qui,  après  de  longues  maladies  et  des  opérations  chirui^i- 
cales,  sont  atteints  d'iofeclions  purulentes  (pyémie).  Je  n'ai  pas  besoin 
de  dire  que  cette  division  des  genres  de  mort  n'est  pas  logique  nosolo- 
giquement  parlant.  Une  telle  logique  serait  impossible,  parce  que 
plusieurs  causes  de  mort  peuvent  exister  sur  un  même  individu.  Par 
exemple,  déchirement  mécanique  et  blessure  par  arme  à  feu,  lésion 
mécauique  et  asphyxie  chez  les  écrasés,  inflammation  et  dyséroie 
après  des  blessures,  etc.  Mais  le  besoin  d'une  certaine  classiflcation 
des  résultats  de  l'autopsie  se  fera  toujours  sentir,  et  celle  que  nous 
avons  posée  a  pour  die  l'avantage  d'une  grande  utilité  en  pratique. 


ÉPOQUE   DE  L*AUTOPSIE.  53 


SECTION  II. 

ÉPOQUE   DE   L'AUTOPSIE. 

$  1.  —  Moments  opportam  «I  ioopportons» 

Comme  toutes  les  autopsies,  les  autopsies  légales  doivent  être  faites 

peu  de  temps  après  la  mort,  avant  que  la  putréfaction  soit  avancée  et 

iiende  difficile  un  examen  approfondi.  La  législation  recommande  avec 

raison  de  faire  l'autopsie  vingt-quatre  heures  après  la  mort,  car  alors 

les  signes  de  la  mort  sont  déjà  bien  évidents  et  on  n'a  plus  à  craindre 

une  mort  apparente.  Malheureusement  h  plupart  des  autopsies  légales 

se  font  plus  tard.  Cela  tient  à  ce  que  tantôt  le  cadavre  n'est  trouvé 

que  bien  plus  longtemps  après  la  mort;  tantôt  les  formalités  officielles, 

le  transport  du  cadavre  au  local  des  autopsies,  les  difficultés  qu'il  y  a 

â  réunir  les  témoins  nécessaires  pour  reconnaître  le  cadavre,  sont  de 

fréquentes  causes  de  retard. 

Le  médecin-légiste  doit  néanmoins  faire  l'autopsie,  même  lorsque 
le  moment  qui  lui  est  assigné  lui  paraît  inopportun. 

Le  moment  est  inopportun,  lorsque  l'autopsie  est  faite  dans  une 
des  circonstances  suivantes  :  1^  Lorsque  la  putréfaction  lest  déjA 
avancée  ;  2^  lorsque  l'autopsie  du  cadavre  a  été  déjà  faite  par  un  autre 
médecin  ;  3®  lorsque  le  cadavre  a  été  enterré  et  est  exhumé.  C'est  là 
la  question  des  autopsies  tardives  que  nous  allons  étudier  en  détail. 

S  s.  — >  Aatoptîei  tardivef. 
A,  Putréfaction  avancée. 

On  peut  encore  recueillir  des  renseignements  précieux  sur  un  ca  - 
davre  complètement  putréfié.  Il  est  certain,  en  effet,  que  l'on  peut 
constater  les  c  anomalies  des  os  »,  les  c  blessures  des  os  »  (par 
exemple  les  fractures,  les  blessures  par  armes  à  feu,  etc.),  les  «  corps 
éirangers  »,  surtout  des  balles,  des  pointes  de  couteau,  etc.;  la  pré- 
sence ou  l'absence  d'une  grossesse  à  l'époque  de  la  mort  (obs.  15), 


bh  PARTIE   THANATOLOGIQfTE. 

beaucoup  d'empoisonnements,  non-seulement  par  l'arsenic,  mais 
probablement  par  tous  les  autres  métaux  (1).  Même  la  question  im^ 
portante  de  la  vie  de  Tenfant  peut  quelquefois  être  tout  à  fait 
résolue  sur  des  cadavres  putréfiés  ;  nous  en  citerons  des  preuves. 
Puis,  on  peut  encore,  par  l'examen  des  os,  décider  si  un  nouveau- 
né  est  venu  à  terme  ou  non  (obs.  29).  Enfin,  des  parties  qui  ne  se 
décomposent  pas,  telles  que  les  cheveux  et  les  dents,  peuvent  servir 
à  déterminer  l'identité  dans  des  cas  importants.  L'observation  31  en 
donnera  un  exemple  remarquable. 

Obs.  17.  —  Déterminer  le  genre  de  morl  d^un  cadavre  tout  à  fait  putréfié. 

Par  une  très  grande  chaleur  d'apût,  à  25  degrés  Réaumur,  un  homme  bien  mis 
fut  trouvé  mort  daiis  la  campagne.  Les  mains  étaient  couvertes  de  gants  de  peau  gla- 
cée et,  dans  la  droite,  il  tenait  un  mouchoir  qui, 'dit-on,  avait  des  taches  de  lang.A 
côté  du  cadavre  il  y  avait  un  couteau  de  poche,  petit,  vieux,  ébréché,  ne  coupant 
pas,  qui  ne  paraissait  pas  devoir  appartenir  k  cet  homme  bien  mis  *,  U  semblait  être 
taché  de  sang  séché.  L'autopsie  légale  eut  lieu. 

Le  cadavre  était  déjà  vert  noir,  l'épiderme  détaché,  des  myriades  d*astioots  cou- 
vraientle  corps,  le  cerveau  était  fluide  et  coula  quand  on  ouvrit  le  crâne;  maii  on 
pouvait  encore  constater  que  cet  homme  était  mort  d'une  congestion  au  cœur,  car, 
quoiqu'il  y  eût  déjà  l'anémie  de  la  putréfaction  générale,  le  cœur  droit  et  l'artère 
pulmonaire  étaient  encore  gorgés  d'un  sang  demi-liquide,  demi-coègulé.  Ajoutes 
qu'il  n'y  avait  pas  la  moindre  blessure  sur  le  cadavre  qui  pût  faire  croire  que  le 
couteau  eût  causé  la  mort,  et  que  l'autopsie  ne  donnait  aucune  preuve  d'une  mort 
produite  par  une  cause  extérieure.  Cette  conclusion  fut  sufllsante  pour  le  juge. 

B,  Autopsie  faite  après  celle  d'un  autre  médecin. 

Il  arrive  des  cas  dans  lesquels  l'ouverture  d'un  cadavre  est  deman- 
dée par  Te  tribunal,  ce  cadavre  ayant  déjà  été  soumis  à  l'autopsie 
par  un  autre  médecin.  Dans  cette  circonstance  on  peut  encore  rendre 
des  services  à  la  justice,  car  il  y  a  des  blessures  qui  laissent  des  traces 
ineffaçables  de  leur  influeuce  mortelle,  de  sorte  qu'une  seconde  au- 
topsie peut  encore  prouver  quelle  a  été  la  cause  de  mort.  Dans  d'au- 
tres cas,  on  ne  peut  présenter  que  des  probabilités,  mais  cela  donne 
toujours  aux  juges  de  précieux  renseignements.  Il  va  sans  dire  que 

(1)  Voir  l'obs.  25  dans  laquelle  nous  avons  trouvé  du  mercure  dans  un  cadavre 
exhumé  après  cinq  mois  et  demi. 


AUTOPSIES  TARDIVES.  —  SECONDE   AUTOPSIE.  55 

le  jugement  dans  de  pareils  cas  ne  doit  être  donné  qu'avec  une  grande 
précaution.  On  ne  peut  pas  donner  ici  des  règles  générales,  il  faut 
envisager  à  part  chaque  cas  particulier. 

Obs.  18.  —  Blessures  de  tête  trouvées  sur  un  cadavre  déjà  disséqué. 

Un  ouvrier  avait  été  bleisô  à  la  téta  par  une  barra  de  far.  Il  avait  élé  tranaporté 
dana  un  hôpital,  at  après  sa  mort,  on  avait  fait  la  dissection  avant  que  le  juge  d'in-» 
itniction  eût  pu  être  prévenu. 

Charfé  de  faire  une  seconde  autopsie,  nous  trouvâmes  la  cavité  crânienne  vide, 
le  cerveau  disséqué  avait  été  mis  dans  la  cavité  abdominale  ;  la  base  du  crâne 
était  fracturée,  le  cunéiforme,  l'ethmoïdal  et  la  partie  orbitale  du  frontal  étaient  en 
plusieurs  fragments,  et,  en  admettant  que  ces  lésions  eussent  été  causées  par  la 
blessure,  on  pouvait  déterminer  facilement  quel  avait  été  le  genre  de  mort.  Si,  ce 
qui  n*a  pas  eu  lieu,  on  avait  donné  suite  à  Taffaire,  si  l'on  avait  demandé  un  rapport 
en  nous  communiquant  Thistoire  de  la  maladie  dans  l'hôpital,  on  aurait  pu,  personno 
a*en  doutera,  juger  le  cas  avec  certitude. 

Obs.  19.  —  Rupture  du  foie,  fractures  de  edtet  trouvées  sur  un  oadawre  déjà 

disséqué. 

Ca  ouvrier  avait  été  écrasé  par  une  voiture.  Un  médecin  avait  disséqué  le  cadavre 
^lû  nous  fut  présenté  dans  Tétat  suivant  :  La  tète  n*avait  pas  été  ouverte,  la  poi- 
trine et  le  ventre  étaient  cousus  comme  toqjours  après  les  dissections. 

A  côté  du  cadavre  on  nous  présenta  un  foie  qui  avait  une  déchirure  longitudinale. 
L'estomac  et  les  intestins  étaient  détachés  dans  la  cavité.  DaiKi  la  poitrine,  les 
poumons  anémiques  avaient  été  beaucoup  incisés,  ainsi  que  le  cœur  qui  était  tout 
à  fait  vide.  Le  cerveau  était  normal,  on  ne  pouvait  plus  voir  s'il  y  avait  eu  hémor- 
rhagie  interne  dans  la  cavité  abdominale.  Outre  la  rupture  du  foie  qui,  comme  cela 
arrite  ai  souvent,  ne  s'annonça  par  aucune  trace  extérieure,  il  y  avait  encore  quatre 
eôtes  cassées. 

Nous  jugeâmes  que  si  le  foie  qu'on  nous  a  présenté  était  celui  du  décédé  (ce 
dont  on  s'assura  par  des  témoins),  et  si  la  rupture  avait  été  faite  pendant  la  vie,  ce 
qui  était  vraisemblable,  il  était  certain  que  la  blessure  avait  été  mortelle. 

Ots.  20.  —  Blessure  par  arme  à  feu  de  V artère  axillaire.  Autopsie  faite  sur  un 

cadavre  déjà  disséqué. 

Le  iO  février  1851,  le  garçon  K...,  âgé  de  trois  ans,  jouait  avec  un  fusil  qui 
éiiil  raeté  chargé  depuis  l'année  1848,  le  coup  partit  et  l'atteignit  à  l'aisselle  droite, 
lae  abondante  hémorrhagie  eut  lieu  immédiatement.  Le  garçon  fut  transporté  dans 
on  hépital,  où  il  mourut  le  15  du  môme  mois. 

Le  22,  le  cadavre  nous  fut  présenté  pour  l'autopsie  légale,  il  avait  été  préalable- 
nent  disséqué  dans  l'hôpital.  Il  manquait  à  l'artère  axillaire  droite  un  morceau  de 
iOcentimètres  de  longueur;  l'interne  de  Thôpital  présenta  ce  morceau  coupé  après 


66  PARTIE   THANATOLOCIQUE. 

la  mort  ;  il  y  avait  une  ligature  avec  une  flcelle  rouge,  et,  à  1  centimètre  de  celte 
ligature,  une  ouverture  de  la  grandeur  d'une  tôte  d'épingle.  Dan»  l'aisselle  on 
voyait  trois  ouvertures  rondes  à  bords  nets,  de  8  à  10  millimètres  de  diamètre, 
qui  traversaient  les  téguments.  Un  pouce  plus  bas  se  trouvait  une  blessure  à 
bords  nets  (blessure  de  l'opérateur).  Les  poumons  et  le  cœur  avaient  été  beaucoup 
incisés,  mais  leur  couleur  était  très  pâle.  Le  foie,  la  rate,  les  reins  étaient 
kicisés  et  très  pftles,  la  veine  cave  était  presque  vide.  La  cavité  crânienne  n'avait 
pas  été  ouverte,  les  méninges  étaient  pâles  et  anémiques,  les  sinus  complètement 
vides  de  sang,  le  cerveau  et  le  cervelet  étaient  très  pâles. 

Nous  déclarâmes  :  1®  ce  garçon  est  mort  d'hémorrbagie  ;  2*  cette  hémorrbagie 
a  eu  lien  par  une  blessure  de  l'artère  axillaire  droite  ;  3°  celte  blessure  a  dû  né- 
cessairement amener  la  mort  (1).  Ici  l'autopsie  préalable  ne  gêna  pn  rien  l'au- 
topsie légale. 

Obs.  21 .  —  Blessures  ietéleiur  un  cadavre  déjà  disséqué. 

Un  garçon  de  cinq  ans  avait  été,  dix  jours  auparavant,  frappé  à  la  tête  avec  une 
cuvette.  Il  était  mort  et  avait  été  disséqué  dans  un  hôpital. 

J'en  fis  une  nouvelle  autopsie  par  ordre  du  tribunal  :  il  y  avait  au  front,  à  droite, 
une  plaie  horizontale' moitié  cicatrisée,  sur  laquelle  on  avait  fait  des  points  de  suture 
presque  cicatrisés.  On  avait  réséqué  un  morceau  triangulaire  de  l'os  frontal ,  le 
cerveau  avait  été  disséqué,  mais  on  voyait  très  bien  qu'il  avait  été  enduit  de  pus 
dans  une  grande  étendue.  La  base  du  crâne  était  intacte,  tous  les  organes  de  la 
poitrine  avaient  été  disséqués.  Nous  pûmes  conclure  :  1*  que  le  garçon  était  mort 
d'une  affection  da  cerveau  ;  2*  qu'on  pouvait  admettre,  avec  vraisemblance,  qu'elle 
avait  été  cauajitpir  la  blessure  à  la  tète  (2). 

■ 

C,  Cadavres  exhumés,  fragments  de  cadavres. 

LÉGISLATION.  —  Code  pénal  prussien,  §  46.  Des  crimes  punis  par  la  mort  se  pres- 
criront par  trente  ans  révolus  ;  des  crimes  punis  au  maximum,  par  une  privation 
de  liberté  de  plus  de  dix  ans,  se  prescriront  par  vingt  ans  révolus  ;  des  crimes 
punis  par  une  privation  de  liberté  moins  longue,  se  prescriront  par  dix  ans 
révolus. 

Des- délits  punis  au  maximum  d'un  emprisonnement  de  plus  de  trois  mois,  se  pres- 
criront par  cinq  années  révolues  ;  les  autres  délits  par  trois  années  révolues. 

Ces  périodes  commencent  à  compter  du  jour  où  le  crime  ou  le  délit  a  élé  commis. 

Il  y  a  des  cas  dans  lesquels  l'exhumation  d*un  cadavre  est  deman- 
dée, parce  qu'elle  est  nécessaire  pour  Tinstruction  d'un  crime.  En 
général,  cette  exhumation  est  demandée  spontanément  par  le  juge.  Il 

(1)  Cello  rëponie  était  nëcesMir»  toas  l'ancien  Code. 
(9)  Voir  encore  les  obs.,  23,  31. 


AUTOPSIES  TARDIVES.  —  EXHUMATIONS.  67 

fa  sans  dire  qu'elle  n'a  pas  lieu  s'il  s'est  écoulé,  depuis  le  temps  de 
l'eiécution  du  crime,  une  période  d'années  par  laquelle  le  crime  se 
trouve  prescrit,  c'est-à-dire  dans  les  dispositions  du  Code  ci-dessus 
citées,  après  vingt  ou  trente  ans. 

Dans  presque  tous  les  cns,  les  signes  mentionnés  plus  haut,  tels  que 
Télat  des  os,  l'existence  d'une  grossesse,  la  maturité  douteuse  d'un 
fruit,  l'état  des  cheveux,  les  corps  étrangers,  les  traces  d'un  empoi- 
sonnement, peuvent  être  reconnus,  après  vingt  et  même  après  trente 
ans;  de  sorte  que  le  médecin  peut  encore  donner  son  avis.  Lorsque 
le  médecin-légiste  est  consulté  d'avance  sur  l'utilité  d'une  exhuma- 
lion,  il  devra  recommander  l'exhumation  si  l'examen  d'un  des  signes 
que  nous  avons  nommés  peut  être  utile  à  l'affaire. 

Alors  sa  présence  lors  de  l'exhumation  est  nécessaire,  car  le  cer* 
cneil  est  souvent  pourri  et  en  morceaux,  et  le  transport  du  cadavre 
pourrait  changer  l'état  de  certains  symptômes  importants.  Ajoutez 
que  si  Ton  soupçonne  un  empoisonnement  par  Tarsenic,  il  Tant  prendre 
la  terre  qui  entoure  le  cercueil ,  ainsi  que  les  liquides  qui  peuvent 
s'écouler  du  cercueil  quand  on  l'ouvre,  et  toutes  ces  précautions  ne 
seront  bien  remplies  que  sous  la  surveillance  personnelle  du  médecin. 
D'un  autre  côté,  il  faut  bien  considérer  qu'une  exhunifttion  est  une 
opération  très  longue  et  très  dispendieuse,  aussi  le  médecin  doit  con* 
seiller  de  ne  pas  la  faire  quand  il  n'a  pas  l'espérance  fondée  qu'elle 
puisse  être  utile  (obs.  16A),  par  exemple,  lorsqu'il  s'agit  de  donner 
son  avis  sur  une  maladie  interne  douteuse,  et  que  le  cadavre  est  en- 
terré depuis  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  mois,  en  général  lorsque 
les  soupçons  de  la  justice  ne  peuvent  être  contrôlés  que  par  l'examen 
des  parties  molles. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier,  nous  le  répétons,  que  les  os  se  con- 
servent très  longtemps  après  la  mort.  Les  os  du  roi  Dagobert,  que 
Ton  a  trouvé  dans  l'église  de  Saint- Denis  en  faisant  des  fouilles,  étaient 
encore  bien  conservés  après  deux  cents  ans  (Orfila).  Déjà  Haller  avait 
prétendu  avoir  trouvé  de  la  gélatine  dans  des  os  de  momies  datant  de 
deux  mille  ans.  Orfila  a  fait  aussi  des  expériences,  et  a  trouvé,  dans 
des  os  datant  de  six  cents  ans,  27  pour  100  de  gélatine.  Je  possède 


68  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

le  cubitus  d'un  adulle  qui  fut  trouvé  au  mois  d'août  18AA,  tous  mes 
yeux,  a  Pompeî;  ainsi  il  était  resté  dans  les  ruines  de  cette  ville  un 
peu  plus  de  dii-liuit  cents  ans;  il  est  si  bien  conservé  qu'on  pourrait 
y  faire  des  démonstrations  anatomiques. 

Ces  curiosités  ont  une  valeur  en  pratique,  et  prouvent  que  det  o$ 
exhumée  à  la  fin  de  la  période  la  plus  longue  de  prescripHon 
(trente  am)  peuvent  encore  offrir  des  renseignements.  Gela  est 
vrai,  surtout  pour  les  os  crftniens,  les  os  longs  et  les  dents  qui  sont 
presque  inaltérables,  tandisque  les  os  spongieux,  comme  les  vertèbres, 
se  détruisent  plus  vite.  Mon  expérience  ne  me  suffit  pas  pour  donner 
des  renseignements  précis  sur  les  changements  qu'offrent  les  os  pendant 
les  trente  ans  qui  suivent  la  mort,  je  suis  forcé  de  renvoyer  aux  au- 
teurs  qui,  du  reste,  donnent  sur  cette  question  des  théories  très 
contradictoires  (et  encore  ces  théories  sont-elles  basées  sur  des 
observations  personnelles),  et  qu'on  oe  doit  accepter  qu'avec  réserve. 
Voici  quelques  cas  d'exhumation  (1): 


Obs.  22.  —  Exhumation  aprèf  troi$  semaines  pour  vérifer  si  un  enfant 

est  mort  du  croup. 

.Un  garçon  de  trois  ans  avait  perdu  ses  parents  dans  la  campagne,  et  fut  trouvé 
mort  trois  jours  plus  lard.  Il  fut  enterré  ;  mais  au  bout  de  trois  semaines,  le 
21  juillet,  il  fut  déterré  pour  que  l'on  vérifiât  si  l'enfant  était  mort  du  croup  (!). 

Toute  la  figure  avait  été  rongée  jusqu'aux  os  par  des  vers  nombreux,  ainsi  que 
les  téguments  du  crâne,  de  la  nuque  et  du  cou.  Sur  tout  le  corps  il  y  avait  des 
moisissures.  Il  n'y  avait  aucune  blessure  extérieure.  Le  cerveau  avait  disparu,  et 
la  duro-mére  était  comme  un  sac  vide.  En  examinant  la  gorge,  on  voyait  que  les 
parties  molles  avaient  été  complètement  détruites,  et  que  toute  la  cavité  était  rem- 
plie de  liquide  putréfié  et  de  myriades  de  vers.  Le  larynx  et  la  Irachéô-artère 
étaient  déjà  un  peu  rongés  et  leur  muqueuse  dissoute  dans  un  liquide  putride.  Il 
n*y  avait  pas  de  trace  de  concrétion  membraneuse,  les  poumons  étaient  putréfiés,  1^ 
cœur  mou  et  lâche,  l'estomac,  la  rate,  les  reins,  le  foie  étaient  plus  ou  moins  dé- 
composés. Nous  déclarâmes  que  l'on  ne  pouvait  dire,  même  avec  la  réserve  d'une 
probabilité,  si  l'enfant  était  mort  du  croup. 


(I)  Voir  le  mémoire  intéressant  de  Rander  sur  la  squelctto-nécropsle  médieo- 
légale,  dans  mon  journal  (Vierteljahrtchrifl),  vol.  V,p.  206. 


AUTOPSIES   TAnDIVES.  -*  EXHUMATIONS.  —  OBSERVATIONB.       60 

Ots.  33.  —  EwhunkUion  aprèi  vingt*  trois  jours  pour  constater  «m 

mnpoisonnêment  par  V arsenic. 

La  femme  d'un  médecin  était  en  procès  de  divorce  avec  son  mari.  En  première 
instance,  le  mari  avait  été  condamné  à  rendre  la  dot  de  1 2000  thalers  (48  000  francs) . 
Le  8  mai,  au  soir,  avant  que  la  cour  d'appel  eût  jugé  raffaire,  la  famille  mangeait  de 
la  salade  de  harengs.  La  femme,  qui  mangeait  seule  dans  une  pièce  séparée,  y 
reçut  sa  portion  envoyée  par  son  mari.  Toute  la  famille  resta  en  bonne  santé,  et  la 
femme  fut  atteinte,  la  nuit,  de  vomissements  ;  elle  mourut  le  i*'  juin,  après  quatre 
jours  de  vomissements.  Le  mari  la  fit  disséquer  par  un  oiUcier  de  santé,  de  ses 
smis,  auquel  il  parut  étonnant  de  voir  le  mari  verser,  pendant  l'autopsie,  beaucoup 
d*eau  de  Cologne  dans  l'abdomen.  Le  cadavre  fut  enterré,  mais,  comme  la  justice 
eut  vent  de  l'afTaire,  elle  soupçonna  un  empoisonnement  ;  le  cadavre  fut  exhumé,  et 
on  nous  le  présenta  pour  en  faire  l'autopsie  légale,  le  24  juin,  ainsi  vingt«trois  jours 
après  la  mort. 

Le  corps  avait  encore,  presque  dans  toute  son  étendue,  la  couleur  ordinaire  des 
cadavres ,  seulement ,  au  tronc  et  aux  membres  thoraciques,  il  y  avait  des  places 
vertes  et  sans  épiderme.  L'estomac  était  extérieurement,  ù  sa  partie  postérieure, 
eoloré  uniformément  en  rouge  foncé,  évidemment  par  suite  de  l'bypostase  sanguine. 
Intérieurement  la  muqueuse  était  décollée  en  grosses  bulles  de  putréfaction,  on  ne 
voyait  ni  corps  granuleux,  ni  cristaux,  ni  inflammation,  ni  épanchement  de  sang,  ni 
gangrène,  ni  perforation.  Du  reste  on  ne  trouva  aucune  anomalie  dans  le  reste  du 
corps.  L'œsophage,  l'estomac,  le  duodénum,  le  sang,  les  urines  furent  soumis  à 
l'analyse  chimique  qui  fut  dirigée  naturellement  à  la  recherche  de  poisons  métal- 
liques, spécialement  de  l'arsenic.  Aucun  de  ces  organes  ne  présenta  des  traces  de 
poison.  Nous  dûmes  déclarer  que  le  soupçon  d'un  empoisonnement  n'était  pas 
confirmé.  Les  circonstances  qui  ont  amené  la  mort  sont  néanmoins  très  singu- 
lières. 

Obs.  24.  —  Ea^umation  après  vingt  jours.  Os  fracturés.  Pleurésie, 

Dans  ce  cas  on  pouvait  encore  parfaitement  poser  un  jugement.  Une  femme  de 
qnatre-viofts  ans  avait  été  écrasée  par  une  voiture,  était  morte  dans  un  hôpital  après 
n  jours  et  avait  été  enterrée. 

On  fit  l'exhumation  vingt  jours  après.  Le  cadavre  était  encore  assez  frais  (en  fé- 
nier).  Le  ventre  était  seulement  coloré  en  vert  foncé ,  l'épiderme  détaché  en 
beaucoup  d'endroits,  la  couleur  des  yeux  ne  pouvait  plus  être  reconnue.  Des  bles- 
lares  sa  trouvaient  à  la  tète,  mais  elles  n'intéressaient  que  les  téguments  et  ne 
pouvaient  être  considérées  comme  mortelles,  pas  plus  qu'une  firacture  transversale 
de  l'oa  lygomatîque.  Cependant  nous  trouvâmes  du  celé  gauche,  cinq  côtes  cassées, 
et,  aux  parties  molles,  on  voyait  très  bien  les  restes  d'ecchymoses  antérieures.  La 
plèvre  deçà  côté  était  plus  rouge  du  côté  droit.  Dans  la  plèvre  gauche  se  trouvaient 
2(K)  grammes  d'un  liquide  sanguinolent  ;  et  cela  n'existait  pas  dans  la  plèvre 


^9  PARTIE  THA^ATOLOGIQUE. 

^ffnUf,  n^yo«  pAiifionfi  dire  qoe  ce  liquide  n'était  pas  un  produit  eadavérique.  Les 
d^m  ^ftmmnn*  adhéraient  h  la  e9^e  thoracique  par  des  endroits  purulents.  Sur  le 
\o\i^,  ftii^f^ri^fir  du  poumon  droit  se  trouvait  une  extravasation  sanguine  de  la  lar- 
^finr  A'ntifi  yO-r^ti  de  5  francs.  D'aprAs  cela,  on  devait  admettre  que  cette  femme 
hn\i  m*9fUi  par  siift^  de  fractures  de  cAtes  et  d'une  pleurésie  consécutive. 

(n%,  2.*f,  — '  Exhumation  après  cinq  mois  et  demi,  pour  déterminer  s^U  y  aeu 

empoisonnement  par  Varsenk. 

l/e  24  Janvier  18...«  la  veuve  F...  mourut  à  la  campagne,  dans  une  propriété 
qtfi  appartenait  h  R...,  et  dans  laquelle  elle  demeurait  provisoirement.  1^  sieur 
h,  ,  avait  fait  une  promesse  de  mariage  à  la  dccédée  qui  avait  cinquante-cinq  ans« 
et,  mirci^tte  promesse,  il  avait  obtenu  d'elle  toute  sa  fortune  qui  était  considérable. 
RientAt  aprAs  il  se  désista,  et  la  femme  F...  eut  beau  le  prier  ou' de  se-marierou 
de  rrndre  la  fortune,  il  refusa  obstinément.  Les  choses  en  étaient  là,  lorsque  la 
f«f mme  F, . .  mourut  nu  milieu  de  circonstances  assez  bicarrés. 

RienlAl  après  cette  mort,  B...  vendit  sa  propriété  et  se  retira  dans  une  province 
éloignée.  Mais  les  soupçons  so  soulevèrent  sur  son  compte  et  sur  celui  de  sa  bonne 
V...  qui  était  oncninte  do  lui.  On  jugea  nécessaire  d'exhumer  le  cadavre;  nom 
aasIstAmf*  h  crlto  opératlbn,  qui  fut  faite  le  10  Juillet;  ainsi  c'mq  mois  et  demi 
après  la  mort  de  In  femme  F...  Nous  rapportons  les  faits  les  plus  essentiels  do 
pror>«-vnrlinl  dn  rnutopBin  et  de  notre  rapport. 

Ln  f^ndavrn  était  habillé.  On  ne  put  pas  dépouiller  les  mains  des  gants  dont  elles 
^lfli(<nt  rouvertes  ni  les  piods  des  bas  cl  des  souliers,  à  cause  de  la  boursouflure 
dn*  pnrtin*  mollos  produite  par  la  putréfaction.  Les  vêtements  étaient  couverts 
lin  niolRisMurt*!  tt  dn  vers  innombrables.  Le  cadavre  n'exhalait  pas  une  odeur 
dn  pulrénirtlon  ,  mais  plulAt  collo  du  vieux  fromage.  La  tète,  dont  la  figure 
était  pnr.ori*  rpronnalusablr,  était  couverte  d'un  bonnet  qui,  lui  aussi,  ne  put  être 
Aie.  La  flgum  était  d'un  gris  noir,  sèche,  parcheminée,  momifiée.  Les  globes  des 
yp\\\  manqualmt,  ainsi  que  les  cartilages  du  net;  la  langue  était  incomplète; 
li««  iir«>llli*s  étaioni  ronsf*r\éo5,  et  on  y  voyait  des  boudes  d'oreilles  d*or.  La 
Airmi»  rondi*  du  oorps  i*l  drs  membre»  était  encore  complètement  conservée.  Toute 
la  «urfitoi*  Antérieure»  du  oadavro  était  d*un  brun  jaune  rusé.  La  peau  en  était 
|mr^hitminén  ^t  ri«  ooupait  Oicilemenl.  l«a  surC^^e  dorsale  du  corps  était  plus  daire; 
n^nm«^(n«  la  p<»au  on  élnil  égalemeni  parcheminée.  Les  cavités  extérieures  ne 
OAHtonafrnt  pan  di»  corpn  élrangor»^  il  n*\  avait  pas  de  blessu^^  ni  marque  de  stran- 
gtiUlliAn. 

iVim»  U  th\\H  abilominale,  los  viscéro»  étaient  dans  leur  situation  ordinaire, 
^  Mgwn^U  étalant  p<mr\u«dNm<'  graisse  aK^ndante,  dure,  mais  encore  bien 
AMlii^«N^.  \a  péritoine  était  pAle  et  normaK  lYpiploon  irfs  gras,  le  foie  gris  et  très 
t«M^UvMi^ïil«  hiWniti'  onoAre  remplie;  reM<>mac  avait  la  grandeur  ordinaire,  tout 
1^  Mt  vMf  M  nffliisitf  «  mou  au  loucher  et  «rr.n  aspect  bran  grîs.  Il  ftit  lié  et  Até. 
tNt^  M  V^vivril  on  xit  sa  mit^neute  d'un  gri$  noir,  sans  aucun  vlcèie  ou  autre 
MMM^  <m  W  MWMil  à  Tavialyoe  chimique  ax-^'c  un  morceau  du  Ibie  ;1es  intestins, 
^  €M^  |Hal«  HMmA  fllM  M  vidM,  les  reîm  et  la  mtr  rameIKs  par  la  patréCK- 


AUTOPSIES   TARDIVES.  —  EXHUMAI  lOMS.  —  OBSERVATIONS.        61 

Uoo,  la  matrice  de  couleur  rosée  éUil  encore  très  ferme  et  vide.  Les  grandes  veines 
itaient  exsangues,  le  cœur  affaissé,  la  trachée-artère  et  le  larynx  étaient  vides, 
eur  muqueuse  d'une  couleur  brun  rouge.  L'oesophage  ne  montrait  rien  d'extraor- 
lioaire,  on  le  soumit  à  l'analyse  chimique.  Le  cerveau  était  réduit  de  volume  par 
a  pQtréfaotion. 

L'analyse  chimique  démontra  indubitablement  l'absence  complète  de  toute  com- 
maison  d'arsenic.  Toutes  les  parties  examinées  n'ont  offert  aucune  substance 
énéneuse,  on  a  trouvé  seulement  une  très  petite  quantité  de  mercure. 

Dans  notre  rapport  nous  dîmes  :  «  Il  y  a  peu  de  chose  dans  les  actes  sur  les  cir- 
«Qstances  qui  ont  précédé  la  mort.  Nous  ne  connaissons  pas  l'histoire  de  la  mala- 
lie  ;  uous  ne  pouvons  pas  même  avoir  des  renseignements  du  médecin  de  village 
TÛtL  soigné  la  malade.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  y  a  des  circonstances  accès- 
eires  qui  feraient  croire  qu'il  y  a  eu  empoisonnement.  Lorsque,  au  commencement 
!•  la  maladie,  des  amis  de  la  femne  F...  venaient  pour 4a  visiter,  la  bonne  leur  refu- 
ahla  porte  en  disant  que  ni  la  femme  F...  ni  le  sieur  B...  n'étaient  à  la  maison,  ou 
•îea  elle  disait  que  le  médecin  avait  défendu  que  la  femme  F...  reçût  des  visites. 
^a  le  médecin  dément  cette  assertion.  Cependant  quelques  amies  pénétrèrent 
Bsqu'à.elle  ;  elle  était  dans  une  chambre  tout  à  fait  sombre,  que  la  bonne  n'éclairait 
•*en  hésitant.  La  femme  F...  dit  que  le  vin  la  dégoûtait, elle  frissonna  lorsque  ses 
■lis  lui  conseillèrent  de  prendre  la  tasse  qui  était  devant  elle.  Elle  se  plaignit  de 
Mleors  de  cou,  d'écorchures  de  la  bouche,  de  grandes  douleurs  dans  l'estomac, 
e  vomissements  continuels.  B...  avait  recommandé  de  jeter  les  excréments  de  la 
ï»  de  manière  que  les  botes  ne  pussent  les  trouver  et  en  manger  !  La  cuisi- 
dépose  que  la  bonne,  dans  les  derniers  temps  de  la  maladie,  a  préparé  elle* 
tous  les  mets  que  devait  manger  la  malade,  et  qu'elle  a  versé  dans  le  potage 
m  médicaments,  quoique  la  malade  lui  eût  déclaré  qu'elle  n'en  voulait  plus  pren- 
re.  La  cuisinière  dit  avoir  entendu  de  la  bonne  des  propos  comme  celui-ci  :  •  Si 
i  diable  voulait  ^enir  chercher  cette  vieille,  o  Les  deux  accusés  attribuent  la  mort 
vue  grande  intempérance  de  la  part  de  la  femme  F...  ;  cependant  tous  les  témoins 
'accordent  à  dire  qu'elle  a  été  toujours  très  sobre.  11  est  à  noter  que  B...  a  fait  (ai{« 
eoteirement  avec  précipitation,  et,  lorsque  l'instruction  commença  et  que  B...  fut 
rrèlé,  il  voulut  se  peudre  dans  la  prison  !  » 

Après  avoir  expliqué  que  toutes  ces  circonstances  ne  pouvaient  donner  aucune 

aie  à  une  expertise  médico-légale,  nous  continuâmes  :  u  Les  deux  accusés  déclarent 

li'à  la  fête  de  Noël  il  y  eut  un  dîner  dans  lequel  la  femme  F...  mangea  et  but 

betucoup,  absorba  surtout  une  grande  quantité  de  vin  de  Hongrie  *,  aussitôt  après  le 

ter  elle  commença  à  vomir,  fut  malade  pendant  quelques  jours,  mais  se  rétablit 

tetM.  Au  milieu  de  janvier  elle  tomba  encore  une  fois  malade,  elle  se  plaignait  de 

liiisoD,  mal  à  la  gorge,  constipation,  elle  toussait  et  avait  la  lièvre.  Deux  jours  plus 

M  elle  fut  rétablie  par  des  remèdes  diaphorétiques,  de  sorte  que  le  médecin  ne 

Vâ^escrivit  plus  rien.  Mais  ces  données  ne  correspondent  pas  avec  les  dates  des 

ovionnances.  Le  jour  de  la  mort  de  la  femme  F...,  le  médecin  dit  :  «  Je  la  trouvai 

*ï*ai un  embarras  gastrique  ».  C'est  tout  ce  que  ce  médecin  (I)  trouva  chez  une 

■osnole. 


62  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

• 

D'un  autre  cdlé,  la  cuisinière  de  la  maison  déposa  :  «  Le  matin  du  jour  de  sa 
mort,  la  malade  se  plaignait  de  vives  douleurs  et  d'un  sentiment  de  brûlure  dans  le 
ventre,  qui  lui  donnait  toujours  envie  de  boire  de  Teau  fratche  ;  elle  mourut  subi- 
tement, en  ayant  eonsclence  de  son  état,  ses  derniers  excréments  étaient  fluides  et 
verts  ».  Le  témoin  dit  avoir  vu,  pendant  la  maladie,  des  écorchures  et  des  ulcères 
dans  la  bouche  de  la  femme  F.... 

D'après  ce  peu  de  données,  il  n'y  a  sur  la  maladie  de  la  femme  F...  (jue  des 
probabilités  et  des  hypothèses.  Il  est  certain  qu'on  a  quelques  symptômes  qui  se 
présentent  après  des  empoisonnements  par  substances  corrosives,  les  vomissements 
firéquents,  l'oppression  de  l'estomac,  les  «  douleurs  affreuses  » ,  le  sentiment  de 
brûlure  dans  le  ventre  et  les  ulcères  de  la  bouche.  Tandis  que  ce  qui  ferait  douter 
d'un  empoisonnement,  c'est  que  les  vomissements  ont  été  observés  dans  la  première 
maladie,  et  les  douleurs  du  ventre  ne  se  sont  montrées  que  dans  la  seconde,  et  sur- 
tout que  la  mort  est  venue  subitement,  la  femme  ayant  tuu'.c  »a  connaissance.  Tous 
ces  symptômes  appartiennent  aussi  à  d'autres  maladies.  On  ne  peut  donc  pas, 
d'après  les  renseignements  que  nous  avons  sur  la  maladie  de  la  femme  F...,  conclure 
qu'on  a  feit  prendre  du  poison  à  cette  femme  (1),  d'après  les  dispositions  du  Code. 

L'autopsie  ne  peut  pas  non  plus  nous  amener  à  cette  conclusion.  Il  est  llcheux 
que  cette  autopsie  n'ait  pu  être  foite  que  six  mois  après  la  mort,  alors  que  la  pu* 
tréfoction  avait  déjà  produit  des  ravages  sur  tous  les  organes;  néanmoins,  il  faut  le 
dire,  on  a  pu,  dans  des  cas  d'empoisonnement  par  l'arsenic,  arriver  è  des  résultats 
précis  après  des  exhumations  de  cadavres  plus  anciens.  Il  est  vrai  qu'on  a  observé 
sur  le  cadavre  de  la  femme  F...  un  certain  degré  de  momification;  mais  il  aérait 
téméraire  d'en  conclure  qu'un  empoisonnement  a  certainement  eu  lieu,  car  on  a  vu 
la  momification  ehet  des  cadavres  de  toute  espèce,  lorsque  les  conditions  favora* 
Mes  i  ce  phénomène  se  sont  présentées.  Nous  ne  savons  pas  si  le  terrain  du  ci- 
metière du  village  est  favorable  à  la  momification,  et  il  faudra  savoir  si  d'autres 
cadavres  inhumés  dans  ce  même  cimetière  montrent  après  six  mois  ce  même 
phénomène.  L'autopsie  ne  nous  montre  pas  d'autres  phénomènes  résultant  d'un 
empoisonnement. 

Nous  avons  dit  n'avoir  trouvé  aucune  combinaison  d'arsenic  que  l'on  peut  cepen- 
dant reconnaître  in  mtntmo,  et  que  l'on  a  seulement  découvert  une  très  petite  quantité 
de  mercure.  Or,  on  ne  peut  regarder  cette  substance  comme  un  «  poison  •,  puisque 
l'on  sait  que  tous  les  jours  on  ingère  des  médicaments  contenant  du  mercure  à  une 
bien  plus  haute  dose.  Il  est  néanmoins  singulier  que  l'on  trouve  ce  mercurei 
puisque  le  médecin  traitant  dit  qu'il  n'a  jamais  donné  de  préparations  mercurielles 
à  la  malade,  et  qu'on  n'en  voit  pas  dans  ses  ordonnances.  On  peut  expliquer  peut- 
être  la  présence  de  ce  mercure  par  l'habitude  qu'ont  les  malades  de  prendre  très 
souvent  des  médicaments  qui  ne  leur  sont  pas  ordonnés  :  ainsi  la  femme  F...  a  pu 
prendre  des  pilules  laxatives  qui  se  trouvent  facilement  à  la  disposition  de  tout  le 
monde.  Nous  concluons,  par  tout  ce  qui  précède,  que,  au  point  de  vue  médico- 

(1)  L'ancien  Code  demandait  8*i!  dtaU  certain  que  le  poison  eût  éié  donnd  et  s'il  dtait  vrai- 
semblable que  dw  phénomènes  obscnrûe  en  eussent  é\é  le  r&ultat. 


AUTOPSIES   TARDlVBft.  —  EXHUMATIONS.  —  OBSERVATIONS.      OS 

léfai,  on  D6  penl  pas  dire  si  l'on  a  fait  prendre  du  poison  à  la  femme  F...  » 
Ce  cas  s'est  présenté  II  y  a  très  longtemps  ;  maintenant,  de  nombreuses  ol»ser- 
Titions  sur  les  empoisonnements,  sur  la  putréftiction  et  sur  l'évaporation  de  Taclde 
anénieux,  nous  feraient  donner  une  conclusion  un  peu  différente  et  nous  n'bésf- 
terioDs  pas  i  donner  une  réponse  plus  positive. 

Obs.  26.  —  ExhwnalUm  après  neuf  mois.  Fractures,  gras  de  cadavre* 

Momification. 

Un  garçen  de  quatre  ans  avait  été  tué,  disait-on,  par  la  chute  d^uneporte-cochère 
et  avait  été  enterré.  On  fit  l'exhumation. 

Le  cadavre  avait  des  Iraits  complètement  défigurés.  La  couleur  du  corps  était 
d'un  noir  brun  sale,  la  surface  était  couverte  de  moisissures.  Le  cadavre  était 
roide  et,  à  beaucoup  d'endroits,  surtout  aux  extrémités  supérieures  et  à  la  face,  il 
était  moaiifié,  au  point  qu'on,  pouvait  le  couper  comme  du  bois. 

La  surfiice  interne  des  téguments  de  la  tête  était  saponifiée.  La  suture  lambdoïde 
du  côté  droit  était  disjointe  de  quelques  millimètres,  rarrière-tôte  présentait  une 
fracture  de  deux  pouces  de  longueur,  le  cerveau  était  diminué  de  volume  et  trans- 
formé en  bouillie  grise,  la  base  du  crâne  était  fendue  par  une  fracture  qui  commen- 
çât au  rocher  droit,  traversait  la  selle  turcique  et  aboutissait  au  rocher  gauche.  Les 
poumons,  diminués  de  volume,  étaient  complètement  anémiques  ;  il  en  était  de  même 
du  csor  qui  était  grisâtre,  et  dont  on  pouvait  encore  distinguer  le  tissu.  La  trachée 
et  faesophage  étaient  saponifiés  -,  l'estomac  encore  reconnaissable  contenait  quelques 
restes  de  nourriture,  l'épiploon  et  le  mésentère  étaient  saponifiés  ;  la  rate  et  le  foie, 
gris,  exsangues,  nageaient  quand  on  les  mettait  dans  Teau,  les  reins  étaient   sa- 
ponifiés ainsi  que  les  intestins,  la  vessie  était  vide,  la  veine  cave  n'avait  pas  de 
sang. 
Les  blessures  de  tète  n* avaient  pu  être  faites  après  la  mort  dans  cette  forme  et 
1  cette  étendue,  et  devaient  ftiire  admettre  qu'une  forte  violence  avait  été  produite 

à  la  t£te  de  cet  enftmt,  et  dont  les  suites  avaient  amené  la  mort. 

Ois.  27.  -^  Ecdiumalion  des  restes  d'un  enfant  après  deux  ans,  afin  de  constater 

s^Uy  aeu  empoisonnement  par  Varsenic. 

Dans  ce  cas  je  fus  consulté  par  un  tribunal  étranger,  pour  savoir  si  l'on  pouvait 
opérer  un  résultat  scientifique  en  exhumant  trois  cadavres  d'enfants  que  l'on  soup- 
{«wait  avoir  été  empoisonnés  par  leur  mère,  il  v  a  douze,  huit  et  deux  ans. 

Je  conseillai  de  faire  d'abord  Texhumation  de  l'enfant  mort  le  dernier.  Quelque 
temps  après,  on  m*cnvoya  les  restes  de  ce  cadavre  avec  du  terrain  provenant  du 
I  cimetière.  Le  cadavre  avait  été  pris  du  cercueil  par  le  médecin  de  l'endroit,  et  mis 

dios  an  vase  ;  on  joignit  une  caisse  dans  laquelle  se  trouvaient  les  copeaux  que  l'on 
bel  tosiiours  dans  les  cercueils  pour  remplir  les  vides,  les  parois  du  cercueil  et  des 
pvctttes  de  terrain  qui  eatouraieot  le  cercueil.  Le  médecin -légiste  de  l'endroit  dé^ 


6à  PAUTIE    THANATOLOGIQUE. 

Clara  dans  le  procès- verbal  :  «  Le  cadavre  est  celui  d'un  enfaiil  de  quelques  semaioes, 
la  forme  ronde  du  corps  est  encore  reconnaissable,  le  corps  est  devenu  si  friable, 
par  suite  de  la  putréfaction,  qu*il  s'écrase  au  toucher  et  tombe  en  miettes  ;  les  os  de 
la  base  du  crâne,  les  vertèbres  et  les  autres  os  sont  intacts  et  a  leur  place,  cepen- 
dant les  ligaments  sont  détruits  par  la  putréfaction  comme  toutes  les  partios  molles 
On  ne  peut  plus  reconnaître  ni  les  mains  ni  les  pieds.  Les  vêlements  se  distinguent 
à  peine.  » 

J'ouvris  le  vase  qui  contenait  le  cadavre,  étant  assisté  du  chimiste  assermenté, 
M.  Schacht;  nous  trouvâmes  des  copeaux  bruns,  quelques  os  du  crâne  et  une  mas;e 
d'humineen  putréfaction  qui  devait  être  regardée  comme  des  restes  départies  molles 
et  d*os  putréfiés.  Ces  substances  furent  soumises  à  une  analyse  chimique  pour  voir 
si  elles  contenaient  du  plomb,  du  cuivre,  du  mercure,  du  bismuth,  de  l'antimoine 
ou  de  l'arsenic. 

Nous  trouvâmes  que  les  restes  du  cadavre  et  les  copeaux  ne  contenaient  pas  la 
moindre  trace  d'arsenic,  mais  qu'il  y  avait  dans  toutes  ces  substances  une  très 
petite  quantité  d'oxyde  de  cuivre.  Ce  fait  ne  pouvait  pas  faire  conclure  qu'il  y  avait 
eu  empoisonnement  par  une  substance  cuivreuse;  car,  abstraction  faite,  qu'une 
partie  des  copeaux  entourant  le  cadavre  adhérait  au  cadavre  et  se  trouvait  dans 
toutes  les  épreuves,  ce  qui  pourrait  faire  admettre  que  le  cuivre  provenait  du 
bois,  ^enfant  était  vêtu  avec  des  étoffes  de  linge  ou  de  coton,  et  le  cuivre  est  con- 
tenu dans  les  substances  végétales,  comme  le  prouvent  les  recherches  de  Sarxeau, 
John,Meissneret  autres;  de  plus,  les  recherches  récentes  de  Wackenroeder {4ffvftlp 
der  Pharmacie,  octobre  1853)  ont  démontré  que  le  sang  humain  en  contient  sou- 
vent des  traces.  Vu  ces  circonstances,  nous  déclarâmes  qu'il  était  impossible  de 
reconnaître  s'il  y  avait  eu  empoisonnement,  et  les  deux  autres  cadavres  ne  furent 
pas  exhumés. 

Obs.  28.  —  05  exhumés. 

Au  mois  de  mars  18...,  je  fus  requis  par  les  tribunaux  pour  examiner  des  os 
humains  afin  de  déterminer  depuis  combien  de  temps  ils  avaient  été  enterrés,  et 
de  déclarer  si  on  pouvait  y  trouver  des  traces  de  violence.  Je  dis  dans  mon  rapport: 

•  Ces  os  sont  ceux  du  crâne  et  des  membres  supérieurs  et  inférieurs.  L'individu 
auquel  ils  appartenaient  doit  être  mort  à  l'âge  de  vingt  à  trente  aiis.  On  ne  trouve 
aucune  trace  de  violence,  les  os  sont  intacts.  Leur  couleur  jaune  et  leur  fragilité 
me  portent  à  croire  qu'ils  sont  restés  longtemps  dans  la  terre  ;  mais  il  est  impos- 
sible de  fixer  une  époque  exacte.  Néanmoins  je  suis  porté  à  croire  qu'ils  sont 
dans  la  terre  depuis  un  temps  plus  long  que  celui  nécessaire  à  la  prescription 
des  crimes  les  plus  graves  n.  Cette  déclaration  suffit  à  la  justice,  et  cette  affaire 
fut  abandonnée. 

Obs.  29.  —  0$  d'un  iiouveau*né  cahumé,  Adipocire. 

Dans  un  jardin  de  Charlottenbourg  on  trouva  les  os  d^un  enfant,  qui  me  furent 
présentés  avec  la  mission  de  déterminer  :  «  si  ces  os  appartiennent  à  un  cadavre 


▲UTOPSIKS  TAHDIVES.—  EXHUMATIONS.  — OBSERVATIONS.        05 

enfiinl  nouveau -né,  si  cet  enfant  a  vécu  et  combien  de  temps,  et  s*il  y  a  long- 
npc  que  Tenfant  est  mort.  «» 

Oatre  le«  os ,  il  y  avait  un  morceau  de  toile  grossière  qui  était  couvert  de 
nvx ,  une  grande  quantité  d'adipocire  ou  gras  de  cadavre  d'un  jaune  blanc, 
iféeuz,  fondant  à  la  chaleur,  enveloppait  les  os,  surtout  les  deux  fémurs,  l'os 
Mrtal,  les  os  iliaques  et  le  maxillaire  inférieur  ;  aussi  les  os  étaient  difficiles  à 
pÊnr  de  ces  enveloppes.  Ces  os  étaient  : 

1*  Un  os  temporal  avec  trois  fentes  ayant  à  son  plus  grand  diamètre  6  centi- 
èlret  1  /2  de  longueur  et  5  centimètres  de  largeur. 

S*  Un  os  occipital  presque  entier,  avec  sa  protubérance  extérieure  très  vbible, 
ml  de  la  base  à  la  pointe  de  5  centimètres  et  large  de  4  centimètres  1  /2  ; 

3*  Un  fragment  semi-lunaire  d'un  os  temporal,  5  centimètres  de  hauteur,  5  cen- 
■êtres  1/2  de  largeur,  auquel  adhéraient  encore  quelques  cheveux  blonds  ; 

4*  Un  os  frontal  avec  la  protubérance  visible»  il  y  avait  de  l'arcade  oculaire  jusqu'à 

pointe  5  centimètres  de  hauteur  et  autant  de  largeur  ; 

5*  Deux  os  maxillaires  inférieurs  ayant  chacun  5  centimètres  do  longueur  ; 
w  hauteur  i  la  suture  était  de  1/2 centimètre; 

0*  Un  petit  os  plat,  mince,  sans  forme  bien  déterminée,  qui  devait  appartenir  à 
M  ethmotdal  ; 

7*  Deux  os  maxillaires  supérieurs  ayant  26  millimètres  de  largeur  et  22  mlUi- 
iilret  de  hauteur  ; 

t*  Uo  lambeau  déchiré  en  beaucoup  d*endrôits,  long  de  5  centimètres,  large  de 

CiÉfaiètres  1  /2,  mince  comme  une  feuille  de  papier  à  lettre  provenant  de  l'apo- 
crânienne,  et  qui  était  couvert  de  cheveux  blonds  ayant  2  centimètres  de 

r; 

f*  Cinq  fragments  de  vertèbres,  dont  trois  avaient  leurs  apophyses  épineuses  ; 
m  eorps  de  ces  vertèbres  pouvaient  être  tranchés  avec  un  couteau  et  on  en  aper- 
evBt  le  tissu  spoBgieux. 

10*  Un  grand  morceau  d^adipocire  duquel  on  avait  retiré  les  deux  os  iliaques  ; 
eux-ci  étaient  bien  conservés,  ils  avaient  30  millimètres  de  hauteur  et  31  milli* 
sètres  de  largeur. 

Il*  Une  masse  caséeuse  enveloppée  dans  de  l'apodicire,  d'un  brun  jaune,  devait 
ilR  regardée  comme  du  méconium  d'après  son  odeur. 

12*  Un  humérus  de  5  centimètres  de  longueur  dont  le  bout  inférieur  avait  2  cen- 
teètres  de  largeur,  et  le  bout  supérieur  I  centimètre  ;  cet  os  était  enduit  d'un  tissu 
micuUire  rouge  brun. 
13*  La  clavicule  gauche  de  30  millimètres  de  longueur,  assez  dur. 
\t*  L'omoplate  gauche  ayant  32  millimètres  de  longueur,  2  centimètres  de  lar- 
leviila  partie  la  plus  légère;  racromion  proéminail  d'une  longueur  de  4  milli- 
■èlm; 
IS*  l*n  fragment  de  Tomoplatc  droit  avec  sa  crête. 

16*  Douze  cétes  dont  la  plus  petilo  avait  5  centimètres,  la  plus  grande  6  centi- 
■Mires  de  longueur,  assez  dures  et  bien  courbées, 
n*  Us  deux   fémurs  ayant  chacun  8  centimètres  de  longueur,  la  tète  avait 
a.  5 


CG  PARTll;:    THANATOLOGIQUE. 

i  centimètre  d'épaisseur,  la  partie  médiane  1/2  centimètre,  la  partie  inférieure 
2  centimètre,  du  reste  assez  durs  (1). 

1 S^  Deux  tibias  et  deux  péronés,  chaque  tibia  long;  de  5  centimètres  ;  le  bout 
supérieur  était  large  de  1  centimètre,  le  bout  inférieur  de  1  centimètre  1/2,  le  mi- 
lieu de  1*08  avait  6  nf^ilUmètres  de  largeur,  chaque  péroné  avait  5  centimètres  de 
long,  le  bout  supérieur  était  large  de  4/2  millimètre,  le  bout  inférieur  de  6  milli- 
mètres ; 

D'après  ces  données  nous  déclarâmes  : 

i*^  Les  os  sont  ceux  d'un  enfant  nouveau-né  ; 

9*  Leur  configuration  et  leur  dimension  prouvent  que  l^nfant  a  été  viahUy  et  que 
très  vraisimblablemmt  il  est  né  à  terme  ; 

3®  On  ne  peut  pas  dire  si  l'enfant  a  vécu  après  sa  naissance  ; 

i'*  Vraisemblablement  l'enfant  n'est  pas  resté  dans  la  terre  plus  longtemps  qu'un 
an  à  un  an  et  demi. 

Obs.  30.  —  Déterminer  Vdge  d'un  fruU  déjà  ioponifté. 

Ce  cas  montre  combien  la  saponification  peut  se  faire  vite. 
La  fille  L...  était  accouchée  secrètement  et  avait  caché  le  cadavre  de  son  enfant. 
Elle  avoua  l'accouchement,  mais  prétendit  que  le  fruit  n'avait  pas  plus  de  trois  à 
(|ttatre  mois.  J'eus  à  vérifier  la  véracité  de  cette  déclaration. 

Les  seins  de  cette  fille  laissaient  échapper  les  gouttes  d'un  lait  gras.  Les  taches 
et  les  rides  qui  se  trouvaient  sur  le  ventre  ne  pouvaient  rien  prouver  dans  ••  cas, 
car  cette  femme  disait  être  accouchée  déjà  antérieurement  ;  on  voyait  encore  un 
peu  de  lochies,  Torifice  du  col  de  la  matrice,  qui  était  déchiré,  était  encore  ouvert 
de  la  grandeur  d'un  centime.  Je  déclarai  que  la  fille  L..,  était  accouchée  depuis 
quelques  semaines  *,  mais,  vu  la  qualité  du  lait  et  l'ouverture  encore  présente  de 
Toriflce  de  la  matrice,  il  était  très  vraisemblable  que  le  fruit  auquel  elle  avait 
donné  naissance  avait  plus  de  quatre  mois. 

Peu  de  temps  après,  on  trouva  l'enfant  enfoui  dans  la  terre  humide  d'une  cave^ 
enveloppé  dans  un  tablier  de  coton  *,  il  nous  fut  présenté  pour  que  nous  en  fissions 
I  l'autopsie.  Il  était  déjà  très  putréfié,  et  aux  extrémités,  surtout  àl'avant-bras  droit  et 
à  la  cuisse  droite,  la  saponification  avait  commencé.  Toutes  les  cavités  étaient  ou- 
vertes, les  os  crâniens  détachés,  le  cerveau  avait  coulé.  Mais  comme  les  extrémités 
supérieure  et  inférieure  gauches  étaient  encore  bien  conservées,  la  dernière  avait 
20  centimètres  de  longueur  et  était  encore  très  grasse  et  rondelette  ;  comme  le 
poids  du  corps  entier  était  de  3  kilogrammes  ;  comme  la  longueur,  autant  qu'on 
pouvait  la  reconnaître,  était  encore  de  dix-neuf  pouces,  je  dus  déclarer  :  que  le  fruit 
certainement  avait  plus  de  quatre  mois,  qu'il  était  même,  selon  toute  vraisemblance, 
né  à  terme  ou  à  peu  près.  Ainsi  l'autopsie  confirmait  ce  que  nous  avions  dit  lors  de 
l'exploration  de  la  mère.  (Comparer  cette  observation  aux  obs.  14,  15,  26  et  29.) 

(1)  La  ddcoiirertc  du  point  d'ossiflcalion  dcl'cxlrcrait*?  inftVietirc  du  fémur  n'était  pas  encort* 
f.iiic.  Il  aurait  été  intéressant  de  l'examiner  dans  ce  cas. 


ÂUfOPSŒS  TAIlDIVËd.  —  KXUUMATiONS.     -  OBSHlRVATlOiNS.        07 

[)m.  31 .  — Exhmmalion  d'un  cadavre^  Irois  fois  répétée,  pour  des  'buis  différents . 

C'était  une  des  causes  les  plus  célèbres  des  temps  modernes,  unique  en  méde- 
ciue-légale,  qui  souleva  une  question  tout  k  flUt  noQVelle,  celle  du  tatouage  (voir 
plus  bas  le  chapitre  tatouage)  ;  c'était  TaChire  de  Schall  qui  était  accusé  d'avoir 
lisassiné  son  camarade,  le  marchand  Ebermann  (1). 

H  a  fallu  exhumer  le  cadavre  de  la  victime  à  trois  reprises  différentes,  parce  que 
l'on  ne  pouvait  pas  déterminer  l'identité  de  la  victime. 

La  première  exhumation  eut  lieu  neuf  jours  après  l'autopsie,  parce  qu'une 
femme  prétendit  que  son  mari  avait  disparu  et  qu*elle  croyait  que  c'était  lui  la  vic- 
time. Elle  déclara  qu'elle  reconnaissait  le  cadavre,  mais  plus  tard  on  s'aperçut 
fà*eàkô  était  une  inilme  menteuse. 

La  seconde  fois,  le  corps  fut  exhumé  cinq  mois  après  la  mort,  pour  savoir  s'il  y 
avait  des  marques  de  tatouage  que  l'on  savait  être  sur  le  bras  d'Ebermann,  et  dont 
la  présence,  par  conséquent,  était  de  la  plus  grande  importance  à  vérifier.  Mais  la 
putréfaction  était  déjà  trop  avancée  pour  que  l'on  pût  déterminer  s'il  y  avait  eu  ou 
DOD  des  marques  de  tatouage. 

La  troisième  exhumation  ne  concerna  que  la  tète  seule,  qui  avait  été  coupée  par 
l'Miatsin  ;  elle  fut  faite  deux  ou  trois  ans  après  la  mort,  parce  que  la  maîtresse  de 
la  vietime,  sur  l'identité  de  laquelle  on  avait  toujours  des  doutes,  prétendait  que 
!•■  amant  avait  des  dents  ê\  particulières,  qu'elle  les  reconnaîtrait  tout  de  suite.  Nous 
eAoMie  k  examiner  les  os  du  crâne  qui  avaient  été  brisés  par  un  coup  de  fusil.  On 
dsoMUdait  si  le  coup  mortel  était  entré  dans  la  tète  par  le  derrière  de  l'oreille  gau - 
die,  ce  que  l'on  ne  pouvait  plus  déterminer,  car  ce  crâne  avait  été  écrasé  en  miettes 
|iar  les  deux  balles  d'un  fusil  double,  et  la  destruction  produite  par  la  putréfaction 
empêchait  de  reconnaître  l'endroit  où  le  projectile  avait  dû  entrer.  Le  crâne  n'était 
représenté  que  par  des  morceaux  d'os  cassés.  Cependant,  le  maxillaire  inférieur 
était  encore  frais,  jaune  et  ferme  (pas  de  ce  jaune  blanc  et  mou  que  les  os  ont  plus 
tard),  et  avait  encore  toutes  ses  dents  intactes.  Ce  qui  est  très  remarquable,  c'est 
fu'au  menton  il  y  avait  encore  quelques  traces  de  barbe  rouge,  et  celte  barbe  était 
implantée  sur  une  petite  portion  de  peau  sèche  et  collée  sur  l'os  qui,  dans  tout  le 
reste  de  son  étendue,  était  dénudé.  On  me  présenta  les  dents,  en  me  demandant  si 
e&es  ressemblaient  à  celles  du  frère  de  celui  que  l'on  présumait  être  la  victime. 
h  déclarai  qu'il  existait  une  ressemMance  entre  les  deux  systèmes  dentaires, 
■ais  <ioe  je  ne  puis  en  tirer  aucune  conclusion  positive  < 

Ce  cas  montre  quelles  questions  singulières  sont  quelquefois  posées  au  médecin- 
Itgisle. 

(I)  VoiruMNi  jotiriMl,  Yici'teljahrtschrifl,  l,  y.  274  ulsuiv. 


68  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 


SECTION    III. 

PROCÉDÉ   DE  L'AUTOPSIK. 

I^GiSLATiON.  —  Toute  la  légUlation  concernant  le  procédé  que  Ton  doit  suivre  dans 
Tautopûe  est  contenue  dans  le  règlement  rédigé  par  la  députa  lion  scientifique,  le 
15  novembre  1858. 

Règlement  concernant  le  procédé  que  doivent  suivre  Ut  médecint'légistee  dans  les 
explorations  médico'légales  des  cadaivres  humains. 

^''  I.  Dispositions  générales. 

§  1.  L'inspection  extérieure  et  Touverlure  du  cadavre  par  le  médecin  ne  doivent 
être  faites  que  sur  la  réquisition  d'un  magistrat,  et  Touverlure  ne  doit  se  faire 
qu'en  présence  d'une  députation  du  tribunal. 

§  2.  Les  médecins  pliysiciens  sont  obligés  de  faire  eux-mêmes  l'inspection  exté- 
rieure du  cadavre,  ainsi  que  l'ouverture  du  corps  avec  l'assistance  de  l'ofiicier  de 
santé  assermenté.  Ils  ne  peuvent  être  remplacés  que  par  un  autre  médecin 
physicien,  dans  les  cas  prévus  par  la  loi. 

^  3.  Une  autopsie  légale  ne  peut  être  faite  que  vingt-quatre  heures  après  la  mort; 
la  seule  inspection  extérieure  peut  être  faite  plus  tôt. 

g  4.  Les  médecins  ne  doivent  pas  refuser  de  faire  l'autopsie  à  cause  de  la  putréfac* 
lion  ;  car,  même  quand  la  putréfaction  est  avancée,  on  peut  encore  trouver  des 
lésions  et  des  blessures  d'os,  et  des  signes  qui  peuvent  servir  à  constater 
l'identité  douteuse  du  cadavre,  par  exemple  la  couleur  des  cheveux,  l'absence  de 
membres,  etc.  On  peut  trouver  des  corps  étrangers  ayant  pénétré  dans  les  par- 
•  ties  molles,  découvrir  des  grossesses  et  prouver  des  empoisonnements.  C'est  pour 
cette  raison  que  le  médecin  doit  conseiller  l'exhumation  dans  les  cas  où  ces 
circonstances  sont  en  question,  quelque  ancienne  que  soit  la  mort. 

§  5.  Le  médecin-légiste  doit  avoir  soin  d'avoir  auprès  de  lui,  pour  faire  l'autopsie, 
tous  les  instruments  nécessaires  et  en  bon  état.  L'officier  de  santé  qui  assiste  le 
médecin  doit,  après  l'autopsie,  recoudre  le  corps  et  jeter  les  résidus  de  l'au- 
topsie. 

§  6.  Le  local  où  l'autopsie  est  faite  doit  être  assez  large  et  clair;  le  cadavre  doit 
ôlre  placé  dans  une  position  commode  pour  l'expert,  et  l'opération  doit  so  faire 
loin  de  toute  distraction.  Il  est  défendu  de  faire  les  autopsies  à  la  lumière, 
excepté  dans  les  cas  où  un  retard  est  impossible.  Les  raisons  qui  feront  admettre 
une  exception  devront  être  mises  dans  le  procès-verbal  (§  19). 

11.  Procédé  de  l'altopsie. 


PROCÉDÉ  DE   L*AUTOPSIE.— LÉGISLATION.  69 

§  ?.  Il  est  quelquefois  nécessaire,  même  pour  le  médecin,  d*examiner  Tendroit  où 
le  cadavre  a  été  trouvé  ainsi  que  les  environs,  de  rechercher  la  position  dans 
laquelle  il  se  trouvait  quand  on  Ta  découvert,  d'examiner  ses  vêtements.  Ordi- 
nairement les  experts  attendront  pour  cela  une  réquisition  judiciaire  ;  mais  il 
peut  être  nécessaire  qu'eux-mêmes  demandent  cet  examen.  Les  experts  ont  le 
droit  de  demander  à  la  députalion  du  tribunal  les  renseignements  de  toute 
espèce  qui  concernent  la  mort  du  sujet. 

S  8.  Lorsque  l'on  voit  sur  le  cadavre,  des  blessures  qui  ont  été  en  apparence  la 
eaaae  de  la  mort,  et  que  l'on  a  trouvé  des  instruments  qui  ont  pu  faire  ces  bles- 
sures, les  experts,  sur  la  demande  du  Juge,  devront  comparer  les  instruments  et 
les  blessures,  et  dire  si  t^Ue  blessure  a  pu  être  faite  avec  tel  instrument,  et  si  l'on 
peut,  par  la  position  et  l'état  de  la  blessure,  juger  la  manière  et  la  force  qu'a 
employées  vraisemblablement  le  coupable. 

1 9.  L'autopsie  se  compose  de  deux  parties  : 

A,  Inspection  extérieure. 

B.  Dissection. 

S 10.  Dans  l'inspection  extérieure  on  doit  examiner  d'abord  l'état  du  corps  en  gé- 
néral, puis  celui  de  chaque  région  en  particulier.  ' 

Quant  à  l'état  général,  on  doit  examiner  :  l'âge,  le  sexe,  la  taille,  la  constitution, 
les  anomalies.  Par  exemple  :  les  cicatrices,  les  marques  de  tatouage,  les  anoma- 
lies dans  le  nombre  des  membres,  les  symptômes  de  maladies,  par  exemple  : 
nleères  des  jambes,  etc.  Toutes  ces  conditions  sont  à  enregistrer  avec  soin,  sur- 
tout chex  4es  cadavres  inconnus  (§  2i!.  Puis,  chez  tous  les  cadavres  sans 
exception,  on  doit  examiner  les  signes  de  la  mort  et  de  la  putréfaction.  Après 
avoir  lavé  le  cadavre  de  toutes  les  saletés  qui  peuvent  le  couvrir,  telles  que 
du  sauf,  des  fèces,  etc.,  on  examinera  s'il  y  a  ou  non  de  la  rigidité  cadavérique, 
quelle  est  la  couleur  de  la  peau,  la  coloration  de  certaines  parties  pulréflées, 
s'il  y  a  lividités  et  taches  de  mort  elles  devront  être  constatées  par  des  incisions, 
afin  de  rendre  inpossible  toute  confusion  avec  des  ecchymoses. 

ynaut  à  l'inspection  de  chaque  région  en  particulier,  on  doit  observer,  pour  les  ca- 
davres inconnus,  la  couleur  des  cheveux  et  des  yeux,  s'il  y  a  des  corps  étrangers 
dans  les  cavités  extérieures,  l'état  des  dents  et  de  la  langue. 

^iis  od  doit  examiner  la  tête,  le  cou,  la  poitrine,  le  ventre,  la  surface  du  dos, 
Tanus,  les  parties  génitales,  enfin  les  membres.  Lorsqu'on  trouve  une  bles- 
sure dans  une  partie  quelconque,  on  doit  nommer  sa  forme  générale,  sa  direc- 
tion et  sa  position  par  rapport  à  des  points  fixes,  sa  longueur  et  sa  largeur. 
Ordinairement  il  est  superflu  de  sonder  la  solution  de  continuité,  puisque 
Ton  verra  la  profondeur  par  la  dissection  intérieure.  Si  les  experts  croient 
nécessaire  d'introduire  une  sonde,  ils  doivent  faire  enregistrer  au  procès-ver- 
bal (]  19)  les  raisons  qui  les  font  agir  ainsi.  Quant  aux  blessures,  on  doit  bien 
examiner  Tétai  de  leurs  bords  et  des  parties  environnantes  et,  après  que  l'examen 


72  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

incise  les  poumons  au-  dessous  de  Veau  pour  voir  s*il  en  sort  des  bulles  d'air. 
L  Enfin  on  dfeoupe  les  poumons  en  lobes  et  les  lobes  en  petits  morceaux,  pour 
voir  s'ils  surnagent  tous. 

S  18.  En  général,  les  experts  doivent  examiner  aussi  les  autres  organes  qui  ne 
sont  pas  nommés  dans  ce  règlement,  lorsqu'ils  y  voient  des  blessures,  et  doivent 
y  décrire  les  lésions  dans  le  procès- verbal.  ' 

m.  RÉDACTION  DU  PROCÈS  -  VERBAL  ET  DU  RAPPORT. 

I  19.  Le  juge  doit  dresser  procès-verbal  des  résultats  de  Tautopsie  sur  les  lieux 
mêmes  (Olduciions  protokoU»  §  168,  der  crtminaZ-ordit^n^). 

§  20.  Dans  l'autopsie,  l'expert  doit  toujours  avoir  en  vue  le  but  légal  différent  du 
but  anatomico-pathologique.  Il  observera  tout  avec  un  soin  minutieux  et  complet, 
mais  sans  donner  aux  explications  des  limites  trop  étendues.  Tous  les  résultats 
importants  doivent  être  montrés  au  juge  avant  d'être  enregistrés  au  procès* 
verbal. 

§  21 .  Le  contenu  médical  du  procès-verbal  est  dicté  par  le  médecin-légiste  claire- 
ment, d'une  manière  compréhensible  même  pour  les  laïques.  Ainsi  on  doit 
éviter,  autant  que  possible,  les  termes  techniques,  autant  que  cela  ne  fait  pas 
tort  à  la  clarté.  On  séparera  les  deux  grandes  divisions  de  l'autopsie,  interne 
et  externe,  par  les  lettres  A  et  R  ;  les  ouvertures  des  trois  cavités  par  des  nom- 
bres romains  I,  H,  III.  Outre  cela,  l'examen  de  chaque  partie  spéciale  devra  être 
désigné  par  des  chiffres  arabes  qui  ne  s'interrompront  pas  pour  chaque  cavité, 
et  qui  se  suivent  jusqu'à  la  fin  du  procès-verbal.  Plusieurs  parties  ne  peuvent 
pas  être  rangées  ensemble  sous  le  même  numéro,  et  aucune  ne  doit  être  passée 
sous  silence.  Les  résultats  doivent  être  des  descriptions  mais  pas  des  jugements 
(par  exemple,  tel  organe  est  rouge,  noir  et  non  pas  «  enflammé,  »  «r  gangrené»). 
A  la  fin  de  l'autopsie,  les  experts  donneront  sommairement  leur  conclusion 
sans  la  motiver. 

§  22.  Lorsqu'on  demande  à  l'expert  un  rapport  (expertise  motivée),  celui-ci  se 
composera  d'un  court  préambule  en  évitant  toute  formalité  inutile  ;  puis  on  fera, 
en  peu  de  mots,  l'histoire  du  cas  autant  que  l'expert  peut  la  connaître  par  les  ac- 
tes, puis  le  procès- verbal  sera  copié  textuellement  et  avec  les  numéros,  pour  les 
endroits  qui  sont  intéressants  pour  l'affaire.  La  rédaction  du  rapport  doit  être 
également  courte  et  claire,  les  motift  de  la  conclusion  doivent  être  développés 
de  telle  sorte  que  quiconque  étranger  à  l'art  puisse  les  comprendre.  Lorsque  le 
juge  d'instruction  a  posé  des  questions  aux  experts,  ils  doivent  y  répondre  aussi 
textuellement  et  aussi  complètement  que  possible,  ou  dire  les  raisons  en  vertu 
desquelles  cela  leur  a  été  impossible.  Le  rapport  sera  signé  par  les  experts  et 
sera  revêtu  du  cachet  officiel.  Chaque  rapport  demandé  doit  être  rédigé  et  envoyé 
au  plus  après  quatre  semaines.  * 

Berlin,  le  15  novembre  1858.  Députation  royale  scienliffque. 


INSPECTION  EXTÉRIEURE   I>ES   CADAVRES.  —  SEXE.  73 


CHAPITRE  PREMIER. 

INSPECTION  EXTÉRIEURE   DES  CADAVRES 
$  1,—  Xnspeotion  générale. 

L'inspection  générale  extérieure  d'un  cadavre  soumis  à  l'autopsie 
légale  est  de  la  plus  grande  importance  ;  elle  doit  être  faite  avec 
d'aataul  plus  de  soin  que  les  erreurs  sont  irréparables. 

Le  médecin-légiste  doit  arriver  près  du  cadavre  sans  idée  pré* 
conçue,  il  doit  examiner  froidement  et  scientifiquement  tous  les  signes 
qui  se  présentent,  sans  prendre  en  considération  les  péripéties  du 
crime.  J'ai  vu  des  médecins  qui,  préoccupés  de  l'idée  qu'un  crime  a 
été  commis,  croyaient  voir,  sur  le  visage  du  sujet,  des  traces  de  vio- 
lence, des  indices  de  terreur  et  d'effroi,  parce  que  le  cadavre  avait 
les  yeux  ouverts,  fixes,  hagards,  la  bouche  ouverte,  contractée,  tandis 
que  les  yeux  et  la  bouche  n'avaient  cette  expression  que  parce  qu'ils 
avaient  été  ouverts  après  la  mort,  et  le  nez  était  aplati  parce  que  le 
corps  avait  reposé  sur  sa  partie  antérieure. 

Une  précaution  également  très  importante  et  même  indispensable, 
est  celle  qui  consiste  à  mettre  le  plus  grand  ordre  en  décrivant  les 
régions  du  cadavre  dans  le  procès-verbal  et  le  rapport  de  l'autopsie. 
Il  est  même  bon  d'adopter  un  ordre  déterminé,  qui  soit  toujours  le 
même  pour  toutes  les  autopsies.  Je  conseillerai  l'ordre  suivant  que 
j'ii  toujours  employé  et  qui  me  paraît  logique  et  commode. 

1*  Le  sexe.  —  On  sait  que  le  sexe  ne  peut  se  reconnaître  à  l'ex- 
lériear  sur  les  cadavres  complètement  putréfiés.  Lorsque  la  putréfac- 
lioD  n'est  pas  très  avancée,  on  peut  encore  constater  le  sexe,  même 
dans  les  cas  où  les  organes  génitaux  ont  disparu,  car  la  disposition 
des  poils  sufiBt.  Le  cercle  des  poils  bien  circonscrit  sur  le  pénil  ou 
mont  de  Vénus  annonce  le  sexe  féminin  ;  la  continuation  des  poils, 
même  peu  prononcée,  du  pénil  jusqu'à  l'ombilic,  annonce  le  sexe 
masculin.  On  sait  que  le  sexe  des  fœtus  n'ayant  pas  plus  de 
trou  mois  est  impossible  à  reconnaître.   Dans  ces  cas,  on  devra 


7 A  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

néanmoins  avoir  recours  A  l'usage  de  la  loupe.  (Voir  n°  13  plus  bas.) 

2°  L'âge,  —  Pour  les  cadavres  connus  il  est  inutile  de  chercher 
à  évaluer  Tâge,  car  le  juge  a  en  mains  des  preuves  beaucoup  plus 
sûres  que  le  jugement  du  médecin.  Hais  pour  les  cadavres  inconnus, 
lorsqu'il  faut  faire  des  recherches  sur  les  causes  de  la  mort  d'un  ca- 
davre dont  l'identité  est  ignorée,  la  justice  ne  peut  se  fonder  que 
sur  l'appréciation  du  médecin.  Or,  s'il  est  déjà  difficile  d'évaluer, 
môme  approximativement,  l'âge  d'un  vivant  dont  on  voit  le  regard,  la 
démarche,  la  manière  d'être,  la  parole,  l'intelligence,  il  est  eocore 
bien  plus  difficile  d'évaluer  l'âge  d'un  cadavre. 

La  présence  ou  l'absence  des  dents ,  les  cheveux  plus  ou  moins 
blancs  peuvent  tromper,  les  rides  peuvent  avoir  disparu  par  la  bour- 
souflure putride  du  cadavre.  L'œil  le  plus  exercé  ne  peut  donner 
qu'un  jugement  à  peine  approximatif,  à  dix  ou  quinze  ans  près. 

Les  cadavres  d'enfants  peuvent  surtout  tromper  sous  ce  rapport; 
cela  peut  paraître  extraordinaire  puisque  pendant  la  vie  les  enfants 
sont  plus  faciles  à  juger,  quant  à  leur  âge,  que  les  adultes.  Mais  alors 
c'est  le  vêtement,  la  manière  d'être  et  le  degré  de  développement  intel- 
lectuel qui  aident  le  jugement;  tandis  que  devant  un  cadavre,  c'est  la 
taille  surtout  qui  peut  guider,  et  elle  diffère  beaucoup,  non-seulement 
pendant  la  vie,  mais  encore  après  la  mort,  car  les  cadavres  s'allongent 
plus  ou  moins  après  la  rigidité  cadavérique  ;  on  ne  s'étonnera  donc 
pas  si  le  médecin,  même  le  plus  exercé,  assigne  l'âge  de  deux  ans  i 
un  enfant  qui  en  a  quatre. 

3°  La  longueur  du  corps. — Pour  les  nouveau-nés,  nous  recom- 
mandons à  tous  les  médecins-légistes  l'instrument  à  peser  de  Siebold  ; 
cet  appareil  consiste  en  une  surface  en  cuir  plaqué,  sur  laquelle  on 
met  l'enfant  et  qui  se  trouve  graduée  en  pouces,  de  sorte  qu'elle  sert 
en  même  temps  à  mesurer.  Pour  cela,  on  n'a  qu'à  poser  l'enfant  sur 
cette  surface  et  à  l'étendre  avec  les  deux  mains.  Pour  les  cadavres 
d'adultes  nous  nous  servons  d'une  mesure  de  six  pieds  de  longueur, 
dont  l'extrémité  est  divisée  par  pouces. 

A°  La  constitution  générale.  —  On  peut  toujours  la  juger  sans 
difficulté.  Ce  serait  une  erreur  grossière  que  de  prendre  un  ventre 


INSPECTION  EXTÉRIEURS  DBS  CADAVRES. —  ÉTAT  DES  CHEVEUX.      75 

boorsonOé  par  la  potréfactioii  oa  par  nue  anasarque,  pour  un  ventre 
doaé d'embonpoint;  mais  ne  nous  arrêtons  pas  là-dessus, 

5*  les  signes  de  la  mort.  -^  Noos  en  avons  déjà  parié  plus  haut. 
Lenr  examen  et  leur  description  au  procès-verbal  ne  doivent  jamais  être 
négligés.  Mais  les  lividités  cadavériqaes,  Tétat  de  la  cornée,  la  rigidité 
cidivérique  seront  laissés  de  côté,  lorsque  le  cadavre  présentera  déjà 
des  traces  de  putréfaction,  par  exemple  :  une  couleur  verdfttre  des 
tépuaents  du  ventre;  il  ne  faudra  pas  alors  les  enregistrer  au  pro- 
cb-?erbal,  car  le  majus  inclut  le  minusy  et  Ton  doit  écarter  du  pro* 
cès-verbal  tout  ce  qui  est  superflu. 

6'  La  couleur  et  l'état  des  cheveux.  —  Quant  à  ce  signe,  qui 

est  on  ne  peut  plus  individuel,  on  est  bien  en  droit  de  demander  si 

l«  questions  de  c  léthalité  individuelle  >  n'existant  plus,  il  est  encore 

sfeeisaire  de  décrire  les  cheveux,  les  yeux,  etc.  Mais,  outre  que  le 

règlement  oflBciel  ordonne  de  faire  cette  description  pour  les  cadavres 

iseonnos  (§  10),  l'omission  en  elle-même  présenterait  quelquefois 

de  grands  inconvénients.  Il  est  évident  que  le  plus  souvent,  quand  on 

reeiierche  le  genre  de  mort  d*un  individu,  il  est  indifiérent  de  savoir 

ft'ii  a  eu  les  cheveux  blonds  ou  bruns,  des  yeux  bleus  ou  verts,  des 

dttts  longues  ou  courtes,  etc.  Néanmoins,  au  moment  de  l'autop- 

fle,  on  ne  sait  pas  quels  pourront  être  les  complications  ou  les 

incidents  de  l'affaire  ;  on  n'en  est  qu'aux  premiers  renseignements, 

H  le  médecin  ni  le  juge  ne  peuvent  savoir  si  des  circonstances  qui 

paraissent  insignifiantes,  n'acquerront  pas  par  la  suite  une  grande 

fiieur,  et  alors  il  serait  très  regrettable  de  les  avoir  négligées. 

Dans  l'observation  61,  que  nous  rapportons  plus  loin,  il  y  eut  des 
iblences  mortelles  exercées  sur  un  enfant,  la  femme  coupable  lui 
mît  brisé  nue  dent  molaire,  ce  qu'elle  niait.  Nous  avions  fait  men- 
tiim  de  cette  lésion  au  procès-verbal.  Trois  jours  après  l'autopsie,  on 
trouva  cette  dent  dans  les  ordures  provenant  de  la  chambre  dans 
laquelle  le  meurtre  avait  été  commis.  Il  va  sans  dire  que  cette  cir- 
constance était  très  importante. 

Lorsqu'il  s'agit  de  constater  l'identité  de  cadavres  inconnus,  la 
description    des   moindres  particularités  devient  très  importante, 


76  PARTIE   THANATOLOGIQUB. 

comme  le  prouve  l'observation  31A,  concernant  un  homme  inconna 
trouvé  assassiné.  En  faisant  l'autopsie  nous  décrivîmes  la  couleur 
des  cheveux  (c'était  une  perruque  collée  sur  la  tête  chauve)  ainsi  que 
la  couleur  des  yeux.  Plus  tard  on  soupçonna  que  ce  cadavre  était 
celui  d'un  homme  qui  avait  disparu,  et  on  demanda  à  l'épouse  de 
ce  dernier  la  couleur  des  cheveux  et  des  yeux  de  son  mari,  mais  la 
femme,  faible  d'esprit,  ne  put  le  dire  ! 

7*^  La  couleur  des  yeux.  —  C'est  un  signe  très  vague.  Elle  est 
souvent  sujette  à  de  nombreuses  erreurs  chez  les  cadavres,  et  de 
plus,  la  perception  des  couleurs  est  individuelle.  Si  le  cadavre  est 
frais  et  la  couleur  de  l'iris  bien  tranchée,  bien  bleue  ou  bien  noire, 
et  si  plusieurs  personnes  donnent  leur  avis,'  elles  seront  peut-être 
d'accord  ;  mais  souvent,  lorsque  la  couleur  est  vert  bleu,  gris  brun 
ou  brun  vert,  il  est  certain  que  sur  dix  personnes  il  n'y  en  aura  pas 
cinq  du  même  avis.  Ajoutons  que  la  putréfaction  altère  très  vite  la 
couleur  des  yeux,  que  le  blanc  de  l'œil  devient  rouge  brun,  puis  vert 
noir,  et  que  l'iris  subit  les  mêmes  transformations. 

8"*  Le  nombre  et  Vital  des  dents.  —  Chez  les  cadavres  inconnus 
il  est  nécessaire,  par  les  raisons  déjà  énoncées,  de  déterminer  avec 
soin  le  nombre  et  l'état  des  dents.  Je  me  rappelle  que,  dans  le  procès 
Schall,  la  tête  de  la  victime  fut  exhumée  pour  la  troisième  fois,  rien 
que  pour  l'inspection  des  dents  (voy.  p.  67  ). 

9^  La  situation  et  Vitat  de  la  langue.  —  Nous  démontrerons 
combien  il  est  erroné,  quoique  fréquent,  de  considérer  la  position  de 
la  langue  plus  ou  moins  entre  les  dents  ou  les  maxillaires,  comme  un 
signe  d'asphyxie.  Néanmoins  on  ne  peut  pas  se  passer  de  noter  si  la 
langue  est  derrière,  entre  ou  en  avant  des  dents.  L'état  du  tissu  de 
la  langue  est  plus  important  à  examiner.  Il  faut  dire  si  elle  est  tumé- 
fiée, blessée;  c'est  surtout  dans  les  cas  d'empoisonnements  douteux 
par  les  substances  corrosives,  que  l'examen  de  sa  surface  peut  éclair- 
cir  beaucoup  l'afTaire,  comme  le  prouve  le  cas  suivant  : 


KNSrECTlON  EXTÉRIEURK  DES  CADAVRES.—  CAVITÉS  EXTÉRIEURES.    77 

Obs.  32.  —  Suicide  par  empoisonnement  au  moyen  de  Vacide  sulfurique 
pris  pour  un  assassinat  par  suite  de  blessures  aiu  cou. 

Le  24  juin  18.>.>  on  trouva,  dans  une  ville  près  de  Berlin,  le  cadavre  d*une 
femme  avec  ses  deux  enfants  également  morts  et  ayant  de  profondes  blessures 
proveDani  d*un  instrument  tranchant. 

Les  experts  n  hésitèrent  pas  à  déclarer  que  les  enfants  étaient  morts  par  suite 
des  blessures.  Il  en  fut  autrement  pour  lu  mère.  Les  experts  disaient  avoir  trouvé 
«  un  épanchement  de  sang  noir  pesant  200  grammes,  moitié  coagulé  dans  Tab- 
domen;  l'estomac  déchiré,  coloré  en  noir  par  du  sang  coagulé,  la  rate  déchirée 
ei  paltacée.  »  L*un  des  experts  déclara  qu'on  avait  commis  un  triple  meurtre,  et 
dit  que,  quant  à  la  mère,  ou  elle  a  d'abord  reçu  ses  blessures  au  cou,  et  en  tombant, 
elle  s'est  fait  ses  lésions  à  l'estomac  et  à  la  rate,  ou  bien  elle  a  reçu  un  coup  dans 
la  région  de  l'estomac  qui  a  causé  la  déchirure  de  l'estomac  et  de  la  rate,  et  en- 
suite elle  a  reçu  ses  blessures  au  cou.  Comme  le  second  expert  avait  une  autre 
opinion  et  que  tout  était  assez  vague  dans  ce  rapport,  la  cour  se  décida  à  me  fiiire 
appeler  par  le  télégraphe,  pour  me  demander  mon  avis  avant  l'enterrement  du 
cadavre. 

Je  le  trouvai  déjà  habillé  dans  le  cercueil.  Un  sillon  brun  Jaune,  qui  allait  du  coin 
ée  la  bouche  au  menton,  me  fit  soupçonner  de  suite  qu'il  y  avait  eu  empoisonne* 
ment  par  l'acide  sulfurique.  La  langue^  à  laquelle  on  n'avait  pas  fait  attention,  fut 
retirée  et  se  montra  à  moitié  tannée  et  enduite  d'un  liquide  sanguinolent  muqueux 
^  rougissait  tout  de  suite  le  papier  bleu  de  tournesol.  La  bouillie  noire  du  ventre, 
e'est-à-dire  l'estomac  brûlé  avec  son  contenu,  offrait  la  même  réaction.  D'après  cela^ 
il  était  évident  qu'il  y  avait  empoisonnement,  on  pouvait  déclarer  que  très  probable^ 
BKot  la  mère,  après  avoir  tué  ses  enfants,  avait  essayé  de  se  suicider  avec  l'acide 
tuUorique  et,  ne  trouvant  pas  de  suite  la  mort,  elle  s'était  coupé  la  gorge  avec  le 
même  rasoir  qui  lui  avait  servi  pour  égorger  ses  enfants  et  qui  était  encore  plein 
de  sang  h  cOté  d'elle.  Cette  opinion  fut  déclarée  exacte  par  suite  d'une  recherche 
bite  dans  la  maison.  On  trouva  une  lettre  de  la  décédée,  dans  laquelle  elle  annon- 
çait son  projet,  et  le  reste  de  l'acide  sulfurique  dans  son  armoire. 

10*  L'état  des  cavités  extérieures  :  roreille,  le  nez,  la  bouche, 
riniis,  les  organes  sexuels  de  la  femme. — Il  est  rare  de  trouver 
des  corps  étrangers  dans  ces  cavités  ;  cependant  il  arrive,  surtout 
chez  les  noyés,  que  Ton  trouve  de  la  vase,  de  la  terre  ;  et  chez  les 
asphyxiés,  surtout  les  nouveau-nés,  on  trouve  quelquefois  des  corps 
étrangers  qne  Ton  a  mis  avec  violence  dans  la  bouche,  ou  des  excré- 
ments qui  ont  été  aspirés  dans  une  asphyxie  dans  les  lieux  d'aisances. 
Il  y  a  encore  d'autres  circonstances  dans  lesquelles  on  a  à  faire 
Vexamen  de  la  cavité  buccale,  c'est  surtout  quand  on  soupçonne  un 


78  PARTIE   THANATOLOGIQUK. 

empoisonnement  par  des  substances  corrosives,  car  alors  on  trouve 
déjà  un  commencement  de  corrosion  dans  la  bouche,  ou  lorsque  la 
mort  a  eu  lieu  par  un  coup  de  feu  tiré  dans  la  bouche. 

Pour  le  vagin,  la  présence  ou  l'absence  de  la  virginité,  des  règles, 
ou  des  blessures  de  ces  parties  peuvent  acquérir  une  importance  qiM 
souvent  au  moment  de  l'autopsie  on  ne  prévoit  pas.  Pour  l'anus,  on 
doit  regarder  s'il  y  a  eu  écoulement  des  fèces,  quoique  je  n'attribue 
que  très  peu  de  valeur  à  ce  signe  qui  ne  se  montre  que  dans  la  moitié 
des  cas  de  mort  subite.  D'un  autre  côté,  le  transport  du  cadavre,  sua 
séjour  dans  l'eau,  sont  autant  de  circonstances  qui  modifient  ce 
signe. 

11''  L$  cou,  —  Il  mérite  dans  tous  les  cas  une  attention  miou* 
tieuse.  La  plus  petite  trace  jaune  brun  peut  .être  le  signe  d'un 
étranglement,  et  il  y  a  des  cas  où  l'inspection  de  l'intérieur  du  corps 
fait  tellement  soupçonner  la  strangulation,  que  la  moindre  trace 
eitérieure  sur  le  cou  devient  de  la  plus  haute  importance.  L'état  do 
larynx  et  des  vertèbres  est  aussi  très  important  à  examiner.  Pour  les 
vertèbres,  il  faut  se  tenir  en  garde  contre  un  jugement  trop  précipité, 
qui  ferait  conclure  qu'il  y  a  une  luxation  ou  une  fracture  des  vertè- 
bres par  la  présence  d'une  grande  mobilité  du  cou.  Si  l'époque  de  la 
rigidité  cadavérique  est  passée,  si  le  cadavre  est  maigre  ou  si  la 
graisse  n'est  pas  figée  par  le  froid,  surtout  chez  les  petits  enfants,  oo 
trouvera  ordinairement  la  tête  très  mobile. 

fô**  Les  mains.  —  Elles  offreat  des  signes  importants.  Dans  un 
cas  assez  curieux,  il  s'agissait  de  dire  si  un  anneau  de  mariage  avait 
été  porté  pendant  la  vie  ou  mis  après  la  mort  dans  un  des  doigts  du 
cadavre.  Cette  question  fut  facilement  décidée  quand  on  trouva  nu 
sillon  au  doigt.  Souvent  on  trouve  du  sang  aux  mains,  ce  qui  peut 
être  important  quand  on  doute  s'il  y  a  eu  assassinat  ou  suicide.  On 
trouve  aussi  souvent  de  la  poudre  brûlée  dans  la  main  des  suicidés 
qui  se  sont  tués  avec  des  armes  à  feu.  Les  blessures  aux  mains  sont 
également  importantes  pour  décider  s'il  y  a  eu  résistance  dans  les  cas 
d'assassinat.  La  couleur  gris  blanc  et  les  plis  longitudinaux  aux  mains 
et  aux  pieds  indiquent  que  les  cadavres  ont  séjourné  plus  de  vingt- 


1>S1*ECT10K  EXTÉRIEURE  DES  CADAVRES.  —  COULEUR  GÉNÉRALE.      70 

• 

quatre  heures  dans  Teau.  Du  sable,  de  la  vase,  etc.,  dans  les  ongles, 
ont  aussi  leur  importance.  Nous  y  reviendrons  en  parlant  spéciale- 
ment de  chaque  mort  violente. 

13'  Les  parties  génitales,  —  Elles  offrent  rarement  des  rensei- 
gnements utiles,  excepté  quand  on  trouve  des  spermatozoaires  au 
moyen  du  microscope  chez  des  hommes  trouvés  pendus,  et  le  rac- 
courcissement du  pénis  des  cadavres  trouvés  dans  l'eau.  Je  men- 
tionne comme  curiosité  que,  dans  un  cas,  on  m'a  demandé  si  je 
pouvais  dire,  par  l'état  des  parties  génitales,  si  le  décédé,  trois  jours 
avant  sa  mort,  avait  été  ep  état  d'accomplir  le  coït. 

ih*"  La  couleur  générale  du  cadavre.  — Ordinairement  on  trou- 
vera la  couleur  blanchâtre.  Cette  couleur  est  vert  un  peu  clair  comme 
cellqde  la  cire  blanche  non  raffinée,  quand  les  sujets  sont  morts  d'hé- 
morrhagies.  Si  des  blessures  de  tête  amènent  la  mort  après  une  longue 
maladie,  on  trouve  souvent  la  coloration  ictérique  surtout  le  cadavre, 
coloration  que  présentait  déjà  le  malade  pendant  la  vie.  Mais  il  y  a 
encore    d'autres  colorations   importantes   chez   les  cadavres;    par 
exemple,  la   couleur   rouge  brun  uniforme  des  fruits  avortés,  la 
couleur  rouille  chez  les  sujets  qui  ont  été  rôtis,  la  couleur  noir 
charbon  chez  les  sujets  qui  ont  été  brûlés.  Quand  on  décrit  la  cou- 
leur de  la  peau,  il  faut  tenir  compte  de  la  coloration  de  la  putré- 
faction et  de  celle  des  lividités  cadavériques.  C'est  avec  raison  que  le 
règlement  prescrit  de  laver  les  parties  qui  présentent  des  taches  sus- 
pectes aGn  d'éviter  les  erreurs,  par  exemple,  les  places  brûlées  par 
Tacîde  sulfarique,  les  petites  blessures  couvertes  de  sang,  les  endroits 
où  l'on  croit  voir  de  la  poudre  brûlée,  une  ecchymose,  etc.,  et  qui, 
quelquefois,  ne  sont  que  recouverts  de  boue  ou  de  sang  séché.  Cela 
arrive  pins  souvent  qu'on  ne  le  pense  (1). 

(t)  Pour  l'inspection  spéciale  des  cadavres  des  nouveau-iiés,  voir  la  ])artic 
«fêôile. 


^>0  PAUTIE   TUANATOLOGIQUE. 

S  3.  —  Aoomalîei  troavëei  lar  la  cadavre. 

A.  Maladies. 

Il  n*est  pas  rare  de  trouver  dans  les  autopsies  des  anomalies  sur 
l'extérieur  du  corps  des  cadavres,  produites  par  des  maladies,  telles 
que  des  hernies,  des  tumeurs  de  toute  espèce,  des  déviations,  des 
ulcères,  le  décubitus  (eschare),  l'hydropisie,  etc. 

Chez  les  cadavres  connus  dont  on  n*a  pas  à  chercher  Tidentité, 
tous  ces  signes  peuvent  être  décrits  brièvement  au  procès-verbal, 
excepté  quand  le  cas  réclame  un  examen  approfondi  à  propos  de  ces 
maladies,  par  exemple,  lorsque  l'impérilie  d'un  médecin  est  en 
question. 

Il  en  est  de  même  des  maladies  internes,  par  exemple,  la  tuber- 
culisation  des  poumons,  ossification  ou  autre  lésion  organique  du 
cœur,  tumeurs  de  Tovaire,  etc.,  excepté  lorsque  la  maladie  est  pour 
quelque  chose  dans  la  mort. 

Chez  les  cadavres  inconnus  il  est  nécessaire  de  bien  décrire  les 
anomalies  et  produits  extérieurs,  car  l'expérience  a  montré  que  la 
présence  d'un  ulcère,  l'absence  d'une  tumeur,  ont  aidé  à  fixer  la  jus- 
tice sur  une  identité  douteuse. 

B,  Cicatrices. 

Les  cicalrices  que  l'on  trouve  sur  les  cadavres,  surtout  sur  ceui 
qui  sont  inconnus,  doivent  fixer  l'attention  du  médecin,  car  elles  peu* 
vent  donner  lieu  à  des  questions  importantes  de  la  part  des  tribunaux. 

Des  cicatrices  peuvent- elles  disparaître  tout  à  fait?  Dans  le  procès 
de  Schall  cette  question  devint  d'une  telle  importance,  qu'il  fallut 
exhumer  le  cadavre  afin  de  vérifier  si  les  cicatrices  de  ventouses  et  de 
tatouage  avaient  disparu.  Le  temps  qu'une  cicatrice  met  à  disparaître 
complètement,  dépend  de  la  plus  ou  moins  grande  profondeur  de  la 
blessure  dans  le  tissu  et  les  vaisseaux  du  derme.  Des  cicatrices  de 
blessures  qui  ont  traverse  seulement  l'épiderme  ou  même  un  peu  le 
derme,  peuvent  disparaître  complètement  et  ne  plus  se  retrouver  sur 


lîfSPECTIOff   EXTÉRllURS   DES   CADAVRES.    —  CICATRICES.        81 

le  cadaTre^  ee  sool,  les  ^pratignures  d'épingles,  les  eicatrices  de 
sûgnéeSy  de  sangsues  et  de  ventouses.  Si  les  ventouses  ont  été  éner- 
giques, leurs  traces  en  restent  visibles  pendant  bien  des  années,  mais 
cependant  elles  peuvent  disparaître.  En  France,  on  employait  autre- 
fois un  procédé  pour  faire  reparaître  les  marques  des  galériens,  qui 
prouve  que  les  blessures  profondes  de  la  peau  qui  avaient  disparu 
peuvent  redevenir  visibles.  M.  Devergie  raconte  qu'on  frappait  avec 
la  paume  de  la  main  la  partie  blessée,  jusqu'à  ce  qu'elle  devint 
ronge,  et  alors  la  partie  bAlée  paraissait  en  blanc. 

Les  cicatrices  jointes  i  une  perte  de  substance  ne  disparaissent 

jamais  ;  on  peut  observer  cela  chez  les  vieillards  qui  ont  eu,  dans 

leur  jeunesse,  des  chancres  ou  des  bubons  qui  se  sont  guéris  avec 

|>erte  de  substance,  ou  chez  ceux  qui  présentent  des  ulcères  guéris 

depuis  longtemps;  il  en  est  de  même  des  cicatrices  qui  sont  restées 

longtemps  en  suppuration,  qui  ne  disparaissent  jamais  tout  à  fait  ; 

de  même  pour  les  cicatrices  de  la  petite  vérole,  fl  y  a  encore  des 

dcatrices  qui  ne  disparaissent  pas,  ce  sont  celles  que  l'on  trouve 

sur  les  cadavres  qui  appartiennent  i  la  basse  classe  et  qui  sont  les 

toiles  de  rixes;  elles  se  rencontrent  surtout  à  la  tête. 

Une  autre  question  :  Peut-on  reconnaître  l'ancienneté  de  la  cica- 
trice d*après  sa  forme  et  sa  couleur?  Les  cicatrices  des  exanthèmes 
et  des  blessures  présentent  d'abord  une  coloration  plus  rouge  que 
celle  des  parties  environnantes,  puis  deviennent  de  plus  en  plus 
klaaches  et  miroitantes.  Mais  le  genre  de  blessure  et  l'individualité  du 
Messe  sont  des  raisons  qui  peuvent  faire  varier  beaucoup  l'état  des 
ticatrices;  on  sait  que  les  cicatrices  de  petite  vérole  pâlissent  très 
irrégulièrement,  selon  les  différents  individus,  de  sorte  que  chez  les 
IBS  elles  sont  blanches  après  six  à  huit  mois,  tandis  que  chez  d'autres 
diessont  encore  rouges  après  deux  ou  trois  ans.  Il  en  est  de  même 
fov  les  cicatrices  produites  par  des  blessures.  Donc,  on  ne  doit  juger 
^«oeieBneté  d'une  cicatrice  qu'avec  les  plus  grandes  précautions,  et 
il  n'y  a  que  les  cas  négatifs  qui  permettront  une  décision  à  peu  près 
^^ne.  Par  exemple,  quand  ou  trouvera  une  cicatrice  blanche,  lui- 
^Bte,  on  pourra  dire  avec  certitude  qu'elle  ne  peut  pas  provenir 

11  6 


82  PARTIE   TRANATOLOOIOVI, 

d'une  blessure  faiid  il  y  a  delix,  iroît^  quatre  Mmaings,  tsar  rtxpérience 
démoAife  qu^en  si  peu  de  temps  une  cteatrice  ne  peut  pes  p4ltr;  msis 
en  ne  pourrait  pas  dire,  dans  ce  cas,  si  la  cicatrice  date  de  deux  ou  de 
sixens. 

En  rés«né  : 

Otê  àieatricei  ai9€c  perte  de  snhHaïufe,  dtê  cieuiricêi  de  pUies 
€Uppmtm^8  H  d'ulcèree  ne  diiftttainenijumnùtî  je  rtUttmveni 
têHf^uri  sur  h  cadavre. 

Des  cicatrices  de  isnngsHeSj  dr,  saifiiées^  dt  ventwMs^  pem^ent 
ditpwêttre  duni  un  temps  plus  ou  moins  long. 

Il  est  très  difficile  de  donner  une  upprécitition  ptmtiw  sur 
VnHciênineté  d*une  ckutrice, 

m 

OBs.  3S.  —  Déterminer  Vemeienneté  d'une  deetrioe. 


CeUe  détermination  était  d'une  grande  importance  pour  découvrir  rautaur  d'un 
vol  commis  avec  violence. , 

On  me  demanda,  Ve  it  mâts,  si  chez  N...,  un  apprenti  soupçonné  d^avdh*  ttm- 
iflfs  la  ertmèv  aae  cicatrice  au  doigl  pouwil  être  considérée  coamia  ajant^fNt»- 
duite  par  une  blessure  reçue  au  mois  de  féwier  au  moyen  d'uu  crochet  ou  d'un 
levier,  ou  d'une  vrille  ou  par  une  autre  manière. 

La  cicatrice  était  à  la  surface  externe  du  petit  doigt  de  la  main  droite,  près  de 
l^atlfètolation  métacat^-phëlan^enne,  de  forme  ronde«  4»  la  graiiaoi'  à*vm  ^t 
iwis,  rose  pâle  et  entourée  d'un  cercle  foncée  L'inculpé  disait  que  cette  blevsura  avait 
été  faite,  le  5  février,  dans  une  rixe,  par  un  coup  porté  avec  la  main  au  moyeu 
d'une  enseigne  en  porcelaine  brisée  ;  mais  c'était  très  invraisemblable,  parce  qu'une 
telle  blessure  aurait  été  contuse  et  de  forme  Irrégulière;  il  étaft  pHis  traimnMaMe 
de  l'attnbXier  à  une  blessure  caaaée  par  une  vrille  ou  un  emperte-piècet  em  au 
autre  instrument  rond  et  pointu,  il  est  possible  que,  comme  le  dit  le  préveuU)  )a 
blessure  ait  été  faite  six  semaines  auparavant. 

I 

« 

C.  Tatouage. 

Gomme  nous  l'avons  déjà  dit  dans  la  31*  observation»  dans  une 
affaire  très  grave,  mnis  eûmes  k  répondre  à  cette  question  :  Des 
marques  de  tatouage  qui  existaient  pendant  la  vie  peuvent*^les  ne  plus 
9e  relronver  sur  ie  cadavre?  Cette  question  était  tout  à  âut  noavdle, 
et,  tomme  il  n'en  existait  aucun  précédent  dans  toute  la  littératve 


LNSFKCTIN  EXTÉfilËURË   DES   CADAVUES.  —  TATOUAGE.  83 

ui^dicalei  je  ne  pus  U  résoudre  que  par  des  recherches  persennelies. 
Si  la  réponse  étail  négative,  le  cadavre  inconnu  que  Ton  avait  trouvé 
ne  pouvait  être  celui  de  l'homme  que  l'on  soupçonnait  et  qui  avait 
eu  nt)loireroent  des  marques  de  tatouage  pendant  la  vie  ;  et  si  cette 
identité  n'était  pas  constatée,  l'accusation  contre  l'assassin  tombait 
d*elle*méme.  Si,  au  contraire,  on  pouvait  prouver  que,  seulement 
une  fois,  ces  marques  ont  disparu,  Taccusation  se  trouvait  con« 
lirmée. 

Chez  nous,  les  marques  de  tatouage  sont  faites  ordinairement  par 
(les  honunes  et  presque  toujours  sur  les  bras,  quelquefois  aussi  sur  la 
poitrine.  Les  peuples  sauvages  font  ce  tatouage  sur  tout  le  corps,  et 
se  servent  de  ce  signe  pour  indiquer  le  rang  plus  ou  moins  élevé  de 
l'individu  dans  la  société.  Le  tatouage  se  lait  au  moyen  de  trois  ou 
quatre  épingles  enveloppées  jusqu'à  la  pointe  dans  un  bouchon  ou 
un  morceau  de  bois,  on  les  enfonce  dans  la  peau  sur  laquelle  on 
a  d'avance  dessiné  la  figure.  Lee  hommes  qui  aiment  à  se  faire  ces 
marques  de  tatouage  sont  ordinairement  des  soldats  ou  des  marins  ; 
ils  dessinent  un  ou  deux  cœurs  avec  les  initiales  de  leur  bien-aimée, 
l'innée  qui  court,  des  épées  croisées,  des  pipes,  etc.  Lorsque  l'hé- 
oiorrhagie  produite  par  les  petites  piqûres  a  cessé,  on  frotte  dans 
les  blessures  fraîches  une  matière  colorante,  du  cinnabre,  de  la  pou- 
dre, ordinairement  ces  deux  substances  sont  mêlées,  ou  de  la  couleur 
noire,  du  charbon,  de  l'encre,  de  la  couleur  bleue. 

Pour  savoir  si  ces  marques  peuvent  disparaître  encore  pendant  la 

vie  par  une  résorption  des  matières  colorantes  pendant  l'acte  de  la 

régénération  continuelle  du  derme,  je  visitai  les  invalides  de  la  Haison- 

Rojale,  parmi  lesquels  je  trouvai  trente-six  hommes  qui  dirent 

ivoir  été  tatoués  (1).  Chez  l'un  on  voyait  encore  clairement  des  mar- 

^Ms  de  tatouage  après  cinquante-quatre  ans,  chez  beaucoup  d'autres 

ipis  plus  4e  quarante  ans,  chez  deux  autres  les  marques  de  tatouage 

tvveit  disparui  sans  laisser  auQUoe  trace,  après  trente^-huit  et  trente- 


(l).Voir  le  tableau  »pécial  de  ces  tatouages  dans  moaiourual (VierleljahrsKhrift^ 
^•l,p.îS8)* 


Si  partiiî:  thanatolugique. 

six  ans»  Le  résaltat  général  de  mes  recherches  lut  que  sur  (rente-six 
qui  avaient  été  (atoués,  chez  trois  les  marques  avaient  pâli,  chez  deux 
elles  avaient  en  partie  disparu,  et  chez  quatre  elles  avaient  disparu 
complètement.  Donc,  il  y  en  avait  un  sur  neuf  qui  avait  perdu  toute 
trace  de  tatouage.  Dans  Taudience  publique  dans  laquelle  j'annonçai 
les  résultats  de  mes  recherches,  il  se  trouva  un  témoin,  homme  du 
monde,  qui'  montra  son  bras  complètement  intact  et  sans  aucune 
trace  des  tatouages  qu*il  y  avait  faits  dans  sa  jeunesse  avec  du  cin- 
nabre. 

Un  an  plus  tard,  M.  Hutin  (1),  à  Paris,  a  répété  ces  expériences 
sur  une  échelle  encore  plus  grande,  dans  le  grand  établissement 
des  Invalides.  Sur  trois  mille  invalides  il  en  trouva  cinq  cent  six  qui 
s'étaient  tatoués  autrefois.  Ces  recherches  ont  abouti  aux  mêmes 
résultats  que  les  miennes.  Les  couleurs  furent  trouvées  les  mêmes  que 
celles  que  nous  avons  nommées,  et,  comme  cela  a  lieu  ordinairement, 
on  s'était  servi  du  cinnabre.  Les  marques  produites  par  cette  substance 
disparaissent,  d'après  H.  Hutin,  très  souvent;  les  marques  faites  avec 
(le  la  couleur  noire  ou  du  charbon  pulvérisé  restent  pins  souvent  visi- 
bles, celles  qui  sont  faites  avec  de  la  poudre,  du  bleu  ou  de  l'encre 
palissent  assez  souvent,  mais  ne  disparaissent  ordinairement  pas. 
Parmi  les  cinq  cent  six  tatoués,  M.  Hutin  trouva  les  marques  complè- 
tement disparues  chez  quarante-sept.  Ainsi  c*est  presque  la  même 
proporliun  que  celle  que  j'ai  trouvée,  un  dixième.^ 

Cette  question  une  fois  soulevée  a  été  encore  étudiée  par  un  autre 
iiiéJecin  de  Paris,  M.  Tardieu,  qui  deux  ans  plus  tard  fit  des  obser- 
vations et  publia  un  mémoire  remarquable  sur  les  tatouages  (2),  au 
point  de  vue  médico-légal.  Parmi  soixante-seize  individus  qui  avaient 
clé  autiefois  tatoués,  il  en  trouva  trois  dont  les  marques  avaient 
complètement  disparu.  Cette  proportion  est  très  faible  comparée  à  la 
mienne  et  à  celle  de  M.  Hutin;  elle  est  expliquée  par  M. Tardieu  par 
le  choix  lie  la  matière  colorante.  Les  invalides  que  nous  examinâmes. 


(1)  Hahenhes  sur  les  tatouages,  Paris,  1855. 

i2)  Annales  d'hygiène  publique  y  ian\*  1855,  p.  17 1< 


INSPECTION   RITÉBIEUEE   DES   CADAVRES.  —  TATOUAGE.  SÔ 

M.  Hulia  et  moi,  chacun  de  notre  c6té,  avaient  employé  principale- 
ment da  cinnabre,  tandis  qae  les  individus  observés  par  M.  Tardien 
avaient  été  tatoués  au  moyen  d'une  composition  chimique  noire.  M.  Tar- 
dieu  dit  que  le  cinnabre  et  Tencre  bleue  restent  moins  longtemps  que 
les  préparations  chimiques  noires,  la  suie  et  le  bleu  de  blanchissage. 
C*est-à  dire  que  les  premières  matières  sont  plus  facilement  résor- 
bables  que  les  dernières.  M.  Follin  a  trouvé,  dans  les  ganglions  lym- 
phatiques, la  matière  colorante  provenant  de  marques  de  tatouage 
disparues;  le  regrettable  Heckel,  professeur  distingué,  a  fait  la 
mèoie  observation  sur  plusieurs  cadavres  qui  avaient  été  tatoués.  11 
trouva,  chex  des  individus  qui  n'étaient  tatoués  que  depuis  peu  de 
temps,  déjà  des  traces  de  matière  colorante  dans  les  ganglions. 

Mous  pouvons  confirmer  ces  recherches  par  nos  propres  observa- 
tions: 

1*  Un  nojé  de  vingt  ans  avait  sur  le  bras  gauche  un  A  très  visible, 
roage.  Noua  trouvâmes  à  Tœil  nu  le  cinnabre  dans  les  ganglions  de 

2*  Un  individu,  mort  de  pleurésie  purulente,  âgé  de  soixante  ans, 
avait  tatoué  son  avant- bras  gauche  d'un  cœur  très  rougi,  dans  lequel 
il  j  avait  les  lettres  J,  C,G,  1858.  Au  bord  du  ganglion  on  voyait  du 
cinnabre  pointillé. 

S*  Le  cadavre  d'un  homme  de  soixante  ans  qui  se  tua  en  1856  en 
se  coupant  la  gorge,  présentait  à  l'avant-bras  droit  un  cœur  tatoué, 
aiec  la  date  (encore  très  visible  après  quarante-trois  ans)  181S,  et 
au-dessous  deux  figures.  Ces  marques  avaient  été  faites  avec  du  cinna- 
bre dont  on  retrouvait  de  nombreuses  traces  dans  les  ganglions  de 
Tiisselle. 
&*  et  5*  Quatre  jeunes  bouchers  avaient  été  asphyxiés,  en  1857, 
^  de  Toxjde  de  carbone.  Deux  avaient  été  tatoués  avec  du  cinna- 
lue  au  bras  droit.  A...  avait  une  couronne,  trois  chiffres  et  la  date 
IU5.  Tout  était  encore  très  visible  après  deux  ans,  et  dans  les 
patdions  il  n'j  avait  pas  encore  de  cinnabre.  B...  avait  un  joli  dessin  : 
^oft  tète  de  bœufy  en  dessous  deux  massues,  des  chiffres  et  la  date 
1S51.  Excepté  le  chiflfîre  5  un  peu  pflle,  tout  était  encore  visible. 


86  PARTIE  THANATOLOGIQUE . 

Nous  troQvâmes  déjà  (après  six  aas)  du  cinnabre  dans  le  ganglion  axil  • 
laire. 

■ 

6**  L'in?a1ide  G...,  âgé  de  soixante-huit  ans,  Tut  écrasé  en  mars 
i8A8.  Il  avait  des  marques  de  tatouage  faites  avec  du  cinnabre  aux 
deux  bras,  et  très  bien  conservées;  c'était  un  cœur,  au  dessus  duquel 
se  trouvait  un  pot  de  fleurs  ;  à  gauche  la  date  i  809,  à  droite  celle  de 
181  A.  Dans  les  ganglions  de  ce  bras  droit,  nous  trouvâmes  le  cinnabre 
plus  abondant  que  dans  tous  les  autres  cas,  à  gauche  il  n*y  avait  que 
quelques  points  déposés. 

7*"  Le  marchand  H...,  âgé  de  trente* huit  ans,  se  pendit  le  8  juillet 
1868.  A  l*avant-bras  droit  se  trouvaient  des  marques  de  tafona^^e 
faites  avec  du  cinnabre  :  c'était  un  cœur,  des  chiffres  et  l'année  184 1. 
Tout  était  très  bien  conservé.  Dans  le  ganglion  axillaire  (après  dix-sept 
ans)  on  vit  des  traces  de  cinnabre. 

Meckel  trouva  le  cinnabre  déposé  dans  les  ganglions  en  plus  grande 
quantité,  quand  les  marques  de  tatouage  étaient  devenues  presque 
pâles.  De  sorte  que  l'on  peut  s'attendre  à  trouver  le  cinnabre  dans  les 
ganglions,  même  si  les  marques  sur  le  bras  ont  disparu  complètement. 
Je  ne  puis  dire  quelle  influence  peuvent  avoir  sur  la  disparition  des 
marques  de  tatouage,  l'individualité,  le  genre  de  vie,  la  profondeur 
des  piqûres,  car  la  question  est  encore  trop  nouvelle. 

Je  trouve  que  H.  Tardieu  va  trop  loin,  en  disant  que  les  dessins  de 
tatouage  peuvent  â  eux  seuls  fixer  l'identité  douteuse,  la  profession  du 
décédé,  parce  que  le  soldat  dessine  sur  son  bras  d'autres  figures  que 
le  matelot  et  que  les  filles  publiques. 

Je  pense  que  cette  théorie  peut  faire  tomber  dans  des  erreurs 
graves,  et  ne  peut  avoir  une  valeur  assez  précise  pour  qu'on  en  fasse' 
une  règle  générale.  Mais  M.  Tardieu  a  fait  une  autre  observation  très 
importante  et  très  juste  ;  il  a  trouvé  que  l'on  pouvait  faire  disparaître 
artificiellement  des  marques  de  tatouage.  Ayant  reçu  des  aveux  d'un 
prisonnier  qui  avait  employé  un  procédé  pour  faire  disparaître  ses 
marques  de  tatouage  et  tromper  la  justice,  M.  Tardieu  employa  ce 
même  procédé  sur  un  malade  d'hôpital,  et  obtint  un  succès  complet. 
La  marque  de  tatouage  était  un  crucifix  tatoué  avec  du  noir.  Elle  fut 


INSPECTION  EXTÉRIBURE   DBS  CADAVRES.  -  BLESSURES.         87 

frMée  avec  m  onguent  compost  de  graisse  et  d*acide  acétiqne  pur, 
pnit  «fOG  une  solution  de  potasse,  enfin  avec  de  l'acide  chlorhydrique 
étendu  d*eau.  L*ongoent  resta  pendant  vingt-quatre  heures  sur  le 
bras  en  couche  épaisse,  puis  le  lendemain  on  frotta  quatre  à  cinq  fois 
avec  la  solution  de  potasse.  Ces  opérations  ne  causèrent  qu'une  dou- 
leur très  faible.  Le  jour  suivant  il  se  forma  une  croûte  mince  mais 
très  adhérente,  qui  tomba  au  bout  de  sept  jours.  Il  s'en  forma  une 
louvelle  qui  resta  plus  de  quinze  jours  et  qui,  après  sa  chute,  laissa 
nie  cicatrice  superficielle  dans  laquelle  on  ne  pouvait  reconnaître  la 
moindre  trace  du  dessin  antérieur.  Ces  expériences  ont  besoin  d'être 
répétées. 

Jusqu'à  présent,  nos  recherches,  jointes  à  celles  de  MM.  Hutin  et 
Tardieu  pour  les  cas  d'identité  douteuse,  ont  mené  à  ce  résultat  que  : 
Dei  marques  de  tatouage  peuvent  disparaître  complètement  pen* 
(bal  la  vie  et  disparaissent  dans  un  assez  grand  nombre  de  cas  ; 
Itwr  existence  antérieure  peut  être  prouvée  par  l'état  des  gan^ 
flÛNw  correspondants. 

D,  Blawures. 

Ce  point  est  le  plus  important  de  Tinspection  extérieure  du  cada* 
ïïe.  Nous  le  diviserons  en  plusieurs  catégories  : 

1*  n  peut  n'y  avoir  aucune  lésion  extérieure  sur   le   corps, 
fttoique  la  mort  ait  été,  selon  toute  apparence,  produite  par  une  vio< 
leoee  extérieure,  par  exemple  :  par  des  coups  de  pied,  l'écrasement 
f  une  Toiture,  des  chutes,  etc.  On  dit  alors  :  «  il  n'y  a  pas  de  trace  de 
violence  extérieure  ).  C'est  la  formule  ordinaire  des  affiches  judi- 
ciaires concernant  les  cadavres  inconnus;  on  suppose,  par  cette 
phrase,  qu'il  n'y  a  pas  eu  mort  violente  et  qu'une  autopsie  légale 
a'est  pas  nécessaire  ;  car  on  croit  que,  du  moment  où  il  n'y  a  pas  de 
<  traces  »  extérieures,  on  ne  trouverait  aucune  lésion  intérieure 
pnmîant  la  violence.  Ce  raisonnement  est  excusable  chez  des  gens 
ilnagm  à  la  médecine,  quand  on  considère  que  les  traités  de  méde- 
^«  légale  ne  parlent  pas  de  cette  question,  comme  si  elle  était  évi- 


88  PARTIE   THANATOLOGIQUR. 

dente.  Henke  seul  dit,  à  propos  des  ruptures  de  la  rate,  que  quelque? 
fois  on  ne  trouve  sur  le  cadavre,  extérieurement,  ni  uiie  ecchymose  ni 
aucun  signe  de  lésion,  et  cela  prouve  qu'il  n'a  pas  observé  lui- 
même.  Car  l'expérience  démontre  qu'ordinairement  toutes  les  bles- 
sures qui  ne  sont  pas  pénétrantes,  comme  celles  produites  par  des  pro- 
jectiles, et  qui  sont  suivies  d'une  mori  subite^  et  surtout  toutes  les 
fois  qu'il  ;  a  rupture  d'organe  occasionnant  une  hémorrbagie  interne 
mortelle,  il  n'y  a  pas  de  lésion  à  l'extérieur ,  La  raison  en  est  que  la 
vie  très  courte  du  blessé  ne  permet  pas  la  formation  de  Teccbymose. 
Les  observations  que  je  vais  rapporter  et  qui  nous  offrent  des  bles- 
sures très  graves,  ne  se  trahissaient  extérieurement  par  aucune  trace  ; 
elles  démontreront  la  justesse  de  cette  thèse.  Nous  fûmes  asses  sou- 
vent à  même,  sur  les  cadavres  qui  avaient  péri  par  des  chutes  vio- 
lentes, des  écrasements,  etc. ,  et  qui  ne  présentaient  rien  extérieure- 
ment, de  diagnostiquer,  par  cette  seule  raison,  une  rupture  interne  rien 
que  par  l'inspection  extérieure.  Dans  ces  cas,  nous  démontrâmes  aux 
juges  la  nécessité  d'une  autopsie  regardée  auparavant  comme  inutile. 

Obs.  34.  —  Fractures  de  côtes.  Rupture  du  foie  et  de  ta  r<Ue  sans  IHkm 

extérieure. 

Un  homme  de  soixante-trois  ans  avait  été  écrasé  et  était  mort  en  dix  minutes. 
Deux  taclies  d'un  brun  jaune  parcheminé,  de  la  grandeur  d'un  centime,  se  trou- 
vaient :  Tune  à  la  région  de  l'os  iliaque  gauche  sur  la  peau,  et  l'autre  an  coude. 
C'étaient  là  les  seules  lésions  extérieures.  Mais  les  septième  et  huitième  côtes  étaient 
fracturées  à  leur  partie  médiane,  sans  qu*H  y  eût  aw:une  trace  d'épanchemenl  de 
sang  dans  les  parties  environnantes^  et  tout  à  fait  comme  si  les  fractures  avaient  été 
faites  affres  la  mort.  On  trouva  une  rupture  du  foie  de  8  centimètres  de  lon- 
gueur, qui  s'étendait  diagonalement  sur  toute  la  surface  inférieure  du  lobe  droit  et 
pénétrait  en  profondeur  jusque  dans  la  moitié  du  parenchyme.  La  rate  était  égale- 
ment complètement  déchirée. 

Obs.  35.  —  Fractures  de  côtes  et  rupture  du  foie  par  écrasement^  aons  lésion 

e0rieure. 

Un  ouvrier  avait  été  renversé  par  une  voiture  et  avait  reçu  une  blessure  qui  avait 
amené  promptement  la  mort.  Excepté  une  tache  grande  comme  la  paume  de  la 
main,  semblable  à  une  brûlure  et  qui  se  trouvait  sur  le  côté  gauche  de  la  poitrine, 
et  une  ecchymose  insignifiante  sur  l'os  iliaque  droit,  le  cadavre  ne  préseBtail  rien 
d'anormal.  Les  endroits  cités  ne  répondaient  à  aucune  lésion  interne;  mais  il  y  avait 


INSPECTION  EXTÉBIÎEURE   DES   CADAVRES.  —  BLESSURElS.         SO 

une  rupture  loofitudinale  complète  du  foie,  qui  présenUil  deux  portions  séparées, 
^t  une  fracture  transversale  des  cinquième  et  sixième  cdtes  droites.  Ces  lésions 
internes  seraleot  restées  inconnues,  si  les  quelques  ecchymoses  insignifiantes  qui 
se  troufaient  k  l'extérieur  n'avaient  pas  donné  lieu  à  une  autopsie  légale. 

Obs.  86.  —  Rupture  du  [oie  par  écrasemenij  tans  trace  de  lésion  à  Vextérieur. 

Cn  garçon  de  quatorxe  mois,  robuste,  fut  écrasé  par  une  voiture;  excepté  de  pe- 
tites écorehures  à  l'arrière-tête  et  une  ecchymose  de  la  grandeur  d'une  noix  à  la 
région  du  grand  trochanler  droit,  le  cadavre  ne  présentait  rien  d'anormal  à  Texte - 
rieur.  La  tète  était  tout  à  fait  intacte.  Devant  ce  cadavre,  je  diagnostiquai  avant  la 
disseetioQ  nae  rupture  du  foie  ou  de  la  rate.  Il  y  avait  rupture  du  foie.  Le  lobe 
droit  était  presque  séparé  par  une  rupture  longitudinale. 

Obs.  37.  -*  C/n  cae  tetnMable, 

Gu  garçon  de  six  ans  fut  écrasé  par  une  voiture.  Excepté  des  ecchymoses  tout  à 
fait  insignifiantes,  de  la  grandeur  d'un  haricot,  à  la  région  de  l'os  iliaque  gauche.  In 
joue  gauche,  la  malléole  gauche  et  le  frontal  droit,  il  n'y  avait  aucune  anomalie 
extérieure.  £t  ici  aussi,  on  trouva  une  rupture  longitudinale  du  foie  divisée  en  deux 
parties,  qui  avait  causé  la  mort. 

Ois.  38.  —  Hupiwre  de  Vartère  pulmonaire  par  une  roue  de  macMne^  sans  lésion 

extérieure  importante» 

Va  garçon  de  cinq  ans  avait  été  écrasé  par  une  grande  roue  en  fer  destinée  à 
ne  machine  ;  la  mort  était  survenue  instantanément.  Au  milieu  de  la  poitrine  il  y 
mit  une  tâche  d'un  pouce  de  longueur  d'un  bleu  pâle,  non  ecchymosée  ;  il  n'y 
mit  ni  flraeture  du  sternum,  ni  fracture  des  côtes.  Toute  la  plèvre  droite  était  rem- 
pile de  sang  liquide  provenant,  ce  qui  est  très  rare,  d'une  rupture  de  9  millimètres 
de  l'artère  pulmonaire,  près  de  son  entrée  dans  le  poumon  droit.  Il  y  avait  anémie 
féoérale  et  cependant  il  y  avait  une  hypostase  sanguine  cérébrale  très  nette,  et 
k  aamhreuses  lividités  cadavériques. 

Obs.  39.  —  Ruptures  du  poumon  par  écrasement. 

Cn  cocher  fut  écrasé  par  une  voiture,  le  11  mars,  et  vécut  jusqu'au  15.  An- 
iessns  de  l'oreille  gauche  il  y  avait  une  plaie  semi-lunaire  de  6  centimètres  de  Ion- 
Caevr,  de  laquelle  coulait  du  pus.  Tous  les  tégumenU  mous  de  la  tète  étaient  infil- 
trés de  pus,  les  os  crâniens  étaient  intacts;  le  poumon  droit  était  affaissé  ;  à  la 
VÊSÎÊce  interne  du  lobe  moyen  il  y  avait  une  rupture  formant  un  angle  obtus  de 
S  eeotimètres  de  longueur,  et,  à  4  centimètres  de  là,  il  y  en  avait  un  autre  formant 
aae  ouverture  qui  aurait  pu  donner  passage  à  une  noisette.  Il  y  avait  500  grammes 
de  sang  liquide  dans  la  plèvre.  Le  lobe  inférieur  de  ce  poumon  avait  un  fort  eni  • 
fkytème,  son  tissu  était  détruit  en  partie  et  rempli  de  sang  ^coagulé.  Cette  partie 


M)  PARTIE   TRANATOLOGIQVE. 

avait  perdu  la  ficullé  de  nager  sur  Teau.  Le  poumon  o^auclie  non  faleasé  oRIrtit  un 
fort  œdème  cadavérique.  Au  bras  droit  il  y  avait  une  ecchymose  grande  comme 
la  main.  D*après  cela,  nous  déclarâmes  que  Taccusé  prétendant  que^  voiture  n*i 
donné  qu'un  el)oc  au  décédé,  ne  disait  pas  la  vérité,  puisque  les  blessures  de  la 
tôte,  de  la  poitrine  et  du  bras  ne  pouvaient  pas  dire  le  résultat  d'un  seul  choc,  et 
qu'il  était  plus  que  probable  que  la  voiture  avait  écrasé  le  décédé. 

Obs.  40.  —  Chute  du  cœur  séparé  des  grands  vaisseaux  par  un  choc  extérieur 
très  violent,  fracture  d'une  apophyse  épineuse,  rupture  d'un  poumon  et  du 
foie,  sans  lésion  extérieure. 

C'est  là  certainement  un  cas  des  plus  rares,  un  cœur  tout  à  faU  séparé  dê$  par* 
lies  environnantes  ! 

Un  vitrier  de  vingt-quatre  ans,  par  une  nuit  très  froide,  conduisait  une  voiture 
très  lourde  qui  descendait  la  petite  côte  de  Spandau  et,  pour  mieux  conduire  les 
chevaux,  il  marchait  auprès  d'eux.  La  voiture  très  lourde  se  mit  à  rouler  très  vite, 
sans  que  les  chevaux  pussent  la  retenir,  et  le  malheureux  Ait  lancé  avec  une  grande 
force  contre  un  des  peupliers  qui  bordaient  la  route.  On  le  trouva  mort  le  len* 
demain. 

A  l'inspection  extérieure  on  ne  découvrait  rien,  excepté  une  petite  écorchure  i  la 
joue  droite  et  sur  le  bras  gauche.  Qui  aurait  pu  soupçonner  ce  que  nous  trouvâmes 
quand  nous  ouvrîmes  le  corps  ! 

Dans  la  tête  il  n*y  avait  rien  d'extraordinaire,  si  ce  n'est  que  le  sinus  transversal 
contenait  plus  de  sang  qu'à  l'ordinaire. 

Dans  la  colonne  vertébrale  il  y  avait  un  litre  de  sang  épais  et  foncé.  L'apophyse 
épineuse  de  la  première  vertèbre  dorsale  était  tout  à  fait  fracturée  et  était  suspendue 
^ans  les  parties  molles.  Les  muscles  du  dos  étaient  fortement  ecchymoséi  dans  leur 
profondeur.  La  moelle  épinière  était  intacte.  Dans  le  thorax  du  côté  gauche  il  y 
avait  500  grammes  de  sang  foncé,  liquide.  Le  péricarde  était  détaché  dans  toute 
sa  longueur.  Les  ouvertures  des  gros  vaisseaux  étaient  béantes  et  visibles.  Le  cœur, 
séparé  des  vaisseaux  et  libre  dans  la  cavité  pectorale,  contenait,  dans  les  ventri- 
cules surtout,  beaucoup  de  sang  foncé  et  coagulé.  Le  poumon  gauche  était  presque 
tout  à  fait  déchiré  dans  sa  fente  transversale,  et  enfin  nous  trouvâmes  dans  le  lobe 
droit  du  foie  une  déchirure  de  5  centimètres  de  longueur  et  de  1  centimètre  de 
profondeur. 

Et  avec  tout  cela,  pas  de  lésion  extérieure  sur  le  cadavre  ! 

Obs.  i  I .  ~  Violence.  Fracture  de  cinq  côtes  sans  trace  de  lésion  extérieure, 

M...,  un  homme  très  enclin  à  la  colère,  vivait  en  concubinage  avec  la  femme  B..., 
mais  aussi  en  querelles  continuelles. 

Le  20  décembre,  au  matin,  on  avait  encore  vu  la  femme  B.  .  bien  portante.  A 
midi,  un  voisin,  en  rentrant  dans  la  maison,  vil  M...  la  maltraitant  de  la  manière 
la  plus  brutale,  la  frappant  avec  son  poing  et  son  sabot,  sur  la  (été  et  la  figure  ; 
il  la  jeta  sur  une  table  et  sur  le  plancher,  en  ré<(istant  au  témoin  qui  voulait 


INSPECTION   EXTÉniEURE   DES   CADAVRES.  —  BLESSURES.         91 

le  séparer.  Une  femme  aperçut  la  femme  B...  moitié  déshabillée,  as&ise  sur 
le  plancher  de  sa  chambre,  ayant  du  snng  sur  la  figure,  la  bouche  enflée,  les  cheveux 
épars  ;  elle  vit  M...  lui  donner  un  coup  dans  la  poitrine,  qui  la  renversa.  La 
femme  B...  voulut  se  lever  et  aller  jusqu'au  poêle,  mais  elle  chancela;  alors  M... 
Il  saisit  de  nouveau,  la  renversa  sur  le  dos,  lui  donna  des  coups  de  pied  sur  la 
poitrine  et  sur  le  ventre. 

Le  soir,  à  sept  heures,  la  femme  B...  mourut.  On  trouva  bien  des  écorchurcs 
et  des  ecchymoses  sur  le  cadavre,  une  ecchymose  des  paupières,  la  muqueuse  det 
lèvres  déchirée,  ce  qui  devait  être  le  résultat  des  coups  de  sabot  ;  mais  ce  qu'il  y 

avait  de  plus  important,  c'est  la  fracture  des  cinq  premières  cdtes  à  droite,  ne  le. 

trahissant  par  aucune  trace  extérieure,  et  une  extravasation  de  1  centigramme  de 

sauf  moitié  coagulé  sur  le  pont  de  Varole. 
Ce  cas  ressemble  à  celui  qui  est  rapporté  plus  haut,  où  il  y  avait  rupture  de 

quatre  côtes  et  du  foie  sans  trace  extérieure. 

Obs.  42.  —  Huplure  du  cerveau  par  écrasement,  sans  signe  extérieur. 

Un  tailleur  d'un  certain  âge  avait  été  tué  par  un  écrasement  de  voilure.  Le  ca- 
darre  ne  présentait  à  l'extérieur  rien  d'anormal,  même  sur  la  tête.  Et  pourtant  on 
troava  une  Assure  allant  depuis  la  suture  pariétale  jusqu'au  milieu  de  la  partie 
écailleuse  du  temporal,  et,  sur  la  place  correspondante  du  cerveau,  on  vit 
fiO  grammes  de  sang  noir  coagulé.  Au-dessous  de  cette  extravasation,  il  y  avait  une 
rupture  du  cerveau  béante,  de  2  centimètres  de  longueur,  remplie  par  60  grammes 
àt  sang;  l'homme  avait  encore  vécu  sept  heures,  et  onjui  avait  mis  des  ventouses 
dont  les  traces  se  retrouvaient  sur  le  cadavre.  » 

Parmi  des  centaines  d'autopsies,  je  n'ai  vu  que  deux  ruptures  de  cerveau  (voir 
3t8*  obs.).  Il  est  évident  qu'une  telle  rupture  doit  faire  supposer  des  violences  exté- 
rieures terribles. 

Ois.  43.  —  Ckute  d'une  grande  hauteur;  fracture  du  crâne,  déchirure  du  péri- 
carde, du  foie  et  de  la  rate  ;  enfoncement  de  côtes  sans  lésion  extérieure. 

Un  riche  brasseur  trouva  dans  sa  fabrique  une  mort  aCTreuse. 
On  avait  laissé  ouverte  une  trappe  qui  menait  dans  une  cave  de  quarante-six 
|Heds  de  profondeur,  et  dans  l'obscurité'de  la  nuit  le  malheureux  tomba  dans  cette 
rave,  d'où  il  fut  relevé  mort.  11  était  âgé  de  quarante -quatre  ans.  Les  téguments 
de  la  tète  étaient  arrachés  et  formaient  un  lambeau  anguleux,  ce  qui  prouve  qu'il 
était  tombé  sur  une  surface  anguleuse.  Tout  le  cerveau  était  couvert  d'une  couche 
de  lang  de  2  millimètres  d'épaisseur,  foncé  et  coagulé  ;  cette  extravasation  péné- 
trait jusque  dans  les  ventricules  latéraux.  La  base  du  crâne  était  fendue  transver- 
Mlement  en  deux  parties,  et  cette  dernière  lésion  à  elle  seule  montrait  combien  la 
violence  avait  été  grande.  De  plus,  il  y  avait  une  déchirure  du  péricarde  dans  toute 
sa  lon;:ueur,  tandis  que  le  cœur  était  intact  ;  une  déchirure  transversale  de  5  cen- 
timètres au  foie,  à  la  surface  inférieure  du  lobe  gauche,  et  une  déchirure  de  la  rate  ; 
^nfin,  nous  trouvâmes  encore  les  quatre  premières  côtes  enfoncées.   Avec  ces 


92  PARTIE   THANATOLOGIQUR. 

blessures  affreuses  il  n*y  avail  aucune  trace  d*ecchymose,  ni  h  la  région  du  foie,  ni 
à  celle  de  la  rate,  ni  à  celle  des  côtes  enfoncées. 

Obs.  44.  —  Chute  d'une  grande  hauteur;  fracture  du  tternum  et  det  cûtet^  frac- 
ture d'une  vertèbre  cervicale,  rupture  de  la  moelle  épinière  et  du  foiê^  tans 
marque  ext&ieurer 

Un  ouvrier,  âgé  de  trente  ans,  était  tombé  d*une  hauteur  de  soixante  pieds 
dans  une  grange  ;  il  resta  sans  connaissance  et  mourut  au  bout  de  trois  heures. 

Excepté  des  écorchures  insignifiantes  aux  mains  et  dux  pieds  et  une  ecchymose 
"peu  importante  au  cou,  on  ne  trouva  extérieurement  aucune  trace  de  bleasurv. 
L'autopsie  nous  montra  : 

1^  Hypérémie  apoplectique  dans  le  grand  et  le  petit  cerveau; 

2^  Une  rupture  de  la  troisième  vertèbre  cervicale  et  une  fracture  complète  de 
Tapophyse  épineuse  ; 

3^  A  cet  endroit ,  la  moelle  déchirée  et  le  canal  gorgé  de  sang  moitié 
coagulé  ; 

4®  l4i  partie  supérieure  du  sternum  brisée  ; 

5^  Les  deuxième,  troisième  et  quatrième  côtes  droites  fracturées  ; 

6^  Au  lobe  droit  du  foie  une  rupture  superficielle  en  forme  de  T  ; 

7^  Une  rupture  plus  petite  dans  le  lobe  quadrilatère. 

Obs.  45. —  Violent  choc  ;  rupture  du  foie^  Hen  d^anormal  à  Vextérieur. 

Une  fille  de  onxe  ans  avait  été  prise  par  la  roue  d*une  machine  et  lancée  contre 
la  muraillB.'La  mort  était  arrivée  après  une  heure  et  demie.  Le  cadavre  n*oflhiit 
aucune  trace  de  blessure  extérieurement,  et  nous  prévîmes,  parla  rapidité  delà  mort, 
qu'il  devait  y  avoir  une  rupture  interne.  En  effet,  le  foie  présentait  une  rupture  lon- 
gitudinale de  16  centimètres  de  longueur,  de  sorte  que  le  lobe  droit  était  presque 
ftéparé.  Dans  la  cavité  abdominale  il  y  avait  500  grammes  de  sang  épanché  en 
partie  coagulé, 

Obs.  46.  —  Chute  de  Vintérieur  d*une  voiture  :  fracture  du  sternum  et  des  côies^ 

rupture  du  foie.  Pas  de  trace  extérieure. 

Pendant  un  hiver  rigoureux,  un  cocher  tomba  de  sa  voiture  et  mourut  bientôt 
après.  On  dit  qu'il  était  mort  «  d'apoplexie  »  ;  il  ne  présentait  aucune  trace  exté- 
rieuriB  de  violence.  On  pouvait  pronostiquer  une  rupture  interne,  d'autant  plus  que 
le  cadavre  avait  une  couleur  vert  blanchâtre  sale  qui  rendait  probable  une  forte 
hémorrhagie  interne.  La  rupture  existait  dans  le  foie,  de  sorte  qu'il  fallut  supposer 
une  chute  très  violente.  Le  lobe  droit  était  tout  à  fait  séparé,  et  une  grande  quan- 
tité de  sang  gelé  reposait  dans  la  cavité  abdominale.  La  vessie  était  remplie,  mais 
le  contenu  était  gelé.  Le  sternum  était  transversalement  fracturé  à  sa  partie  supé- 
rieure, les  cinq  dernières  côtes  du  côté  droit  étaient  également  fracturées.  Et  ce- 


INSPECTION    EXTÉRIEURE    DES   CADAVRES.   —  BLESSURES.         93 

peadaDl  pas  de  trace  de  lésien  extérieure  !  Lea  poumons  étaient  anémiqaea,  et  le 
cenreau  était  gelé  (1). 

2^  Très  souvent  on  trouve,  sur  des  cadavres  qui  ont  succombé  à 

une  mort  violente,  une  ou  plusieurs  taches  au  Tront,  sur  le  visage, 

aux  membres  supérieurs  et  inférieurs,  aux  coudes,  au  dos  des  mains, 

aux  malléoles,  aux  tibias,  etc.  Ce  sont  de  petites  taches  delà  grandeur 

de  un  ou  un  demi-centimètre,  ordinairement  rondes,  rouges  ou 

rooges  brunes,  plus  ou  moins  parcheminées,  qui,  lorsqu'on  les 

incise,  montrent  les  capillaires  de  la  peau  plus  ou  moins  remplis 

de  sang,  mais  ne  présentent  pas  d'ecchymose  proprement  dite.  Ces 

taches  peuvent  embarrasser  le  médecin.  Elles  demandent,  en  effet, 

«ne  attention   et  une  *description   spéciales  lorsque   la  mort  du 

sujet  est  entourée  de  circonstances  suspectes  ;  car,  prises  pour  des 

ecchymoses,  elles  pourraient  donner  l'idée  d'un  combat  préalable  de 

résistance  entre  l'assassin  et  sa  victime. 

Ces  pseudo-ecchymoses  sont  le  résultat  de  la  chute  du  corps  au 
moment  de  la  mort  ou  du  glissement  du  cadavre  contre  un  corps  dur, 
et  n'ont,  par  conséquent,  aucune  analogie  avec  la  cause  de  la  mort. 
EDes  se  produisent  avec  une  grande  facilité  par  le  transport  du 
cadavre. 

De  nombreuses  expériences  sur  le  cadavre  m'ont  prouvé  que  ces 
[Meudo- ecchymoses  peuvent  se  produire  encore  plusieurs  jours  après 
li  mort,  ainsi  que  d'autres  lésions  de  la  surface  du  corps  qui,  à  pre- 
mière vue,  pourraient  être  prises  pour  des  phénomènes  de  réaction. 
Plus  on  fait  ces  expériences  près  de  l'instant  de  la  mort,  et  plus  ces 
phénomènes  se  montreront  d'une  manière  frappante.  Si  on  frotte  une 
?ir1ie  du  corps  avec  une  brosse  épaisse  qui  excorie  un  peu,  ou  que 
ion  traîne  le  cadavre  par  les  pieds  sur  un  sol  raboteux,  on  verra 
spis vingt-quatre  ou  trente-six  heures  des  phénomènes  qui  pourraient 
facilement  être  pris  pour  le  résultat  d'une  réaction  pendant  la  vie.  Ce 
soQt  des  taches  rouge  vermillon,  se  distinguant  bien  de  la  couleur  du 
^adtrre,  des  croûtes  ou  eschares  d'un  brun  jaune  sale,  parchemi- 

'H  Viir  d'antre»  ca»  nonibrcnx  de  Uessara»  graves  des»  iiartie»  dure»  el  uiuUo»  miis>  Irace  cx- 
>^^«>«4iuhs  obNmtioi»  54,  SS,  91, 93,  95,  90. 97,  103  et  aelre». 


9&  PARTIE   TUANÂTOLOGIQUE . 

t 

nées,  duces  à  couper.  Ces  expériences  prouvent  que  rexplicalion  que 
nous  avons  donnée  de  ce  phénomène  est  exacte. 

Les  expériences  de  Ëngel  viennent  à  Tappui  de  ce  que  je  viens 
de  dire,  chacun  pourra  les  répéter  avec  le  même  succès.  Eogeldii: 
«  Quand  on  excorie  la  peau  d'un  cadavre,  c^est-à-dire  qu'on  sépare 
l'épidernie  par  un  Trotlement,  elle  sèche  plus  vite  qu'à  tout  autre 
endroit,  car  l'évaporation  devient  beaucoup  plus  rapide*  Si  cette 
excoriation  est  faite  pendant  la  vie,  le  résultat  est  le  même.  On  peut 
donner  la  couleur  que  l'on  veut  à  la  peau  du  cadavre,  d'après  la  place 
que  l'on  choisit  ;  ainsi,  si  l'on  excorie  la  peau  à  un  endroit  où  les 
hypostases  sanguines  ne  peuvent  pas  se  former,  la  plaie  sédiée 
et  parcheminée  aura  une  couleur  jaune  brun  clair,  transparente  aux 
bords;  mais  lorsque  l'on  fait  une  excoriation  à  une  place  ou  les 
hypostases  sanguines  peuvent  se  former  facilement,  la  peau  devient 
d'un  noir  brun.  Dans  aucun  de  ces  cas  on  ne  peut  distinguer  si  l'ex- 
coriation a  été  faite  pendant  la  vie  ou  après  la  mort*  a 

Nous  ne  pouvons  pas  assez  insister  sur  ces  observations,  car  les 
cas  où  ces  faits  ont  donné  lieu  à  des  conclusions  erronées  et  fiinestes 
se  sont  présentés  souvent. 

3°  La  question  suivante  se  rattache  à  ce  que  nous  venons  de  dire  : 
Une  blessure  trouvée  sur  le  cadavre  a-t-elle  été  faite  pendant  la 
vie  ou  après  la  mort? 

Quand  on  considère  combien  sont  rares  les  expériences  en  méde- 
cine légale,  on  peut  s'expliquer  les  erreurs  nombreuses  qui  se  sont 
transmises  traditionnellement  dans  cette  science,  en  pratique  et  en 
théorie,  de  livres  en  livres,  de  professeurs  à  élèves,  d'experts  à  ex- 
perts. C'est  surtout  à  propos  de  celte  question  que  cela  saute  aux 
yeux. 

En  théorie  on  admet  que  les  blessures  faites  sur  le  vivant  se  dis- 
tinguent des  blessures  faites  sur  le  cadavre,  par  la  présence  de 
pb^omènes  de  réaction,  tels  que  les  infiammations,  hémorrhagies, 
suppurations,  tuméfactions,  cicatrisations  des  bords  de  la  plaie,  gra- 
nulations, etc.  Celui  qui  a  fait  une  piqûre  à  un  cadavre  et  qui  n'a 
trouvé  aucun  de  ces  ph'nouènes  croit  avoir  constaté  cette  théorie. 


INSPECTION    EXTÉRISURB   DES   CADAVRES.  —  BLESSURES.         95 

L'espérience  démootre  qu'il  faui  metlre  quelques  resirictioos  à 
C6lte  thèse  qui,  du  reste,  est  juste.  Il  est  incontestable  que  Ton  ne 
IroaTera  jamais  de  Tinflammation,  de  recchyroose,  de  la  suppuration 
«  une  blessure  faite  après  la  inort  ;  mais  il  D*est  pas  rare  de  voir,  sur 
un  sujet  très  gras,  qu'une  blessure  faite  après  la  mort,  surtout  si  le 
cadavre  commence  à  gonfler,  laisse  surgir  la  graisse  qui  renverse  les 
Iwrdsy  ce  qui  déjà  peut  produire  une  erreur  en  offrant  les  appa- 
rences d'ue  suppu|catioD.  Cette  erreur  deviendra  encore  plus  facile 
s'il  s'écoule  du  sang  de  la  blessure,  ce  qui  arrive  si  elle  a  été  faite  à 
des  parties  déclives,  et  si  le  sang  du  cadavre  est  eucore  liquide. 
Qn'oa  disse  des  expériences  de  cette  nature  sur  des  cadavres  et  qu'on 
les  abandonne  à  eux-^mêmes  pendant  un  ou  deux  jours,  et  l'on  verra 
confirmé  ce  que  j'avance. 

Si  le  cadavre  est  vieux  de  plusieurs  semaines  ou  deplosieurs  mois, 
kl  pbécoraènes  sont  autres.  Lorsque  l'on  apporte  des  cadavres  qui 
iont  restés  longtemps  à  un  certain  endroit,  par  exemple  dans  Tesé, 
et  sont  trouvés  eu  état  de  putréfaction,  alors  la  surface  entière  du 
corps  ou  au  moins  les  parties  qui  environnent  la  blessure,  sont  vertes 
M  gris  vert,,  privées  d'épiderme,  de  grands  sillons  veineux  pleins  de 
sug  décomposé  parcourent  la  peau,  les  bords  des  plaies  sont  ramollis, 
il  s'écoale  de  la  graisse  el  un  liquide  sanguinolent,  et  je  puis  assurer 
que  ménie  celui  qui  est  exercé  hésitera  à  dire  si  une  blessure  a  été  faite 
pendant  la  vie  ou  après  la  mort,  et  il  sera  heureiu  si  l'inspection  de 
rialérieur  du  corps  éclaircit  la  question,  ce  qui  n'arrive  pas  tou- 
jours. 

Dans  d'autres  circonstances  le  fait  peut  être  également  douteux, 

lorsque  le  corps  a  été  brûlé  a  l'endroit  de  la  blessure.  Ici  on  ne 

peut  Eaire  L'exploration  du  fond  et  des  bords  de  la  plaie,  <»ur  ils  sont 

charbonnés  comme  les  parties  environnantes,  et  on  peut  rester  tout  à 

îaii  indécis  si  l'ouverture  du  corps  n'apporte  pas  ^explication. 

Outre  ces  restrictions  au  sens  positif  de  la  thèse,  qui   dit  que  la 
prisceee  des  phénomènes  de  réaction  prouve  que  la  lésion  a  été  « 
Ute  pendant  la  vie,  restriction  que  je  ne  trouve  mentionnée  nulle 
piri,aous  devons  dire  que  dans  son  sens  négatif  elle  est  complètement 


96  -         PARTIE   TMANATOLOGiyUE. 

erronée.  Car,  d'après  cette  théorie,  il  senihliT.rt  Tncile  ric  distinguer 
une  lésion  faite  pendant  la  vie  d'une  lésion  faite  après  la  mort  ;  on 
devrait  reconnaître  avec  sûreté  cette  dernière  à  l'absence  de  phéno- 
mènes de  réaction  sur  le  cadavre,  et  cependant  le  contraire  se  voit 
souvent  sous  des  conditions  que  nous  allons  énumérer. 

Déjà,  sous  le  n*"  2,  nous  avons  montré  la  ressemblance  qui  existe 
quelquefois  entre  ces  deux  sortes  de  blessures  ;  cette  analogie  est 
surtout  très  grande  lorsque  la  blessure  a  causé  une  mort  immédiate 
et  foudroyante.  Par  exemple,  lorsque  la  blessure  est  produite  par  un 
instrument  tranchant  et  contondant,  un  coup  de  sabre  qui  a  frappé 
un  organe  important  :  le  cœur,  les  poumons,  un  gros  vaisseau.  Le 
blessé,  pour  ainsi  dire,  ne  meurt  pas,  il  est  mort  ;  c'est-à-dire,  il 
n'y  a  aucun  état  intermédiaire  entre  la  vie  et  la  mort ,  aucune  ago- 
nie ;  il  vivait  et  il  est  mort  dans  la  même  minute.  On  devra  penser 
à  priori  que  dans  de  tels  cas  une  réaction  ne  consistant  qu*en  une 
ecchymose  des  bords  n'a  pas  eu  le  temps  de  se  former,  encore 
moins,  bien  entendu,  une  suppuration,  une  tuméfaction,  etc.;  et 
l'expérience  démontre  que  dans  ces  cas  la  blessure  se  présente  sur 
le  cadavre  absolument  sous  le  même  aspect  qu'une  blessure  faite  ar- 
tificiellement tout  de  suite  après  la  mort,  He  sorte  que  l'on  ne  peut 
les  distinguer  l'une  de  l'autre.  Ainsi  il  faut  conclure  en  thèse  gé- 
nérale :  c  Qu'il  est  très  difficile  de  distinguer  les  blessures  faites  sur 
le  vivant,  des  blessures  faites  après  la  mort.  » 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  cela  est  d'une  importance 
énorme  en  pratique,  car  souvent  les  blessures  que  l'on  trouve  sur 
les  cadavres  ont  été  produites  par  des  instruments  pour  retirer  les 
cadavreide  l'eau,  des  lieux  d'aisances,  des  fumiers,  de  dessous  les 
ébbulements,  et  que  dans  ces  circonstances  on  a  à  examiner  juste- 
ment ces  blessures. 

Les  cas  qui  suivent  prouveront  celte  thèse. 

Cas.  47.  —  Perforation  du  sternum  ;  blessure  de  la  crosse  de  l'aorte. 

L'ouvrier  Siegel,  ancien  valet  de  buurieau,  avait  clé  répudié  par  sa  femme,  et 
toutes  les  tentatives  qu'il  avait  faites  pour  la  ramener  à  lui  avaient  été  vaines.  Il 


INSPECTION    EXTÉRIEURE   DES   CADAVRES.  —  BLESSURES.  97 

résolut  de  tenter  un  dernier  effort  et,  en  cas  d'insuccès,  de  la  tuer.  C'est  ce  qu'il 
lit  :  il  lui  enfonça  un  couteau  dans  la  poitrine,  en  disant  :  «  Voilà  ce  que  tu  mé- 
rites ».  L'accusé  me  raconta  avec  insouciance,  dans  sa  prison,  que  son  couteau  était 
entré  comme  dans  du  «  beurre  »,  et  pourtant  il  avait  traversé  le  sternum  de  la  lon- 
gueur d'un  pouce.  Les  bords  de  la  plaie  de  l'os  élaienl  lisses,  l'os  n'avait  ni  fissure 
ni  fracture  comminulive.  Pans  la  cavité  pectorale,  on  trouva  dans  les  deux  plèvres 
UQ  demi-litre  de  sang  foncé  en  partie  coagulCy  et  200  grammes  de  sang  coagulé  dans 
le  péricarde.  Le  couteau  avait  pénétré  dans  le  poumon  droit  près  de  l'entrée  dci 
gros  vaisseaux  ;  il  avait  traversé  le  péricarde  et  la  crosse  de  l'aorte,  à  la  hauteur 
de  3  centimètres,  après  sa  sortie  du  cœur.  La  plaie  de  l'aorte  était  courbée  légère- 
ment, elle  avait  la  longueur  de  1  centimètre  et  avait  des  bords  nets  et  un  peu  bleus. 
A  la  paroi  postérieure  de  la  crosse  de  l'aorte  se  trouvait  également  une  plaie  semi- 
lunaire,  de  sorte  que  le  couteau  avait  dû  traverser  de  part  en  part  le  sternum  et  la 
crosse  de  l'aorte. 

La  victime  était  tombée  morte  en  poussant  un  cri,  et  pourtant,  ici  aussi,  nous 
trouvâmes  du  sang  coagulé. 

L'état  de  la  blessure  était  intéressant  à  étudier.  Extérieurement,  la  plaie  se  trou- 
uii  entre  la  troisième  et  la  seconde  côte  gauche  près  du  sternum,  se  dirigeant  obli- 
quement de  dehors  en  dedans,  longue  de  2  centimètres,  large  de  1  centimètre  1/2  ; 
m  bords  étaient  nets,  lisses,  sans  inflammation,  sans  ecchymose,  et  offraient  deux 
angles  aigus.  Ne  présentant  aucune  trace  de  sang  ni  autour  ni  à  l'intérieur  de  la 
plaie,  cette  blessure  avait  absolument  l'aspect  d'une  blessure  faite  sur  le 
cadavre. 

La  blessure  extérieure  ne  correspondait  pas  à  la  blessure  intérieure,  ce  que  l'on 
peut  expliquer  en  réfléchissant  que  la  femme  a  dû'se  trouver  un  peu  obliquement 
Ht  rapport  à  son  assassin,  tandis  que  maintenant,  le  cadavre  se  trouvant  dans  le 
décubitus  dorsal,  les  téguments  se  sont  distendus. 

Obs.  48.  —  Coup  de  couteau  dans  les  poumons. 

t'a  garçon  de  quatorze  ans  avait  reçu  de  sa  belle-mère  en  colère  et  moitié  ivre 
an  coup  de  couteau  avec  lequel  elle  écorchait  un  poisson  ;  l'instrument  était  entré 
«lins  le  dos,  l'enfant  s'évanouit  et  mourut  six  heures  après.  La  blessure  était  longui; 
<^20  millimètres  et  large  de  6  dans  sa  partie  béante;  les  bords  en  étaient  nets 
cl  lisses,  sans  aiACune  ecchymose,  mous  et  secs  ;  enfm  les  bords  étaient  tels  qu'ils 
auraient  été  si  la  blessure  avait  été  faite  sur  le  cadavre. 

U  cau>e  de  la  mort  avait  été  une  hémorrhagie  interne,  car  l'instrument  avait 
IHînétré  de  la  longueur  de  3  centimètres  dans  le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche, 
^^ns  la  plèvre  gauche,  nous  trouvâmes  2  kilogrammes  de  sang  foncé  contenant 
Muelqies  caillots.  Il  y  avuit  de  plus  une  anémie  générale,  malgré  laquelle,  comme 
**rdiiiaireiuent,  les  veines  du  cerveau  et  des  sinus  étaient  encore  gorgées  de  sang. 
Ooirmort par /iémorr/ia(;rie,  partie  spéciale.) 


II. 


98  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

Obs.  49.  —  Coups  de  styîet  dans  le  poumon. 

Histoire  navrante  !  A  roccasion  d'une  fête,  une  famille  s'était  réunie  ei  tout  le 
monde  avait  bu  une  grande  quantité  de  bière  de  Bavière. 

Le  beau-frère  du  père  de  famille  était  devenu  ivre-mort,  il  entra  dans  la  cuisine 
voisine,  il  prit  une  lame  d'épée  brisée,  de  30  centimètres  de  longueur  et  de  3  centi- 
mètres de  largeur,  qui  avait  été  limée  pour  servir  de  brochette  ;  cet  instrumeni  était, 
à  son  extrémité,  très  coupant  et  très  aigu.  Il  rentra  dans  la  chambre  et  brandit  ion 
instrument  en  vacillant.  Le  père  de  famille  alla  à  sa  rencontre,  l'ivrogne  Tem- 
brassa  en  ouvrant  les  bras  et  lui  enfonça  l'instrument  dans  le  dos.  Trois  quarts 
d'heure  oprès,  le  blessé  mourut. 

Lorsque  nous  fîmes  l'autopsie,  le  cadavre  avait  la  couleur  de  cire  blanche.  Au 
bord  interne  de  l'omoplale  droite  il  y  avait  une  plaie  de  1  centimètre  en  longueur 
et  en  largeur  à  sa  partie  béante.  Les  bords  étaient  nets,  lisses,  secs,  pAies,  sans 
ecchymose.  Dans  la  plèvre  droite  il  y  avait  1  litre  1/2  de  sang  foncé,  en  ptrtic 
coagulé.  Le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  était  percé  horizontalement  etrinalni- 
ment  avait  pénétré  le  viscère,  avait  même  traversé  les  muscles  intercostaux  du  côté 
opposé,  entre  la  deuxième  et  la  troisième  côte,  et  s'était  arrêté  dans  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané.  Le  corps  était  exsangue,  excepté  les  veines  de  la  pie-mère  qui 
ne  participaient  pas  à  l'anémie  générale. 

Obs.  50.  ^  Coup  de  feu  dans  la  moelle  épinière. 

Le  16  octobre  1848,  il  y  eut  une  émeute  à  Berlin  qui  donna  lieu  à  un  combat 
opiniâtre  derrière  des  barricades,  entre  les  insurgés  et  la  garde  nationale.  Huit 
personnes  furent  tuées.  Une  de  ces  victimes  était  un  citoyen  qui  trouva  une  mort 
honorable  en  montant  sur  la  barricade.  11  reçut  une  balle  tirée  derrière  et  d'en 
bas.  La  balle  était  entrée  dans  la  région  de  la  septième  vertèbre  cervicale,  avait 
fracassé  les  trois  dernières  vertèbres  cervicales  et  déchiré  la  moelle  épinière.  Elle 
était  sortie  près  du  maxillaire  inférieur  droit  ;  là  se  trouvait  une  ouverture  de  i  cen- 
timètre, un  peu  anguleuse,  qui  fit  conclure  que  la  balle  avait  été  pointue.  Les  bords 
des  deux  plaies  n^étaient  pas  du  tout  ecchymoses,  ce  qui  s'explique  facilement  à 
cause  de  la  mort  subite  produite  par  la  déchirure  de  la  moelle  épinière  ;  ces  plaies 
ne  différaient  en  aucune  façon  des  plaies  par  armes  à  feu,  que  nous  avons  souvent 
produites  artificiellement  sur  des  cadavres. 

Obs.  61.  —  Coup  de  feu  dans  les  poumons. 

Dans  une  autre  émeute  de  l'année  18i8,  un  homme  reçut  une  balle  de  fusil  qui 
traversa  le  corps  en  pénétrant  dans  le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche.  La  mort 
eut  lieu  par  suite  d'une  violente  hémorrhagie,  elle  fut  subite  ;  les  deux  plaies,  celle 
d'entrée  et  celle  de  sortie,  avaient  absolument  le  même  aspect  que  celles  qui  sont 
faites  après  la  mort. 


1>SI*ECT10N    EXTÉRIKURB   DES    CADAVRES.  —  BLESSURES.         09 

A"  On  trouve  très  souvent  sur  les  cadavres  des  blessures  produites 
lege  ards,  telles  que  les  blessures  de  sangsues,  de  ventouses,  de  sai- 
gnées, les  sutures  chirurgicales,  les  incisions,  les  amputations,  etc. 
Le  médecin  légiste  devra  donner  une  description  sommaire  de  ce 
qu'il  trouvera  dans  de  tels  cas,  excepté  lorsqu^il  s'agit  d'impéritie 
médicale  qu'il  faut  apprécier.  Il  faut  alors  donner  naturellement  une 
description  minutieuse  de  tout  ce  que  Ton  trouve,  d'une  blessure  de 
saignée  par  exemple,  lorsque  Ton  soupçonne  que  celle-ci  est  la 
cause  de  la  mort. 

A  celle  catégorie  appartiennent  aussi  les  blessures  et  lésions 
de  toutes  sortes  que  produit  souvent  Topération  de  la  levée  du  ca- 
davre, ainsi  que  le  résultat  des  dégâts  produits  par  les  animaux  sur 
les  corps  abandonnés.  Ces  blessures  se  voient  surtout  sur  les  cadavres 
retirés  de  Teau  qui  ont  été  souvent  blessés  par  des  bateaux,  par  des 
rimes,  etc.,  ou  qui  ont  été  rongés  par  des  rats  d'eau. 

6*  ICnGn,  il  reste  à  considérer  les  blessures  qui  n'ont  pas 
amené  la  mort  et  qui  sont  les  plus  fréquentes.  Le  §  10  du  règle- 
ment indique  le  procédé  que  l'on  doit  suivre,  et  nous  n'ajouterons 
que  quelques  remarques. 

La  science  approuve  parfaitement  le  règlement  ne  demandant 
(  qu'une  description  sommaire  pour  des  blessures  qui  ont  une  ori- 
gine ne  se  rapportant  pas  directement  à  la  mort  »,  et  en  permettant 
<  de  décrire  les  ecchymoses  et  les  écorchures  qui  évidemment  n'ont 
|«s  pu  donner  la  mort,  en  les  comparant  pour  leur  aspect  général 
Mit  à  des  fruits,  soil  à  des  corps  de  toute  espèce.  » 

Le  médecin  légiste  ne  peut  s'arrêter  à  la  description  minutieuse 
<!'  ces  petites  blessures  sans  importance.  Il  arrive  que  dans  les 
^^ssioats  qui  ont  été  accompagnés  d'un  combat  opiniâtre,  on  trouve 
sur  le  cadavre  une  grande  quantité  de  lésions  de  toutes  sortes,  des 
><)lutioiisde  continuité,  égraUgnures,  écorchures,  ecchymoses,  comme 
1^  obs.  61  et  70  en  donnent  des  exemples.  Pour  décrire  tout  avec 
ciactiiude,  il  faudrait  un  procès- verbal  contenant  plus  de  cent  nu- 
"'éros,  ce  que  Ton  doit  toujours  éviter,  car  la  clarté  n'existe  plus 
^i  Ton  veut  décrire  minutieusement  chaque  anomalie  spéciale,  et 


100  PARTIE    TllANATOLOGlQUE. 

cela  serait  du  reste  très  diflicilc.  Il  suftit  dans  depareils  cas  d'exa- 
miner avec  soin  les  lésions  principales  et  les  blessures  que  Ton 
juge  a  priori  importantes  dans  Taflaire,  puis  décrire  sommairement 
tous  les  autres  résultais  peu  importants  sous  un  même  paragraphe. 

C'est  ici  Tendroil  de  parler  des  coups  de  verges  que  Ton  a  sou- 
vent à  examiner  comme  cause  de  mort,  dans  les  cas  où  les  enfants 
ont  succombé  à  de  mauvais  traitements.  Les  blessures  produites  par 
les  coups  de  verges  se  reconnaissent  de  deux  manières.  Lorsque  les 
verges  ont  porté  à  plat  sur  le  corps  de  Tenfant,  elles  impriment  des 
sillons  plus  ou  moins  longs  de  deux  à  trois  pouces,  rouges,  un 
peu  ecchymoses,  parallèles  par  séries  de  deux,  trois,  ou  quatre; 

• 

lorsque  les  coups  ont  porté  de  sorte  que  les  pointes  des  verges  frap- 
paient d*abord,  on  voit  des  groupes  de  taches  ecchymosées  sembla- 
bles à  des  pétéchies,  mais  les  coups  de  verges  ont  ceci  de  particulier 
qu'ils  ne  sont  donnés  ordinairement  que  sur  le  dos  et  les  fesses. 
Dans  les  sillons  on  voit  de  petites  écorchures;  je  n'ai  jamais  observé 
des  lésions  plus  profondes  produites  par  les  coups  de  verges  telles 
que  celks  dont  on  se  sert  chez  nous  (1). 

Pour  ce  qui  concerne  enfin  l'usage  de  la  sonde,  le  règlement  permet 
c  de  s'en  servir  avec  précaution  » ,  si  les  experts  le  croient  néces- 
saire; mais  il  prescrit  avec  raison,  pour  éviter  les  abus,  d'enregis- 
trer au  procès-verbal  la  cause  qui  les  a  fait  agir  ainsi.  Il  est  en  effet 
superflu  dans  la  plupart  des  cas  d'employer  la  sonde,  car  la  pro- 
fondeur de  la  blessure  se  voit  très  bien  à  la  dissection.  Quand  l'exa- 
men et  la  description  de  la  blessure  ont  été  faits  extérieurement,  on 
l'élargit  afin  d'examiner  l'état  du  tissu  cellulaire  environnant,  ainsi 
que  celui  des  bords  et  du  fond  de  la  pbie. 

(1)  Dans  l'hôpital  de  la  marine  à  Kronstadt,  près  de  Saint- Pélersbourg,  j'ai  vu  un 
prisonnier  coucliù  sur  le  ventre,  qui  huit  jours  auparavant  avait  passé  par  les  verges 
et  qui  avait  re<,u  douze  cents  coups,  et  auquel  une  nouvelle  dose  était  encore  ré- 
servée !  Tout  le  dos  était  couvert  d'ulcères  siiperliciels,  mais  i'ctat  général  n'était 
pas  grave. 


INSPECTION    TES   INSTRUMENTS.  iOJ 

CHAPITRE   II. 

INSPECTION    DES   INSTRUMENTS. 

Ugislation. —  Code  (prussien)  de  procédure  criminelle^  §  162.  Les  experts  doivent 
donner  leur  avis  sur  le^  instruments  au  moyen  desquels  les  lésions  ont  pu  éti  o 
faito  ;  il  faut  aussi  leur  montrer  les  instruments  qui  ont  élé  trouvés  el  leur  Ce- 
mander  si  telle  lésion  a  pu  Aire  produite  par  tel  instrument,  si  In  situation  et  In 
grandeur  des  blessures  peuvent  indiquer  la  manière  avec  laquelle  lo  coupable  a 
probablement  agi,  l'intention  qu'il  y  a  mise  et  la  force  physique  qu'il  a  em< 
ployée. 

Il  est  inutile  de  dire  qu*il  est  absurde  de  diviser  les  instruments  en 
mortels  et  non  mortels;  que  ce  soit  utile  pour  le  juge,  cela  ne  nous 
regarde  pas  ;  pour  la  science  il  n'y  a  qu'une  seule  division  raison- 
nable, celle  qui  consiste  à  diviser  les  instruments  et  les  blessures 
qu'ils  occasionnent  d'après  leurs  elTels  spéciaux  sur  l'organisme,  effets 
qui  permettent  de  reconnaître  sur  le  vivant  comme  sur  le  cadavre  quel 
est  rinslrument  qui  a  élé  employé.  Nous  diviserons  donc  les  instru- 
ments en  :  1°  tranchants  et  perforants;  T  contondants;  3*  armes  a 
feu;  et  &**  instruments  slrangulants. 

g  \",  —  Znstraments  tranehanls  et  perforants. 

li  y  a  des  instruments  coupant  d'un  côté,  comme  les  rasoirs;  d'au- 
tres coupant  d'un  côté  sont  en  même  temps  pointus,  comme  les  cou- 
leanx  de  table,  de  poche;  d'autres  coupant  de  deux  côtés  et  en  même 
temps  ordinairement  pointus,  tels  que  les  poignards,  les  stylets,  les 
<^pées  de  canne  ;  d'autres  qui  coupent  de  trois  côtés,  comme  les  alê- 
nes, les  baïonnettes.  Ces  instruments  ont  ordinairement  leur  lame 
Mte.  D'autres  ont  un  tranchant  plus  ou  moins  courbé ,  semi- 
lunaire,  comme  certains  sabres,  les  faux,  les  serpettes.  Ici  appartien- 
nent aussi  les  morceaux  de  verre  ou  de  métal,  qui  sont  tranchants  el 
pointus,  et  les  ongles  des  doigts.  Nous  avons  eu  à  observer  des  bles- 
ses faites  avec  tous  ces  instruments,  comme  le  démontreront  nos 
«ksemtions. 


102  PARTJB   THANATOLOGIQUE. 

Les  coups  portés  avec  ces  instruments  sépareni  les  tis^sus  ^lus 
..  ou  moins  profondément.  Les  bords  d'une  plaie,  si  on  les  examine 
'     immédiatement  après  que  la  blessure  a  été  faite  et  même  si  Tinstru- 
ment  était  bien  tranchant,  présentent,  dans  un  cercle  un  peu  externe 
autour  de  la  plaie,  un  plus  ou  moins  grand  affaissement.  I^s  phi- 
nomènes  de  réaction  dépendent  naturellement  de  la  place  où  le  coup 
a  frappé,  de  l'époque  à  laquelle  on  les  examine  pendant  la  vie,  ou 
après  la  mort,  et  de  Tintervalle  qui  sépare  le  moment  où  la  blessure  a 
éié  faite  de  celui  où  a  lieuTexamen.  Si  l'instrument  a  pénétré  jusqu'à 
Tos,  il  y  a  ou  des  fractures  comminutives  ou  une  coupure  de  Tos  à 
bords  lisses,   ce  qui  arrive  surtout  sur  les  os  longs,   les  os  des 
doigts.  Pour  le  crâne,  les  coups  portés  avec  des  instruments  tran 
chants  amènent  ces  deux  sortes  de  lésions  :  les  fractures  commi- 
nutives et  les  coupures  de  Tos.  Le  cas  suivant  prouve  que  le  sabre 
court  d'infanterie,  frappant  avec  force,  peut  fendre  en  coupant  net 
tout  le  crâne. 

Obs.  52.  —  IlleFSurc  mortelle  par  wi  coup  de  sabre  sur  la  tête. 

Dans  une  rixe  entre  des  ouvriers  et  des  militaires,  un  ouvrier  de  quarante-deux 
ans  reçut,  d'un  soldat  d'infanterie,  un  coup  de  sabre  mortel  sur  la  tAte. 

La  phie,  que  nous  examinâmes  lors  de  l'autopsie,  avait  8  centimètres  de  loup 
depuis  la  suture  pariétale  jusque  dans  le  milieu  de  Tos  temporal  ;  dans  l'espar c  do 
2  centimètres,  le  pariétal  était  comme  coupé  dans  toute  son  épaisseur,  la  couche 
interne  compacte  de  l'os  était  Iruclurée  comminutivement  autour  de  la  plaie,  les 
membranes  du  cerveau  étaient  coupées  dans  l'espace  de  2  centimètres,  hh  se  trou* 
vait  uu  abcès  du  cerveau  Je  la  grosseur  d'une  noix  dans  lequel  reposaient  des  frag- 
ments de  l'os.  L'autopsie  montra  en  même  temps  des  tubercules  dans  le  foie. 

H  est  très  singulier  que  les  plaies  par  des  coups  d'instruments 
tranchants  ne  présentent  presque  jamais  la  dimension  des  instru- 
ments et  ne  permettent  pas  de  reconnaître  quel  a  été  l'instrument 
qui  a  blessé.  Il  y  a  une  grande  différence,  par  exemple,  lorsque  les 
muscles  ont  été  séparés  dans  leur  dimension  longitudinale  ou  dans 
leur  dimension  transversale.  Dans  ce  dernier  cas,  la  rétraction  des 
muscles  forme  une  plaie  béante  qui  ne  correspond  pas  aux  dimen- 
sions de  l'instrument. 


INSTRUMENTS  TBANCHANTS.  lOS 

L«s  coupures  faites  avec  inslniments  tranchants,  mais  sans  contu- 
sioD,  font  des  plaies  à  bords  nets  et  lisses.  Les  deux  coins  de  la  plaie 
son!  formés  par  des  angles  très  aigus.  Les  phénomènes  de  réaction 
sont  les  mêmes  que  lorsqu'il  y  a  en  même  temps  contusion.  Il  va  sans 
dire  qu'il  peut  y  avoir  hémorrhagie  grave  et  mortelle  s'il  y  a  de  grand  s 
vaisseaux  lésés;  il  est  très  difficile  de  dire  quel  est  le  point  que  Tin- 
stmment  a  touché  le  premier  (par  exemple  dans  le  cas  de  suicide 
douteux),  si  la  plaie  a  été  faite  de  droite  à  gauche  ou  de  gauche 
k  droite.  Cette  question  se  présente  surtout  à  propos  des  cou- 
pures du  cou.  On  sera  quelquefois  mis  sut  la  voie  par  certaines 
circonstances  particulières,  telles  que  la  présence  du  sang  à  la  main, 
les  vêtements  coupés  à  un  certain  endroit,  etc.  A  propos  de  ces  cou- 
pures, il  peut  surgir  un  autre  doute  qui,  dans  une  circonstance  mé- 
morable, a  détourné  gravement  de  la  vérité  ceux  qui  exploraient. 
Lorsque  des  coupures  ont  été  faites  à  une  personne  dont  la  peau  est 
sèche  et  dure,  comme  celui  des  personnes  vieilles  et  maigres,  surtout 
si  la  tête  a  été  penchée  en  avant,  on  trouvera,  lorsque  le  cadavre  sera 
étendu,  au  lieu  d'une  seule  ligne  plusieurs  petites  enchevêtrées  en 
briques,  comme  cela  se  voit  quand  on  fait  une  incision  dans  un  mou- 
choir plié  que  l'on  déplie  après.  Les  experts,  dans  un  cas  pareil, 
conclurent  qu'il  y  avait  c  quatre  coupures  »,  qu'il  y  avait  assassinat 
et  qae  les  assassins  avaient  dû  faire  plusieurs  blessures. 

Les  plaies  faites  par  instruments  piquants  ou  perforants  ne  pro- 

doisent  presque  pas  d'hémorrhagie  lorsqu'elles  n'atteignent  pas  de 

pos  vaisseaux,  et,  lorsque  ces  piqûres  sont  petites,  les  phénomènes 

ie  réaction  sont  tout  à  fait  insignifiants  ;  mais ,  lorsqu'elles  sont 

profondes,  elles  amènent  les  épanchements  les  plus  graves  de  sang,  * 

f urine,  de  chyle,  etc.  Je  dois  faire  ici  mention  d'une  circonstance 

importante.  On  fait  souvent  un  reproche  aux  médecins  de  n'avoir 

V»  indiqué,  dans  les   cas  d'hémorrhagie   par   piqûre  des   gros 

^ùsseaox  parcourant,  l'endroit  même  où  se  trouve  la  piqûre;  ce 

r^RToche  est  souvent  injuste,  car  dans  beaucoup  de  cas  il  n'est  pas 

^jours  possible,  même  après  avoir  éloigné  tous  les  viscères,  de  dé- 

^Qîrir  la  piqûre  qui  a  occasionné  une  hémorrhagie  mortelle.  De  plus, 


104  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

une  telle  recherche  me  parait  en  général  superflue,  car  Thémorrhagie 
interne  est  confirmée  par  la  présence  du  sang,  et  il  est  indifférent  de 
savoir  quel  est  le  vaisseau  et  quel  est  l'endroit  qui  a  donné  lieu  à 
rhémorrhagie.  Néanmoins  je  n'ai  pas  besoin  de  dire  qu'il  peut  S3 
présenter  des  cas  où  cette  recherche  est  nécessaire.  Les  piqûres  aussi 
n'ont  presque  jamais  les  dimensions  de  rinstrument  qui  les  a  pro- 
duites, parce  que  ces  ouvertures  varient  selon  la  contractiiité  de  la 
peau,  de  sorte  que  Ton  ne  peut  comparer  la  plaie  à  l'instrument  et 
en  déduire  une  conclusion  rigoureuse. 

D'un  autre  côté,  pour  tous  les  instruments  piquants,  tranchants  ou 
perforants,  on  ne  peut  plus  rien  juger  de  l'instrument,  si  la  granu- 
lation ou  la  cicatrisation  ont  eu  lieu,  ce  que  l'on  voit  souvent  dans  les 
blessures  de  tête. 

Les  egratignures  ou  les  traces  d'ongles  se  trouvent  sur  le  cadavre 
sous  deux  formes  différentes.  S'il  n'y  a  eu  qu'une  pression  forte  avec 
le  doigt,  on  trouve  un  sillon  semi-lunaire  plus  ou  moins  ecchymose, 
produit  par  l'ongle,  dont  la  direction  indique  la  position»  du  doigt,  ce 
qui  peut  être  très  important  dans  les  cas  de  strangulation  ou  lors- 
qu'une femme  en  couches  veut  s'aider  avec  ses  mains  pour  hâter  la 
délivrance. 

Si  l'ongle  a  plutôt  égratigné  Iju'exercé  une  pression,  l'épiderme  est 
écorché  tantôt  avec,  tantôt  sans  coloration  rouge  clair  de  la  peau 
environnante.  Toute  la  plaie  n'est  pas  plus  grande  qu'une  lentille,  de 
sorte  qu'il  n'est  pas  difficile  de  la  distinguer  d'une  écorchure  d'cpi- 
derme  produite  par  une  autre  cause.  L'observation  283  prouve  de 
quelle  importance  peuvent  devenir  de  telles  petites  plaies,  qui  pa- 
raissent insignifiantes  sur  le  cadavre.  Au  corps  d'une  femme  nous 
trouvâmes  des  egratignures  au  cou,  Thonime  que  l'on  soupçonnait  du 
cripie  (qui  avoua  plus  tard  et  fut  condamné)  avait  des  ongles  rongés 
qui  n'alleignaient  pas  la  moitié  de  la  phalange  ;  nous  devions  alors 
déclarer  gu'avec  de  tels  ongles  les  egratignures  n'avaient  pu  être 
faites  et  qu'il  devait  y  avoir  eu  un  complice.  L'accusé  niait,  par  gé- 
nérosité pour  son  complice,  un  garçon  qu'il  avail  entraîné  a  l'aider 
dans  l'exécution  do  ce  crime. 


INSTRUMENTS   CONTONDANTS.  105 


^2.  —  Instruments  contondants. 


Ces  instruments  ont  des  effets  très  variés  tant  à  l'extérieur  qu'à 
inlérieur,  selon  Tendroit  auquel  ils  frappent  et  la  force  avec  laquelle 
8  sont  employés.  Ils  ébranlent  les  organes  internes  et  peuvent  pro- 
uire  une  mort  subite  (commotion  du  cerveau,  de  la  moelle  épi- 
iëre,  du  cœur),  ou  bien  une  mort  plus  lente  par  des  ruptures  do 
aisseaux.  Ils  brisent  les  os  depuis  la  fracture  la  plus  simple  lorsque 
I  force  n*est  pas  trop  grande,  jusqu'à  l'écrasement  complet  de  tout 
'organisme  quand  la  force  est  très  violente.  Ils  séparent  la  continuité 
les  parties  molles  en  formant  des  bords  inégaux,  obtus,  dentelés,  dé- 
-hirés,  plus  ou  moins  plats,  de  sorte  que  la  plaie  ne  correspond 
frdinairement  pas  à  la  forme  de  V  instrument  blessant  y  parce 
|ae  l'instrument  non-seulement  frappe,  mais  encore  déchire  en  même 
emps.  Ils  contondent  et  défigurent  le  visage,  soit  par  aplatissement 
lu  nez  et  des  oreilles,  soit  par  gonflement  consécutif  des  paupières  cl 
Jes  lèvres,  soit  par  brisement  des  os.  Souvent,  sur  le  même  cadavre, 
)n  trouve  plusieurs  de  ces  effets,  ou  parce  qoe  g^sieurs  instruments 
contondants  ont  été  employés  par  un  ou  plusieurs  malfaiteurs,  ou 
parce  qu'un  même  instrument  à  plusieurs  surfaces,  une  hache  par 
exemple,  a  été  employé.  C'est  ce  que  Ton  trouve  après  ces  meurtres 
affreux  qui  ont  eu  lieu  au  moyen  de  violences  nombreuses  et  cruelles, 
après  les  assassinats  commis  par  les  hommes  en  fureur,  comme  on  en 
terra  des  exemples  plus  bas. 

Quant  à  la  nature  même  des  instruments  contondants,  elle  est  très 
diverse;  je  citerai,  pour  les  avoir  vu  employer,  des  haches,  sabres, 
marteaux, .  pavés,  bâtons,  pots  brisés,  choppes  de  bière,  poutres, 
planches,  sabots,  roues,  ailes  de  moulin,  mâts,  crosses  de  fusil,  cro- 
chets de  fer,  voitures,  chemins  de  fer,  poings,  dents,  etc.  Il  faut 
compter  aussi  les  chutes,  les  projectiles. 

Ine  suite  fréquente  des  blessures  par  instrument  contondant, 
c'est  la  rupture  des  organes  internes.  Les  poumons,  le  cœur,  les  in- 
itias à  l'état  sain  ne  se  rompent  jamais  spontanément.  Lorsque  le 


106  PARTIE  THANATOLOGIQUC. 

poumon  d*un  phlhisique  se  rompt,  c'est  h  cause  des  cavernes;  le  cœur 
ne  se  rompt  que  lorsqu'il  est  atrophié  ou  hypertrophié.  Mais  lorsque 
ces  organes  sont  sains,  il  faut  une  forcetrès  grande  pour  les  rompre. 
Lorsqu'une  de  ces  ruptures  se  présente,  on  peut  conclure  avec  assu- 
rance qu'il  y  a  eu  une  très  grande  violence  excercée.  Voici  le  résultat 
de  mes  observations  les  plus  concluantes  : 

Les  fisMures  de  la  base  du  crâne  sont  presque  toujours  transver- 
sales. Je  n'ai  jamais  vu  une  fissure  longitudinale  isolée.  Elles  se 
rencontrent  ordinairement  dans  la  partie  qui  forme  le  tiers  anté- 
rieur de  la  base,  et  s'étendent  d'un  rocher  jusqu'à  la  selle  turcique, 
ou  la  traverse  pour  rejoindre  l'autre  rocher.  Nous  reviendrons  plus 
loin  sur  la  fracture  des  autres  os  crâniens. 

La  rupture  du  cerveau  est  excessivement  rare;  quant  à  moi, 
je  ne  Tai  vue  que  deux  fois  :  une  fois  par  suite  d'un  écrasement  de 
voiture  (h^"  ob^.),  une  autre  fois  par  suite  de  grandes  violences  sur 
la  tôle  (318*  obs.). 

Les  ruptures  du  poumon  ne  sont  pas  fréquentes.  Elles  peuvent  se 
rencontrer  à  tous  les  endroits  du  poumon,  avec  des  directions  et  des 
longueurs  de  toute  espèce.  (Obs.  80,  AO  et  03.) 

On  voit  très  rarement  des  rupîurrs  de  la  trachée^artère  et  de 
Vœsophage.  Elles  sont  dues  également  à  de  très  grandes  violences 
exercées  au  moyen  de  corps  contondants  (obs.  92). 

Nous  avons  donné  plus  haut  (obs.  39  et  A3)  des  exemples  de 
rupture  du  péricarde- ei  de  rupture  du  cœur  qui,  l'une  et  l'autre, 
sont  très  rares.  Dans  les  deux  cas,  des  blessures  par  instruments 
contondants  avaient  été  faites  avec  une  forte  violence  :  la  première  par 
une  chute  de  très  haut,  la  seconde  par  un  choc  violent  contre  un  ar- 
bre. La  mort  avait  été  instantanée,  et  il  y  avait  d'autres  lésions  internes 
très  graves. 

Les  ruptures  du  foie  sont  les  plus  fréquentes  relativement  et 
absolument.  (Voir  obs.  34  à  37,  40,  43  à  40,  plus  loin  obs^  54,  93 
et  96.)  Ordinairement  ce  sont  des  ruptures  longitudinales  dans  Tun 
des  deux  lobes,  ou  entre  les  deux,  et  séparant  alors  les  deux  lobes;  ou 
enfin  elles  existent  en  même  temps  dans  les  deux  lobes  et  forment  de 


INSTRUMENTS  CONTONDANTS.  107 

petites  plaies  longitudinales,  ce  que,  du  reste,  je  n'ai  vu  que  rare- 
ment. Les  ruptures  transversales  sont  très  rares,  elles  ne  sont  ordi- 
reinent  pas  uniques,  elles  sont  plus  souvent  multiples  et  parallèles. 
Noicides  exemples  de  ruptures  exceptionnelles. 

Obs.  53.  —  Forme  rare  de  rupture  du  foie. 

Vd  enfant  de  deux  ans  et  demi  présentait  une  forme  très  rare  et  très  curieuce 
de  niptiire  du  foie.  La  mort  était  survenue  en  une  demi-heure.  Depuis  le  milieu  de 
Tabdomen  jusqu'à  la  troisième  vertèbre  lombaire,  s'étendait  un  lillon^arge  d'un  demi- 
poQce,d'un  rouge  brun  parcheminé  ;  dans  l'abdomen  il  y  avait  100  grammes  de  sang 
foncé  provenant  d'une  rupture  du  foie  ayant  un  aspect  tout  particulier  ;  tout  le  bord 
Ankht  droit  était  broyé  et  comme  rongé  par  des  animaux,  le  péritoine  était  ecchy  • 
iBosé  dans  la  région  lielvienne,  dans  tout  le  corps  il  y  avait  anémie.  La  veine  cave 
tétait  Tide^  le  cœur  également,  les  poumons  pàle$.  Les  veines  de  la  pie  mère  étaient 
comme  ordinairement  remplies  de  sang. 

Obs.  54.  —  Division  complète  du  foie. 

^cas  est  également  très  curieux.  Une  tiUc  de  quatre  ans  avait  été  écrasée  et 
^ii  morte  au  bout  de  quelques  minutes.  Extérieurement  il  n'y  avait  pas  de  traces  de 
'^rôni  remarquables,  excepté  une  légère  ecchymose  au  front  gauche,  une  autre  h 
laraQUbras  droit  et  un  sillon  ecchymose  à  la  jambe  gauche,  rien  de  plus.  Aussi 
Pouvaiton  diagnostiquer  d'avance  une  rupture  du  foie.  EUe  existait  en  effet,  mais 
^"<  était  d'une  espèce  particulière  que  je  n'ai  jamais  rencontrée  depuis.  Le  foie 
^it  complètement  déchiré  dans  son  sens  vertical  et  divisé  en  deux  parties,  la 
(^^  antérieure  était  libre  dans  la  cavité  abdominale.  La  rate  présentait  deux 
'"Ptures  transversales  qui  ne  pénétraient  que  jusqu'à  la  moitié  du  parenchyme. 
Dins  la  cavité  abdominale  se  trouvaient  500  grammes  de  sang  liquide. 

Us  autres  organes  al>  lominaux  ne  se  rompent  presque  jamais, 
excepté  la  matrice  pendant  Taccouchement,  et  la  rate  dont  lesrup- 
•>rtt  sont  ordinairement  transversales  (obs.  34,  54,  91, 97  et  108). 
Les  ruptures  de  l'estomac  et  des  intestins  (obs.  97),  des  épiploons 
(^^meobs.),  des  reins,  des  grands  vaisseaux,  de  la  vessie,  sont  très 
'ares,  et  ne  se  présentent  que  lorsqu'il  y  a  écrasement  général. 
H-  Devergie  dit  que  les  ruptures  de  la  vessie  sont  assez  fréquentes, 
"Mil  il  ne  prouve  celte  thèse  singulière  par  aucune  observation  per- 
sonnelle; il  dit  seulement  deux  mots  de  deux  cas  observés  par 
tlWres,  mais  sans  description  spéciale.  Je  n'ai  jamais  trouvé  sur  le 


lOS  PAIITIE    THANATOLOGIQUE. 

cadavre  une  seule  rupture  de  In  vessie  vide  ou  pleine,  et  quand  elle 
est  vide  il  est  évident  que  la  rupture  ne  peut  avoir  lieu  que  s'il  y  a 
écrasement  du  bassin. 

S  3.  Armes  à  fea. 

Ce  sont  les  pistolets,  les  carabines,  les  fusils  (les  canons  et  les 
mortiers,  que  M.  Devergie  mentionne,  ne  me  semblent  pas  appartenir 
h  la  médecine  légale!) 

Les  coups  portés  par  ces  instruments  séparent  la  continuité  des 
(issus,  perforent,  déchirent  ou  écrasent  les  parties  dures  et  molles, 
et,  par  suite,  ils  amènent  la  mort  ou  par  destruction  d'organes  impor- 
tants ou  par  hémorrhagie.  Les  armes  à  feu  sont  rarement  examinées 
par  le  médecin-légiste.  Car,  lorsqu'on  trouve  un  cadavre  qui  a  é»é 
assassiné,  les  coupables  ont  eu  le  soin  de  ne  pas  laisser  l'arme  ;  il  n'y 
n  que  les  cas  dans  lesquels  un  homme  étant  mort  par  suite  d'une 
blessure  par  arme  à  feu  et  l'arme  se  trouvant  près  de  lui,  on  doute 
si  la  mort  est  le  résultat  d'un  crime  ou  d'un  suicide.  Je  dois  ajouter 
(|ue  la  présence  ou  l'absence  de  l'arme  ne  peut  rien  prouver,  car  l'as- 
sassin peut  l'avoir  laissée  dans  sa  précipitation  a  se  sauver,  et,  d'un 
autre  côté,  le  suicidé  peut  avoir  été  volé  après  sa  mort.  Du  reste,  je 
trouve  que  l'examen  de  l'arme  n'a  pas  ordinairement  beaucoup  d'im- 
portance pour  le  juge,  dans  les  cas  de  mort  par  armes  à  feu.  Quanta 
la  question  :  une  arme  a-t-elle  été  tirée  et  quand  at-elle  été  tirée? 

w 

M.  Boutigny,  pharmacien  à  Evreux,  a  fait  des  expériences  sur  les  phé- 
nomènes qui  se  passent  dans  la  crasse  qui  tapisse  la  batterie  d'un  fusil 
n  pierre,  selon  que  celui-ci  a  été  déchargé  depuis  plus  ou  moins 
longtemps.  En  voici  les  résultats  : 

€  Il  divise  Fes  cinquante  jours  de  ses  observations  en  quatre  pé- 
riodes : 

»  Dans  la  première  période  qui  n'est  que  de  deux  heures,  la  crasse 
a  une  couleur  noir  bleu.  Elle  ne  présente  pas  de  cristaux,  on  n'y  voit 
pas  d'oxyde  rouge  de  fer,  ni  de-trace  de  sels  de  fer.  La  crasse,  enlevée 
avec  un  pinceau  imbibé  d'eau  distillée,  donne,  après  Gltration,  une 


AIIMES    A   FEU.  109 

liqueur  légèrement  ambrée;  cette  liqueur  colore  en  chocolat  l'acétate 
de  plomb,  en  vertu  du  sulfure  de  potassium  que  la  crasse  renferme 
encore  à  celte  époque. 

>  Dans  la  deuxième  période,  qui  est  de  vingt-quatre  heures,  la 

crasse  est  moins  foncée  en  couleur  ;  elle  ne  présente  pas  de  cristaux, 

elle  n'ulTre  pas  d'oxyde  rouge  de  fer  ;  mais  Taddilion  de  leinture  de 

noix  de  galle,  dans  sa  dissolution  filtrée  et  limpide,  la  rend  trouble 

et  commence  à  y  déceler  Texislence  d'un  sel  ferrugineux. 

n  Dans  la  troisième  période,  dont  la  durée  est  de  dix  jours,  on 
observe  sur  la  crasse  une  foule  de  petits  cristaux  sous. le  couvre-feu 
et  sous  la  pierre  (ces  cristaux  sont  d'autant  plus  allongés  qu'on 
s'éloigne  davantage  de  l'époque  à  laquelle  l'arme  a  été  ttrée).  Il 
existe  sur  la  partie  du  canon  correspondant  a  la  batterie,  et  particu- 
iièremenl  au  bassinet,  des  taches  nombreuses  d'oxyde  rouge  de  fer 
(probablement  plutôt  de  carbonate)  ;  la  dissolution  provenant  de  cette 
crasse  donne,  par  l'hydro-cyanate  ferrure  de  potasse  et  la  teinture 
^eooix  de  galle,  les  colorations  bleues  et  violettes  des  sels  ferru- 
gineux. 

>  La  quatrième  période  dure  jusqu'au  cinquantième  jour.  Il  y  a 
beaucoup  plus  d'oxyde  rouge  de  fer  sur  le  canon,  et  la  liqueur  prove- 
Q<iot  du  lavage  de  la  crasse  ne  donne  plus  la  réaction  des  sels  ferru- 
gineux (1)  p. 

OrGla,  en  parlant  de  ces  expériences,  n'hésite  pas  à  dire  que, 
d'après  les  résultats  de  M.^Bouligny,  il  est  possible  de  déterminer,  à 
quelques  jours  près  et  même  à  quelques  heures  près,  l'époque  à  In- 
quellel'arme  a  été  tirée.  Quant  A  moi,  je  suis  bien  loin  d'être  de  celte 
opinion. 

Us  expériences  de  M.  Boutigny  n'ayant  pas  été  répétées,  ne  peu- 
vent avoir  une  telle  importance  en  médecine  légale  pour  les  cas  où  il 
peut  s'agir  de  la  vie  d'un  accusé.  Ajoutons  que  la  grande  assurance 
avec  laquelle  M.  Uoutigny  pose  ses  conclusions  nous  les  rend  sus- 
P^les;  car  il  est  évident  que  les  différentes  qualités  de  poudre  em- 

{^)hurnai  de  chimie  médicale^  1833,  septembre. 


• 


110  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

ployées  doivent  constituer  sur  la  batterie  de  Tarme  des  différeoles 
crasses;  puis  la  proportion  de  salpêtre  dans  la  poudre  varie  de 
62  pour  100  à  76  pour  100,  le  charbon  de  12  pour  100  à  18  pour 
100,  le  soufre  de  10  pour  100  à  20  pour  100.  Le  degré  de  rhurai- 
ditc  de  l'air  pourra  aussi  influencer,  puis  les  armes  à  capsules  el 
remploi   du  coton-poudre  ont   rendu  ces  expériences  tout  à  fait 
superflues. 

Mais  je  vais  plus  loin,  je  prétends  que  dans  celle  circonstance  U 
médecin  n'est  pas  un  expert  compétent  s'il  n'est  pas  habile  chasseur 
ou  adroit  tireur,  et  il  devra  conseiller  au  juge  d'appeler  des  fabri- 
cants d'armes,  des  gardes-forestiers  ou  des  chasseurs  comme  experts. 
Il  arrive  souvent  que  parmi  les  douze  jurés  il  se  trouve  un  ou  plusieurs 
bons  chasseurs,  et  le  médecin  en  débitant  devant  eux  des  théories 
qu'il  a  trouvées  dans  les  auteurs,  s'expose  à  perdre  le  prestige  que  lui 
doflne  la  dignité  de  sa  position,  en  parlant  devant  des  counaisseurs 
de  choses  qui  lui  sont  étrangères.  Une  telle  maladresse  enlèvera  aux 
jurés  beaucoup  de  leur  confiance  dans  son  rapport  tout  entier. 

Il  en  est  autrement  pour  ce  qui  concerne  les  efl'ets  de  l'arme  à  feu 
sur  le  cadavre.  Ici  le  médecin  rentre  dans  son  domaine,  car  il  s'agit 
d'observer  un  phénomène  de  la  nature.  La  nouvelle  invention  de 
balles  pointues  apporte  des  modiGcations  dans  les  efl'ets  sur  le  corps 
humain.  Nous  exposerons  plus  loin  (partie  spéciale)  en  parlant  de  la 
mort  par  armes  à  feu,  les  détails  qui  se  rapportent  à  cette  question. 

S  4.  —  Initrutnents  itraDgaUDif , 

11  n'y  a  pas  de  corps  long,  flexible  et  ne  cassant  pas  facilement, 
qui  n'ait  pas  encore  été  employé  comme  instrument  strangulant  :  des 
cordes,  des  cordons,  des  fichus  ou  mouchoirs  de  toutes  formes,  des 
étofl'es  de  toute  espèce,  des  ceintures,  des  bretelles,  des  nattes  de 
paille,  des  bandes,  des  manches,  des  jambes  de  pantalon,  etc.  Ils 
agissent,  comme  on  sait,  en  empêchant  l'entrée  de  l'air  dans  les  voies 
respiratoires,  ou  en  interrompant  la  circulation  par  une  forte  pression 
sur  les  vaisseaux  et  sur  les  nerfs;  cette  pression  peut  avoir  pour  effet 
dj  paralyser  les  nerfs.  Leurs  effets  locaux  sur  leeou  sont  hsmarques 


INSTRUMBNTS  6TRANGULANTS.  IM 

sifngulaloireê  doDl  nous  parlerons  plus  tard  en  traitant  de  la  mort 
pmr  pendaison  (partie  spéciale),  car  il  s*y  rattache  la  question  de  la 
pendaison  avant  et  après  la  mort. 

L'examen  de  Tinstrument  strangulant  doit  être  fait  par  le  mé'^ 

decin*légiste  pour  constater  si  le  sillon  trouvé  sur  le  cadavre  a  pu 

être  causé  par  l'instrument.  Une  grande  quantité  d'observations  me 

permettent  d'assurer  qu'il  est  souvent  très  difficile  de  déterminer  cette 

question;  car  les  instruments  les  plus  différents  peuvent  produire  les 

oDèoies  effets.  En  général,  cependant,  les  liens  durs,  tels  que  les 

cordes  de  chanvre,  produisent  des  marques  excoriées  et  en  partie 

parcheminées,  tandis  que  les  corps  mous,  tels  que  les  étoffes  de  soie  et 

de  bdne,  ont  moins  souvent  cet  effet.  En  général  aussi,  la  largeur  de 

b  marque  correspond  à  celle  de  l'instrument  strangulant.  Les  fichus 

iODt  souvent  garnis  d'ourlets  ou  de  franges  nattées  et  de  bordures 

de  toute  espèce,  qui  se  trouvent  en  contact  avec  la  peau,  y  laissent 

leur  empreinte  et  souvent  l'écorclient. 

D'uD  autre  côté,  les  instruments  strangulatoires  larges,  comme  des 
ceintures,  des  bretelles,  peuvent  produire  un  sillon  très  étroit  d'après 
h  position  dans  laquelle  la  pendaison  a  eu  lieu,  par  exemple,  si  le 
iieiié  n'a  été  placé  que  dans  une  anse  de  l'instrument  largo  et  que 
celui-ci  n'ait  presixé  que  par  une  partie  étroite  de  ses  bords. 

Enfin  la  profondeur  du  sillon  dépend  de  la  pression  plus  ou  moins 
innde  avec  laquelle  l'instrument  a  étranglé.  J'ai  vu  des  cas  où  on 
oaundt  pas  pu  mettre  un  doigt  entre  l'instrument  et  le  cou,  tandis 
foe  souvent  le  lien  est  plus  lâche  ;  mais  le  corps,  par  son  poids,  a 
sulB pour  que  la  pression  à  un  certain  endroit  ait  déterminé  la  mort. 
Tontes  ces  circonstances  doivent  être  examinées  de  près.  Nous  re- 
viendrons plus  tard,  au  sujet  de  la  mort  par  pendaison,  sur  l'étude 
du  sillon  strangulatoire. 

L'instrument  strangulant  peut  encore  devenir  l'objet  de  l'examen 
lorsqu'on  ne  sait  s'il  y  a  eu  meurtre  ou  suicide,  alors  il  est  très  im- 
pertint  d'étudier  comment  est  fait  le  nœud  du  lien.  11  y  a,  comme 
^^i^iy  une  grande  quantité  d'espèces  de  nœuds.  Les  boulangers  ont 
loe  manière  particulière  de  nouer  les  sacs,  les  tisserands  ont  aussi  un 


112  PARTIE   THANAT0L06IQUE. 

nœud  particulier,  ainsi  que  beaucoup  d'artisans;  on  ni*a  quelquefois 
demandé  si  tel  nœud  était  un  nœud  de  boulanger?  Le  médecin  doit- 
il  dune  tout  savoir?  Il  est  absurde  d'exiger  de  lui  la  connaissance  de 
tous  les  instruments  techniques  et  toutes  les  manipulations  des  ou- 
vriers. Tour  les  mêmes  raisons  données  plus  haut  pour  les  armes  à 
l'eu,  je  conseille  à  tous  les  médecins  de  toujours  déclarer  leur  incom- 
pétence dans  de  pareilles  questions.  Que  le  juge,  dans  ces  cas,  appelle 
des  ouvriers  du  métier. 

§  s.  —  l>cs  taches  de  sang  sur  les  instruments. 

Dans  les  affaires  de  meurtre,  assassinat,  blessure,  viol,  etc.,  le 
médecin  est  souvent  appelé  à  constater  si  les'  taches  qui  se  trouvent 
sur  des  instruments,  meubles,  portes,  murs,  vases,  vôtements,  sont 
des  taches  de  sang  ou  non.  L'accusé  nie  ordinairement,  et  les  taches 
suspectes  dont  il  ne  peut  expliquer  la  nature  sont  souvent  les  charges 
les  plus  importantes  contre  lui.  Ou  bien  il  avoue  que  les  taches  sont 
bien  des  taches  de  sang,  mais  il  dit  qu'elles  proviennent  du  sang  d'un 
animal,  ou  bien  quelquefois  il  prétend  que  ces  taches  de  sang  pro- 
viennent du  sang  d'une  femme  ayant  ses  règles.  Dans  d'autres  cir- 
constances, quelqu'un  se  tache  avec  du  sang  d'animal  afm  d'accuser 
un  tiers.  Je  pourrais  citer  des  exemples  présentant  ces  diverses 
circonstances,  et  je  n'épuiserais  pas  encore  les  particularités  qui  s'at- 
tachent aux  taches  de  sang.  Comme  cette  question  est  de  la' plus 
liante  importance,  il  n'est  pas  étonnant  que  l'on  ait  cherché  h  déter- 
miner avec  certitude  les  moyens  de  la  juger.  Mais  ce  n'est  que  dans 
l.)s  temps  les  plus  modernes  (1)  que  l'on  a  pu  atteindre  ce  but,  car 

(1)  Voyez  Ornia.  MM.  lég.y  2'"  édilion,  p.  nfii. 
I.assaignc,  Revue  médicale^  aoOt,  1 82 1 . 
IJarruel,  Anuales  (Vhygicne  pxihiviue^  1829. 
(.hcvallior,  Annales  de  Poggendorf,  1838,  numéro  [). 
n.irriicl  et  Lesiieur,  Archives  de  ?«(<i. ,  1833,  I,  2'  scric. 
n.  Ilose,  dans  ma  Vieticljahrsschrifl ,  18:i3,  IV,  \k  295. 
C.  Schmidl,  die  Diagnostic  verddchliger  Fkcke  it%  Criminalfailen, 

.Milau  et  Lcipzij^,  18i8. 
t].  Ritler,  Ueber  die  Ermittelung  von  BlutSdincn^  und  Excremen- 
lenfiecken  in  CriminalfiiUen^  Wùrzburg,  I85i. 


TACHES  DE   SANG   SUR   LES   INSTRUMENTS.  113 

nombreuses  méthodes  préconisées  par  les  auteurs  anciens  étaient 
lius  ou  moins  insuflBsantes. 

Si  les  instruments  sont  luisants,  comme  ceux  qui  servent  à  Tusage 

dés  ouvriers,  et  qu'il  y  ait  dessus  du  sang  frais  séché,  les  taches 

seront  faciles  à  reconnaître,  car  elles  ne  se  confondront  pas  avec 

des  taches  d'une  autre  nature^  surtout  avec  des  taches  de  rouille. 

Les  taches  de  sang  alors  sont  rouge  clair  s'il  n'y  a  qu'une  couche 

«ù«ce  sur  le  fer,  elles  sont  rouge  foncé  s'il  y  a  une  couche  épaisse  de 

sanjr. 

On  peut  facilement  distinguer  les  taches  de  sang  des  taches  de 
roûlle  en  chauffant  l'instrument,  le  sang  se  détache  et  laisse  la  sur- 
face du  métal  pur,  tandis  que  la  chaleur  n'a  aucun  effet  sur  les  taches 
de  rouille.  Lorsque  le  sang  est  séché  depuis  longtemps,  on  ne  peut 
phis,  par  le  seul  aspect,  le  distinguer  de  la  rouille.  On  trouvera  plus 
bas  une  bonne  méthode  diagnostique,  elle  devra  être  contrôlée  par 
'    Texaroen  des  cristaux  d*hématine. 

Les  taches  fraîches  de  sang  sur  des  portes,  meubles,  tapis  de  cou- 
leurs claires,  sont  faciles  à  reconnaître.  Pour  les  taches  fraîches  de 
^Dg  sar  du  bois  foncé,  sur  des  manches  bruns  de  couteaux  ou  de 
It^ches,  les  portes  brunes,  les  tapis  et  meubles  foncés,  j'ai  employé 
>vec  succès  le  procédé  découvert  par  MM.  OUivier  et  Pillon.  Il  con- 
^  à  éclairer  les  taches  suspectes  avec  une  lumière  artificielle,  par 
s^ple une  bougie  que  l'on  approche  très  près;  on  voit  alors  briller, 
sor  II  couleur  foncée  des  objets,  des  taches  d'un  rouge  brun;  car, 
lorsqu'il  y  a  peu  de  tachas  et  qu'elles  sont  petites,  il  est  impos- 
^le  de  les  voir  par  la  seule  lumière  du  jour.  Si  le  sang  est  fraîche- 
ment  séché,  il  n'est  ordinairement  pas  difficile  de  le  reconnaître  au 
otoyen  du  microscope;  on  peut  aussi  reconnaître  encore  très  dis- 
tinctement* les  globules.  Mais  cette  dernière  ressource,  excellente, 
fait  défaut  si  le  sang  est  séché  depuis  longtemps,  s'il  a  été  mouille  et 
&'il  est  redevenu  sec,  s'il  est  mêlé  à  d'autres  substances,  si  lesétoff'cs 
sor  lesquelles  le  sang  a  jailli  ont  été  frottées  ou  lavées,  car  alors  les 
Sloboles  sont  détruits  et  les  micrographes  les  plus  exercés  ne  sont 
pl»8  eu  état  de  les  trouver. 

u.  8 


IIA  PARTIE   THANÂTOI^GIQUË. 

Le  procédé  de  Barruel  a  fait  beaucoup  de  bruit,  il  consiste  A  trai- 
ter le  sang  par  l'acide  sulfurique  et  de  distinguer  de  quel  animal  il 
provient  par  l'odeur  spécifique  qui  s'exhale  et  qui  est  l'odeur  carac- 
téristique de  l'animal.  Mais  si  déjà  la  perception  des  couleurs  est 
assez  délicate  dans  les  expertises  médico-légales,  il  est  encore  plus 
dangereux  d'avoir  recours  à  l'odorati  puisque  aucun  sens,  plus  que  ce 
dernier,  n'oflre  autant  de  différences  individuelles.  Du  reste,  la  mé- 
thode de  Barruel  n'est  pas  infaillible,  comme  le  prouvent  les  eipé* 
riences  frappantes  de  Chevallier  (1).  Ce  dernier  traita,  d'après  la 
métliode  de  Barruel,  du  sang  de  mouton,  de  bœuf  et  d'homme;  il  se 
fit  assister  de  quelques  personnes.  Chacune  d'elles  nota  de  son  côté 
ses  impressions  d'odorat,  et  il  se  trouva  que,  si  toutes  furent  d'accofd 
dans  quelques  cas,  dans  d'autres  les  uns  déclarèrent  du  sang  d'honune 
ce  qui  était  du  sarig  de  bœuf!  Nous  conclurons  que  la  méthode  de 
Barruel  doit  être  rejetée  dans  les  affaires  criminelles  lorsqu'il  s'agit  de 
distinguer  le  sang  d'homme  du  sang  d'animal,  et  surtout  lorsqu'il  s'agit 
de  différencier  le  sang  de  plusieurs  animaux  ;  car  elle  ne  repose  que 
sur  une  base  insuffisante  et  qui  peut  induire  dans  de  graves  erreurs. 

Par  le  microscope  on  peut,  avec  certitude,  distinguer  le  sang 
d'homme  du  sang  d'animal,  lorsque  celui-ci  est  assez  frais  et  a  été 
préservé  des  influences  funestes  que  nous  avons  énuméréesplus  haut; 
c'est  ce  que  prouve  le  cas  suivant  qui  donna  lieu  à  une  expertise  de 
la  députation  scientifique,  dont  notre  grand  physiologiste,  Jean  MCdler, 
fut  le  rapporteur. 

Obs.  55.  —  Déterminer  s'il  y  a  sang  d^homme  ou  sang  d^oiseau. 

Un  homme  avait  été  renvoyé  Je  son  appartement  avec  violence  par  son  proprié^ 
taire.  U  prétendait  en  être  devenu  malade  ;  mais  on  soupçonnait  que  le  sang  qui 
s'écoulait  de  Tanus  n'était  pas  du  saug  d'homme,  mais  du  sang  de  pigeon  mis  avec 
intention. 

Deux  médecins  rapportèrent  que  le  sang  qui  s'était  écoulé  du  30  janvier  au  3  fé- 
vrier, de  Touverture  de  l'anus,  avait  été  examiné  par  eux,  le  22  juillet  (ainsi  six 
mois  après),  à  l'aide  du  microscope,  et  qu'ils  avaient  trouvé  que  ce  n'était  que  du 
sang  d* oiseau.  Au  mois  de  novembre,  on  consulta  le  Collège  médical  de  aeconde 
instance  qui  répondit  que  l'examen  du  sang  n'était  plus  possible.  Le  juge  d'instruction 

(i)  Annalei  d^hygiènepubliquct  1853,  avril. 


TACHES  DE  SANG  SUR  L£S  INSTRUMENTS.  116 

demaoda  un  superarbitre  de  la  dépu talion  scientifique  et  posa  le«  questions  suivantes  : 
i*^  La  substance ci-joiate  est-elle  du  sang  d'homme  ou  du  sang  d'oiseau?  2®  Si  Ton 
ne  peut  pu  le  déterminer,  quelles  en  sont  les  raisons  ?  3**  Le  22  juillet  était-ce  pos- 
sible de  le  reconnaître,  et  à  partir  de  quelle  époque  cette  possibilité  a-t-elle  dis- 
paru? 

Au  milieu  du  mois  de  février  de  l'année  suivante,  c'est-à-dire pJus  d'un  an  apràs 
que  le  saug  avait  coulé  de  l'anus,  le  sang  fui  examiné  par  J.  Millier  et  moi.  Voici  le 
rapport  qui  fut  fait  : 

«  Pour  répondre  aux  questions  posées,  la  substance  envoyée  (du  sang  sec,  pul- 
vérisé dans  une  boite)  fut  comparée  sous  le  microscope  avec  :  1°  du  sang  frais  et 
sec  pris  sur  un  cadavre  humain;  2**  du  sang  frais  et  sec  de  pigeon.  Les  glo- 
bules du  sang  envoyé  se  reconnaissent,  si  l'on  prend  une  petite  quantité  de  sang 
mêlé  avec  du  sel  de  cuisine  ou  du  sucre,  et  qu'on  le  mette  sous  le  microscope  ;  ces 
globules  ne  sont  pas  elliptiques,  ils  ont  la  forme  et  la  grandeur  de  ceux  qui  sont 
diQs  le  sang  de  l'homme  ou  dans  le  sang  des  mammifères.  On  n'y  a  pas  trouvé  des 
fiobules  s'éloignent  de  la  grandeur  de  ceux  de  l'homme  ;  quelques-uns  s'écartent 
de  la  forme  ronde,  mais  comme  cela  se  voit  dans  le  sang  ordinaire  de  l'homme  et 
des  mammifères.  On  n'a  pas  trouvé  de  noyau  et  il  est  douteux  qu'il  s'en  trouve 
dans  le  sang  de  l'homme  ordinairement.  Ces  globules  n'ont  aucune  ressemblance 
avec  ceux  du  sang  des  pigeons  ou  des  oiseaux  en  général,  et  l'on  ne  conçoit  pas 
comment  on  a  pu  les  identifier  avec  ceux-ci.  Les  globules  du  sang  des  pigeons 
ton!  elliptiques  tous  sans  exception  ;  ils  ont  un  noyau  très  visible,  oval,  et  ils  sont 
deux  fois  plus  grands  que  les  globules  du  sang  en  question. 

•  De  là,  nous  concluons  :  que  la  substance  envoyée  n'estf)a8  du  sang  de  pigeon 
ni  d'aucun  autre  oiseau,  et  ne  peut  être  que  du  sang  d'homme  ou  de  mammifère; 
nais  on  ne  peut  distinguer  à  laquelle  de  ces  deux  dernières  espèces  de  sang  cette 
nbatsDce  appartient,  à  cause  de  leur  ressemblance  identique,  et  il  n'y  a  aucun 
iQojea  sûr  de  les  différencier. 

»  Ainsi,  en  réponse  aux  questions  posées,  nous  disons  :  la  substance  envoyée 
n'est  pas  du  sang  d'oiseau,  mais  du  sang  d'homme  ou  de  mammifère,  ce  qui  ré- 
pond en  même  temps  aux  deux  autres  questions  posées.  Berlin,  le  13  mars  1850.  • 
Ici  l'examen  était  facile,  car  les  deux  espèces  de  sang  qu'il  fallait  distinguer  sont 
très  différentes.  Les  cas  suivants  prouveront  combien  il  est  plus  difficile  de  distin- 
ct des  taches  douteuses  dans  certaines  circonstances, 

OsB.  56# —  Déterminer  s'il  y  a  sang  d* homme  ou  sang  de  vache  7 

l<i4  janvier  18...,  se  trouvaient,  dans  l'auberge  de  N...,  le  sieur  S...  et  le 
S^rçoQ  de  ferme  W...  Ce  dernier  remarqua  que  S...  portait  une  bourse  contenant 
^Uislers,lui  demanda  le  chemin  qu'il  prendrait  et  s'éloigna.  Tandis  que  S...  re- 
^eoait  pendant  la  nuit  vers  sa  demeure,  il  marchait  sur  la  neige,  lorsqu'il  sentit  un 
^  violeiit  qu'on  hii  portait  dans  la  figure  ;  il  perdit  beaucoup  de  sang  et  s'éva- 
nooit  Lorsqu'il  revint  à  lui,  il  s'aperçut  que  sa  bourse  lui  avait  été  volée.  Le  garçon 
^••.  fut  soupçonné  d'ùtrc  l'auteur  de  ce  vol  et  fut  arrêté.  Ses  boites  coïncidaient 


116  PARTIE  THÀNATOLOGIQUE. 

très  bien  avec  les  empreintes  trouvées  sur  la  neige,  de  plus  il  avait  déjà  été  puni 
antérieurement  pourvoi;  on  avait  remarqué  que  depuis  le  erime  il  avait  fait  des  dé- 
penses excessives  relativement  à  ses  ressources;  enfin,  ce  qui  augmentait  tous  les 
soupçons,  c*est  qu'on  trouva  sur  son  pantalon  en  toile  une  tache  de  sang  grande 
comme  la  main«  Il  disait  que  ce  sang  provenait  d'une  vache  qu'il  avait  aidé  à  tuer 
le  jour  de  Noël  de  l'aïinée  qui  venait  de  finir.  Il  fut  constaté  qu'en  effet  il  avait  aidé 
à  tuer  une  vache  à  cette  époque. 

Sur  ces  entrefaites,  la  cour  m'envoya  le  pantalon  afin  que  je  déterminasse  si  la 
tache  provenait  de  sang  humain  ou  de  sang  de  vache.  Plusieurs  micrograpbes  dis- 
tingués, entr'autres  M.  Dubois-Raymond,  eurent  la  bonté  de  m'assister  dans  ces 
recherches.  Je  cite  les  passages  les  plus  importants  du  rapport  : 

«  Les  recherches  de  cette  espèce  sont  d'autant  plus  difficiles  que  le  sang  est 
moins  frais  et  que  l'animal  dont  il  s'agit  présente  des  globules  ayant  à  peu  près  la 
même  forme  que  ceux  de  l'homme.  C'est  ce  qui  a  lieu  pour  la  plupart  des  mammi- 
fères, surtout  le  bœuf  ;  en  effîet  ces  globules  sont  également  ronds  et  ceux  de 
l'homme  ont  seulement  un  diamètre  un  peu  plus  grand. 

»  Dans  un  premier  examen  microscopique,  le  8  février,  nous  avons  examiné  du 
sang  frais  d'homme  et  du  sang  frais  de  bœuf  qui  furent  mis  sous  un  microscope 
grossissant  cent  quatre-vingts  fois,  et  nous  constatâmes  une  diff'érence  évidente  daos 
les  diamètres.  Nous  mêlâmes  les  deux  espèces  de  sang  et  nous  pûmes  très  fiicile- 
ment  distinguer  les  globules  de  bœuf  plus  petits  des  globules  d'homme  plus  grands. 
Alors  nous  commençâmes  Texamen  du  corps  de  délit.  On  ramollit  quelques  fils 
imbit>és  de  sang  au  moyen  d*huile  pure  et  on  les  soumit  au  microscope  ;  mais  aus^ 
sitôt,  parmi  les  obsenbteurs  présents,  il  y  eut  des  incertitudes  et  des  différences 
d'opinion,  parce  que  la  forme  des  globules  n'était  pas  bien  distincte.  Le  sang  da- 
tait de  six  semaines  si  cela  était  du  sang  de  vache,  et  de  trois  semaines  si  c*é(ait 
du  sang  d'homme  ;  de  toutes  manières  il  était  assez  vieux  pour  que  les  globules  en 
fussent  diflicUement  appréciés.  M.  Schmidt  prétend  que  le  volume  des  globules 
reste  le  même  quand  ils  sont  secs.  Pour  juger  cette  théorie,  nous  fîmes  une  contre- 
épreuve  :  sur  le  même  pantalon  de  toile  on  fit  une  tache  de  sang  d'homme  frais  et 
une  tache  de  sang  de  bœuf  frais,  nous  les  laissâmes  sécher  dans  les  mêmes  condi- 
tions. Huit  jours  après  nous  examinâmes  au  microscope  la  toile  ramollie  avec  la 
même  huile,  nous  regardâmes  d'abord  chaque  tache  isolément,  puis  les  deux  espèces 
de  sang  mêlées.  Le  résultat  fut  que,  quoique  le  sang  sec  d'homme  fût  plus  semblable 
a  celui  àm  corps  du  délit,  les  globules  étaient  trop  modifiés  par  la  contraction  pour 
que  Ton  pût  en  tirer  une  conclusion  infaillible  (l).»  ^ 

Ainsi  nous  ne  pouvions  conclure  autrement  que  :  «  on  ne  peut  pas  distinguer  avec 
certitude  si  la  tache  de  sang  trouvé  sur  le  pantalon  de  l'accusé  provient  d'un  homme 
ou  d'une  vache.  » 

(1)  Briicko  a  donné  autti  ton  avis  sur  riucertitudo  de  la  micrographio  dans  Télude  du  aaiif 
sëchd. 


EXAMEN  CHIMIQUE  DES  TACHES   DE   SANG.  117 

« 

Obs.  57.  —  Déiermintr  s*t[  y  a  du  sang  d' homme j  de  bœuf  ou  de  mouton. 

Sur  l'assassin  dont  nous  parlerons  à  l'obs.  2S2,  on  trouva  de  légères  taches  de 
sanf  aux  manebes  et  aux  poignets  de  la  chemise.  Comme  la  femme  étranglée,  pro- 
bablanent  par  lui,  avait  saigné  du  nez,  ces  taches  parurent  suspectes.  Il  déclara 
que,  le  lendemain,  il  avait  aidé  un  boucher  à  tuer  un  bœuf,  deux  moutons  et  un 
veau,  et  que  le  sang  avait  jailli  sur  lui  pendant  cette  opération.  Cette  déclaration 
fut  reconnue  exacte  ;  c'est  pourquoi  nous  eûmes  à  examiner  ce  sang  afin  de  déter- 
miner  s'il  provenait  d'une  femme  ou  d'un  animal. 

Nofu  reçûmes  la  chemise  quinze  jours  après  le  fiut  ;  elle  était  enveloppée , 
serrée  dans  un  paquet  et  n'avait  que  des  taches  insignifiantes.  On  ne  pouvait 
douter  qu'elle  avait  été  lavée  et  frottée ,  de  sorte  que  l'on  pouvait  supposer  à 
priori  une  destruction  des  globules.  Néanmoins  la  tache  la  plus  grande  était  con- 
lerrèe,  on  en  mouilla  certaines  parties  avec  de  la  salive  examinée  d'avance  au  mi- 
croscope et  ne  contenant  pas  de  sang.  Le  microscope  qui  fut  employé  fut  le  mémo 
que  dans  le  cas  précédent,  et  nous  examinâmes  avec  l'assistance  de  M.  Dubois - 
laymond,  dont  le  nom  est  une  autorité  suflQsante  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur 
le  résultat.  Malheureusement  nous  ne  pûmes  reconnaître  même  la  forme  des  glo- 
bales de  sang,  et,  par  conséquent,  il  était  impossible  de  dire  si  l'on  avait  affaire  à 
du  sang  d'homme  ou  à  du  sang  de  mammifère.  Les  contre-épreuves  étaient  super- 
Inès  et  on  dut  déclarer  aux  juges  que  le  diagnostic  n'était  plus  possible. 


S  6.  —  *«^— ^-  tthîmiqaa  dos  taobos  do  sang  sur  les  îasImmoBti • 

La  méthode  employée  par  Henri  Rose  (loc.  cit.)  est  celle  que  je 
trouve  la  meilleure  et  que  j'emploie  toujours.  Voici  comment  il  agit 
qund  il  a  affaire  à  une  tâche  qui  peut,  être  facilement  séparée  de 
rinstroment  sans  entraîner  de  débris  de  matières  étrangères  :  On 
inet  le  sang  sec  en  contact  avec  de  l'eau  distillée  pendant  longtemps, 
sans  mtemiption  ;  on  décaifle  de  temps  en  temps  la  liqueur,  afin 
<l*eQ  retirer  la  fihrine  non  soluble  à  mesure  qu'elle  est  débarrassée 
des  globales  rouges.  Le  microscope  permet  de  reconnaître  très  bien 
celte  fibrine,  et  on  peut  la  comparer  très  facilement  avec  de  la 
fibrine  obtenue  de  la  même  manière  avec  du  sang  frais.  La  solution 
aqueuse  rouge  est  traitée  par  des  réactifs.  Quand  on  y  ajoute  de  l'eau 
chlororée  en  assez  grande  quantité  pour  que  la  liqueur  en  exhale 
'odeur,  la  couleur  rouge  disparaît  et  il  se  dépose  des  flocons  blancs 
qoi  surnagent  à  la  surface.  Tandis  que  si,  dans  une  partie  de  la 


118  PARTIE   THÀNATOLOCTQUE. 

liqueur  encore  rouge,  on  ajoute  de  Tacide  azolique,  il  se  fait  un  dépôt 
gris  blanc,  et  si  dans  une  autre  partie  on  met  de  la  teinture  de  galle, 
il  se  fait  un  dépôt  violet.  Mais  lorsque  la  solution  rouge  est  chauffée 
jusqu'à  l'ébuUition,  il  s'y  forme  une  coagulation  plus  ou  moins  épaisse 
selon  la  quantité  de  coloration  rouge  qui  se  trouve  dans  la  liqueur  ; 
lorsque  la  solution  n'a  qu'une  teinte  très  claire,  il  ne  se  fait  qu'une 
simple  opalisatiou.  La  couleur  des  flocons  est  d'un  rouge  sale.  Ils  se 
dissolvent  facilement  par  une  dissolution  de  potasse  chauffée  ;  la 
couleur  de  cette  dissolution  est  plus  ou  moins  verte,  mais  elle  i^re 
la  particularité  que,  vue  par  réflexion,  elle  est  verte,  tandis  que,  vue 
par  réfraction,  elle  est  rouge,  ce  que  l'on  reconnaît  très  bien  au 
moyen  d'une  éprouvette  blanche.  C'est  le  dichroïsme  de  la  matiélre 
colorante  du  sang  que  Berzelius,  Lehmann  et  Brûcke  (1)  ont  décrit. 

Si  l'on  n'a  qu'une  très  petite  quantité  de  sang,  par  exemple,  si 
Ton  n'a  traité  qu'une  petite  tache  de  sang  avec  l'eau,  on  ne  peut  pas 
avoir  recours  à  toutes  ces  réactions.  H.  Rose  recommande  de  faire 
bouillir  la  petite  solution  rouge  concentrée  et  de  la  traiter  avec  une 
solution  de  potasse.  Si  alors  on  a  obtenu  les  phénomènes  décrits 
(dichroïsme),  on  peut  mêler  ce  fluide  alcalin  avec  de  l'ean  chlorurée 
concentrée  en  excès;  il  se  dépose  des  flocons  blancs.  Ou  bien 
on  peut  n'employer  que  la  moitié  de  la  solution  alcaline  pour 
en  saturer  l'autre  à  moitié  par  l'acide  azotique,  et  obtenir  le  dépôt 
blanc  gris  ci-dessus  cité. 

11  en  est  autrement  lorsque  les  poussières  de  sang  se  trouvent 
mêlées  avec  des  matières  étrangères  ;  alors  il  peut  être  très  difficile 
de  traiter  chimiquement  le  sang  séché  sur  du  fer  ou  des  instruments 
de  toute  sorte,  car  une  grande  partie  de  ces  réactions  est  due  à  la 
présence  de  l'ammoniaque  dans  le  sang.  Yauquelin,  le  premier, 
a  observé  que  la  rouille  de  fer  qui  se  forme  dans  l'intérieur  des  mai- 
sons habitées  contient  de  l'ammoniaque;  celte  observation  a  été 
confirmée  par  Chevallier,  Austin  et  Boussingault. 

(1)  Brûcke  recommande  {toc,  cit.),  pour  reconnaître  le  dichroïsme  du  sang,  une 
méthode  encore  plus  brève  que  ceUe  qu'emploie  H.  Rose, 


EXAMEN  CHIMIQUE  DES  TACHES   DE   SANG.  119 

D'après  cela,  H.  Rose  remarque  avec  raison  que  s'il  se  dégage  de 
1* ammoniaque  dans  une  liqueur  provenant  du  grattage  d'un  instru- 
ment de  fer  et  chauffé  jusqu'à  l'ébullition,  cela  ne  peut  pas  prouver 
la  présence  du  sang  que  l'on  soupçonnait  y  être.  Lorsque,  par  une 
chaleur  peu  intense  dans  une  éprouvette  sèche,  l'ammoniaque  est 
éloignée  de  la  rouille  grattée  sur  le  métal,  il  fafut,  si  cette  rouille 
contenait  du  sang  même  en  très  faible  quantité,  que  par  une  chaleur 
plus  grande,  l'odeur  comme  empyreumatique  qui  s'exhale  par  la  car- 
bonisation de  toute  matière  albumineuse,  soit  perçue,  et  on  verra,  à  la 
partie  de  Téprouvette  non  chauffée,  se  déposer  l'huile  empyreuma- 
tique brune  et  fétide. 

Un  moyen  encore  plus  sâr  de  distinguer  le  sang  de  la  rouille,  c'est, 
après  avoir  fondu  une  petite  quantité  de  rouille  avec  un  volume  à  peu 
près  égal  de  potasse,  ou  mieux  de  soude,  dans  une  petite  éprouvette 
de  verre,  de  refroidir  la  masse  avec  de  l'eau,  puis  de  filtrer  la  solu- 
tion, de  mêler  avec  une  petite  quantité  d'une  solution  de  fer 
contenant  de  l'oxyde  de  fer  et  de  sursaturer  avec  de  l'acide  muria- 
tique.  S'il  y  avait  du  sang,  il  restera  une  quantité  plus  ou  moins 
grande  de  bleu  de  Prusse  qui  se  dépose,  dont  la  couleur  ne  paraîtra 
lerte  que  si  la  quantité  de  solution  ajoutée  a  été  trop  grande.  Rose 
assure,  et  l'on  peut  bien  s'en  rapporter  à  l'affirmation  d'un  tel  auteur, 
qoe  par  cette  nouvelle  méthode  le  sang  est  reconnu  avec  sûreté  dans 
de  la  rouille,  même  s'il  ne  s'en  trouve  qu'en  très  petite  quantité.  Il 
lait  observer  que  ces  phénomènes  peuvent  être  produits  par  toute 
matière  azotique  sans  qu*il  soit  besoin  du  sang  ;  cependant,  lorsque 
b  rouille  est  produite  seulement  par  l'oxydation  du  fer  à  l'air  hu- 
nùde,ces  phénomènes  ne  se  montreront  certainement  pas  (1).  Quant 
9QX  recherches  des  taches  de  sang  sur  d'autres  objets,  surtout  sur 
les  étoffes,  voir  plus  bas. 

(I)  Quant  aux  expériences  de  H.  Rose  sur  le  mélange  d'oxyde  de  fer  hydraté  et 
^ttnf,  liafi  qu6  sur  la  recherche  du  sang  sur  un  objet  qui  est  resté  sur  un  terrain 
nebe  d'I^nnine,  voir  son  Mémoire  important  ci-dessus  cité. 


4*20  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

§7.— Proeédé  du  meortrier  dans  l'ezéeulîon  du  crime. 

D'après  les  dispositions  légales  citées  plus  haut,  les  experts  doi- 
vent déclarer  si  :  <  les  blessures  ont  pu  être  produites  par  les 
instruments  présentés,  et  si  Ton  peut,  par  la  position  et  Tétat  de  la 
blessure,  juger  le  procédé  et  la  force  qu'a  employés  vraiseaiblable- 
ment  le  coupable.  » 

Ordinairement  la  réponse  à  celte  question  n'est  pas  très  difficile, 
si  Ton  veut  se  rappeler  les  effets  différents  que  produisent  les  diffé- 
rents instruments  tranchants,  piquants,  contondants,  etc.,  surtout 
lorsqu'il  s'agit  de  répondre  à  celte  question  :  Telle  blessure  a-t-elle 
pu  être  produite  par  tel  instrument?  Quand  on  a  devant  soi  un 
crâne  fracturé  et  une  hache  ou  un  marteau,  on  n'hésite  pas  à  ré- 
pondre oui. 

Hais  il  arrive  souvent  que  le  juge  d'instniction  va  plus  loin,  sur- 
tout si  l'accusé  nie  obstinément  ou  si  les  circonstances  sont  dou- 
teuses; il  demande  alors  au  médecin  :  Les  blessures  ont-elles  été 
produites  par  cet  instrument?  Il  est  certain  que  dans  beaucoup  de 
cas  on  ne  peut  pas  répondre  positivement  h  cette  question,  car  la 
blessure  mortelle  a  pu  évidemment  être  produite  aussi  bien  avec  la 
hache  A  qu'avec  la  hache  B,  aussi  bien  avec  le  couteau  qui  s'applique 
sur  la  blessure  qu'avec  tout  autre  couteau  de  même  dimension.  Afin 
de  ne  pas  s'engager  dès  le  commencement,  car  l'instruction  ulté- 
rieure fait  souvent  surgir  des  faits  nouveaux  et  inattendus,  il  est 
bon  d'avoir  la  précaution  de  dire  que  les  blessures  ont  pu  être  pro- 
duites avec  cet  instrument  et  qu'elles  l'ont  été  avec  celui-là  ou  un 
instrument  semblable. 

Une  réponse  négative  est  plus  facile  h  donner  ordinairement,  c'est- 
à-dire  que  le  médecin  peut,  dans  la  plupart  des  cas,  déclarer  que  la 
blessure  n'a  pas  pu  être  produite  et  n'a  pas  été  produite  avec  l'instru- 
ment présenté,  et  cette  déclaration  est  dans  beaucoup  de  cas  d'une 
très  grande  importance  pour  la  justice,  car  elle  i^eut  faire  rejeter  les 
mensonges  de  l'accusé,  comme  dans  d'autres  cas  elle  le  protège 


PROCÉDÉ   DU  MEURTRIER  DANS   l'exécution   DU  CRIME.       121 

lorsqu*!!  est  dénoncé  et  accusé  d'avoir  blessé  un  homme  d'une  ma- 
nière que  le  médecin  juge  impossible. 

Quelquefois,  dans  des  rixes  auxquelles  ont  participé  plusieurs  per- 
sonnes, il  y  a  plusieurs  individus  accusés  d'avoir  commis  le  même 
meurtre.  A  s'est  servi  de  l'instrument  X,  B  de  l'instrument  Z,  etc., 
et  il  s'agit  de  déterminer  quel  est  celui  qui  a  causé  la  mort.  Dans 
cette  circonstance  la  justice  se  repose  presque  entièrement  sur  l'ex- 
pertise du  médecin.  Nous  rapporterons  plus  bas  beaucoup  de  cas 
très  intéressants,  qui  montreront  des  exemples  d'affaires  semblables. 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile,  en  général,  c'est  de  répondre  A  la 
dernière  partie  de  la  question  :  Si  par  la  position  et  la  grandeur  des 
blessures  on  peut  conclure  quelle  a  été  la  manière  de  procéder  du 
coupable,  ainsi  que  l'intention  et  la  force  qu'il  a  employées.  C*est 
justement  dans  les  causes  capitales  de  meurtre  et  d'assassinat  que 
cette  question  est  toujours  posée,  car  presque  toujours  l'accusé  nie» 
Il  dit  n'avoir  pas  attaqué  la  victime  au  lit,  ou  bien  ne  pas  l'avoir  reil»* 
Tersée,  ne  pas  l'avoir  frappée,  au  contraire  elle  s'est  jetée  elle-même 
sur  le  couteau  dont  il  }g  menaçait.  La  direction  des  blessures,  leur 
largeur,  leur  profondeur,  leur  nombre,  la  comparaison  avec  les  in- 
struments présentés,  peuvent  souvent  donner  la  contre-preuve  évidente 
de  la  manière  d'agir  de  l'accusé,  comme  nous  le  prouverons  plus 
bas.  Avec  un  peu  d'expérience  on  ne  se  trompera  pas.  Toutes  ces 
affaires  sont  jugées  devant  des  jurés  qui  se  font  eux-mêmes  une  opi- 
nion sur  la  manière  de  procéder  du  coupable,  et  cette  opinion  est 
très  bien  à  la  portée  des  laïques. 

Obs.  58.  —  Violences  mortèllei  attribuées  à  des  soufflets,  Rupture  du  foie. 

Le  25  novembre  18...,  à  midi/les  habitants  d*une  maison  entendirent  du  bruit 
te  le  logement  du  sieur  R...;  ils  distinguèrent  la  voix  d'une  femme  en  colère  et 
les  pUintas  et  les  prières  d'un  enfant ,  puis  un  gros  soupir,  le  bruit  d'un  corps 
ieténrle  plancher,  et  les  mots  «  Lave-toi  »,  enfln  un  cri  rauque  et  un  râle. 

En  pénétrant  dans  la  chambre,  on  trouva  1^  bonne  de  R  ..  avec  la  fille  de  celui-ci, 
^|éede  dix  ans  (qui  venait  de  sortir  de  Técole)  ;  la  femme  était  dans  une  violente 
colère,  l'enfant  gisait  à  ses.  pieds,  la  figure  couverte  de  sang,  les  cheveux  en 
désordre.  La  femme  fut  arrêtée  et  déclara  jusqu'à  la  fin  de  rinstruction,  qu'elle 
n'mit  donné  à  l'enfant  que  deux  soufflets  et  encore  par-dessus  son  chapeau  de 


122  PARTIE  THANAT0L06IQUB. 

paille,  qu'alors  elle  s'est  jetée  par  terre  par  méchanceté,  et  que,  relevée  par  elle, 
elle  s'y  rejeta  de  nouveau  ;  niant  obstinément  toute  autre  violence.  On  trouva  sur 
le  plancher  et  au  bas  des  meubles  des  traces  de  sang. 

A  notre  exploration,  nous  trouvâmes,  outre  des  écorchures  nombreuses,  qua- 
rante ecchymoses  assez  grandes  à  la  tète,  au  tronc  et  aux  extrémités  ;  de  plus,  \e% 
deux  yeux,  le  nés,  les  lèvres,  les  deux  oreilles  étaient  tuméfiés.  Les  fesaes  étaient 
couvertes  d'ecchymoses  bleuâtres.  Sur  le  ventre  il  n'y  avait  rien.  Le  cerveau  était 
hypérémique,  au  milieu  de  l'hémisphère  gauche  une  extravasation  de  sang  foncé  de 
2  grammes  et  une  autre  de  6  grammes  à  la  base  du  crâne.  Le  cervelet,  ainsi  que 
tous  les  sinus,  étaient  hypérémiques.  Le  cœur  et  les  poumons  contenaient  peu  de 
sang  ;  la  trachée-artère  avait  dans  son  intérieur  un  peu  de  mucus  rouge  foncé  ;  Is 
cavité  abdominale  contenait  500  grammes  de  sang  foncé  liquide  ;  le  foie  était  dé- 
chiré, ce  qui  avait  donné  lieu  à  l'hémorrhagie.  La  déchirure  avait  8  centimètres 
de  longueur  entre  le  lobe  droit  et  le  lobe  gauche  et  traversait  toute  la  sub- 
stance. 

Il  fallut  admettre  que  la  mort  était  survenue  par  hémorrhagie  interne  produite 
parla  rupture  du  foie;  mais  il  ne  pouvait  pas  être  douteux  que  celte  rupture  n'avsit 
été  causée  que  par  une  violence  extérieure,  car  le  foie  ne  peut  pas  rompre, 
quand  il  est  sain,  sans  une  violence  extérieure.  La  manière  dont  la  violence  avait 
4té  exercée  ne  pouvait  pas  être  déterminée  par  la  seule  ouverture  du  cadavre.  On 
pouvait  seulement  assurer  que  de  simples  soufflets  n'avaient  pas  pu  tuer  Tenfant  de 
cette  manière.  Il  était  également  évident  que  l'hémorrhagie  du  cerveau  qui,  par 
elle-même,  pouvait  amener  la  mort,  n'était  pas  le  résultat  d'une  cause  interne, ear 
l'enfant,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  était  revenue  très  bien  portante  de  Técole,  et 
des  hémorrhagies  du  cerveau  n'ont  pas  lieu  subitement  à  cet  âge  et  dans  ces  cir- 
constances. Il  était  également  certain  que  les  nombreuses  lésions  extérieures  ne 
provenaient  pas  de  la  seule  chute  de  l'enfant  par  terre  ;  ajoutes  que  l'on  trouva  plus 
tard  les  boucles  d'oreille  de  l'enfant,  brisées  et  dispersées  dans  la  chambre.  L'ac- 
cusée fut  déclarée  coupable  et  condamnée  à  vingt  ans  de  travaux  forcés. 

Obs.  59.  —  Coups  dans  le  ventre  regardés  comme  cause  de  la  mort, 

H«..  et  R...  buvaient  ensemble  dans  une  auberge,  lorsqu'ils  commencèrent  à  se 
disputer.  Puis  ils  sortirent  ensemble  et  marchèrent  à  un  quart  de  lieue  de  la  ville 
dans  laquelle  R...  devait  entrer  en  service.  Il  était  tout  à  fait  ivre  ;  il  déclara  plus 
tard  être  tombé  à  cet  endroit  par  terre  et  avoir  reçu  de  H...  beaucoup  de  coups 
de  pied  dans  le  ventre;  ce  que  naturellement  H...  a  nié.  Uu  quart  d'heure  plus 
tard,  le  maître  de  R...  le  vit  «  et  n'observa  dans  sa  démarche  rien  qui  pût  lui  faire 
croire  qu'il  était  ivre.  »  R...  se  plaignit  bientôt  des  douleurs  violentes  dans  le 
ventre,  il  passa  la  nuit  dans  le  grenier  d'une  maison  dont  le  propriétaire  déclara 
l'avoir  vu  •  très  ivre.  »  Cependant  il  avait  grimpé  sur  une  échelle  de  six  à  huit  échelons 
sans  aucun  secours.  Ses  douleurs  devenant  plus  intenses,  on  le  transporta  le  lende- 
main dans  un  hôpital  où  il  arriva  à  midi.  On  constata  :  <f  une  forte  contusion  des 
parois  du  ventre  et  des  organes  internes  »,  ce  qu'indiquent  une  grande  sensibiliié, 


PROCÉDÉ   DU  HEURTRIER  DANS  L'EXÉCUTION   DU  GRIME.      128 

•  un  frond  gonflement  du  ventre  et  beaucoup  d'inquiétude.  Le  soir  les  symp- 

■  ttaeit  s'aggravèrent  et  les  vomissements  et  la  fluctuation  dans  le  ventre  mon- 

■  trèrent  évidemment  (??)  une  rupture  interne  produite  par  une  violence  exté- 
>  rieure.  •  Au  bout  de  quarante-huit  heures  la  mort  arriva. 

Cet  homme,  ftgé  de  cinquante  ans,  ne  présentait  à  Textérieur  que  de  fraîches 
cieatrieesde  sangsues;  outre  cela,  rien  d'anormal.  A  l'intérieur,  le  péritoine  était 
vivement  enflammé  dans  toute  son  étendue,  tuméflé  et  couvert  de  pus.  Dans  la  ca- 
vité il  y  avait  350  grammes  de  pus  liquide  ;  Tépiploon  enflammé  était  couvert  de 
pus.  Let  intestins  et  l'estomac  étaient  enflammés  à  plusieurs  endroits  adhérents  au 
péritoine  par  des  exsudations  de  pus.  Dans  la  plèvre  gauche  il  y  avait  100  grammes 
de  sang  liquide.  Le  poumon  gauche  était  enflammé  à  son  lobe  inférieur,  le  poumon 
droit  également.  Mous  passerons  sur  les  autres  résultats  insigniflants.  Ce  cas  était 
très  difliclle.  Je  crois  utile  de  communiquer  en  détail  le  rapport  que  j'en  donnai. 

Après  avoir  dit  les  causes  pouvant  produire  une  péritonite  et  avoir  mentionné 

les  violences  sur  le  ventre,  telles  que  les  coups  de  pied,  je  disais  :  «  Les  suites 

ordlmiires  des  coups  de  pied  sont  ecchymoses  sur  les  parties  frappées,  contusion, 

paralysie,  roptm^  des  organes  internes  environnants,  c'est  ce  que  le  médecin 

liaitant  de  la  Charité  a  admis  par  erreur  dans  ce  cas.  Ces  suites  seront  d'autant  plus 

évideotea  et  d'autant  plus  graves  que  les  coups  auront  été  plus  violents.  Le  décédé, 

f après  sea  dépositions,  n'a  pas  été  frappé  étant  debout,  mais  étant  couché  et  de 

ksat  en  bas,  ee  qui  suppose  une  force  violente.  Ordinairement,  une  telle  violence 

edérienre  produit  des  ecchymoses  sur  les  téguments,  et  on  devait  d'autant  plus  s'y 

Meodre  dans  ce  cas  où  elle  a  produit  une  péritonite  immédiate  qui  a  amené  la 

lort  en  si  peu  de  temps.  Cependant  à  l'autopsie  nous  n'avons  trouvé  à  l'extérieur 

les  signes  d'aucune  violence.  De  plus,  B...  dit  avoir  vu  le  décédé  un  quart  d'heure 

apfès  la  Tiolence,  ne  présentant  aucune  blessure  et  ne  trahissant  aucune  douleur 

par  ta  démarche,  ee  qui  devrait  fiiire  supposer  une  énergie  rare  de  la  part  de  R..., 

ûnii  que  la  fiieilité  avec  laquelle  fl  a  monté  sans  secours  six  ou  huit  échelons  d'une 

échelle  menant  au  grenier. 

>  Roo'seulement  l'autopsie  et  les  aotes  ne  montrent  rien  qui  puisse  prouver  que 
la  péritonite  a  été  produite  par  des  violences  extérieures,  mais  encore  on  peut  ex- 
pHqser  par  bien  d'autres  raisons  l'existence  de  cette  maladie.  On  ne  dit  rien  de 
linnté  antérieure  de  R...  avant  le  7  du  mois,  on  ne  peut  donc  pas  conclure  que 
le  décédé  n'avait  pas  d'avance  des  symptômes  qui  paraissent  inaperçus  pour  des 
ÎBdiTidns  de  sa  classe  ;  il  a  pu  avoir  des  coliques,  de  la  diarrhée,  des  douleurs  pas- 
■Hères  dans  le  ventre,  de  la  sensibilité  au  toucher,  qui  souvent  sont  les  précurseurs 
de  U  péritonite  et  qui  deviennent  une  maladie  grave  par  manque  de  soins  et, 
"vtoot,  si  on  y  ajoute  les  circonstances  défovorables  qui  n'ont  pas  manqué  au  dé- 
cédé. Ob  peut  supposer  à  priori  que  R. ..,  en  buvant  de  la  bière  et  de  l'eau-de-vie 
et  MM  querellant  avec  l'accusé,  a  surexcité  son  système  nerveux  et  vasculaire,  et 
c'est  même  prouvé  par  les  actes,  car  le  maître  de  l'auberge  a  déposé  l'avoir  vu  dans 
■n  état  de  grande  surexcitation. 

■L'accusé  prétend  que  R*.  était  complètement  ivre,  mais  ce  témoignage  est  peu 
dipiede  eonflanee;  le  témoin  Vidons  dit  que  «  il  était  très  ivre  et  exhalait  une 


12i  PAnTIE   THANATOLOGIQUE. 

odeur  d*eau-de-vîe  très  prononcée.  »  On  peut  donc  considérer  que  R...  était  dans 
un  grand  état  d'échauffement  et  de  surexcitation.  Dans  cet  état,  le  décédé  fit  la 
route  assez  longue  jusqu'à  M...  à  pied.  Il  est  probable  que  dans  cette  course  la 
maladie  est  survenue,  ou  bien ,  s'il  en  existait  les  germes,  a  fait  de  grands  pro- 
grès. Les  mauvais  traitements  que  Taccusé  avoue,  le  coup  de  pied  qui  lui  a  été 
donné  pour  le  faire  relever  n*ont  pu  qu'avoir  une  influence  fâcheuse.  Le  décédé 
après  cette  scène  se  plaint  de  grandes  douleurs  dans  le  ventre.  Dans  cet  état  il 
passe  la  nuit  dans  un  grenier  sans  secours,  et  il  devait  avoir  certainement  déjà  une 
vive  inflammation  qui,  si  elle  avait  été  traitée  énergiquement  par  les  anUphlogis- 
tiques,  aurait  peut-être  cédé,  et  qui,  abandonnée  toute  une  nuit,  a  dû  tout  de  suite 
devenir  très  grave. 

»  D*après  tout  ce  qui  précède,  on  voit  qu'une  péritonite  pouvait  naître  et  avoir  une 
fln  funeste  sans  les  violences  en  question  ;  mais  l'attestation  des  médecins  de  l'bd- 
pital  semble  être  contraire  à  nos  déductions.  On  y  voit  que  sur  le  ventre  «  il  y  avait 
une  forte  contusion,  surtout  des  organes  internes.  »  Nous  sommes  fâché  de  ne 
rien  trouver  de  plus  clair  dans  cette  attestation  si  importante.  Si  le  mot  contusion 
signifie  ecchymose,  il  eût  été  facile  de  décrire  l'état  des  téguments  ;  mais  nous 
nous  croyons  en  droit  d'admettre  que,  lors  de  la  réception  de  l'homme  à  l'hôpital, 
il  n'y  avait  aucune  trace  extérieure,  car  on  ne  peut  pas  admettre  qu'une  •  forte  > 
ecchymose  ait  disparu  en  vingt-quatre  heures.  Mous  croyons  d'autant  plus  qu'il 
n'était  pas  question  d'ecchymose,  que  l'on  scoute  :  «  surtout  les  organes  internes.  » 

»  Les  autres  symptômes  décrits  indiquent  une  péritonite  qui  était  évidente.  Ce  que 
l'on  a  trouvé  à  l'autopsie  dans  la  cavité  thoracique  est  de  peu  d'importance,  puisque 
.  l'on  doit  admettre  que  l'inflammation  de  la  poitrine  a  été  la  suite  de  la  péritonite 
aiguë.  » 

De  là  nous  conclûmes  que  :  quoiqu'il  ne  soit  pas  impossible ,  il  n'est  pas  probable 
que  la  péritonite  mortelle  ait  été  la  suite  d'une  violence  extérieure. 

Qui  aurait  pu,  en  eCTet,  déclarer  l'accusé  coupable  d'avoir  causé  la  mort  ? 

Obs.  60.  —  Coups  de  fouet  et  coups  de  pied  ayant  soi-disant  amené  la  mort. 

Ce  cas  est  analogue  au  précédent.  Le  17  mai  18...»  par  une  chaleur  de  plus  de 
20  degrés  Réaumur,  à  midi,  l'employé  de  chemin  de  ier  Gl...,  connu  comme 
s'adonnant  aux  boissons,  avait  été  vu  ivre  et  chancelant  dans  la  campagne  ;  quel- 
que temps  après  il  se  coucha  par  terre.  Après  dix  minutes  il  se  leva  et  alla  dans 
un  champ  de  seigle  où  il  se  coucha  de  nouveau.  Après  une  heure  et  demie,  P... 
et  A..«  passèrent  dans  une  voiture  sur  le  chemin  bordant  ce  champ  et  le  virent 
couché  sur  le  dos,  de  sorte  que  les  rayons  du  soleil  brûlant  lui  donnaient  dans  la 
figure  qui  était  «  très  brune.  »  On  essaya  de  le  lever,  mais  il  était  presque  sans 
connaissance;  il  fit  deux  à  trois  pas  et  retomba.  Là-dessus  P...  lui  donna  quelques 
coups  avec  le  manche  de  son  fouet  et  aussi  quelques  coups  de  pied  que  plusieurs 
témoins  disent  avoir  été  insignifiants,  tandis  qu'un  garçon  parle  de  six  coups  de 
fouet  très  violents  et  de  plusieurs  grands  coups  de  pied.  P..  •  ne  réussit  pas  à  réveil- 
ler l'individu  qu'il  crut  ivre-mort,  il  le  laissa  en  couvrant  sa  figure  pour  le  pro- 


PROCÉDÉ  DU   MEURTRIER  DAÎIS   L'EXÉCUTION   DU   CRIME.      125 

léger  contre  les  rayons  ardents  du  soleil.  Bientôt  après  il  Ait  trouvé  par  un 
traisiéiBe  passant,  Z...,  qui  le  trouva  «  sans  connaissance;  »  il  ne  répondit  pas, 
mais  grogna,  fit  quelques  mouvements  avec  la  main  et  dit  enfin  clairement  :  «  Je 
viendrai  bienlét.  »  Mais  Z...  ne  put  le  faire  bouger  de  sa  place,  et  quelques  instants 
après  Gl. . .  fut  trouvé  mort. 

Les  violences  avaient-elles  causé  à  elles  seules  la  mort  ou  l'avaient-elles 
aidée? 

A  raulopsie,la  figure  du  cadavre  était  assez  rouge,  surtout  les  deux  joues  et  les 
oreilles  étaient  d'un  rouge  bleu  foncé.  Au  bras  droit  plusieurs  ecchymoses,  depuis 
la  grandeur  d'un  petit  pois  jusqu'à  celle  d'un  franc.  Au  bras  gauche  il  y  en  avait  do 
plus  petites.  Lorsque  nous  ouvrîmes  le  crâne,  nous  vîmes  une  congestion  apoplec- 
tique très  considérable  qui  avait  évidemment  amené  la  mort.  La  moelle  épinière 
était  normale.  Les  deux  poumons  étaient  gorgés  d*un  sang  foncé  et  épais.  Le  foie 
était  gris  comme  cela  arrive  si  souvent  ches  les  ivrognes.  Les  autres  résultats  de 
Tautopsie  n'étaient  pas  importants. 

Dans  le  rapport,  nous  expliquâmes  que  l'autopsie,  en  montrant  qu'il  y  avait  con- 

gestion  apoplectique,  expliquait  parfaitement  la  coloration  «r  noire  »  de  sa  figure, 

«  son  manque  de  connaissance  »  et  ses  «  grognements  ».  Mous  déclarâmes  que 

cette  apoplexie  avait  été  causée  par  Tivresse,  la  chaleur  intense  et  l'effet  des  rayons 

krùlants  du  soleil  dardant  sur  la  tèlë.  Il  était  très  vraisemblable  que  la  congestion 

irait  déjà  eu  lieu  lorsque  les  accusés  l'attaquèrent  ;  les  témoins  ont  déposé  que  les 

noleoeta  n'étaient  pas  importantes,  et  des  coups  de  manche  de  fouet  sur  les 

épaules,  le  dos,  les  fesses,  des  coups  de  pied,  ne  pouvaient  pas,  comme  l'autopsie 

Ta  confirmé,  élre  asses  graves  pour  amener  la  mort.  11  fut  admis  alors  que  les 

^ioieoces  n'avaient  été  pour  rien  dans  la  mort. 

Obs.  61.  —  Coups  morlels.  Déterminer  s'ils  ont  été  seulement  portés  avec 

la  main. 

Le  21  septembre  18...,  on  trouva  dans  un  bois  un  enfant  mort  couché  dans  un 
pinier,  le  corps  portait  des  traces  de  violences  extérieures.  11  fut  reconnu  comme 
reofantde  la  femme  du  tisserand  Pohlmann. 

Cet  enfiint  légitime,  ayant  vingt  et  un  mois,  n'avait  jamais  été  aimé  par  sa  mère, 
^iprès  ce  que  rapportaient  les  témoins.  Il  avait  été  souvent  laissé  sans  nourriture 
^  M  l'avait  vu  avaler  avec  avidité  des  épluchures  de  pommes  de  terre  ;  sa  mère 
ûtlMunaine  l'avait  souvent  firappé  de  la  manière  la  plus  révoltante.  Les  témoins  assu- 
'^Kat  que  les  époux  Pohlmann  avaient  souvent  enfermé  l'enfant  dans  une  chambre 
^  ik  ewsient  eu  soin  d^hUroâuire  une  grande  quantité  de  guêpes  ! 

lise  scène  affreuse  eut  lieu  le  23  septembre,  peu  de  temps  avant  la  mort  de 
^'eobot,  dans  la  maison  d'un  voisin  dont  le  fils,  âgé  de  quinxe  ans,  dépose  en  ces 

bennes  :  «  A  huit  heures  du  soir,  la  femme  P...  vint  chez  nous  chercher  son  enfant  ; 

^  l'aperçut  qu'il  s'était  sali,  elle  le  saisit  par  le  bras  et  lui  ordonna  de  se  lever  ; 

*^0Buie  l'enfant  ne  le  fit  pas,  elle  le  jeta  a  une  distance  d'un  mètre  et  demi  et  le 

P^^Qua  plusieurs  fois  avec  le  pied,  de  sorte  qu'il  roula  jusqu'au  milieu  de  la  cham- 


120  PAUTUE  THAliAT0L0GlQU6« 

bre  ;  puia  elle  le  saisit  par  la  tête  avec  les  deux  mains  et  le  poussa  à  cinq  repriief 
différentes  le  front  contre  le  plancher.  'Enfin  elle  lui  donna  encore  des  coups  m- 
lents  dans  le  cou,  dans  le  dos  et  sur  les  fesses  ;  Tenfant  était  abattu,  ne  pouvait 
crier,  mais  soupirait.  Alors  elle  le  prit  par  la  main  et  s'en  alla  avec  lui  en  disant  : 
«  Si  tu  ne  veux  pas  courir,  je  te  battrai  jusqu'à  la  mort.  » 

L'accusée  prétend  n'avoir  donné  à  l'enfant  que  «  quelques  coups  sur  les  fesses  », 
être  retournée  chez  elle  avec  lui  et  l'avoir  de  temps  en  temps  porté  parce  qu'il 
était  fatigué.  Arrivée  chea  elle,  l'enfant  refusa  de  manger  ;  alors  elle  lui  avait  donné 
avec  la  main  un  coup  qu'elle  destinait  à  la  fesse,  mais  que,  malgré  elle,  elle  avait 
donné  dans  le  côté  gauche.  «  Je  ne  lui  ai  donné,  disait-elle,  qu'un  seul  coup  et  il 
commença  aussitôt  à  gémir,  alors  que  je  le  promenai  dans  mes  bras.  Gomme  il  élaU 
1res  froid,  je  le  rois  au  lit,  il  devint  de  plus  en  plus  tranquille  et  au  boul  d'une 
heure  et  demie  il  était  mort,  m  Alors  elle  enveloppa  le  cadavre,  le  mit  au-deasooi 
de  son  lit  dans  lequel  elle  dormit  tranquillement  toute  la  nuit,  ûuand  aon  mari  revint 
elle  dit  qu'elle  avait  laissé  l'enfant  chez  le  voisin.  Le  lendemain  elle  posa  le  ca- 
davre dans  un  panier  qu'elle  couvrit  avec  un  tablier  ;  elle  prit  une  pioche  à  ponme 
de  terre,  afin  que  l'on  crût  qu'elle  allait  travailler  aux  champs,  et  elle  déposa  le 
panier  à  l'endroit  où  on  l'a  trouvé.  En  revenant,  elle  eut  soin  de  cacher  la  pioche 
dans  une  maison  étrangère  où  on  l'a  retrouvée  plus  tard. 

Nous  trouvâmes  à  l'autopsie  plus  de  soixante-deux  ecchymoses  à  la  tète,  dei 
taches  bleuâtres  innombrables  sur  les  membres,  sur  le  côté  droit  du  corps  et  an 
bas-ventre,  une  fracture  en  étoile  à  l'occipital  qui  permettait  de  faire  crépiter  lei 
parties  de  l'os  II  y  avait  aussi  une  fissure  de  l'os  pariétal  droit,  une  hypéréaiie  do 
cerveau  et  une  extravasation  de  sang  à  la  base  du  crâne.  Cette  affaire  se  passait 
du  temps  où  l'on  admettait  des  degrés  de  lélhalilé,  le  rapport  devait  donc  être  rédigé 
en  ce  sens.  Il  est  évident  que  nous  déclarâmes  les  blessures  léthales.  D'autres  ques- 
tions étaient  ejicore  posées  sur  la  manière  dont  les  blessures  avaient  été  faites,  et 
cela  à  cause  de  la  différence  des  déclarations  de  l'accusée  et  des  témoins,  et  de 
la  circonstance  de  la  pioche  qui  paraissait  suspecte.  Nous  y  répondîmes,  dans  notre 
rapport,  ainsi  qu'il  suit  : 

«  Lorsque  l'accusée  prétend  n'avoir  donné  qu'un  seul  coup  dans  le  côté  avec  le 
plat  de  la  main,  elle  ne  dit  évidemment  pas  la  vérité,  puisqu'un  tel  coup  ne  peut 
fracturer  le  crâne.  Cette  fracture  n'a  pu  être  produite  que  par  le  choc  d'un  corps  dur 
sur  le  crâne  de  l'enfant,  soit  un  bâton,  un  sabot,  le  dos  d'une  hache, etc.,  par  con- 
séquent cela  a  pu  être  la  pioche  saisie.  Mais  le  choc  contre  le  plancher  et  contre  les 
meubles  a  pu  aussi  produire  cette  lésion.  D'après  ce  qu'a  déposé  le  garçon  8..., 
l'inculpée  «  jeta  l'enfant,  deux  heures  avant  sa  mort,  à  une  distance  d'un  mètre  et 
demi,  le  fit  rouler  à  coups  de  pied  sur  le  parquet,  lui  poussa  cinq  fois  le  front  contre 
le  plancher  et  lui  donna  des  coups  violents  dans  le  cou,  le  dos  cl  les  fesses.  »  De 
telles  brutalités  exercées  sur  un  enfant  si  jeune  ont  pu  très  bien  causer  la  mort.  Des 
fractures  et  des  fissures  des  os  minces  du  crâne,  une  commotion  cérébrale,  des 
extravasations  de  sang  à  la  base  du  crâne  ont  pu  en  être  le  résultat.  Mais  ces  vio- 
lences ne  suffisent  pas  pour  expliquer  la  fracture  de  l'os  occipital.  Il  y  a  encore  une 
autre  raison  qui  nous  fait  croire  que  cette  fracture  n'a  pas  été  produite  par  les  bru- 


PROCÉDÉ  DU  MEWTMI^K  DANU  (.'EXÉCUTION  DU  CRIME.      i27 

Utiles  r^poiiéêf  par  le  garcoo  S...  L'accusée  a  déposé. qu'elle  a  pris  l'enfimi  par  la 
naain  pour  le  ramener  ches  elle  et  qu'elle  l'a  porté  de  temps  en  (empx,  qu'arrivée 
thm  die  elle  l'a  mis  par  terre  pour  aller  cuire  dans  la  cuisine  des  pommes  de  terre. 
L'eoCuii  ne  youlut  pas  manger  ces  légumes,  parcç  qu'il  était  «  très  mécontent  »  ; 
il  se  déeida  à  en  prendre  ensuite,  mais  les  jeta  bientôt  et  se  coucha  sur  le  côté. 
Elle  ëii  qu'après  un  nouveau  châtiment  l'enfant  a  gémi,  est  devenu  froid  et  est 
BMHi.  Donc,  d'après  la  propre  déposition  de  Tinculpée,  l'enfant  était  arrivé  à  la 
après  avoir  souffert  l'affreux  châtiment  chez  les  parents  de  S...,  et  avait 
asses  de  force  pour  être  assis  et  assez  de  connaissance  pour  accepter  une 
de  terre  et  la  jeter.  Un  tel  état  corporel  et  mental  est  incompatible  avec 
repûikMi  qu*à  ce  moment  les  blessures  trouvées  à  l'autopsie  existaient  déjà,  car 
l'enteit  aurait  été  sans  connaissance  et  incapable  de  se  tenir  debout.  » 

Nooi  eonclûmes  :  que  les  blessures  de  tète  étaient  tout  à  fait  léthales,  qu'elles 
avaient  pu  être  faites  par  la  pioche  saisie  et  qu'il  n'est  pas  probable  qu'elles  ont  été 
la  suite  de  brutalités  exercées  dans  la  maison  des  parents  de  S. . . 

ie  soutins  mon  rapport  à  l'audience  contre  l'accusée  qui  nia  jusqu'à  la  fin.  Elle 
htcondanmée  à  mort.  Elle  fit  un  appel,  disant  qu'elle  avait  caché,  jusqu'à  présent, 
lae  eireoostauce  qui  pouvait  être  cause  de  la  mort  de  l'enfant  ;  elle  avait  mis  les 
psounes  de  terre  sur  une  table  et  placé  l'enfant  sur  un  tabouret,  à  côté.  Pendant 
91'dle  était  dans  la  cuisine,  l'enfant  est  tombé  du  tabouret  et  est  mort  après  une 
et  demie.  On  lui  objecta,  bien  entendu,  que  cette  assertion  devait  être  un 
I9  car  elle  n'aurait  pas  caché  si  longtemps  une  circonstance  qui  était  en  sa 
r.  ie  fus  requis  pour  juger  cette  assertion  et  je  dus  la  rejeter  comme  incom- 
pslibto  «Yec  les  résultats  de  l'autopsie. 

Ois.  68.  —  Ble$mres  de  tête  mortelles.  Déterminer  si  elles  ont  été  causées  par  un 
bùUMf  par  le  coin  d'une  fodle  ou  par  une  chute  sur  le  parquet. 

Ce  cas  était  difficile.  Il  s'agissait  d'une  rixe  qui  avait  eu  lieu  entre  plusieurs 
penonnes  et  dans  laquelle  un  homme  avait  été  blessé  à  mort,  et  il  Cillait  détermi- 
■cr^  était  celui  des  adversaires  qui  avait  causé  la  mort.  Dans  les  cas  de  cette 
sipèee,  les  dépositions  des  témoins  ne  servent  à  rien,  car  tous  les  présents  étaient 
VIm  en  moins  ivres  et  plus  ou  moins  complices,  tout  le  monde  niait  et  le  médecin 
%iite  seul  pouvait  éclairer  la  justice. 

S...,  le  propriétaire  d'une  petite  auberge,  avait  engagé  une  querelle  avec  ses 
^  très  échauffés  par  la  bière,  l'eau-de-vie  et  la  politique  (1848 1)  et  il  en  était 
'Mé  une  rixe  générale  dans  une  petite  salle  qui  renfermait  un  billard,  des 
^'sMsi  et  beaucoup  de  personnes.  Les  uns  avaient  jeté  par  terre  l'aubergiste, 
^  antres  l'avaient  frappé  avec  uu  bâton,  avec  des  queues  de  billard,  et  cet 
^"■■e  ayant  succombé  aux  suites  dé  cette  rixe,  nous  avions  à  en  faire  l'au- 

On  ne  savait  de  la  maladie  que  cette  circonstance  :  elle  dura  quatre  jours  et  le 
^^^  conserva  sa  connaissance  pendant  les  deux  premiers  jours, 
^oiâ  quels  fitrent  les  résultats  de  l'autopsie  :  S...,  âgé  de  trente -neuf  ans,  était 


128  PARTIE   TUANATOLUGIQUE. 

de  constitution  assez  robuste.  Le  pourtour  des  deux  yeux,  surtout  de  l'oeil  givclie 
était  fortement  ecchymose.  Sur  le  sourcil  gauche  il  y  avait  une  blessure  un  peu  ciea 
trisée,  en  forme  d'arc,  à  bords  nets,  de  la  longueur  de  3  centimètres  et  de  la  lir 
geur  de  1  millimètre.  Au-dessous  de  l'os  unguis  gauche  se  trouvait  une  blessure  d 
la  grandeur  d'un  petit  pois  et  abords  nets.  Tout  le  membre  supérieur  gauche  mon 
trait  de  nombreuses  ecchymoses.  Les  vaisseaux  de  la  pie-mère  étaient  hypérémiquet 
toute  la  surface  du  cerveau,  surtout  à  Thémisphère  droit,  était  couverte  de  pc 
verdàtre.  U  y  avait  aussi  une  couche  de  pus  à  la  base  du  cervelet.  Sur  la  parti 
orbitale  de  l'os  frontal  gauche  se  trouvait  une  extravasation  de  sang  coagulé,  aa 
dessous  de  laquelle  il  y  avait  une  fissure  de  Tosd'un  centimètre  de  longueur,  etdai 
laquelle  on  put  introduire  une  sonde  qui  toucha  le  globe  de  l'œil.  Nous  ne  parlerai 
pas  de  ce  que  nous  avons  trouvé  dans  les  autres  cavités,  car  les  résultats  en  soi 
insignifiants.  Outre  la  question  sur  les  degrés  de  léthalité  qui,  à  cette  époque,  éUiei 
encore  en  vigueur,  nous  eûmes  encore  à  répondre  aux  questions  suivantes  : 

1®  Les  blessures  trouvées,  surtout  celle  de  la  partie  orbitale,  ont-elles  pu  èli 
produites  par  des  coups  de  bâton,  ou  par  une  table,  ou  bien  par  un  choc  de  la  tel 
contre  le  plancher  ou  les  murs  de  la  chambre  ? 

2*  Quelle  est  celle  des  blessures  désignées  dans  le  procès- verbal  n**  1S,  M 
18  (1),  qui  a  été  la  cause  de  la  mort?  Ces  blessures  ont-elles  pu  isolément  cause 
la  mort  ou  bien  y  ont-elles  contribué  toutes? 

Nous  répondîmes  d'abord  qu'il  y  avait  léthalité  absolue^  en  exposant  les  raisoiH 
puis  nous  continuâmes  : 

La  première  question,  conceniant  les  instruments  qui  ont  pu  causer  lablessun 
doit  être  divisée.  Les  ecchymoses  des  deux  yeux  et  celles  qui  se  trouvent  au  bn 
gauche  doivent  être  considérées  comme  causées  par  des  coups  de  bâton.  Quoique  ci 
violences  pourraient  être  aussi  considérées  comme  produites  par  des  coups  d 
poings,  de  pieds,  la  petite  blessure  ronde  sur  le  côté  gauche  du  nez  doit,  aelo 
toute  probabilité,  être  le  résultat  d'un  coup  de  bâton  et,  vraisemblablement,  du  fc 
du  bâton.  On  ne  peut  donc  rien  assurer  et  ce  serait  de  peu  d'importance,  car  ce  n 
sont  pas  ces  blessures  qui  ont  causé  la  mort. 

La  plaie  qui  se  trouve  sur  le  sourcil  gauche  a  des  bords  assez  nets  et  a  dû  èlf 
causée  par  un  instrument  asseï  tranchant,  et  l'on  peut  regarder  comme  tel  le  bof 
d'une  table  ou  le  coin  d*une  muraille  ;  elle  peut  aussi  avoir  été  produite  par  un 
chute  contre  le  parquet,  si  le  parquet  présentait  à  cet  endroit  une  proéminence.  L 
blessure  mortelle  se  rattache,  sans  aucun  doute,  à  la  blessure  dont  nous  venons  d 
parler,  sur  l'œil  gauche.  It  est  certain  que  cette  fracture  du  crâne  n'a  pu  étr 
produite  que  par  une  forte  violence  ;  aussi  il  est  peu  vraisemblable  que  de  seul 
coups  de  bâton  aient  pu  amener  un  tel  résultat,  c'est  plutôt  un  choc  violent  conti 
une  muraille,  un  meuble  ou  le  plancher.  D'après  cela,  nous  concluons  : 

1"*  Que  la  fissure  de  la  partie  orbitale  de  l'os  frontal  peut  avoir  été  produit 
par  des  coups  avec  un  bâton,  mais  qu'il  est  plus  vraisemblable  qu'elle  a  été  produit 


(1)  C'est-à-dire  «uppuration  au  cerveau,  nu  cervelet,  fusure  do  Toi  fruulal. 


PROCÉDÉ   DU   MBORTRIBR   DANS   l'EXÉGUTIOX   DU   CRIME.      129 
fi^r   le  bord  d'une  table  ou  par  la  chute  de  la  tète  contre  !e  plancher  ou  contre  les 

L*  Que  ladite  fissure  a  été  cause  de  la  mort; 
^*  Que  celte  blessure  a  été  absolument  mortelle. 

63.  —  BUsiwres  mortelles  de  la  tête  et  de  la  face.  Déterminer  si  elles  ont  été 
prodmtês  par  un  sabre  d'infanterie  ou  un  sabre  de  cavalerie? 

Dans  ce  cas  singulier,  on  ne  pouvait  donner  un  jugement  aussi  exact  que  la 
ioslice  l'aurait  désiré.  Dans  une  émeute.  G...,  âgé  de  quarante  ans,  avait  été  frappé 
siar  la  léte  à  coups  de  sabre  par  des  soldats,  et  était  mort  de  ses  blessures  au  bout 
de  cinq  jours. 

Une  des  blessures  traversait  la  figure  à  partir  du  sourcil  gauche,  longue  de 
i  3,centimètres  ;  elle  avait  été  réunie  par  première  intention  et  était  en  voie  de  cica- 
trisation. Le  coup  avait  feudu  les  paupières  et  avait  ouvert  le  sinus  maxillaire  ;  il 
9  «Tait  aussi  une  seconde  blessure  à  l'os  pariétal  droit,  longue  de  7  centimètres, 
V^i  avait  fendu  l'os  et  les  méninges,  la  plaie  avait  des  bords  lisses  ;  la  couche  interne 
^  Tos  avait  des  fissures  en  zigxags,  et  un  morceau  de  la  grandeur  d*un  centime 
était  détaché.  Lee  veines  de  la  pie-mère  étaient  vides,  et  le  cerveau  ainsi  que  le 
cendet  étaient  couverts  d*ttne  couche  de  pus. 

Oa  demandait  si  Içs  deux  blessures  de  G...  avaient  été  faites  avec  le  même 
ÎMtnunent,  car  phisieurs  soldats  appartenant  les  uns  à  l'infanterie,  les  autres  a  la 
canlerie,  avaient  coopéré  à  la  rixe.  Après  avoir  posé  le  degré  de  léthalilé  qui  à 
celte  époque  était  encore  demandéi  nous  déclarâmes,  quant  à  l'instrument,  ce  qui 
iiit: 

•  Koos  ne  pouvons  pas  dire  si  les  deux  blessures  ont  été  faites  avec  le  même 
iflilnunent.  L'état  des  deux  blessures  annonce  seulement  avec  certitude  qu'elles 
OBt  été  produites  par  un  instrument  tranchant,  vu  la  netteté  des  bords  et  la  profon* 
^  des  plaies.  On  ne  peut  dire  si  l'instrument  a  été  un  sabre  d'infanterie  ou  de 
caralerie  ;  mais  nous  croyons  important  de  remarquer  qu'il  s'est  présenté  à  nous 
V  eu  analogue  d'une  blessure  de  tète  pénétrante,  qui  certainement  avait  été  pro- 
dule  par  un  sabre  d'infanterie,  m 

Us  actes  ajoutaient  :  «  D'après  la  déposition  de  plusieurs  témoins,  le  dragon  L... 
idooné  a  G...  plusieurs  coups  sur  la  poitrine  et  le  ventre  quand  celui-ci  était  déjà 
étende  sur  le  pavé,  la  tète  ensanglantée  ;  néanmoins  le  procès-verbal  de  l'autopsie 
Be  hit  pas  mention  de  lésions  a  la  partie  antérieure  du  corps.  » 

NoBs répondîmes  à  cette  observation  que,  puisque  nous  n'avons  trouvé  aucun  signe 
de  lésion  à  l'extérieur,  nous  ne  pouvons  rien  dire  de  ces  violences,  et  que  souvent 
^  bkisures  plus  importantes  ne  laissent  aucune  trace  sur  le  cadavre, 
^ui  conclûmes  : 

t"  U  décéJé  est  mort  par  suite  de  la  blessure  faite  à  h  tète; 
-'  Us  autres  lésions  trouvées  sur  le  cadavre  n'ont  pu  participer  en  rien  à  ce  faUl 
rétsiUi; 

11.  9 


130  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

3<*  L'autopsie  ne  permet  pas  de  dire  si  des  armes  différentes  ont  causé  les 
blessures  ; 

4°  Nous  ne  pouvons  pas  dire  si  cet  homme  a  reçu  des  coups  étant  déjà  blessé  et 
étendu  par  terre. 

Obs.  64.  —  Blessure  mortelle  du  cerveau.  Déterminer  si  elle  a  étéproduUeparm 

sabre  ou  par  une  hache. 

Dans  une  nuit  d'été,  il  y  eut  une  rixe  dans  un  bal  public,  et  le  maçoo  D... 
fut  mis  à  la  porte.  La  rixe  continua  dans  la  rue,  elle  devint  même  plus  grave,  et  un 
des  sergents  de  ville  accourant  avait  frappé,  dit- on,  avec  son  ubre  sur  la  lète  de 
D...  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  D...  tomba  en  criant  :  «  ma  tête  !  •  eut  voe 
violente  hémorrhagie,  fût  transporté  à  l'hôpital,  où  il  mourut  au  bout  de  soixante 
heures. 

Trois  Jours  après  la  mort,  nous  trouvâmes,  à  l'autopsie,  une  bletsore  tra- 
versant le  front  de  haut  en  bas,  longue  de  4  centimètres,  réunie  par  première 
intention  ;  elle  avait  des  bords  nets ,  lisses  et  non  ecchymoses  ,  et  ao  Ibod  de 
cette  blessure  on  voyait  très  bien  une  fissure  des  os.  A  l'articulation  de  l'éptiile 
droite,  il  y  avait  encore  une  blessure  se  dirigeant  d'avant  en  arrière,  longue  de 
4  centimètres,  et  réunie  aussi  par  première  intention,  dont  les  bords  étaient  oeCi 
et  entourés  d'une  ecchymose  ayant  la  largeur  de  2  millimètres.  La  blessure  de  Vm 
frontal  commençait  à  la  suture  coronaire  ;  elle  était  large  de  8  millimètres,  dans  h 
longueur  de  3  centimètres,  et  se  continuait  par  une  fente  jusque  dans  la  eavité 
orbitaire  droite.  A  partir  de  la  suture  coronaire  commençait  une  autre  fissure  an- 
logueà  celle  que  nous  venons  de  décrire,  traversant  perpendiculairement  l'os  pariétal 
droit.  Les  bords  de  l'os  étaient  tout  à  fait  nets  et  extérieurement  non  ecehymoiés  ; 
mais  à  l'intérieur  ils  étaient  infiltrés  de  sang  dans  la  largeur  de  2  centimètres,  et  la 
couche  interne  de  l'os  était  détachée  à  plusieurs  endroits  ;  six  morceaux  étaient 
libres  sur  la  dure-mère.  Les  os  du  crâne  avaient  l'épaisseur  normale.  Toutes  les 
membranes  du  cerveau,  a  la  partie  frontale,  étaient  coupées  avec  des  bords  nets, 
et  le  cerveau  formait  hernie  par  cette  fente  ;  sa  couleur  était  d'un  brun  sanguino- 
lent. En  l'examinant  de  près,  on  voyait  que  le  cerveau  lui  aussi  avait  été  blessé  à 
sa  substance  corticale  dans  la  longueur  de  3  centimètres.  La  tente  du  cervelet  était 
couverte  de  pus  sanguinolent  ;  la  base  du  crâne  était  également  couverte  de  puf . 
La  fissure  do  l'os  frontal  se  continuait  dans  la  partie  orbitale.  Il  était  facile  de  voir 
que  celte  blessure  avait  causé  la  mort. 

Quant  à  l'instrument  qui  Tavait  produite,  on  parlait,  dans  les  actes,  non-seule- 
ment du  sabre  du  sergent  de  ville,  mais  aussi  d'une  hache.  Nous  déclarâmes  qu'une 
hache  très  tranchante  pouvait,  à  la  rigueur,  faire  une  blessure  d'os  à  bords  nets,, 
mais  qu'ordinairement  il  y  a  alors  un  plus  grand  nombre  de  fissures  et  de  frac- 
tures, el  l'expérience  démontre  que  des  coups  portés  avec  des  sabres  tranchants 
peuvent  fendre  la  tôle  jusqu'au  cerveau  en  faisant  des  blessures  à  bords  très  nets 
dans  le  genre  de  celle-ci. 

De  là  nous  conclûmes  qu'il  était  plus  probable  que  ces  blessures  ataieat  été  Mtes 
avec  un  sabre  qu'avec  une  hache. 


PROCÉDÉ   DU  MEURTRIER  DANS  L'EXÉCUTION   DU   GRIME.      181 

Obs.  65.  —  02etMir9  mortelle  de  la  poUrine  par  un  coup  de  faux» 

Une  rixe  s'engagea  entre  des  paysans  ivres  qui  Iravaillaient  dans  les  champs. 
ÏUe  s'envenima  au  point  que  A...  saisit  une  faux  et  en  donna  un  coup  à  B...  dans 
le  côté  droit.  Les  circonstances  qui  suivirent  la  blessure  et  le  temps  que  B...  vécut 
encore  sont  restés  inconnus. 

Le  décnbitus  important  trouvé  sur  le  cadavre  prouvait  qu'il  y  avait  eu  une 
loofue  maladie.  Dans  la  région  latérale  des  dernières  fausses  côtes  droites  se 
InniTait  une  blessure  qui  allait  jusqu'aux  apophyses  épineuses  des  vertèbres  ;  sa 
leofoeiir  était  de  20  centimètres,  ses  bords  étaient  nets,  réunis  par  première  inten- 
tioa  et  en  partie  cicatrisés.  Cette  blessure  avait,  dans  une  longueur  de  8  cenli- 
■êtres,  séparé  les  muscles  intercostaux  entre  la  onzième  et  la  douzième  côte  ;  on 
voyait  donc  tout  de  suite  que  la  cavité  de  la«  poitrine  était  ouverte,  ce  que  prouva 
roaverture  de  cette  cavité.  Le  poumon  n'avait  pas  été  atteint  ;  mais  la  mort  avait 
été  la  suite  d'une  pneumonie  traumatique.  Le  poumon  droit  était  couvert  d'une 
ceaehe  de  pus  ;  dans  son  lobe  central  il  y  avait  un  abcès  gros  comme  une  tête  d'en- 
IbL  Tout  le  tissu  était  bépatisé  en  gris.  Il  y  avait  peu  de  saog  dans  le  cœur  et  dans 
la  veine  cave;  sa  couleur  était  d'un  rouge  sale,  il  était  en  partie  coagulé. 

Les  atitrss  résultats  de  l'autopsie  étaient  insignifiants,  d'autant  plus  que  la  putré- 
faction du  cadavre  était  déjà  avancée.  Il  était  facile  de  montrer  que  la  pneumonie 
■ortelle  avait  été  le  résultat  de  la  plaie  pénétrante  du  thorax.  On  me  demanda  à 
fiodiepce  si,  d'après  la  position  de  la  blessure  sur  le  côté  droit,  le  coupable  n'avait 
fis  M  se  trouver  derrière  la  victime.  11  était  facile  de  répondre  affirmativement  à 
eille  question. 

On.  66.  —  Hémorrhagie  mortelle  du  cerveau.  Déterminer  si  elle  a  été  causée  par 
une  chuto,  par  des  coups  de  pied  ou  par  d'autres  violences. 

Ce  cas  intéressant  ne  pouvait  pas  être  éclairé  complètement  par  l'aulopsie. 

ia  sHis  de  janvier,  deux  hommes  ivres,  K...  et  M...,  engagèrent  une  lutte. 

K...  prétendit  que,  avant  leur  querelle,  M...  était  tombé  dans  le  ruisseau  et  s'était 

MiHéà  la  tète.  En  effet,  on  avait  vu  sa  tète  ensanglantée.  Dans  la  dispute,  R... 

'osoa  à  M...,  eoauBe  des  témoins  l'ont  vu,  des  coups  de  poing  sur  la  tète,  le 

pouia  dans  un  escalier,  de  manière  qu'on  l'entendit  rouler.  Quand  celui-ci  fbt 

vi^,  JL ..  le  repoussa  de  nouveau,  le  frappa  à  coups  de  talon  daus  les  reins,  sur 

^^,  et  enfin  lui  porta  avec  un  morceau  de  bois  un  coup  dans  le  côté  !  Bientôt  le 

^te  t'endormit  d'un  sommeil  qui  paraissait  profond  ;  il  fut  transporté  à  la  Charité, 

•41  mourut  dix  jours  après. 

i^  cadavre  avait  la  coloration  ictérique.  Dans  la  région  de  l'os  pariétal  gauche, 
^  J  trtit  une  plaie  en  voie  de  cicatrisation,  longue  de  1  centimètre  1/2.  Les  bords 
^  itaient  secs  et  nets.  Au-dessous  de  chaque  œil,  il  y  avait  une  tache  semi- lunaire 
^IQosée,  longue  de  2  centimètres.  Aucune  autre  blessure  extérieure.  Les  os 
''^■i^  étaient  intacts,  mais  dans  la  cavité  crânienne  se  trouvait  épanché  du  sang 
^'f^»  La  dure-mère  était  colorée  en  rouge  bleu  sur  toute  la  partie  gauche  de  la 


132  PARTIE  TUANATOLOGIQUE. 

été  cl  indiquait  un  ûpancUement  de  sang.  Cet  épanchement  était  de  60  grammesr 
ce  sang  était  coagulé  et  couvrait  tout  l'hémisphère  gauche.  Un  autre  épancheraei^ 
de  la  grandeur  d'un  haricot  se  trouvait  sur  le  pont  de  Varole  ;  un  autre  à  iJ 
base  du  crâne.  Le  cervelet,  ainsi  que  les  veines  de  la  pie-mère,  étaient  hjpérè' 
miques. 

Nous  disions  dans  notre  rapport  que  le  fait  du  meurtre  n'était  pas  difficile  h 
constater,  n  mais  on  ne  peut  pas  dire  avec  certitude  quel  est  l'instrument  qui  a 
produit  ces  blessures.  Les  coups  de  poing  vus  par  les  témoins  expliquent  lacîleiiient 
les  ecchymoses  autour  des  yeux  ;  mais  les  petites  blessures  extérieures  et  les  léakMM 
intérieures  ne  proviennent  pas  de  seuls  coups  de  poing  :  les  premièrea,  parce  qui 
des  coups  de  poing  ne  séparent  pas  les  téguments  en  faisant  des  blessures  à  bordi 
nets  ;  les  dernières  non  plus,  parce  que  de  tels  coups  n'ont  pas  assez  de  force  povi 
rompre  des  vaisseaux  dans  le  crâne.  Un  ou  plusieurs  coups  de  talon  de  botte  donnés 
avec  force  à  un  homme  étendu  par  terre  ont  pu  avoir  cet  effet,  surtout  si  ce  taloo 
était  garni  de  clous.  Ces  blessures  ont  pu  être  produites  aussi  par  des  chutes  réitéréei 
sur  le  sol  dans  un  état  d'ivresse,  surtout  si  M...  a  été  jeté  dans  un  escalier  de  ma- 
nière que  la  tète  ait  porté  sur  les  marches.  » 
H  nous  était  impossible  de  nous  prononcer  avec  plus  de  précision* 

Obs.  67.  —  Bksture  mortellô  du  foie.  Déterminer  si  elle  a  éié  produite  par  m 

sabre  ou  une  baïonnette. 

Dans  la  nuit  du  31  octobre  1848,  un  combat  eut  lieu  entre  des  machinistes  et 
des  gardes  nationaux,  devant  l'Assemblée  nationale  de  l'époque.  Un  macbinisis 
reçut  une  blessure  d'un  garde  national  et  mourut  peu  de  temps  après.  Dans  la 
région  du  foie,  nous  trouvâmes  une  plaie  de  8  centimètres  de  longueur,  béante  de 
5  centimètres,  à  bords  nets,  'ecchymosée,  et  par  laquelle  une  anse  de  l'iléon  fai- 
sait hernie.  500  grammes  de  sang  coagulé  couvraient  l'épiploon  et  les  mésentères,  et 
8  onces  d'un  sang  fluide  étaient  dans  la  cavité  abdominale.  Au  bord  du  lobe  droit 
du  foie  se  trouvait  une  plaie  profonde  de  5  centimètres,  à  bords  nets.  On  ne  sarait 
pas  si  la  blessure  avait  été  faite  par  les  gardes  nationaux  ou  par  les  machinistes.  Les 
premiers  disaient  que  la  blessure  avait  été  faite  par  les  machinistes  avec  une  baïon- 
nette, par  maladresse  ;  les  camarades  du  décédé  prétendaient  que  c'était  au  con- 
traire les  gardes  nationaux  qui  avaient  reçu  l'ordre  du  commandant  de  frapper  à 
coups  de  sabre. 

L'état  de  la  blessure  montrait  qu'elle  avait  été  produite  par  un  coup  de  sabre,  et 
non  par  un  coup  de  baïonnette. 

Ob8.  68.  — •  Blessures  morleUes  de  l'abdomen  causées  probablement  par  un  coup 

de  baionnette. 

11  s'agissait  de  déterminer  si  la  blessure  avait  pu  être  produite  par  un  coup  de 
baïonnette» 

Dans  une  froide  nuit  d'hiver,  un  vagabond  ivre  fut  arrêté  par  deux  soldats. 
Chemin  iaisant,  il  se  sauva  et  tomba  en  courant  sur  le  pavé  glissant,  de  sorte  «sue  la 


PROCÉDÉ   DU   MEURTRIER  DANS   L*EXÉCUTION   DU   CRIME.      ISS 

fttt  eatoidiie  d'asses  loin.  Il  se  releva  et  voulut  continuer  à  courir,  lorsqu'rn 
soldiUi,  le  rejoignant,  jeta  vers  lui  son  fusil,  la  baïonnette  en  avant,  Tatteignit, 
et  le  força  de  s'arrêter.  Il  fut  pris,  mais  ne  put  bientôt  plus  se  tenir  debout.  Il 
(illot  le  porter  jusqu'à  la  prison,  où  il  mourut  bientôt  après. 

Les  résultats  les  plus  importants  de  Tautopsie  étaient  les  suivants  :  entre  la 

sasiéme  et  la  dousièroe  côte  à  gauche,  a  12  centimètres  de  la  colonne  vertébrale, 

m  irouvait  une  plaie  triangulaire  dont  chaque  côté  avait  1  centimètre  ;  ses  bords 

Haieni  nets  et  faiblement  ecchymoses.  Les  téguments  étaient  très  gras.  La  paroi 

fOftiérieore  du  péritoine  était  complètement  infiltrée  de  sang  foncé,  moitié  coagulé, 

Acmt  on  ne  pouvait  trouver  la  source.  Dans  sa  cavité  abdominale,  il  y  avait  • 

91  graounes  d*eau  sanguinolente.  La  plate  n'avait  pas  pénétré  dans  la  cavité  et  finis-* 

sait  en  cul-de-sae  dans  les  téguments  gras,  dans  lesquels  se  trouvait  une  infiltra- 

liaa.  On  trouva  en  outre  une  hypérémie  des  veines  et  des  plexus  du  cerveau  et  une 

adhérence  complète  du  péricarde  avec  le  cœur. 

Ainsi  la  mort  avait  eu  lieu  par  suite  d'une  hémorrhagie  dans  l'abdomen,  mais  la 
Uessare  avec  la  baïonnette  n'avait  provoqué  ni  Thémorrhagie  ni  la  mort,  puisque 
fimtlnunent  n'avait  pas  pénétré.  La  cause  de  l'hémorrhagie  était  problablement  la 
dratede  L...  sur  le  pavé  avant  le  coup  de  baïonnette.  Il  était  avéré  que  cette  chute 
de  riMHnme  ivre  sur  le  pavé  glissant  avait  été  très  violente,  et  la  commotion  qu'elle 
mit  aosée  avait  produit  la  rupture  d'un  vaisseau.  Cette  hémorrhagie  interne  avait 
dû  letsire  lentement,  car  elle  avait  eu  le  temps  d'infiltrer  le  tissu  cellulaire  et  les 
BBKlei,  tandis  que  les  hémorrhagies  internes  subites  produisent  d'autres  résultats. 
C'eit  poirquoi  le  décédé,  aussitôt  après  la  chute,  a  pu  se  relever  et  faire  encore 
qwiqnes  pas,  jusqu'à  ce  que  le  fusil,  resté  accroché  dans  ses  habits,  le  fit  s'arrêter  ; 
fui  lliéaiorrhagie  interne  augmentant  de  plus  en  plus,  il  fut  obligé  de  s'arrêter, 
et  il  retomba.  Ainsi,  quoique  le  blessé  fût  tombé  immédiatement  après  la  blessure, 
elle  s'avait  pas  été  la  cause  de  la  mort  qui  n'a  pu  être  produite  que  par  la  chute. 

On.  69.  —  Biêsture  morMe  de  rartère  interosseuse.  Déterminer  si  elle  a  été 
produite  par  un  morceau  de  fer-hlanc  6u  par  un  couteau. 

Leioirdu  20  décembre,  deux  camarades  de  lit  se  querellèrent.  L'un  d'eux, 
nhoBune  robuste,  âgé  de  trente-trois  ans,  fut  si  gravement  blessé  qu'on  vit  tout  de 
""le  le  lang  eouler  à  flot  de  son  bras  gauche.  Une  heure  après,  il  fut  transporté  à 
^^^V^\  :  on  mit  un  tourniquet  au  malade  qui  était  très  abattu ,  et  se  plaignait 
'gestion.  On  constata  les  {^assures  suivantes  : 

1*  Au  bras  ;  une  plaie  longitudinale  longue  d'un  centimètre,  large  de  huit 
"■Uimètres,  profonde  d'un  centimètre;  il  en  sortait  seulement  du  sang  veineux. 

^  Aa-desaous  de  cette  blessure,  se  trouvait  une  plaie  superficielle. 

3*DtBS  la  région  de  la  saignée,  à  l'insertion  inférieure  du  biceps,  il  y  avait  une 
pbie  Iriangttlaire  à  bords  recourbés  en  dedans,  profonde  de  trois  centimètres  à 

'   peu  près.  Lorsqu'on  relâchait  le  tourniquet,  il  sortait  de  cette  plaie  du  sang  ar« 

iériel. 

^'Ala  partie  extérieure  du  bras,  une  petite  blessure  de  la  peau. 


ISA  PARTIE   THÀNATOLOGIQUE. 

5"  Dans  la  région  du  cœur,  deux  petites  écorchures  produites  probablement  fir 
l'instrument  qui  avait  glissé  du  bras. 

Le  tourniquet  fut  laissé  en  place,  les  plaies  furent  réunies  et  couvertes  de|lice. 
Le  22,  le  malade  se  plaignit  de  douleurs  vives  au  bras  à  tel  point  qu'il  fallut  Mer 
tout  le  pansement.  L'hémorrhagie  artérielle  recommença  de  suite,  et,  d'après  ce 
que  dit  le  journal  de  Thôpital,  comme  on  ne  réussissait  pas  à  lier  les  artères  daoi  le 
fond  de  la  plaie,  il  ne  restait  plus  pour  sauver  le  malade  qu'à  lier  l'artère  brachiale, 
ce  qui  fut  fait  dans  d'assez  bonnes  conditions. 

Le  malade  reçut  à  l'intérieur  de  l'acide  phosphorique,  et  la  plaie  (ùt  couverte 
•  avec  de  la  glace.  Dans  les  deux  jours  suivants  il  ne  se  passa  rien  de  Aeheux.  Mais 
lorsque  le  26  on  ôta  le  pansement,  il  y  eut  encore  une  bémorrhagie  artérielle 
que  l'on  arrêta  par  compression.  Les  plaies  avaient  mauvais  aspect,  le  malade  le 
tentait  abattu,  il  y  avait  du  délire  et  de  la  somnolence,  le  pouls  était  trèa  firéquent, 
les  bords  de  la  plaie  avaient  une  couleur  bleuâtre  qui  s'étendit  vite,  la  peso 
environnante  devint  gangreneuse.  On  pansa  avec  de  l'acide  pyroligneuz,  on  ÎQÎecU 
et  on  fomenta  avec  du  vinaigre  aromatique.  L'état  général  continua  à  être  mavfaii, 
les  forces  diminuaient,  le  pouls  devenait  très  fréquent  :  le  matin  ilOetle  foir  tS8 
pulsations.  * 

Au  commencement  de  janvier  l'état  s'améliora  jusqu'au  10  ;  ce  jour-là,  le  na- 
ïade commença  h  se  plaindre  de  douleurs  de  ventre  (frictions  opiacées,  cataplaames, 
poudre  de  Dower).  Dans  la  nuit,  une  diarrhée  violente  se  déclara  et  aogmeota 
malgré  l'usage  de  l'opium.  La  Aôvre  s'accrut,  les  forces  diminuèrent  et  un  dèeu- 
bitus  commença  à  se  manifester.  Le  il  janvier,  le  malade  toussait  sec.  Lea  piedi 
devinrent  œdémateux,  la  toux  et  la  diarrhée  continuèrent/,  le  14,  le  maUde  perdit 
connaissance,  et  le  15  janvier,  ainsi  vingt*  cinq  jours  après  la  blessure,  le  malade 
mourut. 

Les  résultats  les  plus  importants  de  Tautopsie  étaient  les  suivants  :  Le  cadavre 
était  très  maigre,  les  extrémités  inférieures  étaient  œdémateuses  ;  on  voyait  un  dé* 
cubitus  important,  la  surface  interne  de  tout  le  bras  gauche  était  dénudée,  de  sorte 
que  l'on  voyait  les  muscles  et  leurs  tendons.  Le  tout  était  enduit  de  pus  sanieux. 
Les  autres  plaies  étaient  cicatrisées,  mais  dans  la  région  de  la  saignée  il  y  avait 
encore  une  plaie  béante  de  2  centimètres  avec  des  bords  arrondis,  quoique  dans  l'o- 
rigine ils  fussent  nets.  Dans  la  cavité  crânienne,  anémie.  Tout  le  poumon  gauche 
était  œdémateux,  le  droit  était  couvert  d'hépatisation  grise  et  la  plèvre  était  cou- 
verte de  pus.  Dans  la  plèvre  gauche  il  y  avait  à  peu  près  300  grammes  d'un  fluide 
sanguinolent.  Le  cœur  était  mou,  exsangue,  ainsi  .que  les  grands  vaisseaux  de  la 
poitrine  et  les  vaisseaux  de  la  cavité  abdominale.  L'artère  blessée  était,  comme  on 
l'avait  déjà  diagnostiqué  à  l'hôpital,  l'artère  interosseuse. 

L'accusé  prétendait  qu'il  avait  seulement  piqué  K...  avec  un  morceau  dé  fer- 
blanc.  L'état  des  cicatrices  montrait  que  cette  déclaration  était  fousse  ;  nous  décla- 
râmes que  l'on  avait  dû  employer  un  autre  instrument  tranchant  et  piquant. 

Pendant  l'instruction,  on  trouva  sous  le  lit  de  l'accusé  un  couteau  de  table  pointu 
sur  lequel  il  y  avait  des  taches  suspectes.  On  nous  remit  cet  instrument  en  nous 
faisant  cette  question  :  Les  taches  de  rouille  qui  sont-  sur  le  couteau  proviennent- 


PROCÉDÉ   DU  MEURTRIER  DANS  L*EXÉCUTION  DU  CRIME.      135 

eOefl  de  taches  de  nng  ?  Noas  fîmes  cette  analyse  avec  l'assistance  de  l'expert 
cfciasiqQe,M.  Sehacht  Nous  derons  faire  remarquer  que,  à  cette  époque,  le  procédé 
de  M.  H.  Rose,  que  nous  avons  mentionné  plus  haut,  n'était  pas  encore  connu. 

L'aspect  de  la  lame  prouvait  que  si  Von  avait  affaire  à  du  sang,  il  devait  y  avoir 
asses  longtemps  que  ces  taches  avaient  été  produites  (il  y  avait  deux  mois  et  demi 
qve  la  blessure  avait  été  faite)  ;  car  i^  la  lame  du  couteau  est  rouillée  sur  toute 
sa  surlace ,  et  2*  dans  la  fente  du  couteau  il  y  avait  une  masse  brune  couverte  de 
moisissure.  On  appliqua  avec  un  pinceau  quelques  gouttes  d'eau  sur  la  lame  : 
vne  goutte  fût  observée  sous  le  microscope,  le  reste  du  liquide  restant  sur  la 
lame  fût  évaporé  sous  une  chaleur  peu  intense  et  l'on  observa  ce  qui  suit  : 

Sous  le  microscope  on  reconnut  des  globules  rouges  qui  nageaient  dans  la  goutte 
d'eau  et  qui  ressemblaient  h  des  globules  de  sang. 

Quand  le  liquide  fut  évaporé  sur  la  lame,  on  observa  le  résidu  avec  une 
lentille  et  l'on  vit  sur  \b  surface  rouillée  de  la  lame  une  couche  rosée  très  mince  et 
faraosparente  à  travers  laquelle  on  voyait  la  rouille.  On  fit  une  contre-épreuve.  Sur 
me  lame  luisante  on  appliqua  quelques  gouttes  de  sang  que  Ton  laissa  sécher  et 
fÊt  Foo  chauffa  un  peu.  Le  sang  se  détacha  en  forme  d'écaillés  et  la  surface  mé- 
«Ullique  redevint  luisante.  En  chauffant  le  sang  il  s'exhala  l'odeur  particulière  de  la 
carbonisation  des  substances  animales.  Les  taches  qui  se  trouvaient  sur  la  lame 
SQSpeete  ne  se  détachèrent  pas  par  la  chaleur,  mais  étant  chauffées  plus  fort,  il  y 
eut  la  carbonisation  et  l'odeur  dont  nous  venons  de  parler.  Il  s'ensuivait  qu'il  n'y 
avait  pas  de  sang  frais  sur  la  lame,  mais  qu'une  substance  animale  était  môlée  à  la 
rouille  et  celte  subslance  pouvait  être  du  sang. 

Ensuite  la  lame  fut  mise  dans  un  verre  cylindrique  étroit  rempli  d'eau  distillée  ; 

<m  n'observa  pas  dans  cette  eau  une  coloration  de  sang,  mais  après  vingt-quatre 

beures,  il  se  déposa  une  poudre  d'un  rouge  brun  qui  fut  séparée  par  flltration.  Dans 

le  liquide  filtré  on  ne  trouvait  ni  du  fer  ni  de  l'albumine.  La  poudre  rouge  brune 

fct  reconnue  comme  de  la  rouille  par  sa  dissolution  dans  l'acide  muriatique  et  ses 

rèietionsavec  l'ammoniaque,  le  cyanure  de  potassium  et  la  teinture  de  noix  de  galle. 

l'aspect  de  la  lame  n'avait  pas  été  beaucoup  changé  par  son  séjour  dans  l'eau. 

Ut  taches  n'avaient  pas  diminué.  Quand  la  lame  fut  sèche,  on  appliqua  sur  une 

te  taches  de  l'acide  muriatique  pur  ;  bientôt  la  tache  disparut,  le  métal  devint 

isiiant,  l'oxyde  de  fer  s'était  dissous  dans  l'acide  muriatique.  D'après  ces  expé- 

rieaces,  nous  dûmes  déclarer  que  le  couteau  avait  été  taché  vraisemblablement 

*vec  du  sang.  Nous  ne  pouvions  donner  une  certitude  après  un  temps  aussi  long  (1). 

Ce  rapport   fut  accepté,  et  le  coupable  fut   condamné  à  dix-huit  mois   de 

Frison. 

Jusqu'à  présent  nous  avons  donné  des  exemples  où  Ton  avait  à 
répondre  à  la  question  :  Tel  instrameni  a-i-il  pu  produire  telle  lé- 
sion? Nous  allons  donner  d'autres  exemples,  dans  lesquels  on  aura 

(1)  L'anriTM  eol  lieu  avant  la  découTerte  des  cristaux  d'hématine. 


13d  PARTIE  THANATOLOCIQUE. 

à  décider  quelle  a  été  le  manière  de  procéder  du  coupable  ?  Quelle 
a  été  sa  position  et  celle  de  sa  victime  pendant  qu'il  accomplissait  le 
crime  ?  On  verra  de  quelle  importance  peut  être  dans  certains  cas 
le  rapport  du  médecin,  combien  il  faut  examiner  avec  soin  toutes 
les  circonstances,  même  celles  qui  paraissent  les  plus  insignifiantes. 

Ob3.  70.  —  Fracture  mortelle  du  crâne  par  un  marteau.  De  quelle  maniire  le 

meurtre  a-t-il  été  commis  ? 

Le  25  mars  i8...,  le  ferblantier  Bontoux  fut  trouvé  assassiné  dans  sa  enitine, 
avoisinant  la  boutique  et  située  au  rez-de-chaussée. 

Ayant  entendu  pendant  la  nuit  du  bruit  qui  Favait  alarmé,  Bontoux  avait  prolM- 
blement  sauté  vivement  hors  du  lit,  car  une  chaise  à  côté  de  son  lit  était  renversée, 
et  était  allé  en  chemise  dans  la  cuisine.  Le  reste  était  inconnu. 

Le  lendemain,  le  sieur  Luckc,  maréchal-ferrant,  fut  arrêté  comme  accaié  de 
ce  crime.  Celui-ci  eut  recours  à  un  système  de  défense  qu'il  continua  avec  con- 
séquence. 11  déclara  qu'en  effet  il  s'était  introduit  dans  la  maison  de  Bontoux  pour 
y  faire  un  vol  avec  effraction  ;  que  celui-ci,  l'ayant  entendu,  l'avait  attaqué,  et, 
qu'après  une  lutte  acharnée,  Lucke  l'avait  tué,  en  usant  du  droit  de  défente  lé- 
gitime puisqu'il  défendait  sa  vie. 

Le  cadavre  ^tait  vêtu  d'une  chemise  de  nuit  et  d'un  caleçon  ;  il  avait  des  bas  aux 
pieds.  Tous  ces  vêtements,  excepté  les  bas,  étaient  couverts  de  sang.  Au-dessous 
de  la  tète,  il  y  avait  une  grande  mare  de  sang,  et  à  deux  pieds  de  là  une  autre 
mare;  entre  les  deux  mares,  il  n'y  avait  pas  de  communication  ni  aucune  trace  de 
sang.  Dans  celte  cuisine  se  trouvait  aux  parois,  aux  ustensiles  et  à  la  porte,  beau- 
coup de  sang  éclaboussé.  La  cuisine,  qui  était  en  même  temps  son  atelier,  con- 
tenait beaucoup  d'instruments  de  ferblantier,  et  au  pied  du  cadavre  on  trouva 
deux  marteaux  de  ferblantier.  Au  seuil  de  la  porte,  il  y  avait  un  autre  marteau,  et 
dans  le  magasin  un  quatrième.  Tous  les  quatre  étaient  tachés  de  sang. 

A  l'autopsie,  nous  trouvâmes  vingt  blessures  à  la  figure,  à  la  lête  et  au  cou,  et  en 
outre  soixante  quatre  ecchymoses  et  écorchurcs  au  tronc  et  aux  membres.  Les  résul- 
tats les  plus  importants  de  l'autopsie  étaient  :  frarassement  complet  de  l'os  tem- 
poral gauche  et  de  la  grande  aile  de  l'os  8|thénoïde  ;  fracture  de  la  partie  orbitale 
de  l'os  frontal  droit  ;  écartcment  de  la  suture  lambdoïde  du  côté  gauche  ;  quatre 
blessures  au  côté  gauche  du  crâne,  pénétrant  jusqu'aux  méninges  et  au  tissu  du 
cerveau,  avec  épanchemcnt  de  sang  foncé  et  coagulé;  fissure  de  la  base  du  crâne, 
depuis  l'aile  de  l'os  sphénoïde  jusqu'à  la  selle  turcique  ;  anémie  générale. 

Les  experts  avaient  à  répondre  à  dix  questions,  d'après  lesquelles  il  fallait  déter- 
miner queUe  avait  été  la  manière  de  procéder  de  Taccusé. 

Voici  ce  que  nous  répondîmes  :  «  Il  y  a  deux  procès- verbaux  d'instruction.  Dans 
le  premier,  l'accusé  d«3clare  :  Étant  entré  dans  la  cuisine,  j'allai  dans  le  magasin 
prendre  un  petit  pupitre;  je  le  mis  par  terre  dans  la  cuisine,  et  je  l'ouvris 


PROCÉDÉ   DU   MEURTRIER   DANS  L*RXÉGUTION   DU  CRIME.      1S7 

y  trouTer  de  l'argeol  ;  puis  J'allai  dans  la  chambre  à  coucher  de  Bontoox  ;  il 

teil  eottcbé  dans  son  lit  et  ronflait;  là,  dans  un  portereuille  et  dans  un  tiroir 

oa^ert,  je  pris  de  l'argent  (en  tout  15  thalers).  Je  quittai  la  chambre  à  coucher, 

tontottx  semblait  encore  dormir  profondément.  A  peine  étais-je  arrivé  dans  le 

un,  que  Bontoux  arriva  derrière  moi,  me  prit  par  les  épaules,  me  jeta  par 

î,  et  lutta  avec  moi  dans  cette  position*  Je  sortis  d'entre  ses  bras,  je  courus 

la  cuisine  pour  essayer  si  je  pouvais  quitter  la  maison,  mais  je  fus  poursuivi  ' 

Bontoux  et  saisi  par  les  cheveux  ;  nous  luttAmes  pendant  quelque  temps  entre  la 

de  la  euisiue,  le  fourneau  et  le  pupitre  ;  nous  tombâmes  par  terre,  et  dans 

:«tte  lutte  j'étais  tantdt  en  dessus,  tantôt  en  dessous  de  Bontoux.  Â  un  instant  où 

^  me  trouvais  au-dessus,  je  saisis  un  marteau  situé  près  de  la  fenêtre,  et  je  frappai 

fiiifeq  à  six  fois  sur  la  tète  de  mon  adversaire,  qui  se  mit  à  crier  :  «  Au  secours  I  » 

na  tâchant  toujours  de  me  retenir.  Toute  cette  scène  se  passait  dans  l'obscurité* 

Après  une  lutte  d'à  |yu  près  une  demi-heure,  je  lâchai  Bontoux  ;  je  jetai  le  marteau 

dasis  la  cuisine  et  je  courus  dans  la  chambre  à  coucher,  afln  d'avoir  de  la  lumière 

d  voir  comment  je  pouvais  sortir;  j'*e8suyai  mes  mains  ensanglantées  à  une  ser« 

^ictle,  j'allumai  une  lumière  et  me  dirigeai  vers  le  magasin.  Lorsque  je  passai  de^ 

Tiuit  la  cuisine,  je  regardai  et  Je  vis  que  Bontoux  s'était  levé  et  était  debout  tout 

frès  de  la  porte  de  la  cm'sioe.    Sa  figure  était  couverte  de  sang,  et  il  criait  d'une 

r&a  élouflée  :  «  Au  secours!  »  J'entrai  dans  le  magasin,  et  je  m'enftiis  par  la  fe* 

•être  (à  laquelle  il  y  avait  des  taches  de  sang).  » 

Pirmi  les  quatre  marteaux  qu'on  lui  présenta,  il  déclara  ne  s'être  servi  que  d'un 
mi. 

Je  continuais  dans  mon  rapport  :  ce  Dans  son  deuxième  interrogatoire,  Lucke  ne 
tfitpis  la  même  chose.  Ce  qui  est  important  pour  nous,  c'est  qu'il  dit|  à  propos  de 
ttlitte,  qu'il  a  pris  le  marteau  qui  se  trouvait  près  de  la  fenêtre.  •  J'étais  au-des- 
am  de  Bontoux,  qui  me  tenait  par  le  cou  ;  je  pris  le  marteau  de  la  main  droite  et 
ii  finppai  de  bas  en  haut  deux  fois  sur  la  tête  de  Bontoux,  qui  me  tenait  tou- 
i*vi  en  disant  :  «  Attends,  tu  ne  m'échapperas  pas  !  a  Je  me  levai,  mais  il  me 
liiât  de  nouveau  par  la  poitrine  en  se  tenant  appuyé  contre  la  porte.  Dans 
c^  position,  je  donnai  encore  quatre  à  six  coups  de  marteau  sur  sa  tête,  et 
^  eoips  retentirent  avec  fracas.  Je  ne  les  ai  pas  comptés,  et  il  est  possible  que 
ftt  tie  donné  plus  de  six.  Puis  je  me  débarrassai  de  Bontoux,  et  je  ne  sais  pas 
**il  ttt  resté  debout  ou  s'il  esl  tombé  par  terre,  t  Le  reste  de  sa  déclaration  est 
'■lioCBe  à  la  précédente,  excepté  qu'il  dit  qu'en  passant  devant  la  cuisine,  lorsqu'il 
'P^at Bontoux  ensanglanté,  celui-ci  ne  cria  pas.  Alors  on  fit  observer  à  l'accusé 
^  es  a'élait  pas  vraisemblable,  et  il  ajouta  que  Bontoux  avait  bien  crié,  mais  à 
^^voix.  Quand  on  dit  à  l'accusé  qu'il  avait  aussi  volé  deux  mouchoirs,  ce  qu'il 
l'iTitipas  déclaré ,  il  l'avoua,  ajoutant  que  dans  la  lutte  il  n'avait  voulu  que  se 
^^fcadre  et  non  pas  assassiner. 

Qssat  à  la  cause  de  mort  de  Bontoux,  on  ne  pouvait  douter  un  seul  instant  qu'elle 
^  rindlât  des  blessures  de  tête,  car  il  n'y  avait  pas  eu  asphyxie,  ce  qui  était  promé 
Nr  l'saénUe  des  poumons,  -du  cœur  et  des  grands  vaisseaux  et  par  l'état  normal  de 
1<  trachée  et  du  larynx.  Il  n'y  avait  pas  moins  de  vingt  blessures  de  la  tête  et  du  cou 


188  PARTIS  THANÀT0L061QÛB. 

qui  avaient  causé  le«  ravages  les  plus  fpraves.  Presque  toute  la  moitié  gaacbe  du 
crftne  avait  été  fhicassée,  des  os  de  la  base  du  crftne  avaient  été  firtcturés,  enfin  b 
suture  lambdoïde  était  écartée.  Une  telle  destruction  des  os  du  crâne  amène  aécet- 
sairement  la  mort  par  commotion,  par  blessure  du  cerveau  et  par  anéantitsement 
de  ses  fonctions  après  quelque!  minutes,  au  plus  après  une  beure.  Nous  répét^ 
rons  à  ce  sujet  ce  que  nous  avons  dit  dans  le  procès-verbal  de  l'autopsie  : 

i*  Bontoux  est  mort  certainement  par  suite  de  ses  blessures  de  tête; 

2^  Il  ne  peut  pas  avoir  vécu  plus  d*nne  beure. 

3*  Dans  le  procès-verbal  sommaire  de  Tautopsie  nous  avions  admis  que  les 
blesliores  de  la  tête,  de  la  figure  et  du  cou  avaient  pu  être  produites  par  les  ma^ 
teaux  présentés.  L'inculpé,  dans  ce  qu'il  appelle  «r  son  aveu  sincère  »,  dansleqad 
cependant,  comme  nous  le  montrerons,  il  s'est  éloigné  beaucoup  de  la  vérité,  i 

t 

déclaré  s'être  servi  d'un  de  ces  marteaux,  et  pour  rendre  plus  admissible  une 
défense  personnelle,  il  a  nié  en  avoir  employé  plusieurs.  Or  tout  parle  contre  cette 
déclaration.  Les  marteaux  présentent  des  teches  de  sang  qui  ne  peuvent  être  du 
sang  éclaboussé,  surtout  sur  les  bords  ;  le  cadavre  présente  des  blessures  à  bords 
nets,  et  d'autres  à  bords  obtus,  ce  qui  indique  qu'il  s'est  servi  de  plusieurs  insiro* 
ments.  Ajoutons  que  les  blessures  n'ont  pas  été  faites  toutes  au  même  instant, 
comme  nous  le  prouverons.  L'inculpé  dit  avoir  jeté  le  marteau  après  s'en  être 
servi.  On  a  trouvé  en  effet  un  marteau  teché  de  sang  sur  le  seuil  de  la  cuisine, 
un  autre  dans  la  boutique  taché  aussi  de  sang  et  de  plus  deux  autres  couverts  de 
sang  au  pied  du  cadavre.  Une  telle  disposition  feit  douter  de  la  véracité  des  déels- 
ra lions  de  l'inculpé,  car  il  n'est  pas  vraisemblable  que  tous  ces  marteaux  se  soient 
trouvés  par  hasard  aux  endroits  indiqués,  tandis  que  tous  les  autres  instruments 
étoient  encore  suspendus  à  la  muraille.  Lucke  prétend  que  Bontoux  en  luttent 
s'est  servi  lui  aussi  de  marteaux  j  car  il  a  senti  quelque  chose  de  dur  et  de  lourd 
dont  il  recevait  un  coup  dans  le  dos,  or  sur  le  corps  de  Lucke  on  ne  trouve  rien 
qui  puisse  faire  admettre  cette  assertion,  puisque  le  24  mars,  le  lendemain,  je 
n'ai  pas  trouvé  sur  le  corps  de  Lucke  une  seule  trace  de  lésion.  Lucke  cherche  è 
expliquer  cette  absence  de  trace  de  lésion  sur  le  corps  en  disant  qu'étent  habiUé 
le  coup  a  été  amorti  ;  mais  il  est  évident  que  ses  habits  n'auraient  pas  Suffi  pouf 
empêcher  les  traces  d'un  coup  porté  par  un  homme  qui  défend  sa  vie  avec  déses- 
poir. De  tout  cela,  nous  concluons  quç  Lucke  s'est  servi  de  ptu$ieur$  marteaux 
dans  l'accomplissement  de  sou  crime. 

4®  Maintenant  que  nous  avons  démontré  avec  quels  instruments  les  blessures  ont 
été  faites,  nous  avons  à  examiner  la  circonstence  importente  du  moment  où  les 
blessures  ont  été  dites  les  unes  par  rapport  aux  autres.  Selon  la  déclaration  de 
l'accusé,  le  combat  a  duré  une  demi-heure.  II  nous  est  impossible  de  contrêler 
cette  déclaration.  Du  reste  cela  n*est  pas  important.  Les  blessures  innombrables 
que  présente  le  cadavre  se  divisent  en  trois  catégories  :  il  y  af  des  blessures  légères, 
des  blessures  dangereuses  et  des  blessures  absolument  mortelles.  A  la  première 
eatégorte  appartiennent  les  teches  innombrables  bleuâtres  et  les  ecchymoses  décrites 
déjà  au  procès-verbal  de  l'autopsie  qui  sont  situées  auk  membres  et  qui  indubita* 
blement  sont  le  résultet  de  chocs  contre  des  objets  durs.  On  ne  peut  dire  chro- 


PROCÉDÉ   DU  MEVRTRIEK  DANS  L*EXÉCOTI0N  DU  CRIME.      iS9 


si  cet  blettures  ont  été  ftites  les  premières,  mais  il  est  cerUiin 
qe'elet  n'ont  pas  été  les  dernières.  Les  blessures  absolument  mortelles  que  nous 
avons  énnmérées  plus  haut  ont  été  évidemment  les  dernières,  et  il  est  certain 
qn'aprèa  avoir  reçu  ces  blessures,  il  a  été  impossible  au  décédé  de  se  lever ^  de  rester 
éêbomi  ou  dewkircher.  Il  a  dû  rester  immobile,  firappé  à  mort. 

5*  Quant  à  ce  que  nous  avons  appelé  les  blessures  dangereuses  qui  permettent, 
eomme  on  le  sait,  de  vivre  encore  quelque  temps,  quand  ce  ne  serait  que  dans  un  état 
tant  connaissance ,  nous  ne  pouvons  pas  être  aussi  affirmalif  ;  ce  sont  les  bles- 
snret  de  l'os  frontal,  de  la  racine  du  nez,  du  maxillaire  inférieur  de  l'œil  gauche. 
Ces  bletsuret  et  seulement  celles-là  présentaient  des  ecchymoses  ;  cela  semble  in- 
diluer  que  la  vie  s*est  conservée  encore  un  certain  temps  après  qu'elles  ont  été 
fcilef .  Ile  tont  ce  qui  précède  nous  concluons  que  : 

Bontoux  a  été  d'abord  poussé,  jeté  par  terre,  heurté  contre  les  murailles  ;  puis, 
8  a  reçu  des  coups  de  marteau  sur  le  front  et  dans  la  figure,  et  enfin,  vivant 
•aoore  et  s'étant  relevé,  il  a  reçu  des  blessures  mortelles  sur  l'arrière-tète  et 
sv  le  edté  gauche  du  crftne.  Avec  cette  explication,  on  explique  très  bien  la 
iiiposttion  des  mares  de  sang  trouvées  dans  la  cuisine. 

6*  Si  nous  considérons  comment  le  combat  a  eu  lieu,  nous  voyons  que  l'accusé, 

aniiea  d'un  >  aveu  sincère  »,  a  fait  d'énormes  mensonges.  On  le  voit  par  la  eontra- 

didioa  qm  existe  dans  ses  deux  interrogatoires  qui,  à  ce  sujet,  ne  s'accordent  que 

sarmi  aeiil  point  qui  se  trouve  infirmé  par  l'autopsie.  Dans  son  second  inlerroga*. 

taira,  il  dit  qn'fl  se  trouvait  au-dessous  de  Bontoux,  quand  il  lui  appliqua  les 

pnniera  eonps  de  marteau  an  nombre  de  deux.  Il  va  sans  dire  que  ce  ne  peut  pas 

avair  été  toa  coupa  qui  ont  été  donnés  au  front  et  dans  la  figure  !  D'un  autre  côté, 

il  est  impotaible  d'admettre  qu'un  homme  couché  sur  le  dos  puisse  donner  à  un 

lalra  qni  se  trouve  sur  lui  des  blessures  mortelles  sur  l'arrière-tète.  L'autopsie, 

sBs  anasi,  montre  combien  cette  explication  serait  inadmissible,   car  un  homme, 

iins  eette  position,  n'a  pu  donner  un  coup  assez  violent  pour  amener  un  écarte- 

nent  de  la  suture  lamhdolde,  ce  qui  suppose  une  force  prodigieuse  et  un  élan  assez 

irtnd  ;  de  plus  l'inculpé  se  dément  lui-même  en  disant  que  Bontoux,  après  ces 

premiers  coups  (qui  n'avaient  frappé  ni  le  front  ni  la  figure),   a    prononcé  les 

■ois:  «Attends,  tu  ne  m'échapperas  pas  !  »,  qu'il  s'est  relevé  et  qu^il  l'a  saisi  par 

Is  poitrine.  Cela  aurait  été  impossible  de  la  part  d'un  homme  qui  aurait  reçu  un 

coup  qui  a  désarticulé  la  suture  lambdoïde  :  car  une  telle  violence  doit  amener  in- 

HiBtanément  une  commotion  cérébrale  qui  met  le  blessé  hors  de  toute  connais- 

Moee.  Hous  concluons  donc  que  Lucke  ne  peut  pas  avoir  été  au-dessous  de  Bon' 

Iswr,  lorsqa'il  a  firappé  les  premiers  coups  de  marteau  sur  la  tète  de  celui-ci. 

7*  L'inenlpé  dit  aussi  dans  son  deuxième  interrogatoire  qu'il  a  donné  à  sa  victime 
iMore  quatre  on  six  coups  sur  la  tète  après  cette  première  violence.  «  Bontoux^ 
M-il,  moait  te  dos  appuyé  contre  la  porte.  »  Cette  assertion  est  encore  démontrée 
tawne  fliusse  par  l'autopsie.  Il  va  sans  dire  que  Lucke  n'a  pu  donner  des  coups  de 
■arlean  sur  l'arrière-tète  d'un  homme  qui  est  appuyé  le  dos  contre  la  porte,  et  il  est 
certain  que  les  autres  blessures  ont  été  faites  les  deux  combattants  étant  debout.  Il 
ot  nécessaire  que  Bontouv,  an  moment  où  il  a  reçu  les  coups  sur  l'arrière-tète,  qui 


140  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

ont  amené  la  désarlîculation  de  la  suture  lambdoïde,  ait  tourné  son  arrière-tête  eo 
face  de  Lucke,  c'est-à-dire  Lucke  doit  avoir  été  derrière  Rontoox,  soit  que  le  blessé 
ait  lâché  de  se  sauver,  soit  qu'il  ait  été  poussé  par  Lucke  dans  une  position  où 
cette  blessure  a  pu  être  faite,  soit  enfin  que  Bon  toux,  étant  par  terre,  ait  tâché  de 
se  lever  et  ait  présenté  ainsi  son  arrière-téte.  Nous  concluons  de  là  que  Luéki  a 
été  derrière  Bontcux  quand  il  lui  a  donné  les  coups  mortels  sur  Varrière-Ute, 

8®  On  ne  peut  pas  dire  avec  certitude  dans  quelle  position  s'est  trouvé  Bontoux 
quand  le  côté  gauche  du  crâne  a  été  brisé.  Il  est  possible  qu'il  ait  été  devant  Lucke 
et  que  celui-ci  ait  frappé  avec  une  grande  force,  mais  il  est  encore  possible  qu'en 
ce  moment  le  décédé  ait  été  couché  par  terre  et  que  Lucke  ait  firappé  de  haut  en 
bas.  Or,  comme  le  cadavre  a  été  trouvé  sur  le  dos,  les  coups  de  l'arrière-téte  ont 
dû  précéder  ceux  du  côté  gauche,  et  il  est  très  vraisemblable  .que  Bontoux,  d^ 
frappé  mortellement,  a  reçu  ensuite  les  blessures  du  côté  gauche. 

D'après  ce  qui  précède,  nous  ne  croyons  pas  nécessaire  de  discuter  la  déclara^ 
tion  de  l'inculpé,  qui  dit  qu'en  se  sauvant  il  a  vu  Bontoux  dans  la  cuisine,  et  que 
celui-ci  a  crié  même  à  demi-voix  ;  car  un  homme  ayant  reçu  de  telles  blessures, 
ayant  perdu  tant  de  sang,  ne  peut  pas  se  tenir  debout  ni  crier  au  secours;  il  ne 
peut  avoir  sa  connaissance. 

Il  y  a  eu  une  lutte,  ce  qui  est  prouvé  par  les  taches  nombreuses  ecchymosées 
trouvées  sur  le  cadavre.  Bontoux  s'est  défendu;  ce  qui  est  prouvé  par  les  traces 
d'ongle  que  nous  avons  trouvées  le  24  mars  derrière  les  oreilles  de  Lucke,  par  mie 
égratignure  à  l'œil  gauche,  par  les  lésions  qui  se  trouvent  aux  jointures  de  la  main 
droite  et  au  pouce  droit.  Lucke  a£Qrme  que  cela  provient  de  la  rixe  avec  Bontoux 
et  déclare  que  la  blessure  du  pouce  droit  est  une  morsure  bite  par  Bontoux. 
Cependant  il  n'y  pas  de  preuve  que  Lucke  en  se  battant  soit  tombé  par  terre,  car 
il  n'y  a  pas  une  seule  ecchymose  sur  son  corps,  comme  on  aurait  dû  s'y  attendre 
après  une  chute  violente  et  comme  on  en  a  trouvé  chez  Bontoux.  On  en  peut  con- 
clure que  Lucke,  vigoureux,  préparé,  bien  éveillé,  a  toujours  été  le  vainqueur  de 
Bontoux,  plus  faible  et  encore  endormi.  » 

Il  fut  condamné  à  mort  et  exécuté. 

Obs.  71.  —  Fracture  compliquée  de  Vos  temporal^  du  rocher  et  du  maxillaire 
inférieur.  Dans  quelle  posUion  s*  est  trouvée  la  victime  f 

Le  dimanche  16  novembre  18...,  Guillaume  Haube,  âgé  de  dix-huit  ans,  apprenti 
chez  le  tailleur  Nolte,  s'était  amusé  hors  de  la  maison  dans  l'après-midi  et  le  soir  ; 
il  était  resté  plus  longtemps  qu'on  ne  le  lui  avait  permis.  Lorsqu'il  revint  se  coucher 
à  la  maison,  la  bonne  qui  le  reçut  lui  annonça  que  le  maître,  en  se  couchant,  l'avait 
menacé  pour  le  lendemain  d'une  forte  correction.  Le  jeune  Haube  monta  à  sa 
chambre  et  commença  à  réfléchir  sur  sa  position.  Il  pensa  à  ses  dettes,  qui  lui  cau- 
saient continuellement  des  tourments.  Il  ne  se  coucha  pas.  La  résolution  qu'il  nour- 
rissait  depuis  longtemps  d'aller  en  Amérique  lui  revint  en  esprit,  et,  considérant 
que  c'était  le  seul  moyen  d'échapper  à  celte  vie  de  tourments,  il  se  décida  irrévo- 
cablement à  partir  tout  de  suite.  Il  songea  immédiaten^ent  à  se  procurer  l'argent 


PROCÉDÉ   DU   UEURTRIER   DANS   L'ëXÉGUTION   bV   GRIME.       l&l 

flécessaire  ea  dépouillaut  ton  roallre,  avec  lequel  cependant  il  élaik  en  bons  rap  • 
poiis  et  dont  il  n'avait  reçu  que  des  marques  d'affection. 

Vers  minuit,  il  entra  doucement  dans  la  chambre  de  son  mailre,  dans  laquelle 
se  trouvait  le  secrétaire.  Il  alla  près  du  lit  prendre  les  clefs  dans  la  poche  de  la 
robe  de  chambre  et  commençait  à  exécuter  son  vol,  lorsque  le  mailre  fit  un  mou- 
vement. Saisi  de  crainte,  il  s'arrêta  et  se  sauva  dans  sa  chambre  à  coucher.  Il  se 
mit  sur  son  lit  pour  attendre  que  son  maître  fût  de  nouveau  endormi  profondément. 
Sur  les  deux  heures,  il  arrêta  la  pendule  de  sa  chambre,  retourna  dans  la  chambre 
de  soo  maître,  armé  cette  fois  d'une  hache  qu'il  avait  prise  dans  la  cuisine,  afin 
«  de  se  défendre  contre  son  maître  »,  si  cela  devenait  nécessaire.  En  commen- 
çant soo  opération,  il  fut  de  nouveau  dérangé  par  son  maître,  qui,  en  s'éveillant, 
cria  :  «  Qui  est  li  ?  » 

L'accusé  raconta  dans  presque  tous  les  interrogatoires  ce  qui  se  passa  à  partir 
de  ce  moment  de  la  manière  suivante  : 

«  Alors  je  m'approchai  vite  de  la  tête  du  lit  et  je  frappai  dans  les  ténèbres  deux  ou 

trois  coups  de  hache  sur  le  corps  qui  me  paraissait  assis  dans  le  lU,  Mon  maître 

i'écria  de  tontes  ses  forces  :  a  Ah  !  mon  Dieu  !  mon  Dieu  !  »  et  avec  une  voix  plus 

haute  :  «  Ciel  !  ciel  !  »  Après  ces  coups  de  hache,  il  retomba,  puis  il  se  releva,  et 

comme  il  cria  encore  très  haut  :  «  Ciel  !  »  je  crus  qu'il  pouvait  encore  sortir  du  lit 

et  que  j'étais  perdu.  »  Je  courus  chercher  un  couteau  de  table  et  je  firappai 

à  coups  redoublés.   Mon  maître  voulant  m'arrêter  me  saisit  la  main  gauche,  en 

essayant  de  m'arracher  le  couteau,  il  me  tira  sur  son  lit  et  m'égratigna    la 

nain.  » 

Bous  en  trouvâmes  les  traces  sur  le  dos  de  la  main  de  Haube. 

Nolte,  blessé  mortellement,  tomba  enfin  et  resta  sans  connaissance.  Alors  le  jeune 

Bnbe  continua  son  vol;  il  alluma  une  lumière,  il  prit  à  peu  près  70  thalcrs 

(180  francs),  ^ae  lorgnette;  puis  il  se  lava  les  mains  pour  se  débarrasser  des  taches 

àt  laog,  déposa  son  linge  taché  de  sang  et  s'éloigna  à  quatre  heures  du  matin. 

n  aUa  ehes  son  frère,  lui  raconta  qu'il  voulait  partir  pour  TAmérique,  qu'il  avait 

volé  l'argent  à  son  maître.  Il  se  promena  dans  les  rues,  car  il  était  trop  tôt  pour 

prendre  le  chemin  de  fer  ;  il  s'acheta  le  malin  des  bonbons  qu'il  voulait  manger  sur 

kbatean  pour  éviter  le  mal  de  mer;  il  déjeuna  à  Tembarcadcre  du  chemin  de  fer 

etiOaiTec  le  premier  train  jusqu'à  Hambourg.  Mais  le  télégraphe  l'avait  devancé, 

<ieiorte  qu'il  fut  arrêté  en  arrivant  et  ramené  à  Berlin.  11  avoua  dès  le  commen- 

ceoeat  ce  crime  avec  tous  ses  détails. 

U 19  novembre,  nous  fîmes  l'ouverture  du  cadavre.  Voici  quels  en  furent  les 
réttUatt  importants  :  la  chemise  et  tout  le  corps  étaient  tachés  de  sang  ;  à  la  tête, 
à  la  figure,  au  cou,  à  l'épaule,  aux  bras  et  aux  doigts,  il  y  avait  42  blessures, 
i*il  des  ecchymoses,  soit  des  coupures  à  bords  nets,  soit  des  sillons  sanglants,  puis 
te  blessures  très  grandes  provenant  d'un  instrument  contondant.  L'une  avait 
^  la  partie  écailleuse  et  le  rocher  de  l'os  temporal  droit,  une  fissure  partant  de 
^.tniersait  la  selle  turcique;  l'autre  avait  écrasé  la  partie  droite  du  maxillaire 
i>l<iriev,  déchiré  son  artère  et  coupé  l'artère  thyroïdienne  supérieure  ;  cette  bles- 
>ve  d'artère  avait  les  bords  nets.  Tout  le  corps  était  anémique. 


112  PARTIB   THANATOLOGIQUE. 

On  nous  avait  posé  les  questions  suivantes  : 

1<>  Les  blessures  ont-elles  pu  être  fiiites  avec  le  couteau  et  la  haehe  préseatèit 
2*  Quelles  sont  celles  qui  ont  été  produites  avec  la  hache? 
3*  Le  décédé,  quand  il  a  été  firappé,  était-il  couché  sur  le  côté  gauche  ou  peul- 
il  avoir  été  assis  ? 

4*  Combien  de  temps  après  ses  blessures  le  blessé  peut-0  avoir  vécu? 

Nous  déclarâmes  d'abord  dans  le  rapport  que  récrasement  du  crâne  a  été  la  eauss 
de  la  mort.  Nous  passons  les  explications  que  renfermait  notre  rapport  à  ee  sqet. 
Puis  nous  continuions  :  «  On  demande  combien  de  temps  le  bleasé  pe«l  avoir  véca 
après  ses  blessures?  •  Les  faits  contenus  dans  les  actes  et  les  résultats  de  l'avfcDpsis 
permettent  de  répondre.  L'accusé  prétend  que  deux  heures  et  demie  étaient  passées 
lorsqu'il  est  entré  pour  la  seconde  fois  dans  la  chambre  de  son  maître.  U  dit  dam 
tous  ses  interrogatoires  que  quand  il  a  quitté  la  maison,  à  quatre  heures  du  natia, 
le  blessé  respirait  encore,  et  la  bonne  dépose  que  lorsqu'elle  est  entrée  dans  h 
chambre,  à  huit  heures  du  matin,  elle  a  trouvé  son  maître  mort.  D'après  cala,  ë 
aurait  vécu  au  moins  une  heure  et  demie  et  au  plus  cinq  heures  et  demie.  Fev 
compléter,  nous  observerons  qu'il  n'est  pas  âLtraordinaire  que  les  docteura  X.- 
et  Z...  aient  trouvé  le  cadavre  au  lit  à  huit  heures  trots  quarts  encore  tiède, 
dans  de  telles  circonstances  la  chaleur  animale  se  conserve  encore  longtemps 
la  mort,  quelquefois  même  jusqu'au  lendemain.  L'expérience  nous  permet  d'ad- 
mettre que  le  blessé  a  dû  vivre  encore  deux  à  trois  heures  après  ses  bl 
L'hémorrhagie  des  vaisseaux  lésés  a  dû  être  très  importante,  car  le  linge  a  été 
plétement  imbibé  de  sang,  et  le  cadavre  a  été  trouvé  très  anémique.  Mais  eonaiéé- 
rons  que,  par  la  commotion  cérébrale  qui  fut  le  résultat  des  deux  grandes  bleaawes 
de  tète,  il  a  dû  y  avoir  une  perte  de  connaissance,  une  syncope,  qui  fut  un  obstacle 
à  une  hémorrhagie  artérielle  devenant  promptement  mortelle,  et  si  l'on  admet  qta 
la  mort  a  eu  lieu  par  commotion  cérébrale,  on  sait  que  souvent  des  malades  ont 
vécu  dans  cet  état  encore  fisses  longtemps.  En  pesant  bien  toutes  les  cirGonstances, 
le  grand  nombre  des  blessures,  Thémorrhagie  et  les  blessures  mortelles  de  U  tètet- 
nous  croyons  exacte  l'époque  de  la  mort  que  nous  avons  indiquée. 

Quaut  à  la  première  question  i  «  Les  blessures  ontp  elles  pu  être  faîtes  avec  le 
couteau  et  la  hache  présentés?  »  nous  y  répondons  affirmativement.  Non-seulement 
ces  instruments  sont  couverts  de  taches  de  sang,  mais  encore  l'état  des  blessures 
annonce  un  instrument  tranchant  et  un  instrument  tranchant  contondant  qui  ont  dû 
être  employés  avec  une  grande  vigueur,  car  certains  bords  sont  nets,  certains 
autres  inégaux,  des  tissus  fermes  ont  été  écrasés,  on  a  trouvé  la  pointe  du  couteau 
lirisée,  et  l'inculpé  lui-même  dit  qu'il  a  heurté  le  couteau  contre  des  corps  durs  (les 
es  du  crâne).  Ainsi  il  est  certain  que  ces  instruments  ont  été  employés. 

Pour  la  seconde  question  :  «  Quelles  sont  les  blessures  qui  ont  été  produites  par 
la  hache?  »  on  peut  y  répondre  également  sans  difficulté.  Ce  sont^  aans  aucua 
doute,  celles  qui  ont  produit  les  écrasements  des  os  et  les  déchirements  des  parties 
molles,  c'est-à-dire  les  deux  grandes  blessures  du  maxillaire  inJérieur  droit  et  4é 


PROCÉDÉ   DU   MEURTRUR  DANS   l'BXÉCUTION   DU   CRIME.      iiS 


tm  tanponil  droil,  qui  iadiqiiant  on  oor|M  plM  lounl,  pins  contondant  qu'on  oon- 
len,  mail  no  mtae  tompa  tranchant  et  capable  de  séparer  des  partiea  moUes  ; 
ainsi,  par  conséquent,  cela  peut  très  bien  avoir  été  une  hache. 

Eoflo,  nous  avons  encore  à  répondre  à  la  dernière  question  :  «  Le  décédé,  quand 
il  a  élé  frappé,  élait-il  couché  sur  le  côté  gauche,  ou  bien  peut-il  avoir  été  assis  T* 
0  est  constaté  par  la  bonne  et  le  chef  d'atelier  que  le  décédé  avait  l'habitude  de  se 
coucher  du  côté  fauche,  la  figure  tournée  du  côté  du  mur.  Il  est  alors  à  supposer 
qne  dana  la  nuit  où  il  a  été  attaqué,  Nolte  était  couché  sur  le  côté  gauche,  et  la 
position  des  blessures  mortelles  sur  le  maxillaire  et  le  crâne  du  côté  droit  con* 
JiBiMul  eeUe  soppoaitîon.  Mais  il  est  important  de  considérer  quelle  a  été  la  posi- 
tiaa  da  cadavre  quand  il  a  été  trouvé. 

Le  décédé  reposait  sur  le  ventre  et  sa  tête  était  sur  le  côté  droit  ;  les  mains 

étaient  réunies  et  fléchies,  etc.  Il  est  impossible  que  le  décédé  ait  été  dans  cette 

psailion  quand  il  a  reçu  les  blessures  qui  n'étaient  pas  même  visibles  ainsi  et  que 

sstts  trouvâmes  quand  on  retourna  le  cadavre.  Ainsi  il  n'a  pris  cette  position  que 

phM  tard.  Il  n'est  pas  probable  que  l'accusé  l'ait  mis  lui-même  dans  cette  position, 

ev  il  neonte,  ce  qui  est  très  croyable,  qu'il  a  entendu  le  mourant  respirer,  mais  • 

fi'il  ne  l'a  pas  regardé  car  il  en  avait  peur  ;  il  était  donc  bien  éloigné  de  l'idée 

Ai  le  reloumer  sans  raison.  Ainsi  le  décédé  ayant  été  blessé  couché  sur  le  côté 

inehe,  ei  ayant  été  trouvé  couché  sur  le  côté  droit,  il  est  nécessaire  qu^il  ait 

duttgé  lui-même  de  position  après  avoir  reçu  ses  blessures.  Ici  les  dépositions  de 

rmeo^  se  contredisent.  A  Hambourg,  il  a  dit  :  «Mon  maître  ne  s'est  pas  défendu 

et  ae  m'a  pas  touché»,  tandis  que  dans  des  interrogatoires  postérieurs  il  dit  le 

natfaire,  ce  qui  est  plus  vrai,  vu  sa  main  égratignée.  Dans  l'Interrogatoire  du  22 

Ai  Bais  précédent,  il  dit  qu'il  a  levé  la  hache  presque  verticalement  et  qu'il  a 

Hfpé  vers  le  corps  hlanc  qui  étaU  assis  dans  le  lit  en  dirigeant  son  coup  avec 

■ISBlion  vers  la  tête.  Puis,   lorsqu'il  commença  à  donner  des  coups  de  couteau, 

Ha  Battre  voulut  se  lever,  mais  dans  le  même  interrogatoire  il  dit  aussi  qu'après 

bpreoiiercoup  de  couteau,  il  est  tombé  et  n'a  plus  bougé.  De  même  l'ioterroga* 

Itâsda  2  de  ce  mois  ne  s'accorde  pas  avec  ce  qu'il  avait  dit  auparavant  :  «  D'après 

ItiSB  de  sa  voix,  mon  maître  me  sembla  s'être  tourné  démon  côté;  cependant  je 

l'eisois  paa  certain,  et  j'ai  frappé  sur  le  corps  blanc  qui  me  semblait  assis  sm*  le 

l^svaat  ces  contradictions,  nous  ne  pouvons  baser  notre  jugement  que  sur  l'état 
^  blessures.  Il  est  possible  que  le  coup  ait  été  porté  sur  le  maxillaire,  le  décédé 
te  assis  ;  mais  en  considérant  l'écrasement  complet  de  cet  os,  il  est  beaucoup 
^Mmiseaiblable  d'admettre  que  la  tête  était  sur  le  lit  et  que  le  coup  a  été  porté 
Perpvidiculairement,  il  est  possible  qu'alors  il  se  soit  levé,  car  même  avec  celte 
^^BMe  il  a  pu  encore  se  défendre.  Quant  à  la  blessure  du  crâne,  il  est  plus  pro- 
^  qoe  le  décédé  l'a  reçue  étant  assis,  car  la  voûte  du  crâne  proémine  plus  que 
baujyaôe  el  la  partie  êcailleuse,  du  temporal  peut  être  écrasée  plus  facilement 
^lasaxiUaire  qui  est  très  dur.  Ainsi  nous  croyons  devoir  expliquer  les  choses  de 
^ Biiièra  suivante: 

Me  a  d'ated  ref  u  le  eoup  de  hache  sur  le  maxillaire  droit,  étaet  couché  ;  il 


lAA  PARTIE   THÀKATOLOGIQUE. 

•'est  assis  sur  son  lit  et  a  reçu  les  blessures  au  temporal,  ensuite  a  eu  liea  ne 
lutte  dans  laquelle  il  a  reçu  de  nombreux  coups  de  couteau,  aprèa  lesquels  il  l'eit 
affaissé.  Nous  répondrons  donc  aux  questions  posées  : 

1^  Que  les  blessures  ont  pu  être  laites  avec  la  hache  et  le  couteau  présentés  ; 

2*  Que  la  blessure  du  crâne  et  celle  du  maxillaire  ont  été  produites  atec  la 
hache  ; 

30  Que  le  décédé,  quand  il  a  été  frappé  avec  la  hache,  peut  avoir  été  assis; 

4"  Que  le  décédé,  après  les  blessures ,  peut  encore  avoir  vécu  deux  à  troii 
heures  ; 

Les  jurés  déclarèrent  que  Haube  avait  commis  Thomicide  «  volontairemeol, 
mais  pas  avec  préméditation  »,  et  il  ne  fut  condamné  qu'aux  travaux  forcés  à  perpé- 
tuité. 

Ob8.  72.  —  Écrasement  de  Vos  pariétal  droit  et  du  sphénoidal.  Quelle  a' été  Is 
position  de  la  victime  et  comment  V assassin  était-U  placé  T 

Le  14  mars  18..  au  matin,  le  marchand  Schullz  fut  trouvé  assassiné  dans  le 
tiroir  du  sofa  de  sa  chambre.  Le  même  jour,  son  domestique,  Frédéric  HoUand, 
fut  arrêté  à  Tembarcadère  de  Berlin,  parce  qu'il  n'avait  pas  de  papiers.  Il  aviH 
l'intention  d'aller  à  Hambourg  et  de  là  en  Amérique.  11  avoua  immédiatemeat 
qu'il  avait  tué  son  maître  la  veille  à  huit  heures  du  matin,  tandis  que  celui-ci  était 
couché  dans  son  lit.  La  raison  de  cet  assassinat  avait  été  do  se  procurer  de  IV- 
gent  afin  d'entretenir  sa  maltresse  et  un  enfant  qu'il  avait  eu  d'elle. 

Voici  comment  il  raconta  l'événement  :  «  Quand  je  fus  bien  sûr  que  mon  maître, 
qui  couchait  sur  le  côté  gauche  avec  la  figure  contre  la  mnraille,  était  pro- 
fondément endormi,  je  sortis  de  dessous  ma  redingote  la  hache  que  j'avais  prise 
dans  la  cuisine,  la  tenant  par  le  manche  avec  la  main  droite,  je  frappai  de  haut  ea 
bas  avec  le  dos  sur  la  tête  de  mon  mettre  dans  la  région  temporale.  De  suite  après 
ce  coup,  mon  maître  leva  la  tôte  sans  pousser  un  cri,  et  je  frappai  encore  deux 
coups,  mais  cette  fois  encore  un  peu  plus  haut.  La  tôte  retomba  de  suite,  sans  que 
mon  maître  ait  prononcé  un  mot  ;  mais  comme  il  râlait  encore,  je  courus  dans  la 
cuisine,  je  pris  une  corde  épaisse,  dans  l'intention  de  l'étrangler  tout  à  fait,  parce 
que  je  craignais  que  le  râlement,  devenant  plus  fort,  ne  fût  entendu  par  d'autres 
personnes.  Je  me  plaçai  à  la  tête  du  lit,  je  tirai  le  corps  jusqu'à  ce  que  la  tète, 
dépassant  la  tête  du  lit,  pendit  en  dehors;  alors  je  tournai  la  corde  trois  ou  quatre 
fois  autour  du  cou,  et  je  nouai  la  corde  afin  qu'elle  tint  bien.  » 

11  déclara  aussi  que,  pour  ne  pas  laisser  le  cadavre  visible,  il  l'avait  serré  avec 
les  draps  dans  le  sofa,  il  avait  fermé  le  tiroir  avec  des  clous,  puis  il  avait  commis 
son  vol. 

Le  lendemain,  nous  fîmes  l'autopsie,  qui  était  très  intéressante,  car  il  y  avait  eu 
étranglement  d*un  mourant.  Nous  trouvâmes,  à  propos  de  cet  étranglement,  une 
corde  d'un  quart  de  pouce  de  largeur,  tournée  cinq  fois  autour  du  cou  et  tellement 
serrée  que  l'on  ne  pouvait  mettre  le  doigt  entre  le  lien  et  le  cou.  Après  avoff  ôté  la 
corde,  nous  trouvâmes  un  sillon  tournant  quatre  ou  cinq  fois  autour  du  cou,  blanc  en 
grande  partie,  mais  i  quelques  endroits  bleuâtre  ou  bien  rouge  foncé,  ayant  une 


PROCÉDÉ   DU  MEURTRIER  DANS  L*EXÉCUTION  DU  CIUHE.         1^5 

profiNMieiir  d«  5  mUliaiètres  et  la  largeur  de  i  centimètre.  On  pouvait  couper  faci- 
liept  les  silloni,  qui  étaient  mous  sous  le  couteau.  H  n*y  avait  pas  d'ecchymoses 
mdle  part. 

Tout  1*01  temporal  droit  était  écrasé  en  beaucoup  de  fragments,  et  la  suture  coro- 
naire était  écartée  dans  toute  sa  longueur ,  il  y  avait  fissure  de  l'os  frontal  droit 
dans  ta  partie  orbitale.  Un  morceau  de  la  grande  aile  droite  de  Tos  sphénoïde  5tait 
détacbé,  ainsi  que  trois  morceaux,  de  la  longueur  d'un  pouce,  de  la  partie  écailleuse 
da  temporal  droit.  Il  y  avait  à  la  base  du  crftne  une  fissure  qui  traversait  la  selle 
tarciqoe.  Les  poumons  ne  contenaient  pas  de  sang,  les  grands  vaisseaux  de  la  poi- 
triaea'ea  contenaient  que  très  peu,  ainsi  que  les  quatre  cavités  du  cœur.  Le  larynx 
et  la  trachée- artère  non  blessés  étaient  pâles  et  vides  ;  tout  le  reste  du  corps  était 
■oraul,  mais  il  y  avait  une  anémie  générale. 

Ici  tons  les  résultats  de  l'autopsie  s'accordaient  avec  les  déclarations  de  l'accusé. 

D'abord,  quant  à  la  cause  de  mort  ;  on  pouvait  facilement  prouver  qu'elle  était 

due  aux  blessures  de  tête  et  non  k  l'étranglement,  car  il  n'y  avait  pas  un  seul  signe 

et  mort  par  asphyxie,  et  l'on  pouvait  admettre  que  les  liens,  ayant  été  serrés  dans 

sa  état  d'agonie,  l'asphyxie  ne  s'était  pas  produite.  Quant  aux  instruments  qui  ont 

M  ètra  employés,  nous  aurions  admis,  quaud  même  l'inculpé  ne  l'aurait  pas  avoué, 

^'aa  corpa  lourd,  tranchant  et  contondant,  à  surface  carrée,  comme  le  dos  d'une 

haebe,  avait  été  l'instrument  mortel.  Il  n'y  a  que  les  instrumenta  contondants  qui 

feavent  produira  de  telles  blessures. 

L'ecchymose  quadrilatère  qui  a  été  trouvée  à  la  région  du  maxillaire  supérieur 

froave  qu'un  instrument  quadrilatère  a  été  employé.  La  hache  qu'on  nous  a  pré- 

leatèe  avait  un  tranchant  dentelé  et  un  dos  ordinaire  quadrilatère,  dont  les  bords 

iUâent  très  tranchants.  Par  cette  disposition  de  l'instrument,  on  devait  admettre 

foe  l'ecchymose  de  la  joue  seulement  provenait  certainement  du  dos  de  la  hache, 

laidis  que  les  autras  blessures  extérieures  pouvaient  provenir  aussi  bien  du  dos  que 

il  tranchant. 

L'autopsie  confirmait  parfaitement  ce  qu'avait  dit  Holland,  que  son  maître  était 
mchè  sur  le  cAte  gauche,  puisque  toutes  les  blessures  extérieures  se  trouvaient  du 
c4(é  droit  de  la  tète,  tandis  que  les  vertèbres  et  le  celé  gauche  étaient  complètement 
iMsets;  d'après  l'état  des  blessures  profondes,  il  était  évident  que  la  victime  était 
CMcliée  quand  elle  a  été  frappée,  car  si  elle  avait  été  debout,  les  blessures 
'viieolétédu  cétégauche  ;  déplus,  les  blessures  étaient  si  importantes, puisqu'elles 
ont  amené  l'écartement  d'une  suture,  quelles  avaient  dû  être  faites  de  haut  en  bas. 
Qaaatàla  position  du  meurtrier,  il  faut  supposer  qu'il  a  été  placé  derrière  la  tète 
'a  lit,  car  ce  n'est  que  da«  cette  position  que  l'ecchymose  aux  joues  a  pu  être  faite  ; 
^ecchymose  a  été  produite  par  l'extrémité  du  dos  de  la  hache  .Nous  concluons  donc  : 
1*  Que  la  cause  de  la  mort  de  Schulz  n'a  pas  été  un  étranglement  ; 
2*  Que  cette  cause  doit  être  attribuée  aux  blessures  de  tète  ; 
3*  Que  ces  blessures  indiquent  un  instniment  en  partie  contondant,  en  partie 
tnadMit,  qui  a  été  employé  avec  force  ; 

4*  Que  la  hache  présentée,  ou  au  moins  un  instrument  semblable,  a  prodait  cet 
Wetwres; 

M.  iO 


1A<5  PARTIE   TUANATOLOGIQUE. 

50  Que  l'ecchymose  quadrilatère  de  la  joue  a  été  produite  par  la  turiaee  domte 
de  rinstrument  ;  que  les  autres  blessures  peuvent  avoir  été  prodoitea  en  ■èow 
temps  par  le  tranchant  et  par  le  dos  de  l'instrument; 

6**  Que  le  décédé  a  dû  être  couché  sur  le  côté  gauche  quand  il  a  été  blessé  el 
tué; 

7"*  Que  le  coupable  était  placé  derrière  la  tâte  du  lit  ; 

8°  Que,  vu  la  grande  fraîcheur  du  cadavre  et  la  chaleur  de  ratmeapbère,  00 
peut  considérer  la  mort  de  8chulz  comme  ne  datant  que  de  quelques  jovt,  à  pei 
l>rés  cinquante  heures.  Uolland  a  été  condamné  à  mort. 

Obi.  73.  -*-  Homicide  par  hl$t9ure»  de  tél$.  Dans  quelle  po$Ui<m  se  fronvoM 

la  victime? 

Dn  menuisier  avait  tué  sa  femme,  âgée  de  cinquante-cinq  ans,  avec  laquelle  il 
vivait  en  mauvaise  harmonie.  Il  s*était  servi  d'une  lime  pesant  1  kilogramme  1/3. 

Il  y  avait  ici  une  particularité  très  intéressante  :  les  os  du  crâne  avait  extrême* 
ment  peu  d'épaisseur,  à  peine  2  millimètres.  Toute  la  moitié  gauche  du  crâne  était 
écrasée  ;  dix  fragments  d'os  étaient  détachés,  et  le  fond  de  la  blessure  était  fomé 
par  la  dure-mère  déchirée,  à  travers  laquelle  le  cerveau  faisait  hernie.  L'hémi- 
sphère gauche  du  cerveau  était  écrasé  et  parsemé  de  caillots  de  sang  ;  l'on  en  troo» 
vait  aussi  dans  le  cervelet.  Une  tissure  de  l'os  frontal  s'étendait  jusqu'au  côté  droit 
dans  la  partie  orbitale.  Les  plexus  choroïdes  étaient  très  pâles,  les  sinus  exsan- 
gues. I3ne  autre  blessure  était  importante  pour  juger  la  position  de  la  blessée  : 
c'était  une  plaie  longue  de  2  centimètres  1/2,  un  peu  béante,  à  bords  assez  nets  et 
faiblement  ecchymoses,  qui  s'étendait  à  travers  l'oreille  gauche  de  haut  en  bas  et 
d'arrière  en  avant.  Tout  le  reste  de  l'autopsie  était  sans  importance,  Il  y  avait  ané- 
mie générale. 

Mous  jugeâmes  que  les  blessures  de  tête  avaient  été  nécessairement  mortelles; 
qu'elles  avaient  pu  être  produites  par  la  lime  présentée  ;  que  la  décédée,  au  moment 
où  elle  a  été  blessée,  n'était  pas  couchée,  mais  bien  debout  ou  assise,  conmie  le 
prouve  la  direction  de  la  blessure  de  l'oreille,  et  que  le  coupable  peut  s'être -trouvé 
devant  ou  derrière  elle.  Le  mari»  que  l'on  amena  lors  de  l'autopsie^  avoua  que  sa 
femme  était  assise  sur  un  banc  et  tricotait  lorsque  la  querelle  s'était  élevée  entit 
eux,  et  que,  étant  devant  elle,  il  avait  saisi  la  lime  et  l'en  avait  frappée. 

068.  74*  —  Écrasement  du  crâne  par  une  hache.  Déterminer  s*U  a  été 
produit  avec  le  iravchant  ou  avec  le  dos  de  l'instrument. 

Le  tisserand  D. ..  tua  son  llls,  âgé  de  quatorze  ans,  pendant  son  sommeil.  11  s'était 
servi  d'une  hache,  comme  le  déclarèrentles  membres  de  la  famille,  qui  étaient  accou- 
rus et  avaient  presque  assisté  au  crime.  L'instrument  avait  séparé  l'aponévrose  et  les 
os  du  crâne  et  avait  pénétré  profondément  dans  le  cerveau.  Le  cadavre  préa«aUit  du 
côté  gauche  du  crâne  une  plaie  de  8  centimètres  de  longueur  et  de  2  centimètres  1/2 
de  largueur  ;  plusieurs  fragments  d'os  avaient  été  détachés.  La  figure,  la  chemiae. 


PROCÉDÉ   DU   MEURTfU£R   DANS   L'EXÉCUTION    DU    CRIME.         1A7 

Jei  bras  éUi»ai  couTerU  de  sang  ;  la  cadavre  avait  la  couleur  de  la  cire  blanche  : 
aaéaiie  générale.  Néanmoioa  il  y  avait  des  lividités  cadavériques  qui  couvraient 
tout  la  dos.  J'observe  encore  qu'à  partir  de  l'angle  supérieur  de  la  blessure  s'éten- 
dait une  fissure  en  aigzags,  parcourant  horizontalement  toute  la  voûte  crânienne 
jusqu'à  l'os  temporal  droit,  el  qu'il  y  avait  une  fissure  à  la  base  du  crâne,  dans  la 
selle  tnrcique,  qui,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  ordinairement,  ne  la  traversait 
pu  transversalement,  mais  qui,  arrivée  au  milieu  de  l'os,  formait  un  coude  el  s'en 
•Daii  en  serpentant  en  arriére,  en  détachant  le  rocher  droit.  Sur  le  corps  calleux, 
O  y  avait  des  caillots  de  sang,  et  il  y  en  avait  aussi  dans  la  substance  du 
cerveau. 

La  garçon  ne  s'était  pas  éveillé  et  était  resté  mort  sur  le  coup,  et  le  sang  était 
cependant  coagulé.  Le  cas  était  facile  à  juger,  mais  la  question  posée  :  a  Le  meur- 
trier a-l-il  firappé  avec  le  côté  tranchant  ou  avec  le  dos  de  la  hache  ?  »  était  assee 
dilBcile  à  réaoudre.  Le  dos  de  la  hache  contenait  du  sang  comme  le  tranchant,  et 
de  pins  il  y  avait  des  cheveux  blonds  du  cadavre  qui  y  étaient  collés.  L'état  de  la 
Uesaure  indiquait  qu'on  s'était  servi  du  tranchant  ;  mais  la  présence  des  cheveux 
wr  le  dos  de  la  hache  était  en  contradiction  avec  ce  résultat.  Tout  nous  portait  à 
idaeltre  que  les  cheveux  avaient  coulé  avec  le  sang  sur  le  dos  de  la  hache,  et  nous 
a'cAmes  plus  de  doute  quand  plus  tard  on  nous  présenta  l'oreiller  sur  lequel  le 
farçon  était  eoûché.  Sur  cet  oreiller,  il  y  avait,  outre  de  grandes  mares    de 
lang,  4eux  grands  morceaux  de  cerveau  el  une  grande  quantité  de  cheveux  blonds 
collés  par  le  sang. 

Le  coupable  fut  déclaré  fou  et  fut  transporté  dans  une  maison  de  santé,  où  H 
BoamL 

Ou.  75.  —  Bleuure  pénétrante  du  cœur.  Le  décédé  a-t-it  reçu  un  coup  de  poi- 
ptard  de  la  mam  d'un  étranger ,  ou  bien  s'esta  jeté  lui-même  sur  le  poignard 
queVétranger  tenait  à  la  main  f 

(tes  une  rixe,  le  2S  août  18.*>,  8...  reçut  trois  coups  de  couteau  de  Helm  et 
Ma  flsert  immédiatement  après. 

Koiii  citerons  les  passages  suivants  du  procès- verbal  de  l'autopsie  :  n  Aumih'eu 
te  bras  gauche,  à  la  surface  interne,  se  trouve  une  blessure  semi-lunaire,  longue 
te  4  ceotimètrea,  large  de  3  centimètres,  avec  des  bords  très  nets,  secs,  non 
^}BMMés,  mais  qui  n*a  pas  pénétré  plus  profondément  que  la  peau.  Sur  le  côté 
psche  de  la  poitrine,  près  de  l'aisselle,  se  trouve  une  blessure  diagonale,  à  4  cen- 
lioêtres  da  Bamelon,  i|a  forme  semi-lunaire,  longue  de  6  centimètres,  large  au 
Biliea  de  3  centimètres,  à  bords  nets,  secs,  non  ecchymoses,  du  fond  de  laquelle 
iV|it  un  corps  muscnleux.  Du  même  côté  de  la  poitrine,  entre  la  cinquième  et  la 
ûiteM  céte,  à  4  centimètres  du  mamelon,  se  trouve  une  blessure  allant  de  haut 
(Qkss  ai  de  dedans  en  dehors,  longue  de  2  centimètres,  large  au  milieu  de  3  cen- 
MlMs,  un  peu  semi-lunaire,  avec  des  bords  analogues  à  ceux  d'en  haut. 
Qvaaé  on  ouvrit  le  thorax,  on  vit  que  les  deux  blessures  avaient  pénétré  ;  elles 
li'étaieot  séparées  à  Tintérieur  que  de  1  centimètre  :  l'inférieure  de  forme  sumi- 


1A8  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

lunaire,  longue  de  2  centimètres,  avec  des  bords  nets,  non  ecchymoses  ;  l'avlr 
était  plus  ronde,  n'avait  qu'un  demi- centimètre  de  longueur  et  avait  les  wèmn 
bords.  Dans  la  plèvre  gauche  se  trouvaient  600  grammes  de  sang  foncé  et  liquide; 
la  bise  du  péricarde,  tout  près  du  diaphragme,  il  y  avait  une  plaie  siwi-lmialr 
longue  de  1  centimètre  1/2,  large  de  2  centimètres,  à  bords  nets,  qui  était  eeeb; 
roosée  tout  autour  dans  une  surface  de  1  centimètre  1/2.  Dans  le  péricarde,  il  y  ati 
125  grammes  de  sang  liquide;  à  la  base  du  cœur,  il  y  avait  une  plaie  ten 
lunaire,  à  bords  nets,  non  ecchymosée,  longue  de  1  centimètre  1/2,  large  de  5  ee 
timètres,  qui  pénétrait  dans  le  ventricule  gauche.  » 

Le  reste  de  Tautopsie  n'était  pas  important  ;  il  y  avait  une  anémie  générale, 
laquelle  ne  participaient  pas  les  veines  de  la  pie-mère.  On  était  endroit  dedéebi 
cette  blessure  nécessairement  mortelle  et  de  motiver  qu'elle  avait  pu  être  prodn 
par  le  couteau  de  poche  présenté,  dont  la  lame  était  longue  de  10  centimètres 
large  au  milieu  de  2  centimètres  ;  elle  était  très  pointue  et  très  tranchante.  H 
à  l'audience  l'accusé  prétendit  qu'il  n'avait  pas  lui-môme  fait  la  blessure,  qu'ayt 
le  couteau  devant  lui  pour  éloigner  L...,  celui-ci  se  jeta  sur  lui  avec  une  bûciie 
bois,  et  se  blessa  lui-même  mortellement.  Il  n'était  pas  difficile  de  démooti 
comme  fausse  cette  explication  par  les  résultats  de  l'autopsie.  Le  blessé  avait  re 
trois  coups  :  un  au  bras,  deux  autres  à  la  poitrine,  il  était  très  probable  qi 
n'avait  été  que  passif;  de  plus,  la  direction  des  blessures  était  tout  à  fait  concluaiil 
elle  était  de  haut  en  bas  et  convergeait  à  l'intérieur,  Or  cette  direction  ne  pc 
s'expliquer  que  par  des  blessures  faites  le  bras  étant  levé,  tandis  qu'il  était  imp< 
sible  que  le  décédé  en  se  jetant  sur  le  couteau  ait  pu  se  faire  trois  blessvi 
ayant  de  telles  directions.  Les  jurés  furent  de  notre  avis  et  Helm  fut  condanu 

Obs.  76. —  Blessure  mortelle  de  la  cuisse  par  instrument  piquant  ;  déterminer 
eUe  a  été  faite  avec  intention  ou  si  c^est  la  blessée  elle-même  qui  s'est  jetée  sur 
couteau. 

Un  homme  très  irascible,  adonné  aux  boissons,  qui  avait  l'habitude  de  malfarali 
sa  femme,  se  querella  un  jour  avec  elle  pendant  le  dtner,  ayant  son  couteau  à 
main.  D'après  5a  déclaration,  la  femme  tomba  «  en  avant,  mais  un  peu  de  côté  i 
une  chaise  qui  était  derrière  elle  »,  voulant  la  retenir  il  la  blessa  malgré  lui. 
couteau  était  entré  à  la  surface  postérieure  de  la  cuisse  gauche  à  deux  pouces 
profondeur,  obliquement  de  dehors  en  dedans  après  avoir  traversé  une  robe,  de 
jupons  ouatés  et  un  caleçon.  D'après  la  déclaration  de  la  femme ,  le  mari  l'av 
d'abord  poussée  plusieurs  fois  en  lui  portant  des  coups  de  pieds  «  dans  le  côté  m. 
lorsqu'elle  se  tournait  vers  la  porte  pour  fuir  il  lui  avait  donné  un  coup  de  coûte 
par  derrière.  C'était,  comme  on  voit,  une  explication  bien  différente  !  La  fem 
fut  bientôt  reçue  dans  un  hôpital  où  l'on  trouva  à  la  région  inguinale  gauche  t 
ecchymose  et  à  la  cuisse  une  blessure.  Après  trois  jours  il  y  eut  une  tuméfacti 
des  ganglions  inguinaux  et  après  cinq  jours,  l'état  s'aggrava,  le  pus  sortant  df 
blessure  devint  sanieux,  les  ganglions  suppurèrent  aussi,  et  vingt  jours  aprèt 
blessure  la  blessée  mourut  d'infection  purulente. 


PROCÉDÉ  DU  MEURTRIER   DAMS  L'EXÉCUTION   DU  GRIME.         1&9 

Le  cida?re  était  maigre  :  il  y  avait  du  décubilus  et  de  l'anémie,  du  pus  sanieux 
Nrtaitde  lableflaore.  Il  était  tréa  facile  de  constater  le  fait  de  l'homicide.  Quant  à 
iaqaettion  :  La  blessure  a-t-elle  pu  être  laite  comme  le  àitraccusé?  Nous  répon- 
iaei  aéfatiYeaient.  Ses  déclarations  étaient  matériellement  fausses  et  contraires 
m  résallata  trouvés  sur  le  corps  de  la  femme  pendant  la  maladie  et  après  la 
■ort  D'abord  M...  dit  que  sa  femme  est  tombée  sur  une  chaise  qui  était  derrière 
de,  la  blessare  eOe-mème  montre  que  l'accusé  ment.  Le  coup  de  couteau  a  dû 
Un  porté  avec  beaucoup  de  force,  car  il  a  pénétré  dans  le  corps  à  5  centimètres 
et  profondeur  après  avoir  percé  beaucoup  d'étoffes.  Cette  blessure  aurait  peut*étre 
pi  être  produita  si  le  corps  était  tombé  de  tout  son  poids  sur  un  couteau  fixé  au* 
kmn  de  loi,  nais  comme  l'accusé  dit  qu'il  a  retenu  sa  femme  pour  Tempécher 
k  tenber,  il  est  impossible  d'admettre  cette  explication,  d'autant  plus  que  dans  ce 
cas  la  direction  de  la  Measure  serait  tout  autre.  Elle  ne  serait  pas  oblique,  mais 
MU. 

U  naaière  dont  la  blessure  a  été  dite  s'explique  de  la  manière  la  plus  simple  ti 
Tsa  ateel  qne  raecosé  qui  tenait  le  couteau  dans  sa  main  droite  a  porté  un  coup 
avee  nslsnce  sur  la  cuisse  de  la  femme  qui  lui  tournait  le  dos  et  voulait  se  sauver. 
Ajailsas  que  la  déclaration  de  l'accusé  n^explique  pas  la  lésion  de  la  région  ingui  • 
aak,  laadis  que  cette  lésion  est  expliquée  par  la  déclaration  de  la  décédée  qui  a 
éit  avoir  reçu  un  coup  de  pied  dans  le  côté  avant  d'être  blessée. 


160  pamh  thanatolooiquk. 


CHAPITRE  111. 

INSPECTION   DES   VÊTEMENTS. 
S  1.  Généralités. 

On  réclame  souvent  du  médecin  légiste  l'inspection  d*haUt8|  che^^ 
mises,  souliers,  bas,  linge  et  étoffes  de  toutes  sortes.  Le  jug^ 
d'instruction,  ordinairement,  prend  note  de  ces  objets,  parce  qa'ilfi» 
peuvent  servir  à  faire  constater  l'identité  de  cadavres  inconnus,  il  \em 
cite  dans  ce  but  dans  les  annonces  publiques. 

A  Berlin  comme  à  Paris,  on  les  étale  à  la  Morgue  à  cAté  du  ca- 
davre exposé  ;  dans  les  cas  d'homicide  on  les  étale  à  l'audieiice  mr 
la  table  des  corps  de  délit  et  on  les  présente  à  l'accusé  pour  qu'il  las 
reconnaisse.  A  Berlin,  il  a  toujours  fté  d'usage  de  présenter  aux 
experts  les  cadavres  nus,  ce  qui  est  préférable  que  de  présenter  le 
cadavre  habillé  ;  car,  lorsque  ces  vêtements  n'offrent  rien  d'impor- 
tant, c'est  une  tâche  ennuyeuse  et  pénible  pour  lui  de  décrire  les 
redingotes,  pantalons,  bas,  et  lorsque  l'état  des  vêtements  peut  jeter 
quelque  lumière  sur  le  cas,  parce  qu'il  s'y  trouve  des  taches  sus- 
pectes, le  juge  est  là  pour  consulter  le  médecin.  C'est  ce  qui  arrive 
lorsque  la  position  des  vêtements,  le  rapport  de  ces  derniers  .avec 
les  blessures  excitent  des  doutes  ou  des  soupçons.  Ainsi,  par  exem- 
ple, il  parut  singulier  dans  un  cas  de  suicide  douteux  que  le  foulard 
recouvrant  les  blessures  du  cou  fût  complètement  intact;  dans  deux 
autres  cas  tous  les  habits,  même  la  chemise,  étaient  intacts,  et  au- 
dessous  se  trouvait  une  blessure  mortelle  par  arme  à  feu.  Dans  un 
autre  cas  où  il  y  avait  eu  viol  et  assassinat,  le  bonnet  de  la  victime 
fut  trouvé  entre  ses  cuisses,  etc. 

Les  questions  relatives  aux  vêtements  se  rapportent  le  plus  ordi- 
nairement à  des  taches  de  sang,  de  fèces,  de  sperme,  de  poison, 
diacide  sulfurique.  Nous  allons  étudier  chacune  de  ces  questions  en 
détail. 


INSPECTION   DKS  VfiTEMEffTS. —  TACHES  DE  SANG.  161 

g  2.  —  VLmÊhmrthm  dei  UmIim  de  f ang  fin  l«i  vèlemettU  (1). 

H.  Rose  (loc.  cit.  )  prend  des  étoffes  de  toile  ou  de  coton  de  cou- 
leur blanche  sur  lesquelles  on  croit  qu'il  existe  des  taches  de  sang 
et  les  traite  avec  de  Teau  distillée  froide,  pour  en  extraire  la  ma- 
tière colorante  qui  est  éprouvée  de'  la  même  manière  que  nous  Tavons 
dit  plas  haut,  avec  de  l'eau  chlorurée,  de  l'acide  azotique  et  de  la 
tenture  de  galle. 

La  recherche  des  taches  de  sang  sur  des  étoffes  colorées  est  plus 
difficile,  surtout  lorsque  les  couleurs  contiennent  une  substance  orga- 
nique azotée,  ou  bien  lorsque  les  étoffes  sont  de  laine  ou  de  soie.  Il 
but  alors  essayer  de  gratter  avec  précaution  le  sang  séché,  ce  qui 
réussit  quand  on  opère  avec  soin  même  pour  des  quantités  très  pe« 
lites.  Le  résidu  du  grattage  est  mis  dans  une  soucoupe  de  porcelaine 
contenant  de  l'eau  froide  el,  s'il  y  a  du  sang,  on  le  vérifie  d'après  la 
méthode  ci-dessus  citée  (page  112  et  suiv.). 

Dans  les  cas  où  les  taches  ont  déjà  été  lavées  avec  de  l'eau  bouil- 
lante ou  de  l'eau  de  savon,  M.  Horin,  professeur  de  chimie  à  l'école 
de  médecine  de  Rouen  (2) ,  recommande  c  de  mettre  les  taches  en 

>  contact  avec  une  légère  dissolution  de  potasse  pure  ;  après  quelque 

>  temps  de  réaction,  on  obtient  une  liqueur  qui  est  précipitée  en  blanc 
*  par  racide  azotique  ou  par  l'acide  chlorhydrique  pur,  ce  qui  indique 
^  la  dissolution  d'un  ou  de  plusieurs  matériaux  de  sang.  Par  ce  trai- 
tement alcalin,  la  tache  n'a  pas  perdu  sa  couleur,  mais  quel  est  alors 
k  corps  qui  se  trouve  eu  quelque  sorte  fixé  d'une  manière  indélébile 
sv  le  tissu?  Pour  résoudre  cette  question,  il  ne  s'agit  que  de 
mettre  le  tissu  taché  en  contact  avec  de  l'acide  chlorhydrique  pur 
qui  dissout  la  matière  de  la  tache  et  forme  une  dissolution  qui, 
réduite  avec  précaution  jusqu'à  siccité,  fournit  un  résidu  ayant  la 
propriété  de  prendre  une  couleur  bleue  très  foncée  par  le  ferro- 

(1)  Comparer  avec  la  recherche  des  taches  de  sang  sur  les  instruments,  p.  112 
^ttruTaotes. 

(2)  Journal  de  chimie  fnédicale^  t.  IX,  3*  série,  1H53,  p.  744. 


162  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

»  cyanure  de  potassium  et  une  couleur  rouge  sang  par  le  sulfoqfi- 
>  nure  de  la  même  base.  Ces  caractères  démontrent  éTidemmeni 
»  dans  les  taches  de  sang  lavées,  le  fer  et  la  protéine,  Tua  des  mt' 
»  tériaux  constants  de  ce  liquide  organique.  » 

La  méthode  de  Wiehr,  pour  reconnaître  les  taches  de  sang  snrfk 

étoffes  colorées,  est  analogue  lorsque  la  couleur  de  l'étoffe  ne  penH 

pas  d'appliquer  des  réactifs>  elle  consiste  à  produire  du  ferrocyanu 

de  potassium  avec  les  taches  de  sang  qui  se  trouvent  sur  rétefli 

Quand  on  est  certain  que  Tétoffe  ne  contient  pas  de  laine ,  c 

grille  le  morceau  sur  lequel  se  trouve  la  tache  dans  une  soucoupe  i 

porcelaine,  de  sorte  qu'il  est  réduit  en  poussière  ;  on  mêle  eel 

poudre  avec  du  carbonate  de  potasse  et  on  chauffe  au  rouge  le  nu 

iangOy  puis  on  y  verse  de  l'eau  distillée,  on  filtre  et  on  ajoute  aa  I 

quide  une  petite  quantité  de  protoxyde  de  fer  ;    il  se  produit  i 

précipité  d'une*  couleur  indéterminée  :  ce  précipité  n'est  autre  choi 

que  du  protoxyde  de  fer  combiné  aveé  du  carbonate  de  potasse,  < 

l'oxyde  de  fer  et  du  cyanure  de  fer  cyanure.  Puis  on  ajoute  deTack 

sulfurique  étendu  d'eau  qui  dissout  le  protoxyde  de  fer  et  l'oxyde  i 

fer,  tandis  que  le  cyanure  de  fer  cyanure  reste  avec  sa  couleur  blei 

insoluble  dans  l'acide  sulfurique.  Wiehr  prétend  avoir  obtenu,  av( 

cette  méthode,  les  résultats  les  plus  heureux  pour  des  quantités  mên 

minimes  de  sang.  Cette  opération  doit  réussir  également  si  l'on  fi 

bouillir  l'étoffe  tachée  avec  de  l'hydrate  de  potasse,  puis  après  l'ave 

chauffée,  si  on  la  traite  par  les  sels  de  fer  et  l'acide  sulfurique  (1) 

Bryk  (2)  attache  beaucoup  de  valeur  à  une  méthode  qui  est  bas 

sur  le  polychroîsme  de  la  couleur  du  sang  pour  éprouver  les  (ach 

suspectes  qui  se  trouvent  sur  des  étoffes  non  colorées,  lorsque  c 

taches  ont  longtemps  macéré  dans  l'eau  et  paraissent  presque  bla 

ches.  On  les  traite  avec  de  l'acide  sulfurique  concentré,  et  au  bo 

de  quelques  minutes,  sous  le  microscope,  on  voit  une  couleur  d'i 

vert  pâle  qui  devient  bientôt  d'un  brun  pâle,  et  aux  endroits  où 


(1)  Archive  der  Pharmacie ^  1854,  avril. 

(2)  Wiener  medic.  Wochentchr,  1858,  p.  779. 


INSPECTION  DES  VÊTEMENTS. —  TACHES   DE   SANG.  153 

matière  colorante  est  en  plus  grande  quantité,  la  couleur  est  d'un 
ronge  brun;  puis,  plus  tard,  d*un  rose  plus  ou  moins  foncé  jusqu'au 
rouge  briquOi  ce  qui  a  lieu  ordinairement  après  deux  ou  trois  heures, 
après  quoi  à  la  fin  de  la  réaction  la  tache  devient  brune.  Les  transi- 
tions du  vert  au  brun,  violet,  rouge  et  rose  se  perçoivent  pour  des 
liehes  qui  paraissent  jaune  pâle  et  qui  sont  devenues  ainsi  soit  par 
rknbibition,  soit  par  le  lavage;  ce  phénomène  s'observe  d'autant 
plus  pour  les  taches  qui  paraissent  foncées;  ces  transitions  distin* 
goent  bien  les  taches  de  sang  lavé,  des  taches  de  pus,  d'urine  et 
de  mucus  qui  pourraient    induire  en  erreur,  mais  qui  ne  sont  pas 
soumises  aux  mêmes  phénomènes  sous  l'influence  de  l'acide  sulfu* 
riqne. 

M.  Pinia  de  Turin  (1)  a  décrit  aussi  les  métamorphoses  des  taches 
de  sang  traitées  par  l'acide  suirurique.  Nous  avons  répété  ces  expé- 
rieoces  et  nous  nous  sommes  convaincu  de  la  justesse  de  ces  obser-» 
vatioiu.  Nous  avons  très  bien  vu  ces  beaux  changements  de  couleur 
nrdes  taches  fraîches  aussi  bien  que  sur  des  taches  lavées,  chan- 
lements  que  l'on  peut  même  observer  à  l'œil  nu.  Mais  ce  qui  di- 
■ùnie  un  peu  la  valeur  diagnostique  de  cette  expérimentation,  c'est 
«pie  l'on  observe  les  mêmes  changements  de  couleur  si  l'on  traite  des 
tiches  d'albumine,  de  bile  ou  de  graisse ,  avec  de  l'acide  sulfurique. 
C'est  pourquoi  le  procédé  de  M.  Hoppe  est  de  beaucoup  le  plus 
lûr.  Il  traite  les  taches  de  sang  soit  fraîches,  soit  lavées,  avec 
de  l'hydrate  de  soude  qui  opère  un  changement  très  sensible  sur 
rUmatine,  comme  nous  l'avons  nous-même  vérifié.  L'hydrate  de 
>oode  versé  goutte  à  goutte  sur  du  sang  frais  ou  sur  des  taches 
fû  contiennent  encore  quelques  traces  d'hématine,  produit,  après 
<Nqnes  minutes,    une  coloration   olive  plus  ou  moins  foncée, 
^  A  l'on  y  ajoute  de  l'acide  acétique,  immédiatement  la  cou- 
leur primitive  reparaît  rouge  ou  rougeêtre ,  ou  rouge  jaune.  La 
^uleor  verte  reparaît  si  l'on  traite  de  nouveau  avec  de  la  soude. 
Aocune  autre  matière  colorante  ne  présente  cette  réaction,  et  nous 


t)  Demaria,  dans  la  traducUon  italienne  de  ce  traité. 


164  fautie  toanatoloûiquib. 

préférons  beaucoup  cette  méthode  à  celle  de  l'acide  suIAirique.  TiNlte 
les  deuxy  du  reste,  sont  faciles  à  expérimenter.  Si  les  taches  sont  M 
sèches  on  fera  bien  de  les  imbiber  avec  de  l'eau  distillée  pourn 
mollir  l'étoffe. 

A  côté  des  recherches  chimiques  des  taches  de  sang,  les  reekfl 
ehes  microscopiques  sont  nécessaires,  d'autant  plus  qu'une  nootél 
découverte  permet  de  résoudre  la  question  avec  une  grande  sAreM 
lorsque  la  méthode  chimique  est  impuissante  à  cause  de  la  M 
petite  quantité  de  sang. 

Avant  tout  on  cherchera  à  découvrir  s'il  y  a  des  globale!  i 
sang,  sans  négliger  les  globules  blancs  dont  la  présence  ou  VA 
sence  est  d'un  grand  secours  dans  la  recherche  d'une  taehl 
En  traitant  le  sang  séché,  soit  avec  de  l'eau  pure,  soit  avec  i 
l'eau  ioduréOy  on  obtient  des  globules  très  visibles.  S'il  y  a  m 
grande  quantité  de  globules  blancs,  il  est  probable  que  Ttm 
affaire  à  du  pus,  du  muco-pus,  ou  à  une  production  pathologiqn 
analogue.  S'il  y  en  a  relativement  peu ,  il  est  probable  que  Pd 
a  affaire  à  du  sang.  Pour  compléter  la  preuve  microscopique  de  I 
présence  du  sang  il  faut  découvrir  de  la  fibrine.  Quand  elle  existe  o 
voit  les  globules  sanguins  unis  les  uns  aux  autres  quand  ils  ont  et 
traités  par  l'eau. 

La  découverte  de  L.  Teichmann  (1)  est  très  importante.  Il 
trouvé  que  par  l'influence  de  l'acide  acétique  sur  le  sang  on  obtief 
des  cristaux  formés  par  la  matière  colorante,  et  qu'il  a  décrits  sot 
le  nom  de  cristaux  d'hématine.  Cette  épreuve  est  surtout  important 
pour  les  cas  légaux  dans  lesquels  on  présente  si  souvent  au  médeci 
des  étoffes  déjà  frottées  ou  lavées  qui,  par  conséquent,  ne  permettei 
plus  de  reconnaître  les  globules  qui  sont  détruits,  tandis  que  son 
vent  il  reste  encore  quelque  matière  colorante  que  l'on  peut  pi 
répreuve  de  Teichmann  parfaitement  apprécier.  De  plus,  cette  op^ 
ration  permet  d'éprouver  toute  espèce  de  sang  frais,  sec,  sali,  décc 

(1)  Delà  cristallisation  des  éléments  organiques  du  sang  dans  Henle  et  PfeufTf 
ZeiUtchr,  fUr  ratinnelle  Medidn,  Tir,  p  375. 


INSPECTION   DES  TÊTEXENTS.—  TACHES  DE  SANG.  1^5 

• 

loré,  etc.  MM.  Buchner  et  Simon  ont  le  mérite  d'avoir  simplifié  la 
méthode  de  Teichmann,  et  d'avoir  rendu  la  production  des  cristaux 
d'hématine  facile  dans  la  pratique  médico-légale.  Ces  messieurs  ont 
même  trouvé  du  sang  sur  na.  pantalon  déboucher,  datant  de  huit  ans, 
et  qai  n'avait  pas  servi  depuis  un  an  et  demi,  au  moyen  de  la  pro<« 
dactiondes  cristaux  d'hématine  (4).  Voici  quelle  est  la  méthode  qu'ils 
emploient  :  une  goutte  de  sang  ou  de  liquide  coloré  par  du  rouge 
de  saag  est  mêlée  avec  de  l'acide  acétique  concentré,  et  on  fait  éva* 
porer  lentement  dans  un  verre  de  montre,  sous  une  lampe  à  alcool, 
ou  dus  un  fourneau,  ou  même  à  l'air  libre.  Puis,  quand  on  met  la 
maise  sèche  sous  le  microscope,  on  voit,  s'il  y  avait  du  sang,  une 
gnode quantité  de  cristaux  d'hématine,  tantôt  séparés,  tantôt  réunis 
en  frand  nombre.  Ce  sont  des  rhomboïdes  de  couleurs  différentes, 
ttttôt  un  peu  jaunes,  ou  jaune  foncé,  ou  jaune  rouge  ;  tantôt 
d'an  rouge  sale  ou  rouge  plus  fohc^  ;  la  grandeur  est  différente,  ils 
K  placent  en  croix  ou  en  étoiles  ;  quand  il  y  a  très  peu  de  sang,  ces 
cristaax  forment  des  tablettes  très  minces  qui  paraissent  incolores. 
Ds  se  réunissent  alors  en  réseaux  fins.  J'ai  obtenu  un  résultat  très 
>et  en  expérimentant  une  tache  de  la  grandeur  d'un  noyau  de  cerise 
leot  à  fait  pâle,  provenant  de  sang  des  menstrues,  qui  se  trouvait  sur 
on  liage  depuis  trois  mois  (2). 

Si  le  sang  est  séché  sur  du  bois,  du  métal  ou  des  étoffes,  on  met 
ce  morceau  de  bois  ou  de  métal  dans  une  éprouvette,  quand  cela  est 
possible,  et  on  y  verse  de  l'acide  acétique  concentré  ;  on  laisse  ma* 
*er  jusqu'à  ce  que  l'acide  soit  coloré,  et  on  laisse  évaporer  le 
^ide.  Si  le  sang  est  vieux,  il  vaut  mieux  chauffer  l'éprouvette  que  de 
lasser  simplement  macérer  jusqu'à  ce  que  l'acide  soit  coloré,  et  puis 
*  évapore.  Teichmann  considère  comme  nécessaire  d'ajouter  du  sel 
ib  solution  acide  du  sang;  nous  pouvons  dire,  avec  MM.  Buchner  et 

(1]  Buebner  et  Simon,  R»eherchet  sur  les  cristaux  éChëmatine  et  de  leur  impor^ 
^  m  médecine  légale.  Ârchio  fur  pathol.  Anatomie  und  Physiologie,  neue 
^t  y  voL  !•'  et  2*  cahiers.  185»,  p.  50. 

(S)  Oa  trouve  de  très  bonnes  planches  représentant  ces  cristaux  dans  Tatlas  de 
^'  Finke.  Allai  de  chimie  physiologique,  2«  édit.  Leipzig,  1858. 


156  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

Simon ,  qu'il  est  inutile  d'ajouter  du  sel  si  le  sang  est  frais  ;  c'eil 
nécessaire  si  le  sang  a  été  la\é  par  Teau,  ou  privé  de  ses  sels  parli 
pluie>  par  l'humidité  du  sol  ou  de  l'air  ;  il  est  inutile  de  dire  que  ce 
sont  justement  les  cas  qui  se  présentei%en  matière  médico-légale. 
Et  puisqu'on  ne  peut  pas  savoir  d'avance  si  de  telles  influences  n'jMit 
pas  eu  lieu,  ces  messieurs  recommandent  avec  raison,  pour  de  teh 
cas,  de  faire  d'abord  une  épreuve  sans  ajouter  du  sel,  et  si  Ton  n-i 
pas  de  résultat,  de  faire  une  seconde  épreuve  en  ajoutant  du  sel. 
Quant  à  nous,  puisque  nous  voyons  que  la  réussite  est  plus  certiiac 
en  lyoutant  du  sel,  nous  conseillons  de  le  faire  dans  tous  les  cas. 
Il  suffit  d'iyouter  un  très  petit  morceau  de  sel  de  cuisine,  à  l'acide 
acétique  avant  de  faire  bouillir  ou  macéra.  Malgré  toutes  ces  pré? 
cautions,  on  ne  réussit  pas  toujours  du  premier  coup,  on  doit  tôt- 
jours  alors  répéter  l'expérience  qui  est  si  facile.  Aussi  il  faut  tou- 
jours partager  le  liquide  que  l'on  a  à  explorer  en  plusieurs  parties, 
et  opérer  sur  chacune  d'elles  l'une  après  l'autre. 

Ajoutons  cependant  que  des  expériences  réitérées  faites  avec  k 
même  acide,  mais  avec  du  sang  différent,  du  sang  frais,  sec,  da 
sang  déposé  sur  de  la  toile,  du  bois,  de  la  terre,  etc.,  nous  ont  prouvii 
à  nous  comme  à  d'autres  micrographes,  que  les  épreuves  ne  réussis- 
saient pas  toujours.  Il  s'ensuit  que  quand  on  trouve  ces  cristaux,  oi 
a  une  preuve  sûre  que  l'objet  soumis  à  l'expérience  contient  di 
sang,  mais  qu'un  résultat  négatif  ne  peut  pas  prouver  que  Vobjei 
soumii  à  V expérience  ne  contient  pas  du  iang. 

Ob8.  77.  —  Déterminer  s'il  y  a  des  taches  de  sang  sur  du  drap  brun. 

On  m'envoya  des  morceaux  de  drap  brun  tachés  et  provenant  du  vêtement  d'«i 
homme  accusé  d'avoir  fait  des  blessures  graves,  j'avais  à  déterminer  ai  les  tachei 
avaient  été  produites  par  du  sang  ou  par  d'autres  matières,  et,  si  taches  de  sang  U  ; 
avait ,  depuis  combien  de  temps  s'y  trouvaient-elles  ?  Je  fis  ces  recherches  ayei 
l'assistance  d'un  chimiste,  M.  Schacht. 

Voici  quel  fut  notre  rapport  :  «  Les  taches  de  sang  qui  se  trouvent  sur  des  étofléi 
de  coton  non  colorées  se  reconnaissent  facilement,  mais  il  en  est  autrement  lonqiM 
les  taches  se  trouvent  sur  des  étoffes  de  laine  colorées.  Avant  de  commencer  notri 
analyse,  nous  avons  taché  de  sang  du  drap  brun  analogue  à  celui  que  l'on  nous 


INSPECTION    DES  VÉTEllENTS.— TACHES    DE   SANG.  157 

»  présenté;  nous  avons  laissé  sécher,  et  nous  avons  pendu  le  morceau  de  drap  dans 
«ne  éprouvette  pleine  d'eau,  de  manière  que  ce  morceau  restât  à  une  distance  de 
ieueentimètres  du  fond  du  verre.  Quelques  minutes  après,  le  rou^^  du  sang  se 
dirifss  vers  le  fond  en  traînées  et  s*y  ramassa,  tandis  que  le  reste  du  liquide  se 
colon  en  jaune.  Après  quelques  heures  le  morceau  de  drap  fut  été  et  séché  ai  ati- 
CMS  frocs  de  la  tache  de  sang  ne  put  être  reconnue.  Le  liquide  agité  prit  une  cou- 
tev  miliNtne  d'un  rouge  brun.  Par  les  réactifs  connus  :  l'ncide  azotique,  l'eau 
cUorarée,  l'hydrate  de  potasse,  la  teinture  de  galle,  nous  reconnûmes  les  éléments 
dsniif. 

Cette  opération  terminée,  nous  prîmes  le  morceau  de  drap  envoyé  et  nous  l'exa- 
minâmet  lous  le  microscope.  Le  tissu  de  l'étoiTe  était  coloré,  mais  on  ne  pouvait 
voir  aocime  substance  déposée  sur  le  drap.  On  mit  quatre  morceaux  dans  l'eau  où 
oa  lot  pendit  comme  nous  l'avions  fait  précédemment.  Mais,  môme  après  72  heures 
l'es»  n'était  pas  colorée,  et  tous  les  réactifs  restèrent  sans  effet.  Les  morceaux 
fvreot  6tés  et  séehés,  les  taches  étaient  intactes.  Un  autre  morceau  fut  gratté  aux 
poiotseolorés,  on  traita  avec  l'eau  distillée  :  l'eau  ne  fut  pas  colorée  et  les  réactifs 
Ancatiaipuissants.  D'après  cela,  nous  conclûmes  que  les  taches  rouges  se  trouvant 
nr  loi  morceaux  de  drap  envoyés  ne  provenaient  vraisemblablement  pas  de  sang. 

Ok.  78.  -.  Déterminer  si  les  lâches  trouvées  sur  une  blouse  sont  du  sang  ou  du 

goudron, 

Oq  m'envoya  de  la  province  de  Posen  une  blouse  sur  laquelle  se  trouvaient  des 
l'ches tospectes,  qui,  parleur  coloration  foncée,  par  leur  roideur  et  par  leur  dis* 
Ptotion  psraissaient  être  des  taches  de  sang;  l'accusé. prétendait  que  c'était  des 
**te  de  goudron.  Sous  un  microscope  grossissant  500  fois  on  ne  vit  aucun  glo- 
^  do  sang,  même  dans  des  endroits  où  l'étoffe  n'avait  évidemment  été  ni  frottée  ni 
hiée.iprès  cette  opération,  on  brûla  des  filaments  de  l'étoffe  provenant  des  places 
^*(liées,  tous  les  assistants  perçurent  une  odeur  de  poix  ou  de  cire  à  cacheter,  ce 
^  certainement  corroborait  les  déclarations  de  l'accusé. 

^c fis  l'examen  chimique  avec  l'assistance  de  M.  Schacht.  On  prit  quelques  places 
^*  plos  foncées  ;  l'un  des  morceaux  fut  pendu  dans  une  petite  quantité  d'eau  dis- 
ISléedo  manière  à  ne  toucher  ni  le  fond  ni  les  parois  du  vase.  Même  deux  jours 
"P'^on  ne  vit  aucune  traînée  colorée,  l'eau  resta  claire  et  la  matière  -colorante  de 
réioiB  ne  foi  changée  ni  en  quantité  ni  en  qualité.  Un  autre  morceau  fut  chauffé 
te  loe  éprouvette  et  les  vapeurs,  essayées  avec  le  papier  de  tournesol  agirent 
**inte  acide  et  non  comme  oleolr  ;  nous  fimes  une  contre-épreuve  ;  nous  mouil- 
1^  «n  morceau  d'étoffe  de  coton  avec  deux  taches  de  sang  :  l'étoffe  séchée  fut 
F^rlaiée  en  deux  parties  et  nous  flmes  avec  ces  deux  morceaux  les  mêmes  expé- 
riences. Dans  l'une,  la  matière  colorante  se  détacha  par  l'action  do  l'eau  distillée 
^leflt  voir  très  nettement  dans  la  solution  au  moyeu  des  réactifs  connus  ;  dans  la 
*CMde,  les  vapeurs  qui  se  développèrent  par  l'action  de  la  chaleur  furent  nette- 
*cit  ammoniacales  comme  celles  de  toutes  les  matières  azotiques.  Ainsi  les  taches 
^  b  blease  que  nous  avioas  d'abord  explorées  n'étaient  pas  du  sang. 


158  PÀRTIB   THANATOLOGIQUB. 

Pour  déterminer  leur  nature,  nous  trailâmes  les  taches  de  la  blouse  avee  d- 
Talcool  concentré,  elles  devinrent  plus  claires  mais  ne  disparurent  pas  ;  la  at> 
lution  laissa  après  l'évaporation  une  substance  goudronneuse.  Les  mèniea  morcaM: 
furent  ensuite  traités  avec  de  l'hoile  de  térébenthine  :  les  taches  disparurent  «me 
plétement  et  il  se  déposa  une  poudre  d'un  gris-noir  dans  la  solution  de  térébatt 
thine,  qui,  traitée  avec  des  acides,  montra  un  mélange  de  charbon»  d'arfitoi 
d'oxyde  de  fer.  Nous  dûmes  alors  déclarer  en  concluant  que  les  tachea  ea  qoeititt 
n*étaient  pas  du  salig,  mais  que  très  probablement  elles  provenaient  da  goodroa  m 
d'une  substance  analogue  (1). 

$  3.  —  Reoherehc  de  taehci  de  Aom. 

Les  résultats  de  la  défécation  des  adultes,  ainsi  que  le  méconiiin 
des  nouveau-néS)  se  laissent  reconnaître  facilement  sous  le  micreS' 
cope,  ainsi  que  par  l'analyse  chimique  (2). 

Le  médecin-légiste  se  trouve  très  rarement  à  même  de  hm 
cette  analyse.  Quant  à  moi,  mes  observations^  quoique  nombreuses, 
ne  m'ont  pas  offert  un  seul  cas  de  celle  espèce,  car  les  jugei 
d'instruction  prennent  sur  eux  de  déterminer  la  nature  de  ces  taches. 
Par  exemple,  dans  un  cas  affreux,  une  fille  fut  violée  par  quatn 
malfaiteurs  dont  l'un  évacua  ses  excréments  dans  la  chambre,  ] 
trempa  un  linge  qu'il  fourra  dans  la  bouche  de  la  fille  én< 
nouie.  J'avais  à  constater  le  fait  du  viol  aux  parties  génitales  do  b 
fille,  mais  on  ne  m'a  pas  présenté  le  linge  souillé. 

$  4.  —  Recherche  des  taches  de  sperme. 

Très  souvent,  les  médecins- légistes  sont  requis  à  examiner  di 
linge  de  corps  ou  de  lit  pour  déterminer  si  les  taches  qui  s'y  trou 
vent  sont  des  taches  de  sperme.  Jamais  celte  question  ne  m'a  él 
posée  pour  le  linge  d'un  cadavre,  et  la  littérature  médicale  n'ofEn 
que  quelques  cas  de  cette  dernière  partie  de  la  question.  J'ai  eu  i 
expertiser  deux  cas  de  viol  suivi  de  meurtre,  mais  dans  aucun  d'eiu 
il  n'a  été  nécessaire  d'explorer  le  linge.  Cependant  il  est  possible  qui 
cette  question  se  présente. 

(I  )  Ces  deux  ob8«  se  présentèrent  avant  la  découverte  des  cristaux  d'hématine. 
{2)  Voir  Lassaigne»  toc.  cU.  p.  125.  Robin  et  Tardieu,  Annales  d'hyg.  1857, 
p.  374. 


INSPECTION    D£S    VÊTEMENTS. —  TACHES   DE   SPERME.        159 

• 

J'ai  déjà  expliqué  ailleurs  (1)  combien  sont  insuffisantes  toutes  les 
épreuves  faites  sur  le  sperme  au  mojen  des  sens,  surtout  au  moyen 
de  la  vue  et  de  l'odorat.  Les  chemises  présentées  au  médecin  légiste 
M  sont  pas  ordinairement  des  chemises  fines,  souvent  changées,  blan» 
ches  comme  celles  qui  couvrent  les  personnes  de  la  classe  aisée,  pas 
même  les  chemises  encore  relativement  propres  des  persotnnes  de  la 
classe  moyenne,  ce  sont  les  chemises  portées  depuis  longtemps,  gros- 
sières, salies,  puis  an  moins  en  lambeaux,  sur  lesquelles,  fèces,  urine, 
mucus,  sang  des  règles,  punaises,  saletés  de  toutes  espèces  forment 
un  mélange  repoussant,  et  au  milieu  desquelles  il  est  presque  impos- 
able de  retrouver  par  la  vue  ou  l'odorat  les  taches  de  sperme.  Les 
méthodes  préconisées  par  Orûla  sont  toutes  incertaines  et  très  péni- 
bles. Mais  le  procédé  de  Lassaigne  (2)  se  recommande  par  sa  sim- 
plicité ;  nous  l'avons  essayé  avec  succès. 

Les  taches  suspectes  sur  du  linge  blanc,  pas  sur  de  la  laine,  car 
die  contient  du  soufre,  sont  mouillée»  avec  du  plorobate  de  potasse 
et  séchées  à  une  température  de  plus  de  20  degrés  centigrades. 
Après  quelques  minutes  la  tache  devient  d'un  jaune  sale  ou  même 
d*on  jaune  soufre,  si  la  tache  provient  d'une  matière  albumineuse 
(cootenanl  du  soufre),  mais  le  réactif  ne  colore  pas  les  taches  de 
'P^me  ni  toute  autre  tache  qui  ne  provient  pas  d'une  substance  albu- 
^euse,  telle  que  la  gomme,  l'amidon,  la  dextrine.  La  coloration 
J'Qiie  d'une  tache  traitée  de  cette  manière  prouve  donc  que  la  tache 
^  provient  pas  de  sperme,  mais  le  contraire  ne  prouve  rien. 

^'épreuve  la  plus  importante  est  donc  toujours  celle  du  mi- 
^'^^^tcope.  Mais  il  faut  avoir  soin  de  ne  pas  frotter  ni  presser  le 
''^ceaa  de  linge  afin  que  les  spermatozoaires  ne  soient  pas  détruits. 
*^  puis  recommander  la  méthode  de  M.  Koblank  (3),  qui  est  très 

• 

^^ple.  On  découpe  un  morceau  du  linge  contenant  une  tache  sus- 
P^le,  on  le  trempe  dans  une  soucoupe  de  porcelaine  contenant  de 

(1)  Veber  Nothzucht  und  Paderastiey  dans  ma  Vkrleljahrsschrift^  I,  p.  21  et 
*^Wanlea. 

(2)  Annal,  d'hygiène  publique,  1858,  p.  406. 

(3)  lurDiagnoiUkder  SaoÊhenfiecke,  dam  ma  Vierieljûhrsschrifl  ^  lit,  p.  140. 


iOO  PABTIE   THANÀTOLOGIQUE. 

Teau  distillée  rroide,  puis  doucement^  avec  un  balon  de  verre,  on  îm  ii 
bien  imbiber  le  linge  ;  après  un  quart  d'heure  on  met  une  goutte  cte 
celte  eau  sur  l'objectif  du  microscope,  et  Ton  constate  facilement  la 
présence  des  spermatozoaires,  s'il  y  en  a.  Or,  il  suffit  d'avoir  vu 
une  fois  un  spermatozoaire  pour  ne  jamais  se  tromper  ;  j'ai  pu  ea 
reconnaître  sur  des  taches  datant  d'un  an  ;  Bayard  (1)  dit  les  avoir 
vus  après  trois  ans  ;  Rilter  (2)  après  quatre  ans,  ce  que  l'on  peo( 
admettre  si  le  linge  n'a  pas  été  frotté  ni  manipulé. 

Avec  le  temps  les  spermatozoaires  se  décomposent,  et  il  n'est  pas 
rare  alors  de  trouver  des  têtes  et  des  filaments  séparés,  mais  la  pré^ 
sence  d'an  seul  spermatozoaire  donne  encore  la  certitude  que  Foi  a 
aRaire  à  une  tache  de  sperme. 

Lorsque,  après  un  examen  approfondi,  un  œil  exercé  n'a  pas 
trouvé  de  spermatozoaires,  on  doit  déclarer  qu'il  est  possible,  mais 
qu'il  n'y  a  pas  de  preuve  que  la  tache  ait  été  produite  par  du 
sperme  (3). 

S  5 .  —  Yaehet  d'aeide  tvlfariqae. 

Nous  parlerons  en  détails  de  l'acide  sulfurique,  car  c'est  le  poison 
qui  est  le  plus  souvent  employé  comme  moyen  de  suicide  ou  de 
meurtre  d'enfants  nouveau-nés. 

J'ai  observé  toute  une  série  d'empoisonnement  d'enfants  par 
l'acide  sulfurique  ;  il  arrive  des  cas  où  la  tentative  de  l'empoisonne- 
ment  ne  réussit  pas;  dans  d'autres  l'enfant  n'avale  que  quelques 
gouttes,  vomit,  et,  secouru  par  la  médecine,  ne  meurt  pas,  ou  du 
moins  longtemps  après  ;  ce  sont  des  cas  dans  lesquels  le  coupable, 
qui  est  ordinairement  la  mère,  nie,  et  les  taches  ou  les  trous  qui  se 
trouvent  sur  les  vêtements  sont  les  seules  preuves  que  l'on  puisse 
alléguer  contre  elle.  Car,  dans  de  tels  cas,  lorsque  la  mort  arrive 
après  une  longue  maladie,  ni  l'ouverture  du  cadavre,  ni  l'analyse 


(1)  Annales  d* hygiène  publique,  1839,  juillet. 

(2)  Loc.  cU.f  p.  224. 

(3)  Voir  vol.  1,  partie  spéciale,  p.  87. 


INSPECTION  DES  VÊTEMENTS. —  TACHES  DACIUE  SULFURIQUE.      ICI 

bimique  des  organes  du  cadavre  ne  petiVent  plus  fournir  aucun  ren- 
emcaement. 

Si  les  taches  et  les  trous  proviennent  réellement  de  l'acide  sulfu- 
riqoe,  la  constatation  n'en  est  pas  difficile.  On  découpe  les  morceaux 
tachés  ou  rongés,  et  on  les  laisse  macérer  dans  de  l'eau  distillée 
froide,  .on  obtient  alors  un  liquide  acide  très  énergique.  Une  solu- 
tion de  nitrate  de  baryte  ou  d'acétate  de  plomb  forme  un  précipité 
blanc  non  soluble  dans  l'acide  azotique.  Si  l'on  ajoute  une  seule 
lOtttle  du  liquide  acide  obtenu  par  la  macération  à  une  solution 
étendue  de  sucre,  et  si  l'on  évapore  le  mélange  au  bain-marie,  il 
reste  on  résidu  noir  ;  ces  épreuves  sont  très  simples,  peu  coûteuses 
et  donnent  la  preuve  certaine  de  la   présence  de  Tacide  sulfu- 
rique. 


»  îi 


it52  PARTIE   THANATOLOGIQOE. 

CHAPITRE   IV. 

INSPECTION  INTÉRIEURE  (DISSECTION). 

S  1*  — >  iProoédé  de  la  dÎMeclion. 

1°  TÊTE. 

Lorsque  l'intpection  extérieure  est  finie,  on  commence  la  dissectioB.. 
D  est  nécessaire  d'être  dans  une  salle  bien  éclairée,  il  ne  faut  pu  se 
contenter  d'une  lumière  artificielle  qui  est  tout  à  fait  insofiSsanto 
pour  pouvoir  apprécier  les  couleurs  qu'il  peut  être  important  d'exa- 
miner. Cependant,  à  la  rigueur,  la  lumière  artificielle  est  enem 
préférable  à  un  jour  trop  sombre.  Dans  tous  les  cas  on  doit  cem» 
meucer  par  ouvrir  la  cavité  dans  laquelle  on  a  lieu  de  supposer  ^ 
se  trouve  la  cause  de  mort,  soit  à  cause  d'une  blessure  qui  se  trouve 
à  l'extérieur  soit  par  des  raisons  générales  physiologiques  par 
exemple  :  chez  les  asphyxiés,  la  poitrine;  chez  les  empoisonnés^ 
l'abdomen,  etc.  Les  nouveau-nés  seuls  font  exception,  car,  comme 
on  doit  examiner  la  position  du  diaphragme,  il  faut  toiyours  com- 
mencer par  ouvrir  la  cavité  abdominale. 

Dans  les  cas  où  l'on  n'a  aucun  indice  préalable  qui  fasse  soupçon- 
ner quelle  a  été  la  cause  de  mort,  il  est  bon  de  commencer  toujours 
par  la  tète,  quand  ce  ne  serait  que  pour  retarder  l'ouverture  des  autres 
évités  qui  exhalent  une  odeur  si  infecte.  Le  règlement  au  para- 
graphe 12  indique  la  meilleure  méthode  à  suivre  pour  ouvrir  le 
crâne.  Je  ferai  remarquer  que,  même  lorsqu'il  y  a  des  fractures  ou  des 
écrasements  du  crâne,  cette  méthode  doit  être  suivie  scrupuleusement. 
Dans  deux  cas,  le  juge  d'instruction  eut  l'idée  de  nous  demander  de 
préparer  le  crâne  écrasé,  afin  de  le  présenter  aux  jurés  ad  oculos.  Le 
crâne  fut  préparé  de  la  manière  ordinaire  et  mis  sur  la  table  des 
corps  de  délit,  et  ce  procédé  n'a  pas  manqué  de  faire  son  effet. 

Pour  les  nouveau-nés,  il  n'est  pas  nécessaire  de  scier  les  os,  car 
les  sutures  se  laissent  couper  avec  des  ciseaux  et  écarter  suffisam- 
ment pour  qu'on  puisse  examiner  le  cerveau.  Pour  l'examen  de  la 
base  du  crâne,  il  ne  faut  pas  négliger  de  séparer  le  périoste,  sans 


INSPECTION  INTÉRIEURE.  —  COU  ET  THORAX.  163 

qaoi  on  pourrait  ne  pas  voir  la  présence  des  fissures  très  petites. 
Une  dissection  anatomique  spéciale  du  cerveau  n'est  pas  néces- 
saire, car  il  ne  faut  pas  oublier  le  but  de  l'autopsie  qui  est  pure- 
it  médico-légal,  et  des  organes  tels  que  la  glande  pinéale,  etc.,  sont 
importance.  Comme  le  règlement  le  prescrit,  on  doit  disséquer 
les  deux  cerveaux  et  leurs 'enveloppes,  les  ventricules  et  leurs  plexus, 
te  peit  de  Varole  et  la  moelle  allongée,  les  sinus  et  les  os  du  crâne. 

30    QQjj  £T  THORAX. 

L'ouverture  du  thorax,  comme  le  prescrit  le  paragraphe  13  du 
règlement,  doit  être  précédée  de  la  dissection  du  cou  dans  laquelle 
ou  devra  surtout  examiner  le  larynx,  la  trachée-artère,  l'œsophage, 
tes  grands  vaisseaux  et  les  vertèbres.  Dans  les  cas  où  cela  semble 
nécessaire,  on  ne  doit  pas  négliger  de  regarder  la  langue,  la  cavité 
bncGale  et  le  pharynx,  lorsque,  par  exemple,  on  soupçonne  qu'il  y  a 
^  asphyxie  causée  par  la  présence  de  corps  étrangers  ou  empoi- 
sonnement par  des  substances  corrosives. 

La  méthode  recommandée  dans  le  règlement  pour  ouvrir  la  cavité 
^oraciqne  est  la  plus  simple  et  la  plus  appropriée.  J'ajouterai  un 
procédé  pour  examiner  la  trachée-artère  dans  des  cas  d'asphyxie.  Il 
vrive  assez  souvent  que,  même  lorsque  Ton  doit  s'attendre  à  trouver 
'ins  la  trachée  du  mucus  aqueux  et  sanguinolent,  on  trouve  ce 
<^al  tout  à  fait  vide  ;  on  doit  alors  presser  avec  précaution  la 
P^e  supérieure  des  poumons,  et  on  verra  du  muciM  écumeuxy 
^^^uinolent^  monter  des  bronches  dans  la  trachée.  Ce  procédé, 
^A  que  celui  que  j*ai  recommandé  pour  juger  la  quantité  de  sang 
^  se  trouve  dans  le  cœur,  a  été  adopté  dans  le  nouveau  règlement 
D  est  impossible  de  constater  exactement  la  quantité  de  sang  qui 
^  trouve  dans  le  cœur,  les  poumons  et  les  grands  vaisseaux  sans 
'igsture,  car  si  le  sang  est  très  fluide,  ce  qui  arrive  justement  dans 
1^  cas  où  cette  quantité  est  le  plus  nécessaire  à  apprécier,  chaque 
incision  de  l'un  des  organes  laisse  couler  nécessairement  plus  ou 
^oins  de  sang  des  oi^anes  environnants.  Pour  éviter  cela,  il  est 
i^écesiaîre  d'examiner  d'abord  le  cœur  en  le  laissant  dans  sa  position 


16&  PARTIE   THANAT0L06IQUE. 

horizontale,  et  en  ouvrant  ses  deux  cavités  par  une  incision  longitu- 
dinale. De  cette  manière  on  peut  apprécier  avec  exactitude  la  quantité 
de  sang  contenue  dans  les  cavités.  Puis  on  incise  les  poumons,  et 
après,  les  grands  vaisseaux.  En  agisssant  ainsi  on  pourra  se  passer  de 
ligatures,  et  en  môme  temps  on  évitera  à  peu  près  complètement  Tin* 
convénient  signalé  plus  haut  du  sang  coulant  d'un  organe  dans  Taûtre. 
Il  va  sans  direfîe,  lorsqu'il  y  a  des  blessures  pénétrantes,  lesparoii 
de  la  cavité  doivent  être  inspectées  avant  de  toucher  aux  organes  in- 
ternes, afin  de  ne  pas  changer  la  forme  et  la  grandeur  des  blessures. 

3^    CAVITÉ  ABDOMINABLE. 

Il  n'y  a  rien  d'essentiel  à  ajouter  aux  prescriptions  des  paragra- 
phes  lA  et  15  du  règlement.  La  marche  que  l'on  doit  suivre  dans 
l'examen  des  organes  dépend  de  la  situation  générale.  Si  la  putréfiM- 
tion  est  un  peu  avancée,  il  sera  bon  de  visiter  d'abord  l'estomac,  afin 
qu'il  ne  se  déchire  pas  et  ne  laisse  pas  couler  son  contenu.  Je  ne  parle 
pas,  bien  entendu,  des  cas  d'empoisonnement,  car  alors  les  ligatures 
prescrites  dans  le  paragraphe  15  du  règlement  ne  doivent  jaroaii 
être  négligées.  Après  l'estomac  on  doit  regarder  le  foie,  l'épiploon  et  lei 
autres  organes;  Pour  apprécier  la  quantité  du  sang  contenue  dans  les 
grands  vaisseaux,  il  suffit  d'examiner  la  veine  cave  ascendante.  Dans  les 
cas  où  il  est  très  important  de  mesurer  la  quantité  de  sang  contenue  dans 
la  veine  cave,  par  exemple  les  cas  d'asphyxie  et  d'apoplexie,  il  faut 
avoir  soin  dès  le  commencement  de  soulever  le  dos  du  cadavre,  afin 
que  la  veine  ne  se  vide  pas  par  les  ouvertures  faites  dans  le  thorax; 
et  même  dans  ces  cas,  il  vaut  mieux  ouvrir  la  veine  cave  avant  les 
organes  abdominaux,  afin  de  bien  constater  son  contenu.  On  doit  dé- 
crire les  épanchements  trouvés,  soit  dans  la  cavité  abdominale,  soil 
dans  la  cavité  thoracique;  comme  le  dit  leféglement,  il  est  bon  de  les 
extraire  dans  un  vase  à  mesures,  ce  qui  permet  d'en  savoir  le  poids. 
Il  n'y  a  que  les  très  petites  quantités  qui  doivent  être  pesées  réellement. 

Il  n'est  ordinairement  pas  nécessaire  d'ouvrir  la  colonne  verté- 
brale, excepté  dans  les  cas  où  l'on  suppose  que  cela  peut  offrir  des 
renseignements  importants. 


PROCÉS-VERBAL  DE   l'AUTOPSIE.  165 


CHAPITRE  V. 

PROCÈS-VERBAL   DE   L'AUTOPSIE. 
§  !•'.  —  Forme  et  eontenn  da  proeèi-verbal. 

La  rédaction  du  procès  -verbal  de  l'autopsie  est  rafTaire  du  juge, 
\m  rédaction  du  rapport  de  l'autopsie  est  TafTaire  du  médecin. 

Le  procès^verbal  de  l'autopsie  est  fait  a  mesure  que  l'on  procède 
â  l'autopsie,  tandis  que  le  rapport  est  rédigé  par  le  médecin  dans  son 
cabinet,  souvent  plusieurs  mois  après  l'opération.  Dans  le  procès- 
verbal  se  trouvent  des  détails  tout  à  fait  étrangers  à  l'examen  scien- 
tifique du  cadavre*,  par  exemple  la  reconnaissance  du  cadavre  par 
les  témoins,  l'interrogatoire  des  témoins  qui  ont  assisté  à  la  levée, 
la  manière  d'être  du  prévenu  quand  on  le  confronte  avec  le  cadavre, 
i  la  fin  la  permission  d'inhumation  et  une  foule  d'autres  détails  de 
cette  espèce. 

Le  rapport ,  au  contraire,  est  un  mémoire  purement  scientifique 
déreloppant  les  questions  auxquelles  le  procès-verbal  a  donné  lieu. 
En  un  mot,  le  procès-verbal  est  le  c  compte-rendu  >  de  tout  ce  qui 
s'est  passé  pendant  la  séance  de  l'autopsie,  y  compris  naturellement 
l^résaltats  de  l'autopsie.  Ce  n'est  que  lorsque  les  interrogatoires  des 
l^oins  et  les  remarques  de  toute  espèce  ont  été  consignés  par  le 
<lâigaé  du  tribunal,  que  celui-ci  demande  aux  experts  de  dicter  la 
Partie  scientifique  du  procès-verbal.  Les  paragraphes  19  et  suivants 
'q  règlement  disent  quelle  est  la  forme  qui  doit  être  employée. 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  le  médecin  légiste  ne  devra  pas 
^*^lendre  sur  la  description  des  anomalies  anatomiques  et  des  alté- 
rations pathologiques,  excepté  dans  les  cas  où  il  s'agit  d'une  impé- 
^(ie  médicale.  Comme  le  règlement  le  recommande,  il  n'est  pas  né- 
^^^ire  de  décrire  pour  des  cadavres  connus  la  longueur  du  corps, 
b couleur  des  cheveux,  des  yeux,  l'Age  approximatif,  etc.  Sans  quoi 
'^résultats  importants  sont  noyés  dans  la  quantité  des  dél:iils.  Il 
SQlBt  pour  les  adultes  de  30  à  AO  numéros,  et  pour  les  nouveau-nés 


160  PARTIE  THANATOIiOGIQUS. 

de  50  numéros.  Ces  chiffres  pourront  être  dépassés  seulement  dans 
les  cas  où  il  y  a  beaucoup  de  blessures  à  décrire. 

Le  médecin  légiste 'en  dictant  doit,  comme  nous  l'avons  déjà  dit^ 
décrire  ce  qu'il  voit,  sans  porter  un  jugement  définitif  qui  rendrai C 
impossible  tout  contrôle  postérieur.  On  ne  doit  pas  dire  c  Le  péri- 
toine est  enflammé,  »  mais,  a  le  péritoine  est  d'un  rouge  vermillon, 
S6S  vaisseaux  sont  ii^ actes,  etc.  » 

S  9.  —  Oonoluf ûm  da  prosèf-vcrbAl. 

Lorsque  l'autopsie  est  terminée,  le  médecin  doit  dicter  au  procès- 
verbal  sa  conclusion  préalable  sommairement^  c'est-à-dire  on  juge- 
ment en  peu  de  mots,  sans  qu'il  soit  besoin  de  le  motiver  scientifi- 
quement. Cette  conclusion  a  pour  but  de  guider  le  juge  dans 
l'instruction;  souvent  elle  suffit  pour  que  Ton  abandonne  l'affaire  lors* 
que  l'autopsie  prouve  qu'il  n'y  a  pas  eu  crime  ;  souvent  aussi  le  juge 
est  poussé  par  cette  conclusion  de  l'autopsie  à  mener  l'affaire  énergi- 
quement;  par  cette  raison  il  faut  s'appliquer  à  donner  la  conclusion 
de  l'autopsie  dans  des  termes  aussi  précis  que  possible.  Il  se  présente, 
cependant,  quelquefois  des  circonstances  dans  lesquelles  le  médecin 
ne  peut  pas  préciser  son  jugement,  dans  l'ignorance  de  certains  faits 
que  l'instruction  n'a  pas  encore  dévoilés. 

En  ayant  toujours  devant  les  yeux  les  buts  médico-légaux  que 
nous  avons  exposés  au  commencement  de  ce  volume,  il  est  rare  que 
l'on  ne  puisse  donner  qu'une  conclusion  vague  et  insuffisante.  Parmi 
ces  buts,  celui  qui  est  le  plus  important,  c'est  la  constatation  de  la 
cause  de  la  mort.  C'est  pourquoi  la  conclusion  de  l'autopsie  doit  dire 
d'abord  de  quelle  manière  le  décédera  trouvé  la  mort,  et  à  propos 
des  nouveau-nés  il  faut  y  ajouter  l'âge  et  la  vie  après  la  naissance. 

Mais  la  mort  venant  par  fièvre  nerveuse  ou  par  convulsions  ne  laissant 
aucune  trace  sur  le  cadavre,  comment  le  médecin  légiste  devra-t-il 
reconnaître  dans  ces  cas  la  cause  de  la  mort?  De  la  manière  la  plus 
simple,  car,  en  répondant  :  c  que  l'autopsie  n'a  pas  donné  de  signe 
de  mort  violente  et  qu'on  peut  admettre  que  le  décédé  est  mort  d'une 


U  PROCÈS-VERBAL    DE   l' AUTOPSIE.  167 

ira  eomplétement  rempli  son  but ,  et  le  juge 

nort  violente,  n'a  pas  besoin  de  savoir  si  la 

ralsions,  par  marasme  ou  vieillesse. 

admettent  une  mort  violente,  ils  doivent  dire 

ur  conclusion  quelle  a  été  cette  mort  violente; 

t  est  survenue  par  asphyxie  et  Vasphyxie  a  été 

ation.  On  ne  peut  pas  toujours  juger  avec  une 

loit  alors  déclarer  quelle  est  la  probabilité  et 

3nt  définitif  jusqu'à  ce  qu'on  soit  éclairé  par  les 

l'es,  par  exemple,  une  analyse  chimique,  l'explo- 

l'un  nouveau-né,  la  connaissance  des  actes. 

3  médecin  fera  bien,  dans  la  conclusion  du  procès* 

e,  de  s'en  tenir  à  ces  deux  points  :  La  mort  a-t-elle 

1,  et  dans  le  cas  de  mort  violente  quelle  a  été  l'espèce 

est  la  conduite  la  plus  prudente.  Si  le  juge  n'est  pas 

;iiré ,  il  ne  manquera  pas  de  poser  au  médecin  des 

lies  «  il  nous  est  quelquefois  arrivé  de  répondre  à  six 

l  de  ces  questions. 

'■  question  que  la  loi  oblige  le  juge  de  poser,   est 
ste  è  demander  des  renseignements  sur  les  instruments 
çonnéi  avoir  servi  à  faire  les  blessures ,  quand  bles- 
Noos  en  avons  déjà  parlé  plus  haut. 

re0  questions  peuvent  être  posées  selon  les  particularités 

« 

Pir  eiemple  :  la  position  du  décédé  au  moment  de  la 
position  de  l'inculpé,  en  combien  de  temps  la  mort  est- 
9  S'ilj  a  eu  meurtre  ou  suicide?  S'il  y  a  eu  un  ou  plu* 
>pables.  Dans  beaucoup  de  cas  on  ne  pourra  répondre  qu'en 
t  k  probabilité. 

;iil  il  est  bon  de  donner  à  la  réponse  la  forme  négative,  car 
te  pas  les  mains  pour  la  poursuite  ultérieure  de  l'affaire.  Je 
.'irisr  d'une  réponse  comme  celle-ci  :  c  L'autopsie  n'a  pas  donné 
4riMl  eidiiant  Tadiaission,  etc. 

JÉMJBpitfee  cas ,  lorsque  cette  réponse  négative   n'est  pas 
tsit  pas  hésiter  à  déclarer  franchement  son  incom- 


'3, 


108  PARTIE  THÀNÀTOLOGIQUE . 

pétence,  et  à  répondre  que  l'autopsie,  sur  le  point  en  question,  n 
pas  offert  de  résultat^  ou  n'a  pas  pu  en  oiïrir.  C'est  plus  digne 
plus  prudent  que  de  s'aventurer  dans  une  conclusion  dont  les  ban 
ne  sont  pas  certaines.  Dans  quelques  cas,  très  difficiles  et  trëseoi 
pliqués ,  le  médecin  voulant  éviter  de  déclarer  son  incompéleBe 
pourra  demander  au  juge  d'instruction  de  lui  apprendre  tout  ceqi'i 
sait  du  cas.  Le  {  7  do  règlement  prussien  y  autorise  les  médecins,! 
règlement  autrichien  les  y  oblige.  Aucun  juge  ne  pourra  reroserk 
renseignements  qui  peuvent  guider  le  jugement  médical.  Car  « 
acte  important  n'a  pas  pour  but  de  faire  résoudre  au  médecin  i 
problème  que  le  juge  connaît  ;  au  contraire ,  l'un  et  l'autre  ont  1 
même  intérêt  à  rechercher  la  vérité.  I^  temps  est  pusé  où  on  I 
vrait  simplement  le  cadavre  au  médecin  sans  lui  rien  dire  pei 
éviter  que  les  experts  se  laissassent  influencer  par  des  cireonslane 
qui  ne  sont  pas  de  leur  domaine. 

La  conclusion  sommaire  de  l'autopsie,  dans  tous  les  cas,  n^estqi 
préalable  et  les  experts  n'y  sont  pas  liés  pour  leur  rapport  nltériea 
On  doit  éviter,  il  va  sans  dire,  des  contradictions  entre  les  da 
écrits  ;  à  ce  sujet  j'observerai  deux  points  qui  devront  faire  éni 
de  donner  un  jugement  préalable  trop  précipité  dont  on  aurait  à 
repentir.  D'abord  il  arrive  assez  souvent  que  les  employa  de  poli 
subalternes  qui  ont  été  occupés  de  la  levée  du  cadavre  sont  inte 
rogés  comme  témoins ,  on  sait  que  ces  individus  sont  souvent  pa 
tiaux,  ils  racontent  qu'ils  ont  vu  des  marques  strangulatoires,  < 
sang,  des  plaies  qui  n'existent  pas  sur  le  cadavre,  ou  bien  ils  ont 
un  nouveau-né  remuer,  etc.  Ces  témoignages  doivent  être  reçus  p 
les  médecins  avec  la  plu$  grande  précaution. 

Les  déclarations  des  inculpés  présents  à  la  séance  peuvent  êlrecan 
d'une  conclusion  erronée;  les  médecins,  on  le  comprend,  ne  doivent  us 
des  déclarations  des  inculpés  qu'avec  la  plus  grande  précaution  ;  c 
comme  on  le  voit  journellement,  ils  savent  changer  pendant  l'instructi 
plusieurs  fois  leur  système  de  défense,  ils  retirent  leurs  aveux  ou  en  fc 
de  nouveaux.  Après  la  conclusion  de  Tautopsie,  le  juge  d'instruction  f 
signer  l'acle  par  les  deux  experts,  termine  le  procès-verbal  et  l'empon 


PROCÈS 'VERBAL  DE   L' AUTOPSIE.  — MOPÈLE.  160 

%  8.  Moâèim  de  proeèt-verbal. 

Nons  comiDuniqQons  un  modèle  de  procès-verbal  d'autopsie  d'an 
m^yé  dont  nous  donnerons,  plus  tard ,  le  rapport  également  comme 
modèle. 

Observation  79. 

Fait  à  Cbarlotlenboiuf  (pràt  Berlin)  l«  20  mare  i^52. 

Jk.  Teffèt  de  rechercher  la  cause  de  la  mort  du  cadavre  du  sexe  mâle  trouvé  le 
f^  «le  ee  mois,  sur  la  réquisition  du  juge  d'instruction,  se  sont  transportés  à  l'hd- 
pilml  de  eette  ville  pour  procéder  à  l'autopsie  : 

1  *  le  docteur  Casper  ; 

S*  rofflder  de  santé  Lutke. 

Le  eadavre  levr  fut  livré  et  ils  déclarèrent  avoir  trouvé  les  résultats  suivants. 

A,  Inspection  extérieure. 

f*  U  cadavre  long  de  cinq  pieds  cinq  pouces ,  âgé  environ  de  40  ans,  a  des 
^tsveiB  bruns  en  abondance,  des  yeux  bleus  ;  la  langue  est  derrière  les  dents  et 
^▼erte  de  vase,  surtout  a  la  pointe. 

3*  U  n'y  a  pas  de  rigidité  cadavérique. 

3*  La  couleur  est  celle  des  cadavres  ordinaires,  le  bas  du  ventre  est  coloré  en 
vert  par  la  putréfaction,  toute  la  figure  est  rougie  par  des  lividités  cadavériques  re- 
connoes  comme  telles  par  des  incisions  (1). 

4*  ia  milieu  du  front  il  y  a  deux  taches,  l'une  au-dessus  de  l'autre,  d'un  rouge 
knu,  tirant  sur  le  jaune,  dures  sous  le  couteau,  rondes,  ayant  2  centimètres  de 
diamètre.  En  les  incisant,  on  ne  découvre  aucune  ecchymose. 

^*  U  dos  du  nei  montre  des  taches  absolument  semblables  h  celles  décrites  au 
ii«4. 

tt*  U  dos  des  extrémités  supérieures,  la  figure  à  plusieurs  endroits,  ainsi  que  le 
^  da  cadsTre  sont  salis  par  de  la  terre  humide. 

"^^  Us  mains  et  pieds  bleuâtres  présentent  des  rides  longitudinales  surtout  aux 
èolgU. 

8*  Les  membres  inférieurs  et  le  bras  droit  ont  l'aspect  chair  de  poule. 

^  I^ntles  cavités  intérieures,  on  ne  trouve  pas  de  corps  étrangers  excepté  un 
pnde  yase  dans  hi  cavité  buccale. 

10*  Afangle  extérieur  de  l'œil  gauche  se  trouve  une  coloration  bleu  rouge 
fiwcé  de  la  paupière  supôrieore  et  inférieure  ;  incisée  cette  tache  présente  une  \ 
^"**«  ecchymose. 

11*  Le  cou  et  les  parties  génitales  sont  normales,  et  extérieurement  il  n'y  a 
plus  rien  de  remarquable. 

t^)  i^  àkéôé  a  été  trottTé  la  figure  reposant  sur  le  fond  d'un  roarai$,  prêt  du  rivage. 


#• 


170  PARTIS  THANAffOLOGIQro. 

6.  MPCCTION  IHTiRIKUll  (MMECTIOM). 

I.  (hwerture  âê  ta  tête. 

12^  Les  té^ments  mous  n'offrent  rien  de  renlarquable.  Les  os  du  crâne  ne 
pas  lésés,  mais  montrent  l'épaisseur  insolite  de  6  millimètres. 

13*^  Les  membranes  du  cerveau  présentent  une  quantité  moyenne  de  sang. 

14*  La  dure  mère  est  ferme,  mais  pas  bypérémique. 

ijy*  Dans  les  ventricules  latéraux  qui  contiennent  du  liquide,  les  plexus  sog 
assez  riches  de  sang. 

16*  Le  cervelet  est  normal. 

17*^  De  même  le  pont  de  Yarole  et  la  moelle  allongée. 

18*  Tous  les  sinus  sont  vides  de  sang. 

\9^  La  base  du  crâne  est  intacte. 

II.  Ouverture  de  la  cavité  thoracique. 

20*  Les  organes  sont  dans  leur  situation  naturelle.  Les  poumons  dont  le  drai 
adhère  en  partie  à  la  cage  thoracique  sont  plus  foncés  qu'à  l'ordinaire.  Rs  reU' 
plissent  complètement  la  cavité  et  sont  bombés,  riches  de  sang,  sans  être  tro| 
hypérémiques.  On  n'y  trouve  pas  d'eau. 

21*  Les  grands  vaisseaux  contiennent  du  sang  dans  la  quantité  ordinaire. 

22<^  Le  péricarde  contient  la  quantité  de  liquide  ordinaire,  les  veine*  coronaire 
sont  très  remplies  de  sang,  la  moitié  droite  du  cœur  est  gorgée  de  sang  fone 
tout  à  fait  liquide,  le  cœur  gauche  est  vide. 

23*  La  trachée-artère  et  le  larynx  sont  vides  et  normaux.  En  les  examinant,  a 
voit  descendre  de  la  cavité  buccale  des  mucosités  vaseuses. 

24*  L'casophage  est  vide. 

25*  Dans  la  plèvre  gauche,  se  trouvent  trois  onces  de  liquide  sanguinolent. 

m.  Ouverture  dé  la  cavité  àbdomimle. 

26*  Les  organes  se  trouvent  dans  leurs  positions  habituelles.  L'estomac  est  goff 
d'un  liquide  aqueux  d'un  vert  jaune ,  dans  lequel  on  distingue  des  restas  d*ili 
ments  et  de  la  vase.  Du  reste  il  est  normal. 

27*  Le  pancréas  est  normal. 

28*  Le  foie,  dont  la  vésicule  biliaire  est  pleine,  contient  beaucoup  de  sang  )i 
qvide  foneé. 

29*  La  rate  ne  présente  rien  de  notable. 

30*  L'épiploon  et  le  mésentère  sont  trèa  gne 

31*  Les  reins  sont  riches  de  sang. 

32*  Les  gros  intestins  sont  remplis  de  fèces. 

33*  La  vessie  est  vide. 


PROCËS-YERBAL  DB  l'AIJTOPS».  —  MODÈLE.  I7t 

34*  La  veine  cave  est  remplie  de  sang  foncé  et  liquide. 
L'autopsie  close,  les  experts  donnent  leur  conclusion  : 
1**  Le  décédé  est  mort  d'une  apoplexie  du  ocBur  et  des  poumons. 
2*  La  mort  a  eu  lieu  dans  un  liquide  vaseux. 
3^  Le  décédé  vivait  encore  lorsqu'il  est  entré  dans  l'eau. 
4*  Poar  répondre  à  la  question  posée ,  l'ecchymose  décrite  à  l'œil  gauche  au 
a*  lO  ne  doit  pat  être  regardée  comme  la  caute  de  la  mort. 

Signet  C(mtr$^9ignéi  : 

letexpcito  : 
CAsm,  LuTR.  Jordan  (1),  Bidault  (9). 


(1)  L«  ja^e  dlnstmctioo. 
(%)  L'écritaiii  asiermenlé. 


172  PARTnS  THANATOLOGIQUE. 


CHAPITRE  VI. 

RAPPORT     DES     EXPERTS. 

« 
(LÉGISLATION,  voir  lo  g  22  du  règlement.)  Code  dHnstrucUon  crtmtfieiltf,  $  i' 
On  aura  recours  aux  2*^  et  3'  instances  : 
V  Si  les  experts  n^osent  pas  poser  une  conclusion  précise  ; 
9**  Si  les  avis  des  deux^experts  ne  sont  pas  en  harmonie  ; 
3^  S*il  se  trouve  dans  les  rapports  des  obscurités  et  des  coalradictions  tel 
que  la  cour  a  raison  d*avoir  des  doutes  sur  la  justesse  des  conclusions, 

j  Jl.—>  Forme  et  contenu. 

Le  rapport  (vt^tim  repertum)  est,  comme  nous  l'avons  déjà 
un  mémoire  purement  scientifique  sur  les  questions  dont  les  mater 
ont  été  offerts  par  l'autopsie  ;  en  d'autres  termes,  c'est  une  app 
tion  des  doctrines  médico-légales  au  cas  particulier.  Le  juge  doit 
instruit  par  le  rapport,  sur  la  gravité  médicale  du  cas,  et  guidé 
lui  dans  ses  poursuites  ultérieures.  Ce  rapport  doit  être  complet 
être  trop  long.  Jamais  il  ne  devra  être  rédigé  s'il  n'est  pas  dem 
expressément  par  la  cour.  Dans  ce  cas,  les  actes,  ou  du]  moins 
copie  du  procès-verbal  de  l'autopsie  sont  envoyés  au  médecin. 

Le  rapport  écrit  doit  toujours  commencer  par  un  petit  préami 
Puis  on  fait  l'histoire  des  faits  {species  facti)  nécessaires  po 
jugement  médical.  Il  n-'est  pas  permis  aux  médecins  de  complète 
actes  par  des  interrogatoires  de  témoins.  Cependant  les  experts 
vent  diriger  l'attention  du  juge  d'instruction  sur  ce  qui  peut 
être  utile  dans  les  dépositions  des  témoins.  Cette  histoire  des 
doit  être  courte  également. 

Enfin,  vient  la  partie  anatomo-pathologique  du  rapport  qui 
reproduire  textuellement  le  procès-verbal  de  l'autopsie  dans  les  p 
qui  sont  essentiels  pour  le  jugement.  Les  changements  qui  ser 
faits  au  procès-verbal  doivent  être  indiqués  el  motivés. 


CONCLUSION   DU   AAPPORT   DES   EXPERTS.  17S 

$  2.  ConoloiioB  do  rapport.* 

La  fin  du  rapport  en  esl  la  conclusion.  Cooiroe  on  suppose  que 
les  experts  sont  d'accord,  la  forme  est  toujours  au  pluriel  ;  s'il  n'y  a 
pas  b'jrmonie,  chaque  médecin  doit  faire  un  rapport  à  part. 

Lorsque  la  conclusion  du  rapport  est  en  opposition  avec  celle  du 
procèsverbaly  on  doit  soutenir  la  première  par  des  raisons  scientili- 
qoes.  Mais  que  l'on  ne  confonde  pas  des  raisons  scientifiques  avec 
des  excursions  scientifiques  :  les  discussions  théoriques ,  les  hypo- 
thèses, etc. ,  doivent  être  toujours  retranchées  du  rapport. 

On  doit  .«enlir  quelle  est  la  juste  mesure  ;  il  est  impossible  de  la 
peindre  avec  des  mots.  Le  bon  sens  guidera  l'expert.  Je  recomman- 
derai les  principes  suivants,  fruits  d'une  expérience  de  trente*  cinq 
aos,  qui  me  paraissent  les  plus  profitables  : 

Ordinairement  le  juge  pose  certaines  questions,  il  est  prudent  de 
M  pas  dire  plus  que  ce  que  l'on  a  demandé.  Car  le  médecin  doit 
supposer  que  le  juge  croit  le  cas  épuisé  par  les  questions  posées  ;  s'il 
est  assez  imprudent  pour  aller  plus  loin,  il  donne  des  armes  au  dé-^ 
feosenr  ou  au  procureur  contre  lui-même.  II  en  est  autrement  lors- 
qtie  Ton  n'a  pas  posé  de  questions  spéciales,  et  lorsque  la  cour  de- 
t&aade  seulement  un  c  rapport  i.  Alors  le  médecin  doit  se  poser 
loi-même  les  questions  qui  lui  semblent  essentielles  pour  la  justice 
et  pour  lesquelles  il  s'appuiera  sur  son  expérience  et  sur  la  connais- 
sance des  lois.  Par  exemple,  pour  les  autopsies  des  nouveau-nés,  il 
dem  résoudre  de  lui-même  les  questions  de  la  maturité,  de  la  vie  et 
du  gare  de  mort.  Dans  beaucoup  de  cas  il  devra  répondre  de  lui- 
Bièine  i  la  question  :  Est-ce  un  meurtre  ou  un  suicide?  Parmi  les 
fKstions  posées  par  la  cour  il  peut  y  en  avoir  auxquelles  le  médecin 
^  peut  pas  répondre,  j'en  ai  cité  concernant  les  instruments,  on  ne 
doit  pis  craindre  dans  ces  cas  d'avouer  son  incompétence. 

D  arrive  des  cas  nombreux  dans  lesquels,  comme  on  le  comprend, 
^JQgement  positif  n'est  pas  possible,  par  exemple  dans  certains 
^>s  de  submersion ,  d'empoisonnement  douteux,  de  suicide  dou- 


17A  PARTIE  THAKATOLOGIQUE. 

Ti 

teux.  Dans  ces  cas ,  à  côté  de  certains  phénomènes  qui  doiieai 
faire  donner  une  conclusion  affirmative,  on  en  trouve  quelques-tts 
qui  s'y  opposent,  alors  on  peut  répondre  de  deux  manières  ou  bia 
€  qu'il  est  probable,  très  probable  >,  ou  bien  on  peut  donner  m 
conclusion  indirecte,  dire  par  exemple  :  c  l'autopsie  n*a  pas  donn 
de  résultat  d'opposant  à  ce  que  telle  ou  telle  chose  soit  arrivée  i 
Je  choisis  souvent  cette  dernière  forme  qui  est  reconunandable,  a 
elle  sufiSt  complètement  à  la  justice,  qui  a  ordinairement  en  nudi 
des  documents  qui  complètent  la  certitude.  Du  reste,  à  Taudience,  li 
ex|)erts  entendent  une  foule  de  faits  qui  leur  étaient  inconnus,  qi 
leur  permettent  de  s'expliquer  verbalement  avec  plus  de  certitud 
Cependant,  pousser  trop  loin  cette  forme  négative,  serait  blâmabl 
et  ce  scepticisme  exagéré  rendrait  inutiles  les  fonctions  du  médedi 
L^expérience  démontre  que  trop  souvent  les  médecins  tombent  du 
cette  faute. 

A  cèté  des  théories  positives  de  la  science,  le  bon  sens  a  son  dn 
et  doit  présider  à  toute  question  médico-légale.  Par  exemple,  poi 
en  rester  à  l'exemple  de  la  submersion,  il  est  vrai  que  ce  genre  < 
mort  est  quelquefois  difficile  à  constater  ;  les  auteurs  en  main,  le  m 
decin  pourrait  bien  dire  que  souvent  l'on  ne  peut  pas  prouver  qu^ 
cadavre  tiré  de  l'eau  y  est  entré  vivant  et  y  a  été  noyé.  Il  va  sans  di 
que  le  juge,  avec  un  tel  rapport,  serait  mis  dans  un  grand  embarras, 
neveux  pas  beaucoup  insister  sur  cet  embarras,  car  le  médecin  ne  de 
ne  jamais  se  soucier  des  suites  de  son  rapport.  Je  veux  seuleme 
laisser  la  parole  au  bon  sens  venant  se  joindre  à  des  apparenc 
convaincantes  et  à  des  probabilités  scientifiques. 

On  sait  que  le  cadavre  a  été  trouvé  dans  l'eau,  dans  la  plupart  d 
cas  ce  sont  les  vivants  qui  entrent  dans  l'eau,  il  est  extrômement  ra 
qu'on  y  jette  un  cadavre,  ainsi  à  priori  il  est  plus  vraisemblable  que 
cadavre  est  celui  d'un  noyé.  Â  l'autopsie  on  trouve  un,  deux,  trc 
signes  de  submersion  sans  les  trouver  tous.  Si  l'on  ne  trouve  pas  d 
signes  d'un  autre  genre  de  mort  on  aura  tort  de  ne  pas  pencher  du  cô 
d*une  mort  par  submersion.  Il  est  blâmable  de  suivre  les  théories  d'u 
sceptique  outré,  M.  Engel,  qui  a  dit  :  «  Ditee-moi  d'abord  con 


RAPPORT   DES   EXPERTS.  — MODÈLE.  t76 

ffienl  un  homme  est  mort,  et  je  vous  montrerai  après  par  l'aotopsie 
les  preuves  de  ce  genre  de  mort  ».  Dans  le  cas  que  nous  venons 
(Texposer,  si  Ton  conclut  que  c  l'autopsie  n'a  pas  donné  de  résultat 
qui  s'oppose  à  l'admission  d'une  mort  par  submersion  y  »  nous 
croyons  que  l'on  aura  obéi  et  aux  doctrines  de  la  science  et  aux  lois 
dA  bon  sens. 

Dans  d'autres  cas,  c'est  justement  la  simplicité  du  cas  qui  est  une 
source  d'erreurs  qui  forcent  la  justice  à  avoir  recours  aux  instances 
médicales  supérieures. 

D'antres  fois,  les  médecins  ont  pour  ainsi  dire  la  manie  que  l'on 
ne  pourrait  trop  blâmer  de  voir  partout  des  crimes  ;  la  moindre 
ègratignure,  des  taches  jaunes  sur  la  peau,  un  pli  sur  le  cou,  des 
Mts  altérés,  leur  donnent  l'occasion  d'écrire  non  un  rapport,  mais 
00  roman.  J'ai  vu  des  cas  dans  lesquels  des  innocents  ont  été  pen- 
dant plusieurs  mois  sous  le  coup  d'une  prévention  par  le  fait  de  ces 
rapports  bntastiques. 
A  la  fin  du  rapport  on  déduit  la  conclusion  dans  un  court  résumé. 
U  loi  ordonne  de  signer  et  de  mettre  le  cachet  officiel. 

S  3.  Modèle  d«  rapport. 

^^port  de  l'autopsie  de  Vob$.  79.  ~  le  décédé  esl-il  entré  vivant  dans  feau  f 

a-l'il  été  noyé  ? 

S«r  réfiuiflitioa  de  la  cour  royale  de  Charlottenbourg  du  5  de  ce  mois,  nous  eo- 
^ojons  le  rapport  demandé.  H...,  comme  il  esl  constaté  (dans  les  actes),  souffirant 
depuis  des  années  d'attaques  d'épilepsie  disparut  tout  à  coup.  Bientôt  après,  on 
^va  fon  cadavre  sur  le  rÎYage  d*ua  marais  près  de  la  ville,  dépouillé  de  tous  ses 
*^lttients,  de  sorte  qu'il  parut  urgent  de  faire  Tautopsic  légale.  £lle  fut  faite  par 
^  Tniii|ifÉ  to  M  du  noU  précédent.  Lot  résaltati  en  (Ureot  las  suivants  i 

A.  IlfSPECTIOIf  EXTÉRIEURE. 


Cci  Mi  k  procés-verbai  de  Taulopsie ,  textuellement  comme  il  est  imprimé, 

page  169,  sans  y  ajouter  la  conclusion.) 


•fOM  adnda  dans  la  conclusion  du  procès -verbal  que  le  décédé  étui 
'^  vifint  dans  l'eau  et  qa*tt  y  avait  été  noyé.  C'est  encore  notre  avis.  On 
^  Wait  MKnn  signa  A'nne  autre  mort,  Tecchymose  légère  décrite  au  n«  10,  qui 


176  PARTIB   TUANATOLOGIQUE. 

iralteignait  aucun  organe  important,  n'a  euaucune  cohérence  avec  la  mort,  tiodis 
que  les  taches  sur  le  front  et  le  nez  (n*^*  4  et  5),  ont  été  vraisemblablement  pro- 
duites après  la  mort,  mais  dans  tous  les  cas  n'auraient  pu  avoir  aucune  impor- 
tance ;  de  plus  on  a  trouvé  lur  le  cadavre  les  signes  ordinaires  de  la  submerâoa. 
La  coloration  bleuâtre  et  Tétat  plissé  de  la  peau  des  mains  et  de«  pieds  (7)  (<(Bi 
prouvent  seulement  que  le  cadavre  a  séjourné  un  certain  temps  dans  Teau),  U 
chair  de  poule,  la  vase  dans  la  cavité  buccale,  et  les  résultats  trouvés  dam  les 
organes  internes,  aavoir  :  Thypérémie  des  méninges  (13),  des  sinus  (18),  Thypé- 
rémie  des  poumons  (20),  des  veines  coronaires  du  cœur,  la  grande  quantité  de 
sang  dans  le  cœur  droit  (22),  le  gonflement  des  poumons  (20),  l'bypérémie  du 
foie  et  des  reins  (23  et  31),  la  fluidité  du  sang  (22  et  34),  sont  des  critériums  très 
importants,  joints  à  ce  que  l'on  a  trouvé  dans  l'estomac.  Ce  dernier  est  rempli 
d'un  fluide  aqueux,  dans  lequel  se  trouvent  des  traces  de  vase  ressemblant  tout  à 
fait  à  ce  que  nous  avons  trouvé  sur  la  langue  et  au  gosier,  ce  qui  prouve  que  Is 
décédé  a  encore  avalé  se  trouvant  dans  l'eau  vaseuse.  Ainsi  il  doit  donc  y  avoir  vécu, 
puisque  rien  ne  peut  entrer  dans  l'estomac  après  la  mort.  Le  décédé  est  dose 
entré  vivant  dans  l'eau  et  y  est  mort  d'apoplexie  pulmonaire  (asphyxie),  comase 
meurent  ordinairement  les  noyés. 

Si  on  nous  demande  si  cette  mort  a  été  causée  par  suicide,  par  accident  ou  par 
meurtre,  nous  devons  déclarer  que  l'autopsie  n'a  donné  ni  preuve  ni  même  vraisem- 
blance pour  un  meurtre,  tandis  que  l'on  peut  bien  admettre  que  H...  a  trouvé  sa 
mort  dans  l'eau  par  suicide  ou  par  accident,  par  exemple  que  se  trouvant  sur  le 
rivage  il  a  été  pris  d'un  accès  d'épilepsie,  qu'il  est  tombé  dans  l'eau  et  s'y  est 
noyé.  S'il  est  vrai  que  l'on  a  trouvé  le  cadavre  déshabillé  sur  le  rivage,  nous  ne  som- 
mes  pas  éloignés  d'admettre  que  des  tiers  ont  péché  le  cadavre  et  l'ont  dépouOlé. 
Donc  nous  concluons  que  :  H...  est  entré  vivant  dans  l'eau  et  qu^il  y  a  été  noyé. 

Beriib,  19  ttrU  i85i. 

CASPEn.  LUTKB. 

{cachet  ofUcieU) 

$  4.  —  Aévîsîon  des  rapports. 

Instances  médicales  supérieures. 

Toutes  les  pièces  d'autopsie  des  médecins  légistes  prussiens,  aussi 
bien  les  procès-verbaux  que  les  rapports,  sont  copiées  et  envoyées  au 
chef-lieu  des  provinces  et  passent ,  tous  les  trimestres ,  dans  les 
instances  médicales  supérieures.  Il  en  est  de  même  pour  les  rapports 
concernant  les  interdictions  pour  état  mental  dans  les  cas  civils.  Ces 
pièces  arrivent  ainsi  dans  la  seconde  instance  ou  collège  médical, 
et  ces  derniers  envoient  les  pièces  et  leurs  obser\'ations  au  ministre 
qui  Tait  Taire  une  superrévision  par  la  troisième  instance  ou  dépu- 


RÉVISION    DES   RAPPORTS.  177 

iBlion  scientifique  unique  pour  toute  la  Prusse.  Les  résultats  de  cette 
5oj>erréYision  sont  communiqués  au  collège  médical  et  reviennent  au 
inédecin  légiste.  Cette  manière  d*agir  nécessite  beaucoup  de  compli- 
cations, mais  elle  a  l'avantage  de  tenir  une  communication  continuelle 
entre  le  conseil  médical  suprême  et  tous  les  médecins  légistes,  et 
comme  H.  Ifittermayer  Ta  dit,  elle  a  placé  la  médecine  légale  en 
Prosse  dans  une  position  bien  autrement  supérieure  que  dans  les  au- 
tre» pays. 

Sans  la  législation  on  indique  les  cas  dans  lesquels  le  rapport  d'un 
médecin  doit  aller  dans  les  instances  supérieures  avant  le  jugement. 
JLloTS  ces  rapports  sont  envoyés,  comme  plus  haut,  au  collège  mé^ 
dîcal  de  la  province,  et  si  la  conclusion  de  ce  collège  ne  suffit  pas 
par  quelque  raison  que  ce  soit,  les  actes  vont  à  la  dépulation  scienti- 
fique pour  qu'il   en  soit    fait  un  superarbitre.    Ce  superarbitre, 
comme  dans  le  collège  médical,  est  fait  par  deux  rapporteurs  qui  font 
leur  rapport  chacun  de  leur  côté,  les  (}eux  rapports  sont  lus  en 
séance  publique  et  disculès,  et  celui  qui  a  la  majorité  est  accepté.  On 
a  beaucoup  discuté  cette  question  :  Jusqu'à  quel  point  la  cour  est- 
die  liée  à  la  conclusion  du  superarbitre?  Cette  question  étant  pu- 
rgent juridique,  nous  n'avons  pas  à  y  insister  ici. 

Nous  observerons  seulement  que  puisque  les  jurés  ne  sont  liés 
dans  leur  verdict  que  par  leur  conscience,  la  question  a  peu  d'im- 
portance. 

Le  collège  médical  et  la  députation  scientifique  envoient  des  rap- 
ports écrits,  mais  ne  se  font  pas  représenter  dans  les  audiences  des 
tribunaux  par  un  membre  qui  ne  pourrait,  dans  les  nouveaux  inci- 
dents que  font  surgir  les  débats,  que  donner  une  opinion  individuelle. 
Le  rapport  est  remis  à  un  médecin  légiste  ordinaire  de  la  localité  qui 
^chargé  de  le  défendre  devant  les  jurés. 


11.  12 


DEUXIEME     DIVISION. 

MÉDECINE  LÉGALE  SPÉCIALE. 


I.— MORT  VIOLENTE. 


PBEMIÈBE   SECTION. 

MORT  PAR  CAUSE  MÉCANIQUE. 

LÉGISLATION.  —  Code  pénal  prussien,  §  185.  Pour  constater  l'homicide,  on  ne  de- 
vra pas  considérer  si  le  résdltat  mortel  de  la  blessure  aurait  pu  être  érité 
par  un  secours  prompt  ou  approprié,  ou  si  une  blessure  analogue  a  été  fvérie 
dans  d'autres  cas  par  le  secours  de  l'art,  ou  si  la  blessure  n'a  été  mortelle  fin 
par  l'influence  des  conditions  individuelles  présentées  par  la  yictime,  ou  des 
circonstances  accidentelles  dans  lesquelles  la  blessure  a  été  faite. 

C^néralitéf. 

i^   DÉFINITION   DU   MOT  BLESSURE. 

Cette  définition  u  donné  lieu  à  bien  des  recherches  savantes  dans 
le  domaine  du  droit  criminel  de  la  part  de  ceux  qui  veulent  absolu- 
ment proclamer  Texistence  d'une  jurisprudence  médicale.  Dans  la 
langue  usuelle,  le  mol  blessure  est  emplojé  dans  deux  sens,  on  dit  : 
A.  a  fait  une  blessure  a  B.,  elB.  a  reçu  une  blessure  de  A.,  c'est'donc 
le  même  mot  pour  Faction  et  pour  TefTel.  Cette  double  signification 
du  même  mot  n*a  rien  qui  gène  le  médecin,  d'autant  plus  qu'il  n'a 
jamais  à  se  prononcer  que  sur  l'effet  de  la  blessure.  Car,  même 
quand  il  étudie  la  force  qui  a  été  employée,  l'instrument  dont  on 
s'est  servi,  il  ne  sort  pas  de  l'examen  de  Ve/fet  de  la  blessure. 

Nous  définirons  donc  par  le  mot  blessure  toute  altération  dans  les 


MORT  PAR  CAUSE  MÉGANIQUE.  —  LÉTHALITi  DES  BLESSURES.       170 

organes  ou  dans  la  fonctions^  produite  par  une  violence  exté-' 
rieure.  Parmi  les  altérations  dans  les  organes  nous  citerons  les 
solutions  de  continuité  de  toute  espèce  produites  par  les  plaies,  les 
rnptures,  les  brûlures,  les  chocs,  les  chutes,  les  fractures,  les  luxa- 
^ion&,  Panni  les  altérations  dans  les  fonctions,  nous  citerons  les 
commotions,  les  contusions  et  les  paralysies. 

2^  LÉTBAUTÉ  PE8  BLESSURES  (1). 

n  était  réservé  à  notre  siècle  d*introduire  dans  le  droit  criminel 
pni83ien  une  réforme  des  plus  heureuses,  celle  de  rejeter  du  Gode  une 
doctrine  qu*un  criminaliste  célèbre,  Stubel,  a  appelée  avec  raison 
<  le  cancer  du  droit  criminel  et  Teicuse  des  assassins  >.  Nous  vou- 
lons parler  de  la  doctrine  dangereuse  des  degrés  de  léthalité,  qui 
l^enreosement  maintenant  n'est  plus  que  du  domaine  de  Thistoire. 

Toutes  les  législations  de  TEurope  sans  exception  reposent  main- 
Icnant  sur  la  théorie  qui  individualise  chaque  cas  de  blessure 
i^vtnue  mortelle  et  rejette  les  règles  générales^  qui  recommande 
seulement  de  constater  que  la  mort  a  été  provoquée  par  la  blessure, 
I3U1S  se  soucier  si  par  une  possibilité  et  une  circonstance  heureuse  on 
^virait  pu  éviter  la  mort.  Il  est  très  étonnant  que  l'on  ait  eu  besoin 
^  plus  de  deux  siècles  pour  comprendre  que  l'homicide  provenant 
ffime  blessure  est  une  action  analogue  à  celle  qui  consiste  à  pendre 
V^qa'un  ou  à  le  jeter  à  l'eau,  quoique  la  pendaison  et  la  submer- 
sion ne  soient  pas  des  actions  c  absolument  mortelles  > ,  car  le 
'^^ard  peut  permettre  que  quelqu'un  coupe  la  corde  du  pendu  ou 
^  de  l'eau  l'individu  qui  va  se  noyer. 

D  est  impossible  de  poser  une  disposition  légale  plus  nette  que 
^dn  paragraphe  185  du  Code  prussien;  la  constatation  de  Tho- 
^de  est  seulement  la  tâche  demandée  au  médecin  par  la  justice  ; 
^u&mot,  le  décédé  est-il  mort  par  suite  de  telle  blessure?  On 
<ioit  répondre  affirmativenrat  i  cette  question,  quand  même  il 
^^it  éndent  que  c  le  résultat  mortel  de  la  blessure  aurait  pu  être 


(0  ^tir  fov  les  MeMoret  son  mortaUet  le  premier  ▼otame,  4^  leetîon. 


180  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

empêché  par  un  secours  prompt  et  approprié  »  (  la  blessure  per  i 
létbale  des  anciens),  ou  bien  quand  même  c  une  blessure  conu» 
celle  qui  est  en  question  a  été  guérie  dans  d*aulres  cas  par  la 
secours  de  Tari  >  (blessure  ut  plurimum  létbale  des  anciens),  (K 
quand  même  la  blessure  n*a  entraîné  la  mort  c  qu'à  cause  des  condi 
tiens  individuelles  de  la  victime  >  (blessure  individuellement  létbale) 
ou  enfin  quand  même'  la  mort  ne  serait  pas  survenue  si  «  les  circon 
stances  accidentelles  sous  lesquelles  la  blessure  a  été  faite  ne  s*élaiei 
pas  présentées  >  (blessure  per  acct^ieii^  létbale). 

C'est  ne  pas  comprendre  la  substance  de  ce  paragraphe  quQ  dedii 
qu'il  ouvre  un  libre  essor  à  toutes  les  injustices,  car,  par  exempb 
A.  a  tiré  un  coup  de  pistolet  dans  la  tête  de  B.,  et  C.  a  donné  à  I 
un  coup  de  poing  dans  la  poitrine,  et  ce  dernier  avait  un  vice  orgi 
nique  du  cœur  prédisposant  à  une  rupture,  les  deux  blessés  soi 
morts  ;  évidemment  dans  les  deux  cas  la  mort  est  résultée  de  Taclic 
blessante,  et  le  médecin  doit  constater  qu'il  y  a  eu  homicide,  tand 
que  pour  tout  le  monde  sous  le  rapport  pénal,  les  deux  coupables  i 
sont  pas  sur  la  même  ligne.  Le  législateur  est  également  deceta?i 
et  il  demande  au  médecin  de  renseigner  la  justice  exactement  sur  1< 
influences  individuelles  concernant  la  rupture  du  cœur  ou  d'un  aut 
organe,  etc.;  mais  le  médecin  ne  doit  pas  aller  plus  loin  ni  se  lane 
dans  les  théories  des  anciens  concernant  la  léthalité,  il  ne  doit  p 
ranger  le  cas  particulier  sous  des  catégories  générales,  car  il  ne  pe 
alors  donner  que  des  opinions  hypothétiques. 

Le  médecin  peut  être  tranquille  sur  les  conséquences  de  son  appr 
ciation,  car  il  doit  savoir  que  les  jurés  et  les  juges  sauront  mesure 
d'après  sou  rapport,  le  cas  d*homicide  avec  toute  l'équité  désirabl< 
et  les  mots  c  on  ne  devra  pas  considérer,  etc.  >  dans  le  paragraphe  lî 
ne  se  rapportent  pas  à  la  culpabilité,  mais  évidemment  à  c  la  consb 
tation  de  l'homicide  >,  qui  concerne  le  médecin  et  non  les  jurés. 

3*  Différence  des  blessures  selon  les  organes. 

Un  autre  élément  étranger  dont  on  doit  purger  la  médecine  légak 
c'est  la  mortalité  des  blessures  selon  les  organes  qui  ont  été  atteints 


Mort  par  cause  méganique.  —  individualité  du  blessé.     181 

^  vieille  tradition  a  encore  quelquefois  du  succès,  c'est  pourquoi 

oïï  a  essayé  à  tort  de  déterminer  si  la  blessure  de  tel  os  est  plus 

<ittiSareuse  que  la  blessure  de  tel  autre  os,  dans  quelles  circonstances 

i^s  blessures  d'intestin  sont  plus  ou  moins  dangereuses.  Cette  ques- 

tiou  est  purement  une  question  de  pronostic  chirurgical  et  doit  être 

supposée  comme  connue  du  médecin-légiste. 

4*  IKDIYIDUALITÉ  DU  BLESSÉ  ET  CIRCONSTANCES  ACCIDENTELLES. 

n  en  est  de  même  pour  ce  qui  concerne  individualité  du  blessé, 
tt  las  circonstances  accidentelles  qui  ont  pu  aggraver  le  danger  d'une 
Uessore.  Ces  circonstances  doivent  être  mises  de  côté  par  le  médecin 
légiste,  car  surtout  pour  Tindividualité,  dans  la  plupart  des  cas  on 
en  est  réduit  à  de  pures  hypothèses,  et  il  faut  les  éviter  autant  que 
poaible  en  médecine  légale. 

Nous  ne  savons  pas  pourquoi  chez  dix  hommes  une  blessure  des 
Intestins  amènera  la  mort  par  inflammation,  tandis  que  chez  dix 
autres  et  dans  des  circonstances  analogues,  une  blessure  plus  grave 
sera  suivie  de  gu^i^on. 

n  est  certain  que  dans  les  deux  cas  des  circonstances  individuelles 
bvorables  ou  défavorables  ont  été  en  jeu,  mais  qui  peut  les  décou- 
^r?  Considérez  que  le  médecin  légiste  voit  le  sujet  pour  la  première 
fois  sur  la  table  de  l'autopsie*,  que  peut- il  dire  sur  l'individualité 
<l'Qn  tel  sujet?  Les  cas  sont  rares  dans  lesquels  on  trouve   des 

• 

circonstances  individuelles  défavorables  évidentes,  telles  que  des  os 
excessivement  minces,  des  anomalies  dans  la  position  des  organes  ; 
^s  la  majorité  des  cas,  l'individualité  d'un  cadavre  est  une  ques- 
tion insoluble.  Si  cependant  le  médecin  trouvait,  soit  sur  le  cadavre, 
^it  dans  les  actes,  des  indices  d'une  individualité  remarquable  et 

• 

comportante  pour  les»questions  en  litige,  il  fera  bien  de  les  noter  dans 
son  rapport. 

lien  est  de  même  pour  ce  que  l'on  appelle  les  circonstances  acci- 
dentelles, l'influence  de  l'ivresse,  le  transport  du  blessé,  les  traite- 
oients  non  appropriés.  On  sait  combien  ces  questions  ont  donné  lieu 


182  PARTIE  THANAT0L06IQUI. 

à  des  discussions  nombreuses  et  ioutileS)  surtout  la  question  du  tna 
tement  médical  ;  principalement  dans  les  blessures  de  tète  qui  cm 
amené  la  mort,  et  les  blessures  de  membres  qui  ont  nécessité  on 
amputation  suivie  d'inrection  purulente.  Combien  le  médecin  légûl^ 
était  embarrassé  pour  approuver  ou  blâmer  Tamputation  faite  oa 
omise  !  Et  avec  tout  cela,  la  chose  principale  pour  la  justice  €  b 
constatation  de  l'homicide  »  était  négligée;  car  par  toutes  ces  subs- 
tilités  et  controverses,  il  arrivait  assez  souvent  que  le  juge  admettait 
que  le  blessé  était  mort  plutôt  par  la  faute  du  médecin  que  par  cdk 
de  Taccusé.  Autant  ces  cas  étaient  difficiles  autrefois,  autant  mainte- 
nant  ils  se  présentent  de  la  manière  la  plus  simple.  Une  blessure  df 
tête,  par  exemple,  a  causé  la  mort,  par  là  le  fait  de  l'homicide  esl 
constaté,  et  le  juge  est  posé  sur  un  sol  ferme.  Pourquoi  dans  le  em 
particulier  cette  blessure  de  tête  a  causé  une  suppuration  du  cer 
veau,  pourquoi  cette  dernière  n'a  pas  été  reconnue  assez  tôt,  toutcéb 
sera  exposé  dans  les  motifs  du  rapport  qui  finira  toujours  par  la  con< 
clusion  :  €  la  blessure  de  tête  a  causé  la  mort». 

La  médecine  légale  est  une  science  en  elle-même  et  non  uni 
encyclopédie  des  sciences  médicales.  Elle  doit  s'approprier  ce  qui  tu 
touche  pas  aux  autres  branches  médicales,  et  forme  son  domaine 
spécifique,  en  retranchant  les  connaissances  étrangères  qui  ne  doi 
vent  être  considérées  que  comme  des  connaissances  préliminaires. 


IILESSURES  PRODUlBàMT  LÀ  MORT  PAR   CAUSE   MÉCANIQUE.      i8S 


CHAPITRE  PREMIER. 

BLESSURES   PRODUISANT   LA   MORT   PAR   CAUSE   MÉCANIQUE. 

SI.  OéDérAlité*. 

Nous  afons  déjà  dit  (p.  A9)  ce  que  nous  comprenons  par  des 

Uessares  de  cette  espèce.  Ce  sont  celles  que  Ton  retrouve  le  plus 

hcSement  sur  le  cadavre.  Il  peut  se  trouver  qu'il  coexiste  aussi 

f  autres  causes  de  mort  qui  pourraient  à  elles  seules  amener  la  mort, 

far  exemple  :  hémorrhagie,  commotion  cérébrale,  etc.;  mais  ces  der- 

ûères  circonstances  sont  superflues,  car  la  destruction  matérielle 

de  l'organisme  suffit  pour  rendre  impossible  la  continuation  de  la  vie. 

Ces  blessures  sont  celles  qui  sont  produites  par  des  écroulements 

de  mnraille,  de  poutres,  de  mâts  de  vaisseaux  ,  des  chocs  d'ailes  de 

iDonlb,  des  écrasements  de  voitures,  de  wagons  de  chemin  de  fer, 

fa  broiements  par  des  machines,  l'emballement  d'un  nouveau-n4 

dus  une  caisse,  des  chutes,  des  chocs  d'une  hauteur  considérable 

^ntreun  corps  dur,  des  coups  violents  de  toutes  sortes. 

$  9.  Xicpérieiiees  faitef  sur  le  eadavre. 

Noas  avons  prouvé,  en  parlant  des  blessures,  page  87,  et  dans  les 
(^l^senrations  qui  suivent,  combien  il  arrive  souvent  qu'un  homme 
toé  subitement  par  un  désordre  interne,  ne  présente  aucune  lésion 
^  l'extérieur.  Cette  circonstance,  jointe  à  la  manière  d'agir  assez  fré- 
<|Qeiite  des  meurtriers  qui  tâchent  de  cacher  le  genre  de  mort  de 
leor  rictime,  nous  ont  amené  à  faire  des  expériences  sur  le  cadavre, 
l'es  ai  (ait  un  grand  nombre,  et  je  les  continue  dans  mes  leçons, 
dtt(|Qe  année.  Excepté  les  essais  de  brûlures  sur  lesquels  nous 
f^drons,  les  expériences  sur  le  cadavre  n*ont  jamais  été  faites  à 
m  connaissance  sur  une  grande  échelle. 

k  sois  arrivé  i  des  résultats  très  curieux ,  dont  voici  le  résumé  : 
''  tti  plui  difficile  de  détruire  la  cohésion  organiqut  après 


18A  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

la  mort  que  pendant  la  vie.  Je  ne  veux  pas  parler,  bien  entenda,  d^ 
plaies  par  instruments  tranchants  et  piquants  dans  la  peau  et  \e^ 
muscles.  Mes  expériences  se  rapportent  surtout  aux  fractures,  rup  " 
tures  d*organes,  et  aux  lésions  de  la  peau. 

1*  Fractures  d'os,  —  Quand  on  essaye  de  briser  le  crâne  d*ui 
cadavre  d*adulte,  on  trouve  qu'une  force  qui  aurait  produit  sur  le  vivais 
certainement  des  fissures,  sinon  des  fractures,  laisse  sur  le  cadavn 
le  crâne  intact.  Les  coups  les  plus  violents,  portés  de  haut  «n  bas 
ont  besoin  d*étre  répétés  plusieurs  fois  pour  fracturer  Tes  occipita 
et  l'os  pariétal  ;  Tos  temporal  est  plus  fragile.  Jamais  nous  n*aVbii 
réussi  à  produire  des  enfoncements  de  fragments,  des  écrasements  c 
môme  des  fissures  à  la  base  du  crâne.  Les  téguments  du  crâne,  aprS 
la  mort,  ont  aussi  une  résistance  plus  grande  que  pendant  la  ivm 
car  si  l'on  frappe  le  crâne  après  les  avoir  enlevés,  les  mêmes  coug 
produisent  des  fissures  et  des  fractures  bien  plus  facilement  que  lors 
qu'on  frappe  par-dessus  ces  téguments. 

De  nombreuses  expériences  nous  permettent  de  poser  l'axiome  vm 
vant  :  si  l'on  ne  peut  pas  reconnaître  si  une  blessure  a  été  faite  avant  ^ 
après  la  mort  par  suite  d'une  circonstance  quelconque,  par  exemple 
cause  de  la  putréfaction ,  si  cette  blessure  est  très  importante,  t^' 
que  la  fracture  des  os  crâniens,  fissure  de  la  base  du  crâne,  on  pei 
dire  qu'il  y  a  toute  probabilité  que  la  blessure  n'a  pas  été  faite  apm 
la  mort,  mais  bien  pendant  la  vie,  si  les  circonstances  n'indiqua 
pns  qu'une  force  extrêmement  violente  a  agi  sur  le  cadavre. 

Les  os  longs  des  ^embres  montrent  également  une  plus  grad 
résistance  après  la  mort  que  pendant  la  vie.  Les  coups  les  plus  for* 
portés  sur  les  membres  d'un  cadavre  couché  sur  une  table,  rest(tf 
sans  effet,  même  si  Ton  soulève  Tune  des  extrémités  de  l'os,  de  nn 
nière  que  la  partie  médiane  se  trouve  suspendue,  l'os,  placé  ai  i 
à  faux  ne  pourra  être  fracturé  que  par  une  force  énorme.  Ces  exç 
riences  sont  en  harmonie  avec  celles  de  M.  Halgaigne.  Ce  dernier 
réussi  à  briser  tous  les  os  longs  d'un  cadavre  avec  un  énorme  leri 
de  fer  (ce  qui  n'est  pas  étonnant),  mais  il  ajoute  que  même  avec  t^ 
telle  force  il  n'a  pu  obtenir  très  souvent  que  des  fractures  incomplète 


BLESSURES  PRODUISANT  LA  MORT  PAR  CAUSE  MÉCANIQUE.         185 

Les  OS  Ae$  vieillards  de  plus  de  soixante  et  dix  ans  sont  plus  friables. 
Les  08  longs  des  adultes  se  brisent  plus  aisément  si  on  éloigne  les 
parties  molles.  Cette  difficulté  de  la  fracture  des  os  après  la  mort 
s'explique  par  l'absence  de  Taction  musculaire. 

Les  c6tes  se  brisent  plus  facilement  que  les  os  des  membres,  mais 
on  n'obtient  que  des  fractures  simples  et  pas  de  fractures  commi- 
nQtives. 

Nous  n'avons  pas  réussi  à  briser  le  larynx  ni  l'os  hyoïde  d'un 

cadavre  adulte»  même  en  employant  la  force  la  plus  grande,  force 

foi  aurait  certainement  suffi  pour  amener  une  fracture  sur  le  vivant. 

Ces  expériences  sont  aussi  importantes  que  celles  faites  à  la  tête, 

^  je  n'hésiterais  pas  dans  un  cas  où  la  putréfaction  a  effacé  les  signes 

'fi  la  réaction  vitale,  à  admettre  que  les  fractures  de  Vos  hyoïde 

^^  du  larynx  n'ont  pas  été  produites  après  la  mort» 

2«  Nous  n'avons  fait  que  quelques  expériences  pour  produire  des 
^^ptures  d'organes  sur  le  cadavre,  car  elles  ne  peuvent  avoir  que 
^^  peu  d'importance  pour  la  pratique.  Les  coups  les  plus  violents, 
l^rtés  avec  les  instruments  les  plus  durs  sur  les  régions  du  foie  et 
ie  la  rate,  n'ont  pas  eu  le  moindre  effet. 

3"  Nous  avons  très  souvent  essayé  de  produire  sur  la  peau  des 
lésions  ressemblant  aux  phénomènes  de  réaction  qui  ont  lieu  sur  le 
^Want,  nous  avons  montré  plus  haut  (p.  93)  les  résultats  que  nous 
STons  obtenus. 

i*  D'autres  expériences,  faites  sur  le  cadavre  au  moyen  des  brû- 
lures et  armes  à  feu,  déchirures  du  cordon  ombilical,  seront  expo- 
sées en  temps  et  lieux. 

Les  deux  cas  suivants  très  importants  qui  se  sont  présentés  à  nous 
dernièrement,  prouveront  l'importance  de  ces  expériences. 

Ois.  80.  —  Écrasement  du  crâne.  Déterminer  sHl  a  eu  lieu  aprèt  la  mort? 

Le  sieur  S...,  âgé  de  soixante  ans,  mourut,  dit-on,  par  suite  d'un  ehute  qu'U  avait 
(lite  delà  hauteur  de  sept  pieds  et  demi.  Deux  ans  après,  le  bruit  ae  répandit  que  S. . . 
>vait  été  tué  dans  son  moulin  aYec  une  lourde  hache  de  la  main  d'un  meurtrier.  La 
PoUce  ayant  eu  vent  de  ces  soupçons ,  on  ordonna  l'exhumation  du  cadavre. 

n  l'ayisaait  de  déterminer  si  les  blessures  d'os  avaient  été  produites  par  la 


186  PARTIE   THÀNATOLOGIQUE. 

chute  ou  par  des  coups  de  hache.  Le  médecin  légiste  de  l'endroit  opinait  ponrli 
chute,  tandis  que  le  collège  médical  de  la  province  se  prononçait  pour  laseovpide 
hache.  Le  médecin  légiste  convenait  que  les  blessures  de  tète  avaient  pu  être  pro- 
duites avec  la  hache  mais  après  la  mort. 

Le  procureur  royal  de  la  province  me  consulta  et  me  présenta  rinstrumentetle 
crftne.  La  moitié  gauche  de  la  base  du  crâne  manquait  presque  oompléiemiiit,  et 
vingt  fragments  d'os  étaient  séparés.  Je  ne  pouvais  pas  admettre  qu'un  tel  écraio- 
mentde  la  base  du  crftne  ait  pu  être  produit  par  une  chute  d'une  hauteur  de  sept 
pieds  et  demi,  puisqu'une  telle  fracture  suppose  toujours  une  violence  très  grande  : 
observons  que  les  os  du  crftne  avaient  l'épaisseur  ordinaire.  On  ne  pouvait  pas 
non  plus  admettre  que  l'écrasement  avait  eu  lieu  après  la  mort,  to  laa  «xpérienoas 
que  nous  venons  de  rapporter,  et  en  outre  cet  homme  était  mort  dans  sa  maison, 
au  milieu  de  sa  famille  et  avait  été  enterré  de  la  manière  ordinaire,  ce  qui  ne  prê- 
tait pas  à  supposer  qu'une  telle  violence  ait  pu  être  fMlesur  fon  cadavre;  d*un  autre 
cêté  la  hache  présentée  était  tout  à  fait  suffisante  pour  produire  cet  écrasement  sur 
le  vivant.  L'accusé  fut  condamné. 

Obs.  81 .  —  Fractures  de  côtet.  Déterminer  si  elles  ont  été  produUet  après  ou 

ovanl  la  mort  f 

8ur  le  banc  des  accusés  du  tribunal  de  Z...,  étaient  assises  une  vieille  paysanne 
et  sa  Aile  avouant  avoir  commis  à  elles  deux  un  assassinat  nocturne  sur  la  peraonna 
d'une  femme  ftgée  de  soixante-quinse  ans. 

La  décédée  avait  été  étouffée  après  une  longue  lutte,  ce  qui  était  prouvé  par 
les  blessures  et  écorchures  nombreuses,  la  présence  du  sable  et  du  sang  dans  les 
cheveux,  car  le  corps  avait  été  Iratné  dans  la  chambre.  Le  genre  de  mort  avait  été 
expliqué  très  bien  par  les  experts.  Tandis  que  la  fille  tenait  les  deux  bras  de  la  vio- 
time,  la  mère,  à  genoux  sur  sa  poitrine,  lui  pressait  très  fortement  la  bouche  et  la 
nez.  On  trouva  des  écorchures  à  la  bouche. 

La  cour  eut  recours  au  collège  médical  de  la  province  qui  ne  se  trouva  pas  d'ac- 
cord avec  les  premiers  experts  ;  ceux-ci  avaient  admis  que  les  fractures  comminu- 
tives  des  côtes  des  deux  côtés  avaient  pu  être  produites  aussi  bien  par  une  chute 
d'une  hauteur  considérable  sur  le  fumier  que  par  le  poids  du  corps  de  l'assassin 
sur  la  poitrine  de  la  femme.  Le  collège  médical  ne  fut  pas  de  cet  avis,  disant  que  les 
fractures  pouvaient  avoir  été  faites  après  la  mort,  puisque  les  premiers  experts  n'a- 
vaient pas  décrit  la  réaction  vitale. 

Je  fus  appelé  en  consultation.  Je  déclarai  qu'une  chute  sur  un  corps  mou  comme 
un  fumier  ne  pouvait  pas  produire  des  fractures  comminutives  des  côtes  des  deux 
côtés. 

Je  ne  pouvais  pas  admettre  non  plus  la  production  de  ces  fractures  après  la  mort, 
l'absence  de  réaction  vitale  ne  pouvait  en  rien  infirmer  mou  opinion,  tandis  qu'il 
pouvait  suffire  pour  produire  ces  fractures  de  s'agenouiller  sur  la  poitrine  d'une 
femme  de  soixante-quinie  ans.  La  mère  fut  condamnée  à  mort,  la  fille  aux  travaux 
forcés. 


BLESSURES   PRODUISANT  LA  MORT  PAR  CAUSE   MÉGANIQUE.      187 
|3.  ISito  d«s  blMtOTM  prodttifaat  la  mari  par  oa«i«  mé«ftmqa«. 

Le  diagnostic  de  ce  genre  de  mort  est  très  facile  à  cause  des  phéno- 
mènes qui  sont  facilement  visibles  sur  le  cadavre.  Nous  en  avons  déjà 
parlé  dans  la  partie  générale  (pages  101  à  lOS),  à  propos  des  in- 
straments  tranchants  et  contondants.  Ces  blessures  peuvent  produire 
tous  les  effets  et  toutes  les  réactions ,  depuis  la  neuro-paralysie  pro- 
doisantla  mort  instantanément  par  suite  d'une  commotion  du  cerveau 
on  de  la  moelle  épinière»  jusqu'à  l'inflammation  chronique  ou  la  sup- 
puration amenant  une  mort  lente.  Dans  certains  cas  ce  sont  des  écra- 
sements, des  séparations  de  membres,  des  chutes  d'organes  internes, 
des  luxations  et  des  fractures ,  des  contusions,  des  plaies ,  des  dé- 
chirures de  muscles,  de  vaisseaux  et  de  viscères,  et  il  arrive  souvent 
<|neron  trouve  plusieurs  causes  de  mort  sur  le  même  cadavre. 

Les  cas  suivants  en  donneront  des  exemples  : 

Obs.  82.  —  Mort  par  écrasement  de  chemin  de  fer, 

^smi  pluiieun  cas  de  mort  par  écrasement  de  chemin  de  fer,  celui  d'un 

'^Iheoreux  seUier  d'une  trentaine  d'années  était  le  plus  affreux.  Il  n'y  avait 

1^  Doe  partie  du  cjrps  intacte.  Au-dessous  des  téguments  du  crâne  restés  presque 

^^ts,  on  sentait  crépiter  les  os  écrasés,  Toreille  gauche  était  déchirée,  les  quatre 

^^nbres  étaient  contus,  déchirés  et  fracturés,  de  sorte  qu'ils  avaient  tous  une 

^^*^een  zigzags  ;  les  muscles  faisaient  hernie  de  tous  côtés,  surtout  au  côté  gauche 

^^  vtotre,  le  icrotom  était  déchiré,  le  testicule  gauche  pendait  entre  les  cuisses; 

^^  tntCs  de  la  figure  étaient  calmes,  ce  qui  s'explique  par  la  rapidité  de  la  mort 

^^^  a]été  par  eonséqoent  vraisemblablement  peu  douloureuse. 

« 

Ois.  83.  -*  Écroiement  d'un  nouveau^  par  un  train  de  chemin  de  fer, 

U  tête  et  le  eoa  de  l'enfant  étaient  séparés  du  corps  et  manquaient,  les  vertèbres 

^^rvKiles  étaient  écrasées,  les  deux  clavicules  et  les  côtes  supérieures  étaient 

*^<xtts,  le  cordon  avait  été  coupé  et  lié  selon  les  règles  de  l'art,  le  tronc  était  long 

^25eentimètref  et  pesait  700  grammes,  il  avait  encore  du  duvet.  La  peau  ridée 

^  nendires,  las  ongles  très  minces  ;  le  vagin  béant  indiquait  que  probablement 

^caluA  n'était  pas  né  à  terme.  Cependant,  comme  le  cadavre  était  très  altéré,  et 

^SM  partie  anaai  importante  que  la  tête  manquait,  on  ne  pouvait  doùner  au- 

**>•  esftituda  à  cet  égard.  On  ne  pouvait  pas  foire  non  plus  la  doeimasie  pul- 

*>i^et  on  ne  pouvait  dire  si  l'enfont  a.vait  vécu  et  si  la  tête  avait  été  détachée 

P«*Mitlavie. 


188  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 


Obs.  84.  —  Fracture  de  Vapaphyte  matldide  par  écratement  d'une  iNMinn. 

C'est  là  uiie  det  blessures  les  plus  rares  qui  fut  trouvée  sur  une  jeune  fille  d^ 
six  ans  tuée  par  l'écrasement  d'une  voiture.  La  septième  côte  gauche  fut  cassée  ^ 
au  crâne  on  trouva  six  fractures,  entre  autres  un  détachement  de  Tapophy^ 
mastoïde  de  l'os  temporal  gauche.  Dans  le  poumon  gauche  il  y  avait  une  déchirai 
de  8  centimètres. 

Obs.  85. — Fracture  de  la  partie  écaiUe%ue  du  temporal  par  écra$ement  de  voUwn 


Dans  ce  cas  une  force  violente  avait  produit  des  blessures  de  tête 
curieuses,  c'était  une  flUe  de  trois  ans  qui  avait  été  écrasée  et  tuée  far-le-dumi 
La  partie  écallleuse  du  temporal  droit  était  détachée  et  libre  et  il  y  avait  une  ftsau 
transversale  de  l'os  occipital  allant  jusqu'au  grand  trou,  il  y  avait  aussi  une  flasvi 
du  rocher  gauche. 

Obs.  86.  —  Fissure  du  temporal  par  écrasement  de  voilure. 

Un  valet  de  vingt-neuf  ans  fut  écrasé  et  mourut  trois  heures  après.  A  l'os  iemp 
rai  gauche  il  y  avait  une  fissure  avec  des  bords  ecchymoses,  comme  on  les  troiB 
souvent  dans  les  fissures  fraîches  des  os  crâniens.  Elle  s'étendait  sur  la  base  « 
crâne  jusque  dans  le  grand  trou  ;  entre  la  fissure  et  la  dure- mère,  il  y  avait  xm 
extravasation  de  110  grammes  de  sang  noir  coagulé  qui  avait  exercé  une  graci 
compression  sur  le  cerveau,  comme  cela  arrive  souvent  pour  de  telles  blessures 
tête  qui  ne  tuent  pas  subitement.  Ou  trouva  la  vessie  remplie  à  cause  de 
paralysie. 

Obs.  87.  —  Hémorrhagic  cérébrale  par  écrasement  de  voiture. 

Une  femme  de  soixante  et  dix  ans  fut  écrasée,  transportée  à  l'hôpital  et  moo^ 
deux  jours  après.  A  l'os  pariétal  il  y  avait  une  plaie  de  1 2  centimètres  de  longue 
en  forme  d'S,  à  bords  nets,  et  à  2  centimètres  de  là  un  lambeau  de  peau  de  5  c0 
timètres  était  détaché.  La  bride  entre  ces  deux  plaies  était  également  détacha 
Sur  la  tenle  du  cervelet  il  y  avait  des  extravasations  de  sang  coagulé  ;  tous  j 
autres  organes  étaient  intacts  ;  mais  dans  le  bassin,  le  tissu  cellulaire  était  inflli 
de  sang.  (La  membrane  hymen  de  celte  vieille  femme  était  intacte  et  tem 
comme  celle  d'une  fille  de  quatorze  à  quinze  ans.) 

Obs.  88.  —  Hémorrhagie  cérébrale  par  le  choc  d*une  voilure. 

Une  femme  de  soixante-trois  ans  fut  heurtée  au  cété  gauche  par  le  Mn^ 
d'une  voiture,  elle  tomba  sur  le  pavé,  s'évanouit  et  mourut  après  quelques  heure 
Sur  le  cadavre  il  n'y  avait  pas  trace  de  blessure.  Les  os  crâniens  très  épais,  pus 
qu'ils  avaient  plus  d'un  centimètre,  étaient  intacts,  les  téguments  du  cerveau  étaie 
très  hypérémiques  et  tout  le  cerveau  était  enduit  d' une  couche  de  sang  coagulé* 


BLESSURES   PRODUISANT   LA   MORT   PAR   CAUSE    MÉGANIQUE.       189 

Ois  89.  —  Perforation  des  intestins,  —  Déterminer  si  elle  a  été  priiduite  par 

un  choc  de  voiture» 

Un  dragon  fut  frappé  dans  le  côté  droit  de  Tabdomen  par  le  timon  d'une  voiture. 
Trois joars  plus  tard  il  survint  des  douleurs  violentes  de  ventre  et  des  vomissements, 
et  dix-neuf  heures  après,  cet  homme  mourut  ayant  toute  sa  connairsance  et  avec 
tous  les  signes  de  Tanémie.  Le  médecin  traitant  n'avait  pas  trouvé  de  lésion  à 
l'endroit  frappé. 

^ous  trouvâmes  le  cadavre  Guin)  déjà  putréfié  ;  dans  la  cavité  abdominale 
500  grammes  de  sang  coagulé  et  des  fèces  s'étaient  extravasés  par  une  perforation 
ronde  do  petit  intestin  au  côté  gauche.  Les  bords  de  cette  perforation  étaient 
^oibésjisses,  d'un  rouge  livide,  et  avaient  un  diamètre  de  2  centimètres.  Il  va  sans 
dira  que  cette  perforation  était  la  cause  de  la  mort,  mais  il  était  évident  que  la 
'^essiire  n'avait  pas  pu  être  la  cause  de  cette  perforation.  Car  cette  blessure  ne 
P^^uvaii  avoir  produit  une  perforation  du  côté  opposé,  et  si  elle  avait  eu  pour  effet 
daccélérer  la  perforation,  les  symptômes  n'auraient  pas  mis  si  longtemps  à  se 
Produire. 

Obs.  90.   —  Rupture  du  périnée  par  écrasement, 

Uq  garçon  de  sept  ans  fut  écrasé  par  un  omnibus.  Une  roue  de  la  voiture  avait 
P*^  sur  l'abdomen.  Nous  trouvâmes  à  l'autopsie  toute  la  région  iliaque  droite  d'un 
'^^>Çe  foncé  et  ecchymose.  Le  périnée  était  rompu,  de  sorte  qu'il  y  avait  une  plaie 
*  N>rds  nets  non  ecchymoses,  en  forme  de  zigzags,  longue  de  1 3  centimètres  depuis 
'^  Scrotum  jusqu'à  l'anus.  Elle  était  béante  de  5  centimètres.  Le  sphincter  de  l'anus 
^^it  également  déchiré.  La  vessie  était  remplie,  ce  qui  s'explique,  puisque  le 
^rçon  avait,  vécu  encore  vingt  heures,  et  que  la  contusion  avait  produit  une 
i^ralysie. 

Obs.  91 .  —  Rupture  de  la  rate  par  choc  de  voiture. 

Uoe  fille  de  quatorze  ans  fut  écrasée  contre  un  mur  par  une  voiture,  et  moUrut 
^uze  heures  après.  Le  cadavre  avait  l'aspect  de  la  cire  blanche  ce  qui  faisait  tout 
^  suite  penser  à  unehémorrhagie  interne.  La  seule  trace  de  blessure  extérieure  con- 
^isUit  en  trois  taches  d'un  rouge  brun,  parcheminées  dans  la  région  de  l'omoplate 
Siuche.  Il  n'y  avait  pas  de  trace  de  blessure  au  ventre.  ^ 

A  l'intécieur,  la  rate  était  rompue  longi^tudinalement,  la  plaie  avait  2  centimètres 

de  longueur  et  4  millimètres  de  profondeur  ;  dans  la  cavité  abdominale,  du  sang 

moitié  liquide,  moitié  coagulé  étaitépanché.  Les  poumons  étaient  gris  et  anémiques. 

Le  cœur  droit  avait  cependant  encore  beaucoup  de  sang.  Il  n'est  pas  étonnant 

qu'elle  ait  vécu  encore  quelques  heures  ;  les  cas  suivants  donneront  des  exemples 

curieux  de  blessures  énormes  n'amenant  pas  la  mort  immédiatement. 

On.  92  —  Fracture  de  vertèbres  cervicales,  et  rupture  de  la  trachée- artère  el  de 

Vœsophage  par  écrasement  de  voiture. 

U  victime  de  cet  accident  était  un  jeune  homme  de  trente  ans.  Sans  aucun 


190  PARTIE   THÂMATOLOGIOUe. 

doute  le»  roues  avaient  passé  sur  le  cou  et  la  partie  supérieure  de  la  poilriiM  M 
avaient  produit  les  désordres  suivants  :  tout  le  cou  et  la  partie  supérieure  te  li 
poitrine  étaient  couverts  d'ecchymoses  ;  la  clavicule  droite  était  fracturée  ;  rapo* 
pbyte  odonioïde  était  détachée ,  et  Taxis  séparé  de  Tallas  ;  la  moelle  épinièn 
était  écrasée  et  disait  hernie,  le  larjnx  et  Tcesophage  étaient  déchirés.  Le  preiniM 
était  derrière  la  partie  supérieure  du  sternum,  et  enfin  la  carotide  droite  était  dé- 
chirée. Les  deux  plèvres  étaient  remplies  de  sang  coagulé  ;  les  poamoDf  »  in 
cœur,  les  reins  et  la  veine  cave  étaient  anémiques  ;  les  ventriculea  du  cemw 
contenaient  du  sang  épais. 

Ots.  93.  —  Fractiwr»  des  cûlMt  rufAure  du  pomum  «f  du  fok  par  écnutmmi 

l}n  garçon  de  sept  ans  fut  écrasé  par  un  omnibus  et  mourut  au  bout  de  qodfM 
minutes.  On  ne  trouva  pas  de  trace  de  lésion  extérieure.  On  voyait  seulement  «fu*! 
y  avait  emphysème  du  coté  gauche  de  la  poitrine.  On  trouva  à  l'autopsie  une  fttc 
ture  de  la  sixième  et  de  la  septième  côte  gauche.  Les  deux  poumons  étaient  vêA 
miques;  dans  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  se  trouvait  une  rupture  d 
3  centimètres  de  longueur  et  de  2  centimètres  de  profondeur  ;  à  la  surface  posté 
rieure  du  lobe  inférieur,  se  trouvait  une  autre  rupture  longue  de  6  centimètre 
et  de  3  centimètres  de  profondeur.  Les  deux  ruptures  avaient  des  bords  nets 
dans  la  plèvre  droite  il  y  avait  250  grammes  d*un  sang  foncé  et  épais  ;  le  thymus  éta 
encore  long  dé  3  centimètres  et  large  de  2  centimètres  ;  sur  la  5urface  coneav 
du  foie,  au  côté  droit,  il  y  avait  une  rupture  de  2  centimètres  et  demi,  et  tout  1 
lobe  droit  était  détaché  du  lobe  gauche  par  une  rupture  longue  de  2  centimètrei 
150  grammes  de  sang  provenant  de  ces  lésions  étaient  épanchés  dans  la  cavil 
abdominale* 

Obs.  9é .  —  Fracture  du  pubit  par  écrasement  de  voilure. 

Les  roues  d'une  voiture  passèrent  sur  le  bas-ventre  d'un  jeupe  homme  de  aeii 
ans.  Des  deux  côtés  il  y  avait  de  fortes  ecchymoses  ;  à  gauche,  les  téguments  étniei 
rompus,  ce  qui  permettait  de  voir  l'intérieur  de  Tabdomen.  De  plut,  il  y  avaj 
déchirure  des  muscles  des  deux  cuisses  près  du  bassin,  et  une  fracture  de  la  braoek 
horizontale  du  pubis  du  côté  gauche,  qui  s'étendait  jusque  dans  le  trou  ovale.  Ai 
doeet  sur  les  fesses,  les  téguments  étaioit  détachés  et  le  tissu  cellulaire  profondé 
aent  infiltré  de  sang. 

Obs.  95é  —  Fracture  de  côiei  et  de  vertèbres  dorsaleSi  cmUusiou  du  cœur, 

par  la  chute  d'un  corps  lourd. 

Un  sac  rempli  de  grains  tomba  sur  un  homme  âgé  de  soixante-six  ans.  Il  ] 
eut  fracture  comminulive  de  la  cuisse  droite  que  l'on  amputa.  Le  lendemain  di 
l'opération,  le  malade  mourut. 

Nous  trouvâmes  (au  mois  de  juin)  le  moignon  sanieux,  une  anémie  générale , 
iMéeux  premièref  eôtes  oasiées  sans  eechymose  extérieure.  La  partie  éroile  du 


BLESSURES  PRODUISANT   LA   MORT    PAR   CAUSt   MÉCANIQUE.      191 

péricarde  ayait  une  ecchymose  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  ^  francs,  et  aur  la 

paroi  gauche  du  cœur,  une  ecchymose  de  5  centimètres  de  longueur  et  de  i  oen- 

tùnètre  de  largeur,  s'étendait  sur  l'oreillelte  et  le  ventricule.  Ainsi,  il  y  avait  a^e 

eoDtwion  du  cœur,  ce  qui  se  présente  rarement.  Une  ecchymose  de  la  grandev 

^  la  main  se  trouvait  à  la  région  de  la  troisième  vertèbre  dorsale.  L'apoplfte 

épinease  de  cette  vertèbre  était  détachée,  et  la  vertèbre  eUe-môme  était  transver- 

(àlenent  fracturée.  La  moelle  épinière  n'était  i%A  blessée.  Et  avec  cette  blessure 

Jtt  aoalade  vécut  encore  hiwi  jours  I 

<>Ks.  96.  —  Fraclur$$  muUiplet  d'os,  déchirure  du  foie  par  la  chute  d'un  mdi. 

Un  homme  de  soixante  ans  fut  écrasé  par  la  chute  d'unmAt,!!  mourut  six  heures 
^pr-ès.  Sur  rextérieur  du  corps  il  n'y  avait  aucune  trace  d'ecchymose. 

Hous  trouvâmes  une  petite  fissure  dans  la  partie  orbitale  de  l'os  frontal,  cinq 
'^^teidncété  droit  (3* et 7*) étaient  fracturées:  170 grammes  de  liquide  sanguinolent 
*^  Inmvaient  dans  la  plèvre  ;  à  la  partie  postérieure  du  foie  il  y  avait  quatre  décbi- 
qai,  évidemment,  provenaient  de  quatre  cétes  enfoncées  ;  170  grammes  de  sang 
it  épanchés  dans  l'abdomen.  Il  y  avait  une  fracture  transversale  des  deux  os 
^^  l'mnt-bras droit  et  une  fracture  compliquée  du  bras  droit.  Et  pourtant  le  malade 
six  heures  et  n'eut  aucune  ecchymose  à  la  surface  du  corps. 

Obs.  97.  —  Rupture  du  foie,  de  la  rate,  de  Vépipîoon  et  de  VestomaCé 

^  homme  âgé  de  cinquante-trois  ans  montait  un  sac  de  blé  au  moyen  d'une 
^^^nlie  et  d'une  roue  à  Ynanivelle  ;  ayant  lâché  la  manivelle,  celle-ci  le  frappa  vio- 
lent et  le  tua  sur  le  coup.  Il  n'y  avait  pas  d'ecchymoses  sur  la  surface  du  corps, 
^ceplé  è  la  région  abdominale  à  gauche,  où  se  trouvait  une  place  rouge-brune  de 
^  centimètres  de  longueur,  parcheminée. 
A  l'autopsie  on  trouva  un  litre  de  sang  foncé  et  liquide,  épanché  dans  la  cavité 
^^idominale.  Le  foie  présentait  treize  à  quatorze  ruptures  superficielles  qui  péné- 
ent  dans  la  substance,  dans  Tépaisseur  d'un  centimètre.  Il  y  avait  aussi  quelques 
a  ia  surface  interne  i  le  lobe  gauche  était  presque  détaché  et  ne  tenait 
foe  par  va  mince  ligament.  L'estomac  avait  à  sa  surface  postérieure  deux  dé- 
^^ùnires  longues  de  8  à  9  centimètres,  dont  l'une  se  trouvait  à  la  petite  courbure 
^  Tatre  à  la  graade. 

Nous  observerons,  en  passant,  que  les  ruptures  de  l'estomac  sont  très  rares 

(^Mrpage  105,  Part,  gén.),  enfin  la  rate  était  tout  à  fait  écrasée,  etl'épiploon,  ee 

^«tt  très  rare,  avait  une  rupture  transversale  de  6  centimètres  de  longueur.   Il 

jmit  aatureUement  anémie  générale,  excepté  aux  veines  très  remplies  de  la 

PteHBèrt 

Ots.  98.  —  £cra$ement  du  crdne  par  une  violence  extérieure* 

la  batelier  âgé  de  quarante  et  un  ans  passait  debout  dans  son  bateau,  sous  un  pont 
^t  lei  deax  moitiés  avaient  été  soulevées.  Ces  deux  moitiés  furent  baissées  trop 


>- 


192  PARTIE    THANATOLUGIQUE. 

vite,  de  sorte  que  U  tête  de  ce  malheureux  fut  prise  entre  elles  deux,  U  y  eut  des 
blessures  très  graver  qui  fbrent  suivies  immédialement  de  la  mort. 

Outre  une  anémie   générale,  nous  trouvâmes  des  blessures  de  tète  énoraie*- 
Toute  la  moitié  droite  de  la  tète  avait  été  aplatie.  A  gauche,  une  plaie  béante  s'éte<^' 
daR  depuis  le  lobule  de  l'oreille  jusqu'à  la  suture  pariétale,  cette  plaie  avait  d^^ 
bords  nets,  traversait  les  os  et  laissait  voir  le  cerveau  réduit  en  bouillie.  Du  c^^^ 
droit  il  y  avait  une  plaie  de  la  peau  correspondant  à  la  suture  temporo-pariétale.  %^ 
conjonctive  des  deux  yeux  n'était  pas  ecchymosée,  ni  les  paupières  ni  les  autr 
parties  de  la  tète  ne  montraient  aucune  trace  de  gonflement  :  d'où  l'on  pouv^  ^^ 
conclure  que  la  mort  était  survenue  subitement.  Quand  les  téguments  mous 
crâne  eurent  été  enlevés,  toute  la  partie  supérieure  de  la  voûte  crânienne  se  mon 
détachée  à  bords  lisses  comme  si  on  l'avait  sciée  ;  des  fissures  partaient  de  cet 
fracture  de  tous  côtés  et  s'étendaient  jusqu'à  l'os  occipital.  Du  cdté  gauche,  la  part 
écallleuse  du  temporal  était  détachée  et  toute  la  base  du  crâne  était 
L'hémisphère  droit  du  cerveau  était  réduit  en  bouillie,  et  du  côté  gauche,  la  dur 
mère  était  déchirée.  Les  ventricules  du  cerveau  étaient  remplis  de  sang  noir  ( 
coagulé,  il  y  en  avait  également  sur  la  base  du  crâne.  Remarquons  en  passant 
c'est  là  encore  une  autre  preuve  de  coagulation  après  la  mort  (voir  page  18). 
qu'il  y  avait  encore  de  curieux  dans  ce  cas,  c'était  la  séparation  nette  des  os,  quo^   ^  ' 
que  le  corps  blessant  eût  été  obtus.  Les  os  étaient  très  "épais,  peut-être  étaiei^^  ^' 
ils  néanmoins  fragiles. 

Obs.  99.  —  Fracture  des  doux  condyles  du  fémur  par  écroulemenl  d'un  mm —  . 

Les  deux  condyles  du  fémur  droit  d'un  ouvrier  furent  complètement  détactm^^ 
par  l'écroulement  d'un  mur  ;  tout  le  reste  du  corps  était  intact.  La  gan^frène  siBr" 
vint  dans  l'articulation,  et  le  blessé  mourut  après  trois  semaines. 

Obs.  100  et  101.  —  Écrasement  ducrdnepar  des  chocs 

d*ailes  de  moulin, 

100.  —  Une  petite  fille  de  quatre  ans  fut  frappée  par  une  aile  de  moulin,  s'éva- 
nouit, eut  des  convulsions  de  la  partie  gauche  du  corps  et  mourut  vingt-deux 
heures  après. 

La  moitié  de  la  suture  coronaire  était  béante  d'un  millimètre,  ce  qui,  comme 
tout  écartement  de  suture  ct'afi<enne  devait  faire  croire  à  une  violence  très  grande. 
De  cette  plaie  s'étendait  une  fissure  diagonale  dans  le  pariétal  gauche.  Sur  l'os 
pariétal  droit,  il  y  avait  vers  l'aile  de  l'os  sphénoïde,  une  fracture  avec  enfoncement 
des  fragments,  de  la  grandeur  d'un  franc.  Après  l'ouverture  du  crâne,  le  cerveau 
s'écoula  comme  une  bouillie  et  ne  put  être  examiné  dans  ses  diverses  parties.  A  la 
base  du  crâne  il  y  avait  une  fissure  dans  l'os  sphénoïde  droit,  qui  traversait  la  selle 
turcique,  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  qu'après  les  plus  grandes  violences. 

101.  —  Un  garçon  de  trois  ans  fut  frappé  par  une  aile  de  moulin.  Nous  ne  savons 
rien  de  l'histoire  de  la  maladie  ;  on  nous  annonça  seulement  que  l'enfant,  après  la 


BLESSURES  PRODUISANT   LA  MORT   PAR  CAUSE   MÉGANIQUE.      198 

Mesiure,  avait  vécu  encore  dix- sept  jours.  Extérieurement  il  n'y  avait  i|Be  des 

JMoDi  peu  importantes.  A  Tangle  supérieur  et  postérieur  de  l'os  pariétal  gauehe,  il 

j  aviit  une  blessure  quadrilatère  à  bords  inégaux  qui  traversait  l'os,  et  par  laqiMlle 

ie  cerveau  foisait  hernie.  A  la  couche  interne  de  l'os  pariétal,  il  y  avait  une  fracture 

m  étoile  dont  quelques  fragments  pénétraient  dans  la  dure-mère,  entourés  à$  pus 

'tenant  d'un  abcès  qui  avait  envahi  les  deux  tiers  de  rhémisphère  gauche  du  cer- 

Ce  cas  n'appartient  pas  aux  blessures  par  instruments  contondants,  car  l'aile  de 
n'a  touché  que  légèrement  l'enfant,  et  celui-ci  est  mort  par  la  suppuration 
»Bisécutive  à  la  blessure.  Si  nous  le  rapportons  ici,  c'est  à  cause  de  l'instru- 
it asseï  rare  qui  a  fait  la  blessure. 

Ots.  102.  —  Blesntres  de  létemorteUespar  une  chute  dans  un  escalier, 

Cn  officier  supérieur  en  retraite,  âgé  de  cinquante-trois  ans,  s'étant  grisé,  fit 
les  plaisirs  de  Vénus  à  ceux  de  Bacchus.  En  sortant  des  bras  de  la  prè- 
),  il  tomba  dans  l'escalier,  se  blessa  gravement,  et  au  bout  d'une  heure  ce 
m*éliit  plus  qu'un  cadavre  ! 

A  l'autoptie,  nous  trouvâmes  une  fissure  du  crftue  traversant  tout  le  pariétal 
favebe,  qui  avait  produit  une  hémorrhagie  du  cerveau  comme  dans  Tobs.  8S.  Tout 
le  cerveau  et  le  cervelet  étaient  enduits  d'une  couche  de  sang  foncé  moitié  eoagidé. 
As  mjlieii  du  pont  de  Varole  se  trouvait  une  extravasation  grande  comme  un  noyau 
de  cerise.  Dans  le  cœur  il  y  avait  une  quantité  ordinaire  de  sang.  L'estomac  était 
Tmpli  de  chyme  coloré  de  vin  rouge.  La  vessie  était  remplie  d'urine  claire. 

• 

Obs.  103.  —  Rupture  de  la  rate  par  une  chute  dans  un  escalier» 

l'n  garçon  de  six  ans  fut  poussé  par  un  de  ses  camarades  avec  toute  sa  force 
dans  on  escalier  de  quelques  marches  :  il  mourut  cinq  heures  après.  La  cause  de 
la  mort  avait  été  une  rupture  longitudinale  de  la  rate,  qui  avait  partagé  l'organe 
tn  deux  parties.  Et  il  n'y  avait  pas  de  trace  de  lésion  extérieure. 

Obs.  104.  —  Blessures  de  tête  mortelles  provenant  d*une  chute. 

m 

U  est  assex  rare  de  voir  après  une  chute  d'une  petite  hauteur,  des  fissures  de  la 
^  da  crâne.  C'est  ce  que  nous  observâmes  cependant  sur  une  femme  de  cin- 
quDle-deux  ans  qui  était  tombée  en  montant  jusqu'à  une  armoire  et  qui  était  morte 
^W|isix  heures  après. 

Extérieurement  il  n'y  avait  rien  à  la  tète.  On  trouva  intérieurement  à  l'os  tempo- 
ni  droit,  une  fissure  triangulaire  dont  l'un  des  côtés  traversait  la  base  du  crâne. 
Aa-deisas  de  la  dure-mère,  une  coagulation  de  sang  foncé  couvrait  tout  l'hémi- 
iN^  gauche.  La  pie- mère  était  exsangue,  mais  dans  la  substance  des  deux  hé- 
Mphères,  il  y  avait  une  extravasation  de  sang  foncé.  Dans  le  quatrième  ventricule 
^  9  avait  également  une  petite  extravasation. 


II. 


13 


19ft  PARTIE  THAIfATOLOGlQUE. 

Obi.  105.  —  Bl$ssures  de  tête  mortelles  produites  par  une  chute. 

iilit  ce  oat,  la  hauteur  était  encore  moindre.  La  gravité  des  blesaureB  s'eiplifie 
parla  minceur  des  oa  (3  millimètres).  Un  homme  lige  de  soixante  et  doute  ans  étail 
tomM  de  toute  sa  hauteur  dans  le  vestibule  d*uno  maison,  resta  sans  connaisiancf 
paralysé  de  tout  le  cAté  ^uehe  et  mourut  deux  jours  après. 

Extérieurement  il  n'y  avait  qu'une  ecclvymose  légère  de  l'angle  extérieur  deflrf 
droit.  A  l'intérieur,  la  partie  écailleuse  de  l'os  temporal  droit  était  détachée.  !>*• 
pariétal  droit  était  séparé  par  cmq  fissures  ;  sur  l'hémisphère  droit,  au-dessus  éil 
dura*  mère,  il  y  avait  une  extravasation  de  sang  coagulé,  pesant  90  grammes,  qi 
avait  comprimé  le  cerveau.  Une  extravasation  plus  petite  se  trouvait  i  b  hase  # 
crâne  du  cdté  gauche.- 

Obs.  106.  —  Fracture  du  crdne  et  des  vertèbres^  rupture  de  la  moelle  épinièrêf 

par  une  chute. 


Un  maçon  Agé  du  trente-six  ans  Umba  du  quatrième  étage  et  mourut 
jours  après. 

n  y  avait  une  fissure  de  4  centimètres  au  crâne,  qui  s'étendait  ^  la  pmi 
arMIale  du  flroiitil  droit  Jusque  dans  la  lame  criblée  de  l'os  ethmoldal,  de  plut,  1 
éitttumeiit  complet  de  la  neuvième  vertèbre  dorsale. 

Bu  tat  ettdrait,  la  dure- mère  de  la  moelle  épinière  était  déchirée  et  la  imel 
épfliièru  rompue.  Mous  le  répétons,  ee  blessé  vécut  encore  deux  jours. 

Obs.  107.  —  Assassinai;  plaies  deléte. 

Martrendorf,  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  alla  chez  un  cordonnier  qu'il  coi 
uaiaaait,  avec  l'intentian,  comme  il  l'avoua  plus  tard,  de  lui  prendre  à  tout  pri 
uue  paire  de  bottes.  Le  cordonnier  travaillait  assis  sur  une  chaise,  tout  eu  pailHi 
la  jeune  homme  passa  derrière  lui,  prit  un  marteau  et  frappa  a vee- force  et  à  pli 
sieurs  reprises  sur  la  tète  du  cordonnier,  qui  toinlM  et  mourut  bientOl  uprè 
L'assassin  raconta  ce  que  j'ai  entendu  dire  souvent  par  les  criminels,  qu'aprèsavo 
frapiié  le  premier  coup,  voyant  sa  victime  sans  mouvement  devant  lui,  il  s'éts 
senti  saisi  d'une  fureur  étrange  et  avait  frappé  avec  un  acharnement  irrésistibl 
(Il  y  a  donc  pour  ainsi  dire  une  volupté  diabolique  dans  le  crime  I  ) 

Nous  trouvâmes  en  effet  à  l'autopsie,  24  blessures  de  tète  qui  étaient  preafi 
taules  à  la  figure.  L'oreille  gauche  était  presque  arrachée  et  pendait,  les  plaies  avuiai 
des  bords  dentelés,  moitié  nets,  moitié  contus,  d'où  l'un  pouvait  déjà  conclut  e  qut  N 
blessures  avaient  été  faites  par  deux  instruments,  l'un  tranchant,  l'autre  c«mtOfidan 
ou  par  un  seul  instrument  présentant  ces  deux  états  sur  des  faces  diflTérentai 
L'accusé  avoua,  en  effet,  s'être  servi  des  deux  côtés  du  marteau.  Il  serait  fatiguai 
et  superflu  d'énumérer  toutes  les  blessures  qui  ont  été  consignées  au  procès- vei  bai 
il  suAru  de  citer  les  principales,  il  y  avait  fracture  verticale  de  la  partie  écaillaui 
du  temporal  gauche,  et  fracture  semi-lutiaire  du  temporal  droit,  il  y  avait  aiai 
une  fissure  béante  de  la  base  du  crâne  traversant  tout  l'os  sphénoïde.  Les  veinead 


DÉTERMINER   S'iL   Y   A   FAUTE   D'UN   TIERS.  196 

la  pie-mére,  turtont  à  gauche,  étaient  gorgées  de  sang.  Une  extravtsation  de  sang 
com§}iiè  correspondant  à  la  fraeture  de  l'os  temporal  gauche,  dans  la  grandeur  do 
50   ceDlimëlres,  pénétrait  dans  le  cerveau. 

Obs.  108.  —  Ecrasement  du  crâne  par  un  coup  de  hache. 

.    Uo  bomme  de  soixante  ans,  aliéné,  avait  l'idée  fixe  de  vouloir  se  faire  guillotiner. 

I^^ur  arriver  à  son  but,  il  se  décida  à  tuer  un  garçon  de  douze  ans  qu'il  chérissait. 

li  1*  invita  un  jour  à  venir  Taider  à  couper  du  bois  dans  sa  cave.  Il  avait  eu  le  sois 

^léposcr  des  dominos  sur  le  sol  de  la  cave,  afin  que  le  garçon  en  les  aperceira^ 

baissât  et  que  lui,  pût  profiter  de  ce  moment  pour  le  tuer  facilement  avec  sa 

hmebe.  C'est  ce  qui  arriva  :  en  entrant  dans  la  cave,  1  enfant  se  baissa  pour  ramas- 

*«i^  les  dominos  et   G...,    paralysé  du  côté  droit,  le  frappa  de  la    main  gaueha 

*^wt  la  hache,  loi  écrasa  le  crâne  et  alla  de  tvite  au  bureau  de  police  raeouter  ca 

^la'il  Tenait  de  faire  en  priant  qu'on  le  guillotinât  bien  vile  !  Le  malhauraux  enlaai 

lut  transporté  sanglant  à  riidpital  et  y  arriva  mort. 

^oùs  trouvâmes,  à  l'autopsie,  la  partie  supérieure  du  erâne  écrasée.  Huit  frag- 
■>«ata  d'of  de  toutes  grandeurs  provenant  de  l'os  pariétal  gauche,  étaient  enlbneét 
^^n%  la  dure-mère,  un  d'eux  avait  même  percé  cette  meaabrane.  L'oa  frontal  avait 
*'^  fusures  diagonales.  La  surface  du  cerveau  était  parsemée  d'extravasaiiont  de 
^ng  coagulé.  Les  sinuosités  da  cerveau  étaient  remplies  de  sang.  Les  extravesa- 
^^s  te  continuaient  dans  la  subataoce  de  rhémisplière  gauche.  A  la  base  du  crâne 
^  J  avait  deux  fissures.  L'une  à  l'iile  gauche  de  l'os  sphénoïde,  l'autre  à  la  baw 
^^  l*os  occipital.  Le  malbaureux  aliéné  fut  mis  dans  une  maison  de  fous. 

S  4.  —  Déterminer  s'il  y  a  faute  d'un  tiers. 

Très  souvent  il  s'agit  de  détermiiifr  si  le  décédé  est  mort  par  sa 

^^tile  (suicide)  ou  par  la  faute  d'un  tiers  (homicide).  Dans  ces  cas 

t«  jugement  doit  se  fonder  sur  toutes  les  circonstances  du  fait,  sur 

^es  combinaisons  du  i>on  sens  et  enfin  sur  les  résultats  de  Tautopsie. 

Ce  que  j^enteads  par  circonstances  du  fait,  ce  sont  les  révélations 

verbales  ou  écrites  du  décédé  qui  prouvent  son  intention  de  se  donner 

b  iBorty  «a  bien  c'est  une  circonstance  qui  prouve  que  personne  n'a 

pu  pénétrer  dans  la  chambre  où  a  été  trouvé  le  cadavre.  Il  peut 

(lifter  des  probabilités  qui  font  penser  à  priori  au  suicide,  lorsque, 

pir  exemple,  le  décédé  menait  une  de  ces  existences  qui  conduisent 

su  désespoir,  néanmoins  il  faut  que  l'autopsie  offre   des  résultats 

s'sccordant  avec  ces  probabilités,  qui  à  elles  seules  ne  pourraient 

P^  fixer  le  jugement  du  médecin. 


190  PARTIR    THANAT0L06JQUE. 

L'autopsie,  la  posilion  dans  laquelle  on  a  trouvé  le  cadavre,  Texi 
men  des  vêtements,  des  instruments  trouvés ,  en  un  mot  le  cadan 
avec  tout  ce  qui  Tentoure  constitueront  toujours  les  éléments  les  pli 
importants  pour  le  jugement  médico-légal. 

Quant  à  la  question  :  Des  hommes  morts  par  suite  de  blessmn 
tuant  mécaniquement  doivent- ils  la  mort  à  un  suicide,  aune  impn 
dence  ou  à  une  main  étrangère?  on  ne  peut  pas  y  répondre  par  in 
seule  thèse  générale.  On  peut  dire  seulement  que  des  blessures  pi 
instruments  contondants^amenant  la  mort  doivent  être  regardée 
presque  avec  certitude  comme  ayant  été  faites  par  la  main  d'un  U«n 
Car  combien  de  fois  a-t-on  trouvé  des  suicidés  ayant  eu  recours  i  « 
procédé?  Pour  moi,  je  n'en  connais  pas  d'exemple.  Dans  les  cas  s 
les  blessures  n'ont  pas  été  faites  par  des  instruments  contondiii 
on  doit,  pour  se  décider,  peser  avec  encore  plus  de  précaution  UMU 
les  circonstances  particulières  du  cas. 

Si,  par  exemple,  l'endroit  où  on  a  trouvé  quelqu'un  écrasé  par  ■ 
chemin  de  fer  n'est  accessible  qu'à  la  condition  d'escalader  une  haut 
barrière,  il  y  aura  toute  probabilité  qu'il  y. a  eu  suicide.  Il  peut  éli 
plus  difficile  de  juger  le  cas  quand  il  s'agit  d'une  chute  d'une  certain 
hauteur,  par  exemple  d'un  escalier  ;  dans  les  affaires  de  ce  genr 
il  arrive  souvent  que  l'accusé  prétend  que  le  décédé  s'est  laissé  tombe 
lui-même.  Lorsque  le  cas  n'est  pas  hors  de  doute,  il  est  préférable  d 
déclarer  franchement  son  incompétence  ou  de  restreindre  son  juge 
ment  derrière  les  probabilités  soutenables.  Nous  avons  déjà  aïonlr 
ù  l'observation  ô8  que  souvent  l'accusé  allègue  pour  sa  défense  le 
raisons  les  plus  probantes  qui  semblent  prouver  que  le  décédé  i 
trouvé  la  mort  par  sa  faute;  ce  cas  montre  que  quelquefois  l'autopsii 
peut  dévoiler  les  mensonges  et  livrer  l'accusé  ù  la  justice.  Nous  aurom 
du  reste  à  reprendre  cette  question  de  la  faute  d'un  tiers  pour  chaqw 
genre  de  mort  violente. 


BLESSURES  MORTELLES   PRODUITES   PAR   ARMES   A   FEU.        107 

CHAPITRE    II. 

BLESSURES    MORTELLES    PRODUITES   PAR   ARMES   A    FEU. 
$  1.  —  Plftiei  produites  par  «raies  à  feu. 


Mous  raogeons  ce  genre  de  mort  parmi  les  morts  €  mécaniques  », 
parce  que  dans  la  majorité  des  cas  la  mort  est  produite  par  la  des- 
Iniction  du  tissu  de  Torganisme.  Le  diagnostic  de  ce  genre  de  mort 
sor  le  cadavre  est  des  plus  faciles,  puisque  les  résultats  se  voient  mani- 
festement à  l'extérieur.  Nous  avons  déjà  parlé  (p.  108)  de  la  nature 
tks  armes  à  feu,  nous  ne  parlerons  ici  que  de  leur&elTets.  Il^st  diffi- 
cik  de  (aire  une  description  générale  des  plaies  par  armes  à  feu, 
cir  OQ  sait  qu'il  n'y  a  pas  deux  plaies  de  cette  espèce  qui  se  res- 
semblent. Tantôt  c'est  un  déchirement  de  toute  une  région  qui  rend 
cette  dernière  méconnaissable,  tantôt  il  n'y  a  qu'une  petite  plaie 
presque  invisible  peut-être  dans  un  pli  du  corps  et  qui  échappe  à  la 
première  vue.  On  ne  peut  donc  donner  que  peu  de  critériums  ayant 
Boe  valeur  générale. 

Doe  plaie  par  arme  à  feu  peut  traverser  tout  le  corps,  et  on  trouve 
l'ouverture  d'entrée  et  l'ouverture  de  sortie;  ou  bien  elle  entre  dans 
le  corps  et  y  reste,  alors  il  est  souvent  impossible  de  retrouver  le 
projectile.  C'est  dans  le  crâne  que  ce  dernier  est  le  plus  facile  à  trou- 
ver. Mais  dans  la  cavité  thoracique  et  surtout  dans  la  cavité  abdo- 
oùnale,  lorsque  plusieurs  organes  ont  été  atteints  et  que  de  grands 
<lisordres  ont  eu  lieu  à  l'intérieur,  on  le  retrouve  rarement. 

Les  plaies  par  armes  à  feu  sont  en  général  profondes ,  ou  trou- 
vera rarement  la  fin  du  canal  formé  par  le  projectile  près  de  l'ouver- 
te de  la  plaie  ;  presque  toujours  l'organe  frappé  le  premier  est 
averse  dans  presque  toute  sa  largeur,  ce  que  l'on  explique  par  la 
pression  de  l'air  qui  contribue  à  pousser  la  balle  outre  la  force  ëe  sa 
propre  impulsion. 
Les  plaies  panr  armes  à  feu  ont  cela  de  caractéristique  que  plus 

elles  deviennent  profondes  et  plus  elles  deviennent  larges,  ce  qui  est 


200  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

Orfila  et,  d'après  lui,  Simon  ont  adopté  une  opinion  différente,  ils 
ont  dit  que  :  Si  le  coup  vient  de  très  près  (  six  à  huit  pas  )  et  s*il  esl 
très  fort,  alors  les  ouvertures  d'entrée  et  sortie  sont  égales  et  comme 
si  elles  avaient  été  faites  avec  un  emporte-pièce.  Mais,  comme  on  H 
voit,  on  attribue  déjà  une  valeur  à  la  force  du  coup. 

Si  le  coup,  comme  cela  arrive  ordinairement,  déchire  et  écrase  le^ 
téguments  de  l'entrée,  on  trouve  les  bords  dans  un  état  que  l'on  n« 
peut  déterminer  :  de  grands  lambeaux  de  peau,  des  os  fracturés  se' 
parés  par  fragments,  avec  des  fissures  de  toutes  sortes,  peuvent  s« 
montrer,  ou  bien  encore  des  parties  du  corps  peuvent  être  sépa- 
rées. 

Quanta  la  coloration  des  bords,  il  y  a  aussi  de  nombreuses  éiitk 
rençes  ;  ordinairement  si  le  coup  n'a  pas  tué  immédiatement,  le 
bords  sont  plus  ou  moins  ecchymoses  et  parcheminés. 

Ils  sont  plus  ou  moins  brûlés  et  ont  une  couleur  noire  charbon  01 
noire  sanguinolente  différant  tout  à  fait  des  marques  de  poadn 
brûlée,  car  cette  dernière  produit  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de 
taches  petites,  parsemées  d'un  noir  gris.  Ces  marques  de  brûlura 
de  poudre  prouvent  seulement  que  le  coup  n'a  pas  été  tiré  de  tris 
loin,  c'est-à-dire,  d'après  mes  observations,  pas  plus  loin  que  trois  i 
quatre  pieds.  Pour  la  question  du  meurtre  ou  du  suicide  douteux, 
elles  ne  peuvent  être  dans  certains  cû  d'aucun  secours,  ou  m 
donner  que  de  simples  probabilités  ;  par  exemple,  si  deux  personnes 
étaient  ensemble  dans  une  voilure,  l'une  est  tuée  par  une  amu 
à  feu  et  il  s'agit  de  savoir  si  le  coup  a  été  oui  ou  non  tiré  pai 
l'autre. 

En  général  le  manque  complet  de  brûlure  dans  les  bords  de  b. 
plaie  permet  de  conclure,  presque  avec  certitude  y  que  le  coup  a  éU 
tiré  de  plus  loin  que  quatre  pieds,  et  par  conséquent  par  la  maii 
d'un  tiers,  excepté  dans  un  cas  rare  où  un  suicidé  a  fait  des  préparatiG 
particuliers  pour  se  tuer  de  loin.  Nous  avons  vu  des  caprices  de 
suicidés  extraordinaires. 

Je  ne  puis  attribuer  à  l'absence  de  marques  de  poudre  dans  les 
bords  de  la  plaie  une  valeur  absolue  et  une  preuve  que  le  coup  esl 


BLESSUHES   MORTELLES    PRODUITES    PAR    ARMES   A    FEU.  201 

reiia  de  loin,  thèse  qui  pourrait  devenir  de  la  plus  haute  importance 

dans  les  cas  criminels.  Car,  dans  des  cas  indubitables  de  suicide  par 

arme  à  feu,  je  n*ai  trouvé  ni  le  noircissement  ni  les  marques  de 

brûlures.  Dernièrement  un  fabricant  d'instruments  se  suicida,  et  on 

trouva  dans  sa  poche  une  lettre  dans  laquelle  il  disait  que  la  cause 

de  son  suicide  était  un  amour  malheureux   Le  cadavre  fut  trouvé 

dans  le  parc,  mais  il  n*y  avait  pas  d'arme  à  côté  de  lui,  le  projectile 

pointu  quUI  avait  préparé  lui-même,  avait  traversé  le  cœur.  La  plaie 

a^ait  une  fomie  presque  régulièrement  triangulaire,  dont  chaque 

^^lé  avait  de  2  centimètres  et  demi  à  3  centimèlrt^s.  Les  bords 

étaient  nets,  lisses,  non   ecchymoses  et  ressemblaient  plus  à  une 

coopure  qu'à  une  plaie  par  arme  à  feu  ;  ni  aux  bords,  ni  au  cou,  ni 

^  b  figure  il  y  avait  un  seul  grain  de  poudre  brûlée. 

Si  le  projectile  frappe  un  endroit  couvert  de  vêtements,  Tou- 

^6rture  faite  aux  vêtements  est  plus  petite  que  celle  du  corps  à 

cause  de  l'élasticité  des  étoffes,  il  peut  ne   pas  les  traverser  et 

^  pousser  dans  le  corps,  de  sorte  qu'il  su£Qt  de  tirer  les  véte<- 

'Dents  pour  faire  sortir  la  balle.  Ces  derniers  cas  sont  très  rares, 

^ais  il  arrive  souvent  que  de  simples  lambeaux  d'étoffes  entrent 

dans  la  plaie. 

Le  canal  de  la  plaie  ne  peut  être  examiné  ordinairement  que  lors- 

40*il  traverse  des  parties  assez  dures,  par  exemple  les  muscles  des 

■nembres,  du  dos  et  des  fesses.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les 

parties  molles.  Parmi  elles,  l'organe  qui  laisse  le  plus  facilement 

^ivre  les  traces  du  projectile,  c'est  le  cerveau  ;  quand  on  le  coupe 

*^ec  précaution  par  couches,  on  reconnait  le  canal  par  un  sillon  de 

Inmillie sanguinolente  qui  traverse  la  masse  saine.  Dans  le  cœur  aussi 

<^peot  quelquefois  retrouver  la  direction  du  canal;  cependant,  ordi- 

ittirement,  le  cœur  est  tout  à  fait  déchiré  par  les  armes  à  feu,  ainsi 

<|Qe les  poumons,  le  foie  et  la  rate.  La  direction  du  canal  dans  les 

intestins  est  également  difficile  a  reconnaître,  parce  que,  pour  s'o- 

neoter ,  il  est  nécessaire  de  déranger  les  intestins,  et  par  conséquent 

i^ direction  du  canal.  Dans  tous  ces  cas,  c'est  seulement  la  direction 

^l'entrée  et  de  la  sortie  s'il  y  en  a  une,  qui  peut  servir  à  baser  un 


302  PARTIE   THANATOLOOIQUE. 

jugement.  Dans  certains  cas,  et  c*est  assez  fréquent,  la  balle  se  { 
elle-même  des  directions  différentes,  glisse  sur  les  surbces  Us» 
fait  des  ricochets  sur  les  os  durs,  etc.,  et  sort  par  un  endroit  auqi 
on  est  loin  de  s'attendi'e.  Ainsi  s^expliquent  les  cas  qui  frisent 
miracle,  où  la  vie  reste  saine  et  sauve,  par  exemple  après  des  coi 
par  armes  à  feu  dans  le  cou,  qui  ne  percent  pas  la  carotide,  mais  d 
les  projectiles  font  le  tour  de  la  région. 

La  théorie  de  Bégin  est  très  hasardée,  il  dit  que  l'on  peut  rac 
naître  encore  par  Tétat  des  cicatrices  Touverture  d'enlirte  et  Vow 
ture  de  sortie.  La  cicatrice  de  la  plaie  d^entrée,  dit-il,  est  ronde,  c 
eaye,  profonde,  la  peau  est  uniformément  plissée  de  la  périphérii 
centre,  %a  même  temps  blanche  et  dure,  tandis  que  la  cicatrice  di 
plaie  de  sortie  est  plus  petite,  irrégulière,  proéminente,  fornaa 
fente.  Il  est  évident  que  trop  de  circonstances  peuvent  modifie 
forme  des  cicatrices  pour  que  l'on  puisse  accepter  une  telle  règle; 
reste,  en  médecine  légale,  ce  point  n'a  pas  de  valeur  :  car  si 
blessé  a  vécu  assez  longtemps  pour  que  la  cicatrisation  se  formi 
saura  dire  lui-même  aux  juges  dans  quelle  direction  le  coup 
yenu. 

$  2.  ->  Xzpéri«no«f  ikites  ftur  le  o«davr«. 

Mes  expériences  sur  le  cadavre  ont  prouvé  la  différence  de  réi 
tance  des  organes  morts  et  des  organes  vivants  (page  183  et  sui' 
J'ai  trouvé  pour  les  blessures  par  armes  à  feu  les  mêmes  résoi 
que  pour  les  blessures  par  instruments  contondants. 

Des  balles  d'un  demi-pouce  de  diamètre  tirées  avec  un  pist( 
ordinaire  contre  l'apophyse  zygomatique  à  une  distance  de  quatr> 
cinq  pieds,  ne  sont  pas  entrées,  ont  contondu  des  parties  et  sont  re 
nues  par  ricochets.  De  même  pour  les  grains  de  plomb  tirés  coi 
des  c^tes. 

A  une  distance  de  trois  pieds  je  tirai  avec  un  pistolet  ordinaire 
l'arrière-tête  gauche  d'un  cadavre  d'homme  adulte,  la  balle  enl 
mais  resta  dans  l'ouverture  d'entrée  qu'elle  plomba  comme  une  d 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU.  -r-  EXPÉRIENCES  SUR  LE  CADAVRE.    208 

creuse.  Il  n'y  avait  pas  la  moindre  fracture  des  os  crâniens.  Combien 
ies  os  d*un  ^i?ant  ne  seraient-ils  pas  moins  résistants  ! 

Une  balle  pointue  tirée  à  une  distance  de  trois  pieds  contre  le 
ventre  d*un  adultç  couvert  de  quatre  couches  de  linge,  entra  dans  le 
corps  et  s'arrêta  dans  les  muscles  du  dos,  la  balle  n'avait  pas  entraîné 
avec  elle  des  lambeaux  de  linge. 

Une  balle  pointue  provenant  d'un  fusil  tiré  à  la  distance  de  six  pas 

eontre  le  côté  gauche  de  la  tête  d'un  noyé  de  vingt-quatre  ans,  entra 

dans  les  parties  molles,  fractura  la  voûte  du  crâne  sans  déchirer  les 

parties  environnantes,  et  sorlitdu  côté  droit,  le  canal  put  être  reconnu 

très  facilement  dans  le  cerveau,   dont  la  substance  n'était  détruite 

€f^aux  endroits  où  la  balle  avait  passé,  mais  bien  entendu  sans  épan- 

ctiement  de  sang.  Les  plaies  de  la  peau  et  des  os  avaient  la  forme 

c^aractéristique  des  coups  par  balles  pointues  sans  déchirures  et 

sans  coloration  des  bords. 

De  la  même  distance  on  tira  avec  une  balle  ronde  sur  un  autre 
noyé,  entre  la  troisième  et  la  quatrième  côte,  avec  un  fusil,  la 
balle  traversa  le  corps  et  en  sortit.  La  plaie  d'entrée  était  comme 
faite  avec  un  emporte-pièce,  on  pouvait  très  bien  suivre  le  canal,  ce 
<|ui  n'aurait  pas  été  possible  sur  le  vivant.  La  balle  avait  percé  à 
iK^rds  nets  le  lobe  supérieur  du  poumon  gauche,  l'aorte,  le  corps 
de  la  cinquième  vertèbre  dorsale,  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit 
H  élait  sortie  en  formant  une  ouverture  à  bords  moins  nets. 

Tous  les  cadavres  sur  lesquels  on  tira  des  coups  de  fusil  dans  le 

cerveau,  présentèrent  dans  cet  organe  un  canal  très  reconnaissable, 

parce  qu'il  n'y  avait  aucun  épanchement  qui  gênât  l'observation  ;  il 

i^'estpas  besoin  de  dire  que  les  bords  des  plaies  ont  toujours  gardé 

^'aspect  cadavérique.    Par  cette  raison,  on  ne  peut  confondre  les 

coups  tirés  pendant  la  vie  avec  ceux  qui  sont  tirés  après  la  mort. 

Om.  109.  —  Plaie  par  arme  à  feu  dans  le  poumon  et  la  moelle  épinière. 

Cq  braeonnier  toi  tné  par  un  conp  de  fusil  ;  la  balle  avait  suivi  une  marche  aiiea 
*^Qlière  :  entrée  dans  la  main  gauche,  elle  était  sortie  du  bras  par  la  région  du  radhu; 
^  était  arrivée  dans  VaisseUe  gauche,  avait  fracturé  la  première  et  deuxième  c6te, 


20i  PARTIE   THANATOLOGlQUe. 

avait  pénétré  au-dessous  de  la  clavicule  dans  le  thorax  du  côté  gauche, 
le  vaisseaux,  et  avait  déchiré  la  pointe  du^  poumon  gauche;  là  elle  était  pi 
dans  le  corps  de  la  troisième  vertèbre  dorsale,  avait  déchiré  la  moelle  épi 
était  restée  dans  les  téguments  du  dos  où  on  l'a  trouvée. 

Obs.  110.  —  Plaie  du  foie  par  arme  à  feu. 

Le  cas  suivant  a  un  intérêt  plus  psychologique  que  médico-légal. 

Le  maçon  Klebe  vivait  avec  une  concubine  ;  il  soupçonna  que  son  fils  i 
vingt  et  un  ans,  voulait  séduire  sa  maîtresse  ;  voulant  se  venger,  et  poitn 
jalousie,  il  se  décida  à  le  tuer.  La  scène  du  crime  fut  des  plus  extraord 
Le  ftls  dormait  dans  le  même  lit  que  son  frère  cadet,  un  petit  garçon  ;  il  I 
dans  ses  bras.  Le  père  s'approcha  la  nuit  de  ses  enfants,  tenant  d'une  m 
lietite  lampe,  de  l'autre  un  pistolet  chargé  ;  il  se  baissa  au  milieu  du  lit  aii 
pas  blesser  le  plus  jeune ,  mit  le  pistolet  contre  le  ventre  de  son  flla  4 
partir  l'arme,  et  le  tua  sur  le  coup  ! 

Nous  trouvâmes  à  l'autopsie  tout  le  foie  et  la  vésicule  du  Ael  réduits  en  I 
il  n'y  avait  que  le  lobe  de  Spiegel  conservé.  1  kilogramme  de  sang  liquide 
était  épanché  dans  la  cavité  abdominale.  La  balle  avait  encore  traversé 
interne  de  la  rate,  et  était  entrée  dans  la  huitième  vertèbre  dorsale.  Ce  pèr 
turé  fut  condamné  à  mort  et  exécuté. 

Obs.  111.  —  Coup  de  feu  dans  Cépiploon  et  l'intestin  grêle. 

Pendant  les  exercices  de  la  garde  nationale,  une  femme  de  cinquante  ans 
par  accident.  Elle  se  trouvait  à  vingt  pas,  la  balle  d'un  fusil  entra  dam 
gion  hypogastrique  droite  et  sortit  au  bord  droit  du  sacrum.  La  blessée  vécu! 
deux  jours. 

La  plaie  d'entrée  avait  des  bords  renversés  en  dehors  par  suite  de  la  putri 
commençante,  inégaux,  ecchymoses,  de  la  largeur  de  6  millimètres;  ces  b 
contenaient  pas  de  marques  de  poudre  brûlée  à  cause  de  réloignement.  U 
de  la  plaie  dorsale  étaient  également  renversés  en  dehors,  mais  pas  ecchymi 
balle  avait  traversé  l'épiploon  et  avait  déchiré  une  partie  de  l'iléon.  Dansl 
abdominale  il  y  avait  des  fèces  et  250  grammes  de  sang  coagulé.  Tout  le 
était  anémique. 

Obs.  112.  —  Plaie  de  léte  mortelle  par  arme  à  feu. 

Pendant  la  révolution  de  1848  à  Berlin,  la  garde  nationale  avait  tué  deux  ii 
Un  d'eux  avait  reçu  trois  blessures  par  armes  à  feu  dans  la  tète,  l'une  à  l'an 
droit  du  frontal,  avait  fait  une  plaie  déchirée,  presque  triangulaire,  de 
giieur  de  2  centimètres,  l'autre,  à  1  centimètre  à  droite  de  la  première,  s 
une  plaie  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes  à  bords  déchirés  ;  la  tn 
à  la  tubérosité  de  l'os  pariétal  droit,  avait  i  centimètre  de  diamètre. 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU. — OBSERVATIONS.      205 

Ui  trois  Uessures  avaient  fracturé  le  crâne  et  déchiré  rhémisphère  droit  du 
cerveau.  Voici  probablement  comment  ces  blessures  avaient  été  faites.  Un  fusil 
à  deax  coups  avait  été  tiré,  les  deux  balles  étaient  entrées  ensemble  par  l'os  pa- 
néUl  et,  divergeant  à  l'intérieur  selon  la  loi  ordinaire,  elles  s'étaient  faites  chacune 
une  ouverture  de  sortie  dans  le  frontal.  L'instruction  confirma  notre  explication  ; 
il  lut  démontré  que  pendant  la  scène  il  n'y  avait  eu  que  deux  coups  tirés,  dont 
cbMop avait  frappé  l'un  des  insurgés;  le  cas  suivant  montrera  ce  qu'avait  produit 
le  second  coup. 

Obs.  113.  —  Coup  de  fusil mortd  dans  ta  tête. 

C'était  un  cordonnier  de  trente  ans,  un  héros  de  batricade.  Au  moment  où  le  coup 
ht  tiré,  il  criait  (ou  peut-être  il  bâillait),  car  la  balle  était  entrée  dans  la  bouche 
et  était  sortie  à  la  partie  droite  du  cou,  à  2  ceetimètres  des  apophyses  épineuses 
et»  iixième  et  septième  vertèbres  cervicales  ;  là  se  trouvait  une  plaie  ronde  â  borda 
Mirés  et  gonflés.  La  langue  était  déchirée  jusqu'au  milieu  et  pendait  de  la  bouche 
ea lambeaux  sanguinolents.  Les  dents  manquaient  du  côté  droit,  tout  le  maxillaire 
inftriiQr  était  fracturé  sans  que  les  téguments  extérieurs  fussent  l>leués,  La  balle 
n'avait  pu  atteint  les  grands  vaisseaux  du  cou.  La  putréfaction  déjà  avancée  ne 
permit  pas  d'examiner  le  cerveau,  mais  on  vit  de  nombreuses  fissures  à  la  base  du 
erioe.  Il  est  asses  extraordinaire  que  le  projectile  n'ayant  pas  touché  le  crâne,  y  ait 
produit  de  telles  fissures. 

Ob3.  144.  —  Coup  de  feu  mùrlel  dans  la  tète,   • 

Dans  ce  cas,  le  projectile  était  resté  dans  le  cerveau.  C'était  un  grain  de  plomb 
anei  gros,  qui  avait  tué  un  garçon  de  treize  ans.  Le  projectile  était  entré  au 
milieu  de  l'os  pariétal  gauche  et  avait  entraîné  avec  lui  deux  petits  fragments  d'os 
jnque  dans  le  ventricule  gauche  du  cerveau.  La  petite  balle  fut  trouvée  à  la  base 
do  cervelet.  Depuis  l'ouverture  d'entrée  dans  l'os  jusqu'à  la  suture  lambdoYde  du 
^  droit,  s'étendait  une  fissure  transversale.  Outre  cela,  dans  la  partie  basilaire  de 
l'iedpital  se  trouvait  une  fracture  à  fragments. 

Obs.  1 15.  —  Plaie  de  tête  mortelle  par  une  balle  pointue. 

In  farcon  de  quinze  ans  fut  tué  d'un  coup  de  fusil  par  accident.  La  blessure  était 
>  l'occipital  du  côté  droit,  près  de  l'os  pariétal.  Elle  consistait  en  une  ouverture  très 
inéfilière,  moitié  triangulaire,  moitié  ronde,  avec  des  bords  plats  non  renversés  en 
dedans  et  peu  eeehyroosés.  Il  n*y  avait  pas  de  brûlure,  car  le  coup  venait  de  cent 
toquante  pas.  Cette  plaie  était  pénétrée  à  travers  l'os,  et  la  balle  fut  trouvée  dans 
^cerveau  près  de  l'os.  La  plaie  était  déchirée  à  sa  base.  Un  témoin  expliqua  que 
la  balle  avait  d'abord  frappé  sur  une  planche  et  avait  fait  un  ricochet  dans  la  tête, 
^i|vidounela  raison  du  peu  de  ravages  qu'elle  o  faits,  et  de  sa  déchirure.  Le  . 
Strçoa  avait  vécu  encore  trois  jours.  La  moitié  postérieure  de  l'hémisphère  droit  du 
c^eau  n'était  plus  qu'une  bouillie  purulente.  II  est  intéressant  de  noter  que  ce 

BMurtre  par  accident  était  attribué  à  deux  personnes,  dont  l'une  s'était  servie  d'une 


SOS  PARTIE   THANATOLOOIQUE. 

balle  pointue  et  Taulre  d'une  balle  ronde,  et  que  la  balle  pointue  trouvéedaB 
erâne  désigna  le  coupable  imprudent. 

Obs.  1  !6.  —  Plaie  de  télé  mortelle  par  une  balle  poinlue. 

La  balle  étail  entrée  du  côté  droit  de  la  nuque,  elle  avait  fait  une  plaie  p 
comme  une  pièce  de  20  centimes,  dont  les  bords  étaient  un  peu  renversés  en  de 
et  présentaient  une  ecchymose  de  4  millimètres  ;  la  balle  avait  traversé  la  U 
était  sortie  par  la  joue  droite,  elle  avait  formé  une  plaie  triangulaire,  longue 
centimètre,  dont  les  bords  étaient  étroitement  ecchymoses,  moua  et  non  renvi 
Toute  la  base  du  cerveau  était  couverte  de  sang  noir  coagulé.  Le  rocher 
était  détaché,  et  des  fissures  en  zigzags  s'étendaient  dans  le  temporal  fa 
Toccipital. 

Obs.  117.  —  Plaie  de  télé  mortelle  par  une  baUe  pointue. 

Dans  rémeute  du  16  octobre  1848,  à  Berlin,  un  homme  de  vingt  et  un  ai 
tué  par  une  balle  qui  était  entrée  au  milieu  de  la  joue  droite.  La  plaie  était 
près  ronde,  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  2  francs,  les  bords  étaient  secs, 
brûlés  dans  l'étendue  de  i  centimètre,  d'où  Ton  pouvait  conclure  que  le  coup 
été  tiré  de  très  près.  La  balle  avait  traversé  la  télé  et  était  sortie  près  deTapoi 
mastoïde  droite.  La  plaie  triangulaire  avait  des  bords  mous  et  non  ecctayB 
Toute  la  paroi  droite  du  crâne  était  fracturée,  la  grande  aile  droite  de  l'os 
noïde  était  détachée,  ainsi  que  le  rocher  et  une  partie  de  Tôt  occipital.  Toi 
base  du  crâne  ainsi  que  le  cervelet  étaient  couverts  de  fang  coagulé. 

Obs.  118.  *-  Plaie  par  arme  à  feu  de  la  veine  popUtée. 

Encore  pendant  les  exercices  delà  garde  nationale,  un  malheureux  enfant  de 
ans  fut  tué  par  accident.  Ici  c'était  une  hémorrhagie  de  la  veine  poplitée  qui 
produit  la  mort.  La  balle  était  entrée  au-dessous  du  jarret  droit,  avait  chemi 
dedans  en  dehors  sans  toucher  à  l'articulation  et  avait  fait  une  blessure  de  2  < 
mètres  à  la  veine  poplitée,  puis  était  sortie.  L'entrée  de  la  plaie  était  ronde,  les 
nets,  lisses,  secs,  ecchymoses  et  un  peu  renversés  en  dedans  ;  l'ouverture  de 
était  plus  petite,  les  bords  étaient  déchirés  et  renversés  en  dehors.  La  plaif 
remplie  de  sang  coagulé.  Il  y  avait  anémie  complète  du  corps,  à  laquelle  pi 
paient  même  les  veines  du  cerveau,  ce  qui  est  rare. 

Obs.  1 19.  — '  Coup  de  feu  dans  le  cœur  et  dam  le  pownom. 

Pendant  l'émeute  du  16  octobre  1848,  à  Berlin,  un  gardien  était  tranquille 
dans  sa  cabane,  lorsqu'il  fut  atteint  par  une  balle  qui  entra  dans  la  poitrine 
la  région  du  sternum,  et  atteignit  le  cœur  qu'elle  déchira  ainsi  que  le  lobe  supi 
du  poumon  gauche.  11  y  eut  grand  épanche  meut  de  sang  dans  la  cavité  et 
immédiate.  La  balle  n'était  pas  sortie  du  corps,  mais  ne  put  être  retrouvée. 


BLESSURES   PAR  ARMES  A  PEU. -^  OBSERVATIONS.  207 

Ois.  120.  —  Plaie  par  arme  à  feu  de  la  vem$  cène, 

Ufrix  okservatkms  suivantes  se  présentèrent  dans  l'émeute  du  16  oetolMre  1848. 

T...  reçut  une  balle  dans  le  ventre  qui  blessa  la  veine  cave.  Il  y  eut  un  épaa- 
eikeaieflt  d'un  kitoframme  de  sang  moitié  coagulé  dans  la  cavité  abdominale.  La 
Hiit  d'entrée  était  au-dessus  de  la  crête  de  l'os  iliaque  gauche,  les  bords  étaient 
wcbinoiés  dans  une  étendue  de  4  millimétrés  ;  il  n'y  avait  pas  de  plaie  de  sortie, 
it  II  kiUe  ne  put  être  retrouvée. 

Ois.  121 .  —  Plaie  par  arme  à  feu  dans  la  crosse  de  l'aorle  et  le  poumon. 

C...,  âgé  de  dix-huit  ans,  reçut  une  balle  entre  la  deuxième  et  la  troisième  cèle 
pvebe,  qui  sortit  dans  la  région  de  l'omoplate  droit,  le  projectile,  ce  qui  est  asatc 
atrsordinaire,  avait  blessé  la  crosse  de  l'aorte  sans  toucher  le  poumon  gauche. 
Cette  blessure,  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes,  avait  des  borda  non  eceby- 
iDoiès.  La  balle  avait  traversé  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  qu'elle  avait  déchiré. 

n  y  mit  dans  les  deux  plèvres  deux  épanehements  de  sang  foncé  liquide.  Jkuw 
cette  mort  subite  par  hémorrhagie,  les  veines  du  cerveau  n'étaient  pas  anémiquit. 

Obs.  122.  —  Coup  par  arme  à  fm  dan»  k  diaphragme  el  le  pammon. 

L'ouverture  était  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte  droite.  Les  bords  étaient 
renTersés  en  dedans,  ecchymoses  et  durs.  Le  Ibie  feisait  homie  dans  le  thorax^  éti- 
deonent  le  diaphragme  avait  été  déchiré  par  la  balle.  En  même  temps  le  lobe 
islêrieiir  du  poumon  droit  était  déchiré,  la  balle  avait  cheminé  de  haut  en  bas. 

Obs.  123.  —  Plaie  par  balle  pointm  dm  pownon  et  de  la  veine  cave. 

H  s'y  avait  qu'une  ouverture  de  la  grandeur  d'un  petit  pois  à  la  surface  interne  de 
fiiiseUe  droite  à  bords  ecchymoses.  Aucune  autre  lésion  sur  lecadavie.  Cette  blés- 
Mvi  était  cachée,  et  ce  n'est  qu'après  avoir  tourné  plusieurs  fois  le  cadavre  que 
Murapcrcûases.  La  balle  était  entrée  dans  la  poitrine,  avait  traversé  le  lobe  supé- 
rinv  da  pouflBon  droit  et  avait  déchiré  la  veine  cave.  Il  y  avait  dix-huit  onces  de 
nsc  coagulé  dans  les  plèvres  ;  la  balle  ne  fut  pas  trouvée. 

Obs.  124.  —  Coup  par  arme  à  feu  dans  le  cœur  el  les  poumons, 

U  balle  était  entrée  entre  les  sixième  et  septième  cMes  gauches.  La  plaie  était 
>  pm  près  ronde,  avait  1  centimètre  de  diamètre  et  provenait  d'un  fVisil  ordi- 
Mire.  Les  bords  étaient  durs,  non  renversés  en  dédanv,  et  ecchymoses.  La  balle 
»ait  Inversé  les  muscles  inle^co^taux,  le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche  et  le 
P^ncarde,  svait  déchiré  le  ventricule  gauche  du  cœur  et  était  entrée  dans  le  lobe 
■*Krie«r  du  poumon  droit  dans  lequel  elle  était  restée.  Dans  la  plèvre  gauche  il  y 
iviit  120  grammes  de  sang  épanché  coagulé,  dans  la  plèvre  droite  600  gramUies. 


208  PARTIE   THANATOLOGIQUB. 

Ors.  1 25.  —  Plaies  par  armes  à  feu  dant  te  poumon  et  V artère  fémorek 

Cet  homme  a  été  tué  pour  ainsi  dire  deux  fois.  Une  balle  avait  déchiMri 
fémorale  droite  à  peu  près  au  milieu  de  la  cuisse,  une  autre  balle  avait  pi 
dans  la  région  acromiale  du  côté  gauche,  avait  fait  une  plaie  de  la  gn 
d*une  pièce  d'un  franc,  ecchymo^ée,  au  fond  de  laquelle  on  apercevait  la  eh 
écrasée  ;  puis  elle  avait  traversé  la  pointe  du  lobe  supérieur  du  pomnon  fi 
avait  fracturé  l'apophyse  transversale  de  la  première  vertèbre  dorsale  gM 
était  soRtie. 

La  plaie  de  sortie  était  analogue  à  la  plaie  d'entrée,  seulement  plus  petite  < 
des  bords  renversés  en  dehors.  Il  n'y  avait  que  60  grammes  de  sang  é| 
dans  la  plèvre  gauche,  ce  qui  est  très  peu  pour  une  plaie  pénétrante  du  po 
Tout  le  corps  était  anémique  et  évidemment  l'hémorrhagie  mortelle  était  m 
l'artère  fémorale.  Si  deux  coupables  avec  intention  criminelle  avaient  tiré  i 
un  de  ces  deux  coups,  cette  mort  aurait  donné  lieu  à  des  discussions  intéreai 
puisque  le  coup  dans  la  poitrine  n'avait  pas  tué  et  avait  atteint  un  homme  8 
lement  bleasé. 

Obs.  126.  —  Mort  par  plate  <r arme  à  feu  dans  le  diaphragme» 

Un  jeune  homme  et  sa  maîtresse  voulurent  se  tuer  ensemble.  Le  jeune  I 
chargea  un  pistolet  à  deux  coups  en  mettant  dans  chaque  canon  une  demi-balle 
l'arme  sur  la  poitrine  de  la  femme  et  fit  partir  le  coup,  puis  il  essaya  de  se  t 
second  coup,  mais  la  balle  resta  dans  le  canon.  La  jeune  femme  blessée  mais 
encore,  lui  conseilla  de  se  poignarder,  ce  qu'il  essaya  avec  un  couteau  e 
rasoirs,  mais  en  vain,  alors  sa  maîtresse  mourante  lui  cria  de  se  pen< 
essaya  de  le  faire  en  attachant  une  serviette  à  un  bouton  de  porte,  mais  il 
tout  à  fait  la  tète  et  ne  réussit  encore  pas.  Il  fut  arrêté,  condamné  à  mort,  a 
peine  Ait  commuée  en  un  emprisonnement  perpétuel. 

Trois  jours  après,  nous  eûmes  à  faire  l'autopsie  du  cadavre  de  la  fille  qi 
déjà  putréfié.  Entre  la  septième  et  la  huitième  côte  gauche,  l'estomac  faisi 
nernie  de  la  grandeur  d'une  tête  d'enfant.  Il  était  tellement  putréfié,  qu'en  réii 
la  hernie,  l'organe  creva.  La  plaie  extérieure  était  longue  de  5  centimètres  e 
de  1  centimètre  et  demi,  avec  des  bords  peu  renversés  en  dedans,  secs,  non 
mosés,  sur  lesquels  étaient  parsemés  des  grains  de  poudre.  Les  deux  côtes  aii 
les  poumons  étaient  intacts  ;  il  y  avait  un  épanchement  de  sang  dans  chaque  | 
120  grammes  dans  le  côté  gauche,  60  grammes  dans  le  côté  droit.  Le  cœui 
grands  vaisseaux  étaient  intacts,  mais  le  diaphragme  était  déchiré  dans  U 
moitié  gauche.  Par  cette  rupture,  l'eslomac  avait  fait  hernie  dans  la  poitrine 
là  à  l'extérieur  entre  les  côtes  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut.  L'estoma 
blessé  également,  présentait  une  plaie  de  5  centimètres  de  diamètre  ;  à  la  partie 
rieure  elle  était  ronde,  à  bords  nets,  non  ecchymoses.  Les  autres  organes  du 
étaient  intacts  ;  la  balle  ne  put  être  trouvée  dans  la  cavité  abdominale. 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU.—  Y  A-T-IL  FAUTE  D'uN  TIERS?    209 
$  3.  —  SAtcnniner  «'il  y  a  fkote  d'un  tier«. 

Outre  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut ,  sur  cette  question  efi 
général,  il  faut  examiner  pour  les  blessures  par  armes  à  feu  les 
circonstances  suivantes  : 

1*  La  position  du  cadavre.  Je  n'admets  pas,  comme  beaucoup 
d'aateurs,  que  lorsqu'on  trouve  un  individu  tué  par  afme  à  feu , 
conché  sur  le  dos,  il  faille  en  conclure  qu'il  y  a  eu  suicide,  pas  plus 
que  des  hommes  qui  sont  tombés  en  avant  ne  doivent  avoir  été  tués 
par  une  main  étrangère,  car  j'ai  vu  des  suicidés  indubitables  qui  ont 
été  trouvés  couchés  sur  le  ventre.  Le  médecin  légiste  n'est  pas  ordi- 
nairement présent  à  la  levée  du  cadavre,  c'est  pourquoi  je  ne  puis 
pas  rapporter  à  ce  sujet  des  observations  en  grand  nombre.  J'ai  vu 
soo?ent  des  suicidés  qui  s'étaient  coupé  la  gorge  et  qui  se  trouvaient 
dans  la  position  où  ils  avaient  trouvé  la  mort  ;  le  plus  souvent  je  les 
u  TUS  sur  le  dos,  mais  quelquefois  aussi  sur  le  ventre.  Il  semble 
que  la  différence  dépende  delà  position  de  l'individu  au  moment  où  il 
*reçu  la  blessure.  En  tous  cas,  comme  les  observations  ne  s'accor- 
dent pas,  il  faut  poser  la  thèse  suivante  :  On  ne  peut  ]^as  décider 
''il  y  a  eu  suicide  ou  meurtre  par  la  position  seule  dans  laquelle 
^  a  trouvé  le  cadavre. 

3*  La  présence  ou  V absence  de  l'arme  à  côté  du  cadavre  ne 
peut  rien  prouver ,  car  l'arcne  peut  être  volée  après  la  mort  du 
suicidé ,  ce  qui  arrive  chez  nous  assez  souvent  si  l'arme  est  encore 
en  bon  état  ;  d'un  autre  côté  l'assassin  peut  poser  avec  intention  une 
inne  à  côté  de  sa  victime  pour  écarter  l'idée  d'un  crime.  L'observa- 
lion  136  prouve  qu'il  peut  se  présenter  les  circonstances  les  plus 
eitriordinaires  ;  on  trouva  dans  ce  cas  un  pistolet  chargé  à  côté  d'un 
iMH&me  tué  par  un  coup  de  feu  dans  le  cœur.  Dans  un  autre  cas,  deux 
pistolets  à  deux  coups  furent  trouvés  à  côté  du  cadavre,  trois  ca- 
nons étaient  brisés,  c'était  un  homme  de  quarante  ans ,  qui  s'était 
suicidé  dans  un  hôtel  :  le  cadavre  avait  une  blessure  dans  la  région 
abdoDùnale  gauche  par  laquelle  sortait  un  morceau  d'intestin ,  une 

U.  14 


210  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

autre  blessure  dans  la  région  ombilicale  et  une  troisième,  évidem- 
ment la  dernière,  au  front,  montrait  la  tète  écrasée. 

Si  l'on  trouve  Tarme  à  côté  du  cadavre,  on  peut  quelquefois  par 
Tétat  de  cette  arme  tirer  des  probabilités,  par  exemple,  chei  les 
suicidés  de  la  classe  pauvre  on  trouve  des  pistolets  vieux  et  en 
mauvais  état,  ou  des  armes  préparées  par  eux-mêmes  qui  n'auraient 
pas  été  employées  par  un  meurtrier.  C'est  une  circonstance  que  je 
ne  trouve  nulle  part  mentionnée  et  qui  me  semble  pourtant  avoir  de 
l'importance.  Il  y  a  encore  probabilité  de  suicide  lorsque  l'on  trouve 
une  arme  qui  a  éclaté  parce  que  les  suicidés  chargent  ordinairement 
trop  leurs  armes,  tantôt  pour  être  sûrs  du  succès  de  leur  opératioDy 
tantôt  par  ignorance. 

Tous  les  auteurs  recommandent  de  comparer  la  balle  qui  a  tué  avec 
le  calibre  de  l'arme.  Je  ne  vois  pas  trop  à  quoi  peut  servir  cet  exa^ 
men,  car  il  n'arrivera  pas  que  l'assassin  posera  près  de  sa  victime 
une  autre  arme  que  celle  qu'il  a  employée.  Du  reste,  pour  faire  cette 
comparaison,  il  est  nécessaire  avant  tout  d'avoir.... la  balle;  on  M 
l'a  pas  lorsqu'elle  est  sortie  du  corps  et  même  dans  beaucoup  (te 
cas  où  elle  est  restée  dans  le  cadavre.  Enûn,  cet  examen  est  impoS' 
sible  quand  le  projectile  est  constitué  par  des  grains  de  plomb,  ou9i 
c'est  une  balle,  quand  elle  est  déformée  par  une  cause  quelconque  ; 
car  lui  rendre  sa  forme,  comme  le  conseille  Bock,  est  une  expé- 
rience très  incertaine  contre  laquelle  le  défenseur  de  l'accusé 
protesterait  avec  droit.  Quant  à  l'examen  des  restes  de  poudre 
sur  le  canon  et  les  expériences  de  Boutigny,  nous  en  avons  parlé 
page  108. 

3*  Uétat  des  mains  du  cadavre  ou  du  moins  la  plupart  du  temps, 
l'état  de  la  main  droite,  n'a  pas  la  valeur  qu'on  lui  attribue  ordi- 
nairement, cependant  elles  méritent  d'être  examinées  et  peuveni 
offrir  des  renseignements  utiles.  Ainsi,  lorsqu'on  trouve  le  pistolet 
serré  dans  la  main  du  cadavre,  c'est  une  preuve  certaine  du  suicide, 
quelquefois  on  ne  peut  retirer  l'arme  qu'en  sciant  les  doigts;  je  dis 
une  preuve  certaine,  car  il  serait  impossible  à  un  tiers  de  produire 
cet  effet  après  la  mort. 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU.  — Y  A-T-IL  FAUTE  D'UN  TIERS?    211 

Kusmaul   (I)  prétend   le  conlraire.    Il  dit   que    la   rétraction 
coflTulsive  de  la  main  survient  avec  la  rigidité  cadavérique.  Il  dit  que 
si  Ton  met  un  pistolet  dans  la  main  d'un  cadavre  pendant  la  période 
éi  relâchement,  on  verra  dans  la  période  de  la  rigidité  les  doigts  ser- 
rant tellement  l'arme  qu'il  sera  difficile  de  les  en  séparer.  J'ai  fait 
des  expériences  nombreuses  qui  m'ont  prouvé  que  cette  opinion  est 
erronée.  J'ai  mis  dans  la  main  d'hommes  qui  venaient  de  mourir 
ëepnls  quelques  instants  à  l'hôpital,  et  certainement  avant  le  com- 
Bencement  de  la  rigidité ,  des  morceaux  de  bois ,  des  manches  de 
pistolet  et  d'autres  instruments,  puis,  fléchissant  les  doigts,  j'ai  en- 
veloppé la  main  tenant  l'instrument  avec  des  mouchoirs ,  j'ai  main- 
tenu le  tout  serré  avec  du  diachylon  et  j'ai  attendu  la  rigidité.  Dans 
Unis  les  cas,  sans  exception,  l'instrument  put  être  enlevé  avec  la  plus 
frande  facilité-,  ainsi  quand  l'arme  est  serrée  dans  la  main  du  ca- 
davre il  faut  conclure  qu'il  y  a  eu  suicide. 

Malheureusement  cette  circonstance  se  présente  très  rarement. 
Des  fractures  des  doigts,  des  écorchures  dans  la  main  sont  moins  im- 
portantes, mais  cependant  peuvent  être  ajoutées  aux  circonstances 
probantes.  Les  blessures  de  cette  espèce  peuvent  avoir  une  autre 
origine  et  peuvent  aussi  provenir  d'une  lutte  avec  Tassassin. 

On  attribue  une  grande  valeur  aux  taches  noires  qui  se  trouvent 

quelquefois  dans  la  main  :  si  elles  proviennent  de  la  poudre  brûlée, 

fl  est  très  probable  qu'elles  ont  été  produites  par  le  coup  de  feu  et 

qu'il  y  a  eu  suicide,  les  exceptions  sont  très  rares  ;  mais  il  faut  être 

bien  sûr  que  la  couleur  noire  de  la  main  provient  de  la  poudre  brûlée. 

Les  ouvriers  qui  travaillent  les  métaux  présentent  une  coloration  noire 

qù  peut  induire  en  erreur  (obs.  133).  Il  faut  laver  la  main  avec  soin, 

on  éloignera  ainsi  la  rouille  de  métal,  mais  la  poudre  brûlée  restera. 

S'il  n'y  a  pas  de  poudre  brûlée,  on  ne  peut  rien  en  conclure,  car 

le  soieidé  peut  avoir  eu  des  gants  que  l'on  ne  retrouve  plus  après  la 

OKffl  par  une  raison  quelconque,  ou  bien  il  peut  ne  pas  s'être  servi 

^  ses  mains  (obs.  128),  et  même  chez  ceux  qui  ont  tiré  le  coup 

0)  i^rajer,  VierteljahrsKhrift,  1856,  50«  vol.,  p.  113. 


212  PARTIE   TUANATOLOGIQUE. 

avec  la  maia  et  sans  gant  on  ne  trouve  pas  toujours  de  la  poudre 
brûlée  dans  la  main,  pas  plus  que  chez  les  soldats  ou  les  chasseurs* 
La  main  n'est  brûlée  que  quand  Tarme  a  été  employée  avec  mala- 
dresse et  quand  cette  arme  est  à  pierre;  les  blessures  â  la  roainsoal 
également  le  résultat  de  maladresses,  c*est  pourquoi  dans  la  plu- 
part des  suicides  on  ne  trouve  aucun  signe  aux  mains. 

à**  La  direction  de  la  balle  est  souvent  la  seule  base  du  jugement 
Qu'on  se  rappelle  les  difficultés  que  nous  avons  exposées  à  cet  égan 
page  197.  D'un  autre  côté  on  sait  que  des  assassins,  afln  de  cache 
leur  crime  et  faire  croire  à  un  suicide,  choisissent  les  endroits  et  k 
directions  qui  sont  propres  aux  suicidés,  tels  que  la  bouche,  la  ri 
gion  temporale,  le  cœur.  Cependant  il  se  présente  des  cas  ou  la  di 
rection  de  la  balle  peut  prouver  l'impossibilité  absolue  du  suicide 
Par  exemple  lorsque  la  balle  a  cheminé  d'arrière  en  avant  ou  de  hn 
en  bas.  Ces  cas  sont  rares. 

Si  l'ouverture  d'entrée  se  trouve  au  fond  du  gosier  (obs.  131] 
si  on  trouve  la  bouche  pleine  de  poudre  brûlée  (obs.  138),  o 
n'hésitera  pas  à  admettre  qu'il  y  a  eu  suicide.  Mais  un  jugeroei 
aussi  hors  de  doute  est  rarement  possible.  Là,  comme  ailleurs,  il  fin 
se  garder  d'un  scepticisme  outré,  sans  quoi  sur  100  observations  o 
laissera  99  fois  la  justice  dans  le  doute,  et  le  bon  sens  se  révolt< 
contre  une  telle  manière  d'agir. 

Tous  les  jours  on  se  suicide ,  tandis  que  les  assassinats  sont  rela 
tivement  rares.  La  statistique  démontre  que  le  suicide  par  arme  i 
feu  est  le  plus  fréquent  en  Prusse,  après  le  suicide  par  pendaison 
D'un  autre  côté,  des  accidents  chez  des  soldats,  des  chasseurs,  etc. 
sont  très  fréquents  ;  ainsi  à  priori  la  vraisemblance  est  pour  le  sui 
cide.  Dans  les  cas  douteux  le  médecin  légiste  devra  s'efforcer  de  ré- 
diger son  rapport  de  manière  à  ne  pas  arrêter  les  recherches  de  h 
justice;  par  exemple,  il  devra  dire  que  l'autopsie  parle  pour  V 
suicide  avec  (  plus  ou  moins  grande)  vraisemblance,  ou  bien  que  le 
résultats  de  l'autopsie  ne  s'opposent  pas  à  ce  que  l'on  admette  qn 
le  décédé  est  mort  par  suite  d'un  suicide  ;  ce  qui  vaut  mieux  qiK 
de  déclarer  son  incompétence. 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU.  — Y  A-T-IL  FAUTE  d'uN  TIERS?     213 

Ois.  127.  —  Homicide  par  arme  à  feu.  Blessure  de  la  veine  jugulaire  thoracique 

et  du  poumon. 

Le  coupable  avait  tiré  deux  coups  de  pistolet  chargé  avec  de  gros  grains  de  poudre 
Mtr  sa  maitresse  qui  l'avait  répudié.  L'un  des  coups  avait  blessé  les  téguments  de 
l'abdomen  et  l'autre  était  entré  dans  la  poitrine.  L'hémorrbagie  fut  de  peu  d'impor- 
tance, comme  je  pus  le  voir  moi-même  une  demi-heure  après  le  fait.  La  blessée  ne 
sMorul  que  cinq  jours  après.  Quoique  le  coup  eût  été  tiré  de  très  près,  la  plaie  da 
la  poitrine  qui  était  située  à  la  partie  supérieure  du  sternum,  avait  un  centi- 
inètre  et  demi  de  diamètre,  les  bords  étaient  noirs,  brûlés,  mais  pas  ecchymoses. 
Néanmoins,  la  grande  proximité  de  l'arme  était  prouvée  par  de  nombreuses  taches 
^poudre  sur  la  joue  gauche.  La  paroi  antérieure  de  la  veine  jugulaire  thoracique 
droite  était  déchirée.  A  la  pointe  du  lobe  supérieur  du  poumon  droit,  il  y  avait  deux 
pbiei  de  la  grandeur  des  grains  de  plomb  qui  avaient  traversé  tout  le  poumon  et 
avaient  divergé,  de  sorte-  qu'à  la  partie  la  plus  postérieure  ils  étaient  écartés  de 
2  centimètres.  Sur  le  côté  droit  du  diaphragme  on  trouva  les  deux  petites 
balles.  La  plèvre  droite  était  remplie  de  100  grammes  de  sang  liquide  et  foncé. 
ToQslet  autres  organes  étaient  intacts  et  anémiques.  Le  cas  était  facile.  L'accusé 
hl  condamné. 

Obs.  128.  —  Suicide  par  un  coup  de  feu  dans  le  poumon  gauche, 

Cn  Jeune  étudiant  en  médecine,  depuis  longtemps  mélancolique,  résolut  de  se 
iiicider.  Il  attacha  un  pistolet  à  deux  coups  au  pied  d'une  table,  lia  un  morceau 
^'éponge  à  la  partie  inférieure  d'une  canne,  s'assit  sur  un  canapé,  alluma  l'éponge 
*1  l'approcha  de  la  poudre  qui  prit  feu.  11  avait  eu  soin  de  se  courber  en  avant  aûn 
ise  le  coup  le  frappât  au  cœur.  Les  balles  ne  touchèrent  pas  le  cœur,  mais  déchi- 
f^t  le  poumon  gauche,  elles  sortirent  du  dos  en  directions  divergentes  et  resté* 
fcot  dans  le  canapé.  Le  malheureux  vécut  encore  cinq  heures  et  raconta  exacte- 
■mt  comment  il  avait  procédé.  Il  est  évident  que  dans  ce  cas  la  main  ne  pouvait 
^  ni  trace  de  poudre  ni  blessure. 

Ou.  129.  —  Suicide  douteux.  Coup  par  arme  à  feu  dans  le  diaphragme  et  wous 

la  rate. 

Dq  homme  de  quarante-huit  ans  fut  trouvé,  au  mois  de  janvier,  mort  dans  une 
■are.  Son  paletot  et  sa  redingote  étaient  boutonnés  jusqu'au  cou,  son  habit  et  sa 
cbegiiie  étaient  Intacts.  On  croyait  avoir  trouvé  un  nuyé,  mais  en  le  déshabillant 
•B  vit  dans  le  côté  une  plaie  par  arme  à  feu. 

Kons  trouvâmes  à  l'autopsie  que  le  projectile  avait  percé  le  diaphragme  ol  la  rate 
^^  resté  dans  les  muscles  de  la  colonne  vertébrale.  Les  poumons  étaient  intacts 
^  le  contenaient  pas  de  liquide  épanché,  la  trachée-artère  renfermait  un  peu  d'é- 
<*Be  sanguinolente,  \t  cœur  droit  était  gorgé,  le  gauche  vide.  La  plèvre  gauche 
^^^^nA  250  grammes  de  sang,  la  langue  était  entre  les  dents.  Les  veines  et  les 


*' 


% 


a  h  PAllTIE    THANATOLOGIQUE. 

sinus  du  crâne  étaient  congestionnés  ;   dans  l'estomac  il  y  avait  200  grammei 
d'eau  d'un  brun  sale.  Le  corps  était  très  obèse. 

Dans  la  maison  voisine  do  l'endroit  où  fut  trouvé  le  cadavre,  on  avait  entendu  è( 
l^and  matin  les  chiens  aboyer,  et  Ton  pouvait  voir  sur  la  neige  des  traces  de  pi 
allant  jusqu'à  la  mare  et  venant  d'une  place  peu  éloignée.  Le  cas  était  asic 
difficile. 

Nous  rapportâmes  que  bien  que  le  coup  ait  été  mortel,  la  mort  a  pu  ne  pas  èti 

instantanée.  Le  blessé,  disions-nous,  a  pu  encore  faire  quelque  pas  jusqu'à  la  ma 

où  il  s'est  noyé,  comme  l'indiquent  quelques  signes  de  la  mort  par  submersion,  q 

nous  avons  notés  plus  haut.  Nous  devons  admettre  qu'il  y  a  eu,  dans  ce  cas,  suiek 

car  ce  n'est  qu'ainsi  qu'on  peut  expliquer  la  circonstance  curieuse  des  habits  bo 

tonn<&s,  en  acceptant  que  la  vie  a  continué  après  le  coup  deféu.  Un  assassin,  s'i 

en  avait  eu  un,  aurait  dû  tirer  sur  le  corps  à  nu,  et  alors  comment  expliquer' 

habits  boutonnés?  Puis,  comme  l'autopsie  prouve  que  la  mort  a  été  achevée  pai 

submersion,  il  est  plus  probable  que  cet  homme  n'ayant  pu  se  tuer  avec  le  pitli 

et  persistant  dans  l'intention  de  se  donner  la  mort,  se  mit  à  boutonner  son  pah 

comme  le  font  souvent  les  gens  qui  prennent  une  résolution  énergique,  et  eut 

cours  au  second  moyen  de  suicide  qui  se  trouvait  à  sa  disposition.  On  a  trouvé 

pistolet  dans  la  poche  de  l'individu,  mais  cela  ne  prouve  ni  pour  ni  contre  le  i 

cide.  On  reconnut  plus  tard  quel  était  cet  homme,  et  la  justesse  de  notre  jugem 

fut  constatée. 

Obs.  130.  ^  Suicide  douteux.  Coup  de  feu  mortel  dans  la  tête. 

Un  jeune  homme  de  dix-neuf  ans  était  mort  par  un  coup  de  feu  dans  la  tète, 
trouva  la  montre  du  jeune  homme  encore  dans  sa  poche,  mais  l'arme  ne  ftit 
trouvée,  et  à  cause  de  cette  circonstance,  une  instruction  judiciaire  fut  ouverte 
l'autopsie  fut  faite. 

La  balle  était  entrée  par  le  milieu  du  front  et  elle  avait  déchiré  les  téguroenti 
forme  d'un  M.  Au  fond  de  la  plaie  il  n'y  avait  pas  de  marque  de  poudre  brûlée 
trouva  à  l'os  occipital  une  plaie  de  sortie.  La  fracture  de  l'os  frontal  présentait 
ouverture  d'un  pouce  de  diamètre,  tandis  que  l'ouverture  de  l'os  occipital  laii 
à  peine  passer  la  pointe  de  l'index.  Toute  la  voûte  du  crâne  était  fracturée  exc< 
à  une  petite  place  de  5  centimètres  à  l'arrière-tête.  Toute  la  surface  du  cerv 
était  couverte  de  sang,  tout  le  cerveau  était  déchiré.  Ces  circonstances  parlaient^ 
le  suicide,  nous  déclarâmes  que  l'autopsie  n'avait  donné  aucun  résultat  s'oppoi 
à  l'admission  d'un  suicide. 

Obs.  131.  —  Suicide  douteux.  Coup  par  arme  à  feu. 

Un  homme  de  trente-cinq  ans  fut  trouvé  tué  par  un  coup  de  feu.  Le  corps  ei 
avait  l'aspect  chair  de  poule.  La  direction  du  canal  que  s'était  frayé  la  balle  était 
remarquable.  La  balle  était  entrée  au  milieu  de  la  voûte  du  palais,  où  l'on  voyait 
ouverture  nette  et  ronde  ;  à  partir  du  pont  de  Varole  on  pouvait  suivre  le  canal  i 
la  cerveau,  car  très  peu  de  sang  était  épanché.  Au   milieu  de  l'os  occipital, 


BLESSURES  PAR  ARMES  A  FEU. —  Y  A-T-IL  FAUTE  d'UN  TIERS?      215 

frapaent  d'os  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  5  francs  avait  été  détaché,  et  derrière 
eefragmeot,  entre  l'os  et  la  peau,  on  trouva  deux  demi-balles.  Rien  aux  mains. 
Nianmoiui,  vu  l'endroit  par  lequel  était  entrée  la  balle,  il  y  avait  tout  lieu  d'ad- 
oetlre  un  suicide. 

Obs.  132.  —  Balle  pointue  dans  le  cœur  elle  cerveau. 

Do  serrurier  se  fabriqua  grossièrement  deux  balles  pointues,  et  avec  l'une 
d'elles  il  se  donna  la  mort.  On  trouva  l'autre  dans  sa  poche  avec  un  paquet  de 
pondre. 

Une  fracture  fraîche  à  l'index  gauche  indiquait  qu*il  avait  tiré  de  la  main  gauche. 
Ulttlie  était  entrée  dans  la  poitrine  où  elle  avait  fait  une  pls^'e  à  bords  nets  avec 
tto  iDgIe  aigu,  comme  cela  se  passe  ordinairement  pour  les  balles  pointues.  La 
plaie  était  longue  de  8  millimètres, les  bords  étaient  renversés  en  dedans,  le  pour- 
tour était  ecchymose  et  brillé.  La  balle  avait  pénétré  à  travers  le  péricarde,  avait 
déchiré  le  ventricule  et  l'oreillette  droite,  avait  blessé  le  bord  droit  du  poumon 
favche,  et  était  resté  dans  les  téguments  du  dos.  Il  n'y  avait  qu'un  léger  épanche- 
nentde  sang  dans  le  péricarde. 

Obs.  133.  —  Balle  pointue  ayant  traversé  la  rate  et  le  cœur. 

U  cadavre  d'un  homme  de  trente  ans  présentait  à  4  centimètres  du  mamelon  gauche 
neooverture  ronde  d'un  centimètre  de  diamètre,  à  bords  nets,  qui  n'étaient  renversés 
Bîefl  dehors  ni  en  dedans,  lisses,  secs,  foncés  dans  une  étendue  de  6  centimètres. 
Li  plaie  était  parcheminée  et  non  ecchymosée.  Les  doigts  étaient  fléchis  et  roides. 
U  première  phalange  de  l'index  gauche  était  fracturée  ;  en  outre,  il  y  avait  une  plaie 
HBglante  de  la  grandeur  d'un  petit  pois  à  la  surface  palmaire  du  même  doigt,  au- 
dessous  de  la  fracture.  La  surface  palmaire  de  la  main  était  couverte  de  sang  sec.  Les 
deoxpains  étaient  sales,  d'un  noir  gris,  mais  la  couleur  disparut  par  le  lavage.  Le 
décédé  était  ferblantier.  Dans  la  région  de  la  neuvième  vertèbre  dorsale,  a  gauche, 
Seettimètres  plus  bas  que  la  plaie  antérieure,  il  y  avait  une  plaie  semi-lunaire 
d'ia  eeotimètre  de  diamètre,  à  bords  nets,  non  ecchymoses,  et  qui  n'étaient  reu- 
«wiés  ni  en  dehors  ni  en  dedans,  une  plaie  enfin  ayant  tous  les  caractères  distinc- 
tifc  de  celles  qui  sont  produites  par  des  balles  pointues.  Cette  plaie  était  absolu - 
■nt  anaîogne  à  celle  que  Ton  aurait  pu  faire  sur  un  cadavre  avec  un  couteau 
trucbant. 

b  disséquant,  nous  trouvâmes  la  cinquième  côte  cassée,  tout  le  pourtour  était 
isAltré  de  sang  coagulé,  une  déchirure  se  trouvait  au  ventricule  gauche  du  cœur, 
ce^  dcTaii  fiiire  admettre  que  la  mort  avait  été  subite.  Dans  ce  ventricule  il  y 
«niteneore  un  peu  de  sang  coagulé.  Le  cœur  droit  et  les  grands  vaisseaux  étaient 
iitaetset  vides.  Toute  la  plèvre  gauche  était  remplie  de  sang  moitié  liquide,  moitié 
Mifvlé.  Les  deux  poumons  étaient  intaets.  La  balle,  après  avoir  frappe  le  péricarde 
A  le  cour,  était  entrée  par  le  diaphragme   dans  la  cavité   abdominale  et  avait 

Me$sè  le  bord  supérieur  de  la  rate  ;  donc  le  décédé  avait  tiré  avec  la  main  gauche, 

^  la  balle  avait  traversé  le  corps  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière. 


216  PARTIE   THàNATOLOGIQUE. 

Obs.  134.  —  Suicide  par  coup  de  feu  dans  la  tête  sans  balle. 

Le  cadavre  d'un  homme  de  vingt-cinq  ans  présentait  une  plaiedela  grandeur  d'une 
pièce  de  5  francs,  ronde,  dans  la  région  temporale  droite, mais  pas  de  plaie  desortie. 
Les  téguments  mous  étaient  déchirés  et  sanglants.  Les  deux  os  temporaux  étaient 
fracturés,  il  y  avait  des  fissures  à  la  base  du  crâne,  le  canal  traversait  le  cenreaa 
horizontalement.  A  la  partie  interne  du  temporal  gauche,  on  trouva  une  boule  de 
papier  de  la  grosseur  d'une  noix  et  qui  avait  été  le  projectile.  La  main  et  le  brat 
droits  étaient  tachés  de  sang,  et  des  marques  de  poudre  brûlée  se  trouvaient  au 
doigt,  ce  qui  mettait  le  suicide  hors  de  doute.  La  poudre  brûlée  s'expliquait  par  la 
maladresse  du  suicidé,  car  il  avait  pris  un    vieux  pistolet  en  mauvais  état,  qu'il 
avait  tellement  chargé  que   le  canon  avait  éclate.  Dans   ce  cas  aussi  il  y  avait 
chair  de  poule. 

Obs.  1 35.  —  Suicide  douteuse.  Coup  de  feu  dans  le  cœur  et  le  poumon. 

Un  homme  de  cinquante-deux  ans,  aveugle,  fut  trouvé  tué  par  une  arme  à  feu, 
assis  contre  le  poêle  de  sa  chambre. 

La  balle  était  entrée  dans  la  poitrine,  du  côté  gauche,  la  plaie  extérieure  était 
longue  de  8  centimètres  et  large  de  3  centimètres.  Elle  avait  des  bords  déchirés. 
La  partie  supérieure  était  brûlée  dans  l'étendue  d'un  centimètre.  La  balle  était 
entrée  entre  la  sixième  et  la  septième  côte,  avait  déchiré  et  traversé  le  poumon 
gauche  et  le  cœur,  de  sorte  que  l'on  pouvait  à  peine  retrouver  un  morceau  du  ven- 
tricule droit.  Dans  la  plèvre  gauche  il  y  avait  250  grammes  de  sang  liquide  et  foncé, 
le  poumon  droit  était  anémique  ainsi  que  tout  le  cadavre,  excepté  les  veines  de  la 
pie-mère.  Le  dos  était  couvert  de  lividités  cadavériques.  Le  décédé  était  tout  à  fait 
aveugle,  il  y  avait  cataracte  sur  les  deux  yeux. 

Sa  famille  ne  pouvait  s'expliquer  quel  avait  été  le  motif  de  son  suicide,  ^le  ne 
soupçonnait  pas  où  et  comment  il  avait  pu  se  procurer  le  pistolet  que  roii  trouva 
à  côté  de  lui.  On  ne  trouva  dans  sa  chambre  aucun  sac  de  poudre  et  rien  de  ce 
qu'il  faut  pour  charger  une  armé.  On  savait  seulement  que  depuis  quelque  temps  il 
s'exaltait  pour  la  politique  (été  1848)  et  se  faisait  conduire  tous  les  soirs  dans  les 
clubs.  Il  est  évident  que  ces  données  n'étaient  pas  suffisantes  pour  conclure  qu'il  y 
avait  eu  assassinat,  et  la  direction  de  la  plaie  ne  pouvait  en  rien  influencer  le  juge- 
ment, pas  plus  que  l'examen  des  mains  ;  elles  étaient  fléchies  et  d'un  gris  bleu,  mais 
les  deux  étaient  absolument  dans  le  même  état.  Sa  chemise  et  sa  robe  de  chambre 
avaient  été  écartées,  de  sorte  qu'elles  étaient  intactes.  Cette  dernière  circonstance 
parlait  plutôt  pour  une  mort  volontaire,  et  pourtant  n'était-il  pas  possible  de  tuer 
de  cette  manière  cet  hommu  aveugle  et  peut-être  endormi  sur  une  chaise  près  de 
son  poêle  ?  et  cette  précaution  d'écarter  les  vêtements  si  facile  à  exécuter,  n'a- 
t-elle  pas  pu  avoir  pour  but  d'écarter  l'idée  d'un  crime  !  Notre  conclusion  fut  que 
Tautopsie  ne  présentait  pas  de  résultats  s'opposant  à  l'admission  d'un  suicide.  Des 
recherches  ultérieures  constatèrent  plus  tard  qu'il  y  avait  eu  suicide. 


BLESSURES  PAR  ARMBS^  FEU.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  D*UN  TIERS?     217 

Obs.  136.  —  Suicide  doutnuc.  Cowp  de  feu  dan%  le  casur. 

On  trouva  un  homme  de  quarante  ans  tué  par  arme  à  feu,  assis  contre  un  arbre. 
Sa  mootre  et  sa  bourse  avaient  disparu,  et  à  côté  de  lui,  ce  qui  est  très  curieux, 
on  trouva  un  pistolet  chargé. 

\m  habits  du  cadavre  étaient  écartés,  la  chemise  avait  été  seule  percée  par  la 
hiUe  qui  était  entrée  entre  la  quatrième  et  la  cinquième  côte.  Ici  la  plaie  étaitronde,. 
avait 2  centimètres  1/2  de  diamètre,  abords  déchirés  qui  n*étaient  renversés  ni  en 
dedaosni  en  dehors  ;  autour  de  la  plaie,  la  peau  était  d'un  jaune  brun  parcheminé, 
il  n'j  avait  pas  de  marques  de  poudre  brûlée.  Dans  la  cavité  thoracique,  il  y  avait 
no  épaochement  de  700  grammes  de  sang  en  partie  coagulé  dans  la  plèvre  gau- 
che ;  tout  le  cœur  gauche  était  déchiré.  La  balle  n'était  pas  sortie  du  cœur,  et 
séinaioias  ne  put  être  retrouvée.  Les  mains  n'avaient  pas  non  plus  de  marques  de 
pondre  brûlée. 

T  avait-il  là  meurtre  ou  suicide  ?  On  nous  posa  la  question  suivante  :  Le  blessé 
iprès  sa  blessure  était-il  encore  en  état  de  charger  de  nouveau  son  arme  ?  ce  qui 
avnitpu  expliquer  pourquoi  on  a  trouvé  un  pistolet  chargé  à  côté  de  lui.  Naturel- 
iemenl  nous  devions  répondre  négativement  à  cette  question,  car  certainement  la 
■ort  avait  dû  être  subite.  Le  blessé  a  pu  être  tué  par  un  assassin  qui  lui  a  pria  sa 
■OBtre  et  sa  bourse,  et  a  ensuite  rechargé  le  pistolet  qui  lui  avait  servi;  en  admet- 
trai cela  il  serait  toujours' singulier  de  trouver  les  habits  écartés.  Le  décédé  pou- 
(^  avssi  s'être  tué  lui-même,  avoir  eu  deux  pistolets  chargés  et  après  avoir  été 
pnvé  de  sa  montre,  de  sa  bourse  et  d'un  pistolet.  L'absence  de  marque  de  poudre 
hriUéeaubord  de  la  plaie  ne  prouvait  rien,  puisque  comme  il  y  avait  brûlure,  le 
^p  n'était  pas  venu  de  loin.  Ce  cas  était  très  difficile.  Voici  quelle  fut  notre  con- 
clusion : 

Les  résultats  de  l'autopsie  n'ont  pas  permis  de  répondre  s'il  y  a  eu  meurtre  ou 
tnieide,  mais  ils  n'excluent  nullement  la  possibilité  d'un  suicide.  L'afl'aire  n'a  pas 
^poursuivie  plus  loin. 

Obs.  1 37.  —  Coup  de  feu  sans  balle  dans  le  cœur  et  les  poumons. 

Dans  ce  cas,  le  suicide  était  constaté.  Il  n'y  avait  pas  de  plaie  de  sortie. 
U  plaie  était  à  4  centimètres  au-dessous  du  mamelon  gauche,  elle  était  longue 
et  près  de  5  centimètres  et  large  de  2  centimètres.  Elle  avait  des  bords  dé- 
chirés qui  n'étaient  renversés  ni  en  dedans  ni  en  dehors.  Autour  de  la  plaie 
le  trouvaient  plusieurs  places  ecchymosées  privées  d'épiderme,  d'une  cou- 
leur brun  sale,  et  molles  sous  le  couteau.  Rien  aux  mains.  Huit  côtes  à  partir 
^  la  quatrième  étaient  fracassées.  Dans  la  plèvre  gauche  il  y  avait  un  litre  et  demi 
^  MOf  très  foncé,  dans  lequel  nageaient  une  partie  de  la  substance  du  cœur  et  beau- 
cotp  de  caillots.  Le  bord  antérieur  du  poumon  gauche  était  déchiré.  Le  cœur  n'était 
plasrecoonaissable.  Dans  la  plèvre  gauche  en  lambeaux  se  trouvait  un  bouchon  de 
pépier,  mais  pas  de  balle.  Tout  le  reste  était  normal. 


218  PARTIE  fHAIlATOLOGIQOE. 

Obs.  138.  -—  Suicide  douteux.  Ruf^lurêdêi  poumons,  de  Vcesophage  H  de 

la  carotide. 

Ce  cas  est  très  singulier  et  mérite  d'être  rapporté  en  détail.   Un  cocher  ét^*^ 
mort  au  milieu  de  circonstances  qui  avaient  fait  naître  le  soupçon  d'un  assassinait* 
on  savait  que  la  mort  était  survenue  parce  que  delà  poudre  remplissant  ta  bouct^^ 
avait  été  allumée.  Aux  deux  angles  des  lèvres  il  y  avait  des  déchirures  dentelé^^* 
A  l'angle  droit  la  déchirure  avait  5  centimètres  de  longueur  et  2  centimètres  et  denoi 
de  largeur.  La  langue  était  sanguinolente  et  dure  à  couper,  mais  pas  brûlée,    1« 
palais  également  était  intact.  Au  fond  du  gosier  il  y  avait  40  grammes  de  sang  coa- 
gulé. Le  crftne  était  tout  à  fait  intact  ;  la  pression  de  l'air  avait  plutôt  fait  son  effet 
en  bas.  Dans  les  deux  plèvres  on  trouva  :  dans  l'une  1 50  grammes  et  dans  l'autre 
70  grammes  de  sang  liquide  ;  les  lobes  supérieurs  des  deux  poumons   étiienf 
déchirés.  La  trachée-artère  et  le  larynx  étaient  intacts,  mais  l'œsophage  était  dé- 
ehiré  à  l'isthme  du  gosier,  et  à  son  milieu  il  y  avait  une  rupture  de  la  grandeur 
d'un  haricot,  enfin  il  y  avait  encore  une  déciiirure  de  la  carotide  gauche.  Nous  con- 
clûmes : 

I*  La  mort  a  eu  lieu  par  hémorrhagie  de  la  carotide  et  des  poumons  ; 
S*  L'admission  d'une  mort  causée  par  une  main  étrangère  ne  trouve  aucun  fbn- 
dément  dans  l'autopsie,  il  est  plus  probable  qu'il  y  a  eu  suicide.  Peu  de  temps 
après  le  suicide  Ait  constaté. 


\ 


BRDLUBBS  MORTELLES.  'Ii9 


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'*  ■ 


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CHAPITRE    III. 

BRULURES   MORTELLES. 
S  1.  —  Dîa^ostie. 


Ce  genre  de  mort  violente  peut  avoir  lieu  de  différentes  manières. 

Ou  l'homme  brûle  par  le  contact  de  la  flamme  et  Faction  de  la 

chaleur  provenant  d'un  corps  solide ,  tel  qu'un  métal  rouge,  des 

charbons  ardents,  ou  bien  provenant  d'un  liquide,  de  l'eau,  de  l'huilei 

par  l'action  des  caustiques,  tels  que  les  acides,  les  sels  causti- 

lues  (1)^  été.  La  mort  arrive  alors  par  suite  d'une  accumulation  de 

<^Ioriqiie  plus  grande  que  celle  que  l'organisme  peut  supporter  : 

d^Qs  ces  casy  on  trouve  à  l'autopsie,   de  Yinflammatiofif  surtout 

d^s  membranes  séreuses  avec  épanchements  et  des  symptômes  de 

^^ffocation  avec  injection  inflammatoire  de  la  muqueuse  de  la  tra- 

^^ée-artëre,  et  hypérémie  des  poumons,  du  cœur  droit  et  des  grands 

^^isseaux  ; 

Ou  dans  d'autres  cas,  si  des  individus  très  irritables  ont  été  soumis 
^  l'action  d'une  grande  chaleur,  la  mort  a  lieu  subitement  par  neuro-- 
t^nralysie  avec  des  douleurs  violentes,  des  convulsions,  et  on  ne 
trouve  rien  à  Tautopsie. 

Rokitansky  (2)  dit  qiie,  parmi  les  résultats  fréquents  des  brûlures, 
il  faut  compter  les  érosions  hémorrhagiques  de  la  muqueuse  de  l'es- 
lomac  et  les  ulcères  perforants.  Quand  une  telle  autorité  prend  la  pa- 
role, il  n'y  a  pas  ordinairement  à  discuter.  Néanmoins,  je  crois  que 
ce  n'est  pas  aussi  fréquent  que  le  dit  H.  Rokitansky,  car  je  ne  l'ai 
^  dans  aucun  cas  de  brûlure. 


(1)  Las  hommes  qui  périssent  dans  un  incendie,  peuvent  mourir  d'une  autre 
■Msière.  Ils  sont  souvent  écrasés  par  des  écroulements  ou  ils  sont  asphyxiés  par  la 
funée.  Alors  la  mort  n'a  pas  lieu  par  brûlures,  ce  sont  les  cadavres  qui  brûlaiit. 

(2)  WocheMatt  der  ZêUêchrift  der  Gesellsch,  der  Aerzte  zu  Wien  1 85S,  n*  23 
P-  M  et  868. 


220  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

Pour  constater  la  gravité  d^iuie  bràlure,  il  se  présente  la  difficulté 
de  déterminer  quelle  doit  être  Véimûue  d*une  brûlure  pour  qu'elle 
soit  mortelle.  Des  brûlures  atteignant  la  moitié  ou  un  tiers  du  corps 
sont  certainement  mortelles  ;  mais  si  un  quart  ou  seulement  us^ 
huitième  du  corps  a  été  brûlé?  Les  difficultés  augmentent  lorsque 
la  brûlure  n*est  pas  continue,  mais  qu*il  y  en  a  plusieurs  dissémi — 
nées  à  plusieurs  endroits  du  corps.  Il  Tant  alors  peser  sagement  toute^s 
les  circonstances  du  cas  particulier,  car  il  est  impossible  d*adopter 
une  règle  générale.  Une  même  brûlure  sur  un  ouvrier  robuste  et  sur 
une  femme  délicate  peut  avoir  des  résultats  très  différents.  Les  en- 
fants nerveux  meurent  de  brûlures  très  petites.  Il  est  évident  que 
Ton  ne  peut  pas,  pour  mesurer  la  quantité  de  plusieurs  blessures  sur 
le  corps,  les  additionner  et  les  juger  par  retendue  totale,  ce  serait 
aussi  inexact  que  de  vouloir  mesurer  la  gravité  tie  plusieurs  centaines 
de  piqûres  d'épingles  en  additionnant  les  plaies  et  en  considérant  le 
total  comme  une  plaie  grande  par  exemple  comme  un  noyau  de  ce- 
rise. L*irritation  des  nerfs  de  la  peau  en  beaucoup  d'endroits,  pro- 
duira des  douleurs  plus  violentes,  des  réactions  plus  dangereuses 
que  celles  produites  par  une' brûlure  unique  dont  l'étendue  serait 
égale  à  la  somme  de  toutes  les  autres.  Ajoutons  que  le  traitement  en 
est  beaucoup  plus  difficile.  La  législation  actuelle  de  la  Prusse  a  eu 
soin  cependant  de  ne  pas  laisser  trop  de  latitude  à  l'estimation  indi- 
viduelle, car  le  §  185  du  Code  a  aboli  les  blessures  nécessairement, 
individuellement,  mortelles,  et  ne  demande  que  la  constatation  du 
résultat,  de  la  suite  des  blessures  sur  le  cas  particulier. 

Lorsque  les  brûlures  ont  été  suivies  de  mort  et  que  l'on  ne  peut 
pas  retrouver  par  l'autopsie  une  autre  cause  de  mort,  on  doit  regarder 
les  brûlures  comme  ayant  causé  la  mort.  Quelquefois  les  experts, 
au  temps  de  l'autopsie,  ne  connaissent  pas  encore  tous  les  antécé- 
dents nécessaires  pour  juger  le  cas,  ils  devront  alors  ne  donner 
qu'une  conclusion  entourée  de  restrictions  en  attendant  plus  ample 
information. 

Le  diagnostic  d'une  brûlure  sur  un  cadavre  n'est  en  général  pas 
difficile  ;  il  n'est  pas  non  plus  difficile  devant  un  cadavre  brûlé  jusqu'à 


BRULURES   MORTELLES.  221 

èlre  méconnaissable,  de  détermiiier  si  la  combustion  a  eu  lieu  pen- 
dant la  vie  ou  après  la  mort.  Une  telle  brûlure  est  nécessairement 
loujoors  produite  après  la  mort,  car  Torganisme  vivant  ne  peut  ni 
r6tir  ni  se  carboniser.  Mais  ce  qui  est  difficile,  c'est  de  déterminer  si 
U  mort  ayant  eu  lieu  par  l'action  de  la  chaleur  et  le  corps  étant  resté 
soumis  à  la  même  influence,  il  y  a  eu  carbonisation,  ou  bien  si  la  mort 
«janteu  lieu  par  une  autre  cause,  telle  que  la  strangulation,  on  a  fait 
brûler  le  corps  afin  de  voiler  un  crime.  Cette  difficulté  existe,  du 
reste,  pour  tous  les  agents  de  destruction  organique,  telles  que  la 
putréraction,  etc.  Quant  à  décider  si  de  simples  cloches  ont  été  pro- 
duites pendant  la  vie  ou  après  la  mort,  nous  démontrerons  dans  le 
paragraphe  suivant  que  le  jugement  ne  peut  pas  être  douteux. 

En  général,  les  brûlures  se  montrent  sur  le  cadavre  sous  deux 
aspects  différents  :  ou  la  forme  des  régions  est  conservée  ou  elle  ne 
''est  pas. 

Dans  le  premier  cas,  selon  le  degré  de  la  brûlure  pendant  la  vie, 
les  places  brûlées  seront  d'un  rouge  écrevisse  ou  d'un  rouge  brun 
^<AÎvre,  plus  ou  moins  sèches  et  parcheminées  ;   personne  ne  con- 
fondra  ces  taches  avec  des  lividités  cadavériques.    Dans  des  cas 
'^res,  tout  le  corps  peut  avoir  cet  aspect  si  la  victime  a  été  pour 
^Osi  dire  rôtie.  On  trouve  ordinairement  des  cloches  de  différentes 
Sitedeurs,  crevées  ou  non,  (fae  l'on  appelle  des  phlyclènes.  Il  faut 
'^ien  prendre  garde  de  confondre  ces  cloches  avec  celles  qui  sont 
enlevées  par  la  putréfaction,  surtout  dans  les  cas  où  il  y  a  des  clo- 
<^he8  des  deux  espèces.  Toute  cloche  provenant  d'une  brûlure  est  en- 
tourée d'une  auréole  rouge  plus  ou  moins  étendue  qui  manque  dans 
t^  bulles  provenant  de  la  putréfacction.  Chaque  excoriation  de  brû- 
lure montre  un  fond  rouge  souvent  avec  de  petiles  granulations  et 
delà  suppuration,  ce  que  l'on  ne  voit  pas  dans  les  excoriations  pro- 
duites par  la  putréfaction,  qui  n'ont  pas  de  base  présentant  une 
teinte  particulière,  ou  qui   ont   une  coloration    verte   uniforme. 
^  est  évident  que  les  cadavres  frais  qui  ne  présentent  pas  de  signes 
généraux  de  putréfaction,  n'offiriront  à  cet  égard  aucun  sujet  d'er* 
renr. 


222  PARTIE   THANAT0L061QUE. 

Dans  le  second  cas,  si  la  formé dii  corps  est  détniifte  parla  com- 
bustion, on  trouve  la  carbonisation  qui/ii  elle  s'étend  sur  tout  le 
corps,  laisse  à  peine  reconnaître  la  configuration  humaine,  oiibieati 
la  carbonisation  ne  s'étend  que  sur  une  partie  du  corps,  les  té(Q- 
ments  et  les  organes  de  cette  partie  sont  déformés  et  méconnais- 
sables. 

Leê  caustiques  solides  ou  liquides  produisent  des  brûlures  qui  se 
manifestent  par-  des  taches  d'un  rouge  brun,  ou  comme  l'aeids  f«t- 
furique  qui  est  le  plus  usité,  des  taches  d'un  brun  sale,  ou  bien 
comme  Y  acide  azotique^  des  taches  jaunes,  dures  à  couper,  ne  don- 
nant pas  d'ecchymoses  quand  on  les  incise  et  *qui  détmiseiit  le 
derme.  Dans  les  cas  (Haschka,  Buchner)  où  on  ne  sait  pas  si  les 
taches  de  brûlure  proviennent  du  feu  ou  de  l'acide  sulfûrique,  outre 
les  signes  exposés  plus  haut,  les  circonstances  suivantes  serriroDl  à 
poser  le  diagnostic  :  dans  les  brûlures  par  acide  sulfurique  il  }  i 
absence  de  phlyctènis,  coloration  et  aspect  uniforme  de  toutes  les 
places  touèhées  par  l'acide^   landis  que  dans  les  brûlures  causées 
par  la  flanmie,  on  trouve  les  uns  à  côté  des  autres,  les  différents 
effets  du  feu,  des  cloches  conservées,  des  cloches  crevées,  des  en- 
droits rôtis,  des  traces  de  carbonisation  provenant  des  vêtements 
brûlés,  des  poils  de  la  peau,  ce  qui  ne  se  rencontre  jamais  pour 
les  acides;  enfin  comme  dernier  moyen  de  contrôle,  il  restée  l'exa- 
men chimique  des  vêtements  (Voyez  page  i  60.) 

^2.  —  Szpériences  sur  le  cadavre.  Prodaction  de  phlyetènei  après  la  iBort. 

Il  y  a  quelques  années,  la  question  suivante  se  présenta  pour  la  pre- 
mière fois  (obs.  1Â2)  dans  ma  pratique  médico-légale  :  les  phlyctènes 
trouvées  sur  le  cadavre  ne  peuvent-elles  pas  avoir  été  produites 
après  la  mort?  Je  répondis  négativement  à  cette  question.  Un  autre 
expert  combattit  cette  «opinion,  disant  :  c  que  douze  à  vingt  heures, 
quelquefois  plus  longtemps  après  la  mort,  il  peut  se  former  des 
phlyctènes  profondes  sous  Tinfluence  d'une  chaleur  intense,  proba- 
blement par  suile  de  l'expansion  causée  par  le  calorique  et  par 


BRULURES.  —  EXPÉRIENCES   SUR   LE   CADAVRE.  228 

ré?«poratioii  de  liquides  qui  restent  emprisonnés  dans  l'épiderme* 
Ces  phlyctënes  ressemblent  d'autant  plus  à  celles  qui  sont  produites 
pendant  la  vie  qu'elles  ont  été  produites  moins  de  temps  après  la 
mort,  t 

Les  meilleurs  praticiens  sont  d'un  avis  contraire. 

Orfila  dit  {Méd.  lég.,  l,  Paris,  1828,  p.  Aô?)  :  c  On  cherchera  à 
découmr  s'il  y  a  des  phlyctènes,  altération  qui  dénote  manifestement 
i(oe  l'enfant  était  vivant  lorsqu'il  a  été  brûlé.  »  Orfila  ne  dit  rien  des 
ùpes  caractéristiques  de  l'auréole  ou  du  fond. 

Deyergie  (Méd.  lég.j  Paris,  18&2,  S**  édit.  p.  303)  remarque  : 
(  si  l'on  applique  de  l'eau  bouillante  ou  un  fer  rouge  à  la  surface  du 
corps  d'un  individu  dix  minutes  ïEAm^  après  la  mort,  il  ne  se  mani- 
feste jamais  de  rougeur  ni  de  phlyctènes.  »  Plus  loin  il  dit  qu'il  n'est 
pu  possible  de  confondre  une  brûlure  faite  pendant  la  vie  avec  une 
brûlure  faite  après  la  mort. 

Cbristison  {£dim.  Med.  and  sur  g.  Joum.j  avril  1831)  a  fait 

il  expériences  d'après  lesquelles  il  lukfaratt  c  évident  que  l'action 

'e  la  chaleur,  même  quelques  minutes  après  la  mort,  nepeutpro- 

t^oire  aucun  des  effets  produits  par  la  réaction  vitale.  >  Un  de  ces 

cisest  très  curieux;  c'est  une  femme  qui,  quatre  heures  ayant  la  moit, 

tent  atteinte  de  coma,  fut  traitée  par  l'eau  bouillante,  et  une  demi- 

beire  après  la  mort,  fut  brûlée  par  le  fer  rouge.  Sur  le  cadavre  on 

Til  les  plaies  brûlées  avant  la  mort,  couvertes  de  phlyctènes,  celles 

Ivûlées  après  la  mort  n'en  présentant  aucune.  Je  crus  à  cette  époque 

ne  pas  pouvoir  me  contenter  de  ces  résultats,  et  je  fis  avec  Tassis- 

Unce  d'un  ami,  quatre  expériences  dont  voici  en  peu  dennots  les 

résultats .; 

1**  Le  mollet  du  cadavre  d'une  femme  de  soixante  ans  morte 
lipais  quarante-huit  heures,  fut  enveloppé  avec  un  morceau  de 
oiiite  de  3  centimètres  de  largeur  imbibé  d'huile  de  térébenthine  (qui 
produit  sur  le  vivant  les  phlyctènes  les  plus  étendues).  On  avait  fait 
iiec  cette  étoffe  quatre  fois  le  tour  du  membre.  On  alluma  l'huile  ; 
les  étoffes  brûlèrent  pendant  quatre  minhtes,  le  sillon  de  peau  au- 
tesous  de  la  ouate  était  superficiellement  rôti  ;  il  n'y  atait  nulle 


22&  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

part  une  êrace  d'épanchement  de  liquide  ou  une  formation  ^ 
phlyctène, 

V  On  mit  sur  le  dos  du  pied  la  flamme  d'aoe  lampe  à  huile  pea 
dant  trois  minutes,  de  manière  que  toute  la  largeur  de  la  flamme  fi 
en  contact  avec  la  peau.  L'endroit  devint  brun,  sec  et  dur,  mais 
n'y  eut  nulle  part  use  trace  de  soulèvement^  de  gonflement  ou  d 
phlyctène. 

3o*Sur  uu  enfant  non  à  terme,  mort  vingt-quatre  heures  après  ii 
naissance,  on  fit  deux  expériences  treize  heures  après  la  mort.  Dau 
la  région  de  l'estomac  on  mit  un  morceau  de  ouate  d'un  pouce  carri 
et  imbibé  de  térébenthine.  On  y  mit  le  feu  et  il  fut  consumé  après 
trois  minutes  et  demie.  On  trouva  des  petits  plis  rayonnes  sur  la  pean, 
et  dans  les  parties  environnantes  de  petites  déchirures.  L'espace  qui 
avait  été  couvert  par  la  ouate  formait  une  croûte  d*un  brun  clair] 
rôti  ;  sans  trace  de  phlyctènes. 

à""  Le  scrotum  d'un  cadavre  était  oedémateux  et  distendu,  et  d'à* 
près  la  théorie  de  l'expert  citj^  on  devait  s'attendre  là  ou  jamais  i  U 
formation  de  phlyclènes.  On  appliqua  sur  la  peau  le  bord  de  la  base 
d'une  flamme  de  bougie.  Ainsi  la  chaleur  avait  une  action  modérée 
mais  continue,  et  on  n'avait  pas  à  craindre  une  déposition  de  noir  d< 
fumée.  L'endroit  en  contact  avec  la  flamme  se  rétracta  et  se  revéUl 
d'une  surface  grise  et  luisante,  mais  il  n'y  eut  pas  la  moindre  traa 
d'une  formation  de  pklyctènes. 

Si  Ton  veut  objecter  contre  la  troisième  et  la  première  expérience 
que  les  résultats  ont  été  troublés  parce  que  la  peau  était  couverte, 
on  perd«le  but  pratique  de  ces  expériences,  car  personne  ne  niera 
que  ces  brûlures  faites  sur  le  vivant  auraient  donné  lieu  aux  suites 
ordinaires. 

Cependant  je  ne  me  suis  pas  contenté  de  ces  expériences,  j'ai  con- 
tinué à  en  faire  d'autres  dans  les  conditions  les  plus  diverses; 
j*ai  toujours  obtenu  le  même  résultat.  Des  matières  de  toutes  sortes 
ont  été  employées,  de  la  ouate  sèche  ou  imbibée  de  matière  comboûH 
tible,  de  l'eau  bouillante,  de  la  cire  en  combustion,  la  flamme  d'une 
lampe  de  Berzelius,  ont  été  mises  en  contact  avec  des  parties  convexes 


ORULIIUES. — EXPKRŒNGES    SL'K   LE   CADAVRE..  225 

(lu  Corps.  De  toutes  ces  expériences  nous  avons  acquis  la  cerlituJe 
complète  que  : 

l'/Zn'y  a  aucune  réaction  si  le  cadavre  est  mis  en  contact 
atee  un  objet  brûlant  même  carbonisant  et  si  ce  contact  a  lieu 
far  surface,  c'est-à-dire  quand  une  partie  du  corps  est  recouverte  de 
toile  ou  de  coton  en  combustion  ;  on  voit  tout  au  plus  alors  quelques 
petites  places  qui  paraissent  brûlées  mais  qui  ne  sont  que  des  déposi- 
tions de  matières  charbonneuses  provenant  de  l'objet  qui  a  brûlé  ;  les 
poils  qui  se  trouvent  sur  cet  endroit  du  corps  brûlent  également,  ce 
qui  peut  donner  un  aspect  général  derôtissure. 

2"  Si  Von  soumet  un  cadavre  à  une  flamme  très  intense,  on  peut 
produire  des  phlyctènes  sur  le  cadavre,  mais  elles  se  crèvent  de 
«Mi/e.  La  chaleur  très  intense  produit  une  évaporation  rapide  des 
guides,  et  donne  lieu  à  des  phlyctènes  de  petite  dimension,  la 
force  eipansive  des  gaz  formés  crève  la  cloche  en  faisant  une  espèce 
(ie  petite  explosion,  et  Fépiderme  retombe.  Dans  des  cas  très  rares, 
l>  plilyctène  resta  quelques  minutes  avant  de  crever.  Jamais  on  ne 
rencontra  un  changement  de  couleur  à  la  base  d'une  pareille  phlyc- 
tèoe.  Ajoutons  que  jamais  ces  phlyctènes  ne  contiennent  de  liquide, 
quelles  sont  simplement  pleines  de  gaz. 

3*  Il  n'y  a  aucune  différence  si  l'expérience  e$t  faite  peu  de 

temps  ou  plusieurs  jours  après  la  mort.  Un  joueur  d'orgue  se  jeta 

à  l'eau  avec  ses  deux  enfants,  ils  furent  retirés  de  suite,   le  père 

était  mort,  mais  les  enfants  vivaient  encore  et  furent  sauvés.   Pour 

lâcher  de  rappeler  le  père  à  la  vie,  on  l'avait  frotté  fortement  sur  la 

poitrine  et  sur  les  cuisses,  et  les  hommes  ignorants  qui  l'avaient 

recueilli  avaient  aussi  imaginé  d'alfumer  au-dessous  de  lui  un  feu  de 

paille  !  Je  vis  le  cadavre  trois  jours  après  ;  les  deux  cuisses  et  les  deux 

jambes  étaient  presque  entièrement  revêtues  d'une  couleur  gris  noire 

par  le  noir  de  fumée  qui  s'était  aussi  déposé  sur  le  dos  et  le  bras 

droit.  En  dix  ou  douze  endroits  on  trouva  des  phlyctènes  crevées  de 

grandeurs  différentes,  jusqu'à  la  grandeur  d'une  noix  et  tout  ù  fait 

tomme  nous  les  avons  décrites  en  haut,  sans  trace  de  coloration  ni  de 

l*^piderme  environnant  ni  de  la  base. 

11.  15 


216  PARTIS   TBANATOLOOIQUR. 

• 

D'après  cela^  op  peut  conclure  que  Ton  ne  trouvera  janiais 
sur  le  cadavre  une  phlyctène  qui  ne  sera  pas  crevée,  loraque  oiUl 
phlyctène  aura  été  produite  après  la  mort,  pas  plus  que  l'on  ne 
trouvera  des  phénomènes  de  réaction  produits  par  la  eontactii 
la  cire  bouillante  que  i*on  met  souvent  dans  la  région  du  comi 
d*una  personne  qui  vieot  de  mourir,  pour  s'assurer  que  la  via  n*¥k 
plus.  Il  est  donc  impossible  de  confondre  des  brûlures  faites  peaëul 
la  vie  avec  des  brûlures  faites  après  la  mort.  Je  ne  reviens  pas  sur  ki 
carbonisaiions,  car  il  est  certain  que  Vhommi  est  déjà  mori  attal 
que  le  feu  ait  produit  de  tel^  effets. 

^  3.  *-  Déterminer  s'il  y  «  faute  d'an  tieri  ?  Oombvf tioa  •ponteBés. 

Une  personne  trouvée  brûlée  est -elle  morte  par  la  faute  d*an  lienl 
Dans  cette  question,  il  s'agit  de  savoir  s'il  y  a  eu  accident  m 
meurtre,  car  jatnais  ce  genre  de  mort  n^est  choisi  pour  te  suicida, 
excepté  chez  les  veuves  indiennes!  L'autopsie  permet  de  décida  h 
question,  si  elle  indique  un  autre  genre  de  mort,  par  exemple  dei 
blessures  mortelles  à  la  télé  et  a'u  cou,  des  signes  de  stranguhh 
tien,  etc.  Mais  il  peut  être  très  difficile  et  môme  impossible  d^ 
^  répondre,  si  les  circonstances  font  entrevoir  comme  vraisemblabk 
un  genre  de  mort  autre  que  la  combustion  et  si  le  corps  a  été  dé< 
truit  par  la  brûlure,  de  sorte  que  les  traces  du  genre  de  mort  pré* 
sumé  ont  été  eiïacées;  par  exemple  une  marque  slrangulatoire,  um 
blessure  de  télé  peuvent  être  effacées  par  les  désordres  produits  pai 
une  brûlure.  On  ne  peut  pas  donner  à  ce  sujet  de  règles  générales, 
il  faut  peser  toutes  les  particularités  du  cas  spécial  pour  poser  le  juge* 
ment.  Si  un  ouvrier  qui  travaille  avec  le  feu  est  trouvé  biûlé  dans  soi 
atelier,  il  est  moins  vraisemblable  qu'il  y  ait  eu  meurtre  que  si  uni 
comtesse  est  trouvée  brûlée  près  dé  son  secrétaire  (1)  ;  de  même  cetti 
vieille  femme  qui  a  été  trouvée  brûlée  à  moitié  dans  son  fourneau  i 
été  probablement  victime  d'un  accident,  tandis  qu'il  en  est  autre- 

(1)  Mort  de  la  comtesse  de  torlili  trouvée  moitié  brûlée,  par  Graff,  griai* 
geo,  ISSO. 


BRULURES.  —  T  ▲•T-IL  PAUTE   D'UM  TIERS  ?  227 

Mit  faii  TÎeil  avare  vivant  seul,  que  Ton  a  trouvé  brâlé  dans  sa 
émhrt  et  chez  lequel  on  a  trouvé  tous  les  tiroirs  vides.  H.  Dever- 
pt  a  raison  de  dire  qu*en  général  dans  les  quafre-vingl-dix  cen- 
tièmes des  cas  où  le  suicide  et  le  meurtre  par  brûlures  sont  en 
(haie,  il  faut  aller  chercher  les  critériums  hors  de  la  science  mé- 
dicale. 

Mais  le  décédé  n'a-t-il  pas  pu  trouver  la  mort  par  combustion 
spontanée  ?  Deux  hommes  ont  été  condamnés  et  exécutés  en  Angle» 
terre  pour  avoir  brûlé  leurs  femmes,  les  experts  avaient  déclaré 
qu'il  y  avait  eu  combustion  spontanée,  les  jurés  ont  néanmoins  rendu 
ai  verdict  de  culpabilité.  Ces  hommes  étaient-ils  innocents? 

n  est  affligeant  d'être  obligé,  dans  une  œuvre  scientifique  sérieuse^ 

n  1861,  de  parler  encore  de  la  fable  de  la  c  combustion  spontanée  >, 

fw  personne  n'a  jamais  observée,  dont  les   soi-disant  preuves  ne 

ivpoeeal  que   sur  les  contes  des  ignorants  et  sur  les  anecdotes 

>l^rdes  des  journaux,  et  qui  ne  résistent  à  aucune  critique.  Tout 

Bédeein  légiste  qui  connaît  les  criminels,  leurs  mensonges  et  les 

simulations  employées  pour  voiler  les  crimes,  doit  regarder  la  com- 

hislion  spontanée* comme  une  fable  des  plus  absurdes.  Liebig  (1)  en 

•  faitjasiice  avec  les  armes  de  la  science,  et  pourtant  des  auteurs 

i^tsne  craignent  pas  d'admettre  encore  la  possibilité  de  cette  com- 

histion  spontanée.  Pour  ne  citer  qu'un  des  raisonnements  de  Liebjg, 

nous  dirons  qu'il  a  calculé  que  le  corps  contient  76  pour  100  d'eau,  et 

Peaveul  qaMI  soit  réduit  spontanément  en  cendres  en  peu  d'instants  ! 

En  laissant  même  de  côté  les  arguments  scientifiques  irrésistibles 

le  Liebig,  j'ajouterai  les  arguments  du  bon  sens  et  de  l'expérience. 

Qaicanqae  a  vu  des  cadavres  morts  dans  de  grands  incendies,  les  a 

neharbofinés,  en  morceaux,  a  toujours  trouvé  assez  de  parties  con- 

Krtéet  pour  reconnaître  que  c'était  des  restes  humains.  Jamais  on  n'a 

Iromé  comme  restes  d'un  homme,  absolument  que  des  cendres,  quand 

ite  le  cadavre  était  resté  des  journées  entières  dans  le  feu.  Tandis 


(t)  Ziir  BewihêUung  der  Selbstverbrennungen  des  menschlichen  Korpon  8*  édit. 
^^^^^^Uierf  1850.  (Un  modèle  de  critique  scientifique  en  peu  de  mots.) 


228  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

que  dans  tous  les  cas  où  on  a  vu  des  soi-disant  combustioas  s|M)D- 
tanées  en  quelques  heures,  il  n*est  plus  resté,  dit-on,  quedesceO' 
dres  !  Toutes  les  observations  de  combustion  sponlanée  sont,  du  reste, 
accompagnées  de  circonstances  plus  ou  moins  miraculeuses,  imps 
sibles,  qui  dénotent  surabondamment  Tinexactitude.  En  voici  quelipe 
exemples  : 

Une  vieille  ivrogne  mourut  de  combustion  sponlanfe,  mais  1 
chaise  sur  laquelle  on  trouva  les  parties  de  son  corps  en  combustioi 
était  intacte  !  Dans  d'autres  cas,  les  pieds  et  la  tête  furent  brâli 
et  les  bras  et  le  bonnet  restèrent  intacts  ! 

Un  monsieur D...  jouaitavecdu  soufre  qu'il  alluma  à  lachaodell 
il  se  brûla  les  doigts  et  les  habits,  mais  il  parvint  à  éteindre  le  fe 
bientôt  après  les  doigts  recommencèrent  à  brûler  comme  des  boi 
gies  avec  des  flammes  bleues  (!!)  et  avec  ces  lumières  il  courut  ck 
un  médecin  (!!)  plus  tard  les  doigts  se  mirent  à  brûler  de  nouvel 
«  On  fuie  pansement  comn^e  pour  une  brûlure  simple,  et  vingl-de 
jours  plus  tard  le  malade  était  dans  un  état  satisfaisant  >,  car 
s^était  produit  de  grandes  phlyctènes  (1)  ! 

Comme  ces  observations  sortent  de  toutes  les  lois  connues  de 
physique,  on  a  cru  devoir  avoir  recours,  pour  les  expliquer,  à  d 
hypothèses  plus  ou  moins  ingénieuses.  Or,  on  doit  rejeter  tout  ce  q 
les  sciences  naturelles  défendent  d'admettre,  sans  quoi  ou  ouvre  I 
portes  de  la  science  à  la  plaie  de  la  superstition. 

Parmi  les  trente  cas  souvent  cités  d'hommes  qui,  la  veille,  étaii 
sains  et  bien  portants  et  qui  le  lendemain  ne*  présentaient  plus  qu^\ 
tas  de  cendres^  il  est  possible  qu*il  y  ait  eu  des  cas  de  meurtre  api 
lesquels  le  meurtrier  a  jeté  sa  victime  dans  le  feu  pour  cacher  '. 
traces  de  son  crime  (obs.  1&2),  il  se  peut  aussi  que  les  cendres  aie 
été  celles  d'un  objet  quelconque,  tandis  que  le  cadavre  avaitété  enlev 
nous  ne  chercherons  pas  ù  discuter  ces  possibilités,  pas  plus  que 
vraisemblance  de  la  bonne  foi  de  cette  jeune  fille  qui,  à  Hamboui 

(1)  Richond  dans  les  Archives  de  médecin:.  Devcrgie,  Annales  d'hygiène  jmi 
que,  1S5I,  p.  386. 


BRt'LURES.  —  y  A-T-JL   FAUTE   D'UN    TIERS.  229 

■ 

rtuonla  qoe  ses  doigts  avaient  pris  feu  sponlanément,  et  montra  à 
l'appui,  des  brûlures  réelles  aux  doigts;  ce  cas  qui  n*était  destiné 
qu'à  myslifier.le  médecin,  a  été  admis  comme  réel  et  on  Ta  déclaré 
eoinme  c  constaté  t.  A  ce  sujet  nous  soumettrons  à  la  réQexion  du 
lecteur  les  faits  suivants  : 

Parmi  les  vingt-huit  casque  Jacobs  (1)  a  ramassés,  nous  laisserons 

décote  ce  cas  de  Hambourg  et  les  deux  Anglais  exécutés  dont  nous  avons 

parié  plus  haut  ;  les  25  autres  cas  en  présentent  20  arrivés  en  France, 

^  eo  Angleterre,  1  en  Italie,  1  en  Allemagne  et  1  en  Amérique.  Ainsi, 

20 cas  en  France  sur  1  cas  en  Allemagne,  tandis  qu*une  autre  maladie 

oierveilleuse  (car  on  ne  peut  donner  un  autre  nom  à  la  combustion 

spontanée)  la  fameuse  c  p;romanie  >  qui  ne  résiste  pas  mieux  à  un 

^men  sérieux  et  scientifique,  a  choisi  son  domicile  en  Allemagne 

^t  presque  jamais  en  France.  C'est  déjà  une  circonstance  curieuse,  car 

i^  ne  sache  pas  que  la  pathologie  connaisse  la  frontière  du  Rhin.  Il 

^  siogulier  que  presque  tous  les  exemples  de  combustion  spontanée 

^  soient  présentés  dans  le  siècle  dernier,  et  que  les  centaines  de  jour- 

^^Jux  scientifiques  du  siècle  actuel  n*en  rapportent  que  très  peu  d*exem- 

l^l^sicela  seul  doit  faire  soupçonner  a  la  combustion  d'autres  causes 

^Ue  la  spontanéité. 

Considérons  que  la  plupart  des  victimes  de  combustions  sponta- 
>^ées  étaient  des  sujets  âgés  et  même  très  âgés  (cinquante  à  quatre- 
^ingt-dix  ans),  adonnés  aux  boissons  alcooliques,  et  que  les  accidents 
arrivaient  la  nuit,  pendant  l'hiver  et  dans  la  solitude.  Rappelons- 
nous  que  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  on  trouva  près  du  corps 
brûlé  un  objet  en  combustion  ou  qui  avait  été  en  combustion,  tel 
qu'une  pipe,  une  bougie,  une  lampe  et  le  plus  souvent  une  cheminée. 
Représentons  nous  la  scène  :  n'est-il  pas  naturel  que  dans  un  pays 
^oble  tel  que  la  France,  pendant  l'hiver,  lorsque  le  soir  un  homme 
ivre  revient  chez  lui  ayant  froid,  fait  un  grand  feu  dans  la  cheminée 
il  puisse  allumer  par  accident  ses  habits  et  se  brûler?  ou  bien  qu'un 

^1)Voirini  Wochenschrifty  18 il,  p.  113.  I.<»s  mômesiobservalionçsc  retrouvenl 
te  tous  les  mémoire?. 


330  PARTIE   THANATOLOGIUUE. 

vieillard  ivre  de  vin  et  de  sommeil,  dans  un  étal  de  débiKlé  nnrike 
et  physique,  puisse  approcher  soit  ses  habits,  soit  les  rideau  dem 
lit  de  sa  pipe,  ou  de  la  flamme  de  sa  lampe?  Gela  me  aaalilsfhi 
raisonnable  et  plus  probable  que  d'aller  chercher  les  hypotkèitt  le 
c  surabondance  de  phosphore  dans  le  corps  »,  des  c  eAla  eitra«i- 
naires  d*électricité  »,  etc. 

Les  combustions  accidentelles  telles  que  nous  veiMiBs  de  ks  tf* 
crire,  arrivent  tous  les  jours  dans  tous  les  pays,  et  il  eti  iraiwi 
blable  qu'en  France  elles  sont  plus  fréquentes  qa*eii  Allenagae, 
parce  qu'en  France  les  lits  ont  des  rideant  et  qu'on  y  traoïe  dn 
cheminées  très  vastes,  tandis  qn'en  Allemagne  les  lits  n'onl  jibmb 
de  rideaux  et  on  n'y  trouve  que  des  poêles.  Ajoutons  que  defrii 
deux  siècles,  en  Allemagne,  il  y  a  une  orfanisation  médicale  Hfh 
lière,  qui  contrôle  les  cas  de  cette  espèce,  tandis  que  h  FtWÊtê  é 
d'autres  pays  n'ont  pas  encore  ou  ont  depuis  peu  cette  orfMÎsatiil. 
Rnnarquons  en  outre  que  ces  faits  de  combustion  spontauéeeiltt 
constatés  et  rapportés  par  des  prêtres,  des  maires,  des  ptysani,  é 
qu'en  France  il  y  a  bien  plus  de  superstition  qu'en  Allemagne,  e'eit 
pourquoi  il  n'est  pas  étonnant  que  ce  soit  la  France  la  patrie  de  h 
combustion  spontanée  qui,  j'espère,  n'aura  plus  i  parattre  devMt 
la  science  médicale  (1). 

Obs.  139.  —  Exi}érience  de  coinbuxtion  sur  un  cadavre» 

Il  sera  intéressant  ici  de  rapporter  une  expérience  que  j*ai  ftite  coaeefMitk 
combustion  spontanée,  l'a  fœtus  de  cinq  mois  qui  était  conservé  depuis  pluiiMi* 
années  dans  de  l'esprit  de  \in,  dont  les  tisus  étaient  certainement  plus  imbibii^ 
matières  combustibles  que  ceux  d'un  ivrogne,  fut  exposé  à  une  flamme  inicMe 
•  qui  fut  promenée  sur  le  corps  :  après  quelques  minutes,  la  peau  eomraenfa  i  hfili'* 
La  flamme  Tut  éloi(?née,  mais  instantanément  le  feu  s'éteignit.  Cette  expéricosi  ^ 
recommencée  dix  à  douze  fois.  A  peine  la  flamme  était-elle  approchée,  le  eofp* 
brûlait,  mais  à  peine  était-elle  éloignée,  le  corps  s'éteignait.  Toujours  il  y  t*^ 
cembustSon  de  la  place  allumée,  mais  jamais  «  combustion  spontanée» . 

(1)  Voyez  le  mémoire   de  E.  Pelikan   dans    Beitrdge  zur  gerichl,  HiediC'^' 
Wurzbourg,  1858,  avec  un  rapport  excellent  sur  un  cas  arrivé  à  Saint-Pélersbesr^ 


BRULURES.  —  OBSl!;HVATIO^S.  2Sl 

Om,  140.  —  CotnbutUon  <Vun  ramone w  dams  mte  chemmèe. 

lojeuiM  ramoneur,  nettoyant  une  cheminée,  fut  surpris  par  un  tém  ée  cuisine 
fû  avait  été  allumé  dans  l'ignorance  de  sa  présence,  Tenfant  fut  bientôt  jsphyxié, 
Amta  mort  quelque  temps  dans  la  cheminée  et  en  fut  tiré  complètement  rôti.  U 
Imitait  pas  carl>onisé,  mais  tout  le  corps  présentait  l'aspect  des  taches  que  Ton 
trouve  sur  le  cadavre  quand  on  a  mis  un  vésicatoire  peu  de  temps  avant  la  mort, 
e*Mt-à-dire  toute  la  peau  était  d*un  brun  cuivre  avec  des  taches  jaunes,  dures 
eonme  dn  parchemin  sous  le  couteau.  En  beaucoup  d'endroits  la  peau  était  fèndoa, 
bfratsse  fondue  avait  coulé  et  avait  enduit  les  parties^ environnantes  qui  avaitnt 
Ts^ieet  du  vernis.  Le  cadavre  ne  fut  pas  disséqué. 

Obs.  141.  ^  Cinq  personnes  cûrbonisées. 

ïkns  un  incendie,  toute  une  famille  composée  du  père,  de  la  mère  et  des  trois 
«Itoti,  fut  brûlée  dans  une  mansarde;  on  retira  les  cadavres  sous  les  cendres; 
*t  poavait  encore  les  reconnattre  comme  des  corps  humains.  On  ne  put  juger  que 
pif  les  dimensions  des  bassins,  quel  avait  été  l'homme  et  quelle  avait  été  la 
Ibattie.  n  était  navrant  de  voir  sur  la  table  ces  cinq  squelettes  de  grandeurs  gra- 
'a^,  tous  les  cinq  entièrement  carbonisas  ;  toutes  les  cavités  étaient  ouvertes,  et 
3  i*j  avait  plus  de  traces  de  parties  molles.  A  chaque  squelette  il  manquait  une 
^wlîe,soit  un  bras,  soit  une  jambe. 

On.  142.  —  Déterminer  si  le  meurtre  a  été  fait  par  brûlure  ou  par  éirmn§hm9nL 

Le^  avril  18...,  dans  l'après-midi,  le  sieur  Fritze  s'était  rendu  chez  la  veuve 
laie,  Igèe  de  soixante  et  dix  ans,  qui  demeurait  seule,  afin  de  lui  emprunter  de 
fargent,  et  en  cas  de  refus  de  l'assassiner.  Elle  refusa  ;  il  lui  donna  alors  un 
coap  de  poing  sur  le    front   et   la   renversa.    L*accusé   rapporte  :   a  Elle  était 
tranquille,  ne  gémissait  pas,  et   n'appelait  pas  au  secours  » .    Puis  il  prit  un 
pivé  gros  comme  le  poing  qu'il  dit  avoir  trouvé  dans  la  chambre  et  s'en  ser- 
vi pour  lui  donner  un  coup  dans  la  Agure,  la  femme  eut  quelques  convulsions, 
et  an  bout  de  quelques  instants  ne  bougea  plus,  tl  déclara  n'avoir  pas  fait  autre 
dbase  i  cette  femme,  il  se  défendit  surtout  de  l'avoir  étranglée  et  encore  plus  de 
ravoir  brûlée  :  il  dit  seulement  avoir  placé  le  cadavre  sur  le  ventre,  parce  qu*il 
laiëlait  désagréable  de  regarder  sa  (Igure.  Il  chercha  dans  les  armoires,  trouva  une 
Wtrse  contenant  1000  écus,  resta  dans  la  chambre  jusqu'à  la  nuit,  alluma  une 
dMDdelle  et  s'éloigna  le  soir  quand  il  fut  tard,  emportant  l'argent,  après  avoir  mis 
10  chandelier  sous  une   chaise  de  paille.  Quand  on  lui  demanda  la  raison  de  cette 
ni|ii)ière  manière  d'agir,  il  répondit  qu'il  ne  savait  pas  trop  pourquoi. 

le  lendemain  nous  trouvâmes  la  maison  de  la  femme  Hake  remplie  d'une  odeur 
cspjTenatttique.  Les  murs  et  les  meubles  étaient  couverts  de  noir  de  ftmaée.  Dana 
^  ehsnbre  à  coucher,  on  trouva  le  cadavre  couché  sur  le  ventre  auprès  du  lit  en 
^^saHre;  une  grande  partie  du  lit  était  brûlée.  L'oreiller  qui  se  trouvait  au-des' 


232  PAilTJE    THANATOLOGIQUE. 

sus  du  cadavre  élait  brûlé,  el  à  un  pouce  de  là,  une  chaise  de  paîlie  élalt  conta' 
mée  à  sa  partie  médiane  ;  sous  celle  chaise,  on  Irouva  un  chandelier  de  coivre 
dont  la  chandelle  élait  consumée.  Dans  l'aulrc  chambre  on  trouva  le  pavé. 

Les  résultats  les  plus  importants  de  Tautopsie  légale  furent  les  suivants  :  itf 
cheveux  du  cadavre  étaierit  brûlés,  les  os  du  nez  étaient  Traclurés  et  les  cartiUfe» 
du  ne£  étaient  séparés  des  os,  les  yeux  étaient  aplatis  ;  à  la  partie  interne  de  rail 
droit  se  trouvaient  des  phlyclènes;  le  front  sali  par  du  sang  séché,  avait  à  son  milieB 
une  ecchymose  de  la  grandeur  d'une  pièce,  de  2  francs  qui,  incisée,  livra  passait 
à  du  sang  liquide,  une  aulrc  ecchymose  plus  petite  se  trouvait  sur  lajouedroHe. 
Toute  la  fi;^re  était  couverte  de  sang  sec  et  de  plumes  délit  brûlées  ;  la  figure  elle- 
même  était  carbonisée  et«néconnaissable,  Toreille  droite  s'était  plus  qu'un  mor- 
ceau de  charbon,  Toreille  gauche  n'était  que  rôtie.  A  la  racine  du  nez  se  Iroufail 
une  plaie  semi-lunaire,  à  bords  inégaux,  longue  d'un  demi  centimètre  et  large  é 
quatre  millimètres.  A  un  centimètre  de  là  se  trouvait  une  autre  plaie  semblaMi 
n'atteignant  que  la  peau  ;  à  l'os  temporal  droit  il  y  avait  une  troisième  bleswn 
triangulaire  ;  la  pointe  de  la  langue  était  entre  les  dents,  le  cou  était  carbooin 
dans  toute  sa  circonférence,  la  peau  en  était  détachée  en  grands  lambeaux,  U  réfiM 
du  larynx  seule  n'était  pas  carbonisée  mais  couverte  de  plusieurs  phlyctènet  ;  I 
main  droite  était  complètement  carbonisée,  le  bras  el  l'avant-bras  droits  ainsi  quel 
bras  gauche  étaient  à  moitié  carbonisés  et  couverts  de  larges  phlyclènes  en  ptrll 
pleines  de  sérosité  et  en  partie  vides  ;  toutes  les  phlyclènes  qui  se  trouvaient  « 
grand  nombre  sur  le  cadavre  étaient  les  unes  pleines  de  sérosité,  les  autres  ▼idci 
Les  fesses  et  les  parties  sexuelles  extérieures  étaient  complètement  carbonisées,  d 
sorte  que  les  dernières  étaient  presque  méconnaissables.  Les  jambes  elles  pieds  seil 
étaient  intacts. 

A  la  dissection  on  trouva  la  cavité  crânienne  et  le  cerveau  anémiques,  le  rasl 
de  l'intérieur  du  corps  élait  sans  importance.  La  fracture  des  os  du  nés  put  èti 
vérifiée  plus  exactement  el  les  ecchymoses  des  os  prouvèrent  que  la  blessure  ava 
été  faite  pendant  la  vie.  La  muqueuse  de  la  trachée-artère  était  couverte  de  no 
de  fumée  que  l'on  po.ivait  dter  avfc  une  éponge  ;  au-dessous  de  ce  noir,  1 
muqueuse  était  rouge  cerise  et  il  s'y  trouvait  de  l'écume  sanguinolente.  Les  poi 
mons  étaient  remplis  de  sang  foncé,  le  cœur  gauche  ne  contenait  pas  de  sang,  1 
cœur  droit  élait  gorgé  de  sang  noir.  L'œsophage  était  vide,  les  grandes  veiw 
étaient  gorgées  de  sang  foncé.  Dans  la  cavité  abdominale  nous  n'eûmes  à  noter  qi 
la  grande  quantité  de  sang  foncé  qui  remplissait  la  veine  cave.  D'après  ces  résu 
tais,  nous  avions  conclu  dans  le  procès  verbal  de  l'autopsie  :  que  la  décédée  éta 
morte  par  asphyxie  el  qu'il  était  très  possible  que  les  brûlures  importantes  que  Te 
avait  trouvées  sur  elle  fussent  la  seule  cause  de  celle  asphyxie. 

Quand  nous  reçûmes  l'ordre  de  faire  notre  rapport,  on  nous  posa  les  questioi 
suivantes  : 

i°  Est-il  certain,  ou  vraisemblable  ou  possible,  que  l'asphyxie  ait  été  prodvi 
seulement  par  les  coups  sur  le  front  et  sur  le  nez,  soit  médiatement,  soit  immédii 
tement  ou  est-il  impossible  que  ces  coups  aient  été  la  cause  de  l'asphyxie? 

2*  Si  cette  impossibilité  rxiste,  l'asphyxie   a  l-cllcpn  être   produite  parce  qu 


BRULURES.  —  OBSERVATIONS.  233 

FriUe,  après  avoir  donné  les  deux  coups  à  cette  femme  très  grosse  et  très  âgée, 
l'a  mise  sur  le  ventre  et  l'a  laissée  dans  cette  position  pendant  quelques  heures  ? 

3*  Quelles  sont  les  raisons  scienliflques  qui  peuvent  prouver  que  la  fumée  seule 
»  pu  asphyxier  la  femme  Hake  ? 

Après  avoir  motivé  scientiAquement  notre  opinion  de  mort  par  asphyxie,  nous 

Raisâmes  en  revue  toutes  les  causes  possibles  de  cette  asphyxie  et  nous  répondîmes 

à  la  première  question  :  «  En  tout  cas,  Tasphyxie  ne  peut  avoir  élé  produite  par 

^  blessures  de  tète  qui  n'étaient  rien  moins  que  graves,  ces  blessures  n'ont  pas 

atteint  les  organes  cérébraux  et  ne  peuvent  pas  avoir  altéré  le  système  nerveux  des 

poumons.  Dans  celte  circonstance,  l'écrasement  du  nex  ne  doit  pas  être  passé  sous 

'i'^nce,  car  ceite  blessure  a  dû  rendre  la  respiration  plus  difiicile,  cependant  la  bou- 

fhe  étant  restée  intacte,  l'air  avait  encore  un  passage  très  suffisant,  et  l'asphyxie 

'  ét^t  pas  encore  possible,  nous  répondîmes  donc  à  la  première  question  :  H  €st  tm- 

P^^**ible  qtiê  ces  coups  aienl  été  la  cause  de  l'asphyxie. 

A  la  deuxième  question  nous  répondfmes  :  Nous  devons  répéter  que  la  femme 
'^^ke  n'est  pas  morte  de  ses  blessures  de.  tête,  elle  n'était  donc  pas  morte  quand 
'^'itxe  le  crut  en  la  voyant  sans  mouvement,  elle  était  tout  au  plus  dans  un  évanouis- 
^Oieot  produit  par  ses  blessures,  mais  elle  respirait  encore,  c'est  alors  que  Fritse 
^  tourna  et  la  mit  sur  le  ventre  ;  la  figure,  par  suite   de  la  fracture  du  nex,  devait 
^W^  à  plat  sur  le  parquet,  et  cette  position  de\ait  rendre  difficile  la  respiration. 
^joatons  que  cette  femme  était  très  âgée  et  que  par  conséquent  la  respiration  était 
l^tis  difficile,  et  comme  il  peut,  à  la  rigueur,  y  avoir  eu  commotion  cérébrale,  il  n'est 
^Qi  impassible  que  ces  circonstances  aient  amené  un  arrêt  dans  la  respiration  et 
^»e  asphyxie.  Je  ne  puis  m'arrèter  a   cette  opinion,   car  comment  expliquer  la 
^rbooisation  de  la  figure  qui  se   trouvait  à  plat  sur  le  plancher,  tandis  que  le 
Mancber  loi-méme  était  intact?  Et  la  main  droite  carbonisée  ?  H  est  possible,  mais 
i^iiis  n*en  avons  pas  de  preuve,  que  cette  main  ait  été  ditns  une  disposition  telle, 
Qu'après  b  mort  elle  a  été  spécialement  exposée  au  feu.  Mais  qu'il  est  plus  vrai- 
semblable de  supposer  que  la  flamme  s'empara  des  habits  et  de  l'oreiller  qui  coû- 
teraient le  dos  de  cette  femme  encore  vivante,  et  que  celle  ci  essaya  instincti- 
eemeot  de  se  débarrasser  avec  la  main  des  corps  qui  la  brûlaient.  Nous  répondrons 
donc  à  la  seconde  question  que  :  il  esl  possible  que  Vasphyxie  ait  pu  être  pro- 
érniie^  parce  que  Fritze,  après  avoir  donné  les  deux  coups  à  cette  femme.  Va  mise 
emr  le  ventre  et  Va  laissée  dans  cette  position  pendant  quelques  heures, 

X  la  troisième  question  nous  répondîmes  :  D'après  la  déposition  importante  de 

wMrde  fumée  trouvée  dans  les  deux  chambres,  on  peut  admettre  que  la  fumée  a  été 

très  considérable,  c'est  également  prouvé  par  l'état  des  vêtements,  l'intensité  du  feu 

eitproavée  par  la  carbonisation  profonde  de  la  figure,  de  la  main  droite,  de  l'oreille 

droite,  des  fesses  et  des  parties  génitales.  11  n'est  pas  extraordinaire  que  la  mort 

lUaifQe  une  personne  abandonnée  sans  secours  dans  un  tel  incendie,  et  l'on  devait 

l'attendre  aux  résultats  de  l'autopsie,  à  la  surface  des  carbonisations,  et  à  l'intérieur 

éei  lifnes  d'asphyxie. 

On  oe  peut  pas  cependant  <f  prouver  par  des  raisons  scientifiques  »  que  la  mort 
a  dû  être  seulement  produite  par  l'incendie.  On  peut  au  contraire  trouver  d'autres 


'28i  fKKtlE  TRAÏfATOLOGiQUE. 

explications.  Le  cadavre  aurait  été  absolument  dans  le  même  état  si  Pritts  iii^ 
étranglé  avec  ses  deux  mains  la  femme  Hake  évanouie  à  la  suite  de  ses  devi  Uef 
«ires,  ou  sMl  s'était  servi  d*un  instrument  quelconque  pour  Tétranfier,  et  q«*eis^ 
suite  le  cou  ait  été  rôti  comme  nous  l'avons  trouvé.  Car  il  est  impossible  de  dim*0 
n*a  |>as  existé  une  marque  strangulatoire,  ou  bien  si  Fritte  a  serré  la  tète  ée  IM 
fsnme  dans  un  oreiller  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  asphyxiée,  et  si  ensuite  i!  1 1  tii 
le  feu. 

Diaprés  cela,  nous  conclûmes  que  l'on  ne  pouvait  pas  prouv9r  par  des  nUm 
médiotfles,  qne  la  femme  Hake  avait  été  asphyxiée  seulement  pdr  ta  fkmiè. 

Fritte  a  été  exécuté.  Il  était  psychologiquement  remarquable  que  cet  hèMi 
qui)  dans  la  prison,  se  montra  repentant  et  Ht  un  aveu  com|>1et  de  son  crime  a^ 
toutes  ses  particularités,  ne  voulut  jamais  avouer  qu*il  avait  allumé  nhcenUl 
Même  la  veille  de  son  exécution,  lorsqu'il  n'avait  plus  rien  è  craindre  nié  ètpêta 
je  le  priai  de  me  raconter  comment  il  avait  ag^  pour  ce  qui  concernait  Hncendli,  j 
lui  disais  que  cel4  m'était  particulièrement  intéressant  au  point  de  vue  de  la  seleâei 
H  s'obstina  è  dire  qu'il  ne  savait  pas  pourquoi,  en  sortant.  Il  avait  mis  la  chaaM 
sous  la  chaise  de  paille  avant  de  sortir  de  la  chambre.  II  n'hésita  pis  à  avoiief  ^ 
était  devenu  un  assassin,  mais  jamais  il  ne  voulut  avouer  qu^il  avait  été  incendiair 
Singulier  point  d'honneur  des  criminels  dont  on  voit  souvent  des  exemples. 

Ois.  143.  —  SfiUmret  martelles  dam  un  bain. 

L'n  vieillard  aliéné,  de  soixante  huit  ans,  mourut  dans  une  maison  desratéi 
se  brûlant  dans  un  bain  chaud,  on  soupçonnait  de  la  négligence  de  la  pari  d 
surveillants,  c*est  pourquoi  on  instruisit  TafTaire,  et  l'autopsie  li^gale  fut  faite. 

Nous  trouvâmes  la  moitié  du  dos  et  du  ventre,  tout  l'avant-bnis  gauche,  1 
parties  sexuelles  et  les  extrémités  inférieures  brûlées  ;  à  toutes  ces  parties  ré| 
derme  pendait  par  lambeaux  et  laissait  voir  le  derme  d*un  rouge  brun,  les  ong 
des  mains  et  des  pieds  manquaient  :  le  malheureux  avait  encore  vécu  deux  hew 
après.  Il  y  avait  un  épanchement  gélatineux  à  la  surface  du  cerveau,  la  suttstM 
était  très  dure.  le  foie  était  considérable  et  avait  la  couleur  de  rouille,  la  rate  él 
molle,  tout  cela  devait  provenir  de  la  longue  maladie  mentale  du  décédé  ;  mais 
brûlure  avait  dû  produire  rhypêrém«e  que  l'on  trouva  au  cerveau,  au  cœur  dit 
et  l'état  foncé  du  sang,  presque  noir  et  épais.  II  est  évident  que  l'on  devait  regard 
comme  cause  de  mort  la  brûlure  occupant  un  tiers  du  corps  et  qui  fut  suivie  de 
mort  après  deux  heures. 

Ois.  144.  —  Un  hommf  bnUé. 

Un  homme  de  quatre-vingt-trois  ans  était  assis  devantle  poêle,  lorsque  ses  bal 
prirent  feu  ;  le  vieillard  f\it  trouvé  mort  et  rôti  devant  le  poêle.  Le  corps  étaft  dl 
une  position  fléchie,  il  était  charbonné,  excepté  aux  extrémités  infSrienrts  l 
n'étaient  que  rôties;  le  dos  surtout  était  détruit,  de  manière  que  leeadavre  sft  t 
sait  lorsqu'on  essayait  de  le  soulever.  Du  cdté  droit  les  téguments  étaient  crevÉl, 
sorte  que  l'on  pouvait  voir  dans  les  cavités  abdominale  et  IhoraelqBe.  te  f 
était  rûti. 


BIIULUIIBS.  —  OBSERVATlOIfS.  2S5 

Oss.  145  et  146.  —  CombuslUm  de  deux  enfants. 

tin  f arçon  de  m%  ans  et  neuf  mois  et  sa  sœur  de  deux  ans  et  demi  périrent  dans 
UD  incendie  que  la  mère  avait  allumé  avec  intention  dans  la  chambre,  tout  près 
da   t»erceau  dans  lequel  le  plus  jeune  reposait  sur  des  plumes  et  des  chiffons. 

Sur  le  corps  du  plus  jeune  enfant,  il  y  avait  de  nombreuses  brûlures.  Oq  trouva 

carbonisés  la   surface   extérieure   du   membie   supérieur    gauche,    les    organes 

lexuels,  les  fesses,  les  doigts  du  pied  droit;  on  trouva  rôtis  la  partie  gauche  delà 

figure,  la  partie  gauf^  du  tronc  et  enfin  l'épiderme  était  détaché  au  bras  droit, 

à  Im  maio  gauche  et  aux  deux  cuisses.  Le  garçon  ne  présentait  aucune  brûlure.  Les 

deux  enfants  étaient  morts  de  suffocation.  Les  deux  trachées-artères  étaient  rem- 

pis^s  de  mucus  foncé,  pas  très  écumeux,  dans  lequel  on   pouvait  apercevoir  très 

clairement  des  traces  de  charbon  ;  les  poumons  des  deux  enAmts,  surtout  les  pou* 

''^oqs  droits,  étaient  remplis  de  sang  foncé  et  liquide,  ainsi  que  les^  grandes  veines 

^^%  cavités  thoraciqueet  abdominale.  Le  cœur  droit  contenait,  chez  le  garçon,  une 

'^Osi-euîllerée  à  soupe  de  sang,  et  sur  la  fille  une  demi-cuillerée  à  café.  Les  intM- 

^^K^sdela  fille  n'étaient  pas  hypérémiques;le  foie  et  le  rein  droit  du  garçon  étaient 

^^vuplis  de  sang.  Les  deux  estomacs  étaient  remplis  de  pommes  de  terre,  les  deux 

^^'^sies étaient  vides,  Tintestiii  grêle  du  garçon  avait  une  coloration  rosâtre  comme 

^^^^  la  trouve  très  souvent  après  la  suffocation.  Les  gros  intestins  des  deux  enfiEints 

^^^ient  remplis  de  fèces.  Les  cerveaux  étaient  roses  dans  toute  leur  surface,  la 

^^Intance  était  plus  hypérémique  qu'à  l'ordinaire.  Mais  les  sinus  étaient  normaux. 

''^^serve  en  passant  que  le  thymus  était  encore  chez  le  garçon  de   sept  ans,  de  la 

^>andeur d'une  noix,  et  que  ta  langue  de§  deux  enfants  n'était  pas  entre  les  dents. 

Ou.  147.  »  Brûlure  morielie  produite  par  un  méial  chaud. 

Une  fille  de  deux  ans  tomba  sur  un  fer  à  repasser  très  chaud,  de  manière  que 

^^anas  et  les  parties  sexuelles  furent  en  contact  avec  le  corps  chaud.  Les  parties 

^xndles  étaient  d'un  rouge  brun  jusqu'au  coccyx  ;   le  vagin  était  rouge  grti, 

ramolli,  gangreneux  ;  la  matrice  n'avait  pas  été  attaquée  par  la  gangrène,  et  il  y 

avait  de  remarquable,  la  grande  fiuidité  du  sang,  la  rougeur  de  la  muqueuse  de  k 

trachée-artère  sur  laquelle  se  trouvait  même  de  l'écume  rouge  ;  c'était  là  un  résultat 

très  singulier,  car  l'enfant  avait  vécu  encore  onze  jours,  et  on  ne  pouvait  admettre 

une  mort  par  suffocation,  les  poumons  étant  exsangues.  Nous  dûmes  au  contraire 

admettre  que  l'enfant  était  mort  d'une  maladie  interne  produite  par  les  blessures 

trouvées.  L'affaire  n'alla  pas  plus  loin. 

t>it.  148.  —  Brûlure  produite  par  du  café  bouillant. 

Cae  fills  de  six  ans  fut  brûlée  dans  son  lit  par  du  café  bouillant,  et  mourut  huit 

joars  après.  La*  brûlure  commençait  à  l'oreille  gauche,  traversait  la  nuque  et 

^'ileiidait  jusqu'à  l'aisselle  droite,  et  le  bras  droit-  C'était  en  partie  des  places  d'un 

iaaae  brun,  molles  sous  le  couteau,  en  partie  des  détachements  d'épiderme  et  des 

CnmalaUMM.  Il  y  avait  pleurésie  du  cété  droit,  le  poumon  droit  était  collé  par  dès 

i^lhérences  fraîches,  et  il  était  hépatisé..  Le  poumon  gauche  était  sain.  Le  péri- 


236  FARTIE    TUANATOLOGIQUE.  ' 

carde  était  rempli  de  sérosité.  Le  cœur  droit  était  rempli  de  sang  rouge  eerite 
moitié  coagulé,  le  cœur  gauche  était  vide.  Tout  le  corps,  excepté  les  veines  de 
l'abdomen,  était  anémique  ;  nous  déclarâmes  que  Tenfant  était  mort  par  suîted'on^ 
inflammation  des  poumons  causée  par  les  brûlures. 

Obs.  149.  — Btûlure  mortelle. 

Un  garçon  d'un  an  et  demi  mourut  de  brûlures  provenant  de  l'incendie  dese^ 
habits,  il  avait  vécu  deux  jours  après  son  accident.  L'autopsie  montra  une  congeS' 
tion  apoplectique  du  cerveau,  une  inflammation  de  la  trachCl^artère,  une  hépati- 
sation  rouge  du  lobe  inférieur  du  poumon  droit.  On  sait  que  rinflammation  des 
voies  respiratoires  coïncide  souvent  avec  la  présence  de  brûlures. 

Obs.  150.  —  BtUlure  causée  par  des  flammes. 

Une  vieille  femme  de  quatre-vingt  et  un  ans  laissa  prendre  le  feu  à  ses  habits; 
les  fesses,  le  périnée  et  la  vulve  furent  brûlés,  et  la  malheureuse  blessée  mowil 
quelques  jours  après  dans  un  hôpital.  Les  parties  blessées  étaient  couvertes  d'il' 
cères  profonds  et  granulés,  à  bords  d'un  rouge  cerise.  A  l'intérieur  on  ne  trovri 
rien  de  curieux,  excepté  une  anémie  générale,  une  hépatisation  rouge  du  lobe  sopé 
rieur  du  poumon  gauche. 

Obs.  ir>l.  —  Brûlure  causée  par  des  flammes. 

Ce  cas  est  intéressant  parce  que  l'on  pouvait  très  bien  voir  sur  le  même  cadavr 
les  effets  produits  avant  et  après  la  mort. 

Une  blanchisseuse  s'était  endormie  sur  un  banc,  près  du  feu,  elle  tomba  et  fa 
trouvée  morte  et  brûlée  par  terre.  La  brûlure  avait  envahi  le  côté  gauche  de  1 
Hgure,  des  épaules  et  delà  poitrine,  la  cuisse  et  la  jambe  gauches  ;  tandis  quel 
bras,  l'avant-bras  et  la  main  gauches  étaient  complètement  intacts.  La  main  droit 
était  brûlée.  Celait  la  seule  partie  droite  attaquée  par  le  feu.  Ce  qui  prouve  que  1 
décédée  vivait  encore  lorsqu'elle  a  été  saisie  par  la  flamme  et  qu'elle  a  tâché  de  § 
débarrasser  des  habits  brûlants.  Le  côté  gauche  de  la  Agure,  l'oreille  gauche  i 
Tépaule  gauche  étaient  charbonnés,  les  bords  de  ces  parties  charbonnées  étatei 
rouge  écrevisse,  secs,  parcheminés,  larges  de  1  à  5  centimètress.  La  même  choi 
existait  sur  la  cuisse  gauche.  A  la  région  du  tiochanter  se  montraient  deii 
phlyctènes  à  fond  rouge  vermillon,  et  non  loin  de  là  une  petite  phlyctène  encoi 
remplie  de  sérosité  sanguinolente  qui  n'a\ait  plus  de  bord  à  cause  de  la  carbonis; 
tion  de  toutes  les  parties  environnantes.  Outre  ces  phlyctènes  qui  s'étaient  formée 
pendant  la  vie,  on  voyait  à  la  partie  antérieure  de  la  jambe,  trois  plaies  de  la  grai 
deur  d'une  pièce  de  cinq  francs,  sur  lesquelles  l'épiderme  était  écorché  et  qui  resso 
talent  par  leur  couleur  blanche  des  parties  environnantes  enfermées.  Êvidcmmei 
cette  femme  était  déjè  morte  lorsque  la  flamme  avait  envahi  ces  parties  et  y  avait  pr 
dutt  des  phlyctènes  cadavériques.  La  mort  eut  lieu  par  apoplexie  du  cœur.  Tout 
cœur  droit  et  la  veine  cave  étaient  gorgés  de  sang  noir  et  liquide  dans  lequel  m 
geaieot  des  caillots.  Les  poumons  et  la  traohéc-artèrc  un  peu  injectés  étaient  dai 
un  état  normal  ainsi  que  le  cerveau. 


HÉMORRHACIE    NORTRt.tF..  1i' 


SECTION  II. 

MORT  PAR  CAUSE  DYNAMIQUE. 

Mous  comprenons  par  mort  par  cause  dynamique,  celle  qui  n'est 
pus  produite  ou  du  moins  pas  principalement  produite  par  une  cause 
mécanique  agissant  directement  sur  le  lissu  de  l'organisme.  C'est  la 
B^ort  qui  succède  à  une  anémie  provenant  soit  d'une  hémorrhagie, 
soit  d'un  appauvrissement  général  de  l'organisme,  soit  du  manque  de 
iH^vrriture  ;  la  mort  qui  succède  à  une  dysémie  produite  par  les  em- 
poisonnements et  l'infection  purulente  ;  la  mort  par  hypérécnie,  qui 
^^1  celle  de  la  plupart  des  noyés,  des  pendus,  des  suffoqués  et  des  con* 
C^és;  et  la  mort  par  neuroparalysie,  qui  est  aussi  celle  d'un  grand 
Nombre  de  noyés,  de  pendus,  d'asphyxiés  et  de  congelés. 


CHAPITRE   PREMIER. 

HÉHORRHAGIE    MORTELLE. 
^  l,  —  Stiologie  et  diagnoitie. 

Le  diagnostic  de  ce  genre  de  mort  est  très  facile,  il  n'y  a  que  la 
putréOiction  qui  puisse  en  masquer  les  phénomènes  ordinairement  ma- 
nifestes. A  l'inspection  extérieure,  les  vêtements  sont  ordinairement 
tachés  de  sang  quand,  bien  entendu,  l'hémurrhagie  n'a  pas  été  interne. 
On  trouve  les  lèvres  et  les  gencives  d'un  rose  sale,  et  très  souvent  le 
cadavre  a  l'aspect  de  la  cire  blanche  ;  il  arrive  cependant  quelquefois 
des  exceptions  devant  lesquelles  même  un  observateur  exercé  ne 
pourrait  reconnaître  à  la  simple  vue  la  mort  par  hémorrhagie.  D'après 
M.  Devergie,  tous  les  auteurs  modernes  disent  que  les  cadavres  qui 
<mt  succombé  à  une  hémorrhagie,  n'ont  pas  de  lividités  cadavériques! 
i*ii  déjà  combattu  cette  erreur  plus  haut  (page  15). 

Dans  la  mort  par  hémorrhagie,  on  trouve  à  l'autopsie  une  anémie 
de  toutes  les  grandes  veines,  excepté  de  celles  de  la  pie^mère^  qui 


288  PàlITll  raAlfÀTOLMKm. 

sont  rarement  tout  à  fait  vides  ou  même  seulement  anémifà^\ 
ces  dernières  sont  au  contraire  ordinairement  remplies  dans  lenis 
parties  déclives  par  une  hjpostase  sanpiiae  abondante.  Ce  fait  q«e 
nous  avons  maintes  fois  observé,  mérite  d'être  noté  peur  éviter  de 
erreurs,  car  on  serait  peut-être  tenté  de  ne  pas  admettre  la  mort  p 
héfflorrhagie  lorsqu'on  trouve  ces  veines  pleiaes  de  saaf . 

Outra  les  veines,  on  trouve  sur  les  cadavres  dtii  sujeta  norii  p 
hénorrhagie,  les  organes  internes  ou  complélvment  exsiogiifli  i 
plus  pftles  qu'à  l'ordinaire,  cette  pâleur  est  surtout  évidente  tor 
poumon  des  adultes  qui  est  alors  gris  clair  et  parsemé  de  Uchet  il 
cées.  En  outre  on  trouve  naturellement  dans  les  hémorrhagi 
iaiernes,  un  épanchement  de  sang  dans  une  cavité  ;  ce  sang  esl  fnâ 
liquide,  tantôt  eoagulé,  ou  bien  l'un  et  l'autre. 

Tous  ces  indices  de  mort  par  hémorrhagie  peuvent  être  aMÉ 
par  la  putréfattion.  C'est  ce  qui  arrive  quand  la  pâleur  de  la  Bmh 
du  corps  et  des  organes  internes  a  fait  place  aux  couleurs  de 
décomposition,  alors  l'anémie  générale  peut  être  aussi  bien  miseï 
le  compte  de  l'évaporation  du  sang  par  la  décomposition,  que  sureé 
d'une  hémorrhagie. 

Le  corps  d'un  homme  qui,  sans  être  putréfié,  présente  les  sympi 
mes  que  nous  avons  énumérés  plus  haut,  est  mort  certainement  d'à 
hémorrhagie.  Cette  mort  a  lieu  quand  une  grande  quantité  de  sa 
s'écoule  hors  des  vaisseaux  et  est  soustrait  à  la  circulation,  de  aoi 
que  le  cœur  et  les  poumons  sont  paralysés.  Il  serait  très  intéreasi 
en  physiologie  de  chercher  combien  de  sang  un  homme  peut  parc 
avant  de  mourir,  mais  cette  question  ne  regarde  pas  la  médacl 
légale,  surtout  depuis  que  les  degrés  de  léthalité  ont  été  heureos 
ment  bannis  du  code. 

La  source  de  l'hémorrhagie  est  souvent  facile  à  trouver,  ji 
exemple  une  rupture  d'organe  interne,  une  blessure  à  un  gra 
vaisseau,  mais  si  l'hémorrhagie  provient  d*un  petit  vaisseau  cact 
elle  est  impossible  à  trouver  par  les  moyens  d'investigation  ordinaii 

Les  hémorrbagies  externes  ont  lieu  après  les  blessures  par  instf 
ments  piquants,    tranchants,    contondants  ou  par  des  projectil 


HÉMORUiGU  MORTBUJI.  219 

d'tfiQM  à  feu»  qui  ont  atleiat  des  vaisseaux  superficiels)  comme  ceux 
du  COQ,  des  membres.  C*est  ainsi  que  des  plaies  par  instrumeols 
piquants,  tranchants  et  contondants  et  quelquefois  par  armes  à  Teu, 
peuvent  amener  la  mort  par  hémorrhagie.  Nous  avons  déjà  parlé  plus 
hautdeces  iilessures  ( pages  101  i  11  '7)  ;  les  hémorrhagies  externes  ont 
aussi  lieu  par  des  blessures  au  cordon  des  nouveau-nés;  nous  en 
parlerons  plus  bas. 

Les  hémorrhagies  internes  ont  lieu  ordinairement  par  suite  des 
mêmes  blessures  que  les  hémorrhagies  externes,  lorsque  ces  blessures 
atteignent  les  vaisseaux  des  organes  internes,  mais  elles  peuvent 
as8^i  avoir  lieu  par  des  ruptures  d*organes  qui  se  produisent  sans 
<pe  l'organe  ait  été  frappé  directement.  Ces  ruptures  que  nous  avons 
déjà  décrites  (p.  105  et  106),  supposent  toujours  nue  violence  exté- 
rieure très  grande  lorsque  Torgane  rompu  n*était  pas  malade,  car  les 
poumons,  le  fuie,  larale«  etc.,  à  l'état  sain,  ne  se  rompent  jamais 
H^wlanément.  Dans  les  hémorrhagies  cérébrales,  cela  pourrait  paraître 
douteux,  et  ces  hémorrhagies  sont  très  importantes  au  point  de  vue 
loédico-légal  à  cause  des  blessures  de  tète  si  fréquentes.  Mais  en 
laminant  avec  attention,  on  trouvera  pour  les  hémorrhagies  spon* 
laoées,  soit  une  ossification  du  vaisseau,  soit  une  autre  altération 
pathologique,  de  plus,  ces  hémorrhagies  donnent  lieu  à  des  épanche- 
^nts  de  sang  très  peu  considérables,  tandis  que  les  hémorrhagies 
cérébrales  traumaliques,  donnent  toujours  lieu  à  de  très  grands 
épaacbementa  de  sang.  On  ne  se  trompera  donc  pas  dans  les  cas  où 
^  y  aura  de  grands  épanchements  de  sang  dans  la  cavité  crânienne 
an  rejetant  Yhémorrhagie  spontanés^  en  admettant  qu'il  y  a  eu 
nolmee  exUri^urs. 

La  mori  par  appauvrissement  du  sang  a  lieu  lorsque  les  liquides 
de  l'organisme  étant  éliminés  de  toute  manière,  tandis  que  le  sang 
n'est  plus  renouvelé,  la  désassimilation  devient  plus  active  que  Tassimi- 
latian,  et  la  vie  ne  peut  plus  soutenir  la  disproportion  qui  s'établit 
outre  ces  deux  fonctions.  Ici  appartiennent  les  cas  assez  fréquents  où 
la  mort  arrive  après  des  blessures  datant  de  plusieurs  semaines  ou 
de  plusieurs  mois,  qui  ont  amené  une  suppuration  sanieuse  ou  une 


âélO  PAUTIK   TUANATOLOGIQUC. 

fièvre  lente.  On  rerri  rque  dans  les  morts  par  appaavrissenientdesaBS 

un  grand  amaigrisseineut,  une  anémie  générale  analogue  à  celle  q^^ 

a  lieu  par  suite  d'une  hémorrhagie  ou  de  longues  suppurations  o^ 

bien  encore  du  cTécubitus. 

Dans  cette  catégorie  de  mort  par  appauvrissement  de  rorganisme^ 

appartiennent  les  morts  qui  arrivent  malheureusement  très  fréquent 

ment  par  suite  de  châtiments  et  de  violences  de  toutes  espèces  eiercés 

sur  les  enfants  ou  les  adultes.  Ou  bien  la  mort  a  lieu  subitement  p^ 

neuroparalysie,  ou  bien  ils  meurent  un  certain  temps  après  les  blessu-* 

res.  Il  est  à  noter  que  ces  blessés  peuvent  souvent  encore  marcher  uk« 

peu,  faire  pendant  un  certain  temps  un  travail  facile,  et  qu'ensuite  ils 

tombent  et  meurent.  On  constatera  la  mort  par  les  blessures  visibi 

à  la  surface  du  corps,  sans  qu'il  soit  besoin  pour  confirmer  le  diagno 

tic  qu'il  se  trouve  des  signes  positifs  dans  les  organes  internes. 

cas  se  sont  souvent  présentés  à  nous  et  il  est  encore  à  observer'  q 

chacune  des  nombreuses  blessures  peut  être  en  elle-même  très  ini 

gnifiante,  telles  que  de  petites  ecchymoses,  des  coups  de  vei^, 

excoriations,  des  égratignures,  des  morsures,  etc.,  et  que  c'est  seiiK* 

ment  leur  ensemble  qui  a  produit  la  mort  par  appauvrissement  g^é 

néral. 

A,  Mort  par  hémorrhagie. 

Obs.  152.  —  Blessure  de  V artère  Uiaque  externe. 

Celte  blessure  est  assez  rare.  Un  ouvrier  de  dix-huit  ans  reçut  un  coup  de  co0- 
teau  dans  une  rixe,  et  tomba  en  disant  ces  mots  :  «  Je  suis  frappé  dans  la  poilrioe«, 
et  il  mourut  bientôt  après. 

Le  cadavre  était  taché  de  sang,  il  y  avait  une  anémie  très  prononcée  du  foie  et 
de  la  rate,  ainsi  que  des  veines  abdominales  des  poumons,  du  cœur,  des  grands 
vaisseaux  de  la  poitrine.  Il  y  avait  peu  de  sang  dans  la  cavité  crânienne  et  une  infil- 
tration de  sang  dans  le  péritoine.  L'artère  iliaque  externe  était  presque  tout  i  fait 
coupée  derrière  le  ligament  de  Poupait. 

Obs.  153.  —  Blessure  des  poumons  et  du  péricarde, 

\ln  jeune  homme  tua  son  maître  âgé  de  trente-deux  ans  ;  pendant  que  celui^i 
dormait,  il  lui  asséna  trente-deux  coups  de  couteau.  La  mort  arriva  par  suite  de 
blessures  des  poumons. 

Dans  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  il  y  avait  une  plaie  longue  de  1  centi- 
mètre, et  non  loin  de  là,  une  autre  longue  de  2  centimètres.  Deux  litres  de  sang 


HÉMORRHAGIE  MORTELLE.  —  OBSERVATIONS.  Sil 

trient  épanchés  dans  la  plèvro  droite.  Au-dessous  de  la  clavicule  {gauche  se  trou- 
iîi  une  plaie  à  bords  ecchymoses  pénétrant  jusqu'à  la  plèvre,  une  autre  plaie 
Métrait  dans  la  pointe  du  poumon  gauche  et  avait  donné  lieu  à  un  épanche- 
rait d'un  demi-litre  de  sang  liquide.  Le  péricarde  était  percé  dans  sa  longueur 
Un  centimètre  (I). 

Obs.  154.  —  Blnsure  du  cœur  et  du  diaphagme. 

Une  femme  de  trente-quatre  ans  mourut  instantanément  d'une  hémorrhagie  pro- 
BilMit  d'une  blessure  du  cœur,  qui  avait  été  produite  par  un  instrument  triangu- 
lire.  Le  ventricule  gauche  avait  été  percé,  le  bord  antérieur  du  poumon  gauche 
l  le  diaphragme  étaient  blessés,  il  était  singulier  de  voir,  dans  cette  circonstance, 
I  langue  serrée  entre  les  dents.  Nous  aurons  plus  bas  à  parler  de  ce  signe. 

Obs.  155.  —  Blessure  par  instrument  piquant^  du  diaphragmet  du  foie  et  de 

l'estomac. 

One  Uesaure  de  ces  trois  organes  amena  la  mort  après  douze  heures,  les  bords 
e  la  plaie  étaient  ecchymoses  à  l'extérieur  ainsi  qu'à  l'intérieur  ;  le  diaphragma 
tait  percé  dans  sa  partie  musculaire,  tout  près  de  la  portion  aponévrolique.  La 
laie  était  longue  de  2  centimètres  et  les  bords  en  étaient  très  ecchymoses.  Le  bord 
îfn  du  lobe  gauche  du  foie  présentait  une  incision  de  la  longueur  d'un  centt- 
lèlre,  et  à  la  surface  antérieure  de  l'estomac,  il  y  avait  une  plaie  de  3  centimè- 
raa.  Tous  les  bords  étaient  très  ecchymoses.  C'était  une  vraie  plaie  de  bandit 
lalieo. 

Obs.  156.  —  Blessure  de  la  veine  saphène  interne. 

Ce  cas  est  assez  singulier,  il  oiTre  l'exemple  d'une  mort  occasionnée  chez  une 
îMiiiie  de  cinquante  ans  par  un  pot  de  chambre.  Ce  pot  était  en  porcelaine  gros- 
âèfe  et  cassé  ;  les  bords  de  la  cassure  étaient  aigus  et  tranchants,  en  mettant 
robjet  au-dessous  de  sa  robe,  elle  se  blessa  et  fut  trouvée  morte  dans  sa  chambre  ; 
le  pot  était  taché  de  sang.  A  la  jambe  gauche  il  y  avait  une  plaie  longue  de  4  centi* 
■èlres,  béante  de  2  centimètres,  avec  des  bords  nets,  le  pourtour  n'était  pas 
eeehyiDosé,  mais  il  se  trouvait  des  ecchymoses  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané. 
La  veine  saphène  interne  présentait  une  plaie  de  la  grandeur  d'un  petit  pois.  Il  y 
init  anémie  générale  très  prononcée,  à  laquelle  ne  participaient  pas  les  veines  de 
la  pie-mére. 

Obs.  157.  —  Hémorrhagie  pendant  r accouchement, 

bans  ce  cas,  les  résultats  de  la  putréfaction  se  mêlaient  'à  ceux  de  l'anémie  pro- 
•Ble  par  hémorrhagie.  Après  un  accouchement  précipité  qui  avait  eu  lieu  debout  et 
garait  amené  une  rupture  du  cordon,  la  mère,  âgée  de  vingt-quatre  ans,  mourut 
4'kéinorrhagie  (l'enfant  mourut  également  par  suite  de  la  chute  sur  le  sol). 


(l)CMpm  tesobt.  48,  40  «1  51. 

n.  16 


2&2  PARTIE   THATiATOLOOIQ0B.  l      ^ 

Ce  eadttre,  quand  on  le  présenta  à  rauiopaie,  était  déjà  dtns  on  état  ée  pob^ 
faction  avancée,  ce  qui  empêchait  d'apercevoir  la  couleur  de  cire  blanche.  L'abdO' 
men  était  boursouflé,  le  gaz  qui  en  sortit  par  suite  d'une  piqûre,  brûla  panda(>^ 
deux  minutes  avec  une  flamme  claire.  Tout  le  corps  était  anémique  ;  il  y  avs^^ 
90  grammes  de  liquide   séro-sanguinolent  dans  chaque  plèvre,  ce  qui  était  \f^ 
symptôme  cadavérique  Les  seins,  pressés,  laissaient  écouler  du  colostrum.  Levagi^ 
très  élargi,  était  .putréfié,  la  matrice  flasque,  était  vide,  longue  de  20  centimètre^ 
et  large  de  15  centimètres.  Le  périnée  était  déchiré  dans  l'étendue  de  2  centi^ 
mètres.  Le  placenta  qui  nous  fut  présenté  était  putréfié,  les  restes  du  cordon,  loo^^ 
de  12  centimètres,  déchiré,  présentaient  des  bords  qui  correspondaient  exactemen^^ 
avae  ceux  du  cordon  de  l'enfant. 

Obs.  158.  —  Infanticide  par  coups  de  cotUeau  dans  te  cou. 

Le  9  février,  la  femme  N... ,  accoucha  pour  la  première  fois,  très  vite,  ae  trouvan*^ 
sur  un  pot  de  chambre.  L'enfant  était  du  sexe  féminin  et  arriva  dans  le  neuvi 
mois.  L'enfant  tomba  dans  le  pot  et  bientôt  il  fut  suivi  du  placenta.  La  fille 
iToir  vu  son  enfant  vivant  ;  pour  l'empêcher  de  crier,  elle  lui  mit  le  doigt  dans  Ib 
bouche,  et  au  bout  de  quelques  instants,  dit-elle,  il  ne  présentait  plus  aucun  aign»- 
de  vie.  Mais  dans  la  crainte  que  l'enfant  ne  revint  à  l'existence,    comme  ell« 
l'avoua,  elle  lui  donna  des  coups  de  couteau  dans  le  cou. 

Dix  jours  plus  tard,  le  19  février,  l'enfant  nous  fut  présenté  à  Tautopaie  ;  coi 
il  fiisait  très  froid,  le  cadavre  était  encore  tout  à  fait  frais.  Il  avait  40 
de  longueur  et  pesait  seulement  2  kilogrammes  et  demi.  Tous  les  aignea 
çaient  également  que  l'enfant  n'était  pas  tout  à  fait  i  terme.  Au  côté  gauche  du  coa^: 
il  y  avait  une  plaie  longue  de  3  centimètres  et  large  de  2  centimètres,  les  borda  étaient 
en  partie  nets,  en  partie  dentelés,  sanglants   et  non  ecchymoses.  Dana  le  fend  de 
cette  plaie,  on  voyait  le  slemo^lido-mastoïdien  et  la  moitié  de  la  glande  thy- 
roïde, une  autre  plaie  à  deux  millimètres  de  celle-ci,  était  semi-lunaire,  longuede 
S  centimètres  et  large  d'un  centimètre  et  demi,  superficielle,  ne  traveraant  que 
la  peau  et  présentant  les  mêmes  bords  que  la  précédente.  Quand  on  faisait  pencher 
la  tète  en  avant,  on  voyait  que  les  deux  plaies  ne  formaient  qu'une  ligne,  de  aorte 
que  l'on  pouvait  croire  qu'il  n'y   avait  eu  qu'une  seule  coupure.  Le   diaphragme 
était  entre  la  quatrième  et  la  cinquième  côte.  Le  poumon  droit  était  un  peu  en  avant 
dans  la  poitrine,  le  poumon  gauche  était  tout  à  fait  retiré.  Les  deux  poumons  avee 
le  cœur  ne  pesaient  que  15  grammes,  et  sans  le  cœur,  sept  gros.  La  couleur  des 
poumons  était  rouge  vermillon  clair  et  ils  nageaient  dans  l'eau.  Mi  la  carotide  ni 
la  jugulaire  n'étaient  blessées,  il  n'y  avait  pas  de  sang  coagulé  dans  le  fond  de 
la  plaie,  mais  tout  le  cadavre  était  anémique. 

La  conclusion  ne  pouvait  pas  être  douteuse.  L'enfant  était  né  viable  et  avait  Técu 
après  sa  naissance,  ce  qui  était  prouvé  par  la  docimasie  ;  la  mort  avait  eu  lieu  par 
suite  de  la  blessure  au  cou,  il  était  également  facile  de  prouver  que  l'enfant  n'avait 
pas  été  tué  parce  qu'on  lui  avait  mis  le  doigt  dans  la  bouche,  puisque  l'autopsie 
n'avait  pas  démontré  qu'il  y  avait  eu  mort  par  sufl*ocation.  L'accuaée  avouait  du 


\ 


APPAUVRISSEMENT  DE  L' ORGANISME • — OBSERVATIONS.    2AS 

'^ate  eUa-même  avoir  voulu  luer  renfanl  par  les  blessures  du  cou.  Elle  fut  con- 
<^*moèe  è  dix  ans  de  travaux  forcés. 

B.  Mort  par  appauvrissement  de  l'organisme. 
Obs.  159.  —  Plaie  dans  l'articulation  du  coude;  amputation»  Mort, 

Co  bomme  recul  ua  coup  de  sabre  daus  le  coude  droiU  Au  bout  de  douze  heures 
tllbt  amputé.  Bientôt  après  l'amputalion  qui,  à  ce  qu'il  parait,  était  urgente,  il  se 
Mk>alra  des  symptdmes  graves  dans  les  poumons  et  au  bout  d'un  mois,  il  mourut 
de  pleurésie. 

Le  moignon  du  bras  était  long  de  20  centimètres,  ses  bords  étaient  en  partie 
eicalriaés,  et  montraient  un  pus  de  mauvaise  nature,  d*un  gris  vert.  L'artère 
brachiale  liée  avait  un  caillot  de  3  centimètres.  La  plèvre  droite  était  remplie  d'un 
Ulreei  demi  de  pus  d'un  vert  jaune  et  liquide,  et  le  poumon  comprimé  était  réduit  à 
tto  quartde  son  volume  ordiuaire,  sa  substance  incisée  était  grise,  son  écume  était 
aani^uinolente,  il  présentait  à  sa  base  des  tubercules  nombreux  et  en  partie  ramollis. 
La  plèvre  gauche  contenait  également  240  grammes  d*eau  sanguinolente,  mais  le 
piNUDOQ  gauche  était  sain,  le  lobe  inférieur  du  poumon  droit  était  détruit  par  des 
sinuosités  purulentes.  A  la  surlace  iuférieure  du  foie,  à  gauche,  il  y  avait  un  abcès. 
La  rein  droit  était  sillonné  d'abcès.  Amaigrissement  général  (infection  purulente). 

Obs.  160.  —  Plaie  par  instrument  piquant  dans  lalélej  suppuration  du  cerveau. 

|}o  garçon  de  vingt-cinq  ans  reçut,  dans  une  rixe,  deux  coups  de  couteau  dam 
la  tète,  à  peu  près  au  milieu  de  l'os  pariétal  gauche,  puis  un  autre  coup  à  l'angle 
extérieur  de  l'œil  gauche,  et  enûn  un  quatrième  au  bord  extérieur  de  l'omoplate 
gauche.  11  fut  pansé  et  transporté  a  l'hôpital.   D'abord  tout  alla  bien,  mais  le 
huitième  jour  (22  janvier;,  il  se  présenta  un  gonflement  pâteux  des  téguments  de 
la  lèie,  avec  une  fièvre  violente  ;  le  2;{,  on  lit  deux  saignées.  Ce  pseudo-érysipèle 
passa  vite  à  la  suppuratiou  ;  le  2o,  les  deux  plaies  de  la  tète  furent  dilatées,  afin  d'en 
toiuer  sortir  le  pus,  on  en  fit  de  même  pour  les  plaies  de  la  figure  et  de  l'épaule  ; 
en  pratiqua  une  troisième  saignée  à  cause  de  la  fièvre  violente.  Malgré  des  dilata- 
tions reflétées,  il  se  forma  des  infiltrations  purulentes  ;  les  forces  diminuèrent  i 
psrtir  du  5  février  ;  on  employa  des  roborants,  il  y  eut  de  U  stupeur,  de  la  diar^ 
rhée,  les  plaies  et  les  sécrétions  prirent  un  mauvais  aspect,  et  le  8  février,  vingt* 
Giaq  jours  après  la  blessure,  le  malade  mourut. 

Les  résultats  de  l'autopsie  les  plus  importants  furent  les  suivants  :  le  corps  était 

très  maigre,  sur  le  haut  de  la  tète  les  os  étaient  dénudés  du  périoste  dans  l'étendue 

d'oae  pièce  de  5  francs  et  commençaient  à  se  carier.  La  dure-mère,  à  la  partie  cor- 

mpondant  aux  plaies  extérieures,  présentait  beaucoup  de  petits  trous  comme  un 

ttlit  et  taiseait  apercevoir  du  pus  au-dessous  d'elle.  Après  avoir  enlevé  la  dure-mère, 

oa  voyait  uo  pus  épais,  d'un  vert  jaune,  qui  couvrait  tout  l'hémisphère  gauche  ;  ce 

^  était  très  adhérent  et  ne  put  être  enlevé  avec  l'éponge.  Tout  le  cerveau  était 

>ttfiiiinolent  et  toute  la  partie  postérieure  de  l'hémisphère  droit  n'était  plus  qu'un 

^^reapli  de  pus  d'un  gris  vert. 


*2hi  PART.IE   THÀNATOLOGIQUE. 

Obs.  161.  —  Blessure  à  la  tête.  Suppuration  du  cerveau. 

Un  homme  sain  et  vigoureux  âgé  de  trente-quatre  ans  mourut  vingt-<[ttalre 
jours  après  avoir  reçu  à  la  tête  des  blessures  faites  avec  une  bouteille. 

Les  résultats  importants  de  l'autopsie  étaient  :  maigreur  du  cadavre,  crioe 
dénudé  du  périoste  aux  endroits  qui  correspondaient  aux  blemn»,  infiltn- 
tions  de  pus  entre  l'aponévrose  épicrânienne  et  les  muscles  temporaux,  jnsq[Q'à 
l'apophyse  zygomatique  ;  la  dure-mère,  du  côté  droit,  enflammée,  du  côté  gaudie, 
couverte  de  pus.  Le  cerveau  lui-même  couvert  d'une  couche  épaisse  de  pas  à  plu- 
sieurs endroits. 

ObS.  162.  —  Plaie  des  poumons  par  instrument  piquant.  Suppuration. 

Un  homme  de  quarante  et  un  ans  reçut  un  coup  de  couteau  dans  le  côté  droit  d« 
la  poitrine  ;  la  plaie  extérieure  avait,  selon  un  certificat  médical,  la  longueur  de 
2  centimètres  et  la  largeur  de  4  millimètres.  On  avait  de  suite  cousu  la  pliie, 
oi^Tavait  soumise  à  l'eau  froide  et  on  avait  administré  du  nitrate  de  magnésie;  le 
troisième  jour,  un  officier  de  santé  trouva  «  l'haleine  courte  et  accélérée  et  le  pooU 
petit,»  il  fit  alors  une  saignée  de  quatre  tasses  (480  grammes)  ;  dans  raprès-fflidi 
il  fit  appeler  le  docteur  M...,  qui  fit  une  nouvelle  saignée  aussi  forte,  parce  qu'il 
trouvait  qu'il  y  avait  inflammation  étendue  des  poumons  et  de  la  plèvre,  unerei* 
piration  difficile,  de  la  toux  et  des  crachats  sanguinolents,  des  douleurs  du  côté 
blessé,  les  urines  foncées,  une  grande  inquiétude  et  de  l'angoisse.  Le  lendemiis 
on  mit  des  sangsues.  Le  soir  le  malade  parut  perdu,  il  était  abattu,  pâle,  sans  coo- 
naissance,  le  pouls  était  petit,  faible,  inégal.  Le  docteur  M...  administra  du  calond 
avec  du  sulfure  d'antimoine,  et  mit  un  vésicatoire  sur  la  poitrine.  Le  jour  surraot 
le  malade  sembla  mieux,  cependant  le  pus  devint  infect,  les  pieds  œdémateux,  U 
fièvre  devint  hectique,  et  quatre  mois  et  demi  après  la  blessure,  le  malade  mourut. 

A  l'autopsie,  nous  trouvâmes  800  grammes  de  pus  gris,  infect,  dans  la  plèvre 
droite,  qui  avait  en  partie  détruit  les  muscles  intercostaux  de  ce  côté.  La  source 
de  ce  pus  était  un  abcès  qui  embrassait  presque  les  deux  tiers  de  tout  le  poumoo 
droit.  La  substance  des  deux  poumons  était  tout  à  fait  saine,  de  sorte  qu'il  y  avait 
suppuration  traumatiquc  dans  le  vrai  sens  du  mot.  Le  poumon  droit  était  adhérent 
à  la  plèvre  costale,  et  là  où  il  n'y  avait  pas  abcès,  il  y  avait  hépatisation  grise. 

52.  —  déterminer  «'il  y  a  faute  d'un  tiers. 

Nous  avons  déjà  dit  page  239,  que  les  grandes  hémorrhagjes 
du  cerveau  n'ont  lieu  presque  jamais  spontanément,  et  que  des  or- 
ganes sains  ne  se  rompent  jamais  spontanément.  Il  s'ensuit  que, 
lorsqu'on  constate  une  hémorrhagie  abondante,  on  doit  accepter  dans 
la  plupart  des  cas,  qu*il  y   a  eu  violence  extérieure,  et  quand  on 


HÉMORRHAGIE  NOKTBLLE.  —  Y   A-T -IL  FAUTE   d'uN  TIEHS.         245 

ive  les  organes  sains  rompus,  on  doit  toujours  conclure  qu'une 
iide  force  extérieure  a  été  employée.  Une  telle  force  fera  supposer 
un'  accident  ou  la  faute  d'un  tiers. 

I  peut  cependant  y  avoir  des  exceptions  lorsqu'un  homme,  voulant 
nicider,  se  jette  sous  une  voiture,  ou  se  jette  du  haut  d'une  mai«> 
p  alors  il  y  a  également  des  ruptures  internes,  et  il  faudra  pour 
réeier  ces  cas,  prendre  en  considération  les  particularités  de 
aire. 

loos  avons  également  dit  (p.  196)  que  des  coups  par  instru- 
its contondants  qui  ont  tué  par  hémorrhagie,  annoncent  presque 
:  certitude  qu'il  y  a  eu  faute  d'un  tiers,  car  des  suicides  de  cette 
ke  sont  excessivement  rares.  Il  reste  à  examiner  les  plaies  par 
raments  piquants  et  tranchants  qui  amènent  la  mort  par  hé- 
rliagie.  Les  dernières  surtout  sont  assez  souvent  faites  par  des 
idés.  Dans  les  cas  douteux,  ici  comme  dans  beaucoup  d'autres 
itions,  ce  sont  souvent  des  circonstances  indépendantes  de  Tau- 
ie  qui  font  décider  le  jugement,  circonstances  qui,  combinées 
i  l'autopsie,  forment  la  base  de  la  conclusion.  H  est  évident  que  la 
ience  et  l'absence  de  l'instrument  auprès  du  cadavre  ne  prouvent 
u  près  rien,  car  l'arme  a  pu  être  volée  après  la  mort,  et  l'assassin 
t  l'avoir  laissée  avec  intention  à  côté  de  sa  victime.  Quelquefois 
scélérats,  pour  cacher  la  source  de  leur  crime,  ont  recours  à  des 
cédés  si  absurdes,  que  ce  sont  justement  ses  procédés  qui  font  tout 
ouvrir.  Ainsi,  il  arriva  il  y  a  vingt  ans  qu'une  femme  et  sa  fille  assas- 
hneot  leur  mari  et  père  et  voulurent  faire  croire  qu'il  y  avait  sui- 
B.  Elles  lui  avaient  porté  des  coups  de  rasoir  pendant  son  sommeil. 
es  joignirent  les  mains  du  cadavre  dans  la  position  de  la  prière  et 
mirent  le  rasoir  entre  les  mains  !  De  plus,  ce  cas,  ainsi  que  celui 
qwrté  par  Gruner,  démontrent  que  la  direction  des  plaies  par  instru- 
it coupant  et  piquant,  ne  peut  pas  faire  décider  la  question  de 
itide,  car  des  assassins,  pour  faire  naître  les  apparences  d'un  sui- 
k»  fpnt  quelquefois  des  plaies  semblables  î^  celles  que  les  suicidés 
ntsor  eux-mêmes,  telles  que  les  plaies  par  instrument  piquant  dans 
cœur  ou  par  instrument  tranchant  dans  le  cou.  Dans  ce  cas,  la  direc- 


2&8  PARTIE  THÀNATOLOGIQUE . 

les  suicidés  font  souvent  plusieurs  tentatives  pour  arriver  à  leur  Imt  ;  il  est  donc  \m 
vraisemblable  que  M. . .  s'est  fait  d'abord  ces  blessures  superficielles  qui  lui  lainèrenl 
toute  sa  connaissance,  et  tout  le  temps  de  rabaisser  ses  manches.  Yoyant  le  pea 
d'effet  produit  par  ces  lésions,  per>istant  dans  son  intention  de  se  donner  la  mott, 
il  choisit  un  autre  mode  de  sufcide  plus  sûr.  Quant  au  rasoir  fermé  qui  a  ététrtrafé 
à  côté  du  cadavre,  il  ne  peut  pas  prouver  qu'il  n'y  a  pas  eu  suicide,  car  on  sait 
que  la  mort,  par  des  coupures  de  cette  espèce,  n'étant  pas  subite,  on  peut  très  bko 
admettre  que  cet  homme  a  vécu  plusieurs  minutes,  et  par  conséquent  asses  de 
temps  pour  fermer  et  jeter  son  instrument.  La  cravate,  intacte,  est  plutôt  nue  eir- 
constance  en  faveur  du  suicide,  puisqu'un  assassin,  quand  même  il  aurait  surprit 
M...  pendant  son  sommeil,  n'aurait  pas  eu  la  piéetntion  d'écarter  la  cravate.  Enfin, 
ce  n'est  pas  par  hasard  que  le  cadavre  a  été  trouvé  vis-à-vis  de  la  glace,  il  est,  lu 
contraire,  naturel  de  croire  que  M...  ?'est  regardé  dans  cette  glace  pour  écarter 
sa  cravate  et  pour  couper  à  l'endroit  voulu.  » 

Des  recherches  ultérieures  constatèrent  le  suicide. 

Obs.  1 65.  /^  Suicide  douteux.  Blessure  de  la  carotide  et  de  la  jugukùrû. 

Il  y  avait  encore  dans  ce  cas  des  altérations  pathologiques  nombreuses,  qui 
devaient  faire  penser  à  de  grandes  souffrances  pendant  la  vie  et  qui  pouvaieot 
expliquer  la  cause  du  suicide.  Le  cadavre  présentait  une  blessure  au  cou  qui  ivait 
atteint  la  carotide  et  la  veine  jugulaire  gauche.  Le  cœur  était  hypertrophié  du  côté 
gauche.  L'estomac,  situé  verticalement,  avait  deux  rétrécissements  qui  le  divisaient 
en  trois  poches.  Toute  la  muqueuse  était  épaissie.  Le  rein  droit,  ainsi  que  l'artère 
et  la  veine  manquaient,  ce  qui  est  excessivement  rare.  La  mort  avait  eu  lies 
par  liémorrhagie,  car  on  a  trouvé  partout  de  l'anémie,  excepté  aux  veines  de  la 
dure-mère. 

Obs.  166.  —  Marque  strangulatoire  et  coupure  du  cou.  BleuuredeicarotideStàei 

jugulaire»  et  de  la  trachée. 

Ce  cas  présentait  une  complication  singulière.    Il  s'agissait  d'un    homme  de 
soixante  ans,  modeste  employé,  qui  avait  joué  à  la  bourse  et  s'y  était  ruiné. 

On  nous  présenta  son  cadavre  encore  habillé,  il  avait  été  trouvé  sur  le  dos  dans 
sa  cuisine.  Les  deux  mains  étaient  tachées  de  sang,  au  cou  une  plaie  s'étendait 
horizontalement  d'une  oreille  à  l'autre,  béante  et  sans  ecchymose.  Celte  blessure 
avait  atteint  la  paroi  antérieure  de  la  trachée-artère  immédiatement  au-dessus  du 
larynx,  à  droite,  la  veine  jugulaire,  et  à  gauche  la  carotide.  A  la  nuque  se  trou- 
vaient trois  sillons  parallèles,  larges  de  2  millimètres,  d'une  couleur  rouge  bleu 
foncé,  non  ecchymoses,  qui  se  perdaient  dans  les  deux  angles  de  la  coupure.  Cepen- 
dant, à  l'angle  droit  se  trouvait  une  ecchymose  dans  le  sillon.  Au  cou,  au  bord 
inférieur  de  la  plaie,  on  voyait  des  traces  de  sillons  analogues.  Il  y  avait  anémie 
très  sensible.  L'aorte  abdominale  présentait  une  ossification. 

Nous  déclarâmes  que  les  résultats  de  l'autopsie  ne  s'opposaient  pas  k  l'adoiission 
d'un  suicide,  que  la  marque  strangulatoire  ne  pouvait  pas  combattre  cette  admission, 


HÉMORRHAGIE   MORTELLE. —  Y   A-T-IL  FAUTE   D'UN   TIERS.       2i0 

Ddu  qu'il  n'y  avait  aucune  autre  blessure  sur  le  corps  et  aucun  désordre  dans 
pétamenls,  cette  marque  strangulatoire  montrait  seulement  combien  la  résolu- 
du  suicidé  avait  été  tenace,  car  il  avait  dû  essayer  de  s'étrangler  ;  cette  tenta- 
«Yatt  eu  lieu  quelque  temps  avant  la  mort,  puisqu'une  ecchymose  avait  eu  le 
pt  de  se  former.  Nous  déclarâmes  que  le  rasoir. trouvé  avait  pu  être  l'instru- 
it qui  fit  la  blessure  du  cou,  et  enfin,  comme  les  habits  n'étaient  tachés  qu'à  la 
ie  postérieure,  cette  blessure  du  cou  avait  dû  être  faite  quand  il  était  couché  ou 
lié  couché.  Plus  tard,  un  parent  raconta  qu'en  rentrant  la  veille  du  soir,  il 
i  trouvé  le  décédé  étranglé  et  sans  connaissance,  et  qu'il  l'avait  sauvé  en  cou- 
.  le  lien,  et  ce  fut  dans  la  nuit  suivante  que  celui-ci  persistant  dans  sa  résolution 
m  suicider,  alla  dans  sa  cuiiiae  et  se  coupa  la  gorge. 

Obs.  167.  — Coupure  du  cou.  Asphyxie. 

B  titre  explique  la  conclusion  de  ce  cas  trék  curieux.  Un  homme  de  soixante 
«donné  aux  laissons  alcooliques,  mélancolique  depuis  plusieurs  mois  avait  été 
nda  râlant  dans  sa  chambre.  Un  voisin,  en  entrant,  le  trouva  mourant  sur  une 
se.  A  quelques  pas  de  la  chaise,  devant  une  commode  surmontée  d'une  glace,^ 
(  trouvâmes  une  tache  de  sang  pas  très  grande,  et  par  terre,  un  vieux  rasoir 
lié,  non  tranchant  et  taché  de  sang. 

a  eadavre  présentait  une  coupure  au  cou  allant  de  gauche  à  droite  et  accompa- 
I  de  plusieurs  autres  qui  annonçaient  que  l'on  avait  essayé  plusieurs  fois.  Cille 
ivre  était  horizontale.  Le  coup  n'avait  pas  atteint  les  grands  vaisseaux,  mais  il 
i  eottpé  complètement  la  trachée-artère  au-dessous  du  larynx.  Les  habits  étaient 
lâchés  de  sang,  il  y  avait  très  peu  de  sang  dans  la  chambre,  et  comme  il  avait 
«eore  marcher  et  s'asseoir,  on  devait  supposer  qu'il  n'y  avait  pas  eu  hémor- 

et  poumons  n'étaient  pas  anémiques,  mais  au  contraire,  très  oedémateux,  le 
r  fauche  était  plein,  et  le  cœur  droit  regorgeait  de  sang  foncé  coagulé,  ainsi  que 
ère  pulmonaire.  La  trachée -artère  était  vide  et  normale,  il  n'y  avait  anémie  ni 
i  le  tète  ni  dans  l'abdomen.  La  veine-cave  contenait  beaucoup  de  sang  foncé, 
reins  étaient  hypérémiqees,  ainsi,  la  mort  avait  eu  lieu  par  asphyxie,  et  Tim- 
ibilitè  de  la  respiration  avait  été  causée  par  la  séparation  du  larynx. 

.  168  à  171 .  —  Meurtres  et  suicide  par  des  blessures  des  carotides^  des  jugu" 
tfdê  la  irachée-artère  et  par  des  blessures  de  tète»  Priorité  de  la  mort. 


une  nuit  d'octobre,  les  voisins  d'un  employé  subalterne  entendirent  des 
Is  el  des  cris  dans  le  petit  appartement  qu'il  occupait.  On  disait  aussi  avoir 
ndv  des  cris  :  «  au  secours  !  »  partant  de  la  fenêtre.  Malheureusement  ce  ne 
lie  le  matin  que  l'on  sut  ce  qui  s'était  passé.  Le  père  de  U  famille  était  connu 
ne  en  homme  violent  et  irascible,  mais  il  jouissait  d'une  bonne  réputation, 
si  fut-on  saisi  d'étonnement  quand  on  trouva,  dans  la  petite  cuisine,  toute  la 
litta»  le  père,  la  mère  et  les  deux  fils  massacrés,  et  les  quatre  cadavres  éten- 
itw  le  soL 


250  PABTIB   THANAT0L06IQUE. 

Lu  lit  du  mari  était  le  seul  intact,  dans  les  trois  autres  on  TOjait  ^oa  ^étA 
couehé  ;  la  mère  et  les  deux  enftints  étaient  sur  le  dos,  se  touchant  ou  ajastlimiii 
sur  le  cadavre  voisin. 

La  mère  et  les  fils  étaient  en  chemise  de  nuit.  Le  père  était  ^tn  d'un  cslecmict 
d'une  robe  de  chambre  fourrée,  il  reposait  sur  le  rentre,  la  tète  se  trouTsit  ï  VtSL- 
trée  de  la  pièce  où  se  trouvait  son  lit.  La  cuisine  était  couverte  de  grandes  otm 
de  sang,  et  sur  le  parquet  se  trouvait  une  hache  très  lourde,  un  vieux  sabre  et  sa 
rasoir,  tous  ces  instruments  étaient  ensanglantés.  On  voyait  dès  le  premier  covp 
d'œil,  que  les  cadavres  avaient  été  écharpés.  Qu'était-il  arrivé?  Pas  une  aruioire 
n*avait  été  forcée,  il  n'y  avait  donc  pas  eu  assassinat  avec  vol.  H  était  probable  qse 
le  père,  âgé  de  quarante  ans,  avait  tué  d'abord  In  tiens,  et  puis  lui-même.  Mib 
aucun  des  voisins  ou  amis  de  la  famille  ne  pouvait  trouver  l'explication  de  ce  mil- 
heur.  Je  fis  les  quatre  autopsies,  et  je  rapporterai  les  résultats  principaux. 

Obs.  168.  —  La  mère.  Toute  ta  partie  droite  de  la  tète  montrait  des  tégumaats 
dilacérés  ;  les  os  crâniens  écrasés  et  le  cerveau  en  lambeaux  faisaient  hernie  ;  li 
figure  était  très  tuméfiée  et  ecchymosée.  La  partie  antérieure  du  cou  avait  dû  être 
blessée  par  un  coup  de  couteau  bien  tranchant  ;  la  blessure  avait  8  centimètres  st 
avait  pénétré  jusqu^à  la  trachée-artère  et  jusqu'aux  deux  carotides  qui  étaient  ceai- 
plélement  coupées.  Au-dessous  du  sein  droit  se  trouvait  une  plaie  pénétrante,  lenfas 
de  3  centimètres,  béante,  à  bords  lisses  ;  sur  la  cuisse  droite  il  y  avait  une  plaie  trian- 
gulaire à  bords  nets,  longue  de  3  centimètres,  et  à  la  nuque,  une  coupure  long«6 
également  de  3  centimètres.  Il  y  avait,  en  outre,  des  plaies  par  instruments  piquasti 
sur  le  cété  droit  du  ventre,  du  dos,  et  sur  la  fesse  droite;  on  voyait  beaucoup 
de  taches  d'un  bleu  rouge,  non  ecchymosées,  surtout  sur  le  ventre.  A  la  tète,  récit» 
sèment  occupait  les  os  pariétal  et  temporal  droits,  Poccipital  et  la  moitié  gauche  di 
frontal.  A  l'hémisphère  droit  du  cerveau  se  trouvait  une  couche  épaisse  de  sanf 
coagulé  et  foncé,  ainsi  qu'à  la  base  du  crâne  qui  était  complètement  divisée  eo 
deux  parties  par  une  fracture  oblique.  Dans  la  partie  droite  du  foie  se  trouvait 
une  piqûre  de  2  centimètres  et  demi  de  longueur.  Anémie  générale. 

Les  faits  étaient  faciles  à  interpréter,  nous  rapportâmes  :  t  Les  plaies  du  cou  et 
de  la  nuque  ont  été  faites  avec  un  instrument  tranchant,  et  les  blessures  de  tète 
avec  un  instrument  contondant,  manié  avec  grande  force  ;  toutes  les  autres  blessures 
ont  été  produites  avec  un  instrument  piquant  :  le  rasoir,  le  sabre  et  la  hache  trou- 
vés, ont  très  bien  pu  faire  ces  blessures.  Sur  une  demande  spéciale,  noua  répon- 
dîmes que  l'écrasement  du  crâne  seul  en  dehors  des  autres  blessures,  excluait  tout 
à  fait  l'admission  d'un  suicide,  que  les  blessures  de  lôte  avaient  dû  précéder  les 
blessures  du  cou  (coupures  des  deux  carotides)  et  que  plusieurs  des  petites  bles- 
sures avaient  dû  être  faites  après  la  mort. 

Obs.  169.  —  Le  fils  Auguste,  âgé  de  dix  ans.  Écrasement  complet  de  l'oreille 
droite  avec  plaies  à  bords  nets,  deux  autres  plaies  également  à  bords  nets  sur  la 
tète,  une  troisième  sur  le  front  gauche,  toute  la  joue  gauche  fendue,  k  la  partie  exté- 
rieure du  cou  une  plaie  de  5  centimètres  de  longueur,  sur  la  poitrine,  au -dessus  et 
au-dessous  de  l'ombilic,    trois  piqûres  ;  toute  la  partie  droite  du  crâne  écrasée, 


HÉMORRHAGIE   MORTILLI.   ^Y  A-T-IL  FAOTE   D'UN   TIERS.      261 

TMniiphère  droit  «ndiiit  d'one  eoueb*  de  Mog  coagulé,  U  pwrtio  fauche  du  firon- 

til  fracturée,  toute  la  base  du  crâne  écrasée,  la  partie  antérieure  de  la  traebée- 
«tère  et  de  la  carotide  gauche  coupée,  des  piqûres  dans  le  lobe  iuférieur  du  peu- 
IMB  droit  avec  épancbement  de  sang,  une  piqûre  dans  le  diaphragme,  à  droite,  par 
itqvalle  le  foie  faisait  hernie  ;  piqûre  dans  la  surface  inférieure  du  lobe  droit  du 
Me,  piqûre  dans  une  anse  du  gros  intestin,  avec  épanchement  de  féoes  ;  anémie. 
14  jugement  médico-légal  fut  le  même  que  pour  la  mère. 

Obs.  170.  —  Le  /Us  GuUlaumey  âgé  de  huit  ans,  fut  massacré  d'une  manière 
éfilement  épouvantable.  Dans  la  région  ombilicale,  une  plaie  semi-lunaire  ;  dans 
i<  région  de  l'os  liphoïde,  une  autre  plaie  pénétrante,   deux  autres  sur  le  cété 
pucbe  de  la  poitrine  ;  deux  plaies  par  instrument  contondant,  situées  parallèle- 
ment sur  la  figure,  depuis  le  milieu  du  front  jusqu'à  l'oreille  gauche  ;  deux  autres 
plaies  par  instrument  contondant  sur  le  haut  de  la  tête  et  sur  l'os  pariétal  gauche  ; 
OQe  plaie  par  instrument  coupant,  à  bords  nets,  à  la  partie  antérieure  du  cou,  se 
'éunissait  avec  une  semblable  qui  allait  d'arrière  en  avant,  de  telle  manière  qu'au 
■Ulieu  du  cou  il  n'y  avait  qu'un  petit  intervalle  de  peau  de  l'étendue  de  5  centimètres, 
^tte  plaie  avait  séparé  les  vertèbres  cervicales  et  incisé  la  moelle.  Ainsi,  on  avait 
^asayé  de  décapiter!  A  l'intérieur,  on  trouva  tout  le  crâne  écrasé,  même  la  base, 
^Uie  plaie  perforante  du  cerveau  et  de  grands  épanchements   de  sang  foncé   et 
Coagulé  dans  la  tôte.  Au  cou,  les  grands  vaisseaux  ainsi  que  la  trachée-artère  et 
l*CBeophage  n'avaient  pas  été  blessés,  mais  la  deuxième  vertèbre  cervicale  avait  été 
Complètement  séparée  de  la  troisième.  Il  y  avait  une  piqûre  dans  le  lobe  inférieur 
<lu  poumon  gauche',  avec  épanchement  de  sang  liquide,  une  piqûre  dans  la  partie 
fauche  du  diaphragme,  avec  hernie  de  l'estomac,  qui  lui-même  présentait  une 
piqûre  à  sa  partie  postérieure.  Anémie  générale.  Outre  les  instruments  employés 
que  noua  eûmes  également  à  juger  pour  ce  cadavre,  nous  déclarâmes  que  chez  ce 
farçoo.  également,  les  blessures  de  la  tête  avaient  préc<!'dc  les  blessures  du  cou,  et 
que  les  blessures  de  la  poitrine  et  du  ventfe  avaient  été  faites  après  la  mort,  ce  que 
prouraient  non-seulement  l'état  des  bords  de  ces  plaies,  mais  aussi  la  fluidité  du 
sang  comparée  à  la  coagulation  du  sang  trouvé  dans  la  tète,  j'attribue  cependant 
moins  de  valeur  à  ce  dernier  signe  qu'à  la  combinaison  générale  de  toutes  les  blea- 
sares. 

Obs.  171.  —  L$  cadavre  du  père.  Lividités  eadevériques  sur  la* poitrine,  prove- 
nant du  décubitua  sur  la  partie  antérieure.  La  main  droite  teuif  était  tachée  de  sang. 
Au  milieu  de  l'abdomen,  une  plaie  de  2  centimètres  à  bords  nets  mais  un  peu  den- 
telés, peu  ecchymoses.  Tout  le  cou  était  couvert  de  coupures  dans  toute  sa  dr- 
coofèrence  :  on  pouvait  y  distinguer  trois  plaies  différentes,  dont  Tune  séparait  le 
câlé  droit  du  cou,  l'autre  la  nuque,  et  la  troisième  le  cété  gauche  du  cou.  Ces  trois 
pbies  avaient  des  bords  nets,  non  ecchymoses,  mais  n'avaiejit  blessé  que  les  veines 
isfuiaires  sur  les  deux  eûtes,  les  autres  organes  importants  du  cou  étaient  intacts, 
l'obierve  encore  que  la  plaie  du  ventre  ne  pénétrait  pas  dans  la  cavité.  L'anémie 
^^t  générale  et  avait  causé  la  mort.  Nous  rapportâmes  :  «  l'hémorrhagie  a  eu  lieu 

P*f  Wt  plaies  du  cou,  elles  ont  été  faites  par  le  rasoir  trouve  ou  un  instrumeot 


252  PARTIE   THANÀTOLOGIQUB. 

absolument  semblable  ;  la  plaie  de  l'abdomen  de  peu  d'importance,  a  dû  être  fùte 
avant  la  blessure  du  cou,  et  le  décédé  s* est  suicidé. 

Le  juge  demanda  quel  était  celui  des  deux  époux  qui  avait  survécu  à  roMlre, 
nous  répondîmes  que  l'bonmie  était  mort  après  la  femme.  Cette  dernière  aniloo 
écrasement  de  la  voûte  et  de  la  base  du  crâne  et  du  cerveau,  des  épanchenuBii 
de  sang  dans  la  cavité  crânienne,  une  séparation  complète  des  deux  caroHàaéL 
une  plaie  du  foie  ;  Thomme  ne  présentait  qu'une  coupure  de  deuK  jugulaires.  la 
supposant  que  les  blessures  des  deux  personnes  eussent  été  faites  en  même  temps 
par  un  tiers,  on  serait  forcé  d'accepter  que  ce  grand  nombre  de  blessures  très 
graves  a  amené  la  mort  de  la  femme  beaucoup  plus  tôt  que  celle  de  l'homme.  Xiii 
tout  l'ensemble  de  cet  affreux  événement  fait  supposer  que  l'homme  a  d'abord 
donné  la  mort  aux  siens,  puis  à  lui-même. 

Il  Ait  constaté  que  l'homme  était  rentré  chez  lui  très  tard  (tvre  ou  non,  on  l'ignore). 
Il  se  querella  avec  sa  femme,  et  bientôt  des  paroles  on  arriva  aux  coups  qui  éveO- 
lèrent  les  enfants  déjà  couchés  ;  ceux-ci  se  levèrent  et  coururent  au  secoon  de 
leur  mère,  en  criant  ;  car  les  cris  :  au  secours  !  qui  ont  été  entendus  sortant  de  U 
fenêtre,  venaient  d'une  voix  d'enfant.   Alors  la  colère  de  l'homme  s'exalta,  et, 
saisi  d'une  fureur  aveugle,  il  égorgea  sa  femme  et  ses  enfants.  Évidemment  attconn' 
mencemenl,  il  ne  s'était  servi  que  de  la  hache  avec  laquelle  il  frappa  sur  les  tètes, 
puis,  quand  les  malheureux  furent  tombés  évanouis,  mais  encore  vivants,  il  prit  oa 
rasoir  et  fit  les  blessures  du  cou,  enfin,  avec  une  cruauté  de  cannibale,  il  frappai 
tort  et  à  travers  avec  le  sabre  sur  les  cadavres  ou  les  mourants  !  La  position  que 
nous  avons  notée,  dans  laquelle  on  a  trouvé  les  cadavres,  prouve  qu'il  les  a  encore 
remués  après  leur  mort  !  Une  circonstance  est  encore  curieuse  :  chez  la  mère  elle 
fils  aîné,  les  coups  furent  portés  sur  le  côté  droit  de  la  tête,  tandis  qu'ordinairemeot 
les  blessures  sont  du  côté  gauche  quand  le  meurtrier  n'est  pas  gaucher.  Or,  le  père 
n'était  pas  gaucher,  car  il  s'est  fait  les  coupures  au  cou  avec  la  main  droite,  puisque 
cette  main  seule  était  ensanglantée  ;  il  faut  donc  admettre  que  la  mère  et  le  fils 
atné  ont  été  blessés  par  derrière,   probablement  en  voulant  fuir.'  Le  suicide  du 
meurtrier  est  hors  de  doute,   vu  l'état  des  coupures  du  cou  qui  étaient  les  seules 
blessures  mortelles.  Quel  est  le  tiers  qui  aurait  pu  faire  une  triple  coupure  entourant 
le  cou  sans  rencontrer  de  résistance,  et  on  n'aperçut  aucune  trace  de  défense.  U 
est  évident  qu'après  avoir  fait  son  triple  meurtre,  il  essaya  de  se  tuer  par  une  cou- 
pure au  ventre,  et  il  est  psychologiquement  très  curieux  que  cet  homme  qui  vient 
de  massacrer  toute  sa  famille  et  qui  a  usé  pour  cet  acte  horrible  de  toute  la  force 
dont  il  pouvait  disposer,  en  voulant  se  tuer  lui-même,  a  agi  avec  si  peu  d'énergie, 
qu'il  n'a  séparé  que  la  peau  !!!  Ce  n'est  qu'après,  qu'il  prit  le  rasoir  —  qu'il  avait 
ébréché  sur  le  corps  de  ses  enfants. 

Obs.  172  et  175.  —  Meurtre  par  coupure  du  cou.  Blessure  de  la  trachée- 
artère  et  de  la  carotide. 

Le  17  janvier  18..,  un  père  coupa  avec  un  rasoir  le  cou  de  ses  deux  fils, 
Paul,  âgé  de  trois  ans  et  demi,  et  Oscar,  âgé  d'un  an  et  demi,  et  fit  de  suite  des 
tentatives  de  suicide  en  se  coupant  la  gorge  et  eii  voulant  se  pendre,  mais  O  ne 


HÉMORRHAGIE  MORTELLE.  —  T  A-T-IL  FAUTE   D'UN  TIERS.       25S 

réunit  pas.  Les  enfants  moururent  tout  de  suite  et  furent  disséqués  trois  jours 
iprès. 

Obs.  1 72.  —  Paul  n'offrait  pas  l'aspect  de  cire  blanche.  Au  cou  il  y  avait  une 
plsieà  bords  nets,  non  ecchymoses^  longue  de  7  centimètres,  large  de  5  oenlimètres, 
tout  à  fait  horizontale.  La  trachée-artère  était  complètement  coupée  au-dessous  du 
larynx,  ainsi  que  la  carotide  interne,  mais  l'œsophage  était  intact.  Il  y  atait  une 
•Demie  générale  du  cadavre,  mais  une  hyposlase  sanguine  des  veines  posté- 
rieures de  la  pie-mère. 

Obs.  173.  —  Le  cadavre  d'Oscar  avait  la  couleur  de  la  cire  blanche;  la  coupure 

Vti  traversait  le  cou  horizontalement,  était  longue  de  5  centimètres  et  demi  et  large 

de  5  centimètres,  les  bords  étaient  lisses,  secs,  non  ecchymoses.  La  trachée-artère 

^it  complètement  séparée  du  larynx,  l'œsophage  était  intact,  aucun  des  grands 

^liiseaux  n'avait  été  atteint,  le  cadavre  était  anémique,  excepté  aux  sinus  de  la 

'are-mère.  Le  jugement  de  ces  deux  cas  était  très^simple  :  le  fait  devait  avoir  eu 

lieu  peu  de  temps  après  un  repas,  car  les  deux  estomacs  étaient  tout  à  fait  remplis 

^  bouillie  de  pomme  de  terre.  Nous  déclarâmes  que,  vu  la  direction  horizontale  des 

Coupures,  le  père  avait  dû  tenir  les  enfants  dans  la  position  d'un  homme  qui  joue 

^  la  basse.  Ce  malheureux,  qui  était  aliéné,  a  avoué  avoir  été  dans  cette  position. 

Chs  174  et  175.  •»  Meurtre  par  coupure  du  cou.  Blessure  de  la  carotide,  de  la 

jugulaire  et  de  la  trachée^artère. 

Ces  deux  eas  sont  analogues  aux  précédents  sous  le  rapport  psychologique  et  sous 
W rapport  traumatique.  Ils  concernent  les  qwUre  enfants  du  tapissier  S...  qui,  dans 
^n  état  d'aliénation,  leur  coupa  la  gorge  un  matin,  tandis  qu'ils  étaient  encore  au 
Ul.  Les  deux  filles  moururent  tout  de  suite  d'hémorrhagie,  tandis  que  les  garçons 
^lestèrent  vivants.  Il  a  été  constaté  que  tous  les  enfants  s'étaient  défendus  contre 
leur  père,  ce  que  les  blessures,  du  reste,  pouvaient  très  bien  prouver. 

Obs.  174.  —  Le  cadavre  de  Louise,  figée  de  sept  ans,  était  pâle,  néanmoins  il  y 

vrait  des  lividités  cadavériques,  et  à  la  partie  gauche  du  cou  se  trouvait  une  plaie  à 

aagle  droit,  traversant  seulement  la  peau,  et  au-dessous  de  cette  plaie  se  trouvait 

k  blessure  mortelle,  qui  allait  de  gauche  à  droila  et  un  peu  de  haut  en  bas.  Elle 

anit  eoupé  entièrement  la  carotide  et  la  jugulaire,  ainsi  que  la  trachée-artère  au- 

du  larynx.  Anémie  générale. 


Obs.  175.~  Le  cadavre  de  la  petite  sœur  âgée  de  quatre  ans,  avait  l'aspect  de  la 
cir«  blanchâtre,  et  présentait  des  lividités  cadavériques.  A  la  partie  gauche  du  cou, 
il  7  avait  seulement  une  plaie  béante,  longue  de  5  centimètres  et  demi,  allant  de 
pache  à  droite  et  de  haut  en  bas.  La  veine  jugulaire  n'était  coupée  qu^à  sa  paroi 
ttiérieore.  U  n'y  avait  également  que  la  paroi  antérieure  de  la  trachée-artère  qui 
^it  blessée.  Anémie  générale. 
U  résislance  de  ces  malheureux  enfants  était  prouvée  :  chez  le  garçon  de  neuf  ans 

(itt  moment  oili  j'ai  examiné),  par  des  coupures  cicatrisées  à  l'angle  droit  de  la 


26A  PARTIE  THAHATOLOGlQtnS. 

bouche  et  à  quatre  doigts  de  la  main  droite,  la  plafe  au  cou  située  du  eôté 
gauche  était  cicatrisée  ;  chez  le  garçon  de  dix  ans,  on  voyait  deux  petites  coupim 
cicatrisées  à  deux  doigts  de  la  main  gauche.  Ici  la  coupure  du  cou  était  du  côtédroil, 
un  peu  en  forme  d'arc,  déjà  en  voie  de  cicatrisation,  et  au-dessous  d'elle,  plos  ho- 
rizontalement, se  trouvait  une  autre  plaie  longue  de  5  centimètres.  Il  est  très  ï 
remarquer  que  les  coupures  des  deux  filles  avaient  absolument  la  direction  que  l'oo 
trouve  ordinairement  chez  les  suicidés.  Nous  dûmes  déclarer  qu'il  élait  vraiietu- 
biable  que  le  père  avait  été  derrière  les  enfants  ;  ce  qui  a  été  confirmé  plus  tard 
par  les  déclarations  des  garçons. 

Le  garçon  le  plus  jeune  mourut  à  l'hôpital,  après  cinq  semaines,  d'une  maladie 
étrangère  aux  blessures.  Les  blessures  du  coif  étaient  complètement  ckatriiéek 
Les  deux  plèvres  étaient  tout  à  fait  remplies  d'une  exsudation  séreuee,  etle  poB- 
mon  droit  adhérait  un  peu.  Les  deux  poumons  étaient,  du  reste,  normaux.  11  j 
avait  encore  dans  la  cavité  abdominale  une  large  exsudation  égalemeot,  mais  BMiu 
à  la  base  du  crâne  ;  il  n'y  avait  pas  d'œdème  des  pieds  et  pas  de  décubitus,  deMrti 
que  l'on  pouvait  conclure  qu'il  y  avait  eu  une  courte  maladie  avec  de  grands  épii- 
cbements.  Outre  cela,  la  substance  corticale  des  reins  était  injectée,  et  lesorgMM 
eux-mêmes  plus  volumineux.  On  pouvait  donc  admettre  que  l'eafant  avait  hk- 
combé  à  une  scarlatine. 

Obs.  176  et  177.  —  Suicide  par  coupure  du  com  Coupure  de  la  troMe  et  et 

Fouophage. 

Le  même  jour,  nous  fîmes  l'autopsie  de  deux  hommes  âgés  l'un  de  vingt  aas 
et  l'autre  de  cinquante  ans,  qui  tous  les  deux  s'étaient  coupé  le  cou  avec  tu 
rasoir.  Le  premier  depuis  trois  jours,  le  second  depuis  deux  jours. 

Je  rapporte  ces  deux  cas  parce  qu'ils  présentaient  une  circonstance  singulière  : 
les  deux  plaies  faites  certainement  par  des  suicidés,  étaient  complètement  horiion- 
tales,  de  sorte  que  si  la  question  avait  été  posée,  il  aurait  été  très  difficile  de  dire 
où  commençait  et  où  finissait  la  plaie.  Ajoutez  que  chez  l'homme  vieux,  le  cadavre 
avait  été  lavé  avant  d'arriver  à  l'autopsie,  et  que  chez  le  jeune  la  main  gauche  était 
très  ensanglantée  et  fermée  énergiquement.  Nous  dûmes  admettre  que  le  coup 
avait  été  porté  avec  la  main  gauche.  Ces  deux  cadavrei ,  quoique  morts  par  béaor* 
rbagie,  avaient  des  lividités  cadavériques,  le  plus  jeune  avait  le  dos  très  pâle,  àm 
lividités  sur  le  ventre,  sur  la  partie  antérieure  des  cuisses,  et  des  taches  brunes  par* 
cheminées  au  cou,  ce  qui  indiquait  qu'il  était  tombé  sur  le  ventre  et  était  resté  daiif 
cette  position;  l'hyposlase  des  veines  de  la  pie-mère   ainsi  que  l'hypostase  des 
poumons  se  trouvaient  également  à  la  partie  antérieure.  II  fut  constaté  plus  tard  que 
le  cadavre  avait  été  trouvé  couché  sur  le  ventre.  Ces  deux  suicidés  ne  présentaient 
aucun  des  grands  vaisseaux  du  cou  coupés,  mais  chez  les  deux,  la  trachée-artère  et 
l'œsophage  étaient  blessés  :  chez  le  jeune,  le  larynx  était  traversé  ;  chez  le  YÎeux,  Il 
blessure  était  entre  le  larynx  et  l'os  hyoïde.  Anémie  générale. 


INANITIOH   PAR  MANQUE    DE   NOURRITURE.  266 


CHAPITRE  II. 

INANITION   PAR   MANQUE   DE   NOURRITURE. 
S  1.  Généralîtés. 

Il  y  a  peu  d*ob8er?ations  connues  sur  ce  genre  de  mort.  Des  cen- 
ÉMS  d'hommes  périrent  dans  des  prisons,  dans  des  naufrages, 
l'iotras  furent  enfouis  sous  un  éboulement,  ils  sont  morts  certaine'^ 
Mt  par  manque  de  nourriture.  Mais  qui  les  a  observés?  Lorsque 
Il  auteurs  anciens  parlent  d'exemples  d'abstinence  d'hommes  sains, 
faut  duré  plusieurs  semaines,  ou  plusieurs  mois,  ils  se  trompent 
a  ib  veulent  nous  tromper.  Les  rapports  épars  que  l'on  trouve  sur 
la  maladies  et  autopsies  de  gens  morts  par  manque  de  nourriture, 
léritent  peu  de  confiance,  parce  qu'ils  datent  d'une  époque  où  les 
viptAmes  purement  cadavériques  n'étaient  pas  connus,  et  parce 
l'Os  viennent  souvent  d'observateurs  ordinairement  inexacts. 
Aussi  nous  devons  douter  de  la  valeur  scientifique  de  certaines 
Ates  que  des  hommes  même  aussi  célèbres  qu'Orfila  ont  mises  en 
rcolaiion,  par  exemple  celle  qui  consiste  à  admettre  que  les  femmes 
eurent  par  abstinence  plus  tard  que  les  hommes  ;  que  le  froid  et 
kwnidité  permettent  une  abstinence  plus  longue  que  la  chaleur  et  la 
ieheresse.  En  effet,  il  faudrait  pour  prouver  de  telles  théories, 
ire  de  nombreuses  observations  comparatives,  et  où  sont  ces 
baervatîons  ?  Mon  expérience  quoique  longue  est  très  pauvre  sur  ce 
^itl,  et  si  je  communique  le  peu  que.j*Jri  vu,  je  suis  loin  d'en  vou- 
lir  tirer  des  règles  générales. 

n  est  certain  et  généralement  connu  qu'il  y  a  deux  manières  de 
Mffir  de  faim  :  la  mort  aiguë  et  la  mort  chronique.  La  mort  chro- 
rifM  arrivQ  peu  à  peu  par  diminution  successive  de  la  nourriture, 
fri  donne  lieu  à  des  maladies  de  toutes  espèces,  surtout  la  phthisie 
€  ]m  atrophies,  et  enfin  à  la  mort  par  appauvrissement  de  l'orga* 
(vej .  diap.  I).  La  mort  aiguë  arrive  par  une  privation  subite  de 
On  eemprend  que  comme  les  observations  sont  très  rares. 


256  PARTIE  THANATOLOGIQlfE. 

les  opinions  varient  sur  la  question  :  combien  de  temps  Tabstine&ee 
peut-elle  durer  chez  un  homme  avant  que  la  mort  arrive?  On  trouve 
chez  les  auteurs  les  réponses  à  celte  question  les  plus  diverses, 
depuis  trois  jours  jusqu'à  soixante  ! 

Je  renvoie  ici  à  une  observation  que  j*ai  suivie  exactement  et  avec 
le  plus  vif  intérêt;  elle  prouve  qu'un  homme  bien  portant  et  sain  ne 
succombe  à  une  abstinence  complète  de  nourriture  ordinairemaU 
qu'après  quinze  jours,  de  sorte  que  vice  versa  si  la  mort  a  eu  liesptf 
abstinence,  on  pourra  conclure  qu'un  tel  laps  de  temps  s*est  écooK. 

Un  homme  sain,  N...,  âgé  de  trente-six  ans,  fut  condamné  pour 
faux  à  plus  de  sept  ans  de  travaux  forcés.  Après  une  innée  de  prison, 
il  prit  la  résolution  de  se  laisser  mourir  de  faim.  Il  commença  b 
17  février  à  ne  pas  manger  son  déjeuner,  il  prit  cependant  un  peadi 
dîner  qui,  pour  les  prisonniers,  consiste  en  légumes.  Le  18  au  matii 
il  prit  un  potage,  et  à  partir  de  ce  moment,  il  s'obstina  à  refuser  tonte 
espèce  de  nourriture.  Malheureusement  je  ne  sus  ce  qui  se  paaut 
que  le  23,  lorsqu'on  vint  demander  mes  conseils;  les  deux  médecins 
de  la  prison  avaient  observé  avec  soinN...  et  s'étaient  convaincus  di 
rauthenticité  de  l'abstinence.  J'approuvai   d'abord  la  mesure  que 
l'on  avait  prise  :  on  avait  mis  dans  la  même  salle  deux  hommes  asseï 
instruits  qui  n'étaient  condamnés  qu'à  quelques  semaines  d'emprison- 
nement et  qui  devaient  essayer  d'empêcher  le  suicide  du  prisonnier. 
Je  le  trouvai  le  23  couché  sur  sa  paille,  il  n'avait  absolument  rien 
pris  depuis  cinq  fois  vingt-quatre  heures.  Il  était  pâle,  mais  pas  plus 
que  les  autres  prisonniers  enfermés  depuis  aussi  longtemps  que  lui;  il 
avait  les  traits  un  peu  tirés,  le  regard  un  peu  terne,  la  température 
de  la  peau  tout  à  fait  normale,  la  langue  blanche,  et  lorsqu'il  pariait 
on  entendait  un  certain  claquement  dans  sa  bouche  provenant  d'an 
mucus  visqueux.  La  voix  n'était  pas  caverneuse,  il  n'y  avait  pas  de 
mauvaise  odeur  de  la  bouche,  les  gencives  étaient  pâles,  la  res- 
piration normale,  le  pouls  avait  quatre-vingt-huit  pulsations,  très 
régulier,   encore  assez  plein,   le  ventre  affaissé  et  très  gaxeux.  La 
tête  était  complètement  libre.  Il  m'avoua  qu'il  avait  des  hallucinations 


INANITION   PAR  MANQUE  DE  NOURRITURE.  267 

de  la  \'ue)  mais  de  Touîe,  et  qu*il  entendait  des  sifDements  dans 
»  oreilles  ;  il  disait  qu'il  dormait  bien  et  beaucoup;  depuis  le  18  il 
'naît  plus  eu  de  selles.  Il  ne  se  plaignit  de  souffrir  ni  de  faim  ni  de 
trif.  Il  expulsait  peu  d'urines.  Tous  les  conseils  et  exhortations  le 
liaaèrent  inébranlable  dans  sa  résolution ,  il  ne  >roulut  prendre  ni  mé- 
icamenl  ni  nourriture.  Le  24,  l'état  était  le  même.  Le  médecin  de 
I  prison  lui  avait  fait  prendre  quelques  gouttes  d'élher.  Le  25,  pas 
•  selle  :  c'était  un  dimanche,  le  prélre  lui  offrit  la  communion  qu'il 
Biosa.  Il  me  dit  qu'il  avait  fait  serment  à  Dieu  de  ne  plus  rien  man- 
sr  dans  la  prison.  Quand  je  lui  demandai  s'il  mangerait  étant  en 
èerté,  il  répondit  aussitôt:  c  Mais  certainement».  A  côté  de 
li  se  trouvait  le  repas  du  dimanche,  consistant  en  soupe  aux 
NMUiies  de  terre  et  en  viande.  N...  était  plus  pâle  et  avait  visible- 
lenl  maigri.  Il  essaya  de  lire  la  Bible,  il  ne  put  pas  le  faire  long* 
mps  parce  qu'il  avait  des  éblouissements,  mais  ce  qui  l'impor*» 
it  surtout  c'était  le  bourdonnement  des  oreilles.  La  langue  était 
au  milieu  et  complètement  sèche  ;  au  bord  elle  était  couverte 
bflUicas  très  visqueux,  qui  claquait  quand  il  parlait  encore  plus 
jB'iuparavant.  L'haleine  devint  sensiblement  fétide,  le  ventre  présen- 
iil  une  sensation  pâteuse  comme  celui  des  cholériques.  La  peau 
ivait  ses  sécrétions  normales,  elle  était  chaude,  il  n'y  avait  pas  eu 
farine  lâchée  depuis  vingt-quatre  heures,  aucune  selle.  Le  pouls 
l'était  pas  changé,  les  facultés  mentales  étaient  intactes;  l'absti- 
lence  durait  depuis  sept  jours! 

Le  26,  N...  lâcha  un  peu  d'urine,  nais  ne  put  marcher  seul  et 
dat  être  porté.  Sa  voix  prit  le  son  très  caverneux  que  l'on  entend  si 
mveot  dans  les  maladies  chroniques  de  l'abdomen.  Le  pouls  était  â 
M  pulsations,  la  langue  devint  plus  humide;  autrement  l'état  était 
conme  la  veille.  Comme  il  n'y  avait  pas  encore  de  phénomènes 
pives,  on  pouvait  admettre  que  s'il  persistait  â  refuser  la  nourri- 
lire,  N...  vivrait  encore  certainement  huit  jours. 

Le  27,  N...  n'avait  plus  faim  du  tout  (on  l'observait  continuelle* 
Boit),  il  éprouvait  seulement  le  besoin  d'humecter  sa  bouche  sèche  et 
nsqaeuse,  ce  qu'il  fit  le  matin  avec  de  l'eau  très  froide,  sans 

li.  17 


268  PARTIE   THAMATOLOOIQnS. 

boire.  Le  ventre  était  très  affaissé,  sans  le  moindre  besoin  d'alkràb 
selle,  ni  nausées,  ni  vomissements,  ni  douleurs.  La  tète  loi  paniani 
lourde,  surtout  quand  ii  remuait;  l'odeur  de  la  bouche  était  fhi 
fétide* 

Le  28  il  se  passa  des  phénomènes  curieui.  Le  posb  B*aml  ftt 
76  pulsations  et  était  très  petit.  Le  matin  N...  s'était  plaint  d'aiiir 
la  vue  double  et  de  sentir  des  crampes  d*estoroac  qui  étaient  siali- 
gées  psr  une  forte  pression.  La  veille  au  soir  et  le  matin,  ptaiié 
par  un  besoin  irrésistible,  il  avait  pris  de  temps  en  temps  im  peud'en 
sucrée,  à  peu  près  185  grammes.  Il  disait  n*avoir  pas  faim,  suis  i 
racontait  que  tout  lui  semblait  avoir  l'odeur  du  lait,  et  dans  h  sait 
du  28  au  29  la  faim  le  prit  subitement  et  triompha  de  lui  ;  il  nMOfii 
da  pain  qui  était  devant  aon  lit,  le  lendemain  on  lai  apporta  m 
quart  de  litre  de  lait  qu'il  but.  Je  le  vis  le  20  an  malûa  et  je  hi 
ordonnai  un  potage  au  lait  qu'il  prit  avec  avidité,  et  à  partir  ds  ci 
moment  il  flt  ses  repas  régulièrement.  Deux  mois  plat  tard,  ja  le 
vis  complètement  sain  et  frais  ;  il  m'assura  n'avoir  ea  faim  q«s  ém 
les  trois  premiers  jours,  et  qu'après  on  lui  aurait  offert  les  pinsbssw 
morceaux  il  n'aurait  pas  eu  envie  de  les  manger. 

Dans  tous  les  cas  on  a  observé  que  c'est,  en  effet,  dans  les  prt- 
miers  jours  que  l'on  a  seulement  faim.  L'appétit  qui  clies  notra  indi- 
vidu revint  le  premier  fut  celui  de  l'odorat  et  qui  avait  pour  okje( 
le  lait,  la  première  nourriture  de  l'Iiomme. 

Les  symptômes  de  maladie  que  nous  avons  observés  dans  cet 
exemple  sont  ceux  que  Ton  a  toujours  décrits.  Les  urines  deN..., 
au  milieu  de  son  abstinence,  ont  été  analysées  par  mon  célèbre  cob' 
frère  M.  Mitscherlich.  Je  m'attendais  à  trouver  moins  d'urée,  eepeii' 
dant  l'urine  n'a  présenté  aucune  anomalie,  ce  qui  confirme  les  obeet' 
vatiuns  de  Lassaigne  qui,  dans  l'urine  des  abstinents,  n'a  pas  trouvé 
une  diminution  d'urée.  J'aurais  bien  voulu  pouvoir  examiner  le  unf 
de  cet  homme  pendant  son  abstinence,  afin  de  voir  s'il  y  avait  une 
diminution  de  globules  et  d'albumine,  ce  qui  est  vraisemblable  et  ce 
qui  a  été  observé  par  MH.  Andral,  Gavarret  et  Simon. 


WANinON  FAR  HAMQUfi  DE  NOURRITURE.  360 

Sf.  IKagnofUi* 

Les  expertises  médico-légales  ne  devront  pas  être  gênées  parl'in- 
tiiîlade  qui  existe  quant  à  l'époque  où  la  mort  doit  arriver  après 
abstinence  prolongée.  Pour  constater  que  la  mort  a  eu  lieu  par 
,  on  devra  considérer  les  phénomènes  qui  se  sont  présentés 
MfUnt  Tabstinence  et  les  résultats  de  Tautopsie.  Les  phénomènes 
mdant  la  vie  se  sont  montrés  dans  les  cas  connus,  analogues  à  ceux 
[M  nous  avons  vus,  dans  Tobservation  que  nous  venons  de  rapporter. 
Minairementy  contrairement  à  ce  qui  s'est  passé  chez  notre  malade, 
i  iûn  cède  devant  une  soif  très  ardente.  Les  forces  diminuent  vite 
ft  ofi  Âoitun  prompt  amaigrissement.  Il  survient  des  évanouissements, 
lai  hallucinations,  des  vertiges  par  suite  de  la  lésion  de  l'innervatioa. 
use  évtcuations  sont  retardées ,  il  survient  des  nausées  >  des  vomis - 
nmentSy  des  mucosités ,  des  vents,  de  la  fétidité  de  la  boucle, 
Il  avec  les  signes  de  l'appauvrissement  de  l'organisme  la  mort  arrive. 

lies  eadavres  sont  très  amaigris ,  tout  à  fait  anémiques,  l'estomac 
BSl  ^de  (on  parie  aussi  d'une  corrosion  qui  aurait  lieu  dans  l'esto- 
Mc,  par  les  liquides  de  l'organe,  la  c  self  digestion  >  des  Anglais, 
Mis  ce  n'est  probablement  qu'un  sjmptômecadavérique),  il  est  rétracté, 
les  intestins  sont  rétrécis  çà  et  là,  tout  à  fait  vides  et  contiennent 
tout  au  plus  quelques  fèces  endurcies,  les  parois  de  l'intestin  sont 
amincies  jusqu'à  la  transparence,  la  vésicule  bilieuse  est  remplie 
d'usé  bile  visqueuse  et  foncée.  Il  est  évident  que  parmi  tous  les 
phénomènes  de  vie  et  de  mort  il  n'y  a  pas  un  seul  critérium  spéci- 
fique, excepté  peut-être  l'amincissement  de  la  paroi  des  intestins  (1). 
U  sera  donc  d'autant  plus  nécessaire  de  prouver  l'absence  de  tout 

utre  gemre  de  mort,  ce  qui  deviendra  dans  les  cas  douteux  la  base 

d'une  grande  probabilité,  comme  on  le  verra  parles  exemples  suivants. 

(1)  Ce  signe  a  été  observé  pour  la  première  fois  par  Donavan  {DubL  med.  Press ^ 
iS48),  pendant  la  famine  qui  a  eu  lieu  en  Irlande  en  1847  ;  Donavan  lai  attribue 
«e  grande  importance. 


200  PARTIE  THANATOLOGIOUS. 

Obs.  178.  —  Véritable  mort  par  mamque  de  nourrUmre, 

11  y  a  32  ans,  nous  eûmes  à  juger  le  cas  rare  d'une  mort  causée  réellemealpir 
le  manque  de  nourriture. 

L'accusé  condamné  en  première  instance  avait  Mi  appel.  C'était  m  effieier  de 
santé  qui  n'avait  pas  le  droit  de  traiter  les  maladies  internes  ;  il  avait  eepeaéiat 
traité  une  femme  par  les  onguents  mercuriels  très  en  vogue  à  cette  époque  ;  U 
malade  avait  été  soignée  avec  tant  de  aéfligence  et  de  légèreté  que  les  deux  maxil- 
laires avaient  contracté  une  adhérence  complète  et  que  la  nalheureoie  mourut  d« 
faim! 

L'autopsie  fut  faite  avec  le  plus  grand  soin  et  donna  les  résultats  suivants  :  k 
cadavre  très  maigre  présentait  le  maxillaire  inférieur  proéminent  devant  le  maxil- 
laire supérieur,  ce  maxillaire  inférieur  ne  pouvait  être  abaissé  même  en  emplofut 
une  grande  force.  Lm  plupart  des  dents  étaient  absentes;  après  avoir  fiût  nneindMS 
à  chaque  angle  de  la  bouche  jusqu'aux  oreilles,  on  vit  au  maxillaire  inferiear  ux 
molaires,  placées  horizontaUment.  Quatre  de  ces  dents  étaient  si  lâches  qo'dlei 
se  laissaient  enlever  avec  les  doigts  ;  au  maxillaire  supérieur  il  y  avait  qaslK 
dents  dont  trois  étaient  également  très  ébranlées.  Dans  la  région  de  la  troMàM 
dent  molaire  droite  du  maxillaire  inférieur,  le  périoste  et  la  muqueuse  éUtteal 
noirs,  et  le  bord  supérieur  de  ce  maxiUaire  offrait  au  toucher  une  jmprsirifli 
de  rugosité.  Les  deux  maxillaires  étaient  liés  è  droite  par  une  membrane  aoorBlle 
très  dure  ;  à  gauche,  la  même  adhérence  existait  mais  avec  moins  d'^ 
L»  langue  était  complètement  adhérente  aux  parties  soua-jacentes  et  ne 
avec  elles  qu'une  seule  masse,  de  sorte  que  l'on  ne  pouvait  pas  l'en  séparer. 

La  partie  antérieure  de  la  langue  élait  dénudée  de  la  muqueuse  dans  l'étendae 
de  2  centimètres,  et  laissait  voir  les  muscles.  Quant  aux  autres  organes,  l'esteDSC 
était  contracté  de  sorte  que  son  diamètre  était  égal  à  celui  du  côlon,  du  resta  toui. 
à  fait  normal.  Il  contenait  une  cuillerée  de  liquide  jaunâtre  sans  odeur  particu^ 
Hère.  Les  intestins  étaient  également  contractés  de  moitié,  leur  couleur  était  oor- — 
maie.  Tout  le  canal  intestinal  était  complètement  vide,  le  foie  était  pâle,  anémiqai^ 
et  plus  dur  qu'à  l'ordinaire.  La  vésicule  bilieuse  était  remplie  de  bile  foncée.  L^ 
rate,  petite,  flasque,  molle,  anémique,  adhérait  en  partie  au  péritoine.  Lea  autre  "^ 
organes  de  l'abdomen  étaient  normaux,  les  organes  du  thorax  et  de  la  tète  anéml  " 
ques  ;  le  peu  de  sang  qui  se  trouvait  dans  le  cœur  était  noir  et  épais,  c'était  doiw  " 
une  véritable  mort  par  abstinence.  On  voit  que  les  résultats  de  l'autopsie  étaie^^ 
en  harmonie  avec  ceux  de»  cas  peu  nombreux  qui  sont  rapportés  dans  la  litt 
turfî  médicale. 

Obs.  179.  —  Mort  de  faim  douteuse. 


Un  tailleur  de  quarante-huit  ans,  était  soupçonné  être  mort  de  faim.    Le 
devint  de  suite  le  sujet  des  conversations  et  donna  lieu  à  toutes  les  phrases  hu 


nitaire»  de  circonstance.  Le  cadavre  était  très  amaigri,  il  y  avait  hypertrophie       ^ 


INANITION   PAR   MANQUE   DE   NOURtUTURE.  —  OBSERVATIONS.       261 

SMr  et  det  parois  de  la  vessie  ;  restomac  était  gorgé  dû  purée  de  pomme$  de  terre, 
iSsos  dûmes  donc  déclarer  que  le  décédé  était  mort  de  maladie  interne  et  non 
«s  mort  de  faim. 

Obs.  180.  —  Mort  de  faim  douteuse  d'un  enfant,  Kxhuinalion  du  cadavre 

après  douze  jours, 

Um  fille  naturelle  de  neuf  mois  mourut  le  12  mai  (Temp.  -|*  t2  à  i3  degrés  R) 
.  Ail  déterrée  le  24  du  même  mois  parce  que  le  bruit  courait  que  la  femme  à 
quelle  elle  avait  «té  confiée  pour  l'élever  au  biberon,  Pavait  laissée  mourir  de  faim. 

Le  cadavre  nous  fut  présenté  dans  un  petit  cercueil,  il  était  enveloppé  d*aiie 
iMBiae  et  d'un  linceul  de  coton,  l'autopsie  eut  lieu  cinq  jours  après  l'exbumatiou. 
la  figure,  les  extrémités  inférieures,  lavant-bras  droit  étaient  couverts  de 
,  les  yeux  avaient  coulé  hors  de  leurs  orbites,  l'odeur  qu'exalait  le  cada- 
m  a'était  pas  encore  caséeuse,  elle  était  celle  de  la  putréfoction  dans  ses  premières 
triades.  Tout  le  corps,  excepté  les  membres  inférieurs,  était  vert  foncé.  On  voyait 
I  nite  qu'il  y  avait  eu  un  très  grand  amaigrissement  ;  en  séparant  la  peau  on  ne 
emwm  nulle  part  la  moindre  trace  de  graisse.  Aucune  trace  de  blessure  ni  de  vio- 
■M.  Les  os  crâniens  et  la  dure-mère  étaient  très  pâles  et  anémiques,  une  bypos- 
••  sanguine  se  trouvait  sur  la  pie-mère.  Le  cerveau  n'était  plus  qu'une  bouillie 
iMyles  veines  étaient  anémiques,  les  poumons  également  et  du  reste  sains  ;  Tanémie 
Ml  soins  grande  dans  les  grands  vaisseaux,  et  le  cœur  droit  contenait  un  peu 
inilf,  le  cœur  ganche  était  vide.  La  trachée  et  rcesophage  étaient  également 
iH.  L'estomac  contenait  plus  de  deux  cuUlerées  de  lait  caillé,  (Je  ne  décris  pas 
•  fhénomènes  de  putréfaction.)  Le  foie,  la  rate,  les  reins,  la  veine  cave  étaient 
litt  et  vides  sans  ulcère  et  sans  anomalie,  ainsi  que  le  mésentère,  la  vessie  était 
in. 

Hdus  déclarâmes  que  l'enfant  n'était  pas  mort  de  faim,  mais  d'une  maladie  interne, 
se  rem  pouvait  cependant  admettre  que  la  maladie  avait  eu  lieu  par  suite  de  pri- 
Mien  de  soins  et  de  nourriture.  Je  dois  ajouter  que  l'enfant  était  très  petit  et  qu'il 
avait  qu'une  seule  dent  incisive  qui  commençiit  à  paraître.  Le  point  d'ossification 
me  le  eondjle  du  fémur  n'avait  qu'un  centimètre,  ce  qui  prouve  un  grand  retard 
)  la  nutrition.  Ce  retard  était  dû  d'autant  plus  probablement  à  des  défauts  de 
int  qu'il  n'y  avait  aucune  trace  de  fièvre  lente.  Notre  rapport  fut  confirmé  plus 
rd  par  des  recherches  au  moyen  desquels  on  eut  la  preuve  qu'un  médecin  déjà  un 
BÎa  avant  la  mort  de  l'enfant  avait  conseillé  de  le  retirer  des  mains  de  cette  nour- 
»,  parte  qu'elle  ne  lui  donnait  qu'un  demi-litre  de  lait  par  jour. 

Obs.  181.  —  Mort  de  faim  douteuse. 

Une  fille  de  cinq  mois  qui  fut  mise  par  sa  mère  en  nourrice  pour  être  élevée  au 
iberon  mourut  après  avoir  été  un  certain  temps  malade  et  chétive.  Cn  médecin 
qu'elle  avait  eu  une  diarrhée  chronique,  la  nourrice  était  accusée  d'avoir 
renfiint  mourir  de  faim. 


26S  PARTIS  THANATOtOGIQQE. 

Le  petit  çadtrre  était  très  maigre,  et  il  y  aTait  des  eiehares  de  déenMlindim 
la  région  do  tacram.  Les  membranes  du  cerveaa  étaient  très  hypéréniqaei  et 
dans  l'hémisphère  gauche  il  y  avait  une  extravasation  de  sang  de  la  graadevr  d'sn 
haricot.  Les  ventricules  contenaient  beaucoup  d'eau,  le  cerveau  et  le  cenelet 
étaient  hypéréroiques,  les  sinus  étaient  remplis  de  sang  foncé  et  liquide,  les  pou- 
mons et  le  cœur  étaient  anémiques  ainsi  que  la  rate  et  le  foie.  La  vésicule  biliaire 
contenait  de  la  bile  claire  et  épaisse,  l'estomac  présentait  un  ramollissemeot  gélati- 
neux, se  déchirait  facilement  et  laissait  écouler  60  grammes  de  chyme  lai- 
teux. Les  intestins  étaient  rides.  Les  reins  et  les  veines  abdominales  anémi- 
ques. 

Nous  déclarftoSes  qu'une  maladie  interne  et  non  pas  Tabstinence,  avait  cause  la 
mort  de  l'enfant. 

Obs.  182.  •—  Mort  de  faim  lenU. 

Dans  ce  cas,  un  enfant  de  trois  mois  mourut  réellement  par  fj^uie  de  soin  et 
de  nourriture.  Le  cadavre  était  sale  et  maigre,  la  peau  des  membres  était  plinèe 
par  suite  de  l'absence  de  graisse,  les  fesses  et  les  cuisses  étaient  rouges  à  la  par- 
tie postérieure  et  en  partie  érodées.  Anémie  générale  ;  les  poumons  sans  tuber- 
cules, l'estomac  vide  et  normal  ;  les  glandes  du  mésentère  son  scrofuleuses,  le  gros 
intestin  tout  à  fait  vide  avait  un  diamètre  très  petit,  le  point  d'ossificstioa  du 
condyle  du  fémur  était  de  3  lignes  et  demie. 

Ainsi  l'enfant  était  mort  par  suite  de  Tarrét  de  nutrition  qui  n'avait  eu  ponir  ori- 
gine aucune  maladie  organique.  La  saleté  de  la  peau,  les  excoriationa  et  inlam- 
mations  des  fesses  prouvaient  que  l'enfant  n'avait  pas  été  bien  nettoyé. 

L'accusée  disait  qu'elle  avait  donné  tous  les  jours  à  l'enfant  trois  quarts  de  litia 
de  bon  lait  et  deux  fois  par  jour  du  biscuit,  mais  cette  déclaration  n'était  passa 
harmonie  avec  ce  que  nous  avions  trouvé  à  l'autopsie,  puisque  cette  quantité  de 
nourriture  aurait  été  sufllsanle  pour  un  enfant  de  trois  mois  et  n'aurait  pas  pu  le 
mettre  dans  l'état  où  il  était.  Ajoutons  le  rétrécissement  des  parois  de  l'intestin 
qui,  comme  on  le  sait,  est  un  signe  d'inanition  par  manque  de  nourriture. 

Nous  déclarâmes  donc  que  l'enfant  était  mort  de  marasme  produit  par  manque  de 
soins  et  de  nourriture. 


KMPOlSONlfBMBMTfl.  HM 


CHAPITRE    111. 

EMPOISONNEMENTS. 

LiciSLATiON.  —  Code  pénal  Prussien,  §  197.  Celui  qui  aurt  administré  volontaire- 
ment du  poison  ou  d'autres  substances  qui  sont  capables  d'altérer  la  santé,  sera 
pani  des  travaux  foreés  jusqu'à  dis  ans.  S'H  eu  est  résulté  une  maladie  ou  bles- 
sure grave,  le  coupable  sera  puni  des  travaux  forcés  à  perpétuité. 

Cas  dipoaitioBt  ne  concernent  pas  le  cas  où  le  coupable  a  eu  rinteutimi  de  tuer. 

AW.  I  304.  Celui  qoi  aura  empoisonné  volo'itairement  des  puits  ou  des  réservoirs 
^tti  MTvent  à  l'usage  d'autrui,  ou  destinés  à  la  consommation  publique,  ou  qui 
aura  ajouté  des  substances  dont  il  connaît  la  propriété  vénéneuse  ou  qui  vendra 
ou  exposera  en  vente  de  telles  substances  empoisonnées  en  cachant  leurs  pro- 
prièlda,  sera  poni  des  travaux  forcés  de  cinq  à  quinze  ans.  Si,  par  suite  de  cette 
aeâioo,  ua  homme  a  perdu  la  vie,  la  peine  de  mort  aura  eours  ;  s'il  n'y  a  en  que 
négligence,  le  coupable  sera  puni  d'emprisonnement  jusqu'à  six  mois  s'il  y  a  eu 
dommage;  et  si  par  suite  de  cette  action  un  homme  a  perdu  la  vie,  on  appliquera 
la  peine  de  l'emprisonnement  de  deux  mois  à  deux  ans. 

KM.  I S45.  Seront  punis  d'une  amende  jusqu'à  cinquante  écus  ou  d'emprisonné- 

■ani  jusqu'à  six  semaines:  i* S*  celui  qui,  sans  permission,  préparera* 

vendra  ou  donnera  des  poisons  ou  des  médicaments;  8*.. é*  celui  qui 

ne  suivra  pas  les  instructions  données  pour  la  conservation  ou  le  transport  des 
poisons  ou  pour  la  préparation  et  l'exposition  en  vente  de  ces  substances. 

Coie  de  procédure  criminelle^  f  167.  S'il  y  a  eu  soupçon  que  le  décédé  a  péri  par 
empoisonnement,  les  restes  de  la  substance  que  l'on  croit  être  le  poison,  et  les 
substances  suspectes  trouvées  dans  l'estomae  et  les  intestins  doivent  être  soumis 
à  l'analyse  chimique  Le  juge  aura  soin  que  les  substances  solides  ou  liquides 
qui  doivent  être  examinées  ne  soient  pas  changées  afin  que  l'identité  soit  hors 
de  doute.  Peur  cela  si  l'expertise  ne  peut  pas  se  faire  immédiatement  en  pré- 
sence du  juge,  les  substances  seront  cachetées  et  le  juge  le  notera  au  proeès-ver- 
bai  en  les  remettant  aux  experts  qui  devront  plys  tard  les  rendre  en  remplit* 
sant  les  mêmes   formalités. 

ment  du  15  novembre  lë58,§  15.  S'il  y  a  soupçon  d'empoisonnement,  on 

bit  une  double  ligature  à  la  partie  inférieure  de  l'œsophage  et  au  milieu  du 

duodénum,  puis  on  coupe  l'œsophage  et  le  duodénum  entre  les  deux  ligatu* 

tes.  On  retire  i'estomao  aveo  la  partie  supérieure  du  duodénum,  on  examine  sa 

surface  externe  et  interne  ainsi  que  ce  qu'il  contient,  puis  on  met  tout  dans  un 

vase  que  l'on  donne  au  juge,  afln  qu'il  en  fasse  faire  l'examen  chimique.  Dans 

ee  mémo  vase  on  doit  mettre  l'oBsophage  après  l'avoir  lié  à  la  partie  supériaore, 

faveir  eenpé  au  dessus  de  la  ligature  et  l'avoir  examiné  anatomiqoement.  Enfin, 


2tfA  PARTIE   TUANATOLOGIQCE. 

on  doit  mettre  également  à  part  d'autres  substances,  telles  que  du  sang,  del'urifle, 
des  portions  de  foie,  de  la  rate,  etc.,  si  Ton  croit,  que  Ton  pourra  y  troaver  des 
traces  de  poison. 

$1.— BéSoîtioo. 

La  science  des  empoisonnements ,  malgré  les  grands  progrès  de  la 
chimie  et  de  la  physiologie,  est  encore  le  côté  faible  de  la  médecine 
légale,  aussi  bien  sous  le  rapport  de  la  théorie  que  sous  celui  de  la 
pratique. 

Sous  le  rapport  théorique ,  le  législateur  prussien  a  écarté  d'une 
manière  très  simple  et  très  heureuse  la  difficulté  de  la  définition  dn 
mot  €  poison  >  en  matière  criminelle.  Que  la  substance  se  reproduise 
dans  le  corps  ou  non,  qu'elle  ait  été  administrée  clandestinement  on 
non,  qu'elle  soit  quelquefois  employée  comme  médicament  sans  cepen- 
dant pouvoir  être  rayée  de  la  série  des  poisons,  que  dans  un  cas  on 
puisse  prouver  que  la  substance  n'a  pas  été  un  poison  ;  tout  cela  n*est 
plus  à  considérer  s'il  est  avéré  que  la  substance  dont  il  s'agit  est 
c  capable  d'altérer  la  santé  de  l'homme.  »  Or  c'est  là  le  critérium  qai 
est  commun  à  tout  ce  que  l'on  appelle  c  poison  >  et  qui  appartient 
à  l'eau-de-vie  aussi  bien  qu'à  l'arsenic,  au  pavot  aussi  bien  qn'aa 
phosphore. 

De  là,  naturellement,  on  doit  déGnir  Vempoisonnetnenl^  l'action 
par  laquelle  c  une  telle  substance  a  été  administrée  volontairement 
à  autrui  >  aussi  bien  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur. 

Souvent  une  autre  difficulté  s'offre  au  médecin  légiste,  lorsqu'il  n'y 
a  eu  que  tentative  d'empoisonnement,  après  laquelle  la  mort  n'a  pas 
eu  lieu  ;  c'est  là  une  circonstance  d'un  haut  intérêt  pénal  et  qui  rend 
Texpertise  médicale  nécessaire;  nous  voulons  parler  de  l'appréciation 
de  la  quantité  du  poison  qui  a  été  ingéré,  appréciation  qui  souvent 
accompagne  la  question  difficile  à  juger  de  la  forme  dans  laquelle  le 
poison  a  été  donné. 

Il  se  présente  par  exemple,  beaucoup  de  cas  ou  l'acide  sulforique 
a  été  ajouté  à  des  boissons  ou  à  des  mets  liquides.  Jamais  on  n'a 
contesté  que  l'acide  sulfurique  fût  un  poison.  Hais  pour  ioas  les 
poisons  il  y  a  des  limites  de  doses  au-dessous  desquelles  ils  cessent 


BMPOISOMIfBMBNTS.  tôb 

d'être  €  poifont  »  pour  le  médecin.  Dans  an  litre  d*eaa,  ri  on  a  ajouté 
quelques  gouttes  d*acide  salfurique,  on  a  fait  une  tentative  d'empoi- 
sonnement ,  et  cependant  le  médecin  ne  pourra  pas  appeler  ce 
mélange  faiblement  acide,  un  poison;  car  il  sait  qu'il  ne  peut  avoir 
aucune  propriété  vénéneuse.  Si  dans  un  autre  cas  la  même  substance 
a  été  donnée  en  dilution  dans  une  proportion  telle  que  le  médecin 
reconnaît  l'effet  de  cet  acide  et  sa  saveur  particulière,  alors  pour  lui 
il  y  aura  empoisonnement. 

Quant  à  la  justice,  elle  envisage  la  question  sous  un  autre  point  de  vue. 
N..    était  accusé  d'avoir  versé  à  la  femme  J...  dans  un  pot  de  café 
de  l'acide  sulfurique  concentré.  Le  café  pesait  600  grammes  et  l'ana* 
'lyse  montra  qu'il  y  avait  17  grammes  d'acide  sulfurique  concentré. 
Ce  qui  représente  une  dilution  de  ^  à  peu  près.  Nous  déclarâmes 
qu'un  tel  mélange  est  encore  très  acide  et  que,  avalé  d'un  seul  trait, 
il  ne  tuerait  pas,  mais  serait  c  apte  à  altérer  la  santé,  >  car  il  pourrait 
causer  une  inflammation  de  la  muqueuse  de  l'estomac.  Il  est  évi- 
dent que  quiconque   a   ses  sens  ne  peut  avaler  un  mélange  de 
500  grammes  de  café  et  de  17  grammes  d'acide  sulfurique,  car  outre 
(pie  cette  boisson  est  très  considérable ,  le  goût  très  acide  serait  trop 
répugnant  pour  permettre  la  déglutition.  Dans  ce  sens  nous  décla- 
râmes que  le  mélange  analysé  ne  pouvait  être  considéré  comme  poi- 
son ou  c  comme  substance  capable  d'altérer  la  santé.  >  A  l'audience, 
le  oDinistère  public  prétendit  que  j'avais  à  déclarer  simplement  ri 
l'acide  sulfurique  concentré  est  un  poison  sans  tenir  compte  de  la 
dilution,  ce  à  quoi  naturellement  il  fallait  répondre  oui.  Le  défenseur 
répondit  que  l'opinion  du  procureur  royal  était  fausse,  car  l'accusé 
n'avait  pas  administré  de  l'acide  sulfurique,  mais  un  mélange  de 
café.  Des  cas  semblables  se  sont  présentés  à  nous  pour  les  substances 
aborthres  (voy.  i.  I,  p.  17S). 

L'opinion  du  ministère  public  dans  le  cas  que  nous  venons  de  citer 

eal  aussi  celle  de  notre  cour  de  cassation.  L'accusée  L...  administra 

à  trcns  reprises  différentes  et  volontairement  à  son  mari  une  petite 

quantité  de  semence  de  stramonium  en  décoction. 

La  santé  du  mari  n*en  fut  pas  altérée,  néanmoins  la  femme  L. ..  Ait 


260  PAUTIK   THAMATOLOGIlHil!^* 

condamnée  «  à  cause  de  lésion  volontaire  produite  paruBêaubiliice 
vénéneuse.  »  En  seconde  instance,  le  défenseur  prétendait  «pe  b 
qualité  seule  d*une  substance  nm  doit  pas  être  prise  en  conaidintiM 
pour  juger  si  cette  substance  est  un  poison  ou  non,  maia  qa'il  ImI 
aussi  considérer  si  la  quanlUé  jàimiuisiTée  est  suffisante  pour  ahtar 
la  santé.  Le  tribunal  refusa  de  casser  le  jugeaient  et  décida  qm 
cette  opinion  était  contraire  à  ta  signification  du  mot  c  poîsoo,  > 
c'est-à-dire  une  matière  qui,  par  sa  qualité  seule,  est  capable  d'al- 
térer ou  de  détruire  la  santé;  d'après  cela,  l'administration rf'tinf 
quantité  quelconque  de  poison  et  par  conséquent  d'une  substance 
qui  en  elle-même  est  capable  de  détruire  et  d'altérer   la  santé 
constitue  le  crime  du  §  197. 

Nous  basant  sur  ce  jugement ,  nous  avons  toujours  déclaré  si  b 
substance  en  elle-même  était  un  c  poison  » ,  en  laissant  au  juge  le 
soin  de  considérer  la  circonstance  de  mélange  ou  de  la  quantité. 

§  2.  —  Division  des  poisons. 

Il  a  toujours  été  difficile  de  donner  une  division  satisfaisante  des 
poisons.  Pour  la  pratique,  cette  division  a  peu  d'importance,  puisque 
le  médecin  légiste  ne  doit  envisager  que  le  cas  particulier,  mais  celte 
division  est  nécessaire  dans  la  science. 

Il  faut  avouer  que  nos  connaissances  sont  encore  trop  reatreintes 
pour  que  nous  puissions  établir  une  division  rigoureuse;  les  connais- 
sances qui  servent  de  bases  sont  les  réactions  sur  le  vivant  et  les 
résultats  de  l'autopsie.  Ce  n  est  pas  qu'il  n'y  ait  des  observations 
nombreuses  d'empoisonnés,  les  matériaux  sont  assez  nombreux  dans 
tous  les  livres,  mais  la  qualité  de  ces  matériaux  ne  permet  pas  de  faire 
cette  classification.  Des  milliers  de  cholériques  ont  été  observés  avec 
soin  par  les  hommes  de  science  dès  le  commencement  de  leur  maladie, 
et  pourtant  cette  maladie  n'est  pas  bien  connue.  D'un  autre  côté,  les 
empoisonnements  sont  souvent  observés  après  la  mort  ou  bien  à  la  fia 
de  la  maladie,  ou  bien  pendant  toute  la  maladie,  mais  par  des  témoins 
étrangers  à  la  médecine.  Ajoutez  que  les  symptômes  de  maladies  sont 
différents  selon  que  le  poison  a  été  donné  en  mélange  liquide ,  ou 


ENPOISONMBMBlfTS.  —  BIVI9I01I  DES  POISONS.  2<I7 

rmfatBié  ém  «ne  buaillie,  o«  bieii  conemitré,  oa  \àm  à  jpatîttB  éb^ 
set;  ou  tdon  que  Ton  a  administré  des  contre-poiaoïis. 

On  comprend  alors  la  rareté  d*oheervations  pures  comprenant  le 
coure  complet  d'une  maladie  provenant  d'un  empoisonnement.  Quant 
aux  dissections,  il  faut  considérer  que  le  plus  grand  nombre  ont 
été  faites  dans  un  temps  où  les  phénomènes  cadavériques  n'étaient 
pas  encore  connus  et  appréciés,  et  que  souvent  on  n'a  pas  asset 
pris  en  considération  les  symptômes  individuels.  De  là  provient  h 
nnltitnde  d'opinions  contraires,  et  les  différences  que  l'on  trouve 
entre  les  rapports  d'autopsie  anciens  et  modernes  sur  des  empoi- 
sonnements.  On  parle,  par  exemple,  de  taches  rouges  ou  d'un  rouge 
Mea  sur  le  cadavre  et  qui  sans  doute  étaient  de  simplea  taches 
de  mort;  les   compilateurs  s'emparent  de  ce  renseignement   el 
le  proclament  comme  le  symptôme  de  tel  ou  tel  empoisonnement  I 
Dans  un  autre  cas  d'empoisonnement  avec  l'acide  prussîque  on 
a  trouvé  des  rayons  bleuâtres  qui  sillonnaient  les  parois  de  l'estomac 
et  le  rapport  attribue  une  valeur  à  ce  qui  n'est  qu'une  t  stase  san- 
guine >,  sans  soupçonner  que  ce  n*est  qu'un  symptôme  de  putréfaction 
des  plus  ordinaires.  Dans  d'autres  cas,  après  une  mort  lente,  après 
ai  empoisonnement,  on  trouve  le  cœur  affaissé,  la  raie  grande,  l'es- 
Undsc  petit  et  contracté,  et  on  prend  ces  phénomènes  mi  considération, 
tandis  que  probablement  ils  n'étaient  que  des  phénomènes  individuels 
et  complètement  indépendants  de  l'empoisonnement. 

Il  n'y  a  cependant  que  sur  les  effets  pathologiques  et  anatomo* 
pathologiques  que  l'on  puisse  fonder  une  classification  valable  des 
poisons.  Et  là  les  difficultés  sont  très  grandes,  car  les  effets  des  poi- 
sons en  enx*mémes  sont  presque  inconnus.  Ce  n'est  que  dans  les  temps 
modernes  que  la  toxicologie^  en  découvrant  que  les  poisons  passaient 
dans  le  sang  et  en  étudiant  les  effets  chimiques  sur  les  parties  solides 
«i  liquides  de  l'organisme,  est  montée  au  rang  d'une  véritable  science. 
Uns  les  effets  des  poisons  sont  très  différents  d'après  la  dose,  la  pré* 
paratien,  l'oiydation ,  et  nécessairement  un  seul  et  mêm^  poison 
devrait  seul  figurer  dsns  plusieurs  classes.  Les  exemples  sont  liMiss 
^  donner.  Les  acides  métalloïdes,  par  exemple  Taeide  sulfuriqne  très 


268  PARTIE   THANATOLOGtQUE. 

étendu  ne  produit  qu'une  légère  phlogose  de  la  muqueuse  stomacale; 
moins  étendu ,  il  produit  des  excoriations  superficielles;  enfin,  coa- 
centré  y  il  détruit  et  gangrène  tout  te  tissu  de  l'estomac.  Ces  phéno- 
mènes appartiennent  seulement  aux  acides  de  cette  espèce  et  pour- 
raient en  former  une  classe  à  part.  Le  bichlorure  de  mercure  est 
pour  les  symptômes  sur  le  vivant  comme  sur  le  cadavre  tout  différent 
des  vapeurs  de  mercure  qui  également  empoisonnent.  L'acétate  de 
plomb  tout  autre  que  les  vapeurs  de  plomb  ;  l'oxyde  de  zinc  toal 
autre  que  le  chlorure  de  zinc  ;  les  préparations  de  sulfure  de  morcure 
peuvent  à  peine  être  comptées  parmi  les  poisons  mercuriaux  à  cause 
de  leurs  effets  tout  particuliers. 

Vu  foutes  ces  difficultés  y  la  division  que  nous  donncma  n*a  pas  la 
prétention  d'être  sans  reproche,  nous  lui  attribuons  peu  de  valeur,  puis- 
que notre  but  en  médecine  légale  est  la  pratique  pour  laquelle  une 
classification  est  inutile  ;  c'est  celle  qui  nous  a  paru  la  moins  mau- 
vaise  : 

l"*  Poisons  corrosifs  irritants ,  enflammants.  Ils  produisent  une 
irritation  allant  jusqu'à  l'inflammation  et  toutes  ses  suites,  ulcération, 
gangrène ,  désorganisation  de  la  muqueuse  ou  de  la  peau  aoit  par 
contact,  soit  consécutivement;  il  y  a  probablement  par  l'empoisonne* 
ment  du  sang(dysémie)  une  irritation  du  système  nerveux.  Les  poisons 
le  plus  fréquemment  employés  qui  appartiennent  à  cette  classe  sont  : 
les  acides  métalloïdes,  les  composés  d'arsenic,  de  mercure  (excepté 
les  vapeurs  de  mercure  et  les  sulfures  de  mercure) ,  les  composés 
vénéneux  de  zinc  et  d'antimoine,  l'acide  oxalique,  les  alcalis,  le  chro- 
mure  de  potasse,  le  phosphore,  les  huiles  éthériques,  le  colchicum, 
les  coloquintes ,  Thuile  de  croton ,  les  champignons  vénéneux  et  la 
cantharide. 

2"*  Poisons  hypérémisants.  Ils  tuent  par  congestion  sanguine 
tantôt  du  cerveau,  tantôt  des  poumons,  tantôt  du  cœur,  tantôt  de  la 
moelle  épinière,  ce  que  l'on  peut  très  bien  voir  par  les  phénomènes 
sur  le  vi\fint  et  par  le  résultat  de  l'autopsie.  Les  poisons  les  plus 
employés  qui  appartiennent  à  cette  classe  sont  :  les  opiacés ,  la  bella- 
done, la  noix  vomique,  la  strychnine,  la  vératrine,  la  brucine,  la  jus- 


EMPOISOMMBIIENTS.  —  DIAGNOSTIC.  209 

^iaiDe,  la  dglle»  la  digitale^  le  stramoniuBi,  la  nicotine ,  la  conicine 
et  les  alcaloïdes  de  ces  plantes,  les  gaz  irrespirables  et  l'alcool. 

8*  Poisom  neuro^paralyBanls.  Us  tuent  par  paralysie  du  centre 
nerveux,  par  Tintermédiaire  du  sang  empoisonné;  de  là  la  mort  subite 
qui  a  lieu  avec  parai jsie  et  convulsions.  On  ne  trouve  alors  rien  à 
l'autopsie.  Ce  sont  :  l'acide  prussique ,  le  cyanure  de  potasse,  l'huile 
d'amandes  amères,  le  cyanure  de  zinc,  le  cyanure  de  plomb,  le  cyanure 
de  cuivre,  le  cyanure  d'argent,  les  cyanides  de  cobalt  et  de  chrome^ 
le  seigle  ergoté  et  le  chlorofortne. 

A**  Poisons  tabifiques^  Ds  ne  procurent  qu'un  empoisonnement 
lent  et  cbrcNiique,  ils  altèrent  lentement,  mais  gravement  la  digestion, 
d'où  il  résulte  une  nutrition  incomplète,  amaigrissement,  consomption 
et  mort.  Ce  sont  :  le  sous-nitrate  de  bismuth,  le  carbonate  de  plomb, 
les  vapeurs  de  plomb,  de  mercure,  d'arsenic  et  probablement  la  plu« 
part  des  vapeurs  métalliques. 

5*  Poisons  septiquesj  ou  putréfiants.  Ce  sont  les  substances  et  des 
produits  morbides  qui  empoisonnent  le  sang  et  amènent  la  mort.  Ce 
sont  :  les  matières  vénéneuses  des  saucisses,  du  fromage,  des  pois- 
sons ,  et  ainsi  que  les  poisons  contenus  dans  beaucoup  d'aliments 
innocents  qui  se  forment  sans  qu'on  puisse  se  l'expliquer,  et  les  pro- 
duits morbides,  la  morve,  le  charbon  et  le  pus. 

S  3.  —  X>iagiiostîe  de  l'empoisonnement. 

L'ancien  code  prussien  demandait  que  l'on  admit  l'empoisonne** 
ment  comme  certain,  si  la  mort  était  venue  après  l'ingestion  du 
poison  et  si  le  poison  avait  été*  la  cause  vraisemblable  de  cette  mort  ; 
en  un  mot,  si  le  post  hoc  était  constaté  et  le  propter  hoc  vraisem- 
blable,  c'était  une  sage  disposition  pour  ce  temps,  car  elle  facilitait  l'ex* 
pertise  et  n'était  pas  en  butte  à  toutes  les  possibilités  et  tous  les  doutes 
qui  assiègent  la  justice.  Car  s'il  était  prouvé  soit  par  l'instruction, 
soit  par  l'expert  médical  d'après  les  symptômes  de  la  maladie  ou  les 
résultats  de  Fautopsie  et  de  l'analyse  chimique  que  réellement  du 
poison  a  été  administré ,  le  médecin  légiste  avait  le  droit  d'admettre 


270  PARTXB  THANâTOLOeiVDV. 

fMDpoisoanement  si  tesrésQlliisderMtoptteraiidaieBtnwaririaHe 
ce  genre  de  mort. 

U  en  est  autrement  inamleiiaiit,  qne  le  f  197  dans  les  ees  d'empoi- 
sonnement ordonne  de  pronver  qne  la  mort  a  en  lien  par  snile  de 
ringestîon  du  poison.  Le  jugement  est  plus  difficile  tfa'anparsfaii, 
car  on  demande  une  c  certitude  >  là  où  antrefois  une  c  nrâemUsacc) 
était  suffisante.  Cependant  le  médecin  n'a  plus  besoin  de  tenir  comfle 
de  la  possibilité  d'une  consenration  de  la  ne  qui  aurait  pu  aroir  liai 
grâce  à  des  soins  médicaux  appropriés  on  i  d'autres  dreonatancei 
quelconques  ;  il  a  sentement  à  considérer  si  la  aihstance  X  peut  atoir 
en  les  suites  qui  se  sont  présentées.  Que  l'expert  se  rappelle  le  $  186 
qui  a  aboli  les  degrés  de  léthalité. 

Pour  répondre  à  cette  question  :  A-t-on  administré  du  pMon  oi 
d'autres  substances  capables  d'altérer  la  santé?  U  faut  considérer  ki 
critériums  suivants  : 

1^  Les  symptômes  de  la  maladie  produite  par  l'empoiaonBement; 
.  2*  Les  résultats  de  la  dissection  ; 

3*  Les  résultats  de  l'analyse  chimique; 

A"  La  combinaison  de  toutes  les  circonstances  ^térieares  qui  ont 
entouré  la  maladie  et  la  mort  du  décédé. 

|o   SYMPTÔMES  DE  LA   MALADIE. 

Les  symptômes  de  rempoisonnement  pendant  la  vie  ne  peuvent 
donner  que  des  indices  très  vagues,  car  on  sait  que  souvent  dans  \e$ 
cas  légaux  les  témoins  n'ont  pas  même  vu  le  malade  pendant  la  vie, 
de  sorte  que  l'on  n'a  que  des  renseignements  à  peu  près  insigni- 
fiants,  si  ce  n'est  tout  à  fait  nuls.  De  plus,  en  général,  presque  tous  les 
poisons,  excepté  ceux  qui  tuent  subitement  comme  l'acide  prussique, 
sulfurique,  donnent  lieu  à  des  phénomènes  vitaux  presque  analogueSi 
tels  que  vomissement,  diarrhée,  collapsus,  dérangement  de  la  circii» 
lation,  lésion  du  système  nerveux.  Ensuite,  il  existe  une  série  de  ma» 
ladies  qui  ofiBrent  tous  les  symptômes  d'un  empoisonnement,  de  aorte 
qu'une  erreur  est  très  facile.  Enfin,  comme  dans  le  diagnostic  d' 


EMPOISONNKIIBIfTS.  *^  STWTtnM  GÉNÉRAUX.  291 

oiakMiîe,  il  m  faot  pu  Molomtni  tenir  oomple  d*«ni  Mal  ou  de  qml- 
4|B6S  ey mptômes  de  la  meladley  mais  de  toat  Teiiseinble  ;  on  ae  dia- 
gDOStiqae  pas  la  rougeole  par  le  seol  exanthème  ni  par  le  catarrhe 
seul,  pas  plus  qu'on  ne  diagnostique  la  grossesse  par  la  groaseor  da 
leolre  y  ou  la  mort  par  pendaison  par  la  présence  seule  d'nm  sillon 
alrangulatoire  ;  de  même  on  ne  devra  pas  diafnostiqaer  Teonpoiemi- 
aeuienl  par  ks  seuls  symptômes  pathologiques. 

Il  ne  serait  cependant  pas  juste  d'en  conclure  que  seulement  ior»* 

qu'on  trouve  le  poison»  le  diagnostic  est  infoillible,  car  de  cette  ma* 

nîère  on  retrancherait  toutes  les  circonstances  accessoires  et  on 

adopterait  pour  les  empoisonnements  une  marche  déclarée  fausse 

pour  tout  le  resté  de  la  médecine.  Tandis  que  la  médecine  tend  é 

augmenter  tous  les  jours  les  modes  d'investigation  qui  peuvent  aider 

le  diagnostic  tels  que  le  microscope,  la  physique,  la  chimie,  on  vw<^ 

drait  réduire  à  un  seul  les  signes  diagnostiques  de  l'eropoisonne- 

ment  ! 

C'est  ce  que  veulent  les  gens  qui  séparent  la  médecine  légale  de 
la  médecine  générale  qui  veulent  en  faire  une  c  jurisprndentia  me- 
dica  »  y  qui  ont  voulu  imposer  la  théorie  des  preuves  inébranlables 
dont  s'est  débarrassé  le  droit  pénal  moderne  dans  une  science  qui 
s'est  qu'une  science  de  combinaison,  et  non  une  science  mathémati- 
que. —  Nous  allons  donner  les  symptômes  généraux  de  maladie 
dans  différentes  classes  de  poisons. 

1"  Potfont  cofTosifs.  Ils  produisent,  en  général,  de  la  chaleur 
et  vue  sensation  de  brAlure  dans  la  bouche  et  dans  le  gosier,  une 
aensatîon  de  brûlure  et  une  douleur  vive  dans  l'estomac,  dans  tout  le 
ventre,  des  nausées,  des  vomissements,  soif  vive,  diarrhée,  froideur 
é»  la  peau,  sueur  froide,  pouls  accéléré  devenant  petit,  sensibilité  des 
légaments  abdominaux  au  toucher,  diminution  prompte  des  forces , 
moft. 

2*  Potions  hypérémisants.  Dilatation  des  pupilles,  perte  de  con- 
naissance, somnolence,  respiration  lente  et  irrégulière,  vomissements, 
ebstraetion,  collapsus,  convulsions  cloniques  et  toniques,  paralysie, 

BMIfl. 


272  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

S*  Poisons  neuro-paralysants.  Mort  subite  ou  nausées,  vosui* 
sements,  pâleur  du  visage,  sueur  froide,  pouls  lent,  dilatation  on  con- 
traction des  pupilles,  convulsions  tétaniques,  écume  à  la  bondie  fk 
au  nés,  respiration  difGcile,  mort. 

A*  Poisons  labifiques.  Amaigrissement  lent  et  progressif,  aspect 
cachectique,  pour  Tempoisonnement  par  le  plomb  et  le  mercure, 
gencives  livides,  langue  couverte,  absence  d'appétit,  obstruction  in- 
testinale (colique  de  plomb  ) ,  tremblement  des  membres,  paralysie, 
mort  avec  les  symptômes  de  la  fièvre  hectique* 

5*"  Poisons  septiques.  Affaissement  et  abattement  général,  nai' 
sées,  vomissements,  symptômes  locaux  d'une  inflammation  spécifique, 
signes  généraux  d'une  fièvre  putride,  mort. 

Pour  les  symptômes  d'empoisonnement  par  les  principaux  prâsonft, 
voir  plus  bas« 

2*   RÉSULTATS  OE  L'aUTOPSIE. 

Pris  isolément  les  résultais  de  l'autopsie  permettent  plus  facile- 
ment de  faire  une  conclusion  que  les  seuls  symptômes  de  maladie. 
Il  y  a  une  série  de  poisons  qui  font  sur  le  cadavre  des  altérations  telles 
que  celles-ci  mettent  Tenipoisonnement  hors  de  doute  et  rendent 
l'analyse  chimique  inutile;  je  veux  parler  de  l'empoisonnement  par 
les  métalloïdes  tels  que  l'acide  sulfurique.  U  n'y  a  pas  d'autre  genre 
(le  mort  qui  offre  ces  destructions  de  tissus  que  l'on  rencontre  dans 
ces  empoisonnements,  et  ils  ne  se  produisent  pas  même  de  cette  façon 
si  l'on  ingère  de  l'acide  sulfurique  dans  Teslomac  d'un  cadavre 
comme  nos  expériences  l'ont  démontré. 

Il  y  a  encore  d'autres  résultats  spéciaux  qui  permettent  une  grande 
sûreté  de  jugement,  sans  que  l'on  ait  besoin  d'avoir  recours  à  une  ana- 
lyse chimique.  Si  Ton  trouve  dans  l'estomac  d'un  cadavre  des  sub- 
stances granuleuses  blanchâtres  qui,  séchées  et  mises  sur  des  charbons 
ardents,  laissent  exhaler  une  odeur  d'ail  sensible,  ou  bien  si  l'on 
trouve  des  grains  amorphes,  jaunâtres,  qui  pris  dans  l'estomac  d'un 
cadavre,  sont  briUaata  dans  Tobacurité  et  brûlent  quand  on  les  firotle» 


EMPOISONHEMENTS.  —  AUTOPSIE.  273 

el  si  des  vapears  phosphorescentes  s'exhalent  des  ouvertures  exté* 
lieares  du  corps,  on  peut  et  on  doit  conclure  qu'il  y  a  eu  dans  le 
premier  cas  empoisonnement  par  l'arsenic,  dans  le  second  empoi- 
sonnement par  le  phosphore. 

De  même  si  l'on  trouve  dans  l'estomac  des  grains  de  stramonium 
oo  de  belladone  y  on  peut  regarder  l'empoisonnement  comme  certain, 
sans  aller  plus  loin. 

Il  y  a  encore  les  cas  où  lors  de  la  dissection  on  perçoit  très 
distinctement  dans  le  eerreau,  la  poitrine,  l'estomac,  une  odeur  d'a- 
mandes amères  qui,  dans  la  plus  grande  majorité  des  cas,  indique 
un  empoisonnement  par  une  substance  qui  contient  de  l'acide  prus- 
sique.  Car  il  n'y  a  qu'une  seule  autre  substance  qui,  ingérée  dans 
l'estomac  d'un  cadavre,  le  pénètre  et  lui  donne  l'odeur  de  ce  poison 
violent  ;  je  veux  parler  de  la  nitro-benzine  employée  par  les  parfumeurs 
pour  la  Tabrication  des  savons  d'amandes  amères  et  imprégnant  le 
cadavre  de  cette  odeur  d'après  nos  expériences  sur  les  animaux. 

Je  cite  ces  exemples  pour  prouver  que  l'on  a  eu  grand  tort  de  né- 
gliger dans  la  question  des  empoisonnements  les  résultats  de  la  dissec* 
tionet  d'attribuer  une  valeur  exclusive  à  l'analyse  chimique.  Cepen- 
dant, ajoutons-le,  les  résultats  de  la  dissection,  dans  la  majorité  des 
cas,  ne  peuvent  avoir  une  valeur  complètement  décisive.  Car  des  inflam- 
mations locales  dans  l'arrière-bouche,  l'œsophage,  l'estomac,  etc., 
analogues  à  celles  qui  sont  produites  par  les  poisons  corrosifs,  peu- 
vent avoir  une  autre  origine.  De  même  pour  les  bypérémies  qui  se 
trouvent  si  souvent  produites  par  d'autres  causes.  De  plus,  la  plupart 
des  poisons  donnent  des  produits  si  variables  et  ont  été  observés  en  si 
petit  nombre  qu'il  serait  très  hardi  d'attribuer  une  valeur  décisive  aux 
observations  pathologiques  en  elles-mêmes.  Enfin,  la  putréfaction  peut 
masquer  complètement  les  critériums,  car,  d'un  côté,  les  poisons  favo* 
riseot  souvent  la  putréfaction,  ce  qui  masque  les  résultats  de  l'autopsie, 
nèoie  lorsqu'on  la  fait  de  bonne  heure;  d'un  autre  côté,  la  nature 
dandesliDe  du  fait  donne  lieu  à  une  instruction  ordinairement  très 
iarfifo  qnin'a  lieu  quelquefois  qu'après  l'inhumation  du  cadavre  ;  et 
dqiMii  k  cadavre  déterré  après  plusieurs  semaines  et  plusieurs  mois 
n.  18 


27A  PARTIE  THANATOLOGIQUB. 

est  présenté  à  Tautopsie»  les  tissas  sont  déji  tellement  détroits  qne 
Texamen  exact  n'est  plus  possible^  le  sang  est  altéré,  les  hjpéréDiet 
sont  effacées.  Néanmoins»  nous  le  répétons  »  en  général  Tantopùe 
jointe  aux  phénomènes  de  la  maladie  a  une  très  grande  talenr»  itelb 
ne  mérite  pas  le  discrédit  dont  on  l'entoure  ordinairement. 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue,  dans  les  cas  d'empoisonnement  doi- 
teux,  que  les  résultats  négatifs  peuvent  ôter  tous  lei  doutes,  h  mm 
parler  des  cas  fréquents  dans  lesquels  la  mort  ayant  en  lieu  d'nne 
manière  surprenante  après  l'ingestion  de  oirtiines  substances^  m 
soupçonne  un  empoisonnement,  ou  bien  lorsqu'au  hoaime  est  mort 
au  milieu  de  circonstances  suspectes  et  que  sa  mort  a  été  anatt* 
geuse  i  son  entourage.  Le  cas  devient  très  simple  lorsque  l'on  trovn 
une  hernie  étranglée  ou  un  ulcère  perforant  l'estomac.  Noos  en  ci- 
terons des  exemples  plus  bas  (222%  22S*  obs.).  Pour  ce  qui  concerne 
les  différentes  classes  de  poisons,  on  trouve  en  général  : 

l^"  Pour  les  poisons  corrosifs,  très  souvent  inflammation  ou  brA* 
lure  des  surfaces  mises  en  contact ,  l'ossophage  plissé  et  tanné,  éro- 
sions, ulcérations,  gangrène,  perforations,  épaississement,  gonfle- 
ment de  la  muqueuse  stomacale  qui  se  séptre  Cicilement,  des  tracas 
d'inflammation  consécutive  dans  les  poumons,  le  cœur  et  sartout  les 
parties  inférieures  des  intestins. 

2«  Pour  les  poisons  hypérémisants,  on  trouve  quelquefois  dans 
l'estomac  des  restes  sensibles  du  poison  qui  se  reconnaissent  i  Te* 
dorât,  la  forme,  les  signes  botaniques  ;  des  hypérémies  considérables 
dans  le  cerveau,  dans  les  poumons,  dans  le  cœur,  la  moelle  épinière, 
les  grandes  veines,  des  hjpérémies  partielles  en  forme  de  taches 
d'un  rouge  noir  sur  la  muqueuse  de  l'estomac  et  des  intestins. 

Nous  reviendrons  spécialement,  plus  bas,  p.  277,  sur  les  désordres 
que  produisent  les  principaux  poisons  appartenant  ft  ces  divisions. 
Quant  aux  poisons  des  autres  classes,  leurs  effets  sont  peu  connus  et 
incertains,  et  on  doit  dans  les  cas  qui  se  présenteront,  chercher  des 
analogies*  Dans  ce  but  nous  communiquerons  des  observations  aussi 
nombreuses  que  possible. 


EMPOISONNEMENTS.  —  ANALYSE   CHIMIQUE.  275 


3*  ANALYSE   CHIMIQUE. 

Quand  par  l'analyse  chimique  on  trouve  dans  un  cadavre  des 
traces  de  poison,  il  est  évident  qu'il  y  a  grande  probabilité  pour  que 
le  crime  d'empoisonnement  ait  été  commis,  cependant  celte  présence 
du  poison  ne  constitue  pas  une  preuve  infaillible.  Car,  sans  parler  de 
Il  possibilité  d'introduire  des  substances  vénéneuses  dans  l'estomac 
après  la  mort,  ce  qui  serait  très  difficile  et  se  reconnaîtrait  bien  vite, 
il  arrive  souvent  que  des  poisons  réels  sont  trouvés  dans  le  cadavre 
au  moyen  de  réactions  chimiques  sans  qu'il  y  ait  eu  le  moins  du 
monde  empoisonnement ,  soit  parce  que  le  poison  a  été  ingéré  en 
forme  et  dose  de  médicament,  et  ici  le  témoignage  négatif  du  mé- 
decin traitant  est  de  peu  d'importance,  car  on  sait  combien  il  arrive 
Souvent  que  les  malades  prennent  de  leur  propre  autorité  des  pilules 
ou  des  médicaments  de  toutes  sortes,  soit  parce  que  les  substances 
alimentaires  contenaient  du  poison. 

Wackenroder  (1)  a  trouvé  des  quantités  assez  considérables  de 
cuivre  et  de  plomb  dans  le  sang  des  hommes  et  des  animaux ,  ces 
corps  ne  peuvent  provenir  que  des  aliments.  Il  nous  est  souvent 
arrivé  de  trouver,  outre  le  poison  que  nous  soupçonnions,  des  traces 
de  métaux  de  toutes  sortes  qui  avaient  pénétré  dans  le  sang  avec 
des  aliments  ou  des  médicaments. 

Ainsi  c'est  seulement  la  quantité  du  poison  trouvé  chimiquement 

(pd  peut  faire  conclure  qu'il  y  a  eu  empoisonnement.  Des  quantités 

très  minimes  de  substances  vénéneuses  trouvées  dans  l'estomac,  dans 

le  sang,  etc.,  ne  sont  plus  ce  que  l'on  appelle  des  poisons.  On  sait, 

d'an  antre  cAté,  que  la  quantité  d'arsenic,  de  stramonium,  que  l'on 

trouve  par  l'analyse  chimique,  n'est  pas  exactement  la  quantité  qui  a 

ité  ingérée  ;  car  la  moitié  a  pu  déjà  être  évacuée  pendant  la  vie.' 

Dins  cartaias  cas  tout  le  poison  est  évacué  et  l'examen  chimique  n'a 

tticuQ  résultat.  Ce  sont  les  cas  assez  fréquents  qui  s'expliquent  par  les 

{\)  Anhiv,  fUr  Phannacie,  1853,  octobre,  p.  11. 


276  PARTIE   THAKATOLOGIQUE. 

théories  de  la  chimie  moderne:  l'absorption  par  le  foie,  UnU,U 
sang,  l'urine,  mémo  les  muscles  et  les  os;  on  a  Irouvé  de  celle  mi- 
nière l'acide  arsénieux  dans  le  fuie  ;  Orfila  a  trouvé  égalemcot  dn 
cuivre  ;  Stas  de  la  nicotine  dans  le  foie  et  les  poumons  dans  l'aSûre 
du  comte  de  Bocarmé  ;  Scbackt  et  Hoppe  de  l'acide  prussîque  dut  le 
sang  (203°  et  20A'  obs.),  Schiirer  (1)  de  l'antimoine  dans  l'uriDe, 
et  il  est  à  piévoir  presque  avec  cerlilude  que  l'on  Irouiera  de  celle 
manière  encore  une  grande  quantité  d'autres  poisocs. 

L'analyse  chimique  devient  Irès  incertaine  si  les  effets  du  poisao 
ont  été  combattus  par  un  contre-poison  ou  si  les  tissus  ont  été  entaliis 
par  la  potréfaction.  L'nctdehydrocyanique,  assez  facile  à  trouver  diDs 
les  cadavres  frais,  surtout  dans  l'estomac,  ne  se  trouve  ordinaire- 
ment plus  quelques  jours  après  la  mort,  car  il  se  décompose  Irés  nie 
avec  les  matières  organiques.  Le  phosphore,  qui  g'oxjde  si  raciiemeai, 
est  très  difficile  à  retrouver  dans  le  cadavre,  si  le  décédé  a  (écK 
quelque  temps  après  l'ingestion  de  cette  substance.  Puis  remarquooi 
que  la  chimie,  quoique  très  avancée,  a  encore  beaucoup  à  faire  pour 
devenir  infaillible,  il  y  a  beaucoup  de  poisons  que  l'on  ne  peut  pat 
trouver  par  la  chimie,  tels  que  les  alcaloïdes  vénéneux,  enfin,  li 
chimie  reste  tout  à  fait  impuissante  lorsque  le  poison  a  été  ^iell^ 
menl  assimile,  ce  dont  on  trouvera  un  exemple  â  la  '221«  obs. 

Pour  combattre  l'opinion  générale  qui  attribue  une  trop  grande 
■  valeur  â  l'analyse  cljimiqup,  je  dois  encore  faire  une  autre  critique: 
l'étude  des  livres  de  chimie  montre  combien  les  opinions  sont  diffé- 
rentes sur  les  méthodes  les  plus  convenables. 

Quiconque  a  l'habitude  de  la  médecine  légale  et  fréquente  les  chi' 
s  célèbres  sait  combien  ces  différences  d'opinions  se  présentent 
nuvent,  combien  souvent  unemOihodc  e^tvantéeparlesuas  et  répudiée 
|Br  les  autres  etc.  Toutes  ces  cousidiiralions  doivent  faire  réfléchir  le 

(  WkfterZeitichrifl,  n««c  Folge,  1858,  t.  X  Ctici  un  malade  injlÉ  avec  du 

D  itlbii,  trois  licurei  et  demiB  aprèi  l'ingeslion  du  premifr  gniti  on  paanil 

<i  de*  tncei  d'ic> 

■a  ipc^i  l'ingetUon  lie  la  sululioii  dcl'uicbrel  plusicurt  lisureiaptit 
HpX^  d<  lu  poudre  de  Couac  dti  Iraco  virib 


KMPOISONNEMENTS.  —  ACIDE   ARSÉMEUX.  277 

médecin  légiste  qui  devra  rester  à  moitié  laïque  dans  cette  matière 
et  ce  sont  ces  considérations  qui  m'ont  donné  l'idée  d'ajouter  aux 
trois  critériums  que  nous  venons  d'apprécier,  la  combinaison  de 
toutes  les  circonstances  extérieures  qui  accompagnent  la  maladie  et  la 
iDortda  décédé  dont  nous  parlerons  plus  bas. 

Puisque  les  procédés  de  chimie  légale  appartiennent  aux  experts 
chimistes,  ils  doivent  être  abandonnés  aux  traités  de  chimie,  quant 
lox  effets  spéciaux  des  poisons  ils  appartiennent  aux  toxicologistes; 
aussi  nous  nous  bornerons  à  indiquer  seulement  les  effets  généraux 
des  poisons  les  plus  ordinairement  employés,  et  les  plus  importants  pour 
la  pratique. 

4"   PUISONS   SPÉCIAUX. 

1*  Acide  arsénieux.  Son  absence  d'odeur  de  goût  et  de  couleur, 
sa  solubilité  dans  l'eau  et  dans  tous  les  liquides  aqueux,  enfin  son 
action  détruisante  sur  les  corps  organiques,  en  rendent reropbi  aussi 
fieile  qae  dangereux.  Lorsque  l'empoisonnement  est  lent  et  chroni- 
qne,  les  symptômes  sont  ceux  de  la  cachexie  générale  et  de  la  dysé- 
mie  finissant  par  une  fièvre  lente.  Lorsque  l'empoisonnement  est 
aigUy  il  y  a  desnausées,  vomissements  souvent  sanguins,  des  angoisses 
précordiales,  des  douleurs  d'estomac,  souvent  mais  pas  toujours  des 
coliques,  soif  vive  avec  sécheresse  de  la  gorge,  diarrhées,  peau  hu- 
mide, quelquefois  exanthème,  face  injectée,  fièvre,  grand  abattement 
enfin  souvent  convulsions.  Il  ne  manque  pas  cependant  de  cas  d'em- 
poisonnement par  l'arsenic  sans  que  des  symptômes  bien  nets  aient 
été  observés. 

A  Taiilopsie  on  trouve  hypérémie,  inflammations,  excoriations, 
érosions  hémorrbagiques  de  la  muqueuse  de  l'arrière-bouche,  de 
roBBOphage,  de  Testomac,  cette  muqueuse  devenue  lâche  se  laisse 
EKOsment  séparer. 

Linflammation  qui  peut  aller  jusqu'à  la  gangrène,  se  propage 
qiekiaofois  jusque  dans  le  duodénum  et  même  jusque  dans  l'iléum. 
La  sang  que  Ton  trouve  dans  le  cœur  et  dans  les  gros  vaisseaux  n'est 
pas  1res  coagulé,  il  perd  la  faculté  de  se  coaguler  comme  à  l'ordinaire. 


278  PARTIE  THANATOLOOIQUB. 

Quelquefois  on  trouve  des  taches  d'ecchymoses  dans  les  ventricules  da 
cœur  et  souvent  hypérémie  du  cerveau.  Les  traces  d'inflammatioA  se 
trouvent  quelquefois  après  quelques  heures.  Hais  nous  devons  ajou* 
ter  que  tous  ces  résultats  ne  sont  nullement  constants. 

L*effet  spéciGque  de  ce  poison  c'est  la  momification  du  corps  (TOjex 
page  36y  part,  générale).  Cette  momification  semble  se  faire  dans 
tous  les  cas  où  de  hautes  doses  d'arsenic  ont  été  administrées  et  n'ont 
pas  été  tout  à  fait  évacuées  pendant  la  vie.  On  ne  peut  cependant  pis 
la  considérer  comme  un  signe  certain  d'empoisonnement  par  l'arse- 
nic (Bordach),  car  des  cadavres  de  personnes  qui  ne  sont  certainement 
pas  mortes  de  cette  manière  se  momifient  :  soit  dans  les  sols  toorbeui 
qui  contiennent  beaucoup  d'humine,  soit  dans  les  sables  chauds  d'an 
désert  dans  lesquels  on  dit  avoir  trouvé  des  caravanes  entières  mo- 
mifiées, enfin,  soit  au  milieu  de  circonstances  que  l'on  ne  peut  expli- 
quer ;  dans  un  caveau,  j'ai  trouvé  chez  un  enfant  de  quatre  ans  qui 
n'était  pas  mort  d'empoisonnement  par  l'arsenic,  mais  qui  avait  été 
écrasé  par  une  porte  cochère  et  qui  Ait  déterré  neuf  mois  plus  tard,  une 
momification  très  prononcée  surtout  aux  membres  supérieun  et  i  la 
figure.  Cependant  si  les  autres  circonstances  appuient  le  soupçon  d'urm 
empoisonnement  par  l'arsenic,  la  momification  du  cadavre  donnera 
te  soupçon  une  plus  grande  probabilité  surtout  si  l'analyse  chimiqo 
du  cadavre  peut  encore  montrer  des  traces  d'anenic.  Cela  a  été 
sible  une  fois  après  dix  ans ,  c'est  l'époque  la  plus  tardive  que  l'o^  ^^ 
ait  observée. 

La  momification  ne  se  fait  cependant  pas  tout  de  suite  après  1  ^^" 
mort,  mais  peu  à  peu,  et  dans  le  commencement  la  pntréfactior  ^^^ 
marche  comme  à  l'ordinaire;  il  est  même  des  observateurs  q*^^  ^' 
prétendent  qu'elle  se  fait  plus  vite  qu'à  l'ordinaire.  (La  eause  de  c 
retard  dans  la  momification  provient  peut^ètra  de  ce  que  l'acid 
arsénieux  dans  le  cadavre,  met  un  certain  temps  à  se  changer  e 
hydrogène  arsénié  et  à  imbiber  le  corps.)  Il  s'ensuit  que  Vabtenc^ 
de  momification  du  cadavre,  surtout  peu  de  temps  après  la  mort,  n. 
peut  pas  amener  à  penser  qu'un  empoisonnement  par  l'araenic  n' 
paêeu  lieu.  On  trouve  chez  les  auteurs  qu'un  caractère  important  ^ 


EMPOISONNEMENTS.  —  ACIDE   EDLFURIQUE.  879 

|m  prouve  rempoisonnement  arsenical,  c'est  la  formation  de  moisis- 
urê  sur  le  cadavre,  parce  que  des  compilateurs  ont  trouvé  ce  phé- 
mnène  décrit  dans  quelques  cas.  Or,  la  moisissure  se  trouve  sur 
ms  les  cadavres  sans  exception  qui  sont  exhumés  après  peu  de 
HDps,  et  ce  phénomène  n*est  rien  moins  que  caractéristique. 

La  présence  normale  d'arsenic  dans  les  os  proclamée  par  CouerbOi 
(âspail  et  Devergie,  n'a  pas  été  constatée. 

2*  Acide  sulfurique.  Cet  acide  ne  peut  être  employé  pour  empoi- 
onnement  criminel  à  cause  de  son  effet  corrosif,  violent,  que  quand 
a  empoisonne  de  petits  enfants  ou  des  personnes  sans  connaissance. 
bii  la  mort  par  accident  ou  par  suicide  est  souvent  le  résultat  de 
•lia  terrible  substance. 

La  peau  du  corps  touchée  par  l'acide  devient  d'un  jaune^brun  perche* 
aillé,  la  muqueuse  de  la  langue  revêt  une  couleur  blanche  (quand 
l'est  l'acide  asotique  qui  est  ingéré  la  langue  devient  jaune),  mais  il 
lut  prendre  garde  de  confondre  cette  coloration  blanche  de  la  lan« 
^e  avec  des  aphthes.  L'administration  de  ce  poison  corrosif  produit 
b  fuite  une  brûlure  très  violente  dans  la  bouche,  rarrière-bouche 
NNiTent  avec  le  sentiment  de  constriction)  et  dans  l'estomac,  elle 
dl  éprouver  une  soif  vive,  des  vomissements  qui  peuvent  être  san- 
uns,  et  si  la  dose  est  haute  la  mort  survient  bientôt. 

A  l'autopsie  on  trouve  eitérieurement  surtout  aux  lèvres,  ou 
sa  sillons  allant  des  angles  de  la  bouche  vers  le  cou ,  ou  des 
ches  jaunes  ou  d'un  brun  sale,  parcheminés,  et  le  derme  sous- 
cwt  détruit.  La  muqueuse  de  la  langue,  de  l'arriëre-bouche  est 
lanche,  dans  des  cas  très  rares  l'œsophage  est  brûlé,  il  est  plus 
NB^eot  tanné,  dur  et  gris,  et  on  peut  y  distinguerdans  la  muqueuse 
sa  vaiaseaux  injectés.  L'estomac,  si  la  quantité  d'acide  est  un  peu 
■aaidérable,  est  coloré  d'une  manière  toute  particulière  que  l'on  ne 
eut  méconnaître  :  il  est  noir,  comme  charbonné,  son  tissu  est  gélati- 
Uorme,  il  se  déchire  en  lambeaux  au  toucher.  L'acide  snlfiirique 
BBS  en  contact  avec  des  vaisseaux  capillaires  est  assez  long  à  les 
Mraire,  mais  après  quelques  heures  le  tissu  est  si  ramolli  que  la 
ptQs  légère  pression  les  fait  tomber  en  détritus.  Ainsi  les  parois  de 


280  PARTIE   THÀNATOLOGIQUE. 

ces  capillaires  se  ramollissent,  ne  peavent  plus  résistera  la  pression  do 
sang  artériel,  se  déchirent  et  provoquent  des  hémorrhagies.  Ces  cpan- 
chements  de  sang  qui  restent  encore  sous  l'influence  de  l'acide,  expli- 
quent la  coloration  noire  du  tissu  et  du  contenu  de  restomic.  1'^ 
même  temps  on  explique  par  là  pourquoi,  quand  on  met  de  l'adde 
sulfurique  dans  un  estomac  mort,  une  réaction  telle  que  cdie  qoe 
nous  venons  de  décrire  ne  se  fait  pas,  et  pourquoi  l'estomac  est  seu- 
lement corrodé  et  à  la  longue  détruit,  la  couleur  restant  d'un  gris  clair 
par  suite  de  l'absence  de  l'extravasation. 

Lorsque  l'acide  sulfurique  a  agi  avec  ihoins  d'intensité  ou  a  èlé 
neutralisé  par  des  absorbants,  la  vie  peut  être  conservée  tout  i  fait  ou 
dans  certains  cas  elle  traîne  encore  pendant  plusieurs  semaines  et  on 
trouve  alors  dans  l'estomac  du  cadavre,  des  traces  d'une  inflammaticm 
plus  ou  moins  aigué  ou  chronique,  surtout  des  épaississements  de  la 
muqueuse,  des  ulcères  qui  alors  empêchent  de  dire  avec  certitude  si 
un  empmsonnement  avec  de  l'acide  sulfurique  a  eu  lieu. 

Je  n'ai  jamais  trouvé  le  sang  liquide  dans  le  cadavre  après  un 
empoisonnement  aigu  par  l'acide  sulfurique,  il  est  au  contraire  d'une 
consistance  de  sirop  ou  encore  plus  épais.  Il  a  une  couleur  rouge 
cerise  et  une  réaction  tris  acide;  je  communiquerai  plus  bas  une  ob- 
servalion  (197*  obs.)  dans  laquelle  j'ai  trouvé  le  fluide  du  péricarde  et 
les  eaux  de  Tamnios  réagissant  avec  acidité  chez  une  femme  enceinte 
empoisonnée  avec  de  l'acide  sulfurique. 

Dans  quelques  cas,  l'examen  chimique  des  vêtements  du  cadavre 
qui  montrent .  des  trous ,  peut  compléter  le  dignostic.  (Voyes 
page  160.) 

Un  autre  efiet  de  l'acide  sulfurique  peut-être  aussi  d'autres  acides 
que  je  ne  trouve  mentionné  nulle  part,  est  l'efi'et  antiseptique.  Les 
cadavres  des  empoisonnés  par  cet  acide,  restent  cœterit  paribus  long- 
temps frais  et  n'exhalent  aucune  mauvaise  odeur  pendant  la  dissection. 
La  raison  en  est  que  l'acide  rassasie  l'ammoniaque  produite  par  la 
putréfaction,  jusqu'à  ce  que  à  la  longue  il  soit  neutralisé  lui-même. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  la  justesse  de  celte  explication,  on  verra  plus 
bas  la  justesse  de  l'observation. 


EMPOISONNEMENTS.  —  PHOSPHORE.  281 

3^  Phosphore.  La  nécrose  des  maiillaires  des  ouvriers  qui  fabri- 
|iient  les  allumettes  produite  par  l'influence  du  phosphore,  est  une 
ivestion  d'hygiène  et  non  de  médecine  légale,  mais  il  peut  y  avoir 
las  empoisonnements  aigus  par  le  phosphore  des  allumettes,  ce 
ont  alors  des  questions  qui  sont  du  domaine  du  médecin  légiste, 
[Daod  on  suppose  que  l'empoisonnement  est  le  résultat  d*un  crime* 
!m  affaires  deviennent  de  plus  en  plus  fréquentes  depuis  Fusage 
iréquent  de  la  pftte  de  phosphore  pour  empoisonner  les  rats.  Cette 
nbslance  terriblement  vénéneuse,  puisque  1  ou  2  grains  suffisent 
loar  empoisonner,  est  devenue  d'un  usage  familier  pour  le  public. 

Les  effets  de  cette  intoxication  sont  :  bralûre  violente  à  l'estomac 
Bt  au  ventre,  ructus  fréquents  de  gaz  ayant  unp  odeur  alliacée,  vomis- 
nAients  de  matières  ayant  la  môme  odeur,  qui,  ainsi  que  les  fèces 
liquides  sont  quelquefois  lumineuses  dans  l'obscurité  ;  grande  an- 
goisse et  inquiétude,  pouls  petit,  à  peine  sensible,  sueur  froide,  plus 
tard  prostration  particulière,  chez  les  hommes  quelquefois  du  pria* 
pisme;  enfin,  la  mort  arrive  au  bout  de  peu  de  temps,  quelquefois 
die  envahit  insensiblement  le  malade,  d'autres  fois  elle  succède  à  de 
grandes  convulsions. 

A  l'autopsie  on  trouve  :  expression  du  visage  complètement  sereine, 
eieoriation  légère  de  la  bouche  et  de  l'arrière-bouche,  odeur  de 
phosphore  dans  la  bouche,  émanations  de  vapeurs  de  phosphore  par 
'e  vagin  et  par  l'anus,  qui  pendant  le  jour  ont  l'aspect  d'une  mince 
ilmée  et  le  soir  sont  lumineuses  (206^  obs.);  quelquefois  on  voit  un 
^ântbème  pétéchial  qui  alors  devait  être  visible  dans  les  derniers 
lomenta  de  la  vie,  le  péritoine  enflammé,  l'estomac  quelquefois  dis- 
^du  par  des  gaz  sentant  l'ail  et  contenant  dans  les  plis  de  la  mu- 
nease  intestinale,  des  grains  de  phosphore  qui  s'enflamment  (1) 
^uand,  a|M^  les  avoir  fait  sécher,  on  les  frotte. 

(I)  Voir  la  mélhode  nouvelle  et  la  meilleure  pour  découvrir  le  phosphore,  par 
lilscherlich,  dans  ma  ^VierUljahrsschrifl^t  vol.  VIII,  p.  6.  Une  grande  quanUté 
le  cas  d'empoisonnements  volontaires  ou  accidenlek,  qui  sont  arrivés  pour  la  plu- 
liarteQ  France,  ont  été  compUés  par  Henry  et  Chevallier.  Voir  Études  chimiques  et 
^féékaUs  sw  le  pho^hore  dans  les  Annales  d'hygiène  pub.  1857.  Avril,  p.  414. 


282  PARTIE  THANATOUmiQUK. 

Tout  le  contenu  de  l'eslomac  est  ordinairement  lunûnciia  dans 
l'obscurité,  surtout  s*il  est  chauffé;  la  muqueuse  derestomaeeiici 
et  la  tachée  en  gris  cendré  ou  en  rouge  pourpre  ;  on  voit  ausii  to 
ulcères  profonds  du  tissu  pénétrant  jusqu'à  la  coocbe  moseidsaN; 
les  mêmes  anomalies  existent  dans  le  duodénum  et  les  parties  pro* 
fondes  des  intestins  ;  le  pancréas  et  les  reins  sont  plus  foncés,  lii 
veines  de  Tabdomen  sont  pleines  de  sang  foncé  et  un  peu  épais,  limi 
que  les  poumons.  Le  ccsur  flasque,  veines  coronaires  et  le  cobot  droit 
bypérémiques,  la  muqueuse  de  l'œsophage  fortement  rougie»  érodie 
çà  et  là  ;  on  ne  voit  rien  de  particulier  dans  la  tète. 

Comme  les  autres  empoisonnements  par  des  sobttaneaa  inor- 
ganiques, ceux  qui  ont  lieu  par  le  phosphore  peuvent  présenter  à 
l'autopsie  des  résultats  plus .  ou  moins  négatifs,  comme  on  le  verra 
dans  les  obs.  205  et  206,  La  mort  a  lieu  alors  et  plus  souvent  qn'on 
ne  Ta  cru  jusqu'à  présent  d'une  manière  dynamique,  parce  que  le 
sang  est  privé  de  ses  propriétés  vitales.  Dans  les  cas  que  nous  avons 
observés,  les  globulei  du  sang  étaient  privés  de  leur  eoloratim 
rouge  j  et  étaient  transparents  $$  implores;  le  pigment  rouge  était 
dissous  dans  le  plasma  non  coagulé^  de  sorte  que  le  sang  repré* 
sentait  un  liquide  analogue  au  sirop  rouge  cerise  et  transparent. 
De  telles  altérations  enlèvent  au  sang  sa  vitabilité  et  sa  propriété  nutri- 
tive (1). 

h^  Colchique  et  colehicine.  Il  m'est  arrivé,  ce  qui  esl  aaseï  rare, 
de  faire  l'autopsie  de  quatre  personnes  qui  avaient  été  empoiaotnées 
par  la  même  préparation  de  colchique  (teinture  de  semenoê  de  ed* 
chique  y  Ph.  prussienne).  Ces  cas  ont  donné  lieu  aux  recherches 
les  plus  minutieuses  de  la  part  des  savants  les  plus  distingués  de 
Berlin,  et  ont  amené  à  la  découverte  d'une  méthode  nouvelle  pour 
retrouver  la  colchicine  (2);  ils  ont  démontré  en  même  temps  que  la 
colchicine  est  un  des  poisons  les  plus  violents,  plus  vénéneux  encore 

(1)  Comparez  la  destruction  des  globules  de  sang  par  empoisonnement  avec  le 
nitrate  de  soude  (21 5«  obs.  ),  par  asphyxie  produite  par  acide  carbonique  et  par  le 
gaz  hydrogène  sulfuré  (261*  obs.). 

(î)  Voir  ma  Vierteljahrstchrifty  1855,  p.  1. 


EUPOISOMNEXKNTS.  -^  COLCHIQUE .  288 

qae  le  phosphore.  Car  nos  qaatres  victimes  (211  à  21  &,  ohi.)  étaient 
des  hommes  de  quinze  à  quarante  ans,  ils  avaient  pris  chacun  tout 
au  plus  de  2  cinquièmes  à  un  demi-grain  de  colchieine  en  une 
■eole  fois,  et  cette  dose  fut  suffisante  pour  amener  une  mort  rapide. 

Les  effets  du  poison  sont,  d'après  nos  observations  et  le  peu  de  cas 
connus  :  angoisses  et  oppressions,  brûlure  dans  la  bouche  etTarrière- 
bouche,  douleurs  violentes  dans  Tabdomen  qui  ne  s'augmentent  pas 
toujours  par  la  pression,  vomissements  torrentiels  et  continuels  de 
matières  verdâtres  ou  jaunâtres,  selles  copieuses  de  mômes  ma* 
tières,  soif  très  vive,  coUapsus,  faciès  pâle,  pupilles  normales,  peau 
humide  et  visqueuse,  pouls  petit,  de  80  è  90  pulsations,  absence 
d*urine  et  mort  très  rapide  par  inanition. 

A  l'autopsie,  dans  nos  quatre  observations,  nous  vîmes  :  pntré* 
(action  ordinaire,  réaction  acide  des  liquides  de  l'estomac  et  des  uri- 
nas, sang  épais  d'un  rouge  cerise  foncé  comme  dans  les  empoisonne* 
meuts  avec  l'acide  sulfurique  (1),  hypérémie  très  prononcée  de  la 
veine  cave,  des  reins,  la  vessie  plue  ou  moins  remplie,  hypérémie  du 
eoMir  droit,  du  cerveau,  et  hypérémie  médiocre .  des  poumons. 

Quelques  résultats  se  rencontraient  isolément  chez  un  ou  plusieurs 
de  ces  quatre  empoisonnés.  C'était  surtout  dans  l'estomac.  Chez  l'un, 
k  It  surface  extérieure  de  l'estomac,  on  apercevait  les  vaisseaux  en 
forme  de  filet,  et  à  l'intérieur,  la  muqueuse  uniformément  rouge 
<carlate;  ainsi  une  véritable  inflammation.  Chez  l'autre,  les  vaisseaux 
de  là  petite  courbure  étaient  i  la  partie  extérieure  gorgés  de  sang,  et 
cependant  la  muqueuse  à  l'intérieur  était  pâle  et  ne  présentait  une 
•eebymose  qu'à  la  partie  postérieure.  Les  deux  autres  cadavres 
avaient  leur  estomac  tout  â  fait  normal.  Dans  les  cas  d'empoisonne- 
ment par  cette  substance  que  l'on  trouve  décrits  dans  les  auteurs,  on 
voit  que  quelquefois  l'estomac  et  les  intestins  ont  été  trouvés  sans 
aucune  trace  d'inflammation,  et  dans  deux  cas  le  corps  n'a  présenté 
absolument  jiucune  anomalie. 

(1)  Le  professeur  SchrofT  a  trouvé  tout  à  fait  le  même  état  du  sang  dans  six 
expériences  dites  sur  des  lapins  empoisonnés  avec  0,5  grammes  de  colchieine.  Il 
dit  que  le  sang  était  épais  et  foneé.  Voir  OEsterreich.  Zeitêchrifi^  1856,  n*«  SS^Sé. 


f 


28i  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

6**  Champignofiê  vénéneux.  Le  Agarictis  phalloïdes j  mtiiearivi; 
integer  et  le  Boletus  luridus  sont  les  champignons  les  plus  irénéneai. 
Ils  produisent  :  picotements  dans  le  cou,  nausées,  malaises,  vomis- 
sements, vertiges,  affaissements,  coliques,  diarrhée  avec  ténesme, soit 
violente,  respiration  difficile,  convulsions,  mort. 

Les  autopsies  sont  trop  peu  nombreuses  pour  permettre  de  poser 
des  bases  certaines  de  diagnostic.  On  a  trouvé  des  inflammations  de 
l'estomac  et  des  intestins,  le  sang  foncé  et  très  liquide  remplissant 
le  cœur  droit,  et  Thypérémie  des  poumons. 

6"*  Acide  oxalique  et  sels  oxaliques.  Je  ne  puis  pas  déclarer  par 
mon  expérience,  si  ce  poison  trës'  violent  qui  amène  la  mort  ordi- 
nairement par  suite  d*un  accident,  est  une  substance  employée  son- 
vent  par  les  suicidés  et  s*il  est  employé  surtout  par  les  ouvriers  des 
fabriques  de  coton  comme  on  Ta  prétendu.  Car  je  n'ai  pas  vu  un 
seul  cas  d'empoisonnement  par  l'acide  oxalique,  quoique  Berlin  pos- 
sède les  plus  grandes  fabriques  de  toute  l'Allemagne  ;  les  statistiques 
prouvent  également  qu'en  Prusse,  les  empoisonnements  afVec  les 
acides  oxaliques  sont  très  rares,  tandis  qu'en  Angleterre  on  les  dit 
assez  fréquents.  Les  rapports  sur  les  effets  de  ces  poisons  s'accor- 
dent :  sensation  de  brûlure,  nausées,  constriction  du  cou,  vomis- 
sement fréquent  et  acide,  coliques  violentes,  diarrhées,  prostration 
rapide,  convulsions,  mort  Iris  rapide, 

A  l'autopsie  on  trouve  :  La  muqueuse  de  l'arrière-bouche  et  de 
l'oesophage  blanchâtre,  celle  de  l'estomac  et  du  duodénum  pâle  ou 
seulement  rouge  claire,  en  partie  gangrenée  et  soulevée  par  des  plis 
si  la  mort  n'est  pas  survenue  très  vite,  mais  le  plus  ordinairement  elle 
est  blanche  et  facile  à  déchirer,  le  sang  foncé  et  épais,  hypérémie 
dans  le  cerveau,  les  poumons,  le  cœur  droit  et  les  gros  vaisseaux 
de  la  poitrine  et  de  l'abdomen.  Ce  poison  administré  en  dissolution 
aux  animaux  a  produit  du  tétanos  et  une  paralysie  du  cœur. 

7*  Sublimé  corrosif.  Il  ne  se  présente  presque  jamais  dans  la 
pratique,  des  empoisonnements  par  le  sublimé  corrosif.  Il  produit  : 
un  goût  désagréable,  métallique,  brûlure  violente  dans  l'arrière- 
boucl|a,  inflammation  et  érosion  au  palais  et  aux  amygdales,  des 


EMPOISONNEMENTS.  —  OPIUM.  285 

^omisseoieQts  de  saog,  soir  vive,  des  selles  sanguinoleaUis.  peu  de 
cbaogeinent  dans  le  pouls,  suppression  de  rurination,  le  vratre  n*est 
ni  gonflé  ni  très  douloureux  ;  dans  un  cas  la  mort,  même  après 
une  dose  de  trois  gros,  n'arriva  que  le  sixième  jour. 

A  Tautopsie  on  trouve  :  coloration  violette,  quelquefois  blanche 
de  la  muqueuse  de  Tarrière-bouclie  et  de  la  bouche;  la  muqueuse 
de  l'estomac  hypertrophiée,  ulcérée,  gangreneuse  ;  la  muqueuse  des 
intestins  enflammée  dans  une  grande  étendue,  couverte  de  mucus 
sanguinolent,  le  gros  intestin  contracté;  les  reins  rougis,  la  vessie 
petite»  contractée;  la  trachée- artère  et  les  bronches  injectées. 

8*"  Acide  cyankydrique  (et  le  cyanure  de  potasse,  Teau  de  lau- 
rier-cerise et  rbuile  d'amandes  amères).  Ce  poison  ne  produit  pas  de 
maladie,  car  aussitôt  après  l'administration,  la  mort  a  lieu  ou  subite- 
ment ou  après  des  paralysies  du  mouvement  qui  sont  de  couite 
dorée. 

Lors  de  Tautopsie,^  Todeur  d'amandes  amères  de  l'intérieur  du 
cadavre)  dépend  exclusivement  da  l'époque  à  laquelle  l'ouverture  du 
corps  a  lieu.  Lorsque  le  poison  est  décomposé,  ce  qui  a  lieu  vite  si 
l'acide  çyanhydrique  est  en  contact  avec  des  substances  organi- 
ques, on  ne  perçoit  plus  d'odeur,  mais,  on  la  retrouvera  toujours  si 
i'auiopsie  est  faite  très  peu  de  temps  après  la  mort.  Le  sang  du 
cadavre  est  toujours  très  foncé  et  très  liquide,  il  y  a  hypérémie  de 
la  cavité  crânienne,  du  foie,  des  reins,  de  la  veine  cave,  tandis  que 
les  poumons  et  le  cœur  ne  sont  pas  toujours  hypérémiques.  L'esto- 
mac ne  présente  pis  d'altération  anatomique;  une  coloration  rouge 
l>nuie  foncée  à  l'extérieur  comme  à  l'intérieur  de  l'estomac  avec  la 
présence  de  veines  bleues,  ne  sont  que  des  symptômes  de  putréfac- 
tion. 

^  Opium  (ainsi  que  ses  éléments  et  ses  composés).  L'action  de 
petites  doses  d'opium  est  connue  en  thérapeutique.  Lorsque  la  dose 
est  mortifère  il  y  a  d'abord  des  nausées,  des  vomissements,  dilata- 
tion de  la  pupille  non  constante,  quelquefois  chaleur  et  tuméfaction 
du  visage,  surtout  chez  les  petits  enfants  qui  ont  été  empoisonnés 
par  une  décoction  de  tètes  de  pavot.  Quelquefois  au  contraire,  une 


286  PARTIE   THAMATOLOGIQUE. 

figure  p&le  et  collapsas,  sueur  froide,  somnolence,  stupeur,  pools 
dur  et  accéléré,   spasmes   et   convolsious  générales,  respinfion 
lente,  ronflante,  écume  à  la  bouche,  cessation  complète  de  la  senâ- 
bilité,  de  sorte  que  de  fortes  irritations  ne  sont  plus  senties,  obstniG- 
tion,  rétention  d'urine  (on  prétend  que  par  l'acétate  de  morphine,  on 
trouve  constamment  des  démangeaisons  de  la  peau  et  on  exanthime 
pétéchial);  la  mort  arrive  enfin,  mais  elle  est  quelquefois  évitée  pir 
un  traitement  énergique.  Il  n'y  a  pas  d'empoisonnement  dont  les 
phénomènes  soient  décrits  d'une  manière  si  différente  que  celui-ci, 
car  ils  se  modifient  selon  que  l'empoisonnement  est  plni  <m  moini 
aigu.  Il  est  encore  plus  difficile  que  pour  les  antres  poisons  de  ran- 
ger les  symptômes  systématiquement.  lien  est  de  même  pour  l'an- 
topsie. 

Lorsque  le  cadavre  est  frais  et  que  la  dose  a  été  haute,  par 
exemple  lorsqu'elle  a  été  administrée  à  l'état  de  teinture,  l'estomac 
laisse  exhaler  une  odeur  d'opium  très  sensible,  cette  odeur  jointe  i 
l'analyse  chimique  indiquant  la  présence  de  l'opium,  constitue  un 
bon  signe  diagnostique  de  l'empoisonnement,  tandis  que  des  taches 
ecchymosées  de  la  muqueuse  stomacale,  l'hypérémie  des  reins,  de 
l'estomac  et  de  l'abdomen,  des  poumons  et  du  cœur  et  surtout  de  la 
cavité  crânienne,  ainsi  que  l'état  liquide  du  sang  foncé,  s'observent 
dans  bien  d'autres  circonstances  et  ont  peu  de  valeur  diagnostique. 

Les  cheveux  du  cadavre  des  empoisonnés  par  les  substances  nar- 
cotiques tombent  facilement,  d'après  les  auteurs,  et  on  trouve  par- 
tout ce  symptôme  noté  comme  pouvant  ajouter  une  nouvelle  preuve  i 
un  empoisonnement  qui  est  resté  douteux.  Il  est  vrai  que  cela  se  pré- 
sente surtout  pour  les  empoisonnements  par  les  substances  narcoti- 
ques, mais  il  est  tout  à  fait  erroné  de  proclamer  ce  résultat  comme 
signe  diagnostique  infaillible,  puisqu'il  n'est  que  le  résultat  de  la 
putréfaction  qui  cœteris  paribusj  se  fait  plus  prompteroent  après 
ces  empoisonnements.  Tout  cadavre  un  peu  avancé  dans  la  putré- 
faction montrera  ce  phénomène.  Je  dois  diriger  l'attention  encore 
sur  une  autre  circonstance.  Les  éléments  chimiques  de  ce  poison 
sont  en  général  les  mêmes  que  ceux  de  nos  aliments  ;  ce  qui  explique 


EMPOnOimEXENTS.  —  CIRCONSTANCES  PARTICULIÈRES.        287 

lHê  quelquefois  des  préparations  d'opium  même  à  hante  dose 
INMent  par  absorption  et  ne  peuvent  plus  être  retrouvées  par  la  chi- 
Wièf  drconstatice  qui  augmente  la  difficulté  de  prouver  les  empoi^ 
lomiements  par  la  présence  de  Topiuro  (221*  obs.) 

10"  Alcool.  Nous  ne  décrirons  pas  les  effets  de  l'alcool  sur  le 
rmnt  qui  sont  connus  de  tout  le  monde.  Nous  avons  eu  souvent  à 
saminer  des  hommes  qui  étaient  tombés  morts  d*ivresse  et  par  con- 
éqoenl  étaient  morts  d'un  vrai  empoisonnement  par  Talcool. 

L'aatopsie  montrait  comme  caractère  commun  les  progrès  très 
sais  de  la  putréfaction  non-seulement  à  l'extérieur,  mais  aussi  à  l'in- 
éffieiir,  pas  d'odeur  cadavérique,  au  contraire,  une  odeur  de  viande 
ratehe  et  quelquefois  une  faible  odeur  d'eau-de-vie.  Cette  odeur, 
Taj^rte  les  recherches  de  Duchek  (Prager  Vierteljahsschrifty 
L86S,  ni),  provient  de  l'oxydation  rapide  de  l'alcool  en  aldéhyde  qui 
raah  mêlé  avec  le  sang  (1).  J'ai  trouvé  constamment  :  hypérémie  du 
cerveau,  même  hémorrhagie,  hypérémie  des  veines  abdominales,  ou 
hypérémie  des  poumons  et  du  cœur  et  toujours  le  sang  liquide  et 
fineé»  des  exsudations  lymphatiques  entre  les  membranes  du  cerveau, 
le  sorte  que  l'on  trouve  l'arachnoïde  tout  à  fait  blanchâtre  et  comme 
nmie;  ces  exsudations  sont  produites  par  l'irritation  chronique 
h  cerveau  des  ivrognes,  et  se  retrouvent  chez  tous  les  hommes  adon- 
iés  aux  boissoiis* 

Nous  parierons  dans  les  observations  de  quelques  autres  poisons. 
^hm  étudierons  plus  bas  l'asphyxie  par  les  gaz  irrespirables,  et  la 
iHirt  par  la  chloroforme. 

5^  LES  CUlCONSTAlfCES  PARTICULIÈJUU. 

Nous  avons  signalé  comme  quatrième  signe  diagnostique  pour 
^tMtttater  un  empoisonnement,  la  combinaison  de  toutes  les  circons- 
«Bces  extérieures  qui  ont  accompagné  la  maladie  et  la  mort  dans  le 

(t)  Cette  explication  de  Duchek  a  été  contestée  par  R.  Masing,  Dissertation 
1 4»  MMêtUionUms  spirUm  vkU  in  corpus  ingesti,  Dorpat,  lS3t. 


288  PARTIE   THANÂTOLOGIQUE. 

cas  qui  se  présente.  La  pratique  démontre  an  eflel  q«e  la  couidin-     j^*^^  ^ 
lion  de  ces  circonstances  tôt  d*un  grand  secours  poor  motiier  ^     ^       . 
jugement  médical.  Le  médecin,  au  lit  du  malade,  ne  peut  du  reste      r'^' 
pas  s*empécher,  si  le  cas  est  douteux,  d'examiner  airec  attealion      '  ^^ 
toutes  ces  circonstances;  pourquoi  le  médecin  légiste  agiraii-ilaïUe 
ment  et  rcslerait-il  sourd  aux  combinaisons  du  bon  sens? 

Les  exemples  qui  se  sont  présentés  dans  ma  pratique  médico- 
légale  expliqueront  et  démontreront  ce  que  je  viens  de  dire.  Od 
disait  qu'un  homme  avait  reçu  du  poison  de  la  main  de  l'amant  de 
sa  femme,  de  complicité  avec  cette  dernière.  Il  avait  mangé  dn  pain 
sur  lequel  avait  été  étalé  du  phosphore.  La  tartine  n'avait  été  maogée 
qu'à  moitié  parce  que  le  goût  ne  lui  en  était  pas  agréable;  bientôt 
après  il  avait  présenté  des  symptômes  d'empoisonnement  et  était 
mort  après  une  courte  maladie.  Le  cadavre  ne  fut  pas  disséqué  tontde 
suite,  mais  plus  tard  il  fut  déterré  quand  les  soupçons  se  firent  jour. 
La  putréfaction  avancée  avait  rendu  les  résultats  de  l'autopsie  très 
incertains,  mais  pourtant  on  trouva  encore  des  traces  d'inflamroatioa 
dans  les  intestins.  L'analyse  chimique  resta  sans  succès,  ajoutons 
que  faite  dans  une  petite  ville  de  province,  elle  laissa  beaucoup 
désirer.  L'instruction  révélait  des  circonstances  suspectes  qui  n 
concernaient  pas  le  médecin  légiste,  mais  en  outre  il  ^  avait  de^^-  ^ 
dépositions  unanimes  et  très  remarquables  de  plusieurs  témoins  ^^ 
qui  n'étaient  que  de  simples  campagnards;  ils  s'acccurdaîeDt  i  dir^^^ 
que  les  doigts  du  décédé  après  avoir  mangé  la  tartine  et  s'être  rendit:^'  '^ 
le  soir  dans  une  élable  obscure,  étaient  lumineux,  et  que  le  restai  -^ 
de  la  tartine  le  lendemain  sentait  encore  les  allumettes,  ce  qu^P^  ^ 
les  témoins  ne  comprenaient  pas.  La  considération  des  circonstanc 
que  nous  venons  de  mentionner  n'appartient-elle  pas  au  domaine 
médecin  ? 

Dans  un  autre  cas,  le  crime  avait  eu  les  mêmes  motifs  i^un  homme 
du  monde  était  accusé    d'avoir  empoisonné   avec  de  Tarsenic  son 
ami,  avec  la  jeune  femme  duquel  il  avait  des  relations  intimes.  Il  fut 
constaté  que  toutes  les  fois  que  Taccusé  était  venu  en  visite  chez  son 
ami,  ce  dernier  ordinairement  bien  portant  et  robuste,  était  tombé 


EMPOnOIfllEMENTS.  —  CIRCONSTANCES    PARTICULIÈRES  289 

i^kule  après  le  dîner,  avec  des  symptômes  qui  annonçaient  un  em- 
Maonneoiant  par  une  substance  corrosive,  ce  qui  paraissait  étrange 
tout  le  monde.  Enfin,  le  mari  meurt,  et  Tami  de  la  maison  épouse 
.  veuve.  Longtemps  après  le  cadavre  fut  déterré,  il  présentait  une 
omiiication  insolite,  mais  par  l'analyse  chimique,  on  ne  pouvait 
os  trouver  d*acide  arsénieux.  Quand  on  fit  des  perquisitions  dans 
maison,  on  y  trouva  cachée  dans  une  malle  une  boite  contenant 
)  Varsenic  ;  le  contenu  de  cette  boite  comparé  avec  la  quantité 
mandée  au  pharmacien  (1),  fut  trouvé  diminué  considérablement. 
a  toutes  ces  circonstances,  devait-on  admettre  que  Ton  avait  admf- 
istré  du  poison  au  décédé? 

Je  rappelle  aussi  le  cas  communiqué  plus  haut,  d'un  empoison- 
ement  douteux  par  l'arsenic  ,  qui  s'est  présenté  à  moi  il  y  a 
Nigtemps,  dans  lequel  il  y  avait  tant  de  circonstances  graves  qui 
•riaient  pour  l'empoisonnement,  que  l'accusé  avoua  son  crime  par 
on  suicide  dans  la  prison,  mais  l'empoisonnement  ne  pouvait  pas 
Ire  prouvé  médicalement,  et  il  serait  passé  peut-être  impuni  si  on 
'était  retranché  derrière  le  scepticisme  outré  médico-légal  que  l'on 
vait  adopté  à  cette  époque. 

De  telles  circonstances  accompagnant  la  maladie  et  la  mort,  exis- 
«t  presque  dans  chaque  empoisonnement,  et  c'est  se  priver  d'un 
Mours  précieux  que  de  vouloir  les  laisser  de  côté  dans  le  rapport 
lédicai.  Je  dis  un  secours,  car  je  suis  bien  loin  de  vouloir  soutenir 
ae  le  médecin  légiste,  en  l'absence  de  tout  autre  signe,  puisse  fonder 

(t)  Dans  toute  U  Prusse  les  pharmaciens  sont  obligés  de  ne  donner  les  poi$ons 
ne  sur  les  ordonnances  médicales  ou  à  des  personnes  recommandables,  mais 
Niîoiirs  la  demande  doit  en  être  faite  par  écrit.  Dans  les  pharmacies  ces  papiers 
ohent  être  numérotés  et  conservés  soigneusement  ;  ils  doivent  être  transcrit**  sur 
ni  grand  livre  spécial  qui  doit  se  composer  de  six  colonnes  : 
r  Le  il**  de  lu  demande. 
2*  La  date. 

3*  Le  nom  de  celui  qui  a  reçu  le  poison. 
4*  S'il  a  reçu  en  personne  ou  par  l'entremise  de  qui. 
l'  5*  Le  nom  da  poison. 
C*  La  quantité. 

n.  •      19 


290  PARTIE  THANATOLOGIQUB. 

son  jugement  sur  ces  circonstances  seules  ;  je  sois  le  premier  ï 
proclamer  que  c'est  la  mission  du  jury  de  les  peser  et  de  les  appré- 
cier. Mais  ma  longue  expérience  m'a  donné  la  conviction  que  les 
subtilités  théoriques,  les  doutes  exagérés  des  auteurs  n'aboutisie&i  i 
rien,  et  donnent  toujours  lieu  à  une  déclaration  d'incompétence  per- 
nicieuse pour  la  médecine  et  réellement  non  fondée;  car  o&  doit 
avouer  que  des  doigts  brillants  dansTobscurité,  des  indigestions aprèi 
chaque  dîner  sous  certaines  circonstances  suspectes,  des  dépoiiiioos 
de  témoins  telles  que  celles-ci  <  cela  sentait  rail,  »  ious  ces  faitami 
Certainement  de  la  compétence  du  médecin. 

Sur  quoi  les  doutes  se  fonderaient-ils?  sur  ce  que  les  symptôroes  de        2! 
quelques  empoisonnements  ressemblent  à  ceux  du  choléra  asiatique?  Il 
s'agit  de  savoir  alors  si  le  choléra  existait  à  cette  époque  dans  le  pays. 
Cela  pourrait-il  avoir  été  un  cas  sporadique?  La  dissection  le  montrera.         ^ 
Ou  bien  dira-t-on  que  beaucoup  de  poisons  donnent  au  cadavre  des 
résultats  négatifs,  ou  analogues  à  ceux  que  Ton  trouve  après  d'autres» 
genres  de  mort  (l'empoisonnement  narcotique  et  l'asphyxie)  ?  Et  on 
pourrait  pas  prouver  que  le  décédé  est  mort  d'empoisonnement 
substance  narcotique.  JHepeut-il  pas  être  mort  également  de  suffoca 
tion?  Je  répondrai  :  Quelle  est  la  cause  qui  aurait  pu  amener  V 
phyxie?  Vous  n'avez  absolument  que  la  ressemblance  des  phénomèniin     ^ 
cadavériques,  même  dans  des  cas  où  il  était  positivement  avéré  que 
hommes  avaient  avalé  des  substances  vénéneuses,  par  exemple  dans^ 
le  cas  où  plusieurs  enfants  qui  mangeaient  par  gourmandise,  du  pai 
recouvert  avec  du  beurre  el  du  poison  contre  les  rats,  tombèren  ^^^ 
malades  avec  les  mêmes  symptômes  et  moururent  après  une  cour 
maladie  ;  dans  cette  affaire  on  osa  soulever  des  doutes  ainsi  que  dan 
d'autres  cas  que  je  citerai  plus  bas.  Quoique  alors  la  mort  ait  eu  li 
au  milieu  des  circonstances  les  plus  caractéristiques  et  les  plus  évi- 
dentes, inexplicables   autrement  que  par  l'empoisonnement,  on  dé- 
clara néanmoins  qu'il  n'y  avait  que  €  vraisemblance»  d'une  mort  par 
empoisonnement  ((  parce  que  la  seule  preuve  d'un  empoisonnement, 
la  recomposition  chimique  du  poison  provenant  du  corps  du  cadavre, 
manquait.  > 


SMPOISONNEMENTS.  —  CONCLUSION.  291 

Nons  corobattoDS  cette  doctrine  dangereuse,  enracinée  par  la  tra- 
Ktion,  aveclaquelle  nous  avons  nous-même  commencé  notre  carrière, 
ar  l'expérience  nous  a  montré  combien  elle  est  mauvaise.  Nous 
ifons  reconnu  combien  il  est  absurde  de  ne  voir  la  preuve  d'un  em- 
KMSonnement  que  dans  l'éprouvette  du  chimiste.  Notre  opinion  a  été 
hi  reste  plus  tard  confirmée  par  une  haute  autorité  jurislique;  Mitter- 
naier  dit  :  c  On  ne  doit  pas  conclure  que  du  poison  n'a  pas  été  admi- 
UBlré  parce  que  la  chimie  n'en  a  pas  donné  la  preuve,  il  faut  alors 
diercber  les  preuves  dans  les  autres  circonstances.  Cette  thèse 
i*liarroonise  avec  les  principes  des  législations  allemande,  française, 
niaise,  américaine,  italienne  et  hollandaise.» 

D'après  l'étude  que  nous  venons  de  faire  des  empoisonnements, 
BOUS  conclurons  en  résumant  : 

Si  l'examen  chimique  démontre  la  présence  d'une  quantité  de  poison 
Hffisante  pour  être  mortelle  dans  le  cadavre,  c'est  alors  une  preuve 
sartjdne  qu'an  empoisonnement  a  eu  lieu,  même  si  les  symptômes  de 
aaladie  et  les  altérations  cadavériques  n^offrent  aucune  preuve.  La 
béorie  contraire  n'est  pas  vraie,  car  c'est  là  que  s'arrêtent  les 
'ggsaurces  que  peut  offrir  V analyse  chimique. 

Si  ea  l'absence  des  preuves  chimiques,  les  symptômes  de  maladie, 

es  résultats  de  l'autopsie  et  les  circonstances  accessoires,  s'accor- 

Imt  tous  pour  annoncer  un  empoisonnement,  et  si  l'autopsie  n^ 

lemiel  pas  d'admettre  un  autre  genre  de  mort,  le  médecin  légiste 

ait  ea  droit  d'accepter  avec  certitude  qu'il  y  a  eu  empoisonnement. 

Si  en  l'absence  de  preuves  chimiques  et  des  symptômes  de  mala* 

die,  les  résultats  de  l'autopsie  s'harmonisent  avec  les  circonstances 

aecassoires  et  si  ces  résultats  ne  permettent  pas  de  croire  à  un  autre 

leare  de  mort,  le  médecin  légiste  est  encore  en  droit  d'admettre  avec 

iniide  vraisemblance  qu'il  j  a  eu  empoisonnement.  Les  circonstances 

pvticolières  et  accessoires  sont  dans  ce  cas  décisives.  Le  médecin 

iloTS  peut  faire  beaucoup  par  la  rédaction  appropriée  de  son  rapport, 


292  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

en  disiintpar  exemple  que  :  «d'après  toutes  les  données,  radmission 
d'un  empoisonnement  comme  cause  de  mort  du  décédé,  est  ce  qui 
est  de  plus  vraisemblable.  » 

Il  y  a  enfm  des  cas  où  il  n'est  besoin  ni  de  l'examen  chimique, ni 
d'aucune  autre  considération  que  les  résultats  de  l'autopsie  pour  prou- 
ver l'empoisonnement.  L'examen  chimique  sera  néanmoins  toujours 
fait. 

Quant  à  cette  question:  L'empoisonnement  constaté  a-t-il  réelle- 
ment produit  la  mort?  la  réponse  ne  peut  être  douteuse.  En  consi- 
dérant que  l'effet  de  tous  les  poisons  n'est  connu  que  par  les  résultais 
généraux  et  non  dans  les  modifications  qui  peuvent  provenir  de  Tin- 
dividualité;  que  les  faits  sont  connus  sans  être  expliqués,  que  A.  ne 
meurt  pas  de  10  et  même  de  20  grains  d'un  poison  dont  la  même 
dose  tuera  B.,  que  le  même  poison  administré  en  formes  différentes, 
peut  produire  des  résultats  différents,  que  la  thérapie  des  empoison- 
nements est  encore  très  vague,  enfin,  que  le  §  185  du  Code  prussien 
exclut  les  catégories  de  lélhalité  et  n'ordonne  d'envisager  que  le  cas 
particulier,  considérant  toutes  ces  circonstances,  nous  arrivons  â  la 
conclusion  que,  lorsqu'un  poison  a  été  administré  et  que  la  mort  est  - 
survenue  avec  des  symptômes  d'empoisonnement,  si  l'autopsie 
démontre  pas  un  autre  genre  de  mort,   la  mort  doit  être  regardé 
comvie  un  effet  réel  de  V empoisonnement . 

$  5.^  Séterminer  s'il  y  •  faute  d'an  tiert. 

Il  est  rare  dans  les  cas  d'empoisonnement  que  Ton  soulève  d 
doutes  sur  l'existence  d'un  crime.  Car  il  n'y  a  que  certaines  substan^ — 
ces  dont  l'effet  est  connu  comme  foudroyant  et  qui  sont  employées  paf 
les  suicidés,  ce  sont  :  l'acide  sulfurique,  l'arsenic,  l'acide  pnissique, 
le  phosphore,  d'un  autre  côté  les  poisons  qui  sont  très  désagréables  aa 
goût  et  qui  produisent  de  vives  douleurs  dans  la  bouche,  par  exemple: 
l'acide  sulfurique,  le  sublime  corrosif,  le  nitrate  d'argent,  les  alca- 
loïdes vénéneux  très  amers,  etc.,  ne  peuvent  être  employés  par  on 
criminel,  car  celui  qui  aura  ses  sens  intacts,  n'avalera  pas  de  telles 


EMPOISONNEMENTS.  —  Y  A-T-ÎL  FAUTE  d'UN  TIERS?  29S 

substances  volonlairement.  Il  n*y  a  que  les  enfants  nouveau-nés  qui 
sont  quelquefois  empoisonnés  par  des  mères  criminenesavec  de  l'acide 
sulfurique. 

Les  poisons  qui  sont  sous  In  main  de  tout  le  monde  parce  qu'ils 
sont  employés  dans  les  ménages  comme  l'acide  sulfurique,  les  poi- 
sons contre  les  rats,  l'arsenic,  le  phosphore ,  la  noix  vomique,  ceux 
qui  sont  employés  dans  les  fabriques  ou  les  ateliers  de  peintres,  peu- 
vent donner  lieu  à  des  accidents.  Ces  données  serviront  d'appui  aux 
cas  qui  pourront  se  présenter. 

Obs.  183  et  181.  —  Deux  empoisonnements  par  l'arsenic. 

D'après  une  dénonciation,  le  garçon  Feld,  âgé  de  aix  ans,  et  le  garçon  Ma&sow» 
âgé  de  cinq  ans,  étaient  dits  avoir  été  empoisonnés  par  un  poison  contre  les  rata. 
Il  fut  constaté  que  l'on  avait  esposé  du  biscuit  recouvert  d'arsenic,  et  que  les  gar- 
çon s  en  avaient  mangé.  Feld  était  mort  au  bout  de  siit  heures,  et  Massow  au  bout 
de  ving-quatre  heures,  après  des  vomissements  nombreux  (c'est  tout  ce  que  l'on 
lavait  de  la  maladie).  La  dissection  fut  faite  le  i  5,  les  résultats  essentiels  étaient 
les  suivants  : 

P  Feld.  La  putréfaction  commençait  à  envahir  des  téguments  de  l'abdomen, 
i'estoniac  pâle  à  l'extérieur  contenait  i  50  grammes  de  chyme  jaune  verdâtre,  sa 
muqueuse  présentait  sur  la  paroi  postérieure  de  nombreuses  ecchymoses,  exco- 
riée i  plusieurs  endroits,  on  y  apercevait  de  petits  grains,  les  intestins  vides  étaient 
pâles  et  nulle  part  injectés,  le  sang  des  grandes  veines  était  foncé  et  peu  liquide, 
le  péritoine  et  les  organes  du  ventre  étaient  normaux,  les  poumons  et  le  cœur 
n'étaient  pas  hypérémiques  mais  normaux,  les  grands  vaisseaux  de  la  poitrine 
contenaient  peu  de  sang  foncé  et  épais.  La  muqueuse  de  l'œsophage  était  pâle,  les 
membranes  du  cerveau  et  les  sinus  étaient  plus  hypérémiques  qu'à  l'ordinaire, 
le  cerveau  ne  montrait  rien  d'anormal. 

2*  Massow.  Le  cadavre  était  encore  tout  à  fait  frais,  les  intestins  vides  mon- 
traient une  couleur  normale  sans  injection,  l'estomac  était  extérieurement  in- 
jecté; a  l'intérieur  il  contenait  90  grammes  de  liquide  sanguinolent,  toute  sa  mu- 
queuse était  rouge  pourpre  et  ecchymosée  sans  ulcères,   la  veine  cave  contenait 
vue  asseï  grande  quantité  de  sang  foncé  et  épais,  les  organes  abdominaux  n'of- 
frûeotaueune  anomalie,  l'œsophage  était  vide,  la  muqueuse  pâle,'  les  organes  de 
la  poitrioe  étaietit  normaux,  les  membranes  du  cerveau  étaient  très  hypérémiques; 
wr  U  surface  postérieure  de  rhéniisplicre  gauche,  se  trouvait  une  exlruvasalion 
de  sang  d'une  étendue  de  7  centimètres  et  demi  en  longueur  et  de  i  centimètres  en 
largeur.  Les  plexus,  les  sinus  et  la  substance  du  cerveau  étaient  également  assez 
hypérémiques. 
^(eiif  examinâmes  les  estomacs  et  leur  contenu  avec  l'assistance  du  chimiste 


20i  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

légiste,  ainsi  que  le  sang  des  deux  cadavres  ;  il  fut  constaté  que  les  «ftooMS  li 
leurs  contenus  renfermaient  de  l'acide  arsénieux  en  substance  et  en  distohiliQa, 
mais  aucune  autre  «substance  métallique  vénéneuse,  le  sang  ne  eontMaît  itMMs 
trace  de  poison,  aussi  pendant  la  maladie  très  courte  des  enfants,  le  poisen  a'itiit 
pas  eu  le  temps  d'être  absorbé  et  éliminé.  Nous  ne  pouviona  paa  hétiitr  i  aceiptflr 
que  la  mort  des  enfants  avait  été  causée  par  l'empoisonnement  araenieil. 

Obs.  185.  —  BmpoisonnemmU  par  l'ar$emie. 

Le  4  juillet  18**,  le  ferblantier  E...,  âgé  de  vingt  ans,  Ait  reçu  àThopHal,  wâ- 
frant  de  vomissements  et  diarrhée  continuels,  il  ne  pouvait  plut  parler,  nais  « 
trouva  un  papier  dans  sa  poche  où  étaient  écrits  ces  mots  :  «  J'ai  pris  de  l'anenie.  > 
On  lui  administra  de  l'hydrate  d'oxyde  de  fer  en  grande  quantité,  mail  on  ne  put  le 
sauver,  la  mort  eut  lieu  après  vingt-quatre  heures. 

Le  7,  nous  fîmes  l'autopsie  et  nous  trouvâmes  :  figure  colorée  en  rouge  Uei, 
putréfection  commençante  des  téguments  abdominaux,  l'extérieur  de  reatomae  i 
la  partie  postérieure  avait  une  tache  ronde  d'un  bleu  noir,  de  8  eenlloiètref  es 
diamètre,  une   autre  tache  se  trouvait  i  la  paroi  antérieure  près  du  pylore  de  k 
grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes.  L'estomac  contenait  un  demi -litre  d^m 
liquide  couleur  chocolat  (oxyde  de  fer)  ;  sur  la  muqueuse  correspondant  aui  phcai 
tachées  extérieurement,  se  trouvaient  également  des  taches  noires  (érosieos  bémar- 
rhagiques)  et  à  la  loupe  on  apercevait  de  nombreux  grains  blancs  adhérents  i  k 
muqueuse.  Un  de  ces  grains  séché  et  brûlé  laissa  exhaler  une  odeur  sensible  dTail. 
Le  péritoine  n'était  pns  enûammé,  le  foie  gris  (des  buveurs)  était  rempli  de  sang 
foncé  et  liquide,  la  vésicule  biliaire  était  remplie,  la  rate  molle,  la  vessie  vide,  las 
intestins'vides  et  normaux,  le  veine  cave  contenaitpeu  de  sang  ;  Ira  poumons  étaient 
normaux,  le  cœur  droit  était  gorgé  de  sang  foncé  et  coagulé  et  avait  Taipecl  de 
marmelade,  le  cœur  gauche  ne  contenait  qu'une  cuillerée  de  sang  plus  liquide,  la» 
grands  vaisseaux  de  la  poitrine  contenaient  beaucoup  de  sang  épais  ;  le  larynx  et  k 
trachée  étaient  pâles  et  contenaient  un  peu  de  mucus  noirâtre;  l'œsophage  était  pèle- 
et  vide,  mai»  tapissé  d'une  grande  quantité  de  petits  grains  blancs.  A  la  tète 
d'anormal.  L'estomac  et  son  contenu,  l'œsophage,  les  morceaux  du  foie  et  le 
du  cadavre  furent  soumis  à  l'examen  chimique.  L'estomac  et  l'œsophage  ainsi  que- 
le  contenu  de  l'estomac,  révélèrent  la  présence  d'acide  arsénieux  et  d'oxyde  de- 
CBr.  Ni  le  foie  ni  le  sang  ne  contenaient  d'arsenic.  (Voir  208*  à  210*  obs,). 

Obs.  186.  —  Empoisonnemenl  par  arsenic  contenu  dans  des  couiêurs. 

T3n  garçon  de  deux  ans  et  demi,  avala  le  30  juin  un  morceau  de  couleur  Yerle 
provenant  d'une  boite  de  couleurs  et  mourut  cinq  heures  après  malgré  les  secours 
médicaux.  Aussitôt  après  avoir  avalé  ce  poison,  la  mère  s'empressa  de  lui  donner 
des  aliments  qu'il  vomit  de  suite.  Le  lait  qu'on  lui  fit  prendre  fut  vomi  avec  une 
couleur  verte.  Je  ne  sais  pas  quelles  ont  été  les  ordonnances  du  médecin. 

L'autopsie  fut  faite  le  4  juillet,  il  y  avait  encore  rigidité  cadavérique,  etdéjà  rnie 
coloration  verdâtre  de  l'abdomen  produite  par  la  putréfaction.  L'estomac  è  Texte- 


EMPOISONlf  BMEIITS.  —  OBSERVATIONS .  20ft 

irétaH  pâle  à  la  paroi  antérieure  et  présentait  une  place  ramollie  lonirue  de  5  cen- 
llrta  d'un  bleu  roufpe  ;  à  la  partie  postérieure,  on  n'apercevait^pas  d'injection.  II 
t«iait  une  demie-t^pee  d'un  liquide  rouge  brun,  sa  muqueuse  depuis  le  cardia 
m'mu  tiers  de  l'estomac  était  couverte  d'un  liquide  brun  muqueux,  toute  la  mu- 
ne  était  faiblement  violette,  on  n'y  distingait  pas  d'injections  ni  ^e  corrosions. 
liie  et  la  rate  contenaient  peu  de  sang.  A  la  surface  extérieure  de  l'intestin  grêle 
Imiveient  quelques  taches  petites,  rondes  et  noires,  qui  étaient  aussi  visibles 
kl  muqueuse  et  ne  s'éloignaient  pas  par  le  lavage.  Autrement  la  muqueuse 
t  pftle  et  normale.  Les  intestins  étaient  vides,  la  veine  cave  normale,  les  pou- 
is  anémiques  non  œdémateux,  le  cœur  gauche  contenait  une  demie-cuillerée  à 
de  sang,  les  grands  vaisseaux  étaient  tréshypérémiques,  le  larynx  et  la  trachée- 
wm  étaient  vides  et  pâles,  la  rouquetisede  l'œsophage  était  normale.  Les  veines 
m  pte-mére  ainsi  que  les  sinus  étaient  hypérémiques.  La  substance  corticale  du 
était  légèrement  colorée  en  bleu,  autrement  le  cerveau  était  normal, 
chimique  de  la  couleur  dont  l'enfant  avait  avalé  une  partie,  montrait  de 
■iniate  d'oxyde  de  cuivre  (vert  de  Scheel).  L'examen  chimique  de  l'estomac  et 
'iMophage,  offrit  par  l'appareil  de  Marsh,  un  anneau  d'arsenic.  On  ne  trouva  pas 
BUTre  dans  l'estomac  *,  le  duodénum  ne  montra  aucune  trace  ni  d'arsenic  ni  de 
vn,  pet  même  aux  endroits  tachés.  Dans  le  sang  on  ne  trouva  pas  non  plus 
maie,  mais  des  morceaux  du  foie  et  de  la  rate  en  offHrent  par  l'appareil  de 
rrii  (après  une  maladie  de  cinq  heures  !).  La  présence  d'acide  arsénieux  n'était 
le  fat  d^Qteate. 

Cas.  1ê7.  —  Empoisonnement  douteux  par  arsenic.  L'arsenic  peut^ilse 

retrouver  dans  les  cheveux  f 

\me  ieeame  très  riche,  vieille  et  sans  enfonts,  était  morte  après  une  longue  ma« 
a  d'une  fistule  vésico-rectale*  A  propos  de  l'héritage  11  y  eut  des  querelles  de 
ai  une  parente  prétendit  que  la  décédée  avait  été  empoisonnée  avec  de 
9  elle  dénonça  même  comme  assassins  des  membres  de  la  famille.  Ces 
Mieiations  furent  souvent  repoussées,  mais  enfin,  elle  déclara  qu'elle  avait 
■é  au  pharmacien  H***  les  cheveux  du  cadavre  et  que  celui-ci  y  avait  trouvé  de 
lenie  !  s'appuyant  la-dessus,  elle  demanda  l'exhumation  et  l'examen  médico- 
il  dv  cadavre. 

lonsnlté  par  le  tribunal,  je  rapportai  :  «  Je  ne  puis  pas  passer  sous  silence,  que 
nulle  part,  je  n'ai  trouvé  constaté  dans  les  actes,  que  les  cheveux  qui  ont  été 
Ijsés  ont  été  ceux  de  la  décédée.  ^°  La  plaignante  dit  elle-même  qu'elle  a  donné 
cheveux  au  pharmacien,  après  avoir  lu  dans  un  livre  que  l'on  trouve  quelquefois 
(  traees  d'arsenic  dans  les  poils  des  animaux  empoisonnés.  .V  Enfin,  la  sœur  de  la 
lignante  la  désigne  dans  une  lettre  comme  une  personne  qui  a  recours  à  toutes  les 
isaurces  pour  arriver  à  son  but.  D'après  cela,  si  H*^  a  trouvé  de  l'arsenic  dans  les 
«veuxquela  plaignante  lui  adonnés,  cela  ne  peut  avoir  de  valeur  certaine  médico- 
pie.  Puis  l'analyse  elle-même  n'a  pas  été  faite  avec  les  précautions  nécessaires, 
v  VaippareO  àh  Marsh  n'a  pas  été  examiné  d'avance,  et  l'anneau  métallique  n'a 


9 


296  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

pas  élc  essayé  aliii  de  reconnaître  si  ce  n'était  pas  de  l'antimoine.  AjouUKn  qoc 
M.  Mitscherlicb  auquel  les  héritiers  ont  envoyé  aussi  des  cheveux  de  la  décédèe 
coupés  après  la  mort ,  n'a  pas  trouvé  trace  d'arsenic.  1^  outre ,  il  n'y  i  pis 
d'exemple  que  l'arsenic  se  soil  trouvé  dans  les  cheveux  des  empoisonnés  et  dans  le 
cas  où  l'arsenic  aurait  été  réellement  présent  dans  les  cheveux  pendant  U  m  de 
cotte  femme,  il  est  probable  que  la  peau  de  la  tète  aurait  présenté  des  réaciio&s 
que  l'on  n'a  pas  observées.  Je  crois  avoir  motivé  par  ce  qui  précède,  que,  malgré 
l'analyse  du  pharmacien  H***,  il  n'y  a  pas  lieu  de  croire  que  la  décédée  a  été 
empoisonnée  ;  du  reste,  une  exhumation  du  cadavre  ne  donnerait  plus  de  résultat 
La  plainte  fut  rejetée. 

Obs.  188.  —  Empoisonnement  par  V acide  sulfurique.  Mort  après  uns  heurt. 

Ce  cas  est  intéressant,  parce  que  l'enfant  empoisonné  n'a  vécu  qu'une  heure,  et 
que  le  cadavre  n'était  pas  du  tout  altéré  par  la  putréfaction.  C'était  une  mère  cri- 
minelle qui  avait  fait  boire  a  sa  fille  âgée  d'un  an  et  demi  de  l'acide  sulfurique; 
l'enfant  mourut  au  bout  d'une  heure,  malgré  les  contre-poisons  qui  lui  furent  ad- 
ministres. 

La  langue  était  couverte  d'une  couche  blanche  épaisse,  dont  la  réaction  n'était 
pas  acide,  il  y  avait  un  sillon  jaune  sale  allant  de  l'angle  gauche  de  la  bouche  jus- 
qu'à l'oreille  (provenant  de  l'acide  qui  s'était  écoulé  au  dehors),  et  des  taches  seoi' 
alables  se  trouvaient  sur  les  bras  et  les  mains  de  l'enfant,  évidemmeut  parce  q«A 
l'acide  avait  éclaboussé.  L'estomac  à  l'extérieur  comme  à  l'intérieur,  était  gris  e^ 
rempli  d'un  liquide  noir  sanguinolent,  muqueux  et  acide,  son  Ussu  se  déchirait  *^ 
toucher.  La  veine  cave  était  remplie  de  sang  rouge  cerise  comme  du  sirop,  aya^^ 
une  réaction  acide  ;  le  foie  et  la  rate  étaient  également  remplis  de  sang.  Les  po^^ 
inons  étaient  normaux,  le  cœur  contenait  peu  de  sang,  les  vaisseaux  de  la  poitri-  ^ 
contenaient  également  peu  de  sang.   La  trachée  et  le  larynx  étaient  vides  et  ni^*^ 
maux.  Les  tissus  de  l'œsophage  avaient  conservé  leur  consistance   ordinaire,       ' 
muqueuse  était  grise  et  avait  une  réaction  acide.  La  tète  n'offrait  rien  de  rero^'^ 
quable. 

« 

Obs.  189.  —  Empoisonnement  par  Vacide  sulfutique.  Mort  après 

deux  heures. 

Un  chapelier  âgé  de  trente  ans  s'était  levé  un  matin  dans  l'obscurité  et  avait  bu  de 
l'acide  sulfurique  dont  il  se  servait  dans  son  atelier,  on  ne  sut  pas  si  cela  eut  lieu 
par  accident  ou  volontairement.  A  ses  cris,  sa  femme  accourut  et  envoya  chercher 
du  secours.  Le  médecin  fit  une  saignée  et  trouva  au  sang  la  consistance  du  sirop. 
Du  lait  et  de  l'eau  de  savon  provoquèrent  quelques  vomissements,  mais  au  bout 
de  deux  heures,  la  mort  survint. 

Toute  la  langue  depuis  la  pointe  éiait  spliacêlée  et  blanchâtre,  la  muqueuse  en 
partie  détachée,  l'œsophage  était  intérieuren  ent  d'un  gris  noir  comme  toute  l'ar- 
rière-bouche.  L'estomac  était  extérieurement  comme  intérieurem^t  d'une  couleur 
noire,  charbonneuse  et  si  mou,  qu'il  restait  après  lus  pinces  comme   du   papier 


EMPOISONNEMENTS. OBSERVATIONS.  297 

ivard  mouillé.  On  ne  pouvait  plus  le  lier  et  il  fallut  rechercher  sou  contenu  dans 
cavité  abdominale  où  il  s'écoula  par  accident.  L'épiploon  était  également  noir, 
nt  doute  parce  que  déjà  pendant  la  vie,  le  poison  avait  perforé  l'estomac  et  spha- 
lé  l'épiploon.  Le  duodénum  et  le  commencement  de  l'intestin  grêle  offraient  une 
lonition  noir  gris.  La  muqueuse  que  l'on  pouvait  encore  examiner  était  tumé- 
«,  endurcie  ;  le  sang  du  cadavre  avait  partout  une  couleur  rouge- cerise,  fa  con- 
rtance  était  celle  d'un  »irop  peu  épais,  il  y  avait  des  caillots  mous.  Tous  les  autres 
fanes  abdominaux  étaient  normaux,  ce  qui  prouve  que  le  poison  corrosif  pendant 
ideux  heures  de  vie,  n'avait  pas  eu  le  temps  de  passer  dans  les  parties  inférieures 
m  intestins.  Les  poumons,  le  cœur  et  les  sinus  de  la  tête  étaient  remplis  de  sang 
normaux. 

Quoique  l'analyse  chimique  fût  superflue  dans  ce  cas,  puisque  l'autopsie  seule 
MMvaît  surabondamment  l'empoisonnement  par  Tacide  sulfurique,  elle  fut  faite 
ianmoins,  elle  prouva  que  dans  l'estomac,  le  duodénum  et  l'œsophage  il  y  avait 
frammes  d'acide  sulfurique. 

is.  190.  — Empoisonnement  par  Vacide  sulfurique.  Mort  au  bout  de  trois  jours. 

Le  8  juillet  18**,  le  garçon  S***,  âgé  de  deux  ans  et  demi,  but  de  l'acide  sulfu- 
ive  qui  était  renfermé  dans  une  bouteille  ;  on  ne  sut  pas  combien  il  en  avala.  La 
ire  s'aperçut  tout  de  suite  qu'il  avait  les  lèvres,  la  langue  et  l'arrière-bouche 
uchâtres  et  lui  donna  du  lait  qui  fut  vomi  à  l'état  de  coagulation.  Un  médecin  lui 
ainistra  un  vomitif  qui  lui  fit  rendre  une  masse  noirâtre,  puis  il  fut  traité  par 
I  autre  médecin  et  on  ne  voit  dans  les  actes  rien  de  ce  second  traitement.  L'en- 
it  mourut  au  bout  de  trois  jours,  le  1 1  juillet. 

Cinq  jours  après  l'empoisonnement,  nous  fîmes  l'autopsie  dont  voici  les  résultat}) 
•enliels  :  la  putréfaction  était  très  avancée  (16  juillet),  la  langue  gonflée  était 
rrée  entre  les  dents,  l'estomac  était  à  l'extérieur  pâle,  seulement  à  la  partie  pos- 
rieure  il  y  avait  une  tache  rouge  pourpre  de  2  centimètres  de  diamètre,  qui  se 
seliira  tout  de  suite  quand  on  leva  l'estomac.  A  l'intérieur  au  même  endroit  se  trou- 
lit  un  ulcère  de  forme  ovale,  long  de  5  centimètres  et  large  et  de  3  centimètres, 
atet  superficiel,  dont  la  couleur  ne  difl'érait  pas  des  parties  environnantes,  c'était 
le  érosion  de  la  muqueuse  comme  dans  le  cas  piécédent  et  dans  presque  tous 
s  cas  d'empoisonnement  par  acide  sulfurique  dans  lesquels  la  mort  n'est  pas  sur- 
mue  subitement  et  dans  lesquels  des  secours  médicaux  ont  été  appliqués.  La  mu- 
neuse  de  l'œsophage  présentait  de  nombreux  points  noirs,  mais  pas  d'érosion.  £n 
lire,  il  y  avait  une  anémie  générale  produite  par  la  putréfaction  avancée. 
L'analyse  chimique  ne  démontra  l'existence  d'aucun  acide  inorganique  et  par 
maéquent  pas  d'acide  sulfurique.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  mort  d'un 
Icére  de  l'estomac  produit  par  de  l'acide  sulfurique,  ce  que  prouvait  la  brûlure 
iracléristique  de  l'estomac  chez  un  enfant  qui  avait  été  tout  à  fait  bien  portant 
ifqu'au  moment  de  l'empoisonnement.  Quoique  l'on  n'eùl  pas  trouvé  d'acide  sul- 
irique  sur  le  cadavre,  on  ne  pouvait  pas  en  tirer  une  objection,  puisque  l'on  saii 
ue  Tenfant  a  été  traité  médicalement,  et  a  reçu  des  contre-poisons.  Remaïquonii 
afin  qu'une  autre  explication  n'était  pas  possible. 


208  PÀATIB   THÀNATOLOGIWE. 

\ 
Obs.  191 .  —  Empoisonnement  par  Vacide  sulfurique.  Mort  em  bmU 

de  huit  jours. 

Une  fille  de  sept  semaines,  illégitime,  reçut  de  sa  mère  de  l'acide  tvlftirlqM, 
oette  dernière  avoua  Tavoir  versé  dans  la  bouche  de  l'enfent.  Les  symplôfliM  «rli- 
naires  de  l'empoisonnement  se  manifestèrent  ;  on  administra  comme  contre  piiiia 
du  carbonate  de  magnésie,  malgré  cela  au  bout  de  buit  jours  la  mort  rarviat. 

A  l'autopsie  on  remarqua  que  sur  le  cété  gauche  du  cou,  tout  le  derme  wnà 
été  détaché  dans  l'étendue  de  5  centimètres  ;  les  muscles  sous-jaeents  éttieni 
libres  et  parcheminés,  les  bords  de  cette  tache  étaient  granulés  etéteiant  eotoofés 
d'une  auréole  étroite  et  rouge.  L'œsophage  d'un  gris  noir  était  mou,  (Hable  au  toa- 
cher.  L'estomac  était  très  pile  et  à  la  paroi  antérieure  il  y  avait  un  ulcère  de  lam- 
queuse  de  la  grandeur  d'un  écu.  Le  sang  était  foncé  et  épais.  Il  n'y  avait  deaeoafu- 
lations  que  dans  le  cœur  droit  et  les  sinus  de  la  dure-mère.  Le  liquide  aaiai  doot  k 
mère  s'était  servie  était  de  l'acide  sulfurique  ;  l'estomac  et  le  duodénum  n'offiniMl 
aucune  trace  de  cet  acide. . 

Obs.  192.  — Empoisonnement  par  Vacide  sulfurique. 

Une  fille  de  dix-neuf  ans,  déflorée,  s'empoisonna  avec  de  l'acide  anlfuriqne. 

La  langue  était  entre  les  dents,  et  du  milieu  de  la  lèvre  inférieure  denic  BiOoM 
parallèles  se  dirigeaient  vers  le  menton,  larges  de  2  centimètres,  d'un  bran  fimeé, 
parcheminés,  provenant  évidemment  de  l'acide  qui  avait  coulé  au  dehors.  L'estoflne 
était  tout  à  fait  noir,  on  le  lia  avec  le  duodénum,  il  contenait  un  litre  de  liquide 
noir  brun  ayant  une  réaction  acide,  la  muqueuse  était  partout  noire  et  tuméfléiv 
l'épiploon  était  noir,  quoique  l'estomac  ne  fût  pas  perforé.  Le  foie,  le  pancréit,  la. 
rate,  les  intestins,  les  reins,  la  vessie,  la  matrice  étaient  à  l'état  normal.  La  cavité 
abdominale  contenait  18  grammes  de  sang  foncé  liquide,  la  veine  cave  contenait 
peu  de  sang  liquide  et  acide  ;  le  diaphragme  était  coloré  en  noir  dans  tonte  « 
moitié  gauche,  phénomène  que  je  n'avais  jamais  observé.  Les  poumons  contenaient 
la  quantité  normale  de  sang,  le  cœur  était  flasque  et  presque  exsangue.  La  trachée 
était  vide,  il  n'y  avait  pas  un  seul  signe  d'asphyxie,  et  cependant  la  langue 
était  proéminente  et  serrée  entre  les  dents.  La  langue  et  le  palais  ne  présentaient 
aucune  coloration  anormale  ni  aucun  changement  de  texture.  Toute  la  muqueuse 
de  l'œsophage  était  d'un  gris  noir  et  tannée,  le  sang  des  vaisseaux  de  la  poitrine 
était  foncé  et  liquide  comme  celui  des  autres  cavités.  Les  membranes  du  cenreti 
et  le  cerveau  lui-même  étaient  remplis  de  sang  foncé  liquide ,  ainsi  que  le  cer- 
velet et  les  sinus. 

Obs.  193.  —  Empoisonnement  par  Vacide  sulfurique  et  non  sIranffulaUom, 

Une  femme  de  soixante  et  dix  ans  était  morte  et  on  pensait  qu'elle  avait  été 
étranglée. 

Autour  du  cou  du  cadavre  se  trouvait  un  fichu  rempli  de  trous  dont  l'aspect 
indiquait  une  corrosion  par  un  acide  inorganique.  La  muqueuse  de  la  bouche  et 


BMPOISONNBIIKNTS.  —  OBSERVATIONS .  200 

la  lanfoe  avait  la  couleur  ordinaire  et  se  détachait  facilement.  Depuis  l'angle 
il  de  la  bouche,  jusqu'à  la  clavicule,  on  voyait  une  traînée  d*un  rouge  brun  par- 
Binée  f  large  d'un  centimètre ,  ce  qui  indiquait  bien  le  passage  d'uu  liquide 
"•aif  ;  au  cou  il  n'y  avait  aucune  trace  de  sillon  strangulatoire ,  le  cerveau  et 
poumons  étaient  normaux,  le  cœur  anémique ,  le  larynx  et  la  trachée  vides  de 
MMÎtés ,  la  muqueuse  de  la  trachée  montrait  la  couleur  ordinaire  de  U  putré- 
ion»  le  rouge  brun.  La  muqueuse  de  l'œsophage  était  grise,  le  foie  gris  et  ané- 
9Bt  la  vésicule  biliaire  était  remplie  de  dépôts  calcaires,  la  surface  extérieure  de 
MDac  était  d^un  gris  noir,  l'intérieur  était  vide,  sa  muqueuse  uniformément 
•y  tout  le  tissu  très  mou  avait  une  réaction  acide,  les  reins,  la  rate,  les  veines 
>niioales ,  les  intestins  étaient  exsangues ,  le  sang  était  faiblement  acide  ; 
Imie  du  cadavre  était  évidemment  produite  par  la  putréfaction. 
'aiamen  chimique  prouva  que  les  trous  du  fichu  avaient  été  produits  par 
de  sttlfurique,  il  démontra  la  présence  de  l'acide  sulfurique  dans  l'estonuc  et 

I  rcBaophage. 

Ces.  194.  —  Suicide  douteux  par  V acide  tuXfurique. 

a  apprenti  âgé  de  seize  ans ,  robuste  et  ordinairement  bien  portant ,  tomba 
ida  et  raconta  que  quelqu'un  lui  avait  donné  au  lieu  d'eau-de-vie ,  de 
ém  aulfurique. 

wama  il  n'y  avait  pas  de  brûlure  aux  lèvres  du  cadavre  et  que  les  altérationa 
alagiques  prouvaient  qu'une  quantité  aiseï  grande  de  poison  avait  dû  être  ava- 

II  était  probable  que  les  déclarations  du  jeune  homme  n'étaient  pas  vraiee 
r«n  suicide  volontaire  avait  eu  lieu.  La  langue  était  blanche  et  l'épithélium  se 
iteit  fiicilement.  Le  pharynx  et  l'œsophage  étaient  gris  mais  encore  fermes. 
ogBac  était  extérieurement  d'un  rouge-brun,  à  sa  courbure  inférieure  noir  et 
laaox  ;  il  y  avait  un  trou  de  la  grandeur  d'un  centime,  par  lequel  s'étaient  écou- 
00  grammes  de  liquide  sanguinolent  dans  la  cavité  abdominale.  Intérieurement 
MDac  était  tout  à  fait  noir  et  contenait  120  grammes  de  sang  noir  et  épais.  Le 
Hilère  et  le  cûlon  transversal  étaient  noirs,  le  reste  des  intestins  présentait 
conleur  rouge,  U  vessie  vide,  le  foie,  les  poumons,  le  cœur  exsangue,  mais  il 
lit  «ne  congestion  visible  dans  le  cerveau  et  lei  veines  de  la  cavité  crânienne. 
iBg  de  tout  le  corps  était  acide  foncé  et  épais. 

Cas.  195.  —  Meurtre  tvhi  voUmUwremieni  par  Vadde  sulfurique, 

tcaa  était  psychologiquement  très  intéressant.  Une  fille  de  vingt  ans,  avait  été 
daonnée  par  son  amant  avec  de  l'acide  sulfurique  ;  ce  dernier,  homme  marié, 
couché  dans  le  même  lit  avec  sa  femme  et  sa  maîtresse  (!),  la  femme  ignorant 
éganee  de  la  maîtresse,  cette  dernière  avait  résolu,  ainsi  que  son  amant,  de 
^aiaooner  avec  de  l'acide  sulfurique  aussitôt  que  la  femme  légitime  se  réveille- 
La  fille  déclara  avoir  pris  deux  cuillerées,  l'homme,  comme  cela  arrive  souvent 
a  pareilles  circonstances  en  prit  très  peu,  il  cracha  tout  de  suite  et  n'eut  aucun 
la  fille  mourut  après  cinq  jours  de  traitement  à  l'hôpital  ;  on  lui  avait  ad- 


300  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

ministre  de  la  inuguésie  calcinée,  on  lui  avait  appliqué  des  sangsues  au  coo  eu 
l'épigaslre  ;  elle  avait  vomi  plusieurs  fois  du  sang. 

La  langue  était  complètement  normale,  elle  avilit  repris  cet  état  évidemment  pen- 
dant les  jours  de  maladie.  L'œsophage  et  le  pharynx  étaient  gris  mais  fermes,  l'eslo- 
mac  vide  et  noir,  déchiré  à  sa  grande  courbure.  L'anémie  générale  8*exptiqaait]ar 
les  vomissements  de  sang.  Le  sang  était  rouge  cerise  foncé  et  épais,  d'une  réaction 
acide ,  il   était  à  remarquer  aussi  que  l'acide  sulfurique  avait  retardé  la  putré- 
faction ,  car  le  cadavre  disséqué  huit  jours  après  la  mort,  par  une  température  de 
2  à  4  degrés  au  dessus  de  zéro,  était  encore  frais.  La  femme  était  encore  vierge. 
Ainsi  c^était  un  amour  platonique  qui  avait  donné  Heu  à  un  double  suicide  ! 

L'analyse  chimique  était  intéressante,  on  examina  l'œsophage,  reatomac,  lefoie, 
la  rate  et  les  reins.  Ces  organes  ne  rougissaient  plus  le  papier  bleu  de  tournesol,  ils 
bleuissaient  légèrement  le  papier  rouge,  parce  que  déjà  la  quantité  d'ammoniaque 
avait  le  dessus  dans  ces  organes.  Puisqu'il  était  avéré  que  la  décédée  avait  pris  une 
assez  grande  quantité  de  magnésie  calcinée  et  peut-être  d'autres  matières  neutra- 
lisantes, nous  essayâmes  de  trouver  des  sulfates  dans  les  intestins.  Pour  ccb, 
les  intestins  furent  coupés  et  furent  macérés  dans  de  l'eau  distillée,  puis  oo  éva- 
pora le  liquide  jusqu'à  la  concentration  au  bain-marie,  on  y  ajouta  de  Tacide  aïo* 
tique,  on  filtra  et  on  éprouva  par  de  l'azotate  de  baryte,  il  y  eut  une  légère  préci- 
pitation blanche,  on  filtra,  on  lava,  on  fit  sécher,  on  chauiTa  et  on  pesa,  son  poids 
était  seulement  de  5  centigrammes.  L'acide  sulfurique  correspondante  cette  qsaatité 
de  précipitation  était  si  petite  qu'elle  ne  pouvait  pas  donner  la  preuve  de  renpoi- 
sonnement  par  acide  sulfurique  qui  pourtant  était  incontestable. 

Uns.  196  et  197.  —  Suicides  de  deux  femmes  enceintes  par  Vacide  sulfurique. 

Je  passe  une  grande  quantité  de  cas  analogues,  j'ajoute  seulement  les  deusc^^ 
suivants.  Dans  les  deux,  le  sang  avait  une  réaction  acide  et  dans  le  deuxième  on 
voit  la  circonstance  intéressante  que  l'eau  de  l'amnios  avait  aussi  une  réa-lion 
acide.  Comme  nous  n'y  pensions  pas  quand  nous  avons  fait  la  première  autopsie,  noui) 
ne  savons  pas  si  dans  le  premier  cas  le  même  phénomène  existait. 

Obs.  19G.  —  C'était   une  femme  de  quarante  ans.  On  ne  savait  rien  sur  la  id>' 
ladic  ni  sur  l'époque  de  la  mort.  On  pouvait  exprimer  du  lait  des   deux  seins,  l«^ 
muqueuse  des  lèvres  était  en  partie   détachée,  la  lèvre  supérieure   présentait  imc^ 
couleur  d'un  brun  sale  et  parcheminée,  la  langue  était  blanche  et  intacte,  les  pou- 
mons d'un  bleu  rouge,  étaient  sains  et  exsangues,  le  cœur  également  exsangue,  le 
sang  avait  une  couleur  rouge  cerise,  mais  plus  fiquide  qu'ordinairement  dans  ces  ca^, 
il  avait  une  réaction  acide,  les  grandes  veines   de  la  poitrine  étaient  remplies  de 
sang,  la  trachée  était  vide,  l'œsophage  intact  et  de  couleur  grise,  l'estomac  i'un 
gris  noir,  gorgé  d'un  liquide  noir  brun  ;  à  sa  surface  antérieure  il  y  avait  plusieurs 
trous  de  la  grandeur  d'un  petit  pois  à  bords  noirs,  la  muqueuse  de  l'estomac  était 
noire,  se  détachait  facilcnienl;  mais  son  tissu  était  encore  assez  ferme.  Le  dutidê- 
num  était  comme  l'estomac,  le  reste  des  intestins  ne  présentait  rien  d'anonnal.  Le 
foie  était  pâle,  exsangue,  la  vésicule  biliaire  gorgée  de  bile  foncée,  les  autres  orga- 


^ 


EMPOISONNEMENTS  —  ODSSRVATIONS.  301 

n«s  de  l'abdomen  anémiqurny  compris  la  veine  cave;  la  malrice,  longue  de  15  cen- 
Umèlres,  lar^  de  1 2  centimètres  cl  épaisse  d'un  centimètre,  contenait  un  fruit  de 
six  mois  environ  ;  il  était  du  sexe  masculin  et  bien  conformé,  la  membrane  pupiU 
laire  existait  encore,  le  scrotum  était  vide.  Le  cordon  avait  20  ccntiniélres,  il  était 
tourné  autour  du  cou. 

Obs.  197  —  Une  nUe  de  vingt  ans  avait  succombé  depuis  quelques  jours  au 
mois  de  juin  à  \m  empoisonnement  par  Tacide  sulfurique,  nous  ne  savions  pas  corn- 
liien  de  temps  elle  avait  encore  vécu  après  Tcmpoisonnement. 

1^  dissection  montrait  que  la  mort  avait  dû  envahir  très  vite,  car  les  désordres 
causés  par  le  poison  étaient  considérables.    I<'.i   aussi   la  putréfaction   était  très 
peu  avancée;  les  deux  seins  conlenaient  du  lait  aqueux,  les  deux  lèvres  étaient 
dures  à  couper,  noires  ainsi  que  les  dents,  la  langue  était  d'un  noir  gris  H  tannée, 
des  deux  angles  de  la  bauclic  Tacide  s'était  écoulé  et  avait  formé  deux  sillons  d'un 
brun  sale  et  parcheminé  ;   les  poumons  étaient  normaux  ,   et  contenaient  peu  de 
sang.  Dans  le  péricarde  il  y  avait  30  grammes  de  liquide  d*un  brun  foncé  et  acide, 
le  cœur  gauche  était  modérément  rempli  de  coagulations  dures  et  noires  ayant  une 
réaction  acide,  le  cœur  droit  était  gorgé  do  ces  mêmes  coagulations  mêlées  de  sang 
liquide.  Le  larynx  et  la  trachée  étaient  vides,  l'œsophage  encore  ferme  était  gris, 
IVïtomac  était  détruit  dans  sa  continuité  et  transformé  en  une  bouillie  plutôt 
grise  que  noire,  son  contenu  avait  une  réaction  très  acide,  il  se  composait  de 
cbyme  et  d*un  liquide  sale,  il  était  presque  complètement  épanché  dans  la  cavité 
abdominale.  Le  foie,  la  rate,  les  reins  et  l'épiploon  étaient  anémiques.  Les  intes- 
tins colorés  en  gris  par  le  fluide  épanché  étaient  vides,  la  matrice  d'un  gris  noir 
contenait  un  fruit  de  quatre  mois  du  sexe  màie.   Le  liquide  de  Tamnios  avait  une 
rrtLclion  acide  très  franche.  La  vessie  était  vide,  la  veine  cave  contenait  un  peu 
de  sang  coagulé ,  les  vaisseaux  des  membranes  du  cerveau  étaient  remplis  de  sang 
à  moitié  coagulé,  les  sinus  presque  exsangues  quoique  nous  ayions  laissé  le  cada- 
vre pendre  pendant  vingt-quatre  heures  les  pieds  en  haut  et  la  tète  en  bas.  (L*au- 
'opsie  n'était  pas  légale.) 

Obs.  198.  —  Empoisonnement  par  Vacide  sulfurique  étendu  d'eau. 

Le  4  juillet  la  flile  E...  avait  donné  à  son  enfant,  âgé  de  six  semaines,  une  cuil- 
lerée à  café  d'acide  sulfurique  étendu  d'eau.  Le  même  soir  un  médecin  trouva  l'en- 
fant avec  des  yeux  hagards  et  brillants,  la  pupille  insensible,  les  traits  altérés, 
la  langue  et  la  muqueuse  des  lèvres  épaissies  et  blanches,  le  pouls  très  faible, 
la  respiration  difficile,  la  déglutition  impossible,  ni  vomissements,  ni  diarrhées, 
ni  eonvulfions.   Il  administra  de  la  magnésie,  mais  à  minuit  l'enfant  mourut. 

Le  6  juillet,  lors  de  l'autopsie,  nous  trouvâmes  le  cadavre  encore  frais  malgré  les 
chaknn  de  l'été,  la  langue  blanche  et  ayant  une  réaction  acide,  les  lèvres  dures 
d'an  brun  sale,  six  gros  de  sang  foncé,  coagula,  ayant  une  réaction  acide,  étaient 
épaacbés  dans  la  cavité  alnlominale,  il  y  avait  un  épanchement  analogue  sur  Tépi- 
pkN>n.  La  paroi  postérieure  de  l'estomac  d'un  gris  sale  était  déchirée  dans  toute  sa 
longueur,  les  bords  de  la  déchirure  étaient  inégaux  et  sanguinolents.  La  muqueuse 


S02  PARTIE   THANAT0L06IQITE. 

à  l'intérieur  avait  une  couleur  semblable,  ion  tissu  était  méeonnaisiaMe,  le  Me 
était  exsangue,  la  bile  avait  une  réaction  acide.  Le  duodénum  était  dans  le  nèiie 
état  que  l'estomac,  le  reste  des  intestins,  la  vessie  et  la  veine  eave,  étaient  fidei, 
les  poumons,  le  cœur,  l'artère  pulmonaire,  étaient  exsangues,  ranophafeèrexté- 
rieur  comme  à  l'intérieur  était  gris,  ainsi  que  le  pharynx.  La  cavité  crêmenie  étiil 
anémique. 

L'analyse  chimique  démontra  que  les  organes  de  l'enfant  contenaient  benei^ 
d'acide  sulfurique.  Cependant  cette  quantité  d'acide  avait-elle  été  «doiiiiiitréi  ï 
l'état  d'acide  libre  ou  à  l'état  de  combinaison,  l'analyse  chimîqse  nepovfiitk 
dire. 

Ou.  199.  —  EmpotsonnmMi^t  douteux  pur  de  Vaoidô  euifwrique  ièmàÊ 

d*eau  noirei  tous  forme  d'encre. 

Probablement  le  liquide  administré  avait  été  de  l'acide  sulfurique  coloré  en  ooir 
par  des  substances  organiques,  mais  l'examen  chimique  le  plus  minutieux  ne  poa- 
vait  éclairer  cette  question. 

Le  cadavre  encore  frais  était  celui  d'un  garçon  de  neuf  mois  ;  Q  nous  lut  pré- 
senté pour  l'autopsie  sans  que  nous  sachions  rien  de  la  maladie,  il  éiait  maigre  et 
paraissait  anémique,  la  muqueuse  de  la  langue  était  blanche,  rarrière-bonche  éUit 
moins  blanche,  sa  muqueuse  tuméfiée  se  détachait  facilement  et  avait  une  rèie- 
tion  acide.  Le  foie  était  p&le,  l'estomac  était  aux  trois  quarts  rempU  d'v 
liquide  épais,  ayant  une  réaction  acide,  la  muqueuse  en  était  gélatineuse,  eOe  u 
détachait  facilement,  le  tissu  était  pâle.  Le  duodénum  et  le  commencement  de 
l'intestin  grêle  présentaient  les  mômes  altérations  que  l'estomac,  le  gros  intestin 
était  vide,  les  organes  de  l'abdomen  étaient  normaux,  la  veine  cave  contensit  en 
peu  de  sang  épais,  rouge  cerise,  les  poumons  étaient  anémiques  et  œdématevx.  I^ 
cœur  était  anémique,  l'œsophage  normal,  la  muqueuse  de  ce  dernier  tuméfiée.  U 
trachée  était  pâle,  vide  et  toute  la  cavité  crânienne  était  anémique.  L'autopsie  don- 
nait à  peine  un  soupçon  d'empoisonnement  par  l'acide  sulfurique,  le  liquide  de 
l'estomac  n'oifrit  à  l'analyse  chimique  aucun  poison  ni  organique,  ni  inorganique. 

D'après  cela  on  pouvait  seulement  dire  que  vraisemblablement  l'enfant  n'mit 
pas  été  empoisonné. 

Obs.  200  —  Empoisonnement  par  Veau  de  laurier-cerise. 

Je  regrette  de  n'avoir  que  quelques  données  sur  ce  cas.  Un  homme  de  loiianle 
ans,  ennuyé  de  la  vie,  avait  pris  à  peu  près  60  grammes  d'eau  de  laurier-ceriee, 
comme  on  pouvait  le  voir  par  une  fiole  que  l'on  trouva  à  côté  de  lui.  11  tomba  tout  de 
suite  saisi  de  vertige,  et  on  lui  prodiga  des  soins  immédiats,  il  vomit  les  restât  d'une 
pomme  qu'il  venait  de  manger,  il  fut  placé  sur  le  canapé  et  une  heure  après  je  le 
vis.  Il  était  couché  sur  son  canapé,  la  tète  pendait  tout  à  fait  en  avant  et  il  fallait 
se  baisser  pour  lui  regarder  la  figure  ;  il  était  pâle  et  froid.  Les  pupUles  étaient  dila- 
tées, le  pouls  était  lent,  mou  et  régulier,  il  y  avait  une  paralysie  générale  dn  non- 
vement.  Toute  connaissance  ne  semblait  pas  être  éteinte  en  lui,  ce  que  l'on  ne  pou- 


EMPOISONNBMEKTS —  OBSERVATIONS.  SOS 

^tâi  savoir  an  Juste  puisque  le  malade  ne  pou? ait  ni  parier,  ni  montrer  s^  langue,  ni 
donner  la  main,  ni  (luire  aucun  geste.  De  temps  en  temps  il  avait  des  convulsions  de 
la  fice,  qui  altéraient  sa  figure  d  une  manière  effrayante,  toute  déglutition  était  im- 
possible, on  pouvait  seulement  appliquer  des  médicaments  extérieurs.  Cinq  heures 
après  Tempoisonnement,  il  mourut. 

Vingt-quatre  heures  après,  nous  fîmes  la  dissection,  la  putréfiiction  était  déjà 
très  avancée  (au  mois  de  mai),  le  cadavre  laissait  exhaler  une  odeur  d'amandes 
aBèraa  très  sensible ,  le  sang  était  foncé  et  liquide,  le  cerveau  et  le  cœur  droit 
étaient  bypérémiques. 

Obs.  soi  —  17ii)poisonfiemenl  par  Vacide  prussigue. 

Cn  pharmacien  s'empoisonna  avec  de  l'acide  prussiqne  mêlé  d'éther  asotique. 
La  raison  de  ce  suicide  resta  inconnue. 

Les  pupilles  étaient  très  contractées.  La  putréfaction  au  mois  de  décembre  était» 
après  deul  jours,  très  avancée,  au  point  que  Tépiderme  était  détaché.  En  quelques 
endroits  il  y  avait  encore  rigidité  cadavérique.  L'estomac  à  l'extérieur  présentait 
la  couleur  ordinaire  de  la  putréfaction,  il  contenait  120  grammes  d'un  liquide 
roaga  aanguinolent,  ayant  une  réaction  alcaline.  La  muqueuse  vers  le  cardia  était 
d'un  rouge  brun  (symptémes  de  putréfaction),  et  aux  endroits  moins  colorés  il  y 
avait  quelques  petites  taches  rouges  claires.  Les  ouvertures  extérieures  étaient  nor- 
■alai.  La  contenu  de  l'estomac  avait  une  odeur  d'éther  mêlée  à  l'odeur  d'amandes 
anères;  le  foie,  normal,  contenait  une  quantité  moyenne  de  sang  liquide,  la  véai- 
fila  biliaire  était  remplie,  l'intestin,  le  mésentère,  les  reins,  et  surtout  la  veine 
ttva  élaianl  hypérémîques.  La  rate  était  normale,  la  vessie  contenait  1 5  grammes 
iWne,  las  poumons  et  les  grands  vaisseaux  ne  contenaient  pas  beaucoup  de  sang; 
W  vantricnle  droit  du  ccsur  contenait  15  grammes  de  sang,  les  autres  parties  du 
^mmt  élaieat  vides;  le  larynx  et  la  trachée  étaient  à  l'état  normal.  La  muqueuse da 
^'•saphaf  a  présentait  quelques  petites  tâches  rosâtres  et  exhalait  aussi  la  double 
•daor  dont  nous  avons  parlé  pour  l'estomac.  Dans  le  crâne  il  y  avait  anémie. 

Obs.  202.  —  Empoisonnomenl  par  l'acide  prusiique. 

Dans  un  grand  hôtel,  on  trouva  un  matin  un  étranger  mort  dans  son  lit,  devant 

^Xai  était  une  fiole  contenant  de  l'acide  prussique  qui,  d'après  les  lois  prussiennes, 

^^vait  une  inscription  portant  le  mot  «  poison  »  et  surmontée  d'une  tête  de  mort. 

ne  sut  pas  combien  il  avait  bu  de  poison,  puisque  l'on  ne  savait  pas  quel  avait 

la  eontenude  la  fiole,  ni  si  le  décédé  était  mort  rapidement. 

Traia  jours  après  la  mort,  au  mois  de  novembre  par  une  temjiérature  de  0^  a 

^*  R.,  nous  fîmes  l'autopsie.  Le  décédé  avait  quarante-huit  ans,  il  y  avait  encore 

^ifidilé  cadavérique,  le  corps  était  tout  à  fait  frais,  les  cheveux  ne  pouvaient  être 

^rraebés  que  difflcilement  (voir  plus  haut),  il  y  avait  seulement  un  peu  de  couleur 

^^ardâlra  près  de  l'ombilic  ;  aussitôt  après  avoir  scié  les  os  crâniens,  nous  sentîmes 

très  bien  l'odeur  d'amandes  amères.  Les  méninges  et  les  sinus  étaient  anémiques  ; 

\ti  poumons  œdémateux  étaient  remplis  de  sang  foncé  presque  noir.  Le  cœur  droit 


âOi  PARTIE   THANATOLOGIQUG. 

était  rempli  de  sang  épais,  les  globules  de  saqg  observés  sous  le  roierofcope  oemoAr 
trèrent   aucune   anomalie.   Le  cœur  gauche  était  vide,    l'artère  pulmoiuire  était 
gorgée  de  sang,  la  trachée  et  Tœsophage  étaient  vides  et  normaux.  Le  loie  était 
sain  et  anémique,  la  vésicule  biliaire  était  pleine,   la  rate  molle,  facUemeot  va- 
riable. L'estomac  était  malheureusement  viJc,  de  sorte  que  Ton  ne  pounit  taire 
aucune  analyse  chimique  du  contenu,  il  exhalait  une  forte  odeur  d'amandes  auèrcs, 
sa  muqueuse  offrit  une  coloration  d'un  brun  sale  provenant  de  la  pulréfaetion  et 
d'une  hypostase  cadavérique;  cette  putréfaction  rapide  et  isolée  de  l'estoinie  esta 
remarquer  ;  les  deux  ouvertures  de  l'estomac  étaient  normales;  ce  qu'il  5  avait  éga- 
lement de  singulier,  c'était  la  putréfaction  des  reins  qui  ordinairement  se  putrifienl 
tard,  ils  étaient  d'un  brun  sale.  L'épiploon,  le  mésentère  et  les  téguments  abilooii- 
naux  étaient  très  épais,  les  intestins  étaient  peu  remplis  ;  la  vessie  était  vide,  h 
veine  cave  très  gorgée . 

L'analyse  chimique  ne  put  révéler  la  preuve  de  l'existence  de  l'acide  prussiqu^. 
mais  ce  poison  pouvait  èlrc  constaté  par  la  seule  odeur  bien  sensible  que  nous 
avons  mentionnée.  (Nous  n'avions  pas  encore  à  cette  époque  expérimenté  a\ff  b 
nitro  benzine). 

Obs.  203.  —  Empoisonnement  par  l'acide  prussique  et  des  huiles  ethériqitef. 

Cadavre  parfumé. 

Ce  cas  était  tout  à  fait  extraordinaire,  on  y  verra  une  intéressante  analyse  de 
M.  Schachl  qui  a  trouvé  de  Vadde  prussique  dans  le  sang, 

La  femme  S..,  âgée  de  quarante-trois  ans,  était  mariée  à  un  distillateur  d'eau- 
de-vie  et  de  vinaigre.  Cette  femme  était  adonnée  depuis  plusieurs  années  à  la 
boisson  et  souffrait  d'une  véritable  «  dipsomanie  » .  D'après  la  déposition  du  témoin 
elle  vivait  souvent  pendant  plusieurs  semaines  et  plusieurs  mois  tout  à  fait  tran- 
quille, puis  tout  à  coup  elle  recommençait  à  boire  et  restait  pendant  des  journées  ea- 
tières  conlinucUement  en  état  d'ivresse,  lîn  de  ces  accès  la  prit  le  6  juillet,  elle 
s'enivra  et  resta  daits  cet  élal  les  jours  suivants.  Le  11,  le  mari  sortit  de  cheilù 
et  recommanda  à  une  voisine  de  surveiller  sa  femme  ivre.  Sur  une  table  se  trouvait 
<|uinze  fioles  contenant  des  huiles  éthériques  différentes.  S...  avait  besoin  de  ces 
substances  pour  son  industrie.  C'était  surtout  de  l'huile  de  girofle,  de  cumin,  de 
menthe,  (le  citron,  etc.  11  y  avait  aussi  une  fiole  contenant  de   l'huile  d'amandes 
anières  portant,  selon  la  prescription,  le  mot  «  poison  ».  La  voisine  alla  plusieurf 
fois  auprès  de  la  femme  S  ..  et  la  trouva  toujours  grise,  elle  refusa  de  lui  donner  de 
l'eau-de-vie  que  la  femme  S.,  lui  demandait.  Pour  apaiser  la  soif  de  cette  malheu- 
reuse, elle  lui  donna  un   curnichon  et  lorsqu'elle  rentra  encore  une  fois  à  trois 
heures,  elle  trouva  la  femme  S...  morte  lans  la  cuisine,  ayant  dens  une  main  un 
demi-coriiichon  et  dans  l'autre  une  grande  cuillère. 

Le  1 3,  deux  jours  après  la  mort  (juillet),  nous  fîmes  l'autopsie  légale.  Le  ventre 
ètîiil  vert,  la  langue  serrée  entre  les  dents,  les  cheveux  se  laissaient  arracher  facile- 
ment; pas  de  rigidité  cadavéri(|uc.  A  l'ouverture  on  sentit  s'exhaler  une  odeur  agréa- 
ble qui  indiquait  qu'elle  avait  bu  des  liquides  parfumés.   Après  l'ouverture  du 


EMPOISONNEMENTS.  —   OBSERVATIONS.  305 

cvÉM  DOM  Mnllmes  une  od«ur  d'amande»  amèrea,  las  méniiigaa  étaient  nodéré- 
■Mnl  remplies  da  sanf ,  la  dure- mère  détachée,  ou  sentit  encore  rôdeur  d'a- 
«MDdes  amères  mais  mêlée  à  -  Todeur  de  girofle  et  de  cumin  ;  le  cerveau  était 
normal,  les  sinus  anémiques,  le  thorax  exhalait  également  une  odeur  d'amandes 
dde  parfums,  surtout  celui  des  giroflées,  les  deux  poumons  avaient  des  adhérences 
mciennes,  ils  étaient  œdémateux  et  très  remplis  de  sang  rouge  cerise  et  épais. 
Jhxù  la  péricarde  se  trouvait  une  quantité  de  liquide  normale  ;  le  cœur  flasque, 
était  fOrgé  à  droite  de  sang  rouge  cerise  et  liquide,  à  gauche  il  était  presque  vide, 
lea  vaisseaux  de  la  poitrine  étaient  remplis,  la  muqueuse  de  la  trachée  montrait 
«ne  couleur  rouge  brune  de  putréfaction.  L'œsophage  était  normal,  on  y  perce- 
^vait  une  odeur  d'amandes  amères  très  prononcée.  L'estomac  était  normal  extérieu- 
rement. Après  son  ouverture,  il  s'exhalait  une  odeur  excessivement  intense  d'a- 
mandes amères  ;  il  contenait  90  grammes  d'un  liquide  rose,  toute  sa  muqueuse 
était  parsemée  de  taches  d'un  rouge  pourpre,  les  incisions  faites  dans  ces  taches  ne 
■iHitraient  pas  qu'il  y  eût  ecchymose.  Le  foie  était  gras  et  anémique,  la  vésicule 
hiliaire  était  remplie,  la  veine  cave  hypérémique,  la  vessie  remplie,  les  organes 
sidominaux  normaux. 

Quant  à  l'examen  chimique  nous  le  rapporterons  textuellement. 

Le  13  du  mois  on  nous  donna  à  examiner  les  objets  que  nous  allons  énumérer  : 

I.  Une  fiole  pouvant  contenir  à  peu  près  120  grammes,  signée*  huiles  d'aman- 
éti  amères»  et  au-dessous  «  poison»  ;  elle  contenait  15  grammes  d'un  liquide 
jaune  clair. 

II.  Qn  vase  sur  lequel  était  écrit  «  œsophage,  estomac  et  contenu  de  l'estoaiac 
ëe  la  femme  S...» 

III.  Un  vase  sur  lequel  était  écrite  pot  trouvé  dans  la  chambre  de  la  femme  S... 
et  contenant  un  cornichon  » . 

IV.  Une  fiole  pouvant  contenir  180  grammes  de  liquide  avec  une  étiquette  où 
ae  trouvaient  ces  mots  «  sang  du  ^davre  de  la  femme  S...»  elle  contenait  du  sang 
épaia  et  rouge  clair. 

V.  Une  fiole  pouvant  contenir  340  grammes  de  liquide,  avait  23  grammes  d'un 
liquide  jaunâtre  presque  clair. 

Tous  ces  vases  étaient  scellés  par  le  cachet  de  la  cour. 

JRoua  avions  à  déclarer  :  t<^  le  contenu  de  la  fiole  I  est-il  de  l'huile  d'amandes 
amères? 

S*  Le  contenu  du  vase  H  est-il  de  l'huile  d'amandes  amères  ou  de  l'acide  prus- 
âque? 

3*  Le  cornichon  du  vase  III  avec  sa  sauce  contient-il  des  substances  vénéneuses  T 

4*  Le  sang  de  la  fiole  IV  contient-il  de  l'acide  prussique  ? 

5*  Est-il  possible  d'indiquer  ce  que  contient  la  fiole  V  ? 

Ad.  L  Par  l'odeur,  la  vue,  le  goût  et  le  poids  spécifique,  nous  avons  pu  reconnaî- 
tre que  le  liquide  contenu  dans  la  fiole  était  de  l'huile  d'amandes  amères.  Nous  avons 
leceué  une  partie  de  cette  huile  avec  de  l'hydrate  de  potasse  étendu  d'eau  ;  après 
II.  20 


S06  PARTI!  THANATOLOGIQUI. 

atoir  laîité  dépoter,  nous  tvont  i|oiité  tn  liquide  déeenté  me  toIttllMi  de  nlMiée 
detttoxide  de  fer  et  de  l'eclde  etilorii^rdrltiee;  U  y  eut  «ne  prédpttaUoo frit  muMiii 
Mme  qui  prouve  la  prétence  de  l'aeide  cyanh^fdrique. 

Ad.  IL  Ce  vase  renfermait  les  organes  nommés  et  un  liquide  roofe  tnaUe, 
il  exhalait  une  forte  odeur  d'amandes  améres  ;  nous  séparâmes  le  lîqiidi  èi 
solide,  nous  mîmes  le  liquide  dans  une  cornue  tubulée,  nous  confîmes  TsiU- 
mac  et  Toesophafe  en  petits  morceaux,  on  les  remua  dans  de  l'eau  dislillèt  st  m 
recueillit  le  liquide  ;  cette  opération  fut  répétée  trois  fols  en  ajoutant  de  raleool,  de 
cette  manière  l'odeur  d^amandes  améres  disparut  des  intestins,  la  liquear  bl 
ijotttée  dans  la  coraue  au  contenu  de  l'estomac.  Puis  nous  avons  ajouté  no  pei 
d'acide  pbosphorique  et  le  mélange  fut  distillé  jusqu'à  ce  que  100  grammes  d*u 
liquide  clair  aient  été  obtenus.  Ce  liquide  présenta  les  réactions  suivantes  : 

a.  Traité  avec  de  l'hydrate  de  potasse,  du  sulfate  de  deutoxyde  de  fer  et  de  Taciie 
chlorhydiique,  on  obtint  un  liquide  vert  foncé  qui  au  bout  de  peu  d'instants  aM»- 
tra  une  précipitation  bleue. 

6.  En  ajoutant  deux  gouttes  de  sulfhydrate  d'ammoniaque  et  une  goutte  d'aa- 
mmoniaque  à  deux  gros  de  la  liqueur  en  question,  et  en  chaufllint  le  tout  jnsfi'i 
ce  que  la  couleur  et  l'odeur  aient  disparu,  puis  en  ajoutant  du  perchlorure  de  fer 
on  obtint  une  coloration  rouge  sang. 

c.  En  ajoutant  du  nitrate  d'argent  et  de  l'acide  nitrique,  on  obUiit  une  pé- 
clpttalion  blanche  qui  se  déposa  quand  on  eut  imprimé  I  la  liqueur  de  grtnto 
secousses. 

Mous  en  coueldoMs  que  la  liqueur  distillée  oonlanait  de  l'acide  pnMaiqne. 

Ad.  ///.  Le  cornichon  fut  examiné  cliimiquement  avec  des  substances  inorgsai- 
ques.  On  le  trouva  pur,  nous  croyons  pouvoir  nous  abstenir  de  reproduire  la 
méthode  que  Ton  employa,  vu  le  résultat  négatif. 

Ad.  IV.  Après  avoir  ajouté  un  peu  d*alcool  et  de  l'acide  phosphorique  au  saBf, 
on  le  soumit  à  la  distillation  jusqu'à  ce  que  deux  gros  d'un  liquide  clair  non  colori 
aient  été  obtenus.  Ce  liquide  fut  partagé  en  deux  parties  et  examiné  cemme  ad.  If, 
tt  et  ft.  Les  deux  réactions  furent  très  senstbles  quoiqu'un  peu  plus 


Ad.  V.  Le  liquide  contenu  dans  ce  verre  avait  une  réaction  alcaline  et  sentait 
fortement  l'ammoniaque  que  l'on  fait  évaporer  sur  un  morceau  de  platine,  il  laisss 
une  couche  mince  noirâtre,  qui  disparut  par  la  chaleur  sans  laisser  une  tâche  de 
sang  ;  ni  avec  l'acide  sulfliydrique,  ni  avec  le  sulfure  d'ammoniaque,  il  ne  donna 
aucune  réaction  et  dut  être  regardé  comme  un  hydrochlorate  d'ammoniaque  en 
dissolution  qui  était  coloré  par  des  substances  organiques. 

Le  résultat  de  mes  expériences  fut  donc  : 

Le  contenu  de  la  fiole  I  était  de  l'huile  d'amandes  améres  contenant  de  l'acide 
prussique. 

Les  liquides  de  l'estomac  de  la  décédée  contenaient  de  l'acide  prusalque  dans  de 
l'huile  d'amandes  améres,  car  l'acide  prussique  seul  n'a  pas  une  odeur  si  Ibrte. 

Le  cornichon  ne  contenait  pas  de  substances  vénéneuses. 


EMPOISOVnXIIEMTS.  —  OBSERVATIONS.  S07 

Le  sang  de  la  décédée  contenait  de  Tacide  prussique. 

La  fiole  V  contenait  trèa  probablement  de  l'bydrochlorate  d'ammoniaque  étendu. 
La  coochision  de  ce  cas  n'était  pas  douteuse,  nous  déchirâmes  que  les  altérations 
dt  l'eatopMe  umoncaient  l'introduction  dt  matiérei  irritaotoi  al  corrofiTM,  «iqut 
fadtar  parfumée  da  taut  le  cadavre  démontrait  que  eea  matières  avaianl  M  ém 
odoraotea  évidemment  «  aptea  à  altérer  la  laoté  »  ;  on  pMit  ateeUranM  la 
avait  trouvé  la  mort  par  cea  poiaona,  ai  yn  autre  poiaon  bô9mm$p  pfam 
fcmfgitut,  Taeida  cjfanbydrique,  n'avait  paa  déjà  avO  pour  tser  praaq«a  a«béia* 
amoi»  ca<pii  eat  prouvé  par  la  paiitiM  daaaJaqiifUa  on  l'a  tnwvétt  oevabéi  taw 
b  eiiiaiiw  «ne  cuiller  à  la  main.  D'aprèa  cala»  on  peut  adanattra  que  la  taima  ê.*. 
a  été  empoisonnée  par  l'acide  prussique  et  par  daa  builea  éthériqiaa,  at  qim  le 
prani«r  4a  ces  deux  ^iaona  a  amené  la  mort. 

Oia.  204.  •—  EmpoUanmemmU  par  Vaeidê  prunlfue. 

Mte  fois  aiiasi  l'acide  prussique  a  été  trouvé  dans  le  sang  par  l'expert  ebimîate. 
Db  pbarmaciM  âgé  de  vingt  ans  s'ampoisooiia  le  14  juin  ;  la  eadavra  fut  blantflt 
tranajporié  dana  la  eave  froide  de  notre  morgue,  at  malgré  la  taaipéralwfa  ëe 
10*  B.  la  cadavre  était  la  lendemain  encore  trèa  frala. 

La  couleur  do  cadavre  était  normale  ;  la  rigidité  coomiençait  i  «nvahir  ;  aor  k 

doa  ao  trouvaient  des  lividités  cadavériques.  £n  praaiant  l'urètbre  ou  pouvail  ao 

tuft  iortir  quelques  gouttes  de  sperme  dans  leaqueUea  ou  uouva  daa  aparmat»* 

aoairaa.  Apréa  l'ouverture  de  la  cavité  erânieuna  ou  perçut  uue  lurta  odeur  4'a^ 

wndfs  amères.  Les  méniogaa  étaient  exaanguea,  le  cerveau  était  violet  par  auiteda 

Il  pulréftction,  dana  les  veotriculea  se  trouvait  une  certaine  quantité  de  liquida 

sanguino- aqueux,  le  sang  de  tout  le  cadavre  était  trèa  liquida»  d'un  fvuga  violai, 

Ica  globules  de  sang  étaient  normaux*  la  traebée-arlèro  était  vida,  la  miiquoufe  était 

xuvêlue  d'uae  couleur  d'un  rouge  brun  bomogèoe  produite  par  la  putréfaalieu,  IV 

deur  d'amandes  amères  augmenta  quand  on  enleva  le  sternum.  Dans  chaque  plèvre 

se  trouvaient  90  grammes  d'eau  sanguinolente,  les  poumons  étaient  b/pérémiques 

et  un  peu  œdémateux  ;  le  péricarde  adhérait  au  cœur,  le  cœur  gaucbe  était  trèa 

rempli  de  sang  ,  le  cœur  droit  et  l'artère  pulmoonaire  en  étaient  gorgés  et  con- 

tenaient  quelques  caillots,  le  Um  était  hypérémique,  la  véaicule  biliaire  était  rtm- 

pUa.    L'estomac  fut  lié  et  été  ;  extérieurement   il  était  normal»  il  eonteaait 

30  grammes  de  liquide    sang«fM4ent ,   ayant  fadeur  d'amandea  amères  ;   la 

■mqueuae  qui  avait  surtout  celte  odeur,  était  tuméfiée  et  colorée  partout  en  violet, 

c'était  évidemment  un  phénomène  cadavérique.   La  veine  cave  ascendante  était 

pleine  de  sang,  la  vessie  pleine  d'urine.  Les  intestins,  la  rate  et  les  reins  étaient 

Bormaux. 

L'analyse  chimique  démontra  la  préaeoce  de  l'acide  prussique  à  l'état  libre  dans 
le  sang,  on  n'en  trouva  pas  dans  U^  uriaaa»  cependant  on  y  voyait  de  l'albumine, 
ee  phénomène  est  très  smguUer  m  le  déeédé  n'était  pas  altaiet  d'albumiwyie  ; 
furine  ne  contenait  pas  de  sucre. 


308  PARTIE   THANATOLOGIQCI. 


Obs.  205.  —  Empoisonnement  par  le  phoephore. 

Une  actrice  âgée  de  seize  ans  résolut  de  se  tuer  avec  son  amant  dont  elle  k 
croyait  enceinte  ;  tous  les  deux  prirent  du  phosphore  que  Tainant  H...  avait  ni  le 
procurer.  Elle  mourut  bientôt  après,  mais  Thomme  tai  à  peine  malade,  probiMe- 
ment  parce  qu'il  n'en  avait  pas  avalé.  Il  fut  mis  en  accusation.  De  la  maladie  on 
savait  seulement  que  la  femme  était  tombé  malade  le  4  décembre,  qii*eËe  atiit 
▼omi  plusieurs  fois,  et  un  témoin  déposa  qu'étant  entré  dans  sa  chambre  poar  lii 
donner  du  lait  chaud,  il  sentit  «  dans  toute  la  chambre,  une  odeur  d'allumettes  ■  : 
la  malade  mourut  dans  la  journée. 

Trois  jours  après  la  mort  nous  fîmes  l'autopsie  légale.  Au, ventre,  lapotréfictiM 
était  commençante  ;  le  foie,  la  rate  et  le  pancréas  étaient  normaux  ;  les  veines  de 
répiploon  et  du  mésentère  étaient  asaes  remplies,  la  couleur  des  iotettins  grèki 
était  rouge  clair  à  cause  do  l'injection  de  leurs  vaisseaux  ;  les  reins,  la  vessie  étaient 
normaux  ainsi  que  la  matrice  qui  ne  renfermait  pas  de  fœtus  ;  la  veine  cave  coal^ 
nait  une  certaine  quantité  de  sang  foncé  et  épais  ;  l'estomac,  &  l'extérieur,  était  plie 
et  n'ofnrait  rien  de  remarquable  ;  à  l'intérieur  il  était  tout  &  foit  vide,  sa  muqueme 
présentait  quelques  petits  grains  jaunes,  mais  n'était  aucunement  altérée,  elle 
oilhiit  partout  une  coloration  rose  faonâlre  ;  les  poumons  étaient  normaux,  les 
grands  vaisseaux  ne  contenaient  que  peu  de  sang,  il  y  avait  encore  un  reste  de 
thymus  gros  comme  le  pouce  (1).  Le  cœur  était  presque  exsangue  dans  toutes  lei 
cavités,  la  muqueuse  de  la  trachée  et  de  l'œsophage  était  normale,  les  méninges,  le 
cerveau  et  les  sinus  étaient  hypérémiques.  On  ne  s'attendait  pas,  après  un  empoi- 
sonnement par  le  phosphore  amenant  la  mort  aussi  rapidement,  &  trouver  nn  résvl- 
tat  de  l'autopsie  aussi  négatif. 

L'analyse  chimique  démontra  d'une  manière  indubitable  la  présence  du  poison 
en  substance  dans  les  intestins;  le  sang  offrait  une  odeur  analogue  à  celle  des 

(1)  Dans  les  cas  suivants,  j*ai  observé  le  tliymus  persistant  dans  une  élendoe  plus  ou  motai 
Ijande  même  dans  un  âge  assez  avancé  : 

40  Gbei  un  garçon  de  cinq  ans,  encore  €  très  grand  »  ; 

So  Ghei  nn  garçon  de  six  ans,  il  avait  encore  5  centimètres; 

30  Chez  un  gardon  de  sept  ans,  de  la  grandeur  d'une  noix  ; 

40  Chez  un  garçon  de  sept  ans  (93*  obs.)  4  centimètres  ; 

5*  Chez  un  garçon  de  neuf  ans,  c  encore  très  grand  *  ; 

60  Chez  un  garçon  de  quatorze  ans,  3  centimètres  ; 

1^  Chez  un  garçon  de  quinze  ans,  2  centimètres  ift  i 

8<*  Chez  l'actrice  susnommée,  âgée  de  seize  ans,  2  centimètres  1/2. 

0**  Chez  un  garçon  de  seize  ans,  A  centimètres  ; 

i  0^  Chez  un  homme  de  dix-huit  ans,  5  centimètres  ; 

il<>  Chez  on  homme  de  dix-neuf  ans,  2  centhnètres  i/2  ; 

42*  Chez  an  homme  de  vingt  ans,  c  des  restes  très  visiblet  a; 

43»  Chez  un  homme  de  vingt  ans,  2  centimètres; 

44*  Chez  un  bomme  de  vingt-deux  ans,  €  des  restes  visibles  a. 


EMPOISONNEMENTS.  —  OBSERVATIONS.  809 

anima  m  empoisooaéa  par  le  phosphore,  et  les  altérations  des  éléments  du  sang 
étaient  absolument  celles  du  sang  de  ces  animaux.  Il  n'était  pas  du  tout  coagulé, 
ei  présentait  une  couleur  rouge  cerise.  Le  sang  artériel  était  transparent  comme 
partout  où  le  pigment  a  abandonné  les  globules  et  s'est  dissous  dans  le  plasma,  sa 
consistance  était  celle  du  sirop.  Le  microscope  montra  clairement  des  globules  de 
laof  clairs,  incolores,  les  noyaux  étaient  très  visibles  comme  si  on  avait  été  la  ma- 
tière colorante  par  le  lavage.  La  préparation  de  phosphore  qui  avait  été  vendue  par 
It  pharmacien  contenait  10  grains  de  phosphore  dans  90  grammes  de  bouillie. 
Ainai,  dans  la  dixième  partie,  deux  cuillerées,  on  aurait  trouvé  un  grain  de  phos- 
phore. Puisque  la  décédée  avait  résolu  de  se  suicider,  il  est  vraisemblable  qu'elle 
a  bu  plus  de  deux  cuillerées,  dose  qui  suffisait  complètement,  prise  en  une  seule 
fut  pour  expliquer  la  mort  rapide  qui  a  eu  lieu.  Par  toutes  cea  raisons  nous 
dAmea  admettre  qu'il  y  avait  eu  empoisonnement  mortel  par  le  phosphore. 

Obs.  206.  —  Empoisonnement  par  le  phosphore. 

Une  Polonaise,  âgée  de  vingt  ans,  avait  pris  le  10  août,  à  six  heures  du  soir, 
i  peu  près  Iroti  grains  de  phosphore.  On  ne  remarqua  d'abord  rien  d'extraor- 
éinaire  en  elle,  et  le  soir  elle  écrivit  encore  une  pétition  au  roi.  Au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  sa  Tamille  s'aperçut  qu'elle  sentait  le  soufre  (ici  on  confondait  évidem- 
Ment  avec  l'odeur  des  allumettes  de  soufre  et  de  phosphore),  et  elle  dit  que  la 
hmière  Téblouissait,  mais  ne  se  plaignit  pas  de  douleurs;  elle  resta  toute  la 

ôt  sans  sommeil,  affirmant  toujours  qu'elle  n'avait  rien  bu  ;  elle  ne  vomit  pas  une 
fois  et  mourut  tout  à  fait  tranquille  le  lendemain  matin  à  six  heures,  c'est  à 
dire  douze  heures  après  avoir  pris  le  poison. 

Quarante-huit  heures  après,  a  une  température  de  15^  R.,  nous  Ames  l'autop- 
aie.  La  veille  au  soir  on  avait  transporté  le  cadavre  dans  la  chambre  des  morts  et 
l'on  fut  étonné  de  voir  des  vapeurs  lumineuses  sortant  du  vagin.  Avant  la  dissec- 
tion, noua  vîmes  sortir  de  l'anus  des  flots  de  vapeurs  blanchâtres  qui  sentaient  le 
phosphore.  De  la  bouche  aussi  on  sentait  sortir  des  émanations  de  phosphore,  mais 
uns  vapeurs  visibles.  Il  y  avait  encore  un  peu  de  rigidité  cadavérique,  les  tégu- 
ments du  ventre  étaient  verts  par  suite  de  la  putréfaction. 

L'estomne,  &  la  petite  courbure,  présentait  des  sillons  veineux  rouges  livides,  ce 

qiii  n'était  qu'un  phénomène  de  putréfaction.  L'estomac,  à  l'intérieur,  ne  laissait 

fss  exhaler  d'émanations  de  phosphore,  sa  muqueuse  n'était  ni  tuméfiée,  ni  corrodée; 

<a  grand  cul -de-sac  ,  ainsi  qu'au  milieu  de  la  petite  courbure,  il  y  avait  de  petits 

^psochements  hémorrbagiques  très  nombreux  placés  les  uns  près  des  autres, 

de  U  grandeur  d'une  tète  d'épingle,  la  somme  de  ces  petites  taches  avait  à 

pea  près  4  centimètres  de  diamètre.  Le  contenu  de  l'estomac  était  formé  par 

t08  à  200  grammes  d'un  liquide  clair  sanguinolent,  laiteux;  on  ne  put  pas  trou* 

>er  de  grains  de  phosphore  même  avec  la  loupe.  Les  intestins  étaient  pâles  et  ne 

■aentraîent  aucune  anomalie  ni  extérieurement,  ni  intérieurement.  Le  gros  intestin 

contenait  des  fèces  (il  est  notoire  que  l'empoisonnée  n'avait  eu  aucune  selle).  Le 

était  d'un  rouge  sale  avec  une  consistance  de  sirop,  et  présentait  sous  le 


no  PARTIS   THANATOLOOIQIJB. 

mkroseope  1m  mèmM  particularitéf  anormales  que  dans  le  cas  préeMeot.  le  Im 
élait  hypérémique,  la  vésicule  du  Ûei  à  moilié  pleine,  la  rate  très  hypéréniiqw. 
Les  deux  reins  étaient  d*ttn  rouge  brun  à  cause  de  la  putréfliction  coaaMÉCtnte, 
la  vessie  un  peu  violette  contenait  une  cuillerée  d'urine  trouble  ;  Futénn  ikrgs 
était  nienstrué,  la  veine  cave  contenait  un  peu  de  sauf,  les  poumons  étaient  pst 
foncés  et  présentaient  une  hypostase  cadavérique.  I^e  péricarde  contenait  udsoiS- 
lerée  de  liquide  sanguinolent,  tout  le  cosur  était  presque  exsangue,  maii  les  gnadi 
vaisseaux  contenaient  beaucoup  de  sang.  Le  larynx  et  la  traebée  étaient  viéei, 
leur  muqueuse  éuit  rouge  pourpre  et  avèe  11  loupe  on  y  voyait  des  injectioai. 
L*«Mophage  était  normal»  les  méninges  asses  rempliÎM,  le  cerveau  contenait  plus  de 
sang  qu*à  rordinaire  ;  les  plexus  étaient  livides,  les  sinus  presque  vides. 
Ce  cas  permettait  un  Jugement  sûr  sans  avoir  besoin  d'analyse  eUmique. 

Obs.  207.  —  Empoisonnement  par  des  champignons  vémémeux. 

Toute  une  famille  qui  avait  diné  avec  un  plat  de  poisson  assaisonné  de  champi- 
gnons,  tomba  malade  et  tous  les  membres  furent  atteints  de  vomiaanments  et  de 
diarrbée  ;  le  reste  du  dtner  se  composait  d*oie  et  de  veau  réti»  Tous  an  rétablirsat, 
excepté  une  vieille  femme  de  soixante-dix  ans.  Gell»«i  mourut  au  bout  de  treii 
jours  selon  la  déposition  du  médecin  «  avec  les  symptémes  d'une  gaslro-^iitérite«. 

Nous  trouvâmes  à  l'autopsie  une  adhérence  des  deux  poumens  et  nne  hydropisit 
de  l'ovaire  droit;  mais  ces  deux  altérations  pathologiquee  n'avalent  eêrtalhemast 
eu  aucune  influence  sur  le  résultat  funeste  de  k  maladie.  Bn  outre  il  y  avait  lai 
coloration  rose  des  intestins ,  des  ecohymeees  nombreuses  sur  la  nraqueiise  h 
grand  culde-sac  de  l'estomac  ;  le  sang  liquide,  avait  une  cdntenr  très  Ibneée.  L'si> 
tomac  contenait  40  grammes  de  liquide  rose,  le  cœur  était  tréa  rempH  de  sang,  tout  le 
reste  était  normal.  L'analyse  cliimique  démontra  l'absence  de  peiaens  Inerganiquai, 
et  des  poisons  organiques  que  l'on  peut  ordinairement  retrouver.  Le  poison  aupposè, 
les  cbampignofls,  ne  pouvait  naturellement  pas  avoir  laissé  de  tracés  ;  on  ne  poa* 
vait  dire  si  c'était  les  champignons,  le  poisson,  le  rétl  ou  une  autre  snbstanee  qai 
avaient  produit  l'effet  vénéneux. 

Obs.  208,  209,  210.  —  Trois  empoisonnements  par  Varsenic  et  la  «ominine* 

Du  S  au  7  mai  18...  les  trois  enfants  du  vétérinaire  E...,  Aima  âgée  de  trois  ans, 
Hermann  d'un  an,  et  Marguerite  de  5  ans  moururent  à  la  suite  d'un  empoîsomif» 
aMnt  causé  par  des  saucisses  et  du  pain  que  le  sieur  W..  avait  disposés  pour  empel 
sonner  des  rats.  Le  sieur  W...  déclara  que  son  poison  consistait  en  un  ongntnt 
composé  de  beurre  et  de  viande  hachée,  mêlés  avec  de  rarsentc  et  de  la  suie,  H 
assura  que  cet  onguent  ne  contenait  pas  de  vomicine.  Le  docteur  L. . .  qu!  fut  appelé 
le  premier  auprès  delà  AUe  la  plus  jeune,  diagnostiqua  «  une  inflammation  du  cer- 
veau ».  Un  quart  d'heure  après  sa  sortie  de  la  maison,  l'enflint  était  morte.  Il  n*a 
pas  eemmuniqoé  les  raisons  qui  ont  guidé  ce  diagnostic.  Il  dit  seulement  qn'O  n*a 
pas  trouvé  les  symptéMes  d'un  empoisonnement.  Le  Jour  suivant,  il  trouva  Mtrgoe- 
file  nsalade,  peaa  le  mime  diagnostic»  ainsi  que  pour  le  tn^isième  enfant  qol  temba 


EMPOISON  NEH  ENT8.  -^  OBSERVATIONS .  S^i 

\ê  jour  suhrant  ;  ehex  ees  deux  enflintf  également  il  dit  n'a^r  pas  remarqué 
4e  phénoanèiMs  d'empoiionnement.  Ghes  Marf uerite  le  doetecr  L. . .  neta  de  YanoU" 
ffisiememtt  des  convuUiofUy  des  vomistemenU^  de  la  fièvre  :  ces  deux  enfants  meu* 
lurent  également  au  bout  de  peu  de  temps,  il  leur  avait  administré  du  calomel  et 
des  sangsues.  Un  autre  médecin,  le  docteur  F..,  vit  également  Marguerite  et  Htr- 
mann,  il  trouva  la  fllle  atteinte  de  vomissements^  de  diarrhée,  de  fièvre ,  d'assou- 
piamnêHt,  le  ventre  aplati  et  douloureux^  la  pupille  dilatée,  le  garçon  avait  surtout 
des  vonUstements.  Le  docteur  F.. .  fut  d'avis  que  les  enfants  avaient  été  empoi- 
semiéa  par  le  poison  appelé»  poison  des  saucisses  ». 

Le  père  déclara /)u'il  avait  observé  chez  sa  fille  Aima,  déjà  le  9  mai,  de  l'assou- 
pissement  et  une  tendance  à  laisser  pencher  sa  tète.  Dans  la  nuit  du  2  au  S  mai,  elle 
devint  très  inquiète,  demanda  souvent  à  aller  à  la  selle  et  hut  beaucoup.  Le  lende* 
main  nutin  elle  avait  les  yeux  hagards,  elle  n'avait  pas  toute  sa  connaissance,  pas 
d'appétit,  elle  faisait  craquer  ses  dents  et  le  soir  elle  mourut.  Le  soir  du  3  mai  il 
•bsenra  que  Marguerite  était  très  pâle  ;  elle  vomissait,  mais  cependant  elle  dormit 
bien  ;  le  lendemain  on  s'aperçut  que  l'enfant  avait  eu  de  la  diarrhée  pendant  son 
sommeil.  Vers  les  sept  heures  elle  eut  de  violentes  convulsions  qui  durèrent  un 
quart  d'heure,  on  envoya  chercher  le  médecin.  Après  le  dîner  elle  eut  encore  quel- 
qaaa  vomissements  et  de  temps  en  temps  l'enfant  perdait  connaissance.  Dans  la 
nuit  du  5  an  6  l'enfant  mourut.  Le  i  mai,  le  garçon  Hermann  ne  voulait  pas  man^ 
pmeomuomk  l'ordinaire.  Il  paraissait  avoir  d0  ki  fèvre.  Sas  yeux  devinrent  hagards^ 
i  f  «at  dêê  vemisaeoaenta  et  dea  aonvulsions,  le  5  au  matin  l'enAint  mourut.  ij« 
T  dm  BièaM  mois  nous  llaMa  les  autopsies  dont  voiei  les  résultats  essentiels  : 


1.  Akism.  Im  langua  itait  blanchâtre,  non  ulcérée,  las  yeux  très  profoBds,  If 

cadavre  était  eneora  /irais;  l'estomac  à  l'extérieur  était  comme  à  l'ordinaire,  pâla, 

à  l'iaftériaur  il  cootaoait  30  grammes  d'un  mueus  vert  jaunâtre,  le  grand  cul-dar 

«ac  était  coloré  en  rouge  brun,  le  reste  de  la  muqueuse  était  coloré  en  vert;  on  oa 

Irouva  de  grains  d'arsenic  ni  dans  l'estomac  ni  dans  le  duodénum  ;  il  n'y  eut  l4 

iniaBamation,  ni  ulcération  de  l'estomac,  tous  les  intestins  étaient  pâles  et  vides, 

la  p^rit-Aiw  n'était  pas  rougi ,  la  vessie  était  vide  ;   le  foie,  la  rate,  les  raÎM 

étaiaoi  anémiques],  la  veine  cave  ne  contenait  que  peu  de  sang ,  les  pouraooii 

étaiaBt  pâles  et  anémiques,  le  cœur  contenait  à  droite  une  certaine  quantité  da 

iêeg  épaîa  et  écumeux,  il   y  en  avait  moins  à  gauche.  La  trachée  et  le  larynx 

mlinairnl  iin  f  rn  rt'érumr  sanguinolente,  les  grands  vaisseaux  avaient  peu  de  sang, 

r«iap^age  était  vide  et  normal,  la  pie-mère  et  le  cerveau  renfermaient  la  quantité 

de  tuif  Aormale,  laa  siaus  étaient  très  remplis  de  sang  fimcé  et  épaik. 

//.  Bmwam,  14  langua  blanchâtre,  non  érodée,  les  yeux  profonds,  le  cadavra 
Irais.  L'aaiMaac  et  ]»  duodénum  pâles,  le  contenu  de  l'estomac  était  30  grammes 
es  liquida  muquaax»  vert-clair,  mêlé  de  lait  coagulé.  Sur  sa  muqueuse  il  n'y 
avait  ai  graiiVy  ni  cristaux,  ni  rougeur,  ni  aucune  trace  d'anomalie.  Le  foie, 
Is  râla,  laa  raiitt  exsangues ,  le  péritoine  non  rougi,  la  vessie  vide,  l'intestia  pjMa; 
«t  vida»  la  vaiaa  cave  remplie  da  sang  Coocé  et  épais,  dans  loua  le«  orgaaaa  da  la 
psilriBa  aaéaiia  «  la  traabéa-artâra  et  la  hirynx  vidas  et  sains,  la  muqueusa  da  r#- 


312  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

sopbage  présenUit  une  i^jeclioo  peu  pronoaeéa.  La  dure-nèc»  ti  li  piMièn  ,  ^ 
étaient  vi»ibleaient  remplies  de  sang  ;  le  cerveau  non  anémique,  les  siani  très  \  ^r 
remplis.  r^ 

UI.  Marguerite.  Les  yeux  très  profonds,  les  pieds  tournés  en  dedans ,  pco- 
btUMnent  par  suite  des  convulsions  ;  le  cadavre  avait  déjà  le  ventre  verditre  ; 
l'estomac  et  le  duodénum  très  pâles  à  l'extérieur  contenaient  4  grammes  de  Utioide         : 
blanc,  muqueux.  La  muqueuse  était  plissée;  au  cul-de-sac  se  montrait  une  roogeor  «. 

diflbse  de  3  centimètres  de  diamètre,  on  n'y  voyait  ni  grains  d'arsenic,  ni  ulcères;  ^ 

le  péritoine  était  normal,  tous  les  intestins  pâles  et  vides;  le  foie,  la  rate  et  les  « 

reins  étaient  anémiques,  la  vessie  était  pleine,  la  veine  cave  contenait  une  certaine  ^ 

quantité  de  sang  foncé  et  épais,  les  poumons  n'avaient  que  peu  de  sang,  les  grands 
vaisseaux  étaient  normaux.  Le  liquide  du  péricarde  était  sangoinolent,  le  cobur 
contenait  un  peu  de  sang,  la  trachée-artère  et  Tcesophage  étaient  vides  et  nor- 
manx,  les  méninges  étaient  remplies  ainsi  que  les  sinus ,  le  cerveau  égalemeol 
contenait  beaucoup  de  sang. 

On  fit  l'analyse  chimique  du  pain  et  de  la  viande  hachés  dont  les  en&nts  avaiaol 
mangé  une  partie  ;  on  y  trouva  des  traces  évidentes  de  vomicine. 

Dans  l'estomac  des  trois  cadavres,  on  ne  trouva  ni  de  la  vomicine,  ni  du  phos- 
phore,  ni  de  l'arsenic.  Tels  sont  les  empoisonnements  !  comment  les  juger  ? 

Nous  déclarâmes  dans  notre  rapport  :  «  Les  symptômes  de  maladie  que  l'on  a  ob- 
servés chez  les  trois  enfants  sont  analogues,  car  ce  sont  surtout  des  symptôme» 
d'affections  cérébrales,  vomissements,  diarrhée,  convulsions.  Ces  symptômes  sont. 

en  même  temps  ceux  des  inflammations  cérébrales  des  enfants  et  ceux  des  empoison 

nements  parles  substances  corrosîves,  surtout  l'arsenic.  On  les  observe  aussi  aprè^^* 
l'ingestion  du  poison  de  la  voix  vomique  (brucine  et  strychnine),  mais  cela  es—     ^ 
moins  certain  car  ces  deux  substances  sont  peu  connues  comme  poisons,  n  es" -"^ ^ 
cependant  avéré  que  le  poison  de  la  noix  vomique  produit  des  convulsions  et  de=^   -^ 
vomissements. 

»  Comme  les  symptdroes  qui  ont  été  observés  ches  les  trois  enfknta,  ont  été  le         ' 
mêmes  et  ont  été  suivis  de  la  mort  en  très  peu  de  temps,  il  est  probable  qu'u^*" 
seul  et  même  poison  a  produit  ces  désordres  dans  les   trois   cas.  Que  si  l'o^  ^' 
prétend  qu'il  a  pu  y  avoir  choléra  asiatique  ou  inflammation  cérébrale,  nous  répoim  ' 
drons  qu'il  est  invraisemblable  que  la  première  de  ces  maladies,  qni  n'eti  pas   ^ 
l'état  d'épidémie  s'attaque  ainsi  aux  trois  frères  et  sœurs  d'une  même  fiimille: 
quant  &  la  seconde  qui  n'est  jamais  épidémique,  c'est  pour  ainsi  dire  impossible. 

»  Les  autopsies  des  trois  cadavres  n'ont  donné  en  général  qu'un  résultat  négatif, 
aucun  organe  n'a  offert  une  altération  notable  ;  nous  ne  tenons  paa  compte  des 
liquides  rouge  brun  et  rose  qui  ont  été  trouvés  dans  les  estomacs  d'Alma  et  de 
Marguerite,  et  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  produits  de  putréfaction.  Il  n'y  avait 
ni  inflammation,  ni  ulcération  de  l'estomac,  on  ne  peut  donc  pas  nier  que  les  dissec- 
tions n'ont  donné  aucune  preuve  d'empoisonnement.  D'un  autre  côté  on  sait  que  des 
empoisonnements  par  l'arsenic  sont  souvent  impuissants  à  produire  des  résultats 
sur  le  cadavre,  si  le  poison  a  été  absorbé  rapidement.  Il  en  est  de  même  pour  la 


EM  P0IS0NNBME1«TS.  —  OBSERVATIONS .  SIS 

Mrieine  et  la  strychine  encore  peu  connues,  poisons  qui  sont  dynamiques  dans 
«le  la  force  du  terme,  c'est-à-dire  qui  tuent  par  leur  action  physiolof  ique  sur  le 
itème  nerveux.  Donc  les  résultats  négatifs  de  l'autopsie  n'infirment  ni  ne  conAr- 
0iit  l'admission  d'un  empoisonnement.  » 

Les  résultats  de  l'examen  chimique  furent  :  ^ 

1*  Le  pain  et  la  viande  hachée  dont  les  enfants  ont  mangé,  ne  contenaient  ni 
Maons  métalliques  (arsenic),  ni  phosphore. 

S*  Ces  corps  contenaient  de  la  vomicine,  ce  qui  permettait  de  conclure  qu'il  y 
rail  ea  de  la  noix  vomique. 

S*  L'estomac  d'Alma  ne  contenait  ni  poison  métallique,  ni  phosphore. 

4*  L'estomac  de  Marguerite  ne  contenait  ni  poison  métallique,  ni  phosphore  ; 
I  a  trouvé  du  mercure  et  de  l'oxyde  de  zinc  (médicaments). 

S^  De  même  l'estomac  de  Herman. 

•*  Il  n'y  avait  pas  de  vomicine  dans  l'estomac  des  trois  enfants. 

7*  Une  seconde  expertise,  du  28,  a  montré  que  le  pain  contenait  des  traces  d'ar- 
snie  et  pas  de  vomicine. 

«Gonaidérant  que  le  poison  préparé  contre  les  rats  (pain  et  viande)  dont  les 
ifinU  ont  mangé,  contenait  et  de  l'arsenic  et  de  la  vomicine  ;  que  les  trois 
iteU  ont  présenté  des  symptômes  de  maladie  tels  qu'on  les  observe  après  les 
Msoos  nommés  ;  que  ces  symptômes  se  sont  présentés  chez  les  enfanta  à  court 
ienralle  ;  que  cela  n'a  pas  lieu  dans  les  maladies  internes  non  contagieuses  ; 
le  CM  maladies  ont  promptement  été  suivies  de  mort,  que  les  cadavres  deseofiants 
it'yréaenté  des  phénomènes  qui  ne  s'opposent  pas  à  l'admission  d'un  empoisonne- 
eai  ;  que  l'absence  de  poison  dans  les  eadavres  ne  permet  pas  de  conclure  qu'un 
■poiaoonement  n'a  pas  eu  lieu,  puisque  les  poisons  nommés  sont  mortels  même  à  de 
titea  doses  et  ont  pu  être  évacués  par  les  vomissements  et  la  diarrhée  ;  eoaaklé- 
■1  toates  ces  circonstances,  nous  conclûmes  que  les  trois  enfants  ont  été  empoi- 
flnéa.  » 

On.  211,  2t2,  213  et  214.  —  Quatre  empoisonnements  par  la  cotchicine. 

Qoatre  cordonniers  ,   Schonfeld  ,   Millier  ,   Rabisch  et   Them,  volèrent  le 
H  ftvrier  18^  une  grande  bouteille  de  teinture  de  semences  de  colchique,  et 
■«fHit  que  c*était  une  liqueur  bonne  à  boire  ils  en  prirent  chacun  un  demi-verre, 
ihonfeld  mourut  le  soir  même  après  avoir  eu  de  fortes  diarrhées  ;  Millier  mourut 
St  au  soir  après  avoir  vomi  et  avoir  eu  des  diarrhées,  mais  ayant  conservé  toute  sa 
Mudasance  ;  Rabisch  mourut  le  22  au  matin,  et  Them,  le  22  à  midi,  avec  des 
npldmes  analogues.  Les  quatre  autopsies  furent  faites  le  23,  les  cadavres  étaient 
très  frais. 


S1 1 .  Schonfeld,  âgé  de  trente  ans.  L'estomac  était  tout  à  fait  rempli  d'un  liquide 
acîde  ;  sa  muqueuse  montrait  un  aspect  uniforme  rouge  écarlate  sans 
>  iiÔeclion.  L'intestin  grêle,  rempli  du  même  fluide,  présentait  à  l'extérieur 
NHaa  tâches  roses,  ainsi  que  le  foie,  la  rate,  le  paœréas,  l'épiplooo,  le 
el  la  veasio  ;  l'urine  avait  une  réaction  acide,  la  vésicule  du  Ael 


SI  A  PART»  THÀNATOLOOfQUB. 

Tkto.  Lêf  reiiu  hypérémiquet  »  la  vdîna  etve  remplie  de  liiif  épaîi ,  9mà , 
reufe  oertie.  Da  sang  de  même  oeiore  remplimit  le  c«or  droit,  le  eèU  fitihe 
ne  eenteneit  que  peu  de  sanf  aiiwi  que  les  poumeni  et  les  fraude  riiiaeeui  ;  r«M- 
phage  était  sain  et  vide  ainsi  que  le  larynx  et  la  traelié»>artère,  lee  màtàÊpÊ,  lu 
sin«s  et  la  substance  du  cerveau  étaient  bypèrémiques. 

212.  MUllery  &gé  de  quinxe  ans.  Les  yeux  étaient  profonds  ;  les  vaisseaux  de 
la  petite  courbure  de  Testomac  étaient  remplis,  &  l'intérieur,  restomae  était  cooh 
plétement  rempli  d'un  liquide  acide,  sanguinolent  ;  la  muqueuse  était  pâle,  b 
paroi  postérieure  était  couverte  de  petites  tâches  pourpres,  le  foie  anéraiqoe,  b 
vésicule  biliaire  très  remplie  ;  la  rate,  le  pancréas,  Tépiploon  et  les  raésentérei 
étaient  normaux,  les  reins  bypérémiques,  les  intestins  normaux  et  vides,  la  vesiie 
remplie,  Turine  acide,  la  veine  cave  remplie  de  sang  épais,  foncé,  rouge  eerise. 
Les  poumons  normaux,  le  cœur  très  rempli  à  droite  et  &  gauche,  la  trachée  et  Fo- 
sopbage  vides  et  sains  ;  l'hypérémie  du  crâne  existait  comme  dans  la  cas  précé- 
dent. 

fis.  Rabimkj  âgédeseiseans.Les  yeux  profonds,  l'estomao  rompK  d*M  liquide 
javne  aeide,  son  extérieur  et  son  intérieur  normaux  ;  à  Teuvertore  oardia^ie  II 
muqvense  se  détachait  liicilement  ;  la  vésieule  biliaire  était  remplie,  le  foie,  k  nàê, 
répiploon,  le  pancréas  normaux;  les  reins  hypérémiquee,  la  vessie  Irèe  remplie, 
farine  aeide,  les  intestins  vides,  la  veine  cave  ascendante  remplie  de  seag  fMii 
d'un  rouge  brun,  les  poumons  modéréaseot  remplis  de  sang;  le  péricarde  se  cee- 
tenait  pas  de  liquide,  le  emur  droit  était  rempli  de  sang  plus  que  le  tmmi  gas- 
ebe  ;  les  gros  vaisseeux  étaient  fortement  remplis,  rossophage  était  nomal,  Is 
trachée  et  le  larynx  vides,  les  méninges  gorgées  de  sang,  lee  sinus  et  reaeépbali 
égaleasent. 

214.  Them ,  âgé  de  quarante  ans.  Les  yeux  affaissés,  Testomac  extérieure- 
ment comme  intérieurement  normal  et  plein  d'un  liquide  acide  comme  du  lait 
coagulé  ;  les  vaisseaux  étaient  rempUs,  les  intestins  pâles  et  vides ,  la  vésicule 
biliaire  pleine  ;  la  rate,  le  pancréas,  l'épiploon,  les  mésentères  ,  le  foie  nor- 
asaux ,  les  reins  bypérémiques ,  la  vessie  normale  i  BMitié  reaDplie  d'vine 
aeide  ;  les  poumons  oedémateux,  le  péricarde  sec,  le  coeur  a  gauche  p«u  rem- 
pli, à  droite  gorgé  de  sang,  l'œsophage,  la  trachée,  le  larynx  normaux  et  vides, 
la  cavité  crânienne  hypérémique  comme  dans  les  cas  précédents. 

L'analyse  chimique  prouva  l'existence  de  la  colchique  par  toutes  les  réactioui 
qui  sont  propres  i  cette  substance. 

Obs.  215.  —  Empoisonnement  par  la  souiie  hydratée. 

La  flUe  A...  fût  accusée  d'avoir  lait  une  tentative  d'empoisoimenieot  a«r 
son  enflmt  âgé  de  trois  ans.  Le  témoin  6...  vit  vomir  Tenbnt  paedMil  leag* 
tempe  sans  interruption,  et  avoir  des  accès  d'étouffement.  Il  s'était  apirt»  avec 
éleimement  «  que  la  pea«  des  lèvres  était  déUehée ,  que  les  ergmiM 


RMPOISOmiBlf  BUTS—  OBSERVATIONS .  315 

de  k  viaade  cme  ,  et  ifue  l'eufMt  ne  peevirit  preftfer  mit 
pertie».  Lb  ienëeniim  le  docteur  H...  trouva  la  nuiqoeiite  deo  lèvret  rougie^ 
l'aeeuaée  prétendait  que  l'enteiit  s'était  ocoaiionné  le  mal  Im-méBie  en  léchant  le 
bencheo  de  la  bouteille  contenant  du  poison  ;  nous  eûmes  à  jufer  cette  dépositie* 
et  a  examiner  le  contenu  de  la  bouteille,  comparativement  aux  taebes  des  habita 
de  l'eaûint. 

Le  eentenu  de  la  bouteille  était  d'un  jaune  brun  et  avait  une  réaction 
très  alcaline,  détruisait  Tépiderme  des  doigts,  avait  une  odeur  de  lessive.  Traité 
par  le  chlorure  de  platine  et  l'acide  tartrique,  on  vit  qu'il  ne  contenait  pas  de 
potasse,  cependant,  chauffé  au  chalumeau,  on  trouva  de  la  soude  ;  ce  liquide  conte- 
nait aussi  de  l'acide  carbonique,  chlorhydrique,  sulfurique,  de  la  chaux,  de  l'ar- 
gile et  do  alliée  ;  dooe  c'était  ce  que  l'on  appelle  de  l'eau  de  lessive,  c'est-à-dire 
eue  dinaelstioa  concentrée  de  soude  hydratée  et  un  peu  carbonique  mêlée  de  tels 
Mvtres*  Les  tachée  des  vétamenta  étalent  enduites  d'une  poudre  blanchâtre  que  l'an 
lecneiHH  eveo  de  l'eau  distillée,  et  que  l'on  éprouva  avec  le  papier  de  tournesol, 
ésa  eeidee,  duchlorura  de  platine,  etc.  On  y  reconnut  une  solution  de  carbonate  de 
isade  ;  on  pouvait  donc  adaMttre  avec  une  très  grande  vraisemblance  que  ùê$ 
taches  atvaient  été  fiûtes  par  de  l'eau  de  lessive  dont  la  soude  s'était  combinée  avee 
Tseide  onrbonique  de  l'air.  Nous  déclarâmes  qu'on  ne  pouvait  pas  admettre  tue 
Vmbmi  cAt  senlemeat  léché  le  bouebon,  puisque  les  symptômes  de  la  maladie 
preendeat  que  le  liquide  caustique  était  parvenu  dens  l'estomac  ou  au  moins 
km»  rcMOfdiefe. 

Hous  eûmes  à  foire  une  autre  autopsie  après  un  empoisonnement  aocideoM 
par  la  soude  hydratée.  Un  homme  de  soixante-trois  ans  avait  bu  un  soir  dans 

i*obaeurité  160  à  200  grammes  d'une  dissolution  de  soude  au  lieu  de  bière. 

Il  n'avait  ressenti  d'abord  qu'une  forte  brûlure  dans  l'arrière-bouche.  On  lui  donna 
suite  beeocoup  d'huile  d'olive,  puis  du  lait,  et  il  eut  de  grands  vomissements, 
médecin  appelé  mit  des  sangsues  au  cou.  Les  Jours  suivants  il  y  eut  des  selles 
,  plus  des  vomissements,  et  des  douleurs  dans  la  région  stomacale, 
trais  jours  des  symptômes  de  pneumonie  se  manifestèrent,  et  le  samedi  matin 

<Be  malade  BMNurut. 

11  resta  dans  ude  chambre  chauffée»  et  nous  trouvâmes,  trois  jours  après,  la  putré* 
ftctien  aises  avancée,  surtout  au  ventre  et  aux  organes  génitaux.  Le  sang  du 
cadavre  n'avait  pas  une  réaction  alcaline,  mais  il  avait  une  couleur  spécifique  d'un 
rouge  brun  sale,  presque  comme  du  vin  de  Malaga.  11  y  avait  anémie  générale 
(excepté  anx  poumons),  anémie  qui  s'explique  par  la  putréfaction,  mais  le  sang  était 
coagulé  en  grande  partie,  nous  ne  pûmes  faire  un  examen  microscopique  du  sang 
le  jour  même  ;  il  ne  fut  fait  que  le  lendemain  :  nous  vîmes  les  globules  détruits, 
BKs  ayaat  encore  conservé  leur  matière  colorante.  L'analyse  cliimiqoe  montra  que 
le  saaf  était  neutre,  la  réaction  un  peu  alcaline  pouvait  être  attribuée  à  la  putré» 
betiMi.  La  traebée  du  cadavre,  bien  qae  d'un  brin  chocolal  par  suite  de  la  putré- 
fcetiea,  latowit  pourtant  voir  des  traces  d'inflammation  à  sa  partie  supérieure,  eHe 
teH  ^Ide,  Isa  deux  poumons étaieiit  très  hypérémiques  et  très  œdémateux,  à  droite 
il  y  avail  hépitlsation  réeente  du  lobe  supérieur.  Le  cerar ,  flasque,  oentenaH  q«el> 


316  PARTIE   THANÀTOLOGIQUE. 

ques  caillots  d'un  rouge  brun  ;  les  lèvres,  la  langue,  le  pharynx  et  l'asopluige  le 
montraienl  aucune  anomalie.  L'estomac  n'était  |M8  ramolli  ni  perforé,  et  ae  pré- 
sentait extérieurement  que  les  couleurs  de  la  putréfaction.  A  l'intériew,  b  mi- 
queuse  était  partout  tuméfiée,  le  cul-de-sac  était  parsemé  de  bulles  de  putréfie- 
tion,  on  pouvait  encore  distinguer  des  injections  arborescentes  et  la  coukor 
écarlate  de  Tinflammation.  Le  duodénum  ne  présentait  aucune  trace  d'inllammatioo. 
Le  foie  et  les  reins  étaient  d'un  rouge  gris,  provenant  probablement  de  la  oovlev 
particulière  du  sang. 

Obs.  216.  — BmpoUonnement  par  Valeooi, 

Un  homme  de  quarante  ans,  profondément  ivre,  tomba  mort  tout  i  coup. 

Quatre  jours  plus  tard,  nous  fîmes  l'autopsie.  Il  y  avait  encore  rigidité  cadaié- 
rique,  ce  qui  était  très  extraordinaire  ;  le  cadavre  était  très  frais.  Il  y  avait  chtir 
de  poule  sur  tout  le  corps,  et  la  langue  était  entre  les  dents.  La  dure-mère  était 
très  injectée.  Une  exsudation  blanchâtre  gélatineuse  enduisait  le  cerveau,  ce  qoe 
Ton  trouve  souvent  chez  les  gens  adonnés  aux  boissons  alcooliques.  Les  vaisietox 
de  la  pie-mère  étaient  très  remplis  ;  sur  l'hémisphère  droit  il  y  avait  une  extran- 
sation  de  sang  liquide  ;  le  cerveau,  le  cervelet,  les  plexus,  les  sinus  n'offraieol 
aucune  anomalie.  Les  cavités  crânienne  et  thoracique  avaient  une  odeur  très  semiliie 
d'alcool.  Les  poumons  contenaient  la  quantité  normale  de  sang,  les  grands  vais- 
seaux également,  le  sang  était  foncé  et  liquide.  Le  cœur  était  exsaïqfue.  La  véie 
cave  était  gorgée  de  sang  foncé  et  liquide. 

Obs.  217.  — Empoisonnement  par  Valcook 

C'était  également  un  homme  de  quarante  ans  qui  mourut  dans  la  rue  en  étal 
d'ivresse. 

Ce  ne  fut  que  sept  jours  après  la  mort,  au  mois  de  décembre,  &  une  température 
de  zéro  degré,  que  nous  fîmes  l'autopsie.  Il  présentait  à  peine  les  premières  traces 
de  la  putréfaction.  Il  y  avait  aussi  dans  les  cavités  du  crâne  et  de  la  cavité  thora- 
cique une  faible  odeur  d'alcool  ;  une  hypérémie  considérable  du  cerveau  sans  hé- 
morrhagie  avait  été  la  cause  de  mort  ;  le  cœur  n'était  pas  si  anémique  que  dans  le 
cas  précédent,  mais  le  sang  était  foncé  et  liquide.  Le  reste  de  l'autopsie  n'était  pas 
remarquable. 

Obs.  218.  —  Empoisonnement  par  V alcool. 

Un  homme  de  vingt  ans,  mourut  dans  la  rue  dans  un  état  d'ivresse  profonde  ; 
son  autopsie  fui  faite  neuf  jours  après  sa  mort,  par  une  température  de  plus  de 
6  degrés.  La  fraîcheur  du  cadavre  et  la  rigidité  cadavérique  qui  existaient  encore 
aux  quatre  membres  étaient  très  extraordinaires.  11  y  avait  encore  des  restes  du 
thymus  ;  les  membranes  du  cerveau  et  les  sinus  étaient  hypérémiques,  le  sang  était 
ioncé  et  liquide.  Les  poumons  étaient  très  remplis  de  sang,  le  cœur  et  l'artère  pul- 


EMPOISONNEMENTS.  —  OBSERVATIONS.  S17 

«Met.  Le  foie  conlenait  une  quantité  de  sang  normale,  dans  l'estomac  à 
MBpli  on  sentait  une  odeur  d'alcool.  La  vessie  était  pleine  ;  la  Yeîne  cave 
fée  de  sang. 

Obs.  219.  —  Empoisonnement  par  V alcool, 

maae  de  quarante-deux  ans  rentra  chez  lui  dans  un  état  de  profonde 
fl  se  coucha  et  hientdt  après  il  mourut. 

iptie  fut  faite  trois  jours  après,  au  mois  de  septembre,  à  la  température 
le  iO  degrés  Kéaumur.  Le  cadavre  était  encore  frais.  Les  résultats  essen- 
Tautopsie  étaient  :  anémie  cérébrale,  odeur  sensible  d'alcool  dans  la  poi- 
dème  des  poumons,  le  cœur  droit,  surtout  l'oreillette,  était  gorgé  de  sang 
Bfolé,  de  sorte  qu'il  avait  la  grandeur  d'une  petite  pomme.  Le  ventricule 
Bontenait  moins  de  sang,  Toreillette  gauche  était  vide  ;  l'artère  pulmonaire 
^fée  de  sang  foncé  à  moitié  coagulé.  L'estomac  était  rempli  d'eau  ;  tout  le 
Jt  normal. 

Obs.  220.  —  Empoisonnement  par  V alcool. 

MBme  de  vingt-six  ans,  d'un  tempérament  vigoureux,  rentra  un  jour  ehes 
un  état  d'ivresse  profonde  et  fut  trouvé  mort  le  lendemain  matin, 
s  examiner  le  cadavre  encore  longtemps  après  la  mort,  quoiqu'au  mois 
ttr,  la  température  était  toujours  de  plus  de  2  à  5  degrés  Réaumur  avec 
la  ouest  et  est.  Néanmoins  le  cadavre  resta  frais  jusqu'au  neuvième  jour, 
e  fut  qu'au  dixième  jour  que  se  montrèrent  des  colorations  vertes  sur  le 

Biième  jour  nous  fîmes  l'autopsie.  Toute  la  tète  était  rougie  par  des  livi- 
idavériques,  la  langue  éfaût  étranglée  entre  les  dents,  il  n'y  avait  aucune 
m  putréfaction,  mais  non  plus  aucune  odeur  d'alcool.  La  dure-mère  et  la 
re  étaient  hypérémiques,  pas  les  sinus  ;  aucune  extravasation  dans  le  erâne, 
•  poumons  un  fort  œdème  cadavérique,  le  cœur  droit  était  gonflé  et  rem- 
•Df  foncé  et  liquide  dont  les  globules  regardés  sous  le  microscope  furent 
normaux  ;  le  cœur  gauche  presque  vide,  les  grands  vaisseaux  gorgés  de 
L'estomac  contenait  beaucoup  de  chyme,  la  vessie  était  pleine  comme  après 
es  compressions  du  cerveau. 

181 .  —  Déterminer  s'il  y  a  empoisonnement  par  une  substance  narcotique. 

ère  d'un  homme  de  quarante-quatre  ans  laissa  un  héritage  de  1 5000  écus  et 
nnent  dans  lequel  il  donnait  sa  fortune  aux  enfonts  de  son  fils.  Celui-ci  était 
ifeia  sujet  et  non  encore  marié  à  l'époque  de  la  mort  de  son  père.  Le  20  avril 
B  fils  ftit  atteint  d'un  soi-disant  tétanos,  et  sa  maltresse,  âgée  de  dix-neuf 
■ii  que  la  mère  de  celle-ci  avec  lesquelles  il  vivait,  se  procurèrent  une  attes- 
Médicale,  disant  qu'il  était  mourant;  là -dessus,  comme  les  lois  l'autorisent, 
lefe  sfi  exfremjs  eut  lieu  avec  cette  fille.  Le  joiu*  suivant,  le  21 ,  le  nouveau 
M  tnaupotié  à  l'hépital  comme  atteint  de  deliriwn  tremens;  on  M  admi- 


320  PARTIE  THANATOLOGIQDS. 

liquide.  11  n'y  avait  nulle  part,  ni  diot  Testonuic,  ni  danale  tube  di|;e*tif,  d'acckj- 
moses.  Lea  poumons  élaient  fortement  remplis  de  sauf,  le  cœur  droit  contsuilèi 
sang  foncé,  le  gauche  était  vide.  Dans  chaque  plèvre  se  trouvait  une  ciiOarée  de 
sérum.  Le  thymus  était  encore  très  grand.  La  muqueuse  de  la  trachée-artère  étût 
rouge,  les  méninges  étaient  injectées,  les  sinus  remplis  et  le  cerveau  conieaail 
plus  de  sang  qu'à  l'ordinaire.  L'analyse  chimique  de  Testomac  et  de  son  eonteou 
ne  montra  aucune  substance  minérale  vénéneuse.  Quant  à  rempoisonnement  losp- 
çonné  de  ciguë  on  déclara  que  l'ignorance  des  antécédents  ne  permettait  pii  de 
juger  la  question,  car  dans  l'estomac  on  ne  put  trouver  de  restes  de  plante,  et  la 
chimie  ne  possède  pas  de  moyens  de  trouver  dans  le  corps  le  poison  de  la  cipi 
quand  la  digestion  a  été  faite. 


CHAPITRE  IV. 

ASPHYXIE. 
SI.  Oéoéralités. 

La  mort  par  asphyxie  est  un  empoisonnement  produit  pour  mi 
dire  par  une  intoxication  négative;  l'oxjgëne  de  l'air  atmosphé- 
rique faisant  subitement  défaut  au  sang,  celui-ci  ne  peut  plus  entre- 
tenir la  vie  du  système  nerveux.  Si  tout  le  système  nerveux  esi 
paralysé  subitement,  il  y  a  une  neuro-paralysie  dont  le  scalpel  de 
Tanatomiste  ne  retrouve  aucune  trace  sur  le  cadavre  si  les  systèmes 
nerveux  des  poumons  et  du  cœur  seuls  sont  paralysés,   la  circu- 
lation est  arrêtée,  et  on  trouve  à  l'ouverture  du  cadavre  la  preuve  de 
cet  arrêt  de  la  circulation.  Les  asphyxies  ont  lieu  ou  par  une  action 
mécanique  ou  par  une  action  dynamique. 

L'asphyxie  est  produite  mécaniquement  lorsque  les  organes  de  la 
respiration  sont  altérés  ou  détruits  de  manière  que  les  poumons  ne 
peuvent  plus  faire  leurs  fonctions,  ainsi  toutes  les  blessures  graves  du 
thorax  produisent  une  asphyxie  de  cette  sorte,  Técrasement  d'une 
voiture,  la  chute  d*un  corps  lourd  sur  la  poitrine,  l'écrasement  dans 
une  foule,  remballage  violent  d'un  nouveau-né  dans  une  caisse,  ou 
la  pression  du  corps  entre  des  matelas,  la  pression  du  nés  et  des  < 
lèvres  des  nouveau-nés  pendant  ou  après  la  naissance  par  les  cuisses^ 


ASPHYXIE.  —  DIAGNOSTIC.  321 

^Q  d*autres  parties  de  la  mère,  récrasement  des  petits  enfants  la 
loit  par  leur  nourrice,  enfin  les  écroulements,  les  éboulements  peu- 
ent  donner  lieu  à  cet  arrêt  de  la  respiration;  le  diagnostic  est  alors 
rdinairement  facile,  car,  outre  les  symptômes  de  l'asphyxie,  on  trouve 
68  blessures  à  rextérieur.  L'asphyxie  peut  être  encore  mécanique 
>rsqae  la  mort  est  le  résultat  de  la  conslriction  des  voies  aériennes, 
ar  exemple  de  la  pendaison,  de  la  strangulation,  ou  bien  est  produite 
ir  suite  de  la  fermeture  des  voies  aériennes  par  un  corps  étranger 
aelconque  (1).  Le  diagnostic  de  ces  divers  genres  de  mort  sera 
xposé  dans  les  chapitres  suivants.  Ces  corps  étrangers  sont  alors 
rouvés  dans  les  voies  aériennes  du  cadavre,  ou  bien  on  trouve  dos 
races  de  réaction  sous  forme  d'égralignures,  blessures,  ecchymoses, 
|ui,  jointes  aux  symptômes  généraux,  prouvent  indubitablement  quil 
a  eu  asphyxie. 

L*a$phyxie  est  produite  dynamiquement  lorsque,  sans  qu'il  y  ait 
n  obstacle  à  l'entrée  de  l'air  dans  les  voies  aériennes,  le  sang  est 
lour  ainsi  dire  empoisonné  parce  que  l'oxygène  cesse  de  le  régénérer, 
e  qui  amène  promptement  une  paralysie  du  système  nerveux.  C'est 
:e  qui  a  lieu  lorsque  des  corps  irrespirables  peuvent  seuls  entrer 
lans  les  voies  aériennes. 

Ces  différentes  espèces  d'asphyxie  donnent  les  mêmes  résultats  sur 
le  cadavre. 

§  2.  —  Diagnostic. 

Les  symptômes  cadavériques  que  présentent  les  asphyxiés  sont  dif- 
f&ents  selon  quo  la  mort  a  eu  lieu  par  neuroparalysie  ou  par  hypé- 
Kfniie  des  organes  do  la  poitrine  ou  de  la  tôle,  selon  que  la -mort  a  eu 
ieu  pendant  l'expiration  ou  pendant  l'inspiration  ;  dans  ce  dernier 
M  les  poumons  sont  toujours  beaucoup  plus  remplis  de  sang  ;  selon 
individualité,  tantôt  le  sujet  est  naturellement  hypérémique,  tantôt 
n  contraire  il  est  anémique,  et  enfin  selon  que  la  mort  par  asphyxie 
[  ea  lieu  subitement  ou  lentement. 

L'homme  est  asphyxié  subitement  dans  la  plupart  des  cas  de  pen- 

(I)  Je  dis  corps  étranger,  car  je  ne  crois  pas  à  la  possibilité  d'un  suicide  produit 
l'iclMn  d'av.iler  sa  langue. 

tu  21 


3*22  PAliTIE    TIIANATOLOGIQUK. 

liaison  et  île  strangiilution,   très  souvent  dans  In  submersion;  ilesl 
asphyxié  lentement  lorsqu'il  ne  peut  inspirer  que  des  gai  imspin- 
bles,  surtout  ce  qui  est  le  plus  fréquent,  la  vapeur  de  charbon,  ou  lors- 
qu'un éboulement  accidentel  Tensevelit  dans  un  espace  où  il  ni 
pas  assez  d'air  respirable,   quelquefois  dans  la  submersion,  enfin 
dans  tous  les  cas  où  les  poumons  reçoivent  encore  pendant  quelque 
temps  de  l'air  atmosphérique  plus  ou  moins  pur.   En  mettant  de 
côté  les  variations  accidentelles  ainsi  que  la  neuroparalysie,  les 
résultats  de  l'asphyxie,  que  nous  allons  décrire  j  sont  tout  à  fait  carac- 
téristiques et  il  n'est  pas  difficile  de  les  constater  sur  des  cadavres  frais. 

l"*  La  rigidité  cadavérique  a  été  niée  après  la  mort  par  asphy 
xie  ou  du  moins  a  été  prétendue  très  courte;  j'ai  déjà   démontra 
(page  22)  que  cette  théorie  était  complètement  erronée.  Elle  a  li 
dans  les  mêmes  conditions  et  avec  la  môme  durée  que  dans  to 
autre  genre  de  mort.  (Voyez  les  observations). 

2'*  Quant  à  la  chaleur^  elle  reste  proportionnellement  plus  Ion 
temps  qu'après  les  autres  genres  de  mort  (voyez  {lage  12). 

S""  La  fluidité  extraordinaire  du  sang  se  rencontre  après  tous  1 
genres  d'asphyxie  sans  exception,  mais  elle  se  rencontre  aussi  ap 
quelques  autres  genres  de  mort,   tels  que  les  fièvres  putrides,  I 
empoisonnements  par  substances  narcotiques.  Cette  fluidité  du  san-^ 
donne  lieu  à  des  phénomènes  auxquels  on  a  donné  de  fausses  expli- 
cations; par  exemple,  lorsque  le  sang  est  fluide,  on  trouve  de  petift^ 
points  sanguins  nombreux  en  découpant  le  cerveau  par  couches;  ces 
points  sanguins  peuvent  provenir  de  la  fluidité  du  sang  et  non  de 
l'état  hypérémique  de  l'organe,  de  même  aussi  le  sang  coule  quand  on 
scie  le  cerveau,  symptômes  que  Pyl  regarde  comme  caractère  delà 
mort  par  submersion,  tandis  que  cela  se  voit  chez  tous  les  cadavrei 
dont  le  sang  est  très  liquide  ;  du  reste,  je  ferai  observer  que^  malgré 
la  consistance  liquide  du  sang,  on  trouve  aussi  chez  les   asphyxiés 
quelquefois  des  coagulations  dans  le  cœur. 

It  La  couleur  foncée  du  sang,  produite  parce  que  le  sang  se 
trouve  rassasié  d'acide  carbonique  chez  tous  les  asphyxiés.  Quelque- 
fois cependant  dans  les  aspliyxies  parla  vapeur  de  charbon,  on  trouve 


ASPRYXIR.  —  niACNOSTir.  2'2^ 

utôt  au  sang  une  couleur  rou{i;e  cerise  (obs.  249).  Dans  lous  les 
I9  la  perception  des  couleurs  el  des  nuances  est  trop  individuelle 
«r  qu*on  puisse  la  considérer  comme  une  base  solide  de  diagnos- 
î—  Une  connaissance  plus  exacte  des  différents  composés  de 
lémaline  donnera  peut-être  plus  tard  des  renseiperoentsplus  précis. 
5*  Hypérémie  des  poumons  (apoplexie  pulmonaire).  C'est  là  un 
linomène  qui  se  rencontre  souvent,  mais,  ajoutons-le,  qui  peut 
■nquer.  Ordinairement  les  deux  poumons  quelquefois  l'un  plus  que 
mire  sont  remplis  par  le  sang  ;  l'hypostase  sanguine  des  parties 
ielives  produite  après  la  mort  ne  doit  pas  induire  en  erreur.  (Voy. 
.  17.) 

0*  Il  y  a  hypérémie  du  cœur  droite  tandis  que  le  cœur  gauche  ne 
Hitient  ordinairement  que  peu  ou  point  de  sang.  (Pour  juger  exacte- 
lent  ce  que  contient  le  cœur,  il  est  nécessaire  de  l'ouvrir  avant  les 
CNiaions.) 

7*  Varlire  pulmonaire  est  également  remplie  de  sang. 

8*  Il  y  a  quelques  années  j'ai  déjà  attiré  l'attention  sur  un  résuU 
^  très  important  que  j'ai  trouvé  après  les  asphyxies  souvent  chez  les 
HNifeaa-nés  (voy.  les  obs.  233,  235,  230,  2A0,  242),  deux  fois  chez 
taadalles(voy.  obs.  270,  285),  et  deux  fois  chez  des  garçons  de  six 
i  dix  ans  asphyxiés  par  la  fumée  (voy.  obs.  259  et  260)  ,  que  d*au- 
ires  observateurs  ont  trouvé  depuis  (ROderer,  Blichaeiis,  Bayard 
Biaaeiaer,  Weber,  Hecker,  Hoogeweg,  Tardieu,  Hascbka,  Schwariz 
Il  avires)  :  ce  sont  les  ecchymoses  des  capillaires  qui  ressemblent 
biMiciNip  aux  pétéchies,  elles  se  rencontrent  sur  la  plèvre,  sur  l'aorte^ 
I  la  surface  du  cœur,  même  au  diaphragme,  et  ont  l'aspect  de 
pHNtes  de  sang  qui  auraient  éclaboussé  ces  parties.  Nous  avons  vu 
OIS  ecchymoses  particulières  chez  des  enfants  qui  étaient  indubita- 
UsfliMit  mort-nés,  je  les  ai  même  trouvées  sur  des  fœtus  se  trouvant 
iMore  dans  Futérus  avant  Taccouchement  ;  sur  un  fruit  de  huit  mois 
loDt  la  mère  enceinte  s'était  pendue  ;  chez  un  fruit  de  sept  mois  dont 
la  mère  était  morte  d'apoplexie  après  une  maladie  de  quatorze  heures. 
Las  poamons  da  premier  de  ces  deux  fruits  n'avaient  jamais  respiré 
elataient  au  bord  inférieur  beaucoup  de  ces  ecchymoses;  le  second 


iràRTIF.    TliANATOLOClQUe. 

rruit  avait  égareinent  des  poumons  qui  n'avaient  puntpS 
trouvailaussi  des  ecchymoses  sous-pleurules.  pâles  mais  très  évidente. 

Hascbka  (1)  trouva  ù  la  surface  des  poumuns  d'un  enTant  mort-n^ 
piitréHé  des  eccliymases  nombreuses  de  In  grosseur  d'uue  léle  A'^^n- 
£le.  Schwartz  (2)  en  découvrit  dans  douze  cas,  Elsaesser,  ïlttitT  ei 
Hoogeweg  (3)  en  ont  vu  un  grand  nombre  qui  se  rnpporleraient  i  ds 
eiifiinis  niorl-nés.  Ces  ecchymoses,  que  ]'ai  appelé  rcchymonifili- 
chîahs,  indiqiienl  qu'il  y  a  en  asphyxie,  mais  celle  asphyxie  peiil 
avoir  eu  lieu  dans  l'utérus  ou  nprès  la  naissance,  el  pourdécidn 
cette  dernière  partie  de  la  question,  on  trouvera  bien  assez  de  don- 
nées dans  les  autres  résulkils  lie  l'autopsie. 

Lorsque  ces  ecchymoses  sont  produites  sur  ud  enfant  encore  dins 
l'utérus,  elles  sont  causées  par  suite  de  l'interruption  de  la  circuli- 
lion  par  le  placenta.  En  effet  on  a  dit  avec  raison  que  la  respiralifln 
n'était  autre  cbese  qu'un  cchange  de  gaz.  Holil  a  appelé  le  corJun 
<  h  tracbée  du  fœtus  >,  et  ou  a  appelé  depuis  longtemps  le  placent» 
f  les  poumons  du  fœtus  >.  Lorsqu'une  lésion  quelconque  se  trouie 
au  cordon  ou  au  placenta,  ou  lorsque  la  femme  enœinte  vient  i  mou- 
rir, l'enfanl  fait  des  eiïorls  instinctifs  pour  continuer  sa  \ie  respira- 
toire, de  là  des  congestions  et  des  ecchymoses  que  l'on  retrouve  sur 
des  enfants  qui  ne  sont  pas  sortis  de  I'uIltus. 

Les  quatorze  observations  de  llecker  et  les  observations  de 
Hoogeweg  sont  très  importantes,  car  les  enfants  étaient  morts  certai- 
nement avuQt  leur  naissance,  ils  présentaient  tous  les  signes  de 
l'HSphyxie  ainsi  que  les  eccbymof  es  pétéchiales  sur  le  cœur  et  les  pou- 
mons, el  avaient  donc  été  suiïoqués  en  faisant  des  efforts  instinctifs  dans 
l'utérus.  Schwarlï  (lac.  cil.)  a  répété  les  expériences  de  Winslow  et 
(le  Béclard  sur  des  lapines  pleines,  il  a  fendu  l'utérus  et  a  observé  ce  qui 
te  passait  dans  l'œuf.  En  comprimant  seulement  les  artères  ulérines 
par  la  contraction  des  muscles,   les  fwlus  ouvraient  et  fermaient  la 

(I)  Prager  Vierle'jahrachrifi,  1858,  p.  90. 
(3)  Die  vomiligm  ÀthembeweguBgen.  t-cipiif,  1858. 

(3)  Vsrhondl.  d.  geburtih,  GesellKhap.  R«rlin,  18^8.  diliier  7  cl  ma  tWM- 
jaknicSrift,  185»,  I,  p.  iO. 


■»'• 
■^  C 


1 


ASPHYXIE.  —  DIAGNOSTIC.  325 

lioucliael  scalevaieot  très  vite  les  parois  do  thorax  ,  puis  ces  efforts 
devenaient  de  plus  en  plus  Taibles.  On  trouva  après  ces  essais  instinc- 
tib  de  respiration  c  les  signes  réels  de  l'asphyxie  par  submersion  :  le 
tUBOfy  surtout  les  oreillettes  très  remplies  de  sang  foncé  et  liquide,  les 
arlères  et   veines   pulmonaires  remplies  de  sang,  dans  les  voies 
aériennes  un  liquide   qui  était  vraisemblablement  l'eau   de  l'am- 
nios. .  De  même ,  chez  des  enfants  mort-nés  ou  morts  immédiate- 
ment après  l'accouchement,  presque  toujours  on  trouva  un  liquide 
aqueux  dans  les  voies  aériennes  ».  Nous  reviendrons  sur  cette  ques- 
tion d'ecchymoses  pétéchiales  en  parlant  du  vagissement  utérin. 

U"  Un  signe  très  caractéristique  de  Tasphyxie  que  la  plupart  des 
auteurs  ne  mentionnent  pas  ou  dont  ils  ne  parlent  que  dans  les  cas 
de  submersion,  c'est  celui  que  présentent  le  larynx  et  la  trachée.  On 
trouve  Qfris  toutes  les  asphyxies  la  muqueuse  du  canal  plus  ou 
moins  injectée  d'une  couleur  rouge  vermillon,  depuis  l'arborisation 
jusqu'à  l'injection  uniforme  ;  ce  phénomène  ne  s'observe  pas  dans  les 
cas  où  il  y  a  eu  neuroparalysie,  car  alors  la  mort  a  eu  lieu  avec  Isi 
titesse  de  l'éclair  et  elle  a  laissé  le  sang  dans  le  statu  quo.  Cette  colo- 
talion  rouge  vermillon  delà  muqueuse  ne  doit  pas  être  confondue  avec  la 
coloration  d'un  rouge  brun  sale  que  la  muqueuse  revêt  par  l'imbibition 
imtrescente,  et  que  nous  avons  déjà  mentionnée.  On  a  parlé  souvent 
d'une  coloration  sale  de  la  muqueuse  trachéale  après  la  suffocation 
flans  Foxyde  de  carbone,  mais  on  a  évidemment  pris  celte  imbibi- 
lion  putrescente  pour  un  phénomène  spécifique  ;  la  précipitation  de 
charbon  que  l'on  cite  également  ne  s'observe  que  dans  les  cas  d'as* 
pbjxie  par  la  fumée,  et  non  dans  l'asphyxie  par  l'oxyde  de  carbone.  Ce 
dernier  gaz  s'il  est  pur  ne  produit  jamais  une  coloration  noire  dans  la 
trachée,  tandis  que  la  fumée  la  produit  toujours  (voy.  obs.  257,  260). 
De  plus  on  trouve  généralement  plus  ou  moins  de  liquide  dans  la 
trachée,  ce  liquide  consiste  en  mucus  et  sang  mêlé  avec  de  l'air 
sous  forme  d'écume  plus  ou  mois  épaisse  qui  peut  remplir  tout  à  fait 
la  trachée;  quand  la  putréfaction  est  avancée,  le  gaz  qu'elle  déve- 
loppe pousse  ce  liquide  et  le  fait  sortir  par  le  nez  ou  par  la  bouche 
du  cadavre.  La  quantité  plus  ou  moins  grande  de  ce  liquide  dépend 


320  rAKTin:  thanatologique. 

de  la  rapidité  avec  laquelle  Tasphyxie  a  amené  la  mori;  lor^ieeeU« 
mort  a  eu  lieu  trèa  vite,  par  exemple  chez  lea  pandas,  on  en  troau 
moins,  mais  si  elle  a  lieu  lentement,  comme  cbex  les  asphyxiéi  fir 
la  vapeur  de  charbon  ou  chez  les  noyés,  on  troafe  une  ^oanlilé  de 
liquide  écumeux  beaucoup  plus  considérable.  Du  reatei  il  lîiutivrair 
que  quand  on  ne  trouve  pas  ce  liquide  écumeux  dans  la  trachée 
elle-même  y    on  le  trouve  très  souvent  dans  les  bronches  ou  ktfi 
ramifications  ;  il  est  facile  de  s*en  convaincre  en  exerçant  une  légife 
pression  sur  les  poumons  ;  on  voit  alors  monter  cette  écume  josqse 
dans  la  trachée.  Cette  méthode  que  nous  avons  indiquée  a  été  adoptée 
dans  le  c  règlement  >.  Néanmoins  nous  ne  voulons  pas  établir  une 
règle  absolue,  car  il  y  a  des  cas  où  la  trachée-artère  reste  vide  pir 
exception.  Enfin  on  peut  trouver  dans  la  trachée-artère  des  eori» 
étrangers  de  toutes  espèces  :  de  la  vase,  du  sable,  des  Aragneoli 
de  végétaux,  des  fèces,  des  urines,  quand  il  y  a  eu  submersion  daas 
ces  substances. 

A  ces  résultats  directs  se  joignent  les  résultats  indirects  : 

lO""  Vhypérimie  des  organes  abdominaux  el  des  oi^anet  eéré- 
braux.  L'hypérémie  des  organes  abdominaux  se  voit  surtout  da» 
la  veine  cave  ascendante  qui  n'a  pu  vider  son  contenu  daas  la 
cœur  droit  déjà  rempli  et  paralysé.  Toutes  les  autres  veiMi»  lorleut 
celles  de  répiploon  et  des  mésentères,  sont  hypérémiques.  Quant  aux 
viscères  abdominaux,  c'est  dans  les  reins  que  se  trouve  Thypérémie 
la  plus  constante;  l'aspect  rouge  pourpre  de  la  partie  extérieure  des 
intestins  des  asphyxiés  est  aussi  la  suite  de  l'hypérémie  de  leurs 
veines. 

11''  Vhypérémie  de  la  cavité  crânienne.  Elle  est  souvent  très 
prononcée  dans  les  sinus,  dans  les  vaisseaux  des  méninges,  dans  le 
cerveau,  ainsi  que  dans  le  cervelet  à  cause  de  l'arrôt  du  reflux  du 
sang;  c'est  alors  une  apoplexie  capillaire  jointe  à  l'asphyxie,  mais 
cette  hypérémie  se  trouve  à  des  degrés  très  différents  et  quelquefois 
est  peu  remarquable. 

Les  signes  que  l'on  trouve  à  Textirieur  du  corps  sont  beaucoup 
moins  importants. 


AbHlYXIK.   —  DIAGNOSTIC.  5J27 

12"*  £f  visage  des  cadavres  n*est  pas  comme  on  le  croit  ordinaire- 
ment, d*unbleu  rouge,  tuméfié,  les  yeux  proéminants,  cela  n'arrive  que 
dans  quelques  cas  rares;  la  plupart  du  temps,  au  contraire,  la  physio* 
Qomie  des  cadavres,  après  Taspbyxie,  ue  diffère  pas  de  celle  des 
hommes  qui  ont  succombé  à  d*autres  genres  de  mort. 

13*  La  proéminence  et  V étranglement  de  la  langue  entre  les 
dénis,  sont  désignés  partout  comme  un  signe  caractéristique  de  l'as- 
phyxie; j'ai  déjà  dit  dans  un  autre  ouvrage  (1)  que  cet  étranglement 
n*esl  pas  du  tout  un  signe  spécifique  de  Tasphyxie,  car  on  trouve  sou- 
vent des  cas  d*asphfiie  dans  lesquels  on  voit  la  langue  à  sa  place 
habituelle,  et  d'un  autre  côté  Tétrangleroent  a  été  souvent  noté  après 
des  genres  de  mort  tout  différents,  tels  que  des  hémorrhagies,  des 
empoisonnements,  ce  que  nous  avons  déjà  rapporté  dans  les  obser- 
vations qui  précèdent.  C'est  pourquoi  on  ne  doit  pas  attribuer  une 
grande  valeur  à  ce  signe.  Cette  observation  peut  être  importante, 
lonqoe,  par  exemple,  il  s'agit  de  savoir  si  une  strangulation  a  été 
pnnlaite  avant  ou  après  la  mort. 

i  A**  Enfin  l'écume  au  bord  de  la  bouche  s'observe  souvent  sur  Us 

cadavres  d'axphyxiés,  mais  ce  n'est  pas  un  phénomène  constant,  et 

''on  sait  qu'après  toute  espèce  de  mort  même  naturelle,  ce  symptôme 

est  journalier,  comme  phénomène  cadavérique  produit  par  la  putré- 

^ction« 

Dnns  les  cas  douteux  d'asphyxie  par  des  gax  irrespirables,  le  dia- 
irnoslic  peut  encore  quelquefois  être  complété  par  l'examen  du  sang. 
Ici  il  faut  rapporter  notre  découverte  de  la  destruction  complète  des 
globules  de  sang  parles  vapeurs  diacide  sulfhydrique  (obs,  261) ,  il 
faudra  constater  par  des  observations  ultérieures  si  ce  phénomène 


constant.  Noos  attribuons  moins  de  valeur  au  signe  proposé  par 

H.  Claude  Bernard  (2),  qui  a  observé  que,  après  les  empoisonue- 

inents  par  la  vapeur  de  charbon,  le  sang  même  après  plusieurs 

semaines  peut  reprendre  la  couleur  rouge;  comme  nous  l'avons  dit 


(t)  GerickOkhe  lekkenoffnungen,  d'^édii.,  |>.  155. 

(2)  Leçons  sur  les  effets  des  substances  toœiques,  Parif,  1857,  p.  tSl. 


328  PARTIE   TUANATOLOGIQUE. 

précédemment,  la  perceplion  des  couleurs  est  puremen  indiiidaelle, 
et  de  plus  ce  phénomène  ne  se  présente  pas  dans  tons  les  cas.  Ce 
qui  est  beaucoup  plus  important,  c*est  lorsque  Ton  trouve  dans  le 
sang  les  restes  du  g<iz  délétère.  M.  Hoppe  est  parvenu  i  en  décou- 
vrir dans  les  quatre  cas  communiqués  plus  bas  (obs.   250  à  253). 
Si  Ton  mêle  du  sang  défribriné  avec    un  volume  égal  ou  double 
de  soude  hydratée  (de  1,8  poids  spéciflque),  et  si  l'on  secoue, 
on  obtient  une  masse  noire  et  visqueuse  qui,  observée  en  courlie 
mince  sur  de  la  porcelaine^  donne  une  teinte  d*un  vert  brun.  Nais, 
du  sang  rassasié  par  Toxyde  de  carbone  traité  de  la  même  ma- 
nière, donne  une  masse  coagulée  de  couleur  ronge  qui,  étendue 
en  couche  mince  sur  de  la  porcelaine,  a  l'aspect  rouge  vermeil. 
Observons  cependant  que  M.  Hoppe  n*a  pas  trouvé  le  sang  de  nos 
quatre  cadavres  rassasié  avec  de  l'oxyde  de  carbone ,  ce  qui  expli- 
que pourquoi  le  mélange  avec  la  sonde  n'a  pas  donné  une  nuance 
aussi  claire  que  lorsque  le  sang  est  bien  rassasié  de  ce  gaz.  Or,  l'as- 
phyxie peut  avoir  lieu  sans  que  le  sang  soit  rassasié,  et  la  possibilité 
de  sauver  un  asphyxié  semble  dépendre  du  degré  de  cette  carboni» 
sation  (1). 

A  l'occasion  de  l'observation  curieuse  261,  nous  avons  fait  une 
série  d'expériences  sur  les  effets  des  gaz  sur  le  sang.  Du  sang  frais 
provenant  d'une  saignée,  fut  distribué  dans  trois  verres  ,  à  peu  près 
30  grammes  dans  chaque  verre.  Ces  verres  étaient  remplis  d'acide 
sulfhydrique,  de  chlore,  et  d'acide  carbonique;  ils  furent  secoués. 
Les  résultats  furent  très  curieux. 

La  coagulation  ne  se  fit  presque  pas  dans  l'acide  sulfhydrique,  et 
même  après  huit  jours  le  sang  était  tout  a  fait  liquide,  il  avait  une 
coloration  d'encre,  et  était  devenu  méconnaissable,  le  dichroîsme  était 
très  visible  sur  les  parois  du  verre  qui,  quand  on  secouait,  devenaient 

(i)  Virchow.   >irc/iiv.,  1858,  XIII,  i,  p.  104.  Les  expériences  de  M.  Lothar 
Meyer  s'accordent  avec   celles  que  nous  venons  de  citer.  Il  conclut  que  Teffet 
mortel  de  Toxydc  de  carbone  s'explique  parce  que  chaque  partie  du  gaz  arrivanL. 
en  contact  avec  le  sang  dans  les  poumons,  extrait  un  volume  égal  d'oxygène,  jus» 
qu'à  ce  qu'il  reste  assez  peu  d'oxygène  pour  que  la  vie  cesse. 


ASPHYXIE.  —  DUGMOSTIG.  329 

vertes  ;  les  globules  étaienllwnnauxy  leurs  couleurs  étaient  jaunes, 
les  bords  nets  et  ronds,  le  noyau  visible;  entre  ces  globules,  on  voyait 
libres  de  petites  molécules  noires. 

Dans  le  mélange  de  sang  et  de  chlore,  il  se  fit  tout  de  suite  une 
coagulation  complète  qui  persista,  sa  couleur  était  d'un  vert  sale,  sa 
consistance  était  celle  du  goudron;  le  liquide  était  tout  à  fait  analogue 
au  méconium.  La  couche  mince  supérieure  et  la  couche  qui  adhérait 
aux  parois  du  verre  avaient  un  aspect  bleu  sale  (albumine  coagulé). 
Sous  le  microscope  on  voyait  des  globules  de  sang  nombreux,  décolo- 
rés au  milieu  d'un  slratum  amorphe  et  également  décoloré.  La  par- 
tie ressemblant  au  méconium  contenait  également  des  globules  de 
sang  non  colorés  mais  peu  nombreux.  Leur  forme  était  tout  à  fait 
normale. 

Le  sang  mêlé  avec  de  l'acide  carbonique  se  coagula  bientôt,  revê- 
tit et  garda  une  couleur  rouge  cerise  fanée  ressemblant  à  de  la  gelée 
de  cerise.  Les  globules  de  sang  n'avaient  plus  la  forme  d'un  disque, 
mais  étaient  ronds,  sans  dépression,  de  grandeur  normale,  colorés  en 
rouge  jaune. 

Dans  les  expériences  de  Heidenhain  sur  l'influence  de  l'acide  car< 
bonique  sur  le  sang,  il  y  eut  une  coloration  du  rouge  de  sang  eu 
bmn.  Mais  il  faut  remarquer  qu'il  a  observé  ce  changement  de  Thé- 
mâtine  en  traitant  le  sang  avec  les  acides  chlorhydrique,  sulfurique 
et  acétique.  Comparez  les  observations  de  Nasse  et  de  Harles  (1),  sur 
l'influence  de  l'acide  carbonique  sur  les  globules  de  sang,  les  expé- 
riences de  Lehmann  sur  le  mélange  du  sang  de  veau  avec  de  l'éther  , 
l'acide  arsénieux,  l'acide  chlorhydrique,  les  acides  organiques,  la 
potasse,  le  cyanure  de  potassium  ferrure  (  dans  la  Chimie  physio^ 
logique,  Leipzig,  1853,  tome  II,  2*  édition,  pages  139,  lAl). 

M.  Lehmann  dit  avec  raison  que  l'on  ne  doit  pas  faire  des  conclu- 
sions précipitées  à  propos  des  réactions  chimiques,  il  remarque  que  l'on 
a  obtenu  de  nombreuses  réactions  avec  des  globules  sanguins  et  des 

(1)  Wmdgriich.  Arohiv.  fur  phytioi.  HeUk,  1857,  1, 1,  et  11,  p.  SSO. 


330  PAiiTlK    THANATOLOGIUUK. 

f:oiDposéift  cilimiquesy  mais  que  l'on  iimil  tort  dt  les  «{ipUqoer  aveii- 
gléaneot  à  des  pliénomëDes  pathologiques  et  physiologiqiuii.  Il  w  smb 

dire  que  c'est  là  une  manière  d*agir  tout  à  fait  iausie  an  médeciae 
légale.  Nous  devons  également  dire  que  nos  expériences  de  laélaDge 
de  sang  frais  avec  les  gaz  nommés  ne  peuvent  dtre  asaimilées 
aux  procédés  de  Tinspiration  de  ces  gaz  dans  les  poumons  vivants. 
Outre  la  disproportion  du  gai  et  du  sang  dans  ces  expériences, 
j'observerai  que  l'acide  carbonique  pur,  le  chlore,  Tammoniaquei  etc., 
ne  peuvent  être  respires  puisqu'ils  causent  une  occlusion  contulsive 
de  la  glotte. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  permettra  de  diagnostiquer  une  asphyxie, 
mais  seulement  lorsque  le  cadavre  sera  frais  et  non  encore  alteini  par 
les  ravages  de  la  putréfaction.  Car  si  la  putréfaction  est  très  afancéei 
les  bypérémies  disparaissent,  le  sang  se  décomposant  et  s'évaporent; 
les  poumons,  le  cœur,  les  veines,  etc.,  deviennent  vides,  k  conlear 
chocolat  de  la  trachée  empêche  de  voir  les  iiyections  sanguines,  le 
contenu  écumeux  de  la  trachée  est  évaporé;  aussi  est-il  souvent  im- 
possible de  déclarer  même  avec  probabilité  s'il  y  a  eu  asphyxie  ou 
non. 

S  8.  —  lMtcnaw«f  t'il  y  a  fiMile  é'as  tâcrt. 

Lorsque  des  corps  étrangers  sont  entrés  dans  les  voies  aériennes 
et  ont  été  la  cause  de  l'asphyxie,  il  est  très  rare  que  le  médecin  légiste 
puisse  décider  s'il  y  a  eu  accident ,  suicide  ou  crime,  quand ,  par 
exemple,  un  haricot  ou  bien  un  palais  artiGciel  est  entré  dans  la  trachée; 
ici,  comme  dans  beaucoup  de  cas,  la  combinaison  des  circonstances 
accessoires  donnera  plus  de  lumière  que  l'autopsie  elle-même.  On 
sait  que  le  suicide  de  cette  espèce  est  tout  à  fait  extraordinaire,  aussi 
ne  devra-t-il  être  admis  que  dans  des  circonstances  tout  à  fait  parti- 
culières. L'infanticide  causé  par  l'introduction  de  corps  étrangers 
dans  la  trachée  est  moins  rare,  mais  néanmoins  ce  crime  est  ordi- 
nairement exécuté  d'une  autre  manière. 

L'observation  "lli  montre  quelles  sont  les  grandes  difficultés  que 
Ton  peut  rencontrer  dans  le  juf^ement.  Il  en  est  de  même  pour  les 


ASPHYXIE.  —  ÛBSËUVATIOKS.  3S1 

Bi  irrespirables.  En  France,  le  suicide  par  la  vapeur  de  charbon  est 
hte  firéquent,  tandis  qu'il  est  très  rare  en  Allemagne.  L*espèee  de 
ax,  les  lieux,  les  circonstances  de  la  levée,  les  antécédents  du  sui- 
idé  doivent  élre  pris  en  considération. 

En  pratique  médico-légale  on  ne  rencontre  que  des  asphyxies  par 
^  gaz  suivants  :  l'oxyde  de  carbone  et  Tacide  carbonique  qui  se  for- 
lent  par  la  combustion  du  charbon,  Thydrogène,  Tazote  qui  ne  sont 
as  délétères,  mais  qui  amènent  l'asphyxie  par  Tahaence  de  l'oij* 
tee,  le  gaz  sulfhydrique,  q«f  est  très  délétère,  tue  instantanément 
aand  il  est  mêlé  à  Tair  à  l/800\  L'acide  carbonique  tue  par 
les  convulsions  de  la  glotte  (cet  acide  se  trouve  partout  où  il  y  a  de 
inades  fermentations)  ;  le  chlore,  l'hydrogène  phosphore  et  l'hydro- 
rène  arsénié,  le  gaz  d'éclairage,  l'air  des  égouts(81  azote,  13  uzy- 
^e,  2  acide  carbonique  et  3  acide  sulfhydrique). 

Quant  à  moi ,  mes  expériences  se  bornent  à  l'oxyde  de  carbone, 
rbydrogène  carboné,  l'acide  sulfhydrique,  l'acide  carbonique  et  le 
gaz  d'éclairage. 

Oas.  226,  227  et  228.  —  Asphyxie  par  suite  d'un  ensevelissement  sous  un 

édi/tce  écroulé, 

Troie  hommes  util  dans  une  cave  furent  tués  par  l*écroulement  d*un  édifice. 
'uo  d'eux  seulement  présentait  une  blessure  :  une  fracture  de  la  cuisse  droite.  Les 
Oit  hommes  étaient  morts  asphyxiés. 

Le  plus  vieux.  G...,  âgé  de  trente-six  ans,  était  un  homme  de  forte  constitution, 
m  cadavre  avait  une  figure  rouge  vermeil,  tuméfiée,  la  langue  était  à  sa  place 
tlinaire,  les  poumons  remplis  de  sang  foncé  et  liquide,  le  cœur  droit  contenait 
sa  de  sang,  le  cœur  gauche  encore  moins.  L'asphyxie  se  montrait  d'une  manière 
ridente  dans  la  trachée,  sa  muqueuse  était  rouge  et  tout  le  canal  était  rempli  do 
fuide  écumeux,  foncé  et  sanguinolent.  Le  foie,  la  rate,  le  cerveau  étaient  très 
fpérémiques,  surtout  les  deux  reins  que  la  congestion  avait  rendus  noirs. 

La  deuxième  victime  était  le  frère  de  G...,  âgé  de  vingt-six  ans,  ses  deux  reins 
Mwnt  également  gorgés  de  sang  liquide,  fa  langue  élait  en!re  les  dents,  la  figure 
;ait  rouge  et  tuméfiée,  la  trachée  ne  présentait  pas  d'écume,  mais  une  coloration 
««je  claire  de  la  muqueuse,  le  cdté  droit  du  cœur  et  les  veines  coronaires  étaient 
-et  remplis,  les  poumons  et  les  grandes  veines  de  l'abdomen  Tétaient  beavcoop 
soins. 

Le  plus  jeune  des  trois  était  un  garçon  de  vingt  ans,  il  avait  épient*'  * 
Mn  rouge»  tuméfiée,  sa  langue  était  foncée  et  tunéfléi  al  iorff||  t 


3S2  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

en  avant  des  denU.  La  trachée  était  semblaUe  k  celle  du  cadavre  précédeat,  A  tes 
poumons  étaient  très  remplis  ainsi  que  les  veines  de  rabdomen,  les  deu  niu 
étaient  gorgés  et  le  cerveau  hypérémique. 

Obs.  229.  —  Asphyxie  dan$  dusMe. 

Un  homme  de  trente-trois  ans,  très  vigoureux,  fut  disséqué  au  mois  de  jultel, 
deux  jours  après  sa  mort  (4-  17®  R.)-  ^^^  homme  s'était  couché  dans  un  trosde 
sable,  et  pendant  son  sommeil  il  y  avait  eu  un  éboulement  ';  toute  sa  flpre  étiil 
couverte  de  sable,  sa  langue  était  à  la  place  ordinaire  et  elle  était  couverte  de 
sable.  Dans  la  tète  rien  de  remarquable.  Dans  la  trachée  déjà  imbibée  pir  b 
putréfaction  se  trouvait  de  l'écume  sanguinolente,  il  y  avait  aussi  beaucoup  di 
table  jusque  dans  les  bronches.  Les  poumons  (cdémateux  étaient  gorgés  de  sans, 
le  cœur  était  très  rempli  dans  ses  deux  moitiés  de  sang  foncé  et  liquide,  rartère 
pulmonaire  très  hypérémique,  l'œsophage  vide,  le  foie  normsd,  l'estomac  vitt,  te 
vessie  remplie,  les  reins  hypérémiques,  la  veine  cave  normale. 

Obs.  2a0.  —  Asphyxie  par  suite  de  récroulemenl  d'un  plafond. 

Dans  ce  cas,  l'asphyxie  eut  lieu  par  neuroparalysie.  Un  garçon  de  neuf  ans  Ail 
enfoui  par  l'écroulement  d'un  plafond,  pendant  qu'il  dormait  dans  son  Ut,  dans  U 
chambre  supérieure  étaient  étalées  des  écorces  d'arbres  dans  une  épaisseur  de 
i  mètre  50  centimètres.  Le  cadavre  de  l'enfont  asphyxié  Ait  trouvé  au-desaous  de 
ces  écorces. 

La  tète,  les  oreilles  et  les  joues  étaient  rouge  bleu,  les  yeux  non  proéminents, 
la  pointe  de  la  langue  entre  les  dents,  le  cerveau  et  les  méninges  hypérémiques;  fl 
n'y  avait  pas  hémorrhagie  cérébrale,  les  poumons  de  ce  cadavre,  déjà  un  peu 
putréfié,  étaient  anémiques,  le  cœur  droit  contenait  deux  gros  de  sang  à  moitié 
coagulé,  le  cœur  gauche  et  les  coronaires  étaient  anémiques,  l'artère  pulmonaire 
modérément  remplie  (le  thymus  était  encore  assez  considérable).  La  trachée-artère 
était  d'un  rouge  cuivre  et  vide,  la  veine  cave  remplie  de  sang  foncé  et  liquide. 

Obs.  231.  —  Asphyxie  d'un  enfant  dans  de  la  tourbe,  Ya-t-H  eu  accident 

ou  crime? 

Le  9  juin,  au  soir,  la  flUe  G...,  accoucha  clandestinement  dans  la  cave,  la  dénon- 
ciation de  la  police  disait  qu'elle  avait  étouffé  son  enfant  et  l'avait  enterré  et  avait 
mis  par-dessus  une  caisse  de  pomme  de  terre.  La  sage-femme  A...  trouva  Tenfa  n 
dans  cette  cave  à  une  profondeur  de  1 5  centimètres,  la  tète  en  bas,  elle  raconta 
que  la  cave  était  remplie  de  terre  sablonneuse,  de  copeaux,  de  sciure  de  bois  et 
de  restes  de  tourbe.  L'accusée  avoua  que  l'enfant  vécut  après  la  naissance  et 
remua  ses  pieds,  mais  elle  déclara  qu'il  n'avait  pas  crié.  «  J'ai  posé,  »  dit-elle, 
«  l'enfant  dans  un  endroit  où  se  trouvaient  des  restes  de  tourbe  dans  une  petit* 
fosse  qui  se  trouvait  près  d'une  caisse  de  pomme  de  terre,  pois  j'ai  poussé  la  caisia 


ASPHYXIE.  —  OBSERVATIONS.  383 

t  je  suif  partie,  ainsi  je  n'ai  ni  enterré  Tentant  ni  couvert  avec  quoi  que  ce  soit,  et 
i  n'ai  jamais  eurintention  de  le  tuer.  »  Elle  dit  aussi  qu'elle  avait  été  surprise  par 
•ccoucbement  et  que  le  cordon  s'était  déchiré  de  lui-même  ;  elle  dit  avoir  mis 
•■fiint  dans  la  fosse  «  sur  le  dos,  un  peu  sur  le  cété.  » 

Cependant  le  maître  de  la  maison  qui  a  retiré  Tenfant,  dit  Tavoir  vu  «  sur  le 
entre  qui,  ainsi  que  la  Hgure,  {lait  noirci  par  de  la  terre.  •  Un  médecin  qui  a 
lawté  également  à  la  levée  le  vit  «  noirci  par  de  la  terre  presque  sur  tout  le 
oipt.  La  bouche  de  l'enfant  était  un  peu  ouverte  et  on  y  vit  un  morceau  de  terre 
oire.  » 

Le  9«  nous  fîmes  l'autopsie.  C'était  un  enfant  né  à  terme  et  viable  ;  dans  la  bouche 
ooe  trouvâmes  un  morceau  de  tourbe  de  la  grosseur  d'une  noisette,  la  pointe  de 
I  leoguft  était  entre  les  maxillaires.  Toute  la  bouche  et  l'arrière-bouche  étaient 
eespUes  d*une  poudre  d'un  brun  noir  provenant  probablement  de  la  tourbe,  la 
iuqueuse  de  ces  parties,  ainsi  que  celle  de  la  langue,  n'était  ni  rougie,  ni  tumé- 
ièe,  ni  ecchymosée.  Les  lividités  cadavériques  se  trouvaient  sur  la  partie  antérieure 
hi  cadavre,  tout  le  corps  était  plus  ou  moins  noirci  par  la  tourbe,  le  cordon 
rétait  pas  lié,  il  arait  été  certainement  déchiré.  Au  milieu  du  front,  il  y  avait 
me  faible  ecchymose  longue  de  2  centimètres,  large  de  6  millimétrés.  A  la  partie 
paebe  do  cou  se  trouvaient  quelques  tâches  rouges  brunes  non  ecchymosées.  Le 
liapbragme  était  à  la  hauteur  de  la  cinquième  cèle,  les  organes  abdominaux  ne 
présentaient  pas  d'hypérémie,  la  veine  cave  modérément  remplie,  la  vessie  vide, 
la  muqueuse  de  la  trachée  et  du  larynx  rouge  clair  ;  au-dessous  de  Tépiglolte  se 
IroBvait  une  petite  masse  de  matière  noirâtre  du  volume  d'une  lentille.  Les  pou- 
•aas  remplissaient  presque  complètement  la  cavité  Ihoracique,  ils  pesaient  avec  le 
Bœar  65  grammes  ;  leur  couleur  était  d'un  rouge  vermeil  uniforme,  çà  et  là  marbrée 
!a  bleu.  Ils  nageaient  complètement,  crépitaient  à  l'incision,  et  contenaient  une 
eoine  sanguinolente,  les  bronches  étaient  vides  et  normales,  ie  cœur  était  tout  à 
lit  exsangue  dans  ses  cavités  et  dans  ses  artères  coronaires;  à  l'ouverture  posté- 
e«re  des  fosses  nasales  se  trouvait  du  mucus  noir  sur  la  muqueuse  ;  la  partie  posté* 
eure  de  l'aponévrose  épicrânicnne  était  couverte  d'une  couche  de  sang,  il  s'en 
owait  également  sur  les  deux  os  pariétaux  ;  les  os  crâniens  non  blessés  étaient 
es  hypérémiques ,  les  méninges  et  la  substance  cérébrale  non  hypérémiques,  les 
exus  très  pâles,  les  sinus  modérément  remplis. 

La  maturité  de  l'enfant  et  sa  vie  après  la  naissance  étaient  évidentes  ;  comme 
iisae  de  mort,  nous  devions  admettre  un  empêchement  subit  de  la  circulation  par 
betmction  des  voies  aériennes  produite  par  un  corps  étranger  et  nous  insistâmes 
■r  la  présence  de  la  poudre  mêlée  au  mucus  qui  fut  trouvée  sous  l'épiglotte  et  â 
ouverture  postérieure  des  fosses  nasales. 

On  ne  trouve  pas  toujours  les  signes  ordinaires  de  l'aspbyxie  dans  tous  les  cas  où 
1  j  a  obstruction  des  voies  aériennes,  comme  le  prouvent  de  nombreux  exemples  de 
leodaison  chex  lesquels  l'obstruction  des  voies  aériennes  est  évidente  et  qui, 
cependant,  ne  présentent  aucun  des  phénomènes  de  l'asphyxie  ou  de  l'apoptaie  ; 
aa  ae  trouve  que  des  résultats  négatifs  et  on  doit  en  conclure  que  la  BOfta  wr 
ïkm  par  neuroparalysie  :  c'est  ce  qui  est  arrivé  ches  cet  enùint.  Oq  pc 


SSi  PAUTIB  TnANATOLOGIQUE. 

ôtre  dire  que  cette  neuroparalysie  doit  être  attribuée  i  «ne  autre  ciase  :  pr 
exemple,  le  froid  de  la  cave,  en  expliquant  la  présence   de  la  tourbe  Aus  b 
bouche  d'une  manière  quelconque.  Mais  cette  poudre  se  trouva  jusque  dans  le 
larynx  et  elle  ne  peut  y  être  entrée  que  par  une  inspiration  profonde,  de  sorte  qM 
Fenfant  était  certainement  vivant  lorsque  le  corps  étranger  est  venu  en  conlict 
aveo  les  voies  aériennes. 

On  nous  demanda,  ce  qui  était  plus  difHcile  à  résoudre,  si  la  pondre  avait  pupésé- 
Irer  dans  les  voies  aériennes  par  accident  ;  il  n*y  avait  pas  de  trace  de  violeoce 
extérieure  exercée  sur  Tenfant,  la  couche  de  sang  observée  sur  les  os  crâmensse 
penvait  être  comptée,  puisque  c'est  un  effet  fréquent  de  l'accoucbenoent,  la  tache 
•«r  le  front  n'avait  également  aucune  valeur,  puisqu'elle  s'explique  par  le  décs- 
bitvt  de  l'enfant  la  figure  en  bas,  ce  que  les  témoins  ont  déclaré  avoir  vu  ;  on  pei- 
nait seulement  en  conclure  que  l'accusée  ne  disait  pas  la  vérité  en  soutenant  qu'elle 
avait  posé  l'enfant  sur  le  dos.  Les  taches  rouge  brun  du  eêté  gauche  du  cei 
étaient  plus  suspectes,  elles  pouvaient  avoir  été  produites  par  &e9  doigts,  naais  il  éliil 
possible  aussi  qu'elles  lussent  le  résultat  du  contact  de  la  belp»  4e  bois,  on  de 
morceaux  de  tourbe  dure.  Du  reste,  toutes  ces  traces  de  violom  étaient  iaatilsi 
pour  prouver  que  l'obstruction  de  la  bouche  n^avait  pu  avoir  lieu  par  «eoideat  : 
renAint  pouvait  mourir  s'il  avait  été  simplement  abandonné  dans  le  fbtsé,  et  il 
aurait  pu  se  trouver  alors  un  peu  de  terre  dans  la  bouche  ;  malt  on  no  pouvait 
admettre  qu'une  obstruction   complète  et  profonde,  s*étendant  Jusque  dans  le 
larynx  et  le  canal  nasal  ait  pu  êtie  produite  par  le  contact  accidentel  de  ces 
matières  ;  il  est  très  probable,  au  contraire,  que  la  terre  se  trouvant  dans  le  pha* 
rynx  a  été  attirée  jusque  dans  le  larynx  par  des  tentatives  de  respiration.  D* 
cela  nous  conclûmes  que  l'obstruction  n'avait  pas  été  le  fait  du  hasard,  mais  le 
d'un  crime.  Les  jurés  acceptèrent  notre  conclusion,  ils  déclarèrent  que  l'aecusée 
avait  obstrué  avec  intention  la  bouche  de  l'enfant,  mais  ils  déclarèrent  qu^elle  n'avait 
pas  eu  l'intention  de  tuer  son  enfant  et  elle  fût  acquittée  !  Le  jugement   fbt  cassé, 
l'affaire  passa  devant  une  nouvelle  cour  et  l'accusée  fut  condamnée  aux  travaux  forcés. 

Obs.  232.  —  Suffocation  d'un  enfant  par  un  nouet  à  sucer.  Est-ce  par  suite 
d'un  accident^  d'un  crime  ou  d'une  négligence? 

C'était  encore  un  des  cas  rares  d'asphyxie  par  obstruction  des  voies  aériennes 
produite  par  un  corps  étranger.  Une  fllle,  âgée  de  trois  moi^,  avait  le  dos  taché  par 
des  traces  de  décubitus,  elle  était  nourrie  par  sa  mère  et  fut  trouvée  morte  dans 
son  lit  au  mois  d'août  pendant  que  sa  mère,  en  allant  à  son  travail,  l'avait  laissée 
seule  dans  la  chambre. 

Nous  trouvâmes  à  l'autopsie,  dans  la  bouche  ce  que  Ton  appelle  un  nonet  à 
sucer,  long  de  3  centimètres,  large  de  2  centimètres,  rempli  de  semouille  ;  il  rem- 
plissait toute  la  cavité  buccale.  A  la  racine  de  la  langue  se  trouvait  une  tache  non 
ecchymosée  à  forme  pointue,  d'un  rouge  bleu,  molle  sous  le  couteau,  une  autre 
tache  tout  à  fait  semblable  se  trouvait  juste  au-dessus  sur  la  muqueuse  du  palais. 
Ki  la  langue  ni  les  lèvres  n'étaient  tuméfiées,  la  langue  n'était  pas  entre  les  dents 


ASPHTXIR.  —  ODSFJIVATIONS.  S35 

I  dans  lout  le  pharynx,  il  n'y  avait  pas  tranomalie.  La  Crachée  el  le  larynx 
laJeDt  pÂlet,  il  y  avait  seulement  çà  el  là  quelques  iigcclioos  arborescentes,  les 
•ies  respiratoires  étaient  vides,  mais  en  pressant  sur  les  poumons  on  pouvait  faire 
lonlerdans  la  trachée  une  écume  à  grosse  bulle,  qui  n*était.ni  épaisse  ni  sangni- 
•lente.  I«es  poumons  extérieurement  normaux  étaient  anémiques,  oinsi  que 
artère  pulmonaire,  le  cœur  et  les  cavités  alniominale  et  crânienne.  La  couleur  du 
ini;  était  asses  foncée,  il  était  lui-même  assez  liquide.  Mous  admîmes  que  la 
Bort  avait  eu  lieu  par  neuroparalysic  et  que  celle-ci  provenait  de  la  suffocation 
amée  par  le  corps  étranger.  Quant  à  la  question  :  Y  a-t-il  eu  crime  ou  accident? 
ne  poavions  répondre  autre  chose  que  :  il  n'y  a  pas  de  preuve  qui  puitra 
croire  que  le  petit  sac  a  été  mis  avec  intention  dans  cette  position,  et  il  etl 
rès  possible  que  le  petit  sac  devenu  glaireux  par  son  séjour  dans  la  bouche,  ait  glissé 
lans  Tarriére-bouche  soit  par  l'action  de  sucer  soit  par  sa  pesanteur.  Il  était  très 
sxplicable  que,  par  suite  de  la  mort  rapide,  le  corps  étranger  n'ait  pas  produit 
Ukt  ecchymose,  mais  pourtant  les  deux  taches  de  la  bouche  étaient  une  preuve 
Mdente  que  le  petH  sac  n'avait  pu  être  introduit  dans  la  bouche  après  la  mort. 
Rovt  avions  enwÈt  k  déclarer  si  l'accusée  a  été  cause  de  la  mort  de  son  enfant 
par  négligence.  A  eet  égard  nous  disions  dans  notre  rapport  : 

Cette  question  peut  se  rapporter  :  1*  à  l'introduction  du  nouet  ;  2*  au  traitement 

général  et  aux  soins  donnés  à  l'enfant. 

1*  On  ne  peut  nier  que  la  position  de  l'enfant,  la  tête  enlbuie  dans  l'oreiller  et 

verte  d'un  drap,  a  rendu  beaucoup  plus  difllcile  la  respiration  quand  il  eut  le 

daas  sa  bouche,  que  l'aeeusée  aurait  pu  et  dû  prévoir  la  possibilité  d'un  malheur 

t  son  absence.  Il  faut  cependant  considérer  que  eette  manière  d*agir  a  lieu 

les  jours  sans  avoir  des  suitea  aussi  funestes,  et  pour  ce  qui  concerne  ies 

morales  de  l'accusée,  nous  devons  laisser  le  jugement  de  la  ques* 

taon  au  tribunal. 

^  Il  est  avéré  que  l'accusée  a  tenu  son  enfant  dans  une  grande  malpropreté  et 
It'elle  a  négligé  ainsi  une  des  premières  conditions  de  son  bien-être.  Nous 
a  savons  que  peu  de  chose  de  l'alimentation  de  l'enfant  ;  il  a  été  trouvé  chélif, 
tee  des  eschares  de  décubitus;  l'amaigrissement  ne  permet  pas  de  conclure  qu'il  y 
'an  nourriture  insufRsante,  mais  le  décubitus  prouve  beaucoup  de  négligence  dans 
ia  aoios  en  général  ;  il  indique  un  manque  de  propreté,  car  l'enfant  a  dû  être  laissé 
'es  longtemps  dans  la  même  position  et  au  milieu  de  ses  urines  et  de  ses  fèces, 
es  raisons  nous  font  croire  que  l'enfant  serait  mort  au  bout  de  peu  de  temps  par 
aile  de  cette  incurie.  Mais,  puisque  ici  la  mort  a  eu  lieu  d'une  autre  manière,  nous 
èpaodofis  à  la  question  posée  que  :  les  raisons  médicales  ne  pouvant  pas  foire  con- 
kmre  que  la  mort  de  l'enfant  a  été  produite  par  négligence  de  l'aeeusée. 

Obs.  233  a  244.  —  Douse  cas  d*asphyxie  d'enfanU  dans  le  lU  de  la 

fiowrrice. 

Le  code  ancien  défendait  sous  peine  d^eroprisonneinent  de  prendre 
Aau  leurs  \\%  pendant  la  nuit,  les  enfanls  au-dessous  de  deux  ans. 


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-  J 


336  PARTIE   THilNATOLOGlQUB. 

Cette  loi  singulière  fut  souvent  violée.  Le  nouveau  code  ne  pnte 
plus  de  ce  délit,  cependant  la  justice  punit  les  imprudences  de  celte 
espèce  quand  elles  ont  entraîné  la  mort  de  l'enfant,  comme  «  meurtre 
par  imprudence  > .  Dans  ces  cas  les  enfants  meurent  ou  parce  qii*ib 
s'endorment  sur  le  sein  de  la  nourrice  ayant  encore  le  mamelon  dans 
la  bouche,  ou  parce  qu'ils  appliquent  leurs  têtes  sur  le  corps  de  h 
nourrice,  ou  parce  que  la  nourrice  en  se  retournant  dans  son  som* 
meil  écrase  l'enrant,  ou  enfin  parce  que  Tenfant  glisse  sous  les  drap 
et  est  asphyxié  par  suite  de  la  privation  d'air.  Cette  asphyxie  est  d'au- 
tant plus  facile  que  l'estomac  est  plein. 

0b8.  233.  —  Une  fUle  de  trois  ans  fut  trouvie  morte  un  malin  dans  le  Ut  de 
sa  mère.  Outre  les  signes  ordinaires  de  l'asphyxie,  nous  trouvftnes  des  eccbymoies 
pétécliiales  innombrables  sur  le  cœur,  Taortc  et  le  poumon  dyi^i^ayant  la  forme  de 
petites  éclaboussures,  la  pointe  de  la  langue  était  entre  les  masUlairw»  reatiBae 
était  h  moitié  rempli  de  lait  coagulé,  la  trachée-artère  contenait  de  l'éciUBe  sangui- 
nolente. 

Dm.  234.  —Une  ttlle  d*un  mois  fut  trouvée  morte  dans  le  lit  de  sa  nourrice, 
les  symptômes  de  Tasphyxie  étaient  très  prononcés,  tout  le  cœur  avait  une  eokira- 
tion  bleu  foncé  dans  laquelle  on  distinguait  des  ecchymoses  pétéchialet  nom« 
breuses,  ainsi  que  sur  les  deux  plèvres,  la  rate  était  hypérémique,  les  pouaaeBS 
étaient  remplis  de  sang  foncé  et  épais,  la  trachée  remplie  d*écume  sanguinolente. 
La  langue  entre  les  maxillaires  sortait  un  peu  de  la  bouche,  Testomac  contenait  du 
lait  coagulé. 

Obs.  235.  —  Une  flllc  ('e  deux  mois  fut  asphyxiée  dans  le  lit  de  si  mère.  Ici 
aussi  la  surface  du  cœur  paraissait  comme  éclaboussée  à  cause  des  nombreuses 
ecchymoses  pétécliiales  qui  y  étaient  parsemées,  on  reconnaissait  facilement  de 
nombreux  signes  de  l'asphyxie.  La  trachée-artère  remplie  d'écume  rose,  sa 
muqueuse  injectée,  l'estomac  très  rempli  de  lait  coagulé  ;  les  lividités  cadavé- 
riques sur  les  parties  sexuelles  et  la  partie  antérieure  des  cuisses  indiquaient  que 
l'enfant  s'était  endormie  sur  le  ventre  de  sa  mère  et  avait  été  asphyxiée  dans  cette 
position,  ce  qui  fut  constaté. 

Obs.  236  et  237.  —  Chez  un  garçon  de  deux  mois  et  une  fille  de  neuf  mots, 
qui  moururent  tous  les  deux  dans  le  lit  de  leur  mère,  il  y  avait  apoplexie  cérébrale. 

Obs.  238.  —  Une  ûlle  de  six  semaines  fut  trouvée  morte  dans  le  lit  de  sa  mère. 
L'autopsie  fut  to\it  k  fait  négative,  il  n'y  avait  nulle  part  hypérémie,  la  trachée- 
artère  était  vide  et  normale  ;  la  mort  avait  eu  lieu  par  neuroparalysie. 

Obs.  239.  —  Chez  un  garçon  de  quatre  semaines  mort  dans  les  mêmes  cir- 
constances, l'asphyxie  se  présenta  sous  la  forme  d'apoplexie  pulmonaire,  le  pou- 


ASPHYXIE.  —  OBSERVATIONS.  337 

mon  droit  éUit  parsemé  d'ecchymoses  pétéchiales,  U  y  en  avait  mointaupouniM 
iche  et  au  cœur,  lei  poumons  n'avaient  pas  la  couleur  rose  clair  marbré,  ordi 
à  cet  Âge,  ils  étaient  hypéréroiques  et  d'un  rouge  bleu  foncé.  Le  cœur  droil 
contenait  peu  de  sang,  et  le  cœur  gauche  pas  du  touU  La  cavité  crânienne  était 
normale  et  la  tracbée-arlére  était  injectée  et  vide. 

Om.  240*  —  Un  garçon  de  neuf  jours  présenta  un  cas  tout  à  fait  semblable,  U 
avait  été  allaité  à  trois  heuresde  la  nuit  par  sa  mère  aliénée  et  fut  trouvé  mort  le  len- 
demain à  six  heures  du  matin,  ici  aussi  il  y  avait  hypérémie  pulmonaire.  La  langue 
était  à  sa  place  ordinaire,  U  trachée-artère  vide  et  injectée  en  quelques  endroits» 
les  poumons  très  remplis  de  sang  épais  et  foncé,  les  lobes  inférieurs  des  deux  pou- 
mons étaient  couverts  d'ecchymoses  pétéchiales,  leur  couleur  était  d'un  brun  ronge 
foncé,  faiblement  marbré,  les  grands  vaisseaux  très  remplis,  le  cœur  contenait  seu- 
lement un  peu  de  sang  dans  les  oreillettes,  l'estomac  à  moitié  rempli  de  lait;  le 
foie,  les  reins,  la  veine  cave  très  bypérémiques,  la  cavité  crânienne  congestionnée 
seulement  dans  les  sinus. 

Obs.  241.—  Ua  garçon  de  six  jours,  mort  de  la  môme  manière,  présentait  un 
phénomène  particulier  et  assez  rare.  La  muqueuse  de  la  trachée  était  très  ii^ectée, 
rile  ne  contenait  pas  d'écume,  mais  on  y  voyait  un  sillon  de  sang  coagulé  de 
l'épaisseur  de  2  millimètres.  La  position  de  l'enfant,  au  moment  de  sa  mort» 
était  indiquée  par  l'apldtisscment  du  nez  et  les  lividités  cadavérii|ucs  qui  se  trou- 
vaient sur  la  figure  ;  le  cerveau  et  les  sinus  étaient  hypérémiques,  mais  ce  qui  est 
très  rare  dans  ces  circonstances,  il  y  avait  eu  hémorrhagio  cérébrale.  Un  épan- 
cbement  de  sang  coagulé  de  2  millimètres  d'épaisseur  était  étendu  sur  la  tente  du 
cerveau,  les  poumons  étaient  rouge  bleu  foncé,  très  hypérémiqucs,  mais  comme 
dans  tous  les  autres  cas  ils  nageaient  dans  l'eau,  les  grands  vaisseaux  étaient  très 
rem|flis  d'un  sang  foncé  et  liquide,  le  cœur  à  moitié  rempli  de  sang,  l'estomac 
gorgé  de  lait  coagulé  ;  les  intestins  et  la  vessie  étaient  vides. 

Obs.  242.  —  i'n  garçon  de  trois  mois,  mort  de  la  même  manière,  présenta  une 
35phyxic  dont  les  phénomènes  évidents  furent  une  hypérémie  des  poumons  et  du 
cœur.  Il  y  avait  une  hypérémie  modelée  de  la  tète,  le  larynx  et  la  trachée  étaient 
faiblement  injectés  et  vides,  sang  épais,  poumons  rouge  brun  foncé  et  très 
bjpérémiques,  cœur  dioit  très  rempli,  cœur  gauche  vide  ;  les  veines  et  les  organes 
Ue  Kabdomen  très  hyi  érémiques,  l'estomac  rempli  de  lait  coagulé. 

Obs.  243.—  Dans  la  nuit  du  12  au  13  novembre,  mourut  sans  qu'on  s'en  aper- 
çût, l'enCant  de  la  femme  H...,  né  le  10,  à  deux  heures  du  matin,  ainsi  âgé  de  deux 
jours.  Il  fut  trouvé  le  matin  mort  dans  le  lit  de  sa  mère.  A  sept  heures  du  soir,  un 
témoin  avait  pris  l'enfant  encore  vivant  du  lit  de  la  mère  et  l'avait  tiouvé  si 
enrhumé  «  qu'il  ne  pouvait  pas  pousser  un  cri.  »  La  mère  déclara  qu^elle  reprit 
l'enfant  et  le  remit  duns  son  lit  pour  le  récbaufler  et  que  pour  le  réchauffer  plus 
vite,  elle  l'avait  pressé  sur  son  sein  avec  son  bras.  Le  lendemain  reiifknt  fut  trouvé 
mort  à  quatre  heures  du  malin. 

L'autopsie  donna  les  ré^ullal^  suivant  :  l'enfant,  né  à  terme,  avait  U  GQVJit^. 
u.  22 


f 


38S  i^AnTlk   TtlAfVXTOLOGlUUE. 

atHliiain  de»  cadaireft,  la  putrélhction  commençait  aux  téf  umenls  de  rabdooeo, 
lea  yeux  n'étaieiit  pa»  proéminente,  la  lahgue  était  datis  aapotiiîoo  normale,  lu 
dAHi  léTfes  étaient  noir  bleu,  dures  sdub  le  couteau,  elles  présentaient  de  Euhks 
éeeliymostos  ;  aucune  atlitre  blessute  extérieure  ;  le  dlaphragihe  était  entre  U  qoa- 
triéme  et  la  cinquième  cdle,  la  Teine  cave  était  \Ha  refnpÛe  ;  il  n*y  avait  rien  autre 
chose  de  remarquable.  Dans  la  poitrine  les  deux  poumons  rempliaanient  lé  eiHIé; 
leur  couleur  était  d'un  brun  rouge  clair  et  uniMvMi;  ils  peetfeni  tvee  lé  ecnr 
.180  grammes;  le  liquide  du  péricarde  était  sanguinolent,  la  eerar  iMl  peoal 
90  grammes»  les  poumons  et  toute  la  surfine  du  ccrar  étalent  parsemés  d'êcchj- 
saaas  pétéchiales  excessivement  nombreuses.  Les  poumons  nagaaieiit  aToe  la  emar, 
■ais  cependant  montraient  une  tendance  à  s'enfoncer  dans  Teau  ;  oéparéa  du  cmar, 
la  pommom  gamokê  nagmU  aimsi  qtte  Umt  ses  moremux  les  p<M  paff I»,  laadb 
t«e  U  poumon  droU  t'enfonçait  an  fond  êm  wae^  et  en  le  eaapanl  on  rh  qal 
h*y  avait  qu'un  petit  morceau  qui  nageait.  Des  Incisions  dans  les  daak  paamsai 
firent  entendre  de  la  crépitation  et  montrèrent  une  grande  quantité  de  sang 
fbnoé  et  écumeux  ;  les  poumons  incisés  sons  Teau  laissèrent  l^pper  das  balles 
d^air  du  poumon  ganche  et  pas  du  droit.  La  trachée  était  T|4e«  et  sa  Mugnsais 
légérèihiént  injectée.  Le  coeur  dans  ses  deux  cavités,  surtout  la  cavité  droite 
cdnteiiait  du  sang  foncé  cl  coagulé.  Dans  la  tète,  il  y  avait  hypérémie  dea  vaisseaux 
dé  là  pie-mère. 

La  concltasion  ne  pouvait  pas  être  plus  douteuse  que  dans  les  cas  |»réeédanls. 
La  mort  pat*  asphyxie  était  évidente,  elle  avait  dû  avoir  lieu  de  la  manière  décrite 
l|Md^  la  mère,  041*  le  médecin  traitant  avait  déjà  remarqué  une  certaine  difficulté  de 
I*  rêspiratioh  et  le  témoin  l'avait  trouvé  enrhumé,  enfin  l'état  des  lèvres  nsontrait 
qA^  i  avkit  eu  une  pression  exercée  contre  le  sein  de  la  mère.  Pour  U  doeimasie, 
le  cas  était  certainement  très  remarquable. 

Obs.  244.  —  Un  garçon  de  dix  semaines  avait  été  airis  dans  aH  Ht  et  recmivert 
complètement  par  les  couvertures,  il  fut  trouvé  mort.  La  figure»  les  gencives,  la 
ranjîde  étaient  pfttel»  quoique  la  pie- mère  et  les  sinus  fiusent  asses  hypérémiques, 
la  cause  de  mort  était  l'hypérémie  du  poumon  droit  et  de  l'artère  pulmonaire,  qui 
étalent  gorgés  de  sang  foncé  et  liquide.  Les  deux  cavités  du  cmur,  svrtont  l'oreilletta 
dilnte,  étaient  très  remplies.  La  trachée-artère,  pâle  et  vide,  l'estomac  rempli  de 
hdt  coagulé  ;  la  rate  était  grosse,  le  foie  hypérémique,  la  veine  cave  était  modéré- 
ment remplie. 

Je  suis  persuadé  que  ce  genre  de  mort  des  petits  enfants  se  présenta  tria  fré- 
quemment, on  comprend  facilement  que  les  parents  cachent  au  médecin  la  caosa 
réelle  de  la  mort,  et  alors  le  cas  passe  inaperçu. 

Obs.  245.  —  Asphyxie  produite  par  la  vapeur  de  charbon. 

Il  s'agissait  d'un  homme  de  trente-quatre  ans  qui  mourut  asphyxié  par  des  éma- 
nations de  la  vapeur  de  charbon.  Les  circonstances  rendaient  un  suicide  vralsemMa- 
ble.  Toute  la  tète  était  couverte  de  lividités  cadavériques.  Quoique  les  signes  de 
TasphyxiefiisSent  très  prononcés,  b  Ungne  était  à  5a  place  ordinaire.  Les  os  crâniens, 


ASPHYXIE.  —  OBSEIIV.VTIONS.  539 

eoflinic  loul  le  cerveau,  étaient  très  hypérémiques,  les  sinus  étaient  très  remplis 
d'an  sang  foncé  et  liquide.  La  muqueuse  du  larynx  et  de  la  trachée  était  partout 
i^iielée  «i  range  vernilloD,  et  remplie  d'écume  blanchâtre.  Les  poumons 
Il  trèa  hypérémiques  et  les  bronches  étaient  remplies  jusque  dans  leurs  der- 
bartsations  du  même  liquide  écumeux.  L'artère  pulmonaire  eontenail  du 
Mnf  foscé  at  liqaida»  la  cœur  droit  en  contenait  beaucoup,  qui  était  moitié  coa* 
filé*  te  «Bar  gaucba  était  preAque  vide.  La  veine  cave  était  gorgée  de  sang,  ainsi 
^M  laus  les  organes  deTabdoroen. 

Ofts.  246.  —  Atphyxie  par  la  vapeur  de  ckafifoa, 

Une  lénme  de  soixante-quatorse  ans,  en  état  d'ivresse,  se  mit  pendant  ThiTer 
ésfanl  an  fourneau  dans  lequel  brûlaient  des  charbons,  elle  perdit  probablement 
MentAI  connaissance  et  fut  trouvée  asphyxiée. 

La  conjonctive  des  deux  yeux  était  rouge  vermillon  et  ecchymosée,  ce  phénomène 
était  plutôt  un  «Mil  de  la  chaleur  des  charbons  que  de  l'asphyxie.  La  pointe  de  la 
était  entra  las  dents  ;  la  figure  était  aplatie,  des  lividités  cadavériques  se  trou- 
vr  toute  la  partie  antérieure  du  corps  et  leur  absenea  sur  toute  la  partie 
IwoQtait  que  la  décédée  était  tombée  sur  le  ventre  et  était  restée  dans 
laftion  jusqu'à  la  levée.  Le  corps  était  flexible,  et  quoique  Ton  fDlt  au  mois 
de  déceibre,  le  bas-ventre  était  coloré  en  vert,  les  méninges  et  les  sinus  étaient 
Irèi  remplis  de  sang  fbncé  et  liquide.  La  substance  du  cerveau  était  également 
IflpéléBii^ae.  La  trachée  vide  ne  pouvait  aider  en  rien  le  diagnostic  de  l'asphyxie, 
lar  elle  avait  déjà  la  couleur  nofige  cui\Te  de  la  putréfaction.  Les  poumons  étaient 
iMieéa  et  remplis  d'une  écume  sanguinolente,  ils  remplissaient  la  cavité  thora- 
eiqne,  presque  comme  dans  la  mort  par  submersion,  il  y  avait  également  grande 
i^^yèfé^^ie  des  vaisseaux  de  la  poitrine,  du  cœur  droit  et  des  artères  coronaires, 
tandis  fue  le  cceur  gauche  ne  contenait  que  peu  de  sang.  Le  sang  était  très 
l^yide,  naia  il  contenait  quelques  caillots.  Les  organes  do  l'abdomen  étaient  très 
hjpérésDîquee. 

Obs.  S47  —  l?fT0ttr  dans  l'admission  d*une  asphyxie  par  la  vapeur  de  charbon, 

U«e  ftmiît  de  aoixanta-eÎAq  ans  fut  trouvée  morte  devant  un  fbaraaaa  da  ebar» 
L*avia  da  la  police  iadiquait  «  asphyxie  par  acide  carbonique.  »  Toute  la  figure* 
la  flpofit,  les  yeax»  le  nef,  les  lèvres  étaient  couverts  de  pblyetènes  sèches 
al  de  cendres.  Le  corps  était  très  maigre,  la  trachée  était  pâle,  vide  et  méase  au 
priiaBt  aor  la  poumon  aucun  liquide  ne  montait  ;  les  poumons  étaient  anémiqvai 
atnai  que  le  cœur  gauche,  tandis  que  le  cœur  droit  contenait  30  grammes  de  sang 
normal,  l'artère  pulmonaire  était  anémique,  ainsi  que  le  foie,  la  rate,  les  reins  et 
la  vetne  cave.  Ainsi  il  n*y  avait  aucun  signe  d'asphyxie  par  acide  carbonique, 
que,  évidemment,  cette  vieille  femme  ivre  s'était  laissée  tomber  sur  son 
m,  s^élait  brûlée  et  était  morte  par  neuropfralysie. 


S&O  PARTIE   TUÀJNATOLOtilQUE. 

Obx.  248  et  249.  —  Asphyxh$  par  la  vapeur  de  charbon. 

Obs.  248.  —  Le  cadavre  d*un  homme  de  trente  adt  nous  fut  présaoté  à  Vm- 
topsie,  (rois  jours  après  sa   mort,  la  température  était  —  12*  R.,  amsi  ètait-ï 
encore  frais  et  roide.  La  flgure  était  pâle  et  tachée  de  sang  sec  provenant  da  mIi 
les  yeux  n'étaient  pas  proéminents,  la  pointe  de  la  langue  était  un  peu  entre  Hi 
dents.  Il  n*y  avait  pas  d'hypérémio  dans  le  crâne,  les  poumons  étaient  nomavx 
pour  leur  couleur,  mais  très  œdémateux,  le  cœur  gauche  contenait  une  petite  cuil- 
lerée de  sang  foncé,  très  liquide,  le  cœur   droit  quatre  cuilleréea.    Les  grandi 
vaisseaux  de  la  poitribe  gorgés  ;  la  muqueuse  du  larynx  et  de  la  trachée,  d'une  cou- 
leur rouge  vermillon,  très  injectée,  était  couverte  d'une  couche  mince  d'écume  sao* 
guinolenic,  la  pression  exercée  sur  !c3  poumons  faisait  monter  dans  la  trachée  une 
grande  quantité  de  cette  écume.  Le  foie  hypérémique,  la  muqueuse  de  l'estoDUic 
injectée,  les  plis  tuméAcs  et  d*unc  couleur  rouge  pourpre,  l'intestin  grêle  avait 
la  couleur  rose  que   l'on    voit  dans  les  cas  de  choléra,  les  reins,  la  veine  cave, 
les  veines  du  mésentère  cUiient  très  hypérémiques.  '  V 

Obs.  249  —  Un  teinturier  de  vingt-huit  ans  fut  trouvé  dans  aon  lit  aapbyiié 
par  la  vapeur  de  charbon,  au  mois  de  jan\icr  18**;  quatre  jours  après  h  mort 
(-f-  2°  R.),  raulop»ic  fut  faite,  et  l'on  trouva  tout  à  fait  les  mêmes  symptêmes 
que  dans  le  cas  précédent,  excepté  qu'il  n'y  avait  pas  d'écume  sanguinolente  dans 
la  trachée-artère  qui,  du  reste,  était  également  rouge  vermillon  et  injectée*  quatre 
jours  après  la  mort,  il  y  avait  encore  rigidité,  la  muqueuse  de  restomac  était  pâle 
et  normale,  le  sang  était  plutôt  rouge  cerise  que  rouge  noir. 

Ods.  250  à  253.  —  Quatre  asphyxies  par  la  vapeur  de  charbon, 

Quatre  garçons  bouchers,  ôe  vingt  à  vingt-cinq  ans,  furent  asphyxiés  dans  leur 
lit  BU  mois  de  novembre.  Cinq  jours  après  leur  mort,  on  en  fit  l'auptosie.  Aucun  ne 
présentait  sur  la  figure  une  trace  de  charbon,  non  plus  dans  la  trachée  ;  tous  les 
quatre  avaient  la  langue  ù  sa  place  ordinaire,  tous  les  quatre  avaient  encore  la 
rigidité  cadavérique  et  étaient  tachés  de  fèces. 

Obs.  250.  —  Chez  A...,  la  muqueuse  de  la  trachée,  était  injectée  et  de 
l'écume  épaisse  y  montait  quand  on  exerçait  une  pression  sur  les  poumons  ;  ceux- 
ci  étaient  œdémateux,  non  hypérémiques  ;  les  grands  vaisseaux  remplis  de  sang 
foncé  et  liquide,  les  deux  côtés  du  cœur  ne  contenaient  chacun  qu'une  cuillerée  â 
calé  de  sang  ;  le  foie  normal,  les  reins  hypérémiques.  1/estomac  contenait  des 
pommes  de  terre,  mais  était  normal,  ainsi  que  les  intestins,  la  veine  cave,  très  rem- 
plie, contenait  quelques  caillots.  Dans  la  tète,  très  peu  de  sang. 

Obs.  251.  —  Chez  B...,les  poumons  adhérents  étaient  œdémateux,  la  trachée 
injectée  et  remplie  d'écume,  le  cœur  gauche  contenait  trois  petites  cuillerées  de 
sang  foncé  et  coagulé,  le  cœur  droit  et  l'artère  pulmonaire  étaient  gorgés  I.e  foie, 
les  reins,  la  veine  cave  très  hypf'rémiques.  L'estomac  et  la  cavité  crânienne 
n'avaient  rien  d'anormal. 


ASPHYXIE.  —  OBSERVATIONS.  341 

Cm.  S51.  •»  Ches  C...,  les  pouraons  étaient  comme  dans  le  cas  précédent,  mais 
plus  hypérémiques.  La  trachée-artère  contenait  beaucoup  d'écume  blanchâtre,  le 
ventricule  gauche  contenait  une  cuillerée  et  demie  de  sanj;:  foncé  et  coagulé,  le 
^TMlricale  droit,  l'artère  pulmonaire  et  la  veine  cave  étaient  gorgés  de  sang  coa- 
gulé Le  foie  était  hypérémique  ;  la  rate  et  les  reins  l'étaient  moins  ;  l'estomac  et  la 
catité  crânienne  étaient  normaux. 

Obs.  153.  —  Les  poumons  étaient  très  hypérémiques  :  de  l'écume  blanchâtre  se 
veyait  dans  la  trachée  qui  était  injectée  et  d'une  couleur  rouge  éearlate  Le  cœur 
gauche  très  rempli  d^  sang  foncé,  en  partie  coagulé,  le  cœur  droit  tout  à  fait  gorgé  ; 
l'oreilletCe  droite  surtout  était  excessivement  dilatée.  L'artère  pulmonaire  égale- 
BMot  gorgée  de  sang,  en  partie  coagulé.  Le  foie,  ïgb  reins,  la  veine  cave,  la  pie- 
■ère  ei  les  tibus  étaient  modérément  remplis,  comme  ou  devait  t'y  attendre,  vu 
li  répartition  anormale  du  sang. 

Obs.  254  et  25ri.  —  Asphyxie  de  deux  vpoux  par  la  vapeur  de  charbon. 

Quatre  jours  après  leur  mort,  au  mois  de  novembre  (  —  2^  à  -j-  •^''  H),  les 
cadavres  de  deux  époux  nous  furent  présentés  à  l'autopsie  ;  ils  avaient  mis  un 
fMmaaii  de  charbon  sur  la  table  pour  se  réchauffer  dans  leur  chambre  ;  on  les 
tfstfv»  niiNis  le  lendemain,  le  mari  était  âgé  de  soixante  ans  et  la  femme  de  cin- 
^■te-«ix  ans.  Le  mari  était  dans  son  lit,  la  femme  assise  près  de  la  table  sur 
laquette  sa  trouvaient  les  charbons.  Il  fut  curieux  de  voir  les  différences  dans 
Il  iNiIrélaelion  ches  ces  deux  sujets,  dont  la  mort  avait  eu  lieu  dans  les  mêmes 
conditions,  qui  avaient  &  peu  près  le  même  âge,  c'est  une  nouvelle  preuve  de  Tin^ 
inence  des  circonstances  individuelles  dans  la  marche  de  la  putréfaction  (page  27). 
La  peau  de  l'abdomen  du  mari  était  déjà  verte,  la  trachée-artère  d'un  rouge  brun, 
tandia  que  le  cadavre  de  la  femme  était  frais.  La  chaleur  du  Ht  qui  n*a  dû  agir  que 
^•elquea  heures  sur  le  corps  du  mari,  ne  peut  expliquer  la  grande  différence  qui 
•siate  entre  ces  deux  degrés  de  putréfaction.    Les  yeux  des  deux  cadavres  étaient 
AHtnés,  les  traits  respiraient  la  sérénité,  la  langue  du  mari  était  à  sa  place  ordinaire, 
la  eavité  crânienne  anémique,  la  (rachée  et  le  larynx  étaient  vides  ;  les  poumons 
■ermaux,  modérément  remplis  de  sang  et  œdémateux.  Le  cœur  contenait,  dans  ses 
^natre  cavités,  peu  de  sang  liquide,  les  grands  vaisseaux  ne  contenaient  également 
qœ  peo  de  sang  en  partie  liquide,  en  partie  coagulé,  les  globules  de  sang  (dans  les 
deux  cadavres)  étaient  normaux;  le  foie,  la  rate  et  les  reins  étaient   anémiques, 
l'estomac  vide  et  normal,  ainsi  que  les  autres  viscères  des  intestins;  la  veme  cave 
contenait  peu  de  sang.  Ces  résultats  négatifs  étaient  certainement  assez  extraordi- 
naire*. 

La  femme  présentait  des  résultats  plus  positifs.  Elle  avait  également  sa  langue  à 
la  place  ordinaire,  le  cerveau  et  les  sinus  étaient  également  a>  émiques,  la  trachée 
pâle,  non  injectée  et  vide,  mais  un  liquide  aqueux  y  montait  quand  on  exerçait 
une  pression  sur  les  poumons,  les  deux  poumons  étaient  anémiques,  le  cœur  droit 
gorgé  de  sang  foncé,  épais  et  à  moitié  coagulé,  le  cœur  gauche  n*en  contenait 
qo'ane  cuillerée  â  caré,  les  grands  vaisseaux  de  la  poitrine  étaient  re  i.plis.  La  veine 
cave,  comme  tous  les  organes  de  l'abdomen,  contenait  peu  de  sang. 


3A2  VXV,T\\u  TUAt\ATOLOGlQU&. 

Obs.  256.  —  Asphyxie  par  la  vapeur  de  charbon. 

Une  femme  de  vin^t-quatre  ans  fut  asphyxiée  lentement,  elle  avait  été  trouvée 
eneore  vivante,  mais  sans  connaissance,  on  Pavait  saignée  et  tramportée  i  HiépiUI, 
mais  elle  y  mounit  en  arrivant. 

La  rigidité  cadavérique  était  encore  complète  trois  jours  apréi  la  nort.  La  potré* 
faction  avait  fait,  dans  ce  cas,  des  progrès  rapides,  ear  Tabdomao  était  déjà  fert 
(lampéralure  —  i*  à  -|-  3*  R.)-  La  langue  était  à  ta  plaça  ordinairv,  la  earvaai 
noo  hypérémique,  la  trachée- artère  injectée,  mais  ayant  déjà  la  eoulaur  brna  eW- 
eolat  de  la  putréfaction.  Elle  ne  contenait  que  peu  de  liquida  sanfwaolaat,  qii 
s'augmentait  quand  on  pressait  sur  les  poumons,  cea  derniers  étaiant  pèlaa,  tavliB 
las  cavités  du  cœur,  surtout  le  ventricule  droit  et  les  eoronairea«étaiaat  farféaaéi 
sang  foncé  et  très  coagulé.  Le  foie,  la  rate  et  les  reina  contenaient  peadt  aaaf,i 
y  avait  des  flbroïdes  à  la  matrice,  des  fèces  et  de  l'urine  sur  la  chemisa. 

Ods.  257  et  258.  —  Asphywies  pmr  la  fmnêêm 

Deui  femmes  aliénées  habitant  une  maison  de  santé  depuis  dix-liuît  an«  Mlféai, 
Tune  de  cinquante,  Tautre  de  trenta**daiii  ans.  Autant  trouvéaa  oiortan  4ap»lnril^ 
au  mois  de  janvier.  La  garda-malada  avait  fait  du  feu  dans  la  poêla  la  malin  à  aiaf 
heures,  tandis  que  toutes  les  deux  étaient  encore  andormiet  at  alla  avait  «nWJé 
d'ouvrir  la  clef  du  poule.  £Ue  revint  après  deux  heiiras»  trouva  iMln  la  ohamkin 
remplie  d'une  fumée  épaisse,  le  feu  éteint  #t  las  lemma»  mortaa. 

Trois  jours  après,  quoique  la  fenêtre  fût  rastéa  tonionra  ouvwrtat  1«  aliamlira  aaail 
encore  l'odeur  de  fumée.  Le*  deux  aadavres  présantaiani  awatjwifpt  )aa  wéases 
symptômes,  ils  étaient  encore,  après  trois  jours,  tout,  i  Ait  fraia  (—4*  R.)  al 
rigides.  Les  deux  trachées  étaient  injectées  en  rouge  varmillon,  rempliaa  d'éanaM 
épaisse,  le  larynx  et  un  peu  les  trachées  étaient  couverts  de  poussière  da  aharto, 
les  poumons  étaient  très  œdi^mateux,  leurs  colorations  étaiant  normales  ai  lia 
étaient  peu  riches  de  sang.  Le  cœur  et  les  deux  artères  pulmonaires  étaient  vidas, 
le  foie  rempli  de  sang  foncé  et  liquide  ;  les  estomaci  normaux.  La  rata,  les  raina  a( 
la  veine  cave  très  hypérémiqurs. 

Obs.  259  et  260.  —  Asphyxie  par  la  fumée. 

Au  mois  de  mai  (-|-  16"  H.),  nous  dmcs  l'autopsie  de  deux  frères,  âgés  de  dix  et 
six  ans  qui  avaient  été  asphyxiés  dans  la  fumée,  trois  jours  auparavant.  Les 
résultats  de  l'autopsie  étaient  tout  à  fait  identiques,  le»  cadavres  frais  et  encore 
roides,  étaient  culorés  en  vert,  seulement  sur  le  ventre  ;  la  figure  et  le  cou  de  cba» 
cun  étaient  légèrement  noircis,  les  narines,  la  langue,  le  palais  de  Tarrière-bouche 
également.  Les  papilles  de  la  langue  des  deux  garçons  étaient  très  développés.  Laa 
veines  de  la  pie- mère  injectées,  le  cerveau  normal,  les  sinus  peu  remplis,  la  trachée 
remplie  d'écume  noirâtre,  et  la  muqueuse  partout  injectée,  les  poumons  peu  rem- 
plis (Je  lang  et  œdémateux,  présentaient  chez  le  garçon  atné  plusieurs  ecrhvmoses 


>uf-pleural^s,  chez  1^  cadet  deux  ou  ^-pis  de  ces  eccl^iamfes  et  plus  peliUi.  le 
wf  det  <|eiix  çi|davres  #Uit  assez  rouge  et  liquida*  Leg  à9ï^\  Ci^urs  étaient  (Uaniies 
l  contenaient  très  peu  de  sang,  ainsi  que  les  artèrfis  pnlmppaires.  Les  deu9  (dso- 
l|9fes  étaient  eooverls  d'une  couche  de  charbon,  les  eslpmacg  vides  et  nornuM^  ; 
t  fâie  et  la  rate  contenaient  peu  de  sang,  mais  les  reins  heaueoup,  la  veine  cev# 
l  \n  veines  du  fiié^eotère  asaet  remplies. 

OlM.  tei.Rrisjiàyâsie  da»$  V acide  carbomiquô'ei  Vêcide  m^fkyéhque. 

tts  liMODiafs  forent  asphyxiée  par  les  émanations  de  gu  délétère.  Six  restè- 
MliBorta  si|r-le-ebamp  et  quatre  furent  sauvés  après  une  maladie  plus  ou  BMiBi 
ffV».  L'aecident  eut  lien  dans  une  tannerie  ;  une  grande  cuve  destinée  au  ma- 
ifif^  dea  peaux  avait  été  fixée  dans  un  trou,  elle  était  vide  ;  elle  ftit  soulevée  de 
fif  |i9r  une  eeusfi  inconnue  ;  comme  l'on  croyait  que  c'était  dû  à  un  eenrant  d'eau» 
I  ferga  la  çvve  par  le  fond  ;  l'ouverture  avait  un  diamètre  de  9  centioiètrea, 
ipn^diatement  un*  eau  înCsete  pénétre  dans  la  cuve.  Un  des  tanneurs  descendu 
mr  pomper  Te^ii»  au  bout  de  dix  minutes  il  t'affbissa  et  mourut.  Un  aeceod 
iiIlKil  !•  sauver  mourut  sur-le-cbamp,  dès  qu'il  arriva  au  fond.  De  même  un  troi- 
!■••  Alorv  le  mettre,  un  jeune  homme  robuste,  descendit  également  et  tomba  tout 
Irrite  car  lestroif  eadevres,  et^prèsétre  resté  pendant  plusieurs  heures  asphyxié 
4|4  feayé*  l^nif  aix^  autres  (nivrieia  eurent  le  courage  de  ftoMendre  l'un  apsèi 
iplro,  ot  tpiif  lombèrent  firappés  dn  même  mal,  enflui  apréf  la  dixième  v|ctimo, 
I  ^  d^eidn  è  retirer  les  corpi  avec  des  cordes.  Tons,  sana  exception,  étaient 
H  conn* ■#«•■«•«  Ai  let  témoins  racontaient  qu'ils  étaient  couchée  dans  la  cuve 
fi  9«r  Tf  ntri  f  cqmuM  des  kiarengs  ^ . 

1%  lendemain  je  vis  le«  six  c^davren.  Tous  evjifent  loi  traite  calmée,  les  yeux 
paéf,  non  proéminent^,  1«  langue  k  M  place  ordinaire.  Tons,  gq  mnis  d'ectobre 
-  Ç|  I  -ir  i^<»  R.}«  avaient  une  rigidité  complète  nprèe  ^ente  heufes.  Tous  evaient 
I  lMri4|téf  cndavériques  très  grandes,  deux  avaient  ^ne  polecatiqn  jaUM  vert  de 
llyvro,  phénomène  très  singulier.  Le  cas  ne  dpnne  pes  reccasien  de  faire  des 
flpeies  légales,  et  ce  n'est  qu'avec  grand'peine  que  neuf  pûmes  obtenir  de  la 
pille  d'un  de  cea  melheureux  le  permission  d'en  feifn  l'autopaie. 
[TéUit  nu  ouvrier  de  trente  ans ,  il  était  descendu  le  lecond  dans  la  cuve  ; 
itbpeie  fut  fof^  trenie-|iuit  heures  aprèa  la  mort,  la  rigidité  n'existait  plus 
•IKI  membres  inférieurs,  il  y  avait  çè  et  là  des  taches  de  putréfectipn  verte  au 
HTf  nMlfré  le  temps  froid  et  humide  et  le  décubitua  dn  cadavre  nu  sur  un 

aéré.  Le  cerveau  était  ferme,  fi  y  avait  anémie  prononcée  des  veines  ot 
taalo  complet^  de  tous  les  siniis  ;  la  «ubstaoce  corticale  d»  cervean  et  du  conrelo^ 
Mt  IM>*  ^ffl^V  FÎ9  Mie  9^ez  singulière,  qui  ne  pouvait  étrp  miie  9m  le  complo 
lu  i^tréfoction  coinmeQ^nle,  puisque  le  ceneau  f)ans  f)(H  circonv^inpoe  leasble; 
s  n'est  pea  saisi  si  yitf;  p^r  la  pf}lréfoction*  Les  venirjçnMi  du  cervea»  élaieot 
es,  les  plexus  livides.  Les  poumons  remplissaient,  comme  chez  les  noyés,  tonte 
jBeiilé  thpracif fie,  ilf  étaient  ffiès  hyrérépaiqnçs,  i|B|j#  avajentlenr  tou  H»- 
f  >Wf  4f  W  |N)|i|HPP8  avaji  unp  couleur  tfM  rpinarquablf ,  il  étiil  comme  dg 


SA&  PARTIE   THANATOLOGIQUl!:. 

Vencre  ;  les  taches  que  faisait  ce  sang  sur  le  bois  avaient  tout  à  fiiit  Taspect  di 
ttehes  d*encre.  Il  y  avait  un  peu  d'œdème.  La  surface  des  poumons  était  HMfi 
bleu  foncé  avec  des  taches  louge  vermillon.  Ce  sang,  examiné  sous  le  mierot 
cope,  montra  une  destruction  complète  des  globules  dont  on  ne  put  rûconmêltr 
que  quelques-uM.  L'art6re  pulmonaire  était  tr^s  remplie  de  sang  moins  noir,  aioi 
que  la  veine  cave.  Le  cœur  était  affaissé  ,  les  coronaires  vides,  le  ventrieul 
gauche  tout  à  fait  vide,  le  ventricule  droit  ne  contenait  que  quelques  goutici  d 
sang.  Le  larynx  et  la  trai'hée  étaient  vides ,  il  n'y  avait  pas  de  trace  d'écnme,  I 
muqueuse  avait  une  couleur  rouge  brun,  non  pas  la  couleur  sale  de  la  putrJ 
ikction  ordinaire  ;  cepeu'lant  la  décomposition  qui  se  fait  si  tôt  dans  cet  orgid 
avait  dû  certainement  participer  à  la  production  do  cette  coloration.  La  conle« 
foncée  du  sang  avait  dû  aussi  y  avoir  sa  part.  L'estomac  était  vide,  toute  sa  m 
queuse  sans  interruption  était  couleur  lie  de  vin,  cette  coloration  également  n'éla 
pas  un  phénomène  cadavérique ,  car  la  couleur  de  putréfaction  de  la  mnqoeni 
stomacale  est  plutôt  rouge  livide.  Le  foie  était  hypérémique,  la  rate  et  les  nm 
Tétaient  moins;  les  intestms  et  la  vessie  normaux.  Notons  encore  qne  les  cavili 
pectorales  et  abdominales  offraient  une  sensation  de  chaleur  sensible. 

Il  est  très  difficile  de  dire  avec  certitude  quel  était  le  gaz  qui  avait  prodaît 

mort  de  ces  six  hommes,  un  examen  direct  en  recouvrant  la  cave  était  la 

possible   et  dangereux  ;  les  ouvriers   ont   beaucoup  parlé  de  Todeur  aulfurea 

montante.  Il  est  donc  probable  qu'elle  contenait  de  l'acide  suiniydriqoe.  Maia 

crois  que  ce  n'est  pas  ce  gas  seul  qui  a  produit  la  mort  ;  il  est  vrai  qu'il  tue  vH 

mais  il  n'est  pas  plus  lourd  que  l'air  atmosphérique  ;  le  premier  ouvrier  puisa  * 

l'eau  pendant  dix  minutes  lorsque  tout  à  coup  il  tomba  mort,  il  fiint  qu'i  par 

de  ce  moment  un  autre  gaz  soit  sorti  du  trou,  car  les  autres  hommes  qui  desre 

dirent  dans  la  cuve  moururent  tout  de  suite.  Il  est  donc  probable  que  ce  g 

plus  lourd  que  l'air  était  de  l'acide  carbonique.  Néanmoins  on  ne  peut  douter  q 

l'acide  sulfhydrique  y  ait  participé.  La  couleur  noire  du  sang  en  est  l'indice  et  il 

contre- épreuves  l'ont  confirmé.  J'ai  fait  passer  à  travers  le  sang  normal  d' 

cadavre  frais  un  courant  d'acide  sulfhydrique  et  le  sang  eut  bientét  une  couk 

noirâtre  d'encre.   L'aeide  carbonique  que  nous  fîmes  également  passer  dans 

sang  le  salit,  mais  ne  le  noircit  pas.  Nous  avons  donc  les  probabilités  pour  un  ■ 

lange  d'acide  carbonique  et  d'acide  sulfliydrique.  Ce  que  l'on  appelle  Pair  « 

cloaques  est  un  mélange  d'azote,  d'acide  carbonique  et  d'acide  sulfhydrique.  Ri 

ne  prouve  qu  il  y  ait  eu  dans  le  gaz  en  question  de  l'azote,  mais  on  peut  soapçc 

ner  qu'il  y  avait  de  l'oxyde  de  carbone  qui  accompagne  souvent  l'acide  carboniq 

dans  les  conditions  telles  que  les  présentes.  Si  l'on  considère  que  les  gaz  mort 

que  Ton  connaît,  l'air  des  cloaques,  le  gaz  des  fossés,  des  lieux  d'aisances,  etc.« 

sont  pas  des  gaz  simples,  mais  des  mélanges,  on  peut  admettre  que  le  gai 

question  qui  s'était  développé  sous  la  terre  était  un  mélange  de  gaz  parmi  leiqs 

l'acide  carbonique  et  l'acide  sulfliydrique  étaient  présents  (1). 

M)  L'analyse  du  liquide  conttnu  dans  la  euTe  fut  faite  plus  tard  par  ledoctew  Sobm 
thfin,  «Ua  eonfirma  dos  prcvinons.  H  admit  que  la  mort  avait  on  très  probaUemeat  lien 


ASPBTZIB.  — ^  OBSERVATIONS.  345 

Ois.  262.  *—  Asphyxié  par  VhjidrogèfM  carboné  et  V oxyde  de  carbone 

(  gaz  d'éclairage  ). 

Dtnt  les  fabriques  d'huile  on  soumet  la  colophane  et  le  plâtre  à  une  distillation 
léehe  qui  produit  une  huile  grasse  qui  oit  employée  dans  Tindustrie,  en  même 
temps  il  se  déireloppe  un  gaz  analogue  au  gaz  d*éclair<ige  (  gaz  de  résine  )  qui  se 
compose  d*bydrogéne  carboné  mêlé  à  de  Toxyde  de  carbone  et  du  gaz  de  benzine. 
La  sanedi  la  distillation  est  interrompue,  et  le  dimanche  le  chaudron  refroidi  est 
■ettoyé.  C'était  l'occupation  de  l'ouvrier  N.,.«  âgé  de  trente  ans,  qui  le  samedi 
iO  janvier,  probablement  pour  se  chaufler  et  se  reposer  était  entré  dans  ce  chau- 
dron. Un  de  ses  camarades  vint  se  coucher  à  cdté  de  lui,  tous  les  deux  perdirent 
Menldl  connaissance,  mais  ce  dernier  tai  retiré  et  sauvé,  tandis  que  M...  resta  et 
fet  asphyxié. 

Six  jours  après  nous  ftmes  Tautopsie.  Le  cadavre  était  noirci  par  du  charbon  et 
avait  les  cuisses  brûlées  à  quelques  endroits.  La  putréfaction  ne  faisait  que  conw 
■MBcer  et  il  y  avait  encore  rigidité  cadavérique,  les  traits  étaient  calmes  analogues 
a  eesz  d'un  homme  endormi,  il  était  en  effet  probable  que  le  décédé  était  mort  en 
dormant.  Dans  l'urèthre  il  y  avait  des  spermatozoaires.  Il  y  avait  peu  de  sang  dans 
la  cavité  crânienne  ;  le  cerveau  était  dur.  Les  poumons  normaux  et  remplis  de 
Mif  rouge  clair  et  liquide.  La  trachée  ne  contenait  pas  d'écume,  elle  était  in- 
jaetée  fortement  i  sa  hiAvcation.  Les  grands  vaisseaux,  les  artères  coronaires  et 
le  eceur  lui-méoM  n'étaient  pas  bypérémiques  ainsi  que  Ib  foie,  la  rate  et  les  reins, 
tandis  que  la  veine  cave  était  gorgée  de  sang.  L'estomac  était  rempli  de  pommes 
de  terre,  sa  aniqueuse  normale.  Les  veines  des  intestins  bypérémiques. 

OiS.  263.  —  Asphyxie  par  cause  interne. 

On  canotier  de  quarante  ans  tomba  mort  tout  h  coup,  d'après  la  déclaration  de 
ton  compagnon  qui  était  seul  avec  lui  dans  son  canot.  Cela  parut  suspect  et  l'au- 
lopaie  fut  ordonnée. 

lloaa  trouvâmes  les  signes  de  l'asphyxie  très  prononcée  :  les  poumons  très  rem- 
plis de  sang,  ainsi  que  le  cœur,  les  veines  coronaires  ;  le  sang  était  foncé  et  li- 
quide ;  la  trachée  contenait  de  l'écume  rose ,  les  veines  du  cerveau  et  les  sinus 
étaient  modérément  remplis.  Comme  le  cadavre  ne  présentait  aucune  trace  de 
lésion,  il  fallait  admettre  une  asphyxie  par  cause  interne. 

Nous  avons  cité  ce  cas  parce  que  nous  savons  par  expérience  combien  il  arrive 
de  ces  cas  qui,  parce  qu'ils  sont  si  iioiples,  embarrassent  souvent  les  médecins  au 
détriment  de  Taflbire  ;  la  réponse  telle  que  nous  l'avons  faite  est  la  plus  convenable, 
fsaa  avoir  besoin  d'expliquer  les  causes  plus  ou  moins  probables  de  la  mort. 


Vdhidw  acidM  lolllijrdriqae  et  carbonique.  Le  liquide  eontcnait  43  pour  tOO  d*actdo  talfli)- 
Jriqntet  12  pour  tOO  d'tclde  carboaique.  Voy.  Mûllsr  et  Ziareek,  Ardtiv,  iêuticker  Mèdic. 
^^m^^  IftM.  D«  8  et  9. 


949  PAHTW  rM(MIATOI.Q«i«iii, 

CHAPITRE  V. 

rp«n4iso9>  sTiunaPUTioN. 

Qpnil  la  pep()f)uon  l«  mort  »  lieu  par  mile  de  la  |ira8aian  aitKéi 
sur  le  cou  par  le  poids  da  eorps  au  moyen  d'un  objet  strtBgulatefnï 
entourant  plus  ou  moins  le  çon.  Dans  la  strangulatjpn  (i),  )%  inorti 
Im  «oit  par  suite  d'un^  pression  (orto  ou  continua,  aiarete  au  la 
cou  avec  les  doigts  sur  les  parties  latérales  ou  rarement  aor  les 
parties  antéro-postérieures,  soit  par  suite  ^^ûm  pression  circDlsirç 
exercée  sur  le  çoo  aq  moyen  d'uQ  ol^^t  ltnmglll«(oif9  qpftom4Mt 

Par  eas  deux  procédés,  il  y  |i  une  pression  sur  les  gfands  ? aiaaaau 
qui  arrête  le  flux  et  le  reflux  du  sang,  sur  des  nerft  très  |mpoiiaat| 
sur  Tos  hyoïde,  sur  le  laryni^i  sur  la  traçbéo,  il  y  ii  sQyvfmt  mhhî  vm 
comipotioA  de  \%  moplle  épinièro.  Prdinairemanl  la  eaoao  pkfsiaitq 
gique  de  la  mort  est  la  même,  on  trouve  pourtant  i  Pantopsie  des 
différences  dans  les  phénomènes  de  réaç|ion|  9e)9i|*qnf)  l'py  ^p  ç^ 
désordres  sus-nommés  a  prévalu  sur  les  autres.  La  mort  par  strangu- 
lation ou  par  pendaison  a  lieu  par  suite  d'un  arrêt  subit  de  la  circa- 
latiop,  arr^t  qui  p^ut  prpdiiire  les  quatre  sortes  d'asaifleats  aiiifants  : 

Ou  une  hypérémie  cérébrale  (apoplexie  cérét>rale), 

Ou  une  hypérémie  des  organes  thor^ciques  dans  ses  différentes 
formes  (voy.  le  chapitre  préçé4eQt),  c'pst  cp  que  l'on  uppplle  Tas? 
pbyxie  proprement  dite, 

Ou  en  même  temps  une  hypérémie  cérébrale  et  thoracique  (apo- 
plexie cérébrale  et  asphyxie  proprerpepl  dite), 

(0  Nous  devons  ici  menMonner  une  difficolU  de  traduction  :  0p  aUenifi^  |çi  tf^ 
erwuergen  s'emploie  pour  exprimer  la  cqnstriction  très  forta  pu  eoaliqiMi  4vppmii 
moyen  des  doigts,  soit  qu'elle  agisse  latéralement,  soit  dans  des  cas  plut  rares 
d'avant  en  arrière  ;  le  mot  prdroitein  exprima  la  aoippreiHoa  çk^ukUrê  du  aM 
ai»  mpym  4*U0  iiiatrumeiit  qwBloon^ua. 

En  français  nous  n'avons  qu'un  seul  et  n^ème  mot  pour  cet  dam  ^aarM  4e  OMrf , 
c'ept  le  mot  sfran/^uloffoit 


PENDAISON  y    «TIUh'aVUTI(M-  ^  PUtiNOSTlG.  M^7 

Ou  enfio  une  oouropiu'alyûe,  oa  qui  eil  b««ttcoap  plus  fréquoitt 
qu'on  Qe  le  (sroit  ordinsirement  ;  on  en  trouve  néaomoinii  qaetqain 
obserfations  dans  les  autanrs  (Orflla,  PevergiOi  Eggert,  Krombboli, 
Remer  et  autres).  La  cause  de  ce  dernier  genrf»  de  mort  t  éii  dévo* 
loppée  en  parlant  de  Tasphyxie  en  général. 

Outre  que  les  phénomènes  de  la  mort  par  strangulation  ne  MHii 
pas  toujours  présents  sur  les  cadavres,  il  y  a  encore  d'autrei  cir« 
conatances  qui  rendent  la  ^uipstatation  de  ce  genre  de  mort  très 
difficile  pour  le  médecin-légiste,  Ainsi,  je  n'hésite  pas  é  déclara  qiHli 
cmiiris  paribuif  la  mort  par  strapgulation  est  plus  difficile  i  déter^ 
miner  que  la  mqrt  par  submersion.  Hais  ponr  ce  qui  çoncernfi  1| 
fauta  d*na  tiers,  la  snbroersion  est  beancoup  plus  difficile. 

I«a  statistique  démontre  que  les  meurtres  ne  sont  presque  îmm 
commis  par  pendaison,  rarement  par  strangulation  produite  par  nn 
corps  circulatoire,  plus  souvent  par  la  strfogulation  provenant  de  lu 
pression  des  doigts  ;  comparé  %u%  homicides  par  blessnres,  Tbomi- 
cidn  par  étranglement  est  encore  assex  rare.  Ainai,  en  sens  inversfi 
Il  stranfulation  produite  pi|r  la  pression  des  doigts  n'annonce  ]iiniMi 
1»  suicide,  la  strangulation  produite  par  un  lien  circnliira,  très 
rartmnntf  la  pendaison  an  contraire  presque  toujours, 

S  a.  llHigvoflif • 

Nous  distinguons,  dans  Tétude  du  diagnostic  :  1*  les  phénomènes 
Igénâ^ux  extérieurs  ;  2*  les  phénomènes  locaux  au  cou  ;  S*"  les  phé- 
nomènes que  Ton  trouve  à  l'intérieur. 

t*  ratNOIIÉlllS  OÉMftiAUX   BXTÉftlIDM. 

a.  On  voit  souvent^  dans  )ei  enteurs,  décrire  la  figure  violetlOi 
bleu  rouge,  tuméfiée  des  strangulés  et  des  pendus.  Rien  n'est 
plus  faux  que  de  croire  que  tout  pendu  ou  étranglé  doifo  présenter 
ce  phénomène.  Déjà  Haller  a  Tait  connaître  des  observations  de 
pendus  qui  avaient  une  figure  pile  et  des  traits  aflfaissés,  beaucoup 
4*aulres  observations  de  cette  espèce  ont  été  faites  depuis  et  non 


3A8  PARTIE  THAIfATQLOGlQUE. 

pouvons,  quant  ft  nous,  dire  d'après  notre  longue  expérienee,  que  It 
plupart  des  strangulés  présentent  une  figure  semblable  à  celle  des 
autres  cadavres  et  non  pas  une  figure  bleu  rouge  et  tnméfiée.  Je 
suppose  toujours  qu'il  est  question  de  cadavres  qui  ne  sont  pas  encore 
altérés  par  la  putréfaction.  Les  divers  procédés  de  pendaison  et  de 
strangulation  ne  présentent  pas  de  différences  sous  ce  rapport;  quand 
il  en  existe,  elles  sont  dues  à  Tindividualité  du  sujet. 

Quelquefois,  il  est  vrai,  des  hommes  très  robustes  offrent,  après  h 
mort  strangulatoire^  la  tète  turgescente,  une  coloration  bleu  rouge 
des  oreilles  (qui  ont  encore  plus  souvent  une  teinte  cyanosée  même 
quand  la  figure  est  pâle),  le  vidage  violet,  les  lèvres  tuméfiées.  Mais 
il  est  important  en  pratique  de  bien  savoir  que  Tabsencd  de  la  turges- 
cence de  la  tète  ne  peut  pas  faire  conclure  qu'il  n'y  a  pas  en  mort 
strangulatoire.  Car,  je  le  répète,  la  plupart  des  slrangulés  ont  la 
figure  pftie  comme  tous  les  autres  cadavres. 

b.  Il  en  est  de  même  pour  la  proéminence  des  yeux^  elle  se  voit 
rarement  et  seulement  lorsque  la  figure  est  très  turgescente.  Il  arrive 
plus  souvent  que  l'on  rencontre  des  ecchymoses  sur  la  sclérolique. 

c.  Proéminence  de  la  langue  avec  étranglement  entre  les  dents 
ou  les  maxillaires.  J'ai  déjà  signalé  plus  haut  combien  ce  symptôme 
est  inconstant,  il  ne  se  présente  que  chez  la  moitié  des  strangulés, 
qu'ils  soient  morts  d'apoplexie  cérébrale,  d'apoplexie  pulmonaire  ou 
de  neuroparalysie.  Belloc,  Fodéré  et  Orfila,  d'après  la  position  de 
la  langue  dans  la  bouche  ou  hors  de  la  bouche,  prétendent  recon- 
naître quelle  a  été  la  disposition  de  Tobjet  slrangulant  et  prétendent 
que  In  langue  reste  dans  sa  position  ordinaire,  si  l'instrument  stran- 
gulant  a  été  situé  au-dessus  de  Tos  hyoïde,  que  la  langue  est  entre?^ 
les  dents  si  cet  instrument  a  été  situé  au-dessous  du  larynx.  Fleisch- 
mann  dit  que  la  position  de  la  langue  varie  selon  que  la  mort  a  eu  lieu 
pendant  l'expiration  ou  pendant  l'inspiration.  C'est  avec  raison  que 
H.  Devergie  s'élève  contre  ces  deux  théories,  sous  ce  rapport,  nos 
observations  sont  en  harmonie  avec  les  siennes.  Nous  avons  déjà 
prouvé  par  nos  observations  de  toutes  sortes  que  dans  tous  les  genres 
de  mort,  par  submersion,  par  hémorrhagie,  par  empoisonnement,  U 


PENDAISON,  STRANGULATION* — ÉRECTION.        3A9 

langue  esi  tantôt  derrière  les  dents,  tantôt  entre  les  dents,  sans  que 
Ton  puisse  en  savoir  le  motif.  Pour  nous,  il  nous  suflit  de  savoir  que 
le  fait  est  sans  conséquence. 

d.  Turgescence  des  organes  génitaux  mâles  et  même  (d'après 
Remer)  femelles^  c'est-à-dire  chez  l'homme  érection  avec  sortie  de 
sperme  ou  de  liqueur  prostatique,  chez  des  femmes  érection  avec  hu*» 
midité  du  vagin.  Plus  j'ai  observé  les  strangulés,  plus  je  me  suis  con* 
vaincu  que  cette  thèse  qui  a  envahi  la  médecine  légale  et  qui  a  été 
copiée  d'un  livre  dans  un  autre,  était  contraire  a  l'expérience. 

Guyon  (1),  médecin  de  la  marine  française,  raconte  que  quatorze 
nègres,  pendus  en  même  temps,  ont  eu  tous,  au  moment  de  leur  mort, 
une  érection  qui,  chez  neuf  d'entre  eux,  persista  encore  pendant  une 
heure  après  la  mort.  Il  s'agirait  d'abord  de  savoir  dans  quel  état  ces 
cadavres  se  sont  trouvés  plus  tard,  en  combien  de  temps  la  turges^ 
cence  a  disparu  chez  les  cinq  autres,  puis  une  érection  réelle  qui  a 
eu  lieu  au  moment  de  la  mort,  peut-elle  disparaître  avant  la  putré* 
fiction,  quand  lereQux  du  sang  est  arrêté? 

Nous  nous  passerions  des  objections  théoriques,  si  l'expérience 
pemneltait  de  constater  les  faits,  mais  c'est  ce  qui  n'a  pas  lieu.  J'ai 
pu  obsen'er  un  très  grand  nombre  de  pendus,  dont  la  plupart 
s'étaient  suicidés,  ainsi  étaient  bien  vivants  au  moment  de  la  pen* 
daison,  j'ai  toujours  examiné  avec  soin  l'état  des  parties  génitales  et 
je  n'ai  jamais  vu  une  érection;  quelquefois,  mais  très  rarement» 
îl  semble  qu'il  y  avait  une  espèce  de  turgescence,  une  demi-érection, 
mais  c*e8t  là  un  fait  trop  rare  et  trop  peu  prononcé  pour  qu'il  mérite 
la  peine  d'être  noté. 

On  pourrait  croire  qu'il  y  a  toujours  érection  si  l'on  trouvait  tou- 
jours  éjaculation  de  sperme^  mais  cela  n'arrive  pas»  Il  est  étonnant 
qu'un  savant  comme  M.  Devergie  qualifie  les  taches  de  sperme  sur 
le  linge  des  pendus  comme  <  très  fréquentes  »,  quoiqu'il  avoue 
n'avoir  jamais  vu,  lui  non  plus,  ni  une  érection  ni  une  demi-érection 
sur  le  cadavre.  On  ne  sait  pas  si  ces  taches  observées  par  N.  Devergie 

{\)  Bévue  mtdicale ,  1823. 


S50  ^AnTlB  tttAXATOLOGIQUC. 

étaient  fraîches;  était-ce  lAtn  du  aperme^  les  a  t  on  examinées  atfc 
le  microacope?  Nona  atons  souvent  trouvé  au  méat  de  l'nrèthre  dv 
fluide  visqueux,  mais  qui  ne  contenait  que  très  rarement  des  spc^ 
ttatoiôairea  ;  noua  tes  ayons  trouvés  :  chei  un  ouvrier  de  cinqiiantfr 
huit  ans  ;  cbes  un  homme  de  quarante  ans  qui  s'était  pendu  avec  ni 
ttdsud-coulanti  lequel  avait  Tait  une  marque  strangulatoire  sur  lool 
la  ciit^onféfence  dit  coii  ;  ehet  un  ouvrier  de  vingt- neuf  ans  qui  8*élli 
également  penda  avee  un  nœud-coulant  ;  dana  quelquea  autrM  tt 
encore  ttmta  trèa  rares. 

Une  autre  circonstancei  aur  laquelle  je  n*ai  dirigé  mon  ailentioi 
que  depnia  quelques  années,  diminue  beaucoup  la  valeur  diagnoi 
tique  de  la  présence  du  sperme.  En  ftiisant  des  expériences  sur  1 
contenu  de  Turèthre,  j*ai  trouvé  des  spermaloxoaires  ehes  di 
hommes  mort)  subitement,  tués  par  armes  i  feu,  asphyxiés  dai 
dea  gai  irreapirablea  (obs^  262),  empoisonnés  par  Tacide  prai 
alqtte  (obs.  20A),  chet  un  noyé  de  vingt-neuf  ans.  On  ne  peut  pi 
admettre  que  tous  ces  hommes  aient  exercé  le  coït  tin  instant  aval 
la  mort! 

Quant  aux  partiea  génitales  des  femmes,  que  d*erreurs  ne  penl-o 
)[>as  commettre  dans  cette  question  !  Quelle  valeur  peut  avoir  la  pré 
«ence  d*huroidité  dans  le  vagin  ! 

Ainsi,  dans  aucun  cas,  l'état  des  organes  génitaux,  dans  les  dei 
ièkes,  ne  peut  atoir  une  Taleur  quelconque  dans  le  diagnostic  de  ! 
mert  par  pendaison  ou  par  strangulation. 

a.  Sortie  de  ficeê  et  d'urine  au  moment  de  la  mort.  Très  aoi 
vent  on  voit  le  linge  et  les  habits  salis  de  rèces  ou  d*urine  chez  li 
stratigulés,  même  dans  des  cas  oA  Ton  ne  peut  expliquer  cet  écoulemei 
par  le  transport  de  cadavre  et  par  la  position  béante  du  sphincta 
Mais  c'est  encore  un  signe  sans  valeur  dans  le  diagnostic,  car  i 
phénomène  )se  présente  dans  tous  les  genres  de  mort,  surtout  pot 
les  morts  subites  même  non  violentes.  Cela  s'explique  physiologiqiM 
imsnt  pst  Tarrèt  de  la  circulation  précipitant  les  mouvements  péri! 
tal tiques  des  intestins. 


FBUDAISOM,   STRÀMè^liÀttOll.   —  MLLOU   StHANGULÀTOlRE.      S5l 

1*  NÉmaAni  tiocAini  tliR  li  c«lr.  uLtéM  stluMoLAtoiftt. 

Les  réastioDS  sur  le  cou  donneroni  dans  tous  les  cas  de  strattga- 
klÎMi  des  résaltats  importants  ;  sous  ce  rapport,  les  tégumetits  mousi 
les  os,  les  cartilagesi  les  faisseaui  ont  été  l'objet  de  rechereiiis 
eembreuses. 

Les  anciens  regardaient  la  présence  d'un  sillon  rouge  Ueu  ecchf- 
nosé  autour  du  cou»  comme  la  preute  de  la  mort  stningulatoire  { 
dc|Niia  P.  Zaccbias,  jusqu'à  Foderé»  on  a  euaeigné  ^u'on  siUoB 
eecliffliosé,  tisible  sur  le  cadavrC)  est  une  preuve  sâre  qu'un  homme 
TÎTant  a  été  pendu,  que  l'absence  d'un  sillon  ecchymose  proufe» 
avec  k  même  certitude»  que  la  pendaison  n's  eu  lieu  qu'après  la 
BMrt  ;  par  conséquent,  que  l'homme  n'est  pas  mort  par  strÉdgula« 
tioft.  Daniel  a  dit  {Instùul.  nud.  puhl.  admmkr.^  1778»  in-A^ 
p.  108)  :  MaUf  eeckymoiin  semper  locum  Aafrert  kmcientiM  docuere 
wigiie.  forens.  scriptores* 

Celle  théorie  a  été  renversée  au  commencement  de  ce  sièchi  par 
ks  Mservatians  de  Hersdorff,  de  Klein,  Hiuse,  Remer,  Fleischmann, 
bqoirol  et  autres.  Dès  l'année  1826,  j'ai  Tait  des  eipériences  k  ce 
tajel  ei  dqiuis  ce  temps,  j'ai  eiposé  mes  résultats  dans  mes  leçons 
ai  dans  mon  journal  (1).  Bientôt  après,  Orfila  fit  des  expériences 
Semblables  dont  les  résultats  s'harmonisèrent  coaiplétement  avec  ce 
^•e  j'avais  trouvé.  Maintenaut  penonne  n'admet  plus  que  la  pré^ 
d'un  sillon  ecchymose  au  cou  est  un  signe  constant  et  néce»* 
de  la  mort  par  étranglement,  c'est-è-dire  de  l'étranglefflent 
mjwûlL  eu  lieu  pendant  la  vie.  Si  l'on  compare  les  observetions  dee 
ladeua»  ou  voit  que  l'erreur  provient  de  ce  que  le  bmI  eceliymose 
m*a  pas  été  délim  exactement. 

Sugillatîon,  ecchymose,  extravasation  (daus  le  tissu  eellolaire), 
seul  dee  expressions  analogues  et  veulent  dire  la  wrût  du  sang 
des  vaisseaux  et  son  épanchement  dans  le  tissu  celhilaire  sous- 

(I)  Woe)lmut^nfi,  1S37,  n»  I.  DmkrwUrdiikeim  sur  med.  SflitHk  uatf 
SlÉatariMkim*.  terfin,  l»4S,  p.  SI. 


352  PARTIE  THANATOLOGIQDE. 

cutané  et  dans  les  interstices  des  muscles.  On  peut  férifier  l'exis- 
tence d*un  tel  épanchement  sur  le  cadavre  en  faisant  une  incision 
dans  Tecchymose  ;  on  voit  alors  ce  sang  épanché  en  quantité  plus 
ou  moins  grande.  Les  colorations  bleue,  rouge,  violette  de  la  peau  cpii 
se  rencontrent  quand  il  y  a  ecchymose,  ne  prouvent  rien  par  elles- 
mêmes,  puisqu'une  seule  hypostase  cadavérique  on  une  congestion 
sanguine  produit  une  coloration  semblable.  Mais  il  y  a  encore  les 
pseudo-ecchymoses  (pseudo-sugillations),  qui  se  forment  lorsque, 
par  nne  pression  sur  le  derme,  le  reflux  des  petits  vaisseaux  est 
arrêté  et  que  la  mort  survenant,  le  sang  reste  dans  cet  état.  Si  l'on 
incise  une  telle  pseudo-ecchymose,  on  voit  perler  des  gouttes  de 
sang,  sortant  des  vaisseaux  coupés,  mais  il  n'y  a  pas  de  sang  épanché 
dans  le  tissu  cdlnlaire  sous-jacent.  Autrefois,  on  ne  distinguait  pas 
ces  différentes  sortes  d'engorgements  sanguins  et  on  donnait  le  nom 
d'ecchymose  à  toute  tache  d'un  bleu  rouge,  et  les  médecins  légistes 
n'essayaient  pas  les  €  ecchymoses  >   avec  le  scalpel.  C'est  ainsi 
qu'est  entrée  dans  la  science  la  théorie  du  signe  constant  de  la  pen- 
daison, le  sillon  ecchymose.  Il  n'est  pas  possible  de  s'expliquer  autre- 
ment, cette  grave  erreur  qui  s'est  propagée  pendant  si  longtemps 
et  dans  tant  d^uuvrages. 

On  trouve,  dans  presque  tous  les  cas,  la  trace  de  l'instrument 
slrangulant  en  forme  de  sillon  qui,  chez  les  strangulés,  correspond  i 
la  largeur  de  l'instrument  ;  il  n'en  est  pas  de  même  chez  les  pen- 
dus. Le  sillon  esl  tantôt  profom.  de  2  à  3  millimètres,  tantôt  telle- 
ment superficiel  qu'on  ne  le  voit  qu'en  regardant  de  très  près.  Ch» 
les  strangulés,  il  fait  le  tour  du  cou,  chez  les  pendus,  c'est  très  rare, 
cela  n'arrive  que  dans  les  cas  où  l'on  a  employé  un  nœud  coulant  qui 
se  ferme  exactement  par  la  pression  exercée  par  le  poids  du  corps, 
de  sorte  que  l'homme  est  plutôt  strangulé  que  pendu.  Hais  dans  li 
plupart  des  cas,  Tanseda  cordon  n*est  pas  fermée  et  Ton  trouve  toute 
la  partie  postérieure  du  cou  sans  sillon,  le  sillon  monte  derrière  les 
oreilles  et  se  dirige  vers  rarrière-téte.  Il  y  a  aussi  d'autres  parties  du 
cou  qui  peuvent  n'avoir  pas  de  sillon,  par  exemple,  lorsque,  en  mou- 
rant, la  tête  a  été  penchée  de  côté,  le  côté  opposé  ne  présente  aucune 


FBNBAlflONy   STRANGULATION.  —  SILLON  8TRANGULAT0IRE.      353 

înce.  Une  forte  barbe  peut  empêcher  la  formation  d*an  sillon  et 
alors  le  cou  n*a  aucune  trace,  comme  on  le  verra  par  l'observation 
iatéresstnte  276.  Dans  quelques  cas,  le  sillon  n'est  pas  uniformé- 
flieot  creusé  dans  tout  son  pourtour,  soit  parce  qu'on  a  employé  des 
Golfes  non  uniformes,  par  exemple  un  fichu  ayant  des  bords  plus 
durs  que  le  reste  de  l'étoffe,  soit  parce  que  l'on  a  plié  en  certains  en- 
droits l'étoffe  en  double  ou  en  triple,  de  sorte  que,  à  une  certaine  place, 
le  lien  est  très  gros  et  serre  fortement,  tandis  qu'à  une  autre,  il 
touche  à  peine,  alors  le  sillon  est  plus  ou  moins  entrecoupé  et  pré- 
sente différents  aspects  et  différents  états.  Voici  quels  sont  les  diffé- 
r«il8  états  du  sillon  : 

Tantôt  il  présente  une  coloration  d'un  brun  jaune  sale  avec  une 
consistance  dure  d'un  aspect  parcheminé ,  il  ressemble  alors  aux 
taches  produites  par  des  sinapismes  ou  vésicatoires  qui  ont  été  posés 
peu  de  temps  avant  la  mort  (sillon  momifié)  i  quelquefois  on  y 
trouve,  çà  et  là,  de  petites  écorchures  produites  ptr  des  liens* durs, 
tels  que  les  cordes  de  chanvres,  qui  frottent  l'épiderme  et  favorisent 
l'évaporation  (dessiccation).  Il  n'est  pas  rare  alors,  en  coupant  les 
bords  du  sillon,  de  trouver  les  pseudo-ecchymoses  décrites  plus  haut, 
mais  on  ne  trauve  pas  d'ecchymoses  réelles. 

Tantôt  il  montre  une  coloration  bleu  ou  clair,  rouge  sale  ;  il  est 
nwu  sous  le  couteau. 

D'autres  fois  il  est  peu  ou  pas  coloré  et  est  également  mou  sous 
le  couteau. 

Souvent  il  offre  des  taches  livides  dans  leurs  bords ,  ce  que  les 
mteurs  ont  souvent  mal  interprété,  ces  colorations  ne  sont  que  des 
lividilés  cadavériques  comme  on  peut  facilement  le  vérifier,  mais  rien 
moins  que  des  traces  d'ecchymose.  Je  répète  que,  dans  beaucoup  de 
cas,  le  même  sillon  présente  ces  trois  formes. 

Un  sillon  bleu  rouge  foncé  qui,  à  l'incision,  présente  du  sang 
éfancké  dans  le  tissu  celluUire  sous-cutané,  est  excessivement  rare 
après  la  mort  par  pendaison  ou  strangulation.  Je  n'en  ai  jamais  vu 
et  si  réellement  il  a  été  observé,  il  doit  être  considéré  comme  une 
Iriê  rare  exception. 

n.  93 


ibà  PARTIE   THANATOLOGIQOK.  " 

Il  est  bien  entendu  que  la  putréraction  avancée  efface  le 
atrangulatoire. 

On  a  prétendu  que  les  différences  de  Tétat  du  sillon  strangulatcNre 
dépendent  des  différences  du  lien  strangulatoire  ou  des  différentes 
positions  du  même  lien  par  rapport  à  Tos  hyoïde,  et  Ton  a  expliqué 
ces  différences,  parce  que  tantôt  des  corps  mous,  tantôt  des  corps 
durs  étaient  employés,  que  le  liett  était  tantôt  au-dessus,  tantôt  au- 
dessous  du  larynx.  Ce  sont  là  des  thèset  que  ne  confirme  pas  Tobser- 
valion.  J'ai  trouvé  les  liens  les  plus  divers  appliqués  dans  des  po»* 
tions  toutes  différentes  qui  offraient  des  résultats  tout  à   fait  ana- 
logues, tandis  que  le  même  lien,  placé  dans  la  même  position,  présen- 
tait des  résultats  très  différents.  Du  reste,  cette  question  n'a  aucune 
valeur,  comme  le  prouvera  le  paragraphe  suivant;  ce  qui  est  très  im- 
portant en  pratique,  c*est  de  distinguer  le  sillon  strangulatoire  produit 
par  rentorlillemenl  du  cordon  autour  du  cou  d'un  nouveau  né  ;  da 
(illon  produit  par  une  strangulation  criminelle  ;  c'est  facile  à  recon- 
naître sur  le  cadavre,  nous  y  reviendrons  plus  bas. 

Quand  la  strangulation  a  eu  lieu  par  la  pression  des  doigts,  on 
trouve  des  deux  côtés  du  cou  les  traces  de  Timpression  des  doigts; 
ou  bien  une  trace  de  chaque  côté  ou  bien  une  d'un  côté  et  deux 
l'autre.    Il   n'est  pas  rare  surtout  de  reconnaître  l'impression   do. 
pouce.  Ce  sont  des  lâches  rondes  ou   semi-lunaires  ou  tout  à   faiC 
irrégulières,    quelquefois    accompagnées    d'égralignures    d'ongles, 
c'est-à-dire  d'écorchures  de  l'épiderme,  ces  taches^sont   ordinaire- 
ment d'un  brun  jaune,  parcheminées,  non  ecchymosées,  elles  son/ 
aussi  quelquefois  comme  le  sillon  strangulatoire  d'un  bleu  sale; 
enfin  dans  des  cas  exceptionnels,  quand  la  mort  n'a  pas  été  immé- 
diate, elles  sont  réellement  ecchymosées. 

Expériences  sur  le  cadavre,  —  La  certitude  diagnostique,  attri- 
buée à  la  présence  du  sillon  strangulatoire,  est  très  amoindrie  par 
les  expériences  qui  ont  été  faites  par  nous  et  par  des  médecins  de 
Paris,  expériences  qui  démontrent  qu'un  sillon  strangulatoire  peut 
être  produit  après  la  mort,  de  manière  à  ne  pouvoir  être  distingué 
d'un  sillon  fait  pendant  la  vie.  Nous  rapportons  ici  des  expériences 


PENDAISON,  STRANGULATION.  —SILLON  STRANGULATOIRE.        855 

fie  pendaison  faites  après  la  mort  qui  prouveront  ce  que  nous  venons 
d'avancer. 

1*  En  avril  1855,  je  fis  une  expérience  sur  un  homme  mort 
depuis  à  peine  un  quart  d'heure.  Cet  homme,  âgé  de  quarante-cinq 
ans,  était  monté  dans  un  fiacre  pour  se  faire  conduire  à  l'hôpital,  et 
mourut  chemin  faisant.  Le  cadavre  fui  mis  dans  la  chambre  des 
morts,  où  nous  nous  trouvions  par  hasard.  Après  nous  être  assuré 
que  la  mort  était  réelle,  nous  flmes  étrangler  le  cou  du  cadavre  encore 
chaud  avec  un  cordon  de  chanvre  de  5  millimètres  d'épaisseur,  serré 
avec  une  grande  force.  Trois  jours  après,  nous  examinâmes  le  sillon. 
11  était  d'un  brun  jaune  très   prononcé ,  mou  sous  le   couteau , 
profond  de  près  de  2  millimètres,  sans  ecchymose,  et  naturellement 
entourant  tout  le  cou  sans  interruption,  mais  plus  prononcé  à  gauche 
qa*à  droite.  La  figure  était  pâle  et  affaissée.  Il  y  avait  une  circon* 
itance  accidentelle  très  curieuse,  c'était  une  turgescence  du  pénis  au 
méat  duquel  se  trouvait  un  liquide  muqueux,  ne  contenant  pas  de 
sperme.  Bref,  l'aspect  extérieur  du  cadavre  était  tout  à  fait  celui 
d'un  homme  mort  par  strangulation.  L'autopsie  montra  que  la  cause 
de  mort  avait  été  une  asphyxie  prorduite  par  hépatisation  du  pou- 
mon droit  et  de  la  moitié  du  poumon  gauche,  qui  les  rendait  imper- 
méables. La  trachée- artère  était  remplie  de  liquide  écumeux  blan- 
châtre. 

2*"  Un  honune  âgé  de  vingt-huit  ans,  mourut  du  typhus,  le 
6  août  1827,  à  dix  heures  et  demie  du  matin.  Une  heure  après  la 
mort,  dont  on  ne  pouvait  douter,  il  lut  pendu  à  six  pieds  de  terre  au 
mojea  d'on  cordon  tourné  deux  fois  au-dessus  du  larynx.  Le  lend»- 
main,  à  dix  heures,  le  cordon  fut  coupé  et  le  cadavre  fut  examiné 
par  moi  et  deux  de  mes  collègues.  Le  cadavre  était  encore  frais. 
Les  lividités  cadavériques  se  trouvaient  en  grande  partie  ù  la  surface 
postérieure.  Autour  du  cou,  entre  le  larynx  et  l'os  hyoïde,  se  trou* 
vait  un  double  sillon  parallèle,  de  6  millimètres  de  profondeur  ; 
les  bords  da  sillon  étaient  colorés  en  bleu  jaune  brun.  Ce  sillon  avait 
tant  à  fiait  l'aspect  de  ceux  qui  sont  formés  sur  le  cou  des  hommes 
vivants.  Il  y  avait  surtout  des  places  plus  colorées  an  c6té 


356  PARTIE    THANATOLOCIQUE. 

droit  du  cou,  à  2  centimètres  de  l'apophyse  mastoîde.  La  peau  était 
dure  à  couper  et  parcheminée.  A  plusieurs  endroits,  elle  était  légè- 
rement excoriée.  L'incision  du  sillon  ne  montra  pas  de  sang  ni 
d'ecchymose.  La  peau  et  même  les  muscles  étaient  seulement 
colorés  en  i^iolet,  ce  qui,  évidemment,  était  un  phénomène  cada?é- 
rique. 

S^'Le  21  septembre  1827,  un  jeune  homme  mourut  de  phthi»e 
pulmonaire.  Une  heure  après  la  mort,  on  pendit  le  cadavre  comme 
dans  le  cas  précédent,  et  il  fut  examiné  le  lendemain.  Tout  autour 
du  cou,  au-dessus  du  larynx,  il  y  avait  un  double  sillon,  dans  lequel 
on  distinguait  très  nettement  la  disposition  du  cordon.  Le  sillon  rouge 
brun  parcheminé  pénétrait  au-dessous  du  derme,  dans  le  tissu  cellu- 
lulaire;  il  n'y  avait  ni  épanchement  de  sang  ni  coloration  des  muscles, 
mais  le  derme  était  bruni  et  comme  brûlé  dans  tout  son  tissu.  La 
veine  jugulaire,  qui  ne  proéminait  pas  beaucoup  à  l'extérieur,  était 
très  remplie  à  Tintérieur. 

h""  Un  homme  de  vingt-sept  ans  était  mort  d'hydropisie.  Deux 
heures  après  la  mort,  il  fut  pendu.  Il  présenta  les  mêmes  résultats 
que  dans  le  cas  précédent,  excepté  que  la  couleur  jaune  brun  était 
plus  visible  des  deux  côtés,  près  des  apophyses  masthoîdes. 

5o  Une  femme  de  trente-deux  ans  se  noya  le  i"*^  janvier  1816  ;  et  ne 
resta  que  quelques  heures  dans  l'eau,  on  lui  serra,  douze  heures 
après  la  mort,  un  cordon  autour  du  cou;  il  y  avait  déjà  rigidité  cadavé- 
rique. On  laissa  le  cordon  pendant  vingt- quatre  heures.  Dix  heures 
après,  nous  examinâmes  le  sillon.  Celui-ci  était  très  prononcé,  pro- 
fond de  h  millimètres,  il  parcourait  toute  la  circonférence  du  cou 
et  était  coloré  en  brun  sale,  au  côté  gauche  du  cou  et  à  la  nuque  ; 
mou  sous  le  couteau  et  ayant  tout  à  fait  l'aspect  du  sillon  produit  par 
la  strangulation  pendant  la  vie. 

L'expérience  était  d'autant  plus  instructive  que  nous  pouvions 
comparer  avec  le  cadavre  d'un  suicidé  de  soixante  et  dix  ans,  qui 
s'était  pendu,  disait-on,  pour  ne  pas  mourir  de  faim.  En  effet,  ce 
sujet  très  amaigri,  était  mort  de  neuroparalysie,  il  présentait  un 
estomac  contracté,  ayant  les  dimensions  du  gros  intestin.  Quant  au 


PENDAISON  y    STRANGULATION. — SILLON   STRANGULATOIRE.      367 

sillon,  il  éUiit  beaucoup  moius  visible  que  celui  qui  avait  été  produit 
artificiellement  sur  l'autre  cadavre. 

6''  Le  17  août  1827,  dans  Taprès-midi,  un  homme  mourut  de 
neuroparalysie.  Treize  heures  après  la  mort,  il  fut  étranglé  au 
moyen  d*un  cordon  placé  au-dessus  du  larynx,  avec  autant  de  force 
que  possible;  six  heures  après,  le  cordon  fut  enlevé.  Je  trouvai  un 
sillon  facile  à  efiacer  sans  coloration  ni  altération  de  la  peau. 

7*  Le  même  jour,  une  femme  était  morte  d'un  cancer  de  l'utérus. 
Six  heures  après  la  mort,  on  lui  posa  un  cordon  double  au-dessous 
di  larynx  et  on  serra  fortement.  Le  lendemain  matin,  le  cordon 
f«t  détaché  et  dans  la  journée  j'examinai  le  cadavre;  je  ne'trouvai 
rien  du  tout,  on  pouvait  à  peine  retrouver  la  place  où  le  cordon 
avait  été  placé. 

8"*  Vingt^quatre  heures  après  la  mort  qui  avait  succédé  à  une 
phtbisie  pulmonaire,  on  posa  sur  le  larynx  d'un  homme  un  cordon 
disposé  de  telle  sorte  que  le  nœud  se  trouvait  en  avant  et  on  serra  le 
cordon  fortement.  Le  jour  suivant,  18  août  1827,  je  dénouai  le 
cordon  et  je  trouvai  le  sillon  peu  profond,  on  voyait  toutes  les 
empreintes  du  lien,  mais  il  n'y  avait  ni  coloration  ,  ni  dureté  de  la 
peau,  ni  aucune  tache  remarquable.  En  incisant  ce  sillon,  on  ne 
troova  rien  comme  dans  les  cas  précédents  6  et  7. 

9^  Le  même  jour,  un  homme  mourut  d'ascite,  le  lien  fut  mis 
tringt' quatre  heures  après  la  mort,  au-dessus  du  larynx  et  fut  serré 
Enriement ,  et  plus  tard  il  fut  impossible  de  reconnaître  l'endroit  où 
le  cordon  avait  été  serré. 

10*  Une  fille  d'un  an  et  demi,  mourut  le  25  août  1827.  Le  jour 
nn^anl  on  cordon  mince  fut  serré  fortement  sur  le  larynx.  Après 
fingt-qnatre  heures,  on  dénoua  le  cordon;  il  y  avait,  autour  du  cou, 
in  sillon  bleu  très  mince,  sans  concavité,  mais  très  visible.  On  ne 
trouva  aucun  épanchement  à  l'incision. 

Dans  tous  ces  cas,  les  cadavres  qui  ne  furent  pas  strangulés, 
fiurent  pendus  en  les  abandonnant  au  seul  poids  de  leur  corps.  Hais 
le  sillon  est  beaucoup  plus  visible  si,  en  pendant  le  cadavre  avec  un 
aood  eoolanty  on  tire  fortement  le  tronc,  ou  en  pressant  sur  les 


868  PARTIE    THANATOLOGIQUE. 

épaules,  ou  en  tirant  par  les  pieds,  de  sorte  que  le  nœud  coulant  se 
ferme  avec  de  plus  en  plus  de  force. 

Il  ne  faut  que  quelques  minutes,  même  si  la  mort  date  de  fin- 
sieurs  jours,  pour  produire  de  cette  manière  un  sillon  profond,  uni- 
forme d'un  brun  jaune  sale,  plus  ou  moins  dur,  nous  citons  ici  quel- 
ques-unes des  nombreuses  expériences  que  nous  avons  faites. 

Il""  Un  aliéné  très  maigre,  mort  à  Tftge  de  quarante-si;c  ans 
d'une  paralysie,  présentait,  soixante  heures  après  la  mort  (-4-  l^-^'à 
-4- 15^  R.),  les  téguments  du  ventre  déjà  verts.  Le  cadavre  fat 
pendu  et  tiré  par  les  pieds  ;  deux  heures  après,  le  lien  Ait  coupé.  Le 
sillon  était  très  visible,  large  de  A  millimètres,  profond  de  2  millimè- 
tres, coloré  en  jaune  sale  et  momifié. 

12''  Une  fille  de  neuf  ans,  morte  de  phlhisie,  fut  traitée  de  la 
même  manière,  quarante-huit  heures  après  sa  mort.  Trois  heures 
après,  le  cadavre  fût  examiné.  Le  sillon  était  très  visible,  quoique 
entrecoupé  à  droite  et  à  gauche  ;  il  était  large  de  A  millimètres  et 
profond  de  plus  2  millimètres,  coloré  en  jaune  brun  et  momifié. 

13<)  Une  femme  de  vingt-deux  ans,  très  maigre,  morte  de  phthisi^ 
pulmonaire,  fut  pendue  de  la  môme  manière,  deux  jours  après  sm 
mort.  Le  ventre  était  déjà  vert.  Après  un  quart-d'lieure,  le  lien  fut 
coupé.  Nous  trouvâmes  un  sillon  large  de  S  millimètres,  profond  do 
h  millimètres,  tournant  autour  du  cou,  sans  interruption  d'un  jaune 
sale,  mou  sous  le  couteau. 

1A°  Une  vieille  femme  de  soixante  et  dix  ans,  très  maigre,  était 
morte  d'une  maladie  inlerne  depuis  trois  jours,  elle  avait  le  cou 
décharné,  les  téguments  du  ventre  verdâtres,  elle  fut  pendue  et  tirée 
fortement  par  les  pieds.  Cinq  minutes  après,  nous  trouvâmes  an 
sillon  non  interrompu,  tournant  autour  du  cou,  profond  de  2  milli- 
mètres, d'un  jaune  sale,  mais  encore  mou. 

Très  souvent,  le  siUon  des  suicidés  par  pendaison  est  moins  pro- 
noncé que  les  sillons  produits  artificiellement  dans  ces  expériences 
que  tout  le  monde  pourra  répéter. 

De  ces  expériences,  il  résulte  :  qu'un  lien  avec  lequel  un  homme 
est  pendu  ou  étranglé  même  quelques  jours  après  la  mort^  smr- 


PENDAISON,  STRANGULATION.  ~  CAROTIDES.         560 

(oui  #1,  pendant  la  pendaison,  le  cadavre  est  ItW  par  les  pieds 
ou  les  épauleSf  peut  produire  absolument  le  même  sillon  que 
celui  qui  est  observé  ordinairement  chez  les  hommes  pendus 
vivants^ 

Je  déclare  que  Je  suis  arrivé,  par  ces  observations,  à  la  conviction 
que  le  sillon  straogulatoire  n*est  qu'un  phénoniène  cadavérique,  qu'il 
n'a  par  conséquent  aucune  valeur  diagnostique.  Cette  opinion  eal 
basée  aussi  sur  ce  que  la  mort  des  pendus  se  fait  tellement  vite, 
que  la  production  du  sillon  dans  toutes  ses  formes,  ne  peut  avoir 
lieu  qu'après  la  mort.  Cette  assertion  est  encore  confirmée  par  les 
observations  que  l'on  peut  faire  sur  les  pendus  qui  sont  sauvés,  quand 
on  leur  coupe  le  lien  assez  tôt  Chez  ces  individus»  nous  avons  trouvé 
presque  toujours  le  cou  complètement  normal,  quelquefois,  il  y  avait 
quelques  traces  de  sillons  bleu  rouge  qui  (chez  ceux  qui  restaien' 
rivants)  avaient  l'aspect  d'ecchymoses. 

Quant  à  la  momification  du  sillon,  qui  est  si  fréquente,  elle  ne  se 
Tait  évidemment  pas  pendant  la  vie,  puisqu'elle  est  le  résultat  de 
l'éiraporation  des  liquides  du  cadavre  et  est  toujours  un  phénomène 
pos$  mortem. 

D'après  cela,  le  sillon  strangulatoire  doit  être  mis  sur  la  même 
ligne  que  la  macération  des  mains  et  des  pieds,  observée  chez  les 
cadavres  tirés  de  l'eau,  phénomène  que  je  démontrerai  être  cadavé- 
rique, tandis  qu'on  l'a  regardé  longtemps  comme  un  signe  de  mort 
par  submersion. 

La  grande  importance  de  ces  observations  sur  le  sillon  strangula- 
toire est  prouvée  dans  les  cas  assez  fréquents  où  les  assassins  pendent 
Irars  victimes  immédiatement  après  leur  crime,  afin  de  faire  croire  k 
aa  sttieide.  QoestioQ  que  le  médecin  légiste  a  à  résoudre  (voy.  obs. 
72,  277,  282,  283). 

3*   MUSCLIS  DU  cou,   OS   HTOÏDE,   LARYNX,  VERTÈBRES  CERVICALES,   CAROTIDES. 

Je  vais  examiner,  dans  ce  paragraphe,  les  lésions  locales  du 
Gou,  antres  que  le  sillon  strangulatoire   :  déchirure  des  muscles 


860  PARTIE   THAIfATOLOGIQUB. 

sterno-cléido-nrastoïdien,  sterno-thyroidien,  et  hyo- thyroïdien,  da 
sterno-hyoïdien  et  du  pharynx  ;  luxation  et  fracture  de  1*08  hyoïdien  ; 
fractures  des  cartilages  du  larynx,  déchirure  des  ligaments  des  ver- 
tèbres cervicales,  luxation  et  fracture  des  vertèbres  cervicales. 

Quand  des  observateurs  comme  Morgagni,  Valsava,  Bohm,  Krom- 
bholz,  Mildner,  pour  ne  pas  dire  Orfila,  qui  n*est  pas  toiyoors  exact, 
et  Remer  qui  n'a  cité  que  des  observations  étrangères,  qu'il  qualifie 
lui- môme  comme  €  pas  toujours  exactes,  >  disent  avoir  vu  les  acci- 
dents que  nous  venons  d'énumérer  produits  par  la  strangulation  du 
cou,  on  ne  peut  pas  douter  de  la  fidélité  de  ces  observations.  Cepen- 
dant tout  expert  expérimenté  sait  que  chacune  de  ces  lésions  est 
une  exception  qui  se  présente  sous  des  circonstances  toutes  parti- 
culières (1),  et,  quant  à  moi,  je  n'ai  jamais  vu  une  lésion  de  cette 
espèce  au  cou  des  strangulés.  Si,  dans  un  cas,  on  rencontre  un  de 
ces  phénomènes  avec  des  signes  évidents  de  réaction  vitale,  ce  sera 
une  preuve  certaine  de  la  strangulation  pendant  la  vie,  car  mes 
expériences  sur  le  cadavre  (page  18 A,  partie  spéciale)  ont  prouvé  ^ 
que  les  fractures  de  Tos  hyoïde  et  du  larynx  ne  peuvent  être  produitesE 
après  la  mort,  quelque  grande  que  soit  la  force  qui  est  mise  en  ac — 
tion.  On  voit  donc  que  l'absence  de  ces  lésions  ne  peut  pas  du  tou^ 
prouver  qu'il  n*y  a  pas  eu  mort  par  strangulation. 

Amussat  le  premier,  en  1828,  a  observé  la  rupture  des  mem  • 
branes  interne  et  médiane  de  la  carotide^  et  en  a  parlé  comme  d'un 
signe  de  strangulation  pendant  la  vie.  Ce  n'est  que  récemment  que 
cette  question  a  été  discutée  et  approfondie  sérieusement,  elle  a  été  le 
sujet  d'expériences  sur  le  cadavre  ;  les  résultats  contraires  auxquels 
on  est  parvenu,  m'ont  engagé  à  faire  des  recherches  sur  tous  les 
cadavres  de  pendus  qui  ont  été  à  ma  disposition  ;  ces  expériences 
nombreuses  ont  été  faites  sans  prévention,  j'y  ai  mis  d'autant  plus  de 
soin  que,  convaincu  du  peu  de  valeur  du  sillon  strangulatoire,  j'ai 

(1)  Par  exemple  dans  les  exécutions  de  peine  de  mort,  lorsque  le  bourreau,  en 
pressant  sur  les  épaules  du  condamné,  ajoute  son  poids  à  celui  du  corps  du  pendu, 
ou  bien  dans  le  cas  d*un  matelot  qui  tomba  du  haut  d'un  mât  et  fût  étranglé  par 
un  litn  sur  lequtl  il  tomba  avec  violence.  {Archiv.  gén,  de  méd.t  avril  1857.) 


PENDAISON  ,    STRANGULATION.  —  CAUOTIDES.  361 

cherché  quel  pourrait  être  le  critérium  digne  de  confiance  de  la  stran- 
gulation. Les  observations  des  autres  médecins  sont  les  suivantes  : 

Dever|;ie  (loc.  cit.)  a  trouvé,  parmi  treize  pendus,  une  fois,  une 
rupture  de  la  membrane  interne  de  la  carotide  gauche,  non  suffisam- 
ment décrite. 

Mildner  (Pra^er  Vierleljahrsscrifty  1850,  III  p.  167)  a  trouvé 
sur  un  pendu  de  quarante- huit  ans,  très  gras,  qui  s*était  pendu  avec 
une  corde  de  chanvre  de  la  grosseur  d*un  petit  doigt,  la  carotide 
gauche,  à  l'endroit  correspondant  au  bord  inférieur  du  sillon,  pré- 
sentant deux  déchirures  transversales  de  la  membrane  interne.  La 
déchirure  supérieure  avait  une  longueur  de  6  millimètres,  l'infé- 
rienre  une  déchirure  de  A  millimètres;  elles  étaient  parallèles  et  sépa- 
rées d'un  centimètre.  Les  bords  de  la  petite  plaie  étaient  un  peu 
renversés,  non  sinueux  et  très  colorés  en  rouge  par  imbibition.  Le 
fond  de  la  plaie  était  la  membrane  celluleuse  qui  semblait  d'un  bleu 
rouge  dans  l'étendue  d'un  haricot,  couverte  de  sang,  injectée  et  infil- 
trée de  sérosité  sanguinolente.  Toute  la  carotide  était,  dans  ce  cas, 
peu  élastique  et  déchirée. 

Simon  (1)  trouva  la  déchirure  deux  fois  sur  six  pendus  qu'il 
observa.  Dans  les  deux  cas,  il  est  question  d'une  c  légère  lésion  de 
la  membrane  interne  »,  mais  sans  qu'il  soit  fait  mention  de  réaction. 
Simon  cite  Faler  qui  a  vu  deux  déchirures  et  Klotz  qui  en  a  vu  une 

Kussmaul  (2)  rapporte  que  son  père  a  vu  trois  fois  la  rupture  chez 
des  pendus  et  lui-même  une  fois.  Ces  deux  observateurs  entrent  dans 
le  vif  de  la  question  et  citent  leurs  expériences  qui  valent  la  peine 
d'être  méditées. 

Wallmann  (3)  rapporte  qu'il  a  observé,  après  un  coup  de  pied  de 
cheval  dans  la  région  inguinale,  une  déchirure  transversale,  large  de 
i  1  millimètres  des  membranes  interne  et  médiane  de  l'artère  cru- 
rale droite,  au-dessous  du  ligament  de  Poupari. 

A  cette  occasion  Wallmann  dit  que  chez  des  suicidés  il  n'a  jamais 

(!)  Vvrchou/iArck.,  1857,  XI,  4.  p.  297  et  suiv. 

(2)  /M.,  1858,  XIII,  1,  p.  60  et  suiv. 

(3)  Oulêrr.  Imùckr.  fiir  pract.  Hmlk.,  i858,  n*  6  et  7. 


862  PARTIE   TUANATOLOGIQUE. 

VU  une  déchirure  de  la  carotide,  pas  même  chez  deux  individus 
maigres,  i  long  cou  qui  s'étaient  servis  d'un  cordon  très  mince  et  qui 
présentaient  un  sillon  très  profond,  lequel  était  situé  cbei  i*un  aa- 
dessus,  chez  Tautre  au-dessous  de  l'os  hyoïde. 

Ces  trois  derniers  observateurs  ont  aussi  fait  des  expériences  sur 
le  cadavre,  ainsi  que  Malle.  Sur  quatre-vingt-deux  corps  pendus  ou 
Btrangulés après  la  mort.  Malle  trouva  seulement  deux  fois  des  déchi- 
rures, Simon  en  trouva  une  fois  sur  trois  individus  qui  avaient  été 
pendus  après  la  mort,  trois  sur  six  strangulés;  Wallmann,  dans  des 
expériences  faites  avec  le  professeur  Engel,  ne  réussit  dans  aucun 
cas  même  en  se  servant  d'un  fil  de  fer  comme  lien. 

Quant  à  moi,  parmi  mes  observations  de  pendus,  qui  sont  très 
nombreuses,  car  à  Berlin  c'est  le  mode  de  suicide  le  plus  fréquem- 
ment employé,  je  n'ai  observé  que  deux  fois  une  rupture  de  la  mem- 
brane interne  de  la  carotide.  Voici  des  observations  détaillées  à  pro- 
pos de  ce  phénomène  : 

1^  Le  cadavre  encore  frais  d'un  menuisier  Ait  examiné  trois  jours 
après  sa  mort  qui  avait  été  le  résultat  d'une  pendaison.  On  avait 
trouvé  le  cadavre  très  haut  dans  un  arbre  du  parc;  il  y  avait  chair  de 
poule  très  prononcée.  Dans  l'urèthre  on  trouva  un  liquide  contenant 
des  spermatozoaires.  Le  sillon  strangulatoire  situé  au-dessus  du  la- 
rynx, tournait  autour  du  cou  ;  à  droite  il  était  peu  prononcé,  à  gauche 
il  était  un  peu  rouge  bleu,  large  de  2  millimètres  et  sans  ecchymose. 
Le  cordon  avait  dû  serrer  en  cet  endroit  très  fortement.  Ajoutons 
que  le  corps  était  très  lourd,  de  sorte  qu'il  y  avait  certainement 
toutes  les  conditions  favorables  pour  une  déchirure.  On  trouva  effec- 
tivement une  double  rupture  des  deux  membranes  interne  et  médiane 
de  la  carotide  gauche.  La  rupture  supérieure  était  longue  de  2  milli- 
mètres, l'inférieure  de  3  millimètres,  parallèles  et  séparées  l'une  de 
l'autre  de  8  millimètres.  La  rupture  supérieure  avait  une  auréole 
bleuâtre  longue  de  2  millimètres  et  était  faiblement  ecchymosée,  les 
bords  n'étaient  pas  renversés;  l'inférieure  était  moins  remarquable  etne 
présentait  pas  d'indice  d'ecchymoseni  d'imbibition.  Les  deux  carotides 
étaient  athéromateuses  (ossifiées).  Pas  de  phénomènes  aux  vertèbres 


PENDAISON,  STRANGULATION.  -7-  CAROTIDES .       SOS 

(ce  qui  cependant  n*aurait  pas  été  extraordinaire  dans  ce  caa). 
Les  jugulaires  étaient  gorgées  ;  l'asphyxie  avait  eu  lieu  par  hypéré- 
mie  des  artères  pulmonaires. 

2**  Le  25  mars  le  maçon  R...,  âgé  de  trente  ans,  se  pendit  dans  sa 
maison,  le  lien  fut  coupé  bientôt  après,  on  lui  ouvrit  la  veine  jugulaire 
et  Ton  fit  une  saignée  au  bras  ;  mais  le  pendu  ne  put  ôtre  sauvé.  Le 
lendemain  le  cadavre  fut  examiné.  Je  ne  me  rappelle  pas  avoir  jamais 
vu  un  sillon  si  peu  prononcé  ;  cet  homme  avait  le  faciès  pâle,  les  yeux 
fermés,  la  langue  à  sa  place  ordinaire,  des  lividités  au  cou.  Tout  autour 
du  cou  qui  était  gros  et  court  se  trouvait  un  sillon  large  de  3  millimè* 
très,  superficiel,  blanc  et  mou,  qui  était  un  peu  plus  visible  à  droite 
qu'à  gauche  et  à  la  nuque,  le  sillon  était  situé  entre  le  larynx  et  l'os 
hyoïde  ;  en  remuant  le  cadavre  on  vit  s'écouler  de  la  veine  jugulaire 
beaucoup  de  sang  foncé  et  liquide.  Les  carotides  furent  ouvertes,  elles 
contenaient  encore  un  peu  de  sang.  La  carotide  droite  présentait  au- 
dessous  de  sa  bifurcation,  à  l'endroit  qui  correspondait  au  sillon,  une 
déchirure  très  fine  de  la  membrane  interne  de  la  paroi  antérieure.  Celte 
déchirure  avait  3  millimètres  de  longueur  et  était  très  faiblement 
colorée;  il  n'y  avait  ni  tuméfaction  ni  renversement  des  bords,  et  la 
déchirure  avait  absolument  l'aspect  d'une  déchirure  artificielle  faite 
sur  le  cadavre.  La  carotide  gauche  ne  présentait  rien,  les  deux  caro- 
tides étaient  trèsathéromateuses.  Il  était  très  curieux  de  trouver  une 
rupture  dans  ce  cas  où  le  lien  n'avait  fait  qu'un  sillon  si  peu  pro- 
noncé. La  mort  avait  eu  lieu  par  hypérémie  du  cœur  et  des  poumons. 
La  trachée-artère  était  injectée,  enduitedemucussanguinolent, le  cœur 
droit  très  rempli  de  sang  foncé  et  liquide,  de  même  les  grands  vais- 
seaux et  la  veine  cave  ascendante,  les  poumons  hypérémiques  ainsi 
que  les  reins.  Pas  de  spermatozoaires  dans  l'urèthre. 

Excepté  dans  les  deux  que  je  viens  de  rapporter,  je  n'ai  jamais 
trouvé  une  rupture  de  la  membrane  interne  de  la  carotide,  quel  que 
soit  le  corps  strangulant  ou  sa  position  sur  le  cou. 

3*  Le  cas  suivant  donna  lieu  à  une  série  d'expériences  sur  le 
cadavre  J'en  citerai  quelques-unes  des  plus  importantes.  Un  cocher 
de  trenle-lrois  ans,  robuste ,  grand  de  1  mètre  78  centimètres ,  se 


S6&  PARTIE   THANATOLOGIQUR. 

pendit.  Le  lendemain  nous  trouvâmes  le  sillon  entre  le  larynx  et  Tos 
hyoïde  y  large  et  peu  profond ,  d'une  couleur  jaune  brun,  mon,  plos 
prononcé  à  gauche  qu*à  droite  ;  la  carotide  droite  fut  retirée  avec 
une  pince  comme  à  l'ordinaire,  elle  était  très  athéromaleuse;  il  y  avait 
une  déchirure  de  la  membrane  interne  longue  de  5  millimètres, 
dentelée  avec  faible  imbibition  sanguinolente  des  bords.  Les  circon- 
stances de  Tautopsie  firent  soupçonner  que  cette  déchirure  avait  été 
produite  artificiellement  avec  la  pince,  alors  l'artère  fut  pincée  deui 
fois  et  nous  produisîmes  de  suite  à  l'intérieur  y  deux  déchirures  tout 
à  fait  analogues  à  la  première  qui,  après  quelques  minutes,  s'imbi- 
bèrent du  sang  qui  se  trouvait  encore  dans  l'artère.  Comme  contre- 
preuve  on  retira  la  carotide  gauche,  mais  sans  se  servir  d'une  pince, 
on  n'y  trouva  pas  de  rupture,  on  pinça  l'artère  trois  fois  et  on  pro« 
duisit  trois  déchirures. 

V  L'ouvrier  N. . .,  âgé  de  quarante-six  ans,  mourut  de  phthisie  pul- 
monaire. Deux  heures  après  la  mort,  le  cadavre  encore  chaud  ayant 
le  cou  très  maigre  fut  pendu  avec  un  cordon  de  chanvre  très  mince, 
large  seulement  d'un  millimètre  1/2,  puis  le  corps  fut  fortement 
tiré  par  les  pieds.  L'examen  fut  fait  deux  jours  après.  Le  sillon 
placé  très  près  et  au-dessus  du  larynx  allait  sans  intermption  de 
chaque  côté  jusqu'aux  apophyses  masloïdes,  large  d'un  millimètre  1 /2, 
d'un  jaune  brun  sale,  parcheminé,  non  ecchymose  et  très  prononcé. 

La  carotide  droite  fut  retirée  avec  beaucoup  de  précaution  sans 
que  Ton  se  fût  servi  d'une  pince.  Elle  était  intacte.  On  pinça  trois 
fois  l'artère  et  on  fit  trois  ruptures  des  membranes  internes  â  bords 
lisses  qui  ne  s'imbibèrent  pas  de  sang  parce  que  le  sujet  était  très 
anémique.  La  carotide  gauche  fut  retirée  de  la  manière  ordinaire  avec 
la  pince,  et  à  l'endroit  correspondant  à  celui  où  on  avait  touché  il 
y  avait  une  rupture  de  la  membrane  interne  large  de  h  millimètres. 

6°  Un  homme  de  trente-cinq  ans  qui  s'était  suicidé  au  moyen  d'une 
arme  â  feu  fut  strangulé  le  lendemain  avec  un  cordon  de  chanvre  large 
de  5  millimètres.  Les  deux  carotides  furent  préparées  sur  place  sans 
pincette  et  furent  ouvertes.  On  ne  trouva  pas  la  moindre  Irace  de 
rupture.  Par  une  pression  modérée  avec  la  pince  on  produisit  des 


PENDAISON,  STRANGULATION.  —  CAROTIDES.        366 

ruptures  à  bords  lisses  qui  ne  s'imbibèrent  qu'après  doute  heures 
parce  que  ce  sujet  était  très  exsangue.  Un  morceau  de  l*artère  bra- 
chiale traité  de  la  même  manière,  donna  les  mômes  résultats. 

6°  Le  cadavre  maigre  d'une  fille  de  neuf  ans  morte  d'une  maladie 
interne  fut  pendu  quarante-huit  heures  après  la  mort  avec  un  cordon 
lai^e  de  à  millimètres,  le  cadavre  fut  tiré  fortement  par  les  pieds  et 
retiré  après  trois  heures.  La  carotide  droite  fut  préparée  avec  des 
doigts,  il  n'y  avait  qu'une  faible  empreinte,  pas  de  rupture;  pour  la 
carotide  gauche  on  se  servit  de  la  pince,  il  n'y  avait  également  qu'une 
empreinte^  Il  fallut  une  forte  pression  avec  la  pince  ponr  produire 
une  rupture  de  le  membrane  interne.  L'élasticité  et  l'état  sain  de  la 
carotide  de  cet  enfant  expliquent  ce  résultat. 

7""  et  S"*  La  même  chose  fut  observée  sur  une  fille  de  sept  ans  et 
demi  qui  avait  été  étranglée  par  sa  mère,  laquelle  se  pendit  ensuite. 
Chez  cette  enfant  aussi  il  fallait  une  forte  pression  pour  produire  une 
rupture  de  la  membrane  interne  de  la  carotide.  La  mère  n'avait  pas 
de  lésion  à  la  carotide,  mais  on  pouvait  en  produire  facilement. 

^  Un  morceau  de  l'artère  crurale  d'un  homme  de  cinquante-six 
ans  mort  depuis  quatre  jours  fut  légèrement  pincé  et  ou  vit  une  rup- 
ture large  de  2  millimètres,  des  deux  membranes  interne  et  médiane. 

Des  expériences  analogues  ont  été  répétées  sur  beaucoup  de  ca- 
davres avec  le  même  résultat ,  mais,  comme  l'observe  avec  raison 
Mildner,  il  n'est  pas  même  besoin  d'employer  une  pince,  une  simple 
pressioik.avec  les  ongles  des  doigts  suffit  pour  produire  la  rupture 
surtout  dans  les  carotides  si  fréquemment  athéromateuses  de  sujets 
an-dessus  de  trente-cinq  à  quarante  ans  ;  c'est  ainsi  que  l'on  pro- 
duit, sur  le  vouloir,  une  phénomène  artificiel  qui  peut  induire  en 
erreur  surtout  si  les  bords  de  la  petite  plaie  s'imbibent  de  sang. 

En  voici  encore  quelques  exemples  : 

10*  Un  aliéné  fut  pendu  après  sa  mort  et  tiré  fortement  par  les  pieds, 
on  vit  dans  la  carotide  droite  qui  fut  retirée  sans  instrument  deux 
déchirures  Tune  2  centimètre  1/2  au-dessus,  l'autre  1  centimètre 
au-dessous  du  sillon  très  profond.  Nous  soupçonnâmes  que  ces  rup- 
tures avaient  été  produites  par  les  ougles  des  doigts  du  préparateur; 


360  FARTIB    THANATOIOOIQUE. 

nous  en  eûmes  la  preuve  par  la  carotide  gauche  qui,  laissée  en  place, 
était  intacte,  mais  qui,  retirée  par  la  même  personne,  montra  les 
mêmes  ruptures  produites  par  les  mêmes  ongles. 

11"*  Un  ouvrier  de  trente-huit  ans  se  tua  par  un  coup  de  pistolet 
dans  la  bouche.  Les  deux  carotides  Corlement  atbéromateuses  furent 
retirées  avec  les  doigts,  dans  la  carotide  gauche  se  trouvait  une 
petite  rupture  de  la  membrane  interne  en  forma  triangulaire. 

12®  N...,  tisserand,  âgé  de  trente-six  ans,  se  pendit  au  mois  de 
septembre;  après  cinq  jours  (+  i2*'  à+16*  R.) ,  la  putréfaction  était 
très  avancée.  Le  sillon  produit  par  un  nœud  coulant  tournait  au- 
tour du  cou.  Les  deux  carotides  furent  retirées  sans  pmce,  les  vais- 
seaux étaient  déjà  couleur  rouge  pourpre  à  cause  de  la  putréfaclion , 
mais  intacts.  Les  empreintes  de  doigt  sur  les  carotides  retirées  pro- 
duisirent très  facilement  des  ruptures. 

l'a""  Un  homme  de  trente-six  ans  fit  une  tentative  de  pendaison, 
on  coupa  le  lien,  mais  cependant  il  mourut  après  quelques  heures. 
Le  sillon  était  très  curieux ,  il  était  tout  à  fait  superficiel  k  gauche 
du  cou  et  d'une  couleur  rouge  bleu.  Néanmoins  il  n'y  avait  pat  de 
trace  d'ecchymose  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané.  La  carotide 
fut  retirée  sans  pince,  elle  était  athéromateuse  mais  intacte  ;  deur 
pressions  avec  la  pince  produisirent  facilement  deux  ruptures.  A 
droite,  où  le  sillon  était  peu  visible ,  la  pince  fut  employée  pour 
retirer  la  carotide ,  et  on  trouva  aux  endroits  correspondants  des 
ruptures  de  membranes  internes  et  médianes  de  l'artère.  Les  on- 
gles produisirent  effectivement,  avec  facilité ,  de  pareilles  dé- 
chirures. 

lA"*  et  lô\  Dans  ces  deux  cas  on  réussit  à  produire  la  rupture 
des  carotides  sur  le  cadavre. 

Une  femme  maigre,  âgée  de  soixante-dix  ans.  Ait  pendue  au  moyen 
d'un  nœud  coulant  fait  à  un  cordon  large  de  5  millimètres,  deux  jours 
après  sa  mort.  Elle  fut  tirée  fortement  par  les  pieds,  elle  ne  resta 
pendue  que  cinq  minutes  et  pourtant  le  sillon  était  très  profond  et 
d'un  jaune  brun.  La  carotide  droite  fut  ouverte  sur  place,  on  y  trouva 
une  rupture  dentelée  longue  de  à  millimètres,  sans  tuméfaction  des 


PENDAISON,    STRAIfOULiTlON.-^  SYMPTÔMES  INTERNES.         S67 

bords,  qui  s'imbiba  au  bout  d*un  quart  d'heure.  La  carotide  gauche 
était  iotacte. 

Une  femme  Agée  de  vingi-deux  ans,  également  très  maigre,  fut  trai« 
tée  de  la  même  manière  le  lendemain  de  sa  mort.  Après  deui  heures 
de  pendaison,  le  sillon  n'était  pas  si  prononcé  que  dans  le  cas  prè^ 
cèdent.  La  carotide  gauche  ouverte  sur  place  était  athéromateuse, 
mais  intacte.  Maniée  avec  la  pince  et  les  ongles,  elle  offrit  des  rup- 
tures. L'artère  carotide  droite  était  également  athéromateuse  et 
présentait  aux  parois  antérieures  une  déchirure  de  3  millimètres  de 
la  membrane  interne. 

D'après  tout  ce  qui  précède  on  peut  conclure  : 

1**  Dans  des  cas  très  rares  il  se  forme  chez  des  pendus  (stran- 
gulés  )  une  rupture  des  membranes  internes  des  carotides; 

2''  Il  s'ensuit  que  l'absence  de  ce  signe  sur  le  cadavre  ne  peut 
pas  faire  admettre  qu'il  n'y  a  pas  eu  mort  par  pendaison  ; 

3**  Ces  ruptures  peuvent  être  également  produites  par  pendaison 
après  la  mort  ; 

h"*  La  présence  de  réaction  vitale  peut  seule  prouver  que  la  stran- 
gulation a  eu  lieu  pendant  la  vie.  Une  seule  imbibition  sanguinolente 
des  bords  ne  prouve  rien  ; 

b""  La  rupture  des  membranes  peut  très  facilement  être  produite 
par  mégarde  en  préparant  l'artère  ; 

ô""  Les  conditions  pour  la  production  de  ces  ruptures  chez  un 
vivant  Mmblent  être  surtout  :  constriction  très  violente  du  cou  par  le 
lien,  maigreur  du  cou,  surtout  état  alhéromateux  des  carotides. 

4®  STMPTdmCS  nfTCSNES. 

Après  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  sur  la  mert  physiologique 
des  pendus  et  des  strangulés  et  sur  la  mort  par  asphyxie  en  général, 
nous  avons  peu  de  chose  à  ajouter.  Si  la  mort  a  eu  lieu  par  apoplexie 
cérébrale,  on  trouve  dans  les  organes  de  la  tète  une  hypérëmie  générale 
(pas  une  hémorrhagie  qui,  même  chez  les  vieillards,  est  très  rare),  si 
toolelim,  bien  entendu,  le  sang  n'a  pas  été  évaporé  par  la  potré- 


SOS  PARTIE  THANATOLOGIQinS 

faction.  Or  c'est  ce  qui  arrive  souvent,  car  les  suicidés  ordinairement 
choisissent  des  endroits  déserts  pour  se  pendre,  et  alors  le  cada^ 
n*est  souvent  trouvé  qu'après  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  mois. 

Si  la  mort  a  eu  lieu  par  apoplexie  pulmonaire  ou  asphyxie  pro- 
prement dite,  on  trouve  rhypérémie  ou  bien  dans  tous  les  organes 
de  la  poitrine  ou  principalement  dans  les  poumons,  ou  seulement 
dans  le  cœur  droit,  et  le  sang  est  liquide  et  foncé.  L'injection 
rouge  de  la  muqueuse  trachéale  dans  ces  cas  est  habituelle,  mais 
récume  sanguinolente  dans  la  trachée  manque  plus  souvent  dans  ce 
genre  d'asphyxie  que  dans  celui  qui  est  produit  par  des  gas  irrespi- 
rables ;  on  trouve  toujours  une  hjpérémie  des  veines  de  la  cavité 
abdominale. 

Il  est  assez  fréquent  de  ne  trouver,  au  lieu  des  hypérémies  crâ- 
nienne ou  thoracique,  que  des  résultats  tout  à  fait  négatifs,  lorsque  la 
mort  a  eu  lieu  par  neuroparaljsie.  Si  dans  un  cas  particulier  il  y  a 
probabilité  qu'une  mort  par  apoplexie  ou  suffocation  autrement  qne 
par  la  strangulation  et  que  le  décédé  n'a  été  strangulé  qu'après  la  mort, 
le  diagnostic  peut  être  très  difficile.  Mais  cette  difficulté  est  encore 
bien  plus  grande  si  l'aùtopsie  ne  présente  que  des  résultats  négatifs. 
Si,  enfin,  dans  un  tel  cas  les  symptômes  locaux  au  cou  sont  absents 
ou  si  l'on  ne  peut  savoir  s'ils  ont  été  produits  après  la  mort ,  alors 
l'expertise  médicale  n*est  d'aucun  secours,  car  elle  ne  peut  donner 
aucun  renseignement,  et  la  justice  est  obligée  d'aller  chercher  des 
probabilités  dans  les  circonstances  de  toutes  sortes  qui  ont  entouré 
la  mort. 

Les  cas  de  celte  espèce  ne  sont  pas  très  rares,  ils  se  présentent 
surtout  à  propos  des  nouveau-nés  qui  naissent  dans  des  endroits 
froids  et  humides  et  meurent  bientôt  après  leur  naissance  de  neuro- 
paralysie (ou  même  d'apoplexie),  sans  qu'il  y  ait  eu  aucune  manœuvre 
criminelle  de  la  paît  de  la  mère,  puis  celle-ci  quelquefois  entoure  alors 
le  cou  de  son  enfant  d'une  corde  afin  qu'il  ne  puisse  revivre;  j'en  ai 
vu  des  exemples.  Dans  un  autre  cas  très  difficile  l'enfant  nouveau- 
né  fut  trouvé  dans  un  tonneau  rempli  d'eau,  enveloppé  d'un  tablier 
et  étranglé  par  le  ruban  de  ce  tablier.  Il  fallait  décider  si,  comme  le 


PENDAISON,    STRANGULATION.    -    OBSERVATIONS.  369 

disait  la  mère,  Tenfant  avait  succombé  à  une  moit  naturelle  bient6t 
après  la  naissance,  et  si  elle  avait  seulement  caché  le  cadavre  et 
entouré  par  hasard,  après  la  mort,  le  cordon  du  tablier  autour  du 
cou  de  Tentant,  ou  bien  si  Tenfant  était  mort  d'asph;xie  par  stran- 
gulation. 

Obs.  264.  —  Suicide  par  pendaison,  Hypévénm  cérébrale. 

Une  femme  grasse ,  âgée  de  soixante  et  dix  ans,  s'était  pendue  pendant  la  nuit. 
On  trouva  à  Tautopsie  une  hypérémie  dans  la  tête,  surtout  dans  les  sinus  ;  les 
poumons  étaient  pâles  et  exsangues,  ainsi  que  le  cœur  droit;  le  cœur  gauche  était 
Tide.  Les  grandes  veines  exsangues,  la  trachée  pâle  et  vide ,  la  tôle  tout  à  fait 
rouge  bleu,  les  lèvres  très  ecchymosées,  la  langue  tuméfiée,  étranglée  entre  les 
dents.  Le  sillon  strangulatoire  non  interrompu  tout  autour  du  cou  prouvait  qu'elle 
s'était  servie  d'un  nœud  coulant.  Au  cdté  droit  du  cou  le  sillon  était  d'un  bleu 
rouge  dans  l'étendue  de  3  centimètres,  à  la  nuque  il  était  large  de  2  centimètres, 
momifié,  jaune  brun,  dur  sous  le  couteau,  non  ecchymose.  Ce  cas  prouve  que  l'on 
peut  trouver  un  sillon  ayant  dans  ses  différentes  parties  des  états  différents,  et  que 
par  conséquent  le  même  lien  peut  produire  des  résultats  divers. 

Obs.  265.  —  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  cérébrale. 

Un  tiomme  de  trente-six  ans,  mort  au  mois  de  février,  depuis  sept  jours,  fut 
disséqué.  Le  lien  était  sur  le  larynx  ;  le  sillon  était  peu  profond  et  visible  seule- 
ment à  droite  depuis  le  larynx  jusqu'à  l'oreille  ;  il  était  d'un  bleu  gris,  mou  sous  le 
couteau,  non  ecchymose  et  large  de  6  millimètres  ;  il  y  avait  chair  de  poule  aux 
deux  cuissei,  la  pointe  de  la  langue  était  entre  les  dents,  le  faciès  pâle,  les  yeux 
aflaissés,  la  trachée  pâle  et  viJe,  les  poumons  normaux,  le  cœur  droit  était  très 
rempli  de  sang  peu  liquide,  mais  le  cœur  gauche  en  contenait  aussi.  Dans  le  crâne 
l'hypérémie  était  très  prononcée,  il  était  facile  de  reconnaître  qu'elle  avait  causé  la 
mort. 

Obs.  266.  —  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  du  cœur  et  des  poumons. 

Un  homme  inconnu,  d'une  quarantaine  d'années,  fut  trouvé  pendu.  Sa  langue 
était  à  la  place  ordinaire,  des  fèces  avaient  coulé  hors  de  l'anus,  des  spermalo* 
zoatres  se  trouvaient  dans  l'urèlhre.  Le  sillon  passait  sur  le  larynx  et  se  dirigeait 
vers  l'apophyse  niasto'ïde,  d'un  jaune  sale,  large  de  6  millimètres,  mou  et  non 
ecchymose;  dans  le  cerveau  il  y  avait  une  certaine  quantité  de  sang,  la  muqueuse 
de  la  trachée  était  injectée  el  d'une  couleur  vermeille,  la  carotide  intacte,  les  pou- 
mons hypérémiques,  le  cœur  droit  gorgé  de  sang  foncé  et  épais,  le  cœur  gauche 
vide,  les  grands  vaisseaus  remplis,  la  veine  cave  remplie. 

Obs.  267.  —  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  pulmonaire. 

Un  homme  de  soixante  ans  s'était  pendu  depuis  quatre  jours  au  mois  de  février, 
lorsque  nous  en  fîmes  Pautopsie.  Le  cadavre  ^tait  1res  frais,  la  face  pâle,  les  yeux 
U.  24 


370  PARTIE   THANATOLOGIQtJE. 

affaissés;  la  langue,  luméBée,  sortait  de  la  bouche,  le  pénis  était  lonf  de  10  een- 
timètres  et  avait  presque  l'air  d'être  en  demi*érection,  on  n'y  trouva  cependant 
aucun  spermatozoaire.  Le  sillon  slrangulatoire,  profond  de  2  millimètres,  tournait 
autour  du  cou  sans  interruption  et  paraissait  au-dessous  du  larynx,  d*une  couleur 
brun  jaune,  dur  sous  le  couteau,  sans  trace  d'ecchymose.  L'arachnoïde  atait  l'al- 
tération que  l'on  trouve  chez  les  buveurs,  les  enveloppes  du  cerveau  étaient  hypé- 
rémiques,  mais  Içs  plexus,  le  cerveau,  le  cervelet  et  les  sinus  ne  l'étaient  pa».  Le 
poumon  gauche  Fortement  rempli  de  sang  foncé  et  liquide,  le  droit  moins,  et  tons 
les  deux  œdémateux.  Les  artères  coronaires  du  cœur  étaient  très  remplies,  le  cœur 
droit  et  les  grands  vaisseaux  étaient  gorgés  d'une  grande  quantité  de  sang.  Le  larynx 
et  la  trachée  étaient  vides  et  en  partie  injectés,  la  carotide  et  les  vertèbres  intactes. 
La  rate  et  les  reins  assez  remplis  de  sang,  la  veine  cave  gorgée. 

Obs.  268.  —  Suicide  par  pendaison.  Hypérémic  pulmonaire. 

Un  homme  de  ving-huit  ans  se  pendit  au  mois  de  mai.  La  conjonctive  était  assez 
injectée,  la  face  rouge,  les  deux  oreilles  bleues,  la  langue  d'un  bleu  rouge  entrf 
les  lents,  les  parties  sexuelles  normales,  les  cuisses  salies  de  fèces.  Le  sillon  situé 
entre  le  larynx  et  l'os  hyoïde  était  brun ,  parcheminé,  non  ecchymose  et  seulemeni 
visible  du  côté  droit  du  cou,  les  bords  incisés  montrèrent  des  gouttes  de  saof 
sortant  des  petites  veines  remplies  ;  la  dure  mère  hypérémique,  la  substance  céré- 
brale et  les  plexus  assez  remplis  de  sang,  et  les  sinus  très  gorgés.  Le  larynx  et 
la  trachée  d'un  brun  cerise  de  putréfaction  étaient  intacts  ;  la  muqueuse  enduite 
de  liquide  visqueux,  les  coronaires  remplis  de  sang,  le  cœur  grand  contenait, 
dans  son  côté  droit,  beaucoup  de  sang  ayant  la  consistance  du  sirop,  les  deux 
poumons  très  foncés,  très  hypérémiques,  très  œdémateux. 

Obs.  269.  —  Suicide  par  pendaison,  llypérèmie  pulmonaire . 

Un  homme  de  trente-deux  ans  s'était  pendu.  Il  avait  le  faciès  pâle  ,  la  langue 
derrière  les  dents  à  sa  place  ordinaire ,  ni  érection ,  ni  éjacuhition.  Les  fèces 
s'étaient  écoulées.  Le  cerveau  n'était  pas  congestionné  ;  il  y  avait  hypérémie  pronon- 
cée dans  les  poumons  et  le  cœur  droit,  la  trachée  injectée  contenait  de  l'écume  san- 
guinolente, la  veine  cave  ascendante  gorgée  de  sang,  les  intestins  d'un  rose  foncé. 
Le  sillon  à  peine  visible,  non  coloré,  mou  et  non  ecchymose. 

Obs.  270.  —  Suicide  par  pendaison,   Hypérémie  pulmonaire. 

Un  homme  de  dix-huit  ans,  se  pendit  au  mois  de  mars  avec  une  corde  de  6  mil- 
limètres d'épaisseur. 

On  fit  l'autopsie  deux  jours  après  la  mort.  Chair  de  poule  à  la  poitrine  et  aux 
cuisses,  langue  non  tuméfiée,  mais  étranglée  à  sa  pointe,  faciès  pâle,  yeux  fermés 
non  proéminents,  ni  érection,  ni  éjaculation,  ni  sortie  de  fèces;  le  sillon  n'était 
visible  qu'à  partir  du  milieu  du  cou  entre  le  larynx  et  l'os  hyoïde,  il  se  dirigeait  à 
droite  et  se  perdait  derrière  l'oreille  de  ce  côté,  il  était  parcheminé,  d'un  Jaune 


PENDAISON,  ItRANOtLATION.  —  OBSERVATIONS.      371 

bran,  non  eeehymosé.  Au  crftne  il  y  avait  une  quantité  normale  de  sang.  Le  cœur 
était  partemô  d'ecchymoses  péléchiales  surtout  à  sa  base,  la  surface  interne  du 
périeinle  en  était  également  couverte.  Ce  résultat  est  très  remarquable  et  très  rare 
(n»yet  obaenration  289)  ;  le  sang  était  très  liquide,  le  cttut*  droit,  gorgé.  Contenait 
qteh|«es  faillots  ;  dans  le  cœur  gauche  peu  de  sang,  les  gros  vaisseaux  étaient 
remplis.  Larynx  et  vertèbres  intacts  ;  la  trachée  très  injectée.  En  ^irestant  sur  les 
poumons  on  vit  monter  dans  la  trachée  beaucoup  d'écume  jaunâtre,  les  poumons 
très  hypérémiques,  ainsi  que  les  reins,  les  veines  du  mésentère  et  la  veine  cave. 

Obs.  271 .  —  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  pulmonaire. 

Le  10  avril  un  homme  de  trente-deux  ans  s'était  pendti,  on  flt  l'autopsie  deux 
Jevra  api  es  la  mort-,  faciès  affaissé  d'un  bleu  sale,  oreilles  bleues,  yeux  fermés, 
profonds  et  non  ecchymoses,  chair  de  poule  très  considérable ,  fiénis  flasque,  urè- 
tkr«  aee,  sur  la  chemise  aucune  tache  ni  d'urine,  ni  de  sperme,  ni  de  fèces  ;  langue 
éerHère  les  dents,  écume  blanche  devant  la  bouche.  La  muqueuse  de  la  trachée  et 
ift  larynx  rouge  et  injectée,  une  ecchymose  à  la  paroi  postérieure  de  la  trachée  ;  le 
einal  d(!  la  ttanchée  rempli  de  liquide  rose  écumeux  ;  le  sillon  ressemblait  exactement 
à  ceux  que  l'on  produit  après  la  mort,  situé  entre  l'Os  bycrldë  et  le  larynx  ;  au  côté 
poche  du  cou  il  était  peu  profond,  d'un  jaune  brun  en  partie  gris  rosâtre,  mou  sous 
le  couteau,  sans  ecciiymosc  ;  au  côté  droit  il  se  perdait  et  reparaissait  très  super- 
AeielleinenI,  blanc,  au-dessous  de  l'apophyse  mastoïde.  Il  y  avait  une  hypé- 
rénia  des  poumons,  l'artère  pulmonaire  était  très  remplie  de  sang  foi.cé  et  liquide, 
IttMlia  que  le  cœur  était  presque  vide.  Les  veines  de  l'abdomen  étaient  hypérémi- 
ques ;  ni  dans  le  crâne,  ni  dans  les  autres  organes,  il  n'y  avait  aucune  anomalie. 

Obs.  272.  —  Suicide  par  pendaison.   Mort  par  neuroparalysie. 

Un  homme  de  cinquante  ans  s'était  pendu  au  mois  de  décembre  et  le  cadavre 
nous  arriva  tout  frais.  La  langue  était  derrière  les  dents;  le  faciès  pùle  et  affaissé, 
les  yeux  enfoncés  ;  le  sillon  se  trouvait  sur  le  larynx,  sa  plus  grande  largeur  était 
de  2  centimètres,  il  était  interrompu  en  quelques  endroits,  un  peu  dur,  d'un  brun 
rouge  saloy  mou  à  couper,  sans  ecchymoses,  le  sillon  se  perdait  derrière  les 
oreilles  ;  aucune  lésion  des  muscles  ou  des  vaisseaux  du  cou,  pas  de  fracture  du 
lerynx  ni  des  vertèbres  cervicales.  Les  organes  du  crâne  normaux,  les  poumons 
également  ;  le  cœur,  flasque,  avait  dans  chaque  cavité  i  5  grammes  de  sang  foncé 
al  liquide  *,  Tartère  pulmonaire  remplie,  larynx  et  trachée  vides  et  sans  injection, 
par  conséquent  mort  par  neuroparalysie. 

Obs.  273.  —  Suicide  par  pendaison.  Seuroparalysie. 

Un  garçon  de  dix-huit  ans  se  pendit  au  mois  de  janvier.  A  l'autopsie  nous 
trenvAnies  les  téguments  de  l'abdomen  déjà  verts,  la  langue  derrière  les  dents,  le 
iKies  pâle,  les  yeux  affaisés,  le  sillon  large  de  8  millimètres,  d'un  gris  sale,  situé 
•■Ire  l'os  hyoïde  et  le  larynx  s'étendant  jusqu'aux  vertèbres  cervicales,  tout  à  fait 
wpafflciol,  BOtt  sons  le  couteau  et  non  ecchymose,  vertèbres  et  larynx  intacts, 
pis  d'anonudie  aux  parties  génitales,  la  cavité  crânienne  contenant  la  quantité  de 


372  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

fang  normale,  le  thymus  ayant  5  centimètres  de  longueur,  les  poanKms  peu  hy- 
pérémiques,  dans  le  péricarde  une  cuillerée  de  liquide  sanguinolent,  Teine  coro- 
naire vide,  oreillette  gauche  contenant  un  peu  de  sang  noir,  de  même  l'oreittetle 
droite,  les  deux  ventricules  presque  vides,  les  grands  vaisseaux  peu  remplis,  le 
larynx  et  la  trachée  intacts  et  vides,  la  muqueuse  ayant  la  couleur  chocolat  de 
putréfaction,  la  veine  cave  remplie. 

Obs.  274.  —  Suicide  par  pendaistm.  Neuroparalysie, 

Un  homme  de  cinquante  ans  se  pendit  pendant  le  mois  d'avril.  L'abdomen  était 
vert  de  putréracUon  ;  parties  génitales  normales,  chair  de  poule,  faciès  pâle,  yeax 
affaissés,  langue  à  la  place  ordinaire,  vertèbres  intactes  ;  au  cou  un  double  silloo, 
le  supérieur,  large  de  8  millimètres  entre  l'os  hyoïde  et  le  larynx  se  perdant  aux 
apophyses  mastoïdes  d'un  brun  saie,  dur  à  couper,  non  ecchymose;  riofériear 
situé  sur  le  larynx  moins  large,  très  superficiel,  de  même  couleur,  plus  mou  souslo 
couteau,  non  ecchymose  ;  anémie  du  crâne  ;  les  deux  poumons  pâles,  cootenaat 
une  quantité  moyenne  de  sang  épais  ;  larynx  et  trachée  intacts,  vides  et  pâles. 
Les  deux  cavités  du  cœur  contenaient  peu  de  sang  ainsi  que  les  grands  vaisseaux, 
la  veine  cave  était  peu  remplie.  Tout  le  reste  était  normal. 

Obs.  275. — Suicide  par  pendaison.  Neuroparalysie. 

Un  homme  de  soixante  ans  se  pendit  au  mois  de  janvier,  on  en  fit  Tautopsie 
trois  jours  après  la  mort,  nous  trouvâmes  :  chair  de  poule  très  prononcée  surtout 
le  corps,  les  yeux  demi-ouverts,  non  injectés,  le  faciès  et  les  oreilles  pâles,  le  pénis 
flasque,  l'urèthre  humide  mais  ne  contenant  pas  de  sperme  ;  du  côté  droit  du  covk 
sillon,  profond  ù  peine  d'un  millimètre,  blanc  et  mou,  large  d'un  1/2  centimètre; 
du  côté  gauche  le  sillon  avait  la  môme  largeur,  il  était  d'un  brun  sale,  dur  et  nos 
ecchymose;  larynx  et  trachée  pâles  et  vides,  nulle  part  hypérémie,  tous  les  organes 
normaux. 

Obs.  276.  ~  Suicide  par  pendaison.  Sillon  invisible. 

J'ajoute  ce  cas  parce  qu'il  offre  une  de  ces  nombreuses  combinaisons  qui  s'offrent 
au  praticien.  CNHait  un  homme  de  trente  ans  qui  s'était  certainement  suicidé  ;  il 
s'était  pendu  et  était  mort  par  hypérémie  des  poumons.  Le  sillon  n'était  pas  visible 
et  ne  pouvait  pas  l'être,  car  le  décédé  avait  une  barbe  excessivement  épaisse  dans 
laquelle  le  lien  avait  été  situé.  Après  avoir  rasé  la  barbe  nous  trouvâmes  seulement 
au  cùlé  droit  du  cou  une  légère  trace  de  sillon  très  superficiel  de  la  longueur  de 
3  centimètres  large  de  G  millimètres,  à  peine  coloré.  Ce  sillon  insignifiant  aurait 
très  bien  pu  passer  inaperçu,  et  on  n'aurait  pas  soupçonné  la  mort  par  pendaison. 
Deux  circonstances  accessoires  étaient  encore  intéressantes  :  la  main  droite  du 
cadavre  était  plissée  par  la  macération  comme  chez  les  cadavres  tirés  de  l'eau, 
elle  devait  nécessairement  avoir  été  placée  dans  un  liquide,  on  sut  en  effet  que 
le  cadavre,  après  avoir  été  détaché,  eut  la  main  dans  un  seau  d'eau  pendant  deux 
jours;  les  hypostases  cadavériques  étaient  sur  le  côté  gauche  du  corpa,  tandis  que 


PENDAISON,  STRANGULATION. — Y  A-T-IL  FAUTE  Ï>*VS  TIERS?     S73 

le  dos  était  intact,  et  il  fut  constaté  que  la  cadavre  avait  été  couché  sur  le  côté 
gauche  après  avoir  été  détaché.  Les  hypostases  internes  furent  également  trouvées 
du  côté  gauche,  au  cerveau,  aux  poumons  et  aux  reins. 

Les  cas  que  nous  venons  de  rapporter  suffisent  pour  démontrer 
les  règles  que  nous  avons  posées  dans  la  partie  théorique  de  cette 
question.  Dans  le  paragrapiie  suivant  nous  étudierons  comment 
00  peut  déterminer  s'il  y  a  eu  meurtre  ou  suicide. 

S  3.  —  Oéiermiiier  »'il  y  •  faute  d'un  tier«. 

Lorsqu'on  trouve  le  cadavre  d'un  homme  qui  parait  avoir  été 
pendu  ou  étranglé,  et  que  les  circonstances  font  naître  le  soupçon 
d'un  meurtre,  le  médecin  légiste  doit  résoudre  cette  question  diffi- 
cile :  La  mort  a-t-elle  été  causée  par  la  faute  d'un  tiers  ? 

Avant  tout,  il  faut  poser  le  diagnostic  de  la  mort  strangulatoire 
elle-même  d'après  les  critériums  que  nous  avons  énoncés.  Si  le  dé- 
cédé a  succombé  à  un  autre  genre  de  mort,  il  est  évident  que  la 
pendaison  n'a  pu  avoir  eu  lieu  qu'après  la  mort  ^  ces  cas  ne  sont  pas 
rares,  il  est  facile  de  les  reconnaître.  Un  matelot  fut  tué  avec  un  poi- 
gnard par  les  filles  d'une  maison  publique  à  Amsterdam  ;  pour  cacher 
le  crime,  les  filles  lavèrent  le  cadavre,  lui  mirent  une  chemise  propre 
et  le  pendirent  (  Vrolick).  On  ne  trouva  pas  les  signes  de  l'asphyxie, 
mais  une  blessure  pénétrante  du  cœur.  Qui  aurait  pu  douter  un 
instant  de  la  cause  de  mort?  La  décision  est  aussi  facile  pour  des 
eofiants  mort-nés,  lorsque  la  mère  fait  des  manœuvres  meurtrières 
parce  qu'elle  croit  que  l'enfant  vit  et  qu'elle  veut  le  tuer,  ou  bien 
parce  qu'elle  craint  que  sa  mort  ne  soit  qu'apparente  et  que  la  vie  ne 
rerienne.  La  docimasie  constatera  que  l'enfant  est  mort-né,  et  la 
question  sera  décidée. 

Supposons  maintenant  que  l'on  trouve  les  phénomènes  de  la  mort 
Mrangnlatoire  :  l'hypérémie  des  poumons  ou  du  cerveau,  etc.  Ces  phé- 
nomènes ne  sont  pas  uniquement  spécifiques  de  la  mort  par  strangu- 
btion,  ils  sont  journellement  le  résultat  d'autres  genres  de  mort,  l'as- 
phyxie peut  avoir  eu  lieu  d'une  manière  quelconque  et  le  cadavre 


37 A  PARTIE   THANAT0L06IQUB. 

peut  avoir  été  pendu  ensuite.  M.  Devergie  demande  dans  cette  eireon- 
stance  où  est  le  malheur,  puisc|ue  le  médecin  légiste  aura  toiyours 
constaté  la  mort  par  asphyxie.  M.  Devergie  oublie,  ce  qui  est  asseï 
important,  que  souvent  plusieurs  personnes  sont  accusées  du  crime.  Si 
dans  un  tel  cas  A.  et  B.  sont  accusés,  A.  a  éteuffé  la  victime,  et  B.  Ta 
pendue;  B.  doit  certainement  être  puni,  mais  A.  seul  a  causé  h 
mort. 

Lorsqu*un  homme  a  succombé  à  une  maladie  mortelle  et  que  le 
cadavre  a  été  pendu  bientôt  après  la  mort,  le  sillon  fait  sur  le  cada- 
vre pouvant  tout  à  fait  ressembler  à  celui  produit  sut  le  vivant ,  ii 
peut  être  impossible  de  décider  s'il  y  a  eu  faute  d'un  tiers  par  les 
seuls  phénomènes  de  Tautopsie.  Mais  le  médecin  légiste  doit,  d'après 
les  principes  que  nous  avons  émis  dans  le  courant  de  cet  ouvrage, 
faire  la  combinaison  des  circonstances  accessoires  et  en  tirer  la 
conclusion  qu'il  trouve  la  plus  probable. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  strangulation  avec  les  mains  annonce 
presque  avec  certitude  la  faute  d'un  tiers,  c'est-à-dire  un  crime,  la 
strangulation  avec  un  lien  la  rend  très  vraisemblable,  tandis  que  la 
pendaison  donne  beaucoup  de  probabilités  au  suicide. 

A  Berlin,  par  exemple,  dans  les  trois  années  1852  à  1S5A,  il  y 
eut  368  suicides  parmi  lesquels  189  par  pendaison,  ainsi  plus  de  la 
moitié. 

Il  faut  considérer  d'abord,  quand  le  cadavre  est  connu,  quels  ont 
été  les  antécédents  du  décédé  :  était-ce  un  buveur^  un  homme  sous 
le  coup  d'une  instruction  criminelle,  un  homme  plongé  dans  la  mi- 
sère, ou  sous  le  coup  d'un  grand  chagrin,  ou  bien  souffrant  d'une 
maladie  incurable?  Bref,  ses  antécédents  peuvent-ils  f^ire  supposer 
qu'il  avait  le  désir  d'en  fmir  avec  la  vie?  Ajoutons  cependant  que 
ces  circonstances  ne  sont  qu'accessoires  et  ne  peuvent  offrir  qu'un 
secours  dans  le  jugement  dont  la  base  doit  toujours  être  les  phéno- 
mènes physiques. 

Il  existe  un  fait  qui  donne  un  grand  poids  aux  probabilités,  c'est 
qu'il  est  facile  d'étrangler  un  homme  avec  les  mains,  pas  très 
difficile  de  l'étrangler  avec  un  lien,  mais  presque  impossible  de  le 


PENDAISON,  STRANGULATION.  —Y  A-T-IL  FAUTE  d'uN  TIERS?      375 

peadre  si  ce  n*est  pas  un  enfant,  s'il  n'a  pas  perdu  connaissance, 
s'il  n'est  ni  imbécile  ni  paralysé,  enfin  si  la  résistance  n'est  pas 
vaincue  par  force  majeure,  par  exemple  quand  il  y  a  plusieurs  mal- 
faiteurs contre  une  seule  victime.  Dans  un  crime  par  strangulation 
ou  pendaison ,  il  faut  supposer  un  combat  et  chercher  les  traces  de 
résistances,  telles  que  des  égratignures,  blessures ,  luxations,  frac* 
tures  (de  doigts),  des  ecchymoses,  des  cheveux  dans  les  mains,  etc. 
Ici  je  dois  signaler  l'erreur  assez  comirmne  qui  peut  avoir  les  suites 
les  plus  graves  et  qui  consiste  à  prendre  les  taches  cadavériques  qui 
se  trouvent  sur  presque  tous  les  sujets  quand  ils  arrivent  à  la  table 
de  l'autopsie,  nombreuses,  rouges,  jaunâtres,  brunes  sales  à  la  figure, 
au  cou,  à  la  poitrine,  aux  membres,  etc.,  qui  ont  été  produites  par 
la  transport  du  cadavre,  soit  en  le  soulevant,  soit  en  le  déshabillant, 
soit  ea  le  traînant  sur  le  sol.  Ces  taches,  plus  ou  moins  dures  à 
couper,  ne  sont  jamais  ecchymosées  et  peuvent  être  produites  sur  le 
cadavre,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut.  (Voyez  partie  générale, 
page  OS.) 

Une  circonstance  importante  encore  est  la  position  dans  laquelle 
on  a  trouvé  le  cadavre.  Autrefois  on  croyait  que  le  suicide  par 
strangulation  dans  la  position  horizontale  était  impossible,  mais  cette 
opinion  est  maintenant  rejetée.  Nous  communiquerons  plus  bas  deux 
observations  indubitables  (obs.  286  et  286).  Il  est  encore  erroné 
de  croire  que  la  pendaison  n'a  pas  été  le  résultat  d'un  suicide  lorsque 
le  Gfidayre  touche  la  terre  avec  un  ou  deux  pieds.  Nous  rapporte- 
rons plus  bas  trois  cas  (obs.  289  à  291),  de  suicidés  évidents  dont 
les  cadavres  touchaient  le  sol  avec  les  deux  pieds. 

Très  instructifs  sont  encore  les  cas  très  vivement  décrits  par 
Mare  (1),  qu'il  a  publiés  à  l'occasion  du  suicide  par  pendaison  du 
prince  de  Condé  après  la  révolution  de  1830,  pour  enlever  tous  les 
dootea  qu'entouraient  le  suicide  du  prince.  Dans  les  cas  recueillis 
par  Marc,  les  deux  pieds  d'un  pendu,  comme  ceux  du  prince,  tou- 
chaient le  sol  sur  lequel  se  trouvait  du  grain  ;  dans  un  autre  cas, 

il)  Annale  ^hygiène  publique^  t.  V,  p.  156. 


376  PARTlt:    TIIANATOLOGIQUE. 

c'était  un  prisonnier  qui  s'était  pendu  à  la  fenêtre,  le  cadavre  était 
moitié  assis  sur  le  rebord  de  la  fenêtre,  le  pied  droit  était  à  plat  sur 
le  sol,  le  pied  gauche  le  touchait  avec  la  pointe.  Un  autre  prisonnier 
qui  s'était  pendu  aussi  à  sa  fenêtre,  avait  le  pied  gauche  à  plat  sur 
le  rebord  de  la  fenêtre  et  le  talon  du  pied  droit  touchait  le  sol 
Un  prisonnier  anglais  se  pendit  également,  on  trouva  son  cadavre 
presque  assis,  les  fesses  n'étaient  éloignées  du  sol  que  de  2  centi- 
mètres, et  les  talons  des  deux  jambes  étendues  touchaient  le  sol  ;  un 
ouvrier  se  pendit  dans  son  lit,  le  corps  était  comme  à  genoux,  mais 
les  genoux  étaient  éloignés  de  '20  à  30  centimètres  du  matelas,  et  les 
pointes  des  pieds  reposaient  sur  le  lit  ;  une  fille  publique  se  pendit 
à  un  crochet  éloigné  du  sol  de  1  mètre,  ainsi  plus  bas  que  la  hautear 
de  son  corps,  on  trouva  les  membres  inférieurs  écartés,  le  droit 
étendu,  avec  le  talon  touchant  le  sol,  le  gauche  fléchi  en  arrière  avec 
la  pointe  touchant  le  sol.  Le  dernier  cas  de  Marc,  enfin,  se  rapporte 
encore  à  une  fille  publique  pendue  à  une  quenouille  ;  la  tète  avec  la 
jambe  droite  formait  une  ligne  oblique  par  rapport  au  sol  sur  lequel 
reposaient  tout  le  côté  gauche  et  le  pied  droit.  J'ai  moi-même  ob- 
servé un  cas  de  meurtre  commis  parce  que  l'on  avait  lié  la  victime  à 
une  quenouille,  le  corps  reposant  complètement  sur  le  sol. 

Il  est  possible  que  dans  un  certain  nombre  de  ces  cas  où  on  a  trouvé 
les  cadavres  touchant  plus  ou  moins  le  sol  avec  leurs  pieds,  cette  posi- 
tion n'existait  pas  au  moment  de  la  pendaison  et  que  ce  n'est  qu'après 
la  mort  que  le  poids  du  corps  l'a  fait  retomber  ou  que  la  rigidité  cada- 
vérique l'a  allongé.  Les  auteurs  français  ont  saisi  cette  occasion  pour 
diviser  la  pendaison  en  complète  et  incomplète.  Une  telle  division  n'a 
aucune  utilité.  Il  suffit  de  savoir  qu'il  n'existe  pas  une  seule  position 
du  corps  dans  laquelle  la  mort  volontaire  par  pendaison  ne  soit  pas 
possible  ;  de  sorte  que  le  corps  peut  être  trouvé  pendant  dans  l'air, 
touchant  plus  ou  moins  le  sol  avec  un  ou  deux  pieds,  agenouillé,  plus 
ou  moins  assis,  reposant  sur  le  sol  dans  une  position  oblique,  même 
horizontale,  etc.  Cependant,  dans  certaines  circonstances,  la  position 
du  cadavre  peut  prouver  le  suicide  ou  le  meurtre  ;  le  suicide,  si, 
par  exemple,  le  cadavre  est  trouvé  pendu  au  haut  d'un  arbre  ;  le 


PENDAISON,  STRANGULATION.  —  Y  A-T  IL  FAUTE  d'UN  TIERS?      377 

meurtre,  si  le  cadavre  pendu  haut  a  les  mains  liées  derrière  le  dos, 
ou  bien  dans  une  position  comme  celle  de  Tobservation  277  dans 
laquelle  les  assassins  ont  voulu  faire  naître  Fapparence  d'un  sui- 
cide. 

Ainsi ,  pour  prouver  qu'il  y  a  faute  d'un  tiers ,  il  faut  d'abord 
prouver  que  la  constriction  a  été  faite  pendant  la  vie,  or  cette  preuve 
ne  peut  être  offerte  que  par  la  présence  des  symptômes  de  la  mort 
strangulatoire,  symptômes  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  peuvent 
manquer,  puis  rechercher  les  traces  de  résistance,  enGn  étudier  la 
position  dans  laquelle  le  cadavre  a  été  pendu,  nous  venons  de  voir 
que  cette  position  ne  pouvait  donner  que  des  renseignements  assez 
vagues;  il  ne  reste  donc  pour  décider  celte  question  que  de 
considérer  la  somme  de  tous  les  signes  diagnostiques ,  de  les  com- 
biner avec  toutes  les  circonstances  accessoires ,  d'individualiser 
chaque  cas  en  l'entourant  de  toutes  ses  particularités  et  de  donner 
au  rapport  la  rédaction  que  nous  avons  déjà  recommandée  :  c  Les 
résultats  de  l'autopsie  n'ont  pas  donné  de  résultat  s'opposant  à  l'ad- 
mission d'un  suicide.  >  De  cette  manière  le  médecin  n'est  pas  trop 
engagé,  de  l'autre  il  n'y  a  pas  déclaration  d'incompétence  toujours 
pénible  pour  la  dignité  du  médecin  et  embarrassante  pour  le  juge. 
En  rédigeant  le  rapport  de  la  manière  que  nous  venons  de  dire,  le 
juge  est  satisfait,  car  il  n'a  demandé  une  autopsie  «  légale  >  que 
parce  que  les  circonstances  anormales  au  milieu  desquelles  on  a 
trouvé  le  cadavre  ont  fait  naître  un  soupçon  et  que  le  médecin 
déclare  que  le  soupçon  n'est  pas  justifié  par  les  résultats  de  la 
science. 

Obs.  277.  —  La  strangulation  est' elle  le  résultat  d*un  suicide  ou  d'un  meurtre? 

Le  22  avril  18**,  à  dix  heures  du  matin,  les  habitants  d'une  maison  aperçurent 
de  la  foonée  sortant  des  fenêtres  de  l'appartement  d'une  vieUle  femme  qui  vivait 
seule.  La  porte  était  fermée  ;  lorsque  l'on  pénétra  en  la  forçant,  on  vit  la  chambre 
remplie  de  fumée  et  la  paillasse  du  lit  brûlée.  On  ne  trouva  pas  la  clef  de  la  porte 
qui  était  fermée  è  double  tour.  La  vieille  femme  était  morte,  elle  fut  trouvée  astiie 
mr  une  chaise,  paraissant  étranglée.  A  quelques  pas  de  la  chaise  se  trouvait  à  la 
firoi  de  la  chambre  uo  crochet  auquel  était  attaché  un  fichu  de  toile  dont  un  bout 


378  PARTI6   THANATOLOGIQDE. 

pendait,  les  Armoires  do  la  chambre  avaient  été  ouvertes  et  on  y  avait  pris  des 
habits  et  des  objets  de  valeur.  On  transporta  le  cadavre  dans  le  vestilmle  où  les 
médecins  A...,  F...  et  K...  essayèrent  de  sauver  l.i  femme  sans  y  parvenir.  Les 
médecins  décrivirent  dans  leur  rapport  «  un  sillon  strangulatoire  profond  s'éten- 
dant  du  sterno-clcido-mastoïdien  droit  jusque  derrière  le  môme  muscle  du  eôté 
gauche  ;  de  ce  côté  gauche  le  sillon  était  plus  prononcé,  et  double  à  un  certain 
endroit.  La  figure  était  très  bleue.  »  Le  docteur  A...  déclara  que  trois  jours  plus 
tard,  l'autopsie  légale  n'avait  pas  encore  été  faite  :  a  le  sillon  strangulatoire  était 
moins  visible  qu'auparavant.  ¥  L'ouvrier  H..  ,  qui  avait  assisté  aux  tentatives  que 
l'on  avait  faites  pour  sauver  la  femme,  déposa  «  qu'il  avait  vu  au  cou  un  sillon 
rouge  ressemblant  à  une  plaie  produite  par  un  coup  de  fouet  » . 

Le  26,  quatre  jours  après  la  mort,  le  cadavre  fut  disséqué.  Il  <ivait  beaucoup  de 
plume  de  lit  dans  les  cheveux  ;  la  langue  tuméflée  mais  pâle  se  trouvait  entre  les 
maxillaires  sani  dents,  les  mains  et  les  ongles  étaient  bleuâtres  ;  sur  la  joue  gauche 
il  y  avait  une  petite  égratignure  ;  au  nez  et  à  la  bouche,  dont  les  lèvres  étaient 
bleuâtres,  se  trouvaient  des  traces  de  sang  séché  ;  au  milieu  de  la  lèvre  supérieure 
était  une  petite  tache  ecchymosée.  Du  cdté  gauche  du  cou ,  depuis  le  bord  posté- 
rieur du  liemo-cléido- mastoïdien  jusqu'au  bord  antérieur  du  môme  muaele  du  eôté 
droit,  se  trouvait  un  sillon  aplati,  superficiel,  large  de  1  centimètre,  profond  de 
1/2  centimètre  en  quelques  endroits,  d'un  jaune  brun  sale  et  coloré  au  bord  en  rose 
à  quelques  endroits  ;  le  sillon  devenait  de  moins  en  moins  visible  à  mesure  que  l'on 
se  dirigeait  vers  le  côté  droit  ;  tout  le  sillon  était  mou  à  couper,  il  n'y  avait  nulle 
part  une  ecchymose  ;  à  la  partie  antérieure  il  passait  sur  le  milieu  du  larynx  ;  à 
1  centimètre  au-dessus  du  sillon,  la  peau  était  un  peu  rougie,  ce  qui  provenait 
probablement  d'un  deuxième  sillon  qui  cependant  ne  pouvait  plus  être  reconnu.  A 
l'angle  du  maxillaire  inférieur  gauche  se  trouvaient  deux  taches  d'un  bleu  rouge, 
ecchymosées,  de  la  grosseur  d'un  petit  pois  et  de  la  grandeur  d'une  pièce  de 
20  centimes,  et  à  3  centimètres  de  l'angle  du  maxillaire  inférieur  droit,  une  tache 
tout  à  fait  semblable  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes. 

Les  poumons  étaient  assez  remplis  de  sang  foncé  et  liquide,  ainsi  que  les  artères 
coronaires,  peu  de  sang  dans  le  cœur  gauche,  beaucoup  dans  le  cœur  droit  et  dans 
les  grands  vaisseaux  de  la  poitrine,  vive  rougeur  de  la  muqueuse  trachéale  sur 
laquelle  se  trouvaient  quelques  gouttes  de  sang,  coloration  bleu  foncé  de  l'arrière- 
bouche,  les  veines  des  méninges  très  remplies,  et  une  ecchymose  ronde  de  6  cen- 
timètres à  la  surface  intente  de  la  protubérance  occipitale,  beaucoup  de  sang  dans 
les  veines  du  mésentère,  de  l'épiploon  et  des  deux  reins. 

D'après  cela  on  ne  pouvait  pas  douter  de  la  mort  par  asphyxie  ;  mais  on  ne  pou- 
vait pas  non  plus  douter  qu'il  y  avait  eu  une  violence  produite  par  une  main  étran- 
gère. Ou  ne  pouvait  pas  expliquer  la  mort  d'une  autre  manière,  puisque  l^aspbyxie 
par  la  fumée  de  paille  se  serait  fait  reconnaître  par  une  autre  coloration  de  la 
muqueuse  trachéale,  puis  le  sillon  strangulatoire,  quoiqu'il  fût  comme  celui  que 
l'on  observe  chez  les  sigets  pendus  après  la  mort,  a  été  vu  par  les  médecins  dans  un 
état  tout  différent  qui  écarte  toute  espèce  de  doute  ;  de  plus  il  y  a  un  phénomène 
trouvé  à  l'autopsie  qui  est  d'une  grande  importance,  oe  sont  lea  eoehymoses  du 


PENDAISON,  STRANGULATION.  -  Y  A-T-IL  FAUTE  d'uN  TIERS?      879 

cou,  deia  du  côlé  gauche  et  une  du  côté  droit  ;  ccis  phénomènes  n*ont  pu  ôtre  que 
le  résultai  d'unç  preasloi)  exercée  avec  des  doigts  pendant  la  vie,  le  pouce  a  été 
appliqué  du  cô(é  droit,  et  deux  doigts  du  côté  gauche  ;  cette  pression  a  été  sans 
doutu  U  première  atteinte  faite  à  \^  vie  de  la  vicUme  ;  on  a  dû  ensuite  avoir  recours 
lu  li^  strangulatotre,  et  les  actes  prouvent  qu'entre  ces  4eux  manoeuvres  il  s*e«t 
pessé  très  peu  de  temps. 

Il  était  facile  d'écarter  le  soupçon  d'un  suicide,  quoique  évidemment  les  essASsins 
eiisieqt  voulu  le  provoquer  en  attuçhaut  un  Qchu  au  crochet  de  la  muraille.  Mais 
iem^is  j<i  n'ai  vu  essayer  une  fryude  plus  maladroite,  l^a  clef  de  la  porte  fermée  ne 
i'çstpjiaretrquvée,  l'instrument  strangulatoire  n'était  pei  au  cou  quand  en  tFouvg 

le  ciidiivre,  et  l'assassin  n'avait  pas  pensé  que  si  la  femme  fi. . .  s'éUit  pendue  au  oroi> 
e^e\  on  pe  l'aurait  paa  trouvée  mofte  sur  une  chaise.  Les  assassins  restèrent 
inconnus.  / 

Obs.  S78.  —  Infanticide  par  strangulation. 

Une  ÛUe  était  accusée  d'être  accouchée  clandestinement  le  17  janvier  ;  elle  nia 
le  fait  à  la  sage-femme  chargée  de  l'eitiiminer,  quoique  oette  dernière  eùi  trouvé 
dans  la  chambre  un  placenta  encore  frais.  La  saget^femme  découvrit  smia  le  dos  de 
la  («maae  eeuchée  un  enfant  mort,  enveloppé  dans  un  tablier  neuf,  sali  par  du 
«ang,  l'enfant  était  encore  chaud.  Alors  l'inculpée  avoua  avoir  donné  naissance  à  cet 
enfant  dans  un  endroit  du  sol  où  on  trouva  une  grande  quantité  de  sang.  Sur  le  bor«l 
du  U  feutre  la  sage-femme  trouva  des  ciseaux,  à  côté  du  lit  trois  fils  de  coton,  et  à 
la  iéle  du  lit  un  quatrième  fil  taché  de  sang  était  lié.  Les  cordons  qu'on  nous  a 
prétantéi  plus  tard  étaient  longs  de  50  à  60  centimètres,  et  larges  de  5  à  6  milli* 
inètrsit,  lei  deux  plus  grands  étaient  presque  tout  à  fait  remplis  de  sang. 

Voici  fse  que  l'inculpée  raconta  sur  son  accouchement  :  La  nuit,  à  onse  heures, 
elle  eommença  à  éprouver  des  douleurs  très  vives,  elle  s'étendit  par  terre  el 
peNit  eonaaissance ,  et  ce  n'est  que  le  matin  qu'elle  trouva  sur  le  soi  où  elle 
l'éUit  couchée  un  enfant  mort  qu'elle  prit  et  qu'elle  posa  sous  elle.  Gomme  on  lui 
aigoetait  qu'elle  devait  avoir  coupé  le  cordon,  elle  répondit  qu'elle  n'en  savait  rien, 
si  jusqu'à  la  fin  de  l'instruction  elle  ne  changea  pas  un  mot  à  cette  narration. 

t'autopsie  légale  de  l'enfant  permit  d'abord  de  constater  tous  les  signes  de  la 
qaalwité  ;  au  cdté  giiuche  du  cou  se  trouvait  un  sillon  strangulatoire  passant  sur  la 
Qiiquo,  peu  profond, facile  à  couper,  large  de  4  millimètres,  qui  se  distinguait  par  une 
oouloiir  p)i|S  blanche  que  le  reste  de  la  peau  ;  des  incisions  faites  dans  ee  sillon  ne 
domiérent  point  d'ecchymoses  \  le  (oie  était  hypérémiqne,  la  vessie  vide,  les  gros 
intestins  remplis,  les  veines  de  l'abdomen  contenaient  assez  de  sang  fonïsé  et  épais, 
les  poumons  remplissaient  la  cavité  pectorale,  rouges,  marbrés  de  bleu,  leur  poids 
avec  le  cœur  était  de  80  grammes,  sans  le  cœur  seulement  de  40  grammes  ;  ils 
nageaient  complètement  dans  l'eau,  il  y  avait  crépitation,  du  sang  écumeux  sortait 
quand  on  les  incisait,  des  bulles  d'air  montaient  quand  on  les  incisait  sous  l'eau  ;  les 
artères  cofimaires  étaient  aasey  remplies,  le  cœur  droit  vide,  le  cœur  gat^che  assez 
r^DpU;  larynx  et  trachée  qqrmaux  çt  vides,  infiltrution  sanguine  ^^  os  crâniena* 
IqfpêcMft  4o  lu  di|re-rm4r<t  Qt  4ç|8  vaia^oaux  (|u  cerveau  ;  vu  tou«  çea  symptAmçs, 


380  PARTIE    THAPÎATOLOGIQUE. 

nous  conclûmes  que  l'enfant  était  né  à  terme,  qu'il  avait  vécu  après  la  naissance, 
et  qu'il  était  mort  d'apoplexie,  puis  nous  continuâmes  dans  notre  rapport  : 

«  Nous  pouvons  nous  prononcer  sur  la  cause  de  cette  apoplexie  cérébrale; 
il  y  a  quelques  écorchures  insignifiantes  à  Toreille  droite  et  à  Vos  pariétal, 
ainsi  qu'un  sillon  au  cou,  ce  sont  des  signes  de  violence  extérieure.  IjOS  mensonges 
de  l'inculpée  vis-à-vis  de  la  sage-femme,  ses  contradictions  devant  le  juge,  exci- 
tent naturellement  le  soupçon  d'un  infanticide  produit  par  la  strangulation  au  moyea 
des  cordons  que  Ton  a  trouvés,  et  la  mort  de  l'enfant  par  apoplexie  ne  s'oppose  pas 
du  tout  à  cette  conclusion.  Il  s'agit  seulement  de  savoir  si  ce  sillon  au  cou  est  tel 
que  ceux  qui  sont  produits  par  une  strangulation  pendant  la  vie.  Nous  n'hésitons  pu 
à  dire  qu'il  est  très  vraisemblable  que  la  strangulation  a  eu  Heu  après  la  mort.  Le 
sillon  chez  les  pendus  ou  strangulés  pendant  la  vie  se  montre  ordinairement  sur  le 
cadavre  plus  ou  moins  profond  et  d'un  jaune  brun  sale,  la  peau  en  est  momifiée, 
dure  au  toucher  et  sous  le  couteau,  et  quelquefois,  il  y  a  des  ecchymoses  ;  or 
nous  n'avons  trouvé  aucun  de  ces  symptômes;  tandis  que,  si  l'on  met  un  lien 
strangulatoire  à  un  cadavre,  on  obtient  un  sillon  à  peine  profond,  à  peine  visible, 
un  peu  plus  blanc  que  le  reste  de  la  peau,  mou  au  toucher  et  sous  le  couteau, 
ainsi  une  marque  tout  à  fait  semblable  à  celle  que  nous  avons  trouvée  chei  l'en&Dt 
en  question,  il  est  donc  justifié  d'après  cela  d'admettre  que  très  probablement 
l'enfant  a  été  étranglé  après  sa  mort.  Il  reste  maintenant  à  savoir  comment  est 
survenue  l'apoplexie. 

»  L'apoplexie  est  un  genre  de  mort  très  fréquent  des  nouveau-nés,  et  dans  ce 
cas  l'enfant  abandonné  par  terre  dans  une  cuisine  froide  pouvait  facilement  mourir 
de  cette  manière.  La  sage-femme  pense  que  l'enfant  a  été  tué  par  la  pression  à 
laquelle  il  a  été  soumis  sous  le  corps  de  sa  mère,  cela  n'est  pas  possible,  car  on 
aurait  trouvé  chez  cet  enfant  une  hypérémie  pulmonaire.  Nous  croyons  avoir  rempli 
notre  tâche  en  ayant  donné  les  raisons  physiologiques  de  la  mort  de  l'enfant,  il 
n'est  pas  de  notre  domaine  d'approfondir  les  motifs  qui  ont  poussé  la  mère  à  mettre 
une  corde  autour  du  cou  de  son  enfant  mort.  Nous  croyons  seulement,  d'après  notre 
expérience,  pouvoir  déclarer  que  la  mère  a  voulu  étrangler  son  enfant  de  peur 
qu'il  ne  revienne  à  la  vie.  Les  dépositions  contradictoires  de  la  mère  montrent  que 
l'on  ne  peut  pas  se  rapporter  à  ce  qu'elle  dit,  nous  mentionnons  ici  que  le  cordon 
ombilical  a  été  séparé  par  un  instrument  tranchant,  cela  est  prouvé  par  les  bords 
lisses  et  nets  qu'il  présente  ;  mais  on  ne  dit  pas  s'il  a  été  lié.  D'après  ce  qui 
précède  nous  concluons  :  qu'il  est  très  vraisemblable  que  la  mort  par  apoplexie  n'a 
pas  été  produite  par  strangulation,  et  que  la  corde  de  coton  a  été  mise  autour 
du  cou  après  la  mort.  » 


Obs.  279.  Infanticide  doutfmx  par  stranguiation. 

Le  cadavre  d'un  garçon  nouveau-né,  à  terme,  fut  trouvé  au  mois  d'avril  dans  un 
jardin;  un  fichu  ayant  un  nœud  à  un  de  ses  bouts  entourait  assez  fermement  le  cou. 
A  partir  de  ce  nœud,  situé  à  la  nuque,  un  cordon  de  laine  entourait  deux  fois  le  cou 


PENDAISON,  STRANGULATION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  d'uN  TIERS?      381 

si  éiroitement  que  Ton  ne  pouvail  pas  passer  le  doigt  ;  le  cordon  pissait  à  travers 
la  bouche  qu'il  tenait  entr'ouverte  et  était  très  serré  à  gauche.  Le  placenta  pesant 
350  grammes  fut  trouvé  non  loin  de  là.  Les  sillons  strangulatoires  étaient  larges  de 
4  millimètres  et  profonds  de  1  millimètre,  complètement  blancs,  mous,  non  ecchy- 
moses ;  le  diaphrame  était  entre  la  quatrième  et  la  cinquième  côte,  le  poumon 
gauche  tout  à  fait  rétracté,  le  droit  remplissait  aux  trois  quarts  la  cavité,  le  pre- 
mier d'une  couleur  brune,  le  second  d'un  rouge  vermeil  marbré  de  bleu.  Le  gauche 
incisé  n'offrait  aucune  crépitation  ni  écume  sanguinolente,  et  ne  nageait  pas  dans 
l'eau  ;  le  droit  nageait  dans  l'eau,  contenait  de  l'écume  sanguinolente  et  incisé, 
faisait  entendre  une  crépitation,  le  cœur  ferme,  les  coronaires  vides,  la  trachée 
normale  et  vide,  sur  le  haut  de  la  tète  le  périoste  avait  plusieurs  taches  rouge 
pourpre  de  sang  foncé  et  coagulé,  épaisses  de  I  millimètre  ;  il  y  avait  hypérémie  de 
la  cavité  crânienne. 

De  là  nous  conclûmes  :  que  l'enfant  né  à  terme  et  viable,  avait  dû  naître  très 
vite,  la  tète  était  probablement  tombée  sur  le  sol,  il  avait  dû  mourir  peu  de  temps 
après  la  naissance  d'hypérémie  cérébrale,  après  sa  mort  il  avait  été  étranglé,  puis 
déposé  dans  le  jardin.  Dans  ce  cas  aussi  la  mère,  qui  est  restée  inconnue,  a  voulu 
probablement  empêcher  l'enfant  de  revenir  à  la  vie.  Si  l'enfant  n'avait  pas  été 
mort  lors  de  la  strangulation,  on  aurait  vu  des  phénomènes  tout  différents  (i). 

Obs.  280.  —  Viol  suivi  d^asscLssinat  par  strangulation. 

Au  mois  de  mai  18*^,  dans  une  maison  d'une  des  rues  les  plus  animées  de 
Berlin,  on  trouva  deux  cadavres,  un  homme  et  une  femme. 

Celle-ci  était  une  Aile  de  dix-sept  ans,  que  l'on  disait  avoir  été  violée  puis  étran- 
glée, à  côté  d'elle  était  étendu  l'ouvrier  N...,que  l'on  soupçonnait  être  l'auteur 
du  crime,  fa  tète  avait  été  fracturée  par  un  coup  de  feu  ;  ce  dernier  cadavre  n'a 
pas  été  ouvert  et  nous  ajoutons  seulement  qu'il  n'y  avait  pas  de  sperme  dans 
l'urèthre,  contrairement  à  ce  que  l'on  s'attendait  dans  cette  circonstance. 

L'autopsie  de  la  femme  offrit  les  phénomènes  suivants  :  la  couleur  du  corps  était 
normale,  il  y  avait  des  taches  vertes  de  putréfaction.  La  langue  tuméfiée  était 
entre  les  dents.  Il  n'y  avait  pas  de  corps  étrangers  dans  la  bouche  ni  dans  les 
autres  cavités  extérieures  ;  des  fèces  s'étaient  écoulées  de  l'anus  ;  en  pressant  le 
vagin,  il  en  sortait  une  écume  blanchâtre  qui  ne  consistait  qu'en  cellules  blanches. 
Du  côté  droit  du  cou,  au-dessous  du  bord  maxillaire  inférieur  se  trouvait  un 
sillon  jaune  brun,  long  de  10  centimètres  et  demi  (avec  une  petite  interruption  de 
1  centimètre),  large  de  1  centimètre  et  demi.  A  la  fin  du  sillon,  se  trouvait  une 
autre  marque  d'un  jaune  brun,  se  dirigeant  obliquement  en  bas,  longue  de  2  cen- 
timètres et  enfin  vers  la  nuque,  une  autre  marque  longue  de  1  centimètre  et  demi. 
Des  incisions  faites  dans  ces  marques  n'indiquèrent  pas  qu'il  y  avait  ecchymose. 
Au  cèté  gauche  du  cou,  deux  sillons  parallèles  se  dirigeaient  de  l'angle  maxillaire 
inférieur  vers  la  nuque,  longs  de  7  centimètres,  larges  de  1  centimètre  d'un  rouge 

(i)  Qoant  à  la  tobmersion  partielle  dc6  poumons,  voyez  les  obt.  353  el  361 . 


882  PktiTtt  TltABlATOLOâtQtlfc. 

brun  qui  n'étliieot  pas  plus  profonds  que  ceut  que  fidus  tenons  de  déeri^e.  f  «des  et 
lèvres  pftles^  non  tumêflés,  yeux  non  t)H>énilnént8,  vA|in  hoti  b6a(it,  Telitrée  fermée 
par  un  hymen  circulaire  dont  les  tiords  sdpêHeurs  et  infSfiédfe  tnoHit^ient  de 
petites  déchirures,  la  mtiqueUse  des  ftetiteif  lèvreft  rottge  clair,  les  iflêisloAs  pra- 
tiquées dans  eette  muqueuse  ne  dotiiièrent  pBS  d'ecchymoses,  tout  le  bord  de  l'hy- 
men était  coloré  en  pin  Jaune  par  la  putféfaetion  Comiliencante.  fl  û*y  avait  de 
sang  ni  è  l'intérieur  ni  à  l'etttéHeur  des  paHies  f^nitales.  En  dehors  ûlA  lêsiOhs  dé- 
erites  au  eoui  le  cadavre  était  IHtHét. 

Dans  la  tête  :  la  dure-mère  contenait  peu  de  sang,  la  pie-mère  un  peu  plus  qu'a 
l'ordinaire,  les  sinus  étaient  exsangues.  Le  Cerveau  et  le  cerVelet  nottaâUÈ  conte- 
naient une  quantité  normale  de  sang.  Dans  le  thorax  :  le  larynx  et  la  ti^chée  sans 
lésion,  la  trachée  vide,  sa  muquctlse  colorée  en  rouge  fbncépaf  la  putréfaction  :  dam 
les  deux  plèvres  60  à  80  grammes  de  sang  foncé  et  liquide.  I^a  substance  du  cenir 
flasque,  ses  coronaires  ainsi  que  ses  cavités  exsangues,  les  grandes  veines  exsan- 
gues. Dans  l'abdomen  :  le  (bie  pâle,  l'estomac  rempli  de  ptifée  de  pommes  de  terre, 
les  reins  non  hypérémiqucs,  les  intestins  pftles,  nulle  part  des  stases  sanguines,  h 
vessie  vide,  la  veine  cave  exsangde,  la  matrice  vierge,  les  deux  ovaires  grands 
domme  ottê  tioix  corttenaient  des  hydatidcs  (chez  une  flile  de  dix- sept  ans  1).  Coe 
attestation  médicale  disait  que  le  cadavre  avait  été  trouvé  les  mains  liées  derrière 
le  dos,  une  corde  autour  du  ventre  ;  le  cadavre  ne  présentait  aucune  trace  de  ces 
violences. 

Nous  rédigeâmes  nos  conclusions  ainsi  qu'il  suit  : 

fo  Ni  une  asphyxie  ni  une  apoplexie  n'ont  été  la  cause  de  la  mort  de  la  décédcf . 

2*  La  mort  n'a  pas  non  plus  été  produite  par  une  maladie  organique. 

3°  Rien  ne  parle  non  plus  pour  un  empoisonnement. 

A^  Malgré  l'anémie  générale,  comme  il  n'y  a  pas  de  blessures  sur  le  corps,  on  ne 
peut  admettre  que  la  mort  ait  eu  lieu  par  hémorrhagie. 

5°  Il  faut  donc  admettre  une  neuroparalysie  comme  cause  de  mort. 

f)**  Les  lésions  du  cou  ont  l'aspect  de  celles  que  Ton  trouve  ordinairement  chez 
les  gens  qui  ont  été  étranglés  pendant  la  vie. 

70  Vu  cette  dernière  circonstance,  et  considérant  que  souvent  la  neuroparalysie 
est  le  résultat  de  la  strangulation,  nous  croyons  pouvoir  conclure  que  probable- 
ment la  décédée  est  morte  par  strangulation. 

8^  Le  viol  que  l'on  soupçonne  avoir  été  commis  avant  la  mort,  n'est  pas  constaté 
avec  certitude  par  les  résultats  de  l'autopsie,  on  peut  même  dire  qu'une  entrée 
complète  du  pénis  dans  le  vagin  n'a  certainement  pas  eu  lieu,  mais  que  des 
attouchements  impudiques  aux  parties  génitales  peu  de  temps  avant  la  mort  sont 
vraisemblables. 

Le  cas  n'a  pas  été  poursuivi . 

Obs.  S81 .  —  Mort  par  slrangulalion.  —  Position  horisontatt  du  cadavre. 

Le  jour  de  la  Pentecôte  18**,  le  malin  à  onze  heures,  le  rentier  L...,  revenant 
chez  lui  trouva  la  porte  de  sa  chambre  ouverte  et  sa  femme  étendue  morte  sur  le 
sol,  le  cou  entouré  d'une  corde,  celle-ci  liée  à  la  tète  du  lit  !  Sur  le  iront  se  trouvait 


PEflDAlSON,  STRANGULATIOII.  -- Y  A»t-IL  rAtlTË  D  UN  TIERS?      888 

une  plaie  Ihdehe  et  il  pareifsait  vraisemblable  que  la  f^tnine  avait  été  attaquée, 
l'élaii  évanouie  par  suite  d*un  coup  porté  sur  la  tête,  et  avait  été  Aranglée  étant 
par  terre.  Le  sillon  strangulatoire  allait  de  l'apophyse  mastoTde  dfolte  au 
méiiM  oa  du  côté  fauche  et  passait  sur  l'os  hyoïde.  Cependant  il  était  inteffdtilpti, 
superAciel,  large  de  6  millimètres  d'un  rouge  brun  sale,  dur  sous  le  Oouteati,  non 
eeehjmoaé,  enfin  comme  un  sillon  ordinaire.  Il  y  avait  hypérémie  très  prononcée 
du  crâne.  Les  poumons  adhérents  étaient  gorgés  de  sang  liquide,  le  eœttf  droit  était 
très  rempli,  le  cœur  gauche  vide,  la  muqueuse  traehéale  très  ii^ectée  étiK  Couverte 
de  restes  d'aliments  qui  devaient  y  èlre  parvenus  par  dei  mouvements  de  dégluti- 
tion convulsifs  et  par  des  riic(i»f,  les  mêmes  aliments  se  trouvaient  dans  l'œso- 
phage et  remplissaient  à  moitié  l'estomac.  Les  veines  jugulaires  n'étaient  pas  très 
rtmpliea  ;  dans  l'abdomen,  les  reins  étaient  hypérémiques,  la  veine  cave  remplie 
de  sang  noir  et  liquide,  le  foie  et  Tépiploon  peu  hypérémiques.  Lejtlgement  était 
facile,  il  (allait  admettre  que  la  décédée  avait  succombé  en  même  temps  ft  Thypéré- 
mie  pulmonaire  et  cérébrale,  que  la  strangulation  en  avait  été  la  cause  et  que  la  plaie 
soperfleielle  du  front  n'avait  pas  participé  à  la  mort.  Le  meurtrier  est  resté  inconnu. 

Obs.  282. —  Mort  par  étranglement  ;  pendaison  du  cadavre. 

Le  soir  du  20  mars  18*^,  on  trouva  une  ouvrière  de  trente<<|uatre  ans,  pendue 
au  bouton  de  la  porte  de  sa  chambre  qui  n'était  qu'à  1  mètre  du  sol,  la  corde  était 
épaisse  de  A  millimètres,  le  cadavre  pendait  contre  la  porte,  les  jupons  étaient  en 
désordre,  le  genou  droit  fléchi,  la  pointe  du  pied  touchant  le  sol  en  arrière,  la 
jambe  gauche  était  étendue  en  avant.  A  30  centimètres  du  cadavre,  il  y  avait  une 
grande  tacbe  de  sang  dans  la  chambre,  plusieurs  autres  petites  taches  se  suivaient 
jusqu'au  milieu  de  la  chambre.  La  figure  était  taehée  de  sang  sec. 

Un  médecin  et  un  commissaire  de  police  furent  appelés.  Le  médecin  déclara 
qu'il  y  avait  eu  suicide  et  fit  couper  la  corde  à  laquelle  était  pendu  le  cadavre, 
l'employé  de  police  soupçonna  un  crime.  Le  juge  d'instruction,  le  directeur  de 
poUce«  le  procureur  royal  et  moi,  nous  nous  rendîmes  sur  les  lieux  le  soir  même. 
Des  empreintes  de  doigts  au  cou,  une  grande  ecchymose  à  l'œil  gauche,  le  sflng 
dana  la  chambre,  le  désordre  des  vêlements,  une  égratignurc  dans  la  région  du 
larynx  indiquaient  qu'il  y  avait  eu  le  un  meurtre  commis.  Depuis  le  18,  on  n'avait 
plus  vu  l'ouvrière  et  le  soir  de  ce  jour,  une  voisine  avait  entendu  un  gémissement 
dana  l»  chambre,  mais  n'y  avait  pas  fait  grande  attention. 

Le  21,  c'est-à-dire  le  lendemain  du  jour  où  on  avait  trouvé  le  cadavre,  nous 
Qines  l'autopsie  ;  le  ventre  était  déjà  verdAtre.  Les  deux  paupières  de  l'œil  gauche  d'un 
FMife  blen,acchymoséea,  OMis  pas  tuméfiées.  Sur  la  figure,  des  taches  de  sang  sec, 
la  langue  sortait  de  la  bouche  serrée  entre  les  dents,  rouge  et  tuméfiée.  Les  parties  gé- 
DtUles  étaient  déflorées,  sur  le  devant  de  la  chemise  ni  sang  ni  sperme,  sur  la  partie 
postérieure  de  la  chemise  quelques  taches  de  sang  et  de  l'urine  ;  de  l'anus  pressé  sor- 
taient quelques  gouUeade  sang  ;  tout  autour  ducou,  il  y  avait  on  sillon  passant  sur  le 
larynx,  profond  de  4  millimètres,  large  de  4  millimètres,  d'un  jaune  brun  sale,  dur, 
non  eechyMoeé,  nnm  intemipiion,  qui  se  perdait  en  haut  derrière  les  oreilles.  A 


38A  PARTIE  THANATOLOQIQUB. 

Tangle  du  maxillaire  inférieur  gauche,  une  tache  ronde  de  1  centimètre  de  dia- 
mètre et  à  l'angle  du  maxillaire  inférieur  droit  une  autre  tache  semi-lunaire, 
longue  de  i  centimètre  et  demi,  large  de  2  centimètres  ;  ces  deux  taches  avaient 
la  même  couleur  et  la  même  consistance  que  le  sillon.  Sur  le  milieu  du  larynx,  il 
y  avait  une  petite  écorcbure  fraîche  qui  provenait  évidemment  d'un  ongle  de  doigt. 
Les  bouô  des  doigts  de  cette  femme  étaient  bleu  rouge,  au  pouce  gauche  il  j 
avait  du  sang  séché,  pas  de  cheveux  dans  les  mains. 

La  dure-mère  était  très  hypérémique,  la  pie-mère  moins  ;  le  cenreau  et  les 
plexus  pas  très  hypérémiques.  Les  veines  jugulaires  ne  contenaient  pas  beancovp 
de  sang  ;  le  larynx  et  la  trachée  contenaient  quelques  gouttes  d*écame  sanguino- 
lente. £n  pressant  sur  les  poumons,  on  n'y  voyait  pas  monter  d*écumc,  les  car- 
tilages en  étaient  tout  à  fait  intacts,  les  poumons  œdémateux  contenaient  beaucoip 
de  sang.  Dans  le  péricarde  1 5  grammes  de  liquide  sanguinolent;  le  cœur  droit  tris 
hypérémique,  le  sang  foncé  et  un  peu  épais.  Le  cœur  gauche  contenait  peu  de  sang, 
mais  les  gros  vaisseaux  étaient  gorgés.  Le  foie  pâle,  Testomac  vide,  les  intestioi 
pâles,  les  reins  très  hypérémiques,  la  vessie  remplie,  la  matrice  vide,  la  veine  très 
remplie. 

Voici  quelle  fut  notre  conclusion  : 

1**  La  décédée  est  morte  d'une  hypérémie  du  cœur  et  des  poumons. 
2°  Celte  mort  a  été  produite  par  une  violence  extérieure. 
3°  Elle  a  été  produite  en  partie  par  strangulation. 

A^  Les  taches  du  cou  proviennent  en  partie  d'empreintes  de  doigts,  en  partie 
d'égratignures. 

5"  L'ecchymose  à  l'œil  n'a  pas  de  rapport  avec  la  mort. 

6^  On  doit  admettre  que  la  décédée  a  d'abord  reçu  un  coup  sur  l'œil  gauche, 

puis  qu'elle  a  été  étranglée  bientôt  après,  car  s'il  y  avait  eu  un  laps  de  temps 

long,  une  plus  grande  tuméfaction  se  serait  produite,  puis  elle  a  été  pendue  étant 

morte  ou  presque  morte  ;  dans  les  deux  cas,  le  sillon  strangulatoire  aurait  été  le 

même. 

1°  (Répondant  à  une  demande  spéciale).  Le  meurtrier  a  été  devant  sa  victime, 
il  peut  avoir  élé  couché  sur  elle. 

8°  Après  le  coup  sur  la  figure,  elle  a  saigne  du  nez  et  a  fait  les  taches  de  sang 
qui  ont  été  trouvées  dans  la  chambre  ;  ces  taches  ne  proviennent  certainement  pas 
des  règles. 

9"^  Les  taches  de  sang  derrière  la  chemise  et  dans  l'anus  sont  un  phénomène 
assez  fréquent  dans  le  genre  de  mort  de  la  décédée. 

10*^  On  ne  peut  pas  déterminer  si  le  meuririer  a  eu  des  relations  sexuell«s  avec 
la  décédce  avant  de  la  tuer,  car  sa  défloration  est  ancienne  et  non»  n'avons  pas 
trouvé  de  spernie  ni  sur  le  caddvrc  ni  sur  le  linge. 

11"  D'après  les  traces  de  putréfaction,  on  peut  admettre  que  la  mort  date  de 
trois  jours. 

12*^  L'estomac  vide  montre  que  la  mort  a  eu  lieu  si.\  à  huit  heures  après  le  der- 
nier repas. 
Cette  dernière  question  fut  posée  pour  savoir  l'heure  à  laquelle  le  meurtre  a  été 


PENDAISON  ,   STnANGULÀTION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  D'UN  TIERS  ?      886 

CMDmis,  on  pouTait  croire,  d'après  la  présence  de  tasses  de  thé  que  le  meurtrier 
(qui  devait  être  un  homme,  car  on  trouva  un  bout  de  cigare  par  terre)  ayait 
paiaéla  soirée  avec  sa  victime. 

Mais  on  trouva  aussi  du  pain  et  des  saucisses,  dont  la  femme  n'a  certainement 
pas  manfé.  Or,  en  supposant  que  le  diner  a  eu  lieu  à  une  heure,  l'assassinat  amit 
été  commis  k  six  ou  sept  heures  du  soir. 

Le  chaasevr  Putlitz,  que  connaissait  la  décédée,  fut  soupçonné  d'avoir  commis  lo 
crime,  il  fut  arrêté  et  bientôt  après  son  arrestation,  il  fit  un  aven  complet  dans 
lequel  il  raconta  exactement  comment  il  avait  exécuté  son  crime  ;  son  récit  fat  com- 
plétemeot  semblable  à  ce  que  nous  avions  présumé  lors  de  l'autopsie.  Il  raconta  à 
an  camarade  de  prison  qu'il  avait  cohabité  avec  la  décédée  (1).  Mais  bientôt  après 
raccusé  retira  ses  aveux  et  continua  obstinément  à  nier  tout,  quoiqu'on  lui  eût  fait 
observer  que  ses  premiers  aveux  coïncidaient  exactement  avec  le  rapport  do  l'ex- 
pert. Les  débats  durèrent  cinq  jours  ;  les  jurés  déclarèrent  l'accusé  coupable. 

I>ans  une  des  audiences,  on  nous  montra  le  nœud  coulant  trouvé  autour  du  cou 
du  cadavre,  en  nous  demandant  si  c'est  là  un  nœud  coulant  de  chasseur,  je  dus 
déclarer  mon  incompétence,  et  je  conseillai  de  prendre  un  chasseur  comme  expert. 
J'observerai  encore  que  le  coupable  a  dit  entre  autres  choses  à  son  camarade  de 
prijon  en  lui  faisant  ses  aveux  :  «  La  misérable  m'a  encore  tiré  la  langue  avant  de 
rendre  son  âme  au  diable.  »  Il  voulait  parler  de  la  chute  de  langue  qui  fut  trouvée  k 
l'autopsie.  Celte  parole  fut  plus  tard  très  importante  et  devint  une  des  graves  cir- 
coostaoces  alléguées  contre  lui,  car  on  admit  avec  raison  que  le  camarade  de  pri- 
son, qui  n'avait  jamais  vu  le  cadavre,  n'avait  pas  pu  inventer  qu'il  y  avait  eu  chute 
de  la  langue.  Si  nous  n'avions  pas  enregistré  au  procès-verbal  ce  symptôme  au  mo- 
BKDt  où  nous  n'en  soupçonnions  pas  encore  l'importance,  le  défenseur  aurait  eu 
«ne  arme  de  plus  contre  l'accusation.  On  voit  parla  avec  quelle  exactitude  le  mé« 
dedn  légiste  doit  tout  examiner  et  noter  !  L'assassin  fut  exécuté. 

Obs.  283.  —  Déterminer  si  un  assassinat  a  eu  lieu  par  pendaison  ou  par  étran" 

glement. 

Le  SS  avril  au  soir,  la  femme  B...  fut  trouvée  morte  dans  sa  chambre.  Un 
cordon  de  laine  verte  serré  autour  du  cou  tenait  le  corps  attaché  à  la  quenouille  do 
lit,  de  telle  sorte  que  la  tête  pendait  sur  la  poitrine,  et  que  le  dos  et  les  jambes 
reposaient  sur  le  sol.  Tout  le  cadavre  était  habillé,  il  y  avait  sur  la  tête  un  chapeau 
de  femme  chiifonné.  Les  mains  étaient  placées  de  chaque  côté  du  corps  la  paume 
Itvnée  en  dehors  ;  les  cheveux  étaient  en  désordre  ;  sur  le  sol,  près  de  la 
tète,  il  y  avait  une  grande  tache  de  sang,  une  tache  analogue  se  trouvait  sur  la  robe 
ée  soie  noire  du  cadavre.  Les  armoires  avaient  été  forcées,  les  papiers  dispersés, 
tovt  indiquait  qu'il  y  avait  eu  assassinat  avec  effraction. 

Peu  de  temps  après  on  arrêta  lo  menuisier  Pfal. 

Il  avoua  s'être  glissé  tout  seul  le  dimanche  dans  la  maison  vide,  et  avoir  livré 

(I)  RaaurqiM  importante  pour  dos  cas  tembUblcs  :  il  n'y  avait  ici  aucan  signe  ni  aux  par- 
6as  géailatoi  ni  lor  le  liogel 

IL  25 


886  PARTIS   THANATOLOOIQUË. 

un  combat  avec  la  décédée  qui,  en  le  voyant,  avait  crié  au  leconn  :  il  dit  Taviii 
saisie  par  la  cou  et  lui  avoir  fermé  la  bouche  parce  qu'elle  criait  eootiimeUaoïeirt, 
être  tombé  avec  elle  par  terre  et  lui  avoir  a  pressé  la  forge  pendant  nna  mianta», 
tandis  qu^elle  se  défendait,  et  lui  égratignait  les  mains,  jusqu'à  ce  qu'enfin  elk 
pontit  connaissance  ;  puis  il  s'est  levé,  il  a  coupé  un  morceau  du  alora  pour  lii 
mettre  autour  du  cou  et  l'empêcher  de  crier,  et  alors  elle  aurait  dit  :  «Ah!  saos 
Dieu,  l'ai-je  donc  mérité  I  »  Mais  il  ajoute  qu'il  a  mis  le  cordon  trèê  lâche,  aflf 
qu'elle  pût  se  délivrer  plus  tard* 

Parmi  les  mensonges  évidents  de  cette  déposition,  je  mentionnerai  d'abofi  fai 
PftU  n'a  pas  pu  exécuter  seul  le  crimes  comme  il  l'a  prétendu,  et  <|tt'il  a  dû  aviii 
au  moins  un  complice.  Toutes  les  phalanges  des  doigts  de  cet  homme  étaient  atri- 
pbiées,  de  sorte  que  les  ongles  n'atteignaient  pas  le  bout  des  doigts.  Lea  égrali* 
gnures  trouvées  sur  le  cadavre  n'avaient  donc  pu  être  ftdtea  avec  lea  mains  de  cil 
homme  ;  il  ayooa  plus  tard,  en  effet,  avoir  été  aidé  par  le  garçon  de  qnatone  aai 
Schuls;  celui-ci,  disait  Pbl,  a  coupé  le  store  et  a  lié  les  coudes  et  les  pieds  de  li 
femme  qui  furent  déliés  ensuite*  Gomme  la  femme  criait  toigours»  Pial  dit  avoir 
ooupé  un  troisième  cordon  et  lui  aroir  entouré  le  cou.  «  le  suis  sûr,  dit«il,  qn'db 
vivait  encore  a  ce  moment-là,  je  l'entendis  encore  râler  ayant  la  corde  autour  di 
cou,  et  je  lui  vis  remuer  les  pieds.  »  Les  deux  assassins  disent  que  la  feanme  vivait 
encore  lorsqu'ils  quittèrent  la  maison  (aprèa  y  avoir  déjeuné). 

Schuls,  de  son  cété,  déposa  :  Pial  aaisit  la  femme  par  le  derrièra  du  cou  avec 
ses  deux  mains,  et  engagea  avec  elle  une  lutte  pendant  laquelle  la  femuM  cria 
beaucoup,  et  quand  elle  fut  tombée,  lui,  Schuls,  lia  les  pieds.  PCil  la  tint  dan 
cette  position  pendant  quinse  minutes.  La  femme  vivait  encore,  ear  elle  si 
remua  et  mordit  la  main  de  lYal,  qui  posa  ensuite  le  cordon  autour  da  cou  avei 
beaucoup  de  difiOcultés,  le  tira  par  les  deux  bouts,  après  quoi  U  femme  ne  reaui 
plus. 

L'autopsie,  pratiquée  deux  jours  après,  donna  à  l'intérieur  les  résultats  tout  i 
fkit  négatifs  de  la  neuroparalysie,  aussi  je  ne  parlerai  que  des  phénomène 
locaux. 

La  langue  tuméfiée,  serrée  entre  les  dents,  sortait  delà  bouche,  dans  l'éteodoi 
de  4  millimètres,  la  chemise  était  très  tachée  de  sang  et  d'urine  dans  la  région  de 
parties  génitales.  Au  milieu  du  front,  une  tache  ecchymosée  de  i  oeatimètie  dt 
longueur  et  de  largeur,  sur  le  menton  une  égratignurc  rouge  et  ecchymosée 
Tout  autour  du  cou,  sur  le  larynx,  se  trouvait  un  sillon  se  perdant  derrière  lei 
oreilles,  large  de  4  millimètres,  profond  de  1  millimètre,  verdàtce  (le  lien  strang» 
totoire  était  vert),  dur  à  couper,  non  ecchymose,  au-dessous  du  aaenten,  une  tach 
longue  de  i  centimètre  et  demi,  dure,  d'un  rouge  brun,  non  ecchymosée  ;  à  h 
joue  gauche,  près  de  l'angle  du  maxillaire  inférieur  se  trouvait  une  tache  analegoe 
longue  de  4  millimètres,  semi-lunaire,  le  dos  du  nés  était  brun  rouge  et  ecchy- 
mose. Au  cou,  il  y  avait  sept  taches  s'étendant  de  gauche  à  droite,  qui  étaien 
encore  colorées  en  rouge,  mais  que  l'on  voyait  déjà  revêtir  «ne  couleur  d*mi  bmi 
sale.  Toutes  ces  taches  étaient  plus  ou  moins  semi-lunaires,  longues  de  4  à  6  mil- 
Kmèlres,  molles  et  non  eeehymosées,  une  partie  de  ces  taches  ayaient  leur  con- 


PENDAISON,  STRANGULATiON.  — Y  A-«T-IL  FAUTE  d'UN  TIERS?    387 

fexilé  à  droite,  d'autres  l'avaient  à  gauclie.  Une  tache  jiialogue  se  trouvait  au  dos 
du  pottcn  dfoiU  ▲  la  partie  supérieure  du  sternum,  ou  voyait  une  égratignure 
fralclie.  La  f  urliice  interne  des  deux  carotides  était  intacte. 

Nous  devions  déclarer,  d'après  ces  résultats,  qu'il  y  avait  eu  luUc,  ce  qui  était, 
in  reate,  prouvé  par  lo*  nombreuses  égratignures  qui  se  trouvaient  sur  lea  auins 
de  Pfa).  Puis  nous  expliquâmes  que  la  mort  par  neuroparalysie  a  lieu  tréa  aou- 
veol  ptr  étranglement  au  moyen  dea  doigts  et  par  rétranglemeoi  au  moyeo  d'na 
yen,  B  a'agîasait  de  savoir  auquel  de  eas  deux  sortes  d*étraagleBient  était  due  la 
nort 

Nova  disions  :  «  Les  dem^  procédés  tuent  également  vita,  ainai  même,  si  laa 
davpc  attaques  ont  eu  lieu  à  peu  prés  an  même  temps,  il  y  en  a  une  qui  a  été  frite 
sur  im  cadavre  ou  un  mourant,  et  on  ne  pourrait  asaigner  la  priorité  avec  quelque 
aertitude,  que  ai  une  de%attaques  avait  donné  lieu  à  des  phéneménes  de  réactioa 
à  reieluaion  de  l'antre  ;  c'est  ce  qui  n'a  pas  eu  lieu  ici,  puisque  l'empreinte  dea 
doigta  sur  le  cou  est  aussi  bien  prononcée  que  le  sillon  strangulatoire. 

Cea  ëeiix  réactiona  ont  présenté  absolument  le  même  aspect,  la  même  eouleur 
qae  lorsque  l'on  a  affîitre  à  des  gens  qui  ont  été  étranglés  pendant  la  vie.  Nous 
afens  déjà  dit  q«e  le  eause  physiologique  de  la  mort  est  la  même  dans  lea  deux  oaa. 

Aiontons  qu'un  âillon  strangulatoire  produit  aussitôt  après  la  mort  est  absolu* 
Beat  identique  avec  m  sillon  produit  sur  un  vivant.  Si  dans  le  cas  qui  nous  occupe 
la  mort  a  eu  lieu  par  étranglement  au  moyen  des  doigta,  un  peut,  au  moina,  affir- 
mer que  la  strangulation  au  moyen  du  Uea  a  été  pratiquée  aussitôt  après.  Le  con- 
traire peut  être  vrai,  mais  est  moina  probable.  Les  deux  accusés  s'accordent  à  dire 
fie  rélraoglement  au  moyen  des  doigts  a  eu  lieu  avant  la  strangulation  au  moyen 
du  lien,  cette  déposition  devient  vraisemblable  par  suite  de  cette  circonstance  que 
les  empreintea  de  doigta  au  cou  du  cadavre  sont  encore  rouges  de  sang,  et  que 
qeelqiieimpea  seulement  avaient  pris  la  couleur  sale  brune.  Or  cette  couleur  rouge 
clair  ne  se  présente  pas  pour  des  égratignures  faites  sur  un  cadavre  môme  immé« 
diatement  aprèa  la  mort. 

D'aprèa  cela  nous  admettons  que  la  femme  était  encore  vivante  lorsqu'elle  a 
reçu  lea  blessures  sur  la  tète  et  la  Agure,  sans  quoi  une  ecchymose  aussi  impor- 
taaie  n'aurait  paa  eu  le  temps  de  se  former,  et  qu'elle  était  eneore  vivante  quand 
elle  a  reçu  les  égratignures  du  cou  et  qu'elle  a  donc  été  étranglée  avec  les  doigts 
avant  d'être  itrangulée  avec  le  lien. 

Quant  à  déterminer  si  la  strangulation  au  moyen  du  lien  a  eu  lieu  lorsque  la 
femme  était  déjà  tout  à  fait  morte,  nous  dirons  que  la  femme  était,  à  l'époque  de  ses 
rèfiea,  par  cooa^uept,  dans  une  période  de  grande  surexcitation,  ce  qui  fait  penser 
qu'elle  a  ét4  tuée  v^e.  Un  homme  vigoureux  comme  Pfal,  qui  presse  de  toutes  ses 
foreea  le  cou,  la  poitrine,  la  bouche  de  ses  deux  mains,  avec  l'assistance  de  Schula, 
doit  amener  une  mort  prompte.  Ajoutez  que  la  mort  par  étranglement  est  unedea 
plva  promptes  ;  nous  ne  devons  tenir  aucun  compte  de  la  déposition  de  Schuli  qui 
dit  que  Pfel  a  preasé  pendant  «  un  quart  d'heure  »  sur  le  cou. 

De  plus,  la  position  des  mains  tournées  en  dehors  prouve  que  la  décédée  était 
iiaaed  on  l'a  a^achée  au  lit  et  qu'elle  y  a  été  Usinée  n'étant  plua  qu'un 


388  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

cadavre.  Car  les  mains  d'une  vivante  n'auraient  pas  gardé  cette  position.  Kous  oe 
pouvons  pas  décider  si  la  tache  jaune,  provenant  du  parquet,  qui  se  trottre  sur  la 
robe  de  la  femme,  a  été  faite  pendant  la  lutte,  ou  bien  lorsqu'on  Ta  traînée  par 
terre. 

Maintenant  pourquoi  les  meurtriers  ont-ils  pendu  leur  victime  après  sa  mort! 
La  réponse  à  celle  question  nous  paraît  facile,  car  on  sait  qu'il  arrive  souvent  que 
les  meurtriers  tâchent  de  cacher  leur  crime  en  lui  donnant  Tapparenee  dTwi  sui- 
cide, ou  bien  ils  continuent  à  frapper  leurs  victimes  de  crainte  qu'elle  ne  revienne  i 
la  vie,  etc.  Nous  croyons  que  dans  ce  cas  les  meurtriers  ne  pouvaient  pas  penser  à 
faire  croire  à  un  suicide,  en  laissant  toute  la  maison  dépouillée.  Aussi  la  pendaison 
du  cadavre  a  clé  faite  dans  la  seconde  intention,  c'est  aussi  pour  celte  raison  que 
Pfol  et  Schulz  lièrent  seulement  i  ce  moment  les  jambes  et  les  bras  de  la  femme 
jusqu'à  ce  que,  sprès  un  s^*jour  prolongé  dans  la  maisoe,  ils  fiissent  convaincus 
qu'elle  était  bien  réellement  morte.  Ce  que  nous  venons  de  dire  est  contraire  aux 
déclarations  de  Pfol,  qui  prétend  avoir  espéré  que  la  femme  pourrait  encore  se  sa«* 
ver  et  que  pour  cela  il  a  attaché  le  cordon  très  lâche  autour  du  cou  ;  c'est  d'anlanl 
moins  admissible  que  Schulz  déclare  l'avoir  vu  serrer  très  fort  avec  ses  deux  mains; 
de  plus  nous  avons  trouvé  le  sillon  profond  d'une  ligne.  Il  n'est  pas  vrai  non  plus 
que  la  décédée  ait  encore  râlé  et  remué  après  avoir  eu  le  cordon  serré  autour  du 
cou,  encore  moins  vrai  qu'elle  ait  été  encore  vivante  lorsque  les  meurtriers  oot 
quitté  la  maison.  D'après  cela,  nous  déclarons  : 

i"  La  femme  R...,  est  morte  de  neuroparalysie. 

2®  Celte  neuroparalysie  a  été  produite  par  des  violences  exercées  sur  le  cou. 

3®  Les  violences  sur  la  lèle  et  le  nés,  ainsi  que  la  pression  sur  la  bouebe  et  le 
cou  ont  précédé  la  strangulation  avec  le  lien. 

4®  La  décédée  vivait  encore  lorsqu'elle  fut  victime  de  ces  violences. 

5*^  On  peut  admeltre  que  la  mort  a  été  produite  par  étranglement  au  moyen  des 
doigts. 

6^  Elle  était  déjà  morte  lorsqu'on  lui  a  mis  le  cordon  autour  du  cou. 

7**  La  manière,  dont  on  a  noué  le  cordon  au  cou,  ne  permet  pas  de  douter  que 
la  femme  B...  n'ait  dû  élre  tuée  par  la  strangulation. 

PIbI  a  été  exécuté,  le  garçon  Schulz  a  été  condamné  aux  travaux  forcés  à  temps. 

Obs.  284.  —  Suicide  douteux*  —  Position  horizontale  du  cadavre, 

La  femme  Claasen  fut  trouvée  morte  pendant  la  nuit  dans  l'atelier  de  son  mari, 
à  cété  del'éUbli,  moitié  sur  le  côté,  moitié  sur  le  dos.  Elle  était  toirt  à  fait  habillée 
en  noir  et  avait  le  cou  plusieurs  fois  entouré  par  un  cordon  noué  du  cété  gauche. 
Dans  sa  ceinture,  il  y  avait  deux  lettres  signées  de  son  nom,  dans  lesquelles  elle 
exprimait  l'intention  de  se  tuer  et  dans  lesquelles  étaient  répétés  plusieurs  fois  ces 
mots  :  «  Mon  mari  est  innocent  » .  Les  vêlements  étaient  en  ordre,  mais  les  che- 
veux pendaient  en  désordre  autour  de  la  léle.  Le  mari  fut  trouvé  ivre,  et  si  peu 
inquiet  qu'il  prenait  une  tasse  de  café  à  côté  du  cadavre. 

Il  prétendit  (jusqu'à  la  fin  du  procès)  être  complètement  innocent  de  la  mort  de 


•  PENDAlSONi  STRANGULATION.  —  V  AT  IL  FAUTE  d'uN  TIEIlS?      889 

sa  femme  :  mais  sa  fille  âgée  de  sept  ans  raconta  avoir  vu  son  père  prendre  sa  mère 
par  le  eou,  la  traîner  de  la  chambre  dans  l'atelier,  de  là,  dans  un  cabinet,  puis 
qu'il  était  allé  chercher  un  cordon  dans  la  chambre,  qu*il  était  revenu  dans  le  cabi- 
net, airalt  fermé  la  porte  ;  il  était  sorti  plusieurs  fois  dans  la  journée  et  avait  menacé 
ses  enftints  de  les  tuer  s'ils  disaient  quelque  chose.  Enfin,  le  soir,  il  traîna  la  femme 
dans  Talelier  et  la  déposa  a  côté  do  rétabli.  Puis,  continua  l'enfant,  U  avait  saisi 
la  phia  petite  de  ses  filles,  il  lui  avait  mis  un  cordon  autour  du  cou  et  il  était  allé  se 
promener,  pendant  ce  temps,  l'enfant  avait  dénoué  sa  sœur. 

Les  résultats  essentiels  de  l'autopsie  faite  cinq  jours  après  la  mort  de  la  femme 
Glaasen,  furent  les  suivants  :  coloration  verte  du  ventre,  la  langue  derrière  les 
dents,  absence  de  blessures,  coloration  bleue  rouge  du  vagin,  fèces  s'écoulant  de 
l'anus»  coloration  bleu  rouge  de  la  figure  et  des  oreilles,  rougeur  foncée  des  deux 
lèvrea  avec  quelques  écorchures.  Tout  autour  du  cou,  un  double  sillon  profond  de 
î  millimètres,  visible  partout,  d'un  rouge  brun  à  la  partie  antérieure,  dur,  non 
eodiymosé,  aux  autres  parties,  pâle  et  mou.  A  droite,  près  de  l'angle  du  maxillaire 
infirieur,  ae  trouvait  une  tache  ronde  plus  rouge,  de  la  grandeur  d'un  petit  pois,  la 
peaa  intacte,  moUa,  non  ecchymosée.  Les  poumons  plus  foncés  qu'à  l'ordlnaire^et 
gorgés  de  sang  foncé.  Le  cœur  droit,  les  coronaires  et  les  grands  vaisseaux  de  la 
poitrine  très  remplis.  Dans  le  ventricule  gauche,  se  trouvaient  8  grammes  de  sang,  le 
larynx  et  la  trachée  intacts  et  vides,  la  muqueuse  injectée  fortement.  La  cavité  du 
crâne  hypérémique,  ainsi  que  les  reins  et  les  grandes  veines.  Il  était  certain  que  la 
déeédée  était  morte  par  asphyxie  et  par  apoplexie,  c'est-à-dire  par  arrêt  subit  Je  la 
circulation,  dont  on  a  trouvé  les  symptômes  sur  le  cadavre. 

Nous  admîmes  d'abord  qu'une  asphyxie  et  une  apoplexie  annoncent  en  elles- 
mèmes  une  mort  violente  et  nous  déclarâmes  que  le  cordon  trouvé  au  cou  était 
un  instrument  apte  à  produire  les  accidents  qui  ont  eu  lieu.  Néanmoins  nous 
déclarâmes  que  le  cordon  n'avait  pas  été  la  cause  de  la  mort,  qu'il  n'avait  été  mis 
qu'après  la  cessation  de  la  vie.  Ce  cordon  n'avait  que  40  centimètres  de  longueur, 
et  ne  pouvait  avoir  serré  le  cou  très  fort;  il  (allait  supposer  une  autre  |6rce  plus  vio- 
lente,  par  exemple,  une  preasion  avec  les  mains.  L'absence  de  réaoUon  au  cou  ne 
pouvait  être  objectée,  puisque  souvent  les  violences  les  plus  grandes  produisent  des 
blessores  internes  très  graves  sans  provoquer  rien  à  la  surface  du  corps.  Il  n'est 
également  pas  surprenant  que  la  femme  n'ait  pas  crié,  puisque,  comme  cela  est 
constaié,  elle  était  malade,  que  le  mari  était  très  grand  et  très  fort,  et  que  Tassas- 
stnat  a  doré  très  peu  de  temps. 

Passant  ensuite  à  l'état  du  sillon  strangulatoire,  nous  disions  que  ce  sillon  res- 
sesablait  à  cevs  que  l'on  produit  après  la  mort,  et  que  le  lien  n'aTait  vraisembla- 
Meaaent  été  mis  après  la  mort  que  pour  faire  croire  qu'il  y  avait  eu  suicide. 
Noos  fûaioQS  de  plus  observer  les  faits  suivante  qui  militaient  en  fiiveur  de 
la  jusleiae  de  notre  opinion.  Le  nœud  qui  se  trouve  à  la  partie  postérieure 
du  cordon  est  noué  avec  grand  soin,  le  nœud  antérieur  montre  également  une 
certaine  précaution  ;  il  u'est  pas  probable  qu'un  suicidé  s'amuse  à  fermer  de  cette 
Bttnière  le  lien  qui  l'étrangle,  et  Ton  peut  se  demander  pourquoi,  ti  la  femme 
fonlait  absolument  être  étranglée,  elle  n'a  pas  choisi  le  procédé  ordi- 


1190  PARTIE    THANATOLOOIQUE. 

naire,  la  pendaison.  Quant  à  la  position  dans  laquelle  on  a  trouvé  le  caUaTre,  il 
n*e8t  pas  difficile  de  démontrer  qu'il  est  impossible  que  la  femme  se  soit  suicidée  â 
côté  de  rétabli.  D*abord  pourquoi  cette  femme,  voulant  se  suicider,  ne  l'a-t-elle 
pas  fait  (lans  son  lit,  et  serait-elle  allée  se  coucher  sur  le  plancher  de  l^atelier;  puis 
qu'elle  fut  trouvée  à  moitié  de  côté,  la  tête  appuyée  un  peu  sur  le  brai  droit  ?  Or,  il 
n'y  a  pas  un  seul  cas  dans  les  annales  de  la  science  dans  lequel  oo  puisse  trouver 
une  telle  position  après  un  suicide.  Au  contraire  celle  position  confirme  la  déposi- 
tion de  la  petite  fille  qui  dit  que  le  cadavre  de  sa  mère  a  été  traîné  et  déposé  dans 
l'atelier.  L'accusé  fiit  condamné  aux  travaux  forcés  à  perpétuité. 

Obs.  285.  —  Suicide  par  strangulation,  l^osilion  horitontoUe. 

Dans  une  nuit  d'avril,  la  belle-fille  de  la  veuve  L...  entendit  cette  dernière  se 
leter  et  aller  dans  la  cuisine  voisine  ;  elle  se  rendormit,  et  le  lendemain  matin  elle 
fkit  étonnée  de  trouver  le  lit  de  sa  mère  vide  ;  elle  alla  dans  la  cuisine  et  y  trouva  le 
eadavre  de  celte  dernière  gisant  sur  le  sol.  Elle  était  sur  du  linge  près  de  la  porte 
de  la  cuisine,  qui  était  fermée  en  dedans  et  qui  était  la  seule  sortie.  Sur  une  chaise 
à  côté  du  cadavre  se  trouvaient  un  couteau  et  un  canif,  l'un  et  l'autre  tachés  de 
sang  ;  le  cadavre  avait  une  blessure  superficielle  à  l'articulation  de  la  main  gauche, 
et  une  autre  à  l'articulation  du  coude  gauche  ;  autour  du  cou,  il  y  avait  un  cor- 
don mince  serré  très  fort,  faisant  trois  fois  le  tour,  et  noué  par  ud  nœud  ordinaire 
devant  le  larynx. 

A  l'autopsie,  il  était  remarquable  de  trouver,  comme  dans  le  cas  précédent,  une 
couleur  violette  de  la  muqueuse  vaginale,  tl  y  nVait  à  l'articulation  de  la  main 
gauche  une  coupure  tout  à  fait  horizontale  ;  une  autl*e  au  coude  (longue  de  1  cen- 
timètre) allait  de  haut  en  bas  et  de  dehors  en  dedans,  ce  qui  naturellement 
indiquait  que  la  femme  s'était  blessée  elle-même.  Au  cou  il  y  avait  un  triple  sillon 
large  de  2  millimètres,  superficiel,  blanc,  mou  à  couper,  bleu  seulement  à  quelques 
endroits,  nulle  part  ecchymose  ;  il  passait  sur  le  larynx,  mais  il  n'y  avait  qu'un 
sillon  qui  tournait  san^  interruption  autour  du  cou.  Ce  sillon  sans  aucun  doute 
avait  été  produit  pendant  la  vie. 

La  veuve  L...  s'était  étranglée.  Les  poumons  étaient  gorgés  de  sang  foncé  et 
liquide,  et  il  y  avait  des  ecchymoses  p^léchiales  sous  la  |>lèvrc.  Les  coronaires  du 
cœur  étaient  très  remplis,  le  cœur  lui-même  ne  contenait  pas  beaucoup  de  sang. 
Nous  trouvâmes  une  insuffisance  des  valvules  du  cœur,  ce  qui  n'était  pas  tout  à  fait 
insignifiant  pour  l'admission  du  suicide,  la  muqueuse  trachéale  était  fortement 
injectée  et  couverte  d'écume  sanguinolente,  les  jugulaires  ne  contenaiant  que 
peu  de  sang,  le  cerveau  ne  présentait  pas  de  congestions  apoplectiques  ;  le  foie, 
les  veines  du  mésentère,  les  deux  reins,  la  veine  cave  étaient  remplis  de  sang  foncé 
et  liquide. 


PENDAISON,    STRANGULATION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  D*UN  TIEHS?    891 

Om.  186.  —  Suicide  par  hlrangulation  dans  une  poiition  horiMontalê, 

La  femme  d'un  Uflleor,  âgée  de  quarante-neuf  ans,  sourde  depuis  plusieurs 
usées,  éUH  atteinte  d'une  maladie  du  foie  et  avait  conçu  le  dessein  de  se  suicider. 
ûm  couchait  dans  la  même  chambre  que  son  mari  et  que  sa  fille.  Le  15  mai,  cef 
smieni  trouvèrent  la  matin  le  lit  de  la  mère  vide  et  son  cadavre  dans  la  cuisine 
liaine.  le  l'ai  vue  moi-même  étendue.  Elle  était  couchée  sur  le  sol,  la  tète  posée 
ir  vn  petit  sac  de  fiirine,  autour  du  cou  il  y  avait  un  fichu  de  soie,  et  par-dessus 
tah  noué  très  serré  un  fichu  de  toile  mouillé.  (Pourquoi  l'avait-elle  mouillé?)  Le 
non  était  creux,  il  entourait  tout  le  cou  et  passait  sur  le  larynx;  il  était  mou  et 
fsU  dans  sa  continuité  quelques  places  bleuâtres  non  ecchymosées.  On  trouva  une 
sllre  dans  laquelle  elle  expliquait  sa  résolution  de  se  suicider. 

Oi8.  287.  —  àsMStinat  par  étranglemenL 

One  femme  de  soixante-huit  ans,  très  riche,  vivait  seule  dans  une  maison  très 
;raode  et  très  habitée,  qui  n'était  pas  fermée  et  qui  donnait  dans  une  des  rues  les 
Ans  A^uentées  de  Berlin.  Elle  était  servie  par  une  domestique  qui  venait  ches 
Ae  tous  les  matins.  Le  29  octobre  18**,  cette  vieille  femme  fut  trouvée  morte  dans 
on  lit  en  désordre,  couverte  par  les  oreillers  et  les  draps.  Dans  la  chambre  on 
rouva  les  preuves  indubitables  d'un  vol  avec  effraction.  Les  armoires  et  secrétaires 
laient  ouverts  et  vides,  les  papiers  étaient  péle-méle  dans  la  chambre,  et  le 
iadavre  se  trouvait  dans  une  chambre  obscure  ;  nous  le  vtmes  immédiatement  après 
[ue  révénement  fut  connu,  c'est-à-dire,  comme  l'indique  l'instruction,  à  peu 
rèa  trente  heures  après  la  mort. 

La  putréfoction  était  déjà  si  avancée  (la  température  était  élevée)  que  toute  la 
été  était  d'un  vert  noirâtre  ;  les  yeux,  dont  la  conjonctive  était  roug^e,  proémioaient, 
i  la  langue  tuméfiée  sortait  de  6  à  8  millimètres  entre  les  dents.  Au  cou  ainsi 
18*1  la  poitrine,  Tépiderme  manquait  à  plusieurs  endroits  par  suite  de  la  putréfac- 
ioo.  À  la  partie  gauche  du  cou,  on  voyait  des  ëgratignures  fraiche^^^MpTèB  des- 
[acUes  se  trouvaient  deux  à  trois  taches  ;  on  les  reconnaissait  par  la  couleur  plus 
meèe  qu'elles  avaient  revêtue  au  milieu  de  la  putréfaction;  elles  indiquaient 
[u'Il  y  avait  eu  pression  des  doigts.  Nous  n'avons  pas  trouvé  un  sillon  strangula- 
nra  ;  les  deux  mains  étaient  liées  derrière  le  dos  avec  une  serviette  ordinaire.  Les 
imbea  étaient  également  liées.  Cette  position  du  cadavre  indiquait  qu'il  y  avait  eu 
roiiablement  plusieurs  coupables. 

L'ouverture  du  cadavre  eut  Heu  le  lendemain.  La  putrédsietion  était  très  grande, 
Bs  traits  de  la  figure  étaient  devenus  méconnaissables,  et  les  deux  mamelles  étaient 
>o«fléea  comme  deux  vessies.  La  langue,  très  tuméfiée,  sortait  de  la  bouche 
le  8  eentimèlres  et  était  ^TXkn  vert  noirâtre.  Dans  la  couleur  rouge  brun  du  cou, 
m  pouvait  distinguer  à  gauche,  près  de  la  clavicule,  à  2  centimètres  de  facro- 
nion,  deux  taches  ovales  noires,  dont  l'une  avait  1  centimètre,  Tautre  1  centi- 
Bètre  et  demi  de  diamètre  ;  elles  étaient  dures  à  couper  et  ofliraient  une  dure 
seehymoae.  Aux  deux  articulations  des  mains  il  n'y  avait  pas  de  trace  de  lésion  ; 

lis  aar  la  fiice  palmaire  de  Varticutation  de  la  main  gauche,  il  y  avait  une  place 


392  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

irréguliôremenl  ronde  de  2  cenlimètres  de  longueur,  qui  était  ecchymosée  et  àe 
couleur  bleue.  Le  bord  de$  lèyres  était  noir  bleu,  mais  pas  ecchymose.  Aucun 
corps  étranger  dans  les  cavités  extérieures.  Les  sinus  et  les  veines  de  U  cavité  en- 
nienne  et  du  cerveau  vides  de  sang  ;  nulle  part  une  extravasation  ou  autre  ai»- 
malie.  Le  larynx  et  la  trachée  complètement  intacts,  la  mu<iaeiise  brun  roafe 
foncé  ;  les  poumons,  encore  chauds,  étaient  sains  et  ne  coAtMaieot  que  peu  de 
sang  ;  les  veines  du  cou  étaient  complètement  vides,  ainsi  qae  les  grandes  veinei 
du  thorax.  La  bouche  et  l'arriére-bouche  normales.  Toute  la  eavité  abdomtnak 
présentait  une  chaleur  extraordinaire  et  était  putréfiée.  Le  foie  bypérémique  était 
couvert  de  bulles  de  putréfaction.  La  rate  et  les  reins  en  booîUîe,  les  autres 
organes  de  l'abdomen  vides  de  sang,  excepté  la  veine  cave  qui  conteoait  encore 
beaucoup  de  sang  foncé  et  liquide. 

Ainsi,  ici,  comme  cela  arrive  si  souvent,  il  y  avait  eu  mort  par  asphyxie,  et  l'on 
n'avait  pas  trouvé  les  symptômes  ordinaires  à  cause  des  progrès  de  laputréftction; 
néanmoins  toutes  les  circonstances  démontraient  qu'il  y  avait  bien  eu  asphyxie. 
Le  sang  était  en  grande  partie  évaporé,  aussi  on  avait  trouvé  les  poumons,  le  coeur 
et  le  cerveau  vides,  la  môme  cause  avait  empêché  de  voir  tous  les  symptômes  du 
larynx  et  de  la  trachée  ;  l'écume  sanguinolente,  qui  caractérise  si  souvent  la  mort 
par  suffocation,  s'était  évaporée,  et  la  couleur  chocolat  de  la  muqueuse  iraehéale  ne 
permettait  plus  de  voir  des  injections. 

Néanmoins  nous  admîmes  qu'il  y  avait  eu  mort  par  asphyxie  pulmonaire  ;  car 
cette  femme  que  son  fils  avait  quittée  la  veille,  le  27  octobre,  bien  portante,  ne  pré- 
sentait aucune  trace  d'un  autre  genre  de  mort.  Puis,  malgré  la  putréfoction  avancée, 
on  trouva  encore  quelques  phénomènes  importants  :  la  langue  tuméfiée,  les  pou- 
mons encore  chauds,  la  haute  température  de  la  cavité  abdominale,  l'hypérémie  du 
foie,  le  sang  foncé  et  liquide  remplissant  la  veine  cave. 

De  pinson  a  trouvé  des  circonstances  prouvant  que  cette  asphyxie  avait  été  produite 
par  des  mains  criminelles  :  les  mains  serrées  du  cadavre  derrière  le  dos,  les  jambes 
liées  au-dessus  des  jupons,  la  tète  pressée  dans  les  oreillers,  surtout  les  taches  au  cou 
qui,  malgré  la  putréfaction,  étaient  encore  dures  à  couper.  Tout  cela  annonçait  une 
pression  exercée  par  un  tiers  probablement  au  moyen  des  doigts.  Nous  ne  pouvions 
pas  dire,  d'après  les  seuls  résultats  de  l'autopsie,  si  l'asphyxie  avait  eu  lieu  par 
suite  de  cette  pression  des  doigts  ou  par  suite  de  l'enfouissement  dans  les  oreiUers. 

Obs.  288.  —  Suicide  doiUeux  par  blessure  du  péricarde.  Pendaisom, 

Une  fille  de  trente-quatre  ans,  connue  comme  mélancolique  et  malheureuse,  fut 
trouvée  pendue  à  la  fenêtre  dans  sa  chambre.  Quoique  les  circonstances  rendissent 
un  suicide  probable,  il  était  assez  extraordinaire  de  voir  sur  la  poitrine  du  cadavre 
deux  plaies,  sur  la  table  une  cuvette  remplie  d'eau  sanguinolente,  et  à  côté  une 
éponge  pleine  de  sang.  Pour  mettre  fin  à  tous  les  doutes,  l'autopsie  fut  ordonnée. 

Les  plaies  du  côté  gauche  de  la  poitrine  avaient  pénétré  entre  la  septième  et  h 
huitième  côte  ;  dans  le  péricarde  on  trouva  deux  blessures  de  même  grandeur, 
longues  de  2  centimètre^,  à  bords  nets,  non  ecchymoses.  11  n'y  avait  pas  un 
épanchement  abondant  dans  le  péricarde.   A  la  pointe  du  cœur  il  y  avait  une 


PENDAISON  ,    STRANGULATION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  d'UN  TIERS?      393 

solution  de  continuité  de  la  couche  mince  de  graisse  qui  Tentourait,  à  bords 
sets,  longue  de  i  centimètre.  Combien  il  avait  peu  manqué  à  cette  blessure 
pour  être  instantanément  mortelle  !  La  mort  avait  eu  lieu  par  pendaison,  le  sillon 
Jame  brun  sale,  parcheminé,  non  ecchymose,  entourait  le  cou  et  était  interrompu 
dani  l'étendue  de  5  centimètres.  Du  côté  gauche  il  n'avait  que  4  millimètres  de 
tergenr  et  de  profondeur  ;  à  la  surface  antérieure  du  cou,  il  ayait  un  centimètre^  à 
(joelqoes  endroits  même  1  centimètre  et  demi  de  largeur,  mais  était  partout  plat. 
Ce  ftOlon,  comparé  à  l'instrument,  était  très  curieux.  Le  lien  était  un  châle  de 
laiiie,  par  conséquent  mou  et  large,  il  avait  des  bords  travaillés  au  crochet  qui 
étaient  assez  durs.  La  langue  était  derrière  les  dents,  la  putréfaction  commençait, 
lee  parties  génitales  étaient  vierges,  la  main  droite  tachée  de  sang  séché,  le  cœur 
était  exsangue,  les  poumons  sains  et  exsangues,  le  sang  pas  très  liquide,  la  trachée 
vide  et  pâle  ;  ainsi  il  n'y  avait  certainement  pas  eu  asphyxie  *,  le  cerveau,  ses 
mefnbranes,  et  ses  sinus  exsangues  ;  l'abdomen  normal. 

Ici  la  strangulation  avait  donc  produit  une  neuroparalysie  à  laquelle  la  blessure 
du  thorax  pouvait  avoir  contribué,  nfillait  naturellement  admettre  que  le  cb&le  et  le 
couteau  présenté  avaient  pu  produire  les  lésions.  Nous  n'hésitâmes  pas  i  admettre 
■n  suicide.  Outre  la  porte  fermée  en  dedans,  ce  qui  est  une  circonstance  en  dehors 
de  notre  domaine,  nous  avions  comme  preuve  la  main  droite  tachée  de  sang, 
la  direction  des  plaies  de  haut  en  bas  et  l'absence  de  trace  de  résistance.  On  ne 
pouvait  pas  admettre  qu'il  y  eût  eu  pendaison  après  la  mort,  puisque  la  plaie  du 
pérkardo  ne  pouvait  avoir  amené  la  morU  Sur  demande  spéciale  du  juge  d*in- 
stmetion,  nous  ajoutâmes  que  la  décédée,  s'étant  blessée  à  la  poitrine,  était  encore 
en  état  de  se  laver  et  de  se  pendre.  Le  cas  donnait  une  nouvelle  preuve  de  la  léna- 
àlé  des  résolnUons  de  certains  suicidés. 

Je  fais  suivre  ici  trois  cas  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  cadavres 
pendus,  les  deux  jambes  posant  sur  le  sol,  ce  qui  avait  fait  douter 
du  suicide. 

Om.  S89.  —  Suicide  douteux  parpendaiion.  Cadavre  trouvé  sur  ses  deux  pieds. 

L'ouvrier  B...  vivait  en  très  mauvaise  intelligence  avec  sa  femme,  âgée  de  qua- 
rante-trois ans.  Celle-ci  se  pendit  à  la  fenêtre  à  la  suite  d'une  scène  violente.  Elle 
avait  ses  deux  pieds  reposant  â  plat  sur  le  sol,  et  le  lien  était  un  mouchoir  noué 
par  un  nœud  ordinaire,  la  tète  penchait  de  cété.  La  tète  et  la  figure  du  cadavre 
étaient  pâles,  les  yeux  non  proéminents,  Ui  langue  serrée  entre  les  dents  ;  rien 
d'extraordinaire  aux  mains  ni  à  aucune  autre  partie  du  corps.  Le  sillon  était  situé 
en  avant  entre  l'os  hyoïde  et  le  larynx  ;  la  partie  postérieure  du  cou  était  intacte  et 
n'aiait  pas  été  touchée  par  le  lien  ;  le  sillon  était  large  de  1  centimètre,  superfi- 
d'un  brun  sale,  dur,  non  ecchymose,  les  poumons  gorgés  de  sang  liquide, 
que  les  grandes  veines,  le  cœur  droit  et  les  coronaires  assez  remplis,  la  cavité 
eriUiieone  ne  montrait  aucune  hypérémie.  Dans  l'abdomen,  le  foie  et  surtout  les 
éUieothypérémiques,  tout  le  reste  était  insignifiant. 
Nous  condûoies  : 


394  PAUTIE   THAIVATOLOGtQUE. 

1  ®  La  décédéc  est  morte  d'apoplexie  pulmonaire  ; 

2**  La  mort  a  été  produite  par  la  pendaison  ; 

3**  Par  l'autopsie  seule  on  ne  peut  décider  s'il  y  a  eu  suicide  ou  assassinat  ;  rie& 
ne  rend  le  suicide  impossible. 

Nous  ne  pouvions  préciser  plus,  car  ce  cas  était  très  singulier,  nous  ne  pouvîoos 
admettre  une  grande  pression  sur  le  cou,  mais  il  n'était  pas  impossible  que  le  ataii 
eût  poussé  sa  femme  pendant  la  rixe  jusqu'à  la  fenêtre  et  l'eût  pendue. 


Obs.  290.  —  Suicide  par  pendaison»  Position  du  cadavre  sur  les  deux 

Un  homme  du  monde  qui  avait  pendant  plusieurs  années  mené  une  vie  dissipée, 
fut  arrêté  tout  à  coup  à  cause  de  parjure  dans  une  affaire  très  importante.  L'instnu* 
tion  dirigée  contre  lui  prenait  une  tournure  très  grave,  lorsqu'on  le  trouva  «a 
matin  pendu  dans  sa  cellule  ;  son  voisin  de  prison  l'avait  entendu  se  lever  la 
nuit,  n'y  avait  pas  pris  garde  et  s'était  rendormi.  Le  décédé  s'était  pendu  entre  lei 
deux  ailes  d'un  paravent  qui  formaient  un  angle  aigu,  il  avait  fait  une  espèce  ds 
potence  avec  un  balai,  il  avait  lié  son  fichu  de  nuit  au  manche  de  ce  balai  et  s'était 
pendu.  On  le  trouva  débout,  les  deux  pieds  à  plat  sur  le  sol;  c'était  un  homme 
vigoureux  d'une  quarantaine  d'années.  Ni  érection,  ni  sperme  ;  figure  pâle  et  allais- 
sée;  yeux  fermés,  profonds,  non  ecchymoses  ;  langue  denière  les  dents;  le  sillon 
n'était  visible  que  sur  le  côté  droit  du  cou  el  momifié,  à  gauche  il  y  avait  sea- 
Icment  quelques  traces  ;  la  nuque  était  libre  ;  la  tète  pendait  tout  à  fait  sur  la  poi- 
trine ;  nous  l'avons  seulement  examiné  extérieurement,  car  on  ne  demanda  pas 
une  autopsie  légale. 

Obs.  291.  —  Suicide  douleux  par  pendaison»  Posmon  sur  les  d$um  pieds. 

Un  restaurateur  de  quarante  ans  fut  trouvé  pendu  au  mois  de  mars ,  reposant 
sur  les  deux  pieds  ;  je  ne  sais  quelles  circonstances  firent  soupçonner  la  faute  d'un 
tiers,  cependant  on  demanda  l'autopsie  légale. 

Au  milieu  du  larynx  il  y  avait  un  sillon  large  de  C  millimètres,  profond  de 
2  millimètres,  d'un  brun  sale,  parcheminé,  non  ecchynosé,  sans  interruption;  k 
2  centimètres  au-dessous,  il  y  avait  un  sillon  faiblement  bleu,  tout  à. fait  mou,  non 
ecchymose,  large  de  4  millimètres,  profond  de  1  millimètre  à  peu  près.  11  était  situé 
sur  le  côté  droit  ;  à  l'intérieur  il  y  avait  hypérémie  des  poumons  et  du  eerreav  ; 
l'artère  pulmonaire  était  bypérémique,  mais  pas  le  csaur  ;  la  veine  eave  était 
remplie. 

Nous  conclûmes  : 

V  La  mort  a  eu  lieu  par  hypérémie  des  poumons  et  du  cerveau  ; 

2°  Cette  hypérémie  a  été  produite  par  pendaison  ; 

3°  Cette  pendaison  a  été  causée  par  l'instrument  qui  a  reposé  dans  le  sillon 
supérieur  ; 

4^  On  ne  peut  pas  déterminer  si  le  sillon  inférieur  a  été  produit  par  le  mène 
instrument  par  suite  d'une  tentative  de  suicide  avant  la  mort  ; 

5°  L'autopsie  n'a  pas  donn^  de  résultat  faisant  admettre  une  pendaison  produite 
par  une  main  étrangère. 


SUBMBBSIOII^  —  GÉNÉRALITÉS .  805 

CHAPITRE    VI. 

SUBMERSION. 
$1.— Oénéraliléf. 

La  mort  par  submersion  a  lieu  lorsqu'un  homme,  ayant  la  tète 
JMigée  dans  l'eau  ou  dans  un  liquide  quelconque,  il  y  a  imposai-* 
ilité  pour  Tair  atmosphérique  d'entrer  dans  les  voies  respiratoires. 

D  n'est  pas  nécessaire  que  tout  le  corpft  et  même  toute  la  tète  soit 
longée  dans  le  liquide. 

On  a  iru  des  exemples  de  gens  dont  la  tète  seule  ou  même  la  figura 
tant  plongée  dans  l'eau,  ne  voulant  ou  ne  pouvant  pas  en  sortir, 
NU  morts  par  submersion* 

C'eal  ainsi  qu'on  trouve  des  noyés  dans  des  mares  superficielles, 
e  contenant  pas  beaucoup  d'eau,  ces  noyés  sont  ordinairement  ou 
es  nouveau-nés,  ou  des  ivrognes,  ou  des  épileptiques  ;  quelquefois 
n  trouve  des  nouveau*nés  noyés  dans  des  vases  ne  contenant  que 
en  d'urine  ou  de  l'eau  d'amnios. 

D  n'est  pas  nécessaire  que  le  milieu  où  est  plongé  le  visage  soit 
fitnK,  car  la  mort  par  submersion  a  lieu  également  dans  des  sables, 
ans  de  la  vase,  dans  des  fosses  d'aisances,  etc.  Dans  tous  ces  cas, 

f  a  un  empoisonnement  négatif  du  sang,  parce  que  la  quantité 
'air  atmosphérique  nécessaire  à  la  nutrition  e«t  dérobée  au  sang  et 
«•.celui-ci  devient  incapable  d'exciter  et  d'entretenir  la  vie  du  sys« 
hne  nerveux.  Il  s'ensuit  qu'au  point  de  vue  physiologique,  la 
lort  par  submersion  est  tout  à  fait  identique  avec  la  mort  par  strangu- 
itîon.  C'est  pourquoi  les  résultats  de  l'autopsie,  dans  la  mort  par 
ubmersion,  ne. diffèrent  nullement  de  ceux  des  deux  chapitres  pré- 
Uanla.  Ainsi  tes  noyéS)  comme  les  strangulés,  peuvent  mourir  de 
jontre  manières  (voyex  page  3A6)  :  par  hypérémie  cérébrale,  par 
ijpiréiiiie  pulmonaire,  par  ces  deux  hypérémies  réunies,  enfin  par 
Mnroparalyaie. 

Les  auteurs  modernes,  trop  sceptiques,  ont  posé  la  thèse  suivante  : 


396  PARTIE   THANATOUMflQDE. 

Un  homme  peut  entrer  diiDs  l'eau  encore  vivant,  y  mourir  sans  a^oir 
été  noyé,  si,  en  tombant  sur  des  poteaux,  des  rochers,  etc.,  ilsetaii 
une  blessure  de  tâte  mortelle  !  Il  est  certain  que  si  un  hom«ne,  ea 
tombant  dans  Tcau,  se  fait  une  blessure  de  tète  et  en  meurt  tout  de 
suite  avant  d'être  noyé,  il  n*y  a  pas  eu  mort  par  submersion,  ce  n*esl 
qu'un  cadavre  qui  est  tombé  dans  l'eau  ;  mais  si  les  blessures  ne  l'ont 
pas  tué,  s'il  est  entré  encore  vivant  dans  l'eau,  il  est  rédlement 
mort  par  submersion  et  doit  être  considéré  comme  tel.  Certains 
cas  particuliers  peuvent  quelquefois  présenter  des  difScaltés  sous  ce 
rapport,  ils  devront  être  résolus  d'après  les  circonstances. 

Des  quatre  genres  de  mort  par  submersion,  Ykypérimie  du  cer- 
veau est  la  plus  rare.  On  a  prétendu  qu'elle  ne  se  présentait  jamais, 
je  ne  suis  pas  du  tout  de  cet  avis,  pas  plus  que  de  celui  des  auteurs 
qui  ont  prétendu  que  c'était  là  toujours  le  genre  de  mort  des  noyés. 
Si  l'on  se  donne  la  peine,  comme  je  Tai  fait,  de  comparer  les  sym- 
ptômes de  plusieurs  centaines  de  morts  par  submersion,  on  vem 
que  l'apoplexie  cérébrale  se  présente  quelquefois. 

Très  souvent,  le  phénomène  de  l'hypostase  cadavérique  est 
confondu  avec  l'hypérémie  du  cerveau  ;  d'un  autre  côté ,  beau- 
coup de  médecins,  ne  trouvant  à  l'autopsie  que  des  phénomènes 
négatifs,  s'accrochent  à  une  certaine  réplétion  des  vaisseaux 
cérébraux,  afin  d'avoir  une  base  positive  pour  leur  rapport,  et  ils 
déclarent  de  bonne  foi  qu'il  y  a  hypérémie  là  où  il  n'y  a  aucune 
anomalie.  Ce  qui  a  surtout  une  grande  influence  dans  cette  question, 
c'est  l'estimation  individuelle  des  experts,  je  pourrais  dire  les  yeux 
individuels,  car  rien  n'est  plus  relatif  que  le  degré  de  réplétion  de^ 
veines  du  cerveau  et  des  sinus,  rien  n'est  plus  indécis  que  les  expres- 
sions c  très  rempli  >,  c  assez  rempli  >,  etc.  Et  il  n'y  a  pas  de  moyen 
d'obvier  à  cet  inconvénient. 

Les  expériences  que  j'ai  faites  en  pesant  le  cerveau  et  le  cervelet 
sont  restées  sans  résultat,  comme  on  pouvait  le  prévoir,  car,  non- 
seulement,  il  y  a  des  variations  individuelles,  corporelles  et  mentales, 
mais  encore  la  quantité  de  sang  qui  constitue  une  hypérémie  mortelle 
est  très  peu  considérable. 


SUBMERSION.  —  SYMPTÔMES  EXTERNES.  S97 

n  esl  certain  qde,  quand  on  trouve  chez  un  noyé,  une  hypéréroie 
cérébrale  comme  seul  phénomène  positif,  cette  hypérémie  est  toujours 
M  importante,  et  qu'une  hémorrhagie  est  excessivement  rare  ;  je 
'ai  rencontrée  chex  un  homme  de  trente  ans  qui,  en  état  d'ivresse, 
lait  tombé  dans  un  marais  et  s'y  était  noyé.  Le  liquide  vaseux  fut 
nNiTé  dans  la  trachée,  ainsi  que  tous  les  autres  signes  de  la  mort  par 
■bmersion.  Les  méninges  gorgées  de  sang,  et  au-dessous  de  la 
iore-mère,  il  y  avait  une  extravasation  de  2  centimètres  de  dia- 
aèirs* 

La  mort  par  hypérémie  des  organes  de  la  poitrine ^  et  la  mort  par 
]em'oparaly$iey  sont  plus  fréquentes  dans  la  submersion.  On  ne 
lest  pas  dire  dans  quelles  circonstances  chacune  de  ces  morts  a 
plus  ordinairement.  Les  dispositions  individuelles,  la  tempéra- 
de  l'eau,  la  perte  de  connaissance,  l'ivresse,  la  frayeur  au 
du  contact  de  l'eau,  la  lutte,  l'état  passif,  volontaire  ou 
Dfolontaire  sont  autant  de  circonstances  qui  peuvent  avoir  de  Tin- 
luence.  Cela  ne  peut,  du  reste,  pas  avoir  une  grande  importance  en 
iraliqne  oA  l'on  doit  se  contenter  des  faits  qu'offre  Tobservation. 

Outre  ces  phénomènes  généraux  de  la  mort  phviâologique,  la 
■bmersion  a,  ainsi  que  la  pendaison  et  la  strangulation,  des  effets 
ptfticaliers  qui  doivent  être  également  pris  en  considération  pour 
le  diagnostic. 

S  9.*—  Biagnostie.  8ympt6iiiet  eztemef. 

Tontes  le#fois  qu'un  cadavre  est  tiré  de  l'eau,  deux  questions  se 
présentent  : 

Le  décédé  est-il  entré  dans  l'eau  vivant  ou  mort? 

Y  est-il  entré  par  accident,  volontairement  ou  par  suite  d'un 
criae? 

n  bot  d*abord  considérer  que  les  hommes  qui  tombent  dans  l'eau 
sant  beaucoup  plus  souvent  vivants  que  morts,  on  doit  donc  d'abord 
aipposer  que  le  corps  était  vivant.  Car  on  sait  que  c'est  le  genre 
f  aecidrat  le  plus  fréquent,  soit  dans  les  bains,  soit  par  suite  des 


308  PARTIE  THAIfÂTOLOGlOni. 

iaoïidations,  soilen  péchant,  en  lavanf,  en  tannant,  etc.,  tironsail      ; 
auaai  que,  du  moins  en  Prusse,  après  la  pendaison,  e*ast  le  genre  Ae 
suicide  le  plus  fréquânl,  surtout  en  été.  A  côté  de  ce  grand  nonibn 
de  noyés,  le  nombre  des  cadavres  jetés  à  l'eau,  surtout  des  cadatm 
d'adultes  sept  très  peu  nombreux. 

Comme  il  n'y  a  pas  de  symptôme  spécifique,  infaillible,  qui  pakse 
guider  sûrement  le  diagnostic  de  la  submersion,  un  grand  Donrin 
d'auteurs  parlent  de  ce  diagnostic  comme  de  quelque  chose  de 
presque  insurmontable,  ce  qui  est  faux.  Il  est  vrai  qu'il  y  a  soovoit 
des  cas  difficiles  et  compliqués,  mais,  plus  j'ai  vu  de  noyés,  plus  je 
me  suis  convaincu  qu'on  a  exagéré  les  difficultés  du  diagnoêîie  de 
la  mort  par  submersion  ;  et  je  n'hésite  pas  à  croire  M.  Devergie 
quand  il  déclare  qu'il  pourra  dire  dans  les  neuf  dixièmes  des  cas,  si 
la  submersion  a  eu  lieu  pendant  la' vie  ou  après  la  mort. 

Il  va  sans  dire,  qu'ici  aussi  l'ensemble  de  tous  les  ejoipttees 
doit  être  considéré  et  qu'on  doit  comparer  les  signes  négatifs  aux 
signes  positifs. 

Les  auteurs  qui  ont  traité  cette  question  sont  très  nombreux, 
mais  les  opfaûons  se  eontredisent  les  unes  les  autres.  Ayant  devant 
les  yeux  le  but  de  cet  ouvrage,  j'énoncerai  les  principes  que  m'ont 
suggérés  mes  propres  observations. 

Je  n'ai  pas  fait  d'expériences  sur  les  animaux,  nais  les  résultats  ^ 
qu'elles  peuvent  offrir  me  semblent  épuisés  par  les  recherches^^ 
savantes  de  HM.  Piorry,  Orfila,  Albert,  Riedel,  Mayer,  Lœffler,.^ 
Kanzler  et  autres  ;  dans  tous  les  cas,  il  faut  toujours,  en  médecine 
légale,  être  réservé  eu  fait  de  comparaisons  que  Toii  est  tenté  d^ 
faire  entre  les  phénomènes  présentés  par  les  animaux  et  ceux  pré-^* 
sentes  par  les  hommes. 

Voici  quels  sont  les  signes  extérieurs  : 

1*^  Fraîcheur  du  cadavre.  Mertzdorf  a  déjà,  depuis  longtempf, 
fait  remarquer  combien  les  cadavres  des  noyés  étaient  froids.  Sie- 
benhaar  a  dernièrement   parlé   également  de  rette  basse   tempe* 

rature. 
Aussi  longtemps  qu'on  n'aura  pas  contrôlé  ce   signe  par  des 


SUBMERSION.  —SYMPTÔMES  EXTERNES.  309 

mesures  thermoroélriqucs,  il  restera  beaucoup  trop  vague  poor  qu'on 
puisse  lui  attribuer  quelque  valeur. 

2''  Pâleur  du  cadavre.  Je  n*ai  jamais,  quanta  moi,  observé  une 
pâleur  particulière  chez  les  noyés,  il  est  bien  difficile  de  comparer 
la  plus  ou  moins  grande  pâleur  de  plusieurs  cadavres,  et  quand  il 
n'y  a  qu'un  seul  cadavre,  il  est  presque  impossible  de  juger  la 
pâleur. 

S*"  Êiat  de  la  figure.  La  ûgure  d'un  noyé  qui  n'est  pas  resté 
longtemps  dans  l'eau  est  pûle,  la  plupart  du  temps  non  tuméfiée, 
les  yeux  fermés,  et  si  Tasphyxie  a  produit  la  mort,  on  voit  souvent  de 
l'écume  devant  la  bouche. 

Mais  si  le  cadavre  a  séjourné  quelque  temps  dans  l'eau,  c'est* 
à-dire  en  été,  deux  à  trois  jours,  en  hiver  huit  à  dix  jours,  la  figure 
n'est  plus  pâle,  mais  d'un  rouge  bleu,  c'est  le  commencement  delà 
putréfaction  qui,  pour  les  noyés,  a  une  marche  tout  â  fait  parti- 
culière. 

A**  La  proéminence  et  l'étranglement  de  la  langue  sont  des 
signes  tout  à  fait  inconstants,  on  trouve  celte  dernière  aussi  souvent 
éerrière  les  maxillaires,  qu'entre  ceux-ci. 

S'  Chair  de  poule.  Cosigne  est  toujours  digne  d'attention,  on  doit 
toujours  rechercher  avec  soin  s'il  existe,  surtout  â  la  surface  anté- 
rieure des  membres  qui  est  sa  place  de  prédilection.  On  le  trouvera 
presque  toujours  sur  les  noyés,  même  en  été,  lorsqu'on  observera  le 
cadavre  avant  que  la  putréfaction  n'ait  défiguré  la  surface,  surtout 
avant  que  l'épiderme  n'ait  été  détaché. 

Cependantt  prise  isolément,  la  chair  de  poule  ne  peut  pas  prouver 
qu'il  y  a  eu  mort  par  asphysie,  car  j'ai  déjà  dit  plus  haut  que  la  peau 
des  gens  de  la  basse  classe  qui  est  dure,  tendue,  non  soignée,  a  même 
pendent  la  vie  un  aspect  granulé,  qui  est  absolument  analogue  A  la 
chair  de  poule.  De  plus,  mes  observations  nombreuses  m'ont  montré 
qu'après  toute  espèce  de  mort  violente,  on  voit  très  souvent  la 
chair  de  poule.  C'est  probablement  la  frayeur  subite  de  la  mort  par 
accident  ou  par  suicide,  qui  est  cause  de  c^  phénomène  que  l'on  re  • 
garde  comme  l'effet  d'un  saisissement  du  système  nerveux  ;  ce  aai- 


AOO  PARTIE   THANATOLOGIQUB. 

sissement  est  bien  plutôt  la  cause  de  la  chair  de  poule  dans  le  cas 
de  submeraion,  que  Timpression  causée  par  la  température  deTean, 
car  je  l'ai  observée  aussi  bien  dans  les  plus  grandes  chalears  de  l'été, 
que  pendant  l'hiver. 

Q^  Etat  des  mains  et  des  pieds.  Quand  an  homme  a  séjoumé 
dans  l'eau  de  douze  ft  vingt-quatre  heures,  que  ce  soit  en  hiver  oa 
en  été,  les  mains  et  les  pieds  revêtent  une  couleur  livide  d'un  gris 
bleu.  Après  deux  ft  trois  jours,  celte  coloration  devient  plus  Interne 
et  diffère  beaucoup,  du  reste,  de  la  couleur  du  cadavre  ;  Je  plus  la 
peau  des  mains  et  des  pieds  se  ride  en  plis  longitudinaux,  ces  mem- 
bres prennent  l'aspect  de  ceux  des  cholériques.  Les  autres  change- 
ments seront  mentionnés  plus  bas,  quand  nous  parlerons  de  la  pu- 
tréfaction des  noyés. 

Ce  phénopène  n'a  pas  une  grande  valeur  diagnostique,  car  ce  n'est 
qn'un  phénomène  cadavérique  ;  il  ne  se  manifeste  qu'après  douxe 
à  vingt  quatre  heures  de  séjour  dans  l'eau,  époque  à  laquelle  le 
noyé  est  un  cadavre  depuis  bien  longtemps.  Jamais  on  ne  trouvera 
les  mains  colorées  et  pliasées  chez  un  noyé  tiré  de  l'eau  après  deux, 
quatre,  six,  huit  heures.  D'un  autre  côté,  nous  avons  produit  le  phé- 
nomène artificiellement,  en  mettant  les  pieds  et  les  mains  d'un  ca- 
davre dans  l'eau,  ou  même  en  les  enveloppant  pendant  quelques  jours 
dans  du  linge  mouillé.  Ainsi,  ce  signe  ne  prouve  ni  plus  ni  moins  que 
le  séjour  in' cadavre  dans  l'eau;  cependant,  même  réduit  à  cette 
signification,  il  peut  encore  offrir  des  renseignements  utiles,  car  il 
peut  arriver,  je  pourrais  en  citer  un  cas,  que  des  voleurs  tirent  de 
l'eau  le  cadavre  d'un  noyé,  le  dépouillent  et  l'abandonnent,  et  alors 
par  ce  signe  des  mains  et  des  pieds,  on  peut  déclarer  que  le  cadavre 
a  s^oumé  longtemps  dans  l'eau. 

7^  Du  sahUy  de  la  vase  dans  les  ongles.  On  ne  trouve  pas  ce 
signe  chez  la  plupart  des  noyés,  il  se  rencontre  seulement  chez  ceux 
qui  gagnent  le  fond  de  l'eau  étant  encore  vivant  et  cherchent  à  s'ac- 
crocher aux  bateaux,  ou  aux  herbes  du  rivage,  et  font  de  longues 
tentatives  pour  se  sauver.  Il  est  important  à  noter,  car  il  n'est  pas 
probable  que  des  assassins,  qui  jettent  un  cadavre  dans  l'eau,  s'arou* 


SUBMERSION. — SYMPTÔMES   INTERNES.  401 

sent  à  lui  mettre  auparavant  du  sable  entre  les  ongles.  Ajoutons 
cependant  qu'il  est  encore  possible  qu'en  tirant  le  cadavre  de  Teau, 
du  sable  pénètre  dans  les  ongles.  Dans  tous  les  cas,  l'absence  de  ce 
signe  est  tout  à  fait  insignifiante. 

8*  Dans  mes  autopsies  légales  j'ai   déjà  dirigé  l'attention  sur 
on  autre  signe  de  la  mort  par  submersion,  c'est  le  raccourcissement 
du  pénis  chez  des  hommes  arrivés  vivants  dans  l'eau  et  noyés.  Je  l'ai 
presque  toujours  trouvé  chez  les  cadavres  frais  et  aucun  genre  de 
mort  ne  le  présente  aussi  constamment.  Même  après  l'envahisse- 
ment de  la  putréfaction,  on  peut  très  bien  voir  ce  raccourcisse- 
ment  de  l'organe.   Brellner  a  fait  très  ingénieusement  la  compa- 
raison de  ce  phénomène  avec  celui  de  la  chair  de  poule,  il  dit  que 
des  fibres  musculaires,  qui  se  trouvent  dans  la  couche  supérieure  du 
derme,  entourent  les  glandes  sébacées  et  les  poussent  par  leur  con- 
traction, de  sorte  que  ces  glandes  proéminent  sous  Tépiderme  en 
forme  de  grains,  c'est  ce  qui  constitue  la  chair  de  poule  ;  de  telles 
fibres  se  trouvent  également  dans  le  derme  du  pénis,  elles  sont  la 
plupart  parallèles  à  l'axe  longitudinal  du  pénis,  mais  il  y  en  a  aussi 
qui  sont  transversales  (Kôlliker).  La  contraction  de  ces  flbres  mus- 
culaires comprime  le  tissu  spongieux,  diminue  les  dimensions  du 
membre,  surtout  en  sens  longitudinal  ;  le  même  stimulant  qui  agit 
sur  les  fibres  de  la  peau,  agira  également  sur  celles  du  pénis,  par 
exemple,  le  froid,  la  frayeur. 

1*  Hypérémie  cérébrale.  Nous  en  avons  déjà  parlé  en  détails 
(page  396).  En  général  elle  ne  se  rencontre  pas  chez  les  noyés.  Dans 
tous  les  cas,  la  putréfaction  efface  ce  phénomène  et  irès  souvent  les 
noyés  sont  putréfiés,  car  ceux-ci  sont  la  plupart  du  temps  retirés  de 
l'eau  après  un  séjour  assez  long. 

2<>  SilnGtion  de  Vépiylolte.  Kanzier,  dans  ses  expériences  sur 
les  animaux,  a  vu  que  Tépiglotte  est  toujours  dirigée  en  haut  après 
la  submersion,  quand  la  dissection  a  eu  lieu  avant  l'envahissement  de 
n.  26 


402  PARTIE   TRAlflTOLOGIQITB. 

(a  putréfaction.  Je  n*ai  pas  fait  d'expérience  sur  les  animaux,  mais 
pour  les  hommes  je  puis  dire  que  la  direclion  de  l*épiglotte  est  sans 
^leur  diagnostique.  On  a  observé  aussi  souvent  l'teeclicm  que 
rabaissement  de  cet  organe,  et  ce  phénomène  est  tout  à  bit  indé- 
pendant de  la  mort  par  submersion  ;  la  cause  en  est  dans  la  mi- 
nière dont  a  été  manié  le  cadavre  et  dont  le  larynx  et  le  cou  ont  été 
ouverts. 

3*  Injection  de  la  muqueuse  trachéaley  écume  dans  la  irackie. 
Nous  avons  parlé  (page  326)  de  ce  signe  important  chez  les  as- 
phyxiés. On  trouve  sur  les  cadavres  frais  des  noyés ,  morts  par  as- 
phyxie, la  muqueuse  trachéale  injectée,  contenant  tantôt  quelques 
petites  bulles  blanches  éparses,  tantôt  de  l'écume  réelle,  ordinaire- 
ment blanche,  rarement  sanguinolente;  quelquefois  tout  le  canal  est 
complètement  rempli  de  cette  écume  blanche  et  épaisse.  Elle  se  trouve 
aussi  dans  les  bronches,  et  on  la  voit  monter  dans  la  trachée,  quand 
on  presse  sur  les  poumons. 

Je  puis  affirmer  que  l'opinion  de  H.  Devergie  est  erronée,  quand 
il  dit  que  l'écume  ne  se  trouve  dans  la  trachée  que  lorsque  la  tète  du 
noyé  est  remontée  à  la  surface  de  l'eau  et  que  celui-ci  a  respiré  de  l'air 
atmosphérique;  car  des  hommes  qui  se  sont  trouvés  accrochés  à  des 
poteaux,  des  vaisseaux,  et  qui  ne  sont  pas  revenus  à  la  surface,  d'au- 
tres qui  se  sont  munis  de  pierres  lourdes,  afin  de  gagner  tout  de  suite 
le  fond  de  Teau,  ont  présenté  ce  phénomène  dans  la  trachée- artère.  En 
tous  cas,  cette  écume  est  un  mélange  du  liquide  entré  dans  la  trachée, 
du  mucus,  du  sang  des  vaisseaux  déchirés,  avec  l'air  contenu  dans  la 
trachée  et  les  poumons,  ce  mélange  est  produit  par  les  derniers 
efforts  de  la  respiration  et  doit  être  regardé  comme  un  signe  incon- 
testable de  la  réaction  vitale,  c'est-à-dire  comme  preuve  de  submer- 
sion d'un  vivant.  Il  est  cependant  possible  que  l'homme  trouvé  dans 
l'eau  ait  été  asphyxié  d'une  autre  manière  dans  l'air,  qu'alors  l'écume 
se  soit  produite  autrement.  Hais  une  telle  coïncidence  est  certaine- 
ment très  rare.  Dans  ces  cas,  les  autres  signes  de  l'asphyxie  vien- 
dront en  aide  pour  le  jugement.  Malheureusement  ce  phénomène 
précieux  est  aussi  détruit  par  la  putréfaction  ;  si  cette  deniière  est 


SUBMERStON.  — STtfPTiyMES  INTEnNES.   .  AOS 

très  avtneée,  on  trouve  alors  les  bronches  et  la  trachée  loul  è  fait 
vides.  L'skMDce  de  récuine  s'explique  dans  ce  cas  par  la  couleur 
fOQge  brut  |iroduit  par  la  putréfaction  que  revêt  la  trachée.' 

A*  Im  poêùton  du  diaphragme  qui,  tantAt  est  poussé  en  bas,  et 
IwriM  refoulé  en  haut,  a  été  indiquée  comme  un  signe  de  la  mort  par 
labnersîoii.  Hais  ce  signe  dépend  absolument  de  la  putréAiction  et 
■e  ptfil  pour  cette  raison  avoir  aucune  valeur  diagnostique.  Plus  la 
paIrébctioD  est  avancée,  phis  l'estomac  et  les  intestins  sont  bour- 
souflés par  des  gaz,  plus  le  diaphragme  sera  poussé  en  haut  et  vice 


It  Uaugmentaiian  de  vdume  des  pimmans.  Les  poumons  du 
d'un  noyé  ont  un  volume  relativement  considérable  ;  quel  que 
tait  Tige  du  sujet,  ils  offrent  un  aspect  si  particulier  que  ce  signe 
peut  être  nommé,  pour  ainsi  dire ,  thanatognomanique.  Ce  n'est 
fie  dans  des  cas  très  rares,-  si  la  putréfaction  de  tout  le  cadavre  est 
très  avancée  que  ce  signe  manque. 

Lea  pramoDS  frais  des  noyés  remplissent  complètement  la  cavité, 
aa  serreat  eeatre  les  côtes  et  couvrent  tout  à  fait  le  cœur,  ils  parais- 
attt  boursouflés  en  forme  de  ballons  et  ne  présentent  pas  au  toucher 
la  sensation  ferme  et  crépitante  des  poumons  ordinaires,  mais  une 
aanatioii  spengieuae  ;  après  aucun  autre  genre  de  mort,  on  ne  trouve 
ee  sigMaasai  prononcé;  on  le  trouve  seulement,  mais  bien  sensible, 
apfèa  resdème  aigu  des  poumons  et  quelquefois  après  l'asphyxie 
diM  les  gai  irrespirables. 

Ce  ballonnement  des  poumons  est  tantèt  une  hyper  air  ie  réelle, 
provenant  d'inspirations  violentes  lorsque  la  télé  du  noyé  est  revenue 
à  la  surface  de  Teau,  avant  la  mort,  tantôt  il  provient  de  l'entrée  du 
liquide  dans  les  poumons.  C'est  ce  qu'ont  prouvé  des  expériences 
bilas  s«r  des  aaioMux  avec  des  liquides  colorés  et  par  nos  propres 

des  hommes  ou  enfanU  noyés  dans  des  liquides  par- 


Lorsqu'on  incise  ces  poumons,  il  en  sort  une  écume  aqueuse 
•a  glande  quantité.  Daniel,  Morgagni,  de  Haen,  Metsger,  Orfila, 
et  autres  ont  eu  entre  eux  des  controverses  sur  la  possibilité  de 


hOh  PARTIE  T8ÂNAT0L0GIQUE. 

l*entrée  de  Teau  dans  les  poumons  après  la  mort;  d'autres,  tek 
que  Lœffler,  Riedel,  Kanzier,  ont  prétendu  que  l'eaa  se  pouvait  ; 
entrer  après  la  mort,  que  par  des  moyens  artificiels.  Hais  celte  dis- 
cussion, scienliliquement  intéressante,  est  rendue  insignifiante  pour  la 
pratique  par  le  critérium  dont  nous  venons  de  parler,  Tétat  écnmeii 
du  liquide  dans  les  voies  aériennes,  qui  ne  peut  pas  être  prodait 
sur  le  cadavre  par  des  manœuvres  artificielles,  telles  que  des 
injections,  puisque  c'est  le  résultat  des  efforts  respiratoires  du  mou- 
rant. 

L'expérience  prouve  que  ce  phénomène  s'observe  non-seulement 
chez  les  noyés  qui  sont  morts  par  asphyxie  pulmonaire,  mais  encore 
sur  ceux  qui  ont  succombé  à  une  neuroparalysie,  ce  qui  aug- 
mente beaucoup  la  valeur  diagnostique  de  ce  signe.  Nous  avons 
dit  plus  haut  que  le  signe  ne  disparaît  que  quand  la  putréfaction 
est  très  avancée,  mais  il  est  encore  visible  lorsque  rècinne  de  la 
trachée  et  le  sang  du  cadavre  sont  déjà  presque  tout  à  fait  évaporés; 
il  est  inutile  de  dire  que  ce  signe  devient  infaillible,  si  la  liquide,  dans 
lequel  Thomme  s'est  noyé,  ebt  facilement  recouoaisiable,  par 
exemple,  le  jus  de  fumier,  Teau  de  savon,  l'urine,  etc.,  et  si  on  peut 
le  retrouver  dans  les  poumons. 

6**  Uypirémie  du  cœur  droUy  tandis  que  le  cœur  gauche  est  vid 
ou  presque  vide.  Ce  signe  est  un  des  symptAmes  généraux  de  I 
mort  par  asphyxie,  et  ne  mérite  pas  par  conséquent  de  nous  arrêter 
De  plus ,  celte  hypérémic  manque  souvent  chez  des  noyés  réels 
dans  des  cas  nombreux  où  la  mort  a  eu  lieu  par  neuroparalysie.  ' 
en  est  de  même  pour  : 

7*  La  plénitude  de  V artère  pulmonaire, 

8"  Vhypérémie  des  poumons. 

V  La  fluidité  du  sang  qui  revêt  une  couleur  cerise  est 
signe  le  plus  constant  ;  cet  étal  s'explique  par  l'empoisonnement 
sang  produit  par  le  manque  d'oxygène,  ce  qui  lui  fait  perdre 
(acuité  de  se  coaguler. 

Ce  phénomène  s'observe  presque  toujours  dans  tous  les  cas  de  sus  ^ 


SUBMERSION.— SYMPTÔMES   INTERNES.  A05 

meraon,  mais  par  la  même  raison,  on  le  trouve  dans  tous  les  genres 
de  mort  qui  sont  produits  par  rempéchement  de  rentrée  de  l'air  dans 
les  voies  airiennes.  Il  se  rencontre  aussi  après  les  empoisonnements 
par  substances  narcotiques,  les  fièvres  putrides,  et  même,  dit-on,  par 
le  foudroiement  du  tonnerre.  Ce  signe  combiné  avec  les  autres  crité- 
riums, pourra  prouver  si  le  corps  tiré  de  l'eau  y  est  mort  ou  non.  Il 
ne  oiaDcpie  jamais  chez  les  cadavres  frais,  mais  il  est  facilement  effacé 
parla  pnIréEaction. 

Les  signes  trouvés  dans  l'abdomen  sont  beaucoup  moins  sArs  ;  le 
plus  important  est  : 

10*  Lafrétence  du  liquide  datu  l'estomac.  Il  s'agit  d'abord  de 
savoir. ce. que  Ton  observe  en  général  sur  les  cadavres,  certainement 
morts  par  submersion.  La  plupart  du  temps,  on  trouve  plus  ou  moins 
de  liquide  dans  l'eslomac,  depuis  une  gorgée  jusqu'à  la  réplétion 
complète*  U  est  irês  rare  que  Testomac  des  noyés  soit  complète- 
nent  videt»  escepté  quand  la  putréfaction  est  avancée,  car  alors  le 
Mqmde,  lii  aussi,  est  évaporé.  Ceux  qui  ont  nié  le  contenu  liquide  de 
l'eatomae,  sont  tombés  dans  une  erreur  très  facile  à  commettre,  car, 
quand  on  trouve  du  chyme  dans  l'estomac,  surtout  du  chyme  très 
liquide,  il  est  très  difScile  de  dire  combien  d'eau  avalée  pendant 
l'agonie  du  noyé,  y  a  été  mêlée  ;  mais  il  arrive  fréquemment,  surtout 
ehes  lea  cadavres  qui  n'ont  pas  séjourné  longtemps  dans  l'eau,  que 
Peau  se  trouve  dans  l'estomac  non  mêlée  avec  le  chyme,  ou  que  le 
chyme  est  excessivement  liquide,  et  alors  la  présence  de  l'eau  est  évi- 
dente; quelquefois  même  l'on  trouve  de  l'eau  sans  chyme.  Personne 
ne  doute  plus  que  l'eau  contenue  dans  l'estomac  n'a  pu  y  pénétrer 
après  la  mort,  c'est  ce  que  prouvent  des  expériences  multiples  faites 
sur  des  animaux.  Riedel  expérimenta  sur  cinq  chats,  morts  jQtés  à 
l'ean,  et  trois  cadavres  d'enfants,  mis  dans  l'eau  dans  la  position  la 
plus  favorable,  il  ne  trouva,  après  un  ou  deux  jours,  aucune  trace 
de  liquide.  Kanzler  jeta  des  cadavres  d'animaux  dans  de  l'encre  en 
leur  fendant  la  bouche  jusqu'aux  maxillaires  et  les  plaça,  la  bouche 
OQvertei  dans  la  position  la  plus  favorable  pour  que  le  liquide  y  entrât, 
et  il  n'a  pas  trouvé  de  liquide  dans  l'estomac. 


405  PARTIS  THANATOLOGIQUB. 

Néanmoins,  nous  devons  ajouter  que  la  présence  de  Team  dau 
l'estomac  n*est  pas  du  tout  un  signe  sûr,  car  rien  ne  s'eppoae  i  et 
que  le  sujet  ait  bu  de  l'eau  peu  de  temps  avant  sa  mort  (oba.  SM). 
Cela  ne  peut  donc  être  qu'une  probabilité. 

On  a  imaginé  une  explication  pour  donner  une  raison  à  la  pré- 

I 

sence  de  Teau  dans  l'estomac,  on  a  dit  qu'il  pouvait  arri?er  qu'ia 
assassin  injectât  de  l'eau  dans  l'estomac  de  sa  victioie  avant  de  la 
jeter  à  l'eau,  afin  de  simuler  la  mort  par  submersion»  mak  ce  sont 
là  de  ces  théories  que  l'on  peut  bien  imaginer  dans  son  caUnet,  mais 
qui  ne  se  trouvent  pas  confirmées  par  l'observation.  A-t^on  jamais 
vu,  en  effet,  une  telle  manière  d'agir?  Ne  iandrait41  pas  que 
l'assassin  fût  médecin  ou  connût  tris  bien  l'usage  de  la  seringne  ds 
l'estomac  et  la  théorie  de  la  submersion  ? 

Outre  l'eau  ordinaire,  on  peut  trouver  dans  l'estomac  un  liquide 
spécifique  qui  ne  sert  jamais  de  boisson,  et  par  conséquent  dont  la 
présence  est  toute  une  révélation  :  le  jus  de  fumier»  la  Yise  des 
marais  (observations  79  et  811).  Alors  il  y  a  preu?e  eartiiBe  de  la 
mort  par  submenion^  puisque  ce  liquide,  comme  nous  venons 
de  le  prouver,  n'a  pu  entrer  dans  l'estomac  mort  et  que  la  déglutition 
est  un  acte  vital. 

Mais  pour  les  nouveau ^ nés j  il  faut  restreindre  cette  thèse; 
la  composition  du  méconium  prouve  que  le  fœtus  fait  déjà  dans 
l'œuf  des  mouvements  de  déglutition  et  avale  réellement;  l'es"* 
tomac,  en  effet,  contient  souvent  du  méconium  et  de  l'enduit 
sébacé  (1). 

Ces  corps  étrangers ,  en  entrant  dans  les  organes  de  la  respi- 
ration et  de  la  déglutition,  la  bouche,  le  nex,  l'arrière-boucbe, 
les  irritent  et  provoquent  des  mouvements  de  déglutition,  sans 
qu'il  se  produise  en  même  temps  des  mouvements  respiratoires. 
C'est  ce  que  l'on  voit,  quand  on  essaye  de  Muver  des  asphyxiés,  en 
leur  chatouillant  l'arrière -bouche  avec  des  barbes  déplume,  ceux-ci 


(1)  Fœrsler  prétend  même  que  le  méconium  est  principaiemcnt  conttUeé  ptr 
renduit  sébacé.  {Wiener  medic.  Wockenschrift,  tS58,  u<>  32.) 


SUBMRRSION.  — SYUPTÔlHilS  INTERNES.  &07 

font  des  mouvements  de  déglutilion  avant  que  la  respiration  ait 
repris  son  cours;  chez  les  marmottes  endormies,  qui  ont  une  respi* 
ration  très  réduite,  on  peut  aussi  produire  des  mouvements  de  déglu» 
tition  de  la  môme  manière.  Or,  pendant  l'acte  de  la  naissance,  après 
que  les  eaux  se  sont  écoulées,  il  peut  se  produire  le  même  phéno- 
mène que  dans  Tœuf.  Ce  qui  explique  chez  les  enfants  indubitabk^. 
ment  morts-nés,  la  présence  d*eau  d'amnios,  et  de  mucus  utérin  dans 
la  boacbe,  l'arriëre-hpucbe  et  l'estomac. 

Lorsque  le  fruit  en  naissant  arrive  pour  ainsi  dire  subitement 
dans  un  liquide  même  boueux,  il  faut  accepter  la  possibilité  pour 
hii  de  faire  dans  ce  milieu  des  mouvements  de  déglutition  et  d'intro- 
duire dans  l'arrière-bouche  et  dans  l'estomac  une  certaine  quantité  de 
ce  milieu,  même  sans  avoir  respiré.  Des  faits,  quoique  très  rares, 
prooTent  que  celte  possibilité  est  réelle;  c'est-à-dire  que  l'on  trouve 
des  matières  étrangères  dans  l'estomac  de  nouveau-nés,  dont  les 
poumons  n'ont  certainement  pas  respiré  ;  la  présence  de  ces  corps 
éCnDgersenelle-mêmenepeutdonc  pas  faire  conclure  quel'enfanta  été 
mis  à  l'eau  vivant  (respirant).  Ce  sont  des  cas  qui  se  présentent  sur- 
(ool  en  médecine  légale  dans  les  accouchements  qui  ont  eu  lieu  dans 
des  lient  d'aisances,  sur  des  chaises  percées  ;  nous  en  rencontrons 
plusieurs  exemples  chaque  année. 

Dans  les  cas  ci-dessous  cités  (obs.  392  à  395),  nous  trouvâmes  des 

fèces  dans  l'estomac,  ces  enfants  avaient  indubitablement  respiré,  et 

noos  devions  déclarer  qu'il  y  avait  eu  vie  et  mort  par  submersion  ; 

mais  dans  un  autre  cas,  nous  trouvâmes  le  résultat  surprenant,  dont 

nous  venons  d'expliquer  la  possibilité  plus  haut.  L'enfant  né  à  terme 

iîiC  tiré  des  lieux  d'aisance,  il  nous  fut  présenté  très  frais,  la  docima- 

sie  pulmonaire  prouva  qu'il  n'y  avait  pas  eu  respiration,  le  diaphragme 

se  trouvait  à  la  quatrième  côte,  et  pourtant  il  y  avait  dans  l'estomac, 

outre  le  muoes  gélatineux  ordinaire,  une  petite  quantité  de  fèces 

boueuses  ;  il  y  en  avait  aussi  sur  la  muqueuse  de  l'arrière-bouche. 

Herklin  a  fait  connaître  un  cas  tout  à  fait  semblable.  Ce  sont  là  des 

observations  rares  qui  ne   pourront   pas  causer  de  bien  grandes 

erreurs,  si  on  fait  la  docimasie  avec  exactitude,  car  c'est  toujours  elle 


i08  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

qui  doit  être  considérée  comme  le  critérium  de  la  vie,  et  elle  mon- 
trera  si  ce  qne  l'on  trouve  dans  l'estomac  est  un  symptôme  de  h 
vie  après  la  naissance  ou  non  (obs.  305). 

Il*'  Hypérémie  des  organes  abdominaux^  surtout  des  rdns,  de 
la  veine  cave,  du  foie  et  des  veines  du  mésentère.  C'est  là  un  signe 
général  de  la  mort  par  asphyxie,  et  par  conséquent  de  la  submersion 
qui  a  lieu  par  asphyxie,  mais  on  ne  le  rencontre  pas  si  la  mort  a  eu 
lieu  par  neuroparalysie.  Aussi  ce  n'est  rieo'  flMÎns  qu'un  signe  spéci- 
fique de  la  mort  par  submersion.  Dans  tons  les  cas,  elle  disparaît  avec 
les  progrès  de  la  putréfaction. 

12^  La  plénitude  de  la  vessie  ou  sa  vacuité,  n'a  aucune  valeur; 
on  trouve,  en  effet,  cet  organe  dans  l'état  où  le  décédé  le  présentait 
au  moment  d'entrer  dans  l'eau.  M.  Devergie  attache  une  certaine 
valeur  aux  urines  sanguinolentes,  quoiqu'il  annonce  lui-même  que  ce 
phénomène  est  rare  ;  je  ne  les  ai  jamais  vues  dans  cet  état  ni  chez  les 
noyés  ni  chez  les  pendus. 

Par  tout  ce  qui  précède,  je  crois  avoir  prouvé  qu'en  considérant 
bien  les  symptômes  diagnostiques  de  la  mort  par  submersion,  ri  n'est 
pas  très  difficile  de  constater  si  un  homme  est  onirc  vivant  dans  Peau 
et  est  mort  par  submersion.  En  parlant  ainsi,  je  suppose,  bien  en- 
tendu, que  Ton  a  atTaire  à  des  cadavres  non  encore  putréfiés  et  qui 
présentent  encore  des  résultats  à  l'autopsie. 

Oas.  292.  —  Submersion.  Mort  par  neuroparalysie.  Présence  d*«ai«  dan$ 

l'estomac. 

Un  garçon  de  deux  ans  tomba  dans  Teau  en  jouant  avec  sa  bonne,  H  en  Tut 
retiré  mort.  A  l'autopsie,  le  cerveau  était  normal,  pas  de  liquide  dans  ia  trachée  ni 
dans  les  bronches,  quoique  répigloUc  fût  érigée.  Anémie  des  poumons  et  de  toutes 
les  cavités  du  cœur.  Le  sang  était  très  fluide  et  rouge  cerise.  Ce  qui  rend  ce  cas 
intéressant,  c'est  que  l'estomac  était  complètement  rempli  d'eau  et  que  Ton  ne  pouvait 
avoir  aucun  doute  sur  l'origine  de  ce  phénomène.  L'enfant  avait  eu  soif  et  la  bonne 
avait  été  lui  chercher  un  verre  d'eau  qu'il  avait  bu  avec  avidité.  Tout  de  suite  après 
l'enfant  tombait  dans  l'eau  et  mourait. 


SUBMERSION.  —  OBSERVATIONS.  409 

Obs.  293  à  296.  —  Homicide  de  quatre  enfants  par  submersion.  Neuroparalysie, 

Au  mois  de  novembre  18*%  le  lilhographe  Bierman  mit  ses  qnatre  enfants  dan» 
uo  panier  qu'il  alla  jeter  dans  le  canal.  Trois  d'entre  eui  furent  retirés  de  Teau  peu 
de  tempe  après  leur  mort.  L'autre  ne  fut  trouvé  que  quatre  mois  après.  Nous  avons 
frit  kt  autopsies  des  quatre.  Kn  voici  les  principaux  résultats  : 


Ois.  293.  —  Paul,  âgé  de  quatre  ans  Le  cadavre  n'était  resté  dans  l'eau  qu'i 
heure.  La  langue,  tuméfiée,  était  entre  les  dents,  le  cadavre  était  frais,  il  n*j 
avait  nulle  part  chair  de  poule.  Les  doigts  des  mains  et  des  pieds  bleuâtres,  mais 
pas  plissés.  La  quantité  de  sMf  des  méninges,  du  cerveau  et  des  sinus  était  nor- 
male ;  les  poumons  ballonnés  remplissaient  la  cavité,  clairs  et  contenant  peu  do 
sang  ;  le  larynx  et  la  trachée  étaient  sans  écume,  leur  muqueuse  injectée.  Le 
larynx  contenait  un  peu  de  pommes  de  terre.  En  pressant  sur  les  poumons,  on  vit 
du  sang  aqueux  monter  dans  la  trachée.  Les  coronaires  du  cœur  étaient  modéré- 
ment remplies,  le  cœur  droit  contenait  une  cuillerée  de  sang  coagulé,  le  cœur 

« 

gsuelie  était  vide  ;  l'artère  pulmonaire  avait  son  contenu  normal,  le  sang  en  était 
tout  à  fait  liquide.  L'œsophage  avait  du  chyme  liquide  ;  l'estomac,  très  grand,  était 
rempli  d'eau  et  de  chyme  liquide.  Le  foie  était  assez  riche  de  sang,  les  intestins 
aeraMux*  la  rate  et  les  reins  normaux  ;  la  vessie  contenait  une  demi -cuillerée 
(Taime  ;  la  ireine  cave  ascendante  était  normale. 

Obs.  394.  —  Herrmann,  âgé  de  deux  ans.  11  séjourna  quinze  heures  dans  l'eau. 
l»  Ûgure  et  le  reste  du  corps  étaient  pâle  ;  aucune  trace  de  putréfaction  ;  la  langue» 
ooo  tuméfiée,  avait  sa  pointe  entre  les  dents  ;  pas  de  chair  de  poule  La  peau  des 
pieds  était  plissée,  pas  celle  des  mains  ;  les  méninges  peu  sanguines,  ainsi  que  le 
cerveau  et  les  sinus  Les  poumons  ballonnés  remplissaient  tout  à  fait  la  cavité  ;  le 
laiTnx  et  la  trachée  complètement  pâles  et  vides.  En  pressant  sur  les  poumons,  on 
voyait  monter  dans  la  trachée  du  sang  aqueux.  L'œsophage  contenait  du  chyme 
liquide,  les  coronaires  modérément  remplies,  le  cœur  contenait  peu  do  sang 
liquide,  les  grands  vaisseaux  de  la  poitrine  avaient  une  quantité  extraordinaire  de 
sauf,  Testomac  pâle  était  gorgé  de  chyme  et  d'eau  claire  ;  le  foie  assez  rempli,  les 
intestins  pâles,  la  rate  et  les  reins  normaux,  la  vessie  vide,  la  veine  cave  normale. 

Obs.  205.  ^  Georges,  âgé  de  quinze  mois.  Le  cadavre  séjourna  dix- sept  heures 
dans  l'eau.  Il  y  avait  déjà  des  taches  vertes  sur  l'abdomen,  et  la  tète  était  colorée 
en  rMe,  la  langue,  non  tuméfiée,  était  derrière  les  maxillaires,  pas  de  chair  de 
poule,  des  plis  aux  mains  assez  nombreux,  peu  aux  pieds  ;  la  cavité  crânienne  ané- 
mique ;  les  poumons  ballonnés  collés  contre  les  côtes,  clairs,  exsangues,  contenaient 
beaacoiip  d'éeune  aqueuse  qui  montait  dans  la  trachée  par  la  pression  ;  la  muqueuse 
de  latrachée  et  du  larynx  pâle  et  vide,  l'œsophage  vide,  l'estomac  gorgé  d'un  liquide 
jasnâtre  et  de  chyme,  les  intestins  pâles  remplis  de  fèces  ;  le  foie,  la  rate  et  les 
reias  Bormaux  ;  la  vessie  vide,  la  veine  cave  remplie  de  peu  de  sang  liquide  et 
teeé. 

Obs.  296.  -  Louise,  âgée  de  six  ans.  Le  cadavre  de  cette  entant  ne  fut  trouvé 


410  PARTIE   THANATOLOGlQtlB. 

que  le  5  mars,  el  par  conséquent  était  resté  dans  l'eau  pendant  troia  moit  et  vin^l- 
huit  jours.  J'observerai  que  Thiver  était  des  plus  rigoureux,  c'est  ce  qui  explique 
la  putréfaction  proportionnellement  peu  avancée  que  nous  trouvlmea.  U  eoulwr 
du  cadavre  n'était  que  d'un  gris  vert,  quoique  l'épiderme  fût  presque  partoai  déta- 
ché, et  les  organes  qui  se  putréfient  les  jMremiers  étalent  déjà  aaiaîi  ;  lea  yen 
étaient  méconnaissables  ;  le  cerveau  n'était  plus  qu'une  boue  griallre;  luutlii 
organes  anémiques,  les  vaisseaux  exsangues  ;  la  pointe  de  la  langue  entre  ki 
iMti,  les  pieds  et  les  mains  gris  et  plissés  ;  les  poumons,  pâles  et  exsanguee,  con- 
tenaient beaucoup  d'écume  aqueuse,  ils  étaient,  encore  à  celle  époque^  balloniiés 
et  remplissaient  la  cavité  thoracique  ;  la  muqueuse  de  la  trachée  et  du  larynx  vide 
avait  la  coloration  brun  chocolat.  Le  cœur  était  flaïqoe  et  contenait  dans  ses  deux 
cavités  un  peu  de  sang  foncé  et  huileux  ;  l'œsophage  était  vide,  restomac,  d'an 
brun  rouge  produit  par  la  putréfaction,  contenait  beaucoup  de  chyme  aqueux. 
Foie,  reins,  rate  et  veine  cave  exsangues  ;  les  intestins  roses  et  vides,  la  vessie 
vide. 

Obs.  297.  —  Suicide  par  submenion.  Neuroparalytie. 

L'autopsie  d'une  fille  vierge  de  dix-neuf  ans  toi  faite  à  la  flu  du  mois  d'avril.  La 
cadavre  avait  été  trouvé  dans  l'eau  et  ne  pouvait  y  avoir  séjourné  que  peu  de 
temps,  car  il  n'y  avait  pas  encore  de  trace  de  putréfaction,  exeepté  qutlquês 
taches  livides  sur  la  figure  ;  les  mains  et  les  pieds  étaient  à  peine  plissés  ;  il  y  avait 
chair  de  poule  aux  membres  ;  la  langue  était  entre  les  dents,  l'hymen  conservé  ; 
Pestomac,  très  grand,  contenait  du  chyme  et  était  gorgé  d'une  quantité  d'eau  tel- 
lement grande  que  l'on  ne  pouvait  pas  supposer  que  la  jeune  fille  l'eût  bu.  Les  reins 
non  hypérémiques  ;  la  veine  cave  ascendante  dans  toute  sa  longueur  était  remplie  de 
coagulations  fibrineuses,  elle  ne  contenait  pas  de  sang  liquide.  Les  poumons  pat 
très  ballonnés,  pâles,  d'un  gris  rouge,  incisés,  il  en  sortait  peu  de  sang,  mais 
beaucoup  d'eau  ;  les  deux  cavités  du  cœur  contenaient  beaucoup  de  sang  coagulé, 
la  trachée  pâle  contenait  une  certaine  quantité  d'écume  épaisse,  et  en  pressant  sur 
les  poumons  on  voyait  y  monter  beaucoup  d'eau  claire  et  d'écume.  Ce  cas  est  une 
nouvelle  preuve  de  la  coagulation  du  sang  après  la  mort. 

Obs.  298.  —  Suicide  par  submersion.  Mort  par  neuroparalyHe. 

Un  Inmme  de  vingt  ans  mourut  dans  l'eau  au  mois  de  novembre;  son  cadavre 
n'y  séjourna  que  vingt-quatre  heures  à  peine.  Six  jours  après  la  mort  nous  fîmes 
l'autopsie,  il  y  avait  encore  rigidité  cadavérique.  Point  de  chair  de  poule,  malgré  la 
température  basse  de  l'eau.  L'estomac  était  complètement  rempli  d'une  eau  claire 
et  limpide,  sans  trace  de  chyme.  Les  autres  résultats  de  l'autopsie  furent  complè- 
tement négatifs  :  le  cerveau  et  les  sinus  normaux,  la  trachée  vide  non  iigeetée,  etc.; 
en  pressant  sur  les  poumons,  on  ne  voyait  pas  de  liquide  monter  dans  la  trachée; 
les  poumons,  ballonnés,  étaient  d'un  gris  bleu,  et  contenaient  de  l'écume  rose.  Mi 
le  cœur,  ni  les  gros  vaisseaux,  ni  le  foie,  ni  les  reins  n'étaient  hypérémiques  ; 
néanmoins  l'état  Je  boursouflement  des  poumons,  la  fluidité  du  sang,  l'eau  conte- 
nue dans  l'estomac,  la  rétraction  du  pénis,  indiquaient  que  la  mort  avait  eu  lieu 
dans  l'eau  par  neuroparalysie. 


SUBMBRSION.  —  OBSERVATIOMS.  Ail 

Obs.  399.  —  SvbmenUm  par  accidmU.  Mort  par  weuroparaiysie. 

Ici  aussi  la  mort  avait  eu  lien  dans  Teau,  et  c'éUit  bien  constaté.  C'étaU  une 
petite  fiUe  de  trois  mois  qui  périt  par  accident.  Gela  se  passait  au  mois  de 
jnin.  Les  résultats  de  Tautopsie  furent  aussi  complètement  négatifs,  lu  cou,  a« 
featie,  et  à  de  nombreux  endroits  des  cuisses,  on  voyait  des  traces  de  cbair  de 
peide.  Tout  le  corps  était  pâle  et  froid.  Le  cerveau  et  les  sinus  éUient  normaux  \ 
les  fros  vaisseaux  de  la  poitrine  et  le  cœur  étaient  vides,  les  poumons  peu  bog^i' 
souflés,  pâles  et  exsangues,  la  trachée  et  le  larynx  pâles  et  vides,  Testomac 
rempli  de  chyme  épais,  sans  qu'on  pût  distinguer  la  présence  d'eau  ;  le  fble 
bjpérémiqne,  ainsi  que  la  v«faie  cave  ;  les  autres  organes  normaux. 

Ici  encore,  mort  par  neuroparalyste. 

Om.  300.  —  Mmrtrê  d'un  ûnflmtparmbfmnkm.  Eypérémiê  du  cerveau. 

Le  16  août  18^,  on  trouva  dans  un  marais  du  parc  à  Berlin  le  cadavre  d'un 
eoûuit.  On  voyait  à  la  surface  de  l'eau  le  dos  du  cadavre,  mais  la  tête  était  com- 
plélemeat  submergée.  Le  corps  de  Tenfant  éUit  nu,  excepté  à  la  tète,  qui  était 
miamréairun  flehu  noué  sous  le  menton.  Ce  fichu  n'éUit  pas  serré  et  n'avait  pat 
produit  de  marque  strangulatoire.  On  sut  que  la  fille  G...  était  la  mère  de  cetentknt. 
interrogée,  elle  répondit  qu'elle  ne  savait  pas  que  son  enfant  avait  péri,  et  qu'il 
«'était  égaré  un  Jour  dans  la  rue. 

L'enfiint  était  âgé  de  deux  ans  et  demi.  Sa  langue  était  derrière  les  dents  et  de 
couleur  normale  ;  toute  la  partie  antérieure  droite  du  corps,  ainsi  que  la  cuisse 
gnucbe,  présentait  la  chair  de  poule  ;  la  substance  du  cerveau,  les  méninges  et 
loue  lea  sinus  étaient  hypérémiques  ;  dans  les  linus  surtout,  le  sang  était  foncé  et 
liquida.  Pas  d'hypérémie  dans  les  organes  de  la  poitrine  ;  les  poumons,  ballonnés, 
étaient  pâles,  et  ne  contenaient  qu'une  quantité  médiocre  de  sang  foncé  et  liquide, 
du  Béaie  les  jugulaires  et  les  gros  vaisseaux.  Le  cœur  ne  contenait,  à  droite,  qu'une 
petito  cuillerée  de  sang,  â  gauche,  seulement  quelques  gouttes  de  sang.  Le  larynx 
et  la  trachée  normaux,  la  veine  cave  très  hypérémique,  L'estomac  était  rempli  de 
bouillie  de  pommes  de  terre  ;  on  ne  pouvait  s'attendre  à  trouver  de  l'eau  dans 
l'estomac,  car  toute  la  tète  de  l'enfant  étant  serrée  par  un  fichu,  la  déglutition  deve- 
nait impossible  (voy.  obs.  314),  il  était  évident  que  la  mort  de  l'enfant  avait  eu 
lieu  par  hypérémie  cérébrale  et  non  par  hypérémie  pulmonaire. 

Roua  eûmes,  dans  notre  rapport,  à  résoudre  cette  question  :  l'hypérémie  a-t-elle 
eu  lieu  dans  l'eau  ?  en  d'autres  termes,  l'enfant  est-il  arrivé  dans  l'eau  vivant? 
^pvés  avoir  dit  observer  que  les  noyés  pouvaient  mourir  par  apoplexie,  mais  que 
ce  geora  de  mort  était  beaucoup  plus  rare  que  l'asphyxie,  nous  disions  :  «  Il  est 
incontestable  qae  l'apoplexie  peut  frapper  subitement  un  être  plein  de  vie,  et 
qi'ainii  l'enfiint  a  pu  mourir  avant  d'être  jeté  à  l'eau,  mais  je  vais  exposer  de 
Bombrauses  raisons  qui  rendent  dans  le  cas  qui  nous  occupe  eette  supposition  très 
iavraiseaiMable. 

D'abordt  la  tiyet  dont  il  s'agit  est  un  enfant  de  deux  ans  et  daaii  qai,  ceauna 


A12  PARTIE   THANATOLOOIQUB. 

le  prouvent  les  lémoignages,  est  sorti  de  la  maison  de  sa  mère  très  bien  portanl, 
et  les  apoplexies  subites  sont  excessivement  rares  à  cet  âge  ;  puis  pourquoi  aurait- 
on  enveloppé  la  tète  de  cet  enfant  mort  avant  de  le  jeter  à  Teau? 

»  Tandis  qu'on  explique  très  bien  qa*uoe  mère  voulant  tuer  ton  enfant  en  II 
jetant  à  l'eau,  lui  enveloppe  la  tète,  afin  de  dérober  à  aa  vue  la  figure  looflimiteés 
celui  qu'elle  sacrifie.  Puis,  l'état  liquide  du  sang,  la  présence  de  la  chair  de  potle 
toni  penser  que  l'enfant  est  entré  vivant  dans  l'eau.  »  Malgré  ce  rapport,  la  mèra 
M  acquittée,  sous  le  prétexte  qu'il  n'y  avait  paa  asaef  de  preuves. 

Obs.  301.  —  Mort  par  submersion  dans  du  thé  de  camomiUe  tièdô.  Apapkaôe. 

Un  garçon  de  six  mois  tomba  de  son  lit  dans  un  seau  et  s'y  noya.  Ce  seau  dans 
lequel  le  père  avait  vomi,  contenait  des  mucosités  et  du  thé  de  camomAle  tiède.  La 
cadavre  de  l'enfant  fut  trouvé  reposant  sur  la  tète  dans  le  fluide.  La  langue  était 
entre  les  maxillaires  et  proéminait  de  deux  lignes  ;  les  poumons  étaient  pâles  et 
exsangues,  le  cœur  vide,  le  foie,  la  raie  et  les  reins  normaux,  le  cerveau  et  les 
sinus  cérébraux  hypérémiques  ;  la  trachée  était  normale  et  sans  écome  ;  dana  le 
larynx  se  trouvait  une  petite  quantité  de  chyme  provenant  probablement  du  chyme 
vomi,  car  il  ne  ressemblait  en  rien  à  celui  qui  se  trouvait  dans  l'eatomac  de 
l'enûint. 

C'était  là  un  cas  très  singulier,  nous  déclarâmes  que  la  mort  avait  eu  lieu  pir 
apoplexie,  mais  que  l'autopsie  ne  permettait  pas  de  déterminer  ai  cette  apoplesie 
avait  été  produite  par  la  submersion. 

Obs.  302.  —  Mort  par  submersion,  Asphyaie, 

Le  cadavre  d'un  inconnu  fut  trouvé  dans  l'eau  au  mois  d'avril.  Quoique  la  putré* 
faclion  fût  déjà  très  avancée,  je  pus  pourtant  constater  qu'il  y  avait  eu  asphyxie» 
La  trachée  était  remplie  d'une  grande  quantité  d'écume  sanguinolente,  lea  pou* 
mons  gorgés  de  sang  foncé  et  liquide,  le  cœur  droit  contenait  beaucoup  de  aang 
liquide  mêlé  de  caillots,  le  cœur  gauche  était  vide  ;  les  reins  étaient  très  hypéré- 
miques, et  dans  l'estomac  il  y  avait  des  restes  de  pommes  de  terre  et  une  certaine 
quantité  d'eau  claire. 

Obs.  303.  —  Suicide  par  submersion.  Mort  par  asphyxie. 

Je  fis  l'autopsie  d'une  fille  de  vingt  ans  qui  avait  séjourné  dans  l'eau  pendant 
huit  à  dix  jours  (janvier).  La  figure,  le  cou,  la  partie  supérieure  de  la  poitrine 
présentaient  déjà  la  couleur  rouge  de  la  putréfaction  commençante  des  noyés.  Li 
langue  était  serrée  entre  les  dents,  mais  non  tuméfiée.  Les  mains  et  les  pieds  d'un 
gris  bleu  et  plissés.  Il  y  avait  des  traces  de  chair  de  poule  aux  membres  inférieurs. 
Les  plexus  du  cerveau,  pâles,  contenaient  une  quantité  normale  de  sang  ;  les  pou- 
mons étaient  ballonnés,  foncés,  très  hypérémiques,  ainsi  que  les  gros  vaisseaux.  Le 
cœur  gauche  contenait  une  cuillerée  de  sang  liquide  et  foncé,  le  cœur  droit  en 
contenait  à  peu  près  le  double.  La  muqueuse  de  la  trachée  injectée  renfermait  de 
l'écume  blanchâtre  ;  la  pression  sur  les  poumons  foisait  augmenter  beaucoup  la 
quantité  de  cette  écume. 


SUBVERSION.—    OBSERVATIONS.  &I3 

Obs.  304.  —  Suicide  par  submersion.  Mort  par  asphyxie. 

Je  fis  le  1 5  mars  18^  l'autopsie  d*un  homme  de  cinquante  ans,  qui  avait  séjourné 
pendant  six  seoiaines  dans  Teau.  La  couleur  du  cadavre  n'était  pas  trop  altérée. 
La  fifure  était  seulement  d'un  brun  rouge  à  sa  partie  supérieure.  11  n'y  avait 
aucooe  trace  de  chair  de  poule.  Les  mains  et  les  pieds  étaient  très  plissés,  la 
langue  était  derrière  les  dents,  la  trachée  très  pétrifiée.  En  pressant  sur  les  pou- 
mons on  voyait  monter  dans  la  trachée  hesucoup  d'eau  sanguinolente.  Le  peu  4e 
sang  que  renfermait  encore  le  cadavre  était  épais,  il  y  en  avait  relativement  beau- 
coup dans  le  cœur  droit  et  les  grands  vaisseaux  de  la  poitrine.  Les  poumons  étaient 
Ueu  foneé,  ballonnés,  remplis  d'eau  sanguinolente.  L'estomsc  vide  de  chyme  con- 
tenait 6  à  8  onces  d'eau  ;  la  vessie  était  vide,  le  cerveau  rouge  brun  putréfié. 

Obs.  305.  —  Suicilepar  submersion.  Asphyxie, 

Au  mois  de  mars  18^,  nous  fîmes  rautop>ie  d'un  homme  de  quarante  ans« 
trois  jours  après  sa  mort  ;  il  avait  séjourné  dix  huit  heures  dans  l'eau  Le  cadavre 
était  coloré  en  rouge  à  ta  figure  cl  au  cou,  la  langue  proéminait  entre  les  dents, 
il  y  avait  chair  de  poule,  le  pénis  était  rétracté,  pas  de  rigidité  cadavérique,  mains 
et  pieds  faiblement  gris  et  un  peu  plissés,  poumon»  ballonnés,  trachée  injectée  et 
vide.  Quand  on  pressait  sur  les  poumons,  il  montait  une  grande  quantité  d'écume 
épaisse.  Le  poumon  gauche  était  peu  hypérémique,  mais  le  poumon  droit  était  très 
rempli  de  sang  Toncé  et  liquide  ;  les  artères  coronaires  très  gorgées  ainsi  que  le 
cœur  dans  ses  quatre  cavités  et  l'artère  pulmonaiie.  L'estomac  était  plein  d'un 
liquide  laiteux,  les  intestins,  la  vessie,  les  reins,  le  Toie,  la  rate  normaux,  mais  la 
^eine  cave  très  hypérémique 

Obs.  306.  —  Mort  par  submersion.  Asphyxie, 

Au  mois  de  janvier  1 8^,  à  une  température  de  moins  de  8  degrés  Réaumur, 
nous  fîmes  Tautopsie  d'une  jeune  fille  qui  avait  séjourné  sept  jours  dans  l'eau  ei 
était  restée  deux  jours  à  la  morgue  avant  d'être  disséquée,  le  cadavre  était  encore 
très  frais  ;  pas  de  rigidité  cadavérique,  forte  cliair  de  poule,  poumons  ballonnés 
tsns  être  hypérémiques  ;  larynx  et  trachée  remplis  d'écume  rose  dont  la  quantité 
devenait  plus  considérable  lorsqu'on  pressait  sur  les  poumons  ;  muqueuse  du  larynx 
iajectée.  Cœur  droit  plus  que  le  cœur  gauche  rempli  de  sang  liquide  dans  lequel 
nagent  des  caillots  ;  chyme  aqueux  dans  l'estomac  ;  reins  hypérémiques,  matrice 
remplie  de  sang  coagulé  (menstrues).  La  veine  cave  était  peu  remplie. 

Par  conséquent,  asphyxie  par  suffocation. 

Obs.  307.  —  Mort  par  submersion.  Asphyxie. 

Un  noyé  de  trente-quatre  ans  présentait  des  poumons  très  ballonnés,  eontenant 
de  Ttau  et  de  l'air,  et  devenus  si  volumineux,  qu'après  les  avoir  fait  sortir  de  la 
caiHé  peelorale  pour  les  examiner,  il  fallut  les  inciser  en  beaucoup  d'endroits  pour 


Ali  PARTIE  THANATOLOGrQITE. 

les  faire  rentrer.  Toute  la  muqueuse  de  la  trachée  était  ii^jectce  et  remplie  d'eau  et 
d*écume  ;  en  pressant  les  poumons,  on  voyait  monter  dans  cette  trachée  une  graude 
quantité  d'eau  écumeuse.  Le  cœur  droit  était  plein  de  aang  liquide  ;  le  cœur  fauche, 
Tartère  pulmonaire  et  la  veine  eave  étaient  modérément  remplis.  L'estomae,  sim 
aliment,  renfermait  un  peu  d*eau  et  quelques  morceaux  de  vase  qui  adhéraieirt  i 
la  muqueuse,  il  y  avait  chair  de  poule  aux  membres  inKneurs,  et  rétraetioo  trèi 
prononcée  du  pénis;  c'était  un  cas  type  d'asphyxie  par  hypérémie  pulmonaire. 

Obb.  906.  —  Sttdmei'fiofi  par  accident,  Hypérémk  tf»  eawr. 

Un  garçon  de  cinq  ans  tomba  par  accident  dans  une  fbsse  d'aiaancaa  ei  a'y  noya. 
11  n'y  avait  ni  chair  de  poule  ni  congestion  cérébrale.  Les  poumons  battoanéa  con- 
tenaient peu  de  sang.  La  trachée  était  pâle  et  vide  ;  en  pressant  sur  les  poumons, 
il  n'y  montait  ni  eau  ni  écume.  Le  cœur  droit  et  l'artère  pulmonaire  contenaient 
beaucoup  de  sang  liquide,  le  cœur  gauche  était  vide.  L'estomac  contenait  du 
chyme  et  une  cuillerée  d'eau  pure  ;  mais  on  n'y  trouva  rien  de  ce  qui  pouvait 
provenir  de  Is  fosse  dans  laquelle  Tenfiint  avait  été  noyé.  Tons  les  nnlres  orgnnes 
étaient  normaux. 

Ou.  309. — Lok  mort  de  VmfatU  nomeau-né  X...  ett-èUe  due  à  U  sybm&rtkm  T 

Au  mois  d'octobre  18**,  on  retira  de  Teau  let^davre  d'un  garçon  ooaveau^aé  ; 
il  présentait  tous  les  signes  d'un  enfant  à  terme  et  viable.  La  tète,  par  suite  de  la 
putréfaction,  était  déjà  verdâtre,  le  tronc  l'était  moins,  mais  tout  Tépiderme  était 
détaché,  ht  diaphragme  était  entre  la  septième  et  la  huitième  cdte.  L'eatomac  était 
vide  ;  les  gros  intestins  contenaient  du  méconium  ;  la  vessie  était  vide  ainsi  que  la 
veine  cave  ascendante  ;  le  foie  et  la  rate  étaient  déjà  putréfiés.  Les  poumons  étaient 
roses  el  faiblement  marbrés,  ils  crépitaient  et  ne  contenaient  presque  pas  d'écume 
sanguinolente  ;  à  leur  surface  inférieure,  il  y  avait  de  petites  bulles  de  putréfaction  ; 
ils  nageaient  tous  deux,  ainsi  que  leurs  morceaux.  Le  larynx  et  la  trachée,  deve- 
nus d'un  Touge  brun  par  suite  de  la  putréfaction,  étaient  vides  ainsi  que  l'œso- 
phage. Il  n'y  avait  pas  de  sable  ni  de  vase  dans  les  organes.  Le  cerveau  était  trans- 
formé en  une  bouillie  rose,  les  sinus  étaient  exsangues,  la  base  du  crâne  intacte. 

Considérant  que  si  les  poumons  nageaient,  ce  ne  pouvait  être  à  cause  de  la 
putréfaction  qui  n'était  pas  assez  avancée  pour  amener  d'elle-même  ce  résultat,  con- 
sidérant la  position  très  basse  du  diaphragme  et  la  couleur  des  poumons,  nous 
jugeâmes  que  l'enfant  avait  dû  respirer  après  sa  naissance,  mais  que  l'autopsie  ne 
permettait  de  rien  préciser  quant  au  genre  de  mort,  vu  l'état  de  putréfaction  du 
cadavre  ;  nous  ajoutions  cependant  que,  n'ayant  trouvé  aucun  signe  de  la  mort  par 
submersion,  ce  genre  de  mort  n'était  pas  probablement  celui  auquel  avait  suc- 
combé l'enfant. 

Ob8.  310.  —  Infanticide^  blenuretà  la  Cé(e,  mort  par  tvbmenian. 

On  trouva  dans  l'eau  au  mois  de  juin  le  cadavre  d*un  nouveau-né.  Il  était  asaet 
conservé,  la  tète  présentait  seulement  une  couleur  brune  ;  la  peau  des  mains  et  des 


SUBMERSION .  —  OBSERVATIONS.  Al  5 

pieds  élail  pi issée  et  grisâtre,  ce  qui  prouvait  que  le  cadavre  avait  séjourné  plusieurs 
heures  dans  Teau.  Le  placenta  tenait  encore  à  Tenfant  au  moyen  du  cordon  qui 
était  intact.  A  la  tête  il  y  avait  des  plates,  sept  à  droite  et  trois  à  gauche  du  crâne; 
de  plus  quatre  à  la  joue  gauche,  trois  au  front,  une  à  la  lèvre  supérieure,  en  tout 
ëix-hnit;  elles  ataient  été  produites,  les  unes  par  des  instruments  tranchants,  les 
aitres  par  des  instruments  piquants  ;  elles  étaient  entourées  d'ecchymoses.  Outre 
cda,  11  y  avait  encore  deux  égratignures  au  cou,  des  ecchymoses  aux  joues,  aux 
lènes,  dans  la  région  des  omoplates,  au  hras  gauche,  au  coude  droit  et  à  tous  les 
4i%te  du  pied  droit.  Ces  plaies  et  ces  ecchymoses  étaient  des  preuves  évidentes  de 
fioleoces  exercées  sur  l'enfnnt  pendant  sa  vie. 

Le  diaphragme  était  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte,  l'estomac  contenait  une 
evillerée  d'eau  jaunâtre  ;  les  poumons  étaient  ballonnés,  leur  couleur  était  rouge 
clair  et  marbrée.  Il  y  avait  trois  ecchymoses  sous-pleurales  sur  le  lobe  supérieur  du 
poumon  droit  ;  mis  dans  l'eau,  les  deux  poumons  nageaient  ;  ils  présentaient  de  la 
crépitation  quand  on  les  pressait,  et  on  voyait  sortir  du  sang  écumeux  lorsqu'on  y 
fusait  des  incisions.  La  trachée  contenait  un  peu  d'écume  sanguinolente,  le  cœur 
était  vide*  toute  l'aponévrose  du  crâne  était  couverte  d'un  épanchement  gélatine- 
laafuia.  Les  deux  pariétaux  et  le  frontal  droit  étaient  (hicturés  en  plusieurs 
SBdroits,  toute  la  surface  du  cerveau  était  couverte  de  sang  foncé,  les  artères  mé- 
ibfées  étaient  gorgées  de  sang,  et  on  voyait  à  la  base  du  crâne  un  épanchement 
46  sM>g  épais  moitié  coagulé. 
H'après  tous  ces  signes,  il  était  certain  que  l'enfant  avait  vécu  et  que  les  vio* 
avaient  été  exercées  sur  lui  de  son  vivant.  D'un  autre  cété,  il  était  égale- 
certain  que  ces  violences  n'avaient  pcis  causé  la  mort,  car  l'état  de  l'esto* 
et  des  poumons  prouvait  qu'il  était  entré  dans  l'eau  vivant  et  qu'il  y  avait  eu 
par  submersion.  Or,  il  était  peu  probable  que  l'enfant  eût  vécu  longtemps 
avoir  reçu  les  blessures  que  nous  avons  mentiom^s,  il  avait  donc  dû  être 
jeté  à  l'eau  tout  de  suite  après  les  mauvais  traitements. 

Ow.  311.  —  Diiignoslic  certain  d'un  cas  de  mort  par  suhmertion  malgré  Vélal 

ée  putréfaction  aioancée. 

Kons  fîmes,  à  la  fin  du  mois  de  mars,  l'autopsie  d'un  homme  que  Ton  avait  retiré 
de  Vema  et  qui  y  avait  séjourné  au  moins  quatre  ou  cinq  mois.  La  tète  était  tout  â 
iMt  iinuie,  la  poitrine  et  le  ventre  étaient  verts,  l'épiderme  s'était  détaché,  le  pénis 
était  très  rétracté.  Le  cerveau  était  très  putréfié  et  anémique,  les  poumons  étaient 
afU>sés  et  également  anémiques.  Les  gros  vaisseaux  et  le  cœur  contenaient  encore 
•n  peu  de  sang  épais  ;  la  trachée  était  vide,  sa  couleur  était  d'un  brun  cuivreux  ; 
las  poiHBons  preaaés  ne  faisaient  pas  monter  d'écume.  Dans  Testomac,  U  y  avait 
wm  éemi-cuUlerée  de  vase  qui  adhérait  à  la  muqueuse.  La  vessie  contenait  un  peu 
é*nine,  la  veine  cave  un  peu  de  sang. 

Le  contenu  de  l'estomac  ne  pouvait  laisser  aucun  doute  sur  le  genre  de  mort. 


il(5  PARTIE   THANATOLOGIQDB. 

S  4.  —  Béierminer  s'il  y  •  &«te  d'un  tietf. 

Il  est  toujours  très  difficile  de  déterminer  si  une  submersion  a  été 
le  résultat  d'un  crime,  d'un  accident  ou  d'un  suicide,  lorsque  l'on  n*a 
pour  baser  son  jugement  que  les  symptômes  trouvés  sur  le  cadaTre* 
Or,  malheureusement  cetle  circonstance  se  présente  souTont,  car  les 
cadavres  n'étant  onlinairement  trouvés  que  longtemps  après  la  mort, 
il  est  impossible  d'établir  leur  identité  par  suite  des  ravages  de  U 
putréfaction. 

J'étudierai  ce  problème  avec  soin  en  mettant  jli  profit  les  ressour- 
ces que  m'a  offertes  mn  longue  expérience. 

i""  Lorsqu'un  cadavre  est  retiré  de  l'eau,  la  première  chose  qu'il 
faut  chercher  à  savoir,  c'est  si  le  corps  est  entré  dans  l'eau  vivant 
ou  morly  c'est-à  dire  s'il  est  mort  par  submersion  ou  d'une  autre 
manière.  Dans  ce  dernier  cas,  il  est  inutile  d'aller  plus  loin;  c'est  ce 
qui  arrive  souvent  pour  les  nouveau-nés  que  l'on  trouve  dans  l'eau, 
mais  qui  y  ont  été  jetés  déjà  morts;  pour  les  adultes,  c'est  rare; 
nous  en  avons  cependant  rencontré  un  exemple  assez  curieux  :  ua 
individu  voulant  se  donner  la  mort ,  se  plaça  sur  le  bord  d'uno 
rivière  les  jambes  dans  l'eau,  il  se  tira  un  coup  de  pistolet  et  tomba 
mort  dans  la  rivière.  Ces  cas  ne  sont  pas  difhciies  a  juger,  outre 
l'absence  des  signes  de  la  mort  par  submersion,  on  a  les  phéno- 
mènes de  la  mort  violente  à  laquelle  a  succombé  le  décédé. 

2°  Lorsque  l'on  a  acquis  la  conviction  que  l'on  a  affaire  à  un  noyé, 
il  peut  se  présenter  sur  le  cadavre  des  blessures  de  toutes  sortes,  il 
est  nécessaire  de  déterminer  alors  si  ces  blessures  ont  été  reçues 
pendant  la  vie  ou  après  la  mort  du  noyé. 

Lorsque  les  blessures  ont  été  reçues  pendant  la  vie,  tantdl  c'est 
un  homme  sortant  d'une  orgie  dans  laquelle  il  y  avait  rixe,  et  ({ui, 
blessé  en  plusieurs  endroits,  tombe  dans  l'eau  par  accident  ;  un  autre 
qui  veut  se  suicider,  se  blesse  de  différentes  manières  et  se  décide 
enfin  ù  se  jeter  à  l'eau.  Il  peut  arriver  aussi  que  ces  blessures  aient 
été  produites  par  les  tentatives  de  résistance  d'une  victime  que  des 


SUnMKRSION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  D'hN  TIKRS?  417 

malfaiteurs  veulent  noyer,  ou  bien  cela  peut  <*lre  un  suicidé  qui,  en 
se  précipitant  dans  Teau,  se  blesse  contre  des  rochers,  des  vaisseaux, 
des  poteaux,  etc. 

Lorsque  les  blessures  ont  été  faites  aprè»  la  mort,  tantôt  c'est 
parce  que  le  cadavre  a  été  poussé  contre  des  glaçons,  contre  les 
piliers  d*un  pont,  contre  des  bateaux,  des  poteaux,  etc.;  tantôt  ces 
blessures  ont  été  produites  par  des  rats  d*eau  qui  sont  venus  le  ron- 
ger, ou  bien  ce  sont  des  rames,  ou  bien  enfin  peut-être  les  crochets 
qui  ont  servi  à  le  retirer  de  l'eau. 

Naturellement  dans  tous  ces  cas,  il  sera  nécessaire  de  rechercher 
avec  soin  s*il  y  a  des  signes  de  réaction  vitale  autour  de  la  blessure. 
Malheureusement  ici,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  plusieurs  fois 
remarquer,  on  est  exposé  aux  erreurs,  car  les  cadavres  étant  ordi- 
Dsirenient  livrés  à  Taulopsie  dans  un  état  de  putréfaction  [avancée,  il 
est  facile  de  confondre  les  épanchements  sanguins  du  tissu  cellulaire 
produit  par  le  phénomène  d*exosmose  avec  ceux  qui  sont  le  résultat 
de  l'ecchymose.  Celte  erreur  est  d'autant  plus  facile  que  la  putréfaction 
donneauxrégions  unecoloration  qui  obscurcit  le  diagnostic.  M.  Siméons, 
médecin  légiste  distingué,  dit  avec  raison  à  l'occasion  d'un  mémoire 
sur  ce  sujet  :  «  Il  faut  être  bien  réservé  dans  de  telles  questions,  et 
»  ne  pas  se  presser  d'attribuer  à  des  violences  extérieures  des  soulè- 
i  vemenls  de  Taponévrose  épicrânienne  avec  épanchement  de  sang. 
»  Lorsque  le  corps  d'un  noyé  a  séjourné  pendant  un  certain  temps 
i  dans  de  l'eau  à  température  moyenne,  et  qu'il  est  resté  ensuite  un 
i  certain  temps  exposé  à  l'air  et  surtout  aux  rayons  du  soleil,  la  tête  et 
»  le  C011  du  cadavre  prennent  un  aspect  tout  particulier;  ils  se  gon- 

>  flent  jusqu'à  devenir  méconnaissables,  la  peau  devient  d'un  bleu 
i  noirâtre,  l'aponévrose  épicrânienne  se  décolle,  les  paupières  proémi- 
»  nent  et  forment  des  hémisphères  également  d'un  bleu  noirâtre;  le 

>  nés  se  gonfle  et  laisse  couler  un  liquide  saoieux  et  sanguinolent, 
»  les  lèvres  et  le  cou  se  gonflent  aussi  et  révèlent  cette  couleur 

>  bleu  noirâtre  ;  du  sang  noir  est  épanché  sous  l'aponévrose  épi- 
»  crânienne,  dans  les  paupières  ainsi  que  dans  beaucoup  «Tendroits 

>  du  tissa  cellulaire  sous- cutané  ;  ce  sang  est  ordinairauMP*  i 

II-  . 


il 8  PARTIE   THANATOLOGIOUE. 

»  mais  quelquefois  aussi  il  est  coagulé,  boueux.  Il  faui  uae  grandeba- 
»  bitude  pour  distinguer  ces  épanchemeuts  de  ceux  qui  sont  produils 
>  par  les  violences  extérieures  exercées  sur  la  tête  pendant  la  vie.  i 

3""  Dans  la  résolution  de  la  question  de  la  faute  d*un  tiers,  toutes 
les  circonstances  accessoires  ont  de  l'importance  et  doivent  être 
prises  en  considération.  ' 

Un  cadavre  trouvé  dans  l'eau  sans  vêtement  pendant  l'été  pourra 
être  celui  d'un  baigneur  noyé  par  accident.  Un  homme  ayant  une 
profession  qui  le  met  continuellement  en  contact  avec  l'eau,  tel  que 
le  batelier,  le  pêcheur,  le  tanneur,  et  qui  est  trouvé  noyé,  pourra 
avoir  été  victime  d'un  accident  survenu  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions ,  lorsqu'il  n'y  aura  pas  des  preuves  du  contraire.  Des 
gens  trouvés  attachés  à  des  pierres  ou  ayant  dans  leurs  poches  des 
lettres  expliquant  leur  projet  de  suicide  auront  été  probablement  vic- 
times d'un  suicide,  tandis  que  des  blessures  se  trouvant  aux  mains 
et  au  visage»  une  casquette,  un  bâton,  une  arme  quelconque  n'ap- 
partenant pas  au  décédé  et  trouvés  sur  le  rivage,  enfin  des  traces  de= 
pas  multiples  et  désordonnés  sur  la  rive  font  penser  à  la  faute  d'uia 
tiers. 

A""  Pour  savoir  si  un  noyé  a  été  victime  d'un  assassinat,  il  im* 
porte  de  s'enquérir  de  la  nature  du  liquide  dans  lequel  il  a  suc- 
combé, et  de  la  profondeur  de  ce  liquide. 

Ici  se  présente  une  question  assez  délicate  :  un  homme  peut-il  se 
noyer  dans  un  liquide  lorsque,  étant  debout,  sa  tête  est  hors  de  ce 
liquide?  A  cette  question  nous  répondrons  oui,  surtout  lorsque  cet 
homme  est  connu  comme  épileptique  ou  comme  adonné  aux  boissons 
alcooliques;  car  alors,  s'il  tombe  même  dans  un  ruisseau  des  rues,  il 
peut  s'y  noyer  aussi  bien  que  dans  un  fleuve.  Il  faut  aussi  prendre  en 
considération  les  caprices  des  suicidés  qui  sont  souvent  étranges  : 
ainsi  il  eu  est  qui  chercheront  la  mort  au  loin  dans  un  marais  peu 
profond,  et  non  dans  un  fleuve  voisin,  parce  que  l'eau  coulante  et 
profonde  leur  fait  peur. 

5*"  Il  arrive  souvent  que  le  problème  de  la  faute  d'un  tiers  se 
rattache  à  cette  question  :  combien  de  temps  le  décédé  a-l-t7  te- 


SUIIMEUSION.—  Y  A-T  IL  FAUTf.  Ï)'UN  TIERS?  419 

jùurné  dans  l'eau  F  Cette  question  se  préseule  onlinaireinent  pour 
les  enfaats  Douveau-nés,  car  alors  il  s'agit  de  savoir  si  le  moment  de 
la  mort  coïncide  avec  celui  de  Taccouchement.  Il  est  impossible  de 
donner  une  réponse  complètement  exacte,  mais  avec  un  peu  d'exp^^- 
rience  on  peut  assigner  des  époques  approximatives  d'après  Tétat  de 
la  putréfaction. 

Nous  avons  exposé  plus  haut  les  phénomènes  de  la  putréfaction 
dans  Pair,  nous  allons  étudier  brièvement  la  putréfaction  dans  Fmu. 
La  différence  importante  entre  ces  deux  ordres  de  phénomènes,  c'est 
que  dans  la  putréfaction  dans  l'eau  il  n'y  a  jamais  momiûcation,  et  que 
l'oo  rencontre  ordinairement  la  saponification.  Les  principaux  agents 
qui  agissent  sur  la  pulréfaction  dans  l'eau  sont  la  température  et 
l'état  du  liquide.  Pour  la  température,  nous  pouvons  établir  la  pro- 
portion suivante  :  lorsqu'on  hiver  la  température  de  l'eau  est  de 
—  11  à  —  16  degrés  centigrades,  la  putréfaction  dans  l'eau  en 
deux  ou  trois  mois  avance  aussi  vite  qu'eu  huit  jours  en  été  lorsque 
la  température  est  de  ■{•  il  à  +  22  degrés.  Quant  à  l'état  da 
l'eau,  son  influence  est  sensible,  ainsi  un  cadavre  qui  est  porté 
dans  une  eau  coulante  se  putréfie,  cœlerii  paribusy  beaucoup  plus 
lentement  qu'un  cadavre  qui  reste  immobile  dans  un  marais. 

Quand  il  s'agit  de  déterminer,  d'après  l'état  delà  pulréfaction,  pen« 
dant  combien  de  temps  un  cadavre  a  séjourné  dans  l'eau,  il  est  impor- 
tant que  l'expert  sache  depuis  combien  de  temps  il  en  a  été  relire  et 
dans  quelles  conditions  il  est  resté  exposé  à  l'air.  En  effet,  un  cadavre 
qui  est  resté  un  certain  temps  dans  l'eau  et  qui  est  exposé  à  l'air  se 
putréfie  très  vite,  surtout  quand  les  rayons  du  soleil  peuvent  l'attein- 
dre. J'ai  souvent  vu  des  noyés  qui  avaient  été  retirés  de  l'eau  encore 
bien  conservés,  et  qui,  exposés  aux  rayons  du  soleil,  étaient  envahis 
par  la  putréfaction  deux  et  trois  fois  plus  vite  qu'ils  ne  l'auraient  été 
s'ils  étaient  restés  dans  l'eau.  C'est  pourquoi  on  ne  saurait  trop  re- 
commander aux  juges  d'instruction  de  faire  en  sorte  que  l'autopsie 
des  noyés  ail  lieu  aussi  promptement  que  possible,  il  suffit  quelque- 
fois de  vingt-quatre  heures  pour  ôter  à  l'autopsie  toute  chance  d'u- 
UUlé. 


&20  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

Il  y  a  pour  la  pulréfaction  dans  l'eau  un  phéDomëne  caractéristique 
qui  a  déjà  été  signalé  parOrrila,Le8ueur,M.  Deverg[te  et  H.  Siméons, 
et  sur  lequel  j'ai  également  depuis  longtemps  attiré  Tattention  :  il 
consiste  en  ce  que  sur  les  cadavres  qui  séjournent  dans  l'eau,  li 
putréfaction  commence  par  la  tête  et  le  cou,  et  descend  de  haut  en 
bas,  tandis  que  ceux  qui  séjournent  dans  l'air  commencent  â  se  po- 
trélier  par  l'abdomen,  et  sont  envahis  ensuite  en  haut  et  en  bas.  Ce 
phinomène  ne  manque  jamaisy  mais  il  ne  peut  pas,  comme  on  l'a 
cru,  se  joindre  aux  preuves  de  la  mort  par  submersion ,  car  j'ai 
acquis  la  conviction  qu'après  n'importe  quel  genre  de  mort  il  peut  se 
présenter,  et  qu'il  ne  résulte  que  du  séjour  dans  l'eau. 

Un  cadavre  qui  est  resté  dans  l'eau  dix  huit  heuretk  la  tempéra- 
ture moyenne  de  Tété,  ou  trente  heures  à  la  température  moyenne 
de  l'hiver,  présente,  outre  les  plis  des  mains  et  des  pieds,  une  colo- 
ration livide  du  visage,  des  oreilles  et  du  reste  de  h  tète,  tandis  que 
le  reste  du  corps  a  conservé  si  couleur  normale,  et  que  les  tégu- 
ments de  l'abdomen  ne  présentent  pas  encore  de  coloration  verdâtre. 
Des  incisions  pratiquées  dans  la  figure  ne  révèlent  pas  la  présence 
d'ecchymoses  ;  seulement  lorsque  le  décédé  a  succombé  à  une  hypé- 
rémie  pulmonaire,  on  voit  déjà  alors  une  écume  blanchâtre  quelque- 
fois à  grosses  bulles  devant  la  bouche  et  le  nez.  Bientôt  sur  la  teinte 
rouge  livide  que  nous  venons  de  décrire  apparaissent  des  taches 
bleu  verdâtre  d'abord  aux  oreilles,  aux  tempes,  à  la  nuque,  en- 
suite sur  le  cou  et  sur  la  poitrine,  ces  taches  s'élargissent  peu  à  peu 
suivant  le  temps  que  le  cadavre  reste  dans  l'eau. 

Un  cadavre  qui  est  resté  dans  l'eau  de  trois  à  cinq  semaines  en 
été,  et  de  deux  à  trois  mois  en  hiver,  présente  la  tètej  le  cou  et 
une  partie  de  la  poitrine  colorés  en  vert  sale  marbré  de  rouge  foncé; 
c'est  ce  que  M.  Devergie  désigne  à  tort,  à  mon  avis,  sous  le  nom  de 
€  brunâtre  i .  Â  côté  de  cette  coloration  des  parties  supérieures,  le  reste 
du  corps  n'est  souvent'pas  changé. 

A  quoi  attribuer  cette  marche  particulière  de  la  putréfoction  ?  La 
cause  en  est  inconnue  :  les  uns  disent  que  cela  tient  à  ce  que,  quand 
le  cadavre  surnage  dans  l'eau,  la  tète  est  le  plus  souvent  au-dessous 


SUBMERSION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  bVH  TlEhS?  A21 

de  U  surface  du  liquide  ;  d'autres  prétendent  qu'au  contraire  le  plus 
souvent  la  tête  des  noyés  est  au-dessus  de  l'eau,  tandis  que  le  reste 
du  corps  est  plus  ou  moins  plongé,  qu'alors  la  partie  supérieure 
du  corps  étant  exposée  aux  rayons  du  soleil  se  putréfie  plus  promp« 
temeot. 

Lorsque  le  cadavre  continue  à  rester  dans  l'eau,  la  putréfaction  fait 
des  progrès  rapides,  et  tous  les  phénomènes  que  nous  avons  décrits 
plus  haut  en  parlant  de  la  putréfaction  en  général,  ne  tardent  pas  à 
se  manifester.  Le  cadavre  se  gonfle,  des  bulles  se  forment  en  abon- 
dance sous  l'épiderme  qui  ne  tarde  pas  à  se  détacher,  le  corps  revêt 
en  entier  une  couleur  uniforme  d'un  vert  foncé.  La  peau  est  sillonnée 
de  veines  qui  fornoent  de  gros  cordons  d'un  rouge  sale,  les  traits 
sont  tout  à  fait  méconnaissables,  la  couleur  des  pupilles  a  disparu, 
les  ongles  sont  détachés  ou  restent  suspendus  à  des  lambeaux  de 
peau,  le  scrotum  et  le  pénis  sont  gonflés  et  défigurés  ;  devant  de 
pareils  phénomènes,  on  peut  déclarer  que  le  cadavre  a  séjourné  dans 
l'eau  de  cinq  à  six  semaines,  si  cela  est  pendant  l'été,  et  de  trois  i 
quatre  mois,  si  cela  est  pendant  l'hiver. 

Si  le  cadavre  reste  encore  abandonné  dans  l'eau,  la  putréfaction 
continue,  mais,  plus  on  est  loin  du  moment  de  la  mort,  plus  il  est  dif- 
ficile de  déterminer  depuis  combien  de  temps  il  est  dans  l'eau,  car 
lespA^om^^  restent  longtemps  stationnaires  dans  les  hauts 
isgrés  de  la  putréfaction.  On  voit  alors ,  après  Atit^  ou  dix 
sstnaines  en  été  et  cinq  ou  six  mois  en  hiver,  l'aponévrose  épi- 
crânienne  qui  se  détache,  quelques  lambeaux  pendent  çà  et  là  au- 
tour du  crâne,  et  il  suffit  de  passer  dessus  une  éponge  pour  que 
tous  les  cheveux  disparaissent,  les  yeux  ont  coulé  au  dehors, 
ordiaiirement  les  rats  d'eau  ou  d'autres  animaux  ont  rongé  certaines 
parties  du  corps,  surtout  les  doigts  et  les  mains  ;  quelquefois  même 
les  oe  des  membres  supérieurs  et  les  côtes  sont  trouvés  disséqués  à  nu  ; 
des  myriades  de  vers  couvrent  la  figure  et  remplissent  les  cavités  qui 
communiquent  avec  l'extérieur  ;  cert-iins  membres  sont  séparés  du 
tronc  par  suite  de  la  destruction  des  articulations  ;  le  cadavre  est 
inoostrueux,  il  est  tout  à  fait  noir  et  laisse  exhaler  une  odeur  intec 


422  PARTIE  THANATOLOGIQUE. 

un  certain  nombre  de  muscles  sont  saponifiés,  quelquefois  la  force 
expansive  des  gaz  produits  par  la  putréfaction  a  livré  passage  &  ces 
derniers  qui  ont  franchi  les  muscles  et  même  les  os  du  crftne;  lé  sexe 
est  impossible  à  reconnaître. 

On  verra,  à  l'observation  320,  quels  sont  les  ravages  produite  sur 
un  cadavre  par  un  séjour  dans  l'eau  de  plusieurs  années. 

Quant  à  la  chronologie  de  la  putréfaction  des  organes  ilitefiies, 
elle  est  la  même  dans  l'eau  que  dans  l'air,  voyez  ce  que  bous  en 
avons  dit  page  87. 

Obs.  312.  —  Suicide  douteux.  SubmertUm, 

Un  homme  Agé  de  quarante^tfux  ans,  d'nne  constitution  robuste,  était  sorti  de 
chez  lui  le  2  janvier  pour  faire  «n  payement  dans  une  affaira  da  titteUe.  Il  aralt 
dans  ce  but  pris  avec  lui  une  pièce  dont  la  possession  était  d'une  immense  impor* 
tance  pour  d'autres  personnes.  A  partir  de  ce  jour  il  disparut  sans  qu*on  enteni!U 
parler  de  lui.  Dix  semaines  après,  on  trouva  son  cadavre  dans  Teau,  fl  avait  dans 
sa  poche  la  quittance  de  la  somme  payée,  mais  11  n'avait  plus  li  pièM  ittptfrtaato. 
Oa  apprit  qu'il  avait  changé  de  religion,  et  qu'une  sévère  puniUon  l'attendait,  lert- 
qu'il  rentrerait  dans  sa  patrie.  Cette  raison  pouvait  jusqu'à  un  certain  point  être  con- 
sidérée comme  sufAsanle  pour  expliquer  te  suicide,  mais  la  disparition  de  ta  pièce 
en  diminuait  beaucoup  la  valem*,  car  elle  fliiftait  Mitpçùntiet  uff  efifffe  ;  IMiaaî  en 
ordonna  une  autopsie  légale. 

Le  cadavre,  après  un  temps  aussi  long  passé  dans  l'eau,  était  très  putréfié,  il 
présentait  partout,  excepté  à  la  tùte  qui  était  noire,  une  couleur  verdâtre,  l'épi- 
derme  était  partout  détaché,  les  yetix  étaiefit  proéminents,  là  lànfrte  ètàîi  étraif- 
glée  entre  les  dents,  la  pointe,  gonflée,  sortait  en  dehors  de  4  millimètres.  Il  n'y 
avait  aucune  blessure  à  Textérieur.  Les  poumons  étaient  ballonnés  et  anémiques. 
La  trachée-artère,  dont  la  muqueuse  offrait  une  couleur  d'un  brun  noir  produite 
parla  putréfaction,  conterfafC  un  peu  d'écume  «angtlnolénte.  Vai  d*eatr  darfi  II 
trachée  ni  dans  les  poumons.  Le  cerveatt  était  déjà  transformé  M  ifnê  bouillie 
rose,  les  os  du  crâne  étaient  intacts,  l'estomac  contenait  une  petite  quantité  de 
chyme,  mais  pas  d'eau.  L'estomac,  le  duodénum  et  Tœsophage  furent  soumis  à 
l'anaTyse  chimique,  mais  on  n'y  trouva  pas  une  seule  trace  de  poison  ;  tes  veines  de 
t'épiploon  et  du  mésentère,  ainsi  que  lês  gros  vaiséeatrx  9è  l'àbdetnen  et  le  àein 
droit,  étaient  très  hypérémiques,  à  la  partie  gauche  du  cou  on  voyait  un  ailloo 
blanc,  superficiel,  non  ecchymose,  allant  jusqu'à  la  nuque. 

Voici  de  quelle  manière  nous  rédigeâmes  nos  conclusions  : 

1°  Le  décédé  est  nïort  par  asphyxie. 

2*^  11  est  probable  que  cette  asphyxie  ait  été  produite  par  la  submersion. 

3^  Le  haut  degré  de  putréfaction  ne  permet  pas  d'expliquer  la  nature  do 
sillon  trouvé  au  cou. 


SUBMERSION  — Y  A-T-IL  FAUTE  d'UW  TlERS*f  —  OBSERVATIONS.    428 

4*  n  est  impossible  de  trouver  dans  les  phénomènes  scientifiques  la  réponse  h 
cette  question  :  la  submersion  est-elle  due  à  un  suicide,  â  un  accident  ou  à  un 
Beurtre  ?  Mnsieurs  Jours  après,  on  trouva  la  pièce  importante  en  mains  sûres  ;  le 
suielde  devint  alors  une  certitude. 

Obs.  813.-— Siikride  douteux.  Mort  par  submersion  avec  blessures  à  la  tête. 

Le  8  décembre  18**,  nous  fîmes  l'autopsie  d^un  homme  âgé  de  quarante  ani, 
boasu,  dont  le  cadavre  avait  été  retiré  de  l'eau  et  laissé  pendant  huit  jours  dam  la 
chambre  des  morts. 

A  la  tète  il  y  avait  troia  blessures  semi-lunaires,  longues  de  3  centimètres  ;  eDes 
ne  pénétraient  pas  jusqu^à  l'os,  elles  séparaient  seulement  superficiellement  l'apo* 
oévrose  et  offraient  des  bords  asses  nets,  secs  et  non  ecchymoses.  Les  pieds  et  les 
naina  présentaient  les  plis  caractéristiques,  mais  aucun  endroit  de  la  peau  ne 
présentait  le  phénomène  de  la  chair  de  poule.  La  eadavre  avait  conservé  sa  oou- 
leur,  excepté  la  tète  qui  était  rougeàtre. 

Dana  le  crâne  il  y  avait  une  légère  hypérémie  ;  les  poumons,  très  ballonnet, 
rempUaaaient  toute  la  cavité  pectorale,  mais  contenaient  peu  de  sang  ;  le  poumon 
fauche  renfermait  de  l'eau  beaucoup  plus  que  le  poumon  droit.  Les  artères  eoro* 
oairea  étaient  médiocrement  remplies  de  sang,  le  cœur  gauche  était  presque  vidé, 
le  ceenr  droit  ne  contenait  que  1 5  grammes  de  sang,  mais  les  gros  vaisseaux 
étaient  gorgés  de  sang  noir  et  liquide.  Le  larynx  et  la  trachée  étaient  vides  et  nor^ 
oiaox,  le  foie  hypérémique.  L'estomac  était  aux  trois  quarts  rempli  d'eau  claire 
dans  laquelle  nageaient  des  morceaux  de  pommes  de  terre  ;  les  vaisseaux  du  mé- 
aentére  étaient  très  injectés  ;  il  y  avait  hypérémie  des  reins  et  de  la  veine  cave  ; 
la  vessie  était  vide. 

Sous  déclarâmes  que  : 

t*  Le  déeédé  n'était  pas  mort  par  submersion  ; 

3*  Les  blessures  de  tète  ne  pouvaient  pas  être  regardées  comme  ayant  contribué 
à  amener  la  mort.  Elles  furent  faites  au  moment  même  de  la  mort  ou  peu  de 
tempa  après. 

Obs.  314.  —  Submersion.  Est-ce  le  résultat  d'un  meurtre  ou  d*un  accidenté 

Au  mois  d'avril  1848  on  retira  de  la  Sprée  un  cadavre  qui  fut  reconnu  comme 
étant  celui  d'un  chef  batelier;  fl  avait  disparu  de  son  embarcation  depuis  le  18  mars 
su  soir.  Le  jour  où  l'on  remarqua  cette  disparition,  on  avait  trouvé  le  secrétaire 
et  on  l'était  aperçu  qu'une  somme  importante  y  manquait.  Plus  tard,  un  des 
employéi  au  service  de  ce  batelier  fut  trouvé  porteur  des  habits  du  chef  et 
ayant  en  sa  possession  la  somme  d'argent  qui  manquait.  Il  flint  dire  que  ee  jour 
était  un  de  ceux  pendant  lesquels  la  révolution  se  déehatnalt  avec  fteraur,  et  foo 
pensait  que  f  assassin  avait  mis  à  profit  le  désordre  général. 

Au  moment  eti  je  fis  TaUtopsie,  je  ne  connaissais  aucun  de  ees  détails,  le  ea« 
davre  avait  la  tête  émreloppée  dans  une  redingote  brune  que  des  liens 
Ibrtement  autour  du  cou,  les  pieds  étaient  également  liés.  Le  corps  èM  <mi 


A2A  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

vert  grisâtre,  par  conséquent  la  putréfaction  était  assez  élevée;  Iji  langue  d'an  blea 
vert  et  tuméfiée  sortait  des  maxillaires  édentés.  Pas  de  sillon  strangulaloireau  cm, 
mais  on  voyait  des  blessures  de  tète  importantes  :  une  au-dessus  de  cliaque  sourcil 
de  forme  triangulaire,  une  dans  la  région  de  l'os  pariétal  droit,  longue  de  3  centi- 
mètres. Dans  deux  de  ces  blessures  on  trouva  des  traces  d'ecchymoses  ;  lorsqu'on 
enleva  l'aponévrose  épicrânienne,  on  s'aperçut  que  tout  le  crâne  avait  été  écrite  jas- 
qu'à  sa  base  ;  le  cerveau  déjà  putréfié  ne  put  être  examiné  ;  les  poumons,  surtout 
le  poumon  droit,  étaient  remplis  de  sang  noir  peu  liquide  ;  la  trachée  et  le  larynx 
étaient  vides  et  commençaient  à  se  putréfier  ;  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux  ne 
contenaient  pas  de  sang  ;  l'estomac  et  la  vessie  étaient  vides  ;  la  veine  eave  coole- 
nait  très  peu  de  sang.  Il  était  très  facile  d'interpréter  ces  divers  phénomènet.  Voici 
dans  quel  sens  nous  rédigeâmes  notre  rapport  : 

Les  signes  de  la  mort  par  submersion  manquent  complètement  sur  ce  cadavre,  et 
il  est  tàcile  de  prouver  que  la  mort  n'a  pas  été  produite  ainsi;  les  blessures  de  U 
tète  dans  lesquelles  on  a  trouvé  des  traces  d'ecchymoses  étaient  bien  aases  impor- 
tantes pour  amener  cette  fin  ftineste.  Du  reste,  abstraction  fliite  des  ecchymoses, 
des  blessures  aussi  terribles  que  celles-là  ne  peuvent  évidemment  pas  être  produites 
lotts  r«att,  quelle  que  soit  la  force  avec  laquelle  la  tète  se  rencontre  contre  des 
pierres,  des  rames  ou  des  poteaux.  Nous  conclûmes  donc  que  la  mort  était 
due  à  des  blessures  de  la  tète,  lesquelles  avaient  dû  être  produites  an  moyen 
d'instrument  contondant,  et  que  ce  n'était  qu'à  l'état  de  cadavre  que  cet  homme 
était  arrivé  dans  Teau. 

Tout  le  monde  était  bien  convaincu  que  l'accusé  était  coupable  et  cependant  fk 
fut  acquitté  parce  que  l'on  n'eut  pas  la  preuve  certaine  de  l'identité  du  cadavre.  L« 
veuve  fut  appelée,  mais  elle  ne  donna  sur  la  couleur  des  cheveoz,  l'état  des 
dents,  etc.,  que  des  réponses  vagues  qui  laissèrent  planer  le  doute. 

Obs.  315.  —  Submersion.  Est-ce  le  résultai  d'un  accident  ou  d*un  erme? 

Un  jeune  médecin,  âgé  de  vingt-six  ans,  disparut  tout  à  coup  sans  qu'on  sût  es 
qu'il  était  devenu  ;  la  dernière  fois  qu'on  l'avait  vu,  c'était  un  soir  ches  un  cafe« 
tier.  Trois  mois  après  on  retira  son  cadavre  de  l'eau,  la  température  avait  toujours 
été  au-dessous  de  zéro,  et,  comme  disait  le  rapport  de  police,  le  corps  avait  ton- 
jour  été  sous  la  glace,  c'est  ce  qui  expliquait  le  peu  de  progrès  qu'avait  fait  la  pu- 
tréfaction. 

Le  cadavre  était  vert,  l'épidcrme  était  détaché,  quelques  ongles  seulement 
étaient  encore  fermes,  les  pieds  et  les  mains  étaient  plissés.  Comme  on  pouvait  s'y 
attendre,  il  y  avait  anémie  générale.  Le  cœur  droit  contenait  quelques  coagula- 
tions, la  trachée  et  le  larynx  étaient  vides  et  bruns,  les  poumons  n'étaient  plus 
ballonnés,  attendu  que  presque  tous  les  liquides  de  l'organisme  étaient  évaporés,  les 
gros  vaisseaux  étaient  vides  ;  l'estomac  était  putréfié  et  contenait  encore  quelques 
restes  d'aliments,  mais  pas  de  liquide.  La  vessie  était  vide.  On  ne  pouvait  pas 
dire  grand'chose  de  positif  sur  le  genre  de  mort,  cependant  comme  il  n'y  avait 
aucune  trace  d'un  autre  genre  de  mort,  nous  déclarâmes  que  toutes  les  vraisem- 
blances étaient  pour  une  mort  par  submersion. 


SUBMCKSION. —  Y  A-T-IL  FAUT!::  D'UN  TIERS?  —  OBSEIiVATlOMS.    &25 

On.  316.  —  Submersion.  —  Est-ce  le  résultai  <fun  accident  ou  d*un  crime? 

Ud  maçon  âgé  de  quarante- huit  an^,  eut  un  jour  une  querelle  chez  un  mar- 
chand de  vins,  puis  on  le  vit  prendre  le  chemin  de  sa  maison  ;  mais  il  n'y  arriva 
pas  et  disparut  sans  qu'on  sût  pendant  six  semaines  ce  qu'il  était  devenu. 

An  bout  da  ce  laps  de  temps,  le  3  avril  18**,  son  cadavre  fut  retiré  de  l'eau,  le 
lapport  de  la  police  disait  qu'il  avait  le  nez  cassé,  les  yeux  tuméAés  et  des  ble*- 
•ores  à  la  tète  ;  nous  ne  trouvâmes  de  tout  cela  que  les  paupières  gonflées  par 
•«ita  de  la  putréfaction.  Le  corps  était  vert,  l'épiderme  était  détaché,  on  ne  pouvait 
donc  pas  s'attendre,  d'après  un  tel  degré  de  putréfaction,  à  pouvoir  encore  trouver 
les  phénomènes  de  la  mort  par  submersion  ;  en  effet,  la  cavité  crânienne  était 
anémique,  le  cerveau  n'était  plus  qu'une  bouillie  verdâtre  ;  les  poumons  étaient 
cependant  eneore  ballonnés  et  contenaient  beaucoup  de  sang  foncé,  les  gros  vais- 
seaux en  contenaient  également  une  certaine  quantité  ;  il  y  ayait  60  grammes  de 
lang  foncé  et  coagulé  dans  le  cœur  droit,  30  grammes  dans  le  cœur  gauche  ;  la  tra- 
cliée  et  le  larynx  étaient  vides  et  colorés  par  la  putréfaction  ;  la  veine  cave  conte- 
nait peu  de  sang,  mais  dans  le  foie  il  y  en  avait  beaucoup,  ainsi  que  dans  les 
reins  ;  la  vessie  était  à  moitié  remplie. 

Nous  déclarâmes  que  le  décédé  n'avait  pas  succombé  à  des  blessures  ;  que  le 
haut  degré  de  la  putréfaction  ne  permettait  pas  de  déterminer  avec  certitude  le 
geore  de  mort,  mais  qu'il  était  très  vraisemblable  qu'il  y  avait  eu  mort  par  suhmer- 


On.  317.  —  Submersion;  les  jambes  du  cadavre  liées.  Y  a-t-il  eu  crime  f 

Le  cadavre  d'un  homme  de  vingt-six  ans  fut  retiré  de  l'eau,  ayant  les  deux 
fortement  serrées  avec  une  bande  de  cuir  ;  au  maxillaire  inférieur  il  y 
avait  trois  cicatrices  firalches  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes.  Ces 
ctrcooatances  amenèrent  Tautorité  â  demander  l'autopsie  légale. 

I«  cadavre  était  très  frais  ;  il  y  avait  chair  de  poule  sur  tout  le  eorps  ;  les  pieds 
•I  lea  mains  présentaient  les  plis  caractéristiques  du  séjour  dans  l'eau  ;  la  langue 
striait  daa  maxillaires  de  4  millimètres  ;  rien  d'anormal  dans  la  tète  ;  les  poumons 
étaient  ballonnés,  marbrés,  gorgés  de  sang  foncé,  liquide  et  écumeux  ;  la  trachée 
ci  le  larynx  étaient  très  iiyectés  et  remplis  d'une  écume  épaisse  ;  le  cœur  droit 
CTuttnfM  beaucoup  de  sang  foncé  et  liquide,  le  cœur  gauche  était  vide  ;  les  gros 
Tslsaoauf  et  la  veine  cave  étaient  remplis  de  sang  ;  l'estomac  ne  renfermait  pas 
d'aHnaniits.  maia  90  è  190  grammes  d'eau  chiire  ;  la  vessie  avait  â  rintérienr  une 
dfllerée  d'urine. 

D  n'y  avait  pas  à  hésiter  à  déclarer  une  mort  par  submersion  ;  l'absence  de 
traces  de  résistance  indiquait  que  les  jambes  avaient  été  liées  par  le  sujet  lui-même 
st  que  par  conséquent  il  y  avait  eu  suicide.  Il  n'est  pas  rare  que  ceux  qui  veulent 
Bwitre  fin  à  leurs  jours  prennent  ainsi  de  minutieuses  précautions  pour  être  cer- 
laius  d'arriver  au  résultat  qu'ils  désirent. 


Â28  PARTIE   THANATOLOGIQUE  • 

Obs.  318.  —  Submersion,  Rupture  du  cerveau,  Y  a-t-U  eu  slrangulaikm  w 

écrasement  ? 

t5n  homme  de  soixante  ans  Ait  trouvé  mort  dans  le  canal,  dans  une  potUton 
assez  extraordinaire,  il  était  debout  dans  Feau.  Il  avait  ses  vétementa  ;  au-deisoi 
de  sa  cravate  se  trouvait  un  fichu  de  cotoa  qui  serrait  le  cou  très  fortement.  U 
laifgue  était  derrière  les  dents  ;  la  couleur  du  cadavre  n*avait  pas  été  altérée.  Tonte 
la  moitié  gauche  de  la  figure  y  compris  les  paupières  avait  un  aspect  rouge  bleo, 
des  incisions  pratiquées  dans  cette  région  montrèrent  qu'il  y  avait  la  de  véritables 
ecchymoses  ;  au  haut  de  la  tête  qui  était  chauve,  il  y  avait  une  tache  longue  de 
S  centimètres,  large  de  2  centimètres  d*un  rouge  brun,  non  ecchymosée  ;  une  antre, 
longue  de  2  centimètres  et  large  de  1  centimètre,  se  trouvait  au  front  aoKlesmi 
de  l'œil  gauche  ;  au-dessous  des  deux  rotules  on  voyait  plusieurs  taches  ecchymo- 
s6es  ;  sur  la  partie  postérieure  de  l'hémisphère  gauche  du  cerveau  se  trouvait  une 
extravasation  sanguinolente  de  l'épaisseur  de  2  millimètres.  Au  ventricule  droit  du 
cerveau  se  trouvait  un  épanchement  de  15  grammes  de  sang  foncé  et  coagulé; 
cette  extravasation  avait  été  produite  par  une  rupture  de  l'organe  de  I  centimètre 
de  diamètre  qui  partait  de  ce  ventricule  et  traversait  toute  la  substance  du  cerveau. 
A  la  base  de  l'hémisphère  gauche  il  y  avait  de  nombreuses  extravasations  san- 
guines au  milieu  desquelles  on  voyait  une  autre  rupture  à  bords  ecchymoaés.  Le 
cervelet  présentait  également  de  petites  extravasations  en  grand  nombre.  Les  sinii 
contenaient  peu  de  sang  ;  la  base  du  crâne  était  intacte  ;  les  deux  poumons  nor- 
maux contenaient  peu  de  sang  ;  l'artère  pulmonaire  était  très  remplie  de  sang 
foncé  et  liquide  ;  le  larynx  et  la  trachée  étaient  vides  et  normaux;  dans  le  cœur 
droit,  il  y  avait  no  grammes  de  sang  (bncé  et  liquide  ;  dans  le  cœur  il  l'en  trou- 
vait peu  ;  le  foie  renfermait  peu  de  sang  :  la  veine  cave  était  gorgée  ;  on  troen 
dans  l'estomac  90  à  100  grammes  d'eau  pure.  Les  autres  ofganes  ne  prétentaieil 
rien  d'anormal. 

Il  était  évident  que  les  blessures  de  tète,  dont  nous  avons  énuroéré  lee  terrMes 
résultats,  avaient  causé  la  mort.  D'un  autre  oôtét  ees  blessures  ne  pouvaient  être  k 
suite  ni  d'une  strangulation  dont  nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  au  cou  malgré 
la  présence  du  lien,  ni  de  la  submersion,  car  le  cadavre  a  été  trouvé  dans  l'eau 
debout,  la  tète  au-dessus  de  la  surfoce  de  l'eau,  c'est  probablement  dans  celte  posi- 
tion qu'il  est  entré  dans  l'eau,  et  il  a  été  trouvé  sans  qu'il  eût  changé  de  place  ; 
enfin  comme  dernière  preuve,  ajoutons  que  nous  n'avons  trouvé  aucun  des  signes 
de  la  mort  par  strangulation  ou  par  submersion.  Les  ruptures  du  cerveau,  les  nom- 
breuses extravasations  sanguines  annoncent  que  ce  sujet  a  été  victime  d'une  vio- 
lence extérieure  très  énergique  qui  écarte  toute  idée  de  suicide. 

Obs.  319.  —  Submersion,  Strangulation  ou  mort  accidentelle. 

Le  cadavre  d'un  enfant  nouveau-né,  A  terme,  fut  trouvé  le  28  juillet  18^  dans 
un  tonneau  rempli  d'eau  qui  se  trouvait  au  milieu  d'une  èour  ;  le  corps  était  enve- 
loppé d'un  linge  de  coton  qui  était  fortement  serré  autour  du  cou  au  moyen  d'une 
bande  large  de  5  centimètres.  La  fille,  mère  de  l'enfant,  fut  découverte,  elle  avoua 


SUBMEllSION.  —  Y  A-T-IL  FAUTE  D't?{  TIKRS?  —  OBSERVATIONS.    427 

re  accouchée  sans  témoin  dans  la  nuit  du  26  au  27  juillet  ;  elle  entendit  son 
ilSint  crier  après  sa  naissance,  mais  elle  s*évanonit  presque  aussitôt,  et  lorsqu'elle 

réveilla,  Tenfant  était  mort  à  côté  d'elle. 

Le  corps  de  Tenfant  ne  présentait  pas  l'aspect  chair  de  poule  ;  du  cdté  gauche 
1  eou,  il  y  avait  un  sillon  insignifiant  jaune  clair,  mou,  ayant  2  centimètres  de 
Qg  et  2  millimètres  de  large  sans  trace  d'ecchymoses  ;  les  os  crâniens  étaient  très 
filtrés  ;  les  veines  du  cerveau  étaiêtit  hypérémiffues,  et  on  voyait  à  la  hase  du 
âne  deux  eztravasations  ayant  les  dimensions  d'une  pièce  de  50  centimes. 

C«tt  lA  tout  ee  qae  nous  trouvâmes  digne  de  remarque  à  l'intopsie  ;  il  n'y  avait 
»  un  seul  signa  pouvant  être  interprété  comme  produit  de  la  submersion.  Mow 
«laràmes  que  l'enfant  était  mort  d'apoplexie  cérébrale  et  qu'il  n'avait  été  mis 
IBS  l'eau  que  privé  de  vie.  Quant  à  la  cause  de  cette  apoplexie,  nous  déclarâmes 
fH  était  possible  qu'il  y  eût  eu  strangulation,  que  cependant  le^  Agnet  tfû  c<ra 
tÊbmi  très  pea  certains,  qu'an  eonCralre  rien  ne  s'opposait  k  ee  qne  la  récit  de  la 
Ire  ne  fût  vrai,  car  l'apoplexie  cérébrale  est  l'aiTection  â  laquelle  saeeombeiit 
éÉoairainent  les  enfants  abandonnés  au  moment  de  leur  naissance  (I). 

Om.  SiO.'^SquêMe  d'un  noyé  trouvé  après  â$ux  am  de  séjour  dont  Vetnu 

Oa  professenr  de  l'Université  disparut  le  f  mars  1854.  Malgré  les  feeherches 
(plna  minutieuses  il  fut  impossible  de  savoir  ce  qu'il  était  devenu.  Plus  de  deum 
f  après,  le  5  juin  1856,  on  trouva  dans  le  canal,  près  de  Charlottenbourg,  un 
seleità  dépouillé  presque  complètement  des  parties  molles;  le  pied  gauche  avait 
laanré  sd  forme  et  était  complètement  saponifié  ;  danl  la  région  des  fesses  on 
fait  éfaienient  des  paquets  d'adipocire,  ainni  qu'au-dessotts  des  arcades  sygo* 
ttiqnes  ;  les  yeux  saponifiés  étaient  encore  dans  leurs  cavités  ;  le  membre  supé- 
ur  droit  et  la  moitié  du  gauche  manquaient  ainsi  que  le  pied  droit  ;  séparés  par 
Kè  de  la  destruction  de  leurs  liens  articulaires,  ils  avalent  quitté  le  reste  du 
rf0;  la  partie  supérieare  du  sternum  seule  restait.  Le  crâne,  le  maxillaire  infé« 
lar  et  les  trois  premières  vertèbres  cervicales  étaient  détachés  et  furent  trouvés 
tàth  an  cadavre.  i 

llàlfré  ^ette  terrible  Mutilation,  on  put  encore  constater  l'identité  du  décédé.  Le 
)n  au  professeur  reconnut  le  gilet  contenant  une  bourse,  la  botte  qui  se  tronvait 
leora  au  pied  gauche,  et  le  bas  qui  présentait  encore  les  initiales  de  son  nom. 
ras  noterons  une  particularité  intéressante.  Le  frère  nous  dit  que  le  décédé  avait 
le  tumeur  osseuse  au  côté  gauche  du  crâne,  nous  retrouvâmes  en  effet  à  l'os  parié- 
Igiaehe cette  tuméurqui avait  la  grosseur  d'une  noix. 

(I)  Voy.  l'obs.  79. 


A28  rAKTIE   THANATOLOGIQUE. 

CHAPITRE  Vil. 

CONGÉLATION. 
S  1.  OéoéMliléft. 

Parmi  les  causes  de  mort  violente  et  accidentelle,  la  congéhtioa 
est  la  plas  rare  après  le  manque  de  nourriture.  Cela  ne  se  ren- 
contre que  dans  les  campagnes  lorsque  des  voituriers  8*endorme&t 
la  nuit)  chemin  faisant,  sur  leurs  voitures,  ou  quand  des  voyageais 
A  pied  sont  surpris  par  des  neiges  abondantes  qui,  effaçant  les  che- 
mins, font  qu'ils  se  perdent;  alors  si,  succombant  â  la  fatigue  etao 
sommeil,  ils  se  coucbent,  ils  meurent  gelés. 

En  physiologie,  on  explique  la  mort  des  congelés  par  la  fuite 
du  sang  des  vaisseaux  périphériques  vers  les  parties  centrales,  ce  qai 
produit  une  bypérémie  mortelle  du  cerveau  et  des  organes  de  la  poi- 
trine.  Ce  que  la  physiologie  ne  nous  dit  pas,  c'est  que,  tandis  que 
certains  hommes  meurent  ainsi  sous  l'action  du  froid,  d'autres,  les 
habitants  de  la  Sibérie  par  exemple,  peuvent  supporter  impunémeot 
des  températures  aussi  basses. 

L'individualité  du  sujet  a  une  grande  importance  dans  la  résis- 
tance qu'il  peut  opposer  au  froid  :  les  nouveau-nés,  même  le^  jeunes 
enfants,  les  vieillards,  les  malades,  les  gens  privés  de  nourriture,  les 
hommes  démoralisés  (les  soldats  français  en  Russie  en  1812),  tons 
ceux  en  un  mot  qui  sont  doués  d'une  vitalité  moins  énergique,  suc- 
combent plus  facilement  que  les  autres  aux  effets  de  la  congélation. 

D'un  Hutre  côté,  tout  ce  qui  cause  en  général  des  congestions  san- 
guines du  cerveau  ou  de  la  poitrine,  favorise  les  effets  de  la  congé- 
lation, par  exemple,  le  sommeil,  l'ivresse. 

Ces  considérations  sur  l'individualité  du  sujet  et  sur  les  prédispo- 
sitions congestives  montrent  qu'il  est  impossible  de  flxer  un  degré 
thermomélrique  devant  amener  nécessairement  la  mort  par  congéla- 
tion. En  effet,  le  personnel  nombreux  des  expéditions  récentes  au 
pôle  nord  de  Parry,  de  Ross  et  de  Franklin,  ainsi  que  les  compagnons 


CONGÉLATION.  —  IHAGNOSTIC.  4^ 

le  Wrangel  en  Sibérie,  ont  pu  supporter  impunément  une  tempéra- 
ire  impossible  à  mesurer,  car  elle  était  inrérieure  à  celle  qui  fait 
(eler  le  mercure,  tandis  que  les  nouveau-nés  et  les  hommes  ivres 
neorent  de  — 18  à  —  22  degrés  centigrades,  température  au  milieu 
le  laquelle  les  habitants  des  villes  du  Nord  s'amusent  à  patiner  et  à 
ilier  en  traîneaux. 

S  3.  —  HiagDostîe. 

L*ouverture  du  corps  d'un  congelé  n'offre  aucun  symptAme  carac- 
éristique  qui  permette  de  reconnaître  le  genre  de  mort  auquel  il  a 
necombé.  On  prétend  que  les  oreilles,  le  bout  du  nez,  les  doigts  se 
irisent  facilement  ;  j'ai  trop  peu  vu  de  sujets  gelés  pour  me  pronon- 
Der  i  ce  sujet:  dans  tous  les  cas,  cela  ne  peut  prouver  qu'une  chose, 
t'est  que  ces  extrémités  ont  été  gelées,  mais  cet  accident  n'entraîne 
pas  la  mort,  alors  il  est  insignifiant  pour  le  diagnostic  en  question. 

En  général,  les  cadavres  sont  roides,  certains  organes  internes 
lont  gelés,  par  exemple,  le  cerveau,  les  poumons,  la  vessie,  les  gros 
misieaiiXy  l'estomac  ;  mais  il  est  évident  que  cette  congélation  des 
iirganes  internes  est  un  phénomène  post  morlem^  et  qu'il  se  pré- 
tente  toutes  les  fois  qu'un  cadavre  quel  qu'il  soit,  est  abandonné  au 
DÛliea  d'une  basse  température.  Il  nous  arrive  tous  les  jours  de  con- 
stater la.  véracité  de  ce  que  nous  venons  d'avancer  :  souvent,  lorsqu'il 
bit  très  froid,  nous  sommes  obligés,  lors  d'une  autopsie,  de  casser  le 
cerveau  pour  l'éloigner  de  la  base  du  crâne  ;  nous  avons  vu  également 
da  sang  gelé  dans  le  cœur  et  des  aliments  gelés  dans  l'estomac.  D*un 
aalre  cAlé,  il  arrive  que  des  hommes  qui  sont  mort»  de  froid,  sont 
transportés  dans  des  chambres  chaudes,  où  les  organes  ont  le  temps 
de  dégeler  avant  l'autopsie. 

Les  hypérémies  du  crâne,  des  poumons  et  du  cœur,  ne  peuvent  pas 
Bon  plas  être  d'un  grand  secours  dans  le.  diagnostic,  car  on  sait  com- 
bien ces  hvpérémies  se  montrent  après  un  grand  nombre  de  genres  de 

OKMrt. 

L'expert  ne  pourra  donc  que  dire  s'il  est  plus  ou  moins  vraisem- 
blable que  la  mort  a  eu  lieu  par  congélation  s'il  ne  Ironve  pas  de 


kiO  PARTIE  THANATOLOOIQlIfi. 

sjmptômes  d'an  autre  genre  de  mort,  si  le$  phtoomèoes  cadaiéri- 
ques  joints  aux  circonstances  accessoires  rendent  cette  opiDioa  plus 
ou  moins  probable. 

J'iyouterai  seulement  cette  remarque  importante  :  si  l'on  trouve 
dans  la  neige  un  cadavre  puiri/iéy  quel  que  soit  le  résultat  de  Vu- 
topsie,  on  peut  affirmer  qu'il  nest  pas  mort  par  congélationi  caria 
cadavres  ne  se  putréfient  pour  ainsi  dire  pas  dans  la  neige  ou  dansli 
glace  (voir  page  29).  L'observation  322  montrera  combien  cet  axiotne 
est  important. 

S  3.  —  PiUrmioer  s'il  y  «  &«!•  a*tto  Imt*. 

La  ditBculté  du  diagnostic  médical  de  la  mort  par  congélation  doit 
faire  penser  tout  de  suite  combien  doivent  être  grands  les  obstacles 
qui  s'opposent  à  la  détermination  de  cette  question  :  Y  a-t-il  ea 
faute  d'un  tiers?  Comme  ponr  le  diagnostic  il  faut  chercher  des  points 
de  repère  dans  les  circonstances  accessoires. 

Dès  l'abord  on  doit  repousser  l'idée  d'un  suicide,  car  ceux  qui 
voudraient  mettre  fin  à  leurs  jours  de  cette  manière  auraient  bien 
des  chances  de  manquer  leur  but,  tandis  qu'il  leur  est  si  facile  de 
l'atteindre  par  tant  d'autres  moyehs. 

Par  conséquent,  il  ne  s'agit  que  de  savoir  si  l'on  a  affiiire  â  un 
accident  ou  à  un  crime.  Pour  les  nouveau-nés,  il  n'est  pas  très  rare 
qu'il  y  ait  accident  involontaire,  lorsque  la  mère  accouchant  en 
cachette  s'évanouit  aussitôt  après,  et  que  l'enfant  reste  nu  sur  un 
sol  très  froid.  Il  y  aura  plus  de  probabilités  pour  un  crime  si  Ton 
trouve  l'enfant  enveloppé  et  caché  au  fond  d'une  forêt  ou  dans  un 
lieu  désert.  Pour  les  adultes,  c'est  presque  toujours  le  résultat  d'un 
accident;  ici  encore  il  faut  réfléchir  sur  les  circonstances  accessoires; 
par  exemple  les  doutes  seront  presque  soulevés  si  on  apprend  que  le 
sujet,  sortant  d'une  orgie  pendant  la  nuit,  a  dû  traverser  des  chemins 
couverts  de  neige.  Si  dans  ce  dernier  cas  on  trouvait  des  blessures 
de  tète,  comment  savoir  si  l'apoplexie  cérébrale  en  a  été  le  résultat 
plutôt  que  de  la  congélation  ?  Il  faut  avouer  que  l'expert  sera  embar- 
rassé, il  devra  consulter  les  probabilités  et  se  déclarer  avec  beaucoup 
de  réserve.  Ajoutons  que  de  tels  cas  sont  très  rares.  Depuis  vingt- 


CONGÉLATION.  —  OBSERVATIONS.  ASl 

sept  ans  que  je  fais  partie  de  la  députation  scieutifiqae,  haut  tribunal 
de  médecine  légale  en  Prusse,  où  toutes  les  questions  douteuses  sont 
jugées  scientifiquement  en  dernier  ressort  Je  n'en  ai  pas  rencontré  un 
seul  exemple. 

Obs.  321 .  —  Mort  d'itn  nouveau -né  par  congélation. 

A  la  fin  de  janvier  iH**^  par  un  très  grand  froid,  la  fille  N...  accoucha  pendant 
la  nuit  ;  voici  comment  elle  raconta  Tévénement  :  «  Les  douleurs  très  vives  que 
j'éprouvai  me  firent  quitter  mon  lit,  je  m'assis  sur  une  chaise,  ma  cuvette  était  à 
cdté  de  moi  à  terre,  je  l'avais  approchée  pour  y  laisser  couler  le  sang  ;  tout  à  coup, 
étant  au  bord  de  la  chaise,  je  sentis  que  l'enfant  sortait  des  parties  génitales  ;  je  n'y 
^rtai  pas  la  main,  mais  ce*devait  être  la  tôle.  Je  restai  assise,  les  jambes  écar- 
tées an  milieu  des  douleurs  les  plus  afl'reuses,  et  ayant  presque  perdu  connais- 
sance. Au  bout  d'un  quart  d'heure  d'efforts,  l'enfant  tomba  et  je  m'évanouis.  Quel- 
que temps  après  je  revins  à  moi,  et  je  vis  mon  enfant  couché  dans  la  cuvette,  la 
tète  en  lias,  les  jambes  de  mon  côté  sur  le  bord  du  vase  ;  il  était  tout  à  fait  froid,  je 
le  crus  mort  ;  je  le  pris,  je  le  mis  sur  du  linge  dans  une  corbeille  sans  le  couvrir.  » 

Cest  là  qu'on  le  trouva.  Il  avait  tous  les  signes  de  la  maturité  ;  le  diaphragme 
était  entre  la  quatrième  et  la  cinquième  cdte  ;  les  poumons  remplissaient  les  trois 
quarts  de  la  cavité,  ils  avaient  une  couleur  rose  marbré,  ils  nageaient  complète- 
mMit  ;  quand  on  les  incisait  on  entendait  une  crépitation  et  on  voyait  sortir  de 
réeome  sanguinolente.  La  mort  avait  eu  lieu  par  apoplexie  cérébrale  ;  la  figure  et 
les  lèvres  étaient  rouge  foncé,  les  os  crâniens,  ainsi  que  les  sinus  et  les  méninges, 
étaient  très  hypérémiques. 

HoQS  rédigeâmes  notre  rapport  en  ces  termes  :  L'absence  de  violence  exté- 
rieure ne  permet  pas  d'expliquer  l'apoplexie  autrement  que  par  l'action  du  grand 
froid.  Ilaintenant  cet  accident  a-t-il  été  complètement  involontaire?  Il  est  scien- 
tifiquement possible  que  la  ÛUe  se  soit  évanouie  comme  elle  le  dit  à  la  fin  de  son 
accouchement,  et  alors  tout  ce  qu'elle  raconte  peut  être  arrivé  ;  nous  concluons 
dooe  : 

1*  L'enfliint  est  né  à  terme  et  viable  ; 

S*  n  a  vécu  après  sa  naissance  ; 

3*  n  est  mort  peu  d'instants  après  sa  naissance  d'apoplexie  cérébrale; 

4*  L'apoplexie  a  été  causée  probablement  par  le  grand  froid  qui  le  saisit  au  mo- 
ment de  ta  naissance  et  auquel  il  resta  longtemps  exposé. 

Obs.  322.  —  Congélation  douteuse  éTun  nouveau-né. 

Un  enfant  nouveau-né  à  terme  resta  toute  une  journée  au  mois  de  février  dans  la 
seige,  enveloppé  seulement  de  quelques  lambeaux  d'étoffes. 

Lorsque  nous  fîmes  l'autopsie,  la  putréfaction  était  assez  avancée,  et  cependant  la 
doeimasie  pulmonaire  nous  démontra  que  l'eniant  avait  vécu.  Le  cadavre  avait  déjà 
vne  couleur  gris  vert  ;  l'épiderme  était  détaché  en  beaucoup  d'endroits  ;  la  trachée 
avait  la  couleur  rouge  brun  que  lui  donne  la  putréfaction  ;  les  poumons  avaient 


AS2  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

leur  base  couverle  de  bulles  cadavériques,  ils  étaient  exsangues.  Lecœuf  eonte- 
naît  dans  ses  deux  cavités  du  sang  coagulé,  la  veine  cave  également  ;  le  eenem 
était  réduit  en  une  bouillie  putréfiée,  les  sinus  étaieut  vides. 

Nous  déclarâmes  dans  notre  rapport  :  Le  degré  de  putréfaction  est  trop  élevé 
pour  que  Ton  puisse  dire  quel  a  été  le  genre  de  mort  de  l'enfant,  mais  on  peut  affir- 
mer qu'il  a  vécu  et  qu'il  était  déjà  mort  lorsqu'il  a  été  déposé  dans  la  neige  ;  car 
il  est  impossible  qu'une  seule  journée  ait  pu  amener  un  aussi  haut  degré  de  putré- 
faction. La  mère  est  restée  inconnue. 

0b8.  323.  —  Mort  par  cong^ation  douleiue. 

Au  mois  de  février  18**,  par  un  très  grand  froid,  une  f^mroe  âgée  «le  cinquante- 
cinq  ans,  fut  trouvée  morte  et  gelée  dans  la  neigea  En  fait  de  bleasures,  il  n'j 
avait  que  des  écorchurcs  nombreuses;  aux  articulations  des  doigts,  ces  petites 
lésions  étaient  fraîches. 

L'autopsie  fut  faite  trois  jours  après  la  levée  du  cadavre  ;  le  cerveau  était  à  moi- 
tié gelé  ;  les  veines  du  cerveau  et  des  sinus  n'étaient  pas  très  hypérémiques  ;  la 
poumons  ue  présentaient  rien  d'anormal  ;  la  trachée  était  vide  et  pâle  ;  le  ccesr 
droit  contenait  une  certaine  quantité  de  sang,  le  cœur  gauche  en  contenait  beau- 
coup, le  sang  n'était  pas  gelé  ;  l'esiomac  était  très  rempli  de  pommes  de  terre ;la 
vessie  eontenait  de  l'urine  liquide  ;  la  rate  et  les  reins  étaient  normaux  ;  Tépiplooe 
très  graisseux,  la  veine  cave  très  gorgée  de  sang. 

Nous  déclarâmes  dans  notre  rapport  :  La  décédée  est  morte  d'une  hjpérémie 
du  cœur  ;  cette  hypérémie  a  pu  être  produite  par  la  congélation,  mais  il  e«t  plss 
vraisemblable  de  l'attribuer  à  une  attaque  d'épilepsie,  maladie  à  laquelle  cette 
femme  était  sujette,  qui  l'aura  saisie  au  moment  où  elle  traversait  le  chemin  cou- 
vert de  neige.  On  explique  facilement  ainH  la  présence  des  petites  blessures;  car 
elle  a  dû  au  milieu  de  ses  convulsions  se  blesser  aux  morceaux  de  gl.ice. 

Obs.  32i.  —  Mort  d'un  nouveau-né  par  congélation. 

Un  enfant  fut  trouvé  mort  dans  un  grenier.  Le  cadavre,  sans  vêtement  et  entouré 
seulement  de  foin,  était  gelé  ;  la  température  était  de  —  9  à  —  10  degrés  Béaumur 
pendant  le  jour,  et  —  lia  —  16  degrés  pendant  la  nuit.  L'enfant  était  né  à  terme 
et  avait  vécu  après  sa  naissance.  Le  cœur  avait  un  poids  très  élevé,  37  grammes;  il 
est  vrai  de  dire  que  ses  cavités  étaient  gorgées  de  sang  foncé  et  en  partie  gelé  ; 
les  poumons  étaient  également  très  lourds,  ils  pesaient  75  grammes  et  étaient  très 
remplis  de  sang.  Le  larynx  et  la  trachée  étaient  pâles  et  vides  ;  le  foie  et  la  veine 
porte  étaient  hypérémiques  ainsi  que  le  crâne. 

Notre  conclusion  fut  la  suivante  : 

1*  L'enfant  est  né  à  terme; 

2*  Il  a  vécu  après  sa  naissance  ; 

3*  Il  est  mort  d'hypérémie  du  cœur  et  des  poumons  ; 

4*  Cette  hypérémie  a  pu  être  produite  par  des  causes  internes  ; 

5*  Il  est  plus  probable  qu'elle  a  été  le  résultat  de  la  congélation. 


MORT   CAUSÉE  PAR  LE  CHLOROFORME.  — GÉNÉRALITÉS.         AS8 


CHAPITRE  VIII. 

MORT   CAUSÉE  PAR   LE   CHLOROFORME  (1). 

i.Anoii.  —  Voyet  i  ce  sujet  ce  qui  concerne  les  poisons. 

rêlédu  SI  août  1860  prescrit  que  les  pharmaciens  seuls  ont  le  droit  de  vendre 
ehloroforme  au  public,  et  qu'il  ne  doit  être  livré  que  sur  une  ordonnance 
Bée  d*un  médecin. 

S  1.  Oénéralitéf. 

ms  ayons  déjà  mentionné  le  chloroforme  parmi  les  poisons  qui 
tenl  la  mort  par  neuroparalysie  ;  les  vapeurs  de  chloroforme,  en 
ont  sur  le  système  nerveux  une  action  précieuse,  mais  qui  peut 
lir  dans  certains  cas  très  funeste  ;  elles  ont  la  propriété  d*abolir 
lâbilité  et  de  paralyser  en  partie  la  motilité,  c'est  ce  que  l'on 
MUT  le  relâchement  de  tous  lès  muscles,  de  la  matrice  et  du 
;  lorsque  celte  action  dépasse  certaines  limites,  la  mort  sur- 
oa  d'une  manière  foudroyante  ou  quelquefois  lentement,  et 
le  après  toutes  les  neuroparalysies,  on  trouve  tous  les  organes 
Il  les  tissus  parfaitement  intacts. 

point  de  vue  médico-légal,  cette  question  est  très  importante. 
ité  le  premier  expert  en  Allemagne  qui  aie  eu  à  faire  Tautopsie 
aiyot  qui  avait  succombé  au  chloroforme  que  lui  avait  admi- 
un  dentiste  (obs.  328).  L'emploi  des  anesthésiques  est  devenu 
enant  si  fréquent  que  les  expertises  de  ce  gCDre  peuvent  se 
nier  non- seulement  dans  des  cas  de  responsabilité  médicale, 
lana  des  cas  de  suicide  ou  d'assassinat  (2). 
inl  de  communiquer  des  principes  généraux  qui  m'ont  été 
s  par  mon  expérience  en  cette  matière,  je  rapporterai  trois 

knis  prendrons  le  chloroforme  comme  type  des  anesthésiques  ;  ceux-ci  amè- 
eaqne  tous  la  mort  avec  les  mômes  phénomènes. 

Au  mois  de  mars  1856,  à  Postdam,  un  dentiste  réduit  à  la  plus  aflrtuse 
»  IM  avec  du  chloroforme  sa  femme  et  ses  enfants,  et  se  suicida  ensuite. 
II.  28 


&8&  PARTIE   THAMATOLOOIQUB.  l 


expériences  que  j'ai  faites  sur  des  lapins,  mais  que  cependant  je  ne 
regarde  pas  comme  complètement  décisives. 

On  anesthésia  trois  lapins  en  leur  mettant  devant  le  aai  at  b 
tM>uche  un  mouchoir  sur  lequel  on  avait  vorsé  S  grammes  de 
ehloroforme,  les  trois  furent  attachés  par  les  oreilles  et  par  les  pattes 
de  derrière,  et  on  eut  bien  soin  de  n*exercer  aucune  pression  sur  le 
cou  afin  de  n*avoir  pas  à  tenir  compte  d'une  strangulation  plus  ou 
moins  énergique.  Les  animaux  revinrent  à  eux,  et  après  une 
seconde  dose  ils  succombèrent  ;  un  court  gémissement,  des  convul- 
sions de  la  queue  et  des  pattes  de  derrière  précédèrent  la  mort. 

Ces  trois  animaux  furent  disséqués  aussitôt  après  ;  l'ouverture  du 
corps  ne  laiss^  pas  exhaler  l'odeur  du  chloroforme. 

1^  Chez  le  premier,  les  poumons  furent  trouvés  très  afhissés,  très 
anémiques,  d'une  couleur  claire.  La  trachée  et  le  larynx  étaient  vides, 
il  n'y  avait  aucune  trace  d'écume,  la  muqueuse  était  pâle  ;  les  gros 
vaisseaux  étaient  anémiques;  le  cœur  avait  encore  quelques  mouve- 
ment faibles  et  tremblants,  et  n'était  pas  affaissé,  ses  quatre  cavités 
étaient  exsangues.  Il  y  avait  une  anémie  remarquable  dans  le  cerveau, 
le  cervelet  et  les  sinus;  le  foie  était  pâle  et  exsangue,  la  veine  cave 
ascendante  contenait  beaucoup  de  sang,  mais  ne  contenait  pas  de 
bulles  d'air,  pas  plus  qu'aucune   autre  veine  ;  la  rate  et  les  deux 
reins  étaient  exsangues  ;  la  muqueuse  de  l'estomac  et  des  intestins 
était  pâle  ;  le  sang  avait  une  couleur  rouge  cerise.  ^ 

2"*  Le  second  lapin  mourut  avec  la  même  agonie  en  une  minute  et 
demie.  S.  l'autopsie  on  ne  sentit  pas  d'odeur  de  chloroforme;  le  cer- 
veau et  les  sinus  étaient  aussi  exsangues  que  dans  le  cas  précédent  ; 
les  poumons  étaient  plus  hypérémiques,  leur  couleur  était  violet 
foncé  marbré  de  rose;  le  cœur  frémissait  encore,  le  côté  gauche 
contenait  quelques  caillots,  le  côté  droit  était  vide  ;  le  foie  était  ané- 
mique, la  vésicule  du  fiel  était  gorgée  de  bile,  la  trachée  était  pâle  et 
sans  écume,  le  sang  en  générai  était  rouge  cerise^  les  reins  et  la  rate 


j 


MORT  PAR  LE  CHLOROFORME.  ^  EXPÉRIENCES  SUR  LES  ANIMAUX.    ASb 

élaienl  exsangues,  la  veine  cave  contenait  assez  de  sang,  mais  ne  ren* 
fermait  pas  de  bulle  d'air  ;  l'estomac  et  les  intestins  étaient  comme 
dans  le  cas  précédent. 

3^  Le  troisième  lapin  n'était  pas  encore  anesthésié  après  une  mi- 
nute et  demie,  et  ne  mourut  qu'après  trois  minutes  et  demie  :  lors 
de  l'ouverture  du  corps  on  ne  sentit  également  aucune  odeur  de 
chloroforme  ;  le  sang  était  rouge  cerise  et  épais  ;  le  poumon  droit 
était  affaissé,  sa  couleur  était  violette  avec  des  bords  blanchâtres,  les 
deux  poumons  étaient  presque  exsangues  ;  la  trachée  était  pâle,  sans 
écume  et  vide  ;  le  cœur  n'était  pas  affaissé,  sa  moitié  droite  était  vide, 
sa  moitié  gauche  contenait  quelques  caillots  ;  les  gros  vaisseaux  con* 
tenaient  beaucoup  de  sang  ;  dans  la  tête  il  y  avait  anémie  complète 
comme  dans  les  deux  cas  précédents  ;  la  vésicule  du  fiel  était  gorgée 
de  bile  ;  le  foie,  la  rate  et  les  reins  étaient  normaux,  la  veine  cave 
ne  contenait  pas  de  bulles  d'air  ;  les  intestins  et  l'estomac  étaient 
pâles  et  remplis  d'aliments. 

On  avouera  que  les  résultats  de  ces  trois  expériences  sont  entière* 
ment  négatifs  ;  il  n'y  eut  que  deux  phénomènes  qui  furent  communs  ; 
l'anémie  prononcée  de  tous  les  organes,  et  la  couleur  rouge  cerise 
du  sang.  Nous  ne  trouvâmes  pas  d'air  dans  les  veines,  ce  qui  fut 
pourtant  observé  sur  des  cadavres  huiqains  qui  avaient  succombé 
au  même  genre  de  mort.  Hartmann  n'en  trouva  également  dans  au- 
cun des  animaux  qu'il  tua  par  le  chloroforme. 

Les  trois  lapins  ne  présentèrent  également  aucun  des  symptômes 
de  la  mort  par  asphyxie  que  Stanelli  considère  comme  la  cause  de 
mort  de  ceux  qui  succombent  à  l'administration  du  chloroforme.  Il 
est  vrai  que  nos  expériences  n'ont  dté  pratiquées  que  sur  des  ani- 
maux, mais  n'est-on  pas  en  droit  d'en  déduire  des  probabilités  pour 
ce  qui  se  passe  chez  l'homme,  d'autant  plus  que  nos  autopsies 
ayant  été  faites  aussitôt  après  la  mort,  avaieiit  toutes  les  chances 
d'être  exactes? 


iS6  PARTIE   THANATOLOGIQITE. 


S  9.  HÔlglIOflM. 


D'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  comprend  facilemenl  ([oe 
le  diagnostic  de  la  mort  par  chlororormisation  doit  se  baser  plutôt 
sur  les  circonstances  qui  ont  précédé  et  accompagné  la  mort  que  sur 
les  résultats  bruts  de  l'autopsie.  S'il  est  constaté  qu'un  homme  a  été 
soumis  à  l'administration  du  chloroforme  et  qu'après  quelques  mi- 
nutes il  a  eu  une  respiration  oppressée,  du  rfllement,  de  la  pftieur 
du  visage,  que  de  l'écume  est  sortie  de  sa  bouche,  qu'on  a  tu  des 
convulsions  des  membres  suivies  d'affaissement,  de  perte  de  connais- 
sance et  d'immobilité,  puis  un  ralentissement  progressif  des  mouve- 
ments du  cœur  et  du  pouls,  et  qu'enfin  la  mort  est  survenue, 
alors  on  peut  admettre,  à  moins  de  preuves  du  contraire,  que 
la  mort  a  été  causée  par  le  chloroforme. 

Kn  effet,  toutes  les  observations  d'autopsie  faites  après  la  mort 
par  le  chloroforme  ne  présentent  que  des  résultats  négatifs  ou 
presque  insignifiants  ;  si  l'on  étudie  avec  attention  les  douze  cas  com- 
pilés soigneusement  dans  le  mémoire  de  M.  Bérend,  on  voit  que 
tout  y  est  vague  et  que  les  résultats  purement  cadavériques  ne  sont 
pas  même  indiqués.  Quand  on  y  lit  :  «  Les  deux  poumons  étaient  très 
hypérémiques  à  leur  surface  postérieure  b,  ou  bien  «  les  poumons 
étaient  congestionnés  en  bas  >,  on  reconnaît  facilement  que 
c'étaient  des  phénomènes  cadavériques  dont  l'auteur  a  eu  tort  de 
tenir  compte.  Il  en  est  de  même  pour  la  fameuse  congestion  des 
veines  du  cerveau,  car  tout  le  monde  sait  que  ces  veines  sont  toujours 
très  remplies,  à  moins  que  le  cadavre  ne  soit  très  putréfié.  On  parle 
aussi  d'une  couleur  lie  de  vin  de  la  muqueuse  trachéale  ;  or,  nous 
avons  souvent  répété  que  cette  coloration  bien  connue  n'était  que  le 
produit  d'une  imbibition  du  cadavre  produite  parla  putréfaction. 

Il  reste  réservé  aux  hommes  de  l'avenir  de  découvrir  les  résultats 
palpables  de  la  mort  par  le  chloroforme.  Voici,  quant  à  présent^  ce 
que  mon  expérience  me  permet  de  dire  à  ce  sujet  : 

l**  Le  sang  perd  en  général  sa  couleur  ordinaire,  il  devient  rouge 
cerise  ou  noirâtre  ;  dans  ses  douze  observations,  Berend  a  signalé  ce 


miHT  PAR  LE  CBLOHOFOHME.  —  DIVGNOSTIC.  437 

lénomèue  ilix  fois,  l  ne  observalion  de  BUz  (1)  moiilre  également 
résultat;  une  de  Prichard  (i)  signale  un  s.ing  foncti.  Les  obser- 
Uons  faites  sur  les  hommes  ne  t'accordent  pas  avec  celles  que 
M.  Velpeau,  Gtriirdin,  Varrier,  Graley  et  autres  ont  faites  sur  les 
imaux  :  ees  deruiers  prétendent  avuir  trouvé  dans  tous  les  vais- 
■ux,  même  dans  tes  veines,  le  sang  beaucoup  plus  clair;  au  con- 
lire,  nous  avons  toujours  vu  qu'il  y  avait  plutôt  excès  de  car- 
-nisation.  C'est  ce  que  prouvent  également  les  observations  de 
uigenbeck  et  DohiboiT,  que  nous  communiquerons  plus  bas,  et  dans 
squelies  il  est  rapporté  que  pendaitl  la  vie,  au  milieu  du  sommeil, 
nsi  que  pendant  l'autopsie,  le  saug  fut  Ironvé  liquide  mais  couleur 
encre.  Ce  phénomène  parait  donc  constant,  malheureusement  il 
est  pas  spéciliquc,  car  on  l'observe  après  bien  d'autres  genres  de 
ort,  tels  que  certains  empoisonnements.  Ajoutons  que  daoK  t'obser- 
ition  325,  que  nous  rapporterons  plus  lias,  le  microscope  ne  révéla 
icuu  cliaagement  dans  la  composition  du  sang. 
2*  Dans  aucun  auteur  on  ne  trouve  indiqué  l'état  d'anémie  que 
)Us  avons  remarqué  dans  nos  expériences  sur  les  lapins  et  dans 
>lre  observation  328  ;  mais,  quand  on  compare  tous  les  auteurs  qui 
It  écrit  sur  ce  sujet,  on  voit  que  pas  un  ne  parle  d'hypéréniie,  mot 
int  on  abuse  si  souvent;  nous  en  conclurons  que  dans  la  mort 
r  le  chloroforme,  on  trouve  les  cadavres  plutôt  anémiques  qu'hy- 
réraiques. 

3°  L'odeur  de  cklorofonne  a  été  remarquée  deux  fois  sur  les  douze 
iservalions  de  M.  Bérend.  Cependant  les  cadavres  que  j'ai  vus  n'ont 
mais  présenté  ce  phénomène.  J'ai  déjà  dit  plus  haut  que  les  lapins 
rlesquelsnousavons expérimenté  nu  le  présentaient égalementpas; 
iinM.  SeilTertdit  ne  l'avoir  trouvé  ni  dans  le  sang,  ni  dans  le  lait  des 
imaux;  on  peut  conclure  de  là  que  le  phénomène  est,  sinon  rare, 
moins  pas  constant. 
i°  Dans  onze  cas,  le  larynx  et  la  trachée  ont  été  di^crils  trois  fois 


(l)  DeuUche  Klinik.  1858,  n'  1.1. 

\H  SdbMdl'i  Jahrlmclnr,  etc.,  183s,  n' 


488  PARTIE   TIlAlfitOlAHlIOtJE . 

plut  OU  anoins  injectés,  abstraction  faite  de  la  coloration  a  He  detin  i 
dont  nous  avons  Tait  justice  plus  haut.  Sur  nos  trois  lapins,  nom 
n'avons  rien  trouvé  de  semblable,  mais  dans  l'observation  S25  nom 
l'avons  observé.  Dans  plusieurs  cas,  la  couleur  de  la  trachée  n'est 
pas  même  rapportée.  Stanelli  attribue  une  grande  valeur  à  ce  phéno- 
mène, lui  qui  considère  l'asphyxie  comme  la  cause  dé  mort  de  ceol 
qui  succombent  par  le  chloroforme.  Ici  Stanelli  est  dans  Terreur,  car, 
quand  même  ce  phénomène  serait  très  fréquent,  ce  qui  n*est  pas, 
je  ne  vois  pas  qu'il  puisse  à  lui  tout  seul  prottVer  l'asphyxie,  et  il 
s'explique  très  bien  d'une  tout  autre  manière.  En  effet,  on  sait  com- 
bien le  chloroforme  exerce  sur  les  muqueuses  une  action  irritante; 
d'un  autre  côté,  on  sait  également  que  la  muqueuse  de  la  trachée  et 
du  larynx  est  très  susceptible  et  s'injecte  très  facilement  toutes  les 
fois  qu'un  autre  corps  que  l'air  est  mis  en  contact  avec  elle  ;  on  volt 
par  là  que,  si  dans  quelques  cas  rares  la  muqueuse  trachéale  est 
injectée,  on  ne  doit  l'attribuer  qu'à  l'action  dti  contact  direct  des 
vapeurs  de  chlorofortne. 

6"*  J'ai  trouvé  dans  une  de  mes  autopsies  des  bulles  d'air  mêlées 
avec  le  sang,  on  trouve  ce  phénomène  également  mentionné  dans 
trois  cas.  Prichard  dit  en  avoir  trouvé  d'assez  nombreuses  dans  les 
veines  de  la  pie-mère;  Holmes (1)  qui  a  ramassé  trente-neuf  obser- 
vations, le  signale  dans  trois  cas.  Mais  il  faut  bien  se  rappeler  que  la 
putréfaction  donne  lieu  à  la  production  de  bulles  de  gat  dans  les 
veines,  et  dans  mon  observation  le  cadavre  était  déjà  un  peu  putréfié, 
et  j'ai  dû  tenir  compte  de  cet  état  et  laisser  dans  le  doute  la  cause  de 
la  production  de  ces  bulles.  Les  observations  que  j'ai  trouvées  dans 
les  auteurs  n'ont  pas  complètement  dissipé  ces  doutes. 

Dans  le  premier,  à  Paris,  la  mort  par  le  chloroforme  eut  lieu  le 
20  mai,  l'autopsie  ne  fut  pratiquée  que  vingt-sept  heures  après,  et  on 
trouve  signalées  dans  le  rapport  «  la  putréfaction  avancée  et  l'odeur 
infecte  du  cadavre  >. 

Dans  le  second  cas,  à  Langres,  en  France,  c'était  une  femme  qui 

(l)  Schmidt's  Jahrbucher,  1859,  u"  3,  p.  305- 


MORT   PAR   LE   CHLOROFORME*  —DIAGNOSTIC.  AftO 

moiinit  chlorofomoisée  le  23  août,  ainsi  en  plein  été,  et  rootertiilre 
du  corps  ne  se  fit  que  trente- trois  heures  après.  On  peut  supposer, 
quoique  ce  ne  soit  pas  dit  dans  le  rapport,  que  dans  ce  cas  la  putré-* 
flMrtioii  devait  être  avancée. 

Le  troisième  cas  enfin  se  présenta  en  hiver,  c'était  une  Anglaise 
qui  mourut  par  suite  de  l'administration  du  chloroforme  le  28  février, 
al  fut  disséquée  vingt-six  heures  après.  Ici  on  peut  admettre  que  la 
putréfaction  n'était  pas  avancée,  encore  faudrait-il  savoir  dans  quel 
odlieu  le  cadavre  est  resté  pendant  ces  vingt-six  heures,  c'était 
peut-être  dans  une  chambre  chauffée. 

Il  n'y  a  que  les  observations  de  Langenbeck  et  DohloCT,  que  Ton 
trouvera  plus  bas,  dans  lesquelles  sans  putréfaction  avancée  on 
tnmva  de  l'air  dans  les  veines. 

Voici  l'opinion  singulière  de  Stanelli  à  ce  sujet  : 

c  On  voit  souvent  pendant  les  opérations  chirurgicales  des  buUea 

>  d'air  sortir  des  artères  et  des  veines  (?),  il  est  donc  permis  d'ad- 
1  mettre  que,  une  fois  que  l'organisme  est  saturé  de  chloroforme, 

>  celui-ci  reste  à  l'état  gazeux  dans  le  sang  et  finit  par  amener  la 
»  mort  par  suite  du  trouble  qu'il  produit  alors  dans  les  mouvements 
»  du  cœur,  comme  tous  les  gaz  introduits  dans  le  torrent  de  la  cir- 
»  eulation.  J'ai  fait  respirer  à  des  lapins  du  chloroforme  concentré, 

>  j'ai  vtt  la  respiration  avant  de  cesser  devenir  plus  accélérée  ;  après 
»  la  mort,  lorsque  j'Ottvris  le  cœur,  je  trouvai  assez  de  sang  et  des 

>  bulles  d'air  qui  étaient  surtout  dans  les  oreillettes,  et  qui  dans  le 

>  poumon  simulaient  un  emphysème.  Dans  les  artères  coronaires  du 

>  eosur,  je  trouvai  également  plusieurs  fois  des  bulles  rangées  comme 

>  des  perles  séparées  les  unes  des  autres  par  des  goutelettes  de  sang, 
»  et  que  Ton  pouvait  faire  changer  de  place  en  pressant  légèrement 
>\é  vaisaeau.  Je  ne  puis  dire  si  ces  bulles  de  gaz  étaient  du  chloro*' 

>  forme,  je  ne  pus  en  reconnaître  l'odeur.  Lorsque  je  n'ouvris  la 

>  cavité  pectorale  qu'après  vingt-quatre  heures,  jamais  je  ne  retroti- 
1  vai  ces  bulles,  il  y  avait  alors  dans  le  cœur  plus  ou  moins  de 

>  caillots.  J'ai  fait  respirer  à  des  lapins  du  chiuroforme  mêlé  avec  de 

>  l'air,  puis,  après  un  certain  nombre  d'inspirations,  j'ai  fait  mourir 


hkO  PARTIE  '  THANATOLOOIQUE . 

^  ces  lapins  eu  les  empêchant  de  respirer  d'une  manière  quelconque; 
>  dans  ces  cas,  jamais  je  n*ai  irouv/i  aucune  bulle  de  gax  ni  dans  le 
»  cceur  ni  dans  les  vaisseaux.  » 

Peut-on  expliquer  pourquoi  du  gaz,  se  trouvant  dans  les  vaisseaux 
aussitôt  après  la  mort,  ne  s'y  trouve  pas  vingt-quatre  heures  après! 

Après  avoir  bien  réfléchi  sur  mes  expériences  et  sur  celles  des 
auteurs,  je  persiste  à  dire  que,  jusqu'à  ce  que  de  nouvelles  rechercba 
sérieuses  aient  été  faites  à  ce  sujet,  il  faut  attribuer  la  présrace  des 
balles  de  gaz  dans  les  veines  à  la  putréfaction  qui  semMe  se  foin 
relativement  plus promptement  après  la  mort  par  le  chloroforme^ 
et  qui  commence  par  la  décomposition  du  sang^ 

6^  Dans  les  douze  cas  compilés  par  M.  Bérend,  dix  fois  le  eaur 
a  été  trouvé  affaissé  sur  lui-môme  comme  une  bourse  vide,  le  même 
phénomène  s'est  présenté  dans  mes  deux  observations.  Biax,  dans 
le  cas  qu'il  a  rapporté,  dit  que  le  cœur  était  €  affaissé,  pâle  et  vide  >. 
Ce  phénomène,  qui  certainement  est  digne  d'attention,  parait  donc 
constant.  Quoiqu'il  ne  se  soit  présenté  dans  aucune  des  expérieiices 
que  j'ai  faites  sur  les  animaux,  et  dans  lesquelles  l'autopsie  a  été 
pratiquée  tout  de  suite,  je  ne  puis  le  considérer  comme  un  produit 
de  la  putréfaction,  car  je  ne  l'ai  jamais  rencontré  sur  d'autres  cadavres, 
même  très  putréfiés,  qui  avaient  succombé  à  d'autres  genres  de  mort. 

7°  On  sait  peu  de  choses  sur  l'état  des  poumons  après  la  mort  par 
le  chloroforme;  la  moitié  des  observations  connues  indique  une 
anémie  de  ces  organes;  l'autre  moitié,  au  contraire,  signale  une 
hypérémie. 

On  a  cherché  à  retrouver  le  chloroforme  dans  le  sang  au  moyeu 
de  l'analyse  chimique,  notre  célèbre  chimiste  M.  Mitscherlich  affirme 
que  c'est  impossible,  el  l'expert  chimique  de  Berlin,  M.  Hoppe,  après 
avoir  fait  de  nombreuses  expériences,  a  acquis  la  même  conviction. 
Aussi  nous  doutons  de  l'exactitude  du  procédé  de  M.  Jackson,  qui  dit 
avoir  réussi  à  en  découvrir  chimiquement  l'existence  chez  une 
femme  (1). 

(1)  Archivder  Pharmacie,  IS57,  fév.,  p.  211. 


MORT  PAR  LB  CHLOROFORME.— >  BMPOISONNBMBMT  CHRONIQUE.    &&1 
S  4.  <— Bonp^îioaBt  OMiit  tliroatqve  par  !•  oUorolbroM. 

Le  12  décembre  18**,  une  femme  defant  s  ubir  ramputation  d^one 
jambe,  fat  endormie  au  moyen  du  chloroforme  ;  elle  ne  revint  pas 
toat  &  fait  i  elle  après  Topération,  et  après  onze  jours  de  demi* 
anesthésie,  elle  mourut  le  23  du  même  mois.  C'était  un  empoiton^ 
mmeni  chronique  par  le  chloroforme.  Cette  obsenration  me  fit 
prifoir  que  les  experts  rencontreraient  souvent  de  grandes  difficultés 
dans  les  questions  de  ce  genre.  Plusieurs  auteurs  furent  de  mon  avis, 
car  il  se  présenta  par  la  suite  un  certain  nombre  d'exemples  analo- 
gues, et  il  fallut  admettre  que  dans  certains  cas  le  chloroforme  pouvait 
avoir  des  effets  rétrospectifs  mortels. 

S*il  est  déjà  difficile  de  reconnaître  que  la  mort  est  due  au  chlo* 
roTonne  et  non  à  l'opération  au  milieu  de  laquelle  succombe  le  ma- 
lade, combien  la  difficulté  n'est-elle  pas  plus  grande,  lorsque  la  mort 
l'arrivé  qu'après  plusieurs  jours  ;  lorsqu'il  faut  tenir  compte  de  la 
maladie  du  sujet,  des  effets  souvent  dangereux  de  l'opération? 

J'emprunte  au  mémoire  de  M.  Bérend  les  deux  observations  sui- 
vantes de  mort  par  empoisonnement  chronique  du  chloroforme  : 

1*  G...,  peintre  en  bâtiments,  ftgé  de  trente-six  ans,  ayant  l'hobi- 
tnde  de  s'enivrer,  arriva,  le  5  février  1850,  dans  le  service  de 
H.  Laogenbeck,  il  avait  une  tumeur  à  l'épaule  gauche  ayant  à  peu 
prêt  la  grosseur  d'un  tète  d'enfant,  et  présentant  de  la  fluctuation  ; 
OM  fil  une  ponction  qui  laissa  échapper  à  peu  près  2  litres  de 
liquide*  Le  lendemain  (6  février),  M.  Laogenbeck  jugea  nécessaire 
de  réséquer  l'omoplate  gauche,  quoique  le  malade  eût  la  figure  abattue 
et  présentât  un  pouls  petit,  de  110  pulsations.  On  endormit  le  malade 
avec  du  chloroforme,  et  on  pratiqua  l'opération  qui  ne  dura  pas  moins 
de  trois  quarts  d'heure  ;  chaque  fois  que  l'anesthésie  était  complète, 
on  cessait  de  tSiire  respirer  du  chloroforme,  et  chaque  fois  que  la  sen- 
sibilité semblait  revenir,  on  en  recommençait  l'administration.  H.  Lan- 
genbeck  observa  â  trois  reprises  différentes  que  le  sang  prenait  une 
eemUur  d'encre.  Après  l'opération,  le  malade  reprit  complètement 
connaissance,  la  sensibilité  redevint  intacte.  Le  soir  il  y  eut  des  vomis- 


&A2  PARTIS   THAHATOLOOiQUB. 

sements  subits  qui  se  reproduisirent  chaque  fois  que  le  malade  voulut 
boire.  Le  7  février  au  matin,  la  figure  était  pâle,  le  pouls  petit  el 
très  fréquent,  les  vomissements  continuaient  ;  i  huit  bmres,  tout  à 
eoup  on  ne  sentit  plus  le  pouls,  les  mouvements  du  eoeur  détinrent  k 
peine  sensibles,  tandis  que  la  respiration  resta  libre  et  régulière  ;  pei 
après  le  malade  sentit  de  l'oppression,  une  saignée  que  l'on  pratiqu 
laissa  coulei^  du  sang  aqueuxy  noir  comme  de  /'encre.  Au  bout  de 
peti  de  temps  la  mort  survint  :  l'opération  avait  été  pratiquée  depaii 
dix-sept  heures. 

L'autopsie  fut  pratiquée  avec  beaucoup  de  soin,  voici  quels  en 
tarent  les  résultats  principaux  :  rigidité  cadavérique  ordinaire,  tonle 
la  peau  blanchâtre,  par  conséquent  pas  de  putréfaction  ;  les  âaiis 
de  la  dure-mère  ouverts  laissèrent  écouler  ISO  grammes  de  sang 
liquide,  couleur  d'encre  ;  on  ne  sentit  pas  l'odeur  du  chloroforme  en 
ouvrant  les  cavités  ;  les  veines  de  la  pie-mère  oontenaient  du  sang 
liquide  et  pas  de  bulles  de  gaz  ;  les  méninges  étaient  légèrement 
injectées  ;  la  substance  du  cerveau  était  pâle,  à  quelques  endroits 
même  anémique,  la  consistance  en  était  normale  ;  sur  le  péricarde 
se  trouvait  une  épaisse  couche  de  graisse;  les  veines  des  panns  du 
cœtir  contenaient  du  sang  noir  et  aqueux  mêlé  d'une  grande  quantité 
de  bulles  de  gaz  ;  le  cœur  gauche  contenait  beaucoup  de  caillots,  le 
cœur  droit,  ainsi  que  les  gros  vaisseaux,  contenait  une  asaes  grande 
quantité  de  sang  en  partie  liquide  et  en  partie  coagulé  ;  le  cœur  n'était 
ni  gonflé  ni  flasque  ;  les  poumons  étaient  ballonnés,  pftles  et  anémiques; 
l'artère  et  la  veine  pulmonaire  contenaient  beaucoup  de  sang,  et  on  en 
vit  sortir  des  bulles  de  gax  en  grande  quantité  ;  le  foie,  la  rate  et  les 
reins  avaient  du  sang  noir,  mais  leur  tissu  était  pâle  ;  les  gros  vais* 
seaux  de  l'abdomen  étaient  également  gorgés  de  sang  noir,  et  lais- 
saient échapper  des  bulles  de  gaz. 

M.  Langenbeck  fit  observer  que  a  la  fin  funeste  de  l'opération  ne 
9  peut  être  expliquée  que  de  deux  manières  :  ou  une  surexitation 
>  suivie  d'un  épuisement  complet  du  système  nerveux  produit  par 
1  l'opération,  ou  une  action  vénéneuse  ultérieure  produite  par  le 
»  chloroforme  >. 


MORT  PAH  LE  CHLOKOFOIIHB.  — EMPOIBONNBIIBNT  CHRONIQUE.       443 

i*  R...,  OQfrier,  ftgé  de  Tingt-trois  ans,  entra,  le  6  janvier  1849, 
à  l'hApitai  de  Hagdebourg,  il  avait  une  tumeur  des  os  métatarsiens 
du  pied  droit.  Après  plusieurs  essais  de  traitement  restés  sans  succiSi 
on  se  décida  à  pratiquer  l'amputation  de  la  jambe  ;  pour  cela  on  eut 
recours  à  Fanesthésie  par  le  chlorororrae.  L'insensibilité  n'arriva 
qu'après  douze  minutes  d'inspiration  de  vapeur  de  chloroforme  ;  pen- 
dant ce  laps  de  temps,  le  malade  fut  en  proie  à  une  très  vive  surexci- 
tation, on  s'aperçut  en  liant  les  artères  qu'il  y  avait  un  tremblement 
eoilvulsif  du  tronc.  Dans  la  journée  de  l'opération  il  y  eut  deux 
petites  hémorrbagies  qui  n'allèrent  pas  jusqu'à  produire  une  syn- 
cope, mais  il  y  eut  â  cinq  reprises  différentes  des  convulsions  téta- 
niques; la  cinquième  fois  les  convulsions  devinrent  générales  et 
amenèrent  la  tnort  ;  l'opération  avait  été  pratiquée  depuis  huit  heures. 
Seite  heures  après  la  mort  on  fit  l'autopsie  du  cadavre,  il  était 
elicoffi  (hlis.  Dans  la  cavité  crânienne  il  y  avait  hypérémie  des  vais- 
seaux, dans  quelques  veines  on  vit  des  bulles  de  gaz  ;  les  poumons  non 
œdémateux  étaient  très  hypérémiques  ;  le  sang  liquide  était  d'un 
rouge  foncé  ;  tout  le  reste  du  corps,  même  le  cœur  et  les  grosses 
veines,  présentaient  une  anémie  remarquable,  le  cœur  était  flasque. 
Le  docteur  Fischer,  qui  a  publié  celle  observation,  regarde  la  mort 
comme  ayant  été  causée  par  une  hypérémie  du  cerveau  et  des  pou- 
mons, il  s'exprime  en  ces  termes  :  «  On  ne  peut  nier  qu'il  n'y  ait 
»  les  principaux  symptômes  de  la  mort  par  le  chloroforme,  le  sang 
I  foncé,  les  bulles  de  gaz  dans  les  veines  malgré  l'absence  de  putré- 
I  Taction,  le  cœur  flasque;  d'un  autre  côté,  on  a  vu  pendant  l'opéra- 
»  tion  le  sang  prendre  cette  couleur  foncée,  et  Tintoxicalion  a  pu 
i  facilement  se  produire  t)ar  suite  de  la  lenteur  qui  a  présidé  à  Ten- 
)  vahissement  du  sommeil.  La  seule  raison  qui  me  ferait  douter  de  la 

>  mort  par  le  chloroforme,  c'est  qu'il  n'y  a  pas  eu  mort  subite.  Hais 

>  H.  Casper  a  fait  observer,  dès  l'année  1850,  la  persistance  de 
)  l'action  pernicieuse  de  cette  substance,  qu'il  a  mémeappellée  intoxi- 
»  catiùn  chronique.  Aussi  pouvons-nous  admettre  que  dans  ce  cas  le 
»  diloroforme  a  eu  cette  action  funeste  qui  ne  produit  qu'après  un 

>  certain  temps  la  paralysie  des  organes  de  la  circulation.  > 


hhh  PARTIE   THANATOLOGIQUE. 

U  n'y  a  donc  pas  à  douter  que  le  chloroforme  peut  amener  la  mort 
autrement  que  subitement,  et  que  Y  intoxication  chronique  eiisie; 
ce  priocipe  a  une  importance  médico-légale  immeuse. 

g  5. —  Oonditioas  lavoniaal  la  laort  pftr  !•  «hlorolbrafte. 

Cette  question  est  utile  à  étudier  non-seulement  pour  le  cbirurgiea, 
mais  encore  pour  le  médecin  légiste,  quand  il  faut  déterminer  quelle 
peut  être  la  culpabilité  d*uu  médeciu  qui  laisse  mourir  ainsi  un  de  ses 
malades.  Souvent  les  conditions  prédisposantes  sont  d'an  graad 
secours  dans  l'explication  de  Taccident  ;  mais  il  ne  faudrait  pas  cepen- 
dant leur  attribuer  plus  de  valeur  qu'elles  ne  le  méritent,  car  on  doit 
se  rappeler  que,  sur  cent  malades  qui  seront  cbloroformisés  dans  les 
mêmes  circonstances,  quatre-vingt-dix*  neuf  s'en  trouveront  bien,  tandis 
qu'un  succombera.  Voici  ce  que  l'état  de  la  science  nous  permet  de 
dire  à  ce  sujet  : 

1^  Les  différences  qu'il  peut  y  avoir  dans  la  préparation  de  cette 
substance  ont  peu  d'importance,  car,  du  moins  en  Prusse,  ces  pré- 
parations doivent  être  uniformes  dans  toutes  les  pharmacies,  d'après 
le  règlement  cité  plus  liaut. 

2""  Une  différence  plus  importante  est  celle  qui  réside  dans  la  dostj 
mais  quelle  est  la  limite  à  partir  de  laquelle  la  justice  a  le  droit  de 
trouver  la  dose  exagérée  et  de  poursuivre  le  médecin  comme  s'étant 
rendu  coupable  d'ignorance  criminelle?  Malheureusement  cette  limite 
est  impossible  a  déterminer  ;  parmi  les  trois  cas  que  nous  eûmes  à 
expertiser,  dans  les  deux  premiers  on  s'était  servi  de  douze  à  quinie 
gouttes  et  dans  le  troisième  de  quatre  à  cinq  gouttes.  La  dose  la 
plus  légère  qui  ait  donné  lieu  à  la  mort  a  été  de  6  à  9  grammes, 
d'un  autre  côté,  Christison  raconte  que,  dans  un  accouchement,  une 
femme  resta  endormie  pendant  treize  heures  sans  qu'il  arrivât  rien  de 
fâcheux  ni  à  Tenfant  ni  à  la  mère,  on  avait  administré  à  cette 
dernière  2â0  grammes  de  chloroforme;  j'ai  vu  moi-même,  dans 
les  hôpitaux,  administrer  des  doses  très  considérables  de  chlo- 
roforme sans  qu'il  en  résulte  le  moindre  malheur.   Ainsi,   quand 


MORT  PAR  LE  CHLOROFORME.  --CONDITIONS  DÉFAVORABLES.       A45 

MM.  Blandin,  Guérin  et  Roux  prétendent  (1)  «  qu'il  faut  diminuer 

>  la  dose  normale  et  la  durée  des  inspirations  pour  les  feromeSy  les 

>  enfants  et  ceux  qui  ont  des  maladies  du  cœur  ou  des  poumons  > , 
on  pourrait  leur  demander  ce  qu'ils  entendent  par  c  dose  normale  >. 

3*"  La  foniion  du  sujet  pendant  la  ehloroformisation  n'a  pas  non 
plus  une  grande  importance;  cette  position  n'est-elle  pas  toujours  assise 
ou  couchée?  et  combien  de  fois  n'a*t-ou  pas  vu  l'absence  d'accident? 
On  a  eu  raison  de  proscrire,  autant  que  possible,  la  position  sur  le 
fentre,  car  le  sujet  peut  facilement  enfoncer  sa  tète  dans  son  oreiller, 
se  priver  ainsi  de  la  respiration  et  mourir  asphyxié  ;  cependant,  quand 
l'opération  rend  cette  position  nécessaire,  il  sufSt  de  bien  soutenir 
la  tète  du  malade  et  de  surveiller  le  pouls  pour  rentrer  dans  les  con- 
ditions ordinaires. 

i!"  Quant  au  mode  d'administration^  le  plus  convenable  et  le 
moins  dangereux,  semble  être  celui  qui  consiste  à  interrompre  de 
temps  à  autre  les  inhalations.  M.'  Gruby  dit  avoir  réussi,  au  moyen 
de  fréquentes  interruptions,  à  maintenir  l'aneslhésie  pendant  plu- 
sieurs heures,  chez  des  chiens  et  des  chats,  sans  aucun  accident, 
tandis  que,  lorsque  Tinhalation  était  continue  pendant  trois  ou  quatre 
minutes,  les  animaux  succombaient.  L'Académie  de  médecine  de 
Paris  prescrit  aussi  d'interrompre  de  temps  à  autre  les  inhala- 
tions»  comme  on  le  verra  plus  bas  par  l'extrait  que  nous  donnerons. 

Dans  notre  observation  328,  le  dentiste  s'était  servi  d'une  éponge, 
d'antres  ont  eu  à  déplorer  une  intoxication  en  s'étant  servis  d'appa- 
reils à  inhalation.  MM.  Blandin,  Roux  et  Guérin  conseillent  l'etnploi 
le  ces  appareils  ;  nous  ajouterons  que  nous  croyons  préférable  que 
les  vapeurs  de  chloroformes  soient  inspirées  et  mêlées  avec  de  l'air, 
et  que  d'ailleurs  c'est  ainsi  que  le  plus  généralement  ont  lieu  les 
ehloroformisations,  soit  au  moyen  d'épongés,  soit  au  moyen  de  linges 
imbibés. 

L'Académie  de  médecine  de  Paris  a  discuté  cette  question  pendant 
plntde  dix  séances,  et  le  31  octobre  18i8,  le  rapporteur  fit  adopter 
léi  conclusions  suivantes,  moyennant  l'exécution  desquelles  l'admi* 

(i)  Gazette  méâkale,  iS49,  p.  63. 


àh6  PARTI!  THANATOLOGIOnB. 

mstration  du  chloroforaio  devait  devenir  eompléiimeni  sant  danjcr: 

l"*  S'abstenir  ou  g'anréter  dans  tous  les  cas  de  contre-indicatioD 
bien  avirée,  et  vérifier  avant  tout  l'état  des  organes  de  la  ciredilion 
et  de  la  respiration  ; 

S""  Prendre  soin,  durant  rinbalation,  que  Tair  se  mêle  suffisamment 
aut  vapeurs  de  chloroforme,  et  que  la  respiration  s'exécute  avec  une 
entière  liberté; 

3^  Suspendre  l'inhalation  aussitôt  l'insensibilité  obtenue,  sauf  à 
y  revenir  quand  la  sensibilité  se  réveille  avant  la  fin  de  l'opération. 

En  1867  la  même  Académie  eut  encore  une  discussion  è  ce  sojet; 
il  s'agissait  de  trouver  le  meilleur  moyen  d'administrer  le  chloro- 
forme. Les  membres  de  l'Académie  votèrent  la  conclusion  suivante  : 
«  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  on  peut  dire  que  la  chloroformisa- 
tion  peut  aussi  bien  être  pratiquée  avee  un  appareil  que  sans  appareil  ; 
le  choii  du  procédé  peut  être  laissé  sans  inconvénient  i  l'initialive 
du  médecin.  » 

Je  crois  avoir  exposé  tout  ce  qui  peut  aider  le  médecin  légiste  dais 
cette  question  épineuse  ;  quant  à  ce  qui  concerne  la  responsabilité  du 
médeeiny  nous  en  parlerons  dans  le  chapitre  suivant. 

Obs.  325.  —  Suicide  par  le  chloroforme. 

Un  pharmacien  âgé  de  vingt  ans,  vigoureux  et  bien  portant,  annonça  un  soin 
qu'il  voulait  s* endormir  par  le  chloroforme  à  cause  des  douleurs  de  dents  dont  iE 
souffrait  beaucoup.  Le  lendemain,  on  le  trouva  mort  dans  son  Ut  *,  sur  un«  chaise 
devant  le  lit  se  trouvait  une  fiole  contenant  encore  30  grammes  de  chloroforme, 
mais  dont  la  capacité  totale  était  de  90  grammes.  Le  cadavre  tenait  de  la  main  droite 
un  mouchoir  devant  sa  bouche  et  son  nez. 

L'autopsie  fut  faite  soixante  heures  après  la  mort  :  les  téguments  abdominaujL 
étaient  vert  foncé  ;  mais  à  l'intérieur  du  corps,  la  putréfaction  était  peu  avancée. 
Aucune  cavité  ne  présentait  l'odeur  du  chloroforme  ;  les  veines  de  la  pie^mère  con- 
tenaient la  quantité  de  sang  ordinaire,  et  ne  renfermaient  pas  de  bulles  de  gax;  le 
cerveau  était  normal,  les  sinus  étaient  peu  remplis,  le  sang  avait  la  cenaistaaei 
du  sirop,  d'une  couleur  rouge  cerise  foncé  ;  sous  le  microscope,  il  ne  préaeaU 
aucune  altération;  cette  coloration  du  sang  donna  une  teinte  d'un  bleu  violet  aux 
poumons  qui  étaient  parsemés  de  taches  rougeâtres,  ils  étaient  très  hypérémiques  ; 
on  remarqua  sur  la  muqueuse  de  la  trachée  des  restes  d'aliments  qui  avaient  péné- 
tré dans  le  canal  ;  le  cœur  élait  exsangue  et  tout  à  fait  flasque  ;  le  foie  et  lea  leias 
avaient  une  coloration  rosâtre  que  leur  donnait  le  sang.  (Voyex  l'obs.  328.) 


APPENDICE. 


RESPONSABILITÉ  HËD[CALE. 

HOMICIDE  CAUSÉ  PJiR  UN  TRAITEMENT  MÉDICAL  NON  APPROPRIÉ. 

UcifLATioii«— Code  pénal  prussien,  §  184.^  Quiconinie  par  impnideiie«  ou 
i|iioraiie«(iippéritie)«ur«  comnis  involoDUireoient  un  homicide,  serapuoi  d'un 
enprisonneiDent  de  deux  mois  à  deux  ans.  —  Lorsque  le  coupable  était 
spécialement  chargé  par  les  attributions  de  son  emploi  de  veiller  à  éviter  cet  acci- 
dent, et  qu'il  a  négligé  ce  soin,  il  pourra  être  déclaré  incapable  d'exercer  soa 
eaploi  pour  un  temps  déterminé. 

/Mi.,  S 198.  —  Quiconque  par  imprudence  ou  Ignorance  aura  blessé  involoott im- 
ment  son  semblable  ou  aura  porté  un  dommage  à  sa  santé,  sera  puni  d'une 
amende  de  10  à  iOO  écus  ou  d'emprisonnement  jusqu'à  un  an.  Cette  peine  ne 
pourra  être  infligée  que  sur  la  demande  du  blessé,  excepté  lorsque  la  blessure 
est  grave  (J 193),  ou  lorsque  le  coupable  était  spécialement  chargé  par  les  attri- 
bation  de  son  élat  de  veiller  à  éviter  cet  accident,  et  qu'il  a  négligé  ce  soin* 

/M.,  §  199.  —  Quiconque  entreprend  la  guérison  d'une  maladie  moyenoant  hono- 
raires, ou  accouche  une  femme,  sans  être  muni  des  titres  que  la  loi  exige,  sera 
puni  d'une  amende  de  5  à  50  écus  ou  d'emprisonnement  jusqu'à  six  mois.  — 
La  punition  n'aura  pas  cours  dans  le  cas  où  celte  action  n'a  été  commise  que 
parée  que  l'homme  de  seienee  autorisé  ne  pouvait  arriver  estes  ? ite  pour  donner 
loa  secoari  nécessaires. 

Ibii.f  I  300.  —  Les  médecins  qui  refuseront  les  secours  de  leur  art  sans  raison 

suffisante  dans  un  cas  d'urgence  où  il  y  a  danger  pressant,  seront  punis  d'une 
amende  de  20  à  500  écus. 

Ibid't  S  340.  —  Seront  punis  d'une  amende  jusqu'à  50  écus  ou  d'emprisonnement 

jusqu'à  six  semaines  :  1"  celui  qui ;  2*  quiconque  dans  un  cas  d'accident 

ou  de  danger  n'obéira  pas  à  Tappel  d'un  agent  de  police  et  refusera  de  venir  au 
aoeoort  de  aea  aembLibles,  lorsque  ce  secours  pouvait  être  donné  sans  danger 
pour  sa  personne. 

W»i$  301.  «—Lorsque,  dai^s  un  accouchement,  la  mère  ou  l'enfant  se  trouve 
en  danger,  les  sages-femmes  doivent  (aire  appeler  un  docteur-médecin  ;  si  elles 
négligent  ce  soin  et  que  la  mère  ou  l'enfant  succombe,  elles  seront  punies  d'une 
amHide  jneqii^à  50  éeus  et  d'un  emprisonnement  juaqu^à  trois  mois. 


hhS  PARTIE  THANATOLOGIQUE.  —  AIWENDICE. 

$1.  —  OéBéraltUi. 

C*esty  sans  contredit,  une  des  questions  les  plus  délicates  que  le 
médecin  légiste  ait  à  résoudre,  que  celle  qui  se  présente  lorsqu'un 
homme  a  succombé  par  le  ftût  d'une  thérapeutique  non  appro- 
priée. 

Tantôt  c'est  un  médecin  qui,  par  négligence,  omission  ou  iropfritie, 
n*a  pas  eu  recours  à  un  moyen  de  traitement  qu'il  devait  connaître 
et  qui  aurait  sauvé  le  malade,  ou  qui  a  employé  avec  maladresse  et 
imprudence  un  procédé  dangereux  qui  a  coulé  la  vie  è  sqn  malade. 
Tantôt  c'est  un  officier  de  santé  ou  une  sage-femme  qui  a  dépassé 
les  limites  que  la  loi  a  assignées  dans  le  traitement  chirurgical  ou 
obstétrical. 

Tantôt,  enfin,  c'est  un  pur  laïque  qui  a  usurpé  la  place  du  méde- 
cin et  qui  s'est  permis  de  soigner  un  malade  en  le  laissant  succom- 
ber aux  dangers  que  son  ignorance  ne  pouvait  parer. 

Avant  de  commencer  l'étude  de  cette  question,  je  dois  bien  faire 
remarquer  qu'on  se  trouve  ici  souvent  en  face  des  plus  mauvaises 
passions  ;  que  souvent  la  vengeance  ou  l'avidité  ou  bien  seulement  la 
bêtise  est  le  mobile  qui  fait  accuser  à  tort,  et  qu'il  faut  se  tenir 
sur  ses  gardes  afin  de  ne  pas  laisser  obscurcir  la  vérité  par  l'effet 
de  ces  moyens  infâmes.  Je  ne  parle  évidemment  pas  ici  des  crimes 
commis  par  des  médecins  en  dehors  de  l'exercice  de  leur  profession  ; 
Caslaing,  le  médecin  français,  et  Palroer,  le  médecin  anglais,  qui, 
tous  les  deux,  ont  tué  chacun  leur  ami  Ballet  et  Cook^  étaient  des^ 
assassins  et  méritaient  la  peine  qu'on  leur  a  infligée. 

Des  deux  causes  d'impéritie  médicale,  l'ignorance  et  l'imprudence, 
certains  jurisconsultes  célèbres  ont  voulu  exclure  Tignorance  en  ne 
laissant  sous  le  coup  de  la  loi  que  les  accidents  provenant  de  la  né- 
gligence. C'est  une  controverse  qui  sort  de  notre  domaine  et  que  nous 
abandonnons  aux  hommes  spéciaux. 

Quant  à  c  l'imprudence  »  (le  mot  étant  pris  dans  son  sens  le  plus 
étendu),  le  médecin  peut  s'en  rendre  coupable  par  commission  ou  par 
omission,  c'est-à-dire  en  procédant  mal  ou  en  ne  procédant  pas  du 


BSSPONSABIUTÉ    MÉDICALE.  ^U9 

loai  :  de  I&  la  division  qui  a  été  faile  d'impérilie  active  et  passive* 
Nous  ne  sommes  pas  de  l'avis  de  ceux  qui  disent  que  le  crime  par 
omission  est  le  plus  facile  à  juger.  En  effet,  nous  avons  certaines 
théories  médicales,  telles  que  rhonueopatbie,  l'hydrothérapie,  qui 
excluent  tout  traitement  médical  ordinaire  ;  les  médecins  qui  agissent 
d'après  ces  théories  et  négligent  des  modes  de  traitement  élémen- 
taires, indispensables,  dont  la  privation  entraîne  la  mort,  ne  peu- 
vent être  poursuivis  par  la  loi,  car  ces  systèmes  ont  acquis  la 
protection  de  l'Etat.  Il  y  a  aussi  certaines  écoles  dont  les  apôtres  un 
peu  trop  absorbés  par  les  beautés  scientifiques  et  philosophiques  de 
la  médecine,  négligent  l'art  de  guérir  ;  se  fiant  un  peu  trop  sur  l'action 
médicalrice  de  la  nature,  ils  restent  dans  les  lenteurs  de  la  médecine 
txpectante,  défendant  de  troubler  les  forces  de  la  nature  par  l'admi- 
nistration des  médicaments.  Il  n'existe  donc  malheureusement  pas  et 
il  ne  peut  exister  de  code  médical  assez  infaillible  pour  être  obliga* 
toire  ;  aussi  cette  question  est-elle  des  plus  difficiles. 

$  2.  —  Aespoofabilité  médicale. 

Le  médecin  a  dans  l'État  une  position  tout  exceptionnelle,  il  a  tous 
les  ennuis,  toutes  les  responsabilités  d'un  fonctionnaire  public,  sans 
en  avoir  aucun  des  privilèges. 

Comme  à  un  fonctionnaire  public,  on  exige  de  lui  des  éludes  spé- 
ciales, des  examens,  un  titre  légal  ;  on  lui  impose  une  taxe  légale 
pour  ses  honoraires,  et  l'obligation  de  se  rendre  tout  de  suite  au  lit  d'un 
malade  «  en  cas  d'urgence  ».  .Sous  tous  ces  points  de  vue,  la  pro- 
fession médicale  perd  son  caracière  libéral.  D'un  autre  côté,  il  n'a 
pas  comme  le  fonctionnaire  public  un  traitement  fixe  qui  assure  son 
existence,  il  n'a  droit  à  aucune  retraite  pour  ses  vieux  jours,  et  sous 
ces  divers  rapports  il  redevient  un  homme  privé  qui  n'a  qu'à  vivre 
comme  il  voudra  ou  comme  il  pourra. 

La  position  vis-à-vis  du  Code  est  également  toute  particulière  et 
ne  ressemble  en  rien  à  celle  de  ceux  qui  exercent  d'autres  profes- 
sions. 

11  se  trouve  évidemment  sous  le  coup  du  §  ISA  cité  plus  haut,  car 
n.  » 


A50  PARTIE  TUÂlIATOLOftlQUE.  -^  APftSNDICE. 

H  peut,  c  par  impriidence,  être  cause  de  la  mort  d'an  homme  i, 
tandis  que  c  paf  sa  profession  il  était  spécialement  de  son  deioirie 
l'étiter  et  qu'il  l'a  négligé  par  impéritie  »•  La  même  cIkm  peatu 
pfésenler  ponr  l'architecte,  le  naçon  ou  le  charpentier  qui  im 
l'etercice  de  leur  profession  ddirent  éviter  tout  accident,  et  aeni  m- 
pensables  de  ceux  qui  arrivent  par  suite  de  leur  imprudence.  Maia 
€  les  architectes,  les  maçons,  les  charpentiers  >  sont  cités  apéciile- 
ment  dans  le  §  202,  tandis  que  les  médecins  ne  le  sont  pas,  ce  qui 
les  met  sous  le  coup  de  toutes  les  lois  citées  plus  haut  et  les  rangs 
parmi  les  cochers,  les  maîtres  nageurs,  les  employés  de  chemins  de 
fer,  etc.  Laissons  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  pénible  ponr  noire  amour' 
propre  dans  cette  assimilation  et  examinons  certains  détails  de  la 
législation  qui  portent  une  atteinte  bien  autrement  sérieuse  ft  notre 
ptoitession. 

Remarquons  d'abord  que,  depuis  qu'on  a  aboli  les  degrés  de  létha^ 
iité  qui  n'avaient,  dû  reste,  leur  raison  d'être  que  dans  cette  circon<> 
stance,  on  ne  tient  aucun  compte  des  dispositions  individuelles  de  celui 
qui  a  succombé,  on  ne  prend  pas  en  considération  qu'une  opération, 
par  exemple,  qui  a  amené  la  mort  a  sauvé  bien  d'autres  malades  qui  se 
trouvaient  dans  les  mêmes  conditions,  puisque  le  §  185  du  Code  dit  : 
c  Pour  constater  Thomicide,  on  ne  devra  pas  considérer  si  le  résultat 

>  mortel  de  la  blessure  aurait  pu  être  évité  par  un  secours  prompt 

>  et  approprié,  ou  si  une  blessure  analogue  a  été  guérie  dans  d'au- 
»  très  cas  par  les  secours  de  Tart,  ou  si  la  blessure  n'a  été  mortelle 

>  que  par  l'influence  des  conditions  individuelles  présentées  par  la 

>  victime,  ou  des  conditions  accidentelles  dans  lesquelles  la  blessure 
»  a  été  faite.  » 

Je  puis  citer  moi-même  un  cas  dans  lequel  un  médecin  fit  une 
opération  qui  causa  la  mort  de  son  malade,  ce  dernier  étant  i  la  der- 
nière période  d'une  affection  mortelle.  Mon  avis  fut  que  Topéralion 
n'avait  fait  qu'accélérer  la  mort  qui,  à  coup  sûr,  aurait  eu  lieu-  sans 
elle  quelque  temps  après.  Le  ministère  public  combattit  cette  opinion, 
le  Code  à  la  mnin,  en  s'appuyant  sur  le  §  185  que  je  viens  de  citer, 
et  prétendit  qu'on   devait   simplement   poser  la    question  en  ces 


RtSPONSABtLlTé  MÉDlCALfi.  A51 

tonnai  :  L'opération  a-t-eile  oui  ou  non  causé  la  mort  du  malade? 

Nous  atona  du  reste  déjà  étudié,  dans  le  premier  toiume,  page  189, 
la  ijoestion  de  savoir  si  les  dispositions  du  nouyeau  Code»  relatites  aux 
lésions  détenues  mortelles,  s'appliquent  à  celles  qui  n'entraînent  pas 
la  mort. 

La  législation  moderne  a  encore  empiré  sous  un  autre  point  de 
foe  la  position  du  médecin.  Autrefois,  d'après  le  droit  romain,  u:i 
malade  ou  la  famille  d'un  malade  qui  croyait  avoir  à  se  plaindre  d'un 
dimmage  causé  par  l'impéritie  d'un  médecin,  f  ouvait  porter  plainte 
contre  lui  et  demander  des  dommages  et  intérêts;  mais  le  §  198  dit 
que  le  dédommagement  ne  sera  accordé  que  c  par  suite  de  la  de*' 
>  mande  expresse  du  lésé,  excepté  dans  les  cas  où  la  blessure  est 
i  grave  >,  par  conséquent  à  plus  forte  raison  quand  la  blesaure  a 
«tratné  la  mort.  Le  mot  c  excepté  »,  opposé  à  la  demande  peraon-^ 
aelie  du  lésé,  signifie  que  dans  la  seconde  éventualité  le  ministère 
publie  doit  lui-même  provoquer  la  poursuite  devant  les  tribunaux. 

Aioai  un  médecin  auquel  un  pareil  malheur  est  arrivé,  mais  qui  a 
au  mériter  la  sympathie  et  la  reconnaissance,  pour  des  services  anté* 
rieurs,  du  lésé  ou  de  sa  hmille,  et  auquel  ces  derniers,  très  souvent 
aptes  à  juger  c  l'imprudence  »,  ne  veulent  intenter  aucune  action 
devant  lea  tribunaux,  un  tel  médecin  verra  le  ministère  public  s'atta* 
cher  à  aes  talons,  et  devra  venir  devant  les  tribunaux  répondre  d'un 
iemmage  dont  personne  ne  lui  demande  réparation  ! 

Ettfin^  il  y  a  encore  dans  la  loi  une  autre  disposition  tout  excep^ 
tionnelle  contre  les  médecins,  qui  peut  rendre  à  ces  derniers  l'exer^* 
dce  de  leur  profession  très  pénible  et  qui  est  aussi  sévère  qu'intem- 
pestive, je  veux  parler  de  ce  passage  du  §  200  :  c  Lea  médecina  qui 
riAiaent  sbm  ruUon  euffisante  les  secours  de  leur  art  dane  un  ca$ 
d'il ff mcf )  seront  passibles  d'une  amende  de  100  à  1000  francs»  » 

Eipoa(ms  d'abord  ce  qu'il  y  a  d'exceptionnel  dans  cette  disposi- 
tkukt  D'abord  le  salut  de  l'âme  n'est*  il  pas  plus  précieux  que  celui 
éi  corps  f  Cependant  la  loi  ne  punit  paa  le  prêtre  qui  refuse  seutê 
raison  êuffUante  de  répondre  à  l'appel  d'un  mourant  ;  et  le  prêtre 
i'«ieree  paa  une  profeaaion  libérale  ;  comme  prêtre  il  eat  payé  par 


A52  PARTIE  THANATOLOOIQUE.  —  APPENDICE. 

l'Etat,  son  devoir  est  d'offrir  à  tout  le  inonde  son  ministère  quind 
on  en  a  besoin*  D*un  antre  c6té,  la  répartition  de  la  fortune  «ton 
acte  sacré  pour  un  mourant,  l'importance  d'un  pareil  acte  ne  peut  èire 
niée  par  personne  ;  et  cependant  la  loi  ne  punit  pas  le  notaire  qui 
refuse  sans  raison  suffisante  de  répondre  à  l'appel  qui  lui  est  fait 
de  venir  faire  un  testament.  C'est  tout  au  plus  si  le  préire  et  le  no- 
taire sont  passibles  de  peines  disciplinaires,  le  Code  ne  leur  demande 
aucun  compte. 

Le  médecin,  au  contraire,  courbé  sous  le  joug  du  Code  est,  au  ser- 
vice du  premier  venu  qui  se  croira  en  danger.  La  nuit  comme  le 
jour,  il  devra  traverser  plusieurs  lieues  de  neige,  pour  répondre  aa 
premier  appel,  sous  peine  d'être  condamné  à  payer  une  amende  qui 
dépasse  peut-être  ses  honoraires  de  toute  l'année.  Qui  ne  connaît  les 
caprices  des  gens  de  la  classe  riche,  les  igaorances  de  ceux  de  la  basse 
classe?  Quel  médecin  n'a  été  souvent  dérangé  la  nuit  sous  prétexte 
de  c  danger  pressant  »  par  un  malade  inconnu,  parce  que  le  médecia 
ordinaire  demeurait  trop  loin,  et  en  arrivant  a  trouvé  un  enfant  que 
la  mère  croyait  atteint  du  croup  parce  qu'il  avait  toussé  deux  on  trois 
fois?  Que  d'histoires  comiques  ne  pourrait-on  pas  raconter  à  ce 
sujet,  s'il  ne  s'agissait  pas  d'une  chose  aussi  sérieuse?  Si  Ton  prend 
cet  article  du  Code  au  pied  de  la  lettre,  toutes  lesfois  qu'un  médecin 
aura  un  nom  quelque  peu  célèbre,  on  aura  tout  de  suite  recours  à 
lui,  et  il  faudra  qu'il  soit  à  la  disposition  de  tout  le  monde ,  car  on 
ira  toujours  le  chercher  pour  a  un  danger  pressant».  Je  le  demande, 
sont-ce  là  les  attributs  d'une  profession  libérale  ? 

Dans  tous  les  cas  qui  sont  amenés  devant  la  justice,  le  médecin 
légiste  est  appelé,  car  si  le  tribunal  se  charge  lui-même  d'apprécier 
c  la  raison  suffisante»,  c'est  l'expert  qui  a  à  constater  le  c  cas  d'ur» 
gence  ».  Il  est  évident  d'abord  que  l'on  ne  doit  pas  s'en  rapporter  ao 
récit  du  malade  ni  de  ses  parents,  le  jugement  ne  peut  être  basé  que 
sur  ce  que  l'état  actuel  du  sujet  rend  probable  pour  le  moment  en 
question;  il  est  évident  que  jamais  le  médecin  nejdevra  être  pour- 
suivi quand  le  malade  pour  lequel  on  l'appelait  était  déjà  morl. 

Voici  une  observation  curieuse  qui  donne  un  exemple  des  corn- 


RESPONSABILITÉ   MÉDICALE.  i58 

binaisons   singulières   qui   peuvent   se    présenter  eu  pareil   cas. 

Uq  médecin  du  bureau  de  bienfaisance  de  Berlin,  ayant  la  repu- 
tatioo  d*un  honnête  homme  et  d'un  médecin  distingué,  fut  accusé 
d'avoir  refusé  le  secours  de  son  art  dans  un  u  cas  d'urgence  > ,  en 
alléguant  un  rhumatisme  du  bras  droit.  Voici  ce  dont  il  s'agissait  : 
Un  ouvrier  s'était  pendu  le  21  juillet  18...,  à  six  heures  du  matin,  et 
Ait  détaché  un  certain  temps  après;  à  sept  heures,  un  agent  de  police 
se  présenta  chez  le  médecin  et  le  pria  de  venir  aussi  vite  que  pos- 
sible, carie  suicidé  n'était  c  pas  roide  et  était  encore  chaud».  Le 
docteur  X...  refusa;  d'abord  il  prétendit  n'être  pas  forcé  dans  un 
pareil  cas  d'y  aller,  parce  que  c'était  son  heure  de  consultation,  et 
parce  qu'il  était  atteint  d'un  rhumatisme.  Un  officier  de  santé  qui 
avait  été  appelé  en  même  temps  arriva  sur  les  lieux,  frictionna  le 
pendu,  le  saigna,  sans  pouvoir  le  ramener  à  la  vie,  comme  il  l'avait 
du  reste  prévu.  Traduit  devant  les  tribunaux,  le  docteur  X...  fit  les 
DAmes  réponses  qu'à  l'agent  de  police. 

Je  fus  appelé  comme  expert  et  je  déclarai  :  c  La  pendaison  amène 
la  mort  très  rapidement,  et  le  docteur  X...  avait  raison  d'admettre 
que,  vu  le  temps  écoulé,  le  pendu  devait  être  mort  ;  il  était  d'autant 
plus  en  droit  de  rester  chez  lui  que  d'autres  devoirs  l'appelaient  auprès 
de  malades  vivants  et  que  son  bras  était  réellement  malade,  comme 
Ta  constaté  son  médecin  ;  cette  maladie  l'aurait  empêché,  sans  con* 
tredit,  de  frictionner  le  pendu  et  de  faire  ainsi  les  tentatives  néces- 
saires pour  le  rappeler  à  la  vie.  Ce  que  l'agent  de  police  lui  a  dit  du 
isjet  c  pas  encore  roide  et  chaud  >,  ne  peut  aggraver  son  refus,  car 
tout  le  monde  sait  que  la  rigidité  cadavérique  n'envahit  le  malade 
qa'tsseï  longtemps  après  la  mort  et  qu'il  conserve  encore  sa  chaleur 
pendant  plusieurs  heures.  » 

Le  tribunal  le  considéra  comme  n'ayant  pas  violé  l'article  200, 
auds  on  lui  appliqua  l'article  8iO  (voy.  plus  haut),  parce  que  l'on 
admit  que  son  rhumatisme  n'était  pas  assez  violent  pour  être  aggravé 
fir  une  sortie  dans  une  matinée  d'été  et  que  le  médecin  aurait  pu 
venir  c  sans  danger  pour  sa  personne  » .  Il  fut  condamné  à  une 
amende  de  80  francs  ou  à  dix  jours  de  prison. 


Abft  PARTIS  TUillATOUiaiOUI.  -^  APPENDICE. 


qo'ît  adopte  7 

Pour  répondre  à  cette  question,  il  s'agirait  de  savoir  qu'elle  Mt 
la  règle  de  thérapeutique  reconnue  la  meilleure  pour  chaque  m 
pathologique.  Or,  il  n'en  existe  pas.  Chaque  maladie  présente  das 
particularités  qui  exigent  des  traitements  spéciaux  ;  aussi  est^ee  très 
difficile  de  reconnaître  l'impéritie  médicale.  Néanmoins,  quand  le 
tribunal  demande  l'avis  du  médecin  légiste  dans  cette  question,  il  ne 
s'adresse  pas  exclusivement  à  son  opinion  exceptionnelle,  il  entend 
que  le  rapport  soit  basé  sur  certains  principes  scientifiques  généraux. 
Ce  sont  ces  principes  que  nous  allons  essayer  d'exposer,  quelque 
vagues  et  peu  nombreux  qu'ils  soient. 

Il  est  d'abord  nécessaire  de  poser  certaines  limites  à  Tesprit  d'en* 
treprise  et  à  la  tendance  soi-disant  progressive  de  certains  médecins, 
lorsqu'il  s'agit,  par  exemple,  d'essayer  des  poisons  ou  d'explorer 
avec  le  bistouri.  Nous  sommes  disposé  à  respecter  Tassuranee  que 
peuvent  donner  à  un  praticien  une  longue  expérience,  une  habileté 
d^opérateur  d'ancienne  date  et  une  conscience  sans  reproche,  mais 
quand  ces  précieuses  qualités  n'ont  pour  juge  que  celui  qui  les 
possède,  il  y  a  lieu  de  se  méfier.  Nous  savons,  en  effet,  comment  la 
vanité  est  sujette  à  jeter  des  illusions  sur  la  réalité  en  pareille  ma- 
tière, nous  savons  également  à  quelles  extrémités  peut  pousser  le 
désir  ardent  de  se  faire  remarquer,  de  briller  et  d'acquérir  une  posi* 
tion  hors  ligne  ;  nous  devons  donc  faire  en  sorte  que  la  hardiesse  da 
traitement  ne  porte  pas  préjudice  au  salut  public. 

Un  médecin  qui  ordonnerait  à  un  enfant  d'un  an  un  demi*graia 
d'opium  à  prendre  toutes  le$  deux  heures,  qui,  en  pratiquant  une 
thoracentèse,  pénétrerait  dans  la  cavité  abdominale  ou  qui  ferait  une 
opération  césarienne  sans  que  ce  fût  nécessaire,  serait  facile  i 
juger;  mais  les  cas  ne  sont  pas  souvent  aussi  simples,  il  en  est  dans 
lesquels  le  défenseur  s'appuie  sur  la  difficulté  du  diagnostic,  sur 
l'imprudence  du  malade,  sur  l'inexactitude  du  pharmacien ,  sur  les 
principes  divers  des  écoles  médicales  ;  il  cite  des  auteurs  qui   font 


t 

RESPONSABILITÉ  MÉDICALE. —mVI$BSE9  THÉORlBg  MÉDICALES,     hbb 

lutorité,  présente  des  observalions  dans  lesquelles  la  niéme  niaaière 
l'agir  dans  les  mêmes  circonstances  a  été  couronnée  de  succès  ; 
ilors  les  difficultés  deviennent  très  grandes  pour  le  médecin  lé« 
pste.  Cela  nous  conduit  à  examiner  Texcuse  la  plus  difficile  i  réfu* 
ar  :  la  différence  des  théories  médicales. 

Jusqu'à  quel  point  un  expert  peut-il  rejeter  une  accueation 
Vimpéritie  lorsqu'elle  résulte  d'une  théorie  médicale  particulière  P 
[1  est  certain  que  toutes  les  sciences  ont  besoin  chacune  de  plusieurs 
liéories  différentes ,  la  médecine  aussi  bien  que  les  autres.  Tant 
ja'une  théorie  médicale  reste  dans  les  limites  d'une  interprétation 
wientifique  des  phénomènes  de  la  nature,  elle  doit  vivre  dans  Tin- 
érét  même  de  la  science.  Hais  n'oublions  pas  que  la  médecine  est 
iQQ-sealement  une  science,  mais  encore  un  art,  que  tout  médecin 
wl  artiste^  et  qu'il  y  a  certaines  limites  dans  cet  art  que  les  hsr«> 
lîeises  de  la  science  ne  peuvent  pas  faire  dépasser;  la  loi,  gardienne 
lu  iilut  public,  a  parfaitement  raison  de  les  rappeler  aux  médecins, 
jorsqu'une  théorie  contient  des  principes  qui  tendent  à  faire  dé* 
«ner  ces  limites,  qui  doivent  être  infranchissables,  puisqu'au  delà  il 
•  danger  pour  le  salut  public  et  violation  des  règles  de  l'art,  alors 
'homme  de  science  ne  doit  pas  hésiter  i  rentrer  dans  la  voie  scienti* 
ique  ordinaire.  Par  exemple,  l'homœopathe  ou  Thydropathe  ne  peut 
«s  prétendre  que  dans  toutes  les  circonstances  les  dilutions  homcso- 
«Ihiques  et  les  applications  d'eau  froide  peuvent  guérir  ;  dans  un 
18  d'hémorrhagie  artérielle  abondante  l'homoeopathe  qui  laisserait 
noorir  peu  à  peu  un  malade  à  cause  de  Timpuissance  de  ses  re* 
nèdes  serait  coupable  ;  il  doit  dans  ces  cas  ou  renoncer  à  sa  théorie 
4  pratiquer  allopathiquement  une  ligature  ou  un  tamponnement,  ou 
lieQ  il  doit  confier  son  malade  à  un  autre  médecin  s'il  ne  veut  pas  se 
léshonorer  par  une  pratique  contraire  aux  principes  qui  lui  sont 
diers. 

En  me  basant  sur  ces  principes,  je  n'ai  pas  hésité  à  déclarer  une 
iopéritie  notoire  de  la  part  du  médecin  hydropathe  dans  le  cas  sui- 
rspt  :  Au  mois  d'avril  18..,  la  femme  E...  se  décida  à  se  faire  traiter 
par  l'homœopathie  pour  des  maux  de  tète  violents  dont  elle  p'nfiî^ 


A66  PARTIE  THANATOLOOIQUE .  — ARPENDICE. 

pn  se  débarrasser  depais  longtemps.  Le  traitement  resta  sans  saccès. 
Le  2  septembre  de  la  même  année  elle  fut  saisie ,  diaprés  ce  que 
dit  l'accusé,  le  docteur  N...,  d'une  c fièvre  nerveuse  >  qu'il  traita 
avec  des  fomentations  froides,  et  quinze  jours  après  il  la  dédara 
guérie.  Cependant  les  pieds  de  la  malade  étaient  restés  gonflés  ;  pour 
faire  disparaître  ce  gonflement,  le  docteur  N...  la  fit  asseoir  sur  une 
chaise,  les  jambes  étendues  horizontalement,  et  il  ordonna  de  lui 
verser  de  l'eau  froide  continuellement  jour  et  nuit  sur  les  pieds.  La 
malade  se  plaignit  de  ne  pouvoir  dormir  un  seul  instant  et  déclara 
que  les  douleurs  devenaient  très  violentes  ;  bientôt  même,  comme 
le  dit  la  famille ,  elles  lui  arrachèrent  des  cris  qui  s'entendaient  de 
la  rue  ;  les  forces  diminuaient  à  vue  d'oeil  par  suite  de  cette  souf- 
france  continuelle  et  de  cette  insomnie  prolongée.   Néanmoins, 
même  après  six  à  huit  jours,  le  médecin  ne  voulut  pas  arrêter  ce 
traitement  atroce,  et  l'on  continua,  malgré  les  instances  de  la  famille, 
les  douches  d'eau  froide  :  les  parents  de  la  malade  furent  chargés 
de  jeter  eux-mêmes  l'eau  fraîche,  se  relayant  les  uns  après  les 
autres,  afin  qu'il   n'y  eût  aucune  interruption.   Le  mari  de  la 
femme  aperçut  un  jour  au  petit  doigt  du  pied  droit  de  la  mbiade  une 
tache  noire,  il  attira  là-dessus  l'attention  du  médecin  qui  répondit: 
c  Ce  n'est  rien.  »  La  tache  noire  s'étendit  de  plus  en  plus  et  gagna 
tous  les  doigts  du  pied,  le  père  s'adressa  de  nouveau  au  docteur  N... 
'    et  lui  renouvela  ses  craintes,  celui-ci  répondit  que  c'était  c  une  in- 
flammation, qu'il  fallait  continuer  l'application  de  l'eau  froide,  qu'il 
ne  savait  pas  quel  autre  remède  ordonner».  L'état  s'aggrava,  on 
consulta  le  docteur  D...  Ce  dernier  déclara  que  les  pieds  étaient 
gangrenés  et  que  la  vie  de  la  malade  était  en  danger.  On  abandonna 
tout  de  suite  l'hydrothérapie  et  on  commença  des  soins  rationnels  ;  an 
bout  de  vingt-quatre  heures  une  ligne  de  démarcation  se  forma,  et 
après  quelques  semaines  tous  les  doigts  du  pied  droit  se  détachèrent 
spontanément. 

J'examinai  le  pied  de  cette  femme  neuf  mois  après  l'accident, 
l'articulation  du  pied  était  encore  immobile  par  suite  du  long  dé* 
cubitus,  la  sensibilité  avait  été  très  diminuée  par  l'abus  de  Peau. 


RESPONSABILITÉ  KÉDICALE.  — DIVERSES  THÉORIES  MÉDICALES.      iÔ7 

Les  doigts  do  pied  droit  manquaient,  les  plaies  produites  par  la  gan- 
grène étaient  cicatrisées;  on  voyait  au  pied  gauche  les  premières 
phalanges  des  doigts  gangrenées,  il  était  facile  de  prévoir  la  chute 
prochaine  de  ces  phalanges,  c*est  ce  qui  arriva.  Il  était  évident  que 
la  Teinroe  E...  était  estropiée  pour  toute  sa  vie.  Je  déclarai  qu'il  y 
avait  dans  cette  circonstance  inipéritie  grossière  ;  le  défenseur  de- 
manda une  seconde  expertise  du  collège  médical  (1),  celui-ci  admit 
que  la  maladie  originaire  ayant  été  une  lièvre  nerveuse  (  typhus  ), 
il  était  possible  que  la  gangrène  des  pieds  eût  été  la  suite  de  la 
flèvre  et  non  du  traitement  hydrothérapique(!).  L'accusé  fut  acquitté. 

Voici  Faxiome  que  nous  proposons  comme  règle  du  médecin  lé- 
giste qui  a  à  expertiser  un  cas  d'impéritie  médicale  lorsque  l'accusé 
allègue  une  théorie  scientifique  particulière.  Le  préjudice  porté  à 
la  santé^  ou  l'homicide  résultant  d'un  traitement  médical^  c&t- 
rurgical  ou  obstétrical^  est  imputable  au  médecin  lorsque  ce  trai" 
tement  diffère  complètement  de  celui  qui  est  prescrit  dans  la 
médecine  ordinaire ,  dans  les  auteurs  contemporains  reconnus 
comme  les  maîtres  de  la  science^  et  de  ce  qui  est  reconnu  efficace 
par  T expérience  journalière  des  contemporains. 

On  pourrait  faire  à  cette  règle  une  objection  qui  aurait  une  cer- 
taine apparence  de  justesse  ;  on  pourrait  dire  qu'elle  est  un  obstacle 
aux  progrès  de  la  science,  si  nous  prescrivons  à  nos  fils  de  ne  faire 
que  ce  que  nous  avons  fait,  nous  entravons  le  progrès,  nous  cou- 
pons les  ailes  du  génie.  Jenner  ne  se  rendit-il  pas  coupable  d'une 
imprudence  lorsqu'il  essaya  la  vaccine,  contrairement  à  tout  ce  que 
pensaient  et  écrivaient  les  auteurs  les  plus  renommés  de  son  temps  ? 
Raisonner  ainsi  serait  s'attacher  aux  mots  et  mal  interpréter  ce  que 
nous  voulons  dire,  nous  voulons  parler  des  essais  téméraires  qui 
peuvent  mettre  en  danger  la  santé  ou  la  vie  d'un  homme ,  nous 
maintenons  que  ces  essais  ne  doivent  jamais  être  tentés;  mais  quand 
une  expérience  doit  rester  inoffensive,  je  suis  loin  de  la  déconseiller  : 
la  médecine  est  une  science  où  l'empirisme  tient  trop  de  place  pour 

(I)  Seconde  instance  de  médecine  légale  en  Prusse, 


468  FAiiTif;  TttiNATOdo^gys.  -*  ÀPN;«9i(»t 

que  Ton  ne  doivo  pas  charcbar  contiaueUemeat,  d'uprès  l'obiemikii 

des  phénomènes  de  la  nature,  la  découverte  des  secrets  encore  li 

«ombreux  de  )a  thérapeutique.  Lorsque  rbomme  de  science  s'ei- 

toure  dans  cette  recherche  de  toutes  les  précautions  Qécessairei  ; 

lorsqu'il  se  persuade  bien  qu'il  n*agit  pas  in  anima  vili  ;  lorsqu'il  oi 

tente  que  ce  dont  il  a  le  droit  d'espérer  la  réussite ,  sans  que  dsai 

tous  les  cas  il  y  ait  danger,  il  peut  être  sûr  qu'en  cas  d'insuccès  il 

ne  sera  soumis  à  aucune  accusation,  el  qu'en  cas  de  suecès,  s'il  d'i 

pas  la  reconnaissance  du  malade,  il  ne  doit  jamais  s'y  attendre,  car 

elle  ne  lui  vient  que  très  exceptionnellement,  il  éprouvera  au  moioi 

la  généreuse  satisfaction  d'avoir  rendu  un  service  à  rbumamté  ;  ear 

se  découverte,  bientôt  divulguée  par  lui  avec  un  juste  orgueil,  ne 

tardera  pas  i  être  adoptée  et  mise  en  usage  par  tous  les  hommes  de 

sdence  de  la  terre.  C'est  parmi  ces  découvertes  des  temps  modernei 

qu'il  faut  classer  la  vaccine,  le  traitement  de  la  syphilis  sans  mer-' 

cure,  les  eOets  de  la  quinine,  la  ténotomie,  la  chloroformisa- 

tion,  etc, 

Il  ne  s'agit  que  de  savoir  si  l'accusé  a  exposé  son  malade  à  un 
danger  en  agissant  contrairement  aux  principes  émis  par  les  maîtres  de 
la  science  et  sanctionnés  par  l'expérience  des  contemporains ,  c'est 
ce  que  l'expert  devra  méditer  dans  sa  conscience.  En  général  le 
tribunal  lui  demande  :  X. , .  s'est-il  rendu  coupable  d'homicide  par 
imprudence,  négligence,  ou  impéritie?  Chercher  à  interpréter  selon 
l'intention  du  législateur  les  expressions  «  imprudence,  négligence, 
impéritie  » ,  serait  de  la  part  de  l'expert  une  fiiute  dont  il  doit  se 
garder  ;  il  doit  plutôt  se  poser  à  lui-même  des  questions  purement 
médicales,  et  terminer  en  disant  ;  «  D'après  ce  qui  précède,  il  y  a  eu 
ou  il  n'y  a  pas  eu  impéritie  >.  Je  vais  citer  ces  questions  médicales 
qui  me  paraissent  très  utiles  : 

V  Y  a-t-il  ordinairement  en  pathologie  une  corrélation  entre  le 
traitement  médical  qui  a  été  appliqué  et  l'accident  qui  en  a  été  la 
suite?  Par  exemple,  certaines  ii^eclions  dans  Turèthre  d'un  bien- 
norrhagique  peuvent-elles  amener  une  Qstule  urinaire? 

2*"  Si  cette  corrélation  existe  en  général,  peut-on    admettre 


fi'aUt  a  ta  Uau  dans  l'affaiira  6o  question,  ou  doiUon  attribaar 
l'accident  i  une  autre  cause  9 

S*  Le  traitement  médical  adopté  a-t-ii  eu  dans  des  cas  analof^ues 
■M  iasue  défavorable?  Ici  Texpert  a  besoin  de  toute  son  impartialité 
et  doit  Aiire  abstraction  de  ses  opinions  individuelles.  Si,  psr  eiem- 
plOi  il  a  rbabitude  de  saigner  souvent  dans  la  pneumonie,  il  doit 
savoir  que  des  praticiens  éwinents  regardent  la  saignée  comme 
inutile  et  même  comme  dangereuse  dans  cette  maladie.  Si  pendant 
les  accouchements  il  soutient  ordinairement  le  périnée,  il  doit  re- 
connattre  que  cette  pratique  n'empêche  pas  toujours  la  déchirure  de 
eelte  région. 

A*"  Abstraction  faite  dé  la  pratique  médicale  ordinaire,  le  mé- 
decin qui  a  eu  recours  à  une  théorie  médicale  particulière  a-t-il 
agi  d'après  les  principes  de  cette  théorie  ? 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'exercice  illégal  de  la  médecine,  cela  ne 
r^rde  pas  le  médecin  légiste,  il  n'y  a  presque  jamais  à  ce  sujet  de 
cas  embarrassants  nécessitant  l'expertise  d'un  homme  de  l'arti  on 
ne  consulte  celui-ci  que  lorsqu'il  y  a  un  dommage  porté  à  la  santé, 
c'est  alors  un  cas  ordinaire.  Cet  exercice  illégal  de  la  médecine  est 
une  plaie  des  plus  dangereuses  de  la  société,  espérons  que  les  efforts 
incessants  des  gouvernements  finiront  par  y  mettre  un  terme. 

0b8.  336.  —  EmpoisonnemmU  attrUmé  à  wm  impériU9  médicale^ 

Uo  garçon  Igé  d'ua  an  et  demi  mourut,  disait-on,  du  croup,  lorsque  le  père 
•eçaaa  le  médecin  d'avoir  empoisonné  son  enfant.  Un  autre  médecin,  qui  avait  vu 
rcnCuil  peu  de  temps  avant  sa  mort,  l'avait  déclaré  devant  la  famille. 

L'antopaie  fut  faite,  elle  nous  révéla  l'existence  d'une  broncl^o-pneumonia  ;  la 
Irachéei  ainsi  que  toutes  les  branehes  des  bronches,  était  remplie  de  pus  ver- 
aUre  ;  la  muqueuse  de  la  trachée  et  du  larynx,  quoique  pâle,  était  injectée  \  les 
lo^a  inférieurs  des  deux  poumons  étaient  hépatisés,  hypérémiques,  durs,  et  ce- 
pendant nageaient  dans  l'eau  ;  le  cerveau  était  un  peu  hypérémique.  L'œsophage, 
l'eitoaiac  et  le  duodénum  furent  mis  de  côté  pour  être  soumis  à  l'analyse  chimique, 
ili  ne  présentaient  aucune  altération  anatomique. 

La  médecin  traitant  avait  diagnostiqué  une  affection  croupale;  le  1*'  et  le  2  dé- 
etpibre  il  avait  administré  toutes  les  dix  minutes  un  grain  et  demi  de  sulftite  de 
sine,  en  outre  le  2  décembre  il  avait  lait  ajouter  neuf  grains  de  suUitt  de  diifTSt 


A6S  PiRttt  tnAtCATOLOâtOlTt.  —  AMfiimiCB. 

iateroflCopl(|ue  de  I^êBtomae  et  l'exameii  Ghiini<|iie  du  MDf  n'ont  montré  mewi  fM- 
nomène  anormal  ;  nous  concluons  que  : 

!•  La  jeune  fenune  a  été  soumise  à  rinhalatlon  d'une  substance  qui  est  mieep- 
tible  de  produire  la  mort. 

2*  Elle  est  morte  après  de  courtes  convulsions  et  presque  subitement,  coduk 
presque  toutes  les  personnes  qui  ont  succombé  I  l'administratloD  dû  eblorelMrM; 

3*  On  ne  peut  expliquer  la  mort  d'aucune  autre  manière  ; 

4**  Nous  admettons  donc  que  la  mort  est  due  au  chloroforme. 

Quant  à  la  question  d*fmpérilie,  notti  avons  d'abord  IkH  remarquer  que  te  ies- 
tiste  n'avait  pas  été  répréhensible  en  se  servant  du  Chloroibrme,  car  il  a  le  dfiilée 
l'administrer  pour  Taire  ses  opérations.  Il  ne  s^aglt  que  de  lavoir  sti  en  a  mal  Ml. 
Quant  au  mode  d'administration,  il  a  eu  recourt  I  celui  qui  est  le  plds  féftéfsk- 
mént  employé  ;  la  dose  est  à  examiner.  On  nous  a  présenté  une  Hole  qui»  qnafed  dte 
est  pleine,  peut  contenir  90  grammes,  elle  ne  contenait  plus  qtie  6  frMUMs; 
on  ne  peut  en  flen  conclure  de  certain,  car  rien  ne  prouve  qu'elle  flll  pletne  et 
que  tout  ce  qui  manqué  ait  été  employé.  Le  docteur  R...,  qui  flbt  appelé  aussHII 
après  l'accident,  déclara  qu'en  entrant  il  trouva  la  chambre  pleine  de  ywpêun  dé 
ehloroforme  à  un  tel  point  qu'il  eut  mal  I  la  tête,  et  fUt  obligé  de  fiilni  euvrir  la 
fenêtre.  Cette  déposition  semblerait  assez  importante,  mais  quand  en  y  rélléeliil«  ea 
voit  qu'elle  peut  cependant  s'accorder  avec  les  déclarations  de  l'iecttsé  qtd  dit  avoir 
flilt  respirer  dix  à  douze  gouttes,  puis  douie  I  quinte,  puis  quatre  i  einq.  Or,  ces 
doses  ne  sont  pas  exagérées,  il  arrive  très  souvent  dans  la  pratique  q^'aUes  sont 
mises  en  usage  et  même  dépassées  sans  qu'il  en  résulte  aucun  aoeidefil.  Nous  eo 
conclûmes  que  le  dentiste  W.. .  ne  s'était  pas  rendu  coupable  d'impéritto  médicale 
en  chlorolbrmisant  le  sujet  (t). 

Obs.  329.  —  Rupture  mortelle  de  la  matrice  pendant  Vaecouchement  Ta-t-U 

de  la  faute  de  la  gardê-malade  f 

Les  gardes-malades  è  Berlin  qui  s'occupent  des  soins  à  donner  aux  lieaaaMS  ea 
couches  et  aux  enfants  nouveau-nés  aiment  à  accoucher»  contrairemeoi  aux  pre»* 
criptions  de  la  loi.  Une  de  ces  gardes -malades  accoucha  au  mois  d'août  18**  une 
femme  de  trente-neuf  ans  qui  avait  déjà  eu  huit  enfants  et  qui  mourut  au  nûlieu  de 
l'accouchement.  La  garde  avait  été  appelée  à  minuit  auprès  de  la  femme  en  cou- 
ches ;  à  quatre  heures  celte  dernière  se  plaignit  de  douleurs  afflreuaea  dans  Tabdo* 
men,  la  garde  effrayée  envoya  chercher  un  médecin  qui  en  arrivant  vit  la  femase 
mourante,  el  l'accoucha  avec  le  forceps  d'un  enfant  mort. 

L'autopsie  fut  feite  deux  jours  après  t  le  dos  était  coloré  en  vert  par  la  putréfec- 
lion,  l'épiderme  était  détaché,  les  seins  contenaient  du  lait,  le  ventre  était  goalé  ; 
le  vagin  était  dilaté,  sa  muqueuse  était  couverte  de  sang  liquide,  la  paroi  posté» 
rieure  était  détachée  et  proéminait  à  l'extérieur  ;  les  intestins  étaient  remplie  de  gas; 
750  grammes  de  sang  foncé  et  liquide  se  trouvaient  épanchés  dans  l'abdoaiea  ;U  y 

(1)  Maintenant- que  j*a!  vu  met  confrères  administrer  souvent  des  doses  beanconp  plos  oooai^ 
rablf^,  je  ne  puis  que  maintenir  les  rondusions  de  co  rappoM. 


RESMimàilLltÉ  mADIGALB.  «^  OBilMRtAttOllS.  âOt 

a^t  HiMiê  de  tom  Im  orginet  abddttlnatix;  l^tttértti  était  long  dt  15  «eiiti- 
mètrefl,  le  aooiAdt  laffe  de  IS  centimètres;  il  y  airalt  I  la  paroi  |NMtérieure  de 
cet  orfane  une  rupture  de  15  centimètres  commençant  au  eel  et  mentant  vertiet* 
lement  ;  les  bords  de  celte  rupture  étaient  ecchymoses,  leur  épaisseur  en  bas  était  de 
6  à  8  mQlimètrea,  en  haut  de  9  centimètres  ;  la  cavité  de  l'organe  était  vide«  le  dia- 
mètre sacro-pubien  était  de  8  centimètres. 

n  VI  sans  dire  que  je  commençai  par  déclarer  que  la  mort  atait  été  produite  par 
celte  rupture  de  la  matrice.  Il  s'agissait  de  savoir  si  raceusée  était  responsable  de 
cet  acddent,  soit  par  commission,  soit  par  omission.  Évidemment  non.  Les  mp" 
turea  de  la  matrice  pendant  l'accouchement  sont  heureusement  très  rares,  ici  elle 
est  encore  plus  extraordinaire,  car  elle  n'a  été  provoquée  par  aucune  manœuvre 
dbalétiicale  dangereuse,  la  garde-malade  a  introduit  simplement  sa  main  même 
avec  pfécantion  comme  l'avoue  le  mari,  il  est  donc  certain  que  cette  mpture  a  été 
spoatinée.  Les  prédispositions  à  ces  rupturas  sont  impossibles  à  reconnaître,  on  a 
vu  lea  accoucheurs  les  plus  célèbres  avoir  à  déplorer  de  tels  accidents. 

D'après  eda  nous  conclûmes  que  l'accusée  n'était  pour  rien  dans  la  rupture  de 
la  matrice.  Elle  fut  seulement  punie  pour  exercice  illégal  de  la  médecine. 

Oaa.  330.  —  Adhérmu:9  du  placenta,  accutation  portée  contre  une  garde-npiladê. 

C'était  encore  une  garde-malade  qui  avait  accouché  une  femme  de  trente- 
deux  ans,  primipare;  celle-ci  était  morte  quatre  jours  après  l'accottchement. 

L'utérus  avait  20  centimètres  de  longueur,  12  centimètres  de  largeur  au  sommet; 
les  parois  étaient  épaisses  de  2  centimètres  et  demi  ;  à  la  paroi  antérieure  de 
fntérus  se  trouvait  une  partie  du  placenta  long  de  10  centimètres,  large  de  7  ceii- 
tifflètres,  adhérant  au  moyen  de  filaments  tendineux.  La  mort  avait  été  la  suite  d'une 
bémorrhagie  considérable  qui  avait  produit  l'anémie  complète  que  nous  trouvâmes  à 
rsatopsie  dans  tous  les  organes. 

Noos  répondîmes  à  la  consultation  qui  nous  fut  demandée  par  le  juge  d'instruc- 
tion après  l'autopsie,  que  l'adhérence  du  placenta  ne  pouvait  pas  prouver  qu'il  y 
sAt  eu  impéritie  médicale,  et  que  l'histoire  de  l'accouchement  était  nécessaire  i 
«voir  ;  on  ne  nous  demanda  pas  de  rapport  sur  cette  affaire,  parce  que  probable* 
elle  fut  abandonnée. 


OtS.  331  .•— ITafonl  mart-néi  aecneÊtkm  portée  par  fof  parenté  contre  k  médecin, 

La  nère  était  une  primipare  âgée  de  vingt-huit  ans.  L'accouchement,  â  ce  qu'A 
parais  fot  lent.  Le  médecin  avait  été  appelé  la  nuit,  il  fit  pendant  une  heure  et  demie 
te  tentatives  d'extraction  sans  succès  avec  le  forceps,puis  s'en  alla  laissant  la  femme 
leule  (!),  disant  que  reniant  viendrait  spontanément.  Deux  heures  après,  l'enfant 
nat  eo  eiét,  mais  il  était  mort.  Le  père  porta  plainte  contre  le  médecin. 

L'enfint  pesait  5  kilogrammes  et  était  bien  développé  :  du  cété  droit  du  front 
sa  voyait  «ne  ecchymose  large  comme  une  pièce  de  I  franc  qui  avait  été  produite 
par  l'application  du  forceps  ;  tout  le  front  était  tuméfié,  le  cadavre  était  encore  1res 
liraia  ;  la  docimasie  pulmonaire  prouva  que  Tenfant  n'avait  pas  vécu  ;  il  y  avait 
bypérémie  du  cerveau  très  prononcée* 


i64  PARTIE  TIUNATOUMSIQUE.  —  APPBNDICB. 

Mous  déclarâmes  :  L'enfiint  est  né  à  terme,  il  est  mort  avant  sa  naUiance  d'une 
hypèrémie  cérébrale,  mais  nous  ne  pouvons  pas  dire  si  cette  bjpérémie  a  été  pro* 
duite  par  le  forceps.  L'accusation  fut  abandonnée. 

Om.  332.  —  Prétendu  homicide  aUrilwé  à  une  émpérUie  méikale. 

A  la  suite  d'un  accouchement  difficile  qui  avait  duré  cinquante-quatre  benrei, 
et  pendant  lequel  le  forceps  avait  été  appliqué  cinq  fois,  une  fille  de  vin^  et  vo  au 
Ait  pendant  six  jours  malade  et  mourut.  L'aulopsie  légale  n'eut  malbeuresie- 
ment  lieu  qu'après  une  autopsie  privée  *,  elle  montra  qu'il  y  avait  eu  g angrèoe  dt 
vagin  et  de  l'utérus.  Ce  dernier  avait  encore  la  grosseur  de  deux  poings,  sa  rab- 
stance  était  molle  et  flasque,  et  se  détacliait  facilement  en  lambeaux  ;  sa  «urUce 
interne  étaH  d'un  gris  noir  surtout  vers  le  col  ;  le  péritoine  était  un  peu  rouge;  sU 
paroi  postérieure  du  vagin  se  trouvait  une  déchirure  longue  de  2  centimètres  el 
demi.  L'impéritie  médicale  ne  pouvait  évidemment  être  jugée  que  d'après  l'histoire 
de  l'accouchement,  or  ce  cas  ne  m'est  pas  revenu  pour  la  rédaction  du  rapport, 
parce  que  l'affaire  n'a  pas  été  poursuivie. 

11  y  a  trente-quatre  ans,  je  faisais  partie  du  collège  médical,  nous  eûmes  une 
affaire  de  ce  genre  ;  il  y  avait  eu  comme  ici  gangrène  du  vagin  :  il  s'agissait  de 
déterminer  si  l'on  devait  taxer  d'impéritie  le  médecin  qui  ne  l'avait  pas  reconnu  et 
qui  n'avait  pas  cherché  à  l'arrêter  ;  les  avis  furent  très  partagés,  mais  la  majorité 
se  prononça  pour  l'impéritie. 

Obs.  333.  —  Homicide  douteux.  Exercice  illégal  de  la  médecine^ 

charlataniime  homoBopathique. 

Il  y  a  quelques  années,  un  prétendu  professeur  nommé  Pantillon,  non  médecin, 
avait  entrepris  des  cures  par  l'homœopalhie  et  faisait  un  commerce  lucratif  ;  le  cas 
suivant  occasionna  5a  perte. 

Le  26  mai  18..,   l'enfant  du  sieur  N...,  âgé  de  trois  ans  et  demi,  mourut.  H 
avait  souffert  d'une  hernie  congénitale  et  d'une  affection  des  yeux.  A  Pâques,  la 
mère  de  l'enfant  avait  consulté  Pantillon,  le  soi-disant  médecin  hom<Bopathe,  qui 
lui  fit  prendre  des  globules  ;  après  quoi  il  parait  que  ta  hernie  et  sa  maladie  des 
yeux  allèrent  mieux.  Mais,  d'après  ce  que  raconte  la  mère,  l'enfant  devint  triste 
et  paresseux,  il  ne  voulut  plus  sortir  et  eut  des  sueurs  fréquentes.  Pantillon  donna 
de  nouveaux  globules  ;  néanmoins  Tétat  du  malade  s'empira,  il   resta  alité,  sans 
appétit,  buvant  beaucoup  et  maigrissant.  Au  bout  d'une  semaine,  Tenfanl  alla  de 
plus  en  plus  mal,  et,  malgré  les  instances  de  la  mère,  Pantillon  ne  voulut  pas  revenir 
lui  porter  secours.  I.e  25  mai,  il  y  eut  des  convulsions  qui,  le  lendemain,  se  termi- 
nèrent par  la  mort.  Le  médecin   W....  fut  appelé  ce  dernier  jour,  il  prescrivit 
des  sangsues  et  des  lavements,  mais  à  midi  déjà  l'enfant  était  mort  au  milieu 
de  ses  violentes  convulsions.  La  mère  déposa  une  plainte  et  nous  eûmes  à  faire 
l'autopsie. 

Le  cadavre  était  très  maigre,  les  os  crâniens  très  injectés,  les  méninges  ronges- 


RESPONSABILITÉ   MÉDICALE.  —  OBSERVATIONS.  &6Ô 

tionnés.  Dans  les  ventricules  latéraux,  il  y  avait  90  grammes  de  liquide  ;  les  sinus 
étaient  gorgés  de  sang  ;  le  reste  de  la  cavité  crânienne  était  normale  ;  les  deux 
poumons  étaient  tuberculeux,  plusieurs  de  ces  tubercules  étaient  déjà  ramollis,  la 
rate  était  également  parsemée  de  tubercules  ainsi  que  le  pancréas.  Tous  les  autres 
organes  étaient  normaux. 

Dana  mon  rapport,  je  déclarai  que  l'enfant  était  mort  d'hydro-encéphalie  et  je 
parlai  du  rapport  qui  existe  entre  celte  affection  et  la  dialhése  tuberculeuse,  puis 
j'expliquai  que  cette  affection  n'avait  chance  d'être  guérie  que  dans  sa  première 
période  et  par  une  thérapeutique  énergique.  «  Panlillon,  continuai- je,  n'a  pas  agi 
ainsi  :  n'étant  pas  médecin,  il  n'a  pu  reconnaître  le  commencement  et  les  progrès 
de  la  maladie,  il  s'est  contenté  d'administrer  ses  globules,  qui  se  composaient  de 
sucre,  d'amidon,  de  belladone,  d'aconit,  de  noix  vomique  et  de  semence  de  Saint- 
Ifnaee,  et  le  mélange  homœopathique  en  a  fait  des  matières  insignifiantes.  On  ne 
peut  donc  pas  dire  qu'il  ait  causé  ni  aggravé  le  mal,  mais  il  a  péché  par  omission 
et  il  a  négligé  des  méthodes  de  traitement  applicables  à  la  maladie  de  l'enfant,  qui 
a  ainsi  parcouru  toutes  ses  phases  sans  obstacle  jusqu*à  ce  qu'enfin  l'épanchement 
du  liquide  ait  produit  une  pression  mortelle.  »  Ainsi  sans  attribuer  la  mort  à  la  ma- 
nière d'agir  de  Pantillon,  j'ai  déclaré  qu'il  n'avait  pas  fait  pour  Tempècher  ce  que 
l'expérience  médicale  ordonne. 


FIN   DE   LA  PARTIE   THANATOLOGIQDE. 


II. 


30 


\ 


BIO-THANATOLOGIE 


DES  NOUVEAU -NÉS. 


toSLATiON.  —  Viabilité  et  monstres.  Voyez  AUg,  Landrecht^  vol.  11,  tit.  ^,  §  2, 
Codecivil,  art.  312.  Loi  du  24  avril  1854,  Allg.  Landr.,  tit.  I,  j^  17  et  18. 
{fmir  tontes  eet  lois,  voyez  an  comniencement  de  ce  volume,  page  4.) 

«aol  aux  prescriptions  légales  pour  la  docimasie  pulmonaire,  voy.  le  code  de  pro- 
cédure crimêneUe^  %  166,  et  le  règlement  des  autopties,  f  16  (voy.  la  aeetion 
intitulée  Procédé  de  l* autopsie ^  pages  68  et  suivantes^ 

oéê  pénal  pruiié^ti,  §  186.  ^  Celui  qui,  à  Tintu  de  l'outorité,  «ira  inbiimé  ou 
caché  un  cadavre,  sera  puni  d'une  amende  jusqu'à  200  ilialers  ou  d*emprison« 
nement  jusqu'à  six.  mois.  La  punition  sera  l'emprisonnement  jusqu'à  deux  ans, 
ai  une  mèra  inhume  ou  cache  le  cadavre  de  son  enfant  nouveau-né  h  Tlnsu  de 
raatorité. 

Md,  Aéd.,  art.  xii,  §6.  —  Quiconque  aura  assisté  à  mi  aceoucbenieat  on  aura 
trouvé  un  enrant  nouveau-né  et  n'aura  pas  annoncé  la  naiuanoe  de  cet  enfant 
aux  autorités  de  l'endroit  dans  le  terme  fixé  par  la  loi,  sera  puni  d'une  amende 
jusqu'à  100  écus  et  d'emprisonnement  jusqu'à  six  mois. 

M..  i6t<f«,  §  180.  —  tne  mère  qui  tuera  volontairement  son  enfant  pendant 
•a  immédiatement  après  son  accouchement,  sera  fiunle  des  travaux  forcés  de 
cinq  à  vingt  ans.  —  Si  l'inranlicide  volontaire  est  commit  par  une  antre  per- 
sonne ou  si  celte  autre  personne  en  est  complice,  cette  dernière  subira  las 
peines  infligées  aux  meurtriers. 

Wi.,  ibid.^  S  181.  —  Une  femme  enceinte  qui  se  sera  procuré  l'avortement  à 
aUe-méme  par  des  moyens  extérieurs  ou  intérieurs,  ou  aura  tué  l'enfant  dans 
atA  atia»  sera  punie  des  travaux  forcés  da  cinq  i  vingt  aqs.  Celui  qui,  avae  le 
canseotement  de  la  femme,  lui  aura  indiqué  ou  administré  lei  noyeiu  d'avorté* 
ment,  subira  la  même  peine. 

Nd.,  ibid  ,  S  182.  —  Quiconque  aura  procuré  l'avortement  à  une  femme  en- 
ecinte  sana  qu'elle  y  ait  consenti,  ou  aura  tué  le  fruit  dans  son  sein,  sera  puni  des 
travaux  forcés  de  cinq  à  vingt  ans.  Si  la  mort  de  la  femme  enceinte  s'en  est 
suivie,  la  peine  des  travaux  forcés  à  perpétuité  sera  appliquée. 


/k68  BlO-THANÂTOLOGll!:   DES  NÛUVËAU-NÉS. 

INTRODUCTION. 

La  question  des  nouveau-nés  en  médecine  légale  a  toujours  èlc 
étudiée  avec  soin  et  depuis  les  temps  les  plus  reculés  ;  on  trouve  dsns 
Galien  que  la  couleur  des  poumons  d'un  nouveau- né  peut  faire  déci- 
der la  question  de  savoir  si  l'enfant  a  vécu;  quant  à  la  docimasie  (Hil- 
monaire  elle  date  déjà  de  deux  cents  ans  (Thomas  Baribolinus,  166S). 
Un  pourrait  peut-être  conclure  de  cette  antiquité  que  tout  a  été  dit  sur 
la  question,  et  que  des  principes  indélébiles  ont  été  établis  ;  il  D*en 
est  pas  ainsi,  les  savants  en  sont  encore  aux  discussions,  et  nous 
voyons  encore  ici  ce  que  le  praticien  a  vu  et  expérimenté  sur  la  table 
de  l'autopsie,  être  nié  et  discrédité  par  les  rêveries  de  l'homme  de 
cabinet  !  C'est  ainsi  que  les  hommes  de  théorie  qui  n'ont  jamais  rien 
vu  par  leurs  propres  yeux,  ont  semé  des  doutes  ou,  ce  qui  est  pis,  des 
assertions  fausses  sur  les  résultats  des  expériences  des  praticiens. 
Pour  vaincre  ces  doutes  et  pour  s'accrocher  à  quelque  chose  de  cer- 
tain, on  a  imaginé  les  méthodes  de  docimasie  les  plus  absurdes  et  les 
plus  impraticables;  la  soi-disant  médecine  exacte  a  voulu  s'introduire 
et  Ton  a  cherché  rien  moins  que  la  preuve  mathématique  dans  la 
docimasie  pulmonaire.  Comme  si  la  médecine  et  les  mathémathiques 
pourront  jamais  avoir  un  seul  point  de  contact. 

Henke,  un  de  ces  théoriciens  dangereux,  qui  n'a  jamais  pratiqué, 
et  qui  cependant  a  joui  longtemps  en  Allemagne  d'une  grande  auto- 
rité dans  la  science  médico-légale,  parle  de  la  docimasie  en  des 
termes  qui  peuvent  réellement  désespérer  un  jeune  médecin  peu  ex- 
périmenté ;  il  montre  ce  critérium  comme  très  imparfait  et  provoquant 
souvent  des  erreurs  très  graves  ;  il  montre  alors  la  mère  innocente 
condamnée  aux  peines  les  plus  sévères,  victime  de  la  docimasie, 
tandis  que  la  femme  dénaturée,  coupable  d'un  infanticide,  reste  im- 
punie, toujours  de  par  la  docimasie  ! 

De  telles  allégations,  qui  ne  sont  justifiées  par  aucun  fait,  méritent 
(l^étre  rérutées,  c'est  ce  que  nous  allons  essayer  dans  le  cours  de  cet 
ouvrage. 


INTRODUCTION.  A  69 

Devant  le  cadavre  d'un  enrant  nouveau-né,  voici  les  Irois  questions 
qni  sont  toujours  posées  : 

l*"  L'enfant  était-il  viable,  est-il  né  à  terme,  combien  de  temps  est- 
il  resté  dans  Tutérus  ? 

V  L'enfant  a-t-il  vécu  d'une  vie  indépendante  de  celle  de  sa  mère, 
pendant  ou  après  sa  naissance  ? 

S""  En^cas  d'affirmative,  quel  a  été  son  genre  de  mort? 

Toutes  les  autres  questions  sont  accessoires,  en  voici  quelques  « 
unes  que  le  tribunal  pose  d'habitude  au  médecin  légiste  : 

Depuis  combien  de  temps  l'enfant  est-il  mort,  c'est-i-dire  quand 
a  eu  lieu  l'accouchement.  Celle  question  peut  être  d'un  grand  secours 
pour  trouver  la  mère. 

L*accottchement  a-t-il  été  naturel  ou  provoqué?  Cette  question, 
posée  très  souvent,  ne  peut,  dans  la  plupart  des  cas,  recevoir  aucune 
réponse. 

Les  circonstances  au  milieu  desquelles  a  eu  lieu  la  naissance  de 
Tenfant  auraient-elles  pu  amener  sa  mort  sans  les  blessures  qu'il  a 
reçues? 

Pour  répondre,  à  ces  questions  accessoires,  le  médecin  légiste  doit 
combiner  toutes  les  circonstances  particulières  du  cas  qui  se  présente, 
tandis  que  pour  les  trois  questions  que  nous  avons  énoncées  plus 
haut,  c'est  la  science  seule  qui  lui  en  fournit  la  solution. 


A70  BIO-THANATOLOaie  010  ttOUVEAU-lfâS. 

CHAPITRE  PREMIER. 

AGE    DE    L*ENFANT. 
fl  1.  Su  ffaHoj  et  da  nomrcaii-aé. 

Les  différentes  phases  de  la  vie  hamaine  ne  peuvent  se  disliofoer 
les  unes  des  autres  par  des  phénomènes  physiques  ou  monui  eom- 
plétament  caractéristiques,  elles  se  succèdent  insensible  ment  les  ânes 
aux  autres,  et  Thomme  de  science  ne  peut  les  reconnaître  par  des 
critérium  spécifiques  ;  entré  l'enfant,  Tadulte,  l'homme  mûr  et  le 
vieillard,  il  est  bien  difficile  de  déterminer  le  point  précis  qui  consti- 
tue la  limite;  aussi  toutes  les  fois  que  le  législateur  a  eu  besoin  de 
fi^er  cette  limite  pour  l'exercice  d'un  droit,  il  a  agi  hardiment  selon 
]#•  vraisemblances,  sans  consulter  les  hommes  de  science.  De  tons 
ces  degrés  de  développement,  le  seul  qui  puisse  peut-être  se  laisser 
'assigner  une  limite  invariable,  c'est  celui  qui  sépare  la  vie  intra-uté- 
Tine  de  la  vie  extra-utérine.  Les  lois  pmssielmes  se  servent  des 
expressions  c  fruits,  fœtus,  nouveau-né  i,  appelant  fruit  le  monstre 
qui  n'a  ni  forme,  ni  figure  humaine  ;  fœtus,  l'enfant  qui  est  encore 
dans  l'utérus,  et  nouveau*né  celui  qui  est  hors  de  l'utérus.  Nous  aban- 
donnons aux  jurisconsultes  le  soin  de  di9cuter  sur  ces  mots,  pour  le 
médecin  légiste  ils  n*ont  pas  d'importance. 

Une  question  qui  cependant  peut  se  présenter,  est  celle  qui  con- 
siste à  déterminer  si  un  môle  doit  être  regardé  comme  un  fruit  ;  nous 
n'hésitons  pas  à  répondre  affirmativement,  car  il  est  évident  que  ce 
môle  a  été  produit  par  un  coït  fécondant. 

Une  domestique  déposa  une  dénonciation  contre  son  maître,  un 
médecin,  dont  elle  était  devenue  enceinte  et  qui,  trois  mois  après  la 
cessation  de  ses  règles,  avait  introduit  dans  ses  parties  génitales  un 
instrument  long  et  de  petits  morceaux  d'épongés  triangulaires  ;  ces 
manœuvres  firent  revenir  les  règles  abondamment  et  la  fille  perdit 
en  même  temps  un  gros  caillot  entouré  de  pellicules.  Le  médecin  fut 
poursuivi  pour  avortement;  j'eus  à  visiter  la  femme  et  je  pus  consta- 
ter qu'il  y  avait  eu  grossesse  et  avortement. 


AGI!    DR   L'KNPANT.  —  DU    If OUVEAU-HÉ .  471 

Le  iribuniil  me  posa  celle  question  :  c  D'après  le  récit  de  la  fille, 
peut-on  admettre  que  ce  qu'elle  a  perdu  avec  ses  règlei  fût  un  fruit?  » 
Je  n'avais  pas  vu  le  produit  de  l'avortement  qui  datait  de  deux  ans, 
et  je  dus  naturellement  déclarer  qu'il  était  possible  que  le  produit  de 
l'avortement  Tût  un  môle.  Le  ministère  public  fit  observer  que  l6 
législateur  n'avait  pas  fait  mention  de  ce  qu'on  appelle  un  môle,  paa 
plus  qu'il  n'a  pas  parlé  du  sexe  du  fruit,  par  la  raison  que,  comme  la 
plupart  du  temps  dans  les  accusations  d'avortement,  la  justice  n'a 
pas  pu  s'emparer  du  produit  de  l'avortement,  toutes  les  fois  que  ce 
produit  ne  serait  pas  parmi  les  pièces  de  convictioui  le  coupable  ne 
pourrait  être  puni,  tandis  que  le  silence  gardé  à  ce  sujet  est  très 
significatif  et  veut  dire  que  l'avortement  une  fois  constaté,  le  crime 
n'avait  pas  besoin  d'autres  preuves  pour  mériter  la  punition.  Le  dé- 
tsnseor  répondit  que  le  législateur  n'avait  pas  mentionné  le  môle  par 
la  seule  raison  que  ce  n'est  pas  un  «  fruit  i  qui  doive  devenir  plus 
tard  un  être  humain,  que  le  §  181  ne  peut  être  applicable  ici«  car 
puisqu'il  n'est  pas  certain  que  le  produit  de  l'avortement  n'ait  pas 
été  on  môle,  comment  pourrait-on  punir  un  crime  que  rien  ne 
prouve  ?  Le  résultat  de  cette  affaire  fut  que  les  jurés  déclarèrent 
l'accasé  non  coupable. 

La  définition  du  mot  c  nouveau-né  »  a  également  beaucoup  préoc- 
cupé les  jurisconsultes;  je  montrerai  dans  l'observation  33 A  que  cette 
définition  peut  également  embarrasser  le  médecin  légiste. 

Le  code  de  Bavière  (1813),  art.  2A2,  et  le  code  d'Oldenbourg,  art. 

169,  appellent  nouveau-né  l'enfant  qui  n'a  pas  trois  jours  révolus,  le 

code  de  Wurtemberg  (1839),  art.  9,  et  les  codes  de  Saxe  et  de 

Brunswig  donnent  le  nom  de  nouveau-né  à  l'enfant  qui  n'a  pas 

vécu  vingt-quatre  heures  ;  les  célèbres  criminalistes  Tittmann  et 

Sinbel  assignent  également  vingt-quatre  heures  au  terme  de  l'état  de 

nouveau-né  ;  Gans  (De  V  infanticide  y  Hanovre,  182A)  a  proposé  la 

singulière  définition  suivante  :  c  Un  enfant  est  nouveau-né   aussi 

»  longtemps  qu'il  n'a  pas  reçu  de  nourriture  et  qu'il  n'a  pas  été  vêtu, 

>  tant  que  la  mère  souffre  encore  des  suites  immédiates  de  l'accou- 

»  chement  et  qu'elle  est  seule  à  savoir  l'existence  de  l'enfant  I  » 


A72  BIO-THANATOLOGIE   DES   NOUVEAU-NÉS. 

C'est  poartanl  cette  définition  que  Wemer  a  adoptée  dans  son  manuel 
du  code  pénal  I 

En  Prusse,  le  code  évite  en  partie  la  difficulté  en  qualifiant  de 
nouveau-né  l'enfant  <  pendant  et  immédiatement  après  m  sa  naissance. 
n  est  donc  très  important,  dans  les  cas  d'infanticide,  de  pouvoir  dé- 
terminer si  l'enfant  a  été  tué  c  immédiatement  après  >  sa  naissance. 
C'est  cette  détermination  assez  délicate  que  nous  allons  chercher  à 
exposer. 

Les  symptômes  qui  guident  le  jugement  sont  en  partie  poâtifs  el 
eu  partie  négatifs. 

1**  La  peau,  —  Si  la  surface  de  la  peau  n'est  plus  couverte  de 
sang,  l'enfant  n'est  pas  nouveau-né,  car  la  mère  n'est  pas  en  état  im- 
médiatement après  la  naissance  de  le  laver  et  de  l'essuyer;  nous  sup- 
posons que  le  nettoyage  de  l'enfant  n'a  pas  été  fait  par  an  tiers,  car 
dans  la  majorité  des  cas,  les  mères  qui  veulent  tuer  leur  enfant  ac- 
couchent seules  :  ce  critérium  a  été  regardé  avec  raison  depuis  les 
temps  anciens  (i),  comme  assez  important  parce  qu'il  est  toujours 
un  indice  de  Tétat  mental  de  la  mère  au  moment  de  l'accouchement. 
La  femme  qui,  après  sa  délivrance}  a  reconquis  assez  de  connaissance 
et  de  force  pour  nettoyer  avec  soin  son  enfant  et  qui  le  tue  après,  ne 
peut  évidemment  pas  participer  au  bénéfice  de  ce  dérangement  men- 
tal qui  est  quelquefois  allégué  comme  l'excuse  de  l'infanticide. 

Il  en  est  de  même  pour  la  matière  caséuse  qui  se  trouve  sur  la  peau 
de  l'enfant  et  qui  est  surtout  sécrétée  dans  la  région  de  l'aine. 

Nous  observerons  cependant  que  ce  critérium  échappe  souvent  à 
l'observation  lorsque,  par  exemple,  on  a  affaire  à  des  enfants  putréfiés 
ou  qui  ont  séjourné  dans  un  liquide.  La  putréfaction  fait  également 
disparaître  cette  rougeur  plus  prononcée  de  la  peau  des  nouveau-nés, 
et  la  coloration  plus  ou  moins  ictérique  qu'ils  revêtent  quelque  temps 
après  leur  naissance. 

(1)  Lex  2,  Cod,  de  partihus  (lV-43)  :  Si  guis  propter  fUmiam  pauperia- 
lem,  etc.,  filium^  filiamve  sanguinolentos  vendiderit,  etc.  (Évidemment  des  enCuiU 
nouveau-nés.)  On  trouve  aussi  dans  Juvénal,  sat.  VU,  au  sujet  des  nouveau-ni^s  : 
a  matre  nibentem. 


AGE    DE    l'enfant.  —  DU   NOUVEAU-NÉ.  473 

2"  Lomhxlic  et  le  cordon  ombilical.  —  Nous  reviendrons  sur 
l'élude  de  ces  organes  lorsque  nous  parlerons  des  signes  de  la  vie  de 
l'enfant  après  sa  naissance,  disons  seulement  ici  que  si  le  cordon  est 
tombé  et  si  l'ombilic  est  cicatrisé,  l'enfant  ne  peut  plus  être  regardé 
comme  un  nouveau-né.  La  réciproque  n'est  pas  vraie.  Les  change- 
ments qui  ont  lieu  dans  l'état  de  cet  organe,  tels  que  la  momification, 
la  gangrène,  la  putréfaction  des  pourtours  de  l'anneau  avec  écoule- 
ment séro-purulent,  l'oblitération  des  artères,  ne  se  montrent  pas 
c  immédiatement  après  la  naissance  ».  En  général,  le  calibre  des 
artères  ombilicales  ne  commence  à  diminuer  que  huit  à  dix  heures 
après  la  naissance,  la  momification  n'a  lieu  de  deux  à  trois  et  même 
quatre  jours,  la  putréfaction  est  encore  plus  lente. 

S""  V estomac. — L'estomac  d'un  nouveau -né  qui  est^enu  au  monde 
vivant,  et  quia  succombé  «immédiatement  après  sa  naissance  ou  qui 
est  mort-né  >,  est. vide  ou  contient  une  petite  cuillerée  de  mucus  blan- 
châtre glaireux,  rarement  sanguinolent,  sans  odeur  et  qui  se  laisse 
facilement  détacher  de  la  muqueuse  avec  le  manche  d'un  scalpel. 
Lorsque  la  putréfaction  est  avancée,  l'estomac  contient  quelques 
bulles  de  gaz;  enfin  quelquefois  on  trouve  une  petite  quantité  de 
liquide  incolore  qui  n'est  autre  chose  que  l'eau  de  Tamnios,  car  il 
est  constaté  que  le  fœtus  peut  faire  dans  l'utérus  des  mouvements 
de  déglutition. 

Hais  la  vacuité  de  l'estomac  ne  peut  prouver  que  l'enfant  soit  mort 
«  immédiatement  après  sa  naissance  >,  car  il  est  possible  qu'il  n'ait 
jamais  été  nourri  et  qu'il  ait  succombé  à  l'inanition,  après  avoir  vécu 
un  et  même  deux  jours.  Si  l'on  trouve  du  lait  dans  l'estomac  et  que 
la  mère  ait  accouché  seule,  on  n'a  pas  affaire  à  un  nouveau-né,  car 
immédiatement  après  son  accouchement  une  femme  sans  aide  ne  peut 
donner  à  teter  à  son  enfant. 

i*  Le$  poumons.  —  La  docimasie  pulmonaire  tranche  la  question 
d'une  manière  certaine  toutes  les  fois  qu'elle  prouve  que  l'enfant  n'a 
|Mui  respiré  ou  n'a  que  très  peu  respiré. 

Dans  les  pavs  où  le  terme  de  l'état  nouveau-né  s'étend  jusqu'à 
trois  jours,  voici  quels  sont  les  signes  qui  sont  encore  h  considérer. 


à^^  BlO-TItAlfATÔL06lF   DES   NOtJVKAU-WÉS. 

5"  Du  tnêconium.  —  On  trouve  le  méconium  dans  les  gros  inles- 
tins  même  deux  €l  trois  jours  après  la  naissance. 

6^  Artères  du  cordon  ombilical. — Après  les  trois  premiers  jours, 
on  voit  déjà  les  artères  du  cordon  ombilical  s^oblitérer  an  point  que 
c'est  à  peine  si  Ton  peut  y  introduire  une  sonde  très  fine. 

T  Point  d* ossification.  —  Ce  signe  est  très  important,  nous  y 
reviendrons  plus  bas  quand  nous  étudierons  comment  on  peut  juger 
TAge  d*un  enfant.  Nous  pouvons  dire  ici  qu'après  trois  joarftja  nojâo 
d'ossification  de  l'extrémité  inrérieure  du  fémur  est  de  6  millimètres. 

8*  Présence  du  cordon.  —  La  présence  de  cet  organe  n*autorise 
pas  à  admettre  que  l'enfant  n'a  pas  vécu  trois  jours,  puisque  tout  le 
monde  sait  qu'il  peut  se  détacher  plus  tard,  quelquefois  cinq  et  sii 
jours  après  la  naissance. 

9*  Le  conduit  de  Sotal,  le  trou  oval^  le  conduit  veineux  d'A- 
rant  ne  peuvent  en  rien  guider  le  jugement.  Ces  voies  de  la  circula- 
tion fœtale  restent  ordinairement  asseE  longtemps  chez  l'efiflint  et  ne 
disparaissent  pas  à  une  époque  fixe. 

Obs.  334.  —  Déterminer  si  un  enfant  est  nouveau-né  ?  Chute  pendant  lanai$$anee. 

Submersion  dans  des  mcUières  fécales. 

Cnenfanl  fut  trouvé  le  30  octobre  18..,  dans  des  lieux  d'aisances,  cet  enfant 
présentait  une  blessure  à  la  tête. 

Le  lendemain  nous  en  fîmes  Tautopsie  :  le  cadavre  avait  49  centimètrift  de  lon- 
gueur et  pesait  4  kilogrammes.   La  langue  était  derrière  les  maxiUaires  ;  le  dia- 
mètre transversal  de  la  tête  était  de  8  centimètres,  le  diamètre  antéro-pottérieur 
était  de  11  centimètres,  le  diamètre  des  épaules  de  il  centimètres,  le  diamètre 
transversal  de  la  poitrine  de  8  centimètres.  Il  n'y  avait  pas  de  dutet  aur  le  terpa  ; 
les  ongles  étaient  assez  fermes  ;  le  reste  du  cordon,  long  de  S  eaQtiinètrea«  amt 
les  bords  inégaux  et  dentelés  ;  le  diaphragme  se  trouvait  entre  la  cinquième  et  la 
sixième  côte;  beaucoup  de  méconium  dans  les  intestins.  Les  poumons  et  le  coeur 
pesaient  90  grammes.  La  couleur  de  ces  derniers  était  d*un  roUge  yermeiUe,  Ut 
nageaient  sur   l'eau  ;  incisés,  ils   laissaient  entendre  une  crépitatÙMi  trèa  netle 
et  laissaient  sortir  une  écume  sanguinolente;  pressés  sous  l'eau,  on  voyait  s'en 
échapper  de  petites  bulles  ;  la  trachée  et  l'œsophage  étaient  vides  et  normaux,  le 
cœur  presque  vide  ;  sur  la  surface  postérieure  de  l'aponévrose  épii^r&ntenne,  on 
voyait  une  couche  de  sang  coagulé  ayant  l'épaisseur  de  S  millimètres  *,  les  os  du 
crâne  étaient  très  minces  ;  au  haut  de  la  tête,  lorsque  nous  eûmes  eolevô  l'aponé- 
vrose, nous  vîmes  un  petit  sillon  long  de  2  centimètres  et  demi,  transversal  et  ecchy- 
mose, indiquant  une  Assure  du  crâne;  les  méninges  étaient  gorgées  de  sang  :  tout  le 


AGE    DÉ  t*ENFANT.  —  VIABILITÉ.  A75 

oenrMuéUit  enduit  d'une  coueha  da  ung  presque  eoi^Ié,  épaieee  de  I  millimètre  ; 
le  cerveau  était  déjà  réduit  en  bouillie  par  la  putréraclion,  ee  qui  ne  permit  pai 
d'en  faire  l'examen.  La  base  du  crâne  était  intacte.  Les  sinus  étaient  hypérémiques. 

Voici  quelle  fut  notre  conclusion  :  1"  L'enfant  est  né  viable  et  à  terme;  2^  il  a 
yéea  pendant  et  après  sa  naissance  ;  S°  il  est  mort  d^une  apoplexie  cérébrale  ; 
4*  la  blefture  ûiite  à  la  télé)  a  causé  cette  apoplexie  ;  5^  l'enfant  a  probablement 
reçu  cette  blessure  par  sa  chute  sur  un  sol  dur  en  quittant  le  sein  de  sa  mère,  il 
est  également  possible  que  celle  blessure  ait  élé  faite  par  une  main  criminelle,  mais 
c'est  moins  probable  ;  6"  l'enfant  lorsqu'il  a  été  mis  dans  la  fosse  d'aisances  n*é« 
taii  plus  vivant.  Nous  firmes  aàiené  à  cette  dernière  conclusion  paroe  que  les  lé- 
sions de  la  lète  présentaient  des  signes  de  réaction  vitale  et  qu'il  n'y  avait  aucun 
symptôme  de  la  mort  par  submersion. 

On  nous  demanda  encore  si  l'enfant  était  un  nouvea%h-né  afln  de  savoir  s'il  fallait 
api^quer  la  peine  de  l'infanticide,  moim  sévère  que  celle  de  Vhomicide,  Nous  répon- 
dîmes affirmativement,  car  il  devait  être  mort  très  rapidement  après  la  blessure,  el 
si  cette  dernière  n'avait  été  faite  pendant  l'accouchement,  elle  n'avait  pas  pu  le 
suivre  de  plus  d'un  jour.  En  effet,  cet  enfant  n'avait  reçu  aucune  nourriture , 
comme  nous  le  vîmes  par  l'état  de  l'eslomac,  el  le  cordon  ne  présentait  aucune 
Ireee  de  dessiccation.  Enfin,  comme  cela  arrive  souvent,  on  nous  questionna  pour 
savoir  depuis  combien  de  temps  il  était  mort  ;  vu  la  fraîcheur  du  cadavre,  malgré 
son  séjour  dans  des  matières  fécales,  nous  fixâmes  deux  ou  trois  jours.  La  mère 
resta  inconnue.      ' 

S  2.  —  De  la  viabilité. 

Le  code  pénal  prussien  parle  des  «  Tmits  y>y  des  <  fœtus  »,  des 
c  nouveau-nés  »  -,  mais  il  n'y  est  pas  question  des  êtres  plus  ou 
moins  viables.  Dans  les  cas  d'avortement  la  punition  est  la  même, 
qaeUe  que  soit  la  maturité  du  fœtus. 

En  médecine  légale  on  ne  peut  cependant  pas  se  passer  de  celte 
dernière  expression  ;  elle  est,  du  reste,  justifiée,  puisqu'on  matière 
mile  la  loi  l'emploie  et  que  même  en  matière  pénale,  on  peut  y  avoir 
raeoors;  lorsque,  par  exemple^  on  trouve  un  enfant  né  à  terme  qui  a 

Miné  et  dont  une  femme  est  soupçonnée  être  la  mère  et  l'assassin, 

« 

et  qae  cette  femme  nie,  prétendant  n'avoir  donné  naissance  qu*à  un 
feeiot  précoce  et  non  viable  ;  alors  l'examen  de  la  mère  et  de  l'en- 
famipeat  faire  découvrir  la  vérité  (voy.  obs.  335).  D*un  autre 
cOté,  il  est  certain  que  la  question  douteuse  de  la  vie  d'un  enfant 
esl  toujours  subordonnée  à  celle  qui  consiste  à  savoir  si  la  vie  était 
possible.  Enfin  la  cour  de  cassation,  comme  nous  l'avons  dit  dans 
f introduction  de  ce  volume,  en  interprétant  le  §  186,  n'a  pas  re- 


476  BIO-THANATOLOGIR  DR6   NOUVEAU-NÉS. 

p;ardé  comme  un  cadavre  le  corps  d'un  fœtus  non  viable.  Celle  eipre^- 
sion  viabilité  resle  donc  acquise  dans  la  pratique  médico-légale. 

Deppis  les  temps  les  plus  reculés  la  science  a  été  en  désaccord  (1) 
avec  la  loi  pour  la  détermination  de  la  viabilité  ;  dans  la  pratique  le 
médecin  légiste  doit  faire  abstraction  de  ses  opinions  individuelles  à 
cet  égard,  et  en  Prusse  il  doit  se  rappeler  que  le  législateur  a  posé 
lui-même  une  limite  à  la  viabilité  du  180*  au  210*  jour,  iln*adoBc 
qu'à  résoudre  la  question  de  Tâge  du  fruit,  nous  allons  lui  en  tracer 
les  règles  générales. 

§  3.  —  Du  fcvtiif  dans  ses  différenU  â|rM. 

Au  bout  d'un  mois  de  conception  Tembryon  est  long  de  10  ù 
12  millimètres,  la  bouche  est  indiquée  par  une  fente,  tes  yeux  par 
deux  points,  les  membres  commencent  à  se  manifester  par  de  petites 
expansions  mamelonnées  ;  on  peut  déjà  reconnaître  le  cœur  et  sur- 
tout le  foie  qui  est  proportionnellement  très  grand,  les  vaisseaux  de 
l'ombilic  ne  sont  pas  encore  formés. 

Après  deux  mois  le  fruit  est  long  de  30  à  40  millimètres,  la  tète 
est  très  grande,  le  nez  et  les  lèvres  commencent  à  se  montrer,  la 
partie  extérieure  des  oreilles  n'est  pas  encore  visible,  les  membres 
sont  bien  distincts,  le  gros  intestin  contient  du  méconium  de  couleur 
grisâtre,  riiuraérus  a  16  millimètres  de  long,  ainsi  que  le  cubitus  et 
le  radius,  le  fémur  et  le  tibia  n'ont  que  9  à  10  millimètres. 

Après  cinq  mois  le  fruit  est  long  de  '25  à  30  centimètres.  A  partir 
de  celte  époque  on  peut  évaluer  l'âge  d'après  la  longueur  du  corps, 
ilsuffit,  en  généraly  de  diviser  le  nombre  de  centimètres  par  b  pour 
avoir  le  nombre  de  mois.  Le  poids  est  beaucoup  plus  variable,  c'est 
un  guide  moins  sûr  que  la  longueur.  A  cinq  mois  le  fruit  pèse  de 
250  à  300  grammes;  les  ongles  se  voient  distinctement,  les  cheveux 
sont  remplacés  par  du  duvet  ;  la  tète  conserve  toujours  des  propor- 
tions énormes  ;  le  foie,  les  reins  et  le  cœur  ont  encore  une  dimension 
exagérée  par  rapport  aux  autres  organes  ;  le  méconium  est  d'un  jaune 
verdàlre  assez  clair  à  cause  d'un  commencement  de  sécrétion  de  bile; 

(I)  Hul)ner,   Die   Kindestndtung  in   gerichtsUrstlicher  Beziehung.  Erlanjren. 
,6  p.  38. 


AGE    DE   L'EM>*ANT.  —  DU    FŒTUS.  477 

rhuméras  a  de  26  à  30  millimètres,  le  radias  2&  millimètres ,  le 
cubitus  26,  le  fémur  Si,  ainsi  que  le  tibia  et  le  péronée. 

Après  six  mois  la  longueur  du  corps  est  de  30  cenlimëtres,  le 
poids  de  750  à  800  grammes,  une  matière  caséeuse  commence  à  se 
former  sur  la  peau,  l'ombilic  s'est  éloigné  de  la  symphyse  pubienne; 
la  couleur  du  cadavre  est  d'un  rouge  vermeil;  le  méconiam  est  pins 
foncé  et  plus  visqueux  ;  le  scrotum  est  vide  ;  on  voit  encore  la  mem- 
brane pupillaire  ;  la  longueur  de  l'humérus  est  de  32  centimètres, 
celle  du  radius  30,  du  cubitus  3&,  du  fémur  3A,  ainsi  que  celle  des 
06  de  la  jambe. 

Après  sept  mois  le  fruit  a  35  centimètres  de  long ,  il  pèse  1  ki-> 
Iogrammc500  gram.  à  2  kilogrammes;^  les  cheveux  sont  plus  nom- 
breux et  ont  à  peu  près  la  longueur  de  1  centimètre  ;  la  grande  fon- 
tanelle un  diamètre  longitudinal  de  3  centimètres  1/2,  toutes  les 
antres  fontanelles  sont  encore  sensibles  ;  h  peau  est  d'un  rouge  sale, 
le  méconiam  est  vert  foncé,  visqueux,  et  remplit  tout  le  gros'  intes- 
tin ;  le  foie,  toujours  très  grand,  est  rouge  brun  foncé.  L'hamérus  a 
hO  à  &5  millimètres  de  longueur,  le  radius,  8&,  le  cubitus  36,  le 
fémnr,  le  tibia  et  le  péronée  38  à  &0. 

Le  huitième  mois  est  le  plus  important  de  tous  ceux  de  la  ges- 
tation, pour  le  médecin  légiste,  car  à  la  fin  de  la  trentième  semaine, 
selon  le  code  prussien,  la  viabilité  commence.  Le  corps  a  de  38  à 
AO  centimètres,  il  pèse  2  4  2  kilogrammes  1/2,  la  peau  a  une  cou- 
leor  pins  claire,  la  membrane  pupillaire  a  disparu,  les  testicules  sont 
descendus  dans  le  scrotum  ou  au  moins  on  les  sent  dans  l'anneau 
inguinal  ;  chei  les  enfants  du  sexe  féminin,  les  lèvres  des  parties 
génitales  sont  encore  béantes  et  laissent  voir  le  clitoris  ;  les  ongles 
^teignent  presque  le  bout  des  doigts ,  l'humérus  a  de  A6  à  A8  mil- 
Hmètres,  le  radius  de  36  à  38,  le  cubitus  de  hà  à  Aô,  le  fémur 
environ  &8,  le  tibia  et  le  péronée  &2  à  A5. 

Au  neuvième  mois  le  fœtus  atteint  la  longueur  de  &3  à  ào  centi- 
mètres, el  le  poids  de  3  kilogrammes,  le  scrotum  commence  à  se  ri- 
der; chez  les  fœtus  du  sexe  féminin  les  lèvres  des  parties  génitales 
se  referment,  la  tête  se  recouvre  de  cheveux,  le  duvet  commence  à 
disparaître. 


&78  BIO-TPAITATai'OGIE  ï>9%  vouvs^lhiuts. 

Au  moment  où  renfunt  entre  dans  le  dizièipe  mois,  il  est  k  leriM. 
Nous  allons  passer  en  revue  les  caractères  diriette  maturité. 

§  4.  —  Signes  de  1*  maturité  d'un  noaTeftO-aé. 

L'enfant  né  à  terme  se  reconnaît  assez  faeilement,  lorsqu'il  vit  aoa 
bien  que  lorsqu'il  est  mort,  la  putréfaction  même  ne  masque  pas  les 
symptômes  de  la  maturité,  lorsque  toutefois  elle  n'est  pas  parreme 
à  ses  dernières  limites.  Lorsque  l'on  eihume  les  os  d'un  cadrrre 
d'enfant  enterré  depuis  longtemps,  on  peut  souvrat  lui  assigner  un 
âge  assez  approximatif,  c'est  pourquoi  nous  avons  mentionné  phn 
haut,  à  chaque  âge,  la  longueur  des  os  longs.  Nous  ne  n^ligerons  pas 
cette  mesure  pour  Tenfant  né  à  terme. 

Le  cadavre  non  putréfié  d'un  nouveau-né  à  terme  présente  : 

1°  Un  certain  extérieur  qui  ne  peut  tromper  celui  qui  a  l'habi- 
tude de  voir  des  cadavres  ll'enfanta. 

2''  La  peau  est  ferme  et  tendue,  si  l'enfant  a  été  bien  nonri 
pendant  son  existence  utérine,  il  ne  présente  plus  de  rides  nulle 
part,  la  couleur  est  blanchâtre  eomme  celle  de  tous  les  cadavres  et 
non  brune  ou  rouge  vermeille  comme  celle  de  l'enfant  précoce. 

3*  Le  duvet  a  disparu  ;  on  en  trouve  cependant  des  restes  aux 
épaules  presque  toujours. 

A°  Des  cheveux  longs  de  1  centimètre  1/2  à  2  centimètres  cou- 
vrent ordinairement  plus  ou  moins  la  tète. 

5«  Les  articulations  sont  peu  mobiles;  la  grande  fontanelle  est 
longue  de  2  centimètres  à  2  cenlimètres  1/2. 

6*^  Quant  à  la  longueur  du  corps,  les  diamètres  de  la  téte^  des 
épatUeSy  des  hanches  (1) ,  la  table  ci-jointe  contient  le  résultat  de 
2A7  observations  récentes  ;  les  117  premières  me  sont  personnelle^ 
et  ont  été  faites  sur  des  cadavres  très  fraisy  les  autres  sont  dues  â 
deux  de  mes  élèves  distingués,  HM.  Hecker  et  Rabe,  internes  à  la 
maison  d'accouchement« 

(i)  Les  diamètres  de  la  poitrine  sont  donnés  plus  bas.  


▲GE  DK  l'enfant.  — MATURITÉ. 

Poids  et  tnesuféi  dt  2A7  nouveav^nés. 


479 


1 
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42 
43 
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Poidt  et  fMtwet  de  2&7  nouveau-nés. 


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130 

117 

l 

à&à  BIO-THAMATOLOGIE   DES  MOUV£AU-:(£S. 

La  longueur  du  corps  fut  en  moyenne  : 

Sur  les  247  enfiints  de 0,470 

Sur  les  1 30  garçons,  la  moyenne  fut  de 0,495 

Sur  les  1 17  ûiles,  la  moyenne  ftjt  de 0,465 

Le  poids  du  corps  des  2&7  enfants  fut  : 

En  moyenne  de 3,550 

Sur  les  1 30  garçons,  la  moyenne  fut  de 3,716 

Sur  les  117  flUes,  la  moyenne  fut  de 3,400 

Le  maximum  de  longueur  fut  : 

m. 

Gbes    1  garçon 0,550 

Chez  38  garçons 0,500 

Chei    4fiUes 0,520 

Chez  23  filles 0,500 

Le  minimum  de  longtaeur  fut  : 

m. 

Chez    1  garçon 0,400 

Chez    8  garçons 0,4S5 

Chez    4  garçons , 0,435 

Chez    2  filles 0,400 

Chez  13  filles 0,425 

Le  maximum  du  poids  fut  : 

Chez    1  garçon 5,000 

Chez    7  garçons de  4,100  à  5,000 

Chez  26  garçons de  4,000  à  4,500 

Chez    3  filles de  4,500  à  5,000 

Chez  16  filles de  4,000  à  4,500 

Le  minimum  du  poids  fut  : 

kii. 

Chez    1  garçon 2,250 

Chez  11  filles de  2,500  à  3,000 

Chez  14  filles de  2,500  à  3,000 

Les  diamètres  de  la  tète  sur  207  enfants  furent  en  moyenne 

m. 

Le  bipariétal,  de 0,08 

L'occipito-frontal,    de 0,103 

L'occipito-roentonnier,  de 0,121 

Le  diamètre  des  épaules  sur  117  enfants  fut  : 

m. 

En  moyenne,  de 0,1 2 

Le  diamètre  des  hanches  sur  117  enfants  ftil  : 

m. 

En  moyenne,  de 0,08 


AGE   DE   l'enfant.  —  MATURITÉ.  48^ 

7»  Les  ongles  de  l'enfant  né  à  terme  sont  cornés  et  non  mem- 
hraneox,  comme  dans  les  mois  qoi  précèdent  ils  atteignent  le  bont 
des  doigts  des  mains,  mais  jamais  celui  des  doigts  des  pieds. 

8*  Les  cartilages  des  oreilles  et  du  nez  paraissent  asses  fermes  à 
la  pression,  et  ont  perdu  la  sensation  membraneuse. 

9*  Le  point  d'ossification  de  l'extrémité  inférieure  du  fémur  a 
été  une  découverte  médico-légale  de  la  plus  haute  importance.  C'est 
d'abord  Béclard  (1)  qui  l'a  signalé,  puis  Ollivier  (2)  et  Mildner  (3). 
Tandis  que  tous  les  autres  os  en  sont  encore  à  l'état  de  cartilages 
jusqu'au  delà  de  la  grossesse,  on  remarque  dès  la  seconde  moitié  du 
dernier  mois  de  vie  intra-utérine,  qu'il  se  forme  à  l'extrémité  supé- 
rieure du  fémur  un  noyau  d'oesification. 

Yoioi  de  quelle  manière  on  peut  reconnaître  sur  le  cadavre  d'un 
enfant  ce  pmnt  d'ossification  : 

On  incise  verticalement  la  peau  dm  genou  jusqu'à  ce  que  l'on  ait 
fénétré  dans  l'articulation ,  puis  on  fléchit  complètement  la  jambe 
sur  la  cuisse,  de  sorte  que  les  deux  cofjdyles  du  fémur  proéminent, 
puis  on  coupe  ces  deux  condyles  encore  cartilagineux  verticalement 
par  coupes  minces,  jnsqu'à  ce  que' l'on  ait  renconU'é  une  trace 
d'ossification,  alors  on  continue  avec  précaution  jusqu'à  ce  que  l'on 
dépasse  le  plus  grand  diamètre  du  noyau  ^eaeux  ;  ce  dernier  aordi- 
aairement  l'aspect  d'une  tache  ronde  couleur  sang. 

J'ai  fait  i  ce  sujet  des  expériences  sur  des  enfants  ayant  vécu  un 
certain  temps,  afin  de  suivre  le  développement  dt  noyau  d'après  l'âge 
de  Tenfant;  ces  expériences  sont  au  nombre  de  126,  on  les  trouvera 
consignées  dans  le  tableau  suivant. 


(1)  Nomfôou  foumal  de  tnédaeiiM,  iê  Chirurgie  et  de  pharmacie.  Paris,  1819, 
t  lY,  p.  107. 
(f)  Ammaks  d^Hygiène  fubdque,  t.  XXYII,  p.  342. 
(S)  Prager  VierMjahrsschrift,  1850,  vol.  XXXYIII,  p.  39. 


i96  BIO-TBUUTOLOGIB   US   KOOVRkV-at». 

Poimtd-ouifeaUim4tr»tÊMmiUtÊtféritun4mfémm^ttimvimriUmfMi. 


.01  0,09  0 


0,10  O.IJ 
0,10  0.11 
O.OT  0,tO  0.13 


0,08  0.11  0,12 


0,07  0,11  0,13 


ÏOO  0,07  0,10  0,tl 


£n  punîo  morti-nêï,  sn  partit  nienil 

JmiuÉdiaMIDfiil  Bprta  !■  DaUMirt, 
Garçon  morl-iir.  | 

Gsr^oD  norl'nf.  puirHiÉdin*  l'uurui. 
Killc  pulréllÉe  dsns  l'atèrus. 
Girton  no  jt  alw»  un«  fouc  d'ulHUitn. 
Garçon  movl-ni. 
KiJte  morl-Dec,  ijodI  »*joiini«  a  x- 

Garçon  marl-ot. 
ËDfant  troait  dnni  la  malfice 
intre  nojée. 
Filie  Uïèe  pir  des  coufït  da  coutuu 


KnTsat  lire  de  l'uu  pull 

nila  mart-nte. 
GsrtOQ  Diorl-nË. 
Ftll«  morl-nM. 
Garçon  mon-iiè  trouTi 

du  crfine. 


Enfanl  trouvé  putréfié  dam  oo  fouc. 

Garçon  mun-n^. 

Garçon  puiréEft,  bluiurti  àr  Oxe. 


Gardon  «sphjxii. 
Fille.  I"   ■    ■   ■ 


Pillc  n 


>c  d<  i-ui 


FiDc  morte  d'hypérèiaie  du  cœur. 

fiftrçon  nojre  ei  putrtfl*. 

Fille  noyte  dans  des  liemt  d'tLi«nce«. 

Fille,  bieuures  de  lite. 

Gar;oD  pulrtHA, 

fille  nojèe  dam  dei  lieni  d'alMseti. 

Pille  asptafxite. 

Fill«  morte  d'apoplexie  cèréhnle. 

Fille. 

Fille. 

Fille  noyte  dans  un  <bm  de  nnii. 

Garçon  pulréfif^  dans  t'rau. 

Garçon  noje. 

Gartonaèviiaot[déraut  d'ossiBcnlioa}. 

Fille  mort- nte  (dtlaut  d'ouifieatioD). 

Fille  pulrdUe  daiu  rend. 


ACE  DB   L'iNFiHT.  —  NATQMT*.  i&7 

Paiml  4-cnêfieatiM  de  l'txtrmiU  infértemn iu  ftm»  ttnni Ê»r  i»  m/mii. 


de  lie  ) 
DltriDel 


isjoon  I 

DeiejJ 
tlmals' 


Delk} 


D.07  0.10  0.13 


0,01  a,ti  6,13 


0,06  U.IO  0,11 


6ci\c. 


Fille  [Httrtfi^e. 

Garçon  mort  d'ipopleiie  ctrèbrite. 

nue. 

Gar;on  morl  d'apopltiie  cérébrale. 
Garton  mon  d'«paplni«  eéréhrale. 
Garçon  niorl  d'apnpiexie  cérébrale. 
Knfum  retire (tesUMxd'nlMTKM,  tant 
à  Fait  fiMiltt. 

Enrapi  mort  d'npoplexis  du  cœuc. 
Enfant  noji  dam  lie  Turlne. 
Eoraiil  iDorl  d'ajrapleiie  cérébrale. 
Fille  née  ftO  mois,  morte  le  lendemun. 
Giir<;on  ajuDt  *ècu  1  jour. 
Gardon  ayanl  vécu  S  jours, 
Gar<;on  bisn  déïaloppé   ajranl  itca 

Fille""" 

Gircon  de 
EnFani  nirophié  ajanl  t^u  ajoura. 
Garçon  ijant  itcu  9  joun. 
(iarcou  ajanl  técu  lli  Jours. 
Fille  morte  d'une  sffeclioQ  ayphili- 
lique  après  uicir  ittu  15  jours. 

(Jumeaux  morts  aspbjfiiés  |>ar  la  va- 
peui'  de  cbarboB  aprta  aïoir  lecu 
10  jours,  DiffcreQC*  d'ouificulion 
trtici   ■ 


Garçon  de  10  semaines. 

Fille  alropbiée  d«  10  «ojaineB. 

GarçoD  de  3  mois  aspb jii6. 

Fille  de  3  mon. 

Garçon  de  3  mois. 

Fil  I»  de  3  no»  •n>tailitiqnt. 

Garçon  de  C  moii  robusu. 

Fille  de  h  mois  mor\f  du  choléra. 

Fill«  de  9  moit  atrophiée. 

Fille  de  D  moitchéliic. 

Fille  de  9  mois  chélivp. 

Garçon  d'au  an  lr£i  chéllf. 

Fille  d'un  an  robuste . 

Garçon  d'un  an. 

Fille  de  15  mois  morte  pblhi^iiqnr. 

Garçon  rafhitHiae  de  15  mata. 


A88  BIO-THANATOLOGIB   DBS  IfOUTBAU-NÉS. 

Voici  le  résumé  da  iableaa  : 

ll«fHI« 

31  enfiinU  de  7«  8  et  9  moif  de  vie  intra-utérine. . .     0,000 

9  enfants  de  9  mois  de  vie  intra-utérine 0,000  à  0,004 

52  enfants  à  terme 0,00S  à  0,006 

Voici  les  conclnnons  que  Too  peut  tirer  de  tout  ce  qui  préeUe  : 

a.  Lorsqu'on  ne  trouve  pas  de  trace  de  noyau  d*osaficatioii  à 
l'extrémité  inférieure  du  fémur  d'un  enfant^  on  peut  le  considérer 
comme  étant  resté  dans  l'utérus  tout  au  plus  S6  à  87  semaines. 

b.  Un  commencement  d'ossification  qui  présente  la  grandeur  d'oa 
millimètre  annonce  que  l'enfant  a  été  conçu  depuis  87  à  S8  se- 
maines. 

c.  Lorsque  le  noyau  d'ossification  est  de  0«y006  i  0»,008,  il 
annonce  &0  semaines  depuis  le  moment  de  la  conception.  Qaelque- 
fois  cependant,  quand  il  y' a  un  défaut  général  d'ossification,  cette 
règle  se  trouve  violée. 

(I.  Il  y  a  probabilité  qu'un  enfant  a  vécu  après  sa  naissance 
quand  le  point  d'ossification  a  plus  de  6  millimètres  de  diamètre.  Les 
exceptions  à  cette  règle  sont  extrêmement  rares;  mais  la  réciproque 
n'est  pas  vraie. 

Ce  signe  de  la  maturité  d'un  enfiint  présente  le  grand  avantage 
de  ne  pas  être  altéré  par  la  putréfaction,  et  lorsqu'on  ne  trouve  que 
le  squelette  d'un  enfant  on  peut  encore  déterminer  l'âge  approxima- 
tivement, même  longtemps  après  la  mort  (1). 

Il""  La  membrane  puptUaire.  Lorsque  l'enfant  est  à  terme,  la 
membrane  pupillaire  a  disparu,  puisque  ordinairement  elle  n'existe 
plus  après  la  29'  ou  30*  semaine. 

(i)  OUivier  raconte  {loc,  cit.,  p.  346)  :  Les  restes  d'un  enfaut  furent  trouvfia 
dans  une  fosse  d'aisances,  les  parties  molles  avaient  été  transformées  en  adipocire. 
A  rextrémité  inférieure  du  fémur  le  noyau  d'ossification  fut  trouvé  brun,  ayant 
8  millimètres  de  diamètre  ;  il  fut  facile  d'en  conclure  que  l'enfant  avait  vécu  quelques 
semaines  hors  de  l'utérus.  Dans  un  autre  cas,  les  restes  d'un  enfant  furent  trouvés 
dans  une  cheminée,  il  n'y  avait  pas  de  point  d'ossification,  on  en  conclut  que  vrai- 
semblablement lenfanl  n'était  pas  né  à  terme.  (Voyei  plus  bas  ce  qui  est  dit  du 
noyau  d'ossification  comme  signe  de  la  vie  de  l'enfant  après  sa  naissance.) 


▲GB  DB  l'enfant.  —  KATURITÉ.  480 

L2«  Le$  testicules.  C*est  également  à  partir  de  la  80*  semaine 

i  les  testicules  descendent  dans  le  scrotum,  Tenfant  qui  est  à  terme 

t  donc  les  avoir  à  cette  place.  La  peau  du  scrotum  n'a  plus  cette 

ite  d'un  rouge  brun  foncé  et  n'est  plus  si  lisse  qu'auparavant, 

i  prend  la  couleur  de  chair  un  peu  sale  et  devient  ridée. 

LS*  Les  grandes  lèvres  des  filles  se  rerermeui  et  cachent  le  cli- 

is  et  l'orifice  du  vagin. 

W  Le  cordon.  En  général  le  cordon  d'un  enfant  nouveau-né  est 

g  comme  son  corps,  par  conséquent  il  a  A5  à  50  centimètres. 

it  il  y  a  des  exceptions  assez  nombreuses  à  cette  règle,  d'un  autre 

é,  très  souvent  le  cordon  est  coupé  lorsque  le  médecin  légiste  fait 

i  expertise. 

15*  Les  dimensions  des  os.  Gûnz  a  fait  des  expériences  sur  les 

Mnsions  des  os  des  nouveau-nés  à  terme  qui  méritent  d'être  rap- 

Kes  : 

nia 

Hauteur  de  la  partie  du  Tronl  formée  par  Tos  frontaL . .  0,056 

Largeur 0,045 

Loofueur  de  la  partie  orbitale  du  même  os ^ . .  0,025 

Largeur 0,025 

Os  pariétal  depuis  l'angle  antérieur  et  supérieur  jus- 
qu'à l'angle  inrérieur  et  postérieur 0,076 

Os  pariétal  de  l'angle  antérieur  et  inférieur  jusqu'à 

l'angle  postérieur  et  supérieur. 0,076 

Longueur  de  la  partie  occipitale  de  l'os  occipital. . . .  0,050 

Longueur  de  la  partie  squameuse  de  l'os  temporal. . .  0,025 

Longueur  de  l'os  zygomatique • 0,01 2 

Longueur  de  l'os  propre  du  nez 0,010 

Largeur  du  même  os 0,006 

Longueur  du  maxillaire  supérieur  depuis  les  apophyses 
alvéolaires  jusqu'au  bord  antérieur  s'articulent  avec 

les  os  propres  du  nez. 9,025 

Longueur  de  chaque  moitié  du  maxilhiire  inférieur. . .  0,045 

Hauteur  du  maxillaire  inférieur 0,014 

Hauteur  des  sept  vertèbres  cervicales 0,021 

Hauteur  des  douze  vertèbres  dorsales 0,093 

Hauteur  des  cinq  vertèbres  lombaires 0,056 

Hauteur  de  l'os  sacrum  du  coccyx 0,036 

Longueur  de  la  clavicule 0,036 

Longueur  de  l'omoplate • 0,032 


AOO  BIO-TBAHATOLOGIB  DÉS  lfOUYBàU«-llés. 

Uff  eur  de  Tonopltte  ..*,«.»..» » . .  0,087 

Longueur  de  l'iHMérus 0,075 

Longueur  du  cuUtui 0,070 

Uongueuf  du  rsdii» 0,060 

LofigVMir  du  fémur • *.••..•••«..*  0«0t1 

Longueur  de  la  rotule •  • .  •  • 0,018 

Largeur  du  même  oi 0,016 

Lofignenr  duliMl 6|079 

Longueur  du  péroné ••••• 0,011 

Nous  n'attribuons  aucuno  Talour  à  certains  signes  que  des  aulenn 
ont  proposai  comme  devant  prouver  la  maturité.  Par  exempte  :  la 
bouche  entr*ouverte  des  enfants  nés  à  terme,  la  fermeté  des  parties 
'  molles  du  cou,  le  point  dMnsertion  du  cordon  juste  au  milieu  de  U 
ligne  qui  sépare  la  sympbyse  pubienne  de  Tapophyse  xipholde  dn 
sternum. 

0b8.  335.  —  V enfant  X...  eiMi  né  à  t$rm6^ 

Le  26  juin  1851,  en  vidant  une  fosse  de  fumier,  on  trouva  le  cadavre  d'ua 
enfant  nouveau-né.  On  soupçonna  la  (Ule  Vf...  d*6tre  la  mère  ;  eaUè-ei,  coaduiM 
devant  le  magistrat,  raconta  qu'elle  avait  eu  des  rapports  aveen  nommé  N... 
depuis  le  milieu  de  novembre  1850  Jusqu'au  mois  d*avril  18S1.  TêTt  \t  1*^  janvier, 
ses  régies  disparurent.  Oans  le  courant  de  mai,  elle  se  sentait  pendant  la  nuit  tréi 
mal  à  son  aise,  avec  des  douleurs  dans  le  ventre,  elle  s'assit  sur  le  leau  de  la  cui- 
sine et  là  perdit  une  grande  quantité  de  sang  en  partie  coagulé,  mais  sans  qu'il  y 
ait  eu  de  morceaux  très  gros  ;  le  lendemain  elle  vida  le  seau  dans  la  fbasa  au  ftimier. 
L'accusée  avouait  presque  être  accouchée,  malt  Seulement  après  cinq  mois  de  gros* 
sesse  ;  le  peu  de  relâchement  des  téguments  abdominaux,  Tabseneê  de  cicatrices 
et  surtout  la  conservation  intacte  du  frenùlum  parlaient  à  l'appui  de  ce  récit* 

L'enfant  trouvé  avait  cependant  une  longueur  de  47  centimètres ,  pesait 
2500  grammes,  les  diamètres  de  la  tête  étaient  de  0*,07,  0*,08,  0^,11  ;  le  dia- 
mètre des  épaules  0*,10,  le  diamètre  bilatéral  de  la  poitrine  0*,10,  le  diamètre 
antéro- postérieur  de  la  poitrine  0*,07,  le  diamètre  des  hanches  0",07.  Ces  dimen- 
sions étaient  évidemment  celles  d'un  enfint  né  à  terme  et  non  d'un  enfant  de  cinq 
mois.  Les  cartilages  du  nez  et  des  oreilles  étaient  déjà  assez  solides,  les  on^es 
atteignaient  le  bout  des  doigts,  les  grandes  lèvres  couTraient  l'oriÛce  du  vagin  ;  le 
noyau  d'ossification  du  fémur  avait  un  diamètre  de  5  millimètres.  La  putréfaction, 
très  avancée,  ne  permit  pas  de  faire  l'épreuve  de  la  docimasie. 

Je  dus  donc  déclarer  que  certainement  l'enflint  n'était  pas  né  à  cinq  mois,  qu'A 
était  très  probablement  à  terme,  et  que  les  dépositions  de  l'accusée  s'accordent 
avec  les  résultats  de  notre  examen,  cet  enfiint  n'était  probablement  pas  la  aieo.  Le 
ministère  public  abandonna  l'accusation. 


AGE   DE   L'EHPANT.  —  MATUIITÉ.  ^  OBBBRTATIONS.  AM 

Obs.  336.  —  L'0Hfaul  Z...  eU-Al  né  à  terme  f 

Un  vieillard  de  quatre-vingt-deux  ans,  qui  était  atteint  depuis  plusieurs  années 
d'un  cancer  de  la  vessie  et  des  devx  letUculm^  mourut  le  28  août  1 8**,  d'une 
bjdropiaie  générale.  Il  avait  vécu  sans  sa  famille  pendant  presque  toute  la  période 
de  la  vieiUeaM  ;  tofin  étant  fidèlement  soigné  par  sa  cuiêinièfe,  fl  U  récompanai  en 
TépmMêat  six  mois  avant  sa  mort.  La  jeune  veuve  déolani  m  bmiIb  de  janvier  (einq 
■ois  après  la  mort  du  vieillard),  qu'elle  était  enceinte  de  six  moit  (!)  ;  elle  acMu- 
ehi  le  1*' juin  d'une  fille  qui  mourût  quelque  temps  après  et  dont  la  légitimité  fut 
contestée  par  les  héritiers  du  vieillard. 

L'enftint  pesait  3750  grammes  ;  sa  longueur  était  de  0"*,50,  les  diamètres  de  la 
tête  0*,08,  0"*,10,  0"',12,  le  diamètre  des  épaules  0'',12,  le  diamètre  bilatéral  de 
la  poitrine  O'.IO,  le  diamètre  antéro-postérieur  (P,07  ;  toutes  ces  dimensions  indi- 
quent un  enfant  de  quarante  semaines  et  non  un  enfant  né  à  onze  mois  comme  le 
prétendait  la  mère.  On  nous  demanda  si  l'enfant  avait  vécu;  la  doeimasie  nous 
noain  que  deux  petites  portions  tenlement  de  la  partie  inlérieore  du  peuman 
droit  nageaient  et  avaient  une  couleur  rouge  clair,  tandis  que  tout  le  reste  du  pea* 
mon  était  celui  d'un  enfant  mort-né.  Nous  déclarâmes  que  cet  enfant  avait  fait  des 
tentatiret  de  rei^ration  pendant  l'accouchement,  mais  qu'il  pouvait  être  considéré 
eeoMae  mort-aé.  C*eit  ee  que  confirma  plus  tard  l'accoucheur  qui  raoonta  qae  l'en- 
ftat  était  mert  pendant  qu'il  faisait  la  version. 

Ge  cas  nous  montre  encore  une  fois  combien  il  est  important  dans  les  cas  de  soi- 
disant  naissance  tardive  de  constater  l'état  de  puissance  du  père.  Ici  on  prétendait 
qae  ae  Tlefflard  avait  pu  féconder  quatre  semaines  avant  sa  mort  ! 


492  BIO-THANATOLOaiE  WS  NOtTYBAO'IftS. 

CHAPITRE  11. 

I 

DE   LA  VIS  GHBZ  l'BNPâNT. 

LÉGiSLATiOH.  —  AU§.  Umàr,  (  13,  tit.  1.  Les  droits  ciTÛpies  avzqaelsa 
enfiint  qui  n'est  pas  Dé»  mais  qui  est  conça»  lui  seront  réserrés  pour  le  easé 
il  naîtrait  vivant. 

/6Jd.,  /6<d.,  p.  1S.  Il  sera  adnds  qu'un  enfant  est  né  vivant  lorsque  des  témsiiii 
auront  assisté  à  la  naissance  et  auront  entendu  distinctement  la  voix  de  Ven- 
Iknt. 

$  1.  —  Tie  SMM  rssptniM». 

On  emploie  souvent  en  médecine  légale  des  expressions  qui  ne 
sont  pas  ef  ne  doivent  pas  être  entièrement  conformes  an  langage 
ordinaire  de  la  science  et  de  la  médeciae,  à  cause  du  rôle  tout  à  fait 
spécial  du  médecin  légiste  devant  les  juges.  Ainsi  l'iin  trouve  dans 
la  loi  des  mots  techniques,  tels  que  démimce^  imkMHiiéj  aptitude 
au  travail,  etc.  De  même  aussi  le  sens  du  root  me,  qui,  phjsiologi* 
quement,  est  attaché  à  tout  être  organique,  aussi  bien  la  planle  que 
le  fœtus  in  utero,  se  trouve,  dans  le  langage  des  législateurs,  insé- 
parable de  la  respiration.  Vivre,  c'est  respirer;  ne  pas  avoir  res- 
piré, c*est  ne  pas  avoir  vécu.  Car  c*est  seulement  cette  vie  avec 
respiration  et  indépendanle  de  la  mère,  qui  peut  être  démontrée;  et 
le  médecin  légiste,  qui  ne  doit  fonder  son  jugement  que  sur  des 
preuves,  doit  rejeter  toutes  les  autres  vies,  qui  ne  sont  qu'hypothé- 
tiques. 

Cependant  il  est  incontestable  que  la  vie  sans  respiration  existe. 
On  voit  tous  les  jours  des  enfants  qui  naissent  avec  toutes  les  appa- 
rences de  la  mort,  ne  respirant  pas,  et  qui  sont  bientôt,  par  les 
secours  de  l'art,  rappelés  à  la  vie  et  à  la  respiration  (1). 

(1)  Maschka  (Prager  Vierteljahrsschrift^  1854,  III),  a  publié  à  ce  sujet  deux 
observations  très  curieuses.  La  première  concerne  un  enfant  né  sans  témoin  et 
enterré  qui  fut  rappelé  à  la  vie  sept  heures  après  sa  naissance  ;  la  seeonde  est 
l'histoire  d*un  enfant  né  avec  les  apparences  de  la  mort,  mais  dont  on  pouvait  per- 
cevoir de  très  légers  bruits  du  cœur  ;  il  resta  dans  cet  état  pendant  vingt-trois 
heures. 


VIE  SANS  RBAPIRàTlOlf.  AQ3 

Ces  mêmes  eafenls  qui  viennent  au  monde  pour  ainsi  dire  asphyxiés, 
peuvent  être  victimes  d'un  infanticide  soit  par  omission,  soit  par  com- 
mission. En  effet,  il  suffit  qu'on  ne  fasse  pas  les  tentatives  nécessaires 
pour  le  sauver,  pour  que  l'enfant  meure.  Mais  devant  un  pareil  cas, 
qui  oserait  soutenir  que  cette  parcelle  de  vie  aurait  pu  devenir  une 
fie  complète  par  l'intervention  des  secours  de  l'art  ?  Tandis  qu'il 
serait  plus  facile  de  prouver  l'infanticide  par  commission  d'un  enfant 
né  avec  les  apparences  de  la  mort,  par  exemple,  s'il  j  a  des  preuves 
de  violence  extérieure.  On  doit  être  prévenu  contre  l'opinion  de 
H.  Devergie,  étonnante  dans  la  bouche  d'un  praticien  aussi  distingué, 
qui  dit  que  la  présence  de  sang  coagulé  soit  à  la  tète,  soit  dans  une 
autre  partie  du  corps,  constitue  la  preuve  d'un  tel  cas. 

Les  seules  circonstances  dans  lesquelles  on  pourrait  reconnaître 
des  violences  exercées  sur  un  enfant  né  avec  les  apparences  de  la 
morty  serait  lorsqu'on  trouve  à  l'endroit  de  la  blessure,  des  espèces 
de  réactions  analogues  à  celles  qui  existent  aux  blessures  faites  pen- 
dant la  vie.  Ea  loua  cas,  ces  faits,  excessivement  rares,  doivent  tou- 
jours être  exposés  dans  tout  ce  qu'ils  ont  de  spécial,  au  juge,  qui  aura, 
luiy  à  décider  la  culpabilité  ou  le  degré  de  culpabilité. 

U  y  a  des  cas  encore  plus  rares  que  l'on  a  imaginés  ou  déterrés 
des  archives  avec  un  soin  digne  d'une  chose  plus  importante,  et  qui, 
eux  aussi,  doivent  prouver  la  possibilité  d'une  vie  sans  respiration, 
soit  la  vie  d'une  seconde  ;  par  exemple,  la  naissance  dans  les  mem- 
branes, U  naissance  dans  l'eau,  etc.  Ces  cas  sont  des  curiosités  qui 
doivent  être  jugées  d'après  les  circonstances  de  l'accouchement,  .et 
qui  certainement  ne  sont  aucunement  applicables  à  la  règle  générale, 
i  ce  qui  se  passe  tous  les  jours  dans  les  naissances  ordinaires.  Donc  : 
Nous  ne  nions  pas  une  courte  vie  post  partum  sans  respiration  ; 
mais  n'ayant  aucun  moyen  de  la  reconnaître  après  son  extinction, 
une  telle  vie  ne  peut  être  un  fait  pour  la  médecine  légale,  qui  n'ad- 
met que  ce  qu'elle  peut  prouver,  une  vie  avec  respiration. 

La  justesse  de  cet  axiome  a  été  reconnue  de  tout  temps.  Déjà 
Galien  dit  :  In  confessa  est  respirationem  a  vita  et  vilam  a  respi-- 
ralione  separari  non  passe j  adeo  ut  vivens  omnino  spiret  el  spi- 


hU  BIO-THÀRÂTOLOOIB   DBS  lfO0TEÀU-]ffÉS. 

rmu  omnino  vivai.  CasI  bref  et  ctatr  I  De  même  que  êœpirerèm 
les  langues  romaneê,  de  même  eœpirare  en  latin  est  synonyme  de 
mort.  Et  ce  qui  ponr  notre  thèse  n'est  pas  sans  importanee,  Tidei- 
tité  du  souffle  et  de  la  vie  a  été  reconnue  même  par  la  langue  do 
droit.  Expirer  ches  les  juristes  veut  dire  cesser  d'être,  s*éleindR, 
se  périmer.  C'est  ainsi  que  l'on  dit  dans  les  Pandêcies  :  OUigûlk 
êKfirat. 

Nous  pouvons  voir  dans  les  vieilles  lois  aniijusiimennesy  et  phs 
tard  dans  les  lois  germaniques,  la  valeur  qu'attribuaient  les  phs 
anciens  législateurs  A  la  fonction  de  respiration  comme  eriierium  de 
la  vie  des  enfants,  puisqu'on  demandait  comme  preuve  de  In  vie  imkc 
audiia  intra  quatuor  pariêies  domui.  Lti  loi  prussienne  demande 
non-seulement  le  cri,  mais  la  voix  clotrs,  comme  preuve  de  la  vie. 
Et  on  a  objecté  ici  qu'il  y  a  contradiction  dans  la  législation  pnu- 
sienne,  qui  admet  elle-même  une  vie  sans  respirstion,  puisque  les 
$  S  181  et  182  parlent  d'infiinticide  du  fœtus  m  «fsr»,  et  il  n'y  a 
qu'un  être  vivant  qui  peut  être  tué  !  Gela  est  vrai  ;  mais,  outre  que 
l'on  n'a  jamais  sérieusement  contesté  la  vie  de  l'enfant  dans  le  sein  de 
sa  mère,  il  faut  convenir  que  le  législateur  se  trouve  sur  un  autre 
terrain  que  le  médecin  légiste.  Le  législateur  a  eu  de  tout  temps 
raison ,  de  punir  l'infanticide  du  fœtus.  Sa  mission  est  de  prot^er 
aussi  bien  Thomme  à  naître  que  l'homme  né,  et  dans  la  grande  majo- 
rité des  cas  le  fruit  dans  le  sein  de  la  mère  est  un  homme  à  naître. 
Dans  l'intérêt  des  mœurs  et  de  la  sûreté  publiques,  il  ne  doit  pas 
ignorer  la  possibilité  de  l'anéantissement  de  l'existence  future  de  cet 
kamunculus,  ni  laisser  sans  peine  cette  action  criminelle.  Mais  ce 
devoir  et  cette  position  ne  sont  pas  du  tout  ceux  du  médecin  légiste. 
En  disant  s'il  y  a  eu  oui  ou  non  infanticide  do  fœtus  m  iflero,  le 
médecin  a  rempli  son  devoir,  et  dans  le  cas  où  on  lui  poserait  la 
question  qui  nous  a  été  posée  :  Le  fruit  avorté  vivait-il,  oui  ou  non, 
dans  le  sein  de  la  mère?  il  pourra  en  conscience  répondre  affirma- 
tivement ;  sauf  k  donner  à  cette  vie  utérine  la  définition  qu'il  croit 
convenable. 

C'est  avec  des  arguments  comme  ceux  que  j'ai  développés  plus 


RBSniUTIOff  iTAMT  LA  NAIMAlfCB.  A9t 

bMl,  qae  l'on  a  essayé  de  prendre  A  défaut  la  valeur  de  la  docimasie 
pulmonaire.  Mais,  avec  des  réAita tiens  de  celte  nature,  il  n*est  plus 
pos8il>le  d'adflseltre  une  seule  preuve  en  médecine  légale.  Ainsi  les 
moyens  d*investigatioB  dans  l*inloiication  par  l'arsenic  deviennent 
SMM  valeur,  parce  que,  dans  des  cas  asses  nombreux,  les  réacttfli  de 
Yêdàê  arsénieux  sont  restés  sans  effet.  De  même  aussi  des  moyens 
de  prouver  la  grossesse,  parce  que  dans  beaucoup  de  cas,  comme 
tout  le  monde  le  sait,  les  preuves  manquent. 

L'objection  suivante  aurait  peut-être  plus  de  valeur  :  Si  la  doci« 
masie  pulmonaire  établit  le  fait  de  la  vie  respiratoire  de  Tenfant, 
•Ile  ne  prouve  pas  que  l'enfant  mort-né  n'ait  pas  respiré  mmnî  sa 
u  C'est  ce  qui  (éra  l'objet  du  chapitre  suivant. 


Lee  observations  de  respiration  du  fœtus  dans  ses  membranes 
seat  très  rares,  de  plus  elles  sont  très  souvent  inexactes  ;  mais  quand 
en  devrait  en  reirencher  même  la  moitié,  il  faudrait  encore  admettre 
la  peesibilité  de  cette  respiration  avant  la  naissance  et  même  dans 
rutéftis.  Le  cri  de  l'enflint  dans  le  sein  de  la  mère,  le  vagiêeemeni 
mMn,  (pioiqu'il  soit  si  flM^ilement  sujet  d'erreurs,  a  été  mis,  dans 
les  temps  modernes,  sur  le  champ  des  observations  scientifiques. 

Aiaal  on  a  découvert  des  extravasations  capillaires  sous  la  plèvre, 
anr  l'aorte,  sur  le  cœur,  que  nous  avons  appelées  eechymoees  pété* 
eAtalat,  perce  qu'elles  ressemblent  beaucoup  aux  pétéchies.  Nous  en 
avens  déji  perlé  à  propos  de  l'asphyxie  des  nouveau-nés.  * 

Beaucoup  d'atCeurs  les  ont  observées,  et  leur  origine  ne  peut  être 
attribuée  i  d'autres  cauaea  qu'à  une  espèce  de  respiration  instinctive 
el  httéè  dana  l'utérus,  lorsque  la  marche  régulière  du  changement 
dea  gai  qui  ae  hit  par  le  sang  vient  k  être  interrompue  par  un  acci- 
dent arrivé  soit  au  placenta,  soit  au  cordon.  H  est  étonnant  que  ce 
Ml,  qui  a  beaucoup  préoccupé  les  physiologistes  et  les  accoucheurs, 
et  que  Bohn  a  déjà  établi  depuis  cent  cinquante  ans,  soit  resté  jus- 
qulan  tempa  modernes  sans  être  pris  en  considération  par  la  roéde- 
due  légale.  Puisque  l'on  ne  peut  pas  nier  la  possibilité  de  ces  eA>rts 


A96  BIO-TflAfiATOLOGIB  DBS   NOUVEAB-MÉS. 

io8line(ift  de  respiration  dans  l'utéruSy  on  doit  admettre  à  priori 
que  quand  même  on  n'aurait  pas  entende  les  cris  dans  le  sein  de  b 
mère,  il  peut  exister  une  respiration  suffisante  et  conuf^èle. 
H.  Hecker  en  a  observé  un  cas  très  intéressant. 
Une  femme  Agée  de  vingt-huit  ans,  multipare,  étant  sur  le  point  d*K- 
coucher,  perdit  une  grande  quantité  de  l'eau  da4!amnio8,  on  exmiBi 
et  on  vit  qu'une  anse  du  cordon  avait  fait  chuté; tt  sortait  des  parti» 
génitales,  on  apercevait  distinctement  les  pulsations  des  vaisseaux. 
L'orifice  de  la  matrice  avait  une  ouverture  grande  comme  une  pièce 
de  2  francs,  et  avec  le  doigt  on  sentait  la  tète  de  l'enfant  très  mobile, 
on  entendaitdistinctement  les  bruits  du  cœur  de  l'enfant.  On  essaya 
de  rentrer  le  cordon,  mais  n'y  réussissant  pas,  on  le  remit  dans  le 
vagin  en  le  garantissant  au  moyen  d'une  éponge.  Une  heure  après, 
l'orifice  de  la  matrice  était  beaucoup  agrandi,  mais  ce  n'était  plus  la 
tète,  c'était  le  coude  droit  qui  se  présentait,  les  pulsations  du  cordon 
étaient  restées  les  mêmes  ;  la  version  fut  faite  sans  beaucoup  de  dif- 
ficultés, mais  la  main  glissant  sur  la  paroi  postérieure  du  bassin,  ne 
pot  éviter  suffisamment  le  cordon,  et  ce  dernier  fut  soumis  i  une 
légère  pression,  immédiatement  il  y  eut  de  la  part  de  TeniSuit  des 
inspirations  profondes  et  réitérées  que  la  main  de  l'opérateur  sentit 
d'une  manière  très  sensible. 

L'enfant  vint  asphyxié,  il  pesait  3500  grammes  et  était  long  de 
h7  centimètres  ;  toutes  les  tentatives  que  l'on  fit  pour  le  rappeler  à  la 
vie  furent  infructueuses,  quoique  l'insufflation  eût  réussi  comme  on 
en  acquit  la  preuve  lors  de  l'autopsie.  Il  y  avait  bypérémie  des 
organes  de  la  poitrine  et  de  l'abdomen,  et  des  extravasations  sous- 
pleurales  et  sous-péricardiales.  Il  va  sans  dire  qu'il  était  impossible  de 
dire  si  les  tentatives  de  respiration  dans  l'utérus  avaient  permis  l'entrée 
de  l'air  dans  les  poumons,  puisque  ceux-ci  étaient  remplis  par  Tio- 
sufflation  artificielle. 

M.  Hohl  cite  aussi  des  observations  analogues.  Il  cite  des  cas  oA  le 
tronc  de  l'enfant  était  déjà  sorti,  la  tète  était  encore  dans  le  bassin, 
l'utérus  était  contracté  et  le  placenta  délaché.  Dans  deux  de  ces  cas, 
M.  Hohl  a  vu  que  la  poitrine  de  l'enfant  s'est  soulevée  successive- 


RESPIRATION   AVANT   LA    NAISSANCE.  &97 

nei»/  trois  ou  quatre  foisy  et  Tenfant  est  mort-né.  Du  reste  point  de 
race  d'air  dans  les  poumons. 

Cet  accoucheur  a  observé  aussi  des  tentatives  de  respiration  dans 
m  cas  de  chute  du  placenta,  et  il  a  vu  des  mouvements  respiratoires 
t€  manifester  déjà  pendant  la  version  dans  un  accouchement  où 
'eaEuit  vint  pâle  et  mort. 

Dans  tous  ces  cas  on  a  trouvé  des  ecchymoses  pétéchiales,  c*est-à- 
lire  des  extravasations  nombreuses  et  pojntillées  sur  la  surface  des 
|N>amons  et  du  cœur. 

La  conclusion  de  tout  ce  qui  précède^  c'est  que  le  fœtus,  pendant 
la  vie  intra-utérine  et  après  le  détachement  des  membranes,  peut 
Faire  des  essais  de  respiration  et  même  aspirer  le  contenu  liquide  de 
l'œof.  Mais  ce  fait  ne  contrecarre  en  rien  les  résultats  de  la  docimasie 
pulmonaire,  car  les  poumons  de  tels  enfants  gagnent  toujours  le  fond 
de  l'eau,  et  dans  les  cas  rares  où  ils  surnagent,  cela  ne  tient  qu'aux 
enais  d'insufflation  auxquels  ils  ont  été  soumis. 

Maintenant,  dans  la  pratique  de  la  médecine  légale,  cette  question 
le  respiration  intra-utérine  est  sans  influence  sur  la  solution  de  la 
liitstion  de  la  vie  extra -utérine;  car  les  circonstances  qui  provo- 
^nl  cette  respiration  intra-utérine  sont  celles  d'un  accouchement 
plus  ou  moins  difficile,  artificiel  et  toujours  très  long.  Il  faut  que  les 
MQx  se  soient  écoulées,  que  l'enfant  ne  descende  pas  dans  l'uté- 
ras,  qu'il  se  présente  par  la  face,  que  l'orifice  du  col  de  l'utérus 
loit  largement  ouvert,  que  le  canal  du  vagin  soit  élargi  par  la  main 
de  l'accoucheur.  Alors  il  peut  y  avoir  non-seulement  cet  effort  ins- 
lioctify  court  et  sans  résultat  observé  dans  les  cas  précédents,  mais 
Qoe  entrée  de  l'air  dans  les  paumons^  une  respiration  réelle,  enfin 
tm  vagissement  utérin. 

Or  les  enfants  trouvés  mort-nés  et  apportés  au  médecin  légiste» 

pour  la  docimasie  pulmonaire,  sont  toujours  le  résultat  d'accouché* 

ments  clandestins  qui  ont  dû  être  très  courts,  sans'quoi  ils  ne  seraient 

pas  restés  clandestins.  Et  pendant  ces  accouchements  courts,  l'enfant 

■'a  rencontré  ni  les  conditions  ni   la  nécessité  d'une  respiration 

dans  l'atérus. 

n.  32 


408  BIO-THANàTOLOGIB   DES   NOUVEAU-MÉS. 

Donc  nous  concluons  :  Que  tout  enfant  né  clmndestinenuni,  fut 
présentera  des  traces  de  respiration^  doit  être  considéré  comme 
ayant  respiré  après  sa  naissance  (ni  pendant  ni  avant)^  c'ai-à- 
dire  que  V enfant  est  né  vivant. 

Dans  le  cas  où  l'enfant  n'est  sorti  que  par  la  tète  et  est  eicilé  i 
la  respiration  entre  les  cuisses  de  sa  mère,  on  ne  peut  le  considènr 
comme  ayant  poussé  le  «  Tagissement  utérin  »  :' 

<(  3.  —  Docimasie  palmooaire. 

Les  objections  que  l'on  a  soulevées  contre  la  docimasie  pulmonaire 
en  général  sont  aussi  peu  sérieuses  que  celles  qui  ont  été  dirigées 
contre  chaque  épreuve  de  cette  docimasie. 

Nous  allons  étudier  cette  docimasie  avec  tous  les  détails  qu'elle 
comporte. 

A,  Apreutc  du  foie. 

Les  épreuves  et  expériences  proposées  par  MM.  Daniel,  Bernt^ 
Wildberg,  Tourtual,  etc. ,  sont  trop  compliquées  pour  être  mises  Daci— 
leroent  en  pratique,  aussi  n'a-t-on  pu  vérifier  toute  leur  valeur,  et 
nous  serions  nous  même  très  embarrassé  de  donner  notre  opinion  à 
leur  égard. 

Nous  ne  croyons  pas  devoir  nous  appesantir  beaucoup  sur  la  cri- 
tique des  épreuves  proposées  pour  le  foie  dont  le  règlement  avec 
intention  ne  fait  pas  mention.  Il  est  vrai  que  le  poids  du  foie  diminue 
par  le  fait  de  la  respiration,  et  que  par  conséquent  les  rapports  des 
poids  du  foie  et  du  corps  changent;  mais  ce  fait  ne  mérite  pas  grande 
attention,  car  ce  changement  de  poids  n'a  pas  lieu  avec  les  premiers 
souffles,  mais  seulement  après  une  respiration  prolongée  et  active,  el 
alors  les  épreuves  faites  sur  le  poumon  ne  peuvent  laisser  aucun 
doute.  Ces  épreuves  sur  le  poids  du  foie  sont  donc  superflues.  Or,  ce 
qui  est  superflu  doit  être  rejeté  comme  inutile  et  même  comme  nui- 
sible dans  ces  circonstances  où  les  épreuves  incertaines  servent 
d'armes  aux  avocats  contre  le  médecin. 


DOCIHASIB  PULMONAIRE.  — VOUSSURE   DU   THORAX.  A99 

El  même  la  base  de  celte  épreuve  est  très  peu  sûre,  car  le  poids 
du  foie  est  tellement  variable  qu'il  est  impossible  d'en  tirer  une  loi. 

MM.  Bernt  et  Elsàsser  ont  fait  l'un  et  l'autre  des  expériences  sur 
cette  question.  M.  Bernt,  après  cent  observations,  a  trouvé  que  chez 
dos  enfants  mort-nés  le  poids  du  foie  était  de  105  à  225  grammes, 
al  aor  des  enfants  ayant  respiré  de  75  à  285  grammes.  M.  Elsàsser 
a  fait  65  expériences  sur  des  enfants  mort-nés  venus  à  terme,  et  a 
trouvé  depuis  83  grammes  jusqu'à  160. 

De  telles  expériences  montrent  bien  la  valeur  des  épreuves  du  foie. 
Lt  différence  entre  les  enfants  mort -nés  et  les  enfants  nés  vivants  est 
inaignifiante,  et  on  ne  peut  pas  tirer  une  loi  même  de  la  moyenne 
des  deux  nombres.  Du  reste,  en  général  les  moyennes  ne  peuvent  être 
que  d'un  secours  très  douteux  en  médecine  légale.  C'est  ce  que  nous 
verrons  même  pour  des  épreuves  plus  sûres  que  celles  du  foie. 

B.    VOUSSURE  DU   THORAX. 

Le  thorax  d'un  enfant  qui  a  respiré  et  dont  les  poumons  ont  été 
par  conséquent  remplis  par  de  l'air  et  du  sang,  doit  avoir  augmenté 
de  volume  et  doit  avoir  un  aspect  plus  bombé  et  plus  large.  Ce  fait 
ddl-il  être  pris  en  considération  ? 

D*abord  le  seul  aspect  d'un  thorax  d'enfant  ne  suffit  pas  pour  que 
Ton  puisse  juger  s'il  est  plat  ou  bombé.  L'observateur  le  plus  exercé, 
après  avoir  vu  des  centaines  de  cadavres,  ne  peut  pas  le  distinguer. 

Quant  à  l'ancienne  méthode  de  Daniel,  qui  consiste  à  mesurer  le 
degré  de  voussure  du  thorax  au  moyen  d'un  fil,  il  faut  complète- 
ment la  rejeter.  Car  les  dilTérences  qui  se  présenteront  à  cause  de  la 
^08  ou  moins  grande  élasticité  du  fil  et  de  la  plus  ou  moins  grande 
pression  que  l'on  exercera  sur  le  thorax  seront  certainement  plus 
grandes  que  celles  qu'il  s'agit  de  mesurer  et  qui  ne  peuvent  être  que 
des  fractions  de  centimètres. 

La  méthode  maintenant  adoptée  est  celle  qui  consiste  à  mesurer  les 
diamètres  transversaux  et  antéro-postérieur  avec  un  compas  d'épais- 
seur. Ces  deux  diamètres  chez  le  même  enfanl  seront  certainement 


500  BIO -TH AKATOLOGIl!:    DES  NOUVEAU-NÉS. 

plus  grands  après  la  respiration  qu'avant  la  naissance.  Oiii«  mais  alors 
il  faudrait  avoir  mesuré  ces  diamètres  dans  l'utérus.  On  est  donc 
obligé  d'en  revenir  aux  lois  générales,  aux  moyennes.  Si  encore  ces 
moyennes  étaient  sérieuses,  si,  prises  sur  un  grand  nombre  de  cas, 
elles  différaient  peu  du  résultat  de  l'observation  de  n'importe  qod 
individu,  comme  cela  se  trouve  par  exemple  pour  les  diamètres  deli 
tète  des  nouveau-nés  où  l'on  peut  prendre  la  moyenne  sans  hésiter 
pour  le  premier  cas  venu.  Mais  non.  De  nombreuses  expériences 
nous  prouvent  que  les  deux  diamètres  transversaux  et  aniéro-posté- 
rieurs  observés  au  moment  de  la  naissance  chez  les  enfants  mort- nés 
ou  nés  vivants,  ne  présentent  pas  des  relations  assez  constantes  pour 
que  l'on  puisse  en  tirer  une  moyenne  appliquable  à  tous  les  cas.  Les 
différentes  manières  de  se  servir  du  compas,  la  respiration  plus  ou 
moins  complète,  les  différents  degrés  de  formation  de  l'enfant,  sont 
autant  de  causes  d'inexactitude  dans  cette  mesure. 

Le  fait  est  que  dans  mes  observations  personnelles,  comme  dans 
celles  de  bien  d'aulres  auteurs,  il  existe  tant  de  différences  impor- 
tantes que  l'on  doit  accepter  avec  beaucoup  de  réserve  toutes  les 
épreuves  faites  sur  la  voussure  du  thorax.  J'ai  dressé  une  table  con- 
tenant les  mesures  du  thorax  de  238  nouveau-nés  à  terme,  158  nés 
vivants,  80  nés  morts.  70  cas  ont  été  observés  par  moi-même, 
c'étaient  des  cadavres  frais,  car  j'ai  toujours  rejeté  ceux  qui  étaient 
atteints  de  putréfaction  à  cause  des  gaz  qui  se  développent  dans  la 
poitrine  par  le  fait  de  la  putréfaction.  Les  autres  136  cas  ont  été 
observés,  sur  ma  prière,  dans  les  deux  maisons  royales  d'accouche- 
ments. 


DOCIIUBIE  PCILHONÀtRE. — TÛDSSORE   DU  THORAX. 
ToUmh  reprtientanl  les  d-meruiont  du  ihoroj-  de  338  noareau- 
donl     S8  ont  vrcu  cl  Au  iftaimt  mort-nèi. 


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OBSEHVATIONS. 

1 

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11 

"l 

0,09 

0,07 

Vivsnl;  nayé. 

ta 

oiio 

0,07 

Vivsnl;  asplivxic. 

2 

0.09 

0.07 

Id.  hémorrh»(. 

49 

1 

0,10 

0,08 

td. 

0,08 

0,07 

M.  apoplexie. 

SO 

9.07 

0.06 

Id. 

a 

0,07 

0,06 

51 

D.IO 

0.07 

Id. 

G 

0,10 
0,08 
0,1U 

0,07 
0,07 
0.07 

Id.     noïé. 
Hort-né. 
Id. 

52 
53 

51 

1 

0.08 
U.U 
0,11 

0,07 
0,08 

Id. 
Mort-ni-,  S  kilogT. 
Vivant. 

S 

0,08 

0.07 

Viïa..l;  noyé. 

.-iâ 

a,uQ 

o;o7 

Id. 

10 

U,09 

o.ii 

0,06 
0,06 

Id.    apoplexie. 
Id,         id. 

56 
57 

1 

0,08 
0,08 

0,07 
0,07 

Id. 
Id. 

12 

0,10 
0,10 

0,07. 
0,00 

Id.     aiphïiio 
Id.    apoplexie. 

58 

5D 

; 

>,10 
J.IO 

0,07 
0,06 

Id. 
Id. 

13 

0,10 

0,07 

Id.         id. 

60 

0,10 

0.08 

Id. 

0,10 

0,07 

Horl-nc. 

61 

0;08 

0,07 

Id. 

0,110 

0,06 

Viïsnt;  apoplexiB. 

62 

0,10 

Id. 

0,09 

U,OS 

Id.       id. 

63 

0,10 

0.08 

Id. 

17 

0,10 

0,07 

Id.         id. 

6Jt 

0,09 

0,08 

Id. 

0,10 

0,07 

(d.     noyé. 

65 

0.U8 

0,07 

Id. 

0,07 

0,06 

Morl-rié. 

66 

0,08 

0,07 

Id. 

30 

0,11 

0.06 

Viïfliil;  apoplexie. 

C7 

0.08 

0,07 

Morl-n.'. 

0,11 

0,07 

Id.         id. 

68 

0,07 

0,06 

Id. 

M 

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1 

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0,10 

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71 

0,10 

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72 

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36 

0,10 

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73 

1 

0.07 

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37 

0,10 

0,07 

Id.        id 

74 

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38 

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75 

1 

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76 

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77 

i 

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31 

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Id.         id. 

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1 

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0,08 

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32 

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83 

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0,07 

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37 

0,10 

0,08 

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84 

0,10 

0,07 

Vivanl. 

38 

0.10 

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Id.           id. 

85 

0.10 

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Id.        8.phïXiB. 

39 

0,09 

0,07 

Id.         id. 

Mfi 

0,09 

0,07 

Id.     bleuurei. 

AD 

0,09 

0,07 

Id.        id. 

87 

0,10 

0,08 

Id.     asphyxie. 

11 

0,08 

0,07 

Morl-nê. 

88 

0,07 

0,06 

Vivant. 

A3 

0,08 

0,07 

Vivant;  apoplexie. 

89 

0.10 

0.07 

Id.     bleiiure». 

43 

0.10 

0.07 

Id.         id. 

90 

o,to 

0,08 

Id.     pulrÉilé. 

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0,10 

0,00 

Id.      asphysie. 

91 

0,09 

0.07 

Id.     noj*. 

*5 

0,10 

0.08 

Id. 

92 

1 

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Id.     aipliyxie. 

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91 

1.09 

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M-     noï*. 

502  BIO-TlfA.\ATOLOGie   DU   AUUVKAU-NËS. 

7abl0MI  repriunlant  lei  dimeaim»idu  thorax  de  238  nm 
dont  1  AS  ont  reçu  tt  80  fiaient  morl-itii. 


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Id 

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Id. 

112 

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Id 

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Id. 

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Id. 

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Id 

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Id. 

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Id. 

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Id 

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Id. 

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irOCIIIUW  PULMOKAIU.  — VOUSaUHE  PU  THORAX. 

TMtau  reptéttntant  1m  dtmcniiont  du  thorax  dt  33S  nouv«an-nét, 

rfoni  ISS  ont  vécu  et  80  étaimt  tnorl-nri. 


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d.l.p«Uri,,>. 

OBSEBÏAIIOBB. 

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J^tapoillillD 

OBSERVATIONS. 

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Id. 

près  ce  tableau  les  mojennes  eodI  : 


re    tmuienil. 

n  aatéro-piMUrigur O.OTO 

m  d«    dMDièlre  Irani- 

1 0,11 

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l 0,07 

n  du  diiBiàtTB  antiro- 

rieoT 0,08 

m   du  diamètre  anléro- 
rtmif 0,06 


0,09         DUmèlre   IrtntverMl 0,08 

Diimilre    tattro-poitériuir...   O.OTIt 
Maximum   du  dîtmètre  trani- 

Hinimnm  du  diamètre  Inni- 
venal 0,06 

Maximum  du  diamètre  anlèro- 
poitérieur 0.10 

Minimum  du  diamètre  antéro- 
pottérieur 0,0!l 


énlte  de  ce  tableau  cette  conclusiou  curieuse  que  cbei  ]ea 


ï* 


60 A  BIO-THANATOLOGIE   DIS  NOOTEAU-lrtS. 

enfants  mort-nés  le  diamètre  transversal  est  plus  grand  que  chez 
les  enfants  nés  vivants  ;  quant  au   diamètre  antéro-postérieor,  il 
se  trouve  seulement  un  peu  plus  long  chez  ceux  qui  ont  respiré  que 
chez   les  autres;  les  différences  entre  les  maximum  et  mimmam 
varient  de  1  à  2  centimètres,  et  enfin  les  diamètres  peuvent  être 
égaux  avant  et  après  la  naissance.  Il  résulte  donc  que  la  vouaure  it 
la  poitrine  comme  signe  diagnêftlque  n'a  aucune  espèce  de  valeur 
en  elle-même, 

M.  Elsasser  a  fait  aussi  des  expériences  sur  la  mesure  de  la  cir- 
conférence du  thorax.  Ses  résultats  ne  sont  pas  moins  extraordinaires. 
Sur  cinquante  mesures  faites  sur  des  enfants  nés  vivants  et  A  terme, 
il  a  trouvé  enire  les  maximum  et  minimum  les  différences  de  32  cen- 
timètres à  22  centimètres^  ce  qui  est  énorme  ;  et  sur  huit  mesures 
faites  sur  des  enfants  mort-nés,  il  a  trouvé  entre  les  maximum  et 
mininnim  les  différences  de  20  à  25  centimètres. 

Toutes  ces  variations  qui  prouvent  que.  Ton  ne  peut  admettre  une 
moyenne  sérieuse,  tiennent  à  plusieurs  causes  :  les  différences  de  con- 
formation du  squelette,  d'épaisseur  des  parties  molles,  graisse  et 
muscles,  la  plus  ou  moins  grande  distension  de  la  poitrine  causée  par 
la  respiration  plus  ou  moins  complète,  enfin  la  plus  on  moins  grande 
quantité  d*air  entrée  dans  les  poumons. 

(\    SITIATION    DU   DIAPHRAGME. 

Do  même  que  pour  le  <  rilérium  quf  précède,  nous  ne  nous  arrê- 
terons pas  devant  l'objection  de  la  possibilité  de  changement  de  posi- 
4ion  du  diaphragme  causé  par  des  essais  d'insufllaîion.  Nous  revien- 
drons plus  loin  sur  celte  question.  Cette  position  du  diaphragme 
doit  être  naiurellemenl  plus  haute  pendant  la  vie  fœtale  qu'après 
la  respiration,  et  le  fait  seul  de  son  abaissement  indique  l'exécu- 
tion de  la  respiration.  La  meilleure  manière  de  se  rendre  compte 
de  celte  position  du  diaphragme ,  c'est  après  avoir  ouvert  le 
ventre  d'introduire  le  doigt  à  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  voûte,  et 
avec  un  doigt  de  l'autre  main  compter  les  côtes  jusqu'à  ce  que  les 


DOCIMASIE   PULMONAlBy. — VOLUME   DES  POUMONS.  505 

deux  doigts  se  renconticnt.  La  règle  est  que  le  point  le  plus  haut  de 
la  viiûte  du  diaphragme  chez  les  enfants  mort-nés  est  entre  la  qua- 
trième et  la  cinquième  côte,  et  chez  les  enfants  nés  vivants  entre  la 
sixième  et  la  septième.  Il  y  a  peu  d'exceptions  à  cette  règle,  et  Ton 
peut  en  conclure  que  la  position  du  diaphragme  est  un  bon  signe 
diagnostique. 

Cependant  il  y  a  bien  des  camtt  qui  peuvent  diminuer  la  valeur 
de  cette  preuve  ;  d'abord  lorsque  la  respiration  a  été  courte  et  que 
peu  de  sang  est  entré  dans  le  poumon,  puis  lorsqu'il  y  a  des  gaz 
accumulés  dans  l'intestin  qui  peuvent  refouler  en  haut  le  diaphragme, 
de  telle  sorte  que  sa  position  devient  absolument  la  même  après 
comme  avant  la  respiration.  D'un  autre  côté,  le  diaphragme  peut  se 
trouver  refoulé  en  bas  par  la  pression  de  gaz  putréfiés  dans  la  poi- 
trine. 

D.    VOLUME  DES   POUMONS. 

Les  poumons  du  fœtus  ne  remplissent  pM  toute  la  poitrine  et  sont 
disposés  de  telle  sorte  que  le  poumon  gauchfi  ne  recouvre  pas  du  tout 
le  cœur,  tandis  que,  après  l'acte  de  la  respiration  dans  la  plupart 
des  cas,  le  lobe  inférieur  du  poumon  gauche  recouvre  jusqu'à  lu 
moitié  du  pMcarde. 

En  général,  les  poumons  du  fœtus  sont  enfouis  au  fond  du  thorax 
et  ne  remplissent  guère  que  le  tiers  de  la  cavité  thoraeique,  de  telle 
sorte  que  lorsqu'on  enlève  le  sternum  on  n'aperçoit  que  le  bord  tran- 
chant de  ces  poumons. 

Cette  différence  d'extension  des  poumons  est  un  bon  signe  pour  l'œil 
exercé  qui  se  trouve  en  face  de  cas  bien  tranchés,  c'est-à-dire  lorsqu'il 
y  a  eu  une  respiration  entière  ou  une  absence  complète  de  respira- 
tion. Hais  pour  la  respiration  intermédiaire,  celle  qui  a  été  courte  et 
de  peu  d'étendue,  ce  signe  devient  très  vague,  car  dans  ce  cas 
les  poumouF  n'ont  pas  été  à  même  de  changer  d'état  et  ils  peuvent  se 
trouver  encore  très  en  arrière.  Il  faut  alors  avoir  recours  aux  autres 
épreuves  de  la  docimasie  pulmonaire  pour  trancher  la  question. 


5U(>  BIO-THANATOtOGlE   DES  MOUVBAU-NÉS. 


E.   COULBVB  M8  POUMOIIS. 

De  tous  temps  les  auteurs  ne  se  sont  pas  accordés  sur  les  diR- 
rences  qui  existent  entre  la  couleur  du  poumon  qui  n'a  pas  respiré  et 
celle  du  poumon  qui  a  respiré.  Cette  divergence  d'opinion  s'explique, 
car  la  p^ception  des  couleurs  eslliMiividuelle,  et  il  est  très  difficile, 
surtout  pour  ce  qui  concerne  les  nuances  peu  tranchées,  d'exprimer 
clairement  par  des  mots  tout  ce  que  l'œil  observe. 

Nous  laisserons  de  côté  l'opinion  de  Galien  qui  n'est  basée  que  sur 
des  expériences  faites  sur  des  animaux. 

Dans  les  auteurs  modernes,  nous  trouvons  les  descriptions  les  plus 
diverses.  J'ai  essayé  d'en  faire  peindre  d'après  nature,  mais  ces 
figures  ne  suffisent  pas,  à  moins  d*en  dessiner  vingt  ou  trente  de 
chacune  des  deux  espèces  du  poumon.  Orfila  et  Billard  ont  eu  raison 
de  dire  que  les  poumons  du  fœtus  présentent  des  nuances  très  va- 
riées, et  M.  Devergie  a  dû  n'être  basé  que  sur  des  observations  su- 
perficielles, contrairement  à  son  habitude,  lorsqu'il  a  dit  que  ces 
nuances  étaient  toujours  les  mêmes. 

En  général,  la  couleur  des  poumons  d'un  enfant  raort^né  est  rouge 
brun,  couleur  du  foie,  el  les  bords  paraissent  d'un  rougtt  plus  clair  à 
cause  de  Tintluence  de  la  lumière.  Hais  il  n'est  pas  rare  de  ren- 
contrer sur  jces  poumons  des  stries  colorées  en  rose  clair,  ou  des 
taches  diffuses  qui  font  ressembler  ces  poumons  à  ceux  d'un  enfant 
né  vivant.  Ajoutons  que  la  couleur  rouge  brun  est  tantôt  analogue  à 
celle  du  chocolat  à  l'eau  épais,  tantôt  à  celle  d'un  mélange  de  lie  de 
vin  et  de  chocolat. 

La  couleur  des  poumons  des  nouveau-nés  qui  ont  respiré  diflère 
de  celle  des  adultes  dont  on  connaît  la  teinte  grise  avec  taches  ardoi- 
sées. Ils  ont  un  fond  couleur  rouge  bleuâtre,  marbré  de  taches  roses 
circonscrites  et  nombreuses  ;  on  peut  rencontrer  aussi  un  fond  cou- 
leur rouge  vermeille  avec  des  taches  d'un  rouge  bleu  foncé. 

Mais  c'est  surtout  là  dans  ces  poumons  qui  ont  respiré  que  se 
trouve  la  plus  grande  variété  de  nuances.  S'il  y  a  eu  un  certain  degré 


D0GIMÀ8IB.  PULMONAIRE.  — COULEUR   DES  POUMONS.  607 

d'hypérémie  ayant  causé  ou  accompagné  la  mort,  on  trouve  les  pou- 
mons d'un  rouge  brun  s'approchant  de  la  couleur  du  foie  avec  des 
taches  d'un  rouge  plus  clair,  ce  qui  rend  ces  poumons,  même  pour 
l'œil  exercé,  semblables  à  ceux  du  fœtus. 

Cest  surtout  la  présence  de  taches  marbrées  qui  offre  un  rensei* 
gnement  pour  le  dta^no^/tc,  car  elle  ne  se  rencontre  jamais  sur  les 
poumons  du  fœtus. 

Les  variétés  de  couleur  trouvées  sur  les  poumons  des  nouveau-nés 
qui  n'ont  pas  respiré  tiennent  soit  à  des  essais  d'insufflation,  soit  à  la 
potréùiction  des  poumons,  soit  à  un  état  anémique  après  une  mort  par 
hémorrhagie.  Mille  fois  j'ai  insufflé  en  présence  de  mes  élèves  de  l'air 
dans  les  poumons  au  moyen  d'un  soufflet.  En  un  instant,  les  pou- 
mons dans  tous  les  cas  ont  pris  en  se  boursouflant  une  couleur  rouge 
écrevisse  qui  s'est  étalée  uniformément  dans  tout  le  tissu  sans  aucune 
disposition  marbrée.  La  couleur  du  poumon  putréfié  à  un  assez  haut 
degré,  non  pas  celle  du  poumon  qui  ne  fait  que  commencer  à  se  pu- 
tréfier et  dont  la  couleur  n'a  pas  encore  eu  le  temps  de  changer, 
présente  une  lividité  terne,  caractéristique  et  un  peu  noirâtre,  non 
pas  d'un  noir  analogue  à  celui  de  l'encre  ou  du  charbon,  mais  d'un 
Boir  conuoe  celai  du  sang  qui  est  resté  longtemps  exposé  à  l'air.   ' 

Les  poumons  dis  enfants  mort-nés  qui  ont  succombé  à  une  hémor- 
riiagie  sont  tf'nn  gris  rouge  pâle  et  présentent  des  marbrures  bleues 
noirâtres  qui  ne  peuvent  être  confondues  avec  les  taches  marbrées  des 
poumons  qui  ont  vécu  à  cause  de  ce  fond  pâle  caractéristique. 

Telle  est,  d'après  mes  nombreuses  observations,  la  description  que 
je  croîs  devoir  donner  des  poumons  des  nouveau-nés.  J*ai  évité  de 
rendre  cette  description  trop  minutieuse,  car  elle  serait  beaucoup 
moins  claire  et  beaucoup  plus  facile  à  induire  en  erreur. 

Je  conclus,  en  un  mot,  que  tout  poumon  qui  se  présente  avec  des 
taches  marbrées  a  respiré^  et  permet  de  croire  à  la  vie  de  l'enfant. 
Mais  sans  ces  taches  marbrées  on  ne  peut  pas  sur  le  fond  seul  de  la 
couleur  tirer  un  résultat  certain. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  des  poumons  entiers,  est  aussi  vrai 
pour  les  fractions  de  poumons.  Ainsi,  dans  certains  cas  où  l'on  trouve 


508  BIO-THANATOLOGIE    DES  NOUVEAU- If  ES. 

des  poun.ons  incomplètement  remplis  par  une  respiration  faible,  on 
peut  certainement  désigner  (|^'après  la  couleur,  les  portions  de  pou- 
mon qui  surnageront,  sans  crainte  de  se  tromper. 

F.  CONSISTANCE  DU  TISSU   PULMONAIBE,  ATÉLECTASUC,  HYPÉMÉMnE,  RftPATISATMX. 

Entre  le  tissu  du  poumon  d'un  enfant  qui  n'a  pas  vécu,  et  cdù 
d'un  enfant  qui  a  respiré,  la  différence  est  sensible.  Le  tissu  pulmo- 
naire du  fœtus  en  effet  est  compacte,  résiste  à  la  pression  du  doigt, 
et  ressemble  à  celui  du  foie  ;  au  contraire,  le  tissu  des  poumons  qui 
ont  respiré  est  crépitant,  spongieux  et  cède  facilement  à  la  pression. 
Il  faut  cependant  tenir  compte  des  degrés  intermédiaires  et  des  alté- 
rations pathologiques  qui  rendent  cette  diiïérence  beaucoup  moins 
reconnaissable. 

Il  peut  arriver  d'abord  que  la  respiration  ait  été  incomplète,  et 
alors  les  portions  de  l'organe  dans  lesquelles  l'air  n'a  pas  pénétré 
sont  restées  à  l'état  fœtal.  Cet  état  a  été  appelé  atéUclasie  des  pou* 
monê  par  HM.  Legendre  (1)  et  Jœrg  (2). 

On  aurait  tort  de  donner  à  celte  atélectasie  le  titre  de  maladie,  ce 
n'est  autre  chose  que  l'état  fœtal  des  poumons  dans  lesquels,  par 
une  cause  quelconque,  la  respiration  n'a  pu  s'effectuer.  Ce  n'est  donc 
pas  la  cause  de  la  mort,  mais  plutôt  l'effet.  Cet  état  particulier  du 
poumon  ne  peut  en  rien  diminuer  la  valeur  de  la  docimasie  pulmo- 
naire, au  contraire  elle  donne  à  ce  critérium  une  exactitude  plus  grande, 
puisque,  quand  les  poumons  sont  à  certains  endroits  atélectasiques, 
non-seulement  on  peut  dire  que  l'enfant  a  respiré,  mais  on  peut 
préciser  que  cette  respiration  a  été  incomplète  et  de  courte  durée. 

Elsâsser  a  décrit  très  bien  les  différentes  formes  d'atélectasie  :  c  Si 
»  tout  un  lobe  du  poumon  est  resté  à  l'état  fœtal,  la  limite  de  sépa- 
»  ration  des  parties  qui  n'ont  pas  respiré  est  facile  à  reconnaître,  mais 

>  ordinairement,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  l'on  trouve  au  milieu  des 

>  lobes  de  petites  portions  qui  sont  restées  fœtales,  tandis  que  d'autres 

(i)  Legendre,  Maladies  de  V enfance,  Paris,  18it\ 
(2)  Ed.  Jœrg.  Fœlwlunge  im  gébomen  ICtnde,  1835. 


D0C1MA31E  PDLMON AIRE. —POIDS    DI::S   POUMONS.  500 

>  oui  riéjà  subi  le  contact  de  Pair,  ces  lobules  restés  intacts  sont  tan- 

>  tôt  à  la  surface  externe  de  l'organe,  tantôt  à  une  profondeur  de 

>  1  à  2  millimètres,  tantôt  enfin  disséminés  irrégulièrement  dans 
»  l'intérieur  du  tissu.  Lorsque  ces  lobules  fœtaux  sont  très  nombreux, 

>  il  peut  être  très  difficile  de  reconnaître  si  l'enfant  a  vécu  sans  avoir 
»  recours  à  l'épreuve  de  la  submersion  dans  l'eau.  L'épreuve  du 
»  toucher  et  de  l'incision  ne  peut  fixer  à  cet  égard.  > 

Les  états  pathologiques  qui  changent  le  tissu  pulmonaire  au  point 
de  pouvoir  induire  en  erreur,  sont  l'hypérémie  produite  par  l'as-  * 
phyxie  et  la  pneumonie.  L'hypérémie  donne  au  poumon  une  couleur 
ibncée  qui  se  rapproche  de  celle  des  poumons  qui  n'ont  pas  respiré  ; 
les  poumons  ne  crépitent  pas  ,  et  sont  plus  élastiques  que  ceux  qui 
ODt  respiré.  L'hépatisation  rouge  et  grise  produite  par  la  pneumonie 
se  reconnaît  par  une  couleur  d'un  rouge  violet  un  peu  sale  et  par  la 
firagilité  qu'acquiert  le  tissu  ;  celui-ci  en  effet  se  déchire  alors  facile- 
ment, enfin  par  la  présence  d'une  exsudation  fibrineuse  ou  albumi- 
neose  du  tissu  pulmonaire  ;  lorsque  l'on  pratique  des  incisions  dans 
le  tissu  hépatisé,  il  n'en  sort  pas  de  l'écume  sanguinolente,  mais  du 
sérum  un  peu  sanguinolent  et  du  mucus  visqueux.  Il  suffit  d'un  peu 
d*babitude  pour  ne  pas  confondre  ces  divers  états  pathologiques  avec 
l'atélectasie.  Du  reste,  M.  Legendre  dit  lui-même  avoir  vu  des  pou- 
mons en  partie  restés  fœtaux  et  en  partie  devenus  hépatisés,  et  Jcerg 
rapporte  que  les  enfants  qui  naissent  avec  de  l'atélectasie  meurent 
c  ordinairement  »  de  pneumonie. 

C'est  ce  qui  nous  porte  à  croire  que  ce  que  M.  Legendre  entend 
par  alélectasie  n'est  pas  bien  nettement  défini,  que  les  résultats  de 
cette  affection  se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  de  la  pneumonie. 

G.   POIDS  DES  POUMONS.   ÉPRETJVE  DB  PLOUCQUET. 

Ici  encore  nous  avons  la  preuve  que  l'on  a  tort  d'accepter  sans 
examen  les  doctrines  des  auteurs.  Ploucquet,  dont  le  nom  jouit  encore 
d'une  grande  autorité,  a  posé  le  principe  suivant  :  Le  poids  absolu 
des  poumons  est  augmenté  par  le  fait  de  la  respiration  à  cause  de  b 


510  UIO-THANATOLOGIE  DES   NOUYEAU-llÉS. 

plus  grande  quantité  de  sang  que  cette  fonction  lui  amène.  Celle 
thèse  fut  longtemps  acceptée  sans  réserve,  et  Ton  a  admis  an  nouveau 
critérium  de  la  vie  après  la  naissance  consistant  dans  la  comparaison 
du  poids  des  poumons  avec  celui  du  corps.  La  proportion,  d'après 
Ploucquet ,  serait  de  ^  pour  les  enfants  mort-nés,  et  -^6  P^^^  '^ 
enfants  qui  ont  respiré.  Voici  comment  Ploucquet  s'exprime  dans  le 
Commentarius  medicus  in  processus  critninales  super  homicidium^ 
iiifanticidium,  etc. y  1736  : 

€  Sur  un  enfant  du  sexe  masculin,  mort  en  naissant  et  sans  avoir 

>  respiré,  le  poids  total  du  corps,  y  compris  les  poumons,  était  de 

>  63  OAO  grains,  celui  des  poumons  de  702  grains  ;  le  poids  total  du 

>  corps  était  donc  à  celui  des  poumons  presque  comme  67  :  1 .  Un 

>  autre  enfant  à  terme,  qui  ii*avait  pas  non  plus  respiré,  donna  le 
»  rapport  de  70  à  1 .  Un  troisième,  qui,  quoique  non  encore  parfai- 

>  temenl  à  terme,  avait  cependant  respiré,  offrit  le  rapport  de  70  à  2. 

>  La  conclusion  de  ces  faits  est  que  l'afflux  sanguin  inhérent  à  la  res- 

>  piration  double  le  poids  des  poumons,  et  que  le  poids  de  ces 
»  organes  qui  n'ont  pas  respiré  est  au  poids  total  du  corps  comme 
»  1  :  70  ;  qu'il  est  comme  2  :  70,   ou  comme  1  :  35  pour  les 

>  poumons  chez  lesquels  la  respiration  a  eu  lieu.  > 

Ainsi  c'est  sur  trois  observations  que  Ploucquet  a  bftti  une  théorie, 
et  de  ces  trois  observations  une  n'a  certainement  pas  été  observée  par 
lui,  et  les  deux  autres  peut-être  !  Ploucquet  lui-même  écarte  tout  de 
suite  le  premier  cas,  et  ne  reparle  plus  de  la  proportion  j^,  il  ne  reste 
donc  plus  que  deux  observations  ,  et  de  ces  deux  enfants  l'un 
était  à  terme  et  l'autre  ne  l'était  pas  !  Ne  serait-il  pas  miraculeux  de 
voir  que  ce  que  l'on  a  observé  sur  un  cas  pris  au  hasard  fût  justement 
la  moyenne  de  ce  que  l'on  observe  sur  un  grand  nombre  de  cas?  Or, 
ce  miracle  n'a  pas  eu  lieu,  la  moyenne  de  Ploucquet  n'est  pas  exacte. 
Dans  le  tableau  ci-dessous,  j'ai  noté  le  poids  des  poumons  et  du 
cœur,  comparé  au  poids  du  corps  entier,  de  89  nouveau-nés ,  dont 
26  étaient  mort-nés,  et  63  avaient  vécu. 


DOGIMASIE   PULMONAIRE. —  POIDS  DES   POUVONS.  511 

Poids  dm  poumon  oomparé  à  celui  de  la  MaUté  du  corpt  de  89  nouvôou-nés. 


m 

S 

POIDS 

• 

es 

• 
(A 

PROPOR- 

•5 

sni. 

9  fS 

OBSERVATIONS. 

3 

DU  CORPS. 

"•  ao 

TION. 

K 

1 

§ 

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• 

S  MORT-llÉS.                                                               1 

kiL  gr. 

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1 

Fille.... 

3,765 

27 

108 

:  37 

Patréfié. 

2 

Garçon. . 

3,072 

24 

48 

:64 

3 

Fille. . . . 

3,840 

32 

64 

:60 

à 

Id . .  • .  . 

3,584 

28 

64 

:56 

5 

Garçon. . 

2,560 

24 

56 

:46 

6 

Fille. . . . 

3,200 

28 

44 

:  73 

7 

Id 

1,920 

16 

32 

:60 

Putréfié. 

8 

Garçon. . 

2.560 

16 

48 

\  Â 

:53 

9 

Id. . •  • . 

5,120 

32 

52 

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10 

Fille. . . . 

i,8ao 

16 

32 

:60 

Enfant  de  8  mois. 

11 

Id  .... 

2,048 

32 

52 

:29 

Id. 

12 

Garçon.. 

1,920 

20 

40 

:48 

Id. 

13 

Id 

1,536 

16 

32 

:48 

Id. 

la 

Id 

5,120 

32 

92 

:56 

15 

Fille. . . . 

1,840 

16 

28 

:68 

Putréfié. 

16 

Id 

3,304 

28 

32 

:64 

17 

Id 

3,072 

20 

32 

;96 

Putréfié. 

18 

Garçon. . 

4,096 

28 

52 

:78 

19 

Fille. . . . 

3,072 

36 

56 

:55 

20 

Md 

3,200 

20 

44 

:73 

21 

Garçon. . 

2,688 

16 

48 

:56 

22 

Id 

3.072 

16 

32 

:96 

23 

Fille. . . . 

3,584 

24 

64 

:56 

2a 

Garçon. . 

3,072 

24 

52 

:59 

25 

Fille 

3,328 

36 

48 

:69 

26 

Garçon. . 

3,840 

32 

56 

:69 

Eiir. 

UfTS  AYANT  RESI 

PIRE. 

1 

FUle. . . . 

3,376 

32 

64 

:53 

Noyé. 

2 

Garçon. . 

3,136 

24 

40 

:78 

Mort  par  hémorrhagie. 

3 

FiUe.... 

3,472 

32 

72 

:48 

Mort  par  apoplexie. 

à 

Id. 

3,784 

16 

56 

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Id. 

5 

Id 

3,072 

32 

48 

;  64 

Id. 

6 

Garçon. . 

4,096 

32 

72 

:57 

Id. 

7 

TiUe. . . . 

3,072 

32 

96 

:  32 

Mort  par  asphyxie. 

8 

Garçon.  • 

3,968 

32 

64 

:62 

Mort  par  apoplexie. 

9 

Id 

4,096 

40 

88 

;46 

Id. 

10 

FiUe.... 

3,536 

24 

64 

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Id. 

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Garçon. . 

3,684 

32 

64 

:56 

Id. 

12 

Fille.... 

4,096 

24 

64 

;64 

Id. 

13 

Id...    . 

4,096 

32 

72 

57 

Id. 

la 

Garçon. . 

2,944 

24 

52 

56 

Id. 

15 

Fille. . . . 

3,456 

32 

64 

54 

Id. 

16 

Id 

3,072 

24 

56 

55 

Id. 

17 

Id 

3^584 

24 

64 

56 

Id. 

18 

Carçon.. 

3,328 

32 

56 

59 

Id. 

512  BIO-TUAMATOLOGIE  DES  NOUVEAU-NÉS. 

P(Àii  dvk  poumon  comparé  à  celui  de  la  totalUé  du  corpt  de  89  noMcww-in. 


S 


19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 
32 
33 
U 
35 
36 
37 
38 
39 
40 
41 
42 
43 
44 
45 
46 
47 
48 
49 
50 
51 
52 
53 
54 
55 
56 
57 
58 
59 
60 
61 
62 
63 


SB». 


Garçon 

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Garçon 

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Garçon 

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Id... 
Garçon 
Fille. . 

Id... 
Garçon 


POIDS 
DU  CORPS. 


kil.  (;r. 

3,684 
5,120 
3,684 
3,968 
4.480 
3,328 
3,840 
3,648 
3,328 
3,456 
3,200 
3,684 
3,684 
3,456 
3,968 
4,480 
3,328 
3,328 
3,450 
3,200 
3,684 
3,840 
2,808 
3,328 
3,968 
4,224 
3,684 
4,096 
3,072 
2,688 
3,684 
3,584 
3,840 
3,328 
3,328 
3,072 
3,712 
3.584 
4,352 
3,584 
2,944 
3,584 
2,816 
3,840 
4,608 


a: 


o 


a 


PROPOR- 
TION. 


OBSERVATION. 


ElfrANTS  AYANT  RESPIRÉ. 


28 
36 
28 
32 
28 
36 
32 
32 
24 
24 
16 
24 
24 
20 
32 
28 
24 
32 
16 
20 
28 
16 
24 
20 
24 
36 
20 
24 
24 
16 
32 
24 
24 
24 
48 
20 
20 
28 
40 
28 
24 
32 
28 
32 
36 


60 
80 
56 
64 
72 
64 
60 
76 
88 
52 
60 
40 
48 
60 
64 
72 
64 
80 
52 
60 
40 
64 
48 
52 
40 
124 
48 
60 
52 
40 
64 
48 
56 
52 
64 
64 
56 
64 
72 
64 
56 
76 
44 
88 
72 


59 
64 
64 
62 
62 
52 
64 
48 
38 
66 
53 
89 
74 
57 
62 
62 
52 
41 
66 
53 
89 
60 
59 
64 
99 
34 
75 
68 
59 
67 
56 
75 
69 
64 
52 
48 
66 
56 
60 
56 
53 
47 
64 
44 
60 


Mort  par  apoplexie. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 

Mort  par  asphyxie. 


Noyé. 

Mort  par  apoplexie. 

Id. 

Id. 

Id. 
Mort  par  blessures. 
Mort  par  suite  d'une  chute. 
Mort  par  asphyxie. 

Id. 
Mort  d*apoplexie. 
Mort  d*hypérémie  pulmonaire. 
Mort  de  blessures. 
Noyé. 
Asphyxié. 

Noyé  dans  des  lieux  d*ai  sances. 
Asphyxié. 
Id. 
Id. 
Noyé  dans  des  lieux  d*aUance». 

Id. 
Mort  d'hypérémie. 
Noyé  dans  de  l'urine. 
Mort  d'apoplexie. 


DOCIHASIE   PULMONAIRE.    •  POIDS  DES   POUMONS.  513 

« 

Il  résulte  de  cette  table  que  la  proportion  moyenne  du  poids  des 
poumons  au  poids  total  du  corps  fut  : 

Chez  les  enfants  mort-nés 1:61 

Cbes  les  enfanls  nés  vivants.  .^ 1  :  59 

La  différence  entre  le  maximum  et  le  minimum  fut  très  grande  : 

Pour  les  mort-nés  de 1  :  37  à  1  :  96 

Pour  les  enfants  nés  vivants,  de 1  :  32  à  1  :  99 

La  moyenne  du  poids  absolu  des  poumons  fut  : 

Chez  les  mort-nés 56  gr. 

Chez  les  enfants  nés  vivants 60 

La  différence  entre  ie  maximum  et  le  minimum  fut  : 

Pour  les  enfants  mort-nés,  de 32  à  108  gr. 

Pour  les  enfanls  nés  vivants,  de 40  à  1 24 

La  moyenne  du  poids  du  cœur  fut  : 

Pour  les  mort-nés 28  gr. 

Pour  les  enfants  nés  vivants 28 

La  différence  entre  le  maximum  et  le  minimum  fut  : 

Pour  les  mort-nés,  de 1 6  à  36  gr. 

Pour  les  enfants  nés  vivants,  de 16  à  48 

De  tels  faits  n'ont  pas  besoin  de  commentaires!  D'autres  observa- 
teurs sont  arrivés  aux  mêmes  résultats  que  nous. 

Schmidt  trouva  chez  22  mort-nés  une  moyenne  (non  pas  de  1 :  70) 
de  1  :  52,  et  une  différence  entre  le  maximum  et  le  minimum  va- 
riant de  1  :  15  à  1  :  83. 

M.  Devergie  a  fait  justice  avec  beaucoup  d'à- propos  des  cas  de 

Chaussier  et  de  Lecieux,  auxquels  on  ne  peut  attribuer  aucune  valeur. 

M.  Devergie  a  lui-même  fait  des  expériences  sur  33  enfants  mort-nés, 

il  a  trouvé  une  proportion  en  moyenne  de  1  :  60  avec  un  minimum 

de  1  :  2i  et  un  maximum  de  1  :  9i  ;  pour  des  enfants  n'ayant  pas 

vécu  plus  de  vingt-quatre  heures  (10  cas),  il  a  trouvé  une  proportion 

moyenne  de  1  :  £5  avec  une  différence  entre  le  minimum  et  le 

maiimum  variant  entre  1  :  30  à  1  :  132. 

Elsisaer  a  expérimenté  sur  72  enfants  mort-nés  :  le  poids  moyen 
u.  33 


bih  ftlO^TUANATOLOGIE   DES  N0UVB&U-1IÉ8. 

des  poumons  tut  dé  68  grammes  avec  une  diflérence  entre  le  poids 
maximum  et  le  poids  minimum  de  28  i  80  grammes  ;  la  prbpdition 
du  poids  du  poumon  à  celui  du  corps  entier  fut  en  moyenne  de  1  :  67, 
le  maximum  fut  de  1  :  90  et  le  minimum  de  1  :  A&  ;  ce  même 
observateur  Rt  des  expériences  sur  0  enfants  ayant  vécu  qui  étaient 
morts  le  premier  jour  de  leur  naissance,  le  poids  moyen  des  pou- 
mons fut  de  Aâ  grammes,  le  maximum  72  gramtnes,  le  minimom 
20  grammes.  La  proportion  du  poids  du  poumon  à  celle  do  corps 
fut  en  moyenne  1  :  ô5,  la  proportion  maximum  1  :  35,  la  propor- 
tion minimum  1  :  109. 

H.  Samson-Himmelstiern  (de  Dorpat)  trouva  sur  8  enfants  nou- 
veau-nés, une  différence  dans  la  proportion  variant  de  1  :  27  à 
1  :  67. 

Les  résultats  obtenus  par  les  observateurs  que  nous  venons  de  citer 
seront  utilement  comparés  dans  le  tableau  ci-joint  : 


Çcbmidt 

Devergie 

Ëlsiisser 

Samson 

Casper 

Moyennes  péiiôrale*. 


ENFANTS  MORT-NÉS. 


•M- 


Moyenne. 


1:52 
1  :  66 
I  :  67 

1  :  6! 


J  :  60 


Maximum. 


1  :15 
i  :  24 
4  :44 

1  :  37 


1  :  30 


Minimum. 


1  :83 
i  :  94 
i  :96 


\  :  96 


ENFANTS  NÉS  VIVANTS. 


Moyenne. 


1  :  92 


» 
1  :à5 
\  :55 

» 
1  :59 


MttlmmB 


i  :  53 


i  :  30 
1  :35 
1  :27 
1  :  32 


1  :31 


Minimum. 


1  :  132 
1  :  109 
1  :  67 
1  :    99 


I  :  100 


Ainsi  les  proportions  de  Ploucquet  sont  donc  tout  à  fait  inexactes, 
nous  ne  nous  en  étonnons  pas,  pdisqu'elles  étaient  basées  sur  une 
ieule  observation.  L* étude  qui  précède  noiis  montre  que  la  différence 
qui  peut  exister  en  moyenne  ehtre  le  poids  du  poumon  d*un  enfant 
qui  a  respiré  et  celui  d'un  enfant  m^t-né,  loin  d'être  de  moitié,  peut 
varier  de  1  :  ô3  à  1  :  60.  Malheureusement  les  diff^érences  qai  exis- 
tent entre  le  maximum  et  lé  minimum  de  ces  poids  sont  trop  consi- 
dérables |iOur  que  Ton  puisse  ériger  en  critérium  dtagrtostiqtil} la  pro- 


DOCIHASIE    PULMONAIUE.  —  ÊPAKUVE   UTDUOSTATIQUË .        515 

portion  qui  existe  entre  le  poids  dti  poumon  et  celui  du  corps  entier. 
Du  reste,  rien  ne  s'explique  plus  facilement  que  ces  différences 
dépendant  de  l'individualité  du  sujet,  du  degré  de  putréfaction,  et  du 
genre  de  mort  auquel  a  succombé  le  nouveau-hé  ;  en  effet,  je  ferai 
settleitient  remarquer  quelle  grande  différence  on  peut  trouver  entré 
le  poids  d*nn  poumon  hypérémiqUe  par  suite  d'asphyxie,  et  celui 
d'an  poumon  complètement  anémique  par  suite  d'hémorrhagie.  Dans 
le  premier  cas,  tiôus  avons  trouvé  AO  grammes,  dans  le  second 
28  grammes.  Notre  conclusion  est  que  la  règle  de  Ploucquet  est 
inexacte  et  que  Vépreuve  du  poids  des  poumons  est  sans  valeur 
daHs  ta  docimasie  pulmonaire  (1). 

H,   8URNATAT10M   DES   POUMONS   DAMS   L'EAU.  —  DÛCIMASIE   BTDROSTATIOUE. 

En  continuant  de  suivre  Tordre  dans  lequel  on  traverse  les  diffé- 
rentes phases  de  la  docimasie  pulmonaire,  nous  arrivons  à  la  fameuse 
épreuve  hydrostatique  qui  consiste  à  s'assurer  si  le  poumon  nage  sur 
Teao  ou  gagne  le  fond.  Cette  surnatation  subit  des  modifications 
diverses. 

Tantôt  les  deux  poumons  réunis  au  cœur  et  au  thymus  nagent  fran« 
chôment  et  complètement,  de  sorte  qu'ils  remontent  immédiatement 
sar  l'eau  lorsque  l'on  essaye  de  les  immerger  vers  le  fond  du  vase  ;  si 
dans  ces  cas  on  sépare  les  poumons  du  cœur  et  du  thymus,  ils  sur- 
nagent à  plus  forte  raison. 

Tantôt  les  poumons  réunis  au  cœur  et  au  thymus  montrent  une 
certaine  tendance  à  gagner  le  fond,  mais  se  tiennent  pourtant  encore 
dans  les  couches  supérieures  du  liquide,  et  surnagent  franchement 
aussitôt  qu'on  les  a  séparés  du  cœur. 

Il  peut  arriver  qu'un  seul  poumon  surnaî;c,  ordinairement  c'est  le 
poumon  droit,  parce  que  sa  bronche  est  plus  courte  et  plus  large, 
et  que  l'air  y  outre  par  conséquent  plus  facilement,  j'ai  cependant  va 
la  samatation  du  poumon  gauche  seul.  (Obs.  359,  3ol,  399.) 

Enfin  quelquefois  il  n'y  a  que  quelques  lambeaux  de  l'organe  qui 

(I)  Le  règlement  prussien  a  supprimé  d'après  nus  conseils  celle  épreuve. 


51C  BIO -THANATOLOGIE   DES   NOUVEAU-NÉS. 

ne  gagnent  pas  le  fond,  quand  on  a  coupé  le  poumon  en  un  grand 
nombre  de  petites  parcelles,  comme  on  ne  doit  jamais  négliger  de  le 
faire. 

Quant  à  la  manière  d'exécuter  celte  épreuve,  je  rappellerai  les  dis- 
positions légales  du  règlement  :  le  vase  doit  avoir  au  moins  35  cen- 
liroètres  de  profondeur  et  20  à  25  centimètres  de  diamètre,  il  doit 
être  rempli  d'eau  pure  et  froide  ;  M.  Devergie  conseille  d*instiluer 
une  contre-épreuve  avec  de  Teau  chaude,  mais  les  raisons  qu'il  donoe 
ne  sont  pas  suffisantes  pour  faire  admettre  en  principe  celte  contre- 
expérience. 

Cette  épreuve  iiydrostatique  a  rencontré  des  adversaires  acLamés. 
Voici  quelles  sont  les  trois  objections  importantes  qu'ils  ont  soulevées  : 
les  poumons  d'un  enfant  mort-né  peuvent  nager  dans  Teau  sans 
qu'il  y  ait  eu  respiration,  1°  quand  ils  ont  été  soumis  à  une  insuf- 
flation artificielle  ;  'i"*  quand  il  s'est  développé  un  emphysème  spon- 
tané ;  3*  quand  la  putréfaction  est  assez  avancée  pour  avoir  produit 
l'évaporation  des  liquides  du  cadavre  ;  à^  enfin  des  poumons  qui  oni 
évidemment  respiré  peuvent  gagner  le  fond  de  Teau.  Nous  allons 
étudier  et  réfuter  ces  quatre  objections  en  ayant  toujours  devant  les 
yeux  le  côté  pratique  et  en  profitant  des  nombreux  matériaux  dont 
notre  longue  expérience  nous  permet  de  disposer. 

1°  Insufflation  artificielle,  —  C'est  une  opération  par  laquelle 
on  introduit  artificiellement  de  Tair  dans  les  bronches  -,  on  la  pratique 
sur  le  cadavre  de  différentes  manières,  soit  avaut,  soit  après  avoir 
ouvert  la  cavité  thoraciquc,  soit  lorsque  les  poumons  ont  été  retirés, 
soit  lorsqu'ils  sont  restés  à  leur  place,  soit  avec  un  instrument,  soit 
sans  instrument. 

Il  est  très  facile,  lorsque  les  poumons  ont  été  retirés  de  la  cavité 
thoracique,  de  pratiquer  Tinsufilation  en  adaptant  à  la  trachée  un 
appareil  et  en  soufilant  un  peu  ;  immédiatement  on  voit  que  l'organe 
se  gonfle,  il  devient  spongieux,  il  perd  la  couleur  semblable  à  celle 
du  foie  qu'il  avait,  et  devient  vermeille^  rouge  écrevisscy  mais 
sans  trace  de  marbrure.  Je  n'ai  jamais  vu  que  l'însuflSation  ait 
donné  aux  poumons  une  autre  couleur  que  celle-là,  et  je  m'étonne 


DOCIMASIE   PULMONAIRE.  —ÉPREUVE   HYDROSTATIQUE.        5t7 

que  Ton  ait  tant  discuté  sur  la  nuance  des  poumons  qui  ont  été 
soumis  à  cette  opération. 

L'expérience  réussit  moins  bien  lorsque  Ton  place  le  tube  du 
soufflet  dans  la  bouche,  sans  avoir  disséqué  le  cadavre,  il  arrive  assez 
souvent  alors  que  Tair  poussé,  au  lieu  d'entrer  dans  la  trachée, 
pénètre  en  partie  dans  l'œsophage  et  l'estomac,  on  voit  immédiate- 
ment l'abdomen  se  gonfler,  et  quand  on  fait  ensuite  l'autopsie,  on 
aperçoit  les  intestins  et  l'estomac  ballonnés  anormalement  par  l'air 
introduit  comme  ne  pourrait  le  produire  même  In  putréfaction. 

Enfin  il  est  très  difficile  d'insuffler  de  l'air  dans  les  voies  aériennes 
sans  le  secours  d'instrument,  soit  en  se  mettant  bouche  contre 
bouche  le  nez  étant  fermé,  soit  en  soufflant  dans  les  fosses  nasales  la 
bouche  étant  tenue  close.  On  a  beau  exercer  une  pression  sur  la 
région  stomacale,  presque  toujours  l'air  passe  dans  l'œsophage. 
Ebftsser,  qui  a  fait  avec  grand  soin  de  nombreuses  expériences  à  ce 
sujet,  raconte  :  c  Sur  hb  expériences  d'insufflation  essayée  sans  avoir 
i  ouvert  la  cavité  pectorale,  on  a  complètement  réussi  une  seule 
»  fois  y  on  n'a  réussi  qu'à  moitié   3  A  fois,  et  10  fois  on  a  échoué. 

>  Cependant  ces  expériences  furent  pratiquées  avec  beaucoup  de 

>  soin  et  de  précaution.  »  Or,  lorsque  l'insufflation  est  pratiquée 
pendant  la  vie,  c'est  ordinairement  à  ce  procédé,  boache  à  bouche, 
que  l'on  a  recours.  S'il  faut  tant  de  difficultés  pour  obtenir  à  peine 
Dne  insufflation  partielle,  dans  quelles  conditions  défavorables  pour 
cette  opération  ne  se  trouvent  pas  les  enfants  que  le  médecin  légiste 
a  il  expertiser,  eux  qui  d*ordinaire  reçoivent  le  jour  en  cachette, 
sans  témoin,  et  dont  on  ignore  l'existence  jusqu'au  moment  où 
l'on  trouve  leurs  cadavres  abandonnés?  Quelquefois  il  peut  arriver 
qu'un  médecin  ou  une  sage-femme  a  donné  des  soins  à  l'enfant  et 
fait  des  essais  d'insufflation,  mais  c'est  excessivement  rare  ;  dans 
toute  ma  longue  carrière,  je  n'en  ai  rencontré  que  cinq  exemples 
qui  seront  rapportés  plus  bas  (obs.  362  à  366).  On  a  alors  ordinai- 
rement des  renseignements  précis  à  cet  égard  par  les  dépositions 
du  médecin ,  et  en  supposant  que  ces  renseignements  viennent  à 
manquer,   ne   peut-on    pas  distinguer  un  poumon   contenant  de 


518  pfq-Tj^iMATptOGIE   DES   N0UY^U-9ÉS. 

Tair  qui  y  a  été  i|[)troduit  par  la  respiration  d'un   poumop  dam 
lequel  Tair  a  été  insufflé?   Dans  certains  cas,  c'est  très  [lossibte. 
Ce  n'est  pas  lorsque  l'enfant  a  fait  quelques  inspirations  et  que  l'in- 
sufflation a  été  pratiquée  incomplètement,   alors  c'est  réellemenl 
tr^s  difficile,  et  je  suis  de  l'avis  d'Elsa^r  lorsqu'il  dil  que  ni  h 
voussure  du  thorax,  ni  l'extension  des  poumons,  ni  la  couleur,  ni 
le  poids,  ni  la  crépitation  ne  peuvent  servir  de  renseignement^ 
fnais  si  l'enfant  est  mort-né^  s'il  n'a  pas  fait  une  seule  inspiraMoOt 
et  si  l'insufflation  artificielle  a  été  pratiquée  ,  la  couleur  rouge 
vermeille ,   l'absence  de  taches  marbrées  d'une  teinte  plus  foncée 
et  nettement  circonscrites  pourront  très  bien  indiquer  qu'il    n'y 
a  pas  eu  respiration.  Il  faut  ajouter  que,  lorsque  l'air  a  pénétré  par 
le  fait  de  la  respiration,  le  poumon  contient  beaucoup  plus  de  sang, 
par  cofiséquent  en  faisant  des  incisions  dans  le  poumon,  si  ce  dernier 
a  respiré,  il  en  sortira  de  l'écume  sanguinolente  ;  s'il  a  été  insufflé, 
}\  n'en  sortira  que  quelques  gouttes  de  sang  ;  quant  au  bruit  de  cré- 
pitation, il  est  le  même  dans  les  deux  cas. 

Quelquefois  on  peut  reconnaître  qu'il  y  a  eu  insufflation  par  un 
autre  critérium,  c'est  lorsque  les  poumons  présentent  cet  état  particu- 
lier que  nous  avons  appelé  hyperaérie  en  parlant  de  la  mort  par 
s^bme^sion.  Un  certain  nombre  de  vésicules  se  déchirent,  et  il  se 
forme  dan  le  parenchyme  de  véritables  cavités  distendues  par  l'air  ; 
on  voit  à  la  surface  des  poumons  des  cloches  blanchâtres  qui  soulè- 
vent la  plèvre  et  qui  ne  sont  autre  chose  que  des  bulles  d'air  qui  ont 
rempli  les  vésicules  pulmonaires.  Cette  hyperaérie,  cet  emphysème 
artificiel  ne  se  remarquent  que  lorsque  l'insufflation  a  été  assez  con 
sidérable. 

Il  est  erroné  de  prétendre  que  par  la  pression  exercée  sur  un  pou 
mon  on  peut  en  extraire  l'air  qui  y  a  été  insufflé;  car  de  quelque 
manière  que  l'air  ait  pénétré  dans  les  vésicules  pulmonaires,  il  est 
impossible  de  l'en  faire  sortir,  même  si  l'on  met  une  parcelle  de  pou- 
mou  sur  le  sol  et  si  on  la  comprime  avec  tout  le  poids  du  corps  ;  le 
morceau  comprimé  mis  dans  Teau  surnagera  encore.  Il  n'y  a  que  lors- 
que l'on  déchire  les  vésicules  que  l'air  peut  eu  sortir,  si,  au  lieu  de 


DOCIMASIE   PULjjlÛKAIBE.  —  ÉPIiEUV^   HVppOSTATIQUE .        619 

press^r  snr  le  sol  le  fragment  de  pôumou,  on  frolle  avec  le  pied;  si 
après  cette  opération  Ton  jette  le  fragment  dans  Teau,  il  gagnera  le 
fond. 

^  résumé,  les  principaux  phénomènes  devant  lesquels  se  trouve 
le  médecin  légiste  )prsqu'il  a  affaire  à  un  poumon  însufQé  sont  :  Cré- 
pitaliat^  sans  écume  sanguinolenU  quand  on  incise  les  poufno,ns; 
décj^irurii  d'un  certain  nombre  (fe  vésicules  avec  hyper  air  ie  ;  çou- 
leur  rouge  vermeille  sans  taches  marbrées^  quelquefois  aussi  de 
Vair  introduit  par  mégarde  dans  l'estomac  et  les  intestins, 

2°  emphysème  pulmonaire  des  nouveau-nés.  —  Nous  venons 
de  voir  plps  haut  qup  l'invention,  et  non  la  découverte  de  Ploiicquet, 
est  sans  aucune  valeur,  il  en  est  de  même  de  ce  que  Ton  a  dit  du  soi- 
disant  emphysème  pulmonaire  congénital  des  nouveau-ni^s,  affection 
qui  rendrait  la  dociroasie  très  incertaine,  puisqu'elle  permettrait  à  des 
poumons  qui  n'ont  pas  respiré  de  pouvoir  nager  sur  l'eau.  Des  ob- 
servateurs distingués  ont  déjà  exprimé  des  doutes  sur  la  valeur  de 
culte  objection,  et  pourtant  on  la  trouve  encore  mentionnée  dans  tous 
les  écrits  des  médecins  légistes.  Il  y  a  déjà  longtemps  (1)  que  j'ai 
posé  cette  question  :  t  Qui  a  jamais  vu  un  enfant  venant  au  monde 
avec  un  emphysème  pulmonaire?  > 

Est-ce  Chaussier?  Ce  dernier  raconte  avoir  vu  des  enfants  mort-nés 
qui  étaient  sortis  de  l'utérus  par  les  pieds  après  une  version  difficile, 
et  dont  certaines  parcelles  du  poumon  ne  gagnaient  pas  le  fond  de 
l'eau  par  suite  de  la  présence  de  l'air  qu'elles  contenaient.  Ce|a  vient, 
dit-il,  de  ce  qu'il  a  eu  une  contusion  faite  au  poumon  pendant  l'ei- 
traction  difficile  de  l'enfant  par  les  pieds,  cette  contusion  a  produit 
un  épanchement  sanguin  dans  le  tissu  pulmonaire  et  par  suite  de  la 
décomposition  de  ce  sang,  il  s'est  formé  un  corps  gazeux.  Or,  quel 
rapport  peuvent  avoir  de  tels  exemples  avec  les  cas  qui  se  présentent 
en  noédecine  légale  ?  Chaussier  ne  parle  que  d'accouchements  très 
difficile  nécessitant  l'assistance  d'une  personne  de  l'art,  tandis  que 
les  enfants  que  l'expert  a  à  examiner  sont  mis  au  monde  en  ca- 
chette, les  accouchements  ont  eu  lieu  vite,  les  mères  sont  seules. 

(1)  GprkM.  leèchmoffnungen,  1,  p.  98,  3«  édit. 


520  BIO-THANATOLOGIE  DES    IfOUYEAU-llÉS. 

Henke  parle  de  n  trois  observations  >  ;  noas  avons  déjà  ea  occa- 
sion de  faire  justice  de  la  manière  dont  cet  aalear  sait  bâtir  des 
théories.  Le  seul  cas  qu'il  cite  en  détail  est  celui  de  W.  Schmidt.  Si 
on  Ut  ce  cas,  on  voit  que  c'est  une  fille  qui  a  respiré  pendant  vingt- 
quatre  heures  après  sa  naissance  !  Cette  enfant  vint  à  ternie  chétive 
et  après  un  accouchement  laborieux,  c  elle  mourut  vingt-quatre  heures 
après  sa  naissance  sans  avoir  crié  >  (sic!).  Les  poumons,  encore  finis 
quand  on  fit  Tautopsie,  nagèrent  avec  et  sans  le  cœur;  au  lobe 
moyen  du  poumon  droit  on  vit  des  cavités  remplies  d'air.  L'enbnt 
était  née  le  2  mai,  ainsi  au  printemps;  on  ne  dit  pas  combien  de 
temps  s'écoula  entre  le  moment  où  elle  moufut  et  celui  où  l'on  prati- 
qua l'autopsie  ;  puis  Henke  cite,  non  pas  une  observation,  mais  une 
opinion  d'Alberti,et  enfin  il  s'appuie  sur  les  commentaires  d' Edim- 
bourg ^  et  parle  d'un  cas  qui  ne  s'y  trouve  pas. 

Les  observations  de  Meyn  et  de  Michaelis  sont  plus  importantes,  ce 
sont  elles  qui  servirent  de  base  au  mémoire  de  Hauch  (De  Vempky- 
sème  pulmonaire  des  nouveau-nés^  Hambourg,  18A1).  Dans  le  cas 
de  Meyn,  les  poumons  avaient  absolument  l'aspect  des  poumons  du 
fœtus,  et  cependant,  mis  dans  l'eau,  ils  nagèrent  ;  à  leur  surface 
extérieure,  se  trouvaient  de  petites  bulles  blanchâtres  qui  s'effaçaient 
quand  on  les  pressait,  ces  bulles  étaient  produites  par  un  soulève- 
ment du  tissu  cellulaire  qui  réunit  la  substance  pulmonaire  à  la 
plèvre.  Il  est  évident  que  ces  bulles  provenaient  de  la  putréfaction  ; 
en  effet,  Taulopsie  ne  fut  faite  qu*après  dix  jours;  pendant  un  cer« 
tain  temps  le  cadavrt)  avait  séjourné  dans  un  lit  de  plume,  puis  dans 
Teau,  enfin  dans  un  local  fermé.  La  température  était  chaude 
(25  mars).  Il  devait  donc  y  ttso'ir  putréfaction  avancée. 

Dans  le  cas  de  Michaelis,  c*était  une  fille  mise  au  monde  en  ca- 
chette et  née  avant  terme,  qui,  d'après  le  dire  de  la  fille-mère  (quel 
témoignage!),  était  mort-née  et  ne  sortit  de  l'utérus  qu'avec  Tassis- 
tance  delà  main  même  Je  la  mère,  c  Le  poumon  gauche  parvenait  à 
peine  jusqu'à  la  pointe  du  cœur,  le  poumon  droit  atteignait  la  surface 
antérieure  du  cœur  ;  les  deux  poumons  étaient  très  rouges,  on  y  voyait 
de  nombreuses  taches  rouges,  surtout  à  la  surface  postérieure  (nous 


DOCIMASIE   PULMONAIRE. — éPRBUVE   HYDROSTATIQUE.        521 

ne  disons  rien  du  poids,  car  il  ne  poorrait  rien  prouver),  ils  nageaient 
avec  le  cœur  et  le  thymus;  quand  on  les  incisait,  on  remarquait  de  la 
crépitation,  et  il  en  sortait  une  écume  fine;  les  plus  petits  fragments 
des  deux  poumons  surnageaient  franchement,  tous  les  organes  de  la 
poitrine  contenaient  une  grande  quantité  de  snng.  >  Et  c*est  cette 
obsenration  qu'on  nous  cite  comme  exemple  d'emphysème  congénital 
des  nouToau-nés  !  II  n'y  a  pas  le  moindre  doute  à  avoir  sur  la  vie 
extra-utérine  de  cet  enfant,  il  a  certainement  respiré  et  assez  long- 
temps, quoi  qu'en  dise  la  mère. 

Mauch  cite  encore  un  cas  comme  preuve  de  cet  emphysème  qui 
n'est  pas  plus  concluant  que  les  autres.  Dans  un  accouchement  très 
grave  ayant  duré  quatre  jours,  on  se  décida  à  pratiquer  la  céphalo- 
tripsie  ;  le  cadavre  de  l'enfant  fut  disséqué,  t  le  cordon  entourait  le 
cou,  le  bras  était  détnché  du  corps,  les  os  du  crâne  étaient  tous  frac- 
turés j».  En  voilà  assez  pour  prouver  que  l'accouchement  n'a  pas  eu 
lien  sans  l'assistance  d'un  tiers;  ce  n'est  pâs  un  accouchement  clan- 
destin, ce  n'est  donc  pas  un  cas  de  médecine  légale  dans  lequel  on  ait 
intérêt  è  constater  si  l'enfant  a  vécu  ;  n'importe,  examinons  les  résul- 
tats de  l'autopsie  :  t  Les  poumons  avaient  une  couleur  bleufttre  (on 
ne  dit  pas  s'il  y  avait  des  taches  marbrées);  ils  présentaient  des  bulles 
d'air  sur  les  bords  (on  ne  dit  pas  de  quelle  nature  étaient  ces  bulles); 
les  poumons  avaient  l'aspect  de  ceux  qui  ont  respiré,  une  portion  de 
l'organe  surnageait  dans  l'eau,  et  comprimée  sous  l'eau,  laissait 
monter  à  la  surface  des  bulles  d'air  et  du  sang;  quand  on  laissait  ces 
parcelles  de  poumon  un  certain  temps  abandonnées  dans  l'eau,  elles 
finissaient  par  gagner  le  fond.  »  Celte  dernière  circonstance  doit  faire 
douter  de  l'exactitude  de  tonte  l'observation,  cnr  jamais  une  portion 
de  poumon  surnageant  dans  l'eau  ne  gagnera  le  fond  c  au  bout  d'un 
certain  temps  >.  L'observateur  ajoute  que  le  cœur  était  également 
emphysémateux  et  nageait  seul  dans  l'eau.  D'un  autre  côté,  on  ne 
dit  rien  de  l'état  général  du  cadavre  relativement  i  son  degré  de 
putréfaction,  on  ne  sait  pas  combien  de  temps  après  !a  mort  l'au- 
topsie a  été  pratiquée,  on  ne  sait  pas  si,  pendant  l'opération  très 
grave  qui  a  été  pratiquée,  une  cMe  D'est  pas  venue  blesser  le  pou* 


522  9iO«TIUN4TQLfH}il(  DES  «PUVJS4P-9éS* 

OHHà,  et  si  l'on  n'avait  pas  affiiire  là  à  un  emphysème  traumitique. 
Cette  observation  enfin  n'est  pas  asses  précise  pour  être  prise  eu 
Gonsidéralion. 

Nous  conduons  de  tout  ce  qui  précède  : 

/{  n'y  a  pas  encore  dan$  la  science  i'ewempU  auihentiqut 
d'fmphysime  congénital  se  développunt  sponiqf^ment  4an$  lt9 
pimmons  d'un  fœtus  ;  donc  qn  ne  doit  jqmais  dans  la  prqtiqm 
médico^égale  attribuer  à  cette  affection  la  sumatation  des  pou- 
mons. 

i""  Putréfaction  des  poumons.  — La  troisième  objection  qpe  l*oa 
bit  à  la  docimasie  hydrostatique  est  •  ce]|^-ci  :  Les  poumons  d*un 
fœtus  peuvent  nager  lorsque,  par  suite  de  la  putréfaction,  il  s*esl 
dégagé  des  gaz  dans  Tintérieur  de  l'organe,  et  alors  celte  sumata- 
lion  est  à  tort  mise  sur  le  compte  d'une  vie  après  la  naissance. 

Cette  objection  n'a  que  les  apparences  de  la  vérité,  car  il  est  iadle 
de  voir  lorsqu'un  poumon  contenant  asses  de  gas  pour  nager  doit 
cette  faculté  à  de  l'air  qui  a  été  respiré  ou  à  un  gaz  produit  par  la 
putréfaction.  D'abord  il  est  certain,  nous  en  avons  bien  souvent  en 
la  preuve,  que  les  poumons  sont  parmi  les  organes  qui  se  putréfient 
les  derniers  (voy.  page  &2)«  Il  y  a,  il  est  vrai,  des  exceptions,  mais 
elles  sont  très  rares.  Il  s'ensuit  que,  lorsque  les  poumons  d'un 
cadavre  encore  frais  nagent  sur  l'eau,  on  n'a  pas  à  tenir  compte  de 
la  putréfaction  de  cet  organe. 

Il  y  a,  en  outre,  à  considérer  l'aspect  du  poumon  putréfié  sur  lequel 
je  me  suis  étendu  dans  la  partie  générale  de  ce  volume.  Il  n'y  a  pas 
différence  dans  le  phénomène  de  la  putréfaction  lorsque  l'enfant  est 
mort-né  ou  lorsqu'il  a  vécu;  on  voit  dans  tous  les  cas  des  bulles  d'air 
sous-pleurales  de  la  dimension  d'un  grain  de  millet,  quelquefois  d'un 
haricot,  qui  sont  isolées  ou  groupées  à  la  surface  du  poumon,  sur- 
tout à  la  base.  Ces  bulles  sont  un  signe  presque  certain  qu'il  y  a  eu 
commencement  de  putréfaction  ;  l'insufflation  énergique  peut  bien 
en  produire  quelquefois  d'analogues  ;  mais,  comme  nous  venons  de  le 
démontrer  plus  haut,  il  n'y  a  pas  ordinairement  à  tenir  compte,  en 
pratique  médico-légale,  de  la  |K>ssibilité  d'une  insufflation.  Quand  la 


DOCIMASIE    PULMONAIRE.     -  ÉPREUVE   UYpfU)SJATlQUE.        523 

première  période  de  la  pulréfi^ctioD  est  passée,  il  a'y  a  plus  dapger 
d'erreur,  lorsque  l'organe  perd  le  brillant  de  son  enduit  séreux,  lors- 
qu'il devient  gris,  noirâtre,  boueux,  infect.  Dans  ce  dernier  cas 
cepeiidaat,  la  docimasie  hydrostatique  peut  être  d'uii  certain 
secours,  si,  par  exemple,  des  poumons  d'un  cadavre  d'enfant  déjà 
vert  gagnent  le  fond  de  l'eau,  comme  je  l'ai  vu  quelquefois  (  voy. 
oba.  337  à  3^2).  Il  m'est  arrivé  de  proGter  de  cette  preuve  néga- 
tive, et  dans  des  cas  où  le  cadavre  était  putréfié,  j'ai  pu  nier  la  posr 
sjbilité  de  la  vie  de  l'enfant  ;  il  se  trouve  même  parmi  mes  observa- 
tions deux  cas  (3Â0  et  3dl)  dans  lesquels  le  cœur  et  le  foie  étaient  si 
putréfiés  qu'ils  surnageaient,  tandis  que  les  poumons  gagnaient  le 
fond  de  l'eau. 

Une  autre  question  relative  à  la  surnatation  des  poumons  putréfiés 
peut  encore  se  présenter,  c'est  celle-ci  :  des  poumons  surnageaqt  à 
cause  de  leur  putréfaction  peuvent-ils,  s  ils  sont  laissés  dans  l'eau, 
perdre  au  bout  d'un  certain  temps  leur  pouvoir  de  surnager,  et 
gagner  le  fond  du  vase? 

M.  Mascbka  (1)  a  fait  à  ce  sujet  des  expériences  décisives.  Je  suis 
h  même  de  confirmer  les  assertions  de  cet  observateur  distingué.  Si 
par  des  piqûres  on  détrpit  toutes  les  bulles  de  gaz  sous- pleurales, 
alors  les  poumons  qui  auparavant  surnageaient,  s'enfoncent  vers  le 
fond  de  l'eau  :  cette  opération  est  difficile  à  pratiquer  lorsque  ces 
bulles  soi^t  très  nombreuses  ;  lorsqu'elle  réussit  à  amener  l'immer- 
sion des  poumons,  on  a  la  preuve  que  la  surnatation  antérieure 
n'était  due  qu'à  la  putréfaction  et  que  l'enfant  n'a  pas  respiré.  Quant 
aux  poumons  putréfiés  laissés  sur  l'eau  pendant  plusieurs  semaines 
ou  plusieurs  mois,  ils  finissentpar  gagner  le  fond,  comme  il  est  facile 
de  le  comprendre,  car  l'organe  se  dissout,  les  bulles  de  gaz  for- 
mées par  les  liquides  se  frayent  un  passage,  et  l'on  a  pour  résultat  une 
masse  lourde,  pullacée,  divisée  en  plusieurs  fragments  C'est  ce  même 
phénomène  qui  se  présente  dans  le  cadavre  de  l'enfant,  excepté  la 
division  en  fragments,  par  suite  des  progrès  de  la  putréfaction.  Vais 

(I)  Prager  Vierteljahrsschrifî,  1857,  I,  §9- 


52&  BlO-THAMàTOLOGlE   DES  IfOUVBâU^lliS. 

*  celte  expérience  ne  peut  avoir  qa'on  intérêt  théorique,  car  elle  B*esl 
d*aiicone  utilité  dans  la  pratique  médico-légale. 

h""  immersion  des  poumons  malgré  la  respiration.  —  On  i 
prétendu  que  des  poumons  ayant  respiré  peuvent  gagner  le  fond  le 
l'eau  dans  certaines  circonstances,  par  exemple,  lorsqu'ils  sont 
dans  un  état  d'atélectasie,  d*hypérémie,  d'hépatisati jn  ou  de  lBb«- 
culisation.  Nous  avons  déjà  parlé  en  détails  de  ces  états  patholo* 
giques(page  508). 

Il  y  a  plusieurs  années  j'ai  ouvert  le  cadavre  d'un  enfant  qui 
avait  vécu  huit  jours,  et  dont  cependant  loutes  les  parcdies  des 
poumons  gagnaient  le  fond  de  l'eau  ;  ils  présentaient  la  couleur  et 
la  consistance  de  ceux  dès  enfants  qui  n'ont  pas  respiré.  D'après 
les  renseignements  recueillis  sur  la  maladie  et  d'après  ce  que  nous 
vtmes  lorsque  nous  incisâmes  le  tissu  pulmonaire,  il  fut  facile  de 
reconnaître  qu'il  y  avait  eu  hépatisalion  rouge.  Unautre  enfant  ayant 
vécu  deux  jours  et  qui  était  venu  au  monde  avec  un  peropbigus, 
mourut  d'une  pneumonie  unilatérale.  Le  poumon  gauche,  d'un  rose 
bleuâtre,  nageait  complètement  sur  l'eau,  le  poumon  droit  hépa- 
lisé  et  rougefttre  gagnait  le  fond.  J'ai  déjà  communiqué  (obs.  SAS) 
l'exemple  d'un  enfant  mort  asphyxié,  dont  un  des  poumons  hypéré- 
mique  gagnait  le  fond  de  l'eau,  tandis  que  l'autre  surnageait.  Je 
rapporterai  plus  bas  d'autres  cas  analogues  (obs.  353  à  361).  J'ai 
observé  encore  un  cas  très  intéressant:  c'était  une  fille,  née  à 
huit  mois,  d'une  mère  syphilitique  ;  l'enfant  était  chétive  et  avait 
un  pemphigus  aux  membres  inférieurs;  les  poumons  étaient  d'nn 
rose  bleuâtre  avec  des  marbrures  claires,  et  étaient  parsemés  de 
tubercules  jaunâtres  dont  quelques-uns  avaient  acquis  la  dimension 
d'une  petite  noix  ;  en  pressant  les  poumons  avec  les  doigts  on  sentait 
une  certaine  densité  et  de  la  crépitation.  Avec  le  cœur,  ils  gagnaient 
le  fond  de  l'eau  ;  néanmoins,  vu  les  marbrures,  nous  pensions  bien 
que  l'enfant  avait  respiré.  Séparé  du  cœur,  le  poumon  gauche  gagna 
encore  le  fond,  tandis  que  le  poumon  droit  resta  dans  une  des 
couches  supérieures  du  liquide;  les  petits  lambeaux  que  l'on  forma 
en  coupant  les  deux  poumons  giignèrent  en  grande  majorité  le  fond 


DOCIMASIE    PULMONAIRE.   —  INCISIONS   UANS   LES   POUMONS.      525 

du  vase  ;  mais  quelques-uns  restèrent  à  la  surface  ;  il  me  paraissait 
donc  très  probable  que  l'enfant  avait  vécu  peu  de  temps,  à  peu  près 
qninie  minutes. 

Que  prouvent  ces  observations?  Qu'il  faut  tenir  compte  de  l'état 
pathologique  du  poumon  ;  qu'il  faut  toujours  ajouter  à  la  docimasie 
hydrostatique  les  autres  épreuves  de  couleur,  de  consistance,  de 
contenu  des  poumons,  de  voussure  du  thorax,  de  hauteur  du  dia- 
phragme. Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'épreuve  hydrostatique  est  la 
plus  importante  et  ne  doit  rien  perdre  de  son  crédit  précieux. 

/.  IMCISIOMS  DAMS   Lk  SUBSTANCE   DES   POUMONS. 

Une  [erreur  assez  répandue  est  celle  qui  consiste  à  croire  que  les 
poumons  du  fœlus  ne  contiennent  pas  de  sang;  c'est  faux,  car  cet 
organe  est  nourri  comme  tous  les  autres  par  des  artères  qui  lui  ap- 
portent le  principe  de  l'assimilation  ;  mais  sitôt  que  la  respiration 
omunence,  que  la  petite  circulation  s'établit,  une  nouvelle  et  bien 
plus  grande  quantité  de  sang  afiSue  dans  l'organe,  et  cette  augmen- 
tation est  facilement  appréciable.  Malheureusement,  il  manque  è 
Teipert  qui  a  un  cadavre  de  nouveau-né  à  disséquer,  un  des  termes 
de  la  comparaison  :  la  quantité  de  sang  avant  la  naissance.  Cette  aug- 
mentation dans  la  quantité  de  sang  contenu  dans  le  poumon  en- 
traîne l'augmentation  de  poids,  et  nous  avons  démontré  qu'il  n'y 
afiit  pas  de  moyenne  que  l'on  pût  admettre  comme  base  de  la  mesure. 

Le  seul  moyen  de  reconnaître  cette  plus  grande  richesse  du  sang, 
c'est  de  faire  des  incisions  dans  le  tissu  et  de  presser,  alors  on  en- 
tend un  bruit  de  crépitation  produit  par  la  combinaison  du  gaz  ren- 
gainé dans  les  vésicules  et  de  l'air  ambiant,  et  l'on  voit  sortir  une 
écume  sanguinolente  plus  ou  moins  foncée.  Quand  les  poumons 
n*ont  pas  respiré,  il  faut  une  pression  assez  énergique  pour  voir  ap- 
paraître un  peu  de  sang  dans  le  tissu  incisé,  tandis  que  des  poumons 
qui  ont  respiré  laissent  écouler  presque  spontanément  le  sang.  C'est 
surioul  rétat  écumeux  du  sang  et  la  çr^iiationqui  sont  des  indices  de 
vie,  car  ils  manquent  à  l'état  fœtal. 


526  BIO  THANATOLOGIE  DES  N0UTBAU*1IÉS. 

Une  antre  épreuve  assez  importante  est  celle  qui  consiste  à  inciser 
lé  poumon  sous  l'èau  et  à  le  presser  fortement  ;  s'il  a  resfHré,  on  « 
voit  sortir  une  certaine  quantité  de  bulles  d*air  qui  gagnent  M  suriace 
du  liquide.  Jamais  les  poumons  d'un  fœtus  ne  présenteront  ce  pli- 
nomëne.  Il  faut  cependant  ajouter  que  les  poumons  insufflés,  ainsi 
que  ceux  qui  sont  putréfiés,  laisseront  entendre  le   même  broit  de 
crépitation  et  laisseront  monter  à  la  surface  de  l'eau  les  mènes 
butles  d'air  ;  mais  alors  la  quantité  du  sang  contenu  dans  lé  poumon 
sera  le  signe  de  ralliement,  car  vX  l'insufflation  ni  la  putréfaction  ne 
produisent  une  augmentation  à  cet  égard  ;  par  conséquent,  il  n'y  aura 
jamais,  dans  aucun  des  deux  cas,  de  IVctime  $anguinolenie. 

Nous  devons  faire  cependant  observer  qu'un  poumon  qui  a  certai- 
nement respiré  peut  ne  plus  offrir  de  sang  ni  d'écome  sanguinolente, 
soit  parce  que  la  putréfaction  a  fait  évaporer  les  liquides  du  cadavre, 
soit  parce  que  le  sujet  est  mort  d'faémorrhagie  ;  alof s  il  faut  avoir 
recours  aux  autres  signes  de  la  respiration. 

Nous  concluons  de  tout  ce  qui  précède  que,  torsqu'entneiêani  les 
poumons  et  en  exerçant  sur  eux  Une  légère  pressiôhj  on  en  toit 
sortir  une  assez  grande  quantité  d^écume  sanguinolente^  il  y  a 
grande  probabilité  qu'il  y  a  eu  respiration. 

§  4.  —  Hoyau  d'ossification  de  IVztrêmité  inférieure  du  Cémur. 

Le  règlement  prussien  ne  demande  plus  Tetamen  de  certains  phé- 
nomènes qui  autrefois  élail  exigé,  par  exemple  :  l'état  des  vaisseaux 
du  fœtus,  le  contenu  de  la  vessie  et  dû  rectum;  mais  il  prescrit  de 
mesurer  le  noyau  d'ossification  de  Textrémilé  inférieure  du  fémur. 
Nous  en  avons  déjà  parlé  en  détail  page  488,  lorsque  nous  nous 
sommes  étendu  sur  les  signes  de  la  maturité.  Les  dimensions  de  ce 
noyau  ont  de  Timportance  pour  la  détermination  de  la  vie  extra- 
utérine.  Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut ,  il  y  a  probabilifé 
qu'un  enfant  a  vécu  après  sa  naissance  quand  le  point  d'os- 
sification a  plus  de  6  millimètres  de  diaMèlre,  Les  exceptions 
à  cette  règle  sont  très  rares  ;   cependant  ajoutons  que  la  réciproque 


DÉPÔT  d'acide  URIQUE  DANS  LES  REINS  DES  NOOTEAU-NÉS.       527 

de  celte  règle  n*est  pas  vraie  ;  qae  quelquefois  un  enfant  est  reconnu 
par  les  épreuves  de  la  docîmasie  coitime  ayani  vécu,  sans  présenter 
cette  dimension  du  nojau  d'ossification. 

$  5.  —  MpM  d'aeîde  atli|ae  dam  les  tvbef  àrinlAref . 

Cless  est  le  premier  en  Allemagne  qui  ait  attiré  Tattention  sur  les 
dépôts  d*acide  urique  ou  d'urates,  qui  se  forment  dans  les  reins  des 
noufeau-nés.  Voici  comment  on  peut  observer  ce  phénomène  :  on 
coupe  l'organe  verticalement  en  deux  moitiés,  c'est-à-dire  dans  le 
sens  de  sa  longueur,  puis  on  écarte  les  deux  parties  ;  on  voit  à  l'œil 
no  ces  dépôts  sous  forme  de  stries  d'un  rouge  jaune  clair.  J'ai  fait 
dessiner  et  colorier  dans  l'atlas  qui  est  joint  à  cet  ouvrage,  des  reins 
présentant  ce  phénomène.  Si  l'on  craint  de  confondre  ces  stries  avec 
des  dépôts  graisseux,  il  suffira  du  microscope  ou  même  d'une 
ioQpe  pour  faire  disparaître  tous  les  doutes.  Mas  observations  per- 
tonnelles,  jointes  à  celles  de  MM.  Schlossberger,  Virchow,  BIsâsser, 
Bigel,  Martin,  Hoogeweg,  Hodann,  ont  prouvé  que  ce  phénomène 
était  désormais,  acquise  la  science.  M.  Schlossberger  (1)  a  affirmé 
qiie  ees  dépôts  ne  se  rencontrent  jamais  que  dans  le  cas  où  les 
eafants  ont  respiré  :  ce  serait  donc  un  renseignement  précieux 
pour  le  médecin  légiste.  Cette  opinion  est  partagée  par  Virchow  (2) 
et  Elsâsser  (3)  ;  mais  Martin  (A)  et  Weber  (5)  sont  d'un  avis  con- 
traire ;  Hoogeweg  (6)  et  Hodann  (7)  ne  pensent  ni  comme  les  pre- 
miers, ni  comme  les  seconds  ;  ils  prétendent  seulement  que  ce  phé- 
nomène ne  peut  que  servir  de  renseignement,  offrir  une  plus  ou 
moins  grande  probabilité  pour  la  vie  de  l'enfant  et  se  joindre  ainsi 
aux  épreuves  de  la  docîmasie  pulmonaire. 

(1)  Archiv  fur  phynol.  Heikunde,  1850,  IX,  p.  547. 

(2)  Verhandlungender  GeseUschàft  fUr  G elmrtshiUfe in  Berlin,  IS47,  H,  p.  70. 
(S)  Loe,  cit.  p.  77 . 

{4)Jenaische  Annalen  fiir  Phys.  und  Ued.  1850,  p.  126. 

(5)  Beit,  zup<Uhol.  Anat.  der  yeugebornen,  Ktel,  1854. 

(6)  Voyez  ma  Vierteljahrsschrifiy  Vil,  1»  p.  33. 

(7)  JahresbericfU  dcr  scfilesisclien  Gesèllschafc  fur  voUerl.  CuUUir,  1854.  Breslau. 


528  BIO-THANATOLOOIE  DKS   NOUV£AU-KÉS. 

On  n'est  pas  non  plus  d*accord  sur  la  question  de  savoir  si  c'est  un 
phénomène  physiologique  ou  pathologique.  Enfel  (1),  Virchow,  Mar- 
tin et  Hodann  opinent  dans  le  premier  sens,  et  en  trouvent  la  raison 
dans  les  grandes  révolutions  de  la  vie  végétative  de  Fenfant.  Hec- 
kel  (2),  Faber   (3)  ne  voient  là  qu'un  phénomène  pathologique; 
enfin,  Schlossberger  reste  indécis  entre  ces  deux  manières  de  voir. 
De  tout  ce  qui  précède,  il  ressort  clairement  que  la  question  n'est 
pas  résolue,  et  l'on  peut  conclure  que  la  présence  ou  rabsenee  de 
défais  d'urates  dans  les  tubes  urinifêres  ne  peut  faire  admettre  ni 
rejeter  la  possibilité  de  la  vie  d'un  enfant  après  sa  naissance. 

Weber  dit  {h)  avoir  trouvé  dans  quelques  cas  rares  des  traces  de 
graveSIe  dans  les  tubes  urinifêres  d'enfants  morts  pendant  l'accou- 
chement. Lebmann  (5)  trouva  aussi  dans  la  vessie  d'un  enfant  mort* 
né  de  nombreuses  traces  de  gravelle,  puis,  s'étant  livré  à  des  re- 
cherches microscopiques j  il  trouva,  dans  un  certain  nombre  de  cas, 
des  granulations  foncées  et  brillantes  situées  dans  les  tubes  urini- 
fêres. Schwartz  (6)  raconte  deux  observations  d'accouchement  dans 
lesquels  les  enfants  furent  extraits  avec  le  forceps  et  naquirent  avec 
de  faibles  mouvements  du  cœur  et  moururent  bientôt  après.  L'un  des 
enfants  avait  des  traces  de  gravelle  dans  le  bassinet  des  reins  ;  le 
second  avait  des  dépositions  d'acide  urique  ayant  une  coloration 
rosâtre. 

H.  Schuize  (7)  a  rapporté  le  cas  suivant  : 

Un  enfant  provenant  d'un  accouchement  ayant  duré  trois  jours  ne 
présenta,  en  arrivant  au  monde,  aucune  trace  de  respiration; 
le  rein  droit  présentait  dans  quelques-unes  de  ses  pyramides  des 
dépôts  d'acide  urique.  Un  cas  analogue  concernant  un  mort-né  fut 
rapporté   en  1858.   J'ai  pu  examiner  moi-même  ces  deux  reins. 

(i)  CEsterr.  medic^  Wochsnschr.  1842. 

(2)  Annalen  des  Charité- Krankenhautes,  IV,  2.  Berlin,  1853. 

(3)  Anleitufig  2ur  gericht,  Vniers.  neugeb,  Kinder    Siuttgard,  1855,  p.  145. 

(4)  Loc,  cit. 

(5)  Neederlandsche  WeekblaU.  1853. 

(6)  Die  voneitigcn  Athembew,  liCipzig,  1857,  p.  57. 

(7)  Deutsche  KUnik,  1858. 


ÉTAT   DU   <:ORlH)f«   OMBILICAL.  620 

insiy  comine  nous  l*avons  dit,  pour  le  médecin  légiste  ce  phéno- 
hmt  est  MD8  importance,  nous  laissons  aux  physiologistes  et  aux 
Ahologistes  le  soin  d*en  préciser  la  cause  et  la  nature. 

!•  -—  l&ttftM  au  oordoik  |  aaréole  de   démareaiion  |  momification  |  ehate. 

Nous  avons  parlé  page  i73  des  renseignements  que  pouvait  offrir 
cordon  pour  ce  qui  regarde  Tàge  du  fœtus,  nous  allons  ici  étudier 
tels  sont  ces  changements  avant  et  après  la  respiration.  Il  faut 
ibord  se  rappeler  que.  quand  le  cadavre  d'un  nouveau-né  est 
lis,  il  existe  sur  l'abdomen,  tout  autour  de  l'insertion  du  cordon, 
10  auréole  rougeâtre  qui  n'est  pas  produite  par  le  commencement 
i  travail  de  détachement  de  l'organe,  par  conséquent  qui  n'est  pas 
I  symptAme  de  vie  extra-utérine.  Celte  auréole  se  forme  déjà  dans 
itéms,  el  on  la  remarque  aussi  bien  sur  le  corps  des  enfants  mort- 
io  que  sur  celui  de  ceux  qui  ont  vécu.  La  putréfaction  efface 
m  vite  cette  coloration,  soit  en  donnant  à  tout  l'abdomen  la  cou- 
■rverdâtre  que  l'on  connaît,  soit  en  provoquant  le  décollement  do 
fidorme. 

Un  phénomène  plus  important  est  celui  qui  indique  le  travail  de 
itachement  du  cordon,  c'est  une  preuve  certaine  de  la  vie  extra-- 
'érine.  Il  se  forme  à  la  base  de  l'organe  un  anneau  d'une  largeur  de 
naillimètres  environ  qui  se  gonfle,  s'enflamme  et  offre  une  légère 
crétion  purulente  à  l'endroit  où  l'anneau  se  continue;  cela  se  pré- 
Dio  ordinairement  vers  le  troisième  jour  de  la  vie  ;  quelquefois  la 
pporation  continue  de  huit  à  dix  jours  ;  ce  signe  est  également 
heé  par  la  putréfaction. 

Vers  la  fin  du  second  jour  de  la  vie  extra-utérine,  le  cordon  eom- 
mce  à  se  momifier.  Cette  momification  a  lieu  de  l'extrémité  vers  la 
80  ;  cette  dernière  est  atteinte  du  quatrième  au  cinquième  jour, 
lolques  auteurs  ont  considéré  cette  dessiccation  comme  un  acte 
Iri  (Billard,  Hervieux)  ;  rien  n'est  plus  erroné,  comme  l'ont  prouvé 
i  expériences  de  MM.  Gunz,  Elsisser,  Meckel  et  les  miennes.  Il 
fit,  en  effet,  de  couper  le  cordon  ombilical  d'un  enfant  mort-né|  de 
Cûro  sécher  à  l'air,  tantôt  à  l'ombre  dans  un  endroit  sec,  tantôt  au 

H.  34 


580  BIO-THANATOUmiB   DBS  NOUVBâU-MÉà. 

soleil;  il  est  nécessaire  que  le  cordon  reste  deux  fois  plus  de  temps 
l'ombre  qu'au  soleil,  à  peu  pris  quatreàsii  jours  au  soleil  el  huilé  dsoii 
jours  à  Tombre;  on  a  alors  un  cordon  momifié  présentant  abaolooMit 
le  même  aspect  qu*un  cordon  qui  est  tombé  naturellement  du  corps 
d'un  enfant  bien  portant  ;  on  a  la  même  surface  aplatie,  la  même 
tendance  à  se  contourner^  la  même  colomtidn  d'un  gris  noirâtre  ttec 
transparence  des  petits  taisseaux  rougefttres,  la  même  eonsistanca' 
parcheminée,  eiifin,  les  mêmes  changements  produits  par  le  séjoar 
dans  l'eau. 

Un  cordon  ombilical  momifié  qui  est  laissé  pendant  une  haon 
dans  l'eau,  se  gonfle  un  peu,  devient  flexible  et  prend  une  colo* 
ration  d'un  gris  blanchâtre;  il  ne  faudrait  cependant  pas  croire  qa'ea 
le  laissant  plus  longtemps  dans  l'eau,  il  puisse  reprendre  son  état 
primitif;  il  conserve  toujours  un  certain  degré  de  consistance  parche* 
minée.  Cette  circonstance  peut  être  utile  lorsque  l'expert  se  trouve  en 
présence  d'un  enfant  qui  a  été  trouvé  dans  l'eau.  Gomme  jamais  la 
desiiocation  de  l'organe  ne  peut  se  produire  dans  un  liquide,  toutn 
les  fois  que  ce  cordon  est  parcheminé,  on  peut  en  conclare  qse 
l'enfant  était  déjà  mort  depuis  plusieurs  jours  lorsqu'il  a  été  jeté  dans 
le  liquide. 

Le  cordon  ombilical  ne  se  momifie  pas  non  plus  dans  rem 
de  l'amnios,  et  jamais  un  fœtus  qui  s'est  putréfié  dans  l'utérus,  ne 
présente  la  dessiccation  de  cet  organe.  Cette  remarque  peut  être 
également  importante,  car  si  une  autopsie  démontre  qu'un  enfant 
est  mort-né  et  que  le  cordon  présente  un  certain  degré  de  momifica- 
tion, on  peut,  abstraction  faite  du  degré  de  putréfaction  générale  du 
corps  de  Tenfant)  déterminer  approximativement  depuis  combien  de 
temps  l'enfant  a  quitté  Tutérus,  par  conséquent  quel  jour  il  a  pu 
naître. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  conclure  que  {a  momification 
du  cordon  ombilical  e$t  un  phénomène  de  putréfaction  cùdavi* 
rique  ayant  lieu  à  l'air ^  et  qui  ne  peut  en  aucune  façon  offrir  des 
indices  en  faveur  de  la  vie  extra^-utérine  d'un  enfant. 

Il  en  est  tout  autrement  de  la  chute  du  cordout  Celle*ci  nes^opèra 


EXPULSION   DU   MÉGONIUM   ET   DE   L*URIlfE.  531 

que  du  quatrième  au  sixième  jour  après  la  naissance.  Ajoutons  qu*il 
M  impossible  de  confondre  la  cicatrice  qui  résulte  de  la  chute 
Mtvfelle  Mvec  celle  qui  est  produite  par  Farrachemenl  de  l'organe* 

§  7.  —  État  des  voies  eirculatoirei  fœtales. 

Le  règlement  prussien  n'exige  pas  des  médecins  légistes  l'examen 
des  votes  circulatoires  du  fœtus  comme  critérium  de  la  respiration  ; 
c'est  avec  la  plus  grande  raison,  car  ces  voies  circulatoires  ne  dis- 
paraissent que  longtemps  après  la  naissance  ;  le  trou  oval  ne  se 
ferme  qu'à  l'âge  de  deux  ou  trois  mois.  Les  artères  ombilicales  sont, 
parmi  les  voies  circulatoires  du  fœtus,  celles  qui  se  ferment  le  plus 
rite.  De  huit  à  dix  heures  après  la  naissance,  elles  commencent  déjà 
ï  se  rétrécir  ;  mais  l'oblitération  complète  n'a  pas  lieu  avant  cinq  à 
six  jours;  celle  de  la  veine  ombilicale  est  encore  plus  tardive.  Le 
conduit  veineux  du  fœtus  ne  se  ferme  qu'après  un  ou  deux  mois.  Il 
est  donc  impossible  de  tenir  compte  de  Tétat  de  ces  organes. 

{8.  —  Sxpaliion  dti  méeoniiiit»  et  de  Purine. 

Autrefois  on  pensait  que  l'expulsion  du  contenu  du  rectum  et  de 
ta  vessie  était  un  acte  vital  ;  aussi  avait>on  l'habitude  de  rechercher 
d  eelte  fonction  avait  été  exécutée  par  l'enfant  après  sa  naissance. 
\S  seul  Aiit  de  la  présence  du  méconium  dans  l'eau  de  l'amnios 
Nrfll  déjà  pour  montrer  que  la  respiration  n'est  pour  rien  dans  cet 
lete  ;  d'uD  autre  côté,  devant  un  enfant  ayant  la  vessie  pleine  et  le 
^êelam  vide,  ou  réciproquement,  que  pourrait-on  dire?  Il  est  éton- 
lant  que  pendant  si  longtemps  de  pareilles  théories  aient  encours 
lans  la  science,  tandis  i|ue  la  première  sage- femme  sait  que  l'enfant 
ïê  lâche  pas  toujours  son  iinge  aussitôt  après  sa  naissance.  D'un 
lotre  côté,  le  maniement  du  corps  de  l'enfant  pour  l'essuyer  et  l'ha- 
lUtor,  peut,  par  suite  d'une  pression  sur  l'abdomen^  produire  une 
npiHsioti  de  l'urine  par  cause  mécanique,  et  alors  la  respiration 
mil  encore  n'y  être  pour  rien. 

Ainsi)  de  même  que  pour  le  chapitre  précédent,  nous  dirons  que 


632  BIO-THANATOLOGIE   DES   NOUVEAU-NÉS 

cette  fonction  n*a  aucune  importance  et  ne  peut  servir  d'aoaui 
secours  dans  la  détermination  de  la  vie  après  la  naissance.  Il  ne  faol 
cependant  pas  négliger  de  toujours  examiner  le  rectum  el  la  vessie, 
car  il  peut  s'y  trouver  d'autres  résultats  intéressants. 

$  9.  —  Soehymoies. 

Les  anciens  auteurs  considéraient  la  présence  d'ecchymoses  sur 
un  point  quelconque  du  cadavre,  comme  un  signe  très  important  de 
la  vie  après  la  naissance  ;  les  auteurs  modernes  n'ont  pas  changé 
sensiblement  d'avis  à  cet  égard,  et  ont  soutenu  que  des  ecchymoses 
trouvées  sur  le  corps  d'un  enfant  sont  non-aeulement  une  preuve  de 
vie  après  la  naissance,  mais  encore  une  preuve  de  violence  extérieure 
exercée  sur  l'enfant. 

Or,  il  est  complètement  faux  de  tirer  deux  pareilles  conclusions 
de  la  présence  de  ce  phénomène.  On  trouve,  en  effet ,  souvent  èm 
n  tète  d'enfants   putréfiés  dans  la   matrice,   et  qui,   par   consé — 
quent,  n'ont  certainement  pas  respiré,  des  taches   plas  ou  moins 
grandes ,    de   véritables    épanchements    sanguins  avec  destruction 
des  parois  des  vaisseaux  par  la  putréfaction  ;  la  déchirure  des  vais- 
seaux avec  épanchement  peut  également  être  produite  par  l'acte  de 
l'accouchement,  surtout  au-dessous  des  téguments  de  la  tête.  U  peut 
en  effet  se  former  à  la  région  occipitale  une  tumeur  qui  n'est  pas  for- 
mée par  un  simple  œdème,  mais  par  de  véritables  ecchymoses  ;  cela 
se  présente  très  souvent;  la  tumeur  a  l'aspect  de  gélatine  sanguino- 
lente et  est  située  dans  le  tissu  cellulaire  ;  d'autres  fois,  plus  rare- 
ment, au-dessous  de  l'aponévrose  épicrânienne.  On  trouvera  plus  loin 
une  description  plus  détaillée  de  ce  phénomène. 

On  ne  saurait  trop  recommander  aux  experts  de  ne  pas  prendre 
ces  ecchymoses  pour  des  traces  de  violence  exercées  sur  l'enfant  ou 
pour  des  indices  d*une  chute  pendant  l'accouchement. 

Nous  ne  répéterons  pas  ici  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  de  la 
possibilité  de  la  coagulation  du  sang  après  la  mort  (page  18).  Qui- 
conque a  vu  des  cadavres  d'enfants  mort-nés  ne  doute  pas  qu'il  puisse 
y  avoir  de  ces  coagulations.  Nous  devons  encore    mentionner  les 


CONCLUSION.  5S3 

ecchymoses  produites  par  l'étranglement  du  cou  par  le  cordon  même 
lorsque  reofanl  est  mort-né,  ainsi  que  les  ecchymoses  sous- pleurales 
et  sou8-péricardiales  des  enrants  qui  sont  également  indubitable- 
ment mort- nés. 

Donc,  nous  pouvons  conclure  que  ni  la  présence  des  ecchymoses 
ni  celle  du  sang  coagulé  ne  peuvent  prouver  qu'un  enfant  a  res- 
piré. 

$  10.  —  Ck>ne1atiooa 

On  peut  admettre  qu'un  enfant  a  vécu,  c'est- â-dire  qu'il  a  respiré 
pendant  ou  après  sa  naissance  lorsqu'il  présente  les  phénomènes 
solvants  : 

1®  Le  diaphragme  situé  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte  ; 

2®  Les  poumons  remplissant  à  peu  près  la  cavité  pectorale; 

3*  Les  poumons  tachés  de  marbrures  bien  circonscrites  ; 

A*  Les  poumons  surnageant  dans  l'eau  ; 

if*  De  l'écume  sanguinolente  s'échappant  de  cet  organe  lorsque, 
après  l'avoir  incisé,  on  exerce  sur  lui  une  légère  pression. 

Ces  principaux  phénomènes  importants  peuvent  être  complétés  par 
d'autres,  tels  que  l'état  de  l'ombilic,  le  diamètre  du  noyau  d'ossifl- 
eation,  surtout  lorsque,  soit  le  genre  de  mort,  soit  la  putréfaction 
ne  permet  pas  de  constater  la  présence  des  principaux  phénomènes 
que  nous  venons  d'énoncer. 

5  11.  —  Oireonstances  dam  lesquelles  îl  est  iculile  de  rechercher 

si  l'enfant  a  respiré. 

Avant  de  se  poser  cette  question  :  l'enfant  a-t-il  vécu?  il  est  né- 
cessaire de  se  demander  :  l'enfant  était-il  viable?  Il  est  évident  que 
ce  second  problème  domine  le  premier.  Voici  les  circonstances  dans 
lesquelles  il  est  inutile  d'aller  chercher  des  indires  de  respiration  : 

4*  Lorsque  le  fœtus  n'a  pas  atteint  cent  quatre-vingt  jours  ou 
lorsque,  le  fœtus  étant  un  monstre,  la  vie  était  impossible  ; 

2*  Lorsque  l'enfant  a  déjà  perdu  son  cordon  ombilical  et  que  le 
nombril  est  cicatrisé  ; 

S*  Lorsque  par  l'ouverture   de  l'abdomen  on  acquiert  la  preuve 


blh  BIO-THANATOLOGIE  DiiS  NOUVEAU-NÉS. 

évidente  de  la  vie  après  la  naissance,  par  exemple,  lorsque  Voq 
trouve  les  traces  d'une  digestion  régulièrement  accomplie.  De  pa- 
reils cas  se  présentent  rarement  au  médecin  légiste,  excepté  lors- 
qu'un enfant,  qui  a  été  nourri  pendant  deux  ou  trois  jours,  vient  à 
mourir,  et  que  les  parents  le  jettent  pour  éviter  les  frais  d'un  enter- 
rement. 

A"  Lorsque  l'état  du  cadavre  démontre  jusqu'à  l'évidence  qu'il 
était  déjà  putréfié  dans  la  matrice  de  sa  mère.  Il  est  impossible  de 
ne  pas  reconnaître  tout  de  suite  un  enfant  qui  est  resté  putréfié  dans 
la  matrice.  Ce  n'est  pas,  comme  d'habitude,  le  gonflement  des  par- 
ties molles,  le  détachement  de  l'épiderme,  la  couleur  verdâtre, 
l'odeur  infecte  que  l'on  rencontre  sur  ces  cadavres.  D  se  produit  par 
la  macération  dans  l'eau  de  l'amnios,  une  putréfaction  toute  par- 
ticulière impossible  à  méconnaître.  D'abord,  l'odeur  eihalée  par 
le  cadavre  a  quelque  chose  de  doux,  de  fade,  de  pénétrant,  qui 
est  bien  plus  désagréable  que  celle  des  autres  cadavres  pntréfiés. 
La  couleur  est  également  très  différente  ;  elle  n'est  pas  verte,  elle 
est  rouge  cuivre  ;  il  y  a  toujours  des  excoriations  qui  ont  plus  oo 
moins  la  couleur  des  muscles;  ces  excoriations,  selon  qu'elles 
sont  plus  ou  moins  récentes,  sont  plus  ou  moins  rouges  et  présen* 
tent  un  fond  plus  ou  moins  dur;  elles  sont  en  général  humides, 
huileuses,  et  laissent  suinter  un  liquide  infect,  aqueux  et  un  peu  san- 
guinolent. Le  cadavre  a  aussi  une  forme  remarquable;  il  n'est  plus 
terminé  par  des  contours  arrondis  ;  il  devient  aplati  et  s'élai^t  ; 
l'abdomen  et  le  thorax  perdent  leur  voussure  ;  Taplatissement  d'avant 
en  arrière  donne  aux  parties  latérales  la  forme  elliptique  ;  la  tête, 
dont  les  os  sont  devenus  mous  et  mobiles,  s'aplatit  également  ;  les 
joues  sont  reléguées  aux  parties  latérales  ;  le  nez  est  enfoncé. 

L'état  d'un  enfant  qui  est  resté  putréfié  dans  la  matrice  est  difficile 
à  décrire  d'une  manière  précise.  Cependant  ce  que  nous  venons 
d'en  dire  prouve  assez  qu'il  y  a  là  une  putréfaction  particulière.  Il 
est  inutile  d'ajouter  que,  lorsque  l'expert  verra  un  cadavre  dans  cet 
état,  il  pourra  se  dispenser  d'avoir  recours  à  la  docimasie  et  affirmer 
que  l'enfant  n'a  pas  vécu. 


COM^lVIf  DB  TEMPS  UN  ENFÀMT  A-T*II«  V^GU  ?  5ft5 

S  i2*  — Ooaibieo  de  temps  un  eofiiiit  ••l-il  wéûuf  Hepui*  çombiep 

de  temps  est-il  mort? 

Ces  deux  questions  sont  toujours  posées  par  le  juge  d'instruction 
pour  compléter  le  prucès-verbal  de  Tautopsie.  Lorsque  l'expert  a 
déclaré  que  Tenfant  a  vécu,  on  comprendra  facilement  combien  les 
réponses  à  ces  deux  questions  Font  utiles  à  la  justice.  La  première 
lert  à  déterminer  s*il  y  a  eu  infanticide,  c'est-à-dire  meurtre  com- 
nÎB  c  pendant  ou  immédiatement  après  la  naissance  »  ;  la  seconde 
ilétenninant  l'époque  de  l'accouchement  peut  être  d'une  grande  uti- 
lité pour  retrouver  la  mère. 

Les  réponses  à  faire  ne  peuvent  être  soumises  à  des  règles  géné- 
rales. Ici,  il  faut  considérer  toutes  les  particularités  du  cas  spécial. 
Si  un  enfant  est  bien  portant,  robuste  ,  s'il  a  respiré  sans  obstacle, 
il  est  difficile  dédire  s'il  a  vécu  une  demi-beure  ou  une  heure,  ou 
même  cinq  heures.  S'il  s'agit  d'une  vie  ayant  duré  deux  ou  trois 
jours,  nous  en  avons  déjà  parlé  (page  i70),  en  établissant  les  phé- 
nomènes présentés  par  l'enfant  «nouveau-né  ». 

Quant  à  la  seconde  question,  elle  se  résout  pour  les  enfants, 
comme  pour  les  adultes,  d'après  les  degrés  de  la  putréfaction.  Il  est 
léceasaire  desavoir  où  le  cadavre  a  été  trouvé,  depuis  combien  de 
tempi  on  l'a  trouvé  et  où  il  a  séjourné  depuis  ce  moment.  Quand, 
outre  ces  renseignements,  on  tient  compte  de  la  température  am- 
biante, du  genre  de  mort,  on  peut  trouver  une  réponse  assez  ap- 
[iroximative. 

taa.  387  à  352.  —  Docimask  pratiquée  sur  da  cadavret  dont  la  putréfaction 

était  déjà  avancée. 

Oas.  337.  —  Le  cadavre  d'un  enfant  nous  fui  présenlé  à  l'aulopsie.  Il  était  né 
i  tenne,  très  putréfié  ;  la  peau  était  couleur  verdâtre,  il  avait  été  trouvé  dans 
l'aaa  ;  tout  les  organe»,  par  conséquent  les  poumons  aussi,  étaient  remplis  de  vési- 
eales  produites  par  l'évaporation  des  liquides  sous  l'action  de  la  putréfaction  ;  les 
poumons  étaient  brun  foncé,  compactes,  ils  n'offraient  pas  d'écume  sanguinolente  ; 
mis  dans  l'eau,  ils  gagnèrent  le  fond  du  vasej  aussi  bien  étant  entiers  que  divisés 
•n  de  nombreuses  parcelles. 

Oia«  3)8.  —  U  même  choie  eut  lieu  pour  une  fille  trouvée  également  daot 


538  BIO-THAKATOLO«S   DES  |f01]V8A|i<'HÉS . 

s||poinatique,  et  se  perdant  dans  le  oôté  gauckie  de  la  figure  ;  eur  la  réfioo  de  I'm 
pariétal,  ce  sillon  était  la  couleur  rouge  brun,  oiaia  il  n'Mait  uulle  pari  mtky 
moaé  ;  la  vouaaure  du  diaphragme  était  entre -U  quatrième  et  la  eiuquièsM  céte; 
les  poumons  étaient  d'un  roug*".  brun  marbré  de  bleu  ;  à  la  aurfliee  poatérieure  de 
poumon  droit  et  au  bord  supérieur  du  poumon  gauche  on  voyait  des  bulles  pro- 
venant de  la  putréfaction.  Quand  on  incisait  l'organe,  on  entendait  de  la  crépita- 
tion et  on  voyait  s*écouler  de  l'écume  sanguinolente  ;  mis  dans  l'eau,  les  poumons 
surnagèrent  complètement  ;  le  cœur  était  vide,  il  y  avait  une  hypérémie  du  cer- 
vefiu  encore  très  visible.  Nous  admîmes  qu'il  y  avait  eu  mort  par  apoplexie  céré- 
brale, qu'on  ne  pouvait  dire  si  cette  apoplexie  était  due  à  une  violence  extérieure, 
itaais  qu'évidemment  le  sillon  trouvé  à  la  tête  n'avait  aucun  rapport  avec  cette 
cause  de  mort,  car  il  provenait  d'un  lien  qui  avait  été  posé  là  après  la  mort. 

Obs.  349.—  A  la  fin  du  mois  de  mai  le  cadavre  d'une  fille  née  à  terme  fut  ùré 
d'une  fosse  d*aisance  ;  sa  couleur  était  verdâtre,  l'èpiderme  était  détaché  en  de 
nombreux  endroits,  le  cordon  ombilical  était  encore  adhérent  au  corps,  il  était  lon| 
de  5  centimètres,  et  momifié,  il  n'avait  pas  été  lié,  on  voyait,  au  contraire,  qu'il 
avait  dû  être  arraché.  Au-dessous  de  l'aponévrose  épicrântenne  se  trouvait  un 
épanchement  de  sang  assez  considérable  ayant  un  aspect  gélatineux  qui  avait  été 
certainement  produit  par  l'accouchement,  comme  cela  arrive  ai  souvent  ;  nulle  part 
il  n*y  avait  trace  de  blessure.  La  couleur  des  poumons  était  brun  foncé,  parsemée 
de  marbrures  en  plusieurs  endroits  ;  ces  organes  étaient  parsemés  de  bulles  prove- 
nant de  la  putréfaction  ;  incisés,  ils  laissèrent  entendre  un  bruit  de  crépitation,  e( 
on  vit  s'en  écouler  de  l'écume  sanguinolente  ;  mis  dans  l'eau,  ils  surnagèrent  très 
franchement  ;  le  diaphragme  était  situé  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte.  Nous 
déclarâmes  que  celte  enfant  avait  vécu  après  sa  naissance,  et  que  l'autopsie  n'avait 
pas  donné  d'indices  de  mort  violente. 

Obs.  330.  —  On  trouva  dans  l'eau  le  cadavre  d'une  fille  nouveau-née  ayant  une 
ficelle  liée  légèrement  autour  du  cou,  le  diamètre  du  noyau  d'os&ification  de  la 
partie  inférieure  du  fémur  n'était  long  que  de  2  milimètres.  Le  corps  était  d'an 
gris  verdâtre,  le  cordon,  qui  adhérait  encore,  était  long  de  40  centimètres,  et 
n'avait  pas  été  lié  ;  il  n'y  avait  pas  de  sillon  autour  du  cou  ;  la  voussure  du  dia- 
phragme était  située  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte  ;  les  poumons  remplis- 
saient la  cavité  pectorale,  leur  conleur  était  d'un  rouge  brun  parsemé  de  mar- 
brures ;  il  y  avait  sur  la  surface  de  cet  organe  un  grand  nombre  de  bulles  produites 
par  la  putréfaction  ;  incisés,  ils  présentèrent  de  la  crépitation,  mais  on  n'en  vit  pas 
sortir  de  l'écume  sanguinolente,  il  faut  tenir  compte  pour  l'interprétation  de  ce  der- 
nier phénomène  du  haut  degré  de  la  putréfaction.  Les  deux  poumons  nageaient  dans 
l'eau,  il  est  vrai  que  le  cœur  et  le  foie  nageaient  aussi.  On  ne  pouvait  donner  dans 
ce  cas  un  jugement  médico-légal  bien  positif,  mais  il  n'y  avait  cependant  pas  lieu 
pour  l'expert  de  déclarer  son  incompétence,  caria  position  du  diaphragme,  la  cou- 
leur et  l'étendue  des  poumons  mettaient  toutes  les  vraisemblances  du  côté  de  la 
vie  de  l'enfant.  Quant  au  lien  trouvé  autour  du  cou,  nous  n'hésitâmes  pas  à  décla- 


DÛCmiSlE .  —  OBSP  AVATIOUiS .  539 

rar  qu'il  avait  été  mis  après  la  mort.  Noub  apprîmes  en  effet  par  la  suite  que  la 
cadavre  avait  été  repôché  au  moyen  d'un  bâton  autour  duquel  se  trouvait  une  ficelle. 

Obs.  351.—  On  retira  de  Teau  le* cadavre  d'une  fille  qui  paraissait  être  née  à 
huit  mois;  elle  ne  présentait  pas  encore  de  noyau  d'ossification.  La  putréfaction 
était  trèa  avancée  ;  le  diaphragme  était  situé  entre  la  quatrième  et  la  cinquième 
eôte  ;  les  poumons  étaient  d'une  couleur  rouge  vermeille  sans  marbrures,  ils  étaient 
trèa  rétractés  et  ne  présentaient  aucune  trace  d'écume  sanguinolente  quand  on 
ineiaaitleur  tissu,  il  y  avait  çà  et  là  sur  l'organe  des  bulles  produites  par  la  putré- 
hetîon  ;  les  poumons,  le  thymus,  le  cœur  et  le  fuie  nageaient  complètement  dans 
faau.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  mort-née. 

Obs.  353.  — *  On  trouva  pendant  l'été  le  cadavre  d'une  fille  nouveau«née  gisant 
dans  l'eau  at  placé  dans  un  sac  cousu  avec  soin.  Celte  enfant  était  évidemment 
I  (arme  (longueur,  50  centimètres;  poids,  3500  grammes),  le  noyau  d'ossifl- 
ealÎMi  de  l'extrémité  inférieure  du  fémur  avait  un  diamètre  de  4  millimètres.  La 
ctsiaur  dn  corps  était  d'un  gris  verdâtre  ;  Tépiderme  était  détaché  ;  le  diaphragme 
était  à  la  aaptième  côte  ;  le  foie,  couleur  noire,  couvert  de  bulles  de  putréfaction, 
swnagMÎt  dans  l'eau  ;  la  rate  et  les  reins  avaient  une  consistance  pultacée  ;  Testo- 
nac,  bruni  par  la  putréfaction,  était  vide  ainsi  que  la  vessie;  les  poumons  rem- 
plissaient la  poitrine,  leur  couleur  était  rose  ssle,  ils  étaient  parsemés  de  mar- 
bmres  et  couverts  de  bulles  de  putréfaction  ;  incisés,  ils  crépitaient  et  laissaient 
spercevoir,  malgré  l'anémie  provenant  delà  putréfaction,  de  l'écume  sanguinolente  ; 
Biia  dana  l'eau,  ils  surnageaient.  Il  n'y  avait  nulle  trace  de  blessure.  Nous  décla- 
rlmea  que  cette  enfant  avait  vécu  ;  le  juge  d'instruction  nous  demanda  combien  de 
temps  avait  duré  cette  vie  après  la  naissance,  il  nous  fut  impossible  de  répondre  à 
eeite  question,  nous  pûmes  seulement  dire  que  la  vie  avait  dû  avoir  une  durée 
de  plusieurs  jours. 

Obs.  353  à  360.  —  Immersion  et  sumatcUion  partielle  des  poumons. 

Les  cas  qui  vont  suivre  ne  sont  pas  rares,  ce  sont  ceux  dans  les- 
(uels  un  seul  poumon  surnage  dans  Teau,  ou  bien  une  portion  d*un 
loumon  surnage,  tandis  que  Tautre  est  submergée.  Il  faut  dans  ces 
ïas  combiner  tous  les  signes  de  la  vie,  car  répreuve  hydrostatique  à 
die  seule  ne  peut  que  laisser  dans  le  doute. 

Obs.  353.  —  Le  cadavre  d'une  fille  nouveau-née  f^t  trouvé  dans  le  canal  ;  la  pu- 
réfection  était  très  avancée  ;  le  corps  était  long  de  40  centimètres  et  pesait  3500 
^mmes,  nous  déclarâmes  que  cette  enhnt  était  venue  au  monde  après  huit  mois 
1»  froaanaae.  U  n'y  avait  de  blessure  nulle  part  ;  le  poumon  droit  présentait  des 
Ndteada  putrélisction,  le  poumon  gauche  n'en  effarait  pas.  Le  poumon  droit  sumao 
IWH  dana  l'eau,  le  gauche  était  submergé.  Le  poumon  droit  ayant  été  découpé  en 
m  frand  nombre  do  morceaux,  quatre*de  ces  morceaux  seulement  surnagèrent, 
Im  «rtna  gagnèrent  le  fond  de  l'eau  ;  lea  incisions  pratiquées  dana  le  tiaaii  de 


5iO  BIO-THANATOLOGIE   DES  NOUVEAU-NÉS. 

l'organe  n'offrirent  ni  crépitation,  ni  écume  Mnf^'nolente  ;  la  eoutevr  était  4'an 
brun  roageàtre  sans  aucune  marbrure.  La  grande  putréfaction  «Yalt  produit  une 
anémie  générale.  Nous  admîmes  que  vraisemblablement  cette  enfiuit  avait  yèeii. 

Obs.  354.  —  Un  garçon  à  terme  fut  mis  au  monde  avec  le  secours  du  forceps 
et  mourut  bientôt  après.  Les  traces  de  Tinstrument  étaient  visibles  sur  le  cadavre, 
comme  cela  arrive  ordinairement,  on  voyait  à  une  des  narines ,  au  front  et  à 
la  région  occipitale,  des  écorchures  parcheminées.  Au-dessous  de  Taponévroie 
épicrânienne  se  trouvait  une  extravasation  sanguine  assez  abondante,  les  vaisseau 
de  la  pie-mère  étaient  très  remplis,  et  ce  qui  est  assez  rare,  toute  la  base  du  crâne 
était  couverte  d'un  épanchement  sanguin  ayant  l'épaisseur  de  2  millimètres.  U 
couleur  du  poumon  droit  était  brun  clair  avec  des  taches  rongeâtres,  celle  du  poi- 
mon  gauche  était  brun  foncé,  mais  ne  présentait  pas  de  taches;  le  poumon  droit, 
incisé,  présentait  une  faible  crépitation  et  un  peu  d'écume  sanguinolente  ;  le  gauche 
n'offrait  aucun  de  ces  phénomènes.  Tous  les  morceaux  du  poumon  droit  sumi- 
geaient,  excepté  trois  ;  ce  même  poumon,  incisé  et  pressé  sous  l'eau,  laissait  échsp- 
per  des  bulles  d'air  qui  montaient  à  la  surface  du  liquide  ;  le  poumon  gauehegagmit 
le  fond  du  vase.  Il  est  évident  qu'ici  le  poumon  droit  seul  avait  commencé  à  res- 
pirer. 

Obs.  355.  —  Le  cadavre  d'une  fiile  née  à  terme  (le  noyau  d'ossiftcation  de  l'ex- 
trémité inférieure  du  fémur  avait  4  millimètres)  fut  trouvé  au  printemps  dans  les 
champs.  Trois  jours  après  nous  en  fîmes  l'autopsie  :  la  couleur  du  corps  était  déga 
d'un  gris  verdâtre  ;  le  diaphragme  était  situé  entre  la  quatrième  et  la  cinquièSM 
céte.  Le  thymus  était  couvert  de  bulles  provenant  de  la  putréfaction  ;  les  pouasans 
étaient  très  rétractés;  la  couleur  du  poumon  gauche  était  d'un  brun  uniforme, 
celle  du  poumon  droit  était  rose  parsemé  de  marbrures  ;  réunis  au  cœur,  les  deux 
poumons  gagnaient  \h  fond  de  l'eau  ;  le  poumon  droit  surnageait  dans  l'eau,  et 
lorsqu'on  le  poussait  vers  les  portions  inférieures  du  liquide,  il  remontait  à  la  sur- 
face; le  poumon  gauche  gagnait  le  fond;  quand  on  coupa  les  poumons  en  plu- 
sieurs morceaux,  on  vit  le  lobe  supérieur  du  poumon  droit  surnager,  tandis  que 
les  deux  autres  lobes  Turent  immergés  ;  les  deux  poumons  ayant  été  coupés  en  un 
grand  nombre  de  petites  parcelles,  le  quart  à  peu  près  du  poumon  droit  surnagea 
flans  l'eau,  et  à  peine  trois  petites  parcelles  du  poumon  gauche  ;  aucun  autre  organe 
ne  surnageait  ;  les  poumons  n'étaient  pas  encore  altérés  par  la  putréfaction,  et  je 
ferai  observer  de  plus  que  le  poumon  droit  crépitait  quand  on  pratiquait  dans  son 
tissu  des  incisions,  et  laissait  échapper  une  petite  quantité  d'écume  sanguinolente, 
tandis  que  le  poumon  gauche  ne  présentait  pas  ce  phénomène.  Évidemment  cette 
enfant  avait  un  peu  respiré,  l'air  était  plus  entré  dans  le  poumon  droit  que   dans 
le  poumon  gauche,  comme  cela  arrive  ordinairement. 

Obs.  356.  —  Le  cadavre  d'une  fille  fut  retiré  de  la  rivière  vers  le  mois  de  juillet, 
le  haut  degré  de  putréfaction  indiquait  que  le  corps  avait  dû  séjourner  plusieurs 
semaines  dans  l'eau,  car  la  tète  était  noirâtre,  le  tronc  présentait  une  teinte  verte  à 
peu  près  uniforme,  l'épiderme  était  détaché,  le  diaphragme  était  aituéun  peu  au- 
dessous  de  la  cinquième  côte.  Les  poumons ,  brun  clair,  étaient  un  peu  parsemés 


DOClMASll!;.  —  OBSERVATIONS.  Ô&l 

de  marbrures  et  remplUsaient  la  cavilé  pectorale,  ils  étaient  entourés  de  nombreuses 
bulles  provenant  de  la  putréfaction.  Les  incisions  pratiquées  dans  le  tissu  ne  pré* 
MBiaient  ni  crépitation  ni  écume  sanguinolente  ;  mis  dans  l'eau,  cet  organe  sur- 
BtfMÎt  ;  découpés  en  petites  parcelles ,  quatre  morceaux  du  poumon  gauche  et  deux 
la  poumon  droit  furent  submergés  ;  aucun  autre  organe  ne  restait  à  la  surface  de 
*itn.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  avait  probablement  vécu  quelques  instants 
ipfèt  sa  naissance  ;  il  va  sans  dire  que  l'on  ne  pouvait  rien  dire  du  genre  de  morL 

Om.  357.  —  Le  1*'  novembre  18**,  on  trouva  dans  le  bosquet  d'un  jardin  le 
adavre  d*un  garçon  nouveau-né  qui  nous  fut  présenté  pour  l'autopsie,  étant  encore 
Ifis  frais.  Le  diaphragme  était  situé  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte.  Les 
povBona  étaient  d'un  rouge  brun,  celui  du  côté  droit  présentait  quelques  taches 
■I  peu  plus  claires  ;  les  poumons  réunis  au  cœur  gagnaient  le  fond  de  l'eau,  le 
poonoo  droit  surnageait,  le  poumon  gauche  était  submergé  ;  quatre  morceaux  du 
poomon  droit  gagnaient  le  fond,  ainsi  que  tous  ceux  du  poumon  gauche.  On  pou- 
vait admettre  dans  ce  cas  que  l'enfant  avait  respiré  pendant  quelques  instants  après 
SI  naissance. 

Obs.  358.  —  Le  cadavre  d'un  garçon  nouveau- né  fut  retiré  de  l'eau  an  mois  de 
{■ift.  n  présentait  l'aspect  type  des  corps  ayant  séjourné  dans  l'eau,  la  couleur  était 
partout  d'un  vert  noirâtre.  Le  diaphragme  était  situé  entre  la  troisième  et  la  qua- 
trièoM  côte.  Les  poumons,  très  rétractés,  étaient  couleur  chocolat  et  ne  présentaient 
pas  de  marbrures,  ils  étaient  garnis  de  nombreuses  bulles  de  putréfaction  surtout 
èi  edié  droit.  Réunis  au  cœur,  ils  surnageaient  dans  Teau  ;  le  poumon  droit  seul 
smiageait  aussi,  mais  le  gauche  gagnait  le  fond  de  l'eau.  Incisés,  ils  ne  présen- 
taieni  ni  crépitation  ni  écume  sanguinolente  ;  coupés  en  petits  morceaux,  tout  le 
ponmon  droit  restait  à  la  surface,  plus  de  la  moitié  du  poumon  gauche  gagnait  le 
fcad.  La  sumatalion  était  évidemment  due  ici  à  la  putréfaction.  L'enfant  était 

IMftHDé* 

Ois.  359.  —  Le  cadavre  d'un  enfant  fut  trouvé  dans  l'eau  au  mois  d'août,  le 
cardon  et  le  placenta  adhéraient  encore.  Le  cadavre  était  gris,  tout  l'épiderme  était 
détaché  ;  le  poumon  droit  avait  la  couleur  du  foie  et  gagnait  le  fond  de  l'eau  ;  le 
powDon  gauche,  également  brun  et  sans  marbrures,  était  couvert  de  buUes  de 
patréCMtion  et  surnageait.  Cette  surnatation  d'un  seul  côté  était  due  ici  à  la  putré- 
betion,  aussi  ne  pouvait-on  pas  dire  si  l'enfant  avait  vécu  ou  non. 

tes.  860.  — -  C'était  un  enfant  mort  après  quatre  jours  de  pneumonie,  par  oon- 
aéqoent  ce  n'était  plus  un  nouveau-né.  Il  y  avait  hépatisation  rouge  des  deux  pou- 
i,  et  tous  les  morceaux  hépatisés  gagnaient  le  fond  de  l'eau,  tandis  que  les 
morceaux,  quoique  ne  crépitant  pas,  surnageaient. 

Ois.  361  —  Une  fille  née  à  huit  mois  sans  difficulté,  présenta  un  phénomène 
rare.  Bientôt  après  sa  naissance  elle  se  mit  à  râler  et  à  cracher  le  sang  ; 
elle  vécut  un  jour  et  mourut.  Les  poumons  étaient  très  foncés,  le  gauche  seul  pré- 
sentait quelques  marbrures  claires  \  le  poumon  droit  était  atteint  d'une  telle  hypé- 
rémie  que  par  de  petites  incisions  le  sang  eu  coulait  à  Oots,  les  cellules  du  tissu 


5AS  BIO-THANATOLOGIE  DES  NOUYEAU-NÉS. 

imlmonafre  avaient  été  détruites  par  les  épanchements  sanguins.  Iln'y  avait  que  les 
morceaut  de  couleur  claire  des  doux  poumons  qui  surnai^ent  dans  Teaii,  tovile 
reste  était  submergé,  il  y  avait  au  cœur  beaucoup  d'eccfaymosek  (létéehiales,  les 
veines  coronaires  étaient  gorgées  de  sang.  C'était  certainement  un  cas  rare  d'apo- 
plexie pulmonaire  chez  un  nouveau-^né.  (Pour  les  cas  de  surnatation  d'un  seul 
poumon,  voyez  encore  les  observations  243  et  400.) 

Obs.  362  à  366.  —  Insufflation  ayant  été  ^aliquée  iur  des  nouveat/Mkés  Mmmù 

à  une  autopsie  légale. 

Nous  avons  déjà  exposé  plus  haut  quelles  sont  les  raisons  pour  lesquelles  on  n'i 
pas  à  tenir  compte  de  la  possibilité  d'une  insufflation  dans  les  autopsies  légales.  11 
faut  en  effet  toujours  des  circonstances  toutes  particulières  pour  que  Ton  ait  i 
prendre  en  considération  cette  opération  ;  ces  circonstances  se  sont  présentées  dans 
les  cinq  observations  suivantes  : 

Obs.  362.  —  Une  bonne  accoucha  en  secret  chez  ses  maîtres  qui  la  cbassèreot 
aussitôt  après.  Elle  erra  sans  asile  avec  son  enfant  (c'était  en  février)  jusqu'à  ce 
qu'elle  pût  trouver  un  refuge  dans  un  hôpital.  L'enfant  était  mort  quand  elle  entra 
dans  l'établissement,  mais  elle  prétendit  l'avoir  entendu  crier  peu  de  temps  aupi* 
revant  ;  on  essaya  de  le  rappeler  à  la  vie  en  le  mettant  dans  un  bain  chaud»  en  le 
frottant,  etc.,  mais  Sans  avoir  recours  à  une  insufflation. 

Nous  fûmes  chargé  d'en  fiiire  l'autopsie.  Le  diaphragme  était  situé  entre  la  qtn- 
trième  et  la  cinquième  côte  ;  l'estomac  et  la  vessie  étaient  vides,  il  y  avait  beâttconp 
de  méconium  dans  les  intestins  ;  la  veine  cave  était  remplie  de  sang  ;  les  pou- 
mons avaient  une  couleur' rose  marbré  de  bleu  ;  incisés,  on  vit  de  l'écome  san- 
guinolente en  sortir,  et  on  entendit  un  bruit  de  crépitation  ;  ils  nageaient  franche- 
ment dans  l'eau  ;  le  cœur  était  anémique,  la  trachée  vide,  le  cerveau  hypérémique. 
Quoiqu'il  fût  possible  qu'on  eût  insufflé  de  Pair,  nous  déclarâmes  que  l'enfiint  avait 
vécu  et  était  mort  d'une  hypérémie  cérébrale. 

Obs.  363.  —  Une  fllle  naturelle  naquit  au  huitième  mois  sans  donner  signe  de 
vie.  La  mère  prétendit  que  l'enfant  n'avait  pas  crié  ;  un  médecin  fut  appelé. 
Celui-ci  ferma  le  nez  de  l'enfant  et  lui  insuffla  de  l'air  bouche  à  bouche,  cet  air 
n'était  pas  entré  dans  Testomac,  car  nous  le  trouvâmes  vide  et  affaissé.  Le  dia- 
phragme était  situé  entre  la  quatrième  et  la  cinquième  côte  ;  le  foie  et  la  veine 
cave  contenaient  beaucoup  de  sang  épais  ;  le  poumon  droit  remplissait  la  cavité 
tboracique,  le  poumon  gauche  était  rétracté;  les  deux  poumons  étaient  d'un  brun 
elair  et  marbrés  çà  et  là.  Le  lobe  moyen  du  poumon  droit  était  remarquable  par 
une  coloration  rouge  vermeille  ;  incisés,  les  deux  poumons  crépitaient  et  laissaient 
échapper  de  l'écume  sanguinolente  ;  ils  nageaient  dans  l'eau  complètement  tous  les 
deux,  la  trachée  était  vide  et  normale,  le  cerveau  était  hypérémique  et  offrait  de 
petites  extravasations.  Que  conclure  de  ces  phénomènes?  La  coloration  du  lobe 
moyen  du  poumon  droit  montrait  que  l'insufflation  avait  réussi  à  introduire  de  l'air 
dans  Torgane,  mais  la  couleur  d'un  brun  clair,  les  marbrures,  la  sumatation  des 
plus  petits  morceaux  des  poumons,  la  crépitation  et  surtout  la  grande  quantité  de 


DOCIM  ASIE .  —  0BSBRVATI0N8.  6ft8 

iBf  contenu  dans  les  poumons  ne  pouvaient  Mre  le  résultat  de  rinsufflation.  Nous 
éelarâmes  donc  que  Tenfant  avait  vécu  après  sa  naissance,  et  était  mort  d*apo* 
Init  eérélirale. 

Obs.  364.— Une  Aile  fut  accouchée  par  une  sage-femme  d'un  garçon  à  terme (lon- 
OMir  du  corps,  47  centimètres  ;  poids,  3000  grammes  ;  noyau  d'ossification,  4  mil- 
mètres).  L'accouchement  avait  duré  cinq  heures,  et  d'après  ce  que  disait  la  sage- 
mme,  l'enfant  était  mort-né.  Nous  déclarâmes,  d'après  l'autopsie,  que  l'enfant  avait 
^u,  alors  la  sage- femme  dit  qu'elle  ne  pouvait  pas  assurer  que  l'enfant  n'avait 
18  tait  quelques  inspirations  parce  qu'une  couverture  lui  avait  caché  pendant  les 
lemiers  instents  la  vue  de  l'enfant. 

Voici  quels  furent  les  résultats  de  l'autopsie  :  le  cadavre  était  encore  frais,  on 
aH  au  mois  d'avril  ;  le  diaphragme  était  situé  entre  hi  cinquième  et  la  sixième 
Mi.  Le  foie,  la  rate  et  la  veine  cave  étaient  assez  hypérémiqnes  ;  Pestomac,  la 
»aie  et  le  rectum  étaient  vides.  Les  poumons  remplissaient  ta  cavité  pectorale,  le 
Munon  gauche  touchait  de  son  bord  interne  la  surface  antérieure  du  péricarde  ; 

couleur  des  poumons  était  rouge  vermeille,  il  y  avait  quelques  marbrures  ; 
it  dans  l'eau,  ils  nageaient  avec  et  sans  le  cœur;  incisés,  ils  crépitaient  et  lais- 
tieot  échapper  de  l'écume  sanguinolente  ;  la  trachée  était  vide,  le  cœur  droit ané- 
iqlie,  le  cœur  gauche  contenait  quelques  gouttes  de  sang  ;  il  y  avait  à  la  région 
icipiiale  un  dépôt  sanguin  gélatineux  comme  après  les  accouchementa  laborieux  ; 
s  veines  de  la  pie-mère  et  tous  les  sinus  étaient  hypérémiques.  Nous  déctarâmes 
ae  l'enfant  avait  vécu,  qu'il  était  mort  d'apoplexie  cérébrale. 

Oftt.  36ft. — C'était  encore  ime  sage-femme  accusée  d'homicide  par  imprudence, 
ne  femme  se  trouvant  sur  le  point  d'accoucher,  fit  prévenir  une  sage-femme  qui 
arriva  pas  asses  vite,  la  femme  accoucha  seule,  s'évanouit,  et  l'enfant  fut  étouffé 
ma  le  lit.  Une  autre  sage-femme  fut  appelée  et  arriva  quelques  heures  après  l'évé- 
sment,  elle  fit  des  tentatives  pour  rappeler  l'enfant  à  la  vie  en  lui  insuCQant  dt 
lir  trois  fois  bouche  à  bouche. 

Nons  fîmes  l'autopsie,  voici  quels  en  furent  les  résultats  principaux  :  les  poumons 
aient  d'un  brun  clair,  marbrés,  œdémateux,  et  contenaient  beaucoup  de  sang. 
s  remplissaient  presque  complètement  la  cavité  Ihoracique,  ils  présentaient  des 
ïchymoses  sous-pleurales  et  nageaient  complètement  ;  la  trachée  était  injectée, 
le  contenait  de  l'écume,  il  y  avait  une  hypérémie  au  cerveau.  Il  est  certain, 
après  ce  qui  précède,  que,  outre  l'insufflation,  de  l'air  était  entré  dans  les  voies 
tiennes  parle  fait  de  la  respiration,  l'enfant  était  mort  asphyxié;  les  nombreuses 
ridités  cadavériques  que  nous  trouvâmes  à  la  partie  antérieure  du  corps  prouvé- 
mt  qu'il  avait  reposé  après  sa  mort  un  certain  temps  sur  le  ventre. 

Oes.  366.  —  Un  garçon  pesant  3750  grammes  fut  asphyxié  en  naissant,  on  lui 
itttfDa  immédiatement  de  l'air  qui  parvint  bien  jusqu'aux  poumons,  mais  sans  lerap- 
Bler  à  la  vie.  Nous  en  fîmes  l'autopsie,  et  nous  trouvâmes  ce  qui  suit  :  les  pou- 
loos  remplissaient  presque  complètement  la  cavité  pectorale,  ils  étaient  d*une 
raleur  rouge  vermeille  assez  ctaire  et  sans  trace  de  marbrure,  on  voyait  à  leur 


bki  BIO'TUAMATOLOGIE   DES  NOUVEAU-NÉ& 

surface  des  bulles  sous-pleurales  nombreuses  et  asses  frandes,  confluentes,  prois- 
oant  évidemment  de  cellules  déchirées  ;  sur  le  poumon  droit  il  y  avait  des  ecchv 
moses  sous-pleurales  assez  foncées,  ayant  la  grandeur  d'une  pièce  de  SOcentimei; 
il  y  en  avait  de  plus  petites  sur  le  péricarde  et  sur  le  diaphragme.  Les  poomoai 
nageaient  complètement  ;  Tenfant  était  certainement  mort-né  ;  la  sumatation  se 
pouvait  être  produite  par  la  putréfiictton  dont  il  a*y  avait  pas  de  trace,  et  Tinsuffli- 
tion  seule  en  était  la  cause. 

Ob8.  367  et  368.  —  ÉUU  de  la  trestte  el  du  rectum. 

Quoique  nous  ayons  déjà  dit  plus  haut  que  la  vessie  et  le  reclim 
n'offraient  pas  de  sérieux  arguments  dans  la  question  de  la  respin- 
tion  d*un  nouveau-né,  je  rapporterai  les  deux  cas  qui  suivent  etqsi 
confirment  nos  principes  à  cet  égard,  parce  que  là  la  naissance  eut 
lieu  en  présence  de  témoins  qui  affirmèrent  que  les'enfanls  étaient 
mort-nés. 

Obs.  367.  —  Une  fille  à  terme  vint  au  monde  privée  de  vie  en  préeenee  de  plu- 
sieurs voisins  de  la  mère.  Le  diaphragme  était  entre  la  troisième  et  la  qnalrièaw 
côte,  les  poumons,  couleur  du  foie,  étaient  compactes  et  ne  crépitaieat  pas,  ib  ae 
laissaient  également  pas  s'échapper  des  incisions  de  l'écume  sanguinolenla;  les 
poumons  gagnaient  le  fond  de  l'eau  dans  leur  entier,  aussi  bien  que  tonqa'ils 
étaient  divisés  en  petites  parcelles  ;  cependant  le  rectum  était  rampU,  et  la  wuà 
ne  contenait  pas  une  goutte  d*urine. 

Obs.  368.  —  Une  fille  à  terme  vint  au  monde  sous  les  yeux  de  plusieurs  mem- 
bres de  la  famille,  elle  poussa  un  cri  et  mourut  aussitôt  après  d'hémorrhagie  céré- 
brale, comme  on  le  sut  plus  tard  d'après  les  résultats  de  l'autopsie.  La  docimasie 
démontra  une  très  courte  respiration,  de  plus  la  vessie  était  remplie  d'urine,  et  le 
rectum  de  fèces. 


GENRES   DK    MORT    PARTICULIERS   AUX    NOUVEAU-NÉS.  545 

CHAPITRK    m. 

GENRES   DE   MORT   PARTICULIERS  AUX  NOUVEAU-NÉS. 

S  1.  Généralîtëf. 

I/enfant  nouveau-né,  comme  TaduKe,  peut  succomber  à  une  mort 
■turelle  ou  à  une  mort  violente.  Les  morts  violentes  telles,  que  la 
endaison,  la  submersion,  la  combustion,  etc.,  ont  déjà  été  traitées 
108  les  chapitres  qui  précèdent,  et  n'offrent  rien  de  particulier  pour 
is  nouveau-nés.  Il  n*y  a  que  certains  genres  de  mort  accidentelle  et 
Brtaines  blessures  qui  soient  pour  ainsi  dire  spécifiques  à  cet  âge,  ce 
)nt  ces  blessures  et  ces  genres  de  mort  que  nous  allons  étudier 
ans  les  pages  qui  suivent.  Nous  nous  baserons  pour  cette  étude  sur 
»  dix-huit  cents  autopsies  que  nos  fonctions  de  médecin  légiste  de 
érlin  nous  ont  mis  à  même  de  faire. 

Ces  blessures  et  genres  de  mort  spécifiques  peuvent  atteindre  ren- 
iai avant^  pendant  ou  après  la  naissance,  ce  sont  ces  différentes 
poques  qui  nous  serviront  de  divisions  pour  ce  chapitre. 

^  s.  Mort  de  l'enfant  avant  ta  naitsaoee. 

L'homicide  d*un  onfant  dans  le  sein  de  sa  mère,  commis  par  des 
lanœavres  extérieures  ou  des  médicaments  internes,  par  la  mère  ou 
lar  un  tiers,  avec  ou  sans  le  consentement  de  celle-ci,  est  puni  de 
leines  très  graves.  Pour  déterminer  si  cet  homicide  a  été  commis,  la 
iremière  question  qui  se  présente  est  celle  de  savoir  si  une  violence 
txercée  sur  Taddomen  d'une  femme  enceinte,  un  coup  de  pied  par 
ixemple,  peut  tuer  ou  blesser  le  fœtus  renferme  dans  l'utérus. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  à  avoir  sur  les  accidents  que  peut  occasionner 
a  contusion  de  la  matrice  tels  que,  détachement  du  placenta,  com- 
notion  cérébrale  du  fœtus,  ruptures  de  vaisseaux,  etc.  (nous  ne  par- 
ons pas  des  blessures  pénétrantes). 

Pour  les  fractures  des  membres  du  fœtus,  des  observations  rigou- 
reuses ont  démontré  qu'elles  pouvaient  Hre  produites  par  une  con- 

II.  35 


5M  CitO -THANATOLOGIE  DES   NOUVEAU*NÉS. 

tusion  de  Tutérus;  certains  auteurs  prétendent  que  ces  liions  peu- 
vent provenir  spontanément  de  la  contraction  eiagérée  des  muscles; 
Barker  (1)  rapporte  un  cas  dans  lequel  la  spontanéité  lui  semble 
beaucoup  plus  vraisemblable  qu'une  violence  extérieure  :  c*était 
l'enfant  d'une  femme  qui  pendant  sa  grossesse  fit  plusieurs  chutes; 
celui-ci  vint  au  monde  avec  des  fractures  des  membres  supérieurs  et 
inférieurs  ;  les  os  étaient  très  fragiles.  Murray  (2)  rapporte  le  cas 
d'une  femme  syphilitique  et  enceinte  qui  accoucha  à  sept  raob  d'un 
enfant  ayant  des  fractures  de  l'humérus  et  du  féiDur;  cette  femme 
n^avait  subi  aucune  violence.  D'après  ces  observations,  la  possibilité 
de  la  spontanéité  ne  peut  être  mise  en  doute. 

Quant  aux  blessures  mortelles  de  la  tête,  il  est  difficile  d'ad- 
mettre qu'elles  puissent  être  faites  dans  Tutérus;  en  effet,  1*  la  tête 
est  abritée  par  sa  position  dans  l'eau  de  l'amnios  ;  2*  elle  est  garan- 
tie par  sa  situation  dans  l'utérus  ;  S"*  il  est  très  facile  de  prendre 
pour  une  blessure  faite  dans  l'utérus  une  lésion  provenant  de  l'acte 
de  l'accouchement.  Il  faut  encore  considérer  que  les  mères  accu- 
sées  d'infanticide  attribuent  toujours  à  une  lésion  de  la  vie  intra- 
utérine  les  blessures  que  l'on  trouve  sur  le  cadavre  de  leurs  enfants, 
qu'il  n'y  a  qu'un  très  petit  nombre  de  blessures  mortelles  produites 
pendant  la  \ie  intra-utérine  ;  enfin  que  ce  petit  nombre  d'observa- 
tions examinées  de  près,  ne  résistent  pas  à  une  critique  sérieuse. 

Le  cas  le  plus  ancien  est  dû  à  Valentin  (3)  :  Une  femme  enceinte 
reçut  dans  une  rixe  un  coup  de  pied  dans  le  côté  gauche  ;  quatorze 
semaines  après,  elle  accoucha  d'un  garçon  bien  portant,  qui  mourut 
le  lendemain.  <  Cute  a  cranio  sépara  ta  in  omnibus  capitis  ossi- 
bus,  V.  g,  osse  fronliSy  osse  syncipitis  dextro  et  sinistrOy  osse 
occipitisj  rubicundœ  quœdam  et  sanguine  suffusœ  maculœ^  grossi 
aut  quartes  Imperialis  partis   magnitudine   repertit  fuerunt, 


(i)  Schmidt,  Jahr6.,  1858,  n^  8,  p.  195. 

(2)  Loc.  cit. 

(3)  Cwrp.  jur.  lêg.  conslans  $  Pandectis,  etc.  Francfort,  1722,  pars  I,  secl,  ii, 
cas.  18,  De  conlusioneabdominisin  gravida,  aOorium  causante. 


MORT  DK  L'BlirAIfT  AVANT   SA   NAISSANCE.'  5A7 

» 

qu€B  iamen  omnino  recpntes  cutn  sanguine  videhantur.  Pariliier 
amnes  suiurœ  pluêquam  in  reeens  naîis  ohservatur,  distabaniy 
ut  off«  ad  digiîi  laUtudinem  sibi  invieem  imponi  potuerunt.  > 
Hais  le  foMus  était  très  putréfié,  puisque  le  foie  était  mou  et  noirâtre, 
dt  aarlê  que  c  digilis  eomminui  potuerit  »  ;  les  poumons,  du  moins 
oiioi  eu  côté  droit,  étaient  noirâtres,  c  utparlim  putredi^  elc,  et 
kraekium  dexirum  laîusque  dexirum  fere  nudum  el  articula  deê" 
Èiiutum  videhantur^  imo  totum  corpus  ita  pêne  canstituium 
ermt!  >  Ce  cas,  oomme  il  est  facile  de  le  voir,  ne  proufe  rien,  il  nous 
offre  lee  désordres  habituels  des  fœtus  putréfiés  dans  l'utérus. 

OncitePloacquet  comme  admettant  la  possibilité  de  ces  blessures. 
On  voit^en  consultant  l'original  (l),quece1ui-ci,  en  citant  une  obser-^ 
lelioB  de  Gardner  et  une  autre  de  Glockengiesser  soulève  au  con«* 
traire  des  doutes  à  cet  égard.  Le  cas  de  Gardner  concerne  un  accou- 
chement laborieui  ;  Tenfant  naquit  avec  une  bosse  è  la  lète  et  une 
fracture  des  vertèbres,  c  II  semblait  qu'il  avait  eu  une  blessure  qui, 

>  vu  l'âge  de  l'enfant  et  le  degré  de  putréfaction,  devait  dater  d'un 
a  mois  avant  l'accouchement  ;  je  demandai  à  la  mère  s'il  lui  était 
»  arrivé  un  accident  pendant  sa  grossesse,  elle  raconta  avoir  reçu 
»  deoi.  mois  auparavant  un  coup  dans  le  ventre  et  être  tombée  sur 
a  le  bord  d'une  grande  corbeille.  »  Ainsi  la  chute  date  de  deux 
mois,  et  la  blessure  d'un  mois;  Taccouchement  a  été  laborieux,  et  le 
fcBttts  toit  putréfié  !  Il  est  probable  que  les  fractures  provenaient  de 
racoottcbement.  Le  cas  de  Glockengiesser  nous  montre  un  fœtus 
dont  €  le  crâne  était  partagé  en  cinq  pièces  >,  il  n'est  rien  dit  de 
raccoudiement. 

L'observation  de  Monde  (2)  a  donné  lieu  à  un  rapport  remarquable 
de  la  faculté  de  Greifswald  :  <  L'enfant  n'a  pas  été  blessé  avant  sa 
a  Baisaance  par  une  violence  faîte  à  sa  mère,  et  n'en  est  pas  mort, 

>  comme  on  le  dit,  quatre  jours  avant  sa  naissance.  On  doit  plutôt 

>  admettre,  quoique  l'aulopsie  et  l'histoire  de  raccouchemeut  soient 

(1)  Abhandl.  iiber  die  geivalisamen  Todesatisn^  2^  édiL  Tubingue,  1788, 
p.  281. 

(2)  Henke,  Aeilschrift,  lîl,  p.  277, 


548  *   BJO^THANATÛLOGIE   DSS  NOUV^AU-^NÉS.    • 

>  très  incoroplèles,  que  les  blessures  graves  de  la  tèle  ai  la  fracture 
Il  de  Tos  pariétal  ont  été  produites  pendant  raccouchemeal.  » 

Dans  l'observation  d*Âlbert  (1),  la  mère,  deux  jours  avant  raccoa- 
chôment,  était  tombée  sur .  une  pierre  :  Tenrant  naquit  mort.  L*ofi 
pariétal  gauche,  dont  l'ossification  était  plus  avancée  qu'à  Tordinaire, 
était  séparé  des  articulations  des  os  voisins,  il  ;  avait  enfoncement  de 
cet  os  tont  le  long  de  la  suture  pariétale,  ce  qui  formait  une  fente  de 
22  millimètres  à  travers  laquelle  on  voyait  sortir  ie  cerveau  ;  les 
bords  postérieur  et  antérieur  étaient  également  un  peu  enfoncés, 
mais  le  bord  inférieur,  au  contraire,  proéminait  de  qodques  centi- 
mètres au-dessua  du  temporal.  L'os  lui-même  ne  présentait  pas  de 
lésion.  N'est-il  pas  extraordinaire  qu'une  violence  assez  grande  pour 
produire  un  tel  désordre  n'ait  pas  amené  la  fracture  de  Tos  qui  était 
anormalement  ossifié  ?  De  plus,  on  a  oublié  dans  cette  observation 
de  mentionner  un  point  capital,  le  degré  de  putréfaction. 

L'observation  de  Becker  (2)  se  rapporte  à  un  accouchement  daos 
lequel  la  présentation  de  l'enfant  a  nécessité  l'emploi  du  forceps. 

Le  cas  d'Heyfelder  (3)  concerne  également  un  accouchement  dans 
lequel  on  a  dû  employer  le  forceps. 

iSchmidt  (à)  rapporte  un  cas  dans  lequel  l'enfant  sembla  .mourir 
après  un  coup  qu'avait  reçu  la  mère  sur  le  ventre  du  côté  droit.  Il  y 
avait  un  renfoncement  de  la  partie  médiane  de  l'os  frontal  dont  la 
circonférence  n'était  pas  ecchymosée  ni  altérée  en  quoi  que  ce  soit  ; 
on  trouva  à  Tautopsie  un  peu  de  sang  ecchymose  à  Tendroit  enfoncé; 
l'os  n'avait  pas  changé  de  couleur  ;  non  loin  de  la  grande  fontanelle 
se  trouvaient  deux  petites  fissures  insignifiantes.  Le  cas  était  singu- 
lier, mais  il  était  plus  vraisemblable  d'admettre  toute  antre  expli- 
cation qu'une  blessure  pendant  la  vie  intra-utérine. 

Le  cas  de  Schmidt  (5)  nous  montre  que  même  après  de  très  fortes 

(1)  Henkc,  Zeitschrift,  WIII,  p.  44i. 

(2)  Henke,  Zeitschrifl,  XXVI,  p.  239. 

(3)  Schmidt,  Jahr6t/c/icr,  VIII,  p.  125. 

(4)  Neue  Denkschr.^  etc.,  i812,  î,  p.  60. 

(5)  Med.  7.eilung  d.   Ver,  fiir  Heilk.,  1834,  p.  152. 


MORT   DE   l'enfant   AVANT   LA    NAISSANCE.  5^9 

rîolenees  exercées  sur  l'abdomen  d^une  femme  enceinle,  renfaiil  peut 
roDtinuer  â  vivre.  Une  femme  enceinte  de  huit  mois  tomba  sur  le 
lord  d'un  tonneau,  eut  une  abondante  hémorrhagie  du  vagin  et 
t'évanoait  ;  on  appliqua  des  sangsues.  Quarante-sept  jours  après, 
die  accoucha  sans  difficulté  d'un  enfant  bien  portant,  dont  Tos  frontal 
irmt  présentait  un  enfoncement  de  A  millimètres,  sans  qu'il  y  ait 
Messure  de  la  peau  ;  cet  enfoncement,  qui  avait  presque  la  forme 
f nne  étoile,  avait  tout  à  fait  disparu  trois  mois  après. 

Witizack  (1)  raconte  qu'un  enfant  mourut  par  suite  d'une  version  ; 
la  mère  avait  fait  une  chute  trois  semaines  auparavant,  il  y  avait  un 
Mifoncement  de  l'os  frontal  et  de  l'os  pariétal  droit.  L'autopsie  ne  fut 
pte  Taite. 

Il  faut  considérer  que,  d'après  l'opinion  d'accoucheurs  distingués 
tels  que  Osiander,  Carus,  d'Outrepont,  etc.,  les  enfoncements  des  os 
lu  crâne  des  enfanls  peuvent  être  produits  pendant  la  grossesse  par 
une  pression  continue  de  la  tête  du  fœtus  contre  les  vertèbres,  ou 
par  des  fayperostoses.  Cela  peut  aussi  avoir  lieu  pendant  Taccouche- 
nent,  même  quand  ce  dernier  n'est  pas  très  laborieux. 

Voici  deux  'cas  très  singuliers  : 

M.  Blot  rapporta  à  l'Académie  de  médecine  de  Paris  qu'une  pri- 
Diipare  Agée  de  vingt-sept  ans,  se  trouvant  en  mal  d'enfant,  mais  les 
nembranes  de  l'amnios  n'ayant  pas  encore  été  percées,  tomba  du 
lenxième  étage  dans  la  cour  ;  elle  eut  une  fracture  du  fémur  et  plu- 
denrs  contusions  :  la  tête  de  l'enfant  avait  traversé  l'orifice  de  la  ma- 
riée, on  sentait  dans  cette  tête  beaucoup  de  crépitation;  il  fut  retiré 
complètement  de  la  matrice  au  moyen  du  forceps  après  quelques 
égères  tractions  ;  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  du  cr&ne  présentait 
{uelques  ecchymoses  ;  au-dessous  de  l'aponévrose,  qui  était  intacte, 
il  y  avait  dans  la  région  des  deux  pariétaux  une  extravasation  de  sang 
Qoir  et  liquide  ;  les  deux  pariétaux  étaient  fracturés  ;  pas  de  lésion 
lu  cerveau. 

L'observation  de  Maschka  ressemble  beaucoup  à  celle  qui  précède  : 

(I)  Jfad.  ZeUung,  1811,  n*  82. 


ÔÔO  BIO-TUANATOLOGIE    DBS  N0UTSÂU«4lto. 

Une  femme  enceiuie  de  huit  mois  tomba  du  second  étage  sur  k  ni  ; 
elle  eut  une  fracture  des  deux  fémurs  et  mourut  six  beares  s|Mrèi. 
Le  fmtus  trouvé  dans  l'utérus  présentait  plusieurs  fractures  des  deux 
08  pariétaux  avec  des  extravasatioos  sanguines  et  des  eoagvktisBS  i 
la  surface  externe  et  interne  de  la  cavité  crânienne. 

Ces  deux  dernières  observations  surtout  nous  obligent  i  admetire 
qu'il  est  passible  de  tuer  un  fœtus  au  moyen  de  violemeeê  ever- 
cées  sur  l'abdomen  de  la  femme  enceinie.  Mais  il  faut  bieo  se  rap- 
peler que  de  tels  accidents  sont  très  rares,  tandis  qu'il  arrive  très 
souvent  que  des  mains  criminelles  attentent  à  la  vie  d'un  enfant  aus* 
sitôt  après  sa  naissance  et  que  très  souvent  des  brulalitéa  asaai 
graves,  exercées  sur  une  femme  enceinte,  ne  lèsent  en  rien  le  fcetni. 
Dans  les  cas  douteux,  voici  quels  sont  les  points  principaux  sur  les- 
quels devra  se  diriger  Tattention  de  l'expert  : 

1*  Rechercher  si  l'enfant  a  respiré  ; 

2**  Vérifier  la  proportion  qui  existe  entre  les  dimensions  du  bas* 
siu  et  celles  de  l'enfant  ; 

3*^  Explorer  avec  soin  le  corps  de  l'enfant  afin  de  bien  constalsr 
s'il  ne  s'y  trouve  pas  des  égratignures,  ecchymoses  ou  blessures  ; 
'   k"  Examiner  le  degré  de  consistance  des  os  crâniens,  surtout  s'il 
y  a  fractures  de  ces  os  ;  rechercher  s'il  y  a  anomalie  dans  l'ossifica- 
tion; dans  certains  cas,  examiner  l'état  du  cal  et  du  sang  extravasé; 

5*  Considérer  avec  soin  toutes  les  circonstances  de  la  violence 
en  question  ; 

&"  Considérer  quel  a  été  Tétat  de  santé  de  la  femme  pendant  le 
temps  qui  a  séparé  la  violence  de  l'accouchement  ; 

7°  Considérer  comment  s'est  passé  l'accouchement,  s'informer  si 
le  forceps  a  été  employé.  Quelquefois,  dans  ce  dernier  cas,  il  s'élève 
une  plainte  contre  l'accoucheur  qui  est  accusé  d'avoir  produit  la 
lésion  par  impéritie  médicale. 

<^  3«  •—  Mort  de  l'enfant  pendant  sa  naitsanee, 

La  mort  de  l'enfant  à  sa  sortie  de  l'utérus  a  lieu  plus  souvent  natu- 
rellementque  par  des  causes  violentes,  surtout  dans  les  grossesses  hors 


MORT   DE   l'enfant   PENDANT    SA  NAiSSAVCE.  661 

mariage*  A  Berlin  ^  des  episDU  légitimes  et  ^  des  eofonts  illégi- 
times naissent  mort-nés.  Les  maladies  que  Ton'  trouve  ches  ces 
eniants  sont  :  des  positions  anormales  dans  Tutérus»  des  difformité 
dans  la  conformation,  des  hydropisies»  des  pemphigus.  L*étudede 
ces  affections  n'appartient  pas  à  notre  domaine  médico-légal,  nous 
traitarons  seulement  ici  les  épanchements  sanguins  sous-cutanési  les 
céphalématomes,  les  blessures  de  télé,  les  défauts  d'ossiflcation,  U 
compression  ou  Tétranglement  du  cordon,  la  constriction  de  la  mar 
trîce. 

1*  JÈpanchêmenU  sanguins  sous-cutanés.  Céfhalimaîomê.  «^ 
La  genre  de  mort  le  plus  fréquent  de  l'enfant  pendant  sa  naissance 
est  rhypérémie  du  cerveau,  quelquefois  cette  hypérémie  est  accom- 
pagnée d'hémorrhagie;  et  très  souvent  cette  hypérémie,  au  lieu  d'être 
dans  la  cavité  crânienne,  se  trouve  entre  le  crâne  et  l'aponévrose  épi* 
crânienne.  Les  extravasations  prennent  alors  un  aspect  gélatineux  et 
sont  ordinairement  situées  du  tiers  postérieur  des  os  pariétaux  jusqu'à 
la  moitié  de  l'os  occipital;  quelquefois  plus  en  avant  jusque  vers  le 
front,  selon  la  présentation  offerte  par  le  fœtus.  Les  téguments  de  la 
tète  ne  changent  pas  de  couleur  extérieurement  ;  souvent  même,  sur 
les  cadavres  frais,  on  n'aperçoit  pas  de  gonflement,  quelquefois 
cependant  on  trouve  sur  des  enfants  qui  sont  mis  au  monde  en 
«ecret,  et  qui,  par  conséquent,  ont  dû  naître  \ite  et  sans  de  très 
grandes  difficultés,  on  trouve,  dis-je,  la  tumeur  cedémateuse  formée 
par  cette  lésion. 

Lorsqu'on  sépare  l'aponévrose  épicrânienne  de  l'os,  on  aperçoit  le 
sang  coagulé  dans  les  mailles  du  tissu  cellulaire,  ou  bien  une  couche 
de  sang  extravasé  de  couleur  foncée  et  épaisse  de  2  millimètres  sur 
l'oa.  Dans  certains  cas  ces  extravasations  sont  circonscrites  et  en 
groupais. 

Il  est  très  important  de  connaître  la  fréquence  de  ces  extravasa- 
tions  sanguines  spontanées  sous-aponévrotiques,  afin  de  ne  pas  les 
prendre  pour  des  ecchymoses  produites  par  une  violence  extérieure. 
Empressons-nous  d'ajouter  que  ces  épanchements  à  eux  seuls  ne 
sont  pas  une  cause  de  mort,  car  on  les  trouve  chez  des  enfants  qui 


552  BIO-TUA^ATOLOGIË   DES   NOUVEAU-NÉS. 

ont  certainement  succombé  à  une  autce  aOeclion,  et  même  sor  des 
enfants  qui  naissent  bien  vivants  et  chez  lesquels  ce  phénomène  n'est 
pas  remarqué  à  cause  du  peu  de  désordre  qu'il  amène;  alors  peu  de 
temps  après  la  naissance,  Tépanchement  est  résorbé  et  ne  laisse  plus 
de  trace.  Donc,  lorsqu'il  existe  sur  un  cadavre,  ce  n*est  pas  lui  qui  a 
-  causé  la  mort,  mais  Thypérémie  cérébrale  simultanée.  Cette  hypé- 
rémie  cérébrale  peut  atteindre  un  enfant  dans  l'utérus  avant  si 
naissance  aussi  bien  que  pendant  sa  naissance. 

A  cette  affection  se  rattache  la  maladie  connue  sous  le  nom  de 
eépKalématome.  Cette  maladie  n'a  pas  en  médecine  légale  l'importance 
qu'on  loi  donne  souvent,  elle  ne  se  rencontre  que  très  rarement  dans 
la  pratique,  par  la  raison  toute  simple  que  le  médecin  légiste  n'a  à 
expertiser  que  des  enfants  nouveau-nés,  et  que  le  céphalématome  ne 
se  manifeste  ordinairement  que  plusieurs  jours  après  la  naissance. 
Et  en  supposant  que  le  cas  se  présente,  il  est  impossible  de  con- 
fondre un  céphalématome  avec  une  ecchymose. 

2*  Blesêurei  de  téu^  défauts  d^ ossification  des  os  crdmens.  — 
Il  est  hors  de  doute  que  les  os  crâniens  pea?ent  éprouver  ob  enfon- 
cement ou  une  fracture  pendant  et  par  suite  de  l'acte  de  l'accou- 
chement. Tous  les  accoucheurs  ont  constaté  ce  fait.  Cependant  le 
médecin  légiste  rencontre  rarement  dans  ses  expertises  des  fractures 
ayant  cette  origine,  car  elles  sont,  comme  nous  venons  de  le  voir 
plus  haut,  le  résultat  d'accouchements  laborieux,  et  comme  nous 
Vavons  souvent  fait  observer,  le  médecin  légiste  n'a  généralement  i 
expertiser  que  les  enfants  qui  sont  mis  au  monde  en  cachette  et 
promptement.  Dans  les  cas  exceptionnels  où  un  enfant  ayant  suc- 
combé à  des  blessures  de  tête  graves  résultant  d'un  accouchement 
laborieux  serait  présenté  à  Texpertise,  le  jugement  ne  pourrait  être 
difficile,  car  la  mère  n'aurait  aucun  intérêt  à  cacher  les  longueurs  et 
les  difficultés  de  sa  délivrance.  En  général,  du  reste,  il  s'agit,  dans 
de  tels  cas,  d'un  enfant  mort- né,  et  alors  il  n'y  u  plus  d'iutérét 
pour  la  justice  dans  TafTaire. 

Il  en  est  autrement  d'un  simple  enfoncement  des  os  crâniens, 
celui-ci,  en  eiïet,  peut  se  présenter  dans  les  accouchements  qui  ne 


MOKT   PENDANT   LA    NAISSANCE.  —  DÉFAUTS  D*0SSIF1CATI0N.   ^  56S 

sont  pas  pénibles  et,  par  conséquent,  dans  les  accouchements  qui 
restent  secrets.  Un  tel  enroncement  peut  être  produit  par  une  pres- 
sion ayant  lieu  dans  l'utérus  contrôla  symphyse  sacro-lombaire;  mais 
eelte  lésion  est  loin  d'être  mortelle,  ou  la  voit,  chez  des  enfants  qui 
naissent  pleins  de  vie. 

Une  lésion  plus  grave  produite  par  l'accouchement,  ce  sont  les 
fissures  qui,  vu  le  peu  d'épaisseur  des  os  crâniens  du  fœtus,  sont  en 
même  temps  de  véritables  fractures.  Des  observations  dignes  de  foi  ont 
prouvé  qu'elles  pouvaient  être  produitesdans  des  accouchements  même 
pea  laborieux ,  par  conséquent  chez  les  primipares  accouchant 
tlandesiinetnent.  C'est  à  tort  que  Ton  a  appelé  ces  lésions  «innées», 
comme  si  elles  existaient  déjà  dans  l'utérus,  tandis  qu'elles  ne  sont 
que  le  résultat  de  l'accouchement.  Ces  Gssures  amènent  la  mort  de 
l'endiirt,  soit  immédiatement  pendant  l'accouchement,  soit  après  la 
naissance  quand  celui-ci  a  fait  quelques  inspirations,  comme  le  prou- 
vent les  épreuves  de  la  docimasie,  quelquefois  enfin  la  vie  se'continue 
pendant  quelques  jours.  Les  fissures  sont  situées  presque  toujours 
aux  06  pariétaux.  Tantôt  elles  sont  perpendiculaires  à  la  suture  qui 
joint  ces  deux  os,  tantôt,  mais  plus  rarement,  elles  sont  parallèles  à 
celte  suture  et  se  dirigent  vers  l'os  frontal.  Ordinairement  il  n'y  a 
qo'one  seule  fissure  ;  en  regardant  avec  attention,  on  voit  que  les 
borda  sont  le  plus  souvent  ecchymoses  (1). 

Il  est  difficile  de  distinguer  ces  fissures  de  celles  qui  sont  pro« 
dnites  pendant  la  vie  extra-utérine  par  suite  d'une  violence  directe 
exercée  sur  la  tête  de  l'enfant.  Il  faut  examiner  avec  soin  toutes  les 
particttlarités  du  cas;  par  exemple,  s'il  y  a  des  traces  visibles  de 
violence  extérieure  sur  le  cadavre,  s'il  y  a  des  ecchymoses  ou  des 
Ueisures  faites  aux  téguments  de  la  tète,  ce  qui  ne  se  rencontre 
januûa  lorsque  les  fissures  proviennent  de  l'acte  de  l'accouchement* 

Il  y  a  une  circonstance  qui  se  présente  quelquefois  et  qui  indique 
que  la  fissure  a  été  produite  par  l'accouchement,  c*est  le  défaut  d'os- 


(I)  Meiiner,  Carus,  Siebold,  Chaussier,  OUivier,  d'Outrepoot,   Hôre,  Meode, 
Siegel  et  fledinger,  ont  fait  des  observations  exactes  à  ce  sujet. 


bbh  ,  BIO-TUAKATOLOGIE    DES  NOUVBAU-NBS. 

sificalion  des  os  crâniens  ;  il  est  singulier  que  ce  pbénomèoe  si  ioh 
portaut  et  qui  a  été  signalé  par  lea  auteurs  anciens  (1)  soil  pané 
sous  silence  par  la  plupart  des  auteurs  modernes.  Ce  a'esi  pas  seule- 
ment  sur  les  nouveau-nés  non  a  terme  que  l'on  rencontre  des  retards 
dans  la  fonction  de  Tossification,  mais  encore  sur  les  enfants  nés  à 
terme  et  bien  développés.  Nous  avons  d^à  exposé,  page  A85  com- 
ment ce  retard  pourrait  se  montrer  dans  le  noyau  d'ossification  de 
l'extrémité  inférieure  du  fémur,  un  retard  analc^ue  peut  se  présealer 
pour  les  os  de  la  tète,  et  particulièrement  pour  les  os  pariétaui, 
moins  souvent  pour  l'os  frontal  et  très  rarement  pour  l'oe  occipitil, 
Lorsque  Ton  place  un  os  dont  l'ossification  est  ainsi  en  reUrd,  de 
manière  à  fisire  traverser  les  rayons  du  soleil  ou  d'une  lamps  pou 
juger  sa  transparence,  on  Yoit  des  places  qui  ne  sont  composées  qoe 
du  périoste;  ces  places  sont  rondes,  ont  la  forme  de  Bigagi» 
ou  imitent  celle  d'une  étoile,  jamais  elles  ne  présentent  d'enCance* 
ment,  comme  cela  se  voii  four  les  fissures^  et  elles  ne  sont  jamais 
ecchymosées  ;  enfin ,  pour  être  certain  de  ne  pas  les  coalbiMire 
avec  des  fissures,  il  suffit  de  regarder  le  bord  de  la  finita  ;  quand 
c'est  un  défaut  d'ossiBcation,  ce  bord  est  très  mince,  presque  trans- 
parent, et  l'épaisseur  augmente  insensiblement  à  mesure  que  l'on 
s'en  éloigne.  J'ai  fait  représenter  (planche  VII)  dans  L'atlas  qui  est 
joint  à  cet  ouvrage,  des  figures  qui  donnent  une  idée  exacte  de  cee 
phénomènes. 

Obs.  369.  —  Défaut  d'ossification  avec  fissure  de  Vos  pariétal  droit. 

On  trouva  dans  la  rua  le  cadavre  d'im  garçon  nouveav^né  ;  il  était  eseora  très 
frais  (janvier)  ;  le  corps  était  long  de  50  centimètres  et  pesait  3750  graounes  ;  Im 
diamètres  de  la  tète  étaient  9,  11  et  12  centimètres;  la  docimasie  pulmonaire 
démontra  que  cet  enfant  avait  respiré  ;  il  y  avait  des  symptômes  de  pemphigus  sur 
la  ftfure,  le  cou,  la  poitrine,  le  dos  et  les  membres  inférieurs.  A  la  tubèrtaité  d« 
l'os  pariétal  droit  se  trouvait  une  ouverture  ayant  3  millimètres  de  diamèlra,  un 
peu  plus  bas  se  trouvaient  deux  ouvertures  de  4  millimètres  de  diamètre,  irré- 
gulièrement rondes,  elles  étaient  réunies  par  une  Assure.  Les  bords  de  cette  fis- 
sure étaient  très  dentelés  et  non  ecchymoses  ;  l'os  tout  autour  des  ouvertures  était 

(1)  Buttner,  Volhtdndige  Anweisung ,  etc.  Kœnigsberg,  1771,  p.  82. 


MORT  PENDANT  LA  NAISSANCE.  —  fiTHAN4irLEM£NT  IMI  CORDON.       555' 

ir&k  mince  et  traosparent»  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  né  à  terme,  qu'il 
avait  respiré,  que  les  lésions  des  os  n'avaient  pas  été  produites  par  une  violence 
estérieure  et  n'avaient  pas  causé  la  mort. 

Obs.  370.  —  Défaut  d'osiifkation  de  l'os  pariétal  gauche. 

Une  sage-femme  raconta  être  arrivée  auprès  d'une  fomme  immédiatement  aprèf 
qiM  ceUe-ci  venait  d'accoucber  ;  l'cnfiint  faisait  de  derniers  efforts  de  respiralioo  et 
meerut  bienU>t  après.  On  se  décida  è  fiiire  exécuter  une  autopsie  légale. 

L'eafiint  était  venu  à  terme  (longueur,  50  centimètres,  peîds,  3500  grammes)  ; 
les  poumons ,  couleur  rouge  vermeil,  étaient  marbrés  de  bleu  ;  lorsqu'on  les  isci* 
sait,  ils  présentaient  de  la  crépitation  et  laissaient  échapper  de  l'écume  sangui- 
noleote  ;  mis  dans  l'eau,  ils  surnageaient.  Au  milieu  de  l'os  periétal  gauche  se  trou- 
vaient deux  ouvertures  rondes  ayant  à  peu  près  chacune  6  millimètres  de  diamètre  ; 
ce  qui  était  assez  remarquable,  c'était  la  présence  d'une  fibre  osseuse  qui  traversait 
UM  des  ouvertures  comme  pour  en  tracer  le  diamètre  ;  cette  dernière  circonstance 
daMoalrait  avec  certitude  la  nature  ^de  l'ouverture.  La  cause  de  mort  était  une 
cérébrale. 


0b8.  371.  — Défaut  d'ossiftcation  des  deux  os  pariétaux.  Séparation  du  cordou 

près  du  nombril. 

Ope  fille  Bouveeii-Bée  lîil  déclarée  comme  mort»née,  tandis  q«e  l'autoptie 
qu'elle  avait  respiré.  L'eaiint  paraissait  i  terme.  Il  avait  été  trouvé  à  cM 
ai  du  cmdon ,  ce;  dernier  ayant  été  séparé  tout  près  du  nombril,  ce 
qui  amonçait  un  accouchement  précipité,  et  un  arrachement  du  cordon.  A  Tes 
jMriétal  gauche,  il  y  avait  deux  débuts  d'ossification,  l'un  ayant  la  forme  triangu- 
laîra,  l'autre  rond  et  grand  comme  une  pièce  de  50  centimes,  ils  avaient  tous  Ici 
deux  les  bords  minces  et  très  dentelés  ;  k  l'os  pariétal  se  trouvait  également  une 
eavarUira  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes.  Au  haut  de  la  léte,  auM^es- 
sans  de  raponèvrose  épterânienne,  il  y  avait  une  extravasetion  de  sang,  ronde, 
de  i  millimètres,  mais  il  n'y  avait  pas  de  trace  de  violence  extérieufe 
aar  eetia  région.  Le  corps  présentait  la  couleur  cadavérique  ordinairCv 
sans  sigflias  d'hémorrhegie,  les  poumons  n'étaient  pas  pâles,  mais  d'an  rose  Meultre 
et  marbrés,  le  foie  était  hypérémique  et  11  y  avait  une  congestion  apoplectique 
cérébrale.  Par  conséquent,  l'enfiint  n'était  certainement  pas  mort  d'nne  hémor* 
riiagle  du  cordon;  d'un  autre  côté,  les  seuls  renseignements  de  l'antapsie  ne  per- 
mettaient pas  de  déclarer  si  le  détachement  du  cordon  avait  eu  lieu  après  la  mort. 
La  cause  la  plus  probable  de  la  mort  était  une  apoplexie  cérébrale  produite  par  une 
chute  de  fenfant  pendant  l'accouchement. 

Oas.  372.  —  Défauts  d* ossification  des  deux  os  pariétaux ,  submersion  douteuse. 

Le  cadavre  d'un  garçon,  nouveau-né,  à  terme,  fut  trouvé  dans  l'eau  près  du 
bard  ;  c'était  au  qiois  de  septembre,  la  température  était  4s  5  à  8  degrés.  Le 
cadavre,  ainsi  que  le  cordon,  était  encore  très  frais,  et  nous  pouvions  supposer  que 
l'enfisnt  était  né  et  mort  depuis  trois  à  quatre  jours.  La  diaphragme  était  an-des- 


Ô66  BIO-THANATOLOGIE   DES  MOOVEAU-NÊS. 

•oiu  de  la  sixième  côte  ;  les  poumons,  balloiiDés,  touchaient  les  cdtes  et  avaieet 
une  couleor  roso  marbré,  ils  contenaient  du  sang  et  de  Faîr  et  annoncaieot,  à 
n'en  pas  douter,  la  vie  après  la  naissance.  La  trachée -artère  était  pâle  et  vide, 
ainsi  que  le  cœur  et  Testomac.  La  tète  présentait  une  hypérémie  apoplectique;  il  j 
avait  des  extravasations  sanguines  dans  les  téguments,  et  les  deux  oa  pariétan 
présentaient  des  débuts  d'ossification. 

Noua  déclarâmes  que  Tenfant  était  né  a  terme  et  avait  vécu,  qu'il  était  mort 
d'apoplexie  cérébrale,  que  cette  mort  avait  pu  être  produite  par  la  submerslea, 
mais  que  le  corps  n'avait  pas  ajourné  longtemps  dans  l'eau,  puisque  m  les  piedi 
ni  les  mains  ne  présentaient  de  traces  de  macération. 

Obs.  373.  «-  Défaut  d'oisiflcalion  des  deux  ot  pariélaux,  mort  dùutêute  par 

submersion. 

Is  cadavre  d'un  garçon  nouveau*né  fut  retiré  de  l'eau  au  moia  de  juillet,  était 
d^i  putréfié  ;  la  tête  était  noire,  le  corps  d'un  gris  verdâtre,  la  foie  surnageait  dans 
l'eau,  le  diaphragme  était  situé  entre  la  sixième  et  la  septième  côte,  l'estooiac  élait 
vide,  les  poumons  remplissaient  presque  la  cavité  thoracique,  ils  étaient  d'uœ  cou- 
leur lie  de  vin  ;  celui  du  côté  droit  était  couvert  de  bulles  de  putréfoctioo,  tous  les 
deux  étaient  parsemés  de  marbrures,  crépitaient  et  laissaient  écouler  de  réeume 
sanguinolente  quand  on  les  incisait  ;  ils  nageaient  compléteoieot,  eze^é  un  petit 
morceau  du  poumon  gauche.  Aucune  trace  de  blessure.  Aux  deux  oa  puriétanx  se 
trouvaient  des  défauts  d'ossification  beaucoup  plus  grands  qu'on  ne  les  Yoit  d*halM» 
tude  ;  ils  avaient  2  centimètres  de  longueur  sur  1  centimètre  et  demi  de  largeur  ; 
les  bords  de  ces  ouvertures  étaient  dentelés,  le  pourtour  était  mince  ut  transpa- 
rent, des  fissures  en  partaient  et  formaient  des  rayons  tout  autour  ;  les  bords 
n'étaient  pas  ecchymoses.  Le  cordon  avait  67  centimètres  et  était  coupé. 

Par  la  position  du  diaphragme  et  l'état  des  poumons  on  pouvait  admettre  que  l'en- 
fant avait  vécu  ;  par  suite  de  l'absence  des  signes  de  la  mort  par  submersion  on  pou- 
vait admettre  que  cette  mort  n'avait  pas  eu  lieu.  Les  lésions  crâniennes  ponvaieut 
provenir  d'un  choc  du  cadavre  dans  l'eau  contre  un  corps  solide|quelconque,  ou  de 
l'opération  au  moyen  de  laquelle  on  l'a  retiré  de  la  rivière,  cependant  l'absence  de 
trace  de  violence  sur  les  téguments  de  la  tête  donnait  peu  de  vraisemblance  à  ces 
deux  hypothèses.  L'explication  la  plus  probable  était  la  chute  de  l'enfont  pendant  sa 
naissance,  chute  qui  a  dû  amener  des  désordres  d'autant  plus  graves  qu'il  se  trou- 
?ait  au  crâne  des  défauts  d'ossification  (1). 

Oks.  371.  —  Défauts  d'ossification  des  os  pariélaux  avec  /Isftirvs.  Ad^Mraliou 

dans  une  caisse  fermée. 

Une  fille-mère,  qui  en  était  à  sa  seconde  grossesse,  accoucha  en  secret  au  mois 
d'avril  à  sept  heures  du  malin  ;  d'après  ce  qu'elle  raconta,  elle  crut  que  Tenlant 
auquel  elle  venait  de  donner  naissance  était  mort  ;  ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle 

(1)  Vuyes  le»  obsenralion»  375  à  384. 


MORT  PENDANT  LA  NAISSANCE.  —  ÉTRANGLEMENT  DU  CORDON.    557 

le  niiftdant  une  commode  qu'elle  ferma.  Deux  heures  après,  deux  autres  femmes 
qui  Iravaillaieni  dans  la  même  chambre,  entendirent,  à  leur  (grande  surprise,  des 
cris  d'enflints  sortir  du  meuble  en  question,  elles  l'ouvrirent  et  en  retirèrent  le 
pelU  être  tain  e(  sauf.  Il  fut  rois  chez  une  parente  où  il  mourut  le  soir  même  à  sept 
heures  sans  avoir  manifesté  des  symptômes  de  maladie. 

Nous  en  fîmes  l'autopsie.  L'enfant  était  venu  à  terme  (longueur,  52  centimètres, 
poids,  iOOO  grammes).  L'abdomen  n'offrait  rien  de  remarquable  si  ce  n'est  que 
dans  l'estomac  on  trouva  deux  cuillerées  d*un  liquide  muqueux,  bleuâtre  et  un  peu 
aaafvinolent  qui  paraissait  ressembler  à  du  sirop  ;  la  vessie  était  vide,  le  gros 
iotetlin  coutenait  peu  de  méconium .  La  mort  avait  été  produite  par  une  hypérémie 
des  poumons  très  prononcée,  les  poumons  étaient  rouges,  marbrés  de  rose,  ils  cré- 
pitaient sous  la  pression  et  contenaient  de  l'écume  sanguinolente,  leur  poids  était 
de  ISOO  grammes,  ils  surnageaient  complètement;  le  larynx  et  la  trachée  étaieat 
vides  et  normaux,  ainsi  que  le  cœur;  la  tète  présentait  des  pliénomènes  intéres- 
sants ;  sur  l'os  pariétal  gauche  se  trouvaient  trois  épanchements  sanguins  gélatini- 
formes  ayant  3  centimètres  de  longueur,  4  millimètres  de  largeur,  et  1  millimètre 
d'épaitsenr.  Après  avoir  enlevé  ces  trois  dépôts  sanguins,  nous  vîmes  l'os  percé  de 
trais  ouvertures  de  la  dimension  d'un  petit  pois,  avec  des  bords  dentelés  et  non 
ecchymoses,  et  transparents  ;  de  l'ouverture  inférieure  s'étendait  une  ûssure  droite, 
Ibe  et  non  ecchymosée  vers  l'os  pariétal  droit  ;  les  deux  autres  ouvertures  étaient 
réunies  par  une  autre  Assure;  l'os  pariétal  droit  présentait  la  même  disposition,  seu- 
lement il  n'y  avait  que  deux  ouvertures.  La  cavité  crânienne  et  le  cerveau  n'étaient 
pas  hypérémiques  ;  le  noyau  d'ossiflcation  de  l'extrémité  inférieure  du  fémur  avait 
7  millimètres.  , 

Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  né  à  terme .  avait  vécu  et  était  mort  d'hypé- 
rémie  pulmonaire,  mais  que  la  cause  n'était  pas  due  à  une  violence  extérieure,  que 
le  s^onr  dans  la  commode  et  les  lésions  de  tète  n'étaient  pour  rien  dans  celte  fln 
funeste  (I). 

S**  Compression  ou  étranglement  du  cordon.  Sillon  strangU'- 
laioire  au  cou.  —  Tout  accoucheur  sait  que  la  compressioB  da 
cordon  cause  bien  plus  souvent  la  mort  que  rentortillement  de  ce 
dernier  organe  autour  du  cou.  HohI  (2)  a  vu,  sur  200  naissances, 
renlorlillement  du  cordon  se  présenter  181  fois,  163  fois  les  enfants 
naquirent  vivants  et  18  fois  seulement  ils  moururent  pendant 
l'accouchement;  parmi  ces  18  cas  de  mort,  il  n'yeneutque  7  dans 
lesquels  la  mort  ne  fut  pas  le  résultat  de  l'entortillement;  dans  les 
11  autres  on  ne  put  prouver  que  cet  accident  avait  été  la  cause  de 
la  mort.  Mayer  rapporte  avoir  vu,  à  la  clinique  de  Nsgelé,  685étran- 

(1)  Voir  obs.  3S9. 

(2)  Lût,  cil.,  p.  45t». 


558  BfO-TRANATOLOGir.  DES   IfOtJTKATJ-NÉS. 

gtements,  et  que  sur  ce  nombre,  18  enfants  seulement  périrent 
victimes  de  celte  disposition.  D'un  autre  côté  sur  7A3  chutes  da 
eordon  &08  enfants  naquirent  privés  de  vie  (Scanzoni)  (1);  ainsi 
près  de  55  pour  100. 

La  cause  physiologique  de  la  mort  dans  les  cas  de  compression  do 
cordon  par  suite  d'une  chute  de  Torgane,  a  été  exposée  eo  détail 
(p.  i95).  Nous  avons  vu  que  le  corden  étant  obatmé,  il  y  avait 
an*êt  de  la  circulation  ;  alors  l'enfant  privé  de  son  aliment  néces- 
saire, foisait  quelques  efforts  de  respiration  et  mourait  asphyxié.  Il 
ee  est  de  même  lorsque  le  placenta  se  détache  trop  vite  ou  loraqiie 
la  mère  meurt  avant  la  fin  de  sa  délivrance  ;  c'est  ce  que  prouvent 
les  remarquables  travaux  de  H.  le  professeur  Ilecker  sur  ce  sujet. 

Pour  le  médecin  légiste,  ce  qui  précède  est  très  iroportanty  car 
maintenant  il  est  avéré  que  la  mort  par  asphyxie  avec  tous  ses  sym- 
ptômes, tels  que  les  ecchymoses  pétéchiales  sous-pleurales,  peut 
atteindre  spontanément  un  enfant  pendant  Taccouchement  ;  par  ton- 
séqoent,  ces  phénomènes  seuls  ne  doivent  pas  faire  émettre  de  la 
part  de  l'expert  nn  soupçon  de  crime. 

Il  est  également  avéré,  par  suite  d'observations  nombreuses,  que 
lorsque  la  mort  est  produite  par  l'entortillement  du  cordon  autour 
du  cou,  il  y  a  ordinairement  asphyxie  par  suite  de  l'interruption  de 
la  circulation.  Cependant  nous  devons  ajouter  qu'tZ  est  possible  que 
cet  entortillement  produise  des  accidents  cérébraux  tels  que  l'hypé- 
rémie,  l'hémorrhagie.  Nous  rapportons  deux  cas  (obs.  327  et  399) 
dans  lesquels,  en  effet,  nous  avons  trouvé  une  hémorrhagie  cérébrale 
causée  par  l'entortillement  du  cordon  ;  les  nombreux  auteurs  qui 
nient  la  possibilité  de  cet  accident  ont  donc  tort.  Scanzoni  a  trouvé 
aussi  quatre  fois  une  hémorrhagie  cérébrale  sur  douze  cas  de  com- 
pression du  cordon  ;  cet  auteur  suppose  dans  ce  cas  deux  circon- 
•tances,  chute  et  entortillement  du  cordon  ;  le  résultat  dépend  de  la 
plus  ou  moins  grande  compression  qui  fait  que  tous  les  vaisseaux  ou 
bieii  certains  vaisseaux,  à  l'exclusion  des  autres,  sont  obstrués;  dans 

(l)  Lehrbuch  d.  Geburtshiilfe,  3«  édil.  Wien,  1855,  p.  682. 


MORT   PENDANT   LA   NAISSANCE. —  ÉTRANGLEMENT  DU   CORDON.     659 

le  premier  câs,  Tenfant  se  iroave  privé  de  toate  communication  avec 
le  placenta  et  meurt  asphyiié,  tandis  que,  dans  le  second  cas,  si  ce 
sont  les  artères  qui  sont  obstruées,  il  y  a  hypérémie  et  souvent  hémor- 
rhagie  dans  quelques  organes  ;  si  ce  sont  les  veines,  il  y  a  anémie. 

Il  est  très  important  de  pouvoir  reconnaître  le  sillon  slrangula- 
lotVf  produit  par  Tentortillement  du  cordon  de  celui  qui  est  le  ré- 
mitat  d'une  strangulation  provoquée  après  la  naissance.  Dans  le 
premier  cas,  le  sillon  tourne  autour  du  cou  sans  interruption,  ce  qui 
ne  se  «oit  dans  la  strangulation  que  quand  il  y  a  en  pendaison  et  que 
le  lien  a  été  flké  au  moyen  d'un  nœud  coulant  ;  le  sillon  produit  par 
le  cordon  ombilical  est  aussi  large  que  cet  organe,  concave  et 
d'nne  consistance  roulle  partout,  sans  présenter  de  places  evcoriéee, 
comme  cela  se  voit  si  souvent  lorsque  le  sillon  a  été  produit  par  des 
cordes  de  chanvre  ou  des  liens  plus  ou  moins  durs.  Quant  à  la  ()ré- 
aence  d'ecchymoses  dans  ce  sillon,  les  auteurs  ne  s'entendent  pas  ; 
Rlam  (1)  et  Elaftsser  (2)  prétendent  qu*il  n'y  en  a  jamais,  Lôffler  (S), 
Cnm^  (A),  Schwari  (ô),  Albert  (6),  Marc  (7)  et  HohI  (8)  disent,  an 
contraire,  en  avoir  rencontré.  Ces  ecchymoses  ne  se  produisent  cer- 
tainement pas  dans  tous  les  cas,  surtout  si  l'enfant  est  mort  prompte*' 
awnt^  mais  je  puis  aflBrmer  avoir  moi-même  observé  plusieurs  fois  dé 
véritables  ecchymoses  avec  épanchement  de  sang  du  tissu  cellulaire 
après  entortillement  du  cordon  autour  du  cou  de  l'enfant  (obâ.  S27). 
Une  particularité  assez  importante  à  noter,  c'est  que  le  sillon  mo- 
mifié on  parcheminé  n'est  jamais  le  résultat  de  rentortilleinent  du 
corion,  car  il  faut  un  objet  bien  autrement  dur  pour  ptoduire  ce 
phénomène. 

Je  dois,  en  terminant,  attirer  Tattention  sur  une  cause  d'erreur 

(1)  Bitf9iaud:t  Journal,  1815. 

(2)  Sehmidt's  Jahrbiicher,  VII,  p.  204. 
(S;  Bitfèîanijrs  Journal,  vol.  XXI,  p.  69. 

(4)  Leipziger  Utter.  ZeUung,  1821,  p.  583. 

(5)  Henke^s  Zeitschr..  vol.  VII,  p.  129. 

(6)  Ib^d.,  vol.  XXI,  p.  183,  et  vol.  XLII,  p.  S07. 

(7)  Devergic,  Médecine  légale,  V  ùMi.^  1852. 
(S)  Loc.  n7.,  p.  457. 


560  RIO  THANATOLOGIE   DES   NOUVEAU-NÉS. 

assez  fréquente.  Souvent  le  c^vlavre  des  enfants  gras  présente  sa 
cou  un  pU.de  la  peau  provenant  de  la  flexion  de  la  tète  .et  qui,  apris 
le  rerroidissement  de  la  graisse,  est  devenu  permanent  ;  cette  particu- 
larité ne  se  trouve  que  sur  les  cadavres  encore  frais  ;  il  faut  se  gar- 
der de  prendre  ce  pli  de  la  peau  pour  un  sillon  strangulatoire.  Pour 
éviter  cette  erreur,  il  faut  considérer  tous  les  symptAmes  du  sillon 
strangulatoire  causé  par  le  cordon,  que  nous  venons  d'exposer  en 
détail. 

&**  Conslriclion  de  Vutérus.  La  constriction  spasmodiqae  de 
Tulérus  peut  produire  le  méroe  résultat  que  rentortilienient  du  cor- 
don autour  du  cou  et  amener  la  mort  de  l'enfant  ;  des  observations 
rigoureuses  ont  mis  ce  fait  hors  de  doute,  quoique  H.  Mende  con'> 
tinue  à  le  nier. 

M.  Hohl  trouva,  dans  un  cas  de  constriction  partielle  de  matrice, 
une  impression  très  visible  sur  le  corps  de  Tenfant  siégeant  un  peu 
au-dessus  des  organes  génitaux  et  s*élendant  à  droite  jusqu'au  fémur. 
Dans  un  autre  cas,  Tenfant  était  venu  par  les  pieds,  il  y  eut  une  con* 
striction  de  ToriGce  de  la  matrice  qui  serra  le  cou  tellement  fort, 
que  H.  Hohl  eut  de  la  peine  à  extraire  l'enfant  qui  arriva  mort-né; 
tout  autour  du  cou  de  cet  enfant,  etsurtout  à  la  moitié  antérieure, 
il  y  avait  un  enfoncement  de  la  profondeur  d'un  doigt,  qui  était  çà 
et  là  coloré  en  bleu.  Malheureusement  Tautopsie  de  ce  cas  n':i  pas  été 
rapportée. 

M.  LOiller  (1)  sentit  également,  pendant  un  accouchement,  une 
forte  constriction  de  la  matrice  ;  Tenfant  naquit  mort  avec  un  sillon 
rouge  bleuâtre  large  de  trois  doigts  tournant  autour  du  ventre.  Ce 
genre  de  mort  de  l'enfant  pendant  l'accouchement  se  présente  très 
rarement  dans  la  pratique  médico-légale,  car  il  ne  se  rencontre  que 
dans  les  accouchements  laborieux  qui  nécessitent  la  présence  de  té- 
moins. Ces  derniers  donnent  alors  les  renseignements  nécessaires  pour 
faire  dissiper  tous  les  doules. 

(!)   Hufeland's  Journal^  vol.    XXI,   p.  69. 


MORT    AHIiÊS    LA   NAISSA.NCK.    —  CHITE    SUR    LE   SOL.  561 

S  ^*  —  Mort  de  TeoCant  après  ta  naîgian— • 

1*  Chute  de  la  tête  sur  h  sol.  Généralités.  Depuis  plus  de  deux 
cenls  ans,  les  auteurs  admettent  que,  dans  un  accouchement  préci- 
pité, l'eofant  peut  sortir  tout  à  coup  de  la  matrice  et  tomber  la  tète 
en  avant  sur  le  sol,  de  manière  à  se  blesser  gravement  ou  même  à  y 
trouver  la  mort.  Il  est  certain  que  Tadmission  de  cette  possibilité  de- 
vient une  cause  de  grand  embarras  pour  le  médecin  légiste  qui  a  à 
déterminer  si  une  fracture  du  crâne  d'un  enfant  a  été  produite  par  des 
mains  criminelles  ;  il  y  a  quarante-quatre  ans,  Klein  refusa  d'accep- 
ter que  cette  chute  pût  avoir  de  si  funestes  conséquences,  et,  pour 
réfuter  cette  théorie,  il  s'appuya  sur  le  témoignage  de  toutes  les  per- 
sonnes qui  assistent  ordinairement  aux  accouchements  :  les  médecins, 
les  sages- femmes,  les  gardes-malades,  les  nourrices,  etc.  Lemémoire 
qu'a  publié  Klein  sur  ce  sujet  prouve  seulement  qu'il  est  dangereux 
de  traiter  une  question  avec  une  idée  préconçue  et  qu'on  a  tort, 
quand  on  veut  établir  une  théorie  dans  la  science,  de  s'en  rapporter 
i  ce  que  les  autres  ont  vu,  au  lieu  de  s'instruire  des  leçons  de  sa 
propre  expérience.  Et  encore  les  gens  que  Klein  a  consultés  sont 
presque  tous  tout  à  fait  incompétents  sur  un  point  aussi  difficile 
de  la  pratique  obstctticale.  Nous  ne  nous  étendrons  pas  plus  long- 
lerops  pour  réfuter  les  singulières  opinions  de  Klein;  Henke  8*en  est 
chargé  et  l'a  fait  avec  succès.  Du  reste,  Klein  lui-même  a  fini  par 
avouer  que  la  chute  d'un  enfant  sur  le  sol  peut  avoir  des  cons^. 
qnences  mortelles,  mais  ne  les  a  pas  nécessairement.  On  n'avail 
jamais  prétendu  le  contraire  jusqu'au  moment  où  M.  Hohl  est  venu 
ébranler  tout  ce  que  l'on  admettait  à  cet  égard. 

M.  Hohl  a  nié  la  possibilité  d'une  lésion  mortelle  produite  par  la 
chute  de  l'enfant  dans  un  accpuchement  debout.  Empressons-nous 
d'abwd  de  déclarer  que  nous  sommes  parfaitement  de  son  avis  pour 
la  critique  qu'il  fait  des  expériences  de  Lecieux  (1);  ces  expériences 

(i)  Considérations  sur  Vinfanticidey  etc.,   Paris,   1819,  p.   64.    Les  expé- 
riences sont  les  suivantes  :  «  1*  On  laissa  tomber  d'une  hauteur  de  50  cenii- 
II.  36 


562  BIO-THÂNATOLOGIE    DES   NOUVEAU-NÂS. 

sont  en  effet  trop  superficielles  pour  inspirer  quelque  confiance. 
M.  Hohl  les  apprécie  de  la  manière  suivante  :   c  Dans  ces  eipé- 
»  rienees,  en  n'a  pas  tenu  compte  de  l'influence  du  passage  en  tronc 
ir  par  le  fapn  et  de  celui  du  placenta  qui  diminue  ta  gravité  de  k 
1  ehuie  ;  puis  il  faut  ajouter  qu'une  fois  que  la  tète  de  l'enfant  est 

>  sortie  du  vagin,  il  reste  très  peu  du  corps  dans  la  nalrice,  et 
»  qu'alors  la  force  d'expulsion  de  ce  dernier  organe  est  presqte 
»  nuHe  ;  d'un  autre  côté,  les  efforts  de  l'accouchée  ne  favorisent  que 
»  Fexpulsion  du  tronc,  or,  quand  la  tète  est  passée,  la  fennee  est 
9  ordinairement  dans  un  tel  état  d'épuisement,  qu'il  feut  l'exciter  à 
jt  faire  des  efforts  quand  on  veut  hâter  l'expulsion  du  tronc.  Pour 

>  que  l'enfant  tombe,  il  faut  que  l'accouchement  se  fasse  la  femme 

>  étant  debout  on  accroupie,  dans  ce  second  cas  la  distance  des 
9  parties  génitales  au  sol  est  trop  peu  considérable  pour  qu'il  puisse 
»  se  produire  des  fractures;  quant  à  la  position  debout,  je  ne  la  crois 
»  pas  possible,  car  une  femme  a  toujours  le  temps  de  s'étendre  à 
1  terre  au  dernier  moment  de  sa  délivrance.  » 

De  là  M.  Hohl  conclut  que  les  mères  aceusées  d'avoir  fracturé  le 
erftae  de  leur  enfant,  et  qui  nient  en  prétendant  que  la  lésion  a 
été  produite  par  suite  d'un  accouchement  debout,  ces  mères  mentent. 
Ce  serait  là  une  théorie  (rès  importante  en  médecine  légale  et  qui 
enlèverait  bien  des  doutes,  mais  malheureusement  elle  n'est  pas 
vraie.  M.  Hohl  Ta  tirée-  de  sa  pratique  obstétricale,  mais  les  choses 
se  passent  autrement  en  médecine  légale. 


mètres  et  verlicalement  quinze  enfants  mort-nés  la  léte  la  première  sur  un  sol 
carrelé,  douze  de  ces  enfants  présentèrent  une  fracture  d'un  des  pariétaux, 
«  quelquefois  »  des  deux  pariétaux  ;  2**  on  laissa  tomber  de  la  même  manière 
quinze  enfants  de  la  tiauteur  de  1  mètre,  douze  d'entre  eux  présentèrent  également 
des  fractures  des  os  pariétaux  qui  s'étendaient  chez  u  quelques  sujets  »  jusqu'à 
Tos  (irontat.  Lorsqu'on  essaya  de  laisser  tomber  des  enfants  d'une  plus  grande  hau- 
teur, les  commissures  membraneuses  de  la  voûte  du  crâne  se  relâchèrent  ou  même 
se  rompirent  ;  «  souvent  »  le  cerveau  fut  altéré  dans  sa  forme,  et  dans  «  quf^lques 
cas  »  ou  trouva  sous  la  membrane  méningée  un  épanchement  de  sang  produit  par 
la  rupture  de  quelques  vaisseaux.  Ce  ne  fut  que  sur  les  enfants  dont  les  os  étaient 
très  mous  et  très  flexibles  qu'on  ne  trouva  p»s  de  fractures. 


MORT   APRÈS   LA   NAISSANCE.  —  CHUTE    SUR   LE   SOL.  563 

La  position  d'une  femme  accouchant  dans  une  maison  d'accouché^ 
menf  ou  dans  son  domicile  et  au  milieu  de  sa  famille,  n*est-elle  pas 
en  effet  tout  autre  que  celle  d*une  fille  qui  a  caché  sa  grossesse  jus- 
qti'an  dernier  moment,  et  dont  l'accouchement  doit  être  ignoré  de 
tout  le  monde,  non- seulement  pour  l'intégrité  de  son  honneur,  mais 
aonreot  même  pour  que  l'emploi  qui  lui  donne  du  pain  ne  lui  soit 
pas  retiré?  Si  cette  fille  est  prise  des  douleurs  de  l'enfantement  en 
travaillant,  lorsqu'elle  est  sous  la  surveillance  de  ses  maîtres,  elle 
lotte  contre  les  douleurs  autant  qu'elle  peut,  et  quand  on  pense  à 
la  situation  morale  dans  laquelle   elle  se  trouve  à   ce  moment, 
sur  le  point  de  voir  son  avenir  perdu  sans  retour,  la  plupart  du 
temps  sans  avoir  aucun  secours  à  attendre  de  son  amant,  torturée 
par  des  douleurs  horribles,  on  peut  bien  admettre  qu'il  peut  y  avoir  . 
on  ébranlement  nerveux  considérable.  Si  au  bout  d'un  certain  temps 
les  circonstances  lui  permettent  de  se  réfugier  dans  un  endroit  soli- 
taire, l'accouchement  peut  avoir  lieu  subitement  en  vertu  de  ce  qu'a 
appelé  très  bien  Wiegand  un  véritable  tétanos  de  la  matrice.  Nous 
n'avons  pas  l'habitude  d'un  grand  nombre  de  nos  confrères  de  nous 
apitoyer  sur  le  sort  des  sujets  présentés  à  l'expertise,  nous  ne  faisons 
pas  parade  d'une  philanthropie  exagérée  et  déplacée,  mais  nous  ne 
pouvons  nous  empêcher  d'admettre  la  possibilité  de  cet  enfantement 
subit  qui  peut  avoir  lieu  dans  n'importe  quelle  position. 

Nous  citerons  l'observation  378,  dans  laquelle  on  voit  une  bonne 
dont  la  grossesse  était  ignorée,  qui  marchait  à  côté  de  sa  maîtresse 
dans  la  rue  par  un  grand  froid;  elle  portait  un  lourd  panier,  et  éprou- 
vait les  douleurs  de  l'enfantement,  elle  accoucha  en  présence  de  sa 
maîiresse  et  subitement^  pendant  quelle  marchait.  On  verra  aussi, 
dans  Tobservation  377,  une  femme  accouchant  debout  en  parlant  à 
oile  voisine.  Dans  un  autre  cas,  l'accouchement  eut  lieu  pour  ainsi 
dire  en  l'air,  la  femme  avait  son  lit  élevé  et  ne  pouvait  y  parvenir 
qa'en  montant  sur  une  chaise  ;  après  avoir  éprouvé  des  douleurs  pen- 
dant un  certain  temps,  elle  se  décida  à  se  coucher,  elle  mit  un  pied 
SOT  la  chaise  et  de  Tautre  elle  voulut  enjamber  jusque  sur  le  lit  ;  c'est 
à  ce  moment- là  précisément  que  l'enfant  sortit  tout  à  coup  {\e^  parties 


Ô6Â  BIO- THANATOLOGIE  DES  NOUVEAU- NÉS. 

génitales,  tomba  sur  le  sol  et  se  fit  des  blessures  mortelles.  Dans  uu 
autre  cas,  un  enranl  naquit  dans  les  lieux  d*aisance,  il  tomba  dans  li 
fosse  et  se  blessa  gravement  sur  les  fèces  gelées.  Il  y  a  quelques  an- 
néesy  une  prisonnière  qui  se  déshabillait  debout  accoucha  dans  cette 
position  sous  les  yeux  de  ses  compagnes.  Enfin  jamais  je  n'oublierai 
un  cas  qui  s'est  présenté  dans  ma  pratique  privée.  C'était  une  jeune 
dame  qui  était  venue  à  Berlin  chez  sa  mère  pour  y  faire  ses  couches, 
elle  en  était  à  son  troisième  enfant  ;  elle  était  debout  en  face  de  u 
mère  lorsque  tout  à  coup  les  douleurs  de  la  délivrance  l'envahirent, 
et  elle  accoucha  subitement  dans  cette  position  d'un  enfant  qui  tomba 
sur  le  tapis  sans  se  faire  de  mal. 

De  telles  observations  prouvent  bien  qu'tine  femme  peut  accou- 
cher  subitement  y  quelle  que  soit  la  position  dans  laquelle  elle  se 
trouve^  même  la  position  debout;  et  que  dans  ce  dernier  cas 
Venfant  peut  tomber  des  parties  génitales  sur  le  sol  et  se  faire  des 
blessures  plus  ou  moins  graves  surtout  à  la  tête, 

2"  Blessures  produites  par  la  chute  de  l'enfant  sur  le  sol  pen^ 
dant  l'accouchement.  —  Leur  diagnostic.  —  Lorsqu'un  enfant 
tombe  ainsi  sur  le  sol,  voici  quelles  sont  les  blessures  qui  peuvent 
en  résulter  :  rupture  du  cordon  ombilical,  commotion  cérébrale, 
hypérémie  et  hémorrhagie  des  téguments  du  crâne,  hypérémie  et 
hémorrhagie  cérébrale,  celle  dernière  se  voit  surtout  à  la  base  du 
crâne,  luxation  des  vertèbres  cervicales ,  et  enfin  fractures  des  os 
crâniens  qui  se  rencontrent  surtout  aux  os  pariétaux,  le  plus  souvent 
a  l'os  pariétal  gauche,  il  va  sans  dire  que  quand  le  choc  a  été  violent 
les  fractures  peuvent  s'étendre  jusqu'à  l'os  frontal  ou  jusqu'à  l'os 
temporal,  mais  ordinairement  lorsque  ces  fractures  sont  multiples, 
elles  sont  disposés  en  rayons  se  dirigeant  vers  un  centre.  Lorsqu'il  y 
a  plusieurs  fractures  situées  sur  des  os  différents,  par  exemple  aux 
deux  pariétaux,  à  l'os  frontal  et  à  l'os  occipital,  il  y  a  grande  pro- 
babilité que  la  lésion  n'a  pas  été  produite  par  la  chute,  car  il  n'y 
a  pas  de  contre-coup  possible  vu  la  flexibilité  du  crâne  des  nou- 
veau-nés. 

Il  va  sans  dire  que  la  chute  d'un  enfant  sur  le  sol  suppose  un  accou- 


MORT   APRÈS    LA   NAlSSANCIi:.  — CHUTE    SUK    Lt   SOL.  565 

chement*  précipité  et  ordinairement  clandestin.  On  ne  peut  douter 
qu'un  accouchement  ayant  lieu  en  secret  ne  puisse  se  (aire  vite,  car 
on  trouve  dans  les  grandes  villes  un  grand  nombre  de  cadavres  d*en  • 
fanls  ayant  encore  leur  cordon  et  leur  placenta,  il  est  évident  que 
lians  ce  cas  l'accouchement  a  été  caché  et  très  prompt. 

Le  côté  médico-légal  important  dans  cette  question,  c'est  lorsqu'on 
se  trouve  en  face  d'un  cadavre  de  nouveau- né  présentant  des  firac* 
tores  du  crâne,  et  que  la  mère  prétend  que  ces  lésions  ont  été  pro- 
doites  par  la  chute  de  l'enfant  sur  le  sol,  de  pouvoir  vérifier  si 
cette  prétention  est  conforme  à  la  vérité.  Ici  le  diagnostic  est  diffi- 
cile^  Nous  avons  déjà  dit  que  la  présence  d'ecchymoses  ou  d'é- 
panchements  sanguins  gélatiniformes  situés  au-dessous  de  l'aponé- 
vrose épicrânienne  ne  prouvaient  nullement  des  violences  exercées 
sur  la  tête,  nous  devons  également  rappeler  qu'il  peut  y  avoir 
des  extravasations  sanguines  dans  le  tissu  cellulaire  des  téguments 
de  la  tète  qui  ne  soient  que  le  résultat  de  la  putréfaction;  il 
ne  faudrait  donc  pas  considérer  de  telles  extravasations  comme  le 
résultat  de  violences  extérieures  ni  comme  produites  par  la  chute  de 
l'enbnt;  pour  éviter  cette  dernière  erreur,  il  suffît  de  se  rappeler  que 
h  décomposition  des  tissus  de  la  tète  n'a  lieu  que  lorsque  déjà  tout 
le  cadavre,  est  putréfié  à  un  assez  haut  degré. 

Nous  arrivons  enfin  aux  ecchymoses  hémorrhagiques,  fissures, 
fractures  qui  peuvent  aussi  bien  provenir  de  la  chute  de  l'enfant  que 
de  brutalités  exercées  sur  lui.  Il  y  a  d'abord  une  circonstance  acces- 
soire qui  peut  aider  le  jugement  de  l'expert,  c'est  lorsque  l'on  trouve 
dans  la  blessure  des  débris  provenant  du  sol  sur  lequel  l'enfant  est 
soi-disant  tombé  ;  quant  aux  symptômes  de  diagnostic  médico-légal, 
voici  ce  que  mon  expérience  permet  d'indiquer  : 

De  simples  ecchymoses  ou  une  légère  fissure  des  os  pariétaux  sans 
blessures  des  téguments  et  sans  autre  blessure  sur  le  reste  du  corps 
rendent  vraisemblable  le  récit  d'une  femme  qui  prétend  que  son  en- 
Cint  est  tombé  pendant  l'accouchement.  En  effet,  l'expérience  dé- 
montre que  les  infanticides  qui  ont  lieu  immédiatement  après  la 
naissance  sont  toujours  accomplis  avec  beaucoup  de  violence  et  que 


566  BIO-THANATOLOGIE   DES  NOUVEAU -NÉS. 

les  lésions  sont  très  graves  et  très  compliquées  ;  cela  s*eiptique  par 
la  raison  qu'il  faut  que  le  meurtre  soit  vite  consommé  et  que  U 
mère  dénaturée  a  toujours  peur  qu'il  reste  à  l'enfant  une  parcelle 
de  vie.  Ainsi,  quand  la  violence  e$i  dirigée  sur  la  tête  de  l'enfant,  ce 
qui  le  plus  souvent  n'arrive  pas,  car,  dans  les  cas  d'infanticide,  le 
genre  de  mort  est  le  plus  souvent  l'asphyxie,  l'étranglement  ou  les 
blessures  par  instruments  piquants  ou  tranchants,  lorsque,  dis-je, 
la  violence  est  exercée  sur  la  tète,  on  trouve  des  blessures  très 
graves  et  très  multiples,  tels  que  des  écrasements  du  crâne,  des  frac- 
tures de  plusieurs  os,  des  ecchymoses  sous-aponévrotiques  siégeant 
à  plusieurs  endroits  différents,  des  déchirures  de  l'aponévrose  épiera- 
nienneetdes  méninges,  des  blessures  du  cerveau,  etc.  Oa  trouve 
également  sur  le  reste  du  corps  des  ecchymoses  et  des  égrati- 
gnures. 

Il  y  a  aussi,  pour  le  diagnostic  de  ces  blessures  produites  par  U 
chute  de  l'enfant,  un  phénomène  que  les  auteurs  recommandent 
avec  raison  d'observer  avec  soin.  C'est  le  rapport  qui  existe  entre 
les  dimensions  de  la  tète  et  des  épaules  de  Tepfant  et  celles  du  bas- 
sin de  la  mère,  Tinclinaison  du  bassin,  l'état  du  vagin  e(  du  péri- 
née. Il  faut  s'enquérir  de  toute  l'histoire  de  l'accouchement,  de  la 
hauteur  de  laquelle  l'enfant  est  dit  être  tombé,  enfin  de  la  nature  du 
sol  sur  lequel  la  chute  a  eu  lieu. 

Le  médecin  légiste  est  bien  heureux  quand  il  peut  obtenir  la 
vérité  sur  tous  ces  détails  ;  dans  les  villages  où  la  vie  de  chaque  ha- 
bitant se  déroule  pour  ainsi  dire  sous  le  contrôle  de  tous,  cela  peut 
arriver,  mais  dans  les  grandes  villes,  c'est  impossible.  Très  souvent, 
lorsque  l'autopsie  a  lieu,  la  mère  est  inconnue;  quant  au  Siol  sur 
lequel  est  tombé  l'enfant,  la  mère  seule  le  connaît,  el  elle  a  tout 
intérêt  à  tromper  à  cet  égard. 

Quant  au  cordon,  il  est  bon  de  mesurer  la  longueur  et  de  vériGer 
de  quelle  manière  il  a  été  séparé  ;  ajoutons  cependant  que  ce  der- 
nier renseignement  est  d'une  faible  valeur,  car  nous  communiquerons 
plus  bas  des  cas  analogues  dans  lesquels  les  cordons  étaient  tantôt 
longs,  tantôt  courts,  avaient  été  tantôt  coupés,  tantôt  déchirés,  tantôt 


MORT   APRÈS   LA  NAISSANCE.  -—  CHUTE   SUR   LE    SOL.  567 

étaient  restés  intacts  avec  le  placenta,  tantôt  enfin  avaient  ^té  arra- 
chés à  l'endroU  même  de  l'anneau  ombilical. 

Dans  les  cas  douteux,  Texpert  fera  bien  d'adopter  la  formule  que 
j'ai  si  souvent  recommandée  :  l'autopsie  n'a  pas  présenté  de  phéno- 
mènes s'opposant  à  l'admission  de Les  observations  qui  vont 

suivre  peuvent  servir  d'exemple  et  de  modèle  de  conduite  à  suivre 
pour  le  médecin-légiste. 

Des.  375.  —  Hémorrhagie,  submersion  ou  chute  pendant  l'accouchemeiU  ? 

On  trouva  dans  l'eau  le  cadavre  d'un  garçon  nouveau-né.  La  longueur  du  corps 
était  de  SO  centimètres,  le  poids  de  3  500  grammes,  les  diamètres  de  la  tète  de 
0»,08,  0",1I,  0"  J2,  celui  des  épaules  0°*,13,  celui  des  hanches  O",©?.  La  ma- 
taritè  était  hors  de  doute,  il  en  était  de  même  de  la  vie  de  l'enfant  après  sa  nais> 
sance.  Extérieurement  on  ne  voyait  de  blessure  nulle  part,  pas  même  à  la  tète  ;  en 
retirant  les  téguments  de  la  tête,  nous  vîmes  sous  l'aponévrose  une  large  extra va- 
salion  sanguine  ayant  2  millimètres  d'épaisseur.  L'os  pariétal  droit  avait  une  fts- 
aure  transversale  longue  de  4  millimètres  avec  des  bords  non  ecchymoses  ;  le  cer- 
veau, quoique  le  cadavre  fût  encore   assez  frais,  était  déjà  transformé  en  une 
bouillie  rose,  on  pouvait  cependant  encore  reconnaître  à  sa  surface  et  à  sa  base 
une  hypérémie  très  prononcée.  Le  cordon  avait  été  complètement  arraché  à  son 
insertion  à  l'anneau  ombilical  ;  il  y  avait  beaucoup  de  sang  dans  le  foie,  une  cer- 
taine quantité  dans  la  veine  cave  ;  les  poumons  étaient  roses  marbrés  de  bleu  et 
n'offraient  aucun  signe  de  la  mort  par  submersion  ;  la  trachée,  ainsi  que  l'estomac, 
était  vide  et  pâle  ;  le  cœur  ne  contenait  pas  de  sang. 

D'après  ces  symptômes,  il  ne  pouvait  y  avoir  eu  ni  mort  par  hémorrhagie,  ni 
mort  par  submersion.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  mort  d'une  hémorrhagie 
cérébrale  dont  la  cause  pouvait  être  attribuée  à  une  chute  pendant  l'accouchement. 
La  mère  est  restée  inconnue. 

Obs.  376.  —  Chute  d'un  enfant  pendant  l'accouchement. 

Au  milieu  du  mois  de  mars  1  S**,  on  trouva  dans  la  rue  le  cadavre  d'une  fille 
notrreao- née  dont  le  corps  n'était  pas  séparé  du  cordon  et  du  placenta.  La  maturité 
de  r«nfant  était  évidente  (longueur,  47  centinièires  ;  poids,  i  375  grammes).  La 
tète  n'était  pas  petite,  elle  n*élail  cependant  pas  proportionnée  au  poids  du  corps  ; 
les  diamètres  de  la  tête  éteient  0"',07,  0"»,iO,  0'",12,  celui  des  épaules  0™,1S, 
celui  des  hanches  0°',10;  le  cordon  était  long  de  76  centimètres.  L'enfant  avait 
respiré,  conrae  le  prouva  la  docimasie  pulmonaire.  Il  s'agissait  de  savoir  à  quel 
genre  de  mort  il  avait  succombé.  A  l'extérieur,  et  notamment  à  la  tète,  il  n'y  avait 
pas  trace  de  blessure  ;  le  cadavre  était  encore  très  frais  ;  au-dessous  de  l'aponé- 
vrose épicrinienne,  il  y  avait  une  extravasalion  sanguine  épaisse  de  2  miUimètres 
et  moitié  coagulée  sur  Vos  frontal  gauche,  une  autre  sur  l'os  pariéliil  gauche,  et  une 


568  BIO- THANATOLOGIE  OKS  NOUVEAU -NÉS. 

troisième  sur  l'os  occipilal.  Les  os  étaient  intacts;  ii  y  avait  eu  outre  liypérémie 
du  cerveau  ;  l'autopsie  ne  présenta  aucun  autre  phénomène  remarquable. 

D'après  cela  je  déclarai  que  la  mort  avait  eu  lieu  probablement  par  apoplexie 
cérébrale,  et  que  quant  à  la  cause,  ce  qu'il  y  avait  de  plus  vraisemblable,  c'éUil 
une  chute  pendant  l'accouchement,  qui,  vu  la  présence  du  placenta,  avait  dû  èUt 
précipité.  La  mère  resta  inconnue. 

Obs.  377.  —  Àccouchemenl  debout  ;  chute  de  l'enfant  sur  le  sot. 

Ici  la  chute  de  l'enfant  sur  le  sol  eut  lieu  devant  témoins.  Une  ouvrière  primi- 
pare était  debout  en  train  de  travailler  lorsqu'elle  se  sentit  délivrée  tout  à  coup  de 
l'enfant  et  du  placenta.  Sa  camarade  d'atelier  alla  tout  de  suile  chercher  du  secourt, 
et  lorsque  l'on  arriva,  l'enfant  était  mort. 

L'enfant  pesait  3  500  grammes  et  était  long  de  47  centimètres,  il  présentait  tous 
les  signes  de  la  maturité  ;  la  docimasie  prouva  qu'il  avait  respiré  ;  au  sommet  de  la 
tète,  au-dessous  des  téguments,  il  y  avait  une  extra vasation  de  sang  coagulé  épaisse 
de  2  millimètres  ;  pas  de  lésion  aux  os,  mais,  comme  dans  le  cas  précédent,  hypé- 
rémie  du  cerveau.  Nous  n'avons  pas  su  si  le  cordon  avait  été  séparé  pendant  ou 
après  la  naissance,  nous  trouvâmes  à  l'autopsie  cet  organe  déchiré  et  non  lié. 

Nous  déclarâmes  que  l'autopsie  avait  confirmé  complètement  les  dépositions  des 
témoins  et  de  la  mère  relativement  à  l'accouchement. 

Obs.  378.  —  Accouchement  debout;  chute  de  V enfant  dans  la  rue. 

Ce  cas  est  semblable  au  précédent,  l'accouchement  eut  lieu  devant  un  témoin 
digne  de  foi!  La  fille  L...,  domestique,  vers  l'époque  du  terme  de  sa  grossesse 
qu'elle  avait  dissimulée,  sortit  un  soir  avec  sa  maîtresse,  portant  un  panier  qui  ne 
tarda  pas  à  être  rempli  d'objets  achetés.  Chemin  faisant,  elle  sentit  des  douleurs  de 
l'enfantement,  elle  lutta  et  continua  à  marcher,  et  au  bout  d'une  demi-heure, 
l'enfant  tomba  sur  le  sol  couvert  de  neige,  le  cordon  fut  déchiré.  La  fille  s'évanouit  ; 
la  maîtresse  courut  chercher  du  secours,  et  lorsqu'elle  revint,  l'enfant  était  mort. 

Cet  enfant  avait  respiré  et  avait  succombé  à  une  hémorrhagie  cérébrale.  Nous 
trouvâmes,  ce  qui  est  assez  curieux,  un  défaut  d'ossification  à  l'os  pariétal  droit, 
cet  os  présentait  une  place  presque  transparente  ayant  la  dimension  d'une  pièce  de 
3  francs  au  milieu  de  laquelle  se  trouvait  une  fissure  dentelée,  ecchymosée  et  ayant 
la  largeur  de  2  millimètres.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  né  à  terme,  qu'il 
avait  vécu  tt  qu'il  était  mort  d'apoplexie  cérébrale,  que  cette  apoplexie  avait  été 
très  probablement  produite  par  la  chute  pendant  l'accouchement. 

Obs.  379.  —  Accouchement  précipité;  chute  de  l'enfant;  mort  de  la  mère. 

Une  fille  primipare,  âgée  do  vingt-quatre  an^,  accoucha  clandestinement,  et 
resta  morte  sans  qu'on  sût  quels  avaient  été  les  détails  de  l'accouchement.  L'au- 
topsie démontra  qu'elle  avait  succombé  à  une  hémorrhagie.  Le  cadavre  fut 
trouvé  dans  le  lit,  ou  ne  sut  pas  si  c'est  là  ([u'cut  lieu  l'accouchement,  ou  $i  la 


MORT   APRÈS    LA    NAISSANCE.  —  CHUTE   SUR    LE   SOL.  569 

ille  mourante  avait  encore  eu  la  force  de  s'y  traîner,  ou  enfin  si  quelqu'un  l'y  avai^ 
déposée.  Le  cadavre  nous  fut  présenté  pour  l'autopsie  enveloppé  d'un  drap  qui  con- 
tenait  autst  un  placenta  putréfié. 

Le  périnée  avait  une  rupture  de  près  de  3  centimètres,  le  cordon  était  déchiré 
à  13  centimètres  du^placenta,  les  bords  de  ce  bout  du  cordon  correspondaient 
exactement  avec  ceux  de  la  portion  de  l'organe  qui  était  restée  adhérente  à  l'anneau 
ombilical  de  l'enfant,  cette  dernière  était  longue  de  33  centimètres.  Le  corps  de 
l'enfant  était  long  de  50  centimètres  et  pesait  3250  grammes  ;  la  tète  était  petite 
et  avait  pour  diamètre  C^.OT,  0"°,09,  0*°,  M  ;  le  diamètre  des  épaules  était  0°>,11, 
celui  des  hanches  O'^.OO  ;  au-dessous  de  l'aponévrose  épicrânienno  se  trouvait  une 
ceuche  de  sang  coagulé  et  foncé  de  2  millimètres  d'épaisseur.  L'os  pariétal  droit 
avait  une  fracture  transversale  longue  de  8  centimètres,  la  partie  squameuse  du 
même  os  présentait  une  fracture  de  3  millimètres.  Tout  le  cerveau  était  enveloppé 
d'une  couche  de  sang  foncé  et  coagulé.  Le  corps  ne  présentait  à  l'extérieur  aucune 
traee  de  blessure.  La  docimasie  prouva  que  Fenfant  avait  respiré. 

Les  résultats  de  l'autopsie  étaient  assez  difliciles  à  interpréter.  Nous  n'avons  pas 
cra  devoir  formuler  notre  jugement  autrement  que  :  l'apoplexie  cérébrale  mortelle 
à  laquelle  a  succombé  cet  enfant  a  été  produite  par  une  violence  extérieure  ;  l'an- 
topaîe  ne  permet  pas  de  déterminer  quelle  a  été  la  nature  de  cette  violence,  mais  elle 
ae  se  refuse  pas  k  laisser  admettre  qu'elle  a  été  produite  par  la  chute  de  l'enlant 
far  le  sol  pendant  l'accouchement. 

Obs.  380.  — Chute  de  Vmfant  pendant  l'accouchement  ou  infanticide  ? 

Le  cadavre  d'une  fille  nouveau-née  fut  trouvé  dans  la  cuisine  caché  dans  un  tas 
de  ceodrea.  L^  mère  de  cette  enfant,  qui  fut  connue  après  l'autopsie,  était  la 
bonne  de  la  maison  ;  elle  avait  déjà  donné  naissance  quatre  ans  auparavant  à  un 
salant  encore  vivant. 

Le  cadavre  était  à  terme,  la  longueur  était  de  43  centimètres,  le  poids  de 
3000  grammes,  les  diamètres  de  la  tète  0<",08,  O'^.IO  et  0°',12  ;  celui  des  épaules 
0*,10,  et  celui  des  hanches  0"*,08  ;  ces  dimensions  permettaient  d'admettre  la 
possibilité  d'un  accouchement  précipité.  Le  cordon,  long  de  23  centimètres,  pou- 
vait être  considéré,  d'après  l'état  de  ses  bords,  comme  ayant  été  déchiré.  Il  n'y 
avait  à  Textérieur  aucune  trace  de  blessure.  L'enfant  avait  respiré.  A  la  tête,  toute 
la  moitié  droite  de  la  surface  interne  de  l'aponévrose  épicrànienne  était  couverte 
d'un  épanchement  sanguin  ayant  2  millimètres  ^'épaisseur  ;  une  extravasation 
analogue  n'ayant  que  la  grandeur  d'une  pièce  de  1  franc,  se  trouvait  au  sommet 
de  la  lète  ;  l'os  pariétal  droit  était  fracturé,  une  fente  le  traversait  dans  le  sens 
longitudinal  et  dans  le  sens  transversal,  une  autre  fracture  traversait  le  frontal 
droit  transversalement,  le  frontal  gauche  dans  le  sens  longitudinal  et  dans  le  sens 
transversal,  enfin  l'os  occipital  était  également  fracturé  dans  toute  sa  hauteur.  Le 
cerveau  était  partout  hypérémique,  à  sa  base  il  y  avait  des  extravasations  de  sang 
coagulé  et  foncé. 

Selon  les  principes  que  nous  avons  émis  plus  haut,  nous  déclarâmes  que  les 
blessures  mortelles  trouvées  chez  cette  enfant  n'avaient  pas  été  produites  par  la 


670  BIO- THANATOLOGIE   DES   NOUVEAU-NÉS. 

chute  de  l'enfant  sur  le  sol  pendant  l'accouchement,  qu'elles  étaient  le  résultat  de 
violences  exercées  volontairement  sur  lui.  La  mère,  qui  fut  trouvée  peu  de  temfi 
après,  raconta  que,  se  trouvant  debout  dans  «la  cuisine,  elle  se  sentit  tout  àcoii{i 
envahie  par  les  douleurs  de  l'enfanlement,  et  que  l'enfant  tomba  sur  le  sol;alon 
elle  s'évanouit,  et  quand  elle  revint  à  elle,  voulant  donner  la  mort  à  son  enfant  et 
à  elle  après,  elle  prit  celui-ci  par  la  tète  et  la  cogna  à  plusieurs  reprises  contre 
les  pierres  du  foyer,  puis  elle  cacha  le  cadavre.  Elle  fut  condamnée. 

Obs.  381 .  —  Enfant  tiré  d*nne  fosse  d'aisance. 

On  trouva  dans  une  fosse  d'aisance  le  cadavre  d'un  enfant  nouveau-oé  conwt 
d'un  linge.  L'enfant  pesait  4125  grammes  et  était  long  de  &0  centimètrea  ;  1m 
diamètres  de  la  tète  étaient  0",08,  0",tl  et  0»,12;  eelui  des  épaules  0",IS; 
tous  les  autres  signes  démontraient  que  l'eCifant  était  venu  à  terme  et  avait  vén  ; 
aur  l'os  temporal  gauche,  au-dmoua  de  l'aponévrose,  s'étendait  jusqu'à  l'ea  freotal 
un  épanchement  sanguin  ;  il  y  «vait  de  plus  des  ecchymoses  épartee  eiu^snm  du 
périoste.  Les  veines  du  cerveau  et  les  sinus  étaient  hypérémiquea  ;  cee  lésions  à 
la  tète  avaient  causé  la  mort  de  l'entant.  Le  liuge  dans  lequelTanfaot  était  eaveloppé 
prouvait  bien  qu'il  n'était  pas  né  au-dessus  de  la  fosse  et  n'y  était  paa  toabé 
pendant  l'accouchement  ;  d'un  autre  côté,  la  présence  du  flaeeola,  qm  adhérait 
encore  au  corps  de  l'enfant,  démontrait  que  l'accoucbeinent  avait  été  très  pnMBpt, 
et  nous  admîmes  que  vraisemblablement  l'apoplexie  cérébrale  aarteile  avait  élé 
produite  par  la  chute  sur  les  fèces  gelées  après  la  naissance. 

Obs.  382.  —  Enfant  tiréd'wie  chaise  percée. 

On  trouva  dans  une  chaise  percée  le  cadavre  d'un  garçon  nouveau-né  à  tenne, 
long  de  45  centimètres,  pesant  3250  grammes  ;  les  diamèUes  de  le  tète  éâaieat 
de  0",08,  G*", 10  et  0°>,11  ;  celui  des  épaules  0°>,I2.  La  portion  du  cordon,  qm 
restait  encore  après  l'enfant,  était  longue  de  35  centimètres  et  avait  été  déchirée  et 
liée.  Au-dessous  de  l'aponévrose  épicrânienne,  à  Tôt  pariétal  gauche,  se  trouvaient 
des  ecchymoses  ;  mais,  en  dehors  de  cela,  il  n'y  avait  d'eccbyoM>se8  ni  à  l'inté- 
rieur  ni  à  l'extérieur.  Le  cadavre  était  encore  asaes  frais.  La  mort  avait  en  lien  par 
hypérémie  du  cerveau  ;  l'enfant  avait  respiré. 

Le  placenta  trouvé  à  côté  de  l'enfant,  le  cordon  déchiré,  les  diamètres  de  la  léle 
et  des  épaules  relativement  petits,  l'accouchement  clandestin  annonçaient  que  U 
délivrance  avait  du  être  très  pfompte,  les  ecchymoses  trouvées  sur  l'os  pariétal 
annonçaient  qu'il  y  avait  eu  chute.  Nais  celte  chute  n'avait  pas  pu  avoir  lieu  dans 
la  chaise  percée  pendant  l'accouchement,  car  cela  se  passait  au  mois  de  mai,  et 
les  fèces  devaient  èlre  liquides,  il  y  aurait  donc  eu  asphyxie  et  non  appoplexie 
cérébrale  ;  il  était  probable  que  l'enfant  né  vivant  et  viable  était  tombé  sur  le  sol 
pendant  l'accouchement,  et  qu'il  avait  été  ensuite  jeté  dans  la  chaise  percée  pour 
que  l'accouchement  restât  secret. 


MORT  APRÈS  Lk  NAISSANCE.  —  CHUTE  SUR  LE  SOL.  -  OBSERVATIONS.  571 

Obs.  ZS3,  — Chute  pendant  Vaccouchementy  ou  ai^yœie  dans  des  cendres^  ou 

sutftnersion  dans  une  fosse  d*aisamce  ? 

» 

Pendant  une  nuit  de  janvier  18**,  la  flile  L...,  primipare,  qui  avait  dissimulé  sa 
irowetae,  sentit  les  douleurs  de  renfantement,  elle  sortit  de  son  lit  à  cause  de  la 
violence  de  ses  douleurs  qui  la  poussaient  à  changer  de  place  et  s^appuya  contre 
le  fourneau.  Elle  sentit  tout  à  coup  les  douleurs  devenir  plus  vives,  et  l'enfant  lui 
tomber  entre  les  jambes  ;  elle  dit  avoir  seulement  entendu  «  un  bruit  sourd  et  un 
eriaifu»,  elle  s'évanouit;  revenue  à  elle,  elle  trouva  l'enfant  et  voulut  s'en  dé- 
barrasser, elle  l'enveloppa  dans  un  drap  de  lit.  le  porta  dans  la  cour  et  «  le  laissa 
tomber  dans  une  fosse  d'aisance  ».  Le  lendemain  on  trouva  dans  la  fosse  un  paquet 
blanchâtre  sur  lequel  étaient  répandues  des  cendres  ;  on  le  retira  avec  une  fourchette 
à  fnmier. 

L'enCiiit  était  du  sexe  féminin  et  à  terme,  la  docimasie  prouva  qu'il  avait  res- 
piré; tout  le  corps  était  couvert  de  cendres.  Dans  les  cavités  nasales  et  buccales 
Il  n'y  avait  cependant  pas  de  traces  de  cendres  ;  le  cordon  avait  des  bords  inégaux 
et  dentelés,  il  avait  été  déchiré  ;  l'estomac  était  vide  et  ne  contenait  ni  cendres  ni 
lèees,  la  veine  cave  contenait  très  peu  de  sang  ;  la  trachée  et  les  bronches  étaient 
fides,  pâles  et  normales  ;  les  poumons,  incisés,  contenaient  de  l'écume  sanguine- 
leste  ;  le  cœur  contenait  seulement  dans  sa  partie  droite  quelques  gouttes  de  sang  ; 
f œsophage  était  vide;  la  surface  interne  de  l'aponévrose  épicrânienne  présentait 
ila  région  occipitale  et  vers  le  sommet  de  la  tête  des  extravasations  sanguines  coa- 
ftilées  ;  à  Tos  pariétal  gauche  il  y  avait  une  fracture  longue  de  5  centimètres  qui 
/étendait  Jusqu'à  l'os  pariétal  droit.  Parallèlement  à  cette  fracture  se  trouvait  un 
enfoncement  de  1  centipnètre  et  demi  à  l'os  pariétal  gauche.  L'os  pariétal  droit  avait 
li  une  autre  fracture  dentelée  longue  de  I  centimètre.  Les  os  étaient  très  minces 
endroits  fracturés  ;  les  méninges  étaient  peu  remplies,  les  sinus  étaient  presque 
vides.  A  la  base  de  l'hémisphère  droit  du  cerveau  se  trouvait  une  extravasation 
sanguine  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  50  centimes,  foncée  et  coagulée. 

Par  conséquent,  l'enfant  était  mort  d'apoplexie  cérébrale  ;  la  nature  et  le  siège 
des  fractures  des  os  pariétaux  si  minces  nous  fîren  admettre  la  possibilité  d'une 
chute  pendant  l'accouchement  ;  ce  qui  se  rapportait  au  récit  de  la  mère  et  aux 
taehes  de  sang  trouvées  dans  la  chambre  ;  le  peu  de  gravité  des  blessures  s'op- 
posait à  ce  qu'on  pût  admettre  des  violences  exercées  par  la  mère;  ces  bles- 
sures ne  pouvaient  pas  non  plus  avoir  été  produites  par  l'instrument  au  moyen  du- 
quel le  corps  fut  retiré  du  fumier,  car  elles  présentaient  des  traces  de  réaction 

■ 

vitale,  et  les  téguments  extérieurs  n'étaient  pas  lésés  ;  la  chute  dans  la  fosse 
jBO  pouvait  pas  uoo  plus  «voir  produit  ces  lésions,  car  les  fèces  étaient  liquides  ;  de 
plDs,  comme  on  ne  trouva  aucun  symptôme  d'asphyxie,  il  faut  admettre  que  l'eafaat 
était  mort  quand  il  arriva  dans  la  fosse. 

0»s.  3^4 .  —  Chute  de  C enfant  pendant  V accouchement  ou  infamUeide? 

La  Mie  N...,  très  visiblement  enceinte,  avait  nié  sa  grossesse  à  sa  maîtresse  et  à 
jm»  <^ilp»r>dcs,  cc|>eodaBt,  vers  la  fin  du  moif  de  mai,  d'après  ce  qu'elle  raconta 


572  BIO-THANATOLOGIE    DES   NOUVEAU-NÉS. 

plus  tard,  elle  venait  de  la  cour  et  rentrait  dans  sa  chambre  lorsque  son  enfnt 
naquit  tout  à  coup  et  tomba  sur  le  sol  à  l'endroit  où  se  trouvait  un  grand  clôt 
en  fer. 

Nous  fîmes  l'autopsie  de  cet  enfant,  c'était  une  flUe  née  à  terme  qui  avait 'vécu 
après  sa  naissance.  L'aponévrose  épicrânienne  et  les  méninges  étaient  bypérémi- 
ques,   12  grammes  de  sang  étaient  épanchés  sur   la  surface  du  cerveau,  celle 
hémorrhagie  avait  été  produite  par  des  fractures  des  deux  os  pariétaux.  Ces  deux 
08  n'étaient  pas  ossifiés  d'une  manière  normale,  ils  avaient  encore  des  places  tnni- 
parentes  au  milieu  desquelles  se  trouvaient  des  ouvertures  à  borda  dentelés.  Mais, 
indépendamment  de  ces  défauts  d'ossiflcation,  il  y  avait  à  chaque  oa  pariétal  de 
véritables  fractures  ;  ces  blessures  graves  empêchent  d'admettre  la  chute  de  l'en- 
fiint  sur  le  sol  ;  dans  tous  les  cas  cette  chute  ne  produit  ordinairement  des  frac- 
tures que  du  côté  où  la  chute  a  eu  lieu,  et  non  sur  toute  la  tète  comme  ici.  De  plus 
il  y  avait  aux  deux  lèvres  de  l'enfant  une  ecchymose  large  de  2  centimètres,  semi- 
lunaire  d'un  bleu  rougeâtre  ;  de  plus  les  lèvres  avaient  une  couleur  rouge  noirâtre 
presque  uniforme  ;  cette  tache  avait  absolument  l'aspect  de  celles  qui  sont  pro- 
duites par  les  impressions  de  doigts  sur  le  corps  des  enfants  peu  de  temps  avant 
la  mort  ;  cette  circonstance  rend  possible  Tapposition  de  la  main  sur  la  booche  de 
l'enfant  pour  l'empêcher  de  crier,  et  même  la  nature  de  Tecchymnae  montre  que 
cette  manœuvre  a  dû  être  pratiquée  avec .  force,  cette  action  a  pu  produire  eo 
même  temps  les  fractures  de  la  tête  ;  d'un  autre  côté  ces  demièrea  ont  pn  être 
causées  par  une  autre  violence  exercée  sur  la  tête  elle-même.  11  faut  écarter  l'idée 
de  la  possibilité  de  l'extraction  de  l'enfant  avec  l'aide  de  la  main  de  la  mère  ;  car  - 
ordinairement  cette  manœuvre  produit  des  égratignures  qui  ne  se  trouvent  pas  ki» 
et  comme  dans  ce  cas  l'accouchement  a  été  caché  et  très  prompt,  cet  aide  a  ét^ 
inutile. 

De  là  nous  conclûmes  que  :  i°  l'enrant  était  né  à  terme  et  viable;  2*  il  avait 
vécu  après  sa  naissance  ;  3**  il  avait  succombé  à  une  apoplexie  cérébrale  causée 
par  des  blessures  de  tète  ;  4*  les  blessures  n'avaient  très  probablement  pas  été  le 
résultat  de  la  chute  de  l'enfant  pendant  l'accouchement,  mais  avaient  été  produites 
par  une  violence  extérieure  exercée  sur  la  tête  ;  5°  il  était  impossible  de  dire 
d'après  l'autopsie  quelle  avait  été  cette  violence  ;  6°  il  n'était  pas  probable  que  cette 
violence  eût  été  causée  par  les  efforts  de  la  mère  s'aidant  avec  la  main  pour  ter- 
miner sa  délivrance. 

3°  Mort  par  hémorrhagie  du  cordon.  —  Généralités.  —  Uu 
enfant  nouveau -né  peut-il  mourir  par  hémorrhagie  du  cordon 
ombilical?  Les  anciens  auteurs,  répondaient  affirmativement  à  cette 
question,  et  de  plus  ils  admettaient  que  ce  genre  de  mort  avait 
eu  lieu  toutes  les  fois  que  le  cordon  n'avait  pas  été  lié;  certains 
auteurs  modernes  ont  péché  dans  le  sens  contraire,  en  niant  la 
possibilité  de  ce  genre  de  mort  toutes  les  fois  que  la  circulation 


MORT  APRÈS   LA   NAISSANCK.  —  HÉMORRHAGIC  DU  CORDON.        57.1 

partîcolière  de  Fenfant  après  sa  naissance  a  pu  s*établir.  La  vérité 
est  que  ce  genre  de  mort  est  possible,  mais  qu'il  est  très  rare 
même  au  milieu  des  conditions  qui  semblent  lui  être  le  plus  favora* 
blés.  Dans  ma  longue  carrière  de  médecin  légiste  je  n'en  ai  pas  vu  un 
seul  cas,  quoique  j'aie  observé  six  fois  le  cordon  arraché  à  son  inser^ 
tion  à  l'anneau  ombilical,  et  l'on  rencontre  journellement  des  cas  dans 
lesquels  le  cordon  n'a  pas  été  lié  et  n'a  qu'une  longueur  de  3,  & 
ou  5  centimètres.  Le  point  important  de  la  question  en  médecine 
légale,  c'est  de  répondre  au  tribunal  si  l'enfant  est  mort  oui  ou  non 
de  cette  hémorrbagie. 

Diagnostic.  —  Ce  genre  de  mort  n'offre  pas  chez  les  nouveau- 
nés  d'autres  symptômes  diagnostiques  que  ceux  qui  se  présentent 
pour  les  adultes  qui  ont  succombé  a  une  hémorrbagie  quelconque. 
Nous  avons  exposé  ces  symptômes  plus  haut.  L'anémie  est,  comme 
toujours,  le  résulat  le  plus  commun  ;  chez  les  nouveau-nés  comme 
chez  les  adultes,  les  veines  du  cerveau  ne  participert  pas  à  cette  ané- 
mie, et  l'on  trouve  également  les  hypostases  cadavériques.  Mais  ici  se 
présente  une  difficulté  qui  se  rencontre  moins  généralement  chez  les 
adultes.  Les  enfants  nouveau-nés  auxquels  on  a  donné  la  mort  sont 
jetés  n'importe  où  et  ne  sont  trouvés  que  par  hasard  souvent  long- 
temps après  leur  mort;  il  faut  alors  tenir  grand  compte  de  TinOuence 
de  la  putréfaction  sur  la  production  de  l'anémie.  Lorsque  la  putré- 
faction est  très  avancée ,  le  médecin  légiste  ne  doit  pas  se  pro- 
noncer. 

L'erreur  des  anciens  auteurs  consistant  à  croire  que  l'héroorrhagie 
ombilicale  produisait  en  même  temps  Vasphyxie  et  Yanémie  n'a  pas 
même  besoin  d'être  réfutée. 

Lorsqu'on  a  constaté  que  la  mort  d'un  enfant  a  eu  lieu  par  suite 
de  l'anémie,  il  s'agit  naturellement  de  rechercher  si  cette  anémie  a  été 
produite  par  l'hémorrbagie  du  cordon  ombilical.  S'il  n'y  a  pas  de 
blessure  à  l'extérieur,  l'hémorrhagie  du  cordon  devient  plus  proba- 
ble, mais  il  faut  encore  s'assurer  s'il  n'y  a  pas  eu  d'épancheroent  de 
sang  interne  provenant,  soit  d'une  violence  extérieure,  soit  d'une 
cause  pathologique.   J'ai  vu  pour  mon  compte  dans  deux  cas  la 


57A  BIO- THANATOLOGIE  DES  NOUVEAU- NÉS. 

mort  produite  par  un  épaçchement  de  sang  s'écoulant  par  Taniis. 

Cette  vérification  étant  faite,  il  faut  examiner  l'état  da  cordoo; 
disons  tout  de  suite  que  la  présence  on  Tabsence  de  sang  répandu  sar  le 
corps  de  l'enfant  ou  sur  ses  enveloppes  ne  prouve  rien,  car,  d'oi 
côté,  c^^sang  peut  provenir  de  l'accouchement  ou  même  d'une  hé- 
morrhagie  du  cordon  qui  n'a  pas  été  mortelle;  d'un  autre  côté,  le 
corps  d'un  enfant  qui  a  succombé  à  une  hémorrhagie  du  cordon  peut 
avoir  été  lavé  et  essuvé.  Les  symptômes  principaux  sont  les  sui- 
vants : 

l"*  Pour  qu'il  y  ait  hémorrhagie  ombilicale  mortelle,  il  faut  que  U 
blessure  soit  faite  au  cordon  et  non  au  placenta.  Hende  (1)  pense  le 
contraire,  parce  que,  dit-il,  la  longueur  du  cordon  n'empêche  pas  le 
passage  du  sang,  et  que  le  sang  pénètre  également  avec  facilité  dans 
le  placenta,  comme  Tont  prouvé  les  expériences  d'injection.  Cette 
théorie  n'a  qu*un  malheur,  c'est  d'être  contraire  à  ce  que  l'expé- 
rience nous  montre  chaque  jour,  elle  doit  donc  être  rejetée. 

2"*  La  présence  ou  l'absence  de  ligature  ne  signifie  rien  (toujours 
en  supposant  que  la  mort  a  eu  lieu  par  hémorrhagie)  ;  car,  d'un  côté, 
la  ligature  peut  avoir  été  faite  et  les  liens  enlevés,  soit  en  déshabil- 
lant, soit  en  transportant  le  cadavre,  soit  par  suite  du  mouvement 
continuel  auquel  il  est  soumis  quand  il  séjourne  dans  l'eau  ;  d'un 
autre  côté,  il  est  possible,  quoique  cela  doive  certainement  arriver 
très  rarement,  que,  par  une  raison  quelconque,  une  li|;ature  ail  été 
pratiquée  après  la  mort  de  l'enfant. 

3""  L'hémorrliagie  des  artères  du  cordon  est  d'autant  plus  facilement 
mortelle  que  le  cordon  a  élé  séparé  sans  être  lié,  peu  de  temps  après 
la  naissance.  Or,  nous  avons  vu  que  la  docimasiô  pulmonaire  permet- 
tait souvent  de  préciser  qu'un  enfant  avait  peu  respiré.  Nous  devons 
cependant  dire  qu'une  observation  de  M.  Hohl  prouve  que,  même 
après  une  respiration  qui  a  duré  plusieurs  heures,  l'hémorrhagie 
ombilicale  mortelle  est  possible.  H.  Hohl  vit  lui-même  une  sage- 
femme  lier  convenablement  et  fortement  vers  midi  le  cordon  ombili- 

(1)  llandb,  ci.  gcr.  Med.,  III,  p.  279. 


MORT    APRÈS    LA   NAISSANCE.  —  HÉMORRHAGIE    DU    CORDON.       575 

cal  d'un  enfant  bien  portant;  le  soir,  la  sage-femme  revint  et  trouva 
tout  en  ordre,  et  le  matin  Tenfant  fut  trouvé  mort  d'une  liémorrhagie 
ombilicale,  il  y  avait  anémie  générale  ;  tous  les  organes  étaient  dans 
an  état  complet  d'intégrité. 

A**  Il  faut,  en  général,  que  le  cordon  ait  été  séparé  trè%près  de 
Tanneau  ombilical.  Plus  le  cordon  est  court,  plus  Thémorrliagie  est 
facile.  La  longueur  de  cet  organe  produit  en  général  une  rétraction 
des  artères  qui  forme  un  obstacle  à  Thémorrhagié.  Cependant  j*ai 
observé  quatre  cas  (obs.  371 ,  375,  386  et  387)  de  séparation  du 
cordon  à  l'insertion  même  de  l'organe,  sans  qu'il  en  soit  résulté 
d*hémorrhagie  mortelle.  Dans  deux  autres  cas,  les  enfants  étaient 
mort-nés. 

S""  La  manière  dont  le  cordon  a  été  séparé  n'est  pas  sans  influence 
sur  la  possibilité  de  Théraorrhagie.  Lorsque  le  cordon  a  été  coupé 
avec  un  instrument  tranchant,  Thémorrhagie  a  plus  de  chance  de  se 
produire  que  quand  il  a  été  déchiré,  par  1â  raison  que,  dans  le  pre* 
noier  cas,  les  artères  restent  béantes,  tandis  que,  dans  le  second,  les 
artères  sont  plus  ou  moins  soumises  à  une  compression. 

Le  cordon  peut-il  être  déchiré  spontanément  pendant  la  nais^ 
sance?  M.  Négrier  d'Angers  (plus  tard  M.  Speth),  a  fait  des  expé- 
riences à  cet  égard,  il  a  voulu  mesurer  la  résistance  du  cordon  en 
suspendant  ù  une  des  extrémités  de  cet  organe  des  poids  de  plusieurs 
sortes  (1).  Ces  expériences  sont  sans  valeur,  par  la  raison  que 
l'extension  a  été  graduellement  augmentée,  tandis  que,  lorsqu'il  y  a 
rupture  pendant  la  naissance,  l'extension  est  subite,  puis  on  n'a  pas 
tenu  compte  de  l'augmentation  de  poids  qu'acquiert  le  corps  de 
l'enfant  par  la  chute  ;  enfin  on  a  expérimenté  sur  des  organes 
privés  de  vitalité,  et  nous  avons  déjà  démontré  que  la  résistance 
des  organes  privés  de  vitalité  était  tout  autre  que  celle  des  organes 
fifants.  J'ai  fait  moi- môme  des  expériences  sur  des  cordon?  frais; 
j*ai  vu  que,  lorsque  l'on  essaye  de  casser  un  cordon  ombilical  en  en 
saisissant  les  deux  extrémités  avec  les  deux  mains,  celles-ci  glissent 

(I)  AnnalfS  d'hygièncy  XXV,  p.  126. 


570  niO-THANATOLOCIE  DES  NOUVEAU-NÉS. 

sur  la  surface  graisseuse  et  lisse  de  l*organe;  il  faut  faire  plusieurs 
tours  de  cordon  dans  chaque  main  ou  envelopper  les  deux  extrémi- 
tés a^c  un  linge  sec  pour  pouvoir  tirer  convenablement  ;  ces  condi- 
tions étant  remplies,  je  puis  assurer  qu*il  est  très  difficile  de  casser 
le  cordon  en  ne  tirant  qu'une  seule  fois,  ce  n*est  qu'après  de  nom- 
breuses tractions  se  succédant  rapidement  que  Ton  peut  y  arriver.  11 
est  évident  qu'il  faut  une  force  bien  moins  grande  pour  casser  le 
cordon  pendant  la  vie  de  Tenfant^  car  la  résistance  des  tissus  est 
différente  avant  et  après  la  mort;  c*est  le  même  résultat  que  celui 
que  nous  avons  trouvé  pour  la  résistance  des  os. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  Thémorrhagie  est  plus  facile  quand 
le  cordon  a  été  coupé.  Peut-on  reconnaître  sur  le  cadavre  si  cet 
organe  a  été  coupé  et  déchiré?  On  le  peut  dans  la  plupart  des  cas. 
Lorsque  le  cordon  a  été  coupé,  les  bords  sont  lisses,  nets  ;  lorsque 
le  cordon  a  été  déchiré,  ils  sont  inégaux,  dentelés  ;  mais,  lorsque  le 
cordon  a  été  coupé  avec  un  instrument  ne  coupant  pas  bien,  qu'il  a 
été  moitié  scié,  moitié  déchiré,  il  est  très  difficile  de  déterminer 
comment  la  séparation  a  eu  lieu,  et  je  comprends  très  bien  que^  dans 
certains  cas,  les  médecins  légistes  refusent  de  se  prononcer.  Quand 
le  cordon  est  momifié,  il  suffit  de  le  tremper  et  de  le  ramollir  dans 
Teau  pour  pouvoir  en  examiner  les  bords. 

Je  fais  suivre  ici  un  cas  dans  lequel  il  était  de  la  plushaule  impor- 
tance de  déterminer  si  le  cordon  avait  été  coupé  ou  déchiré  ;  ce  cas 
plus  intéressant  encore  par  son  côté  pénal  que  par  son  côté  médico- 
légal,  se  passait  du  temps  de  l'ancien  code,  lorsque  l'infanticide  était 
considéré  comme  aussi  grave  que  le  meurtre  et  était  puni  de  la  peine 
de  mort. 

Obs.  385. —  Blessure  de  la  carotide  et  de  la  moelle  épinière  d*un  nouveau^né^ 
déterminer  de  quelle  manière  a  eu  lieu  la  séparation  du  cordon. 

Une  fille  qui  en  était  à  sa  seconde  grossesse,  accoucha  clandeslinement  pendaat 
la  nuit  dans  une  cave,  et  tua  son  enfant  en  lui  faisant  d*abord  plusieurs  blessurfs 
au  cou  avec  un  couteau  de  table,  puis  en  le  frappant  avec  une  bêche,  au  moyen  de 
laqueUe  elle  l'enterra  dans  le  sable. 

Cet  enfant  fut  trouvé,  et  nous  fûmes  chargé  d*en  faire  l'autopsie.  La  carotide 
droite  était  ouverte,  la  colonne  vertébrale  avait  été  atteinte  entre  la  cinquième  et 


MOIiT  APnÉS  LA  .XAISSANCK.  —  IIKIIOIlAHAGIl!:   l^U  CORDON.       577 

Il  sixième  vertèbre  cervicale,  la  moelle  épiiiière  avait  été  coupée  complètement  ■ 
et  endroit.  Le  jugement  mcdico-lé{ral  était,  comme  on  le  voit,  très  facile,  mais  il 
urgit  une  circonstance  qui  montre  combien  il  faut  toujours  agir  avec  précaution 
lans  toutes  les  autopsies,  quelque  faciles  qu'elles  paraissent. 

L'accusée  déclara  qu'ayant  donné  naissance  à  l'enfant  et  ayant  encore  le  pla- 
tenta  dans  l'utérus,  par  conséquent  l'enfant  se  trouvant  encore  réuni  à  elle  par  le 
tordon,  elle  le  prit  et  alla  dans  la  cuisine  chercher  un  couteau  pour  couper  le  cor- 
Ion,  et  que  seulement  alors,  ayant  le  couteau  en  main,  troublée  parla  frayeur  et 
>ar  les  soufTranees,  l'idée  lui  est  venue  de  tuer  son  enfant,  ce  qu'elle  ne  tarda  pas 
i  exécuter.  Au  point  de  vue  pénal,  elle  aurait  commis  seulement  un  meurtre.  Mais 
orsque  j'avais  fait  l'autopsie,  quoique  ne  connaissant  pas  encore  les  dépositions  de 
'accusée,  j'avais  noté  dans  le  procès-verbal  que  les  bords  du  cordon  étaient  inégaux 
st  dentelés,  de  sorte  qn'il  n'y  avait  pas  eu  coupure,  mais  déchirure.  L'instrument 
lont  l'accusée  prétendit  s'être  servi  était  très  tranchant.  Le  récit  de  la  iemme 
fitait  donc  faux,  elle  était  allée  chercher  le  couteau  après  avoir  déchiré  le  cordon 
et  dans  l'intention  réelle  de  le  tuer.  L'accusée  fut  déclarée  coupable,  mais  son  état 
mental  au  moment  du  fait  fut  considère  comme  altéré,  et  elle  fut  condamnée  aux 
travaux  forcés  à  perpétuité. 

&*  La  constitution  de  Tenfant  a  également  de  Tinfluence  sur  le 
danger  de  rhémorrhagie.  Les  enfants  vigoureux,  cœteris  paribus^ 
meurent  plus  facilement  de  rhémorrhagie  que  ceux  qui  sont  chétib 
et  malingres  et  qui,  s'évanouissant  facilement,  peuvent  laisser  le  temps 
de  les  sauver  si  les  circonstances  le  permettent. 

7**  Pour  ce  qui  concerne  Tétat  du  cordon  lui-même,  je  suis  de  Ta- 
vis  de  M.  HohI,  accoucheur  expérimenté  :  les  cordons  gras  sont 
plutôt  ceux  qui  sont  atteints  d*hémorrhagie  que  les  cordons  maigres. 
Des  nœuds  faits  au  cordon  n*empéchentpas  absolument  la  possibilité 
de  rhémorrhagie  ombilicale. 

Obs.  386.  —  Cordon  séparé  près  de  Vanneau  ombiHcal,  sans  t^émoirhagie 

mortelle. 

Une  ûlle,  qui  avait  caché  sa  grossesse,  accoucha  en  secret  dans  la  nuit  du  5  mai 
18...  £lle  prétendit  s'être  évanouie  pendant  l'accouchement  et  avoir  trouvé  à  son 
réveil  l'enfant  mort  à  côté  d'elle  ;  alors  elle  le  mit  dans  un  seau  où  on  le  trouva 
deux  jours  plus  tard. 

L'enfant  était  venu  à  terme  et  avait  respiré.  Les  poumons  étaient  rougef  couleur 

chair  et  laissaient  sortir,  quand  on  les  incisait,  de  l'écume  sanguinolente.  Le  cordon 

ombilical  était  séparé  tout  près  de  l'anneau,  de  sorte  qu'à  première  vuo  l'ombilic 

semblait  cicatrisé.  Dans  l'abdomen,  le  foie,  la  rate  et  la  veine  cave  coatenaient  une 

II.  37 


•n 

4 


578  BIO-THANATOLOGIE    DES   NOUYEAU-NÉS. 

Certaine  quantité  de  saog  ;  la  vessie  était  vide  ;  le  gros  intestin  était  rempli  de  né- 
•onium  ;  le  cœur  était  vide  ;  il  y  avait  dans  la  tète  une  liypérémie  très  pi oncneèe 
aani  hypostase  cadavérique.  Les  os  du  crftne  étaient  couverts  de  sang  ;  le  eadanc 
ne  présentait  pas  d'autre  anomalie.  L'absence  de  tumeur  à  la  tête  et  le  placenta 
trouvé  à  cété  de  l'enfant  annonçaient  un  accouchement  très  prompt.  Par  conséqneat 
la  séparation  du  cordon  ombilical  tout  près  de  Tanneau  n*avait  pas  produit  m  la 
mort  par  hémorrhagie. 

0b8.  387.  —  Cordon  arraché  ftrèi  dn  raiifiM«  foiM  hémorrhmffU  morték. 

On  trouva,  vers  le  mois  de  juillet,  le  cadavre  d'un  garçon  venu  à  terme  etqai 
présentait  une  putréfaction  très  avancée  :  les  épreuves  de  la  docimasie  étaient  ee» 
pendant  encore  possibles,  et  la  putréfaction  n'empêchait  pas  de  reconnaître  qu'il 
n'y  avait  pas  eu  mort  par  hémorrhagie.  Le  cordon  ombilir^il  avait  été  arraché  tott 
près  de  l'anneau.  Les  poumons  étaient  d'un  rouge  brunâtre  et  laissaient  échapper, 
quand  on  les  incisait,  de  l'écume  sanguinolente  ;  la  veine  cave  était  très  rfmplif  de 
sang,  il  y  avait  aussi  une  hypérémie  de  la  cavité  crânienne  qui  faisait  attribuer  la 
mort  à  une  apoplexie  cérébrale. 

Obs.  388.  —  Cordon  ombilical  non  lié^  $an$  qu'il  y  ait  eu  hémorrhagie  mortelk. 

Cet  enfant  présentait  encore  un  cordon  ombilical  ayant  une  longueur  de  12  eeoti- 
mètres  et  qui  avait  été  déchiré  ;  il  avait  respiré  et  n'était  pas  mortd'hémorriiagie,  mais 
d'une  hypérémie  du  cerveau.  Le  cadavre  avait  été  trouvé  enveloppé  avec  soin  cl 
empaqueté  dans  une  caisse,  ayant  à  côté  de  lui  le  placenta  auquel  adhérait  le  reste 
du  cordon  long  de  38  centimètres.  Le  placenta  pesait  500  grammes,  ce  qui  eit 
ordinairement  le  poids  de  cet  organe.  Les  poumons  ,  couleur  rouge  brunâtre, 
étaient  marbrés  et  surnageaient  dans  l'eau. 

Je  n'ai  cilé  ce  cas  que  comme  exemple,  car  les  cordons  non  liés 
de  12  centimètres,  ne  donnant  pas  lieu  à  des  hémorrhagies,  se  ren- 
contrent tous  les  jours. 

§  5.  •— Déterminer  li  la  mort  d'un  eniknt  •  ea  liea  par  la  fiaata 

de  la  mère. 

Outre  les  genres  de  mort  spécifiques  des  nouveau-nés  avant,  pen- 
dant et  après  raccouchement,  que  nous  venons  d'étudier,  les  enfants 
peuvent  succomber  à  une  foule  de  genres  de  mort  accidentelle,  à 
propos  desquels  l'expert  a  à  déterminer  s'il  y  a  eu  faute  de  la  mère. 

La  culpabilité  de  la  mère  n'est  pas  douteuse  lorsque  Ton  trouve 
sur  le  cadavre  de  l'enfant  des  blessures  mortelles  produites  par 
iusirunienis  piquants  ou  tranclinnls.   iorsqu'il  y   i\  e:i    empoisonne- 


MORT  DE  L'BffPAMT.  —  Y  AoT-lL  BU  FAUTE  DE  LA  MÈRE  ?       579 

menl  ptr  l'acide  sulttarique,  submersion,  asphyxie  par  obstnielioii 
des  voies  aériennes,  etc.,  et  lorsqu'il  est  prouvé  qu'une  tierce  per- 
sonne n'est  pas  intervenue. 

Celte  culpabilité  est  beaucoup  plus  diflBcile  à  apprécier  si  renfant 
•  soceombé  à  un  des  genres  de  mort  spécifiques  deê  nouveau-nés 
^e  nous  avons  étudiés  plus  haut,  s'il  a  élé  étouffé  dans  le  lit  entre 
ioi  enlises  de  la  oière,  s'il  est  né  au  milieu  d'exeréments  qui  l'ont 
asphyxié  ;  si,  abandonné,  il  a  été  gelé,  ou  si  seulement  il  a  manqué 
4ea  premiers  soins  nécessaires. 

Nous  devons  signaler  ici  les  mensonges  hardis  que  font  la  plupart 
4ea  accusées  qui,  même  les  plus  sottes,  savent  avec  une  certaine 
logique  profiter  de  ce  que  leur  crime  n'a  pas  eu  de  témoin  pour  cher* 
dier  à  en  obtenir  l'impunité.  Ici,  comme  partout,  l'expert  doit  mettre 
de  eAté  tout  sentiment  d'humanité  exagérée,  et  ne  doit  prendre  pour 
guide  que  les  règles  de  la  science  et  du  sens  commun. 

Or  voici  ce  que  ces  règles  apprennent  : 

Un  aeeouehement  précipité  peut  avoir  lieu  en  secret,  mémo  cbet 
les  primipares,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  ;  il  peut  se  faire 
alors  que  l'enfant  tombe  tout  à  coup  sur  le  sol  et  se  blesse  mortelle- 
ment à  la  tête  ; 

L'enfant  peut  être  étranglé  par  le  cordon  ou  asphyxié  par  une 
compression  exercée  sur  cet  organe,  il  peut  mourir  d'une  hémor- 
rhagie  produite  par  la  rupture  du  cordon  ombilical  ; 

Il  est  également  constaté  que  les  femmes  sur  le  point  d'accoucher 
éprouvent  souvent  des  besoins  impérieux  i'aller  à  la  ielie  ou  d'uri- 
ner, et  que  si,  dans  leur  ignorance,  elles  se  mettent  au-dessus  des 
Henx  d'aisances,  l'enfEint  peut  naître  suintement  et  tomber  dans  la 
fesse; 

Un  accouchement  peut  avoir  Keu  7a  femme  étmni  évaneuie^  par 
conséquent  sans  que  les  conséquences  de  l'abandon  de  l'enfÎMl  au 
moment  de  sa  naissance  soient  imputables  à  la  mère;  qoelquefeis 
même  le  défont  de  soins  provient  de  Vignoranee  réelle  et  complète 
dans  laquelle  se  trouve  la  mère  ;  ajoutons  que  cette  excuse  est  allé- 
guée journellement  sans  être  justifiée,  elle  ne  peut  être  adaMse  que 


5S0  BIO-TUANATOLOGIE    DES    NOUVEaU-NKS. 

orsque  la  mère  est  très  jeune  et  que  sa  naïveté  et  son  ineipérience 
sont  hors  de  doute. 

Une  autre  circonstance  à  décharge,  qui  est  plus  facile  à  apprécier 
de  la  part  de  Texpert,  c'est  l'assistance  que  la  femme  se  prèle  i  elle- 
même  pendant  l'accouchement  en  tirant  avec  ses  mains  U  tète  de 
l'enfant  lorsque  le  corps  tarde  à  passer  ;  on  retrouve  toujours  les 
traces  de  cette  manœuvre  sur  le  corps  de  l'enfant,  ce  sont  des  em- 
preintes  Qe  doigts  et  des  égratignures  à  la  figure  et  au  cou.  Des 
blessures  plus  graves,  telles  que  des  fractures  du  larynx  et  du  eràne, 
ne  sont  jamais  produites  ainsi,  car  elles  supposent  une  force  beaucoup 
plus  grande.  Il  y  a  cependant  une  exception,  c'est  lorsque  le  cràoe 
présente  des  défauts  d'ossification,  caralors  une  pression  même  légère, 
telle  que  celle  qu'une  femme  peut  exercer  dans  cette  circonstance, 
peut  produire  des  fractures  (obs.  38A).  Cette  manœuvre  peut  aussi 
produire  des  luxations  des  vertèbres  cervicales,  lorsque  surtout  le 
système  nerveux  étant  exalté  par  la  douleur,  la  femme  agit  avec 
une  grande  force  ;  je  dois  cependant  ajouter  que  je  n'ai  jamais 
vu  un  pareil  cas^  et  qu'il  n'y  en  a  pas  un  seul  rapporté  par  les  au- 
teurs; je  constate  seulement  la  possibilité  de  cet  accident.  Il  peut 
aussi  y  avoir,   par  suite  de  ces  etforts  de  la  femme,  un  véritable 
étranglement  de  Tenfant,  mais  c'est  très  rare. 

Ce  qui  est  malheureusement  très  difficile  à  déterminer  dans  cette 
question  de  l'assistance  que  la  femme  se  donne  à  elle-même  avec  ses 
mains,  c'est  de  reconnaître  s'il  y  a  eu  mouvement  instinctif  et  im- 
pulsion irrésistible,  ou  intention  criminelle.  Il  faut  ici  examiner  toutes 
les  particularités  du  cas  et  chercher  s'il  en  est  qui  peuvent  aider  le 
jugement  ;  si,  par  exemple,  l'enfant  ne  présente  que  de  simples 
égratignures  au  cou  sans  autre  lésion,  il  est  beaucoup  plus  probable 
que  l'assistance  a  eu  lieu  sans  intention  criminelle,  que  si  l'enfant 
présente  des  traces  de  violences  nombreuses  et  très  graves  (  obser- 
Yalion  390).  Mais  ce  ne  sont  là  que  des  probabilités. 

Pour  ce  qui  concerne  les  blessures  que  l'on  trouve  sur  les  cada- 
vres des  nouveau-nés,  il  faut  pour  pouvoir  déterminer  le  degré  de 
culpabilité  de  la  mère,  se  souvenir  de  tout  ce  quia  été  exposé  dans  le 


MORT  DE  l'enfant.  — Y  A-T-IL  EU  FAUTE  DE  LA  MÈRE?        58i 

courant  de  cet  ouvrage  et  se  rappeler  que  la  justice  est  toujours  dis- 
posée à  voir  partout  des  infanticides. 

Il  faut  se  souvenir  (p.  551)  que  la  présence  d*uue  bosse  sanguine 
sur  le  sommet  de  la  léte  n*est  que  le  résultai  d'un  accouchement 
laborieux  et  non  d'une  violence  extérieure  ;  qu'il  ne  faut  pas  confon- 
dre (p.  560)  le  pseudo-sillon  strangulatoire  des  nouveau-nés  formé 
par  le  pli  de  la  peau  lorsque  la  graisse  se  refroidit,  avec  les  sillons 
produits  par  des  liens  ;  que  les  cadavres  des  liouveau-n^iiA^IO^me 
ceux  des  adultes,  présentent  souvent  des  lésions  'qtiî'^réatilteïit  de 
la  chute  du  corps  après  la  mort,  du  transport  du  cadavre,  des 
instruments  dont  on  s'est  servi  pour  les  retirer  soit  de  l'eau,  soit 
d'une  fosse  d'aisances,  ou  des  animaux  tels  que  les  rats,  les  chiens 
qui  rongent  certaines  portions  du  cadavre;  cela  arrive  plus  souvent 
pour  les  nouveau- nés  que  pour  les  adultes,  parce  qu'ils  sont  jetés 
plus  facilement  dans  des  fumiers,  dans  des  mares,  etc.,  enfln  que  le 
caractère  dislinclif  de  toutes  ces  lésions  post  mortem  c'est  l'absence 
de  réaction  vitale. 

Il  est  certain  qu'en  général  la  culpabilité  de  la  mère  est  bien 
plutôt  du  domaine  des  jurés  que  de  celui  des  médecins  ;  cepen- 
dant le  médecin  devant  aider  autant  qu'il  le  peut  la  justice  dans  la  re- 
cherche de  la  vérité,  a  souvent  à  tirer  une  conclusion  des  phénomènes 
qu'il  a  observés.  Nous  allons  faire  suivre  des  observations  où  la  cul- 
pabilité de  la  mère  était  en  question  ;  il  s'en  trouve  aussi  (obs.  38'2, 
387,  398,  399)  dans  lesquelles  le  cadavre  de  Tenfant  a  été  caché  ou 
par  des  raisons  purement  économiques  pour  éviter  les  frais  d'enterre- 
ment ou  pour  ne  pas  divulguer  une  maternité,  la  grossesse  et  l'ac- 
couchement ayant  été  ignorés. 

Les  circonstances  atténuantes  pour  la  culpabilité  de  la  mère  résul- 
tant d'un  dérangement  mental  ont  été  étudiées  dans  le  premier  vo- 
lume. 

Cas.  389.  —  Abandon  (fun  enfant,  considéré  comme  la  cause  de  ia  mart. 

Une  fille  accoucha  le  28  juiUet  18**  d'un  enfant  à  terme,  vivant  et  viaMe 
^voiqiie  chétir  ;  aussitôt  après  elle  Tenveloppa  dans  du  linge  et  \p  déposa  dans  une 
armoire  aitiiée  dans  le  fp-enier  de  la  maison.  Il  y  resta  pendant  dix  hearet  au  boi't 


582  UO-THAM ATOLMIB  DEê  NOUVKAO^lfte. 

(iesqueUet  il  fut  trouvé.  L'oflicier  de  Moté  trouva  l'onfant  laio  et  laui;  le 
n'avait  [mm  été  lié.  Cet  enfant  fut  trancporlé  h  Thôpital,  puis  dans  la  prison  de  a 
mère,  où  il  reçut  les  soins  nécessaires,  et  quelques  semaines  après  il  mourut. 

OA  nous  posa  la  question  suivante  :  L'abandon  de  cet  enftint  qaî  a  été  eenibté 
a-t-ll  pu  être  la  eauae  indirecte  de  sa  moK?  Nous  répondîmes  que  l'oa  ne  ptavvt 
admettre  que  l'enfant  fût  mort  d'hémorrbagie  ombilicale,  puisque  le  cordon  sviil 
26  centimètres,  et  l'enfant  n'était  pas  vigoureux  ;  on  ne  pouvait  non  plus  penser 
qâè  la  mort  avait  eu  lleo  par  manque  de  chaleur,  cAr  on  était  an  milfeu  deaplw 
frasén  duileun,  au  mois  de  juillet;  le  manque  de  nourriture  n'avait  pu  mm  ftm 
la  iaira  mourir,  car  on  sait  que  les  nouveau- nés  peuvent  rester  impunément  oiéma 
plusieurs  lieuret  anaa  prendre  de  nourriture  et  même  sans  en  éprouver  le  besoia. 
Le  leap  ^  «*eil  écoulé  depuis  sa  naissance  Jusqu'au  moment  où  il  est  ttort 
prouvait  du  reste  aurAbondamment  que  l'abandon  n'était  pour  rien  dans  la  te 
ftineste  qui  devait  être  attribuée  à  un  état  pathologique  interne. 

Obs.  S90.  —  AccùHchemént  ctanâettin.  Accusation  â^înfanticiée. 

Le  1!  novembre  18^.  la  fille  H.,.,  enceinte  pour  In  seconde  fois,  fut  surprise 
par  les  douleurs  de  l'enfantement  ;  elle  prélendit  qu'elle  avait  Jusqu'à  ee  asumenl 
ignoré  sa  grossesse  (  !  ).  Elle  accoucha  seule  dans  sa  chambre,  elle  laissa*  dil-eUat 
son  enfant  dans  le  lit  avec  le  placenta  sans  s'inquiéter  s'il  vivait  ou  non.  Une  sage- 
femme  fut  appelée  par  ceux  qui  trouvèrent  l'enfant  ;  celle-ci  constata  qu'il  était 
mort,  elle  le  lava  et  remarqua  au  cou  de  petites  écorchures  qu'elle  attribua  à  dfis 
égratignures  d'ongles  ;  «  les  os  de  la  tète  étalent  mous  et  aemUaleot  aveir  été 
soumis  è: une  pression.  »  Les  bras  et  les  mains  de  la  mère  que  Ton  trouva  salis 
par  du  sang  prouvèrent  que  celle-ci  avait  été  pour  quelque  chose  dans  l'accov- 
chôment. 

L'Autopsie  fut  fliite  le  1 3  novembre.  Le  cadavre  avait  47  centimètres  de  lenguet 
et  pesait  3150  grammes,  les  diamètres  de  la  tète  étaient  0,06,  0,  Il  et  0,13  ;  loat 
prouvait  que  l'enfant  était  né  à  terme.  Au  côté  droit  du  cou,  trois  taches  rougeàtrei 
se  trouvaient  rangers  en  forme  triangulaire,  elles  avaient  la  dimension  d'une  lea* 
tille,  étaient  molles  à  couper,  l'épiderme  était  écorché,  mais  il  n'y  avait  pas  d'ee« 
ahymose  ',  ces  taches  avaient  tout  à  fait  l'aspect  de  celles  qui  sont  produites  par  das 
égratignures  d'ongles.  11  n'y  avait  nulle  part  ailleurs  trace  de  blessure.  Le  dia- 
>phragme  se  trouvait  au-dessous  dé  la  cinquième  côte  ;  le  foie,  les  reins  et  la  veine 
cave  contenaient  beaucoup  de  sang,  la  vessie  était  vide,  les  intestins  étaient  rem- 
plis de  méeonium.  Les  épreuves  de  la  docimasie  prouvèrent  que  l'enfent  avait 
respiré  ;  tout  l'os  pariétal  druit  était  enduit  d'une  couche  de  sang  foncé  ayant 
^épai^seur  de  2  millimètres  ;  a  la  partie  inférieure  de  Vos  pariétal  gauche  se  troe- 
vait  une  extravasation  semblable  ayant  i  centimètre  de  diamètre  ;  l'os  pariétal  droit 
était  divisé  en  deux  parties  par  une  tracture  semi-lunaire  dont  les  bords  étaient 
dentelés  mais  non  ecchymoses  ;  sur  les  deux  hémisphères  cérébraux  se  trouvait 
une  txtravasatitin  de  sang  foncé  et  coagulé  ayant  5  centimètres  de  diamètre  ;  les 
vaisseaux  de  la  pie -mère  n'étaient  pas  très  rem{)liSf  la  base  du  crâne  était  Inlnala. 

Nons  déelarémea,  dans  notre  rapport,  que  l'enfant  était  venu  à  terne,  qu'i  «veit 


MORT  DE  L*ENFANT.  —  Y  A  T-IL  EU  FAUTE  DE  LA  MÈRE?        &8S. 

respiré  et  qu'il  était  mort  d'apoplexie  cérébrale.  Ce  genre  de  mort ,  disîons-ooiis, 
peut  avoir  lieu  chez  les  nouveau  nés  par  cause  interne,  mais  le  plus  souvent,  «1 
c'est  ce  qui  a  eu  lieu  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  celle  apoplexie  est  due  à  lUM 
violence  extérieure  ;  les  deux  extravasalions  sanguines  trouvées  sur  les  pariétaux 
sont  également  dues  à  la  même  caute,  car  elles  ne  pourraient  provenir  d'un  ac- 
couchement laborieux  qui,  du  reste,  n'a  certainement  pas  eu  lieu  ;  enfm  la  fracture 
de  l'os  pariétal  en  deux  parties  prouve  également  cotte  violence  extérieure.  Cette 
dernière  a  dû  être  faite  par  contusion,  soit  par  un  choc  de  la  tète  contre  un  corps 
dur,  soit  par  une  pression  énergique  exercée  sur  cette  région.  Les  trois  taches  qui 
ont  été  trouvées  au  cou  proviennent  d'égralignures  faites  avec  des  ongles  et  font 
donc  admettre  que  la  violence  a  été  exercée  avec  les  mains.  Les  jurés  déclarèrent 
la  mère  coupable,  et  cells-ci  fut  condamnée. 

Trois  ana  plus  tard,  l'observation  380  se  présenta  ;  les  circonstances  étaient  lés 
métnes  qwe  dans  ce  cas,  et  là  les  aveux  de  la  mère  prouvèrent  que  notre  conclusion 
avait  été  juste. 

Obs.  391 .  —  Naissance  au  milieu  d'excréments. 

Une  ftlle  qui  avait  caché  sa  grossesse  sentit,  à  l'époque  à  laquelle  elle  devait 
accoucher,  le  besoin  d'aller  à  la  selle  et  s'accroupit  sur  une  chaise  percée  en  boia 
haute  de  45  centimètres  à  peu  près.  Après  avoir  satisfait  abondamment  le  besoin 
qui  la  tourmentait,  l'enfanl  sortit  tout  à  coup,  d'après  ce  qu'elle  raconta,  et  tomba 
dans  la  caisse.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  en  fut  retiré  privé  de  vie. 

Deux  jours  après,  nous  ftmes  l'autopsie  ;  tout  le  corps  était  couvert  de  fèces,  le 
diaphragme  était  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte  ;  la  trachée,  l'œsophage  et 
l'estomac  étaient  vides.  Les  poumons,  d'un  rouge  brunâtre,  n'étaient  pas  marbréa 
et  étaient  très  contractés,  ils  ne  crépitaient  pas  et  ne  laissaient  pas  éehapper  da 
l'écume  sanguinolente  quand  un  les  incisait,  mis  dans  l'eau,  ils  y  gagnaient  la 
fond. 

Nous  déclarâmes  que  l'enfant  était  mort-né  ;  par  conséquent  il  n'y  avait  à  rendra 
personne  responsable  d'un  crime. 

Obs.  392.  —  Naissance  dans  les  excrémenls. 

Une  femme,  se  trouvant  à  la  fin  de  sa  première  grossesse,  raconta  avoir  éprouvé 
à  plusieurs  reprises  un  besoin  pressant  d'aller  à  la  selle,  et  que,  s'élant  mise  sur 
une  chaise  percée,  son  enfant  naquit  tout  à  coup  et  tomba  avec  le  placenta  dans 
la  caisse  remplie  de  fèces.  Un  témoin  raconta  avoir  trouvé  l'enfant  la  tète  plongée 
dans  la  matière. 

Nous  en  fîmes  l'autopsie  d'après  l'ordre  du  tribunal.  L'enfant  était  à  terme  ;  sur 
la  langue,  dans  la  bouche  et  même  dans  l'estomac,  il  y  avait  des  parcelles  de  fèces  ; 
le  diaphragme  était  à  la  cinquième  céte  ;  les  poumons  d'un  bleu  foncé  étaient  par- 
semés de  taches  roses,  ils  n'allaient  pas  jusqu'au  péricarde  et  étaient  tachés  d'ec- 
chymoses péléchiales  ;  mis  dans  l'eau,  ils  surnageaient  complètement  excepte 
quelques  morceaux  ;  in^^iséâ,  ils  crépitaient  et  laissaient  échapper  de  l'écume  san- 


ftM  BlO-THANATOLOGie  DES  IfOUVfSAU  XÉS. 

futnolente  ;  le  sang  était  très  foncé  ;  le  cœur  était  vide,  la  muqaeuse  de  U  traehée 
était  d'un  rose  clair  (le  cadavre  était  très  frais),  les  veines  du  cerveau  et  les  mu 
étaient  remplis  de  sang  ;  il  y  avait  donc  submersion  dans  les  matières  fécales. 

Obs.  393.  —  Nouveau'né  tiré  d'une  fosie  iT aisances- 

Une  femme  raconta  qo'étant  accouchée  au-des«us  d'un  seau  vide,  et  croyant  son 
enfant  mort^né,  elle  le  jeta  dans  une  fosse  d'aisances.  Nous  fîmes  raotofisie  de 
l'enfant,  et  nous  reconnûmes  que  les  choses  n'avaient  pas  dû  se  passer  ainsi. 
L'enfant  était  venu  à  huit  mois  et  avait  le  diaphragme  situé  entre  la  quatrième  et 
la  cinquième  céte  ;  l'estomac  était  rempli  d'un  liquide  jaunâtre  ayant  l'odeur  des   < 
fèces  ;  le  foie  et  la  veine  cave  étaient  remplis  de  sang  ;  les  poumons  étaient  un  pea 
rétractés.  Mis  dans  l'eau  ensemble,  ils  nageaient  ;  mais,  coupés  en  petites  parcelles, 
le  lobe  supérieur  du  poumon  gauche  et  beaucoup  de  morceaux  du  poumon  droit 
gagnaient  le  fond  du  vase  ;  quand  on  les  incisa,  il  en  sortit  beaucoup  d'écume  san- 
guinolente foncée,  et  on  entendit  un  bruit  de  crépitation  ;  le  larynx,   la  trachée  et 
l'œsophage  étaient  vides  ;  le  cerveau  était  trop  putréfié  pour  qu'il  fût  permis  de 
l'examiner.  On  pouvait  cependant  reconnaître  qu'il  y  avait  hypérémie  des  vaisseaux 
de  la  pie-mère.  Nous  déclarâmes  que  l'enfant  avait  vécu  peu  de  temps  après  u 
naissance  et  était  mort  par  submersion  dans  des  fèces  liquides. 

Obs.  394.  —  Naissance  au  milieu  d*excrémenls, 

(Vêtait  également  une  femme  qui  était  à  la  fin  de  sa  première  grossesse  ;  dis 
sentit  le  besoin  d'aller  à  la  selle  et  s'absenta  du  cercle  de  famille.  Au  bout  d'ot 
certain  temps,  ses  sœurs  la  trouvèrent  sans  connaissance  à  côté  de  la  chaise  percée. 
Le  sol  était  taché  de  sang.  L'ouverture  de  la  chaise  avait  28  centimètres  de  dia- 
mètre, les  bords  en  étaient  également  tachés  de  sang.  On  trouva  au  fond  du  meuble 
l'enfant  mort  au  milieu  des  fèces.  La  mère,  traduite  en  justice,  raconta  qu'elle 
n'aurait  eu  aucune  raison  pour  cacher  son  accouchement,  attendu  que  son  amant 
devait  l'épouser  dans  quelques  mois  ;  elle  déposa  qu'elle  avait  bien  senti  quelque 
chose  sortir  de  ses  parties  génitales,  mais  qu'elle  ne  s'était  pas  rendu  compte  de 
ce  que  c'était,  et  que  bientôt  elle  avait  senti  ses  forces  l'abandonner;  à  partir  de 
ce  moment,  elle  ne  se  souvint  de  rien. 

Nous  nmes  l'autopsie  de  l'enfant.  Les  poumons  remplissaient  complètement  U 
cavité  et  surnageaient  dans  l'eau  ;  leur  couleur  était  rouge  bleuâtre  marbrée;  inci- 
sés, ils  laissaient  échapper  de  l'écume  sanguinolente  exhalant  l'odeur  de  fèces.  Le 
diaphragme  était  entre  la  cinquième  et  la  sixième  côte  ;  le  cœur  contenait  beau- 
coup de  sang  ;  la  trachée  était  injectée  et  remplie  de  fèces  jusque  plus  bas  que  sa 
bifurcation  ;  il  y  avait  également  des  matières  fécales  dans  l'œsophage  ;  le  foie  était 
foncé  et  hypérémique  ;  l'estomac  était  aux  trois  quarts  rempli  de  fèces  ;  la  veine 
cave  contenait  une  certaine  quantité  de  sang  foncé.  L'aponévrose  épicrànienoe 
n'offrait  pas  à  sa  surface  interne  d'extravasation  sanguine  ;  les  méninges  étaient 
très  remplies  de  san«^. 

11  y  avait  eu  là  certainement  mort  par  submersion  dans  les  matières  fécales.  Il 


MORT  DE  l'enfant.  —  Y  A-T-IL  EU  FAUTE  DE  LA   MÈRE?        585 

était  probable  que  raccouchement  avait  eu  réellement  lieu  sur  la  chaise  percée, 
Tabsence  d'extravasation  sanguine  à  l'extérieur  du  crftne  prouvait,  en  effet,  que 
l'accouchement  avait  été  précipité;  d'un  autre  cété,  il  aurait  été  difficile  d'expli- 
quer autrement  la  présence  de  taches  de  sang. 

Obs.  395.  —  Naissance  dans  des  fèces  ;  y  a-t-il  eu  infanticide  prémédil à? 

Uoe  Aile  primipare  raconta  que,  se  trouvant  à  l'époque  de  son  accouchement, 
elle  sentit  un  pressant  besoin  d'aller  à  la  selle,  et  qu'étant  assise  sur  la  chaise  per- 
cée, l'enfant  sortit  tout  à  coup  et  tomba,  après  quoi  elle  s'évanouit.  Le  rapport  de 
l'agent  de  police  qui  était  venu  constater  les  faits  disait  que  l'enfant  avait  été  jeté 
daus  la  caisse  après  sa  naissance,  attendu  qu'on  n'avait  pas  trouvé  de  placenta 
et  que  le  cordon  semblait  avoir  été  coupé. 

Nous  Hmes  l'autopsie  :  l'enfant  était  du  sexe  féminin  et  à  terme  (longueur 
51  centimètres,  poid^  3500  grammes),  les  diamètres  de  la  tète  et  des  épaules 
étaient  également  ceux  de  la  maturité  ;  dans  la  cavité  buccale  il  j  avail  des 
traces  lAe  fèces  :  le  diaphragme  était  situé  entre  la  cinquième  et  sixième  céte  ;  l'es- 
tomac était  complètement  rempli  de  fèces  liquides  ;  la  veine  cave  contenait  une 
certaine  quantité  de  sang  foncé,  pas  très  liquide  ;  le  thymus  était  très  grand  ;  les 
poumons  mis  avec  le  cœur  dans  l'eau  gagnaient  rapidement  le  fond  du  vase,  sans 
le  cœur  ils  descendaient  lentement  au  fond  ;  leur  couleur  était  exactement  celle  de  la 
rate  ;  le  lobe  moyen  du  poumon  droit  offrait  quelques  places  plus  claires  de  la 
grandeur  d'une  lentille,  les  bords  des  deux  poumons  avaient  également  une  couleur 
plus  claire  ;  cet  organe  était  parsemé  d'ecchymoses  pétéchiales  ;  les  lobes  des  pou- 
mons, séparés  les  uns  des  autres  et  mis  dans  l'eau,  étaient  submergés,  mais  le  lobe 
moyen  du  poumon  droit  descendait  très  lentement  au  fond  de  l'eau  ;  incisés,  les 
poumons  ne  crépitaient  pas,  excepté  à  quelques  endroits  ;  ces  mêmes  endroits 
laissaient  échapper  un  peu  d'écume  sangninoleute,  et  pressés  kous  l'eau,  laissaient 
monter  à  la  surface  du  liquide  quelques  bulles  d'air,  ils  étaient,  du  reste,  très  by- 
pérémiques,  la  muqueuse  de  la  trachée  était  injectée  ;  les  os  de  la  tète  étaient 
intacts,  tant  le  cerveau  était  hypérémique. 

Nous  déclarâmes  dans  notre  rapport  :  l'enfant  est  né  à  terme  et  viable,  il  a 
respiré  quelques  instants,  peut-être  n'a-t-il  fait  que  deux  ou  trois  inspirations.  La 
mort  est  venue  par  asphyxie  ;  nous  n'attribuons  pas  une  grande  importance  à  la 
situation  de  la  langue  entre  les  dents,  ni  à  la  présence  d'ecchymoses  pétéchiales, 
qui  peuvent  se  trouver  chex  les  enfants  mort-nés;  mais  les  raisons  qui  nous  font  penser 
qu'il  y  a  eu  asphyxie  sont  :  l'injection  de  la  trachée,  l'bypérémie  des  poumons  et 
du  eerveau.  Celte  asphyxie  a  été  produite  par  la  submersion  dans  les  matières 
fécales. 

On  nous  demanda  si  les  faits  présentés  par  l'autopsie  pouvaient  prouver  qu'il  y 
avait  eu  infanticide  criminel  avec  préméditation.  Nous  répondîmes  que  le  récit  de 
la  femme  était  scientiffquement  possible.  La  supposition  de  l'agent  de  police  que  la 
femme  a  jeté  son  enfant  dans  la  fosse  après  sa  naissance  est  inadmissible,  attendu 
que  les  épreuves  de  la  docimasie  ont  prouvé  qu'il  n'y  avait  eu  que  quelques  inspi- 


586  BIO  thanatologie:  D£S  nouveau-kjés. 

rations  d'air  de  la  part  de  Tenfant,  tandis  que  si  la  femme,  étant  «ccoucbée  n'iaparti 
où,  avait  pris  son  enfant  et  Tavait  porté  dana  les  lieux,  il  y  aurait  eu  des  pliét»* 
mènes  de  respiration  tout  différents.  L'agent  de  police  rapporte  que  le  cordon  lai  i 
semblé  avoir  été  coupé  ;  il  n'en  est  rien,  attendu  que  nous  avons  trouvé  les  bardi 
dentelés  et  inégaux  annonçant  une  déchirure.  Quant  à  l'absence  du  placenta,  il  est 
probable  que  celui  qui  a  vidé  la  chaise  percée  n'a  pas  reconnu  cet  organe  an  mi- 
lieu des  fèces,  attendu  qu'on  ne  l'a  retrouvé  nulle  part.  Nous  déclarâmes  donc  (pit 
les  faits  présentés  par  Tautopsie  excluaient  toute  idée  de  préméditation. 

Obs.  396.  —  Enfant  retiré  d*%me  fosse  d'aisances  ;  y  a-t-it  eu  crime? 

Le  9  mars,  un  bomme«  en  entrant  dans  les  lieux  d'aisances ,  entendit  aortir  ée 
la  fosse  des  cris  d*enlant  et  s'aperçut  que  le  siège  des  lieux  était  tacbé  de  sang  ;  k 
sang  formait  sur  le  sol  une  trace  que  Ton  pouvait  suivre  dans  la  cour  el  qui  aHail 
jnsqu'à  la  chambre  de  la  Aile  K....  Cet  homme  appela  des  voisins  i  son  aide,  et 
l'enflint  ftit  retiré.  Le  propriétaire  de  la  maison  déclara  Tavolr  retiré  Ivi-méoM 
viiHiiN,  la  fosse  avait  été  vidée  la  veille,  et  l'enfant  avait  reposé  sur  une  sub- 
stance molle  et  non  liquide.  La  fille  K...  raconta  qu'e'Je  sentit  les  donleers 
de  l'enfantement  beaucoup  plus  tdt  qu*e]le  ne  le  pensaK,  qu'au  milieu  de  ses 
leurs,  elle  avait  éprouvé  le  besoin  d'aller  à  la  selle,  et  qu'au  moment  de  la 
lion,  l'enfant  était  né  précipitamment,  la  cordon  s'était  cassé,  et  l'euftint  élaft 
tombé  dans  la  fosse. 

L'enfont  mourut  deux  jours  après  sans  que  nous  ayons  pu  savoir  à  queBe  affediea 
il  avait  succombé,  et  nous  fuîmes  chargé  d'en  foire  t'autopsie,  n  était  né  i  tems, 
la  tête  était  plus  petite  qu'on  ne  le  voit  ordinairement.  Il  n'y  avait  pas  de  Uessars 
à  l'extérieur.  La  mort  avait  eu  lieu  par  hypérémie  cérébrale. 

Nous  déclarâmes,  pour  répondre  à  une  question  du  juge  d'instruction,  qu'il  n'y 
avait  aucun  rapport  entre  la  cause  qui  a  produit  la  mort  et  les  circonstances  qui 
ont  accompagné  sa  naissance.  Car  si  la  chut3  de  l'enfant  avait  causé  sa  mort,  on 
aurait  constaté  d'abord  des  lésions  extérieures,  puis  une  Un  plus  prompte  ;  ce 
n'aurait  pas  été  seulement  deux  jours  après  la  cause  que  reffet  se  serait  produit.  Le 
récit  de  la  femme  nous  parait  croyable,  car  tout  ce  qu'elle  dit  est  scientîfiqœmeot 
possible,  vu  qu'elle  était  multipare  et  que  la  tête  de  l'enfant  était  extraordinaire- 
ment  petite. 

0b8.  397.  —  Enfant  relire  de  Veau, 

Le  cadavre  d'un  garçon  né  à  terme  et  viable  f\it  retiré  de  l'eau.  La  doeinasis 
prouva  qu'il  était  mori-né.  11  avait  subi  les  phénomènes  de  la  putréfaction  dans  Kesu 
comme  les  cadavres  des  adultes  ;  tandis  que  l'abdomen  et  les  parties  génitales 
avaient  encore  conservé  leur  couleur  normale,  la  tôle  était  d'un  gris  sale  et  la 
poitrine  était  verdâtre.  Le  cordon,  ce  qui  est  assez  curieux,  était  lié  au  moyen  d'un 
cordon  de  chanvre.  Qui  avait  pu  faire  cette  ligature  ?  Si  la  mère  est  accouchée 
•eule  en  cachelte  el  a  voulu  jeter  son  enfant  mort,  pourquoi  avoir  lié  le  cordon? 
Une  sage-femme  ou  une  garde-malade  n'aurait  pas  exécuté  cette  opération  d'ans 
manière  aussi  grossière.  Ces  questioM  sont  restées  sans  réponse,  fiar  la  raison  que 


MORT  DK  L*BlfPAllT.  «—  Y  A-T^IL  M  FAUT»  K  Là  MÈRE?        587 

la  mèi%  s'a  pas  M  réUranvée.  il  ati  piabaMa  qva  à'aafiial  avaU  M  jaU  paiir  ériUr 
lea  frais  d*a«i«rraa9aat. 

Om.  398.  —  Cadavre  d'unnowmm^é  trouvé  dam  Veau^  la  (été  ayamt  été  icéée. 

Au  mois  d'octobre  18**,  on  retira  de  l'eau  le  cadavre  d'un  enfhnt  mâle  I  ttrfAè. 
La  putréraction  était  telle,  qu'on  ne  put  examiner  que  l'extérieur.  On  put  recon- 
naître cependant  que  le  crâne  avait  été  scié  comme  on  le  fait  ordinairement  dans 
les  autopsies,  et  que  les  téguments  avaient  été  recousus  ;  le  crâne  était  vide  ;  évi- 
demment un  médecin  avait  fait  l'autopiia  da  Ml  enfant,  et  probablement  les  pa- 
rents l'avaient  jeté  pour  s'éviter  les  frais  de  l'enterrement. 

Obs.  399.  —  Ùadawed^tm  nouveau-né  retiré  d'un  poêle. 

Là  doefoMSia  démontra  fêê  cet  enliiit  avait  reipiré  (I).  La  ttort  avait  été  due 
à  «ne  apoplexie  produite  par  une  cause  ioteme  ;  on  avait  trouvé  Tanfiat  dans  im 
poêle  dans  lequel  on  ne  fiiisait  pas  de  feu  et  enveloppé  dans  un  liage,  nous  déclara* 
mes  qu'il  avait  été  déposé  là  étant  mort,  probablement  pour  raison  d'économie.  La 
■1ère  fbl  trouvée.  Cétait  nn«  bonne  masa  vayagaant  avec  ta  nMUréaie  ;  alla  avaiUi 
avair  donné  le  jour  è  cet  enteni  qui»  après  avair  véan  quelque  taÉi|M,  était  wtoti 
Ne  sachant  ce  qu'elle  devait  en  faire,  ignorant  les  usages  du  pays,'  elle  l'avait 
déposé  à  l'endroit  où  on  Ta  trouvé,  espérant  bientôt  quitter  Berlin. 

Om.  AOO.  —  Étramglêment  du  cordon.  -«-  Apoplea^.  — >  Àcoouckêmont  anm 

Vaide  de  la  mère. 

Nous  ftmes,  au  mois  da  janvier  18**,  l'autopsia  d'un  anbntmâla»  à  tarmc,  qni 
avait  le  cordon  enroulé  quatre  fois  autour  du  cou.  La  longueur  du  cordon  était  da 
80  cenllmètres  ;  Il  n'avait  pas  été  lié  et  présentait  des  bords  Inégaux  et  dentelés. 
La  nvéra  était  kiconnun .  La  aadavra  pesait  8800  grummaa  «t  était  long  éa  Bt  ca» 
timètres  *,  las  diamètres  de  la  téta  étaient  grands,  0,08,  0,11,  0,13»  le  diamètre 
des  épaules  0,13.  Il  n'y  avait  pas  de  blessure  k  la  téta  ni  de  sillon  au  cou;  on  voyait 
saulanient  à  la  nuque  une  strie  blanchâtre  longue  de  5  centimètres  et  larga  de 
T  iniUJMièIrèt,  ftiolla  et  nan  èeeiytMMéa.  Ba  «M  droit  4k  iou,  fta  trouvaiani  six 
taches  rassemblant  à  des  écorebures  at  ayant  la  groasenr  d'un  patit  pals  d'un 
rouge  clair,  molles,  qui  étaient  évidemment  des  égratignures.  A  Tangla  gauche  du 
maxillaire  inférieur  se  trouvait  une  tache  ayant  la  dimension  d^une  pièce  de  50  cen- 
tînies,  bleuâtre  at  eechymbsée.  $mr  h  joua  gauche  on  voyait  égalament  una  étor- 
ekon  rassemblant  aux  prèeédantaa  ;  la  vaasie  était  vida,  ta  ractnn  rea^ili,  l'anua 
couvert  détaches  de  méconium.  Le  poumon  droit  était  revètud'uue  couleur  uniforme 
brune  analogue  k  celle  du  foie,  il  était  rétracté,  et  gagnait  le  fond  de  l'eau  ;  le  pou- 
mon gauche  couvrait  presque  enllèremenl  le  péricarde,  il  était  rose  marbré  de  Meu, 
arépilait  et  laissait  échapper  da  l'écnaie  languénetanta  ;  ta  cerveau  était  bypéré* 
mique,  et  il  y  avait  k  sa  base  une  extravasation  de  sang  foncé  et  épais.  L'autopsie 

(1)  Lo  poumons  de  e«l  eiifant  sont  reprcwatés  dans  Paila»,  plandie  VI,  l|fk  16. 


588  BIO-THANATOLOGIB  DES  NOUVEAU-ITÉS. 

n'indiquait  pas  comme  cause  de  mort  autre  chose  que  rélraDgleroeni  d«  cerdoa;li 
développement  anormal  de  Fenfant  pouvait  faire  supposer  un  accouchement  tardil, 
et  on  pouviit  admettre  que  les  blessures  trouvées  au  cou  avaient  été  probablemeot 
produites  par  les  mains  de  la  mère  voulant  hâter  elle-même  sa  délivrance  en  tirant 
l'enfant  par  la  tète  (I). 


APPENDICE 

AO  PARAGRAPHE  DE  L'EMPBTSÉME  PULMOlfAIRE  DES  NOUVEAU-NÊS  (page  519). 

L'impression  de  cet  ouvrage  était  déjà  terminée,  lorsque  M.  Hec- 
ker  a  publié  dans  les  Archivée  d'anatomie  pathologique  de 
H.  Yirchow,  1859,  XYI,  p.  635,  son  remarquable  travail  sur  l'em- 
piiysème  pulmonaire  des  nouveau-nés,  dans  lequel  se  trouve  une 
observation  très  intéressante  qui  ne  doit  pas  être  passée  sous  silence. 

Le  cadavre  encore  frais  d'un  nouveau-né  fut  ouvert  (au  mois  de 
mars)  six  heures  après  la  naissance  ;  Tenfant  était  mort-né.  Déjà  une 
heure  avant  la  naissance,  on  avait  cessé  d'entendre  les  bruits  du  cœur. 
Quand  on  ouvrit  la  poitrine,  on  vit  les  poumons  très  gonflés,  surtout 
le  gauche  qui  couvrait  le  péricarde,  c  tout  à  fait  comme  lorsque  la 
1  respiration  a  été  effectuée  ;  les  poumons  n'étaient  pas  rouge  brun, 
»  comme  ceux  des  fœtus,  ils  étaient  couleur  claire,  d'un  rouge  gris  et 
»  spongieux.  Les  deux  poumons  nageaient  ainsi  que  leurs  plus  petites 

>  parcelles  ;  ils  étaient  remplis  de  sang  ;  des  incisions  pratiquées 
»  dans  leur  tissu  laissaient  échapper  beaucoup  de  sang  écumeux.  Il  y 

>  avait  surtout  aux  bords  un  véritable  emphysème,  comme  quand  on 

>  a  insufflé  de  Tair  dans  les  poumons  dans  un  cas  d'asphyxie  ;  on 

>  voyait  en  effet  de  grandes  bulles  d'air;  la  trachée-artère  était  vide, 

>  la  muqueuse  un  peu  injectée  ;  le  cœur  contenait  beaucoup  de  sang 
»  foncé  et  coagulé.  > 

Ce  cas  est  sans  contredit  très  important,  je  n'en  connais  pas  dans 
la  science  d'aussi  net.  Evidemment  cet  enfant  a  respiré,  il  a  fait  des 

(I)  Voyez  les  observations  158,231,  233  à  244,  279,  278,  300,309,  310, 
391,  322,324. 


APPENDICE    AU   §    DE   L*EMPHYSÈIfE    DKS    NOUVEAU -KÉS.        580 

inspirations  éQerg:iqu«s  clans  Tutérus,  si  énergiques  qu'un  certain 
nonibre  de  vésicules  pulmonaires  se  sont  déchirées  et  qu*il  en  est 
résulté  un  emphysème  traumatique  analogue  à  celui  qui  est  pro- 
duit par  une  insufflation  exagérée  On  comprend  la  possibilité  de 
cette  respiration  intra-utérine  quand  on  lit  In  suite  de  Tobservation  : 
c  L'enfant,  à  partir  du  moment  de  la  perte  des  eaux  jusqu'à  sa  mort, 
»  a  eu,  pendant  dix-sept  heures^  le  temps  de  respirer;  U  sage* 
>  femme  a  fréquemment  examiné  les  diamèlres  pelviens  de  la  mère, 
»  a  plusieurs  fois  même  introduit  la  moitié  de  sa  main  ;  ainsi  "ue 
»  libre  entrée  de  l'air  a  été  plusieurs  fois  offerte  au  contenu  de  la 
»  matrice.  »  Il  y  avait  donc  là  toutes  les  conditions  nécessaires  au 
vagissemen t  u térin . 

Faisons  observer  que  ce  cas  a  nécessité  l'intervention  des  secours 
de  l'art  ;  ce  n'était  pas  un  de  ces  accouchements  rapides  qui  ont  lieu 
en  secret  comme  tous  ceux  dont  les  fruits  sont  présentés  au  médecin 
légiste. 

Ce  cas  prouve  la  possibilité  d'une  respiration  précoce  dans  la  ma- 
trice dont  personne  ne  doute  plus  aujourd'hui,  mais  il  ne  change  rien 
à  ce  que  nous  avons  dit  de  Vemphysime  pathologique  que  l'on  a  al- 
légué comme  renversant  tout  le  crédit  de  la  docimasie  pulmonaire; 
il  modifie  seulement  de  la  manière  suivante  l'aphorisme  que  nous 
avons  énoncé  p.  522  : 

//  n'y  a  pas  encore  dans  la  science  d'exemple  authentique 
d'emphysème  congénital  se  développant  spontanément  dans  les 
poumons  d'un  fœtus  lorsque  les  accouchements  sont  terminés 
sans  l'intervention  des  secours  médicaux;  par  conséquent  on  ne 
doit  jamais  y  dans  la  pratique  médico-légale  ^  attribuer  à  cette 
affection  la  surnatation  des  poumons  des  nouveau^nés  qui  sont 
nés  clandestinement  sans  V assistance  d'une  personne  de  Vart. 


FIN  DD  SECOND  ET  DERNIEB  VOLUME. 


TABLE   DES  MATIÈRES 

DU  SECOND  VOLUME. 


PAHTIE  THAMATOI4ICII#IJE. 

ImcoccnoR 1 

Le  cadavre 1 

Première  Iliirisleu, 

MÉDECINE   LÉGALE   GÉNÉRALE. 


—  Bat  de  Vmutopne 3 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Viabilité 3 

§  i.  Définilion 3 

§  2.  MoDstruosilé 7 

Obs,  1.  AneDCéphalie , 8 

Obs,  2.  Hernie  coDgénitale  diaphragmatiqae 8 

CHAP.  II.  —  Moment  précis  de  la  mort.  PaioaiiÉ 9 

S  1.  Géoéralités 9 

§  2.  Signes  de  la  mort , 11 

1°  Hypostases  sanguines ià 

A.  Hypostases  sanguines  eiternes lA 

B.  Hypostases  sanguines  internes 16 

S*  Coagulation  du  sang  après  la  mort 18 

Obs.  3.  Rupture  du  ccrar.  Mort  subite.  Coagulation  du  sang. .  19 
Obs.  &.  Coup  de  pistolet  ayant  atteint  le  ventricule  gauche  du 

cœur.  Mort  subite.  Coagulation  du  sang 20 

Obs,  5.  Blessures  à  la  tète  reçues  après  la  mort.  Coagulation  du 

sang 20 

Obs,  6.  Coagulation  du  sang  quatre  Jours  après  la  mort 20 

Obs,  7.  Sang  coagulé  chez  un  enfant  mort-né 20 

Obs,  8.  Un  cas  semblable 21 

Obi.  9.  Un  cas  semblable 21 

3«  Rigidité  cadavérique 21 

d«  Putréfaction 24 

A .  Circonstance  interne  de  la  putréfaction 25 

i*  L'âge  25 


592  TABLE    DES    MATIÈRES. 

2*  Le  seie 25 

3**  La  constitutioD '25 

4"  Le  genre  de  mort *i6 

B.  CircoDstaocet  eitérieures  de  la  putréfactioD 27 

\°  L*air  atmosphc'rique 27 

2»  I/humtdiié 29 

3°  La  chaleur 29 

à^  DifTërence  des  pbéDomènesde  la  putréfaclion  provenant  de 

la  dilTérence  des  milieux • 30 

C.  (chronologie  des  phénomènes  de  U  putréfaction 31 

a.  Eitériearement 31 

Saponification 34 

Momification 36 

6.  Intérieuremeni 37 

065.  10,  il,  12  et  13.  Putréraction  précoce  des  poumons 43 

06s.  H.  Formation  de  gras  de  cadarre.  Utérus  reconnaissable.  àb 
Obs,  45.  Submersion  dans  une  fosse  d^aisances.  Conservation  de 

Tulérus.  Gras  de  cadavre 46 

065.  16.  Restes  du  cadavre  d*un  nouveau-né.  Utérus  conservé .  47 

GUAP.  IIL  —  Causes  de  Moar 48 

§  1.  Généralités 48 

§  2.  Mort  violente 49 

i^  Mort  par  cause  mécanique 49 

2°  Mort  par  neuroparalysie 50 

3"  Mort  par  inflammation 50 

4^  Mort  par  hypérémle 51 

5*  Mort  par  anémie 51 

6<^  Mort  par  dysémie 51 

BBOnOSV  XZ.  —  Époque  de   Pautopsîe 53 

§  1 .  Moments  opportuns  et  inopportuns 53 

§  2.  Autopsies  tardives 53 

A.  Putréfaction  avancée 53 

065.  17.  Déterminer  le  genre  de  mort  d'un  cadavre  tout  à  fait 

putréfié 54 

B.  Autopsie  faite  après  celle  d'un  autre  médecin 54 

065.  18.  Blessures  de  tète  trouvées  sur  un  cadavre  déjà  disséqué.  55 
065.  19.  Rupture  du  foie,  fractures  de  cdtes  trouvées  sur  un  ca- 
davre déjà  disséqué 55 

065.  20.  Blessure  par  arme  à  feu  de  l'artère  maxillaire.  Autop- 
sie faite  sur  un  cadavre  déjà  disséqué 55 

06.V.  21.  Blessures  de  tète  sur  un  cadavre  déjà  disséqué 56 

C.  Cadavres  eibumés,  fragments  de  cadavre 56 

065.  22.  Eiburoation  après  trois  semaines  pour  vérifier  si  un 

enfant  est  mort  du  croup • 58 


TABLE    1)VS   MATIÈRES.  593 

0ht,  23.  ExhuiiMlioo  après  viagUlroit  jours  poor  eomUler  on 

«mpoisonoement  par  Tarsenic 59 

Obs,  2à.  EibumatioD  après  vingt  Jours.  Osfractarés.  Pleurésie.  59 
06f.  25.  ExhiimatioD  après  cinq  mois  et  demi,  pour  détermi- 
ner s*il  y  a  eu  empoiioonemenl  par  l'arsenic 60 

06s.  26.  Eibumation  après  neuf  mois.  Fractures,  gras  de  cida- 

davre.  Momi6cation 63 

Obs.  27.  Exhumation  îles  restes  d*un  enfant  après  deux  ans, 

a6n  de  constater  s'il  y  a  eu  empoisonnement  par  l*arsenic. .  •  63 

Obs.  28.  Os  exhumés 6& 

Obs.  29.  Os  d'un  nouTeau-né  exhumé.  Adipocire 64 

Obs,  30.  Déterminer  l'âge  d*un  fruit  déjà  saponi6é 66 

Obs.  31.  Exhumation  d'un  cadavre  trois  fols  répétée  pour  des 

buts  diflérenU 67 

ÏÏÊOVlCm  m.  Froeédé   de   rMitopite 68 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Inspbctioii  sxTÉaiEuaB  dis  CADAvass 73 

S  1.  Inspection  générale 73 

1*  Le  sexe 73 

2«»  L'âge 74 

3**  La  longueur  du  corps 7â 

â®  La  constitution  en  général 7â 

5*  Les  signes  de  la  mort 75 

6<*  La  couleur  et  l'état  des  cheveux 75 

1°  La  coulent'  des  yeux 76 

8<>  Le  nombre  et  l'état  des  dents 76 

9*  La  situation  et  l'état  de  la  langue 76 

Obs,  32.  Suicide  par  empoisonnement  au  moyen  de  l'acide  sul- 

furiquo,  pris  pour  un  assassinat  par  suite  de  blessures  au  cou.  77 

10<»  L'étal  des  cavitéi  extérieures 77 

If  Le  cou 78 

12*  Les  mains 78 

13*  Les  parties  génitales 79 

14°  La  couleur  générale  du  cadavre 79 

§  2.  Anomalies  trouvées  sur  le  cadavre 80 

A.  Maladies 80 

B«  Cicatrices • . .  80 

Obs,  33.  Déterminer  Tancienneté  d'une  cicatrice 82 

G.  Tatouage 82 

D.  Blessures 87 

Obs.  34.  Fractures  de  cAtes.  Rupture  du  foie  et  de  la  rate  sans 

lésion  extérieure 88 

065.  35.  Fractures  de  cAtes  et  rupture  du  foie  par  écrasement 

sans  lésion  extérieure 88 

11.  38 


69A  TABLE   DES   MATIÈRES. 

06ff.  36.  Ropliire  du  foie  par  écrawineiit  uns  Irtce  de  lésion  k 

reilëriettr 89 

Obi.  37.  Un  eas  semblable 89 

Obi.  38.  RopUire  de  Tartère  polmoDaire  par  une  roae  de  ma- 

chioe  sans  lésioo  eitérfieure  importante 89 

ObSi  39.  Rupture  du  poumon  par  écrasement 89 

Obs.  àO.  Cbuledu  cœur  séparé  des  grands  Taisseaux  par  iin  choc 
extérieur  trèa  violent,  fracture  d'une  apophyse  épineuse,  rup- 
ture d'uB  poumon  et  du  foie  sans  lésion  eitérieure 90 

Obu  ai.  Violence,  fracture  de  cinq  côtes  sans  trace  de  lésion  ex- 
térieure   90 

Obs,  A2.  Ruplureducerreau  par  écrasement  sans  signe  extérieur.  91 

Obi.  A3.  Chute  d*une  grande  hauteur  :  fracture  du  crAne,  dé- 
chirure du  péricarde,  du  foie  et  de  la  rate  ;  enfoncement  de 

côtes  sans  lésion  extérieure M 

065.  àà.  Chute  d*une  grande  hauteur  :  fracture  du  sternum  et 
des  côtes,  fracture  d'une  vertèbre  cervicale,  rupture  de  la 

moelle  épinière  et  du  foie  sans  marque  extérieure 92 

Obs.  45.  Violent  choc  :  rupture  du  foie,  rien  d'anormal  k  l'ex- 
térieur   92 

Obs.  46.  Chute  de    Tinlérieur    d'une  voiture  :   fk'acture   du 

sternum  et  des  côtes,  rupture  du  foie,  pas  de  trace  extérieure.  92 

06s.  47.  Perforation  du  sternum  ;  blessure  de  la  crosse  de  l'aorte.  96 

06s.  48.  Coup  de  couteau  dans  les  poumons 97 

06s.  49.  Coup  de  stylet  dans  le  poumon 98 

06s.  50.  Coup  de  feu  dans  la  moelle  épinière 98 

Of>s,  51 .  Coup  de  feu  dans  les  poumons 98 

CHAP.  II.  —  Inspection  des  instruments ^^^ 

§  1.  Instruments  tranchants  et  perforants 101 

06s.  52.  Blessure  mortelle  par  uu  coup  de  sabre  sur  la  léte. . .  102 

§  2.  Instruments  contondants 105 

06s.  53.  Forme  rare  de  rupture  du  foie 107 

06s.  54.  Division  complète  du  Toie 107 

§  3.  Armps  à  feu 108 

§  4.  Instruments  straugulants 110 

§  5.  Des  taches  de  sang  sur  les  instruments 112 

06s.  55.  Déterminer  s'il  y  a  sang  d'homme  ou  sang  d'oiseau ...  114 

06s.  56.  Déterminer  s'il  y  a  sang  d'homme  ou  sang  de  vache. .  115 
06s.  57.  Déterminer  s'il  y  a  du  sang  d'homme,  de  tneuf  ou  de 

mouton 117 

§  6.  Examen  chimique  des  taches  de  saug  sur  les  instruments 117 

06s.  58.  Violences  moriclies  attribués  à  des  soufllets,  rupture 

du  foie 121 

06.^.  59.  Coups  dans  le  > entre  ^^^ardés  comme  cause  de  la  mort.  1 22 


TAftLK  DKS   «ATIÊR88.  595 

06f .  M.  Ooufi  de  fbMI  et  eiNi|M  de  pied  êyini  Mri-dliant  tmeoé 
Il  mort 124 

Obi.  61.  Goupt  morleli.  DéUrminerillf  ont  M  leolediefil  por- 
tés iTee  II  main 125 

Obt.  62.  Blcnores  de  tète  morlellct.  Mternitllëf  é  elfes  oot  été 
causées  par  an  béloo,  par  oo  eoia  de  taMe  oa  par  une  ehitté 
sur  la  parquet 127 

Obi.  63.  Blessares  mortelles  de  la  léte  et  de  la  tace.  Délonirider 
.     si  elles  ont  été  produites  par  un  sabre  d*iaraiiterle  •■  «a  aafere 
de  cavalerie 120 

Obi.  6à.  Blessure  mortelle  du  eer?eau.  Déterminer  si  elle  a  été 
produite  par  un  sabre  ou  par  une  badie 130 

Obi.  65.  Blessure  mortelle  de  la  poitriBe  par  un  coup  da  faoï.     131 

Obi,  66.  Hémorrbagie  mortelle  du  eenreau.  Détarminer  si  eHe 
a  été  causée  par  une  cbute,  par  des  coups  de  pieds  ou  par 
d*autres  Tiolences 131 

Obi.  67.  Blessure  mortelle  du  foie.  Déterminer  si  elle  a  été  pro- 
duite par  on  sabre  ou  une  baïonnette • 132 

Obi.  68.  Blessures  mortelles  de  Tabdomen  causées  prolMble- 
ment  par  un  coup  de  baïonnette 132 

Obi.  60.  Blessure  mortelle  de  Tartère  interosseuse.  Déterminer 
si  elle  a  été  piroduite  par  un  môréêsu  de  fer-blanc  ou  par  un 
couteau 1 33 

06s.  70.  Fracture  mortelle  du  crâne  par  un  marteau.  De  quelle 
manière  le  meurIK  a-MI  été  commis  ? 131 

Obi.  71.  Fracture  compliquée  de  Tos  temporal,  du  rocber  et  du 
maiillaire  inférieur.  Dans  quelle  position  s'est  trouvée  la 
victime? 140 

Obt.  72.  ÉcrasementderospariétaidroKetdaspMneiMafl. Quelle 
a  été  la  position  de  la  victime  et  conHiéfÉt  tHUâtit  éUlt-il  placé?     1  hà 

Obi.  73.  Homidde  par  blesiOfei  de  télé.  6an  qoeHé  pétition 
se  trouvait  la  victime  ? 146 

Obi.  74.  tcrasemeot  du  crâne  par  iwe  bacba.  Déterfllioff  m  a 
été  produit  avec  le  tranchant  ou  avec  le  dos  de  rinsCranealr     146 

Obi,  75.  Blessure  pénéirante  du  ccrar.  Le  décédé  a^MI  itçu  in 
coup  de  poignard  de  la  main  d*nu  étnwisr,  ou  Me»  tf>st»il 
jfÊlé  lui-même  sur  le  poignard  que  rétnMfar  laaaii  i  Ut  main?    147 

06s.  76.  Blessure  mortelle  de  la  cuisse  par  iasiruaeat  piquant. 
DéteroMoer  si  elle  a  éié  faite  avec  ialiBtieff,  oa  si  c'est  la 
blessée  elleniiéme  qui  s*eal  Jetée  sur  le  maumm.  •  w  ^ 148 

bHAP.  Iff.  -  hispieTfoii  Mi  ytrmHif. 150 

S  1.  Généralités 150 

S  2.  fkecherche  des  taclies  de  iang  sur  les  vltettienti 151 

Obf.  77.  Déterminer  8*tl  y  a  deëUches  de  sittgsbrrfddrtfp  brun.     156 


596  TABLE    DES  MATIÈRES. 

Obs.  78.  Déterminer  si  les  lâches  trouvées  sur  une  blouse  font 

du  sang  ou  du  goudron 157 

3.  Recherche  des  tichei  de  fèces 158 

d.  Recherche  des  taches  de  sperme 158 

5.  Taches  d*acide  sulfurique 160 

CHAP.  IV.  —  Irspectioii  intébieurb  (dmsectioii) 162 

S  1.  Procédé  de  la  dissection 162 

1»  Tète 162 

2»  Cou  et  thorax 163 

3*  Cavité  abdominale 164 

CHAP.  V.  —  Procès-tbrbal  de  l*autopsir 165 

§  1.  Forme  et  contenu  do  procès-verbal 165 

§  2.  Conclusion  du  procès-verbal 166 

§  3    Modèle  de  procès-\'erbal  (06s.  79) 169 

CHAP.  VI.  -^  Rapport  des  experts i72 

§  1 .  Forme  et  contenu 172 

§  2.  Conclusion  du  rapport 173 

§  3.  Modèle  de  rapport. 175 

§  4.  Révision  des  rapports  (instances  médicales  supérieures) 176 

Deuxième  divinieu. 

MÉDECINE    LÉGALE     SPÉCIALE. 

I.—MORT  VIOLENTE. 

SBOTXOV  FBEMXKRS.     Mort  par  cause  mécanique i  78 

Généralités 178 

1*  Définition  du  mot  blessure 1 78 

2*  Léthalité  des  blessures 179 

30  Différences  des  blessures  selon  les  organes 180 

&"  Individualité  du  blessé  et  circonstances  accidentelles 18! 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Blessures   produisant  la  mort   par  cause 

■ÉCANIQUB 1 83 

§  1.  Généralités 183 

§  2.  Expériences  faites  sur  le  cadavre 183 

Obs.  80.  Ecrasement  du  crâne.  Déterminer  s'il  a  eu  lieu  après 

la  mort 185 

Obs,  81.  Fractures  de  côtes.  Déterminer  si  elles  ont  été  pro- 
duites avant  on  après  la  mort 186 

j^  3.  Effets  des  blessures  produisant  la  mort  par  cause  mécanique. . .  187 

Ob$.  82.  Mort  par  écrasement  de  chemin  de  fer 1H7 

Obs,  83.  Ecrasement  d*un  nouveau-né  par  un  train  de  chemin 

de  fer 187 


TABLI::    DES    MATIÊKKS.  097 

Obs.  84.  Frtctare  (ft  Tapopbyse  mastoTde  par  écrisem^t  d*uDc 

voiture 188 

Obs.  85.  Fracture  de  la  partie  écailleusedu  temporal  par  écrase- 

meut  de  voiture 18 

06s.  86.  Fissure  du  temporal  par  écrasement  de  voiture 188 

Obs,  87.  Hémorrbagre  cérébrale  par  écrasement  de  voiture 188 

Obs.  88.  Hémorrbagie  cérébrale  par  le  cboc  d'une  voiture. ...  18 
Obs,  89.  Perforation  dos  intestins.  Déterminer  si  elle  a  été  pro- 
duite par  un  cboc  de  voiture 188 

06s.  90.  Rupture  du  périnée  par  écrasement 189 

06s.  91.  Rupiure  de  la  rate  par  cboc  de  voiture 189 

06s.  92.  Fracture  de  vertèbres  cervicales  et  rupture  de  la  tra- 

cbée  artère  et  de  Tœsopbage  par  écrasement  de  voiture. ....  189 
06s.  93.  Fractures  des  côtes,  rupture  du  poumon  et  du  foie  par 

écrasement  de  voiture 190 

06s.  9â.  Fracture  du  pubis  par  écrasement  de  voiture 190 

06s.  95.  Fracture  de  côtes  et  de  vertèbres  dorsales,  contusion 

du  cœur  par  la  cbute  d*un  corps  lourd 190 

06s.  96.  Fractures   multiples  d*os,  décbirure  du  foie  par  la 

cbute  d*un  met 191 

06s.  97.  Rupture  du  foie,  de  la  rate,  de  Tépiploon  et  de  Tes- 

tomac 191 

06s.  98.  Ecrasement  du  crâne,  par  une  violence  eitérieure. . .  191 
06s.  99.  Fracture  des  deux  condylesdu  fémur  par  écroulement 

d'un  mur 192  . 

06s.  100  et  101.  Ecrasement  du  crâne  par  des  cbocs  d'ailea  de 

moulin 192 

06s.  102.  Blessures  de  tète  mortelles  par  une  cbute  dans  un 

escalier 193 

06s.  103.  Rupture  de  la  rate  par  une  cbute  dans  un  escalier. .  193 

06s.  10&.  Blessures  de  tète  mortelles  provenant  d*une  cbute. . .  193 

06s.  105.  Blessures  de  tète  partielles  produites  par  une  cbute. .  194 
06s.  106.  Fracture  du  crâne  et  des  vertèbres,  rupture  de  la 

moelle  épinière  par  une  cbute 19â 

06s.  107.  Assassinat;  plaies  de  tète 194 

06s.  108.  Ecrasement  du  crâne  par  un  coup  de  hache 195 

$  4.  Déterminer  s*il  y  a  faute  d*un  tiers 195 

CHAP.  11.  —  Blbsscbeb  uoaiRLLU  modoitcs  par  Ama  a  fiu 197 

§  1 .  Plaies  produites  par  armes  à  feu 197 

§  2.  Eipériences  faites  sur  le  cadavre 202 

06s.  109.  Plaie  par  arme  à  feu  dans  le  poumon  et  la  moelle 

épinière 202 

06s.  110.  Plaie  du  foie  par  arme  à  feu 204 

06s.  111.  Coup  de  feu  dans  Tépiploon  et  Tinteftin  grêle 204 


■8»  TABLE   DE«   «iTlËM'*. 

Ob*.  112.   PUtedeUUmortelldwrwi^idM Ml 

Ob*, 'ii3.  Coup  de  fuiil  luortel  duu  !■  tête VA 

Obi.  ^i^.  CoDpde  teo  iDurlel  diDs  la  tttc IH 

Oto.  115.    Plaie  de  tète  inorlelli-  par  aat  bflle  pointw ItS 

Obt.   IIS.    PUw  de  Mie  morlellï  par  DOS  balle  poialœ IM 

Obi'   117.  Plfie  d«  lile  morlelle  par  Mie  baUe  pûatM M( 

Ote.   118.  PJaiciitrainci  fpu  delà  Ycincpoplitée Hi 

(Ml.  IIV.  Çoop  de  feu  dapi  le  eonr  et  diH  le  poanwo Mi 

„  Obt.  120    Plaie  par  arme  i  req  de  la  veiae  cave     1*7 

OU.  131.  Plaie  parunei  readam  UcnMvede  l'aortsetle 

!..  ,  poumon 307 

Ob^.  \%i.  Coapparariqeàreu  daoalediaidingineetlepoanoa.  »7 

0^.  133.  pl^par  balIcfioiiimedapomiifaeiikUTeipecaTe.  107 
Obt.  134.  Coup  p«t  arme  t  tea  dani  la  TtÎM  cave  et  la  poa- 

06t.  I2i.  PlaîM  ifar  |[|De*  i  (e«  dtu  l«  immQa  et  l'art^ra  H> 

luralf 308 

Obt.  126.  lion  patp|«ie4'«nne«reuduiflediv^r>ni«-  ■  >" 

S  3.  pëtenniqer  l'il  i  f  ùple  4'dd  tifn 109 

Obi.  127.  Homicide  par  arme  à  tva.  Bletaurc  «le  la  TCinc  ]■>>*>' 

lain  tboraciqoe  et  du  foamaç, 313 

Obt.  128.  Suicide  par  ud  coup  de  ten  daof  le  ponnian  HDcbe.  2tl 
Obi.  12a.  ^icide  dgateni.  C«i|p  par  ttnt,  i  ftn  4^»  If  dia- 

ptirigmc  et  Moa  I^  nie <  v  • ,■>■)..■  ■  213 

Obi.   130.  Suicide  doateui.  Coapde  reumond  4^Uf(ie...  3lt 

Ctk-  131.  SnicidedoiiUui.  Cogppat«tinet(w>.-> 3<) 

Obi.  132.  Balte  poiDtae  dan  le  caur«i  le  cerrean 21S 

Obi.  133.  Balle  POiptuç  aiaol  traverMS  ta  r«te  et  1«  c<eur 315 

Obi.  ISA.  Suicide  par  coup  de  feu  dao*  la  Kte,  fvu  balle...  316 
Çl/i.   13&<  Suicide  doqtfut.  Cfmp  de  (eu  dtpi  le  t«rar  et  le 

poutnoo , lis 

(^-  136.  Suicide  floDleut.  Coup  de  feu  4^14  «W 317 

Çbi-  137.  Coup  de  Tea  uni  balle  daoi  le  wnvei  IdpoaoMn».  3i7 
Olii.  138.  SuiciJc  douteni.  ftiwmce  de*  poammf,   dç  l'aaao- 

pbage  et  de  la  carotide 218 

CHAP.  111.  - 


S  1-  DiaiMilic 

S  2.  Eiptrieuce»  nrlecadafra 

g  3.  DilemiiiKr  i'il  r  arawted'onliert.  Comhutioqipoalaiife.. 

Obi.  139.   Eipérience  de  combuiiion  iur  un  cadavre 

Obi.  liO.  ConibuBliQQ  d'ui 

Obi.  lAl.  Ciaif  pertonnei  c 

Ob*.  112.  I>éienniDeriileiiiBnnntM.taU|^rbr«lareaapar 
étraii|len^it 


TABLE   DES   MATIÈHES.  600 

Obi,  143.  Rrùlarei  mortdiei  dans  un  bain 23d 

Obs.  144.  Un  bomme  brûlé 234 

Obs,  145  et  146.  CombottioD  de  deoi  eofaDU ,  235 

Obs.  147.  Brûlure  mortelle  produite  par  un  métal  cband 235 

Obs.  148.  Brûlure  produite  par  du  café  bouillant 235 

Obs,  149.  Brûlure  niortelle 236 

Obs.  150.  Brûlure  causée  par  des  flammes 236 

Obs,  151.  Brûlure  causée  par  des  flammes 236 

SBCTXOV  XZ.   Kort  par  omim  dynamîqiM * 237 

CHAPITRE  PREMIER.  —  HiaoBBBAGiB  notTiLLi 237 

§  1 .  Etiologie  et  diagnostic 237 

A.  Mort  par  bémorrhagie 240 

Obs,  152.  Blessure  de  Tartère  iliaque  externe. 240 

065.  153.   Blessure  des  poumons  et  du  péricarde 240 

Obs.  154.  Blessure  du  coeur  et  du  diapbragme 241 

Obs.  i55.  Blessure  par  instrument  piquant,  du  diaphragme,  du 

foie  et  de  Testomac 241 

Obs.  156.  Blessure  de  la  veine  sapbène  interne 241 

Obs.  157.  Hémorrbagie  pendant  Taccoucbement 241 

Obs.  158.  Infanticide  par  coups  de  couteau  dans  le  con 242 

B.  Mort  par  appauvrissement  de  Torganiame 243 

Obs.   159.  Plaie  dans  Tarticulation  du  coude:  amputation.  Mort.  243 
06s.  160.  Plaie  par  instrument  piquant  dans  la  tète,  suppura- 
tion du  cerveau 243 

06s.  161 .  Blessure  à  la  tète.  Suppuration  du  œrvoau 244 

06s.  162.  Plaie  des  poumons  par  inatruAMûi  PHPunt.  Sappu- 

ration t 244 

§  2.  Déterminer  s'il  y  a  faute  d*un  tiers 244 

06s.  163.  Suicide  douteui.  Blessure  de  la  carotide  et  de  la  veine 

jugulaire 246 

06s  164.  Suicide  douteux.  Blessure  des  Jugulaires 247 

06s.  165.  Suicide  douteux.'  Blessure  de  la  carotida  al  da  la  Ju- 
gulaire    248 

06s.  1 66.  Marque  strangulatoire  et  eenpura  da  aon.  Blessure  des 

carotides,  des  Jugulaires  et  de  la  trachée 248 

06s.  167.  (>)upure  du  cou.    Asphyxie ••.««...»....  249 

06s.  168  à  171.  Meurtres  et  suicide  par  des  Mesaure  des 
carotides,  des  Jugulaires,  de  la  trachée-artère  et  par  des  bles- 
sures de  tète.  Priorité  de  la  mort 249 

06s.  172  et  173.  Meurtre  par  ooupaie  du  eoa.  Bleasvre  de  la 

trachée-artère  et  de  la  carotide 252 

06s.   174  et  175.  Meurtre  par  coupure  du  con.  Bletaufede  la 

carotide»  de  la  Jugulaire  et  de  la  Iraehée-artère 253 


600  TABLE   DES   MATIÈRES. 

Obs,  i76  et  177.  Suicide  par  coopare  da  cou  ;  coupure  de  la 

trachée  et  de  PcMophage 254 

CHAP.   II.  —  iNAMinOR    PAR  MARQUK   DE  NOUtRITOaS 255 

s  1.  Géaéralttéa 255 

S  2.  Diagnostic 259 

Ob$.  178.  Véritable  mort  par  manque  de  nourriture 260 

Obs.  179.  Mort  de  faim  douteuse 260 

Obt.  180.  Mort  de  faim  douteuse  d*un  enfant  Eibumatlon  du 

cadaTre  après  douze  Jours 261 

06s.  181.  Mort  de  faim  douteuse 261 

06s.  182.  Mort  de  faim  lente 262 

CHAP.  m.  —  EiiPOisoiiRniBifTS 263 

S  1.  Définition 26& 

S  2.  Division  des  poisons 266 

i^  Poisons  corrosifs  irritants,  enflammants 268 

2^  Poisons  bypérémisants 268 

3*  Poisons  neoroparalysants 269 

^^  Poisons  tabiflques 269 

5^  Poisons  septiques  ou  putréfiants 269 

S  3.  Diagnostic  de  Tempoisonnement 269 

i^  Symptômes  de  la  maladie 270 

i^  Poisons  corrosifs 271 

2*  Poisons  bypérémisants 271 

3°  Poisons  neuroparalysaots 272 

fto  Poisons  tabifiques 272 

b^  Poisons  septiques 272 

2*  Résultats  de  Tautopsie 272 

Z^  Analyse  cbimique 275 

d*  Poisons  spéciaui 277 

V  Acide  arsénieux 277 

2<*  Acide  sulfurique 279 

3<»  Pbospbore 281 

4°  Colchique  et  colchicine 282 

5<*  Champignons  Téoéneui 28d 

6<^  Acide  oxalique  et  sels  oxaliques 28A 

7«  Sublimé  corrosif 28d 

8<^  Acide  cyanhydriqoe 285 

9»  Opium 285 

10°  Alcool 287 

5*^  Les  circonstances  particulières 287 

S  i.  Conclusion 291 

S  5.  Déti*rmtner  s'il  y  a  faute  d*un  tiers 292 

06s.  183  et  186.  Deux  empoisonnements  par  Tarsenic 293 

Obs,  185.  Empoisonnement  par  Tarscnic 294 


TABLE    DES    MATIÈRES.  M)l 

065.  186.  Empoisonnement  par  Tarienic  contenu  dam  des  cou- 
leurs  * 294 

Obs.  187.  Empoisonnement  douteux  par  Parsenic.  L'arsenic  peut- 
il  se  retrouver  dans  les  cheveux? 205 

065.  188.  Empoisonnement  par  Tacide  sulfurique.  Mort  après 

une  heure > : 296 

065.  189.  Empoisonnement  par  l'acide  sulfurique.  Mort  après 

deux  heures 296 

065.  190.  Empoisonnement  par  Tacide  sulfurique.  Mort  au  bout 

de   trois  Jours 297 

065.  191.  Empoisonnement  par  Tacide  sulfurique.  Mort  au  bout 

de  huit  Jours 298 

065.  192.  Empoisonnement  par  Tacide  sulfurique 298 

065.  193.  Empoisonnement  par  l'acide  sulfurique  et  non  stran- 
gulation   298 

065.  19 A.  Suicide  douteux  par  Tacide  sulfurique 299 

065.  195.  Meurtre  subi  volontairement  par  Tacide  solfùrique.  •  299 
065.  196  et  197.  Suicide  de  deux  femmes  enceintes  par  Tacide 

sulfurique 300 

065.  198.  Empoisonnement  par  Tacide  aulftarique  étendu  d*eaa.  301 
065.  199.  Empoisonnement  par  Tacide  sulfurique  étendu  d*ean 

noirci  sous  forme  d*encre 302 

065.  200.  Empoisonnement  par  Teau  de  laurier-ceriae. 302 

065.  201 .  Empoisonnement  par  Tacide  prussiqne 303 

065.  202.  Empoisonnement  par  Tacide  prussiqne.  •  ^ 303 

065.  203.  Empoisonnement  par  Tacide  praaaiqne  et  les  huiles 

éthériques.  Cadavre  parfumé 30A 

065.  20A.  Empoisonnement  par  Tacide  prussiqne. . . .  • 307 

065.  205.  Empoisonnement  par  le  phosphore 308 

065.  206.  Empoisonnement  par  le  phosphore .^. .  309 

065.  207.  Empoisonnement  par  des  champignons  vénénani. ...  310 
065.  208,  209«  210.  Trois  empoisonnements  par  l'arsenic  et  la 

vomicine 310 

065.  211,  212,  213,  21A.  Quatre  empoisonnemenU  par  la  col- 

chicine 313 

065.  215.  Empoisonnement  par  la  soude  hydratée 31d 

06s.  216.  Empoisonnement  par  Talcool 316 

065.  217.  Empoisonnement  par  Talcool 316 

065.  218.  Empoisonnement  par  Talcool 316 

065.  219.  Empoisonnement  par  l'alcool 317 

065.  220.  Empoisonnement  par  Palcool 317 

065.  221 .  Déterminer  s'il  y  a  empoisonnement  par  une  substance 

narcotique 317 

065.  222.  Empoisonnement  dooteux  par  du  boudin 318 


402  TABLE    DES    MATI&BES. 

Obs,  223.  Empoifonnemeal  douteoi 319 

Obs.  22^.  Empoisonnement  douteux  par  la  belladone 319 

Obs.  225.  EmpoL«:onnemenl  douteui  par  la  dgue  afiiatiquc. . .  319 

CHAP.  IV.  —  AiPHf xiK 320 

S  1    Généraliiéf 320 

S  2.  Diagnostic 321 

S  8*  Déterminer  s^H  f  a  Drale  d*iiii  liera 330 

Obt,  226,  227,  228.  Asphyxie  par  auite  d*uQ  eMefeltftement 

•ona  un  édiiw  écrovlé 331 

Obs,  229.  Atpbyxiedant  du  sable 332 

Obi.  230.  Asphyxie  par  s«ite  de  récroulemeot d'uo plafond. . .  332 
Obs.  231.  Asphyxie  d'un  enfant  dans  de  la  tourbe.  Y  a-t-il  eu 

accident  ou  crime  ? 332 

0^.  232.  Safltoeation  d*un  enfani  par  on  neiiet  à  iocer.  Est-ce 

par  snite  d*un  accident,  d'un  crime  ou d*une  négligence?. .  •  334 
Obs.  233  à  2AA.  Dou» cm  d*asphyxie  d'enliBla  daM  le  lit  de  la 

■eorrice. 335 

06s.  245.  Asphyxie  produite  par  la  rapeur  de  charbeft 338 

06s.  246.  Asphyxie  par  la  Tapeur  de  charbon 339 

Obs.  247.  Brrear  dana  Tadinissioa  d'une  asphfxto-pav  la  Tapenr 

de  charbon 339 

06s.  248  et  249.  Asphyxie  par  la  Tapeur  de  charbon 340 

06s.  250  à  25S.  Quatre  aaphyiies  par  la  Tapeur  de  charbon.. .  340 
06s.  254  et  255.  Asphyxie  de  dent  épo«x  par  la  Tapeur  de 

charbon • 341 

06i.  256.  Asphyxie  par  la  Tapeur  de  oharbon. .  •  « 342 

06s.  257  et  258.  Asphyxies  par  la  fumée. 342 

06f.  259  et  260.  Asphyxies  par  la  famée 342 

06s.  261.  Asphyxie  dans  Tacide  carbonique  et  l'acide  sulfhy- 

^      drique 343 

06s.  262.  Asphyxie  per  l'hydrogène  ewboné  et  l'oxyde  de  car< 

bone  (gas  d*éclairage) 345 

06s.  263.  Asphyxie  par  cause  interne 345 

CHAP.  V.  —  Pbndaison,  strangolation 346 

SI.  Généralités 346 

§  2.  Diagnostic 347 

i^  Phénomènes  généraux  extérieurs 347 

2°  Phénomènes  locaux  sur  le  cou.  Sillon  strangulatoire 351 

Expériences  sur  le  cadavre 354 

3*  Muscles  du  cou ,  os  hyoïde,  larynx,  yertèbres  cervicales,  carotides .  359 

4°  Symptômes  internes 367 

065.  264.  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  cérébrale 369 

065.  26^  Suicide  p«r  peoilaison.  Hypérémie  cérébral 369 


TABLE  OKS  MATIÈRES.  (MtS 

Obi,  266.  Suicide  par  peodaiioQ.  Hypérémie  d«  cœur  et  de»  pov- 

rooDt 369 

06f.  267.  Suicide  par  peodaisoo.  Hypérémie  pulmouaire 369 

Obs,  268.  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  pulmonaire 370 

065.  269.  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  palnKUiaire 370 

Obt.  270.  Suicide  par  peodaisoo.  Hypérémie  pulmonaire 370 

06s.  271.  Suicide  par  pendaison.  Hypérémie  pulmonaire 371 

06s.  272.  Suicide  par  pendaison.  Ifort  par  oeoroparalysie 371 

06f .  273.  Suicide  par  pendaison.  Nearoparalysie 371 

06s.  274.  Suicide  par  pendaîsop.  Nfuroparalysie 372 

06s.  275.  Suicide  par  pendaison.  Neuroparalysie 372 

06s.  276.  Suicide  par  pendaison.  Sillon  iuTisible 372 

i  3.  Déterminer  s*il  y  a  faute  d'an  tiers '. 373 

06s.  277.  La  strangulation  efl-elle  le  réfulut  d*qD  sqicide  9« 

d*iin  meurtre • 377 

06s.  278.  Inraqticide  pac.straQgulation • 379 

06s.  279.  Infanticide  douteui  par  strangulftiçifi 380 

Obs.  280.  Viol  suivi  d*atMM>o«t  9IW  strangulation 381 

06s.  281.  Mort  par  strangulation.   Poaitioq  |MHixont4\le  du  ca- 
davre   382 

06s.  282.  Mort  par  étcanglemeo(.  PeqdaiiOQ  du  cadavre 38S 

06s.  283.  Pétecininer  fi  un  fSsaislQtt  a  en  lieu  par  peodaison  ou 

par  étranglçmrpt ••••.:* •  •  •  •  ^^^ 

06s.  284.  Suicide  douteux.  Position  horixontale  du  cadavre...  388 

06s.  285    SQicide  par  atraiyulation.  Pofitioo  lioïizontale 390 

06s.  286.  Suicide  par  strangulation  dans  une  poaitioo   hori- 
zontale   • 391 

065.  287.  Assassinat  par  éLr^oglei||ÇQt.  • .  •  • 391 

06s.  2H8.  Suicide  douteux  par  blessure  du  péricarde.  Pendaison.  392 
06s.  289.  Suicide  douteu^  |Mir  pendaison.  Cadavre  Uoavé  sur 

ses  deux  pieds 393 

06s.  290.  Soicide  p^r  pendaison.  Position  dn  cadavre  inr  les 

deoz  piedf • 394 

06s.  291.  Sukide  doutenx  par  pendaUou.  Position  sur  les  deux 

pieds. • 394 

CHAP.  VI.  -*  SomMKM. 395 

i  i.  Oéoérallléi 395 

S  2.  Diagnostic,  iymptdmaa  tMenaa 397 

i^  Fratcheur  do  cadavse ..^ 398 

2«  Pâleur  du  cadavre 399 

3*  Êtatde  la  figure 399 

4*  Proéminence  et  eut  de  la  langue 399 

5*  Cliair  de  poole 399 

6*  Eut  dcs«ainsHdaipittli «••.^^.•^. 400 


6Ui  TABLi:    DES   MATIÈRES 

7*  Du  i«ble,  de  la  vase  dans  les  ongles • 400 

8<^  Raccourcissement  du  pénis 401 

{  3.  Symptômet  Internes âOi 

1*  Hypérémie  cérébrale 401 

2*  Situation  de  Fépiglotte 401 

3*^  Injection  de  la  muqueuse  trachéale.  Ecume  dans  la  trachée .  • .  402 

4°  Position  du  diaphragme 403 

5*^  Augmentuion  de  volume  des  poumons 403 

6°  Hypérémie  du  cœur  droit 404 

7**  Plénitude  de  Tarière  pulmonaire 404 

8°  Hypérémie  des  poumons 404 

9'*  Fluidité  du  sang 404 

10*  Présence  du  liquide  dans  l'estomac 405 

11^  Hypérémie  des  organes  abdominaui 408 

12*  Plénitude  de  la  vessie • 408 

Obs.  292.  Submersion.  Mort  par  neuroparalysie.  Présence  d*eau 

dans  Testomac 408 

Obs.  293  à  296.  Homicide  de  quatre  enfants  par  submersion. 

Neuroparalysie 409 

06s.  297.  Suicide  par  submersion.  Neuroparalysie 410 

Obs,  298.  Suicide  par  submersion.  Mort  par  neuroparalysie. . .  410 

Obs,  299.  Submersion  par  accident.  Mort  par  neuruparalysie. . .  411 
06s.  300.  Meurtre  d*un  enfant  par  submersion.  Hypérémie  du 

cerveau •  411 

Obs   301.  Mort  par  submersion  dans  du  thé  de  camomille  tiède. 

Apoplexie 412 

06s.  302.  Mort  par  submersion.  Asphyxie. 412 

06s.  303.  Suicide  par  submersion.  Mort  par  asphyxie 412 

06s.  304.  Suicide  par  submersion.  Mort  par  asphyxie 413 

06$.  305.  Suicide  par  submersion.  Asphyxie 413 

06s.  306.  Mort  par  submersion.  Asphyxie 413 

06s.  307.  Mort  par  submersion.  Asphyxie 413 

Obf.  308.  Submersion  par  accident.  Hypérémie  du  cœur 414 

06s.  309.  La  mort  de  l'enfant  nouveau-né  X...  est-elle  due  à 

la  submersion  ? 414 

06s.  310.  Infanticide,  blessures  à  la  tète,  mort  par  submersion,  ài^ 
Obs.  311.  Diagnostic  certain  d*un  cas  de  mort  par  submersion 

malgré  Tétat  de  putréfaction  avancée 415 

§  4.  Déterminer  s'il  y  a  faute  d'un  tiers 416 

06s.  312.  Suicide  douteux.  Submersion 422 

06s.  313.  .Suicide  douteux.  Mort  par  submersion  avec  blessures 

à  la  tète 423 

06s.  314.  Submersion.  Est-ce  le  résultat  d*un  meurtre  ou  d*un 

accident? 42S 


TADLR    DES   MaTIÈDCS.  605 

(its.  315.  Submeriio:!.  lUt-cp  lo  résulut  (fuii  acriUent  ou  d*on 

crime  ? â24 

Obs.  316.  Sabmersiou.  Est-ce  le  résultat  d'unaccideot  ou  d'uo 

crime? 425 

06s.  317.  Submersion,  les  Jambes  do  cadavre  liées.  Y  a-t-il  eu 

crime  ? 425 

Obs.  318    Submersion.  Rupture  du  cerveau.  Y  a-t-il  eu  strao* 

gulalion  on  écrasement 426 

06s.  319.  Submersion.  Strangulation  ou  mort  accideotelle. .  • .  426 
06s.  320.  Squelette  d'un  noyé  trouvé  après  deux  ans  de  séjour 

dans  Feau 427 

CHAP.  VU.  —  CONGÉLATIO.1 428 

§  1.  Généralités 428 

j^  2.  Diagnostic 429 

S  3.  Déterminer  s'il  y  a  faute  d*un  tiers 430 

06s.  321 .  Mort  d*un  nouveau-né  par  congélation 431 

06s.  322.  Congélation  douteuse  d*un  nouveau  «né 431 

06s.  323.  Mort  par  congélation  douteuse 432 

06s.  324.  Mort  d*un  nuuveau-né  par  congélation 432 

CHAP.  VIII.  —  Ifoar  causbb  pab  lk  CHLoacroBUB 4SS 

S  1.  Généralités 433 

S  2.  Eipériences  sur  les  animaui 434 

§  3.  niagnoslic 436 

1^  4.  Empoisonnement  chronique  par  le  chloroforme 441 

§  5.  Conditions  favorisant  la  mort  par  le  chloroforme 444 

06s.  325.  Suicide  par  le  chloroforme 446 

APPENDICE 447 

Respomsabilit^  HioiCALB 447 

Homicide  causé  par  un  traitement  médical  non  approprié 447 

$  1.  Généralités 448 

§  2.  Responsabilité  médicale 449 

§  3.  Le  médecin  est-il  responsable  des  conséquences  de  la  thérapeu- 
tique qu'il  adopte  ? 454 

06s.  326.  Empoisonnement  attribué  à  uneimpéritle  médicale.  459 
06s.  327.  Accusation  portée  contre  une  sage-femme  pour  avoir 
commis  Thomicide  d*un  enfant  nouveau-né  pendant  Taccoo- 

chement 460 

06s.  328.  Mort  par  chloroformisation,  anesthésie  provoquée  pour 

Textraclion  d'un  dent 461 

06s.  329.  Rupture  mortelle  de  la  matrice  pendant  Taocouche- 

meot.  Y  a-t-il  de  la  faute  de  la  garde  malade? 462 

06s.  330.  Adhérence  du  placeota,  accusation  portée  contre  une 

garde-malade 46S 


006  TAM.fi  DES  MATIÉBES. 


Ob$.  331.  Enfàot  mort-né,  ■ceiHiia  portée  par  les  pareoU 

contre  le  médecin « 463 

Obs,  332.  Prétendu  boroicide  attribué  à  «M  CtapMie  naédicale.  4M 
Obs.  3^.  Homicide  duuteoi,  eiercice  illégal  die  la  Wiéiccim, 

eharlâlanisme  homoeopathiqoe 4M 

lll*-ihiiii*tol«sl^  '^>*  nmmrémm'^ém. 

lirraoDOCTMHi t 468 

CHAP.  PREMIER.  —  Agk  di  h'ntàsn 470 

S  1 .  Dn  KoBtui  et  du  nouYean-né. 470 

1<>  La  peau 472 

2°  L*ombilic  et  le  cordun  ombilical 473 

3»  L^estomac 473 

4*  Lei  poumons • 473 

b^  Du  méconium • 474 

6<^  Artèrei  du  cordon  ombilical 474 

7«  Point  d'oMiflcalion 474 

8*  Présence  du  cordon 474 

9*  Le  conduit  de  Botal,  le  trou  oval,  le  conduit  veineux  d*Arant. .  474 
Obs  334.  Déterminer  si  un  enfant  est  nonveau-né  ?  Cbute  pen- 
dant la  naissance.  Subroention  dans  des  matières  fécales. . .  •  474 

$  2.  De  la  viabilité 475 

$  3.  Du  fœtus  dans  ses  différents  4ges 476 

§  4.  Signes  de  la  maturité  d*un  nouveau-né 478 

Poids  et  mesures  de  247  nouveau-nés 479 

Point  d'ossification   de  rextrémiié  inférieure  du  fémur  observé 

sur  125  enfants 486 

Obs,  335.  L'enfant  X. ..  est-il  né  à  terme  ? 490 

06s.  336.  L>nfant  Z...  est-il  né  à  terme  ? 491 

CHAP.  II.  —  De  la  vie  chez  l*£nfant 492 

§  1 .  Vie  sans  respiration 492 

§  2.  Respiration  avant  la  naissance,  vagissement  intérin 495 

$  3.  Docimasie  pulmonaire 498 

A.  Épreuve  du  foie. 498 

B.  Voussure  du  thorax 499 

Tableau  représentant  les  dimensions   du  Ihorai  de  238  nou- 
veau-nés, dont  158  ont  vécu,  et  80  étaient  mort-nés 501 

C.  Situation  du  diaphragme 504 

D.  Volume  des  poumons 505 

E.  Couleur  des  poumons 506 

F.  Consistance  du  tissu  pulmonaire,  atélectuie,  hypérémie,  hépa- 
tisatioo 508 

G.  Poids  des  poumons,  épreuve  de  Ploucqnet 509 


TABLE   DES   MATIÈnES.  607 

Poids  du  poumon  comparé  à  celui  de  ia  totalité  du  corps  de 

de  89  nouveau-oés 511 

H.  Surnatatiou  des  poumons  dans  Peau.  Docîmasie  hydroatatiqoe.  515 

1*  InsurnatioD  arlificielle 516 

2*  Emphysème  pulmonaire  dea  nouveao-oéf 519 

3*  Putréraction  des  poumons 522 

h*  Immersion  des  poumons  malgré  la  respiration 524 

/.    Incisions  dans  la  subslaoce  des  poomoDs 525 

§  à.  Noyau  d*ossiûcation  de  Teitrémité  inférieure  du  Témur 526 

$  5.  Dépdt  d'acide  urique  dans  les  tubes  urinifères 527 

§  6.  Restes  du  cordon,  auréole  de  démarcation,  momification,  chute.  529 

§  7.  État  des  voies  circulatoires  fœtales 531 

§  8    Eipulsion  do  méconium  et  de  Turine 531 

§  9.  Ecchymoses 532 

§  10.  Conclusion. 533 

§11.  Circonstances  dans  lesquelles   il  est  inutile  de  rechercher  si 

Tenfant  a  respiré 533 

§  12.  Combien  de  temps  un  enfant  a-t-il  vécu?  Depuis  cumbien  de 

temps  est-il  mort  ? 535 

Ott,  337  à  352.  Docimasie  pratiquée  sur  des  cadavres  dont  la 

putréfaction  était  déjà  avancée 535 

Obs.  353  à  361 .  Immersion  et  surndtation  partielle  des  poumons.  539 
065.  362  à  366.  Insufflation  ayant  été  pratiquée  sur  des  nou- 
veau-nés soumis  h  une  autopsie  légale 542 

06s.  367  et  368.  État  de  la  vessie  et  du  rectum bhà 

CHAP.  111.  —  Genres  de  mort  particuliers  aux  nouveao-nés 5&5 

§  1.  Généralités 545 

§  2.  Mort  de  Tenfaiit  avant  sa  naissance 545 

§  3.  Mort  de  l'enfant  pendant  sa  naissance 550 

1**  Épanchements  sanguins  sous-cutanés,  céphalématome 551 

2°  Blessures  de  tète,  défauts  d'ossification  des  os  crâniens 552 

065.  369.  Défaut  d'ossification  avec  fissure  de  Tos  pariétal  droit.  554 

065.  370.  Défaut  d'ossification  de  Tos  pariétal  giuche 555 

Obs.  371.  Défaut  d'osMfication  des  deux  os  pariétaux.  Sépara- 
tion du  cordon  près  du  nombril 555 

065.  372.  Défaut  d'ossification  des  deux  os  pariétaux,  submer- 
sion douteuse 555 

O65.  373.  Défaut  d'ossification   des  deux  os  pariétaux.   Mort 

douteuse  par  submersion 55G 

O65.  374.  Défaut  d'ossification  des  os  pariétaux  avec  fissures, 

respiration  dans  une  caisse  fermée «  556 

3°  Compression  ou  étranglement  du  cordon.  Sillon  strangulatoire.  557 

4"  Couslriction  de  l'utérus 560 

§  4.   Mort  de  l'enfant  après  sa  naissance ,  561 


60S  TAniT.    DES    MATIKRFS. 

i"»  Chule  dp  In  tête  Kur  le  sol.  GéaiTalités 5€l 

2*  Blessures  produitoii  par  la  chute  de  renfaot  sur  le  lol  pcndaol 

raccouclicmcDl  ;  leur  diagnostic 564 

06s.  375.  Hémorrhagie,  submersion  ou  chuk  pendant  Taccou- 

chement 567 

06s.  376.  Chute  d*un  enriint  pendant  raa'oucbcment 567 

Obs.  377.  Accouchement  debout  ;  chute  de  reafant  sur  le  sol. . .  568 

06s.  378.  Accouchement  debout  ;  chute  de  l'enfant  dans  l«  me.  568 

Obs.  379.  r.hute  de  I  enfant;  mort  de  la  mère 568 

06s.  3H0.  Chuicde  renfanl  ou  infanticide  ? 569 

Otts.  3Kl.  Knfant  tire  d'une  fosse  d'aisances 570 

06s.  382.  Enfant  tiré  d'une  chaise  percée 570 

06s.  383.  Chute  pendant  racrouchemenl,  ou  asphyiie  dans  des 

cendres,  ou  submersion  dans  une  fosse  d'aisances? 571 

Ofcj.  38*.  Chute  de  l'enfant  ou  infanticide? 57 f 

3"  Mort  par  hémorrhagie  du  cordon , 571 

Généralités 572 

Diagnostic 573 

06s.  38.').  Blessures  de  la  carotide  et  de  la  moelle  épinîère.   De 

quelle  manière  a  eu  lieu  la  sé|Kiratiot)  du  cordou  ? 576 

06s.  380.  Cordon  séparé  prés  de  l'anneau  ombilical,  sans  hé- 
morrhagie mortelle 577 

06s.  387.  Cordon  arraché  près  de  Panneau,  sans  hémorrhagie 

mortelle 578 

06s.  388.  Ciirdon  ombilical  non  lié,  sans  hémorrhagie  mortelle.  578 
S  5.  Déterminer  si  la  mort  d'un  enfant  a  eu  lieu  par  la  faute  de  la 

mère 578 

065.  389.  Abandon  d'un   enfant  comme  rjiu.<e  de  mort 58i 

065.  3iM).  Accouchement  clandestin,  accusation   d'infanticide.  582 

06s.  301.  Naissance  au  milieu  d'etcréments 583 

Obs    392.  Nai^^sauce  dans  les  eicrénients 583 

065.  303.  Nou\eau-né  tiré  d'uue  fos«e  d'aisances 58* 

065.  301.  Naissance  au  milieu  d'eirréments 58* 

065.  305.  Naissance  dans  des  fèces.  Y  a-t-il  eu  infanticitle?.  ..  585 

06s.  300.  Enfant  retiré  d'une  fosse  d'aisances.  Y  a-t-il  eu  crime?  58G 

06s.  307.  Knfaut  retiré  de  Tcau 586 

06s.  398.  Cada\red'un  nouveau-né  trouvé  dans  l'eau,  la  tête 

ayant  été  bciée 587 

06x.  300.  (Cadavre  d'un  nouveau-né  retiré  d*un  poêle 587 

06s.  *U0.  Ktraiiglenieut  du    cordon.  Apoplexie.  Accouchement 

avec  l'aide  de  la  mère 587 

Appendice  au  paragraphe  de  remphy>ème  pulmonaire  des  nouveau-nés.  588 

FIN    DE   LA    TABLK   DES   MATlKRKit   IH^    SErX)ifD    VOU'HK. 


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^V     4   I1C51     Casper.J.L.       lI4oJ 
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