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TRAITÉ PRATIQUE
MÉDECINE LÉGALE
D'APBËS DES OBSERVATIONS PERSONNELLES
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PnfMKiir de nrfdHlns léfilii t ruiiinnilc da B«rli]i,
■dn (ap<n ità inbonaiii, Rtembrc d« li diipuUlitHi KianliAqu de Pruuc,
Coùeillir ialina du roi de PrutH, Cosiiunitfur de l'Aigle rou^e
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ds Lcapiild (1 de Siie-Weiniir.
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PARIS
LIBRAIRIE MÉDICALE GERMER BAILLIÈRE ,
rue tlo l'Erole-tle-Médecine, il.
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TRAITÉ PRATIQUE
MÉDECINE LÉGALE
PARTIE THANATOLOGIQUE.
INTRODUCTION.
I« Cadavre.
LÉGISLATION. — Code pénal prussien, 1851, S i86. Celui qui à l'insude Taulorilé
aura inhumé ou caché un cadavre, sera puni d'une amende jusqu'à 200 thalers
ou d'emprisonnement jusqu'à six mois.
La punition sera l'emprisonnement jusqu'à deux ans, si une mère inhume on
cache le cadavre de son enfant nouveau-né illégitime, à l'insude l'aulorité.
Avant rapparition du nouveau Code prussien, on n'avait jamais eu
à préciser la définition du mot cadavre. Hais maintenant cela devient
nécessaire puisque ce mot est employé dans le Code, et il s*agit de
savoir si une mère qui cache un fœtus de trois ou quatre mois, doit
être considérée comme ayant c caché un cadavre ».
Scientifiquement parlant, un cadavre humain est un être humain
privé de vie ; par conséquent, un Tœtus de trois ou quatre mois est un
cadavre ; car, sans cela, que serait-il?
Cependant, dans plusieurs affaires, la Cour de cassation prussienne
a donné une autre interprétation à ce mot, en disant que : t Consi-
1 dérant que ne peut être mort ce qui n*a pas vécu et ne pouvait
» pas vivre, la viabilité d*un Tœtus est nécessaire pour qu*on puisse
IL I
2 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
i> lui appliquer la qualiOcalion de cadavre: *• Dans un cas, elle a
déclaré également qu*un fœlus de trois ou quatre mois, qui n'était
pas viable, n*étant pas considéré comme ayant vécu d'après les lois
civiles et les usages de TEglise, et ne devant pas être soumis aux
règlements des enlerrements, ne pouvait être considéré comme un
cadavre.
Ainsi, au point de vue du droit, on ne considère pas la vie végé-
tative du Tœtus dans Tutérus, mais sa viabilité exira-uterum. C'est
celle interprétation que nous adopterons et sur laquelle nous aurons
à revenir à propos de la docimasie pulmonaire.
PREMIERE DIVISION.
MEDECINE i^ÉGALË GÉNÉRALE.
PBEMIÈIIE SECTION.
BUT DE L'AUTOPSIE.
Une autopsie peut avoir pour but les (rois points principaux sui •
vants:
1 Déclarer si un enrant nouveau-né est né viable et a vécu ;
2* Détenniner depuis combien de temps un sujet est mort;
3° Découvrir quelle est la cause qui a amené la mort.
Le premier point est celui que Ton a à résoudre le plus souvent (1);
le troisième, qui consiste à découvrir la cause de la mort, se présente
légalement très fréquemment; enfin, le second est celui que Ton a le
moins souvent à étudier. Deux de ces questions, ou même toutes les
trois, peuvent se présenter pour le môme sujet ; nous les étudierons
Tane après l'autre.
(1) A Berlin, et probablement dans toutes les grandes villes, les autopsies des
nouveau-nés forment à elles seules le quart de toutes let autopsies légales.
PARTIE THANATOLOGIQUE.
CHAPITRE PREMIER.
VIABILITÉ.
Législation. — AUgemein Landrecht* thl. 11.,. Ut. 2, §. 2. Conlrc la pré5ompUon
légale (que des enfants qui sont procréés et nés pendant le mariage sont pro-
créés par le mari), il ne sera fait droit aux réclamations du mari que lorsqu'il
peut prouver qu'il n*a pas cohabité avec sa femme dans le temps qui a couru
du trois cent deuxième jusqu'au deux cent dixième jour avant la naissance de
l'enfant.
Code civU des Provineei rhénanes, art. 312 Le. mari pourra désavouer
l'en tant s'il prouve que, pendant le temps qui a couru depuis le trois centième
jusqu'au cent quatre- vingtième jour avant la naissance de cet enfant il s'est trouvé
dans l'impossibilité physique de cohabiter avec sa femme.
Loi du 24 avril 1854, § 15. Sera regardé comme père d'unenCsnt illégitime, celui
qui a cohabité avec la mère entre le temps qui a couru depuis le deux cent
quatre-vingt-cinquième jusqu'au deux cent dixième jour avant la naissance de
l'enfant.
ÀUg» Landreckl., thl. 1, tit. I, § 17. Les enfants sans forme ni figure humaine, sont
privés des droits civils et de famille.
/6tc(., Qrid,,, } 18. Si ces monstres vivent, ils doivent être nourris et soignés autant
que possible.
AUg. Landrecht.f (h. I, tit. 1\, § 371. Si la question : A qui appartient un héri-
tage? dépend de la naissance d'un fruit conçu lors de la mort du testateur, on
doit attendre la naissance.
Ibid.y tli. I, tit. XII, § 13. On doit admettre qu'un enfant est né vivant si des té-
moins dignes dto foi, présents à l'accouchement, ont entendu clairement sa voix.
Code civil des Provinces rhénanes, art. 725. Sont incapables de succéder : 1^. . . .
2** l'enfant qui n'est pas né viable
IM,, ibid.f art. 906 Néanmoins la donation ou le testament n'auront leur
effet qu'autant que l'enfant ^era né viable.
§ 1er. ^ définition.
Un nouveaU'Hé est viable^ en sens médicaly si, par son âge et
par la configuration de ses organes^ il peut vivre exlra-uteroy
e'est-à-dire s*il peut atteindre la durée moyenne de la vie humaine.
Un Truit même bien formé, de cinq mois, ne peut pas, dans le sens
scientifique, vivre extra-uteroj pas plus qu*un fruit de dix mois qui
VIABILITE. — DéFINITlOW. 5
est né avec une ectopie des orgnnes de la poitrine, ou une oblitérn-
lion complète de Tanus.
Des juristes distingués se sont rangés de celte opinion, par exemple
Mittermaier (I) et Ed. Henke (2), qui regardent comme sans impor-
tance une vie de quelquesjours. Mais d'autres proresseurs de droit sont
d'une opinion contraire et prétendent que, si l'enfant a vécu un seul
instant extra-uterum^ il doit être considéré comme étant né viable,
et doit jouir de tous les privilèges de cette qualité.
Les diflérentes législations ne sont pas d'accord sur ce sujet. Le
Code civil prussien demande, pour que l'enrant puisse hériter, qu'il
ail vécu ; tandis que le Code civil français et ceux qui l'ont copié,
comme le Codesarde, demandent que l'enfant soit né viable.
Nous laissons ces questions juridiques aux hommes de droit, nous
06 les avons mentionnées que comme renseignements curieux. Le
médecin légiste, en Prusse, peut se contenter de la définition que
nous venons de donner, car il est évident qu'un enfant qui est né à
cinq mois ou qui est né à terme mais avec une occlusion de l'œso-
phage, quand même il a vécu et respiré quelques instants, n'est pas
né viable.
Cependant il y a quelques vices de conformation auxquels les se-
cours de l'art peuvent remédier et qui n'excluent pas la viabilité.
Nous ne sommes pas de Tavis de H. Robert, qui, dans une dis-
cussion récente à l'Académie de médecine de Paris, soutenait l'opi-
nion qu'un enfant doit être déclaré 'viable , s'il est né avec des
vices de conformation qui, abandonnés à eux-mêmes, amènent la
mort, mais auxquels on peut remédier par une opération dangereuse,
quand même le résultat en serait rarement favorable ; encore plus un
enfant qui est né avec une difformité légère, par exemple l'imper-
foration du prépuce qui, abandonnée à elle-même, amène aussi la
mort, mais à laquelle on peut remédier par un procédé opératoire
simple. MM. Trousseau et Devergie luttèrent contre celle opinion et
(I) Archiv des Crim. Bechls^ vol. VU, p. I,p. 318.
l2) Handbuch. des Crim. Kechis, II, p. 58.
6 PARTIB THANATOLOGIQUE.
avec raison. H. Robert citOi par exemple, Tabsenoe congénitale com-
plète du rectum, à laquelle, dans certains cas, il est vrai très rares, on
a remédié par la formation d'un anus artificiel ; il nous prouve par là
que son opinion est erronée, car, de cette manière, nous retombe*
rions dans la vieille controverse des degrés de létbalité (Voir plus bas.
Partie SPÉciALK, sur la Uikaliti accidentelle^ sur les iraUementâ
médicaux plus ou moins bien appropriés). La position sociale des pa-
rents qui peuvent avoir recours à un médecin tout de suite après la nais-
sance de Tenrant, Tbabileté, labardiessederopérateur, la possibilité de
faire un traitement suffisant, etc. , seraient alors à examiner, et nous au-
rions une viabilité diflTérente entre les enfants des riches et les enfants
des pauvres, entre les enfants de la ville et les enfants des campagnes,
et chacune de ces circonstances serait un point de contestation entre
les deux parties intéressées. Par les mêmes raisons, on aurait tort
d'admettre avec certains auteurs français, comme troisième condition
de non-viabilité, la présence de maladies avec lesquelles l'enfant naît
et qui sont ordinairement mortelles.
Tous les codes pénaux modernes, excepté les codes de Prusse et de
Wurtemberg, considèrent le meurtre d'un fruit qui n*était pas viable,
comme une tentative d*infanticide. Le Code pénal prussien ne parle
pas de viabilité, il semblerait par là que le médecin, dans une affaire
criminelle, n'a pas à s'occuper de la viabilité; je n'hésite cependant
pas A conseiller, au contraire, de l'apprécier dans toutes les affaires,
car une question civile peut surgir à propos du fruit en question,
même lorsque les apparences sont loin de le faire supposer.
Dans la détermination de la viabilité, c'est surtout la maturité du
fruit qui est importante A considérer; car les vices de conformation
qui rendent impossible la vie extra-uterum^ sont d'abord très rares
et, ensuite, très faciles à reconnaître. La question de maturité a
été très longtemps discutée. Le Code civil admet cent quatre-vingts
jours (d'après Hippocrate) ; mais il est beaucoup plus conforme à la
nature de porter le chiffre comma on le fait en Prusse, jusqu'à deux
cent dix jours (trente semaines ou sept mois), époque A laquelle la
membrane pupillaire disparaît et les testicules descendent.
YfAVILITÉ. — MONSTRtTOBITÉ. 7
Ceux qai connaissent les histoires extraordinaires contenues dans
certains livres avoueront que les législateurs ont eu raison de fixer,
par des limites exactes, un terme qui serait resté trop vague s*il
était livré aux opinions des médecins. N^a-t-on pas souvent cité le
Tameux exemple de Forlunato Liceti, mort à soixante dix-^neuf ans,
que Tun a fait naître à cinq mois, l'autre à quatre mois et demi, et
qui, à sa naissance, n'était pas plus long que la maiti, de sorte que
Ton a dû le conserver dans un fourneau comme les œufs de poule des
Égyptiens I ! Nous laissons ces fables pour ce qu'elles valent, et nous
conseiUons au médecin légiste de constater et de déclarer si le firutt
a atteint soit cent quatre-vingts, soit deux cent dix jours, selon la légis*
lalion.
I 2. — Xoastnioiîté.
Comme nous venons de le voir, la question suivante : Tel fruit
est-il un monstre? peut se présenter au médecin légiste. Pour la
résoudre, je pense que ce dernier doit faire un peu abstraction
des principes de l'anatomie pathologique afin d'avoir surtout en vue
le but du législateur. C'est en me basant sur cette manière de voir,
que j'établis la définition suivante : Un monstre est un fruit dont
les organes sont tellement anormaux que la vie exlra^utérine est
impossible. En un mot, en médecine légale, un monstre est un fruit
non viable.
Ainsi, je laisse de cAté la question de savoir si le fruit a c forme et
figure humaines », ou s'il a un doigt de plus ou de moins; ce qui est
important, c'est de savoir &*il est né viable ; le médecin légiste devra
déclarer s'il a vécu ou non, en laissant aux juges le soin d'apprécier
ce que cette dernière circonstance peut avoir d'important. Je com-
munique ci-après deux observations de monstres qui ont été l'objet
d'autopsies légales. La première se présenta lorsque l'ancien Code
était en vigueur ; la seconde est très intéressante, parce qu'elle nous
présente un vice de conformation congénitale très rare, et parce qu'elle
nous montre qu'un nouveau-né peut être un monstre selon la défini-
tien que j'ai donnée, tout en conservant c une forme et une figure
humaines. »
4
8 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Obs. 1 . — AnefMéphaUe,
Ce monstre, de lese féminin, était un anêticéphale. L'ooeipital manquait, le cer-
velet, groi eomme un e»uf, unguinolent, était renfermé dant set membranes. La
cavité det deux premières vertèbres était anormalement large et contenait de la
matière cérébrale. La tète, difforme, était enfouie dans les épaules, et les téguments
du menton faisaient -tvp* avec ceux de la poitrine, de sorte qu'il n*y avait pas de
cou ; en outre, il y avidt spina biflda de toute la colonne vertébrale et épanchement
séreux dans la cavité pectorale.
Obs. 2. — Hernie congénitale âiaphragmatique.
Ce cas concernait un fruit bien formé, mâle et complètement à terme. Il avait
vécu pendant quatre heures, et était mort, disait-on, à cause d'hémorrhagie par
négligence de la uge-femme. En effet, le linge du cadavre était rempli de sang,
tout le corps blanc comme de la cire, les lèvres pftles.
Aussitôt que l'on ouvrit la poitrine, on vit le dbpbragme refoulé en bas entre la
huitième et la neuvième côte.Totite la partie drolle de cet organe était rudimentaire.
Au milieu de cette partie droite se trouvait une ouverture triangulaire & bords presque
cartilagineux, dans laquelle une portion du foie était étranglée et surgissait dans
la cavité pectorale. En même temps une partie du gros intestin pénétrait aussi par
cette ouverture et remplissait presque toute la poitrine (t). L'intestin qui se trouvait
dans la poitrine était vide, et la portion qui se trouvait dans le ventre était gorgée
de méconium. Le poumon droit était situé derrière le fragment d'intestin, dans le
thorax ; sa couleur était brun-clair et sa consistance ferme; pas plus grand qu'un gros
haricot, ce qui prouvait que la hernie avait eu lieu de bonne heure dans la ma-
trice de la mère. Le foie, la rate et la veine cave inférieure contenaient asseï de
sang, de sorte que Ton ne pouvait pas admettre une hémorrhagie mortelle. Le
cœur était plat, large et ne contenait pas de sang, mais il avait une conflguration
complètement normale. La sage-femme accusée dit que l'enfant, au moment de
u naisMnce, était tout à fait bleu « comme si on l'avait plongé dans de l'indigo » .
Il va sans dire que, dans notre rapport, nous déclarâmes le fruit non viable et qu'il
était mori non pas par hémorrhagie, mais par vice de conformation.
Les résultats de la docimasie étaient aussi très intéressants. Nous avons déjà décrit
le poumon droit, le gauche était brun et marbré de rouge clair ; les deux poumons
avec le coeur pesaient 31 grammes 35 centigrammes, les poumons sans le cœur
pesaient 1 3 grammes. I«es deux poumons avec le cœur nageaient sur Teau ; séparé
du cœur, le poumon gauche nageait complètement; le poumon droit gagnait le
tond excepté deux petits morceaux qui, détachés du reste, nageaient.
Le poumon gauche incisé contenait de l'écume sanguinolente et faisait entendre
une crépitation (2).
(1) Lct iMrniet congënitâU» diapliragmatiquat sont lrè« rarci du eôlé droit.
(2) J'ai rapporté dans mon journal {Vierteljahnichrift, t. VIT, p. 160), un autre cas de
herni« c )ngénilale irauche diaplirag matiqiu*.
XOXENT PRÉCIS DE LA MORT. ^ GÉNÉRALITÉS. 0
CHAPITRE n.
MOMENT PRÉCIS DE LA MORT. PRIORITÉ.
UfinLATiOH. — A. L A.» thl. I, Ut. I, $ 39. Si deux ou^lKsieurs personnes ont
perdu la vie dani un malheur commun ou autrement, dé sorte que l'on ne peut
pas reconnaître laquelle d'entre elles est morte la première, H sera admis qu'au-
cune n'a survécu àrauti*e.
Code civil rhénan (/i*afipait),art. 720. Si plusieurs personnes respectivement appe-
lées à une suceession périssent dans un même événement «ans qu'on puisse
reconnaître laquelle est décédée la première, la présomption de survie est déter-
minée par les circonstances du fait et à leur délaut par la force de l'âge ou du
sexe.
/ftid., Udd. art. 7S1. Si ceux qui ont péri ensemble avaient moins de quinze ans,
le plus ftfé sera présumé avoir survécu; s'ils étaient tous au-dessus de soixante
ans, le moins âgé sera présumé avoir survécu. Si les uns avaient moins de quinte
ans et les autres plus de soixante ans, les premiers seront présumés avoir sur-
vécu.
Ibid.^ tNd., art. 72S. Si ceux qui ont péri ensemble avaient quinze ans accomplis
et moins de soixante ans, le mâle est toujours présumé avoir survécu, lorsqu'il y
a égalité d'âge ou si la différence qui existe n'excède pas une année. S'ils étaient
du mémo sexe, la présomption de survie, qui donne ouverture à la succession
dans l'ordre de la nature, doit être admise : ainsi le plus jeune est présumé avoir
survécu au plus âgé.
$ 1. Oénér Alités.
Ordinairement la recherche du moment précis de la mort n'est pas
étudiée par les auteurs qui écrivent sur la médecine légale. C'est une
grande lacune que tout médecin légiste sentira ; car il arrive très sou-
vent que le juge d'instruction demande à quelle époque le défunt a
périy soit dans des cas d'assassinat, soit lorsque des personnes disparues
depuis longtemps sont trouvées mortes, soit dans des cas d'inranlicides.
Une vieille femme fut assassinée. Au moment de l'autopsie on
o'élait pas encore sur les traces de l'assassin, comme cela arrive sou-
vent. Il était certain que le samedi soir précédent on avait encore vu la
femme bien portante, et le lundi matin on Tavail trouvée assassinée.
Le soupçon se dirigea sur plusieurs individus qui avaient des rapports
avec celle femme, les uns le soir, les autres le matin, et il était im-
10 PARTIE TRANÀTOLOOIQUR.
portaat de savoir si elle avait été assassinée le samedi soir, le dimanche
matin ou le dimanche soir; en d'autres termes à quel moment précis
la mort avait-elle eu lieu ?
Dans un autre cas d'assassinat que nous communiquerons plus bas,
il était également important desavoir si l'assassinat avait été commis
le samedi, le dimanche ou le lundi matin, jour où on avait trouvé le
cadavre, car on soupçonnait le valet de la victime, et celui-ci avait
disparu depuis le dimanche matin. L'époque de la mort que nous
fixâmes fut déclarée exacte par les aveuK du][meurtrier.
Dans d'autres cas d'assassinat, j'eus à fixer non-seulement le jour,
mais même l'heure de la mort! Une fois, c'était un jeune homme qui
avait disparu sous des circonstances très singulières, tout à coup,
pendant la nuit. Les bruits les plus extraordinaires couraient sur sa
mort, et l'on trouva dans l'eau, trois mois après, qn cadavre que l'on
soupçonna être le sien. On me posa la question : Combien de temps
ce cadavre a-t-il été dans l'eau? La réponse était importante pour fixer
l'identité.
Cette question se présente souvent aussi pour les cadavres des
nouveau-nés , surtout si l'autopsie démontra qu'il y a au infanticide ;
car alors la détermination de l'époque de l'accouchement, c'est-à-dire
de l'époque où l'infanticide a eu lieu, peut aider à la découverte de
la mère. Comme on le voit, cette question importante, et qui peut se
présenter souvent, mérite une étude approfondie.
La question de priorité de mort, concernant plusieurs per-
sonnes trouvées décédées ensemble, est excessivement rare. Elle
ne s'est présentée à moi qu'une fois [108-171 obs.),et on n^en trouve
dans les auteurs que peu d'exemples. Il est très difficile de poser
un jugement certain dans les questions do ce genre. Voici la thèse
générale que l'on peut seule adopter : Il n'y a pas de symptôme
sérieusement valable, s\nppliquant à tous les cas, au moyen duquel on
puisse déterminer le moment précis de la mort; il faut peser toutes les
circonstances particulières se rapportant n chaque cas, telles que les
difTérences d'âge, de sexe, de constitution, de position, de putré-
faction.
MOMENT PRÉCIS DE LÀ MORT. — SIGNES DE LA MORT. H
Suppoionv, par exemple, que trois hommes se li?raiit un combat
ont été tués tous les trois. A... a reçu un coup de sabre sur la tète,
B... un coup de baïonnette dans le cœur, et C... a reçu une balle qui
a effleuré et déchiré la veine jugulaire. Il est évident que, dans ce
cas, B... est mort le premier, C... a dû avoir une hémorrhagie qui
a duré quelque temps, enfin A... a résisté plus longtemps que les
deux autres à Tinfluence mortelle de sa blessure.
Mais, lorsque plusieurs personnes ont été noyées ou brûlées lors
d'un même accident, il est réellement impossible de déterminer h qui
appartient la priorité; du reste, le législateur a sagement prévu cette
impossibilité. Le médecin doit cependant faire toujours son expertise,
car il doit déclarer si cette impossibilité existe.
Le seul signe un peu important, c'est le degré de putréfaction.
Nous étudierons cette question plus bas.
$ 9. — Signes de le mort.
An moment ou la vie s'éteint, l'organisme commence à se mettre
en équilibre avec les milieux environnants ; il subit toutes les influences
extérieures puisqu'il ne peut plus leur opposer une réaction vitale ; il
se putréfie.
Dans la crainte chimérique et traditionnelle de prendre la mort
tpparente pour la mort réelle, on s'est efforcé de toujours chercher
de nouveaux c signes infaillibles > de la mort. Nous avons eu les
observations de Frank concernant la séparation facile de la con«
jonclive et de la cornée, le thanatomètre de Nasse. Ce sont là de
simples curiosités scientifiques, car les signes généralement connus
suffisent bien dans la détermination de cette question, et la médecine
légale serait heureuse si elle pouvait donner à tous les problèmes
qu'elle a à résoudre une réponse aussi souvent infaillible.
Je vais donner l'histoire chronologique des phénomènes de la mort :
1** La reêpiration et la circulation cessent au moment même de
la mort. L'auscultation ne permet plus de reconnaître ni le rhythme
du coBor, ni le moindre bruit des poumons.
12 PARTIF. THANATOLOQIQUE.
2* Immédialement après la mort, le brillant de l'ail disparaît.
Celui qui a une seule fois écarté les paupières d'un homme qui
vient de mourir connaît ce regard sans vie, fixe, indescriptible. Na-
turellement la lumière n*a plus d'effet sur la pupille.
S"" Aucune excitation ne provoque plus de réaction, je passerai
sous silence les expériences par l'électricité qui n'appartiennent plus
ici. Nous parlerons plus bas de nos expériences sur l'excitabilité des
cadavres.
b!" Tout le corps se décolore et pâlit. Cependant les personnes qui
sont très rouges gardent encore quelquefois, après la mort, un peu de
leur couleur. Les bords rouges des ulcères ne se décolorent pas. Les
marques de tatouage rouges, noires ou bleues, ne disparaissent pas
non plus, si elles n'étaient déjà effacées pendant la vie. Une coloration
ictérique ne s'efface pas non plus par la mort ; enfin, les ecchymoses
gardent toujours aussi leur couleur rouge-bleue, vert-jaune, etc.
b"" La chaleur animale se conserve encore un certain temps, car
les tissus de la peau, et surtout la graisse, sont mauvais conducteurs
de la chaleur. Aussi, les individus trèsgras restent, toutes choses étant
égales d'ailleurs, plus longtemps chauds que les individus maigres.
D'autres circonstances encore influent sur le refroidissement, ce sont la
température du milieu environnant et le genre de mort. On sait que les
cadavres refroidissent très vite dans l'eau, qui est toujours plus froide
que l'air. Dans les lieux d'aisance et dans les fumiers, les cadavres
restent proportionnellement plus longtemps chauds; il en est de
même des cadavres qui restent dans un lit. Quant au genre de mort,
on dit que les individus tués par la foudre restent plus longtemps
chauds après leur mort; je ne puis donner mon opinion à cet égard,
car je n'en ai jamais observé. Mais il est certain que ceux qui pé-
rissent par asphyxie, quelle qu'elle soit, refroidissent plus lentement
que les autres. Nous trouvâmes, par exemple, une femme étranglée,
vieille, très grasse il est vrai, qui, trente heures après sa mort, était
froide à l'extérieur, mais dont l'intérieur de la poitrine avait encore
un degré de chaleur très sensible.
Pour la grande majorité des cadavres on peut poser, en thèse gé-
SIGMDS DE LA MORT.— CHRONOLOGIE. l^
nér^le, qu'ils sont complètement froids après dix à douze heures.
6^ Immédiatement après la mort arrive le relâchement général
de tous les muscles, le premier symptôme qui prouve que le lurgor
vilalit est éteint.
Un cadavre quipre'senle seulement les symptômes décrits jusqu'à
prêtent (1-6) peut être regardé comme celui d'un homme décédé
au plus depuis dix à douze heures,
T Une autre preuve de l'extinction du turgor vitalisy c'est l'af-
fdissement du globe de l'œil. On le voit clairement vingt-quatre à
trente heures après la mort, quelquefois plus t6t. Le globe de l'œil,
à Tétat vivant, par la tension de ses fluides, est résistant au toucher
et élastique, même chez les mourants. Mais, après la mort, quand
le laps de temps que nous venons d'indiquer s'est écoulé, la ré-
sistance n'existe plus. Alors le globe cède à la pression; plus la
mort est ancienne et plus sa consistance devient analogue à celle du
beurre, jusqu'à ce que dans une époque avancée de putréfaction, il
crève et se vide.
S"* La mémecause, l'extinction du turgor^ produit V aplatissement
du tissu ^des muscles sur lesquels le cadavre repose; ainsi non-seu-
lement aux fesses et aux mollets, mais aussi aux muscles des parties
latérales du corps, aux muscles des membres et des joues, selon la
position que le cadavre a conservée depuis que la mort est survenue.
9* Hypostases sanguines. Le sang s'accumule dans les capillaires,
d*après les lois physiques de la pesanteur.^Par cette raison, Tliypostase
se trouve aux parties déclives du cadavre, qui sont ordinairement toute
la surface postérieure, le dos, les fesses, les mollets ; mais aussi, quand
le cadavre est plus ancien, cette hypostase gagne les oreilles, les côtés
de la poitrine, les côtés des membres, parce que, comme dit Engcl,
ces parties elles aussi ont une portion supérieure et une portion infé-
rieure. Il est donc évident que lorsque le cadavre est resté couché sur
le ventre, Thypostase se rencontrera à la partie antérieure du corps.
On peut, dans de tels cas, conclure avec assurance quelle a été la
position du décédé, pendant ou aussitôt après la mort. Ces hypostases
commencent à se former sur le cadavre après six à douze heures, et
lA PARTIE THANATOLOGIQUE.
elles augmentent de circonférence jusqu'à la putréfaction commen-
çante. Elles sont en elles-mêmes un signe suffisant pour prouver la
mort.
1" HYPUSTASES SANGUINES.
Les hypostases sanguines peuvent se diviser en hypostases externes
et hypostases internes.
A, H ysposlases sanguines externes.
1*" Les hypostases sanguines externes (hypostases du tissu cellu-
laire sous-épidermique, lividités cadavériques, vergetures, taches de
mort) f(Nrment un signe cadavérique important à étudier, car on les
confond quelquefois avec des ecchymoses, c'est-à-dire des traces de
violence exercée sur le vivant. On peut cependant les reconnaître par
de simples incisions ; lorsque l'on a affaire à une tache cadavérique il
n'y a jamais épanchement de sang dans la plaie, on voit tout au plus
quelques petits points sanguins épars, provenant de petites veines de
la peau qui ont été coupées ; tandis qu'une ecchymose coupée ,
quelque petite qu'elle soit, présente un épanchement de sang soit
liquide, soit en caillot.
Puisque c'est un symptôme infaillible dans le diagnostic et que
c'est le seul qui puisse faire distinguer la tache de mort de l'ecchy-
mose, le médecin légiste ne devra jamais négliger de faire ces
incisions, afin de ne laisser aucun doute. Les médecins superar^
bitres sont complètement dans leur droit si , dans le cas où ces
incisions n'auront pas été faites, ils contestent les résultats des
experts avec tout ce qui s'ensuit. Pour prouver l'importance de ce
que nous venons de dire, nous allons rapporter le cas célèbre de
l'assassin Schall (1).
Les experts qui étaient chargés de l'ouverture du corps avaient
dit que, aux extrémités supérieures et inférieures du cadavre , ils
avaient trouvé « des ecchymoses, qui semblaient indiquer que ces
(1) Voir mou Journal (Vierleljahrsschrifti^ 1, p. 293].
SIGMES DE LA MORT. -^ UY1*06TA5ES SANGUINES EXTEKMES. 15
paities avaient été souniMes à une forte preaaion », et l'accusé niant
cette manœafre, le difenseur appuyait sa défense sur la présence de
ces ecchymoses qui prouvaient que plusieurs personnes avaient dû
coopérer à Tassassinat. Or, lei experts avaient oublié de prouver que les
taches étaient des ecchymoses en faisant des incisions,et) requis comme
oiédecin superarbitre, je dus mettre en doute la certitude de leur con*
closion, attendu que ces prétendues ecchymoses pouvaient n'avoir été
que de simples hypostases sanguines. Cela a été confirmé plus tard
complètement, lorsque, au moment de Texécution, Taccusé avoua son
crime , disant qu'il n'y avait pas eu de résistance de la part du
défont I résistance qui aurait pu amener des ecchymoses; il ajouta
qu'il n'avait eu aucun complice, et qu'il avait tiré un coup de fusil
dans la tète de sa victime.
La couleur des taches de mort peut varier entre le rouge écre-
visse, le rouge cuivre et le rouge bleu. Jamais ces hypostases ne sou-
lèvent la peau comme le font souvent les ecchymoses. Leur forme
n*est pas nette : tantôt ce sont des stries, tantôt des tâches de forme
ronde, d'autres fois anguleuse. Au commencement elles sont éparses,
de la grandeur d'une noix, d'une pomme, d'une assiette, puisse
réunissent et couvrent des parties entières du cadavre, le dos, toute
la partie postérieure du corps. Ni âge, ni sexe, ni constitution n'ont
une influence sur leur formation.
Elles ont lieu, sans exception, après tous les genres de mort, même
iprès la mort par hémorrhagie. M. Devergie (1) dit le contraire et
appuie son opinion sur une seule observation. Mon opinion est com-
plètement opposée à celle de M. Devergie, et elle est basée sur une
expérience de Vieille date (2).
:i) Médecine Ugalê, 2* édit, 1835, t. I, p. 81.
(3) Voir, entre autres, les réflexions qui suivent les observations 75 et 137.
Usas un autre cas que je n*ai pas rapporté, qui a élé occasionné par l'hémorrhagie
•l'on vaisseau de Testomac, le cadavre était si anémique que Tarière pulmonaire
et la veine cave étaient tout à fait vides. Néanmoins le dos du cadavre (deux jours
après la mort) était tout eouveri de taclies de mort bien dessinées d'un rouge
cahrre.
16 PARTiE THAKATOLOGIQUE.
Du reste, le cas de^l. Devergie ne prouve rien, puisqu'on ne sait
pas à quelle époque après la mort s'est faite Tautopsie de cet homme
qui s'était coupé les vaisseaux du cou avec un rasoir et, protiablemeni,
M. Devergie l'a observé au moment où les bypostases ne s'étaient
pas encore formées. On ne peut pas non plus concevoir à priori
pourquoi ces tacbes ne se formeraient pas après la mort par hémor-
rhagie, car celle-ci ne prive certainement pas le cadavre de tout son
sang, et il est indubitable, comme je le démontrerai plus bas, que,
même dans ce genre de mort, il se forme des bypostases internes.
Engel prétend que l'on peut faire disparaître la tâche de mort sur
le cadavre en faisant des incisions dans les taches de mort déclives,
et en laissant le cadavre en repos. Quoique cette expérience n'ait
aucune valeur en médecine légale, je l'ai répétée pluâeurs fois. J'ai
vu les taches de mort devenir plus petites et plus pâles, mais je ne
les ai jamais vues disparaître complètement. *"
B. Hypostases unguines internes.
Les hypostases sanguines internes se rencontrent dans les organes
suivants :
1"* Dans le cerveau elles se montrent par un engorgement des
veines de la pie-mère, à la parlie postérieure du cerveau, si la tète,
comtne cela a lieu ordinairement, repose sur l'arriëre-téle. Cet en-
gorgement est plus prononcé s'il y a hypérémie générale de la cavité
crânienne, mais il est encore très visible lorsqu'il y a anémie dans
cette cavité. Ce sont justement ces hypostases du cerveau qui ne
manquent pas dans la mort par hémorrbagie, comme nous le prou-
verons par beaucoup d'exemples. Cette remarque est importante, car
elle doit mettre les médecins en garde de ne pas nier que la mort u eu
lieu par hémorrhagie, parce qu'ils trouvent i'iiypostase sanguine à la
parlie postérieure du cerveau.
Il est douteux que lorsque Thypostase sanguine s'est formée on
puisse, en changeant ledécubilus,la faire naître dans un autre endroit.
J en ai fait une expérience qui est restée sans résultat : je pris le ca-
SIGNES DE LA MORT. — HYPOSTASES SANGUINES INTERNES. 17
davre d*une femme empoisonnée par Tacide sulhirique, morle depuis
six jours, je le disposai de manière que la tête était pendante et je
le laissai dans cette position pendant vingt-quatre heures, il n'y eut
aucune nouvelle hypostase sanguine. Mais il est très important de
ne pas confondre cette hypostase du cerveau si fréquente avec
rhypérémie cérébrale (apoplexie), ce qui peut arriver.
I'' L'hypostase sanguine interne la plus fréquente est celle des
poumons. Orfila dit qu'elle ne commence à se former que vingt-
quatre à trente-six heures après la mort; je suis certain qu'elle a
lieu plus tôt et se forme en même temps que les autres hypostases
sanguines. Toute la surface postérieure des poumons, c'est-à-dire à
peu près un quart de la surface entière, se revêt d'une coloration
plus foncée dans tous les cadavres couchés sur le dos, et lorsqu'on y
fait des incisions, on voit très bien l'engorgement, même dans les
poumons anémiques ; cette hypostase est si considérable qu'elle peut
induire en erreur et faire croire à une apoplexie pulmonaire ou à une
pneumonie. Cela peut arriver surtout si le sang est très foncé, alors
on peut prendre pour un état pathologique ce qui n'est qu'un phéno-
mène cadavérique.
S*" Dans les intestins l'hypostase se trouve aux parties déclives de
Torgaoe. La coloration rouge livide que montrent les anses intesti-
nales inférieures peut induire en erreur et faire croire à un état patho-
logique. Cependant le diagnostic est facile : en soulevant l'intestin on
verra des endroits livides, d'autres complètement intacts; tandis que,
s'il y avait eu inflammation, il y aurait eu injection et coloration uni-
formes.
&** Quant aux reinsy l'hypostase se trouve à la partie postérieure,
bien entendu lorsque le cadavre, comme cela a lieu ordinairement,
est resté couché sur le dos ; aussi on ne la confondra pas avec un
engorgement de ces organes.
if On a attaché, jusqu'à présent, peu d'importance à l'hyposiase
sanguine (/e la moelle épinière qui, pourtant, est très importante et
peut facilement être le sujet d'erreurs. Elle se montre dans les veines
de la pie-mèrei et peut faire croire aune méningite. Cette erreur est
II. 2
18 PARTIE THANATOLOGIQUE.
d'autant plus facile, fQe les experts, ayant rarement l'occasion d'où-
vrir le canal vertébral^ ne connaissent pas ce phénomène; et ils
seront d'autant plus portés à admettre qu'il y a eu inflammation, si le
hasard veut que le défunt ait reçu des coups dans le dos. On trouvera
la justesse de cette observation conGrmée, en examinant un cadavre
quelconque qui sera resté quelques jours sur le dos.
2° COAGULATION DU SANG APRÉ3 LA MORT.
Le cœur ne présente jamais d'hypostase sanguine, mais il nous
offre un phénomène très important ; je veux parler de la coagulation
du sang (concrétions polypiformes, fibrineuses). Cette coagulation
peut se former pendant la vie, lorsque l'état intermédiaire entre la
vie et la mort, lorsque l'agonie se prolonge; mais elle se forme
également après la mort pendant le refroidissement successif du
cadavre, et c'est ce qui arrive le plus souvent.
Il est donc certain que le sang trouvé coagulé dans des blessures
d'un cadavre ne peut pas prouver, comme on l'a cru, que la bles-
sure a été faite pendant la vie.
Henke (1) est dans la plus grande erreur, lorsqu'il dit : « La coa-
» gulation du sang épanché dans les ecchymoses prouve que la vio-
» lence qui a produit l'ecchymose a eu lieu pendant la vie ». La
grande autorité dont son nom a été longtemps entouré, explique
comment cette opinion s'est répandue facilement, et, cependant, il
suffit d'examiner le cadavre avec attention pour en faire justice.
Engel dit très bien : < Je ne crois pas qu'il y ait une maladie ou
un genre de mort qui empoche le sang de se coaguler dans le ca-
davre. >
Bock fixe môme le moment, quatre heures après la mort, à partir
duquel la coagulation commence. Je ne parle pas seulement de la
présence continuelle du sang coagulé au-dessous des téguments de la
tête des cadavres d'enfants nouveau-nés, mais de coagulations indu-
bitables dans des organes internes.
(1) Handbuch^iU'O.
SIGNES DE LA MORT. — COAGULATrON DU SANG. 19
Un rniitde sepl mois était né mort, comme le démontrait avec cer-
titude la docimasie pulmonaire. Il y avait grande hypérémie dans la
cavité crânienne, et nous trouvâmes, ce qui est très rare chez les
nouveau-né^, du sang coagulé dans les sinus. Les popmons étaient
semés de nombreuses ecchymoses sous-pleurales, qui couvraient
aussi le cœur.
Brûcke a prouvé que le contact du sang avec Tair qui n*a pas lieu
dans le cadavre, ne facilite pas beaucoup la coagulation, car, en
mettant le sang dans le vide, on ne peut pas le conserver liquida.
Il est extraordinaire que des faits aussi clairs, aussi indubitables,
et que chacun peut observer journellement, n'aient pas plus tôt mis
les hommes de science sur la voie de la vérité.
La coagulation du sang après la mort obéit à des lois que nous ne
connaissons pas. Ainsi, pourquoi, après la mort par asphyxie dans
laquelle la conservation de la fluidité du sang est caractéristique,
pourquoi le sang est- il quelquefois coagulé? Pourquoi la coagulation
commence-t-elle toujours dans certains organes, par exemple : le
ventricule droit du cœur, la veine cave, le foie? (Voir obs. 309).
!^o\is ne pouvons résoudre ces questions, mais nous admettons comme
certaine la loi suivante :
La présence du sang coagulé dans le pourtour ou Ictprofon-'
àtur d'une blessure ne prouve pas que la blessure ait eu lieu
ftndant la vie, car cette coagulation peut se former même après
h mort.
Obs. 3. — Rupture du cœur. Mort subite. Coagulation du sang.
loe femme de cinquante -neuf ans avait été écrasée par une voiture et était restée
^orte sur-fe- champ. Le cadavre avait une couleur de cire blanche et on voyait que
^ mort avait eu lieu par suite d'une hémorrhagie interne, quoique extérieurement
il b'; eût pas la moindre trace de blessure* Après avoir incisé les tacties de mort
lipides du dos, nous trouvâmes de grandes extravasations de sang qui occupaient la
iDoiUé du dos et les fesses. Le sang épanché était en partie liquide, en partie coa^
g^é. 11 n*y avait pas de fracture de la colonne vertébrale ni des os pelviens.
Ce qui avait causé la mort, c'était une rupture du cœur. L'oreillette droite était
vfkarée du ventricule, elle ne tenait plus au reste du cœur que par une petite lan-
Pelles bords de la déchirure étaient dentelés. La substance du cœur était tout à
t>it aormale. Le péricarde était rempli de sang en partie liquide, en partie coagulé^
20 PARTIE THASâTOLOGIQUE.
c'est-à-dire que des caiDolf nageaient dans le sang fluide. Le cerveau était exsan-
gue, excepté à la partfe fostérieure où se trouvait une hypostase sauguine. Les
poumons étaient peu remplis de sang, mais le foie en contenait beaucoup.
0b8. 4. — Ç^np de pUlokt ayant atteint le ventrictUe gauche du comr.
Mort subite. Coagulation du sang,
Un ouvrfer de trente ans s'était tué en se tirant un coup de pistolet dans la poi-
trine. La balle était entrée au-dessus de la cinquième cdte gauche et avait enlevé
toute la pointe du ventricule gauche du cœur. Toute la plèvre gauche était remphc
de sang avec beaucoup de caillots»
Il est certain que, dans ces cas, où la mort a envahi subitement, le
sang n'a pu se coaguler qu'après la mort.
Les faits suivants en donnent également une preuve bien convain-
cante.
Cas. 5* — Blessures à la télé reçues après la mort. Coagulation du sang.
Nous avons fait beaucoup d'expériences, sur le cadavre, concernant les blessures
de tête, expériences que nous continuerons encore. Nous avons frappé, avec un
marteau de bois, la tête intacte d*un noyé, trois jours après sa mort; trente heures
après nous fîmes l'autopsie. L'endroit de notre rapport qui nous intéresse ici était
ainsi conçu : «... 7<* A la pointe supérieure de l'oreille droite on voit une blessure de
trois quarts de pouce de longueur, à bords non sanguinolents, dentelée, déchirée ;
8° au milieu de l'os pariétal se trouve une blessure contuse longue d'un pouce,
dont les bords ne sont pas nets, dans la profondeur de laquelle on aperçoit du sang
liquide. Une autre plaie aussi longue et de même aspect se trouve à l'occiput ; le
fond de cette plaie est couvert d'un caillot de sang de deux millimètres d'épaisseur, »
Ainsi il s'était formé une coagulation du sang trois jours après la mort Du reste,
le sang do ce noyé était très fluide dans tout le corps.
Obs. 6. — Coagulation du sang quatre jours après la mort.
Par une journée froide de janvier, nous ouvrîmes le corps d'un homme asphyxié
par l'acide carbonique et mort depuis quatre jours. Le cadavre était resté dans la
chambre des morts qui était très froide ; pendant que l'on retirait le larynx et la
trachée-artère, il s'écoula par hasard du sang le long du cou et de l'épaule gauche du
cadavre. Ce sang, très fluide à sa sortie, se coagula assez vite sur le cadavre très
froid, de sorte qu'on put le prendre avec le manche du scalpel comme un vrai caillot.
Obs. 7. — Sang coagulé che* un enfant mort-né.
Le cadavre de cet enfant màlc avait déjà, par suite de la putréraction, la tête
nuire et le corps vert ; les poumons étaient encore très frais, d'un brun clair, et
SIGNES DE LA MORT. — RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE. '21
remplissaient peu la poitrine. La docimasie pulmonaire prouva que l'enfant était
mort-né, néanmoins le cordon ombilical était gorgé de sang coagulé, ce qui démontre
que la présence des ecchymoses sur le poumon ne prouve rien dans la docimasie.
Obs. 8. — Un cas sen^lable.
L'extérieur du cadavre d'un fœlus prouvait qu'il n'avait pas encore attein
l'âge de trente semaines, car les ongles et les cartilages des oreilles étaient encore
mous: la longueur du cadavre était de cinquante centimètres, son poids de un
kilogramme et demi. La docimasie pulmonaire n'aurait pas été nécessaire si le juge
ne l'avait pas demandée expressément. Elle démontrait avec certitude que l'enfant
n'avait pas respiré ni pendant, ni après l'accouchement. A l'occiput, au-dessous du
péricrâne, on trouva une extravasation de sang coagulé de la grandeur d'une
pièce de cinq francs. Tout le cerveau était hypérémique, et la putréfaction avancée
empêcha un examen plus approfondi de ses parties.
Obs. 9. — Un cas semblable.
Un enfant du sexe féminin, attaché encore au placenta, fruit de huit mois de
grossesse, fut trouvé mort dans un cimetière. Les poumons mis dans l'eau gagnaient
le fond, ainsi que lorsqu'ils étaient coupés en plusieurs morceaux ; les incisions dans
ces poumons ne donnaient ni crépitation, ni écume sanguinolente. Évidemment il
n'y avait pas eu vie (respiration) ni pendant, ni après l'accouchement. Cependant,
an milieu du front, on trouva une tache de la grandeur d'un franc, ronde, rouge-
brune, molle, qui, incisée, montra un foyer de sang coagulé.
'ô^ RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE.
La rigidité cadavérique est le dernier des signes de cette première
époque de la mort, et précède la première période de la putréfaction ;
elle est constituée par le raccourcissement de certains muscles et
laugmentation de leur densité, surtout des fléchisseurs et des adduc-
teurs des extrémités et de la mâchoire inférieure ; ces muscles de-
viennent durs et donnent à tout le corps, comme le dit très bien
K. Devergie, quelque chose d'athlétique. Cette roideur envahit de
haut en bas, commence à la nuque et à la mâchoire inférieure, arrive
ensuite aux muscles du cou, de la poitrine, aux membres thoraciques
et enfin aux membres abdominaux. Elle disparait ordinairement dans
le même ordre, et, une fois disparue, elle ne revient plus; alors le
cadavre redevient souple et flexible comme il était auparavant.
22 PARTIS THANATOLOQtQUE.
Le moment où la roideur cadavérique survient, après la mort,
n'est pas régulier, cela peut être après huit, dix et vingt heures, et elle
peut persister plus longtemps qu'on ne l'admet ordinairement, savoir
de un à neuf jours. M. Sommer dit que, pour les cadavres qui sont
restés dans Teau fraîche, la rigidité peut se maintenir pendant qua-
torze jours et plus; mais je ne puis affirmer la même chose, car je
ne Tai jamais observée, quoique j'aie vu un très grand nombre de
noyés,
La cause de cette rigidité n'a pas été expliquée, malgré les re-
cherches minutieuses de Brûcke, Ed. Weber, Stannius, Kfilliker,
Brown-Séquard, Hachka, Kussmaul, Pelikan et autres. La répétition
des mêmes expériences n'a presque jamais amené le même résuK
tat. Nous ne savons pas encore quelle est Topinion qui est juste, on
l'opinion ancienne, remise en vigueur par Brûcke, de la coagulation
de la substance nutritive dans le muscle, ou la théorie de Stannius,
de la mort des nerfs dans les muscles, ou celle de Kôlliker, d'un
changement particulier des molécules des muscles.
Il nous reste, à nous, médecins-légistes praticiens, à faire de nou-
m
velles observations ; nous devons surtout étudier les différentes condi-
tions qui accélèrent oa retardent ce phénomène.
Il parait certain qu*après des empoisonnements narcotiques, elle
est faible et de courte durée. Je ne puis dire si le même phénomène
ft'vbserve sur les hommes tués p^ir la foudre, car je n'en aï pas ob-
servé. Je nai jamais observé celte rigidité sur des cadavres de
fœlus non à terme. Mais, comme d'autres obeervateurs l'ont vue,
dans les maisons d'accouchement, avouant qu'elle est très faible et
très court<î, on ne peut pas la nier absolument, on peut seolenent
la regarder comme n'existant pas pour le médecin-légiste, car son
observation ne peut avoir lieu assez vite. Chez les enfants nouveau-
■es venus à terme et chez les petits enfants, la rigidité est très faible et
de très courte durée. M. Sommer a dit qu'il en était de même chez les
vieillards, mais je prouverai que c'est une erreur. L'opinion, souvent
énMse, que la rigidité n'existe pas ou n'arrive que très tard ou très
faible el de trè»cowrt)e durée, après les morts par asphyxie, est corn-
SIGNES DE LA MORT. — RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE. 2S
plétement erronée. Nous avons trouvé, comme on le verra dans nos
observations, qu'il n'y a pas de différence, sous ce rapport, entre la
mort par asphyxie et les autres genres de mort.
Certains auteurs prétendent que la rigidité, après la mort par con-
vulsions ou par maladie aiguë, envahit vite et est courte; que la mort
subite et la mort par congélation amènent une rigidité tardive et lon-
gue ; que cette rigidité est en général d'autant plus longue qu'elle en-
vahit moins vite, etc. Ces assertions sont loin d'être complètement
exactes et ont besoin d'être conflrmées par de nouvelles observations.
La température basse et l'alcoolisation favorisent évidemment une
dorée plus longue de la rigidité. Je l'ai vue encore le quatrième jour,
dans un cas de mort subite par hémorrhagie cérébrale, en état
d'ivresse; je l'ai vue le septième jour, dans un cas où un homme
ivre s'était pendu ; le sixième jour chez un homme qui s'était tué par
un coup de pistolet, dans un moment de très grand froid ; dans un
quatrième cas, la rigidité cadavérique existait aux membres abdomi-
naux encore le huitième jour chez un jeune garçon d'auberge, qui
fat frappé la nuit d'une apoplexie du cœur et fut trouvé mort dans
son lit (au mois de décembre); et chez un homme mort subitement,
au mois de novembre, à cause d'ivresse, d'une hypérémie pulmo-
naire, nous l'observâmes encore le neuvième jour (218'' cas).
n n'est pas rare de voir la rigidité cadavérique, quand elle dure
longtemps, combinée avec les colorations de la putréfaction. Il parait
certain que cette rigidité a lieu chez presque tous les cadavres, et
on doit noter l'habitude populaire importante, car elle est fondée sur
des milliers d'observations impartiales, qui consiste à laver le cadavre
et le vêtir aussi vite que possible, avant qu'il devienne roide. On
ne peut pas confondre la rigidité cadavérique avec la congélation. Le
cadavre gelé est roide comme une planche de la tête aux pieds,
tandis que la rigidité cadavérique permet toujours encore de fléchir
un peu les articulations des coudes et des genoux.
Un cadavre qui montre seulementjes signes de la mort décrits
juiquà présenty c'est-à-dire des hypostases sanguines internes
H extemesy et de la rigidité cadavérique, peut être regardé
2& PARTIR THANATOLOGIQUE.
comme celui d'un homme qui est morty au plus, depuis deux d
trois jours.
V PUTRÉFACTION.
Quand la mort remonle à plus de deux ou trois jours, le seul phé-
nomène qui puisse servir à déterminer à quel moment elle a eu lieu,
c'est la putréfaction. II est donc nécessaire de préciser à quel instant
ce phénomène commence à se produire, et quels sont les intervalles
de ses différentes phases.
Malheureusement ici les difficultés abondent, surtout & cause des
modifications nombreuses que peuvent apporter, dans le phénomène
de la décomposition , les influences de toute espèce venant soit
de Textérieur, soit de l'individualité même du cadavre. C'est ce
qui faisait dire à Orfila, (ju'il est < au-dessus des forces humaines )
de déterminer depuis combien de temps est mort un homme dont
le cadavre est putréfié. M. Devergie a eu raison d'objecter que
le portier de la Morgue et le garçon de peine, par une longue
habitude du maniement des cadavres, arrivent à déterminer avec
exactitude l'ancienneté de la mort ; je puis affirmer qu'à Berlin
pareille chose a lieu, et il est évident que la science doit pouvoir
offrirla solution d'un problème dont la routine seule donne la clef.
Si nous consultons les auteurs qui ont écrit sur cette matière,
Orfila et Lesueur (1), Gûntz (2) et Devergie (3), nous y trouvons des
observations fidèles et de savantes appréciations, mais une richesse
de détails allant jusqu'au chaos ; et, comme les nombreux phéno-
mènes décrits n'ont pas été rangés en catégories générales, il en ré-
sulte une confusion qui ôte toute valeur à ces travaux pour le
médecin-légiste praticien.
Je vais tâcher de remplir la lacune qui me semble exister dans la
science sur cette matière, ne visant, comme toujours, qu'à un but
pratique, et n'exposant que ce que j'aurai observé moi-môme.
(1) Orflla et Lesueur, Exhumaléons me'dico-lêgales.
(2) GunU, Der Leichnam des Ncugebortien» Leipzig, 1827.
(3) Devergie, Traité théorique et pratique de médecine légale, Vans, iHtî2,
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. — CONSTITUTION. 25
Les conditions qui modifient la putréfaction, tantôt l'accélèrent,
tantôt la retardent, et si le cadavre A , après vingt-quatre et trente-
six heures, a la même apparence que 1^ cadavre B, après quatre
semaines, cela tient ou à des circonstances internes et individuelles
on à des circonstances extérieures; il est bien entendu que la putré-
faction ne se fait que par l'influence d'un contact extérieur, et que la
viande fraîche, mise dans le vide, ne se putréfie pas.
A, Circonstances internes de la putréfaction.
Les modifications individuelles qui influent sur les progrès de la
putréfaction sont :
!• Vàge. Je répète ce que tous les auteurs ont dit, que les cada-
vres des nouveau-nés, cœteris paribuSy se putréfient plus vite que les
autres. Mais ce que je ne trouve mentionné nulle part, c'est que les
cadavres des nouveau*nés que le médecin-légiste a à explorer sont,
presque sans exception, soumis à des influences difl'érentes de celles
des cadavres des adultes. Ils ont été exposés nus tout de suite après
kav naissance f ou tout au plus couverts de quelques lambeaux ; jetés
dans l'eau, dans le fumier, dans les fosses d'aisance ; tandis que
pour les adultes il n'y a que certains noyés qui sont trouvés nus. Or,
les habits dont est couvert le cadavre retardent la putréfaction. Les
hommes âgés se putréfient plus lentement que les adultes, mais ici
aussi la constitution a son influence (Voir le n° 3).
2*" Le sexe. — Je ne puis pas dire que le sexe soit une cause de
différence. Vouloir invoquer c la constitution plus lymphatique de la
femme >, c'est se jeter dans la théorie pure. Remarquons seulement
que les cadavres des femmes, mortes de suite après l'accouchement,
se putréfient vite, quel que soit leur genre de mort.
3" La constitution a une très grande influence. Les corps obèses,
lymphatiques, se putréfient plus vile que les corps maigres et secs,
parce que l'abondance des liquides dans l'organisme favorise la dé-
composition. G*est pourquoi les cadavres des vieillards se conservent
mieux que tous les autres, étant ordinairement maigres et secs.
26 PARTIE THANATOLOGIQUE .
4* Le genre de mort modifie essentiellement les progrés de la pu-
tréfaclion. Après une mort subite elle arrive plus tard qu'après la
mort qui a succédé à une maladie de langueur accompagnée d'une
décomposition du sang, le typhus, l'hydropisie, les vices organiques,
la tuberculisation, les fièvres putrides, etc. La putréfaction envahit
vite les corps très mutilés soit par des coups multipliés, soit par des
forces mécaniques violentes, par exemple les accidents de chemin de
fer. On ne trouve d'exceptions que dans le cas où la mort a été pro-
duite par des éboulements de terrains, des écroulements de mu-
railles ; car, alors, le cadavre restant couvert de pierres, de planches,
de décombres, de sable, de terre, l'air ne peut pénétrer directement
jusqu'à lui.
Les asphyxiés par la fumée, l'oxyde de carbone, se putréfient vite.
«
Nous ne pouvons pas dire, faute d'en avoir vu, s'il en est de même
pour les asphyxiés fui ont succombé à l'influence des autres gaz
irrespirables. Les poisons narcotiques favorisent la putréfaction.
D'autres poisons n'ont pas le même effet, surtout le phosphore.
J'ai observé que les cadavres dont le sang était intoxiqué par l'al-
cool, c'est-à-dire les cadavres d'hommes qui sont morts d'apo-
plexie en état d'ivresse, se conservent longtemps frais ; et l'odeur
de l'alcool se perçoit très sensiblement dans les cavités (216* à
220'' cas). Tout le cadavre, pour ainsi dire, est conservé dans l'al-
cool.
Enfin, il est à remarquer que, dans les empoisonnements par l'acide
suirurique, la putréfaction est retardée, vraisemblablement parce
que l'acide empêche la formation de l'ammoniaque dans le cadavre,
ou parce qu'il neutralise l'ammoniaque aussitôt qu'il se forme. Il
n'est pas rare de trouver les cadavres empoisonnés par l'acide
sulfurique encore frais, et n'exhalant aucune odeur quand on ouvre
leurs cavités à une époque où, dans d'autres circonstances, la putré-
faction serait déjà avancée.
Après les empoisonnements par l'arsenic, la putréfaction a lieu
selon les lois ordinaires ; mais on sait qu'elle peut être interrompue
par la momification sur laquelle nous reviendrons.
SIGNSS DE LA MORT. — PUTnÉFACTlON. -*- AIH ATMOSPHÉRIQUE. S7
Il est certain qoe tooies les circonstances que nous menons d'énu»
mérer ont bien une valeur générale, mais il existe de plus des cir-
constances inconnues jusqu'à présent, qui favorisent ou qui empêchent
la putréfaction.
Je citerai comme exemple l'observation suivante :
J'ai examiné, le 20 mars 1848, quatorze hommes presque tous
du même dge^ de vingt-quatre à trente ans, vivant tous dans les
mêmes conditions (des prolétaires ouvriers) ; ils se trouvaient dans
la même chambre de la Morgue ; ils avaient succombé sur les barri-
cades, leiS mars, tous au même genre de mort et à la même heure.
Il y avait certainement là les mêmes conditions, et, cependant, il
a'y en eut pas deux qui offrissent les mêmes signes de putréfac-
tion.
Dans un autre cas, deux époux presque de même âge, de cinquante
à soixante ans, avaient été asphyxiés en même temps par l'oxyde de
carbone. Les cadavres avaient eu à subir les mêmes influences exté-
rieures jusqu'au moment de notre exploration. Néanmoins, quatre
jours après la mort, au mois de novembre, le cadavre du mari était
vert sur le ventre et sur le dos, la trachée-artère colorée, couleur lie
de vin , tandis que la femme, quoique très grasse, s'était conservée
très fraîche. Il est certain que dans ce cas la différence du moment
précis de la mort ne peut être alléguée, car elle ne peut être tout au
plus que d'une heure.
B, Circonstances extérieure! de la putréfaction.
Les circonstances extérieures ont, sur la putréfaction, une influence
bien plus grande dans le retard ou dans Favancemenl de son appari-
tion, du moins celte influence est plus connue. Ces agents sont : l'air
atmosphérique, l'humidité, la chaleur. On a voulu aussi cpmpter la
lumière et Télectricité ] mais on doit considérer que ces deux agents
sont déjà compris dans l'air, et que, d'un autre coté, leur influence est
encore assez problématique.
1' Uair atmosphérique, -^ Tout ce qui favorise eu empêche son
28 , PARTIE THANATOLOGIQUE.
contact avec la substance animale morte (végétative) accélère ou re-
tarde la putréfaction. C*est pourquoi les cadavres qui restent en plein
air, par exemple les pendus, se putréfient plus vite que les cadavres
enterrés ou submergés ; les cadavres nus ou légèrement vôlusse putré-
fient plus vite que ceux qui sont vêtus, surtout d'habits étroits et peu
perméables. Il est fréquent, chez les hommes qui sont lires de Teau
encore habillés, de trouver encore fraîches les jambes couvertes par
la tige des bottes, tandis que Tépiderme des autres parties du corps
est déjà soulevé ou détaché. Un tailleur bossu s'était pendu, la pu-
tréfaction était déjà avancée; mais le thorax présentait une grande
différence par la raison que le décédé portait un pansement collant en
grosse toile qui était rembourré du côté opposé à la scoliose, afin de
cacher sa difformité.
La terre, selon sa composition, peut empêcher ou favoriser le
contact de l'air. Selon que le sol est mou et poreux comme du
sable, ou gris et ferme comme de l'argile, le cadavre inhumé se pu-
irifiera plus ou moins facilement. Mais pour le sol l'humidité rétablit
l'équilibre et égalise à peu près la facilité de la putréfaction, car
cette humidité, elle aussi, comme nous le verrons tout à l'heure, a
une grande influence sur la décomposition. Le sol sablonneux qui
contient de la chaux est plus sec ; celui qui contient de l'argile ou
de la tourbe est plus humide.
Il est certain que les cadavres qui, comme ceux des nouveau-nés,
ne sont enterrés qu'à la surface de la terre, se putréfient plus vite
que s'ils étaient enterrés profondément.
Par la même raison, on doit tenir compte de l'objet qui enveloppe
le cadavre dans la terre ; c'est ce qu'Orfila a prouvé par de nom-
breuses observations. On sait que les cercueils en sapin se pourrissent
très vite et tombent bientôt en poussière, ainsi que leur contenu ;
tandis que les grands de la terre restent longtemps intacts dans leurs
cercueils solides de bois dur, de plomb, de pierre, surtout lorsqu'ils
sont renfermés dans plusieurs cercueils emboîtés les uns dans les
autres. Au contraire, les cadavres enterrés nus dans la terre se pour-
rissent très vile.
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. — CHALEUR. 29
2* Vhumiditc, — Sans eau ou vapeur d'eau il n'y aurait pas de *
putréfaction. Mais les liquides propres du cadavre suffisent complè-
tement à produire cette humidité. Ils s'évaporent peu à peu, rom-
pent avec le temps les téguments, d'abord ceux de l'abdomen, puis
ceux de la poitrine, enfin ceux du crâne, de sorte que le cadavre
macère dans ses propres fluides. Â ce moment, des vers et des larves
se montrent à la surface, d'abord aux plis du corps, paupières,
oreilles, vulve, région inguinale, puis ils se multiplient par myriades,
et complètent la destruction des parties molles.
Plus l'humidité du dehors parvient facilement, plus la putréfaction
envahit vite. C'est sans doute la raison pour laquelle les cadavres des
noyés qui restent dans l'eau se décomposent beaucoup plus vite que
les cadavres enterrés. L'humidité jointe à la chaleur fait marcher la
putréfaction à grands pas, lorsque par exemple les cadavres sont dans
du fumier ou des lieux d'aisance (voir 15*" obs.); tandis que la
sécheresse prévient la putréfaction, dessèche le cadavre et favorise
la momification.
3" La chaleur: — Un haut degré de chaleur, en évaporant rapide-
ment les liquides du cadavre, amène le dessèchement bien plus vite
que l'absence d'humidité. Quand cette chaleur est à son plus haut
degré et qu'il y a combustion, le cadavre est carbonisé. Mais la cha-
leur jointe aux deux autres conditions, l'air et l'humidité, favorise la
putréfaction proportionnellement à son élévation. Il est connu de tout
le monde que les cadavres se putréfient plus vite en été qu'en hiver.
Des cadavres qui, en été, à une température de 18 à 22 degrés,
sont aujourd'hui très bien conservés, seront peut-être demain ou
dfprès-demain complètement putréfiés et presque impossibles à dissé-
quer ; tandis qu'en hiver, à une température de — 6, — 6 et — 8 de-
grés, les cadavres, après dix et douze jours, sont encore assez frais.
La différence de température est encore très remarquable pour l'eau.
Si le cadavre gèle soit dans l'eau, sott dans un sol humide, il reste
très frais pendant longtemps, et le terme de milliers d'années n'est
pas une exagération, car j'ai vu moi-même, au musée de l'Université
de Moskou^ les téguments mous, il est vrai saponifiés, d'un mam -
SO PARTIE THANATOLOGIQUE.
*moulh déterré en Sibérie. En hiver, un cadavre tiré de Teau dii à
douze jours après la mort, lorsque l*eau a de 2 à 6 degrés de cha-
leur, est encore assez bien conservé pour que Ton retrouve les traces
de Tasphyxie; ce qu'en été on peut à peine retrouver après cinq ou
six jours, quand Teau est à 18 ou 20 degrés.
On doit aussi considérer ici une autre circonstance, la température
de Teau est plus basse dans les couches inférieures que dans les
couches supérieures, parce que le calorique du soleil n'atteint pas
ces couches inférieures. La putréfaction fait des progrès plus rapides
ou plus lents, selon que le cadavre est à la surface ou est retenu au
fond. Il faut tenir compte de toutes ces circonstances, et le mé-
decin-légiste devra en être instruit lorsqu'il lui faudra juger l'époque
de la mort par le degré de putréfaction, s'il n'est pas présent quand
on retire le cadavre. Ajoutez que des cadavres retirés de l'eau, qui
restent exposés à l'air, se putréfient excessivement vite. L'intervalle
d'un seul jour, alors, amène de plus grands progrès que n'en auraient
amené trois ou quatre jours de plus dans l'eau. Je ne pourrais pas
dire si l'on doit attribuer ce résultat au changement des milieux ou à
quelque autre circonstance.
4* Différence des phénomènes de la putréfaction provenant de
la différence des milieux. — C'est s'exposer aune fâcheuse confusion
que de décrire les périodes de putréfaction séparément dans chaque
milieu, comme l'ont fait les auteurs les plus compétents dans cette
matière, Orfila, Devergie et Gûntz ; de plus, c'est superflu, puisque
le procédé de la putréfaction, depuis le premier instant jusqu'au der-
nier, est toujours le même, et qu'il n'est pas modifié dans son accé-
lération seulement par les milieux, mais encore par la réunion des
trois agents que nous venons d'étudier. Il me parait plus convenable
d'adopter une règle générale pour chacun de ces milieux : Tair, l'eau,
la terre, et, dans chaque cas particulier, on pourra, en outre, ajouter
les autres influences qui ont pu agir. ^
Bien qu'il soit assez difficile de déterminer cette règle générale, je
crois pouvoir, d'après mon expérience, poser la thèse suivante :
La température moyenne étant à peu prés égale ^ la puiréfac-
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION DES ORGANES EXTERNES. 81
tion sera égale apriê une semaine de séjour du cadavre à l'air *
libre, après deux semaines de séjour dans l'eau^ et après huit
semaines de séjour dans la terrcy dans les conditions d'inkuma^
tion ordinaire* Ainsi, cœteris paribus^ trois cadavres A, B, C,.
montreront à peu près le même degré de putréraction, si A est resté
en plein champ pendant un mois, B, noyé, est resté dans Teau pen-
dant deux mois, et C a été enterré pendant huit mois dans un cer-<
cneil ordinaire. En évaluant les circonstances particulières du cas et
les ajoutant i cette règle générale, on pourra être certain de ne pas
faire d'erreur grave.
C. Chronologie des phénomènes de la putréfaction,
a. Extérieurement.
La plupart des cadavres qui se présentent & Tautopsie médico-
légale ont séjourné jusque-là dans Tair. Nous les prendrons comme
types pour décrire les progrès chronologiques de la putréfaction.
1° Le premier signe est la coloration des téguments du ventre en
vert avec laquelle survient l'odeur de la putréfaction (nous étudierons
plus bas, dans la partie spéciale, les exceptions que présentent les
Doyés). D'après les différences de température et de conditions indi-
viduelles , cette coloration se fait de vingt-quatre à soixante-douze
heures après la mort.
2^ Ed même temps le globe de l'œil devient mou et cède à la
pression du doigt.
3"* Après trois à cinq jours, toujours comptés du moment de la
mort, la coloration verte devient plus foncée et s'élargit sur tout le
ventre, y compris les parties génitales où elle prend, dans les deux
sexes, une teinte d'un brun-vert sale. Chez beaucoup de cadavres,
surtout chez les asphyxiés, un fluide écumeux et sanguinolent, mêlé à
une certaine quantité de bulles d'air, est expulsé du nez et de la
boocbe. En même temps, on voit des taches vertes plus ou moins
grandes envahissant avec une grande irrégularité, le dos, les extré-
mités infériearesy la cou, les parties latérales de la poitrine.
32 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
à" Après huit à douze jours, toutes ces Uiches s'élargissent, se
réunissent et couvrent tout le corps en defenant plus foncées et en
exhalant à mesure une odeur plus forte. A quelques places, surtout
à la figure et au cou et à la poitrine, ces taches commencent à prendre
une teinte vert rouge, parce que le sang décomposé est épanché daiis
le tissu cellulaire. Les gaz produits par la putréfaction commencent à
se développer et enflent le ventre. Ce sont ordinairement, mais pas
toujours, des gaz inflammables, l'hydrogène sulfuré et phosphore. Si,
alors, on fait une piqûre sur les téguments gonflés, et qu'on allume
le gaz qui sort, on peut, pendant un certain temps, entretenir une
lumière. La cornée est aflaissée et concave, mais on peut encore re-
connaître la couleur des yeux ; on ne peut plus constater, chez les
fœtus non à terme, si la membrane pupillaire a disparu. Le sphincter
de l'anus est ouvert. A certains endroits, surtout aux extrémités, au
cou et à la poitrine, à travers la peau restée plus claire, on aperçoit
des sillons d'un rouge sale formés par les veines et renfermant des
bulles d'air. Les ongles tiennent encore ferme.
60 Après quatorze à vingt jours, la couleur d'un vert grenouille et
d'un rouge brun, est uniformément étendue surtout le corps. L'épi-
derme est en partie soulevé par bulbes de la grosseur d'une noix, en
partie tout à fait détaché dans l'étendue de 50 centimètres au plus.
Des vers innombrables couvrent tout le corps et cherchent surtout les
plis et les ouvertures naturelles. La production des gaz a tellement
augmenté que le ventre est gonflé comme un ballon, ainsi que la
poitrine*, tout le tissu cellulaire est soufllé, tout le corps est mons-
trueux.
Les traits de la figure ne peuvent plus se reconnaître. Ceux qui
ont connu le sujet peuvent à peine établir son identité, car les pau-
pières, les lèvres, le nez, les joues très gonflées changent toute la
physionomie. De plus, la couleur des yeux n'est plus reconnaissable,
riris et la pupille ne sont plus visibles, et l'œil montre, chez tous tts
cadavres arrivés à ce degré de décomposition, une coloration d'un
rouge sale uniforme dans la continuité de la sclérotique. Chez les
hommes, le pénis gonflé a une dimension colosfale, et le scrotum
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION DES ORGANES EXTERNES. 33
peut atleiudre le volume d'one tête d'enfant-, les ongles sont déchaus-
sés et facilement déracinables. Les téguments du crflne sont décollés.
L'envahissement de ee degré avancé de putréfaction dépend beau-*»
coup de la température. Ainsi cet état peut se présenter après huit à
dix jours, quand la température est de 16 à 20 degrés ; tandis qu'il
n'arrive qu'après vingt à trente jours, quand la température est de
0 à 8 degrés.
Nous avons déjà dit que dans cette période de putréfaction le ca-
davre est criblé de vers, et il n'est pas rare de voir, quand il est resté
en plein air ou dans l'eau, qu'il a servi aussi à la nourriture d'autres
animaui. Ce sont principalement les rats de terre et d'eau ; puis les
chiens, les chats, les oiseaux de proie, les renards et les loups. On
trouve alors les traces de la voracité de ces animaux à la poitrine et
au ventre qui sont ouverts, et aux membres où souvent des parties
entières semblent préparées anatomiquement jusqu'aux os. Ces ouver-
tures de cavités, ces blessures de téguments ne pourront être confon-
dues avec les blessures Iraumatiques, Notons que nos poissons de
rivière ne mangent pas de cadavre.
Ces phénomènes décrits, on pourra déclarer avec quelque assu-
rance, ajant égard aux températures et milieux différents, que l'indi-
vidu est mort au moins depuis quatorze jours, mais pas qu'il est
mort au plus depuis vingt jours ; car ce degré de putréfaction se
conserve, en général, très longtemps, plusieurs semaines et même
plusieurs mois, et passe très insensiblement à la période suivante,
contrairement à ce qui a lieu pour les périodes précédentes.
On ne peut déterminer avec assurance si un cadavre putréfié
fut est vert y gonflé et excorié y est mort depuis un, ou trois y ou
même cinq mois,
6* Après quatre à six mois, ou plus tôt pour les cadavres qui ont
séjourné dans un milieu chaud et humide, survient la phase de colli-
«(iialion putride. Les téguments des cavités sont crevés par le déve-
loppemenl continuel des gaz, et les cavités thoracique et abdominale
sont ouvertes. Les sutures du crâne même ont cédé à la pression, et
\e cerveau a coulé. Les cavités de l'orbite sont vides. Toutes les par-
II. 3
SA PARTIE THAKATOLOGIQUE.
lies molles sont en bouillie et, pins tard, se dissolvent tout à fait et
disparaissent. Des os entiers, surtout ceux du crâne et des extrémi-
tés, sont à nu. Les os des extrémités sont souvent, déjà à cette époque,
détachés de leurs articulations par suite de la destruction des ligaments
et des aponévroses. Il n'y a plus une trace de physionomie. On ne
peut plus reconnaître s'il y avait des seins de femme ; de plus, comme
les organes génitaux extérieurs sont tout <^ fait détruits, on ne peut
plus fixer le sexe du cadavre par son hahitus extérieur, excepté
lorsque, ce qui arrive quelquefois, la disposition des poils au pubis
peut encore être reconnue. On sait qu'une interruption nette des poils
indique le sexe féminin, tandis que la continuation des poils jusqu'à
l'ombilic indique le sexe masculin. On peut du reste, si on fait l'autop-
sie, vérifier le sexe d'un cadavre par la présence ou l'absence de
l'utérus (Voir de la 14' à la 16« obs.) (1).
SaponiHcation.
La putréfaction colliquative s'arrête quelquefois par la saponifica-
tion. Cela arrive surtout quand le cadavre gît dans l'eau ou dans un
terrain très humide, et d'autant plus facilement que le corps est plus
gras ; aussi est-ce plus fréquent chez les enfants que chez les adultes.
Outre ces deux circonstances, il en est d'autres qui sont inconnues
et en vertu desquelles certains cadavres se saponifient plus tôt que
d'autres placés dans les mêmes conditions.
Il y a saponification lorsque l'acide oléique se combinant à l'am-
moniaque, il se forme le gras de cadavre , l'adipocire (2). Il est
difficile de déterminer, en général, à quelle époque ce phénomène
de saponification commence. Il est certain que les fossoyeurs du
cimetière des Innocents à Paris, dans lequel on fit pour la première
fois des expériences sur le gras de cadavre (Fourcroy), se sont trom-
pés en assignant le terme de trente ans â la production de ce*savon.
(1) Pour 1« procédé particulier de putréfaction des noyés, voir la partie spéciale,
et, plus loin, la putréfaction du fruit dans la matrice.
(2) Sur la théorie de la formation de l'adipocire, voir Orfila, /oc. cil. Une analv^e
chimique de WetliereU, im Arch. der Phartnacie^ 1857, février, p. 203.
SIGNES DE LA MORT. — PUTIIÉFACTION. — SAPONIFICATION. 35
Quand il se forme, c*est beaucoup plus tôt. M. Devergie dit : « Il
faut un an environ pour obtenir la transformation en gras de la totalité
d'un noyé, et trois ans à peu près dans la terre pour arriver à ce ré-
sultat. > Quant à moi, je puis citer, parmi mes observations propres,
outre Texemple d*un cadavre (SO"" obs.), qui présenta une saponifica-
tion partielle après quelques semaines, le cas d'un enfant nouveau-né
qui n'était resté enterré, dans un jardin, que pendant treize mois dans
un terrain très humide, enveloppé dans de grosses toiles, et dont un
tiers du corps était déjà saponifié (voir lA*" obs.). Enfin j'ai vu récem-
ment un cas présenté par un fruit venu avant terme, dont le cadavre
était enveloppé d'adipocire ; ce fruit n'avait été enterré que depuis
six mois et demi dans un jardin. Je crois donc devoir admettre que la
saponification n'a pas lieu en moins de trois à quatre mois dans l'eau,
et en moins de six mois dans un terrain humide. Je veux parler de la
saponification totale ou presque totale, car ce phénomène commence
plus tôt à se manifester.
Une fois formée, cette saponification ne peut pas être méconnue.
C est un produit homogène blanc ou blanc-jaunâtre, gras, s'affaissant
sous la pression du doigt, mou, fondant à la chaleur, d'une odeur qui
n'est pas désagréable et qui rappelle celle du fromage. Les muscles et
leurs aponévroses présentent les premiers cet état; mais il n'y a pas
un seul organe, soit interne, soit externe, qui y échappe. Les parties
saponifiées deviennent une masse informe, dans laquelle on ne peut
plus reconnaître le type original.
D'après les expériences de Gûntz, le gras du cadavre a un volume
et un poids plus considérables que ceux de la graisse que possédait le
corps. C'est une circonstance importante quand on veut fixer l'âge
d'un nouveau-né par le poids du cadavre; c'est d'autant plus à noter
que le cadavre, retiré de la terre et saponifié, est déjà rendu plus lourd
par le terreau qui y adhère. Je n'ai jamais vu un cadavre complète^
mtni saponifié, ce qui s'accorde avec ce que dit M. Devergie (4).
;l) Ubf. de Mponification. 14% 15% 26% 29% 30% 320« obs.
36 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Mornincatioii.
En n'ayant égard qu'à la conservation du cadavre, il n'est pas
étonnant que l'on ait divisé la momification en grasse et en sèche (1).
Mais la « momification grasse » ou saponification est visiblement et
chimiquement tout à fait différente de la momification proprement
dite ; aussi doit-on séparer ces deux phénomènes, quoique nous les
ayons trouvés réunis sur le même cadavre (26*" obs.).
On appelle momification cette dessiccation complète particulière du
cadavre au moyen de laquelle il conserve son aspect général et même
sa physionomie quoique défigurée, et il revêt une couleur brun-rouille.
La peau devient alors sèche, dure comme du parchemin, fermement
adhérente aux os. L'odeur n'est pas du tout celle des cadavres putréfiés,
mais celle du vieux fromage. Les organes internes, en partie disparus^
sont transformésen une masse noire brune, sèche, et sont impossibles à
reconnaître à l'œil nu ; dans la partie abdominale surtout, les viscères
réunis en une seule masse sont difficiles à distinguer.Toussainta fait des
recherches microscopiques et chimiques sur la momification, qu'il a
jointes à celles qui existaient déjà dans la littérature médicale (2).
Les Egyptiens savaient déjà que ce phénomène pouvait être pro-
duit artificiellement par des injections d'arsenic et par d'autres mé-
thodes d'embaumement. Mais les conditions générales de la momi-
fication naturelle sont très peu connues même maintenant. Elle se
présente sur les cadavres renfermés dans les caveaux et sur ceux qui
sont exposés, n'importe de quelle manière, à un courant d'air dessé-
chant. On peut en voir un exemple sur un cadavre qui repose depuis
soixante ans à Charloltembourg, près de Berlin, dans un caveau
fermé seulement par une grille de fer, et qui est parfaitement con-
servé et momifié. D'un autre côté, la momification s'observe aussi sur
des cadavres qui sont soustraits au contact de l'air et enfermés dans
(t) Siebenliaar. Encyclop. Ilandbuch dcr gcr. Arzneik. Leipzig, 1838, I,p.474.
(2) Voir mon journal {Vierleljahrsschrift, 1857, XI, p. 203).
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. — MOMIFICATION. 37
des cercueils, etc. (1). On ne peut douter que des cadavres se momi^
fient facilement dans du sable chaud et desséchait, et il n*est pas
incroyable, comme on le raconte, que des caravanes entières ayant
été enfouies dans les sables de TÂrabie, aient été retrouvées momifiées
longtemps après, car une très haute température, jointe surtout à
une grande sécheresse, semble favoriser ce phénomène de la momi-
fication ; de même que le courant d'air continuel, elle amène Tévapo-
ration des fluides du cadavre.' On dit que les enfants se momifient
plus vite que les adultes, les femmes plus vite que les hommes, les
personnes maigres plus vite que les personnes grasses.
Rieke prétend que le phénomène de la momification naturelle a
lieu dans les cimetières de Stuttgart; il dit que, quant à Tinfluence
du genre de vie qu'a mené le décédé, les fossoyeurs lui ont confirmé
le mot de leurs collègues dans la scène admirable de Hamlet : < La
putréfaction d'un tanneur dure neuf ans complets. > Cependant nous
attendrons des observations plus exactes que celles des fossoyeurs.
La momie une fois formée peut se conserver des milliers d'années ;
aussi ne peut-on pas dire, même approximativement, depuis combien
de temps est mort un corps momifié; et si on se contente de dire : la
mort a eu lieu il y a plusieurs années, la justice ne sera guère éclairée.
Pour ce qui regarde l'autopsie légale, ce qui est surtout impor-
tant c'est la momification du cordon des nouveau-nés et la momi-
fication provenant de l'arsenic. Nous y reviendrons plus bas dans la
partie spéciale.
b. Intérieurement.
Les organes internes ne subissent pas la putréfaction au même mo-
ment ni au même degré. Leur structure hislologique différente, la
quantité différente de sang et des autres fluides qu'ils contiennent,
leur position profonde ou superficielle qui changent les conditions
1) D*après ce qu'assure le professeur Demaria, l'éditeur de la traduction italienne
de cet ouvrage, la momiflcation des cadavres est assez fréquente dans quelques loca-
lilèi du Piémont. M. Demaria en cite plusieurs exemples. ^
3s PAUTIE THANATOLOGIQUE.
(l'imbiliitîon d*après les lois physiques, enfia la possibilité plus pu
moins grande du contact de Tair atmosphérique, sont autant de causes
de différences importantes. Il y a des organes qui ont besoin de vingt
ou trente fois plus de temps que d'autres pour se putréfier complète-
ment; aussi, au moyen de la chronologie de la putréfaction des organes
internes, on peut juger Tépoque de la mort avec plus de certitude
qu'au moyen des phases de la putréfaction des organes externes. Et je
me crois autorisé à donner la description suivante de ce phénomène,
d'après mes nombreuses observations sur le cadavre, indépendamment
de ce qu'ont dit les auteurs qui se sont occupés de cette question
(Bichat, Orfila, Devergie, Gûntz, Hébreard).
l"" L'organe interne attaqué le plus tôt par la putréfaction est la
trachée y y compris le larynx.
Chez les cadavres frais ou qui n'ont que quelques taches verdàtres
isolées sur les parois de l'abdomen, la muqueuse de la trachée a encore
dans toute son étendue, jusque dans les ramifications des bronches, sa
couleur blanchâtre qu'elle prend aussitôt après la mort, excepté lors-
que la mort est survenue par suite d'une asphyxie ou d'une laryngite.
Mais si la décomposition est plus avancée, quoique le cadavre pa-
raisse encore frais et ne présente qu'une couleur verdàtre sur l'ab-
domen, par conséquent, en été, après trois à cinq jours, et, en hiver,
après six à sept jours; tandis que l'on trouve tous les autres organes
intacts et dans leur état naturel, déjà la membrane muqueuse de la
trachée change de couleur, elle devient d'un rouge cerise ou d'un
rouge brun sale, sans qu'on puisse y distinguer, même avec une loupe,
des vaisseaux injectés. Je ne puis dire si ce phénomène est produit
par irabibilion ou par le contact direct de l'atmosphère.
Que l'on se garde de prendre pour une injection capillaire ou le
résultat d'une asphyxie, ce qui n'est qu'un simple phénomène cadavé-
rique primitif. Les différences d'âge , de constitution , de genre de
mort, n'ont pas d'influence sur la manifestation de ce phénomène. Plus
tard, quand la putréfaction est plus avancée, la muqueuse de la trachée
devient d'un vert olive, les cartilages du canal se séparent les uns des
autres jusqu'à ce qu'enfin ils disparaissent dans la dissolution générale.
SIGNES DE LA MOBT. — PUTRÉFACTION. — ESTOMAC. 39
2"* Le cerceau des nouveau-nés et celui des enfaals n'ayant pas
plus d'un an, vient en seconde ligne parmi les organes qui sont pu-
tréfiés le plus vite. Il est vraisemblable que la structure de cet organe
chez les petits enfants favorise cette décomposition hâtive; ajoutons
cette circonstance importante, que Tair atmosphérique peut facile-
roeut pénétrer dans la cavité crânienne par les fontanelles, qui ne sont
encore couvertes que de membranes. On comprend alors pourquoi
cet organe, chez les enfants, se putréfie plus vite que chez les
adultes, qui ont un cerveau plus dur et abrité du contact de Tair par
une voûte osseuse continue.
S'il y a seulement chez ces enfants une légère couleur de putréfaction
à l'extérieur, quand même tous les autres organes seraient intacts, le
cerveau est déjà décomposé. Il ne remplit plus la cavité crânienne, il
est devenu une bouillie plus ou moins fluide, de couleur rose, et s'é-
coule dès que Ton sépare les os du crâne, sans que l'on puisse distin-
guer ses différentes parties. Cette circonstance peut être très fâcheuse
quand il s'agit de déterminer le genre de mort d'un nouveau-né.
3* Il n'y a pas d'organe, dans les cadavres que l'on trouve> d'une
forme plus différente que V estomac. Tantôt petit , tantôt grand ;
tantôt boursouflé de gaz, tantôt affaissé; tantôt plus ou moins rempli
d'aliments, tantôt vide; jamais deux estomacs ne se ressemblent.
ajoutons que l'estomac se pénètre avec la plus grande facilité des
matières colorantes, de sorte que sa muqueuse présente les couleurs
les plus différentes : jauni par le pigment de la bilO', noirci ou
bruni par les médicaments, par les fruits; rougi par le vin, etc.
Sans parler des changements que cette muqueuse peut présenter par
l'influence de maladies, catarrhes, inflammations, poisons cautéri-
sants, et du phénomène cadavérique le ramollissement gélatiniforme .
n faut savoir tenir compte de ces différents aspects que peut pré-
senter l'estomac pour pouvoir apprécier avec exactitude les change-
ments apportés dans cet orga^ne par suite de la putréfaction.
L'estomac se putréfie très vile. Les premières traces de la décom-
position se montrent déjà après quatre à six jours par des taches
isolées, d'un rouge sale, pas circonscrites, irrégulières, plus ou moins
40 PARTIE THANATOLOGIQUE.
•
grandes, jusqu*à la dimension de la paume de la main à rextréroité
splénique, dans laquelle on aperçoit quelques sillons d*un bleu rouge
qui parcourent, en serpentant, l'étendue des taches. Tous ces phé-
nomènes se voient d'abord à la partie postérieure où ils se joignent à
Thypostase, puis, bientôt, aux parois antérieures. En môme temps,
il se forme , à la petite courbure, des sillons rouges semblables.
Il est important de bien connaître ces altérations, afin d'éviter les
erreurs dans les cas d'empoisonnement. Les « stases sanguines, »
même les c traces d'inflammation, i» de beaucoup d'auteurs alléguées
comme des symptômes d'asphyxie dans la suspension et la submer-
sion, ne sont autre chose que les résultats du phénomène de la pu -
tréfaction commençant de bonne heure.
Lorsque le phénomène de la putréfaction avance, la couleur rouge
sale est remplacée par la couleur noir gris, et le tissu de l'organe
se ramollit d'une manière uniforme dans toutes les couches.
Jamais je n*ai vu la membrane muqueuse se décoller (excoriation)
du tissu musculaire par le fait de la putréfaction, comme cela a lieu par
rînfluence des poisons corrosifs ; ce que Ton ne doit pas confondre
avec le seul boursouflement emphysémateux que produit la putréfaction.
A* Les intestins viennent après l'estomac dans la chronologie de
la putréfaction, et, tout ce que nous avons dit de l'estomac se rap-
porte au reste du tube digestif (1). La coloration connue du pigment
de la bile, et qui a lieu par endosmose dans les parties voisines de la
vésicule du Rel, ne peut pas induire en erreur. Mais la coloration due
à l'hypostase sanguine des anses de l'intestin que l'on aperçoit quand
on tire en haut les intestins pourrait plus facilement tromper.
(1) Je ne me rappelle pas avoir jamais trouvé des portions d'intestin putréfiées
plus tdt que l'estomac. Le cas suivant montrera combien est importante celte chro-
nologie de la putréfaction. Dans un cas d'empoisonnement douteux, par le vin de
colchique, les experts avaient admis « inflammation et gangrène de l'estomac, » au
lieu de mettre sur 1$ compte de la putréfaction, indubitable du cadavre « la rou-
geur foncée et la friabilité du tissu de l'estomac, » parce que le reste du tube
digestif n'était pas encore putréfié. Cette « gangrène a alléguée fut cause que l'af-
faire passa devant toutes les instances légales, et il fallut rectifler l'erreur des experts
par un supe^arbitre de la députation seientiflque.
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. — CERVEAU. 41
La putréraction commençant, les intestins deviennent bruns fon-
cés; ils se crèvent, laissent écouler leur contenu, deviennent pâteux
et se changent enûn en une bouillie foncée, sans forme. Orfila dit que
chez des cadavres exhumés, qui ne présentaient plus aucune trace
d'organe dans la poitrine, il a trouvé quelques restes de tubes intes-
tinaux. Je crois qu*il y a ici une erreur, qui est très facile, dans l'exa-
men des organes d*un cadavre exhumé après longtemps.
ô"" Dans la plupart des cas, la rate se conserve plus longtemps
que l'estomac et les intestins, quoique quelquefois elle se putréfie
plus tôty ce qui semble dépendre de son état plus ou moins sain. Il
est certain qu'elle doit être comptée parmi les organes qui se putré-
fient vite. Elle devient molle et, plus tard, se change en une véritable
pâte, se laisse écraser facilement sous le doigt ; en la ratissant avec
le manche du scalpel on en enlève des morceaux. Par suite des pro-
grès de la putréfaction elle revêt une couleur vert bleu.
^ Uépiploon et le mésentère résistent un peu plus longtemps à
l'infloence de la putréfaction. Ils peuvent même rester encore quel-
ques semaines après la mort assez bien conservés, lorsque les sujets
sont maigres. Mais, lorsqu'ils sont gras, ils se putréfient vite. Alors
ib deviennent d'un gris vert et secs.
7** Ordinairement on trouve le foie, encore quelques semaines
après la mort, ferme et dur. Chez les nouveau-nés il se putréfie plus
tôt que chez les adultes. La décomposition commence à la surface
convexe, et paraît sous une couleur vert luisant qui s'étend sur tout
l'organe, puis cette couleur passe et le foie devient noir ; en même
temps, le sang qu'il contient diminue par l'évaporation comme dans
tous les organes qui se putréfient, et le parenchyme devient plus ou
moins pultacé. Le tissu de la vésicule du fiel se conserve longtemps ;
mais, quand elle ne contient pas de concrétions, elle s'affaisse sur
elle-même, par suite de l'évaporation et de la transsudation de la bile.
8* Ce n'est qu'ici qu'arrive, dans Tordre de la putrescence, le
cerveau des adultes. Après la mort il s'affaisse, et, à mesure que sa
putréfaction augmente, cet affaissement devient plus considérable. Les
premièret traces de la décomposition se montrent non à la surface.
42 PARTIE THANATOLOGIQUE.
mais à la base du cerveau , par une couleur vert clair qui se continue
de bas eu haut dans tout le cerveau ; elle envahit de la substance cor-
ticale à la substance médullaire. Après deux à trois semaines (à une
température moyenne), le cerveau se ramollit, mais il reste ordinai-
rement plusieurs mois chez les adultes avant de se changer en cette
bouillie rose que présente si vile le cerveau des nouveau-nés.
Le cerveau qui a été blessé et qui, par conséquent, se trouve en
contact avec l'air, se putréfie beaucoup plus tôt, comme cela arrive,
du reste, pour tous les organes blessés; cette dernière circonstance
peut s*opposer à un examen minutieux des plaies de tête pénétrantes.
Les organes nommés jusqu'ici appartiennent à la catégorie de ceux
qui se putréfient vite. Dans la catégorie de ceux qui se putréfient
lentement, on compte :
9** Le cœur. — Lorsque déjà, quelques semaines après la mort,
estomac, intestins, foie, etc., sont avancés dans la putréfaction, on
trouve encore cet organe dans sa fraîcheur et présentant très distinc-
tement toutes ses parties. Mais il est plat et affaissé, ordinairement
exsangue ou contient du sang huileux. Puis peu à peu, d'abord les
colonnes charnues, ensuite les parois se ramollissent. L'organe devient
mou, verdâtre, gris et, enfin, noir. La liqueur du péricarde s'évapore
quand la putréfaction est un peu plus avancée, et le péricarde est sec.
Mais il faut plusieurs mois après la mort pour que le cœur présente
ces derniers degrés de putréfaction.
lO*" A peu près en même temps que le cœur, quelquefois plus tôt,
les poumons commencent à montrer les indices de la décomposition.
Des cadavres qui extérieurement présentent des degrés de putréfac-
tion avancée, une couleur vert foncé, l'épiderme décollé, etc., offrent
encore souvent des poumons assez bien conservés, de sorte que
l'on peut bien reconnaître leur structure, quoique l'on ne retrouve
plus de sang. Ce fait est important pour écarter les objections des
purs théoriciens (Henke et tous ceux qui l'ont imité), alléguées contre
le degré de confiance que l'on doit attribuer aux épreuves hydrosta-
tiques de la docimasie pulmonaire. Car si les poumons d'un nouveau-
né, dont le cadavre est encore frais ou même présente quelques traces
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. — POUMONS. A3
de putréfaction, nagent sur l'eau, il est absurde de prétendre qu'ils
nagent grâce aux gaz développés par la putréfaction, puisque les pou«
mons, encore une fois, se putréfient très tard.
Néanmoins on ne doit pas, dans certains cas, méconnaître l'inQuence
delà putréfaction des poumons. Les premières traces se montrent par
l'apparition de petites vésicules, de la grandeur d'un grain de millet
à celle d'un haricot, qui soulèvent la plèvre et sont très faciles à
constater; on possède ainsi un très bon signe diagnostique de la
putréfaction de cet organe. D'abord ces petites vésicules sont isolées
çà et là y plus tard elles deviennent plus nombreuses, de sorte que
Ton trouve des parties entières du poumon qui en sont couvertes,
i;urtout â la partie inférieure.
Au commencement, malgré le développement de ces vésicules, la
couleur n'est pas changée ; mais au bout d'un certain temps cette
couleur devient plus foncée, vert bouteille et enfin noire. En même
temps que cette coloration devient plus foncée, le parenchyme se
détruit. Les poumons deviennent mous, s'affaissent à cause de l'éva-
poration de leur contenu fluide, et enfin ils se décomposent tout à fait.
J'ai observé quelques exceptions à cette règle; comme elles sont,
en général, très rares, je vais les citer.
Des. 10, il, 12 et 13. — Putréfaction précoce des poumons»
Obs. 10*. — Un enfant nouveau-né, du sexe féminin, fut trouvé mort dans Teau. La
mort avait eu lieu par apoplexie cérébrale. Le corps avait déjà quelques taches vertes
aux téf^ments du ventre, mais était encore bien frais et sans odeur de putréfac •
tion. Néanmoins nous trouvâmes de petites vésicules d'air à la surflice des poumons.
Mais tous les signes de la docimasie pulmonaire étaient si nets et si convaincants,
que nous n'hésitâmes pas â déclarer que Tenfant avait respiré et vécu, ce qui fut,
plus tard, complètement confirmé.
Obs. 1 1*. — Dans un autre cas, chez un enfiint qui était né à terme et mort
d*apoplexie cérébrale, très probablement à cause de l'étranglement du cou par le
conion , nous trouvâmes sur les poumons du cadavre encore frais de nombreuses
vésicules d'air, surtout à la surface du poumon gauche, l'une de ces vésicules même
iUeifnait la grandeur d'un haricot blanc.
Obs. 12*. — H fut réellement surprenant chez un enfant né à terme, dont
k cadavre (au mois d'avril, à une température de 9 à 10 degrés) montrait
44 PARTIE THANATOLOGIQUE.
seulement quelques lividités sur le dos , mais pas la moindre coloration verte
des téguments abdominaux, de trouver des vésicules do putréfaction sur le pou-
mon qui, (lu reste, était encore tout à fait frais. L'une d'elles, à la base du poumon
g^auchc, avait la grandeur d'nn petit pois ; six ou neuf autres, à la base du poumon
droit, avaient la grandeur d'un grain de millet. L'enfant, du reste, avait vécu et
(Hait mort d'apoplexie bientôt après la naissance.
ObS. 13^. — Un 4^ cas se rapporte à un enfant nouveau-né à terme, trouvé mort
le 27 avril, dans la rue : (temp. de 8 à 10 degrés) les téguments abdominaux étaient
déjà colorés en vert, et les poumons encore tout à fait frais, comme on pouvait s'y
attendre, leur couleur était rose claire, marbrée de bleu, ils remplissaient la cavité
thoracique, crépitaient à la pression, et à l'incision laissaient échapper une écume
sanguinolente. Mais la base des deux poumons était couverte de vésicules de ia.
grandeur d'un grain de millet qui, comme toujours, soulevaient la plèvre et figu-
raient des perles blanches.
Il'' Après les poumons et le cœur, les reins sont saisis par la pu-
tréfaction. Ces organes durs et fermes seront toujours trouvés frais
dans les cadavres qui ne présenteront que des commencements de
putréfaction. Quand ce phénomène se manifeste en eux, ils revêtent
d*abord une couleur chocolat, puisse ramollissent; mais on peut en-
core bien reconnaître leur texture, et ce n*est que très longtemps
après la mort qu'on les trouve pâteux, faciles à déchirer et d*une
couleur vert noirâtre.
12* La vessie se conserve encore plus longtemps que les reins;
qu'elle soit vide ou pleine, elle ne commence à se putréfier que lors-
que tous les organes mentionnés jusqu'ici sont déjà décomposés.
1 3"" Vœsophage ne se putréfie pas en même temps que le resle du
tube digestif; il résiste très longtemps à la décomposition, et même
après plusieurs mois on le trouve encore assez résistant, mais coloré
seulement en gris vert sale, alors que l'estomac et les intestins ne
peuvent plus être l'objet d'un examen exact.
14" Le pancréas, — Il faut que tout le cadavre soit déjà putréfié
pour que cet organe soit envahi par la putréfaction. Il revêt alors une
couleur rouge sale, reste longtemps ainsi jusqu'à ce qu'enfin il par-
ticipe à la destruction générale.
ib*" Le diaphragme se putréfie excessivement tard. Il a bien,
dans les premières semaines après la mort, des taches vertes ; mais
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. UTÉRUS. 45
uu peut très bien encore, après quatre à six mois, distinguer sa slruc-
ture musculaire et aponévrotique.
16** Le système vasculaire des petites branches échappe à l'obser-
vation dans les organes putréfiés, mais les grosses branches, surtout
les grosses artères, sont décomposées presque les dernières des parties
molles. M. Devergie (1) raconte l'exemple d'un cadavre qui, exhumé
nprùs quatorze mois, présentait encore une aorte très facilement re-
counaissable.
JT" Enfin, je dois déclarer, contrairement à ce que dit Orfila, que
l'organe qui résiste le plus à la putréfaction est Vutérus, On le trouve
encore intact, frais et ferme, d'un rouge sale, et bien conservé, à
une époque où tous les autres organes échappent à l'observation, par
suite des désordres apportés par la putréfaction. Le cas que nous
rapportons plus bas (15"^ obs.), est très remarquable : il prouve com-
bien ce fait peut devenir important, quand il s'agit de constater,
longtemps après la mort, une grossesse douteuse.
Les utérus des nouveau- nés ne font pas exception. Ce sont ces
cadavres de nouveau^nés que nous voyons le plus souvent à des
phases avancées de putréfaction. On les jette dans les lieux, dans les
cloaques, dans les ruisseaux ; on les enterre dans les caves, dans les
jardins, etc., et ils sont ensuite trouvés longtemps après. Nous trou-
îâmes toujours, même lorsque la putréfaction était complète, la ma-
trice bien conservée, de sorte qu'il était encore possible de déter-
miner le sexe du fruit, quoique les parties génitales externes fussent
détruites. On trouvera, dans les observations suivantes, des preuves
évidentes de cette Conservation de la matrice.
Obs. 14. — Formation de gras de cadavre. Utérus rcconnaissable.
Au mois de mars on exhuma d'un jardin humide un fruit du sexe féminin. Le
corps était tout noir, et la surface ne pouvait ôtre débarrassée de toutes les par-
celles de paille et de plante qui y adhéraient. La tète était détachée, et on ne pré-
senta à l'aulopsic que quelques os du crûne. Il va sans dire qu'extérieurement on
(I) Loc. cil.
46 PARTIE THANATOLOGIQUE.
ne pouvait plus distinguer le sexe. Le tronc avait 40 centimètres et pesait 2 kilo-
grammes. Les muscles du tronc et des membranes étaient saponifiés en gras de ca-
davre. Les organes des cavités thoracique et abdominale étaient noirs et on ne
pouvait plus les reconnaître, excepté la vessie vide que l'on pouvait très bien distin-
guer. La matrice était très bien conservée, d'un rouge sale. Nous pouvions donc
reconnaître le sexe du fruit et admettre que très vraisemblablement il était né à
terme, et que, probablement, il était resté dans la terre plus d'un an. Ces conclusions
ont été confirmées par l'instruction criminelle.
Obs. 45. — Submersion dans une fosse d'aisance. Conservaiion de lutérus.
Gras de cadavre»
Une jeune fille qui avait dû être très jolie, ce qui peut expliquer les complica-
tions deTafraire que nous allons rapporter, avait été, au mois de mars 18..., atteinte
d'une pleurésie et devait être transportée à l'hôpital. Elle s'y était vivement opposée
et avait dit qu'elle aimerait mieux mourir tout de suite.
Le même soir, le 21 mars, elle avait tout à coup disparu. Toutes les recherches
pour la retrouver furent vaines, et le bruit courut qu'elle était devenue enceinte
par suite de ses rapports avec un homme marié qui restait dans la maison, et que
celui-ci l'avait fait disparaître. Mais on ne put constater ce qu'il y avait de vrai dans
cette rumeur.
Au mois de décembre de la même année, ainsi près de neuf mois après, les lieux
de la maison furent vidés. On trouva dans la fosse un corps humain tout à fait pu-
tréfié ; on soupçonna que ce pouvait être celui de la fille disparue au printemps, et
la justice demanda l'exploration médico-légale de ce cadavre. Je ne crois pas avoir
jamais eu l'occasion d'observer un cadavre présentant un tel degré de putréfaction.
Même les garçons du service, si habitués à cette odeur, sentirent peut-être, pour la
première fois, un dégoût invincible. Le crâne, le maxillaire inférieur, les membres
inférieurs étaient, en grande partie, dénudés par la macération, détachés de leurs
articulations ; ce qui restait des parties molles n'était que des lambeaux infects et
méconnaissables. On ne pouvait naturellement pas faire une autopsie. Mais le juge
posait cette question : Est-il encore possible^ de vérifier si cette fille, à l'époque de
sa mort, était enceinte? J'espérais pouvoir répondre à la question, et on ouvrit
l'abdomen. Les muscles étaient saponifiés, les intestins présentaient une masse noire
et huileuse dans laquelle on jne distinguait plus les différentes parties ; le foie, la
rate et les reins avaient subi la même transformation. Nous trouvâmes l'utérus rose
clair, dur et épais, de la grandeur d'un utérus vierge ; sa forme, que l'on distinguait
très bien, était normale, sa cavité vierge et iHde- Bien qu'on ne put pas dire quel
avait été le genre de mort de cette fille, nous pouvions cependant déclarer avec
certitude qu'à l'époque do sa mort elle n'était pas enceinte. Celte déclaration lit
tomber les soupçons que l'on avait sur le soi-disant père et assassin, un homme du
reste qui, jusque-là, avait joui d'une bonne réputation.
SIGNES DE LA MORT. — PUTRÉFACTION. ^ UTÉRUS. &7
Obs. 16. — Restes du cadavre d'un nouveau-né. Utértts conservé.
Le 7 juillet 18..., nous fîmes à Charlottenbourg Tautopsie d'un enfant nouveau-
né , du sexe féminin, qui avait été tiré de la Sprée et que l'on disait être resté très
longtemps dans l'eau. Sur la table de dissection se trouvaient, comme restes de la
tête, simplement les os pariétaux. La colonne vertébrale, la jambe gauche, toutes
I ^^S' côtes du cété droit, les deux mains avaient été rongées jusqu'au squelette par des
rats d'eau, qui avaient mangé aussi tout le poumon droit. Les téguments abdomi-
cft^ux étaient noirs, putréfiés ; le cordon, qui n'avait qu'un pouce et demi de longueur,
ôt^it momifié. Ce qui prouve que le cordon une fois desséché, ne se ramollit plus,
vxiéme par un long séjour dans l'eau. Tous les viscères de l'abdomen étaient trans-
formés en une bouillie grise, excepté l'utérus qui était d'un rose clair ; c'était le
seul organe qui fût tout à fait reconnaissable (Voir 25' obs.).
h
/
AS PARTIE THANATOLOGIQUE.
CHAPITRE III.
CAUSES DE MORT.
S 1. Généralités.
Il arrive souvent des cas dans lesquels l'examen le plus minutieux
d'un cadavre ne monlre pas un dérangement matériel qui puisse ex-
pliquer la mort. Ces exemples se présentent quand la mort a été la
suite de mauvais traitements qui causent une maladie générale et qui
finissent, après plusieurs semaines ou plusieurs mois, par amener
la mort: Tintervalle de In maladie laisse aux traces des violences le
temps de disparaître de la surface du corps.
li arrive d'autres cas dans lesquels un homme a succombé à une
mort violente parce qu'on l'a vu tomber malade et mourir au milieu
de circonstances que l'on ne peut expliquer, et cependant la dissec-
tion n'offre rien qui puisse prouver que la mort a été violente. Ce sont
des cas qui embarrassent le médecin-légiste peu exercé. On ne trouve
rien d'anormal ni à la surface du corps, ni dans les cavités crânienne,
thoracique ou abdominale. De quoi le décédé est-il donc mort?
Quelle conclusion peut- on faire? Le médecin déclarera-t-il qu'il ne
sait pas? Qui dira à la justice comment un homme est mort, si l'ex-
pert se déclare incompétent?
Une telle déclaration d'incompétence, outre qu'elle ne rendrait
aucun service à la justice et qu'elle compromettrait la dignité scien-
tifique, indiquerait que l'on ne comprend pas le but judiciaire des
autopsies médico-légales. Il importe peu à la justice qui guette la
trace d'un crime et qui veut savoir la vérité, d'apprendre les causes
physiologico-pathologiques de la mort ; par exemple, une fièvre ner-
veuse, un marasme, qui certainement ne pourront pas être constatés
parl'autopsie. Le juge a seulement besoin de savoir si la mort est arrivée
par les voies naturelles, par suite d'une maladie (n'importe laquelle) ou
par un moyen violent, artificiel, par la faute d'un tiers. Dans le pre-
mier cas, naturellement, le juge abandonne l'affaire. Dans certains
CAUSES DE MORT. — MORT VIOLENTE. 49
cas il arrive que le juge, qui conaaii les anle acta^ denianJe des
délails sur celte € maladie » admise par le médecin comme cause de
mort, et désire, par exemple, savoir si elle a été la suite de mauvais
traitements antérieurs. Si, alors, le médecin-légiste sait les antécé-
dents, il ne lui sera pas difficile de juger la question. Nous en rap-
porterons plusieurs exemples.
Il n'y a que pour les cas, heureusement rares, dans lesquels on
soupçonne que la mort a eu lieu ou a été accélérée par riropéritie
des médecins, que Ton doit admettre une exception à la règle que nous
avons posée et qui dit que la déclaration de c maladie » suffit dans
le rapport. Ici il va sans dire que Ton doit rechercher par l'autopsie
un diagnostic précis de la maladie mortelle et de sa période de déve«
loppement.
C'est seulement dans ces cas qu'il est nécessaire de faire une des-
cription spéciale des altérations pathologiques, par exemple des tuber-
cules, des* cavernes, des dégénérescences du foie, des reins, des tu-
meurs, de la période des inflammatiojos, de la gangrène, etc. , tandis
^e, dans toutes les autres autopsies, cette description spéciale est
^Qperflue, et une description générale suffit. En efiTet, si l'on décrit
avec détails une altération purement pathologique qui n'est pas du
tout en rapport avec la mort violenté, par exemple, si l'on fait une
description minutieuse d'une hydropisie de l'ovaire chez une femme
foi a été étranglée, d'une maladie de Bright, chez un homme qui a
^Çu une balle dans le cerveau, etc., cela ne sert qu'à prolonger, sans
l^ulet sans profit, l'autopsie et le procès-verbal, et il faut se souvenir
<|Qe l'autopsie doit être légale et non pas clinique «
J s. «— Mort violente.
Les cas dont nous venons de parler dans le paragraphe précédent
forment la minorité des cas médico-légaux; le plus souvent on a
^flaire aux morts violentes. La mort violente peut avoir lieu de six
n^anières différentes.
1* Mort par cause mécanique, — La plupart du temps cette mort
n. 4
* - T - -
•> •
60 ' PARTIE TIÎANATOLOGIQUE.
est subite. L'harmonie de Torganisme est violemment dérangée en
partie ou en totalité : par exemple, par l'écroulement de maisons, de
murailles, d'échafaudages, de mâts de vaisseau; lorsque le corps est
écrasé par une aile de moulin, paç une roue de machine, ou bien
lorsque le corps est brûlé, lorsqu^il est broyé pat une voiture, un
chemin de fer, lorsqu'il est atteint par une explosion de poudre (i))
lorsqu'un nouveau-né est empaqueté avec force dans une caisse, etc.
La plupart des blessures par armes à feu appartiennent à cette caté-*
gorie, surtout celles par lesqtielles le cerveau , le cœur, la moelle
épinière, les gros vaisseaux, ou le poumon ont été atteints.
Lorsque la mort ne survient pas par cause mécanique, elle a lieu
par cause dynamique; mais on peut diviser ces causes dynamiques
ainsi qu'il suit :
2° Mort par neuroparalysie. — C'est juste l'opposé de la mort
par cause mécanique, ainsi qu'on le voit sur le cadavre. Le méca*
nisme général de l'organisme n'est nullement altéré par la neuro-
paralysie (apoplexie nerveuse)^ on ne trouve aucun changement sur
le cadavre. Les résultats de rautopj^ie sont tout à fait négatifs, et on
arrive à la conclusion que ce genre de mort a eu lieu, par exclusion
de toutes les autres causes, sans pouvoir le prouver positivement. On
la rencontre souvent chez les noyés et les pendus.
3<> Mort par inflammation, — La vie peut être terminée par
l'inflammation d'un organe important et ses suites, telles que la sup-
puration, l'épanchement, la gangrène, etc. C'est ainsi que finissent un
prand nombre de blessures, celles du cerveau, des p^bumons, du foie,
des intestins, du péritoine, etc.; ou bien ce mode de terminaison est
(1) A Toplosion du laboratoire du préparateur de feux d'artifice D..., quatre per^
Sonnes périrent. D... eut toute la moitié gauche de la tôte fracturée et enlevée, son
cadavre ne présenta pas d'autres lésions. Un ouvrier avait les os du crâne com-
pli^tement écrasés, tandis que les téguments étaient intacts. J'ai observé ce phéno«
mène deux fois dans les blessures à la tôte. La femme de D... a\aitété tuée vraisem-
blablement par la chute d'une planche. Un autre ouvrier, qui était malade et était
couché dans une baraque prés du laboratoire, fut lancé à cent piedi avec son Ut.
Son cadavre était tout à fait niéconnaissabic, la télc fracturée, tous les membres
écrasés. La baraque et le laboratoire avaient complètement disparu.
• • . a . I
CAUSES DE MORT. — MORT VIOLENTE. ÔJ
ie résultat d'empoisonneineDts par des substances corrosives ou des
brûlures graves.
&* Mort par hypérimie. — Ce genre de mort s'observe lorsqu'il
y a stase sanguine dans les viscères :
a. Dans la cavité crânienne la mort peut être le résultat de la
compression produite, soit par Thypérémie des vaisseaux (congestion
cérébrale), soit pai un épanchement (hémorrhagie cérébrale).
è. Dans la cavité pectorale, la mort peut arriver par apoplexie ou
pir paralysie, lorsque la stase sanguine se trouve dans les poumons,
le cœur ou les gros vaisseaux (asphyxie).
L'apoplexie cérébrale peut être le résultat de blessures à la tôte,
de la pendaison, de la strangulation, de la suffocation, des em-
poisonnements par des substances narcotiques, de la congélation et
quelquefois de la submersion.
L*asphyxie est le genre de mort ordinaire dans la submersion, et
en général lorsqu'il y a empêchement à Tentrée de Tair dans les voies
aériennes. L'asphyxie est donc le genre de mort des personnes dont
la poitrine est fortement comprimée, des gens qui meurent dans le
teu et la fumée, de ceux qui succombent par suite de l'inspiration de
gaz irrespirables et souvent aussi des gens pendus et étranglés.
On sait qu'on trouve souvent les deux hypérémies dans le même
cadavre.
5" Mort par anémie. — Il y a anémie lorsque le sang est en si
petite quantité que la vie n'est plus possible. Ici appartient la mort
par hémorrhagie externe ou interne, quelle que soit leur cause, et la
mort par inanition et privation de nourriture.
Q"" Mort par dysémie. — Il est indubitable que la mort peul
provenir de l'intoxication du sang, comme cela est démontre par
1) micfoscopie et la chimie. L'autopsie montre quelquefois la dysémie
par un aspect anormal du sang, mais cet aspect peut tromper. Une
grande quantité de poisons ne tue pas autrement que par l'intoxi-
cation du sang, par exemple dans les empoisonnements chroniques
P^l'arsenic, l'acide prussique, l'alcool, probablement la plupart des
^bloldes, certainement aussi le phosphore ; et il doit y en avoir encore
52 PARTIE THANATOLOGIQUE.
beaucoup qui ont le même effet, quoique jusqu'à présent on ne Tait
pas encore prouvé. C'est également par djscmie que meurent les
individus qui, après de longues maladies et des opérations chirui^i-
cales, sont atteints d'iofeclions purulentes (pyémie). Je n'ai pas besoin
de dire que cette division des genres de mort n'est pas logique nosolo-
giquement parlant. Une telle logique serait impossible, parce que
plusieurs causes de mort peuvent exister sur un même individu. Par
exemple, déchirement mécanique et blessure par arme à feu, lésion
mécauique et asphyxie chez les écrasés, inflammation et dyséroie
après des blessures, etc. Mais le besoin d'une certaine classiflcation
des résultats de l'autopsie se fera toujours sentir, et celle que nous
avons posée a pour die l'avantage d'une grande utilité en pratique.
ÉPOQUE DE L*AUTOPSIE. 53
SECTION II.
ÉPOQUE DE L'AUTOPSIE.
$ 1. — Moments opportam «I ioopportons»
Comme toutes les autopsies, les autopsies légales doivent être faites
peu de temps après la mort, avant que la putréfaction soit avancée et
iiende difficile un examen approfondi. La législation recommande avec
raison de faire l'autopsie vingt-quatre heures après la mort, car alors
les signes de la mort sont déjà bien évidents et on n'a plus à craindre
une mort apparente. Malheureusement h plupart des autopsies légales
se font plus tard. Cela tient à ce que tantôt le cadavre n'est trouvé
que bien plus longtemps après la mort; tantôt les formalités officielles,
le transport du cadavre au local des autopsies, les difficultés qu'il y a
â réunir les témoins nécessaires pour reconnaître le cadavre, sont de
fréquentes causes de retard.
Le médecin-légiste doit néanmoins faire l'autopsie, même lorsque
le moment qui lui est assigné lui paraît inopportun.
Le moment est inopportun, lorsque l'autopsie est faite dans une
des circonstances suivantes : 1^ Lorsque la putréfaction lest déjA
avancée ; 2^ lorsque l'autopsie du cadavre a été déjà faite par un autre
médecin ; 3® lorsque le cadavre a été enterré et est exhumé. C'est là
la question des autopsies tardives que nous allons étudier en détail.
S s. — > Aatoptîei tardivef.
A, Putréfaction avancée.
On peut encore recueillir des renseignements précieux sur un ca -
davre complètement putréfié. Il est certain, en effet, que l'on peut
constater les c anomalies des os », les c blessures des os » (par
exemple les fractures, les blessures par armes à feu, etc.), les « corps
éirangers », surtout des balles, des pointes de couteau, etc.; la pré-
sence ou l'absence d'une grossesse à l'époque de la mort (obs. 15),
bh PARTIE THANATOLOGIQfTE.
beaucoup d'empoisonnements, non-seulement par l'arsenic, mais
probablement par tous les autres métaux (1). Même la question im^
portante de la vie de Tenfant peut quelquefois être tout à fait
résolue sur des cadavres putréfiés ; nous en citerons des preuves.
Puis, on peut encore, par l'examen des os, décider si un nouveau-
né est venu à terme ou non (obs. 29). Enfin, des parties qui ne se
décomposent pas, telles que les cheveux et les dents, peuvent servir
à déterminer l'identité dans des cas importants. L'observation 31 en
donnera un exemple remarquable.
Obs. 17. — Déterminer le genre de morl d^un cadavre tout à fait putréfié.
Par une très grande chaleur d'apût, à 25 degrés Réaumur, un homme bien mis
fut trouvé mort daiis la campagne. Les mains étaient couvertes de gants de peau gla-
cée et, dans la droite, il tenait un mouchoir qui, 'dit-on, avait des taches de lang.A
côté du cadavre il y avait un couteau de poche, petit, vieux, ébréché, ne coupant
pas, qui ne paraissait pas devoir appartenir k cet homme bien mis *, U semblait être
taché de sang séché. L'autopsie légale eut lieu.
Le cadavre était déjà vert noir, l'épiderme détaché, des myriades d*astioots cou-
vraientle corps, le cerveau était fluide et coula quand on ouvrit le crâne; maii on
pouvait encore constater que cet homme était mort d'une congestion au cœur, car,
quoiqu'il y eût déjà l'anémie de la putréfaction générale, le cœur droit et l'artère
pulmonaire étaient encore gorgés d'un sang demi-liquide, demi-coègulé. Ajoutes
qu'il n'y avait pas la moindre blessure sur le cadavre qui pût faire croire que le
couteau eût causé la mort, et que l'autopsie ne donnait aucune preuve d'une mort
produite par une cause extérieure. Cette conclusion fut sufllsante pour le juge.
B, Autopsie faite après celle d'un autre médecin.
Il arrive des cas dans lesquels l'ouverture d'un cadavre est deman-
dée par Te tribunal, ce cadavre ayant déjà été soumis à l'autopsie
par un autre médecin. Dans cette circonstance on peut encore rendre
des services à la justice, car il y a des blessures qui laissent des traces
ineffaçables de leur influeuce mortelle, de sorte qu'une seconde au-
topsie peut encore prouver quelle a été la cause de mort. Dans d'au-
tres cas, on ne peut présenter que des probabilités, mais cela donne
toujours aux juges de précieux renseignements. Il va sans dire que
(1) Voir l'obs. 25 dans laquelle nous avons trouvé du mercure dans un cadavre
exhumé après cinq mois et demi.
AUTOPSIES TARDIVES. — SECONDE AUTOPSIE. 55
le jugement dans de pareils cas ne doit être donné qu'avec une grande
précaution. On ne peut pas donner ici des règles générales, il faut
envisager à part chaque cas particulier.
Obs. 18. — Blessures de tête trouvées sur un cadavre déjà disséqué.
Un ouvrier avait été bleisô à la téta par une barra de far. Il avait élé tranaporté
dana un hôpital, at après sa mort, on avait fait la dissection avant que le juge d'in-»
itniction eût pu être prévenu.
Charfé de faire une seconde autopsie, nous trouvâmes la cavité crânienne vide,
le cerveau disséqué avait été mis dans la cavité abdominale ; la base du crâne
était fracturée, le cunéiforme, l'ethmoïdal et la partie orbitale du frontal étaient en
plusieurs fragments, et, en admettant que ces lésions eussent été causées par la
blessure, on pouvait déterminer facilement quel avait été le genre de mort. Si, ce
qui n*a pas eu lieu, on avait donné suite à Taffaire, si l'on avait demandé un rapport
en nous communiquant Thistoire de la maladie dans l'hôpital, on aurait pu, personno
a*en doutera, juger le cas avec certitude.
Obs. 19. — Rupture du foie, fractures de edtet trouvées sur un oadawre déjà
disséqué.
Ca ouvrier avait été écrasé par une voiture. Un médecin avait disséqué le cadavre
^lû nous fut présenté dans Tétat suivant : La tète n*avait pas été ouverte, la poi-
trine et le ventre étaient cousus comme toqjours après les dissections.
A côté du cadavre on nous présenta un foie qui avait une déchirure longitudinale.
L'estomac et les intestins étaient détachés dans la cavité. DaiKi la poitrine, les
poumons anémiques avaient été beaucoup incisés, ainsi que le cœur qui était tout
à fait vide. Le cerveau était normal, on ne pouvait plus voir s'il y avait eu hémor-
rhagie interne dans la cavité abdominale. Outre la rupture du foie qui, comme cela
arrite ai souvent, ne s'annonça par aucune trace extérieure, il y avait encore quatre
eôtes cassées.
Nous jugeâmes que si le foie qu'on nous a présenté était celui du décédé (ce
dont on s'assura par des témoins), et si la rupture avait été faite pendant la vie, ce
qui était vraisemblable, il était certain que la blessure avait été mortelle.
Ots. 20. — Blessure par arme à feu de V artère axillaire. Autopsie faite sur un
cadavre déjà disséqué.
Le iO février 1851, le garçon K..., âgé de trois ans, jouait avec un fusil qui
éiiil raeté chargé depuis l'année 1848, le coup partit et l'atteignit à l'aisselle droite,
lae abondante hémorrhagie eut lieu immédiatement. Le garçon fut transporté dans
on hépital, où il mourut le 15 du môme mois.
Le 22, le cadavre nous fut présenté pour l'autopsie légale, il avait été préalable-
nent disséqué dans l'hôpital. Il manquait à l'artère axillaire droite un morceau de
iOcentimètres de longueur; l'interne de Thôpital présenta ce morceau coupé après
66 PARTIE THANATOLOCIQUE.
la mort ; il y avait une ligature avec une flcelle rouge, et, à 1 centimètre de celte
ligature, une ouverture de la grandeur d'une tôte d'épingle. Dan» l'aisselle on
voyait trois ouvertures rondes à bords nets, de 8 à 10 millimètres de diamètre,
qui traversaient les téguments. Un pouce plus bas se trouvait une blessure à
bords nets (blessure de l'opérateur). Les poumons et le cœur avaient été beaucoup
incisés, mais leur couleur était très pâle. Le foie, la rate, les reins étaient
kicisés et très pftles, la veine cave était presque vide. La cavité crânienne n'avait
pas été ouverte, les méninges étaient pâles et anémiques, les sinus complètement
vides de sang, le cerveau et le cervelet étaient très pâles.
Nous déclarâmes : 1® ce garçon est mort d'hémorrbagie ; 2* cette hémorrbagie
a eu lien par une blessure de l'artère axillaire droite ; 3° celte blessure a dû né-
cessairement amener la mort (1). Ici l'autopsie préalable ne gêna pn rien l'au-
topsie légale.
Obs. 21 . — Blessures ietéleiur un cadavre déjà disséqué.
Un garçon de cinq ans avait été, dix jours auparavant, frappé à la tête avec une
cuvette. Il était mort et avait été disséqué dans un hôpital.
J'en fis une nouvelle autopsie par ordre du tribunal : il y avait au front, à droite,
une plaie horizontale' moitié cicatrisée, sur laquelle on avait fait des points de suture
presque cicatrisés. On avait réséqué un morceau triangulaire de l'os frontal , le
cerveau avait été disséqué, mais on voyait très bien qu'il avait été enduit de pus
dans une grande étendue. La base du crâne était intacte, tous les organes de la
poitrine avaient été disséqués. Nous pûmes conclure : 1* que le garçon était mort
d'une affection da cerveau ; 2* qu'on pouvait admettre, avec vraisemblance, qu'elle
avait été cauajitpir la blessure à la tète (2).
■
C, Cadavres exhumés, fragments de cadavres.
LÉGISLATION. — Code pénal prussien, § 46. Des crimes punis par la mort se pres-
criront par trente ans révolus ; des crimes punis au maximum, par une privation
de liberté de plus de dix ans, se prescriront par vingt ans révolus ; des crimes
punis par une privation de liberté moins longue, se prescriront par dix ans
révolus.
Des- délits punis au maximum d'un emprisonnement de plus de trois mois, se pres-
criront par cinq années révolues ; les autres délits par trois années révolues.
Ces périodes commencent à compter du jour où le crime ou le délit a élé commis.
Il y a des cas dans lesquels l'exhumation d*un cadavre est deman-
dée, parce qu'elle est nécessaire pour Tinstruction d'un crime. En
général, cette exhumation est demandée spontanément par le juge. Il
(1) Cello rëponie était nëcesMir» toas l'ancien Code.
(9) Voir encore les obs., 23, 31.
AUTOPSIES TARDIVES. — EXHUMATIONS. 67
fa sans dire qu'elle n'a pas lieu s'il s'est écoulé, depuis le temps de
l'eiécution du crime, une période d'années par laquelle le crime se
trouve prescrit, c'est-à-dire dans les dispositions du Code ci-dessus
citées, après vingt ou trente ans.
Dans presque tous les cns, les signes mentionnés plus haut, tels que
Télat des os, l'existence d'une grossesse, la maturité douteuse d'un
fruit, l'état des cheveux, les corps étrangers, les traces d'un empoi-
sonnement, peuvent être reconnus, après vingt et même après trente
ans; de sorte que le médecin peut encore donner son avis. Lorsque
le médecin-légiste est consulté d'avance sur l'utilité d'une exhuma-
lion, il devra recommander l'exhumation si l'examen d'un des signes
que nous avons nommés peut être utile à l'affaire.
Alors sa présence lors de l'exhumation est nécessaire, car le cer*
cneil est souvent pourri et en morceaux, et le transport du cadavre
pourrait changer l'état de certains symptômes importants. Ajoutez
que si Ton soupçonne un empoisonnement par Tarsenic, il Tant prendre
la terre qui entoure le cercueil , ainsi que les liquides qui peuvent
s'écouler du cercueil quand on l'ouvre, et toutes ces précautions ne
seront bien remplies que sous la surveillance personnelle du médecin.
D'un autre côté, il faut bien considérer qu'une exhunifttion est une
opération très longue et très dispendieuse, aussi le médecin doit con*
seiller de ne pas la faire quand il n'a pas l'espérance fondée qu'elle
puisse être utile (obs. 16A), par exemple, lorsqu'il s'agit de donner
son avis sur une maladie interne douteuse, et que le cadavre est en-
terré depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, en général lorsque
les soupçons de la justice ne peuvent être contrôlés que par l'examen
des parties molles.
Mais il ne faut pas oublier, nous le répétons, que les os se con-
servent très longtemps après la mort. Les os du roi Dagobert, que
Ton a trouvé dans l'église de Saint- Denis en faisant des fouilles, étaient
encore bien conservés après deux cents ans (Orfila). Déjà Haller avait
prétendu avoir trouvé de la gélatine dans des os de momies datant de
deux mille ans. Orfila a fait aussi des expériences, et a trouvé, dans
des os datant de six cents ans, 27 pour 100 de gélatine. Je possède
68 PARTIE THANATOLOGIQUE.
le cubitus d'un adulle qui fut trouvé au mois d'août 18AA, tous mes
yeux, a Pompeî; ainsi il était resté dans les ruines de cette ville un
peu plus de dii-liuit cents ans; il est si bien conservé qu'on pourrait
y faire des démonstrations anatomiques.
Ces curiosités ont une valeur en pratique, et prouvent que det o$
exhumée à la fin de la période la plus longue de prescripHon
(trente am) peuvent encore offrir des renseignements. Gela est
vrai, surtout pour les os crftniens, les os longs et les dents qui sont
presque inaltérables, tandisque les os spongieux, comme les vertèbres,
se détruisent plus vite. Mon expérience ne me suffit pas pour donner
des renseignements précis sur les changements qu'offrent les os pendant
les trente ans qui suivent la mort, je suis forcé de renvoyer aux au-
teurs qui, du reste, donnent sur cette question des théories très
contradictoires (et encore ces théories sont-elles basées sur des
observations personnelles), et qu'on oe doit accepter qu'avec réserve.
Voici quelques cas d'exhumation (1):
Obs. 22. — Exhumation aprèf troi$ semaines pour vérifer si un enfant
est mort du croup.
.Un garçon de trois ans avait perdu ses parents dans la campagne, et fut trouvé
mort trois jours plus lard. Il fut enterré ; mais au bout de trois semaines, le
21 juillet, il fut déterré pour que l'on vérifiât si l'enfant était mort du croup (!).
Toute la figure avait été rongée jusqu'aux os par des vers nombreux, ainsi que
les téguments du crâne, de la nuque et du cou. Sur tout le corps il y avait des
moisissures. Il n'y avait aucune blessure extérieure. Le cerveau avait disparu, et
la duro-mére était comme un sac vide. En examinant la gorge, on voyait que les
parties molles avaient été complètement détruites, et que toute la cavité était rem-
plie de liquide putréfié et de myriades de vers. Le larynx et la Irachéô-artère
étaient déjà un peu rongés et leur muqueuse dissoute dans un liquide putride. Il
n*y avait pas de trace de concrétion membraneuse, les poumons étaient putréfiés, 1^
cœur mou et lâche, l'estomac, la rate, les reins, le foie étaient plus ou moins dé-
composés. Nous déclarâmes que l'on ne pouvait dire, même avec la réserve d'une
probabilité, si l'enfant était mort du croup.
(I) Voir le mémoire intéressant de Rander sur la squelctto-nécropsle médieo-
légale, dans mon journal (Vierteljahrtchrifl), vol. V,p. 206.
AUTOPSIES TAnDIVES. -* EXHUMATIONS. — OBSERVATIONB. 60
Ots. 33. — EwhunkUion aprèi vingt* trois jours pour constater «m
mnpoisonnêment par V arsenic.
La femme d'un médecin était en procès de divorce avec son mari. En première
instance, le mari avait été condamné à rendre la dot de 1 2000 thalers (48 000 francs) .
Le 8 mai, au soir, avant que la cour d'appel eût jugé raffaire, la famille mangeait de
la salade de harengs. La femme, qui mangeait seule dans une pièce séparée, y
reçut sa portion envoyée par son mari. Toute la famille resta en bonne santé, et la
femme fut atteinte, la nuit, de vomissements ; elle mourut le i*' juin, après quatre
jours de vomissements. Le mari la fit disséquer par un oiUcier de santé, de ses
smis, auquel il parut étonnant de voir le mari verser, pendant l'autopsie, beaucoup
d*eau de Cologne dans l'abdomen. Le cadavre fut enterré, mais, comme la justice
eut vent de l'afTaire, elle soupçonna un empoisonnement ; le cadavre fut exhumé, et
on nous le présenta pour en faire l'autopsie légale, le 24 juin, ainsi vingt«trois jours
après la mort.
Le corps avait encore, presque dans toute son étendue, la couleur ordinaire des
cadavres , seulement , au tronc et aux membres thoraciques, il y avait des places
vertes et sans épiderme. L'estomac était extérieurement, ù sa partie postérieure,
eoloré uniformément en rouge foncé, évidemment par suite de l'bypostase sanguine.
Intérieurement la muqueuse était décollée en grosses bulles de putréfaction, on ne
voyait ni corps granuleux, ni cristaux, ni inflammation, ni épanchement de sang, ni
gangrène, ni perforation. Du reste on ne trouva aucune anomalie dans le reste du
corps. L'œsophage, l'estomac, le duodénum, le sang, les urines furent soumis à
l'analyse chimique qui fut dirigée naturellement à la recherche de poisons métal-
liques, spécialement de l'arsenic. Aucun de ces organes ne présenta des traces de
poison. Nous dûmes déclarer que le soupçon d'un empoisonnement n'était pas
confirmé. Les circonstances qui ont amené la mort sont néanmoins très singu-
lières.
Obs. 24. — Ea^umation après vingt jours. Os fracturés. Pleurésie,
Dans ce cas on pouvait encore parfaitement poser un jugement. Une femme de
qnatre-viofts ans avait été écrasée par une voiture, était morte dans un hôpital après
n jours et avait été enterrée.
On fit l'exhumation vingt jours après. Le cadavre était encore assez frais (en fé-
nier). Le ventre était seulement coloré en vert foncé , l'épiderme détaché en
beaucoup d'endroits, la couleur des yeux ne pouvait plus être reconnue. Des bles-
lares sa trouvaient à la tète, mais elles n'intéressaient que les téguments et ne
pouvaient être considérées comme mortelles, pas plus qu'une firacture transversale
de l'oa lygomatîque. Cependant nous trouvâmes du celé gauche, cinq côtes cassées,
et, aux parties molles, on voyait très bien les restes d'ecchymoses antérieures. La
plèvre deçà côté était plus rouge du côté droit. Dans la plèvre gauche se trouvaient
2(K) grammes d'un liquide sanguinolent ; et cela n'existait pas dans la plèvre
^9 PARTIE THA^ATOLOGIQUE.
^ffnUf, n^yo« pAiifionfi dire qoe ce liquide n'était pas un produit eadavérique. Les
d^m ^ftmmnn* adhéraient h la e9^e thoracique par des endroits purulents. Sur le
\o\i^, ftii^f^ri^fir du poumon droit se trouvait une extravasation sanguine de la lar-
^finr A'ntifi yO-r^ti de 5 francs. D'aprAs cela, on devait admettre que cette femme
hn\i m*9fUi par siift^ de fractures de cAtes et d'une pleurésie consécutive.
(n%, 2.*f, — ' Exhumation après cinq mois et demi, pour déterminer s^U y aeu
empoisonnement par Varsenk.
l/e 24 Janvier 18...« la veuve F... mourut à la campagne, dans une propriété
qtfi appartenait h R..., et dans laquelle elle demeurait provisoirement. 1^ sieur
h, , avait fait une promesse de mariage à la dccédée qui avait cinquante-cinq ans«
et, mirci^tte promesse, il avait obtenu d'elle toute sa fortune qui était considérable.
RientAt aprAs il se désista, et la femme F... eut beau le prier ou' de se-marierou
de rrndre la fortune, il refusa obstinément. Les choses en étaient là, lorsque la
f«f mme F, . . mourut nu milieu de circonstances assez bicarrés.
RienlAl après cette mort, B... vendit sa propriété et se retira dans une province
éloignée. Mais les soupçons so soulevèrent sur son compte et sur celui de sa bonne
V... qui était oncninte do lui. On jugea nécessaire d'exhumer le cadavre; nom
aasIstAmf* h crlto opératlbn, qui fut faite le 10 Juillet; ainsi c'mq mois et demi
après la mort de In femme F... Nous rapportons les faits les plus essentiels do
pror>«-vnrlinl dn rnutopBin et de notre rapport.
Ln f^ndavrn était habillé. On ne put pas dépouiller les mains des gants dont elles
^lfli(<nt rouvertes ni les piods des bas cl des souliers, à cause de la boursouflure
dn* pnrtin* mollos produite par la putréfaction. Les vêtements étaient couverts
lin niolRisMurt*! tt dn vers innombrables. Le cadavre n'exhalait pas une odeur
dn pulrénirtlon , mais plulAt collo du vieux fromage. La tète, dont la figure
était pnr.ori* rpronnalusablr, était couverte d'un bonnet qui, lui aussi, ne put être
Aie. La flgum était d'un gris noir, sèche, parcheminée, momifiée. Les globes des
yp\\\ manqualmt, ainsi que les cartilages du net; la langue était incomplète;
li«« iir«>llli*s étaioni ronsf*r\éo5, et on y voyait des boudes d'oreilles d*or. La
Airmi» rondi* du oorps i*l drs membre» était encore complètement conservée. Toute
la «urfitoi* Antérieure» du oadavro était d*un brun jaune rusé. La peau en était
|mr^hitminén ^t ri« ooupait Oicilemenl. l«a surC^^e dorsale du corps était plus daire;
n^nm«^(n« la p<»au on élnil égalemeni parcheminée. Les cavités extérieures ne
OAHtonafrnt pan di» corpn élrangor»^ il n*\ avait pas de blessu^^ ni marque de stran-
gtiUlliAn.
iVim» U th\\H abilominale, los viscéro» étaient dans leur situation ordinaire,
^ Mgwn^U étalant p<mr\u«dNm<' graisse aK^ndante, dure, mais encore bien
AMlii^«N^. \a péritoine était pAle et normaK lYpiploon irfs gras, le foie gris et très
t«M^UvMi^ïil« hiWniti' onoAre remplie; reM<>mac avait la grandeur ordinaire, tout
1^ Mt vMf M nffliisitf « mou au loucher et «rr.n aspect bran grîs. Il ftit lié et Até.
tNt^ M V^vivril on xit sa mit^neute d'un gri$ noir, sans aucun vlcèie ou autre
MMM^ <m W MWMil à Tavialyoe chimique ax-^'c un morceau du Ibie ;1es intestins,
^ €M^ |Hal« HMmA fllM M vidM, les reîm et la mtr rameIKs par la patréCK-
AUTOPSIES TARDIVES. — EXHUMAI lOMS. — OBSERVATIONS. 61
Uoo, la matrice de couleur rosée éUil encore très ferme et vide. Les grandes veines
itaient exsangues, le cœur affaissé, la trachée-artère et le larynx étaient vides,
eur muqueuse d'une couleur brun rouge. L'oesophage ne montrait rien d'extraor-
lioaire, on le soumit à l'analyse chimique. Le cerveau était réduit de volume par
a pQtréfaotion.
L'analyse chimique démontra indubitablement l'absence complète de toute com-
maison d'arsenic. Toutes les parties examinées n'ont offert aucune substance
énéneuse, on a trouvé seulement une très petite quantité de mercure.
Dans notre rapport nous dîmes : « Il y a peu de chose dans les actes sur les cir-
«Qstances qui ont précédé la mort. Nous ne connaissons pas l'histoire de la mala-
lie ; uous ne pouvons pas même avoir des renseignements du médecin de village
TÛtL soigné la malade. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il y a des circonstances accès-
eires qui feraient croire qu'il y a eu empoisonnement. Lorsque, au commencement
!• la maladie, des amis de la femne F... venaient pour 4a visiter, la bonne leur refu-
ahla porte en disant que ni la femme F... ni le sieur B... n'étaient à la maison, ou
•îea elle disait que le médecin avait défendu que la femme F... reçût des visites.
^a le médecin dément cette assertion. Cependant quelques amies pénétrèrent
Bsqu'à.elle ; elle était dans une chambre tout à fait sombre, que la bonne n'éclairait
•*en hésitant. La femme F... dit que le vin la dégoûtait, elle frissonna lorsque ses
■lis lui conseillèrent de prendre la tasse qui était devant elle. Elle se plaignit de
Mleors de cou, d'écorchures de la bouche, de grandes douleurs dans l'estomac,
e vomissements continuels. B... avait recommandé de jeter les excréments de la
ï» de manière que les botes ne pussent les trouver et en manger ! La cuisi-
dépose que la bonne, dans les derniers temps de la maladie, a préparé elle*
tous les mets que devait manger la malade, et qu'elle a versé dans le potage
m médicaments, quoique la malade lui eût déclaré qu'elle n'en voulait plus pren-
re. La cuisinière dit avoir entendu de la bonne des propos comme celui-ci : • Si
i diable voulait ^enir chercher cette vieille, o Les deux accusés attribuent la mort
vue grande intempérance de la part de la femme F... ; cependant tous les témoins
'accordent à dire qu'elle a été toujours très sobre. 11 est à noter que B... a fait (ai{«
eoteirement avec précipitation, et, lorsque l'instruction commença et que B... fut
rrèlé, il voulut se peudre dans la prison ! »
Après avoir expliqué que toutes ces circonstances ne pouvaient donner aucune
aie à une expertise médico-légale, nous continuâmes : u Les deux accusés déclarent
li'à la fête de Noël il y eut un dîner dans lequel la femme F... mangea et but
betucoup, absorba surtout une grande quantité de vin de Hongrie *, aussitôt après le
ter elle commença à vomir, fut malade pendant quelques jours, mais se rétablit
tetM. Au milieu de janvier elle tomba encore une fois malade, elle se plaignait de
liiisoD, mal à la gorge, constipation, elle toussait et avait la lièvre. Deux jours plus
M elle fut rétablie par des remèdes diaphorétiques, de sorte que le médecin ne
Vâ^escrivit plus rien. Mais ces données ne correspondent pas avec les dates des
ovionnances. Le jour de la mort de la femme F..., le médecin dit : « Je la trouvai
*ï*ai un embarras gastrique ». C'est tout ce que ce médecin (I) trouva chez une
■osnole.
62 PARTIE THANATOLOGIQUE.
•
D'un autre cdlé, la cuisinière de la maison déposa : « Le matin du jour de sa
mort, la malade se plaignait de vives douleurs et d'un sentiment de brûlure dans le
ventre, qui lui donnait toujours envie de boire de Teau fratche ; elle mourut subi-
tement, en ayant eonsclence de son état, ses derniers excréments étaient fluides et
verts ». Le témoin dit avoir vu, pendant la maladie, des écorchures et des ulcères
dans la bouche de la femme F....
D'après ce peu de données, il n'y a sur la maladie de la femme F... (jue des
probabilités et des hypothèses. Il est certain qu'on a quelques symptômes qui se
présentent après des empoisonnements par substances corrosives, les vomissements
firéquents, l'oppression de l'estomac, les « douleurs affreuses » , le sentiment de
brûlure dans le ventre et les ulcères de la bouche. Tandis que ce qui ferait douter
d'un empoisonnement, c'est que les vomissements ont été observés dans la première
maladie, et les douleurs du ventre ne se sont montrées que dans la seconde, et sur-
tout que la mort est venue subitement, la femme ayant tuu'.c »a connaissance. Tous
ces symptômes appartiennent aussi à d'autres maladies. On ne peut donc pas,
d'après les renseignements que nous avons sur la maladie de la femme F..., conclure
qu'on a feit prendre du poison à cette femme (1), d'après les dispositions du Code.
L'autopsie ne peut pas non plus nous amener à cette conclusion. Il est llcheux
que cette autopsie n'ait pu être foite que six mois après la mort, alors que la pu*
tréfoction avait déjà produit des ravages sur tous les organes; néanmoins, il faut le
dire, on a pu, dans des cas d'empoisonnement par l'arsenic, arriver è des résultats
précis après des exhumations de cadavres plus anciens. Il est vrai qu'on a observé
sur le cadavre de la femme F... un certain degré de momification; mais il aérait
téméraire d'en conclure qu'un empoisonnement a certainement eu lieu, car on a vu
la momification ehet des cadavres de toute espèce, lorsque les conditions favora*
Mes i ce phénomène se sont présentées. Nous ne savons pas si le terrain du ci-
metière du village est favorable à la momification, et il faudra savoir si d'autres
cadavres inhumés dans ce même cimetière montrent après six mois ce même
phénomène. L'autopsie ne nous montre pas d'autres phénomènes résultant d'un
empoisonnement.
Nous avons dit n'avoir trouvé aucune combinaison d'arsenic que l'on peut cepen-
dant reconnaître in mtntmo, et que l'on a seulement découvert une très petite quantité
de mercure. Or, on ne peut regarder cette substance comme un « poison •, puisque
l'on sait que tous les jours on ingère des médicaments contenant du mercure à une
bien plus haute dose. Il est néanmoins singulier que l'on trouve ce mercurei
puisque le médecin traitant dit qu'il n'a jamais donné de préparations mercurielles
à la malade, et qu'on n'en voit pas dans ses ordonnances. On peut expliquer peut-
être la présence de ce mercure par l'habitude qu'ont les malades de prendre très
souvent des médicaments qui ne leur sont pas ordonnés : ainsi la femme F... a pu
prendre des pilules laxatives qui se trouvent facilement à la disposition de tout le
monde. Nous concluons, par tout ce qui précède, que, au point de vue médico-
(1) L'ancien Code demandait 8*i! dtaU certain que le poison eût éié donnd et s'il dtait vrai-
semblable que dw phénomènes obscnrûe en eussent é\é le r&ultat.
AUTOPSIES TARDlVBft. — EXHUMATIONS. — OBSERVATIONS. OS
léfai, on D6 penl pas dire si l'on a fait prendre du poison à la femme F... »
Ce cas s'est présenté II y a très longtemps ; maintenant, de nombreuses ol»ser-
Titions sur les empoisonnements, sur la putréftiction et sur l'évaporation de Taclde
anénieux, nous feraient donner une conclusion un peu différente et nous n'bésf-
terioDs pas i donner une réponse plus positive.
Obs. 26. — ExhwnalUm après neuf mois. Fractures, gras de cadavre*
Momification.
Un garçen de quatre ans avait été tué, disait-on, par la chute d^uneporte-cochère
et avait été enterré. On fit l'exhumation.
Le cadavre avait des Iraits complètement défigurés. La couleur du corps était
d'un noir brun sale, la surface était couverte de moisissures. Le cadavre était
roide et, à beaucoup d'endroits, surtout aux extrémités supérieures et à la face, il
était moaiifié, au point qu'on, pouvait le couper comme du bois.
La surfiice interne des téguments de la tête était saponifiée. La suture lambdoïde
du côté droit était disjointe de quelques millimètres, rarrière-tôte présentait une
fracture de deux pouces de longueur, le cerveau était diminué de volume et trans-
formé en bouillie grise, la base du crâne était fendue par une fracture qui commen-
çât au rocher droit, traversait la selle turcique et aboutissait au rocher gauche. Les
poumons, diminués de volume, étaient complètement anémiques ; il en était de même
du csor qui était grisâtre, et dont on pouvait encore distinguer le tissu. La trachée
et faesophage étaient saponifiés -, l'estomac encore reconnaissable contenait quelques
restes de nourriture, l'épiploon et le mésentère étaient saponifiés ; la rate et le foie,
gris, exsangues, nageaient quand on les mettait dans Teau, les reins étaient sa-
ponifiés ainsi que les intestins, la vessie était vide, la veine cave n'avait pas de
sang.
Les blessures de tète n* avaient pu être faites après la mort dans cette forme et
1 cette étendue, et devaient ftiire admettre qu'une forte violence avait été produite
à la t£te de cet enftmt, et dont les suites avaient amené la mort.
Ois. 27. -^ Ecdiumalion des restes d'un enfant après deux ans, afin de constater
s^Uy aeu empoisonnement par Varsenic.
Dans ce cas je fus consulté par un tribunal étranger, pour savoir si l'on pouvait
opérer un résultat scientifique en exhumant trois cadavres d'enfants que l'on soup-
{«wait avoir été empoisonnés par leur mère, il v a douze, huit et deux ans.
Je conseillai de faire d'abord Texhumation de l'enfant mort le dernier. Quelque
temps après, on m*cnvoya les restes de ce cadavre avec du terrain provenant du
I cimetière. Le cadavre avait été pris du cercueil par le médecin de l'endroit, et mis
dios an vase ; on joignit une caisse dans laquelle se trouvaient les copeaux que l'on
bel tosiiours dans les cercueils pour remplir les vides, les parois du cercueil et des
pvctttes de terrain qui eatouraieot le cercueil. Le médecin -légiste de l'endroit dé^
6à PAUTIE THANATOLOGIQUE.
Clara dans le procès- verbal : « Le cadavre est celui d'un enfaiil de quelques semaioes,
la forme ronde du corps est encore reconnaissable, le corps est devenu si friable,
par suite de la putréfaction, qu*il s'écrase au toucher et tombe en miettes ; les os de
la base du crâne, les vertèbres et les autres os sont intacts et a leur place, cepen-
dant les ligaments sont détruits par la putréfaction comme toutes les partios molles
On ne peut plus reconnaître ni les mains ni les pieds. Les vêlements se distinguent
à peine. »
J'ouvris le vase qui contenait le cadavre, étant assisté du chimiste assermenté,
M. Schacht; nous trouvâmes des copeaux bruns, quelques os du crâne et une mas;e
d'humineen putréfaction qui devait être regardée comme des restes départies molles
et d*os putréfiés. Ces substances furent soumises à une analyse chimique pour voir
si elles contenaient du plomb, du cuivre, du mercure, du bismuth, de l'antimoine
ou de l'arsenic.
Nous trouvâmes que les restes du cadavre et les copeaux ne contenaient pas la
moindre trace d'arsenic, mais qu'il y avait dans toutes ces substances une très
petite quantité d'oxyde de cuivre. Ce fait ne pouvait pas faire conclure qu'il y avait
eu empoisonnement par une substance cuivreuse; car, abstraction faite, qu'une
partie des copeaux entourant le cadavre adhérait au cadavre et se trouvait dans
toutes les épreuves, ce qui pourrait faire admettre que le cuivre provenait du
bois, ^enfant était vêtu avec des étoffes de linge ou de coton, et le cuivre est con-
tenu dans les substances végétales, comme le prouvent les recherches de Sarxeau,
John,Meissneret autres; de plus, les recherches récentes de Wackenroeder {4ffvftlp
der Pharmacie, octobre 1853) ont démontré que le sang humain en contient sou-
vent des traces. Vu ces circonstances, nous déclarâmes qu'il était impossible de
reconnaître s'il y avait eu empoisonnement, et les deux autres cadavres ne furent
pas exhumés.
Obs. 28. — 05 exhumés.
Au mois de mars 18..., je fus requis par les tribunaux pour examiner des os
humains afin de déterminer depuis combien de temps ils avaient été enterrés, et
de déclarer si on pouvait y trouver des traces de violence. Je dis dans mon rapport:
• Ces os sont ceux du crâne et des membres supérieurs et inférieurs. L'individu
auquel ils appartenaient doit être mort à l'âge de vingt à trente aiis. On ne trouve
aucune trace de violence, les os sont intacts. Leur couleur jaune et leur fragilité
me portent à croire qu'ils sont restés longtemps dans la terre ; mais il est impos-
sible de fixer une époque exacte. Néanmoins je suis porté à croire qu'ils sont
dans la terre depuis un temps plus long que celui nécessaire à la prescription
des crimes les plus graves n. Cette déclaration suffit à la justice, et cette affaire
fut abandonnée.
Obs. 29. — 0$ d'un iiouveau*né cahumé, Adipocire.
Dans un jardin de Charlottenbourg on trouva les os d^un enfant, qui me furent
présentés avec la mission de déterminer : « si ces os appartiennent à un cadavre
▲UTOPSIKS TAHDIVES.— EXHUMATIONS. — OBSERVATIONS. 05
enfiinl nouveau -né, si cet enfant a vécu et combien de temps, et s*il y a long-
npc que Tenfant est mort. «»
Oatre le« os , il y avait un morceau de toile grossière qui était couvert de
nvx , une grande quantité d'adipocire ou gras de cadavre d'un jaune blanc,
iféeuz, fondant à la chaleur, enveloppait les os, surtout les deux fémurs, l'os
Mrtal, les os iliaques et le maxillaire inférieur ; aussi les os étaient difficiles à
pÊnr de ces enveloppes. Ces os étaient :
1* Un os temporal avec trois fentes ayant à son plus grand diamètre 6 centi-
èlret 1 /2 de longueur et 5 centimètres de largeur.
S* Un os occipital presque entier, avec sa protubérance extérieure très vbible,
ml de la base à la pointe de 5 centimètres et large de 4 centimètres 1 /2 ;
3* Un fragment semi-lunaire d'un os temporal, 5 centimètres de hauteur, 5 cen-
■êtres 1/2 de largeur, auquel adhéraient encore quelques cheveux blonds ;
4* Un os frontal avec la protubérance visible» il y avait de l'arcade oculaire jusqu'à
pointe 5 centimètres de hauteur et autant de largeur ;
5* Deux os maxillaires inférieurs ayant chacun 5 centimètres do longueur ;
w hauteur i la suture était de 1/2 centimètre;
0* Un petit os plat, mince, sans forme bien déterminée, qui devait appartenir à
M ethmotdal ;
7* Deux os maxillaires supérieurs ayant 26 millimètres de largeur et 22 mlUi-
iilret de hauteur ;
t* Uo lambeau déchiré en beaucoup d*endrôits, long de 5 centimètres, large de
CiÉfaiètres 1 /2, mince comme une feuille de papier à lettre provenant de l'apo-
crânienne, et qui était couvert de cheveux blonds ayant 2 centimètres de
r;
f* Cinq fragments de vertèbres, dont trois avaient leurs apophyses épineuses ;
m eorps de ces vertèbres pouvaient être tranchés avec un couteau et on en aper-
evBt le tissu spoBgieux.
10* Un grand morceau d^adipocire duquel on avait retiré les deux os iliaques ;
eux-ci étaient bien conservés, ils avaient 30 millimètres de hauteur et 31 milli*
sètres de largeur.
Il* Une masse caséeuse enveloppée dans de l'apodicire, d'un brun jaune, devait
ilR regardée comme du méconium d'après son odeur.
12* Un humérus de 5 centimètres de longueur dont le bout inférieur avait 2 cen-
teètres de largeur, et le bout supérieur I centimètre ; cet os était enduit d'un tissu
micuUire rouge brun.
13* La clavicule gauche de 30 millimètres de longueur, assez dur.
\t* L'omoplate gauche ayant 32 millimètres de longueur, 2 centimètres de lar-
leviila partie la plus légère; racromion proéminail d'une longueur de 4 milli-
■èlm;
IS* l*n fragment de Tomoplatc droit avec sa crête.
16* Douze cétes dont la plus petilo avait 5 centimètres, la plus grande 6 centi-
■Mires de longueur, assez dures et bien courbées,
n* Us deux fémurs ayant chacun 8 centimètres de longueur, la tète avait
a. 5
CG PARTll;: THANATOLOGIQUE.
i centimètre d'épaisseur, la partie médiane 1/2 centimètre, la partie inférieure
2 centimètre, du reste assez durs (1).
1 S^ Deux tibias et deux péronés, chaque tibia long; de 5 centimètres ; le bout
supérieur était large de 1 centimètre, le bout inférieur de 1 centimètre 1/2, le mi-
lieu de 1*08 avait 6 nf^ilUmètres de largeur, chaque péroné avait 5 centimètres de
long, le bout supérieur était large de 4/2 millimètre, le bout inférieur de 6 milli-
mètres ;
D'après ces données nous déclarâmes :
i*^ Les os sont ceux d'un enfant nouveau-né ;
9* Leur configuration et leur dimension prouvent que l^nfant a été viahUy et que
très vraisimblablemmt il est né à terme ;
3® On ne peut pas dire si l'enfant a vécu après sa naissance ;
i'* Vraisemblablement l'enfant n'est pas resté dans la terre plus longtemps qu'un
an à un an et demi.
Obs. 30. — Déterminer Vdge d'un fruU déjà ioponifté.
Ce cas montre combien la saponification peut se faire vite.
La fille L... était accouchée secrètement et avait caché le cadavre de son enfant.
Elle avoua l'accouchement, mais prétendit que le fruit n'avait pas plus de trois à
(|ttatre mois. J'eus à vérifier la véracité de cette déclaration.
Les seins de cette fille laissaient échapper les gouttes d'un lait gras. Les taches
et les rides qui se trouvaient sur le ventre ne pouvaient rien prouver dans •• cas,
car cette femme disait être accouchée déjà antérieurement ; on voyait encore un
peu de lochies, Torifice du col de la matrice, qui était déchiré, était encore ouvert
de la grandeur d'un centime. Je déclarai que la fille L.., était accouchée depuis
quelques semaines *, mais, vu la qualité du lait et l'ouverture encore présente de
Toriflce de la matrice, il était très vraisemblable que le fruit auquel elle avait
donné naissance avait plus de quatre mois.
Peu de temps après, on trouva l'enfant enfoui dans la terre humide d'une cave^
enveloppé dans un tablier de coton *, il nous fut présenté pour que nous en fissions
I l'autopsie. Il était déjà très putréfié, et aux extrémités, surtout àl'avant-bras droit et
à la cuisse droite, la saponification avait commencé. Toutes les cavités étaient ou-
vertes, les os crâniens détachés, le cerveau avait coulé. Mais comme les extrémités
supérieure et inférieure gauches étaient encore bien conservées, la dernière avait
20 centimètres de longueur et était encore très grasse et rondelette ; comme le
poids du corps entier était de 3 kilogrammes ; comme la longueur, autant qu'on
pouvait la reconnaître, était encore de dix-neuf pouces, je dus déclarer : que le fruit
certainement avait plus de quatre mois, qu'il était même, selon toute vraisemblance,
né à terme ou à peu près. Ainsi l'autopsie confirmait ce que nous avions dit lors de
l'exploration de la mère. (Comparer cette observation aux obs. 14, 15, 26 et 29.)
(1) La ddcoiirertc du point d'ossiflcalion dcl'cxlrcrait*? inftVietirc du fémur n'était pas encort*
f.iiic. Il aurait été intéressant de l'examiner dans ce cas.
ÂUfOPSŒS TAIlDIVËd. — KXUUMATiONS. - OBSHlRVATlOiNS. 07
[)m. 31 . — Exhmmalion d'un cadavre^ Irois fois répétée, pour des 'buis différents .
C'était une des causes les plus célèbres des temps modernes, unique en méde-
ciue-légale, qui souleva une question tout k flUt noQVelle, celle du tatouage (voir
plus bas le chapitre tatouage) ; c'était TaChire de Schall qui était accusé d'avoir
lisassiné son camarade, le marchand Ebermann (1).
H a fallu exhumer le cadavre de la victime à trois reprises différentes, parce que
l'on ne pouvait pas déterminer l'identité de la victime.
La première exhumation eut lieu neuf jours après l'autopsie, parce qu'une
femme prétendit que son mari avait disparu et qu*elle croyait que c'était lui la vic-
time. Elle déclara qu'elle reconnaissait le cadavre, mais plus tard on s'aperçut
fà*eàkô était une inilme menteuse.
La seconde fois, le corps fut exhumé cinq mois après la mort, pour savoir s'il y
avait des marques de tatouage que l'on savait être sur le bras d'Ebermann, et dont
la présence, par conséquent, était de la plus grande importance à vérifier. Mais la
putréfaction était déjà trop avancée pour que l'on pût déterminer s'il y avait eu ou
DOD des marques de tatouage.
La troisième exhumation ne concerna que la tète seule, qui avait été coupée par
l'Miatsin ; elle fut faite deux ou trois ans après la mort, parce que la maîtresse de
la vietime, sur l'identité de laquelle on avait toujours des doutes, prétendait que
!•■ amant avait des dents ê\ particulières, qu'elle les reconnaîtrait tout de suite. Nous
eAoMie k examiner les os du crâne qui avaient été brisés par un coup de fusil. On
dsoMUdait si le coup mortel était entré dans la tète par le derrière de l'oreille gau -
die, ce que l'on ne pouvait plus déterminer, car ce crâne avait été écrasé en miettes
|iar les deux balles d'un fusil double, et la destruction produite par la putréfaction
empêchait de reconnaître l'endroit où le projectile avait dû entrer. Le crâne n'était
représenté que par des morceaux d'os cassés. Cependant, le maxillaire inférieur
était encore frais, jaune et ferme (pas de ce jaune blanc et mou que les os ont plus
tard), et avait encore toutes ses dents intactes. Ce qui est très remarquable, c'est
fu'au menton il y avait encore quelques traces de barbe rouge, et celte barbe était
implantée sur une petite portion de peau sèche et collée sur l'os qui, dans tout le
reste de son étendue, était dénudé. On me présenta les dents, en me demandant si
e&es ressemblaient à celles du frère de celui que l'on présumait être la victime.
h déclarai qu'il existait une ressemMance entre les deux systèmes dentaires,
■ais <ioe je ne puis en tirer aucune conclusion positive <
Ce cas montre quelles questions singulières sont quelquefois posées au médecin-
Itgisle.
(I) VoiruMNi jotiriMl, Yici'teljahrtschrifl, l, y. 274 ulsuiv.
68 PARTIE THANATOLOGIQUE.
SECTION III.
PROCÉDÉ DE L'AUTOPSIK.
I^GiSLATiON. — Toute la légUlation concernant le procédé que Ton doit suivre dans
Tautopûe est contenue dans le règlement rédigé par la députa lion scientifique, le
15 novembre 1858.
Règlement concernant le procédé que doivent suivre Ut médecint'légistee dans les
explorations médico'légales des cadaivres humains.
^'' I. Dispositions générales.
§ 1. L'inspection extérieure et Touverlure du cadavre par le médecin ne doivent
être faites que sur la réquisition d'un magistrat, et Touverlure ne doit se faire
qu'en présence d'une députation du tribunal.
§ 2. Les médecins pliysiciens sont obligés de faire eux-mêmes l'inspection exté-
rieure du cadavre, ainsi que l'ouverture du corps avec l'assistance de l'ofiicier de
santé assermenté. Ils ne peuvent être remplacés que par un autre médecin
physicien, dans les cas prévus par la loi.
^ 3. Une autopsie légale ne peut être faite que vingt-quatre heures après la mort;
la seule inspection extérieure peut être faite plus tôt.
g 4. Les médecins ne doivent pas refuser de faire l'autopsie à cause de la putréfac*
lion ; car, même quand la putréfaction est avancée, on peut encore trouver des
lésions et des blessures d'os, et des signes qui peuvent servir à constater
l'identité douteuse du cadavre, par exemple la couleur des cheveux, l'absence de
membres, etc. On peut trouver des corps étrangers ayant pénétré dans les par-
• ties molles, découvrir des grossesses et prouver des empoisonnements. C'est pour
cette raison que le médecin doit conseiller l'exhumation dans les cas où ces
circonstances sont en question, quelque ancienne que soit la mort.
§ 5. Le médecin-légiste doit avoir soin d'avoir auprès de lui, pour faire l'autopsie,
tous les instruments nécessaires et en bon état. L'officier de santé qui assiste le
médecin doit, après l'autopsie, recoudre le corps et jeter les résidus de l'au-
topsie.
§ 6. Le local où l'autopsie est faite doit être assez large et clair; le cadavre doit
ôlre placé dans une position commode pour l'expert, et l'opération doit so faire
loin de toute distraction. Il est défendu de faire les autopsies à la lumière,
excepté dans les cas où un retard est impossible. Les raisons qui feront admettre
une exception devront être mises dans le procès-verbal (§ 19).
11. Procédé de l'altopsie.
PROCÉDÉ DE L*AUTOPSIE.— LÉGISLATION. 69
§ ?. Il est quelquefois nécessaire, même pour le médecin, d*examiner Tendroit où
le cadavre a été trouvé ainsi que les environs, de rechercher la position dans
laquelle il se trouvait quand on Ta découvert, d'examiner ses vêtements. Ordi-
nairement les experts attendront pour cela une réquisition judiciaire ; mais il
peut être nécessaire qu'eux-mêmes demandent cet examen. Les experts ont le
droit de demander à la députalion du tribunal les renseignements de toute
espèce qui concernent la mort du sujet.
S 8. Lorsque l'on voit sur le cadavre, des blessures qui ont été en apparence la
eaaae de la mort, et que l'on a trouvé des instruments qui ont pu faire ces bles-
sures, les experts, sur la demande du Juge, devront comparer les instruments et
les blessures, et dire si t^Ue blessure a pu être faite avec tel instrument, et si l'on
peut, par la position et l'état de la blessure, juger la manière et la force qu'a
employées vraisemblablement le coupable.
1 9. L'autopsie se compose de deux parties :
A, Inspection extérieure.
B. Dissection.
S 10. Dans l'inspection extérieure on doit examiner d'abord l'état du corps en gé-
néral, puis celui de chaque région en particulier. '
Quant à l'état général, on doit examiner : l'âge, le sexe, la taille, la constitution,
les anomalies. Par exemple : les cicatrices, les marques de tatouage, les anoma-
lies dans le nombre des membres, les symptômes de maladies, par exemple :
nleères des jambes, etc. Toutes ces conditions sont à enregistrer avec soin, sur-
tout chex 4es cadavres inconnus (§ 2i!. Puis, chez tous les cadavres sans
exception, on doit examiner les signes de la mort et de la putréfaction. Après
avoir lavé le cadavre de toutes les saletés qui peuvent le couvrir, telles que
du sauf, des fèces, etc., on examinera s'il y a ou non de la rigidité cadavérique,
quelle est la couleur de la peau, la coloration de certaines parties pulréflées,
s'il y a lividités et taches de mort elles devront être constatées par des incisions,
afin de rendre inpossible toute confusion avec des ecchymoses.
ynaut à l'inspection de chaque région en particulier, on doit observer, pour les ca-
davres inconnus, la couleur des cheveux et des yeux, s'il y a des corps étrangers
dans les cavités extérieures, l'état des dents et de la langue.
^iis od doit examiner la tête, le cou, la poitrine, le ventre, la surface du dos,
Tanus, les parties génitales, enfin les membres. Lorsqu'on trouve une bles-
sure dans une partie quelconque, on doit nommer sa forme générale, sa direc-
tion et sa position par rapport à des points fixes, sa longueur et sa largeur.
Ordinairement il est superflu de sonder la solution de continuité, puisque
Ton verra la profondeur par la dissection intérieure. Si les experts croient
nécessaire d'introduire une sonde, ils doivent faire enregistrer au procès-ver-
bal (] 19) les raisons qui les font agir ainsi. Quant aux blessures, on doit bien
examiner Tétai de leurs bords et des parties environnantes et, après que l'examen
72 PARTIE THANATOLOGIQUE.
incise les poumons au- dessous de Veau pour voir s*il en sort des bulles d'air.
L Enfin on dfeoupe les poumons en lobes et les lobes en petits morceaux, pour
voir s'ils surnagent tous.
S 18. En général, les experts doivent examiner aussi les autres organes qui ne
sont pas nommés dans ce règlement, lorsqu'ils y voient des blessures, et doivent
y décrire les lésions dans le procès- verbal. '
m. RÉDACTION DU PROCÈS - VERBAL ET DU RAPPORT.
I 19. Le juge doit dresser procès-verbal des résultats de Tautopsie sur les lieux
mêmes (Olduciions protokoU» § 168, der crtminaZ-ordit^n^).
§ 20. Dans l'autopsie, l'expert doit toujours avoir en vue le but légal différent du
but anatomico-pathologique. Il observera tout avec un soin minutieux et complet,
mais sans donner aux explications des limites trop étendues. Tous les résultats
importants doivent être montrés au juge avant d'être enregistrés au procès*
verbal.
§ 21 . Le contenu médical du procès-verbal est dicté par le médecin-légiste claire-
ment, d'une manière compréhensible même pour les laïques. Ainsi on doit
éviter, autant que possible, les termes techniques, autant que cela ne fait pas
tort à la clarté. On séparera les deux grandes divisions de l'autopsie, interne
et externe, par les lettres A et R ; les ouvertures des trois cavités par des nom-
bres romains I, H, III. Outre cela, l'examen de chaque partie spéciale devra être
désigné par des chiffres arabes qui ne s'interrompront pas pour chaque cavité,
et qui se suivent jusqu'à la fin du procès-verbal. Plusieurs parties ne peuvent
pas être rangées ensemble sous le même numéro, et aucune ne doit être passée
sous silence. Les résultats doivent être des descriptions mais pas des jugements
(par exemple, tel organe est rouge, noir et non pas « enflammé, » «r gangrené»).
A la fin de l'autopsie, les experts donneront sommairement leur conclusion
sans la motiver.
§ 22. Lorsqu'on demande à l'expert un rapport (expertise motivée), celui-ci se
composera d'un court préambule en évitant toute formalité inutile ; puis on fera,
en peu de mots, l'histoire du cas autant que l'expert peut la connaître par les ac-
tes, puis le procès- verbal sera copié textuellement et avec les numéros, pour les
endroits qui sont intéressants pour l'affaire. La rédaction du rapport doit être
également courte et claire, les motift de la conclusion doivent être développés
de telle sorte que quiconque étranger à l'art puisse les comprendre. Lorsque le
juge d'instruction a posé des questions aux experts, ils doivent y répondre aussi
textuellement et aussi complètement que possible, ou dire les raisons en vertu
desquelles cela leur a été impossible. Le rapport sera signé par les experts et
sera revêtu du cachet officiel. Chaque rapport demandé doit être rédigé et envoyé
au plus après quatre semaines. *
Berlin, le 15 novembre 1858. Députation royale scienliffque.
INSPECTION EXTÉRIEURE I>ES CADAVRES. — SEXE. 73
CHAPITRE PREMIER.
INSPECTION EXTÉRIEURE DES CADAVRES
$ 1,— Xnspeotion générale.
L'inspection générale extérieure d'un cadavre soumis à l'autopsie
légale est de la plus grande importance ; elle doit être faite avec
d'aataul plus de soin que les erreurs sont irréparables.
Le médecin-légiste doit arriver près du cadavre sans idée pré*
conçue, il doit examiner froidement et scientifiquement tous les signes
qui se présentent, sans prendre en considération les péripéties du
crime. J'ai vu des médecins qui, préoccupés de l'idée qu'un crime a
été commis, croyaient voir, sur le visage du sujet, des traces de vio-
lence, des indices de terreur et d'effroi, parce que le cadavre avait
les yeux ouverts, fixes, hagards, la bouche ouverte, contractée, tandis
que les yeux et la bouche n'avaient cette expression que parce qu'ils
avaient été ouverts après la mort, et le nez était aplati parce que le
corps avait reposé sur sa partie antérieure.
Une précaution également très importante et même indispensable,
est celle qui consiste à mettre le plus grand ordre en décrivant les
régions du cadavre dans le procès-verbal et le rapport de l'autopsie.
Il est même bon d'adopter un ordre déterminé, qui soit toujours le
même pour toutes les autopsies. Je conseillerai l'ordre suivant que
j'ii toujours employé et qui me paraît logique et commode.
1* Le sexe. — On sait que le sexe ne peut se reconnaître à l'ex-
lériear sur les cadavres complètement putréfiés. Lorsque la putréfac-
lioD n'est pas très avancée, on peut encore constater le sexe, même
dans les cas où les organes génitaux ont disparu, car la disposition
des poils sufiBt. Le cercle des poils bien circonscrit sur le pénil ou
mont de Vénus annonce le sexe féminin ; la continuation des poils,
même peu prononcée, du pénil jusqu'à l'ombilic, annonce le sexe
masculin. On sait que le sexe des fœtus n'ayant pas plus de
trou mois est impossible à reconnaître. Dans ces cas, on devra
7 A PARTIE THANATOLOGIQUE.
néanmoins avoir recours A l'usage de la loupe. (Voir n° 13 plus bas.)
2° L'âge, — Pour les cadavres connus il est inutile de chercher
à évaluer Tâge, car le juge a en mains des preuves beaucoup plus
sûres que le jugement du médecin. Hais pour les cadavres inconnus,
lorsqu'il faut faire des recherches sur les causes de la mort d'un ca-
davre dont l'identité est ignorée, la justice ne peut se fonder que
sur l'appréciation du médecin. Or, s'il est déjà difficile d'évaluer,
môme approximativement, l'âge d'un vivant dont on voit le regard, la
démarche, la manière d'être, la parole, l'intelligence, il est eocore
bien plus difficile d'évaluer l'âge d'un cadavre.
La présence ou l'absence des dents , les cheveux plus ou moins
blancs peuvent tromper, les rides peuvent avoir disparu par la bour-
souflure putride du cadavre. L'œil le plus exercé ne peut donner
qu'un jugement à peine approximatif, à dix ou quinze ans près.
Les cadavres d'enfants peuvent surtout tromper sous ce rapport;
cela peut paraître extraordinaire puisque pendant la vie les enfants
sont plus faciles à juger, quant à leur âge, que les adultes. Mais alors
c'est le vêtement, la manière d'être et le degré de développement intel-
lectuel qui aident le jugement; tandis que devant un cadavre, c'est la
taille surtout qui peut guider, et elle diffère beaucoup, non-seulement
pendant la vie, mais encore après la mort, car les cadavres s'allongent
plus ou moins après la rigidité cadavérique ; on ne s'étonnera donc
pas si le médecin, même le plus exercé, assigne l'âge de deux ans i
un enfant qui en a quatre.
3° La longueur du corps. — Pour les nouveau-nés, nous recom-
mandons à tous les médecins-légistes l'instrument à peser de Siebold ;
cet appareil consiste en une surface en cuir plaqué, sur laquelle on
met l'enfant et qui se trouve graduée en pouces, de sorte qu'elle sert
en même temps à mesurer. Pour cela, on n'a qu'à poser l'enfant sur
cette surface et à l'étendre avec les deux mains. Pour les cadavres
d'adultes nous nous servons d'une mesure de six pieds de longueur,
dont l'extrémité est divisée par pouces.
A° La constitution générale. — On peut toujours la juger sans
difficulté. Ce serait une erreur grossière que de prendre un ventre
INSPECTION EXTÉRIEURS DBS CADAVRES. — ÉTAT DES CHEVEUX. 75
boorsonOé par la potréfactioii oa par nue anasarque, pour un ventre
doaé d'embonpoint; mais ne nous arrêtons pas là-dessus,
5* les signes de la mort. -^ Noos en avons déjà parié plus haut.
Lenr examen et leur description au procès-verbal ne doivent jamais être
négligés. Mais les lividités cadavériqaes, Tétat de la cornée, la rigidité
cidivérique seront laissés de côté, lorsque le cadavre présentera déjà
des traces de putréfaction, par exemple : une couleur verdfttre des
tépuaents du ventre; il ne faudra pas alors les enregistrer au pro-
cb-?erbal, car le majus inclut le minusy et Ton doit écarter du pro*
cès-verbal tout ce qui est superflu.
6' La couleur et l'état des cheveux. — Quant à ce signe, qui
est on ne peut plus individuel, on est bien en droit de demander si
l« questions de c léthalité individuelle > n'existant plus, il est encore
sfeeisaire de décrire les cheveux, les yeux, etc. Mais, outre que le
règlement oflBciel ordonne de faire cette description pour les cadavres
iseonnos (§ 10), l'omission en elle-même présenterait quelquefois
de grands inconvénients. Il est évident que le plus souvent, quand on
reeiierche le genre de mort d*un individu, il est indifiérent de savoir
ft'ii a eu les cheveux blonds ou bruns, des yeux bleus ou verts, des
dttts longues ou courtes, etc. Néanmoins, au moment de l'autop-
fle, on ne sait pas quels pourront être les complications ou les
incidents de l'affaire ; on n'en est qu'aux premiers renseignements,
H le médecin ni le juge ne peuvent savoir si des circonstances qui
paraissent insignifiantes, n'acquerront pas par la suite une grande
fiieur, et alors il serait très regrettable de les avoir négligées.
Dans l'observation 61, que nous rapportons plus loin, il y eut des
iblences mortelles exercées sur un enfant, la femme coupable lui
mît brisé nue dent molaire, ce qu'elle niait. Nous avions fait men-
tiim de cette lésion au procès-verbal. Trois jours après l'autopsie, on
trouva cette dent dans les ordures provenant de la chambre dans
laquelle le meurtre avait été commis. Il va sans dire que cette cir-
constance était très importante.
Lorsqu'il s'agit de constater l'identité de cadavres inconnus, la
description des moindres particularités devient très importante,
76 PARTIE THANATOLOGIQUB.
comme le prouve l'observation 31A, concernant un homme inconna
trouvé assassiné. En faisant l'autopsie nous décrivîmes la couleur
des cheveux (c'était une perruque collée sur la tête chauve) ainsi que
la couleur des yeux. Plus tard on soupçonna que ce cadavre était
celui d'un homme qui avait disparu, et on demanda à l'épouse de
ce dernier la couleur des cheveux et des yeux de son mari, mais la
femme, faible d'esprit, ne put le dire !
7*^ La couleur des yeux. — C'est un signe très vague. Elle est
souvent sujette à de nombreuses erreurs chez les cadavres, et de
plus, la perception des couleurs est individuelle. Si le cadavre est
frais et la couleur de l'iris bien tranchée, bien bleue ou bien noire,
et si plusieurs personnes donnent leur avis,' elles seront peut-être
d'accord ; mais souvent, lorsque la couleur est vert bleu, gris brun
ou brun vert, il est certain que sur dix personnes il n'y en aura pas
cinq du même avis. Ajoutons que la putréfaction altère très vite la
couleur des yeux, que le blanc de l'œil devient rouge brun, puis vert
noir, et que l'iris subit les mêmes transformations.
8"* Le nombre et Vital des dents. — Chez les cadavres inconnus
il est nécessaire, par les raisons déjà énoncées, de déterminer avec
soin le nombre et l'état des dents. Je me rappelle que, dans le procès
Schall, la tête de la victime fut exhumée pour la troisième fois, rien
que pour l'inspection des dents (voy. p. 67 ).
9^ La situation et Vitat de la langue. — Nous démontrerons
combien il est erroné, quoique fréquent, de considérer la position de
la langue plus ou moins entre les dents ou les maxillaires, comme un
signe d'asphyxie. Néanmoins on ne peut pas se passer de noter si la
langue est derrière, entre ou en avant des dents. L'état du tissu de
la langue est plus important à examiner. Il faut dire si elle est tumé-
fiée, blessée; c'est surtout dans les cas d'empoisonnements douteux
par les substances corrosives, que l'examen de sa surface peut éclair-
cir beaucoup l'afTaire, comme le prouve le cas suivant :
KNSrECTlON EXTÉRIEURK DES CADAVRES.— CAVITÉS EXTÉRIEURES. 77
Obs. 32. — Suicide par empoisonnement au moyen de Vacide sulfurique
pris pour un assassinat par suite de blessures aiu cou.
Le 24 juin 18.>.> on trouva, dans une ville près de Berlin, le cadavre d*une
femme avec ses deux enfants également morts et ayant de profondes blessures
proveDani d*un instrument tranchant.
Les experts n hésitèrent pas à déclarer que les enfants étaient morts par suite
des blessures. Il en fut autrement pour lu mère. Les experts disaient avoir trouvé
« un épanchement de sang noir pesant 200 grammes, moitié coagulé dans Tab-
domen; l'estomac déchiré, coloré en noir par du sang coagulé, la rate déchirée
ei paltacée. » L*un des experts déclara qu'on avait commis un triple meurtre, et
dit que, quant à la mère, ou elle a d'abord reçu ses blessures au cou, et en tombant,
elle s'est fait ses lésions à l'estomac et à la rate, ou bien elle a reçu un coup dans
la région de l'estomac qui a causé la déchirure de l'estomac et de la rate, et en-
suite elle a reçu ses blessures au cou. Comme le second expert avait une autre
opinion et que tout était assez vague dans ce rapport, la cour se décida à me fiiire
appeler par le télégraphe, pour me demander mon avis avant l'enterrement du
cadavre.
Je le trouvai déjà habillé dans le cercueil. Un sillon brun Jaune, qui allait du coin
ée la bouche au menton, me fit soupçonner de suite qu'il y avait eu empoisonne*
ment par l'acide sulfurique. La langue^ à laquelle on n'avait pas fait attention, fut
retirée et se montra à moitié tannée et enduite d'un liquide sanguinolent muqueux
^ rougissait tout de suite le papier bleu de tournesol. La bouillie noire du ventre,
e'est-à-dire l'estomac brûlé avec son contenu, offrait la même réaction. D'après cela^
il était évident qu'il y avait empoisonnement, on pouvait déclarer que très probable^
BKot la mère, après avoir tué ses enfants, avait essayé de se suicider avec l'acide
tuUorique et, ne trouvant pas de suite la mort, elle s'était coupé la gorge avec le
même rasoir qui lui avait servi pour égorger ses enfants et qui était encore plein
de sang h cOté d'elle. Cette opinion fut déclarée exacte par suite d'une recherche
bite dans la maison. On trouva une lettre de la décédée, dans laquelle elle annon-
çait son projet, et le reste de l'acide sulfurique dans son armoire.
10* L'état des cavités extérieures : roreille, le nez, la bouche,
riniis, les organes sexuels de la femme. — Il est rare de trouver
des corps étrangers dans ces cavités ; cependant il arrive, surtout
chez les noyés, que Ton trouve de la vase, de la terre ; et chez les
asphyxiés, surtout les nouveau-nés, on trouve quelquefois des corps
étrangers qne Ton a mis avec violence dans la bouche, ou des excré-
ments qui ont été aspirés dans une asphyxie dans les lieux d'aisances.
Il y a encore d'autres circonstances dans lesquelles on a à faire
Vexamen de la cavité buccale, c'est surtout quand on soupçonne un
78 PARTIE THANATOLOGIQUK.
empoisonnement par des substances corrosives, car alors on trouve
déjà un commencement de corrosion dans la bouche, ou lorsque la
mort a eu lieu par un coup de feu tiré dans la bouche.
Pour le vagin, la présence ou l'absence de la virginité, des règles,
ou des blessures de ces parties peuvent acquérir une importance qiM
souvent au moment de l'autopsie on ne prévoit pas. Pour l'anus, on
doit regarder s'il y a eu écoulement des fèces, quoique je n'attribue
que très peu de valeur à ce signe qui ne se montre que dans la moitié
des cas de mort subite. D'un autre côté, le transport du cadavre, sua
séjour dans l'eau, sont autant de circonstances qui modifient ce
signe.
11'' L$ cou, — Il mérite dans tous les cas une attention miou*
tieuse. La plus petite trace jaune brun peut .être le signe d'un
étranglement, et il y a des cas où l'inspection de l'intérieur du corps
fait tellement soupçonner la strangulation, que la moindre trace
eitérieure sur le cou devient de la plus haute importance. L'état do
larynx et des vertèbres est aussi très important à examiner. Pour les
vertèbres, il faut se tenir en garde contre un jugement trop précipité,
qui ferait conclure qu'il y a une luxation ou une fracture des vertè-
bres par la présence d'une grande mobilité du cou. Si l'époque de la
rigidité cadavérique est passée, si le cadavre est maigre ou si la
graisse n'est pas figée par le froid, surtout chez les petits enfants, oo
trouvera ordinairement la tête très mobile.
fô** Les mains. — Elles offreat des signes importants. Dans un
cas assez curieux, il s'agissait de dire si un anneau de mariage avait
été porté pendant la vie ou mis après la mort dans un des doigts du
cadavre. Cette question fut facilement décidée quand on trouva nu
sillon au doigt. Souvent on trouve du sang aux mains, ce qui peut
être important quand on doute s'il y a eu assassinat ou suicide. On
trouve aussi souvent de la poudre brûlée dans la main des suicidés
qui se sont tués avec des armes à feu. Les blessures aux mains sont
également importantes pour décider s'il y a eu résistance dans les cas
d'assassinat. La couleur gris blanc et les plis longitudinaux aux mains
et aux pieds indiquent que les cadavres ont séjourné plus de vingt-
1>S1*ECT10K EXTÉRIEURE DES CADAVRES. — COULEUR GÉNÉRALE. 70
•
quatre heures dans Teau. Du sable, de la vase, etc., dans les ongles,
ont aussi leur importance. Nous y reviendrons en parlant spéciale-
ment de chaque mort violente.
13' Les parties génitales, — Elles offrent rarement des rensei-
gnements utiles, excepté quand on trouve des spermatozoaires au
moyen du microscope chez des hommes trouvés pendus, et le rac-
courcissement du pénis des cadavres trouvés dans l'eau. Je men-
tionne comme curiosité que, dans un cas, on m'a demandé si je
pouvais dire, par l'état des parties génitales, si le décédé, trois jours
avant sa mort, avait été ep état d'accomplir le coït.
ih*" La couleur générale du cadavre. — Ordinairement on trou-
vera la couleur blanchâtre. Cette couleur est vert un peu clair comme
cellqde la cire blanche non raffinée, quand les sujets sont morts d'hé-
morrhagies. Si des blessures de tête amènent la mort après une longue
maladie, on trouve souvent la coloration ictérique surtout le cadavre,
coloration que présentait déjà le malade pendant la vie. Mais il y a
encore d'autres colorations importantes chez les cadavres; par
exemple, la couleur rouge brun uniforme des fruits avortés, la
couleur rouille chez les sujets qui ont été rôtis, la couleur noir
charbon chez les sujets qui ont été brûlés. Quand on décrit la cou-
leur de la peau, il faut tenir compte de la coloration de la putré-
faction et de celle des lividités cadavériques. C'est avec raison que le
règlement prescrit de laver les parties qui présentent des taches sus-
pectes aGn d'éviter les erreurs, par exemple, les places brûlées par
Tacîde sulfarique, les petites blessures couvertes de sang, les endroits
où l'on croit voir de la poudre brûlée, une ecchymose, etc., et qui,
quelquefois, ne sont que recouverts de boue ou de sang séché. Cela
arrive pins souvent qu'on ne le pense (1).
(t) Pour l'inspection spéciale des cadavres des nouveau-iiés, voir la ])artic
«fêôile.
^>0 PAUTIE TUANATOLOGIQUE.
S 3. — Aoomalîei troavëei lar la cadavre.
A. Maladies.
Il n*est pas rare de trouver dans les autopsies des anomalies sur
l'extérieur du corps des cadavres, produites par des maladies, telles
que des hernies, des tumeurs de toute espèce, des déviations, des
ulcères, le décubitus (eschare), l'hydropisie, etc.
Chez les cadavres connus dont on n*a pas à chercher Tidentité,
tous ces signes peuvent être décrits brièvement au procès-verbal,
excepté quand le cas réclame un examen approfondi à propos de ces
maladies, par exemple, lorsque l'impérilie d'un médecin est en
question.
Il en est de même des maladies internes, par exemple, la tuber-
culisation des poumons, ossification ou autre lésion organique du
cœur, tumeurs de Tovaire, etc., excepté lorsque la maladie est pour
quelque chose dans la mort.
Chez les cadavres inconnus il est nécessaire de bien décrire les
anomalies et produits extérieurs, car l'expérience a montré que la
présence d'un ulcère, l'absence d'une tumeur, ont aidé à fixer la jus-
tice sur une identité douteuse.
B, Cicatrices.
Les cicalrices que l'on trouve sur les cadavres, surtout sur ceui
qui sont inconnus, doivent fixer l'attention du médecin, car elles peu*
vent donner lieu à des questions importantes de la part des tribunaux.
Des cicatrices peuvent- elles disparaître tout à fait? Dans le procès
de Schall cette question devint d'une telle importance, qu'il fallut
exhumer le cadavre afin de vérifier si les cicatrices de ventouses et de
tatouage avaient disparu. Le temps qu'une cicatrice met à disparaître
complètement, dépend de la plus ou moins grande profondeur de la
blessure dans le tissu et les vaisseaux du derme. Des cicatrices de
blessures qui ont traverse seulement l'épiderme ou même un peu le
derme, peuvent disparaître complètement et ne plus se retrouver sur
lîfSPECTIOff EXTÉRllURS DES CADAVRES. — CICATRICES. 81
le cadaTre^ ee sool, les ^pratignures d'épingles, les eicatrices de
sûgnéeSy de sangsues et de ventouses. Si les ventouses ont été éner-
giques, leurs traces en restent visibles pendant bien des années, mais
cependant elles peuvent disparaître. En France, on employait autre-
fois un procédé pour faire reparaître les marques des galériens, qui
prouve que les blessures profondes de la peau qui avaient disparu
peuvent redevenir visibles. M. Devergie raconte qu'on frappait avec
la paume de la main la partie blessée, jusqu'à ce qu'elle devint
ronge, et alors la partie bAlée paraissait en blanc.
Les cicatrices jointes i une perte de substance ne disparaissent
jamais ; on peut observer cela chez les vieillards qui ont eu, dans
leur jeunesse, des chancres ou des bubons qui se sont guéris avec
|>erte de substance, ou chez ceux qui présentent des ulcères guéris
depuis longtemps; il en est de même des cicatrices qui sont restées
longtemps en suppuration, qui ne disparaissent jamais tout à fait ;
de même pour les cicatrices de la petite vérole, fl y a encore des
dcatrices qui ne disparaissent pas, ce sont celles que l'on trouve
sur les cadavres qui appartiennent i la basse classe et qui sont les
toiles de rixes; elles se rencontrent surtout à la tête.
Une autre question : Peut-on reconnaître l'ancienneté de la cica-
trice d*après sa forme et sa couleur? Les cicatrices des exanthèmes
et des blessures présentent d'abord une coloration plus rouge que
celle des parties environnantes, puis deviennent de plus en plus
klaaches et miroitantes. Mais le genre de blessure et l'individualité du
Messe sont des raisons qui peuvent faire varier beaucoup l'état des
ticatrices; on sait que les cicatrices de petite vérole pâlissent très
irrégulièrement, selon les différents individus, de sorte que chez les
IBS elles sont blanches après six à huit mois, tandis que chez d'autres
diessont encore rouges après deux ou trois ans. Il en est de même
fov les cicatrices produites par des blessures. Donc, on ne doit juger
^«oeieBneté d'une cicatrice qu'avec les plus grandes précautions, et
il n'y a que les cas négatifs qui permettront une décision à peu près
^^ne. Par exemple, quand ou trouvera une cicatrice blanche, lui-
^Bte, on pourra dire avec certitude qu'elle ne peut pas provenir
11 6
82 PARTIE TRANATOLOOIOVI,
d'une blessure faiid il y a delix, iroît^ quatre Mmaings, tsar rtxpérience
démoAife qu^en si peu de temps une cteatrice ne peut pes p4ltr; msis
en ne pourrait pas dire, dans ce cas, si la cicatrice date de deux ou de
sixens.
En rés«né :
Otê àieatricei ai9€c perte de snhHaïufe, dtê cieuiricêi de pUies
€Uppmtm^8 H d'ulcèree ne diiftttainenijumnùtî je rtUttmveni
têHf^uri sur h cadavre.
Des cicatrices de isnngsHeSj dr, saifiiées^ dt ventwMs^ pem^ent
ditpwêttre duni un temps plus ou moins long.
Il est très difficile de donner une upprécitition ptmtiw sur
VnHciênineté d*une ckutrice,
m
OBs. 3S. — Déterminer Vemeienneté d'une deetrioe.
CeUe détermination était d'une grande importance pour découvrir rautaur d'un
vol commis avec violence. ,
On me demanda, Ve it mâts, si chez N..., un apprenti soupçonné d^avdh* ttm-
iflfs la ertmèv aae cicatrice au doigl pouwil être considérée coamia ajant^fNt»-
duite par une blessure reçue au mois de féwier au moyen d'uu crochet ou d'un
levier, ou d'une vrille ou par une autre manière.
La cicatrice était à la surface externe du petit doigt de la main droite, près de
l^atlfètolation métacat^-phëlan^enne, de forme ronde« 4» la graiiaoi' à*vm ^t
iwis, rose pâle et entourée d'un cercle foncée L'inculpé disait que cette blevsura avait
été faite, le 5 février, dans une rixe, par un coup porté avec la main au moyeu
d'une enseigne en porcelaine brisée ; mais c'était très invraisemblable, parce qu'une
telle blessure aurait été contuse et de forme Irrégulière; il étaft pHis traimnMaMe
de l'attnbXier à une blessure caaaée par une vrille ou un emperte-piècet em au
autre instrument rond et pointu, il est possible que, comme le dit le préveuU) )a
blessure ait été faite six semaines auparavant.
I
«
C. Tatouage.
Gomme nous l'avons déjà dit dans la 31* observation» dans une
affaire très grave, mnis eûmes k répondre à cette question : Des
marques de tatouage qui existaient pendant la vie peuvent*^les ne plus
9e relronver sur ie cadavre? Cette question était tout à âut noavdle,
et, tomme il n'en existait aucun précédent dans toute la littératve
LNSFKCTIN EXTÉfilËURË DES CADAVUES. — TATOUAGE. 83
ui^dicalei je ne pus U résoudre que par des recherches persennelies.
Si la réponse étail négative, le cadavre inconnu que Ton avait trouvé
ne pouvait être celui de l'homme que l'on soupçonnait et qui avait
eu nt)loireroent des marques de tatouage pendant la vie ; et si cette
identité n'était pas constatée, l'accusation contre l'assassin tombait
d*elle*méme. Si, au contraire, on pouvait prouver que, seulement
une fois, ces marques ont disparu, Taccusation se trouvait con«
lirmée.
Chez nous, les marques de tatouage sont faites ordinairement par
(les honunes et presque toujours sur les bras, quelquefois aussi sur la
poitrine. Les peuples sauvages font ce tatouage sur tout le corps, et
se servent de ce signe pour indiquer le rang plus ou moins élevé de
l'individu dans la société. Le tatouage se lait au moyen de trois ou
quatre épingles enveloppées jusqu'à la pointe dans un bouchon ou
un morceau de bois, on les enfonce dans la peau sur laquelle on
a d'avance dessiné la figure. Lee hommes qui aiment à se faire ces
marques de tatouage sont ordinairement des soldats ou des marins ;
ils dessinent un ou deux cœurs avec les initiales de leur bien-aimée,
l'innée qui court, des épées croisées, des pipes, etc. Lorsque l'hé-
oiorrhagie produite par les petites piqûres a cessé, on frotte dans
les blessures fraîches une matière colorante, du cinnabre, de la pou-
dre, ordinairement ces deux substances sont mêlées, ou de la couleur
noire, du charbon, de l'encre, de la couleur bleue.
Pour savoir si ces marques peuvent disparaître encore pendant la
vie par une résorption des matières colorantes pendant l'acte de la
régénération continuelle du derme, je visitai les invalides de la Haison-
Rojale, parmi lesquels je trouvai trente-six hommes qui dirent
ivoir été tatoués (1). Chez l'un on voyait encore clairement des mar-
^Ms de tatouage après cinquante-quatre ans, chez beaucoup d'autres
ipis plus 4e quarante ans, chez deux autres les marques de tatouage
tvveit disparui sans laisser auQUoe trace, après trente^-huit et trente-
(l).Voir le tableau »pécial de ces tatouages dans moaiourual (VierleljahrsKhrift^
^•l,p.îS8)*
Si partiiî: thanatolugique.
six ans» Le résaltat général de mes recherches lut que sur (rente-six
qui avaient été (atoués, chez trois les marques avaient pâli, chez deux
elles avaient en partie disparu, et chez quatre elles avaient disparu
complètement. Donc, il y en avait un sur neuf qui avait perdu toute
trace de tatouage. Dans Taudience publique dans laquelle j'annonçai
les résultats de mes recherches, il se trouva un témoin, homme du
monde, qui' montra son bras complètement intact et sans aucune
trace des tatouages qu*il y avait faits dans sa jeunesse avec du cin-
nabre.
Un an plus tard, M. Hutin (1), à Paris, a répété ces expériences
sur une échelle encore plus grande, dans le grand établissement
des Invalides. Sur trois mille invalides il en trouva cinq cent six qui
s'étaient tatoués autrefois. Ces recherches ont abouti aux mêmes
résultats que les miennes. Les couleurs furent trouvées les mêmes que
celles que nous avons nommées, et, comme cela a lieu ordinairement,
on s'était servi du cinnabre. Les marques produites par cette substance
disparaissent, d'après H. Hutin, très souvent; les marques faites avec
(le la couleur noire ou du charbon pulvérisé restent pins souvent visi-
bles, celles qui sont faites avec de la poudre, du bleu ou de l'encre
palissent assez souvent, mais ne disparaissent ordinairement pas.
Parmi les cinq cent six tatoués, M. Hutin trouva les marques complè-
tement disparues chez quarante-sept. Ainsi c*est presque la même
proporliun que celle que j'ai trouvée, un dixième.^
Cette question une fois soulevée a été encore étudiée par un autre
iiiéJecin de Paris, M. Tardieu, qui deux ans plus tard fit des obser-
vations et publia un mémoire remarquable sur les tatouages (2), au
point de vue médico-légal. Parmi soixante-seize individus qui avaient
clé autiefois tatoués, il en trouva trois dont les marques avaient
complètement disparu. Cette proportion est très faible comparée à la
mienne et à celle de M. Hutin; elle est expliquée par M. Tardieu par
le choix lie la matière colorante. Les invalides que nous examinâmes.
(1) Hahenhes sur les tatouages, Paris, 1855.
i2) Annales d'hygiène publique y ian\* 1855, p. 17 1<
INSPECTION RITÉBIEUEE DES CADAVRES. — TATOUAGE. SÔ
M. Hulia et moi, chacun de notre c6té, avaient employé principale-
ment da cinnabre, tandis qae les individus observés par M. Tardien
avaient été tatoués au moyen d'une composition chimique noire. M. Tar-
dieu dit que le cinnabre et Tencre bleue restent moins longtemps que
les préparations chimiques noires, la suie et le bleu de blanchissage.
C*est-à dire que les premières matières sont plus facilement résor-
bables que les dernières. M. Follin a trouvé, dans les ganglions lym-
phatiques, la matière colorante provenant de marques de tatouage
disparues; le regrettable Heckel, professeur distingué, a fait la
mèoie observation sur plusieurs cadavres qui avaient été tatoués. 11
trouva, chex des individus qui n'étaient tatoués que depuis peu de
temps, déjà des traces de matière colorante dans les ganglions.
Mous pouvons confirmer ces recherches par nos propres observa-
tions:
1* Un nojé de vingt ans avait sur le bras gauche un A très visible,
roage. Noua trouvâmes à Tœil nu le cinnabre dans les ganglions de
2* Un individu, mort de pleurésie purulente, âgé de soixante ans,
avait tatoué son avant- bras gauche d'un cœur très rougi, dans lequel
il j avait les lettres J, C,G, 1858. Au bord du ganglion on voyait du
cinnabre pointillé.
S* Le cadavre d'un homme de soixante ans qui se tua en 1856 en
se coupant la gorge, présentait à l'avant-bras droit un cœur tatoué,
aiec la date (encore très visible après quarante-trois ans) 181S, et
au-dessous deux figures. Ces marques avaient été faites avec du cinna-
bre dont on retrouvait de nombreuses traces dans les ganglions de
Tiisselle.
&* et 5* Quatre jeunes bouchers avaient été asphyxiés, en 1857,
^ de Toxjde de carbone. Deux avaient été tatoués avec du cinna-
lue au bras droit. A... avait une couronne, trois chiffres et la date
IU5. Tout était encore très visible après deux ans, et dans les
patdions il n'j avait pas encore de cinnabre. B... avait un joli dessin :
^oft tète de bœufy en dessous deux massues, des chiffres et la date
1S51. Excepté le chiflfîre 5 un peu pflle, tout était encore visible.
86 PARTIE THANATOLOGIQUE .
Nous troQvâmes déjà (après six aas) du cinnabre dans le ganglion axil •
laire.
■
6** L'in?a1ide G..., âgé de soixante-huit ans, Tut écrasé en mars
i8A8. Il avait des marques de tatouage faites avec du cinnabre aux
deux bras, et très bien conservées; c'était un cœur, au dessus duquel
se trouvait un pot de fleurs ; à gauche la date i 809, à droite celle de
181 A. Dans les ganglions de ce bras droit, nous trouvâmes le cinnabre
plus abondant que dans tous les autres cas, à gauche il n*y avait que
quelques points déposés.
7*" Le marchand H..., âgé de trente* huit ans, se pendit le 8 juillet
1868. A l*avant-bras droit se trouvaient des marques de tafona^^e
faites avec du cinnabre : c'était un cœur, des chiffres et l'année 184 1.
Tout était très bien conservé. Dans le ganglion axillaire (après dix-sept
ans) on vit des traces de cinnabre.
Meckel trouva le cinnabre déposé dans les ganglions en plus grande
quantité, quand les marques de tatouage étaient devenues presque
pâles. De sorte que l'on peut s'attendre à trouver le cinnabre dans les
ganglions, même si les marques sur le bras ont disparu complètement.
Je ne puis dire quelle influence peuvent avoir sur la disparition des
marques de tatouage, l'individualité, le genre de vie, la profondeur
des piqûres, car la question est encore trop nouvelle.
Je trouve que H. Tardieu va trop loin, en disant que les dessins de
tatouage peuvent â eux seuls fixer l'identité douteuse, la profession du
décédé, parce que le soldat dessine sur son bras d'autres figures que
le matelot et que les filles publiques.
Je pense que cette théorie peut faire tomber dans des erreurs
graves, et ne peut avoir une valeur assez précise pour qu'on en fasse'
une règle générale. Mais M. Tardieu a fait une autre observation très
importante et très juste ; il a trouvé que l'on pouvait faire disparaître
artificiellement des marques de tatouage. Ayant reçu des aveux d'un
prisonnier qui avait employé un procédé pour faire disparaître ses
marques de tatouage et tromper la justice, M. Tardieu employa ce
même procédé sur un malade d'hôpital, et obtint un succès complet.
La marque de tatouage était un crucifix tatoué avec du noir. Elle fut
INSPECTION EXTÉRIBURE DBS CADAVRES. - BLESSURES. 87
frMée avec m onguent compost de graisse et d*acide acétiqne pur,
pnit «fOG une solution de potasse, enfin avec de l'acide chlorhydrique
étendu d*eau. L*ongoent resta pendant vingt-quatre heures sur le
bras en couche épaisse, puis le lendemain on frotta quatre à cinq fois
avec la solution de potasse. Ces opérations ne causèrent qu'une dou-
leur très faible. Le jour suivant il se forma une croûte mince mais
très adhérente, qui tomba au bout de sept jours. Il s'en forma une
louvelle qui resta plus de quinze jours et qui, après sa chute, laissa
nie cicatrice superficielle dans laquelle on ne pouvait reconnaître la
moindre trace du dessin antérieur. Ces expériences ont besoin d'être
répétées.
Jusqu'à présent, nos recherches, jointes à celles de MM. Hutin et
Tardieu pour les cas d'identité douteuse, ont mené à ce résultat que :
Dei marques de tatouage peuvent disparaître complètement pen*
(bal la vie et disparaissent dans un assez grand nombre de cas ;
Itwr existence antérieure peut être prouvée par l'état des gan^
flÛNw correspondants.
D, Blawures.
Ce point est le plus important de Tinspection extérieure du cada*
ïïe. Nous le diviserons en plusieurs catégories :
1* n peut n'y avoir aucune lésion extérieure sur le corps,
fttoique la mort ait été, selon toute apparence, produite par une vio<
leoee extérieure, par exemple : par des coups de pied, l'écrasement
f une Toiture, des chutes, etc. On dit alors : « il n'y a pas de trace de
violence extérieure ). C'est la formule ordinaire des affiches judi-
ciaires concernant les cadavres inconnus; on suppose, par cette
phrase, qu'il n'y a pas eu mort violente et qu'une autopsie légale
a'est pas nécessaire ; car on croit que, du moment où il n'y a pas de
< traces » extérieures, on ne trouverait aucune lésion intérieure
pnmîant la violence. Ce raisonnement est excusable chez des gens
ilnagm à la médecine, quand on considère que les traités de méde-
^« légale ne parlent pas de cette question, comme si elle était évi-
88 PARTIE THANATOLOGIQUR.
dente. Henke seul dit, à propos des ruptures de la rate, que quelque?
fois on ne trouve sur le cadavre, extérieurement, ni uiie ecchymose ni
aucun signe de lésion, et cela prouve qu'il n'a pas observé lui-
même. Car l'expérience démontre qu'ordinairement toutes les bles-
sures qui ne sont pas pénétrantes, comme celles produites par des pro-
jectiles, et qui sont suivies d'une mori subite^ et surtout toutes les
fois qu'il ; a rupture d'organe occasionnant une hémorrbagie interne
mortelle, il n'y a pas de lésion à l'extérieur , La raison en est que la
vie très courte du blessé ne permet pas la formation de Teccbymose.
Les observations que je vais rapporter et qui nous offrent des bles-
sures très graves, ne se trahissaient extérieurement par aucune trace ;
elles démontreront la justesse de cette thèse. Nous fûmes asses sou-
vent à même, sur les cadavres qui avaient péri par des chutes vio-
lentes, des écrasements, etc. , et qui ne présentaient rien extérieure-
ment, de diagnostiquer, par cette seule raison, une rupture interne rien
que par l'inspection extérieure. Dans ces cas, nous démontrâmes aux
juges la nécessité d'une autopsie regardée auparavant comme inutile.
Obs. 34. — Fractures de côtes. Rupture du foie et de ta r<Ue sans IHkm
extérieure.
Un homme de soixante-trois ans avait été écrasé et était mort en dix minutes.
Deux taclies d'un brun jaune parcheminé, de la grandeur d'un centime, se trou-
vaient : Tune à la région de l'os iliaque gauche sur la peau, et l'autre an coude.
C'étaient là les seules lésions extérieures. Mais les septième et huitième côtes étaient
fracturées à leur partie médiane, sans qu*H y eût aw:une trace d'épanchemenl de
sang dans les parties environnantes^ et tout à fait comme si les fractures avaient été
faites affres la mort. On trouva une rupture du foie de 8 centimètres de lon-
gueur, qui s'étendait diagonalement sur toute la surface inférieure du lobe droit et
pénétrait en profondeur jusque dans la moitié du parenchyme. La rate était égale-
ment complètement déchirée.
Obs. 35. — Fractures de côtes et rupture du foie par écrasement^ aons lésion
e0rieure.
Un ouvrier avait été renversé par une voiture et avait reçu une blessure qui avait
amené promptement la mort. Excepté une tache grande comme la paume de la
main, semblable à une brûlure et qui se trouvait sur le côté gauche de la poitrine,
et une ecchymose insignifiante sur l'os iliaque droit, le cadavre ne préseBtail rien
d'anormal. Les endroits cités ne répondaient à aucune lésion interne; mais il y avait
INSPECTION EXTÉBIÎEURE DES CADAVRES. — BLESSURElS. SO
une rupture loofitudinale complète du foie, qui présenUil deux portions séparées,
^t une fracture transversale des cinquième et sixième cdtes droites. Ces lésions
internes seraleot restées inconnues, si les quelques ecchymoses insignifiantes qui
se troufaient k l'extérieur n'avaient pas donné lieu à une autopsie légale.
Obs. 86. — Rupture du [oie par écrasemenij tans trace de lésion à Vextérieur.
Cn garçon de quatorxe mois, robuste, fut écrasé par une voiture; excepté de pe-
tites écorehures à l'arrière-tête et une ecchymose de la grandeur d'une noix à la
région du grand trochanler droit, le cadavre ne présentait rien d'anormal à Texte -
rieur. La tète était tout à fait intacte. Devant ce cadavre, je diagnostiquai avant la
disseetioQ nae rupture du foie ou de la rate. Il y avait rupture du foie. Le lobe
droit était presque séparé par une rupture longitudinale.
Obs. 37. -* C/n cae tetnMable,
Gu garçon de six ans fut écrasé par une voiture. Excepté des ecchymoses tout à
fait insignifiantes, de la grandeur d'un haricot, à la région de l'os iliaque gauche. In
joue gauche, la malléole gauche et le frontal droit, il n'y avait aucune anomalie
extérieure. £t ici aussi, on trouva une rupture longitudinale du foie divisée en deux
parties, qui avait causé la mort.
Ois. 38. — Hupiwre de Vartère pulmonaire par une roue de macMne^ sans lésion
extérieure importante»
Va garçon de cinq ans avait été écrasé par une grande roue en fer destinée à
ne machine ; la mort était survenue instantanément. Au milieu de la poitrine il y
mit une tâche d'un pouce de longueur d'un bleu pâle, non ecchymosée ; il n'y
mit ni flraeture du sternum, ni fracture des côtes. Toute la plèvre droite était rem-
pile de sang liquide provenant, ce qui est très rare, d'une rupture de 9 millimètres
de l'artère pulmonaire, près de son entrée dans le poumon droit. Il y avait anémie
féoérale et cependant il y avait une hypostase sanguine cérébrale très nette, et
k aamhreuses lividités cadavériques.
Obs. 39. — Ruptures du poumon par écrasement.
Cn cocher fut écrasé par une voiture, le 11 mars, et vécut jusqu'au 15. An-
iessns de l'oreille gauche il y avait une plaie semi-lunaire de 6 centimètres de Ion-
Caevr, de laquelle coulait du pus. Tous les tégumenU mous de la tète étaient infil-
trés de pus, les os crâniens étaient intacts; le poumon droit était affaissé ; à la
VÊSÎÊce interne du lobe moyen il y avait une rupture formant un angle obtus de
S eeotimètres de longueur, et, à 4 centimètres de là, il y en avait un autre formant
aae ouverture qui aurait pu donner passage à une noisette. Il y avait 500 grammes
de sang liquide dans la plèvre. Le lobe inférieur de ce poumon avait un fort eni •
fkytème, son tissu était détruit en partie et rempli de sang ^coagulé. Cette partie
M) PARTIE TRANATOLOGIQVE.
avait perdu la ficullé de nager sur Teau. Le poumon o^auclie non faleasé oRIrtit un
fort œdème cadavérique. Au bras droit il y avait une ecchymose grande comme
la main. D*après cela, nous déclarâmes que Taccusé prétendant que^ voiture n*i
donné qu'un el)oc au décédé, ne disait pas la vérité, puisque les blessures de la
tôte, de la poitrine et du bras ne pouvaient pas dire le résultat d'un seul choc, et
qu'il était plus que probable que la voiture avait écrasé le décédé.
Obs. 40. — Chute du cœur séparé des grands vaisseaux par un choc extérieur
très violent, fracture d'une apophyse épineuse, rupture d'un poumon et du
foie, sans lésion extérieure.
C'est là certainement un cas des plus rares, un cœur tout à faU séparé dê$ par*
lies environnantes !
Un vitrier de vingt-quatre ans, par une nuit très froide, conduisait une voiture
très lourde qui descendait la petite côte de Spandau et, pour mieux conduire les
chevaux, il marchait auprès d'eux. La voiture très lourde se mit à rouler très vite,
sans que les chevaux pussent la retenir, et le malheureux Ait lancé avec une grande
force contre un des peupliers qui bordaient la route. On le trouva mort le len*
demain.
A l'inspection extérieure on ne découvrait rien, excepté une petite écorchure i la
joue droite et sur le bras gauche. Qui aurait pu soupçonner ce que nous trouvâmes
quand nous ouvrîmes le corps !
Dans la tête il n*y avait rien d'extraordinaire, si ce n'est que le sinus transversal
contenait plus de sang qu'à l'ordinaire.
Dans la colonne vertébrale il y avait un litre de sang épais et foncé. L'apophyse
épineuse de la première vertèbre dorsale était tout à fait fracturée et était suspendue
^ans les parties molles. Les muscles du dos étaient fortement ecchymoséi dans leur
profondeur. La moelle épinière était intacte. Dans le thorax du côté gauche il y
avait 500 grammes de sang foncé, liquide. Le péricarde était détaché dans toute
sa longueur. Les ouvertures des gros vaisseaux étaient béantes et visibles. Le cœur,
séparé des vaisseaux et libre dans la cavité pectorale, contenait, dans les ventri-
cules surtout, beaucoup de sang foncé et coagulé. Le poumon gauche était presque
tout à fait déchiré dans sa fente transversale, et enfin nous trouvâmes dans le lobe
droit du foie une déchirure de 5 centimètres de longueur et de 1 centimètre de
profondeur.
Et avec tout cela, pas de lésion extérieure sur le cadavre !
Obs. i I . ~ Violence. Fracture de cinq côtes sans trace de lésion extérieure,
M..., un homme très enclin à la colère, vivait en concubinage avec la femme B...,
mais aussi en querelles continuelles.
Le 20 décembre, au matin, on avait encore vu la femme B. . bien portante. A
midi, un voisin, en rentrant dans la maison, vil M... la maltraitant de la manière
la plus brutale, la frappant avec son poing et son sabot, sur la (été et la figure ;
il la jeta sur une table et sur le plancher, en ré<(istant au témoin qui voulait
INSPECTION EXTÉniEURE DES CADAVRES. — BLESSURES. 91
le séparer. Une femme aperçut la femme B... moitié déshabillée, as&ise sur
le plancher de sa chambre, ayant du snng sur la figure, la bouche enflée, les cheveux
épars ; elle vit M... lui donner un coup dans la poitrine, qui la renversa. La
femme B... voulut se lever et aller jusqu'au poêle, mais elle chancela; alors M...
Il saisit de nouveau, la renversa sur le dos, lui donna des coups de pied sur la
poitrine et sur le ventre.
Le soir, à sept heures, la femme B... mourut. On trouva bien des écorchurcs
et des ecchymoses sur le cadavre, une ecchymose des paupières, la muqueuse det
lèvres déchirée, ce qui devait être le résultat des coups de sabot ; mais ce qu'il y
avait de plus important, c'est la fracture des cinq premières cdtes à droite, ne le.
trahissant par aucune trace extérieure, et une extravasation de 1 centigramme de
sauf moitié coagulé sur le pont de Varole.
Ce cas ressemble à celui qui est rapporté plus haut, où il y avait rupture de
quatre côtes et du foie sans trace extérieure.
Obs. 42. — Huplure du cerveau par écrasement, sans signe extérieur.
Un tailleur d'un certain âge avait été tué par un écrasement de voilure. Le ca-
darre ne présentait à l'extérieur rien d'anormal, même sur la tête. Et pourtant on
troava une Assure allant depuis la suture pariétale jusqu'au milieu de la partie
écailleuse du temporal, et, sur la place correspondante du cerveau, on vit
fiO grammes de sang noir coagulé. Au-dessous de cette extravasation, il y avait une
rupture du cerveau béante, de 2 centimètres de longueur, remplie par 60 grammes
àt sang; l'homme avait encore vécu sept heures, et onjui avait mis des ventouses
dont les traces se retrouvaient sur le cadavre. »
Parmi des centaines d'autopsies, je n'ai vu que deux ruptures de cerveau (voir
3t8* obs.). Il est évident qu'une telle rupture doit faire supposer des violences exté-
rieures terribles.
Ois. 43. — Ckute d'une grande hauteur; fracture du crâne, déchirure du péri-
carde, du foie et de la rate ; enfoncement de côtes sans lésion extérieure.
Un riche brasseur trouva dans sa fabrique une mort aCTreuse.
On avait laissé ouverte une trappe qui menait dans une cave de quarante-six
|Heds de profondeur, et dans l'obscurité'de la nuit le malheureux tomba dans cette
rave, d'où il fut relevé mort. 11 était âgé de quarante -quatre ans. Les téguments
de la tète étaient arrachés et formaient un lambeau anguleux, ce qui prouve qu'il
était tombé sur une surface anguleuse. Tout le cerveau était couvert d'une couche
de lang de 2 millimètres d'épaisseur, foncé et coagulé ; cette extravasation péné-
trait jusque dans les ventricules latéraux. La base du crâne était fendue transver-
Mlement en deux parties, et cette dernière lésion à elle seule montrait combien la
violence avait été grande. De plus, il y avait une déchirure du péricarde dans toute
sa lon;:ueur, tandis que le cœur était intact ; une déchirure transversale de 5 cen-
timètres au foie, à la surface inférieure du lobe gauche, et une déchirure de la rate ;
^nfin, nous trouvâmes encore les quatre premières côtes enfoncées. Avec ces
92 PARTIE THANATOLOGIQUR.
blessures affreuses il n*y avail aucune trace d*ecchymose, ni h la région du foie, ni
à celle de la rate, ni à celle des côtes enfoncées.
Obs. 44. — Chute d'une grande hauteur; fracture du tternum et det cûtet^ frac-
ture d'une vertèbre cervicale, rupture de la moelle épinière et du foiê^ tans
marque ext&ieurer
Un ouvrier, âgé de trente ans, était tombé d*une hauteur de soixante pieds
dans une grange ; il resta sans connaissance et mourut au bout de trois heures.
Excepté des écorchures insignifiantes aux mains et dux pieds et une ecchymose
"peu importante au cou, on ne trouva extérieurement aucune trace de bleasurv.
L'autopsie nous montra :
1^ Hypérémie apoplectique dans le grand et le petit cerveau;
2^ Une rupture de la troisième vertèbre cervicale et une fracture complète de
Tapophyse épineuse ;
3^ A cet endroit , la moelle déchirée et le canal gorgé de sang moitié
coagulé ;
4® l4i partie supérieure du sternum brisée ;
5^ Les deuxième, troisième et quatrième côtes droites fracturées ;
6^ Au lobe droit du foie une rupture superficielle en forme de T ;
7^ Une rupture plus petite dans le lobe quadrilatère.
Obs. 45. — Violent choc ; rupture du foie^ Hen d^anormal à Vextérieur.
Une fille de onxe ans avait été prise par la roue d*une machine et lancée contre
la muraillB.'La mort était arrivée après une heure et demie. Le cadavre n*oflhiit
aucune trace de blessure extérieurement, et nous prévîmes, parla rapidité delà mort,
qu'il devait y avoir une rupture interne. En effet, le foie présentait une rupture lon-
gitudinale de 16 centimètres de longueur, de sorte que le lobe droit était presque
ftéparé. Dans la cavité abdominale il y avait 500 grammes de sang épanché en
partie coagulé,
Obs. 46. — Chute de Vintérieur d*une voiture : fracture du sternum et des côies^
rupture du foie. Pas de trace extérieure.
Pendant un hiver rigoureux, un cocher tomba de sa voiture et mourut bientôt
après. On dit qu'il était mort « d'apoplexie » ; il ne présentait aucune trace exté-
rieuriB de violence. On pouvait pronostiquer une rupture interne, d'autant plus que
le cadavre avait une couleur vert blanchâtre sale qui rendait probable une forte
hémorrhagie interne. La rupture existait dans le foie, de sorte qu'il fallut supposer
une chute très violente. Le lobe droit était tout à fait séparé, et une grande quan-
tité de sang gelé reposait dans la cavité abdominale. La vessie était remplie, mais
le contenu était gelé. Le sternum était transversalement fracturé à sa partie supé-
rieure, les cinq dernières côtes du côté droit étaient également fracturées. Et ce-
INSPECTION EXTÉRIEURE DES CADAVRES. — BLESSURES. 93
peadaDl pas de trace de lésien extérieure ! Lea poumons étaient anémiqaea, et le
cenreau était gelé (1).
2^ Très souvent on trouve, sur des cadavres qui ont succombé à
une mort violente, une ou plusieurs taches au Tront, sur le visage,
aux membres supérieurs et inférieurs, aux coudes, au dos des mains,
aux malléoles, aux tibias, etc. Ce sont de petites taches delà grandeur
de un ou un demi-centimètre, ordinairement rondes, rouges ou
rooges brunes, plus ou moins parcheminées, qui, lorsqu'on les
incise, montrent les capillaires de la peau plus ou moins remplis
de sang, mais ne présentent pas d'ecchymose proprement dite. Ces
taches peuvent embarrasser le médecin. Elles demandent, en effet,
«ne attention et une *description spéciales lorsque la mort du
sujet est entourée de circonstances suspectes ; car, prises pour des
ecchymoses, elles pourraient donner l'idée d'un combat préalable de
résistance entre l'assassin et sa victime.
Ces pseudo-ecchymoses sont le résultat de la chute du corps au
moment de la mort ou du glissement du cadavre contre un corps dur,
et n'ont, par conséquent, aucune analogie avec la cause de la mort.
EDes se produisent avec une grande facilité par le transport du
cadavre.
De nombreuses expériences sur le cadavre m'ont prouvé que ces
[Meudo- ecchymoses peuvent se produire encore plusieurs jours après
li mort, ainsi que d'autres lésions de la surface du corps qui, à pre-
mière vue, pourraient être prises pour des phénomènes de réaction.
Plus on fait ces expériences près de l'instant de la mort, et plus ces
phénomènes se montreront d'une manière frappante. Si on frotte une
?ir1ie du corps avec une brosse épaisse qui excorie un peu, ou que
ion traîne le cadavre par les pieds sur un sol raboteux, on verra
spis vingt-quatre ou trente-six heures des phénomènes qui pourraient
facilement être pris pour le résultat d'une réaction pendant la vie. Ce
soQt des taches rouge vermillon, se distinguant bien de la couleur du
^adtrre, des croûtes ou eschares d'un brun jaune sale, parchemi-
'H Viir d'antre» ca» nonibrcnx de Uessara» graves des» iiartie» dure» el uiuUo» miis> Irace cx-
>^^«>«4iuhs obNmtioi» 54, SS, 91, 93, 95, 90. 97, 103 et aelre».
9& PARTIE TUANÂTOLOGIQUE .
t
nées, duces à couper. Ces expériences prouvent que rexplicalion que
nous avons donnée de ce phénomène est exacte.
Les expériences de Ëngel viennent à Tappui de ce que je viens
de dire, chacun pourra les répéter avec le même succès. Eogeldii:
« Quand on excorie la peau d'un cadavre, c^est-à-dire qu'on sépare
l'épidernie par un Trotlement, elle sèche plus vite qu'à tout autre
endroit, car l'évaporation devient beaucoup plus rapide* Si cette
excoriation est faite pendant la vie, le résultat est le même. On peut
donner la couleur que l'on veut à la peau du cadavre, d'après la place
que l'on choisit ; ainsi, si l'on excorie la peau à un endroit où les
hypostases sanguines ne peuvent pas se former, la plaie sédiée
et parcheminée aura une couleur jaune brun clair, transparente aux
bords; mais lorsque l'on fait une excoriation à une place ou les
hypostases sanguines peuvent se former facilement, la peau devient
d'un noir brun. Dans aucun de ces cas on ne peut distinguer si l'ex-
coriation a été faite pendant la vie ou après la mort* a
Nous ne pouvons pas assez insister sur ces observations, car les
cas où ces faits ont donné lieu à des conclusions erronées et fiinestes
se sont présentés souvent.
3° La question suivante se rattache à ce que nous venons de dire :
Une blessure trouvée sur le cadavre a-t-elle été faite pendant la
vie ou après la mort?
Quand on considère combien sont rares les expériences en méde-
cine légale, on peut s'expliquer les erreurs nombreuses qui se sont
transmises traditionnellement dans cette science, en pratique et en
théorie, de livres en livres, de professeurs à élèves, d'experts à ex-
perts. C'est surtout à propos de celte question que cela saute aux
yeux.
En théorie on admet que les blessures faites sur le vivant se dis-
tinguent des blessures faites sur le cadavre, par la présence de
pb^omènes de réaction, tels que les infiammations, hémorrhagies,
suppurations, tuméfactions, cicatrisations des bords de la plaie, gra-
nulations, etc. Celui qui a fait une piqûre à un cadavre et qui n'a
trouvé aucun de ces ph'nouènes croit avoir constaté cette théorie.
INSPECTION EXTÉRISURB DES CADAVRES. — BLESSURES. 95
L'espérience démootre qu'il faui metlre quelques resirictioos à
C6lte thèse qui, du reste, est juste. Il est incontestable que Ton ne
IroaTera jamais de Tinflammation, de recchyroose, de la suppuration
« une blessure faite après la inort ; mais il D*est pas rare de voir, sur
un sujet très gras, qu'une blessure faite après la mort, surtout si le
cadavre commence à gonfler, laisse surgir la graisse qui renverse les
Iwrdsy ce qui déjà peut produire une erreur en offrant les appa-
rences d'ue suppu|catioD. Cette erreur deviendra encore plus facile
s'il s'écoule du sang de la blessure, ce qui arrive si elle a été faite à
des parties déclives, et si le sang du cadavre est eucore liquide.
Qn'oa disse des expériences de cette nature sur des cadavres et qu'on
les abandonne à eux-^mêmes pendant un ou deux jours, et l'on verra
confirmé ce que j'avance.
Si le cadavre est vieux de plusieurs semaines ou deplosieurs mois,
kl pbécoraènes sont autres. Lorsque l'on apporte des cadavres qui
iont restés longtemps à un certain endroit, par exemple dans Tesé,
et sont trouvés eu état de putréfaction, alors la surface entière du
corps ou au moins les parties qui environnent la blessure, sont vertes
M gris vert,, privées d'épiderme, de grands sillons veineux pleins de
sug décomposé parcourent la peau, les bords des plaies sont ramollis,
il s'écoale de la graisse el un liquide sanguinolent, et je puis assurer
que ménie celui qui est exercé hésitera à dire si une blessure a été faite
pendant la vie ou après la mort, et il sera heureiu si l'inspection de
rialérieur du corps éclaircit la question, ce qui n'arrive pas tou-
jours.
Dans d'autres circonstances le fait peut être également douteux,
lorsque le corps a été brûlé a l'endroit de la blessure. Ici on ne
peut Eaire L'exploration du fond et des bords de la plaie, <»ur ils sont
charbonnés comme les parties environnantes, et on peut rester tout à
îaii indécis si l'ouverture du corps n'apporte pas ^explication.
Outre ces restrictions au sens positif de la thèse, qui dit que la
prisceee des phénomènes de réaction prouve que la lésion a été «
Ute pendant la vie, restriction que je ne trouve mentionnée nulle
piri,aous devons dire que dans son sens négatif elle est complètement
96 - PARTIE TMANATOLOGiyUE.
erronée. Car, d'après cette théorie, il senihliT.rt Tncile ric distinguer
une lésion faite pendant la vie d'une lésion faite après la mort ; on
devrait reconnaître avec sûreté cette dernière à l'absence de phéno-
mènes de réaction sur le cadavre, et cependant le contraire se voit
souvent sous des conditions que nous allons énumérer.
Déjà, sous le n*" 2, nous avons montré la ressemblance qui existe
quelquefois entre ces deux sortes de blessures ; cette analogie est
surtout très grande lorsque la blessure a causé une mort immédiate
et foudroyante. Par exemple, lorsque la blessure est produite par un
instrument tranchant et contondant, un coup de sabre qui a frappé
un organe important : le cœur, les poumons, un gros vaisseau. Le
blessé, pour ainsi dire, ne meurt pas, il est mort ; c'est-à-dire, il
n'y a aucun état intermédiaire entre la vie et la mort , aucune ago-
nie ; il vivait et il est mort dans la même minute. On devra penser
à priori que dans de tels cas une réaction ne consistant qu*en une
ecchymose des bords n'a pas eu le temps de se former, encore
moins, bien entendu, une suppuration, une tuméfaction, etc.; et
l'expérience démontre que dans ces cas la blessure se présente sur
le cadavre absolument sous le même aspect qu'une blessure faite ar-
tificiellement tout de suite après la mort, He sorte que l'on ne peut
les distinguer l'une de l'autre. Ainsi il faut conclure en thèse gé-
nérale : c Qu'il est très difficile de distinguer les blessures faites sur
le vivant, des blessures faites après la mort. »
Nous n'avons pas besoin de dire que cela est d'une importance
énorme en pratique, car souvent les blessures que l'on trouve sur
les cadavres ont été produites par des instruments pour retirer les
cadavreide l'eau, des lieux d'aisances, des fumiers, de dessous les
ébbulements, et que dans ces circonstances on a à examiner juste-
ment ces blessures.
Les cas qui suivent prouveront celte thèse.
Cas. 47. — Perforation du sternum ; blessure de la crosse de l'aorte.
L'ouvrier Siegel, ancien valet de buurieau, avait clé répudié par sa femme, et
toutes les tentatives qu'il avait faites pour la ramener à lui avaient été vaines. Il
INSPECTION EXTÉRIEURE DES CADAVRES. — BLESSURES. 97
résolut de tenter un dernier effort et, en cas d'insuccès, de la tuer. C'est ce qu'il
lit : il lui enfonça un couteau dans la poitrine, en disant : « Voilà ce que tu mé-
rites ». L'accusé me raconta avec insouciance, dans sa prison, que son couteau était
entré comme dans du « beurre », et pourtant il avait traversé le sternum de la lon-
gueur d'un pouce. Les bords de la plaie de l'os élaienl lisses, l'os n'avait ni fissure
ni fracture comminulive. Pans la cavité pectorale, on trouva dans les deux plèvres
UQ demi-litre de sang foncé en partie coagulCy et 200 grammes de sang coagulé dans
le péricarde. Le couteau avait pénétré dans le poumon droit près de l'entrée dci
gros vaisseaux ; il avait traversé le péricarde et la crosse de l'aorte, à la hauteur
de 3 centimètres, après sa sortie du cœur. La plaie de l'aorte était courbée légère-
ment, elle avait la longueur de 1 centimètre et avait des bords nets et un peu bleus.
A la paroi postérieure de la crosse de l'aorte se trouvait également une plaie semi-
lunaire, de sorte que le couteau avait dû traverser de part en part le sternum et la
crosse de l'aorte.
La victime était tombée morte en poussant un cri, et pourtant, ici aussi, nous
trouvâmes du sang coagulé.
L'état de la blessure était intéressant à étudier. Extérieurement, la plaie se trou-
uii entre la troisième et la seconde côte gauche près du sternum, se dirigeant obli-
quement de dehors en dedans, longue de 2 centimètres, large de 1 centimètre 1/2 ;
m bords étaient nets, lisses, sans inflammation, sans ecchymose, et offraient deux
angles aigus. Ne présentant aucune trace de sang ni autour ni à l'intérieur de la
plaie, cette blessure avait absolument l'aspect d'une blessure faite sur le
cadavre.
La blessure extérieure ne correspondait pas à la blessure intérieure, ce que l'on
peut expliquer en réfléchissant que la femme a dû'se trouver un peu obliquement
Ht rapport à son assassin, tandis que maintenant, le cadavre se trouvant dans le
décubitus dorsal, les téguments se sont distendus.
Obs. 48. — Coup de couteau dans les poumons.
t'a garçon de quatorze ans avait reçu de sa belle-mère en colère et moitié ivre
an coup de couteau avec lequel elle écorchait un poisson ; l'instrument était entré
«lins le dos, l'enfant s'évanouit et mourut six heures après. La blessure était longui;
<^20 millimètres et large de 6 dans sa partie béante; les bords en étaient nets
cl lisses, sans aiACune ecchymose, mous et secs ; enfm les bords étaient tels qu'ils
auraient été si la blessure avait été faite sur le cadavre.
U cau>e de la mort avait été une hémorrhagie interne, car l'instrument avait
IHînétré de la longueur de 3 centimètres dans le lobe inférieur du poumon gauche,
^^ns la plèvre gauche, nous trouvâmes 2 kilogrammes de sang foncé contenant
Muelqies caillots. Il y avuit de plus une anémie générale, malgré laquelle, comme
**rdiiiaireiuent, les veines du cerveau et des sinus étaient encore gorgées de sang.
Ooirmort par /iémorr/ia(;rie, partie spéciale.)
II.
98 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Obs. 49. — Coups de styîet dans le poumon.
Histoire navrante ! A roccasion d'une fête, une famille s'était réunie ei tout le
monde avait bu une grande quantité de bière de Bavière.
Le beau-frère du père de famille était devenu ivre-mort, il entra dans la cuisine
voisine, il prit une lame d'épée brisée, de 30 centimètres de longueur et de 3 centi-
mètres de largeur, qui avait été limée pour servir de brochette ; cet instrumeni était,
à son extrémité, très coupant et très aigu. Il rentra dans la chambre et brandit ion
instrument en vacillant. Le père de famille alla à sa rencontre, l'ivrogne Tem-
brassa en ouvrant les bras et lui enfonça l'instrument dans le dos. Trois quarts
d'heure oprès, le blessé mourut.
Lorsque nous fîmes l'autopsie, le cadavre avait la couleur de cire blanche. Au
bord interne de l'omoplale droite il y avait une plaie de 1 centimètre en longueur
et en largeur à sa partie béante. Les bords étaient nets, lisses, secs, pAies, sans
ecchymose. Dans la plèvre droite il y avait 1 litre 1/2 de sang foncé, en ptrtic
coagulé. Le lobe supérieur du poumon droit était percé horizontalement etrinalni-
ment avait pénétré le viscère, avait même traversé les muscles intercostaux du côté
opposé, entre la deuxième et la troisième côte, et s'était arrêté dans le tissu cellu-
laire sous-cutané. Le corps était exsangue, excepté les veines de la pie-mère qui
ne participaient pas à l'anémie générale.
Obs. 50. ^ Coup de feu dans la moelle épinière.
Le 16 octobre 1848, il y eut une émeute à Berlin qui donna lieu à un combat
opiniâtre derrière des barricades, entre les insurgés et la garde nationale. Huit
personnes furent tuées. Une de ces victimes était un citoyen qui trouva une mort
honorable en montant sur la barricade. 11 reçut une balle tirée derrière et d'en
bas. La balle était entrée dans la région de la septième vertèbre cervicale, avait
fracassé les trois dernières vertèbres cervicales et déchiré la moelle épinière. Elle
était sortie près du maxillaire inférieur droit ; là se trouvait une ouverture de i cen-
timètre, un peu anguleuse, qui fit conclure que la balle avait été pointue. Les bords
des deux plaies n^étaient pas du tout ecchymoses, ce qui s'explique facilement à
cause de la mort subite produite par la déchirure de la moelle épinière ; ces plaies
ne différaient en aucune façon des plaies par armes à feu, que nous avons souvent
produites artificiellement sur des cadavres.
Obs. 61. — Coup de feu dans les poumons.
Dans une autre émeute de l'année 18i8, un homme reçut une balle de fusil qui
traversa le corps en pénétrant dans le lobe inférieur du poumon gauche. La mort
eut lieu par suite d'une violente hémorrhagie, elle fut subite ; les deux plaies, celle
d'entrée et celle de sortie, avaient absolument le même aspect que celles qui sont
faites après la mort.
1>SI*ECT10N EXTÉRIKURB DES CADAVRES. — BLESSURES. 09
A" On trouve très souvent sur les cadavres des blessures produites
lege ards, telles que les blessures de sangsues, de ventouses, de sai-
gnées, les sutures chirurgicales, les incisions, les amputations, etc.
Le médecin légiste devra donner une description sommaire de ce
qu'il trouvera dans de tels cas, excepté lorsqu^il s'agit d'impéritie
médicale qu'il faut apprécier. Il faut alors donner naturellement une
description minutieuse de tout ce que Ton trouve, d'une blessure de
saignée par exemple, lorsque Ton soupçonne que celle-ci est la
cause de la mort.
A celle catégorie appartiennent aussi les blessures et lésions
de toutes sortes que produit souvent Topération de la levée du ca-
davre, ainsi que le résultat des dégâts produits par les animaux sur
les corps abandonnés. Ces blessures se voient surtout sur les cadavres
retirés de Teau qui ont été souvent blessés par des bateaux, par des
rimes, etc., ou qui ont été rongés par des rats d'eau.
6* ICnGn, il reste à considérer les blessures qui n'ont pas
amené la mort et qui sont les plus fréquentes. Le § 10 du règle-
ment indique le procédé que l'on doit suivre, et nous n'ajouterons
que quelques remarques.
La science approuve parfaitement le règlement ne demandant
( qu'une description sommaire pour des blessures qui ont une ori-
gine ne se rapportant pas directement à la mort », et en permettant
< de décrire les ecchymoses et les écorchures qui évidemment n'ont
|«s pu donner la mort, en les comparant pour leur aspect général
Mit à des fruits, soil à des corps de toute espèce. »
Le médecin légiste ne peut s'arrêter à la description minutieuse
<!' ces petites blessures sans importance. Il arrive que dans les
^^ssioats qui ont été accompagnés d'un combat opiniâtre, on trouve
sur le cadavre une grande quantité de lésions de toutes sortes, des
><)lutioiisde continuité, égraUgnures, écorchures, ecchymoses, comme
1^ obs. 61 et 70 en donnent des exemples. Pour décrire tout avec
ciactiiude, il faudrait un procès- verbal contenant plus de cent nu-
"'éros, ce que Ton doit toujours éviter, car la clarté n'existe plus
^i Ton veut décrire minutieusement chaque anomalie spéciale, et
100 PARTIE TllANATOLOGlQUE.
cela serait du reste très diflicilc. Il suftit dans depareils cas d'exa-
miner avec soin les lésions principales et les blessures que Ton
juge a priori importantes dans Taflaire, puis décrire sommairement
tous les autres résultais peu importants sous un même paragraphe.
C'est ici Tendroil de parler des coups de verges que Ton a sou-
vent à examiner comme cause de mort, dans les cas où les enfants
ont succombé à de mauvais traitements. Les blessures produites par
les coups de verges se reconnaissent de deux manières. Lorsque les
verges ont porté à plat sur le corps de Tenfant, elles impriment des
sillons plus ou moins longs de deux à trois pouces, rouges, un
peu ecchymoses, parallèles par séries de deux, trois, ou quatre;
•
lorsque les coups ont porté de sorte que les pointes des verges frap-
paient d*abord, on voit des groupes de taches ecchymosées sembla-
bles à des pétéchies, mais les coups de verges ont ceci de particulier
qu'ils ne sont donnés ordinairement que sur le dos et les fesses.
Dans les sillons on voit de petites écorchures; je n'ai jamais observé
des lésions plus profondes produites par les coups de verges telles
que celks dont on se sert chez nous (1).
Pour ce qui concerne enfin l'usage de la sonde, le règlement permet
c de s'en servir avec précaution » , si les experts le croient néces-
saire; mais il prescrit avec raison, pour éviter les abus, d'enregis-
trer au procès-verbal la cause qui les a fait agir ainsi. Il est en effet
superflu dans la plupart des cas d'employer la sonde, car la pro-
fondeur de la blessure se voit très bien à la dissection. Quand l'exa-
men et la description de la blessure ont été faits extérieurement, on
l'élargit afin d'examiner l'état du tissu cellulaire environnant, ainsi
que celui des bords et du fond de la pbie.
(1) Dans l'hôpital de la marine à Kronstadt, près de Saint- Pélersbourg, j'ai vu un
prisonnier coucliù sur le ventre, qui huit jours auparavant avait passé par les verges
et qui avait re<,u douze cents coups, et auquel une nouvelle dose était encore ré-
servée ! Tout le dos était couvert d'ulcères siiperliciels, mais i'ctat général n'était
pas grave.
INSPECTION TES INSTRUMENTS. iOJ
CHAPITRE II.
INSPECTION DES INSTRUMENTS.
Ugislation. — Code (prussien) de procédure criminelle^ § 162. Les experts doivent
donner leur avis sur le^ instruments au moyen desquels les lésions ont pu éti o
faito ; il faut aussi leur montrer les instruments qui ont élé trouvés el leur Ce-
mander si telle lésion a pu Aire produite par tel instrument, si In situation et In
grandeur des blessures peuvent indiquer la manière avec laquelle lo coupable a
probablement agi, l'intention qu'il y a mise et la force physique qu'il a em<
ployée.
Il est inutile de dire qu*il est absurde de diviser les instruments en
mortels et non mortels; que ce soit utile pour le juge, cela ne nous
regarde pas ; pour la science il n'y a qu'une seule division raison-
nable, celle qui consiste à diviser les instruments et les blessures
qu'ils occasionnent d'après leurs elTels spéciaux sur l'organisme, effets
qui permettent de reconnaître sur le vivant comme sur le cadavre quel
est rinslrument qui a élé employé. Nous diviserons donc les instru-
ments en : 1° tranchants et perforants; T contondants; 3* armes a
feu; et &** instruments slrangulants.
g \", — Znstraments tranehanls et perforants.
li y a des instruments coupant d'un côté, comme les rasoirs; d'au-
tres coupant d'un côté sont en même temps pointus, comme les cou-
leanx de table, de poche; d'autres coupant de deux côtés et en même
temps ordinairement pointus, tels que les poignards, les stylets, les
<^pées de canne ; d'autres qui coupent de trois côtés, comme les alê-
nes, les baïonnettes. Ces instruments ont ordinairement leur lame
Mte. D'autres ont un tranchant plus ou moins courbé , semi-
lunaire, comme certains sabres, les faux, les serpettes. Ici appartien-
nent aussi les morceaux de verre ou de métal, qui sont tranchants el
pointus, et les ongles des doigts. Nous avons eu à observer des bles-
ses faites avec tous ces instruments, comme le démontreront nos
«ksemtions.
102 PARTJB THANATOLOGIQUE.
Les coups portés avec ces instruments sépareni les tis^sus ^lus
.. ou moins profondément. Les bords d'une plaie, si on les examine
' immédiatement après que la blessure a été faite et même si Tinstru-
ment était bien tranchant, présentent, dans un cercle un peu externe
autour de la plaie, un plus ou moins grand affaissement. I^s phi-
nomènes de réaction dépendent naturellement de la place où le coup
a frappé, de l'époque à laquelle on les examine pendant la vie, ou
après la mort, et de Tintervalle qui sépare le moment où la blessure a
éié faite de celui où a lieuTexamen. Si l'instrument a pénétré jusqu'à
Tos, il y a ou des fractures comminutives ou une coupure de Tos à
bords lisses, ce qui arrive surtout sur les os longs, les os des
doigts. Pour le crâne, les coups portés avec des instruments tran
chants amènent ces deux sortes de lésions : les fractures commi-
nutives et les coupures de Tos. Le cas suivant prouve que le sabre
court d'infanterie, frappant avec force, peut fendre en coupant net
tout le crâne.
Obs. 52. — IlleFSurc mortelle par wi coup de sabre sur la tête.
Dans une rixe entre des ouvriers et des militaires, un ouvrier de quarante-deux
ans reçut, d'un soldat d'infanterie, un coup de sabre mortel sur la tAte.
La phie, que nous examinâmes lors de l'autopsie, avait 8 centimètres de loup
depuis la suture pariétale jusque dans le milieu de Tos temporal ; dans l'espar c do
2 centimètres, le pariétal était comme coupé dans toute son épaisseur, la couche
interne compacte de l'os était Iruclurée comminutivement autour de la plaie, les
membranes du cerveau étaient coupées dans l'espace de 2 centimètres, hh se trou*
vait uu abcès du cerveau Je la grosseur d'une noix dans lequel reposaient des frag-
ments de l'os. L'autopsie montra en même temps des tubercules dans le foie.
H est très singulier que les plaies par des coups d'instruments
tranchants ne présentent presque jamais la dimension des instru-
ments et ne permettent pas de reconnaître quel a été l'instrument
qui a blessé. Il y a une grande différence, par exemple, lorsque les
muscles ont été séparés dans leur dimension longitudinale ou dans
leur dimension transversale. Dans ce dernier cas, la rétraction des
muscles forme une plaie béante qui ne correspond pas aux dimen-
sions de l'instrument.
INSTRUMENTS TBANCHANTS. lOS
L«s coupures faites avec inslniments tranchants, mais sans contu-
sioD, font des plaies à bords nets et lisses. Les deux coins de la plaie
son! formés par des angles très aigus. Les phénomènes de réaction
sont les mêmes que lorsqu'il y a en même temps contusion. Il va sans
dire qu'il peut y avoir hémorrhagie grave et mortelle s'il y a de grand s
vaisseaux lésés; il est très difficile de dire quel est le point que Tin-
stmment a touché le premier (par exemple dans le cas de suicide
douteux), si la plaie a été faite de droite à gauche ou de gauche
k droite. Cette question se présente surtout à propos des cou-
pures du cou. On sera quelquefois mis sut la voie par certaines
circonstances particulières, telles que la présence du sang à la main,
les vêtements coupés à un certain endroit, etc. A propos de ces cou-
pures, il peut surgir un autre doute qui, dans une circonstance mé-
morable, a détourné gravement de la vérité ceux qui exploraient.
Lorsque des coupures ont été faites à une personne dont la peau est
sèche et dure, comme celui des personnes vieilles et maigres, surtout
si la tête a été penchée en avant, on trouvera, lorsque le cadavre sera
étendu, au lieu d'une seule ligne plusieurs petites enchevêtrées en
briques, comme cela se voit quand on fait une incision dans un mou-
choir plié que l'on déplie après. Les experts, dans un cas pareil,
conclurent qu'il y avait c quatre coupures », qu'il y avait assassinat
et qae les assassins avaient dû faire plusieurs blessures.
Les plaies faites par instruments piquants ou perforants ne pro-
doisent presque pas d'hémorrhagie lorsqu'elles n'atteignent pas de
pos vaisseaux, et, lorsque ces piqûres sont petites, les phénomènes
ie réaction sont tout à fait insignifiants ; mais , lorsqu'elles sont
profondes, elles amènent les épanchements les plus graves de sang, *
f urine, de chyle, etc. Je dois faire ici mention d'une circonstance
importante. On fait souvent un reproche aux médecins de n'avoir
V» indiqué, dans les cas d'hémorrhagie par piqûre des gros
^ùsseaox parcourant, l'endroit même où se trouve la piqûre; ce
r^RToche est souvent injuste, car dans beaucoup de cas il n'est pas
^jours possible, même après avoir éloigné tous les viscères, de dé-
^Qîrir la piqûre qui a occasionné une hémorrhagie mortelle. De plus,
104 PARTIE THANATOLOGIQUE.
une telle recherche me parait en général superflue, car Thémorrhagie
interne est confirmée par la présence du sang, et il est indifférent de
savoir quel est le vaisseau et quel est l'endroit qui a donné lieu à
rhémorrhagie. Néanmoins je n'ai pas besoin de dire qu'il peut S3
présenter des cas où cette recherche est nécessaire. Les piqûres aussi
n'ont presque jamais les dimensions de rinstrument qui les a pro-
duites, parce que ces ouvertures varient selon la contractiiité de la
peau, de sorte que Ton ne peut comparer la plaie à l'instrument et
en déduire une conclusion rigoureuse.
D'un autre côté, pour tous les instruments piquants, tranchants ou
perforants, on ne peut plus rien juger de l'instrument, si la granu-
lation ou la cicatrisation ont eu lieu, ce que l'on voit souvent dans les
blessures de tête.
Les egratignures ou les traces d'ongles se trouvent sur le cadavre
sous deux formes différentes. S'il n'y a eu qu'une pression forte avec
le doigt, on trouve un sillon semi-lunaire plus ou moins ecchymose,
produit par l'ongle, dont la direction indique la position» du doigt, ce
qui peut être très important dans les cas de strangulation ou lors-
qu'une femme en couches veut s'aider avec ses mains pour hâter la
délivrance.
Si l'ongle a plutôt égratigné Iju'exercé une pression, l'épiderme est
écorché tantôt avec, tantôt sans coloration rouge clair de la peau
environnante. Toute la plaie n'est pas plus grande qu'une lentille, de
sorte qu'il n'est pas difficile de la distinguer d'une écorchure d'cpi-
derme produite par une autre cause. L'observation 283 prouve de
quelle importance peuvent devenir de telles petites plaies, qui pa-
raissent insignifiantes sur le cadavre. Au corps d'une femme nous
trouvâmes des egratignures au cou, Thonime que l'on soupçonnait du
cripie (qui avoua plus tard et fut condamné) avait des ongles rongés
qui n'alleignaient pas la moitié de la phalange ; nous devions alors
déclarer gu'avec de tels ongles les egratignures n'avaient pu être
faites et qu'il devait y avoir eu un complice. L'accusé niait, par gé-
nérosité pour son complice, un garçon qu'il avail entraîné a l'aider
dans l'exécution do ce crime.
INSTRUMENTS CONTONDANTS. 105
^2. — Instruments contondants.
Ces instruments ont des effets très variés tant à l'extérieur qu'à
inlérieur, selon Tendroit auquel ils frappent et la force avec laquelle
8 sont employés. Ils ébranlent les organes internes et peuvent pro-
uire une mort subite (commotion du cerveau, de la moelle épi-
iëre, du cœur), ou bien une mort plus lente par des ruptures do
aisseaux. Ils brisent les os depuis la fracture la plus simple lorsque
I force n*est pas trop grande, jusqu'à l'écrasement complet de tout
'organisme quand la force est très violente. Ils séparent la continuité
les parties molles en formant des bords inégaux, obtus, dentelés, dé-
-hirés, plus ou moins plats, de sorte que la plaie ne correspond
frdinairement pas à la forme de V instrument blessant y parce
|ae l'instrument non-seulement frappe, mais encore déchire en même
emps. Ils contondent et défigurent le visage, soit par aplatissement
lu nez et des oreilles, soit par gonflement consécutif des paupières cl
Jes lèvres, soit par brisement des os. Souvent, sur le même cadavre,
)n trouve plusieurs de ces effets, ou parce qoe g^sieurs instruments
contondants ont été employés par un ou plusieurs malfaiteurs, ou
parce qu'un même instrument à plusieurs surfaces, une hache par
exemple, a été employé. C'est ce que Ton trouve après ces meurtres
affreux qui ont eu lieu au moyen de violences nombreuses et cruelles,
après les assassinats commis par les hommes en fureur, comme on en
terra des exemples plus bas.
Quant à la nature même des instruments contondants, elle est très
diverse; je citerai, pour les avoir vu employer, des haches, sabres,
marteaux, . pavés, bâtons, pots brisés, choppes de bière, poutres,
planches, sabots, roues, ailes de moulin, mâts, crosses de fusil, cro-
chets de fer, voitures, chemins de fer, poings, dents, etc. Il faut
compter aussi les chutes, les projectiles.
Ine suite fréquente des blessures par instrument contondant,
c'est la rupture des organes internes. Les poumons, le cœur, les in-
itias à l'état sain ne se rompent jamais spontanément. Lorsque le
106 PARTIE THANATOLOGIQUC.
poumon d*un phlhisique se rompt, c'est h cause des cavernes; le cœur
ne se rompt que lorsqu'il est atrophié ou hypertrophié. Mais lorsque
ces organes sont sains, il faut une forcetrès grande pour les rompre.
Lorsqu'une de ces ruptures se présente, on peut conclure avec assu-
rance qu'il y a eu une très grande violence excercée. Voici le résultat
de mes observations les plus concluantes :
Les fisMures de la base du crâne sont presque toujours transver-
sales. Je n'ai jamais vu une fissure longitudinale isolée. Elles se
rencontrent ordinairement dans la partie qui forme le tiers anté-
rieur de la base, et s'étendent d'un rocher jusqu'à la selle turcique,
ou la traverse pour rejoindre l'autre rocher. Nous reviendrons plus
loin sur la fracture des autres os crâniens.
La rupture du cerveau est excessivement rare; quant à moi,
je ne Tai vue que deux fois : une fois par suite d'un écrasement de
voiture (h^" ob^.), une autre fois par suite de grandes violences sur
la tôle (318* obs.).
Les ruptures du poumon ne sont pas fréquentes. Elles peuvent se
rencontrer à tous les endroits du poumon, avec des directions et des
longueurs de toute espèce. (Obs. 80, AO et 03.)
On voit très rarement des rupîurrs de la trachée^artère et de
Vœsophage. Elles sont dues également à de très grandes violences
exercées au moyen de corps contondants (obs. 92).
Nous avons donné plus haut (obs. 39 et A3) des exemples de
rupture du péricarde- ei de rupture du cœur qui, l'une et l'autre,
sont très rares. Dans les deux cas, des blessures par instruments
contondants avaient été faites avec une forte violence : la première par
une chute de très haut, la seconde par un choc violent contre un ar-
bre. La mort avait été instantanée, et il y avait d'autres lésions internes
très graves.
Les ruptures du foie sont les plus fréquentes relativement et
absolument. (Voir obs. 34 à 37, 40, 43 à 40, plus loin obs^ 54, 93
et 96.) Ordinairement ce sont des ruptures longitudinales dans Tun
des deux lobes, ou entre les deux, et séparant alors les deux lobes; ou
enfin elles existent en même temps dans les deux lobes et forment de
INSTRUMENTS CONTONDANTS. 107
petites plaies longitudinales, ce que, du reste, je n'ai vu que rare-
ment. Les ruptures transversales sont très rares, elles ne sont ordi-
reinent pas uniques, elles sont plus souvent multiples et parallèles.
Noicides exemples de ruptures exceptionnelles.
Obs. 53. — Forme rare de rupture du foie.
Vd enfant de deux ans et demi présentait une forme très rare et très curieuce
de niptiire du foie. La mort était survenue en une demi-heure. Depuis le milieu de
Tabdomen jusqu'à la troisième vertèbre lombaire, s'étendait un lillon^arge d'un demi-
poQce,d'un rouge brun parcheminé ; dans l'abdomen il y avait 100 grammes de sang
foncé provenant d'une rupture du foie ayant un aspect tout particulier ; tout le bord
Ankht droit était broyé et comme rongé par des animaux, le péritoine était ecchy •
iBosé dans la région lielvienne, dans tout le corps il y avait anémie. La veine cave
tétait Tide^ le cœur également, les poumons pàle$. Les veines de la pie mère étaient
comme ordinairement remplies de sang.
Obs. 54. — Division complète du foie.
^cas est également très curieux. Une tiUc de quatre ans avait été écrasée et
^ii morte au bout de quelques minutes. Extérieurement il n'y avait pas de traces de
'^rôni remarquables, excepté une légère ecchymose au front gauche, une autre h
laraQUbras droit et un sillon ecchymose à la jambe gauche, rien de plus. Aussi
Pouvaiton diagnostiquer d'avance une rupture du foie. EUe existait en effet, mais
^"< était d'une espèce particulière que je n'ai jamais rencontrée depuis. Le foie
^it complètement déchiré dans son sens vertical et divisé en deux parties, la
(^^ antérieure était libre dans la cavité abdominale. La rate présentait deux
'"Ptures transversales qui ne pénétraient que jusqu'à la moitié du parenchyme.
Dins la cavité abdominale se trouvaient 500 grammes de sang liquide.
Us autres organes al> lominaux ne se rompent presque jamais,
excepté la matrice pendant Taccouchement, et la rate dont lesrup-
•>rtt sont ordinairement transversales (obs. 34, 54, 91, 97 et 108).
Les ruptures de l'estomac et des intestins (obs. 97), des épiploons
(^^meobs.), des reins, des grands vaisseaux, de la vessie, sont très
'ares, et ne se présentent que lorsqu'il y a écrasement général.
H- Devergie dit que les ruptures de la vessie sont assez fréquentes,
"Mil il ne prouve celte thèse singulière par aucune observation per-
sonnelle; il dit seulement deux mots de deux cas observés par
tlWres, mais sans description spéciale. Je n'ai jamais trouvé sur le
lOS PAIITIE THANATOLOGIQUE.
cadavre une seule rupture de In vessie vide ou pleine, et quand elle
est vide il est évident que la rupture ne peut avoir lieu que s'il y a
écrasement du bassin.
S 3. Armes à fea.
Ce sont les pistolets, les carabines, les fusils (les canons et les
mortiers, que M. Devergie mentionne, ne me semblent pas appartenir
h la médecine légale!)
Les coups portés par ces instruments séparent la continuité des
(issus, perforent, déchirent ou écrasent les parties dures et molles,
et, par suite, ils amènent la mort ou par destruction d'organes impor-
tants ou par hémorrhagie. Les armes à feu sont rarement examinées
par le médecin-légiste. Car, lorsqu'on trouve un cadavre qui a é»é
assassiné, les coupables ont eu le soin de ne pas laisser l'arme ; il n'y
n que les cas dans lesquels un homme étant mort par suite d'une
blessure par arme à feu et l'arme se trouvant près de lui, on doute
si la mort est le résultat d'un crime ou d'un suicide. Je dois ajouter
(|ue la présence ou l'absence de l'arme ne peut rien prouver, car l'as-
sassin peut l'avoir laissée dans sa précipitation a se sauver, et, d'un
autre côté, le suicidé peut avoir été volé après sa mort. Du reste, je
trouve que l'examen de l'arme n'a pas ordinairement beaucoup d'im-
portance pour le juge, dans les cas de mort par armes à feu. Quanta
la question : une arme a-t-elle été tirée et quand at-elle été tirée?
w
M. Boutigny, pharmacien à Evreux, a fait des expériences sur les phé-
nomènes qui se passent dans la crasse qui tapisse la batterie d'un fusil
n pierre, selon que celui-ci a été déchargé depuis plus ou moins
longtemps. En voici les résultats :
€ Il divise Fes cinquante jours de ses observations en quatre pé-
riodes :
» Dans la première période qui n'est que de deux heures, la crasse
a une couleur noir bleu. Elle ne présente pas de cristaux, on n'y voit
pas d'oxyde rouge de fer, ni de-trace de sels de fer. La crasse, enlevée
avec un pinceau imbibé d'eau distillée, donne, après Gltration, une
AIIMES A FEU. 109
liqueur légèrement ambrée; cette liqueur colore en chocolat l'acétate
de plomb, en vertu du sulfure de potassium que la crasse renferme
encore à celte époque.
> Dans la deuxième période, qui est de vingt-quatre heures, la
crasse est moins foncée en couleur ; elle ne présente pas de cristaux,
elle n'ulTre pas d'oxyde rouge de fer ; mais Taddilion de leinture de
noix de galle, dans sa dissolution filtrée et limpide, la rend trouble
et commence à y déceler Texislence d'un sel ferrugineux.
n Dans la troisième période, dont la durée est de dix jours, on
observe sur la crasse une foule de petits cristaux sous. le couvre-feu
et sous la pierre (ces cristaux sont d'autant plus allongés qu'on
s'éloigne davantage de l'époque à laquelle l'arme a été ttrée). Il
existe sur la partie du canon correspondant a la batterie, et particu-
iièremenl au bassinet, des taches nombreuses d'oxyde rouge de fer
(probablement plutôt de carbonate) ; la dissolution provenant de cette
crasse donne, par l'hydro-cyanate ferrure de potasse et la teinture
^eooix de galle, les colorations bleues et violettes des sels ferru-
gineux.
> La quatrième période dure jusqu'au cinquantième jour. Il y a
beaucoup plus d'oxyde rouge de fer sur le canon, et la liqueur prove-
Q<iot du lavage de la crasse ne donne plus la réaction des sels ferru-
gineux (1) p.
OrGla, en parlant de ces expériences, n'hésite pas à dire que,
d'après les résultats de M.^Bouligny, il est possible de déterminer, à
quelques jours près et même à quelques heures près, l'époque à In-
quellel'arme a été tirée. Quant A moi, je suis bien loin d'être de celte
opinion.
Us expériences de M. Boutigny n'ayant pas été répétées, ne peu-
vent avoir une telle importance en médecine légale pour les cas où il
peut s'agir de la vie d'un accusé. Ajoutons que la grande assurance
avec laquelle M. Uoutigny pose ses conclusions nous les rend sus-
P^les; car il est évident que les différentes qualités de poudre em-
{^)hurnai de chimie médicale^ 1833, septembre.
•
110 PARTIE THANATOLOGIQUE.
ployées doivent constituer sur la batterie de Tarme des différeoles
crasses; puis la proportion de salpêtre dans la poudre varie de
62 pour 100 à 76 pour 100, le charbon de 12 pour 100 à 18 pour
100, le soufre de 10 pour 100 à 20 pour 100. Le degré de rhurai-
ditc de l'air pourra aussi influencer, puis les armes à capsules el
remploi du coton-poudre ont rendu ces expériences tout à fait
superflues.
Mais je vais plus loin, je prétends que dans celle circonstance U
médecin n'est pas un expert compétent s'il n'est pas habile chasseur
ou adroit tireur, et il devra conseiller au juge d'appeler des fabri-
cants d'armes, des gardes-forestiers ou des chasseurs comme experts.
Il arrive souvent que parmi les douze jurés il se trouve un ou plusieurs
bons chasseurs, et le médecin en débitant devant eux des théories
qu'il a trouvées dans les auteurs, s'expose à perdre le prestige que lui
doflne la dignité de sa position, en parlant devant des counaisseurs
de choses qui lui sont étrangères. Une telle maladresse enlèvera aux
jurés beaucoup de leur confiance dans son rapport tout entier.
Il en est autrement pour ce qui concerne les efl'ets de l'arme à feu
sur le cadavre. Ici le médecin rentre dans son domaine, car il s'agit
d'observer un phénomène de la nature. La nouvelle invention de
balles pointues apporte des modiGcations dans les efl'ets sur le corps
humain. Nous exposerons plus loin (partie spéciale) en parlant de la
mort par armes à feu, les détails qui se rapportent à cette question.
S 4. — Initrutnents itraDgaUDif ,
11 n'y a pas de corps long, flexible et ne cassant pas facilement,
qui n'ait pas encore été employé comme instrument strangulant : des
cordes, des cordons, des fichus ou mouchoirs de toutes formes, des
étofl'es de toute espèce, des ceintures, des bretelles, des nattes de
paille, des bandes, des manches, des jambes de pantalon, etc. Ils
agissent, comme on sait, en empêchant l'entrée de l'air dans les voies
respiratoires, ou en interrompant la circulation par une forte pression
sur les vaisseaux et sur les nerfs; cette pression peut avoir pour effet
dj paralyser les nerfs. Leurs effets locaux sur leeou sont hsmarques
INSTRUMBNTS 6TRANGULANTS. IM
sifngulaloireê doDl nous parlerons plus tard en traitant de la mort
pmr pendaison (partie spéciale), car il s*y rattache la question de la
pendaison avant et après la mort.
L'examen de Tinstrument strangulant doit être fait par le mé'^
decin*légiste pour constater si le sillon trouvé sur le cadavre a pu
être causé par l'instrument. Une grande quantité d'observations me
permettent d'assurer qu'il est souvent très difficile de déterminer cette
question; car les instruments les plus différents peuvent produire les
oDèoies effets. En général, cependant, les liens durs, tels que les
cordes de chanvre, produisent des marques excoriées et en partie
parcheminées, tandis que les corps mous, tels que les étoffes de soie et
de bdne, ont moins souvent cet effet. En général aussi, la largeur de
b marque correspond à celle de l'instrument strangulant. Les fichus
iODt souvent garnis d'ourlets ou de franges nattées et de bordures
de toute espèce, qui se trouvent en contact avec la peau, y laissent
leur empreinte et souvent l'écorclient.
D'uD autre côté, les instruments strangulatoires larges, comme des
ceintures, des bretelles, peuvent produire un sillon très étroit d'après
h position dans laquelle la pendaison a eu lieu, par exemple, si le
iieiié n'a été placé que dans une anse de l'instrument largo et que
celui-ci n'ait presixé que par une partie étroite de ses bords.
Enfin la profondeur du sillon dépend de la pression plus ou moins
innde avec laquelle l'instrument a étranglé. J'ai vu des cas où on
oaundt pas pu mettre un doigt entre l'instrument et le cou, tandis
foe souvent le lien est plus lâche ; mais le corps, par son poids, a
sulB pour que la pression à un certain endroit ait déterminé la mort.
Tontes ces circonstances doivent être examinées de près. Nous re-
viendrons plus tard, au sujet de la mort par pendaison, sur l'étude
du sillon strangulatoire.
L'instrument strangulant peut encore devenir l'objet de l'examen
lorsqu'on ne sait s'il y a eu meurtre ou suicide, alors il est très im-
pertint d'étudier comment est fait le nœud du lien. 11 y a, comme
^^i^iy une grande quantité d'espèces de nœuds. Les boulangers ont
loe manière particulière de nouer les sacs, les tisserands ont aussi un
112 PARTIE THANAT0L06IQUE.
nœud particulier, ainsi que beaucoup d'artisans; on ni*a quelquefois
demandé si tel nœud était un nœud de boulanger? Le médecin doit-
il dune tout savoir? Il est absurde d'exiger de lui la connaissance de
tous les instruments techniques et toutes les manipulations des ou-
vriers. Tour les mêmes raisons données plus haut pour les armes à
l'eu, je conseille à tous les médecins de toujours déclarer leur incom-
pétence dans de pareilles questions. Que le juge, dans ces cas, appelle
des ouvriers du métier.
§ s. — l>cs taches de sang sur les instruments.
Dans les affaires de meurtre, assassinat, blessure, viol, etc., le
médecin est souvent appelé à constater si les' taches qui se trouvent
sur des instruments, meubles, portes, murs, vases, vôtements, sont
des taches de sang ou non. L'accusé nie ordinairement, et les taches
suspectes dont il ne peut expliquer la nature sont souvent les charges
les plus importantes contre lui. Ou bien il avoue que les taches sont
bien des taches de sang, mais il dit qu'elles proviennent du sang d'un
animal, ou bien quelquefois il prétend que ces taches de sang pro-
viennent du sang d'une femme ayant ses règles. Dans d'autres cir-
constances, quelqu'un se tache avec du sang d'animal afm d'accuser
un tiers. Je pourrais citer des exemples présentant ces diverses
circonstances, et je n'épuiserais pas encore les particularités qui s'at-
tachent aux taches de sang. Comme cette question est de la' plus
liante importance, il n'est pas étonnant que l'on ait cherché h déter-
miner avec certitude les moyens de la juger. Mais ce n'est que dans
l.)s temps les plus modernes (1) que l'on a pu atteindre ce but, car
(1) Voyez Ornia. MM. lég.y 2'" édilion, p. nfii.
I.assaignc, Revue médicale^ aoOt, 1 82 1 .
IJarruel, Anuales (Vhygicne pxihiviue^ 1829.
(.hcvallior, Annales de Poggendorf, 1838, numéro [).
n.irriicl et Lesiieur, Archives de ?«(<i. , 1833, I, 2' scric.
n. Ilose, dans ma Vieticljahrsschrifl , 18:i3, IV, \k 295.
C. Schmidl, die Diagnostic verddchliger Fkcke it% Criminalfailen,
.Milau et Lcipzij^, 18i8.
t]. Ritler, Ueber die Ermittelung von BlutSdincn^ und Excremen-
lenfiecken in CriminalfiiUen^ Wùrzburg, I85i.
TACHES DE SANG SUR LES INSTRUMENTS. 113
nombreuses méthodes préconisées par les auteurs anciens étaient
lius ou moins insuflBsantes.
Si les instruments sont luisants, comme ceux qui servent à Tusage
dés ouvriers, et qu'il y ait dessus du sang frais séché, les taches
seront faciles à reconnaître, car elles ne se confondront pas avec
des taches d'une autre nature^ surtout avec des taches de rouille.
Les taches de sang alors sont rouge clair s'il n'y a qu'une couche
«ù«ce sur le fer, elles sont rouge foncé s'il y a une couche épaisse de
sanjr.
On peut facilement distinguer les taches de sang des taches de
roûlle en chauffant l'instrument, le sang se détache et laisse la sur-
face du métal pur, tandis que la chaleur n'a aucun effet sur les taches
de rouille. Lorsque le sang est séché depuis longtemps, on ne peut
phis, par le seul aspect, le distinguer de la rouille. On trouvera plus
bas une bonne méthode diagnostique, elle devra être contrôlée par
' Texaroen des cristaux d*hématine.
Les taches fraîches de sang sur des portes, meubles, tapis de cou-
leurs claires, sont faciles à reconnaître. Pour les taches fraîches de
^Dg sar du bois foncé, sur des manches bruns de couteaux ou de
It^ches, les portes brunes, les tapis et meubles foncés, j'ai employé
>vec succès le procédé découvert par MM. OUivier et Pillon. Il con-
^ à éclairer les taches suspectes avec une lumière artificielle, par
s^ple une bougie que l'on approche très près; on voit alors briller,
sor II couleur foncée des objets, des taches d'un rouge brun; car,
lorsqu'il y a peu de tachas et qu'elles sont petites, il est impos-
^le de les voir par la seule lumière du jour. Si le sang est fraîche-
ment séché, il n'est ordinairement pas difficile de le reconnaître au
otoyen du microscope; on peut aussi reconnaître encore très dis-
tinctement* les globules. Mais cette dernière ressource, excellente,
fait défaut si le sang est séché depuis longtemps, s'il a été mouille et
&'il est redevenu sec, s'il est mêlé à d'autres substances, si lesétoff'cs
sor lesquelles le sang a jailli ont été frottées ou lavées, car alors les
Sloboles sont détruits et les micrographes les plus exercés ne sont
pl»8 eu état de les trouver.
u. 8
IIA PARTIE THANÂTOI^GIQUË.
Le procédé de Barruel a fait beaucoup de bruit, il consiste A trai-
ter le sang par l'acide sulfurique et de distinguer de quel animal il
provient par l'odeur spécifique qui s'exhale et qui est l'odeur carac-
téristique de l'animal. Mais si déjà la perception des couleurs est
assez délicate dans les expertises médico-légales, il est encore plus
dangereux d'avoir recours à l'odorati puisque aucun sens, plus que ce
dernier, n'oflre autant de différences individuelles. Du reste, la mé-
thode de Barruel n'est pas infaillible, comme le prouvent les eipé*
riences frappantes de Chevallier (1). Ce dernier traita, d'après la
métliode de Barruel, du sang de mouton, de bœuf et d'homme; il se
fit assister de quelques personnes. Chacune d'elles nota de son côté
ses impressions d'odorat, et il se trouva que, si toutes furent d'accofd
dans quelques cas, dans d'autres les uns déclarèrent du sang d'honune
ce qui était du sarig de bœuf! Nous conclurons que la méthode de
Barruel doit être rejetée dans les affaires criminelles lorsqu'il s'agit de
distinguer le sang d'homme du sang d'animal, et surtout lorsqu'il s'agit
de différencier le sang de plusieurs animaux ; car elle ne repose que
sur une base insuffisante et qui peut induire dans de graves erreurs.
Par le microscope on peut, avec certitude, distinguer le sang
d'homme du sang d'animal, lorsque celui-ci est assez frais et a été
préservé des influences funestes que nous avons énuméréesplus haut;
c'est ce que prouve le cas suivant qui donna lieu à une expertise de
la députation scientifique, dont notre grand physiologiste, Jean MCdler,
fut le rapporteur.
Obs. 55. — Déterminer s'il y a sang d^homme ou sang d^oiseau.
Un homme avait été renvoyé Je son appartement avec violence par son proprié^
taire. U prétendait en être devenu malade ; mais on soupçonnait que le sang qui
s'écoulait de Tanus n'était pas du saug d'homme, mais du sang de pigeon mis avec
intention.
Deux médecins rapportèrent que le sang qui s'était écoulé du 30 janvier au 3 fé-
vrier, de Touverture de l'anus, avait été examiné par eux, le 22 juillet (ainsi six
mois après), à l'aide du microscope, et qu'ils avaient trouvé que ce n'était que du
sang d* oiseau. Au mois de novembre, on consulta le Collège médical de aeconde
instance qui répondit que l'examen du sang n'était plus possible. Le juge d'instruction
(i) Annalei d^hygiènepubliquct 1853, avril.
TACHES DE SANG SUR L£S INSTRUMENTS. 116
demaoda un superarbitre de la dépu talion scientifique et posa le« questions suivantes :
i*^ La substance ci-joiate est-elle du sang d'homme ou du sang d'oiseau? 2® Si Ton
ne peut pu le déterminer, quelles en sont les raisons ? 3** Le 22 juillet était-ce pos-
sible de le reconnaître, et à partir de quelle époque cette possibilité a-t-elle dis-
paru?
Au milieu du mois de février de l'année suivante, c'est-à-dire pJus d'un an apràs
que le saug avait coulé de l'anus, le sang fui examiné par J. Millier et moi. Voici le
rapport qui fut fait :
« Pour répondre aux questions posées, la substance envoyée (du sang sec, pul-
vérisé dans une boite) fut comparée sous le microscope avec : 1° du sang frais et
sec pris sur un cadavre humain; 2** du sang frais et sec de pigeon. Les glo-
bules du sang envoyé se reconnaissent, si l'on prend une petite quantité de sang
mêlé avec du sel de cuisine ou du sucre, et qu'on le mette sous le microscope ; ces
globules ne sont pas elliptiques, ils ont la forme et la grandeur de ceux qui sont
diQs le sang de l'homme ou dans le sang des mammifères. On n'y a pas trouvé des
fiobules s'éloignent de la grandeur de ceux de l'homme ; quelques-uns s'écartent
de la forme ronde, mais comme cela se voit dans le sang ordinaire de l'homme et
des mammifères. On n'a pas trouvé de noyau et il est douteux qu'il s'en trouve
dans le sang de l'homme ordinairement. Ces globules n'ont aucune ressemblance
avec ceux du sang des pigeons ou des oiseaux en général, et l'on ne conçoit pas
comment on a pu les identifier avec ceux-ci. Les globules du sang des pigeons
ton! elliptiques tous sans exception ; ils ont un noyau très visible, oval, et ils sont
deux fois plus grands que les globules du sang en question.
• De là, nous concluons : que la substance envoyée n'estf)a8 du sang de pigeon
ni d'aucun autre oiseau, et ne peut être que du sang d'homme ou de mammifère;
nais on ne peut distinguer à laquelle de ces deux dernières espèces de sang cette
nbatsDce appartient, à cause de leur ressemblance identique, et il n'y a aucun
iQojea sûr de les différencier.
» Ainsi, en réponse aux questions posées, nous disons : la substance envoyée
n'est pas du sang d'oiseau, mais du sang d'homme ou de mammifère, ce qui ré-
pond en même temps aux deux autres questions posées. Berlin, le 13 mars 1850. •
Ici l'examen était facile, car les deux espèces de sang qu'il fallait distinguer sont
très différentes. Les cas suivants prouveront combien il est plus difficile de distin-
ct des taches douteuses dans certaines circonstances,
OsB. 56# — Déterminer s'il y a sang d* homme ou sang de vache 7
l<i4 janvier 18..., se trouvaient, dans l'auberge de N..., le sieur S... et le
S^rçoQ de ferme W... Ce dernier remarqua que S... portait une bourse contenant
^Uislers,lui demanda le chemin qu'il prendrait et s'éloigna. Tandis que S... re-
^eoait pendant la nuit vers sa demeure, il marchait sur la neige, lorsqu'il sentit un
^ violeiit qu'on hii portait dans la figure ; il perdit beaucoup de sang et s'éva-
nooit Lorsqu'il revint à lui, il s'aperçut que sa bourse lui avait été volée. Le garçon
^••. fut soupçonné d'ùtrc l'auteur de ce vol et fut arrêté. Ses boites coïncidaient
116 PARTIE THÀNATOLOGIQUE.
très bien avec les empreintes trouvées sur la neige, de plus il avait déjà été puni
antérieurement pourvoi; on avait remarqué que depuis le erime il avait fait des dé-
penses excessives relativement à ses ressources; enfin, ce qui augmentait tous les
soupçons, c*est qu'on trouva sur son pantalon en toile une tache de sang grande
comme la main« Il disait que ce sang provenait d'une vache qu'il avait aidé à tuer
le jour de Noël de l'aïinée qui venait de finir. Il fut constaté qu'en effet il avait aidé
à tuer une vache à cette époque.
Sur ces entrefaites, la cour m'envoya le pantalon afin que je déterminasse si la
tache provenait de sang humain ou de sang de vache. Plusieurs micrograpbes dis-
tingués, entr'autres M. Dubois-Raymond, eurent la bonté de m'assister dans ces
recherches. Je cite les passages les plus importants du rapport :
« Les recherches de cette espèce sont d'autant plus difficiles que le sang est
moins frais et que l'animal dont il s'agit présente des globules ayant à peu près la
même forme que ceux de l'homme. C'est ce qui a lieu pour la plupart des mammi-
fères, surtout le bœuf ; en effîet ces globules sont également ronds et ceux de
l'homme ont seulement un diamètre un peu plus grand.
» Dans un premier examen microscopique, le 8 février, nous avons examiné du
sang frais d'homme et du sang frais de bœuf qui furent mis sous un microscope
grossissant cent quatre-vingts fois, et nous constatâmes une diff'érence évidente daos
les diamètres. Nous mêlâmes les deux espèces de sang et nous pûmes très fiicile-
ment distinguer les globules de bœuf plus petits des globules d'homme plus grands.
Alors nous commençâmes Texamen du corps de délit. On ramollit quelques fils
imbit>és de sang au moyen d*huile pure et on les soumit au microscope ; mais aus^
sitôt, parmi les obsenbteurs présents, il y eut des incertitudes et des différences
d'opinion, parce que la forme des globules n'était pas bien distincte. Le sang da-
tait de six semaines si cela était du sang de vache, et de trois semaines si c*é(ait
du sang d'homme ; de toutes manières il était assez vieux pour que les globules en
fussent diflicUement appréciés. M. Schmidt prétend que le volume des globules
reste le même quand ils sont secs. Pour juger cette théorie, nous fîmes une contre-
épreuve : sur le même pantalon de toile on fit une tache de sang d'homme frais et
une tache de sang de bœuf frais, nous les laissâmes sécher dans les mêmes condi-
tions. Huit jours après nous examinâmes au microscope la toile ramollie avec la
même huile, nous regardâmes d'abord chaque tache isolément, puis les deux espèces
de sang mêlées. Le résultat fut que, quoique le sang sec d'homme fût plus semblable
a celui àm corps du délit, les globules étaient trop modifiés par la contraction pour
que Ton pût en tirer une conclusion infaillible (l).» ^
Ainsi nous ne pouvions conclure autrement que : « on ne peut pas distinguer avec
certitude si la tache de sang trouvé sur le pantalon de l'accusé provient d'un homme
ou d'une vache. »
(1) Briicko a donné autti ton avis sur riucertitudo de la micrographio dans Télude du aaiif
sëchd.
EXAMEN CHIMIQUE DES TACHES DE SANG. 117
«
Obs. 57. — Déiermintr s*t[ y a du sang d' homme j de bœuf ou de mouton.
Sur l'assassin dont nous parlerons à l'obs. 2S2, on trouva de légères taches de
sanf aux manebes et aux poignets de la chemise. Comme la femme étranglée, pro-
bablanent par lui, avait saigné du nez, ces taches parurent suspectes. Il déclara
que, le lendemain, il avait aidé un boucher à tuer un bœuf, deux moutons et un
veau, et que le sang avait jailli sur lui pendant cette opération. Cette déclaration
fut reconnue exacte ; c'est pourquoi nous eûmes à examiner ce sang afin de déter-
miner s'il provenait d'une femme ou d'un animal.
Nofu reçûmes la chemise quinze jours après le fiut ; elle était enveloppée ,
serrée dans un paquet et n'avait que des taches insignifiantes. On ne pouvait
douter qu'elle avait été lavée et frottée , de sorte que l'on pouvait supposer à
priori une destruction des globules. Néanmoins la tache la plus grande était con-
lerrèe, on en mouilla certaines parties avec de la salive examinée d'avance au mi-
croscope et ne contenant pas de sang. Le microscope qui fut employé fut le mémo
que dans le cas précédent, et nous examinâmes avec l'assistance de M. Dubois -
laymond, dont le nom est une autorité suflQsante pour ne laisser aucun doute sur
le résultat. Malheureusement nous ne pûmes reconnaître même la forme des glo-
bales de sang, et, par conséquent, il était impossible de dire si l'on avait affaire à
du sang d'homme ou à du sang de mammifère. Les contre-épreuves étaient super-
Inès et on dut déclarer aux juges que le diagnostic n'était plus possible.
S 6. — *«^— ^- tthîmiqaa dos taobos do sang sur les îasImmoBti •
La méthode employée par Henri Rose (loc. cit.) est celle que je
trouve la meilleure et que j'emploie toujours. Voici comment il agit
qund il a affaire à une tâche qui peut, être facilement séparée de
rinstroment sans entraîner de débris de matières étrangères : On
inet le sang sec en contact avec de l'eau distillée pendant longtemps,
sans mtemiption ; on décaifle de temps en temps la liqueur, afin
<l*eQ retirer la fihrine non soluble à mesure qu'elle est débarrassée
des globales rouges. Le microscope permet de reconnaître très bien
celte fibrine, et on peut la comparer très facilement avec de la
fibrine obtenue de la même manière avec du sang frais. La solution
aqueuse rouge est traitée par des réactifs. Quand on y ajoute de l'eau
chlororée en assez grande quantité pour que la liqueur en exhale
'odeur, la couleur rouge disparaît et il se dépose des flocons blancs
qoi surnagent à la surface. Tandis que si, dans une partie de la
118 PARTIE THÀNATOLOCTQUE.
liqueur encore rouge, on ajoute de Tacide azolique, il se fait un dépôt
gris blanc, et si dans une autre partie on met de la teinture de galle,
il se fait un dépôt violet. Mais lorsque la solution rouge est chauffée
jusqu'à l'ébuUition, il s'y forme une coagulation plus ou moins épaisse
selon la quantité de coloration rouge qui se trouve dans la liqueur ;
lorsque la solution n'a qu'une teinte très claire, il ne se fait qu'une
simple opalisatiou. La couleur des flocons est d'un rouge sale. Ils se
dissolvent facilement par une dissolution de potasse chauffée ; la
couleur de cette dissolution est plus ou moins verte, mais elle i^re
la particularité que, vue par réflexion, elle est verte, tandis que, vue
par réfraction, elle est rouge, ce que l'on reconnaît très bien au
moyen d'une éprouvette blanche. C'est le dichroïsme de la matiélre
colorante du sang que Berzelius, Lehmann et Brûcke (1) ont décrit.
Si l'on n'a qu'une très petite quantité de sang, par exemple, si
Ton n'a traité qu'une petite tache de sang avec l'eau, on ne peut pas
avoir recours à toutes ces réactions. H. Rose recommande de faire
bouillir la petite solution rouge concentrée et de la traiter avec une
solution de potasse. Si alors on a obtenu les phénomènes décrits
(dichroïsme), on peut mêler ce fluide alcalin avec de l'ean chlorurée
concentrée en excès; il se dépose des flocons blancs. Ou bien
on peut n'employer que la moitié de la solution alcaline pour
en saturer l'autre à moitié par l'acide azotique, et obtenir le dépôt
blanc gris ci-dessus cité.
11 en est autrement lorsque les poussières de sang se trouvent
mêlées avec des matières étrangères ; alors il peut être très difficile
de traiter chimiquement le sang séché sur du fer ou des instruments
de toute sorte, car une grande partie de ces réactions est due à la
présence de l'ammoniaque dans le sang. Yauquelin, le premier,
a observé que la rouille de fer qui se forme dans l'intérieur des mai-
sons habitées contient de l'ammoniaque; celte observation a été
confirmée par Chevallier, Austin et Boussingault.
(1) Brûcke recommande {toc, cit.), pour reconnaître le dichroïsme du sang, une
méthode encore plus brève que ceUe qu'emploie H. Rose,
EXAMEN CHIMIQUE DES TACHES DE SANG. 119
D'après cela, H. Rose remarque avec raison que s'il se dégage de
1* ammoniaque dans une liqueur provenant du grattage d'un instru-
ment de fer et chauffé jusqu'à l'ébullition, cela ne peut pas prouver
la présence du sang que l'on soupçonnait y être. Lorsque, par une
chaleur peu intense dans une éprouvette sèche, l'ammoniaque est
éloignée de la rouille grattée sur le métal, il fafut, si cette rouille
contenait du sang même en très faible quantité, que par une chaleur
plus grande, l'odeur comme empyreumatique qui s'exhale par la car-
bonisation de toute matière albumineuse, soit perçue, et on verra, à la
partie de Téprouvette non chauffée, se déposer l'huile empyreuma-
tique brune et fétide.
Un moyen encore plus sâr de distinguer le sang de la rouille, c'est,
après avoir fondu une petite quantité de rouille avec un volume à peu
près égal de potasse, ou mieux de soude, dans une petite éprouvette
de verre, de refroidir la masse avec de l'eau, puis de filtrer la solu-
tion, de mêler avec une petite quantité d'une solution de fer
contenant de l'oxyde de fer et de sursaturer avec de l'acide muria-
tique. S'il y avait du sang, il restera une quantité plus ou moins
grande de bleu de Prusse qui se dépose, dont la couleur ne paraîtra
lerte que si la quantité de solution ajoutée a été trop grande. Rose
assure, et l'on peut bien s'en rapporter à l'affirmation d'un tel auteur,
qoe par cette nouvelle méthode le sang est reconnu avec sûreté dans
de la rouille, même s'il ne s'en trouve qu'en très petite quantité. Il
lait observer que ces phénomènes peuvent être produits par toute
matière azotique sans qu*il soit besoin du sang ; cependant, lorsque
b rouille est produite seulement par l'oxydation du fer à l'air hu-
nùde,ces phénomènes ne se montreront certainement pas (1). Quant
9QX recherches des taches de sang sur d'autres objets, surtout sur
les étoffes, voir plus bas.
(I) Quant aux expériences de H. Rose sur le mélange d'oxyde de fer hydraté et
^ttnf, liafi qu6 sur la recherche du sang sur un objet qui est resté sur un terrain
nebe d'I^nnine, voir son Mémoire important ci-dessus cité.
4*20 PARTIE THANATOLOGIQUE.
§7.— Proeédé du meortrier dans l'ezéeulîon du crime.
D'après les dispositions légales citées plus haut, les experts doi-
vent déclarer si : < les blessures ont pu être produites par les
instruments présentés, et si Ton peut, par la position et Tétat de la
blessure, juger le procédé et la force qu'a employés vraiseaiblable-
ment le coupable. »
Ordinairement la réponse à celte question n'est pas très difficile,
si Ton veut se rappeler les effets différents que produisent les diffé-
rents instruments tranchants, piquants, contondants, etc., surtout
lorsqu'il s'agit de répondre à celte question : Telle blessure a-t-elle
pu être produite par tel instrument? Quand on a devant soi un
crâne fracturé et une hache ou un marteau, on n'hésite pas à ré-
pondre oui.
Hais il arrive souvent que le juge d'instniction va plus loin, sur-
tout si l'accusé nie obstinément ou si les circonstances sont dou-
teuses; il demande alors au médecin : Les blessures ont-elles été
produites par cet instrument? Il est certain que dans beaucoup de
cas on ne peut pas répondre positivement h cette question, car la
blessure mortelle a pu évidemment être produite aussi bien avec la
hache A qu'avec la hache B, aussi bien avec le couteau qui s'applique
sur la blessure qu'avec tout autre couteau de même dimension. Afin
de ne pas s'engager dès le commencement, car l'instruction ulté-
rieure fait souvent surgir des faits nouveaux et inattendus, il est
bon d'avoir la précaution de dire que les blessures ont pu être pro-
duites avec cet instrument et qu'elles l'ont été avec celui-là ou un
instrument semblable.
Une réponse négative est plus facile h donner ordinairement, c'est-
à-dire que le médecin peut, dans la plupart des cas, déclarer que la
blessure n'a pas pu être produite et n'a pas été produite avec l'instru-
ment présenté, et cette déclaration est dans beaucoup de cas d'une
très grande importance pour la justice, car elle i^eut faire rejeter les
mensonges de l'accusé, comme dans d'autres cas elle le protège
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS l'exécution DU CRIME. 121
lorsqu*!! est dénoncé et accusé d'avoir blessé un homme d'une ma-
nière que le médecin juge impossible.
Quelquefois, dans des rixes auxquelles ont participé plusieurs per-
sonnes, il y a plusieurs individus accusés d'avoir commis le même
meurtre. A s'est servi de l'instrument X, B de l'instrument Z, etc.,
et il s'agit de déterminer quel est celui qui a causé la mort. Dans
cette circonstance la justice se repose presque entièrement sur l'ex-
pertise du médecin. Nous rapporterons plus bas beaucoup de cas
très intéressants, qui montreront des exemples d'affaires semblables.
Ce qu'il y a de plus difficile, en général, c'est de répondre A la
dernière partie de la question : Si par la position et la grandeur des
blessures on peut conclure quelle a été la manière de procéder du
coupable, ainsi que l'intention et la force qu'il a employées. C*est
justement dans les causes capitales de meurtre et d'assassinat que
cette question est toujours posée, car presque toujours l'accusé nie»
Il dit n'avoir pas attaqué la victime au lit, ou bien ne pas l'avoir reil»*
Tersée, ne pas l'avoir frappée, au contraire elle s'est jetée elle-même
sur le couteau dont il }g menaçait. La direction des blessures, leur
largeur, leur profondeur, leur nombre, la comparaison avec les in-
struments présentés, peuvent souvent donner la contre-preuve évidente
de la manière d'agir de l'accusé, comme nous le prouverons plus
bas. Avec un peu d'expérience on ne se trompera pas. Toutes ces
affaires sont jugées devant des jurés qui se font eux-mêmes une opi-
nion sur la manière de procéder du coupable, et cette opinion est
très bien à la portée des laïques.
Obs. 58. — Violences mortèllei attribuées à des soufflets, Rupture du foie.
Le 25 novembre 18..., à midi/les habitants d*une maison entendirent du bruit
te le logement du sieur R...; ils distinguèrent la voix d'une femme en colère et
les pUintas et les prières d'un enfant , puis un gros soupir, le bruit d'un corps
ieténrle plancher, et les mots « Lave-toi », enfln un cri rauque et un râle.
En pénétrant dans la chambre, on trouva 1^ bonne de R .. avec la fille de celui-ci,
^|éede dix ans (qui venait de sortir de Técole) ; la femme était dans une violente
colère, l'enfant gisait à ses. pieds, la figure couverte de sang, les cheveux en
désordre. La femme fut arrêtée et déclara jusqu'à la fin de rinstruction, qu'elle
n'mit donné à l'enfant que deux soufflets et encore par-dessus son chapeau de
122 PARTIE THANAT0L06IQUB.
paille, qu'alors elle s'est jetée par terre par méchanceté, et que, relevée par elle,
elle s'y rejeta de nouveau ; niant obstinément toute autre violence. On trouva sur
le plancher et au bas des meubles des traces de sang.
A notre exploration, nous trouvâmes, outre des écorchures nombreuses, qua-
rante ecchymoses assez grandes à la tète, au tronc et aux extrémités ; de plus, \e%
deux yeux, le nés, les lèvres, les deux oreilles étaient tuméfiés. Les fesaes étaient
couvertes d'ecchymoses bleuâtres. Sur le ventre il n'y avait rien. Le cerveau était
hypérémique, au milieu de l'hémisphère gauche une extravasation de sang foncé de
2 grammes et une autre de 6 grammes à la base du crâne. Le cervelet, ainsi que
tous les sinus, étaient hypérémiques. Le cœur et les poumons contenaient peu de
sang ; la trachée-artère avait dans son intérieur un peu de mucus rouge foncé ; Is
cavité abdominale contenait 500 grammes de sang foncé liquide ; le foie était dé-
chiré, ce qui avait donné lieu à l'hémorrhagie. La déchirure avait 8 centimètres
de longueur entre le lobe droit et le lobe gauche et traversait toute la sub-
stance.
Il fallut admettre que la mort était survenue par hémorrhagie interne produite
parla rupture du foie; mais il ne pouvait pas être douteux que celte rupture n'avsit
été causée que par une violence extérieure, car le foie ne peut pas rompre,
quand il est sain, sans une violence extérieure. La manière dont la violence avait
4té exercée ne pouvait pas être déterminée par la seule ouverture du cadavre. On
pouvait seulement assurer que de simples soufflets n'avaient pas pu tuer Tenfant de
cette manière. Il était également évident que l'hémorrhagie du cerveau qui, par
elle-même, pouvait amener la mort, n'était pas le résultat d'une cause interne, ear
l'enfant, peu de temps avant sa mort, était revenue très bien portante de Técole, et
des hémorrhagies du cerveau n'ont pas lieu subitement à cet âge et dans ces cir-
constances. Il était également certain que les nombreuses lésions extérieures ne
provenaient pas de la seule chute de l'enfant par terre ; ajoutes que l'on trouva plus
tard les boucles d'oreille de l'enfant, brisées et dispersées dans la chambre. L'ac-
cusée fut déclarée coupable et condamnée à vingt ans de travaux forcés.
Obs. 59. — Coups dans le ventre regardés comme cause de la mort,
H«.. et R... buvaient ensemble dans une auberge, lorsqu'ils commencèrent à se
disputer. Puis ils sortirent ensemble et marchèrent à un quart de lieue de la ville
dans laquelle R... devait entrer en service. Il était tout à fait ivre ; il déclara plus
tard être tombé à cet endroit par terre et avoir reçu de H... beaucoup de coups
de pied dans le ventre; ce que naturellement H... a nié. Uu quart d'heure plus
tard, le maître de R... le vit « et n'observa dans sa démarche rien qui pût lui faire
croire qu'il était ivre. » R... se plaignit bientôt des douleurs violentes dans le
ventre, il passa la nuit dans le grenier d'une maison dont le propriétaire déclara
l'avoir vu • très ivre. » Cependant il avait grimpé sur une échelle de six à huit échelons
sans aucun secours. Ses douleurs devenant plus intenses, on le transporta le lende-
main dans un hôpital où il arriva à midi. On constata : <f une forte contusion des
parois du ventre et des organes internes », ce qu'indiquent une grande sensibiliié,
PROCÉDÉ DU HEURTRIER DANS L'EXÉCUTION DU GRIME. 128
• un frond gonflement du ventre et beaucoup d'inquiétude. Le soir les symp-
■ ttaeit s'aggravèrent et les vomissements et la fluctuation dans le ventre mon-
■ trèrent évidemment (??) une rupture interne produite par une violence exté-
> rieure. • Au bout de quarante-huit heures la mort arriva.
Cet homme, ftgé de cinquante ans, ne présentait à Textérieur que de fraîches
cieatrieesde sangsues; outre cela, rien d'anormal. A l'intérieur, le péritoine était
vivement enflammé dans toute son étendue, tuméflé et couvert de pus. Dans la ca-
vité il y avait 350 grammes de pus liquide ; Tépiploon enflammé était couvert de
pus. Let intestins et l'estomac étaient enflammés à plusieurs endroits adhérents au
péritoine par des exsudations de pus. Dans la plèvre gauche il y avait 100 grammes
de sang liquide. Le poumon gauche était enflammé à son lobe inférieur, le poumon
droit également. Mous passerons sur les autres résultats insigniflants. Ce cas était
très difliclle. Je crois utile de communiquer en détail le rapport que j'en donnai.
Après avoir dit les causes pouvant produire une péritonite et avoir mentionné
les violences sur le ventre, telles que les coups de pied, je disais : « Les suites
ordlmiires des coups de pied sont ecchymoses sur les parties frappées, contusion,
paralysie, roptm^ des organes internes environnants, c'est ce que le médecin
liaitant de la Charité a admis par erreur dans ce cas. Ces suites seront d'autant plus
évideotea et d'autant plus graves que les coups auront été plus violents. Le décédé,
f après sea dépositions, n'a pas été frappé étant debout, mais étant couché et de
ksat en bas, ee qui suppose une force violente. Ordinairement, une telle violence
edérienre produit des ecchymoses sur les téguments, et on devait d'autant plus s'y
Meodre dans ce cas où elle a produit une péritonite immédiate qui a amené la
lort en si peu de temps. Cependant à l'autopsie nous n'avons trouvé à l'extérieur
les signes d'aucune violence. De plus, B... dit avoir vu le décédé un quart d'heure
apfès la Tiolence, ne présentant aucune blessure et ne trahissant aucune douleur
par ta démarche, ee qui devrait fiiire supposer une énergie rare de la part de R...,
ûnii que la fiieilité avec laquelle fl a monté sans secours six ou huit échelons d'une
échelle menant au grenier.
> Roo'seulement l'autopsie et les aotes ne montrent rien qui puisse prouver que
la péritonite a été produite par des violences extérieures, mais encore on peut ex-
pHqser par bien d'autres raisons l'existence de cette maladie. On ne dit rien de
linnté antérieure de R... avant le 7 du mois, on ne peut donc pas conclure que
le décédé n'avait pas d'avance des symptômes qui paraissent inaperçus pour des
ÎBdiTidns de sa classe ; il a pu avoir des coliques, de la diarrhée, des douleurs pas-
■Hères dans le ventre, de la sensibilité au toucher, qui souvent sont les précurseurs
de U péritonite et qui deviennent une maladie grave par manque de soins et,
"vtoot, si on y ajoute les circonstances défovorables qui n'ont pas manqué au dé-
cédé. Ob peut supposer à priori que R. .., en buvant de la bière et de l'eau-de-vie
et MM querellant avec l'accusé, a surexcité son système nerveux et vasculaire, et
c'est même prouvé par les actes, car le maître de l'auberge a déposé l'avoir vu dans
■n état de grande surexcitation.
■L'accusé prétend que R*. était complètement ivre, mais ce témoignage est peu
dipiede eonflanee; le témoin Vidons dit que « il était très ivre et exhalait une
12i PAnTIE THANATOLOGIQUE.
odeur d*eau-de-vîe très prononcée. » On peut donc considérer que R... était dans
un grand état d'échauffement et de surexcitation. Dans cet état, le décédé fit la
route assez longue jusqu'à M... à pied. Il est probable que dans cette course la
maladie est survenue, ou bien , s'il en existait les germes, a fait de grands pro-
grès. Les mauvais traitements que Taccusé avoue, le coup de pied qui lui a été
donné pour le faire relever n*ont pu qu'avoir une influence fâcheuse. Le décédé
après cette scène se plaint de grandes douleurs dans le ventre. Dans cet état il
passe la nuit dans un grenier sans secours, et il devait avoir certainement déjà une
vive inflammation qui, si elle avait été traitée énergiquement par les anUphlogis-
tiques, aurait peut-être cédé, et qui, abandonnée toute une nuit, a dû tout de suite
devenir très grave.
» D*après tout ce qui précède, on voit qu'une péritonite pouvait naître et avoir une
fln funeste sans les violences en question ; mais l'attestation des médecins de l'bd-
pital semble être contraire à nos déductions. On y voit que sur le ventre « il y avait
une forte contusion, surtout des organes internes. » Nous sommes fâché de ne
rien trouver de plus clair dans cette attestation si importante. Si le mot contusion
signifie ecchymose, il eût été facile de décrire l'état des téguments ; mais nous
nous croyons en droit d'admettre que, lors de la réception de l'homme à l'hôpital,
il n'y avait aucune trace extérieure, car on ne peut pas admettre qu'une • forte >
ecchymose ait disparu en vingt-quatre heures. Mous croyons d'autant plus qu'il
n'était pas question d'ecchymose, que l'on scoute : « surtout les organes internes. »
» Les autres symptômes décrits indiquent une péritonite qui était évidente. Ce que
l'on a trouvé à l'autopsie dans la cavité thoracique est de peu d'importance, puisque
. l'on doit admettre que l'inflammation de la poitrine a été la suite de la péritonite
aiguë. »
De là nous conclûmes que : quoiqu'il ne soit pas impossible , il n'est pas probable
que la péritonite mortelle ait été la suite d'une violence extérieure.
Qui aurait pu, en eCTet, déclarer l'accusé coupable d'avoir causé la mort ?
Obs. 60. — Coups de fouet et coups de pied ayant soi-disant amené la mort.
Ce cas est analogue au précédent. Le 17 mai 18...» par une chaleur de plus de
20 degrés Réaumur, à midi, l'employé de chemin de ier Gl..., connu comme
s'adonnant aux boissons, avait été vu ivre et chancelant dans la campagne ; quel-
que temps après il se coucha par terre. Après dix minutes il se leva et alla dans
un champ de seigle où il se coucha de nouveau. Après une heure et demie, P...
et A..« passèrent dans une voiture sur le chemin bordant ce champ et le virent
couché sur le dos, de sorte que les rayons du soleil brûlant lui donnaient dans la
figure qui était « très brune. » On essaya de le lever, mais il était presque sans
connaissance; il fit deux à trois pas et retomba. Là-dessus P... lui donna quelques
coups avec le manche de son fouet et aussi quelques coups de pied que plusieurs
témoins disent avoir été insignifiants, tandis qu'un garçon parle de six coups de
fouet très violents et de plusieurs grands coups de pied. P.. • ne réussit pas à réveil-
ler l'individu qu'il crut ivre-mort, il le laissa en couvrant sa figure pour le pro-
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DAÎIS L'EXÉCUTION DU CRIME. 125
léger contre les rayons ardents du soleil. Bientôt après il Ait trouvé par un
traisiéiBe passant, Z..., qui le trouva « sans connaissance; » il ne répondit pas,
mais grogna, fit quelques mouvements avec la main et dit enfin clairement : « Je
viendrai bienlét. » Mais Z... ne put le faire bouger de sa place, et quelques instants
après Gl. . . fut trouvé mort.
Les violences avaient-elles causé à elles seules la mort ou l'avaient-elles
aidée?
A raulopsie,la figure du cadavre était assez rouge, surtout les deux joues et les
oreilles étaient d'un rouge bleu foncé. Au bras droit plusieurs ecchymoses, depuis
la grandeur d'un petit pois jusqu'à celle d'un franc. Au bras gauche il y en avait do
plus petites. Lorsque nous ouvrîmes le crâne, nous vîmes une congestion apoplec-
tique très considérable qui avait évidemment amené la mort. La moelle épinière
était normale. Les deux poumons étaient gorgés d*un sang foncé et épais. Le foie
était gris comme cela arrive si souvent ches les ivrognes. Les autres résultats de
Tautopsie n'étaient pas importants.
Dans le rapport, nous expliquâmes que l'autopsie, en montrant qu'il y avait con-
gestion apoplectique, expliquait parfaitement la coloration «r noire » de sa figure,
« son manque de connaissance » et ses « grognements ». Mous déclarâmes que
cette apoplexie avait été causée par Tivresse, la chaleur intense et l'effet des rayons
krùlants du soleil dardant sur la tèlë. Il était très vraisemblable que la congestion
irait déjà eu lieu lorsque les accusés l'attaquèrent ; les témoins ont déposé que les
noleoeta n'étaient pas importantes, et des coups de manche de fouet sur les
épaules, le dos, les fesses, des coups de pied, ne pouvaient pas, comme l'autopsie
Ta confirmé, élre asses graves pour amener la mort. 11 fut admis alors que les
^ioieoces n'avaient été pour rien dans la mort.
Obs. 61. — Coups morlels. Déterminer s'ils ont été seulement portés avec
la main.
Le 21 septembre 18..., on trouva dans un bois un enfant mort couché dans un
pinier, le corps portait des traces de violences extérieures. 11 fut reconnu comme
reofantde la femme du tisserand Pohlmann.
Cet enfiint légitime, ayant vingt et un mois, n'avait jamais été aimé par sa mère,
^iprès ce que rapportaient les témoins. Il avait été souvent laissé sans nourriture
^ M l'avait vu avaler avec avidité des épluchures de pommes de terre ; sa mère
ûtlMunaine l'avait souvent firappé de la manière la plus révoltante. Les témoins assu-
'^Kat que les époux Pohlmann avaient souvent enfermé l'enfant dans une chambre
^ ik ewsient eu soin d^hUroâuire une grande quantité de guêpes !
lise scène affreuse eut lieu le 23 septembre, peu de temps avant la mort de
^'eobot, dans la maison d'un voisin dont le fils, âgé de quinxe ans, dépose en ces
bennes : « A huit heures du soir, la femme P... vint chez nous chercher son enfant ;
^ l'aperçut qu'il s'était sali, elle le saisit par le bras et lui ordonna de se lever ;
*^0Buie l'enfant ne le fit pas, elle le jeta a une distance d'un mètre et demi et le
P^^Qua plusieurs fois avec le pied, de sorte qu'il roula jusqu'au milieu de la cham-
120 PAUTUE THAliAT0L0GlQU6«
bre ; puia elle le saisit par la tête avec les deux mains et le poussa à cinq repriief
différentes le front contre le plancher. 'Enfin elle lui donna encore des coups m-
lents dans le cou, dans le dos et sur les fesses ; Tenfant était abattu, ne pouvait
crier, mais soupirait. Alors elle le prit par la main et s'en alla avec lui en disant :
« Si tu ne veux pas courir, je te battrai jusqu'à la mort. »
L'accusée prétend n'avoir donné à l'enfant que « quelques coups sur les fesses »,
être retournée chez elle avec lui et l'avoir de temps en temps porté parce qu'il
était fatigué. Arrivée chea elle, l'enfant refusa de manger ; alors elle lui avait donné
avec la main un coup qu'elle destinait à la fesse, mais que, malgré elle, elle avait
donné dans le côté gauche. « Je ne lui ai donné, disait-elle, qu'un seul coup et il
commença aussitôt à gémir, alors que je le promenai dans mes bras. Gomme il élaU
1res froid, je le rois au lit, il devint de plus en plus tranquille et au boul d'une
heure et demie il était mort, m Alors elle enveloppa le cadavre, le mit au-deasooi
de son lit dans lequel elle dormit tranquillement toute la nuit, ûuand aon mari revint
elle dit qu'elle avait laissé l'enfant chez le voisin. Le lendemain elle posa le ca-
davre dans un panier qu'elle couvrit avec un tablier ; elle prit une pioche à ponme
de terre, afin que l'on crût qu'elle allait travailler aux champs, et elle déposa le
panier à l'endroit où on l'a trouvé. En revenant, elle eut soin de cacher la pioche
dans une maison étrangère où on l'a retrouvée plus tard.
Nous trouvâmes à l'autopsie plus de soixante-deux ecchymoses à la tète, dei
taches bleuâtres innombrables sur les membres, sur le côté droit du corps et an
bas-ventre, une fracture en étoile à l'occipital qui permettait de faire crépiter lei
parties de l'os II y avait aussi une fissure de l'os pariétal droit, une hypéréaiie do
cerveau et une extravasation de sang à la base du crâne. Cette affaire se passait
du temps où l'on admettait des degrés de lélhalilé, le rapport devait donc être rédigé
en ce sens. Il est évident que nous déclarâmes les blessures léthales. D'autres ques-
tions étaient ejicore posées sur la manière dont les blessures avaient été faites, et
cela à cause de la différence des déclarations de l'accusée et des témoins, et de
la circonstance de la pioche qui paraissait suspecte. Nous y répondîmes, dans notre
rapport, ainsi qu'il suit :
« Lorsque l'accusée prétend n'avoir donné qu'un seul coup dans le côté avec le
plat de la main, elle ne dit évidemment pas la vérité, puisqu'un tel coup ne peut
fracturer le crâne. Cette fracture n'a pu être produite que par le choc d'un corps dur
sur le crâne de l'enfant, soit un bâton, un sabot, le dos d'une hache, etc., par con-
séquent cela a pu être la pioche saisie. Mais le choc contre le plancher et contre les
meubles a pu aussi produire cette lésion. D'après ce qu'a déposé le garçon 8...,
l'inculpée « jeta l'enfant, deux heures avant sa mort, à une distance d'un mètre et
demi, le fit rouler à coups de pied sur le parquet, lui poussa cinq fois le front contre
le plancher et lui donna des coups violents dans le cou, le dos cl les fesses. » De
telles brutalités exercées sur un enfant si jeune ont pu très bien causer la mort. Des
fractures et des fissures des os minces du crâne, une commotion cérébrale, des
extravasations de sang à la base du crâne ont pu en être le résultat. Mais ces vio-
lences ne suffisent pas pour expliquer la fracture de l'os occipital. Il y a encore une
autre raison qui nous fait croire que cette fracture n'a pas été produite par les bru-
PROCÉDÉ DU MEWTMI^K DANU (.'EXÉCUTION DU CRIME. i27
Utiles r^poiiéêf par le garcoo S... L'accusée a déposé. qu'elle a pris l'enfimi par la
naain pour le ramener ches elle et qu'elle l'a porté de temps en (empx, qu'arrivée
thm die elle l'a mis par terre pour aller cuire dans la cuisine des pommes de terre.
L'eoCuii ne youlut pas manger ces légumes, parcç qu'il était « très mécontent » ;
il se déeida à en prendre ensuite, mais les jeta bientôt et se coucha sur le côté.
Elle ëii qu'après un nouveau châtiment l'enfant a gémi, est devenu froid et est
BMHi. Donc, d'après la propre déposition de Tinculpée, l'enfant était arrivé à la
après avoir souffert l'affreux châtiment chez les parents de S..., et avait
asses de force pour être assis et assez de connaissance pour accepter une
de terre et la jeter. Un tel état corporel et mental est incompatible avec
repûikMi qu*à ce moment les blessures trouvées à l'autopsie existaient déjà, car
l'enteit aurait été sans connaissance et incapable de se tenir debout. »
Nooi eonclûmes : que les blessures de tète étaient tout à fait léthales, qu'elles
avaient pu être faites par la pioche saisie et qu'il n'est pas probable qu'elles ont été
la suite de brutalités exercées dans la maison des parents de S. . .
ie soutins mon rapport à l'audience contre l'accusée qui nia jusqu'à la fin. Elle
htcondanmée à mort. Elle fit un appel, disant qu'elle avait caché, jusqu'à présent,
lae eireoostauce qui pouvait être cause de la mort de l'enfant ; elle avait mis les
psounes de terre sur une table et placé l'enfant sur un tabouret, à côté. Pendant
91'dle était dans la cuisine, l'enfant est tombé du tabouret et est mort après une
et demie. On lui objecta, bien entendu, que cette assertion devait être un
I9 car elle n'aurait pas caché si longtemps une circonstance qui était en sa
r. ie fus requis pour juger cette assertion et je dus la rejeter comme incom-
pslibto «Yec les résultats de l'autopsie.
Ois. 68. — Ble$mres de tête mortelles. Déterminer si elles ont été causées par un
bùUMf par le coin d'une fodle ou par une chute sur le parquet.
Ce cas était difficile. Il s'agissait d'une rixe qui avait eu lieu entre plusieurs
penonnes et dans laquelle un homme avait été blessé à mort, et il Cillait détermi-
■cr^ était celui des adversaires qui avait causé la mort. Dans les cas de cette
sipèee, les dépositions des témoins ne servent à rien, car tous les présents étaient
VIm en moins ivres et plus ou moins complices, tout le monde niait et le médecin
%iite seul pouvait éclairer la justice.
S..., le propriétaire d'une petite auberge, avait engagé une querelle avec ses
^ très échauffés par la bière, l'eau-de-vie et la politique (1848 1) et il en était
'Mé une rixe générale dans une petite salle qui renfermait un billard, des
^'sMsi et beaucoup de personnes. Les uns avaient jeté par terre l'aubergiste,
^ antres l'avaient frappé avec uu bâton, avec des queues de billard, et cet
^"■■e ayant succombé aux suites dé cette rixe, nous avions à en faire l'au-
On ne savait de la maladie que cette circonstance : elle dura quatre jours et le
^^^ conserva sa connaissance pendant les deux premiers jours,
^oiâ quels fitrent les résultats de l'autopsie : S..., âgé de trente -neuf ans, était
128 PARTIE TUANATOLUGIQUE.
de constitution assez robuste. Le pourtour des deux yeux, surtout de l'oeil givclie
était fortement ecchymose. Sur le sourcil gauche il y avait une blessure un peu ciea
trisée, en forme d'arc, à bords nets, de la longueur de 3 centimètres et de la lir
geur de 1 millimètre. Au-dessous de l'os unguis gauche se trouvait une blessure d
la grandeur d'un petit pois et abords nets. Tout le membre supérieur gauche mon
trait de nombreuses ecchymoses. Les vaisseaux de la pie-mère étaient hypérémiquet
toute la surface du cerveau, surtout à Thémisphère droit, était couverte de pc
verdàtre. U y avait aussi une couche de pus à la base du cervelet. Sur la parti
orbitale de l'os frontal gauche se trouvait une extravasation de sang coagulé, aa
dessous de laquelle il y avait une fissure de Tosd'un centimètre de longueur, etdai
laquelle on put introduire une sonde qui toucha le globe de l'œil. Nous ne parlerai
pas de ce que nous avons trouvé dans les autres cavités, car les résultats en soi
insignifiants. Outre la question sur les degrés de léthalité qui, à cette époque, éUiei
encore en vigueur, nous eûmes encore à répondre aux questions suivantes :
1® Les blessures trouvées, surtout celle de la partie orbitale, ont-elles pu èli
produites par des coups de bâton, ou par une table, ou bien par un choc de la tel
contre le plancher ou les murs de la chambre ?
2* Quelle est celle des blessures désignées dans le procès- verbal n** 1S, M
18 (1), qui a été la cause de la mort? Ces blessures ont-elles pu isolément cause
la mort ou bien y ont-elles contribué toutes?
Nous répondîmes d'abord qu'il y avait léthalité absolue^ en exposant les raisoiH
puis nous continuâmes :
La première question, conceniant les instruments qui ont pu causer lablessun
doit être divisée. Les ecchymoses des deux yeux et celles qui se trouvent au bn
gauche doivent être considérées comme causées par des coups de bâton. Quoique ci
violences pourraient être aussi considérées comme produites par des coups d
poings, de pieds, la petite blessure ronde sur le côté gauche du nez doit, aelo
toute probabilité, être le résultat d'un coup de bâton et, vraisemblablement, du fc
du bâton. On ne peut donc rien assurer et ce serait de peu d'importance, car ce n
sont pas ces blessures qui ont causé la mort.
La plaie qui se trouve sur le sourcil gauche a des bords assez nets et a dû èlf
causée par un instrument asseï tranchant, et l'on peut regarder comme tel le bof
d'une table ou le coin d*une muraille ; elle peut aussi avoir été produite par un
chute contre le parquet, si le parquet présentait à cet endroit une proéminence. L
blessure mortelle se rattache, sans aucun doute, à la blessure dont nous venons d
parler, sur l'œil gauche. It est certain que cette fracture du crâne n'a pu étr
produite que par une forte violence ; aussi il est peu vraisemblable que de seul
coups de bâton aient pu amener un tel résultat, c'est plutôt un choc violent conti
une muraille, un meuble ou le plancher. D'après cela, nous concluons :
1"* Que la fissure de la partie orbitale de l'os frontal peut avoir été produit
par des coups avec un bâton, mais qu'il est plus vraisemblable qu'elle a été produit
(1) C'est-à-dire «uppuration au cerveau, nu cervelet, fusure do Toi fruulal.
PROCÉDÉ DU MBORTRIBR DANS l'EXÉGUTIOX DU CRIME. 129
fi^r le bord d'une table ou par la chute de la tète contre !e plancher ou contre les
L* Que ladite fissure a été cause de la mort;
^* Que celte blessure a été absolument mortelle.
63. — BUsiwres mortelles de la tête et de la face. Déterminer si elles ont été
prodmtês par un sabre d'infanterie ou un sabre de cavalerie?
Dans ce cas singulier, on ne pouvait donner un jugement aussi exact que la
ioslice l'aurait désiré. Dans une émeute. G..., âgé de quarante ans, avait été frappé
siar la léte à coups de sabre par des soldats, et était mort de ses blessures au bout
de cinq jours.
Une des blessures traversait la figure à partir du sourcil gauche, longue de
i 3,centimètres ; elle avait été réunie par première intention et était en voie de cica-
trisation. Le coup avait feudu les paupières et avait ouvert le sinus maxillaire ; il
9 «Tait aussi une seconde blessure à l'os pariétal droit, longue de 7 centimètres,
V^i avait fendu l'os et les méninges, la plaie avait des bords lisses ; la couche interne
^ Tos avait des fissures en zigxags, et un morceau de la grandeur d*un centime
était détaché. Lee veines de la pie-mère étaient vides, et le cerveau ainsi que le
cendet étaient couverts d*ttne couche de pus.
Oa demandait si Içs deux blessures de G... avaient été faites avec le même
ÎMtnunent, car phisieurs soldats appartenant les uns à l'infanterie, les autres a la
canlerie, avaient coopéré à la rixe. Après avoir posé le degré de léthalilé qui à
celte époque était encore demandéi nous déclarâmes, quant à l'instrument, ce qui
iiit:
• Koos ne pouvons pas dire si les deux blessures ont été faites avec le même
iflilnunent. L'état des deux blessures annonce seulement avec certitude qu'elles
OBt été produites par un instrument tranchant, vu la netteté des bords et la profon*
^ des plaies. On ne peut dire si l'instrument a été un sabre d'infanterie ou de
caralerie ; mais nous croyons important de remarquer qu'il s'est présenté à nous
V eu analogue d'une blessure de tète pénétrante, qui certainement avait été pro-
dule par un sabre d'infanterie, m
Us actes ajoutaient : « D'après la déposition de plusieurs témoins, le dragon L...
idooné a G... plusieurs coups sur la poitrine et le ventre quand celui-ci était déjà
étende sur le pavé, la tète ensanglantée ; néanmoins le procès-verbal de l'autopsie
Be hit pas mention de lésions a la partie antérieure du corps. »
NoBs répondîmes à cette observation que, puisque nous n'avons trouvé aucun signe
de lésion à l'extérieur, nous ne pouvons rien dire de ces violences, et que souvent
^ bkisures plus importantes ne laissent aucune trace sur le cadavre,
^ui conclûmes :
t" U décéJé est mort par suite de la blessure faite à h tète;
-' Us autres lésions trouvées sur le cadavre n'ont pu participer en rien à ce faUl
rétsiUi;
11. 9
130 PARTIE THANATOLOGIQUE.
3<* L'autopsie ne permet pas de dire si des armes différentes ont causé les
blessures ;
4° Nous ne pouvons pas dire si cet homme a reçu des coups étant déjà blessé et
étendu par terre.
Obs. 64. — Blessure mortelle du cerveau. Déterminer si elle a étéproduUeparm
sabre ou par une hache.
Dans une nuit d'été, il y eut une rixe dans un bal public, et le maçoo D...
fut mis à la porte. La rixe continua dans la rue, elle devint même plus grave, et un
des sergents de ville accourant avait frappé, dit- on, avec son ubre sur la lète de
D... Ce qu'il y a de certain, c'est que D... tomba en criant : « ma tête ! • eut voe
violente hémorrhagie, fût transporté à l'hôpital, où il mourut au bout de soixante
heures.
Trois Jours après la mort, nous trouvâmes, à l'autopsie, une bletsore tra-
versant le front de haut en bas, longue de 4 centimètres, réunie par première
intention ; elle avait des bords nets , lisses et non ecchymoses , et ao Ibod de
cette blessure on voyait très bien une fissure des os. A l'articulation de l'éptiile
droite, il y avait encore une blessure se dirigeant d'avant en arrière, longue de
4 centimètres, et réunie aussi par première intention, dont les bords étaient oeCi
et entourés d'une ecchymose ayant la largeur de 2 millimètres. La blessure de Vm
frontal commençait à la suture coronaire ; elle était large de 8 millimètres, dans h
longueur de 3 centimètres, et se continuait par une fente jusque dans la eavité
orbitaire droite. A partir de la suture coronaire commençait une autre fissure an-
logueà celle que nous venons de décrire, traversant perpendiculairement l'os pariétal
droit. Les bords de l'os étaient tout à fait nets et extérieurement non ecehymoiés ;
mais à l'intérieur ils étaient infiltrés de sang dans la largeur de 2 centimètres, et la
couche interne de l'os était détachée à plusieurs endroits ; six morceaux étaient
libres sur la dure-mère. Les os du crâne avaient l'épaisseur normale. Toutes les
membranes du cerveau, a la partie frontale, étaient coupées avec des bords nets,
et le cerveau formait hernie par cette fente ; sa couleur était d'un brun sanguino-
lent. En l'examinant de près, on voyait que le cerveau lui aussi avait été blessé à
sa substance corticale dans la longueur de 3 centimètres. La tente du cervelet était
couverte de pus sanguinolent ; la base du crâne était également couverte de puf .
La fissure do l'os frontal se continuait dans la partie orbitale. Il était facile de voir
que celte blessure avait causé la mort.
Quant à l'instrument qui Tavait produite, on parlait, dans les actes, non-seule-
ment du sabre du sergent de ville, mais aussi d'une hache. Nous déclarâmes qu'une
hache très tranchante pouvait, à la rigueur, faire une blessure d'os à bords nets,,
mais qu'ordinairement il y a alors un plus grand nombre de fissures et de frac-
tures, el l'expérience démontre que des coups portés avec des sabres tranchants
peuvent fendre la tôle jusqu'au cerveau en faisant des blessures à bords très nets
dans le genre de celle-ci.
De là nous conclûmes qu'il était plus probable que ces blessures ataieat été Mtes
avec un sabre qu'avec une hache.
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS L'EXÉCUTION DU GRIME. 181
Obs. 65. — 02etMir9 mortelle de la poUrine par un coup de faux»
Une rixe s'engagea entre des paysans ivres qui Iravaillaient dans les champs.
ÏUe s'envenima au point que A... saisit une faux et en donna un coup à B... dans
le côté droit. Les circonstances qui suivirent la blessure et le temps que B... vécut
encore sont restés inconnus.
Le décnbitus important trouvé sur le cadavre prouvait qu'il y avait eu une
loofue maladie. Dans la région latérale des dernières fausses côtes droites se
InniTait une blessure qui allait jusqu'aux apophyses épineuses des vertèbres ; sa
leofoeiir était de 20 centimètres, ses bords étaient nets, réunis par première inten-
tioa et en partie cicatrisés. Cette blessure avait, dans une longueur de 8 cenli-
■êtres, séparé les muscles intercostaux entre la onzième et la douzième côte ; on
voyait donc tout de suite que la cavité de la« poitrine était ouverte, ce que prouva
roaverture de cette cavité. Le poumon n'avait pas été atteint ; mais la mort avait
été la suite d'une pneumonie traumatique. Le poumon droit était couvert d'une
ceaehe de pus ; dans son lobe central il y avait un abcès gros comme une tête d'en-
IbL Tout le tissu était bépatisé en gris. Il y avait peu de saog dans le cœur et dans
la veine cave; sa couleur était d'un rouge sale, il était en partie coagulé.
Les atitrss résultats de l'autopsie étaient insignifiants, d'autant plus que la putré-
faction du cadavre était déjà avancée. Il était facile de montrer que la pneumonie
■ortelle avait été le résultat de la plaie pénétrante du thorax. On me demanda à
fiodiepce si, d'après la position de la blessure sur le côté droit, le coupable n'avait
fis M se trouver derrière la victime. 11 était facile de répondre affirmativement à
eille question.
On. 66. — Hémorrhagie mortelle du cerveau. Déterminer si elle a été causée par
une chuto, par des coups de pied ou par d'autres violences.
Ce cas intéressant ne pouvait pas être éclairé complètement par l'aulopsie.
ia sHis de janvier, deux hommes ivres, K... et M..., engagèrent une lutte.
K... prétendit que, avant leur querelle, M... était tombé dans le ruisseau et s'était
MiHéà la tète. En effet, on avait vu sa tète ensanglantée. Dans la dispute, R...
'osoa à M..., eoauBe des témoins l'ont vu, des coups de poing sur la tète, le
pouia dans un escalier, de manière qu'on l'entendit rouler. Quand celui-ci fbt
vi^, JL .. le repoussa de nouveau, le frappa à coups de talon daus les reins, sur
^^, et enfin lui porta avec un morceau de bois un coup dans le côté ! Bientôt le
^te t'endormit d'un sommeil qui paraissait profond ; il fut transporté à la Charité,
•41 mourut dix jours après.
i^ cadavre avait la coloration ictérique. Dans la région de l'os pariétal gauche,
^ J trtit une plaie en voie de cicatrisation, longue de 1 centimètre 1/2. Les bords
^ itaient secs et nets. Au-dessous de chaque œil, il y avait une tache semi- lunaire
^IQosée, longue de 2 centimètres. Aucune autre blessure extérieure. Les os
''^■i^ étaient intacts, mais dans la cavité crânienne se trouvait épanché du sang
^'f^» La dure-mère était colorée en rouge bleu sur toute la partie gauche de la
132 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
été cl indiquait un ûpancUement de sang. Cet épanchement était de 60 grammesr
ce sang était coagulé et couvrait tout l'hémisphère gauche. Un autre épancheraei^
de la grandeur d'un haricot se trouvait sur le pont de Varole ; un autre à iJ
base du crâne. Le cervelet, ainsi que les veines de la pie-mère, étaient hjpérè'
miques.
Nous disions dans notre rapport que le fait du meurtre n'était pas difficile h
constater, n mais on ne peut pas dire avec certitude quel est l'instrument qui a
produit ces blessures. Les coups de poing vus par les témoins expliquent lacîleiiient
les ecchymoses autour des yeux ; mais les petites blessures extérieures et les léakMM
intérieures ne proviennent pas de seuls coups de poing : les premièrea, parce qui
des coups de poing ne séparent pas les téguments en faisant des blessures à bordi
nets ; les dernières non plus, parce que de tels coups n'ont pas assez de force povi
rompre des vaisseaux dans le crâne. Un ou plusieurs coups de talon de botte donnés
avec force à un homme étendu par terre ont pu avoir cet effet, surtout si ce taloo
était garni de clous. Ces blessures ont pu être produites aussi par des chutes réitéréei
sur le sol dans un état d'ivresse, surtout si M... a été jeté dans un escalier de ma-
nière que la tète ait porté sur les marches. »
H nous était impossible de nous prononcer avec plus de précision*
Obs. 67. — Bksture mortellô du foie. Déterminer si elle a éié produite par m
sabre ou une baïonnette.
Dans la nuit du 31 octobre 1848, un combat eut lieu entre des machinistes et
des gardes nationaux, devant l'Assemblée nationale de l'époque. Un macbinisis
reçut une blessure d'un garde national et mourut peu de temps après. Dans la
région du foie, nous trouvâmes une plaie de 8 centimètres de longueur, béante de
5 centimètres, à bords nets, 'ecchymosée, et par laquelle une anse de l'iléon fai-
sait hernie. 500 grammes de sang coagulé couvraient l'épiploon et les mésentères, et
8 onces d'un sang fluide étaient dans la cavité abdominale. Au bord du lobe droit
du foie se trouvait une plaie profonde de 5 centimètres, à bords nets. On ne sarait
pas si la blessure avait été faite par les gardes nationaux ou par les machinistes. Les
premiers disaient que la blessure avait été faite par les machinistes avec une baïon-
nette, par maladresse ; les camarades du décédé prétendaient que c'était au con-
traire les gardes nationaux qui avaient reçu l'ordre du commandant de frapper à
coups de sabre.
L'état de la blessure montrait qu'elle avait été produite par un coup de sabre, et
non par un coup de baïonnette.
Ob8. 68. — • Blessures morleUes de l'abdomen causées probablement par un coup
de baionnette.
11 s'agissait de déterminer si la blessure avait pu être produite par un coup de
baïonnette»
Dans une froide nuit d'hiver, un vagabond ivre fut arrêté par deux soldats.
Chemin iaisant, il se sauva et tomba en courant sur le pavé glissant, de sorte «sue la
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS L*EXÉCUTION DU CRIME. ISS
fttt eatoidiie d'asses loin. Il se releva et voulut continuer à courir, lorsqu'rn
soldiUi, le rejoignant, jeta vers lui son fusil, la baïonnette en avant, Tatteignit,
et le força de s'arrêter. Il fut pris, mais ne put bientôt plus se tenir debout. Il
(illot le porter jusqu'à la prison, où il mourut bientôt après.
Les résultats les plus importants de Tautopsie étaient les suivants : entre la
sasiéme et la dousièroe côte à gauche, a 12 centimètres de la colonne vertébrale,
m irouvait une plaie triangulaire dont chaque côté avait 1 centimètre ; ses bords
Haieni nets et faiblement ecchymoses. Les téguments étaient très gras. La paroi
fOftiérieore du péritoine était complètement infiltrée de sang foncé, moitié coagulé,
Acmt on ne pouvait trouver la source. Dans sa cavité abdominale, il y avait •
91 graounes d*eau sanguinolente. La plate n'avait pas pénétré dans la cavité et finis-*
sait en cul-de-sae dans les téguments gras, dans lesquels se trouvait une infiltra-
liaa. On trouva en outre une hypérémie des veines et des plexus du cerveau et une
adhérence complète du péricarde avec le cœur.
Ainsi la mort avait eu lieu par suite d'une hémorrhagie dans l'abdomen, mais la
Uessare avec la baïonnette n'avait provoqué ni Thémorrhagie ni la mort, puisque
fimtlnunent n'avait pas pénétré. La cause de l'hémorrhagie était problablement la
dratede L... sur le pavé avant le coup de baïonnette. Il était avéré que cette chute
de riMHnme ivre sur le pavé glissant avait été très violente, et la commotion qu'elle
mit aosée avait produit la rupture d'un vaisseau. Cette hémorrhagie interne avait
dû letsire lentement, car elle avait eu le temps d'infiltrer le tissu cellulaire et les
BBKlei, tandis que les hémorrhagies internes subites produisent d'autres résultats.
C'eit poirquoi le décédé, aussitôt après la chute, a pu se relever et faire encore
qwiqnes pas, jusqu'à ce que le fusil, resté accroché dans ses habits, le fit s'arrêter ;
fui lliéaiorrhagie interne augmentant de plus en plus, il fut obligé de s'arrêter,
et il retomba. Ainsi, quoique le blessé fût tombé immédiatement après la blessure,
elle s'avait pas été la cause de la mort qui n'a pu être produite que par la chute.
On. 69. — Biêsture morMe de rartère interosseuse. Déterminer si elle a été
produite par un morceau de fer-hlanc 6u par un couteau.
Leioirdu 20 décembre, deux camarades de lit se querellèrent. L'un d'eux,
nhoBune robuste, âgé de trente-trois ans, fut si gravement blessé qu'on vit tout de
""le le lang eouler à flot de son bras gauche. Une heure après, il fut transporté à
^^^V^\ : on mit un tourniquet au malade qui était très abattu , et se plaignait
'gestion. On constata les {^assures suivantes :
1* Au bras ; une plaie longitudinale longue d'un centimètre, large de huit
"■Uimètres, profonde d'un centimètre; il en sortait seulement du sang veineux.
^ Aa-desaous de cette blessure, se trouvait une plaie superficielle.
3*DtBS la région de la saignée, à l'insertion inférieure du biceps, il y avait une
pbie Iriangttlaire à bords recourbés en dedans, profonde de trois centimètres à
' peu près. Lorsqu'on relâchait le tourniquet, il sortait de cette plaie du sang ar«
iériel.
^'Ala partie extérieure du bras, une petite blessure de la peau.
ISA PARTIE THÀNATOLOGIQUE.
5" Dans la région du cœur, deux petites écorchures produites probablement fir
l'instrument qui avait glissé du bras.
Le tourniquet fut laissé en place, les plaies furent réunies et couvertes de|lice.
Le 22, le malade se plaignit de douleurs vives au bras à tel point qu'il fallut Mer
tout le pansement. L'hémorrhagie artérielle recommença de suite, et, d'après ce
que dit le journal de Thôpital, comme on ne réussissait pas à lier les artères daoi le
fond de la plaie, il ne restait plus pour sauver le malade qu'à lier l'artère brachiale,
ce qui fut fait dans d'assez bonnes conditions.
Le malade reçut à l'intérieur de l'acide phosphorique, et la plaie (ùt couverte
• avec de la glace. Dans les deux jours suivants il ne se passa rien de Aeheux. Mais
lorsque le 26 on ôta le pansement, il y eut encore une bémorrhagie artérielle
que l'on arrêta par compression. Les plaies avaient mauvais aspect, le malade le
tentait abattu, il y avait du délire et de la somnolence, le pouls était trèa firéquent,
les bords de la plaie avaient une couleur bleuâtre qui s'étendit vite, la peso
environnante devint gangreneuse. On pansa avec de l'acide pyroligneuz, on ÎQÎecU
et on fomenta avec du vinaigre aromatique. L'état général continua à être mavfaii,
les forces diminuaient, le pouls devenait très fréquent : le matin ilOetle foir tS8
pulsations. *
Au commencement de janvier l'état s'améliora jusqu'au 10 ; ce jour-là, le na-
ïade commença h se plaindre de douleurs de ventre (frictions opiacées, cataplaames,
poudre de Dower). Dans la nuit, une diarrhée violente se déclara et aogmeota
malgré l'usage de l'opium. La Aôvre s'accrut, les forces diminuèrent et un dèeu-
bitus commença à se manifester. Le il janvier, le malade toussait sec. Lea piedi
devinrent œdémateux, la toux et la diarrhée continuèrent/, le 14, le maUde perdit
connaissance, et le 15 janvier, ainsi vingt* cinq jours après la blessure, le malade
mourut.
Les résultats les plus importants de Tautopsie étaient les suivants : Le cadavre
était très maigre, les extrémités inférieures étaient œdémateuses ; on voyait un dé*
cubitus important, la surface interne de tout le bras gauche était dénudée, de sorte
que l'on voyait les muscles et leurs tendons. Le tout était enduit de pus sanieux.
Les autres plaies étaient cicatrisées, mais dans la région de la saignée il y avait
encore une plaie béante de 2 centimètres avec des bords arrondis, quoique dans l'o-
rigine ils fussent nets. Dans la cavité crânienne, anémie. Tout le poumon gauche
était œdémateux, le droit était couvert d'hépatisation grise et la plèvre était cou-
verte de pus. Dans la plèvre gauche il y avait à peu près 300 grammes d'un fluide
sanguinolent. Le cœur était mou, exsangue, ainsi .que les grands vaisseaux de la
poitrine et les vaisseaux de la cavité abdominale. L'artère blessée était, comme on
l'avait déjà diagnostiqué à l'hôpital, l'artère interosseuse.
L'accusé prétendait qu'il avait seulement piqué K... avec un morceau dé fer-
blanc. L'état des cicatrices montrait que cette déclaration était fousse ; nous décla-
râmes que l'on avait dû employer un autre instrument tranchant et piquant.
Pendant l'instruction, on trouva sous le lit de l'accusé un couteau de table pointu
sur lequel il y avait des taches suspectes. On nous remit cet instrument en nous
faisant cette question : Les taches de rouille qui sont- sur le couteau proviennent-
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS L*EXÉCUTION DU CRIME. 135
eOefl de taches de nng ? Noas fîmes cette analyse avec l'assistance de l'expert
cfciasiqQe,M. Sehacht Nous derons faire remarquer que, à cette époque, le procédé
de M. H. Rose, que nous avons mentionné plus haut, n'était pas encore connu.
L'aspect de la lame prouvait que si Von avait affaire à du sang, il devait y avoir
asses longtemps que ces taches avaient été produites (il y avait deux mois et demi
qve la blessure avait été faite) ; car i^ la lame du couteau est rouillée sur toute
sa surlace , et 2* dans la fente du couteau il y avait une masse brune couverte de
moisissure. On appliqua avec un pinceau quelques gouttes d'eau sur la lame :
vne goutte fût observée sous le microscope, le reste du liquide restant sur la
lame fût évaporé sous une chaleur peu intense et l'on observa ce qui suit :
Sous le microscope on reconnut des globules rouges qui nageaient dans la goutte
d'eau et qui ressemblaient h des globules de sang.
Quand le liquide fut évaporé sur la lame, on observa le résidu avec une
lentille et l'on vit sur \b surface rouillée de la lame une couche rosée très mince et
faraosparente à travers laquelle on voyait la rouille. On fit une contre-épreuve. Sur
me lame luisante on appliqua quelques gouttes de sang que Ton laissa sécher et
fÊt Foo chauffa un peu. Le sang se détacha en forme d'écaillés et la surface mé-
«Ullique redevint luisante. En chauffant le sang il s'exhala l'odeur particulière de la
carbonisation des substances animales. Les taches qui se trouvaient sur la lame
SQSpeete ne se détachèrent pas par la chaleur, mais étant chauffées plus fort, il y
eut la carbonisation et l'odeur dont nous venons de parler. Il s'ensuivait qu'il n'y
avait pas de sang frais sur la lame, mais qu'une substance animale était môlée à la
rouille et celte subslance pouvait être du sang.
Ensuite la lame fut mise dans un verre cylindrique étroit rempli d'eau distillée ;
<m n'observa pas dans cette eau une coloration de sang, mais après vingt-quatre
beures, il se déposa une poudre d'un rouge brun qui fut séparée par flltration. Dans
le liquide filtré on ne trouvait ni du fer ni de l'albumine. La poudre rouge brune
fct reconnue comme de la rouille par sa dissolution dans l'acide muriatique et ses
rèietionsavec l'ammoniaque, le cyanure de potassium et la teinture de noix de galle.
l'aspect de la lame n'avait pas été beaucoup changé par son séjour dans l'eau.
Ut taches n'avaient pas diminué. Quand la lame fut sèche, on appliqua sur une
te taches de l'acide muriatique pur ; bientôt la tache disparut, le métal devint
isiiant, l'oxyde de fer s'était dissous dans l'acide muriatique. D'après ces expé-
rieaces, nous dûmes déclarer que le couteau avait été taché vraisemblablement
*vec du sang. Nous ne pouvions donner une certitude après un temps aussi long (1).
Ce rapport fut accepté, et le coupable fut condamné à dix-huit mois de
Frison.
Jusqu'à présent nous avons donné des exemples où Ton avait à
répondre à la question : Tel instrameni a-i-il pu produire telle lé-
sion? Nous allons donner d'autres exemples, dans lesquels on aura
(1) L'anriTM eol lieu avant la découTerte des cristaux d'hématine.
13d PARTIE THANATOLOCIQUE.
à décider quelle a été le manière de procéder du coupable ? Quelle
a été sa position et celle de sa victime pendant qu'il accomplissait le
crime ? On verra de quelle importance peut être dans certains cas
le rapport du médecin, combien il faut examiner avec soin toutes
les circonstances, même celles qui paraissent les plus insignifiantes.
Ob3. 70. — Fracture mortelle du crâne par un marteau. De quelle maniire le
meurtre a-t-il été commis ?
Le 25 mars i8..., le ferblantier Bontoux fut trouvé assassiné dans sa enitine,
avoisinant la boutique et située au rez-de-chaussée.
Ayant entendu pendant la nuit du bruit qui Favait alarmé, Bontoux avait prolM-
blement sauté vivement hors du lit, car une chaise à côté de son lit était renversée,
et était allé en chemise dans la cuisine. Le reste était inconnu.
Le lendemain, le sieur Luckc, maréchal-ferrant, fut arrêté comme accaié de
ce crime. Celui-ci eut recours à un système de défense qu'il continua avec con-
séquence. 11 déclara qu'en effet il s'était introduit dans la maison de Bontoux pour
y faire un vol avec effraction ; que celui-ci, l'ayant entendu, l'avait attaqué, et,
qu'après une lutte acharnée, Lucke l'avait tué, en usant du droit de défente lé-
gitime puisqu'il défendait sa vie.
Le cadavre ^tait vêtu d'une chemise de nuit et d'un caleçon ; il avait des bas aux
pieds. Tous ces vêtements, excepté les bas, étaient couverts de sang. Au-dessous
de la tète, il y avait une grande mare de sang, et à deux pieds de là une autre
mare; entre les deux mares, il n'y avait pas de communication ni aucune trace de
sang. Dans celte cuisine se trouvait aux parois, aux ustensiles et à la porte, beau-
coup de sang éclaboussé. La cuisine, qui était en même temps son atelier, con-
tenait beaucoup d'instruments de ferblantier, et au pied du cadavre on trouva
deux marteaux de ferblantier. Au seuil de la porte, il y avait un autre marteau, et
dans le magasin un quatrième. Tous les quatre étaient tachés de sang.
A l'autopsie, nous trouvâmes vingt blessures à la figure, à la lête et au cou, et en
outre soixante quatre ecchymoses et écorchurcs au tronc et aux membres. Les résul-
tats les plus importants de l'autopsie étaient : frarassement complet de l'os tem-
poral gauche et de la grande aile de l'os 8|thénoïde ; fracture de la partie orbitale
de l'os frontal droit ; écartcment de la suture lambdoïde du côté gauche ; quatre
blessures au côté gauche du crâne, pénétrant jusqu'aux méninges et au tissu du
cerveau, avec épanchemcnt de sang foncé et coagulé; fissure de la base du crâne,
depuis l'aile de l'os sphénoïde jusqu'à la selle turcique ; anémie générale.
Les experts avaient à répondre à dix questions, d'après lesquelles il fallait déter-
miner queUe avait été la manière de procéder de Taccusé.
Voici ce que nous répondîmes : « Il y a deux procès- verbaux d'instruction. Dans
le premier, l'accusé d«3clare : Étant entré dans la cuisine, j'allai dans le magasin
prendre un petit pupitre; je le mis par terre dans la cuisine, et je l'ouvris
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS L*RXÉGUTION DU CRIME. 1S7
y trouTer de l'argeol ; puis J'allai dans la chambre à coucher de Bontoox ; il
teil eottcbé dans son lit et ronflait; là, dans un portereuille et dans un tiroir
oa^ert, je pris de l'argent (en tout 15 thalers). Je quittai la chambre à coucher,
tontottx semblait encore dormir profondément. A peine étais-je arrivé dans le
un, que Bontoux arriva derrière moi, me prit par les épaules, me jeta par
î, et lutta avec moi dans cette position* Je sortis d'entre ses bras, je courus
la cuisine pour essayer si je pouvais quitter la maison, mais je fus poursuivi '
Bontoux et saisi par les cheveux ; nous luttAmes pendant quelque temps entre la
de la euisiue, le fourneau et le pupitre ; nous tombâmes par terre, et dans
:«tte lutte j'étais tantdt en dessus, tantôt en dessous de Bontoux. Â un instant où
^ me trouvais au-dessus, je saisis un marteau situé près de la fenêtre, et je frappai
fiiifeq à six fois sur la tète de mon adversaire, qui se mit à crier : « Au secours I »
na tâchant toujours de me retenir. Toute cette scène se passait dans l'obscurité*
Après une lutte d'à |yu près une demi-heure, je lâchai Bontoux ; je jetai le marteau
dasis la cuisine et je courus dans la chambre à coucher, afln d'avoir de la lumière
d voir comment je pouvais sortir; j'*e8suyai mes mains ensanglantées à une ser«
^ictle, j'allumai une lumière et me dirigeai vers le magasin. Lorsque je passai de^
Tiuit la cuisine, je regardai et Je vis que Bontoux s'était levé et était debout tout
frès de la porte de la cm'sioe. Sa figure était couverte de sang, et il criait d'une
r&a élouflée : « Au secours! » J'entrai dans le magasin, et je m'enftiis par la fe*
•être (à laquelle il y avait des taches de sang). »
Pirmi les quatre marteaux qu'on lui présenta, il déclara ne s'être servi que d'un
mi.
Je continuais dans mon rapport : ce Dans son deuxième interrogatoire, Lucke ne
tfitpis la même chose. Ce qui est important pour nous, c'est qu'il dit| à propos de
ttlitte, qu'il a pris le marteau qui se trouvait près de la fenêtre. • J'étais au-des-
am de Bontoux, qui me tenait par le cou ; je pris le marteau de la main droite et
ii finppai de bas en haut deux fois sur la tête de Bontoux, qui me tenait tou-
i*vi en disant : « Attends, tu ne m'échapperas pas ! a Je me levai, mais il me
liiât de nouveau par la poitrine en se tenant appuyé contre la porte. Dans
c^ position, je donnai encore quatre à six coups de marteau sur sa tête, et
^ eoips retentirent avec fracas. Je ne les ai pas comptés, et il est possible que
ftt tie donné plus de six. Puis je me débarrassai de Bontoux, et je ne sais pas
**il ttt resté debout ou s'il esl tombé par terre, t Le reste de sa déclaration est
'■lioCBe à la précédente, excepté qu'il dit qu'en passant devant la cuisine, lorsqu'il
'P^at Bontoux ensanglanté, celui-ci ne cria pas. Alors on fit observer à l'accusé
^ es a'élait pas vraisemblable, et il ajouta que Bontoux avait bien crié, mais à
^^voix. Quand on dit à l'accusé qu'il avait aussi volé deux mouchoirs, ce qu'il
l'iTitipas déclaré , il l'avoua, ajoutant que dans la lutte il n'avait voulu que se
^^fcadre et non pas assassiner.
Qssat à la cause de mort de Bontoux, on ne pouvait douter un seul instant qu'elle
^ rindlât des blessures de tête, car il n'y avait pas eu asphyxie, ce qui était promé
Nr l'saénUe des poumons, -du cœur et des grands vaisseaux et par l'état normal de
1< trachée et du larynx. Il n'y avait pas moins de vingt blessures de la tête et du cou
188 PARTIS THANÀT0L061QÛB.
qui avaient causé le« ravages les plus fpraves. Presque toute la moitié gaacbe du
crftne avait été fhicassée, des os de la base du crftne avaient été firtcturés, enfin b
suture lambdoïde était écartée. Une telle destruction des os du crâne amène aécet-
sairement la mort par commotion, par blessure du cerveau et par anéantitsement
de ses fonctions après quelque! minutes, au plus après une beure. Nous répét^
rons à ce sujet ce que nous avons dit dans le procès-verbal de l'autopsie :
i* Bontoux est mort certainement par suite de ses blessures de tête;
2^ Il ne peut pas avoir vécu plus d*nne beure.
3* Dans le procès-verbal sommaire de Tautopsie nous avions admis que les
blesliores de la tête, de la figure et du cou avaient pu être produites par les ma^
teaux présentés. L'inculpé, dans ce qu'il appelle «r son aveu sincère », dansleqad
cependant, comme nous le montrerons, il s'est éloigné beaucoup de la vérité, i
t
déclaré s'être servi d'un de ces marteaux, et pour rendre plus admissible une
défense personnelle, il a nié en avoir employé plusieurs. Or tout parle contre cette
déclaration. Les marteaux présentent des teches de sang qui ne peuvent être du
sang éclaboussé, surtout sur les bords ; le cadavre présente des blessures à bords
nets, et d'autres à bords obtus, ce qui indique qu'il s'est servi de plusieurs insiro*
ments. Ajoutons que les blessures n'ont pas été faites toutes au même instant,
comme nous le prouverons. L'inculpé dit avoir jeté le marteau après s'en être
servi. On a trouvé en effet un marteau teché de sang sur le seuil de la cuisine,
un autre dans la boutique taché aussi de sang et de plus deux autres couverts de
sang au pied du cadavre. Une telle disposition feit douter de la véracité des déels-
ra lions de l'inculpé, car il n'est pas vraisemblable que tous ces marteaux se soient
trouvés par hasard aux endroits indiqués, tandis que tous les autres instruments
étoient encore suspendus à la muraille. Lucke prétend que Bontoux en luttent
s'est servi lui aussi de marteaux j car il a senti quelque chose de dur et de lourd
dont il recevait un coup dans le dos, or sur le corps de Lucke on ne trouve rien
qui puisse faire admettre cette assertion, puisque le 24 mars, le lendemain, je
n'ai pas trouvé sur le corps de Lucke une seule trace de lésion. Lucke cherche è
expliquer cette absence de trace de lésion sur le corps en disant qu'étent habiUé
le coup a été amorti ; mais il est évident que ses habits n'auraient pas Suffi pouf
empêcher les traces d'un coup porté par un homme qui défend sa vie avec déses-
poir. De tout cela, nous concluons quç Lucke s'est servi de ptu$ieur$ marteaux
dans l'accomplissement de sou crime.
4® Maintenant que nous avons démontré avec quels instruments les blessures ont
été faites, nous avons à examiner la circonstence importente du moment où les
blessures ont été dites les unes par rapport aux autres. Selon la déclaration de
l'accusé, le combat a duré une demi-heure. II nous est impossible de contrêler
cette déclaration. Du reste cela n*est pas important. Les blessures innombrables
que présente le cadavre se divisent en trois catégories : il y af des blessures légères,
des blessures dangereuses et des blessures absolument mortelles. A la première
eatégorte appartiennent les teches innombrables bleuâtres et les ecchymoses décrites
déjà au procès-verbal de l'autopsie qui sont situées auk membres et qui indubita*
blement sont le résultet de chocs contre des objets durs. On ne peut dire chro-
PROCÉDÉ DU MEVRTRIEK DANS L*EXÉCOTI0N DU CRIME. iS9
si cet blettures ont été ftites les premières, mais il est cerUiin
qe'elet n'ont pas été les dernières. Les blessures absolument mortelles que nous
avons énnmérées plus haut ont été évidemment les dernières, et il est certain
qn'aprèa avoir reçu ces blessures, il a été impossible au décédé de se lever ^ de rester
éêbomi ou dewkircher. Il a dû rester immobile, firappé à mort.
5* Quant à ce que nous avons appelé les blessures dangereuses qui permettent,
eomme on le sait, de vivre encore quelque temps, quand ce ne serait que dans un état
tant connaissance , nous ne pouvons pas être aussi affirmalif ; ce sont les bles-
snret de l'os frontal, de la racine du nez, du maxillaire inférieur de l'œil gauche.
Ces bletsuret et seulement celles-là présentaient des ecchymoses ; cela semble in-
diluer que la vie s*est conservée encore un certain temps après qu'elles ont été
fcilef . Ile tont ce qui précède nous concluons que :
Bontoux a été d'abord poussé, jeté par terre, heurté contre les murailles ; puis,
8 a reçu des coups de marteau sur le front et dans la figure, et enfin, vivant
•aoore et s'étant relevé, il a reçu des blessures mortelles sur l'arrière-tète et
sv le edté gauche du crftne. Avec cette explication, on explique très bien la
iiiposttion des mares de sang trouvées dans la cuisine.
6* Si nous considérons comment le combat a eu lieu, nous voyons que l'accusé,
aniiea d'un > aveu sincère », a fait d'énormes mensonges. On le voit par la eontra-
didioa qm existe dans ses deux interrogatoires qui, à ce sujet, ne s'accordent que
sarmi aeiil point qui se trouve infirmé par l'autopsie. Dans son second inlerroga*.
taira, il dit qn'fl se trouvait au-dessous de Bontoux, quand il lui appliqua les
pnniera eonps de marteau an nombre de deux. Il va sans dire que ce ne peut pas
avair été toa coupa qui ont été donnés au front et dans la figure ! D'un autre côté,
il est impotaible d'admettre qu'un homme couché sur le dos puisse donner à un
lalra qni se trouve sur lui des blessures mortelles sur l'arrière-tète. L'autopsie,
sBs anasi, montre combien cette explication serait inadmissible, car un homme,
iins eette position, n'a pu donner un coup assez violent pour amener un écarte-
nent de la suture lamhdolde, ce qui suppose une force prodigieuse et un élan assez
irtnd ; de plus l'inculpé se dément lui-même en disant que Bontoux, après ces
premiers coups (qui n'avaient frappé ni le front ni la figure), a prononcé les
■ois: «Attends, tu ne m'échapperas pas ! », qu'il s'est relevé et qu^il l'a saisi par
Is poitrine. Cela aurait été impossible de la part d'un homme qui aurait reçu un
coup qui a désarticulé la suture lambdoïde : car une telle violence doit amener in-
HiBtanément une commotion cérébrale qui met le blessé hors de toute connais-
Moee. Hous concluons donc que Lucke ne peut pas avoir été au-dessous de Bon'
Iswr, lorsqa'il a firappé les premiers coups de marteau sur la tète de celui-ci.
7* L'inenlpé dit aussi dans son deuxième interrogatoire qu'il a donné à sa victime
iMore quatre on six coups sur la tète après cette première violence. « Bontoux^
M-il, moait te dos appuyé contre la porte. » Cette assertion est encore démontrée
tawne fliusse par l'autopsie. Il va sans dire que Lucke n'a pu donner des coups de
■arlean sur l'arrière-tète d'un homme qui est appuyé le dos contre la porte, et il est
certain que les autres blessures ont été faites les deux combattants étant debout. Il
ot nécessaire que Bontouv, an moment où il a reçu les coups sur l'arrière-tète, qui
140 PARTIE THANATOLOGIQUE.
ont amené la désarlîculation de la suture lambdoïde, ait tourné son arrière-tête eo
face de Lucke, c'est-à-dire Lucke doit avoir été derrière Rontoox, soit que le blessé
ait lâché de se sauver, soit qu'il ait été poussé par Lucke dans une position où
cette blessure a pu être faite, soit enfin que Bon toux, étant par terre, ait tâché de
se lever et ait présenté ainsi son arrière-téte. Nous concluons de là que Luéki a
été derrière Bontcux quand il lui a donné les coups mortels sur Varrière-Ute,
8® On ne peut pas dire avec certitude dans quelle position s'est trouvé Bontoux
quand le côté gauche du crâne a été brisé. Il est possible qu'il ait été devant Lucke
et que celui-ci ait frappé avec une grande force, mais il est encore possible qu'en
ce moment le décédé ait été couché par terre et que Lucke ait firappé de haut en
bas. Or, comme le cadavre a été trouvé sur le dos, les coups de l'arrière-téte ont
dû précéder ceux du côté gauche, et il est très vraisemblable .que Bontoux, d^
frappé mortellement, a reçu ensuite les blessures du côté gauche.
D'après ce qui précède, nous ne croyons pas nécessaire de discuter la déclara^
tion de l'inculpé, qui dit qu'en se sauvant il a vu Bontoux dans la cuisine, et que
celui-ci a crié même à demi-voix ; car un homme ayant reçu de telles blessures,
ayant perdu tant de sang, ne peut pas se tenir debout ni crier au secours; il ne
peut avoir sa connaissance.
Il y a eu une lutte, ce qui est prouvé par les taches nombreuses ecchymosées
trouvées sur le cadavre. Bontoux s'est défendu; ce qui est prouvé par les traces
d'ongle que nous avons trouvées le 24 mars derrière les oreilles de Lucke, par mie
égratignure à l'œil gauche, par les lésions qui se trouvent aux jointures de la main
droite et au pouce droit. Lucke a£Qrme que cela provient de la rixe avec Bontoux
et déclare que la blessure du pouce droit est une morsure bite par Bontoux.
Cependant il n'y pas de preuve que Lucke en se battant soit tombé par terre, car
il n'y a pas une seule ecchymose sur son corps, comme on aurait dû s'y attendre
après une chute violente et comme on en a trouvé chez Bontoux. On en peut con-
clure que Lucke, vigoureux, préparé, bien éveillé, a toujours été le vainqueur de
Bontoux, plus faible et encore endormi. »
Il fut condamné à mort et exécuté.
Obs. 71. — Fracture compliquée de Vos temporal^ du rocher et du maxillaire
inférieur. Dans quelle posUion s* est trouvée la victime f
Le dimanche 16 novembre 18..., Guillaume Haube, âgé de dix-huit ans, apprenti
chez le tailleur Nolte, s'était amusé hors de la maison dans l'après-midi et le soir ;
il était resté plus longtemps qu'on ne le lui avait permis. Lorsqu'il revint se coucher
à la maison, la bonne qui le reçut lui annonça que le maître, en se couchant, l'avait
menacé pour le lendemain d'une forte correction. Le jeune Haube monta à sa
chambre et commença à réfléchir sur sa position. Il pensa à ses dettes, qui lui cau-
saient continuellement des tourments. Il ne se coucha pas. La résolution qu'il nour-
rissait depuis longtemps d'aller en Amérique lui revint en esprit, et, considérant
que c'était le seul moyen d'échapper à celte vie de tourments, il se décida irrévo-
cablement à partir tout de suite. Il songea immédiaten^ent à se procurer l'argent
PROCÉDÉ DU UEURTRIER DANS L'ëXÉGUTION bV GRIME. l&l
flécessaire ea dépouillaut ton roallre, avec lequel cependant il élaik en bons rap •
poiis et dont il n'avait reçu que des marques d'affection.
Vers minuit, il entra doucement dans la chambre de son mailre, dans laquelle
se trouvait le secrétaire. Il alla près du lit prendre les clefs dans la poche de la
robe de chambre et commençait à exécuter son vol, lorsque le mailre fit un mou-
vement. Saisi de crainte, il s'arrêta et se sauva dans sa chambre à coucher. Il se
mit sur son lit pour attendre que son maître fût de nouveau endormi profondément.
Sur les deux heures, il arrêta la pendule de sa chambre, retourna dans la chambre
de soo maître, armé cette fois d'une hache qu'il avait prise dans la cuisine, afin
« de se défendre contre son maître », si cela devenait nécessaire. En commen-
çant soo opération, il fut de nouveau dérangé par son maître, qui, en s'éveillant,
cria : « Qui est li ? »
L'accusé raconta dans presque tous les interrogatoires ce qui se passa à partir
de ce moment de la manière suivante :
« Alors je m'approchai vite de la tête du lit et je frappai dans les ténèbres deux ou
trois coups de hache sur le corps qui me paraissait assis dans le lU, Mon maître
i'écria de tontes ses forces : a Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! » et avec une voix plus
haute : « Ciel ! ciel ! » Après ces coups de hache, il retomba, puis il se releva, et
comme il cria encore très haut : « Ciel ! » je crus qu'il pouvait encore sortir du lit
et que j'étais perdu. » Je courus chercher un couteau de table et je firappai
à coups redoublés. Mon maître voulant m'arrêter me saisit la main gauche, en
essayant de m'arracher le couteau, il me tira sur son lit et m'égratigna la
nain. »
Bous en trouvâmes les traces sur le dos de la main de Haube.
Nolte, blessé mortellement, tomba enfin et resta sans connaissance. Alors le jeune
Bnbe continua son vol; il alluma une lumière, il prit à peu près 70 thalcrs
(180 francs), ^ae lorgnette; puis il se lava les mains pour se débarrasser des taches
àt laog, déposa son linge taché de sang et s'éloigna à quatre heures du matin.
n aUa ehes son frère, lui raconta qu'il voulait partir pour TAmérique, qu'il avait
volé l'argent à son maître. Il se promena dans les rues, car il était trop tôt pour
prendre le chemin de fer ; il s'acheta le malin des bonbons qu'il voulait manger sur
kbatean pour éviter le mal de mer; il déjeuna à Tembarcadcre du chemin de fer
etiOaiTec le premier train jusqu'à Hambourg. Mais le télégraphe l'avait devancé,
<ieiorte qu'il fut arrêté en arrivant et ramené à Berlin. 11 avoua dès le commen-
ceoeat ce crime avec tous ses détails.
U 19 novembre, nous fîmes l'ouverture du cadavre. Voici quels en furent les
réttUatt importants : la chemise et tout le corps étaient tachés de sang ; à la tête,
à la figure, au cou, à l'épaule, aux bras et aux doigts, il y avait 42 blessures,
i*il des ecchymoses, soit des coupures à bords nets, soit des sillons sanglants, puis
te blessures très grandes provenant d'un instrument contondant. L'une avait
^ la partie écailleuse et le rocher de l'os temporal droit, une fissure partant de
^.tniersait la selle turcique; l'autre avait écrasé la partie droite du maxillaire
i>l<iriev, déchiré son artère et coupé l'artère thyroïdienne supérieure ; cette bles-
>ve d'artère avait les bords nets. Tout le corps était anémique.
112 PARTIB THANATOLOGIQUE.
On nous avait posé les questions suivantes :
1<> Les blessures ont-elles pu être fiiites avec le couteau et la haehe préseatèit
2* Quelles sont celles qui ont été produites avec la hache?
3* Le décédé, quand il a été firappé, était-il couché sur le côté gauche ou peul-
il avoir été assis ?
4* Combien de temps après ses blessures le blessé peut-0 avoir vécu?
Nous déclarâmes d'abord dans le rapport que récrasement du crâne a été la eauss
de la mort. Nous passons les explications que renfermait notre rapport à ee sqet.
Puis nous continuions : « On demande combien de temps le bleasé pe«l avoir véca
après ses blessures? • Les faits contenus dans les actes et les résultats de l'avfcDpsis
permettent de répondre. L'accusé prétend que deux heures et demie étaient passées
lorsqu'il est entré pour la seconde fois dans la chambre de son maître. U dit dam
tous ses interrogatoires que quand il a quitté la maison, à quatre heures du natia,
le blessé respirait encore, et la bonne dépose que lorsqu'elle est entrée dans h
chambre, à huit heures du matin, elle a trouvé son maître mort. D'après cala, ë
aurait vécu au moins une heure et demie et au plus cinq heures et demie. Fev
compléter, nous observerons qu'il n'est pas âLtraordinaire que les docteura X.-
et Z... aient trouvé le cadavre au lit à huit heures trots quarts encore tiède,
dans de telles circonstances la chaleur animale se conserve encore longtemps
la mort, quelquefois même jusqu'au lendemain. L'expérience nous permet d'ad-
mettre que le blessé a dû vivre encore deux à trois heures après ses bl
L'hémorrhagie des vaisseaux lésés a dû être très importante, car le linge a été
plétement imbibé de sang, et le cadavre a été trouvé très anémique. Mais eonaiéé-
rons que, par la commotion cérébrale qui fut le résultat des deux grandes bleaawes
de tète, il a dû y avoir une perte de connaissance, une syncope, qui fut un obstacle
à une hémorrhagie artérielle devenant promptement mortelle, et si l'on admet qta
la mort a eu lieu par commotion cérébrale, on sait que souvent des malades ont
vécu dans cet état encore fisses longtemps. En pesant bien toutes les cirGonstances,
le grand nombre des blessures, Thémorrhagie et les blessures mortelles de U tètet-
nous croyons exacte l'époque de la mort que nous avons indiquée.
Quaut à la première question i « Les blessures ontp elles pu être faîtes avec le
couteau et la hache présentés? » nous y répondons affirmativement. Non-seulement
ces instruments sont couverts de taches de sang, mais encore l'état des blessures
annonce un instrument tranchant et un instrument tranchant contondant qui ont dû
être employés avec une grande vigueur, car certains bords sont nets, certains
autres inégaux, des tissus fermes ont été écrasés, on a trouvé la pointe du couteau
lirisée, et l'inculpé lui-même dit qu'il a heurté le couteau contre des corps durs (les
es du crâne). Ainsi il est certain que ces instruments ont été employés.
Pour la seconde question : « Quelles sont les blessures qui ont été produites par
la hache? » on peut y répondre également sans difficulté. Ce sont^ aans aucua
doute, celles qui ont produit les écrasements des os et les déchirements des parties
molles, c'est-à-dire les deux grandes blessures du maxillaire inJérieur droit et 4é
PROCÉDÉ DU MEURTRUR DANS l'BXÉCUTION DU CRIME. iiS
tm tanponil droil, qui iadiqiiant on oor|M plM lounl, pins contondant qu'on oon-
len, mail no mtae tompa tranchant et capable de séparer des partiea moUes ;
ainsi, par conséquent, cela peut très bien avoir été une hache.
Eoflo, nous avons encore à répondre à la dernière question : « Le décédé, quand
il a élé frappé, élait-il couché sur le côté gauche, ou bien peut-il avoir été assis T*
0 est constaté par la bonne et le chef d'atelier que le décédé avait l'habitude de se
coucher du côté fauche, la figure tournée du côté du mur. Il est alors à supposer
qne dana la nuit où il a été attaqué, Nolte était couché sur le côté gauche, et la
position des blessures mortelles sur le maxillaire et le crâne du côté droit con*
JiBiMul eeUe soppoaitîon. Mais il est important de considérer quelle a été la posi-
tiaa da cadavre quand il a été trouvé.
Le décédé reposait sur le ventre et sa tête était sur le côté droit ; les mains
étaient réunies et fléchies, etc. Il est impossible que le décédé ait été dans cette
psailion quand il a reçu les blessures qui n'étaient pas même visibles ainsi et que
sstts trouvâmes quand on retourna le cadavre. Ainsi il n'a pris cette position que
phM tard. Il n'est pas probable que l'accusé l'ait mis lui-même dans cette position,
ev il neonte, ce qui est très croyable, qu'il a entendu le mourant respirer, mais •
fi'il ne l'a pas regardé car il en avait peur ; il était donc bien éloigné de l'idée
Ai le reloumer sans raison. Ainsi le décédé ayant été blessé couché sur le côté
inehe, ei ayant été trouvé couché sur le côté droit, il est nécessaire qu^il ait
duttgé lui-même de position après avoir reçu ses blessures. Ici les dépositions de
rmeo^ se contredisent. A Hambourg, il a dit : «Mon maître ne s'est pas défendu
et ae m'a pas touché», tandis que dans des interrogatoires postérieurs il dit le
natfaire, ce qui est plus vrai, vu sa main égratignée. Dans l'Interrogatoire du 22
Ai Bais précédent, il dit qu'il a levé la hache presque verticalement et qu'il a
Hfpé vers le corps hlanc qui étaU assis dans le lit en dirigeant son coup avec
■ISBlion vers la tête. Puis, lorsqu'il commença à donner des coups de couteau,
Ha Battre voulut se lever, mais dans le même interrogatoire il dit aussi qu'après
bpreoiiercoup de couteau, il est tombé et n'a plus bougé. De même l'ioterroga*
Itâsda 2 de ce mois ne s'accorde pas avec ce qu'il avait dit auparavant : « D'après
ItiSB de sa voix, mon maître me sembla s'être tourné démon côté; cependant je
l'eisois paa certain, et j'ai frappé sur le corps blanc qui me semblait assis sm* le
l^svaat ces contradictions, nous ne pouvons baser notre jugement que sur l'état
^ blessures. Il est possible que le coup ait été porté sur le maxillaire, le décédé
te assis ; mais en considérant l'écrasement complet de cet os, il est beaucoup
^Mmiseaiblable d'admettre que la tête était sur le lit et que le coup a été porté
Perpvidiculairement, il est possible qu'alors il se soit levé, car même avec celte
^^BMe il a pu encore se défendre. Quant à la blessure du crâne, il est plus pro-
^ qoe le décédé l'a reçue étant assis, car la voûte du crâne proémine plus que
baujyaôe el la partie êcailleuse, du temporal peut être écrasée plus facilement
^lasaxiUaire qui est très dur. Ainsi nous croyons devoir expliquer les choses de
^ Biiièra suivante:
Me a d'ated ref u le eoup de hache sur le maxillaire droit, étaet couché ; il
lAA PARTIE THÀKATOLOGIQUE.
•'est assis sur son lit et a reçu les blessures au temporal, ensuite a eu liea ne
lutte dans laquelle il a reçu de nombreux coups de couteau, aprèa lesquels il l'eit
affaissé. Nous répondrons donc aux questions posées :
1^ Que les blessures ont pu être laites avec la hache et le couteau présentés ;
2* Que la blessure du crâne et celle du maxillaire ont été produites atec la
hache ;
30 Que le décédé, quand il a été frappé avec la hache, peut avoir été assis;
4" Que le décédé, après les blessures , peut encore avoir vécu deux à troii
heures ;
Les jurés déclarèrent que Haube avait commis Thomicide « volontairemeol,
mais pas avec préméditation », et il ne fut condamné qu'aux travaux forcés à perpé-
tuité.
Ob8. 72. — Écrasement de Vos pariétal droit et du sphénoidal. Quelle a' été Is
position de la victime et comment V assassin était-U placé T
Le 14 mars 18.. au matin, le marchand Schullz fut trouvé assassiné dans le
tiroir du sofa de sa chambre. Le même jour, son domestique, Frédéric HoUand,
fut arrêté à Tembarcadère de Berlin, parce qu'il n'avait pas de papiers. Il aviH
l'intention d'aller à Hambourg et de là en Amérique. 11 avoua immédiatemeat
qu'il avait tué son maître la veille à huit heures du matin, tandis que celui-ci était
couché dans son lit. La raison de cet assassinat avait été do se procurer de IV-
gent afin d'entretenir sa maltresse et un enfant qu'il avait eu d'elle.
Voici comment il raconta l'événement : « Quand je fus bien sûr que mon maître,
qui couchait sur le côté gauche avec la figure contre la mnraille, était pro-
fondément endormi, je sortis de dessous ma redingote la hache que j'avais prise
dans la cuisine, la tenant par le manche avec la main droite, je frappai de haut ea
bas avec le dos sur la tête de mon mettre dans la région temporale. De suite après
ce coup, mon maître leva la tôte sans pousser un cri, et je frappai encore deux
coups, mais cette fois encore un peu plus haut. La tôte retomba de suite, sans que
mon maître ait prononcé un mot ; mais comme il râlait encore, je courus dans la
cuisine, je pris une corde épaisse, dans l'intention de l'étrangler tout à fait, parce
que je craignais que le râlement, devenant plus fort, ne fût entendu par d'autres
personnes. Je me plaçai à la tête du lit, je tirai le corps jusqu'à ce que la tète,
dépassant la tête du lit, pendit en dehors; alors je tournai la corde trois ou quatre
fois autour du cou, et je nouai la corde afin qu'elle tint bien. »
11 déclara aussi que, pour ne pas laisser le cadavre visible, il l'avait serré avec
les draps dans le sofa, il avait fermé le tiroir avec des clous, puis il avait commis
son vol.
Le lendemain, nous fîmes l'autopsie, qui était très intéressante, car il y avait eu
étranglement d*un mourant. Nous trouvâmes, à propos de cet étranglement, une
corde d'un quart de pouce de largeur, tournée cinq fois autour du cou et tellement
serrée que l'on ne pouvait mettre le doigt entre le lien et le cou. Après avoff ôté la
corde, nous trouvâmes un sillon tournant quatre ou cinq fois autour du cou, blanc en
grande partie, mais i quelques endroits bleuâtre ou bien rouge foncé, ayant une
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DANS L*EXÉCUTION DU CIUHE. 1^5
profiNMieiir d« 5 mUliaiètres et la largeur de i centimètre. On pouvait couper faci-
liept les silloni, qui étaient mous sous le couteau. H n*y avait pas d'ecchymoses
mdle part.
Tout 1*01 temporal droit était écrasé en beaucoup de fragments, et la suture coro-
naire était écartée dans toute sa longueur , il y avait fissure de l'os frontal droit
dans ta partie orbitale. Un morceau de la grande aile droite de Tos sphénoïde 5tait
détacbé, ainsi que trois morceaux, de la longueur d'un pouce, de la partie écailleuse
da temporal droit. Il y avait à la base du crftne une fissure qui traversait la selle
tarciqoe. Les poumons ne contenaient pas de sang, les grands vaisseaux de la poi-
triaea'ea contenaient que très peu, ainsi que les quatre cavités du cœur. Le larynx
et la trachée- artère non blessés étaient pâles et vides ; tout le reste du corps était
■oraul, mais il y avait une anémie générale.
Ici tons les résultats de l'autopsie s'accordaient avec les déclarations de l'accusé.
D'abord, quant à la cause de mort ; on pouvait facilement prouver qu'elle était
due aux blessures de tête et non k l'étranglement, car il n'y avait pas un seul signe
et mort par asphyxie, et l'on pouvait admettre que les liens, ayant été serrés dans
sa état d'agonie, l'asphyxie ne s'était pas produite. Quant aux instruments qui ont
M ètra employés, nous aurions admis, quaud même l'inculpé ne l'aurait pas avoué,
^'aa corpa lourd, tranchant et contondant, à surface carrée, comme le dos d'une
haebe, avait été l'instrument mortel. Il n'y a que les instrumenta contondants qui
feavent produira de telles blessures.
L'ecchymose quadrilatère qui a été trouvée à la région du maxillaire supérieur
froave qu'un instrument quadrilatère a été employé. La hache qu'on nous a pré-
leatèe avait un tranchant dentelé et un dos ordinaire quadrilatère, dont les bords
iUâent très tranchants. Par cette disposition de l'instrument, on devait admettre
foe l'ecchymose de la joue seulement provenait certainement du dos de la hache,
laidis que les autras blessures extérieures pouvaient provenir aussi bien du dos que
il tranchant.
L'autopsie confirmait parfaitement ce qu'avait dit Holland, que son maître était
mchè sur le cAte gauche, puisque toutes les blessures extérieures se trouvaient du
c4(é droit de la tète, tandis que les vertèbres et le celé gauche étaient complètement
iMsets; d'après l'état des blessures profondes, il était évident que la victime était
CMcliée quand elle a été frappée, car si elle avait été debout, les blessures
'viieolétédu cétégauche ; déplus, les blessures étaient si importantes, puisqu'elles
ont amené l'écartement d'une suture, quelles avaient dû être faites de haut en bas.
Qaaatàla position du meurtrier, il faut supposer qu'il a été placé derrière la tète
'a lit, car ce n'est que da« cette position que l'ecchymose aux joues a pu être faite ;
^ecchymose a été produite par l'extrémité du dos de la hache .Nous concluons donc :
1* Que la cause de la mort de Schulz n'a pas été un étranglement ;
2* Que cette cause doit être attribuée aux blessures de tète ;
3* Que ces blessures indiquent un instniment en partie contondant, en partie
tnadMit, qui a été employé avec force ;
4* Que la hache présentée, ou au moins un instrument semblable, a prodait cet
Wetwres;
M. iO
1A<5 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
50 Que l'ecchymose quadrilatère de la joue a été produite par la turiaee domte
de rinstrument ; que les autres blessures peuvent avoir été prodoitea en ■èow
temps par le tranchant et par le dos de l'instrument;
6** Que le décédé a dû être couché sur le côté gauche quand il a été blessé el
tué;
7"* Que le coupable était placé derrière la tâte du lit ;
8° Que, vu la grande fraîcheur du cadavre et la chaleur de ratmeapbère, 00
peut considérer la mort de 8chulz comme ne datant que de quelques jovt, à pei
l>rés cinquante heures. Uolland a été condamné à mort.
Obi. 73. -*- Homicide par hl$t9ure» de tél$. Dans quelle po$Ui<m se fronvoM
la victime?
Dn menuisier avait tué sa femme, âgée de cinquante-cinq ans, avec laquelle il
vivait en mauvaise harmonie. Il s*était servi d'une lime pesant 1 kilogramme 1/3.
Il y avait ici une particularité très intéressante : les os du crâne avait extrême*
ment peu d'épaisseur, à peine 2 millimètres. Toute la moitié gauche du crâne était
écrasée ; dix fragments d'os étaient détachés, et le fond de la blessure était fomé
par la dure-mère déchirée, à travers laquelle le cerveau faisait hernie. L'hémi-
sphère gauche du cerveau était écrasé et parsemé de caillots de sang ; l'on en troo»
vait aussi dans le cervelet. Une tissure de l'os frontal s'étendait jusqu'au côté droit
dans la partie orbitale. Les plexus choroïdes étaient très pâles, les sinus exsan-
gues. I3ne autre blessure était importante pour juger la position de la blessée :
c'était une plaie longue de 2 centimètres 1/2, un peu béante, à bords assez nets et
faiblement ecchymoses, qui s'étendait à travers l'oreille gauche de haut en bas et
d'arrière en avant. Tout le reste de l'autopsie était sans importance, Il y avait ané-
mie générale.
Mous jugeâmes que les blessures de tête avaient été nécessairement mortelles;
qu'elles avaient pu être produites par la lime présentée ; que la décédée, au moment
où elle a été blessée, n'était pas couchée, mais bien debout ou assise, conmie le
prouve la direction de la blessure de l'oreille, et que le coupable peut s'être -trouvé
devant ou derrière elle. Le mari» que l'on amena lors de l'autopsie^ avoua que sa
femme était assise sur un banc et tricotait lorsque la querelle s'était élevée entit
eux, et que, étant devant elle, il avait saisi la lime et l'en avait frappée.
068. 74* — Écrasement du crâne par une hache. Déterminer s*U a été
produit avec le iravchant ou avec le dos de l'instrument.
Le tisserand D. .. tua son llls, âgé de quatorze ans, pendant son sommeil. 11 s'était
servi d'une hache, comme le déclarèrentles membres de la famille, qui étaient accou-
rus et avaient presque assisté au crime. L'instrument avait séparé l'aponévrose et les
os du crâne et avait pénétré profondément dans le cerveau. Le cadavre préa«aUit du
côté gauche du crâne une plaie de 8 centimètres de longueur et de 2 centimètres 1/2
de largueur ; plusieurs fragments d'os avaient été détachés. La figure, la chemiae.
PROCÉDÉ DU MEURTfU£R DANS L'EXÉCUTION DU CRIME. 1A7
Jei bras éUi»ai couTerU de sang ; la cadavre avait la couleur de la cire blanche :
aaéaiie générale. Néanmoioa il y avait des lividités cadavériques qui couvraient
tout la dos. J'observe encore qu'à partir de l'angle supérieur de la blessure s'éten-
dait une fissure en aigzags, parcourant horizontalement toute la voûte crânienne
jusqu'à l'os temporal droit, el qu'il y avait une fissure à la base du crâne, dans la
selle tnrcique, qui, contrairement à ce qui se passe ordinairement, ne la traversait
pu transversalement, mais qui, arrivée au milieu de l'os, formait un coude el s'en
•Daii en serpentant en arriére, en détachant le rocher droit. Sur le corps calleux,
O y avait des caillots de sang, et il y en avait aussi dans la substance du
cerveau.
La garçon ne s'était pas éveillé et était resté mort sur le coup, et le sang était
cependant coagulé. Le cas était facile à juger, mais la question posée : a Le meur-
trier a-l-il firappé avec le côté tranchant ou avec le dos de la hache ? » était assee
dilBcile à réaoudre. Le dos de la hache contenait du sang comme le tranchant, et
de pins il y avait des cheveux blonds du cadavre qui y étaient collés. L'état de la
Uesaure indiquait qu'on s'était servi du tranchant ; mais la présence des cheveux
wr le dos de la hache était en contradiction avec ce résultat. Tout nous portait à
idaeltre que les cheveux avaient coulé avec le sang sur le dos de la hache, et nous
a'cAmes plus de doute quand plus tard on nous présenta l'oreiller sur lequel le
farçon était eoûché. Sur cet oreiller, il y avait, outre de grandes mares de
lang, 4eux grands morceaux de cerveau el une grande quantité de cheveux blonds
collés par le sang.
Le coupable fut déclaré fou et fut transporté dans une maison de santé, où H
BoamL
Ou. 75. — Bleuure pénétrante du cœur. Le décédé a-t-it reçu un coup de poi-
ptard de la mam d'un étranger , ou bien s'esta jeté lui-même sur le poignard
queVétranger tenait à la main f
(tes une rixe, le 2S août 18.*>, 8... reçut trois coups de couteau de Helm et
Ma flsert immédiatement après.
Koiii citerons les passages suivants du procès- verbal de l'autopsie : n Aumih'eu
te bras gauche, à la surface interne, se trouve une blessure semi-lunaire, longue
te 4 ceotimètrea, large de 3 centimètres, avec des bords très nets, secs, non
^}BMMés, mais qui n*a pas pénétré plus profondément que la peau. Sur le côté
psche de la poitrine, près de l'aisselle, se trouve une blessure diagonale, à 4 cen-
lioêtres da Bamelon, i|a forme semi-lunaire, longue de 6 centimètres, large au
Biliea de 3 centimètres, à bords nets, secs, non ecchymoses, du fond de laquelle
iV|it un corps muscnleux. Du même côté de la poitrine, entre la cinquième et la
ûiteM céte, à 4 centimètres du mamelon, se trouve une blessure allant de haut
(Qkss ai de dedans en dehors, longue de 2 centimètres, large au milieu de 3 cen-
MlMs, un peu semi-lunaire, avec des bords analogues à ceux d'en haut.
Qvaaé on ouvrit le thorax, on vit que les deux blessures avaient pénétré ; elles
li'étaieot séparées à Tintérieur que de 1 centimètre : l'inférieure de forme sumi-
1A8 PARTIE THANATOLOGIQUE.
lunaire, longue de 2 centimètres, avec des bords nets, non ecchymoses ; l'avlr
était plus ronde, n'avait qu'un demi- centimètre de longueur et avait les wèmn
bords. Dans la plèvre gauche se trouvaient 600 grammes de sang foncé et liquide;
la bise du péricarde, tout près du diaphragme, il y avait une plaie siwi-lmialr
longue de 1 centimètre 1/2, large de 2 centimètres, à bords nets, qui était eeeb;
roosée tout autour dans une surface de 1 centimètre 1/2. Dans le péricarde, il y ati
125 grammes de sang liquide; à la base du cœur, il y avait une plaie ten
lunaire, à bords nets, non ecchymosée, longue de 1 centimètre 1/2, large de 5 ee
timètres, qui pénétrait dans le ventricule gauche. »
Le reste de Tautopsie n'était pas important ; il y avait une anémie générale,
laquelle ne participaient pas les veines de la pie-mère. On était endroit dedéebi
cette blessure nécessairement mortelle et de motiver qu'elle avait pu être prodn
par le couteau de poche présenté, dont la lame était longue de 10 centimètres
large au milieu de 2 centimètres ; elle était très pointue et très tranchante. H
à l'audience l'accusé prétendit qu'il n'avait pas lui-môme fait la blessure, qu'ayt
le couteau devant lui pour éloigner L..., celui-ci se jeta sur lui avec une bûciie
bois, et se blessa lui-même mortellement. Il n'était pas difficile de démooti
comme fausse cette explication par les résultats de l'autopsie. Le blessé avait re
trois coups : un au bras, deux autres à la poitrine, il était très probable qi
n'avait été que passif; de plus, la direction des blessures était tout à fait concluaiil
elle était de haut en bas et convergeait à l'intérieur, Or cette direction ne pc
s'expliquer que par des blessures faites le bras étant levé, tandis qu'il était imp<
sible que le décédé en se jetant sur le couteau ait pu se faire trois blessvi
ayant de telles directions. Les jurés furent de notre avis et Helm fut condanu
Obs. 76. — Blessure mortelle de la cuisse par instrument piquant ; déterminer
eUe a été faite avec intention ou si c^est la blessée elle-même qui s'est jetée sur
couteau.
Un homme très irascible, adonné aux boissons, qui avait l'habitude de malfarali
sa femme, se querella un jour avec elle pendant le dtner, ayant son couteau à
main. D'après 5a déclaration, la femme tomba « en avant, mais un peu de côté i
une chaise qui était derrière elle », voulant la retenir il la blessa malgré lui.
couteau était entré à la surface postérieure de la cuisse gauche à deux pouces
profondeur, obliquement de dehors en dedans après avoir traversé une robe, de
jupons ouatés et un caleçon. D'après la déclaration de la femme , le mari l'av
d'abord poussée plusieurs fois en lui portant des coups de pieds « dans le côté m.
lorsqu'elle se tournait vers la porte pour fuir il lui avait donné un coup de coûte
par derrière. C'était, comme on voit, une explication bien différente ! La fem
fut bientôt reçue dans un hôpital où l'on trouva à la région inguinale gauche t
ecchymose et à la cuisse une blessure. Après trois jours il y eut une tuméfacti
des ganglions inguinaux et après cinq jours, l'état s'aggrava, le pus sortant df
blessure devint sanieux, les ganglions suppurèrent aussi, et vingt jours aprèt
blessure la blessée mourut d'infection purulente.
PROCÉDÉ DU MEURTRIER DAMS L'EXÉCUTION DU GRIME. 1&9
Le cida?re était maigre : il y avait du décubilus et de l'anémie, du pus sanieux
Nrtaitde lableflaore. Il était tréa facile de constater le fait de l'homicide. Quant à
iaqaettion : La blessure a-t-elle pu être laite comme le àitraccusé? Nous répon-
iaei aéfatiYeaient. Ses déclarations étaient matériellement fausses et contraires
m résallata trouvés sur le corps de la femme pendant la maladie et après la
■ort D'abord M... dit que sa femme est tombée sur une chaise qui était derrière
de, la blessare eOe-mème montre que l'accusé ment. Le coup de couteau a dû
Un porté avec beaucoup de force, car il a pénétré dans le corps à 5 centimètres
et profondeur après avoir percé beaucoup d'étoffes. Cette blessure aurait peut*étre
pi être produita si le corps était tombé de tout son poids sur un couteau fixé au*
kmn de loi, nais comme l'accusé dit qu'il a retenu sa femme pour Tempécher
k tenber, il est impossible d'admettre cette explication, d'autant plus que dans ce
cas la direction de la Measure serait tout autre. Elle ne serait pas oblique, mais
MU.
U naaière dont la blessure a été dite s'explique de la manière la plus simple ti
Tsa ateel qne raecosé qui tenait le couteau dans sa main droite a porté un coup
avee nslsnce sur la cuisse de la femme qui lui tournait le dos et voulait se sauver.
Ajailsas que la déclaration de l'accusé n^explique pas la lésion de la région ingui •
aak, laadis que cette lésion est expliquée par la déclaration de la décédée qui a
éit avoir reçu un coup de pied dans le côté avant d'être blessée.
160 pamh thanatolooiquk.
CHAPITRE 111.
INSPECTION DES VÊTEMENTS.
S 1. Généralités.
On réclame souvent du médecin légiste l'inspection d*haUt8| che^^
mises, souliers, bas, linge et étoffes de toutes sortes. Le jug^
d'instruction, ordinairement, prend note de ces objets, parce qa'ilfi»
peuvent servir à faire constater l'identité de cadavres inconnus, il \em
cite dans ce but dans les annonces publiques.
A Berlin comme à Paris, on les étale à la Morgue à cAté du ca-
davre exposé ; dans les cas d'homicide on les étale à l'audieiice mr
la table des corps de délit et on les présente à l'accusé pour qu'il las
reconnaisse. A Berlin, il a toujours fté d'usage de présenter aux
experts les cadavres nus, ce qui est préférable que de présenter le
cadavre habillé ; car, lorsque ces vêtements n'offrent rien d'impor-
tant, c'est une tâche ennuyeuse et pénible pour lui de décrire les
redingotes, pantalons, bas, et lorsque l'état des vêtements peut jeter
quelque lumière sur le cas, parce qu'il s'y trouve des taches sus-
pectes, le juge est là pour consulter le médecin. C'est ce qui arrive
lorsque la position des vêtements, le rapport de ces derniers .avec
les blessures excitent des doutes ou des soupçons. Ainsi, par exem-
ple, il parut singulier dans un cas de suicide douteux que le foulard
recouvrant les blessures du cou fût complètement intact; dans deux
autres cas tous les habits, même la chemise, étaient intacts, et au-
dessous se trouvait une blessure mortelle par arme à feu. Dans un
autre cas où il y avait eu viol et assassinat, le bonnet de la victime
fut trouvé entre ses cuisses, etc.
Les questions relatives aux vêtements se rapportent le plus ordi-
nairement à des taches de sang, de fèces, de sperme, de poison,
diacide sulfurique. Nous allons étudier chacune de ces questions en
détail.
INSPECTION DKS VfiTEMEffTS. — TACHES DE SANG. 161
g 2. — VLmÊhmrthm dei UmIim de f ang fin l«i vèlemettU (1).
H. Rose (loc. cit. ) prend des étoffes de toile ou de coton de cou-
leur blanche sur lesquelles on croit qu'il existe des taches de sang
et les traite avec de Teau distillée froide, pour en extraire la ma-
tière colorante qui est éprouvée de' la même manière que nous Tavons
dit plas haut, avec de l'eau chlorurée, de l'acide azotique et de la
tenture de galle.
La recherche des taches de sang sur des étoffes colorées est plus
difficile, surtout lorsque les couleurs contiennent une substance orga-
nique azotée, ou bien lorsque les étoffes sont de laine ou de soie. Il
but alors essayer de gratter avec précaution le sang séché, ce qui
réussit quand on opère avec soin même pour des quantités très pe«
lites. Le résidu du grattage est mis dans une soucoupe de porcelaine
contenant de l'eau froide el, s'il y a du sang, on le vérifie d'après la
méthode ci-dessus citée (page 112 et suiv.).
Dans les cas où les taches ont déjà été lavées avec de l'eau bouil-
lante ou de l'eau de savon, M. Horin, professeur de chimie à l'école
de médecine de Rouen (2) , recommande c de mettre les taches en
> contact avec une légère dissolution de potasse pure ; après quelque
> temps de réaction, on obtient une liqueur qui est précipitée en blanc
* par racide azotique ou par l'acide chlorhydrique pur, ce qui indique
^ la dissolution d'un ou de plusieurs matériaux de sang. Par ce trai-
tement alcalin, la tache n'a pas perdu sa couleur, mais quel est alors
k corps qui se trouve eu quelque sorte fixé d'une manière indélébile
sv le tissu? Pour résoudre cette question, il ne s'agit que de
mettre le tissu taché en contact avec de l'acide chlorhydrique pur
qui dissout la matière de la tache et forme une dissolution qui,
réduite avec précaution jusqu'à siccité, fournit un résidu ayant la
propriété de prendre une couleur bleue très foncée par le ferro-
(1) Comparer avec la recherche des taches de sang sur les instruments, p. 112
^ttruTaotes.
(2) Journal de chimie fnédicale^ t. IX, 3* série, 1H53, p. 744.
162 PARTIE THANATOLOGIQUE.
» cyanure de potassium et une couleur rouge sang par le sulfoqfi-
> nure de la même base. Ces caractères démontrent éTidemmeni
» dans les taches de sang lavées, le fer et la protéine, Tua des mt'
» tériaux constants de ce liquide organique. »
La méthode de Wiehr, pour reconnaître les taches de sang snrfk
étoffes colorées, est analogue lorsque la couleur de l'étoffe ne penH
pas d'appliquer des réactifs> elle consiste à produire du ferrocyanu
de potassium avec les taches de sang qui se trouvent sur rétefli
Quand on est certain que Tétoffe ne contient pas de laine , c
grille le morceau sur lequel se trouve la tache dans une soucoupe i
porcelaine, de sorte qu'il est réduit en poussière ; on mêle eel
poudre avec du carbonate de potasse et on chauffe au rouge le nu
iangOy puis on y verse de l'eau distillée, on filtre et on ajoute aa I
quide une petite quantité de protoxyde de fer ; il se produit i
précipité d'une* couleur indéterminée : ce précipité n'est autre choi
que du protoxyde de fer combiné aveé du carbonate de potasse, <
l'oxyde de fer et du cyanure de fer cyanure. Puis on ajoute deTack
sulfurique étendu d'eau qui dissout le protoxyde de fer et l'oxyde i
fer, tandis que le cyanure de fer cyanure reste avec sa couleur blei
insoluble dans l'acide sulfurique. Wiehr prétend avoir obtenu, av(
cette méthode, les résultats les plus heureux pour des quantités mên
minimes de sang. Cette opération doit réussir également si l'on fi
bouillir l'étoffe tachée avec de l'hydrate de potasse, puis après l'ave
chauffée, si on la traite par les sels de fer et l'acide sulfurique (1)
Bryk (2) attache beaucoup de valeur à une méthode qui est bas
sur le polychroîsme de la couleur du sang pour éprouver les (ach
suspectes qui se trouvent sur des étoffes non colorées, lorsque c
taches ont longtemps macéré dans l'eau et paraissent presque bla
ches. On les traite avec de l'acide sulfurique concentré, et au bo
de quelques minutes, sous le microscope, on voit une couleur d'i
vert pâle qui devient bientôt d'un brun pâle, et aux endroits où
(1) Archive der Pharmacie ^ 1854, avril.
(2) Wiener medic. Wochentchr, 1858, p. 779.
INSPECTION DES VÊTEMENTS. — TACHES DE SANG. 153
matière colorante est en plus grande quantité, la couleur est d'un
ronge brun; puis, plus tard, d*un rose plus ou moins foncé jusqu'au
rouge briquOi ce qui a lieu ordinairement après deux ou trois heures,
après quoi à la fin de la réaction la tache devient brune. Les transi-
tions du vert au brun, violet, rouge et rose se perçoivent pour des
liehes qui paraissent jaune pâle et qui sont devenues ainsi soit par
rknbibition, soit par le lavage; ce phénomène s'observe d'autant
plus pour les taches qui paraissent foncées; ces transitions distin*
goent bien les taches de sang lavé, des taches de pus, d'urine et
de mucus qui pourraient induire en erreur, mais qui ne sont pas
soumises aux mêmes phénomènes sous l'influence de l'acide sulfu*
riqne.
M. Pinia de Turin (1) a décrit aussi les métamorphoses des taches
de sang traitées par l'acide suirurique. Nous avons répété ces expé-
rieoces et nous nous sommes convaincu de la justesse de ces obser-»
vatioiu. Nous avons très bien vu ces beaux changements de couleur
nrdes taches fraîches aussi bien que sur des taches lavées, chan-
lements que l'on peut même observer à l'œil nu. Mais ce qui di-
■ùnie un peu la valeur diagnostique de cette expérimentation, c'est
«pie l'on observe les mêmes changements de couleur si l'on traite des
tiches d'albumine, de bile ou de graisse , avec de l'acide sulfurique.
C'est pourquoi le procédé de M. Hoppe est de beaucoup le plus
lûr. Il traite les taches de sang soit fraîches, soit lavées, avec
de l'hydrate de soude qui opère un changement très sensible sur
rUmatine, comme nous l'avons nous-même vérifié. L'hydrate de
>oode versé goutte à goutte sur du sang frais ou sur des taches
fû contiennent encore quelques traces d'hématine, produit, après
<Nqnes minutes, une coloration olive plus ou moins foncée,
^ A l'on y ajoute de l'acide acétique, immédiatement la cou-
leur primitive reparaît rouge ou rougeêtre , ou rouge jaune. La
^uleor verte reparaît si l'on traite de nouveau avec de la soude.
Aocune autre matière colorante ne présente cette réaction, et nous
t) Demaria, dans la traducUon italienne de ce traité.
164 fautie toanatoloûiquib.
préférons beaucoup cette méthode à celle de l'acide suIAirique. TiNlte
les deuxy du reste, sont faciles à expérimenter. Si les taches sont M
sèches on fera bien de les imbiber avec de l'eau distillée pourn
mollir l'étoffe.
A côté des recherches chimiques des taches de sang, les reekfl
ehes microscopiques sont nécessaires, d'autant plus qu'une nootél
découverte permet de résoudre la question avec une grande sAreM
lorsque la méthode chimique est impuissante à cause de la M
petite quantité de sang.
Avant tout on cherchera à découvrir s'il y a des globale! i
sang, sans négliger les globules blancs dont la présence ou VA
sence est d'un grand secours dans la recherche d'une taehl
En traitant le sang séché, soit avec de l'eau pure, soit avec i
l'eau ioduréOy on obtient des globules très visibles. S'il y a m
grande quantité de globules blancs, il est probable que Ttm
affaire à du pus, du muco-pus, ou à une production pathologiqn
analogue. S'il y en a relativement peu , il est probable que Pd
a affaire à du sang. Pour compléter la preuve microscopique de I
présence du sang il faut découvrir de la fibrine. Quand elle existe o
voit les globules sanguins unis les uns aux autres quand ils ont et
traités par l'eau.
La découverte de L. Teichmann (1) est très importante. Il
trouvé que par l'influence de l'acide acétique sur le sang on obtief
des cristaux formés par la matière colorante, et qu'il a décrits sot
le nom de cristaux d'hématine. Cette épreuve est surtout important
pour les cas légaux dans lesquels on présente si souvent au médeci
des étoffes déjà frottées ou lavées qui, par conséquent, ne permettei
plus de reconnaître les globules qui sont détruits, tandis que son
vent il reste encore quelque matière colorante que l'on peut pi
répreuve de Teichmann parfaitement apprécier. De plus, cette op^
ration permet d'éprouver toute espèce de sang frais, sec, sali, décc
(1) Delà cristallisation des éléments organiques du sang dans Henle et PfeufTf
ZeiUtchr, fUr ratinnelle Medidn, Tir, p 375.
INSPECTION DES TÊTEXENTS.— TACHES DE SANG. 1^5
•
loré, etc. MM. Buchner et Simon ont le mérite d'avoir simplifié la
méthode de Teichmann, et d'avoir rendu la production des cristaux
d'hématine facile dans la pratique médico-légale. Ces messieurs ont
même trouvé du sang sur na. pantalon déboucher, datant de huit ans,
et qai n'avait pas servi depuis un an et demi, au moyen de la pro<«
dactiondes cristaux d'hématine (4). Voici quelle est la méthode qu'ils
emploient : une goutte de sang ou de liquide coloré par du rouge
de saag est mêlée avec de l'acide acétique concentré, et on fait éva*
porer lentement dans un verre de montre, sous une lampe à alcool,
ou dus un fourneau, ou même à l'air libre. Puis, quand on met la
maise sèche sous le microscope, on voit, s'il y avait du sang, une
gnode quantité de cristaux d'hématine, tantôt séparés, tantôt réunis
en frand nombre. Ce sont des rhomboïdes de couleurs différentes,
ttttôt un peu jaunes, ou jaune foncé, ou jaune rouge ; tantôt
d'an rouge sale ou rouge plus fohc^ ; la grandeur est différente, ils
K placent en croix ou en étoiles ; quand il y a très peu de sang, ces
cristaax forment des tablettes très minces qui paraissent incolores.
Ds se réunissent alors en réseaux fins. J'ai obtenu un résultat très
>et en expérimentant une tache de la grandeur d'un noyau de cerise
leot à fait pâle, provenant de sang des menstrues, qui se trouvait sur
on liage depuis trois mois (2).
Si le sang est séché sur du bois, du métal ou des étoffes, on met
ce morceau de bois ou de métal dans une éprouvette, quand cela est
possible, et on y verse de l'acide acétique concentré ; on laisse ma*
*er jusqu'à ce que l'acide soit coloré, et on laisse évaporer le
^ide. Si le sang est vieux, il vaut mieux chauffer l'éprouvette que de
lasser simplement macérer jusqu'à ce que l'acide soit coloré, et puis
* évapore. Teichmann considère comme nécessaire d'ajouter du sel
ib solution acide du sang; nous pouvons dire, avec MM. Buchner et
(1] Buebner et Simon, R»eherchet sur les cristaux éChëmatine et de leur impor^
^ m médecine légale. Ârchio fur pathol. Anatomie und Physiologie, neue
^t y voL !•' et 2* cahiers. 185», p. 50.
(S) Oa trouve de très bonnes planches représentant ces cristaux dans Tatlas de
^' Finke. Allai de chimie physiologique, 2« édit. Leipzig, 1858.
156 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Simon , qu'il est inutile d'ajouter du sel si le sang est frais ; c'eil
nécessaire si le sang a été la\é par Teau, ou privé de ses sels parli
pluie> par l'humidité du sol ou de l'air ; il est inutile de dire que ce
sont justement les cas qui se présentei%en matière médico-légale.
Et puisqu'on ne peut pas savoir d'avance si de telles influences n'jMit
pas eu lieu, ces messieurs recommandent avec raison, pour de teh
cas, de faire d'abord une épreuve sans ajouter du sel, et si Ton n-i
pas de résultat, de faire une seconde épreuve en ajoutant du sel.
Quant à nous, puisque nous voyons que la réussite est plus certiiac
en lyoutant du sel, nous conseillons de le faire dans tous les cas.
Il suffit d'iyouter un très petit morceau de sel de cuisine, à l'acide
acétique avant de faire bouillir ou macéra. Malgré toutes ces pré?
cautions, on ne réussit pas toujours du premier coup, on doit tôt-
jours alors répéter l'expérience qui est si facile. Aussi il faut tou-
jours partager le liquide que l'on a à explorer en plusieurs parties,
et opérer sur chacune d'elles l'une après l'autre.
Ajoutons cependant que des expériences réitérées faites avec k
même acide, mais avec du sang différent, du sang frais, sec, da
sang déposé sur de la toile, du bois, de la terre, etc., nous ont prouvii
à nous comme à d'autres micrographes, que les épreuves ne réussis-
saient pas toujours. Il s'ensuit que quand on trouve ces cristaux, oi
a une preuve sûre que l'objet soumis à l'expérience contient di
sang, mais qu'un résultat négatif ne peut pas prouver que Vobjei
soumii à V expérience ne contient pas du iang.
Ob8. 77. — Déterminer s'il y a des taches de sang sur du drap brun.
On m'envoya des morceaux de drap brun tachés et provenant du vêtement d'«i
homme accusé d'avoir fait des blessures graves, j'avais à déterminer ai les tachei
avaient été produites par du sang ou par d'autres matières, et, si taches de sang U ;
avait , depuis combien de temps s'y trouvaient-elles ? Je fis ces recherches ayei
l'assistance d'un chimiste, M. Schacht.
Voici quel fut notre rapport : « Les taches de sang qui se trouvent sur des étofléi
de coton non colorées se reconnaissent facilement, mais il en est autrement lonqiM
les taches se trouvent sur des étoffes de laine colorées. Avant de commencer notri
analyse, nous avons taché de sang du drap brun analogue à celui que l'on nous
INSPECTION DES VÉTEllENTS.— TACHES DE SANG. 157
» présenté; nous avons laissé sécher, et nous avons pendu le morceau de drap dans
«ne éprouvette pleine d'eau, de manière que ce morceau restât à une distance de
ieueentimètres du fond du verre. Quelques minutes après, le rou^^ du sang se
dirifss vers le fond en traînées et s*y ramassa, tandis que le reste du liquide se
colon en jaune. Après quelques heures le morceau de drap fut été et séché ai ati-
CMS frocs de la tache de sang ne put être reconnue. Le liquide agité prit une cou-
tev miliNtne d'un rouge brun. Par les réactifs connus : l'ncide azotique, l'eau
cUorarée, l'hydrate de potasse, la teinture de galle, nous reconnûmes les éléments
dsniif.
Cette opération terminée, nous prîmes le morceau de drap envoyé et nous l'exa-
minâmet lous le microscope. Le tissu de l'étoiTe était coloré, mais on ne pouvait
voir aocime substance déposée sur le drap. On mit quatre morceaux dans l'eau où
oa lot pendit comme nous l'avions fait précédemment. Mais, môme après 72 heures
l'es» n'était pas colorée, et tous les réactifs restèrent sans effet. Les morceaux
fvreot 6tés et séehés, les taches étaient intactes. Un autre morceau fut gratté aux
poiotseolorés, on traita avec l'eau distillée : l'eau ne fut pas colorée et les réactifs
Ancatiaipuissants. D'après cela, nous conclûmes que les taches rouges se trouvant
nr loi morceaux de drap envoyés ne provenaient vraisemblablement pas de sang.
Ok. 78. -. Déterminer si les lâches trouvées sur une blouse sont du sang ou du
goudron,
Oq m'envoya de la province de Posen une blouse sur laquelle se trouvaient des
l'ches tospectes, qui, parleur coloration foncée, par leur roideur et par leur dis*
Ptotion psraissaient être des taches de sang; l'accusé. prétendait que c'était des
**te de goudron. Sous un microscope grossissant 500 fois on ne vit aucun glo-
^ do sang, même dans des endroits où l'étoffe n'avait évidemment été ni frottée ni
hiée.iprès cette opération, on brûla des filaments de l'étoffe provenant des places
^*(liées, tous les assistants perçurent une odeur de poix ou de cire à cacheter, ce
^ certainement corroborait les déclarations de l'accusé.
^c fis l'examen chimique avec l'assistance de M. Schacht. On prit quelques places
^* plos foncées ; l'un des morceaux fut pendu dans une petite quantité d'eau dis-
ISléedo manière à ne toucher ni le fond ni les parois du vase. Même deux jours
"P'^on ne vit aucune traînée colorée, l'eau resta claire et la matière -colorante de
réioiB ne foi changée ni en quantité ni en qualité. Un autre morceau fut chauffé
te loe éprouvette et les vapeurs, essayées avec le papier de tournesol agirent
**inte acide et non comme oleolr ; nous fimes une contre-épreuve ; nous mouil-
1^ «n morceau d'étoffe de coton avec deux taches de sang : l'étoffe séchée fut
F^rlaiée en deux parties et nous flmes avec ces deux morceaux les mêmes expé-
riences. Dans l'une, la matière colorante se détacha par l'action do l'eau distillée
^leflt voir très nettement dans la solution au moyeu des réactifs connus ; dans la
*CMde, les vapeurs qui se développèrent par l'action de la chaleur furent nette-
*cit ammoniacales comme celles de toutes les matières azotiques. Ainsi les taches
^ b blease que nous avioas d'abord explorées n'étaient pas du sang.
158 PÀRTIB THANATOLOGIQUB.
Pour déterminer leur nature, nous trailâmes les taches de la blouse avee d-
Talcool concentré, elles devinrent plus claires mais ne disparurent pas ; la at>
lution laissa après l'évaporation une substance goudronneuse. Les mèniea morcaM:
furent ensuite traités avec de l'hoile de térébenthine : les taches disparurent «me
plétement et il se déposa une poudre d'un gris-noir dans la solution de térébatt
thine, qui, traitée avec des acides, montra un mélange de charbon» d'arfitoi
d'oxyde de fer. Nous dûmes alors déclarer en concluant que les tachea ea qoeititt
n*étaient pas du salig, mais que très probablement elles provenaient da goodroa m
d'une substance analogue (1).
$ 3. — Reoherehc de taehci de Aom.
Les résultats de la défécation des adultes, ainsi que le méconiiin
des nouveau-néS) se laissent reconnaître facilement sous le micreS'
cope, ainsi que par l'analyse chimique (2).
Le médecin-légiste se trouve très rarement à même de hm
cette analyse. Quant à moi, mes observations^ quoique nombreuses,
ne m'ont pas offert un seul cas de celle espèce, car les jugei
d'instruction prennent sur eux de déterminer la nature de ces taches.
Par exemple, dans un cas affreux, une fille fut violée par quatn
malfaiteurs dont l'un évacua ses excréments dans la chambre, ]
trempa un linge qu'il fourra dans la bouche de la fille én<
nouie. J'avais à constater le fait du viol aux parties génitales do b
fille, mais on ne m'a pas présenté le linge souillé.
$ 4. — Recherche des taches de sperme.
Très souvent, les médecins- légistes sont requis à examiner di
linge de corps ou de lit pour déterminer si les taches qui s'y trou
vent sont des taches de sperme. Jamais celte question ne m'a él
posée pour le linge d'un cadavre, et la littérature médicale n'ofEn
que quelques cas de cette dernière partie de la question. J'ai eu i
expertiser deux cas de viol suivi de meurtre, mais dans aucun d'eiu
il n'a été nécessaire d'explorer le linge. Cependant il est possible qui
cette question se présente.
(I ) Ces deux ob8« se présentèrent avant la découverte des cristaux d'hématine.
{2) Voir Lassaigne» toc. cU. p. 125. Robin et Tardieu, Annales d'hyg. 1857,
p. 374.
INSPECTION D£S VÊTEMENTS. — TACHES DE SPERME. 159
•
J'ai déjà expliqué ailleurs (1) combien sont insuffisantes toutes les
épreuves faites sur le sperme au mojen des sens, surtout au moyen
de la vue et de l'odorat. Les chemises présentées au médecin légiste
M sont pas ordinairement des chemises fines, souvent changées, blan»
ches comme celles qui couvrent les personnes de la classe aisée, pas
même les chemises encore relativement propres des persotnnes de la
classe moyenne, ce sont les chemises portées depuis longtemps, gros-
sières, salies, puis an moins en lambeaux, sur lesquelles, fèces, urine,
mucus, sang des règles, punaises, saletés de toutes espèces forment
un mélange repoussant, et au milieu desquelles il est presque impos-
able de retrouver par la vue ou l'odorat les taches de sperme. Les
méthodes préconisées par Orûla sont toutes incertaines et très péni-
bles. Mais le procédé de Lassaigne (2) se recommande par sa sim-
plicité ; nous l'avons essayé avec succès.
Les taches suspectes sur du linge blanc, pas sur de la laine, car
die contient du soufre, sont mouillée» avec du plorobate de potasse
et séchées à une température de plus de 20 degrés centigrades.
Après quelques minutes la tache devient d'un jaune sale ou même
d*on jaune soufre, si la tache provient d'une matière albumineuse
(cootenanl du soufre), mais le réactif ne colore pas les taches de
'P^me ni toute autre tache qui ne provient pas d'une substance albu-
^euse, telle que la gomme, l'amidon, la dextrine. La coloration
J'Qiie d'une tache traitée de cette manière prouve donc que la tache
^ provient pas de sperme, mais le contraire ne prouve rien.
^'épreuve la plus importante est donc toujours celle du mi-
^'^^^tcope. Mais il faut avoir soin de ne pas frotter ni presser le
''^ceaa de linge afin que les spermatozoaires ne soient pas détruits.
*^ puis recommander la méthode de M. Koblank (3), qui est très
•
^^ple. On découpe un morceau du linge contenant une tache sus-
P^le, on le trempe dans une soucoupe de porcelaine contenant de
(1) Veber Nothzucht und Paderastiey dans ma Vkrleljahrsschrift^ I, p. 21 et
*^Wanlea.
(2) Annal, d'hygiène publique, 1858, p. 406.
(3) lurDiagnoiUkder SaoÊhenfiecke, dam ma Vierieljûhrsschrifl ^ lit, p. 140.
iOO PABTIE THANÀTOLOGIQUE.
Teau distillée rroide, puis doucement^ avec un balon de verre, on îm ii
bien imbiber le linge ; après un quart d'heure on met une goutte cte
celte eau sur l'objectif du microscope, et Ton constate facilement la
présence des spermatozoaires, s'il y en a. Or, il suffit d'avoir vu
une fois un spermatozoaire pour ne jamais se tromper ; j'ai pu ea
reconnaître sur des taches datant d'un an ; Bayard (1) dit les avoir
vus après trois ans ; Rilter (2) après quatre ans, ce que l'on peo(
admettre si le linge n'a pas été frotté ni manipulé.
Avec le temps les spermatozoaires se décomposent, et il n'est pas
rare alors de trouver des têtes et des filaments séparés, mais la pré^
sence d'an seul spermatozoaire donne encore la certitude que Foi a
aRaire à une tache de sperme.
Lorsque, après un examen approfondi, un œil exercé n'a pas
trouvé de spermatozoaires, on doit déclarer qu'il est possible, mais
qu'il n'y a pas de preuve que la tache ait été produite par du
sperme (3).
S 5 . — Yaehet d'aeide tvlfariqae.
Nous parlerons en détails de l'acide sulfurique, car c'est le poison
qui est le plus souvent employé comme moyen de suicide ou de
meurtre d'enfants nouveau-nés.
J'ai observé toute une série d'empoisonnement d'enfants par
l'acide sulfurique ; il arrive des cas où la tentative de l'empoisonne-
ment ne réussit pas; dans d'autres l'enfant n'avale que quelques
gouttes, vomit, et, secouru par la médecine, ne meurt pas, ou du
moins longtemps après ; ce sont des cas dans lesquels le coupable,
qui est ordinairement la mère, nie, et les taches ou les trous qui se
trouvent sur les vêtements sont les seules preuves que l'on puisse
alléguer contre elle. Car, dans de tels cas, lorsque la mort arrive
après une longue maladie, ni l'ouverture du cadavre, ni l'analyse
(1) Annales d* hygiène publique, 1839, juillet.
(2) Loc. cU.f p. 224.
(3) Voir vol. 1, partie spéciale, p. 87.
INSPECTION DES VÊTEMENTS. — TACHES DACIUE SULFURIQUE. ICI
bimique des organes du cadavre ne petiVent plus fournir aucun ren-
emcaement.
Si les taches et les trous proviennent réellement de l'acide sulfu-
riqoe, la constatation n'en est pas difficile. On découpe les morceaux
tachés ou rongés, et on les laisse macérer dans de l'eau distillée
froide, .on obtient alors un liquide acide très énergique. Une solu-
tion de nitrate de baryte ou d'acétate de plomb forme un précipité
blanc non soluble dans l'acide azotique. Si l'on ajoute une seule
lOtttle du liquide acide obtenu par la macération à une solution
étendue de sucre, et si l'on évapore le mélange au bain-marie, il
reste on résidu noir ; ces épreuves sont très simples, peu coûteuses
et donnent la preuve certaine de la présence de Tacide sulfu-
rique.
» îi
it52 PARTIE THANATOLOGIQOE.
CHAPITRE IV.
INSPECTION INTÉRIEURE (DISSECTION).
S 1* — > iProoédé de la dÎMeclion.
1° TÊTE.
Lorsque l'intpection extérieure est finie, on commence la dissectioB..
D est nécessaire d'être dans une salle bien éclairée, il ne faut pu se
contenter d'une lumière artificielle qui est tout à fait insofiSsanto
pour pouvoir apprécier les couleurs qu'il peut être important d'exa-
miner. Cependant, à la rigueur, la lumière artificielle est enem
préférable à un jour trop sombre. Dans tous les cas on doit cem»
meucer par ouvrir la cavité dans laquelle on a lieu de supposer ^
se trouve la cause de mort, soit à cause d'une blessure qui se trouve
à l'extérieur soit par des raisons générales physiologiques par
exemple : chez les asphyxiés, la poitrine; chez les empoisonnés^
l'abdomen, etc. Les nouveau-nés seuls font exception, car, comme
on doit examiner la position du diaphragme, il faut toiyours com-
mencer par ouvrir la cavité abdominale.
Dans les cas où l'on n'a aucun indice préalable qui fasse soupçon-
ner quelle a été la cause de mort, il est bon de commencer toujours
par la tète, quand ce ne serait que pour retarder l'ouverture des autres
évités qui exhalent une odeur si infecte. Le règlement au para-
graphe 12 indique la meilleure méthode à suivre pour ouvrir le
crâne. Je ferai remarquer que, même lorsqu'il y a des fractures ou des
écrasements du crâne, cette méthode doit être suivie scrupuleusement.
Dans deux cas, le juge d'instruction eut l'idée de nous demander de
préparer le crâne écrasé, afin de le présenter aux jurés ad oculos. Le
crâne fut préparé de la manière ordinaire et mis sur la table des
corps de délit, et ce procédé n'a pas manqué de faire son effet.
Pour les nouveau-nés, il n'est pas nécessaire de scier les os, car
les sutures se laissent couper avec des ciseaux et écarter suffisam-
ment pour qu'on puisse examiner le cerveau. Pour l'examen de la
base du crâne, il ne faut pas négliger de séparer le périoste, sans
INSPECTION INTÉRIEURE. — COU ET THORAX. 163
qaoi on pourrait ne pas voir la présence des fissures très petites.
Une dissection anatomique spéciale du cerveau n'est pas néces-
saire, car il ne faut pas oublier le but de l'autopsie qui est pure-
it médico-légal, et des organes tels que la glande pinéale, etc., sont
importance. Comme le règlement le prescrit, on doit disséquer
les deux cerveaux et leurs 'enveloppes, les ventricules et leurs plexus,
te peit de Varole et la moelle allongée, les sinus et les os du crâne.
30 QQjj £T THORAX.
L'ouverture du thorax, comme le prescrit le paragraphe 13 du
règlement, doit être précédée de la dissection du cou dans laquelle
ou devra surtout examiner le larynx, la trachée-artère, l'œsophage,
tes grands vaisseaux et les vertèbres. Dans les cas où cela semble
nécessaire, on ne doit pas négliger de regarder la langue, la cavité
bncGale et le pharynx, lorsque, par exemple, on soupçonne qu'il y a
^ asphyxie causée par la présence de corps étrangers ou empoi-
sonnement par des substances corrosives.
La méthode recommandée dans le règlement pour ouvrir la cavité
^oraciqne est la plus simple et la plus appropriée. J'ajouterai un
procédé pour examiner la trachée-artère dans des cas d'asphyxie. Il
vrive assez souvent que, même lorsque Ton doit s'attendre à trouver
'ins la trachée du mucus aqueux et sanguinolent, on trouve ce
<^al tout à fait vide ; on doit alors presser avec précaution la
P^e supérieure des poumons, et on verra du muciM écumeuxy
^^^uinolent^ monter des bronches dans la trachée. Ce procédé,
^A que celui que j*ai recommandé pour juger la quantité de sang
^ se trouve dans le cœur, a été adopté dans le nouveau règlement
D est impossible de constater exactement la quantité de sang qui
^ trouve dans le cœur, les poumons et les grands vaisseaux sans
'igsture, car si le sang est très fluide, ce qui arrive justement dans
1^ cas où cette quantité est le plus nécessaire à apprécier, chaque
incision de l'un des organes laisse couler nécessairement plus ou
^oins de sang des oi^anes environnants. Pour éviter cela, il est
i^écesiaîre d'examiner d'abord le cœur en le laissant dans sa position
16& PARTIE THANAT0L06IQUE.
horizontale, et en ouvrant ses deux cavités par une incision longitu-
dinale. De cette manière on peut apprécier avec exactitude la quantité
de sang contenue dans les cavités. Puis on incise les poumons, et
après, les grands vaisseaux. En agisssant ainsi on pourra se passer de
ligatures, et en môme temps on évitera à peu près complètement Tin*
convénient signalé plus haut du sang coulant d'un organe dans Taûtre.
Il va sans direfîe, lorsqu'il y a des blessures pénétrantes, lesparoii
de la cavité doivent être inspectées avant de toucher aux organes in-
ternes, afin de ne pas changer la forme et la grandeur des blessures.
3^ CAVITÉ ABDOMINABLE.
Il n'y a rien d'essentiel à ajouter aux prescriptions des paragra-
phes lA et 15 du règlement. La marche que l'on doit suivre dans
l'examen des organes dépend de la situation générale. Si la putréfiM-
tion est un peu avancée, il sera bon de visiter d'abord l'estomac, afin
qu'il ne se déchire pas et ne laisse pas couler son contenu. Je ne parle
pas, bien entendu, des cas d'empoisonnement, car alors les ligatures
prescrites dans le paragraphe 15 du règlement ne doivent jaroaii
être négligées. Après l'estomac on doit regarder le foie, l'épiploon et lei
autres organes; Pour apprécier la quantité du sang contenue dans les
grands vaisseaux, il suffit d'examiner la veine cave ascendante. Dans les
cas où il est très important de mesurer la quantité de sang contenue dans
la veine cave, par exemple les cas d'asphyxie et d'apoplexie, il faut
avoir soin dès le commencement de soulever le dos du cadavre, afin
que la veine ne se vide pas par les ouvertures faites dans le thorax;
et même dans ces cas, il vaut mieux ouvrir la veine cave avant les
organes abdominaux, afin de bien constater son contenu. On doit dé-
crire les épanchements trouvés, soit dans la cavité abdominale, soil
dans la cavité thoracique; comme le dit leféglement, il est bon de les
extraire dans un vase à mesures, ce qui permet d'en savoir le poids.
Il n'y a que les très petites quantités qui doivent être pesées réellement.
Il n'est ordinairement pas nécessaire d'ouvrir la colonne verté-
brale, excepté dans les cas où l'on suppose que cela peut offrir des
renseignements importants.
PROCÉS-VERBAL DE l'AUTOPSIE. 165
CHAPITRE V.
PROCÈS-VERBAL DE L'AUTOPSIE.
§ !•'. — Forme et eontenn da proeèi-verbal.
La rédaction du procès -verbal de l'autopsie est rafTaire du juge,
\m rédaction du rapport de l'autopsie est TafTaire du médecin.
Le procès^verbal de l'autopsie est fait a mesure que l'on procède
â l'autopsie, tandis que le rapport est rédigé par le médecin dans son
cabinet, souvent plusieurs mois après l'opération. Dans le procès-
verbal se trouvent des détails tout à fait étrangers à l'examen scien-
tifique du cadavre*, par exemple la reconnaissance du cadavre par
les témoins, l'interrogatoire des témoins qui ont assisté à la levée,
la manière d'être du prévenu quand on le confronte avec le cadavre,
i la fin la permission d'inhumation et une foule d'autres détails de
cette espèce.
Le rapport , au contraire, est un mémoire purement scientifique
déreloppant les questions auxquelles le procès-verbal a donné lieu.
En un mot, le procès-verbal est le c compte-rendu > de tout ce qui
s'est passé pendant la séance de l'autopsie, y compris naturellement
l^résaltats de l'autopsie. Ce n'est que lorsque les interrogatoires des
l^oins et les remarques de toute espèce ont été consignés par le
<lâigaé du tribunal, que celui-ci demande aux experts de dicter la
Partie scientifique du procès-verbal. Les paragraphes 19 et suivants
'q règlement disent quelle est la forme qui doit être employée.
Comme nous l'avons déjà dit, le médecin légiste ne devra pas
^*^lendre sur la description des anomalies anatomiques et des alté-
rations pathologiques, excepté dans les cas où il s'agit d'une impé-
^(ie médicale. Comme le règlement le recommande, il n'est pas né-
^^^ire de décrire pour des cadavres connus la longueur du corps,
b couleur des cheveux, des yeux, l'Age approximatif, etc. Sans quoi
'^résultats importants sont noyés dans la quantité des dél:iils. Il
SQlBt pour les adultes de 30 à AO numéros, et pour les nouveau-nés
160 PARTIE THANATOIiOGIQUS.
de 50 numéros. Ces chiffres pourront être dépassés seulement dans
les cas où il y a beaucoup de blessures à décrire.
Le médecin légiste 'en dictant doit, comme nous l'avons déjà dit^
décrire ce qu'il voit, sans porter un jugement définitif qui rendrai C
impossible tout contrôle postérieur. On ne doit pas dire c Le péri-
toine est enflammé, » mais, a le péritoine est d'un rouge vermillon,
S6S vaisseaux sont ii^ actes, etc. »
S 9. — Oonoluf ûm da prosèf-vcrbAl.
Lorsque l'autopsie est terminée, le médecin doit dicter au procès-
verbal sa conclusion préalable sommairement^ c'est-à-dire on juge-
ment en peu de mots, sans qu'il soit besoin de le motiver scientifi-
quement. Cette conclusion a pour but de guider le juge dans
l'instruction; souvent elle suffit pour que Ton abandonne l'affaire lors*
que l'autopsie prouve qu'il n'y a pas eu crime ; souvent aussi le juge
est poussé par cette conclusion de l'autopsie à mener l'affaire énergi-
quement; par cette raison il faut s'appliquer à donner la conclusion
de l'autopsie dans des termes aussi précis que possible. Il se présente,
cependant, quelquefois des circonstances dans lesquelles le médecin
ne peut pas préciser son jugement, dans l'ignorance de certains faits
que l'instruction n'a pas encore dévoilés.
En ayant toujours devant les yeux les buts médico-légaux que
nous avons exposés au commencement de ce volume, il est rare que
l'on ne puisse donner qu'une conclusion vague et insuffisante. Parmi
ces buts, celui qui est le plus important, c'est la constatation de la
cause de la mort. C'est pourquoi la conclusion de l'autopsie doit dire
d'abord de quelle manière le décédera trouvé la mort, et à propos
des nouveau-nés il faut y ajouter l'âge et la vie après la naissance.
Mais la mort venant par fièvre nerveuse ou par convulsions ne laissant
aucune trace sur le cadavre, comment le médecin légiste devra-t-il
reconnaître dans ces cas la cause de la mort? De la manière la plus
simple, car, en répondant : c que l'autopsie n'a pas donné de signe
de mort violente et qu'on peut admettre que le décédé est mort d'une
U PROCÈS-VERBAL DE l' AUTOPSIE. 167
ira eomplétement rempli son but , et le juge
nort violente, n'a pas besoin de savoir si la
ralsions, par marasme ou vieillesse.
admettent une mort violente, ils doivent dire
ur conclusion quelle a été cette mort violente;
t est survenue par asphyxie et Vasphyxie a été
ation. On ne peut pas toujours juger avec une
loit alors déclarer quelle est la probabilité et
3nt définitif jusqu'à ce qu'on soit éclairé par les
l'es, par exemple, une analyse chimique, l'explo-
l'un nouveau-né, la connaissance des actes.
3 médecin fera bien, dans la conclusion du procès*
e, de s'en tenir à ces deux points : La mort a-t-elle
1, et dans le cas de mort violente quelle a été l'espèce
est la conduite la plus prudente. Si le juge n'est pas
;iiré , il ne manquera pas de poser au médecin des
lies « il nous est quelquefois arrivé de répondre à six
l de ces questions.
'■ question que la loi oblige le juge de poser, est
ste è demander des renseignements sur les instruments
çonnéi avoir servi à faire les blessures , quand bles-
Noos en avons déjà parlé plus haut.
re0 questions peuvent être posées selon les particularités
«
Pir eiemple : la position du décédé au moment de la
position de l'inculpé, en combien de temps la mort est-
9 S'ilj a eu meurtre ou suicide? S'il y a eu un ou plu*
>pables. Dans beaucoup de cas on ne pourra répondre qu'en
t k probabilité.
;iil il est bon de donner à la réponse la forme négative, car
te pas les mains pour la poursuite ultérieure de l'affaire. Je
.'irisr d'une réponse comme celle-ci : c L'autopsie n'a pas donné
4riMl eidiiant Tadiaission, etc.
JÉMJBpitfee cas , lorsque cette réponse négative n'est pas
tsit pas hésiter à déclarer franchement son incom-
'3,
108 PARTIE THÀNÀTOLOGIQUE .
pétence, et à répondre que l'autopsie, sur le point en question, n
pas offert de résultat^ ou n'a pas pu en oiïrir. C'est plus digne
plus prudent que de s'aventurer dans une conclusion dont les ban
ne sont pas certaines. Dans quelques cas, très difficiles et trëseoi
pliqués , le médecin voulant éviter de déclarer son incompéleBe
pourra demander au juge d'instruction de lui apprendre tout ceqi'i
sait du cas. Le { 7 do règlement prussien y autorise les médecins,!
règlement autrichien les y oblige. Aucun juge ne pourra reroserk
renseignements qui peuvent guider le jugement médical. Car «
acte important n'a pas pour but de faire résoudre au médecin i
problème que le juge connaît ; au contraire , l'un et l'autre ont 1
même intérêt à rechercher la vérité. I^ temps est pusé où on I
vrait simplement le cadavre au médecin sans lui rien dire pei
éviter que les experts se laissassent influencer par des cireonslane
qui ne sont pas de leur domaine.
La conclusion sommaire de l'autopsie, dans tous les cas, n^estqi
préalable et les experts n'y sont pas liés pour leur rapport nltériea
On doit éviter, il va sans dire, des contradictions entre les da
écrits ; à ce sujet j'observerai deux points qui devront faire éni
de donner un jugement préalable trop précipité dont on aurait à
repentir. D'abord il arrive assez souvent que les employa de poli
subalternes qui ont été occupés de la levée du cadavre sont inte
rogés comme témoins , on sait que ces individus sont souvent pa
tiaux, ils racontent qu'ils ont vu des marques strangulatoires, <
sang, des plaies qui n'existent pas sur le cadavre, ou bien ils ont
un nouveau-né remuer, etc. Ces témoignages doivent être reçus p
les médecins avec la plu$ grande précaution.
Les déclarations des inculpés présents à la séance peuvent êlrecan
d'une conclusion erronée; les médecins, on le comprend, ne doivent us
des déclarations des inculpés qu'avec la plus grande précaution ; c
comme on le voit journellement, ils savent changer pendant l'instructi
plusieurs fois leur système de défense, ils retirent leurs aveux ou en fc
de nouveaux. Après la conclusion de Tautopsie, le juge d'instruction f
signer l'acle par les deux experts, termine le procès-verbal et l'empon
PROCÈS 'VERBAL DE L' AUTOPSIE. — MOPÈLE. 160
% 8. Moâèim de proeèt-verbal.
Nons comiDuniqQons un modèle de procès-verbal d'autopsie d'an
m^yé dont nous donnerons, plus tard , le rapport également comme
modèle.
Observation 79.
Fait à Cbarlotlenboiuf (pràt Berlin) l« 20 mare i^52.
Jk. Teffèt de rechercher la cause de la mort du cadavre du sexe mâle trouvé le
f^ «le ee mois, sur la réquisition du juge d'instruction, se sont transportés à l'hd-
pilml de eette ville pour procéder à l'autopsie :
1 * le docteur Casper ;
S* rofflder de santé Lutke.
Le eadavre levr fut livré et ils déclarèrent avoir trouvé les résultats suivants.
A, Inspection extérieure.
f* U cadavre long de cinq pieds cinq pouces , âgé environ de 40 ans, a des
^tsveiB bruns en abondance, des yeux bleus ; la langue est derrière les dents et
^▼erte de vase, surtout a la pointe.
3* U n'y a pas de rigidité cadavérique.
3* La couleur est celle des cadavres ordinaires, le bas du ventre est coloré en
vert par la putréfaction, toute la figure est rougie par des lividités cadavériques re-
connoes comme telles par des incisions (1).
4* ia milieu du front il y a deux taches, l'une au-dessus de l'autre, d'un rouge
knu, tirant sur le jaune, dures sous le couteau, rondes, ayant 2 centimètres de
diamètre. En les incisant, on ne découvre aucune ecchymose.
^* U dos du nei montre des taches absolument semblables h celles décrites au
ii«4.
tt* U dos des extrémités supérieures, la figure à plusieurs endroits, ainsi que le
^ da cadsTre sont salis par de la terre humide.
"^^ Us mains et pieds bleuâtres présentent des rides longitudinales surtout aux
èolgU.
8* Les membres inférieurs et le bras droit ont l'aspect chair de poule.
^ I^ntles cavités intérieures, on ne trouve pas de corps étrangers excepté un
pnde yase dans hi cavité buccale.
10* Afangle extérieur de l'œil gauche se trouve une coloration bleu rouge
fiwcé de la paupière supôrieore et inférieure ; incisée cette tache présente une \
^"**« ecchymose.
11* Le cou et les parties génitales sont normales, et extérieurement il n'y a
plus rien de remarquable.
t^) i^ àkéôé a été trottTé la figure reposant sur le fond d'un roarai$, prêt du rivage.
#•
170 PARTIS THANAffOLOGIQro.
6. MPCCTION IHTiRIKUll (MMECTIOM).
I. (hwerture âê ta tête.
12^ Les té^ments mous n'offrent rien de renlarquable. Les os du crâne ne
pas lésés, mais montrent l'épaisseur insolite de 6 millimètres.
13*^ Les membranes du cerveau présentent une quantité moyenne de sang.
14* La dure mère est ferme, mais pas bypérémique.
ijy* Dans les ventricules latéraux qui contiennent du liquide, les plexus sog
assez riches de sang.
16* Le cervelet est normal.
17*^ De même le pont de Yarole et la moelle allongée.
18* Tous les sinus sont vides de sang.
\9^ La base du crâne est intacte.
II. Ouverture de la cavité thoracique.
20* Les organes sont dans leur situation naturelle. Les poumons dont le drai
adhère en partie à la cage thoracique sont plus foncés qu'à l'ordinaire. Rs reU'
plissent complètement la cavité et sont bombés, riches de sang, sans être tro|
hypérémiques. On n'y trouve pas d'eau.
21* Les grands vaisseaux contiennent du sang dans la quantité ordinaire.
22<^ Le péricarde contient la quantité de liquide ordinaire, les veine* coronaire
sont très remplies de sang, la moitié droite du cœur est gorgée de sang fone
tout à fait liquide, le cœur gauche est vide.
23* La trachée-artère et le larynx sont vides et normaux. En les examinant, a
voit descendre de la cavité buccale des mucosités vaseuses.
24* L'casophage est vide.
25* Dans la plèvre gauche, se trouvent trois onces de liquide sanguinolent.
m. Ouverture dé la cavité àbdomimle.
26* Les organes se trouvent dans leurs positions habituelles. L'estomac est goff
d'un liquide aqueux d'un vert jaune , dans lequel on distingue des restas d*ili
ments et de la vase. Du reste il est normal.
27* Le pancréas est normal.
28* Le foie, dont la vésicule biliaire est pleine, contient beaucoup de sang )i
qvide foneé.
29* La rate ne présente rien de notable.
30* L'épiploon et le mésentère sont trèa gne
31* Les reins sont riches de sang.
32* Les gros intestins sont remplis de fèces.
33* La vessie est vide.
PROCËS-YERBAL DB l'AIJTOPS». — MODÈLE. I7t
34* La veine cave est remplie de sang foncé et liquide.
L'autopsie close, les experts donnent leur conclusion :
1** Le décédé est mort d'une apoplexie du ocBur et des poumons.
2* La mort a eu lieu dans un liquide vaseux.
3^ Le décédé vivait encore lorsqu'il est entré dans l'eau.
4* Poar répondre à la question posée , l'ecchymose décrite à l'œil gauche au
a* lO ne doit pat être regardée comme la caute de la mort.
Signet C(mtr$^9ignéi :
letexpcito :
CAsm, LuTR. Jordan (1), Bidault (9).
(1) L« ja^e dlnstmctioo.
(%) L'écritaiii asiermenlé.
172 PARTnS THANATOLOGIQUE.
CHAPITRE VI.
RAPPORT DES EXPERTS.
«
(LÉGISLATION, voir lo g 22 du règlement.) Code dHnstrucUon crtmtfieiltf, $ i'
On aura recours aux 2*^ et 3' instances :
V Si les experts n^osent pas poser une conclusion précise ;
9** Si les avis des deux^experts ne sont pas en harmonie ;
3^ S*il se trouve dans les rapports des obscurités et des coalradictions tel
que la cour a raison d*avoir des doutes sur la justesse des conclusions,
j Jl.—> Forme et contenu.
Le rapport (vt^tim repertum) est, comme nous l'avons déjà
un mémoire purement scientifique sur les questions dont les mater
ont été offerts par l'autopsie ; en d'autres termes, c'est une app
tion des doctrines médico-légales au cas particulier. Le juge doit
instruit par le rapport, sur la gravité médicale du cas, et guidé
lui dans ses poursuites ultérieures. Ce rapport doit être complet
être trop long. Jamais il ne devra être rédigé s'il n'est pas dem
expressément par la cour. Dans ce cas, les actes, ou du] moins
copie du procès-verbal de l'autopsie sont envoyés au médecin.
Le rapport écrit doit toujours commencer par un petit préami
Puis on fait l'histoire des faits {species facti) nécessaires po
jugement médical. Il n-'est pas permis aux médecins de complète
actes par des interrogatoires de témoins. Cependant les experts
vent diriger l'attention du juge d'instruction sur ce qui peut
être utile dans les dépositions des témoins. Cette histoire des
doit être courte également.
Enfin, vient la partie anatomo-pathologique du rapport qui
reproduire textuellement le procès-verbal de l'autopsie dans les p
qui sont essentiels pour le jugement. Les changements qui ser
faits au procès-verbal doivent être indiqués el motivés.
CONCLUSION DU AAPPORT DES EXPERTS. 17S
$ 2. ConoloiioB do rapport.*
La fin du rapport en esl la conclusion. Cooiroe on suppose que
les experts sont d'accord, la forme est toujours au pluriel ; s'il n'y a
pas b'jrmonie, chaque médecin doit faire un rapport à part.
Lorsque la conclusion du rapport est en opposition avec celle du
procèsverbaly on doit soutenir la première par des raisons scientili-
qoes. Mais que l'on ne confonde pas des raisons scientifiques avec
des excursions scientifiques : les discussions théoriques , les hypo-
thèses, etc. , doivent être toujours retranchées du rapport.
On doit .«enlir quelle est la juste mesure ; il est impossible de la
peindre avec des mots. Le bon sens guidera l'expert. Je recomman-
derai les principes suivants, fruits d'une expérience de trente* cinq
aos, qui me paraissent les plus profitables :
Ordinairement le juge pose certaines questions, il est prudent de
M pas dire plus que ce que l'on a demandé. Car le médecin doit
supposer que le juge croit le cas épuisé par les questions posées ; s'il
est assez imprudent pour aller plus loin, il donne des armes au dé-^
feosenr ou au procureur contre lui-même. II en est autrement lors-
qtie Ton n'a pas posé de questions spéciales, et lorsque la cour de-
t&aade seulement un c rapport i. Alors le médecin doit se poser
loi-même les questions qui lui semblent essentielles pour la justice
et pour lesquelles il s'appuiera sur son expérience et sur la connais-
sance des lois. Par exemple, pour les autopsies des nouveau-nés, il
dem résoudre de lui-même les questions de la maturité, de la vie et
du gare de mort. Dans beaucoup de cas il devra répondre de lui-
Bièine i la question : Est-ce un meurtre ou un suicide? Parmi les
fKstions posées par la cour il peut y en avoir auxquelles le médecin
^ peut pas répondre, j'en ai cité concernant les instruments, on ne
doit pis craindre dans ces cas d'avouer son incompétence.
D arrive des cas nombreux dans lesquels, comme on le comprend,
^JQgement positif n'est pas possible, par exemple dans certains
^>s de submersion , d'empoisonnement douteux, de suicide dou-
17A PARTIE THAKATOLOGIQUE.
Ti
teux. Dans ces cas , à côté de certains phénomènes qui doiieai
faire donner une conclusion affirmative, on en trouve quelques-tts
qui s'y opposent, alors on peut répondre de deux manières ou bia
€ qu'il est probable, très probable >, ou bien on peut donner m
conclusion indirecte, dire par exemple : c l'autopsie n*a pas donn
de résultat d'opposant à ce que telle ou telle chose soit arrivée i
Je choisis souvent cette dernière forme qui est reconunandable, a
elle sufiSt complètement à la justice, qui a ordinairement en nudi
des documents qui complètent la certitude. Du reste, à Taudience, li
ex|)erts entendent une foule de faits qui leur étaient inconnus, qi
leur permettent de s'expliquer verbalement avec plus de certitud
Cependant, pousser trop loin cette forme négative, serait blâmabl
et ce scepticisme exagéré rendrait inutiles les fonctions du médedi
L^expérience démontre que trop souvent les médecins tombent du
cette faute.
A cèté des théories positives de la science, le bon sens a son dn
et doit présider à toute question médico-légale. Par exemple, poi
en rester à l'exemple de la submersion, il est vrai que ce genre <
mort est quelquefois difficile à constater ; les auteurs en main, le m
decin pourrait bien dire que souvent l'on ne peut pas prouver qu^
cadavre tiré de l'eau y est entré vivant et y a été noyé. Il va sans di
que le juge, avec un tel rapport, serait mis dans un grand embarras,
neveux pas beaucoup insister sur cet embarras, car le médecin ne de
ne jamais se soucier des suites de son rapport. Je veux seuleme
laisser la parole au bon sens venant se joindre à des apparenc
convaincantes et à des probabilités scientifiques.
On sait que le cadavre a été trouvé dans l'eau, dans la plupart d
cas ce sont les vivants qui entrent dans l'eau, il est extrômement ra
qu'on y jette un cadavre, ainsi à priori il est plus vraisemblable que
cadavre est celui d'un noyé. Â l'autopsie on trouve un, deux, trc
signes de submersion sans les trouver tous. Si l'on ne trouve pas d
signes d'un autre genre de mort on aura tort de ne pas pencher du cô
d*une mort par submersion. Il est blâmable de suivre les théories d'u
sceptique outré, M. Engel, qui a dit : « Ditee-moi d'abord con
RAPPORT DES EXPERTS. — MODÈLE. t76
ffienl un homme est mort, et je vous montrerai après par l'aotopsie
les preuves de ce genre de mort ». Dans le cas que nous venons
(Texposer, si Ton conclut que c l'autopsie n'a pas donné de résultat
qui s'oppose à l'admission d'une mort par submersion y » nous
croyons que l'on aura obéi et aux doctrines de la science et aux lois
dA bon sens.
Dans d'autres cas, c'est justement la simplicité du cas qui est une
source d'erreurs qui forcent la justice à avoir recours aux instances
médicales supérieures.
D'antres fois, les médecins ont pour ainsi dire la manie que l'on
ne pourrait trop blâmer de voir partout des crimes ; la moindre
ègratignure, des taches jaunes sur la peau, un pli sur le cou, des
Mts altérés, leur donnent l'occasion d'écrire non un rapport, mais
00 roman. J'ai vu des cas dans lesquels des innocents ont été pen-
dant plusieurs mois sous le coup d'une prévention par le fait de ces
rapports bntastiques.
A la fin du rapport on déduit la conclusion dans un court résumé.
U loi ordonne de signer et de mettre le cachet officiel.
S 3. Modèle d« rapport.
^^port de l'autopsie de Vob$. 79. ~ le décédé esl-il entré vivant dans feau f
a-l'il été noyé ?
S«r réfiuiflitioa de la cour royale de Charlottenbourg du 5 de ce mois, nous eo-
^ojons le rapport demandé. H..., comme il esl constaté (dans les actes), souffirant
depuis des années d'attaques d'épilepsie disparut tout à coup. Bientôt après, on
^va fon cadavre sur le rÎYage d*ua marais près de la ville, dépouillé de tous ses
*^lttients, de sorte qu'il parut urgent de faire Tautopsic légale. £lle fut faite par
^ Tniii|ifÉ to M du noU précédent. Lot résaltati en (Ureot las suivants i
A. IlfSPECTIOIf EXTÉRIEURE.
Cci Mi k procés-verbai de Taulopsie , textuellement comme il est imprimé,
page 169, sans y ajouter la conclusion.)
•fOM adnda dans la conclusion du procès -verbal que le décédé étui
'^ vifint dans l'eau et qa*tt y avait été noyé. C'est encore notre avis. On
^ Wait MKnn signa A'nne autre mort, Tecchymose légère décrite au n« 10, qui
176 PARTIB TUANATOLOGIQUE.
iralteignait aucun organe important, n'a euaucune cohérence avec la mort, tiodis
que les taches sur le front et le nez (n*^* 4 et 5), ont été vraisemblablement pro-
duites après la mort, mais dans tous les cas n'auraient pu avoir aucune impor-
tance ; de plus on a trouvé lur le cadavre les signes ordinaires de la submerâoa.
La coloration bleuâtre et Tétat plissé de la peau des mains et de« pieds (7) (<(Bi
prouvent seulement que le cadavre a séjourné un certain temps dans Teau), U
chair de poule, la vase dans la cavité buccale, et les résultats trouvés dam les
organes internes, aavoir : Thypérémie des méninges (13), des sinus (18), Thypé-
rémie des poumons (20), des veines coronaires du cœur, la grande quantité de
sang dans le cœur droit (22), le gonflement des poumons (20), l'bypérémie du
foie et des reins (23 et 31), la fluidité du sang (22 et 34), sont des critériums très
importants, joints à ce que l'on a trouvé dans l'estomac. Ce dernier est rempli
d'un fluide aqueux, dans lequel se trouvent des traces de vase ressemblant tout à
fait à ce que nous avons trouvé sur la langue et au gosier, ce qui prouve que Is
décédé a encore avalé se trouvant dans l'eau vaseuse. Ainsi il doit donc y avoir vécu,
puisque rien ne peut entrer dans l'estomac après la mort. Le décédé est dose
entré vivant dans l'eau et y est mort d'apoplexie pulmonaire (asphyxie), comase
meurent ordinairement les noyés.
Si on nous demande si cette mort a été causée par suicide, par accident ou par
meurtre, nous devons déclarer que l'autopsie n'a donné ni preuve ni même vraisem-
blance pour un meurtre, tandis que l'on peut bien admettre que H... a trouvé sa
mort dans l'eau par suicide ou par accident, par exemple que se trouvant sur le
rivage il a été pris d'un accès d'épilepsie, qu'il est tombé dans l'eau et s'y est
noyé. S'il est vrai que l'on a trouvé le cadavre déshabillé sur le rivage, nous ne som-
mes pas éloignés d'admettre que des tiers ont péché le cadavre et l'ont dépouOlé.
Donc nous concluons que : H... est entré vivant dans l'eau et qu^il y a été noyé.
Beriib, 19 ttrU i85i.
CASPEn. LUTKB.
{cachet ofUcieU)
$ 4. — Aévîsîon des rapports.
Instances médicales supérieures.
Toutes les pièces d'autopsie des médecins légistes prussiens, aussi
bien les procès-verbaux que les rapports, sont copiées et envoyées au
chef-lieu des provinces et passent , tous les trimestres , dans les
instances médicales supérieures. Il en est de même pour les rapports
concernant les interdictions pour état mental dans les cas civils. Ces
pièces arrivent ainsi dans la seconde instance ou collège médical,
et ces derniers envoient les pièces et leurs obser\'ations au ministre
qui Tait Taire une superrévision par la troisième instance ou dépu-
RÉVISION DES RAPPORTS. 177
iBlion scientifique unique pour toute la Prusse. Les résultats de cette
5oj>erréYision sont communiqués au collège médical et reviennent au
inédecin légiste. Cette manière d*agir nécessite beaucoup de compli-
cations, mais elle a l'avantage de tenir une communication continuelle
entre le conseil médical suprême et tous les médecins légistes, et
comme H. Ifittermayer Ta dit, elle a placé la médecine légale en
Prosse dans une position bien autrement supérieure que dans les au-
tre» pays.
Sans la législation on indique les cas dans lesquels le rapport d'un
médecin doit aller dans les instances supérieures avant le jugement.
JLloTS ces rapports sont envoyés, comme plus haut, au collège mé^
dîcal de la province, et si la conclusion de ce collège ne suffit pas
par quelque raison que ce soit, les actes vont à la dépulation scienti-
fique pour qu'il en soit fait un superarbitre. Ce superarbitre,
comme dans le collège médical, est fait par deux rapporteurs qui font
leur rapport chacun de leur côté, les (}eux rapports sont lus en
séance publique et disculès, et celui qui a la majorité est accepté. On
a beaucoup discuté cette question : Jusqu'à quel point la cour est-
die liée à la conclusion du superarbitre? Cette question étant pu-
rgent juridique, nous n'avons pas à y insister ici.
Nous observerons seulement que puisque les jurés ne sont liés
dans leur verdict que par leur conscience, la question a peu d'im-
portance.
Le collège médical et la députation scientifique envoient des rap-
ports écrits, mais ne se font pas représenter dans les audiences des
tribunaux par un membre qui ne pourrait, dans les nouveaux inci-
dents que font surgir les débats, que donner une opinion individuelle.
Le rapport est remis à un médecin légiste ordinaire de la localité qui
^chargé de le défendre devant les jurés.
11. 12
DEUXIEME DIVISION.
MÉDECINE LÉGALE SPÉCIALE.
I.— MORT VIOLENTE.
PBEMIÈBE SECTION.
MORT PAR CAUSE MÉCANIQUE.
LÉGISLATION. — Code pénal prussien, § 185. Pour constater l'homicide, on ne de-
vra pas considérer si le résdltat mortel de la blessure aurait pu être érité
par un secours prompt ou approprié, ou si une blessure analogue a été fvérie
dans d'autres cas par le secours de l'art, ou si la blessure n'a été mortelle fin
par l'influence des conditions individuelles présentées par la yictime, ou des
circonstances accidentelles dans lesquelles la blessure a été faite.
C^néralitéf.
i^ DÉFINITION DU MOT BLESSURE.
Cette définition u donné lieu à bien des recherches savantes dans
le domaine du droit criminel de la part de ceux qui veulent absolu-
ment proclamer Texistence d'une jurisprudence médicale. Dans la
langue usuelle, le mol blessure est emplojé dans deux sens, on dit :
A. a fait une blessure a B., elB. a reçu une blessure de A., c'est'donc
le même mot pour Faction et pour TefTel. Cette double signification
du même mot n*a rien qui gène le médecin, d'autant plus qu'il n'a
jamais à se prononcer que sur l'effet de la blessure. Car, même
quand il étudie la force qui a été employée, l'instrument dont on
s'est servi, il ne sort pas de l'examen de Ve/fet de la blessure.
Nous définirons donc par le mot blessure toute altération dans les
MORT PAR CAUSE MÉGANIQUE. — LÉTHALITi DES BLESSURES. 170
organes ou dans la fonctions^ produite par une violence exté-'
rieure. Parmi les altérations dans les organes nous citerons les
solutions de continuité de toute espèce produites par les plaies, les
rnptures, les brûlures, les chocs, les chutes, les fractures, les luxa-
^ion&, Panni les altérations dans les fonctions, nous citerons les
commotions, les contusions et les paralysies.
2^ LÉTBAUTÉ PE8 BLESSURES (1).
n était réservé à notre siècle d*introduire dans le droit criminel
pni83ien une réforme des plus heureuses, celle de rejeter du Gode une
doctrine qu*un criminaliste célèbre, Stubel, a appelée avec raison
< le cancer du droit criminel et Teicuse des assassins >. Nous vou-
lons parler de la doctrine dangereuse des degrés de léthalité, qui
l^enreosement maintenant n'est plus que du domaine de Thistoire.
Toutes les législations de TEurope sans exception reposent main-
Icnant sur la théorie qui individualise chaque cas de blessure
i^vtnue mortelle et rejette les règles générales^ qui recommande
seulement de constater que la mort a été provoquée par la blessure,
I3U1S se soucier si par une possibilité et une circonstance heureuse on
^virait pu éviter la mort. Il est très étonnant que l'on ait eu besoin
^ plus de deux siècles pour comprendre que l'homicide provenant
ffime blessure est une action analogue à celle qui consiste à pendre
V^qa'un ou à le jeter à l'eau, quoique la pendaison et la submer-
sion ne soient pas des actions c absolument mortelles > , car le
'^^ard peut permettre que quelqu'un coupe la corde du pendu ou
^ de l'eau l'individu qui va se noyer.
D est impossible de poser une disposition légale plus nette que
^dn paragraphe 185 du Code prussien; la constatation de Tho-
^de est seulement la tâche demandée au médecin par la justice ;
^u&mot, le décédé est-il mort par suite de telle blessure? On
<ioit répondre affirmativenrat i cette question, quand même il
^^it éndent que c le résultat mortel de la blessure aurait pu être
(0 ^tir fov les MeMoret son mortaUet le premier ▼otame, 4^ leetîon.
180 PARTIE THANATOLOGIQUE.
empêché par un secours prompt et approprié » ( la blessure per i
létbale des anciens), ou bien quand même c une blessure conu»
celle qui est en question a été guérie dans d*aulres cas par la
secours de Tari > (blessure ut plurimum létbale des anciens), (K
quand même la blessure n*a entraîné la mort c qu'à cause des condi
tiens individuelles de la victime > (blessure individuellement létbale)
ou enfin quand même' la mort ne serait pas survenue si « les circon
stances accidentelles sous lesquelles la blessure a été faite ne s*élaiei
pas présentées > (blessure per acct^ieii^ létbale).
C'est ne pas comprendre la substance de ce paragraphe quQ dedii
qu'il ouvre un libre essor à toutes les injustices, car, par exempb
A. a tiré un coup de pistolet dans la tête de B., et C. a donné à I
un coup de poing dans la poitrine, et ce dernier avait un vice orgi
nique du cœur prédisposant à une rupture, les deux blessés soi
morts ; évidemment dans les deux cas la mort est résultée de Taclic
blessante, et le médecin doit constater qu'il y a eu homicide, tand
que pour tout le monde sous le rapport pénal, les deux coupables i
sont pas sur la même ligne. Le législateur est également deceta?i
et il demande au médecin de renseigner la justice exactement sur 1<
influences individuelles concernant la rupture du cœur ou d'un aut
organe, etc.; mais le médecin ne doit pas aller plus loin ni se lane
dans les théories des anciens concernant la léthalité, il ne doit p
ranger le cas particulier sous des catégories générales, car il ne pe
alors donner que des opinions hypothétiques.
Le médecin peut être tranquille sur les conséquences de son appr
ciation, car il doit savoir que les jurés et les juges sauront mesure
d'après sou rapport, le cas d*homicide avec toute l'équité désirabl<
et les mots c on ne devra pas considérer, etc. > dans le paragraphe lî
ne se rapportent pas à la culpabilité, mais évidemment à c la consb
tation de l'homicide >, qui concerne le médecin et non les jurés.
3* Différence des blessures selon les organes.
Un autre élément étranger dont on doit purger la médecine légak
c'est la mortalité des blessures selon les organes qui ont été atteints
Mort par cause méganique. — individualité du blessé. 181
^ vieille tradition a encore quelquefois du succès, c'est pourquoi
oïï a essayé à tort de déterminer si la blessure de tel os est plus
<ittiSareuse que la blessure de tel autre os, dans quelles circonstances
i^s blessures d'intestin sont plus ou moins dangereuses. Cette ques-
tiou est purement une question de pronostic chirurgical et doit être
supposée comme connue du médecin-légiste.
4* IKDIYIDUALITÉ DU BLESSÉ ET CIRCONSTANCES ACCIDENTELLES.
n en est de même pour ce qui concerne individualité du blessé,
tt las circonstances accidentelles qui ont pu aggraver le danger d'une
Uessore. Ces circonstances doivent être mises de côté par le médecin
légiste, car surtout pour Tindividualité, dans la plupart des cas on
en est réduit à de pures hypothèses, et il faut les éviter autant que
poaible en médecine légale.
Nous ne savons pas pourquoi chez dix hommes une blessure des
Intestins amènera la mort par inflammation, tandis que chez dix
autres et dans des circonstances analogues, une blessure plus grave
sera suivie de gu^i^on.
n est certain que dans les deux cas des circonstances individuelles
bvorables ou défavorables ont été en jeu, mais qui peut les décou-
^r? Considérez que le médecin légiste voit le sujet pour la première
fois sur la table de l'autopsie*, que peut- il dire sur l'individualité
<l'Qn tel sujet? Les cas sont rares dans lesquels on trouve des
•
circonstances individuelles défavorables évidentes, telles que des os
excessivement minces, des anomalies dans la position des organes ;
^s la majorité des cas, l'individualité d'un cadavre est une ques-
tion insoluble. Si cependant le médecin trouvait, soit sur le cadavre,
^it dans les actes, des indices d'une individualité remarquable et
•
comportante pour les»questions en litige, il fera bien de les noter dans
son rapport.
lien est de même pour ce que l'on appelle les circonstances acci-
dentelles, l'influence de l'ivresse, le transport du blessé, les traite-
oients non appropriés. On sait combien ces questions ont donné lieu
182 PARTIE THANAT0L06IQUI.
à des discussions nombreuses et ioutileS) surtout la question du tna
tement médical ; principalement dans les blessures de tète qui cm
amené la mort, et les blessures de membres qui ont nécessité on
amputation suivie d'inrection purulente. Combien le médecin légûl^
était embarrassé pour approuver ou blâmer Tamputation faite oa
omise ! Et avec tout cela, la chose principale pour la justice € b
constatation de l'homicide » était négligée; car par toutes ces subs-
tilités et controverses, il arrivait assez souvent que le juge admettait
que le blessé était mort plutôt par la faute du médecin que par cdk
de Taccusé. Autant ces cas étaient difficiles autrefois, autant mainte-
nant ils se présentent de la manière la plus simple. Une blessure df
tête, par exemple, a causé la mort, par là le fait de l'homicide esl
constaté, et le juge est posé sur un sol ferme. Pourquoi dans le em
particulier cette blessure de tête a causé une suppuration du cer
veau, pourquoi cette dernière n'a pas été reconnue assez tôt, toutcéb
sera exposé dans les motifs du rapport qui finira toujours par la con<
clusion : € la blessure de tête a causé la mort».
La médecine légale est une science en elle-même et non uni
encyclopédie des sciences médicales. Elle doit s'approprier ce qui tu
touche pas aux autres branches médicales, et forme son domaine
spécifique, en retranchant les connaissances étrangères qui ne doi
vent être considérées que comme des connaissances préliminaires.
IILESSURES PRODUlBàMT LÀ MORT PAR CAUSE MÉCANIQUE. i8S
CHAPITRE PREMIER.
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSE MÉCANIQUE.
SI. OéDérAlité*.
Nous afons déjà dit (p. A9) ce que nous comprenons par des
Uessares de cette espèce. Ce sont celles que Ton retrouve le plus
hcSement sur le cadavre. Il peut se trouver qu'il coexiste aussi
f autres causes de mort qui pourraient à elles seules amener la mort,
far exemple : hémorrhagie, commotion cérébrale, etc.; mais ces der-
ûères circonstances sont superflues, car la destruction matérielle
de l'organisme suffit pour rendre impossible la continuation de la vie.
Ces blessures sont celles qui sont produites par des écroulements
de mnraille, de poutres, de mâts de vaisseaux , des chocs d'ailes de
iDonlb, des écrasements de voitures, de wagons de chemin de fer,
fa broiements par des machines, l'emballement d'un nouveau-n4
dus une caisse, des chutes, des chocs d'une hauteur considérable
^ntreun corps dur, des coups violents de toutes sortes.
$ 9. Xicpérieiiees faitef sur le eadavre.
Noas avons prouvé, en parlant des blessures, page 87, et dans les
(^l^senrations qui suivent, combien il arrive souvent qu'un homme
toé subitement par un désordre interne, ne présente aucune lésion
^ l'extérieur. Cette circonstance, jointe à la manière d'agir assez fré-
<|Qeiite des meurtriers qui tâchent de cacher le genre de mort de
leor rictime, nous ont amené à faire des expériences sur le cadavre,
l'es ai (ait un grand nombre, et je les continue dans mes leçons,
dtt(|Qe année. Excepté les essais de brûlures sur lesquels nous
f^drons, les expériences sur le cadavre n*ont jamais été faites à
m connaissance sur une grande échelle.
k sois arrivé i des résultats très curieux , dont voici le résumé :
'' tti plui difficile de détruire la cohésion organiqut après
18A PARTIE THANATOLOGIQUE.
la mort que pendant la vie. Je ne veux pas parler, bien entenda, d^
plaies par instruments tranchants et piquants dans la peau et \e^
muscles. Mes expériences se rapportent surtout aux fractures, rup "
tures d*organes, et aux lésions de la peau.
1* Fractures d'os, — Quand on essaye de briser le crâne d*ui
cadavre d*adulte, on trouve qu'une force qui aurait produit sur le vivais
certainement des fissures, sinon des fractures, laisse sur le cadavn
le crâne intact. Les coups les plus violents, portés de haut «n bas
ont besoin d*étre répétés plusieurs fois pour fracturer Tes occipita
et l'os pariétal ; Tos temporal est plus fragile. Jamais nous n*aVbii
réussi à produire des enfoncements de fragments, des écrasements c
môme des fissures à la base du crâne. Les téguments du crâne, aprS
la mort, ont aussi une résistance plus grande que pendant la ivm
car si l'on frappe le crâne après les avoir enlevés, les mêmes coug
produisent des fissures et des fractures bien plus facilement que lors
qu'on frappe par-dessus ces téguments.
De nombreuses expériences nous permettent de poser l'axiome vm
vant : si l'on ne peut pas reconnaître si une blessure a été faite avant ^
après la mort par suite d'une circonstance quelconque, par exemple
cause de la putréfaction , si cette blessure est très importante, t^'
que la fracture des os crâniens, fissure de la base du crâne, on pei
dire qu'il y a toute probabilité que la blessure n'a pas été faite apm
la mort, mais bien pendant la vie, si les circonstances n'indiqua
pns qu'une force extrêmement violente a agi sur le cadavre.
Les os longs des ^embres montrent également une plus grad
résistance après la mort que pendant la vie. Les coups les plus for*
portés sur les membres d'un cadavre couché sur une table, rest(tf
sans effet, même si Ton soulève Tune des extrémités de l'os, de nn
nière que la partie médiane se trouve suspendue, l'os, placé ai i
à faux ne pourra être fracturé que par une force énorme. Ces exç
riences sont en harmonie avec celles de M. Halgaigne. Ce dernier
réussi à briser tous les os longs d'un cadavre avec un énorme leri
de fer (ce qui n'est pas étonnant), mais il ajoute que même avec t^
telle force il n'a pu obtenir très souvent que des fractures incomplète
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSE MÉCANIQUE. 185
Les OS Ae$ vieillards de plus de soixante et dix ans sont plus friables.
Les 08 longs des adultes se brisent plus aisément si on éloigne les
parties molles. Cette difficulté de la fracture des os après la mort
s'explique par l'absence de Taction musculaire.
Les c6tes se brisent plus facilement que les os des membres, mais
on n'obtient que des fractures simples et pas de fractures commi-
nQtives.
Nous n'avons pas réussi à briser le larynx ni l'os hyoïde d'un
cadavre adulte» même en employant la force la plus grande, force
foi aurait certainement suffi pour amener une fracture sur le vivant.
Ces expériences sont aussi importantes que celles faites à la tête,
^ je n'hésiterais pas dans un cas où la putréfaction a effacé les signes
'fi la réaction vitale, à admettre que les fractures de Vos hyoïde
^^ du larynx n'ont pas été produites après la mort»
2« Nous n'avons fait que quelques expériences pour produire des
^^ptures d'organes sur le cadavre, car elles ne peuvent avoir que
^^ peu d'importance pour la pratique. Les coups les plus violents,
l^rtés avec les instruments les plus durs sur les régions du foie et
ie la rate, n'ont pas eu le moindre effet.
3" Nous avons très souvent essayé de produire sur la peau des
lésions ressemblant aux phénomènes de réaction qui ont lieu sur le
^Want, nous avons montré plus haut (p. 93) les résultats que nous
STons obtenus.
i* D'autres expériences, faites sur le cadavre au moyen des brû-
lures et armes à feu, déchirures du cordon ombilical, seront expo-
sées en temps et lieux.
Les deux cas suivants très importants qui se sont présentés à nous
dernièrement, prouveront l'importance de ces expériences.
Ois. 80. — Écrasement du crâne. Déterminer sHl a eu lieu aprèt la mort?
Le sieur S..., âgé de soixante ans, mourut, dit-on, par suite d'un ehute qu'U avait
(lite delà hauteur de sept pieds et demi. Deux ans après, le bruit ae répandit que S. . .
>vait été tué dans son moulin aYec une lourde hache de la main d'un meurtrier. La
PoUce ayant eu vent de ces soupçons , on ordonna l'exhumation du cadavre.
n l'ayisaait de déterminer si les blessures d'os avaient été produites par la
186 PARTIE THÀNATOLOGIQUE.
chute ou par des coups de hache. Le médecin légiste de l'endroit opinait ponrli
chute, tandis que le collège médical de la province se prononçait pour laseovpide
hache. Le médecin légiste convenait que les blessures de tète avaient pu être pro-
duites avec la hache mais après la mort.
Le procureur royal de la province me consulta et me présenta rinstrumentetle
crftne. La moitié gauche de la base du crâne manquait presque oompléiemiiit, et
vingt fragments d'os étaient séparés. Je ne pouvais pas admettre qu'un tel écraio-
mentde la base du crftne ait pu être produit par une chute d'une hauteur de sept
pieds et demi, puisqu'une telle fracture suppose toujours une violence très grande :
observons que les os du crftne avaient l'épaisseur ordinaire. On ne pouvait pas
non plus admettre que l'écrasement avait eu lieu après la mort, to laa «xpérienoas
que nous venons de rapporter, et en outre cet homme était mort dans sa maison,
au milieu de sa famille et avait été enterré de la manière ordinaire, ce qui ne prê-
tait pas à supposer qu'une telle violence ait pu être fMlesur fon cadavre; d*un autre
cêté la hache présentée était tout à fait suffisante pour produire cet écrasement sur
le vivant. L'accusé fut condamné.
Obs. 81 . — Fractures de côtet. Déterminer si elles ont été produUet après ou
ovanl la mort f
8ur le banc des accusés du tribunal de Z..., étaient assises une vieille paysanne
et sa Aile avouant avoir commis à elles deux un assassinat nocturne sur la peraonna
d'une femme ftgée de soixante-quinse ans.
La décédée avait été étouffée après une longue lutte, ce qui était prouvé par
les blessures et écorchures nombreuses, la présence du sable et du sang dans les
cheveux, car le corps avait été Iratné dans la chambre. Le genre de mort avait été
expliqué très bien par les experts. Tandis que la fille tenait les deux bras de la vio-
time, la mère, à genoux sur sa poitrine, lui pressait très fortement la bouche et la
nez. On trouva des écorchures à la bouche.
La cour eut recours au collège médical de la province qui ne se trouva pas d'ac-
cord avec les premiers experts ; ceux-ci avaient admis que les fractures comminu-
tives des côtes des deux côtés avaient pu être produites aussi bien par une chute
d'une hauteur considérable sur le fumier que par le poids du corps de l'assassin
sur la poitrine de la femme. Le collège médical ne fut pas de cet avis, disant que les
fractures pouvaient avoir été faites après la mort, puisque les premiers experts n'a-
vaient pas décrit la réaction vitale.
Je fus appelé en consultation. Je déclarai qu'une chute sur un corps mou comme
un fumier ne pouvait pas produire des fractures comminutives des côtes des deux
côtés.
Je ne pouvais pas admettre non plus la production de ces fractures après la mort,
l'absence de réaction vitale ne pouvait en rien infirmer mou opinion, tandis qu'il
pouvait suffire pour produire ces fractures de s'agenouiller sur la poitrine d'une
femme de soixante-quinie ans. La mère fut condamnée à mort, la fille aux travaux
forcés.
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSE MÉGANIQUE. 187
|3. ISito d«s blMtOTM prodttifaat la mari par oa«i« mé«ftmqa«.
Le diagnostic de ce genre de mort est très facile à cause des phéno-
mènes qui sont facilement visibles sur le cadavre. Nous en avons déjà
parlé dans la partie générale (pages 101 à lOS), à propos des in-
straments tranchants et contondants. Ces blessures peuvent produire
tous les effets et toutes les réactions , depuis la neuro-paralysie pro-
doisantla mort instantanément par suite d'une commotion du cerveau
on de la moelle épinière» jusqu'à l'inflammation chronique ou la sup-
puration amenant une mort lente. Dans certains cas ce sont des écra-
sements, des séparations de membres, des chutes d'organes internes,
des luxations et des fractures , des contusions, des plaies , des dé-
chirures de muscles, de vaisseaux et de viscères, et il arrive souvent
<|neron trouve plusieurs causes de mort sur le même cadavre.
Les cas suivants en donneront des exemples :
Obs. 82. — Mort par écrasement de chemin de fer,
^smi pluiieun cas de mort par écrasement de chemin de fer, celui d'un
'^Iheoreux seUier d'une trentaine d'années était le plus affreux. Il n'y avait
1^ Doe partie du cjrps intacte. Au-dessous des téguments du crâne restés presque
^^ts, on sentait crépiter les os écrasés, Toreille gauche était déchirée, les quatre
^^nbres étaient contus, déchirés et fracturés, de sorte qu'ils avaient tous une
^^*^een zigzags ; les muscles faisaient hernie de tous côtés, surtout au côté gauche
^^ vtotre, le icrotom était déchiré, le testicule gauche pendait entre les cuisses;
^^ tntCs de la figure étaient calmes, ce qui s'explique par la rapidité de la mort
^^^ a]été par eonséqoent vraisemblablement peu douloureuse.
«
Ois. 83. -* Écroiement d'un nouveau^ par un train de chemin de fer,
U tête et le eoa de l'enfant étaient séparés du corps et manquaient, les vertèbres
^^rvKiles étaient écrasées, les deux clavicules et les côtes supérieures étaient
*^<xtts, le cordon avait été coupé et lié selon les règles de l'art, le tronc était long
^25eentimètref et pesait 700 grammes, il avait encore du duvet. La peau ridée
^ nendires, las ongles très minces ; le vagin béant indiquait que probablement
^caluA n'était pas né à terme. Cependant, comme le cadavre était très altéré, et
^SM partie anaai importante que la tête manquait, on ne pouvait doùner au-
**>• esftituda à cet égard. On ne pouvait pas foire non plus la doeimasie pul-
*>i^et on ne pouvait dire si l'enfont a.vait vécu et si la tête avait été détachée
P«*Mitlavie.
188 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Obs. 84. — Fracture de Vapaphyte matldide par écratement d'une iNMinn.
C'est là uiie det blessures les plus rares qui fut trouvée sur une jeune fille d^
six ans tuée par l'écrasement d'une voiture. La septième côte gauche fut cassée ^
au crâne on trouva six fractures, entre autres un détachement de Tapophy^
mastoïde de l'os temporal gauche. Dans le poumon gauche il y avait une déchirai
de 8 centimètres.
Obs. 85. — Fracture de la partie écaiUe%ue du temporal par écra$ement de voUwn
Dans ce cas une force violente avait produit des blessures de tête
curieuses, c'était une flUe de trois ans qui avait été écrasée et tuée far-le-dumi
La partie écallleuse du temporal droit était détachée et libre et il y avait une ftsau
transversale de l'os occipital allant jusqu'au grand trou, il y avait aussi une flasvi
du rocher gauche.
Obs. 86. — Fissure du temporal par écrasement de voilure.
Un valet de vingt-neuf ans fut écrasé et mourut trois heures après. A l'os iemp
rai gauche il y avait une fissure avec des bords ecchymoses, comme on les troiB
souvent dans les fissures fraîches des os crâniens. Elle s'étendait sur la base «
crâne jusque dans le grand trou ; entre la fissure et la dure- mère, il y avait xm
extravasation de 110 grammes de sang noir coagulé qui avait exercé une graci
compression sur le cerveau, comme cela arrive souvent pour de telles blessures
tête qui ne tuent pas subitement. Ou trouva la vessie remplie à cause de
paralysie.
Obs. 87. — Hémorrhagic cérébrale par écrasement de voiture.
Une femme de soixante et dix ans fut écrasée, transportée à l'hôpital et moo^
deux jours après. A l'os pariétal il y avait une plaie de 1 2 centimètres de longue
en forme d'S, à bords nets, et à 2 centimètres de là un lambeau de peau de 5 c0
timètres était détaché. La bride entre ces deux plaies était également détacha
Sur la tenle du cervelet il y avait des extravasations de sang coagulé ; tous j
autres organes étaient intacts ; mais dans le bassin, le tissu cellulaire était inflli
de sang. (La membrane hymen de celte vieille femme était intacte et tem
comme celle d'une fille de quatorze à quinze ans.)
Obs. 88. — Hémorrhagie cérébrale par le choc d*une voilure.
Une femme de soixante-trois ans fut heurtée au cété gauche par le Mn^
d'une voiture, elle tomba sur le pavé, s'évanouit et mourut après quelques heure
Sur le cadavre il n'y avait pas trace de blessure. Les os crâniens très épais, pus
qu'ils avaient plus d'un centimètre, étaient intacts, les téguments du cerveau étaie
très hypérémiques et tout le cerveau était enduit d' une couche de sang coagulé*
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSE MÉGANIQUE. 189
Ois 89. — Perforation des intestins, — Déterminer si elle a été priiduite par
un choc de voiture»
Un dragon fut frappé dans le côté droit de Tabdomen par le timon d'une voiture.
Trois joars plus tard il survint des douleurs violentes de ventre et des vomissements,
et dix-neuf heures après, cet homme mourut ayant toute sa connairsance et avec
tous les signes de Tanémie. Le médecin traitant n'avait pas trouvé de lésion à
l'endroit frappé.
^ous trouvâmes le cadavre Guin) déjà putréfié ; dans la cavité abdominale
500 grammes de sang coagulé et des fèces s'étaient extravasés par une perforation
ronde do petit intestin au côté gauche. Les bords de cette perforation étaient
^oibésjisses, d'un rouge livide, et avaient un diamètre de 2 centimètres. Il va sans
dira que cette perforation était la cause de la mort, mais il était évident que la
'^essiire n'avait pas pu être la cause de cette perforation. Car cette blessure ne
P^^uvaii avoir produit une perforation du côté opposé, et si elle avait eu pour effet
daccélérer la perforation, les symptômes n'auraient pas mis si longtemps à se
Produire.
Obs. 90. — Rupture du périnée par écrasement,
Uq garçon de sept ans fut écrasé par un omnibus. Une roue de la voiture avait
P*^ sur l'abdomen. Nous trouvâmes à l'autopsie toute la région iliaque droite d'un
'^^>Çe foncé et ecchymose. Le périnée était rompu, de sorte qu'il y avait une plaie
* N>rds nets non ecchymoses, en forme de zigzags, longue de 1 3 centimètres depuis
'^ Scrotum jusqu'à l'anus. Elle était béante de 5 centimètres. Le sphincter de l'anus
^^it également déchiré. La vessie était remplie, ce qui s'explique, puisque le
^rçon avait, vécu encore vingt heures, et que la contusion avait produit une
i^ralysie.
Obs. 91 . — Rupture de la rate par choc de voiture.
Uoe fille de quatorze ans fut écrasée contre un mur par une voiture, et moUrut
^uze heures après. Le cadavre avait l'aspect de la cire blanche ce qui faisait tout
^ suite penser à unehémorrhagie interne. La seule trace de blessure extérieure con-
^isUit en trois taches d'un rouge brun, parcheminées dans la région de l'omoplate
Siuche. Il n'y avait pas de trace de blessure au ventre. ^
A l'intécieur, la rate était rompue longi^tudinalement, la plaie avait 2 centimètres
de longueur et 4 millimètres de profondeur ; dans la cavité abdominale, du sang
moitié liquide, moitié coagulé étaitépanché. Les poumons étaient gris et anémiques.
Le cœur droit avait cependant encore beaucoup de sang. Il n'est pas étonnant
qu'elle ait vécu encore quelques heures ; les cas suivants donneront des exemples
curieux de blessures énormes n'amenant pas la mort immédiatement.
On. 92 — Fracture de vertèbres cervicales, et rupture de la trachée- artère el de
Vœsophage par écrasement de voiture.
U victime de cet accident était un jeune homme de trente ans. Sans aucun
190 PARTIE THÂMATOLOGIOUe.
doute le» roues avaient passé sur le cou et la partie supérieure de la poilriiM M
avaient produit les désordres suivants : tout le cou et la partie supérieure te li
poitrine étaient couverts d'ecchymoses ; la clavicule droite était fracturée ; rapo*
pbyte odonioïde était détachée , et Taxis séparé de Tallas ; la moelle épinièn
était écrasée et disait hernie, le larjnx et Tcesophage étaient déchirés. Le preiniM
était derrière la partie supérieure du sternum, et enfin la carotide droite était dé-
chirée. Les deux plèvres étaient remplies de sang coagulé ; les poamoDf » in
cœur, les reins et la veine cave étaient anémiques ; les ventriculea du cemw
contenaient du sang épais.
Ots. 93. — Fractiwr» des cûlMt rufAure du pomum «f du fok par écnutmmi
l}n garçon de sept ans fut écrasé par un omnibus et mourut au bout de qodfM
minutes. On ne trouva pas de trace de lésion extérieure. On voyait seulement «fu*!
y avait emphysème du coté gauche de la poitrine. On trouva à l'autopsie une fttc
ture de la sixième et de la septième côte gauche. Les deux poumons étaient vêA
miques; dans le lobe supérieur du poumon droit se trouvait une rupture d
3 centimètres de longueur et de 2 centimètres de profondeur ; à la surface posté
rieure du lobe inférieur, se trouvait une autre rupture longue de 6 centimètre
et de 3 centimètres de profondeur. Les deux ruptures avaient des bords nets
dans la plèvre droite il y avait 250 grammes d*un sang foncé et épais ; le thymus éta
encore long dé 3 centimètres et large de 2 centimètres ; sur la 5urface coneav
du foie, au côté droit, il y avait une rupture de 2 centimètres et demi, et tout 1
lobe droit était détaché du lobe gauche par une rupture longue de 2 centimètrei
150 grammes de sang provenant de ces lésions étaient épanchés dans la cavil
abdominale*
Obs. 9é . — Fracture du pubit par écrasement de voilure.
Les roues d'une voiture passèrent sur le bas-ventre d'un jeupe homme de aeii
ans. Des deux côtés il y avait de fortes ecchymoses ; à gauche, les téguments étniei
rompus, ce qui permettait de voir l'intérieur de Tabdomen. De plut, il y avaj
déchirure des muscles des deux cuisses près du bassin, et une fracture de la braoek
horizontale du pubis du côté gauche, qui s'étendait jusque dans le trou ovale. Ai
doeet sur les fesses, les téguments étaioit détachés et le tissu cellulaire profondé
aent infiltré de sang.
Obs. 95é — Fracture de côiei et de vertèbres dorsaleSi cmUusiou du cœur,
par la chute d'un corps lourd.
Un sac rempli de grains tomba sur un homme âgé de soixante-six ans. Il ]
eut fracture comminulive de la cuisse droite que l'on amputa. Le lendemain di
l'opération, le malade mourut.
Nous trouvâmes (au mois de juin) le moignon sanieux, une anémie générale ,
iMéeux premièref eôtes oasiées sans eechymose extérieure. La partie éroile du
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSt MÉCANIQUE. 191
péricarde ayait une ecchymose de la grandeur d'une pièce de ^ francs, et aur la
paroi gauche du cœur, une ecchymose de 5 centimètres de longueur et de i oen-
tùnètre de largeur, s'étendait sur l'oreillelte et le ventricule. Ainsi, il y avait a^e
eoDtwion du cœur, ce qui se présente rarement. Une ecchymose de la grandev
^ la main se trouvait à la région de la troisième vertèbre dorsale. L'apoplfte
épinease de cette vertèbre était détachée, et la vertèbre eUe-môme était transver-
(àlenent fracturée. La moelle épinière n'était i%A blessée. Et avec cette blessure
Jtt aoalade vécut encore hiwi jours I
<>Ks. 96. — Fraclur$$ muUiplet d'os, déchirure du foie par la chute d'un mdi.
Un homme de soixante ans fut écrasé par la chute d'unmAt,!! mourut six heures
^pr-ès. Sur rextérieur du corps il n'y avait aucune trace d'ecchymose.
Hous trouvâmes une petite fissure dans la partie orbitale de l'os frontal, cinq
'^^teidncété droit (3* et 7*) étaient fracturées: 170 grammes de liquide sanguinolent
*^ Inmvaient dans la plèvre ; à la partie postérieure du foie il y avait quatre décbi-
qai, évidemment, provenaient de quatre cétes enfoncées ; 170 grammes de sang
it épanchés dans l'abdomen. Il y avait une fracture transversale des deux os
^^ l'mnt-bras droit et une fracture compliquée du bras droit. Et pourtant le malade
six heures et n'eut aucune ecchymose à la surface du corps.
Obs. 97. — Rupture du foie, de la rate, de Vépipîoon et de VestomaCé
^ homme âgé de cinquante-trois ans montait un sac de blé au moyen d'une
^^^nlie et d'une roue à Ynanivelle ; ayant lâché la manivelle, celle-ci le frappa vio-
lent et le tua sur le coup. Il n'y avait pas d'ecchymoses sur la surface du corps,
^ceplé è la région abdominale à gauche, où se trouvait une place rouge-brune de
^ centimètres de longueur, parcheminée.
A l'autopsie on trouva un litre de sang foncé et liquide, épanché dans la cavité
^^idominale. Le foie présentait treize à quatorze ruptures superficielles qui péné-
ent dans la substance, dans Tépaisseur d'un centimètre. Il y avait aussi quelques
a ia surface interne i le lobe gauche était presque détaché et ne tenait
foe par va mince ligament. L'estomac avait à sa surface postérieure deux dé-
^^ùnires longues de 8 à 9 centimètres, dont l'une se trouvait à la petite courbure
^ Tatre à la graade.
Nous observerons, en passant, que les ruptures de l'estomac sont très rares
(^Mrpage 105, Part, gén.), enfin la rate était tout à fait écrasée, etl'épiploon, ee
^«tt très rare, avait une rupture transversale de 6 centimètres de longueur. Il
jmit aatureUement anémie générale, excepté aux veines très remplies de la
PteHBèrt
Ots. 98. — £cra$ement du crdne par une violence extérieure*
la batelier âgé de quarante et un ans passait debout dans son bateau, sous un pont
^t lei deax moitiés avaient été soulevées. Ces deux moitiés furent baissées trop
>-
192 PARTIE THANATOLUGIQUE.
vite, de sorte que U tête de ce malheureux fut prise entre elles deux, U y eut des
blessures très graver qui fbrent suivies immédialement de la mort.
Outre une anémie générale, nous trouvâmes des blessures de tète énoraie*-
Toute la moitié droite de la tète avait été aplatie. A gauche, une plaie béante s'éte<^'
daR depuis le lobule de l'oreille jusqu'à la suture pariétale, cette plaie avait d^^
bords nets, traversait les os et laissait voir le cerveau réduit en bouillie. Du c^^^
droit il y avait une plaie de la peau correspondant à la suture temporo-pariétale. %^
conjonctive des deux yeux n'était pas ecchymosée, ni les paupières ni les autr
parties de la tète ne montraient aucune trace de gonflement : d'où l'on pouv^ ^^
conclure que la mort était survenue subitement. Quand les téguments mous
crâne eurent été enlevés, toute la partie supérieure de la voûte crânienne se mon
détachée à bords lisses comme si on l'avait sciée ; des fissures partaient de cet
fracture de tous côtés et s'étendaient jusqu'à l'os occipital. Du cdté gauche, la part
écallleuse du temporal était détachée et toute la base du crâne était
L'hémisphère droit du cerveau était réduit en bouillie, et du côté gauche, la dur
mère était déchirée. Les ventricules du cerveau étaient remplis de sang noir (
coagulé, il y en avait également sur la base du crâne. Remarquons en passant
c'est là encore une autre preuve de coagulation après la mort (voir page 18).
qu'il y avait encore de curieux dans ce cas, c'était la séparation nette des os, quo^ ^ '
que le corps blessant eût été obtus. Les os étaient très "épais, peut-être étaiei^^ ^'
ils néanmoins fragiles.
Obs. 99. — Fracture des doux condyles du fémur par écroulemenl d'un mm — .
Les deux condyles du fémur droit d'un ouvrier furent complètement détactm^^
par l'écroulement d'un mur ; tout le reste du corps était intact. La gan^frène siBr"
vint dans l'articulation, et le blessé mourut après trois semaines.
Obs. 100 et 101. — Écrasement ducrdnepar des chocs
d*ailes de moulin,
100. — Une petite fille de quatre ans fut frappée par une aile de moulin, s'éva-
nouit, eut des convulsions de la partie gauche du corps et mourut vingt-deux
heures après.
La moitié de la suture coronaire était béante d'un millimètre, ce qui, comme
tout écartement de suture ct'afi<enne devait faire croire à une violence très grande.
De cette plaie s'étendait une fissure diagonale dans le pariétal gauche. Sur l'os
pariétal droit, il y avait vers l'aile de l'os sphénoïde, une fracture avec enfoncement
des fragments, de la grandeur d'un franc. Après l'ouverture du crâne, le cerveau
s'écoula comme une bouillie et ne put être examiné dans ses diverses parties. A la
base du crâne il y avait une fissure dans l'os sphénoïde droit, qui traversait la selle
turcique, ce qui ne peut avoir lieu qu'après les plus grandes violences.
101. — Un garçon de trois ans fut frappé par une aile de moulin. Nous ne savons
rien de l'histoire de la maladie ; on nous annonça seulement que l'enfant, après la
BLESSURES PRODUISANT LA MORT PAR CAUSE MÉGANIQUE. 198
Mesiure, avait vécu encore dix- sept jours. Extérieurement il n'y avait i|Be des
JMoDi peu importantes. A Tangle supérieur et postérieur de l'os pariétal gauehe, il
j aviit une blessure quadrilatère à bords inégaux qui traversait l'os, et par laqiMlle
ie cerveau foisait hernie. A la couche interne de l'os pariétal, il y avait une fracture
m étoile dont quelques fragments pénétraient dans la dure-mère, entourés à$ pus
'tenant d'un abcès qui avait envahi les deux tiers de rhémisphère gauche du cer-
Ce cas n'appartient pas aux blessures par instruments contondants, car l'aile de
n'a touché que légèrement l'enfant, et celui-ci est mort par la suppuration
»Bisécutive à la blessure. Si nous le rapportons ici, c'est à cause de l'instru-
it asseï rare qui a fait la blessure.
Ots. 102. — Blesntres de létemorteUespar une chute dans un escalier,
Cn officier supérieur en retraite, âgé de cinquante-trois ans, s'étant grisé, fit
les plaisirs de Vénus à ceux de Bacchus. En sortant des bras de la prè-
), il tomba dans l'escalier, se blessa gravement, et au bout d'une heure ce
m*éliit plus qu'un cadavre !
A l'autoptie, nous trouvâmes une fissure du crftue traversant tout le pariétal
favebe, qui avait produit une hémorrhagie du cerveau comme dans Tobs. 8S. Tout
le cerveau et le cervelet étaient enduits d'une couche de sang foncé moitié eoagidé.
As mjlieii du pont de Varole se trouvait une extravasation grande comme un noyau
de cerise. Dans le cœur il y avait une quantité ordinaire de sang. L'estomac était
Tmpli de chyme coloré de vin rouge. La vessie était remplie d'urine claire.
•
Obs. 103. — Rupture de la rate par une chute dans un escalier»
l'n garçon de six ans fut poussé par un de ses camarades avec toute sa force
dans on escalier de quelques marches : il mourut cinq heures après. La cause de
la mort avait été une rupture longitudinale de la rate, qui avait partagé l'organe
tn deux parties. Et il n'y avait pas de trace de lésion extérieure.
Obs. 104. — Blessures de tête mortelles provenant d*une chute.
m
U est assex rare de voir après une chute d'une petite hauteur, des fissures de la
^ da crâne. C'est ce que nous observâmes cependant sur une femme de cin-
quDle-deux ans qui était tombée en montant jusqu'à une armoire et qui était morte
^W|isix heures après.
Extérieurement il n'y avait rien à la tète. On trouva intérieurement à l'os tempo-
ni droit, une fissure triangulaire dont l'un des côtés traversait la base du crâne.
Aa-deisas de la dure-mère, une coagulation de sang foncé couvrait tout l'hémi-
iN^ gauche. La pie- mère était exsangue, mais dans la substance des deux hé-
Mphères, il y avait une extravasation de sang foncé. Dans le quatrième ventricule
^ 9 avait également une petite extravasation.
II.
13
19ft PARTIE THAIfATOLOGlQUE.
Obi. 105. — Bl$ssures de tête mortelles produites par une chute.
iilit ce oat, la hauteur était encore moindre. La gravité des blesaureB s'eiplifie
parla minceur des oa (3 millimètres). Un homme lige de soixante et doute ans étail
tomM de toute sa hauteur dans le vestibule d*uno maison, resta sans connaisiancf
paralysé de tout le cAté ^uehe et mourut deux jours après.
Extérieurement il n'y avait qu'une ecclvymose légère de l'angle extérieur deflrf
droit. A l'intérieur, la partie écailleuse de l'os temporal droit était détachée. !>*•
pariétal droit était séparé par cmq fissures ; sur l'hémisphère droit, au-dessus éil
dura* mère, il y avait une extravasation de sang coagulé, pesant 90 grammes, qi
avait comprimé le cerveau. Une extravasation plus petite se trouvait i b hase #
crâne du cdté gauche.-
Obs. 106. — Fracture du crdne et des vertèbres^ rupture de la moelle épinièrêf
par une chute.
Un maçon Agé du trente-six ans Umba du quatrième étage et mourut
jours après.
n y avait une fissure de 4 centimètres au crâne, qui s'étendait ^ la pmi
arMIale du flroiitil droit Jusque dans la lame criblée de l'os ethmoldal, de plut, 1
éitttumeiit complet de la neuvième vertèbre dorsale.
Bu tat ettdrait, la dure- mère de la moelle épinière était déchirée et la imel
épfliièru rompue. Mous le répétons, ee blessé vécut encore deux jours.
Obs. 107. — Assassinai; plaies deléte.
Martrendorf, jeune homme de dix-huit ans, alla chez un cordonnier qu'il coi
uaiaaait, avec l'intentian, comme il l'avoua plus tard, de lui prendre à tout pri
uue paire de bottes. Le cordonnier travaillait assis sur une chaise, tout eu pailHi
la jeune homme passa derrière lui, prit un marteau et frappa a vee- force et à pli
sieurs reprises sur la tète du cordonnier, qui toinlM et mourut bientOl uprè
L'assassin raconta ce que j'ai entendu dire souvent par les criminels, qu'aprèsavo
frapiié le premier coup, voyant sa victime sans mouvement devant lui, il s'éts
senti saisi d'une fureur étrange et avait frappé avec un acharnement irrésistibl
(Il y a donc pour ainsi dire une volupté diabolique dans le crime I )
Nous trouvâmes en effet à l'autopsie, 24 blessures de tète qui étaient preafi
taules à la figure. L'oreille gauche était presque arrachée et pendait, les plaies avuiai
des bords dentelés, moitié nets, moitié contus, d'où l'un pouvait déjà conclut e qut N
blessures avaient été faites par deux instruments, l'un tranchant, l'autre c«mtOfidan
ou par un seul instrument présentant ces deux états sur des faces diflTérentai
L'accusé avoua, en effet, s'être servi des deux côtés du marteau. Il serait fatiguai
et superflu d'énumérer toutes les blessures qui ont été consignées au procès- vei bai
il suAru de citer les principales, il y avait fracture verticale de la partie écaillaui
du temporal gauche, et fracture semi-lutiaire du temporal droit, il y avait aiai
une fissure béante de la base du crâne traversant tout l'os sphénoïde. Les veinead
DÉTERMINER S'iL Y A FAUTE D'UN TIERS. 196
la pie-mére, turtont à gauche, étaient gorgées de sang. Une extravtsation de sang
com§}iiè correspondant à la fraeture de l'os temporal gauche, dans la grandeur do
50 ceDlimëlres, pénétrait dans le cerveau.
Obs. 108. — Ecrasement du crâne par un coup de hache.
. Uo bomme de soixante ans, aliéné, avait l'idée fixe de vouloir se faire guillotiner.
I^^ur arriver à son but, il se décida à tuer un garçon de douze ans qu'il chérissait.
li 1* invita un jour à venir Taider à couper du bois dans sa cave. Il avait eu le sois
^léposcr des dominos sur le sol de la cave, afin que le garçon en les aperceira^
baissât et que lui, pût profiter de ce moment pour le tuer facilement avec sa
hmebe. C'est ce qui arriva : en entrant dans la cave, 1 enfant se baissa pour ramas-
*«i^ les dominos et G..., paralysé du côté droit, le frappa de la main gaueha
*^wt la hache, loi écrasa le crâne et alla de tvite au bureau de police raeouter ca
^la'il Tenait de faire en priant qu'on le guillotinât bien vile ! Le malhauraux enlaai
lut transporté sanglant à riidpital et y arriva mort.
^oùs trouvâmes, à l'autopsie, la partie supérieure du erâne écrasée. Huit frag-
■>«ata d'of de toutes grandeurs provenant de l'os pariétal gauche, étaient enlbneét
^^n% la dure-mère, un d'eux avait même percé cette meaabrane. L'oa frontal avait
*'^ fusures diagonales. La surface du cerveau était parsemée d'extravasaiiont de
^ng coagulé. Les sinuosités da cerveau étaient remplies de sang. Les extravesa-
^^s te continuaient dans la subataoce de rhémisplière gauche. A la base du crâne
^ J avait deux fissures. L'une à l'iile gauche de l'os sphénoïde, l'autre à la baw
^^ l*os occipital. Le malbaureux aliéné fut mis dans une maison de fous.
S 4. — Déterminer s'il y a faute d'un tiers.
Très souvent il s'agit de détermiiifr si le décédé est mort par sa
^^tile (suicide) ou par la faute d'un tiers (homicide). Dans ces cas
t« jugement doit se fonder sur toutes les circonstances du fait, sur
^es combinaisons du i>on sens et enfin sur les résultats de Tautopsie.
Ce que j^enteads par circonstances du fait, ce sont les révélations
verbales ou écrites du décédé qui prouvent son intention de se donner
b iBorty «a bien c'est une circonstance qui prouve que personne n'a
pu pénétrer dans la chambre où a été trouvé le cadavre. Il peut
(lifter des probabilités qui font penser à priori au suicide, lorsque,
pir exemple, le décédé menait une de ces existences qui conduisent
su désespoir, néanmoins il faut que l'autopsie offre des résultats
s'sccordant avec ces probabilités, qui à elles seules ne pourraient
P^ fixer le jugement du médecin.
190 PARTIR THANAT0L06JQUE.
L'autopsie, la posilion dans laquelle on a trouvé le cadavre, Texi
men des vêtements, des instruments trouvés , en un mot le cadan
avec tout ce qui Tentoure constitueront toujours les éléments les pli
importants pour le jugement médico-légal.
Quant à la question : Des hommes morts par suite de blessmn
tuant mécaniquement doivent- ils la mort à un suicide, aune impn
dence ou à une main étrangère? on ne peut pas y répondre par in
seule thèse générale. On peut dire seulement que des blessures pi
instruments contondants^amenant la mort doivent être regardée
presque avec certitude comme ayant été faites par la main d'un U«n
Car combien de fois a-t-on trouvé des suicidés ayant eu recours i «
procédé? Pour moi, je n'en connais pas d'exemple. Dans les cas s
les blessures n'ont pas été faites par des instruments contondiii
on doit, pour se décider, peser avec encore plus de précaution UMU
les circonstances particulières du cas.
Si, par exemple, l'endroit où on a trouvé quelqu'un écrasé par ■
chemin de fer n'est accessible qu'à la condition d'escalader une haut
barrière, il y aura toute probabilité qu'il y. a eu suicide. Il peut éli
plus difficile de juger le cas quand il s'agit d'une chute d'une certain
hauteur, par exemple d'un escalier ; dans les affaires de ce genr
il arrive souvent que l'accusé prétend que le décédé s'est laissé tombe
lui-même. Lorsque le cas n'est pas hors de doute, il est préférable d
déclarer franchement son incompétence ou de restreindre son juge
ment derrière les probabilités soutenables. Nous avons déjà aïonlr
ù l'observation ô8 que souvent l'accusé allègue pour sa défense le
raisons les plus probantes qui semblent prouver que le décédé i
trouvé la mort par sa faute; ce cas montre que quelquefois l'autopsii
peut dévoiler les mensonges et livrer l'accusé ù la justice. Nous aurom
du reste à reprendre cette question de la faute d'un tiers pour chaqw
genre de mort violente.
BLESSURES MORTELLES PRODUITES PAR ARMES A FEU. 107
CHAPITRE II.
BLESSURES MORTELLES PRODUITES PAR ARMES A FEU.
$ 1. — Plftiei produites par «raies à feu.
Mous raogeons ce genre de mort parmi les morts € mécaniques »,
parce que dans la majorité des cas la mort est produite par la des-
Iniction du tissu de Torganisme. Le diagnostic de ce genre de mort
sor le cadavre est des plus faciles, puisque les résultats se voient mani-
festement à l'extérieur. Nous avons déjà parlé (p. 108) de la nature
tks armes à feu, nous ne parlerons ici que de leur&elTets. Il^st diffi-
cik de (aire une description générale des plaies par armes à feu,
cir OQ sait qu'il n'y a pas deux plaies de cette espèce qui se res-
semblent. Tantôt c'est un déchirement de toute une région qui rend
cette dernière méconnaissable, tantôt il n'y a qu'une petite plaie
presque invisible peut-être dans un pli du corps et qui échappe à la
première vue. On ne peut donc donner que peu de critériums ayant
Boe valeur générale.
Doe plaie par arme à feu peut traverser tout le corps, et on trouve
l'ouverture d'entrée et l'ouverture de sortie; ou bien elle entre dans
le corps et y reste, alors il est souvent impossible de retrouver le
projectile. C'est dans le crâne que ce dernier est le plus facile à trou-
ver. Mais dans la cavité thoracique et surtout dans la cavité abdo-
oùnale, lorsque plusieurs organes ont été atteints et que de grands
<lisordres ont eu lieu à l'intérieur, on le retrouve rarement.
Les plaies par armes à feu sont en général profondes , ou trou-
vera rarement la fin du canal formé par le projectile près de l'ouver-
te de la plaie ; presque toujours l'organe frappé le premier est
averse dans presque toute sa largeur, ce que l'on explique par la
pression de l'air qui contribue à pousser la balle outre la force ëe sa
propre impulsion.
Les plaies panr armes à feu ont cela de caractéristique que plus
elles deviennent profondes et plus elles deviennent larges, ce qui est
200 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Orfila et, d'après lui, Simon ont adopté une opinion différente, ils
ont dit que : Si le coup vient de très près ( six à huit pas ) et s*il esl
très fort, alors les ouvertures d'entrée et sortie sont égales et comme
si elles avaient été faites avec un emporte-pièce. Mais, comme on H
voit, on attribue déjà une valeur à la force du coup.
Si le coup, comme cela arrive ordinairement, déchire et écrase le^
téguments de l'entrée, on trouve les bords dans un état que l'on n«
peut déterminer : de grands lambeaux de peau, des os fracturés se'
parés par fragments, avec des fissures de toutes sortes, peuvent s«
montrer, ou bien encore des parties du corps peuvent être sépa-
rées.
Quanta la coloration des bords, il y a aussi de nombreuses éiitk
rençes ; ordinairement si le coup n'a pas tué immédiatement, le
bords sont plus ou moins ecchymoses et parcheminés.
Ils sont plus ou moins brûlés et ont une couleur noire charbon 01
noire sanguinolente différant tout à fait des marques de poadn
brûlée, car cette dernière produit un plus ou moins grand nombre de
taches petites, parsemées d'un noir gris. Ces marques de brûlura
de poudre prouvent seulement que le coup n'a pas été tiré de tris
loin, c'est-à-dire, d'après mes observations, pas plus loin que trois i
quatre pieds. Pour la question du meurtre ou du suicide douteux,
elles ne peuvent être dans certains cû d'aucun secours, ou m
donner que de simples probabilités ; par exemple, si deux personnes
étaient ensemble dans une voilure, l'une est tuée par une amu
à feu et il s'agit de savoir si le coup a été oui ou non tiré pai
l'autre.
En général le manque complet de brûlure dans les bords de b.
plaie permet de conclure, presque avec certitude y que le coup a éU
tiré de plus loin que quatre pieds, et par conséquent par la maii
d'un tiers, excepté dans un cas rare où un suicidé a fait des préparatiG
particuliers pour se tuer de loin. Nous avons vu des caprices de
suicidés extraordinaires.
Je ne puis attribuer à l'absence de marques de poudre dans les
bords de la plaie une valeur absolue et une preuve que le coup esl
BLESSUHES MORTELLES PRODUITES PAR ARMES A FEU. 201
reiia de loin, thèse qui pourrait devenir de la plus haute importance
dans les cas criminels. Car, dans des cas indubitables de suicide par
arme à feu, je n*ai trouvé ni le noircissement ni les marques de
brûlures. Dernièrement un fabricant d'instruments se suicida, et on
trouva dans sa poche une lettre dans laquelle il disait que la cause
de son suicide était un amour malheureux Le cadavre fut trouvé
dans le parc, mais il n*y avait pas d'arme à côté de lui, le projectile
pointu quUI avait préparé lui-même, avait traversé le cœur. La plaie
a^ait une fomie presque régulièrement triangulaire, dont chaque
^^lé avait de 2 centimètres et demi à 3 centimèlrt^s. Les bords
étaient nets, lisses, non ecchymoses et ressemblaient plus à une
coopure qu'à une plaie par arme à feu ; ni aux bords, ni au cou, ni
^ b figure il y avait un seul grain de poudre brûlée.
Si le projectile frappe un endroit couvert de vêtements, Tou-
^6rture faite aux vêtements est plus petite que celle du corps à
cause de l'élasticité des étoffes, il peut ne pas les traverser et
^ pousser dans le corps, de sorte qu'il su£Qt de tirer les véte<-
'Dents pour faire sortir la balle. Ces derniers cas sont très rares,
^ais il arrive souvent que de simples lambeaux d'étoffes entrent
dans la plaie.
Le canal de la plaie ne peut être examiné ordinairement que lors-
40*il traverse des parties assez dures, par exemple les muscles des
■nembres, du dos et des fesses. Mais il n'en est pas de même pour les
parties molles. Parmi elles, l'organe qui laisse le plus facilement
^ivre les traces du projectile, c'est le cerveau ; quand on le coupe
*^ec précaution par couches, on reconnait le canal par un sillon de
Inmillie sanguinolente qui traverse la masse saine. Dans le cœur aussi
<^peot quelquefois retrouver la direction du canal; cependant, ordi-
ittirement, le cœur est tout à fait déchiré par les armes à feu, ainsi
<|Qe les poumons, le foie et la rate. La direction du canal dans les
intestins est également difficile a reconnaître, parce que, pour s'o-
neoter , il est nécessaire de déranger les intestins, et par conséquent
i^ direction du canal. Dans tous ces cas, c'est seulement la direction
^l'entrée et de la sortie s'il y en a une, qui peut servir à baser un
302 PARTIE THANATOLOOIQUE.
jugement. Dans certains cas, et c*est assez fréquent, la balle se {
elle-même des directions différentes, glisse sur les surbces Us»
fait des ricochets sur les os durs, etc., et sort par un endroit auqi
on est loin de s'attendi'e. Ainsi s^expliquent les cas qui frisent
miracle, où la vie reste saine et sauve, par exemple après des coi
par armes à feu dans le cou, qui ne percent pas la carotide, mais d
les projectiles font le tour de la région.
La théorie de Bégin est très hasardée, il dit que l'on peut rac
naître encore par Tétat des cicatrices Touverture d'enlirte et Vow
ture de sortie. La cicatrice de la plaie d^entrée, dit-il, est ronde, c
eaye, profonde, la peau est uniformément plissée de la périphérii
centre, %a même temps blanche et dure, tandis que la cicatrice di
plaie de sortie est plus petite, irrégulière, proéminente, fornaa
fente. Il est évident que trop de circonstances peuvent modifie
forme des cicatrices pour que l'on puisse accepter une telle règle;
reste, en médecine légale, ce point n'a pas de valeur : car si
blessé a vécu assez longtemps pour que la cicatrisation se formi
saura dire lui-même aux juges dans quelle direction le coup
yenu.
$ 2. -> Xzpéri«no«f ikites ftur le o«davr«.
Mes expériences sur le cadavre ont prouvé la différence de réi
tance des organes morts et des organes vivants (page 183 et sui'
J'ai trouvé pour les blessures par armes à feu les mêmes résoi
que pour les blessures par instruments contondants.
Des balles d'un demi-pouce de diamètre tirées avec un pist(
ordinaire contre l'apophyse zygomatique à une distance de quatr>
cinq pieds, ne sont pas entrées, ont contondu des parties et sont re
nues par ricochets. De même pour les grains de plomb tirés coi
des c^tes.
A une distance de trois pieds je tirai avec un pistolet ordinaire
l'arrière-tête gauche d'un cadavre d'homme adulte, la balle enl
mais resta dans l'ouverture d'entrée qu'elle plomba comme une d
BLESSURES PAR ARMES A FEU. -r- EXPÉRIENCES SUR LE CADAVRE. 208
creuse. Il n'y avait pas la moindre fracture des os crâniens. Combien
ies os d*un ^i?ant ne seraient-ils pas moins résistants !
Une balle pointue tirée à une distance de trois pieds contre le
ventre d*un adultç couvert de quatre couches de linge, entra dans le
corps et s'arrêta dans les muscles du dos, la balle n'avait pas entraîné
avec elle des lambeaux de linge.
Une balle pointue provenant d'un fusil tiré à la distance de six pas
eontre le côté gauche de la tête d'un noyé de vingt-quatre ans, entra
dans les parties molles, fractura la voûte du crâne sans déchirer les
parties environnantes, et sorlitdu côté droit, le canal put être reconnu
très facilement dans le cerveau, dont la substance n'était détruite
€f^aux endroits où la balle avait passé, mais bien entendu sans épan-
ctiement de sang. Les plaies de la peau et des os avaient la forme
c^aractéristique des coups par balles pointues sans déchirures et
sans coloration des bords.
De la même distance on tira avec une balle ronde sur un autre
noyé, entre la troisième et la quatrième côte, avec un fusil, la
balle traversa le corps et en sortit. La plaie d'entrée était comme
faite avec un emporte-pièce, on pouvait très bien suivre le canal, ce
<|ui n'aurait pas été possible sur le vivant. La balle avait percé à
iK^rds nets le lobe supérieur du poumon gauche, l'aorte, le corps
de la cinquième vertèbre dorsale, le lobe supérieur du poumon droit
H élait sortie en formant une ouverture à bords moins nets.
Tous les cadavres sur lesquels on tira des coups de fusil dans le
cerveau, présentèrent dans cet organe un canal très reconnaissable,
parce qu'il n'y avait aucun épanchement qui gênât l'observation ; il
i^'estpas besoin de dire que les bords des plaies ont toujours gardé
^'aspect cadavérique. Par cette raison, on ne peut confondre les
coups tirés pendant la vie avec ceux qui sont tirés après la mort.
Om. 109. — Plaie par arme à feu dans le poumon et la moelle épinière.
Cq braeonnier toi tné par un conp de fusil ; la balle avait suivi une marche aiiea
*^Qlière : entrée dans la main gauche, elle était sortie du bras par la région du radhu;
^ était arrivée dans VaisseUe gauche, avait fracturé la première et deuxième c6te,
20i PARTIE THANATOLOGlQUe.
avait pénétré au-dessous de la clavicule dans le thorax du côté gauche,
le vaisseaux, et avait déchiré la pointe du^ poumon gauche; là elle était pi
dans le corps de la troisième vertèbre dorsale, avait déchiré la moelle épi
était restée dans les téguments du dos où on l'a trouvée.
Obs. 110. — Plaie du foie par arme à feu.
Le cas suivant a un intérêt plus psychologique que médico-légal.
Le maçon Klebe vivait avec une concubine ; il soupçonna que son fils i
vingt et un ans, voulait séduire sa maîtresse ; voulant se venger, et poitn
jalousie, il se décida à le tuer. La scène du crime fut des plus extraord
Le ftls dormait dans le même lit que son frère cadet, un petit garçon ; il I
dans ses bras. Le père s'approcha la nuit de ses enfants, tenant d'une m
lietite lampe, de l'autre un pistolet chargé ; il se baissa au milieu du lit aii
pas blesser le plus jeune , mit le pistolet contre le ventre de son flla 4
partir l'arme, et le tua sur le coup !
Nous trouvâmes à l'autopsie tout le foie et la vésicule du Ael réduits en I
il n'y avait que le lobe de Spiegel conservé. 1 kilogramme de sang liquide
était épanché dans la cavité abdominale. La balle avait encore traversé
interne de la rate, et était entrée dans la huitième vertèbre dorsale. Ce pèr
turé fut condamné à mort et exécuté.
Obs. 111. — Coup de feu dans Cépiploon et l'intestin grêle.
Pendant les exercices de la garde nationale, une femme de cinquante ans
par accident. Elle se trouvait à vingt pas, la balle d'un fusil entra dam
gion hypogastrique droite et sortit au bord droit du sacrum. La blessée vécu!
deux jours.
La plaie d'entrée avait des bords renversés en dehors par suite de la putri
commençante, inégaux, ecchymoses, de la largeur de 6 millimètres; ces b
contenaient pas de marques de poudre brûlée à cause de réloignement. U
de la plaie dorsale étaient également renversés en dehors, mais pas ecchymi
balle avait traversé l'épiploon et avait déchiré une partie de l'iléon. Dansl
abdominale il y avait des fèces et 250 grammes de sang coagulé. Tout le
était anémique.
Obs. 112. — Plaie de léte mortelle par arme à feu.
Pendant la révolution de 1848 à Berlin, la garde nationale avait tué deux ii
Un d'eux avait reçu trois blessures par armes à feu dans la tète, l'une à l'an
droit du frontal, avait fait une plaie déchirée, presque triangulaire, de
giieur de 2 centimètres, l'autre, à 1 centimètre à droite de la première, s
une plaie de la grandeur d'une pièce de 50 centimes à bords déchirés ; la tn
à la tubérosité de l'os pariétal droit, avait i centimètre de diamètre.
BLESSURES PAR ARMES A FEU. — OBSERVATIONS. 205
Ui trois Uessures avaient fracturé le crâne et déchiré rhémisphère droit du
cerveau. Voici probablement comment ces blessures avaient été faites. Un fusil
à deax coups avait été tiré, les deux balles étaient entrées ensemble par l'os pa-
néUl et, divergeant à l'intérieur selon la loi ordinaire, elles s'étaient faites chacune
une ouverture de sortie dans le frontal. L'instruction confirma notre explication ;
il lut démontré que pendant la scène il n'y avait eu que deux coups tirés, dont
cbMop avait frappé l'un des insurgés; le cas suivant montrera ce qu'avait produit
le second coup.
Obs. 113. — Coup de fusil mortd dans ta tête.
C'était un cordonnier de trente ans, un héros de batricade. Au moment où le coup
ht tiré, il criait (ou peut-être il bâillait), car la balle était entrée dans la bouche
et était sortie à la partie droite du cou, à 2 ceetimètres des apophyses épineuses
et» iixième et septième vertèbres cervicales ; là se trouvait une plaie ronde â borda
Mirés et gonflés. La langue était déchirée jusqu'au milieu et pendait de la bouche
ea lambeaux sanguinolents. Les dents manquaient du côté droit, tout le maxillaire
inftriiQr était fracturé sans que les téguments extérieurs fussent l>leués, La balle
n'avait pu atteint les grands vaisseaux du cou. La putréfaction déjà avancée ne
permit pas d'examiner le cerveau, mais on vit de nombreuses fissures à la base du
erioe. Il est asses extraordinaire que le projectile n'ayant pas touché le crâne, y ait
produit de telles fissures.
Ob3. 144. — Coup de feu mùrlel dans la tète, •
Dans ce cas, le projectile était resté dans le cerveau. C'était un grain de plomb
anei gros, qui avait tué un garçon de treize ans. Le projectile était entré au
milieu de l'os pariétal gauche et avait entraîné avec lui deux petits fragments d'os
jnque dans le ventricule gauche du cerveau. La petite balle fut trouvée à la base
do cervelet. Depuis l'ouverture d'entrée dans l'os jusqu'à la suture lambdoYde du
^ droit, s'étendait une fissure transversale. Outre cela, dans la partie basilaire de
l'iedpital se trouvait une fracture à fragments.
Obs. 1 15. — Plaie de tête mortelle par une balle pointue.
In farcon de quinze ans fut tué d'un coup de fusil par accident. La blessure était
> l'occipital du côté droit, près de l'os pariétal. Elle consistait en une ouverture très
inéfilière, moitié triangulaire, moitié ronde, avec des bords plats non renversés en
dedans et peu eeehyroosés. Il n*y avait pas de brûlure, car le coup venait de cent
toquante pas. Cette plaie était pénétrée à travers l'os, et la balle fut trouvée dans
^cerveau près de l'os. La plaie était déchirée à sa base. Un témoin expliqua que
la balle avait d'abord frappé sur une planche et avait fait un ricochet dans la tête,
^i|vidounela raison du peu de ravages qu'elle o faits, et de sa déchirure. Le .
Strçoa avait vécu encore trois jours. La moitié postérieure de l'hémisphère droit du
c^eau n'était plus qu'une bouillie purulente. II est intéressant de noter que ce
BMurtre par accident était attribué à deux personnes, dont l'une s'était servie d'une
SOS PARTIE THANATOLOOIQUE.
balle pointue et Taulre d'une balle ronde, et que la balle pointue trouvéedaB
erâne désigna le coupable imprudent.
Obs. 1 !6. — Plaie de télé mortelle par une balle poinlue.
La balle étail entrée du côté droit de la nuque, elle avait fait une plaie p
comme une pièce de 20 centimes, dont les bords étaient un peu renversés en de
et présentaient une ecchymose de 4 millimètres ; la balle avait traversé la U
était sortie par la joue droite, elle avait formé une plaie triangulaire, longue
centimètre, dont les bords étaient étroitement ecchymoses, moua et non renvi
Toute la base du cerveau était couverte de sang noir coagulé. Le rocher
était détaché, et des fissures en zigzags s'étendaient dans le temporal fa
Toccipital.
Obs. 117. — Plaie de télé mortelle par une baUe pointue.
Dans rémeute du 16 octobre 1848, à Berlin, un homme de vingt et un ai
tué par une balle qui était entrée au milieu de la joue droite. La plaie était
près ronde, de la grandeur d'une pièce de 2 francs, les bords étaient secs,
brûlés dans l'étendue de i centimètre, d'où Ton pouvait conclure que le coup
été tiré de très près. La balle avait traversé la télé et était sortie près deTapoi
mastoïde droite. La plaie triangulaire avait des bords mous et non ecctayB
Toute la paroi droite du crâne était fracturée, la grande aile droite de l'os
noïde était détachée, ainsi que le rocher et une partie de Tôt occipital. Toi
base du crâne ainsi que le cervelet étaient couverts de fang coagulé.
Obs. 118. *- Plaie par arme à feu de la veine popUtée.
Encore pendant les exercices delà garde nationale, un malheureux enfant de
ans fut tué par accident. Ici c'était une hémorrhagie de la veine poplitée qui
produit la mort. La balle était entrée au-dessous du jarret droit, avait chemi
dedans en dehors sans toucher à l'articulation et avait fait une blessure de 2 <
mètres à la veine poplitée, puis était sortie. L'entrée de la plaie était ronde, les
nets, lisses, secs, ecchymoses et un peu renversés en dedans ; l'ouverture de
était plus petite, les bords étaient déchirés et renversés en dehors. La plaif
remplie de sang coagulé. Il y avait anémie complète du corps, à laquelle pi
paient même les veines du cerveau, ce qui est rare.
Obs. 1 19. — ' Coup de feu dans le cœur et dam le pownom.
Pendant l'émeute du 16 octobre 1848, à Berlin, un gardien était tranquille
dans sa cabane, lorsqu'il fut atteint par une balle qui entra dans la poitrine
la région du sternum, et atteignit le cœur qu'elle déchira ainsi que le lobe supi
du poumon gauche. 11 y eut grand épanche meut de sang dans la cavité et
immédiate. La balle n'était pas sortie du corps, mais ne put être retrouvée.
BLESSURES PAR ARMES A PEU. -^ OBSERVATIONS. 207
Ois. 120. — Plaie par arme à feu de la vem$ cène,
Ufrix okservatkms suivantes se présentèrent dans l'émeute du 16 oetolMre 1848.
T... reçut une balle dans le ventre qui blessa la veine cave. Il y eut un épaa-
eikeaieflt d'un kitoframme de sang moitié coagulé dans la cavité abdominale. La
Hiit d'entrée était au-dessus de la crête de l'os iliaque gauche, les bords étaient
wcbinoiés dans une étendue de 4 millimétrés ; il n'y avait pas de plaie de sortie,
it II kiUe ne put être retrouvée.
Ois. 121 . — Plaie par arme à feu dans la crosse de l'aorle et le poumon.
C..., âgé de dix-huit ans, reçut une balle entre la deuxième et la troisième cèle
pvebe, qui sortit dans la région de l'omoplate droit, le projectile, ce qui est asatc
atrsordinaire, avait blessé la crosse de l'aorte sans toucher le poumon gauche.
Cette blessure, de la grandeur d'une pièce de 50 centimes, avait des borda non eceby-
iDoiès. La balle avait traversé le lobe supérieur du poumon droit qu'elle avait déchiré.
n y mit dans les deux plèvres deux épanehements de sang foncé liquide. Jkuw
cette mort subite par hémorrhagie, les veines du cerveau n'étaient pas anémiquit.
Obs. 122. — Coup par arme à fm dan» k diaphragme el le pammon.
L'ouverture était entre la cinquième et la sixième côte droite. Les bords étaient
renTersés en dedans, ecchymoses et durs. Le Ibie feisait homie dans le thorax^ éti-
deonent le diaphragme avait été déchiré par la balle. En même temps le lobe
islêrieiir du poumon droit était déchiré, la balle avait cheminé de haut en bas.
Obs. 123. — Plaie par balle pointm dm pownon et de la veine cave.
H s'y avait qu'une ouverture de la grandeur d'un petit pois à la surface interne de
fiiiseUe droite à bords ecchymoses. Aucune autre lésion sur lecadavie. Cette blés-
Mvi était cachée, et ce n'est qu'après avoir tourné plusieurs fois le cadavre que
Murapcrcûases. La balle était entrée dans la poitrine, avait traversé le lobe supé-
rinv da pouflBon droit et avait déchiré la veine cave. Il y avait dix-huit onces de
nsc coagulé dans les plèvres ; la balle ne fut pas trouvée.
Obs. 124. — Coup par arme à feu dans le cœur el les poumons,
U balle était entrée entre les sixième et septième cMes gauches. La plaie était
> pm près ronde, avait 1 centimètre de diamètre et provenait d'un fVisil ordi-
Mire. Les bords étaient durs, non renversés en dédanv, et ecchymoses. La balle
»ait Inversé les muscles inle^co^taux, le lobe inférieur du poumon gauche et le
P^ncarde, svait déchiré le ventricule gauche du cœur et était entrée dans le lobe
■*Krie«r du poumon droit dans lequel elle était restée. Dans la plèvre gauche il y
iviit 120 grammes de sang épanché coagulé, dans la plèvre droite 600 gramUies.
208 PARTIE THANATOLOGIQUB.
Ors. 1 25. — Plaies par armes à feu dant te poumon et V artère fémorek
Cet homme a été tué pour ainsi dire deux fois. Une balle avait déchiMri
fémorale droite à peu près au milieu de la cuisse, une autre balle avait pi
dans la région acromiale du côté gauche, avait fait une plaie de la gn
d*une pièce d'un franc, ecchymo^ée, au fond de laquelle on apercevait la eh
écrasée ; puis elle avait traversé la pointe du lobe supérieur du pomnon fi
avait fracturé l'apophyse transversale de la première vertèbre dorsale gM
était soRtie.
La plaie de sortie était analogue à la plaie d'entrée, seulement plus petite <
des bords renversés en dehors. Il n'y avait que 60 grammes de sang é|
dans la plèvre gauche, ce qui est très peu pour une plaie pénétrante du po
Tout le corps était anémique et évidemment l'hémorrhagie mortelle était m
l'artère fémorale. Si deux coupables avec intention criminelle avaient tiré i
un de ces deux coups, cette mort aurait donné lieu à des discussions intéreai
puisque le coup dans la poitrine n'avait pas tué et avait atteint un homme 8
lement bleasé.
Obs. 126. — Mort par plate <r arme à feu dans le diaphragme»
Un jeune homme et sa maîtresse voulurent se tuer ensemble. Le jeune I
chargea un pistolet à deux coups en mettant dans chaque canon une demi-balle
l'arme sur la poitrine de la femme et fit partir le coup, puis il essaya de se t
second coup, mais la balle resta dans le canon. La jeune femme blessée mais
encore, lui conseilla de se poignarder, ce qu'il essaya avec un couteau e
rasoirs, mais en vain, alors sa maîtresse mourante lui cria de se pen<
essaya de le faire en attachant une serviette à un bouton de porte, mais il
tout à fait la tète et ne réussit encore pas. Il fut arrêté, condamné à mort, a
peine Ait commuée en un emprisonnement perpétuel.
Trois jours après, nous eûmes à faire l'autopsie du cadavre de la fille qi
déjà putréfié. Entre la septième et la huitième côte gauche, l'estomac faisi
nernie de la grandeur d'une tête d'enfant. Il était tellement putréfié, qu'en réii
la hernie, l'organe creva. La plaie extérieure était longue de 5 centimètres e
de 1 centimètre et demi, avec des bords peu renversés en dedans, secs, non
mosés, sur lesquels étaient parsemés des grains de poudre. Les deux côtes aii
les poumons étaient intacts ; il y avait un épanchement de sang dans chaque |
120 grammes dans le côté gauche, 60 grammes dans le côté droit. Le cœui
grands vaisseaux étaient intacts, mais le diaphragme était déchiré dans U
moitié gauche. Par cette rupture, l'eslomac avait fait hernie dans la poitrine
là à l'extérieur entre les côtes comme nous l'avons dit plus haut. L'estoma
blessé également, présentait une plaie de 5 centimètres de diamètre ; à la partie
rieure elle était ronde, à bords nets, non ecchymoses. Les autres organes du
étaient intacts ; la balle ne put être trouvée dans la cavité abdominale.
BLESSURES PAR ARMES A FEU.— Y A-T-IL FAUTE D'uN TIERS? 209
$ 3. — SAtcnniner «'il y a fkote d'un tier«.
Outre ce que nous avons dit plus haut , sur cette question efi
général, il faut examiner pour les blessures par armes à feu les
circonstances suivantes :
1* La position du cadavre. Je n'admets pas, comme beaucoup
d'aateurs, que lorsqu'on trouve un individu tué par afme à feu ,
conché sur le dos, il faille en conclure qu'il y a eu suicide, pas plus
que des hommes qui sont tombés en avant ne doivent avoir été tués
par une main étrangère, car j'ai vu des suicidés indubitables qui ont
été trouvés couchés sur le ventre. Le médecin légiste n'est pas ordi-
nairement présent à la levée du cadavre, c'est pourquoi je ne puis
pas rapporter à ce sujet des observations en grand nombre. J'ai vu
soo?ent des suicidés qui s'étaient coupé la gorge et qui se trouvaient
dans la position où ils avaient trouvé la mort ; le plus souvent je les
u TUS sur le dos, mais quelquefois aussi sur le ventre. Il semble
que la différence dépende delà position de l'individu au moment où il
*reçu la blessure. En tous cas, comme les observations ne s'accor-
dent pas, il faut poser la thèse suivante : On ne peut ]^as décider
''il y a eu suicide ou meurtre par la position seule dans laquelle
^ a trouvé le cadavre.
3* La présence ou V absence de l'arme à côté du cadavre ne
peut rien prouver , car l'arcne peut être volée après la mort du
suicidé , ce qui arrive chez nous assez souvent si l'arme est encore
en bon état ; d'un autre côté l'assassin peut poser avec intention une
inne à côté de sa victime pour écarter l'idée d'un crime. L'observa-
lion 136 prouve qu'il peut se présenter les circonstances les plus
eitriordinaires ; on trouva dans ce cas un pistolet chargé à côté d'un
iMH&me tué par un coup de feu dans le cœur. Dans un autre cas, deux
pistolets à deux coups furent trouvés à côté du cadavre, trois ca-
nons étaient brisés, c'était un homme de quarante ans , qui s'était
suicidé dans un hôtel : le cadavre avait une blessure dans la région
abdoDùnale gauche par laquelle sortait un morceau d'intestin , une
U. 14
210 PARTIE THANATOLOGIQUE.
autre blessure dans la région ombilicale et une troisième, évidem-
ment la dernière, au front, montrait la tète écrasée.
Si l'on trouve Tarme à côté du cadavre, on peut quelquefois par
Tétat de cette arme tirer des probabilités, par exemple, chei les
suicidés de la classe pauvre on trouve des pistolets vieux et en
mauvais état, ou des armes préparées par eux-mêmes qui n'auraient
pas été employées par un meurtrier. C'est une circonstance que je
ne trouve nulle part mentionnée et qui me semble pourtant avoir de
l'importance. Il y a encore probabilité de suicide lorsque l'on trouve
une arme qui a éclaté parce que les suicidés chargent ordinairement
trop leurs armes, tantôt pour être sûrs du succès de leur opératioDy
tantôt par ignorance.
Tous les auteurs recommandent de comparer la balle qui a tué avec
le calibre de l'arme. Je ne vois pas trop à quoi peut servir cet exa^
men, car il n'arrivera pas que l'assassin posera près de sa victime
une autre arme que celle qu'il a employée. Du reste, pour faire cette
comparaison, il est nécessaire avant tout d'avoir.... la balle; on M
l'a pas lorsqu'elle est sortie du corps et même dans beaucoup (te
cas où elle est restée dans le cadavre. Enûn, cet examen est impoS'
sible quand le projectile est constitué par des grains de plomb, ou9i
c'est une balle, quand elle est déformée par une cause quelconque ;
car lui rendre sa forme, comme le conseille Bock, est une expé-
rience très incertaine contre laquelle le défenseur de l'accusé
protesterait avec droit. Quant à l'examen des restes de poudre
sur le canon et les expériences de Boutigny, nous en avons parlé
page 108.
3* Uétat des mains du cadavre ou du moins la plupart du temps,
l'état de la main droite, n'a pas la valeur qu'on lui attribue ordi-
nairement, cependant elles méritent d'être examinées et peuveni
offrir des renseignements utiles. Ainsi, lorsqu'on trouve le pistolet
serré dans la main du cadavre, c'est une preuve certaine du suicide,
quelquefois on ne peut retirer l'arme qu'en sciant les doigts; je dis
une preuve certaine, car il serait impossible à un tiers de produire
cet effet après la mort.
BLESSURES PAR ARMES A FEU. — Y A-T-IL FAUTE D'UN TIERS? 211
Kusmaul (I) prétend le conlraire. Il dit que la rétraction
coflTulsive de la main survient avec la rigidité cadavérique. Il dit que
si Ton met un pistolet dans la main d'un cadavre pendant la période
éi relâchement, on verra dans la période de la rigidité les doigts ser-
rant tellement l'arme qu'il sera difficile de les en séparer. J'ai fait
des expériences nombreuses qui m'ont prouvé que cette opinion est
erronée. J'ai mis dans la main d'hommes qui venaient de mourir
ëepnls quelques instants à l'hôpital, et certainement avant le com-
Bencement de la rigidité , des morceaux de bois , des manches de
pistolet et d'autres instruments, puis, fléchissant les doigts, j'ai en-
veloppé la main tenant l'instrument avec des mouchoirs , j'ai main-
tenu le tout serré avec du diachylon et j'ai attendu la rigidité. Dans
Unis les cas, sans exception, l'instrument put être enlevé avec la plus
frande facilité-, ainsi quand l'arme est serrée dans la main du ca-
davre il faut conclure qu'il y a eu suicide.
Malheureusement cette circonstance se présente très rarement.
Des fractures des doigts, des écorchures dans la main sont moins im-
portantes, mais cependant peuvent être ajoutées aux circonstances
probantes. Les blessures de cette espèce peuvent avoir une autre
origine et peuvent aussi provenir d'une lutte avec Tassassin.
On attribue une grande valeur aux taches noires qui se trouvent
quelquefois dans la main : si elles proviennent de la poudre brûlée,
fl est très probable qu'elles ont été produites par le coup de feu et
qu'il y a eu suicide, les exceptions sont très rares ; mais il faut être
bien sûr que la couleur noire de la main provient de la poudre brûlée.
Les ouvriers qui travaillent les métaux présentent une coloration noire
qù peut induire en erreur (obs. 133). Il faut laver la main avec soin,
on éloignera ainsi la rouille de métal, mais la poudre brûlée restera.
S'il n'y a pas de poudre brûlée, on ne peut rien en conclure, car
le soieidé peut avoir eu des gants que l'on ne retrouve plus après la
OKffl par une raison quelconque, ou bien il peut ne pas s'être servi
^ ses mains (obs. 128), et même chez ceux qui ont tiré le coup
0) i^rajer, VierteljahrsKhrift, 1856, 50« vol., p. 113.
212 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
avec la maia et sans gant on ne trouve pas toujours de la poudre
brûlée dans la main, pas plus que chez les soldats ou les chasseurs*
La main n'est brûlée que quand Tarme a été employée avec mala-
dresse et quand cette arme est à pierre; les blessures â la roainsoal
également le résultat de maladresses, c*est pourquoi dans la plu-
part des suicides on ne trouve aucun signe aux mains.
à** La direction de la balle est souvent la seule base du jugement
Qu'on se rappelle les difficultés que nous avons exposées à cet égan
page 197. D'un autre côté on sait que des assassins, afln de cache
leur crime et faire croire à un suicide, choisissent les endroits et k
directions qui sont propres aux suicidés, tels que la bouche, la ri
gion temporale, le cœur. Cependant il se présente des cas ou la di
rection de la balle peut prouver l'impossibilité absolue du suicide
Par exemple lorsque la balle a cheminé d'arrière en avant ou de hn
en bas. Ces cas sont rares.
Si l'ouverture d'entrée se trouve au fond du gosier (obs. 131]
si on trouve la bouche pleine de poudre brûlée (obs. 138), o
n'hésitera pas à admettre qu'il y a eu suicide. Mais un jugeroei
aussi hors de doute est rarement possible. Là, comme ailleurs, il fin
se garder d'un scepticisme outré, sans quoi sur 100 observations o
laissera 99 fois la justice dans le doute, et le bon sens se révolt<
contre une telle manière d'agir.
Tous les jours on se suicide , tandis que les assassinats sont rela
tivement rares. La statistique démontre que le suicide par arme i
feu est le plus fréquent en Prusse, après le suicide par pendaison
D'un autre côté, des accidents chez des soldats, des chasseurs, etc.
sont très fréquents ; ainsi à priori la vraisemblance est pour le sui
cide. Dans les cas douteux le médecin légiste devra s'efforcer de ré-
diger son rapport de manière à ne pas arrêter les recherches de h
justice; par exemple, il devra dire que l'autopsie parle pour V
suicide avec ( plus ou moins grande) vraisemblance, ou bien que le
résultats de l'autopsie ne s'opposent pas à ce que l'on admette qn
le décédé est mort par suite d'un suicide ; ce qui vaut mieux qiK
de déclarer son incompétence.
BLESSURES PAR ARMES A FEU. — Y A-T-IL FAUTE d'uN TIERS? 213
Ois. 127. — Homicide par arme à feu. Blessure de la veine jugulaire thoracique
et du poumon.
Le coupable avait tiré deux coups de pistolet chargé avec de gros grains de poudre
Mtr sa maitresse qui l'avait répudié. L'un des coups avait blessé les téguments de
l'abdomen et l'autre était entré dans la poitrine. L'hémorrbagie fut de peu d'impor-
tance, comme je pus le voir moi-même une demi-heure après le fait. La blessée ne
sMorul que cinq jours après. Quoique le coup eût été tiré de très près, la plaie da
la poitrine qui était située à la partie supérieure du sternum, avait un centi-
inètre et demi de diamètre, les bords étaient noirs, brûlés, mais pas ecchymoses.
Néanmoins, la grande proximité de l'arme était prouvée par de nombreuses taches
^poudre sur la joue gauche. La paroi antérieure de la veine jugulaire thoracique
droite était déchirée. A la pointe du lobe supérieur du poumon droit, il y avait deux
pbiei de la grandeur des grains de plomb qui avaient traversé tout le poumon et
avaient divergé, de sorte- qu'à la partie la plus postérieure ils étaient écartés de
2 centimètres. Sur le côté droit du diaphragme on trouva les deux petites
balles. La plèvre droite était remplie de 100 grammes de sang liquide et foncé.
ToQslet autres organes étaient intacts et anémiques. Le cas était facile. L'accusé
hl condamné.
Obs. 128. — Suicide par un coup de feu dans le poumon gauche,
Cn Jeune étudiant en médecine, depuis longtemps mélancolique, résolut de se
iiicider. Il attacha un pistolet à deux coups au pied d'une table, lia un morceau
^'éponge à la partie inférieure d'une canne, s'assit sur un canapé, alluma l'éponge
*1 l'approcha de la poudre qui prit feu. 11 avait eu soin de se courber en avant aûn
ise le coup le frappât au cœur. Les balles ne touchèrent pas le cœur, mais déchi-
f^t le poumon gauche, elles sortirent du dos en directions divergentes et resté*
fcot dans le canapé. Le malheureux vécut encore cinq heures et raconta exacte-
■mt comment il avait procédé. Il est évident que dans ce cas la main ne pouvait
^ ni trace de poudre ni blessure.
Ou. 129. — Suicide douteux. Coup par arme à feu dans le diaphragme et wous
la rate.
Dq homme de quarante-huit ans fut trouvé, au mois de janvier, mort dans une
■are. Son paletot et sa redingote étaient boutonnés jusqu'au cou, son habit et sa
cbegiiie étaient Intacts. On croyait avoir trouvé un nuyé, mais en le déshabillant
•B vit dans le côté une plaie par arme à feu.
Kons trouvâmes à l'autopsie que le projectile avait percé le diaphragme ol la rate
^^ resté dans les muscles de la colonne vertébrale. Les poumons étaient intacts
^ le contenaient pas de liquide épanché, la trachée-artère renfermait un peu d'é-
<*Be sanguinolente, \t cœur droit était gorgé, le gauche vide. La plèvre gauche
^^^^nA 250 grammes de sang, la langue était entre les dents. Les veines et les
*'
%
a h PAllTIE THANATOLOGIQUE.
sinus du crâne étaient congestionnés ; dans l'estomac il y avait 200 grammei
d'eau d'un brun sale. Le corps était très obèse.
Dans la maison voisine do l'endroit où fut trouvé le cadavre, on avait entendu è(
l^and matin les chiens aboyer, et Ton pouvait voir sur la neige des traces de pi
allant jusqu'à la mare et venant d'une place peu éloignée. Le cas était asic
difficile.
Nous rapportâmes que bien que le coup ait été mortel, la mort a pu ne pas èti
instantanée. Le blessé, disions-nous, a pu encore faire quelque pas jusqu'à la ma
où il s'est noyé, comme l'indiquent quelques signes de la mort par submersion, q
nous avons notés plus haut. Nous devons admettre qu'il y a eu, dans ce cas, suiek
car ce n'est qu'ainsi qu'on peut expliquer la circonstance curieuse des habits bo
tonn<&s, en acceptant que la vie a continué après le coup deféu. Un assassin, s'i
en avait eu un, aurait dû tirer sur le corps à nu, et alors comment expliquer'
habits boutonnés? Puis, comme l'autopsie prouve que la mort a été achevée pai
submersion, il est plus probable que cet homme n'ayant pu se tuer avec le pitli
et persistant dans l'intention de se donner la mort, se mit à boutonner son pah
comme le font souvent les gens qui prennent une résolution énergique, et eut
cours au second moyen de suicide qui se trouvait à sa disposition. On a trouvé
pistolet dans la poche de l'individu, mais cela ne prouve ni pour ni contre le i
cide. On reconnut plus tard quel était cet homme, et la justesse de notre jugem
fut constatée.
Obs. 130. ^ Suicide douteux. Coup de feu mortel dans la tête.
Un jeune homme de dix-neuf ans était mort par un coup de feu dans la tète,
trouva la montre du jeune homme encore dans sa poche, mais l'arme ne ftit
trouvée, et à cause de cette circonstance, une instruction judiciaire fut ouverte
l'autopsie fut faite.
La balle était entrée par le milieu du front et elle avait déchiré les téguroenti
forme d'un M. Au fond de la plaie il n'y avait pas de marque de poudre brûlée
trouva à l'os occipital une plaie de sortie. La fracture de l'os frontal présentait
ouverture d'un pouce de diamètre, tandis que l'ouverture de l'os occipital laii
à peine passer la pointe de l'index. Toute la voûte du crâne était fracturée exc<
à une petite place de 5 centimètres à l'arrière-tête. Toute la surface du cerv
était couverte de sang, tout le cerveau était déchiré. Ces circonstances parlaient^
le suicide, nous déclarâmes que l'autopsie n'avait donné aucun résultat s'oppoi
à l'admission d'un suicide.
Obs. 131. — Suicide douteux. Coup par arme à feu.
Un homme de trente-cinq ans fut trouvé tué par un coup de feu. Le corps ei
avait l'aspect chair de poule. La direction du canal que s'était frayé la balle était
remarquable. La balle était entrée au milieu de la voûte du palais, où l'on voyait
ouverture nette et ronde ; à partir du pont de Varole on pouvait suivre le canal i
la cerveau, car très peu de sang était épanché. Au milieu de l'os occipital,
BLESSURES PAR ARMES A FEU. — Y A-T-IL FAUTE d'UN TIERS? 215
frapaent d'os de la grandeur d'une pièce de 5 francs avait été détaché, et derrière
eefragmeot, entre l'os et la peau, on trouva deux demi-balles. Rien aux mains.
Nianmoiui, vu l'endroit par lequel était entrée la balle, il y avait tout lieu d'ad-
oetlre un suicide.
Obs. 132. — Balle pointue dans le cœur elle cerveau.
Do serrurier se fabriqua grossièrement deux balles pointues, et avec l'une
d'elles il se donna la mort. On trouva l'autre dans sa poche avec un paquet de
pondre.
Une fracture fraîche à l'index gauche indiquait qu*il avait tiré de la main gauche.
Ulttlie était entrée dans la poitrine où elle avait fait une pls^'e à bords nets avec
tto iDgIe aigu, comme cela se passe ordinairement pour les balles pointues. La
plaie était longue de 8 millimètres, les bords étaient renversés en dedans, le pour-
tour était ecchymose et brillé. La balle avait pénétré à travers le péricarde, avait
déchiré le ventricule et l'oreillette droite, avait blessé le bord droit du poumon
favche, et était resté dans les téguments du dos. Il n'y avait qu'un léger épanche-
nentde sang dans le péricarde.
Obs. 133. — Balle pointue ayant traversé la rate et le cœur.
U cadavre d'un homme de trente ans présentait à 4 centimètres du mamelon gauche
neooverture ronde d'un centimètre de diamètre, à bords nets, qui n'étaient renversés
Bîefl dehors ni en dedans, lisses, secs, foncés dans une étendue de 6 centimètres.
Li plaie était parcheminée et non ecchymosée. Les doigts étaient fléchis et roides.
U première phalange de l'index gauche était fracturée ; en outre, il y avait une plaie
HBglante de la grandeur d'un petit pois à la surface palmaire du même doigt, au-
dessous de la fracture. La surface palmaire de la main était couverte de sang sec. Les
deoxpains étaient sales, d'un noir gris, mais la couleur disparut par le lavage. Le
décédé était ferblantier. Dans la région de la neuvième vertèbre dorsale, a gauche,
Seettimètres plus bas que la plaie antérieure, il y avait une plaie semi-lunaire
d'ia eeotimètre de diamètre, à bords nets, non ecchymoses, et qui n'étaient reu-
«wiés ni en dehors ni en dedans, une plaie enfin ayant tous les caractères distinc-
tifc de celles qui sont produites par des balles pointues. Cette plaie était absolu -
■nt anaîogne à celle que Ton aurait pu faire sur un cadavre avec un couteau
trucbant.
b disséquant, nous trouvâmes la cinquième côte cassée, tout le pourtour était
isAltré de sang coagulé, une déchirure se trouvait au ventricule gauche du cœur,
ce^ dcTaii fiiire admettre que la mort avait été subite. Dans ce ventricule il y
«niteneore un peu de sang coagulé. Le cœur droit et les grands vaisseaux étaient
iitaetset vides. Toute la plèvre gauche était remplie de sang moitié liquide, moitié
Mifvlé. Les deux poumons étaient intaets. La balle, après avoir frappe le péricarde
A le cour, était entrée par le diaphragme dans la cavité abdominale et avait
Me$sè le bord supérieur de la rate ; donc le décédé avait tiré avec la main gauche,
^ la balle avait traversé le corps de haut en bas et d'avant en arrière.
216 PARTIE THàNATOLOGIQUE.
Obs. 134. — Suicide par coup de feu dans la tête sans balle.
Le cadavre d'un homme de vingt-cinq ans présentait une plaiedela grandeur d'une
pièce de 5 francs, ronde, dans la région temporale droite, mais pas de plaie desortie.
Les téguments mous étaient déchirés et sanglants. Les deux os temporaux étaient
fracturés, il y avait des fissures à la base du crâne, le canal traversait le cenreaa
horizontalement. A la partie interne du temporal gauche, on trouva une boule de
papier de la grosseur d'une noix et qui avait été le projectile. La main et le brat
droits étaient tachés de sang, et des marques de poudre brûlée se trouvaient au
doigt, ce qui mettait le suicide hors de doute. La poudre brûlée s'expliquait par la
maladresse du suicidé, car il avait pris un vieux pistolet en mauvais état, qu'il
avait tellement chargé que le canon avait éclate. Dans ce cas aussi il y avait
chair de poule.
Obs. 1 35. — Suicide douteuse. Coup de feu dans le cœur et le poumon.
Un homme de cinquante-deux ans, aveugle, fut trouvé tué par une arme à feu,
assis contre le poêle de sa chambre.
La balle était entrée dans la poitrine, du côté gauche, la plaie extérieure était
longue de 8 centimètres et large de 3 centimètres. Elle avait des bords déchirés.
La partie supérieure était brûlée dans l'étendue d'un centimètre. La balle était
entrée entre la sixième et la septième côte, avait déchiré et traversé le poumon
gauche et le cœur, de sorte que l'on pouvait à peine retrouver un morceau du ven-
tricule droit. Dans la plèvre gauche il y avait 250 grammes de sang liquide et foncé,
le poumon droit était anémique ainsi que tout le cadavre, excepté les veines de la
pie-mère. Le dos était couvert de lividités cadavériques. Le décédé était tout à fait
aveugle, il y avait cataracte sur les deux yeux.
Sa famille ne pouvait s'expliquer quel avait été le motif de son suicide, ^le ne
soupçonnait pas où et comment il avait pu se procurer le pistolet que roii trouva
à côté de lui. On ne trouva dans sa chambre aucun sac de poudre et rien de ce
qu'il faut pour charger une armé. On savait seulement que depuis quelque temps il
s'exaltait pour la politique (été 1848) et se faisait conduire tous les soirs dans les
clubs. Il est évident que ces données n'étaient pas suffisantes pour conclure qu'il y
avait eu assassinat, et la direction de la plaie ne pouvait en rien influencer le juge-
ment, pas plus que l'examen des mains ; elles étaient fléchies et d'un gris bleu, mais
les deux étaient absolument dans le même état. Sa chemise et sa robe de chambre
avaient été écartées, de sorte qu'elles étaient intactes. Cette dernière circonstance
parlait plutôt pour une mort volontaire, et pourtant n'était-il pas possible de tuer
de cette manière cet hommu aveugle et peut-être endormi sur une chaise près de
son poêle ? et cette précaution d'écarter les vêtements si facile à exécuter, n'a-
t-elle pas pu avoir pour but d'écarter l'idée d'un crime ! Notre conclusion fut que
Tautopsie ne présentait pas de résultats s'opposant à l'admission d'un suicide. Des
recherches ultérieures constatèrent plus tard qu'il y avait eu suicide.
BLESSURES PAR ARMBS^ FEU. — Y A-T-IL FAUTE D*UN TIERS? 217
Obs. 136. — Suicide doutnuc. Cowp de feu dan% le casur.
On trouva un homme de quarante ans tué par arme à feu, assis contre un arbre.
Sa mootre et sa bourse avaient disparu, et à côté de lui, ce qui est très curieux,
on trouva un pistolet chargé.
\m habits du cadavre étaient écartés, la chemise avait été seule percée par la
hiUe qui était entrée entre la quatrième et la cinquième côte. Ici la plaie étaitronde,.
avait 2 centimètres 1/2 de diamètre, abords déchirés qui n*étaient renversés ni en
dedaosni en dehors ; autour de la plaie, la peau était d'un jaune brun parcheminé,
il n'j avait pas de marques de poudre brûlée. Dans la cavité thoracique, il y avait
no épaochement de 700 grammes de sang en partie coagulé dans la plèvre gau-
che ; tout le cœur gauche était déchiré. La balle n'était pas sortie du cœur, et
séinaioias ne put être retrouvée. Les mains n'avaient pas non plus de marques de
pondre brûlée.
T avait-il là meurtre ou suicide ? On nous posa la question suivante : Le blessé
iprès sa blessure était-il encore en état de charger de nouveau son arme ? ce qui
avnitpu expliquer pourquoi on a trouvé un pistolet chargé à côté de lui. Naturel-
iemenl nous devions répondre négativement à cette question, car certainement la
■ort avait dû être subite. Le blessé a pu être tué par un assassin qui lui a pria sa
■OBtre et sa bourse, et a ensuite rechargé le pistolet qui lui avait servi; en admet-
trai cela il serait toujours' singulier de trouver les habits écartés. Le décédé pou-
(^ avssi s'être tué lui-même, avoir eu deux pistolets chargés et après avoir été
pnvé de sa montre, de sa bourse et d'un pistolet. L'absence de marque de poudre
hriUéeaubord de la plaie ne prouvait rien, puisque comme il y avait brûlure, le
^p n'était pas venu de loin. Ce cas était très difficile. Voici quelle fut notre con-
clusion :
Les résultats de l'autopsie n'ont pas permis de répondre s'il y a eu meurtre ou
tnieide, mais ils n'excluent nullement la possibilité d'un suicide. L'afl'aire n'a pas
^poursuivie plus loin.
Obs. 1 37. — Coup de feu sans balle dans le cœur et les poumons.
Dans ce cas, le suicide était constaté. Il n'y avait pas de plaie de sortie.
U plaie était à 4 centimètres au-dessous du mamelon gauche, elle était longue
et près de 5 centimètres et large de 2 centimètres. Elle avait des bords dé-
chirés qui n'étaient renversés ni en dedans ni en dehors. Autour de la plaie
le trouvaient plusieurs places ecchymosées privées d'épiderme, d'une cou-
leur brun sale, et molles sous le couteau. Rien aux mains. Huit côtes à partir
^ la quatrième étaient fracassées. Dans la plèvre gauche il y avait un litre et demi
^ MOf très foncé, dans lequel nageaient une partie de la substance du cœur et beau-
cotp de caillots. Le bord antérieur du poumon gauche était déchiré. Le cœur n'était
plasrecoonaissable. Dans la plèvre gauche en lambeaux se trouvait un bouchon de
pépier, mais pas de balle. Tout le reste était normal.
218 PARTIE fHAIlATOLOGIQOE.
Obs. 138. -— Suicide douteux. Ruf^lurêdêi poumons, de Vcesophage H de
la carotide.
Ce cas est très singulier et mérite d'être rapporté en détail. Un cocher ét^*^
mort au milieu de circonstances qui avaient fait naître le soupçon d'un assassinait*
on savait que la mort était survenue parce que delà poudre remplissant ta bouct^^
avait été allumée. Aux deux angles des lèvres il y avait des déchirures dentelé^^*
A l'angle droit la déchirure avait 5 centimètres de longueur et 2 centimètres et denoi
de largeur. La langue était sanguinolente et dure à couper, mais pas brûlée, 1«
palais également était intact. Au fond du gosier il y avait 40 grammes de sang coa-
gulé. Le crftne était tout à fait intact ; la pression de l'air avait plutôt fait son effet
en bas. Dans les deux plèvres on trouva : dans l'une 1 50 grammes et dans l'autre
70 grammes de sang liquide ; les lobes supérieurs des deux poumons étiienf
déchirés. La trachée-artère et le larynx étaient intacts, mais l'œsophage était dé-
ehiré à l'isthme du gosier, et à son milieu il y avait une rupture de la grandeur
d'un haricot, enfin il y avait encore une déciiirure de la carotide gauche. Nous con-
clûmes :
I* La mort a eu lieu par hémorrhagie de la carotide et des poumons ;
S* L'admission d'une mort causée par une main étrangère ne trouve aucun fbn-
dément dans l'autopsie, il est plus probable qu'il y a eu suicide. Peu de temps
après le suicide Ait constaté.
\
BRDLUBBS MORTELLES. 'Ii9
l
'* ■
/
CHAPITRE III.
BRULURES MORTELLES.
S 1. — Dîa^ostie.
Ce genre de mort violente peut avoir lieu de différentes manières.
Ou l'homme brûle par le contact de la flamme et Faction de la
chaleur provenant d'un corps solide , tel qu'un métal rouge, des
charbons ardents, ou bien provenant d'un liquide, de l'eau, de l'huilei
par l'action des caustiques, tels que les acides, les sels causti-
lues (1)^ été. La mort arrive alors par suite d'une accumulation de
<^Ioriqiie plus grande que celle que l'organisme peut supporter :
d^Qs ces casy on trouve à l'autopsie, de Yinflammatiofif surtout
d^s membranes séreuses avec épanchements et des symptômes de
^^ffocation avec injection inflammatoire de la muqueuse de la tra-
^^ée-artëre, et hypérémie des poumons, du cœur droit et des grands
^^isseaux ;
Ou dans d'autres cas, si des individus très irritables ont été soumis
^ l'action d'une grande chaleur, la mort a lieu subitement par neuro--
t^nralysie avec des douleurs violentes, des convulsions, et on ne
trouve rien à Tautopsie.
Rokitansky (2) dit qiie, parmi les résultats fréquents des brûlures,
il faut compter les érosions hémorrhagiques de la muqueuse de l'es-
lomac et les ulcères perforants. Quand une telle autorité prend la pa-
role, il n'y a pas ordinairement à discuter. Néanmoins, je crois que
ce n'est pas aussi fréquent que le dit H. Rokitansky, car je ne l'ai
^ dans aucun cas de brûlure.
(1) Las hommes qui périssent dans un incendie, peuvent mourir d'une autre
■Msière. Ils sont souvent écrasés par des écroulements ou ils sont asphyxiés par la
funée. Alors la mort n'a pas lieu par brûlures, ce sont les cadavres qui brûlaiit.
(2) WocheMatt der ZêUêchrift der Gesellsch, der Aerzte zu Wien 1 85S, n* 23
P- M et 868.
220 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Pour constater la gravité d^iuie bràlure, il se présente la difficulté
de déterminer quelle doit être Véimûue d*une brûlure pour qu'elle
soit mortelle. Des brûlures atteignant la moitié ou un tiers du corps
sont certainement mortelles ; mais si un quart ou seulement us^
huitième du corps a été brûlé? Les difficultés augmentent lorsque
la brûlure n*est pas continue, mais qu*il y en a plusieurs dissémi —
nées à plusieurs endroits du corps. Il Tant alors peser sagement toute^s
les circonstances du cas particulier, car il est impossible d*adopter
une règle générale. Une même brûlure sur un ouvrier robuste et sur
une femme délicate peut avoir des résultats très différents. Les en-
fants nerveux meurent de brûlures très petites. Il est évident que
Ton ne peut pas, pour mesurer la quantité de plusieurs blessures sur
le corps, les additionner et les juger par retendue totale, ce serait
aussi inexact que de vouloir mesurer la gravité tie plusieurs centaines
de piqûres d'épingles en additionnant les plaies et en considérant le
total comme une plaie grande par exemple comme un noyau de ce-
rise. L*irritation des nerfs de la peau en beaucoup d'endroits, pro-
duira des douleurs plus violentes, des réactions plus dangereuses
que celles produites par une' brûlure unique dont l'étendue serait
égale à la somme de toutes les autres. Ajoutons que le traitement en
est beaucoup plus difficile. La législation actuelle de la Prusse a eu
soin cependant de ne pas laisser trop de latitude à l'estimation indi-
viduelle, car le § 185 du Code a aboli les blessures nécessairement,
individuellement, mortelles, et ne demande que la constatation du
résultat, de la suite des blessures sur le cas particulier.
Lorsque les brûlures ont été suivies de mort et que l'on ne peut
pas retrouver par l'autopsie une autre cause de mort, on doit regarder
les brûlures comme ayant causé la mort. Quelquefois les experts,
au temps de l'autopsie, ne connaissent pas encore tous les antécé-
dents nécessaires pour juger le cas, ils devront alors ne donner
qu'une conclusion entourée de restrictions en attendant plus ample
information.
Le diagnostic d'une brûlure sur un cadavre n'est en général pas
difficile ; il n'est pas non plus difficile devant un cadavre brûlé jusqu'à
BRULURES MORTELLES. 221
èlre méconnaissable, de détermiiier si la combustion a eu lieu pen-
dant la vie ou après la mort. Une telle brûlure est nécessairement
loujoors produite après la mort, car Torganisme vivant ne peut ni
r6tir ni se carboniser. Mais ce qui est difficile, c'est de déterminer si
U mort ayant eu lieu par l'action de la chaleur et le corps étant resté
soumis à la même influence, il y a eu carbonisation, ou bien si la mort
«janteu lieu par une autre cause, telle que la strangulation, on a fait
brûler le corps afin de voiler un crime. Cette difficulté existe, du
reste, pour tous les agents de destruction organique, telles que la
putréraction, etc. Quant à décider si de simples cloches ont été pro-
duites pendant la vie ou après la mort, nous démontrerons dans le
paragraphe suivant que le jugement ne peut pas être douteux.
En général, les brûlures se montrent sur le cadavre sous deux
aspects différents : ou la forme des régions est conservée ou elle ne
''est pas.
Dans le premier cas, selon le degré de la brûlure pendant la vie,
les places brûlées seront d'un rouge écrevisse ou d'un rouge brun
^<AÎvre, plus ou moins sèches et parcheminées ; personne ne con-
fondra ces taches avec des lividités cadavériques. Dans des cas
'^res, tout le corps peut avoir cet aspect si la victime a été pour
^Osi dire rôtie. On trouve ordinairement des cloches de différentes
Sitedeurs, crevées ou non, (fae l'on appelle des phlyclènes. Il faut
'^ien prendre garde de confondre ces cloches avec celles qui sont
enlevées par la putréfaction, surtout dans les cas où il y a des clo-
<^he8 des deux espèces. Toute cloche provenant d'une brûlure est en-
tourée d'une auréole rouge plus ou moins étendue qui manque dans
t^ bulles provenant de la putréfacction. Chaque excoriation de brû-
lure montre un fond rouge souvent avec de petiles granulations et
delà suppuration, ce que l'on ne voit pas dans les excoriations pro-
duites par la putréfaction, qui n'ont pas de base présentant une
teinte particulière, ou qui ont une coloration verte uniforme.
^ est évident que les cadavres frais qui ne présentent pas de signes
généraux de putréfaction, n'offiriront à cet égard aucun sujet d'er*
renr.
222 PARTIE THANAT0L061QUE.
Dans le second cas, si la formé dii corps est détniifte parla com-
bustion, on trouve la carbonisation qui/ii elle s'étend sur tout le
corps, laisse à peine reconnaître la configuration humaine, oiibieati
la carbonisation ne s'étend que sur une partie du corps, les té(Q-
ments et les organes de cette partie sont déformés et méconnais-
sables.
Leê caustiques solides ou liquides produisent des brûlures qui se
manifestent par- des taches d'un rouge brun, ou comme l'aeids f«t-
furique qui est le plus usité, des taches d'un brun sale, ou bien
comme Y acide azotique^ des taches jaunes, dures à couper, ne don-
nant pas d'ecchymoses quand on les incise et *qui détmiseiit le
derme. Dans les cas (Haschka, Buchner) où on ne sait pas si les
taches de brûlure proviennent du feu ou de l'acide sulfûrique, outre
les signes exposés plus haut, les circonstances suivantes serriroDl à
poser le diagnostic : dans les brûlures par acide sulfurique il } i
absence de phlyctènis, coloration et aspect uniforme de toutes les
places touèhées par l'acide^ landis que dans les brûlures causées
par la flanmie, on trouve les uns à côté des autres, les différents
effets du feu, des cloches conservées, des cloches crevées, des en-
droits rôtis, des traces de carbonisation provenant des vêtements
brûlés, des poils de la peau, ce qui ne se rencontre jamais pour
les acides; enfin comme dernier moyen de contrôle, il restée l'exa-
men chimique des vêtements (Voyez page i 60.)
^2. — Szpériences sur le cadavre. Prodaction de phlyetènei après la iBort.
Il y a quelques années, la question suivante se présenta pour la pre-
mière fois (obs. 1Â2) dans ma pratique médico-légale : les phlyctènes
trouvées sur le cadavre ne peuvent-elles pas avoir été produites
après la mort? Je répondis négativement à cette question. Un autre
expert combattit cette «opinion, disant : c que douze à vingt heures,
quelquefois plus longtemps après la mort, il peut se former des
phlyctènes profondes sous Tinfluence d'une chaleur intense, proba-
blement par suile de l'expansion causée par le calorique et par
BRULURES. — EXPÉRIENCES SUR LE CADAVRE. 228
ré?«poratioii de liquides qui restent emprisonnés dans l'épiderme*
Ces phlyctënes ressemblent d'autant plus à celles qui sont produites
pendant la vie qu'elles ont été produites moins de temps après la
mort, t
Les meilleurs praticiens sont d'un avis contraire.
Orfila dit {Méd. lég., l, Paris, 1828, p. Aô?) : c On cherchera à
découmr s'il y a des phlyctènes, altération qui dénote manifestement
i(oe l'enfant était vivant lorsqu'il a été brûlé. » Orfila ne dit rien des
ùpes caractéristiques de l'auréole ou du fond.
Deyergie (Méd. lég.j Paris, 18&2, S** édit. p. 303) remarque :
( si l'on applique de l'eau bouillante ou un fer rouge à la surface du
corps d'un individu dix minutes ïEAm^ après la mort, il ne se mani-
feste jamais de rougeur ni de phlyctènes. » Plus loin il dit qu'il n'est
pu possible de confondre une brûlure faite pendant la vie avec une
brûlure faite après la mort.
Cbristison {£dim. Med. and sur g. Joum.j avril 1831) a fait
il expériences d'après lesquelles il lukfaratt c évident que l'action
'e la chaleur, même quelques minutes après la mort, nepeutpro-
t^oire aucun des effets produits par la réaction vitale. > Un de ces
cisest très curieux; c'est une femme qui, quatre heures ayant la moit,
tent atteinte de coma, fut traitée par l'eau bouillante, et une demi-
beire après la mort, fut brûlée par le fer rouge. Sur le cadavre on
Til les plaies brûlées avant la mort, couvertes de phlyctènes, celles
Ivûlées après la mort n'en présentant aucune. Je crus à cette époque
ne pas pouvoir me contenter de ces résultats, et je fis avec Tassis-
Unce d'un ami, quatre expériences dont voici en peu dennots les
résultats .;
1** Le mollet du cadavre d'une femme de soixante ans morte
lipais quarante-huit heures, fut enveloppé avec un morceau de
oiiite de 3 centimètres de largeur imbibé d'huile de térébenthine (qui
produit sur le vivant les phlyctènes les plus étendues). On avait fait
iiec cette étoffe quatre fois le tour du membre. On alluma l'huile ;
les étoffes brûlèrent pendant quatre minhtes, le sillon de peau au-
tesous de la ouate était superficiellement rôti ; il n'y atait nulle
22& PARTIE THANATOLOGIQUE.
part une êrace d'épanchement de liquide ou une formation ^
phlyctène,
V On mit sur le dos du pied la flamme d'aoe lampe à huile pea
dant trois minutes, de manière que toute la largeur de la flamme fi
en contact avec la peau. L'endroit devint brun, sec et dur, mais
n'y eut nulle part use trace de soulèvement^ de gonflement ou d
phlyctène.
3o*Sur uu enfant non à terme, mort vingt-quatre heures après ii
naissance, on fit deux expériences treize heures après la mort. Dau
la région de l'estomac on mit un morceau de ouate d'un pouce carri
et imbibé de térébenthine. On y mit le feu et il fut consumé après
trois minutes et demie. On trouva des petits plis rayonnes sur la pean,
et dans les parties environnantes de petites déchirures. L'espace qui
avait été couvert par la ouate formait une croûte d*un brun clair]
rôti ; sans trace de phlyctènes.
à"" Le scrotum d'un cadavre était oedémateux et distendu, et d'à*
près la théorie de l'expert citj^ on devait s'attendre là ou jamais i U
formation de phlyclènes. On appliqua sur la peau le bord de la base
d'une flamme de bougie. Ainsi la chaleur avait une action modérée
mais continue, et on n'avait pas à craindre une déposition de noir d<
fumée. L'endroit en contact avec la flamme se rétracta et se revéUl
d'une surface grise et luisante, mais il n'y eut pas la moindre traa
d'une formation de pklyctènes.
Si Ton veut objecter contre la troisième et la première expérience
que les résultats ont été troublés parce que la peau était couverte,
on perd«le but pratique de ces expériences, car personne ne niera
que ces brûlures faites sur le vivant auraient donné lieu aux suites
ordinaires.
Cependant je ne me suis pas contenté de ces expériences, j'ai con-
tinué à en faire d'autres dans les conditions les plus diverses;
j*ai toujours obtenu le même résultat. Des matières de toutes sortes
ont été employées, de la ouate sèche ou imbibée de matière comboûH
tible, de l'eau bouillante, de la cire en combustion, la flamme d'une
lampe de Berzelius, ont été mises en contact avec des parties convexes
ORULIIUES. — EXPKRŒNGES SL'K LE CADAVRE.. 225
(lu Corps. De toutes ces expériences nous avons acquis la cerlituJe
complète que :
l'/Zn'y a aucune réaction si le cadavre est mis en contact
atee un objet brûlant même carbonisant et si ce contact a lieu
far surface, c'est-à-dire quand une partie du corps est recouverte de
toile ou de coton en combustion ; on voit tout au plus alors quelques
petites places qui paraissent brûlées mais qui ne sont que des déposi-
tions de matières charbonneuses provenant de l'objet qui a brûlé ; les
poils qui se trouvent sur cet endroit du corps brûlent également, ce
qui peut donner un aspect général derôtissure.
2" Si Von soumet un cadavre à une flamme très intense, on peut
produire des phlyctènes sur le cadavre, mais elles se crèvent de
«Mi/e. La chaleur très intense produit une évaporation rapide des
guides, et donne lieu à des phlyctènes de petite dimension, la
force eipansive des gaz formés crève la cloche en faisant une espèce
(ie petite explosion, et Fépiderme retombe. Dans des cas très rares,
l> plilyctène resta quelques minutes avant de crever. Jamais on ne
rencontra un changement de couleur à la base d'une pareille phlyc-
tèoe. Ajoutons que jamais ces phlyctènes ne contiennent de liquide,
quelles sont simplement pleines de gaz.
3* Il n'y a aucune différence si l'expérience e$t faite peu de
temps ou plusieurs jours après la mort. Un joueur d'orgue se jeta
à l'eau avec ses deux enfants, ils furent retirés de suite, le père
était mort, mais les enfants vivaient encore et furent sauvés. Pour
lâcher de rappeler le père à la vie, on l'avait frotté fortement sur la
poitrine et sur les cuisses, et les hommes ignorants qui l'avaient
recueilli avaient aussi imaginé d'alfumer au-dessous de lui un feu de
paille ! Je vis le cadavre trois jours après ; les deux cuisses et les deux
jambes étaient presque entièrement revêtues d'une couleur gris noire
par le noir de fumée qui s'était aussi déposé sur le dos et le bras
droit. En dix ou douze endroits on trouva des phlyctènes crevées de
grandeurs différentes, jusqu'à la grandeur d'une noix et tout ù fait
tomme nous les avons décrites en haut, sans trace de coloration ni de
l*^piderme environnant ni de la base.
11. 15
216 PARTIS TBANATOLOOIQUR.
•
D'après cela^ op peut conclure que Ton ne trouvera janiais
sur le cadavre une phlyctène qui ne sera pas crevée, loraque oiUl
phlyctène aura été produite après la mort, pas plus que l'on ne
trouvera des phénomènes de réaction produits par la eontactii
la cire bouillante que i*on met souvent dans la région du comi
d*una personne qui vieot de mourir, pour s'assurer que la via n*¥k
plus. Il est donc impossible de confondre des brûlures faites peaëul
la vie avec des brûlures faites après la mort. Je ne reviens pas sur ki
carbonisaiions, car il est certain que Vhommi est déjà mori attal
que le feu ait produit de tel^ effets.
^ 3. *- Déterminer s'il y « faute d'an tieri ? Oombvf tioa •ponteBés.
Une personne trouvée brûlée est -elle morte par la faute d*an lienl
Dans cette question, il s'agit de savoir s'il y a eu accident m
meurtre, car jatnais ce genre de mort n^est choisi pour te suicida,
excepté chez les veuves indiennes! L'autopsie permet de décida h
question, si elle indique un autre genre de mort, par exemple dei
blessures mortelles à la télé et a'u cou, des signes de stranguhh
tien, etc. Mais il peut être très difficile et môme impossible d^
^ répondre, si les circonstances font entrevoir comme vraisemblabk
un genre de mort autre que la combustion et si le corps a été dé<
truit par la brûlure, de sorte que les traces du genre de mort pré*
sumé ont été eiïacées; par exemple une marque slrangulatoire, um
blessure de télé peuvent être effacées par les désordres produits pai
une brûlure. On ne peut pas donner à ce sujet de règles générales,
il faut peser toutes les particularités du cas spécial pour poser le juge*
ment. Si un ouvrier qui travaille avec le feu est trouvé biûlé dans soi
atelier, il est moins vraisemblable qu'il y ait eu meurtre que si uni
comtesse est trouvée brûlée près dé son secrétaire (1) ; de même cetti
vieille femme qui a été trouvée brûlée à moitié dans son fourneau i
été probablement victime d'un accident, tandis qu'il en est autre-
(1) Mort de la comtesse de torlili trouvée moitié brûlée, par Graff, griai*
geo, ISSO.
BRULURES. — T ▲•T-IL PAUTE D'UM TIERS ? 227
Mit faii TÎeil avare vivant seul, que Ton a trouvé brâlé dans sa
émhrt et chez lequel on a trouvé tous les tiroirs vides. H. Dever-
pt a raison de dire qu*en général dans les quafre-vingl-dix cen-
tièmes des cas où le suicide et le meurtre par brûlures sont en
(haie, il faut aller chercher les critériums hors de la science mé-
dicale.
Mais le décédé n'a-t-il pas pu trouver la mort par combustion
spontanée ? Deux hommes ont été condamnés et exécutés en Angle»
terre pour avoir brûlé leurs femmes, les experts avaient déclaré
qu'il y avait eu combustion spontanée, les jurés ont néanmoins rendu
ai verdict de culpabilité. Ces hommes étaient-ils innocents?
n est affligeant d'être obligé, dans une œuvre scientifique sérieuse^
n 1861, de parler encore de la fable de la c combustion spontanée >,
fw personne n'a jamais observée, dont les soi-disant preuves ne
ivpoeeal que sur les contes des ignorants et sur les anecdotes
>l^rdes des journaux, et qui ne résistent à aucune critique. Tout
Bédeein légiste qui connaît les criminels, leurs mensonges et les
simulations employées pour voiler les crimes, doit regarder la com-
hislion spontanée* comme une fable des plus absurdes. Liebig (1) en
• faitjasiice avec les armes de la science, et pourtant des auteurs
i^tsne craignent pas d'admettre encore la possibilité de cette com-
histion spontanée. Pour ne citer qu'un des raisonnements de Liebjg,
nous dirons qu'il a calculé que le corps contient 76 pour 100 d'eau, et
Peaveul qaMI soit réduit spontanément en cendres en peu d'instants !
En laissant même de côté les arguments scientifiques irrésistibles
le Liebig, j'ajouterai les arguments du bon sens et de l'expérience.
Qaicanqae a vu des cadavres morts dans de grands incendies, les a
neharbofinés, en morceaux, a toujours trouvé assez de parties con-
Krtéet pour reconnaître que c'était des restes humains. Jamais on n'a
Iromé comme restes d'un homme, absolument que des cendres, quand
ite le cadavre était resté des journées entières dans le feu. Tandis
(t) Ziir BewihêUung der Selbstverbrennungen des menschlichen Korpon 8* édit.
^^^^^^Uierf 1850. (Un modèle de critique scientifique en peu de mots.)
228 PARTIE THANATOLOGIQUE.
que dans tous les cas où on a vu des soi-disant combustioas s|M)D-
tanées en quelques heures, il n*est plus resté, dit-on, quedesceO'
dres ! Toutes les observations de combustion sponlanée sont, du reste,
accompagnées de circonstances plus ou moins miraculeuses, imps
sibles, qui dénotent surabondamment Tinexactitude. En voici quelipe
exemples :
Une vieille ivrogne mourut de combustion sponlanfe, mais 1
chaise sur laquelle on trouva les parties de son corps en combustioi
était intacte ! Dans d'autres cas, les pieds et la tête furent brâli
et les bras et le bonnet restèrent intacts !
Un monsieur D... jouaitavecdu soufre qu'il alluma à lachaodell
il se brûla les doigts et les habits, mais il parvint à éteindre le fe
bientôt après les doigts recommencèrent à brûler comme des boi
gies avec des flammes bleues (!!) et avec ces lumières il courut ck
un médecin (!!) plus tard les doigts se mirent à brûler de nouvel
« On fuie pansement comn^e pour une brûlure simple, et vingl-de
jours plus tard le malade était dans un état satisfaisant >, car
s^était produit de grandes phlyctènes (1) !
Comme ces observations sortent de toutes les lois connues de
physique, on a cru devoir avoir recours, pour les expliquer, à d
hypothèses plus ou moins ingénieuses. Or, on doit rejeter tout ce q
les sciences naturelles défendent d'admettre, sans quoi ou ouvre I
portes de la science à la plaie de la superstition.
Parmi les trente cas souvent cités d'hommes qui, la veille, étaii
sains et bien portants et qui le lendemain ne* présentaient plus qu^\
tas de cendres^ il est possible qu*il y ait eu des cas de meurtre api
lesquels le meurtrier a jeté sa victime dans le feu pour cacher '.
traces de son crime (obs. 1&2), il se peut aussi que les cendres aie
été celles d'un objet quelconque, tandis que le cadavre avaitété enlev
nous ne chercherons pas ù discuter ces possibilités, pas plus que
vraisemblance de la bonne foi de cette jeune fille qui, à Hamboui
(1) Richond dans les Archives de médecin:. Devcrgie, Annales d'hygiène jmi
que, 1S5I, p. 386.
BRt'LURES. — y A-T-JL FAUTE D'UN TIERS. 229
■
rtuonla qoe ses doigts avaient pris feu sponlanément, et montra à
l'appui, des brûlures réelles aux doigts; ce cas qui n*était destiné
qu'à myslifier.le médecin, a été admis comme réel et on Ta déclaré
eoinme c constaté t. A ce sujet nous soumettrons à la réQexion du
lecteur les faits suivants :
Parmi les vingt-huit casque Jacobs (1) a ramassés, nous laisserons
décote ce cas de Hambourg et les deux Anglais exécutés dont nous avons
parié plus haut ; les 25 autres cas en présentent 20 arrivés en France,
^ eo Angleterre, 1 en Italie, 1 en Allemagne et 1 en Amérique. Ainsi,
20 cas en France sur 1 cas en Allemagne, tandis qu*une autre maladie
oierveilleuse (car on ne peut donner un autre nom à la combustion
spontanée) la fameuse c p;romanie > qui ne résiste pas mieux à un
^men sérieux et scientifique, a choisi son domicile en Allemagne
^t presque jamais en France. C'est déjà une circonstance curieuse, car
i^ ne sache pas que la pathologie connaisse la frontière du Rhin. Il
^ siogulier que presque tous les exemples de combustion spontanée
^ soient présentés dans le siècle dernier, et que les centaines de jour-
^^Jux scientifiques du siècle actuel n*en rapportent que très peu d*exem-
l^l^sicela seul doit faire soupçonner a la combustion d'autres causes
^Ue la spontanéité.
Considérons que la plupart des victimes de combustions sponta-
>^ées étaient des sujets âgés et même très âgés (cinquante à quatre-
^ingt-dix ans), adonnés aux boissons alcooliques, et que les accidents
arrivaient la nuit, pendant l'hiver et dans la solitude. Rappelons-
nous que dans le plus grand nombre des cas, on trouva près du corps
brûlé un objet en combustion ou qui avait été en combustion, tel
qu'une pipe, une bougie, une lampe et le plus souvent une cheminée.
Représentons nous la scène : n'est-il pas naturel que dans un pays
^oble tel que la France, pendant l'hiver, lorsque le soir un homme
ivre revient chez lui ayant froid, fait un grand feu dans la cheminée
il puisse allumer par accident ses habits et se brûler? ou bien qu'un
^1)Voirini Wochenschrifty 18 il, p. 113. I.<»s mômesiobservalionçsc retrouvenl
te tous les mémoire?.
330 PARTIE THANATOLOGIUUE.
vieillard ivre de vin et de sommeil, dans un étal de débiKlé nnrike
et physique, puisse approcher soit ses habits, soit les rideau dem
lit de sa pipe, ou de la flamme de sa lampe? Gela me aaalilsfhi
raisonnable et plus probable que d'aller chercher les hypotkèitt le
c surabondance de phosphore dans le corps », des c eAla eitra«i-
naires d*électricité », etc.
Les combustions accidentelles telles que nous veiMiBs de ks tf*
crire, arrivent tous les jours dans tous les pays, et il eti iraiwi
blable qu'en France elles sont plus fréquentes qa*eii Allenagae,
parce qu'en France les lits ont des rideant et qu'on y traoïe dn
cheminées très vastes, tandis qn'en Allemagne les lits n'onl jibmb
de rideaux et on n'y trouve que des poêles. Ajoutons que defrii
deux siècles, en Allemagne, il y a une orfanisation médicale Hfh
lière, qui contrôle les cas de cette espèce, tandis que h FtWÊtê é
d'autres pays n'ont pas encore ou ont depuis peu cette orfMÎsatiil.
Rnnarquons en outre que ces faits de combustion spontauéeeiltt
constatés et rapportés par des prêtres, des maires, des ptysani, é
qu'en France il y a bien plus de superstition qu'en Allemagne, e'eit
pourquoi il n'est pas étonnant que ce soit la France la patrie de h
combustion spontanée qui, j'espère, n'aura plus i parattre devMt
la science médicale (1).
Obs. 139. — Exi}érience de coinbuxtion sur un cadavre»
Il sera intéressant ici de rapporter une expérience que j*ai ftite coaeefMitk
combustion spontanée, l'a fœtus de cinq mois qui était conservé depuis pluiiMi*
années dans de l'esprit de \in, dont les tisus étaient certainement plus imbibii^
matières combustibles que ceux d'un ivrogne, fut exposé à une flamme inicMe
• qui fut promenée sur le corps : après quelques minutes, la peau eomraenfa i hfili'*
La flamme Tut éloi(?née, mais instantanément le feu s'éteignit. Cette expéricosi ^
recommencée dix à douze fois. A peine la flamme était-elle approchée, le eofp*
brûlait, mais à peine était-elle éloignée, le corps s'éteignait. Toujours il y t*^
cembustSon de la place allumée, mais jamais « combustion spontanée» .
(1) Voyez le mémoire de E. Pelikan dans Beitrdge zur gerichl, HiediC'^'
Wurzbourg, 1858, avec un rapport excellent sur un cas arrivé à Saint-Pélersbesr^
BRULURES. — OBSl!;HVATIO^S. 2Sl
Om, 140. — CotnbutUon <Vun ramone w dams mte chemmèe.
lojeuiM ramoneur, nettoyant une cheminée, fut surpris par un tém ée cuisine
fû avait été allumé dans l'ignorance de sa présence, Tenfant fut bientôt jsphyxié,
Amta mort quelque temps dans la cheminée et en fut tiré complètement rôti. U
Imitait pas carl>onisé, mais tout le corps présentait l'aspect des taches que Ton
trouve sur le cadavre quand on a mis un vésicatoire peu de temps avant la mort,
e*Mt-à-dire toute la peau était d*un brun cuivre avec des taches jaunes, dures
eonme dn parchemin sous le couteau. En beaucoup d'endroits la peau était fèndoa,
bfratsse fondue avait coulé et avait enduit les parties^ environnantes qui avaitnt
Ts^ieet du vernis. Le cadavre ne fut pas disséqué.
Obs. 141. ^ Cinq personnes cûrbonisées.
ïkns un incendie, toute une famille composée du père, de la mère et des trois
«Itoti, fut brûlée dans une mansarde; on retira les cadavres sous les cendres;
*t poavait encore les reconnattre comme des corps humains. On ne put juger que
pif les dimensions des bassins, quel avait été l'homme et quelle avait été la
Ibattie. n était navrant de voir sur la table ces cinq squelettes de grandeurs gra-
'a^, tous les cinq entièrement carbonisas ; toutes les cavités étaient ouvertes, et
3 i*j avait plus de traces de parties molles. A chaque squelette il manquait une
^wlîe,soit un bras, soit une jambe.
On. 142. — Déterminer si le meurtre a été fait par brûlure ou par éirmn§hm9nL
Le^ avril 18..., dans l'après-midi, le sieur Fritze s'était rendu chez la veuve
laie, Igèe de soixante et dix ans, qui demeurait seule, afin de lui emprunter de
fargent, et en cas de refus de l'assassiner. Elle refusa ; il lui donna alors un
coap de poing sur le front et la renversa. L*accusé rapporte : a Elle était
tranquille, ne gémissait pas, et n'appelait pas au secours » . Puis il prit un
pivé gros comme le poing qu'il dit avoir trouvé dans la chambre et s'en ser-
vi pour lui donner un coup dans la Agure, la femme eut quelques convulsions,
et an bout de quelques instants ne bougea plus, tl déclara n'avoir pas fait autre
dbase i cette femme, il se défendit surtout de l'avoir étranglée et encore plus de
ravoir brûlée : il dit seulement avoir placé le cadavre sur le ventre, parce qu*il
laiëlait désagréable de regarder sa (Igure. Il chercha dans les armoires, trouva une
Wtrse contenant 1000 écus, resta dans la chambre jusqu'à la nuit, alluma une
dMDdelle et s'éloigna le soir quand il fut tard, emportant l'argent, après avoir mis
10 chandelier sous une chaise de paille. Quand on lui demanda la raison de cette
ni|ii)ière manière d'agir, il répondit qu'il ne savait pas trop pourquoi.
le lendemain nous trouvâmes la maison de la femme Hake remplie d'une odeur
cspjTenatttique. Les murs et les meubles étaient couverts de noir de ftmaée. Dana
^ ehsnbre à coucher, on trouva le cadavre couché sur le ventre auprès du lit en
^^saHre; une grande partie du lit était brûlée. L'oreiller qui se trouvait au-des'
232 PAilTJE THANATOLOGIQUE.
sus du cadavre élait brûlé, el à un pouce de là, une chaise de paîlie élalt conta'
mée à sa partie médiane ; sous celle chaise, on Irouva un chandelier de coivre
dont la chandelle élait consumée. Dans l'aulrc chambre on trouva le pavé.
Les résultats les plus importants de Tautopsie légale furent les suivants : itf
cheveux du cadavre étaierit brûlés, les os du nez étaient Traclurés et les cartiUfe»
du ne£ étaient séparés des os, les yeux étaient aplatis ; à la partie interne de rail
droit se trouvaient des phlyclènes; le front sali par du sang séché, avait à son milieB
une ecchymose de la grandeur d'une pièce, de 2 francs qui, incisée, livra passait
à du sang liquide, une aulrc ecchymose plus petite se trouvait sur lajouedroHe.
Toute la fi;^re était couverte de sang sec et de plumes délit brûlées ; la figure elle-
même était carbonisée et«néconnaissable, Toreille droite s'était plus qu'un mor-
ceau de charbon, Toreille gauche n'était que rôtie. A la racine du nez se Iroufail
une plaie semi-lunaire, à bords inégaux, longue d'un demi centimètre et large é
quatre millimètres. A un centimètre de là se trouvait une autre plaie semblaMi
n'atteignant que la peau ; à l'os temporal droit il y avait une troisième bleswn
triangulaire ; la pointe de la langue était entre les dents, le cou était carbooin
dans toute sa circonférence, la peau en était détachée en grands lambeaux, U réfiM
du larynx seule n'était pas carbonisée mais couverte de plusieurs phlyctènet ; I
main droite était complètement carbonisée, le bras el l'avant-bras droits ainsi quel
bras gauche étaient à moitié carbonisés et couverts de larges phlyclènes en ptrll
pleines de sérosité et en partie vides ; toutes les phlyclènes qui se trouvaient «
grand nombre sur le cadavre étaient les unes pleines de sérosité, les autres ▼idci
Les fesses et les parties sexuelles extérieures étaient complètement carbonisées, d
sorte que les dernières étaient presque méconnaissables. Les jambes elles pieds seil
étaient intacts.
A la dissection on trouva la cavité crânienne et le cerveau anémiques, le rasl
de l'intérieur du corps élait sans importance. La fracture des os du nés put èti
vérifiée plus exactement el les ecchymoses des os prouvèrent que la blessure ava
été faite pendant la vie. La muqueuse de la trachée-artère était couverte de no
de fumée que l'on po.ivait dter avfc une éponge ; au-dessous de ce noir, 1
muqueuse était rouge cerise et il s'y trouvait de l'écume sanguinolente. Les poi
mons étaient remplis de sang foncé, le cœur gauche ne contenait pas de sang, 1
cœur droit élait gorgé de sang noir. L'œsophage était vide, les grandes veiw
étaient gorgées de sang foncé. Dans la cavité abdominale nous n'eûmes à noter qi
la grande quantité de sang foncé qui remplissait la veine cave. D'après ces résu
tais, nous avions conclu dans le procès verbal de l'autopsie : que la décédée éta
morte par asphyxie el qu'il était très possible que les brûlures importantes que Te
avait trouvées sur elle fussent la seule cause de celle asphyxie.
Quand nous reçûmes l'ordre de faire notre rapport, on nous posa les questioi
suivantes :
i° Est-il certain, ou vraisemblable ou possible, que l'asphyxie ait été prodvi
seulement par les coups sur le front et sur le nez, soit médiatement, soit immédii
tement ou est-il impossible que ces coups aient été la cause de l'asphyxie?
2* Si cette impossibilité rxiste, l'asphyxie a l-cllcpn être produite parce qu
BRULURES. — OBSERVATIONS. 233
FriUe, après avoir donné les deux coups à cette femme très grosse et très âgée,
l'a mise sur le ventre et l'a laissée dans cette position pendant quelques heures ?
3* Quelles sont les raisons scienliflques qui peuvent prouver que la fumée seule
» pu asphyxier la femme Hake ?
Après avoir motivé scientiAquement notre opinion de mort par asphyxie, nous
Raisâmes en revue toutes les causes possibles de cette asphyxie et nous répondîmes
à la première question : « En tout cas, Tasphyxie ne peut avoir élé produite par
^ blessures de tète qui n'étaient rien moins que graves, ces blessures n'ont pas
atteint les organes cérébraux et ne peuvent pas avoir altéré le système nerveux des
poumons. Dans celte circonstance, l'écrasement du nex ne doit pas être passé sous
'i'^nce, car ceite blessure a dû rendre la respiration plus difiicile, cependant la bou-
fhe étant restée intacte, l'air avait encore un passage très suffisant, et l'asphyxie
' ét^t pas encore possible, nous répondîmes donc à la première question : H €st tm-
P^^**ible qtiê ces coups aienl été la cause de l'asphyxie.
A la deuxième question nous répondfmes : Nous devons répéter que la femme
'^^ke n'est pas morte de ses blessures de. tête, elle n'était donc pas morte quand
'^'itxe le crut en la voyant sans mouvement, elle était tout au plus dans un évanouis-
^Oieot produit par ses blessures, mais elle respirait encore, c'est alors que Fritse
^ tourna et la mit sur le ventre ; la figure, par suite de la fracture du nex, devait
^W^ à plat sur le parquet, et cette position de\ait rendre difficile la respiration.
^joatons que cette femme était très âgée et que par conséquent la respiration était
l^tis difficile, et comme il peut, à la rigueur, y avoir eu commotion cérébrale, il n'est
^Qi impassible que ces circonstances aient amené un arrêt dans la respiration et
^»e asphyxie. Je ne puis m'arrèter a cette opinion, car comment expliquer la
^rbooisation de la figure qui se trouvait à plat sur le plancher, tandis que le
Mancber loi-méme était intact? Et la main droite carbonisée ? H est possible, mais
i^iiis n*en avons pas de preuve, que cette main ait été ditns une disposition telle,
Qu'après b mort elle a été spécialement exposée au feu. Mais qu'il est plus vrai-
semblable de supposer que la flamme s'empara des habits et de l'oreiller qui coû-
teraient le dos de cette femme encore vivante, et que celle ci essaya instincti-
eemeot de se débarrasser avec la main des corps qui la brûlaient. Nous répondrons
donc à la seconde question que : il esl possible que Vasphyxie ait pu être pro-
érniie^ parce que Fritze, après avoir donné les deux coups à cette femme. Va mise
emr le ventre et Va laissée dans cette position pendant quelques heures,
X la troisième question nous répondîmes : D'après la déposition importante de
wMrde fumée trouvée dans les deux chambres, on peut admettre que la fumée a été
très considérable, c'est également prouvé par l'état des vêtements, l'intensité du feu
eitproavée par la carbonisation profonde de la figure, de la main droite, de l'oreille
droite, des fesses et des parties génitales. 11 n'est pas extraordinaire que la mort
lUaifQe une personne abandonnée sans secours dans un tel incendie, et l'on devait
l'attendre aux résultats de l'autopsie, à la surface des carbonisations, et à l'intérieur
éei lifnes d'asphyxie.
On oe peut pas cependant <f prouver par des raisons scientifiques » que la mort
a dû être seulement produite par l'incendie. On peut au contraire trouver d'autres
'28i fKKtlE TRAÏfATOLOGiQUE.
explications. Le cadavre aurait été absolument dans le même état si Pritts iii^
étranglé avec ses deux mains la femme Hake évanouie à la suite de ses devi Uef
«ires, ou sMl s'était servi d*un instrument quelconque pour Tétranfier, et q«*eis^
suite le cou ait été rôti comme nous l'avons trouvé. Car il est impossible de dim*0
n*a |>as existé une marque strangulatoire, ou bien si Fritte a serré la tète ée IM
fsnme dans un oreiller jusqu'à ce qu'elle fût asphyxiée, et si ensuite i! 1 1 tii
le feu.
Diaprés cela, nous conclûmes que l'on ne pouvait pas prouv9r par des nUm
médiotfles, qne la femme Hake avait été asphyxiée seulement pdr ta fkmiè.
Fritte a été exécuté. Il était psychologiquement remarquable que cet hèMi
qui) dans la prison, se montra repentant et Ht un aveu com|>1et de son crime a^
toutes ses particularités, ne voulut jamais avouer qu*il avait allumé nhcenUl
Même la veille de son exécution, lorsqu'il n'avait plus rien è craindre nié ètpêta
je le priai de me raconter comment il avait ag^ pour ce qui concernait Hncendli, j
lui disais que cel4 m'était particulièrement intéressant au point de vue de la seleâei
H s'obstina è dire qu'il ne savait pas pourquoi, en sortant. Il avait mis la chaaM
sous la chaise de paille avant de sortir de la chambre. II n'hésita pis à avoiief ^
était devenu un assassin, mais jamais il ne voulut avouer qu^il avait été incendiair
Singulier point d'honneur des criminels dont on voit souvent des exemples.
Ois. 143. — SfiUmret martelles dam un bain.
L'n vieillard aliéné, de soixante huit ans, mourut dans une maison desratéi
se brûlant dans un bain chaud, on soupçonnait de la négligence de la pari d
surveillants, c*est pourquoi on instruisit TafTaire, et l'autopsie li^gale fut faite.
Nous trouvâmes la moitié du dos et du ventre, tout l'avant-bnis gauche, 1
parties sexuelles et les extrémités inférieures brûlées ; à toutes ces parties ré|
derme pendait par lambeaux et laissait voir le derme d*un rouge brun, les ong
des mains et des pieds manquaient : le malheureux avait encore vécu deux hew
après. Il y avait un épanchement gélatineux à la surface du cerveau, la suttstM
était très dure. le foie était considérable et avait la couleur de rouille, la rate él
molle, tout cela devait provenir de la longue maladie mentale du décédé ; mais
brûlure avait dû produire rhypêrém«e que l'on trouva au cerveau, au cœur dit
et l'état foncé du sang, presque noir et épais. II est évident que l'on devait regard
comme cause de mort la brûlure occupant un tiers du corps et qui fut suivie de
mort après deux heures.
Ois. 144. — Un hommf bnUé.
Un homme de quatre-vingt-trois ans était assis devantle poêle, lorsque ses bal
prirent feu ; le vieillard f\it trouvé mort et rôti devant le poêle. Le corps étaft dl
une position fléchie, il était charbonné, excepté aux extrémités infSrienrts l
n'étaient que rôties; le dos surtout était détruit, de manière que leeadavre sft t
sait lorsqu'on essayait de le soulever. Du cdté droit les téguments étaient crevÉl,
sorte que l'on pouvait voir dans les cavités abdominale et IhoraelqBe. te f
était rûti.
BIIULUIIBS. — OBSERVATlOIfS. 2S5
Oss. 145 et 146. — CombuslUm de deux enfants.
tin f arçon de m% ans et neuf mois et sa sœur de deux ans et demi périrent dans
UD incendie que la mère avait allumé avec intention dans la chambre, tout près
da t»erceau dans lequel le plus jeune reposait sur des plumes et des chiffons.
Sur le corps du plus jeune enfant, il y avait de nombreuses brûlures. Oq trouva
carbonisés la surface extérieure du membie supérieur gauche, les organes
lexuels, les fesses, les doigts du pied droit; on trouva rôtis la partie gauche delà
figure, la partie gauf^ du tronc et enfin l'épiderme était détaché au bras droit,
à Im maio gauche et aux deux cuisses. Le garçon ne présentait aucune brûlure. Les
deux enfants étaient morts de suffocation. Les deux trachées-artères étaient rem-
pis^s de mucus foncé, pas très écumeux, dans lequel on pouvait apercevoir très
clairement des traces de charbon ; les poumons des deux enAmts, surtout les pou*
''^oqs droits, étaient remplis de sang foncé et liquide, ainsi que les^ grandes veines
^^% cavités thoraciqueet abdominale. Le cœur droit contenait, chez le garçon, une
'^Osi-euîllerée à soupe de sang, et sur la fille une demi-cuillerée à café. Les intM-
^^K^sdela fille n'étaient pas hypérémiques;le foie et le rein droit du garçon étaient
^^vuplis de sang. Les deux estomacs étaient remplis de pommes de terre, les deux
^^'^sies étaient vides, Tintestiii grêle du garçon avait une coloration rosâtre comme
^^^^ la trouve très souvent après la suffocation. Les gros intestins des deux enfiEints
^^^ient remplis de fèces. Les cerveaux étaient roses dans toute leur surface, la
^^Intance était plus hypérémique qu'à l'ordinaire. Mais les sinus étaient normaux.
''^^serve en passant que le thymus était encore chez le garçon de sept ans, de la
^>andeur d'une noix, et que ta langue de§ deux enfants n'était pas entre les dents.
Ou. 147. » Brûlure morielie produite par un méial chaud.
Une fille de deux ans tomba sur un fer à repasser très chaud, de manière que
^^anas et les parties sexuelles furent en contact avec le corps chaud. Les parties
^xndles étaient d'un rouge brun jusqu'au coccyx ; le vagin était rouge grti,
ramolli, gangreneux ; la matrice n'avait pas été attaquée par la gangrène, et il y
avait de remarquable, la grande fiuidité du sang, la rougeur de la muqueuse de k
trachée-artère sur laquelle se trouvait même de l'écume rouge ; c'était là un résultat
très singulier, car l'enfant avait vécu encore onze jours, et on ne pouvait admettre
une mort par suffocation, les poumons étant exsangues. Nous dûmes au contraire
admettre que l'enfant était mort d'une maladie interne produite par les blessures
trouvées. L'affaire n'alla pas plus loin.
t>it. 148. — Brûlure produite par du café bouillant.
Cae fills de six ans fut brûlée dans son lit par du café bouillant, et mourut huit
joars après. La* brûlure commençait à l'oreille gauche, traversait la nuque et
^'ileiidait jusqu'à l'aisselle droite, et le bras droit- C'était en partie des places d'un
iaaae brun, molles sous le couteau, en partie des détachements d'épiderme et des
CnmalaUMM. Il y avait pleurésie du cété droit, le poumon droit était collé par dès
i^lhérences fraîches, et il était hépatisé.. Le poumon gauche était sain. Le péri-
236 FARTIE TUANATOLOGIQUE. '
carde était rempli de sérosité. Le cœur droit était rempli de sang rouge eerite
moitié coagulé, le cœur gauche était vide. Tout le corps, excepté les veines de
l'abdomen, était anémique ; nous déclarâmes que Tenfant était mort par suîted'on^
inflammation des poumons causée par les brûlures.
Obs. 149. — Btûlure mortelle.
Un garçon d'un an et demi mourut de brûlures provenant de l'incendie dese^
habits, il avait vécu deux jours après son accident. L'autopsie montra une congeS'
tion apoplectique du cerveau, une inflammation de la trachCl^artère, une hépati-
sation rouge du lobe inférieur du poumon droit. On sait que rinflammation des
voies respiratoires coïncide souvent avec la présence de brûlures.
Obs. 150. — BtUlure causée par des flammes.
Une vieille femme de quatre-vingt et un ans laissa prendre le feu à ses habits;
les fesses, le périnée et la vulve furent brûlés, et la malheureuse blessée mowil
quelques jours après dans un hôpital. Les parties blessées étaient couvertes d'il'
cères profonds et granulés, à bords d'un rouge cerise. A l'intérieur on ne trovri
rien de curieux, excepté une anémie générale, une hépatisation rouge du lobe sopé
rieur du poumon gauche.
Obs. ir>l. — Brûlure causée par des flammes.
Ce cas est intéressant parce que l'on pouvait très bien voir sur le même cadavr
les effets produits avant et après la mort.
Une blanchisseuse s'était endormie sur un banc, près du feu, elle tomba et fa
trouvée morte et brûlée par terre. La brûlure avait envahi le côté gauche de 1
Hgure, des épaules et delà poitrine, la cuisse et la jambe gauches ; tandis quel
bras, l'avant-bras et la main gauches étaient complètement intacts. La main droit
était brûlée. Celait la seule partie droite attaquée par le feu. Ce qui prouve que 1
décédée vivait encore lorsqu'elle a été saisie par la flamme et qu'elle a tâché de §
débarrasser des habits brûlants. Le côté gauche de la Agure, l'oreille gauche i
Tépaule gauche étaient charbonnés, les bords de ces parties charbonnées étatei
rouge écrevisse, secs, parcheminés, larges de 1 à 5 centimètress. La même choi
existait sur la cuisse gauche. A la région du tiochanter se montraient deii
phlyctènes à fond rouge vermillon, et non loin de là une petite phlyctène encoi
remplie de sérosité sanguinolente qui n'a\ait plus de bord à cause de la carbonis;
tion de toutes les parties environnantes. Outre ces phlyctènes qui s'étaient formée
pendant la vie, on voyait à la partie antérieure de la jambe, trois plaies de la grai
deur d'une pièce de cinq francs, sur lesquelles l'épiderme était écorché et qui resso
talent par leur couleur blanche des parties environnantes enfermées. Êvidcmmei
cette femme était déjè morte lorsque la flamme avait envahi ces parties et y avait pr
dutt des phlyctènes cadavériques. La mort eut lieu par apoplexie du cœur. Tout
cœur droit et la veine cave étaient gorgés de sang noir et liquide dans lequel m
geaieot des caillots. Les poumons et la traohéc-artèrc un peu injectés étaient dai
un état normal ainsi que le cerveau.
HÉMORRHACIE NORTRt.tF.. 1i'
SECTION II.
MORT PAR CAUSE DYNAMIQUE.
Mous comprenons par mort par cause dynamique, celle qui n'est
pus produite ou du moins pas principalement produite par une cause
mécanique agissant directement sur le lissu de l'organisme. C'est la
B^ort qui succède à une anémie provenant soit d'une hémorrhagie,
soit d'un appauvrissement général de l'organisme, soit du manque de
iH^vrriture ; la mort qui succède à une dysémie produite par les em-
poisonnements et l'infection purulente ; la mort par hypérécnie, qui
^^1 celle de la plupart des noyés, des pendus, des suffoqués et des con*
C^és; et la mort par neuroparalysie, qui est aussi celle d'un grand
Nombre de noyés, de pendus, d'asphyxiés et de congelés.
CHAPITRE PREMIER.
HÉHORRHAGIE MORTELLE.
^ l, — Stiologie et diagnoitie.
Le diagnostic de ce genre de mort est très facile, il n'y a que la
putréOiction qui puisse en masquer les phénomènes ordinairement ma-
nifestes. A l'inspection extérieure, les vêtements sont ordinairement
tachés de sang quand, bien entendu, l'hémurrhagie n'a pas été interne.
On trouve les lèvres et les gencives d'un rose sale, et très souvent le
cadavre a l'aspect de la cire blanche ; il arrive cependant quelquefois
des exceptions devant lesquelles même un observateur exercé ne
pourrait reconnaître à la simple vue la mort par hémorrhagie. D'après
M. Devergie, tous les auteurs modernes disent que les cadavres qui
<mt succombé à une hémorrhagie, n'ont pas de lividités cadavériques!
i*ii déjà combattu cette erreur plus haut (page 15).
Dans la mort par hémorrhagie, on trouve à l'autopsie une anémie
de toutes les grandes veines, excepté de celles de la pie^mère^ qui
288 PàlITll raAlfÀTOLMKm.
sont rarement tout à fait vides ou même seulement anémifà^\
ces dernières sont au contraire ordinairement remplies dans lenis
parties déclives par une hjpostase sanpiiae abondante. Ce fait q«e
nous avons maintes fois observé, mérite d'être noté peur éviter de
erreurs, car on serait peut-être tenté de ne pas admettre la mort p
héfflorrhagie lorsqu'on trouve ces veines pleiaes de saaf .
Outra les veines, on trouve sur les cadavres dtii sujeta norii p
hénorrhagie, les organes internes ou complélvment exsiogiifli i
plus pftles qu'à l'ordinaire, cette pâleur est surtout évidente tor
poumon des adultes qui est alors gris clair et parsemé de Uchet il
cées. En outre on trouve naturellement dans les hémorrhagi
iaiernes, un épanchement de sang dans une cavité ; ce sang esl fnâ
liquide, tantôt eoagulé, ou bien l'un et l'autre.
Tous ces indices de mort par hémorrhagie peuvent être aMÉ
par la putréfattion. C'est ce qui arrive quand la pâleur de la Bmh
du corps et des organes internes a fait place aux couleurs de
décomposition, alors l'anémie générale peut être aussi bien miseï
le compte de l'évaporation du sang par la décomposition, que sureé
d'une hémorrhagie.
Le corps d'un homme qui, sans être putréfié, présente les sympi
mes que nous avons énumérés plus haut, est mort certainement d'à
hémorrhagie. Cette mort a lieu quand une grande quantité de sa
s'écoule hors des vaisseaux et est soustrait à la circulation, de aoi
que le cœur et les poumons sont paralysés. Il serait très intéreasi
en physiologie de chercher combien de sang un homme peut parc
avant de mourir, mais cette question ne regarde pas la médacl
légale, surtout depuis que les degrés de léthalité ont été heureos
ment bannis du code.
La source de l'hémorrhagie est souvent facile à trouver, ji
exemple une rupture d'organe interne, une blessure à un gra
vaisseau, mais si l'hémorrhagie provient d*un petit vaisseau cact
elle est impossible à trouver par les moyens d'investigation ordinaii
Les hémorrbagies externes ont lieu après les blessures par instf
ments piquants, tranchants, contondants ou par des projectil
HÉMORUiGU MORTBUJI. 219
d'tfiQM à feu» qui ont atleiat des vaisseaux superficiels) comme ceux
du COQ, des membres. C*est ainsi que des plaies par instrumeols
piquants, tranchants et contondants et quelquefois par armes à Teu,
peuvent amener la mort par hémorrhagie. Nous avons déjà parlé plus
hautdeces iilessures ( pages 101 i 11 '7) ; les hémorrhagies externes ont
aussi lieu par des blessures au cordon des nouveau-nés; nous en
parlerons plus bas.
Les hémorrhagies internes ont lieu ordinairement par suite des
mêmes blessures que les hémorrhagies externes, lorsque ces blessures
atteignent les vaisseaux des organes internes, mais elles peuvent
as8^i avoir lieu par des ruptures d*organes qui se produisent sans
<pe l'organe ait été frappé directement. Ces ruptures que nous avons
déjà décrites (p. 105 et 106), supposent toujours nue violence exté-
rieure très grande lorsque Torgane rompu n*était pas malade, car les
poumons, le fuie, larale« etc., à l'état sain, ne se rompent jamais
H^wlanément. Dans les hémorrhagies cérébrales, cela pourrait paraître
douteux, et ces hémorrhagies sont très importantes au point de vue
loédico-légal à cause des blessures de tète si fréquentes. Mais en
laminant avec attention, on trouvera pour les hémorrhagies spon*
laoées, soit une ossification du vaisseau, soit une autre altération
pathologique, de plus, ces hémorrhagies donnent lieu à des épanche-
^nts de sang très peu considérables, tandis que les hémorrhagies
cérébrales traumaliques, donnent toujours lieu à de très grands
épaacbementa de sang. On ne se trompera donc pas dans les cas où
^ y aura de grands épanchements de sang dans la cavité crânienne
an rejetant Yhémorrhagie spontanés^ en admettant qu'il y a eu
nolmee exUri^urs.
La mori par appauvrissement du sang a lieu lorsque les liquides
de l'organisme étant éliminés de toute manière, tandis que le sang
n'est plus renouvelé, la désassimilation devient plus active que Tassimi-
latian, et la vie ne peut plus soutenir la disproportion qui s'établit
outre ces deux fonctions. Ici appartiennent les cas assez fréquents où
la mort arrive après des blessures datant de plusieurs semaines ou
de plusieurs mois, qui ont amené une suppuration sanieuse ou une
âélO PAUTIK TUANATOLOGIQUC.
fièvre lente. On rerri rque dans les morts par appaavrissenientdesaBS
un grand amaigrisseineut, une anémie générale analogue à celle q^^
a lieu par suite d'une hémorrhagie ou de longues suppurations o^
bien encore du cTécubitus.
Dans cette catégorie de mort par appauvrissement de rorganisme^
appartiennent les morts qui arrivent malheureusement très fréquent
ment par suite de châtiments et de violences de toutes espèces eiercés
sur les enfants ou les adultes. Ou bien la mort a lieu subitement p^
neuroparalysie, ou bien ils meurent un certain temps après les blessu-*
res. Il est à noter que ces blessés peuvent souvent encore marcher uk«
peu, faire pendant un certain temps un travail facile, et qu'ensuite ils
tombent et meurent. On constatera la mort par les blessures visibi
à la surface du corps, sans qu'il soit besoin pour confirmer le diagno
tic qu'il se trouve des signes positifs dans les organes internes.
cas se sont souvent présentés à nous et il est encore à observer' q
chacune des nombreuses blessures peut être en elle-même très ini
gnifiante, telles que de petites ecchymoses, des coups de vei^,
excoriations, des égratignures, des morsures, etc., et que c'est seiiK*
ment leur ensemble qui a produit la mort par appauvrissement g^é
néral.
A, Mort par hémorrhagie.
Obs. 152. — Blessure de V artère Uiaque externe.
Celte blessure est assez rare. Un ouvrier de dix-huit ans reçut un coup de co0-
teau dans une rixe, et tomba en disant ces mots : « Je suis frappé dans la poilrioe«,
et il mourut bientôt après.
Le cadavre était taché de sang, il y avait une anémie très prononcée du foie et
de la rate, ainsi que des veines abdominales des poumons, du cœur, des grands
vaisseaux de la poitrine. Il y avait peu de sang dans la cavité crânienne et une infil-
tration de sang dans le péritoine. L'artère iliaque externe était presque tout i fait
coupée derrière le ligament de Poupait.
Obs. 153. — Blessure des poumons et du péricarde,
\ln jeune homme tua son maître âgé de trente-deux ans ; pendant que celui^i
dormait, il lui asséna trente-deux coups de couteau. La mort arriva par suite de
blessures des poumons.
Dans le lobe supérieur du poumon droit il y avait une plaie longue de 1 centi-
mètre, et non loin de là, une autre longue de 2 centimètres. Deux litres de sang
HÉMORRHAGIE MORTELLE. — OBSERVATIONS. Sil
trient épanchés dans la plèvro droite. Au-dessous de la clavicule {gauche se trou-
iîi une plaie à bords ecchymoses pénétrant jusqu'à la plèvre, une autre plaie
Métrait dans la pointe du poumon gauche et avait donné lieu à un épanche-
rait d'un demi-litre de sang liquide. Le péricarde était percé dans sa longueur
Un centimètre (I).
Obs. 154. — Blnsure du cœur et du diaphagme.
Une femme de trente-quatre ans mourut instantanément d'une hémorrhagie pro-
BilMit d'une blessure du cœur, qui avait été produite par un instrument triangu-
lire. Le ventricule gauche avait été percé, le bord antérieur du poumon gauche
l le diaphragme étaient blessés, il était singulier de voir, dans cette circonstance,
I langue serrée entre les dents. Nous aurons plus bas à parler de ce signe.
Obs. 155. — Blessure par instrument piquant^ du diaphragmet du foie et de
l'estomac.
One Uesaure de ces trois organes amena la mort après douze heures, les bords
e la plaie étaient ecchymoses à l'extérieur ainsi qu'à l'intérieur ; le diaphragma
tait percé dans sa partie musculaire, tout près de la portion aponévrolique. La
laie était longue de 2 centimètres et les bords en étaient très ecchymoses. Le bord
îfn du lobe gauche du foie présentait une incision de la longueur d'un centt-
lèlre, et à la surface antérieure de l'estomac, il y avait une plaie de 3 centimè-
raa. Tous les bords étaient très ecchymoses. C'était une vraie plaie de bandit
lalieo.
Obs. 156. — Blessure de la veine saphène interne.
Ce cas est assez singulier, il oiTre l'exemple d'une mort occasionnée chez une
îMiiiie de cinquante ans par un pot de chambre. Ce pot était en porcelaine gros-
âèfe et cassé ; les bords de la cassure étaient aigus et tranchants, en mettant
robjet au-dessous de sa robe, elle se blessa et fut trouvée morte dans sa chambre ;
le pot était taché de sang. A la jambe gauche il y avait une plaie longue de 4 centi*
■èlres, béante de 2 centimètres, avec des bords nets, le pourtour n'était pas
eeehyiDosé, mais il se trouvait des ecchymoses dans le tissu cellulaire sous-cutané.
La veine saphène interne présentait une plaie de la grandeur d'un petit pois. Il y
init anémie générale très prononcée, à laquelle ne participaient pas les veines de
la pie-mére.
Obs. 157. — Hémorrhagie pendant r accouchement,
bans ce cas, les résultats de la putréfaction se mêlaient 'à ceux de l'anémie pro-
•Ble par hémorrhagie. Après un accouchement précipité qui avait eu lieu debout et
garait amené une rupture du cordon, la mère, âgée de vingt-quatre ans, mourut
4'kéinorrhagie (l'enfant mourut également par suite de la chute sur le sol).
(l)CMpm tesobt. 48, 40 «1 51.
n. 16
2&2 PARTIE THATiATOLOOIQ0B. l ^
Ce eadttre, quand on le présenta à rauiopaie, était déjà dtns on état ée pob^
faction avancée, ce qui empêchait d'apercevoir la couleur de cire blanche. L'abdO'
men était boursouflé, le gaz qui en sortit par suite d'une piqûre, brûla panda(>^
deux minutes avec une flamme claire. Tout le corps était anémique ; il y avs^^
90 grammes de liquide séro-sanguinolent dans chaque plèvre, ce qui était \f^
symptôme cadavérique Les seins, pressés, laissaient écouler du colostrum. Levagi^
très élargi, était .putréfié, la matrice flasque, était vide, longue de 20 centimètre^
et large de 15 centimètres. Le périnée était déchiré dans l'étendue de 2 centi^
mètres. Le placenta qui nous fut présenté était putréfié, les restes du cordon, loo^^
de 12 centimètres, déchiré, présentaient des bords qui correspondaient exactemen^^
avae ceux du cordon de l'enfant.
Obs. 158. — Infanticide par coups de cotUeau dans te cou.
Le 9 février, la femme N... , accoucha pour la première fois, très vite, ae trouvan*^
sur un pot de chambre. L'enfant était du sexe féminin et arriva dans le neuvi
mois. L'enfant tomba dans le pot et bientôt il fut suivi du placenta. La fille
iToir vu son enfant vivant ; pour l'empêcher de crier, elle lui mit le doigt dans Ib
bouche, et au bout de quelques instants, dit-elle, il ne présentait plus aucun aign»-
de vie. Mais dans la crainte que l'enfant ne revint à l'existence, comme ell«
l'avoua, elle lui donna des coups de couteau dans le cou.
Dix jours plus tard, le 19 février, l'enfant nous fut présenté à Tautopaie ; coi
il fiisait très froid, le cadavre était encore tout à fait frais. Il avait 40
de longueur et pesait seulement 2 kilogrammes et demi. Tous les aignea
çaient également que l'enfant n'était pas tout à fait i terme. Au côté gauche du coa^:
il y avait une plaie longue de 3 centimètres et large de 2 centimètres, les borda étaient
en partie nets, en partie dentelés, sanglants et non ecchymoses. Dana le fend de
cette plaie, on voyait le slemo^lido-mastoïdien et la moitié de la glande thy-
roïde, une autre plaie à deux millimètres de celle-ci, était semi-lunaire, longuede
S centimètres et large d'un centimètre et demi, superficielle, ne traveraant que
la peau et présentant les mêmes bords que la précédente. Quand on faisait pencher
la tète en avant, on voyait que les deux plaies ne formaient qu'une ligne, de aorte
que l'on pouvait croire qu'il n'y avait eu qu'une seule coupure. Le diaphragme
était entre la quatrième et la cinquième côte. Le poumon droit était un peu en avant
dans la poitrine, le poumon gauche était tout à fait retiré. Les deux poumons avee
le cœur ne pesaient que 15 grammes, et sans le cœur, sept gros. La couleur des
poumons était rouge vermillon clair et ils nageaient dans l'eau. Mi la carotide ni
la jugulaire n'étaient blessées, il n'y avait pas de sang coagulé dans le fond de
la plaie, mais tout le cadavre était anémique.
La conclusion ne pouvait pas être douteuse. L'enfant était né viable et avait Técu
après sa naissance, ce qui était prouvé par la docimasie ; la mort avait eu lieu par
suite de la blessure au cou, il était également facile de prouver que l'enfant n'avait
pas été tué parce qu'on lui avait mis le doigt dans la bouche, puisque l'autopsie
n'avait pas démontré qu'il y avait eu mort par sufl*ocation. L'accuaée avouait du
\
APPAUVRISSEMENT DE L' ORGANISME • — OBSERVATIONS. 2AS
'^ate eUa-même avoir voulu luer renfanl par les blessures du cou. Elle fut con-
<^*moèe è dix ans de travaux forcés.
B. Mort par appauvrissement de l'organisme.
Obs. 159. — Plaie dans l'articulation du coude; amputation» Mort,
Co bomme recul ua coup de sabre daus le coude droiU Au bout de douze heures
tllbt amputé. Bientôt après l'amputalion qui, à ce qu'il parait, était urgente, il se
Mk>alra des symptdmes graves dans les poumons et au bout d'un mois, il mourut
de pleurésie.
Le moignon du bras était long de 20 centimètres, ses bords étaient en partie
eicalriaés, et montraient un pus de mauvaise nature, d*un gris vert. L'artère
brachiale liée avait un caillot de 3 centimètres. La plèvre droite était remplie d'un
Ulreei demi de pus d'un vert jaune et liquide, et le poumon comprimé était réduit à
tto quartde son volume ordiuaire, sa substance incisée était grise, son écume était
aani^uinolente, il présentait à sa base des tubercules nombreux et en partie ramollis.
La plèvre gauche contenait également 240 grammes d*eau sanguinolente, mais le
piNUDOQ gauche était sain, le lobe inférieur du poumon droit était détruit par des
sinuosités purulentes. A la surlace iuférieure du foie, à gauche, il y avait un abcès.
La rein droit était sillonné d'abcès. Amaigrissement général (infection purulente).
Obs. 160. — Plaie par instrument piquant dans lalélej suppuration du cerveau.
|}o garçon de vingt-cinq ans reçut, dans une rixe, deux coups de couteau dam
la tète, à peu près au milieu de l'os pariétal gauche, puis un autre coup à l'angle
extérieur de l'œil gauche, et enûn un quatrième au bord extérieur de l'omoplate
gauche. 11 fut pansé et transporté a l'hôpital. D'abord tout alla bien, mais le
huitième jour (22 janvier;, il se présenta un gonflement pâteux des téguments de
la lèie, avec une fièvre violente ; le 2;{, on lit deux saignées. Ce pseudo-érysipèle
passa vite à la suppuratiou ; le 2o, les deux plaies de la tète furent dilatées, afin d'en
toiuer sortir le pus, on en fit de même pour les plaies de la figure et de l'épaule ;
en pratiqua une troisième saignée à cause de la fièvre violente. Malgré des dilata-
tions reflétées, il se forma des infiltrations purulentes ; les forces diminuèrent i
psrtir du 5 février ; on employa des roborants, il y eut de U stupeur, de la diar^
rhée, les plaies et les sécrétions prirent un mauvais aspect, et le 8 février, vingt*
Giaq jours après la blessure, le malade mourut.
Les résultats de l'autopsie les plus importants furent les suivants : le corps était
très maigre, sur le haut de la tète les os étaient dénudés du périoste dans l'étendue
d'oae pièce de 5 francs et commençaient à se carier. La dure-mère, à la partie cor-
mpondant aux plaies extérieures, présentait beaucoup de petits trous comme un
ttlit et taiseait apercevoir du pus au-dessous d'elle. Après avoir enlevé la dure-mère,
oa voyait uo pus épais, d'un vert jaune, qui couvrait tout l'hémisphère gauche ; ce
^ était très adhérent et ne put être enlevé avec l'éponge. Tout le cerveau était
>ttfiiiinolent et toute la partie postérieure de l'hémisphère droit n'était plus qu'un
^^reapli de pus d'un gris vert.
*2hi PART.IE THÀNATOLOGIQUE.
Obs. 161. — Blessure à la tête. Suppuration du cerveau.
Un homme sain et vigoureux âgé de trente-quatre ans mourut vingt-<[ttalre
jours après avoir reçu à la tête des blessures faites avec une bouteille.
Les résultats importants de l'autopsie étaient : maigreur du cadavre, crioe
dénudé du périoste aux endroits qui correspondaient aux blemn», infiltn-
tions de pus entre l'aponévrose épicrânienne et les muscles temporaux, jnsq[Q'à
l'apophyse zygomatique ; la dure-mère, du côté droit, enflammée, du côté gaudie,
couverte de pus. Le cerveau lui-même couvert d'une couche épaisse de pas à plu-
sieurs endroits.
ObS. 162. — Plaie des poumons par instrument piquant. Suppuration.
Un homme de quarante et un ans reçut un coup de couteau dans le côté droit d«
la poitrine ; la plaie extérieure avait, selon un certificat médical, la longueur de
2 centimètres et la largeur de 4 millimètres. On avait de suite cousu la pliie,
oi^Tavait soumise à l'eau froide et on avait administré du nitrate de magnésie; le
troisième jour, un officier de santé trouva « l'haleine courte et accélérée et le pooU
petit,» il fit alors une saignée de quatre tasses (480 grammes) ; dans raprès-fflidi
il fit appeler le docteur M..., qui fit une nouvelle saignée aussi forte, parce qu'il
trouvait qu'il y avait inflammation étendue des poumons et de la plèvre, unerei*
piration difficile, de la toux et des crachats sanguinolents, des douleurs du côté
blessé, les urines foncées, une grande inquiétude et de l'angoisse. Le lendemiis
on mit des sangsues. Le soir le malade parut perdu, il était abattu, pâle, sans coo-
naissance, le pouls était petit, faible, inégal. Le docteur M... administra du calond
avec du sulfure d'antimoine, et mit un vésicatoire sur la poitrine. Le jour surraot
le malade sembla mieux, cependant le pus devint infect, les pieds œdémateux, U
fièvre devint hectique, et quatre mois et demi après la blessure, le malade mourut.
A l'autopsie, nous trouvâmes 800 grammes de pus gris, infect, dans la plèvre
droite, qui avait en partie détruit les muscles intercostaux de ce côté. La source
de ce pus était un abcès qui embrassait presque les deux tiers de tout le poumoo
droit. La substance des deux poumons était tout à fait saine, de sorte qu'il y avait
suppuration traumatiquc dans le vrai sens du mot. Le poumon droit était adhérent
à la plèvre costale, et là où il n'y avait pas abcès, il y avait hépatisation grise.
52. — déterminer «'il y a faute d'un tiers.
Nous avons déjà dit page 239, que les grandes hémorrhagjes
du cerveau n'ont lieu presque jamais spontanément, et que des or-
ganes sains ne se rompent jamais spontanément. Il s'ensuit que,
lorsqu'on constate une hémorrhagie abondante, on doit accepter dans
la plupart des cas, qu*il y a eu violence extérieure, et quand on
HÉMORRHAGIE NOKTBLLE. — Y A-T -IL FAUTE d'uN TIEHS. 245
ive les organes sains rompus, on doit toujours conclure qu'une
iide force extérieure a été employée. Une telle force fera supposer
un' accident ou la faute d'un tiers.
I peut cependant y avoir des exceptions lorsqu'un homme, voulant
nicider, se jette sous une voiture, ou se jette du haut d'une mai«>
p alors il y a également des ruptures internes, et il faudra pour
réeier ces cas, prendre en considération les particularités de
aire.
loos avons également dit (p. 196) que des coups par instru-
its contondants qui ont tué par hémorrhagie, annoncent presque
: certitude qu'il y a eu faute d'un tiers, car des suicides de cette
ke sont excessivement rares. Il reste à examiner les plaies par
raments piquants et tranchants qui amènent la mort par hé-
rliagie. Les dernières surtout sont assez souvent faites par des
idés. Dans les cas douteux, ici comme dans beaucoup d'autres
itions, ce sont souvent des circonstances indépendantes de Tau-
ie qui font décider le jugement, circonstances qui, combinées
i l'autopsie, forment la base de la conclusion. H est évident que la
ience et l'absence de l'instrument auprès du cadavre ne prouvent
u près rien, car l'arme a pu être volée après la mort, et l'assassin
t l'avoir laissée avec intention à côté de sa victime. Quelquefois
scélérats, pour cacher la source de leur crime, ont recours à des
cédés si absurdes, que ce sont justement ses procédés qui font tout
ouvrir. Ainsi, il arriva il y a vingt ans qu'une femme et sa fille assas-
hneot leur mari et père et voulurent faire croire qu'il y avait sui-
B. Elles lui avaient porté des coups de rasoir pendant son sommeil.
es joignirent les mains du cadavre dans la position de la prière et
mirent le rasoir entre les mains ! De plus, ce cas, ainsi que celui
qwrté par Gruner, démontrent que la direction des plaies par instru-
it coupant et piquant, ne peut pas faire décider la question de
itide, car des assassins, pour faire naître les apparences d'un sui-
k» fpnt quelquefois des plaies semblables î^ celles que les suicidés
ntsor eux-mêmes, telles que les plaies par instrument piquant dans
cœur ou par instrument tranchant dans le cou. Dans ce cas, la direc-
2&8 PARTIE THÀNATOLOGIQUE .
les suicidés font souvent plusieurs tentatives pour arriver à leur Imt ; il est donc \m
vraisemblable que M. . . s'est fait d'abord ces blessures superficielles qui lui lainèrenl
toute sa connaissance, et tout le temps de rabaisser ses manches. Yoyant le pea
d'effet produit par ces lésions, per>istant dans son intention de se donner la mott,
il choisit un autre mode de sufcide plus sûr. Quant au rasoir fermé qui a ététrtrafé
à côté du cadavre, il ne peut pas prouver qu'il n'y a pas eu suicide, car on sait
que la mort, par des coupures de cette espèce, n'étant pas subite, on peut très bko
admettre que cet homme a vécu plusieurs minutes, et par conséquent asses de
temps pour fermer et jeter son instrument. La cravate, intacte, est plutôt nue eir-
constance en faveur du suicide, puisqu'un assassin, quand même il aurait surprit
M... pendant son sommeil, n'aurait pas eu la piéetntion d'écarter la cravate. Enfin,
ce n'est pas par hasard que le cadavre a été trouvé vis-à-vis de la glace, il est, lu
contraire, naturel de croire que M... ?'est regardé dans cette glace pour écarter
sa cravate et pour couper à l'endroit voulu. »
Des recherches ultérieures constatèrent le suicide.
Obs. 1 65. /^ Suicide douteux. Blessure de la carotide et de la jugukùrû.
Il y avait encore dans ce cas des altérations pathologiques nombreuses, qui
devaient faire penser à de grandes souffrances pendant la vie et qui pouvaieot
expliquer la cause du suicide. Le cadavre présentait une blessure au cou qui ivait
atteint la carotide et la veine jugulaire gauche. Le cœur était hypertrophié du côté
gauche. L'estomac, situé verticalement, avait deux rétrécissements qui le divisaient
en trois poches. Toute la muqueuse était épaissie. Le rein droit, ainsi que l'artère
et la veine manquaient, ce qui est excessivement rare. La mort avait eu lies
par liémorrhagie, car on a trouvé partout de l'anémie, excepté aux veines de la
dure-mère.
Obs. 166. — Marque strangulatoire et coupure du cou. BleuuredeicarotideStàei
jugulaire» et de la trachée.
Ce cas présentait une complication singulière. Il s'agissait d'un homme de
soixante ans, modeste employé, qui avait joué à la bourse et s'y était ruiné.
On nous présenta son cadavre encore habillé, il avait été trouvé sur le dos dans
sa cuisine. Les deux mains étaient tachées de sang, au cou une plaie s'étendait
horizontalement d'une oreille à l'autre, béante et sans ecchymose. Celte blessure
avait atteint la paroi antérieure de la trachée-artère immédiatement au-dessus du
larynx, à droite, la veine jugulaire, et à gauche la carotide. A la nuque se trou-
vaient trois sillons parallèles, larges de 2 millimètres, d'une couleur rouge bleu
foncé, non ecchymoses, qui se perdaient dans les deux angles de la coupure. Cepen-
dant, à l'angle droit se trouvait une ecchymose dans le sillon. Au cou, au bord
inférieur de la plaie, on voyait des traces de sillons analogues. Il y avait anémie
très sensible. L'aorte abdominale présentait une ossification.
Nous déclarâmes que les résultats de l'autopsie ne s'opposaient pas k l'adoiission
d'un suicide, que la marque strangulatoire ne pouvait pas combattre cette admission,
HÉMORRHAGIE MORTELLE. — Y A-T-IL FAUTE D'UN TIERS. 2i0
Ddu qu'il n'y avait aucune autre blessure sur le corps et aucun désordre dans
pétamenls, cette marque strangulatoire montrait seulement combien la résolu-
du suicidé avait été tenace, car il avait dû essayer de s'étrangler ; cette tenta-
«Yatt eu lieu quelque temps avant la mort, puisqu'une ecchymose avait eu le
pt de se former. Nous déclarâmes que le rasoir. trouvé avait pu être l'instru-
it qui fit la blessure du cou, et enfin, comme les habits n'étaient tachés qu'à la
ie postérieure, cette blessure du cou avait dû être faite quand il était couché ou
lié couché. Plus tard, un parent raconta qu'en rentrant la veille du soir, il
i trouvé le décédé étranglé et sans connaissance, et qu'il l'avait sauvé en cou-
. le lien, et ce fut dans la nuit suivante que celui-ci persistant dans sa résolution
m suicider, alla dans sa cuiiiae et se coupa la gorge.
Obs. 167. — Coupure du cou. Asphyxie.
B titre explique la conclusion de ce cas trék curieux. Un homme de soixante
«donné aux laissons alcooliques, mélancolique depuis plusieurs mois avait été
nda râlant dans sa chambre. Un voisin, en entrant, le trouva mourant sur une
se. A quelques pas de la chaise, devant une commode surmontée d'une glace,^
( trouvâmes une tache de sang pas très grande, et par terre, un vieux rasoir
lié, non tranchant et taché de sang.
a eadavre présentait une coupure au cou allant de gauche à droite et accompa-
I de plusieurs autres qui annonçaient que l'on avait essayé plusieurs fois. Cille
ivre était horizontale. Le coup n'avait pas atteint les grands vaisseaux, mais il
i eottpé complètement la trachée-artère au-dessous du larynx. Les habits étaient
lâchés de sang, il y avait très peu de sang dans la chambre, et comme il avait
«eore marcher et s'asseoir, on devait supposer qu'il n'y avait pas eu hémor-
et poumons n'étaient pas anémiques, mais au contraire, très oedémateux, le
r fauche était plein, et le cœur droit regorgeait de sang foncé coagulé, ainsi que
ère pulmonaire. La trachée -artère était vide et normale, il n'y avait anémie ni
i le tète ni dans l'abdomen. La veine-cave contenait beaucoup de sang foncé,
reins étaient hypérémiqees, ainsi, la mort avait eu lieu par asphyxie, et Tim-
ibilitè de la respiration avait été causée par la séparation du larynx.
. 168 à 171 . — Meurtres et suicide par des blessures des carotides^ des jugu"
tfdê la irachée-artère et par des blessures de tète» Priorité de la mort.
une nuit d'octobre, les voisins d'un employé subalterne entendirent des
Is el des cris dans le petit appartement qu'il occupait. On disait aussi avoir
ndv des cris : « au secours ! » partant de la fenêtre. Malheureusement ce ne
lie le matin que l'on sut ce qui s'était passé. Le père de U famille était connu
ne en homme violent et irascible, mais il jouissait d'une bonne réputation,
si fut-on saisi d'étonnement quand on trouva, dans la petite cuisine, toute la
litta» le père, la mère et les deux fils massacrés, et les quatre cadavres éten-
itw le soL
250 PABTIB THANAT0L06IQUE.
Lu lit du mari était le seul intact, dans les trois autres on TOjait ^oa ^étA
couehé ; la mère et les deux enftints étaient sur le dos, se touchant ou ajastlimiii
sur le cadavre voisin.
La mère et les fils étaient en chemise de nuit. Le père était ^tn d'un cslecmict
d'une robe de chambre fourrée, il reposait sur le rentre, la tète se trouTsit ï VtSL-
trée de la pièce où se trouvait son lit. La cuisine était couverte de grandes otm
de sang, et sur le parquet se trouvait une hache très lourde, un vieux sabre et sa
rasoir, tous ces instruments étaient ensanglantés. On voyait dès le premier covp
d'œil, que les cadavres avaient été écharpés. Qu'était-il arrivé? Pas une aruioire
n*avait été forcée, il n'y avait donc pas eu assassinat avec vol. H était probable qse
le père, âgé de quarante ans, avait tué d'abord In tiens, et puis lui-même. Mib
aucun des voisins ou amis de la famille ne pouvait trouver l'explication de ce mil-
heur. Je fis les quatre autopsies, et je rapporterai les résultats principaux.
Obs. 168. — La mère. Toute ta partie droite de la tète montrait des tégumaats
dilacérés ; les os crâniens écrasés et le cerveau en lambeaux faisaient hernie ; li
figure était très tuméfiée et ecchymosée. La partie antérieure du cou avait dû être
blessée par un coup de couteau bien tranchant ; la blessure avait 8 centimètres st
avait pénétré jusqu^à la trachée-artère et jusqu'aux deux carotides qui étaient ceai-
plélement coupées. Au-dessous du sein droit se trouvait une plaie pénétrante, lenfas
de 3 centimètres, béante, à bords lisses ; sur la cuisse droite il y avait une plaie trian-
gulaire à bords nets, longue de 3 centimètres, et à la nuque, une coupure long«6
également de 3 centimètres. Il y avait, en outre, des plaies par instruments piquasti
sur le cété droit du ventre, du dos, et sur la fesse droite; on voyait beaucoup
de taches d'un bleu rouge, non ecchymosées, surtout sur le ventre. A la tète, récit»
sèment occupait les os pariétal et temporal droits, Poccipital et la moitié gauche di
frontal. A l'hémisphère droit du cerveau se trouvait une couche épaisse de sanf
coagulé et foncé, ainsi qu'à la base du crâne qui était complètement divisée eo
deux parties par une fracture oblique. Dans la partie droite du foie se trouvait
une piqûre de 2 centimètres et demi de longueur. Anémie générale.
Les faits étaient faciles à interpréter, nous rapportâmes : t Les plaies du cou et
de la nuque ont été faites avec un instrument tranchant, et les blessures de tète
avec un instrument contondant, manié avec grande force ; toutes les autres blessures
ont été produites avec un instrument piquant : le rasoir, le sabre et la hache trou-
vés, ont très bien pu faire ces blessures. Sur une demande spéciale, noua répon-
dîmes que l'écrasement du crâne seul en dehors des autres blessures, excluait tout
à fait l'admission d'un suicide, que les blessures de lôte avaient dû précéder les
blessures du cou (coupures des deux carotides) et que plusieurs des petites bles-
sures avaient dû être faites après la mort.
Obs. 169. — Le fils Auguste, âgé de dix ans. Écrasement complet de l'oreille
droite avec plaies à bords nets, deux autres plaies également à bords nets sur la
tète, une troisième sur le front gauche, toute la joue gauche fendue, k la partie exté-
rieure du cou une plaie de 5 centimètres de longueur, sur la poitrine, au -dessus et
au-dessous de l'ombilic, trois piqûres ; toute la partie droite du crâne écrasée,
HÉMORRHAGIE MORTILLI. ^Y A-T-IL FAOTE D'UN TIERS. 261
TMniiphère droit «ndiiit d'one eoueb* de Mog coagulé, U pwrtio fauche du firon-
til fracturée, toute la base du crâne écrasée, la partie antérieure de la traebée-
«tère et de la carotide gauche coupée, des piqûres dans le lobe iuférieur du peu-
IMB droit avec épancbement de sang, une piqûre dans le diaphragme, à droite, par
itqvalle le foie faisait hernie ; piqûre dans la surface inférieure du lobe droit du
Me, piqûre dans une anse du gros intestin, avec épanchement de féoes ; anémie.
14 jugement médico-légal fut le même que pour la mère.
Obs. 170. — Le /Us GuUlaumey âgé de huit ans, fut massacré d'une manière
éfilement épouvantable. Dans la région ombilicale, une plaie semi-lunaire ; dans
i< région de l'os liphoïde, une autre plaie pénétrante, deux autres sur le cété
pucbe de la poitrine ; deux plaies par instrument contondant, situées parallèle-
ment sur la figure, depuis le milieu du front jusqu'à l'oreille gauche ; deux autres
plaies par instrument contondant sur le haut de la tête et sur l'os pariétal gauche ;
OQe plaie par instrument coupant, à bords nets, à la partie antérieure du cou, se
'éunissait avec une semblable qui allait d'arrière en avant, de telle manière qu'au
■Ulieu du cou il n'y avait qu'un petit intervalle de peau de l'étendue de 5 centimètres,
^tte plaie avait séparé les vertèbres cervicales et incisé la moelle. Ainsi, on avait
^asayé de décapiter! A l'intérieur, on trouva tout le crâne écrasé, même la base,
^Uie plaie perforante du cerveau et de grands épanchements de sang foncé et
Coagulé dans la tôte. Au cou, les grands vaisseaux ainsi que la trachée-artère et
l*CBeophage n'avaient pas été blessés, mais la deuxième vertèbre cervicale avait été
Complètement séparée de la troisième. Il y avait une piqûre dans le lobe inférieur
<lu poumon gauche', avec épanchement de sang liquide, une piqûre dans la partie
fauche du diaphragme, avec hernie de l'estomac, qui lui-même présentait une
piqûre à sa partie postérieure. Anémie générale. Outre les instruments employés
que noua eûmes également à juger pour ce cadavre, nous déclarâmes que chez ce
farçoo. également, les blessures de la tête avaient préc<!'dc les blessures du cou, et
que les blessures de la poitrine et du ventfe avaient été faites après la mort, ce que
prouraient non-seulement l'état des bords de ces plaies, mais aussi la fluidité du
sang comparée à la coagulation du sang trouvé dans la tète, j'attribue cependant
moins de valeur à ce dernier signe qu'à la combinaison générale de toutes les blea-
sares.
Obs. 171. — L$ cadavre du père. Lividités eadevériques sur la* poitrine, prove-
nant du décubitua sur la partie antérieure. La main droite teuif était tachée de sang.
Au milieu de l'abdomen, une plaie de 2 centimètres à bords nets mais un peu den-
telés, peu ecchymoses. Tout le cou était couvert de coupures dans toute sa dr-
coofèrence : on pouvait y distinguer trois plaies différentes, dont Tune séparait le
câlé droit du cou, l'autre la nuque, et la troisième le cété gauche du cou. Ces trois
pbies avaient des bords nets, non ecchymoses, mais n'avaiejit blessé que les veines
isfuiaires sur les deux eûtes, les autres organes importants du cou étaient intacts,
l'obierve encore que la plaie du ventre ne pénétrait pas dans la cavité. L'anémie
^^t générale et avait causé la mort. Nous rapportâmes : « l'hémorrhagie a eu lieu
P*f Wt plaies du cou, elles ont été faites par le rasoir trouve ou un instrumeot
252 PARTIE THANÀTOLOGIQUB.
absolument semblable ; la plaie de l'abdomen de peu d'importance, a dû être fùte
avant la blessure du cou, et le décédé s* est suicidé.
Le juge demanda quel était celui des deux époux qui avait survécu à roMlre,
nous répondîmes que l'bonmie était mort après la femme. Cette dernière aniloo
écrasement de la voûte et de la base du crâne et du cerveau, des épanchenuBii
de sang dans la cavité crânienne, une séparation complète des deux caroHàaéL
une plaie du foie ; Thomme ne présentait qu'une coupure de deuK jugulaires. la
supposant que les blessures des deux personnes eussent été faites en même temps
par un tiers, on serait forcé d'accepter que ce grand nombre de blessures très
graves a amené la mort de la femme beaucoup plus tôt que celle de l'homme. Xiii
tout l'ensemble de cet affreux événement fait supposer que l'homme a d'abord
donné la mort aux siens, puis à lui-même.
Il Ait constaté que l'homme était rentré chez lui très tard (tvre ou non, on l'ignore).
Il se querella avec sa femme, et bientôt des paroles on arriva aux coups qui éveO-
lèrent les enfants déjà couchés ; ceux-ci se levèrent et coururent au secoon de
leur mère, en criant ; car les cris : au secours ! qui ont été entendus sortant de U
fenêtre, venaient d'une voix d'enfant. Alors la colère de l'homme s'exalta, et,
saisi d'une fureur aveugle, il égorgea sa femme et ses enfants. Évidemment attconn'
mencemenl, il ne s'était servi que de la hache avec laquelle il frappa sur les tètes,
puis, quand les malheureux furent tombés évanouis, mais encore vivants, il prit oa
rasoir et fit les blessures du cou, enfin, avec une cruauté de cannibale, il frappai
tort et à travers avec le sabre sur les cadavres ou les mourants ! La position que
nous avons notée, dans laquelle on a trouvé les cadavres, prouve qu'il les a encore
remués après leur mort ! Une circonstance est encore curieuse : chez la mère elle
fils aîné, les coups furent portés sur le côté droit de la tête, tandis qu'ordinairemeot
les blessures sont du côté gauche quand le meurtrier n'est pas gaucher. Or, le père
n'était pas gaucher, car il s'est fait les coupures au cou avec la main droite, puisque
cette main seule était ensanglantée ; il faut donc admettre que la mère et le fils
atné ont été blessés par derrière, probablement en voulant fuir.' Le suicide du
meurtrier est hors de doute, vu l'état des coupures du cou qui étaient les seules
blessures mortelles. Quel est le tiers qui aurait pu faire une triple coupure entourant
le cou sans rencontrer de résistance, et on n'aperçut aucune trace de défense. U
est évident qu'après avoir fait son triple meurtre, il essaya de se tuer par une cou-
pure au ventre, et il est psychologiquement très curieux que cet homme qui vient
de massacrer toute sa famille et qui a usé pour cet acte horrible de toute la force
dont il pouvait disposer, en voulant se tuer lui-même, a agi avec si peu d'énergie,
qu'il n'a séparé que la peau !!! Ce n'est qu'après, qu'il prit le rasoir — qu'il avait
ébréché sur le corps de ses enfants.
Obs. 172 et 175. — Meurtre par coupure du cou. Blessure de la trachée-
artère et de la carotide.
Le 17 janvier 18.., un père coupa avec un rasoir le cou de ses deux fils,
Paul, âgé de trois ans et demi, et Oscar, âgé d'un an et demi, et fit de suite des
tentatives de suicide en se coupant la gorge et eii voulant se pendre, mais O ne
HÉMORRHAGIE MORTELLE. — T A-T-IL FAUTE D'UN TIERS. 25S
réunit pas. Les enfants moururent tout de suite et furent disséqués trois jours
iprès.
Obs. 1 72. — Paul n'offrait pas l'aspect de cire blanche. Au cou il y avait une
plsieà bords nets, non ecchymoses^ longue de 7 centimètres, large de 5 oenlimètres,
tout à fait horizontale. La trachée-artère était complètement coupée au-dessous du
larynx, ainsi que la carotide interne, mais l'œsophage était intact. Il y atait une
•Demie générale du cadavre, mais une hyposlase sanguine des veines posté-
rieures de la pie-mère.
Obs. 173. — Le cadavre d'Oscar avait la couleur de la cire blanche; la coupure
Vti traversait le cou horizontalement, était longue de 5 centimètres et demi et large
de 5 centimètres, les bords étaient lisses, secs, non ecchymoses. La trachée-artère
^it complètement séparée du larynx, l'œsophage était intact, aucun des grands
^liiseaux n'avait été atteint, le cadavre était anémique, excepté aux sinus de la
'are-mère. Le jugement de ces deux cas était très^simple : le fait devait avoir eu
lieu peu de temps après un repas, car les deux estomacs étaient tout à fait remplis
^ bouillie de pomme de terre. Nous déclarâmes que, vu la direction horizontale des
Coupures, le père avait dû tenir les enfants dans la position d'un homme qui joue
^ la basse. Ce malheureux, qui était aliéné, a avoué avoir été dans cette position.
Chs 174 et 175. •» Meurtre par coupure du cou. Blessure de la carotide, de la
jugulaire et de la trachée^artère.
Ces deux eas sont analogues aux précédents sous le rapport psychologique et sous
W rapport traumatique. Ils concernent les qwUre enfants du tapissier S... qui, dans
^n état d'aliénation, leur coupa la gorge un matin, tandis qu'ils étaient encore au
Ul. Les deux filles moururent tout de suite d'hémorrhagie, tandis que les garçons
^lestèrent vivants. Il a été constaté que tous les enfants s'étaient défendus contre
leur père, ce que les blessures, du reste, pouvaient très bien prouver.
Obs. 174. — Le cadavre de Louise, figée de sept ans, était pâle, néanmoins il y
vrait des lividités cadavériques, et à la partie gauche du cou se trouvait une plaie à
aagle droit, traversant seulement la peau, et au-dessous de cette plaie se trouvait
k blessure mortelle, qui allait de gauche à droila et un peu de haut en bas. Elle
anit eoupé entièrement la carotide et la jugulaire, ainsi que la trachée-artère au-
du larynx. Anémie générale.
Obs. 175.~ Le cadavre de la petite sœur âgée de quatre ans, avait l'aspect de la
cir« blanchâtre, et présentait des lividités cadavériques. A la partie gauche du cou,
il 7 avait seulement une plaie béante, longue de 5 centimètres et demi, allant de
pache à droite et de haut en bas. La veine jugulaire n'était coupée qu^à sa paroi
ttiérieore. U n'y avait également que la paroi antérieure de la trachée-artère qui
^it blessée. Anémie générale.
U résislance de ces malheureux enfants était prouvée : chez le garçon de neuf ans
(itt moment oili j'ai examiné), par des coupures cicatrisées à l'angle droit de la
26A PARTIE THAHATOLOGlQtnS.
bouche et à quatre doigts de la main droite, la plafe au cou située du eôté
gauche était cicatrisée ; chez le garçon de dix ans, on voyait deux petites coupim
cicatrisées à deux doigts de la main gauche. Ici la coupure du cou était du côtédroil,
un peu en forme d'arc, déjà en voie de cicatrisation, et au-dessous d'elle, plos ho-
rizontalement, se trouvait une autre plaie longue de 5 centimètres. Il est très ï
remarquer que les coupures des deux filles avaient absolument la direction que l'oo
trouve ordinairement chez les suicidés. Nous dûmes déclarer qu'il élait vraiietu-
biable que le père avait été derrière les enfants ; ce qui a été confirmé plus tard
par les déclarations des garçons.
Le garçon le plus jeune mourut à l'hôpital, après cinq semaines, d'une maladie
étrangère aux blessures. Les blessures du coif étaient complètement ckatriiéek
Les deux plèvres étaient tout à fait remplies d'une exsudation séreuee, etle poB-
mon droit adhérait un peu. Les deux poumons étaient, du reste, normaux. 11 j
avait encore dans la cavité abdominale une large exsudation égalemeot, mais BMiu
à la base du crâne ; il n'y avait pas d'œdème des pieds et pas de décubitus, deMrti
que l'on pouvait conclure qu'il y avait eu une courte maladie avec de grands épii-
cbements. Outre cela, la substance corticale des reins était injectée, et lesorgMM
eux-mêmes plus volumineux. On pouvait donc admettre que l'eafant avait hk-
combé à une scarlatine.
Obs. 176 et 177. — Suicide par coupure du com Coupure de la troMe et et
Fouophage.
Le même jour, nous fîmes l'autopsie de deux hommes âgés l'un de vingt aas
et l'autre de cinquante ans, qui tous les deux s'étaient coupé le cou avec tu
rasoir. Le premier depuis trois jours, le second depuis deux jours.
Je rapporte ces deux cas parce qu'ils présentaient une circonstance singulière :
les deux plaies faites certainement par des suicidés, étaient complètement horiion-
tales, de sorte que si la question avait été posée, il aurait été très difficile de dire
où commençait et où finissait la plaie. Ajoutez que chez l'homme vieux, le cadavre
avait été lavé avant d'arriver à l'autopsie, et que chez le jeune la main gauche était
très ensanglantée et fermée énergiquement. Nous dûmes admettre que le coup
avait été porté avec la main gauche. Ces deux cadavrei , quoique morts par béaor*
rbagie, avaient des lividités cadavériques, le plus jeune avait le dos très pâle, àm
lividités sur le ventre, sur la partie antérieure des cuisses, et des taches brunes par*
cheminées au cou, ce qui indiquait qu'il était tombé sur le ventre et était resté daiif
cette position; l'hyposlase des veines de la pie-mère ainsi que l'hypostase des
poumons se trouvaient également à la partie antérieure. II fut constaté plus tard que
le cadavre avait été trouvé couché sur le ventre. Ces deux suicidés ne présentaient
aucun des grands vaisseaux du cou coupés, mais chez les deux, la trachée-artère et
l'œsophage étaient blessés : chez le jeune, le larynx était traversé ; chez le YÎeux, Il
blessure était entre le larynx et l'os hyoïde. Anémie générale.
INANITIOH PAR MANQUE DE NOURRITURE. 266
CHAPITRE II.
INANITION PAR MANQUE DE NOURRITURE.
S 1. Généralîtés.
Il y a peu d*ob8er?ations connues sur ce genre de mort. Des cen-
ÉMS d'hommes périrent dans des prisons, dans des naufrages,
l'iotras furent enfouis sous un éboulement, ils sont morts certaine'^
Mt par manque de nourriture. Mais qui les a observés? Lorsque
Il auteurs anciens parlent d'exemples d'abstinence d'hommes sains,
faut duré plusieurs semaines, ou plusieurs mois, ils se trompent
a ib veulent nous tromper. Les rapports épars que l'on trouve sur
la maladies et autopsies de gens morts par manque de nourriture,
léritent peu de confiance, parce qu'ils datent d'une époque où les
viptAmes purement cadavériques n'étaient pas connus, et parce
l'Os viennent souvent d'observateurs ordinairement inexacts.
Aussi nous devons douter de la valeur scientifique de certaines
Ates que des hommes même aussi célèbres qu'Orfila ont mises en
rcolaiion, par exemple celle qui consiste à admettre que les femmes
eurent par abstinence plus tard que les hommes ; que le froid et
kwnidité permettent une abstinence plus longue que la chaleur et la
ieheresse. En effet, il faudrait pour prouver de telles théories,
ire de nombreuses observations comparatives, et où sont ces
baervatîons ? Mon expérience quoique longue est très pauvre sur ce
^itl, et si je communique le peu que.j*Jri vu, je suis loin d'en vou-
lir tirer des règles générales.
n est certain et généralement connu qu'il y a deux manières de
Mffir de faim : la mort aiguë et la mort chronique. La mort chro-
rifM arrivQ peu à peu par diminution successive de la nourriture,
fri donne lieu à des maladies de toutes espèces, surtout la phthisie
€ ]m atrophies, et enfin à la mort par appauvrissement de l'orga*
(vej . diap. I). La mort aiguë arrive par une privation subite de
On eemprend que comme les observations sont très rares.
256 PARTIE THANATOLOGIQlfE.
les opinions varient sur la question : combien de temps Tabstine&ee
peut-elle durer chez un homme avant que la mort arrive? On trouve
chez les auteurs les réponses à celte question les plus diverses,
depuis trois jours jusqu'à soixante !
Je renvoie ici à une observation que j*ai suivie exactement et avec
le plus vif intérêt; elle prouve qu'un homme bien portant et sain ne
succombe à une abstinence complète de nourriture ordinairemaU
qu'après quinze jours, de sorte que vice versa si la mort a eu liesptf
abstinence, on pourra conclure qu'un tel laps de temps s*est écooK.
Un homme sain, N..., âgé de trente-six ans, fut condamné pour
faux à plus de sept ans de travaux forcés. Après une innée de prison,
il prit la résolution de se laisser mourir de faim. Il commença b
17 février à ne pas manger son déjeuner, il prit cependant un peadi
dîner qui, pour les prisonniers, consiste en légumes. Le 18 au matii
il prit un potage, et à partir de ce moment, il s'obstina à refuser tonte
espèce de nourriture. Malheureusement je ne sus ce qui se paaut
que le 23, lorsqu'on vint demander mes conseils; les deux médecins
de la prison avaient observé avec soinN... et s'étaient convaincus di
rauthenticité de l'abstinence. J'approuvai d'abord la mesure que
l'on avait prise : on avait mis dans la même salle deux hommes asseï
instruits qui n'étaient condamnés qu'à quelques semaines d'emprison-
nement et qui devaient essayer d'empêcher le suicide du prisonnier.
Je le trouvai le 23 couché sur sa paille, il n'avait absolument rien
pris depuis cinq fois vingt-quatre heures. Il était pâle, mais pas plus
que les autres prisonniers enfermés depuis aussi longtemps que lui; il
avait les traits un peu tirés, le regard un peu terne, la température
de la peau tout à fait normale, la langue blanche, et lorsqu'il pariait
on entendait un certain claquement dans sa bouche provenant d'an
mucus visqueux. La voix n'était pas caverneuse, il n'y avait pas de
mauvaise odeur de la bouche, les gencives étaient pâles, la res-
piration normale, le pouls avait quatre-vingt-huit pulsations, très
régulier, encore assez plein, le ventre affaissé et très gaxeux. La
tête était complètement libre. Il m'avoua qu'il avait des hallucinations
INANITION PAR MANQUE DE NOURRITURE. 267
de la \'ue) mais de Touîe, et qu*il entendait des sifDements dans
» oreilles ; il disait qu'il dormait bien et beaucoup; depuis le 18 il
'naît plus eu de selles. Il ne se plaignit de souffrir ni de faim ni de
trif. Il expulsait peu d'urines. Tous les conseils et exhortations le
liaaèrent inébranlable dans sa résolution , il ne >roulut prendre ni mé-
icamenl ni nourriture. Le 24, l'état était le même. Le médecin de
I prison lui avait fait prendre quelques gouttes d'élher. Le 25, pas
• selle : c'était un dimanche, le prélre lui offrit la communion qu'il
Biosa. Il me dit qu'il avait fait serment à Dieu de ne plus rien man-
sr dans la prison. Quand je lui demandai s'il mangerait étant en
èerté, il répondit aussitôt: c Mais certainement». A côté de
li se trouvait le repas du dimanche, consistant en soupe aux
NMUiies de terre et en viande. N... était plus pâle et avait visible-
lenl maigri. Il essaya de lire la Bible, il ne put pas le faire long*
mps parce qu'il avait des éblouissements, mais ce qui l'impor*»
it surtout c'était le bourdonnement des oreilles. La langue était
au milieu et complètement sèche ; au bord elle était couverte
bflUicas très visqueux, qui claquait quand il parlait encore plus
jB'iuparavant. L'haleine devint sensiblement fétide, le ventre présen-
iil une sensation pâteuse comme celui des cholériques. La peau
ivait ses sécrétions normales, elle était chaude, il n'y avait pas eu
farine lâchée depuis vingt-quatre heures, aucune selle. Le pouls
l'était pas changé, les facultés mentales étaient intactes; l'absti-
lence durait depuis sept jours!
Le 26, N... lâcha un peu d'urine, nais ne put marcher seul et
dat être porté. Sa voix prit le son très caverneux que l'on entend si
mveot dans les maladies chroniques de l'abdomen. Le pouls était â
M pulsations, la langue devint plus humide; autrement l'état était
conme la veille. Comme il n'y avait pas encore de phénomènes
pives, on pouvait admettre que s'il persistait â refuser la nourri-
lire, N... vivrait encore certainement huit jours.
Le 27, N... n'avait plus faim du tout (on l'observait continuelle*
Boit), il éprouvait seulement le besoin d'humecter sa bouche sèche et
nsqaeuse, ce qu'il fit le matin avec de l'eau très froide, sans
li. 17
268 PARTIE THAMATOLOOIQnS.
boire. Le ventre était très affaissé, sans le moindre besoin d'alkràb
selle, ni nausées, ni vomissements, ni douleurs. La tète loi paniani
lourde, surtout quand ii remuait; l'odeur de la bouche était fhi
fétide*
Le 28 il se passa des phénomènes curieui. Le posb B*aml ftt
76 pulsations et était très petit. Le matin N... s'était plaint d'aiiir
la vue double et de sentir des crampes d*estoroac qui étaient siali-
gées psr une forte pression. La veille au soir et le matin, ptaiié
par un besoin irrésistible, il avait pris de temps en temps im peud'en
sucrée, à peu près 185 grammes. Il disait n*avoir pas faim, suis i
racontait que tout lui semblait avoir l'odeur du lait, et dans h sait
du 28 au 29 la faim le prit subitement et triompha de lui ; il nMOfii
da pain qui était devant aon lit, le lendemain on lai apporta m
quart de litre de lait qu'il but. Je le vis le 20 an malûa et je hi
ordonnai un potage au lait qu'il prit avec avidité, et à partir ds ci
moment il flt ses repas régulièrement. Deux mois plat tard, ja le
vis complètement sain et frais ; il m'assura n'avoir ea faim q«s ém
les trois premiers jours, et qu'après on lui aurait offert les pinsbssw
morceaux il n'aurait pas eu envie de les manger.
Dans tous les cas on a observé que c'est, en effet, dans les prt-
miers jours que l'on a seulement faim. L'appétit qui clies notra indi-
vidu revint le premier fut celui de l'odorat et qui avait pour okje(
le lait, la première nourriture de l'Iiomme.
Les symptômes de maladie que nous avons observés dans cet
exemple sont ceux que Ton a toujours décrits. Les urines deN...,
au milieu de son abstinence, ont été analysées par mon célèbre cob'
frère M. Mitscherlich. Je m'attendais à trouver moins d'urée, eepeii'
dant l'urine n'a présenté aucune anomalie, ce qui confirme les obeet'
vatiuns de Lassaigne qui, dans l'urine des abstinents, n'a pas trouvé
une diminution d'urée. J'aurais bien voulu pouvoir examiner le unf
de cet homme pendant son abstinence, afin de voir s'il y avait une
diminution de globules et d'albumine, ce qui est vraisemblable et ce
qui a été observé par MH. Andral, Gavarret et Simon.
WANinON FAR HAMQUfi DE NOURRITURE. 360
Sf. IKagnofUi*
Les expertises médico-légales ne devront pas être gênées parl'in-
tiiîlade qui existe quant à l'époque où la mort doit arriver après
abstinence prolongée. Pour constater que la mort a eu lieu par
, on devra considérer les phénomènes qui se sont présentés
MfUnt Tabstinence et les résultats de Tautopsie. Les phénomènes
mdant la vie se sont montrés dans les cas connus, analogues à ceux
[M nous avons vus, dans Tobservation que nous venons de rapporter.
Minairementy contrairement à ce qui s'est passé chez notre malade,
i iûn cède devant une soif très ardente. Les forces diminuent vite
ft ofi Âoitun prompt amaigrissement. Il survient des évanouissements,
lai hallucinations, des vertiges par suite de la lésion de l'innervatioa.
use évtcuations sont retardées , il survient des nausées > des vomis -
nmentSy des mucosités , des vents, de la fétidité de la boucle,
Il avec les signes de l'appauvrissement de l'organisme la mort arrive.
lies eadavres sont très amaigris , tout à fait anémiques, l'estomac
BSl ^de (on parie aussi d'une corrosion qui aurait lieu dans l'esto-
Mc, par les liquides de l'organe, la c self digestion > des Anglais,
Mis ce n'est probablement qu'un sjmptômecadavérique), il est rétracté,
les intestins sont rétrécis çà et là, tout à fait vides et contiennent
tout au plus quelques fèces endurcies, les parois de l'intestin sont
amincies jusqu'à la transparence, la vésicule bilieuse est remplie
d'usé bile visqueuse et foncée. Il est évident que parmi tous les
phénomènes de vie et de mort il n'y a pas un seul critérium spéci-
fique, excepté peut-être l'amincissement de la paroi des intestins (1).
U sera donc d'autant plus nécessaire de prouver l'absence de tout
utre gemre de mort, ce qui deviendra dans les cas douteux la base
d'une grande probabilité, comme on le verra parles exemples suivants.
(1) Ce signe a été observé pour la première fois par Donavan {DubL med. Press ^
iS48), pendant la famine qui a eu lieu en Irlande en 1847 ; Donavan lai attribue
«e grande importance.
200 PARTIE THANATOLOGIOUS.
Obs. 178. — Véritable mort par mamque de nourrUmre,
11 y a 32 ans, nous eûmes à juger le cas rare d'une mort causée réellemealpir
le manque de nourriture.
L'accusé condamné en première instance avait Mi appel. C'était m effieier de
santé qui n'avait pas le droit de traiter les maladies internes ; il avait eepeaéiat
traité une femme par les onguents mercuriels très en vogue à cette époque ; U
malade avait été soignée avec tant de aéfligence et de légèreté que les deux maxil-
laires avaient contracté une adhérence complète et que la nalheureoie mourut d«
faim!
L'autopsie fut faite avec le plus grand soin et donna les résultats suivants : k
cadavre très maigre présentait le maxillaire inférieur proéminent devant le maxil-
laire supérieur, ce maxillaire inférieur ne pouvait être abaissé même en emplofut
une grande force. Lm plupart des dents étaient absentes; après avoir fiût nneindMS
à chaque angle de la bouche jusqu'aux oreilles, on vit au maxillaire inferiear ux
molaires, placées horizontaUment. Quatre de ces dents étaient si lâches qo'dlei
se laissaient enlever avec les doigts ; au maxillaire supérieur il y avait qaslK
dents dont trois étaient également très ébranlées. Dans la région de la troMàM
dent molaire droite du maxillaire inférieur, le périoste et la muqueuse éUtteal
noirs, et le bord supérieur de ce maxiUaire offrait au toucher une jmprsirifli
de rugosité. Les deux maxillaires étaient liés è droite par une membrane aoorBlle
très dure ; à gauche, la même adhérence existait mais avec moins d'^
L» langue était complètement adhérente aux parties soua-jacentes et ne
avec elles qu'une seule masse, de sorte que l'on ne pouvait pas l'en séparer.
La partie antérieure de la langue élait dénudée de la muqueuse dans l'étendae
de 2 centimètres, et laissait voir les muscles. Quant aux autres organes, l'esteDSC
était contracté de sorte que son diamètre était égal à celui du côlon, du resta toui.
à fait normal. Il contenait une cuillerée de liquide jaunâtre sans odeur particu^
Hère. Les intestins étaient également contractés de moitié, leur couleur était oor- —
maie. Tout le canal intestinal était complètement vide, le foie était pâle, anémiqai^
et plus dur qu'à l'ordinaire. La vésicule bilieuse était remplie de bile foncée. L^
rate, petite, flasque, molle, anémique, adhérait en partie au péritoine. Lea autre "^
organes de l'abdomen étaient normaux, les organes du thorax et de la tète anéml "
ques ; le peu de sang qui se trouvait dans le cœur était noir et épais, c'était doiw "
une véritable mort par abstinence. On voit que les résultats de l'autopsie étaie^^
en harmonie avec ceux de» cas peu nombreux qui sont rapportés dans la litt
turfî médicale.
Obs. 179. — Mort de faim douteuse.
Un tailleur de quarante-huit ans, était soupçonné être mort de faim. Le
devint de suite le sujet des conversations et donna lieu à toutes les phrases hu
nitaire» de circonstance. Le cadavre était très amaigri, il y avait hypertrophie ^
INANITION PAR MANQUE DE NOURtUTURE. — OBSERVATIONS. 261
SMr et det parois de la vessie ; restomac était gorgé dû purée de pomme$ de terre,
iSsos dûmes donc déclarer que le décédé était mort de maladie interne et non
«s mort de faim.
Obs. 180. — Mort de faim douteuse d'un enfant, Kxhuinalion du cadavre
après douze jours,
Um fille naturelle de neuf mois mourut le 12 mai (Temp. -|* t2 à i3 degrés R)
. Ail déterrée le 24 du même mois parce que le bruit courait que la femme à
quelle elle avait «té confiée pour l'élever au biberon, Pavait laissée mourir de faim.
Le cadavre nous fut présenté dans un petit cercueil, il était enveloppé d*aiie
iMBiae et d'un linceul de coton, l'autopsie eut lieu cinq jours après l'exbumatiou.
la figure, les extrémités inférieures, lavant-bras droit étaient couverts de
, les yeux avaient coulé hors de leurs orbites, l'odeur qu'exalait le cada-
m a'était pas encore caséeuse, elle était celle de la putréfoction dans ses premières
triades. Tout le corps, excepté les membres inférieurs, était vert foncé. On voyait
I nite qu'il y avait eu un très grand amaigrissement ; en séparant la peau on ne
emwm nulle part la moindre trace de graisse. Aucune trace de blessure ni de vio-
■M. Les os crâniens et la dure-mère étaient très pâles et anémiques, une bypos-
•• sanguine se trouvait sur la pie-mère. Le cerveau n'était plus qu'une bouillie
iMyles veines étaient anémiques, les poumons également et du reste sains ; Tanémie
Ml soins grande dans les grands vaisseaux, et le cœur droit contenait un peu
inilf, le cœur ganche était vide. La trachée et rcesophage étaient également
iH. L'estomac contenait plus de deux cuUlerées de lait caillé, (Je ne décris pas
• fhénomènes de putréfaction.) Le foie, la rate, les reins, la veine cave étaient
litt et vides sans ulcère et sans anomalie, ainsi que le mésentère, la vessie était
in.
Hdus déclarâmes que l'enfant n'était pas mort de faim, mais d'une maladie interne,
se rem pouvait cependant admettre que la maladie avait eu lieu par suite de pri-
Mien de soins et de nourriture. Je dois ajouter que l'enfant était très petit et qu'il
avait qu'une seule dent incisive qui commençiit à paraître. Le point d'ossification
me le eondjle du fémur n'avait qu'un centimètre, ce qui prouve un grand retard
) la nutrition. Ce retard était dû d'autant plus probablement à des défauts de
int qu'il n'y avait aucune trace de fièvre lente. Notre rapport fut confirmé plus
rd par des recherches au moyen desquels on eut la preuve qu'un médecin déjà un
BÎa avant la mort de l'enfant avait conseillé de le retirer des mains de cette nour-
», parte qu'elle ne lui donnait qu'un demi-litre de lait par jour.
Obs. 181. — Mort de faim douteuse.
Une fille de cinq mois qui fut mise par sa mère en nourrice pour être élevée au
iberon mourut après avoir été un certain temps malade et chétive. Cn médecin
qu'elle avait eu une diarrhée chronique, la nourrice était accusée d'avoir
renfiint mourir de faim.
26S PARTIS THANATOtOGIQQE.
Le petit çadtrre était très maigre, et il y aTait des eiehares de déenMlindim
la région do tacram. Les membranes du cerveaa étaient très hypéréniqaei et
dans l'hémisphère gauche il y avait une extravasation de sang de la graadevr d'sn
haricot. Les ventricules contenaient beaucoup d'eau, le cerveau et le cenelet
étaient hypéréroiques, les sinus étaient remplis de sang foncé et liquide, les pou-
mons et le cœur étaient anémiques ainsi que la rate et le foie. La vésicule biliaire
contenait de la bile claire et épaisse, l'estomac présentait un ramollissemeot gélati-
neux, se déchirait facilement et laissait écouler 60 grammes de chyme lai-
teux. Les intestins étaient rides. Les reins et les veines abdominales anémi-
ques.
Nous déclarftoSes qu'une maladie interne et non pas Tabstinence, avait cause la
mort de l'enfant.
Obs. 182. •— Mort de faim lenU.
Dans ce cas, un enfant de trois mois mourut réellement par fj^uie de soin et
de nourriture. Le cadavre était sale et maigre, la peau des membres était plinèe
par suite de l'absence de graisse, les fesses et les cuisses étaient rouges à la par-
tie postérieure et en partie érodées. Anémie générale ; les poumons sans tuber-
cules, l'estomac vide et normal ; les glandes du mésentère son scrofuleuses, le gros
intestin tout à fait vide avait un diamètre très petit, le point d'ossificstioa du
condyle du fémur était de 3 lignes et demie.
Ainsi l'enfant était mort par suite de Tarrét de nutrition qui n'avait eu ponir ori-
gine aucune maladie organique. La saleté de la peau, les excoriationa et inlam-
mations des fesses prouvaient que l'enfant n'avait pas été bien nettoyé.
L'accusée disait qu'elle avait donné tous les jours à l'enfant trois quarts de litia
de bon lait et deux fois par jour du biscuit, mais cette déclaration n'était passa
harmonie avec ce que nous avions trouvé à l'autopsie, puisque cette quantité de
nourriture aurait été sufllsanle pour un enfant de trois mois et n'aurait pas pu le
mettre dans l'état où il était. Ajoutons le rétrécissement des parois de l'intestin
qui, comme on le sait, est un signe d'inanition par manque de nourriture.
Nous déclarâmes donc que l'enfant était mort de marasme produit par manque de
soins et de nourriture.
KMPOlSONlfBMBMTfl. HM
CHAPITRE 111.
EMPOISONNEMENTS.
LiciSLATiON. — Code pénal Prussien, § 197. Celui qui aurt administré volontaire-
ment du poison ou d'autres substances qui sont capables d'altérer la santé, sera
pani des travaux foreés jusqu'à dis ans. S'H eu est résulté une maladie ou bles-
sure grave, le coupable sera puni des travaux forcés à perpétuité.
Cas dipoaitioBt ne concernent pas le cas où le coupable a eu rinteutimi de tuer.
AW. I 304. Celui qoi aura empoisonné volo'itairement des puits ou des réservoirs
^tti MTvent à l'usage d'autrui, ou destinés à la consommation publique, ou qui
aura ajouté des substances dont il connaît la propriété vénéneuse ou qui vendra
ou exposera en vente de telles substances empoisonnées en cachant leurs pro-
prièlda, sera poni des travaux forcés de cinq à quinze ans. Si, par suite de cette
aeâioo, ua homme a perdu la vie, la peine de mort aura eours ; s'il n'y a en que
négligence, le coupable sera puni d'emprisonnement jusqu'à six mois s'il y a eu
dommage; et si par suite de cette action un homme a perdu la vie, on appliquera
la peine de l'emprisonnement de deux mois à deux ans.
KM. I S45. Seront punis d'une amende jusqu'à cinquante écus ou d'emprisonné-
■ani jusqu'à six semaines: i* S* celui qui, sans permission, préparera*
vendra ou donnera des poisons ou des médicaments; 8*.. é* celui qui
ne suivra pas les instructions données pour la conservation ou le transport des
poisons ou pour la préparation et l'exposition en vente de ces substances.
Coie de procédure criminelle^ f 167. S'il y a eu soupçon que le décédé a péri par
empoisonnement, les restes de la substance que l'on croit être le poison, et les
substances suspectes trouvées dans l'estomae et les intestins doivent être soumis
à l'analyse chimique Le juge aura soin que les substances solides ou liquides
qui doivent être examinées ne soient pas changées afin que l'identité soit hors
de doute. Peur cela si l'expertise ne peut pas se faire immédiatement en pré-
sence du juge, les substances seront cachetées et le juge le notera au proeès-ver-
bai en les remettant aux experts qui devront plys tard les rendre en remplit*
sant les mêmes formalités.
ment du 15 novembre lë58,§ 15. S'il y a soupçon d'empoisonnement, on
bit une double ligature à la partie inférieure de l'œsophage et au milieu du
duodénum, puis on coupe l'œsophage et le duodénum entre les deux ligatu*
tes. On retire i'estomao aveo la partie supérieure du duodénum, on examine sa
surface externe et interne ainsi que ce qu'il contient, puis on met tout dans un
vase que l'on donne au juge, afln qu'il en fasse faire l'examen chimique. Dans
ee mémo vase on doit mettre l'oBsophage après l'avoir lié à la partie supériaore,
faveir eenpé au dessus de la ligature et l'avoir examiné anatomiqoement. Enfin,
2tfA PARTIE TUANATOLOGIQCE.
on doit mettre également à part d'autres substances, telles que du sang, del'urifle,
des portions de foie, de la rate, etc., si Ton croit, que Ton pourra y troaver des
traces de poison.
$1.— BéSoîtioo.
La science des empoisonnements , malgré les grands progrès de la
chimie et de la physiologie, est encore le côté faible de la médecine
légale, aussi bien sous le rapport de la théorie que sous celui de la
pratique.
Sous le rapport théorique , le législateur prussien a écarté d'une
manière très simple et très heureuse la difficulté de la définition dn
mot € poison > en matière criminelle. Que la substance se reproduise
dans le corps ou non, qu'elle ait été administrée clandestinement on
non, qu'elle soit quelquefois employée comme médicament sans cepen-
dant pouvoir être rayée de la série des poisons, que dans un cas on
puisse prouver que la substance n'a pas été un poison ; tout cela n*est
plus à considérer s'il est avéré que la substance dont il s'agit est
c capable d'altérer la santé de l'homme. » Or c'est là le critérium qai
est commun à tout ce que l'on appelle c poison > et qui appartient
à l'eau-de-vie aussi bien qu'à l'arsenic, au pavot aussi bien qn'aa
phosphore.
De là, naturellement, on doit déGnir Vempoisonnetnenl^ l'action
par laquelle c une telle substance a été administrée volontairement
à autrui > aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Souvent une autre difficulté s'offre au médecin légiste, lorsqu'il n'y
a eu que tentative d'empoisonnement, après laquelle la mort n'a pas
eu lieu ; c'est là une circonstance d'un haut intérêt pénal et qui rend
Texpertise médicale nécessaire; nous voulons parler de l'appréciation
de la quantité du poison qui a été ingéré, appréciation qui souvent
accompagne la question difficile à juger de la forme dans laquelle le
poison a été donné.
Il se présente par exemple, beaucoup de cas ou l'acide sulforique
a été ajouté à des boissons ou à des mets liquides. Jamais on n'a
contesté que l'acide sulfurique fût un poison. Hais pour ioas les
poisons il y a des limites de doses au-dessous desquelles ils cessent
BMPOISOMIfBMBNTS. tôb
d'être € poifont » pour le médecin. Dans an litre d*eaa, ri on a ajouté
quelques gouttes d*acide salfurique, on a fait une tentative d'empoi-
sonnement , et cependant le médecin ne pourra pas appeler ce
mélange faiblement acide, un poison; car il sait qu'il ne peut avoir
aucune propriété vénéneuse. Si dans un autre cas la même substance
a été donnée en dilution dans une proportion telle que le médecin
reconnaît l'effet de cet acide et sa saveur particulière, alors pour lui
il y aura empoisonnement.
Quant à la justice, elle envisage la question sous un autre point de vue.
N.. était accusé d'avoir versé à la femme J... dans un pot de café
de l'acide sulfurique concentré. Le café pesait 600 grammes et l'ana*
'lyse montra qu'il y avait 17 grammes d'acide sulfurique concentré.
Ce qui représente une dilution de ^ à peu près. Nous déclarâmes
qu'un tel mélange est encore très acide et que, avalé d'un seul trait,
il ne tuerait pas, mais serait c apte à altérer la santé, > car il pourrait
causer une inflammation de la muqueuse de l'estomac. Il est évi-
dent que quiconque a ses sens ne peut avaler un mélange de
500 grammes de café et de 17 grammes d'acide sulfurique, car outre
(pie cette boisson est très considérable , le goût très acide serait trop
répugnant pour permettre la déglutition. Dans ce sens nous décla-
râmes que le mélange analysé ne pouvait être considéré comme poi-
son ou c comme substance capable d'altérer la santé. > A l'audience,
le oDinistère public prétendit que j'avais à déclarer simplement ri
l'acide sulfurique concentré est un poison sans tenir compte de la
dilution, ce à quoi naturellement il fallait répondre oui. Le défenseur
répondit que l'opinion du procureur royal était fausse, car l'accusé
n'avait pas administré de l'acide sulfurique, mais un mélange de
café. Des cas semblables se sont présentés à nous pour les substances
aborthres (voy. i. I, p. 17S).
L'opinion du ministère public dans le cas que nous venons de citer
eal aussi celle de notre cour de cassation. L'accusée L... administra
à trcns reprises différentes et volontairement à son mari une petite
quantité de semence de stramonium en décoction.
La santé du mari n*en fut pas altérée, néanmoins la femme L. .. Ait
260 PAUTIK THAMATOLOGIlHil!^*
condamnée « à cause de lésion volontaire produite paruBêaubiliice
vénéneuse. » En seconde instance, le défenseur prétendait «pe b
qualité seule d*une substance nm doit pas être prise en conaidintiM
pour juger si cette substance est un poison ou non, maia qa'il ImI
aussi considérer si la quanlUé jàimiuisiTée est suffisante pour ahtar
la santé. Le tribunal refusa de casser le jugeaient et décida qm
cette opinion était contraire à ta signification du mot c poîsoo, >
c'est-à-dire une matière qui, par sa qualité seule, est capable d'al-
térer ou de détruire la santé; d'après cela, l'administration rf'tinf
quantité quelconque de poison et par conséquent d'une substance
qui en elle-même est capable de détruire et d'altérer la santé
constitue le crime du § 197.
Nous basant sur ce jugement , nous avons toujours déclaré si b
substance en elle-même était un c poison » , en laissant au juge le
soin de considérer la circonstance de mélange ou de la quantité.
§ 2. — Division des poisons.
Il a toujours été difficile de donner une division satisfaisante des
poisons. Pour la pratique, cette division a peu d'importance, puisque
le médecin légiste ne doit envisager que le cas particulier, mais celte
division est nécessaire dans la science.
Il faut avouer que nos connaissances sont encore trop reatreintes
pour que nous puissions établir une division rigoureuse; les connais-
sances qui servent de bases sont les réactions sur le vivant et les
résultats de l'autopsie. Ce n est pas qu'il n'y ait des observations
nombreuses d'empoisonnés, les matériaux sont assez nombreux dans
tous les livres, mais la qualité de ces matériaux ne permet pas de faire
cette classification. Des milliers de cholériques ont été observés avec
soin par les hommes de science dès le commencement de leur maladie,
et pourtant cette maladie n'est pas bien connue. D'un autre côté, les
empoisonnements sont souvent observés après la mort ou bien à la fia
de la maladie, ou bien pendant toute la maladie, mais par des témoins
étrangers à la médecine. Ajoutez que les symptômes de maladies sont
différents selon que le poison a été donné en mélange liquide , ou
ENPOISONMBMBlfTS. — BIVI9I01I DES POISONS. 2<I7
rmfatBié ém «ne buaillie, o« bieii conemitré, oa \àm à jpatîttB éb^
set; ou tdon que Ton a administré des contre-poiaoïis.
On comprend alors la rareté d*oheervations pures comprenant le
coure complet d'une maladie provenant d'un empoisonnement. Quant
aux dissections, il faut considérer que le plus grand nombre ont
été faites dans un temps où les phénomènes cadavériques n'étaient
pas encore connus et appréciés, et que souvent on n'a pas asset
pris en considération les symptômes individuels. De là provient h
nnltitnde d'opinions contraires, et les différences que l'on trouve
entre les rapports d'autopsie anciens et modernes sur des empoi-
sonnements. On parle, par exemple, de taches rouges ou d'un rouge
Mea sur le cadavre et qui sans doute étaient de simplea taches
de mort; les compilateurs s'emparent de ce renseignement el
le proclament comme le symptôme de tel ou tel empoisonnement I
Dans un autre cas d'empoisonnement avec l'acide prussîque on
a trouvé des rayons bleuâtres qui sillonnaient les parois de l'estomac
et le rapport attribue une valeur à ce qui n'est qu'une t stase san-
guine >, sans soupçonner que ce n*est qu'un symptôme de putréfaction
des plus ordinaires. Dans d'autres cas, après une mort lente, après
ai empoisonnement, on trouve le cœur affaissé, la raie grande, l'es-
Undsc petit et contracté, et on prend ces phénomènes mi considération,
tandis que probablement ils n'étaient que des phénomènes individuels
et complètement indépendants de l'empoisonnement.
Il n'y a cependant que sur les effets pathologiques et anatomo*
pathologiques que l'on puisse fonder une classification valable des
poisons. Et là les difficultés sont très grandes, car les effets des poi-
sons en enx*mémes sont presque inconnus. Ce n'est que dans les temps
modernes que la toxicologie^ en découvrant que les poisons passaient
dans le sang et en étudiant les effets chimiques sur les parties solides
«i liquides de l'organisme, est montée au rang d'une véritable science.
Uns les effets des poisons sont très différents d'après la dose, la pré*
paratien, l'oiydation , et nécessairement un seul et mêm^ poison
devrait seul figurer dsns plusieurs classes. Les exemples sont liMiss
^ donner. Les acides métalloïdes, par exemple Taeide sulfuriqne très
268 PARTIE THANATOLOGtQUE.
étendu ne produit qu'une légère phlogose de la muqueuse stomacale;
moins étendu , il produit des excoriations superficielles; enfin, coa-
centré y il détruit et gangrène tout te tissu de l'estomac. Ces phéno-
mènes appartiennent seulement aux acides de cette espèce et pour-
raient en former une classe à part. Le bichlorure de mercure est
pour les symptômes sur le vivant comme sur le cadavre tout différent
des vapeurs de mercure qui également empoisonnent. L'acétate de
plomb tout autre que les vapeurs de plomb ; l'oxyde de zinc toal
autre que le chlorure de zinc ; les préparations de sulfure de morcure
peuvent à peine être comptées parmi les poisons mercuriaux à cause
de leurs effets tout particuliers.
Vu foutes ces difficultés y la division que nous donncma n*a pas la
prétention d'être sans reproche, nous lui attribuons peu de valeur, puis-
que notre but en médecine légale est la pratique pour laquelle une
classification est inutile ; c'est celle qui nous a paru la moins mau-
vaise :
l"* Poisons corrosifs irritants , enflammants. Ils produisent une
irritation allant jusqu'à l'inflammation et toutes ses suites, ulcération,
gangrène , désorganisation de la muqueuse ou de la peau aoit par
contact, soit consécutivement; il y a probablement par l'empoisonne*
ment du sang(dysémie) une irritation du système nerveux. Les poisons
le plus fréquemment employés qui appartiennent à cette classe sont :
les acides métalloïdes, les composés d'arsenic, de mercure (excepté
les vapeurs de mercure et les sulfures de mercure) , les composés
vénéneux de zinc et d'antimoine, l'acide oxalique, les alcalis, le chro-
mure de potasse, le phosphore, les huiles éthériques, le colchicum,
les coloquintes , Thuile de croton , les champignons vénéneux et la
cantharide.
2"* Poisons hypérémisants. Ils tuent par congestion sanguine
tantôt du cerveau, tantôt des poumons, tantôt du cœur, tantôt de la
moelle épinière, ce que l'on peut très bien voir par les phénomènes
sur le vi\fint et par le résultat de l'autopsie. Les poisons les plus
employés qui appartiennent à cette classe sont : les opiacés , la bella-
done, la noix vomique, la strychnine, la vératrine, la brucine, la jus-
EMPOISOMMBIIENTS. — DIAGNOSTIC. 209
^iaiDe, la dglle» la digitale^ le stramoniuBi, la nicotine , la conicine
et les alcaloïdes de ces plantes, les gaz irrespirables et l'alcool.
8* Poisom neuro^paralyBanls. Us tuent par paralysie du centre
nerveux, par Tintermédiaire du sang empoisonné; de là la mort subite
qui a lieu avec parai jsie et convulsions. On ne trouve alors rien à
l'autopsie. Ce sont : l'acide prussique , le cyanure de potasse, l'huile
d'amandes amères, le cyanure de zinc, le cyanure de plomb, le cyanure
de cuivre, le cyanure d'argent, les cyanides de cobalt et de chrome^
le seigle ergoté et le chlorofortne.
A** Poisons tabifiques^ Ds ne procurent qu'un empoisonnement
lent et cbrcNiique, ils altèrent lentement, mais gravement la digestion,
d'où il résulte une nutrition incomplète, amaigrissement, consomption
et mort. Ce sont : le sous-nitrate de bismuth, le carbonate de plomb,
les vapeurs de plomb, de mercure, d'arsenic et probablement la plu«
part des vapeurs métalliques.
5* Poisons septiquesj ou putréfiants. Ce sont les substances et des
produits morbides qui empoisonnent le sang et amènent la mort. Ce
sont : les matières vénéneuses des saucisses, du fromage, des pois-
sons , et ainsi que les poisons contenus dans beaucoup d'aliments
innocents qui se forment sans qu'on puisse se l'expliquer, et les pro-
duits morbides, la morve, le charbon et le pus.
S 3. — X>iagiiostîe de l'empoisonnement.
L'ancien code prussien demandait que l'on admit l'empoisonne**
ment comme certain, si la mort était venue après l'ingestion du
poison et si le poison avait été* la cause vraisemblable de cette mort ;
en un mot, si le post hoc était constaté et le propter hoc vraisem-
blable, c'était une sage disposition pour ce temps, car elle facilitait l'ex*
pertise et n'était pas en butte à toutes les possibilités et tous les doutes
qui assiègent la justice. Car s'il était prouvé soit par l'instruction,
soit par l'expert médical d'après les symptômes de la maladie ou les
résultats de Fautopsie et de l'analyse chimique que réellement du
poison a été administré , le médecin légiste avait le droit d'admettre
270 PARTXB THANâTOLOeiVDV.
fMDpoisoanement si tesrésQlliisderMtoptteraiidaieBtnwaririaHe
ce genre de mort.
U en est autrement inamleiiaiit, qne le f 197 dans les ees d'empoi-
sonnement ordonne de pronver qne la mort a en lien par snile de
ringestîon du poison. Le jugement est plus difficile tfa'anparsfaii,
car on demande une c certitude > là où antrefois une c nrâemUsacc)
était suffisante. Cependant le médecin n'a plus besoin de tenir comfle
de la possibilité d'une consenration de la ne qui aurait pu aroir liai
grâce à des soins médicaux appropriés on i d'autres dreonatancei
quelconques ; il a sentement à considérer si la aihstance X peut atoir
en les suites qui se sont présentées. Que l'expert se rappelle le $ 186
qui a aboli les degrés de léthalité.
Pour répondre à cette question : A-t-on administré du pMon oi
d'autres substances capables d'altérer la santé? U faut considérer ki
critériums suivants :
1^ Les symptômes de la maladie produite par l'empoiaonBement;
. 2* Les résultats de la dissection ;
3* Les résultats de l'analyse chimique;
A" La combinaison de toutes les circonstances ^térieares qui ont
entouré la maladie et la mort du décédé.
|o SYMPTÔMES DE LA MALADIE.
Les symptômes de rempoisonnement pendant la vie ne peuvent
donner que des indices très vagues, car on sait que souvent dans \e$
cas légaux les témoins n'ont pas même vu le malade pendant la vie,
de sorte que l'on n'a que des renseignements à peu près insigni-
fiants, si ce n'est tout à fait nuls. De plus, en général, presque tous les
poisons, excepté ceux qui tuent subitement comme l'acide prussique,
sulfurique, donnent lieu à des phénomènes vitaux presque analogueSi
tels que vomissement, diarrhée, collapsus, dérangement de la circii»
lation, lésion du système nerveux. Ensuite, il existe une série de ma»
ladies qui ofiBrent tous les symptômes d'un empoisonnement, de aorte
qu'une erreur est très facile. Enfin, comme dans le diagnostic d'
EMPOISONNKIIBIfTS. *^ STWTtnM GÉNÉRAUX. 291
oiakMiîe, il m faot pu Molomtni tenir oomple d*«ni Mal ou de qml-
4|B6S ey mptômes de la meladley mais de toat Teiiseinble ; on ae dia-
gDOStiqae pas la rougeole par le seol exanthème ni par le catarrhe
seul, pas plus qu'on ne diagnostique la grossesse par la groaseor da
leolre y ou la mort par pendaison par la présence seule d'nm sillon
alrangulatoire ; de même on ne devra pas diafnostiqaer Teonpoiemi-
aeuienl par ks seuls symptômes pathologiques.
Il ne serait cependant pas juste d'en conclure que seulement ior»*
qu'on trouve le poison» le diagnostic est infoillible, car de cette ma*
nîère on retrancherait toutes les circonstances accessoires et on
adopterait pour les empoisonnements une marche déclarée fausse
pour tout le resté de la médecine. Tandis que la médecine tend é
augmenter tous les jours les modes d'investigation qui peuvent aider
le diagnostic tels que le microscope, la physique, la chimie, on vw<^
drait réduire à un seul les signes diagnostiques de l'eropoisonne-
ment !
C'est ce que veulent les gens qui séparent la médecine légale de
la médecine générale qui veulent en faire une c jurisprndentia me-
dica » y qui ont voulu imposer la théorie des preuves inébranlables
dont s'est débarrassé le droit pénal moderne dans une science qui
s'est qu'une science de combinaison, et non une science mathémati-
que. — Nous allons donner les symptômes généraux de maladie
dans différentes classes de poisons.
1" Potfont cofTosifs. Ils produisent, en général, de la chaleur
et vue sensation de brAlure dans la bouche et dans le gosier, une
aensatîon de brûlure et une douleur vive dans l'estomac, dans tout le
ventre, des nausées, des vomissements, soif vive, diarrhée, froideur
é» la peau, sueur froide, pouls accéléré devenant petit, sensibilité des
légaments abdominaux au toucher, diminution prompte des forces ,
moft.
2* Potions hypérémisants. Dilatation des pupilles, perte de con-
naissance, somnolence, respiration lente et irrégulière, vomissements,
ebstraetion, collapsus, convulsions cloniques et toniques, paralysie,
BMIfl.
272 PARTIE THANATOLOGIQUE.
S* Poisons neuro-paralysants. Mort subite ou nausées, vosui*
sements, pâleur du visage, sueur froide, pouls lent, dilatation on con-
traction des pupilles, convulsions tétaniques, écume à la bondie fk
au nés, respiration difGcile, mort.
A* Poisons labifiques. Amaigrissement lent et progressif, aspect
cachectique, pour Tempoisonnement par le plomb et le mercure,
gencives livides, langue couverte, absence d'appétit, obstruction in-
testinale (colique de plomb ) , tremblement des membres, paralysie,
mort avec les symptômes de la fièvre hectique*
5*" Poisons septiques. Affaissement et abattement général, nai'
sées, vomissements, symptômes locaux d'une inflammation spécifique,
signes généraux d'une fièvre putride, mort.
Pour les symptômes d'empoisonnement par les principaux prâsonft,
voir plus bas«
2* RÉSULTATS OE L'aUTOPSIE.
Pris isolément les résultais de l'autopsie permettent plus facile-
ment de faire une conclusion que les seuls symptômes de maladie.
Il y a une série de poisons qui font sur le cadavre des altérations telles
que celles-ci mettent Tenipoisonnement hors de doute et rendent
l'analyse chimique inutile; je veux parler de l'empoisonnement par
les métalloïdes tels que l'acide sulfurique. U n'y a pas d'autre genre
(le mort qui offre ces destructions de tissus que l'on rencontre dans
ces empoisonnements, et ils ne se produisent pas même de cette façon
si l'on ingère de l'acide sulfurique dans Teslomac d'un cadavre
comme nos expériences l'ont démontré.
Il y a encore d'autres résultats spéciaux qui permettent une grande
sûreté de jugement, sans que l'on ait besoin d'avoir recours à une ana-
lyse chimique. Si Ton trouve dans l'estomac d'un cadavre des sub-
stances granuleuses blanchâtres qui, séchées et mises sur des charbons
ardents, laissent exhaler une odeur d'ail sensible, ou bien si l'on
trouve des grains amorphes, jaunâtres, qui pris dans l'estomac d'un
cadavre, sont briUaata dans Tobacurité et brûlent quand on les firotle»
EMPOISONHEMENTS. — AUTOPSIE. 273
el si des vapears phosphorescentes s'exhalent des ouvertures exté*
lieares du corps, on peut et on doit conclure qu'il y a eu dans le
premier cas empoisonnement par l'arsenic, dans le second empoi-
sonnement par le phosphore.
De même si l'on trouve dans l'estomac des grains de stramonium
oo de belladone y on peut regarder l'empoisonnement comme certain,
sans aller plus loin.
Il y a encore les cas où lors de la dissection on perçoit très
distinctement dans le eerreau, la poitrine, l'estomac, une odeur d'a-
mandes amères qui, dans la plus grande majorité des cas, indique
un empoisonnement par une substance qui contient de l'acide prus-
sique. Car il n'y a qu'une seule autre substance qui, ingérée dans
l'estomac d'un cadavre, le pénètre et lui donne l'odeur de ce poison
violent ; je veux parler de la nitro-benzine employée par les parfumeurs
pour la Tabrication des savons d'amandes amères et imprégnant le
cadavre de cette odeur d'après nos expériences sur les animaux.
Je cite ces exemples pour prouver que l'on a eu grand tort de né-
gliger dans la question des empoisonnements les résultats de la dissec*
tionet d'attribuer une valeur exclusive à l'analyse chimique. Cepen-
dant, ajoutons-le, les résultats de la dissection, dans la majorité des
cas, ne peuvent avoir une valeur complètement décisive. Car des inflam-
mations locales dans l'arrière-bouche, l'œsophage, l'estomac, etc.,
analogues à celles qui sont produites par les poisons corrosifs, peu-
vent avoir une autre origine. De même pour les bypérémies qui se
trouvent si souvent produites par d'autres causes. De plus, la plupart
des poisons donnent des produits si variables et ont été observés en si
petit nombre qu'il serait très hardi d'attribuer une valeur décisive aux
observations pathologiques en elles-mêmes. Enfin, la putréfaction peut
masquer complètement les critériums, car, d'un côté, les poisons favo*
riseot souvent la putréfaction, ce qui masque les résultats de l'autopsie,
nèoie lorsqu'on la fait de bonne heure; d'un autre côté, la nature
dandesliDe du fait donne lieu à une instruction ordinairement très
iarfifo qnin'a lieu quelquefois qu'après l'inhumation du cadavre ; et
dqiMii k cadavre déterré après plusieurs semaines et plusieurs mois
n. 18
27A PARTIE THANATOLOGIQUB.
est présenté à Tautopsie» les tissas sont déji tellement détroits qne
Texamen exact n'est plus possible^ le sang est altéré, les hjpéréDiet
sont effacées. Néanmoins» nous le répétons » en général Tantopùe
jointe aux phénomènes de la maladie a une très grande talenr» itelb
ne mérite pas le discrédit dont on l'entoure ordinairement.
Il ne faut pas perdre de vue, dans les cas d'empoisonnement doi-
teux, que les résultats négatifs peuvent ôter tous lei doutes, h mm
parler des cas fréquents dans lesquels la mort ayant en lieu d'nne
manière surprenante après l'ingestion de oirtiines substances^ m
soupçonne un empoisonnement, ou bien lorsqu'au hoaime est mort
au milieu de circonstances suspectes et que sa mort a été anatt*
geuse i son entourage. Le cas devient très simple lorsque l'on trovn
une hernie étranglée ou un ulcère perforant l'estomac. Noos en ci-
terons des exemples plus bas (222% 22S* obs.). Pour ce qui concerne
les différentes classes de poisons, on trouve en général :
l^" Pour les poisons corrosifs, très souvent inflammation ou brA*
lure des surfaces mises en contact , l'ossophage plissé et tanné, éro-
sions, ulcérations, gangrène, perforations, épaississement, gonfle-
ment de la muqueuse stomacale qui se séptre Cicilement, des tracas
d'inflammation consécutive dans les poumons, le cœur et sartout les
parties inférieures des intestins.
2« Pour les poisons hypérémisants, on trouve quelquefois dans
l'estomac des restes sensibles du poison qui se reconnaissent i Te*
dorât, la forme, les signes botaniques ; des hypérémies considérables
dans le cerveau, dans les poumons, dans le cœur, la moelle épinière,
les grandes veines, des hjpérémies partielles en forme de taches
d'un rouge noir sur la muqueuse de l'estomac et des intestins.
Nous reviendrons spécialement, plus bas, p. 277, sur les désordres
que produisent les principaux poisons appartenant ft ces divisions.
Quant aux poisons des autres classes, leurs effets sont peu connus et
incertains, et on doit dans les cas qui se présenteront, chercher des
analogies* Dans ce but nous communiquerons des observations aussi
nombreuses que possible.
EMPOISONNEMENTS. — ANALYSE CHIMIQUE. 275
3* ANALYSE CHIMIQUE.
Quand par l'analyse chimique on trouve dans un cadavre des
traces de poison, il est évident qu'il y a grande probabilité pour que
le crime d'empoisonnement ait été commis, cependant celte présence
du poison ne constitue pas une preuve infaillible. Car, sans parler de
Il possibilité d'introduire des substances vénéneuses dans l'estomac
après la mort, ce qui serait très difficile et se reconnaîtrait bien vite,
il arrive souvent que des poisons réels sont trouvés dans le cadavre
au moyen de réactions chimiques sans qu'il y ait eu le moins du
monde empoisonnement , soit parce que le poison a été ingéré en
forme et dose de médicament, et ici le témoignage négatif du mé-
decin traitant est de peu d'importance, car on sait combien il arrive
Souvent que les malades prennent de leur propre autorité des pilules
ou des médicaments de toutes sortes, soit parce que les substances
alimentaires contenaient du poison.
Wackenroder (1) a trouvé des quantités assez considérables de
cuivre et de plomb dans le sang des hommes et des animaux , ces
corps ne peuvent provenir que des aliments. Il nous est souvent
arrivé de trouver, outre le poison que nous soupçonnions, des traces
de métaux de toutes sortes qui avaient pénétré dans le sang avec
des aliments ou des médicaments.
Ainsi c'est seulement la quantité du poison trouvé chimiquement
(pd peut faire conclure qu'il y a eu empoisonnement. Des quantités
très minimes de substances vénéneuses trouvées dans l'estomac, dans
le sang, etc., ne sont plus ce que l'on appelle des poisons. On sait,
d'an antre cAté, que la quantité d'arsenic, de stramonium, que l'on
trouve par l'analyse chimique, n'est pas exactement la quantité qui a
ité ingérée ; car la moitié a pu déjà être évacuée pendant la vie.'
Dins cartaias cas tout le poison est évacué et l'examen chimique n'a
tticuQ résultat. Ce sont les cas assez fréquents qui s'expliquent par les
{\) Anhiv, fUr Phannacie, 1853, octobre, p. 11.
276 PARTIE THAKATOLOGIQUE.
théories de la chimie moderne: l'absorption par le foie, UnU,U
sang, l'urine, mémo les muscles et les os; on a Irouvé de celle mi-
nière l'acide arsénieux dans le fuie ; Orfila a trouvé égalemcot dn
cuivre ; Stas de la nicotine dans le foie et les poumons dans l'aSûre
du comte de Bocarmé ; Scbackt et Hoppe de l'acide prussîque dut le
sang (203° et 20A' obs.), Schiirer (1) de l'antimoine dans l'uriDe,
et il est à piévoir presque avec cerlilude que l'on Irouiera de celle
manière encore une grande quantité d'autres poisocs.
L'analyse chimique devient Irès incertaine si les effets du poisao
ont été combattus par un contre-poison ou si les tissus ont été entaliis
par la potréfaction. L'nctdehydrocyanique, assez facile à trouver diDs
les cadavres frais, surtout dans l'estomac, ne se trouve ordinaire-
ment plus quelques jours après la mort, car il se décompose Irés nie
avec les matières organiques. Le phosphore, qui g'oxjde si raciiemeai,
est très difficile à retrouver dans le cadavre, si le décédé a (écK
quelque temps après l'ingestion de cette substance. Puis remarquooi
que la chimie, quoique très avancée, a encore beaucoup à faire pour
devenir infaillible, il y a beaucoup de poisons que l'on ne peut pat
trouver par la chimie, tels que les alcaloïdes vénéneux, enfin, li
chimie reste tout à fait impuissante lorsque le poison a été ^iell^
menl assimile, ce dont on trouvera un exemple â la '221« obs.
Pour combattre l'opinion générale qui attribue une trop grande
■ valeur â l'analyse cljimiqup, je dois encore faire une autre critique:
l'étude des livres de chimie montre combien les opinions sont diffé-
rentes sur les méthodes les plus convenables.
Quiconque a l'habitude de la médecine légale et fréquente les chi'
s célèbres sait combien ces différences d'opinions se présentent
nuvent, combien souvent unemOihodc e^tvantéeparlesuas et répudiée
|Br les autres etc. Toutes ces cousidiiralions doivent faire réfléchir le
( WkfterZeitichrifl, n««c Folge, 1858, t. X Ctici un malade injlÉ avec du
D itlbii, trois licurei et demiB aprèi l'ingeslion du premifr gniti on paanil
<i de* tncei d'ic>
■a ipc^i l'ingetUon lie la sululioii dcl'uicbrel plusicurt lisureiaptit
HpX^ d< lu poudre de Couac dti Iraco virib
KMPOISONNEMENTS. — ACIDE ARSÉMEUX. 277
médecin légiste qui devra rester à moitié laïque dans cette matière
et ce sont ces considérations qui m'ont donné l'idée d'ajouter aux
trois critériums que nous venons d'apprécier, la combinaison de
toutes les circonstances extérieures qui accompagnent la maladie et la
iDortda décédé dont nous parlerons plus bas.
Puisque les procédés de chimie légale appartiennent aux experts
chimistes, ils doivent être abandonnés aux traités de chimie, quant
lox effets spéciaux des poisons ils appartiennent aux toxicologistes;
aussi nous nous bornerons à indiquer seulement les effets généraux
des poisons les plus ordinairement employés, et les plus importants pour
la pratique.
4" PUISONS SPÉCIAUX.
1* Acide arsénieux. Son absence d'odeur de goût et de couleur,
sa solubilité dans l'eau et dans tous les liquides aqueux, enfin son
action détruisante sur les corps organiques, en rendent reropbi aussi
fieile qae dangereux. Lorsque l'empoisonnement est lent et chroni-
qne, les symptômes sont ceux de la cachexie générale et de la dysé-
mie finissant par une fièvre lente. Lorsque l'empoisonnement est
aigUy il y a desnausées, vomissements souvent sanguins, des angoisses
précordiales, des douleurs d'estomac, souvent mais pas toujours des
coliques, soif vive avec sécheresse de la gorge, diarrhées, peau hu-
mide, quelquefois exanthème, face injectée, fièvre, grand abattement
enfin souvent convulsions. Il ne manque pas cependant de cas d'em-
poisonnement par l'arsenic sans que des symptômes bien nets aient
été observés.
A Taiilopsie on trouve hypérémie, inflammations, excoriations,
érosions hémorrbagiques de la muqueuse de l'arrière-bouche, de
roBBOphage, de Testomac, cette muqueuse devenue lâche se laisse
EKOsment séparer.
Linflammation qui peut aller jusqu'à la gangrène, se propage
qiekiaofois jusque dans le duodénum et même jusque dans l'iléum.
La sang que Ton trouve dans le cœur et dans les gros vaisseaux n'est
pas 1res coagulé, il perd la faculté de se coaguler comme à l'ordinaire.
278 PARTIE THANATOLOOIQUB.
Quelquefois on trouve des taches d'ecchymoses dans les ventricules da
cœur et souvent hypérémie du cerveau. Les traces d'inflammatioA se
trouvent quelquefois après quelques heures. Hais nous devons ajou*
ter que tous ces résultats ne sont nullement constants.
L*effet spéciGque de ce poison c'est la momification du corps (TOjex
page 36y part, générale). Cette momification semble se faire dans
tous les cas où de hautes doses d'arsenic ont été administrées et n'ont
pas été tout à fait évacuées pendant la vie. On ne peut cependant pis
la considérer comme un signe certain d'empoisonnement par l'arse-
nic (Bordach), car des cadavres de personnes qui ne sont certainement
pas mortes de cette manière se momifient : soit dans les sols toorbeui
qui contiennent beaucoup d'humine, soit dans les sables chauds d'an
désert dans lesquels on dit avoir trouvé des caravanes entières mo-
mifiées, enfin, soit au milieu de circonstances que l'on ne peut expli-
quer ; dans un caveau, j'ai trouvé chez un enfant de quatre ans qui
n'était pas mort d'empoisonnement par l'arsenic, mais qui avait été
écrasé par une porte cochère et qui Ait déterré neuf mois plus tard, une
momification très prononcée surtout aux membres supérieun et i la
figure. Cependant si les autres circonstances appuient le soupçon d'urm
empoisonnement par l'arsenic, la momification du cadavre donnera
te soupçon une plus grande probabilité surtout si l'analyse chimiqo
du cadavre peut encore montrer des traces d'anenic. Cela a été
sible une fois après dix ans , c'est l'époque la plus tardive que l'o^ ^^
ait observée.
La momification ne se fait cependant pas tout de suite après 1 ^^"
mort, mais peu à peu, et dans le commencement la pntréfactior ^^^
marche comme à l'ordinaire; il est même des observateurs q*^^ ^'
prétendent qu'elle se fait plus vite qu'à l'ordinaire. (La eause de c
retard dans la momification provient peut^ètra de ce que l'acid
arsénieux dans le cadavre, met un certain temps à se changer e
hydrogène arsénié et à imbiber le corps.) Il s'ensuit que Vabtenc^
de momification du cadavre, surtout peu de temps après la mort, n.
peut pas amener à penser qu'un empoisonnement par l'araenic n'
paêeu lieu. On trouve chez les auteurs qu'un caractère important ^
EMPOISONNEMENTS. — ACIDE EDLFURIQUE. 879
|m prouve rempoisonnement arsenical, c'est la formation de moisis-
urê sur le cadavre, parce que des compilateurs ont trouvé ce phé-
mnène décrit dans quelques cas. Or, la moisissure se trouve sur
ms les cadavres sans exception qui sont exhumés après peu de
HDps, et ce phénomène n*est rien moins que caractéristique.
La présence normale d'arsenic dans les os proclamée par CouerbOi
(âspail et Devergie, n'a pas été constatée.
2* Acide sulfurique. Cet acide ne peut être employé pour empoi-
onnement criminel à cause de son effet corrosif, violent, que quand
a empoisonne de petits enfants ou des personnes sans connaissance.
bii la mort par accident ou par suicide est souvent le résultat de
•lia terrible substance.
La peau du corps touchée par l'acide devient d'un jaune^brun perche*
aillé, la muqueuse de la langue revêt une couleur blanche (quand
l'est l'acide asotique qui est ingéré la langue devient jaune), mais il
lut prendre garde de confondre cette coloration blanche de la lan«
^e avec des aphthes. L'administration de ce poison corrosif produit
b fuite une brûlure très violente dans la bouche, rarrière-bouche
NNiTent avec le sentiment de constriction) et dans l'estomac, elle
dl éprouver une soif vive, des vomissements qui peuvent être san-
uns, et si la dose est haute la mort survient bientôt.
A l'autopsie on trouve eitérieurement surtout aux lèvres, ou
sa sillons allant des angles de la bouche vers le cou , ou des
ches jaunes ou d'un brun sale, parcheminés, et le derme sous-
cwt détruit. La muqueuse de la langue, de l'arriëre-bouche est
lanche, dans des cas très rares l'œsophage est brûlé, il est plus
NB^eot tanné, dur et gris, et on peut y distinguerdans la muqueuse
sa vaiaseaux injectés. L'estomac, si la quantité d'acide est un peu
■aaidérable, est coloré d'une manière toute particulière que l'on ne
eut méconnaître : il est noir, comme charbonné, son tissu est gélati-
Uorme, il se déchire en lambeaux au toucher. L'acide snlfiirique
BBS en contact avec des vaisseaux capillaires est assez long à les
Mraire, mais après quelques heures le tissu est si ramolli que la
ptQs légère pression les fait tomber en détritus. Ainsi les parois de
280 PARTIE THÀNATOLOGIQUE.
ces capillaires se ramollissent, ne peavent plus résistera la pression do
sang artériel, se déchirent et provoquent des hémorrhagies. Ces cpan-
chements de sang qui restent encore sous l'influence de l'acide, expli-
quent la coloration noire du tissu et du contenu de restomic. 1'^
même temps on explique par là pourquoi, quand on met de l'adde
sulfurique dans un estomac mort, une réaction telle que cdie qoe
nous venons de décrire ne se fait pas, et pourquoi l'estomac est seu-
lement corrodé et à la longue détruit, la couleur restant d'un gris clair
par suite de l'absence de l'extravasation.
Lorsque l'acide sulfurique a agi avec ihoins d'intensité ou a èlé
neutralisé par des absorbants, la vie peut être conservée tout i fait ou
dans certains cas elle traîne encore pendant plusieurs semaines et on
trouve alors dans l'estomac du cadavre, des traces d'une inflammaticm
plus ou moins aigué ou chronique, surtout des épaississements de la
muqueuse, des ulcères qui alors empêchent de dire avec certitude si
un empmsonnement avec de l'acide sulfurique a eu lieu.
Je n'ai jamais trouvé le sang liquide dans le cadavre après un
empoisonnement aigu par l'acide sulfurique, il est au contraire d'une
consistance de sirop ou encore plus épais. Il a une couleur rouge
cerise et une réaction tris acide; je communiquerai plus bas une ob-
servalion (197* obs.) dans laquelle j'ai trouvé le fluide du péricarde et
les eaux de Tamnios réagissant avec acidité chez une femme enceinte
empoisonnée avec de l'acide sulfurique.
Dans quelques cas, l'examen chimique des vêtements du cadavre
qui montrent . des trous , peut compléter le dignostic. (Voyes
page 160.)
Un autre efiet de l'acide sulfurique peut-être aussi d'autres acides
que je ne trouve mentionné nulle part, est l'efi'et antiseptique. Les
cadavres des empoisonnés par cet acide, restent cœterit paribus long-
temps frais et n'exhalent aucune mauvaise odeur pendant la dissection.
La raison en est que l'acide rassasie l'ammoniaque produite par la
putréfaction, jusqu'à ce que à la longue il soit neutralisé lui-même.
Quoi qu'il en soit de la justesse de celte explication, on verra plus
bas la justesse de l'observation.
EMPOISONNEMENTS. — PHOSPHORE. 281
3^ Phosphore. La nécrose des maiillaires des ouvriers qui fabri-
|iient les allumettes produite par l'influence du phosphore, est une
ivestion d'hygiène et non de médecine légale, mais il peut y avoir
las empoisonnements aigus par le phosphore des allumettes, ce
ont alors des questions qui sont du domaine du médecin légiste,
[Daod on suppose que l'empoisonnement est le résultat d*un crime*
!m affaires deviennent de plus en plus fréquentes depuis Fusage
iréquent de la pftte de phosphore pour empoisonner les rats. Cette
nbslance terriblement vénéneuse, puisque 1 ou 2 grains suffisent
loar empoisonner, est devenue d'un usage familier pour le public.
Les effets de cette intoxication sont : bralûre violente à l'estomac
Bt au ventre, ructus fréquents de gaz ayant unp odeur alliacée, vomis-
nAients de matières ayant la môme odeur, qui, ainsi que les fèces
liquides sont quelquefois lumineuses dans l'obscurité ; grande an-
goisse et inquiétude, pouls petit, à peine sensible, sueur froide, plus
tard prostration particulière, chez les hommes quelquefois du pria*
pisme; enfin, la mort arrive au bout de peu de temps, quelquefois
die envahit insensiblement le malade, d'autres fois elle succède à de
grandes convulsions.
A l'autopsie on trouve : expression du visage complètement sereine,
eieoriation légère de la bouche et de l'arrière-bouche, odeur de
phosphore dans la bouche, émanations de vapeurs de phosphore par
'e vagin et par l'anus, qui pendant le jour ont l'aspect d'une mince
ilmée et le soir sont lumineuses (206^ obs.); quelquefois on voit un
^ântbème pétéchial qui alors devait être visible dans les derniers
lomenta de la vie, le péritoine enflammé, l'estomac quelquefois dis-
^du par des gaz sentant l'ail et contenant dans les plis de la mu-
nease intestinale, des grains de phosphore qui s'enflamment (1)
^uand, a|M^ les avoir fait sécher, on les frotte.
(I) Voir la mélhode nouvelle et la meilleure pour découvrir le phosphore, par
lilscherlich, dans ma ^VierUljahrsschrifl^t vol. VIII, p. 6. Une grande quanUté
le cas d'empoisonnements volontaires ou accidenlek, qui sont arrivés pour la plu-
liarteQ France, ont été compUés par Henry et Chevallier. Voir Études chimiques et
^féékaUs sw le pho^hore dans les Annales d'hygiène pub. 1857. Avril, p. 414.
282 PARTIE THANATOUmiQUK.
Tout le contenu de l'eslomac est ordinairement lunûnciia dans
l'obscurité, surtout s*il est chauffé; la muqueuse derestomaeeiici
et la tachée en gris cendré ou en rouge pourpre ; on voit ausii to
ulcères profonds du tissu pénétrant jusqu'à la coocbe moseidsaN;
les mêmes anomalies existent dans le duodénum et les parties pro*
fondes des intestins ; le pancréas et les reins sont plus foncés, lii
veines de Tabdomen sont pleines de sang foncé et un peu épais, limi
que les poumons. Le ccsur flasque, veines coronaires et le cobot droit
bypérémiques, la muqueuse de l'œsophage fortement rougie» érodie
çà et là ; on ne voit rien de particulier dans la tète.
Comme les autres empoisonnements par des sobttaneaa inor-
ganiques, ceux qui ont lieu par le phosphore peuvent présenter à
l'autopsie des résultats plus . ou moins négatifs, comme on le verra
dans les obs. 205 et 206, La mort a lieu alors et plus souvent qn'on
ne Ta cru jusqu'à présent d'une manière dynamique, parce que le
sang est privé de ses propriétés vitales. Dans les cas que nous avons
observés, les globulei du sang étaient privés de leur eoloratim
rouge j et étaient transparents $$ implores; le pigment rouge était
dissous dans le plasma non coagulé^ de sorte que le sang repré*
sentait un liquide analogue au sirop rouge cerise et transparent.
De telles altérations enlèvent au sang sa vitabilité et sa propriété nutri-
tive (1).
h^ Colchique et colehicine. Il m'est arrivé, ce qui esl aaseï rare,
de faire l'autopsie de quatre personnes qui avaient été empoiaotnées
par la même préparation de colchique (teinture de semenoê de ed*
chique y Ph. prussienne). Ces cas ont donné lieu aux recherches
les plus minutieuses de la part des savants les plus distingués de
Berlin, et ont amené à la découverte d'une méthode nouvelle pour
retrouver la colchicine (2); ils ont démontré en même temps que la
colchicine est un des poisons les plus violents, plus vénéneux encore
(1) Comparez la destruction des globules de sang par empoisonnement avec le
nitrate de soude (21 5« obs. ), par asphyxie produite par acide carbonique et par le
gaz hydrogène sulfuré (261* obs.).
(î) Voir ma Vierteljahrstchrifty 1855, p. 1.
EUPOISOMNEXKNTS. -^ COLCHIQUE . 288
qae le phosphore. Car nos qaatres victimes (211 à 21 &, ohi.) étaient
des hommes de quinze à quarante ans, ils avaient pris chacun tout
au plus de 2 cinquièmes à un demi-grain de colchieine en une
■eole fois, et cette dose fut suffisante pour amener une mort rapide.
Les effets du poison sont, d'après nos observations et le peu de cas
connus : angoisses et oppressions, brûlure dans la bouche etTarrière-
bouche, douleurs violentes dans Tabdomen qui ne s'augmentent pas
toujours par la pression, vomissements torrentiels et continuels de
matières verdâtres ou jaunâtres, selles copieuses de mômes ma*
tières, soif très vive, coUapsus, faciès pâle, pupilles normales, peau
humide et visqueuse, pouls petit, de 80 è 90 pulsations, absence
d*urine et mort très rapide par inanition.
A l'autopsie, dans nos quatre observations, nous vîmes : pntré*
(action ordinaire, réaction acide des liquides de l'estomac et des uri-
nas, sang épais d'un rouge cerise foncé comme dans les empoisonne*
meuts avec l'acide sulfurique (1), hypérémie très prononcée de la
veine cave, des reins, la vessie plue ou moins remplie, hypérémie du
eoMir droit, du cerveau, et hypérémie médiocre . des poumons.
Quelques résultats se rencontraient isolément chez un ou plusieurs
de ces quatre empoisonnés. C'était surtout dans l'estomac. Chez l'un,
k It surface extérieure de l'estomac, on apercevait les vaisseaux en
forme de filet, et à l'intérieur, la muqueuse uniformément rouge
<carlate; ainsi une véritable inflammation. Chez l'autre, les vaisseaux
de là petite courbure étaient i la partie extérieure gorgés de sang, et
cependant la muqueuse à l'intérieur était pâle et ne présentait une
•eebymose qu'à la partie postérieure. Les deux autres cadavres
avaient leur estomac tout â fait normal. Dans les cas d'empoisonne-
ment par cette substance que l'on trouve décrits dans les auteurs, on
voit que quelquefois l'estomac et les intestins ont été trouvés sans
aucune trace d'inflammation, et dans deux cas le corps n'a présenté
absolument jiucune anomalie.
(1) Le professeur SchrofT a trouvé tout à fait le même état du sang dans six
expériences dites sur des lapins empoisonnés avec 0,5 grammes de colchieine. Il
dit que le sang était épais et foneé. Voir OEsterreich. Zeitêchrifi^ 1856, n*« SS^Sé.
f
28i PARTIE THANATOLOGIQUE.
6** Champignofiê vénéneux. Le Agarictis phalloïdes j mtiiearivi;
integer et le Boletus luridus sont les champignons les plus irénéneai.
Ils produisent : picotements dans le cou, nausées, malaises, vomis-
sements, vertiges, affaissements, coliques, diarrhée avec ténesme, soit
violente, respiration difficile, convulsions, mort.
Les autopsies sont trop peu nombreuses pour permettre de poser
des bases certaines de diagnostic. On a trouvé des inflammations de
l'estomac et des intestins, le sang foncé et très liquide remplissant
le cœur droit, et Thypérémie des poumons.
6"* Acide oxalique et sels oxaliques. Je ne puis pas déclarer par
mon expérience, si ce poison trës' violent qui amène la mort ordi-
nairement par suite d*un accident, est une substance employée son-
vent par les suicidés et s*il est employé surtout par les ouvriers des
fabriques de coton comme on Ta prétendu. Car je n'ai pas vu un
seul cas d'empoisonnement par l'acide oxalique, quoique Berlin pos-
sède les plus grandes fabriques de toute l'Allemagne ; les statistiques
prouvent également qu'en Prusse, les empoisonnements afVec les
acides oxaliques sont très rares, tandis qu'en Angleterre on les dit
assez fréquents. Les rapports sur les effets de ces poisons s'accor-
dent : sensation de brûlure, nausées, constriction du cou, vomis-
sement fréquent et acide, coliques violentes, diarrhées, prostration
rapide, convulsions, mort Iris rapide,
A l'autopsie on trouve : La muqueuse de l'arrière-bouche et de
l'oesophage blanchâtre, celle de l'estomac et du duodénum pâle ou
seulement rouge claire, en partie gangrenée et soulevée par des plis
si la mort n'est pas survenue très vite, mais le plus ordinairement elle
est blanche et facile à déchirer, le sang foncé et épais, hypérémie
dans le cerveau, les poumons, le cœur droit et les gros vaisseaux
de la poitrine et de l'abdomen. Ce poison administré en dissolution
aux animaux a produit du tétanos et une paralysie du cœur.
7* Sublimé corrosif. Il ne se présente presque jamais dans la
pratique, des empoisonnements par le sublimé corrosif. Il produit :
un goût désagréable, métallique, brûlure violente dans l'arrière-
boucl|a, inflammation et érosion au palais et aux amygdales, des
EMPOISONNEMENTS. — OPIUM. 285
^omisseoieQts de saog, soir vive, des selles sanguinoleaUis. peu de
cbaogeinent dans le pouls, suppression de rurination, le vratre n*est
ni gonflé ni très douloureux ; dans un cas la mort, même après
une dose de trois gros, n'arriva que le sixième jour.
A Tautopsie on trouve : coloration violette, quelquefois blanche
de la muqueuse de Tarrière-bouclie et de la bouche; la muqueuse
de l'estomac hypertrophiée, ulcérée, gangreneuse ; la muqueuse des
intestins enflammée dans une grande étendue, couverte de mucus
sanguinolent, le gros intestin contracté; les reins rougis, la vessie
petite» contractée; la trachée- artère et les bronches injectées.
8*" Acide cyankydrique (et le cyanure de potasse, Teau de lau-
rier-cerise et rbuile d'amandes amères). Ce poison ne produit pas de
maladie, car aussitôt après l'administration, la mort a lieu ou subite-
ment ou après des paralysies du mouvement qui sont de couite
dorée.
Lors de Tautopsie,^ Todeur d'amandes amères de l'intérieur du
cadavre) dépend exclusivement da l'époque à laquelle l'ouverture du
corps a lieu. Lorsque le poison est décomposé, ce qui a lieu vite si
l'acide çyanhydrique est en contact avec des substances organi-
ques, on ne perçoit plus d'odeur, mais, on la retrouvera toujours si
i'auiopsie est faite très peu de temps après la mort. Le sang du
cadavre est toujours très foncé et très liquide, il y a hypérémie de
la cavité crânienne, du foie, des reins, de la veine cave, tandis que
les poumons et le cœur ne sont pas toujours hypérémiques. L'esto-
mac ne présente pis d'altération anatomique; une coloration rouge
l>nuie foncée à l'extérieur comme à l'intérieur de l'estomac avec la
présence de veines bleues, ne sont que des symptômes de putréfac-
tion.
^ Opium (ainsi que ses éléments et ses composés). L'action de
petites doses d'opium est connue en thérapeutique. Lorsque la dose
est mortifère il y a d'abord des nausées, des vomissements, dilata-
tion de la pupille non constante, quelquefois chaleur et tuméfaction
du visage, surtout chez les petits enfants qui ont été empoisonnés
par une décoction de tètes de pavot. Quelquefois au contraire, une
286 PARTIE THAMATOLOGIQUE.
figure p&le et collapsas, sueur froide, somnolence, stupeur, pools
dur et accéléré, spasmes et convolsious générales, respinfion
lente, ronflante, écume à la bouche, cessation complète de la senâ-
bilité, de sorte que de fortes irritations ne sont plus senties, obstniG-
tion, rétention d'urine (on prétend que par l'acétate de morphine, on
trouve constamment des démangeaisons de la peau et on exanthime
pétéchial); la mort arrive enfin, mais elle est quelquefois évitée pir
un traitement énergique. Il n'y a pas d'empoisonnement dont les
phénomènes soient décrits d'une manière si différente que celui-ci,
car ils se modifient selon que l'empoisonnement est plni <m moini
aigu. Il est encore plus difficile que pour les antres poisons de ran-
ger les symptômes systématiquement. lien est de même pour l'an-
topsie.
Lorsque le cadavre est frais et que la dose a été haute, par
exemple lorsqu'elle a été administrée à l'état de teinture, l'estomac
laisse exhaler une odeur d'opium très sensible, cette odeur jointe i
l'analyse chimique indiquant la présence de l'opium, constitue un
bon signe diagnostique de l'empoisonnement, tandis que des taches
ecchymosées de la muqueuse stomacale, l'hypérémie des reins, de
l'estomac et de l'abdomen, des poumons et du cœur et surtout de la
cavité crânienne, ainsi que l'état liquide du sang foncé, s'observent
dans bien d'autres circonstances et ont peu de valeur diagnostique.
Les cheveux du cadavre des empoisonnés par les substances nar-
cotiques tombent facilement, d'après les auteurs, et on trouve par-
tout ce symptôme noté comme pouvant ajouter une nouvelle preuve i
un empoisonnement qui est resté douteux. Il est vrai que cela se pré-
sente surtout pour les empoisonnements par les substances narcoti-
ques, mais il est tout à fait erroné de proclamer ce résultat comme
signe diagnostique infaillible, puisqu'il n'est que le résultat de la
putréfaction qui cœteris paribusj se fait plus prompteroent après
ces empoisonnements. Tout cadavre un peu avancé dans la putré-
faction montrera ce phénomène. Je dois diriger l'attention encore
sur une autre circonstance. Les éléments chimiques de ce poison
sont en général les mêmes que ceux de nos aliments ; ce qui explique
EMPOnOimEXENTS. — CIRCONSTANCES PARTICULIÈRES. 287
lHê quelquefois des préparations d'opium même à hante dose
INMent par absorption et ne peuvent plus être retrouvées par la chi-
Wièf drconstatice qui augmente la difficulté de prouver les empoi^
lomiements par la présence de Topiuro (221* obs.)
10" Alcool. Nous ne décrirons pas les effets de l'alcool sur le
rmnt qui sont connus de tout le monde. Nous avons eu souvent à
saminer des hommes qui étaient tombés morts d*ivresse et par con-
éqoenl étaient morts d'un vrai empoisonnement par Talcool.
L'aatopsie montrait comme caractère commun les progrès très
sais de la putréfaction non-seulement à l'extérieur, mais aussi à l'in-
éffieiir, pas d'odeur cadavérique, au contraire, une odeur de viande
ratehe et quelquefois une faible odeur d'eau-de-vie. Cette odeur,
Taj^rte les recherches de Duchek (Prager Vierteljahsschrifty
L86S, ni), provient de l'oxydation rapide de l'alcool en aldéhyde qui
raah mêlé avec le sang (1). J'ai trouvé constamment : hypérémie du
cerveau, même hémorrhagie, hypérémie des veines abdominales, ou
hypérémie des poumons et du cœur et toujours le sang liquide et
fineé» des exsudations lymphatiques entre les membranes du cerveau,
le sorte que l'on trouve l'arachnoïde tout à fait blanchâtre et comme
nmie; ces exsudations sont produites par l'irritation chronique
h cerveau des ivrognes, et se retrouvent chez tous les hommes adon-
iés aux boissoiis*
Nous parierons dans les observations de quelques autres poisons.
^hm étudierons plus bas l'asphyxie par les gaz irrespirables, et la
iHirt par la chloroforme.
5^ LES CUlCONSTAlfCES PARTICULIÈJUU.
Nous avons signalé comme quatrième signe diagnostique pour
^tMtttater un empoisonnement, la combinaison de toutes les circons-
«Bces extérieures qui ont accompagné la maladie et la mort dans le
(t) Cette explication de Duchek a été contestée par R. Masing, Dissertation
1 4» MMêtUionUms spirUm vkU in corpus ingesti, Dorpat, lS3t.
288 PARTIE THANÂTOLOGIQUE.
cas qui se présente. La pratique démontre an eflel q«e la couidin- j^*^^ ^
lion de ces circonstances tôt d*un grand secours poor motiier ^ ^ .
jugement médical. Le médecin, au lit du malade, ne peut du reste r'^'
pas s*empécher, si le cas est douteux, d'examiner airec attealion ' ^^
toutes ces circonstances; pourquoi le médecin légiste agiraii-ilaïUe
ment et rcslerait-il sourd aux combinaisons du bon sens?
Les exemples qui se sont présentés dans ma pratique médico-
légale expliqueront et démontreront ce que je viens de dire. Od
disait qu'un homme avait reçu du poison de la main de l'amant de
sa femme, de complicité avec cette dernière. Il avait mangé dn pain
sur lequel avait été étalé du phosphore. La tartine n'avait été maogée
qu'à moitié parce que le goût ne lui en était pas agréable; bientôt
après il avait présenté des symptômes d'empoisonnement et était
mort après une courte maladie. Le cadavre ne fut pas disséqué tontde
suite, mais plus tard il fut déterré quand les soupçons se firent jour.
La putréfaction avancée avait rendu les résultats de l'autopsie très
incertains, mais pourtant on trouva encore des traces d'inflamroatioa
dans les intestins. L'analyse chimique resta sans succès, ajoutons
que faite dans une petite ville de province, elle laissa beaucoup
désirer. L'instruction révélait des circonstances suspectes qui n
concernaient pas le médecin légiste, mais en outre il ^ avait de^^- ^
dépositions unanimes et très remarquables de plusieurs témoins ^^
qui n'étaient que de simples campagnards; ils s'acccurdaîeDt i dir^^^
que les doigts du décédé après avoir mangé la tartine et s'être rendit:^' '^
le soir dans une élable obscure, étaient lumineux, et que le restai -^
de la tartine le lendemain sentait encore les allumettes, ce qu^P^ ^
les témoins ne comprenaient pas. La considération des circonstanc
que nous venons de mentionner n'appartient-elle pas au domaine
médecin ?
Dans un autre cas, le crime avait eu les mêmes motifs i^un homme
du monde était accusé d'avoir empoisonné avec de Tarsenic son
ami, avec la jeune femme duquel il avait des relations intimes. Il fut
constaté que toutes les fois que Taccusé était venu en visite chez son
ami, ce dernier ordinairement bien portant et robuste, était tombé
EMPOnOIfllEMENTS. — CIRCONSTANCES PARTICULIÈRES 289
i^kule après le dîner, avec des symptômes qui annonçaient un em-
Maonneoiant par une substance corrosive, ce qui paraissait étrange
tout le monde. Enfin, le mari meurt, et Tami de la maison épouse
. veuve. Longtemps après le cadavre fut déterré, il présentait une
omiiication insolite, mais par l'analyse chimique, on ne pouvait
os trouver d*acide arsénieux. Quand on fit des perquisitions dans
maison, on y trouva cachée dans une malle une boite contenant
) Varsenic ; le contenu de cette boite comparé avec la quantité
mandée au pharmacien (1), fut trouvé diminué considérablement.
a toutes ces circonstances, devait-on admettre que Ton avait admf-
istré du poison au décédé?
Je rappelle aussi le cas communiqué plus haut, d'un empoison-
ement douteux par l'arsenic , qui s'est présenté à moi il y a
Nigtemps, dans lequel il y avait tant de circonstances graves qui
•riaient pour l'empoisonnement, que l'accusé avoua son crime par
on suicide dans la prison, mais l'empoisonnement ne pouvait pas
Ire prouvé médicalement, et il serait passé peut-être impuni si on
'était retranché derrière le scepticisme outré médico-légal que l'on
vait adopté à cette époque.
De telles circonstances accompagnant la maladie et la mort, exis-
«t presque dans chaque empoisonnement, et c'est se priver d'un
Mours précieux que de vouloir les laisser de côté dans le rapport
lédicai. Je dis un secours, car je suis bien loin de vouloir soutenir
ae le médecin légiste, en l'absence de tout autre signe, puisse fonder
(t) Dans toute U Prusse les pharmaciens sont obligés de ne donner les poi$ons
ne sur les ordonnances médicales ou à des personnes recommandables, mais
Niîoiirs la demande doit en être faite par écrit. Dans les pharmacies ces papiers
ohent être numérotés et conservés soigneusement ; ils doivent être transcrit** sur
ni grand livre spécial qui doit se composer de six colonnes :
r Le il** de lu demande.
2* La date.
3* Le nom de celui qui a reçu le poison.
4* S'il a reçu en personne ou par l'entremise de qui.
l' 5* Le nom da poison.
C* La quantité.
n. • 19
290 PARTIE THANATOLOGIQUB.
son jugement sur ces circonstances seules ; je sois le premier ï
proclamer que c'est la mission du jury de les peser et de les appré-
cier. Mais ma longue expérience m'a donné la conviction que les
subtilités théoriques, les doutes exagérés des auteurs n'aboutisie&i i
rien, et donnent toujours lieu à une déclaration d'incompétence per-
nicieuse pour la médecine et réellement non fondée; car o& doit
avouer que des doigts brillants dansTobscurité, des indigestions aprèi
chaque dîner sous certaines circonstances suspectes, des dépoiiiioos
de témoins telles que celles-ci < cela sentait rail, » ious ces faitami
Certainement de la compétence du médecin.
Sur quoi les doutes se fonderaient-ils? sur ce que les symptôroes de 2!
quelques empoisonnements ressemblent à ceux du choléra asiatique? Il
s'agit de savoir alors si le choléra existait à cette époque dans le pays.
Cela pourrait-il avoir été un cas sporadique? La dissection le montrera. ^
Ou bien dira-t-on que beaucoup de poisons donnent au cadavre des
résultats négatifs, ou analogues à ceux que Ton trouve après d'autres»
genres de mort (l'empoisonnement narcotique et l'asphyxie) ? Et on
pourrait pas prouver que le décédé est mort d'empoisonnement
substance narcotique. JHepeut-il pas être mort également de suffoca
tion? Je répondrai : Quelle est la cause qui aurait pu amener V
phyxie? Vous n'avez absolument que la ressemblance des phénomèniin ^
cadavériques, même dans des cas où il était positivement avéré que
hommes avaient avalé des substances vénéneuses, par exemple dans^
le cas où plusieurs enfants qui mangeaient par gourmandise, du pai
recouvert avec du beurre el du poison contre les rats, tombèren ^^^
malades avec les mêmes symptômes et moururent après une cour
maladie ; dans cette affaire on osa soulever des doutes ainsi que dan
d'autres cas que je citerai plus bas. Quoique alors la mort ait eu li
au milieu des circonstances les plus caractéristiques et les plus évi-
dentes, inexplicables autrement que par l'empoisonnement, on dé-
clara néanmoins qu'il n'y avait que € vraisemblance» d'une mort par
empoisonnement (( parce que la seule preuve d'un empoisonnement,
la recomposition chimique du poison provenant du corps du cadavre,
manquait. >
SMPOISONNEMENTS. — CONCLUSION. 291
Nons corobattoDS cette doctrine dangereuse, enracinée par la tra-
Ktion, aveclaquelle nous avons nous-même commencé notre carrière,
ar l'expérience nous a montré combien elle est mauvaise. Nous
ifons reconnu combien il est absurde de ne voir la preuve d'un em-
KMSonnement que dans l'éprouvette du chimiste. Notre opinion a été
hi reste plus tard confirmée par une haute autorité jurislique; Mitter-
naier dit : c On ne doit pas conclure que du poison n'a pas été admi-
UBlré parce que la chimie n'en a pas donné la preuve, il faut alors
diercber les preuves dans les autres circonstances. Cette thèse
i*liarroonise avec les principes des législations allemande, française,
niaise, américaine, italienne et hollandaise.»
D'après l'étude que nous venons de faire des empoisonnements,
BOUS conclurons en résumant :
Si l'examen chimique démontre la présence d'une quantité de poison
Hffisante pour être mortelle dans le cadavre, c'est alors une preuve
sartjdne qu'an empoisonnement a eu lieu, même si les symptômes de
aaladie et les altérations cadavériques n^offrent aucune preuve. La
béorie contraire n'est pas vraie, car c'est là que s'arrêtent les
'ggsaurces que peut offrir V analyse chimique.
Si ea l'absence des preuves chimiques, les symptômes de maladie,
es résultats de l'autopsie et les circonstances accessoires, s'accor-
Imt tous pour annoncer un empoisonnement, et si l'autopsie n^
lemiel pas d'admettre un autre genre de mort, le médecin légiste
ait ea droit d'accepter avec certitude qu'il y a eu empoisonnement.
Si en l'absence de preuves chimiques et des symptômes de mala*
die, les résultats de l'autopsie s'harmonisent avec les circonstances
aecassoires et si ces résultats ne permettent pas de croire à un autre
leare de mort, le médecin légiste est encore en droit d'admettre avec
iniide vraisemblance qu'il j a eu empoisonnement. Les circonstances
pvticolières et accessoires sont dans ce cas décisives. Le médecin
iloTS peut faire beaucoup par la rédaction appropriée de son rapport,
292 PARTIE THANATOLOGIQUE.
en disiintpar exemple que : «d'après toutes les données, radmission
d'un empoisonnement comme cause de mort du décédé, est ce qui
est de plus vraisemblable. »
Il y a enfm des cas où il n'est besoin ni de l'examen chimique, ni
d'aucune autre considération que les résultats de l'autopsie pour prou-
ver l'empoisonnement. L'examen chimique sera néanmoins toujours
fait.
Quant à cette question: L'empoisonnement constaté a-t-il réelle-
ment produit la mort? la réponse ne peut être douteuse. En consi-
dérant que l'effet de tous les poisons n'est connu que par les résultais
généraux et non dans les modifications qui peuvent provenir de Tin-
dividualité; que les faits sont connus sans être expliqués, que A. ne
meurt pas de 10 et même de 20 grains d'un poison dont la même
dose tuera B., que le même poison administré en formes différentes,
peut produire des résultats différents, que la thérapie des empoison-
nements est encore très vague, enfin, que le § 185 du Code prussien
exclut les catégories de lélhalité et n'ordonne d'envisager que le cas
particulier, considérant toutes ces circonstances, nous arrivons â la
conclusion que, lorsqu'un poison a été administré et que la mort est -
survenue avec des symptômes d'empoisonnement, si l'autopsie
démontre pas un autre genre de mort, la mort doit être regardé
comvie un effet réel de V empoisonnement .
$ 5.^ Séterminer s'il y • faute d'an tiert.
Il est rare dans les cas d'empoisonnement que Ton soulève d
doutes sur l'existence d'un crime. Car il n'y a que certaines substan^ —
ces dont l'effet est connu comme foudroyant et qui sont employées paf
les suicidés, ce sont : l'acide sulfurique, l'arsenic, l'acide pnissique,
le phosphore, d'un autre côté les poisons qui sont très désagréables aa
goût et qui produisent de vives douleurs dans la bouche, par exemple:
l'acide sulfurique, le sublime corrosif, le nitrate d'argent, les alca-
loïdes vénéneux très amers, etc., ne peuvent être employés par on
criminel, car celui qui aura ses sens intacts, n'avalera pas de telles
EMPOISONNEMENTS. — Y A-T-ÎL FAUTE d'UN TIERS? 29S
substances volonlairement. Il n*y a que les enfants nouveau-nés qui
sont quelquefois empoisonnés par des mères criminenesavec de l'acide
sulfurique.
Les poisons qui sont sous In main de tout le monde parce qu'ils
sont employés dans les ménages comme l'acide sulfurique, les poi-
sons contre les rats, l'arsenic, le phosphore , la noix vomique, ceux
qui sont employés dans les fabriques ou les ateliers de peintres, peu-
vent donner lieu à des accidents. Ces données serviront d'appui aux
cas qui pourront se présenter.
Obs. 183 et 181. — Deux empoisonnements par l'arsenic.
D'après une dénonciation, le garçon Feld, âgé de aix ans, et le garçon Ma&sow»
âgé de cinq ans, étaient dits avoir été empoisonnés par un poison contre les rata.
Il fut constaté que l'on avait esposé du biscuit recouvert d'arsenic, et que les gar-
çon s en avaient mangé. Feld était mort au bout de siit heures, et Massow au bout
de ving-quatre heures, après des vomissements nombreux (c'est tout ce que l'on
lavait de la maladie). La dissection fut faite le i 5, les résultats essentiels étaient
les suivants :
P Feld. La putréfaction commençait à envahir des téguments de l'abdomen,
i'estoniac pâle à l'extérieur contenait i 50 grammes de chyme jaune verdâtre, sa
muqueuse présentait sur la paroi postérieure de nombreuses ecchymoses, exco-
riée i plusieurs endroits, on y apercevait de petits grains, les intestins vides étaient
pâles et nulle part injectés, le sang des grandes veines était foncé et peu liquide,
le péritoine et les organes du ventre étaient normaux, les poumons et le cœur
n'étaient pas hypérémiques mais normaux, les grands vaisseaux de la poitrine
contenaient peu de sang foncé et épais. La muqueuse de l'œsophage était pâle, les
membranes du cerveau et les sinus étaient plus hypérémiques qu'à l'ordinaire,
le cerveau ne montrait rien d'anormal.
2* Massow. Le cadavre était encore tout à fait frais, les intestins vides mon-
traient une couleur normale sans injection, l'estomac était extérieurement in-
jecté; a l'intérieur il contenait 90 grammes de liquide sanguinolent, toute sa mu-
queuse était rouge pourpre et ecchymosée sans ulcères, la veine cave contenait
vue asseï grande quantité de sang foncé et épais, les organes abdominaux n'of-
frûeotaueune anomalie, l'œsophage était vide, la muqueuse pâle,' les organes de
la poitrioe étaietit normaux, les membranes du cerveau étaient très hypérémiques;
wr U surface postérieure de rhéniisplicre gauche, se trouvait une exlruvasalion
de sang d'une étendue de 7 centimètres et demi en longueur et de i centimètres en
largeur. Les plexus, les sinus et la substance du cerveau étaient également assez
hypérémiques.
^(eiif examinâmes les estomacs et leur contenu avec l'assistance du chimiste
20i PARTIE THANATOLOGIQUE.
légiste, ainsi que le sang des deux cadavres ; il fut constaté que les «ftooMS li
leurs contenus renfermaient de l'acide arsénieux en substance et en distohiliQa,
mais aucune autre «substance métallique vénéneuse, le sang ne eontMaît itMMs
trace de poison, aussi pendant la maladie très courte des enfants, le poisen a'itiit
pas eu le temps d'être absorbé et éliminé. Nous ne pouviona paa hétiitr i aceiptflr
que la mort des enfants avait été causée par l'empoisonnement araenieil.
Obs. 185. — BmpoisonnemmU par l'ar$emie.
Le 4 juillet 18**, le ferblantier E..., âgé de vingt ans, Ait reçu àThopHal, wâ-
frant de vomissements et diarrhée continuels, il ne pouvait plut parler, nais «
trouva un papier dans sa poche où étaient écrits ces mots : « J'ai pris de l'anenie. >
On lui administra de l'hydrate d'oxyde de fer en grande quantité, mail on ne put le
sauver, la mort eut lieu après vingt-quatre heures.
Le 7, nous fîmes l'autopsie et nous trouvâmes : figure colorée en rouge Uei,
putréfection commençante des téguments abdominaux, l'extérieur de reatomae i
la partie postérieure avait une tache ronde d'un bleu noir, de 8 eenlloiètref es
diamètre, une autre tache se trouvait i la paroi antérieure près du pylore de k
grandeur d'une pièce de 50 centimes. L'estomac contenait un demi -litre d^m
liquide couleur chocolat (oxyde de fer) ; sur la muqueuse correspondant aui phcai
tachées extérieurement, se trouvaient également des taches noires (érosieos bémar-
rhagiques) et à la loupe on apercevait de nombreux grains blancs adhérents i k
muqueuse. Un de ces grains séché et brûlé laissa exhaler une odeur sensible dTail.
Le péritoine n'était pns enûammé, le foie gris (des buveurs) était rempli de sang
foncé et liquide, la vésicule biliaire était remplie, la rate molle, la vessie vide, las
intestins'vides et normaux, le veine cave contenaitpeu de sang ; Ira poumons étaient
normaux, le cœur droit était gorgé de sang foncé et coagulé et avait Taipecl de
marmelade, le cœur gauche ne contenait qu'une cuillerée de sang plus liquide, la»
grands vaisseaux de la poitrine contenaient beaucoup de sang épais ; le larynx et k
trachée étaient pâles et contenaient un peu de mucus noirâtre; l'œsophage était pèle-
et vide, mai» tapissé d'une grande quantité de petits grains blancs. A la tète
d'anormal. L'estomac et son contenu, l'œsophage, les morceaux du foie et le
du cadavre furent soumis à l'examen chimique. L'estomac et l'œsophage ainsi que-
le contenu de l'estomac, révélèrent la présence d'acide arsénieux et d'oxyde de-
CBr. Ni le foie ni le sang ne contenaient d'arsenic. (Voir 208* à 210* obs,).
Obs. 186. — Empoisonnemenl par arsenic contenu dans des couiêurs.
T3n garçon de deux ans et demi, avala le 30 juin un morceau de couleur Yerle
provenant d'une boite de couleurs et mourut cinq heures après malgré les secours
médicaux. Aussitôt après avoir avalé ce poison, la mère s'empressa de lui donner
des aliments qu'il vomit de suite. Le lait qu'on lui fit prendre fut vomi avec une
couleur verte. Je ne sais pas quelles ont été les ordonnances du médecin.
L'autopsie fut faite le 4 juillet, il y avait encore rigidité cadavérique, etdéjà rnie
coloration verdâtre de l'abdomen produite par la putréfaction. L'estomac è Texte-
EMPOISONlf BMEIITS. — OBSERVATIONS . 20ft
irétaH pâle à la paroi antérieure et présentait une place ramollie lonirue de 5 cen-
llrta d'un bleu roufpe ; à la partie postérieure, on n'apercevait^pas d'injection. II
t«iait une demie-t^pee d'un liquide rouge brun, sa muqueuse depuis le cardia
m'mu tiers de l'estomac était couverte d'un liquide brun muqueux, toute la mu-
ne était faiblement violette, on n'y distingait pas d'injections ni ^e corrosions.
liie et la rate contenaient peu de sang. A la surface extérieure de l'intestin grêle
Imiveient quelques taches petites, rondes et noires, qui étaient aussi visibles
kl muqueuse et ne s'éloignaient pas par le lavage. Autrement la muqueuse
t pftle et normale. Les intestins étaient vides, la veine cave normale, les pou-
is anémiques non œdémateux, le cœur gauche contenait une demie-cuillerée à
de sang, les grands vaisseaux étaient tréshypérémiques, le larynx et la trachée-
wm étaient vides et pâles, la rouquetisede l'œsophage était normale. Les veines
m pte-mére ainsi que les sinus étaient hypérémiques. La substance corticale du
était légèrement colorée en bleu, autrement le cerveau était normal,
chimique de la couleur dont l'enfant avait avalé une partie, montrait de
■iniate d'oxyde de cuivre (vert de Scheel). L'examen chimique de l'estomac et
'iMophage, offrit par l'appareil de Marsh, un anneau d'arsenic. On ne trouva pas
BUTre dans l'estomac *, le duodénum ne montra aucune trace ni d'arsenic ni de
vn, pet même aux endroits tachés. Dans le sang on ne trouva pas non plus
maie, mais des morceaux du foie et de la rate en offHrent par l'appareil de
rrii (après une maladie de cinq heures !). La présence d'acide arsénieux n'était
le fat d^Qteate.
Cas. 1ê7. — Empoisonnement douteux par arsenic. L'arsenic peut^ilse
retrouver dans les cheveux f
\me ieeame très riche, vieille et sans enfonts, était morte après une longue ma«
a d'une fistule vésico-rectale* A propos de l'héritage 11 y eut des querelles de
ai une parente prétendit que la décédée avait été empoisonnée avec de
9 elle dénonça même comme assassins des membres de la famille. Ces
Mieiations furent souvent repoussées, mais enfin, elle déclara qu'elle avait
■é au pharmacien H*** les cheveux du cadavre et que celui-ci y avait trouvé de
lenie ! s'appuyant la-dessus, elle demanda l'exhumation et l'examen médico-
il dv cadavre.
lonsnlté par le tribunal, je rapportai : « Je ne puis pas passer sous silence, que
nulle part, je n'ai trouvé constaté dans les actes, que les cheveux qui ont été
Ijsés ont été ceux de la décédée. ^° La plaignante dit elle-même qu'elle a donné
cheveux au pharmacien, après avoir lu dans un livre que l'on trouve quelquefois
( traees d'arsenic dans les poils des animaux empoisonnés. .V Enfin, la sœur de la
lignante la désigne dans une lettre comme une personne qui a recours à toutes les
isaurces pour arriver à son but. D'après cela, si H*^ a trouvé de l'arsenic dans les
«veuxquela plaignante lui adonnés, cela ne peut avoir de valeur certaine médico-
pie. Puis l'analyse elle-même n'a pas été faite avec les précautions nécessaires,
v VaippareO àh Marsh n'a pas été examiné d'avance, et l'anneau métallique n'a
9
296 PARTIE THANATOLOGIQUE.
pas élc essayé aliii de reconnaître si ce n'était pas de l'antimoine. AjouUKn qoc
M. Mitscherlicb auquel les héritiers ont envoyé aussi des cheveux de la décédèe
coupés après la mort , n'a pas trouvé trace d'arsenic. 1^ outre , il n'y i pis
d'exemple que l'arsenic se soil trouvé dans les cheveux des empoisonnés et dans le
cas où l'arsenic aurait été réellement présent dans les cheveux pendant U m de
cotte femme, il est probable que la peau de la tète aurait présenté des réaciio&s
que l'on n'a pas observées. Je crois avoir motivé par ce qui précède, que, malgré
l'analyse du pharmacien H***, il n'y a pas lieu de croire que la décédée a été
empoisonnée ; du reste, une exhumation du cadavre ne donnerait plus de résultat
La plainte fut rejetée.
Obs. 188. — Empoisonnement par V acide sulfurique. Mort après uns heurt.
Ce cas est intéressant, parce que l'enfant empoisonné n'a vécu qu'une heure, et
que le cadavre n'était pas du tout altéré par la putréfaction. C'était une mère cri-
minelle qui avait fait boire a sa fille âgée d'un an et demi de l'acide sulfurique;
l'enfant mourut au bout d'une heure, malgré les contre-poisons qui lui furent ad-
ministres.
La langue était couverte d'une couche blanche épaisse, dont la réaction n'était
pas acide, il y avait un sillon jaune sale allant de l'angle gauche de la bouche jus-
qu'à l'oreille (provenant de l'acide qui s'était écoulé au dehors), et des taches seoi'
alables se trouvaient sur les bras et les mains de l'enfant, évidemmeut parce q«A
l'acide avait éclaboussé. L'estomac à l'extérieur comme à l'intérieur, était gris e^
rempli d'un liquide noir sanguinolent, muqueux et acide, son Ussu se déchirait *^
toucher. La veine cave était remplie de sang rouge cerise comme du sirop, aya^^
une réaction acide ; le foie et la rate étaient également remplis de sang. Les po^^
inons étaient normaux, le cœur contenait peu de sang, les vaisseaux de la poitri- ^
contenaient également peu de sang. La trachée et le larynx étaient vides et ni^*^
maux. Les tissus de l'œsophage avaient conservé leur consistance ordinaire, '
muqueuse était grise et avait une réaction acide. La tète n'offrait rien de rero^'^
quable.
«
Obs. 189. — Empoisonnement par Vacide sulfutique. Mort après
deux heures.
Un chapelier âgé de trente ans s'était levé un matin dans l'obscurité et avait bu de
l'acide sulfurique dont il se servait dans son atelier, on ne sut pas si cela eut lieu
par accident ou volontairement. A ses cris, sa femme accourut et envoya chercher
du secours. Le médecin fit une saignée et trouva au sang la consistance du sirop.
Du lait et de l'eau de savon provoquèrent quelques vomissements, mais au bout
de deux heures, la mort survint.
Toute la langue depuis la pointe éiait spliacêlée et blanchâtre, la muqueuse en
partie détachée, l'œsophage était intérieuren ent d'un gris noir comme toute l'ar-
rière-bouche. L'estomac était extérieurement comme intérieurem^t d'une couleur
noire, charbonneuse et si mou, qu'il restait après lus pinces comme du papier
EMPOISONNEMENTS. OBSERVATIONS. 297
ivard mouillé. On ne pouvait plus le lier et il fallut rechercher sou contenu dans
cavité abdominale où il s'écoula par accident. L'épiploon était également noir,
nt doute parce que déjà pendant la vie, le poison avait perforé l'estomac et spha-
lé l'épiploon. Le duodénum et le commencement de l'intestin grêle offraient une
lonition noir gris. La muqueuse que l'on pouvait encore examiner était tumé-
«, endurcie ; le sang du cadavre avait partout une couleur rouge- cerise, fa con-
rtance était celle d'un »irop peu épais, il y avait des caillots mous. Tous les autres
fanes abdominaux étaient normaux, ce qui prouve que le poison corrosif pendant
ideux heures de vie, n'avait pas eu le temps de passer dans les parties inférieures
m intestins. Les poumons, le cœur et les sinus de la tête étaient remplis de sang
normaux.
Quoique l'analyse chimique fût superflue dans ce cas, puisque l'autopsie seule
MMvaît surabondamment l'empoisonnement par Tacide sulfurique, elle fut faite
ianmoins, elle prouva que dans l'estomac, le duodénum et l'œsophage il y avait
frammes d'acide sulfurique.
is. 190. — Empoisonnement par Vacide sulfurique. Mort au bout de trois jours.
Le 8 juillet 18**, le garçon S***, âgé de deux ans et demi, but de l'acide sulfu-
ive qui était renfermé dans une bouteille ; on ne sut pas combien il en avala. La
ire s'aperçut tout de suite qu'il avait les lèvres, la langue et l'arrière-bouche
uchâtres et lui donna du lait qui fut vomi à l'état de coagulation. Un médecin lui
ainistra un vomitif qui lui fit rendre une masse noirâtre, puis il fut traité par
I autre médecin et on ne voit dans les actes rien de ce second traitement. L'en-
it mourut au bout de trois jours, le 1 1 juillet.
Cinq jours après l'empoisonnement, nous fîmes l'autopsie dont voici les résultat})
•enliels : la putréfaction était très avancée (16 juillet), la langue gonflée était
rrée entre les dents, l'estomac était à l'extérieur pâle, seulement à la partie pos-
rieure il y avait une tache rouge pourpre de 2 centimètres de diamètre, qui se
seliira tout de suite quand on leva l'estomac. A l'intérieur au même endroit se trou-
lit un ulcère de forme ovale, long de 5 centimètres et large et de 3 centimètres,
atet superficiel, dont la couleur ne difl'érait pas des parties environnantes, c'était
le érosion de la muqueuse comme dans le cas piécédent et dans presque tous
s cas d'empoisonnement par acide sulfurique dans lesquels la mort n'est pas sur-
mue subitement et dans lesquels des secours médicaux ont été appliqués. La mu-
neuse de l'œsophage présentait de nombreux points noirs, mais pas d'érosion. £n
lire, il y avait une anémie générale produite par la putréfaction avancée.
L'analyse chimique ne démontra l'existence d'aucun acide inorganique et par
maéquent pas d'acide sulfurique. Nous déclarâmes que l'enfant était mort d'un
Icére de l'estomac produit par de l'acide sulfurique, ce que prouvait la brûlure
iracléristique de l'estomac chez un enfant qui avait été tout à fait bien portant
ifqu'au moment de l'empoisonnement. Quoique l'on n'eùl pas trouvé d'acide sul-
irique sur le cadavre, on ne pouvait pas en tirer une objection, puisque l'on saii
ue Tenfant a été traité médicalement, et a reçu des contre-poisons. Remaïquonii
afin qu'une autre explication n'était pas possible.
208 PÀATIB THÀNATOLOGIWE.
\
Obs. 191 . — Empoisonnement par Vacide sulfurique. Mort em bmU
de huit jours.
Une fille de sept semaines, illégitime, reçut de sa mère de l'acide tvlftirlqM,
oette dernière avoua Tavoir versé dans la bouche de l'enfent. Les symplôfliM «rli-
naires de l'empoisonnement se manifestèrent ; on administra comme contre piiiia
du carbonate de magnésie, malgré cela au bout de buit jours la mort rarviat.
A l'autopsie on remarqua que sur le cété gauche du cou, tout le derme wnà
été détaché dans l'étendue de 5 centimètres ; les muscles sous-jaeents éttieni
libres et parcheminés, les bords de cette tache étaient granulés etéteiant eotoofés
d'une auréole étroite et rouge. L'œsophage d'un gris noir était mou, (Hable au toa-
cher. L'estomac était très pile et à la paroi antérieure il y avait un ulcère de lam-
queuse de la grandeur d'un écu. Le sang était foncé et épais. Il n'y avait deaeoafu-
lations que dans le cœur droit et les sinus de la dure-mère. Le liquide aaiai doot k
mère s'était servie était de l'acide sulfurique ; l'estomac et le duodénum n'offiniMl
aucune trace de cet acide. .
Obs. 192. — Empoisonnement par Vacide sulfurique.
Une fille de dix-neuf ans, déflorée, s'empoisonna avec de l'acide anlfuriqne.
La langue était entre les dents, et du milieu de la lèvre inférieure denic BiOoM
parallèles se dirigeaient vers le menton, larges de 2 centimètres, d'un bran fimeé,
parcheminés, provenant évidemment de l'acide qui avait coulé au dehors. L'estoflne
était tout à fait noir, on le lia avec le duodénum, il contenait un litre de liquide
noir brun ayant une réaction acide, la muqueuse était partout noire et tuméfléiv
l'épiploon était noir, quoique l'estomac ne fût pas perforé. Le foie, le pancréit, la.
rate, les intestins, les reins, la vessie, la matrice étaient à l'état normal. La cavité
abdominale contenait 18 grammes de sang foncé liquide, la veine cave contenait
peu de sang liquide et acide ; le diaphragme était coloré en noir dans tonte «
moitié gauche, phénomène que je n'avais jamais observé. Les poumons contenaient
la quantité normale de sang, le cœur était flasque et presque exsangue. La trachée
était vide, il n'y avait pas un seul signe d'asphyxie, et cependant la langue
était proéminente et serrée entre les dents. La langue et le palais ne présentaient
aucune coloration anormale ni aucun changement de texture. Toute la muqueuse
de l'œsophage était d'un gris noir et tannée, le sang des vaisseaux de la poitrine
était foncé et liquide comme celui des autres cavités. Les membranes du cenreti
et le cerveau lui-même étaient remplis de sang foncé liquide , ainsi que le cer-
velet et les sinus.
Obs. 193. — Empoisonnement par Vacide sulfurique et non sIranffulaUom,
Une femme de soixante et dix ans était morte et on pensait qu'elle avait été
étranglée.
Autour du cou du cadavre se trouvait un fichu rempli de trous dont l'aspect
indiquait une corrosion par un acide inorganique. La muqueuse de la bouche et
BMPOISONNBIIKNTS. — OBSERVATIONS . 200
la lanfoe avait la couleur ordinaire et se détachait facilement. Depuis l'angle
il de la bouche, jusqu'à la clavicule, on voyait une traînée d*un rouge brun par-
Binée f large d'un centimètre , ce qui indiquait bien le passage d'uu liquide
"•aif ; au cou il n'y avait aucune trace de sillon strangulatoire , le cerveau et
poumons étaient normaux, le cœur anémique , le larynx et la trachée vides de
MMÎtés , la muqueuse de la trachée montrait la couleur ordinaire de U putré-
ion» le rouge brun. La muqueuse de l'œsophage était grise, le foie gris et ané-
9Bt la vésicule biliaire était remplie de dépôts calcaires, la surface extérieure de
MDac était d^un gris noir, l'intérieur était vide, sa muqueuse uniformément
•y tout le tissu très mou avait une réaction acide, les reins, la rate, les veines
>niioales , les intestins étaient exsangues , le sang était faiblement acide ;
Imie du cadavre était évidemment produite par la putréfaction.
'aiamen chimique prouva que les trous du fichu avaient été produits par
de sttlfurique, il démontra la présence de l'acide sulfurique dans l'estonuc et
I rcBaophage.
Ces. 194. — Suicide douteux par V acide tuXfurique.
a apprenti âgé de seize ans , robuste et ordinairement bien portant , tomba
ida et raconta que quelqu'un lui avait donné au lieu d'eau-de-vie , de
ém aulfurique.
wama il n'y avait pas de brûlure aux lèvres du cadavre et que les altérationa
alagiques prouvaient qu'une quantité aiseï grande de poison avait dû être ava-
II était probable que les déclarations du jeune homme n'étaient pas vraiee
r«n suicide volontaire avait eu lieu. La langue était blanche et l'épithélium se
iteit fiicilement. Le pharynx et l'œsophage étaient gris mais encore fermes.
ogBac était extérieurement d'un rouge-brun, à sa courbure inférieure noir et
laaox ; il y avait un trou de la grandeur d'un centime, par lequel s'étaient écou-
00 grammes de liquide sanguinolent dans la cavité abdominale. Intérieurement
MDac était tout à fait noir et contenait 120 grammes de sang noir et épais. Le
Hilère et le cûlon transversal étaient noirs, le reste des intestins présentait
conleur rouge, U vessie vide, le foie, les poumons, le cœur exsangue, mais il
lit «ne congestion visible dans le cerveau et lei veines de la cavité crânienne.
iBg de tout le corps était acide foncé et épais.
Cas. 195. — Meurtre tvhi voUmUwremieni par Vadde sulfurique,
tcaa était psychologiquement très intéressant. Une fille de vingt ans, avait été
daonnée par son amant avec de l'acide sulfurique ; ce dernier, homme marié,
couché dans le même lit avec sa femme et sa maîtresse (!), la femme ignorant
éganee de la maîtresse, cette dernière avait résolu, ainsi que son amant, de
^aiaooner avec de l'acide sulfurique aussitôt que la femme légitime se réveille-
La fille déclara avoir pris deux cuillerées, l'homme, comme cela arrive souvent
a pareilles circonstances en prit très peu, il cracha tout de suite et n'eut aucun
la fille mourut après cinq jours de traitement à l'hôpital ; on lui avait ad-
300 PARTIE THANATOLOGIQUE.
ministre de la inuguésie calcinée, on lui avait appliqué des sangsues au coo eu
l'épigaslre ; elle avait vomi plusieurs fois du sang.
La langue était complètement normale, elle avilit repris cet état évidemment pen-
dant les jours de maladie. L'œsophage et le pharynx étaient gris mais fermes, l'eslo-
mac vide et noir, déchiré à sa grande courbure. L'anémie générale 8*exptiqaait]ar
les vomissements de sang. Le sang était rouge cerise foncé et épais, d'une réaction
acide , il était à remarquer aussi que l'acide sulfurique avait retardé la putré-
faction , car le cadavre disséqué huit jours après la mort, par une température de
2 à 4 degrés au dessus de zéro, était encore frais. La femme était encore vierge.
Ainsi c^était un amour platonique qui avait donné Heu à un double suicide !
L'analyse chimique était intéressante, on examina l'œsophage, reatomac, lefoie,
la rate et les reins. Ces organes ne rougissaient plus le papier bleu de tournesol, ils
bleuissaient légèrement le papier rouge, parce que déjà la quantité d'ammoniaque
avait le dessus dans ces organes. Puisqu'il était avéré que la décédée avait pris une
assez grande quantité de magnésie calcinée et peut-être d'autres matières neutra-
lisantes, nous essayâmes de trouver des sulfates dans les intestins. Pour ccb,
les intestins furent coupés et furent macérés dans de l'eau distillée, puis oo éva-
pora le liquide jusqu'à la concentration au bain-marie, on y ajouta de Tacide aïo*
tique, on filtra et on éprouva par de l'azotate de baryte, il y eut une légère préci-
pitation blanche, on filtra, on lava, on fit sécher, on chauiTa et on pesa, son poids
était seulement de 5 centigrammes. L'acide sulfurique correspondante cette qsaatité
de précipitation était si petite qu'elle ne pouvait pas donner la preuve de renpoi-
sonnement par acide sulfurique qui pourtant était incontestable.
Uns. 196 et 197. — Suicides de deux femmes enceintes par Vacide sulfurique.
Je passe une grande quantité de cas analogues, j'ajoute seulement les deusc^^
suivants. Dans les deux, le sang avait une réaction acide et dans le deuxième on
voit la circonstance intéressante que l'eau de l'amnios avait aussi une réa-lion
acide. Comme nous n'y pensions pas quand nous avons fait la première autopsie, noui)
ne savons pas si dans le premier cas le même phénomène existait.
Obs. 19G. — C'était une femme de quarante ans. On ne savait rien sur la id>'
ladic ni sur l'époque de la mort. On pouvait exprimer du lait des deux seins, l«^
muqueuse des lèvres était en partie détachée, la lèvre supérieure présentait imc^
couleur d'un brun sale et parcheminée, la langue était blanche et intacte, les pou-
mons d'un bleu rouge, étaient sains et exsangues, le cœur également exsangue, le
sang avait une couleur rouge cerise, mais plus fiquide qu'ordinairement dans ces ca^,
il avait une réaction acide, les grandes veines de la poitrine étaient remplies de
sang, la trachée était vide, l'œsophage intact et de couleur grise, l'estomac i'un
gris noir, gorgé d'un liquide noir brun ; à sa surface antérieure il y avait plusieurs
trous de la grandeur d'un petit pois à bords noirs, la muqueuse de l'estomac était
noire, se détachait facilcnienl; mais son tissu était encore assez ferme. Le dutidê-
num était comme l'estomac, le reste des intestins ne présentait rien d'anonnal. Le
foie était pâle, exsangue, la vésicule biliaire gorgée de bile foncée, les autres orga-
^
EMPOISONNEMENTS — ODSSRVATIONS. 301
n«s de l'abdomen anémiqurny compris la veine cave; la malrice, longue de 15 cen-
Umèlres, lar^ de 1 2 centimètres cl épaisse d'un centimètre, contenait un fruit de
six mois environ ; il était du sexe masculin et bien conformé, la membrane pupiU
laire existait encore, le scrotum était vide. Le cordon avait 20 ccntiniélres, il était
tourné autour du cou.
Obs. 197 — Une nUe de vingt ans avait succombé depuis quelques jours au
mois de juin à \m empoisonnement par Tacide sulfurique, nous ne savions pas corn-
liien de temps elle avait encore vécu après Tcmpoisonnement.
1^ dissection montrait que la mort avait dû envahir très vite, car les désordres
causés par le poison étaient considérables. I<'.i aussi la putréfaction était très
peu avancée; les deux seins conlenaient du lait aqueux, les deux lèvres étaient
dures à couper, noires ainsi que les dents, la langue était d'un noir gris H tannée,
des deux angles de la bauclic Tacide s'était écoulé et avait formé deux sillons d'un
brun sale et parcheminé ; les poumons étaient normaux , et contenaient peu de
sang. Dans le péricarde il y avait 30 grammes de liquide d*un brun foncé et acide,
le cœur gauche était modérément rempli de coagulations dures et noires ayant une
réaction acide, le cœur droit était gorgé do ces mêmes coagulations mêlées de sang
liquide. Le larynx et la trachée étaient vides, l'œsophage encore ferme était gris,
IVïtomac était détruit dans sa continuité et transformé en une bouillie plutôt
grise que noire, son contenu avait une réaction très acide, il se composait de
cbyme et d*un liquide sale, il était presque complètement épanché dans la cavité
abdominale. Le foie, la rate, les reins et l'épiploon étaient anémiques. Les intes-
tins colorés en gris par le fluide épanché étaient vides, la matrice d'un gris noir
contenait un fruit de quatre mois du sexe màie. Le liquide de Tamnios avait une
rrtLclion acide très franche. La vessie était vide, la veine cave contenait un peu
de sang coagulé , les vaisseaux des membranes du cerveau étaient remplis de sang
à moitié coagulé, les sinus presque exsangues quoique nous ayions laissé le cada-
vre pendre pendant vingt-quatre heures les pieds en haut et la tète en bas. (L*au-
'opsie n'était pas légale.)
Obs. 198. — Empoisonnement par Vacide sulfurique étendu d'eau.
Le 4 juillet la flile E... avait donné à son enfant, âgé de six semaines, une cuil-
lerée à café d'acide sulfurique étendu d'eau. Le même soir un médecin trouva l'en-
fant avec des yeux hagards et brillants, la pupille insensible, les traits altérés,
la langue et la muqueuse des lèvres épaissies et blanches, le pouls très faible,
la respiration difficile, la déglutition impossible, ni vomissements, ni diarrhées,
ni eonvulfions. Il administra de la magnésie, mais à minuit l'enfant mourut.
Le 6 juillet, lors de l'autopsie, nous trouvâmes le cadavre encore frais malgré les
chaknn de l'été, la langue blanche et ayant une réaction acide, les lèvres dures
d'an brun sale, six gros de sang foncé, coagula, ayant une réaction acide, étaient
épaacbés dans la cavité alnlominale, il y avait un épanchement analogue sur Tépi-
pkN>n. La paroi postérieure de l'estomac d'un gris sale était déchirée dans toute sa
longueur, les bords de la déchirure étaient inégaux et sanguinolents. La muqueuse
S02 PARTIE THANAT0L06IQITE.
à l'intérieur avait une couleur semblable, ion tissu était méeonnaisiaMe, le Me
était exsangue, la bile avait une réaction acide. Le duodénum était dans le nèiie
état que l'estomac, le reste des intestins, la vessie et la veine eave, étaient fidei,
les poumons, le cœur, l'artère pulmonaire, étaient exsangues, ranophafeèrexté-
rieur comme à l'intérieur était gris, ainsi que le pharynx. La cavité crêmenie étiil
anémique.
L'analyse chimique démontra que les organes de l'enfant contenaient benei^
d'acide sulfurique. Cependant cette quantité d'acide avait-elle été «doiiiiiitréi ï
l'état d'acide libre ou à l'état de combinaison, l'analyse chimîqse nepovfiitk
dire.
Ou. 199. — EmpotsonnmMi^t douteux pur de Vaoidô euifwrique ièmàÊ
d*eau noirei tous forme d'encre.
Probablement le liquide administré avait été de l'acide sulfurique coloré en ooir
par des substances organiques, mais l'examen chimique le plus minutieux ne poa-
vait éclairer cette question.
Le cadavre encore frais était celui d'un garçon de neuf mois ; Q nous lut pré-
senté pour l'autopsie sans que nous sachions rien de la maladie, il éiait maigre et
paraissait anémique, la muqueuse de la langue était blanche, rarrière-bonche éUit
moins blanche, sa muqueuse tuméfiée se détachait facilement et avait une rèie-
tion acide. Le foie était p&le, l'estomac était aux trois quarts rempU d'v
liquide épais, ayant une réaction acide, la muqueuse en était gélatineuse, eOe u
détachait facilement, le tissu était pâle. Le duodénum et le commencement de
l'intestin grêle présentaient les mômes altérations que l'estomac, le gros intestin
était vide, les organes de l'abdomen étaient normaux, la veine cave contensit en
peu de sang épais, rouge cerise, les poumons étaient anémiques et œdématevx. I^
cœur était anémique, l'œsophage normal, la muqueuse de ce dernier tuméfiée. U
trachée était pâle, vide et toute la cavité crânienne était anémique. L'autopsie don-
nait à peine un soupçon d'empoisonnement par l'acide sulfurique, le liquide de
l'estomac n'oifrit à l'analyse chimique aucun poison ni organique, ni inorganique.
D'après cela on pouvait seulement dire que vraisemblablement l'enfant n'mit
pas été empoisonné.
Obs. 200 — Empoisonnement par Veau de laurier-cerise.
Je regrette de n'avoir que quelques données sur ce cas. Un homme de loiianle
ans, ennuyé de la vie, avait pris à peu près 60 grammes d'eau de laurier-ceriee,
comme on pouvait le voir par une fiole que l'on trouva à côté de lui. 11 tomba tout de
suite saisi de vertige, et on lui prodiga des soins immédiats, il vomit les restât d'une
pomme qu'il venait de manger, il fut placé sur le canapé et une heure après je le
vis. Il était couché sur son canapé, la tète pendait tout à fait en avant et il fallait
se baisser pour lui regarder la figure ; il était pâle et froid. Les pupUles étaient dila-
tées, le pouls était lent, mou et régulier, il y avait une paralysie générale dn non-
vement. Toute connaissance ne semblait pas être éteinte en lui, ce que l'on ne pou-
EMPOISONNBMEKTS — OBSERVATIONS. SOS
^tâi savoir an Juste puisque le malade ne pou? ait ni parier, ni montrer s^ langue, ni
donner la main, ni (luire aucun geste. De temps en temps il avait des convulsions de
la fice, qui altéraient sa figure d une manière effrayante, toute déglutition était im-
possible, on pouvait seulement appliquer des médicaments extérieurs. Cinq heures
après Tempoisonnement, il mourut.
Vingt-quatre heures après, nous fîmes la dissection, la putréfiiction était déjà
très avancée (au mois de mai), le cadavre laissait exhaler une odeur d'amandes
aBèraa très sensible , le sang était foncé et liquide, le cerveau et le cœur droit
étaient bypérémiques.
Obs. soi — 17ii)poisonfiemenl par Vacide prussigue.
Cn pharmacien s'empoisonna avec de l'acide prussiqne mêlé d'éther asotique.
La raison de ce suicide resta inconnue.
Les pupilles étaient très contractées. La putréfaction au mois de décembre était»
après deul jours, très avancée, au point que Tépiderme était détaché. En quelques
endroits il y avait encore rigidité cadavérique. L'estomac à l'extérieur présentait
la couleur ordinaire de la putréfaction, il contenait 120 grammes d'un liquide
roaga aanguinolent, ayant une réaction alcaline. La muqueuse vers le cardia était
d'un rouge brun (symptémes de putréfaction), et aux endroits moins colorés il y
avait quelques petites taches rouges claires. Les ouvertures extérieures étaient nor-
■alai. La contenu de l'estomac avait une odeur d'éther mêlée à l'odeur d'amandes
anères; le foie, normal, contenait une quantité moyenne de sang liquide, la véai-
fila biliaire était remplie, l'intestin, le mésentère, les reins, et surtout la veine
ttva élaianl hypérémîques. La rate était normale, la vessie contenait 1 5 grammes
iWne, las poumons et les grands vaisseaux ne contenaient pas beaucoup de sang;
W vantricnle droit du ccsur contenait 15 grammes de sang, les autres parties du
^mmt élaieat vides; le larynx et la trachée étaient à l'état normal. La muqueuse da
^'•saphaf a présentait quelques petites tâches rosâtres et exhalait aussi la double
•daor dont nous avons parlé pour l'estomac. Dans le crâne il y avait anémie.
Obs. 202. — Empoisonnomenl par l'acide prusiique.
Dans un grand hôtel, on trouva un matin un étranger mort dans son lit, devant
^Xai était une fiole contenant de l'acide prussique qui, d'après les lois prussiennes,
^^vait une inscription portant le mot « poison » et surmontée d'une tête de mort.
ne sut pas combien il avait bu de poison, puisque l'on ne savait pas quel avait
la eontenude la fiole, ni si le décédé était mort rapidement.
Traia jours après la mort, au mois de novembre par une temjiérature de 0^ a
^* R., nous fîmes l'autopsie. Le décédé avait quarante-huit ans, il y avait encore
^ifidilé cadavérique, le corps était tout à fait frais, les cheveux ne pouvaient être
^rraebés que difflcilement (voir plus haut), il y avait seulement un peu de couleur
^^ardâlra près de l'ombilic ; aussitôt après avoir scié les os crâniens, nous sentîmes
très bien l'odeur d'amandes amères. Les méninges et les sinus étaient anémiques ;
\ti poumons œdémateux étaient remplis de sang foncé presque noir. Le cœur droit
âOi PARTIE THANATOLOGIQUG.
était rempli de sang épais, les globules de saqg observés sous le roierofcope oemoAr
trèrent aucune anomalie. Le cœur gauche était vide, l'artère pulmoiuire était
gorgée de sang, la trachée et Tœsophage étaient vides et normaux. Le loie était
sain et anémique, la vésicule biliaire était pleine, la rate molle, facUemeot va-
riable. L'estomac était malheureusement viJc, de sorte que Ton ne pounit taire
aucune analyse chimique du contenu, il exhalait une forte odeur d'amandes auèrcs,
sa muqueuse offrit une coloration d'un brun sale provenant de la pulréfaetion et
d'une hypostase cadavérique; cette putréfaction rapide et isolée de l'estoinie esta
remarquer ; les deux ouvertures de l'estomac étaient normales; ce qu'il 5 avait éga-
lement de singulier, c'était la putréfaction des reins qui ordinairement se putrifienl
tard, ils étaient d'un brun sale. L'épiploon, le mésentère et les téguments abilooii-
naux étaient très épais, les intestins étaient peu remplis ; la vessie était vide, h
veine cave très gorgée .
L'analyse chimique ne put révéler la preuve de l'existence de l'acide prussiqu^.
mais ce poison pouvait èlrc constaté par la seule odeur bien sensible que nous
avons mentionnée. (Nous n'avions pas encore à cette époque expérimenté a\ff b
nitro benzine).
Obs. 203. — Empoisonnement par l'acide prussique et des huiles ethériqitef.
Cadavre parfumé.
Ce cas était tout à fait extraordinaire, on y verra une intéressante analyse de
M. Schachl qui a trouvé de Vadde prussique dans le sang,
La femme S.., âgée de quarante-trois ans, était mariée à un distillateur d'eau-
de-vie et de vinaigre. Cette femme était adonnée depuis plusieurs années à la
boisson et souffrait d'une véritable « dipsomanie » . D'après la déposition du témoin
elle vivait souvent pendant plusieurs semaines et plusieurs mois tout à fait tran-
quille, puis tout à coup elle recommençait à boire et restait pendant des journées ea-
tières conlinucUement en état d'ivresse, lîn de ces accès la prit le 6 juillet, elle
s'enivra et resta daits cet élal les jours suivants. Le 11, le mari sortit de cheilù
et recommanda à une voisine de surveiller sa femme ivre. Sur une table se trouvait
<|uinze fioles contenant des huiles éthériques différentes. S... avait besoin de ces
substances pour son industrie. C'était surtout de l'huile de girofle, de cumin, de
menthe, (le citron, etc. 11 y avait aussi une fiole contenant de l'huile d'amandes
anières portant, selon la prescription, le mot « poison ». La voisine alla plusieurf
fois auprès de la femme S .. et la trouva toujours grise, elle refusa de lui donner de
l'eau-de-vie que la femme S., lui demandait. Pour apaiser la soif de cette malheu-
reuse, elle lui donna un curnichon et lorsqu'elle rentra encore une fois à trois
heures, elle trouva la femme S... morte lans la cuisine, ayant dens une main un
demi-coriiichon et dans l'autre une grande cuillère.
Le 1 3, deux jours après la mort (juillet), nous fîmes l'autopsie légale. Le ventre
ètîiil vert, la langue serrée entre les dents, les cheveux se laissaient arracher facile-
ment; pas de rigidité cadavéri(|uc. A l'ouverture on sentit s'exhaler une odeur agréa-
ble qui indiquait qu'elle avait bu des liquides parfumés. Après l'ouverture du
EMPOISONNEMENTS. — OBSERVATIONS. 305
cvÉM DOM Mnllmes une od«ur d'amande» amèrea, las méniiigaa étaient nodéré-
■Mnl remplies da sanf , la dure- mère détachée, ou sentit encore rôdeur d'a-
«MDdes amères mais mêlée à - Todeur de girofle et de cumin ; le cerveau était
normal, les sinus anémiques, le thorax exhalait également une odeur d'amandes
dde parfums, surtout celui des giroflées, les deux poumons avaient des adhérences
mciennes, ils étaient œdémateux et très remplis de sang rouge cerise et épais.
Jhxù la péricarde se trouvait une quantité de liquide normale ; le cœur flasque,
était fOrgé à droite de sang rouge cerise et liquide, à gauche il était presque vide,
lea vaisseaux de la poitrine étaient remplis, la muqueuse de la trachée montrait
«ne couleur rouge brune de putréfaction. L'œsophage était normal, on y perce-
^vait une odeur d'amandes amères très prononcée. L'estomac était normal extérieu-
rement. Après son ouverture, il s'exhalait une odeur excessivement intense d'a-
mandes amères ; il contenait 90 grammes d'un liquide rose, toute sa muqueuse
était parsemée de taches d'un rouge pourpre, les incisions faites dans ces taches ne
■iHitraient pas qu'il y eût ecchymose. Le foie était gras et anémique, la vésicule
hiliaire était remplie, la veine cave hypérémique, la vessie remplie, les organes
sidominaux normaux.
Quant à l'examen chimique nous le rapporterons textuellement.
Le 13 du mois on nous donna à examiner les objets que nous allons énumérer :
I. Une fiole pouvant contenir à peu près 120 grammes, signée* huiles d'aman-
éti amères» et au-dessous « poison» ; elle contenait 15 grammes d'un liquide
jaune clair.
II. Qn vase sur lequel était écrit « œsophage, estomac et contenu de l'estoaiac
ëe la femme S...»
III. Un vase sur lequel était écrite pot trouvé dans la chambre de la femme S...
et contenant un cornichon » .
IV. Une fiole pouvant contenir 180 grammes de liquide avec une étiquette où
ae trouvaient ces mots « sang du ^davre de la femme S...» elle contenait du sang
épaia et rouge clair.
V. Une fiole pouvant contenir 340 grammes de liquide, avait 23 grammes d'un
liquide jaunâtre presque clair.
Tous ces vases étaient scellés par le cachet de la cour.
JRoua avions à déclarer : t<^ le contenu de la fiole I est-il de l'huile d'amandes
amères?
S* Le contenu du vase H est-il de l'huile d'amandes amères ou de l'acide prus-
âque?
3* Le cornichon du vase III avec sa sauce contient-il des substances vénéneuses T
4* Le sang de la fiole IV contient-il de l'acide prussique ?
5* Est-il possible d'indiquer ce que contient la fiole V ?
Ad. L Par l'odeur, la vue, le goût et le poids spécifique, nous avons pu reconnaî-
tre que le liquide contenu dans la fiole était de l'huile d'amandes amères. Nous avons
leceué une partie de cette huile avec de l'hydrate de potasse étendu d'eau ; après
II. 20
S06 PARTI! THANATOLOGIQUI.
atoir laîité dépoter, nous tvont i|oiité tn liquide déeenté me toIttllMi de nlMiée
detttoxide de fer et de l'eclde etilorii^rdrltiee; U y eut «ne prédpttaUoo frit muMiii
Mme qui prouve la prétence de l'aeide cyanh^fdrique.
Ad. IL Ce vase renfermait les organes nommés et un liquide roofe tnaUe,
il exhalait une forte odeur d'amandes améres ; nous séparâmes le lîqiidi èi
solide, nous mîmes le liquide dans une cornue tubulée, nous confîmes TsiU-
mac et Toesophafe en petits morceaux, on les remua dans de l'eau dislillèt st m
recueillit le liquide ; cette opération fut répétée trois fols en ajoutant de raleool, de
cette manière l'odeur d^amandes améres disparut des intestins, la liquear bl
ijotttée dans la coraue au contenu de l'estomac. Puis nous avons ajouté no pei
d'acide pbosphorique et le mélange fut distillé jusqu'à ce que 100 grammes d*u
liquide clair aient été obtenus. Ce liquide présenta les réactions suivantes :
a. Traité avec de l'hydrate de potasse, du sulfate de deutoxyde de fer et de Taciie
chlorhydiique, on obtint un liquide vert foncé qui au bout de peu d'instants aM»-
tra une précipitation bleue.
6. En ajoutant deux gouttes de sulfhydrate d'ammoniaque et une goutte d'aa-
mmoniaque à deux gros de la liqueur en question, et en chaufllint le tout jnsfi'i
ce que la couleur et l'odeur aient disparu, puis en ajoutant du perchlorure de fer
on obtint une coloration rouge sang.
c. En ajoutant du nitrate d'argent et de l'acide nitrique, on obUiit une pé-
clpttalion blanche qui se déposa quand on eut imprimé I la liqueur de grtnto
secousses.
Mous en coueldoMs que la liqueur distillée oonlanait de l'acide pnMaiqne.
Ad. ///. Le cornichon fut examiné cliimiquement avec des substances inorgsai-
ques. On le trouva pur, nous croyons pouvoir nous abstenir de reproduire la
méthode que Ton employa, vu le résultat négatif.
Ad. IV. Après avoir ajouté un peu d*alcool et de l'acide phosphorique au saBf,
on le soumit à la distillation jusqu'à ce que deux gros d'un liquide clair non colori
aient été obtenus. Ce liquide fut partagé en deux parties et examiné cemme ad. If,
tt et ft. Les deux réactions furent très senstbles quoiqu'un peu plus
Ad. V. Le liquide contenu dans ce verre avait une réaction alcaline et sentait
fortement l'ammoniaque que l'on fait évaporer sur un morceau de platine, il laisss
une couche mince noirâtre, qui disparut par la chaleur sans laisser une tâche de
sang ; ni avec l'acide sulfliydrique, ni avec le sulfure d'ammoniaque, il ne donna
aucune réaction et dut être regardé comme un hydrochlorate d'ammoniaque en
dissolution qui était coloré par des substances organiques.
Le résultat de mes expériences fut donc :
Le contenu de la fiole I était de l'huile d'amandes améres contenant de l'acide
prussique.
Les liquides de l'estomac de la décédée contenaient de l'acide prusalque dans de
l'huile d'amandes améres, car l'acide prussique seul n'a pas une odeur si Ibrte.
Le cornichon ne contenait pas de substances vénéneuses.
EMPOISOVnXIIEMTS. — OBSERVATIONS. S07
Le sang de la décédée contenait de Tacide prussique.
La fiole V contenait trèa probablement de l'bydrochlorate d'ammoniaque étendu.
La coochision de ce cas n'était pas douteuse, nous déchirâmes que les altérations
dt l'eatopMe umoncaient l'introduction dt matiérei irritaotoi al corrofiTM, «iqut
fadtar parfumée da taut le cadavre démontrait que eea matières avaianl M ém
odoraotea évidemment « aptea à altérer la laoté » ; on pMit ateeUranM la
avait trouvé la mort par cea poiaona, ai yn autre poiaon bô9mm$p pfam
fcmfgitut, Taeida cjfanbydrique, n'avait paa déjà avO pour tser praaq«a a«béia*
amoi» ca<pii eat prouvé par la paiitiM daaaJaqiifUa on l'a tnwvétt oevabéi taw
b eiiiaiiw «ne cuiller à la main. D'aprèa cala» on peut adanattra que la taima ê.*.
a été empoisonnée par l'acide prussique et par daa builea éthériqiaa, at qim le
prani«r 4a ces deux ^iaona a amené la mort.
Oia. 204. •— EmpoUanmemmU par Vaeidê prunlfue.
Mte fois aiiasi l'acide prussique a été trouvé dans le sang par l'expert ebimîate.
Db pbarmaciM âgé de vingt ans s'ampoisooiia le 14 juin ; la eadavra fut blantflt
tranajporié dana la eave froide de notre morgue, at malgré la taaipéralwfa ëe
10* B. la cadavre était la lendemain encore trèa frala.
La couleur do cadavre était normale ; la rigidité coomiençait i «nvahir ; aor k
doa ao trouvaient des lividités cadavériques. £n praaiant l'urètbre ou pouvail ao
tuft iortir quelques gouttes de sperme dans leaqueUea ou uouva daa aparmat»*
aoairaa. Apréa l'ouverture de la cavité erânieuna ou perçut uue lurta odeur 4'a^
wndfs amères. Les méniogaa étaient exaanguea, le cerveau était violet par auiteda
Il pulréftction, dana les veotriculea se trouvait une certaine quantité de liquida
sanguino- aqueux, le sang de tout le cadavre était trèa liquida» d'un fvuga violai,
Ica globules de sang étaient normaux* la traebée-arlèro était vida, la miiquoufe était
xuvêlue d'uae couleur d'un rouge brun bomogèoe produite par la putréfaalieu, IV
deur d'amandes amères augmenta quand on enleva le sternum. Dans chaque plèvre
se trouvaient 90 grammes d'eau sanguinolente, les poumons étaient b/pérémiques
et un peu œdémateux ; le péricarde adhérait au cœur, le cœur gaucbe était trèa
rempli de sang , le cœur droit et l'artère pulmoonaire en étaient gorgés et con-
tenaient quelques caillots, le Um était hypérémique, la véaicule biliaire était rtm-
pUa. L'estomac fut lié et été ; extérieurement il était normal» il eonteaait
30 grammes de liquide sang«fM4ent , ayant fadeur d'amandea amères ; la
■mqueuae qui avait surtout celte odeur, était tuméfiée et colorée partout en violet,
c'était évidemment un phénomène cadavérique. La veine cave ascendante était
pleine de sang, la vessie pleine d'urine. Les intestins, la rate et les reins étaient
Bormaux.
L'analyse chimique démontra la préaeoce de l'acide prussique à l'état libre dans
le sang, on n'en trouva pas dans U^ uriaaa» cependant on y voyait de l'albumine,
ee phénomène est très smguUer m le déeédé n'était pas altaiet d'albumiwyie ;
furine ne contenait pas de sucre.
308 PARTIE THANATOLOGIQCI.
Obs. 205. — Empoisonnement par le phoephore.
Une actrice âgée de seize ans résolut de se tuer avec son amant dont elle k
croyait enceinte ; tous les deux prirent du phosphore que Tainant H... avait ni le
procurer. Elle mourut bientôt après, mais Thomme tai à peine malade, probiMe-
ment parce qu'il n'en avait pas avalé. Il fut mis en accusation. De la maladie on
savait seulement que la femme était tombé malade le 4 décembre, qii*eËe atiit
▼omi plusieurs fois, et un témoin déposa qu'étant entré dans sa chambre poar lii
donner du lait chaud, il sentit « dans toute la chambre, une odeur d'allumettes ■ :
la malade mourut dans la journée.
Trois jours après la mort nous fîmes l'autopsie légale. Au, ventre, lapotréfictiM
était commençante ; le foie, la rate et le pancréas étaient normaux ; les veines de
répiploon et du mésentère étaient asaes remplies, la couleur des iotettins grèki
était rouge clair à cause do l'injection de leurs vaisseaux ; les reins, la vessie étaient
normaux ainsi que la matrice qui ne renfermait pas de fœtus ; la veine cave coal^
nait une certaine quantité de sang foncé et épais ; l'estomac, & l'extérieur, était plie
et n'ofnrait rien de remarquable ; à l'intérieur il était tout & foit vide, sa muqueme
présentait quelques petits grains jaunes, mais n'était aucunement altérée, elle
oilhiit partout une coloration rose faonâlre ; les poumons étaient normaux, les
grands vaisseaux ne contenaient que peu de sang, il y avait encore un reste de
thymus gros comme le pouce (1). Le cœur était presque exsangue dans toutes lei
cavités, la muqueuse de la trachée et de l'œsophage était normale, les méninges, le
cerveau et les sinus étaient hypérémiques. On ne s'attendait pas, après un empoi-
sonnement par le phosphore amenant la mort aussi rapidement, & trouver nn résvl-
tat de l'autopsie aussi négatif.
L'analyse chimique démontra d'une manière indubitable la présence du poison
en substance dans les intestins; le sang offrait une odeur analogue à celle des
(1) Dans les cas suivants, j*ai observé le tliymus persistant dans une élendoe plus ou motai
Ijande même dans un âge assez avancé :
40 Gbei un garçon de cinq ans, encore € très grand » ;
So Ghei nn garçon de six ans, il avait encore 5 centimètres;
30 Chez un gardon de sept ans, de la grandeur d'une noix ;
40 Chez un garçon de sept ans (93* obs.) 4 centimètres ;
5* Chez un garçon de neuf ans, c encore très grand * ;
60 Chez un garçon de quatorze ans, 3 centimètres ;
1^ Chez un garçon de quinze ans, 2 centimètres ift i
8<* Chez l'actrice susnommée, âgée de seize ans, 2 centimètres 1/2.
0** Chez un garçon de seize ans, A centimètres ;
i 0^ Chez un homme de dix-huit ans, 5 centimètres ;
il<> Chez on homme de dix-neuf ans, 2 centhnètres i/2 ;
42* Chez an homme de vingt ans, c des restes très visiblet a;
43» Chez un homme de vingt ans, 2 centimètres;
44* Chez un bomme de vingt-deux ans, € des restes visibles a.
EMPOISONNEMENTS. — OBSERVATIONS. 809
anima m empoisooaéa par le phosphore, et les altérations des éléments du sang
étaient absolument celles du sang de ces animaux. Il n'était pas du tout coagulé,
ei présentait une couleur rouge cerise. Le sang artériel était transparent comme
partout où le pigment a abandonné les globules et s'est dissous dans le plasma, sa
consistance était celle du sirop. Le microscope montra clairement des globules de
laof clairs, incolores, les noyaux étaient très visibles comme si on avait été la ma-
tière colorante par le lavage. La préparation de phosphore qui avait été vendue par
It pharmacien contenait 10 grains de phosphore dans 90 grammes de bouillie.
Ainai, dans la dixième partie, deux cuillerées, on aurait trouvé un grain de phos-
phore. Puisque la décédée avait résolu de se suicider, il est vraisemblable qu'elle
a bu plus de deux cuillerées, dose qui suffisait complètement, prise en une seule
fut pour expliquer la mort rapide qui a eu lieu. Par toutes cea raisons nous
dAmea admettre qu'il y avait eu empoisonnement mortel par le phosphore.
Obs. 206. — Empoisonnement par le phosphore.
Une Polonaise, âgée de vingt ans, avait pris le 10 août, à six heures du soir,
i peu près Iroti grains de phosphore. On ne remarqua d'abord rien d'extraor-
éinaire en elle, et le soir elle écrivit encore une pétition au roi. Au bout d'un cer-
tain temps, sa Tamille s'aperçut qu'elle sentait le soufre (ici on confondait évidem-
Ment avec l'odeur des allumettes de soufre et de phosphore), et elle dit que la
hmière Téblouissait, mais ne se plaignit pas de douleurs; elle resta toute la
ôt sans sommeil, affirmant toujours qu'elle n'avait rien bu ; elle ne vomit pas une
fois et mourut tout à fait tranquille le lendemain matin à six heures, c'est à
dire douze heures après avoir pris le poison.
Quarante-huit heures après, a une température de 15^ R., nous Ames l'autop-
aie. La veille au soir on avait transporté le cadavre dans la chambre des morts et
l'on fut étonné de voir des vapeurs lumineuses sortant du vagin. Avant la dissec-
tion, noua vîmes sortir de l'anus des flots de vapeurs blanchâtres qui sentaient le
phosphore. De la bouche aussi on sentait sortir des émanations de phosphore, mais
uns vapeurs visibles. Il y avait encore un peu de rigidité cadavérique, les tégu-
ments du ventre étaient verts par suite de la putréfaction.
L'estomne, & la petite courbure, présentait des sillons veineux rouges livides, ce
qiii n'était qu'un phénomène de putréfaction. L'estomac, à l'intérieur, ne laissait
fss exhaler d'émanations de phosphore, sa muqueuse n'était ni tuméfiée, ni corrodée;
<a grand cul -de-sac , ainsi qu'au milieu de la petite courbure, il y avait de petits
^psochements hémorrbagiques très nombreux placés les uns près des autres,
de U grandeur d'une tète d'épingle, la somme de ces petites taches avait à
pea près 4 centimètres de diamètre. Le contenu de l'estomac était formé par
t08 à 200 grammes d'un liquide clair sanguinolent, laiteux; on ne put pas trou*
>er de grains de phosphore même avec la loupe. Les intestins étaient pâles et ne
■aentraîent aucune anomalie ni extérieurement, ni intérieurement. Le gros intestin
contenait des fèces (il est notoire que l'empoisonnée n'avait eu aucune selle). Le
était d'un rouge sale avec une consistance de sirop, et présentait sous le
no PARTIS THANATOLOOIQIJB.
mkroseope 1m mèmM particularitéf anormales que dans le cas préeMeot. le Im
élait hypérémique, la vésicule du Ûei à moilié pleine, la rate très hypéréniiqw.
Les deux reins étaient d*ttn rouge brun à cause de la putréfliction coaaMÉCtnte,
la vessie un peu violette contenait une cuillerée d'urine trouble ; Futénn ikrgs
était nienstrué, la veine cave contenait un peu de sauf, les poumons étaient pst
foncés et présentaient une hypostase cadavérique. I^e péricarde contenait udsoiS-
lerée de liquide sanguinolent, tout le cosur était presque exsangue, maii les gnadi
vaisseaux contenaient beaucoup de sang. Le larynx et la traebée étaient viéei,
leur muqueuse éuit rouge pourpre et avèe 11 loupe on y voyait des injectioai.
L*«Mophage était normal» les méninges asses rempliÎM, le cerveau contenait plus de
sang qu*à rordinaire ; les plexus étaient livides, les sinus presque vides.
Ce cas permettait un Jugement sûr sans avoir besoin d'analyse eUmique.
Obs. 207. — Empoisonnement par des champignons vémémeux.
Toute une famille qui avait diné avec un plat de poisson assaisonné de champi-
gnons, tomba malade et tous les membres furent atteints de vomiaanments et de
diarrbée ; le reste du dtner se composait d*oie et de veau réti» Tous an rétablirsat,
excepté une vieille femme de soixante-dix ans. Gell»«i mourut au bout de treii
jours selon la déposition du médecin « avec les symptémes d'une gaslro-^iitérite«.
Nous trouvâmes à l'autopsie une adhérence des deux poumens et nne hydropisit
de l'ovaire droit; mais ces deux altérations pathologiquee n'avalent eêrtalhemast
eu aucune influence sur le résultat funeste de k maladie. Bn outre il y avait lai
coloration rose des intestins , des ecohymeees nombreuses sur la nraqueiise h
grand culde-sac de l'estomac ; le sang liquide, avait une cdntenr très Ibneée. L'si>
tomac contenait 40 grammes de liquide rose, le cœur était tréa rempH de sang, tout le
reste était normal. L'analyse cliimique démontra l'absence de peiaens Inerganiquai,
et des poisons organiques que l'on peut ordinairement retrouver. Le poison aupposè,
les cbampignofls, ne pouvait naturellement pas avoir laissé de tracés ; on ne poa*
vait dire si c'était les champignons, le poisson, le rétl ou une autre snbstanee qai
avaient produit l'effet vénéneux.
Obs. 208, 209, 210. — Trois empoisonnements par Varsenic et la «ominine*
Du S au 7 mai 18... les trois enfants du vétérinaire E..., Aima âgée de trois ans,
Hermann d'un an, et Marguerite de 5 ans moururent à la suite d'un empoîsomif»
aMnt causé par des saucisses et du pain que le sieur W.. avait disposés pour empel
sonner des rats. Le sieur W... déclara que son poison consistait en un ongntnt
composé de beurre et de viande hachée, mêlés avec de rarsentc et de la suie, H
assura que cet onguent ne contenait pas de vomicine. Le docteur L. . . qu! fut appelé
le premier auprès delà AUe la plus jeune, diagnostiqua « une inflammation du cer-
veau ». Un quart d'heure après sa sortie de la maison, l'enflint était morte. Il n*a
pas eemmuniqoé les raisons qui ont guidé ce diagnostic. Il dit seulement qn'O n*a
pas trouvé les symptéMes d'un empoisonnement. Le Jour suivant, il trouva Mtrgoe-
file nsalade, peaa le mime diagnostic» ainsi que pour le tn^isième enfant qol temba
EMPOISON NEH ENT8. -^ OBSERVATIONS . S^i
\ê jour suhrant ; ehex ees deux enflintf également il dit n'a^r pas remarqué
4e phénoanèiMs d'empoiionnement. Ghes Marf uerite le doetecr L. . . neta de YanoU"
ffisiememtt des convuUiofUy des vomistemenU^ de la fièvre : ces deux enfants meu*
lurent également au bout de peu de temps, il leur avait administré du calomel et
des sangsues. Un autre médecin, le docteur F.., vit également Marguerite et Htr-
mann, il trouva la fllle atteinte de vomissements^ de diarrhée, de fièvre , d'assou-
piamnêHt, le ventre aplati et douloureux^ la pupille dilatée, le garçon avait surtout
des vonUstements. Le docteur F.. . fut d'avis que les enfants avaient été empoi-
semiéa par le poison appelé» poison des saucisses ».
Le père déclara /)u'il avait observé chez sa fille Aima, déjà le 9 mai, de l'assou-
pissement et une tendance à laisser pencher sa tète. Dans la nuit du 2 au S mai, elle
devint très inquiète, demanda souvent à aller à la selle et hut beaucoup. Le lende*
main nutin elle avait les yeux hagards, elle n'avait pas toute sa connaissance, pas
d'appétit, elle faisait craquer ses dents et le soir elle mourut. Le soir du 3 mai il
•bsenra que Marguerite était très pâle ; elle vomissait, mais cependant elle dormit
bien ; le lendemain on s'aperçut que l'enfant avait eu de la diarrhée pendant son
sommeil. Vers les sept heures elle eut de violentes convulsions qui durèrent un
quart d'heure, on envoya chercher le médecin. Après le dîner elle eut encore quel-
qaaa vomissements et de temps en temps l'enfant perdait connaissance. Dans la
nuit du 5 an 6 l'enfant mourut. Le i mai, le garçon Hermann ne voulait pas man^
pmeomuomk l'ordinaire. Il paraissait avoir d0 ki fèvre. Sas yeux devinrent hagards^
i f «at dêê vemisaeoaenta et dea aonvulsions, le 5 au matin l'enAint mourut. ij«
T dm BièaM mois nous llaMa les autopsies dont voiei les résultats essentiels :
1. Akism. Im langua itait blanchâtre, non ulcérée, las yeux très profoBds, If
cadavre était eneora /irais; l'estomac à l'extérieur était comme à l'ordinaire, pâla,
à l'iaftériaur il cootaoait 30 grammes d'un mueus vert jaunâtre, le grand cul-dar
«ac était coloré en rouge brun, le reste de la muqueuse était coloré en vert; on oa
Irouva de grains d'arsenic ni dans l'estomac ni dans le duodénum ; il n'y eut l4
iniaBamation, ni ulcération de l'estomac, tous les intestins étaient pâles et vides,
la p^rit-Aiw n'était pas rougi , la vessie était vide ; le foie, la rate, les raÎM
étaiaoi anémiques], la veine cave ne contenait que peu de sang , les pouraooii
étaiaBt pâles et anémiques, le cœur contenait à droite une certaine quantité da
iêeg épaîa et écumeux, il y en avait moins à gauche. La trachée et le larynx
mlinairnl iin f rn rt'érumr sanguinolente, les grands vaisseaux avaient peu de sang,
r«iap^age était vide et normal, la pie-mère et le cerveau renfermaient la quantité
de tuif Aormale, laa siaus étaient très remplis de sang fimcé et épaik.
//. Bmwam, 14 langua blanchâtre, non érodée, les yeux profonds, le cadavra
Irais. L'aaiMaac et ]» duodénum pâles, le contenu de l'estomac était 30 grammes
es liquida muquaax» vert-clair, mêlé de lait coagulé. Sur sa muqueuse il n'y
avait ai graiiVy ni cristaux, ni rougeur, ni aucune trace d'anomalie. Le foie,
Is râla, laa raiitt exsangues , le péritoine non rougi, la vessie vide, l'intestia pjMa;
«t vida» la vaiaa cave remplie da sang Coocé et épais, dans loua le« orgaaaa da la
psilriBa aaéaiia « la traabéa-artâra et la hirynx vidas et sains, la muqueusa da r#-
312 PARTIE THANATOLOGIQUE.
sopbage présenUit une i^jeclioo peu pronoaeéa. La dure-nèc» ti li piMièn , ^
étaient vi»ibleaient remplies de sang ; le cerveau non anémique, les siani très \ ^r
remplis. r^
UI. Marguerite. Les yeux très profonds, les pieds tournés en dedans , pco-
btUMnent par suite des convulsions ; le cadavre avait déjà le ventre verditre ;
l'estomac et le duodénum très pâles à l'extérieur contenaient 4 grammes de Utioide :
blanc, muqueux. La muqueuse était plissée; au cul-de-sac se montrait une roogeor «.
diflbse de 3 centimètres de diamètre, on n'y voyait ni grains d'arsenic, ni ulcères; ^
le péritoine était normal, tous les intestins pâles et vides; le foie, la rate et les «
reins étaient anémiques, la vessie était pleine, la veine cave contenait une certaine ^
quantité de sang foncé et épais, les poumons n'avaient que peu de sang, les grands
vaisseaux étaient normaux. Le liquide du péricarde était sangoinolent, le cobur
contenait un peu de sang, la trachée-artère et Tcesophage étaient vides et nor-
manx, les méninges étaient remplies ainsi que les sinus , le cerveau égalemeol
contenait beaucoup de sang.
On fit l'analyse chimique du pain et de la viande hachés dont les en&nts avaiaol
mangé une partie ; on y trouva des traces évidentes de vomicine.
Dans l'estomac des trois cadavres, on ne trouva ni de la vomicine, ni du phos-
phore, ni de l'arsenic. Tels sont les empoisonnements ! comment les juger ?
Nous déclarâmes dans notre rapport : « Les symptômes de maladie que l'on a ob-
servés chez les trois enfants sont analogues, car ce sont surtout des symptôme»
d'affections cérébrales, vomissements, diarrhée, convulsions. Ces symptômes sont.
en même temps ceux des inflammations cérébrales des enfants et ceux des empoison
nements parles substances corrosîves, surtout l'arsenic. On les observe aussi aprè^^*
l'ingestion du poison de la voix vomique (brucine et strychnine), mais cela es— ^
moins certain car ces deux substances sont peu connues comme poisons, n es" -"^ ^
cependant avéré que le poison de la noix vomique produit des convulsions et de=^ -^
vomissements.
» Comme les symptdroes qui ont été observés ches les trois enfknta, ont été le '
mêmes et ont été suivis de la mort en très peu de temps, il est probable qu'u^*"
seul et même poison a produit ces désordres dans les trois cas. Que si l'o^ ^'
prétend qu'il a pu y avoir choléra asiatique ou inflammation cérébrale, nous répoim '
drons qu'il est invraisemblable que la première de ces maladies, qni n'eti pas ^
l'état d'épidémie s'attaque ainsi aux trois frères et sœurs d'une même fiimille:
quant & la seconde qui n'est jamais épidémique, c'est pour ainsi dire impossible.
» Les autopsies des trois cadavres n'ont donné en général qu'un résultat négatif,
aucun organe n'a offert une altération notable ; nous ne tenons paa compte des
liquides rouge brun et rose qui ont été trouvés dans les estomacs d'Alma et de
Marguerite, et qui ne sont autre chose que des produits de putréfaction. Il n'y avait
ni inflammation, ni ulcération de l'estomac, on ne peut donc pas nier que les dissec-
tions n'ont donné aucune preuve d'empoisonnement. D'un autre côté on sait que des
empoisonnements par l'arsenic sont souvent impuissants à produire des résultats
sur le cadavre, si le poison a été absorbé rapidement. Il en est de même pour la
EM P0IS0NNBME1«TS. — OBSERVATIONS . SIS
Mrieine et la strychine encore peu connues, poisons qui sont dynamiques dans
«le la force du terme, c'est-à-dire qui tuent par leur action physiolof ique sur le
itème nerveux. Donc les résultats négatifs de l'autopsie n'infirment ni ne conAr-
0iit l'admission d'un empoisonnement. »
Les résultats de l'examen chimique furent : ^
1* Le pain et la viande hachée dont les enfants ont mangé, ne contenaient ni
Maons métalliques (arsenic), ni phosphore.
S* Ces corps contenaient de la vomicine, ce qui permettait de conclure qu'il y
rail ea de la noix vomique.
S* L'estomac d'Alma ne contenait ni poison métallique, ni phosphore.
4* L'estomac de Marguerite ne contenait ni poison métallique, ni phosphore ;
I a trouvé du mercure et de l'oxyde de zinc (médicaments).
S^ De même l'estomac de Herman.
•* Il n'y avait pas de vomicine dans l'estomac des trois enfants.
7* Une seconde expertise, du 28, a montré que le pain contenait des traces d'ar-
snie et pas de vomicine.
«Gonaidérant que le poison préparé contre les rats (pain et viande) dont les
ifinU ont mangé, contenait et de l'arsenic et de la vomicine ; que les trois
iteU ont présenté des symptômes de maladie tels qu'on les observe après les
Msoos nommés ; que ces symptômes se sont présentés chez les enfanta à court
ienralle ; que cela n'a pas lieu dans les maladies internes non contagieuses ;
le CM maladies ont promptement été suivies de mort, que les cadavres deseofiants
it'yréaenté des phénomènes qui ne s'opposent pas à l'admission d'un empoisonne-
eai ; que l'absence de poison dans les eadavres ne permet pas de conclure qu'un
■poiaoonement n'a pas eu lieu, puisque les poisons nommés sont mortels même à de
titea doses et ont pu être évacués par les vomissements et la diarrhée ; eoaaklé-
■1 toates ces circonstances, nous conclûmes que les trois enfants ont été empoi-
flnéa. »
On. 211, 2t2, 213 et 214. — Quatre empoisonnements par la cotchicine.
Qoatre cordonniers , Schonfeld , Millier , Rabisch et Them, volèrent le
H ftvrier 18^ une grande bouteille de teinture de semences de colchique, et
■«fHit que c*était une liqueur bonne à boire ils en prirent chacun un demi-verre,
ihonfeld mourut le soir même après avoir eu de fortes diarrhées ; Millier mourut
St au soir après avoir vomi et avoir eu des diarrhées, mais ayant conservé toute sa
Mudasance ; Rabisch mourut le 22 au matin, et Them, le 22 à midi, avec des
npldmes analogues. Les quatre autopsies furent faites le 23, les cadavres étaient
très frais.
S1 1 . Schonfeld, âgé de trente ans. L'estomac était tout à fait rempli d'un liquide
acîde ; sa muqueuse montrait un aspect uniforme rouge écarlate sans
> iiÔeclion. L'intestin grêle, rempli du même fluide, présentait à l'extérieur
NHaa tâches roses, ainsi que le foie, la rate, le paœréas, l'épiplooo, le
el la veasio ; l'urine avait une réaction acide, la vésicule du Ael
SI A PART» THÀNATOLOOfQUB.
Tkto. Lêf reiiu hypérémiquet » la vdîna etve remplie de liiif épaîi , 9mà ,
reufe oertie. Da sang de même oeiore remplimit le c«or droit, le eèU fitihe
ne eenteneit que peu de sanf aiiwi que les poumeni et les fraude riiiaeeui ; r«M-
phage était sain et vide ainsi que le larynx et la traelié»>artère, lee màtàÊpÊ, lu
sin«s et la substance du cerveau étaient bypèrémiques.
212. MUllery &gé de quinxe ans. Les yeux étaient profonds ; les vaisseaux de
la petite courbure de Testomac étaient remplis, & l'intérieur, restomae était cooh
plétement rempli d'un liquide acide, sanguinolent ; la muqueuse était pâle, b
paroi postérieure était couverte de petites tâches pourpres, le foie anéraiqoe, b
vésicule biliaire très remplie ; la rate, le pancréas, Tépiploon et les raésentérei
étaient normaux, les reins bypérémiques, les intestins normaux et vides, la vesiie
remplie, Turine acide, la veine cave remplie de sang épais, foncé, rouge eerise.
Les poumons normaux, le cœur très rempli à droite et & gauche, la trachée et Fo-
sopbage vides et sains ; l'hypérémie du crâne existait comme dans la cas précé-
dent.
fis. Rabimkj âgédeseiseans.Les yeux profonds, l'estomao rompK d*M liquide
javne aeide, son extérieur et son intérieur normaux ; à Teuvertore oardia^ie II
muqvense se détachait liicilement ; la vésieule biliaire était remplie, le foie, k nàê,
répiploon, le pancréas normaux; les reins hypérémiquee, la vessie Irèe remplie,
farine aeide, les intestins vides, la veine cave ascendante remplie de seag fMii
d'un rouge brun, les poumons modéréaseot remplis de sang; le péricarde se cee-
tenait pas de liquide, le emur droit était rempli de sang plus que le tmmi gas-
ebe ; les gros vaisseeux étaient fortement remplis, rossophage était nomal, Is
trachée et le larynx vides, les méninges gorgées de sang, lee sinus et reaeépbali
égaleasent.
214. Them , âgé de quarante ans. Les yeux affaissés, Testomac extérieure-
ment comme intérieurement normal et plein d'un liquide acide comme du lait
coagulé ; les vaisseaux étaient rempUs, les intestins pâles et vides , la vésicule
biliaire pleine ; la rate, le pancréas, l'épiploon, les mésentères , le foie nor-
asaux , les reins bypérémiques , la vessie normale i BMitié reaDplie d'vine
aeide ; les poumons oedémateux, le péricarde sec, le coeur a gauche p«u rem-
pli, à droite gorgé de sang, l'œsophage, la trachée, le larynx normaux et vides,
la cavité crânienne hypérémique comme dans les cas précédents.
L'analyse chimique prouva l'existence de la colchique par toutes les réactioui
qui sont propres i cette substance.
Obs. 215. — Empoisonnement par la souiie hydratée.
La flUe A... fût accusée d'avoir lait une tentative d'empoisoimenieot a«r
son enflmt âgé de trois ans. Le témoin 6... vit vomir Tenbnt paedMil leag*
tempe sans interruption, et avoir des accès d'étouffement. Il s'était apirt» avec
éleimement « que la pea« des lèvres était déUehée , que les ergmiM
RMPOISOmiBlf BUTS— OBSERVATIONS . 315
de k viaade cme , et ifue l'eufMt ne peevirit preftfer mit
pertie». Lb ienëeniim le docteur H... trouva la nuiqoeiite deo lèvret rougie^
l'aeeuaée prétendait que l'enteiit s'était ocoaiionné le mal Im-méBie en léchant le
bencheo de la bouteille contenant du poison ; nous eûmes à jufer cette dépositie*
et a examiner le contenu de la bouteille, comparativement aux taebes des habita
de l'eaûint.
Le eentenu de la bouteille était d'un jaune brun et avait une réaction
très alcaline, détruisait Tépiderme des doigts, avait une odeur de lessive. Traité
par le chlorure de platine et l'acide tartrique, on vit qu'il ne contenait pas de
potasse, cependant, chauffé au chalumeau, on trouva de la soude ; ce liquide conte-
nait aussi de l'acide carbonique, chlorhydrique, sulfurique, de la chaux, de l'ar-
gile et do alliée ; dooe c'était ce que l'on appelle de l'eau de lessive, c'est-à-dire
eue dinaelstioa concentrée de soude hydratée et un peu carbonique mêlée de tels
Mvtres* Les tachée des vétamenta étalent enduites d'une poudre blanchâtre que l'an
lecneiHH eveo de l'eau distillée, et que l'on éprouva avec le papier de tournesol,
ésa eeidee, duchlorura de platine, etc. On y reconnut une solution de carbonate de
isade ; on pouvait donc adaMttre avec une très grande vraisemblance que ùê$
taches atvaient été fiûtes par de l'eau de lessive dont la soude s'était combinée avee
Tseide onrbonique de l'air. Nous déclarâmes qu'on ne pouvait pas admettre tue
Vmbmi cAt senlemeat léché le bouebon, puisque les symptômes de la maladie
preendeat que le liquide caustique était parvenu dens l'estomac ou au moins
km» rcMOfdiefe.
Hous eûmes à foire une autre autopsie après un empoisonnement aocideoM
par la soude hydratée. Un homme de soixante-trois ans avait bu un soir dans
i*obaeurité 160 à 200 grammes d'une dissolution de soude au lieu de bière.
Il n'avait ressenti d'abord qu'une forte brûlure dans l'arrière-bouche. On lui donna
suite beeocoup d'huile d'olive, puis du lait, et il eut de grands vomissements,
médecin appelé mit des sangsues au cou. Les Jours suivants il y eut des selles
, plus des vomissements, et des douleurs dans la région stomacale,
trais jours des symptômes de pneumonie se manifestèrent, et le samedi matin
<Be malade BMNurut.
11 resta dans ude chambre chauffée» et nous trouvâmes, trois jours après, la putré*
ftctien aises avancée, surtout au ventre et aux organes génitaux. Le sang du
cadavre n'avait pas une réaction alcaline, mais il avait une couleur spécifique d'un
rouge brun sale, presque comme du vin de Malaga. 11 y avait anémie générale
(excepté anx poumons), anémie qui s'explique par la putréfaction, mais le sang était
coagulé en grande partie, nous ne pûmes faire un examen microscopique du sang
le jour même ; il ne fut fait que le lendemain : nous vîmes les globules détruits,
BKs ayaat encore conservé leur matière colorante. L'analyse cliimiqoe montra que
le saaf était neutre, la réaction un peu alcaline pouvait être attribuée à la putré»
betiMi. La traebée du cadavre, bien qae d'un brin chocolal par suite de la putré-
fcetiea, latowit pourtant voir des traces d'inflammation à sa partie supérieure, eHe
teH ^Ide, Isa deux poumons étaieiit très hypérémiques et très œdémateux, à droite
il y avail hépitlsation réeente du lobe supérieur. Le cerar , flasque, oentenaH q«el>
316 PARTIE THANÀTOLOGIQUE.
ques caillots d'un rouge brun ; les lèvres, la langue, le pharynx et l'asopluige le
montraienl aucune anomalie. L'estomac n'était |M8 ramolli ni perforé, et ae pré-
sentait extérieurement que les couleurs de la putréfaction. A l'intériew, b mi-
queuse était partout tuméfiée, le cul-de-sac était parsemé de bulles de putréfie-
tion, on pouvait encore distinguer des injections arborescentes et la coukor
écarlate de Tinflammation. Le duodénum ne présentait aucune trace d'inllammatioo.
Le foie et les reins étaient d'un rouge gris, provenant probablement de la oovlev
particulière du sang.
Obs. 216. — BmpoUonnement par Valeooi,
Un homme de quarante ans, profondément ivre, tomba mort tout i coup.
Quatre jours plus tard, nous fîmes l'autopsie. Il y avait encore rigidité cadaié-
rique, ce qui était très extraordinaire ; le cadavre était très frais. Il y avait chtir
de poule sur tout le corps, et la langue était entre les dents. La dure-mère était
très injectée. Une exsudation blanchâtre gélatineuse enduisait le cerveau, ce qoe
Ton trouve souvent chez les gens adonnés aux boissons alcooliques. Les vaisietox
de la pie-mère étaient très remplis ; sur l'hémisphère droit il y avait une extran-
sation de sang liquide ; le cerveau, le cervelet, les plexus, les sinus n'offraieol
aucune anomalie. Les cavités crânienne et thoracique avaient une odeur très semiliie
d'alcool. Les poumons contenaient la quantité normale de sang, les grands vais-
seaux également, le sang était foncé et liquide. Le cœur était exsaïqfue. La véie
cave était gorgée de sang foncé et liquide.
Obs. 217. — Empoisonnement par Valcook
C'était également un homme de quarante ans qui mourut dans la rue en étal
d'ivresse.
Ce ne fut que sept jours après la mort, au mois de décembre, & une température
de zéro degré, que nous fîmes l'autopsie. Il présentait à peine les premières traces
de la putréfaction. Il y avait aussi dans les cavités du crâne et de la cavité thora-
cique une faible odeur d'alcool ; une hypérémie considérable du cerveau sans hé-
morrhagie avait été la cause de mort ; le cœur n'était pas si anémique que dans le
cas précédent, mais le sang était foncé et liquide. Le reste de l'autopsie n'était pas
remarquable.
Obs. 218. — Empoisonnement par V alcool.
Un homme de vingt ans, mourut dans la rue dans un état d'ivresse profonde ;
son autopsie fui faite neuf jours après sa mort, par une température de plus de
6 degrés. La fraîcheur du cadavre et la rigidité cadavérique qui existaient encore
aux quatre membres étaient très extraordinaires. 11 y avait encore des restes du
thymus ; les membranes du cerveau et les sinus étaient hypérémiques, le sang était
ioncé et liquide. Les poumons étaient très remplis de sang, le cœur et l'artère pul-
EMPOISONNEMENTS. — OBSERVATIONS. S17
«Met. Le foie conlenait une quantité de sang normale, dans l'estomac à
MBpli on sentait une odeur d'alcool. La vessie était pleine ; la Yeîne cave
fée de sang.
Obs. 219. — Empoisonnement par V alcool,
maae de quarante-deux ans rentra chez lui dans un état de profonde
fl se coucha et hientdt après il mourut.
iptie fut faite trois jours après, au mois de septembre, à la température
le iO degrés Kéaumur. Le cadavre était encore frais. Les résultats essen-
Tautopsie étaient : anémie cérébrale, odeur sensible d'alcool dans la poi-
dème des poumons, le cœur droit, surtout l'oreillette, était gorgé de sang
Bfolé, de sorte qu'il avait la grandeur d'une petite pomme. Le ventricule
Bontenait moins de sang, Toreillette gauche était vide ; l'artère pulmonaire
^fée de sang foncé à moitié coagulé. L'estomac était rempli d'eau ; tout le
Jt normal.
Obs. 220. — Empoisonnement par V alcool.
MBme de vingt-six ans, d'un tempérament vigoureux, rentra un jour ehes
un état d'ivresse profonde et fut trouvé mort le lendemain matin,
s examiner le cadavre encore longtemps après la mort, quoiqu'au mois
ttr, la température était toujours de plus de 2 à 5 degrés Réaumur avec
la ouest et est. Néanmoins le cadavre resta frais jusqu'au neuvième jour,
e fut qu'au dixième jour que se montrèrent des colorations vertes sur le
Biième jour nous fîmes l'autopsie. Toute la tète était rougie par des livi-
idavériques, la langue éfaût étranglée entre les dents, il n'y avait aucune
m putréfaction, mais non plus aucune odeur d'alcool. La dure-mère et la
re étaient hypérémiques, pas les sinus ; aucune extravasation dans le erâne,
• poumons un fort œdème cadavérique, le cœur droit était gonflé et rem-
•Df foncé et liquide dont les globules regardés sous le microscope furent
normaux ; le cœur gauche presque vide, les grands vaisseaux gorgés de
L'estomac contenait beaucoup de chyme, la vessie était pleine comme après
es compressions du cerveau.
181 . — Déterminer s'il y a empoisonnement par une substance narcotique.
ère d'un homme de quarante-quatre ans laissa un héritage de 1 5000 écus et
nnent dans lequel il donnait sa fortune aux enfonts de son fils. Celui-ci était
ifeia sujet et non encore marié à l'époque de la mort de son père. Le 20 avril
B fils ftit atteint d'un soi-disant tétanos, et sa maltresse, âgée de dix-neuf
■ii que la mère de celle-ci avec lesquelles il vivait, se procurèrent une attes-
Médicale, disant qu'il était mourant; là -dessus, comme les lois l'autorisent,
lefe sfi exfremjs eut lieu avec cette fille. Le joiu* suivant, le 21 , le nouveau
M tnaupotié à l'hépital comme atteint de deliriwn tremens; on M admi-
320 PARTIE THANATOLOGIQDS.
liquide. 11 n'y avait nulle part, ni diot Testonuic, ni danale tube di|;e*tif, d'acckj-
moses. Lea poumons élaient fortement remplis de sauf, le cœur droit contsuilèi
sang foncé, le gauche était vide. Dans chaque plèvre se trouvait une ciiOarée de
sérum. Le thymus était encore très grand. La muqueuse de la trachée-artère étût
rouge, les méninges étaient injectées, les sinus remplis et le cerveau conieaail
plus de sang qu'à l'ordinaire. L'analyse chimique de Testomac et de son eonteou
ne montra aucune substance minérale vénéneuse. Quant à rempoisonnement losp-
çonné de ciguë on déclara que l'ignorance des antécédents ne permettait pii de
juger la question, car dans l'estomac on ne put trouver de restes de plante, et la
chimie ne possède pas de moyens de trouver dans le corps le poison de la cipi
quand la digestion a été faite.
CHAPITRE IV.
ASPHYXIE.
SI. Oéoéralités.
La mort par asphyxie est un empoisonnement produit pour mi
dire par une intoxication négative; l'oxjgëne de l'air atmosphé-
rique faisant subitement défaut au sang, celui-ci ne peut plus entre-
tenir la vie du système nerveux. Si tout le système nerveux esi
paralysé subitement, il y a une neuro-paralysie dont le scalpel de
Tanatomiste ne retrouve aucune trace sur le cadavre si les systèmes
nerveux des poumons et du cœur seuls sont paralysés, la circu-
lation est arrêtée, et on trouve à l'ouverture du cadavre la preuve de
cet arrêt de la circulation. Les asphyxies ont lieu ou par une action
mécanique ou par une action dynamique.
L'asphyxie est produite mécaniquement lorsque les organes de la
respiration sont altérés ou détruits de manière que les poumons ne
peuvent plus faire leurs fonctions, ainsi toutes les blessures graves du
thorax produisent une asphyxie de cette sorte, Técrasement d'une
voiture, la chute d*un corps lourd sur la poitrine, l'écrasement dans
une foule, remballage violent d'un nouveau-né dans une caisse, ou
la pression du corps entre des matelas, la pression du nés et des <
lèvres des nouveau-nés pendant ou après la naissance par les cuisses^
ASPHYXIE. — DIAGNOSTIC. 321
^Q d*autres parties de la mère, récrasement des petits enfants la
loit par leur nourrice, enfin les écroulements, les éboulements peu-
ent donner lieu à cet arrêt de la respiration; le diagnostic est alors
rdinairement facile, car, outre les symptômes de l'asphyxie, on trouve
68 blessures à rextérieur. L'asphyxie peut être encore mécanique
>rsqae la mort est le résultat de la conslriction des voies aériennes,
ar exemple de la pendaison, de la strangulation, ou bien est produite
ir suite de la fermeture des voies aériennes par un corps étranger
aelconque (1). Le diagnostic de ces divers genres de mort sera
xposé dans les chapitres suivants. Ces corps étrangers sont alors
rouvés dans les voies aériennes du cadavre, ou bien on trouve dos
races de réaction sous forme d'égralignures, blessures, ecchymoses,
|ui, jointes aux symptômes généraux, prouvent indubitablement quil
a eu asphyxie.
L*a$phyxie est produite dynamiquement lorsque, sans qu'il y ait
n obstacle à l'entrée de l'air dans les voies aériennes, le sang est
lour ainsi dire empoisonné parce que l'oxygène cesse de le régénérer,
e qui amène promptement une paralysie du système nerveux. C'est
:e qui a lieu lorsque des corps irrespirables peuvent seuls entrer
lans les voies aériennes.
Ces différentes espèces d'asphyxie donnent les mêmes résultats sur
le cadavre.
§ 2. — Diagnostic.
Les symptômes cadavériques que présentent les asphyxiés sont dif-
f&ents selon quo la mort a eu lieu par neuroparalysie ou par hypé-
Kfniie des organes do la poitrine ou de la tôle, selon que la -mort a eu
ieu pendant l'expiration ou pendant l'inspiration ; dans ce dernier
M les poumons sont toujours beaucoup plus remplis de sang ; selon
individualité, tantôt le sujet est naturellement hypérémique, tantôt
n contraire il est anémique, et enfin selon que la mort par asphyxie
[ ea lieu subitement ou lentement.
L'homme est asphyxié subitement dans la plupart des cas de pen-
(I) Je dis corps étranger, car je ne crois pas à la possibilité d'un suicide produit
l'iclMn d'av.iler sa langue.
tu 21
3*22 PAliTIE TIIANATOLOGIQUK.
liaison et île strangiilution, très souvent dans In submersion; ilesl
asphyxié lentement lorsqu'il ne peut inspirer que des gai imspin-
bles, surtout ce qui est le plus fréquent, la vapeur de charbon, ou lors-
qu'un éboulement accidentel Tensevelit dans un espace où il ni
pas assez d'air respirable, quelquefois dans la submersion, enfin
dans tous les cas où les poumons reçoivent encore pendant quelque
temps de l'air atmosphérique plus ou moins pur. En mettant de
côté les variations accidentelles ainsi que la neuroparalysie, les
résultats de l'asphyxie, que nous allons décrire j sont tout à fait carac-
téristiques et il n'est pas difficile de les constater sur des cadavres frais.
l"* La rigidité cadavérique a été niée après la mort par asphy
xie ou du moins a été prétendue très courte; j'ai déjà démontra
(page 22) que cette théorie était complètement erronée. Elle a li
dans les mêmes conditions et avec la môme durée que dans to
autre genre de mort. (Voyez les observations).
2'* Quant à la chaleur^ elle reste proportionnellement plus Ion
temps qu'après les autres genres de mort (voyez {lage 12).
S"" La fluidité extraordinaire du sang se rencontre après tous 1
genres d'asphyxie sans exception, mais elle se rencontre aussi ap
quelques autres genres de mort, tels que les fièvres putrides, I
empoisonnements par substances narcotiques. Cette fluidité du san-^
donne lieu à des phénomènes auxquels on a donné de fausses expli-
cations; par exemple, lorsque le sang est fluide, on trouve de petift^
points sanguins nombreux en découpant le cerveau par couches; ces
points sanguins peuvent provenir de la fluidité du sang et non de
l'état hypérémique de l'organe, de même aussi le sang coule quand on
scie le cerveau, symptômes que Pyl regarde comme caractère delà
mort par submersion, tandis que cela se voit chez tous les cadavrei
dont le sang est très liquide ; du reste, je ferai observer que^ malgré
la consistance liquide du sang, on trouve aussi chez les asphyxiés
quelquefois des coagulations dans le cœur.
It La couleur foncée du sang, produite parce que le sang se
trouve rassasié d'acide carbonique chez tous les asphyxiés. Quelque-
fois cependant dans les aspliyxies parla vapeur de charbon, on trouve
ASPRYXIR. — niACNOSTir. 2'2^
utôt au sang une couleur rou{i;e cerise (obs. 249). Dans lous les
I9 la perception des couleurs el des nuances est trop individuelle
«r qu*on puisse la considérer comme une base solide de diagnos-
î— Une connaissance plus exacte des différents composés de
lémaline donnera peut-être plus tard des renseiperoentsplus précis.
5* Hypérémie des poumons (apoplexie pulmonaire). C'est là un
linomène qui se rencontre souvent, mais, ajoutons-le, qui peut
■nquer. Ordinairement les deux poumons quelquefois l'un plus que
mire sont remplis par le sang ; l'hypostase sanguine des parties
ielives produite après la mort ne doit pas induire en erreur. (Voy.
. 17.)
0* Il y a hypérémie du cœur droite tandis que le cœur gauche ne
Hitient ordinairement que peu ou point de sang. (Pour juger exacte-
lent ce que contient le cœur, il est nécessaire de l'ouvrir avant les
CNiaions.)
7* Varlire pulmonaire est également remplie de sang.
8* Il y a quelques années j'ai déjà attiré l'attention sur un résuU
^ très important que j'ai trouvé après les asphyxies souvent chez les
HNifeaa-nés (voy. les obs. 233, 235, 230, 2A0, 242), deux fois chez
taadalles(voy. obs. 270, 285), et deux fois chez des garçons de six
i dix ans asphyxiés par la fumée (voy. obs. 259 et 260) , que d*au-
ires observateurs ont trouvé depuis (ROderer, Blichaeiis, Bayard
Biaaeiaer, Weber, Hecker, Hoogeweg, Tardieu, Hascbka, Schwariz
Il avires) : ce sont les ecchymoses des capillaires qui ressemblent
biMiciNip aux pétéchies, elles se rencontrent sur la plèvre, sur l'aorte^
I la surface du cœur, même au diaphragme, et ont l'aspect de
pHNtes de sang qui auraient éclaboussé ces parties. Nous avons vu
OIS ecchymoses particulières chez des enfants qui étaient indubita-
UsfliMit mort-nés, je les ai même trouvées sur des fœtus se trouvant
iMore dans Futérus avant Taccouchement ; sur un fruit de huit mois
loDt la mère enceinte s'était pendue ; chez un fruit de sept mois dont
la mère était morte d'apoplexie après une maladie de quatorze heures.
Las poamons da premier de ces deux fruits n'avaient jamais respiré
elataient au bord inférieur beaucoup de ces ecchymoses; le second
iràRTIF. TliANATOLOClQUe.
rruit avait égareinent des poumons qui n'avaient puntpS
trouvailaussi des ecchymoses sous-pleurules. pâles mais très évidente.
Hascbka (1) trouva ù la surface des poumuns d'un enTant mort-n^
piitréHé des eccliymases nombreuses de In grosseur d'uue léle A'^^n-
£le. Schwartz (2) en découvrit dans douze cas, Elsaesser, ïlttitT ei
Hoogeweg (3) en ont vu un grand nombre qui se rnpporleraient i ds
eiifiinis niorl-nés. Ces ecchymoses, que ]'ai appelé rcchymonifili-
chîahs, indiqiienl qu'il y a en asphyxie, mais celle asphyxie peiil
avoir eu lieu dans l'utérus ou nprès la naissance, el pourdécidn
cette dernière partie de la question, on trouvera bien assez de don-
nées dans les autres résulkils lie l'autopsie.
Lorsque ces ecchymoses sont produites sur ud enfant encore dins
l'utérus, elles sont causées par suite de l'interruption de la circuli-
lion par le placenta. En effet on a dit avec raison que la respiralifln
n'était autre cbese qu'un cchange de gaz. Holil a appelé le corJun
< h tracbée du fœtus >, et ou a appelé depuis longtemps le placent»
f les poumons du fœtus >. Lorsqu'une lésion quelconque se trouie
au cordon ou au placenta, ou lorsque la femme enœinte vient i mou-
rir, l'enfanl fait des eiïorls instinctifs pour continuer sa \ie respira-
toire, de là des congestions et des ecchymoses que l'on retrouve sur
des enfants qui ne sont pas sortis de I'uIltus.
Les quatorze observations de llecker et les observations de
Hoogeweg sont très importantes, car les enfants étaient morts certai-
nement avuQt leur naissance, ils présentaient tous les signes de
l'HSphyxie ainsi que les eccbymof es pétéchiales sur le cœur et les pou-
mons, el avaient donc été suiïoqués en faisant des efforts instinctifs dans
l'utérus. Schwarlï (lac. cil.) a répété les expériences de Winslow et
(le Béclard sur des lapines pleines, il a fendu l'utérus et a observé ce qui
te passait dans l'œuf. En comprimant seulement les artères ulérines
par la contraction des muscles, les fwlus ouvraient et fermaient la
(I) Prager Vierle'jahrachrifi, 1858, p. 90.
(3) Die vomiligm ÀthembeweguBgen. t-cipiif, 1858.
(3) Vsrhondl. d. geburtih, GesellKhap. R«rlin, 18^8. diliier 7 cl ma tWM-
jaknicSrift, 185», I, p. iO.
■»'•
■^ C
1
ASPHYXIE. — DIAGNOSTIC. 325
lioucliael scalevaieot très vite les parois do thorax , puis ces efforts
devenaient de plus en plus Taibles. On trouva après ces essais instinc-
tib de respiration c les signes réels de l'asphyxie par submersion : le
tUBOfy surtout les oreillettes très remplies de sang foncé et liquide, les
arlères et veines pulmonaires remplies de sang, dans les voies
aériennes un liquide qui était vraisemblablement l'eau de l'am-
nios. . De même , chez des enfants mort-nés ou morts immédiate-
ment après l'accouchement, presque toujours on trouva un liquide
aqueux dans les voies aériennes ». Nous reviendrons sur cette ques-
tion d'ecchymoses pétéchiales en parlant du vagissement utérin.
U" Un signe très caractéristique de Tasphyxie que la plupart des
auteurs ne mentionnent pas ou dont ils ne parlent que dans les cas
de submersion, c'est celui que présentent le larynx et la trachée. On
trouve Qfris toutes les asphyxies la muqueuse du canal plus ou
moins injectée d'une couleur rouge vermillon, depuis l'arborisation
jusqu'à l'injection uniforme ; ce phénomène ne s'observe pas dans les
cas où il y a eu neuroparalysie, car alors la mort a eu lieu avec Isi
titesse de l'éclair et elle a laissé le sang dans le statu quo. Cette colo-
talion rouge vermillon delà muqueuse ne doit pas être confondue avec la
coloration d'un rouge brun sale que la muqueuse revêt par l'imbibition
imtrescente, et que nous avons déjà mentionnée. On a parlé souvent
d'une coloration sale de la muqueuse trachéale après la suffocation
flans Foxyde de carbone, mais on a évidemment pris celte imbibi-
lion putrescente pour un phénomène spécifique ; la précipitation de
charbon que l'on cite également ne s'observe que dans les cas d'as*
pbjxie par la fumée, et non dans l'asphyxie par l'oxyde de carbone. Ce
dernier gaz s'il est pur ne produit jamais une coloration noire dans la
trachée, tandis que la fumée la produit toujours (voy. obs. 257, 260).
De plus on trouve généralement plus ou moins de liquide dans la
trachée, ce liquide consiste en mucus et sang mêlé avec de l'air
sous forme d'écume plus ou mois épaisse qui peut remplir tout à fait
la trachée; quand la putréfaction est avancée, le gaz qu'elle déve-
loppe pousse ce liquide et le fait sortir par le nez ou par la bouche
du cadavre. La quantité plus ou moins grande de ce liquide dépend
320 rAKTin: thanatologique.
de la rapidité avec laquelle Tasphyxie a amené la mori; lor^ieeeU«
mort a eu lieu trèa vite, par exemple chez lea pandas, on en troau
moins, mais si elle a lieu lentement, comme cbex les asphyxiéi fir
la vapeur de charbon ou chez les noyés, on troafe une ^oanlilé de
liquide écumeux beaucoup plus considérable. Du reatei il lîiutivrair
que quand on ne trouve pas ce liquide écumeux dans la trachée
elle-même y on le trouve très souvent dans les bronches ou ktfi
ramifications ; il est facile de s*en convaincre en exerçant une légife
pression sur les poumons ; on voit alors monter cette écume josqse
dans la trachée. Cette méthode que nous avons indiquée a été adoptée
dans le c règlement >. Néanmoins nous ne voulons pas établir une
règle absolue, car il y a des cas où la trachée-artère reste vide pir
exception. Enfin on peut trouver dans la trachée-artère des eori»
étrangers de toutes espèces : de la vase, du sable, des Aragneoli
de végétaux, des fèces, des urines, quand il y a eu submersion daas
ces substances.
A ces résultats directs se joignent les résultats indirects :
lO"" Vhypérimie des organes abdominaux el des oi^anet eéré-
braux. L'hypérémie des organes abdominaux se voit surtout da»
la veine cave ascendante qui n'a pu vider son contenu daas la
cœur droit déjà rempli et paralysé. Toutes les autres veiMi» lorleut
celles de répiploon et des mésentères, sont hypérémiques. Quant aux
viscères abdominaux, c'est dans les reins que se trouve Thypérémie
la plus constante; l'aspect rouge pourpre de la partie extérieure des
intestins des asphyxiés est aussi la suite de l'hypérémie de leurs
veines.
11'' Vhypérémie de la cavité crânienne. Elle est souvent très
prononcée dans les sinus, dans les vaisseaux des méninges, dans le
cerveau, ainsi que dans le cervelet à cause de l'arrôt du reflux du
sang; c'est alors une apoplexie capillaire jointe à l'asphyxie, mais
cette hypérémie se trouve à des degrés très différents et quelquefois
est peu remarquable.
Les signes que l'on trouve à Textirieur du corps sont beaucoup
moins importants.
AbHlYXIK. — DIAGNOSTIC. 5J27
12"* £f visage des cadavres n*est pas comme on le croit ordinaire-
ment, d*unbleu rouge, tuméfié, les yeux proéminants, cela n'arrive que
dans quelques cas rares; la plupart du temps, au contraire, la physio*
Qomie des cadavres, après Taspbyxie, ue diffère pas de celle des
hommes qui ont succombé à d*autres genres de mort.
13* La proéminence et V étranglement de la langue entre les
dénis, sont désignés partout comme un signe caractéristique de l'as-
phyxie; j'ai déjà dit dans un autre ouvrage (1) que cet étranglement
n*esl pas du tout un signe spécifique de Tasphyxie, car on trouve sou-
vent des cas d*asphfiie dans lesquels on voit la langue à sa place
habituelle, et d'un autre côté Tétrangleroent a été souvent noté après
des genres de mort tout différents, tels que des hémorrhagies, des
empoisonnements, ce que nous avons déjà rapporté dans les obser-
vations qui précèdent. C'est pourquoi on ne doit pas attribuer une
grande valeur à ce signe. Cette observation peut être importante,
lonqoe, par exemple, il s'agit de savoir si une strangulation a été
pnnlaite avant ou après la mort.
i A** Enfin l'écume au bord de la bouche s'observe souvent sur Us
cadavres d'axphyxiés, mais ce n'est pas un phénomène constant, et
''on sait qu'après toute espèce de mort même naturelle, ce symptôme
est journalier, comme phénomène cadavérique produit par la putré-
^ction«
Dnns les cas douteux d'asphyxie par des gax irrespirables, le dia-
irnoslic peut encore quelquefois être complété par l'examen du sang.
Ici il faut rapporter notre découverte de la destruction complète des
globules de sang parles vapeurs diacide sulfhydrique (obs, 261) , il
faudra constater par des observations ultérieures si ce phénomène
constant. Noos attribuons moins de valeur au signe proposé par
H. Claude Bernard (2), qui a observé que, après les empoisonue-
inents par la vapeur de charbon, le sang même après plusieurs
semaines peut reprendre la couleur rouge; comme nous l'avons dit
(t) GerickOkhe lekkenoffnungen, d'^édii., |>. 155.
(2) Leçons sur les effets des substances toœiques, Parif, 1857, p. tSl.
328 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
précédemment, la perceplion des couleurs est puremen indiiidaelle,
et de plus ce phénomène ne se présente pas dans tons les cas. Ce
qui est beaucoup plus important, c*est lorsque Ton trouve dans le
sang les restes du g<iz délétère. M. Hoppe est parvenu i en décou-
vrir dans les quatre cas communiqués plus bas (obs. 250 à 253).
Si Ton mêle du sang défribriné avec un volume égal ou double
de soude hydratée (de 1,8 poids spéciflque), et si l'on secoue,
on obtient une masse noire et visqueuse qui, observée en courlie
mince sur de la porcelaine^ donne une teinte d*un vert brun. Nais,
du sang rassasié par Toxyde de carbone traité de la même ma-
nière, donne une masse coagulée de couleur ronge qui, étendue
en couche mince sur de la porcelaine, a l'aspect rouge vermeil.
Observons cependant que M. Hoppe n*a pas trouvé le sang de nos
quatre cadavres rassasié avec de l'oxyde de carbone , ce qui expli-
que pourquoi le mélange avec la sonde n'a pas donné une nuance
aussi claire que lorsque le sang est bien rassasié de ce gaz. Or, l'as-
phyxie peut avoir lieu sans que le sang soit rassasié, et la possibilité
de sauver un asphyxié semble dépendre du degré de cette carboni»
sation (1).
A l'occasion de l'observation curieuse 261, nous avons fait une
série d'expériences sur les effets des gaz sur le sang. Du sang frais
provenant d'une saignée, fut distribué dans trois verres , à peu près
30 grammes dans chaque verre. Ces verres étaient remplis d'acide
sulfhydrique, de chlore, et d'acide carbonique; ils furent secoués.
Les résultats furent très curieux.
La coagulation ne se fit presque pas dans l'acide sulfhydrique, et
même après huit jours le sang était tout a fait liquide, il avait une
coloration d'encre, et était devenu méconnaissable, le dichroîsme était
très visible sur les parois du verre qui, quand on secouait, devenaient
(i) Virchow. >irc/iiv., 1858, XIII, i, p. 104. Les expériences de M. Lothar
Meyer s'accordent avec celles que nous venons de citer. Il conclut que Teffet
mortel de Toxydc de carbone s'explique parce que chaque partie du gaz arrivanL.
en contact avec le sang dans les poumons, extrait un volume égal d'oxygène, jus»
qu'à ce qu'il reste assez peu d'oxygène pour que la vie cesse.
ASPHYXIE. — DUGMOSTIG. 329
vertes ; les globules étaienllwnnauxy leurs couleurs étaient jaunes,
les bords nets et ronds, le noyau visible; entre ces globules, on voyait
libres de petites molécules noires.
Dans le mélange de sang et de chlore, il se fit tout de suite une
coagulation complète qui persista, sa couleur était d'un vert sale, sa
consistance était celle du goudron; le liquide était tout à fait analogue
au méconium. La couche mince supérieure et la couche qui adhérait
aux parois du verre avaient un aspect bleu sale (albumine coagulé).
Sous le microscope on voyait des globules de sang nombreux, décolo-
rés au milieu d'un slratum amorphe et également décoloré. La par-
tie ressemblant au méconium contenait également des globules de
sang non colorés mais peu nombreux. Leur forme était tout à fait
normale.
Le sang mêlé avec de l'acide carbonique se coagula bientôt, revê-
tit et garda une couleur rouge cerise fanée ressemblant à de la gelée
de cerise. Les globules de sang n'avaient plus la forme d'un disque,
mais étaient ronds, sans dépression, de grandeur normale, colorés en
rouge jaune.
Dans les expériences de Heidenhain sur l'influence de l'acide car<
bonique sur le sang, il y eut une coloration du rouge de sang eu
bmn. Mais il faut remarquer qu'il a observé ce changement de Thé-
mâtine en traitant le sang avec les acides chlorhydrique, sulfurique
et acétique. Comparez les observations de Nasse et de Harles (1), sur
l'influence de l'acide carbonique sur les globules de sang, les expé-
riences de Lehmann sur le mélange du sang de veau avec de l'éther ,
l'acide arsénieux, l'acide chlorhydrique, les acides organiques, la
potasse, le cyanure de potassium ferrure ( dans la Chimie physio^
logique, Leipzig, 1853, tome II, 2* édition, pages 139, lAl).
M. Lehmann dit avec raison que l'on ne doit pas faire des conclu-
sions précipitées à propos des réactions chimiques, il remarque que l'on
a obtenu de nombreuses réactions avec des globules sanguins et des
(1) Wmdgriich. Arohiv. fur phytioi. HeUk, 1857, 1, 1, et 11, p. SSO.
330 PAiiTlK THANATOLOGIUUK.
f:oiDposéift cilimiquesy mais que l'on iimil tort dt les «{ipUqoer aveii-
gléaneot à des pliénomëDes pathologiques et physiologiqiuii. Il w smb
dire que c'est là une manière d*agir tout à fait iausie an médeciae
légale. Nous devons également dire que nos expériences de laélaDge
de sang frais avec les gaz nommés ne peuvent dtre asaimilées
aux procédés de Tinspiration de ces gaz dans les poumons vivants.
Outre la disproportion du gai et du sang dans ces expériences,
j'observerai que l'acide carbonique pur, le chlore, Tammoniaquei etc.,
ne peuvent être respires puisqu'ils causent une occlusion contulsive
de la glotte.
Ce que nous venons de dire permettra de diagnostiquer une asphyxie,
mais seulement lorsque le cadavre sera frais et non encore alteini par
les ravages de la putréfaction. Car si la putréfaction est très afancéei
les bypérémies disparaissent, le sang se décomposant et s'évaporent;
les poumons, le cœur, les veines, etc., deviennent vides, k conlear
chocolat de la trachée empêche de voir les iiyections sanguines, le
contenu écumeux de la trachée est évaporé; aussi est-il souvent im-
possible de déclarer même avec probabilité s'il y a eu asphyxie ou
non.
S 8. — lMtcnaw«f t'il y a fiMile é'as tâcrt.
Lorsque des corps étrangers sont entrés dans les voies aériennes
et ont été la cause de l'asphyxie, il est très rare que le médecin légiste
puisse décider s'il y a eu accident , suicide ou crime, quand , par
exemple, un haricot ou bien un palais artiGciel est entré dans la trachée;
ici, comme dans beaucoup de cas, la combinaison des circonstances
accessoires donnera plus de lumière que l'autopsie elle-même. On
sait que le suicide de cette espèce est tout à fait extraordinaire, aussi
ne devra-t-il être admis que dans des circonstances tout à fait parti-
culières. L'infanticide causé par l'introduction de corps étrangers
dans la trachée est moins rare, mais néanmoins ce crime est ordi-
nairement exécuté d'une autre manière.
L'observation "lli montre quelles sont les grandes difficultés que
Ton peut rencontrer dans le juf^ement. Il en est de même pour les
ASPHYXIE. — ÛBSËUVATIOKS. 3S1
Bi irrespirables. En France, le suicide par la vapeur de charbon est
hte firéquent, tandis qu'il est très rare en Allemagne. L*espèee de
ax, les lieux, les circonstances de la levée, les antécédents du sui-
idé doivent élre pris en considération.
En pratique médico-légale on ne rencontre que des asphyxies par
^ gaz suivants : l'oxyde de carbone et Tacide carbonique qui se for-
lent par la combustion du charbon, Thydrogène, Tazote qui ne sont
as délétères, mais qui amènent l'asphyxie par Tahaence de l'oij*
tee, le gaz sulfhydrique, q«f est très délétère, tue instantanément
aand il est mêlé à Tair à l/800\ L'acide carbonique tue par
les convulsions de la glotte (cet acide se trouve partout où il y a de
inades fermentations) ; le chlore, l'hydrogène phosphore et l'hydro-
rène arsénié, le gaz d'éclairage, l'air des égouts(81 azote, 13 uzy-
^e, 2 acide carbonique et 3 acide sulfhydrique).
Quant à moi , mes expériences se bornent à l'oxyde de carbone,
rbydrogène carboné, l'acide sulfhydrique, l'acide carbonique et le
gaz d'éclairage.
Oas. 226, 227 et 228. — Asphyxie par suite d'un ensevelissement sous un
édi/tce écroulé,
Troie hommes util dans une cave furent tués par l*écroulement d*un édifice.
'uo d'eux seulement présentait une blessure : une fracture de la cuisse droite. Les
Oit hommes étaient morts asphyxiés.
Le plus vieux. G..., âgé de trente-six ans, était un homme de forte constitution,
m cadavre avait une figure rouge vermeil, tuméfiée, la langue était à sa place
tlinaire, les poumons remplis de sang foncé et liquide, le cœur droit contenait
sa de sang, le cœur gauche encore moins. L'asphyxie se montrait d'une manière
ridente dans la trachée, sa muqueuse était rouge et tout le canal était rempli do
fuide écumeux, foncé et sanguinolent. Le foie, la rate, le cerveau étaient très
fpérémiques, surtout les deux reins que la congestion avait rendus noirs.
La deuxième victime était le frère de G..., âgé de vingt-six ans, ses deux reins
Mwnt également gorgés de sang liquide, fa langue élait en!re les dents, la figure
;ait rouge et tuméfiée, la trachée ne présentait pas d'écume, mais une coloration
««je claire de la muqueuse, le cdté droit du cœur et les veines coronaires étaient
-et remplis, les poumons et les grandes veines de l'abdomen Tétaient beavcoop
soins.
Le plus jeune des trois était un garçon de vingt ans, il avait épient*' *
Mn rouge» tuméfiée, sa langue était foncée et tunéfléi al iorff|| t
3S2 PARTIE THANATOLOGIQUE.
en avant des denU. La trachée était semblaUe k celle du cadavre précédeat, A tes
poumons étaient très remplis ainsi que les veines de rabdomen, les deu niu
étaient gorgés et le cerveau hypérémique.
Obs. 229. — Asphyxie dan$ dusMe.
Un homme de trente-trois ans, très vigoureux, fut disséqué au mois de jultel,
deux jours après sa mort (4- 17® R.)- ^^^ homme s'était couché dans un trosde
sable, et pendant son sommeil il y avait eu un éboulement '; toute sa flpre étiil
couverte de sable, sa langue était à la place ordinaire et elle était couverte de
sable. Dans la tète rien de remarquable. Dans la trachée déjà imbibée pir b
putréfaction se trouvait de l'écume sanguinolente, il y avait aussi beaucoup di
table jusque dans les bronches. Les poumons (cdémateux étaient gorgés de sans,
le cœur était très rempli dans ses deux moitiés de sang foncé et liquide, rartère
pulmonaire très hypérémique, l'œsophage vide, le foie normsd, l'estomac vitt, te
vessie remplie, les reins hypérémiques, la veine cave normale.
Obs. 2a0. — Asphyxie par suite de récroulemenl d'un plafond.
Dans ce cas, l'asphyxie eut lieu par neuroparalysie. Un garçon de neuf ans Ail
enfoui par l'écroulement d'un plafond, pendant qu'il dormait dans son Ut, dans U
chambre supérieure étaient étalées des écorces d'arbres dans une épaisseur de
i mètre 50 centimètres. Le cadavre de l'enfont asphyxié Ait trouvé au-desaous de
ces écorces.
La tète, les oreilles et les joues étaient rouge bleu, les yeux non proéminents,
la pointe de la langue entre les dents, le cerveau et les méninges hypérémiques; fl
n'y avait pas hémorrhagie cérébrale, les poumons de ce cadavre, déjà un peu
putréfié, étaient anémiques, le cœur droit contenait deux gros de sang à moitié
coagulé, le cœur gauche et les coronaires étaient anémiques, l'artère pulmonaire
modérément remplie (le thymus était encore assez considérable). La trachée-artère
était d'un rouge cuivre et vide, la veine cave remplie de sang foncé et liquide.
Obs. 231. — Asphyxie d'un enfant dans de la tourbe, Ya-t-H eu accident
ou crime?
Le 9 juin, au soir, la flUe G..., accoucha clandestinement dans la cave, la dénon-
ciation de la police disait qu'elle avait étouffé son enfant et l'avait enterré et avait
mis par-dessus une caisse de pomme de terre. La sage-femme A... trouva Tenfa n
dans cette cave à une profondeur de 1 5 centimètres, la tète en bas, elle raconta
que la cave était remplie de terre sablonneuse, de copeaux, de sciure de bois et
de restes de tourbe. L'accusée avoua que l'enfant vécut après la naissance et
remua ses pieds, mais elle déclara qu'il n'avait pas crié. « J'ai posé, » dit-elle,
« l'enfant dans un endroit où se trouvaient des restes de tourbe dans une petit*
fosse qui se trouvait près d'une caisse de pomme de terre, pois j'ai poussé la caisia
ASPHYXIE. — OBSERVATIONS. 383
t je suif partie, ainsi je n'ai ni enterré Tentant ni couvert avec quoi que ce soit, et
i n'ai jamais eurintention de le tuer. » Elle dit aussi qu'elle avait été surprise par
•ccoucbement et que le cordon s'était déchiré de lui-même ; elle dit avoir mis
•■fiint dans la fosse « sur le dos, un peu sur le cété. »
Cependant le maître de la maison qui a retiré Tenfant, dit Tavoir vu « sur le
entre qui, ainsi que la Hgure, {lait noirci par de la terre. • Un médecin qui a
lawté également à la levée le vit « noirci par de la terre presque sur tout le
oipt. La bouche de l'enfant était un peu ouverte et on y vit un morceau de terre
oire. »
Le 9« nous fîmes l'autopsie. C'était un enfant né à terme et viable ; dans la bouche
ooe trouvâmes un morceau de tourbe de la grosseur d'une noisette, la pointe de
I leoguft était entre les maxillaires. Toute la bouche et l'arrière-bouche étaient
eespUes d*une poudre d'un brun noir provenant probablement de la tourbe, la
iuqueuse de ces parties, ainsi que celle de la langue, n'était ni rougie, ni tumé-
ièe, ni ecchymosée. Les lividités cadavériques se trouvaient sur la partie antérieure
hi cadavre, tout le corps était plus ou moins noirci par la tourbe, le cordon
rétait pas lié, il arait été certainement déchiré. Au milieu du front, il y avait
me faible ecchymose longue de 2 centimètres, large de 6 millimétrés. A la partie
paebe do cou se trouvaient quelques tâches rouges brunes non ecchymosées. Le
liapbragme était à la hauteur de la cinquième cèle, les organes abdominaux ne
présentaient pas d'hypérémie, la veine cave modérément remplie, la vessie vide,
la muqueuse de la trachée et du larynx rouge clair ; au-dessous de Tépiglolte se
IroBvait une petite masse de matière noirâtre du volume d'une lentille. Les pou-
•aas remplissaient presque complètement la cavité Ihoracique, ils pesaient avec le
Bœar 65 grammes ; leur couleur était d'un rouge vermeil uniforme, çà et là marbrée
!a bleu. Ils nageaient complètement, crépitaient à l'incision, et contenaient une
eoine sanguinolente, les bronches étaient vides et normales, ie cœur était tout à
lit exsangue dans ses cavités et dans ses artères coronaires; à l'ouverture posté-
e«re des fosses nasales se trouvait du mucus noir sur la muqueuse ; la partie posté*
eure de l'aponévrose épicrânicnne était couverte d'une couche de sang, il s'en
owait également sur les deux os pariétaux ; les os crâniens non blessés étaient
es hypérémiques , les méninges et la substance cérébrale non hypérémiques, les
exus très pâles, les sinus modérément remplis.
La maturité de l'enfant et sa vie après la naissance étaient évidentes ; comme
iisae de mort, nous devions admettre un empêchement subit de la circulation par
betmction des voies aériennes produite par un corps étranger et nous insistâmes
■r la présence de la poudre mêlée au mucus qui fut trouvée sous l'épiglotte et â
ouverture postérieure des fosses nasales.
On ne trouve pas toujours les signes ordinaires de l'aspbyxie dans tous les cas où
1 j a obstruction des voies aériennes, comme le prouvent de nombreux exemples de
leodaison chex lesquels l'obstruction des voies aériennes est évidente et qui,
cependant, ne présentent aucun des phénomènes de l'asphyxie ou de l'apoptaie ;
aa ae trouve que des résultats négatifs et on doit en conclure que la BOfta wr
ïkm par neuroparalysie : c'est ce qui est arrivé ches cet enùint. Oq pc
SSi PAUTIB TnANATOLOGIQUE.
ôtre dire que cette neuroparalysie doit être attribuée i «ne autre ciase : pr
exemple, le froid de la cave, en expliquant la présence de la tourbe Aus b
bouche d'une manière quelconque. Mais cette poudre se trouva jusque dans le
larynx et elle ne peut y être entrée que par une inspiration profonde, de sorte qM
Fenfant était certainement vivant lorsque le corps étranger est venu en conlict
aveo les voies aériennes.
On nous demanda, ce qui était plus difHcile à résoudre, si la pondre avait pupésé-
Irer dans les voies aériennes par accident ; il n*y avait pas de trace de violeoce
extérieure exercée sur Tenfant, la couche de sang observée sur les os crâmensse
penvait être comptée, puisque c'est un effet fréquent de l'accoucbenoent, la tache
•«r le front n'avait également aucune valeur, puisqu'elle s'explique par le décs-
bitvt de l'enfant la figure en bas, ce que les témoins ont déclaré avoir vu ; on pei-
nait seulement en conclure que l'accusée ne disait pas la vérité en soutenant qu'elle
avait posé l'enfant sur le dos. Les taches rouge brun du eêté gauche du cei
étaient plus suspectes, elles pouvaient avoir été produites par &e9 doigts, naais il éliil
possible aussi qu'elles lussent le résultat du contact de la belp» 4e bois, on de
morceaux de tourbe dure. Du reste, toutes ces traces de violom étaient iaatilsi
pour prouver que l'obstruction de la bouche n^avait pu avoir lieu par «eoideat :
renAint pouvait mourir s'il avait été simplement abandonné dans le fbtsé, et il
aurait pu se trouver alors un peu de terre dans la bouche ; malt on no pouvait
admettre qu'une obstruction complète et profonde, s*étendant Jusque dans le
larynx et le canal nasal ait pu êtie produite par le contact accidentel de ces
matières ; il est très probable, au contraire, que la terre se trouvant dans le pha*
rynx a été attirée jusque dans le larynx par des tentatives de respiration. D*
cela nous conclûmes que l'obstruction n'avait pas été le fait du hasard, mais le
d'un crime. Les jurés acceptèrent notre conclusion, ils déclarèrent que l'aecusée
avait obstrué avec intention la bouche de l'enfant, mais ils déclarèrent qu^elle n'avait
pas eu l'intention de tuer son enfant et elle fût acquittée ! Le jugement fbt cassé,
l'affaire passa devant une nouvelle cour et l'accusée fut condamnée aux travaux forcés.
Obs. 232. — Suffocation d'un enfant par un nouet à sucer. Est-ce par suite
d'un accident^ d'un crime ou d'une négligence?
C'était encore un des cas rares d'asphyxie par obstruction des voies aériennes
produite par un corps étranger. Une fllle, âgée de trois moi^, avait le dos taché par
des traces de décubitus, elle était nourrie par sa mère et fut trouvée morte dans
son lit au mois d'août pendant que sa mère, en allant à son travail, l'avait laissée
seule dans la chambre.
Nous trouvâmes à l'autopsie, dans la bouche ce que Ton appelle un nonet à
sucer, long de 3 centimètres, large de 2 centimètres, rempli de semouille ; il rem-
plissait toute la cavité buccale. A la racine de la langue se trouvait une tache non
ecchymosée à forme pointue, d'un rouge bleu, molle sous le couteau, une autre
tache tout à fait semblable se trouvait juste au-dessus sur la muqueuse du palais.
Ki la langue ni les lèvres n'étaient tuméfiées, la langue n'était pas entre les dents
ASPHTXIR. — ODSFJIVATIONS. S35
I dans lout le pharynx, il n'y avait pas tranomalie. La Crachée el le larynx
laJeDt pÂlet, il y avait seulement çà el là quelques iigcclioos arborescentes, les
•ies respiratoires étaient vides, mais en pressant sur les poumons on pouvait faire
lonlerdans la trachée une écume à grosse bulle, qui n*était.ni épaisse ni sangni-
•lente. I«es poumons extérieurement normaux étaient anémiques, oinsi que
artère pulmonaire, le cœur et les cavités alniominale et crânienne. La couleur du
ini; était asses foncée, il était lui-même assez liquide. Mous admîmes que la
Bort avait eu lieu par neuroparalysic et que celle-ci provenait de la suffocation
amée par le corps étranger. Quant à la question : Y a-t-il eu crime ou accident?
ne poavions répondre autre chose que : il n'y a pas de preuve qui puitra
croire que le petit sac a été mis avec intention dans cette position, et il etl
rès possible que le petit sac devenu glaireux par son séjour dans la bouche, ait glissé
lans Tarriére-bouche soit par l'action de sucer soit par sa pesanteur. Il était très
sxplicable que, par suite de la mort rapide, le corps étranger n'ait pas produit
Ukt ecchymose, mais pourtant les deux taches de la bouche étaient une preuve
Mdente que le petH sac n'avait pu être introduit dans la bouche après la mort.
Rovt avions enwÈt k déclarer si l'accusée a été cause de la mort de son enfant
par négligence. A eet égard nous disions dans notre rapport :
Cette question peut se rapporter : 1* à l'introduction du nouet ; 2* au traitement
général et aux soins donnés à l'enfant.
1* On ne peut nier que la position de l'enfant, la tête enlbuie dans l'oreiller et
verte d'un drap, a rendu beaucoup plus difllcile la respiration quand il eut le
daas sa bouche, que l'aeeusée aurait pu et dû prévoir la possibilité d'un malheur
t son absence. Il faut cependant considérer que eette manière d*agir a lieu
les jours sans avoir des suitea aussi funestes, et pour ce qui concerne ies
morales de l'accusée, nous devons laisser le jugement de la ques*
taon au tribunal.
^ Il est avéré que l'accusée a tenu son enfant dans une grande malpropreté et
It'elle a négligé ainsi une des premières conditions de son bien-être. Nous
a savons que peu de chose de l'alimentation de l'enfant ; il a été trouvé chélif,
tee des eschares de décubitus; l'amaigrissement ne permet pas de conclure qu'il y
'an nourriture insufRsante, mais le décubitus prouve beaucoup de négligence dans
ia aoios en général ; il indique un manque de propreté, car l'enfant a dû être laissé
'es longtemps dans la même position et au milieu de ses urines et de ses fèces,
es raisons nous font croire que l'enfant serait mort au bout de peu de temps par
aile de cette incurie. Mais, puisque ici la mort a eu lieu d'une autre manière, nous
èpaodofis à la question posée que : les raisons médicales ne pouvant pas foire con-
kmre que la mort de l'enfant a été produite par négligence de l'aeeusée.
Obs. 233 a 244. — Douse cas d*asphyxie d'enfanU dans le lU de la
fiowrrice.
Le code ancien défendait sous peine d^eroprisonneinent de prendre
Aau leurs \\% pendant la nuit, les enfanls au-dessous de deux ans.
/■
/
- J
336 PARTIE THilNATOLOGlQUB.
Cette loi singulière fut souvent violée. Le nouveau code ne pnte
plus de ce délit, cependant la justice punit les imprudences de celte
espèce quand elles ont entraîné la mort de l'enfant, comme « meurtre
par imprudence > . Dans ces cas les enfants meurent ou parce qii*ib
s'endorment sur le sein de la nourrice ayant encore le mamelon dans
la bouche, ou parce qu'ils appliquent leurs têtes sur le corps de h
nourrice, ou parce que la nourrice en se retournant dans son som*
meil écrase l'enrant, ou enfin parce que Tenfant glisse sous les drap
et est asphyxié par suite de la privation d'air. Cette asphyxie est d'au-
tant plus facile que l'estomac est plein.
0b8. 233. — Une fUle de trois ans fut trouvie morte un malin dans le Ut de
sa mère. Outre les signes ordinaires de l'asphyxie, nous trouvftnes des eccbymoies
pétécliiales innombrables sur le cœur, Taortc et le poumon dyi^i^ayant la forme de
petites éclaboussures, la pointe de la langue était entre les masUlairw» reatiBae
était h moitié rempli de lait coagulé, la trachée-artère contenait de l'éciUBe sangui-
nolente.
Dm. 234. —Une ttlle d*un mois fut trouvée morte dans le lit de sa nourrice,
les symptômes de Tasphyxie étaient très prononcés, tout le cœur avait une eokira-
tion bleu foncé dans laquelle on distinguait des ecchymoses pétéchialet nom«
breuses, ainsi que sur les deux plèvres, la rate était hypérémique, les pouaaeBS
étaient remplis de sang foncé et épais, la trachée remplie d*écume sanguinolente.
La langue entre les maxillaires sortait un peu de la bouche, Testomac contenait du
lait coagulé.
Obs. 235. — Une flllc ('e deux mois fut asphyxiée dans le lit de si mère. Ici
aussi la surface du cœur paraissait comme éclaboussée à cause des nombreuses
ecchymoses pétécliiales qui y étaient parsemées, on reconnaissait facilement de
nombreux signes de l'asphyxie. La trachée-artère remplie d'écume rose, sa
muqueuse injectée, l'estomac très rempli de lait coagulé ; les lividités cadavé-
riques sur les parties sexuelles et la partie antérieure des cuisses indiquaient que
l'enfant s'était endormie sur le ventre de sa mère et avait été asphyxiée dans cette
position, ce qui fut constaté.
Obs. 236 et 237. — Chez un garçon de deux mois et une fille de neuf mots,
qui moururent tous les deux dans le lit de leur mère, il y avait apoplexie cérébrale.
Obs. 238. — Une ûlle de six semaines fut trouvée morte dans le lit de sa mère.
L'autopsie fut to\it k fait négative, il n'y avait nulle part hypérémie, la trachée-
artère était vide et normale ; la mort avait eu lieu par neuroparalysie.
Obs. 239. — Chez un garçon de quatre semaines mort dans les mêmes cir-
constances, l'asphyxie se présenta sous la forme d'apoplexie pulmonaire, le pou-
ASPHYXIE. — OBSERVATIONS. 337
mon droit éUit parsemé d'ecchymoses pétéchiales, U y en avait mointaupouniM
iche et au cœur, lei poumons n'avaient pas la couleur rose clair marbré, ordi
à cet Âge, ils étaient hypéréroiques et d'un rouge bleu foncé. Le cœur droil
contenait peu de sang, et le cœur gauche pas du touU La cavité crânienne était
normale et la tracbée-arlére était injectée et vide.
Om. 240* — Un garçon de neuf jours présenta un cas tout à fait semblable, U
avait été allaité à trois heuresde la nuit par sa mère aliénée et fut trouvé mort le len-
demain à six heures du matin, ici aussi il y avait hypérémie pulmonaire. La langue
était à sa place ordinaire, U trachée-artère vide et injectée en quelques endroits»
les poumons très remplis de sang épais et foncé, les lobes inférieurs des deux pou-
mons étaient couverts d'ecchymoses pétéchiales, leur couleur était d'un brun ronge
foncé, faiblement marbré, les grands vaisseaux très remplis, le cœur contenait seu-
lement un peu de sang dans les oreillettes, l'estomac à moitié rempli de lait; le
foie, les reins, la veine cave très bypérémiques, la cavité crânienne congestionnée
seulement dans les sinus.
Obs. 241.— Ua garçon de six jours, mort de la môme manière, présentait un
phénomène particulier et assez rare. La muqueuse de la trachée était très ii^ectée,
rile ne contenait pas d'écume, mais on y voyait un sillon de sang coagulé de
l'épaisseur de 2 millimètres. La position de l'enfant, au moment de sa mort»
était indiquée par l'apldtisscment du nez et les lividités cadavérii|ucs qui se trou-
vaient sur la figure ; le cerveau et les sinus étaient hypérémiques, mais ce qui est
très rare dans ces circonstances, il y avait eu hémorrhagio cérébrale. Un épan-
cbement de sang coagulé de 2 millimètres d'épaisseur était étendu sur la tente du
cerveau, les poumons étaient rouge bleu foncé, très hypérémiqucs, mais comme
dans tous les autres cas ils nageaient dans l'eau, les grands vaisseaux étaient très
rem|flis d'un sang foncé et liquide, le cœur à moitié rempli de sang, l'estomac
gorgé de lait coagulé ; les intestins et la vessie étaient vides.
Obs. 242. — i'n garçon de trois mois, mort de la même manière, présenta une
35phyxic dont les phénomènes évidents furent une hypérémie des poumons et du
cœur. Il y avait une hypérémie modelée de la tète, le larynx et la trachée étaient
faiblement injectés et vides, sang épais, poumons rouge brun foncé et très
bjpérémiques, cœur dioit très rempli, cœur gauche vide ; les veines et les organes
Ue Kabdomen très hyi érémiques, l'estomac rempli de lait coagulé.
Obs. 243.— Dans la nuit du 12 au 13 novembre, mourut sans qu'on s'en aper-
çût, l'enCant de la femme H..., né le 10, à deux heures du matin, ainsi âgé de deux
jours. Il fut trouvé le matin mort dans le lit de sa mère. A sept heures du soir, un
témoin avait pris l'enfant encore vivant du lit de la mère et l'avait tiouvé si
enrhumé « qu'il ne pouvait pas pousser un cri. » La mère déclara qu^elle reprit
l'enfant et le remit duns son lit pour le récbaufler et que pour le réchauffer plus
vite, elle l'avait pressé sur son sein avec son bras. Le lendemain reiifknt fut trouvé
mort à quatre heures du malin.
L'autopsie donna les ré^ullal^ suivant : l'enfant, né à terme, avait U GQVJit^.
u. 22
f
38S i^AnTlk TtlAfVXTOLOGlUUE.
atHliiain de» cadaireft, la putrélhction commençait aux téf umenls de rabdooeo,
lea yeux n'étaieiit pa» proéminente, la lahgue était datis aapotiiîoo normale, lu
dAHi léTfes étaient noir bleu, dures sdub le couteau, elles présentaient de Euhks
éeeliymostos ; aucune atlitre blessute extérieure ; le dlaphragihe était entre U qoa-
triéme et la cinquième cdle, la Teine cave était \Ha refnpÛe ; il n*y avait rien autre
chose de remarquable. Dans la poitrine les deux poumons rempliaanient lé eiHIé;
leur couleur était d'un brun rouge clair et uniMvMi; ils peetfeni tvee lé ecnr
.180 grammes; le liquide du péricarde était sanguinolent, la eerar iMl peoal
90 grammes» les poumons et toute la surfine du ccrar étalent parsemés d'êcchj-
saaas pétéchiales excessivement nombreuses. Les poumons nagaaieiit aToe la emar,
■ais cependant montraient une tendance à s'enfoncer dans Teau ; oéparéa du cmar,
la pommom gamokê nagmU aimsi qtte Umt ses moremux les p<M paff I», laadb
t«e U poumon droU t'enfonçait an fond êm wae^ et en le eaapanl on rh qal
h*y avait qu'un petit morceau qui nageait. Des Incisions dans les daak paamsai
firent entendre de la crépitation et montrèrent une grande quantité de sang
fbnoé et écumeux ; les poumons incisés sons Teau laissèrent l^pper das balles
d^air du poumon ganche et pas du droit. La trachée était T|4e« et sa Mugnsais
légérèihiént injectée. Le coeur dans ses deux cavités, surtout la cavité droite
cdnteiiait du sang foncé cl coagulé. Dans la tète, il y avait hypérémie dea vaisseaux
dé là pie-mère.
La concltasion ne pouvait pas être plus douteuse que dans les cas |»réeédanls.
La mort pat* asphyxie était évidente, elle avait dû avoir lieu de la manière décrite
l|Md^ la mère, 041* le médecin traitant avait déjà remarqué une certaine difficulté de
I* rêspiratioh et le témoin l'avait trouvé enrhumé, enfin l'état des lèvres nsontrait
qA^ i avkit eu une pression exercée contre le sein de la mère. Pour U doeimasie,
le cas était certainement très remarquable.
Obs. 244. — Un garçon de dix semaines avait été airis dans aH Ht et recmivert
complètement par les couvertures, il fut trouvé mort. La figure» les gencives, la
ranjîde étaient pfttel» quoique la pie- mère et les sinus fiusent asses hypérémiques,
la cause de mort était l'hypérémie du poumon droit et de l'artère pulmonaire, qui
étalent gorgés de sang foncé et liquide. Les deux cavités du cmur, svrtont l'oreilletta
dilnte, étaient très remplies. La trachée-artère, pâle et vide, l'estomac rempli de
hdt coagulé ; la rate était grosse, le foie hypérémique, la veine cave était modéré-
ment remplie.
Je suis persuadé que ce genre de mort des petits enfants se présenta tria fré-
quemment, on comprend facilement que les parents cachent au médecin la caosa
réelle de la mort, et alors le cas passe inaperçu.
Obs. 245. — Asphyxie produite par la vapeur de charbon.
Il s'agissait d'un homme de trente-quatre ans qui mourut asphyxié par des éma-
nations de la vapeur de charbon. Les circonstances rendaient un suicide vralsemMa-
ble. Toute la tète était couverte de lividités cadavériques. Quoique les signes de
TasphyxiefiisSent très prononcés, b Ungne était à 5a place ordinaire. Les os crâniens,
ASPHYXIE. — OBSEIIV.VTIONS. 539
eoflinic loul le cerveau, étaient très hypérémiques, les sinus étaient très remplis
d'an sang foncé et liquide. La muqueuse du larynx et de la trachée était partout
i^iielée «i range vernilloD, et remplie d'écume blanchâtre. Les poumons
Il trèa hypérémiques et les bronches étaient remplies jusque dans leurs der-
bartsations du même liquide écumeux. L'artère pulmonaire eontenail du
Mnf foscé at liqaida» la cœur droit en contenait beaucoup, qui était moitié coa*
filé* te «Bar gaucba était preAque vide. La veine cave était gorgée de sang, ainsi
^M laus les organes deTabdoroen.
Ofts. 246. — Atphyxie par la vapeur de ckafifoa,
Une lénme de soixante-quatorse ans, en état d'ivresse, se mit pendant ThiTer
ésfanl an fourneau dans lequel brûlaient des charbons, elle perdit probablement
MentAI connaissance et fut trouvée asphyxiée.
La conjonctive des deux yeux était rouge vermillon et ecchymosée, ce phénomène
était plutôt un «Mil de la chaleur des charbons que de l'asphyxie. La pointe de la
était entra las dents ; la figure était aplatie, des lividités cadavériques se trou-
vr toute la partie antérieure du corps et leur absenea sur toute la partie
IwoQtait que la décédée était tombée sur le ventre et était restée dans
laftion jusqu'à la levée. Le corps était flexible, et quoique Ton fDlt au mois
de déceibre, le bas-ventre était coloré en vert, les méninges et les sinus étaient
Irèi remplis de sang fbncé et liquide. La substance du cerveau était également
IflpéléBii^ae. La trachée vide ne pouvait aider en rien le diagnostic de l'asphyxie,
lar elle avait déjà la couleur nofige cui\Te de la putréfaction. Les poumons étaient
iMieéa et remplis d'une écume sanguinolente, ils remplissaient la cavité thora-
eiqne, presque comme dans la mort par submersion, il y avait également grande
i^^yèfé^^ie des vaisseaux de la poitrine, du cœur droit et des artères coronaires,
tandis fue le cceur gauche ne contenait que peu de sang. Le sang était très
l^yide, naia il contenait quelques caillots. Les organes do l'abdomen étaient très
hjpérésDîquee.
Obs. S47 — l?fT0ttr dans l'admission d*une asphyxie par la vapeur de charbon,
U«e ftmiît de aoixanta-eÎAq ans fut trouvée morte devant un fbaraaaa da ebar»
L*avia da la police iadiquait « asphyxie par acide carbonique. » Toute la figure*
la flpofit, les yeax» le nef, les lèvres étaient couverts de pblyetènes sèches
al de cendres. Le corps était très maigre, la trachée était pâle, vide et méase au
priiaBt aor la poumon aucun liquide ne montait ; les poumons étaient anémiqvai
atnai que le cœur gauche, tandis que le cœur droit contenait 30 grammes de sang
normal, l'artère pulmonaire était anémique, ainsi que le foie, la rate, les reins et
la vetne cave. Ainsi il n*y avait aucun signe d'asphyxie par acide carbonique,
que, évidemment, cette vieille femme ivre s'était laissée tomber sur son
m, s^élait brûlée et était morte par neuropfralysie.
S&O PARTIE TUÀJNATOLOtilQUE.
Obx. 248 et 249. — Asphyxh$ par la vapeur de charbon.
Obs. 248. — Le cadavre d*un homme de trente adt nous fut présaoté à Vm-
topsie, (rois jours après sa mort, la température était — 12* R., amsi ètait-ï
encore frais et roide. La flgure était pâle et tachée de sang sec provenant da mIi
les yeux n'étaient pas proéminents, la pointe de la langue était un peu entre Hi
dents. Il n*y avait pas d'hypérémio dans le crâne, les poumons étaient nomavx
pour leur couleur, mais très œdémateux, le cœur gauche contenait une petite cuil-
lerée de sang foncé, très liquide, le cœur droit quatre cuilleréea. Les grandi
vaisseaux de la poitribe gorgés ; la muqueuse du larynx et de la trachée, d'une cou-
leur rouge vermillon, très injectée, était couverte d'une couche mince d'écume sao*
guinolenic, la pression exercée sur !c3 poumons faisait monter dans la trachée une
grande quantité de cette écume. Le foie hypérémique, la muqueuse de l'estoDUic
injectée, les plis tuméAcs et d*unc couleur rouge pourpre, l'intestin grêle avait
la couleur rose que l'on voit dans les cas de choléra, les reins, la veine cave,
les veines du mésentère cUiient très hypérémiques. ' V
Obs. 249 — Un teinturier de vingt-huit ans fut trouvé dans aon lit aapbyiié
par la vapeur de charbon, au mois de jan\icr 18**; quatre jours après h mort
(-f- 2° R.), raulop»ic fut faite, et l'on trouva tout à fait les mêmes symptêmes
que dans le cas précédent, excepté qu'il n'y avait pas d'écume sanguinolente dans
la trachée-artère qui, du reste, était également rouge vermillon et injectée* quatre
jours après la mort, il y avait encore rigidité, la muqueuse de restomac était pâle
et normale, le sang était plutôt rouge cerise que rouge noir.
Ods. 250 à 253. — Quatre asphyxies par la vapeur de charbon,
Quatre garçons bouchers, ôe vingt à vingt-cinq ans, furent asphyxiés dans leur
lit BU mois de novembre. Cinq jours après leur mort, on en fit l'auptosie. Aucun ne
présentait sur la figure une trace de charbon, non plus dans la trachée ; tous les
quatre avaient la langue ù sa place ordinaire, tous les quatre avaient encore la
rigidité cadavérique et étaient tachés de fèces.
Obs. 250. — Chez A..., la muqueuse de la trachée, était injectée et de
l'écume épaisse y montait quand on exerçait une pression sur les poumons ; ceux-
ci étaient œdémateux, non hypérémiques ; les grands vaisseaux remplis de sang
foncé et liquide, les deux côtés du cœur ne contenaient chacun qu'une cuillerée â
calé de sang ; le foie normal, les reins hypérémiques. 1/estomac contenait des
pommes de terre, mais était normal, ainsi que les intestins, la veine cave, très rem-
plie, contenait quelques caillots. Dans la tète, très peu de sang.
Obs. 251. — Chez B...,les poumons adhérents étaient œdémateux, la trachée
injectée et remplie d'écume, le cœur gauche contenait trois petites cuillerées de
sang foncé et coagulé, le cœur droit et l'artère pulmonaire étaient gorgés I.e foie,
les reins, la veine cave très hypf'rémiques. L'estomac et la cavité crânienne
n'avaient rien d'anormal.
ASPHYXIE. — OBSERVATIONS. 341
Cm. S51. •» Ches C..., les pouraons étaient comme dans le cas précédent, mais
plus hypérémiques. La trachée-artère contenait beaucoup d'écume blanchâtre, le
ventricule gauche contenait une cuillerée et demie de sanj;: foncé et coagulé, le
^TMlricale droit, l'artère pulmonaire et la veine cave étaient gorgés de sang coa-
gulé Le foie était hypérémique ; la rate et les reins l'étaient moins ; l'estomac et la
catité crânienne étaient normaux.
Obs. 153. — Les poumons étaient très hypérémiques : de l'écume blanchâtre se
veyait dans la trachée qui était injectée et d'une couleur rouge éearlate Le cœur
gauche très rempli d^ sang foncé, en partie coagulé, le cœur droit tout à fait gorgé ;
l'oreilletCe droite surtout était excessivement dilatée. L'artère pulmonaire égale-
BMot gorgée de sang, en partie coagulé. Le foie, ïgb reins, la veine cave, la pie-
■ère ei les tibus étaient modérément remplis, comme ou devait t'y attendre, vu
li répartition anormale du sang.
Obs. 254 et 25ri. — Asphyxie de deux vpoux par la vapeur de charbon.
Quatre jours après leur mort, au mois de novembre ( — 2^ à -j- •^'' H), les
cadavres de deux époux nous furent présentés à l'autopsie ; ils avaient mis un
fMmaaii de charbon sur la table pour se réchauffer dans leur chambre ; on les
tfstfv» niiNis le lendemain, le mari était âgé de soixante ans et la femme de cin-
^■te-«ix ans. Le mari était dans son lit, la femme assise près de la table sur
laquette sa trouvaient les charbons. Il fut curieux de voir les différences dans
Il iNiIrélaelion ches ces deux sujets, dont la mort avait eu lieu dans les mêmes
conditions, qui avaient & peu près le même âge, c'est une nouvelle preuve de Tin^
inence des circonstances individuelles dans la marche de la putréfaction (page 27).
La peau de l'abdomen du mari était déjà verte, la trachée-artère d'un rouge brun,
tandia que le cadavre de la femme était frais. La chaleur du Ht qui n*a dû agir que
^•elquea heures sur le corps du mari, ne peut expliquer la grande différence qui
•siate entre ces deux degrés de putréfaction. Les yeux des deux cadavres étaient
AHtnés, les traits respiraient la sérénité, la langue du mari était à sa place ordinaire,
la eavité crânienne anémique, la (rachée et le larynx étaient vides ; les poumons
■ermaux, modérément remplis de sang et œdémateux. Le cœur contenait, dans ses
^natre cavités, peu de sang liquide, les grands vaisseaux ne contenaient également
qœ peo de sang en partie liquide, en partie coagulé, les globules de sang (dans les
deux cadavres) étaient normaux; le foie, la rate et les reins étaient anémiques,
l'estomac vide et normal, ainsi que les autres viscères des intestins; la veme cave
contenait peu de sang. Ces résultats négatifs étaient certainement assez extraordi-
naire*.
La femme présentait des résultats plus positifs. Elle avait également sa langue à
la place ordinaire, le cerveau et les sinus étaient également a> émiques, la trachée
pâle, non injectée et vide, mais un liquide aqueux y montait quand on exerçait
une pression sur les poumons, les deux poumons étaient anémiques, le cœur droit
gorgé de sang foncé, épais et à moitié coagulé, le cœur gauche n*en contenait
qo'ane cuillerée â caré, les grands vaisseaux de la poitrine étaient re i.plis. La veine
cave, comme tous les organes de l'abdomen, contenait peu de sang.
3A2 VXV,T\\u TUAt\ATOLOGlQU&.
Obs. 256. — Asphyxie par la vapeur de charbon.
Une femme de vin^t-quatre ans fut asphyxiée lentement, elle avait été trouvée
eneore vivante, mais sans connaissance, on Pavait saignée et tramportée i HiépiUI,
mais elle y mounit en arrivant.
La rigidité cadavérique était encore complète trois jours apréi la nort. La potré*
faction avait fait, dans ce cas, des progrès rapides, ear Tabdomao était déjà fert
(lampéralure — i* à -|- 3* R.)- La langue était à ta plaça ordinairv, la earvaai
noo hypérémique, la trachée- artère injectée, mais ayant déjà la eoulaur brna eW-
eolat de la putréfaction. Elle ne contenait que peu de liquida sanfwaolaat, qii
s'augmentait quand on pressait sur les poumons, cea derniers étaiant pèlaa, tavliB
las cavités du cœur, surtout le ventricule droit et les eoronairea«étaiaat farféaaéi
sang foncé et très coagulé. Le foie, la rate et les reina contenaient peadt aaaf,i
y avait des flbroïdes à la matrice, des fèces et de l'urine sur la chemisa.
Ods. 257 et 258. — Asphywies pmr la fmnêêm
Deui femmes aliénées habitant une maison de santé depuis dix-liuît an« Mlféai,
Tune de cinquante, Tautre de trenta**daiii ans. Autant trouvéaa oiortan 4ap»lnril^
au mois de janvier. La garda-malada avait fait du feu dans la poêla la malin à aiaf
heures, tandis que toutes les deux étaient encore andormiet at alla avait «nWJé
d'ouvrir la clef du poule. £Ue revint après deux heiiras» trouva iMln la ohamkin
remplie d'une fumée épaisse, le feu éteint #t las lemma» mortaa.
Trois jours après, quoique la fenêtre fût rastéa tonionra ouvwrtat 1« aliamlira aaail
encore l'odeur de fumée. Le* deux aadavres présantaiani awatjwifpt )aa wéases
symptômes, ils étaient encore, après trois jours, tout, i Ait fraia (—4* R.) al
rigides. Les deux trachées étaient injectées en rouge varmillon, rempliaa d'éanaM
épaisse, le larynx et un peu les trachées étaient couverts de poussière da aharto,
les poumons étaient très œdi^mateux, leurs colorations étaiant normales ai lia
étaient peu riches de sang. Le cœur et les deux artères pulmonaires étaient vidas,
le foie rempli de sang foncé et liquide ; les estomaci normaux. La rata, les raina a(
la veine cave très hypérémiqurs.
Obs. 259 et 260. — Asphyxie par la fumée.
Au mois de mai (-|- 16" H.), nous dmcs l'autopsie de deux frères, âgés de dix et
six ans qui avaient été asphyxiés dans la fumée, trois jours auparavant. Les
résultats de l'autopsie étaient tout à fait identiques, le» cadavres frais et encore
roides, étaient culorés en vert, seulement sur le ventre ; la figure et le cou de cba»
cun étaient légèrement noircis, les narines, la langue, le palais de Tarrière-bouche
également. Les papilles de la langue des deux garçons étaient très développés. Laa
veines de la pie- mère injectées, le cerveau normal, les sinus peu remplis, la trachée
remplie d'écume noirâtre, et la muqueuse partout injectée, les poumons peu rem-
plis (Je lang et œdémateux, présentaient chez le garçon atné plusieurs ecrhvmoses
>uf-pleural^s, chez 1^ cadet deux ou ^-pis de ces eccl^iamfes et plus peliUi. le
wf det <|eiix çi|davres #Uit assez rouge et liquida* Leg à9ï^\ Ci^urs étaient (Uaniies
l contenaient très peu de sang, ainsi que les artèrfis pnlmppaires. Les deu9 (dso-
l|9fes étaient eooverls d'une couche de charbon, les eslpmacg vides et nornuM^ ;
t fâie et la rate contenaient peu de sang, mais les reins heaueoup, la veine cev#
l \n veines du fiié^eotère asaet remplies.
OlM. tei.Rrisjiàyâsie da»$ V acide carbomiquô'ei Vêcide m^fkyéhque.
tts liMODiafs forent asphyxiée par les émanations de gu délétère. Six restè-
MliBorta si|r-le-ebamp et quatre furent sauvés après une maladie plus ou BMiBi
ffV». L'aecident eut lien dans une tannerie ; une grande cuve destinée au ma-
ifif^ dea peaux avait été fixée dans un trou, elle était vide ; elle ftit soulevée de
fif |i9r une eeusfi inconnue ; comme l'on croyait que c'était dû à un eenrant d'eau»
I ferga la çvve par le fond ; l'ouverture avait un diamètre de 9 centioiètrea,
ipn^diatement un* eau înCsete pénétre dans la cuve. Un des tanneurs descendu
mr pomper Te^ii» au bout de dix minutes il t'affbissa et mourut. Un aeceod
iiIlKil !• sauver mourut sur-le-cbamp, dès qu'il arriva au fond. De même un troi-
!■•• Alorv le mettre, un jeune homme robuste, descendit également et tomba tout
Irrite car lestroif eadevres, et^prèsétre resté pendant plusieurs heures asphyxié
4|4 feayé* l^nif aix^ autres (nivrieia eurent le courage de ftoMendre l'un apsèi
iplro, ot tpiif lombèrent firappés dn même mal, enflui apréf la dixième v|ctimo,
I ^ d^eidn è retirer les corpi avec des cordes. Tons, sana exception, étaient
H conn* ■#«•■«•« Ai let témoins racontaient qu'ils étaient couchée dans la cuve
fi 9«r Tf ntri f cqmuM des kiarengs ^ .
1% lendemain je vis le« six c^davren. Tous evjifent loi traite calmée, les yeux
paéf, non proéminent^, 1« langue k M place ordinaire. Tons, gq mnis d'ectobre
- Ç| I -ir i^<» R.}« avaient une rigidité complète nprèe ^ente heufes. Tous evaient
I lMri4|téf cndavériques très grandes, deux avaient ^ne polecatiqn jaUM vert de
llyvro, phénomène très singulier. Le cas ne dpnne pes reccasien de faire des
flpeies légales, et ce n'est qu'avec grand'peine que neuf pûmes obtenir de la
pille d'un de cea melheureux le permission d'en feifn l'autopaie.
[TéUit nu ouvrier de trente ans , il était descendu le lecond dans la cuve ;
itbpeie fut fof^ trenie-|iuit heures aprèa la mort, la rigidité n'existait plus
•IKI membres inférieurs, il y avait çè et là des taches de putréfectipn verte au
HTf nMlfré le temps froid et humide et le décubitua dn cadavre nu sur un
aéré. Le cerveau était ferme, fi y avait anémie prononcée des veines ot
taalo complet^ de tous les siniis ; la «ubstaoce corticale d» cervean et du conrelo^
Mt IM>* ^ffl^V FÎ9 Mie 9^ez singulière, qui ne pouvait étrp miie 9m le complo
lu i^tréfoction coinmeQ^nle, puisque le ceneau f)ans f)(H circonv^inpoe leasble;
s n'est pea saisi si yitf; p^r la pf}lréfoction* Les venirjçnMi du cervea» élaieot
es, les plexus livides. Les poumons remplissaient, comme chez les noyés, tonte
jBeiilé thpracif fie, ilf étaient ffiès hyrérépaiqnçs, i|B|j# avajentlenr tou H»-
f >Wf 4f W |N)|i|HPP8 avaji unp couleur tfM rpinarquablf , il étiil comme dg
SA& PARTIE THANATOLOGIQUl!:.
Vencre ; les taches que faisait ce sang sur le bois avaient tout à fiiit Taspect di
ttehes d*encre. Il y avait un peu d'œdème. La surface des poumons était HMfi
bleu foncé avec des taches louge vermillon. Ce sang, examiné sous le mierot
cope, montra une destruction complète des globules dont on ne put rûconmêltr
que quelques-uM. L'art6re pulmonaire était tr^s remplie de sang moins noir, aioi
que la veine cave. Le cœur était affaissé , les coronaires vides, le ventrieul
gauche tout à fait vide, le ventricule droit ne contenait que quelques goutici d
sang. Le larynx et la trai'hée étaient vides , il n'y avait pas de trace d'écnme, I
muqueuse avait une couleur rouge brun, non pas la couleur sale de la putrJ
ikction ordinaire ; cepeu'lant la décomposition qui se fait si tôt dans cet orgid
avait dû certainement participer à la production do cette coloration. La conle«
foncée du sang avait dû aussi y avoir sa part. L'estomac était vide, toute sa m
queuse sans interruption était couleur lie de vin, cette coloration également n'éla
pas un phénomène cadavérique , car la couleur de putréfaction de la mnqoeni
stomacale est plutôt rouge livide. Le foie était hypérémique, la rate et les nm
Tétaient moins; les intestms et la vessie normaux. Notons encore qne les cavili
pectorales et abdominales offraient une sensation de chaleur sensible.
Il est très difficile de dire avec certitude quel était le gaz qui avait prodaît
mort de ces six hommes, un examen direct en recouvrant la cave était la
possible et dangereux ; les ouvriers ont beaucoup parlé de Todeur aulfurea
montante. Il est donc probable qu'elle contenait de l'acide suiniydriqoe. Maia
crois que ce n'est pas ce gas seul qui a produit la mort ; il est vrai qu'il tue vH
mais il n'est pas plus lourd que l'air atmosphérique ; le premier ouvrier puisa *
l'eau pendant dix minutes lorsque tout à coup il tomba mort, il fiint qu'i par
de ce moment un autre gaz soit sorti du trou, car les autres hommes qui desre
dirent dans la cuve moururent tout de suite. Il est donc probable que ce g
plus lourd que l'air était de l'acide carbonique. Néanmoins on ne peut douter q
l'acide sulfhydrique y ait participé. La couleur noire du sang en est l'indice et il
contre- épreuves l'ont confirmé. J'ai fait passer à travers le sang normal d'
cadavre frais un courant d'acide sulfhydrique et le sang eut bientét une couk
noirâtre d'encre. L'aeide carbonique que nous fîmes également passer dans
sang le salit, mais ne le noircit pas. Nous avons donc les probabilités pour un ■
lange d'acide carbonique et d'acide sulfliydrique. Ce que l'on appelle Pair «
cloaques est un mélange d'azote, d'acide carbonique et d'acide sulfhydrique. Ri
ne prouve qu il y ait eu dans le gaz en question de l'azote, mais on peut soapçc
ner qu'il y avait de l'oxyde de carbone qui accompagne souvent l'acide carboniq
dans les conditions telles que les présentes. Si l'on considère que les gaz mort
que Ton connaît, l'air des cloaques, le gaz des fossés, des lieux d'aisances, etc.«
sont pas des gaz simples, mais des mélanges, on peut admettre que le gai
question qui s'était développé sous la terre était un mélange de gaz parmi leiqs
l'acide carbonique et l'acide sulfliydrique étaient présents (1).
M) L'analyse du liquide conttnu dans la euTe fut faite plus tard par ledoctew Sobm
thfin, «Ua eonfirma dos prcvinons. H admit que la mort avait on très probaUemeat lien
ASPBTZIB. — ^ OBSERVATIONS. 345
Ois. 262. *— Asphyxié par VhjidrogèfM carboné et V oxyde de carbone
( gaz d'éclairage ).
Dtnt les fabriques d'huile on soumet la colophane et le plâtre à une distillation
léehe qui produit une huile grasse qui oit employée dans Tindustrie, en même
temps il se déireloppe un gaz analogue au gaz d*éclair<ige ( gaz de résine ) qui se
compose d*bydrogéne carboné mêlé à de Toxyde de carbone et du gaz de benzine.
La sanedi la distillation est interrompue, et le dimanche le chaudron refroidi est
■ettoyé. C'était l'occupation de l'ouvrier N.,.« âgé de trente ans, qui le samedi
iO janvier, probablement pour se chaufler et se reposer était entré dans ce chau-
dron. Un de ses camarades vint se coucher à cdté de lui, tous les deux perdirent
Menldl connaissance, mais ce dernier tai retiré et sauvé, tandis que M... resta et
fet asphyxié.
Six jours après nous ftmes Tautopsie. Le cadavre était noirci par du charbon et
avait les cuisses brûlées à quelques endroits. La putréfaction ne faisait que conw
■MBcer et il y avait encore rigidité cadavérique, les traits étaient calmes analogues
a eesz d'un homme endormi, il était en effet probable que le décédé était mort en
dormant. Dans l'urèthre il y avait des spermatozoaires. Il y avait peu de sang dans
la cavité crânienne ; le cerveau était dur. Les poumons normaux et remplis de
Mif rouge clair et liquide. La trachée ne contenait pas d'écume, elle était in-
jaetée fortement i sa hiAvcation. Les grands vaisseaux, les artères coronaires et
le eceur lui-méoM n'étaient pas bypérémiques ainsi que Ib foie, la rate et les reins,
tandis que la veine cave était gorgée de sang. L'estomac était rempli de pommes
de terre, sa aniqueuse normale. Les veines des intestins bypérémiques.
OiS. 263. — Asphyxie par cause interne.
On canotier de quarante ans tomba mort tout h coup, d'après la déclaration de
ton compagnon qui était seul avec lui dans son canot. Cela parut suspect et l'au-
lopaie fut ordonnée.
lloaa trouvâmes les signes de l'asphyxie très prononcée : les poumons très rem-
plis de sang, ainsi que le cœur, les veines coronaires ; le sang était foncé et li-
quide ; la trachée contenait de l'écume rose , les veines du cerveau et les sinus
étaient modérément remplis. Comme le cadavre ne présentait aucune trace de
lésion, il fallait admettre une asphyxie par cause interne.
Nous avons cité ce cas parce que nous savons par expérience combien il arrive
de ces cas qui, parce qu'ils sont si iioiples, embarrassent souvent les médecins au
détriment de Taflbire ; la réponse telle que nous l'avons faite est la plus convenable,
fsaa avoir besoin d'expliquer les causes plus ou moins probables de la mort.
Vdhidw acidM lolllijrdriqae et carbonique. Le liquide eontcnait 43 pour tOO d*actdo talfli)-
Jriqntet 12 pour tOO d'tclde carboaique. Voy. Mûllsr et Ziareek, Ardtiv, iêuticker Mèdic.
^^m^^ IftM. D« 8 et 9.
949 PAHTW rM(MIATOI.Q«i«iii,
CHAPITRE V.
rp«n4iso9> sTiunaPUTioN.
Qpnil la pep()f)uon l« mort » lieu par mile de la |ira8aian aitKéi
sur le cou par le poids da eorps au moyen d'un objet strtBgulatefnï
entourant plus ou moins le çon. Dans la strangulatjpn (i), )% inorti
Im «oit par suite d'un^ pression (orto ou continua, aiarete au la
cou avec les doigts sur les parties latérales ou rarement aor les
parties antéro-postérieures, soit par suite ^^ûm pression circDlsirç
exercée sur le çoo aq moyen d'uQ ol^^t ltnmglll«(oif9 qpftom4Mt
Par eas deux procédés, il y |i une pression sur les gfands ? aiaaaau
qui arrête le flux et le reflux du sang, sur des nerft très |mpoiiaat|
sur Tos hyoïde, sur le laryni^i sur la traçbéo, il y ii sQyvfmt mhhî vm
comipotioA de \% moplle épinièro. Prdinairemanl la eaoao pkfsiaitq
gique de la mort est la même, on trouve pourtant i Pantopsie des
différences dans les phénomènes de réaç|ion| 9e)9i|*qnf) l'py ^p ç^
désordres sus-nommés a prévalu sur les autres. La mort par strangu-
lation ou par pendaison a lieu par suite d'un arrêt subit de la circa-
latiop, arr^t qui p^ut prpdiiire les quatre sortes d'asaifleats aiiifants :
Ou une hypérémie cérébrale (apoplexie cérét>rale),
Ou une hypérémie des organes thor^ciques dans ses différentes
formes (voy. le chapitre préçé4eQt), c'pst cp que l'on uppplle Tas?
pbyxie proprement dite,
Ou en même temps une hypérémie cérébrale et thoracique (apo-
plexie cérébrale et asphyxie proprerpepl dite),
(0 Nous devons ici menMonner une difficolU de traduction : 0p aUenifi^ |çi tf^
erwuergen s'emploie pour exprimer la cqnstriction très forta pu eoaliqiMi 4vppmii
moyen des doigts, soit qu'elle agisse latéralement, soit dans des cas plut rares
d'avant en arrière ; le mot prdroitein exprima la aoippreiHoa çk^ukUrê du aM
ai» mpym 4*U0 iiiatrumeiit qwBloon^ua.
En français nous n'avons qu'un seul et n^ème mot pour cet dam ^aarM 4e OMrf ,
c'ept le mot sfran/^uloffoit
PENDAISON y «TIUh'aVUTI(M- ^ PUtiNOSTlG. M^7
Ou enfio une oouropiu'alyûe, oa qui eil b««ttcoap plus fréquoitt
qu'on Qe le (sroit ordinsirement ; on en trouve néaomoinii qaetqain
obserfations dans les autanrs (Orflla, PevergiOi Eggert, Krombboli,
Remer et autres). La cause de ce dernier genrf» de mort t éii dévo*
loppée en parlant de Tasphyxie en général.
Outre que les phénomènes de la mort par strangulation ne MHii
pas toujours présents sur les cadavres, il y a encore d'autrei cir«
conatances qui rendent la ^uipstatation de ce genre de mort très
difficile pour le médecin-légiste, Ainsi, je n'hésite pas é déclara qiHli
cmiiris paribuif la mort par strapgulation est plus difficile i déter^
miner que la mqrt par submersion. Hais ponr ce qui çoncernfi 1|
fauta d*na tiers, la snbroersion est beancoup plus difficile.
I«a statistique démontre que les meurtres ne sont presque îmm
commis par pendaison, rarement par strangulation produite par nn
corps circulatoire, plus souvent par la strfogulation provenant de lu
pression des doigts ; comparé %u% homicides par blessnres, Tbomi-
cidn par étranglement est encore assex rare. Ainai, en sens inversfi
Il stranfulation produite pi|r la pression des doigts n'annonce ]iiniMi
1» suicide, la strangulation produite par un lien circnliira, très
rartmnntf la pendaison an contraire presque toujours,
S a. llHigvoflif •
Nous distinguons, dans Tétude du diagnostic : 1* les phénomènes
Igénâ^ux extérieurs ; 2* les phénomènes locaux au cou ; S*" les phé-
nomènes que Ton trouve à l'intérieur.
t* ratNOIIÉlllS OÉMftiAUX BXTÉftlIDM.
a. On voit souvent^ dans )ei enteurs, décrire la figure violetlOi
bleu rouge, tuméfiée des strangulés et des pendus. Rien n'est
plus faux que de croire que tout pendu ou étranglé doifo présenter
ce phénomène. Déjà Haller a Tait connaître des observations de
pendus qui avaient une figure pile et des traits aflfaissés, beaucoup
4*aulres observations de cette espèce ont été faites depuis et non
3A8 PARTIE THAIfATQLOGlQUE.
pouvons, quant ft nous, dire d'après notre longue expérienee, que It
plupart des strangulés présentent une figure semblable à celle des
autres cadavres et non pas une figure bleu rouge et tnméfiée. Je
suppose toujours qu'il est question de cadavres qui ne sont pas encore
altérés par la putréfaction. Les divers procédés de pendaison et de
strangulation ne présentent pas de différences sous ce rapport; quand
il en existe, elles sont dues à Tindividualité du sujet.
Quelquefois, il est vrai, des hommes très robustes offrent, après h
mort strangulatoire^ la tète turgescente, une coloration bleu rouge
des oreilles (qui ont encore plus souvent une teinte cyanosée même
quand la figure est pâle), le vidage violet, les lèvres tuméfiées. Mais
il est important en pratique de bien savoir que Tabsencd de la turges-
cence de la tète ne peut pas faire conclure qu'il n'y a pas en mort
strangulatoire. Car, je le répète, la plupart des slrangulés ont la
figure pftie comme tous les autres cadavres.
b. Il en est de même pour la proéminence des yeux^ elle se voit
rarement et seulement lorsque la figure est très turgescente. Il arrive
plus souvent que l'on rencontre des ecchymoses sur la sclérolique.
c. Proéminence de la langue avec étranglement entre les dents
ou les maxillaires. J'ai déjà signalé plus haut combien ce symptôme
est inconstant, il ne se présente que chez la moitié des strangulés,
qu'ils soient morts d'apoplexie cérébrale, d'apoplexie pulmonaire ou
de neuroparalysie. Belloc, Fodéré et Orfila, d'après la position de
la langue dans la bouche ou hors de la bouche, prétendent recon-
naître quelle a été la disposition de Tobjet slrangulant et prétendent
que In langue reste dans sa position ordinaire, si l'instrument stran-
gulant a été situé au-dessus de Tos hyoïde, que la langue est entre?^
les dents si cet instrument a été situé au-dessous du larynx. Fleisch-
mann dit que la position de la langue varie selon que la mort a eu lieu
pendant l'expiration ou pendant l'inspiration. C'est avec raison que
H. Devergie s'élève contre ces deux théories, sous ce rapport, nos
observations sont en harmonie avec les siennes. Nous avons déjà
prouvé par nos observations de toutes sortes que dans tous les genres
de mort, par submersion, par hémorrhagie, par empoisonnement, U
PENDAISON, STRANGULATION* — ÉRECTION. 3A9
langue esi tantôt derrière les dents, tantôt entre les dents, sans que
Ton puisse en savoir le motif. Pour nous, il nous suflit de savoir que
le fait est sans conséquence.
d. Turgescence des organes génitaux mâles et même (d'après
Remer) femelles^ c'est-à-dire chez l'homme érection avec sortie de
sperme ou de liqueur prostatique, chez des femmes érection avec hu*»
midité du vagin. Plus j'ai observé les strangulés, plus je me suis con*
vaincu que cette thèse qui a envahi la médecine légale et qui a été
copiée d'un livre dans un autre, était contraire a l'expérience.
Guyon (1), médecin de la marine française, raconte que quatorze
nègres, pendus en même temps, ont eu tous, au moment de leur mort,
une érection qui, chez neuf d'entre eux, persista encore pendant une
heure après la mort. Il s'agirait d'abord de savoir dans quel état ces
cadavres se sont trouvés plus tard, en combien de temps la turges^
cence a disparu chez les cinq autres, puis une érection réelle qui a
eu lieu au moment de la mort, peut-elle disparaître avant la putré*
fiction, quand lereQux du sang est arrêté?
Nous nous passerions des objections théoriques, si l'expérience
pemneltait de constater les faits, mais c'est ce qui n'a pas lieu. J'ai
pu obsen'er un très grand nombre de pendus, dont la plupart
s'étaient suicidés, ainsi étaient bien vivants au moment de la pen*
daison, j'ai toujours examiné avec soin l'état des parties génitales et
je n'ai jamais vu une érection; quelquefois, mais très rarement»
îl semble qu'il y avait une espèce de turgescence, une demi-érection,
mais c*e8t là un fait trop rare et trop peu prononcé pour qu'il mérite
la peine d'être noté.
On pourrait croire qu'il y a toujours érection si l'on trouvait tou-
jours éjaculation de sperme^ mais cela n'arrive pas» Il est étonnant
qu'un savant comme M. Devergie qualifie les taches de sperme sur
le linge des pendus comme < très fréquentes », quoiqu'il avoue
n'avoir jamais vu, lui non plus, ni une érection ni une demi-érection
sur le cadavre. On ne sait pas si ces taches observées par N. Devergie
{\) Bévue mtdicale , 1823.
S50 ^AnTlB tttAXATOLOGIQUC.
étaient fraîches; était-ce lAtn du aperme^ les a t on examinées atfc
le microacope? Nona atons souvent trouvé au méat de l'nrèthre dv
fluide visqueux, mais qui ne contenait que très rarement des spc^
ttatoiôairea ; noua tes ayons trouvés : chei un ouvrier de cinqiiantfr
huit ans ; cbes un homme de quarante ans qui s'était pendu avec ni
ttdsud-coulanti lequel avait Tait une marque strangulatoire sur lool
la ciit^onféfence dit coii ; ehet un ouvrier de vingt- neuf ans qui 8*élli
également penda avee un nœud-coulant ; dana quelquea autrM tt
encore ttmta trèa rares.
Une autre circonstancei aur laquelle je n*ai dirigé mon ailentioi
que depnia quelques années, diminue beaucoup la valeur diagnoi
tique de la présence du sperme. En ftiisant des expériences sur 1
contenu de Turèthre, j*ai trouvé des spermaloxoaires ehes di
hommes mort) subitement, tués par armes i feu, asphyxiés dai
dea gai irreapirablea (obs^ 262), empoisonnés par Tacide prai
alqtte (obs. 20A), chet un noyé de vingt-neuf ans. On ne peut pi
admettre que tous ces hommes aient exercé le coït tin instant aval
la mort!
Quant aux partiea génitales des femmes, que d*erreurs ne penl-o
)[>as commettre dans cette question ! Quelle valeur peut avoir la pré
«ence d*huroidité dans le vagin !
Ainsi, dans aucun cas, l'état des organes génitaux, dans les dei
ièkes, ne peut atoir une Taleur quelconque dans le diagnostic de !
mert par pendaison ou par strangulation.
a. Sortie de ficeê et d'urine au moment de la mort. Très aoi
vent on voit le linge et les habits salis de rèces ou d*urine chez li
stratigulés, même dans des cas oA Ton ne peut expliquer cet écoulemei
par le transport de cadavre et par la position béante du sphincta
Mais c'est encore un signe sans valeur dans le diagnostic, car i
phénomène )se présente dans tous les genres de mort, surtout pot
les morts subites même non violentes. Cela s'explique physiologiqiM
imsnt pst Tarrèt de la circulation précipitant les mouvements péri!
tal tiques des intestins.
FBUDAISOM, STRÀMè^liÀttOll. — MLLOU StHANGULÀTOlRE. S5l
1* NÉmaAni tiocAini tliR li c«lr. uLtéM stluMoLAtoiftt.
Les réastioDS sur le cou donneroni dans tous les cas de strattga-
klÎMi des résaltats importants ; sous ce rapport, les tégumetits mousi
les os, les cartilagesi les faisseaui ont été l'objet de rechereiiis
eembreuses.
Les anciens regardaient la présence d'un sillon rouge Ueu ecchf-
nosé autour du cou» comme la preute de la mort stningulatoire {
dc|Niia P. Zaccbias, jusqu'à Foderé» on a euaeigné ^u'on siUoB
eecliffliosé, tisible sur le cadavrC) est une preuve sâre qu'un homme
TÎTant a été pendu, que l'absence d'un sillon ecchymose proufe»
avec k même certitude» que la pendaison n's eu lieu qu'après la
BMrt ; par conséquent, que l'homme n'est pas mort par strÉdgula«
tioft. Daniel a dit {Instùul. nud. puhl. admmkr.^ 1778» in-A^
p. 108) : MaUf eeckymoiin semper locum Aafrert kmcientiM docuere
wigiie. forens. scriptores*
Celle théorie a été renversée au commencement de ce sièchi par
ks Mservatians de Hersdorff, de Klein, Hiuse, Remer, Fleischmann,
bqoirol et autres. Dès l'année 1826, j'ai Tait des eipériences k ce
tajel ei dqiuis ce temps, j'ai eiposé mes résultats dans mes leçons
ai dans mon journal (1). Bientôt après, Orfila fit des expériences
Semblables dont les résultats s'harmonisèrent coaiplétement avec ce
^•e j'avais trouvé. Maintenaut penonne n'admet plus que la pré^
d'un sillon ecchymose au cou est un signe constant et néce»*
de la mort par étranglement, c'est-è-dire de l'étranglefflent
mjwûlL eu lieu pendant la vie. Si l'on compare les observetions dee
ladeua» ou voit que l'erreur provient de ce que le bmI eceliymose
m*a pas été délim exactement.
Sugillatîon, ecchymose, extravasation (daus le tissu eellolaire),
seul dee expressions analogues et veulent dire la wrût du sang
des vaisseaux et son épanchement dans le tissu celhilaire sous-
(I) Woe)lmut^nfi, 1S37, n» I. DmkrwUrdiikeim sur med. SflitHk uatf
SlÉatariMkim*. terfin, l»4S, p. SI.
352 PARTIE THANATOLOGIQDE.
cutané et dans les interstices des muscles. On peut férifier l'exis-
tence d*un tel épanchement sur le cadavre en faisant une incision
dans Tecchymose ; on voit alors ce sang épanché en quantité plus
ou moins grande. Les colorations bleue, rouge, violette de la peau cpii
se rencontrent quand il y a ecchymose, ne prouvent rien par elles-
mêmes, puisqu'une seule hypostase cadavérique on une congestion
sanguine produit une coloration semblable. Mais il y a encore les
pseudo-ecchymoses (pseudo-sugillations), qui se forment lorsque,
par nne pression sur le derme, le reflux des petits vaisseaux est
arrêté et que la mort survenant, le sang reste dans cet état. Si l'on
incise une telle pseudo-ecchymose, on voit perler des gouttes de
sang, sortant des vaisseaux coupés, mais il n'y a pas de sang épanché
dans le tissu cdlnlaire sous-jacent. Autrefois, on ne distinguait pas
ces différentes sortes d'engorgements sanguins et on donnait le nom
d'ecchymose à toute tache d'un bleu rouge, et les médecins légistes
n'essayaient pas les € ecchymoses > avec le scalpel. C'est ainsi
qu'est entrée dans la science la théorie du signe constant de la pen-
daison, le sillon ecchymose. Il n'est pas possible de s'expliquer autre-
ment, cette grave erreur qui s'est propagée pendant si longtemps
et dans tant d^uuvrages.
On trouve, dans presque tous les cas, la trace de l'instrument
slrangulant en forme de sillon qui, chez les strangulés, correspond i
la largeur de l'instrument ; il n'en est pas de même chez les pen-
dus. Le sillon esl tantôt profom. de 2 à 3 millimètres, tantôt telle-
ment superficiel qu'on ne le voit qu'en regardant de très près. Ch»
les strangulés, il fait le tour du cou, chez les pendus, c'est très rare,
cela n'arrive que dans les cas où l'on a employé un nœud coulant qui
se ferme exactement par la pression exercée par le poids du corps,
de sorte que l'homme est plutôt strangulé que pendu. Hais dans li
plupart des cas, Tanseda cordon n*est pas fermée et Ton trouve toute
la partie postérieure du cou sans sillon, le sillon monte derrière les
oreilles et se dirige vers rarrière-téte. Il y a aussi d'autres parties du
cou qui peuvent n'avoir pas de sillon, par exemple, lorsque, en mou-
rant, la tête a été penchée de côté, le côté opposé ne présente aucune
FBNBAlflONy STRANGULATION. — SILLON 8TRANGULAT0IRE. 353
înce. Une forte barbe peut empêcher la formation d*an sillon et
alors le cou n*a aucune trace, comme on le verra par l'observation
iatéresstnte 276. Dans quelques cas, le sillon n'est pas uniformé-
flieot creusé dans tout son pourtour, soit parce qu'on a employé des
Golfes non uniformes, par exemple un fichu ayant des bords plus
durs que le reste de l'étoffe, soit parce que l'on a plié en certains en-
droits l'étoffe en double ou en triple, de sorte que, à une certaine place,
le lien est très gros et serre fortement, tandis qu'à une autre, il
touche à peine, alors le sillon est plus ou moins entrecoupé et pré-
sente différents aspects et différents états. Voici quels sont les diffé-
r«il8 états du sillon :
Tantôt il présente une coloration d'un brun jaune sale avec une
consistance dure d'un aspect parcheminé , il ressemble alors aux
taches produites par des sinapismes ou vésicatoires qui ont été posés
peu de temps avant la mort (sillon momifié) i quelquefois on y
trouve, çà et là, de petites écorchures produites ptr des liens* durs,
tels que les cordes de chanvres, qui frottent l'épiderme et favorisent
l'évaporation (dessiccation). Il n'est pas rare alors, en coupant les
bords du sillon, de trouver les pseudo-ecchymoses décrites plus haut,
mais on ne trauve pas d'ecchymoses réelles.
Tantôt il montre une coloration bleu ou clair, rouge sale ; il est
nwu sous le couteau.
D'autres fois il est peu ou pas coloré et est également mou sous
le couteau.
Souvent il offre des taches livides dans leurs bords , ce que les
mteurs ont souvent mal interprété, ces colorations ne sont que des
lividilés cadavériques comme on peut facilement le vérifier, mais rien
moins que des traces d'ecchymose. Je répète que, dans beaucoup de
cas, le même sillon présente ces trois formes.
Un sillon bleu rouge foncé qui, à l'incision, présente du sang
éfancké dans le tissu celluUire sous-cutané, est excessivement rare
après la mort par pendaison ou strangulation. Je n'en ai jamais vu
et si réellement il a été observé, il doit être considéré comme une
Iriê rare exception.
n. 93
ibà PARTIE THANATOLOGIQOK. "
Il est bien entendu que la putréraction avancée efface le
atrangulatoire.
On a prétendu que les différences de Tétat du sillon strangulatcNre
dépendent des différences du lien strangulatoire ou des différentes
positions du même lien par rapport à Tos hyoïde, et Ton a expliqué
ces différences, parce que tantôt des corps mous, tantôt des corps
durs étaient employés, que le liett était tantôt au-dessus, tantôt au-
dessous du larynx. Ce sont là des thèset que ne confirme pas Tobser-
valion. J'ai trouvé les liens les plus divers appliqués dans des po»*
tions toutes différentes qui offraient des résultats tout à fait ana-
logues, tandis que le même lien, placé dans la même position, présen-
tait des résultats très différents. Du reste, cette question n'a aucune
valeur, comme le prouvera le paragraphe suivant; ce qui est très im-
portant en pratique, c*est de distinguer le sillon strangulatoire produit
par rentorlillemenl du cordon autour du cou d'un nouveau né ; da
(illon produit par une strangulation criminelle ; c'est facile à recon-
naître sur le cadavre, nous y reviendrons plus bas.
Quand la strangulation a eu lieu par la pression des doigts, on
trouve des deux côtés du cou les traces de Timpression des doigts;
ou bien une trace de chaque côté ou bien une d'un côté et deux
l'autre. Il n'est pas rare surtout de reconnaître l'impression do.
pouce. Ce sont des lâches rondes ou semi-lunaires ou tout à faiC
irrégulières, quelquefois accompagnées d'égralignures d'ongles,
c'est-à-dire d'écorchures de l'épiderme, ces taches^sont ordinaire-
ment d'un brun jaune, parcheminées, non ecchymosées, elles son/
aussi quelquefois comme le sillon strangulatoire d'un bleu sale;
enfin dans des cas exceptionnels, quand la mort n'a pas été immé-
diate, elles sont réellement ecchymosées.
Expériences sur le cadavre, — La certitude diagnostique, attri-
buée à la présence du sillon strangulatoire, est très amoindrie par
les expériences qui ont été faites par nous et par des médecins de
Paris, expériences qui démontrent qu'un sillon strangulatoire peut
être produit après la mort, de manière à ne pouvoir être distingué
d'un sillon fait pendant la vie. Nous rapportons ici des expériences
PENDAISON, STRANGULATION. —SILLON STRANGULATOIRE. 855
fie pendaison faites après la mort qui prouveront ce que nous venons
d'avancer.
1* En avril 1855, je fis une expérience sur un homme mort
depuis à peine un quart d'heure. Cet homme, âgé de quarante-cinq
ans, était monté dans un fiacre pour se faire conduire à l'hôpital, et
mourut chemin faisant. Le cadavre fui mis dans la chambre des
morts, où nous nous trouvions par hasard. Après nous être assuré
que la mort était réelle, nous flmes étrangler le cou du cadavre encore
chaud avec un cordon de chanvre de 5 millimètres d'épaisseur, serré
avec une grande force. Trois jours après, nous examinâmes le sillon.
11 était d'un brun jaune très prononcé , mou sous le couteau ,
profond de près de 2 millimètres, sans ecchymose, et naturellement
entourant tout le cou sans interruption, mais plus prononcé à gauche
qa*à droite. La figure était pâle et affaissée. Il y avait une circon*
itance accidentelle très curieuse, c'était une turgescence du pénis au
méat duquel se trouvait un liquide muqueux, ne contenant pas de
sperme. Bref, l'aspect extérieur du cadavre était tout à fait celui
d'un homme mort par strangulation. L'autopsie montra que la cause
de mort avait été une asphyxie prorduite par hépatisation du pou-
mon droit et de la moitié du poumon gauche, qui les rendait imper-
méables. La trachée- artère était remplie de liquide écumeux blan-
châtre.
2*" Un honune âgé de vingt-huit ans, mourut du typhus, le
6 août 1827, à dix heures et demie du matin. Une heure après la
mort, dont on ne pouvait douter, il lut pendu à six pieds de terre au
mojea d'on cordon tourné deux fois au-dessus du larynx. Le lend»-
main, à dix heures, le cordon fut coupé et le cadavre fut examiné
par moi et deux de mes collègues. Le cadavre était encore frais.
Les lividités cadavériques se trouvaient en grande partie ù la surface
postérieure. Autour du cou, entre le larynx et l'os hyoïde, se trou*
vait un double sillon parallèle, de 6 millimètres de profondeur ;
les bords da sillon étaient colorés en bleu jaune brun. Ce sillon avait
tant à fiait l'aspect de ceux qui sont formés sur le cou des hommes
vivants. Il y avait surtout des places plus colorées an c6té
356 PARTIE THANATOLOCIQUE.
droit du cou, à 2 centimètres de l'apophyse mastoîde. La peau était
dure à couper et parcheminée. A plusieurs endroits, elle était légè-
rement excoriée. L'incision du sillon ne montra pas de sang ni
d'ecchymose. La peau et même les muscles étaient seulement
colorés en i^iolet, ce qui, évidemment, était un phénomène cada?é-
rique.
S^'Le 21 septembre 1827, un jeune homme mourut de phthi»e
pulmonaire. Une heure après la mort, on pendit le cadavre comme
dans le cas précédent, et il fut examiné le lendemain. Tout autour
du cou, au-dessus du larynx, il y avait un double sillon, dans lequel
on distinguait très nettement la disposition du cordon. Le sillon rouge
brun parcheminé pénétrait au-dessous du derme, dans le tissu cellu-
lulaire; il n'y avait ni épanchement de sang ni coloration des muscles,
mais le derme était bruni et comme brûlé dans tout son tissu. La
veine jugulaire, qui ne proéminait pas beaucoup à l'extérieur, était
très remplie à Tintérieur.
h"" Un homme de vingt-sept ans était mort d'hydropisie. Deux
heures après la mort, il fut pendu. Il présenta les mêmes résultats
que dans le cas précédent, excepté que la couleur jaune brun était
plus visible des deux côtés, près des apophyses masthoîdes.
5o Une femme de trente-deux ans se noya le i"*^ janvier 1816 ; et ne
resta que quelques heures dans l'eau, on lui serra, douze heures
après la mort, un cordon autour du cou; il y avait déjà rigidité cadavé-
rique. On laissa le cordon pendant vingt- quatre heures. Dix heures
après, nous examinâmes le sillon. Celui-ci était très prononcé, pro-
fond de h millimètres, il parcourait toute la circonférence du cou
et était coloré en brun sale, au côté gauche du cou et à la nuque ;
mou sous le couteau et ayant tout à fait l'aspect du sillon produit par
la strangulation pendant la vie.
L'expérience était d'autant plus instructive que nous pouvions
comparer avec le cadavre d'un suicidé de soixante et dix ans, qui
s'était pendu, disait-on, pour ne pas mourir de faim. En effet, ce
sujet très amaigri, était mort de neuroparalysie, il présentait un
estomac contracté, ayant les dimensions du gros intestin. Quant au
PENDAISON y STRANGULATION. — SILLON STRANGULATOIRE. 367
sillon, il éUiit beaucoup moius visible que celui qui avait été produit
artificiellement sur l'autre cadavre.
6'' Le 17 août 1827, dans Taprès-midi, un homme mourut de
neuroparalysie. Treize heures après la mort, il fut étranglé au
moyen d*un cordon placé au-dessus du larynx, avec autant de force
que possible; six heures après, le cordon fut enlevé. Je trouvai un
sillon facile à efiacer sans coloration ni altération de la peau.
7* Le même jour, une femme était morte d'un cancer de l'utérus.
Six heures après la mort, on lui posa un cordon double au-dessous
di larynx et on serra fortement. Le lendemain matin, le cordon
f«t détaché et dans la journée j'examinai le cadavre; je ne'trouvai
rien du tout, on pouvait à peine retrouver la place où le cordon
avait été placé.
8"* Vingt^quatre heures après la mort qui avait succédé à une
phtbisie pulmonaire, on posa sur le larynx d'un homme un cordon
disposé de telle sorte que le nœud se trouvait en avant et on serra le
cordon fortement. Le jour suivant, 18 août 1827, je dénouai le
cordon et je trouvai le sillon peu profond, on voyait toutes les
empreintes du lien, mais il n'y avait ni coloration , ni dureté de la
peau, ni aucune tache remarquable. En incisant ce sillon, on ne
troova rien comme dans les cas précédents 6 et 7.
9^ Le même jour, un homme mourut d'ascite, le lien fut mis
tringt' quatre heures après la mort, au-dessus du larynx et fut serré
Enriement , et plus tard il fut impossible de reconnaître l'endroit où
le cordon avait été serré.
10* Une fille d'un an et demi, mourut le 25 août 1827. Le jour
nn^anl on cordon mince fut serré fortement sur le larynx. Après
fingt-qnatre heures, on dénoua le cordon; il y avait, autour du cou,
in sillon bleu très mince, sans concavité, mais très visible. On ne
trouva aucun épanchement à l'incision.
Dans tous ces cas, les cadavres qui ne furent pas strangulés,
fiurent pendus en les abandonnant au seul poids de leur corps. Hais
le sillon est beaucoup plus visible si, en pendant le cadavre avec un
aood eoolanty on tire fortement le tronc, ou en pressant sur les
868 PARTIE THANATOLOGIQUE.
épaules, ou en tirant par les pieds, de sorte que le nœud coulant se
ferme avec de plus en plus de force.
Il ne faut que quelques minutes, même si la mort date de fin-
sieurs jours, pour produire de cette manière un sillon profond, uni-
forme d'un brun jaune sale, plus ou moins dur, nous citons ici quel-
ques-unes des nombreuses expériences que nous avons faites.
Il"" Un aliéné très maigre, mort à Tftge de quarante-si;c ans
d'une paralysie, présentait, soixante heures après la mort (-4- l^-^'à
-4- 15^ R.), les téguments du ventre déjà verts. Le cadavre fat
pendu et tiré par les pieds ; deux heures après, le lien Ait coupé. Le
sillon était très visible, large de A millimètres, profond de 2 millimè-
tres, coloré en jaune sale et momifié.
12'' Une fille de neuf ans, morte de phlhisie, fut traitée de la
même manière, quarante-huit heures après sa mort. Trois heures
après, le cadavre fût examiné. Le sillon était très visible, quoique
entrecoupé à droite et à gauche ; il était large de A millimètres et
profond de plus 2 millimètres, coloré en jaune brun et momifié.
13<) Une femme de vingt-deux ans, très maigre, morte de phthisi^
pulmonaire, fut pendue de la môme manière, deux jours après sm
mort. Le ventre était déjà vert. Après un quart-d'lieure, le lien fut
coupé. Nous trouvâmes un sillon large de S millimètres, profond do
h millimètres, tournant autour du cou, sans interruption d'un jaune
sale, mou sous le couteau.
1A° Une vieille femme de soixante et dix ans, très maigre, était
morte d'une maladie inlerne depuis trois jours, elle avait le cou
décharné, les téguments du ventre verdâtres, elle fut pendue et tirée
fortement par les pieds. Cinq minutes après, nous trouvâmes an
sillon non interrompu, tournant autour du cou, profond de 2 milli-
mètres, d'un jaune sale, mais encore mou.
Très souvent, le siUon des suicidés par pendaison est moins pro-
noncé que les sillons produits artificiellement dans ces expériences
que tout le monde pourra répéter.
De ces expériences, il résulte : qu'un lien avec lequel un homme
est pendu ou étranglé même quelques jours après la mort^ smr-
PENDAISON, STRANGULATION. ~ CAROTIDES. 560
(oui #1, pendant la pendaison, le cadavre est ItW par les pieds
ou les épauleSf peut produire absolument le même sillon que
celui qui est observé ordinairement chez les hommes pendus
vivants^
Je déclare que Je suis arrivé, par ces observations, à la conviction
que le sillon straogulatoire n*est qu'un phénoniène cadavérique, qu'il
n'a par conséquent aucune valeur diagnostique. Cette opinion eal
basée aussi sur ce que la mort des pendus se fait tellement vite,
que la production du sillon dans toutes ses formes, ne peut avoir
lieu qu'après la mort. Cette assertion est encore confirmée par les
observations que l'on peut faire sur les pendus qui sont sauvés, quand
on leur coupe le lien assez tôt Chez ces individus» nous avons trouvé
presque toujours le cou complètement normal, quelquefois, il y avait
quelques traces de sillons bleu rouge qui (chez ceux qui restaien'
rivants) avaient l'aspect d'ecchymoses.
Quant à la momification du sillon, qui est si fréquente, elle ne se
Tait évidemment pas pendant la vie, puisqu'elle est le résultat de
l'éiraporation des liquides du cadavre et est toujours un phénomène
pos$ mortem.
D'après cela, le sillon strangulatoire doit être mis sur la même
ligne que la macération des mains et des pieds, observée chez les
cadavres tirés de l'eau, phénomène que je démontrerai être cadavé-
rique, tandis qu'on l'a regardé longtemps comme un signe de mort
par submersion.
La grande importance de ces observations sur le sillon strangula-
toire est prouvée dans les cas assez fréquents où les assassins pendent
Irars victimes immédiatement après leur crime, afin de faire croire k
aa sttieide. QoestioQ que le médecin légiste a à résoudre (voy. obs.
72, 277, 282, 283).
3* MUSCLIS DU cou, OS HTOÏDE, LARYNX, VERTÈBRES CERVICALES, CAROTIDES.
Je vais examiner, dans ce paragraphe, les lésions locales du
Gou, antres que le sillon strangulatoire : déchirure des muscles
860 PARTIE THAIfATOLOGIQUB.
sterno-cléido-nrastoïdien, sterno-thyroidien, et hyo- thyroïdien, da
sterno-hyoïdien et du pharynx ; luxation et fracture de 1*08 hyoïdien ;
fractures des cartilages du larynx, déchirure des ligaments des ver-
tèbres cervicales, luxation et fracture des vertèbres cervicales.
Quand des observateurs comme Morgagni, Valsava, Bohm, Krom-
bholz, Mildner, pour ne pas dire Orfila, qui n*est pas toiyoors exact,
et Remer qui n'a cité que des observations étrangères, qu'il qualifie
lui- môme comme € pas toujours exactes, > disent avoir vu les acci-
dents que nous venons d'énumérer produits par la strangulation du
cou, on ne peut pas douter de la fidélité de ces observations. Cepen-
dant tout expert expérimenté sait que chacune de ces lésions est
une exception qui se présente sous des circonstances toutes parti-
culières (1), et, quant à moi, je n'ai jamais vu une lésion de cette
espèce au cou des strangulés. Si, dans un cas, on rencontre un de
ces phénomènes avec des signes évidents de réaction vitale, ce sera
une preuve certaine de la strangulation pendant la vie, car mes
expériences sur le cadavre (page 18 A, partie spéciale) ont prouvé ^
que les fractures de Tos hyoïde et du larynx ne peuvent être produitesE
après la mort, quelque grande que soit la force qui est mise en ac —
tion. On voit donc que l'absence de ces lésions ne peut pas du tou^
prouver qu'il n*y a pas eu mort par strangulation.
Amussat le premier, en 1828, a observé la rupture des mem •
branes interne et médiane de la carotide^ et en a parlé comme d'un
signe de strangulation pendant la vie. Ce n'est que récemment que
cette question a été discutée et approfondie sérieusement, elle a été le
sujet d'expériences sur le cadavre ; les résultats contraires auxquels
on est parvenu, m'ont engagé à faire des recherches sur tous les
cadavres de pendus qui ont été à ma disposition ; ces expériences
nombreuses ont été faites sans prévention, j'y ai mis d'autant plus de
soin que, convaincu du peu de valeur du sillon strangulatoire, j'ai
(1) Par exemple dans les exécutions de peine de mort, lorsque le bourreau, en
pressant sur les épaules du condamné, ajoute son poids à celui du corps du pendu,
ou bien dans le cas d*un matelot qui tomba du haut d'un mât et fût étranglé par
un litn sur lequtl il tomba avec violence. {Archiv. gén, de méd.t avril 1857.)
PENDAISON , STRANGULATION. — CAUOTIDES. 361
cherché quel pourrait être le critérium digne de confiance de la stran-
gulation. Les observations des autres médecins sont les suivantes :
Dever|;ie (loc. cit.) a trouvé, parmi treize pendus, une fois, une
rupture de la membrane interne de la carotide gauche, non suffisam-
ment décrite.
Mildner (Pra^er Vierleljahrsscrifty 1850, III p. 167) a trouvé
sur un pendu de quarante- huit ans, très gras, qui s*était pendu avec
une corde de chanvre de la grosseur d*un petit doigt, la carotide
gauche, à l'endroit correspondant au bord inférieur du sillon, pré-
sentant deux déchirures transversales de la membrane interne. La
déchirure supérieure avait une longueur de 6 millimètres, l'infé-
rienre une déchirure de A millimètres; elles étaient parallèles et sépa-
rées d'un centimètre. Les bords de la petite plaie étaient un peu
renversés, non sinueux et très colorés en rouge par imbibition. Le
fond de la plaie était la membrane celluleuse qui semblait d'un bleu
rouge dans l'étendue d'un haricot, couverte de sang, injectée et infil-
trée de sérosité sanguinolente. Toute la carotide était, dans ce cas,
peu élastique et déchirée.
Simon (1) trouva la déchirure deux fois sur six pendus qu'il
observa. Dans les deux cas, il est question d'une c légère lésion de
la membrane interne », mais sans qu'il soit fait mention de réaction.
Simon cite Faler qui a vu deux déchirures et Klotz qui en a vu une
Kussmaul (2) rapporte que son père a vu trois fois la rupture chez
des pendus et lui-même une fois. Ces deux observateurs entrent dans
le vif de la question et citent leurs expériences qui valent la peine
d'être méditées.
Wallmann (3) rapporte qu'il a observé, après un coup de pied de
cheval dans la région inguinale, une déchirure transversale, large de
i 1 millimètres des membranes interne et médiane de l'artère cru-
rale droite, au-dessous du ligament de Poupari.
A cette occasion Wallmann dit que chez des suicidés il n'a jamais
(!) Vvrchou/iArck., 1857, XI, 4. p. 297 et suiv.
(2) /M., 1858, XIII, 1, p. 60 et suiv.
(3) Oulêrr. Imùckr. fiir pract. Hmlk., i858, n* 6 et 7.
862 PARTIE TUANATOLOGIQUE.
VU une déchirure de la carotide, pas même chez deux individus
maigres, i long cou qui s'étaient servis d'un cordon très mince et qui
présentaient un sillon très profond, lequel était situé cbei i*un aa-
dessus, chez Tautre au-dessous de l'os hyoïde.
Ces trois derniers observateurs ont aussi fait des expériences sur
le cadavre, ainsi que Malle. Sur quatre-vingt-deux corps pendus ou
Btrangulés après la mort. Malle trouva seulement deux fois des déchi-
rures, Simon en trouva une fois sur trois individus qui avaient été
pendus après la mort, trois sur six strangulés; Wallmann, dans des
expériences faites avec le professeur Engel, ne réussit dans aucun
cas même en se servant d'un fil de fer comme lien.
Quant à moi, parmi mes observations de pendus, qui sont très
nombreuses, car à Berlin c'est le mode de suicide le plus fréquem-
ment employé, je n'ai observé que deux fois une rupture de la mem-
brane interne de la carotide. Voici des observations détaillées à pro-
pos de ce phénomène :
1^ Le cadavre encore frais d'un menuisier Ait examiné trois jours
après sa mort qui avait été le résultat d'une pendaison. On avait
trouvé le cadavre très haut dans un arbre du parc; il y avait chair de
poule très prononcée. Dans l'urèthre on trouva un liquide contenant
des spermatozoaires. Le sillon strangulatoire situé au-dessus du la-
rynx, tournait autour du cou ; à droite il était peu prononcé, à gauche
il était un peu rouge bleu, large de 2 millimètres et sans ecchymose.
Le cordon avait dû serrer en cet endroit très fortement. Ajoutons
que le corps était très lourd, de sorte qu'il y avait certainement
toutes les conditions favorables pour une déchirure. On trouva effec-
tivement une double rupture des deux membranes interne et médiane
de la carotide gauche. La rupture supérieure était longue de 2 milli-
mètres, l'inférieure de 3 millimètres, parallèles et séparées l'une de
l'autre de 8 millimètres. La rupture supérieure avait une auréole
bleuâtre longue de 2 millimètres et était faiblement ecchymosée, les
bords n'étaient pas renversés; l'inférieure était moins remarquable etne
présentait pas d'indice d'ecchymoseni d'imbibition. Les deux carotides
étaient athéromateuses (ossifiées). Pas de phénomènes aux vertèbres
PENDAISON, STRANGULATION. -7- CAROTIDES . SOS
(ce qui cependant n*aurait pas été extraordinaire dans ce caa).
Les jugulaires étaient gorgées ; l'asphyxie avait eu lieu par hypéré-
mie des artères pulmonaires.
2** Le 25 mars le maçon R..., âgé de trente ans, se pendit dans sa
maison, le lien fut coupé bientôt après, on lui ouvrit la veine jugulaire
et Ton fit une saignée au bras ; mais le pendu ne put ôtre sauvé. Le
lendemain le cadavre fut examiné. Je ne me rappelle pas avoir jamais
vu un sillon si peu prononcé ; cet homme avait le faciès pâle, les yeux
fermés, la langue à sa place ordinaire, des lividités au cou. Tout autour
du cou qui était gros et court se trouvait un sillon large de 3 millimè*
très, superficiel, blanc et mou, qui était un peu plus visible à droite
qu'à gauche et à la nuque, le sillon était situé entre le larynx et l'os
hyoïde ; en remuant le cadavre on vit s'écouler de la veine jugulaire
beaucoup de sang foncé et liquide. Les carotides furent ouvertes, elles
contenaient encore un peu de sang. La carotide droite présentait au-
dessous de sa bifurcation, à l'endroit qui correspondait au sillon, une
déchirure très fine de la membrane interne de la paroi antérieure. Celte
déchirure avait 3 millimètres de longueur et était très faiblement
colorée; il n'y avait ni tuméfaction ni renversement des bords, et la
déchirure avait absolument l'aspect d'une déchirure artificielle faite
sur le cadavre. La carotide gauche ne présentait rien, les deux caro-
tides étaient trèsathéromateuses. Il était très curieux de trouver une
rupture dans ce cas où le lien n'avait fait qu'un sillon si peu pro-
noncé. La mort avait eu lieu par hypérémie du cœur et des poumons.
La trachée-artère était injectée, enduitedemucussanguinolent, le cœur
droit très rempli de sang foncé et liquide, de même les grands vais-
seaux et la veine cave ascendante, les poumons hypérémiques ainsi
que les reins. Pas de spermatozoaires dans l'urèthre.
Excepté dans les deux que je viens de rapporter, je n'ai jamais
trouvé une rupture de la membrane interne de la carotide, quel que
soit le corps strangulant ou sa position sur le cou.
3* Le cas suivant donna lieu à une série d'expériences sur le
cadavre J'en citerai quelques-unes des plus importantes. Un cocher
de trenle-lrois ans, robuste , grand de 1 mètre 78 centimètres , se
S6& PARTIE THANATOLOGIQUR.
pendit. Le lendemain nous trouvâmes le sillon entre le larynx et Tos
hyoïde y large et peu profond , d'une couleur jaune brun, mon, plos
prononcé à gauche qu*à droite ; la carotide droite fut retirée avec
une pince comme à l'ordinaire, elle était très athéromaleuse; il y avait
une déchirure de la membrane interne longue de 5 millimètres,
dentelée avec faible imbibition sanguinolente des bords. Les circon-
stances de Tautopsie firent soupçonner que cette déchirure avait été
produite artificiellement avec la pince, alors l'artère fut pincée deui
fois et nous produisîmes de suite à l'intérieur y deux déchirures tout
à fait analogues à la première qui, après quelques minutes, s'imbi-
bèrent du sang qui se trouvait encore dans l'artère. Comme contre-
preuve on retira la carotide gauche, mais sans se servir d'une pince,
on n'y trouva pas de rupture, on pinça l'artère trois fois et on pro«
duisit trois déchirures.
V L'ouvrier N. . ., âgé de quarante-six ans, mourut de phthisie pul-
monaire. Deux heures après la mort, le cadavre encore chaud ayant
le cou très maigre fut pendu avec un cordon de chanvre très mince,
large seulement d'un millimètre 1/2, puis le corps fut fortement
tiré par les pieds. L'examen fut fait deux jours après. Le sillon
placé très près et au-dessus du larynx allait sans intermption de
chaque côté jusqu'aux apophyses masloïdes, large d'un millimètre 1 /2,
d'un jaune brun sale, parcheminé, non ecchymose et très prononcé.
La carotide droite fut retirée avec beaucoup de précaution sans
que Ton se fût servi d'une pince. Elle était intacte. On pinça trois
fois l'artère et on fit trois ruptures des membranes internes â bords
lisses qui ne s'imbibèrent pas de sang parce que le sujet était très
anémique. La carotide gauche fut retirée de la manière ordinaire avec
la pince, et à l'endroit correspondant à celui où on avait touché il
y avait une rupture de la membrane interne large de h millimètres.
6° Un homme de trente-cinq ans qui s'était suicidé au moyen d'une
arme â feu fut strangulé le lendemain avec un cordon de chanvre large
de 5 millimètres. Les deux carotides furent préparées sur place sans
pincette et furent ouvertes. On ne trouva pas la moindre Irace de
rupture. Par une pression modérée avec la pince on produisit des
PENDAISON, STRANGULATION. — CAROTIDES. 366
ruptures à bords lisses qui ne s'imbibèrent qu'après doute heures
parce que ce sujet était très exsangue. Un morceau de l*artère bra-
chiale traité de la même manière, donna les mômes résultats.
6° Le cadavre maigre d'une fille de neuf ans morte d'une maladie
interne fut pendu quarante-huit heures après la mort avec un cordon
lai^e de à millimètres, le cadavre fut tiré fortement par les pieds et
retiré après trois heures. La carotide droite fut préparée avec des
doigts, il n'y avait qu'une faible empreinte, pas de rupture; pour la
carotide gauche on se servit de la pince, il n'y avait également qu'une
empreinte^ Il fallut une forte pression avec la pince ponr produire
une rupture de le membrane interne. L'élasticité et l'état sain de la
carotide de cet enfant expliquent ce résultat.
7"" et S"* La même chose fut observée sur une fille de sept ans et
demi qui avait été étranglée par sa mère, laquelle se pendit ensuite.
Chez cette enfant aussi il fallait une forte pression pour produire une
rupture de la membrane interne de la carotide. La mère n'avait pas
de lésion à la carotide, mais on pouvait en produire facilement.
^ Un morceau de l'artère crurale d'un homme de cinquante-six
ans mort depuis quatre jours fut légèrement pincé et ou vit une rup-
ture large de 2 millimètres, des deux membranes interne et médiane.
Des expériences analogues ont été répétées sur beaucoup de ca-
davres avec le même résultat , mais, comme l'observe avec raison
Mildner, il n'est pas même besoin d'employer une pince, une simple
pressioik.avec les ongles des doigts suffit pour produire la rupture
surtout dans les carotides si fréquemment athéromateuses de sujets
an-dessus de trente-cinq à quarante ans ; c'est ainsi que l'on pro-
duit, sur le vouloir, une phénomène artificiel qui peut induire en
erreur surtout si les bords de la petite plaie s'imbibent de sang.
En voici encore quelques exemples :
10* Un aliéné fut pendu après sa mort et tiré fortement par les pieds,
on vit dans la carotide droite qui fut retirée sans instrument deux
déchirures Tune 2 centimètre 1/2 au-dessus, l'autre 1 centimètre
au-dessous du sillon très profond. Nous soupçonnâmes que ces rup-
tures avaient été produites par les ougles des doigts du préparateur;
360 FARTIB THANATOIOOIQUE.
nous en eûmes la preuve par la carotide gauche qui, laissée en place,
était intacte, mais qui, retirée par la même personne, montra les
mêmes ruptures produites par les mêmes ongles.
11"* Un ouvrier de trente-huit ans se tua par un coup de pistolet
dans la bouche. Les deux carotides Corlement atbéromateuses furent
retirées avec les doigts, dans la carotide gauche se trouvait une
petite rupture de la membrane interne en forma triangulaire.
12® N..., tisserand, âgé de trente-six ans, se pendit au mois de
septembre; après cinq jours (+ i2*' à+16* R.) , la putréfaction était
très avancée. Le sillon produit par un nœud coulant tournait au-
tour du cou. Les deux carotides furent retirées sans pmce, les vais-
seaux étaient déjà couleur rouge pourpre à cause de la putréfaclion ,
mais intacts. Les empreintes de doigt sur les carotides retirées pro-
duisirent très facilement des ruptures.
l'a"" Un homme de trente-six ans fit une tentative de pendaison,
on coupa le lien, mais cependant il mourut après quelques heures.
Le sillon était très curieux , il était tout à fait superficiel k gauche
du cou et d'une couleur rouge bleu. Néanmoins il n'y avait pat de
trace d'ecchymose dans le tissu cellulaire sous-cutané. La carotide
fut retirée sans pince, elle était athéromateuse mais intacte ; deur
pressions avec la pince produisirent facilement deux ruptures. A
droite, où le sillon était peu visible , la pince fut employée pour
retirer la carotide , et on trouva aux endroits correspondants des
ruptures de membranes internes et médianes de l'artère. Les on-
gles produisirent effectivement, avec facilité , de pareilles dé-
chirures.
lA"* et lô\ Dans ces deux cas on réussit à produire la rupture
des carotides sur le cadavre.
Une femme maigre, âgée de soixante-dix ans. Ait pendue au moyen
d'un nœud coulant fait à un cordon large de 5 millimètres, deux jours
après sa mort. Elle fut tirée fortement par les pieds, elle ne resta
pendue que cinq minutes et pourtant le sillon était très profond et
d'un jaune brun. La carotide droite fut ouverte sur place, on y trouva
une rupture dentelée longue de à millimètres, sans tuméfaction des
PENDAISON, STRAIfOULiTlON.-^ SYMPTÔMES INTERNES. S67
bords, qui s'imbiba au bout d*un quart d'heure. La carotide gauche
était iotacte.
Une femme Agée de vingi-deux ans, également très maigre, fut trai«
tée de la même manière le lendemain de sa mort. Après deui heures
de pendaison, le sillon n'était pas si prononcé que dans le cas prè^
cèdent. La carotide gauche ouverte sur place était athéromateuse,
mais intacte. Maniée avec la pince et les ongles, elle offrit des rup-
tures. L'artère carotide droite était également athéromateuse et
présentait aux parois antérieures une déchirure de 3 millimètres de
la membrane interne.
D'après tout ce qui précède on peut conclure :
1** Dans des cas très rares il se forme chez des pendus (stran-
gulés ) une rupture des membranes internes des carotides;
2'' Il s'ensuit que l'absence de ce signe sur le cadavre ne peut
pas faire admettre qu'il n'y a pas eu mort par pendaison ;
3** Ces ruptures peuvent être également produites par pendaison
après la mort ;
h"* La présence de réaction vitale peut seule prouver que la stran-
gulation a eu lieu pendant la vie. Une seule imbibition sanguinolente
des bords ne prouve rien ;
b"" La rupture des membranes peut très facilement être produite
par mégarde en préparant l'artère ;
ô"" Les conditions pour la production de ces ruptures chez un
vivant Mmblent être surtout : constriction très violente du cou par le
lien, maigreur du cou, surtout état alhéromateux des carotides.
4® STMPTdmCS nfTCSNES.
Après ce que nous avons dit plus haut sur la mert physiologique
des pendus et des strangulés et sur la mort par asphyxie en général,
nous avons peu de chose à ajouter. Si la mort a eu lieu par apoplexie
cérébrale, on trouve dans les organes de la tète une hypérëmie générale
(pas une hémorrhagie qui, même chez les vieillards, est très rare), si
toolelim, bien entendu, le sang n'a pas été évaporé par la potré-
SOS PARTIE THANATOLOGIQinS
faction. Or c'est ce qui arrive souvent, car les suicidés ordinairement
choisissent des endroits déserts pour se pendre, et alors le cada^
n*est souvent trouvé qu'après plusieurs semaines ou plusieurs mois.
Si la mort a eu lieu par apoplexie pulmonaire ou asphyxie pro-
prement dite, on trouve rhypérémie ou bien dans tous les organes
de la poitrine ou principalement dans les poumons, ou seulement
dans le cœur droit, et le sang est liquide et foncé. L'injection
rouge de la muqueuse trachéale dans ces cas est habituelle, mais
récume sanguinolente dans la trachée manque plus souvent dans ce
genre d'asphyxie que dans celui qui est produit par des gas irrespi-
rables ; on trouve toujours une hjpérémie des veines de la cavité
abdominale.
Il est assez fréquent de ne trouver, au lieu des hypérémies crâ-
nienne ou thoracique, que des résultats tout à fait négatifs, lorsque la
mort a eu lieu par neuroparaljsie. Si dans un cas particulier il y a
probabilité qu'une mort par apoplexie ou suffocation autrement qne
par la strangulation et que le décédé n'a été strangulé qu'après la mort,
le diagnostic peut être très difficile. Mais cette difficulté est encore
bien plus grande si l'aùtopsie ne présente que des résultats négatifs.
Si, enfin, dans un tel cas les symptômes locaux au cou sont absents
ou si l'on ne peut savoir s'ils ont été produits après la mort , alors
l'expertise médicale n*est d'aucun secours, car elle ne peut donner
aucun renseignement, et la justice est obligée d'aller chercher des
probabilités dans les circonstances de toutes sortes qui ont entouré
la mort.
Les cas de celte espèce ne sont pas très rares, ils se présentent
surtout à propos des nouveau-nés qui naissent dans des endroits
froids et humides et meurent bientôt après leur naissance de neuro-
paralysie (ou même d'apoplexie), sans qu'il y ait eu aucune manœuvre
criminelle de la paît de la mère, puis celle-ci quelquefois entoure alors
le cou de son enfant d'une corde afin qu'il ne puisse revivre; j'en ai
vu des exemples. Dans un autre cas très difficile l'enfant nouveau-
né fut trouvé dans un tonneau rempli d'eau, enveloppé d'un tablier
et étranglé par le ruban de ce tablier. Il fallait décider si, comme le
PENDAISON, STRANGULATION. - OBSERVATIONS. 369
disait la mère, Tenfant avait succombé à une moit naturelle bient6t
après la naissance, et si elle avait seulement caché le cadavre et
entouré par hasard, après la mort, le cordon du tablier autour du
cou de Tentant, ou bien si Tenfant était mort d'asph;xie par stran-
gulation.
Obs. 264. — Suicide par pendaison, Hypévénm cérébrale.
Une femme grasse , âgée de soixante et dix ans, s'était pendue pendant la nuit.
On trouva à Tautopsie une hypérémie dans la tête, surtout dans les sinus ; les
poumons étaient pâles et exsangues, ainsi que le cœur droit; le cœur gauche était
Tide. Les grandes veines exsangues, la trachée pâle et vide , la tôle tout à fait
rouge bleu, les lèvres très ecchymosées, la langue tuméfiée, étranglée entre les
dents. Le sillon strangulatoire non interrompu tout autour du cou prouvait qu'elle
s'était servie d'un nœud coulant. Au cdté droit du cou le sillon était d'un bleu
rouge dans l'étendue de 3 centimètres, à la nuque il était large de 2 centimètres,
momifié, jaune brun, dur sous le couteau, non ecchymose. Ce cas prouve que l'on
peut trouver un sillon ayant dans ses différentes parties des états différents, et que
par conséquent le même lien peut produire des résultats divers.
Obs. 265. — Suicide par pendaison. Hypérémie cérébrale.
Un tiomme de trente-six ans, mort au mois de février, depuis sept jours, fut
disséqué. Le lien était sur le larynx ; le sillon était peu profond et visible seule-
ment à droite depuis le larynx jusqu'à l'oreille ; il était d'un bleu gris, mou sous le
couteau, non ecchymose et large de 6 millimètres ; il y avait chair de poule aux
deux cuissei, la pointe de la langue était entre les dents, le faciès pâle, les yeux
aflaissés, la trachée pâle et viJe, les poumons normaux, le cœur droit était très
rempli de sang peu liquide, mais le cœur gauche en contenait aussi. Dans le crâne
l'hypérémie était très prononcée, il était facile de reconnaître qu'elle avait causé la
mort.
Obs. 266. — Suicide par pendaison. Hypérémie du cœur et des poumons.
Un homme inconnu, d'une quarantaine d'années, fut trouvé pendu. Sa langue
était à la place ordinaire, des fèces avaient coulé hors de l'anus, des spermalo*
zoatres se trouvaient dans l'urèlhre. Le sillon passait sur le larynx et se dirigeait
vers l'apophyse niasto'ïde, d'un jaune sale, large de 6 millimètres, mou et non
ecchymose; dans le cerveau il y avait une certaine quantité de sang, la muqueuse
de la trachée était injectée el d'une couleur vermeille, la carotide intacte, les pou-
mons hypérémiques, le cœur droit gorgé de sang foncé et épais, le cœur gauche
vide, les grands vaisseaus remplis, la veine cave remplie.
Obs. 267. — Suicide par pendaison. Hypérémie pulmonaire.
Un homme de soixante ans s'était pendu depuis quatre jours au mois de février,
lorsque nous en fîmes Pautopsie. Le cadavre ^tait 1res frais, la face pâle, les yeux
U. 24
370 PARTIE THANATOLOGIQtJE.
affaissés; la langue, luméBée, sortait de la bouche, le pénis était lonf de 10 een-
timètres et avait presque l'air d'être en demi*érection, on n'y trouva cependant
aucun spermatozoaire. Le sillon slrangulatoire, profond de 2 millimètres, tournait
autour du cou sans interruption et paraissait au-dessous du larynx, d*une couleur
brun jaune, dur sous le couteau, sans trace d'ecchymose. L'arachnoïde atait l'al-
tération que l'on trouve chez les buveurs, les enveloppes du cerveau étaient hypé-
rémiques, mais Içs plexus, le cerveau, le cervelet et les sinus ne l'étaient pa». Le
poumon gauche Fortement rempli de sang foncé et liquide, le droit moins, et tons
les deux œdémateux. Les artères coronaires du cœur étaient très remplies, le cœur
droit et les grands vaisseaux étaient gorgés d'une grande quantité de sang. Le larynx
et la trachée étaient vides et en partie injectés, la carotide et les vertèbres intactes.
La rate et les reins assez remplis de sang, la veine cave gorgée.
Obs. 268. — Suicide par pendaison. Hypérémic pulmonaire.
Un homme de ving-huit ans se pendit au mois de mai. La conjonctive était assez
injectée, la face rouge, les deux oreilles bleues, la langue d'un bleu rouge entrf
les lents, les parties sexuelles normales, les cuisses salies de fèces. Le sillon situé
entre le larynx et l'os hyoïde était brun , parcheminé, non ecchymose et seulemeni
visible du côté droit du cou, les bords incisés montrèrent des gouttes de saof
sortant des petites veines remplies ; la dure mère hypérémique, la substance céré-
brale et les plexus assez remplis de sang, et les sinus très gorgés. Le larynx et
la trachée d'un brun cerise de putréfaction étaient intacts ; la muqueuse enduite
de liquide visqueux, les coronaires remplis de sang, le cœur grand contenait,
dans son côté droit, beaucoup de sang ayant la consistance du sirop, les deux
poumons très foncés, très hypérémiques, très œdémateux.
Obs. 269. — Suicide par pendaison, llypérèmie pulmonaire .
Un homme de trente-deux ans s'était pendu. Il avait le faciès pâle , la langue
derrière les dents à sa place ordinaire , ni érection , ni éjacuhition. Les fèces
s'étaient écoulées. Le cerveau n'était pas congestionné ; il y avait hypérémie pronon-
cée dans les poumons et le cœur droit, la trachée injectée contenait de l'écume san-
guinolente, la veine cave ascendante gorgée de sang, les intestins d'un rose foncé.
Le sillon à peine visible, non coloré, mou et non ecchymose.
Obs. 270. — Suicide par pendaison, Hypérémie pulmonaire.
Un homme de dix-huit ans, se pendit au mois de mars avec une corde de 6 mil-
limètres d'épaisseur.
On fit l'autopsie deux jours après la mort. Chair de poule à la poitrine et aux
cuisses, langue non tuméfiée, mais étranglée à sa pointe, faciès pâle, yeux fermés
non proéminents, ni érection, ni éjaculation, ni sortie de fèces; le sillon n'était
visible qu'à partir du milieu du cou entre le larynx et l'os hyoïde, il se dirigeait à
droite et se perdait derrière l'oreille de ce côté, il était parcheminé, d'un Jaune
PENDAISON, ItRANOtLATION. — OBSERVATIONS. 371
bran, non eeehymosé. Au crftne il y avait une quantité normale de sang. Le cœur
était partemô d'ecchymoses péléchiales surtout à sa base, la surface interne du
périeinle en était également couverte. Ce résultat est très remarquable et très rare
(n»yet obaenration 289) ; le sang était très liquide, le cttut* droit, gorgé. Contenait
qteh|«es faillots ; dans le cœur gauche peu de sang, les gros vaisseaux étaient
remplis. Larynx et vertèbres intacts ; la trachée très injectée. En ^irestant sur les
poumons on vit monter dans la trachée beaucoup d'écume jaunâtre, les poumons
très hypérémiques, ainsi que les reins, les veines du mésentère et la veine cave.
Obs. 271 . — Suicide par pendaison. Hypérémie pulmonaire.
Le 10 avril un homme de trente-deux ans s'était pendti, on flt l'autopsie deux
Jevra api es la mort-, faciès affaissé d'un bleu sale, oreilles bleues, yeux fermés,
profonds et non ecchymoses, chair de poule très considérable , fiénis flasque, urè-
tkr« aee, sur la chemise aucune tache ni d'urine, ni de sperme, ni de fèces ; langue
éerHère les dents, écume blanche devant la bouche. La muqueuse de la trachée et
ift larynx rouge et injectée, une ecchymose à la paroi postérieure de la trachée ; le
einal d(! la ttanchée rempli de liquide rose écumeux ; le sillon ressemblait exactement
à ceux que l'on produit après la mort, situé entre l'Os bycrldë et le larynx ; au côté
poche du cou il était peu profond, d'un jaune brun en partie gris rosâtre, mou sous
le couteau, sans ecciiymosc ; au côté droit il se perdait et reparaissait très super-
AeielleinenI, blanc, au-dessous de l'apophyse mastoïde. Il y avait une hypé-
rénia des poumons, l'artère pulmonaire était très remplie de sang foi.cé et liquide,
IttMlia que le cœur était presque vide. Les veines de l'abdomen étaient hypérémi-
ques ; ni dans le crâne, ni dans les autres organes, il n'y avait aucune anomalie.
Obs. 272. — Suicide par pendaison. Mort par neuroparalysie.
Un homme de cinquante ans s'était pendu au mois de décembre et le cadavre
nous arriva tout frais. La langue était derrière les dents; le faciès pùle et affaissé,
les yeux enfoncés ; le sillon se trouvait sur le larynx, sa plus grande largeur était
de 2 centimètres, il était interrompu en quelques endroits, un peu dur, d'un brun
rouge saloy mou à couper, sans ecchymoses, le sillon se perdait derrière les
oreilles ; aucune lésion des muscles ou des vaisseaux du cou, pas de fracture du
lerynx ni des vertèbres cervicales. Les organes du crâne normaux, les poumons
également ; le cœur, flasque, avait dans chaque cavité i 5 grammes de sang foncé
al liquide *, Tartère pulmonaire remplie, larynx et trachée vides et sans injection,
par conséquent mort par neuroparalysie.
Obs. 273. — Suicide par pendaison. Seuroparalysie.
Un garçon de dix-huit ans se pendit au mois de janvier. A l'autopsie nous
trenvAnies les téguments de l'abdomen déjà verts, la langue derrière les dents, le
iKies pâle, les yeux affaisés, le sillon large de 8 millimètres, d'un gris sale, situé
•■Ire l'os hyoïde et le larynx s'étendant jusqu'aux vertèbres cervicales, tout à fait
wpafflciol, BOtt sons le couteau et non ecchymose, vertèbres et larynx intacts,
pis d'anonudie aux parties génitales, la cavité crânienne contenant la quantité de
372 PARTIE THANATOLOGIQUE.
fang normale, le thymus ayant 5 centimètres de longueur, les poanKms peu hy-
pérémiques, dans le péricarde une cuillerée de liquide sanguinolent, Teine coro-
naire vide, oreillette gauche contenant un peu de sang noir, de même l'oreittetle
droite, les deux ventricules presque vides, les grands vaisseaux peu remplis, le
larynx et la trachée intacts et vides, la muqueuse ayant la couleur chocolat de
putréfaction, la veine cave remplie.
Obs. 274. — Suicide par pendaistm. Neuroparalysie,
Un homme de cinquante ans se pendit pendant le mois d'avril. L'abdomen était
vert de putréracUon ; parties génitales normales, chair de poule, faciès pâle, yeax
affaissés, langue à la place ordinaire, vertèbres intactes ; au cou un double silloo,
le supérieur, large de 8 millimètres entre l'os hyoïde et le larynx se perdant aux
apophyses mastoïdes d'un brun saie, dur à couper, non ecchymose; riofériear
situé sur le larynx moins large, très superficiel, de même couleur, plus mou souslo
couteau, non ecchymose ; anémie du crâne ; les deux poumons pâles, cootenaat
une quantité moyenne de sang épais ; larynx et trachée intacts, vides et pâles.
Les deux cavités du cœur contenaient peu de sang ainsi que les grands vaisseaux,
la veine cave était peu remplie. Tout le reste était normal.
Obs. 275. — Suicide par pendaison. Neuroparalysie.
Un homme de soixante ans se pendit au mois de janvier, on en fit Tautopsie
trois jours après la mort, nous trouvâmes : chair de poule très prononcée surtout
le corps, les yeux demi-ouverts, non injectés, le faciès et les oreilles pâles, le pénis
flasque, l'urèthre humide mais ne contenant pas de sperme ; du côté droit du covk
sillon, profond ù peine d'un millimètre, blanc et mou, large d'un 1/2 centimètre;
du côté gauche le sillon avait la môme largeur, il était d'un brun sale, dur et nos
ecchymose; larynx et trachée pâles et vides, nulle part hypérémie, tous les organes
normaux.
Obs. 276. ~ Suicide par pendaison. Sillon invisible.
J'ajoute ce cas parce qu'il offre une de ces nombreuses combinaisons qui s'offrent
au praticien. CNHait un homme de trente ans qui s'était certainement suicidé ; il
s'était pendu et était mort par hypérémie des poumons. Le sillon n'était pas visible
et ne pouvait pas l'être, car le décédé avait une barbe excessivement épaisse dans
laquelle le lien avait été situé. Après avoir rasé la barbe nous trouvâmes seulement
au cùlé droit du cou une légère trace de sillon très superficiel de la longueur de
3 centimètres large de G millimètres, à peine coloré. Ce sillon insignifiant aurait
très bien pu passer inaperçu, et on n'aurait pas soupçonné la mort par pendaison.
Deux circonstances accessoires étaient encore intéressantes : la main droite du
cadavre était plissée par la macération comme chez les cadavres tirés de l'eau,
elle devait nécessairement avoir été placée dans un liquide, on sut en effet que
le cadavre, après avoir été détaché, eut la main dans un seau d'eau pendant deux
jours; les hypostases cadavériques étaient sur le côté gauche du corpa, tandis que
PENDAISON, STRANGULATION. — Y A-T-IL FAUTE Ï>*VS TIERS? S73
le dos était intact, et il fut constaté que la cadavre avait été couché sur le côté
gauche après avoir été détaché. Les hypostases internes furent également trouvées
du côté gauche, au cerveau, aux poumons et aux reins.
Les cas que nous venons de rapporter suffisent pour démontrer
les règles que nous avons posées dans la partie théorique de cette
question. Dans le paragrapiie suivant nous étudierons comment
00 peut déterminer s'il y a eu meurtre ou suicide.
S 3. — Oéiermiiier »'il y • faute d'un tier«.
Lorsqu'on trouve le cadavre d'un homme qui parait avoir été
pendu ou étranglé, et que les circonstances font naître le soupçon
d'un meurtre, le médecin légiste doit résoudre cette question diffi-
cile : La mort a-t-elle été causée par la faute d'un tiers ?
Avant tout, il faut poser le diagnostic de la mort strangulatoire
elle-même d'après les critériums que nous avons énoncés. Si le dé-
cédé a succombé à un autre genre de mort, il est évident que la
pendaison n'a pu avoir eu lieu qu'après la mort ^ ces cas ne sont pas
rares, il est facile de les reconnaître. Un matelot fut tué avec un poi-
gnard par les filles d'une maison publique à Amsterdam ; pour cacher
le crime, les filles lavèrent le cadavre, lui mirent une chemise propre
et le pendirent ( Vrolick). On ne trouva pas les signes de l'asphyxie,
mais une blessure pénétrante du cœur. Qui aurait pu douter un
instant de la cause de mort? La décision est aussi facile pour des
eofiants mort-nés, lorsque la mère fait des manœuvres meurtrières
parce qu'elle croit que l'enfant vit et qu'elle veut le tuer, ou bien
parce qu'elle craint que sa mort ne soit qu'apparente et que la vie ne
rerienne. La docimasie constatera que l'enfant est mort-né, et la
question sera décidée.
Supposons maintenant que l'on trouve les phénomènes de la mort
Mrangnlatoire : l'hypérémie des poumons ou du cerveau, etc. Ces phé-
nomènes ne sont pas uniquement spécifiques de la mort par strangu-
btion, ils sont journellement le résultat d'autres genres de mort, l'as-
phyxie peut avoir eu lieu d'une manière quelconque et le cadavre
37 A PARTIE THANAT0L06IQUB.
peut avoir été pendu ensuite. M. Devergie demande dans cette eireon-
stance où est le malheur, puisc|ue le médecin légiste aura toiyours
constaté la mort par asphyxie. M. Devergie oublie, ce qui est asseï
important, que souvent plusieurs personnes sont accusées du crime. Si
dans un tel cas A. et B. sont accusés, A. a éteuffé la victime, et B. Ta
pendue; B. doit certainement être puni, mais A. seul a causé h
mort.
Lorsqu*un homme a succombé à une maladie mortelle et que le
cadavre a été pendu bientôt après la mort, le sillon fait sur le cada-
vre pouvant tout à fait ressembler à celui produit sut le vivant , ii
peut être impossible de décider s'il y a eu faute d'un tiers par les
seuls phénomènes de Tautopsie. Mais le médecin légiste doit, d'après
les principes que nous avons émis dans le courant de cet ouvrage,
faire la combinaison des circonstances accessoires et en tirer la
conclusion qu'il trouve la plus probable.
Nous avons déjà dit que la strangulation avec les mains annonce
presque avec certitude la faute d'un tiers, c'est-à-dire un crime, la
strangulation avec un lien la rend très vraisemblable, tandis que la
pendaison donne beaucoup de probabilités au suicide.
A Berlin, par exemple, dans les trois années 1852 à 1S5A, il y
eut 368 suicides parmi lesquels 189 par pendaison, ainsi plus de la
moitié.
Il faut considérer d'abord, quand le cadavre est connu, quels ont
été les antécédents du décédé : était-ce un buveur^ un homme sous
le coup d'une instruction criminelle, un homme plongé dans la mi-
sère, ou sous le coup d'un grand chagrin, ou bien souffrant d'une
maladie incurable? Bref, ses antécédents peuvent-ils f^ire supposer
qu'il avait le désir d'en fmir avec la vie? Ajoutons cependant que
ces circonstances ne sont qu'accessoires et ne peuvent offrir qu'un
secours dans le jugement dont la base doit toujours être les phéno-
mènes physiques.
Il existe un fait qui donne un grand poids aux probabilités, c'est
qu'il est facile d'étrangler un homme avec les mains, pas très
difficile de l'étrangler avec un lien, mais presque impossible de le
PENDAISON, STRANGULATION. —Y A-T-IL FAUTE d'uN TIERS? 375
peadre si ce n*est pas un enfant, s'il n'a pas perdu connaissance,
s'il n'est ni imbécile ni paralysé, enfin si la résistance n'est pas
vaincue par force majeure, par exemple quand il y a plusieurs mal-
faiteurs contre une seule victime. Dans un crime par strangulation
ou pendaison , il faut supposer un combat et chercher les traces de
résistances, telles que des égratignures, blessures , luxations, frac*
tures (de doigts), des ecchymoses, des cheveux dans les mains, etc.
Ici je dois signaler l'erreur assez comirmne qui peut avoir les suites
les plus graves et qui consiste à prendre les taches cadavériques qui
se trouvent sur presque tous les sujets quand ils arrivent à la table
de l'autopsie, nombreuses, rouges, jaunâtres, brunes sales à la figure,
au cou, à la poitrine, aux membres, etc., qui ont été produites par
la transport du cadavre, soit en le soulevant, soit en le déshabillant,
soit ea le traînant sur le sol. Ces taches, plus ou moins dures à
couper, ne sont jamais ecchymosées et peuvent être produites sur le
cadavre, comme nous l'avons vu plus haut. (Voyez partie générale,
page OS.)
Une circonstance importante encore est la position dans laquelle
on a trouvé le cadavre. Autrefois on croyait que le suicide par
strangulation dans la position horizontale était impossible, mais cette
opinion est maintenant rejetée. Nous communiquerons plus bas deux
observations indubitables (obs. 286 et 286). Il est encore erroné
de croire que la pendaison n'a pas été le résultat d'un suicide lorsque
le Gfidayre touche la terre avec un ou deux pieds. Nous rapporte-
rons plus bas trois cas (obs. 289 à 291), de suicidés évidents dont
les cadavres touchaient le sol avec les deux pieds.
Très instructifs sont encore les cas très vivement décrits par
Mare (1), qu'il a publiés à l'occasion du suicide par pendaison du
prince de Condé après la révolution de 1830, pour enlever tous les
dootea qu'entouraient le suicide du prince. Dans les cas recueillis
par Marc, les deux pieds d'un pendu, comme ceux du prince, tou-
chaient le sol sur lequel se trouvait du grain ; dans un autre cas,
il) Annale ^hygiène publique^ t. V, p. 156.
376 PARTlt: TIIANATOLOGIQUE.
c'était un prisonnier qui s'était pendu à la fenêtre, le cadavre était
moitié assis sur le rebord de la fenêtre, le pied droit était à plat sur
le sol, le pied gauche le touchait avec la pointe. Un autre prisonnier
qui s'était pendu aussi à sa fenêtre, avait le pied gauche à plat sur
le rebord de la fenêtre et le talon du pied droit touchait le sol
Un prisonnier anglais se pendit également, on trouva son cadavre
presque assis, les fesses n'étaient éloignées du sol que de 2 centi-
mètres, et les talons des deux jambes étendues touchaient le sol ; un
ouvrier se pendit dans son lit, le corps était comme à genoux, mais
les genoux étaient éloignés de '20 à 30 centimètres du matelas, et les
pointes des pieds reposaient sur le lit ; une fille publique se pendit
à un crochet éloigné du sol de 1 mètre, ainsi plus bas que la hautear
de son corps, on trouva les membres inférieurs écartés, le droit
étendu, avec le talon touchant le sol, le gauche fléchi en arrière avec
la pointe touchant le sol. Le dernier cas de Marc, enfin, se rapporte
encore à une fille publique pendue à une quenouille ; la tète avec la
jambe droite formait une ligne oblique par rapport au sol sur lequel
reposaient tout le côté gauche et le pied droit. J'ai moi-même ob-
servé un cas de meurtre commis parce que l'on avait lié la victime à
une quenouille, le corps reposant complètement sur le sol.
Il est possible que dans un certain nombre de ces cas où on a trouvé
les cadavres touchant plus ou moins le sol avec leurs pieds, cette posi-
tion n'existait pas au moment de la pendaison et que ce n'est qu'après
la mort que le poids du corps l'a fait retomber ou que la rigidité cada-
vérique l'a allongé. Les auteurs français ont saisi cette occasion pour
diviser la pendaison en complète et incomplète. Une telle division n'a
aucune utilité. Il suffit de savoir qu'il n'existe pas une seule position
du corps dans laquelle la mort volontaire par pendaison ne soit pas
possible ; de sorte que le corps peut être trouvé pendant dans l'air,
touchant plus ou moins le sol avec un ou deux pieds, agenouillé, plus
ou moins assis, reposant sur le sol dans une position oblique, même
horizontale, etc. Cependant, dans certaines circonstances, la position
du cadavre peut prouver le suicide ou le meurtre ; le suicide, si,
par exemple, le cadavre est trouvé pendu au haut d'un arbre ; le
PENDAISON, STRANGULATION. — Y A-T IL FAUTE d'UN TIERS? 377
meurtre, si le cadavre pendu haut a les mains liées derrière le dos,
ou bien dans une position comme celle de Tobservation 277 dans
laquelle les assassins ont voulu faire naître Fapparence d'un sui-
cide.
Ainsi , pour prouver qu'il y a faute d'un tiers , il faut d'abord
prouver que la constriction a été faite pendant la vie, or cette preuve
ne peut être offerte que par la présence des symptômes de la mort
strangulatoire, symptômes qui, comme nous l'avons dit, peuvent
manquer, puis rechercher les traces de résistance, enGn étudier la
position dans laquelle le cadavre a été pendu, nous venons de voir
que cette position ne pouvait donner que des renseignements assez
vagues; il ne reste donc pour décider celte question que de
considérer la somme de tous les signes diagnostiques , de les com-
biner avec toutes les circonstances accessoires , d'individualiser
chaque cas en l'entourant de toutes ses particularités et de donner
au rapport la rédaction que nous avons déjà recommandée : c Les
résultats de l'autopsie n'ont pas donné de résultat s'opposant à l'ad-
mission d'un suicide. > De cette manière le médecin n'est pas trop
engagé, de l'autre il n'y a pas déclaration d'incompétence toujours
pénible pour la dignité du médecin et embarrassante pour le juge.
En rédigeant le rapport de la manière que nous venons de dire, le
juge est satisfait, car il n'a demandé une autopsie « légale > que
parce que les circonstances anormales au milieu desquelles on a
trouvé le cadavre ont fait naître un soupçon et que le médecin
déclare que le soupçon n'est pas justifié par les résultats de la
science.
Obs. 277. — La strangulation est' elle le résultat d*un suicide ou d'un meurtre?
Le 22 avril 18**, à dix heures du matin, les habitants d'une maison aperçurent
de la foonée sortant des fenêtres de l'appartement d'une vieUle femme qui vivait
seule. La porte était fermée ; lorsque l'on pénétra en la forçant, on vit la chambre
remplie de fumée et la paillasse du lit brûlée. On ne trouva pas la clef de la porte
qui était fermée è double tour. La vieille femme était morte, elle fut trouvée astiie
mr une chaise, paraissant étranglée. A quelques pas de la chaise se trouvait à la
firoi de la chambre uo crochet auquel était attaché un fichu de toile dont un bout
378 PARTI6 THANATOLOGIQDE.
pendait, les Armoires do la chambre avaient été ouvertes et on y avait pris des
habits et des objets de valeur. On transporta le cadavre dans le vestilmle où les
médecins A..., F... et K... essayèrent de sauver l.i femme sans y parvenir. Les
médecins décrivirent dans leur rapport « un sillon strangulatoire profond s'éten-
dant du sterno-clcido-mastoïdien droit jusque derrière le môme muscle du eôté
gauche ; de ce côté gauche le sillon était plus prononcé, et double à un certain
endroit. La figure était très bleue. » Le docteur A... déclara que trois jours plus
tard, l'autopsie légale n'avait pas encore été faite : a le sillon strangulatoire était
moins visible qu'auparavant. ¥ L'ouvrier H.. , qui avait assisté aux tentatives que
l'on avait faites pour sauver la femme, déposa « qu'il avait vu au cou un sillon
rouge ressemblant à une plaie produite par un coup de fouet » .
Le 26, quatre jours après la mort, le cadavre fut disséqué. Il <ivait beaucoup de
plume de lit dans les cheveux ; la langue tuméflée mais pâle se trouvait entre les
maxillaires sani dents, les mains et les ongles étaient bleuâtres ; sur la joue gauche
il y avait une petite égratignure ; au nez et à la bouche, dont les lèvres étaient
bleuâtres, se trouvaient des traces de sang séché ; au milieu de la lèvre supérieure
était une petite tache ecchymosée. Du cdté gauche du cou , depuis le bord posté-
rieur du liemo-cléido- mastoïdien jusqu'au bord antérieur du môme muaele du eôté
droit, se trouvait un sillon aplati, superficiel, large de 1 centimètre, profond de
1/2 centimètre en quelques endroits, d'un jaune brun sale et coloré au bord en rose
à quelques endroits ; le sillon devenait de moins en moins visible à mesure que l'on
se dirigeait vers le côté droit ; tout le sillon était mou à couper, il n'y avait nulle
part une ecchymose ; à la partie antérieure il passait sur le milieu du larynx ; à
1 centimètre au-dessus du sillon, la peau était un peu rougie, ce qui provenait
probablement d'un deuxième sillon qui cependant ne pouvait plus être reconnu. A
l'angle du maxillaire inférieur gauche se trouvaient deux taches d'un bleu rouge,
ecchymosées, de la grosseur d'un petit pois et de la grandeur d'une pièce de
20 centimes, et à 3 centimètres de l'angle du maxillaire inférieur droit, une tache
tout à fait semblable de la grandeur d'une pièce de 50 centimes.
Les poumons étaient assez remplis de sang foncé et liquide, ainsi que les artères
coronaires, peu de sang dans le cœur gauche, beaucoup dans le cœur droit et dans
les grands vaisseaux de la poitrine, vive rougeur de la muqueuse trachéale sur
laquelle se trouvaient quelques gouttes de sang, coloration bleu foncé de l'arrière-
bouche, les veines des méninges très remplies, et une ecchymose ronde de 6 cen-
timètres à la surface intente de la protubérance occipitale, beaucoup de sang dans
les veines du mésentère, de l'épiploon et des deux reins.
D'après cela on ne pouvait pas douter de la mort par asphyxie ; mais on ne pou-
vait pas non plus douter qu'il y avait eu une violence produite par une main étran-
gère. Ou ne pouvait pas expliquer la mort d'une autre manière, puisque l^aspbyxie
par la fumée de paille se serait fait reconnaître par une autre coloration de la
muqueuse trachéale, puis le sillon strangulatoire, quoiqu'il fût comme celui que
l'on observe chez les sigets pendus après la mort, a été vu par les médecins dans un
état tout différent qui écarte toute espèce de doute ; de plus il y a un phénomène
trouvé à l'autopsie qui est d'une grande importance, oe sont lea eoehymoses du
PENDAISON, STRANGULATION. - Y A-T-IL FAUTE d'uN TIERS? 879
cou, deia du côlé gauche et une du côté droit ; ccis phénomènes n*ont pu ôtre que
le résultai d'unç preasloi) exercée avec des doigts pendant la vie, le pouce a été
appliqué du cô(é droit, et deux doigts du côté gauche ; cette pression a été sans
doutu U première atteinte faite à \^ vie de la vicUme ; on a dû ensuite avoir recours
lu li^ strangulatotre, et les actes prouvent qu'entre ces 4eux manoeuvres il s*e«t
pessé très peu de temps.
Il était facile d'écarter le soupçon d'un suicide, quoique évidemment les essASsins
eiisieqt voulu le provoquer en attuçhaut un Qchu au crochet de la muraille. Mais
iem^is j<i n'ai vu essayer une fryude plus maladroite, l^a clef de la porte fermée ne
i'çstpjiaretrquvée, l'instrument strangulatoire n'était pei au cou quand en tFouvg
le ciidiivre, et l'assassin n'avait pas pensé que si la femme fi. . . s'éUit pendue au oroi>
e^e\ on pe l'aurait paa trouvée mofte sur une chaise. Les assassins restèrent
inconnus. /
Obs. S78. — Infanticide par strangulation.
Une ÛUe était accusée d'être accouchée clandestinement le 17 janvier ; elle nia
le fait à la sage-femme chargée de l'eitiiminer, quoique oette dernière eùi trouvé
dans la chambre un placenta encore frais. La saget^femme découvrit smia le dos de
la («maae eeuchée un enfant mort, enveloppé dans un tablier neuf, sali par du
«ang, l'enfant était encore chaud. Alors l'inculpée avoua avoir donné naissance à cet
enfant dans un endroit du sol où on trouva une grande quantité de sang. Sur le bor«l
du U feutre la sage-femme trouva des ciseaux, à côté du lit trois fils de coton, et à
la iéle du lit un quatrième fil taché de sang était lié. Les cordons qu'on nous a
prétantéi plus tard étaient longs de 50 à 60 centimètres, et larges de 5 à 6 milli*
inètrsit, lei deux plus grands étaient presque tout à fait remplis de sang.
Voici fse que l'inculpée raconta sur son accouchement : La nuit, à onse heures,
elle eommença à éprouver des douleurs très vives, elle s'étendit par terre el
peNit eonaaissance , et ce n'est que le matin qu'elle trouva sur le soi où elle
l'éUit couchée un enfant mort qu'elle prit et qu'elle posa sous elle. Gomme on lui
aigoetait qu'elle devait avoir coupé le cordon, elle répondit qu'elle n'en savait rien,
si jusqu'à la fin de l'instruction elle ne changea pas un mot à cette narration.
t'autopsie légale de l'enfant permit d'abord de constater tous les signes de la
qaalwité ; au cdté giiuche du cou se trouvait un sillon strangulatoire passant sur la
Qiiquo, peu profond, facile à couper, large de 4 millimètres, qui se distinguait par une
oouloiir p)i|S blanche que le reste de la peau ; des incisions faites dans ee sillon ne
domiérent point d'ecchymoses \ le (oie était hypérémiqne, la vessie vide, les gros
intestins remplis, les veines de l'abdomen contenaient assez de sang fonïsé et épais,
les poumons remplissaient la cavité pectorale, rouges, marbrés de bleu, leur poids
avec le cœur était de 80 grammes, sans le cœur seulement de 40 grammes ; ils
nageaient complètement dans l'eau, il y avait crépitation, du sang écumeux sortait
quand on les incisait, des bulles d'air montaient quand on les incisait sous l'eau ; les
artères cofimaires étaient aasey remplies, le cœur droit vide, le cœur gat^che assez
r^DpU; larynx et trachée qqrmaux çt vides, infiltrution sanguine ^^ os crâniena*
IqfpêcMft 4o lu di|re-rm4r<t Qt 4ç|8 vaia^oaux (|u cerveau ; vu tou« çea symptAmçs,
380 PARTIE THAPÎATOLOGIQUE.
nous conclûmes que l'enfant était né à terme, qu'il avait vécu après la naissance,
et qu'il était mort d'apoplexie, puis nous continuâmes dans notre rapport :
« Nous pouvons nous prononcer sur la cause de cette apoplexie cérébrale;
il y a quelques écorchures insignifiantes à Toreille droite et à Vos pariétal,
ainsi qu'un sillon au cou, ce sont des signes de violence extérieure. IjOS mensonges
de l'inculpée vis-à-vis de la sage-femme, ses contradictions devant le juge, exci-
tent naturellement le soupçon d'un infanticide produit par la strangulation au moyea
des cordons que Ton a trouvés, et la mort de l'enfant par apoplexie ne s'oppose pas
du tout à cette conclusion. Il s'agit seulement de savoir si ce sillon au cou est tel
que ceux qui sont produits par une strangulation pendant la vie. Nous n'hésitons pu
à dire qu'il est très vraisemblable que la strangulation a eu Heu après la mort. Le
sillon chez les pendus ou strangulés pendant la vie se montre ordinairement sur le
cadavre plus ou moins profond et d'un jaune brun sale, la peau en est momifiée,
dure au toucher et sous le couteau, et quelquefois, il y a des ecchymoses ; or
nous n'avons trouvé aucun de ces symptômes; tandis que, si l'on met un lien
strangulatoire à un cadavre, on obtient un sillon à peine profond, à peine visible,
un peu plus blanc que le reste de la peau, mou au toucher et sous le couteau,
ainsi une marque tout à fait semblable à celle que nous avons trouvée chei l'en&Dt
en question, il est donc justifié d'après cela d'admettre que très probablement
l'enfant a été étranglé après sa mort. Il reste maintenant à savoir comment est
survenue l'apoplexie.
» L'apoplexie est un genre de mort très fréquent des nouveau-nés, et dans ce
cas l'enfant abandonné par terre dans une cuisine froide pouvait facilement mourir
de cette manière. La sage-femme pense que l'enfant a été tué par la pression à
laquelle il a été soumis sous le corps de sa mère, cela n'est pas possible, car on
aurait trouvé chez cet enfant une hypérémie pulmonaire. Nous croyons avoir rempli
notre tâche en ayant donné les raisons physiologiques de la mort de l'enfant, il
n'est pas de notre domaine d'approfondir les motifs qui ont poussé la mère à mettre
une corde autour du cou de son enfant mort. Nous croyons seulement, d'après notre
expérience, pouvoir déclarer que la mère a voulu étrangler son enfant de peur
qu'il ne revienne à la vie. Les dépositions contradictoires de la mère montrent que
l'on ne peut pas se rapporter à ce qu'elle dit, nous mentionnons ici que le cordon
ombilical a été séparé par un instrument tranchant, cela est prouvé par les bords
lisses et nets qu'il présente ; mais on ne dit pas s'il a été lié. D'après ce qui
précède nous concluons : qu'il est très vraisemblable que la mort par apoplexie n'a
pas été produite par strangulation, et que la corde de coton a été mise autour
du cou après la mort. »
Obs. 279. Infanticide doutfmx par stranguiation.
Le cadavre d'un garçon nouveau-né, à terme, fut trouvé au mois d'avril dans un
jardin; un fichu ayant un nœud à un de ses bouts entourait assez fermement le cou.
A partir de ce nœud, situé à la nuque, un cordon de laine entourait deux fois le cou
PENDAISON, STRANGULATION. — Y A-T-IL FAUTE d'uN TIERS? 381
si éiroitement que Ton ne pouvail pas passer le doigt ; le cordon pissait à travers
la bouche qu'il tenait entr'ouverte et était très serré à gauche. Le placenta pesant
350 grammes fut trouvé non loin de là. Les sillons strangulatoires étaient larges de
4 millimètres et profonds de 1 millimètre, complètement blancs, mous, non ecchy-
moses ; le diaphrame était entre la quatrième et la cinquième côte, le poumon
gauche tout à fait rétracté, le droit remplissait aux trois quarts la cavité, le pre-
mier d'une couleur brune, le second d'un rouge vermeil marbré de bleu. Le gauche
incisé n'offrait aucune crépitation ni écume sanguinolente, et ne nageait pas dans
l'eau ; le droit nageait dans l'eau, contenait de l'écume sanguinolente et incisé,
faisait entendre une crépitation, le cœur ferme, les coronaires vides, la trachée
normale et vide, sur le haut de la tète le périoste avait plusieurs taches rouge
pourpre de sang foncé et coagulé, épaisses de I millimètre ; il y avait hypérémie de
la cavité crânienne.
De là nous conclûmes : que l'enfant né à terme et viable, avait dû naître très
vite, la tète était probablement tombée sur le sol, il avait dû mourir peu de temps
après la naissance d'hypérémie cérébrale, après sa mort il avait été étranglé, puis
déposé dans le jardin. Dans ce cas aussi la mère, qui est restée inconnue, a voulu
probablement empêcher l'enfant de revenir à la vie. Si l'enfant n'avait pas été
mort lors de la strangulation, on aurait vu des phénomènes tout différents (i).
Obs. 280. — Viol suivi d^asscLssinat par strangulation.
Au mois de mai 18*^, dans une maison d'une des rues les plus animées de
Berlin, on trouva deux cadavres, un homme et une femme.
Celle-ci était une Aile de dix-sept ans, que l'on disait avoir été violée puis étran-
glée, à côté d'elle était étendu l'ouvrier N...,que l'on soupçonnait être l'auteur
du crime, fa tète avait été fracturée par un coup de feu ; ce dernier cadavre n'a
pas été ouvert et nous ajoutons seulement qu'il n'y avait pas de sperme dans
l'urèthre, contrairement à ce que l'on s'attendait dans cette circonstance.
L'autopsie de la femme offrit les phénomènes suivants : la couleur du corps était
normale, il y avait des taches vertes de putréfaction. La langue tuméfiée était
entre les dents. Il n'y avait pas de corps étrangers dans la bouche ni dans les
autres cavités extérieures ; des fèces s'étaient écoulées de l'anus ; en pressant le
vagin, il en sortait une écume blanchâtre qui ne consistait qu'en cellules blanches.
Du côté droit du cou, au-dessous du bord maxillaire inférieur se trouvait un
sillon jaune brun, long de 10 centimètres et demi (avec une petite interruption de
1 centimètre), large de 1 centimètre et demi. A la fin du sillon, se trouvait une
autre marque d'un jaune brun, se dirigeant obliquement en bas, longue de 2 cen-
timètres et enfin vers la nuque, une autre marque longue de 1 centimètre et demi.
Des incisions faites dans ces marques n'indiquèrent pas qu'il y avait ecchymose.
Au cèté gauche du cou, deux sillons parallèles se dirigeaient de l'angle maxillaire
inférieur vers la nuque, longs de 7 centimètres, larges de 1 centimètre d'un rouge
(i) Qoant à la tobmersion partielle dc6 poumons, voyez les obt. 353 el 361 .
882 PktiTtt TltABlATOLOâtQtlfc.
brun qui n'étliieot pas plus profonds que ceut que fidus tenons de déeri^e. f «des et
lèvres pftles^ non tumêflés, yeux non t)H>énilnént8, vA|in hoti b6a(it, Telitrée fermée
par un hymen circulaire dont les tiords sdpêHeurs et infSfiédfe tnoHit^ient de
petites déchirures, la mtiqueUse des ftetiteif lèvreft rottge clair, les iflêisloAs pra-
tiquées dans eette muqueuse ne dotiiièrent pBS d'ecchymoses, tout le bord de l'hy-
men était coloré en pin Jaune par la putféfaetion Comiliencante. fl û*y avait de
sang ni è l'intérieur ni à l'etttéHeur des paHies f^nitales. En dehors ûlA lêsiOhs dé-
erites au eoui le cadavre était IHtHét.
Dans la tête : la dure-mère contenait peu de sang, la pie-mère un peu plus qu'a
l'ordinaire, les sinus étaient exsangues. Le Cerveau et le cerVelet nottaâUÈ conte-
naient une quantité normale de sang. Dans le thorax : le larynx et la ti^chée sans
lésion, la trachée vide, sa muquctlse colorée en rouge fbncépaf la putréfaction : dam
les deux plèvres 60 à 80 grammes de sang foncé et liquide. I^a substance du cenir
flasque, ses coronaires ainsi que ses cavités exsangues, les grandes veines exsan-
gues. Dans l'abdomen : le (bie pâle, l'estomac rempli de ptifée de pommes de terre,
les reins non hypérémiqucs, les intestins pftles, nulle part des stases sanguines, h
vessie vide, la veine cave exsangde, la matrice vierge, les deux ovaires grands
domme ottê tioix corttenaient des hydatidcs (chez une flile de dix- sept ans 1). Coe
attestation médicale disait que le cadavre avait été trouvé les mains liées derrière
le dos, une corde autour du ventre ; le cadavre ne présentait aucune trace de ces
violences.
Nous rédigeâmes nos conclusions ainsi qu'il suit :
fo Ni une asphyxie ni une apoplexie n'ont été la cause de la mort de la décédcf .
2* La mort n'a pas non plus été produite par une maladie organique.
3° Rien ne parle non plus pour un empoisonnement.
A^ Malgré l'anémie générale, comme il n'y a pas de blessures sur le corps, on ne
peut admettre que la mort ait eu lieu par hémorrhagie.
5° Il faut donc admettre une neuroparalysie comme cause de mort.
f)** Les lésions du cou ont l'aspect de celles que Ton trouve ordinairement chez
les gens qui ont été étranglés pendant la vie.
70 Vu cette dernière circonstance, et considérant que souvent la neuroparalysie
est le résultat de la strangulation, nous croyons pouvoir conclure que probable-
ment la décédée est morte par strangulation.
8^ Le viol que l'on soupçonne avoir été commis avant la mort, n'est pas constaté
avec certitude par les résultats de l'autopsie, on peut même dire qu'une entrée
complète du pénis dans le vagin n'a certainement pas eu lieu, mais que des
attouchements impudiques aux parties génitales peu de temps avant la mort sont
vraisemblables.
Le cas n'a pas été poursuivi .
Obs. S81 . — Mort par slrangulalion. — Position horisontatt du cadavre.
Le jour de la Pentecôte 18**, le malin à onze heures, le rentier L..., revenant
chez lui trouva la porte de sa chambre ouverte et sa femme étendue morte sur le
sol, le cou entouré d'une corde, celle-ci liée à la tète du lit ! Sur le iront se trouvait
PEflDAlSON, STRANGULATIOII. -- Y A»t-IL rAtlTË D UN TIERS? 888
une plaie Ihdehe et il pareifsait vraisemblable que la f^tnine avait été attaquée,
l'élaii évanouie par suite d*un coup porté sur la tête, et avait été Aranglée étant
par terre. Le sillon strangulatoire allait de l'apophyse mastoTde dfolte au
méiiM oa du côté fauche et passait sur l'os hyoïde. Cependant il était inteffdtilpti,
superAciel, large de 6 millimètres d'un rouge brun sale, dur sous le Oouteati, non
eeehjmoaé, enfin comme un sillon ordinaire. Il y avait hypérémie très prononcée
du crâne. Les poumons adhérents étaient gorgés de sang liquide, le eœttf droit était
très rempli, le cœur gauche vide, la muqueuse traehéale très ii^ectée étiK Couverte
de restes d'aliments qui devaient y èlre parvenus par dei mouvements de dégluti-
tion convulsifs et par des riic(i»f, les mêmes aliments se trouvaient dans l'œso-
phage et remplissaient à moitié l'estomac. Les veines jugulaires n'étaient pas très
rtmpliea ; dans l'abdomen, les reins étaient hypérémiques, la veine cave remplie
de sang noir et liquide, le foie et Tépiploon peu hypérémiques. Lejtlgement était
facile, il (allait admettre que la décédée avait succombé en même temps ft Thypéré-
mie pulmonaire et cérébrale, que la strangulation en avait été la cause et que la plaie
soperfleielle du front n'avait pas participé à la mort. Le meurtrier est resté inconnu.
Obs. 282. — Mort par étranglement ; pendaison du cadavre.
Le soir du 20 mars 18*^, on trouva une ouvrière de trente<<|uatre ans, pendue
au bouton de la porte de sa chambre qui n'était qu'à 1 mètre du sol, la corde était
épaisse de A millimètres, le cadavre pendait contre la porte, les jupons étaient en
désordre, le genou droit fléchi, la pointe du pied touchant le sol en arrière, la
jambe gauche était étendue en avant. A 30 centimètres du cadavre, il y avait une
grande tacbe de sang dans la chambre, plusieurs autres petites taches se suivaient
jusqu'au milieu de la chambre. La figure était taehée de sang sec.
Un médecin et un commissaire de police furent appelés. Le médecin déclara
qu'il y avait eu suicide et fit couper la corde à laquelle était pendu le cadavre,
l'employé de police soupçonna un crime. Le juge d'instruction, le directeur de
poUce« le procureur royal et moi, nous nous rendîmes sur les lieux le soir même.
Des empreintes de doigts au cou, une grande ecchymose à l'œil gauche, le sflng
dana la chambre, le désordre des vêlements, une égratignurc dans la région du
larynx indiquaient qu'il y avait eu le un meurtre commis. Depuis le 18, on n'avait
plus vu l'ouvrière et le soir de ce jour, une voisine avait entendu un gémissement
dana l» chambre, mais n'y avait pas fait grande attention.
Le 21, c'est-à-dire le lendemain du jour où on avait trouvé le cadavre, nous
Qines l'autopsie ; le ventre était déjà verdAtre. Les deux paupières de l'œil gauche d'un
FMife blen,acchymoséea, OMis pas tuméfiées. Sur la figure, des taches de sang sec,
la langue sortait de la bouche serrée entre les dents, rouge et tuméfiée. Les parties gé-
DtUles étaient déflorées, sur le devant de la chemise ni sang ni sperme, sur la partie
postérieure de la chemise quelques taches de sang et de l'urine ; de l'anus pressé sor-
taient quelques gouUeade sang ; tout autour ducou, il y avait on sillon passant sur le
larynx, profond de 4 millimètres, large de 4 millimètres, d'un jaune brun sale, dur,
non eechyMoeé, nnm intemipiion, qui se perdait en haut derrière les oreilles. A
38A PARTIE THANATOLOQIQUB.
Tangle du maxillaire inférieur gauche, une tache ronde de 1 centimètre de dia-
mètre et à l'angle du maxillaire inférieur droit une autre tache semi-lunaire,
longue de i centimètre et demi, large de 2 centimètres ; ces deux taches avaient
la même couleur et la même consistance que le sillon. Sur le milieu du larynx, il
y avait une petite écorcbure fraîche qui provenait évidemment d'un ongle de doigt.
Les bouô des doigts de cette femme étaient bleu rouge, au pouce gauche il j
avait du sang séché, pas de cheveux dans les mains.
La dure-mère était très hypérémique, la pie-mère moins ; le cenreau et les
plexus pas très hypérémiques. Les veines jugulaires ne contenaient pas beancovp
de sang ; le larynx et la trachée contenaient quelques gouttes d*écame sanguino-
lente. £n pressant sur les poumons, on n'y voyait pas monter d*écumc, les car-
tilages en étaient tout à fait intacts, les poumons œdémateux contenaient beaucoip
de sang. Dans le péricarde 1 5 grammes de liquide sanguinolent; le cœur droit tris
hypérémique, le sang foncé et un peu épais. Le cœur gauche contenait peu de sang,
mais les gros vaisseaux étaient gorgés. Le foie pâle, Testomac vide, les intestioi
pâles, les reins très hypérémiques, la vessie remplie, la matrice vide, la veine très
remplie.
Voici quelle fut notre conclusion :
1** La décédée est morte d'une hypérémie du cœur et des poumons.
2° Celte mort a été produite par une violence extérieure.
3° Elle a été produite en partie par strangulation.
A^ Les taches du cou proviennent en partie d'empreintes de doigts, en partie
d'égratignures.
5" L'ecchymose à l'œil n'a pas de rapport avec la mort.
6^ On doit admettre que la décédée a d'abord reçu un coup sur l'œil gauche,
puis qu'elle a été étranglée bientôt après, car s'il y avait eu un laps de temps
long, une plus grande tuméfaction se serait produite, puis elle a été pendue étant
morte ou presque morte ; dans les deux cas, le sillon strangulatoire aurait été le
même.
1° (Répondant à une demande spéciale). Le meurtrier a été devant sa victime,
il peut avoir élé couché sur elle.
8° Après le coup sur la figure, elle a saigne du nez et a fait les taches de sang
qui ont été trouvées dans la chambre ; ces taches ne proviennent certainement pas
des règles.
9"^ Les taches de sang derrière la chemise et dans l'anus sont un phénomène
assez fréquent dans le genre de mort de la décédée.
10*^ On ne peut pas déterminer si le meuririer a eu des relations sexuell«s avec
la décédce avant de la tuer, car sa défloration est ancienne et non» n'avons pas
trouvé de spernie ni sur le caddvrc ni sur le linge.
11" D'après les traces de putréfaction, on peut admettre que la mort date de
trois jours.
12*^ L'estomac vide montre que la mort a eu lieu si.\ à huit heures après le der-
nier repas.
Cette dernière question fut posée pour savoir l'heure à laquelle le meurtre a été
PENDAISON , STnANGULÀTION. — Y A-T-IL FAUTE D'UN TIERS ? 886
CMDmis, on pouTait croire, d'après la présence de tasses de thé que le meurtrier
(qui devait être un homme, car on trouva un bout de cigare par terre) ayait
paiaéla soirée avec sa victime.
Mais on trouva aussi du pain et des saucisses, dont la femme n'a certainement
pas manfé. Or, en supposant que le diner a eu lieu à une heure, l'assassinat amit
été commis k six ou sept heures du soir.
Le chaasevr Putlitz, que connaissait la décédée, fut soupçonné d'avoir commis lo
crime, il fut arrêté et bientôt après son arrestation, il fit un aven complet dans
lequel il raconta exactement comment il avait exécuté son crime ; son récit fat com-
plétemeot semblable à ce que nous avions présumé lors de l'autopsie. Il raconta à
an camarade de prison qu'il avait cohabité avec la décédée (1). Mais bientôt après
raccusé retira ses aveux et continua obstinément à nier tout, quoiqu'on lui eût fait
observer que ses premiers aveux coïncidaient exactement avec le rapport do l'ex-
pert. Les débats durèrent cinq jours ; les jurés déclarèrent l'accusé coupable.
I>ans une des audiences, on nous montra le nœud coulant trouvé autour du cou
du cadavre, en nous demandant si c'est là un nœud coulant de chasseur, je dus
déclarer mon incompétence, et je conseillai de prendre un chasseur comme expert.
J'observerai encore que le coupable a dit entre autres choses à son camarade de
prijon en lui faisant ses aveux : « La misérable m'a encore tiré la langue avant de
rendre son âme au diable. » Il voulait parler de la chute de langue qui fut trouvée k
l'autopsie. Celte parole fut plus tard très importante et devint une des graves cir-
coostaoces alléguées contre lui, car on admit avec raison que le camarade de pri-
son, qui n'avait jamais vu le cadavre, n'avait pas pu inventer qu'il y avait eu chute
de la langue. Si nous n'avions pas enregistré au procès-verbal ce symptôme au mo-
BKDt où nous n'en soupçonnions pas encore l'importance, le défenseur aurait eu
«ne arme de plus contre l'accusation. On voit parla avec quelle exactitude le mé«
dedn légiste doit tout examiner et noter ! L'assassin fut exécuté.
Obs. 283. — Déterminer si un assassinat a eu lieu par pendaison ou par étran"
glement.
Le SS avril au soir, la femme B... fut trouvée morte dans sa chambre. Un
cordon de laine verte serré autour du cou tenait le corps attaché à la quenouille do
lit, de telle sorte que la tête pendait sur la poitrine, et que le dos et les jambes
reposaient sur le sol. Tout le cadavre était habillé, il y avait sur la tête un chapeau
de femme chiifonné. Les mains étaient placées de chaque côté du corps la paume
Itvnée en dehors ; les cheveux étaient en désordre ; sur le sol, près de la
tète, il y avait une grande tache de sang, une tache analogue se trouvait sur la robe
ée soie noire du cadavre. Les armoires avaient été forcées, les papiers dispersés,
tovt indiquait qu'il y avait eu assassinat avec effraction.
Peu de temps après on arrêta lo menuisier Pfal.
Il avoua s'être glissé tout seul le dimanche dans la maison vide, et avoir livré
(I) RaaurqiM importante pour dos cas tembUblcs : il n'y avait ici aucan signe ni aux par-
6as géailatoi ni lor le liogel
IL 25
886 PARTIS THANATOLOOIQUË.
un combat avec la décédée qui, en le voyant, avait crié au leconn : il dit Taviii
saisie par la cou et lui avoir fermé la bouche parce qu'elle criait eootiimeUaoïeirt,
être tombé avec elle par terre et lui avoir a pressé la forge pendant nna mianta»,
tandis qu^elle se défendait, et lui égratignait les mains, jusqu'à ce qu'enfin elk
pontit connaissance ; puis il s'est levé, il a coupé un morceau du alora pour lii
mettre autour du cou et l'empêcher de crier, et alors elle aurait dit : «Ah! saos
Dieu, l'ai-je donc mérité I » Mais il ajoute qu'il a mis le cordon trèê lâche, aflf
qu'elle pût se délivrer plus tard*
Parmi les mensonges évidents de cette déposition, je mentionnerai d'abofi fai
PftU n'a pas pu exécuter seul le crimes comme il l'a prétendu, et <|tt'il a dû aviii
au moins un complice. Toutes les phalanges des doigts de cet homme étaient atri-
pbiées, de sorte que les ongles n'atteignaient pas le bout des doigts. Lea égrali*
gnures trouvées sur le cadavre n'avaient donc pu être ftdtea avec lea mains de cil
homme ; il ayooa plus tard, en effet, avoir été aidé par le garçon de qnatone aai
Schuls; celui-ci, disait Pbl, a coupé le store et a lié les coudes et les pieds de li
femme qui furent déliés ensuite* Gomme la femme criait toigours» Pial dit avoir
ooupé un troisième cordon et lui aroir entouré le cou. « le suis sûr, dit«il, qn'db
vivait encore a ce moment-là, je l'entendis encore râler ayant la corde autour di
cou, et je lui vis remuer les pieds. » Les deux assassins disent que la feanme vivait
encore lorsqu'ils quittèrent la maison (aprèa y avoir déjeuné).
Schuls, de son cété, déposa : Pial aaisit la femme par le derrièra du cou avec
ses deux mains, et engagea avec elle une lutte pendant laquelle la femuM cria
beaucoup, et quand elle fut tombée, lui, Schuls, lia les pieds. PCil la tint dan
cette position pendant quinse minutes. La femme vivait encore, ear elle si
remua et mordit la main de lYal, qui posa ensuite le cordon autour da cou avei
beaucoup de difiOcultés, le tira par les deux bouts, après quoi U femme ne reaui
plus.
L'autopsie, pratiquée deux jours après, donna à l'intérieur les résultats tout i
fkit négatifs de la neuroparalysie, aussi je ne parlerai que des phénomène
locaux.
La langue tuméfiée, serrée entre les dents, sortait delà bouche, dans l'éteodoi
de 4 millimètres, la chemise était très tachée de sang et d'urine dans la région de
parties génitales. Au milieu du front, une tache ecchymosée de i oeatimètie dt
longueur et de largeur, sur le menton une égratignurc rouge et ecchymosée
Tout autour du cou, sur le larynx, se trouvait un sillon se perdant derrière lei
oreilles, large de 4 millimètres, profond de 1 millimètre, verdàtce (le lien strang»
totoire était vert), dur à couper, non ecchymose, au-dessous du aaenten, une tach
longue de i centimètre et demi, dure, d'un rouge brun, non ecchymosée ; à h
joue gauche, près de l'angle du maxillaire inférieur se trouvait une tache analegoe
longue de 4 millimètres, semi-lunaire, le dos du nés était brun rouge et ecchy-
mose. Au cou, il y avait sept taches s'étendant de gauche à droite, qui étaien
encore colorées en rouge, mais que l'on voyait déjà revêtir «ne couleur d*mi bmi
sale. Toutes ces taches étaient plus ou moins semi-lunaires, longues de 4 à 6 mil-
Kmèlres, molles et non eeehymosées, une partie de ces taches ayaient leur con-
PENDAISON, STRANGULATiON. — Y A-«T-IL FAUTE d'UN TIERS? 387
fexilé à droite, d'autres l'avaient à gauclie. Une tache jiialogue se trouvait au dos
du pottcn dfoiU ▲ la partie supérieure du sternum, ou voyait une égratignure
fralclie. La f urliice interne des deux carotides était intacte.
Nous devions déclarer, d'après ces résultats, qu'il y avait eu luUc, ce qui était,
in reate, prouvé par lo* nombreuses égratignures qui se trouvaient sur lea auins
de Pfa). Puis nous expliquâmes que la mort par neuroparalysie a lieu tréa aou-
veol ptr étranglement au moyen dea doigts et par rétranglemeoi au moyeo d'na
yen, B a'agîasait de savoir auquel de eas deux sortes d*étraagleBient était due la
nort
Nova disions : « Les dem^ procédés tuent également vita, ainai même, si laa
davpc attaques ont eu lieu à peu prés an même temps, il y en a une qui a été frite
sur im cadavre ou un mourant, et on ne pourrait asaigner la priorité avec quelque
aertitude, que ai une de%attaques avait donné lieu à des phéneménes de réactioa
à reieluaion de l'antre ; c'est ce qui n'a pas eu lieu ici, puisque l'empreinte dea
doigta sur le cou est aussi bien prononcée que le sillon strangulatoire.
Cea ëeiix réactiona ont présenté absolument le même aspect, la même eouleur
qae lorsque l'on a affîitre à des gens qui ont été étranglés pendant la vie. Nous
afens déjà dit q«e le eause physiologique de la mort est la même dans lea deux oaa.
Aiontons qu'un âillon strangulatoire produit aussitôt après la mort est absolu*
Beat identique avec m sillon produit sur un vivant. Si dans le cas qui nous occupe
la mort a eu lieu par étranglement au moyen des doigta, un peut, au moina, affir-
mer que la strangulation au moyen du Uea a été pratiquée aussitôt après. Le con-
traire peut être vrai, mais est moina probable. Les deux accusés s'accordent à dire
fie rélraoglement au moyen des doigts a eu lieu avant la strangulation au moyen
du lien, cette déposition devient vraisemblable par suite de cette circonstance que
les empreintea de doigta au cou du cadavre sont encore rouges de sang, et que
qeelqiieimpea seulement avaient pris la couleur sale brune. Or cette couleur rouge
clair ne se présente pas pour des égratignures faites sur un cadavre môme immé«
diatement aprèa la mort.
D'aprèa cela nous admettons que la femme était encore vivante lorsqu'elle a
reçu lea blessures sur la tète et la Agure, sans quoi une ecchymose aussi impor-
taaie n'aurait paa eu le temps de se former, et qu'elle était eneore vivante quand
elle a reçu les égratignures du cou et qu'elle a donc été étranglée avec les doigts
avant d'être itrangulée avec le lien.
Quant à déterminer si la strangulation au moyen du lien a eu lieu lorsque la
femme était déjà tout à fait morte, nous dirons que la femme était, à l'époque de ses
rèfiea, par cooa^uept, dans une période de grande surexcitation, ce qui fait penser
qu'elle a ét4 tuée v^e. Un homme vigoureux comme Pfal, qui presse de toutes ses
foreea le cou, la poitrine, la bouche de ses deux mains, avec l'assistance de Schula,
doit amener une mort prompte. Ajoutez que la mort par étranglement est unedea
plva promptes ; nous ne devons tenir aucun compte de la déposition de Schuli qui
dit que Pfel a preasé pendant « un quart d'heure » sur le cou.
De plus, la position des mains tournées en dehors prouve que la décédée était
iiaaed on l'a a^achée au lit et qu'elle y a été Usinée n'étant plua qu'un
388 PARTIE THANATOLOGIQUE.
cadavre. Car les mains d'une vivante n'auraient pas gardé cette position. Kous oe
pouvons pas décider si la tache jaune, provenant du parquet, qui se trottre sur la
robe de la femme, a été faite pendant la lutte, ou bien lorsqu'on Ta traînée par
terre.
Maintenant pourquoi les meurtriers ont-ils pendu leur victime après sa mort!
La réponse à celle question nous paraît facile, car on sait qu'il arrive souvent que
les meurtriers tâchent de cacher leur crime en lui donnant Tapparenee dTwi sui-
cide, ou bien ils continuent à frapper leurs victimes de crainte qu'elle ne revienne i
la vie, etc. Nous croyons que dans ce cas les meurtriers ne pouvaient pas penser à
faire croire à un suicide, en laissant toute la maison dépouillée. Aussi la pendaison
du cadavre a clé faite dans la seconde intention, c'est aussi pour celte raison que
Pfol et Schulz lièrent seulement i ce moment les jambes et les bras de la femme
jusqu'à ce que, sprès un s^*jour prolongé dans la maisoe, ils fiissent convaincus
qu'elle était bien réellement morte. Ce que nous venons de dire est contraire aux
déclarations de Pfol, qui prétend avoir espéré que la femme pourrait encore se sa«*
ver et que pour cela il a attaché le cordon très lâche autour du cou ; c'est d'anlanl
moins admissible que Schulz déclare l'avoir vu serrer très fort avec ses deux mains;
de plus nous avons trouvé le sillon profond d'une ligne. Il n'est pas vrai non plus
que la décédée ait encore râlé et remué après avoir eu le cordon serré autour du
cou, encore moins vrai qu'elle ait été encore vivante lorsque les meurtriers oot
quitté la maison. D'après cela, nous déclarons :
i" La femme R..., est morte de neuroparalysie.
2® Celte neuroparalysie a été produite par des violences exercées sur le cou.
3® Les violences sur la lèle et le nés, ainsi que la pression sur la bouebe et le
cou ont précédé la strangulation avec le lien.
4® La décédée vivait encore lorsqu'elle fut victime de ces violences.
5*^ On peut admeltre que la mort a été produite par étranglement au moyen des
doigts.
6^ Elle était déjà morte lorsqu'on lui a mis le cordon autour du cou.
7** La manière, dont on a noué le cordon au cou, ne permet pas de douter que
la femme B... n'ait dû élre tuée par la strangulation.
PIbI a été exécuté, le garçon Schulz a été condamné aux travaux forcés à temps.
Obs. 284. — Suicide douteux* — Position horizontale du cadavre,
La femme Claasen fut trouvée morte pendant la nuit dans l'atelier de son mari,
à cété del'éUbli, moitié sur le côté, moitié sur le dos. Elle était toirt à fait habillée
en noir et avait le cou plusieurs fois entouré par un cordon noué du cété gauche.
Dans sa ceinture, il y avait deux lettres signées de son nom, dans lesquelles elle
exprimait l'intention de se tuer et dans lesquelles étaient répétés plusieurs fois ces
mots : « Mon mari est innocent » . Les vêlements étaient en ordre, mais les che-
veux pendaient en désordre autour de la léle. Le mari fut trouvé ivre, et si peu
inquiet qu'il prenait une tasse de café à côté du cadavre.
Il prétendit (jusqu'à la fin du procès) être complètement innocent de la mort de
• PENDAlSONi STRANGULATION. — V AT IL FAUTE d'uN TIEIlS? 889
sa femme : mais sa fille âgée de sept ans raconta avoir vu son père prendre sa mère
par le eou, la traîner de la chambre dans l'atelier, de là, dans un cabinet, puis
qu'il était allé chercher un cordon dans la chambre, qu*il était revenu dans le cabi-
net, airalt fermé la porte ; il était sorti plusieurs fois dans la journée et avait menacé
ses enftints de les tuer s'ils disaient quelque chose. Enfin, le soir, il traîna la femme
dans Talelier et la déposa a côté do rétabli. Puis, continua l'enfant, U avait saisi
la phia petite de ses filles, il lui avait mis un cordon autour du cou et il était allé se
promener, pendant ce temps, l'enfant avait dénoué sa sœur.
Les résultats essentiels de l'autopsie faite cinq jours après la mort de la femme
Glaasen, furent les suivants : coloration verte du ventre, la langue derrière les
dents, absence de blessures, coloration bleue rouge du vagin, fèces s'écoulant de
l'anus» coloration bleu rouge de la figure et des oreilles, rougeur foncée des deux
lèvrea avec quelques écorchures. Tout autour du cou, un double sillon profond de
î millimètres, visible partout, d'un rouge brun à la partie antérieure, dur, non
eodiymosé, aux autres parties, pâle et mou. A droite, près de l'angle du maxillaire
infirieur, ae trouvait une tache ronde plus rouge, de la grandeur d'un petit pois, la
peaa intacte, moUa, non ecchymosée. Les poumons plus foncés qu'à l'ordlnaire^et
gorgés de sang foncé. Le cœur droit, les coronaires et les grands vaisseaux de la
poitrine très remplis. Dans le ventricule gauche, se trouvaient 8 grammes de sang, le
larynx et la trachée intacts et vides, la muqueuse injectée fortement. La cavité du
crâne hypérémique, ainsi que les reins et les grandes veines. Il était certain que la
déeédée était morte par asphyxie et par apoplexie, c'est-à-dire par arrêt subit Je la
circulation, dont on a trouvé les symptômes sur le cadavre.
Nous admîmes d'abord qu'une asphyxie et une apoplexie annoncent en elles-
mèmes une mort violente et nous déclarâmes que le cordon trouvé au cou était
un instrument apte à produire les accidents qui ont eu lieu. Néanmoins nous
déclarâmes que le cordon n'avait pas été la cause de la mort, qu'il n'avait été mis
qu'après la cessation de la vie. Ce cordon n'avait que 40 centimètres de longueur,
et ne pouvait avoir serré le cou très fort; il (allait supposer une autre |6rce plus vio-
lente, par exemple, une preasion avec les mains. L'absence de réaoUon au cou ne
pouvait être objectée, puisque souvent les violences les plus grandes produisent des
blessores internes très graves sans provoquer rien à la surface du corps. Il n'est
également pas surprenant que la femme n'ait pas crié, puisque, comme cela est
constaié, elle était malade, que le mari était très grand et très fort, et que Tassas-
stnat a doré très peu de temps.
Passant ensuite à l'état du sillon strangulatoire, nous disions que ce sillon res-
sesablait à cevs que l'on produit après la mort, et que le lien n'aTait vraisembla-
Meaaent été mis après la mort que pour faire croire qu'il y avait eu suicide.
Noos fûaioQS de plus observer les faits suivante qui militaient en fiiveur de
la jusleiae de notre opinion. Le nœud qui se trouve à la partie postérieure
du cordon est noué avec grand soin, le nœud antérieur montre également une
certaine précaution ; il u'est pas probable qu'un suicidé s'amuse à fermer de cette
Bttnière le lien qui l'étrangle, et Ton peut se demander pourquoi, ti la femme
fonlait absolument être étranglée, elle n'a pas choisi le procédé ordi-
1190 PARTIE THANATOLOOIQUE.
naire, la pendaison. Quant à la position dans laquelle on a trouvé le caUaTre, il
n*e8t pas difficile de démontrer qu'il est impossible que la femme se soit suicidée â
côté de rétabli. D*abord pourquoi cette femme, voulant se suicider, ne l'a-t-elle
pas fait (lans son lit, et serait-elle allée se coucher sur le plancher de l^atelier; puis
qu'elle fut trouvée à moitié de côté, la tête appuyée un peu sur le brai droit ? Or, il
n'y a pas un seul cas dans les annales de la science dans lequel oo puisse trouver
une telle position après un suicide. Au contraire celle position confirme la déposi-
tion de la petite fille qui dit que le cadavre de sa mère a été traîné et déposé dans
l'atelier. L'accusé fiit condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Obs. 285. — Suicide par strangulation, l^osilion horitontoUe.
Dans une nuit d'avril, la belle-fille de la veuve L... entendit cette dernière se
leter et aller dans la cuisine voisine ; elle se rendormit, et le lendemain matin elle
fkit étonnée de trouver le lit de sa mère vide ; elle alla dans la cuisine et y trouva le
eadavre de celte dernière gisant sur le sol. Elle était sur du linge près de la porte
de la cuisine, qui était fermée en dedans et qui était la seule sortie. Sur une chaise
à côté du cadavre se trouvaient un couteau et un canif, l'un et l'autre tachés de
sang ; le cadavre avait une blessure superficielle à l'articulation de la main gauche,
et une autre à l'articulation du coude gauche ; autour du cou, il y avait un cor-
don mince serré très fort, faisant trois fois le tour, et noué par ud nœud ordinaire
devant le larynx.
A l'autopsie, il était remarquable de trouver, comme dans le cas précédent, une
couleur violette de la muqueuse vaginale, tl y nVait à l'articulation de la main
gauche une coupure tout à fait horizontale ; une autl*e au coude (longue de 1 cen-
timètre) allait de haut en bas et de dehors en dedans, ce qui naturellement
indiquait que la femme s'était blessée elle-même. Au cou il y avait un triple sillon
large de 2 millimètres, superficiel, blanc, mou à couper, bleu seulement à quelques
endroits, nulle part ecchymose ; il passait sur le larynx, mais il n'y avait qu'un
sillon qui tournait san^ interruption autour du cou. Ce sillon sans aucun doute
avait été produit pendant la vie.
La veuve L... s'était étranglée. Les poumons étaient gorgés de sang foncé et
liquide, et il y avait des ecchymoses p^léchiales sous la |>lèvrc. Les coronaires du
cœur étaient très remplis, le cœur lui-même ne contenait pas beaucoup de sang.
Nous trouvâmes une insuffisance des valvules du cœur, ce qui n'était pas tout à fait
insignifiant pour l'admission du suicide, la muqueuse trachéale était fortement
injectée et couverte d'écume sanguinolente, les jugulaires ne contenaiant que
peu de sang, le cerveau ne présentait pas de congestions apoplectiques ; le foie,
les veines du mésentère, les deux reins, la veine cave étaient remplis de sang foncé
et liquide.
PENDAISON, STRANGULATION. — Y A-T-IL FAUTE D*UN TIEHS? 891
Om. 186. — Suicide par hlrangulation dans une poiition horiMontalê,
La femme d'un Uflleor, âgée de quarante-neuf ans, sourde depuis plusieurs
usées, éUH atteinte d'une maladie du foie et avait conçu le dessein de se suicider.
ûm couchait dans la même chambre que son mari et que sa fille. Le 15 mai, cef
smieni trouvèrent la matin le lit de la mère vide et son cadavre dans la cuisine
liaine. le l'ai vue moi-même étendue. Elle était couchée sur le sol, la tète posée
ir vn petit sac de fiirine, autour du cou il y avait un fichu de soie, et par-dessus
tah noué très serré un fichu de toile mouillé. (Pourquoi l'avait-elle mouillé?) Le
non était creux, il entourait tout le cou et passait sur le larynx; il était mou et
fsU dans sa continuité quelques places bleuâtres non ecchymosées. On trouva une
sllre dans laquelle elle expliquait sa résolution de se suicider.
Oi8. 287. — àsMStinat par étranglemenL
One femme de soixante-huit ans, très riche, vivait seule dans une maison très
;raode et très habitée, qui n'était pas fermée et qui donnait dans une des rues les
Ans A^uentées de Berlin. Elle était servie par une domestique qui venait ches
Ae tous les matins. Le 29 octobre 18**, cette vieille femme fut trouvée morte dans
on lit en désordre, couverte par les oreillers et les draps. Dans la chambre on
rouva les preuves indubitables d'un vol avec effraction. Les armoires et secrétaires
laient ouverts et vides, les papiers étaient péle-méle dans la chambre, et le
iadavre se trouvait dans une chambre obscure ; nous le vtmes immédiatement après
[ue révénement fut connu, c'est-à-dire, comme l'indique l'instruction, à peu
rèa trente heures après la mort.
La putréfoction était déjà si avancée (la température était élevée) que toute la
été était d'un vert noirâtre ; les yeux, dont la conjonctive était roug^e, proémioaient,
i la langue tuméfiée sortait de 6 à 8 millimètres entre les dents. Au cou ainsi
18*1 la poitrine, Tépiderme manquait à plusieurs endroits par suite de la putréfac-
ioo. À la partie gauche du cou, on voyait des ëgratignures fraiche^^^MpTèB des-
[acUes se trouvaient deux à trois taches ; on les reconnaissait par la couleur plus
meèe qu'elles avaient revêtue au milieu de la putréfaction; elles indiquaient
[u'Il y avait eu pression des doigts. Nous n'avons pas trouvé un sillon strangula-
nra ; les deux mains étaient liées derrière le dos avec une serviette ordinaire. Les
imbea étaient également liées. Cette position du cadavre indiquait qu'il y avait eu
roiiablement plusieurs coupables.
L'ouverture du cadavre eut Heu le lendemain. La putrédsietion était très grande,
Bs traits de la figure étaient devenus méconnaissables, et les deux mamelles étaient
>o«fléea comme deux vessies. La langue, très tuméfiée, sortait de la bouche
le 8 eentimèlres et était ^TXkn vert noirâtre. Dans la couleur rouge brun du cou,
m pouvait distinguer à gauche, près de la clavicule, à 2 centimètres de facro-
nion, deux taches ovales noires, dont l'une avait 1 centimètre, Tautre 1 centi-
Bètre et demi de diamètre ; elles étaient dures à couper et ofliraient une dure
seehymoae. Aux deux articulations des mains il n'y avait pas de trace de lésion ;
lis aar la fiice palmaire de Varticutation de la main gauche, il y avait une place
392 PARTIE THANATOLOGIQUE.
irréguliôremenl ronde de 2 cenlimètres de longueur, qui était ecchymosée et àe
couleur bleue. Le bord de$ lèyres était noir bleu, mais pas ecchymose. Aucun
corps étranger dans les cavités extérieures. Les sinus et les veines de U cavité en-
nienne et du cerveau vides de sang ; nulle part une extravasation ou autre ai»-
malie. Le larynx et la trachée complètement intacts, la mu<iaeiise brun roafe
foncé ; les poumons, encore chauds, étaient sains et ne coAtMaieot que peu de
sang ; les veines du cou étaient complètement vides, ainsi qae les grandes veinei
du thorax. La bouche et l'arriére-bouche normales. Toute la eavité abdomtnak
présentait une chaleur extraordinaire et était putréfiée. Le foie bypérémique était
couvert de bulles de putréfaction. La rate et les reins en booîUîe, les autres
organes de l'abdomen vides de sang, excepté la veine cave qui conteoait encore
beaucoup de sang foncé et liquide.
Ainsi, ici, comme cela arrive si souvent, il y avait eu mort par asphyxie, et l'on
n'avait pas trouvé les symptômes ordinaires à cause des progrès de laputréftction;
néanmoins toutes les circonstances démontraient qu'il y avait bien eu asphyxie.
Le sang était en grande partie évaporé, aussi on avait trouvé les poumons, le coeur
et le cerveau vides, la môme cause avait empêché de voir tous les symptômes du
larynx et de la trachée ; l'écume sanguinolente, qui caractérise si souvent la mort
par suffocation, s'était évaporée, et la couleur chocolat de la muqueuse iraehéale ne
permettait plus de voir des injections.
Néanmoins nous admîmes qu'il y avait eu mort par asphyxie pulmonaire ; car
cette femme que son fils avait quittée la veille, le 27 octobre, bien portante, ne pré-
sentait aucune trace d'un autre genre de mort. Puis, malgré la putréfoction avancée,
on trouva encore quelques phénomènes importants : la langue tuméfiée, les pou-
mons encore chauds, la haute température de la cavité abdominale, l'hypérémie du
foie, le sang foncé et liquide remplissant la veine cave.
De pinson a trouvé des circonstances prouvant que cette asphyxie avait été produite
par des mains criminelles : les mains serrées du cadavre derrière le dos, les jambes
liées au-dessus des jupons, la tète pressée dans les oreillers, surtout les taches au cou
qui, malgré la putréfaction, étaient encore dures à couper. Tout cela annonçait une
pression exercée par un tiers probablement au moyen des doigts. Nous ne pouvions
pas dire, d'après les seuls résultats de l'autopsie, si l'asphyxie avait eu lieu par
suite de cette pression des doigts ou par suite de l'enfouissement dans les oreiUers.
Obs. 288. — Suicide doiUeux par blessure du péricarde. Pendaisom,
Une fille de trente-quatre ans, connue comme mélancolique et malheureuse, fut
trouvée pendue à la fenêtre dans sa chambre. Quoique les circonstances rendissent
un suicide probable, il était assez extraordinaire de voir sur la poitrine du cadavre
deux plaies, sur la table une cuvette remplie d'eau sanguinolente, et à côté une
éponge pleine de sang. Pour mettre fin à tous les doutes, l'autopsie fut ordonnée.
Les plaies du côté gauche de la poitrine avaient pénétré entre la septième et h
huitième côte ; dans le péricarde on trouva deux blessures de même grandeur,
longues de 2 centimètre^, à bords nets, non ecchymoses. 11 n'y avait pas un
épanchement abondant dans le péricarde. A la pointe du cœur il y avait une
PENDAISON , STRANGULATION. — Y A-T-IL FAUTE d'UN TIERS? 393
solution de continuité de la couche mince de graisse qui Tentourait, à bords
sets, longue de i centimètre. Combien il avait peu manqué à cette blessure
pour être instantanément mortelle ! La mort avait eu lieu par pendaison, le sillon
Jame brun sale, parcheminé, non ecchymose, entourait le cou et était interrompu
dani l'étendue de 5 centimètres. Du côté gauche il n'avait que 4 millimètres de
tergenr et de profondeur ; à la surface antérieure du cou, il ayait un centimètre^ à
(joelqoes endroits même 1 centimètre et demi de largeur, mais était partout plat.
Ce ftOlon, comparé à l'instrument, était très curieux. Le lien était un châle de
laiiie, par conséquent mou et large, il avait des bords travaillés au crochet qui
étaient assez durs. La langue était derrière les dents, la putréfaction commençait,
lee parties génitales étaient vierges, la main droite tachée de sang séché, le cœur
était exsangue, les poumons sains et exsangues, le sang pas très liquide, la trachée
vide et pâle ; ainsi il n'y avait certainement pas eu asphyxie *, le cerveau, ses
mefnbranes, et ses sinus exsangues ; l'abdomen normal.
Ici la strangulation avait donc produit une neuroparalysie à laquelle la blessure
du thorax pouvait avoir contribué, nfillait naturellement admettre que le cb&le et le
couteau présenté avaient pu produire les lésions. Nous n'hésitâmes pas i admettre
■n suicide. Outre la porte fermée en dedans, ce qui est une circonstance en dehors
de notre domaine, nous avions comme preuve la main droite tachée de sang,
la direction des plaies de haut en bas et l'absence de trace de résistance. On ne
pouvait pas admettre qu'il y eût eu pendaison après la mort, puisque la plaie du
pérkardo ne pouvait avoir amené la morU Sur demande spéciale du juge d*in-
stmetion, nous ajoutâmes que la décédée, s'étant blessée à la poitrine, était encore
en état de se laver et de se pendre. Le cas donnait une nouvelle preuve de la léna-
àlé des résolnUons de certains suicidés.
Je fais suivre ici trois cas dans lesquels on a trouvé des cadavres
pendus, les deux jambes posant sur le sol, ce qui avait fait douter
du suicide.
Om. S89. — Suicide douteux parpendaiion. Cadavre trouvé sur ses deux pieds.
L'ouvrier B... vivait en très mauvaise intelligence avec sa femme, âgée de qua-
rante-trois ans. Celle-ci se pendit à la fenêtre à la suite d'une scène violente. Elle
avait ses deux pieds reposant â plat sur le sol, et le lien était un mouchoir noué
par un nœud ordinaire, la tète penchait de cété. La tète et la figure du cadavre
étaient pâles, les yeux non proéminents, Ui langue serrée entre les dents ; rien
d'extraordinaire aux mains ni à aucune autre partie du corps. Le sillon était situé
en avant entre l'os hyoïde et le larynx ; la partie postérieure du cou était intacte et
n'aiait pas été touchée par le lien ; le sillon était large de 1 centimètre, superfi-
d'un brun sale, dur, non ecchymose, les poumons gorgés de sang liquide,
que les grandes veines, le cœur droit et les coronaires assez remplis, la cavité
eriUiieone ne montrait aucune hypérémie. Dans l'abdomen, le foie et surtout les
éUieothypérémiques, tout le reste était insignifiant.
Nous condûoies :
394 PAUTIE THAIVATOLOGtQUE.
1 ® La décédéc est morte d'apoplexie pulmonaire ;
2** La mort a été produite par la pendaison ;
3** Par l'autopsie seule on ne peut décider s'il y a eu suicide ou assassinat ; rie&
ne rend le suicide impossible.
Nous ne pouvions préciser plus, car ce cas était très singulier, nous ne pouvîoos
admettre une grande pression sur le cou, mais il n'était pas impossible que le ataii
eût poussé sa femme pendant la rixe jusqu'à la fenêtre et l'eût pendue.
Obs. 290. — Suicide par pendaison» Position du cadavre sur les deux
Un homme du monde qui avait pendant plusieurs années mené une vie dissipée,
fut arrêté tout à coup à cause de parjure dans une affaire très importante. L'instnu*
tion dirigée contre lui prenait une tournure très grave, lorsqu'on le trouva «a
matin pendu dans sa cellule ; son voisin de prison l'avait entendu se lever la
nuit, n'y avait pas pris garde et s'était rendormi. Le décédé s'était pendu entre lei
deux ailes d'un paravent qui formaient un angle aigu, il avait fait une espèce ds
potence avec un balai, il avait lié son fichu de nuit au manche de ce balai et s'était
pendu. On le trouva débout, les deux pieds à plat sur le sol; c'était un homme
vigoureux d'une quarantaine d'années. Ni érection, ni sperme ; figure pâle et allais-
sée; yeux fermés, profonds, non ecchymoses ; langue denière les dents; le sillon
n'était visible que sur le côté droit du cou el momifié, à gauche il y avait sea-
Icment quelques traces ; la nuque était libre ; la tète pendait tout à fait sur la poi-
trine ; nous l'avons seulement examiné extérieurement, car on ne demanda pas
une autopsie légale.
Obs. 291. — Suicide douleux par pendaison» Posmon sur les d$um pieds.
Un restaurateur de quarante ans fut trouvé pendu au mois de mars , reposant
sur les deux pieds ; je ne sais quelles circonstances firent soupçonner la faute d'un
tiers, cependant on demanda l'autopsie légale.
Au milieu du larynx il y avait un sillon large de C millimètres, profond de
2 millimètres, d'un brun sale, parcheminé, non ecchynosé, sans interruption; k
2 centimètres au-dessous, il y avait un sillon faiblement bleu, tout à. fait mou, non
ecchymose, large de 4 millimètres, profond de 1 millimètre à peu près. 11 était situé
sur le côté droit ; à l'intérieur il y avait hypérémie des poumons et du eerreav ;
l'artère pulmonaire était bypérémique, mais pas le csaur ; la veine eave était
remplie.
Nous conclûmes :
V La mort a eu lieu par hypérémie des poumons et du cerveau ;
2° Cette hypérémie a été produite par pendaison ;
3° Cette pendaison a été causée par l'instrument qui a reposé dans le sillon
supérieur ;
4^ On ne peut pas déterminer si le sillon inférieur a été produit par le mène
instrument par suite d'une tentative de suicide avant la mort ;
5° L'autopsie n'a pas donn^ de résultat faisant admettre une pendaison produite
par une main étrangère.
SUBMBBSIOII^ — GÉNÉRALITÉS . 805
CHAPITRE VI.
SUBMERSION.
$1.— Oénéraliléf.
La mort par submersion a lieu lorsqu'un homme, ayant la tète
JMigée dans l'eau ou dans un liquide quelconque, il y a imposai-*
ilité pour Tair atmosphérique d'entrer dans les voies respiratoires.
D n'est pas nécessaire que tout le corpft et même toute la tète soit
longée dans le liquide.
On a iru des exemples de gens dont la tète seule ou même la figura
tant plongée dans l'eau, ne voulant ou ne pouvant pas en sortir,
NU morts par submersion*
C'eal ainsi qu'on trouve des noyés dans des mares superficielles,
e contenant pas beaucoup d'eau, ces noyés sont ordinairement ou
es nouveau-nés, ou des ivrognes, ou des épileptiques ; quelquefois
n trouve des nouveau*nés noyés dans des vases ne contenant que
en d'urine ou de l'eau d'amnios.
D n'est pas nécessaire que le milieu où est plongé le visage soit
fitnK, car la mort par submersion a lieu également dans des sables,
ans de la vase, dans des fosses d'aisances, etc. Dans tous ces cas,
f a un empoisonnement négatif du sang, parce que la quantité
'air atmosphérique nécessaire à la nutrition e«t dérobée au sang et
«•.celui-ci devient incapable d'exciter et d'entretenir la vie du sys«
hne nerveux. Il s'ensuit qu'au point de vue physiologique, la
lort par submersion est tout à fait identique avec la mort par strangu-
itîon. C'est pourquoi les résultats de l'autopsie, dans la mort par
ubmersion, ne. diffèrent nullement de ceux des deux chapitres pré-
Uanla. Ainsi tes noyéS) comme les strangulés, peuvent mourir de
jontre manières (voyex page 3A6) : par hypérémie cérébrale, par
ijpiréiiiie pulmonaire, par ces deux hypérémies réunies, enfin par
Mnroparalyaie.
Les auteurs modernes, trop sceptiques, ont posé la thèse suivante :
396 PARTIE THANATOUMflQDE.
Un homme peut entrer diiDs l'eau encore vivant, y mourir sans a^oir
été noyé, si, en tombant sur des poteaux, des rochers, etc., ilsetaii
une blessure de tâte mortelle ! Il est certain que si un hom«ne, ea
tombant dans Tcau, se fait une blessure de tète et en meurt tout de
suite avant d'être noyé, il n*y a pas eu mort par submersion, ce n*esl
qu'un cadavre qui est tombé dans l'eau ; mais si les blessures ne l'ont
pas tué, s'il est entré encore vivant dans l'eau, il est rédlement
mort par submersion et doit être considéré comme tel. Certains
cas particuliers peuvent quelquefois présenter des difScaltés sous ce
rapport, ils devront être résolus d'après les circonstances.
Des quatre genres de mort par submersion, Ykypérimie du cer-
veau est la plus rare. On a prétendu qu'elle ne se présentait jamais,
je ne suis pas du tout de cet avis, pas plus que de celui des auteurs
qui ont prétendu que c'était là toujours le genre de mort des noyés.
Si l'on se donne la peine, comme je Tai fait, de comparer les sym-
ptômes de plusieurs centaines de morts par submersion, on vem
que l'apoplexie cérébrale se présente quelquefois.
Très souvent, le phénomène de l'hypostase cadavérique est
confondu avec l'hypérémie du cerveau ; d'un autre côté , beau-
coup de médecins, ne trouvant à l'autopsie que des phénomènes
négatifs, s'accrochent à une certaine réplétion des vaisseaux
cérébraux, afin d'avoir une base positive pour leur rapport, et ils
déclarent de bonne foi qu'il y a hypérémie là où il n'y a aucune
anomalie. Ce qui a surtout une grande influence dans cette question,
c'est l'estimation individuelle des experts, je pourrais dire les yeux
individuels, car rien n'est plus relatif que le degré de réplétion de^
veines du cerveau et des sinus, rien n'est plus indécis que les expres-
sions c très rempli >, c assez rempli >, etc. Et il n'y a pas de moyen
d'obvier à cet inconvénient.
Les expériences que j'ai faites en pesant le cerveau et le cervelet
sont restées sans résultat, comme on pouvait le prévoir, car, non-
seulement, il y a des variations individuelles, corporelles et mentales,
mais encore la quantité de sang qui constitue une hypérémie mortelle
est très peu considérable.
SUBMERSION. — SYMPTÔMES EXTERNES. S97
n esl certain qde, quand on trouve chez un noyé, une hypéréroie
cérébrale comme seul phénomène positif, cette hypérémie est toujours
M importante, et qu'une hémorrhagie est excessivement rare ; je
'ai rencontrée chex un homme de trente ans qui, en état d'ivresse,
lait tombé dans un marais et s'y était noyé. Le liquide vaseux fut
nNiTé dans la trachée, ainsi que tous les autres signes de la mort par
■bmersion. Les méninges gorgées de sang, et au-dessous de la
iore-mère, il y avait une extravasation de 2 centimètres de dia-
aèirs*
La mort par hypérémie des organes de la poitrine ^ et la mort par
]em'oparaly$iey sont plus fréquentes dans la submersion. On ne
lest pas dire dans quelles circonstances chacune de ces morts a
plus ordinairement. Les dispositions individuelles, la tempéra-
de l'eau, la perte de connaissance, l'ivresse, la frayeur au
du contact de l'eau, la lutte, l'état passif, volontaire ou
Dfolontaire sont autant de circonstances qui peuvent avoir de Tin-
luence. Cela ne peut, du reste, pas avoir une grande importance en
iraliqne oA l'on doit se contenter des faits qu'offre Tobservation.
Outre ces phénomènes généraux de la mort phviâologique, la
■bmersion a, ainsi que la pendaison et la strangulation, des effets
ptfticaliers qui doivent être également pris en considération pour
le diagnostic.
S 9.*— Biagnostie. 8ympt6iiiet eztemef.
Tontes le#fois qu'un cadavre est tiré de l'eau, deux questions se
présentent :
Le décédé est-il entré dans l'eau vivant ou mort?
Y est-il entré par accident, volontairement ou par suite d'un
criae?
n bot d*abord considérer que les hommes qui tombent dans l'eau
sant beaucoup plus souvent vivants que morts, on doit donc d'abord
aipposer que le corps était vivant. Car on sait que c'est le genre
f aecidrat le plus fréquent, soit dans les bains, soit par suite des
308 PARTIE THAIfÂTOLOGlOni.
iaoïidations, soilen péchant, en lavanf, en tannant, etc., tironsail ;
auaai que, du moins en Prusse, après la pendaison, e*ast le genre Ae
suicide le plus fréquânl, surtout en été. A côté de ce grand nonibn
de noyés, le nombre des cadavres jetés à l'eau, surtout des cadatm
d'adultes sept très peu nombreux.
Comme il n'y a pas de symptôme spécifique, infaillible, qui pakse
guider sûrement le diagnostic de la submersion, un grand Donrin
d'auteurs parlent de ce diagnostic comme de quelque chose de
presque insurmontable, ce qui est faux. Il est vrai qu'il y a soovoit
des cas difficiles et compliqués, mais, plus j'ai vu de noyés, plus je
me suis convaincu qu'on a exagéré les difficultés du diagnoêîie de
la mort par submersion ; et je n'hésite pas à croire M. Devergie
quand il déclare qu'il pourra dire dans les neuf dixièmes des cas, si
la submersion a eu lieu pendant la' vie ou après la mort.
Il va sans dire, qu'ici aussi l'ensemble de tous les ejoipttees
doit être considéré et qu'on doit comparer les signes négatifs aux
signes positifs.
Les auteurs qui ont traité cette question sont très nombreux,
mais les opfaûons se eontredisent les unes les autres. Ayant devant
les yeux le but de cet ouvrage, j'énoncerai les principes que m'ont
suggérés mes propres observations.
Je n'ai pas fait d'expériences sur les animaux, nais les résultats ^
qu'elles peuvent offrir me semblent épuisés par les recherches^^
savantes de HM. Piorry, Orfila, Albert, Riedel, Mayer, Lœffler,.^
Kanzler et autres ; dans tous les cas, il faut toujours, en médecine
légale, être réservé eu fait de comparaisons que Toii est tenté d^
faire entre les phénomènes présentés par les animaux et ceux pré-^*
sentes par les hommes.
Voici quels sont les signes extérieurs :
1*^ Fraîcheur du cadavre. Mertzdorf a déjà, depuis longtempf,
fait remarquer combien les cadavres des noyés étaient froids. Sie-
benhaar a dernièrement parlé également de rette basse tempe*
rature.
Aussi longtemps qu'on n'aura pas contrôlé ce signe par des
SUBMERSION. —SYMPTÔMES EXTERNES. 309
mesures thermoroélriqucs, il restera beaucoup trop vague poor qu'on
puisse lui attribuer quelque valeur.
2'' Pâleur du cadavre. Je n*ai jamais, quanta moi, observé une
pâleur particulière chez les noyés, il est bien difficile de comparer
la plus ou moins grande pâleur de plusieurs cadavres, et quand il
n'y a qu'un seul cadavre, il est presque impossible de juger la
pâleur.
S*" Êiat de la figure. La ûgure d'un noyé qui n'est pas resté
longtemps dans l'eau est pûle, la plupart du temps non tuméfiée,
les yeux fermés, et si Tasphyxie a produit la mort, on voit souvent de
l'écume devant la bouche.
Mais si le cadavre a séjourné quelque temps dans l'eau, c'est*
à-dire en été, deux à trois jours, en hiver huit à dix jours, la figure
n'est plus pâle, mais d'un rouge bleu, c'est le commencement delà
putréfaction qui, pour les noyés, a une marche tout â fait parti-
culière.
A** La proéminence et l'étranglement de la langue sont des
signes tout à fait inconstants, on trouve celte dernière aussi souvent
éerrière les maxillaires, qu'entre ceux-ci.
S' Chair de poule. Cosigne est toujours digne d'attention, on doit
toujours rechercher avec soin s'il existe, surtout â la surface anté-
rieure des membres qui est sa place de prédilection. On le trouvera
presque toujours sur les noyés, même en été, lorsqu'on observera le
cadavre avant que la putréfaction n'ait défiguré la surface, surtout
avant que l'épiderme n'ait été détaché.
Cependantt prise isolément, la chair de poule ne peut pas prouver
qu'il y a eu mort par asphysie, car j'ai déjà dit plus haut que la peau
des gens de la basse classe qui est dure, tendue, non soignée, a même
pendent la vie un aspect granulé, qui est absolument analogue A la
chair de poule. De plus, mes observations nombreuses m'ont montré
qu'après toute espèce de mort violente, on voit très souvent la
chair de poule. C'est probablement la frayeur subite de la mort par
accident ou par suicide, qui est cause de c^ phénomène que l'on re •
garde comme l'effet d'un saisissement du système nerveux ; ce aai-
AOO PARTIE THANATOLOGIQUB.
sissement est bien plutôt la cause de la chair de poule dans le cas
de submeraion, que Timpression causée par la température deTean,
car je l'ai observée aussi bien dans les plus grandes chalears de l'été,
que pendant l'hiver.
Q^ Etat des mains et des pieds. Quand an homme a séjoumé
dans l'eau de douze ft vingt-quatre heures, que ce soit en hiver oa
en été, les mains et les pieds revêtent une couleur livide d'un gris
bleu. Après deux ft trois jours, celte coloration devient plus Interne
et diffère beaucoup, du reste, de la couleur du cadavre ; Je plus la
peau des mains et des pieds se ride en plis longitudinaux, ces mem-
bres prennent l'aspect de ceux des cholériques. Les autres change-
ments seront mentionnés plus bas, quand nous parlerons de la pu-
tréfaction des noyés.
Ce phénopène n'a pas une grande valeur diagnostique, car ce n'est
qn'un phénomène cadavérique ; il ne se manifeste qu'après douxe
à vingt quatre heures de séjour dans l'eau, époque à laquelle le
noyé est un cadavre depuis bien longtemps. Jamais on ne trouvera
les mains colorées et pliasées chez un noyé tiré de l'eau après deux,
quatre, six, huit heures. D'un autre côté, nous avons produit le phé-
nomène artificiellement, en mettant les pieds et les mains d'un ca-
davre dans l'eau, ou même en les enveloppant pendant quelques jours
dans du linge mouillé. Ainsi, ce signe ne prouve ni plus ni moins que
le séjour in' cadavre dans l'eau; cependant, même réduit à cette
signification, il peut encore offrir des renseignements utiles, car il
peut arriver, je pourrais en citer un cas, que des voleurs tirent de
l'eau le cadavre d'un noyé, le dépouillent et l'abandonnent, et alors
par ce signe des mains et des pieds, on peut déclarer que le cadavre
a s^oumé longtemps dans l'eau.
7^ Du sahUy de la vase dans les ongles. On ne trouve pas ce
signe chez la plupart des noyés, il se rencontre seulement chez ceux
qui gagnent le fond de l'eau étant encore vivant et cherchent à s'ac-
crocher aux bateaux, ou aux herbes du rivage, et font de longues
tentatives pour se sauver. Il est important à noter, car il n'est pas
probable que des assassins, qui jettent un cadavre dans l'eau, s'arou*
SUBMERSION. — SYMPTÔMES INTERNES. 401
sent à lui mettre auparavant du sable entre les ongles. Ajoutons
cependant qu'il est encore possible qu'en tirant le cadavre de Teau,
du sable pénètre dans les ongles. Dans tous les cas, l'absence de ce
signe est tout à fait insignifiante.
8* Dans mes autopsies légales j'ai déjà dirigé l'attention sur
on autre signe de la mort par submersion, c'est le raccourcissement
du pénis chez des hommes arrivés vivants dans l'eau et noyés. Je l'ai
presque toujours trouvé chez les cadavres frais et aucun genre de
mort ne le présente aussi constamment. Même après l'envahisse-
ment de la putréfaction, on peut très bien voir ce raccourcisse-
ment de l'organe. Brellner a fait très ingénieusement la compa-
raison de ce phénomène avec celui de la chair de poule, il dit que
des fibres musculaires, qui se trouvent dans la couche supérieure du
derme, entourent les glandes sébacées et les poussent par leur con-
traction, de sorte que ces glandes proéminent sous Tépiderme en
forme de grains, c'est ce qui constitue la chair de poule ; de telles
fibres se trouvent également dans le derme du pénis, elles sont la
plupart parallèles à l'axe longitudinal du pénis, mais il y en a aussi
qui sont transversales (Kôlliker). La contraction de ces flbres mus-
culaires comprime le tissu spongieux, diminue les dimensions du
membre, surtout en sens longitudinal ; le même stimulant qui agit
sur les fibres de la peau, agira également sur celles du pénis, par
exemple, le froid, la frayeur.
1* Hypérémie cérébrale. Nous en avons déjà parlé en détails
(page 396). En général elle ne se rencontre pas chez les noyés. Dans
tous les cas, la putréfaction efface ce phénomène et irès souvent les
noyés sont putréfiés, car ceux-ci sont la plupart du temps retirés de
l'eau après un séjour assez long.
2<> SilnGtion de Vépiylolte. Kanzier, dans ses expériences sur
les animaux, a vu que Tépiglotte est toujours dirigée en haut après
la submersion, quand la dissection a eu lieu avant l'envahissement de
n. 26
402 PARTIE TRAlflTOLOGIQITB.
(a putréfaction. Je n*ai pas fait d'expérience sur les animaux, mais
pour les hommes je puis dire que la direclion de l*épiglotte est sans
^leur diagnostique. On a observé aussi souvent l'teeclicm que
rabaissement de cet organe, et ce phénomène est tout à bit indé-
pendant de la mort par submersion ; la cause en est dans la mi-
nière dont a été manié le cadavre et dont le larynx et le cou ont été
ouverts.
3* Injection de la muqueuse trachéaley écume dans la irackie.
Nous avons parlé (page 326) de ce signe important chez les as-
phyxiés. On trouve sur les cadavres frais des noyés , morts par as-
phyxie, la muqueuse trachéale injectée, contenant tantôt quelques
petites bulles blanches éparses, tantôt de l'écume réelle, ordinaire-
ment blanche, rarement sanguinolente; quelquefois tout le canal est
complètement rempli de cette écume blanche et épaisse. Elle se trouve
aussi dans les bronches, et on la voit monter dans la trachée, quand
on presse sur les poumons.
Je puis affirmer que l'opinion de H. Devergie est erronée, quand
il dit que l'écume ne se trouve dans la trachée que lorsque la tète du
noyé est remontée à la surface de l'eau et que celui-ci a respiré de l'air
atmosphérique; car des hommes qui se sont trouvés accrochés à des
poteaux, des vaisseaux, et qui ne sont pas revenus à la surface, d'au-
tres qui se sont munis de pierres lourdes, afin de gagner tout de suite
le fond de Teau, ont présenté ce phénomène dans la trachée- artère. En
tous cas, cette écume est un mélange du liquide entré dans la trachée,
du mucus, du sang des vaisseaux déchirés, avec l'air contenu dans la
trachée et les poumons, ce mélange est produit par les derniers
efforts de la respiration et doit être regardé comme un signe incon-
testable de la réaction vitale, c'est-à-dire comme preuve de submer-
sion d'un vivant. Il est cependant possible que l'homme trouvé dans
l'eau ait été asphyxié d'une autre manière dans l'air, qu'alors l'écume
se soit produite autrement. Hais une telle coïncidence est certaine-
ment très rare. Dans ces cas, les autres signes de l'asphyxie vien-
dront en aide pour le jugement. Malheureusement ce phénomène
précieux est aussi détruit par la putréfaction ; si cette deniière est
SUBMERStON. — STtfPTiyMES INTEnNES. . AOS
très avtneée, on trouve alors les bronches et la trachée loul è fait
vides. L'skMDce de récuine s'explique dans ce cas par la couleur
fOQge brut |iroduit par la putréfaction que revêt la trachée.'
A* Im poêùton du diaphragme qui, tantAt est poussé en bas, et
IwriM refoulé en haut, a été indiquée comme un signe de la mort par
labnersîoii. Hais ce signe dépend absolument de la putréAiction et
■e ptfil pour cette raison avoir aucune valeur diagnostique. Plus la
paIrébctioD est avancée, phis l'estomac et les intestins sont bour-
souflés par des gaz, plus le diaphragme sera poussé en haut et vice
It Uaugmentaiian de vdume des pimmans. Les poumons du
d'un noyé ont un volume relativement considérable ; quel que
tait Tige du sujet, ils offrent un aspect si particulier que ce signe
peut être nommé, pour ainsi dire , thanatognomanique. Ce n'est
fie dans des cas très rares,- si la putréfaction de tout le cadavre est
très avancée que ce signe manque.
Lea pramoDS frais des noyés remplissent complètement la cavité,
aa serreat eeatre les côtes et couvrent tout à fait le cœur, ils parais-
attt boursouflés en forme de ballons et ne présentent pas au toucher
la sensation ferme et crépitante des poumons ordinaires, mais une
aanatioii spengieuae ; après aucun autre genre de mort, on ne trouve
ee sigMaasai prononcé; on le trouve seulement, mais bien sensible,
apfèa resdème aigu des poumons et quelquefois après l'asphyxie
diM les gai irrespirables.
Ce ballonnement des poumons est tantèt une hyper air ie réelle,
provenant d'inspirations violentes lorsque la télé du noyé est revenue
à la surface de Teau, avant la mort, tantôt il provient de l'entrée du
liquide dans les poumons. C'est ce qu'ont prouvé des expériences
bilas s«r des aaioMux avec des liquides colorés et par nos propres
des hommes ou enfanU noyés dans des liquides par-
Lorsqu'on incise ces poumons, il en sort une écume aqueuse
•a glande quantité. Daniel, Morgagni, de Haen, Metsger, Orfila,
et autres ont eu entre eux des controverses sur la possibilité de
hOh PARTIE T8ÂNAT0L0GIQUE.
l*entrée de Teau dans les poumons après la mort; d'autres, tek
que Lœffler, Riedel, Kanzier, ont prétendu que l'eaa se pouvait ;
entrer après la mort, que par des moyens artificiels. Hais celte dis-
cussion, scienliliquement intéressante, est rendue insignifiante pour la
pratique par le critérium dont nous venons de parler, Tétat écnmeii
du liquide dans les voies aériennes, qui ne peut pas être prodait
sur le cadavre par des manœuvres artificielles, telles que des
injections, puisque c'est le résultat des efforts respiratoires du mou-
rant.
L'expérience prouve que ce phénomène s'observe non-seulement
chez les noyés qui sont morts par asphyxie pulmonaire, mais encore
sur ceux qui ont succombé à une neuroparalysie, ce qui aug-
mente beaucoup la valeur diagnostique de ce signe. Nous avons
dit plus haut que le signe ne disparaît que quand la putréfaction
est très avancée, mais il est encore visible lorsque rècinne de la
trachée et le sang du cadavre sont déjà presque tout à fait évaporés;
il est inutile de dire que ce signe devient infaillible, si la liquide, dans
lequel Thomme s'est noyé, ebt facilement recouoaisiable, par
exemple, le jus de fumier, Teau de savon, l'urine, etc., et si on peut
le retrouver dans les poumons.
6** Uypirémie du cœur droUy tandis que le cœur gauche est vid
ou presque vide. Ce signe est un des symptAmes généraux de I
mort par asphyxie, et ne mérite pas par conséquent de nous arrêter
De plus , celte hypérémic manque souvent chez des noyés réels
dans des cas nombreux où la mort a eu lieu par neuroparalysie. '
en est de même pour :
7* La plénitude de V artère pulmonaire,
8" Vhypérémie des poumons.
V La fluidité du sang qui revêt une couleur cerise est
signe le plus constant ; cet étal s'explique par l'empoisonnement
sang produit par le manque d'oxygène, ce qui lui fait perdre
(acuité de se coaguler.
Ce phénomène s'observe presque toujours dans tous les cas de sus ^
SUBMERSION.— SYMPTÔMES INTERNES. A05
meraon, mais par la même raison, on le trouve dans tous les genres
de mort qui sont produits par rempéchement de rentrée de l'air dans
les voies airiennes. Il se rencontre aussi après les empoisonnements
par substances narcotiques, les fièvres putrides, et même, dit-on, par
le foudroiement du tonnerre. Ce signe combiné avec les autres crité-
riums, pourra prouver si le corps tiré de l'eau y est mort ou non. Il
ne oiaDcpie jamais chez les cadavres frais, mais il est facilement effacé
parla pnIréEaction.
Les signes trouvés dans l'abdomen sont beaucoup moins sArs ; le
plus important est :
10* Lafrétence du liquide datu l'estomac. Il s'agit d'abord de
savoir. ce. que Ton observe en général sur les cadavres, certainement
morts par submersion. La plupart du temps, on trouve plus ou moins
de liquide dans l'eslomac, depuis une gorgée jusqu'à la réplétion
complète* U est irês rare que Testomac des noyés soit complète-
nent videt» escepté quand la putréfaction est avancée, car alors le
Mqmde, lii aussi, est évaporé. Ceux qui ont nié le contenu liquide de
l'eatomae, sont tombés dans une erreur très facile à commettre, car,
quand on trouve du chyme dans l'estomac, surtout du chyme très
liquide, il est très difScile de dire combien d'eau avalée pendant
l'agonie du noyé, y a été mêlée ; mais il arrive fréquemment, surtout
ehes lea cadavres qui n'ont pas séjourné longtemps dans l'eau, que
Peau se trouve dans l'estomac non mêlée avec le chyme, ou que le
chyme est excessivement liquide, et alors la présence de l'eau est évi-
dente; quelquefois même l'on trouve de l'eau sans chyme. Personne
ne doute plus que l'eau contenue dans l'estomac n'a pu y pénétrer
après la mort, c'est ce que prouvent des expériences multiples faites
sur des animaux. Riedel expérimenta sur cinq chats, morts jQtés à
l'ean, et trois cadavres d'enfants, mis dans l'eau dans la position la
plus favorable, il ne trouva, après un ou deux jours, aucune trace
de liquide. Kanzler jeta des cadavres d'animaux dans de l'encre en
leur fendant la bouche jusqu'aux maxillaires et les plaça, la bouche
OQvertei dans la position la plus favorable pour que le liquide y entrât,
et il n'a pas trouvé de liquide dans l'estomac.
405 PARTIS THANATOLOGIQUB.
Néanmoins, nous devons ajouter que la présence de Team dau
l'estomac n*est pas du tout un signe sûr, car rien ne s'eppoae i et
que le sujet ait bu de l'eau peu de temps avant sa mort (oba. SM).
Cela ne peut donc être qu'une probabilité.
On a imaginé une explication pour donner une raison à la pré-
I
sence de Teau dans l'estomac, on a dit qu'il pouvait arri?er qu'ia
assassin injectât de l'eau dans l'estomac de sa victioie avant de la
jeter à l'eau, afin de simuler la mort par submersion» mak ce sont
là de ces théories que l'on peut bien imaginer dans son caUnet, mais
qui ne se trouvent pas confirmées par l'observation. A-t^on jamais
vu, en effet, une telle manière d'agir? Ne iandrait41 pas que
l'assassin fût médecin ou connût tris bien l'usage de la seringne ds
l'estomac et la théorie de la submersion ?
Outre l'eau ordinaire, on peut trouver dans l'estomac un liquide
spécifique qui ne sert jamais de boisson, et par conséquent dont la
présence est toute une révélation : le jus de fumier» la Yise des
marais (observations 79 et 811). Alors il y a preu?e eartiiBe de la
mort par submenion^ puisque ce liquide, comme nous venons
de le prouver, n'a pu entrer dans l'estomac mort et que la déglutition
est un acte vital.
Mais pour les nouveau ^ nés j il faut restreindre cette thèse;
la composition du méconium prouve que le fœtus fait déjà dans
l'œuf des mouvements de déglutition et avale réellement; l'es"*
tomac, en effet, contient souvent du méconium et de l'enduit
sébacé (1).
Ces corps étrangers , en entrant dans les organes de la respi-
ration et de la déglutition, la bouche, le nex, l'arrière-boucbe,
les irritent et provoquent des mouvements de déglutition, sans
qu'il se produise en même temps des mouvements respiratoires.
C'est ce que l'on voit, quand on essaye de Muver des asphyxiés, en
leur chatouillant l'arrière -bouche avec des barbes déplume, ceux-ci
(1) Fœrsler prétend même que le méconium est principaiemcnt conttUeé ptr
renduit sébacé. {Wiener medic. Wockenschrift, tS58, u<> 32.)
SUBMRRSION. — SYUPTÔlHilS INTERNES. &07
font des mouvements de déglutilion avant que la respiration ait
repris son cours; chez les marmottes endormies, qui ont une respi*
ration très réduite, on peut aussi produire des mouvements de déglu»
tition de la môme manière. Or, pendant l'acte de la naissance, après
que les eaux se sont écoulées, il peut se produire le même phéno-
mène que dans Tœuf. Ce qui explique chez les enfants indubitabk^.
ment morts-nés, la présence d*eau d'amnios, et de mucus utérin dans
la boacbe, l'arriëre-hpucbe et l'estomac.
Lorsque le fruit en naissant arrive pour ainsi dire subitement
dans un liquide même boueux, il faut accepter la possibilité pour
hii de faire dans ce milieu des mouvements de déglutition et d'intro-
duire dans l'arrière-bouche et dans l'estomac une certaine quantité de
ce milieu, même sans avoir respiré. Des faits, quoique très rares,
prooTent que celte possibilité est réelle; c'est-à-dire que l'on trouve
des matières étrangères dans l'estomac de nouveau-nés, dont les
poumons n'ont certainement pas respiré ; la présence de ces corps
éCnDgersenelle-mêmenepeutdonc pas faire conclure quel'enfanta été
mis à l'eau vivant (respirant). Ce sont des cas qui se présentent sur-
(ool en médecine légale dans les accouchements qui ont eu lieu dans
des lient d'aisances, sur des chaises percées ; nous en rencontrons
plusieurs exemples chaque année.
Dans les cas ci-dessous cités (obs. 392 à 395), nous trouvâmes des
fèces dans l'estomac, ces enfants avaient indubitablement respiré, et
noos devions déclarer qu'il y avait eu vie et mort par submersion ;
mais dans un autre cas, nous trouvâmes le résultat surprenant, dont
nous venons d'expliquer la possibilité plus haut. L'enfant né à terme
iîiC tiré des lieux d'aisance, il nous fut présenté très frais, la docima-
sie pulmonaire prouva qu'il n'y avait pas eu respiration, le diaphragme
se trouvait à la quatrième côte, et pourtant il y avait dans l'estomac,
outre le muoes gélatineux ordinaire, une petite quantité de fèces
boueuses ; il y en avait aussi sur la muqueuse de l'arrière-bouche.
Herklin a fait connaître un cas tout à fait semblable. Ce sont là des
observations rares qui ne pourront pas causer de bien grandes
erreurs, si on fait la docimasie avec exactitude, car c'est toujours elle
i08 PARTIE THANATOLOGIQUE.
qui doit être considérée comme le critérium de la vie, et elle mon-
trera si ce qne l'on trouve dans l'estomac est un symptôme de h
vie après la naissance ou non (obs. 305).
Il*' Hypérémie des organes abdominaux^ surtout des rdns, de
la veine cave, du foie et des veines du mésentère. C'est là un signe
général de la mort par asphyxie, et par conséquent de la submersion
qui a lieu par asphyxie, mais on ne le rencontre pas si la mort a eu
lieu par neuroparalysie. Aussi ce n'est rieo' flMÎns qu'un signe spéci-
fique de la mort par submersion. Dans tons les cas, elle disparaît avec
les progrès de la putréfaction.
12^ La plénitude de la vessie ou sa vacuité, n'a aucune valeur;
on trouve, en effet, cet organe dans l'état où le décédé le présentait
au moment d'entrer dans l'eau. M. Devergie attache une certaine
valeur aux urines sanguinolentes, quoiqu'il annonce lui-même que ce
phénomène est rare ; je ne les ai jamais vues dans cet état ni chez les
noyés ni chez les pendus.
Par tout ce qui précède, je crois avoir prouvé qu'en considérant
bien les symptômes diagnostiques de la mort par submersion, ri n'est
pas très difficile de constater si un homme est onirc vivant dans Peau
et est mort par submersion. En parlant ainsi, je suppose, bien en-
tendu, que Ton a atTaire à des cadavres non encore putréfiés et qui
présentent encore des résultats à l'autopsie.
Oas. 292. — Submersion. Mort par neuroparalysie. Présence d*«ai« dan$
l'estomac.
Un garçon de deux ans tomba dans Teau en jouant avec sa bonne, H en Tut
retiré mort. A l'autopsie, le cerveau était normal, pas de liquide dans ia trachée ni
dans les bronches, quoique répigloUc fût érigée. Anémie des poumons et de toutes
les cavités du cœur. Le sang était très fluide et rouge cerise. Ce qui rend ce cas
intéressant, c'est que l'estomac était complètement rempli d'eau et que Ton ne pouvait
avoir aucun doute sur l'origine de ce phénomène. L'enfant avait eu soif et la bonne
avait été lui chercher un verre d'eau qu'il avait bu avec avidité. Tout de suite après
l'enfant tombait dans l'eau et mourait.
SUBMERSION. — OBSERVATIONS. 409
Obs. 293 à 296. — Homicide de quatre enfants par submersion. Neuroparalysie,
Au mois de novembre 18*% le lilhographe Bierman mit ses qnatre enfants dan»
uo panier qu'il alla jeter dans le canal. Trois d'entre eui furent retirés de Teau peu
de tempe après leur mort. L'autre ne fut trouvé que quatre mois après. Nous avons
frit kt autopsies des quatre. Kn voici les principaux résultats :
Ois. 293. — Paul, âgé de quatre ans Le cadavre n'était resté dans l'eau qu'i
heure. La langue, tuméfiée, était entre les dents, le cadavre était frais, il n*j
avait nulle part chair de poule. Les doigts des mains et des pieds bleuâtres, mais
pas plissés. La quantité de sMf des méninges, du cerveau et des sinus était nor-
male ; les poumons ballonnés remplissaient la cavité, clairs et contenant peu do
sang ; le larynx et la trachée étaient sans écume, leur muqueuse injectée. Le
larynx contenait un peu de pommes de terre. En pressant sur les poumons, on vit
du sang aqueux monter dans la trachée. Les coronaires du cœur étaient modéré-
ment remplies, le cœur droit contenait une cuillerée de sang coagulé, le cœur
«
gsuelie était vide ; l'artère pulmonaire avait son contenu normal, le sang en était
tout à fait liquide. L'œsophage avait du chyme liquide ; l'estomac, très grand, était
rempli d'eau et de chyme liquide. Le foie était assez riche de sang, les intestins
aeraMux* la rate et les reins normaux ; la vessie contenait une demi -cuillerée
(Taime ; la ireine cave ascendante était normale.
Obs. 394. — Herrmann, âgé de deux ans. 11 séjourna quinze heures dans l'eau.
l» Ûgure et le reste du corps étaient pâle ; aucune trace de putréfaction ; la langue»
ooo tuméfiée, avait sa pointe entre les dents ; pas de chair de poule La peau des
pieds était plissée, pas celle des mains ; les méninges peu sanguines, ainsi que le
cerveau et les sinus Les poumons ballonnés remplissaient tout à fait la cavité ; le
laiTnx et la trachée complètement pâles et vides. En pressant sur les poumons, on
voyait monter dans la trachée du sang aqueux. L'œsophage contenait du chyme
liquide, les coronaires modérément remplies, le cœur contenait peu do sang
liquide, les grands vaisseaux de la poitrine avaient une quantité extraordinaire de
sauf, Testomac pâle était gorgé de chyme et d'eau claire ; le foie assez rempli, les
intestins pâles, la rate et les reins normaux, la vessie vide, la veine cave normale.
Obs. 205. ^ Georges, âgé de quinze mois. Le cadavre séjourna dix- sept heures
dans l'eau. Il y avait déjà des taches vertes sur l'abdomen, et la tète était colorée
en rMe, la langue, non tuméfiée, était derrière les maxillaires, pas de chair de
poule, des plis aux mains assez nombreux, peu aux pieds ; la cavité crânienne ané-
mique ; les poumons ballonnés collés contre les côtes, clairs, exsangues, contenaient
beaacoiip d'éeune aqueuse qui montait dans la trachée par la pression ; la muqueuse
de latrachée et du larynx pâle et vide, l'œsophage vide, l'estomac gorgé d'un liquide
jasnâtre et de chyme, les intestins pâles remplis de fèces ; le foie, la rate et les
reias Bormaux ; la vessie vide, la veine cave remplie de peu de sang liquide et
teeé.
Obs. 296. - Louise, âgée de six ans. Le cadavre de cette entant ne fut trouvé
410 PARTIE THANATOLOGlQtlB.
que le 5 mars, el par conséquent était resté dans l'eau pendant troia moit et vin^l-
huit jours. J'observerai que Thiver était des plus rigoureux, c'est ce qui explique
la putréfaction proportionnellement peu avancée que nous trouvlmea. U eoulwr
du cadavre n'était que d'un gris vert, quoique l'épiderme fût presque partoai déta-
ché, et les organes qui se putréfient les jMremiers étalent déjà aaiaîi ; lea yen
étaient méconnaissables ; le cerveau n'était plus qu'une boue griallre; luutlii
organes anémiques, les vaisseaux exsangues ; la pointe de la langue entre ki
iMti, les pieds et les mains gris et plissés ; les poumons, pâles et exsanguee, con-
tenaient beaucoup d'écume aqueuse, ils étaient, encore à celle époque^ balloniiés
et remplissaient la cavité thoracique ; la muqueuse de la trachée et du larynx vide
avait la coloration brun chocolat. Le cœur était flaïqoe et contenait dans ses deux
cavités un peu de sang foncé et huileux ; l'œsophage était vide, restomac, d'an
brun rouge produit par la putréfaction, contenait beaucoup de chyme aqueux.
Foie, reins, rate et veine cave exsangues ; les intestins roses et vides, la vessie
vide.
Obs. 297. — Suicide par submenion. Neuroparalytie.
L'autopsie d'une fille vierge de dix-neuf ans toi faite à la flu du mois d'avril. La
cadavre avait été trouvé dans l'eau et ne pouvait y avoir séjourné que peu de
temps, car il n'y avait pas encore de trace de putréfaction, exeepté qutlquês
taches livides sur la figure ; les mains et les pieds étaient à peine plissés ; il y avait
chair de poule aux membres ; la langue était entre les dents, l'hymen conservé ;
Pestomac, très grand, contenait du chyme et était gorgé d'une quantité d'eau tel-
lement grande que l'on ne pouvait pas supposer que la jeune fille l'eût bu. Les reins
non hypérémiques ; la veine cave ascendante dans toute sa longueur était remplie de
coagulations fibrineuses, elle ne contenait pas de sang liquide. Les poumons pat
très ballonnés, pâles, d'un gris rouge, incisés, il en sortait peu de sang, mais
beaucoup d'eau ; les deux cavités du cœur contenaient beaucoup de sang coagulé,
la trachée pâle contenait une certaine quantité d'écume épaisse, et en pressant sur
les poumons on voyait y monter beaucoup d'eau claire et d'écume. Ce cas est une
nouvelle preuve de la coagulation du sang après la mort.
Obs. 298. — Suicide par submersion. Mort par neuroparalyHe.
Un Inmme de vingt ans mourut dans l'eau au mois de novembre; son cadavre
n'y séjourna que vingt-quatre heures à peine. Six jours après la mort nous fîmes
l'autopsie, il y avait encore rigidité cadavérique. Point de chair de poule, malgré la
température basse de l'eau. L'estomac était complètement rempli d'une eau claire
et limpide, sans trace de chyme. Les autres résultats de l'autopsie furent complè-
tement négatifs : le cerveau et les sinus normaux, la trachée vide non iigeetée, etc.;
en pressant sur les poumons, on ne voyait pas de liquide monter dans la trachée;
les poumons, ballonnés, étaient d'un gris bleu, et contenaient de l'écume rose. Mi
le cœur, ni les gros vaisseaux, ni le foie, ni les reins n'étaient hypérémiques ;
néanmoins l'état Je boursouflement des poumons, la fluidité du sang, l'eau conte-
nue dans l'estomac, la rétraction du pénis, indiquaient que la mort avait eu lieu
dans l'eau par neuroparalysie.
SUBMBRSION. — OBSERVATIOMS. Ail
Obs. 399. — SvbmenUm par accidmU. Mort par weuroparaiysie.
Ici aussi la mort avait eu lien dans Teau, et c'éUit bien constaté. C'étaU une
petite fiUe de trois mois qui périt par accident. Gela se passait au mois de
jnin. Les résultats de Tautopsie furent aussi complètement négatifs, lu cou, a«
featie, et à de nombreux endroits des cuisses, on voyait des traces de cbair de
peide. Tout le corps était pâle et froid. Le cerveau et les sinus éUient normaux \
les fros vaisseaux de la poitrine et le cœur étaient vides, les poumons peu bog^i'
souflés, pâles et exsangues, la trachée et le larynx pâles et vides, Testomac
rempli de chyme épais, sans qu'on pût distinguer la présence d'eau ; le fble
bjpérémiqne, ainsi que la v«faie cave ; les autres organes normaux.
Ici encore, mort par neuroparalyste.
Om. 300. — Mmrtrê d'un ûnflmtparmbfmnkm. Eypérémiê du cerveau.
Le 16 août 18^, on trouva dans un marais du parc à Berlin le cadavre d'un
eoûuit. On voyait à la surface de l'eau le dos du cadavre, mais la tête était com-
plélemeat submergée. Le corps de Tenfant éUit nu, excepté à la tète, qui était
miamréairun flehu noué sous le menton. Ce fichu n'éUit pas serré et n'avait pat
produit de marque strangulatoire. On sut que la fille G... était la mère de cetentknt.
interrogée, elle répondit qu'elle ne savait pas que son enfant avait péri, et qu'il
«'était égaré un Jour dans la rue.
L'enfiint était âgé de deux ans et demi. Sa langue était derrière les dents et de
couleur normale ; toute la partie antérieure droite du corps, ainsi que la cuisse
gnucbe, présentait la chair de poule ; la substance du cerveau, les méninges et
loue lea sinus étaient hypérémiques ; dans les linus surtout, le sang était foncé et
liquida. Pas d'hypérémie dans les organes de la poitrine ; les poumons, ballonnés,
étaient pâles, et ne contenaient qu'une quantité médiocre de sang foncé et liquide,
du Béaie les jugulaires et les gros vaisseaux. Le cœur ne contenait, à droite, qu'une
petito cuillerée de sang, â gauche, seulement quelques gouttes de sang. Le larynx
et la trachée normaux, la veine cave très hypérémique, L'estomac était rempli de
bouillie de pommes de terre ; on ne pouvait s'attendre à trouver de l'eau dans
l'estomac, car toute la tète de l'enfant étant serrée par un fichu, la déglutition deve-
nait impossible (voy. obs. 314), il était évident que la mort de l'enfant avait eu
lieu par hypérémie cérébrale et non par hypérémie pulmonaire.
Roua eûmes, dans notre rapport, à résoudre cette question : l'hypérémie a-t-elle
eu lieu dans l'eau ? en d'autres termes, l'enfant est-il arrivé dans l'eau vivant?
^pvés avoir dit observer que les noyés pouvaient mourir par apoplexie, mais que
ce geora de mort était beaucoup plus rare que l'asphyxie, nous disions : « Il est
incontestable qae l'apoplexie peut frapper subitement un être plein de vie, et
qi'ainii l'enfiint a pu mourir avant d'être jeté à l'eau, mais je vais exposer de
Bombrauses raisons qui rendent dans le cas qui nous occupe eette supposition très
iavraiseaiMable.
D'abordt la tiyet dont il s'agit est un enfant de deux ans et daaii qai, ceauna
A12 PARTIE THANATOLOOIQUB.
le prouvent les lémoignages, est sorti de la maison de sa mère très bien portanl,
et les apoplexies subites sont excessivement rares à cet âge ; puis pourquoi aurait-
on enveloppé la tète de cet enfant mort avant de le jeter à Teau?
» Tandis qu'on explique très bien qa*uoe mère voulant tuer ton enfant en II
jetant à l'eau, lui enveloppe la tète, afin de dérober à aa vue la figure looflimiteés
celui qu'elle sacrifie. Puis, l'état liquide du sang, la présence de la chair de potle
toni penser que l'enfant est entré vivant dans l'eau. » Malgré ce rapport, la mèra
M acquittée, sous le prétexte qu'il n'y avait paa asaef de preuves.
Obs. 301. — Mort par submersion dans du thé de camomiUe tièdô. Apapkaôe.
Un garçon de six mois tomba de son lit dans un seau et s'y noya. Ce seau dans
lequel le père avait vomi, contenait des mucosités et du thé de camomAle tiède. La
cadavre de l'enfant fut trouvé reposant sur la tète dans le fluide. La langue était
entre les maxillaires et proéminait de deux lignes ; les poumons étaient pâles et
exsangues, le cœur vide, le foie, la raie et les reins normaux, le cerveau et les
sinus cérébraux hypérémiques ; la trachée était normale et sans écome ; dana le
larynx se trouvait une petite quantité de chyme provenant probablement du chyme
vomi, car il ne ressemblait en rien à celui qui se trouvait dans l'eatomac de
l'enûint.
C'était là un cas très singulier, nous déclarâmes que la mort avait eu lieu pir
apoplexie, mais que l'autopsie ne permettait pas de déterminer ai cette apoplesie
avait été produite par la submersion.
Obs. 302. — Mort par submersion, Asphyaie,
Le cadavre d'un inconnu fut trouvé dans l'eau au mois d'avril. Quoique la putré*
faclion fût déjà très avancée, je pus pourtant constater qu'il y avait eu asphyxie»
La trachée était remplie d'une grande quantité d'écume sanguinolente, lea pou*
mons gorgés de sang foncé et liquide, le cœur droit contenait beaucoup de aang
liquide mêlé de caillots, le cœur gauche était vide ; les reins étaient très hypéré-
miques, et dans l'estomac il y avait des restes de pommes de terre et une certaine
quantité d'eau claire.
Obs. 303. — Suicide par submersion. Mort par asphyxie.
Je fis l'autopsie d'une fille de vingt ans qui avait séjourné dans l'eau pendant
huit à dix jours (janvier). La figure, le cou, la partie supérieure de la poitrine
présentaient déjà la couleur rouge de la putréfaction commençante des noyés. Li
langue était serrée entre les dents, mais non tuméfiée. Les mains et les pieds d'un
gris bleu et plissés. Il y avait des traces de chair de poule aux membres inférieurs.
Les plexus du cerveau, pâles, contenaient une quantité normale de sang ; les pou-
mons étaient ballonnés, foncés, très hypérémiques, ainsi que les gros vaisseaux. Le
cœur gauche contenait une cuillerée de sang liquide et foncé, le cœur droit en
contenait à peu près le double. La muqueuse de la trachée injectée renfermait de
l'écume blanchâtre ; la pression sur les poumons foisait augmenter beaucoup la
quantité de cette écume.
SUBVERSION.— OBSERVATIONS. &I3
Obs. 304. — Suicide par submersion. Mort par asphyxie.
Je fis le 1 5 mars 18^ l'autopsie d*un homme de cinquante ans, qui avait séjourné
pendant six seoiaines dans Teau. La couleur du cadavre n'était pas trop altérée.
La fifure était seulement d'un brun rouge à sa partie supérieure. 11 n'y avait
aucooe trace de chair de poule. Les mains et les pieds étaient très plissés, la
langue était derrière les dents, la trachée très pétrifiée. En pressant sur les pou-
mons on voyait monter dans la trachée hesucoup d'eau sanguinolente. Le peu 4e
sang que renfermait encore le cadavre était épais, il y en avait relativement beau-
coup dans le cœur droit et les grands vaisseaux de la poitrine. Les poumons étaient
Ueu foneé, ballonnés, remplis d'eau sanguinolente. L'estomsc vide de chyme con-
tenait 6 à 8 onces d'eau ; la vessie était vide, le cerveau rouge brun putréfié.
Obs. 305. — Suicilepar submersion. Asphyxie,
Au mois de mars 18^, nous fîmes rautop>ie d'un homme de quarante ans«
trois jours après sa mort ; il avait séjourné dix huit heures dans l'eau Le cadavre
était coloré en rouge à ta figure cl au cou, la langue proéminait entre les dents,
il y avait chair de poule, le pénis était rétracté, pas de rigidité cadavérique, mains
et pieds faiblement gris et un peu plissés, poumon» ballonnés, trachée injectée et
vide. Quand on pressait sur les poumons, il montait une grande quantité d'écume
épaisse. Le poumon gauche était peu hypérémique, mais le poumon droit était très
rempli de sang Toncé et liquide ; les artères coronaires très gorgées ainsi que le
cœur dans ses quatre cavités et l'artère pulmonaiie. L'estomac était plein d'un
liquide laiteux, les intestins, la vessie, les reins, le Toie, la rate normaux, mais la
^eine cave très hypérémique
Obs. 306. — Mort par submersion. Asphyxie,
Au mois de janvier 1 8^, à une température de moins de 8 degrés Réaumur,
nous fîmes Tautopsie d'une jeune fille qui avait séjourné sept jours dans l'eau ei
était restée deux jours à la morgue avant d'être disséquée, le cadavre était encore
très frais ; pas de rigidité cadavérique, forte cliair de poule, poumons ballonnés
tsns être hypérémiques ; larynx et trachée remplis d'écume rose dont la quantité
devenait plus considérable lorsqu'on pressait sur les poumons ; muqueuse du larynx
iajectée. Cœur droit plus que le cœur gauche rempli de sang liquide dans lequel
nagent des caillots ; chyme aqueux dans l'estomac ; reins hypérémiques, matrice
remplie de sang coagulé (menstrues). La veine cave était peu remplie.
Par conséquent, asphyxie par suffocation.
Obs. 307. — Mort par submersion. Asphyxie.
Un noyé de trente-quatre ans présentait des poumons très ballonnés, eontenant
de Ttau et de l'air, et devenus si volumineux, qu'après les avoir fait sortir de la
caiHé peelorale pour les examiner, il fallut les inciser en beaucoup d'endroits pour
Ali PARTIE THANATOLOGrQITE.
les faire rentrer. Toute la muqueuse de la trachée était ii^jectce et remplie d'eau et
d*écume ; en pressant les poumons, on voyait monter dans cette trachée une graude
quantité d'eau écumeuse. Le cœur droit était plein de aang liquide ; le cœur fauche,
Tartère pulmonaire et la veine eave étaient modérément remplis. L'estomae, sim
aliment, renfermait un peu d*eau et quelques morceaux de vase qui adhéraieirt i
la muqueuse, il y avait chair de poule aux membres inKneurs, et rétraetioo trèi
prononcée du pénis; c'était un cas type d'asphyxie par hypérémie pulmonaire.
Obb. 906. — Sttdmei'fiofi par accident, Hypérémk tf» eawr.
Un garçon de cinq ans tomba par accident dans une fbsse d'aiaancaa ei a'y noya.
11 n'y avait ni chair de poule ni congestion cérébrale. Les poumons battoanéa con-
tenaient peu de sang. La trachée était pâle et vide ; en pressant sur les poumons,
il n'y montait ni eau ni écume. Le cœur droit et l'artère pulmonaire contenaient
beaucoup de sang liquide, le cœur gauche était vide. L'estomac contenait du
chyme et une cuillerée d'eau pure ; mais on n'y trouva rien de ce qui pouvait
provenir de Is fosse dans laquelle Tenfiint avait été noyé. Tons les nnlres orgnnes
étaient normaux.
Ou. 309. — Lok mort de VmfatU nomeau-né X... ett-èUe due à U sybm&rtkm T
Au mois d'octobre 18**, on retira de Teau let^davre d'un garçon ooaveau^aé ;
il présentait tous les signes d'un enfant à terme et viable. La tète, par suite de la
putréfaction, était déjà verdâtre, le tronc l'était moins, mais tout Tépiderme était
détaché, ht diaphragme était entre la septième et la huitième cdte. L'eatomac était
vide ; les gros intestins contenaient du méconium ; la vessie était vide ainsi que la
veine cave ascendante ; le foie et la rate étaient déjà putréfiés. Les poumons étaient
roses el faiblement marbrés, ils crépitaient et ne contenaient presque pas d'écume
sanguinolente ; à leur surface inférieure, il y avait de petites bulles de putréfaction ;
ils nageaient tous deux, ainsi que leurs morceaux. Le larynx et la trachée, deve-
nus d'un Touge brun par suite de la putréfaction, étaient vides ainsi que l'œso-
phage. Il n'y avait pas de sable ni de vase dans les organes. Le cerveau était trans-
formé en une bouillie rose, les sinus étaient exsangues, la base du crâne intacte.
Considérant que si les poumons nageaient, ce ne pouvait être à cause de la
putréfaction qui n'était pas assez avancée pour amener d'elle-même ce résultat, con-
sidérant la position très basse du diaphragme et la couleur des poumons, nous
jugeâmes que l'enfant avait dû respirer après sa naissance, mais que l'autopsie ne
permettait de rien préciser quant au genre de mort, vu l'état de putréfaction du
cadavre ; nous ajoutions cependant que, n'ayant trouvé aucun signe de la mort par
submersion, ce genre de mort n'était pas probablement celui auquel avait suc-
combé l'enfant.
Ob8. 310. — Infanticide^ blenuretà la Cé(e, mort par tvbmenian.
On trouva dans l'eau au mois de juin le cadavre d*un nouveau-né. Il était asaet
conservé, la tète présentait seulement une couleur brune ; la peau des mains et des
SUBMERSION . — OBSERVATIONS. Al 5
pieds élail pi issée et grisâtre, ce qui prouvait que le cadavre avait séjourné plusieurs
heures dans Teau. Le placenta tenait encore à Tenfant au moyen du cordon qui
était intact. A la tête il y avait des plates, sept à droite et trois à gauche du crâne;
de plus quatre à la joue gauche, trois au front, une à la lèvre supérieure, en tout
ëix-hnit; elles ataient été produites, les unes par des instruments tranchants, les
aitres par des instruments piquants ; elles étaient entourées d'ecchymoses. Outre
cda, 11 y avait encore deux égratignures au cou, des ecchymoses aux joues, aux
lènes, dans la région des omoplates, au hras gauche, au coude droit et à tous les
4i%te du pied droit. Ces plaies et ces ecchymoses étaient des preuves évidentes de
fioleoces exercées sur l'enfnnt pendant sa vie.
Le diaphragme était entre la cinquième et la sixième côte, l'estomac contenait une
evillerée d'eau jaunâtre ; les poumons étaient ballonnés, leur couleur était rouge
clair et marbrée. Il y avait trois ecchymoses sous-pleurales sur le lobe supérieur du
poumon droit ; mis dans l'eau, les deux poumons nageaient ; ils présentaient de la
crépitation quand on les pressait, et on voyait sortir du sang écumeux lorsqu'on y
fusait des incisions. La trachée contenait un peu d'écume sanguinolente, le cœur
était vide* toute l'aponévrose du crâne était couverte d'un épanchement gélatine-
laafuia. Les deux pariétaux et le frontal droit étaient (hicturés en plusieurs
SBdroits, toute la surface du cerveau était couverte de sang foncé, les artères mé-
ibfées étaient gorgées de sang, et on voyait à la base du crâne un épanchement
46 sM>g épais moitié coagulé.
H'après tous ces signes, il était certain que l'enfant avait vécu et que les vio*
avaient été exercées sur lui de son vivant. D'un autre cété, il était égale-
certain que ces violences n'avaient pcis causé la mort, car l'état de l'esto*
et des poumons prouvait qu'il était entré dans l'eau vivant et qu'il y avait eu
par submersion. Or, il était peu probable que l'enfant eût vécu longtemps
avoir reçu les blessures que nous avons mentiom^s, il avait donc dû être
jeté à l'eau tout de suite après les mauvais traitements.
Ow. 311. — Diiignoslic certain d'un cas de mort par suhmertion malgré Vélal
ée putréfaction aioancée.
Kons fîmes, à la fin du mois de mars, l'autopsie d'un homme que Ton avait retiré
de Vema et qui y avait séjourné au moins quatre ou cinq mois. La tète était tout â
iMt iinuie, la poitrine et le ventre étaient verts, l'épiderme s'était détaché, le pénis
était très rétracté. Le cerveau était très putréfié et anémique, les poumons étaient
afU>sés et également anémiques. Les gros vaisseaux et le cœur contenaient encore
•n peu de sang épais ; la trachée était vide, sa couleur était d'un brun cuivreux ;
las poiHBons preaaés ne faisaient pas monter d'écume. Dans Testomac, U y avait
wm éemi-cuUlerée de vase qui adhérait à la muqueuse. La vessie contenait un peu
é*nine, la veine cave un peu de sang.
Le contenu de l'estomac ne pouvait laisser aucun doute sur le genre de mort.
il(5 PARTIE THANATOLOGIQDB.
S 4. — Béierminer s'il y • &«te d'un tietf.
Il est toujours très difficile de déterminer si une submersion a été
le résultat d'un crime, d'un accident ou d'un suicide, lorsque l'on n*a
pour baser son jugement que les symptômes trouvés sur le cadaTre*
Or, malheureusement cetle circonstance se présente souTont, car les
cadavres n'étant onlinairement trouvés que longtemps après la mort,
il est impossible d'établir leur identité par suite des ravages de U
putréfaction.
J'étudierai ce problème avec soin en mettant jli profit les ressour-
ces que m'a offertes mn longue expérience.
i"" Lorsqu'un cadavre est retiré de l'eau, la première chose qu'il
faut chercher à savoir, c'est si le corps est entré dans l'eau vivant
ou morly c'est-à dire s'il est mort par submersion ou d'une autre
manière. Dans ce dernier cas, il est inutile d'aller plus loin; c'est ce
qui arrive souvent pour les nouveau-nés que l'on trouve dans l'eau,
mais qui y ont été jetés déjà morts; pour les adultes, c'est rare;
nous en avons cependant rencontré un exemple assez curieux : ua
individu voulant se donner la mort , se plaça sur le bord d'uno
rivière les jambes dans l'eau, il se tira un coup de pistolet et tomba
mort dans la rivière. Ces cas ne sont pas difhciies a juger, outre
l'absence des signes de la mort par submersion, on a les phéno-
mènes de la mort violente à laquelle a succombé le décédé.
2° Lorsque l'on a acquis la conviction que l'on a affaire à un noyé,
il peut se présenter sur le cadavre des blessures de toutes sortes, il
est nécessaire de déterminer alors si ces blessures ont été reçues
pendant la vie ou après la mort du noyé.
Lorsque les blessures ont été reçues pendant la vie, tantdl c'est
un homme sortant d'une orgie dans laquelle il y avait rixe, et ({ui,
blessé en plusieurs endroits, tombe dans l'eau par accident ; un autre
qui veut se suicider, se blesse de différentes manières et se décide
enfin ù se jeter à l'eau. Il peut arriver aussi que ces blessures aient
été produites par les tentatives de résistance d'une victime que des
SUnMKRSION. — Y A-T-IL FAUTE D'hN TIKRS? 417
malfaiteurs veulent noyer, ou bien cela peut <*lre un suicidé qui, en
se précipitant dans Teau, se blesse contre des rochers, des vaisseaux,
des poteaux, etc.
Lorsque les blessures ont été faites aprè» la mort, tantôt c'est
parce que le cadavre a été poussé contre des glaçons, contre les
piliers d*un pont, contre des bateaux, des poteaux, etc.; tantôt ces
blessures ont été produites par des rats d*eau qui sont venus le ron-
ger, ou bien ce sont des rames, ou bien enfin peut-être les crochets
qui ont servi à le retirer de l'eau.
Naturellement dans tous ces cas, il sera nécessaire de rechercher
avec soin s*il y a des signes de réaction vitale autour de la blessure.
Malheureusement ici, comme nous l'avons déjà fait plusieurs fois
remarquer, on est exposé aux erreurs, car les cadavres étant ordi-
Dsirenient livrés à Taulopsie dans un état de putréfaction [avancée, il
est facile de confondre les épanchements sanguins du tissu cellulaire
produit par le phénomène d*exosmose avec ceux qui sont le résultat
de l'ecchymose. Celte erreur est d'autant plus facile que la putréfaction
donneauxrégions unecoloration qui obscurcit le diagnostic. M. Siméons,
médecin légiste distingué, dit avec raison à l'occasion d'un mémoire
sur ce sujet : « Il faut être bien réservé dans de telles questions, et
» ne pas se presser d'attribuer à des violences extérieures des soulè-
i vemenls de Taponévrose épicrânienne avec épanchement de sang.
» Lorsque le corps d'un noyé a séjourné pendant un certain temps
i dans de l'eau à température moyenne, et qu'il est resté ensuite un
i certain temps exposé à l'air et surtout aux rayons du soleil, la tête et
» le C011 du cadavre prennent un aspect tout particulier; ils se gon-
> flent jusqu'à devenir méconnaissables, la peau devient d'un bleu
i noirâtre, l'aponévrose épicrânienne se décolle, les paupières proémi-
» nent et forment des hémisphères également d'un bleu noirâtre; le
> nés se gonfle et laisse couler un liquide saoieux et sanguinolent,
» les lèvres et le cou se gonflent aussi et révèlent cette couleur
> bleu noirâtre ; du sang noir est épanché sous l'aponévrose épi-
» crânienne, dans les paupières ainsi que dans beaucoup «Tendroits
> du tissa cellulaire sous- cutané ; ce sang est ordinairauMP* i
II- .
il 8 PARTIE THANATOLOGIOUE.
» mais quelquefois aussi il est coagulé, boueux. Il faui uae grandeba-
» bitude pour distinguer ces épanchemeuts de ceux qui sont produils
> par les violences extérieures exercées sur la tête pendant la vie. i
3"" Dans la résolution de la question de la faute d*un tiers, toutes
les circonstances accessoires ont de l'importance et doivent être
prises en considération. '
Un cadavre trouvé dans l'eau sans vêtement pendant l'été pourra
être celui d'un baigneur noyé par accident. Un homme ayant une
profession qui le met continuellement en contact avec l'eau, tel que
le batelier, le pêcheur, le tanneur, et qui est trouvé noyé, pourra
avoir été victime d'un accident survenu dans l'exercice de ses
fonctions , lorsqu'il n'y aura pas des preuves du contraire. Des
gens trouvés attachés à des pierres ou ayant dans leurs poches des
lettres expliquant leur projet de suicide auront été probablement vic-
times d'un suicide, tandis que des blessures se trouvant aux mains
et au visage» une casquette, un bâton, une arme quelconque n'ap-
partenant pas au décédé et trouvés sur le rivage, enfin des traces de=
pas multiples et désordonnés sur la rive font penser à la faute d'uia
tiers.
A"" Pour savoir si un noyé a été victime d'un assassinat, il im*
porte de s'enquérir de la nature du liquide dans lequel il a suc-
combé, et de la profondeur de ce liquide.
Ici se présente une question assez délicate : un homme peut-il se
noyer dans un liquide lorsque, étant debout, sa tête est hors de ce
liquide? A cette question nous répondrons oui, surtout lorsque cet
homme est connu comme épileptique ou comme adonné aux boissons
alcooliques; car alors, s'il tombe même dans un ruisseau des rues, il
peut s'y noyer aussi bien que dans un fleuve. Il faut aussi prendre en
considération les caprices des suicidés qui sont souvent étranges :
ainsi il eu est qui chercheront la mort au loin dans un marais peu
profond, et non dans un fleuve voisin, parce que l'eau coulante et
profonde leur fait peur.
5*" Il arrive souvent que le problème de la faute d'un tiers se
rattache à cette question : combien de temps le décédé a-l-t7 te-
SUIIMEUSION.— Y A-T IL FAUTf. Ï)'UN TIERS? 419
jùurné dans l'eau F Cette question se préseule onlinaireinent pour
les enfaats Douveau-nés, car alors il s'agit de savoir si le moment de
la mort coïncide avec celui de Taccouchement. Il est impossible de
donner une réponse complètement exacte, mais avec un peu d'exp^^-
rience on peut assigner des époques approximatives d'après Tétat de
la putréfaction.
Nous avons exposé plus haut les phénomènes de la putréfaction
dans Pair, nous allons étudier brièvement la putréfaction dans Fmu.
La différence importante entre ces deux ordres de phénomènes, c'est
que dans la putréfaction dans l'eau il n'y a jamais momiûcation, et que
l'oo rencontre ordinairement la saponification. Les principaux agents
qui agissent sur la pulréfaction dans l'eau sont la température et
l'état du liquide. Pour la température, nous pouvons établir la pro-
portion suivante : lorsqu'on hiver la température de l'eau est de
— 11 à — 16 degrés centigrades, la putréfaction dans l'eau en
deux ou trois mois avance aussi vite qu'eu huit jours en été lorsque
la température est de ■{• il à + 22 degrés. Quant à l'état da
l'eau, son influence est sensible, ainsi un cadavre qui est porté
dans une eau coulante se putréfie, cœlerii paribusy beaucoup plus
lentement qu'un cadavre qui reste immobile dans un marais.
Quand il s'agit de déterminer, d'après l'état delà pulréfaction, pen«
dant combien de temps un cadavre a séjourné dans l'eau, il est impor-
tant que l'expert sache depuis combien de temps il en a été relire et
dans quelles conditions il est resté exposé à l'air. En effet, un cadavre
qui est resté un certain temps dans l'eau et qui est exposé à l'air se
putréfie très vite, surtout quand les rayons du soleil peuvent l'attein-
dre. J'ai souvent vu des noyés qui avaient été retirés de l'eau encore
bien conservés, et qui, exposés aux rayons du soleil, étaient envahis
par la putréfaction deux et trois fois plus vite qu'ils ne l'auraient été
s'ils étaient restés dans l'eau. C'est pourquoi on ne saurait trop re-
commander aux juges d'instruction de faire en sorte que l'autopsie
des noyés ail lieu aussi promptement que possible, il suffit quelque-
fois de vingt-quatre heures pour ôter à l'autopsie toute chance d'u-
UUlé.
&20 PARTIE THANATOLOGIQUE.
Il y a pour la pulréfaction dans l'eau un phéDomëne caractéristique
qui a déjà été signalé parOrrila,Le8ueur,M. Deverg[te et H. Siméons,
et sur lequel j'ai également depuis longtemps attiré Tattention : il
consiste en ce que sur les cadavres qui séjournent dans l'eau, li
putréfaction commence par la tête et le cou, et descend de haut en
bas, tandis que ceux qui séjournent dans l'air commencent â se po-
trélier par l'abdomen, et sont envahis ensuite en haut et en bas. Ce
phinomène ne manque jamaisy mais il ne peut pas, comme on l'a
cru, se joindre aux preuves de la mort par submersion , car j'ai
acquis la conviction qu'après n'importe quel genre de mort il peut se
présenter, et qu'il ne résulte que du séjour dans l'eau.
Un cadavre qui est resté dans l'eau dix huit heuretk la tempéra-
ture moyenne de Tété, ou trente heures à la température moyenne
de l'hiver, présente, outre les plis des mains et des pieds, une colo-
ration livide du visage, des oreilles et du reste de h tète, tandis que
le reste du corps a conservé si couleur normale, et que les tégu-
ments de l'abdomen ne présentent pas encore de coloration verdâtre.
Des incisions pratiquées dans la figure ne révèlent pas la présence
d'ecchymoses ; seulement lorsque le décédé a succombé à une hypé-
rémie pulmonaire, on voit déjà alors une écume blanchâtre quelque-
fois à grosses bulles devant la bouche et le nez. Bientôt sur la teinte
rouge livide que nous venons de décrire apparaissent des taches
bleu verdâtre d'abord aux oreilles, aux tempes, à la nuque, en-
suite sur le cou et sur la poitrine, ces taches s'élargissent peu à peu
suivant le temps que le cadavre reste dans l'eau.
Un cadavre qui est resté dans l'eau de trois à cinq semaines en
été, et de deux à trois mois en hiver, présente la tètej le cou et
une partie de la poitrine colorés en vert sale marbré de rouge foncé;
c'est ce que M. Devergie désigne à tort, à mon avis, sous le nom de
€ brunâtre i . Â côté de cette coloration des parties supérieures, le reste
du corps n'est souvent'pas changé.
A quoi attribuer cette marche particulière de la putréfoction ? La
cause en est inconnue : les uns disent que cela tient à ce que, quand
le cadavre surnage dans l'eau, la tète est le plus souvent au-dessous
SUBMERSION. — Y A-T-IL FAUTE bVH TlEhS? A21
de U surface du liquide ; d'autres prétendent qu'au contraire le plus
souvent la tête des noyés est au-dessus de l'eau, tandis que le reste
du corps est plus ou moins plongé, qu'alors la partie supérieure
du corps étant exposée aux rayons du soleil se putréfie plus promp«
temeot.
Lorsque le cadavre continue à rester dans l'eau, la putréfaction fait
des progrès rapides, et tous les phénomènes que nous avons décrits
plus haut en parlant de la putréfaction en général, ne tardent pas à
se manifester. Le cadavre se gonfle, des bulles se forment en abon-
dance sous l'épiderme qui ne tarde pas à se détacher, le corps revêt
en entier une couleur uniforme d'un vert foncé. La peau est sillonnée
de veines qui fornoent de gros cordons d'un rouge sale, les traits
sont tout à fait méconnaissables, la couleur des pupilles a disparu,
les ongles sont détachés ou restent suspendus à des lambeaux de
peau, le scrotum et le pénis sont gonflés et défigurés ; devant de
pareils phénomènes, on peut déclarer que le cadavre a séjourné dans
l'eau de cinq à six semaines, si cela est pendant l'été, et de trois i
quatre mois, si cela est pendant l'hiver.
Si le cadavre reste encore abandonné dans l'eau, la putréfaction
continue, mais, plus on est loin du moment de la mort, plus il est dif-
ficile de déterminer depuis combien de temps il est dans l'eau, car
lespA^om^^ restent longtemps stationnaires dans les hauts
isgrés de la putréfaction. On voit alors , après Atit^ ou dix
sstnaines en été et cinq ou six mois en hiver, l'aponévrose épi-
crânienne qui se détache, quelques lambeaux pendent çà et là au-
tour du crâne, et il suffit de passer dessus une éponge pour que
tous les cheveux disparaissent, les yeux ont coulé au dehors,
ordiaiirement les rats d'eau ou d'autres animaux ont rongé certaines
parties du corps, surtout les doigts et les mains ; quelquefois même
les oe des membres supérieurs et les côtes sont trouvés disséqués à nu ;
des myriades de vers couvrent la figure et remplissent les cavités qui
communiquent avec l'extérieur ; cert-iins membres sont séparés du
tronc par suite de la destruction des articulations ; le cadavre est
inoostrueux, il est tout à fait noir et laisse exhaler une odeur intec
422 PARTIE THANATOLOGIQUE.
un certain nombre de muscles sont saponifiés, quelquefois la force
expansive des gaz produits par la putréfaction a livré passage & ces
derniers qui ont franchi les muscles et même les os du crftne; lé sexe
est impossible à reconnaître.
On verra, à l'observation 320, quels sont les ravages produite sur
un cadavre par un séjour dans l'eau de plusieurs années.
Quant à la chronologie de la putréfaction des organes ilitefiies,
elle est la même dans l'eau que dans l'air, voyez ce que bous en
avons dit page 87.
Obs. 312. — Suicide douteux. SubmertUm,
Un homme Agé de quarante^tfux ans, d'nne constitution robuste, était sorti de
chez lui le 2 janvier pour faire «n payement dans une affaira da titteUe. Il aralt
dans ce but pris avec lui une pièce dont la possession était d'une immense impor*
tance pour d'autres personnes. A partir de ce jour il disparut sans qu*on enteni!U
parler de lui. Dix semaines après, on trouva son cadavre dans Teau, fl avait dans
sa poche la quittance de la somme payée, mais 11 n'avait plus li pièM ittptfrtaato.
Oa apprit qu'il avait changé de religion, et qu'une sévère puniUon l'attendait, lert-
qu'il rentrerait dans sa patrie. Cette raison pouvait jusqu'à un certain point être con-
sidérée comme sufAsanle pour expliquer te suicide, mais la disparition de ta pièce
en diminuait beaucoup la valem*, car elle fliiftait Mitpçùntiet uff efifffe ; IMiaaî en
ordonna une autopsie légale.
Le cadavre, après un temps aussi long passé dans l'eau, était très putréfié, il
présentait partout, excepté à la tùte qui était noire, une couleur verdâtre, l'épi-
derme était partout détaché, les yetix étaiefit proéminents, là lànfrte ètàîi étraif-
glée entre les dents, la pointe, gonflée, sortait en dehors de 4 millimètres. Il n'y
avait aucune blessure à Textérieur. Les poumons étaient ballonnés et anémiques.
La trachée-artère, dont la muqueuse offrait une couleur d'un brun noir produite
parla putréfaction, conterfafC un peu d'écume «angtlnolénte. Vai d*eatr darfi II
trachée ni dans les poumons. Le cerveatt était déjà transformé M ifnê bouillie
rose, les os du crâne étaient intacts, l'estomac contenait une petite quantité de
chyme, mais pas d'eau. L'estomac, le duodénum et Tœsophage furent soumis à
l'anaTyse chimique, mais on n'y trouva pas une seule trace de poison ; tes veines de
t'épiploon et du mésentère, ainsi que lês gros vaiséeatrx 9è l'àbdetnen et le àein
droit, étaient très hypérémiques, à la partie gauche du cou on voyait un ailloo
blanc, superficiel, non ecchymose, allant jusqu'à la nuque.
Voici de quelle manière nous rédigeâmes nos conclusions :
1° Le décédé est nïort par asphyxie.
2*^ 11 est probable que cette asphyxie ait été produite par la submersion.
3^ Le haut degré de putréfaction ne permet pas d'expliquer la nature do
sillon trouvé au cou.
SUBMERSION — Y A-T-IL FAUTE d'UW TlERS*f — OBSERVATIONS. 428
4* n est impossible de trouver dans les phénomènes scientifiques la réponse h
cette question : la submersion est-elle due à un suicide, â un accident ou à un
Beurtre ? Mnsieurs Jours après, on trouva la pièce importante en mains sûres ; le
suielde devint alors une certitude.
Obs. 813.-— Siikride douteux. Mort par submersion avec blessures à la tête.
Le 8 décembre 18**, nous fîmes l'autopsie d^un homme âgé de quarante ani,
boasu, dont le cadavre avait été retiré de l'eau et laissé pendant huit jours dam la
chambre des morts.
A la tète il y avait troia blessures semi-lunaires, longues de 3 centimètres ; eDes
ne pénétraient pas jusqu^à l'os, elles séparaient seulement superficiellement l'apo*
oévrose et offraient des bords asses nets, secs et non ecchymoses. Les pieds et les
naina présentaient les plis caractéristiques, mais aucun endroit de la peau ne
présentait le phénomène de la chair de poule. La eadavre avait conservé sa oou-
leur, excepté la tète qui était rougeàtre.
Dana le crâne il y avait une légère hypérémie ; les poumons, très ballonnet,
rempUaaaient toute la cavité pectorale, mais contenaient peu de sang ; le poumon
fauche renfermait de l'eau beaucoup plus que le poumon droit. Les artères eoro*
oairea étaient médiocrement remplies de sang, le cœur gauche était presque vidé,
le ceenr droit ne contenait que 1 5 grammes de sang, mais les gros vaisseaux
étaient gorgés de sang noir et liquide. Le larynx et la trachée étaient vides et nor^
oiaox, le foie hypérémique. L'estomac était aux trois quarts rempli d'eau claire
dans laquelle nageaient des morceaux de pommes de terre ; les vaisseaux du mé-
aentére étaient très injectés ; il y avait hypérémie des reins et de la veine cave ;
la vessie était vide.
Sous déclarâmes que :
t* Le déeédé n'était pas mort par submersion ;
3* Les blessures de tète ne pouvaient pas être regardées comme ayant contribué
à amener la mort. Elles furent faites au moment même de la mort ou peu de
tempa après.
Obs. 314. — Submersion. Est-ce le résultat d'un meurtre ou d*un accidenté
Au mois d'avril 1848 on retira de la Sprée un cadavre qui fut reconnu comme
étant celui d'un chef batelier; fl avait disparu de son embarcation depuis le 18 mars
su soir. Le jour où l'on remarqua cette disparition, on avait trouvé le secrétaire
et on l'était aperçu qu'une somme importante y manquait. Plus tard, un des
employéi au service de ce batelier fut trouvé porteur des habits du chef et
ayant en sa possession la somme d'argent qui manquait. Il flint dire que ee jour
était un de ceux pendant lesquels la révolution se déehatnalt avec fteraur, et foo
pensait que f assassin avait mis à profit le désordre général.
Au moment eti je fis TaUtopsie, je ne connaissais aucun de ees détails, le ea«
davre avait la tête émreloppée dans une redingote brune que des liens
Ibrtement autour du cou, les pieds étaient également liés. Le corps èM <mi
A2A PARTIE THANATOLOGIQUE.
vert grisâtre, par conséquent la putréfaction était assez élevée; Iji langue d'an blea
vert et tuméfiée sortait des maxillaires édentés. Pas de sillon strangulaloireau cm,
mais on voyait des blessures de tète importantes : une au-dessus de cliaque sourcil
de forme triangulaire, une dans la région de l'os pariétal droit, longue de 3 centi-
mètres. Dans deux de ces blessures on trouva des traces d'ecchymoses ; lorsqu'on
enleva l'aponévrose épicrânienne, on s'aperçut que tout le crâne avait été écrite jas-
qu'à sa base ; le cerveau déjà putréfié ne put être examiné ; les poumons, surtout
le poumon droit, étaient remplis de sang noir peu liquide ; la trachée et le larynx
étaient vides et commençaient à se putréfier ; le cœur et les gros vaisseaux ne
contenaient pas de sang ; l'estomac et la vessie étaient vides ; la veine eave coole-
nait très peu de sang. Il était très facile d'interpréter ces divers phénomènet. Voici
dans quel sens nous rédigeâmes notre rapport :
Les signes de la mort par submersion manquent complètement sur ce cadavre, et
il est tàcile de prouver que la mort n'a pas été produite ainsi; les blessures de U
tète dans lesquelles on a trouvé des traces d'ecchymoses étaient bien aases impor-
tantes pour amener cette fin ftineste. Du reste, abstraction fliite des ecchymoses,
des blessures aussi terribles que celles-là ne peuvent évidemment pas être produites
lotts r«att, quelle que soit la force avec laquelle la tète se rencontre contre des
pierres, des rames ou des poteaux. Nous conclûmes donc que la mort était
due à des blessures de la tète, lesquelles avaient dû être produites an moyen
d'instrument contondant, et que ce n'était qu'à l'état de cadavre que cet homme
était arrivé dans Teau.
Tout le monde était bien convaincu que l'accusé était coupable et cependant fk
fut acquitté parce que l'on n'eut pas la preuve certaine de l'identité du cadavre. L«
veuve fut appelée, mais elle ne donna sur la couleur des cheveoz, l'état des
dents, etc., que des réponses vagues qui laissèrent planer le doute.
Obs. 315. — Submersion. Est-ce le résultai d'un accident ou d*un erme?
Un jeune médecin, âgé de vingt-six ans, disparut tout à coup sans qu'on sût es
qu'il était devenu ; la dernière fois qu'on l'avait vu, c'était un soir ches un cafe«
tier. Trois mois après on retira son cadavre de l'eau, la température avait toujours
été au-dessous de zéro, et, comme disait le rapport de police, le corps avait ton-
jour été sous la glace, c'est ce qui expliquait le peu de progrès qu'avait fait la pu-
tréfaction.
Le cadavre était vert, l'épidcrme était détaché, quelques ongles seulement
étaient encore fermes, les pieds et les mains étaient plissés. Comme on pouvait s'y
attendre, il y avait anémie générale. Le cœur droit contenait quelques coagula-
tions, la trachée et le larynx étaient vides et bruns, les poumons n'étaient plus
ballonnés, attendu que presque tous les liquides de l'organisme étaient évaporés, les
gros vaisseaux étaient vides ; l'estomac était putréfié et contenait encore quelques
restes d'aliments, mais pas de liquide. La vessie était vide. On ne pouvait pas
dire grand'chose de positif sur le genre de mort, cependant comme il n'y avait
aucune trace d'un autre genre de mort, nous déclarâmes que toutes les vraisem-
blances étaient pour une mort par submersion.
SUBMCKSION. — Y A-T-IL FAUT!:: D'UN TIERS? — OBSEIiVATlOMS. &25
On. 316. — Submersion. — Est-ce le résultai <fun accident ou d*un crime?
Ud maçon âgé de quarante- huit an^, eut un jour une querelle chez un mar-
chand de vins, puis on le vit prendre le chemin de sa maison ; mais il n'y arriva
pas et disparut sans qu'on sût pendant six semaines ce qu'il était devenu.
An bout da ce laps de temps, le 3 avril 18**, son cadavre fut retiré de l'eau, le
lapport de la police disait qu'il avait le nez cassé, les yeux tuméAés et des ble*-
•ores à la tète ; nous ne trouvâmes de tout cela que les paupières gonflées par
•«ita de la putréfaction. Le corps était vert, l'épiderme était détaché, on ne pouvait
donc pas s'attendre, d'après un tel degré de putréfaction, à pouvoir encore trouver
les phénomènes de la mort par submersion ; en effet, la cavité crânienne était
anémique, le cerveau n'était plus qu'une bouillie verdâtre ; les poumons étaient
cependant eneore ballonnés et contenaient beaucoup de sang foncé, les gros vais-
seaux en contenaient également une certaine quantité ; il y ayait 60 grammes de
lang foncé et coagulé dans le cœur droit, 30 grammes dans le cœur gauche ; la tra-
cliée et le larynx étaient vides et colorés par la putréfaction ; la veine cave conte-
nait peu de sang, mais dans le foie il y en avait beaucoup, ainsi que dans les
reins ; la vessie était à moitié remplie.
Nous déclarâmes que le décédé n'avait pas succombé à des blessures ; que le
haut degré de la putréfaction ne permettait pas de déterminer avec certitude le
geore de mort, mais qu'il était très vraisemblable qu'il y avait eu mort par suhmer-
On. 317. — Submersion; les jambes du cadavre liées. Y a-t-il eu crime f
Le cadavre d'un homme de vingt-six ans fut retiré de l'eau, ayant les deux
fortement serrées avec une bande de cuir ; au maxillaire inférieur il y
avait trois cicatrices firalches de la grandeur d'une pièce de 50 centimes. Ces
ctrcooatances amenèrent Tautorité â demander l'autopsie légale.
I« cadavre était très frais ; il y avait chair de poule sur tout le eorps ; les pieds
•I lea mains présentaient les plis caractéristiques du séjour dans l'eau ; la langue
striait daa maxillaires de 4 millimètres ; rien d'anormal dans la tète ; les poumons
étaient ballonnés, marbrés, gorgés de sang foncé, liquide et écumeux ; la trachée
ci le larynx étaient très iiyectés et remplis d'une écume épaisse ; le cœur droit
CTuttnfM beaucoup de sang foncé et liquide, le cœur gauche était vide ; les gros
Tslsaoauf et la veine cave étaient remplis de sang ; l'estomac ne renfermait pas
d'aHnaniits. maia 90 è 190 grammes d'eau chiire ; la vessie avait â rintérienr une
dfllerée d'urine.
D n'y avait pas à hésiter à déclarer une mort par submersion ; l'absence de
traces de résistance indiquait que les jambes avaient été liées par le sujet lui-même
st que par conséquent il y avait eu suicide. Il n'est pas rare que ceux qui veulent
Bwitre fin à leurs jours prennent ainsi de minutieuses précautions pour être cer-
laius d'arriver au résultat qu'ils désirent.
Â28 PARTIE THANATOLOGIQUE •
Obs. 318. — Submersion, Rupture du cerveau, Y a-t-U eu slrangulaikm w
écrasement ?
t5n homme de soixante ans Ait trouvé mort dans le canal, dans une potUton
assez extraordinaire, il était debout dans Feau. Il avait ses vétementa ; au-deisoi
de sa cravate se trouvait un fichu de cotoa qui serrait le cou très fortement. U
laifgue était derrière les dents ; la couleur du cadavre n*avait pas été altérée. Tonte
la moitié gauche de la figure y compris les paupières avait un aspect rouge bleo,
des incisions pratiquées dans cette région montrèrent qu'il y avait la de véritables
ecchymoses ; au haut de la tête qui était chauve, il y avait une tache longue de
S centimètres, large de 2 centimètres d*un rouge brun, non ecchymosée ; une antre,
longue de 2 centimètres et large de 1 centimètre, se trouvait au front aoKlesmi
de l'œil gauche ; au-dessous des deux rotules on voyait plusieurs taches ecchymo-
s6es ; sur la partie postérieure de l'hémisphère gauche du cerveau se trouvait une
extravasation sanguinolente de l'épaisseur de 2 millimètres. Au ventricule droit du
cerveau se trouvait un épanchement de 15 grammes de sang foncé et coagulé;
cette extravasation avait été produite par une rupture de l'organe de I centimètre
de diamètre qui partait de ce ventricule et traversait toute la substance du cerveau.
A la base de l'hémisphère gauche il y avait de nombreuses extravasations san-
guines au milieu desquelles on voyait une autre rupture à bords ecchymoaés. Le
cervelet présentait également de petites extravasations en grand nombre. Les sinii
contenaient peu de sang ; la base du crâne était intacte ; les deux poumons nor-
maux contenaient peu de sang ; l'artère pulmonaire était très remplie de sang
foncé et liquide ; le larynx et la trachée étaient vides et normaux; dans le cœur
droit, il y avait no grammes de sang (bncé et liquide ; dans le cœur il l'en trou-
vait peu ; le foie renfermait peu de sang : la veine cave était gorgée ; on troen
dans l'estomac 90 à 100 grammes d'eau pure. Les autres ofganes ne prétentaieil
rien d'anormal.
Il était évident que les blessures de tète, dont nous avons énuroéré lee terrMes
résultats, avaient causé la mort. D'un autre oôtét ees blessures ne pouvaient être k
suite ni d'une strangulation dont nous n'avons trouvé aucune trace au cou malgré
la présence du lien, ni de la submersion, car le cadavre a été trouvé dans l'eau
debout, la tète au-dessus de la surfoce de l'eau, c'est probablement dans celte posi-
tion qu'il est entré dans l'eau, et il a été trouvé sans qu'il eût changé de place ;
enfin comme dernière preuve, ajoutons que nous n'avons trouvé aucun des signes
de la mort par strangulation ou par submersion. Les ruptures du cerveau, les nom-
breuses extravasations sanguines annoncent que ce sujet a été victime d'une vio-
lence extérieure très énergique qui écarte toute idée de suicide.
Obs. 319. — Submersion, Strangulation ou mort accidentelle.
Le cadavre d'un enfant nouveau-né, A terme, fut trouvé le 28 juillet 18^ dans
un tonneau rempli d'eau qui se trouvait au milieu d'une èour ; le corps était enve-
loppé d'un linge de coton qui était fortement serré autour du cou au moyen d'une
bande large de 5 centimètres. La fille, mère de l'enfant, fut découverte, elle avoua
SUBMEllSION. — Y A-T-IL FAUTE D't?{ TIKRS? — OBSERVATIONS. 427
re accouchée sans témoin dans la nuit du 26 au 27 juillet ; elle entendit son
ilSint crier après sa naissance, mais elle s*évanonit presque aussitôt, et lorsqu'elle
réveilla, Tenfant était mort à côté d'elle.
Le corps de Tenfant ne présentait pas l'aspect chair de poule ; du cdté gauche
1 eou, il y avait un sillon insignifiant jaune clair, mou, ayant 2 centimètres de
Qg et 2 millimètres de large sans trace d'ecchymoses ; les os crâniens étaient très
filtrés ; les veines du cerveau étaiêtit hypérémiffues, et on voyait à la hase du
âne deux eztravasations ayant les dimensions d'une pièce de 50 centimes.
C«tt lA tout ee qae nous trouvâmes digne de remarque à l'intopsie ; il n'y avait
» un seul signa pouvant être interprété comme produit de la submersion. Mow
«laràmes que l'enfant était mort d'apoplexie cérébrale et qu'il n'avait été mis
IBS l'eau que privé de vie. Quant à la cause de cette apoplexie, nous déclarâmes
fH était possible qu'il y eût eu strangulation, que cependant le^ Agnet tfû c<ra
tÊbmi très pea certains, qu'an eonCralre rien ne s'opposait k ee qne la récit de la
Ire ne fût vrai, car l'apoplexie cérébrale est l'aiTection â laquelle saeeombeiit
éÉoairainent les enfants abandonnés au moment de leur naissance (I).
Om. SiO.'^SquêMe d'un noyé trouvé après â$ux am de séjour dont Vetnu
Oa professenr de l'Université disparut le f mars 1854. Malgré les feeherches
(plna minutieuses il fut impossible de savoir ce qu'il était devenu. Plus de deum
f après, le 5 juin 1856, on trouva dans le canal, près de Charlottenbourg, un
seleità dépouillé presque complètement des parties molles; le pied gauche avait
laanré sd forme et était complètement saponifié ; danl la région des fesses on
fait éfaienient des paquets d'adipocire, ainni qu'au-dessotts des arcades sygo*
ttiqnes ; les yeux saponifiés étaient encore dans leurs cavités ; le membre supé-
ur droit et la moitié du gauche manquaient ainsi que le pied droit ; séparés par
Kè de la destruction de leurs liens articulaires, ils avalent quitté le reste du
rf0; la partie supérieare du sternum seule restait. Le crâne, le maxillaire infé«
lar et les trois premières vertèbres cervicales étaient détachés et furent trouvés
tàth an cadavre. i
llàlfré ^ette terrible Mutilation, on put encore constater l'identité du décédé. Le
)n au professeur reconnut le gilet contenant une bourse, la botte qui se tronvait
leora au pied gauche, et le bas qui présentait encore les initiales de son nom.
ras noterons une particularité intéressante. Le frère nous dit que le décédé avait
le tumeur osseuse au côté gauche du crâne, nous retrouvâmes en effet à l'os parié-
Igiaehe cette tuméurqui avait la grosseur d'une noix.
(I) Voy. l'obs. 79.
A28 rAKTIE THANATOLOGIQUE.
CHAPITRE Vil.
CONGÉLATION.
S 1. OéoéMliléft.
Parmi les causes de mort violente et accidentelle, la congéhtioa
est la plas rare après le manque de nourriture. Cela ne se ren-
contre que dans les campagnes lorsque des voituriers 8*endorme&t
la nuit) chemin faisant, sur leurs voitures, ou quand des voyageais
A pied sont surpris par des neiges abondantes qui, effaçant les che-
mins, font qu'ils se perdent; alors si, succombant â la fatigue etao
sommeil, ils se coucbent, ils meurent gelés.
En physiologie, on explique la mort des congelés par la fuite
du sang des vaisseaux périphériques vers les parties centrales, ce qai
produit une bypérémie mortelle du cerveau et des organes de la poi-
trine. Ce que la physiologie ne nous dit pas, c'est que, tandis que
certains hommes meurent ainsi sous l'action du froid, d'autres, les
habitants de la Sibérie par exemple, peuvent supporter impunémeot
des températures aussi basses.
L'individualité du sujet a une grande importance dans la résis-
tance qu'il peut opposer au froid : les nouveau-nés, même le^ jeunes
enfants, les vieillards, les malades, les gens privés de nourriture, les
hommes démoralisés (les soldats français en Russie en 1812), tons
ceux en un mot qui sont doués d'une vitalité moins énergique, suc-
combent plus facilement que les autres aux effets de la congélation.
D'un Hutre côté, tout ce qui cause en général des congestions san-
guines du cerveau ou de la poitrine, favorise les effets de la congé-
lation, par exemple, le sommeil, l'ivresse.
Ces considérations sur l'individualité du sujet et sur les prédispo-
sitions congestives montrent qu'il est impossible de flxer un degré
thermomélrique devant amener nécessairement la mort par congéla-
tion. En effet, le personnel nombreux des expéditions récentes au
pôle nord de Parry, de Ross et de Franklin, ainsi que les compagnons
CONGÉLATION. — IHAGNOSTIC. 4^
le Wrangel en Sibérie, ont pu supporter impunément une tempéra-
ire impossible à mesurer, car elle était inrérieure à celle qui fait
(eler le mercure, tandis que les nouveau-nés et les hommes ivres
neorent de — 18 à — 22 degrés centigrades, température au milieu
le laquelle les habitants des villes du Nord s'amusent à patiner et à
ilier en traîneaux.
S 3. — HiagDostîe.
L*ouverture du corps d'un congelé n'offre aucun symptAme carac-
éristique qui permette de reconnaître le genre de mort auquel il a
necombé. On prétend que les oreilles, le bout du nez, les doigts se
irisent facilement ; j'ai trop peu vu de sujets gelés pour me pronon-
Der i ce sujet: dans tous les cas, cela ne peut prouver qu'une chose,
t'est que ces extrémités ont été gelées, mais cet accident n'entraîne
pas la mort, alors il est insignifiant pour le diagnostic en question.
En général, les cadavres sont roides, certains organes internes
lont gelés, par exemple, le cerveau, les poumons, la vessie, les gros
misieaiiXy l'estomac ; mais il est évident que cette congélation des
iirganes internes est un phénomène post morlem^ et qu'il se pré-
tente toutes les fois qu'un cadavre quel qu'il soit, est abandonné au
DÛliea d'une basse température. Il nous arrive tous les jours de con-
stater la. véracité de ce que nous venons d'avancer : souvent, lorsqu'il
bit très froid, nous sommes obligés, lors d'une autopsie, de casser le
cerveau pour l'éloigner de la base du crâne ; nous avons vu également
da sang gelé dans le cœur et des aliments gelés dans l'estomac. D*un
aalre cAlé, il arrive que des hommes qui sont mort» de froid, sont
transportés dans des chambres chaudes, où les organes ont le temps
de dégeler avant l'autopsie.
Les hypérémies du crâne, des poumons et du cœur, ne peuvent pas
Bon plas être d'un grand secours dans le. diagnostic, car on sait com-
bien ces hvpérémies se montrent après un grand nombre de genres de
OKMrt.
L'expert ne pourra donc que dire s'il est plus ou moins vraisem-
blable que la mort a eu lieu par congélation s'il ne Ironve pas de
kiO PARTIE THANATOLOOIQlIfi.
sjmptômes d'an autre genre de mort, si le$ phtoomèoes cadaiéri-
ques joints aux circonstances accessoires rendent cette opiDioa plus
ou moins probable.
J'iyouterai seulement cette remarque importante : si l'on trouve
dans la neige un cadavre puiri/iéy quel que soit le résultat de Vu-
topsie, on peut affirmer qu'il nest pas mort par congélationi caria
cadavres ne se putréfient pour ainsi dire pas dans la neige ou dansli
glace (voir page 29). L'observation 322 montrera combien cet axiotne
est important.
S 3. — PiUrmioer s'il y « &«!• a*tto Imt*.
La ditBculté du diagnostic médical de la mort par congélation doit
faire penser tout de suite combien doivent être grands les obstacles
qui s'opposent à la détermination de cette question : Y a-t-il ea
faute d'un tiers? Comme ponr le diagnostic il faut chercher des points
de repère dans les circonstances accessoires.
Dès l'abord on doit repousser l'idée d'un suicide, car ceux qui
voudraient mettre fin à leurs jours de cette manière auraient bien
des chances de manquer leur but, tandis qu'il leur est si facile de
l'atteindre par tant d'autres moyehs.
Par conséquent, il ne s'agit que de savoir si l'on a affiiire â un
accident ou à un crime. Pour les nouveau-nés, il n'est pas très rare
qu'il y ait accident involontaire, lorsque la mère accouchant en
cachette s'évanouit aussitôt après, et que l'enfant reste nu sur un
sol très froid. Il y aura plus de probabilités pour un crime si Ton
trouve l'enfant enveloppé et caché au fond d'une forêt ou dans un
lieu désert. Pour les adultes, c'est presque toujours le résultat d'un
accident; ici encore il faut réfléchir sur les circonstances accessoires;
par exemple les doutes seront presque soulevés si on apprend que le
sujet, sortant d'une orgie pendant la nuit, a dû traverser des chemins
couverts de neige. Si dans ce dernier cas on trouvait des blessures
de tète, comment savoir si l'apoplexie cérébrale en a été le résultat
plutôt que de la congélation ? Il faut avouer que l'expert sera embar-
rassé, il devra consulter les probabilités et se déclarer avec beaucoup
de réserve. Ajoutons que de tels cas sont très rares. Depuis vingt-
CONGÉLATION. — OBSERVATIONS. ASl
sept ans que je fais partie de la députation scieutifiqae, haut tribunal
de médecine légale en Prusse, où toutes les questions douteuses sont
jugées scientifiquement en dernier ressort Je n'en ai pas rencontré un
seul exemple.
Obs. 321 . — Mort d'itn nouveau -né par congélation.
A la fin de janvier iH**^ par un très grand froid, la fille N... accoucha pendant
la nuit ; voici comment elle raconta Tévénement : « Les douleurs très vives que
j'éprouvai me firent quitter mon lit, je m'assis sur une chaise, ma cuvette était à
cdté de moi à terre, je l'avais approchée pour y laisser couler le sang ; tout à coup,
étant au bord de la chaise, je sentis que l'enfant sortait des parties génitales ; je n'y
^rtai pas la main, mais ce*devait être la tôle. Je restai assise, les jambes écar-
tées an milieu des douleurs les plus afl'reuses, et ayant presque perdu connais-
sance. Au bout d'un quart d'heure d'efforts, l'enfant tomba et je m'évanouis. Quel-
que temps après je revins à moi, et je vis mon enfant couché dans la cuvette, la
tète en lias, les jambes de mon côté sur le bord du vase ; il était tout à fait froid, je
le crus mort ; je le pris, je le mis sur du linge dans une corbeille sans le couvrir. »
Cest là qu'on le trouva. Il avait tous les signes de la maturité ; le diaphragme
était entre la quatrième et la cinquième cdte ; les poumons remplissaient les trois
quarts de la cavité, ils avaient une couleur rose marbré, ils nageaient complète-
mMit ; quand on les incisait on entendait une crépitation et on voyait sortir de
réeome sanguinolente. La mort avait eu lieu par apoplexie cérébrale ; la figure et
les lèvres étaient rouge foncé, les os crâniens, ainsi que les sinus et les méninges,
étaient très hypérémiques.
HoQS rédigeâmes notre rapport en ces termes : L'absence de violence exté-
rieure ne permet pas d'expliquer l'apoplexie autrement que par l'action du grand
froid. Ilaintenant cet accident a-t-il été complètement involontaire? Il est scien-
tifiquement possible que la ÛUe se soit évanouie comme elle le dit à la fin de son
accouchement, et alors tout ce qu'elle raconte peut être arrivé ; nous concluons
dooe :
1* L'enfliint est né à terme et viable ;
S* n a vécu après sa naissance ;
3* n est mort peu d'instants après sa naissance d'apoplexie cérébrale;
4* L'apoplexie a été causée probablement par le grand froid qui le saisit au mo-
ment de ta naissance et auquel il resta longtemps exposé.
Obs. 322. — Congélation douteuse éTun nouveau-né.
Un enfant nouveau-né à terme resta toute une journée au mois de février dans la
seige, enveloppé seulement de quelques lambeaux d'étoffes.
Lorsque nous fîmes l'autopsie, la putréfaction était assez avancée, et cependant la
doeimasie pulmonaire nous démontra que l'eniant avait vécu. Le cadavre avait déjà
vne couleur gris vert ; l'épiderme était détaché en beaucoup d'endroits ; la trachée
avait la couleur rouge brun que lui donne la putréfaction ; les poumons avaient
AS2 PARTIE THANATOLOGIQUE.
leur base couverle de bulles cadavériques, ils étaient exsangues. Lecœuf eonte-
naît dans ses deux cavités du sang coagulé, la veine cave également ; le eenem
était réduit en une bouillie putréfiée, les sinus étaieut vides.
Nous déclarâmes dans notre rapport : Le degré de putréfaction est trop élevé
pour que Ton puisse dire quel a été le genre de mort de l'enfant, mais on peut affir-
mer qu'il a vécu et qu'il était déjà mort lorsqu'il a été déposé dans la neige ; car
il est impossible qu'une seule journée ait pu amener un aussi haut degré de putré-
faction. La mère est restée inconnue.
0b8. 323. — Mort par cong^ation douleiue.
Au mois de février 18**, par un très grand froid, une f^mroe âgée «le cinquante-
cinq ans, fut trouvée morte et gelée dans la neigea En fait de bleasures, il n'j
avait que des écorchurcs nombreuses; aux articulations des doigts, ces petites
lésions étaient fraîches.
L'autopsie fut faite trois jours après la levée du cadavre ; le cerveau était à moi-
tié gelé ; les veines du cerveau et des sinus n'étaient pas très hypérémiques ; la
poumons ue présentaient rien d'anormal ; la trachée était vide et pâle ; le ccesr
droit contenait une certaine quantité de sang, le cœur gauche en contenait beau-
coup, le sang n'était pas gelé ; l'esiomac était très rempli de pommes de terre ;la
vessie eontenait de l'urine liquide ; la rate et les reins étaient normaux ; Tépiplooe
très graisseux, la veine cave très gorgée de sang.
Nous déclarâmes dans notre rapport : La décédée est morte d'une hjpérémie
du cœur ; cette hypérémie a pu être produite par la congélation, mais il e«t plss
vraisemblable de l'attribuer à une attaque d'épilepsie, maladie à laquelle cette
femme était sujette, qui l'aura saisie au moment où elle traversait le chemin cou-
vert de neige. On explique facilement ainH la présence des petites blessures; car
elle a dû au milieu de ses convulsions se blesser aux morceaux de gl.ice.
Obs. 32i. — Mort d'un nouveau-né par congélation.
Un enfant fut trouvé mort dans un grenier. Le cadavre, sans vêtement et entouré
seulement de foin, était gelé ; la température était de — 9 à — 10 degrés Béaumur
pendant le jour, et — lia — 16 degrés pendant la nuit. L'enfant était né à terme
et avait vécu après sa naissance. Le cœur avait un poids très élevé, 37 grammes; il
est vrai de dire que ses cavités étaient gorgées de sang foncé et en partie gelé ;
les poumons étaient également très lourds, ils pesaient 75 grammes et étaient très
remplis de sang. Le larynx et la trachée étaient pâles et vides ; le foie et la veine
porte étaient hypérémiques ainsi que le crâne.
Notre conclusion fut la suivante :
1* L'enfant est né à terme;
2* Il a vécu après sa naissance ;
3* Il est mort d'hypérémie du cœur et des poumons ;
4* Cette hypérémie a pu être produite par des causes internes ;
5* Il est plus probable qu'elle a été le résultat de la congélation.
MORT CAUSÉE PAR LE CHLOROFORME. — GÉNÉRALITÉS. AS8
CHAPITRE VIII.
MORT CAUSÉE PAR LE CHLOROFORME (1).
i.Anoii. — Voyet i ce sujet ce qui concerne les poisons.
rêlédu SI août 1860 prescrit que les pharmaciens seuls ont le droit de vendre
ehloroforme au public, et qu'il ne doit être livré que sur une ordonnance
Bée d*un médecin.
S 1. Oénéralitéf.
ms ayons déjà mentionné le chloroforme parmi les poisons qui
tenl la mort par neuroparalysie ; les vapeurs de chloroforme, en
ont sur le système nerveux une action précieuse, mais qui peut
lir dans certains cas très funeste ; elles ont la propriété d*abolir
lâbilité et de paralyser en partie la motilité, c'est ce que l'on
MUT le relâchement de tous lès muscles, de la matrice et du
; lorsque celte action dépasse certaines limites, la mort sur-
oa d'une manière foudroyante ou quelquefois lentement, et
le après toutes les neuroparalysies, on trouve tous les organes
Il les tissus parfaitement intacts.
point de vue médico-légal, cette question est très importante.
ité le premier expert en Allemagne qui aie eu à faire Tautopsie
aiyot qui avait succombé au chloroforme que lui avait admi-
un dentiste (obs. 328). L'emploi des anesthésiques est devenu
enant si fréquent que les expertises de ce gCDre peuvent se
nier non- seulement dans des cas de responsabilité médicale,
lana des cas de suicide ou d'assassinat (2).
inl de communiquer des principes généraux qui m'ont été
s par mon expérience en cette matière, je rapporterai trois
knis prendrons le chloroforme comme type des anesthésiques ; ceux-ci amè-
eaqne tous la mort avec les mômes phénomènes.
Au mois de mars 1856, à Postdam, un dentiste réduit à la plus aflrtuse
» IM avec du chloroforme sa femme et ses enfants, et se suicida ensuite.
II. 28
&8& PARTIE THAMATOLOOIQUB. l
expériences que j'ai faites sur des lapins, mais que cependant je ne
regarde pas comme complètement décisives.
On anesthésia trois lapins en leur mettant devant le aai at b
tM>uche un mouchoir sur lequel on avait vorsé S grammes de
ehloroforme, les trois furent attachés par les oreilles et par les pattes
de derrière, et on eut bien soin de n*exercer aucune pression sur le
cou afin de n*avoir pas à tenir compte d'une strangulation plus ou
moins énergique. Les animaux revinrent à eux, et après une
seconde dose ils succombèrent ; un court gémissement, des convul-
sions de la queue et des pattes de derrière précédèrent la mort.
Ces trois animaux furent disséqués aussitôt après ; l'ouverture du
corps ne laiss^ pas exhaler l'odeur du chloroforme.
1^ Chez le premier, les poumons furent trouvés très afhissés, très
anémiques, d'une couleur claire. La trachée et le larynx étaient vides,
il n'y avait aucune trace d'écume, la muqueuse était pâle ; les gros
vaisseaux étaient anémiques; le cœur avait encore quelques mouve-
ment faibles et tremblants, et n'était pas affaissé, ses quatre cavités
étaient exsangues. Il y avait une anémie remarquable dans le cerveau,
le cervelet et les sinus; le foie était pâle et exsangue, la veine cave
ascendante contenait beaucoup de sang, mais ne contenait pas de
bulles d'air, pas plus qu'aucune autre veine ; la rate et les deux
reins étaient exsangues ; la muqueuse de l'estomac et des intestins
était pâle ; le sang avait une couleur rouge cerise. ^
2"* Le second lapin mourut avec la même agonie en une minute et
demie. S. l'autopsie on ne sentit pas d'odeur de chloroforme; le cer-
veau et les sinus étaient aussi exsangues que dans le cas précédent ;
les poumons étaient plus hypérémiques, leur couleur était violet
foncé marbré de rose; le cœur frémissait encore, le côté gauche
contenait quelques caillots, le côté droit était vide ; le foie était ané-
mique, la vésicule du fiel était gorgée de bile, la trachée était pâle et
sans écume, le sang en générai était rouge cerise^ les reins et la rate
j
MORT PAR LE CHLOROFORME. ^ EXPÉRIENCES SUR LES ANIMAUX. ASb
élaienl exsangues, la veine cave contenait assez de sang, mais ne ren*
fermait pas de bulle d'air ; l'estomac et les intestins étaient comme
dans le cas précédent.
3^ Le troisième lapin n'était pas encore anesthésié après une mi-
nute et demie, et ne mourut qu'après trois minutes et demie : lors
de l'ouverture du corps on ne sentit également aucune odeur de
chloroforme ; le sang était rouge cerise et épais ; le poumon droit
était affaissé, sa couleur était violette avec des bords blanchâtres, les
deux poumons étaient presque exsangues ; la trachée était pâle, sans
écume et vide ; le cœur n'était pas affaissé, sa moitié droite était vide,
sa moitié gauche contenait quelques caillots ; les gros vaisseaux con*
tenaient beaucoup de sang ; dans la tête il y avait anémie complète
comme dans les deux cas précédents ; la vésicule du fiel était gorgée
de bile ; le foie, la rate et les reins étaient normaux, la veine cave
ne contenait pas de bulles d'air ; les intestins et l'estomac étaient
pâles et remplis d'aliments.
On avouera que les résultats de ces trois expériences sont entière*
ment négatifs ; il n'y eut que deux phénomènes qui furent communs ;
l'anémie prononcée de tous les organes, et la couleur rouge cerise
du sang. Nous ne trouvâmes pas d'air dans les veines, ce qui fut
pourtant observé sur des cadavres huiqains qui avaient succombé
au même genre de mort. Hartmann n'en trouva également dans au-
cun des animaux qu'il tua par le chloroforme.
Les trois lapins ne présentèrent également aucun des symptômes
de la mort par asphyxie que Stanelli considère comme la cause de
mort de ceux qui succombent à l'administration du chloroforme. Il
est vrai que nos expériences n'ont dté pratiquées que sur des ani-
maux, mais n'est-on pas en droit d'en déduire des probabilités pour
ce qui se passe chez l'homme, d'autant plus que nos autopsies
ayant été faites aussitôt après la mort, avaieiit toutes les chances
d'être exactes?
iS6 PARTIE THANATOLOGIQITE.
S 9. HÔlglIOflM.
D'après ce que nous venons de dire, on comprend facilemenl ([oe
le diagnostic de la mort par chlororormisation doit se baser plutôt
sur les circonstances qui ont précédé et accompagné la mort que sur
les résultats bruts de l'autopsie. S'il est constaté qu'un homme a été
soumis à l'administration du chloroforme et qu'après quelques mi-
nutes il a eu une respiration oppressée, du rfllement, de la pftieur
du visage, que de l'écume est sortie de sa bouche, qu'on a tu des
convulsions des membres suivies d'affaissement, de perte de connais-
sance et d'immobilité, puis un ralentissement progressif des mouve-
ments du cœur et du pouls, et qu'enfin la mort est survenue,
alors on peut admettre, à moins de preuves du contraire, que
la mort a été causée par le chloroforme.
Kn effet, toutes les observations d'autopsie faites après la mort
par le chloroforme ne présentent que des résultats négatifs ou
presque insignifiants ; si l'on étudie avec attention les douze cas com-
pilés soigneusement dans le mémoire de M. Bérend, on voit que
tout y est vague et que les résultats purement cadavériques ne sont
pas même indiqués. Quand on y lit : « Les deux poumons étaient très
hypérémiques à leur surface postérieure b, ou bien « les poumons
étaient congestionnés en bas >, on reconnaît facilement que
c'étaient des phénomènes cadavériques dont l'auteur a eu tort de
tenir compte. Il en est de même pour la fameuse congestion des
veines du cerveau, car tout le monde sait que ces veines sont toujours
très remplies, à moins que le cadavre ne soit très putréfié. On parle
aussi d'une couleur lie de vin de la muqueuse trachéale ; or, nous
avons souvent répété que cette coloration bien connue n'était que le
produit d'une imbibition du cadavre produite parla putréfaction.
Il reste réservé aux hommes de l'avenir de découvrir les résultats
palpables de la mort par le chloroforme. Voici, quant à présent^ ce
que mon expérience me permet de dire à ce sujet :
l** Le sang perd en général sa couleur ordinaire, il devient rouge
cerise ou noirâtre ; dans ses douze observations, Berend a signalé ce
miHT PAR LE CBLOHOFOHME. — DIVGNOSTIC. 437
lénomèue ilix fois, l ne observalion de BUz (1) moiilre également
résultat; une de Prichard (i) signale un s.ing foncti. Les obser-
Uons faites sur les hommes ne t'accordent pas avec celles que
M. Velpeau, Gtriirdin, Varrier, Graley et autres ont faites sur les
imaux : ees deruiers prétendent avuir trouvé dans tous les vais-
■ux, même dans tes veines, le sang beaucoup plus clair; au con-
lire, nous avons toujours vu qu'il y avait plutôt excès de car-
-nisation. C'est ce que prouvent également les observations de
uigenbeck et DohiboiT, que nous communiquerons plus bas, et dans
squelies il est rapporté que pendaitl la vie, au milieu du sommeil,
nsi que pendant l'autopsie, le saug fut Ironvé liquide mais couleur
encre. Ce phénomène parait donc constant, malheureusement il
est pas spéciliquc, car on l'observe après bien d'autres genres de
ort, tels que certains empoisonnements. Ajoutons que daoK t'obser-
ition 325, que nous rapporterons plus lias, le microscope ne révéla
icuu cliaagement dans la composition du sang.
2* Dans aucun auteur on ne trouve indiqué l'état d'anémie que
)Us avons remarqué dans nos expériences sur les lapins et dans
>lre observation 328 ; mais, quand on compare tous les auteurs qui
It écrit sur ce sujet, on voit que pas un ne parle d'hypéréniie, mot
int on abuse si souvent; nous en conclurons que dans la mort
r le chloroforme, on trouve les cadavres plutôt anémiques qu'hy-
réraiques.
3° L'odeur de cklorofonne a été remarquée deux fois sur les douze
iservalions de M. Bérend. Cependant les cadavres que j'ai vus n'ont
mais présenté ce phénomène. J'ai déjà dit plus haut que les lapins
rlesquelsnousavons expérimenté nu le présentaient égalementpas;
iinM. SeilTertdit ne l'avoir trouvé ni dans le sang, ni dans le lait des
imaux; on peut conclure de là que le phénomène est, sinon rare,
moins pas constant.
i° Dans onze cas, le larynx et la trachée ont été di^crils trois fois
(l) DeuUche Klinik. 1858, n' 1.1.
\H SdbMdl'i Jahrlmclnr, etc., 183s, n'
488 PARTIE TIlAlfitOlAHlIOtJE .
plut OU anoins injectés, abstraction faite de la coloration a He detin i
dont nous avons Tait justice plus haut. Sur nos trois lapins, nom
n'avons rien trouvé de semblable, mais dans l'observation S25 nom
l'avons observé. Dans plusieurs cas, la couleur de la trachée n'est
pas même rapportée. Stanelli attribue une grande valeur à ce phéno-
mène, lui qui considère l'asphyxie comme la cause dé mort de ceol
qui succombent par le chloroforme. Ici Stanelli est dans Terreur, car,
quand même ce phénomène serait très fréquent, ce qui n*est pas,
je ne vois pas qu'il puisse à lui tout seul prottVer l'asphyxie, et il
s'explique très bien d'une tout autre manière. En effet, on sait com-
bien le chloroforme exerce sur les muqueuses une action irritante;
d'un autre côté, on sait également que la muqueuse de la trachée et
du larynx est très susceptible et s'injecte très facilement toutes les
fois qu'un autre corps que l'air est mis en contact avec elle ; on volt
par là que, si dans quelques cas rares la muqueuse trachéale est
injectée, on ne doit l'attribuer qu'à l'action dti contact direct des
vapeurs de chlorofortne.
6"* J'ai trouvé dans une de mes autopsies des bulles d'air mêlées
avec le sang, on trouve ce phénomène également mentionné dans
trois cas. Prichard dit en avoir trouvé d'assez nombreuses dans les
veines de la pie-mère; Holmes (1) qui a ramassé trente-neuf obser-
vations, le signale dans trois cas. Mais il faut bien se rappeler que la
putréfaction donne lieu à la production de bulles de gat dans les
veines, et dans mon observation le cadavre était déjà un peu putréfié,
et j'ai dû tenir compte de cet état et laisser dans le doute la cause de
la production de ces bulles. Les observations que j'ai trouvées dans
les auteurs n'ont pas complètement dissipé ces doutes.
Dans le premier, à Paris, la mort par le chloroforme eut lieu le
20 mai, l'autopsie ne fut pratiquée que vingt-sept heures après, et on
trouve signalées dans le rapport « la putréfaction avancée et l'odeur
infecte du cadavre >.
Dans le second cas, à Langres, en France, c'était une femme qui
(l) Schmidt's Jahrbucher, 1859, u" 3, p. 305-
MORT PAR LE CHLOROFORME* —DIAGNOSTIC. AftO
moiinit chlorofomoisée le 23 août, ainsi en plein été, et rootertiilre
du corps ne se fit que trente- trois heures après. On peut supposer,
quoique ce ne soit pas dit dans le rapport, que dans ce cas la putré-*
flMrtioii devait être avancée.
Le troisième cas enfin se présenta en hiver, c'était une Anglaise
qui mourut par suite de l'administration du chloroforme le 28 février,
al fut disséquée vingt-six heures après. Ici on peut admettre que la
putréfaction n'était pas avancée, encore faudrait-il savoir dans quel
odlieu le cadavre est resté pendant ces vingt-six heures, c'était
peut-être dans une chambre chauffée.
Il n'y a que les observations de Langenbeck et DohloCT, que Ton
trouvera plus bas, dans lesquelles sans putréfaction avancée on
tnmva de l'air dans les veines.
Voici l'opinion singulière de Stanelli à ce sujet :
c On voit souvent pendant les opérations chirurgicales des buUea
> d'air sortir des artères et des veines (?), il est donc permis d'ad-
1 mettre que, une fois que l'organisme est saturé de chloroforme,
> celui-ci reste à l'état gazeux dans le sang et finit par amener la
» mort par suite du trouble qu'il produit alors dans les mouvements
» du cœur, comme tous les gaz introduits dans le torrent de la cir-
» eulation. J'ai fait respirer à des lapins du chloroforme concentré,
> j'ai vtt la respiration avant de cesser devenir plus accélérée ; après
» la mort, lorsque j'Ottvris le cœur, je trouvai assez de sang et des
> bulles d'air qui étaient surtout dans les oreillettes, et qui dans le
> poumon simulaient un emphysème. Dans les artères coronaires du
> eosur, je trouvai également plusieurs fois des bulles rangées comme
> des perles séparées les unes des autres par des goutelettes de sang,
» et que Ton pouvait faire changer de place en pressant légèrement
>\é vaisaeau. Je ne puis dire si ces bulles de gaz étaient du chloro*'
> forme, je ne pus en reconnaître l'odeur. Lorsque je n'ouvris la
> cavité pectorale qu'après vingt-quatre heures, jamais je ne retroti-
1 vai ces bulles, il y avait alors dans le cœur plus ou moins de
> caillots. J'ai fait respirer à des lapins du chiuroforme mêlé avec de
> l'air, puis, après un certain nombre d'inspirations, j'ai fait mourir
hkO PARTIE ' THANATOLOOIQUE .
^ ces lapins eu les empêchant de respirer d'une manière quelconque;
> dans ces cas, jamais je n*ai irouv/i aucune bulle de gax ni dans le
» cceur ni dans les vaisseaux. »
Peut-on expliquer pourquoi du gaz, se trouvant dans les vaisseaux
aussitôt après la mort, ne s'y trouve pas vingt-quatre heures après!
Après avoir bien réfléchi sur mes expériences et sur celles des
auteurs, je persiste à dire que, jusqu'à ce que de nouvelles rechercba
sérieuses aient été faites à ce sujet, il faut attribuer la présrace des
balles de gaz dans les veines à la putréfaction qui semMe se foin
relativement plus promptement après la mort par le chloroforme^
et qui commence par la décomposition du sang^
6^ Dans les douze cas compilés par M. Bérend, dix fois le eaur
a été trouvé affaissé sur lui-môme comme une bourse vide, le même
phénomène s'est présenté dans mes deux observations. Biax, dans
le cas qu'il a rapporté, dit que le cœur était € affaissé, pâle et vide >.
Ce phénomène, qui certainement est digne d'attention, parait donc
constant. Quoiqu'il ne se soit présenté dans aucune des expérieiices
que j'ai faites sur les animaux, et dans lesquelles l'autopsie a été
pratiquée tout de suite, je ne puis le considérer comme un produit
de la putréfaction, car je ne l'ai jamais rencontré sur d'autres cadavres,
même très putréfiés, qui avaient succombé à d'autres genres de mort.
7° On sait peu de choses sur l'état des poumons après la mort par
le chloroforme; la moitié des observations connues indique une
anémie de ces organes; l'autre moitié, au contraire, signale une
hypérémie.
On a cherché à retrouver le chloroforme dans le sang au moyeu
de l'analyse chimique, notre célèbre chimiste M. Mitscherlich affirme
que c'est impossible, el l'expert chimique de Berlin, M. Hoppe, après
avoir fait de nombreuses expériences, a acquis la même conviction.
Aussi nous doutons de l'exactitude du procédé de M. Jackson, qui dit
avoir réussi à en découvrir chimiquement l'existence chez une
femme (1).
(1) Archivder Pharmacie, IS57, fév., p. 211.
MORT PAR LB CHLOROFORME.— > BMPOISONNBMBMT CHRONIQUE. &&1
S 4. <— Bonp^îioaBt OMiit tliroatqve par !• oUorolbroM.
Le 12 décembre 18**, une femme defant s ubir ramputation d^one
jambe, fat endormie au moyen du chloroforme ; elle ne revint pas
toat & fait i elle après Topération, et après onze jours de demi*
anesthésie, elle mourut le 23 du même mois. C'était un empoiton^
mmeni chronique par le chloroforme. Cette obsenration me fit
prifoir que les experts rencontreraient souvent de grandes difficultés
dans les questions de ce genre. Plusieurs auteurs furent de mon avis,
car il se présenta par la suite un certain nombre d'exemples analo-
gues, et il fallut admettre que dans certains cas le chloroforme pouvait
avoir des effets rétrospectifs mortels.
S*il est déjà difficile de reconnaître que la mort est due au chlo*
roTonne et non à l'opération au milieu de laquelle succombe le ma-
lade, combien la difficulté n'est-elle pas plus grande, lorsque la mort
l'arrivé qu'après plusieurs jours ; lorsqu'il faut tenir compte de la
maladie du sujet, des effets souvent dangereux de l'opération?
J'emprunte au mémoire de M. Bérend les deux observations sui-
vantes de mort par empoisonnement chronique du chloroforme :
1* G..., peintre en bâtiments, ftgé de trente-six ans, ayant l'hobi-
tnde de s'enivrer, arriva, le 5 février 1850, dans le service de
H. Laogenbeck, il avait une tumeur à l'épaule gauche ayant à peu
prêt la grosseur d'un tète d'enfant, et présentant de la fluctuation ;
OM fil une ponction qui laissa échapper à peu près 2 litres de
liquide* Le lendemain (6 février), M. Laogenbeck jugea nécessaire
de réséquer l'omoplate gauche, quoique le malade eût la figure abattue
et présentât un pouls petit, de 110 pulsations. On endormit le malade
avec du chloroforme, et on pratiqua l'opération qui ne dura pas moins
de trois quarts d'heure ; chaque fois que l'anesthésie était complète,
on cessait de tSiire respirer du chloroforme, et chaque fois que la sen-
sibilité semblait revenir, on en recommençait l'administration. H. Lan-
genbeck observa â trois reprises différentes que le sang prenait une
eemUur d'encre. Après l'opération, le malade reprit complètement
connaissance, la sensibilité redevint intacte. Le soir il y eut des vomis-
&A2 PARTIS THAHATOLOOiQUB.
sements subits qui se reproduisirent chaque fois que le malade voulut
boire. Le 7 février au matin, la figure était pâle, le pouls petit el
très fréquent, les vomissements continuaient ; i huit bmres, tout à
eoup on ne sentit plus le pouls, les mouvements du eoeur détinrent k
peine sensibles, tandis que la respiration resta libre et régulière ; pei
après le malade sentit de l'oppression, une saignée que l'on pratiqu
laissa coulei^ du sang aqueuxy noir comme de /'encre. Au bout de
peti de temps la mort survint : l'opération avait été pratiquée depaii
dix-sept heures.
L'autopsie fut pratiquée avec beaucoup de soin, voici quels en
tarent les résultats principaux : rigidité cadavérique ordinaire, tonle
la peau blanchâtre, par conséquent pas de putréfaction ; les âaiis
de la dure-mère ouverts laissèrent écouler ISO grammes de sang
liquide, couleur d'encre ; on ne sentit pas l'odeur du chloroforme en
ouvrant les cavités ; les veines de la pie-mère oontenaient du sang
liquide et pas de bulles de gaz ; les méninges étaient légèrement
injectées ; la substance du cerveau était pâle, à quelques endroits
même anémique, la consistance en était normale ; sur le péricarde
se trouvait une épaisse couche de graisse; les veines des panns du
cœtir contenaient du sang noir et aqueux mêlé d'une grande quantité
de bulles de gaz ; le cœur gauche contenait beaucoup de caillots, le
cœur droit, ainsi que les gros vaisseaux, contenait une asaes grande
quantité de sang en partie liquide et en partie coagulé ; le cœur n'était
ni gonflé ni flasque ; les poumons étaient ballonnés, pftles et anémiques;
l'artère et la veine pulmonaire contenaient beaucoup de sang, et on en
vit sortir des bulles de gax en grande quantité ; le foie, la rate et les
reins avaient du sang noir, mais leur tissu était pâle ; les gros vais*
seaux de l'abdomen étaient également gorgés de sang noir, et lais-
saient échapper des bulles de gaz.
M. Langenbeck fit observer que a la fin funeste de l'opération ne
9 peut être expliquée que de deux manières : ou une surexitation
> suivie d'un épuisement complet du système nerveux produit par
1 l'opération, ou une action vénéneuse ultérieure produite par le
» chloroforme >.
MORT PAH LE CHLOKOFOIIHB. — EMPOIBONNBIIBNT CHRONIQUE. 443
i* R..., OQfrier, ftgé de Tingt-trois ans, entra, le 6 janvier 1849,
à l'hApitai de Hagdebourg, il avait une tumeur des os métatarsiens
du pied droit. Après plusieurs essais de traitement restés sans succiSi
on se décida à pratiquer l'amputation de la jambe ; pour cela on eut
recours à Fanesthésie par le chlorororrae. L'insensibilité n'arriva
qu'après douze minutes d'inspiration de vapeur de chloroforme ; pen-
dant ce laps de temps, le malade fut en proie à une très vive surexci-
tation, on s'aperçut en liant les artères qu'il y avait un tremblement
eoilvulsif du tronc. Dans la journée de l'opération il y eut deux
petites hémorrbagies qui n'allèrent pas jusqu'à produire une syn-
cope, mais il y eut â cinq reprises différentes des convulsions téta-
niques; la cinquième fois les convulsions devinrent générales et
amenèrent la tnort ; l'opération avait été pratiquée depuis huit heures.
Seite heures après la mort on fit l'autopsie du cadavre, il était
elicoffi (hlis. Dans la cavité crânienne il y avait hypérémie des vais-
seaux, dans quelques veines on vit des bulles de gaz ; les poumons non
œdémateux étaient très hypérémiques ; le sang liquide était d'un
rouge foncé ; tout le reste du corps, même le cœur et les grosses
veines, présentaient une anémie remarquable, le cœur était flasque.
Le docteur Fischer, qui a publié celle observation, regarde la mort
comme ayant été causée par une hypérémie du cerveau et des pou-
mons, il s'exprime en ces termes : « On ne peut nier qu'il n'y ait
» les principaux symptômes de la mort par le chloroforme, le sang
I foncé, les bulles de gaz dans les veines malgré l'absence de putré-
I Taction, le cœur flasque; d'un autre côté, on a vu pendant l'opéra-
» tion le sang prendre cette couleur foncée, et Tintoxicalion a pu
i facilement se produire t)ar suite de la lenteur qui a présidé à Ten-
) vahissement du sommeil. La seule raison qui me ferait douter de la
> mort par le chloroforme, c'est qu'il n'y a pas eu mort subite. Hais
> H. Casper a fait observer, dès l'année 1850, la persistance de
) l'action pernicieuse de cette substance, qu'il a mémeappellée intoxi-
» catiùn chronique. Aussi pouvons-nous admettre que dans ce cas le
» diloroforme a eu cette action funeste qui ne produit qu'après un
> certain temps la paralysie des organes de la circulation. >
hhh PARTIE THANATOLOGIQUE.
U n'y a donc pas à douter que le chloroforme peut amener la mort
autrement que subitement, et que Y intoxication chronique eiisie;
ce priocipe a une importance médico-légale immeuse.
g 5. — Oonditioas lavoniaal la laort pftr !• «hlorolbrafte.
Cette question est utile à étudier non-seulement pour le cbirurgiea,
mais encore pour le médecin légiste, quand il faut déterminer quelle
peut être la culpabilité d*uu médeciu qui laisse mourir ainsi un de ses
malades. Souvent les conditions prédisposantes sont d'an graad
secours dans l'explication de Taccident ; mais il ne faudrait pas cepen-
dant leur attribuer plus de valeur qu'elles ne le méritent, car on doit
se rappeler que, sur cent malades qui seront cbloroformisés dans les
mêmes circonstances, quatre-vingt-dix* neuf s'en trouveront bien, tandis
qu'un succombera. Voici ce que l'état de la science nous permet de
dire à ce sujet :
1^ Les différences qu'il peut y avoir dans la préparation de cette
substance ont peu d'importance, car, du moins en Prusse, ces pré-
parations doivent être uniformes dans toutes les pharmacies, d'après
le règlement cité plus liaut.
2"" Une différence plus importante est celle qui réside dans la dostj
mais quelle est la limite à partir de laquelle la justice a le droit de
trouver la dose exagérée et de poursuivre le médecin comme s'étant
rendu coupable d'ignorance criminelle? Malheureusement cette limite
est impossible a déterminer ; parmi les trois cas que nous eûmes à
expertiser, dans les deux premiers on s'était servi de douze à quinie
gouttes et dans le troisième de quatre à cinq gouttes. La dose la
plus légère qui ait donné lieu à la mort a été de 6 à 9 grammes,
d'un autre côté, Christison raconte que, dans un accouchement, une
femme resta endormie pendant treize heures sans qu'il arrivât rien de
fâcheux ni à Tenfant ni à la mère, on avait administré à cette
dernière 2â0 grammes de chloroforme; j'ai vu moi-même, dans
les hôpitaux, administrer des doses très considérables de chlo-
roforme sans qu'il en résulte le moindre malheur. Ainsi, quand
MORT PAR LE CHLOROFORME. --CONDITIONS DÉFAVORABLES. A45
MM. Blandin, Guérin et Roux prétendent (1) « qu'il faut diminuer
> la dose normale et la durée des inspirations pour les feromeSy les
> enfants et ceux qui ont des maladies du cœur ou des poumons > ,
on pourrait leur demander ce qu'ils entendent par c dose normale >.
3*" La foniion du sujet pendant la ehloroformisation n'a pas non
plus une grande importance; cette position n'est-elle pas toujours assise
ou couchée? et combien de fois n'a*t-ou pas vu l'absence d'accident?
On a eu raison de proscrire, autant que possible, la position sur le
fentre, car le sujet peut facilement enfoncer sa tète dans son oreiller,
se priver ainsi de la respiration et mourir asphyxié ; cependant, quand
l'opération rend cette position nécessaire, il sufSt de bien soutenir
la tète du malade et de surveiller le pouls pour rentrer dans les con-
ditions ordinaires.
i!" Quant au mode d'administration^ le plus convenable et le
moins dangereux, semble être celui qui consiste à interrompre de
temps à autre les inhalations. M.' Gruby dit avoir réussi, au moyen
de fréquentes interruptions, à maintenir l'aneslhésie pendant plu-
sieurs heures, chez des chiens et des chats, sans aucun accident,
tandis que, lorsque Tinhalation était continue pendant trois ou quatre
minutes, les animaux succombaient. L'Académie de médecine de
Paris prescrit aussi d'interrompre de temps à autre les inhala-
tions» comme on le verra plus bas par l'extrait que nous donnerons.
Dans notre observation 328, le dentiste s'était servi d'une éponge,
d'antres ont eu à déplorer une intoxication en s'étant servis d'appa-
reils à inhalation. MM. Blandin, Roux et Guérin conseillent l'etnploi
le ces appareils ; nous ajouterons que nous croyons préférable que
les vapeurs de chloroformes soient inspirées et mêlées avec de l'air,
et que d'ailleurs c'est ainsi que le plus généralement ont lieu les
ehloroformisations, soit au moyen d'épongés, soit au moyen de linges
imbibés.
L'Académie de médecine de Paris a discuté cette question pendant
plntde dix séances, et le 31 octobre 18i8, le rapporteur fit adopter
léi conclusions suivantes, moyennant l'exécution desquelles l'admi*
(i) Gazette méâkale, iS49, p. 63.
àh6 PARTI! THANATOLOGIOnB.
mstration du chloroforaio devait devenir eompléiimeni sant danjcr:
l"* S'abstenir ou g'anréter dans tous les cas de contre-indicatioD
bien avirée, et vérifier avant tout l'état des organes de la ciredilion
et de la respiration ;
S"" Prendre soin, durant rinbalation, que Tair se mêle suffisamment
aut vapeurs de chloroforme, et que la respiration s'exécute avec une
entière liberté;
3^ Suspendre l'inhalation aussitôt l'insensibilité obtenue, sauf à
y revenir quand la sensibilité se réveille avant la fin de l'opération.
En 1867 la même Académie eut encore une discussion è ce sojet;
il s'agissait de trouver le meilleur moyen d'administrer le chloro-
forme. Les membres de l'Académie votèrent la conclusion suivante :
« Dans l'état actuel de la science, on peut dire que la chloroformisa-
tion peut aussi bien être pratiquée avee un appareil que sans appareil ;
le choii du procédé peut être laissé sans inconvénient i l'initialive
du médecin. »
Je crois avoir exposé tout ce qui peut aider le médecin légiste dais
cette question épineuse ; quant à ce qui concerne la responsabilité du
médeeiny nous en parlerons dans le chapitre suivant.
Obs. 325. — Suicide par le chloroforme.
Un pharmacien âgé de vingt ans, vigoureux et bien portant, annonça un soin
qu'il voulait s* endormir par le chloroforme à cause des douleurs de dents dont iE
souffrait beaucoup. Le lendemain, on le trouva mort dans son Ut *, sur un« chaise
devant le lit se trouvait une fiole contenant encore 30 grammes de chloroforme,
mais dont la capacité totale était de 90 grammes. Le cadavre tenait de la main droite
un mouchoir devant sa bouche et son nez.
L'autopsie fut faite soixante heures après la mort : les téguments abdominaujL
étaient vert foncé ; mais à l'intérieur du corps, la putréfaction était peu avancée.
Aucune cavité ne présentait l'odeur du chloroforme ; les veines de la pie^mère con-
tenaient la quantité de sang ordinaire, et ne renfermaient pas de bulles de gax; le
cerveau était normal, les sinus étaient peu remplis, le sang avait la cenaistaaei
du sirop, d'une couleur rouge cerise foncé ; sous le microscope, il ne préaeaU
aucune altération; cette coloration du sang donna une teinte d'un bleu violet aux
poumons qui étaient parsemés de taches rougeâtres, ils étaient très hypérémiques ;
on remarqua sur la muqueuse de la trachée des restes d'aliments qui avaient péné-
tré dans le canal ; le cœur élait exsangue et tout à fait flasque ; le foie et lea leias
avaient une coloration rosâtre que leur donnait le sang. (Voyex l'obs. 328.)
APPENDICE.
RESPONSABILITÉ HËD[CALE.
HOMICIDE CAUSÉ PJiR UN TRAITEMENT MÉDICAL NON APPROPRIÉ.
UcifLATioii«— Code pénal prussien, § 184.^ Quiconinie par impnideiie« ou
i|iioraiie«(iippéritie)«ur« comnis involoDUireoient un homicide, serapuoi d'un
enprisonneiDent de deux mois à deux ans. — Lorsque le coupable était
spécialement chargé par les attributions de son emploi de veiller à éviter cet acci-
dent, et qu'il a négligé ce soin, il pourra être déclaré incapable d'exercer soa
eaploi pour un temps déterminé.
/Mi., S 198. — Quiconque par imprudence ou Ignorance aura blessé involoott im-
ment son semblable ou aura porté un dommage à sa santé, sera puni d'une
amende de 10 à iOO écus ou d'emprisonnement jusqu'à un an. Cette peine ne
pourra être infligée que sur la demande du blessé, excepté lorsque la blessure
est grave (J 193), ou lorsque le coupable était spécialement chargé par les attri-
bation de son élat de veiller à éviter cet accident, et qu'il a négligé ce soin*
/M., § 199. — Quiconque entreprend la guérison d'une maladie moyenoant hono-
raires, ou accouche une femme, sans être muni des titres que la loi exige, sera
puni d'une amende de 5 à 50 écus ou d'emprisonnement jusqu'à six mois. —
La punition n'aura pas cours dans le cas où celte action n'a été commise que
parée que l'homme de seienee autorisé ne pouvait arriver estes ? ite pour donner
loa secoari nécessaires.
Ibii.f I 300. — Les médecins qui refuseront les secours de leur art sans raison
suffisante dans un cas d'urgence où il y a danger pressant, seront punis d'une
amende de 20 à 500 écus.
Ibid't S 340. — Seront punis d'une amende jusqu'à 50 écus ou d'emprisonnement
jusqu'à six semaines : 1" celui qui ; 2* quiconque dans un cas d'accident
ou de danger n'obéira pas à Tappel d'un agent de police et refusera de venir au
aoeoort de aea aembLibles, lorsque ce secours pouvait être donné sans danger
pour sa personne.
W»i$ 301. «—Lorsque, dai^s un accouchement, la mère ou l'enfant se trouve
en danger, les sages-femmes doivent (aire appeler un docteur-médecin ; si elles
négligent ce soin et que la mère ou l'enfant succombe, elles seront punies d'une
amHide jneqii^à 50 éeus et d'un emprisonnement juaqu^à trois mois.
hhS PARTIE THANATOLOGIQUE. — AIWENDICE.
$1. — OéBéraltUi.
C*esty sans contredit, une des questions les plus délicates que le
médecin légiste ait à résoudre, que celle qui se présente lorsqu'un
homme a succombé par le ftût d'une thérapeutique non appro-
priée.
Tantôt c'est un médecin qui, par négligence, omission ou iropfritie,
n*a pas eu recours à un moyen de traitement qu'il devait connaître
et qui aurait sauvé le malade, ou qui a employé avec maladresse et
imprudence un procédé dangereux qui a coulé la vie è sqn malade.
Tantôt c'est un officier de santé ou une sage-femme qui a dépassé
les limites que la loi a assignées dans le traitement chirurgical ou
obstétrical.
Tantôt, enfin, c'est un pur laïque qui a usurpé la place du méde-
cin et qui s'est permis de soigner un malade en le laissant succom-
ber aux dangers que son ignorance ne pouvait parer.
Avant de commencer l'étude de cette question, je dois bien faire
remarquer qu'on se trouve ici souvent en face des plus mauvaises
passions ; que souvent la vengeance ou l'avidité ou bien seulement la
bêtise est le mobile qui fait accuser à tort, et qu'il faut se tenir
sur ses gardes afin de ne pas laisser obscurcir la vérité par l'effet
de ces moyens infâmes. Je ne parle évidemment pas ici des crimes
commis par des médecins en dehors de l'exercice de leur profession ;
Caslaing, le médecin français, et Palroer, le médecin anglais, qui,
tous les deux, ont tué chacun leur ami Ballet et Cook^ étaient des^
assassins et méritaient la peine qu'on leur a infligée.
Des deux causes d'impéritie médicale, l'ignorance et l'imprudence,
certains jurisconsultes célèbres ont voulu exclure Tignorance en ne
laissant sous le coup de la loi que les accidents provenant de la né-
gligence. C'est une controverse qui sort de notre domaine et que nous
abandonnons aux hommes spéciaux.
Quant à c l'imprudence » (le mot étant pris dans son sens le plus
étendu), le médecin peut s'en rendre coupable par commission ou par
omission, c'est-à-dire en procédant mal ou en ne procédant pas du
BSSPONSABIUTÉ MÉDICALE. ^U9
loai : de I& la division qui a été faile d'impérilie active et passive*
Nous ne sommes pas de l'avis de ceux qui disent que le crime par
omission est le plus facile à juger. En effet, nous avons certaines
théories médicales, telles que rhonueopatbie, l'hydrothérapie, qui
excluent tout traitement médical ordinaire ; les médecins qui agissent
d'après ces théories et négligent des modes de traitement élémen-
taires, indispensables, dont la privation entraîne la mort, ne peu-
vent être poursuivis par la loi, car ces systèmes ont acquis la
protection de l'Etat. Il y a aussi certaines écoles dont les apôtres un
peu trop absorbés par les beautés scientifiques et philosophiques de
la médecine, négligent l'art de guérir ; se fiant un peu trop sur l'action
médicalrice de la nature, ils restent dans les lenteurs de la médecine
txpectante, défendant de troubler les forces de la nature par l'admi-
nistration des médicaments. Il n'existe donc malheureusement pas et
il ne peut exister de code médical assez infaillible pour être obliga*
toire ; aussi cette question est-elle des plus difficiles.
$ 2. — Aespoofabilité médicale.
Le médecin a dans l'État une position tout exceptionnelle, il a tous
les ennuis, toutes les responsabilités d'un fonctionnaire public, sans
en avoir aucun des privilèges.
Comme à un fonctionnaire public, on exige de lui des éludes spé-
ciales, des examens, un titre légal ; on lui impose une taxe légale
pour ses honoraires, et l'obligation de se rendre tout de suite au lit d'un
malade « en cas d'urgence ». .Sous tous ces points de vue, la pro-
fession médicale perd son caracière libéral. D'un autre côté, il n'a
pas comme le fonctionnaire public un traitement fixe qui assure son
existence, il n'a droit à aucune retraite pour ses vieux jours, et sous
ces divers rapports il redevient un homme privé qui n'a qu'à vivre
comme il voudra ou comme il pourra.
La position vis-à-vis du Code est également toute particulière et
ne ressemble en rien à celle de ceux qui exercent d'autres profes-
sions.
11 se trouve évidemment sous le coup du § ISA cité plus haut, car
n. »
A50 PARTIE TUÂlIATOLOftlQUE. -^ APftSNDICE.
H peut, c par impriidence, être cause de la mort d'an homme i,
tandis que c paf sa profession il était spécialement de son deioirie
l'étiter et qu'il l'a négligé par impéritie »• La même cIkm peatu
pfésenler ponr l'architecte, le naçon ou le charpentier qui im
l'etercice de leur profession ddirent éviter tout accident, et aeni m-
pensables de ceux qui arrivent par suite de leur imprudence. Maia
€ les architectes, les maçons, les charpentiers > sont cités apéciile-
ment dans le § 202, tandis que les médecins ne le sont pas, ce qui
les met sous le coup de toutes les lois citées plus haut et les rangs
parmi les cochers, les maîtres nageurs, les employés de chemins de
fer, etc. Laissons ce qu'il peut y avoir de pénible ponr noire amour'
propre dans cette assimilation et examinons certains détails de la
législation qui portent une atteinte bien autrement sérieuse ft notre
ptoitession.
Remarquons d'abord que, depuis qu'on a aboli les degrés de létha^
iité qui n'avaient, dû reste, leur raison d'être que dans cette circon<>
stance, on ne tient aucun compte des dispositions individuelles de celui
qui a succombé, on ne prend pas en considération qu'une opération,
par exemple, qui a amené la mort a sauvé bien d'autres malades qui se
trouvaient dans les mêmes conditions, puisque le § 185 du Code dit :
c Pour constater Thomicide, on ne devra pas considérer si le résultat
> mortel de la blessure aurait pu être évité par un secours prompt
> et approprié, ou si une blessure analogue a été guérie dans d'au-
» très cas par les secours de Tart, ou si la blessure n'a été mortelle
> que par l'influence des conditions individuelles présentées par la
> victime, ou des conditions accidentelles dans lesquelles la blessure
» a été faite. »
Je puis citer moi-même un cas dans lequel un médecin fit une
opération qui causa la mort de son malade, ce dernier étant i la der-
nière période d'une affection mortelle. Mon avis fut que Topéralion
n'avait fait qu'accélérer la mort qui, à coup sûr, aurait eu lieu- sans
elle quelque temps après. Le ministère public combattit cette opinion,
le Code à la mnin, en s'appuyant sur le § 185 que je viens de citer,
et prétendit qu'on devait simplement poser la question en ces
RtSPONSABtLlTé MÉDlCALfi. A51
tonnai : L'opération a-t-eile oui ou non causé la mort du malade?
Nous atona du reste déjà étudié, dans le premier toiume, page 189,
la ijoestion de savoir si les dispositions du nouyeau Code» relatites aux
lésions détenues mortelles, s'appliquent à celles qui n'entraînent pas
la mort.
La législation moderne a encore empiré sous un autre point de
foe la position du médecin. Autrefois, d'après le droit romain, u:i
malade ou la famille d'un malade qui croyait avoir à se plaindre d'un
dimmage causé par l'impéritie d'un médecin, f ouvait porter plainte
contre lui et demander des dommages et intérêts; mais le § 198 dit
que le dédommagement ne sera accordé que c par suite de la de*'
> mande expresse du lésé, excepté dans les cas où la blessure est
i grave >, par conséquent à plus forte raison quand la blesaure a
«tratné la mort. Le mot c excepté », opposé à la demande peraon-^
aelie du lésé, signifie que dans la seconde éventualité le ministère
publie doit lui-même provoquer la poursuite devant les tribunaux.
Aioai un médecin auquel un pareil malheur est arrivé, mais qui a
au mériter la sympathie et la reconnaissance, pour des services anté*
rieurs, du lésé ou de sa hmille, et auquel ces derniers, très souvent
aptes à juger c l'imprudence », ne veulent intenter aucune action
devant lea tribunaux, un tel médecin verra le ministère public s'atta*
cher à aes talons, et devra venir devant les tribunaux répondre d'un
iemmage dont personne ne lui demande réparation !
Ettfin^ il y a encore dans la loi une autre disposition tout excep^
tionnelle contre les médecins, qui peut rendre à ces derniers l'exer^*
dce de leur profession très pénible et qui est aussi sévère qu'intem-
pestive, je veux parler de ce passage du § 200 : c Lea médecina qui
riAiaent sbm ruUon euffisante les secours de leur art dane un ca$
d'il ff mcf ) seront passibles d'une amende de 100 à 1000 francs» »
Eipoa(ms d'abord ce qu'il y a d'exceptionnel dans cette disposi-
tkukt D'abord le salut de l'âme n'est* il pas plus précieux que celui
éi corps f Cependant la loi ne punit paa le prêtre qui refuse seutê
raison êuffUante de répondre à l'appel d'un mourant ; et le prêtre
i'«ieree paa une profeaaion libérale ; comme prêtre il eat payé par
A52 PARTIE THANATOLOOIQUE. — APPENDICE.
l'Etat, son devoir est d'offrir à tout le inonde son ministère quind
on en a besoin* D*un antre c6té, la répartition de la fortune «ton
acte sacré pour un mourant, l'importance d'un pareil acte ne peut èire
niée par personne ; et cependant la loi ne punit pas le notaire qui
refuse sans raison suffisante de répondre à l'appel qui lui est fait
de venir faire un testament. C'est tout au plus si le préire et le no-
taire sont passibles de peines disciplinaires, le Code ne leur demande
aucun compte.
Le médecin, au contraire, courbé sous le joug du Code est, au ser-
vice du premier venu qui se croira en danger. La nuit comme le
jour, il devra traverser plusieurs lieues de neige, pour répondre aa
premier appel, sous peine d'être condamné à payer une amende qui
dépasse peut-être ses honoraires de toute l'année. Qui ne connaît les
caprices des gens de la classe riche, les igaorances de ceux de la basse
classe? Quel médecin n'a été souvent dérangé la nuit sous prétexte
de c danger pressant » par un malade inconnu, parce que le médecia
ordinaire demeurait trop loin, et en arrivant a trouvé un enfant que
la mère croyait atteint du croup parce qu'il avait toussé deux on trois
fois? Que d'histoires comiques ne pourrait-on pas raconter à ce
sujet, s'il ne s'agissait pas d'une chose aussi sérieuse? Si Ton prend
cet article du Code au pied de la lettre, toutes lesfois qu'un médecin
aura un nom quelque peu célèbre, on aura tout de suite recours à
lui, et il faudra qu'il soit à la disposition de tout le monde , car on
ira toujours le chercher pour a un danger pressant». Je le demande,
sont-ce là les attributs d'une profession libérale ?
Dans tous les cas qui sont amenés devant la justice, le médecin
légiste est appelé, car si le tribunal se charge lui-même d'apprécier
c la raison suffisante», c'est l'expert qui a à constater le c cas d'ur»
gence ». Il est évident d'abord que l'on ne doit pas s'en rapporter ao
récit du malade ni de ses parents, le jugement ne peut être basé que
sur ce que l'état actuel du sujet rend probable pour le moment en
question; il est évident que jamais le médecin nejdevra être pour-
suivi quand le malade pour lequel on l'appelait était déjà morl.
Voici une observation curieuse qui donne un exemple des corn-
RESPONSABILITÉ MÉDICALE. i58
binaisons singulières qui peuvent se présenter eu pareil cas.
Uq médecin du bureau de bienfaisance de Berlin, ayant la repu-
tatioo d*un honnête homme et d'un médecin distingué, fut accusé
d'avoir refusé le secours de son art dans un u cas d'urgence > , en
alléguant un rhumatisme du bras droit. Voici ce dont il s'agissait :
Un ouvrier s'était pendu le 21 juillet 18..., à six heures du matin, et
Ait détaché un certain temps après; à sept heures, un agent de police
se présenta chez le médecin et le pria de venir aussi vite que pos-
sible, carie suicidé n'était c pas roide et était encore chaud». Le
docteur X... refusa; d'abord il prétendit n'être pas forcé dans un
pareil cas d'y aller, parce que c'était son heure de consultation, et
parce qu'il était atteint d'un rhumatisme. Un officier de santé qui
avait été appelé en même temps arriva sur les lieux, frictionna le
pendu, le saigna, sans pouvoir le ramener à la vie, comme il l'avait
du reste prévu. Traduit devant les tribunaux, le docteur X... fit les
DAmes réponses qu'à l'agent de police.
Je fus appelé comme expert et je déclarai : c La pendaison amène
la mort très rapidement, et le docteur X... avait raison d'admettre
que, vu le temps écoulé, le pendu devait être mort ; il était d'autant
plus en droit de rester chez lui que d'autres devoirs l'appelaient auprès
de malades vivants et que son bras était réellement malade, comme
Ta constaté son médecin ; cette maladie l'aurait empêché, sans con*
tredit, de frictionner le pendu et de faire ainsi les tentatives néces-
saires pour le rappeler à la vie. Ce que l'agent de police lui a dit du
isjet c pas encore roide et chaud >, ne peut aggraver son refus, car
tout le monde sait que la rigidité cadavérique n'envahit le malade
qa'tsseï longtemps après la mort et qu'il conserve encore sa chaleur
pendant plusieurs heures. »
Le tribunal le considéra comme n'ayant pas violé l'article 200,
auds on lui appliqua l'article 8iO (voy. plus haut), parce que l'on
admit que son rhumatisme n'était pas assez violent pour être aggravé
fir une sortie dans une matinée d'été et que le médecin aurait pu
venir c sans danger pour sa personne » . Il fut condamné à une
amende de 80 francs ou à dix jours de prison.
Abft PARTIS TUillATOUiaiOUI. -^ APPENDICE.
qo'ît adopte 7
Pour répondre à cette question, il s'agirait de savoir qu'elle Mt
la règle de thérapeutique reconnue la meilleure pour chaque m
pathologique. Or, il n'en existe pas. Chaque maladie présente das
particularités qui exigent des traitements spéciaux ; aussi est^ee très
difficile de reconnaître l'impéritie médicale. Néanmoins, quand le
tribunal demande l'avis du médecin légiste dans cette question, il ne
s'adresse pas exclusivement à son opinion exceptionnelle, il entend
que le rapport soit basé sur certains principes scientifiques généraux.
Ce sont ces principes que nous allons essayer d'exposer, quelque
vagues et peu nombreux qu'ils soient.
Il est d'abord nécessaire de poser certaines limites à Tesprit d'en*
treprise et à la tendance soi-disant progressive de certains médecins,
lorsqu'il s'agit, par exemple, d'essayer des poisons ou d'explorer
avec le bistouri. Nous sommes disposé à respecter Tassuranee que
peuvent donner à un praticien une longue expérience, une habileté
d^opérateur d'ancienne date et une conscience sans reproche, mais
quand ces précieuses qualités n'ont pour juge que celui qui les
possède, il y a lieu de se méfier. Nous savons, en effet, comment la
vanité est sujette à jeter des illusions sur la réalité en pareille ma-
tière, nous savons également à quelles extrémités peut pousser le
désir ardent de se faire remarquer, de briller et d'acquérir une posi*
tion hors ligne ; nous devons donc faire en sorte que la hardiesse da
traitement ne porte pas préjudice au salut public.
Un médecin qui ordonnerait à un enfant d'un an un demi*graia
d'opium à prendre toutes le$ deux heures, qui, en pratiquant une
thoracentèse, pénétrerait dans la cavité abdominale ou qui ferait une
opération césarienne sans que ce fût nécessaire, serait facile i
juger; mais les cas ne sont pas souvent aussi simples, il en est dans
lesquels le défenseur s'appuie sur la difficulté du diagnostic, sur
l'imprudence du malade, sur l'inexactitude du pharmacien , sur les
principes divers des écoles médicales ; il cite des auteurs qui font
t
RESPONSABILITÉ MÉDICALE. —mVI$BSE9 THÉORlBg MÉDICALES, hbb
lutorité, présente des observalions dans lesquelles la niéme niaaière
l'agir dans les mêmes circonstances a été couronnée de succès ;
ilors les difficultés deviennent très grandes pour le médecin lé«
pste. Cela nous conduit à examiner Texcuse la plus difficile i réfu*
ar : la différence des théories médicales.
Jusqu'à quel point un expert peut-il rejeter une accueation
Vimpéritie lorsqu'elle résulte d'une théorie médicale particulière P
[1 est certain que toutes les sciences ont besoin chacune de plusieurs
liéories différentes , la médecine aussi bien que les autres. Tant
ja'une théorie médicale reste dans les limites d'une interprétation
wientifique des phénomènes de la nature, elle doit vivre dans Tin-
érét même de la science. Hais n'oublions pas que la médecine est
iQQ-sealement une science, mais encore un art, que tout médecin
wl artiste^ et qu'il y a certaines limites dans cet art que les hsr«>
lîeises de la science ne peuvent pas faire dépasser; la loi, gardienne
lu iilut public, a parfaitement raison de les rappeler aux médecins,
jorsqu'une théorie contient des principes qui tendent à faire dé*
«ner ces limites, qui doivent être infranchissables, puisqu'au delà il
• danger pour le salut public et violation des règles de l'art, alors
'homme de science ne doit pas hésiter i rentrer dans la voie scienti*
ique ordinaire. Par exemple, l'homœopathe ou Thydropathe ne peut
«s prétendre que dans toutes les circonstances les dilutions homcso-
«Ihiques et les applications d'eau froide peuvent guérir ; dans un
18 d'hémorrhagie artérielle abondante l'homoeopathe qui laisserait
noorir peu à peu un malade à cause de Timpuissance de ses re*
nèdes serait coupable ; il doit dans ces cas ou renoncer à sa théorie
4 pratiquer allopathiquement une ligature ou un tamponnement, ou
lieQ il doit confier son malade à un autre médecin s'il ne veut pas se
léshonorer par une pratique contraire aux principes qui lui sont
diers.
En me basant sur ces principes, je n'ai pas hésité à déclarer une
iopéritie notoire de la part du médecin hydropathe dans le cas sui-
rspt : Au mois d'avril 18.., la femme E... se décida à se faire traiter
par l'homœopathie pour des maux de tète violents dont elle p'nfiî^
A66 PARTIE THANATOLOOIQUE . — ARPENDICE.
pn se débarrasser depais longtemps. Le traitement resta sans saccès.
Le 2 septembre de la même année elle fut saisie , diaprés ce que
dit l'accusé, le docteur N..., d'une c fièvre nerveuse > qu'il traita
avec des fomentations froides, et quinze jours après il la dédara
guérie. Cependant les pieds de la malade étaient restés gonflés ; pour
faire disparaître ce gonflement, le docteur N... la fit asseoir sur une
chaise, les jambes étendues horizontalement, et il ordonna de lui
verser de l'eau froide continuellement jour et nuit sur les pieds. La
malade se plaignit de ne pouvoir dormir un seul instant et déclara
que les douleurs devenaient très violentes ; bientôt même, comme
le dit la famille , elles lui arrachèrent des cris qui s'entendaient de
la rue ; les forces diminuaient à vue d'oeil par suite de cette souf-
france continuelle et de cette insomnie prolongée. Néanmoins,
même après six à huit jours, le médecin ne voulut pas arrêter ce
traitement atroce, et l'on continua, malgré les instances de la famille,
les douches d'eau froide : les parents de la malade furent chargés
de jeter eux-mêmes l'eau fraîche, se relayant les uns après les
autres, afin qu'il n'y eût aucune interruption. Le mari de la
femme aperçut un jour au petit doigt du pied droit de la mbiade une
tache noire, il attira là-dessus l'attention du médecin qui répondit:
c Ce n'est rien. » La tache noire s'étendit de plus en plus et gagna
tous les doigts du pied, le père s'adressa de nouveau au docteur N...
' et lui renouvela ses craintes, celui-ci répondit que c'était c une in-
flammation, qu'il fallait continuer l'application de l'eau froide, qu'il
ne savait pas quel autre remède ordonner». L'état s'aggrava, on
consulta le docteur D... Ce dernier déclara que les pieds étaient
gangrenés et que la vie de la malade était en danger. On abandonna
tout de suite l'hydrothérapie et on commença des soins rationnels ; an
bout de vingt-quatre heures une ligne de démarcation se forma, et
après quelques semaines tous les doigts du pied droit se détachèrent
spontanément.
J'examinai le pied de cette femme neuf mois après l'accident,
l'articulation du pied était encore immobile par suite du long dé*
cubitus, la sensibilité avait été très diminuée par l'abus de Peau.
RESPONSABILITÉ KÉDICALE. — DIVERSES THÉORIES MÉDICALES. iÔ7
Les doigts do pied droit manquaient, les plaies produites par la gan-
grène étaient cicatrisées; on voyait au pied gauche les premières
phalanges des doigts gangrenées, il était facile de prévoir la chute
prochaine de ces phalanges, c*est ce qui arriva. Il était évident que
la Teinroe E... était estropiée pour toute sa vie. Je déclarai qu'il y
avait dans cette circonstance inipéritie grossière ; le défenseur de-
manda une seconde expertise du collège médical (1), celui-ci admit
que la maladie originaire ayant été une lièvre nerveuse ( typhus ),
il était possible que la gangrène des pieds eût été la suite de la
flèvre et non du traitement hydrothérapique(!). L'accusé fut acquitté.
Voici Faxiome que nous proposons comme règle du médecin lé-
giste qui a à expertiser un cas d'impéritie médicale lorsque l'accusé
allègue une théorie scientifique particulière. Le préjudice porté à
la santé^ ou l'homicide résultant d'un traitement médical^ c&t-
rurgical ou obstétrical^ est imputable au médecin lorsque ce trai"
tement diffère complètement de celui qui est prescrit dans la
médecine ordinaire , dans les auteurs contemporains reconnus
comme les maîtres de la science^ et de ce qui est reconnu efficace
par T expérience journalière des contemporains.
On pourrait faire à cette règle une objection qui aurait une cer-
taine apparence de justesse ; on pourrait dire qu'elle est un obstacle
aux progrès de la science, si nous prescrivons à nos fils de ne faire
que ce que nous avons fait, nous entravons le progrès, nous cou-
pons les ailes du génie. Jenner ne se rendit-il pas coupable d'une
imprudence lorsqu'il essaya la vaccine, contrairement à tout ce que
pensaient et écrivaient les auteurs les plus renommés de son temps ?
Raisonner ainsi serait s'attacher aux mots et mal interpréter ce que
nous voulons dire, nous voulons parler des essais téméraires qui
peuvent mettre en danger la santé ou la vie d'un homme , nous
maintenons que ces essais ne doivent jamais être tentés; mais quand
une expérience doit rester inoffensive, je suis loin de la déconseiller :
la médecine est une science où l'empirisme tient trop de place pour
(I) Seconde instance de médecine légale en Prusse,
468 FAiiTif; TttiNATOdo^gys. -* ÀPN;«9i(»t
que Ton ne doivo pas charcbar contiaueUemeat, d'uprès l'obiemikii
des phénomènes de la nature, la découverte des secrets encore li
«ombreux de )a thérapeutique. Lorsque rbomme de science s'ei-
toure dans cette recherche de toutes les précautions Qécessairei ;
lorsqu'il se persuade bien qu'il n*agit pas in anima vili ; lorsqu'il oi
tente que ce dont il a le droit d'espérer la réussite , sans que dsai
tous les cas il y ait danger, il peut être sûr qu'en cas d'insuccès il
ne sera soumis à aucune accusation, el qu'en cas de suecès, s'il d'i
pas la reconnaissance du malade, il ne doit jamais s'y attendre, car
elle ne lui vient que très exceptionnellement, il éprouvera au moioi
la généreuse satisfaction d'avoir rendu un service à rbumamté ; ear
se découverte, bientôt divulguée par lui avec un juste orgueil, ne
tardera pas i être adoptée et mise en usage par tous les hommes de
sdence de la terre. C'est parmi ces découvertes des temps modernei
qu'il faut classer la vaccine, le traitement de la syphilis sans mer-'
cure, les eOets de la quinine, la ténotomie, la chloroformisa-
tion, etc,
Il ne s'agit que de savoir si l'accusé a exposé son malade à un
danger en agissant contrairement aux principes émis par les maîtres de
la science et sanctionnés par l'expérience des contemporains , c'est
ce que l'expert devra méditer dans sa conscience. En général le
tribunal lui demande : X. , . s'est-il rendu coupable d'homicide par
imprudence, négligence, ou impéritie? Chercher à interpréter selon
l'intention du législateur les expressions « imprudence, négligence,
impéritie » , serait de la part de l'expert une fiiute dont il doit se
garder ; il doit plutôt se poser à lui-même des questions purement
médicales, et terminer en disant ; « D'après ce qui précède, il y a eu
ou il n'y a pas eu impéritie >. Je vais citer ces questions médicales
qui me paraissent très utiles :
V Y a-t-il ordinairement en pathologie une corrélation entre le
traitement médical qui a été appliqué et l'accident qui en a été la
suite? Par exemple, certaines ii^eclions dans Turèthre d'un bien-
norrhagique peuvent-elles amener une Qstule urinaire?
2*" Si cette corrélation existe en général, peut-on admettre
fi'aUt a ta Uau dans l'affaiira 6o question, ou doiUon attribaar
l'accident i une autre cause 9
S* Le traitement médical adopté a-t-ii eu dans des cas analof^ues
■M iasue défavorable? Ici Texpert a besoin de toute son impartialité
et doit Aiire abstraction de ses opinions individuelles. Si, psr eiem-
plOi il a rbabitude de saigner souvent dans la pneumonie, il doit
savoir que des praticiens éwinents regardent la saignée comme
inutile et même comme dangereuse dans cette maladie. Si pendant
les accouchements il soutient ordinairement le périnée, il doit re-
connattre que cette pratique n'empêche pas toujours la déchirure de
eelte région.
A*" Abstraction faite dé la pratique médicale ordinaire, le mé-
decin qui a eu recours à une théorie médicale particulière a-t-il
agi d'après les principes de cette théorie ?
Quant à ce qui concerne l'exercice illégal de la médecine, cela ne
r^rde pas le médecin légiste, il n'y a presque jamais à ce sujet de
cas embarrassants nécessitant l'expertise d'un homme de l'arti on
ne consulte celui-ci que lorsqu'il y a un dommage porté à la santé,
c'est alors un cas ordinaire. Cet exercice illégal de la médecine est
une plaie des plus dangereuses de la société, espérons que les efforts
incessants des gouvernements finiront par y mettre un terme.
0b8. 336. — EmpoisonnemmU attrUmé à wm impériU9 médicale^
Uo garçon Igé d'ua an et demi mourut, disait-on, du croup, lorsque le père
•eçaaa le médecin d'avoir empoisonné son enfant. Un autre médecin, qui avait vu
rcnCuil peu de temps avant sa mort, l'avait déclaré devant la famille.
L'antopaie fut faite, elle nous révéla l'existence d'une broncl^o-pneumonia ; la
Irachéei ainsi que toutes les branehes des bronches, était remplie de pus ver-
aUre ; la muqueuse de la trachée et du larynx, quoique pâle, était injectée \ les
lo^a inférieurs des deux poumons étaient hépatisés, hypérémiques, durs, et ce-
pendant nageaient dans l'eau ; le cerveau était un peu hypérémique. L'œsophage,
l'eitoaiac et le duodénum furent mis de côté pour être soumis à l'analyse chimique,
ili ne présentaient aucune altération anatomique.
La médecin traitant avait diagnostiqué une affection croupale; le 1*' et le 2 dé-
etpibre il avait administré toutes les dix minutes un grain et demi de sulftite de
sine, en outre le 2 décembre il avait lait ajouter neuf grains de suUitt de diifTSt
A6S PiRttt tnAtCATOLOâtOlTt. — AMfiimiCB.
iateroflCopl(|ue de I^êBtomae et l'exameii Ghiini<|iie du MDf n'ont montré mewi fM-
nomène anormal ; nous concluons que :
!• La jeune fenune a été soumise à rinhalatlon d'une substance qui est mieep-
tible de produire la mort.
2* Elle est morte après de courtes convulsions et presque subitement, coduk
presque toutes les personnes qui ont succombé I l'administratloD dû eblorelMrM;
3* On ne peut expliquer la mort d'aucune autre manière ;
4** Nous admettons donc que la mort est due au chloroforme.
Quant à la question d*fmpérilie, notti avons d'abord IkH remarquer que te ies-
tiste n'avait pas été répréhensible en se servant du Chloroibrme, car il a le dfiilée
l'administrer pour Taire ses opérations. Il ne s^aglt que de lavoir sti en a mal Ml.
Quant au mode d'administration, il a eu recourt I celui qui est le plds féftéfsk-
mént employé ; la dose est à examiner. On nous a présenté une Hole qui» qnafed dte
est pleine, peut contenir 90 grammes, elle ne contenait plus qtie 6 frMUMs;
on ne peut en flen conclure de certain, car rien ne prouve qu'elle flll pletne et
que tout ce qui manqué ait été employé. Le docteur R..., qui flbt appelé aussHII
après l'accident, déclara qu'en entrant il trouva la chambre pleine de ywpêun dé
ehloroforme à un tel point qu'il eut mal I la tête, et fUt obligé de fiilni euvrir la
fenêtre. Cette déposition semblerait assez importante, mais quand en y rélléeliil« ea
voit qu'elle peut cependant s'accorder avec les déclarations de l'iecttsé qtd dit avoir
flilt respirer dix à douze gouttes, puis douie I quinte, puis quatre i einq. Or, ces
doses ne sont pas exagérées, il arrive très souvent dans la pratique q^'aUes sont
mises en usage et même dépassées sans qu'il en résulte aucun aoeidefil. Nous eo
conclûmes que le dentiste W.. . ne s'était pas rendu coupable d'impéritto médicale
en chlorolbrmisant le sujet (t).
Obs. 329. — Rupture mortelle de la matrice pendant Vaecouchement Ta-t-U
de la faute de la gardê-malade f
Les gardes-malades è Berlin qui s'occupent des soins à donner aux lieaaaMS ea
couches et aux enfants nouveau-nés aiment à accoucher» contrairemeoi aux pre»*
criptions de la loi. Une de ces gardes -malades accoucha au mois d'août 18** une
femme de trente-neuf ans qui avait déjà eu huit enfants et qui mourut au nûlieu de
l'accouchement. La garde avait été appelée à minuit auprès de la femme en cou-
ches ; à quatre heures celte dernière se plaignit de douleurs afflreuaea dans Tabdo*
men, la garde effrayée envoya chercher un médecin qui en arrivant vit la femase
mourante, el l'accoucha avec le forceps d'un enfant mort.
L'autopsie fut feite deux jours après t le dos était coloré en vert par la putréfec-
lion, l'épiderme était détaché, les seins contenaient du lait, le ventre était goalé ;
le vagin était dilaté, sa muqueuse était couverte de sang liquide, la paroi posté»
rieure était détachée et proéminait à l'extérieur ; les intestins étaient remplie de gas;
750 grammes de sang foncé et liquide se trouvaient épanchés dans l'abdoaiea ;U y
(1) Maintenant- que j*a! vu met confrères administrer souvent des doses beanconp plos oooai^
rablf^, je ne puis que maintenir les rondusions de co rappoM.
RESMimàilLltÉ mADIGALB. «^ OBilMRtAttOllS. âOt
a^t HiMiê de tom Im orginet abddttlnatix; l^tttértti était long dt 15 «eiiti-
mètrefl, le aooiAdt laffe de IS centimètres; il y airalt I la paroi |NMtérieure de
cet orfane une rupture de 15 centimètres commençant au eel et mentant vertiet*
lement ; les bords de celte rupture étaient ecchymoses, leur épaisseur en bas était de
6 à 8 mQlimètrea, en haut de 9 centimètres ; la cavité de l'organe était vide« le dia-
mètre sacro-pubien était de 8 centimètres.
n VI sans dire que je commençai par déclarer que la mort atait été produite par
celte rupture de la matrice. Il s'agissait de savoir si raceusée était responsable de
cet acddent, soit par commission, soit par omission. Évidemment non. Les mp"
turea de la matrice pendant l'accouchement sont heureusement très rares, ici elle
est encore plus extraordinaire, car elle n'a été provoquée par aucune manœuvre
dbalétiicale dangereuse, la garde-malade a introduit simplement sa main même
avec pfécantion comme l'avoue le mari, il est donc certain que cette mpture a été
spoatinée. Les prédispositions à ces rupturas sont impossibles à reconnaître, on a
vu lea accoucheurs les plus célèbres avoir à déplorer de tels accidents.
D'après eda nous conclûmes que l'accusée n'était pour rien dans la rupture de
la matrice. Elle fut seulement punie pour exercice illégal de la médecine.
Oaa. 330. — Adhérmu:9 du placenta, accutation portée contre une garde-npiladê.
C'était encore une garde-malade qui avait accouché une femme de trente-
deux ans, primipare; celle-ci était morte quatre jours après l'accottchement.
L'utérus avait 20 centimètres de longueur, 12 centimètres de largeur au sommet;
les parois étaient épaisses de 2 centimètres et demi ; à la paroi antérieure de
fntérus se trouvait une partie du placenta long de 10 centimètres, large de 7 ceii-
tifflètres, adhérant au moyen de filaments tendineux. La mort avait été la suite d'une
bémorrhagie considérable qui avait produit l'anémie complète que nous trouvâmes à
rsatopsie dans tous les organes.
Noos répondîmes à la consultation qui nous fut demandée par le juge d'instruc-
tion après l'autopsie, que l'adhérence du placenta ne pouvait pas prouver qu'il y
sAt eu impéritie médicale, et que l'histoire de l'accouchement était nécessaire i
«voir ; on ne nous demanda pas de rapport sur cette affaire, parce que probable*
elle fut abandonnée.
OtS. 331 .•— ITafonl mart-néi aecneÊtkm portée par fof parenté contre k médecin,
La nère était une primipare âgée de vingt-huit ans. L'accouchement, â ce qu'A
parais fot lent. Le médecin avait été appelé la nuit, il fit pendant une heure et demie
te tentatives d'extraction sans succès avec le forceps,puis s'en alla laissant la femme
leule (!), disant que reniant viendrait spontanément. Deux heures après, l'enfant
nat eo eiét, mais il était mort. Le père porta plainte contre le médecin.
L'enfint pesait 5 kilogrammes et était bien développé : du cété droit du front
sa voyait «ne ecchymose large comme une pièce de I franc qui avait été produite
par l'application du forceps ; tout le front était tuméfié, le cadavre était encore 1res
liraia ; la docimasie pulmonaire prouva que Tenfant n'avait pas vécu ; il y avait
bypérémie du cerveau très prononcée*
i64 PARTIE TIUNATOUMSIQUE. — APPBNDICB.
Mous déclarâmes : L'enfiint est né à terme, il est mort avant sa naUiance d'une
hypèrémie cérébrale, mais nous ne pouvons pas dire si cette bjpérémie a été pro*
duite par le forceps. L'accusation fut abandonnée.
Om. 332. — Prétendu homicide aUrilwé à une émpérUie méikale.
A la suite d'un accouchement difficile qui avait duré cinquante-quatre benrei,
et pendant lequel le forceps avait été appliqué cinq fois, une fille de vin^ et vo au
Ait pendant six jours malade et mourut. L'aulopsie légale n'eut malbeuresie-
ment lieu qu'après une autopsie privée *, elle montra qu'il y avait eu g angrèoe dt
vagin et de l'utérus. Ce dernier avait encore la grosseur de deux poings, sa rab-
stance était molle et flasque, et se détacliait facilement en lambeaux ; sa «urUce
interne étaH d'un gris noir surtout vers le col ; le péritoine était un peu rouge; sU
paroi postérieure du vagin se trouvait une déchirure longue de 2 centimètres el
demi. L'impéritie médicale ne pouvait évidemment être jugée que d'après l'histoire
de l'accouchement, or ce cas ne m'est pas revenu pour la rédaction du rapport,
parce que l'affaire n'a pas été poursuivie.
11 y a trente-quatre ans, je faisais partie du collège médical, nous eûmes une
affaire de ce genre ; il y avait eu comme ici gangrène du vagin : il s'agissait de
déterminer si l'on devait taxer d'impéritie le médecin qui ne l'avait pas reconnu et
qui n'avait pas cherché à l'arrêter ; les avis furent très partagés, mais la majorité
se prononça pour l'impéritie.
Obs. 333. — Homicide douteux. Exercice illégal de la médecine^
charlataniime homoBopathique.
Il y a quelques années, un prétendu professeur nommé Pantillon, non médecin,
avait entrepris des cures par l'homœopalhie et faisait un commerce lucratif ; le cas
suivant occasionna 5a perte.
Le 26 mai 18.., l'enfant du sieur N..., âgé de trois ans et demi, mourut. H
avait souffert d'une hernie congénitale et d'une affection des yeux. A Pâques, la
mère de l'enfant avait consulté Pantillon, le soi-disant médecin hom<Bopathe, qui
lui fit prendre des globules ; après quoi il parait que ta hernie et sa maladie des
yeux allèrent mieux. Mais, d'après ce que raconte la mère, l'enfant devint triste
et paresseux, il ne voulut plus sortir et eut des sueurs fréquentes. Pantillon donna
de nouveaux globules ; néanmoins Tétat du malade s'empira, il resta alité, sans
appétit, buvant beaucoup et maigrissant. Au bout d'une semaine, Tenfanl alla de
plus en plus mal, et, malgré les instances de la mère, Pantillon ne voulut pas revenir
lui porter secours. I.e 25 mai, il y eut des convulsions qui, le lendemain, se termi-
nèrent par la mort. Le médecin W.... fut appelé ce dernier jour, il prescrivit
des sangsues et des lavements, mais à midi déjà l'enfant était mort au milieu
de ses violentes convulsions. La mère déposa une plainte et nous eûmes à faire
l'autopsie.
Le cadavre était très maigre, les os crâniens très injectés, les méninges ronges-
RESPONSABILITÉ MÉDICALE. — OBSERVATIONS. &6Ô
tionnés. Dans les ventricules latéraux, il y avait 90 grammes de liquide ; les sinus
étaient gorgés de sang ; le reste de la cavité crânienne était normale ; les deux
poumons étaient tuberculeux, plusieurs de ces tubercules étaient déjà ramollis, la
rate était également parsemée de tubercules ainsi que le pancréas. Tous les autres
organes étaient normaux.
Dana mon rapport, je déclarai que l'enfant était mort d'hydro-encéphalie et je
parlai du rapport qui existe entre celte affection et la dialhése tuberculeuse, puis
j'expliquai que cette affection n'avait chance d'être guérie que dans sa première
période et par une thérapeutique énergique. « Panlillon, continuai- je, n'a pas agi
ainsi : n'étant pas médecin, il n'a pu reconnaître le commencement et les progrès
de la maladie, il s'est contenté d'administrer ses globules, qui se composaient de
sucre, d'amidon, de belladone, d'aconit, de noix vomique et de semence de Saint-
Ifnaee, et le mélange homœopathique en a fait des matières insignifiantes. On ne
peut donc pas dire qu'il ait causé ni aggravé le mal, mais il a péché par omission
et il a négligé des méthodes de traitement applicables à la maladie de l'enfant, qui
a ainsi parcouru toutes ses phases sans obstacle jusqu*à ce qu'enfin l'épanchement
du liquide ait produit une pression mortelle. » Ainsi sans attribuer la mort à la ma-
nière d'agir de Pantillon, j'ai déclaré qu'il n'avait pas fait pour Tempècher ce que
l'expérience médicale ordonne.
FIN DE LA PARTIE THANATOLOGIQDE.
II.
30
\
BIO-THANATOLOGIE
DES NOUVEAU -NÉS.
toSLATiON. — Viabilité et monstres. Voyez AUg, Landrecht^ vol. 11, tit. ^, § 2,
Codecivil, art. 312. Loi du 24 avril 1854, Allg. Landr., tit. I, j^ 17 et 18.
{fmir tontes eet lois, voyez an comniencement de ce volume, page 4.)
«aol aux prescriptions légales pour la docimasie pulmonaire, voy. le code de pro-
cédure crimêneUe^ % 166, et le règlement des autopties, f 16 (voy. la aeetion
intitulée Procédé de l* autopsie ^ pages 68 et suivantes^
oéê pénal pruiié^ti, § 186. ^ Celui qui, à Tintu de l'outorité, «ira inbiimé ou
caché un cadavre, sera puni d'une amende jusqu'à 200 ilialers ou d*emprison«
nement jusqu'à six. mois. La punition sera l'emprisonnement jusqu'à deux ans,
ai une mèra inhume ou cache le cadavre de son enfant nouveau-né h Tlnsu de
raatorité.
Md, Aéd., art. xii, §6. — Quiconque aura assisté à mi aceoucbenieat on aura
trouvé un enrant nouveau-né et n'aura pas annoncé la naiuanoe de cet enfant
aux autorités de l'endroit dans le terme fixé par la loi, sera puni d'une amende
jusqu'à 100 écus et d'emprisonnement jusqu'à six mois.
M.. i6t<f«, § 180. — tne mère qui tuera volontairement son enfant pendant
•a immédiatement après son accouchement, sera fiunle des travaux forcés de
cinq à vingt ans. — Si l'inranlicide volontaire est commit par une antre per-
sonne ou si celte autre personne en est complice, cette dernière subira las
peines infligées aux meurtriers.
Wi., ibid.^ S 181. — Une femme enceinte qui se sera procuré l'avortement à
aUe-méme par des moyens extérieurs ou intérieurs, ou aura tué l'enfant dans
atA atia» sera punie des travaux forcés da cinq i vingt aqs. Celui qui, avae le
canseotement de la femme, lui aura indiqué ou administré lei noyeiu d'avorté*
ment, subira la même peine.
Nd., ibid , S 182. — Quiconque aura procuré l'avortement à une femme en-
ecinte sana qu'elle y ait consenti, ou aura tué le fruit dans son sein, sera puni des
travaux forcés de cinq à vingt ans. Si la mort de la femme enceinte s'en est
suivie, la peine des travaux forcés à perpétuité sera appliquée.
/k68 BlO-THANÂTOLOGll!: DES NÛUVËAU-NÉS.
INTRODUCTION.
La question des nouveau-nés en médecine légale a toujours èlc
étudiée avec soin et depuis les temps les plus reculés ; on trouve dsns
Galien que la couleur des poumons d'un nouveau- né peut faire déci-
der la question de savoir si l'enfant a vécu; quant à la docimasie (Hil-
monaire elle date déjà de deux cents ans (Thomas Baribolinus, 166S).
Un pourrait peut-être conclure de cette antiquité que tout a été dit sur
la question, et que des principes indélébiles ont été établis ; il D*en
est pas ainsi, les savants en sont encore aux discussions, et nous
voyons encore ici ce que le praticien a vu et expérimenté sur la table
de l'autopsie, être nié et discrédité par les rêveries de l'homme de
cabinet ! C'est ainsi que les hommes de théorie qui n'ont jamais rien
vu par leurs propres yeux, ont semé des doutes ou, ce qui est pis, des
assertions fausses sur les résultats des expériences des praticiens.
Pour vaincre ces doutes et pour s'accrocher à quelque chose de cer-
tain, on a imaginé les méthodes de docimasie les plus absurdes et les
plus impraticables; la soi-disant médecine exacte a voulu s'introduire
et Ton a cherché rien moins que la preuve mathématique dans la
docimasie pulmonaire. Comme si la médecine et les mathémathiques
pourront jamais avoir un seul point de contact.
Henke, un de ces théoriciens dangereux, qui n'a jamais pratiqué,
et qui cependant a joui longtemps en Allemagne d'une grande auto-
rité dans la science médico-légale, parle de la docimasie en des
termes qui peuvent réellement désespérer un jeune médecin peu ex-
périmenté ; il montre ce critérium comme très imparfait et provoquant
souvent des erreurs très graves ; il montre alors la mère innocente
condamnée aux peines les plus sévères, victime de la docimasie,
tandis que la femme dénaturée, coupable d'un infanticide, reste im-
punie, toujours de par la docimasie !
De telles allégations, qui ne sont justifiées par aucun fait, méritent
(l^étre rérutées, c'est ce que nous allons essayer dans le cours de cet
ouvrage.
INTRODUCTION. A 69
Devant le cadavre d'un enrant nouveau-né, voici les Irois questions
qni sont toujours posées :
l*" L'enfant était-il viable, est-il né à terme, combien de temps est-
il resté dans Tutérus ?
V L'enfant a-t-il vécu d'une vie indépendante de celle de sa mère,
pendant ou après sa naissance ?
S"" En^cas d'affirmative, quel a été son genre de mort?
Toutes les autres questions sont accessoires, en voici quelques «
unes que le tribunal pose d'habitude au médecin légiste :
Depuis combien de temps l'enfant est-il mort, c'est-i-dire quand
a eu lieu l'accouchement. Celle question peut être d'un grand secours
pour trouver la mère.
L*accottchement a-t-il été naturel ou provoqué? Cette question,
posée très souvent, ne peut, dans la plupart des cas, recevoir aucune
réponse.
Les circonstances au milieu desquelles a eu lieu la naissance de
Tenfant auraient-elles pu amener sa mort sans les blessures qu'il a
reçues?
Pour répondre, à ces questions accessoires, le médecin légiste doit
combiner toutes les circonstances particulières du cas qui se présente,
tandis que pour les trois questions que nous avons énoncées plus
haut, c'est la science seule qui lui en fournit la solution.
A70 BIO-THANATOLOaie 010 ttOUVEAU-lfâS.
CHAPITRE PREMIER.
AGE DE L*ENFANT.
fl 1. Su ffaHoj et da nomrcaii-aé.
Les différentes phases de la vie hamaine ne peuvent se disliofoer
les unes des autres par des phénomènes physiques ou monui eom-
plétament caractéristiques, elles se succèdent insensible ment les ânes
aux autres, et Thomme de science ne peut les reconnaître par des
critérium spécifiques ; entré l'enfant, Tadulte, l'homme mûr et le
vieillard, il est bien difficile de déterminer le point précis qui consti-
tue la limite; aussi toutes les fois que le législateur a eu besoin de
fi^er cette limite pour l'exercice d'un droit, il a agi hardiment selon
]#• vraisemblances, sans consulter les hommes de science. De tons
ces degrés de développement, le seul qui puisse peut-être se laisser
'assigner une limite invariable, c'est celui qui sépare la vie intra-uté-
Tine de la vie extra-utérine. Les lois pmssielmes se servent des
expressions c fruits, fœtus, nouveau-né i, appelant fruit le monstre
qui n'a ni forme, ni figure humaine ; fœtus, l'enfant qui est encore
dans l'utérus, et nouveau*né celui qui est hors de l'utérus. Nous aban-
donnons aux jurisconsultes le soin de di9cuter sur ces mots, pour le
médecin légiste ils n*ont pas d'importance.
Une question qui cependant peut se présenter, est celle qui con-
siste à déterminer si un môle doit être regardé comme un fruit ; nous
n'hésitons pas à répondre affirmativement, car il est évident que ce
môle a été produit par un coït fécondant.
Une domestique déposa une dénonciation contre son maître, un
médecin, dont elle était devenue enceinte et qui, trois mois après la
cessation de ses règles, avait introduit dans ses parties génitales un
instrument long et de petits morceaux d'épongés triangulaires ; ces
manœuvres firent revenir les règles abondamment et la fille perdit
en même temps un gros caillot entouré de pellicules. Le médecin fut
poursuivi pour avortement; j'eus à visiter la femme et je pus consta-
ter qu'il y avait eu grossesse et avortement.
AGI! DR L'KNPANT. — DU If OUVEAU-HÉ . 471
Le iribuniil me posa celle question : c D'après le récit de la fille,
peut-on admettre que ce qu'elle a perdu avec ses règlei fût un fruit? »
Je n'avais pas vu le produit de l'avortement qui datait de deux ans,
et je dus naturellement déclarer qu'il était possible que le produit de
l'avortement Tût un môle. Le ministère public fit observer que l6
législateur n'avait pas fait mention de ce qu'on appelle un môle, paa
plus qu'il n'a pas parlé du sexe du fruit, par la raison que, comme la
plupart du temps dans les accusations d'avortement, la justice n'a
pas pu s'emparer du produit de l'avortement, toutes les fois que ce
produit ne serait pas parmi les pièces de convictioui le coupable ne
pourrait être puni, tandis que le silence gardé à ce sujet est très
significatif et veut dire que l'avortement une fois constaté, le crime
n'avait pas besoin d'autres preuves pour mériter la punition. Le dé-
tsnseor répondit que le législateur n'avait pas mentionné le môle par
la seule raison que ce n'est pas un « fruit i qui doive devenir plus
tard un être humain, que le § 181 ne peut être applicable ici« car
puisqu'il n'est pas certain que le produit de l'avortement n'ait pas
été on môle, comment pourrait-on punir un crime que rien ne
prouve ? Le résultat de cette affaire fut que les jurés déclarèrent
l'accasé non coupable.
La définition du mot c nouveau-né » a également beaucoup préoc-
cupé les jurisconsultes; je montrerai dans l'observation 33 A que cette
définition peut également embarrasser le médecin légiste.
Le code de Bavière (1813), art. 2A2, et le code d'Oldenbourg, art.
169, appellent nouveau-né l'enfant qui n'a pas trois jours révolus, le
code de Wurtemberg (1839), art. 9, et les codes de Saxe et de
Brunswig donnent le nom de nouveau-né à l'enfant qui n'a pas
vécu vingt-quatre heures ; les célèbres criminalistes Tittmann et
Sinbel assignent également vingt-quatre heures au terme de l'état de
nouveau-né ; Gans (De V infanticide y Hanovre, 182A) a proposé la
singulière définition suivante : c Un enfant est nouveau-né aussi
» longtemps qu'il n'a pas reçu de nourriture et qu'il n'a pas été vêtu,
> tant que la mère souffre encore des suites immédiates de l'accou-
» chement et qu'elle est seule à savoir l'existence de l'enfant I »
A72 BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
C'est poartanl cette définition que Wemer a adoptée dans son manuel
du code pénal I
En Prusse, le code évite en partie la difficulté en qualifiant de
nouveau-né l'enfant < pendant et immédiatement après m sa naissance.
n est donc très important, dans les cas d'infanticide, de pouvoir dé-
terminer si l'enfant a été tué c immédiatement après > sa naissance.
C'est cette détermination assez délicate que nous allons chercher à
exposer.
Les symptômes qui guident le jugement sont en partie poâtifs el
eu partie négatifs.
1** La peau, — Si la surface de la peau n'est plus couverte de
sang, l'enfant n'est pas nouveau-né, car la mère n'est pas en état im-
médiatement après la naissance de le laver et de l'essuyer; nous sup-
posons que le nettoyage de l'enfant n'a pas été fait par an tiers, car
dans la majorité des cas, les mères qui veulent tuer leur enfant ac-
couchent seules : ce critérium a été regardé avec raison depuis les
temps anciens (i), comme assez important parce qu'il est toujours
un indice de Tétat mental de la mère au moment de l'accouchement.
La femme qui, après sa délivrance} a reconquis assez de connaissance
et de force pour nettoyer avec soin son enfant et qui le tue après, ne
peut évidemment pas participer au bénéfice de ce dérangement men-
tal qui est quelquefois allégué comme l'excuse de l'infanticide.
Il en est de même pour la matière caséuse qui se trouve sur la peau
de l'enfant et qui est surtout sécrétée dans la région de l'aine.
Nous observerons cependant que ce critérium échappe souvent à
l'observation lorsque, par exemple, on a affaire à des enfants putréfiés
ou qui ont séjourné dans un liquide. La putréfaction fait également
disparaître cette rougeur plus prononcée de la peau des nouveau-nés,
et la coloration plus ou moins ictérique qu'ils revêtent quelque temps
après leur naissance.
(1) Lex 2, Cod, de partihus (lV-43) : Si guis propter fUmiam pauperia-
lem, etc., filium^ filiamve sanguinolentos vendiderit, etc. (Évidemment des enCuiU
nouveau-nés.) On trouve aussi dans Juvénal, sat. VU, au sujet des nouveau-ni^s :
a matre nibentem.
AGE DE l'enfant. — DU NOUVEAU-NÉ. 473
2" Lomhxlic et le cordon ombilical. — Nous reviendrons sur
l'élude de ces organes lorsque nous parlerons des signes de la vie de
l'enfant après sa naissance, disons seulement ici que si le cordon est
tombé et si l'ombilic est cicatrisé, l'enfant ne peut plus être regardé
comme un nouveau-né. La réciproque n'est pas vraie. Les change-
ments qui ont lieu dans l'état de cet organe, tels que la momification,
la gangrène, la putréfaction des pourtours de l'anneau avec écoule-
ment séro-purulent, l'oblitération des artères, ne se montrent pas
c immédiatement après la naissance ». En général, le calibre des
artères ombilicales ne commence à diminuer que huit à dix heures
après la naissance, la momification n'a lieu de deux à trois et même
quatre jours, la putréfaction est encore plus lente.
S"" V estomac. — L'estomac d'un nouveau -né qui est^enu au monde
vivant, et quia succombé «immédiatement après sa naissance ou qui
est mort-né >, est. vide ou contient une petite cuillerée de mucus blan-
châtre glaireux, rarement sanguinolent, sans odeur et qui se laisse
facilement détacher de la muqueuse avec le manche d'un scalpel.
Lorsque la putréfaction est avancée, l'estomac contient quelques
bulles de gaz; enfin quelquefois on trouve une petite quantité de
liquide incolore qui n'est autre chose que l'eau de Tamnios, car il
est constaté que le fœtus peut faire dans l'utérus des mouvements
de déglutition.
Hais la vacuité de l'estomac ne peut prouver que l'enfant soit mort
« immédiatement après sa naissance >, car il est possible qu'il n'ait
jamais été nourri et qu'il ait succombé à l'inanition, après avoir vécu
un et même deux jours. Si l'on trouve du lait dans l'estomac et que
la mère ait accouché seule, on n'a pas affaire à un nouveau-né, car
immédiatement après son accouchement une femme sans aide ne peut
donner à teter à son enfant.
i* Le$ poumons. — La docimasie pulmonaire tranche la question
d'une manière certaine toutes les fois qu'elle prouve que l'enfant n'a
|Mui respiré ou n'a que très peu respiré.
Dans les pavs où le terme de l'état nouveau-né s'étend jusqu'à
trois jours, voici quels sont les signes qui sont encore h considérer.
à^^ BlO-TItAlfATÔL06lF DES NOtJVKAU-WÉS.
5" Du tnêconium. — On trouve le méconium dans les gros inles-
tins même deux €l trois jours après la naissance.
6^ Artères du cordon ombilical. — Après les trois premiers jours,
on voit déjà les artères du cordon ombilical s^oblitérer an point que
c'est à peine si Ton peut y introduire une sonde très fine.
T Point d* ossification. — Ce signe est très important, nous y
reviendrons plus bas quand nous étudierons comment on peut juger
TAge d*un enfant. Nous pouvons dire ici qu'après trois joarftja nojâo
d'ossification de l'extrémité inrérieure du fémur est de 6 millimètres.
8* Présence du cordon. — La présence de cet organe n*autorise
pas à admettre que l'enfant n'a pas vécu trois jours, puisque tout le
monde sait qu'il peut se détacher plus tard, quelquefois cinq et sii
jours après la naissance.
9* Le conduit de Sotal, le trou oval^ le conduit veineux d'A-
rant ne peuvent en rien guider le jugement. Ces voies de la circula-
tion fœtale restent ordinairement asseE longtemps chez l'efiflint et ne
disparaissent pas à une époque fixe.
Obs. 334. — Déterminer si un enfant est nouveau-né ? Chute pendant lanai$$anee.
Submersion dans des mcUières fécales.
Cnenfanl fut trouvé le 30 octobre 18.., dans des lieux d'aisances, cet enfant
présentait une blessure à la tête.
Le lendemain nous en fîmes Tautopsie : le cadavre avait 49 centimètrift de lon-
gueur et pesait 4 kilogrammes. La langue était derrière les maxiUaires ; le dia-
mètre transversal de la tête était de 8 centimètres, le diamètre antéro-pottérieur
était de 11 centimètres, le diamètre des épaules de il centimètres, le diamètre
transversal de la poitrine de 8 centimètres. Il n'y avait pas de dutet aur le terpa ;
les ongles étaient assez fermes ; le reste du cordon, long de S eaQtiinètrea« amt
les bords inégaux et dentelés ; le diaphragme se trouvait entre la cinquième et la
sixième côte; beaucoup de méconium dans les intestins. Les poumons et le coeur
pesaient 90 grammes. La couleur de ces derniers était d*un roUge yermeiUe, Ut
nageaient sur l'eau ; incisés, ils laissaient entendre une crépitatÙMi trèa netle
et laissaient sortir une écume sanguinolente; pressés sous l'eau, on voyait s'en
échapper de petites bulles ; la trachée et l'œsophage étaient vides et normaux, le
cœur presque vide ; sur la surface postérieure de l'aponévrose épii^r&ntenne, on
voyait une couche de sang coagulé ayant l'épaisseur de S millimètres *, les os du
crâne étaient très minces ; au haut de la tête, lorsque nous eûmes eolevô l'aponé-
vrose, nous vîmes un petit sillon long de 2 centimètres et demi, transversal et ecchy-
mose, indiquant une Assure du crâne; les méninges étaient gorgées de sang : tout le
AGE DÉ t*ENFANT. — VIABILITÉ. A75
oenrMuéUit enduit d'une coueha da ung presque eoi^Ié, épaieee de I millimètre ;
le cerveau était déjà réduit en bouillie par la putréraclion, ee qui ne permit pai
d'en faire l'examen. La base du crâne était intacte. Les sinus étaient hypérémiques.
Voici quelle fut notre conclusion : 1" L'enfant est né viable et à terme; 2^ il a
yéea pendant et après sa naissance ; S° il est mort d^une apoplexie cérébrale ;
4* la blefture ûiite à la télé) a causé cette apoplexie ; 5^ l'enfant a probablement
reçu cette blessure par sa chute sur un sol dur en quittant le sein de sa mère, il
est également possible que celle blessure ait élé faite par une main criminelle, mais
c'est moins probable ; 6" l'enfant lorsqu'il a été mis dans la fosse d'aisances n*é«
taii plus vivant. Nous firmes aàiené à cette dernière conclusion paroe que les lé-
sions de la lète présentaient des signes de réaction vitale et qu'il n'y avait aucun
symptôme de la mort par submersion.
On nous demanda encore si l'enfant était un nouvea%h-né afln de savoir s'il fallait
api^quer la peine de l'infanticide, moim sévère que celle de Vhomicide, Nous répon-
dîmes affirmativement, car il devait être mort très rapidement après la blessure, el
si cette dernière n'avait été faite pendant l'accouchement, elle n'avait pas pu le
suivre de plus d'un jour. En effet, cet enfant n'avait reçu aucune nourriture ,
comme nous le vîmes par l'état de l'eslomac, el le cordon ne présentait aucune
Ireee de dessiccation. Enfin, comme cela arrive souvent, on nous questionna pour
savoir depuis combien de temps il était mort ; vu la fraîcheur du cadavre, malgré
son séjour dans des matières fécales, nous fixâmes deux ou trois jours. La mère
resta inconnue. '
S 2. — De la viabilité.
Le code pénal prussien parle des « Tmits y>y des < fœtus », des
c nouveau-nés » -, mais il n'y est pas question des êtres plus ou
moins viables. Dans les cas d'avortement la punition est la même,
qaeUe que soit la maturité du fœtus.
En médecine légale on ne peut cependant pas se passer de celte
dernière expression ; elle est, du reste, justifiée, puisqu'on matière
mile la loi l'emploie et que même en matière pénale, on peut y avoir
raeoors; lorsque, par exemple^ on trouve un enfant né à terme qui a
Miné et dont une femme est soupçonnée être la mère et l'assassin,
«
et qae cette femme nie, prétendant n'avoir donné naissance qu*à un
feeiot précoce et non viable ; alors l'examen de la mère et de l'en-
famipeat faire découvrir la vérité (voy. obs. 335). D*un autre
cOté, il est certain que la question douteuse de la vie d'un enfant
esl toujours subordonnée à celle qui consiste à savoir si la vie était
possible. Enfin la cour de cassation, comme nous l'avons dit dans
f introduction de ce volume, en interprétant le § 186, n'a pas re-
476 BIO-THANATOLOGIR DR6 NOUVEAU-NÉS.
p;ardé comme un cadavre le corps d'un fœtus non viable. Celle eipre^-
sion viabilité resle donc acquise dans la pratique médico-légale.
Deppis les temps les plus reculés la science a été en désaccord (1)
avec la loi pour la détermination de la viabilité ; dans la pratique le
médecin légiste doit faire abstraction de ses opinions individuelles à
cet égard, et en Prusse il doit se rappeler que le législateur a posé
lui-même une limite à la viabilité du 180* au 210* jour, iln*adoBc
qu'à résoudre la question de Tâge du fruit, nous allons lui en tracer
les règles générales.
§ 3. — Du fcvtiif dans ses différenU â|rM.
Au bout d'un mois de conception Tembryon est long de 10 ù
12 millimètres, la bouche est indiquée par une fente, tes yeux par
deux points, les membres commencent à se manifester par de petites
expansions mamelonnées ; on peut déjà reconnaître le cœur et sur-
tout le foie qui est proportionnellement très grand, les vaisseaux de
l'ombilic ne sont pas encore formés.
Après deux mois le fruit est long de 30 à 40 millimètres, la tète
est très grande, le nez et les lèvres commencent à se montrer, la
partie extérieure des oreilles n'est pas encore visible, les membres
sont bien distincts, le gros intestin contient du méconium de couleur
grisâtre, riiuraérus a 16 millimètres de long, ainsi que le cubitus et
le radius, le fémur et le tibia n'ont que 9 à 10 millimètres.
Après cinq mois le fruit est long de '25 à 30 centimètres. A partir
de celte époque on peut évaluer l'âge d'après la longueur du corps,
ilsuffit, en généraly de diviser le nombre de centimètres par b pour
avoir le nombre de mois. Le poids est beaucoup plus variable, c'est
un guide moins sûr que la longueur. A cinq mois le fruit pèse de
250 à 300 grammes; les ongles se voient distinctement, les cheveux
sont remplacés par du duvet ; la tète conserve toujours des propor-
tions énormes ; le foie, les reins et le cœur ont encore une dimension
exagérée par rapport aux autres organes ; le méconium est d'un jaune
verdàlre assez clair à cause d'un commencement de sécrétion de bile;
(I) Hul)ner, Die Kindestndtung in gerichtsUrstlicher Beziehung. Erlanjren.
,6 p. 38.
AGE DE L'EM>*ANT. — DU FŒTUS. 477
rhuméras a de 26 à 30 millimètres, le radias 2& millimètres , le
cubitus 26, le fémur Si, ainsi que le tibia et le péronée.
Après six mois la longueur du corps est de 30 cenlimëtres, le
poids de 750 à 800 grammes, une matière caséeuse commence à se
former sur la peau, l'ombilic s'est éloigné de la symphyse pubienne;
la couleur du cadavre est d'un rouge vermeil; le méconiam est pins
foncé et plus visqueux ; le scrotum est vide ; on voit encore la mem-
brane pupillaire ; la longueur de l'humérus est de 32 centimètres,
celle du radius 30, du cubitus 3&, du fémur 3A, ainsi que celle des
06 de la jambe.
Après sept mois le fruit a 35 centimètres de long , il pèse 1 ki->
Iogrammc500 gram. à 2 kilogrammes;^ les cheveux sont plus nom-
breux et ont à peu près la longueur de 1 centimètre ; la grande fon-
tanelle un diamètre longitudinal de 3 centimètres 1/2, toutes les
antres fontanelles sont encore sensibles ; h peau est d'un rouge sale,
le méconiam est vert foncé, visqueux, et remplit tout le gros' intes-
tin ; le foie, toujours très grand, est rouge brun foncé. L'hamérus a
hO à &5 millimètres de longueur, le radius, 8&, le cubitus 36, le
fémnr, le tibia et le péronée 38 à &0.
Le huitième mois est le plus important de tous ceux de la ges-
tation, pour le médecin légiste, car à la fin de la trentième semaine,
selon le code prussien, la viabilité commence. Le corps a de 38 à
AO centimètres, il pèse 2 4 2 kilogrammes 1/2, la peau a une cou-
leor pins claire, la membrane pupillaire a disparu, les testicules sont
descendus dans le scrotum ou au moins on les sent dans l'anneau
inguinal ; chei les enfants du sexe féminin, les lèvres des parties
génitales sont encore béantes et laissent voir le clitoris ; les ongles
^teignent presque le bout des doigts , l'humérus a de A6 à A8 mil-
Hmètres, le radius de 36 à 38, le cubitus de hà à Aô, le fémur
environ &8, le tibia et le péronée &2 à A5.
Au neuvième mois le fœtus atteint la longueur de &3 à ào centi-
mètres, el le poids de 3 kilogrammes, le scrotum commence à se ri-
der; chez les fœtus du sexe féminin les lèvres des parties génitales
se referment, la tête se recouvre de cheveux, le duvet commence à
disparaître.
&78 BIO-TPAITATai'OGIE ï>9% vouvs^lhiuts.
Au moment où renfunt entre dans le dizièipe mois, il est k leriM.
Nous allons passer en revue les caractères diriette maturité.
§ 4. — Signes de 1* maturité d'un noaTeftO-aé.
L'enfant né à terme se reconnaît assez faeilement, lorsqu'il vit aoa
bien que lorsqu'il est mort, la putréfaction même ne masque pas les
symptômes de la maturité, lorsque toutefois elle n'est pas parreme
à ses dernières limites. Lorsque l'on eihume les os d'un cadrrre
d'enfant enterré depuis longtemps, on peut souvrat lui assigner un
âge assez approximatif, c'est pourquoi nous avons mentionné phn
haut, à chaque âge, la longueur des os longs. Nous ne n^ligerons pas
cette mesure pour Tenfant né à terme.
Le cadavre non putréfié d'un nouveau-né à terme présente :
1° Un certain extérieur qui ne peut tromper celui qui a l'habi-
tude de voir des cadavres ll'enfanta.
2'' La peau est ferme et tendue, si l'enfant a été bien nonri
pendant son existence utérine, il ne présente plus de rides nulle
part, la couleur est blanchâtre eomme celle de tous les cadavres et
non brune ou rouge vermeille comme celle de l'enfant précoce.
3* Le duvet a disparu ; on en trouve cependant des restes aux
épaules presque toujours.
A° Des cheveux longs de 1 centimètre 1/2 à 2 centimètres cou-
vrent ordinairement plus ou moins la tète.
5« Les articulations sont peu mobiles; la grande fontanelle est
longue de 2 centimètres à 2 cenlimètres 1/2.
6*^ Quant à la longueur du corps, les diamètres de la téte^ des
épatUeSy des hanches (1) , la table ci-jointe contient le résultat de
2A7 observations récentes ; les 117 premières me sont personnelle^
et ont été faites sur des cadavres très fraisy les autres sont dues â
deux de mes élèves distingués, HM. Hecker et Rabe, internes à la
maison d'accouchement«
(i) Les diamètres de la poitrine sont donnés plus bas.
▲GE DK l'enfant. — MATURITÉ.
Poids et tnesuféi dt 2A7 nouveav^nés.
479
1
%
3
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
IS
19
90
SI
29
2S
24
25
26
27
28
29
30
SI
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
59
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0.17
,
224
3,750
0,17
325
4,375
0,50
226
3,125
0,15
227
3,625
0,16
228
3.625
0,17
229
4,800
0,50
230
3,875
0,17
,
231
3,500
0,15
232
3,500
0,16
233
3,100
0,15
234
3,125
0,41
235
4,500
0,17
n
236
2,875
0.15
237
4,125
0,48
238
3,250
0,15
239
3,250
0,17
UO
3,250
0,18
241
4,000
0,18
242
4.625
0.50
a
243
3,125
0,46
244
3,000
0,15
34a
3.125
0,45
246
3.750
0,19
247
4,375
0,47
■
130
117
l
à&à BIO-THAMATOLOGIE DES MOUV£AU-:(£S.
La longueur du corps fut en moyenne :
Sur les 247 enfiints de 0,470
Sur les 1 30 garçons, la moyenne fut de 0,495
Sur les 1 17 ûiles, la moyenne ftjt de 0,465
Le poids du corps des 2&7 enfants fut :
En moyenne de 3,550
Sur les 1 30 garçons, la moyenne fut de 3,716
Sur les 117 flUes, la moyenne fut de 3,400
Le maximum de longueur fut :
m.
Gbes 1 garçon 0,550
Chez 38 garçons 0,500
Chei 4fiUes 0,520
Chez 23 filles 0,500
Le minimum de longtaeur fut :
m.
Chez 1 garçon 0,400
Chez 8 garçons 0,4S5
Chez 4 garçons , 0,435
Chez 2 filles 0,400
Chez 13 filles 0,425
Le maximum du poids fut :
Chez 1 garçon 5,000
Chez 7 garçons de 4,100 à 5,000
Chez 26 garçons de 4,000 à 4,500
Chez 3 filles de 4,500 à 5,000
Chez 16 filles de 4,000 à 4,500
Le minimum du poids fut :
kii.
Chez 1 garçon 2,250
Chez 11 filles de 2,500 à 3,000
Chez 14 filles de 2,500 à 3,000
Les diamètres de la tète sur 207 enfants furent en moyenne
m.
Le bipariétal, de 0,08
L'occipito-frontal, de 0,103
L'occipito-roentonnier, de 0,121
Le diamètre des épaules sur 117 enfants fut :
m.
En moyenne, de 0,1 2
Le diamètre des hanches sur 117 enfants ftil :
m.
En moyenne, de 0,08
AGE DE l'enfant. — MATURITÉ. 48^
7» Les ongles de l'enfant né à terme sont cornés et non mem-
hraneox, comme dans les mois qoi précèdent ils atteignent le bont
des doigts des mains, mais jamais celui des doigts des pieds.
8* Les cartilages des oreilles et du nez paraissent asses fermes à
la pression, et ont perdu la sensation membraneuse.
9* Le point d'ossification de l'extrémité inférieure du fémur a
été une découverte médico-légale de la plus haute importance. C'est
d'abord Béclard (1) qui l'a signalé, puis Ollivier (2) et Mildner (3).
Tandis que tous les autres os en sont encore à l'état de cartilages
jusqu'au delà de la grossesse, on remarque dès la seconde moitié du
dernier mois de vie intra-utérine, qu'il se forme à l'extrémité supé-
rieure du fémur un noyau d'oesification.
Yoioi de quelle manière on peut reconnaître sur le cadavre d'un
enfant ce pmnt d'ossification :
On incise verticalement la peau dm genou jusqu'à ce que l'on ait
fénétré dans l'articulation , puis on fléchit complètement la jambe
sur la cuisse, de sorte que les deux cofjdyles du fémur proéminent,
puis on coupe ces deux condyles encore cartilagineux verticalement
par coupes minces, jnsqu'à ce que' l'on ait renconU'é une trace
d'ossification, alors on continue avec précaution jusqu'à ce que l'on
dépasse le plus grand diamètre du noyau ^eaeux ; ce dernier aordi-
aairement l'aspect d'une tache ronde couleur sang.
J'ai fait i ce sujet des expériences sur des enfants ayant vécu un
certain temps, afin de suivre le développement dt noyau d'après l'âge
de Tenfant; ces expériences sont au nombre de 126, on les trouvera
consignées dans le tableau suivant.
(1) Nomfôou foumal de tnédaeiiM, iê Chirurgie et de pharmacie. Paris, 1819,
t lY, p. 107.
(f) Ammaks d^Hygiène fubdque, t. XXYII, p. 342.
(S) Prager VierMjahrsschrift, 1850, vol. XXXYIII, p. 39.
i96 BIO-TBUUTOLOGIB US KOOVRkV-at».
Poimtd-ouifeaUim4tr»tÊMmiUtÊtféritun4mfémm^ttimvimriUmfMi.
.01 0,09 0
0,10 O.IJ
0,10 0.11
O.OT 0,tO 0.13
0,08 0.11 0,12
0,07 0,11 0,13
ÏOO 0,07 0,10 0,tl
£n punîo morti-nêï, sn partit nienil
JmiuÉdiaMIDfiil Bprta !■ DaUMirt,
Garçon morl-iir. |
Gsr^oD norl'nf. puirHiÉdin* l'uurui.
Killc pulréllÉe dsns l'atèrus.
Girton no jt alw» un« fouc d'ulHUitn.
Garçon movl-ni.
KiJte morl-Dec, ijodI »*joiini« a x-
Garçon marl-ot.
ËDfant troait dnni la malfice
intre nojée.
Filie Uïèe pir des coufït da coutuu
KnTsat lire de l'uu pull
nila mart-nte.
GsrtOQ Diorl-nË.
Ftll« morl-nM.
Garçon mon-iiè trouTi
du crfine.
Enfanl trouvé putréfié dam oo fouc.
Garçon mun-n^.
Garçon puiréEft, bluiurti àr Oxe.
Gardon «sphjxii.
Fille. I" ■ ■ ■
Pillc n
>c d< i-ui
FiDc morte d'hypérèiaie du cœur.
fiftrçon nojre ei putrtfl*.
Fille noyte dans des liemt d'tLi«nce«.
Fille, bieuures de lite.
Gar;oD pulrtHA,
fille nojèe dam dei lieni d'alMseti.
Pille asptafxite.
Fill« morte d'apoplexie cèréhnle.
Fille.
Fille.
Fille noyte dans un <bm de nnii.
Garçon pulréfif^ dans t'rau.
Garçon noje.
Gartonaèviiaot[déraut d'ossiBcnlioa}.
Fille mort- nte (dtlaut d'ouifieatioD).
Fille pulrdUe daiu rend.
ACE DB L'iNFiHT. — NATQMT*. i&7
Paiml 4-cnêfieatiM de l'txtrmiU infértemn iu ftm» ttnni Ê»r i» m/mii.
de lie )
DltriDel
isjoon I
DeiejJ
tlmals'
Delk}
D.07 0.10 0.13
0,01 a,ti 6,13
0,06 U.IO 0,11
6ci\c.
Fille [Httrtfi^e.
Garçon mort d'ipopleiie ctrèbrite.
nue.
Gar;on morl d'apopltiie cérébrale.
Garton mon d'«paplni« eéréhrale.
Garçon niorl d'apnpiexie cérébrale.
Knfum retire (tesUMxd'nlMTKM, tant
à Fait fiMiltt.
Enrapi mort d'npoplexis du cœuc.
Enfant noji dam lie Turlne.
Eoraiil iDorl d'ajrapleiie cérébrale.
Fille née ftO mois, morte le lendemun.
Giir<;on ajuDt *ècu 1 jour.
Gardon ayanl vécu S jours,
Gar<;on bisn déïaloppé ajranl itca
Fille"""
Gircon de
EnFani nirophié ajanl t^u ajoura.
Garçon ijant itcu 9 joun.
(iarcou ajanl técu lli Jours.
Fille morte d'une sffeclioQ ayphili-
lique après uicir ittu 15 jours.
(Jumeaux morts aspbjfiiés |>ar la va-
peui' de cbarboB aprta aïoir lecu
10 jours, DiffcreQC* d'ouificulion
trtici ■
Garçon de 10 semaines.
Fille alropbiée d« 10 «ojaineB.
GarçoD de 3 mois aspb jii6.
Fille de 3 mon.
Garçon de 3 mois.
Fil I» de 3 no» •n>tailitiqnt.
Garçon de C moii robusu.
Fille de h mois mor\f du choléra.
Fill« de 9 moit atrophiée.
Fille de D moitchéliic.
Fille de 9 mois chélivp.
Garçon d'au an lr£i chéllf.
Fille d'un an robuste .
Garçon d'un an.
Fille de 15 mois morte pblhi^iiqnr.
Garçon rafhitHiae de 15 mata.
A88 BIO-THANATOLOGIB DBS IfOUTBAU-NÉS.
Voici le résumé da iableaa :
ll«fHI«
31 enfiinU de 7« 8 et 9 moif de vie intra-utérine. . . 0,000
9 enfants de 9 mois de vie intra-utérine 0,000 à 0,004
52 enfants à terme 0,00S à 0,006
Voici les conclnnons que Too peut tirer de tout ce qui préeUe :
a. Lorsqu'on ne trouve pas de trace de noyau d*osaficatioii à
l'extrémité inférieure du fémur d'un enfant^ on peut le considérer
comme étant resté dans l'utérus tout au plus S6 à 87 semaines.
b. Un commencement d'ossification qui présente la grandeur d'oa
millimètre annonce que l'enfant a été conçu depuis 87 à S8 se-
maines.
c. Lorsque le noyau d'ossification est de 0«y006 i 0»,008, il
annonce &0 semaines depuis le moment de la conception. Qaelque-
fois cependant, quand il y' a un défaut général d'ossification, cette
règle se trouve violée.
(I. Il y a probabilité qu'un enfant a vécu après sa naissance
quand le point d'ossification a plus de 6 millimètres de diamètre. Les
exceptions à cette règle sont extrêmement rares; mais la réciproque
n'est pas vraie.
Ce signe de la maturité d'un enfiint présente le grand avantage
de ne pas être altéré par la putréfaction, et lorsqu'on ne trouve que
le squelette d'un enfant on peut encore déterminer l'âge approxima-
tivement, même longtemps après la mort (1).
Il"" La membrane puptUaire. Lorsque l'enfant est à terme, la
membrane pupillaire a disparu, puisque ordinairement elle n'existe
plus après la 29' ou 30* semaine.
(i) OUivier raconte {loc, cit., p. 346) : Les restes d'un enfaut furent trouvfia
dans une fosse d'aisances, les parties molles avaient été transformées en adipocire.
A rextrémité inférieure du fémur le noyau d'ossification fut trouvé brun, ayant
8 millimètres de diamètre ; il fut facile d'en conclure que l'enfant avait vécu quelques
semaines hors de l'utérus. Dans un autre cas, les restes d'un enfant furent trouvés
dans une cheminée, il n'y avait pas de point d'ossification, on en conclut que vrai-
semblablement lenfanl n'était pas né à terme. (Voyei plus bas ce qui est dit du
noyau d'ossification comme signe de la vie de l'enfant après sa naissance.)
▲GB DB l'enfant. — KATURITÉ. 480
L2« Le$ testicules. C*est également à partir de la 80* semaine
i les testicules descendent dans le scrotum, Tenfant qui est à terme
t donc les avoir à cette place. La peau du scrotum n'a plus cette
ite d'un rouge brun foncé et n'est plus si lisse qu'auparavant,
i prend la couleur de chair un peu sale et devient ridée.
LS* Les grandes lèvres des filles se rerermeui et cachent le cli-
is et l'orifice du vagin.
W Le cordon. En général le cordon d'un enfant nouveau-né est
g comme son corps, par conséquent il a A5 à 50 centimètres.
it il y a des exceptions assez nombreuses à cette règle, d'un autre
é, très souvent le cordon est coupé lorsque le médecin légiste fait
i expertise.
15* Les dimensions des os. Gûnz a fait des expériences sur les
Mnsions des os des nouveau-nés à terme qui méritent d'être rap-
Kes :
nia
Hauteur de la partie du Tronl formée par Tos frontaL . . 0,056
Largeur 0,045
Loofueur de la partie orbitale du même os ^ . . 0,025
Largeur 0,025
Os pariétal depuis l'angle antérieur et supérieur jus-
qu'à l'angle inrérieur et postérieur 0,076
Os pariétal de l'angle antérieur et inférieur jusqu'à
l'angle postérieur et supérieur. 0,076
Longueur de la partie occipitale de l'os occipital. . . . 0,050
Longueur de la partie squameuse de l'os temporal. . . 0,025
Longueur de l'os zygomatique • 0,01 2
Longueur de l'os propre du nez 0,010
Largeur du même os 0,006
Longueur du maxillaire supérieur depuis les apophyses
alvéolaires jusqu'au bord antérieur s'articulent avec
les os propres du nez. 9,025
Longueur de chaque moitié du maxilhiire inférieur. . . 0,045
Hauteur du maxillaire inférieur 0,014
Hauteur des sept vertèbres cervicales 0,021
Hauteur des douze vertèbres dorsales 0,093
Hauteur des cinq vertèbres lombaires 0,056
Hauteur de l'os sacrum du coccyx 0,036
Longueur de la clavicule 0,036
Longueur de l'omoplate • 0,032
AOO BIO-TBAHATOLOGIB DÉS lfOUYBàU«-llés.
Uff eur de Tonopltte ..*,«.»..» » . . 0,087
Longueur de l'iHMérus 0,075
Longueur du cuUtui 0,070
Uongueuf du rsdii» 0,060
LofigVMir du fémur • *.••..•••«..* 0«0t1
Longueur de la rotule • • . • • 0,018
Largeur du même oi 0,016
Lofignenr duliMl 6|079
Longueur du péroné ••••• 0,011
Nous n'attribuons aucuno Talour à certains signes que des aulenn
ont proposai comme devant prouver la maturité. Par exempte : la
bouche entr*ouverte des enfants nés à terme, la fermeté des parties
' molles du cou, le point dMnsertion du cordon juste au milieu de U
ligne qui sépare la sympbyse pubienne de Tapophyse xipholde dn
sternum.
0b8. 335. — V enfant X... eiMi né à t$rm6^
Le 26 juin 1851, en vidant une fosse de fumier, on trouva le cadavre d'ua
enfant nouveau-né. On soupçonna la (Ule Vf... d*6tre la mère ; eaUè-ei, coaduiM
devant le magistrat, raconta qu'elle avait eu des rapports aveen nommé N...
depuis le milieu de novembre 1850 Jusqu'au mois d*avril 18S1. TêTt \t 1*^ janvier,
ses régies disparurent. Oans le courant de mai, elle se sentait pendant la nuit tréi
mal à son aise, avec des douleurs dans le ventre, elle s'assit sur le leau de la cui-
sine et là perdit une grande quantité de sang en partie coagulé, mais sans qu'il y
ait eu de morceaux très gros ; le lendemain elle vida le seau dans la fbasa au ftimier.
L'accusée avouait presque être accouchée, malt Seulement après cinq mois de gros*
sesse ; le peu de relâchement des téguments abdominaux, Tabseneê de cicatrices
et surtout la conservation intacte du frenùlum parlaient à l'appui de ce récit*
L'enfant trouvé avait cependant une longueur de 47 centimètres , pesait
2500 grammes, les diamètres de la tête étaient de 0*,07, 0*,08, 0^,11 ; le dia-
mètre des épaules 0*,10, le diamètre bilatéral de la poitrine 0*,10, le diamètre
antéro- postérieur de la poitrine 0*,07, le diamètre des hanches 0",07. Ces dimen-
sions étaient évidemment celles d'un enfint né à terme et non d'un enfant de cinq
mois. Les cartilages du nez et des oreilles étaient déjà assez solides, les on^es
atteignaient le bout des doigts, les grandes lèvres couTraient l'oriÛce du vagin ; le
noyau d'ossification du fémur avait un diamètre de 5 millimètres. La putréfaction,
très avancée, ne permit pas de faire l'épreuve de la docimasie.
Je dus donc déclarer que certainement l'enflint n'était pas né à cinq mois, qu'A
était très probablement à terme, et que les dépositions de l'accusée s'accordent
avec les résultats de notre examen, cet enfiint n'était probablement pas la aieo. Le
ministère public abandonna l'accusation.
AGE DE L'EHPANT. — MATUIITÉ. ^ OBBBRTATIONS. AM
Obs. 336. — L'0Hfaul Z... eU-Al né à terme f
Un vieillard de quatre-vingt-deux ans, qui était atteint depuis plusieurs années
d'un cancer de la vessie et des devx letUculm^ mourut le 28 août 1 8**, d'une
bjdropiaie générale. Il avait vécu sans sa famille pendant presque toute la période
de la vieiUeaM ; tofin étant fidèlement soigné par sa cuiêinièfe, fl U récompanai en
TépmMêat six mois avant sa mort. La jeune veuve déolani m bmiIb de janvier (einq
■ois après la mort du vieillard), qu'elle était enceinte de six moit (!) ; elle acMu-
ehi le 1*' juin d'une fille qui mourût quelque temps après et dont la légitimité fut
contestée par les héritiers du vieillard.
L'enftint pesait 3750 grammes ; sa longueur était de 0"*,50, les diamètres de la
tête 0*,08, 0"*,10, 0"',12, le diamètre des épaules 0'',12, le diamètre bilatéral de
la poitrine O'.IO, le diamètre antéro-postérieur (P,07 ; toutes ces dimensions indi-
quent un enfant de quarante semaines et non un enfant né à onze mois comme le
prétendait la mère. On nous demanda si l'enfant avait vécu; la doeimasie nous
noain que deux petites portions tenlement de la partie inlérieore du peuman
droit nageaient et avaient une couleur rouge clair, tandis que tout le reste du pea*
mon était celui d'un enfant mort-né. Nous déclarâmes que cet enfant avait fait des
tentatiret de rei^ration pendant l'accouchement, mais qu'il pouvait être considéré
eeoMae mort-aé. C*eit ee que confirma plus tard l'accoucheur qui raoonta qae l'en-
ftat était mert pendant qu'il faisait la version.
Ge cas nous montre encore une fois combien il est important dans les cas de soi-
disant naissance tardive de constater l'état de puissance du père. Ici on prétendait
qae ae Tlefflard avait pu féconder quatre semaines avant sa mort !
492 BIO-THANATOLOaiE WS NOtTYBAO'IftS.
CHAPITRE 11.
I
DE LA VIS GHBZ l'BNPâNT.
LÉGiSLATiOH. — AU§. Umàr, ( 13, tit. 1. Les droits ciTÛpies avzqaelsa
enfiint qui n'est pas Dé» mais qui est conça» lui seront réserrés pour le easé
il naîtrait vivant.
/6Jd., /6<d., p. 1S. Il sera adnds qu'un enfant est né vivant lorsque des témsiiii
auront assisté à la naissance et auront entendu distinctement la voix de Ven-
Iknt.
$ 1. — Tie SMM rssptniM».
On emploie souvent en médecine légale des expressions qui ne
sont pas ef ne doivent pas être entièrement conformes an langage
ordinaire de la science et de la médeciae, à cause du rôle tout à fait
spécial du médecin légiste devant les juges. Ainsi l'iin trouve dans
la loi des mots techniques, tels que démimce^ imkMHiiéj aptitude
au travail, etc. De même aussi le sens du root me, qui, phjsiologi*
quement, est attaché à tout être organique, aussi bien la planle que
le fœtus in utero, se trouve, dans le langage des législateurs, insé-
parable de la respiration. Vivre, c'est respirer; ne pas avoir res-
piré, c*est ne pas avoir vécu. Car c*est seulement cette vie avec
respiration et indépendanle de la mère, qui peut être démontrée; et
le médecin légiste, qui ne doit fonder son jugement que sur des
preuves, doit rejeter toutes les autres vies, qui ne sont qu'hypothé-
tiques.
Cependant il est incontestable que la vie sans respiration existe.
On voit tous les jours des enfants qui naissent avec toutes les appa-
rences de la mort, ne respirant pas, et qui sont bientôt, par les
secours de l'art, rappelés à la vie et à la respiration (1).
(1) Maschka (Prager Vierteljahrsschrift^ 1854, III), a publié à ce sujet deux
observations très curieuses. La première concerne un enfant né sans témoin et
enterré qui fut rappelé à la vie sept heures après sa naissance ; la seeonde est
l'histoire d*un enfant né avec les apparences de la mort, mais dont on pouvait per-
cevoir de très légers bruits du cœur ; il resta dans cet état pendant vingt-trois
heures.
VIE SANS RBAPIRàTlOlf. AQ3
Ces mêmes eafenls qui viennent au monde pour ainsi dire asphyxiés,
peuvent être victimes d'un infanticide soit par omission, soit par com-
mission. En effet, il suffit qu'on ne fasse pas les tentatives nécessaires
pour le sauver, pour que l'enfant meure. Mais devant un pareil cas,
qui oserait soutenir que cette parcelle de vie aurait pu devenir une
fie complète par l'intervention des secours de l'art ? Tandis qu'il
serait plus facile de prouver l'infanticide par commission d'un enfant
né avec les apparences de la mort, par exemple, s'il j a des preuves
de violence extérieure. On doit être prévenu contre l'opinion de
H. Devergie, étonnante dans la bouche d'un praticien aussi distingué,
qui dit que la présence de sang coagulé soit à la tète, soit dans une
autre partie du corps, constitue la preuve d'un tel cas.
Les seules circonstances dans lesquelles on pourrait reconnaître
des violences exercées sur un enfant né avec les apparences de la
morty serait lorsqu'on trouve à l'endroit de la blessure, des espèces
de réactions analogues à celles qui existent aux blessures faites pen-
dant la vie. Ea loua cas, ces faits, excessivement rares, doivent tou-
jours être exposés dans tout ce qu'ils ont de spécial, au juge, qui aura,
luiy à décider la culpabilité ou le degré de culpabilité.
U y a des cas encore plus rares que l'on a imaginés ou déterrés
des archives avec un soin digne d'une chose plus importante, et qui,
eux aussi, doivent prouver la possibilité d'une vie sans respiration,
soit la vie d'une seconde ; par exemple, la naissance dans les mem-
branes, U naissance dans l'eau, etc. Ces cas sont des curiosités qui
doivent être jugées d'après les circonstances de l'accouchement, .et
qui certainement ne sont aucunement applicables à la règle générale,
i ce qui se passe tous les jours dans les naissances ordinaires. Donc :
Nous ne nions pas une courte vie post partum sans respiration ;
mais n'ayant aucun moyen de la reconnaître après son extinction,
une telle vie ne peut être un fait pour la médecine légale, qui n'ad-
met que ce qu'elle peut prouver, une vie avec respiration.
La justesse de cet axiome a été reconnue de tout temps. Déjà
Galien dit : In confessa est respirationem a vita et vilam a respi--
ralione separari non passe j adeo ut vivens omnino spiret el spi-
hU BIO-THÀRÂTOLOOIB DBS lfO0TEÀU-]ffÉS.
rmu omnino vivai. CasI bref et ctatr I De même que êœpirerèm
les langues romaneê, de même eœpirare en latin est synonyme de
mort. Et ce qui ponr notre thèse n'est pas sans importanee, Tidei-
tité du souffle et de la vie a été reconnue même par la langue do
droit. Expirer ches les juristes veut dire cesser d'être, s*éleindR,
se périmer. C'est ainsi que l'on dit dans les Pandêcies : OUigûlk
êKfirat.
Nous pouvons voir dans les vieilles lois aniijusiimennesy et phs
tard dans les lois germaniques, la valeur qu'attribuaient les phs
anciens législateurs A la fonction de respiration comme eriierium de
la vie des enfants, puisqu'on demandait comme preuve de In vie imkc
audiia intra quatuor pariêies domui. Lti loi prussienne demande
non-seulement le cri, mais la voix clotrs, comme preuve de la vie.
Et on a objecté ici qu'il y a contradiction dans la législation pnu-
sienne, qui admet elle-même une vie sans respirstion, puisque les
$ S 181 et 182 parlent d'infiinticide du fœtus m «fsr», et il n'y a
qu'un être vivant qui peut être tué ! Gela est vrai ; mais, outre que
l'on n'a jamais sérieusement contesté la vie de l'enfant dans le sein de
sa mère, il faut convenir que le législateur se trouve sur un autre
terrain que le médecin légiste. Le législateur a eu de tout temps
raison , de punir l'infanticide du fœtus. Sa mission est de prot^er
aussi bien Thomme à naître que l'homme né, et dans la grande majo-
rité des cas le fruit dans le sein de la mère est un homme à naître.
Dans l'intérêt des mœurs et de la sûreté publiques, il ne doit pas
ignorer la possibilité de l'anéantissement de l'existence future de cet
kamunculus, ni laisser sans peine cette action criminelle. Mais ce
devoir et cette position ne sont pas du tout ceux du médecin légiste.
En disant s'il y a eu oui ou non infanticide do fœtus m iflero, le
médecin a rempli son devoir, et dans le cas où on lui poserait la
question qui nous a été posée : Le fruit avorté vivait-il, oui ou non,
dans le sein de la mère? il pourra en conscience répondre affirma-
tivement ; sauf k donner à cette vie utérine la définition qu'il croit
convenable.
C'est avec des arguments comme ceux que j'ai développés plus
RBSniUTIOff iTAMT LA NAIMAlfCB. A9t
bMl, qae l'on a essayé de prendre A défaut la valeur de la docimasie
pulmonaire. Mais, avec des réAita tiens de celte nature, il n*est plus
pos8il>le d'adflseltre une seule preuve en médecine légale. Ainsi les
moyens d*investigatioB dans l*inloiication par l'arsenic deviennent
SMM valeur, parce que, dans des cas asses nombreux, les réacttfli de
Yêdàê arsénieux sont restés sans effet. De même aussi des moyens
de prouver la grossesse, parce que dans beaucoup de cas, comme
tout le monde le sait, les preuves manquent.
L'objection suivante aurait peut-être plus de valeur : Si la doci«
masie pulmonaire établit le fait de la vie respiratoire de Tenfant,
•Ile ne prouve pas que l'enfant mort-né n'ait pas respiré mmnî sa
u C'est ce qui (éra l'objet du chapitre suivant.
Lee observations de respiration du fœtus dans ses membranes
seat très rares, de plus elles sont très souvent inexactes ; mais quand
en devrait en reirencher même la moitié, il faudrait encore admettre
la peesibilité de cette respiration avant la naissance et même dans
rutéftis. Le cri de l'enflint dans le sein de la mère, le vagiêeemeni
mMn, (pioiqu'il soit si flM^ilement sujet d'erreurs, a été mis, dans
les temps modernes, sur le champ des observations scientifiques.
Aiaal on a découvert des extravasations capillaires sous la plèvre,
anr l'aorte, sur le cœur, que nous avons appelées eechymoees pété*
eAtalat, perce qu'elles ressemblent beaucoup aux pétéchies. Nous en
avens déji perlé à propos de l'asphyxie des nouveau-nés. *
Beaucoup d'atCeurs les ont observées, et leur origine ne peut être
attribuée i d'autres cauaea qu'à une espèce de respiration instinctive
el httéè dana l'utérus, lorsque la marche régulière du changement
dea gai qui ae hit par le sang vient k être interrompue par un acci-
dent arrivé soit au placenta, soit au cordon. H est étonnant que ce
Ml, qui a beaucoup préoccupé les physiologistes et les accoucheurs,
et que Bohn a déjà établi depuis cent cinquante ans, soit resté jus-
qulan tempa modernes sans être pris en considération par la roéde-
due légale. Puisque l'on ne peut pas nier la possibilité de ces eA>rts
A96 BIO-TflAfiATOLOGIB DBS NOUVEAB-MÉS.
io8line(ift de respiration dans l'utéruSy on doit admettre à priori
que quand même on n'aurait pas entende les cris dans le sein de b
mère, il peut exister une respiration suffisante et conuf^èle.
H. Hecker en a observé un cas très intéressant.
Une femme Agée de vingt-huit ans, multipare, étant sur le point d*K-
coucher, perdit une grande quantité de l'eau da4!amnio8, on exmiBi
et on vit qu'une anse du cordon avait fait chuté; tt sortait des parti»
génitales, on apercevait distinctement les pulsations des vaisseaux.
L'orifice de la matrice avait une ouverture grande comme une pièce
de 2 francs, et avec le doigt on sentait la tète de l'enfant très mobile,
on entendaitdistinctement les bruits du cœur de l'enfant. On essaya
de rentrer le cordon, mais n'y réussissant pas, on le remit dans le
vagin en le garantissant au moyen d'une éponge. Une heure après,
l'orifice de la matrice était beaucoup agrandi, mais ce n'était plus la
tète, c'était le coude droit qui se présentait, les pulsations du cordon
étaient restées les mêmes ; la version fut faite sans beaucoup de dif-
ficultés, mais la main glissant sur la paroi postérieure du bassin, ne
pot éviter suffisamment le cordon, et ce dernier fut soumis i une
légère pression, immédiatement il y eut de la part de TeniSuit des
inspirations profondes et réitérées que la main de l'opérateur sentit
d'une manière très sensible.
L'enfant vint asphyxié, il pesait 3500 grammes et était long de
h7 centimètres ; toutes les tentatives que l'on fit pour le rappeler à la
vie furent infructueuses, quoique l'insufflation eût réussi comme on
en acquit la preuve lors de l'autopsie. Il y avait bypérémie des
organes de la poitrine et de l'abdomen, et des extravasations sous-
pleurales et sous-péricardiales. Il va sans dire qu'il était impossible de
dire si les tentatives de respiration dans l'utérus avaient permis l'entrée
de l'air dans les poumons, puisque ceux-ci étaient remplis par Tio-
sufflation artificielle.
M. Hohl cite aussi des observations analogues. Il cite des cas oA le
tronc de l'enfant était déjà sorti, la tète était encore dans le bassin,
l'utérus était contracté et le placenta délaché. Dans deux de ces cas,
M. Hohl a vu que la poitrine de l'enfant s'est soulevée successive-
RESPIRATION AVANT LA NAISSANCE. &97
nei»/ trois ou quatre foisy et Tenfant est mort-né. Du reste point de
race d'air dans les poumons.
Cet accoucheur a observé aussi des tentatives de respiration dans
m cas de chute du placenta, et il a vu des mouvements respiratoires
t€ manifester déjà pendant la version dans un accouchement où
'eaEuit vint pâle et mort.
Dans tous ces cas on a trouvé des ecchymoses pétéchiales, c*est-à-
lire des extravasations nombreuses et pojntillées sur la surface des
|N>amons et du cœur.
La conclusion de tout ce qui précède^ c'est que le fœtus, pendant
la vie intra-utérine et après le détachement des membranes, peut
Faire des essais de respiration et même aspirer le contenu liquide de
l'œof. Mais ce fait ne contrecarre en rien les résultats de la docimasie
pulmonaire, car les poumons de tels enfants gagnent toujours le fond
de l'eau, et dans les cas rares où ils surnagent, cela ne tient qu'aux
enais d'insufflation auxquels ils ont été soumis.
Maintenant, dans la pratique de la médecine légale, cette question
le respiration intra-utérine est sans influence sur la solution de la
liitstion de la vie extra -utérine; car les circonstances qui provo-
^nl cette respiration intra-utérine sont celles d'un accouchement
plus ou moins difficile, artificiel et toujours très long. Il faut que les
MQx se soient écoulées, que l'enfant ne descende pas dans l'uté-
ras, qu'il se présente par la face, que l'orifice du col de l'utérus
loit largement ouvert, que le canal du vagin soit élargi par la main
de l'accoucheur. Alors il peut y avoir non-seulement cet effort ins-
lioctify court et sans résultat observé dans les cas précédents, mais
Qoe entrée de l'air dans les paumons^ une respiration réelle, enfin
tm vagissement utérin.
Or les enfants trouvés mort-nés et apportés au médecin légiste»
pour la docimasie pulmonaire, sont toujours le résultat d'accouché*
ments clandestins qui ont dû être très courts, sans'quoi ils ne seraient
pas restés clandestins. Et pendant ces accouchements courts, l'enfant
■'a rencontré ni les conditions ni la nécessité d'une respiration
dans l'atérus.
n. 32
408 BIO-THANàTOLOGIB DES NOUVEAU-MÉS.
Donc nous concluons : Que tout enfant né clmndestinenuni, fut
présentera des traces de respiration^ doit être considéré comme
ayant respiré après sa naissance (ni pendant ni avant)^ c'ai-à-
dire que V enfant est né vivant.
Dans le cas où l'enfant n'est sorti que par la tète et est eicilé i
la respiration entre les cuisses de sa mère, on ne peut le considènr
comme ayant poussé le « Tagissement utérin » :'
<( 3. — Docimasie palmooaire.
Les objections que l'on a soulevées contre la docimasie pulmonaire
en général sont aussi peu sérieuses que celles qui ont été dirigées
contre chaque épreuve de cette docimasie.
Nous allons étudier cette docimasie avec tous les détails qu'elle
comporte.
A, Apreutc du foie.
Les épreuves et expériences proposées par MM. Daniel, Bernt^
Wildberg, Tourtual, etc. , sont trop compliquées pour être mises Daci—
leroent en pratique, aussi n'a-t-on pu vérifier toute leur valeur, et
nous serions nous même très embarrassé de donner notre opinion à
leur égard.
Nous ne croyons pas devoir nous appesantir beaucoup sur la cri-
tique des épreuves proposées pour le foie dont le règlement avec
intention ne fait pas mention. Il est vrai que le poids du foie diminue
par le fait de la respiration, et que par conséquent les rapports des
poids du foie et du corps changent; mais ce fait ne mérite pas grande
attention, car ce changement de poids n'a pas lieu avec les premiers
souffles, mais seulement après une respiration prolongée et active, el
alors les épreuves faites sur le poumon ne peuvent laisser aucun
doute. Ces épreuves sur le poids du foie sont donc superflues. Or, ce
qui est superflu doit être rejeté comme inutile et même comme nui-
sible dans ces circonstances où les épreuves incertaines servent
d'armes aux avocats contre le médecin.
DOCIHASIB PULMONAIRE. — VOUSSURE DU THORAX. A99
El même la base de celte épreuve est très peu sûre, car le poids
du foie est tellement variable qu'il est impossible d'en tirer une loi.
MM. Bernt et Elsàsser ont fait l'un et l'autre des expériences sur
cette question. M. Bernt, après cent observations, a trouvé que chez
dos enfants mort-nés le poids du foie était de 105 à 225 grammes,
al aor des enfants ayant respiré de 75 à 285 grammes. M. Elsàsser
a fait 65 expériences sur des enfants mort-nés venus à terme, et a
trouvé depuis 83 grammes jusqu'à 160.
De telles expériences montrent bien la valeur des épreuves du foie.
Lt différence entre les enfants mort -nés et les enfants nés vivants est
inaignifiante, et on ne peut pas tirer une loi même de la moyenne
des deux nombres. Du reste, en général les moyennes ne peuvent être
que d'un secours très douteux en médecine légale. C'est ce que nous
verrons même pour des épreuves plus sûres que celles du foie.
B. VOUSSURE DU THORAX.
Le thorax d'un enfant qui a respiré et dont les poumons ont été
par conséquent remplis par de l'air et du sang, doit avoir augmenté
de volume et doit avoir un aspect plus bombé et plus large. Ce fait
ddl-il être pris en considération ?
D*abord le seul aspect d'un thorax d'enfant ne suffit pas pour que
Ton puisse juger s'il est plat ou bombé. L'observateur le plus exercé,
après avoir vu des centaines de cadavres, ne peut pas le distinguer.
Quant à l'ancienne méthode de Daniel, qui consiste à mesurer le
degré de voussure du thorax au moyen d'un fil, il faut complète-
ment la rejeter. Car les dilTérences qui se présenteront à cause de la
^08 ou moins grande élasticité du fil et de la plus ou moins grande
pression que l'on exercera sur le thorax seront certainement plus
grandes que celles qu'il s'agit de mesurer et qui ne peuvent être que
des fractions de centimètres.
La méthode maintenant adoptée est celle qui consiste à mesurer les
diamètres transversaux et antéro-postérieur avec un compas d'épais-
seur. Ces deux diamètres chez le même enfanl seront certainement
500 BIO -TH AKATOLOGIl!: DES NOUVEAU-NÉS.
plus grands après la respiration qu'avant la naissance. Oiii« mais alors
il faudrait avoir mesuré ces diamètres dans l'utérus. On est donc
obligé d'en revenir aux lois générales, aux moyennes. Si encore ces
moyennes étaient sérieuses, si, prises sur un grand nombre de cas,
elles différaient peu du résultat de l'observation de n'importe qod
individu, comme cela se trouve par exemple pour les diamètres deli
tète des nouveau-nés où l'on peut prendre la moyenne sans hésiter
pour le premier cas venu. Mais non. De nombreuses expériences
nous prouvent que les deux diamètres transversaux et aniéro-posté-
rieurs observés au moment de la naissance chez les enfants mort- nés
ou nés vivants, ne présentent pas des relations assez constantes pour
que l'on puisse en tirer une moyenne appliquable à tous les cas. Les
différentes manières de se servir du compas, la respiration plus ou
moins complète, les différents degrés de formation de l'enfant, sont
autant de causes d'inexactitude dans cette mesure.
Le fait est que dans mes observations personnelles, comme dans
celles de bien d'aulres auteurs, il existe tant de différences impor-
tantes que l'on doit accepter avec beaucoup de réserve toutes les
épreuves faites sur la voussure du thorax. J'ai dressé une table con-
tenant les mesures du thorax de 238 nouveau-nés à terme, 158 nés
vivants, 80 nés morts. 70 cas ont été observés par moi-même,
c'étaient des cadavres frais, car j'ai toujours rejeté ceux qui étaient
atteints de putréfaction à cause des gaz qui se développent dans la
poitrine par le fait de la putréfaction. Les autres 136 cas ont été
observés, sur ma prière, dans les deux maisons royales d'accouche-
ments.
DOCIIUBIE PCILHONÀtRE. — TÛDSSORE DU THORAX.
ToUmh reprtientanl les d-meruiont du ihoroj- de 338 noareau-
donl S8 ont vrcu cl Au iftaimt mort-nèi.
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énlte de ce tableau cette conclusiou curieuse que cbei ]ea
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60 A BIO-THANATOLOGIE DIS NOOTEAU-lrtS.
enfants mort-nés le diamètre transversal est plus grand que chez
les enfants nés vivants ; quant au diamètre antéro-postérieor, il
se trouve seulement un peu plus long chez ceux qui ont respiré que
chez les autres; les différences entre les maximum et mimmam
varient de 1 à 2 centimètres, et enfin les diamètres peuvent être
égaux avant et après la naissance. Il résulte donc que la vouaure it
la poitrine comme signe diagnêftlque n'a aucune espèce de valeur
en elle-même,
M. Elsasser a fait aussi des expériences sur la mesure de la cir-
conférence du thorax. Ses résultats ne sont pas moins extraordinaires.
Sur cinquante mesures faites sur des enfants nés vivants et A terme,
il a trouvé enire les maximum et minimum les différences de 32 cen-
timètres à 22 centimètres^ ce qui est énorme ; et sur huit mesures
faites sur des enfants mort-nés, il a trouvé entre les maximum et
mininnim les différences de 20 à 25 centimètres.
Toutes ces variations qui prouvent que. Ton ne peut admettre une
moyenne sérieuse, tiennent à plusieurs causes : les différences de con-
formation du squelette, d'épaisseur des parties molles, graisse et
muscles, la plus ou moins grande distension de la poitrine causée par
la respiration plus ou moins complète, enfin la plus on moins grande
quantité d*air entrée dans les poumons.
(\ SITIATION DU DIAPHRAGME.
Do même que pour le < rilérium quf précède, nous ne nous arrê-
terons pas devant l'objection de la possibilité de changement de posi-
4ion du diaphragme causé par des essais d'insufllaîion. Nous revien-
drons plus loin sur celte question. Cette position du diaphragme
doit être naiurellemenl plus haute pendant la vie fœtale qu'après
la respiration, et le fait seul de son abaissement indique l'exécu-
tion de la respiration. La meilleure manière de se rendre compte
de celte position du diaphragme , c'est après avoir ouvert le
ventre d'introduire le doigt à l'endroit le plus élevé de la voûte, et
avec un doigt de l'autre main compter les côtes jusqu'à ce que les
DOCIMASIE PULMONAlBy. — VOLUME DES POUMONS. 505
deux doigts se renconticnt. La règle est que le point le plus haut de
la viiûte du diaphragme chez les enfants mort-nés est entre la qua-
trième et la cinquième côte, et chez les enfants nés vivants entre la
sixième et la septième. Il y a peu d'exceptions à cette règle, et Ton
peut en conclure que la position du diaphragme est un bon signe
diagnostique.
Cependant il y a bien des camtt qui peuvent diminuer la valeur
de cette preuve ; d'abord lorsque la respiration a été courte et que
peu de sang est entré dans le poumon, puis lorsqu'il y a des gaz
accumulés dans l'intestin qui peuvent refouler en haut le diaphragme,
de telle sorte que sa position devient absolument la même après
comme avant la respiration. D'un autre côté, le diaphragme peut se
trouver refoulé en bas par la pression de gaz putréfiés dans la poi-
trine.
D. VOLUME DES POUMONS.
Les poumons du fœtus ne remplissent pM toute la poitrine et sont
disposés de telle sorte que le poumon gauchfi ne recouvre pas du tout
le cœur, tandis que, après l'acte de la respiration dans la plupart
des cas, le lobe inférieur du poumon gauche recouvre jusqu'à lu
moitié du pMcarde.
En général, les poumons du fœtus sont enfouis au fond du thorax
et ne remplissent guère que le tiers de la cavité thoraeique, de telle
sorte que lorsqu'on enlève le sternum on n'aperçoit que le bord tran-
chant de ces poumons.
Cette différence d'extension des poumons est un bon signe pour l'œil
exercé qui se trouve en face de cas bien tranchés, c'est-à-dire lorsqu'il
y a eu une respiration entière ou une absence complète de respira-
tion. Hais pour la respiration intermédiaire, celle qui a été courte et
de peu d'étendue, ce signe devient très vague, car dans ce cas
les poumouF n'ont pas été à même de changer d'état et ils peuvent se
trouver encore très en arrière. Il faut alors avoir recours aux autres
épreuves de la docimasie pulmonaire pour trancher la question.
5U(> BIO-THANATOtOGlE DES MOUVBAU-NÉS.
E. COULBVB M8 POUMOIIS.
De tous temps les auteurs ne se sont pas accordés sur les diR-
rences qui existent entre la couleur du poumon qui n'a pas respiré et
celle du poumon qui a respiré. Cette divergence d'opinion s'explique,
car la p^ception des couleurs eslliMiividuelle, et il est très difficile,
surtout pour ce qui concerne les nuances peu tranchées, d'exprimer
clairement par des mots tout ce que l'œil observe.
Nous laisserons de côté l'opinion de Galien qui n'est basée que sur
des expériences faites sur des animaux.
Dans les auteurs modernes, nous trouvons les descriptions les plus
diverses. J'ai essayé d'en faire peindre d'après nature, mais ces
figures ne suffisent pas, à moins d*en dessiner vingt ou trente de
chacune des deux espèces du poumon. Orfila et Billard ont eu raison
de dire que les poumons du fœtus présentent des nuances très va-
riées, et M. Devergie a dû n'être basé que sur des observations su-
perficielles, contrairement à son habitude, lorsqu'il a dit que ces
nuances étaient toujours les mêmes.
En général, la couleur des poumons d'un enfant raort^né est rouge
brun, couleur du foie, el les bords paraissent d'un rougtt plus clair à
cause de Tintluence de la lumière. Hais il n'est pas rare de ren-
contrer sur jces poumons des stries colorées en rose clair, ou des
taches diffuses qui font ressembler ces poumons à ceux d'un enfant
né vivant. Ajoutons que la couleur rouge brun est tantôt analogue à
celle du chocolat à l'eau épais, tantôt à celle d'un mélange de lie de
vin et de chocolat.
La couleur des poumons des nouveau-nés qui ont respiré diflère
de celle des adultes dont on connaît la teinte grise avec taches ardoi-
sées. Ils ont un fond couleur rouge bleuâtre, marbré de taches roses
circonscrites et nombreuses ; on peut rencontrer aussi un fond cou-
leur rouge vermeille avec des taches d'un rouge bleu foncé.
Mais c'est surtout là dans ces poumons qui ont respiré que se
trouve la plus grande variété de nuances. S'il y a eu un certain degré
D0GIMÀ8IB. PULMONAIRE. — COULEUR DES POUMONS. 607
d'hypérémie ayant causé ou accompagné la mort, on trouve les pou-
mons d'un rouge brun s'approchant de la couleur du foie avec des
taches d'un rouge plus clair, ce qui rend ces poumons, même pour
l'œil exercé, semblables à ceux du fœtus.
Cest surtout la présence de taches marbrées qui offre un rensei*
gnement pour le dta^no^/tc, car elle ne se rencontre jamais sur les
poumons du fœtus.
Les variétés de couleur trouvées sur les poumons des nouveau-nés
qui n'ont pas respiré tiennent soit à des essais d'insufflation, soit à la
potréùiction des poumons, soit à un état anémique après une mort par
hémorrhagie. Mille fois j'ai insufflé en présence de mes élèves de l'air
dans les poumons au moyen d'un soufflet. En un instant, les pou-
mons dans tous les cas ont pris en se boursouflant une couleur rouge
écrevisse qui s'est étalée uniformément dans tout le tissu sans aucune
disposition marbrée. La couleur du poumon putréfié à un assez haut
degré, non pas celle du poumon qui ne fait que commencer à se pu-
tréfier et dont la couleur n'a pas encore eu le temps de changer,
présente une lividité terne, caractéristique et un peu noirâtre, non
pas d'un noir analogue à celui de l'encre ou du charbon, mais d'un
Boir conuoe celai du sang qui est resté longtemps exposé à l'air. '
Les poumons dis enfants mort-nés qui ont succombé à une hémor-
riiagie sont tf'nn gris rouge pâle et présentent des marbrures bleues
noirâtres qui ne peuvent être confondues avec les taches marbrées des
poumons qui ont vécu à cause de ce fond pâle caractéristique.
Telle est, d'après mes nombreuses observations, la description que
je croîs devoir donner des poumons des nouveau-nés. J*ai évité de
rendre cette description trop minutieuse, car elle serait beaucoup
moins claire et beaucoup plus facile à induire en erreur.
Je conclus, en un mot, que tout poumon qui se présente avec des
taches marbrées a respiré^ et permet de croire à la vie de l'enfant.
Mais sans ces taches marbrées on ne peut pas sur le fond seul de la
couleur tirer un résultat certain.
Ce que nous venons de dire des poumons entiers, est aussi vrai
pour les fractions de poumons. Ainsi, dans certains cas où l'on trouve
508 BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU- If ES.
des poun.ons incomplètement remplis par une respiration faible, on
peut certainement désigner (|^'après la couleur, les portions de pou-
mon qui surnageront, sans crainte de se tromper.
F. CONSISTANCE DU TISSU PULMONAIBE, ATÉLECTASUC, HYPÉMÉMnE, RftPATISATMX.
Entre le tissu du poumon d'un enfant qui n'a pas vécu, et cdù
d'un enfant qui a respiré, la différence est sensible. Le tissu pulmo-
naire du fœtus en effet est compacte, résiste à la pression du doigt,
et ressemble à celui du foie ; au contraire, le tissu des poumons qui
ont respiré est crépitant, spongieux et cède facilement à la pression.
Il faut cependant tenir compte des degrés intermédiaires et des alté-
rations pathologiques qui rendent cette diiïérence beaucoup moins
reconnaissable.
Il peut arriver d'abord que la respiration ait été incomplète, et
alors les portions de l'organe dans lesquelles l'air n'a pas pénétré
sont restées à l'état fœtal. Cet état a été appelé atéUclasie des pou*
monê par HM. Legendre (1) et Jœrg (2).
On aurait tort de donner à celte atélectasie le titre de maladie, ce
n'est autre chose que l'état fœtal des poumons dans lesquels, par
une cause quelconque, la respiration n'a pu s'effectuer. Ce n'est donc
pas la cause de la mort, mais plutôt l'effet. Cet état particulier du
poumon ne peut en rien diminuer la valeur de la docimasie pulmo-
naire, au contraire elle donne à ce critérium une exactitude plus grande,
puisque, quand les poumons sont à certains endroits atélectasiques,
non-seulement on peut dire que l'enfant a respiré, mais on peut
préciser que cette respiration a été incomplète et de courte durée.
Elsâsser a décrit très bien les différentes formes d'atélectasie : c Si
» tout un lobe du poumon est resté à l'état fœtal, la limite de sépa-
» ration des parties qui n'ont pas respiré est facile à reconnaître, mais
> ordinairement, il n'en est pas ainsi, et l'on trouve au milieu des
> lobes de petites portions qui sont restées fœtales, tandis que d'autres
(i) Legendre, Maladies de V enfance, Paris, 18it\
(2) Ed. Jœrg. Fœlwlunge im gébomen ICtnde, 1835.
D0C1MA31E PDLMON AIRE. —POIDS DI::S POUMONS. 500
> oui riéjà subi le contact de Pair, ces lobules restés intacts sont tan-
> tôt à la surface externe de l'organe, tantôt à une profondeur de
> 1 à 2 millimètres, tantôt enfin disséminés irrégulièrement dans
» l'intérieur du tissu. Lorsque ces lobules fœtaux sont très nombreux,
> il peut être très difficile de reconnaître si l'enfant a vécu sans avoir
» recours à l'épreuve de la submersion dans l'eau. L'épreuve du
» toucher et de l'incision ne peut fixer à cet égard. >
Les états pathologiques qui changent le tissu pulmonaire au point
de pouvoir induire en erreur, sont l'hypérémie produite par l'as- *
phyxie et la pneumonie. L'hypérémie donne au poumon une couleur
ibncée qui se rapproche de celle des poumons qui n'ont pas respiré ;
les poumons ne crépitent pas , et sont plus élastiques que ceux qui
ODt respiré. L'hépatisation rouge et grise produite par la pneumonie
se reconnaît par une couleur d'un rouge violet un peu sale et par la
firagilité qu'acquiert le tissu ; celui-ci en effet se déchire alors facile-
ment, enfin par la présence d'une exsudation fibrineuse ou albumi-
neose du tissu pulmonaire ; lorsque l'on pratique des incisions dans
le tissu hépatisé, il n'en sort pas de l'écume sanguinolente, mais du
sérum un peu sanguinolent et du mucus visqueux. Il suffit d'un peu
d*babitude pour ne pas confondre ces divers états pathologiques avec
l'atélectasie. Du reste, M. Legendre dit lui-même avoir vu des pou-
mons en partie restés fœtaux et en partie devenus hépatisés, et Jcerg
rapporte que les enfants qui naissent avec de l'atélectasie meurent
c ordinairement » de pneumonie.
C'est ce qui nous porte à croire que ce que M. Legendre entend
par alélectasie n'est pas bien nettement défini, que les résultats de
cette affection se rapprochent beaucoup de ceux de la pneumonie.
G. POIDS DES POUMONS. ÉPRETJVE DB PLOUCQUET.
Ici encore nous avons la preuve que l'on a tort d'accepter sans
examen les doctrines des auteurs. Ploucquet, dont le nom jouit encore
d'une grande autorité, a posé le principe suivant : Le poids absolu
des poumons est augmenté par le fait de la respiration à cause de b
510 UIO-THANATOLOGIE DES NOUYEAU-llÉS.
plus grande quantité de sang que cette fonction lui amène. Celle
thèse fut longtemps acceptée sans réserve, et Ton a admis an nouveau
critérium de la vie après la naissance consistant dans la comparaison
du poids des poumons avec celui du corps. La proportion, d'après
Ploucquet , serait de ^ pour les enfants mort-nés, et -^6 P^^^ '^
enfants qui ont respiré. Voici comment Ploucquet s'exprime dans le
Commentarius medicus in processus critninales super homicidium^
iiifanticidium, etc. y 1736 :
€ Sur un enfant du sexe masculin, mort en naissant et sans avoir
> respiré, le poids total du corps, y compris les poumons, était de
> 63 OAO grains, celui des poumons de 702 grains ; le poids total du
> corps était donc à celui des poumons presque comme 67 : 1 . Un
> autre enfant à terme, qui ii*avait pas non plus respiré, donna le
» rapport de 70 à 1 . Un troisième, qui, quoique non encore parfai-
> temenl à terme, avait cependant respiré, offrit le rapport de 70 à 2.
> La conclusion de ces faits est que l'afflux sanguin inhérent à la res-
> piration double le poids des poumons, et que le poids de ces
» organes qui n'ont pas respiré est au poids total du corps comme
» 1 : 70 ; qu'il est comme 2 : 70, ou comme 1 : 35 pour les
> poumons chez lesquels la respiration a eu lieu. >
Ainsi c'est sur trois observations que Ploucquet a bftti une théorie,
et de ces trois observations une n'a certainement pas été observée par
lui, et les deux autres peut-être ! Ploucquet lui-même écarte tout de
suite le premier cas, et ne reparle plus de la proportion j^, il ne reste
donc plus que deux observations , et de ces deux enfants l'un
était à terme et l'autre ne l'était pas ! Ne serait-il pas miraculeux de
voir que ce que l'on a observé sur un cas pris au hasard fût justement
la moyenne de ce que l'on observe sur un grand nombre de cas? Or,
ce miracle n'a pas eu lieu, la moyenne de Ploucquet n'est pas exacte.
Dans le tableau ci-dessous, j'ai noté le poids des poumons et du
cœur, comparé au poids du corps entier, de 89 nouveau-nés , dont
26 étaient mort-nés, et 63 avaient vécu.
DOGIMASIE PULMONAIRE. — POIDS DES POUVONS. 511
Poids dm poumon oomparé à celui de la MaUté du corpt de 89 nouvôou-nés.
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512 BIO-TUAMATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
P(Àii dvk poumon comparé à celui de la totalUé du corpt de 89 noMcww-in.
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19
20
21
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32
33
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35
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41
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3,840
2,808
3,328
3,968
4,224
3,684
4,096
3,072
2,688
3,684
3,584
3,840
3,328
3,328
3,072
3,712
3.584
4,352
3,584
2,944
3,584
2,816
3,840
4,608
a:
o
a
PROPOR-
TION.
OBSERVATION.
ElfrANTS AYANT RESPIRÉ.
28
36
28
32
28
36
32
32
24
24
16
24
24
20
32
28
24
32
16
20
28
16
24
20
24
36
20
24
24
16
32
24
24
24
48
20
20
28
40
28
24
32
28
32
36
60
80
56
64
72
64
60
76
88
52
60
40
48
60
64
72
64
80
52
60
40
64
48
52
40
124
48
60
52
40
64
48
56
52
64
64
56
64
72
64
56
76
44
88
72
59
64
64
62
62
52
64
48
38
66
53
89
74
57
62
62
52
41
66
53
89
60
59
64
99
34
75
68
59
67
56
75
69
64
52
48
66
56
60
56
53
47
64
44
60
Mort par apoplexie.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Mort par asphyxie.
Noyé.
Mort par apoplexie.
Id.
Id.
Id.
Mort par blessures.
Mort par suite d'une chute.
Mort par asphyxie.
Id.
Mort d*apoplexie.
Mort d*hypérémie pulmonaire.
Mort de blessures.
Noyé.
Asphyxié.
Noyé dans des lieux d*ai sances.
Asphyxié.
Id.
Id.
Noyé dans des lieux d*aUance».
Id.
Mort d'hypérémie.
Noyé dans de l'urine.
Mort d'apoplexie.
DOCIHASIE PULMONAIRE. • POIDS DES POUMONS. 513
«
Il résulte de cette table que la proportion moyenne du poids des
poumons au poids total du corps fut :
Chez les enfants mort-nés 1:61
Cbes les enfanls nés vivants. .^ 1 : 59
La différence entre le maximum et le minimum fut très grande :
Pour les mort-nés de 1 : 37 à 1 : 96
Pour les enfants nés vivants, de 1 : 32 à 1 : 99
La moyenne du poids absolu des poumons fut :
Chez les mort-nés 56 gr.
Chez les enfants nés vivants 60
La différence entre ie maximum et le minimum fut :
Pour les enfants mort-nés, de 32 à 108 gr.
Pour les enfanls nés vivants, de 40 à 1 24
La moyenne du poids du cœur fut :
Pour les mort-nés 28 gr.
Pour les enfants nés vivants 28
La différence entre le maximum et le minimum fut :
Pour les mort-nés, de 1 6 à 36 gr.
Pour les enfants nés vivants, de 16 à 48
De tels faits n'ont pas besoin de commentaires! D'autres observa-
teurs sont arrivés aux mêmes résultats que nous.
Schmidt trouva chez 22 mort-nés une moyenne (non pas de 1 : 70)
de 1 : 52, et une différence entre le maximum et le minimum va-
riant de 1 : 15 à 1 : 83.
M. Devergie a fait justice avec beaucoup d'à- propos des cas de
Chaussier et de Lecieux, auxquels on ne peut attribuer aucune valeur.
M. Devergie a lui-même fait des expériences sur 33 enfants mort-nés,
il a trouvé une proportion en moyenne de 1 : 60 avec un minimum
de 1 : 2i et un maximum de 1 : 9i ; pour des enfants n'ayant pas
vécu plus de vingt-quatre heures (10 cas), il a trouvé une proportion
moyenne de 1 : £5 avec une différence entre le minimum et le
maiimum variant entre 1 : 30 à 1 : 132.
Elsisaer a expérimenté sur 72 enfants mort-nés : le poids moyen
u. 33
bih ftlO^TUANATOLOGIE DES N0UVB&U-1IÉ8.
des poumons tut dé 68 grammes avec une diflérence entre le poids
maximum et le poids minimum de 28 i 80 grammes ; la prbpdition
du poids du poumon à celui du corps entier fut en moyenne de 1 : 67,
le maximum fut de 1 : 90 et le minimum de 1 : A& ; ce même
observateur Rt des expériences sur 0 enfants ayant vécu qui étaient
morts le premier jour de leur naissance, le poids moyen des pou-
mons fut de Aâ grammes, le maximum 72 gramtnes, le minimom
20 grammes. La proportion du poids du poumon à celle do corps
fut en moyenne 1 : ô5, la proportion maximum 1 : 35, la propor-
tion minimum 1 : 109.
H. Samson-Himmelstiern (de Dorpat) trouva sur 8 enfants nou-
veau-nés, une différence dans la proportion variant de 1 : 27 à
1 : 67.
Les résultats obtenus par les observateurs que nous venons de citer
seront utilement comparés dans le tableau ci-joint :
Çcbmidt
Devergie
Ëlsiisser
Samson
Casper
Moyennes péiiôrale*.
ENFANTS MORT-NÉS.
•M-
Moyenne.
1:52
1 : 66
I : 67
1 : 6!
J : 60
Maximum.
1 :15
i : 24
4 :44
1 : 37
1 : 30
Minimum.
1 :83
i : 94
i :96
\ : 96
ENFANTS NÉS VIVANTS.
Moyenne.
1 : 92
»
1 :à5
\ :55
»
1 :59
MttlmmB
i : 53
i : 30
1 :35
1 :27
1 : 32
1 :31
Minimum.
1 : 132
1 : 109
1 : 67
1 : 99
I : 100
Ainsi les proportions de Ploucquet sont donc tout à fait inexactes,
nous ne nous en étonnons pas, pdisqu'elles étaient basées sur une
ieule observation. L* étude qui précède noiis montre que la différence
qui peut exister en moyenne ehtre le poids du poumon d*un enfant
qui a respiré et celui d'un enfant m^t-né, loin d'être de moitié, peut
varier de 1 : ô3 à 1 : 60. Malheureusement les diff^érences qai exis-
tent entre le maximum et lé minimum de ces poids sont trop consi-
dérables |iOur que Ton puisse ériger en critérium dtagrtostiqtil} la pro-
DOCIHASIE PULMONAIUE. — ÊPAKUVE UTDUOSTATIQUË . 515
portion qui existe entre le poids dti poumon et celui du corps entier.
Du reste, rien ne s'explique plus facilement que ces différences
dépendant de l'individualité du sujet, du degré de putréfaction, et du
genre de mort auquel a succombé le nouveau-hé ; en effet, je ferai
settleitient remarquer quelle grande différence on peut trouver entré
le poids d*nn poumon hypérémiqUe par suite d'asphyxie, et celui
d'an poumon complètement anémique par suite d'hémorrhagie. Dans
le premier cas, tiôus avons trouvé AO grammes, dans le second
28 grammes. Notre conclusion est que la règle de Ploucquet est
inexacte et que Vépreuve du poids des poumons est sans valeur
daHs ta docimasie pulmonaire (1).
H, 8URNATAT10M DES POUMONS DAMS L'EAU. — DÛCIMASIE BTDROSTATIOUE.
En continuant de suivre Tordre dans lequel on traverse les diffé-
rentes phases de la docimasie pulmonaire, nous arrivons à la fameuse
épreuve hydrostatique qui consiste à s'assurer si le poumon nage sur
Teao ou gagne le fond. Cette surnatation subit des modifications
diverses.
Tantôt les deux poumons réunis au cœur et au thymus nagent fran«
chôment et complètement, de sorte qu'ils remontent immédiatement
sar l'eau lorsque l'on essaye de les immerger vers le fond du vase ; si
dans ces cas on sépare les poumons du cœur et du thymus, ils sur-
nagent à plus forte raison.
Tantôt les poumons réunis au cœur et au thymus montrent une
certaine tendance à gagner le fond, mais se tiennent pourtant encore
dans les couches supérieures du liquide, et surnagent franchement
aussitôt qu'on les a séparés du cœur.
Il peut arriver qu'un seul poumon surnaî;c, ordinairement c'est le
poumon droit, parce que sa bronche est plus courte et plus large,
et que l'air y outre par conséquent plus facilement, j'ai cependant va
la samatation du poumon gauche seul. (Obs. 359, 3ol, 399.)
Enfin quelquefois il n'y a que quelques lambeaux de l'organe qui
(I) Le règlement prussien a supprimé d'après nus conseils celle épreuve.
51C BIO -THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
ne gagnent pas le fond, quand on a coupé le poumon en un grand
nombre de petites parcelles, comme on ne doit jamais négliger de le
faire.
Quant à la manière d'exécuter celte épreuve, je rappellerai les dis-
positions légales du règlement : le vase doit avoir au moins 35 cen-
liroètres de profondeur et 20 à 25 centimètres de diamètre, il doit
être rempli d'eau pure et froide ; M. Devergie conseille d*instiluer
une contre-épreuve avec de Teau chaude, mais les raisons qu'il donoe
ne sont pas suffisantes pour faire admettre en principe celte contre-
expérience.
Cette épreuve iiydrostatique a rencontré des adversaires acLamés.
Voici quelles sont les trois objections importantes qu'ils ont soulevées :
les poumons d'un enfant mort-né peuvent nager dans Teau sans
qu'il y ait eu respiration, 1° quand ils ont été soumis à une insuf-
flation artificielle ; 'i"* quand il s'est développé un emphysème spon-
tané ; 3* quand la putréfaction est assez avancée pour avoir produit
l'évaporation des liquides du cadavre ; à^ enfin des poumons qui oni
évidemment respiré peuvent gagner le fond de Teau. Nous allons
étudier et réfuter ces quatre objections en ayant toujours devant les
yeux le côté pratique et en profitant des nombreux matériaux dont
notre longue expérience nous permet de disposer.
1° Insufflation artificielle, — C'est une opération par laquelle
on introduit artificiellement de Tair dans les bronches -, on la pratique
sur le cadavre de différentes manières, soit avaut, soit après avoir
ouvert la cavité thoraciquc, soit lorsque les poumons ont été retirés,
soit lorsqu'ils sont restés à leur place, soit avec un instrument, soit
sans instrument.
Il est très facile, lorsque les poumons ont été retirés de la cavité
thoracique, de pratiquer Tinsufilation en adaptant à la trachée un
appareil et en soufilant un peu ; immédiatement on voit que l'organe
se gonfle, il devient spongieux, il perd la couleur semblable à celle
du foie qu'il avait, et devient vermeille^ rouge écrevisscy mais
sans trace de marbrure. Je n'ai jamais vu que l'însuflSation ait
donné aux poumons une autre couleur que celle-là, et je m'étonne
DOCIMASIE PULMONAIRE. —ÉPREUVE HYDROSTATIQUE. 5t7
que Ton ait tant discuté sur la nuance des poumons qui ont été
soumis à cette opération.
L'expérience réussit moins bien lorsque Ton place le tube du
soufflet dans la bouche, sans avoir disséqué le cadavre, il arrive assez
souvent alors que Tair poussé, au lieu d'entrer dans la trachée,
pénètre en partie dans l'œsophage et l'estomac, on voit immédiate-
ment l'abdomen se gonfler, et quand on fait ensuite l'autopsie, on
aperçoit les intestins et l'estomac ballonnés anormalement par l'air
introduit comme ne pourrait le produire même In putréfaction.
Enfin il est très difficile d'insuffler de l'air dans les voies aériennes
sans le secours d'instrument, soit en se mettant bouche contre
bouche le nez étant fermé, soit en soufflant dans les fosses nasales la
bouche étant tenue close. On a beau exercer une pression sur la
région stomacale, presque toujours l'air passe dans l'œsophage.
Ebftsser, qui a fait avec grand soin de nombreuses expériences à ce
sujet, raconte : c Sur hb expériences d'insufflation essayée sans avoir
i ouvert la cavité pectorale, on a complètement réussi une seule
» fois y on n'a réussi qu'à moitié 3 A fois, et 10 fois on a échoué.
> Cependant ces expériences furent pratiquées avec beaucoup de
> soin et de précaution. » Or, lorsque l'insufflation est pratiquée
pendant la vie, c'est ordinairement à ce procédé, boache à bouche,
que l'on a recours. S'il faut tant de difficultés pour obtenir à peine
Dne insufflation partielle, dans quelles conditions défavorables pour
cette opération ne se trouvent pas les enfants que le médecin légiste
a il expertiser, eux qui d*ordinaire reçoivent le jour en cachette,
sans témoin, et dont on ignore l'existence jusqu'au moment où
l'on trouve leurs cadavres abandonnés? Quelquefois il peut arriver
qu'un médecin ou une sage-femme a donné des soins à l'enfant et
fait des essais d'insufflation, mais c'est excessivement rare ; dans
toute ma longue carrière, je n'en ai rencontré que cinq exemples
qui seront rapportés plus bas (obs. 362 à 366). On a alors ordinai-
rement des renseignements précis à cet égard par les dépositions
du médecin , et en supposant que ces renseignements viennent à
manquer, ne peut-on pas distinguer un poumon contenant de
518 pfq-Tj^iMATptOGIE DES N0UY^U-9ÉS.
Tair qui y a été i|[)troduit par la respiration d'un poumop dam
lequel Tair a été insufflé? Dans certains cas, c'est très [lossibte.
Ce n'est pas lorsque l'enfant a fait quelques inspirations et que l'in-
sufflation a été pratiquée incomplètement, alors c'est réellemenl
tr^s difficile, et je suis de l'avis d'Elsa^r lorsqu'il dil que ni h
voussure du thorax, ni l'extension des poumons, ni la couleur, ni
le poids, ni la crépitation ne peuvent servir de renseignement^
fnais si l'enfant est mort-né^ s'il n'a pas fait une seule inspiraMoOt
et si l'insufflation artificielle a été pratiquée , la couleur rouge
vermeille , l'absence de taches marbrées d'une teinte plus foncée
et nettement circonscrites pourront très bien indiquer qu'il n'y
a pas eu respiration. Il faut ajouter que, lorsque l'air a pénétré par
le fait de la respiration, le poumon contient beaucoup plus de sang,
par cofiséquent en faisant des incisions dans le poumon, si ce dernier
a respiré, il en sortira de l'écume sanguinolente ; s'il a été insufflé,
}\ n'en sortira que quelques gouttes de sang ; quant au bruit de cré-
pitation, il est le même dans les deux cas.
Quelquefois on peut reconnaître qu'il y a eu insufflation par un
autre critérium, c'est lorsque les poumons présentent cet état particu-
lier que nous avons appelé hyperaérie en parlant de la mort par
s^bme^sion. Un certain nombre de vésicules se déchirent, et il se
forme dan le parenchyme de véritables cavités distendues par l'air ;
on voit à la surface des poumons des cloches blanchâtres qui soulè-
vent la plèvre et qui ne sont autre chose que des bulles d'air qui ont
rempli les vésicules pulmonaires. Cette hyperaérie, cet emphysème
artificiel ne se remarquent que lorsque l'insufflation a été assez con
sidérable.
Il est erroné de prétendre que par la pression exercée sur un pou
mon on peut en extraire l'air qui y a été insufflé; car de quelque
manière que l'air ait pénétré dans les vésicules pulmonaires, il est
impossible de l'en faire sortir, même si l'on met une parcelle de pou-
mou sur le sol et si on la comprime avec tout le poids du corps ; le
morceau comprimé mis dans Teau surnagera encore. Il n'y a que lors-
que l'on déchire les vésicules que l'air peut eu sortir, si, au lieu de
DOCIMASIE PULjjlÛKAIBE. — ÉPIiEUV^ HVppOSTATIQUE . 619
press^r snr le sol le fragment de pôumou, on frolle avec le pied; si
après cette opération Ton jette le fragment dans Teau, il gagnera le
fond.
^ résumé, les principaux phénomènes devant lesquels se trouve
le médecin légiste )prsqu'il a affaire à un poumon însufQé sont : Cré-
pitaliat^ sans écume sanguinolenU quand on incise les poufno,ns;
décj^irurii d'un certain nombre (fe vésicules avec hyper air ie ; çou-
leur rouge vermeille sans taches marbrées^ quelquefois aussi de
Vair introduit par mégarde dans l'estomac et les intestins,
2° emphysème pulmonaire des nouveau-nés. — Nous venons
de voir plps haut qup l'invention, et non la découverte de Ploiicquet,
est sans aucune valeur, il en est de même de ce que Ton a dit du soi-
disant emphysème pulmonaire congénital des nouveau-ni^s, affection
qui rendrait la dociroasie très incertaine, puisqu'elle permettrait à des
poumons qui n'ont pas respiré de pouvoir nager sur l'eau. Des ob-
servateurs distingués ont déjà exprimé des doutes sur la valeur de
culte objection, et pourtant on la trouve encore mentionnée dans tous
les écrits des médecins légistes. Il y a déjà longtemps (1) que j'ai
posé cette question : t Qui a jamais vu un enfant venant au monde
avec un emphysème pulmonaire? >
Est-ce Chaussier? Ce dernier raconte avoir vu des enfants mort-nés
qui étaient sortis de l'utérus par les pieds après une version difficile,
et dont certaines parcelles du poumon ne gagnaient pas le fond de
l'eau par suite de la présence de l'air qu'elles contenaient. Ce|a vient,
dit-il, de ce qu'il a eu une contusion faite au poumon pendant l'ei-
traction difficile de l'enfant par les pieds, cette contusion a produit
un épanchement sanguin dans le tissu pulmonaire et par suite de la
décomposition de ce sang, il s'est formé un corps gazeux. Or, quel
rapport peuvent avoir de tels exemples avec les cas qui se présentent
en noédecine légale ? Chaussier ne parle que d'accouchements très
difficile nécessitant l'assistance d'une personne de l'art, tandis que
les enfants que l'expert a à examiner sont mis au monde en ca-
chette, les accouchements ont eu lieu vite, les mères sont seules.
(1) GprkM. leèchmoffnungen, 1, p. 98, 3« édit.
520 BIO-THANATOLOGIE DES IfOUYEAU-llÉS.
Henke parle de n trois observations > ; noas avons déjà ea occa-
sion de faire justice de la manière dont cet aalear sait bâtir des
théories. Le seul cas qu'il cite en détail est celui de W. Schmidt. Si
on Ut ce cas, on voit que c'est une fille qui a respiré pendant vingt-
quatre heures après sa naissance ! Cette enfant vint à ternie chétive
et après un accouchement laborieux, c elle mourut vingt-quatre heures
après sa naissance sans avoir crié > (sic!). Les poumons, encore finis
quand on fit Tautopsie, nagèrent avec et sans le cœur; au lobe
moyen du poumon droit on vit des cavités remplies d'air. L'enbnt
était née le 2 mai, ainsi au printemps; on ne dit pas combien de
temps s'écoula entre le moment où elle moufut et celui où l'on prati-
qua l'autopsie ; puis Henke cite, non pas une observation, mais une
opinion d'Alberti,et enfin il s'appuie sur les commentaires d' Edim-
bourg ^ et parle d'un cas qui ne s'y trouve pas.
Les observations de Meyn et de Michaelis sont plus importantes, ce
sont elles qui servirent de base au mémoire de Hauch (De Vempky-
sème pulmonaire des nouveau-nés^ Hambourg, 18A1). Dans le cas
de Meyn, les poumons avaient absolument l'aspect des poumons du
fœtus, et cependant, mis dans l'eau, ils nagèrent ; à leur surface
extérieure, se trouvaient de petites bulles blanchâtres qui s'effaçaient
quand on les pressait, ces bulles étaient produites par un soulève-
ment du tissu cellulaire qui réunit la substance pulmonaire à la
plèvre. Il est évident que ces bulles provenaient de la putréfaction ;
en effet, Taulopsie ne fut faite qu*après dix jours; pendant un cer«
tain temps le cadavrt) avait séjourné dans un lit de plume, puis dans
Teau, enfin dans un local fermé. La température était chaude
(25 mars). Il devait donc y ttso'ir putréfaction avancée.
Dans le cas de Michaelis, c*était une fille mise au monde en ca-
chette et née avant terme, qui, d'après le dire de la fille-mère (quel
témoignage!), était mort-née et ne sortit de l'utérus qu'avec Tassis-
tance delà main même Je la mère, c Le poumon gauche parvenait à
peine jusqu'à la pointe du cœur, le poumon droit atteignait la surface
antérieure du cœur ; les deux poumons étaient très rouges, on y voyait
de nombreuses taches rouges, surtout à la surface postérieure (nous
DOCIMASIE PULMONAIRE. — éPRBUVE HYDROSTATIQUE. 521
ne disons rien du poids, car il ne poorrait rien prouver), ils nageaient
avec le cœur et le thymus; quand on les incisait, on remarquait de la
crépitation, et il en sortait une écume fine; les plus petits fragments
des deux poumons surnageaient franchement, tous les organes de la
poitrine contenaient une grande quantité de snng. > Et c*est cette
obsenration qu'on nous cite comme exemple d'emphysème congénital
des nouToau-nés ! II n'y a pas le moindre doute à avoir sur la vie
extra-utérine de cet enfant, il a certainement respiré et assez long-
temps, quoi qu'en dise la mère.
Mauch cite encore un cas comme preuve de cet emphysème qui
n'est pas plus concluant que les autres. Dans un accouchement très
grave ayant duré quatre jours, on se décida à pratiquer la céphalo-
tripsie ; le cadavre de l'enfant fut disséqué, t le cordon entourait le
cou, le bras était détnché du corps, les os du crâne étaient tous frac-
turés j». En voilà assez pour prouver que l'accouchement n'a pas eu
lien sans l'assistance d'un tiers; ce n'est pâs un accouchement clan-
destin, ce n'est donc pas un cas de médecine légale dans lequel on ait
intérêt è constater si l'enfant a vécu ; n'importe, examinons les résul-
tats de l'autopsie : t Les poumons avaient une couleur bleufttre (on
ne dit pas s'il y avait des taches marbrées); ils présentaient des bulles
d'air sur les bords (on ne dit pas de quelle nature étaient ces bulles);
les poumons avaient l'aspect de ceux qui ont respiré, une portion de
l'organe surnageait dans l'eau, et comprimée sous l'eau, laissait
monter à la surface des bulles d'air et du sang; quand on laissait ces
parcelles de poumon un certain temps abandonnées dans l'eau, elles
finissaient par gagner le fond. » Celte dernière circonstance doit faire
douter de l'exactitude de tonte l'observation, cnr jamais une portion
de poumon surnageant dans l'eau ne gagnera le fond c au bout d'un
certain temps >. L'observateur ajoute que le cœur était également
emphysémateux et nageait seul dans l'eau. D'un autre côté, on ne
dit rien de l'état général du cadavre relativement i son degré de
putréfaction, on ne sait pas combien de temps après !a mort l'au-
topsie a été pratiquée, on ne sait pas si, pendant l'opération très
grave qui a été pratiquée, une cMe D'est pas venue blesser le pou*
522 9iO«TIUN4TQLfH}il( DES «PUVJS4P-9éS*
OHHà, et si l'on n'avait pas affiiire là à un emphysème traumitique.
Cette observation enfin n'est pas asses précise pour être prise eu
Gonsidéralion.
Nous conduons de tout ce qui précède :
/{ n'y a pas encore dan$ la science i'ewempU auihentiqut
d'fmphysime congénital se développunt sponiqf^ment 4an$ lt9
pimmons d'un fœtus ; donc qn ne doit jqmais dans la prqtiqm
médico^égale attribuer à cette affection la sumatation des pou-
mons.
i"" Putréfaction des poumons. — La troisième objection qpe l*oa
bit à la docimasie hydrostatique est • ce]|^-ci : Les poumons d*un
fœtus peuvent nager lorsque, par suite de la putréfaction, il s*esl
dégagé des gaz dans Tintérieur de l'organe, et alors celte sumata-
lion est à tort mise sur le compte d'une vie après la naissance.
Cette objection n'a que les apparences de la vérité, car il est iadle
de voir lorsqu'un poumon contenant asses de gas pour nager doit
cette faculté à de l'air qui a été respiré ou à un gaz produit par la
putréfaction. D'abord il est certain, nous en avons bien souvent en
la preuve, que les poumons sont parmi les organes qui se putréfient
les derniers (voy. page &2)« Il y a, il est vrai, des exceptions, mais
elles sont très rares. Il s'ensuit que, lorsque les poumons d'un
cadavre encore frais nagent sur l'eau, on n'a pas à tenir compte de
la putréfaction de cet organe.
Il y a, en outre, à considérer l'aspect du poumon putréfié sur lequel
je me suis étendu dans la partie générale de ce volume. Il n'y a pas
différence dans le phénomène de la putréfaction lorsque l'enfant est
mort-né ou lorsqu'il a vécu; on voit dans tous les cas des bulles d'air
sous-pleurales de la dimension d'un grain de millet, quelquefois d'un
haricot, qui sont isolées ou groupées à la surface du poumon, sur-
tout à la base. Ces bulles sont un signe presque certain qu'il y a eu
commencement de putréfaction ; l'insufflation énergique peut bien
en produire quelquefois d'analogues ; mais, comme nous venons de le
démontrer plus haut, il n'y a pas ordinairement à tenir compte, en
pratique médico-légale, de la |K>ssibilité d'une insufflation. Quand la
DOCIMASIE PULMONAIRE. - ÉPREUVE UYpfU)SJATlQUE. 523
première période de la pulréfi^ctioD est passée, il a'y a plus dapger
d'erreur, lorsque l'organe perd le brillant de son enduit séreux, lors-
qu'il devient gris, noirâtre, boueux, infect. Dans ce dernier cas
cepeiidaat, la docimasie hydrostatique peut être d'uii certain
secours, si, par exemple, des poumons d'un cadavre d'enfant déjà
vert gagnent le fond de l'eau, comme je l'ai vu quelquefois ( voy.
oba. 337 à 3^2). Il m'est arrivé de proGter de cette preuve néga-
tive, et dans des cas où le cadavre était putréfié, j'ai pu nier la posr
sjbilité de la vie de l'enfant ; il se trouve même parmi mes observa-
tions deux cas (3Â0 et 3dl) dans lesquels le cœur et le foie étaient si
putréfiés qu'ils surnageaient, tandis que les poumons gagnaient le
fond de l'eau.
Une autre question relative à la surnatation des poumons putréfiés
peut encore se présenter, c'est celle-ci : des poumons surnageaqt à
cause de leur putréfaction peuvent-ils, s ils sont laissés dans l'eau,
perdre au bout d'un certain temps leur pouvoir de surnager, et
gagner le fond du vase?
M. Mascbka (1) a fait à ce sujet des expériences décisives. Je suis
h même de confirmer les assertions de cet observateur distingué. Si
par des piqûres on détrpit toutes les bulles de gaz sous- pleurales,
alors les poumons qui auparavant surnageaient, s'enfoncent vers le
fond de l'eau : cette opération est difficile à pratiquer lorsque ces
bulles soi^t très nombreuses ; lorsqu'elle réussit à amener l'immer-
sion des poumons, on a la preuve que la surnatation antérieure
n'était due qu'à la putréfaction et que l'enfant n'a pas respiré. Quant
aux poumons putréfiés laissés sur l'eau pendant plusieurs semaines
ou plusieurs mois, ils finissentpar gagner le fond, comme il est facile
de le comprendre, car l'organe se dissout, les bulles de gaz for-
mées par les liquides se frayent un passage, et l'on a pour résultat une
masse lourde, pullacée, divisée en plusieurs fragments C'est ce même
phénomène qui se présente dans le cadavre de l'enfant, excepté la
division en fragments, par suite des progrès de la putréfaction. Vais
(I) Prager Vierteljahrsschrifî, 1857, I, §9-
52& BlO-THAMàTOLOGlE DES IfOUVBâU^lliS.
* celte expérience ne peut avoir qa'on intérêt théorique, car elle B*esl
d*aiicone utilité dans la pratique médico-légale.
h"" immersion des poumons malgré la respiration. — On i
prétendu que des poumons ayant respiré peuvent gagner le fond le
l'eau dans certaines circonstances, par exemple, lorsqu'ils sont
dans un état d'atélectasie, d*hypérémie, d'hépatisati jn ou de lBb«-
culisation. Nous avons déjà parlé en détails de ces états patholo*
giques(page 508).
Il y a plusieurs années j'ai ouvert le cadavre d'un enfant qui
avait vécu huit jours, et dont cependant loutes les parcdies des
poumons gagnaient le fond de l'eau ; ils présentaient la couleur et
la consistance de ceux dès enfants qui n'ont pas respiré. D'après
les renseignements recueillis sur la maladie et d'après ce que nous
vtmes lorsque nous incisâmes le tissu pulmonaire, il fut facile de
reconnaître qu'il y avait eu hépatisalion rouge. Unautre enfant ayant
vécu deux jours et qui était venu au monde avec un peropbigus,
mourut d'une pneumonie unilatérale. Le poumon gauche, d'un rose
bleuâtre, nageait complètement sur l'eau, le poumon droit hépa-
lisé et rougefttre gagnait le fond. J'ai déjà communiqué (obs. SAS)
l'exemple d'un enfant mort asphyxié, dont un des poumons hypéré-
mique gagnait le fond de l'eau, tandis que l'autre surnageait. Je
rapporterai plus bas d'autres cas analogues (obs. 353 à 361). J'ai
observé encore un cas très intéressant: c'était une fille, née à
huit mois, d'une mère syphilitique ; l'enfant était chétive et avait
un pemphigus aux membres inférieurs; les poumons étaient d'nn
rose bleuâtre avec des marbrures claires, et étaient parsemés de
tubercules jaunâtres dont quelques-uns avaient acquis la dimension
d'une petite noix ; en pressant les poumons avec les doigts on sentait
une certaine densité et de la crépitation. Avec le cœur, ils gagnaient
le fond de l'eau ; néanmoins, vu les marbrures, nous pensions bien
que l'enfant avait respiré. Séparé du cœur, le poumon gauche gagna
encore le fond, tandis que le poumon droit resta dans une des
couches supérieures du liquide; les petits lambeaux que l'on forma
en coupant les deux poumons giignèrent en grande majorité le fond
DOCIMASIE PULMONAIRE. — INCISIONS UANS LES POUMONS. 525
du vase ; mais quelques-uns restèrent à la surface ; il me paraissait
donc très probable que l'enfant avait vécu peu de temps, à peu près
qninie minutes.
Que prouvent ces observations? Qu'il faut tenir compte de l'état
pathologique du poumon ; qu'il faut toujours ajouter à la docimasie
hydrostatique les autres épreuves de couleur, de consistance, de
contenu des poumons, de voussure du thorax, de hauteur du dia-
phragme. Il n'en est pas moins vrai que l'épreuve hydrostatique est la
plus importante et ne doit rien perdre de son crédit précieux.
/. IMCISIOMS DAMS Lk SUBSTANCE DES POUMONS.
Une [erreur assez répandue est celle qui consiste à croire que les
poumons du fœlus ne contiennent pas de sang; c'est faux, car cet
organe est nourri comme tous les autres par des artères qui lui ap-
portent le principe de l'assimilation ; mais sitôt que la respiration
omunence, que la petite circulation s'établit, une nouvelle et bien
plus grande quantité de sang afiSue dans l'organe, et cette augmen-
tation est facilement appréciable. Malheureusement, il manque è
Teipert qui a un cadavre de nouveau-né à disséquer, un des termes
de la comparaison : la quantité de sang avant la naissance. Cette aug-
mentation dans la quantité de sang contenu dans le poumon en-
traîne l'augmentation de poids, et nous avons démontré qu'il n'y
afiit pas de moyenne que l'on pût admettre comme base de la mesure.
Le seul moyen de reconnaître cette plus grande richesse du sang,
c'est de faire des incisions dans le tissu et de presser, alors on en-
tend un bruit de crépitation produit par la combinaison du gaz ren-
gainé dans les vésicules et de l'air ambiant, et l'on voit sortir une
écume sanguinolente plus ou moins foncée. Quand les poumons
n*ont pas respiré, il faut une pression assez énergique pour voir ap-
paraître un peu de sang dans le tissu incisé, tandis que des poumons
qui ont respiré laissent écouler presque spontanément le sang. C'est
surioul rétat écumeux du sang et la çr^iiationqui sont des indices de
vie, car ils manquent à l'état fœtal.
526 BIO THANATOLOGIE DES N0UTBAU*1IÉS.
Une antre épreuve assez importante est celle qui consiste à inciser
lé poumon sous l'èau et à le presser fortement ; s'il a resfHré, on «
voit sortir une certaine quantité de bulles d*air qui gagnent M suriace
du liquide. Jamais les poumons d'un fœtus ne présenteront ce pli-
nomëne. Il faut cependant ajouter que les poumons insufflés, ainsi
que ceux qui sont putréfiés, laisseront entendre le même broit de
crépitation et laisseront monter à la surface de l'eau les mènes
butles d'air ; mais alors la quantité du sang contenu dans lé poumon
sera le signe de ralliement, car vX l'insufflation ni la putréfaction ne
produisent une augmentation à cet égard ; par conséquent, il n'y aura
jamais, dans aucun des deux cas, de IVctime $anguinolenie.
Nous devons faire cependant observer qu'un poumon qui a certai-
nement respiré peut ne plus offrir de sang ni d'écome sanguinolente,
soit parce que la putréfaction a fait évaporer les liquides du cadavre,
soit parce que le sujet est mort d'faémorrhagie ; alof s il faut avoir
recours aux autres signes de la respiration.
Nous concluons de tout ce qui précède que, torsqu'entneiêani les
poumons et en exerçant sur eux Une légère pressiôhj on en toit
sortir une assez grande quantité d^écume sanguinolente^ il y a
grande probabilité qu'il y a eu respiration.
§ 4. — Hoyau d'ossification de IVztrêmité inférieure du Cémur.
Le règlement prussien ne demande plus Tetamen de certains phé-
nomènes qui autrefois élail exigé, par exemple : l'état des vaisseaux
du fœtus, le contenu de la vessie et dû rectum; mais il prescrit de
mesurer le noyau d'ossification de Textrémilé inférieure du fémur.
Nous en avons déjà parlé en détail page 488, lorsque nous nous
sommes étendu sur les signes de la maturité. Les dimensions de ce
noyau ont de Timportance pour la détermination de la vie extra-
utérine. Comme nous l'avons dit plus haut , il y a probabilifé
qu'un enfant a vécu après sa naissance quand le point d'os-
sification a plus de 6 millimètres de diaMèlre, Les exceptions
à cette règle sont très rares ; cependant ajoutons que la réciproque
DÉPÔT d'acide URIQUE DANS LES REINS DES NOOTEAU-NÉS. 527
de celte règle n*est pas vraie ; qae quelquefois un enfant est reconnu
par les épreuves de la docîmasie coitime ayani vécu, sans présenter
cette dimension du nojau d'ossification.
$ 5. — MpM d'aeîde atli|ae dam les tvbef àrinlAref .
Cless est le premier en Allemagne qui ait attiré Tattention sur les
dépôts d*acide urique ou d'urates, qui se forment dans les reins des
noufeau-nés. Voici comment on peut observer ce phénomène : on
coupe l'organe verticalement en deux moitiés, c'est-à-dire dans le
sens de sa longueur, puis on écarte les deux parties ; on voit à l'œil
no ces dépôts sous forme de stries d'un rouge jaune clair. J'ai fait
dessiner et colorier dans l'atlas qui est joint à cet ouvrage, des reins
présentant ce phénomène. Si l'on craint de confondre ces stries avec
des dépôts graisseux, il suffira du microscope ou même d'une
ioQpe pour faire disparaître tous les doutes. Mas observations per-
tonnelles, jointes à celles de MM. Schlossberger, Virchow, BIsâsser,
Bigel, Martin, Hoogeweg, Hodann, ont prouvé que ce phénomène
était désormais, acquise la science. M. Schlossberger (1) a affirmé
qiie ees dépôts ne se rencontrent jamais que dans le cas où les
eafants ont respiré : ce serait donc un renseignement précieux
pour le médecin légiste. Cette opinion est partagée par Virchow (2)
et Elsâsser (3) ; mais Martin (A) et Weber (5) sont d'un avis con-
traire ; Hoogeweg (6) et Hodann (7) ne pensent ni comme les pre-
miers, ni comme les seconds ; ils prétendent seulement que ce phé-
nomène ne peut que servir de renseignement, offrir une plus ou
moins grande probabilité pour la vie de l'enfant et se joindre ainsi
aux épreuves de la docîmasie pulmonaire.
(1) Archiv fur phynol. Heikunde, 1850, IX, p. 547.
(2) Verhandlungender GeseUschàft fUr G elmrtshiUfe in Berlin, IS47, H, p. 70.
(S) Loe, cit. p. 77 .
{4)Jenaische Annalen fiir Phys. und Ued. 1850, p. 126.
(5) Beit, zup<Uhol. Anat. der yeugebornen, Ktel, 1854.
(6) Voyez ma Vierteljahrsschrifiy Vil, 1» p. 33.
(7) JahresbericfU dcr scfilesisclien Gesèllschafc fur voUerl. CuUUir, 1854. Breslau.
528 BIO-THANATOLOOIE DKS NOUV£AU-KÉS.
On n'est pas non plus d*accord sur la question de savoir si c'est un
phénomène physiologique ou pathologique. Enfel (1), Virchow, Mar-
tin et Hodann opinent dans le premier sens, et en trouvent la raison
dans les grandes révolutions de la vie végétative de Fenfant. Hec-
kel (2), Faber (3) ne voient là qu'un phénomène pathologique;
enfin, Schlossberger reste indécis entre ces deux manières de voir.
De tout ce qui précède, il ressort clairement que la question n'est
pas résolue, et l'on peut conclure que la présence ou rabsenee de
défais d'urates dans les tubes urinifêres ne peut faire admettre ni
rejeter la possibilité de la vie d'un enfant après sa naissance.
Weber dit {h) avoir trouvé dans quelques cas rares des traces de
graveSIe dans les tubes urinifêres d'enfants morts pendant l'accou-
chement. Lebmann (5) trouva aussi dans la vessie d'un enfant mort*
né de nombreuses traces de gravelle, puis, s'étant livré à des re-
cherches microscopiques j il trouva, dans un certain nombre de cas,
des granulations foncées et brillantes situées dans les tubes urini-
fêres. Schwartz (6) raconte deux observations d'accouchement dans
lesquels les enfants furent extraits avec le forceps et naquirent avec
de faibles mouvements du cœur et moururent bientôt après. L'un des
enfants avait des traces de gravelle dans le bassinet des reins ; le
second avait des dépositions d'acide urique ayant une coloration
rosâtre.
H. Schuize (7) a rapporté le cas suivant :
Un enfant provenant d'un accouchement ayant duré trois jours ne
présenta, en arrivant au monde, aucune trace de respiration;
le rein droit présentait dans quelques-unes de ses pyramides des
dépôts d'acide urique. Un cas analogue concernant un mort-né fut
rapporté en 1858. J'ai pu examiner moi-même ces deux reins.
(i) CEsterr. medic^ Wochsnschr. 1842.
(2) Annalen des Charité- Krankenhautes, IV, 2. Berlin, 1853.
(3) Anleitufig 2ur gericht, Vniers. neugeb, Kinder Siuttgard, 1855, p. 145.
(4) Loc, cit.
(5) Neederlandsche WeekblaU. 1853.
(6) Die voneitigcn Athembew, liCipzig, 1857, p. 57.
(7) Deutsche KUnik, 1858.
ÉTAT DU <:ORlH)f« OMBILICAL. 620
insiy comine nous l*avons dit, pour le médecin légiste ce phéno-
hmt est MD8 importance, nous laissons aux physiologistes et aux
Ahologistes le soin d*en préciser la cause et la nature.
!• -— l&ttftM au oordoik | aaréole de démareaiion | momification | ehate.
Nous avons parlé page i73 des renseignements que pouvait offrir
cordon pour ce qui regarde Tàge du fœtus, nous allons ici étudier
tels sont ces changements avant et après la respiration. Il faut
ibord se rappeler que. quand le cadavre d'un nouveau-né est
lis, il existe sur l'abdomen, tout autour de l'insertion du cordon,
10 auréole rougeâtre qui n'est pas produite par le commencement
i travail de détachement de l'organe, par conséquent qui n'est pas
I symptAme de vie extra-utérine. Celte auréole se forme déjà dans
itéms, el on la remarque aussi bien sur le corps des enfants mort-
io que sur celui de ceux qui ont vécu. La putréfaction efface
m vite cette coloration, soit en donnant à tout l'abdomen la cou-
■rverdâtre que l'on connaît, soit en provoquant le décollement do
fidorme.
Un phénomène plus important est celui qui indique le travail de
itachement du cordon, c'est une preuve certaine de la vie extra--
'érine. Il se forme à la base de l'organe un anneau d'une largeur de
naillimètres environ qui se gonfle, s'enflamme et offre une légère
crétion purulente à l'endroit où l'anneau se continue; cela se pré-
Dio ordinairement vers le troisième jour de la vie ; quelquefois la
pporation continue de huit à dix jours ; ce signe est également
heé par la putréfaction.
Vers la fin du second jour de la vie extra-utérine, le cordon eom-
mce à se momifier. Cette momification a lieu de l'extrémité vers la
80 ; cette dernière est atteinte du quatrième au cinquième jour,
lolques auteurs ont considéré cette dessiccation comme un acte
Iri (Billard, Hervieux) ; rien n'est plus erroné, comme l'ont prouvé
i expériences de MM. Gunz, Elsisser, Meckel et les miennes. Il
fit, en effet, de couper le cordon ombilical d'un enfant mort-né| de
Cûro sécher à l'air, tantôt à l'ombre dans un endroit sec, tantôt au
H. 34
580 BIO-THANATOUmiB DBS NOUVBâU-MÉà.
soleil; il est nécessaire que le cordon reste deux fois plus de temps
l'ombre qu'au soleil, à peu pris quatreàsii jours au soleil el huilé dsoii
jours à Tombre; on a alors un cordon momifié présentant abaolooMit
le même aspect qu*un cordon qui est tombé naturellement du corps
d'un enfant bien portant ; on a la même surface aplatie, la même
tendance à se contourner^ la même colomtidn d'un gris noirâtre ttec
transparence des petits taisseaux rougefttres, la même eonsistanca'
parcheminée, eiifin, les mêmes changements produits par le séjoar
dans l'eau.
Un cordon ombilical momifié qui est laissé pendant une haon
dans l'eau, se gonfle un peu, devient flexible et prend une colo*
ration d'un gris blanchâtre; il ne faudrait cependant pas croire qa'ea
le laissant plus longtemps dans l'eau, il puisse reprendre son état
primitif; il conserve toujours un certain degré de consistance parche*
minée. Cette circonstance peut être utile lorsque l'expert se trouve en
présence d'un enfant qui a été trouvé dans l'eau. Gomme jamais la
desiiocation de l'organe ne peut se produire dans un liquide, toutn
les fois que ce cordon est parcheminé, on peut en conclare qse
l'enfant était déjà mort depuis plusieurs jours lorsqu'il a été jeté dans
le liquide.
Le cordon ombilical ne se momifie pas non plus dans rem
de l'amnios, et jamais un fœtus qui s'est putréfié dans l'utérus, ne
présente la dessiccation de cet organe. Cette remarque peut être
également importante, car si une autopsie démontre qu'un enfant
est mort-né et que le cordon présente un certain degré de momifica-
tion, on peut, abstraction faite du degré de putréfaction générale du
corps de Tenfant) déterminer approximativement depuis combien de
temps l'enfant a quitté Tutérus, par conséquent quel jour il a pu
naître.
De tout ce qui précède, on peut conclure que {a momification
du cordon ombilical e$t un phénomène de putréfaction cùdavi*
rique ayant lieu à l'air ^ et qui ne peut en aucune façon offrir des
indices en faveur de la vie extra^-utérine d'un enfant.
Il en est tout autrement de la chute du cordout Celle*ci nes^opèra
EXPULSION DU MÉGONIUM ET DE L*URIlfE. 531
que du quatrième au sixième jour après la naissance. Ajoutons qu*il
M impossible de confondre la cicatrice qui résulte de la chute
Mtvfelle Mvec celle qui est produite par Farrachemenl de l'organe*
§ 7. — État des voies eirculatoirei fœtales.
Le règlement prussien n'exige pas des médecins légistes l'examen
des votes circulatoires du fœtus comme critérium de la respiration ;
c'est avec la plus grande raison, car ces voies circulatoires ne dis-
paraissent que longtemps après la naissance ; le trou oval ne se
ferme qu'à l'âge de deux ou trois mois. Les artères ombilicales sont,
parmi les voies circulatoires du fœtus, celles qui se ferment le plus
rite. De huit à dix heures après la naissance, elles commencent déjà
ï se rétrécir ; mais l'oblitération complète n'a pas lieu avant cinq à
six jours; celle de la veine ombilicale est encore plus tardive. Le
conduit veineux du fœtus ne se ferme qu'après un ou deux mois. Il
est donc impossible de tenir compte de Tétat de ces organes.
{8. — Sxpaliion dti méeoniiiit» et de Purine.
Autrefois on pensait que l'expulsion du contenu du rectum et de
ta vessie était un acte vital ; aussi avait>on l'habitude de rechercher
d eelte fonction avait été exécutée par l'enfant après sa naissance.
\S seul Aiit de la présence du méconium dans l'eau de l'amnios
Nrfll déjà pour montrer que la respiration n'est pour rien dans cet
lete ; d'uD autre côté, devant un enfant ayant la vessie pleine et le
^êelam vide, ou réciproquement, que pourrait-on dire? Il est éton-
lant que pendant si longtemps de pareilles théories aient encours
lans la science, tandis i|ue la première sage- femme sait que l'enfant
ïê lâche pas toujours son iinge aussitôt après sa naissance. D'un
lotre côté, le maniement du corps de l'enfant pour l'essuyer et l'ha-
lUtor, peut, par suite d'une pression sur l'abdomen^ produire une
npiHsioti de l'urine par cause mécanique, et alors la respiration
mil encore n'y être pour rien.
Ainsi) de même que pour le chapitre précédent, nous dirons que
632 BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS
cette fonction n*a aucune importance et ne peut servir d'aoaui
secours dans la détermination de la vie après la naissance. Il ne faol
cependant pas négliger de toujours examiner le rectum el la vessie,
car il peut s'y trouver d'autres résultats intéressants.
$ 9. — Soehymoies.
Les anciens auteurs considéraient la présence d'ecchymoses sur
un point quelconque du cadavre, comme un signe très important de
la vie après la naissance ; les auteurs modernes n'ont pas changé
sensiblement d'avis à cet égard, et ont soutenu que des ecchymoses
trouvées sur le corps d'un enfant sont non-aeulement une preuve de
vie après la naissance, mais encore une preuve de violence extérieure
exercée sur l'enfant.
Or, il est complètement faux de tirer deux pareilles conclusions
de la présence de ce phénomène. On trouve, en effet , souvent èm
n tète d'enfants putréfiés dans la matrice, et qui, par consé —
quent, n'ont certainement pas respiré, des taches plas ou moins
grandes , de véritables épanchements sanguins avec destruction
des parois des vaisseaux par la putréfaction ; la déchirure des vais-
seaux avec épanchement peut également être produite par l'acte de
l'accouchement, surtout au-dessous des téguments de la tête. U peut
en effet se former à la région occipitale une tumeur qui n'est pas for-
mée par un simple œdème, mais par de véritables ecchymoses ; cela
se présente très souvent; la tumeur a l'aspect de gélatine sanguino-
lente et est située dans le tissu cellulaire ; d'autres fois, plus rare-
ment, au-dessous de l'aponévrose épicrânienne. On trouvera plus loin
une description plus détaillée de ce phénomène.
On ne saurait trop recommander aux experts de ne pas prendre
ces ecchymoses pour des traces de violence exercées sur l'enfant ou
pour des indices d*une chute pendant l'accouchement.
Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit plus haut, de la
possibilité de la coagulation du sang après la mort (page 18). Qui-
conque a vu des cadavres d'enfants mort-nés ne doute pas qu'il puisse
y avoir de ces coagulations. Nous devons encore mentionner les
CONCLUSION. 5S3
ecchymoses produites par l'étranglement du cou par le cordon même
lorsque reofanl est mort-né, ainsi que les ecchymoses sous- pleurales
et sou8-péricardiales des enrants qui sont également indubitable-
ment mort- nés.
Donc, nous pouvons conclure que ni la présence des ecchymoses
ni celle du sang coagulé ne peuvent prouver qu'un enfant a res-
piré.
$ 10. — Ck>ne1atiooa
On peut admettre qu'un enfant a vécu, c'est- â-dire qu'il a respiré
pendant ou après sa naissance lorsqu'il présente les phénomènes
solvants :
1® Le diaphragme situé entre la cinquième et la sixième côte ;
2® Les poumons remplissant à peu près la cavité pectorale;
3* Les poumons tachés de marbrures bien circonscrites ;
A* Les poumons surnageant dans l'eau ;
if* De l'écume sanguinolente s'échappant de cet organe lorsque,
après l'avoir incisé, on exerce sur lui une légère pression.
Ces principaux phénomènes importants peuvent être complétés par
d'autres, tels que l'état de l'ombilic, le diamètre du noyau d'ossifl-
eation, surtout lorsque, soit le genre de mort, soit la putréfaction
ne permet pas de constater la présence des principaux phénomènes
que nous venons d'énoncer.
5 11. — Oireonstances dam lesquelles îl est iculile de rechercher
si l'enfant a respiré.
Avant de se poser cette question : l'enfant a-t-il vécu? il est né-
cessaire de se demander : l'enfant était-il viable? Il est évident que
ce second problème domine le premier. Voici les circonstances dans
lesquelles il est inutile d'aller chercher des indires de respiration :
4* Lorsque le fœtus n'a pas atteint cent quatre-vingt jours ou
lorsque, le fœtus étant un monstre, la vie était impossible ;
2* Lorsque l'enfant a déjà perdu son cordon ombilical et que le
nombril est cicatrisé ;
S* Lorsque par l'ouverture de l'abdomen on acquiert la preuve
blh BIO-THANATOLOGIE DiiS NOUVEAU-NÉS.
évidente de la vie après la naissance, par exemple, lorsque Voq
trouve les traces d'une digestion régulièrement accomplie. De pa-
reils cas se présentent rarement au médecin légiste, excepté lors-
qu'un enfant, qui a été nourri pendant deux ou trois jours, vient à
mourir, et que les parents le jettent pour éviter les frais d'un enter-
rement.
A" Lorsque l'état du cadavre démontre jusqu'à l'évidence qu'il
était déjà putréfié dans la matrice de sa mère. Il est impossible de
ne pas reconnaître tout de suite un enfant qui est resté putréfié dans
la matrice. Ce n'est pas, comme d'habitude, le gonflement des par-
ties molles, le détachement de l'épiderme, la couleur verdâtre,
l'odeur infecte que l'on rencontre sur ces cadavres. D se produit par
la macération dans l'eau de l'amnios, une putréfaction toute par-
ticulière impossible à méconnaître. D'abord, l'odeur eihalée par
le cadavre a quelque chose de doux, de fade, de pénétrant, qui
est bien plus désagréable que celle des autres cadavres pntréfiés.
La couleur est également très différente ; elle n'est pas verte, elle
est rouge cuivre ; il y a toujours des excoriations qui ont plus oo
moins la couleur des muscles; ces excoriations, selon qu'elles
sont plus ou moins récentes, sont plus ou moins rouges et présen*
tent un fond plus ou moins dur; elles sont en général humides,
huileuses, et laissent suinter un liquide infect, aqueux et un peu san-
guinolent. Le cadavre a aussi une forme remarquable; il n'est plus
terminé par des contours arrondis ; il devient aplati et s'élai^t ;
l'abdomen et le thorax perdent leur voussure ; Taplatissement d'avant
en arrière donne aux parties latérales la forme elliptique ; la tête,
dont les os sont devenus mous et mobiles, s'aplatit également ; les
joues sont reléguées aux parties latérales ; le nez est enfoncé.
L'état d'un enfant qui est resté putréfié dans la matrice est difficile
à décrire d'une manière précise. Cependant ce que nous venons
d'en dire prouve assez qu'il y a là une putréfaction particulière. Il
est inutile d'ajouter que, lorsque l'expert verra un cadavre dans cet
état, il pourra se dispenser d'avoir recours à la docimasie et affirmer
que l'enfant n'a pas vécu.
COM^lVIf DB TEMPS UN ENFÀMT A-T*II« V^GU ? 5ft5
S i2* — Ooaibieo de temps un eofiiiit ••l-il wéûuf Hepui* çombiep
de temps est-il mort?
Ces deux questions sont toujours posées par le juge d'instruction
pour compléter le prucès-verbal de Tautopsie. Lorsque l'expert a
déclaré que Tenfant a vécu, on comprendra facilement combien les
réponses à ces deux questions Font utiles à la justice. La première
lert à déterminer s*il y a eu infanticide, c'est-à-dire meurtre com-
nÎB c pendant ou immédiatement après la naissance » ; la seconde
ilétenninant l'époque de l'accouchement peut être d'une grande uti-
lité pour retrouver la mère.
Les réponses à faire ne peuvent être soumises à des règles géné-
rales. Ici, il faut considérer toutes les particularités du cas spécial.
Si un enfant est bien portant, robuste , s'il a respiré sans obstacle,
il est difficile dédire s'il a vécu une demi-beure ou une heure, ou
même cinq heures. S'il s'agit d'une vie ayant duré deux ou trois
jours, nous en avons déjà parlé (page i70), en établissant les phé-
nomènes présentés par l'enfant «nouveau-né ».
Quant à la seconde question, elle se résout pour les enfants,
comme pour les adultes, d'après les degrés de la putréfaction. Il est
léceasaire desavoir où le cadavre a été trouvé, depuis combien de
tempi on l'a trouvé et où il a séjourné depuis ce moment. Quand,
outre ces renseignements, on tient compte de la température am-
biante, du genre de mort, on peut trouver une réponse assez ap-
[iroximative.
taa. 387 à 352. — Docimask pratiquée sur da cadavret dont la putréfaction
était déjà avancée.
Oas. 337. — Le cadavre d'un enfant nous fui présenlé à l'aulopsie. Il était né
i tenne, très putréfié ; la peau était couleur verdâtre, il avait été trouvé dans
l'aaa ; tout les organe», par conséquent les poumons aussi, étaient remplis de vési-
eales produites par l'évaporation des liquides sous l'action de la putréfaction ; les
poumons étaient brun foncé, compactes, ils n'offraient pas d'écume sanguinolente ;
mis dans l'eau, ils gagnèrent le fond du vasej aussi bien étant entiers que divisés
•n de nombreuses parcelles.
Oia« 3)8. — U même choie eut lieu pour une fille trouvée également daot
538 BIO-THAKATOLO«S DES |f01]V8A|i<'HÉS .
s||poinatique, et se perdant dans le oôté gauckie de la figure ; eur la réfioo de I'm
pariétal, ce sillon était la couleur rouge brun, oiaia il n'Mait uulle pari mtky
moaé ; la vouaaure du diaphragme était entre -U quatrième et la eiuquièsM céte;
les poumons étaient d'un roug*". brun marbré de bleu ; à la aurfliee poatérieure de
poumon droit et au bord supérieur du poumon gauche on voyait des bulles pro-
venant de la putréfaction. Quand on incisait l'organe, on entendait de la crépita-
tion et on voyait s*écouler de l'écume sanguinolente ; mis dans l'eau, les poumons
surnagèrent complètement ; le cœur était vide, il y avait une hypérémie du cer-
vefiu encore très visible. Nous admîmes qu'il y avait eu mort par apoplexie céré-
brale, qu'on ne pouvait dire si cette apoplexie était due à une violence extérieure,
itaais qu'évidemment le sillon trouvé à la tête n'avait aucun rapport avec cette
cause de mort, car il provenait d'un lien qui avait été posé là après la mort.
Obs. 349.— A la fin du mois de mai le cadavre d'une fille née à terme fut ùré
d'une fosse d*aisance ; sa couleur était verdâtre, l'èpiderme était détaché en de
nombreux endroits, le cordon ombilical était encore adhérent au corps, il était lon|
de 5 centimètres, et momifié, il n'avait pas été lié, on voyait, au contraire, qu'il
avait dû être arraché. Au-dessous de l'aponévrose épicrântenne se trouvait un
épanchement de sang assez considérable ayant un aspect gélatineux qui avait été
certainement produit par l'accouchement, comme cela arrive ai souvent ; nulle part
il n*y avait trace de blessure. La couleur des poumons était brun foncé, parsemée
de marbrures en plusieurs endroits ; ces organes étaient parsemés de bulles prove-
nant de la putréfaction ; incisés, ils laissèrent entendre un bruit de crépitation, e(
on vit s'en écouler de l'écume sanguinolente ; mis dans l'eau, ils surnagèrent très
franchement ; le diaphragme était situé entre la cinquième et la sixième côte. Nous
déclarâmes que celte enfant avait vécu après sa naissance, et que l'autopsie n'avait
pas donné d'indices de mort violente.
Obs. 330. — On trouva dans l'eau le cadavre d'une fille nouveau-née ayant une
ficelle liée légèrement autour du cou, le diamètre du noyau d'os&ification de la
partie inférieure du fémur n'était long que de 2 milimètres. Le corps était d'an
gris verdâtre, le cordon, qui adhérait encore, était long de 40 centimètres, et
n'avait pas été lié ; il n'y avait pas de sillon autour du cou ; la voussure du dia-
phragme était située entre la cinquième et la sixième côte ; les poumons remplis-
saient la cavité pectorale, leur conleur était d'un rouge brun parsemé de mar-
brures ; il y avait sur la surface de cet organe un grand nombre de bulles produites
par la putréfaction ; incisés, ils présentèrent de la crépitation, mais on n'en vit pas
sortir de l'écume sanguinolente, il faut tenir compte pour l'interprétation de ce der-
nier phénomène du haut degré de la putréfaction. Les deux poumons nageaient dans
l'eau, il est vrai que le cœur et le foie nageaient aussi. On ne pouvait donner dans
ce cas un jugement médico-légal bien positif, mais il n'y avait cependant pas lieu
pour l'expert de déclarer son incompétence, caria position du diaphragme, la cou-
leur et l'étendue des poumons mettaient toutes les vraisemblances du côté de la
vie de l'enfant. Quant au lien trouvé autour du cou, nous n'hésitâmes pas à décla-
DÛCmiSlE . — OBSP AVATIOUiS . 539
rar qu'il avait été mis après la mort. Noub apprîmes en effet par la suite que la
cadavre avait été repôché au moyen d'un bâton autour duquel se trouvait une ficelle.
Obs. 351.— On retira de Teau le* cadavre d'une fille qui paraissait être née à
huit mois; elle ne présentait pas encore de noyau d'ossification. La putréfaction
était trèa avancée ; le diaphragme était situé entre la quatrième et la cinquième
eôte ; les poumons étaient d'une couleur rouge vermeille sans marbrures, ils étaient
trèa rétractés et ne présentaient aucune trace d'écume sanguinolente quand on
ineiaaitleur tissu, il y avait çà et là sur l'organe des bulles produites par la putré-
hetîon ; les poumons, le thymus, le cœur et le fuie nageaient complètement dans
faau. Nous déclarâmes que l'enfant était mort-née.
Obs. 353. — * On trouva pendant l'été le cadavre d'une fille nouveau«née gisant
dans l'eau at placé dans un sac cousu avec soin. Celte enfant était évidemment
I (arme (longueur, 50 centimètres; poids, 3500 grammes), le noyau d'ossifl-
ealÎMi de l'extrémité inférieure du fémur avait un diamètre de 4 millimètres. La
ctsiaur dn corps était d'un gris verdâtre ; Tépiderme était détaché ; le diaphragme
était à la aaptième côte ; le foie, couleur noire, couvert de bulles de putréfaction,
swnagMÎt dans l'eau ; la rate et les reins avaient une consistance pultacée ; Testo-
nac, bruni par la putréfaction, était vide ainsi que la vessie; les poumons rem-
plissaient la poitrine, leur couleur était rose ssle, ils étaient parsemés de mar-
bmres et couverts de bulles de putréfaction ; incisés, ils crépitaient et laissaient
spercevoir, malgré l'anémie provenant delà putréfaction, de l'écume sanguinolente ;
Biia dana l'eau, ils surnageaient. Il n'y avait nulle trace de blessure. Nous décla-
rlmea que cette enfant avait vécu ; le juge d'instruction nous demanda combien de
temps avait duré cette vie après la naissance, il nous fut impossible de répondre à
eeite question, nous pûmes seulement dire que la vie avait dû avoir une durée
de plusieurs jours.
Obs. 353 à 360. — Immersion et sumatcUion partielle des poumons.
Les cas qui vont suivre ne sont pas rares, ce sont ceux dans les-
(uels un seul poumon surnage dans Teau, ou bien une portion d*un
loumon surnage, tandis que Tautre est submergée. Il faut dans ces
ïas combiner tous les signes de la vie, car répreuve hydrostatique à
die seule ne peut que laisser dans le doute.
Obs. 353. — Le cadavre d'une fille nouveau-née f^t trouvé dans le canal ; la pu-
réfection était très avancée ; le corps était long de 40 centimètres et pesait 3500
^mmes, nous déclarâmes que cette enhnt était venue au monde après huit mois
1» froaanaae. U n'y avait de blessure nulle part ; le poumon droit présentait des
Ndteada putrélisction, le poumon gauche n'en effarait pas. Le poumon droit sumao
IWH dana l'eau, le gauche était submergé. Le poumon droit ayant été découpé en
m frand nombre do morceaux, quatre*de ces morceaux seulement surnagèrent,
Im «rtna gagnèrent le fond de l'eau ; lea incisions pratiquées dana le tiaaii de
5iO BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
l'organe n'offrirent ni crépitation, ni écume Mnf^'nolente ; la eoutevr était 4'an
brun roageàtre sans aucune marbrure. La grande putréfaction «Yalt produit une
anémie générale. Nous admîmes que vraisemblablement cette enfiuit avait yèeii.
Obs. 354. — Un garçon à terme fut mis au monde avec le secours du forceps
et mourut bientôt après. Les traces de Tinstrument étaient visibles sur le cadavre,
comme cela arrive ordinairement, on voyait à une des narines , au front et à
la région occipitale, des écorchures parcheminées. Au-dessous de Taponévroie
épicrânienne se trouvait une extravasation sanguine assez abondante, les vaisseau
de la pie-mère étaient très remplis, et ce qui est assez rare, toute la base du crâne
était couverte d'un épanchement sanguin ayant l'épaisseur de 2 millimètres. U
couleur du poumon droit était brun clair avec des taches rongeâtres, celle du poi-
mon gauche était brun foncé, mais ne présentait pas de taches; le poumon droit,
incisé, présentait une faible crépitation et un peu d'écume sanguinolente ; le gauche
n'offrait aucun de ces phénomènes. Tous les morceaux du poumon droit sumi-
geaient, excepté trois ; ce même poumon, incisé et pressé sous l'eau, laissait échsp-
per des bulles d'air qui montaient à la surface du liquide ; le poumon gauehegagmit
le fond du vase. Il est évident qu'ici le poumon droit seul avait commencé à res-
pirer.
Obs. 355. — Le cadavre d'une fiile née à terme (le noyau d'ossiftcation de l'ex-
trémité inférieure du fémur avait 4 millimètres) fut trouvé au printemps dans les
champs. Trois jours après nous en fîmes l'autopsie : la couleur du corps était déga
d'un gris verdâtre ; le diaphragme était situé entre la quatrième et la cinquièSM
céte. Le thymus était couvert de bulles provenant de la putréfaction ; les pouasans
étaient très rétractés; la couleur du poumon gauche était d'un brun uniforme,
celle du poumon droit était rose parsemé de marbrures ; réunis au cœur, les deux
poumons gagnaient \h fond de l'eau ; le poumon droit surnageait dans l'eau, et
lorsqu'on le poussait vers les portions inférieures du liquide, il remontait à la sur-
face; le poumon gauche gagnait le fond; quand on coupa les poumons en plu-
sieurs morceaux, on vit le lobe supérieur du poumon droit surnager, tandis que
les deux autres lobes Turent immergés ; les deux poumons ayant été coupés en un
grand nombre de petites parcelles, le quart à peu près du poumon droit surnagea
flans l'eau, et à peine trois petites parcelles du poumon gauche ; aucun autre organe
ne surnageait ; les poumons n'étaient pas encore altérés par la putréfaction, et je
ferai observer de plus que le poumon droit crépitait quand on pratiquait dans son
tissu des incisions, et laissait échapper une petite quantité d'écume sanguinolente,
tandis que le poumon gauche ne présentait pas ce phénomène. Évidemment cette
enfant avait un peu respiré, l'air était plus entré dans le poumon droit que dans
le poumon gauche, comme cela arrive ordinairement.
Obs. 356. — Le cadavre d'une fille fut retiré de la rivière vers le mois de juillet,
le haut degré de putréfaction indiquait que le corps avait dû séjourner plusieurs
semaines dans l'eau, car la tète était noirâtre, le tronc présentait une teinte verte à
peu près uniforme, l'épiderme était détaché, le diaphragme était aituéun peu au-
dessous de la cinquième côte. Les poumons , brun clair, étaient un peu parsemés
DOClMASll!;. — OBSERVATIONS. Ô&l
de marbrures et remplUsaient la cavilé pectorale, ils étaient entourés de nombreuses
bulles provenant de la putréfaction. Les incisions pratiquées dans le tissu ne pré*
MBiaient ni crépitation ni écume sanguinolente ; mis dans l'eau, cet organe sur-
BtfMÎt ; découpés en petites parcelles , quatre morceaux du poumon gauche et deux
la poumon droit furent submergés ; aucun autre organe ne restait à la surface de
*itn. Nous déclarâmes que l'enfant avait probablement vécu quelques instants
ipfèt sa naissance ; il va sans dire que l'on ne pouvait rien dire du genre de morL
Om. 357. — Le 1*' novembre 18**, on trouva dans le bosquet d'un jardin le
adavre d*un garçon nouveau-né qui nous fut présenté pour l'autopsie, étant encore
Ifis frais. Le diaphragme était situé entre la cinquième et la sixième côte. Les
povBona étaient d'un rouge brun, celui du côté droit présentait quelques taches
■I peu plus claires ; les poumons réunis au cœur gagnaient le fond de l'eau, le
poonoo droit surnageait, le poumon gauche était submergé ; quatre morceaux du
poomon droit gagnaient le fond, ainsi que tous ceux du poumon gauche. On pou-
vait admettre dans ce cas que l'enfant avait respiré pendant quelques instants après
SI naissance.
Obs. 358. — Le cadavre d'un garçon nouveau- né fut retiré de l'eau an mois de
{■ift. n présentait l'aspect type des corps ayant séjourné dans l'eau, la couleur était
partout d'un vert noirâtre. Le diaphragme était situé entre la troisième et la qua-
trièoM côte. Les poumons, très rétractés, étaient couleur chocolat et ne présentaient
pas de marbrures, ils étaient garnis de nombreuses bulles de putréfaction surtout
èi edié droit. Réunis au cœur, ils surnageaient dans Teau ; le poumon droit seul
smiageait aussi, mais le gauche gagnait le fond de l'eau. Incisés, ils ne présen-
taieni ni crépitation ni écume sanguinolente ; coupés en petits morceaux, tout le
ponmon droit restait à la surface, plus de la moitié du poumon gauche gagnait le
fcad. La sumatalion était évidemment due ici à la putréfaction. L'enfant était
IMftHDé*
Ois. 359. — Le cadavre d'un enfant fut trouvé dans l'eau au mois d'août, le
cardon et le placenta adhéraient encore. Le cadavre était gris, tout l'épiderme était
détaché ; le poumon droit avait la couleur du foie et gagnait le fond de l'eau ; le
powDon gauche, également brun et sans marbrures, était couvert de buUes de
patréCMtion et surnageait. Cette surnatation d'un seul côté était due ici à la putré-
betion, aussi ne pouvait-on pas dire si l'enfant avait vécu ou non.
tes. 860. — - C'était un enfant mort après quatre jours de pneumonie, par oon-
aéqoent ce n'était plus un nouveau-né. Il y avait hépatisation rouge des deux pou-
i, et tous les morceaux hépatisés gagnaient le fond de l'eau, tandis que les
morceaux, quoique ne crépitant pas, surnageaient.
Ois. 361 — Une fille née à huit mois sans difficulté, présenta un phénomène
rare. Bientôt après sa naissance elle se mit à râler et à cracher le sang ;
elle vécut un jour et mourut. Les poumons étaient très foncés, le gauche seul pré-
sentait quelques marbrures claires \ le poumon droit était atteint d'une telle hypé-
rémie que par de petites incisions le sang eu coulait à Oots, les cellules du tissu
5AS BIO-THANATOLOGIE DES NOUYEAU-NÉS.
imlmonafre avaient été détruites par les épanchements sanguins. Iln'y avait que les
morceaut de couleur claire des doux poumons qui surnai^ent dans Teaii, tovile
reste était submergé, il y avait au cœur beaucoup d'eccfaymosek (létéehiales, les
veines coronaires étaient gorgées de sang. C'était certainement un cas rare d'apo-
plexie pulmonaire chez un nouveau-^né. (Pour les cas de surnatation d'un seul
poumon, voyez encore les observations 243 et 400.)
Obs. 362 à 366. — Insufflation ayant été ^aliquée iur des nouveat/Mkés Mmmù
à une autopsie légale.
Nous avons déjà exposé plus haut quelles sont les raisons pour lesquelles on n'i
pas à tenir compte de la possibilité d'une insufflation dans les autopsies légales. 11
faut en effet toujours des circonstances toutes particulières pour que Ton ait i
prendre en considération cette opération ; ces circonstances se sont présentées dans
les cinq observations suivantes :
Obs. 362. — Une bonne accoucha en secret chez ses maîtres qui la cbassèreot
aussitôt après. Elle erra sans asile avec son enfant (c'était en février) jusqu'à ce
qu'elle pût trouver un refuge dans un hôpital. L'enfant était mort quand elle entra
dans l'établissement, mais elle prétendit l'avoir entendu crier peu de temps aupi*
revant ; on essaya de le rappeler à la vie en le mettant dans un bain chaud» en le
frottant, etc., mais Sans avoir recours à une insufflation.
Nous fûmes chargé d'en fiiire l'autopsie. Le diaphragme était situé entre la qtn-
trième et la cinquième côte ; l'estomac et la vessie étaient vides, il y avait beâttconp
de méconium dans les intestins ; la veine cave était remplie de sang ; les pou-
mons avaient une couleur' rose marbré de bleu ; incisés, on vit de l'écome san-
guinolente en sortir, et on entendit un bruit de crépitation ; ils nageaient franche-
ment dans l'eau ; le cœur était anémique, la trachée vide, le cerveau hypérémique.
Quoiqu'il fût possible qu'on eût insufflé de Pair, nous déclarâmes que l'enfiint avait
vécu et était mort d'une hypérémie cérébrale.
Obs. 363. — Une fllle naturelle naquit au huitième mois sans donner signe de
vie. La mère prétendit que l'enfant n'avait pas crié ; un médecin fut appelé.
Celui-ci ferma le nez de l'enfant et lui insuffla de l'air bouche à bouche, cet air
n'était pas entré dans Testomac, car nous le trouvâmes vide et affaissé. Le dia-
phragme était situé entre la quatrième et la cinquième côte ; le foie et la veine
cave contenaient beaucoup de sang épais ; le poumon droit remplissait la cavité
tboracique, le poumon gauche était rétracté; les deux poumons étaient d'un brun
elair et marbrés çà et là. Le lobe moyen du poumon droit était remarquable par
une coloration rouge vermeille ; incisés, les deux poumons crépitaient et laissaient
échapper de l'écume sanguinolente ; ils nageaient dans l'eau complètement tous les
deux, la trachée était vide et normale, le cerveau était hypérémique et offrait de
petites extravasations. Que conclure de ces phénomènes? La coloration du lobe
moyen du poumon droit montrait que l'insufflation avait réussi à introduire de l'air
dans Torgane, mais la couleur d'un brun clair, les marbrures, la sumatation des
plus petits morceaux des poumons, la crépitation et surtout la grande quantité de
DOCIM ASIE . — 0BSBRVATI0N8. 6ft8
iBf contenu dans les poumons ne pouvaient Mre le résultat de rinsufflation. Nous
éelarâmes donc que Tenfant avait vécu après sa naissance, et était mort d*apo*
Init eérélirale.
Obs. 364.— Une Aile fut accouchée par une sage-femme d'un garçon à terme (lon-
OMir du corps, 47 centimètres ; poids, 3000 grammes ; noyau d'ossification, 4 mil-
mètres). L'accouchement avait duré cinq heures, et d'après ce que disait la sage-
mme, l'enfant était mort-né. Nous déclarâmes, d'après l'autopsie, que l'enfant avait
^u, alors la sage- femme dit qu'elle ne pouvait pas assurer que l'enfant n'avait
18 tait quelques inspirations parce qu'une couverture lui avait caché pendant les
lemiers instents la vue de l'enfant.
Voici quels furent les résultats de l'autopsie : le cadavre était encore frais, on
aH au mois d'avril ; le diaphragme était situé entre hi cinquième et la sixième
Mi. Le foie, la rate et la veine cave étaient assez hypérémiqnes ; Pestomac, la
»aie et le rectum étaient vides. Les poumons remplissaient ta cavité pectorale, le
Munon gauche touchait de son bord interne la surface antérieure du péricarde ;
couleur des poumons était rouge vermeille, il y avait quelques marbrures ;
it dans l'eau, ils nageaient avec et sans le cœur; incisés, ils crépitaient et lais-
tieot échapper de l'écume sanguinolente ; la trachée était vide, le cœur droit ané-
iqlie, le cœur gauche contenait quelques gouttes de sang ; il y avait à la région
icipiiale un dépôt sanguin gélatineux comme après les accouchementa laborieux ;
s veines de la pie-mère et tous les sinus étaient hypérémiques. Nous déctarâmes
ae l'enfant avait vécu, qu'il était mort d'apoplexie cérébrale.
Oftt. 36ft. — C'était encore ime sage-femme accusée d'homicide par imprudence,
ne femme se trouvant sur le point d'accoucher, fit prévenir une sage-femme qui
arriva pas asses vite, la femme accoucha seule, s'évanouit, et l'enfant fut étouffé
ma le lit. Une autre sage-femme fut appelée et arriva quelques heures après l'évé-
sment, elle fit des tentatives pour rappeler l'enfant à la vie en lui insuCQant dt
lir trois fois bouche à bouche.
Nons fîmes l'autopsie, voici quels en furent les résultats principaux : les poumons
aient d'un brun clair, marbrés, œdémateux, et contenaient beaucoup de sang.
s remplissaient presque complètement la cavité Ihoracique, ils présentaient des
ïchymoses sous-pleurales et nageaient complètement ; la trachée était injectée,
le contenait de l'écume, il y avait une hypérémie au cerveau. Il est certain,
après ce qui précède, que, outre l'insufflation, de l'air était entré dans les voies
tiennes parle fait de la respiration, l'enfant était mort asphyxié; les nombreuses
ridités cadavériques que nous trouvâmes à la partie antérieure du corps prouvé-
mt qu'il avait reposé après sa mort un certain temps sur le ventre.
Oes. 366. — Un garçon pesant 3750 grammes fut asphyxié en naissant, on lui
itttfDa immédiatement de l'air qui parvint bien jusqu'aux poumons, mais sans lerap-
Bler à la vie. Nous en fîmes l'autopsie, et nous trouvâmes ce qui suit : les pou-
loos remplissaient presque complètement la cavité pectorale, ils étaient d*une
raleur rouge vermeille assez ctaire et sans trace de marbrure, on voyait à leur
bki BIO'TUAMATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉ&
surface des bulles sous-pleurales nombreuses et asses frandes, confluentes, prois-
oant évidemment de cellules déchirées ; sur le poumon droit il y avait des ecchv
moses sous-pleurales assez foncées, ayant la grandeur d'une pièce de SOcentimei;
il y en avait de plus petites sur le péricarde et sur le diaphragme. Les poomoai
nageaient complètement ; Tenfant était certainement mort-né ; la sumatation se
pouvait être produite par la putréfiictton dont il a*y avait pas de trace, et Tinsuffli-
tion seule en était la cause.
Ob8. 367 et 368. — ÉUU de la trestte el du rectum.
Quoique nous ayons déjà dit plus haut que la vessie et le reclim
n'offraient pas de sérieux arguments dans la question de la respin-
tion d*un nouveau-né, je rapporterai les deux cas qui suivent etqsi
confirment nos principes à cet égard, parce que là la naissance eut
lieu en présence de témoins qui affirmèrent que les'enfanls étaient
mort-nés.
Obs. 367. — Une fille à terme vint au monde privée de vie en préeenee de plu-
sieurs voisins de la mère. Le diaphragme était entre la troisième et la qnalrièaw
côte, les poumons, couleur du foie, étaient compactes et ne crépitaieat pas, ib ae
laissaient également pas s'échapper des incisions de l'écume sanguinolenla; les
poumons gagnaient le fond de l'eau dans leur entier, aussi bien que tonqa'ils
étaient divisés en petites parcelles ; cependant le rectum était rampU, et la wuà
ne contenait pas une goutte d*urine.
Obs. 368. — Une fille à terme vint au monde sous les yeux de plusieurs mem-
bres de la famille, elle poussa un cri et mourut aussitôt après d'hémorrhagie céré-
brale, comme on le sut plus tard d'après les résultats de l'autopsie. La docimasie
démontra une très courte respiration, de plus la vessie était remplie d'urine, et le
rectum de fèces.
GENRES DK MORT PARTICULIERS AUX NOUVEAU-NÉS. 545
CHAPITRK m.
GENRES DE MORT PARTICULIERS AUX NOUVEAU-NÉS.
S 1. Généralîtëf.
I/enfant nouveau-né, comme TaduKe, peut succomber à une mort
■turelle ou à une mort violente. Les morts violentes telles, que la
endaison, la submersion, la combustion, etc., ont déjà été traitées
108 les chapitres qui précèdent, et n'offrent rien de particulier pour
is nouveau-nés. Il n*y a que certains genres de mort accidentelle et
Brtaines blessures qui soient pour ainsi dire spécifiques à cet âge, ce
)nt ces blessures et ces genres de mort que nous allons étudier
ans les pages qui suivent. Nous nous baserons pour cette étude sur
» dix-huit cents autopsies que nos fonctions de médecin légiste de
érlin nous ont mis à même de faire.
Ces blessures et genres de mort spécifiques peuvent atteindre ren-
iai avant^ pendant ou après la naissance, ce sont ces différentes
poques qui nous serviront de divisions pour ce chapitre.
^ s. Mort de l'enfant avant ta naitsaoee.
L'homicide d*un onfant dans le sein de sa mère, commis par des
lanœavres extérieures ou des médicaments internes, par la mère ou
lar un tiers, avec ou sans le consentement de celle-ci, est puni de
leines très graves. Pour déterminer si cet homicide a été commis, la
iremière question qui se présente est celle de savoir si une violence
txercée sur Taddomen d'une femme enceinte, un coup de pied par
ixemple, peut tuer ou blesser le fœtus renferme dans l'utérus.
Il n'y a pas de doute à avoir sur les accidents que peut occasionner
a contusion de la matrice tels que, détachement du placenta, com-
notion cérébrale du fœtus, ruptures de vaisseaux, etc. (nous ne par-
ons pas des blessures pénétrantes).
Pour les fractures des membres du fœtus, des observations rigou-
reuses ont démontré qu'elles pouvaient Hre produites par une con-
II. 35
5M CitO -THANATOLOGIE DES NOUVEAU*NÉS.
tusion de Tutérus; certains auteurs prétendent que ces liions peu-
vent provenir spontanément de la contraction eiagérée des muscles;
Barker (1) rapporte un cas dans lequel la spontanéité lui semble
beaucoup plus vraisemblable qu'une violence extérieure : c*était
l'enfant d'une femme qui pendant sa grossesse fit plusieurs chutes;
celui-ci vint au monde avec des fractures des membres supérieurs et
inférieurs ; les os étaient très fragiles. Murray (2) rapporte le cas
d'une femme syphilitique et enceinte qui accoucha à sept raob d'un
enfant ayant des fractures de l'humérus et du féiDur; cette femme
n^avait subi aucune violence. D'après ces observations, la possibilité
de la spontanéité ne peut être mise en doute.
Quant aux blessures mortelles de la tête, il est difficile d'ad-
mettre qu'elles puissent être faites dans Tutérus; en effet, 1* la tête
est abritée par sa position dans l'eau de l'amnios ; 2* elle est garan-
tie par sa situation dans l'utérus ; S"* il est très facile de prendre
pour une blessure faite dans l'utérus une lésion provenant de l'acte
de l'accouchement. Il faut encore considérer que les mères accu-
sées d'infanticide attribuent toujours à une lésion de la vie intra-
utérine les blessures que l'on trouve sur le cadavre de leurs enfants,
qu'il n'y a qu'un très petit nombre de blessures mortelles produites
pendant la \ie intra-utérine ; enfin que ce petit nombre d'observa-
tions examinées de près, ne résistent pas à une critique sérieuse.
Le cas le plus ancien est dû à Valentin (3) : Une femme enceinte
reçut dans une rixe un coup de pied dans le côté gauche ; quatorze
semaines après, elle accoucha d'un garçon bien portant, qui mourut
le lendemain. < Cute a cranio sépara ta in omnibus capitis ossi-
bus, V. g, osse fronliSy osse syncipitis dextro et sinistrOy osse
occipitisj rubicundœ quœdam et sanguine suffusœ maculœ^ grossi
aut quartes Imperialis partis magnitudine repertit fuerunt,
(i) Schmidt, Jahr6., 1858, n^ 8, p. 195.
(2) Loc. cit.
(3) Cwrp. jur. lêg. conslans $ Pandectis, etc. Francfort, 1722, pars I, secl, ii,
cas. 18, De conlusioneabdominisin gravida, aOorium causante.
MORT DK L'BlirAIfT AVANT SA NAISSANCE.' 5A7
»
qu€B iamen omnino recpntes cutn sanguine videhantur. Pariliier
amnes suiurœ pluêquam in reeens naîis ohservatur, distabaniy
ut off« ad digiîi laUtudinem sibi invieem imponi potuerunt. >
Hais le foMus était très putréfié, puisque le foie était mou et noirâtre,
dt aarlê que c digilis eomminui potuerit » ; les poumons, du moins
oiioi eu côté droit, étaient noirâtres, c utparlim putredi^ elc, et
kraekium dexirum laîusque dexirum fere nudum el articula deê"
Èiiutum videhantur^ imo totum corpus ita pêne canstituium
ermt! > Ce cas, oomme il est facile de le voir, ne proufe rien, il nous
offre lee désordres habituels des fœtus putréfiés dans l'utérus.
OncitePloacquet comme admettant la possibilité de ces blessures.
On voit^en consultant l'original (l),quece1ui-ci, en citant une obser-^
lelioB de Gardner et une autre de Glockengiesser soulève au con«*
traire des doutes à cet égard. Le cas de Gardner concerne un accou-
chement laborieui ; Tenfant naquit avec une bosse è la lète et une
fracture des vertèbres, c II semblait qu'il avait eu une blessure qui,
> vu l'âge de l'enfant et le degré de putréfaction, devait dater d'un
a mois avant l'accouchement ; je demandai à la mère s'il lui était
» arrivé un accident pendant sa grossesse, elle raconta avoir reçu
» deoi. mois auparavant un coup dans le ventre et être tombée sur
a le bord d'une grande corbeille. » Ainsi la chute date de deux
mois, et la blessure d'un mois; Taccouchement a été laborieux, et le
fcBttts toit putréfié ! Il est probable que les fractures provenaient de
racoottcbement. Le cas de Glockengiesser nous montre un fœtus
dont € le crâne était partagé en cinq pièces >, il n'est rien dit de
raccoudiement.
L'observation de Monde (2) a donné lieu à un rapport remarquable
de la faculté de Greifswald : < L'enfant n'a pas été blessé avant sa
a Baisaance par une violence faîte à sa mère, et n'en est pas mort,
> comme on le dit, quatre jours avant sa naissance. On doit plutôt
> admettre, quoique l'aulopsie et l'histoire de raccouchemeut soient
(1) Abhandl. iiber die geivalisamen Todesatisn^ 2^ édiL Tubingue, 1788,
p. 281.
(2) Henke, Aeilschrift, lîl, p. 277,
548 * BJO^THANATÛLOGIE DSS NOUV^AU-^NÉS. •
> très incoroplèles, que les blessures graves de la tèle ai la fracture
Il de Tos pariétal ont été produites pendant raccouchemeal. »
Dans l'observation d*Âlbert (1), la mère, deux jours avant raccoa-
chôment, était tombée sur . une pierre : Tenrant naquit mort. L*ofi
pariétal gauche, dont l'ossification était plus avancée qu'à Tordinaire,
était séparé des articulations des os voisins, il ; avait enfoncement de
cet os tont le long de la suture pariétale, ce qui formait une fente de
22 millimètres à travers laquelle on voyait sortir ie cerveau ; les
bords postérieur et antérieur étaient également un peu enfoncés,
mais le bord inférieur, au contraire, proéminait de qodques centi-
mètres au-dessua du temporal. L'os lui-même ne présentait pas de
lésion. N'est-il pas extraordinaire qu'une violence assez grande pour
produire un tel désordre n'ait pas amené la fracture de Tos qui était
anormalement ossifié ? De plus, on a oublié dans cette observation
de mentionner un point capital, le degré de putréfaction.
L'observation de Becker (2) se rapporte à un accouchement daos
lequel la présentation de l'enfant a nécessité l'emploi du forceps.
Le cas d'Heyfelder (3) concerne également un accouchement dans
lequel on a dû employer le forceps.
iSchmidt (à) rapporte un cas dans lequel l'enfant sembla .mourir
après un coup qu'avait reçu la mère sur le ventre du côté droit. Il y
avait un renfoncement de la partie médiane de l'os frontal dont la
circonférence n'était pas ecchymosée ni altérée en quoi que ce soit ;
on trouva à Tautopsie un peu de sang ecchymose à Tendroit enfoncé;
l'os n'avait pas changé de couleur ; non loin de la grande fontanelle
se trouvaient deux petites fissures insignifiantes. Le cas était singu-
lier, mais il était plus vraisemblable d'admettre toute antre expli-
cation qu'une blessure pendant la vie intra-utérine.
Le cas de Schmidt (5) nous montre que même après de très fortes
(1) Henkc, Zeitschrift, WIII, p. 44i.
(2) Henke, Zeitschrifl, XXVI, p. 239.
(3) Schmidt, Jahr6t/c/icr, VIII, p. 125.
(4) Neue Denkschr.^ etc., i812, î, p. 60.
(5) Med. 7.eilung d. Ver, fiir Heilk., 1834, p. 152.
MORT DE l'enfant AVANT LA NAISSANCE. 5^9
rîolenees exercées sur l'abdomen d^une femme enceinle, renfaiil peut
roDtinuer â vivre. Une femme enceinte de huit mois tomba sur le
lord d'un tonneau, eut une abondante hémorrhagie du vagin et
t'évanoait ; on appliqua des sangsues. Quarante-sept jours après,
die accoucha sans difficulté d'un enfant bien portant, dont Tos frontal
irmt présentait un enfoncement de A millimètres, sans qu'il y ait
Messure de la peau ; cet enfoncement, qui avait presque la forme
f nne étoile, avait tout à fait disparu trois mois après.
Witizack (1) raconte qu'un enfant mourut par suite d'une version ;
la mère avait fait une chute trois semaines auparavant, il y avait un
Mifoncement de l'os frontal et de l'os pariétal droit. L'autopsie ne fut
pte Taite.
Il faut considérer que, d'après l'opinion d'accoucheurs distingués
tels que Osiander, Carus, d'Outrepont, etc., les enfoncements des os
lu crâne des enfanls peuvent être produits pendant la grossesse par
une pression continue de la tête du fœtus contre les vertèbres, ou
par des fayperostoses. Cela peut aussi avoir lieu pendant Taccouche-
nent, même quand ce dernier n'est pas très laborieux.
Voici deux 'cas très singuliers :
M. Blot rapporta à l'Académie de médecine de Paris qu'une pri-
Diipare Agée de vingt-sept ans, se trouvant en mal d'enfant, mais les
nembranes de l'amnios n'ayant pas encore été percées, tomba du
lenxième étage dans la cour ; elle eut une fracture du fémur et plu-
denrs contusions : la tête de l'enfant avait traversé l'orifice de la ma-
riée, on sentait dans cette tête beaucoup de crépitation; il fut retiré
complètement de la matrice au moyen du forceps après quelques
égères tractions ; le tissu cellulaire sous-cutané du cr&ne présentait
{uelques ecchymoses ; au-dessous de l'aponévrose, qui était intacte,
il y avait dans la région des deux pariétaux une extravasation de sang
Qoir et liquide ; les deux pariétaux étaient fracturés ; pas de lésion
lu cerveau.
L'observation de Maschka ressemble beaucoup à celle qui précède :
(I) Jfad. ZeUung, 1811, n* 82.
ÔÔO BIO-TUANATOLOGIE DBS N0UTSÂU«4lto.
Une femme enceiuie de huit mois tomba du second étage sur k ni ;
elle eut une fracture des deux fémurs et mourut six beares s|Mrèi.
Le fmtus trouvé dans l'utérus présentait plusieurs fractures des deux
08 pariétaux avec des extravasatioos sanguines et des eoagvktisBS i
la surface externe et interne de la cavité crânienne.
Ces deux dernières observations surtout nous obligent i admetire
qu'il est passible de tuer un fœtus au moyen de violemeeê ever-
cées sur l'abdomen de la femme enceinie. Mais il faut bieo se rap-
peler que de tels accidents sont très rares, tandis qu'il arrive très
souvent que des mains criminelles attentent à la vie d'un enfant aus*
sitôt après sa naissance et que très souvent des brulalitéa asaai
graves, exercées sur une femme enceinte, ne lèsent en rien le fcetni.
Dans les cas douteux, voici quels sont les points principaux sur les-
quels devra se diriger Tattention de l'expert :
1* Rechercher si l'enfant a respiré ;
2** Vérifier la proportion qui existe entre les dimensions du bas*
siu et celles de l'enfant ;
3*^ Explorer avec soin le corps de l'enfant afin de bien constalsr
s'il ne s'y trouve pas des égratignures, ecchymoses ou blessures ;
' k" Examiner le degré de consistance des os crâniens, surtout s'il
y a fractures de ces os ; rechercher s'il y a anomalie dans l'ossifica-
tion; dans certains cas, examiner l'état du cal et du sang extravasé;
5* Considérer avec soin toutes les circonstances de la violence
en question ;
&" Considérer quel a été Tétat de santé de la femme pendant le
temps qui a séparé la violence de l'accouchement ;
7° Considérer comment s'est passé l'accouchement, s'informer si
le forceps a été employé. Quelquefois, dans ce dernier cas, il s'élève
une plainte contre l'accoucheur qui est accusé d'avoir produit la
lésion par impéritie médicale.
<^ 3« •— Mort de l'enfant pendant sa naitsanee,
La mort de l'enfant à sa sortie de l'utérus a lieu plus souvent natu-
rellementque par des causes violentes, surtout dans les grossesses hors
MORT DE l'enfant PENDANT SA NAiSSAVCE. 661
mariage* A Berlin ^ des episDU légitimes et ^ des eofonts illégi-
times naissent mort-nés. Les maladies que Ton' trouve ches ces
eniants sont : des positions anormales dans Tutérus» des difformité
dans la conformation, des hydropisies» des pemphigus. L*étudede
ces affections n'appartient pas à notre domaine médico-légal, nous
traitarons seulement ici les épanchements sanguins sous-cutanési les
céphalématomes, les blessures de télé, les défauts d'ossiflcation, U
compression ou Tétranglement du cordon, la constriction de la mar
trîce.
1* JÈpanchêmenU sanguins sous-cutanés. Céfhalimaîomê. «^
La genre de mort le plus fréquent de l'enfant pendant sa naissance
est rhypérémie du cerveau, quelquefois cette hypérémie est accom-
pagnée d'hémorrhagie; et très souvent cette hypérémie, au lieu d'être
dans la cavité crânienne, se trouve entre le crâne et l'aponévrose épi*
crânienne. Les extravasations prennent alors un aspect gélatineux et
sont ordinairement situées du tiers postérieur des os pariétaux jusqu'à
la moitié de l'os occipital; quelquefois plus en avant jusque vers le
front, selon la présentation offerte par le fœtus. Les téguments de la
tète ne changent pas de couleur extérieurement ; souvent même, sur
les cadavres frais, on n'aperçoit pas de gonflement, quelquefois
cependant on trouve sur des enfants qui sont mis au monde en
«ecret, et qui, par conséquent, ont dû naître \ite et sans de très
grandes difficultés, on trouve, dis-je, la tumeur cedémateuse formée
par cette lésion.
Lorsqu'on sépare l'aponévrose épicrânienne de l'os, on aperçoit le
sang coagulé dans les mailles du tissu cellulaire, ou bien une couche
de sang extravasé de couleur foncée et épaisse de 2 millimètres sur
l'oa. Dans certains cas ces extravasations sont circonscrites et en
groupais.
Il est très important de connaître la fréquence de ces extravasa-
tions sanguines spontanées sous-aponévrotiques, afin de ne pas les
prendre pour des ecchymoses produites par une violence extérieure.
Empressons-nous d'ajouter que ces épanchements à eux seuls ne
sont pas une cause de mort, car on les trouve chez des enfants qui
552 BIO-TUA^ATOLOGIË DES NOUVEAU-NÉS.
ont certainement succombé à une autce aOeclion, et même sor des
enfants qui naissent bien vivants et chez lesquels ce phénomène n'est
pas remarqué à cause du peu de désordre qu'il amène; alors peu de
temps après la naissance, Tépanchement est résorbé et ne laisse plus
de trace. Donc, lorsqu'il existe sur un cadavre, ce n*est pas lui qui a
- causé la mort, mais Thypérémie cérébrale simultanée. Cette hypé-
rémie cérébrale peut atteindre un enfant dans l'utérus avant si
naissance aussi bien que pendant sa naissance.
A cette affection se rattache la maladie connue sous le nom de
eépKalématome. Cette maladie n'a pas en médecine légale l'importance
qu'on loi donne souvent, elle ne se rencontre que très rarement dans
la pratique, par la raison toute simple que le médecin légiste n'a à
expertiser que des enfants nouveau-nés, et que le céphalématome ne
se manifeste ordinairement que plusieurs jours après la naissance.
Et en supposant que le cas se présente, il est impossible de con-
fondre un céphalématome avec une ecchymose.
2* Blesêurei de téu^ défauts d^ ossification des os crdmens. —
Il est hors de doute que les os crâniens pea?ent éprouver ob enfon-
cement ou une fracture pendant et par suite de l'acte de l'accou-
chement. Tous les accoucheurs ont constaté ce fait. Cependant le
médecin légiste rencontre rarement dans ses expertises des fractures
ayant cette origine, car elles sont, comme nous venons de le voir
plus haut, le résultat d'accouchements laborieux, et comme nous
Vavons souvent fait observer, le médecin légiste n'a généralement i
expertiser que les enfants qui sont mis au monde en cachette et
promptement. Dans les cas exceptionnels où un enfant ayant suc-
combé à des blessures de tête graves résultant d'un accouchement
laborieux serait présenté à Texpertise, le jugement ne pourrait être
difficile, car la mère n'aurait aucun intérêt à cacher les longueurs et
les difficultés de sa délivrance. En général, du reste, il s'agit, dans
de tels cas, d'un enfant mort- né, et alors il n'y u plus d'iutérét
pour la justice dans TafTaire.
Il en est autrement d'un simple enfoncement des os crâniens,
celui-ci, en eiïet, peut se présenter dans les accouchements qui ne
MOKT PENDANT LA NAISSANCE. — DÉFAUTS D*0SSIF1CATI0N. ^ 56S
sont pas pénibles et, par conséquent, dans les accouchements qui
restent secrets. Un tel enroncement peut être produit par une pres-
sion ayant lieu dans l'utérus contrôla symphyse sacro-lombaire; mais
eelte lésion est loin d'être mortelle, ou la voit, chez des enfants qui
naissent pleins de vie.
Une lésion plus grave produite par l'accouchement, ce sont les
fissures qui, vu le peu d'épaisseur des os crâniens du fœtus, sont en
même temps de véritables fractures. Des observations dignes de foi ont
prouvé qu'elles pouvaient être produitesdans des accouchements même
pea laborieux , par conséquent chez les primipares accouchant
tlandesiinetnent. C'est à tort que Ton a appelé ces lésions «innées»,
comme si elles existaient déjà dans l'utérus, tandis qu'elles ne sont
que le résultat de l'accouchement. Ces Gssures amènent la mort de
l'endiirt, soit immédiatement pendant l'accouchement, soit après la
naissance quand celui-ci a fait quelques inspirations, comme le prou-
vent les épreuves de la docimasie, quelquefois enfin la vie se'continue
pendant quelques jours. Les fissures sont situées presque toujours
aux 06 pariétaux. Tantôt elles sont perpendiculaires à la suture qui
joint ces deux os, tantôt, mais plus rarement, elles sont parallèles à
celte suture et se dirigent vers l'os frontal. Ordinairement il n'y a
qo'one seule fissure ; en regardant avec attention, on voit que les
borda sont le plus souvent ecchymoses (1).
Il est difficile de distinguer ces fissures de celles qui sont pro«
dnites pendant la vie extra-utérine par suite d'une violence directe
exercée sur la tête de l'enfant. Il faut examiner avec soin toutes les
particttlarités du cas; par exemple, s'il y a des traces visibles de
violence extérieure sur le cadavre, s'il y a des ecchymoses ou des
Ueisures faites aux téguments de la tète, ce qui ne se rencontre
januûa lorsque les fissures proviennent de l'acte de l'accouchement*
Il y a une circonstance qui se présente quelquefois et qui indique
que la fissure a été produite par l'accouchement, c*est le défaut d'os-
(I) Meiiner, Carus, Siebold, Chaussier, OUivier, d'Outrepoot, Hôre, Meode,
Siegel et fledinger, ont fait des observations exactes à ce sujet.
bbh , BIO-TUAKATOLOGIE DES NOUVBAU-NBS.
sificalion des os crâniens ; il est singulier que ce pbénomèoe si ioh
portaut et qui a été signalé par lea auteurs anciens (1) soil pané
sous silence par la plupart des auteurs modernes. Ce a'esi pas seule-
ment sur les nouveau-nés non a terme que l'on rencontre des retards
dans la fonction de Tossification, mais encore sur les enfants nés à
terme et bien développés. Nous avons d^à exposé, page A85 com-
ment ce retard pourrait se montrer dans le noyau d'ossification de
l'extrémité inférieure du fémur, un retard analc^ue peut se présealer
pour les os de la tète, et particulièrement pour les os pariétaui,
moins souvent pour l'os frontal et très rarement pour l'oe occipitil,
Lorsque Ton place un os dont l'ossification est ainsi en reUrd, de
manière à fisire traverser les rayons du soleil ou d'une lamps pou
juger sa transparence, on Yoit des places qui ne sont composées qoe
du périoste; ces places sont rondes, ont la forme de Bigagi»
ou imitent celle d'une étoile, jamais elles ne présentent d'enCance*
ment, comme cela se voii four les fissures^ et elles ne sont jamais
ecchymosées ; enfin , pour être certain de ne pas les coalbiMire
avec des fissures, il suffit de regarder le bord de la finita ; quand
c'est un défaut d'ossiBcation, ce bord est très mince, presque trans-
parent, et l'épaisseur augmente insensiblement à mesure que l'on
s'en éloigne. J'ai fait représenter (planche VII) dans L'atlas qui est
joint à cet ouvrage, des figures qui donnent une idée exacte de cee
phénomènes.
Obs. 369. — Défaut d'ossification avec fissure de Vos pariétal droit.
On trouva dans la rua le cadavre d'im garçon nouveav^né ; il était eseora très
frais (janvier) ; le corps était long de 50 centimètres et pesait 3750 graounes ; Im
diamètres de la tète étaient 9, 11 et 12 centimètres; la docimasie pulmonaire
démontra que cet enfant avait respiré ; il y avait des symptômes de pemphigus sur
la ftfure, le cou, la poitrine, le dos et les membres inférieurs. A la tubèrtaité d«
l'os pariétal droit se trouvait une ouverture ayant 3 millimètres de diamèlra, un
peu plus bas se trouvaient deux ouvertures de 4 millimètres de diamètre, irré-
gulièrement rondes, elles étaient réunies par une Assure. Les bords de cette fis-
sure étaient très dentelés et non ecchymoses ; l'os tout autour des ouvertures était
(1) Buttner, Volhtdndige Anweisung , etc. Kœnigsberg, 1771, p. 82.
MORT PENDANT LA NAISSANCE. — fiTHAN4irLEM£NT IMI CORDON. 555'
ir&k mince et traosparent» Nous déclarâmes que l'enfant était né à terme, qu'il
avait respiré, que les lésions des os n'avaient pas été produites par une violence
estérieure et n'avaient pas causé la mort.
Obs. 370. — Défaut d'osiifkation de l'os pariétal gauche.
Une sage-femme raconta être arrivée auprès d'une fomme immédiatement aprèf
qiM ceUe-ci venait d'accoucber ; l'cnfiint faisait de derniers efforts de respiralioo et
meerut bienU>t après. On se décida è fiiire exécuter une autopsie légale.
L'eafiint était venu à terme (longueur, 50 centimètres, peîds, 3500 grammes) ;
les poumons , couleur rouge vermeil, étaient marbrés de bleu ; lorsqu'on les isci*
sait, ils présentaient de la crépitation et laissaient échapper de l'écume sangui-
noleote ; mis dans l'eau, ils surnageaient. Au milieu de l'os periétal gauche se trou-
vaient deux ouvertures rondes ayant à peu près chacune 6 millimètres de diamètre ;
ce qui était assez remarquable, c'était la présence d'une fibre osseuse qui traversait
UM des ouvertures comme pour en tracer le diamètre ; cette dernière circonstance
daMoalrait avec certitude la nature ^de l'ouverture. La cause de mort était une
cérébrale.
0b8. 371. — Défaut d'ossiftcation des deux os pariétaux. Séparation du cordou
près du nombril.
Ope fille Bouveeii-Bée lîil déclarée comme mort»née, tandis q«e l'autoptie
qu'elle avait respiré. L'eaiint paraissait i terme. Il avait été trouvé à cM
ai du cmdon , ce; dernier ayant été séparé tout près du nombril, ce
qui amonçait un accouchement précipité, et un arrachement du cordon. A Tes
jMriétal gauche, il y avait deux débuts d'ossification, l'un ayant la forme triangu-
laîra, l'autre rond et grand comme une pièce de 50 centimes, ils avaient tous Ici
deux les bords minces et très dentelés ; k l'os pariétal se trouvait également une
eavarUira de la grandeur d'une pièce de 50 centimes. Au haut de la léte, auM^es-
sans de raponèvrose épterânienne, il y avait une extravasetion de sang, ronde,
de i millimètres, mais il n'y avait pas de trace de violence extérieufe
aar eetia région. Le corps présentait la couleur cadavérique ordinairCv
sans sigflias d'hémorrhegie, les poumons n'étaient pas pâles, mais d'an rose Meultre
et marbrés, le foie était hypérémique et 11 y avait une congestion apoplectique
cérébrale. Par conséquent, l'enfiint n'était certainement pas mort d'nne hémor*
riiagle du cordon; d'un autre côté, les seuls renseignements de l'antapsie ne per-
mettaient pas de déclarer si le détachement du cordon avait eu lieu après la mort.
La cause la plus probable de la mort était une apoplexie cérébrale produite par une
chute de fenfant pendant l'accouchement.
Oas. 372. — Défauts d* ossification des deux os pariétaux , submersion douteuse.
Le cadavre d'un garçon, nouveau-né, à terme, fut trouvé dans l'eau près du
bard ; c'était au qiois de septembre, la température était 4s 5 à 8 degrés. Le
cadavre, ainsi que le cordon, était encore très frais, et nous pouvions supposer que
l'enfisnt était né et mort depuis trois à quatre jours. La diaphragme était an-des-
Ô66 BIO-THANATOLOGIE DES MOOVEAU-NÊS.
•oiu de la sixième côte ; les poumons, balloiiDés, touchaient les cdtes et avaieet
une couleor roso marbré, ils contenaient du sang et de Faîr et annoncaieot, à
n'en pas douter, la vie après la naissance. La trachée -artère était pâle et vide,
ainsi que le cœur et Testomac. La tète présentait une hypérémie apoplectique; il j
avait des extravasations sanguines dans les téguments, et les deux oa pariétan
présentaient des débuts d'ossification.
Noua déclarâmes que Tenfant était né a terme et avait vécu, qu'il était mort
d'apoplexie cérébrale, que cette mort avait pu être produite par la submerslea,
mais que le corps n'avait pas ajourné longtemps dans l'eau, puisque m les piedi
ni les mains ne présentaient de traces de macération.
Obs. 373. «- Défaut d'oisiflcalion des deux ot pariélaux, mort dùutêute par
submersion.
Is cadavre d'un garçon nouveau*né fut retiré de l'eau au moia de juillet, était
d^i putréfié ; la tête était noire, le corps d'un gris verdâtre, la foie surnageait dans
l'eau, le diaphragme était situé entre la sixième et la septième côte, l'estooiac élait
vide, les poumons remplissaient presque la cavité thoracique, ils étaient d'uœ cou-
leur lie de vin ; celui du côté droit était couvert de bulles de putréfoctioo, tous les
deux étaient parsemés de marbrures, crépitaient et laissaient écouler de réeume
sanguinolente quand on les incisait ; ils nageaient compléteoieot, eze^é un petit
morceau du poumon gauche. Aucune trace de blessure. Aux deux oa puriétanx se
trouvaient des défauts d'ossification beaucoup plus grands qu'on ne les Yoit d*halM»
tude ; ils avaient 2 centimètres de longueur sur 1 centimètre et demi de largeur ;
les bords de ces ouvertures étaient dentelés, le pourtour était mince ut transpa-
rent, des fissures en partaient et formaient des rayons tout autour ; les bords
n'étaient pas ecchymoses. Le cordon avait 67 centimètres et était coupé.
Par la position du diaphragme et l'état des poumons on pouvait admettre que l'en-
fant avait vécu ; par suite de l'absence des signes de la mort par submersion on pou-
vait admettre que cette mort n'avait pas eu lieu. Les lésions crâniennes ponvaieut
provenir d'un choc du cadavre dans l'eau contre un corps solide|quelconque, ou de
l'opération au moyen de laquelle on l'a retiré de la rivière, cependant l'absence de
trace de violence sur les téguments de la tête donnait peu de vraisemblance à ces
deux hypothèses. L'explication la plus probable était la chute de l'enfont pendant sa
naissance, chute qui a dû amener des désordres d'autant plus graves qu'il se trou-
?ait au crâne des défauts d'ossification (1).
Oks. 371. — Défauts d'ossification des os pariélaux avec /Isftirvs. Ad^Mraliou
dans une caisse fermée.
Une fille-mère, qui en était à sa seconde grossesse, accoucha en secret au mois
d'avril à sept heures du malin ; d'après ce qu'elle raconta, elle crut que Tenlant
auquel elle venait de donner naissance était mort ; ce qui est certain, c'est qu'elle
(1) Vuyes le» obsenralion» 375 à 384.
MORT PENDANT LA NAISSANCE. — ÉTRANGLEMENT DU CORDON. 557
le niiftdant une commode qu'elle ferma. Deux heures après, deux autres femmes
qui Iravaillaieni dans la même chambre, entendirent, à leur (grande surprise, des
cris d'enflints sortir du meuble en question, elles l'ouvrirent et en retirèrent le
pelU être tain e( sauf. Il fut rois chez une parente où il mourut le soir même à sept
heures sans avoir manifesté des symptômes de maladie.
Nous en fîmes l'autopsie. L'enfant était venu à terme (longueur, 52 centimètres,
poids, iOOO grammes). L'abdomen n'offrait rien de remarquable si ce n'est que
dans l'estomac on trouva deux cuillerées d*un liquide muqueux, bleuâtre et un peu
aaafvinolent qui paraissait ressembler à du sirop ; la vessie était vide, le gros
iotetlin coutenait peu de méconium . La mort avait été produite par une hypérémie
des poumons très prononcée, les poumons étaient rouges, marbrés de rose, ils cré-
pitaient sous la pression et contenaient de l'écume sanguinolente, leur poids était
de ISOO grammes, ils surnageaient complètement; le larynx et la trachée étaieat
vides et normaux, ainsi que le cœur; la tète présentait des pliénomènes intéres-
sants ; sur l'os pariétal gauche se trouvaient trois épanchements sanguins gélatini-
formes ayant 3 centimètres de longueur, 4 millimètres de largeur, et 1 millimètre
d'épaitsenr. Après avoir enlevé ces trois dépôts sanguins, nous vîmes l'os percé de
trais ouvertures de la dimension d'un petit pois, avec des bords dentelés et non
ecchymoses, et transparents ; de l'ouverture inférieure s'étendait une ûssure droite,
Ibe et non ecchymosée vers l'os pariétal droit ; les deux autres ouvertures étaient
réunies par une autre Assure; l'os pariétal droit présentait la même disposition, seu-
lement il n'y avait que deux ouvertures. La cavité crânienne et le cerveau n'étaient
pas hypérémiques ; le noyau d'ossiflcation de l'extrémité inférieure du fémur avait
7 millimètres. ,
Nous déclarâmes que l'enfant était né à terme . avait vécu et était mort d'hypé-
rémie pulmonaire, mais que la cause n'était pas due à une violence extérieure, que
le s^onr dans la commode et les lésions de tète n'étaient pour rien dans celte fln
funeste (I).
S** Compression ou étranglement du cordon. Sillon strangU'-
laioire au cou. — Tout accoucheur sait que la compressioB da
cordon cause bien plus souvent la mort que rentortillement de ce
dernier organe autour du cou. HohI (2) a vu, sur 200 naissances,
renlorlillement du cordon se présenter 181 fois, 163 fois les enfants
naquirent vivants et 18 fois seulement ils moururent pendant
l'accouchement; parmi ces 18 cas de mort, il n'yeneutque 7 dans
lesquels la mort ne fut pas le résultat de l'entortillement; dans les
11 autres on ne put prouver que cet accident avait été la cause de
la mort. Mayer rapporte avoir vu, à la clinique de Nsgelé, 685étran-
(1) Voir obs. 3S9.
(2) Lût, cil., p. 45t».
558 BfO-TRANATOLOGir. DES IfOtJTKATJ-NÉS.
gtements, et que sur ce nombre, 18 enfants seulement périrent
victimes de celte disposition. D'un autre côté sur 7A3 chutes da
eordon &08 enfants naquirent privés de vie (Scanzoni) (1); ainsi
près de 55 pour 100.
La cause physiologique de la mort dans les cas de compression do
cordon par suite d'une chute de Torgane, a été exposée eo détail
(p. i95). Nous avons vu que le corden étant obatmé, il y avait
an*êt de la circulation ; alors l'enfant privé de son aliment néces-
saire, foisait quelques efforts de respiration et mourait asphyxié. Il
ee est de même lorsque le placenta se détache trop vite ou loraqiie
la mère meurt avant la fin de sa délivrance ; c'est ce que prouvent
les remarquables travaux de H. le professeur Ilecker sur ce sujet.
Pour le médecin légiste, ce qui précède est très iroportanty car
maintenant il est avéré que la mort par asphyxie avec tous ses sym-
ptômes, tels que les ecchymoses pétéchiales sous-pleurales, peut
atteindre spontanément un enfant pendant Taccouchement ; par ton-
séqoent, ces phénomènes seuls ne doivent pas faire émettre de la
part de l'expert nn soupçon de crime.
Il est également avéré, par suite d'observations nombreuses, que
lorsque la mort est produite par l'entortillement du cordon autour
du cou, il y a ordinairement asphyxie par suite de l'interruption de
la circulation. Cependant nous devons ajouter qu'tZ est possible que
cet entortillement produise des accidents cérébraux tels que l'hypé-
rémie, l'hémorrhagie. Nous rapportons deux cas (obs. 327 et 399)
dans lesquels, en effet, nous avons trouvé une hémorrhagie cérébrale
causée par l'entortillement du cordon ; les nombreux auteurs qui
nient la possibilité de cet accident ont donc tort. Scanzoni a trouvé
aussi quatre fois une hémorrhagie cérébrale sur douze cas de com-
pression du cordon ; cet auteur suppose dans ce cas deux circon-
•tances, chute et entortillement du cordon ; le résultat dépend de la
plus ou moins grande compression qui fait que tous les vaisseaux ou
bieii certains vaisseaux, à l'exclusion des autres, sont obstrués; dans
(l) Lehrbuch d. Geburtshiilfe, 3« édil. Wien, 1855, p. 682.
MORT PENDANT LA NAISSANCE. — ÉTRANGLEMENT DU CORDON. 659
le premier câs, Tenfant se iroave privé de toate communication avec
le placenta et meurt asphyiié, tandis que, dans le second cas, si ce
sont les artères qui sont obstruées, il y a hypérémie et souvent hémor-
rhagie dans quelques organes ; si ce sont les veines, il y a anémie.
Il est très important de pouvoir reconnaître le sillon slrangula-
lotVf produit par Tentortillement du cordon de celui qui est le ré-
mitat d'une strangulation provoquée après la naissance. Dans le
premier cas, le sillon tourne autour du cou sans interruption, ce qui
ne se «oit dans la strangulation que quand il y a en pendaison et que
le lien a été flké au moyen d'un nœud coulant ; le sillon produit par
le cordon ombilical est aussi large que cet organe, concave et
d'nne consistance roulle partout, sans présenter de places evcoriéee,
comme cela se voit si souvent lorsque le sillon a été produit par des
cordes de chanvre ou des liens plus ou moins durs. Quant à la ()ré-
aence d'ecchymoses dans ce sillon, les auteurs ne s'entendent pas ;
Rlam (1) et Elaftsser (2) prétendent qu*il n'y en a jamais, Lôffler (S),
Cnm^ (A), Schwari (ô), Albert (6), Marc (7) et HohI (8) disent, an
contraire, en avoir rencontré. Ces ecchymoses ne se produisent cer-
tainement pas dans tous les cas, surtout si l'enfant est mort prompte*'
awnt^ mais je puis aflBrmer avoir moi-même observé plusieurs fois dé
véritables ecchymoses avec épanchement de sang du tissu cellulaire
après entortillement du cordon autour du cou de l'enfant (obâ. S27).
Une particularité assez importante à noter, c'est que le sillon mo-
mifié on parcheminé n'est jamais le résultat de rentortilleinent du
corion, car il faut un objet bien autrement dur pour ptoduire ce
phénomène.
Je dois, en terminant, attirer Tattention sur une cause d'erreur
(1) Bitf9iaud:t Journal, 1815.
(2) Sehmidt's Jahrbiicher, VII, p. 204.
(S; Bitfèîanijrs Journal, vol. XXI, p. 69.
(4) Leipziger Utter. ZeUung, 1821, p. 583.
(5) Henke^s Zeitschr.. vol. VII, p. 129.
(6) Ib^d., vol. XXI, p. 183, et vol. XLII, p. S07.
(7) Devergic, Médecine légale, V ùMi.^ 1852.
(S) Loc. n7., p. 457.
560 RIO THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
assez fréquente. Souvent le c^vlavre des enfants gras présente sa
cou un pU.de la peau provenant de la flexion de la tète .et qui, apris
le rerroidissement de la graisse, est devenu permanent ; cette particu-
larité ne se trouve que sur les cadavres encore frais ; il faut se gar-
der de prendre ce pli de la peau pour un sillon strangulatoire. Pour
éviter cette erreur, il faut considérer tous les symptAmes du sillon
strangulatoire causé par le cordon, que nous venons d'exposer en
détail.
&** Conslriclion de Vutérus. La constriction spasmodiqae de
Tulérus peut produire le méroe résultat que rentortilienient du cor-
don autour du cou et amener la mort de l'enfant ; des observations
rigoureuses ont mis ce fait hors de doute, quoique H. Mende con'>
tinue à le nier.
M. Hohl trouva, dans un cas de constriction partielle de matrice,
une impression très visible sur le corps de Tenfant siégeant un peu
au-dessus des organes génitaux et s*élendant à droite jusqu'au fémur.
Dans un autre cas, Tenfant était venu par les pieds, il y eut une con*
striction de ToriGce de la matrice qui serra le cou tellement fort,
que H. Hohl eut de la peine à extraire l'enfant qui arriva mort-né;
tout autour du cou de cet enfant, etsurtout à la moitié antérieure,
il y avait un enfoncement de la profondeur d'un doigt, qui était çà
et là coloré en bleu. Malheureusement Tautopsie de ce cas n':i pas été
rapportée.
M. LOiller (1) sentit également, pendant un accouchement, une
forte constriction de la matrice ; Tenfant naquit mort avec un sillon
rouge bleuâtre large de trois doigts tournant autour du ventre. Ce
genre de mort de l'enfant pendant l'accouchement se présente très
rarement dans la pratique médico-légale, car il ne se rencontre que
dans les accouchements laborieux qui nécessitent la présence de té-
moins. Ces derniers donnent alors les renseignements nécessaires pour
faire dissiper tous les doules.
(!) Hufeland's Journal^ vol. XXI, p. 69.
MORT AHIiÊS LA NAISSA.NCK. — CHITE SUR LE SOL. 561
S ^* — Mort de TeoCant après ta naîgian— •
1* Chute de la tête sur h sol. Généralités. Depuis plus de deux
cenls ans, les auteurs admettent que, dans un accouchement préci-
pité, l'eofant peut sortir tout à coup de la matrice et tomber la tète
en avant sur le sol, de manière à se blesser gravement ou même à y
trouver la mort. Il est certain que Tadmission de cette possibilité de-
vient une cause de grand embarras pour le médecin légiste qui a à
déterminer si une fracture du crâne d'un enfant a été produite par des
mains criminelles ; il y a quarante-quatre ans, Klein refusa d'accep-
ter que cette chute pût avoir de si funestes conséquences, et, pour
réfuter cette théorie, il s'appuya sur le témoignage de toutes les per-
sonnes qui assistent ordinairement aux accouchements : les médecins,
les sages- femmes, les gardes-malades, les nourrices, etc. Lemémoire
qu'a publié Klein sur ce sujet prouve seulement qu'il est dangereux
de traiter une question avec une idée préconçue et qu'on a tort,
quand on veut établir une théorie dans la science, de s'en rapporter
i ce que les autres ont vu, au lieu de s'instruire des leçons de sa
propre expérience. Et encore les gens que Klein a consultés sont
presque tous tout à fait incompétents sur un point aussi difficile
de la pratique obstctticale. Nous ne nous étendrons pas plus long-
lerops pour réfuter les singulières opinions de Klein; Henke 8*en est
chargé et l'a fait avec succès. Du reste, Klein lui-même a fini par
avouer que la chute d'un enfant sur le sol peut avoir des cons^.
qnences mortelles, mais ne les a pas nécessairement. On n'avail
jamais prétendu le contraire jusqu'au moment où M. Hohl est venu
ébranler tout ce que l'on admettait à cet égard.
M. Hohl a nié la possibilité d'une lésion mortelle produite par la
chute de l'enfant dans un accpuchement debout. Empressons-nous
d'abwd de déclarer que nous sommes parfaitement de son avis pour
la critique qu'il fait des expériences de Lecieux (1); ces expériences
(i) Considérations sur Vinfanticidey etc., Paris, 1819, p. 64. Les expé-
riences sont les suivantes : « 1* On laissa tomber d'une hauteur de 50 cenii-
II. 36
562 BIO-THÂNATOLOGIE DES NOUVEAU-NÂS.
sont en effet trop superficielles pour inspirer quelque confiance.
M. Hohl les apprécie de la manière suivante : c Dans ces eipé-
» rienees, en n'a pas tenu compte de l'influence du passage en tronc
ir par le fapn et de celui du placenta qui diminue ta gravité de k
1 ehuie ; puis il faut ajouter qu'une fois que la tète de l'enfant est
> sortie du vagin, il reste très peu du corps dans la nalrice, et
» qu'alors la force d'expulsion de ce dernier organe est presqte
» nuHe ; d'un autre côté, les efforts de l'accouchée ne favorisent que
» Fexpulsion du tronc, or, quand la tète est passée, la fennee est
9 ordinairement dans un tel état d'épuisement, qu'il feut l'exciter à
jt faire des efforts quand on veut hâter l'expulsion du tronc. Pour
> que l'enfant tombe, il faut que l'accouchement se fasse la femme
> étant debout on accroupie, dans ce second cas la distance des
9 parties génitales au sol est trop peu considérable pour qu'il puisse
» se produire des fractures; quant à la position debout, je ne la crois
» pas possible, car une femme a toujours le temps de s'étendre à
1 terre au dernier moment de sa délivrance. »
De là M. Hohl conclut que les mères aceusées d'avoir fracturé le
erftae de leur enfant, et qui nient en prétendant que la lésion a
été produite par suite d'un accouchement debout, ces mères mentent.
Ce serait là une théorie (rès importante en médecine légale et qui
enlèverait bien des doutes, mais malheureusement elle n'est pas
vraie. M. Hohl Ta tirée- de sa pratique obstétricale, mais les choses
se passent autrement en médecine légale.
mètres et verlicalement quinze enfants mort-nés la léte la première sur un sol
carrelé, douze de ces enfants présentèrent une fracture d'un des pariétaux,
« quelquefois » des deux pariétaux ; 2** on laissa tomber de la même manière
quinze enfants de la tiauteur de 1 mètre, douze d'entre eux présentèrent également
des fractures des os pariétaux qui s'étendaient chez u quelques sujets » jusqu'à
Tos (irontat. Lorsqu'on essaya de laisser tomber des enfants d'une plus grande hau-
teur, les commissures membraneuses de la voûte du crâne se relâchèrent ou même
se rompirent ; « souvent » le cerveau fut altéré dans sa forme, et dans « quf^lques
cas » ou trouva sous la membrane méningée un épanchement de sang produit par
la rupture de quelques vaisseaux. Ce ne fut que sur les enfants dont les os étaient
très mous et très flexibles qu'on ne trouva p»s de fractures.
MORT APRÈS LA NAISSANCE. — CHUTE SUR LE SOL. 563
La position d'une femme accouchant dans une maison d'accouché^
menf ou dans son domicile et au milieu de sa famille, n*est-elle pas
en effet tout autre que celle d*une fille qui a caché sa grossesse jus-
qti'an dernier moment, et dont l'accouchement doit être ignoré de
tout le monde, non- seulement pour l'intégrité de son honneur, mais
aonreot même pour que l'emploi qui lui donne du pain ne lui soit
pas retiré? Si cette fille est prise des douleurs de l'enfantement en
travaillant, lorsqu'elle est sous la surveillance de ses maîtres, elle
lotte contre les douleurs autant qu'elle peut, et quand on pense à
la situation morale dans laquelle elle se trouve à ce moment,
sur le point de voir son avenir perdu sans retour, la plupart du
temps sans avoir aucun secours à attendre de son amant, torturée
par des douleurs horribles, on peut bien admettre qu'il peut y avoir .
on ébranlement nerveux considérable. Si au bout d'un certain temps
les circonstances lui permettent de se réfugier dans un endroit soli-
taire, l'accouchement peut avoir lieu subitement en vertu de ce qu'a
appelé très bien Wiegand un véritable tétanos de la matrice. Nous
n'avons pas l'habitude d'un grand nombre de nos confrères de nous
apitoyer sur le sort des sujets présentés à l'expertise, nous ne faisons
pas parade d'une philanthropie exagérée et déplacée, mais nous ne
pouvons nous empêcher d'admettre la possibilité de cet enfantement
subit qui peut avoir lieu dans n'importe quelle position.
Nous citerons l'observation 378, dans laquelle on voit une bonne
dont la grossesse était ignorée, qui marchait à côté de sa maîtresse
dans la rue par un grand froid; elle portait un lourd panier, et éprou-
vait les douleurs de l'enfantement, elle accoucha en présence de sa
maîiresse et subitement^ pendant quelle marchait. On verra aussi,
dans Tobservation 377, une femme accouchant debout en parlant à
oile voisine. Dans un autre cas, l'accouchement eut lieu pour ainsi
dire en l'air, la femme avait son lit élevé et ne pouvait y parvenir
qa'en montant sur une chaise ; après avoir éprouvé des douleurs pen-
dant un certain temps, elle se décida à se coucher, elle mit un pied
SOT la chaise et de Tautre elle voulut enjamber jusque sur le lit ; c'est
à ce moment- là précisément que l'enfant sortit tout à coup {\e^ parties
Ô6Â BIO- THANATOLOGIE DES NOUVEAU- NÉS.
génitales, tomba sur le sol et se fit des blessures mortelles. Dans uu
autre cas, un enranl naquit dans les lieux d*aisance, il tomba dans li
fosse et se blessa gravement sur les fèces gelées. Il y a quelques an-
néesy une prisonnière qui se déshabillait debout accoucha dans cette
position sous les yeux de ses compagnes. Enfin jamais je n'oublierai
un cas qui s'est présenté dans ma pratique privée. C'était une jeune
dame qui était venue à Berlin chez sa mère pour y faire ses couches,
elle en était à son troisième enfant ; elle était debout en face de u
mère lorsque tout à coup les douleurs de la délivrance l'envahirent,
et elle accoucha subitement dans cette position d'un enfant qui tomba
sur le tapis sans se faire de mal.
De telles observations prouvent bien qu'tine femme peut accou-
cher subitement y quelle que soit la position dans laquelle elle se
trouve^ même la position debout; et que dans ce dernier cas
Venfant peut tomber des parties génitales sur le sol et se faire des
blessures plus ou moins graves surtout à la tête,
2" Blessures produites par la chute de l'enfant sur le sol pen^
dant l'accouchement. — Leur diagnostic. — Lorsqu'un enfant
tombe ainsi sur le sol, voici quelles sont les blessures qui peuvent
en résulter : rupture du cordon ombilical, commotion cérébrale,
hypérémie et hémorrhagie des téguments du crâne, hypérémie et
hémorrhagie cérébrale, celle dernière se voit surtout à la base du
crâne, luxation des vertèbres cervicales , et enfin fractures des os
crâniens qui se rencontrent surtout aux os pariétaux, le plus souvent
a l'os pariétal gauche, il va sans dire que quand le choc a été violent
les fractures peuvent s'étendre jusqu'à l'os frontal ou jusqu'à l'os
temporal, mais ordinairement lorsque ces fractures sont multiples,
elles sont disposés en rayons se dirigeant vers un centre. Lorsqu'il y
a plusieurs fractures situées sur des os différents, par exemple aux
deux pariétaux, à l'os frontal et à l'os occipital, il y a grande pro-
babilité que la lésion n'a pas été produite par la chute, car il n'y
a pas de contre-coup possible vu la flexibilité du crâne des nou-
veau-nés.
Il va sans dire que la chute d'un enfant sur le sol suppose un accou-
MORT APRÈS LA NAlSSANCIi:. — CHUTE SUK Lt SOL. 565
chement* précipité et ordinairement clandestin. On ne peut douter
qu'un accouchement ayant lieu en secret ne puisse se (aire vite, car
on trouve dans les grandes villes un grand nombre de cadavres d*en •
fanls ayant encore leur cordon et leur placenta, il est évident que
lians ce cas l'accouchement a été caché et très prompt.
Le côté médico-légal important dans cette question, c'est lorsqu'on
se trouve en face d'un cadavre de nouveau- né présentant des firac*
tores du crâne, et que la mère prétend que ces lésions ont été pro-
doites par la chute de l'enfant sur le sol, de pouvoir vérifier si
cette prétention est conforme à la vérité. Ici le diagnostic est diffi-
cile^ Nous avons déjà dit que la présence d'ecchymoses ou d'é-
panchements sanguins gélatiniformes situés au-dessous de l'aponé-
vrose épicrânienne ne prouvaient nullement des violences exercées
sur la tête, nous devons également rappeler qu'il peut y avoir
des extravasations sanguines dans le tissu cellulaire des téguments
de la tète qui ne soient que le résultat de la putréfaction; il
ne faudrait donc pas considérer de telles extravasations comme le
résultat de violences extérieures ni comme produites par la chute de
l'enbnt; pour éviter cette dernière erreur, il suffît de se rappeler que
h décomposition des tissus de la tète n'a lieu que lorsque déjà tout
le cadavre, est putréfié à un assez haut degré.
Nous arrivons enfin aux ecchymoses hémorrhagiques, fissures,
fractures qui peuvent aussi bien provenir de la chute de l'enfant que
de brutalités exercées sur lui. Il y a d'abord une circonstance acces-
soire qui peut aider le jugement de l'expert, c'est lorsque l'on trouve
dans la blessure des débris provenant du sol sur lequel l'enfant est
soi-disant tombé ; quant aux symptômes de diagnostic médico-légal,
voici ce que mon expérience permet d'indiquer :
De simples ecchymoses ou une légère fissure des os pariétaux sans
blessures des téguments et sans autre blessure sur le reste du corps
rendent vraisemblable le récit d'une femme qui prétend que son en-
Cint est tombé pendant l'accouchement. En effet, l'expérience dé-
montre que les infanticides qui ont lieu immédiatement après la
naissance sont toujours accomplis avec beaucoup de violence et que
566 BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU -NÉS.
les lésions sont très graves et très compliquées ; cela s*eiptique par
la raison qu'il faut que le meurtre soit vite consommé et que U
mère dénaturée a toujours peur qu'il reste à l'enfant une parcelle
de vie. Ainsi, quand la violence e$i dirigée sur la tête de l'enfant, ce
qui le plus souvent n'arrive pas, car, dans les cas d'infanticide, le
genre de mort est le plus souvent l'asphyxie, l'étranglement ou les
blessures par instruments piquants ou tranchants, lorsque, dis-je,
la violence est exercée sur la tète, on trouve des blessures très
graves et très multiples, tels que des écrasements du crâne, des frac-
tures de plusieurs os, des ecchymoses sous-aponévrotiques siégeant
à plusieurs endroits différents, des déchirures de l'aponévrose épiera-
nienneetdes méninges, des blessures du cerveau, etc. Oa trouve
également sur le reste du corps des ecchymoses et des égrati-
gnures.
Il y a aussi, pour le diagnostic de ces blessures produites par U
chute de l'enfant, un phénomène que les auteurs recommandent
avec raison d'observer avec soin. C'est le rapport qui existe entre
les dimensions de la tète et des épaules de Tepfant et celles du bas-
sin de la mère, Tinclinaison du bassin, l'état du vagin e( du péri-
née. Il faut s'enquérir de toute l'histoire de l'accouchement, de la
hauteur de laquelle l'enfant est dit être tombé, enfin de la nature du
sol sur lequel la chute a eu lieu.
Le médecin légiste est bien heureux quand il peut obtenir la
vérité sur tous ces détails ; dans les villages où la vie de chaque ha-
bitant se déroule pour ainsi dire sous le contrôle de tous, cela peut
arriver, mais dans les grandes villes, c'est impossible. Très souvent,
lorsque l'autopsie a lieu, la mère est inconnue; quant au Siol sur
lequel est tombé l'enfant, la mère seule le connaît, el elle a tout
intérêt à tromper à cet égard.
Quant au cordon, il est bon de mesurer la longueur et de vériGer
de quelle manière il a été séparé ; ajoutons cependant que ce der-
nier renseignement est d'une faible valeur, car nous communiquerons
plus bas des cas analogues dans lesquels les cordons étaient tantôt
longs, tantôt courts, avaient été tantôt coupés, tantôt déchirés, tantôt
MORT APRÈS LA NAISSANCE. -— CHUTE SUR LE SOL. 567
étaient restés intacts avec le placenta, tantôt enfin avaient ^té arra-
chés à l'endroU même de l'anneau ombilical.
Dans les cas douteux, Texpert fera bien d'adopter la formule que
j'ai si souvent recommandée : l'autopsie n'a pas présenté de phéno-
mènes s'opposant à l'admission de Les observations qui vont
suivre peuvent servir d'exemple et de modèle de conduite à suivre
pour le médecin-légiste.
Des. 375. — Hémorrhagie, submersion ou chute pendant l'accouchemeiU ?
On trouva dans l'eau le cadavre d'un garçon nouveau-né. La longueur du corps
était de SO centimètres, le poids de 3 500 grammes, les diamètres de la tète de
0»,08, 0",1I, 0" J2, celui des épaules 0°*,13, celui des hanches O",©?. La ma-
taritè était hors de doute, il en était de même de la vie de l'enfant après sa nais>
sance. Extérieurement on ne voyait de blessure nulle part, pas même à la tète ; en
retirant les téguments de la tête, nous vîmes sous l'aponévrose une large extra va-
salion sanguine ayant 2 millimètres d'épaisseur. L'os pariétal droit avait une fts-
aure transversale longue de 4 millimètres avec des bords non ecchymoses ; le cer-
veau, quoique le cadavre fût encore assez frais, était déjà transformé en une
bouillie rose, on pouvait cependant encore reconnaître à sa surface et à sa base
une hypérémie très prononcée. Le cordon avait été complètement arraché à son
insertion à l'anneau ombilical ; il y avait beaucoup de sang dans le foie, une cer-
taine quantité dans la veine cave ; les poumons étaient roses marbrés de bleu et
n'offraient aucun signe de la mort par submersion ; la trachée, ainsi que l'estomac,
était vide et pâle ; le cœur ne contenait pas de sang.
D'après ces symptômes, il ne pouvait y avoir eu ni mort par hémorrhagie, ni
mort par submersion. Nous déclarâmes que l'enfant était mort d'une hémorrhagie
cérébrale dont la cause pouvait être attribuée à une chute pendant l'accouchement.
La mère est restée inconnue.
Obs. 376. — Chute d'un enfant pendant l'accouchement.
Au milieu du mois de mars 1 S**, on trouva dans la rue le cadavre d'une fille
notrreao- née dont le corps n'était pas séparé du cordon et du placenta. La maturité
de r«nfant était évidente (longueur, 47 centinièires ; poids, i 375 grammes). La
tète n'était pas petite, elle n*élail cependant pas proportionnée au poids du corps ;
les diamètres de la tête éteient 0"',07, 0"»,iO, 0'",12, celui des épaules 0™,1S,
celui des hanches 0°',10; le cordon était long de 76 centimètres. L'enfant avait
respiré, conrae le prouva la docimasie pulmonaire. Il s'agissait de savoir à quel
genre de mort il avait succombé. A l'extérieur, et notamment à la tète, il n'y avait
pas trace de blessure ; le cadavre était encore très frais ; au-dessous de l'aponé-
vrose épicrinienne, il y avait une extravasalion sanguine épaisse de 2 miUimètres
et moitié coagulée sur Vos frontal gauche, une autre sur l'os pariéliil gauche, et une
568 BIO- THANATOLOGIE OKS NOUVEAU -NÉS.
troisième sur l'os occipilal. Les os étaient intacts; ii y avait eu outre liypérémie
du cerveau ; l'autopsie ne présenta aucun autre phénomène remarquable.
D'après cela je déclarai que la mort avait eu lieu probablement par apoplexie
cérébrale, et que quant à la cause, ce qu'il y avait de plus vraisemblable, c'éUil
une chute pendant l'accouchement, qui, vu la présence du placenta, avait dû èUt
précipité. La mère resta inconnue.
Obs. 377. — Àccouchemenl debout ; chute de l'enfant sur le sot.
Ici la chute de l'enfant sur le sol eut lieu devant témoins. Une ouvrière primi-
pare était debout en train de travailler lorsqu'elle se sentit délivrée tout à coup de
l'enfant et du placenta. Sa camarade d'atelier alla tout de suile chercher du secourt,
et lorsque l'on arriva, l'enfant était mort.
L'enfant pesait 3 500 grammes et était long de 47 centimètres, il présentait tous
les signes de la maturité ; la docimasie prouva qu'il avait respiré ; au sommet de la
tète, au-dessous des téguments, il y avait une extra vasation de sang coagulé épaisse
de 2 millimètres ; pas de lésion aux os, mais, comme dans le cas précédent, hypé-
rémie du cerveau. Nous n'avons pas su si le cordon avait été séparé pendant ou
après la naissance, nous trouvâmes à l'autopsie cet organe déchiré et non lié.
Nous déclarâmes que l'autopsie avait confirmé complètement les dépositions des
témoins et de la mère relativement à l'accouchement.
Obs. 378. — Accouchement debout; chute de V enfant dans la rue.
Ce cas est semblable au précédent, l'accouchement eut lieu devant un témoin
digne de foi! La fille L..., domestique, vers l'époque du terme de sa grossesse
qu'elle avait dissimulée, sortit un soir avec sa maîtresse, portant un panier qui ne
tarda pas à être rempli d'objets achetés. Chemin faisant, elle sentit des douleurs de
l'enfantement, elle lutta et continua à marcher, et au bout d'une demi-heure,
l'enfant tomba sur le sol couvert de neige, le cordon fut déchiré. La fille s'évanouit ;
la maîtresse courut chercher du secours, et lorsqu'elle revint, l'enfant était mort.
Cet enfant avait respiré et avait succombé à une hémorrhagie cérébrale. Nous
trouvâmes, ce qui est assez curieux, un défaut d'ossification à l'os pariétal droit,
cet os présentait une place presque transparente ayant la dimension d'une pièce de
3 francs au milieu de laquelle se trouvait une fissure dentelée, ecchymosée et ayant
la largeur de 2 millimètres. Nous déclarâmes que l'enfant était né à terme, qu'il
avait vécu tt qu'il était mort d'apoplexie cérébrale, que cette apoplexie avait été
très probablement produite par la chute pendant l'accouchement.
Obs. 379. — Accouchement précipité; chute de l'enfant; mort de la mère.
Une fille primipare, âgée do vingt-quatre an^, accoucha clandestinement, et
resta morte sans qu'on sût quels avaient été les détails de l'accouchement. L'au-
topsie démontra qu'elle avait succombé à une hémorrhagie. Le cadavre fut
trouvé dans le lit, ou ne sut pas si c'est là ([u'cut lieu l'accouchement, ou $i la
MORT APRÈS LA NAISSANCE. — CHUTE SUR LE SOL. 569
ille mourante avait encore eu la force de s'y traîner, ou enfin si quelqu'un l'y avai^
déposée. Le cadavre nous fut présenté pour l'autopsie enveloppé d'un drap qui con-
tenait autst un placenta putréfié.
Le périnée avait une rupture de près de 3 centimètres, le cordon était déchiré
à 13 centimètres du^placenta, les bords de ce bout du cordon correspondaient
exactement avec ceux de la portion de l'organe qui était restée adhérente à l'anneau
ombilical de l'enfant, cette dernière était longue de 33 centimètres. Le corps de
l'enfant était long de 50 centimètres et pesait 3250 grammes ; la tète était petite
et avait pour diamètre C^.OT, 0"°,09, 0*°, M ; le diamètre des épaules était 0°>,11,
celui des hanches O'^.OO ; au-dessous de l'aponévrose épicrânienno se trouvait une
ceuche de sang coagulé et foncé de 2 millimètres d'épaisseur. L'os pariétal droit
avait une fracture transversale longue de 8 centimètres, la partie squameuse du
même os présentait une fracture de 3 millimètres. Tout le cerveau était enveloppé
d'une couche de sang foncé et coagulé. Le corps ne présentait à l'extérieur aucune
traee de blessure. La docimasie prouva que Fenfant avait respiré.
Les résultats de l'autopsie étaient assez difliciles à interpréter. Nous n'avons pas
cra devoir formuler notre jugement autrement que : l'apoplexie cérébrale mortelle
à laquelle a succombé cet enfant a été produite par une violence extérieure ; l'an-
topaîe ne permet pas de déterminer quelle a été la nature de cette violence, mais elle
ae se refuse pas k laisser admettre qu'elle a été produite par la chute de l'enlant
far le sol pendant l'accouchement.
Obs. 380. — Chute de Vmfant pendant l'accouchement ou infanticide ?
Le cadavre d'une fille nouveau-née fut trouvé dans la cuisine caché dans un tas
de ceodrea. L^ mère de cette enfant, qui fut connue après l'autopsie, était la
bonne de la maison ; elle avait déjà donné naissance quatre ans auparavant à un
salant encore vivant.
Le cadavre était à terme, la longueur était de 43 centimètres, le poids de
3000 grammes, les diamètres de la tète 0<",08, O'^.IO et 0°',12 ; celui des épaules
0*,10, et celui des hanches 0"*,08 ; ces dimensions permettaient d'admettre la
possibilité d'un accouchement précipité. Le cordon, long de 23 centimètres, pou-
vait être considéré, d'après l'état de ses bords, comme ayant été déchiré. Il n'y
avait à Textérieur aucune trace de blessure. L'enfant avait respiré. A la tête, toute
la moitié droite de la surface interne de l'aponévrose épicrànienne était couverte
d'un épanchement sanguin ayant 2 millimètres ^'épaisseur ; une extravasation
analogue n'ayant que la grandeur d'une pièce de 1 franc, se trouvait au sommet
de la lète ; l'os pariétal droit était fracturé, une fente le traversait dans le sens
longitudinal et dans le sens transversal, une autre fracture traversait le frontal
droit transversalement, le frontal gauche dans le sens longitudinal et dans le sens
transversal, enfin l'os occipital était également fracturé dans toute sa hauteur. Le
cerveau était partout hypérémique, à sa base il y avait des extravasations de sang
coagulé et foncé.
Selon les principes que nous avons émis plus haut, nous déclarâmes que les
blessures mortelles trouvées chez cette enfant n'avaient pas été produites par la
670 BIO- THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
chute de l'enfant sur le sol pendant l'accouchement, qu'elles étaient le résultat de
violences exercées volontairement sur lui. La mère, qui fut trouvée peu de temfi
après, raconta que, se trouvant debout dans «la cuisine, elle se sentit tout àcoii{i
envahie par les douleurs de l'enfanlement, et que l'enfant tomba sur le sol;alon
elle s'évanouit, et quand elle revint à elle, voulant donner la mort à son enfant et
à elle après, elle prit celui-ci par la tète et la cogna à plusieurs reprises contre
les pierres du foyer, puis elle cacha le cadavre. Elle fut condamnée.
Obs. 381 . — Enfant tiré d*nne fosse d'aisance.
On trouva dans une fosse d'aisance le cadavre d'un enfant nouveau-oé conwt
d'un linge. L'enfant pesait 4125 grammes et était long de &0 centimètrea ; 1m
diamètres de la tète étaient 0",08, 0",tl et 0»,12; eelui des épaules 0",IS;
tous les autres signes démontraient que l'eCifant était venu à terme et avait vén ;
aur l'os temporal gauche, au-dmoua de l'aponévrose, s'étendait jusqu'à l'ea freotal
un épanchement sanguin ; il y «vait de plus des ecchymoses épartee eiu^snm du
périoste. Les veines du cerveau et les sinus étaient hypérémiquea ; cee lésions à
la tète avaient causé la mort de l'entant. Le liuge dans lequelTanfaot était eaveloppé
prouvait bien qu'il n'était pas né au-dessus de la fosse et n'y était paa toabé
pendant l'accouchement ; d'un autre côté, la présence du flaeeola, qm adhérait
encore au corps de l'enfant, démontrait que l'accoucbeinent avait été très pnMBpt,
et nous admîmes que vraisemblablement l'apoplexie cérébrale aarteile avait élé
produite par la chute sur les fèces gelées après la naissance.
Obs. 382. — Enfant tiréd'wie chaise percée.
On trouva dans une chaise percée le cadavre d'un garçon nouveau-né à tenne,
long de 45 centimètres, pesant 3250 grammes ; les diamèUes de le tète éâaieat
de 0",08, G*", 10 et 0°>,11 ; celui des épaules 0°>,I2. La portion du cordon, qm
restait encore après l'enfant, était longue de 35 centimètres et avait été déchirée et
liée. Au-dessous de l'aponévrose épicrânienne, à Tôt pariétal gauche, se trouvaient
des ecchymoses ; mais, en dehors de cela, il n'y avait d'eccbyoM>se8 ni à l'inté-
rieur ni à l'extérieur. Le cadavre était encore asaes frais. La mort avait en lien par
hypérémie du cerveau ; l'enfant avait respiré.
Le placenta trouvé à côté de l'enfant, le cordon déchiré, les diamètres de la léle
et des épaules relativement petits, l'accouchement clandestin annonçaient que U
délivrance avait du être très pfompte, les ecchymoses trouvées sur l'os pariétal
annonçaient qu'il y avait eu chute. Nais celte chute n'avait pas pu avoir lieu dans
la chaise percée pendant l'accouchement, car cela se passait au mois de mai, et
les fèces devaient èlre liquides, il y aurait donc eu asphyxie et non appoplexie
cérébrale ; il était probable que l'enfant né vivant et viable était tombé sur le sol
pendant l'accouchement, et qu'il avait été ensuite jeté dans la chaise percée pour
que l'accouchement restât secret.
MORT APRÈS Lk NAISSANCE. — CHUTE SUR LE SOL. - OBSERVATIONS. 571
Obs. ZS3, — Chute pendant Vaccouchementy ou ai^yœie dans des cendres^ ou
sutftnersion dans une fosse d*aisamce ?
»
Pendant une nuit de janvier 18**, la flile L..., primipare, qui avait dissimulé sa
irowetae, sentit les douleurs de renfantement, elle sortit de son lit à cause de la
violence de ses douleurs qui la poussaient à changer de place et s^appuya contre
le fourneau. Elle sentit tout à coup les douleurs devenir plus vives, et l'enfant lui
tomber entre les jambes ; elle dit avoir seulement entendu « un bruit sourd et un
eriaifu», elle s'évanouit; revenue à elle, elle trouva l'enfant et voulut s'en dé-
barrasser, elle l'enveloppa dans un drap de lit. le porta dans la cour et « le laissa
tomber dans une fosse d'aisance ». Le lendemain on trouva dans la fosse un paquet
blanchâtre sur lequel étaient répandues des cendres ; on le retira avec une fourchette
à fnmier.
L'enCiiit était du sexe féminin et à terme, la docimasie prouva qu'il avait res-
piré; tout le corps était couvert de cendres. Dans les cavités nasales et buccales
Il n'y avait cependant pas de traces de cendres ; le cordon avait des bords inégaux
et dentelés, il avait été déchiré ; l'estomac était vide et ne contenait ni cendres ni
lèees, la veine cave contenait très peu de sang ; la trachée et les bronches étaient
fides, pâles et normales ; les poumons, incisés, contenaient de l'écume sanguine-
leste ; le cœur contenait seulement dans sa partie droite quelques gouttes de sang ;
f œsophage était vide; la surface interne de l'aponévrose épicrânienne présentait
ila région occipitale et vers le sommet de la tête des extravasations sanguines coa-
ftilées ; à Tos pariétal gauche il y avait une fracture longue de 5 centimètres qui
/étendait Jusqu'à l'os pariétal droit. Parallèlement à cette fracture se trouvait un
enfoncement de 1 centipnètre et demi à l'os pariétal gauche. L'os pariétal droit avait
li une autre fracture dentelée longue de I centimètre. Les os étaient très minces
endroits fracturés ; les méninges étaient peu remplies, les sinus étaient presque
vides. A la base de l'hémisphère droit du cerveau se trouvait une extravasation
sanguine de la grandeur d'une pièce de 50 centimes, foncée et coagulée.
Par conséquent, l'enfant était mort d'apoplexie cérébrale ; la nature et le siège
des fractures des os pariétaux si minces nous fîren admettre la possibilité d'une
chute pendant l'accouchement ; ce qui se rapportait au récit de la mère et aux
taehes de sang trouvées dans la chambre ; le peu de gravité des blessures s'op-
posait à ce qu'on pût admettre des violences exercées par la mère; ces bles-
sures ne pouvaient pas non plus avoir été produites par l'instrument au moyen du-
quel le corps fut retiré du fumier, car elles présentaient des traces de réaction
■
vitale, et les téguments extérieurs n'étaient pas lésés ; la chute dans la fosse
jBO pouvait pas uoo plus «voir produit ces lésions, car les fèces étaient liquides ; de
plDs, comme on ne trouva aucun symptôme d'asphyxie, il faut admettre que l'eafaat
était mort quand il arriva dans la fosse.
0»s. 3^4 . — Chute de C enfant pendant V accouchement ou infamUeide?
La Mie N..., très visiblement enceinte, avait nié sa grossesse à sa maîtresse et à
jm» <^ilp»r>dcs, cc|>eodaBt, vers la fin du moif de mai, d'après ce qu'elle raconta
572 BIO-THANATOLOGIE DES NOUVEAU-NÉS.
plus tard, elle venait de la cour et rentrait dans sa chambre lorsque son enfnt
naquit tout à coup et tomba sur le sol à l'endroit où se trouvait un grand clôt
en fer.
Nous fîmes l'autopsie de cet enfant, c'était une flUe née à terme qui avait 'vécu
après sa naissance. L'aponévrose épicrânienne et les méninges étaient bypérémi-
ques, 12 grammes de sang étaient épanchés sur la surface du cerveau, celle
hémorrhagie avait été produite par des fractures des deux os pariétaux. Ces deux
08 n'étaient pas ossifiés d'une manière normale, ils avaient encore des places tnni-
parentes au milieu desquelles se trouvaient des ouvertures à borda dentelés. Mais,
indépendamment de ces défauts d'ossiflcation, il y avait à chaque oa pariétal de
véritables fractures ; ces blessures graves empêchent d'admettre la chute de l'en-
fiint sur le sol ; dans tous les cas cette chute ne produit ordinairement des frac-
tures que du côté où la chute a eu lieu, et non sur toute la tète comme ici. De plus
il y avait aux deux lèvres de l'enfant une ecchymose large de 2 centimètres, semi-
lunaire d'un bleu rougeâtre ; de plus les lèvres avaient une couleur rouge noirâtre
presque uniforme ; cette tache avait absolument l'aspect de celles qui sont pro-
duites par les impressions de doigts sur le corps des enfants peu de temps avant
la mort ; cette circonstance rend possible Tapposition de la main sur la booche de
l'enfant pour l'empêcher de crier, et même la nature de Tecchymnae montre que
cette manœuvre a dû être pratiquée avec . force, cette action a pu produire eo
même temps les fractures de la tête ; d'un autre côté ces demièrea ont pn être
causées par une autre violence exercée sur la tête elle-même. 11 faut écarter l'idée
de la possibilité de l'extraction de l'enfant avec l'aide de la main de la mère ; car -
ordinairement cette manœuvre produit des égratignures qui ne se trouvent pas ki»
et comme dans ce cas l'accouchement a été caché et très prompt, cet aide a ét^
inutile.
De là nous conclûmes que : i° l'enrant était né à terme et viable; 2* il avait
vécu après sa naissance ; 3** il avait succombé à une apoplexie cérébrale causée
par des blessures de tète ; 4* les blessures n'avaient très probablement pas été le
résultat de la chute de l'enfant pendant l'accouchement, mais avaient été produites
par une violence extérieure exercée sur la tête ; 5° il était impossible de dire
d'après l'autopsie quelle avait été cette violence ; 6° il n'était pas probable que cette
violence eût été causée par les efforts de la mère s'aidant avec la main pour ter-
miner sa délivrance.
3° Mort par hémorrhagie du cordon. — Généralités. — Uu
enfant nouveau -né peut-il mourir par hémorrhagie du cordon
ombilical? Les anciens auteurs, répondaient affirmativement à cette
question, et de plus ils admettaient que ce genre de mort avait
eu lieu toutes les fois que le cordon n'avait pas été lié; certains
auteurs modernes ont péché dans le sens contraire, en niant la
possibilité de ce genre de mort toutes les fois que la circulation
MORT APRÈS LA NAISSANCK. — HÉMORRHAGIC DU CORDON. 57.1
partîcolière de Fenfant après sa naissance a pu s*établir. La vérité
est que ce genre de mort est possible, mais qu'il est très rare
même au milieu des conditions qui semblent lui être le plus favora*
blés. Dans ma longue carrière de médecin légiste je n'en ai pas vu un
seul cas, quoique j'aie observé six fois le cordon arraché à son inser^
tion à l'anneau ombilical, et l'on rencontre journellement des cas dans
lesquels le cordon n'a pas été lié et n'a qu'une longueur de 3, &
ou 5 centimètres. Le point important de la question en médecine
légale, c'est de répondre au tribunal si l'enfant est mort oui ou non
de cette hémorrbagie.
Diagnostic. — Ce genre de mort n'offre pas chez les nouveau-
nés d'autres symptômes diagnostiques que ceux qui se présentent
pour les adultes qui ont succombé a une hémorrbagie quelconque.
Nous avons exposé ces symptômes plus haut. L'anémie est, comme
toujours, le résulat le plus commun ; chez les nouveau-nés comme
chez les adultes, les veines du cerveau ne participert pas à cette ané-
mie, et l'on trouve également les hypostases cadavériques. Mais ici se
présente une difficulté qui se rencontre moins généralement chez les
adultes. Les enfants nouveau-nés auxquels on a donné la mort sont
jetés n'importe où et ne sont trouvés que par hasard souvent long-
temps après leur mort; il faut alors tenir grand compte de TinOuence
de la putréfaction sur la production de l'anémie. Lorsque la putré-
faction est très avancée , le médecin légiste ne doit pas se pro-
noncer.
L'erreur des anciens auteurs consistant à croire que l'héroorrhagie
ombilicale produisait en même temps Vasphyxie et Yanémie n'a pas
même besoin d'être réfutée.
Lorsqu'on a constaté que la mort d'un enfant a eu lieu par suite
de l'anémie, il s'agit naturellement de rechercher si cette anémie a été
produite par l'hémorrbagie du cordon ombilical. S'il n'y a pas de
blessure à l'extérieur, l'hémorrhagie du cordon devient plus proba-
ble, mais il faut encore s'assurer s'il n'y a pas eu d'épancheroent de
sang interne provenant, soit d'une violence extérieure, soit d'une
cause pathologique. J'ai vu pour mon compte dans deux cas la
57A BIO- THANATOLOGIE DES NOUVEAU- NÉS.
mort produite par un épaçchement de sang s'écoulant par Taniis.
Cette vérification étant faite, il faut examiner l'état da cordoo;
disons tout de suite que la présence on Tabsence de sang répandu sar le
corps de l'enfant ou sur ses enveloppes ne prouve rien, car, d'oi
côté, c^^sang peut provenir de l'accouchement ou même d'une hé-
morrhagie du cordon qui n'a pas été mortelle; d'un autre côté, le
corps d'un enfant qui a succombé à une hémorrhagie du cordon peut
avoir été lavé et essuvé. Les symptômes principaux sont les sui-
vants :
l"* Pour qu'il y ait hémorrhagie ombilicale mortelle, il faut que U
blessure soit faite au cordon et non au placenta. Hende (1) pense le
contraire, parce que, dit-il, la longueur du cordon n'empêche pas le
passage du sang, et que le sang pénètre également avec facilité dans
le placenta, comme Tont prouvé les expériences d'injection. Cette
théorie n'a qu*un malheur, c'est d'être contraire à ce que l'expé-
rience nous montre chaque jour, elle doit donc être rejetée.
2"* La présence ou l'absence de ligature ne signifie rien (toujours
en supposant que la mort a eu lieu par hémorrhagie) ; car, d'un côté,
la ligature peut avoir été faite et les liens enlevés, soit en déshabil-
lant, soit en transportant le cadavre, soit par suite du mouvement
continuel auquel il est soumis quand il séjourne dans l'eau ; d'un
autre côté, il est possible, quoique cela doive certainement arriver
très rarement, que, par une raison quelconque, une li|;ature ail été
pratiquée après la mort de l'enfant.
3"" L'hémorrliagie des artères du cordon est d'autant plus facilement
mortelle que le cordon a élé séparé sans être lié, peu de temps après
la naissance. Or, nous avons vu que la docimasiô pulmonaire permet-
tait souvent de préciser qu'un enfant avait peu respiré. Nous devons
cependant dire qu'une observation de M. Hohl prouve que, même
après une respiration qui a duré plusieurs heures, l'hémorrhagie
ombilicale mortelle est possible. H. Hohl vit lui-même une sage-
femme lier convenablement et fortement vers midi le cordon ombili-
(1) llandb, ci. gcr. Med., III, p. 279.
MORT APRÈS LA NAISSANCE. — HÉMORRHAGIE DU CORDON. 575
cal d'un enfant bien portant; le soir, la sage-femme revint et trouva
tout en ordre, et le matin Tenfant fut trouvé mort d'une liémorrhagie
ombilicale, il y avait anémie générale ; tous les organes étaient dans
an état complet d'intégrité.
A** Il faut, en général, que le cordon ait été séparé trè%près de
Tanneau ombilical. Plus le cordon est court, plus Thémorrliagie est
facile. La longueur de cet organe produit en général une rétraction
des artères qui forme un obstacle à Thémorrhagié. Cependant j*ai
observé quatre cas (obs. 371 , 375, 386 et 387) de séparation du
cordon à l'insertion même de l'organe, sans qu'il en soit résulté
d*hémorrhagie mortelle. Dans deux autres cas, les enfants étaient
mort-nés.
S"" La manière dont le cordon a été séparé n'est pas sans influence
sur la possibilité de Théraorrhagie. Lorsque le cordon a été coupé
avec un instrument tranchant, Thémorrhagie a plus de chance de se
produire que quand il a été déchiré, par 1â raison que, dans le pre*
noier cas, les artères restent béantes, tandis que, dans le second, les
artères sont plus ou moins soumises à une compression.
Le cordon peut-il être déchiré spontanément pendant la nais^
sance? M. Négrier d'Angers (plus tard M. Speth), a fait des expé-
riences à cet égard, il a voulu mesurer la résistance du cordon en
suspendant ù une des extrémités de cet organe des poids de plusieurs
sortes (1). Ces expériences sont sans valeur, par la raison que
l'extension a été graduellement augmentée, tandis que, lorsqu'il y a
rupture pendant la naissance, l'extension est subite, puis on n'a pas
tenu compte de l'augmentation de poids qu'acquiert le corps de
l'enfant par la chute ; enfin on a expérimenté sur des organes
privés de vitalité, et nous avons déjà démontré que la résistance
des organes privés de vitalité était tout autre que celle des organes
fifants. J'ai fait moi- môme des expériences sur des cordon? frais;
j*ai vu que, lorsque l'on essaye de casser un cordon ombilical en en
saisissant les deux extrémités avec les deux mains, celles-ci glissent
(I) AnnalfS d'hygièncy XXV, p. 126.
570 niO-THANATOLOCIE DES NOUVEAU-NÉS.
sur la surface graisseuse et lisse de l*organe; il faut faire plusieurs
tours de cordon dans chaque main ou envelopper les deux extrémi-
tés a^c un linge sec pour pouvoir tirer convenablement ; ces condi-
tions étant remplies, je puis assurer qu*il est très difficile de casser
le cordon en ne tirant qu'une seule fois, ce n*est qu'après de nom-
breuses tractions se succédant rapidement que Ton peut y arriver. 11
est évident qu'il faut une force bien moins grande pour casser le
cordon pendant la vie de Tenfant^ car la résistance des tissus est
différente avant et après la mort; c*est le même résultat que celui
que nous avons trouvé pour la résistance des os.
Nous avons vu plus haut que Thémorrhagie est plus facile quand
le cordon a été coupé. Peut-on reconnaître sur le cadavre si cet
organe a été coupé et déchiré? On le peut dans la plupart des cas.
Lorsque le cordon a été coupé, les bords sont lisses, nets ; lorsque
le cordon a été déchiré, ils sont inégaux, dentelés ; mais, lorsque le
cordon a été coupé avec un instrument ne coupant pas bien, qu'il a
été moitié scié, moitié déchiré, il est très difficile de déterminer
comment la séparation a eu lieu, et je comprends très bien que^ dans
certains cas, les médecins légistes refusent de se prononcer. Quand
le cordon est momifié, il suffit de le tremper et de le ramollir dans
Teau pour pouvoir en examiner les bords.
Je fais suivre ici un cas dans lequel il était de la plushaule impor-
tance de déterminer si le cordon avait été coupé ou déchiré ; ce cas
plus intéressant encore par son côté pénal que par son côté médico-
légal, se passait du temps de l'ancien code, lorsque l'infanticide était
considéré comme aussi grave que le meurtre et était puni de la peine
de mort.
Obs. 385. — Blessure de la carotide et de la moelle épinière d*un nouveau^né^
déterminer de quelle manière a eu lieu la séparation du cordon.
Une fille qui en était à sa seconde grossesse, accoucha clandeslinement pendaat
la nuit dans une cave, et tua son enfant en lui faisant d*abord plusieurs blessurfs
au cou avec un couteau de table, puis en le frappant avec une bêche, au moyen de
laqueUe elle l'enterra dans le sable.
Cet enfant fut trouvé, et nous fûmes chargé d*en faire l'autopsie. La carotide
droite était ouverte, la colonne vertébrale avait été atteinte entre la cinquième et
MOIiT APnÉS LA .XAISSANCK. — IIKIIOIlAHAGIl!: l^U CORDON. 577
Il sixième vertèbre cervicale, la moelle épiiiière avait été coupée complètement ■
et endroit. Le jugement mcdico-lé{ral était, comme on le voit, très facile, mais il
urgit une circonstance qui montre combien il faut toujours agir avec précaution
lans toutes les autopsies, quelque faciles qu'elles paraissent.
L'accusée déclara qu'ayant donné naissance à l'enfant et ayant encore le pla-
tenta dans l'utérus, par conséquent l'enfant se trouvant encore réuni à elle par le
tordon, elle le prit et alla dans la cuisine chercher un couteau pour couper le cor-
Ion, et que seulement alors, ayant le couteau en main, troublée parla frayeur et
>ar les soufTranees, l'idée lui est venue de tuer son enfant, ce qu'elle ne tarda pas
i exécuter. Au point de vue pénal, elle aurait commis seulement un meurtre. Mais
orsque j'avais fait l'autopsie, quoique ne connaissant pas encore les dépositions de
'accusée, j'avais noté dans le procès-verbal que les bords du cordon étaient inégaux
st dentelés, de sorte qn'il n'y avait pas eu coupure, mais déchirure. L'instrument
lont l'accusée prétendit s'être servi était très tranchant. Le récit de la iemme
fitait donc faux, elle était allée chercher le couteau après avoir déchiré le cordon
et dans l'intention réelle de le tuer. L'accusée fut déclarée coupable, mais son état
mental au moment du fait fut considère comme altéré, et elle fut condamnée aux
travaux forcés à perpétuité.
&* La constitution de Tenfant a également de Tinfluence sur le
danger de rhémorrhagie. Les enfants vigoureux, cœteris paribus^
meurent plus facilement de rhémorrhagie que ceux qui sont chétib
et malingres et qui, s'évanouissant facilement, peuvent laisser le temps
de les sauver si les circonstances le permettent.
7** Pour ce qui concerne Tétat du cordon lui-même, je suis de Ta-
vis de M. HohI, accoucheur expérimenté : les cordons gras sont
plutôt ceux qui sont atteints d*hémorrhagie que les cordons maigres.
Des nœuds faits au cordon n*empéchentpas absolument la possibilité
de rhémorrhagie ombilicale.
Obs. 386. — Cordon séparé près de Vanneau ombiHcal, sans t^émoirhagie
mortelle.
Une ûlle, qui avait caché sa grossesse, accoucha en secret dans la nuit du 5 mai
18... £lle prétendit s'être évanouie pendant l'accouchement et avoir trouvé à son
réveil l'enfant mort à côté d'elle ; alors elle le mit dans un seau où on le trouva
deux jours plus tard.
L'enfant était venu à terme et avait respiré. Les poumons étaient rougef couleur
chair et laissaient sortir, quand on les incisait, de l'écume sanguinolente. Le cordon
ombilical était séparé tout près de l'anneau, de sorte qu'à première vuo l'ombilic
semblait cicatrisé. Dans l'abdomen, le foie, la rate et la veine cave coatenaient une
II. 37
•n
4
578 BIO-THANATOLOGIE DES NOUYEAU-NÉS.
Certaine quantité de saog ; la vessie était vide ; le gros intestin était rempli de né-
•onium ; le cœur était vide ; il y avait dans la tète une liypérémie très pi oncneèe
aani hypostase cadavérique. Les os du crftne étaient couverts de sang ; le eadanc
ne présentait pas d'autre anomalie. L'absence de tumeur à la tête et le placenta
trouvé à cété de l'enfant annonçaient un accouchement très prompt. Par conséqneat
la séparation du cordon ombilical tout près de Tanneau n*avait pas produit m la
mort par hémorrhagie.
0b8. 387. — Cordon arraché ftrèi dn raiifiM« foiM hémorrhmffU morték.
On trouva, vers le mois de juillet, le cadavre d'un garçon venu à terme etqai
présentait une putréfaction très avancée : les épreuves de la docimasie étaient ee»
pendant encore possibles, et la putréfaction n'empêchait pas de reconnaître qu'il
n'y avait pas eu mort par hémorrhagie. Le cordon ombilir^il avait été arraché tott
près de l'anneau. Les poumons étaient d'un rouge brunâtre et laissaient échapper,
quand on les incisait, de l'écume sanguinolente ; la veine cave était très rfmplif de
sang, il y avait aussi une hypérémie de la cavité crânienne qui faisait attribuer la
mort à une apoplexie cérébrale.
Obs. 388. — Cordon ombilical non lié^ $an$ qu'il y ait eu hémorrhagie mortelk.
Cet enfant présentait encore un cordon ombilical ayant une longueur de 12 eeoti-
mètres et qui avait été déchiré ; il avait respiré et n'était pas mortd'hémorriiagie, mais
d'une hypérémie du cerveau. Le cadavre avait été trouvé enveloppé avec soin cl
empaqueté dans une caisse, ayant à côté de lui le placenta auquel adhérait le reste
du cordon long de 38 centimètres. Le placenta pesait 500 grammes, ce qui eit
ordinairement le poids de cet organe. Les poumons , couleur rouge brunâtre,
étaient marbrés et surnageaient dans l'eau.
Je n'ai cilé ce cas que comme exemple, car les cordons non liés
de 12 centimètres, ne donnant pas lieu à des hémorrhagies, se ren-
contrent tous les jours.
§ 5. •— Déterminer li la mort d'un eniknt • ea liea par la fiaata
de la mère.
Outre les genres de mort spécifiques des nouveau-nés avant, pen-
dant et après raccouchement, que nous venons d'étudier, les enfants
peuvent succomber à une foule de genres de mort accidentelle, à
propos desquels l'expert a à déterminer s'il y a eu faute de la mère.
La culpabilité de la mère n'est pas douteuse lorsque Ton trouve
sur le cadavre de l'enfant des blessures mortelles produites par
iusirunienis piquants ou tranclinnls. iorsqu'il y i\ e:i empoisonne-
MORT DE L'BffPAMT. — Y AoT-lL BU FAUTE DE LA MÈRE ? 579
menl ptr l'acide sulttarique, submersion, asphyxie par obstnielioii
des voies aériennes, etc., et lorsqu'il est prouvé qu'une tierce per-
sonne n'est pas intervenue.
Celte culpabilité est beaucoup plus diflBcile à apprécier si renfant
• soceombé à un des genres de mort spécifiques deê nouveau-nés
^e nous avons étudiés plus haut, s'il a élé étouffé dans le lit entre
ioi enlises de la oière, s'il est né au milieu d'exeréments qui l'ont
asphyxié ; si, abandonné, il a été gelé, ou si seulement il a manqué
4ea premiers soins nécessaires.
Nous devons signaler ici les mensonges hardis que font la plupart
4ea accusées qui, même les plus sottes, savent avec une certaine
logique profiter de ce que leur crime n'a pas eu de témoin pour cher*
dier à en obtenir l'impunité. Ici, comme partout, l'expert doit mettre
de eAté tout sentiment d'humanité exagérée, et ne doit prendre pour
guide que les règles de la science et du sens commun.
Or voici ce que ces règles apprennent :
Un aeeouehement précipité peut avoir lieu en secret, mémo cbet
les primipares, comme nous l'avons dit plus haut ; il peut se faire
alors que l'enfant tombe tout à coup sur le sol et se blesse mortelle-
ment à la tête ;
L'enfant peut être étranglé par le cordon ou asphyxié par une
compression exercée sur cet organe, il peut mourir d'une hémor-
rhagie produite par la rupture du cordon ombilical ;
Il est également constaté que les femmes sur le point d'accoucher
éprouvent souvent des besoins impérieux i'aller à la ielie ou d'uri-
ner, et que si, dans leur ignorance, elles se mettent au-dessus des
Henx d'aisances, l'enfEint peut naître suintement et tomber dans la
fesse;
Un accouchement peut avoir Keu 7a femme étmni évaneuie^ par
conséquent sans que les conséquences de l'abandon de l'enfÎMl au
moment de sa naissance soient imputables à la mère; qoelquefeis
même le défont de soins provient de Vignoranee réelle et complète
dans laquelle se trouve la mère ; ajoutons que cette excuse est allé-
guée journellement sans être justifiée, elle ne peut être adaMse que
5S0 BIO-TUANATOLOGIE DES NOUVEaU-NKS.
orsque la mère est très jeune et que sa naïveté et son ineipérience
sont hors de doute.
Une autre circonstance à décharge, qui est plus facile à apprécier
de la part de Texpert, c'est l'assistance que la femme se prèle i elle-
même pendant l'accouchement en tirant avec ses mains U tète de
l'enfant lorsque le corps tarde à passer ; on retrouve toujours les
traces de cette manœuvre sur le corps de l'enfant, ce sont des em-
preintes Qe doigts et des égratignures à la figure et au cou. Des
blessures plus graves, telles que des fractures du larynx et du eràne,
ne sont jamais produites ainsi, car elles supposent une force beaucoup
plus grande. Il y a cependant une exception, c'est lorsque le cràoe
présente des défauts d'ossification, caralors une pression même légère,
telle que celle qu'une femme peut exercer dans cette circonstance,
peut produire des fractures (obs. 38A). Cette manœuvre peut aussi
produire des luxations des vertèbres cervicales, lorsque surtout le
système nerveux étant exalté par la douleur, la femme agit avec
une grande force ; je dois cependant ajouter que je n'ai jamais
vu un pareil cas^ et qu'il n'y en a pas un seul rapporté par les au-
teurs; je constate seulement la possibilité de cet accident. Il peut
aussi y avoir, par suite de ces etforts de la femme, un véritable
étranglement de Tenfant, mais c'est très rare.
Ce qui est malheureusement très difficile à déterminer dans cette
question de l'assistance que la femme se donne à elle-même avec ses
mains, c'est de reconnaître s'il y a eu mouvement instinctif et im-
pulsion irrésistible, ou intention criminelle. Il faut ici examiner toutes
les particularités du cas et chercher s'il en est qui peuvent aider le
jugement ; si, par exemple, l'enfant ne présente que de simples
égratignures au cou sans autre lésion, il est beaucoup plus probable
que l'assistance a eu lieu sans intention criminelle, que si l'enfant
présente des traces de violences nombreuses et très graves ( obser-
Yalion 390). Mais ce ne sont là que des probabilités.
Pour ce qui concerne les blessures que l'on trouve sur les cada-
vres des nouveau-nés, il faut pour pouvoir déterminer le degré de
culpabilité de la mère, se souvenir de tout ce quia été exposé dans le
MORT DE l'enfant. — Y A-T-IL EU FAUTE DE LA MÈRE? 58i
courant de cet ouvrage et se rappeler que la justice est toujours dis-
posée à voir partout des infanticides.
Il faut se souvenir (p. 551) que la présence d*uue bosse sanguine
sur le sommet de la léte n*est que le résultai d'un accouchement
laborieux et non d'une violence extérieure ; qu'il ne faut pas confon-
dre (p. 560) le pseudo-sillon strangulatoire des nouveau-nés formé
par le pli de la peau lorsque la graisse se refroidit, avec les sillons
produits par des liens ; que les cadavres des liouveau-n^iiA^IO^me
ceux des adultes, présentent souvent des lésions 'qtiî'^réatilteïit de
la chute du corps après la mort, du transport du cadavre, des
instruments dont on s'est servi pour les retirer soit de l'eau, soit
d'une fosse d'aisances, ou des animaux tels que les rats, les chiens
qui rongent certaines portions du cadavre; cela arrive plus souvent
pour les nouveau- nés que pour les adultes, parce qu'ils sont jetés
plus facilement dans des fumiers, dans des mares, etc., enfln que le
caractère dislinclif de toutes ces lésions post mortem c'est l'absence
de réaction vitale.
Il est certain qu'en général la culpabilité de la mère est bien
plutôt du domaine des jurés que de celui des médecins ; cepen-
dant le médecin devant aider autant qu'il le peut la justice dans la re-
cherche de la vérité, a souvent à tirer une conclusion des phénomènes
qu'il a observés. Nous allons faire suivre des observations où la cul-
pabilité de la mère était en question ; il s'en trouve aussi (obs. 38'2,
387, 398, 399) dans lesquelles le cadavre de Tenfant a été caché ou
par des raisons purement économiques pour éviter les frais d'enterre-
ment ou pour ne pas divulguer une maternité, la grossesse et l'ac-
couchement ayant été ignorés.
Les circonstances atténuantes pour la culpabilité de la mère résul-
tant d'un dérangement mental ont été étudiées dans le premier vo-
lume.
Cas. 389. — Abandon (fun enfant, considéré comme la cause de ia mart.
Une fille accoucha le 28 juiUet 18** d'un enfant à terme, vivant et viaMe
^voiqiie chétir ; aussitôt après elle Tenveloppa dans du linge et \p déposa dans une
armoire aitiiée dans le fp-enier de la maison. Il y resta pendant dix hearet au boi't
582 UO-THAM ATOLMIB DEê NOUVKAO^lfte.
(iesqueUet il fut trouvé. L'oflicier de Moté trouva l'onfant laio et laui; le
n'avait [mm été lié. Cet enfant fut trancporlé h Thôpital, puis dans la prison de a
mère, où il reçut les soins nécessaires, et quelques semaines après il mourut.
OA nous posa la question suivante : L'abandon de cet enftint qaî a été eenibté
a-t-ll pu être la eauae indirecte de sa moK? Nous répondîmes que l'oa ne ptavvt
admettre que l'enfant fût mort d'hémorrbagie ombilicale, puisque le cordon sviil
26 centimètres, et l'enfant n'était pas vigoureux ; on ne pouvait non plus penser
qâè la mort avait eu lleo par manque de chaleur, cAr on était an milfeu deaplw
frasén duileun, au mois de juillet; le manque de nourriture n'avait pu mm ftm
la iaira mourir, car on sait que les nouveau- nés peuvent rester impunément oiéma
plusieurs lieuret anaa prendre de nourriture et même sans en éprouver le besoia.
Le leap ^ «*eil écoulé depuis sa naissance Jusqu'au moment où il est ttort
prouvait du reste aurAbondamment que l'abandon n'était pour rien dans la te
ftineste qui devait être attribuée à un état pathologique interne.
Obs. S90. — AccùHchemént ctanâettin. Accusation â^înfanticiée.
Le 1! novembre 18^. la fille H.,., enceinte pour In seconde fois, fut surprise
par les douleurs de l'enfantement ; elle prélendit qu'elle avait Jusqu'à ee asumenl
ignoré sa grossesse ( ! ). Elle accoucha seule dans sa chambre, elle laissa* dil-eUat
son enfant dans le lit avec le placenta sans s'inquiéter s'il vivait ou non. Une sage-
femme fut appelée par ceux qui trouvèrent l'enfant ; celle-ci constata qu'il était
mort, elle le lava et remarqua au cou de petites écorchures qu'elle attribua à dfis
égratignures d'ongles ; « les os de la tète étalent mous et aemUaleot aveir été
soumis è: une pression. » Les bras et les mains de la mère que Ton trouva salis
par du sang prouvèrent que celle-ci avait été pour quelque chose dans l'accov-
chôment.
L'Autopsie fut fliite le 1 3 novembre. Le cadavre avait 47 centimètres de lenguet
et pesait 3150 grammes, les diamètres de la tète étaient 0,06, 0, Il et 0,13 ; loat
prouvait que l'enfant était né à terme. Au côté droit du cou, trois taches rougeàtrei
se trouvaient rangers en forme triangulaire, elles avaient la dimension d'une lea*
tille, étaient molles à couper, l'épiderme était écorché, mais il n'y avait pas d'ee«
ahymose ', ces taches avaient tout à fait l'aspect de celles qui sont produites par das
égratignures d'ongles. 11 n'y avait nulle part ailleurs trace de blessure. Le dia-
>phragme se trouvait au-dessous dé la cinquième côte ; le foie, les reins et la veine
cave contenaient beaucoup de sang, la vessie était vide, les intestins étaient rem-
plis de méeonium. Les épreuves de la docimasie prouvèrent que l'enfent avait
respiré ; tout l'os pariétal druit était enduit d'une couche de sang foncé ayant
^épai^seur de 2 millimètres ; a la partie inférieure de Vos pariétal gauche se troe-
vait une extravasation semblable ayant i centimètre de diamètre ; l'os pariétal droit
était divisé en deux parties par une tracture semi-lunaire dont les bords étaient
dentelés mais non ecchymoses ; sur les deux hémisphères cérébraux se trouvait
une txtravasatitin de sang foncé et coagulé ayant 5 centimètres de diamètre ; les
vaisseaux de la pie -mère n'étaient pas très rem{)liSf la base du crâne était Inlnala.
Nons déelarémea, dans notre rapport, que l'enfant était venu à terne, qu'i «veit
MORT DE L*ENFANT. — Y A T-IL EU FAUTE DE LA MÈRE? &8S.
respiré et qu'il était mort d'apoplexie cérébrale. Ce genre de mort , disîons-ooiis,
peut avoir lieu chez les nouveau nés par cause interne, mais le plus souvent, «1
c'est ce qui a eu lieu dans le cas qui nous occupe, celle apoplexie est due à lUM
violence extérieure ; les deux extravasalions sanguines trouvées sur les pariétaux
sont également dues à la même caute, car elles ne pourraient provenir d'un ac-
couchement laborieux qui, du reste, n'a certainement pas eu lieu ; enfm la fracture
de l'os pariétal en deux parties prouve également cotte violence extérieure. Cette
dernière a dû être faite par contusion, soit par un choc de la tète contre un corps
dur, soit par une pression énergique exercée sur cette région. Les trois taches qui
ont été trouvées au cou proviennent d'égralignures faites avec des ongles et font
donc admettre que la violence a été exercée avec les mains. Les jurés déclarèrent
la mère coupable, et cells-ci fut condamnée.
Trois ana plus tard, l'observation 380 se présenta ; les circonstances étaient lés
métnes qwe dans ce cas, et là les aveux de la mère prouvèrent que notre conclusion
avait été juste.
Obs. 391 . — Naissance au milieu d'excréments.
Une ftlle qui avait caché sa grossesse sentit, à l'époque à laquelle elle devait
accoucher, le besoin d'aller à la selle et s'accroupit sur une chaise percée en boia
haute de 45 centimètres à peu près. Après avoir satisfait abondamment le besoin
qui la tourmentait, l'enfanl sortit tout à coup, d'après ce qu'elle raconta, et tomba
dans la caisse. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il en fut retiré privé de vie.
Deux jours après, nous ftmes l'autopsie ; tout le corps était couvert de fèces, le
diaphragme était entre la cinquième et la sixième côte ; la trachée, l'œsophage et
l'estomac étaient vides. Les poumons, d'un rouge brunâtre, n'étaient pas marbréa
et étaient très contractés, ils ne crépitaient pas et ne laissaient pas éehapper da
l'écume sanguinolente quand un les incisait, mis dans l'eau, ils y gagnaient la
fond.
Nous déclarâmes que l'enfant était mort-né ; par conséquent il n'y avait à rendra
personne responsable d'un crime.
Obs. 392. — Naissance dans les excrémenls.
Une femme, se trouvant à la fin de sa première grossesse, raconta avoir éprouvé
à plusieurs reprises un besoin pressant d'aller à la selle, et que, s'élant mise sur
une chaise percée, son enfant naquit tout à coup et tomba avec le placenta dans
la caisse remplie de fèces. Un témoin raconta avoir trouvé l'enfant la tète plongée
dans la matière.
Nous en fîmes l'autopsie d'après l'ordre du tribunal. L'enfant était à terme ; sur
la langue, dans la bouche et même dans l'estomac, il y avait des parcelles de fèces ;
le diaphragme était à la cinquième céte ; les poumons d'un bleu foncé étaient par-
semés de taches roses, ils n'allaient pas jusqu'au péricarde et étaient tachés d'ec-
chymoses péléchiales ; mis dans l'eau, ils surnageaient complètement excepte
quelques morceaux ; in^^iséâ, ils crépitaient et laissaient échapper de l'écume san-
ftM BlO-THANATOLOGie DES IfOUVfSAU XÉS.
futnolente ; le sang était très foncé ; le cœur était vide, la muqaeuse de U traehée
était d'un rose clair (le cadavre était très frais), les veines du cerveau et les mu
étaient remplis de sang ; il y avait donc submersion dans les matières fécales.
Obs. 393. — Nouveau'né tiré d'une fosie iT aisances-
Une femme raconta qo'étant accouchée au-des«us d'un seau vide, et croyant son
enfant mort^né, elle le jeta dans une fosse d'aisances. Nous fîmes raotofisie de
l'enfant, et nous reconnûmes que les choses n'avaient pas dû se passer ainsi.
L'enfant était venu à huit mois et avait le diaphragme situé entre la quatrième et
la cinquième céte ; l'estomac était rempli d'un liquide jaunâtre ayant l'odeur des <
fèces ; le foie et la veine cave étaient remplis de sang ; les poumons étaient un pea
rétractés. Mis dans l'eau ensemble, ils nageaient ; mais, coupés en petites parcelles,
le lobe supérieur du poumon gauche et beaucoup de morceaux du poumon droit
gagnaient le fond du vase ; quand on les incisa, il en sortit beaucoup d'écume san-
guinolente foncée, et on entendit un bruit de crépitation ; le larynx, la trachée et
l'œsophage étaient vides ; le cerveau était trop putréfié pour qu'il fût permis de
l'examiner. On pouvait cependant reconnaître qu'il y avait hypérémie des vaisseaux
de la pie-mère. Nous déclarâmes que l'enfant avait vécu peu de temps après u
naissance et était mort par submersion dans des fèces liquides.
Obs. 394. — Naissance au milieu d*excrémenls,
(Vêtait également une femme qui était à la fin de sa première grossesse ; dis
sentit le besoin d'aller à la selle et s'absenta du cercle de famille. Au bout d'ot
certain temps, ses sœurs la trouvèrent sans connaissance à côté de la chaise percée.
Le sol était taché de sang. L'ouverture de la chaise avait 28 centimètres de dia-
mètre, les bords en étaient également tachés de sang. On trouva au fond du meuble
l'enfant mort au milieu des fèces. La mère, traduite en justice, raconta qu'elle
n'aurait eu aucune raison pour cacher son accouchement, attendu que son amant
devait l'épouser dans quelques mois ; elle déposa qu'elle avait bien senti quelque
chose sortir de ses parties génitales, mais qu'elle ne s'était pas rendu compte de
ce que c'était, et que bientôt elle avait senti ses forces l'abandonner; à partir de
ce moment, elle ne se souvint de rien.
Nous nmes l'autopsie de l'enfant. Les poumons remplissaient complètement U
cavité et surnageaient dans l'eau ; leur couleur était rouge bleuâtre marbrée; inci-
sés, ils laissaient échapper de l'écume sanguinolente exhalant l'odeur de fèces. Le
diaphragme était entre la cinquième et la sixième côte ; le cœur contenait beau-
coup de sang ; la trachée était injectée et remplie de fèces jusque plus bas que sa
bifurcation ; il y avait également des matières fécales dans l'œsophage ; le foie était
foncé et hypérémique ; l'estomac était aux trois quarts rempli de fèces ; la veine
cave contenait une certaine quantité de sang foncé. L'aponévrose épicrànienoe
n'offrait pas à sa surface interne d'extravasation sanguine ; les méninges étaient
très remplies de san«^.
11 y avait eu là certainement mort par submersion dans les matières fécales. Il
MORT DE l'enfant. — Y A-T-IL EU FAUTE DE LA MÈRE? 585
était probable que raccouchement avait eu réellement lieu sur la chaise percée,
Tabsence d'extravasation sanguine à l'extérieur du crftne prouvait, en effet, que
l'accouchement avait été précipité; d'un autre cété, il aurait été difficile d'expli-
quer autrement la présence de taches de sang.
Obs. 395. — Naissance dans des fèces ; y a-t-il eu infanticide prémédil à?
Uoe Aile primipare raconta que, se trouvant à l'époque de son accouchement,
elle sentit un pressant besoin d'aller à la selle, et qu'étant assise sur la chaise per-
cée, l'enfant sortit tout à coup et tomba, après quoi elle s'évanouit. Le rapport de
l'agent de police qui était venu constater les faits disait que l'enfant avait été jeté
daus la caisse après sa naissance, attendu qu'on n'avait pas trouvé de placenta
et que le cordon semblait avoir été coupé.
Nous Hmes l'autopsie : l'enfant était du sexe féminin et à terme (longueur
51 centimètres, poid^ 3500 grammes), les diamètres de la tète et des épaules
étaient également ceux de la maturité ; dans la cavité buccale il j avail des
traces lAe fèces : le diaphragme était situé entre la cinquième et sixième céte ; l'es-
tomac était complètement rempli de fèces liquides ; la veine cave contenait une
certaine quantité de sang foncé, pas très liquide ; le thymus était très grand ; les
poumons mis avec le cœur dans l'eau gagnaient rapidement le fond du vase, sans
le cœur ils descendaient lentement au fond ; leur couleur était exactement celle de la
rate ; le lobe moyen du poumon droit offrait quelques places plus claires de la
grandeur d'une lentille, les bords des deux poumons avaient également une couleur
plus claire ; cet organe était parsemé d'ecchymoses pétéchiales ; les lobes des pou-
mons, séparés les uns des autres et mis dans l'eau, étaient submergés, mais le lobe
moyen du poumon droit descendait très lentement au fond de l'eau ; incisés, les
poumons ne crépitaient pas, excepté à quelques endroits ; ces mêmes endroits
laissaient échapper un peu d'écume sangninoleute, et pressés kous l'eau, laissaient
monter à la surface du liquide quelques bulles d'air, ils étaient, du reste, très by-
pérémiques, la muqueuse de la trachée était injectée ; les os de la tète étaient
intacts, tant le cerveau était hypérémique.
Nous déclarâmes dans notre rapport : l'enfant est né à terme et viable, il a
respiré quelques instants, peut-être n'a-t-il fait que deux ou trois inspirations. La
mort est venue par asphyxie ; nous n'attribuons pas une grande importance à la
situation de la langue entre les dents, ni à la présence d'ecchymoses pétéchiales,
qui peuvent se trouver chex les enfants mort-nés; mais les raisons qui nous font penser
qu'il y a eu asphyxie sont : l'injection de la trachée, l'bypérémie des poumons et
du eerveau. Celte asphyxie a été produite par la submersion dans les matières
fécales.
On nous demanda si les faits présentés par l'autopsie pouvaient prouver qu'il y
avait eu infanticide criminel avec préméditation. Nous répondîmes que le récit de
la femme était scientiffquement possible. La supposition de l'agent de police que la
femme a jeté son enfant dans la fosse après sa naissance est inadmissible, attendu
que les épreuves de la docimasie ont prouvé qu'il n'y avait eu que quelques inspi-
586 BIO thanatologie: D£S nouveau-kjés.
rations d'air de la part de Tenfant, tandis que si la femme, étant «ccoucbée n'iaparti
où, avait pris son enfant et Tavait porté dana les lieux, il y aurait eu des pliét»*
mènes de respiration tout différents. L'agent de police rapporte que le cordon lai i
semblé avoir été coupé ; il n'en est rien, attendu que nous avons trouvé les bardi
dentelés et inégaux annonçant une déchirure. Quant à l'absence du placenta, il est
probable que celui qui a vidé la chaise percée n'a pas reconnu cet organe an mi-
lieu des fèces, attendu qu'on ne l'a retrouvé nulle part. Nous déclarâmes donc (pit
les faits présentés par Tautopsie excluaient toute idée de préméditation.
Obs. 396. — Enfant retiré d*%me fosse d'aisances ; y a-t-it eu crime?
Le 9 mars, un bomme« en entrant dans les lieux d'aisances , entendit aortir ée
la fosse des cris d*enlant et s'aperçut que le siège des lieux était tacbé de sang ; k
sang formait sur le sol une trace que Ton pouvait suivre dans la cour el qui aHail
jnsqu'à la chambre de la Aile K.... Cet homme appela des voisins i son aide, et
l'enflint ftit retiré. Le propriétaire de la maison déclara Tavolr retiré Ivi-méoM
viiHiiN, la fosse avait été vidée la veille, et l'enfant avait reposé sur une sub-
stance molle et non liquide. La fille K... raconta qu'e'Je sentit les donleers
de l'enfantement beaucoup plus tdt qu*e]le ne le pensaK, qu'au milieu de ses
leurs, elle avait éprouvé le besoin d'aller à la selle, et qu'au moment de la
lion, l'enfant était né précipitamment, la cordon s'était cassé, et l'euftint élaft
tombé dans la fosse.
L'enfont mourut deux jours après sans que nous ayons pu savoir à queBe affediea
il avait succombé, et nous fuîmes chargé d'en foire t'autopsie, n était né i tems,
la tête était plus petite qu'on ne le voit ordinairement. Il n'y avait pas de Uessars
à l'extérieur. La mort avait eu lieu par hypérémie cérébrale.
Nous déclarâmes, pour répondre à une question du juge d'instruction, qu'il n'y
avait aucun rapport entre la cause qui a produit la mort et les circonstances qui
ont accompagné sa naissance. Car si la chut3 de l'enfant avait causé sa mort, on
aurait constaté d'abord des lésions extérieures, puis une Un plus prompte ; ce
n'aurait pas été seulement deux jours après la cause que reffet se serait produit. Le
récit de la femme nous parait croyable, car tout ce qu'elle dit est scientîfiqœmeot
possible, vu qu'elle était multipare et que la tête de l'enfant était extraordinaire-
ment petite.
0b8. 397. — Enfant relire de Veau,
Le cadavre d'un garçon né à terme et viable f\it retiré de l'eau. La doeinasis
prouva qu'il était mori-né. 11 avait subi les phénomènes de la putréfaction dans Kesu
comme les cadavres des adultes ; tandis que l'abdomen et les parties génitales
avaient encore conservé leur couleur normale, la tôle était d'un gris sale et la
poitrine était verdâtre. Le cordon, ce qui est assez curieux, était lié au moyen d'un
cordon de chanvre. Qui avait pu faire cette ligature ? Si la mère est accouchée
•eule en cachelte el a voulu jeter son enfant mort, pourquoi avoir lié le cordon?
Une sage-femme ou une garde-malade n'aurait pas exécuté cette opération d'ans
manière aussi grossière. Ces questioM sont restées sans réponse, fiar la raison que
MORT DK L*BlfPAllT. «— Y A-T^IL M FAUT» K Là MÈRE? 587
la mèi% s'a pas M réUranvée. il ati piabaMa qva à'aafiial avaU M jaU paiir ériUr
lea frais d*a«i«rraa9aat.
Om. 398. — Cadavre d'unnowmm^é trouvé dam Veau^ la (été ayamt été icéée.
Au mois d'octobre 18**, on retira de l'eau le cadavre d'un enfhnt mâle I ttrfAè.
La putréraction était telle, qu'on ne put examiner que l'extérieur. On put recon-
naître cependant que le crâne avait été scié comme on le fait ordinairement dans
les autopsies, et que les téguments avaient été recousus ; le crâne était vide ; évi-
demment un médecin avait fait l'autopiia da Ml enfant, et probablement les pa-
rents l'avaient jeté pour s'éviter les frais de l'enterrement.
Obs. 399. — Ùadawed^tm nouveau-né retiré d'un poêle.
Là doefoMSia démontra fêê cet enliiit avait reipiré (I). La ttort avait été due
à «ne apoplexie produite par une cause ioteme ; on avait trouvé Tanfiat dans im
poêle dans lequel on ne fiiisait pas de feu et enveloppé dans un liage, nous déclara*
mes qu'il avait été déposé là étant mort, probablement pour raison d'économie. La
■1ère fbl trouvée. Cétait nn« bonne masa vayagaant avec ta nMUréaie ; alla avaiUi
avair donné le jour è cet enteni qui» après avair véan quelque taÉi|M, était wtoti
Ne sachant ce qu'elle devait en faire, ignorant les usages du pays,' elle l'avait
déposé à l'endroit où on Ta trouvé, espérant bientôt quitter Berlin.
Om. AOO. — Étramglêment du cordon. -«- Apoplea^. — > Àcoouckêmont anm
Vaide de la mère.
Nous ftmes, au mois da janvier 18**, l'autopsia d'un anbntmâla» à tarmc, qni
avait le cordon enroulé quatre fois autour du cou. La longueur du cordon était da
80 cenllmètres ; Il n'avait pas été lié et présentait des bords Inégaux et dentelés.
La nvéra était kiconnun . La aadavra pesait 8800 grummaa «t était long éa Bt ca»
timètres *, las diamètres de la téta étaient grands, 0,08, 0,11, 0,13» le diamètre
des épaules 0,13. Il n'y avait pas de blessure k la téta ni de sillon au cou; on voyait
saulanient à la nuque une strie blanchâtre longue de 5 centimètres et larga de
T iniUJMièIrèt, ftiolla et nan èeeiytMMéa. Ba «M droit 4k iou, fta trouvaiani six
taches rassemblant à des écorebures at ayant la groasenr d'un patit pals d'un
rouge clair, molles, qui étaient évidemment des égratignures. A Tangla gauche du
maxillaire inférieur se trouvait une tache ayant la dimension d^une pièce de 50 cen-
tînies, bleuâtre at eechymbsée. $mr h joua gauche on voyait égalament una étor-
ekon rassemblant aux prèeédantaa ; la vaasie était vida, ta ractnn rea^ili, l'anua
couvert détaches de méconium. Le poumon droit était revètud'uue couleur uniforme
brune analogue k celle du foie, il était rétracté, et gagnait le fond de l'eau ; le pou-
mon gauche couvrait presque enllèremenl le péricarde, il était rose marbré de Meu,
arépilait et laissait échapper da l'écnaie languénetanta ; ta cerveau était bypéré*
mique, et il y avait k sa base une extravasation de sang foncé et épais. L'autopsie
(1) Lo poumons de e«l eiifant sont reprcwatés dans Paila», plandie VI, l|fk 16.
588 BIO-THANATOLOGIB DES NOUVEAU-ITÉS.
n'indiquait pas comme cause de mort autre chose que rélraDgleroeni d« cerdoa;li
développement anormal de Fenfant pouvait faire supposer un accouchement tardil,
et on pouviit admettre que les blessures trouvées au cou avaient été probablemeot
produites par les mains de la mère voulant hâter elle-même sa délivrance en tirant
l'enfant par la tète (I).
APPENDICE
AO PARAGRAPHE DE L'EMPBTSÉME PULMOlfAIRE DES NOUVEAU-NÊS (page 519).
L'impression de cet ouvrage était déjà terminée, lorsque M. Hec-
ker a publié dans les Archivée d'anatomie pathologique de
H. Yirchow, 1859, XYI, p. 635, son remarquable travail sur l'em-
piiysème pulmonaire des nouveau-nés, dans lequel se trouve une
observation très intéressante qui ne doit pas être passée sous silence.
Le cadavre encore frais d'un nouveau-né fut ouvert (au mois de
mars) six heures après la naissance ; Tenfant était mort-né. Déjà une
heure avant la naissance, on avait cessé d'entendre les bruits du cœur.
Quand on ouvrit la poitrine, on vit les poumons très gonflés, surtout
le gauche qui couvrait le péricarde, c tout à fait comme lorsque la
1 respiration a été effectuée ; les poumons n'étaient pas rouge brun,
» comme ceux des fœtus, ils étaient couleur claire, d'un rouge gris et
» spongieux. Les deux poumons nageaient ainsi que leurs plus petites
> parcelles ; ils étaient remplis de sang ; des incisions pratiquées
» dans leur tissu laissaient échapper beaucoup de sang écumeux. Il y
> avait surtout aux bords un véritable emphysème, comme quand on
> a insufflé de Tair dans les poumons dans un cas d'asphyxie ; on
> voyait en effet de grandes bulles d'air; la trachée-artère était vide,
> la muqueuse un peu injectée ; le cœur contenait beaucoup de sang
» foncé et coagulé. >
Ce cas est sans contredit très important, je n'en connais pas dans
la science d'aussi net. Evidemment cet enfant a respiré, il a fait des
(I) Voyez les observations 158,231, 233 à 244, 279, 278, 300,309, 310,
391, 322,324.
APPENDICE AU § DE L*EMPHYSÈIfE DKS NOUVEAU -KÉS. 580
inspirations éQerg:iqu«s clans Tutérus, si énergiques qu'un certain
nonibre de vésicules pulmonaires se sont déchirées et qu*il en est
résulté un emphysème traumatique analogue à celui qui est pro-
duit par une insufflation exagérée On comprend la possibilité de
cette respiration intra-utérine quand on lit In suite de Tobservation :
c L'enfant, à partir du moment de la perte des eaux jusqu'à sa mort,
» a eu, pendant dix-sept heures^ le temps de respirer; U sage*
> femme a fréquemment examiné les diamèlres pelviens de la mère,
» a plusieurs fois même introduit la moitié de sa main ; ainsi "ue
» libre entrée de l'air a été plusieurs fois offerte au contenu de la
» matrice. » Il y avait donc là toutes les conditions nécessaires au
vagissemen t u térin .
Faisons observer que ce cas a nécessité l'intervention des secours
de l'art ; ce n'était pas un de ces accouchements rapides qui ont lieu
en secret comme tous ceux dont les fruits sont présentés au médecin
légiste.
Ce cas prouve la possibilité d'une respiration précoce dans la ma-
trice dont personne ne doute plus aujourd'hui, mais il ne change rien
à ce que nous avons dit de Vemphysime pathologique que l'on a al-
légué comme renversant tout le crédit de la docimasie pulmonaire;
il modifie seulement de la manière suivante l'aphorisme que nous
avons énoncé p. 522 :
// n'y a pas encore dans la science d'exemple authentique
d'emphysème congénital se développant spontanément dans les
poumons d'un fœtus lorsque les accouchements sont terminés
sans l'intervention des secours médicaux; par conséquent on ne
doit jamais y dans la pratique médico-légale ^ attribuer à cette
affection la surnatation des poumons des nouveau^nés qui sont
nés clandestinement sans V assistance d'une personne de Vart.
FIN DD SECOND ET DERNIEB VOLUME.
TABLE DES MATIÈRES
DU SECOND VOLUME.
PAHTIE THAMATOI4ICII#IJE.
ImcoccnoR 1
Le cadavre 1
Première Iliirisleu,
MÉDECINE LÉGALE GÉNÉRALE.
— Bat de Vmutopne 3
CHAPITRE PREMIER. — Viabilité 3
§ i. Définilion 3
§ 2. MoDstruosilé 7
Obs, 1. AneDCéphalie , 8
Obs, 2. Hernie coDgénitale diaphragmatiqae 8
CHAP. II. — Moment précis de la mort. PaioaiiÉ 9
S 1. Géoéralités 9
§ 2. Signes de la mort , 11
1° Hypostases sanguines ià
A. Hypostases sanguines eiternes lA
B. Hypostases sanguines internes 16
S* Coagulation du sang après la mort 18
Obs. 3. Rupture du ccrar. Mort subite. Coagulation du sang. . 19
Obs. &. Coup de pistolet ayant atteint le ventricule gauche du
cœur. Mort subite. Coagulation du sang 20
Obs, 5. Blessures à la tète reçues après la mort. Coagulation du
sang 20
Obs, 6. Coagulation du sang quatre Jours après la mort 20
Obs, 7. Sang coagulé chez un enfant mort-né 20
Obs, 8. Un cas semblable 21
Obi. 9. Un cas semblable 21
3« Rigidité cadavérique 21
d« Putréfaction 24
A . Circonstance interne de la putréfaction 25
i* L'âge 25
592 TABLE DES MATIÈRES.
2* Le seie 25
3** La constitutioD '25
4" Le genre de mort *i6
B. CircoDstaocet eitérieures de la putréfactioD 27
\° L*air atmosphc'rique 27
2» I/humtdiié 29
3° La chaleur 29
à^ DifTërence des pbéDomènesde la putréfaclion provenant de
la dilTérence des milieux • 30
C. (chronologie des phénomènes de U putréfaction 31
a. Eitériearement 31
Saponification 34
Momification 36
6. Intérieuremeni 37
065. 10, il, 12 et 13. Putréraction précoce des poumons 43
06s. H. Formation de gras de cadarre. Utérus reconnaissable. àb
Obs, 45. Submersion dans une fosse d^aisances. Conservation de
Tulérus. Gras de cadavre 46
065. 16. Restes du cadavre d*un nouveau-né. Utérus conservé . 47
GUAP. IIL — Causes de Moar 48
§ 1. Généralités 48
§ 2. Mort violente 49
i^ Mort par cause mécanique 49
2° Mort par neuroparalysie 50
3" Mort par inflammation 50
4^ Mort par hypérémle 51
5* Mort par anémie 51
6<^ Mort par dysémie 51
BBOnOSV XZ. — Époque de Pautopsîe 53
§ 1 . Moments opportuns et inopportuns 53
§ 2. Autopsies tardives 53
A. Putréfaction avancée 53
065. 17. Déterminer le genre de mort d'un cadavre tout à fait
putréfié 54
B. Autopsie faite après celle d'un autre médecin 54
065. 18. Blessures de tète trouvées sur un cadavre déjà disséqué. 55
065. 19. Rupture du foie, fractures de cdtes trouvées sur un ca-
davre déjà disséqué 55
065. 20. Blessure par arme à feu de l'artère maxillaire. Autop-
sie faite sur un cadavre déjà disséqué 55
06.V. 21. Blessures de tète sur un cadavre déjà disséqué 56
C. Cadavres eibumés, fragments de cadavre 56
065. 22. Eiburoation après trois semaines pour vérifier si un
enfant est mort du croup • 58
TABLE 1)VS MATIÈRES. 593
0ht, 23. ExhuiiMlioo après viagUlroit jours poor eomUler on
«mpoisonoement par Tarsenic 59
Obs, 2à. EibumatioD après vingt Jours. Osfractarés. Pleurésie. 59
06f. 25. ExhiimatioD après cinq mois et demi, pour détermi-
ner s*il y a eu empoiioonemenl par l'arsenic 60
06s. 26. Eibumation après neuf mois. Fractures, gras de cida-
davre. Momi6cation 63
Obs. 27. Exhumation îles restes d*un enfant après deux ans,
a6n de constater s'il y a eu empoisonnement par l*arsenic. . • 63
Obs. 28. Os exhumés 6&
Obs. 29. Os d'un nouTeau-né exhumé. Adipocire 64
Obs, 30. Déterminer l'âge d*un fruit déjà saponi6é 66
Obs. 31. Exhumation d'un cadavre trois fols répétée pour des
buts diflérenU 67
ÏÏÊOVlCm m. Froeédé de rMitopite 68
CHAPITRE PREMIER. — Inspbctioii sxTÉaiEuaB dis CADAvass 73
S 1. Inspection générale 73
1* Le sexe 73
2«» L'âge 74
3** La longueur du corps 7â
â® La constitution en général 7â
5* Les signes de la mort 75
6<* La couleur et l'état des cheveux 75
1° La coulent' des yeux 76
8<> Le nombre et l'état des dents 76
9* La situation et l'état de la langue 76
Obs, 32. Suicide par empoisonnement au moyen de l'acide sul-
furiquo, pris pour un assassinat par suite de blessures au cou. 77
10<» L'étal des cavitéi extérieures 77
If Le cou 78
12* Les mains 78
13* Les parties génitales 79
14° La couleur générale du cadavre 79
§ 2. Anomalies trouvées sur le cadavre 80
A. Maladies 80
B« Cicatrices • . . 80
Obs, 33. Déterminer Tancienneté d'une cicatrice 82
G. Tatouage 82
D. Blessures 87
Obs. 34. Fractures de cAtes. Rupture du foie et de la rate sans
lésion extérieure 88
065. 35. Fractures de cAtes et rupture du foie par écrasement
sans lésion extérieure 88
11. 38
69A TABLE DES MATIÈRES.
06ff. 36. Ropliire du foie par écrawineiit uns Irtce de lésion k
reilëriettr 89
Obi. 37. Un eas semblable 89
Obi. 38. RopUire de Tartère polmoDaire par une roae de ma-
chioe sans lésioo eitérfieure importante 89
ObSi 39. Rupture du poumon par écrasement 89
Obs. àO. Cbuledu cœur séparé des grands Taisseaux par iin choc
extérieur trèa violent, fracture d'une apophyse épineuse, rup-
ture d'uB poumon et du foie sans lésion eitérieure 90
Obu ai. Violence, fracture de cinq côtes sans trace de lésion ex-
térieure 90
Obs, A2. Ruplureducerreau par écrasement sans signe extérieur. 91
Obi. A3. Chute d*une grande hauteur : fracture du crAne, dé-
chirure du péricarde, du foie et de la rate ; enfoncement de
côtes sans lésion extérieure M
065. àà. Chute d*une grande hauteur : fracture du sternum et
des côtes, fracture d'une vertèbre cervicale, rupture de la
moelle épinière et du foie sans marque extérieure 92
Obs. 45. Violent choc : rupture du foie, rien d'anormal k l'ex-
térieur 92
Obs. 46. Chute de Tinlérieur d'une voiture : fk'acture du
sternum et des côtes, rupture du foie, pas de trace extérieure. 92
06s. 47. Perforation du sternum ; blessure de la crosse de l'aorte. 96
06s. 48. Coup de couteau dans les poumons 97
06s. 49. Coup de stylet dans le poumon 98
06s. 50. Coup de feu dans la moelle épinière 98
Of>s, 51 . Coup de feu dans les poumons 98
CHAP. II. — Inspection des instruments ^^^
§ 1. Instruments tranchants et perforants 101
06s. 52. Blessure mortelle par uu coup de sabre sur la léte. . . 102
§ 2. Instruments contondants 105
06s. 53. Forme rare de rupture du foie 107
06s. 54. Division complète du Toie 107
§ 3. Armps à feu 108
§ 4. Instruments straugulants 110
§ 5. Des taches de sang sur les instruments 112
06s. 55. Déterminer s'il y a sang d'homme ou sang d'oiseau ... 114
06s. 56. Déterminer s'il y a sang d'homme ou sang de vache. . 115
06s. 57. Déterminer s'il y a du sang d'homme, de tneuf ou de
mouton 117
§ 6. Examen chimique des taches de saug sur les instruments 117
06s. 58. Violences moriclies attribués à des soufllets, rupture
du foie 121
06.^. 59. Coups dans le > entre ^^^ardés comme cause de la mort. 1 22
TAftLK DKS «ATIÊR88. 595
06f . M. Ooufi de fbMI et eiNi|M de pied êyini Mri-dliant tmeoé
Il mort 124
Obi. 61. Goupt morleli. DéUrminerillf ont M leolediefil por-
tés iTee II main 125
Obt. 62. Blcnores de tète morlellct. Mternitllëf é elfes oot été
causées par an béloo, par oo eoia de taMe oa par une ehitté
sur la parquet 127
Obi. 63. Blessares mortelles de la léte et de la tace. Délonirider
. si elles ont été produites par un sabre d*iaraiiterle •■ «a aafere
de cavalerie 120
Obi. 6à. Blessure mortelle du eer?eau. Déterminer si elle a été
produite par un sabre ou par une badie 130
Obi. 65. Blessure mortelle de la poitriBe par un coup da faoï. 131
Obi, 66. Hémorrbagie mortelle du eenreau. Détarminer si eHe
a été causée par une cbute, par des coups de pieds ou par
d*autres Tiolences 131
Obi. 67. Blessure mortelle du foie. Déterminer si elle a été pro-
duite par on sabre ou une baïonnette • 132
Obi. 68. Blessures mortelles de Tabdomen causées prolMble-
ment par un coup de baïonnette 132
Obi. 60. Blessure mortelle de Tartère interosseuse. Déterminer
si elle a été piroduite par un môréêsu de fer-blanc ou par un
couteau 1 33
06s. 70. Fracture mortelle du crâne par un marteau. De quelle
manière le meurIK a-MI été commis ? 131
Obi. 71. Fracture compliquée de Tos temporal, du rocber et du
maiillaire inférieur. Dans quelle position s'est trouvée la
victime? 140
Obt. 72. ÉcrasementderospariétaidroKetdaspMneiMafl. Quelle
a été la position de la victime et conHiéfÉt tHUâtit éUlt-il placé? 1 hà
Obi. 73. Homidde par blesiOfei de télé. 6an qoeHé pétition
se trouvait la victime ? 146
Obi. 74. tcrasemeot du crâne par iwe bacba. Déterfllioff m a
été produit avec le tranchant ou avec le dos de rinsCranealr 146
Obi, 75. Blessure pénéirante du ccrar. Le décédé a^MI itçu in
coup de poignard de la main d*nu étnwisr, ou Me» tf>st»il
jfÊlé lui-même sur le poignard que rétnMfar laaaii i Ut main? 147
06s. 76. Blessure mortelle de la cuisse par iasiruaeat piquant.
DéteroMoer si elle a éié faite avec ialiBtieff, oa si c'est la
blessée elleniiéme qui s*eal Jetée sur le maumm. • w ^ 148
bHAP. Iff. - hispieTfoii Mi ytrmHif. 150
S 1. Généralités 150
S 2. fkecherche des taclies de iang sur les vltettienti 151
Obf. 77. Déterminer 8*tl y a deëUches de sittgsbrrfddrtfp brun. 156
596 TABLE DES MATIÈRES.
Obs. 78. Déterminer si les lâches trouvées sur une blouse font
du sang ou du goudron 157
3. Recherche des tichei de fèces 158
d. Recherche des taches de sperme 158
5. Taches d*acide sulfurique 160
CHAP. IV. — Irspectioii intébieurb (dmsectioii) 162
S 1. Procédé de la dissection 162
1» Tète 162
2» Cou et thorax 163
3* Cavité abdominale 164
CHAP. V. — Procès-tbrbal de l*autopsir 165
§ 1. Forme et contenu do procès-verbal 165
§ 2. Conclusion du procès-verbal 166
§ 3 Modèle de procès-\'erbal (06s. 79) 169
CHAP. VI. -^ Rapport des experts i72
§ 1 . Forme et contenu 172
§ 2. Conclusion du rapport 173
§ 3. Modèle de rapport. 175
§ 4. Révision des rapports (instances médicales supérieures) 176
Deuxième divinieu.
MÉDECINE LÉGALE SPÉCIALE.
I.—MORT VIOLENTE.
SBOTXOV FBEMXKRS. Mort par cause mécanique i 78
Généralités 178
1* Définition du mot blessure 1 78
2* Léthalité des blessures 179
30 Différences des blessures selon les organes 180
&" Individualité du blessé et circonstances accidentelles 18!
CHAPITRE PREMIER. — Blessures produisant la mort par cause
■ÉCANIQUB 1 83
§ 1. Généralités 183
§ 2. Expériences faites sur le cadavre 183
Obs. 80. Ecrasement du crâne. Déterminer s'il a eu lieu après
la mort 185
Obs, 81. Fractures de côtes. Déterminer si elles ont été pro-
duites avant on après la mort 186
j^ 3. Effets des blessures produisant la mort par cause mécanique. . . 187
Ob$. 82. Mort par écrasement de chemin de fer 1H7
Obs, 83. Ecrasement d*un nouveau-né par un train de chemin
de fer 187
TABLI:: DES MATIÊKKS. 097
Obs. 84. Frtctare (ft Tapopbyse mastoTde par écrisem^t d*uDc
voiture 188
Obs. 85. Fracture de la partie écailleusedu temporal par écrase-
meut de voiture 18
06s. 86. Fissure du temporal par écrasement de voiture 188
Obs, 87. Hémorrbagre cérébrale par écrasement de voiture 188
Obs. 88. Hémorrbagie cérébrale par le cboc d'une voiture. ... 18
Obs, 89. Perforation dos intestins. Déterminer si elle a été pro-
duite par un cboc de voiture 188
06s. 90. Rupture du périnée par écrasement 189
06s. 91. Rupiure de la rate par cboc de voiture 189
06s. 92. Fracture de vertèbres cervicales et rupture de la tra-
cbée artère et de Tœsopbage par écrasement de voiture. .... 189
06s. 93. Fractures des côtes, rupture du poumon et du foie par
écrasement de voiture 190
06s. 9â. Fracture du pubis par écrasement de voiture 190
06s. 95. Fracture de côtes et de vertèbres dorsales, contusion
du cœur par la cbute d*un corps lourd 190
06s. 96. Fractures multiples d*os, décbirure du foie par la
cbute d*un met 191
06s. 97. Rupture du foie, de la rate, de Tépiploon et de Tes-
tomac 191
06s. 98. Ecrasement du crâne, par une violence eitérieure. . . 191
06s. 99. Fracture des deux condylesdu fémur par écroulement
d'un mur 192 .
06s. 100 et 101. Ecrasement du crâne par des cbocs d'ailea de
moulin 192
06s. 102. Blessures de tète mortelles par une cbute dans un
escalier 193
06s. 103. Rupture de la rate par une cbute dans un escalier. . 193
06s. 10&. Blessures de tète mortelles provenant d*une cbute. . . 193
06s. 105. Blessures de tète partielles produites par une cbute. . 194
06s. 106. Fracture du crâne et des vertèbres, rupture de la
moelle épinière par une cbute 19â
06s. 107. Assassinat; plaies de tète 194
06s. 108. Ecrasement du crâne par un coup de hache 195
$ 4. Déterminer s*il y a faute d*un tiers 195
CHAP. 11. — Blbsscbeb uoaiRLLU modoitcs par Ama a fiu 197
§ 1 . Plaies produites par armes à feu 197
§ 2. Eipériences faites sur le cadavre 202
06s. 109. Plaie par arme à feu dans le poumon et la moelle
épinière 202
06s. 110. Plaie du foie par arme à feu 204
06s. 111. Coup de feu dans Tépiploon et Tinteftin grêle 204
■8» TABLE DE« «iTlËM'*.
Ob*. 112. PUtedeUUmortelldwrwi^idM Ml
Ob*, 'ii3. Coup de fuiil luortel duu !■ tête VA
Obi. ^i^. CoDpde teo iDurlel diDs la tttc IH
Oto. 115. Plaie de tète inorlelli- par aat bflle pointw ItS
Obt. IIS. PUw de Mie morlellï par DOS balle poialœ IM
Obi' 117. Plfie d« lile morlelle par Mie baUe pûatM M(
Ote. 118. PJaiciitrainci fpu delà Ycincpoplitée Hi
(Ml. IIV. Çoop de feu dapi le eonr et diH le poanwo Mi
„ Obt. 120 Plaie par arme i req de la veiae cave 1*7
OU. 131. Plaie parunei readam UcnMvede l'aortsetle
!.. , poumon 307
Ob^. \%i. Coapparariqeàreu daoalediaidingineetlepoanoa. »7
0^. 133. pl^par balIcfioiiimedapomiifaeiikUTeipecaTe. 107
Obt. 134. Coup p«t arme t tea dani la TtÎM cave et la poa-
06t. I2i. PlaîM ifar |[|De* i (e« dtu l« immQa et l'art^ra H>
luralf 308
Obt. 126. lion patp|«ie4'«nne«reuduiflediv^r>ni«- ■ >"
S 3. pëtenniqer l'il i f ùple 4'dd tifn 109
Obi. 127. Homicide par arme à tva. Bletaurc «le la TCinc ]■>>*>'
lain tboraciqoe et du foamaç, 313
Obt. 128. Suicide par ud coup de ten daof le ponnian HDcbe. 2tl
Obi. 12a. ^icide dgateni. C«i|p par ttnt, i ftn 4^» If dia-
ptirigmc et Moa I^ nie < v • ,■>■)..■ ■ 213
Obi. 130. Suicide doateui. Coapde reumond 4^Uf(ie... 3lt
Ctk- 131. SnicidedoiiUui. Cogppat«tinet(w>.-> 3<)
Obi. 132. Balte poiDtae dan le caur«i le cerrean 21S
Obi. 133. Balle POiptuç aiaol traverMS ta r«te et 1« c<eur 315
Obi. ISA. Suicide par coup de feu dao* la Kte, fvu balle... 316
Çl/i. 13&< Suicide doqtfut. Cfmp de (eu dtpi le t«rar et le
poutnoo , lis
(^- 136. Suicide floDleut. Coup de feu 4^14 «W 317
Çbi- 137. Coup de Tea uni balle daoi le wnvei IdpoaoMn». 3i7
Olii. 138. SuiciJc douteni. ftiwmce de* poammf, dç l'aaao-
pbage et de la carotide 218
CHAP. 111. -
S 1- DiaiMilic
S 2. Eiptrieuce» nrlecadafra
g 3. DilemiiiKr i'il r arawted'onliert. Comhutioqipoalaiife..
Obi. 139. Eipérience de combuiiion iur un cadavre
Obi. liO. ConibuBliQQ d'ui
Obi. lAl. Ciaif pertonnei c
Ob*. 112. I>éienniDeriileiiiBnnntM.taU|^rbr«lareaapar
étraii|len^it
TABLE DES MATIÈHES. 600
Obi, 143. Rrùlarei mortdiei dans un bain 23d
Obs. 144. Un bomme brûlé 234
Obs, 145 et 146. CombottioD de deoi eofaDU , 235
Obs. 147. Brûlure mortelle produite par un métal cband 235
Obs. 148. Brûlure produite par du café bouillant 235
Obs, 149. Brûlure niortelle 236
Obs. 150. Brûlure causée par des flammes 236
Obs, 151. Brûlure causée par des flammes 236
SBCTXOV XZ. Kort par omim dynamîqiM * 237
CHAPITRE PREMIER. — HiaoBBBAGiB notTiLLi 237
§ 1 . Etiologie et diagnostic 237
A. Mort par bémorrhagie 240
Obs, 152. Blessure de Tartère iliaque externe. 240
065. 153. Blessure des poumons et du péricarde 240
Obs. 154. Blessure du coeur et du diapbragme 241
Obs. i55. Blessure par instrument piquant, du diaphragme, du
foie et de Testomac 241
Obs. 156. Blessure de la veine sapbène interne 241
Obs. 157. Hémorrbagie pendant Taccoucbement 241
Obs. 158. Infanticide par coups de couteau dans le con 242
B. Mort par appauvrissement de Torganiame 243
Obs. 159. Plaie dans Tarticulation du coude: amputation. Mort. 243
06s. 160. Plaie par instrument piquant dans la tète, suppura-
tion du cerveau 243
06s. 161 . Blessure à la tète. Suppuration du œrvoau 244
06s. 162. Plaie des poumons par inatruAMûi PHPunt. Sappu-
ration t 244
§ 2. Déterminer s'il y a faute d*un tiers 244
06s. 163. Suicide douteui. Blessure de la carotide et de la veine
jugulaire 246
06s 164. Suicide douteux. Blessure des Jugulaires 247
06s. 165. Suicide douteux.' Blessure de la carotida al da la Ju-
gulaire 248
06s. 1 66. Marque strangulatoire et eenpura da aon. Blessure des
carotides, des Jugulaires et de la trachée 248
06s. 167. (>)upure du cou. Asphyxie ••.««...».... 249
06s. 168 à 171. Meurtres et suicide par des Mesaure des
carotides, des Jugulaires, de la trachée-artère et par des bles-
sures de tète. Priorité de la mort 249
06s. 172 et 173. Meurtre par ooupaie du eoa. Bleasvre de la
trachée-artère et de la carotide 252
06s. 174 et 175. Meurtre par coupure du con. Bletaufede la
carotide» de la Jugulaire et de la Iraehée-artère 253
600 TABLE DES MATIÈRES.
Obs, i76 et 177. Suicide par coopare da cou ; coupure de la
trachée et de PcMophage 254
CHAP. II. — iNAMinOR PAR MARQUK DE NOUtRITOaS 255
s 1. Géaéralttéa 255
S 2. Diagnostic 259
Ob$. 178. Véritable mort par manque de nourriture 260
Obs. 179. Mort de faim douteuse 260
Obt. 180. Mort de faim douteuse d*un enfant Eibumatlon du
cadaTre après douze Jours 261
06s. 181. Mort de faim douteuse 261
06s. 182. Mort de faim lente 262
CHAP. m. — EiiPOisoiiRniBifTS 263
S 1. Définition 26&
S 2. Division des poisons 266
i^ Poisons corrosifs irritants, enflammants 268
2^ Poisons bypérémisants 268
3* Poisons neoroparalysants 269
^^ Poisons tabiflques 269
5^ Poisons septiques ou putréfiants 269
S 3. Diagnostic de Tempoisonnement 269
i^ Symptômes de la maladie 270
i^ Poisons corrosifs 271
2* Poisons bypérémisants 271
3° Poisons neuroparalysaots 272
fto Poisons tabifiques 272
b^ Poisons septiques 272
2* Résultats de Tautopsie 272
Z^ Analyse cbimique 275
d* Poisons spéciaui 277
V Acide arsénieux 277
2<* Acide sulfurique 279
3<» Pbospbore 281
4° Colchique et colchicine 282
5<* Champignons Téoéneui 28d
6<^ Acide oxalique et sels oxaliques 28A
7« Sublimé corrosif 28d
8<^ Acide cyanhydriqoe 285
9» Opium 285
10° Alcool 287
5*^ Les circonstances particulières 287
S i. Conclusion 291
S 5. Déti*rmtner s'il y a faute d*un tiers 292
06s. 183 et 186. Deux empoisonnements par Tarsenic 293
Obs, 185. Empoisonnement par Tarscnic 294
TABLE DES MATIÈRES. M)l
065. 186. Empoisonnement par Tarienic contenu dam des cou-
leurs * 294
Obs. 187. Empoisonnement douteux par Parsenic. L'arsenic peut-
il se retrouver dans les cheveux? 205
065. 188. Empoisonnement par Tacide sulfurique. Mort après
une heure > : 296
065. 189. Empoisonnement par l'acide sulfurique. Mort après
deux heures 296
065. 190. Empoisonnement par Tacide sulfurique. Mort au bout
de trois Jours 297
065. 191. Empoisonnement par Tacide sulfurique. Mort au bout
de huit Jours 298
065. 192. Empoisonnement par Tacide sulfurique 298
065. 193. Empoisonnement par l'acide sulfurique et non stran-
gulation 298
065. 19 A. Suicide douteux par Tacide sulfurique 299
065. 195. Meurtre subi volontairement par Tacide solfùrique. • 299
065. 196 et 197. Suicide de deux femmes enceintes par Tacide
sulfurique 300
065. 198. Empoisonnement par Tacide aulftarique étendu d*eaa. 301
065. 199. Empoisonnement par Tacide sulfurique étendu d*ean
noirci sous forme d*encre 302
065. 200. Empoisonnement par Teau de laurier-ceriae. 302
065. 201 . Empoisonnement par Tacide prussiqne 303
065. 202. Empoisonnement par Tacide prussiqne. • ^ 303
065. 203. Empoisonnement par Tacide praaaiqne et les huiles
éthériques. Cadavre parfumé 30A
065. 20A. Empoisonnement par Tacide prussiqne. . . . • 307
065. 205. Empoisonnement par le phosphore 308
065. 206. Empoisonnement par le phosphore .^. . 309
065. 207. Empoisonnement par des champignons vénénani. ... 310
065. 208, 209« 210. Trois empoisonnements par l'arsenic et la
vomicine 310
065. 211, 212, 213, 21A. Quatre empoisonnemenU par la col-
chicine 313
065. 215. Empoisonnement par la soude hydratée 31d
06s. 216. Empoisonnement par Talcool 316
065. 217. Empoisonnement par Talcool 316
065. 218. Empoisonnement par Talcool 316
065. 219. Empoisonnement par l'alcool 317
065. 220. Empoisonnement par Palcool 317
065. 221 . Déterminer s'il y a empoisonnement par une substance
narcotique 317
065. 222. Empoisonnement dooteux par du boudin 318
402 TABLE DES MATI&BES.
Obs, 223. Empoifonnemeal douteoi 319
Obs. 22^. Empoisonnement douteux par la belladone 319
Obs. 225. EmpoL«:onnemenl douteui par la dgue afiiatiquc. . . 319
CHAP. IV. — AiPHf xiK 320
S 1 Généraliiéf 320
S 2. Diagnostic 321
S 8* Déterminer s^H f a Drale d*iiii liera 330
Obt, 226, 227, 228. Asphyxie par auite d*uQ eMefeltftement
•ona un édiiw écrovlé 331
Obs, 229. Atpbyxiedant du sable 332
Obi. 230. Asphyxie par s«ite de récroulemeot d'uo plafond. . . 332
Obs. 231. Asphyxie d'un enfant dans de la tourbe. Y a-t-il eu
accident ou crime ? 332
0^. 232. Safltoeation d*un enfani par on neiiet à iocer. Est-ce
par snite d*un accident, d'un crime ou d*une négligence?. . • 334
Obs. 233 à 2AA. Dou» cm d*asphyxie d'enliBla daM le lit de la
■eorrice. 335
06s. 245. Asphyxie produite par la rapeur de charbeft 338
06s. 246. Asphyxie par la Tapeur de charbon 339
Obs. 247. Brrear dana Tadinissioa d'une asphfxto-pav la Tapenr
de charbon 339
06s. 248 et 249. Asphyxie par la Tapeur de charbon 340
06s. 250 à 25S. Quatre aaphyiies par la Tapeur de charbon.. . 340
06s. 254 et 255. Asphyxie de dent épo«x par la Tapeur de
charbon • 341
06i. 256. Asphyxie par la Tapeur de oharbon. . • « 342
06s. 257 et 258. Asphyxies par la fumée. 342
06f. 259 et 260. Asphyxies par la famée 342
06s. 261. Asphyxie dans Tacide carbonique et l'acide sulfhy-
^ drique 343
06s. 262. Asphyxie per l'hydrogène ewboné et l'oxyde de car<
bone (gas d*éclairage) 345
06s. 263. Asphyxie par cause interne 345
CHAP. V. — Pbndaison, strangolation 346
SI. Généralités 346
§ 2. Diagnostic 347
i^ Phénomènes généraux extérieurs 347
2° Phénomènes locaux sur le cou. Sillon strangulatoire 351
Expériences sur le cadavre 354
3* Muscles du cou , os hyoïde, larynx, yertèbres cervicales, carotides . 359
4° Symptômes internes 367
065. 264. Suicide par pendaison. Hypérémie cérébrale 369
065. 26^ Suicide p«r peoilaison. Hypérémie cérébral 369
TABLE OKS MATIÈRES. (MtS
Obi, 266. Suicide par peodaiioQ. Hypérémie d« cœur et de» pov-
rooDt 369
06f. 267. Suicide par peodaisoo. Hypérémie pulmouaire 369
Obs, 268. Suicide par pendaison. Hypérémie pulmonaire 370
065. 269. Suicide par pendaison. Hypérémie palnKUiaire 370
Obt. 270. Suicide par peodaisoo. Hypérémie pulmonaire 370
06s. 271. Suicide par pendaison. Hypérémie pulmonaire 371
06s. 272. Suicide par pendaison. Ifort par oeoroparalysie 371
06f . 273. Suicide par pendaison. Nearoparalysie 371
06s. 274. Suicide par pendaîsop. Nfuroparalysie 372
06s. 275. Suicide par pendaison. Neuroparalysie 372
06s. 276. Suicide par pendaison. Sillon iuTisible 372
i 3. Déterminer s*il y a faute d'an tiers '. 373
06s. 277. La strangulation efl-elle le réfulut d*qD sqicide 9«
d*iin meurtre • 377
06s. 278. Inraqticide pac.straQgulation • 379
06s. 279. Infanticide douteui par strangulftiçifi 380
Obs. 280. Viol suivi d*atMM>o«t 9IW strangulation 381
06s. 281. Mort par strangulation. Poaitioq |MHixont4\le du ca-
davre 382
06s. 282. Mort par étcanglemeo(. PeqdaiiOQ du cadavre 38S
06s. 283. Pétecininer fi un fSsaislQtt a en lieu par peodaison ou
par étranglçmrpt ••••.:* • • • • ^^^
06s. 284. Suicide douteux. Position horixontale du cadavre... 388
06s. 285 SQicide par atraiyulation. Pofitioo lioïizontale 390
06s. 286. Suicide par strangulation dans une poaitioo hori-
zontale • 391
065. 287. Assassinat par éLr^oglei||ÇQt. • . • • 391
06s. 2H8. Suicide douteux par blessure du péricarde. Pendaison. 392
06s. 289. Suicide douteu^ |Mir pendaison. Cadavre Uoavé sur
ses deux pieds 393
06s. 290. Soicide p^r pendaison. Position dn cadavre inr les
deoz piedf • 394
06s. 291. Sukide doutenx par pendaUou. Position sur les deux
pieds. • 394
CHAP. VI. -* SomMKM. 395
i i. Oéoérallléi 395
S 2. Diagnostic, iymptdmaa tMenaa 397
i^ Fratcheur do cadavse ..^ 398
2« Pâleur du cadavre 399
3* Êtatde la figure 399
4* Proéminence et eut de la langue 399
5* Cliair de poole 399
6* Eut dcs«ainsHdaipittli «••.^^.•^. 400
6Ui TABLi: DES MATIÈRES
7* Du i«ble, de la vase dans les ongles • 400
8<^ Raccourcissement du pénis 401
{ 3. Symptômet Internes âOi
1* Hypérémie cérébrale 401
2* Situation de Fépiglotte 401
3*^ Injection de la muqueuse trachéale. Ecume dans la trachée . • . 402
4° Position du diaphragme 403
5*^ Augmentuion de volume des poumons 403
6° Hypérémie du cœur droit 404
7** Plénitude de Tarière pulmonaire 404
8° Hypérémie des poumons 404
9'* Fluidité du sang 404
10* Présence du liquide dans l'estomac 405
11^ Hypérémie des organes abdominaui 408
12* Plénitude de la vessie • 408
Obs. 292. Submersion. Mort par neuroparalysie. Présence d*eau
dans Testomac 408
Obs. 293 à 296. Homicide de quatre enfants par submersion.
Neuroparalysie 409
06s. 297. Suicide par submersion. Neuroparalysie 410
Obs, 298. Suicide par submersion. Mort par neuroparalysie. . . 410
Obs, 299. Submersion par accident. Mort par neuruparalysie. . . 411
06s. 300. Meurtre d*un enfant par submersion. Hypérémie du
cerveau • 411
Obs 301. Mort par submersion dans du thé de camomille tiède.
Apoplexie 412
06s. 302. Mort par submersion. Asphyxie. 412
06s. 303. Suicide par submersion. Mort par asphyxie 412
06s. 304. Suicide par submersion. Mort par asphyxie 413
06$. 305. Suicide par submersion. Asphyxie 413
06s. 306. Mort par submersion. Asphyxie 413
06s. 307. Mort par submersion. Asphyxie 413
Obf. 308. Submersion par accident. Hypérémie du cœur 414
06s. 309. La mort de l'enfant nouveau-né X... est-elle due à
la submersion ? 414
06s. 310. Infanticide, blessures à la tète, mort par submersion, ài^
Obs. 311. Diagnostic certain d*un cas de mort par submersion
malgré Tétat de putréfaction avancée 415
§ 4. Déterminer s'il y a faute d'un tiers 416
06s. 312. Suicide douteux. Submersion 422
06s. 313. .Suicide douteux. Mort par submersion avec blessures
à la tète 423
06s. 314. Submersion. Est-ce le résultat d*un meurtre ou d*un
accident? 42S
TADLR DES MaTIÈDCS. 605
(its. 315. Submeriio:!. lUt-cp lo résulut (fuii acriUent ou d*on
crime ? â24
Obs. 316. Sabmersiou. Est-ce le résultat d'unaccideot ou d'uo
crime? 425
06s. 317. Submersion, les Jambes do cadavre liées. Y a-t-il eu
crime ? 425
Obs. 318 Submersion. Rupture du cerveau. Y a-t-il eu strao*
gulalion on écrasement 426
06s. 319. Submersion. Strangulation ou mort accideotelle. . • . 426
06s. 320. Squelette d'un noyé trouvé après deux ans de séjour
dans Feau 427
CHAP. VU. — CONGÉLATIO.1 428
§ 1. Généralités 428
j^ 2. Diagnostic 429
S 3. Déterminer s'il y a faute d*un tiers 430
06s. 321 . Mort d*un nouveau-né par congélation 431
06s. 322. Congélation douteuse d*un nouveau «né 431
06s. 323. Mort par congélation douteuse 432
06s. 324. Mort d*un nuuveau-né par congélation 432
CHAP. VIII. — Ifoar causbb pab lk CHLoacroBUB 4SS
S 1. Généralités 433
S 2. Eipériences sur les animaui 434
§ 3. niagnoslic 436
1^ 4. Empoisonnement chronique par le chloroforme 441
§ 5. Conditions favorisant la mort par le chloroforme 444
06s. 325. Suicide par le chloroforme 446
APPENDICE 447
Respomsabilit^ HioiCALB 447
Homicide causé par un traitement médical non approprié 447
$ 1. Généralités 448
§ 2. Responsabilité médicale 449
§ 3. Le médecin est-il responsable des conséquences de la thérapeu-
tique qu'il adopte ? 454
06s. 326. Empoisonnement attribué à uneimpéritle médicale. 459
06s. 327. Accusation portée contre une sage-femme pour avoir
commis Thomicide d*un enfant nouveau-né pendant Taccoo-
chement 460
06s. 328. Mort par chloroformisation, anesthésie provoquée pour
Textraclion d'un dent 461
06s. 329. Rupture mortelle de la matrice pendant Taocouche-
meot. Y a-t-il de la faute de la garde malade? 462
06s. 330. Adhérence du placeota, accusation portée contre une
garde-malade 46S
006 TAM.fi DES MATIÉBES.
Ob$. 331. Enfàot mort-né, ■ceiHiia portée par les pareoU
contre le médecin « 463
Obs, 332. Prétendu boroicide attribué à «M CtapMie naédicale. 4M
Obs. 3^. Homicide duuteoi, eiercice illégal die la Wiéiccim,
eharlâlanisme homoeopathiqoe 4M
lll*-ihiiii*tol«sl^ '^>* nmmrémm'^ém.
lirraoDOCTMHi t 468
CHAP. PREMIER. — Agk di h'ntàsn 470
S 1 . Dn KoBtui et du nouYean-né. 470
1<> La peau 472
2° L*ombilic et le cordun ombilical 473
3» L^estomac 473
4* Lei poumons • 473
b^ Du méconium • 474
6<^ Artèrei du cordon ombilical 474
7« Point d'oMiflcalion 474
8* Présence du cordon 474
9* Le conduit de Botal, le trou oval, le conduit veineux d*Arant. . 474
Obs 334. Déterminer si un enfant est nonveau-né ? Cbute pen-
dant la naissance. Subroention dans des matières fécales. . . • 474
$ 2. De la viabilité 475
$ 3. Du fœtus dans ses différents 4ges 476
§ 4. Signes de la maturité d*un nouveau-né 478
Poids et mesures de 247 nouveau-nés 479
Point d'ossification de rextrémiié inférieure du fémur observé
sur 125 enfants 486
Obs, 335. L'enfant X. .. est-il né à terme ? 490
06s. 336. L>nfant Z... est-il né à terme ? 491
CHAP. II. — De la vie chez l*£nfant 492
§ 1 . Vie sans respiration 492
§ 2. Respiration avant la naissance, vagissement intérin 495
$ 3. Docimasie pulmonaire 498
A. Épreuve du foie. 498
B. Voussure du thorax 499
Tableau représentant les dimensions du Ihorai de 238 nou-
veau-nés, dont 158 ont vécu, et 80 étaient mort-nés 501
C. Situation du diaphragme 504
D. Volume des poumons 505
E. Couleur des poumons 506
F. Consistance du tissu pulmonaire, atélectuie, hypérémie, hépa-
tisatioo 508
G. Poids des poumons, épreuve de Ploucqnet 509
TABLE DES MATIÈnES. 607
Poids du poumon comparé à celui de ia totalité du corps de
de 89 nouveau-oés 511
H. Surnatatiou des poumons dans Peau. Docîmasie hydroatatiqoe. 515
1* InsurnatioD arlificielle 516
2* Emphysème pulmonaire dea nouveao-oéf 519
3* Putréraction des poumons 522
h* Immersion des poumons malgré la respiration 524
/. Incisions dans la subslaoce des poomoDs 525
§ à. Noyau d*ossiûcation de Teitrémité inférieure du Témur 526
$ 5. Dépdt d'acide urique dans les tubes urinifères 527
§ 6. Restes du cordon, auréole de démarcation, momification, chute. 529
§ 7. État des voies circulatoires fœtales 531
§ 8 Eipulsion do méconium et de Turine 531
§ 9. Ecchymoses 532
§ 10. Conclusion. 533
§11. Circonstances dans lesquelles il est inutile de rechercher si
Tenfant a respiré 533
§ 12. Combien de temps un enfant a-t-il vécu? Depuis cumbien de
temps est-il mort ? 535
Ott, 337 à 352. Docimasie pratiquée sur des cadavres dont la
putréfaction était déjà avancée 535
Obs. 353 à 361 . Immersion et surndtation partielle des poumons. 539
065. 362 à 366. Insufflation ayant été pratiquée sur des nou-
veau-nés soumis h une autopsie légale 542
06s. 367 et 368. État de la vessie et du rectum bhà
CHAP. 111. — Genres de mort particuliers aux nouveao-nés 5&5
§ 1. Généralités 545
§ 2. Mort de Tenfaiit avant sa naissance 545
§ 3. Mort de l'enfant pendant sa naissance 550
1** Épanchements sanguins sous-cutanés, céphalématome 551
2° Blessures de tète, défauts d'ossification des os crâniens 552
065. 369. Défaut d'ossification avec fissure de Tos pariétal droit. 554
065. 370. Défaut d'ossification de Tos pariétal giuche 555
Obs. 371. Défaut d'osMfication des deux os pariétaux. Sépara-
tion du cordon près du nombril 555
065. 372. Défaut d'ossification des deux os pariétaux, submer-
sion douteuse 555
O65. 373. Défaut d'ossification des deux os pariétaux. Mort
douteuse par submersion 55G
O65. 374. Défaut d'ossification des os pariétaux avec fissures,
respiration dans une caisse fermée « 556
3° Compression ou étranglement du cordon. Sillon strangulatoire. 557
4" Couslriction de l'utérus 560
§ 4. Mort de l'enfant après sa naissance , 561
60S TAniT. DES MATIKRFS.
i"» Chule dp In tête Kur le sol. GéaiTalités 5€l
2* Blessures produitoii par la chute de renfaot sur le lol pcndaol
raccouclicmcDl ; leur diagnostic 564
06s. 375. Hémorrhagie, submersion ou chuk pendant Taccou-
chement 567
06s. 376. Chute d*un enriint pendant raa'oucbcment 567
Obs. 377. Accouchement debout ; chute de reafant sur le sol. . . 568
06s. 378. Accouchement debout ; chute de l'enfant dans l« me. 568
Obs. 379. r.hute de I enfant; mort de la mère 568
06s. 3H0. Chuicde renfanl ou infanticide ? 569
Otts. 3Kl. Knfant tire d'une fosse d'aisances 570
06s. 382. Enfant tiré d'une chaise percée 570
06s. 383. Chute pendant racrouchemenl, ou asphyiie dans des
cendres, ou submersion dans une fosse d'aisances? 571
Ofcj. 38*. Chute de l'enfant ou infanticide? 57 f
3" Mort par hémorrhagie du cordon , 571
Généralités 572
Diagnostic 573
06s. 38.'). Blessures de la carotide et de la moelle épinîère. De
quelle manière a eu lieu la sé|Kiratiot) du cordou ? 576
06s. 380. Cordon séparé prés de l'anneau ombilical, sans hé-
morrhagie mortelle 577
06s. 387. Cordon arraché près de Panneau, sans hémorrhagie
mortelle 578
06s. 388. Ciirdon ombilical non lié, sans hémorrhagie mortelle. 578
S 5. Déterminer si la mort d'un enfant a eu lieu par la faute de la
mère 578
065. 389. Abandon d'un enfant comme rjiu.<e de mort 58i
065. 3iM). Accouchement clandestin, accusation d'infanticide. 582
06s. 301. Naissance au milieu d'etcréments 583
Obs 392. Nai^^sauce dans les eicrénients 583
065. 303. Nou\eau-né tiré d'uue fos«e d'aisances 58*
065. 301. Naissance au milieu d'eirréments 58*
065. 305. Naissance dans des fèces. Y a-t-il eu infanticitle?. .. 585
06s. 300. Enfant retiré d'une fosse d'aisances. Y a-t-il eu crime? 58G
06s. 307. Knfaut retiré de Tcau 586
06s. 398. Cada\red'un nouveau-né trouvé dans l'eau, la tête
ayant été bciée 587
06x. 300. (Cadavre d'un nouveau-né retiré d*un poêle 587
06s. *U0. Ktraiiglenieut du cordon. Apoplexie. Accouchement
avec l'aide de la mère 587
Appendice au paragraphe de remphy>ème pulmonaire des nouveau-nés. 588
FIN DE LA TABLK DES MATlKRKit IH^ SErX)ifD VOU'HK.
»
^V 4 I1C51 Casper.J.L. lI4oJ
^■l ., 1 C34e Traité pratique d«l
^■P 4 t. P.. |iil!H.,.1n. If.>n1. J
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