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Full text of "Trait�e g�en�eral d'oologie ornithologique au point de vue de la classification"

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TRAITÉ GÉNÉRAL 


DUQANIE VRAI IQ 


AU POINT-DE VUE DE LA CLASSIFICATION 


PAR 


0. DES MURS, 


Membre Correspondant de la Société Zoologique de Londres, et de plusieurs autres 
Sociétés Savantes; Auteur de l’'IGONOGRAPHIE ORNITHOLOGIQUE 
où PLANCHES PEINTES D'OISEAUX faisant suite à celles de Buffon et de Temminck; 
Auteur des PARTIES ORNITHOLOGIQUES, du VOYAGE EN ABYSSINIE du Capitaine 
Th. Lefebvre et des Docteurs Petit et Quartin-Dillon; de l’HISTOIRE 
NATURELLE GÉNÉRALE DU CHicr, publiée par M. C1. Gay, membre de l’Institut; 
du VoyAGE DE CIRCUMNAVIGATION DE LA VÉNUS; de l’'ENGYCLOPÉDIE 
D'HisTorre NATURELLE, et du VOYAGE DANS L'AMÉRIQUE 
pu Sup, de M. de Castelnau. 

Le seul et le vrai moyen d'avancer la Science 
est de travailler à la Description et à l'Histoire 
des différentes choses qui en font l’objet. 

(Burron, De la manière d'étudier et de traiter 

l'Histoire Naturelle.) 


Plut à Dieu que tous les Ornithologistes pussent 
s'éclairer du flambeau de l’Oologie! 


(Prince Ch. BoNAPARTE. Revue et Magasin de 
Zoologie. 4857.) 


© RE —_—————— 


PARIS. 
CHEZ FRIEDRICH KLINCKSIECK, LIBRAIRE, RUE DE LILLE, N° 11. 


1860 


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AOULEDATERS 


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A LA MÉMOIRE 


DU PRINCE 


CHARLES-LUCIEN BONAPARTE 


C'est un devoir que nous accomplissons , ct pour nous- 
même, et pour la Science, en plaçant sous l'autorité du. nom 
de l’éminent Ornithologiste un Trarré dont nous regrettons de 
n'avoir pu lui soumettre que les bases élémentaires. 

Aidé de nos études et de nos observations, il nous eût 
soutenu au cours de ce travail, qui en eût été plus complet, 
éclairé de ses lumières et surtout de ces aperçus qui, chez lui, 
étincelaient comme des traits du Génie. 

Nous ne le devions pas moins par reconnaissance pour son 
accueil toujours si affectueux ; et aussi, pour la justice qu'il 
a bien voulu nous rendre, en nous faisant l'honneur de nous 
citer parmi les Naturalistes dont l'opinion scientifique a pu 
être de quelque poids auprès de lui, dans l'édification de 
l'OEuvre Linnéenne et gigantesque de son Consrecrus Generum 


Avium. 


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PRÉFACE 


La Nature, qui se plaît à répandre dans ses ouvrages une variété 
que la faible imagination de l'homme peut à peine concevoir, semble, 
par cette diversité originale, cachet de toutes ses œuvres, avoir 
voulu manifester sa puissance sans bornes. Il n’est rien sorti de ses 
mains créatrices qui ne soit digne d'attirer nos regards et d'exciter 
notre admiration. Ce sentiment , inspiré par la beauté toujours 
nouvelle des productions de cette mère féconde, a dicté aux Aristote 
et aux Pline, chez les Anciens, aux Linnée, aux Buffon, aux Lacé- 
pède, aux Cuvier et aux Geoffroy Saint-Hilaire, parmi nous, et à 
tant d’autres Savants, ces écrits où sont consignées les observations 
qui ont fait la gloire de leurs Auteurs, comme celle des pays qui 
les virent naître. 

Plus on observe, plus on étudie, et plus l'esprit d'investigation 
voit s’agrandir la carrière incommensurable qu’il brûle de parcourir. 
Il en résulte alors que tel objet que l'on ne regardait qu'à travers le 
voile de l'indifférence, devient bientôt la matière d’une méditation 
approfondie, lorsque l’on croit être parvenu à connaître et la cause 
qui l’a produit, et la fin que s’est proposée, en le créant, la Nature 
qui n’enfante rien d’inutile. Aussi voit-on chaque jour enrichir la 
Science de connaissances nouvelles. C’est une remarque qui devient 
triviale à présent que les observations sont plus multipliées que 
jamais. 

Toutefois, ce désir d'apprendre, qui est le sceau de notre époque, 
n’a guère commencé à se manifester que depuis un demi-siècle. 


VHIT 


Mais il a pris tant d’accroissement, qu'à cette heure, la Création à 
paÿé aux Savants le tribut de tout ce qu’elle a produit dans tel 
Règne et de tel Genre que ce soit. 

Il reste sans doute encore à faire de nombreuses découvertes. Et, 
pour ne parler que de l’Ornithologie, aueun des secrets concernant 
le produit animé des Oiseaux, connu sous le nom générique d'Œuf, 
ne nous a, jusqu'à présent, été révélé. Aussi toute l'histoire, ou 
pour mieux dire la physiologie de l'enveloppe de ce corps qui, 
sans cesse sous les yeux de l’homme, n'a pu attirer de sa part une 
attention bien soutenue, est-elle demeurée dans les plus profondes 
ténèbres. 

C'est ce produit, de peu d'intérêt en apparence, que nous nous 
sommes attaché à examiner et que nous avons étudié toute notre 
vie avec les soins les plus assidus, dans l'idée de faire entrer les 
caractères que l’on peut tirer de son inspection comme moyen de 
classification méthodique dans la nombreuse et admirable Classe des 
Oiseaux: et le résultat obtenu de nos observations, ainsi que de nes. 
LrAVaux , nous venons l'offrir avec confiance au public, que nous 
avons déjà initié à la plupart de nos idées dans de nombreux Mé- 
moires publiés dans le Magasin et dans la Revue zoologique de la 
Société Cuviérienne depuis 1842. L'accueil fait à ces diverses notes 
nous à encouragé, en y joignant toutes celles enfouies dans nos 
cartons depuis près de trente ans, à les réunir en un corps d’ou- 
vrage plus complet, que nous diviserons en trois parties : 

La première contiendra le tableau raisonné de la Bibliographie 
Oologique ; 

La seconde, la détermination des Caractères Oologiques; 

La troisième, l'application de ces Caractères à la Méthode Ornitho- 
logique. 


INTRODUCTION 


Après la Classe des Mammifères, celle des Oiseaux est 
évidemment, de toutes les autres Classes, la plus parfaitement 
organisée , par conséquent la plus digne des méditations des 
Savants, comme de l'attention du vulgaire. C’est une vérité 
qui n’a été méconnue de personne, et qui s’est manifestée de 
mille manières à différentes époques dans l’histoire du monde. 
Cette intéressante portion du Règne Animal étant devenue 
tantôt le sujet de contes absurdes, tantôt celui d’une science 
prétendue divine, mais réprouvée par la saine raison, et, 
dans tous les temps, l’objet de doctes écrits tendant à une 
connaissance exacte des œuvres de la Nature. 

On conçoit facilement en effet que les premiers humains, 
aux yeux de qui tout ce qui était extraordinaire, ou dont la 
cause était inconnue, paraissait participer au privilége de la 
Divinité, telle qu'ils se la figuraient, en voyant ces êtres doués 
des mêmes facultés dévolues aux autres animaux, comme eux 
respirant, comme eux se nourrissant, comme eux enfin pou- 


vant mesurer la surface de la terre ou fendre le miroir des 


x 
eaux; mais jouissant de plus de l'inappréciable faculté de par- 
courir librement, spontanément et sans efforts, les espaces sans 
bornes, domaine des nuages et séjour de la foudre, on conçoit, 
disons-nous, qu'ils aient été frappés d’admiration, et qu'un 
enthousiasme religieux ait pu suivre ce premier sentiment à 
l'aspect de l'existence tout aérienne des Oiseaux, et de la 
prédilection dont ils semblent avoir été l’objet de la part du 
Créateur. Aussi, dans des temps encore barbares, et chez l’un 
des peuples les plus civilisés du globe, à une époque reculée 3 
certains Oiseaux avaient leurs autels, leurs pontifes et leurs 
adorateurs ; ailleurs, d’autres étaient nourris sur les fonds 
publics, et l’on n’entreprenait aucune affaire qui intéressât la 
sûreté de l'État, sans avoir pris conseil de ces animaux consi- 
dérés en quelque sorte comme les interprètes symboliques de 
la volonté du Ciel; il était naturel que les hommes, suivant les 
contrées qu'ils peuplaient, ayant observé la coïncidence par- 
faite de l’apparution et de la disparution des habitants ailés de 
l'air avec le retour périodique des saisons, leur attribuassent 
par induction la connaissance de l’avenir. 

Qui ne sait (souvenirs bien classiques!) les poétiques apo- 
théoses et les canonisations mythologiques de l’'Ibis sacré, de 
l’Aigle de Jupiter, du Paon de Junon, des Golombes de Cypris, 
de la Chouette de Minerve et du Cygne de Léda? Il n’est pas 
jusqu’au corps renfermant le germe nécessaire à la reproduction 
de cette Classe de Vertébrés, qui n’ait été divinisé par l’imagina- 
tion vive et féconde des Grecs. Les Egyptiens eux-mêmes, cette 
nation sage et réfléchie par excellence, pénétrés d’un sentiment 


pieux en contemplant autant les merveilles contenues dans 


XI 
l'Œuf des Oiseaux, que la figure particulière de ce corps, en 
firent le Symbole de l'Univers. A défaut d’autres preuves de cette 
assertion, le fait d’un OEuf (d’Ibis sacré) , que possède notre 
Collection, trouvé dans un de ces vases en terre cuite où l'on 
renfermait le corps momifié de ces Oiseaux , suffirait amplement 
à en démontrer la réalité. 

À mesure que les lumières de la Science pénétrèrent le voile 
de l'erreur, on observa mieux, les connaissances se répandirent 
et acquirent des bases, sinon‘invariables , au moins assez sûres 
pour guider les expériences et les études des observateurs; bien- 
tôt les matériaux, devenus plus abondants, formèrent une 
espèce de flambeau dont les rayons éclairant le plus profond des 
mystères de la Nature , aidèrent à en découvrir toute la richesse 
et les admirables ressorts. L’imagination , dès lors dirigée par 
le génie, ne connut plus de limites, et une carrière immense fut 
ouverte aux Zoologistes. Elle a en grande partie été parcourue, 
et les Oiseaux ne sont pas ceux des Vertébrés qui y ont aitiré 
le moins de concurrents. Depuis les Anciens jusqu’au Prince 
Ch. Bonaparte, le nombre des Auteurs qui ont traité des Oiseaux 
est fort considérable. Aussi tout ce qui a rapport à ces animaux 
at-il été exploré. On a fait de longs commentaires sur leurs 
habitudes et le rang qu'ils doivent occuper dans la chaine des 
Êtres, et de minutieuses descriptions de leur forme, de leur 
structure et de leur organisation ; il semble que rien n'ait été 
oublié de ce qui peut jeter quelque intérêt sur eux. 

Une chose importante manque cependant encore pour com- 
pléter l'Histoire Naturelle des Oiseaux : ce sont des remarques 


d'ensemble et des observations de détails suivies et raisonnées 


XII 

sur ce résultat ou produit du concours du mäle et de la femelle, 
pour la conservation de l’Espèce, que l’on est convenu d’appeler 
Œuf. Ses parties organiques et constitutives, en tant que 
contenu, ont été parfaitement analysées et élucidées ; il n’en a 
pas été de même de son enveloppe en tant que contenant, restée 
à l’état de pure curiosité. 

Frappé des avantages que pourrait procurer l'étude spéciale 
de la Coquille de l’OBuf des Oiseaux, nous avons recherché les 
causes de l’espèce d’oubli auquel paraît J’avoir condamnée le 
plus grand nombre des Ornithologistes ; nous ne les avons trou- 
vées que dans un défaut d'observations suffisantes sur cette 
enveloppe mystérieuse : de là l'indifférence qui a privé les 
Savants de l’intérét qu'est susceptible d’inspirer cette partie 
encore neuve de l'Histoire Naturelle. 

La Nature, nous le répétons, a des lois fixes et invariables 
dont elle s'écarte rarement; tout ce qu'elle crée a sa destination. 
Si quelquefois elle affecte dans ses productions des formes 
bizarres et qui semblent, au premier coup-d’œil, le fruit d’une 
imagination capricieuse et déréglée, un examen plus attentif fait 
découvrir bientôt l’usage et les fonctions que ces corps sont 
destinés à remplir dans l’ordre des choses. Enhardi par ces 
réflexions , nous avons done recueilli et rédigé ces Notes que 
nous soumettons au sérieux examen des Ornithologistes, les 
priant, dans l’intérêt.de la Science, de ne point dédaigner un 
travail sans doute informe, mais dont le perfectionnement peut 
devenir l'honorable prix de leurs scrupuleuses recherches. La 
difficulté de rassembler les nombreux matériaux de cette curieuse 


partie, nous a forcé à publier dès à présent ce qu'il nous a été 


XIII 
possible d'observer à ce sujet, bien résolu, à mesure que les 
objets de comparaison s’offriront à nos yeux, de pousser jusqu’à 
ses dernières conséquences le système auquel les différents 
caractères de l'enveloppe de l’OEuf des Oiseaux pourraient servir 
de fondement, comme élément de distribution naturelle; de 
montrer l'utilité réelle que la Science en obtiendrait, sans 
déguiser les inconvénients qu’une application trop spéciale et 
trop exclusive ne manquerait pas d’entrainer. 

Notre idée enfin a été d'utiliser autant que possible, dans 
l'intérêt de la Science Ornithologique, cette portion, selon nous 
si attrayante de l'histoire des Oiseaux. Nous n’avons pas voulu 
qu'une Collection d'OEufs fût dédaigneusement considérée 
comme chose de pure curiosité, et uniquement abandonnée 
au passe-temps des jeunes Étudiants ou des Collégiens. Nous 
avons visé à rehausser ce genre de Collection, en recherchant 
la valeur intrinsèque qui pouvait lui être assignée, dans le 
grand nombre d’objets catalogués par les Savants, et nous ne 
croyons pas nous être fait illusion. 

Depuis quelques années surtout la Science Ornithologique, 
dont les richesses se sont démesurément accrues, à vu s’aug- 
menter par suite ses obscurités et ses difficultés de Classification. 
Aussi n'est-il sorte de Caractères que chaque Naturaliste, répon- 
dant à son appel, n'ait évoqué et fait venir à son aide, pour 
faciliter en cette partie un classement méthodique, autant rap- 
proché de la nature que la chose est praticable. 

On n'avait jusqu’à ces derniers temps, pour arriver à ce but, 
auquel non-seulement doivent tendre, mais que doivent atteindre 


toutes les branches des connaissances humaines, pris pour base 


XIV 

unique en Ornithologie que les Caractères Zoologiques les plus 
extérieurs : ceux-ci la forme du bec; ceux-là celle du pied. 
D'autres , moins soucieux de ces caractères variables à l'infini 
pour l’un, remplis d'harmonie pour l’autre, s’il en faut croire 
notre spirituel et paradoxal Toussenel, entrant malgré eux dans 
le système des analogies, se sont appuyés sur le mode de nour- 
riture. De Blainville et Lherminier, ainsi que M. Isidore Geoffroy 
St-Hilaire, entrant aussi dans cette voie, mais sans y persister, 
essayèrent de baser une Classification sur les modifications des 
organes du vol, considérés soit sous le rapport de leur agen- 
cement ostéologique, soit sous celui des dispositions de leur 
ptilose. Rien n’est plus curieux dans ce genre, ni plus original 
que le Système du Savant Allemand Nitzsch, consistant à classer 
les Oiseaux selon le mode d'insertion des plumes sur toutes 
les parties du corps, mode d’insertion qui varie beaucoup plus 
qu’on ne le saurait croire, d’après les belles et nombreuses 
Planches qu’il en a données (1). 

Bientôt surgit l’idée Allemande de s'attacher aux organes 
producteurs de la voix ou du chant ; puis sont apparues les 
curieuses observations du docteur Cornay, sur l'os palatin des 
Oiseaux, qu'il présente comme la véritable boussole de l’Or- 
nithologiste sur cette mer changeante et sans horizon des 
Systèmes et des Méthodes, étude précieuse qui n’en est qu’à 
ses ébauches et n’a pas encore dit son dernier mot. Le Prince 
Charles Bonaparte, dont la Science Ornithologique regrettera 


longtemps la perte, en France surtout, dont il est devenu une 


(1) System der Plerylographie, Halle, 1840, 


XV 
imposante illustration, venait tout récemment, à l'exemple de 
plusieurs Auteurs Allemands et Anglais, de tenter un système 
de classification basé sur la précocité plus ou moins grande 
des Oiseaux et leur aptitude relative à courir et à pourvoir à 
leur nourriture aussitôt leur éclosion. N'oublions pas, dans 
cette énumération le travail encore assez nouveau du docteur 
Guiton, qui préconise, comme base d’une Classification Ornitho- 
logique , le caractère tiré des appareils et des fonctions de la 
reproduction (1); non plus que le système de parallélisme 
introduit par M. Isodore Geoffroy St-Hilaire et dont le Prince 
Ch. Bonaparte a fait d'assez heureuses applications. 

Malgré ce renfort de considérations physiologiques et anato- 
miques, les Systèmes de Classifications en Ornithologie ont 
autant varié que les éléments des observations qui en font la 
base. La faute, il faut l’avouer cependant, en est moins à l’insuf- 
fisance des caractères indiqués et à l’imperfection des Méthodes 
proposées, qu’à l'esprit de partialité ou d’exceptionnalité qui jus- 
qu'à présent a présidé à l'application de chacune d’elles : chaque 
Auteur voulant faire exclusivement prédominer et appliquer la 
sienne de préférence à celle des autres; car là git uniquement la 
cause du reproche mal fondé que l’on adresse sans cesse aux 
Méthodistes. Avec un peu moins d'amour-propre et en combi- 
nant ce que chacun des systèmes imaginés offre de réellement 
bon et utile, on ne pourrait manquer d'arriver à une Classification 
rationelle sinon parfaite, au moins aussi rapprochée de la per- 


fection que possible. 


(1) Rev. et Magas. de Zool., n° 4, 1855. 


XVI 

Depuis longtemps on s’est occupé de l'Œuf, chez les Oiseaux, 
uniquement comme objet de curiosité; depuis fort peu de temps, 
seulement, on s’en occupe sous le rapport Scientifique. Chaque 
jour voit éciore tant en Angleterre qu’en Allemagne, voire 
même en Amérique, un nouvel Ouvrage sur cette matière; 
mais ces Ouvrages sont plutôt l’occasion d’une description des 
Oiseaux de notre Europe que de considérations Oologiques; on 
en est même venu à exhiber des exemplaires du produit ovarien 
d'Oiseaux dans les Cours publics ; et c’est à M. Isidore Geoffroy 
Saint-Hilaire que l’on est particulièrement redevable de cette 
innovation scientifique; mais cette exhibition n’a encore été sui- 
vie d’aucune déduction d'ensemble véritablement utile à la 
Science, n'ayant pour objet que de compléter les détails de 
mœurs relatives à chaque espèce. 

Comme Science, ou comme complément de la Science Orni- 
thologique, l’Oologie est presque entièrement à créer. Comme 
objet de curiosité, il en est autrement : depuis longtemps ses 
annales ont pris date; toutefois les traces en sont-elles difficiles 
à saisir. De même que toutes les Sciences, elle a dû son 
succès en effet, ou plutôt son progrès et son origine à la simple 
curiosité. Car c’est toujours ainsi, selon la remarque d’un de nos 
littérateurs actuels, qu'ont procédé la faiblesse et l’organisation 
de l’homme. Après avoir admiré chacune des productions de la 
Nature comme objet de pur embellissement, il a voulu les com- 
prendre comme œuvre et comme partie de ce grand tout que 
l’on appelle le Monde. 

C'est pour tirer cette branche encore neuve de l'espèce de 


nullité à laquelle on semble la condamner, que, depuis plus de 


XVII 
vingt-cinq ans, nous avons entrepris nos études et notre travail, 
et c'est pour provoquer ceux qui, à l'instar de notre savant 
collègue M. le Baron de La Fresnaye, ne dédaignent pas d’en 
faire application à l’Ornithologie proprement dite, dans la publi- 
cation de leurs observations à ce sujet, que nous mettons au 
jour ces notes prises en quelque sorte au hasard dans nos 
cartons. 

Aux éléments de classification, si nombreux, ainsi qu’on vient 
de le voir, qui existent déjà, nous venons en‘ ajouter de nou- 
veaux, et les considérations que nous proposons sont d’une 
toute autre nature et d’un tout autre ordre : nous voulons parler 
de celles que nous prétendons pouvoir être tirées de l'inspection 
de l’'Œuf des Oiseaux, envisagé sous le triple rapport de sa 
Forme, de sa Coquille et de sa Coloration (1). 

Nous sommes assurément trop juste et trop impartial pour 
réclamer lhonneur de la conception première de cette idée. 
Nous avons découvert, il y a longtemps, qu’il appartient, avant 
nous, tout entier à un modeste observateur oublié, ou plutôt 
tout-à-fait ignoré des Oologistes. C’est Lapierre , dont on ne 
connaît les études spéciales sur cette matière que par la publica- 
tion qu'a bien voulu faire Sonnini, dans son édition de Buffon, 
d'un Mémoire renfermant l'exposé de son système à ce sujet, 
sur lequel nous comptons revenir (2). 

Cette circonstance pourrait faire présumer que, dans le cours 


des temps , les OEufs des Oiseaux ont dû devenir l’objet d’études 


L 
(1) Magas. de Zool., 1842. . 
(2) Notes et Observations sur la Ponte des Oiseaux qui se trouvent à 
l'Ouest de la France. Buffon, Ed. de Sonnini, Vol. 60. 


XVIIT 

particulières, et que leur description plus ou moins détaillée a 
dû suivre complémentairement celle des animaux qui les pro- 
duisent. Car tout invitait à ce travail, qui pouvait être traité de 
deux manières, tout-à-fait opposées pour le but, mais dont le 
résultat ne pouvait, en définitive, que tourner au profit de la 
Science. En effet, la nature des OEufs , si variée par la Forme, 
les divers degrés de finesse et de dureté et la composition de 
leur Coquille, enfin par les innombrables combinaisons de 
nuances qui les décorent, était un motif suffisant pour engager 
les personnes qui ne recherchent que la fleur des Sciences dont 
ils s'occupent par amusement ou désœuvrement , à examiner de 
près et à détailler les particularités remarquables de ce produit 
animal; tandis que d’autres, guidés par leur goût prononcé 
pour l'Histoire Naturelle, et brûlés du désir de frayer de nou- 
velles routes à ses Sectateurs, eussent pu chercher à tirer de 
l'inspection de ce même produit des caractères propres à la 
classification des Espèces, des Genres et des Familles. Il n’en a 
pourtant rien été pendant longtemps; et toutes les espérances 
que l’on concevrait à cet égard, seraient presque totalement 
frustrées. 

Il est peu d’Auteurs qui se soient occupés d’une manière spé- 
ciale des OEufs des Oiseaux : La plupart même y ont apporté 
tant d’indifférence et si peu d’études que ce qu'ils en ont dit, 
outre le défaut, difficile à éviter, d’être incomplet, a celui de 
l'inexactitude ; sans parler du tort grave de ces Auteurs, de 
n'avoir pas cherché à tirer de leurs observations des inductions 
favorables aux progrès de la Science, et susceptibles de répandre 


assez d'intérêt sur cette branche, pour la populariser. 


XIX 

En si petit nombre et si défectueux que puissent être ces 
différents Ouvrages, ils renferment pourtant, éparses çà et là, 
des vues quelquefois neuves et des notions parfois utiles : aussi 
nous ferons-nous un devoir de les analyser brièvement, afin de 
faire voir d’un seul coup-d’æil les faibles progrès qu’a faits dans 
le Monde Savant, l'étude de l’Oologie Ornithologique , et l’ac- 
croissement qu’il lui reste à acquérir pour prendre rang à la 
suite de la Science dont elle doit être désormais l’appendice 
inséparable , c’est-à-dire de l’Ornithologie. 

C'est ce qui va faire l’objet de la première partie de notre 
travail. 


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PREMIÈRE PARTIE 


TABLEAU BIBLIOGRAPHIQUE RAISONNÉ ET HISTOIRE 
DES PROGRÈS DE L'OOLOGIE. 


Une autre cause, que nous avons oubliée, de l'indifférence 
dans laquelle on est resté au sujet des ORufs d’Oiseaux, tient à 
l'ignorance , en cette matière, de ceux qui en ont parlé les 
premiers, à commencer par Aristote et Pline. Il est bien évident 
que, du moment que les OEufs d'Oiseaux étaient réputés tous 
blanes, et d’un ton uniforme, à quelque Espèce qu'ils appartins- 
sent, cette uniformité n'était pas faite pour tenter les Collecteurs 
de Curiosités : et c'est ce qui est arrivé. 

Il a fallu, pour attirer l'attention sur ces corps organiques, que 
le hasard , si fécond en toutes choses et source de tant de décou- 
vertes dans les Sciences, fit rencontrer de temps à autre des nids 
renfermant des OEufs d’une teinte différente de celle générale- 
ment admise , et fit naître d’abord le sentiment de la curiosité. 
. On ne commence à voir parler un peu des OEufs d’Oiseaux, 
quant à leur Forme et à leur Couleur, dès le XVIe siècle jusqu’au 
commencement du XVIIIe, qu'avec notre Gaulois Belon (1555), 
Gesner de Zurich, Aldrovande de Bologne, et les Anglais 
Jonston, Willughby et Ray. | 

Les Collections Oologiques, elles, ne se font jour que vers la 
première moitié du XVIITe siècle. Ainsi le comte de Marsigli, 


D] TER 


2 PREMIÈRE PARTIE. 


dans son Voyage aux bords du Danube (1), récoltait les Nids et 
les OEufs d'Oiseaux qu’il rencontrait dans ses excursions, en 
tirait des inductions plus ou moins judicieuses, que nous au- 
rons Occasion d'examiner et de discuter, et en publiait la Figure 
sous ce Titre mis en tête de son cinquième volume : De Avibus 
cirea aquas Danubii vagentibus et de ipsarum Nidis. 

Il est vrai que ses descriptions se sont bornées à une douzaine 
d’Espèces, la plupart excessivement réduites de grandeur et fort 
peu satisfaisantes de dessin comme de couleur. Mais au moins, 
cette publication, chez lui, si incomplète qu’elle fût, procédait- 
elle d’un sentiment réfléchi et d’un point de vue essentiellement 
Scientifique : car ses remarques sur la nature de l’OEuf, selon 
les différents Genres d'Oiseaux, dont il accompagne son Ou- 
vrage, témoignent d’une observation profonde de ce corps ina- 
nimé, ets'il n’en a pas publié plus d’Espèces, c’est que dans le 
cours de sa pérégrination Danubienne il n’en a pas rencontré 
davantage. Voici, en attendant, pour donner une idée de sa 
manière de traiter cette partie de son bel Ouvrage, comment il 
s’en exprime lui-même : 

« Puisque chaque Oiseau veille avec des soins très-marqués à 
» la multiplication de son Espèce, et sçait choisir les endroits 
» propres que la nature semble lui avoir destinés pour pondre 
» et couver ses OEufs ; nous avons cru, qu'après avoir décrit ces 
» Volatiles, tels qu’ils sont, après être parvenus à leur gran- 
» deur ordinaire, il convenait de dire aussi un mot de leurs 
» petits, et de les considérer, pour ainsi dire, dès le berceau. 
» Dans cette idée , nous avons cru devoir faire mention de l'in- 
» dustrie avec laquelle les Oiseaux des diverses Espèces, que 
» nous avons eu soin de distinguer, bâtissent leurs nids, de la 


(1) Aloysi Ferdinandi Comitis Marsigli. 1726. Amsterdam, in-folio. 
Danubius Panonico-mysieus. 


= 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 3 


forme qu'ils leur donnent, laquelle mérite bien qu’on en 
parle; de la manière dont ils les construisent, du Germe, de 
la Couleur et de la Grosseur de leurs Œufs, ainsi que du 
nombre qu’ils ont coutume d’en couver. 

» Nous ne nous proposons d’abord que de nous arrêter princi- 
palement aux OEufs qui ont fait l’objet de nos observations, 
par rapport auxquels il faut particulièrement remarquer : 

» 4o Que toute proportion gardée, les OEufs des Oiseaux 
Aquatiques du Danube ont la coque beaucoup plus dure que 
ceux des Oiseaux Terrestres; que les couleurs en sont di- 
verses, y en ayant de blancs, de bleus, de jaunes, de rou- 
geâtres et de rouges, et beaucoup même où toutes ces 
couleurs se voient à la fois; mais que le goût en est fort dé- 
sagréable , parce qu'ils sentent trop la sauvagerie. 

» 20 Que ces OEufs ont quatre membranes ; sçavoir : deux ex- 
térieures qui environnent ce qu’on nomme communément le 
Blanc, une intérieure, qui sert d’enveloppe au Jaune, et une 
quatrième au centre, qui renferme le Blanc intérieur. 

» 30 Qu'ils ont deux Glaires, séparés chacun par sa mem- 
brane, mais dont l’une est plus déliée et plus liquide que 
l’autre. Nous avons aussi remarqué que les OEufs des Oiseaux 
Aquatiques ont plus de Blanc que ceux des Oiseaux Terrestres; 
et voici, à notre avis, la meilleure raison qu'on en puisse 
donner : comme le petit se forme uniquement du Blanc de 
l'OEuf, et que pour parvenir à sa perfection et pour éclore il 
a besoin d’être couvé plus longtemps, à cause de l'humidité 
et du froid auxquels les nids de ces Oiseaux sont sujets, 
comme étant toujours bâtis sur l’eau même, ou du moins 
proche de l’eau, la Nature a d’autant plus sagement pourvu à 
sa formation et à sa subsistance, qu'elle a mis dans ces OEufs 
plus de glaires que dans les autres, afin de donner à la chaleur 
du corps qui se forme , le temps et le moyen de prendre des 


4 PREMIÈRE PARTIE. 

» forces, et de le mieux pénétrer, jusqu’à ce que par-là le petit 
» soit mis en état de rompre sa prison et de respirer le grand 
» air. Cependant la fragilité de ces OEufs, et tant de dangers 
» auxquels ils sont continuellement exposés, demandaient en- 
» core que la Nature y remédiät par un nouveau secours ; elle 
» à done appris à tous les Oiseaux en général Fadmirable in- 
» dustrie de se construire des nids, où ils puissent non seule- 
» ment trouver eux-mêmes une retraite sûre et commode , mais 
» encore y couver à l'abri de tout accident, et conserver d’au- 
» tant mieux aux OEufs la chaleur que la femelle leur commu- 
» nique. C’est principalement dans ce temps-là que le mâle se 
» tient tout auprès du nid , et qu’il montre beaucoup d'activité 
» et de vigilance pour le défendre contre les Oiseaux de proie , 
» leurs ennemis. » 

On ne peut pas prendre son sujet plus au sérieux; aussi ses 
idées profitèrent-elles à un de ses compatriotes, le Comte 
Zinanni, de Ravennes, avec lequel il échangeait même les élé- 
ments de sa Collection. Celui-ci en fit donc l’objet d’une publi- 
cation soignée, qui, par le fait de son peu de développement, 
parût avant celle de Marsigli. C’est aussi le premier Auteur spé- 
cial que l’on puisse citer. | 

Il a conçu son travail « à la vue de l’étonnante diversité des 
» OEufs de sa Collection, si dissemblables de Grosseur et de 
» Forme (1), ainsi qu’à l'aspect de leur Coloration d'une si admi- 
» rable variété... ef qui donne comme le caractère de chaque 
» Espèce. » (? 

A ces titres on doit lui savoir gré de son œuvre, si peu impor- 
tante soit-elle, comme de celle d’un admirateur consciencieux et 
zélé de la belle Nature. 


(1) Tanto diverse nella loro mole, e nella loro figura. 
(2) Si vede in tulle come un caraltere delle diverse spezia. (Delle Uova e 
dei Nidi degli Uccelli. in Venezia, 1737.) 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. » 

Quant à l'exécution de son Ouvrage, c'est l'accomplissement 
fidèle de la promesse renfermée dans le Titre; c’est-à-dire qu'il 
contient la description assez détaillée de la Forme et de la Cou- 
leur des OEufs des Oiseaux dont il s'est occupé, ainsi que celle 
des Nids de ces Oiseaux, mais sans chercher à en tirer aucune 
autre induction utile à la Science que celle d’une stérile curiosité 
satisfaite. 

De Méthode? il n’en a suivi qu’une de sa fantaisie. 

Il en forme trois Classes principales : celle des Oiseaux Ter- 
restres non Rapaces (Gallinacées et Passereaux); celle des 
Oiseaux Terrestres Rapaces (Oiseaux de proie, Pies-grièches et 
Perroquets!); et celle des Oiseaux Aquatiques (Oies, Canards, 
Plongeon, Gincle! Poules-d’eau, Spatule, Hérons, Goëlands 
et Martin-pêcheur!). Chacune de ces Classes est subdivisée 
selon la délicatesse des OEufs au goût et pour la table; selon le 
degré de pureté de chant des Oiseaux ou leur facilité à apprendre 
à parler; et selon leur aptitude pour le vol ou pour la chasse. 

Le nombre au surplus en est fort restreint, puisque ses des- 
criptions ne portent que sur les OEufs de 406 Espèces (toutes 
d'Europe, à l'exception du Perroquet gris) qu’il a fait figurer en 
22 planches par la gravure, d’une manière correcte et de gran- 
deur naturelle, mais dont aucune n’est enluminée. 

Il en résulte que son Ouvrage pèche par la base et manque de 
son complément le plus utile, là Couleur, dont on reconnait 
chaque jour l'immense avantage pour tout Livre qui traite 
d'Histoire Naturelle, comme le seul contrôle possible et la seule 
justification de toute description ‘écrite. 

Schwenkfeld à de même assez bien décrit, au même temps 
740), les OEufs de certaines Espèces d’Oiseaux d'Europe qu'il 
avait eu occasion d'observer. 

Le docteur Helving, dès la même année, publiait en 
Prusse, dans une Série de Planches de Minéraux et de Bota- 


6 PREMIÈRE PARTIE. 


nique (1), la description et la figure de plusieurs Nids et OEufs 
d'Oiseaux, et était aidé dans cette œuvre par Klein, ainsi que 
celui-ci nous l’apprend lui-même. 

A un peu plus de dix années de distance, Steller faisait con- 
naître, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Saint- 
Pétersbourg, le résultat de ses observations remplies de faits 
nouveaux sur les OEufs des Oiseaux des Mers Polaires, dont il 
donnait en même temps la figure et la description, au nombre 
d’une trentaine, avec la dimension de leurs grand et petit 
axes (2). Mais il est loin de se montrer encourageant pour le but 
scientifique que doit se proposer, selon nous, l'Oologie Ornitho- 
logique. On en va juger : 

« L'avantage, dit notre Auteur, que quelques personnes ont 
» pensé pouvoir tirer de l'inspection attentive (observatione 
» sedulü) des Nids et des OBufs des Oiseaux pour en distinguer 
» les Genres et les Espèces, me paraït incertain et presque tout- 
» à-fait nul; car le mode de génération et les OEufs eux-mêmes, 
» soit dans les Oiseaux, soit dans les Poissons, sont loin d’ap- 
» porter autant de lumière que les Fruits continuellement attachés 
» aux Plantes et inséparables de la connaissance de celles-ci. » 

Puis, après avoir parlé des Nids, si différents les uns des 
autres, et surtout de celui de la Salangane : 

« Quant aux OEufs, continue-t-il, /eur Forme, leur Couleur, 
» leur Dimension et leurs substances intérieures paraissent pro- 
» mettre davantage à celui qui observe les Œufs des Oiseaux à 
» un point de vue Scientifique; quoique j'aie eu souvent occa- 
» sion de remarquer que les OEufs envisagés de cette manière 
» sont loin d’être identiques et varient au contraire excessivement 
» dans une même Espèce, ainsi que le prouvent les OEufs du 


(1) Hortus Saturgianus. 
(2) Nov. Comment. Acad. Petrop. T. VE. ann. 1752-1753. 


= 


D] 


» 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 7 
Guillemot (Lommiæ) et ceux du Cormoran (Graculi palmi- 
pedis). 
» En outre, la Forme des OEufs se trouve être la même pour 
plusieurs Genres et plusieurs Espèces, et la Couleur est dans 
une même Espèce ou plus claire ou plus foncée; toutes 
remarques frappantes chez les Guillemots et les Cormorans. Il 
en est de même de la dimension des OEufs. 
» Il en résulte donc que l'étude attentive des Nids et des OEufs 
est appelée à rendre plus de services à l'Histoire des individus 
qu’à la Science proprement dite, aux Règles et aux Méthodes. 
» Pour ce qui est de la taille relative des OEufs, voici ce que 
j'ai eu occasion d'observer : 
» 40 Les OEufs des Oiseaux Terrestres sont toujours propor- 
tionnés à la grandeur de l’Oiseau. 
» 20 Ils sont plus petits que ceux des Oiseaux Aqua- 


tiques. 


» 30 Les OEufs des Oiseaux de mer qui habitent les iles 
désertes sont les plus gros relativement à la taille de l’Oiseau. 
On appelle Arctiques les Oiseaux qui se rencontrent au 48e 
degré de latitude, où je les ai vus en troupes innombrables et 
où les côtes sont abruptes et désertes, lieux que Dieu leur a 
assignés à cause de leur trop grande stupidité (ob ingentem 
stupiditatem). Gar s’il les eût placés dans des lieux cultivés, 
l'Espèce s’en fût bien vite éteinte, grâce à cette stupidité et au 
petit nombre d’OEufs qu'il leur est accordé de produire par 
an. Et ils n'ont dû faire aussi peu d'OEufs que pour que le 
volume en ft plus fort, afin que la chaleur ne s'en échappät 
pas aussi facilement ; ces OEufs n'étant pas couvés par eux 
d'une manière continue. 

» Quant au nombre des OBufs : 

» 4o Les Oiseaux Terrestres domestiques en font le plus grand 
nombre, parce que leurs OEufs servent non-seulement à la 


* 


>= 


PREMIÈRE PARTIE. 
nourriture des poussins, mais encore à celle de l’homme, et 
ils les pondent en tout temps. 
» 5o Les Oiseaux d’eau douce en font relativement moins, 
parce que ces OEufs ne servent qu’à la nourriture de l’homme. 
» 60 Les Oiseaux de mer stupides (Aves marinæ stolidæ) en 
font le plus petit nombre, parce qu'ils existent en grande 
quantité, qu'ils habitent des lieux déserts et inaccessibles, et 
qu'ils vivent longtemps. 
» Quant à la Couleur : 
» 70 1. La couleur Blanche est propre aux Oiseaux domes- 
tiques ainsi qu'aux Rapaces leurs ennemis, de même qu'aux 
plus petits Oiseaux, tels que le Roitelet (Regulo, Asilo, Guai- 
numbi), etc. 
» 8o 11. La couleur varie pour le surplus, mais reste cons- 
tante, quel que soit l’âge de l’Oiseau et en quelque lieu qu’on 
le trouve. 
» 9o 1x1. La couleur varie également, mais est excessivement 
inconstante , dans les OEufs des Oiseaux de mer. 
» Quant à la Forme : 
» Ceux des Oiseaux de mer sont ordinairement plus allongés 
et plus pointus. » 
Presque immédiatement Klein, avec le même enthousiasme 


que Zizanni, entreprit en 1758, dans l'intention de la rendre 


plus complète, la description des OEufs d’Oiseaux d'Europe qu'il 
possédait, et dont il cherchait chaque jour à augmenter le 


nombre. Mais il mourut avant, et ne put même jouir de la publi- 


cation de son travail, qui ne parut qu’en 4766 par les soins de 
Reyger, de Gand, à Leipsick, sous le format in-4o (1). 


Mieux avisé cependant que Zizanni , auquel il rend hommage, 


il eut soin de faire colorier les dessins qu’il obtenait des OEufs 


(1) Ova Avium plurimarum. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 9 


qu'il voulait décrire; et son livre renferme, en 24 planches, les 
OEufs de 120 Espèces environ : en tout une quinzaine de plus 
que son prédécesseur. 

Son point de vue plus élevé et ses idées plus méthodiques et 
sentant plus la Science que chez celui-ci, lui firent entrevoir 
l'intérêt que pouvait avoir pour l'Histoire Naturelle des Oiseaux 
l'étude de leurs OŒufs, quant aux différences qu'ils offrent sous 
le rapport de leur Forme, de leur Couleur et de leur Coquille. 
C’est ce qui ressort de la Préface dont son Livre est précédé. 
Cette Préface renferme en effet, sur les OEufs des Oiseaux en 
général, des idées et des observations aussi exactes que judi- 
cieuses qui font regretter l'oubli dans lequel on a trop long- 
temps laissé cet Opuscule, qui contenait en quelque sorte le 
germe de l’Oologie Ornithologique, telle que nous la compre- 
nons : ce qui est, on le voit, une large compensation du peu de 
valeur que Temminck a reprochée au Texte. 

Telles sont les seules nuances qui existent entre son Ouvrage 
et celui de Zizanni, auquel il ajoute fort peu de chose, mais 
sur lequel il a le double avantage d’une plus large conception 
et d’une exécution, sinon plus parfaite, au moins plus com- 
plète. 

Nous avons parlé de l’enthousiasme de Klein au sujet des 
OEufs d’Oiseaux. Il est curieux de voir avec quelle vivacité il s’en 
exprime; une Collection d’OEufs lui parait aussi intéressante 
qu’une Collection Conchyliologique. « Variété de couleurs , 
» variété de forme et de figure , tout en eux réjouit l’œil et l’es- 
» prit tout autant que les Coquilles… Merveilleusement peints, 
» tachetés, marbrés, rayés, ponctués ou striés, leurs cou- 
» leurs ou reposent à la surface de l'enveloppe calcaire , 
» ou en pénètrent la substance : celle-ci est solide, plus 
» où moins épaisse, et souvent tellement fine et diaphane que 
» sa transparence permet aux yeux de distinguer le Blanc du 


40 PREMIÈRE PARTIE. 


» Jaune (1). » Puis il ajoute : « Rien même ne s’opposerait, 
» à mon avis, à Ce qu'après des observations répétées et sui- 
» vies, On ne püt arriver, par la seule inspection de la confi- 
» guration et des diverses teintes de la Coquille , à reconnaître 
» à l’avance si elle renferme un mâle ou une femelle. » Au sujet 
de la Forme des OEufs : « Ceux-ci sont d’une forme parfaite- 
» ment Ovée (ovata), ceux-là sont obtus ou tronqués à l’une 
» de leurs extrémités (2); les uns sont presque Sphériques (g/obu- 
» losa) où également allongés ou amincis des deux bouts (2). » 
Et terminant enfin : « Qui pourra dire toutefois pourquoi le 
» Créateur a recouvert des plus agréables couleurs l'enveloppe 
» de l’OBuf d'Oiseaux ignobles tels que ceux de la Famille des 
» Corbeaux par exemple, et de presque tous les Rapaces ; tan- 
» dis qu’il a préférablement revêtu du blanc le plus pur, comme 
» un signe d’innocence , l'OEuf de tous les Oiseaux de nuit (4)? 
» Ce n’est sans doute point par hasard que cela a lieu, quoique 
» la cause en échappe à notre intelligence. » 

A cette époque, le célèbre Réaumur formait une importante 
Collection d'OEufs d’Oiseaux; mais comme tous les génies, il 
sortait des données ordinaires. Il avait conçu le projet, à ce que 
nous apprend Klein lui-même, de réunir dans une même Collec- 
tion les OEufs des Oiseaux Exotiques avec ceux des Oiseaux 
d'Europe , afin de les comparer les uns aux autres, de voir ceux 
qui l’emportaient par la richesse du coloris, et si cette richesse 
était relative à celle du plumage, selon les divers climats. On le 
sent : il y avait dans ce vaste projet le germe d’une pensée 
féconde pour l'avenir. Rien malheureusement n’a été publié de 


(1) Albumen à Vitello distingui queat. 

(2) Ad angulorum allerum obtusa, truncata. 

(3) Ex angulis utrinquè producta. 

(4) Omnibus autein Ululis, quasi melioris præ illis nolæ , testam albis- 
simam, innocentiæ signum, largilus sit. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. F 44 


cette intéressante Collection qui a dû être riche pour son temps, 
et que Buffon aurait pu sans doute consulter avec fruit, pour 
s’éviter les erreurs assez grossières qu'il a commises en Oologie. 
Son silence même, à l’égard du Cabinet de Réaumur, ferait pré- 
sumer qu'il ne l’a pas connu, si la publicité que lui a donnée 
Guettard, Membre de l’Académie, en s’en servant pour émettre 
sur les OEufs d’Oiseaux des idées aussi neuves que hasardées, ne 
rendait tout doute impossible et l’insouciance de Buffon plus 
coupable. 

C’est pour le moment l'Allemagne qui va exploiter cette mine 
féconde de l’Oologie. 

Nozemann , en 4770, publie à Amsterdam l'Histoire naturelle 
des Oiseaux des Pays-Bas (1). Mais les Nids et les OEufs , tout en 
y étant figurés , n’y sont dessinés, pour ainsi dire , qu’en passant, 
comme l’exprime fort bien un autre Oologiste Allemand plus sé- 
rieux, Naumann, dont nous aurons occasion de parler à son tour. 
En 4772, Gunther fait paraître à Nuremberg , un véritable 
traité des OEufs d'Oiseaux sous le Titre de Coëlection de Nids et 
d'Œufs de divers Oiseaux, tirés du Cabinet de M. le Con- 
seiller Schindel et de celui de l’Auteur (?). Son Ouvrage fait avec 
talent et méthode, quoique très-borné quant au nombre d’Es- 
pèces dont il s'occupe, puisque, tout en en figurant 410 
Espèces, il n’en décrit que 62, est une véritable œuvre de cons- 
cience. Aussi laisse-t-il souvent apercevoir la satisfaction que 
son amour-propre d'Auteur éprouve parfois à faire connaitre, 
la description d’un OEuf resté inconnu à ses prédécesseurs, tels 
que Zinanni et Klein, ainsi qu’à quelques amateurs ses contem- 
porains , Hallen et Zorn. 


(1) Nederlandsche Vogelen, dont la publication a duré jusqu’à 1809 , avec 
la Collaboration de Sepp. 

(2) Sammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Wogel (dont nous 
avons fait toute la Traduction). 


1 


2 PREMIÈRE PARTIE. 


LT 


Il faut pourtant avouer que les Planches in-fo qui accom- 


pagnent le Texte, de même format, sont loin d’avoir l’exacti- 
tude de dessin et de coloration que leur prête si complaisam- 
ment l’Auteur, qui a joint à ce défaut celui de vouloir représenter 
les OEufs dans les Nids dont ils proviennent. On ne saurait trop, 
à cet égard, regretter le peu d'accord qui existe entre le Texte 
et les Figures. Car il est impossible d’entrer dans des détails 
plus minutieusement exacts pour la description des Nids et des 
OEufs des Espèces dont il s'occupe. 


Quant à sa Méthode, si elle n’est pas savante, elle est fort 


simple et fort claire, quoique peu utile à la Science. Elle con- 


5 


siste à diviser les OEufs selon leur grandeur relative, ce qui lui 
donne quatre classes distinctes; puis établissant la liste des 


diverses couleurs qui s’y rencontrent, il répartit sous chacune 


d’elles le nom des OEufs qui s’y rapportent, dans chacune des 
quatre Classes. Voici au surplus comment il s’en explique : 


CRT, Nous nous proposons uniquement de considérer les 
OEufs dans leur configuration extérieure, comme nous avons 
fait à l’égard des Nids. Nos Observations se réduiront ainsi : 
10 à leur Forme, 20 à leur Grandeur, 3° à leur Couleur, et 
40 au Nombre auquel ils se trouvent dans le Nid. 

» Quant à la Forme extérieure, on sait qu’elle est d’une ron- 
deur oblongue, et que la figure de Mathématiques connue 
sous le nom d’Ovale (#gura ovalis) lui doit sa dénomination. 
La plupart des OEufs, en effet, partent d’une base ronde plus 
large et se terminent en une pointe ronde plus étroite, ou, en 
d’autres termes, ils sont plus aplatis au bas et plus pointus au 
haut. Mais cette définition n’est pas généralement applicable ; 
car les Hiboux, plusieurs sortes de Milans et le Martin-pêcheur 
pondent toujours des OEufs presque ronds comme une boule, 
et l’on remarque en général que tel Genre d’Oiseaux pond des 
OEufs plus pointus, tel autre des OEufs plus aplatis. Il y à 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 413 


même parfois dans un même Nid des OBufs pointus et des 
OEufs aplatis. Aristote en a voulu nous expliquer la raison et 
nous faire croire que les males provenaient des OEufs aplatis, 
et les femelles des OEufs pointus. Mais nous pouvons démon- 
trer le peu de fondement de cette assertion par nos expériences 
avec des Canaris : car nous avons vu des mâles et des femelles 
naître indifféremment des OEufs pointus et des OBufs aplatis. 
Ces expériences, pour le dire en passant, combattent victo- 
rieusement les préjugés d’un grand nombre d’Amateurs de 
Canaris, qui, à l'exemple d’Aristote, veulent déjà connaître à 
la forme de l’OEuf s’ils en obtiendront un mâle ou une femelle, 
et ne réfléchissent pas qu’ils ne sont point assez bons obser- 
vateurs ni assez patients pour faire des expériences. À notre 
avis, la forme plus ronde ou plus pointue de l'OEuf est un 
effet mécanique et dépend de la pression de l’Ovaire sur l'OEuf 
quand la Coquille est encore molle, et cette pression peut varier 
d'intensité en raison de l’irritation plus ou moins vive causée à 
l’Oviducte ou à l’Ovaire par le contact des intestins ou par 
d’autres causes. Cette Théorie nous expliquera pourquoi les 
OEufs des Hiboux et du Martin-pêcheur sont toujours ronds 
comme une boule. Il n’y a qu’à admettre que l’Ovaire de ces 
Oiseaux est naturellement plus large que dans d’autres et 
conséquemment moins sujet à de violentes contractions. La 
race femelle des Hiboux serait bientôt éteinte, si, selon 
Aristote, elle ne devait provenir que des OEufs pointus et 
que les OEufs ronds ne dussent produire que des mâles! 

» La Seconde observation à faire, à l'égard de la distinction 
des OEufs, a trait à leur différente grandeur. 

» On comprend qu'un grand Oiseau doit produire un grand 
OEuf, et un petit Oiseau un petit OEuf; et ce fait se retrouve en 
effet chez la plupart des Oiseaux. Il y a cependant des excep- 
tions ; et l’on ne peut pas toujours inférer la grandeur de 


4 PREMIÈRE PARTIE. 


l'Oiseau de la grandeur de l’'OEuf. L’OEuf du Coucou n’est 
guère plus grand que celui du Moineau, et cependant le Cou- 
cou a quatre fois la taille du Moineau (1). D’un autre côté les 
OEufs du Roi des Cailles ne le cèdent que fort peu ou même 
en rien, pour la grandeur, aux OEufs du Pigeon ou à ceux 
de la Perdrix; et cependant cet Oiseau n’est pas de moitié 
aussi grand que la Perdrix. Nous pourrions citer encore 
d’autres exceptions. 

» Nous avons essayé de réduire toutes les diverses espèces 
d’OEufs à quatre degrés de grandeur différente. Nous devons à 
nos Lecteurs, pour plus de clarté, quelques renseignements 
sur cette division arbitraire. 

» Nous classons au degré de première grandeur tous les OBufs 
depuis l’Autruche jusqu’à l’OEuf de Poule, et ceux qui leur 
ressemblent... | 

» Tout ce qui s'étend depuis l’OEuf de Poule jusqu’à la gran- 
deur de l’OEuf de Pigeon , nous le distinguerons sous le nom 
de deuxième grandeur. 

» La troisième grandeur comprendra les OEufs depuis la 
grandeur de l’OEuf de Pigeon jusqu’à celle de la plus grosse 
Noisette : cette classe finit ainsi à l'OEuf du Coucou. 

» La quatrième classe enfin renfermera tous les OEufs que 
l'on connait, depuis la grandeur de la Noiïsette jusqu’à celle 
d’un Pois. Les OEufs du (Goldhahnchen) Roitelet, et du 
Colibri d'Amérique sont conséquemment les derniers de cette 
classe. 

» Nous conviendrons que nous aurions pu établir un plus 
grand nombre de divisions, et que les OEufs d’une même 
classe diffèrent encore beaucoup entre eux; mais nous 
n’avons pas cru devoir multiplier les classes et les divisions ; 


(1) Exemple que nous verrons plus tard reproduit par Thienemann. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 45 


» et, comme nous donnons la mesure de chaque OEuf, on vou- 
» dra bien nous passer cette manière de procéder. 

» Un troisième point important à considérer dans les OEufs , 
» est la variété et la diversité des couleurs dont ils sont ornés. 
» La vue d'un grand Cabinet d'OEufs offre un spectacle magni- 
» fique, et je ne le crois pas inférieur, quant à moi, à un 
» Cabinet de Coquilles. 

» Il y a des OEufs entièrement blancs, fauves ou couleur de 
» Pois, roussâtres, gris, verts de mer, bleu-verdàtre et noi- 
» râtres. Outre ces couleurs du fond, beaucoup d'OEufs sont 
» encore parsemés et pointillés de taches de toutes sortes de 
» teintes, et ces taches noires, rouges, grises et brunes contri- 
» buent singulièrement à la distinction des espèces. Ceux qui 
» ont les taches de la même couleur sont cependant plus mar- 
» qués tantôt à la partie plate, tantôt à la pointe, et cette diffé- 
» rence suffit au Connaisseur pour les distinguer. » 

Nous avons dit que, tout en donnant la figure de 410 Espèces 
d'OEufs, le Recueil de Gunther ne contient la description que 
de 62. En voici l'explication, c’est que de même que Klein, 
quoique un peu plus heureux, Gunther ne put parachever lui- 
même son OEuvre. La description et la représentation de 
ses 62 Espèces sont de lui et ont été éditées de son vivant, et 
forment la première partie du Livre. 

Toute la seconde partie a été faite et publiée par M. G. Leste, 
Professeur d'Histoire Naturelle à Leipseick, en 4784, jusqu’à la 
soixante-deuxième Espèce seulement. 

En résumé, si puérils que paraissent les détails minutieux 
contenus dans cette Introduction, qui est très-longuement déve- 
loppée et qui fait tout le fond de l’Ouvrage, comme c’est plus en 
vue des Amateurs ou des Collectionneurs curieux d'OEufs, qu’en 
vue d’un service à rendre à la Science, que le travail de Gunther 
a été entrepris, il faut encore lui savoir gré et du soin qu'il y a 


416 PREMIÈRE PARTIE. 

mis, et de l'esprit de méthode, si bizarre qu'il soit, qui y à pré- 
sidé, et de la nouveauté des aperçus auxquels il s’est livré, 
aperçus dont ont profité depuis quelques années, sans indiquer 
leur source, bon nombre d’Oologistes. 

Ajoutons que Gunther nous apprend que deux Amateurs de 
son temps, à sa Connaissance, possédaient une Collection d’OEufs 
d’Oiseaux : un Conseiller Aulique, M. Schmiedel, et un M. Link. 

Comment se fait-il qu’à la même époque et la même année 
4772, on voie Buffon, dans une de ses premières Éditions, 
émettre des propositions aussi hasardées que les suivantes, con- 
cernant le rapport qui existerait entre la couleur des OBufs ct 
celle du plumage de l’Oiseau dont ils proviennent, et concernant 
l'influence de la domesticité sur la couleur des OEufs : 

CURE Si l’on veut chercher dans la race commune de la Poule 
» quelle est la couleur qu’on peut attribuer à la race primitive, 
» il paraît que c’est la Poule blanche; car, en supposant ces 
» Poules originairement blanches, elles auront varié du blanc 
» au noir et pris successivement toutes les couleurs intermé- 
» diaires. Un rapport très-éloigné et que personne n’a saisi, 
» vient directement à l’appui de cette supposition, et semble 
» indiquer que la Poule blanche est en effet la première de son 
» Espèce, et que c’est d’elle que toutes les autres races sont 
» issues; Ce rapport consiste dans la ressemblance qui se trouve 
» assez généralement entre la couleur des Œufs ct celle du 
» plumage : les OEufs du Corbeau sont d’un vert-brun tacheté 
» de noir; ceux de la Cresserelle sont rouges; ceux du Gasoar 
» sont d’un vert-noir ; ceux de la Corneille noire sont d’un brun 
» plus obscur encore; ceux du Pic-varié sont de même variés et 
» tachetés de rouge; le Crapaud-volant les a marbrés de taches 
» bleutres et brunes, sur un fond nuageux blanchâtre ; l'OEuf 
» du Moineau est cendré, tout couvert de taches brunes-marron, 


sur un fond gris: ceux du Merle sont d’un bieu-noirâtre ; ceux 


D] 


LA 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 17 


de la Poule de bruyère sont blanchâtres, marquetés de jaune ; 
ceux des Pintades sont marqués comme leurs plumes, de 
taches blanches et rondes, etc. En sorte qu'il paraît y avoir 
un rapport assez constant entre la couleur du plumage des 
Oiseaux et la couleur de leurs Œufs; et que le blanc domine 
dans plusieurs, parce que dans le plumage de plusieurs 
Oiseaux , il y a aussi plus de blane que de toute autre couleur, 
surtout dans les femelles dont les couleurs sont toujours 
moins fortes que celles du mâle : or, nos Poules blanches, 
noires, grises, fauves et de couleurs mêlées produisent toutes 
des OEufs parfaitement blancs : donc, si toutes ces Poules 
étaient demeurées dans leur état de nature, elles seraient 
blanches ou du moins auraient dans leur plumage beaucoup 
plus de blanc que de toute autre couleur ; les influences de la 
domesticité qui ont changé la couleur de leurs plumes, n'ont 
pas assez pénétré pour altérer celle de leurs OEufs: ce chan- 
gement de la couleur n’est qu’un effet superficiel et acci- 
dentel, qui ne se trouve que dans les Pigeons, les Poules et 
les autres Oiseaux de nos basses-cours; car tous ceux qui sont 
libres et dans l’état de nature, conservent leurs couleurs sans 
altération et sans autres variétés que celles de l’âge, du sexe 
et du climat, qui sont toujours plus brusques, moins nuancées, 
plus aisées à reconnaitre, et beaucoup moins nombreuses que 
celles de la domesticité..…. » 

quais: Il y a une différence remarquable entre les OEufs de 
la Pintade domestique et ceux de la Pintade sauvage; ceux- 
ci ont de petites taches rondes comme celles du plumage, et 
qui n'avaient point échappé à Aristote, au lieu que ceux de 
la Pintade domestique sont d’abord d’un rouge assez vif, qui 
devient ensuite plus sombre, et enfin couleur de rose sèche, 
en,se refroidissant : si ce fait est vrai, comme me l’a assuré 


M. Fournier qui en a beaucoup élevé, il faudrait en conclure 


3 


18 PREMIÈRE PARTIE. 


» 


» 


» 


que les influences de la domesticité son assez profondes pour 
altérer, non seulement les couleurs du plumage, comme nous 
l'avons vu ci-dessus, mais encore celle de la matière dont se 
forme la Coquille des OEufs; et, comme cela n'arrive pas 
dans les autres espèces, c’est encore une raison de plus pour 
regarder la nature de la Pintade comme moins fixe et plus 
sujette à varier que celle des autres Oiseaux. » | 

Valmont de Bomare, contemporain de Buffon, s'exprime 


ainsi au sujet de la Forme et de la Couleur des OEufs : 


« Les OEufs ont en général une forme Elliptique, plus ou 
moins allongée, suivant les Espèces; et ils diffèrent entre eux 
par le volume, par la consistance de la coque et par la couleur 
de cette enveloppe extérieure. Les OEufs de Serpent sont ronds, 
ceux d’Autruche sont oblongs, également Elliptiques par les 
extrémités ; ceux de la Poule et de la plupart des Oiseaux ont 
un gros et un petit bout, ou un bout arrondi, et un bout qui 
approche davantage d’être pointu ; enfin il y en a de longs et 
ronds comme un cylindre... 

» ... Les OBufs de la plupart des Oiseaux ont une couleur 
dominante, et sur laquelle sont répandues des taches plus ou 
moins nombreuses , plus ou moins grandes et plus ou moins 
variées ; dans un assez grand nombre d’autres espèces d'Oi- 
seaux, l'OEuf n’a qu’une couleur uniforme et sans, tache; la 
couleur la plus ordinaire et qui sert le plus communément de 
fond est le blanc, ou pur comme dans l’OEuf de Poule, ou 
altéré d’une teinte grisâtre ou verdâtre : ainsi les OEufs de 
Dindon, ceux de l'Oie, du Canard, du Faisan, ne sont pas 
d’un blanc pur, mais on les distingue à la teinte dont ils sont 
colorés, ainsi qu’à leur grosseur et à leur forme. Quelques 
Espèces d’Oiseaux , comme le gros Tinamou , produisent des 
OEufs d’un bleu assez foncé; d’autres des OEufs verdètres, et 
ceux du Faisan blanc de la Chine ont une teinte rougeûtre 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 49 


» pâle et uniforme; quant aux OEufs dont la robe est tachetée , 
» ces taches sont cendrées, brunes, noirâtres, rougeûtres ; 
» quelquefois larges, plus pressées et en plus grand nombre 
» vers le gros bout. Quelques-uns ont cru, mais sans fonde- 
» ment, qu’il y avait des rapports entre le fond de couleur et 
» les taches des OEufs, et le fond des couleurs et des panaches 
» du plumage ; on sçait que la Poule noire pond des OEufs aussi 
» blancs que les Poules dont le plumage est de cette dernière 
» couleur » (t). 

On voit par cette citation que s’il y a eu temps d’arrêt chez 
Buffon . il y a progrès dans les idées chez Valmont de Bomare ; 
et désormais ce progrès ne va faire qu’augmenter dans la con- 
naissance des OEufs. 

À Valmont de Bomare succède bientôt Guettard, qui se révèle 
tout-à-coup par un Mémoire des plus substantiels et des plus 
intéressants sur les OEufs des Oiseaux (2). Et qui le lui a inspiré, 
en le faisant sortir de travaux beaucoup plus abstraits? La belle 
Collection de Réaumur qu'il avait vue et pu étudier, ainsi qu’il 
le dit lui-même : 

» Il parait que M. Réaumur avait le projet de travailler sur 
» cette matière; il avait du moins recueilli quantité de ces OEufs 
» d'Oiseaux ; il avait, autant qu’il lui avait été possible, réuni les 
» OEufs aux nids, et n'avait pas manqué d'y joindre les OEufs 
» qui avaient de ces singularités, qui font donner à ces OEufs 
» le nom d’OEufs monstrueux. 

Mais malgré son inerédulité à l’endroit du côté sérieux .de 
l’étude de l'enveloppe extérieure des OEufs, il n’a pu cependant 
s'empêcher, tant le séduisait le spectacle qu’il avait sous les 


(1) Dict. d'Hist. Natur., 1115-1790, — Vo Œuf. 
(2) Mémoire sur différentes parties des Sciences el des Arts, in-4v, 
1783. 


20 PREMIÈRE PARTIE. 


yeux, de consigner les propositions qui suivent sur la Grosseur, 
la Forme et la Couleur des OEufs : 

» Après la connaissance de leurs parties, que l’Anatomie 
» nous développe et nous met sous les yeux, leurs autres pro- 
» priétés extérieures n'ont rien de bien piquant. Leur Figure 
» est peu variée, leur Couleur l'est également peu, leur Tissu 
» est uniforme et lisse. Ce n’est que par une grande habitude à 
» les voir et à les examiner qu'on peut parvenir à les recon- 
» naître. Voyons cependant si on ne pourrait pas découvrir 
» quelques moyens généraux, qu’on püût poser comme des 
» principes propres à nous conduire dans cette connaissance et 
» nous servir à les distinguer les uns des autres avec un peu de 
» facilité. 

» Si les propriétés des OEufs étaient en raison des Genres des 
» Oiseaux, ce serait un principe facile et commode; mais il ne 
» paraît pas jusqu'à présent que ce soit un principe bien cons- 
» tant, si ce n'est qu’ils sont en raison de la grosseur des Oi- 
» seaux auxquels ils sont dus : les plus gros Oiseaux pondent 
» les OEufs les plus gros. Les OEufs des Autruches paraissent 
» énormes , comparés à ceux de l’Oiseau-Mouche : ceux-ci, gros 
» comme un pois, sont en quelque sorte infiniment petits par 
» rapport aux OEufs des Autruches qui ont une grosseur d’un 
» peu moins d’un demi-pied dans leur plus grand diamètre. Que 
» de variétés de grosseur n’y a-t-il pas entre ces deux sortes 
» d'OEufs, variétés qui s’observent même entre ceux qui pro- 
» viennent de différentes Espèces d’Oiseaux du même genre. Ce 
» n’est donc point par la grosseur que l’on peut ranger systé- 
» matiquement les OEufs, de façon à nous en faciliter la con- 
» naissance. 

» Leur Figure n'y est quère plus propre : leur Figure est'si 
» peu variée, qu'il est aisé de prendre les OEufs d’un Oiseau 


A4 


pour ceux d’un autre, en s’attachant seulement à la Figure 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 21 


qu'ils peuvent avoir. Tous les OEufs sont Globulaires. Quel- 
ques uns ont une Figure presque ronde. Geux du plus grand 
nombre sont un peu plus allongés par un bout qu’on appelle 
communément le petit bout ou la pointe de l'OEuf; mais les 
différences insensibles qui se trouvent entre des OEufs du 
même Genre d'Oiseau sont si difficiles à saisir , qu’il est peul- 
étre impossible de caractériser ces corps au moyen de leur 
Figure. 

» La Couleur serait peut-être la propriété de ces corps, qu’on 
pourrait employer avec plus d'efficacité pour en faciliter la 
connaissance. Il y a des OEufs dont 14 Couleur tranche forte- 
ment avec celle d’autres OEufs. S'il en était ainsi pour tous 
les OEufs, et que cette différence fût constamment en raison 
des Genres des Oiseaux, rien ne serait plus commode pour 
nous conduire à les distinguer les uns des autres, dans la con- 
naissance du moins des Genres de ces OEufs. Il ne paraît pas 
qu’il en ait été ainsi décidé par l’Auteur de la Nature : la cou- 
leur du plus grand nombre des OEufs est d’un Blanc plus ou 
moins beau. Il-est ainsi très-souvent bien difficile, au moyen 
de cette propriété, de déterminer de quel Oiseau peut être tel 
ou tel OEuf qui a cette couleur. Malgré cet inconvénient ce- 
pendant, c’est aux couleurs que nous nous arrêterons pour 
tàcher de classer ces corps, en ne négligeant néanmoins point 
les autres propriétés qu’ils nous présenteront , et qui seront 
telles qu’elles pourront contribuer à fixer nos idées, comme 
par exemple, les points, les lignes, les taches coloriés dont 
peuvent être marqués les uns ou les autres de ces corps. » 
Guettard en arrive ainsi à classer par couleurs chacune des 


Espèces d’OEufs d'Oiseaux du Cabinet de Réaumur, et dit en se 
résumant : 


} 


« Les Couleurs du fond de la Coquille des OEufs d’Oiseaux que 
j'ai observés, se réduisent donc aux suivantes; ils sont : 


22 PREMIÈRE PARTIE. 
Le 


LA 


410 tout Blancs; 2e d’un Blanc sale; 30 d’un Blanc café au lait ; 
%4o d’un Blanc bleuâtre ; 5° Bleuâtres ; 60 de couleur de Tour- 
quoise; 7o Olivâtres ; 8° Roussätres ; 90 Gris ; 10° Bruns. Sans 
doute que si j’eusse trouvé dans le Cabinet de M. de Réaumur 
une plus grande quantité d'OEufs, j'aurais vu des OEufs de 
couleurs différentes de celles que j'y ai remarquées : j’y ai vu 
par exemple, des OEufs qui étaient d’un vert sale , et dont je 
n’ai pas parlé, ces OEufs étant trop généralement désignés, ne 
l'étant que comme ceux d’une Espèce de Moteux. 

» Quelles que soient, au reste, les Couleurs que l’on a pu ou 
que l’on pourra observer aux OEufs d'Oiseaux, elles ne peu- 
vent être qu’une des sept Couleurs primitives , ou des Cou- 
leurs résultant des combinaisons des unes ou des autres de 
celles-ci. La Couleur que l’on a jusqu’à présent le plus com- 
munément observée, est la couleur blanche. Je ne crois pas 
qu'on en ait trouvé de Noire , de Rouge, de Jaune. Ce n’est 
pas qu’il ne soit possible qu’il y ait des OEufs de cette dernière 
couleur, puisqu'il y a des OEufs gris ou bruns. Des OEufs 
bruns, plus foncés que ceux que j'ai observés, pourraient 
tenir beaucoup du noir, et ce Brun-noiràtre pourrait s'être 
foncé dans d’autres OEufs à un tel point, qu'ils en seraient 
entièrement noirs. La couleur d’un Blanc café au lait tenant 
un peu du Jaune, il pourrait bien exister des OEufs où ce 
Jaune fut plus développé, et que conséquemment il y eût des 
OEufs d’un Jaune déterminé, net et tranchant, etc. » 

Il termine enfin par une des idées les plus fécondes en 


Oologie : 


» 


» 


« Peut-être que l’on pensera qu'il serait plus curieux de con- 
naître la cause des différentes couleurs observées dans la 
Coquille de ces corps, et qu’il serait plus facile de leur enle- 
ver les couleurs qu’ils peuvent avoir et conséquemment les 
parties qui les colorent : ce sont là cependant, à ce qu'il me 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 23 


» parait, des expériences assez délicates à faire et qui ne sont 
» pas indignes de l'attention des Chimistes les plus éclairés. 
» Peut-être que ces couleurs ne dépendent que du plus ou du 
» moins de particules ferrugineuses dont ces coquilles sont 
»‘imprégnées ; l’on sait qu’on en retire beaucoup du sang : c’est 
» un préjugé qui porte à penser que le sang peut en charrier 
» dans toutes les parties. La Coquille des OEufs peut consé- 
» quemment en être plus ou moins imprégnée. L'on fait avec le 
» Fer des couleurs bleues, jaunes, noires; mais l’on sait aussi 
» actuellement que ces couleurs-là se font avec d’autres sub- 
» stances métalliques que le fer. Ce n’est donc que par des opé- 
» rations chimiques que l’on pourra déterminer à quel métal les 
» Couleurs des OEufs doivent être attribuées. Enfin ce sont là 
» des vues que le temps pourra confirmer ou rejeter comme 
» hasardées et même fausses. » 

Après Guettard est venu Mauduyt, dont les connaissances 
profondes en Ornithologie pouvaient faire espérer qu’il traiterait 
savamment les questions relatives à l’Oologie Ornithologique. 
Mais il s’est borné à reproduire succinctement, en se les appro- 
priant, et sans indiquer son Auteur, tout en avouant ne con- 
naître que Zinanni, toutes les propositions de Guettard (f). 

L'époque de transition de la fin du XVIIIe Siècle au XIXe est 
remarquable par la production de deux Essais spéciaux , éclos 
en France et non publiés par leurs Auteurs , sur l’Oologie Orni- 
thologique d'Europe, l’un de l'Abbé Manesse, l’autre de Lapierre, 
à propos duquel Sonnini parle du premier en ces termes (2) : 

« On sait que l’Abbé Manesse avait rassemblé une grande 
» quantité de matériaux sur la ponte des Oiseaux : les Natura- 
» listes ont vu la belle Collection d’OEufs et de Nids que ce 


(1) Encyclopédie Méthodique , 1784. Vo Œuf. 
(2) Histoire naturelle de Buffon. Edit. de Sonnini, Paris, an X (1800). 


24 PREMIÈRE PARTIE. 


» Naturaliste avait recueillis de toutes parts avec beaucoup de 
» soins et de dépenses; mais la Révolution est venue disperser 
» des objets aussi précieux pour la Science que pour leur pos- 
» sesseur, qui s’en est éloigné lui-même à regret en quittant sa 
» patrie. Il n’a rien publié de ses travaux, et nous ne les con- 
» naissons que par les beaux préparatifs dont il‘ les avait fait 
» précéder. » | 

L’Abbé Manesse est un de ceux qui ont élevé à cette partie de 
la Science le monument, nous ne dirons pas le plus parfait, 
mais le plus complet, à l'époque où il le composa, en ce qui 
concerne les OEufs des Oiseaux d'Europe. C’est le premier en 
France qui ait osé entreprendre un Traité spécial d’Oologie et 
qui ait senti avec Gunther et Guettard, que l'Histoire des Oi- 
seaux ne serait jamais parfaite, ni leur Classification satisfai- 
sante, tant que l’on ne s’appliquerait pas à cette étude, qui 
forme le complément indispensable de l’Ornithologie. 

Ce qui donne le plus de prix à son Ouvrage tel qu'il est, c'est 
que les OEufs qu'il décrit faisaient partie de sa Collection et 
avaient tous été dénichés par lui; et qu'enfin les 218 Espèces 
d'OEufs qu’il représente en 32 Planches peintes à l'huile sur 
papier, sont encore les plus exactes qui aient été faites jusqu'ici 
sur nature. 

Mais il n’a point suffisamment justifié par son travail le titre 
dont il a décoré son Ouvrage. On peut lui reprocher avec quel- 
que raison d’ävoir, dans ses deux volumes in-4o, donné plutôt 
l’histoire et la description générale des Oiseaux dont il parle, 
que la description des OEufs dont il devait parler. Ge n'est pas 
que rigoureusement, dans une Oologie complète, la description 
de l’Oiseau dont on veut dépeindre l’OEuf soit inutile. Toutefois 
Manesse aurait pu rendre cette description historique beaucoup 
plus brève, parce qu’elle n’était que l’accessoire de la matière 
qu'il traitait, ou qu'il annonçait vouloir traiter. La description 


. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 25 
des différents OEufs y aurait gagné; c'était là son objet principal 
et c’est sur quoi il devait se donner libre carrière. Car il n’est 
malheureusement que trop vrai que l'exécution de l'Ouvrage ne 
répond point à sa conception. On est même étonné, après avoir 
parcouru le Discours préliminaire, dont nous citerons des pas- 
sages tout-à-l'heure, après avoir remarqué les vues neuves et 
vraiment savantes qui y sont clair-semées , ainsi que les graves 
questions qu'il soulève, de voir que Manesse ne soit point par- 
venu à un meilleur résultat, et n’ait pas tiré de l'étude et de 
l'observation des OEufs des inductions plus utiles. 

Ainsi, il reconnaît lui-même que la description des Nids et 
des OEufs de tous les Oiseaux, faite par des observateurs exacts, 
pourrait, outre l'intérêt, fournir un moyen plus certain de 
connaître et de mieux classer les Espèces. Certes, cette proposi- 
tion était l'idée mère de son Ouvrage, celle qui devait le guider. 
Et cependant, dans tout le cours de son Livre, il n'émet aucune 
opinion sur ces éléments de Classification, dont l'inspection 
extérieure des OEufs des Oiseaux lui faisait soupçonner l’exis- 
tence! On voit avec peine qu’en reconnaissant la possibilité de 
faire servir à l’utilité de la Science la partie Oologique, en 
apparence de pure curiosité, et riche comme il l'était d’observa- 
tions et de matériaux, l'Auteur n'ait pas essayé de faire l’applica- 
tion du Système auquel les caractères de l'OEuf peuvent servir 
de fondement. 

En attendant les données qu'il espérait obtenir de l'étude des 
OEufs , il a eu son Système à lui, dans l’ordre de description 
qu’il a adopté; et il en explique les motifs : 

« Si la méthode que j'ai adoptée dans mon travail, dit-il, est 
» souvent différente de celles des autres Ornithologistes et de 
» Buffon, ce n’est point que l'étude et l'inspection de l’OEuf 
» m'ait fait reconnaitre, dans la nombreuse Famille des Oiseaux, 
» un ordre plus naturel; mais seulement parce que j'en ai eru 


26 PREMIÈRE PARTIE. 
» reconnaître un plus conforme à la Nature que celui qu'ils 
» avaient adopté. » 

C'est pour cette raison qu’il commence par les Casoars et les 
Autruchés, (ce qu'a également fait Thiennemann dans son der- 
nier Ouvrage), comme appartenant en quelque sorte autant aux 
Quadrupèdes, ou plutôt aux Animaux Terrestres qu'aux Oiseaux, 
puisqu'ils se trouvent dans l'impossibilité de quitter la terre; 
et qu’il termine par les Grêbes et les Plongeons qui, étant 
destinés à naître, vivre et mourir au milieu des eaux, n’ont 
jamais foulé la terre de leurs pieds, et se trouvent dans l’im- 
puissance absolue de l’habiter. 

De tout ce que nous venons de dire, il ne faudrait pas con- 
clure que l'Oologie de Manesse soit un Ouvrage défectueux et 
inutile. Loin de là! Nous lui rendons toute justice : à l’époque 
où il le rédigeait, la Science, sous les auspices de Linnée et de 
Buffon, reprenait son essor; et s’il eût alors été publié, certes 
cette première impulsion eût été suivie d’un mouvement général 
qui, en corrigeant les vices de ce Traité, et en le rendant plus 
complet, eût fini par enfanter un Système Oologique. 

On sentira au surplus ce qu’il y aurait de déraisonnable à juger 
sévèrement l'œuvre de Manesse, lorsqu'on se rappellera les cir- 
constances de bouleversement social au milieu desquelles elle à 
été conçue et exécutée; car son travail n’a été interrompu que 
par ces désastres politiques, qui, en menaçant sa personne sous 
le caractère de Prêtre dont il était revêtu, a privé le Savant 
philosophe de la tranquillité et de la sécurité qui lui sont indis- 
pensables pour l'étude de la nature, et les méditations qu’elle 
entraîne à sa suite. 

Lorsque le calme revint, on réussit à sauver du naufrage une 
partie de sa Collection Oologique qui fut recueillie par le 
Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Et ce sont les premiers 
éléments, à part notre propre Collection, que nous ayons eus 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 27 


pendant longtemps pour nos Études, de 4823 à 1830. On parvint 
également à recueillir son Manuscrit relatif à sa Collection, 
auquel il donna le titre d’Oologie (1) : manuscrit dont Sonnini 
a ignoré l'existence, et que possède la Bibliothèque du même 
Etablissement. Il est à regretter que l'Administration n'ait pu 
faire les frais de cette publication qui eût été le signal d’une 
nouvelle Ëre, en France, pour l’Oologie dont les progrès ont été 
si lents. L'Abbé Manesse avait du reste préludé à ce travail par 
un autre qui avait eu assez de succès dans le temps où il parut, 
par un Traité sur la manière d'empailler et de conserver les 
Animaux, Ouvrage dont les principaux procédés ont été cités et 
reproduits par Daudin. 

Nous extrayons de son Oologie les citations suivantes : 

Après quelques développements sur la sécrétion de la matière 
calcaire et son développement dans l’Oviducte, il en vient à 
chercher à expliquer l’origine des diverses teintes qui colorent la 
Coquille , ce qu’il fait de la sorte : 

« Dans les Oiseaux dont les OEufs sont colorés, et chez les- 
» quels les couleurs pénètrent la coquille assez profondément 
» pour ne pouvoir s’effacer en les passant à l’eau; il sort des 
» papilles dont je viens de parler, quelques molécules sanguines 
» qui se mêlent à la liqueur laiteuse , et qui différemment com- 
» binées, soit avec l'acide phosphorique qui unit ensemble les 
» parties de la Goquille, soit avec l'alcali de la terre calcaire qui 
» en fait la base, donnent le Bleu, le Vert, le Jaune, le Rouge, 
» le Noir et les autres couleurs mixtes : d’où on peut croire que 
» le fer qui fait la base du Sang doit y jouer le plus grand 
» rôle et composer peut-être toutes ces nuances. 

» Il n’en est pas de même de celles, c’est-à-dire des taches qui 
» ne sont que superficielles et uniquement plaquées sur la 


(1) Oologie (Copie manuscrite), 1790-1800. 


we) 


PREMIÈRE PARTIE. 
Coquille : celles-ci ne sont qu'un Sang plus ou moins altéré 
ou décomposé, et que l’on peut enlever en passant l’OEuf à 
; s & e : F : 
l'eau, surtout s’il a subi quelques jours d’incubation. 


» Nous savons en général que cette variété des couleurs dans 
les OEufs tient à différentes modifications du Sang ; mais nous 
ignorons encore pourquoi ces couleurs sont propres à telle 
Espèce plutôt qu'à telle autre : pourquoi, par exemple, l’OEuf 
de la Dinde et celui de la Pintade sont plutôt colorés que celui 
de la Poule; tandis que ces Oiseaux prennent absolument la 
même nourriture et vivent ensemble dans la même basse- 
cour. 

» Le mäle n’influe en rien sur la couleur ni sur la forme de 
l’OEuf, comme Buffon paraît le croire : La Poule domestique, 
fécondée par le Faisan commun ou par celui des Indes, ainsi 
que par le mâle de la Pintade, donnera constamment des 
OEufs blancs, semblables à ceux qu’elle aurait produits avec 
son propre Coq; et ceux de la Serine appariée avec le Char- 
donneret ou le Tarin seront toujours à l'extérieur ce qu'ils 
auraient été avec un mâle de son espèce. » 

Manesse n’a done fait , en les développant, que reprendre les 


idées de Guettard. 


Nous avons interrompu la Série des publications Oologiques, 


pour parler du travail de Manesse, demeuré à l’état de manus- 


crit et inédit, et nous en étions resté à Mauduyt. On a vu celui-ci 


adopter les propositions de Guettard, sans le nommer. Vient à 
son tour l'Abbé Bonnaterre (1), qui, sur le même sujet, adopte 


celles de Steller, sans plus le nommer. 


Dans le même temps (1795-1800) paraît en Angleterre un Ou- 


(1) Nouvelle Encyclopédie Méthodique, par l'Abbé Bonnaterre, 1790, 


continuée par Vieillot, 1893. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 29 


vrage considérable, quoique loin de la perfection : celui de 
Lewin, publié à Londres. Cette Ouvrage intitulé : Oiseaux de 
la Grande-Bretagne avec leurs OEufs (1), renferme, outre la 
description des Oiseaux de ce pays, avec figures enluminées, 
celles des OEufs de 1488 Espèces d’entre eux, figurées en 59 
Planches, mais aussi mal gravés que mal enluminés et mécon- 
naissables. C'était pourtant, ainsi que l'annonce la Préface, le 
fruit de vingt années de travail et de recherches, le résultat des 
observations personnelles de l’Auteur et de ses fils, dont un, à 
près de quarante ans de distance, suivra l'exemple de son père. 
Le plus grand nombre des OEufs qu'il représente a été dessiné 
d’après ceux de la Collection possédée autrefois, c’est-à-dire vers 
le milieu du XVIIIe Siècle, par la Duchesse Douairière de Port- 
land, qui ne dédaignait pas de protéger et honorer ceux qui 
travaillaient à l'Histoire Naturelle. Nous ne citons donc Lewin 
que pour mémoire, ses OEufs n’étant figurés que comme com- 
plément de ses descriptions Ornithologiques , et ne se rapportant 
à aucune idée générale sur l’Oologie , en tant que Science. 

Nous n’en dirons pas davantage de l’Ouvrage publié à Nurem- 
berg par Muller, dont il n’a paru que cinq livraisons in-40, de 
1795 à 1800, sous le titre de Description des Oiseaux d’Alle- 
magne, avec leurs Nids et leurs Œufs. Les Oiseaux y sont assez 
joliment et exactement figurés : les figures d’OEufs, au nombre 
de 25 Espèces seulement, sont au moins exactes, et leur 
description n'est accompagnée d'aucune idée ou proposition 
Scientifique. 

Le commencement du XIXe Siècle, qui n’a pas, à l'heure 
qu'il est, dit encore son dernier mot, est fécond en Ouvrages 
sur les OEufs des Oiseaux. 

Lorsque le bouleversement politique qui avait détruit la 


(1) The Birds of Great Britain. London, in 4°. 


30 PREMIÈRE PARTIE. 


Collection Oologique de Manesse fut apaisé, un homme mo- 
deste autant qu'instruit, qui avait amassé des trésors de Science 
dans le silence et dans la retraite, et que son mérite distingué 
avait rendu digne d'enseigner l'Histoire Naturelle, dans une 
Ville de Province, Lapierre, écrivit quelques pages intitulées : 
Notes et Observations sur la ponte des Oiseaux qui se trouvent 
à l'Ouest de la France, qui seraient perdues ou enfouies, 
comme l’Ouvrage de Manesse, dans la poussière de quelque 
Bibliothèque, sans le bienveillant et généreux patronage que lui 
a donné Sonnini (1), patronage qui fait honneur à son intelli- 
gence de Naturaliste et à sa délicatesse d’Auteur. 

Ce Mémoire, privé de planches, et dont nous ne parlons ici 
qu’à cause de ses observations curieuses, mais trop succinctes, 
fut reçu, comme il le méritait à cette époque , avec une grande 
faveur. C’est lui qui donna à l'excellent Baïllon d’Abbeville l’idée 
d’une Collection d’OEufs. On n’avait pas oublié les riches maté- 
riaux qu'avait amassés le savant Manesse, et l’on trouvait que 
la perte que la Science en avait faite, ainsi que de son précieux 
cabinet, était avantageusement réparée par le nouveau travail de 
Lapierre. Il était le premier Ornithologiste qui essayât sérieuse- 
ment de diriger et faire servir l’étude des OEufs à la Seience et à 
la Méthode. 

« Les OEufs des Oiseaux, dit-il, ne fixent pas moins notre 
» curiosité que leurs Nids, par leurs Formes variées, leurs 
» Couleurs, leurs nuances. 

» Ne pourrait-on pas faire entrer comme caractère de pre- 
» mière, de deuxième et troisième valeur, les Nids et les OEufs 
» dans la Classification en Ornithologie ? Je suis surpris qu’on 
» n’y ait pas eu recours. En Botanique, la Méthode Naturelle de 
» Jussieu repose en partie sur la Semence, l’'Embryon, le Péris- 


(1) Histoir. Natur. de Buffon! Edit. de Sonnini, 1800, 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 31 


perme, le Placenta, puis la Corolle, le Galice. Voilà l'OEuf, 
voilà le Nid. | 

» Les caractères de l’un et de l’autre varient peu dans les 
Oiseaux; les extérieurs pourraient suffire pour une Classifica- 
tion Méthodique. 

» Forme des OEufs, leur Grosseur, leur Couleur, les taches, 
leurs dispositions. 

Suit la description des OEufs et des Nids, selon l'Ordre Métho- 


dique propre à l’Auteur qui termine ainsi : 


» D'après mes objets de comparaison, dans le plan qu’on 
pourrait adopter, les Oiseaux de proie Diurnes formeraient 
seuls un Ordre. Les Oiseaux de proîe Nocturnes en formeraient 
un autre, auquel on ajouterait l’Engoulevent ou Crapaud- 
Volant. 

» Les Pies-Griêches seraient renvoyées à l'Ordre des Grives, 
auxquelles on joindrait les Etourneaux. 

» Des Oiseaux Nageurs il faudrait élaguer beaucoup pour 
porter aux Oiseaux de Rivages, qui admettraient encore deux 
Ordres. Les Passereaux surtout exigeraient un travail neuf. 

» J'aurais eu le courage de le tracer ce plan; mais comme je 
me défie toujours de mes faibles moyens, j'attends que des 
Savants plus instruits que moi l’exécutent; et peut-être y par- 
viendraient-ils par une route plus facile. D'ailleurs, isolé dans 
une petite Ville, toutes les ressources sur lesquelles on peut 
compter consistent dans les substances qu’on rencontre soi- 
même, sans être stimulé par l’encouragement. Il faut une 
ardeur et un goût plus qu’ordinaires pour se livrer à la Science 
de la Nature : nul objet de comparaison sous les yeux, un 
seul Livre élémentaire , comment faire des progrès en Histoire 
Naturelle? 

»  Détaillons quelques observations générales. 

» La plupart des OEufs sont tachetés de couleurs foncées. J'ai 


32 PREMIÈRE PARTIE. 


remarqué que ces taches augmentaient de grandeur et deve- 
naient plus hautes en couleur selon les progrès de l’incuba- 
tion. Si elles paraissent même plus nombreuses, ce n’est pas 
qu'il s’en forme de nouvelles; mais peu sensibles à l’œil , elles 
accroissent graduellement. Cet accident est visible dans les 
OEufs Verts, Rouges , etc. La chaleur dilaterait-elle la matière 
colorante ? Suffirait-elle pour lui donner une teinte plus forte ? 
La lumière n’y serait-elle pas pour quelque chose? Je me suis 
aperçu qu'il y avait un terme : lorsque le petit était entière- 
ment formé. J'ai dit ailleurs que Les dernières pontes donnent 
des couleurs plus claires, surtout dans les OEufs des petites 
Espèces d’Oiseaux de proie; leur Coquille est aussi plus com- 


pacte et plus graveleuse. 


» Dans un même nid, il est des OEufs plus ou moins allongés, 
ce qui s’observe surtout dans les Corbeaux, les Pies, quelques 
Passereaux. Les uns renferment les mâles et les autres les 
femelles. Comme les mâles sont souvent moins nombreux que 
les femelles, et qu’il est moins d’OEufs longs que d’autres, je 
serais tenté de croire que des plus longs doit éclore un Oiseau 
mâle. » 

Disons en passant que c’est à Lapierre, et toujours sans le 


nommer, suivant son habitude, que Vieillot a emprunté ce qu'il 
a dit des OEufs d’Oiseaux, dans le Nouveau Dictionnaire d’'His- 
toire Naturelle (1) 


On devait sans doute lui savoir gré de ce pénible Essai : c'était 


un appel aux Naturalistes d'explorer ce nouveau champ de mer- 


veilles; et les richesses qu’il renfermait étaient en partie assez 


séduisantes pour qu'elles pussent être employées par d’autres 
avec quelque confiance et un sage discernement. Mais Lapierre 
a voulu trop généraliser les conséquences qu'il tirait d’observa- 


(1) 1823-28. Ve Œuf. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 33 


tions superficielles, non assez répétées ou faites sur un nombre 
trop restreint d'objets différents. De là, les erreurs multipliées 
qui déparent son travail, et le peu d'importance réelle aujour- 
d'hui de son Ouvrage, en ce qui concerne l’application de sa 
Méthode à la Classification des Oiseaux. Il a tenu beaucoup 
moins qu'il n'avait promis, et qu’il lui était possible de faire 
avec un examen plus approfondi. Une autre faute encore, c’est 
d’avoir exclusivement tiré de l'inspection des Nids et des OEufs 
des Oiseaux, des caractères spéciaux, uniques pour la Classifica- 
tion naturelle si difficile à faire de cette Famille nombreuse, 
pour laquelle au contraire on ne saurait trop multiplier les 
moyens d'indication normale. L’Auteur y émet en effet, dès le 
début, une proposition assez hardie et toute neuve alors, et 
qu’il était à même d'appliquer, avec un peu d'étude et de pa- 
tience , mieux que personne. Ainsi, il prend l’engagement de 
prouver que : la considération de la Coquille de l'OŒuf peut 
rapprocher des Familles naturelles, admettre une Classification 
Méthodique et former des caractères, soit de Genres, de Sous- 
Genres, soit d'Espèces. Et, lorsqu'on a parcouru son Mémoire, 
on est cruellement désappointé de n’avoir rencontré nulle part 
la réalisation de cette promesse, et de s’être au contraire heurté 
contre des erreurs grossières que renferment parfois ses descrip- 
tions Oologiques chez certaines Espèces. On ne le voit pas sans 
peine, par exemple, attribuer à l’OEuf du Pic-Vert un fond ver- 
dâtre moucheté de noir, ce qui est le caractère distinctif de ceux 
de la Grive; à l'OEuf du Rollier, qui est d’un blanc pur lustré, 
une couleur verdûtre piquetée de brun, etc., etc. Tant est 
puissante et funeste l'influence d’une idée préconçue ou du parti 
pris, en fait de Science! 

Son Ouvrage au total est plutôt le projet, ainsi qu’il l'annonce 
lui-même, que l'exécution d’un travail sur la partie qu'il traite. 
Nous ne relèverons pas la bizarrerie et les erreurs de son plan 


4 


34 PREMIÈRE PARTIE. 


de Classification, erreurs, après tout, qui ne tiennent qu’à la 
rareté des matériaux dont Lapierre pouvait disposer : notre in- 
tention pour le moment, étant de donner une notion des Ou- 
vrages qui ont traité des OEufs des Oiseaux et de constater la 
permanence et la transmission d’une époque à une autre, de 
l’idée qui a présidé à leur conception. 

Mais nous le répéterons, le Mémoire de ce Naturaliste, si 
défectueux qu’il soit, était, à l’époque où il a paru, un véri- 
table service rendu à la Science; ce n’était toutefois comme 
celui de Manesse, comme celui de Gunther, comme celui de 
Klein, comme celui de Marsigli, qu'une pierre d’attente, et il 
eût été à désirer que depuis, quelque Savant eût donné suite aux 
vues neuves qu’il renferme, aux observations qu’il indique, et 
aux questions qu’il soulève sans les résoudre. 

Cette tâche laborieuse, plusieurs Naturalistes l’ont tentée 
depuis, et nous en parlerons en leur temps : en attendant, nous 
allons dire un mot de quelques Ouvrages exclusivement con- 
sacrés aux OEufs des Oiseaux, qui ont suivi de près ceux de 
Manesse et de Lapierre. 

Le premier est encore un Français, Daudin, qui n’a donné que 
le commencement d’un Travail qui devait être considérable, 
comme Traité complet d'Ornithologie, dans lequel, il est vrai, il 
n’a fait qu’effleurer la question Oologique (1). Daudin ne s’est 
pas montré plus encourageant que la plupart de ses prédécesseurs, 
à l'endroit de l'utilité de cette branche de la Science des Oiseaux: 

« Le nombre des OEufs que peuvent pondre les femelles varie 
» beaucoup, suivant les Classes et les Genres d'Oiseaux ; et on 
» leur observe dans chaque Espèce des Couleurs et des Bigar- 
» rures différentes. » 

Après un aperçu sur les Couleurs et sur le nombre des OEufs 


(4) Traité d'Ornithologie, in-4°, 1800. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 35 
de quelques Oiseaux, sans en nier ni la diversité ni l'intérêt, il 
conclut que cette Étude serait peu propre à contribuer aux 
progrès de l'Ornithologie. 

Wilson, dans son Ornithologie Américaine (1806-1820), a 
donné accessoirement , comme avant lui l’avaient fait en Alle- 
magne Nozemann et Sepp, la représentation assez exacte des 
OEufs de quelques Espèces de l'Amérique Septentrionale. 

En 1809, une singulière tentative eut lieu en Allemagne. Un 
nommé Carl Stendal, Marchand de Livres et d’Objets d'Art à 
Gotha, conçut l’idée originale de publier une Collection d'OEufs 
en cire, par souscription, c’est-à-dire en autant d'exemplaires 
qu'il pensait trouver de souscripteurs. C'était une manière assez 
heureuse de vulgariser cette branche de la Science. Mais il n’en 
parut que deux livraisons, contenant chacune vingt-cinq Espèces 
ou exemplaires d’OEufs, et au prix de vingt-cinq Louis d’or la 
livraison. Naumann explique l’insuccès de cette entreprise par 
le prix élevé auquel, d’après ce taux, serait revenue la Collection 
entière d'OEufs des Oiseaux d'Allemagne , évalués alors à envi- 
ron 400, et aussi par l’excessive fragilité de la matière. 

L'exemple donné par Lewin, en Angleterre, pour la représen- 
tation et l’étude des OEufs d'Oiseaux produisit ses fruits moins 
de vingt ans après. En 4816, paraissait une publication spéciale 
sous le titre d'Ovarium Britannicum, par G. Graves, représen- 
tant le dessin correct des OEufs des Oiseaux originaires de la 
Grande-Bretagne (1). Get Ouvrage, dont les planches enluminées 
sont satisfaisantes, ne comporte aucun texte de description ou 
autres que sa Préface. Mais ce n’était en ce genre qu’un ballon 
d'essai de son Auteur qui, déjà connu par une Ornithologie 
Britannique, se proposait, dans une autre publication devant 
faire suite à son Ovarium, une Histoire physiologique des 


(1) Ovarium Britannicum by Georges Graves. London: 1816. 


36 PREMIÈRE PARTIE. 
Œufs, avec les phases de l’incubation depuis son commence- 
ment jusqu'à la formation du petit Oiseau, projet qui ne s’est 
pas réalisé , que nous sachions. 

Deux ans après, et en 1818, parut le premier Ouvrage, le 
plus sérieux et le plus complet sur l’Oologie qui eût encore été 
publié : celui de Naumann et Buhle (1). C’est un Traité complet 
et en rapport avec leur époque et les progrès des Sciences, sur 
les OEufs des Oiseaux d'Allemagne , que les Auteurs ont entrepris 
de réaliser. Nous allons reproduire, en traduisant tout ce que 
disent ces deux Oologistes, précurseurs de Schinz et du Dr Thie- 
nemann, relativement à la Grosseur, à la Forme et à la Couleur 
des OEufs. 

« La grosseur des OEufs est fort différente relativement à la 
» grosseur des Oiseaux qui les pondent. Voici, à ce qu’il semble, 
» la loi établie pour la grosseur relative de l'OEuf : Za grosseur 
» de l'OŒuf est en rapport avec le degré de développement que 
» de fœtus acquiert dans l'OŒEuf. Ainsi les OEufs les plus petits 
» sont ceux d’où sort le fœtus dans l’état le plus imparfait, et 
» les OEufs les plus grands sont ceux d’où sort le fœtus dans 
» l'état le mieux développé et le mieux formé. Le degré de déve- 
» loppement de l’Oiseau est ensuite en rapport avec la manière 
» de vivre et le séjour de l’Oiseau..…… Les Oiseaux de mer offrent 
» les exemples les plus frappants de ce fait. Le Lumme-Grylle 
» {Uria Grylle), qui n’est que de la grosseur du Pigeon, pond 
» des OEufs de la grosseur de ceux de Poule. 

» La Forme des OEufs présente aussi plusieurs diversités, et 
» l’on ne remarque pas seulement une différence de forme dans 
» les OEufs d'Oiseaux de différentes espèces, mais aussi d’indi- 
» vidus de la même espèce. Nos Poules privées, par exemple, 


(1) Eïier der Vogel Deutschlands, etc., ou les Œufs des Oiseaux d’Alle- 
magne et des Pays voisins. Jean-Frédéric Naumann et Chnistian-Adolphe 
Buhle (en Allemand) 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 37 


pondent tantôt des OEufs arrondis, tantôt des OEufs oblongs. 
Les expériences récentes ont prouvé victorieusement que la 
Forme exlérieure ne pouvail pas toujours faire préjuger le 
sexe. La Forme extérieure de l’OEuf prise en général est 
arrondie. Les OEufs de Hibous sont presque tout ronds; ceux 
du Grêbe-huppé (Podiceps cristatus) présentent une ellipse 
terminée en pointes obtuses. Entre ces deux formes se placent 
les autres configurations. Les OEufs du Milan, du Busard, du 
Martin-Pécheur, du Guépier, etc., sont arrondis; ceux des 


 Bécasses, des Vanneaux, etc., oblongs, fort pointus à l’une 


des extrémités et tout plats de l’autre : ils ont une forme de 
Poire. Les OEufs de la Pie, du Martinet, de la Mésange pendu- 
line sont oblongs; ceux des Voiliers sont presque de forme 
cylindrique. Au reste , ta Forme des OŒEufs est en rapport avec 
la configuration de l'Oiseau qui se développe dans l'Œuf, 
nommément avec la longueur du tronc, avec la grosseur de 
la téte, et avec la longueur et la vigueur des jambes : par 
exemple, la Forme ronde des Hibous, le corps long et étendu 
et le cou allongé du Grêbe huppé, etc... 

» La Coquille est dure, fragile et poreuse ; elle est ordinaire- 
ment plus épaisse et solide au gros bout qu'à l'extrémité op- 
posée. L'épaisseur est en général en rapport avec la grosseur 


de l'OEuf; de sorte que les grands OEufs ont la plupart une. 
Coquille plus épaisse que les petits OEufs. Elle diffère cepen- 


dant dans divers Oiseaux. Les Coquilles des OEufs d'Hiron- 
delles, d'Étourneaux, ete., sont fort minces. Les pores se 
remarquent le mieux dans les grands OEufs, comme dans 
ceux de l’Autruche. Les pores servent à l’évaporation des 
parties aqueuses du Blane d'OEuf, et à la pénétration de l'air 
atmosphérique... 

» Quelques OEufs sont comme polis, par exemple ceux du 
Martin-pêcheur ; d’autres ont peu de lustre, ou n’en ont point 


38 PREMIÈRE PARTIE. 


du tout; d'autres encore sont rudes au toucher et à gros grain, 
comme l’OEuf du Casoar; d’autres sont recouverts d’un enduit 
calcaire particulier. 

» Quant à la Couleur de l’OEuf, elle diffère beaucoup non 
seulement d’une espèce à une autre, mais dans les individus 
d'une même espèce. L'âge, la nourriture , jusqu’au temps et 
à la durée de l’incubation influent sur les teintes. Les OEufs 
du Coucou d'Europe varient infiniment; mais, ce qu’il y a de 
plus singulier, c’est que la diversité de la Couleur dominante 
s'étend à toute une année : de sorte que dans telle année ils 
sont blanc bleuâtre avec des taches de brun olivâtre, et dans 
telle autre blanc jaunâtre avec des taches grises. Notre 
grande Hirondelle de Mer a des OEufs tantôt brunâtres, tan- 
tôt verdâtres, tantôt jaunâtres. On remarque assez communé- 
ment que les Oiseaux qui ont déjà plusieurs pontes ont des 
OEufs d’une teinte plus sombre que les Oiseaux jeunes qui 
pondent pour la première fois. Ge qui prouve l'influence de la 
nourriture, c'est qu’en mettant de la Garance à la nourriture 
de la Poule , on en obtient des OEufs rouges. L’incubation al- 
“ère aussi la couleur : les OEufs blanc verdûtre du (Saxicola- 
OEnanthe) deviennent bleu verdâtre pendant l’incubation, les 
OEufs verdûtres de l'Étourneau , vert bleuâtre, et les OEufs 
verdâtres du petit Héron deviennent insensiblement blancs. 
» Les OEufs sont en très-grande partie colorés : ceux de nos 
Hibous et des Pigeons, et de quelques autres font exception 
‘et sont blancs. 

» La Couleur tient fort légèrement à la surface extérieure de 
l'OEuf, et on l’enlève souvent avec une grande facilité, surtout 
quand l’OEuf est frais. Quelques-uns ont de jolis dessins, tels 
qu'une couronne de petits points serrés au gros bout, comme 
les OEufs du (Lanius collurio), et tels que les petits traits qui 
se croisent sur les OBufs du Bruant. On ne connait encore 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 39 


» qu'imparfaitement la cause d’où proviennent les Couleurs de 
» l'OEuf. Fabricius ab Aquapendente pense que la Couleur dé- 
» pend du tempérament de l’Oiseau. Au reste ce n’est pas dans 
» l'extrémité de la matrice qu'ils reçoivent leur teinte; là se 
» forme la Coquille, et elle paraît blanche. C’est dans le cloaque 
» qu'ils prennent leur couleur, et il est probable que les excré- 
» ments colorants et les substances mêlées à l'urine produisent 
» cette variété de teintes. » 

Malgré la communauté de collaboration de ces deux Auteurs, 
il faut distinguer ce qui appartient à l’un de ce qui est à l’autre. 
Ainsi, toute la partie Scientifique et Théorique est du Docteur 
Buble; toute la partie descriptive et pratique est de Naumann. 
Il n’y a rien de plus à redire à l’un qu’à l’autre, si non que le 
chapitre réservé aux considérations générales sur les OEufs des 
Oiseaux , dont nous avons extrait ce qui précède, est par trop 
court, en raison du but avoué de l'Ouvrage. Quant aux planches, 
au nombre de dix, et représentant au total 455 Espèces d’OEufs 
d'Oiseaux, elles sont aussi exactes que les descriptions; peut- 
être serait-on tenté cependant de leur reprocher un excès de 
vivacité dans le coloris, qui atténue, en l’exagérant, l'exactitude 
de la ressemblance. Mais, un défaut beaucoup plus grave, et qui 
détruit toute l'utilité de l’Ouvrage, c’est l'absence de système 
dans l’arrangement des Figures des OEufs, représentés sans au- 
cun ordre de Classification et confusément groupés au nombre 
de 46 à 20 Espèces par Planche. 

Nous adresserons le même reproche à l'Ouvrage intitulé : 
Description des OŒEufs et des Nids des Oiseaux (1), publié de 
4818 à 4830 par le docteur Schinz de Zurich. Car, quoique dé- 
crivant avec soin, mais non sans erreur, les Nids et les OEufs 


(1) Beschreibund und Abbildung der Eier und Nester der Vogel, etc. Des 
Oiseaux qui pondent dans la Suisse, dans l'Allemagne et dans les Pays 
voisins. 


40 PREMIÈRE PARTIE. 


dont il donne les Figures, il renferme beaucoup moins d'idées 
neuves qu’on ne l’a supposé, et ne reproduit guère en partie 
que celles de Steller et de Buhle, son guide et avec raison sa 
principale autorité; il est en outre rédigé sans méthode aucune, 
les recherches y sont pénibles. Les Planches , au nombre de 40, 
représentant la Figure lithographiée et enluminée de 304 Espèces 
d’OEufs d'Oiseaux d'Europe, nombre supérieur à tout ce que l’on 
en connaissait jusque-là, y sont peu soignées et difficilement 
reconnaissables. Il en est autrement des descriptions qui sont 
généralement fort exactes, minutieusement détaillées, et parfois 
accompagnées d'observations instructives et savantes. Nous igno- 
rons si une nouvelle édition qui en fut annoncée dans le temps, 
a atteint la perfection que celle-ci laisse à désirer. 

A la même époque (1821 et jusqu’à 4830) parut l’Ouvrage du 
Docteur Thienemann, de Leipsik, sur les Oiseaux d'Europe et 
sur leurs OEufs, véritable progrès sur tous ceux qui l’ont précédé, 
et même, en partie sur celui de Naumann et Bulhe. On va en 
juger par les citations que nous en allons faire : 

« L'OEuf sort ordinairement du corps de l’Oiseau , la partie 
» de la pointe la première. 

» La Grosseur de l'OEuf n’est pas en raison directe de la gros- 
» seur de l’Oiseau. 

» L'OEuf du Coucou (Cuculus canorus) n'est pas plus gros 
» que celui de l’Alloueite; et celui du Pluvier doré est aussi gros 
» qu’un OEuf de Poule. Le même Oiseau pond aussi tel jour un 
» OEuf plus gros qu’un autre jour. 

» La Forme des OEufs peut se réduire à une seule principale, 
» la Ronde; toutes les autres en dérivent. Cependant la Forme 
» de Boule pure ne se rencontre jamais, ou du moins fort rare- 
» ment, et en principe, l’'OEuf est de Forme Ovale ou de Forme 
» Ovée. Nous appelons de forme Ovale (Ovalis) l'OEuf dont la 
» plus grande dimension se trouve au milieu et dont les deux 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 4 


extrémités partent de ce centre également arrondies ou poin- 
tues. L'OEuf est de Forme Ovée (Ovatus) , quand, à partir de 
la plus grande dimension qui fort souvent ne se trouve pas 
au milieu, les deux extrémités sont arrondies ou pointues iné- 
galement. Dans ceux de la première Forme il y a naturelle- 
ment moins de déviations frappantes, et elles tiennent la plu- 
part au plus ou moins d’éloignement des extrémités du centre. 
Nous donnons la qualification d'Oblong à l'OEuf de l’une et 
de l’autre forme dont la plus grande dimension, prise trans- 
versalement, ne s’élève qu'aux deux tiers ou moins encore - 
de la longueur; et nous le nommerons Arrondi ou Court, 
quand la dimension prise transversalement s’élève à plus des 
deux tiers de la longueur. Les OEufs de la seconde Forme 
présentent plus de variétés, et des variétés plus frappantes. 
Nous considérons d’abord les deux bouts. Nous donnons au 
gros bout ou à celui le plus proche de la plus grande dimen- 
sion transversale, le nom de Base, et celui de Pointe au bout 
opposé. Dans l’une et l’autre Forme, il faut avoir égard à la 
disposition de la grande dimension transversale. Nous l'appe- 
lons Ventrue quand elle décroit brusquement vers les deux 
bouts, et Transitoire quand cette décroissance se fait progres- 
sivement. Nous croyons avoir ainsi simplifié les vagues expres- 
sions technologiques employées jusqu'ici dans la description 
de la Forme des OEufs. 

» Leur Forme se trouve souvent en certain rapport avec 
celle du corps de l’Oiseau ; de sorte que les Oiseaux au corps 
gros et court pondent des OBufs arrondis, comme les Hibous, 
les Gallinacés, le Martin-Pêcheur; et ceux dont le corps est 
allongé produisent des OEufs Oblongs comme les Espèces de 
Colymbus, Podiceps et Mergus. Mais ce n’est pas une règle 
générale : Il y a des Oiseaux à corps allongé qui ont des OEufs 
arrondis, tels que l’Epervier, le Guëêpier, le Torcol; et d’autres 


2 PREMIÈRE PARTIE. 


dont le corps est ramassé, comme le Guillemot, ete., donnent 
des OLufs oblongs. 

» La Coquille extérieure des OEufs est calcaire, dure, pereuse 
et plus ou moins fragile. La solidité de la Coquille tient ordi- 
nairement à sa grosseur : plusieurs Oiseaux cependant ont 
des OEufs généralement munis de fortes Coquilles et d’autres 
des OEufs à Coquille mince. Nous compterons au nombre des 
premiers tous les Gallinacés, des Oies, des Canards, des 
Grêbes, des Pétrels, des Cormorans et le Martin-pécheur. 
Nous nommerons parmi les derniers, les Corneilles, les 
Pigeons, les Barges, les Courlis, les Bécasseaux, les Hiron- 
delles de Mer, les Mouettes ; les OEufs des premiers sont géné- 
ralement sans tache; ceux des derniers sont tachetés. 

» Dans quelques Espèces la Surface est unie, tels sont les 
OEufs des Pics, des Canards, etc., et dans d’autres elle est 
raboteuse, tels sont ceux des Grébes, des Pétrels et des Cor- 
morans. Dans quelques Espèces, les pores sont très-marqués ; 
dans d’autres on les voit à peine. Les pores sont les empreintes 
restées à l’OEuf des vaisseaux qui le contenaient. 

» La teinte de l’OEuf , de même que la coque calcaire se forme 
dans l’Oviducte, et cela de deux manières : ou bien des ma- 
tières colorantes s’y joignent à toute la masse de la Coquille 3, 
et celie-ci paraît alors verdàtre ou jaunâtre ou brunâtre; ou 
bien la pression de l'OEuf sur les vaisseaux sanguins de l’intes- 
tin leur enlève mécaniquement ce sang, lequel pénétrant plus 
ou moins dans la masse calcaire plus molle ou même durcie, 
y imprime des points, des traits ou des taches. De là provient 
le défaut d’uniformité dans le dessin ; parce que l’OEuf n’avance 
pas d’une manière régulière , et que l’état des vaisseaux n'étant 
pas toujours le même, il s’en suit aussi de la diversité dans la 
masse de la Coquille. 

» Dans les OEufs achetés on remarque en général trois sortes 


» 


] 


» 


0] 


» 


» 


) 


» 


» 


D] 


D] 


» 


» 


» 


D) 


» 


» 


} 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 13 


de taches, pâles, un peu plus colorées et parfaitement colorées : 
ce qui permet d'admettre trois périodes de coloration. Les 
taches pâles sont de la première, la masse calcaire plus molle 
alors, leur permet de la pénétrer; dans la seconde, la masse 
calcaire, déjà plus compacte, leur permet moins de la péné- 
trer; dans la dernière période enfin, les taches sont souvent 
tellement superficielles qu’on peut les faire partir avec de l’eau. 
» Ces taches sont ordinairement brunes, mais cette teinte tire 
parfois au jaune , au vert, au rouge et au violet. 

» Les OBufs qui ne paraissent jamais tachetés sont pourvus, 
lors de la formation de leur Coquille calcaire , d’un enduit 
gélatineux ou gluant qui garantit la Coquille des petites 
gouttes de sang, ou donne à l’OEuf plus de facilité d'avancer, 
et par là, lui évite les effets de la pression sur les vaisseaux 
de l'Oviducte. Cette fluidité donne en même temps plus de 
solidité à la matière calcaire; raison pour laquelle les Co- 
quilles des OEufs sans taches sont beaucoup plus solides que 
celles des OEufs tachetés. La matière caleaire, de même que 
les taches , sont le résultat d'un procédé d’inflammation opéré 
par la pression de l’OEuf, au moment où il s’avance, chose 
dont on peut se convaincre en examinant le conduit après 


l'entrée de l'OEuf. 


LE 
A 


» La chaux arrive d’abord, et celle-ci effectue ou produit les 
taches, en exprimant le sang qui s’y est mêlé et qui donne 
la couleur. Les OEufs tachetés et non tachetés reçoivent parfois 
encore dans le Cloaque des taches et des raies de sang, mais 
elles sont de sang pur et conservent pour cette raison la cou- 
leur du.sang. 

» La couleur du plumage n’est en nul rapport avec la teinte 
de l'OEuf. Beaucoup d’Oiseaux noirs, ou noirs ct'blancs, ou 
bruns et blancs, ont des OEufs tachetés d’un fond vert, et 
d'autres Oiseaux de la même couleur ont des OEufs blancs. 


44 PREMIÈRE PARTIE. 

» Beaucoup d’Oiseaux bigarrés pondent des OEufs unicolores , 
» tels que les Hibous, les Pigeons, les Rolliers, les Guêpiers, les 
» Martins-pêcheurs, les Pics, tous les Hérons, les Canards, les 
» Oies, les Grêbes et les Harles. 

» La Coquille est plus ou moins transparente, soit par elle- 
» même, soit lorsqu'on y fait un petit trou et qu’on l’oppose au 
» jour; il arrive souvent alors d'y remarquer une autre teinte 
» que celle de la surface, ce qui peut fort bien servir à distinguer 
» les Espèces alliées. 

» La durée de l’incubation dépend de la dureté de la Goquille 
» de l’OEuf, de sorte que les OEufs à Coquille forte et épaisse 
» demandent pour éclore plus de temps que les OEufs à Coquille 
» mince et délicate. » 

Cet Ouvrage est le plus avancé et le plus original que nous 
puissions signaler à l’attention des Ornithologistes et surtout des 
Oologistes. Observations exactes, idées véritablement nouvelles, 
déductions savantes et ingénieuses à la fois, tout s’y trouve 
réuni : les figures mêmes sont meilleures que les précédentes, 
mais toujours d’une insuffisance marquée. A partir de ce travail 
un horizon plus vaste se découvre pour la Science du produit 
Ovarien des Oiseaux. Toutefois on ne s'occupe encore que des 
OEufs de ceux de notre Europe, tout en entrevoyant l’indispen- 
sable nécessité d’y réunir la connaissance et l'étude de ceux des 
Espèces des autres Contrées du Globe. 

En 1824, au lieu d’un Ouvrage, a paru un simple Mémoire 
assez intéressant, à ce titre, de M. Moquin-Tandon, de Mont- 
pellier, aujourd’hui membre de l’Institut. Ce Mémoire, qui de- 
vait être suivi d’un ou de plusieurs autres, est le commencement 
d’un travail intitulé : Mémoire sur l'Oologie ou sur les ŒEufs des 
Animaux (1). Il ne traite donc qu’accessoirement des OEufs des 


(1) Annales de la Société Linnéenne de Paris, mars 1824 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 1.40 


Oiseaux ; mais, dans le peu qu’en dit l’Auteur, il résume avec 
clarté et méthode ce qu’en avaient dit avant lui, et Mauduyt, 
l'écho bien affaibli de Guettard, et le docteur Schinz, alors en 
voie de publication, les deux seuls qu’il connût. L’Auteur for- 
mait alors une Collection d'OEufs d’Oiseaux d'Europe; et nous 
nous rappelons toujours avec plaisir les relations et les commu- 
nications d'observations et d'échanges qu’un peu plus tard nous 
avons eues ensemble par l'intermédiaire de l'obligeant Thié- 
bault de Bernaud. Nous aurons occasion du reste de reproduire 
la discussion que nous fimes jadis de quelques-unes des propo- 
sitions traitées dans ce Mémoire gros de faits ; quoiqu’en dise la 
modestie de l’Auteur dans une lettre qu’il nous écrivait à l’épo- 
que de nos premières publications. 

À Thienemann , qui devait plus tard perfectionner et compléter 
dignement ce travail, et à l’intéressant Mémoire de M. Moquin- 
Tandon , succéda le livre inachevé de Polydore Roux. Son Orni- 
thologie Provençale, qui devait comprendre, outre leur descrip- 
tion , la figure des Oiseaux (avec celle de leurs Nids et de leurs 
OEufs) de la partie méridionale de la France, commencée en 
1825, fut d'abord suspendue par un voyage Scientifique en 
Egypte et dans l'Inde que P. Roux entreprit en compagnie du 
Baron Hugel , de Vienne, et ne put être terminé par suite de la 
mort de son Auteur, enlevé à Bombay le 12 avril 4833, à la 
veille d’une ascension sur l’'Hymalaïa. Ce travail méritait assuré- 
ment à son début plus d’encouragements qu'il n’en reçut, et qui 
presque tous furent officieux et individuels : car il ne faut pas 
oublier que tous les dessins des Oiseaux et de leurs Nids sont 
sortis du crayon de ce courageux Ornithologiste qui les repro- 
duisit et les lithographia de sa main : les Planches d'OEufs sont 
les moins satisfaisantes et l’on peut dire plus que médiocres. 
Nous possédons encore quelques dessins originaux de ces Plan- 
ches d’OEufs , qui nous viennent soit de M. Moquin-Tandon , qui 


46 PREMIÈRE PARTIE. 


les avait communiquées à Roux, soit de ce pauvre et regrettable 
Thiébault de Bernaud; du reste ces figures d’OEufs et leur des- 
cription ne venaient que comme complément de l’histoire de 
chaque Espèce d’Oiseaux. 

En 1832, M. Hewitson, et il ne devait pas être le dernier, 
reprend en sous-œuvre l'Ovarium de Graves. Son Oologie (1), 
très-consciencieusement faite du reste, ne renferme, il est vrai, 
que la description et la représentation des OEufs des Oiseaux de 
la Grande-Bretagne. Pourtant quelques-unes de ses observations 
et de ses réflexions à leur sujet’, réflexions répandues dans sa 
courte Introduction, méritent d’être citées, ne fût-ce que pour 
leur singularité et parfois leur justesse. Telles sont celles-ci : 

« 11 y a peu de doute que la couleur des OEufs d’Oiseaux ne 
» soit une matière animale, et qu’elle ne dépende de leur santé. 
» Dans les Oiseaux que j'ai examinés , l'OEuf est d’un blanc par- 
» fait la veille du jour où ils sont pondus : une grande partie de 
» leur couleur peut être enlevée pendant quelque temps après. 
» Ainsi, nous trouvons dans les OEufs le même besoin de cou- 
» leur que celui qu’on remarque dans les plumes des Oiseaux 
» blancs. La crainte ou toute autre cause qui puisse agir sur les 
» fonctions animales influent également sur la couleur. J'ai re- 
» marqué que les OEufs des Oiseaux qui avaient pondu pendant 
» que je les retenais prisonniers, étaient presque dénués de leur 
» couleur. 

» La Grosseur, ainsi que la Couleur, dépendent de l’âge de 
» l’Oiseau. Après la première année ils continuent à augmenter 
» en grosseur, et la couleur devient plus éclatante pendant quel- 
» ques années, jusqu'à ce que l’Oiseau soit arrivé à son àge de 
» maturité. Les différentes et les belles couleurs des OEufs leur 
» sont données par le Dieu de la Nature, comme une protection 


(1) British Oology, by William Hewitson. Neweastl, 1832 


‘BIBLIOGRAPIIE OOLOGIQUE. A7 


ps 


contre leurs ennemis , en ressemblant aux différentes surfaces 
sur lesquelles ils sont déposés (selon M. Gloger, Naturaliste 
Allemand), ce que je suis loin d'admettre comme une règle 
générale. D'un autre côté je crois être en mesure de prouver 
que cette précaution serait en grande partie inutile et super- 
flue. Nous ne trouvons jamais la nature prodiguant ainsi ses 
ressources. 

» Il arrive pourtant quelquefois que les OEufs des Oiseaux sont 


* admirablement adaptés par leur couleur au terrain sur lequel 


ils sont déposés. Et à mon grand déplaisir j'en ai eu de fré- 
quents exemples , lorsque j'étais à leur recherche. Les cas que 
je cite sont précisément ceux qui rendent cette protection 
nécessaire, et dans lesquels un contraste de couleurs les aurait 
trahis. Parmi eux étaient les Oiseaux qui font peu ou point de 
Nids , déposant leurs OEufs en grande partie sur la terre nue, 
ou parmi les herbes marines sur la plage. Tels sont, entre 
autres, l'Huitrier, le Tourne-pierre , les Pluviers et les Sternes, 
surtout la plus petite. » 

Puis après avoir développé cette idée, et s’être étendu sur les 


nombreux exemples contraires : 


« On demandera peut-être à quoi servent ces couleurs prodi- 
guées avec tant de profusion ? Elles servent comme celles qui 
ornent le plumage de l'Oiseau-Mouche, ou l'aile du Papillon, 
à réjouir la vue, à contenter le cœur et à embellir la Création. 
C’est pourquoi les Oiseaux, tels que les Hibous, les Guëêpiers, 
les Rolliers , les Pics et les Martin-pêcheurs, qui les cachent 
dans les trous, les ont blancs : parce que dans un endroit 


. comme celui-là, une autre couleur ne servirait à rien... 


» …… Comme je l'ai remarqué ailleurs, on gagnerait beau- 
coup d'instructions utiles et intéressantes tendant à classer les 
Oiseaux, si on faisait attention à leurs OEufs. Il est très-encou- 
rageant de voir qu'en les examinant sous ce point de vue on 


+ 


148 PREMIÈRE PARTIE. 


» trouvera, à quelques exceptions près, qu’en prenant les OEufs 
» seulement des Oiseaux Britanniques pour guides, on en arri- 
» verait à classer leurs Genres d’une manière satisfaisante. Tous 
» ces nouveaux Genres qu’on a adoptés dernièrement sont clai- 
» rement indiqués par les différences qui existent entre leurs 
» OEufs. » 

Un mérite de l’Oologie d'Hewitson, dont les Planches sont 
très-proprement et fidèlement exécutées, c’est que tous les des- 
sins en ont été faits par lui. Ajoutons que depuis il n’a cessé de 
s'occuper de collectionner les Espèces d’OEufs que l’on ne con- 
naissait pas, et que tout récemment encore il vient d’en publier 
et figurer plusieurs Espèces fort intéressantes dans l’Ibis, jour- 
nal d’Ornithologie dirigé par l’un de nos plus savants et des plus 
habiles Ornithologistes, M. Sclater (1). 

Après Hewitson, Berge ne figure également que les OEufs des 
Oiseaux d'Europe (), dans une proportion de format presque 
enfantine, tout en conservant en général aux OEufs leurs propor- 
tions naturelles. Le texte est tout aussi concis dans ses réflexions 
générales qui n’offrent rien de saillant;, nous n'avons guère 
remarqué que les suivantes : 

» Une règle assez constante à établir, c’est que la Grosseur et 
» la Forme de l’OEuf se dirigent d’après la Grosseur de l'Oiseau 
» et la nature de ses organes de génération , et notamment 
» d’après la largeur et l'embouchure du canal des OEufs; ef Les 
» défauts organiques de ces parties et des obstacles accidentels 
» peuvent aussi exercer de l'influence; ce que prouvent les 
» OEufs informes, souvent ou tout minces, ou complètement 
» ronds, ou voûtés, ou chargés de creux ou d’enfoncements..…… 

TEL ET Les OEufs des grands Oiseaux, et notamment de ceux 


(1) The Ibis; « Magazine of general Ornithology. January 1859. 
(2) Fortpflanzung Europ. Vogel. Stuttgard, 1840. Format in-24 


» 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 49 


qui pondent sur la terre même, ont la Coquille plus épaisse, 
plus forte et plus dure. 

» Les monstruosités ne se bornent pas à la Forme de l'OEuf; 
on en remarque aussi relativement à l’intérieur et à l’enve- 


FL ELPETE On ne connaît pas encore l’origine des teintes de l'OEuf : 
on présume à la vérité qu’elles sont produites chimiquement 
par la décomposition du sang dans l'Oviducte; maïs ce n’est 
qu'une hypothèse, et elle est détruite par tant de faits oppo- 
sés qu’il faut y renoncer. 

S LHARUEE A peu d’exceptions près, il est cependant de fait que 
tout dans la nature organique repose sur une loi bien déter- 
minée, comme par exemple le nombre, la grandeur, la 
Forme, etc. Nous devons appliquer la même conséquence aux 
couleurs des OEufs. Nous ne devons pas admettre ce phéno- 
mène comme un jeu arbitraire de la nature créatrice, mais le 
rapporter à une loi immuable, loi inconnue à la vérité et 
qui peut-être le sera longtemps encore, mais qui n’en existe 
pas moins. 

» L'influence de la chaleur et de l'air, dans un certain rap- 
port, paraît chose assez évidente : on n’a qu’à voir les cou- 
leurs des animaux dans les climats chauds ; celles-mêmes du 
Règne Végétal; puis les couleurs pâles des animaux réduits à 
vivre dans l’état de captivité; les robes d’hiver et des divers 
âges des animaux ; l’étiolement des plantes et des fleurs privées 
d'air ou de lumière; et, pour en revenir au sujet qui nous 
occupe, le changement de couleur des OEufs d'Oiseaux, 
quand ils ont subi l'effet de l’incubation ou sont vides. Mais 
comment ces causes procèdent-elles? Gette question est encore 
indécise; toujours est-il assez probable que c’est par voie 
chimique. » 

Mais dans l’intervalle écoulé entre ces deux Publications, et à 


pe 


» 


50 PREMIÈRE PARTIE. 


la date de 4839, Alc. d’Orbigny, prêtant son utile et savant con- 
cours à M. Ramon de la Sagra pour son Histoire physique, 
politique et naturelle de l'Ile de Cuba , en avait rédigé l’Orni- 
thologie, qu'il accompagna de figures exactes des OEufs de la 
plupart des Oiseaux de cette Ile, entre autres de celui du Cour- 
lan, Aramus Guarauna, qui paraissait alors pour la première 
fois, dessiné par lui-même sur ceux qu'il avait rapportés de son 
Voyage au Paraguay, et dont nous devions bientôt nous rendre 
acquéreur. 

Puis est venu l'Ouvrage de Meyer : Ulustrations des Oiseaux 
de la Grande-Bretagne et de leurs Œufs (1), qui, commencé 
en 4841, ne s’est terminé qu’en 4849, Ouvrage parfait d’exécu- 
tion en tout point, et pour les Oiseaux qui sont d’une netteté 
et d’une exactitude rares, et pour les OEufs, figurés au nombre 
de 319 Espèces. Mais, à part les descriptions , l’Auteur n’émet 
aucune proposition au sujet de la Science Oologique, qui se 
réduit ainsi pour lui, comme pour tous ceux qui s’en sont occu- 
pés jusqu'à ce jour, en un complément Biographique de l’his- 
toire des Oiseaux. 

C’est alors que, fort de nos études qui remontaient déjà à une 
vingtaine d'années, fort de notre magnifique Collection d’OEufs, 
la plus considérable sans aucun doute qui existât à ce moment, 
puisqu'elle renfermait près de mille cinquante (1042) Espèces, 
en plus de 3,000 exemplaires, nous avons hasardé nos Mémoires 
d’Oologie d’abord dans le Magasin de Zoologie de 1842 et 1843, 
avec quelques Planches, ensuite dans la Revue Zoologique de 
1843-1844, etc. 

Mais, pour en arriver là, en dehors de nos voyages et de nos 
recherches personnelles dans les bois et les étangs, ainsi que 
sur les côtes, afin de nous procurer nous-même une grande 


(1) Illustrations of British PBirds , and their Eggs, by H. L. Meyer. in-8°. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 41 


partie de nos OEufs d'Europe, nous avions en outre frappé seul 
alors, à la porte de tous les marchands Naturaiistes de Paris : 
le digne Verreaux père, Delalande, le frère de l’illustre Voya- 
geur, Becœur, Bevallet père, Dupont ainé, Dupont jeune, Bu- 
quet, Florent Prévost et Perraut, tous deux attachés au Muséum 
de Paris, le premier aujourd’hui l’une des lumières de la Société 
Zoologique d’Acclimatation, le dernier acquéreur d’une partie 
des Collections de M. Bigot de Préaméneu; Simon, Susemith, 
Pardzudaky père, Evans et Deyrolles. C’est ainsi que, parvenus 
à l’état de Marchandises dans les Magasins d'Histoire Naturelle, 
les OEufs ont fini par conquérir leur importance Scienti- 
fique. 

Ce n’est pas tout encore; à la suite de ces recherches et de ces 
investigations, vinrent nos échanges et acquisitions avec le 
Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, dont les réserves nous 
furent ouvertes par G. Cuvier, grâce à l’obligeante intervention 
de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, réserves occupant alors les 
tiroirs qui forment le sous-bassement des armoires des Galeries 
Ornithologiques; avec le Baron Benjamin Delessert, pour quel- 
ques OEufs de la Havane, qui ont en grande partie servi aux 
représentations Oologiques de d’Orbigny dans son Ornithologie 
de l'Ile de Cuba; avec ce même Alc. d'Orbigny, pour les OEufs 
qu'il rapportait du Paraguay; avec MM. Schultz, de Dresde et . 
Pareyss , de Vienne, pour des OEufs de la Grèce et du Nord de 
l'Europe; avec le Docteur Pelletan, pour les OEufs du Guatemala ; 
avec J. Goudot, pour ses OEufs si rares de la Nouvelle-Grenade ; 
avec nos excellents amis Jules et Edouard Verreaux, pour leurs 
OEufs des Philippines, du Cap de Bonne-Espérance, et surtout 
pour ceux de la Nouvelle-Hollande, dont le premier a enrichi le 
Muséum de Paris; avec l’habile Gould, aussi pour les OEufs de 
cette dernière partie du monde; avec M. Klaussen, conservateur 
du Musée Impérial de Rio-Janeiro, pour les OEufs du Brésil ; 


UNIVERSITY OF 
ILLINOIS LIBRARYX 


>. 4 ÿ FA 


52 PREMIÈRE PARTIE. 


avec le fameux Docteur Smith, de Londres, pour ses OEufs du 
Cap; avec MM. Crespon, de Nismes, et Degland, de Lille; avec 
l’obligeant Schleghel, de Leyde, aujourd’hui digne Successeur 
de Temminck, à la direction du Muséum Néerlandais; avec 
M. Hardy, de Dieppe, le bon Thienemann, de Leipsick, le 
Pasteur Bourrit, de Genève, le Baron de la Fresnaye, notre seul 
Ornithologiste en France, avec le regrettable Lesson, enfin avec 
le Docteur Lherminier, de la Guadeloupe, pour les OEufs de la 
Côte-Ferme et des Antilles : et pour ceux de la Pologne, ete., le 
Comte de Tyzenhauz, Auteur de l'Ornithologia Powsezchna, 
dont nous avons rendu compte dans la Revue et Magasin de 
Zoologie, lors de son apparition. 

Mais alors aussi existaient déjà ou se formaient les Collections 
Oologiques d’Audouin, d'Oscar Leclerc , de M. de Baracé, d’An- 
sers, de Thiebault de Berneaud, et de Dumont Sainte-Croix, 
de Paris; de Baillon, de J. Delamotte et de G. Perrache, 
d'Abbeville; de M. Moquin-Tandon, de Montpellier, avec qui 
nous nous rappelons avec plaisir d’avoir été en correspondance 
Cologique suivie de 4838 à 4843; etc., etc. Si productive cepen- 
dant qu'eût été notre Collection et que le soit encore celle que 
nous formons aujourd'hui, nous n'avons pas espéré qu'elle püt 
jamais être complète : mais il importait qu’elle fût abondante et 
qu’elle précédât, dans tous les cas, le travail de la Classification. 
Car ainsi que l’a dit un de nos savants Littérateurs, cela se con- 
coit : il faut des faits, avant de les comparer ; il faut des maté- 
riaux avant de les coordonner entre eux. 

On le voit, si le temps était aux progrès forcés de cette 
Branche de la Science par l’affluence des matériaux, il ne l'était 


‘pas moins par le nombre des Savants et des observateurs qui 


s’en occupaient , et en entretenaient ainsi la vitalité. 
Nous ne parlerons que pour mémoire et en passant, d’un Ou- 
vrage Allemand de Figures d’OEufs d'Oiseaux d'Europe, d’un 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 53 
Auteur anonyme (1); et de celui de M. Aug. Lefèvre (2) ; Ouvrage 
incomplet, puisqu'il ne représente que cent trente-six Espèces 
seulement, dont plusieurs mêmes, telles que, par exemple le 
Corvus Corax, peuvent paraitre comme plus que douteuses ; 
assez soigné, quoique incorrectement peint et dessiné; et qui, 
malgré l’heureuse idée de son Auteur et faute peut-être d’encou- 
ragements suffisants, n’a pas donné tout ce qu’on en pouvait 
attendre. 

De ce moment s'ouvre une ère nouvelle pour l’Oologie. Les 
Collections d’OEufs rapportés de l'Amérique du Sud et du Para- 
guay par d’Orbigny; des Possessions Néerlandaises dans l'Inde, 
par S. Müller; de l'Australie par Gould et par J. Verreaux ; 
celle que nous avions formée à si grands frais nous-même; et 
celle composée par Thienemann, firent comprendre que tout 
l'intérêt de cette Science n’était pas dans la seule connaissance et 
dans la reproduction incessante , depuis près de deux siècles, 
des mêmes Espèces Européennes, qu’il fallait y rechercher des 
éléments de comparaison dans l'OEuf des Oiseaux des autres 
contrées du Globe. Les rares et quelques OEufs d’Espèces étran- 
sères à l'Europe, reproduits dans certains Ouvrages, tels que 
l’'Ornithologie de l'Amérique Septentrionale de Wilson, ou 
l'Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique de Levaillant, témoi- 
gnaient à la rigueur de ce besoin. 

Sous l'influence de cette pensée, sous l'impression de nos 
Travaux Oologiques, et grâce à des Etudes comparatives des 
principales Collections Oologiques, notamment de la nôtre, 
qu'il était venu consulter si souvent et toujours avec fruit, 
Thienemann, perfectionnant, comme exactitude de Figures, 
et comme accumulation d'Espèces, son premier Ouvrage de 


(1) Die Nester und Eier der Vogel, Stuggard, 1843. 
(2) Atlas des Œufs des Oiseaux d'Europe , Paris, 1844. 


D4 PREMIÈRE PARTIE. 

18241 , entreprend en 4845, la Publication aujourd’hui terminée, 
moins les textes, de ses belles planches d’OEufs indigènes à 
l'Europe auxquels il a eu le premier l’idée de joindre tout ce 
qu'il a pu voir et connaître d'OEufs Exotiques. Cet Ouvrage, par 
la manière consciencieuse avec laquelle il a été exécuté, et par 
la constance ainsi que la persévérance de travail qu'il a deman- 
dées à son Auteur, mérite les plus grands éloges. Il est peu pro- 
bable que d’autres Oologistes soient tentés de recommencer une 
œuvre aussi considérable : car il ne renferme pas moins de 
831 Espèces, sur 4,200 connues, représentées par près de 
2,000 figures (1,966); que l’on juge à ce chiffre, de la richesse 
des variétés par Espèces. C’est ainsi que parfois, pour deux 
Espèces seulement, Thienemann donne 24 figures ou variétés. 
Ce qui ne mérite pas moins d’éloges, c’est que chose rare en ces 
sortes d'entreprises , les dernières Planches sont dignes, en tout 
point, des premières et tout aussi soigneusement traitées. Il est 
vrai que {outes ont été dessinées et peintes par lui-même : c’est 
dire avec toute la netteté et l'exactitude désirables (!). Nous re- 
grettons que ces éloges ne puissent lui parvenir que tardivement, 
dans un monde meilleur : car ce Savant Oologiste vient de niou- 
rir, avant d’avoir pu mettre la dernière main au complément de 
son texte, qui n’en paraîtra pas moins prochainement par les 
soins de ses Amis et de son Éditeur. 

Sous la même impression, et la même année, le Baron de la 
Fresnaye publia son Article intitulé : Comparaison des OŒEufs 
des Oiseaux avec leurs Squelettes, comme seul moyen de recon- 
naître la cause de leurs différentes Formes (?); article reposant 
en grande partie sur l’idée que nous avions émise le premier, 


(1) Fortpflanzungsgeschichle der gesammien Vogel nach dem gegenwar- 
ligen Slandpunkle der Wissenschaft. Leipsig, de 1845 à 1856. 
(2) Revue Zoolog. Mai 1845. 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. DD 


dès 4842 (l), de l'influence de la configuration et de la structure 
du squelette des Oiseaux sur la Forme normale de leur OEuf, et 
qui n’a été que le développement de cette proposition , la même 
que celle de Buhle et de Thienemann, et, par conséquent, sa 
confirmation et sa justesse. Bientôt après, et à la suite d’une 
Étude de notre Collection, le même Savant publie un autre 
Article sur l’ensemble de coloration que présentent les OEufs 
d’une même Famille. (2) 

De 1845, sauf la continuation de la publication de Thiene- 
mann; sauf aussi un Catalogue systématique des OEufs des 
Oiseaux de la Grande-Bretagne publié par le Rév. M. Malan (à), 
il y a absence complète de publications Oologiques:; et comme 
une espèce de halte présageant une nouvelle reprise, qui n’a pas 
en effet tardé à éclater de toutes parts. 

En Allemagne paraît un nouvel Ouvrage sur les OEufs d’Eu- 
rope, parfait de figure et d'exécution et ne pouvant rivaliser 
qu'avec celui de Thienemann (4). Cette publication semble ré- 
veiller la fibre Oologique demeurée si longtemps et d’une manière 
si regrettable endormie chez le docte M Moquin-Tandon, qui n’a 
pas encore terminé la série de ses descriptions si minutieuse- 
ment exactes des OEufs de l’Europe (5). Nous ne lui dissimulerons 
cependant pas que nous eussions mieux aimé, avec l'autorité que 
lui donne sa haute position Scientifique, lui voir employer tout 
le temps qu’il y a consacré et qu’il y consacrera sans doute en- 


' 


(1) Magas. de Zool. 1842-1843, et Rev. Zoo!. 1844. 

(2) Rev. Zool. 1847 ou 1848. 

(3) À. Systemalic Catalogue ot the Eggs of British Birds. Arranged with 
a view to supersede the use of labels for Eggs. — By the Rev. S. C. Malan. 
M. A. Vicar ot Broadwindsor, Dorset-London 1848. 

(4) Die Eïer der Europeischen Voegel von. F. N. J. Baedeker, Leipsig, 
1858-1859. 

(5) Rev. et Mag. de Zool. 1857 et 1858. 


21 


6 PREMIÈRE PARTIE. 
core, à une application de ses Connaissances Oologiques plus 
sérieuse et plus profitable à la Science. Jr 

En Angleterre, au moment où nous écrivons, M. Sclater, qui 
chaque jour rend tant et de si grands services à la partie Mono- 
graphique de lOrnithologie, fait paraître le premier numéro 
d’une Revue destinée à remplir avec avantage le vide laissé 
par la cessation des Contributions of Ornithology de Jardine, 
dans lequel se trouvent la description et la figure de plusieurs 
OEufs rares ou curieux tant d'Europe que d'Afrique, dues à 
M. Hewitson, qui paraît vouloir ainsi continuer laborieusement 
et compléter son œuvre de 1832, sans parler d’une seconde 
édition de son premier travail. 

En Amérique, nous pouvons annonger avec joie l’apparition, 
pour la première fois, d’une Oologie étrangère enfin à l’Europe, 
et exclusivement consacrée aux Oiseaux de l’Amérique Septen- 
trionale (1). / 

Mais ce n’est rien encore, ce Livre , supérieurement exécuté, 
va être suivi d'une autre Publication qui effacera sans aucun 
doute ses rivales, si parfaites qu’elles puissent être. Nous vou- 
lons parler d'une Oologie Australienne complète que prépare 
depuis longtemps l’étonnant Artiste, l’inépuisable Ornithologiste 
J. Gould , dont nous nous rappelons avoir vu chez lui plusieurs 
dessins originaux , dans un voyage que nous fîimes à Londres, et 
qu'il ne tardera pas à faire paraître, d’après une lettre que nous 
sommes fier d’avoir reçue de lui dernièrement. 

Tel est, en résumé, l’état de la Science de l’Oologie, au com- 


- mencement de l’année 4859, après un demi-siècle d'existence 


véritable. Ce sont, il faut l'avouer, si incessants qu’ils aient été, 
des progrès un peu lents, par le temps qui court. Mais il est 


(4) Nort American Oology ; being-an Account of Geographical Distribution 
of the Birds of North America during their Breeding Season, With Figures 
and Descriptions of their Eggs. By T. M. Brewer mars, 1859, 


BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. D7 
évident qu’à l'heure qu'il est, son plein essor est donné à 
l’Oologie, et qu’elle prend rang , dès aujourd’hui, comme Bran- 
che indispensable et complémentaire de l'Ornithologie. Il nous 
est également démontré qu’à l'avenir aucun Méthodiste ne 
voudra marcher d’un pas ferme et sûr, dans la voie si obscure et 
si glissante de la Classification , sans l’aide de ce flambeau. 

Nous pensons avoir suffisamment rempli cette première partie 
de la tâche que nous nous étions imposée, en présentant aux 
Oologistes ce bref aperçu Bibliographique que nous n'avons 
rencontré nulle part dans le cours de nos travaux ; et nous ai- 
mons à croire qu'à part les erreurs ou les omissions inévitables, 
il aura son utilité pratique pour tous ceux qui, après nous, vou- 
dront , avec plus de talent, plus de science, et partant plus de 
succès , entreprendre un semblable travail général plus complet, 
sur une matière qui promet de si féconds résultats. 


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DEUXIÈME PARTIE. 


#8 — 


DÉTERMINATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 


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CHAPITRE [°. 
2 der. 


DÉFINITION DE L'OŒUF CHEZ LES OISEAUX EN GÉNÉRAL. 


Il ne sera peut-être pas hors de propos, avant d'entrer en 
matière, de chercher à mettre d'accord entre eux les divers 
Auteurs qui, parlant de l'OEuf, chez les Oiseaux, d’une manière 
plus ou moins spéciale , en ont donné la définition, chacun à sa 
manière , et d’harmonier celles qu’ils en ont faites. 

Gili (1) le définit : « Un corps organisé, rempli de substances 
» fluides contenues dans des tuniques membraneuses , et renfer- 
» mées dans une Coquille.» 

L’Abbé Bonnaterre (?), tout en disant, comme Buffon, que la 
conformation extérieure d’un OEuf d'Oiseau est trop connue pour 
qu’il soit nécessaire d’en donner la description, le définit cepen- 
dant ainsi : « Un corps, tantôt Rond, tantôt Ovale, qui se forme 
» dans le corps de la femelle de ces Animaux et qui, sous une 
» écaille qu'on nomme Coque, renferme un petit Animal de 


(1) Agri Romani Historia Naturalis, tres in parles divisa. Ornithologia. 
Romä, in-12, 1781. 
(2) Nouv. Encyclopédie Méthodique. Paris, 1790. 


60 DEUXIÈME PARTIE. 


» méme espèce, dont les parties se développent et se dilatent 
» par l’incubation. » 

Parmentier (1) et Virey (?) traitant en général, mais dans un 
but d'économie rurale et domestique , des OEufs des Oiseaux de 
basse-cour, se conformant en cela à l'opinion première émise 
par Aristote (3) : « Comme des matrices renfermant non seule- 
» ment un embryon, mais encore la quantité de nourriture dont 
» le petit Animal qui doit naître aura besoin, lorsque par l'effet 
» de l’incubation, il prendra du développement et de l’accrois- 
» sement. » 

M. Moquin-Tandon (‘) appelle OEuf, dans les Oiseaux : « le 
» corps qui se forme chez les femelles de ces Animaux, et qui, 
» sous une enveloppe calcaire, plus ou moins épaisse, friable, 
» blanche ou colorée, renferme un Animal de même nature, 
» dont la chaleur seule peut grossir et développer les parties. » 

Ces deux dernières définitions , quoique générales, nous servi- 
ront à en établir une, un peu longue, il est vrai, mais par cela 
même plus complète que les deux premières , et qui sera mieux 
en rapport avec notre manière d'envisager l'OEuf, spécialement 
et exclusivement chez les Oiseaux , en sorte que nous le défini- 
rOnS : 

Un corps tantôt Rond, tantôt Ovale ou Ellipsoïdal, et plus ou 
moins Pyriforme, qui prend naissance dans les femelles de ces 
Animaux , et qui, sous une enveloppe composée d’une matière 
calcaire plus ou moins épaisse et friable, blanche, bleuâtre ou 
verdâtre intérieurement, et colorée extérieurement de diverses 
nuances , suivant les Espèces, renferme non seulement la subs- 


(1) Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle appliquée aux Arts , ele. 
Ed. Deterville ; 1803. Ve Œuf. 

(2) Nouv. Dict. d'Hisl. nalur. ele. 1828, Vo Œuf. 

(3) De yeneralione Animalium, ele. 

(4) Annales de la Société Linneenne de Paris, 1824. 


(CARACTÈRES OOLOGIQUES. 61 


tance suffisante à l'embryon , chez ces Vertébrés, mais encore la 
quantité de nourriture dont le petit Animal qui en doit naître a 
besoin , lorsque par l’effet de l’incubation , il a atteint son déve- 
loppement et n’a plus qu'à percer sa fragile prison pour en 
sortir. 

Trois choses principales sont à examiner dans l’OEuf, tel que 
nous le considérons : 

40 Sa Forme; 

20 La nature de sa Coquille ; 

30 Les Couleurs qui la distinguent. 

C’est faire suffisamment comprendre que nous nous bornons 
à la Physiologie de l'enveloppe calcaire du produit Ovarien des 
Oiseaux. 

Partant de là, et nous appropriant les propres paroles par les- 
quelles Gunther commence l'exposé de ses considérations sur 
les OEufs des Oiseaux : 

« Nous dirons de suite à nos Lecteurs de ne pas s'attendre à 
trouver ici un Traité Anatomique et Physiologique des OEufs; 
ou des recherches sur leurs diverses pellicules et les liquides qui 
y sont renfermés ; sur la fécondation , la formation et le progrès 
journalier du Couvain, jusqu’à sa délivrance de la Coquille , etc. 
Tout cela a déjà été dit maintes et maintes fois ; tout cela a déjà 
été démontré par de scrupuleuses observations dues à des hom- 
mes d’un grand savoir. Nous renvoyons nos Lecteurs, à cet égard, 
aux Ouvrages spéciaux de Harvey (1), Malpighi (2), Réaumur (3), 
Buffon (4), et de l’incomparable Bonnet (5). Nous nous propo- 
sons de considérer les OEufs dans leur configuration extérieure.» 


(1) Wilhelmi Harvei Angli, de Generatione Animalium Exercitationes. 
Edilio nova, Ludg.-Batav. 1737. Ejusd. Langliüi ef Schraderii Observ. de 
Generet. Animal. et Ovo incubato, 12 Amsteladamis, 1674. 

(2) Marcelli Malpighi, de Formatione pulli in Ovo. 4, Londini, 1670. 

(4) Histoire générale de la Nature, elc. 

(5) Bonnet. Contemplation de la nature , ete. 


(=) 
Lo] 


DEUXIÈME PARTIE. 


2 2. 
DE LA FORME DE L'OŒUF ET DES MODIFICATIONS QU'ELLE ÉPROUVE. 


La Forme de lOEuf varie depuis la Sphère la plus parfaite 
jusqu'à l’Ovale le plus allongé et l’Ellipse la plus aigüe. Cette 
variation à été remarquée par la plupart des Auteurs qui ont 
traité de l’OEuf des Oiseaux ; mais tous, en en parlant, ayant eu 
plutôt un but de curiosité que d'utilité pour la Science Ornitho- 
logique, l'ont attribuée à un pur caprice de la Nature. Guettard 
lui-même, Conservateur du Cabinet du Duc d'Orléans, et Mem- 
bre de l’Académie des Sciences, qui écrivait sur ce sujet, à une 
époque où les matériaux , sans être aussi répandus qu'aujour- 
d'hui, ne manquaient pas, pour lui surtout qui avait sous les 
yeux la riche Collection de Nids et d’OEufs d’Oiseaux du célèbre 
De Réaumur, n’a pas craint de hasarder cette proposition : « Ge 
» n'est pas, dit-il, par leur Forme, il faut l'avouer, qu’ils peu- 
» vent attirer notre attention; une Forme parfaitement ou pres- 
» que entièrement ronde, ou un peu plus où un peu moins 
» allongée par un bout que par l’autre, n’a rien qui puisse four- 
» nir un motif bien puissant pour déterminer à former une 
» Collection d'OEufs. » Steller, suivi en cela par Klein, et après, 
Lapierre, sont les premiers qui aient soupçonné que la variation 
de Forme dont nous parlons, loin d’être fortuite ou accidentelle, 
était au contraire régulière, et que chaque grande Coupe d’Oi- 
seaux avait en quelque sorte sa Forme d’OEufs particulière. 

Elle est en effet constante chez les individus d’un même 
Groupe : toujours Sphérique chez les uns; Ovalaire chez les 
autres ; figurant chez ceux-là, et c’est le plus petit nombre, un 
Cylindre plus ou moins allongé, avec les deux extrémités arron- 
dies ou, pour mieux dire, convexes ; représentant chez ceux-ci 
la Figure à laquelle on a donné leur nom , Ovoïde; enfin elle 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 63 


t 


est chez plusieurs très-aigüe d’un bout et obtuse de l'autre; et 
chez quelques-uns , renflée vers le milieu de leur longueur, et se 
terminant en pointes plus ou moins arrondies par leurs deux 
bouts. Ces six sortes de configurations sont les principales et 
les seules vraiment caractéristiques pour les Groupes d'Oiseaux 
chez qui elles se rencontrent ordinairement; mais on re- 
trouve dans les divers genres qui composent cette Série Zoolo- 
gique, toutes les nuances de Forme intermédiaires, et tous les 
degrés de transition de l’une à l’autre, ce qui n'arrive alors 
qu’accidentellement et par exception au principe général que 
nous venons de poser. Nous suivrons , pour indiquer les Ordres 
ou les Genres aux OEufs desquels est particulière chacune de ces 
Formes, l'ordre dans lequel nous les avons énoncées; et afin 
d'éviter des répétitions ou des périphrases inutiles ; nous les dési- 
gnerons par les dénominations suivantes : do Sphérique ; 20 Ova- 
laire; 3° Cylindrique; 4° Ovée; 5° Ovoïconique ; et 60 Ellip- 
tique; ce qui nous fournira, parmi les OEufs, quant à leur 
Forme naturelle, six divisions distinctes. 

A la première de ces divisions, celle des OEufs de Forme 
Sphérique, se rapportent : 

4o Ceux de tous les Rapaces Nocturnes, à l'exception des 
Strigidæ , ou Effrayes, dont l'OEuf rentre dans la Forme Ovée ; 

20 Ceux des Spheniscidæ ou Gorfous, qui inclinent parfois à 
la Forme Ovalaire. /efansse a la forme odoeonipne rer -tffuse 

Dans la Seconde division, celle des OEufs de Forme Ovalaire, 
se rangent : 

40 Ceux de tous les Rapaces Diurnes, dont les Cathartes et le 
Messager affectent, pour leur OEuf, la Forme Ovée et même 
celle Ovoiconique ; 

20 Ceux de tous les Musophagidæ ou Touracos ; 

30 Ceux. de tous les Psittacidæ ou Perroquets , dont plusieurs 
cependant accusent la Forme Ovée ; 


64 DEUXIÈME PARTIE. 

40 Ceux de tous les Trogonidæ ou Gouroucous; 

50 Ceux de tous les A/cedinidæ ou Martin-pêcheurs ; 

60 Ceux de tous les Heropidæ ou Guëêpiers ; 

7e Ceux de tous les Caprimulgidæ ou Engoulvents, à l’excep- 
tion du Guacharo ou Sfeatornis, dont l'OEuf est de Forme Ovée; 

80 Ceux de tous les Trochilidæ ou Oiseaux-Mouches; / 

90 Ceux de tous les Columbidæ ou Pigeons ; 

40° Ceux de la plupart des Tetraonidæ ou Tétras, dont plu- 
sieurs atteignent la Forme Cylindrique ; 

440 Ceux de tous les Tinamidæ ou Tinamous: 

420 Ceux de tous les Otidæ ou Outardes ; 

130 Ceux de tous les OŒEdicnemidæ ou OEdienêmes ; 

440 Ceux de tous les Cursoriidæ ou Courre-Vites ; 

45° Ceux de tous les Turnicidæ où Turnix ; 

460 Ceux de tous les Séruthionidæ ou Autruches et Casoars; 

170 Ceux de tous les Rallidæ, Râles, Poules-d’eau et Porphy- 
rions; les Parridæ ou Jacanas prenant la Forme Ovoïconique ; 

180 Ceux de tous les Penelopidæ ou Pénélopes ; 

4190 Ceux de tous les Anatidæ ou Cygnes, Oies ou Canards ; 

200 Ceux des Procellaridæ ou Longipennes, Grands-Voiliers. 

La troisième division, celle des OEufs à forme Cylindrique 
renferme jusqu’à présent les OEufs de la Famille des Megapodiidæ 
ou Tavons , Mégapodes et Talégalles ; et ceux des Pteroclidæ ou 
Ptéroclès. 

La Forme anormale, que nous n’avons pu appeler autrement 
que Cylindrique, n'est ni plus tranchée ni plus remarquable 
dans aucune autre Famille de la série que dans celles-ci. 

La quatrième division, celle des OEufs de Forme Ovée, est 
celle où se trouvent représentés le plus grand nombre de Fa- 
milles et de Genres différents ; elle comprend : 

40 Les OEufs de presque tous les Passereaux, Zygodactiles ou 
autres que nous n'avons pas encore nommés ; 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 65 


20 Ceux de tous les Gallipèdes, tels que les Phasianidæ, ou 
Faisans; et les Gallidæ, ou Poules; 

30 Ceux des Pavonidæ, ou Paons et Dindons ; 

40 Ceux de la plupart des Coureurs, tels que les Meleagridw, 
ou Pintades ; et les Perdicidæ, ou Perdrix; 

5o Ceux de presque tous les Laridæ, ou Goëlands et Sternes, 
dont plusieurs reproduisent la Forme Ovalaire. 

La cinquième division, celle des OEufs à la Forme desquels 
nous avons cru devoir donner le nom d’Ovoïconique, se com- 
pose : 

40 Des Cariamide, ou Cariamas ; 

20 Des Thinocoridæ, ou Thinocores ; 

30 Des Charadridæ, ou Pluviers; 

40 Des Glareolidæ, ou Glaréoles ; 

50 Des Hœmatopodidæe, où Huïitriers 

60 Des Recurvirostridæ, ou Avocettes; 

70 Des Phalaropidæ, ou Phalaropes; 

80 Des Scolopacidæ, comprenant les Bécasses, les Chevaliers, 
les Barges et les Courlis; 

90 Des A/cidæ, ou Pingouins et Guillemots. 

Enfin à la sixième et dernière division, celle des OEufs de 
Forme Elliptique, appartiennent : 

10 Ceux de presque tous les Totipalmes, tels que : les Peleca- 
nidæ, ou Pélicans; — les Tachypetidæ, ou Frégattes; — les 
Sulidæ, ou Fous; — les Plotidæ, ou Anhingas ; — et les 
Phalacrocoracidæ, où Cormorans ; 

20 Ceux des Podicepidæ, ou Grèbes; 

30 Et ceux des Colymbidæ, ‘ou Plongeons. 

- Voilà, pour le détail de la nomenclature des Ordres et des 
Familles auxquels est propre chacune de ces Six Formes. 
Si l’on veut, après cela, examiner d’une manière générale et 


un peu plus méthodique, la répartition de ces Formes dans la 
6 


66 DEUXIÈME PARTIE. 

Classe des Oiseaux, on en aura une idée par le Tableau suivant, 
dressé pour exemple , conformément à l'enseignement de M. Isid. 
Geoffroy Saint-Hilaire : 

SEMI-PENNES (exceptionnellement Eliptique). 


RAPACES . LATE IAA »8 PA 
ASSEREAUX (exceptionnelt Ovalaire L } 5 [2 
: P° 9 Ovée. ETS 
Gazzinacés (exceptionnelt Cylindrique) £ VE 
. ’ .. . > 
Ecrassrers (except Ovalaire et Ovée). : Ovoïconique. |S ce 
PazmrrÈDes (exceptionnelt Ovoïconique et Elliptique). 


mENNES./ re er ot at a AANOE 

Ainsi, comme on le voit d'après ce Tableau, que nous ne 
donnons pas comme d’une exactitude rigoureuse, encore moins 
d’une généralité absolue, il y aurait, dès le début, une coïnci- 
dence assez remarquable entre la manière dont se répartissent 
les Formes Ovalaire et Sphérique parmi les quatre Ordres ex- 
trêmes de la Classe des Oiseaux, et la disposition méthodique 
adoptée pour la division de cette même Classe. Une autre coïn- 
cidence est surtout frappante, c’est le rapport d’une de ces 
Formes, celle Ovalaire, avec les habitudes de gloutonnerie des 
Oiseaux qui composent les deux Ordres extrêmes subséquents 
des Rapaces et des Palmipèdes , habitudes qui font véritablement 
de ces derniers les représentants, sur les eaux, des premiers 
sur la terre. 

Il en résulte aussi la démonstration la plus évidente de cette 
erreur qui a fait passer en quelque sorte de convention que la 
Forme Ovée était celle générale des OEufs, et a, par suite, fait 
donner leur nom à cette Forme conventionnelle. Idée d'autant 
plus fausse, que rien n’est moins arrêté , ni plus sujet à varier 
que la Forme chez les OEufs ; puisque, d’une part, sur sept 
Ordres, la Forme Ovée ne s'applique généralement bien qu’à 


(1) Voir Magasin de Zoologie de 1842, 5° livr., Oiseaux, PI. 25. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 67 


deux ; et que , d’une autre part, les OEufs, sous le rapport de la 
Forme proprement dite, présentent, ainsi qu’on l’a vu, six Types 
parfaitement distincts et différenciés. 

Ces Formes sont celles données à l’OEuf par la Nature, et 
qu’elle a mises en rapport avec l'emplacement et la position qu’y 
doit occuper l'embryon. Car en revêtant d’une enveloppe solide 
les parties fluides et rudimentaires dont il est formé, elle n’avait 
pas, ainsi que l’a fort bien fait remarquer Lapierre, à s'occuper 
uniquement de trouver le moyen de préserver ces éléments de 
germe de tout contact et de toute lésion extérieure ; elle devait 
encore penser au moment où ce germe, en se développant sous 
l'influence de l’incubation, aurait besoin de l’espace nécessaire à 
son accroissement, à ce moment où, prenant dans de petites 
dimensions , la Forme qu'il conservera durant son existence, et 
dans l'OEuf, et après sa sortie de ce corps, il devra remplir 
exactement l'intervalle circonscrit par sa fragile prison, et, par 
conséquent, la trouver en rapport avec la Forme à laquelle il 
sera lui-même alors assujetti. D’ailleurs, la grande Famille des 
Oiseaux devant, dans le système de la Création, être comme 
toutes les autres Familles Zoologiques, composée d’une quantité 
innombrable d'individus calqués sur le même type original, 
mais avec des modifications infiniment variées, qui devaient en 
faire autant d’Ordres, de Genres ou d’Espèces, la nature ne 
pouvait établir une figure uniforme ou invariable pour l’enve- 
loppe calcaire de ce produit Ovarien. Car, jamais le fœtus d’un 
Oiseau de proie, dont le caractère distinctif est d’avoir la tête 
et tout l'ensemble cervical d’un volume considérable et de forme 
globulaire, l'appareil sternal dans les mêmes proportions, et le 
corps trapu et ramassé, n'aurait pu se développer dans l’espace 
étroit et resserré d’une Coquille Elliptique, comme celle de 
l'OEuf du Grèbe, ou d'une coquille Ovoïconique, comme celle 
de l’OEuf du Pingouin. De même, le fœtus d’un Grèbe ou d’un 


68 DEUXIÈME PARTIE. 

Pingouin , dont un des caractères est d’avoir la tête, le sternum, 
ainsi que tout l’ensemble du corps on ne peut plus allongés, 
n'aurait pu atteindre son développement, toute proportion 
gardée, quant aux dimensions, dans la Coquille Sphérique des 
OEufs des Rapaces nocturnes, ou dans celle des OEufs de Gor- 
fou ou Sphénisque. La structure même du Sternum, nous le 
répétons, modifiée selon leurs différents modes de vivre, s’op- 
posait à l’uniformité de la configuration de leurs OEufs, laquelle 
est en quelque sorte subordonnée à celle de la charpente 
Ostéologique, et en suit toutes les variations, ainsi que l’a 
surabondamment démontré le Baron de la Fresnaye, dans le 
développement qu'il a fait de nos idées sur ce point (1), et qui 
est la démonstration la plus complète de notre Système (2), 
comme celui-ci est la consécration du système de de Blainville 
et de Lherminier. Nous ne nous étonnons que d’une chose, 
c'est que son Mémoire n’ait pas eu en France, dans les som- 
mités de la Science, l’écho qu’il devait avoir et qu'il méritait. 
Faut-il donc de toute nécessité que les idées nouvelles n'arrivent 
à la publicité que par la voie officielle de l’Institut ou du haut 
d’un Fauteuil Académique , pour produire la lumière dans notre 

pays! 

| Cest ainsi, pour en revenir à notre sujet, que la Forme 
Ovalaire, dévolue aux OEufs des Rapaces diurnes parmi les 
Accipitres, et à ceux des Procellaridés parmi les Palmipèdes, 
déjà en rapport avec la voracité des uns et des autres, se trouve 
également en rapport avec le caractère Zoologique plus impor- 
tant du développement du Sternum et de la crête sternale: et 


(1) Revue Zoolog. de la Soc. Cuvié. 1845. Comparaison des Œufs des 
Oiseaux avec leurs Squelettes, comme seul moyen de reconnaître la cause 
de leurs différentes formes. 

(2) Magasin de Zoolog. 1842. Ovographie Ornithologique , de la Forme 
de l'Œuf et des modifications qu'elle éprouve. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 69 


vient par là donner une sanction de plus au Système de de 
Blainville et de Lherminier. 

Ces rapports ne sont ni moins remarquables, ni moins 
conformes à ces principes chez les Oiseaux de haut-vol, tels 
que les Rapaces et les Grands-Voiliers Palmipèdes, d’une part; 
et les Trochilidés ou Oiseaux-Mouches de l’autre : les OEufs 
de ceux-là et de ceux-ci étant de Forme Ovalaire (excep- 
tionnellement Sphérique), ou de Forme ÆElliptique, chez ces 
derniers. 

Le caractère constant et spécial de la forme de l’OEuf se re- 
trouve même jusques dans deux Ordres bien différents de la 
Série , les Psittacidés, dont nous avons déjà parlé, et les Colom- 
bidés, Ordres si éloignés l’un de l’autre. Et cependant quoi de 
plus naturel que la Forme Ovalaire pour l'OEuf d'Oiseaux qui, 
comme les Perroquets, ont tout le système encéphalique et 
toutes les pièces sternales aussi développés qu'on les voit chez 
. les Rapaces! Et quant aux Pigeons, la nécessité même où les 
découvertes si ingénieuses et les raisons de de Blainville et de 
Lherminier ont mis les Ornithologistes d’en créer un Ordre à 
part, adopté depuis eux, ne justifie-t-elle pas la Forme Ovalaire 
départie à leurs OEufs ? 

D'un autre côté, les rapports de la Forme de l’OEuf entre les 
Rapaces Nocturnes et les Spéniscidés, n’ont pas moins de valeur 
relative en ce sens, que l'exception qui existe ici pour des Oi- 
seaux non seulement exclusivement nageurs, mais sous-marins, 
puisque les rames, dont leurs ailes remplissent les fonctions, leur 
servent plus que les membranes de leurs pieds , existe également 
dans la construction du Sternum, et semble contredire le prin- 
cipe d’après lequel l’aptitude au vol est en raison directe du déve- 
loppement du Sternum et de l’élévation de sa crête. Mais, comme 
l’observe fort bien Lherminier : « Il est vrai que les Pingouins 
» et les Manchots, qui ne volent que peu ou point, ont une 


70 DEUXIÈME PARTIE. 


» crête sternale beaucoup plus développée qu’elle ne semblerait 
» devoir l’être au premier coup d'œil; mais cette contradiction 
» n’est qu'apparente et s'explique, quand on songe que ces 
» Oiseaux, qui quittent peu la mer et qui y nagent submergés 
» à la façon des Poissons, avec lesquels on les confond quelque- 
» fois de loin, se servent de leur aîle comme d’une véritable 
» nageoire, et se meuvent dans un milieu bien plus résistant 
» que l'air. » 

On a remarqué que, dans notre Tableau, figurent seulement 
quatre des six Formes normales que l'étude des OEufs nous a 
fait reconnaître. Quant aux deux autres, les Formes Cylindrique 
et Elliptique, quoique bien caractérisées, elles peuvent, sans 
rien perdre de leur valeur réelle, n'être considérées, en compa- 
raison des quatre autres, que comme exceptionnelles, sous le 
rapport relatif au petit nombre de Familles auxquelles elles 
sont propres. 

Leur importance cependant n’est pas moins intéressante par 
le résultat auquel elles conduisent, car chacune d’elles vient 
confirmer le mode de procéder des Méthodes à peu près una- 
nimes. Ainsi les Tavons ou Mégapodes , et les Talégalles sont 
placés généralement dans la même Famille : la Forme des OEufs 
de chacun de ces Genres devient la consécration de ce classe- 
ment ; car ils sont de la Forme que nous avons appelée Cylin- 
drique, c'est-à-dire figurant une Ellipse allongée, comprimée 
par conséquent à son centre, et arrondie également à chacune 
de ses extrémités. | 

De même encore : les Pélicans, les Cormorans et les Anhingas 
sont placés dans la même Tribu. Or la Forme de leurs OBufs est 
d'une concordance parfaite avec ce groupement ; car ils sont de 
Forme Elliptique. 

Avant de quitter cet ordre de considérations tirées de la Forme 
de l’OEuf, telle que nous venons de l’envisager au point de vue 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 71 


Scientifique, et ainsi réduite à quatre figures ou Types normaux, 
nous croyons utile de consigner une observation. 

Il y a un fait de Zoologie remarquable, quant à la Forme de 
l’OEuf, et qui démontre combien elle est normale et se prête au 
vœu de la Nature dans le rang de la création ou apparition suc- 
cessive, à la surface du Globe, des différents Groupes des 
Oiseaux. C’est celui-ci : 

Si l’on veut, par exemple, abandonnant pour un instant la 
Classification Méthodique telle qu’elle est adoptée depuis l’ori- 
gine de la Science, et telle qu’on l’enseigne' aujourd’hui, la 
retourner, conformément à quelques idées philosophiques Alle- 
mandes, qui sont aussi celles de Toussenell, en commençant par 
le plus imparfait, le moins complet, et très-probablement le 
premier des Oiseaux de la création, le Sphénisque ou Gorfou , 
voilà ce que l’on observe au sujet de la Forme de l'OEuf, et en 
redescendant successivement aux Alcidés par les Podicepidæ ou 
Grèbes, et les Colymbidæ ou Plongeons. 

Les Spleniscidæ, qui sont les Impennes de M. Isid. Geoffroy 
Saint-Hilaire, et les Ptilopteri du Prince Ch. Bonaparte , ont leur 


Sphérique, pour parler comme le Baron de la Fresnaye. / 
De cette Forme on arrive à celle Elliptique par les Podicepideæ 
ou Grèbes. 


De celle-ci à la Forme Ovalaire allongée ou Ellipso-conique 


par les Colymbidæ ou Plongeons ; 

Et enfin à notre Forme Ovoiconique par les Alcidæ, c’est-à- 
dire par les Guillemots et les Pingouins. 

Il est impossible de voir une modification de Forme Oologique 
plus en rapport avec la modification de la Forme Zoologique. 

Or, si l’on réfléchit que la Forme primitive et génératrice de 
toutes les autres Formes produites ou données par la ligne 
courbe, est la Forme Globulaire ou Sphérique ; que cette Forme 


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OEuf de Forme Sphérique, inclinant parfois vers celle Ellipso- °°°" 


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72 DEUXIÈME PARTIE. 


est celle du produit Ovarien de la Famille de Vertébrés la plus 
rapprochée de la Classe des Oiseaux , des Chéloniens , par exem- 
ple, ou Tortues ; la conclusion à tirer de cette observation, est 
que l’idée Allemande pourrait bien avoir raison de la Méthode 
actuelle; et, dans tous les cas, c'est que la Forme de l'OEuf, 
chez les Oiseaux, a, comme élément de Classification, une 
importance que l’on ne saurait nier; en définitive , le résultat est 
le même, que l’on commence ou que l’on finisse la Série Orni- 
thologique par les Spheniscidæ, ces Phoques des Oiseaux, 
comme les appelle si bien le Prince Ch. Bonaparte. 

Tout ce que nous voulons prouver, c’est que tous les cas par- 
ticuliers que nous avons établis et démontrés, relativement à la 
Forme de l'OEuf, ont été prévus par la Nature; et que, pour 
arriver à son but, outre les modifications extérieures qu'elle a 
fait subir à chaque individu de la nombreuse Classe des Oiseaux, 
pour en différencier les Ordres, les Genres et les Espèces, elle 
leur en a fait subir d’intérieures, afin de rendre constante chez 
les individus de chacun de ces groupes la Forme nécessaire à 
leur germe, pour en faciliter et protéger l'accroissement ou le 
développement. 

Mais, par cela même que ces Formes sont nécessairement 
fixes dans toutes les Espèces d’un même Genre, ou dans tous les 
Genres d’une même Famille , chez lesquels elles se rencontrent, 
il ne s’en suit pas qu’elles ne puissent jamais éprouver aucune 
déviation : toute règle suppose quelque exception. Or, ces Formes 
au contraire ne sont pas sans varier et sans éprouver quelque- 
fois, mais dans des cas particuliers et assez rares, des altérations 
sensibles et même surprenantes, altérations qui ont souvent fixé 
l'attention des Savants; et dont il est facile, ainsi que le dit 
Buffon (!), de se rendre raison d’après l'histoire de la formation 


(4) ist. Nat des Ois. Coq. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 73 


‘de l'OEuf. En effet, ce corps étant le produit, le résultat d'un 
moule, il doit supporter les conséquences du mode de sa forma- 
tion, et être soumis à tous les accidents auxquels est exposé le 
moule même dont il reçoit la figure. 

Parmi ces altérations, celles-ci ont lieu durant le séjour de 
V'OEuf dans l’Oviducte; celles-là surviennent pendant ou après 
son expulsion de ce canal, et quand la Coquille encore molle et 
fraiche est assez souple pour céder soit à l'effort que quelque 
dérangement dans l’économie animale peut exciter chez l’Oiseau 
lors de cette opération, soit au contact des corps étrangers sur 
lesquels il dépose son Ouf, et est néanmoins assez ferme pour 
en conserver l'empreinte ou l'impression. 

! Ces altérations ou monstruosités atteignent l'enveloppe comme 
le contenu de l’OEuf. Elles peuvent se diviser en trois sortes, 
ainsi que l’a indiqué Guettard lui-même , se servant à cet égard 
de la classification proposée par Buffon pour les monstruosités 
chez l'homme : savoir, une pour l'enveloppe, et les deux autres 
pour le contenu , distinctions reproduites également par M. Mo- 
quin-Tandon (!), en d’autres termes, sous la dénomination 
d'Œufs monstrueux à l'extérieur et d'Œufs monstrueux à 
l'intérieur. Seulement, au lieu de parler d’abord, à l'exemple 
de Guettard , de ces dernières, c'est par elles, comme se rappor- 
tant moins à notre sujet, que nous terminerons. 

La première est une Monstruosité de Forme. Les OEufs aux- 
quels elle s’applique sont ou beaucoup plus, ou beaucoup moins 
allongés ou arrondis qu’ils ne le sont communément dans le 
groupe d’Oiseaux dont ils proviennent; ou prennent des figures 
bizarres et inaccoutumées ; ou offrent des empreintes singulières 
encore plus curieuses. 

La seconde est, si l’on peut s’exprimer ainsi, une Monstruosité 


(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 


74 DEUXIÈME PARTIE. 


en plus, ou par addition. Les OEufs qui y sont exposés renfer- 
ment deux Jaunes, ou deux Blancs; ou un ou plusieurs OEufs 
plus ou moins petits, ou des corps étrangers, ou ils ont une 
double enveloppe calcaire; ou ils sont d’une dimension beau- 
coup plus forte que d'habitude. 

La troisième est une Monstruosité en moins, ou par défaut ; 
c’est-à-dire, qu’il y a des OEufs qui sont d’une dimension beau- 
coup plus petite que celle qui leur est ordinaire; ou bien ils 
manquent d’une de leurs parties intérieures, ou de leur coquille; 
ou bien cette enveloppe reste membraneuse et ne prend aucune 
consistance. 

Ces trois sortes de monstruosités, dans les OEufs d’Oiseaux, 
ont de tout temps excité la surprise et l’étonnement du vulgaire 
qui, ami du merveilleux, leur attribue une cause surnaturelle ; 
les hommes instruits eux-mêmes n’y sont pas restés indifférents : 
et, quoique l'étude de ces accidents ne soit point d’un très- 
grand intérêt pour la Science, c’est cependant la partie de 
l’'Oologie Ornithologique la plus féconde et la plus ressassée, si 
l’on peut s'exprimer ainsi. Mais les Ouvrages qui en citent de 
nombreux exemples étant rares et peu répandus, nous ne 
croyons pas sortir de notre plan, en nous étendant légèrement 
sur cette matière qui ne peut manquer d’intéresser les Amateurs 
de Collections Oologiques. Si, malgré nos efforts, nous sommes 
encore prolixe, nous le devrons à l’abondance du sujet : car on 
conçoit qu’une fois la possibilité de semblables phénomènes 
admise et reconnue chez la Nature , elle en doit varier l'effet à 
l'infini, en telle sorte que cette mine, quelqu’exploitée qu'elle 
soit, sera toujours inépuisable pour les Savants et Les curieux, 
puisque son génie créateur n’a point de bornes. 

Il ne faut pas croire toutefois que ces difformités qui, jusqu'à 
présent , ne paraissent avoir été observées que dans les OEufs de 
la Poule, parce qu’en effet ce sont ceux qui, par leur multiplicité 


- CARACTÈRES OOLOGIQUES. 75 


et leurs usages dans l’économie domestique, sont le plus à la 
portée de tout le monde, ne soient propres qu'à ce Gallinacé. 
Elles se rencontrent également dans les OEufs de presque toutes 
les autres Espèces d’Oiseaux, et ne sont pas plus particulières à 
ceux de la Poule qu’à ceux de tout autre de ces Vertébrés. Si 
ces accidents semblent plus rares chez les Oiseaux en liberté, 
c’est que ceux-ci ont plus de moyens de se soustraire, eux et 
leur progéniture, aux observations importunes et destructives 
de l’homme, qui ne peut se les procurer qu'avec peine, qui 
éprouve encore plus de difficulté à les soumettre à ses expé- 
riences , l'indépendance étant le seul mobile et l’unique condi- 
tion d'existence de ces habitants de l’air. C’est ce qu'avait soup- 
conné Guettard , ainsi qu’il l’exprime dans ses Mémoires, mais 
ce dont, à son grand regret, il n’a pu parler, les exemples lui 
manquant à cet égard. 


MONSTRUOSITÉ DE FORME. 


La Monstruosité de Forme provient de quatre causes diffé- 
rentes : La première, la plus naturelle et la plus fréquente, 
d’une lésion intérieure occasionnée par la pression plus ou 
moins régulière qu'éprouve l'OEuf recouvert de la matière 
calcaire, lors de son passage dans les longs ct irréguliers re- 
plis de l’Oviducte, et à l’orifice de ce canal. — La seconde, de 


la faiblesse et du peu de résistance des ligaments destinés à 
retenir les embryons des jaunes à la grappe de l'Ovaire , faiblesse + 
qui, chez quelques individus, est telle que l’OEuf, lorsqu'il vient ”- 


de se détacher de la grappe pour compléter son développement 
et sa formation, emporte avec lui, au lieu de s’en séparer, le 
pédicule par lequel il est jusque-là resté retenu. — La troisième, 


d’une surabondance de matière calcaire. — Et la quatrième, pu- , 


rement extérieure , déterminée, à la surface de la Goquille encore 
molle, par le contact des différents objets sur lesquels est déposé 


4444 


76 DEUXIÈME PARTIE. 
l'OEuf à l'instant de la ponte, souvent même par le contact du 
corps de l’Oiseau qui l’a pondu. 

Ainsi on voit des OEufs affecter la forme d'un Croissant, celle 
d'une Poire plus ou moins étranglée vers le centre en se termi- 
nant en Spirale; on en voit représenter à l’un de leurs bouts 
une Couronne ou un Turban; on en voit enfin d’autres figurer 
sur leur Coquille, tantôt en creux, tantôt en relief, l'empreinte 
d’une Comèête, d'un Soleil, d’une Etoile, d’un Serpent, etc. 
Mais ces variétés de Forme se rapportant toutes à une des quatre 
causes que nous venons d'indiquer, nous classerons les exem- 
ples que nous allons citer suivant l’ordre dans lequel nous avons 
énoncé les causes auxquelles ils doivent leur existence. 


Exemples de Monstruosité de Forme due à une lésion 
intérieure. 


Garmannus (Garmann) (1) cite un petit OEuf de Poule repré- 
sentant exactement une poire. 

Gerbesius (Gerbes) (2) nous a transmis la figure d’un OEuf de 
Poule, de la grosseur d’un OEuf de Tourterelle, mais plus allongé 
et de Forme demi-cireulaire. 

Notre Collection renferme un OEuf de Pigeon, offrant une 
Forme à peu près semblable, mais dans des conditions inverses : 
il est de la longueur d’un OEuf de Poule ordinaire. et représente 
un Cylindre recourbé presque en forme de croissant, mais avec 
un renflement vers le milieu de son développement, qui rend 
plus sensible le rétrécissement de ses deux extrémités arrondies 
et à peu près égales; ce renflement du reste a le diamètre ha- 
bituel des OEufs de Pigeons domestiques. Cet OEuf nous a été 
donné en 4849 par M. Gerbes; nous en devons un semblable, 


(1) Miscellanea Curiosorum, ete. 1670, obs. 140. 
(2) 1d., 1697-1698, obs. 138. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. ri 


mais de Poule, à l’obligeance de Mme Boulez, de Laulnay, près 
de Nogent-le-Rotrou. 

Nous avons vu, il ya plus de vingt ans, chez M. Flor. Prévost, 
qui dirige avec tant de zèle le Laboratoire du Muséum d'Histoire 
Naturelle de Paris, un OBuf de Faisan argenté provenant du 
Cabinet de Dufresne, l’ancien Gardien de cet Établissement, qui, 
dans des dimensions beaucoup plus petites que celles ordinaires 
aux OEufs de cet Oiseau, représentait aussi une espèce de 
Cylindre, mais étranglé au tiers de sa longueur. 

Il existe au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris deux OEufs 
d’Autruche qui ont les dimensions ordinaires aux OEufs de ce 
Bipède emplumé, mais dont la Coquille a subi, lors de la ponte, 
une altération remarquable quant à son aspect. Il semble que 
cette enveloppe, étant molle encore, ait été régulièrement en- 
tourée par les replis sinueux d’une corde contournée sur elle- 
même de manière à dessiner des lozanges, et se soit séchée dans 
cette position ; que la corde ôtée, les parties de la Coquille sur 
lesquelles elle était appliquée en aient retenu l’empreinte, et que 
celles qui n'étaient pas soumises à cette épreuve aient, relative- 
ment aux autres parties, conservé une apparence convexe et 
rebondie : cette bizarrerie, regardée à tort comme artificielle, 
nous paraît due plutôt à une élaboration pénible des voies ovi- 
ductrices. 

Nous avons possédé (1) trois OEufs de Poule de la même bizar- 
rerie de conformation , dans des degrés différents, sauf que les 
portions restées creuses , dans l’OEuf d’Autruche, sont en relief 
dans ceux-ci; et un OEuf de Dindon offrant une anomalie de ce 
genre tout aussi extraordinaire : ses dimensions sont celles habi- 
tuelles, sa Forme peu régulière dans son ensemble , mais il pré- 
sente dans son pourtour, depuis un bout jusqu’à l’autre, une 


(1) Dans notre première Collection, aujourd’hui au Musée de Philadelphie. 


78 DEUXIÈME PARTIE. 


série continuelle de sinuosités assez profondes , qui démontrent 
qu’il n’a pu sortir du cloaque qu'en tournant plusieurs fois et 
avec peine sur lui-même. Ces conformations diverses ne sau- 
raient guère s'expliquer que par un vice dans la structure de 
l’Oviducte. 

D’autres OEufs, par leur conformation et l'espèce de pli appa- 
rent à la partie intermédiaire de leur Coquille, figurent deux 
moitiés inégales de Coquilles d’OEufs réunies de manière à n’en 
former qu’une seule. Nous avons eu dans notre Collection deux 
OEufs de petite Poule Anglaise qui, dans des dimensions très- 
exiguës, offrent des exemples de cette singulière configuration. 

Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en a également un 
provenant d’une Tourterelle à collier gardée dans une volière ; 
mais qui, pour la Forme, diffère un peu du précédent. 

Cette conformation accidentelle a lieu lorsque l’OBuf sortant 
de l’Oviducte, après s'être pourvu de carbonate calcaire, se 
trouve tout à coup arrêté par une contraction de ce canal, due 
soit à un trop grand échauffement de l’animal, soit à un rétré- 
cissement ou fortuit, ou naturel, de cet organe lors d’une pre- 
mière ponte. Dans cette position, toutes les parties de la Coquille 
ne peuvent se durcir en même temps, la portion qui se trouve 
chassée et exposée à l’air extérieur, est la première qui passe à 
l'état d’indurescence ; la dernière portion ne se durcit à son tour 
que lorsque, cédant à l'effort qu’a fait l’Oiseau pour se débar- 
rasser, elle est sortie du Vagin; et c’est quand le dernier refroi- 
dissement s’en est opéré que la Coquille présente , à l'endroit où 
se sont fait sentir la contraction et le temps d'arrêt, l'empreinte 
d’une espèce de fissure ou de pli. 

Nous rangeons dans la même catégorie, et malgré l’expli- 
cation qu’en donne le savant observateur, l’exemple cité par 
M. Hardy, d'un OEuf de Grue cendrée, de sa Collection, portant 
la trace, maintenue par la soudure , d’une semblable déchirure 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 79 


transversale qui prend le tiers de la petite circonférence de 
l'OEuf (1). 

Quelquefois la même cause agit d’une manière différente , et 
l'OEuf, en conservant sa Forme et ses dimensions naturelles, 
présente à sa partie intermédiaire et dans toute sa circonférence 
l'apparence en relief, d’une zône ou véritable soudure; la 
coquille est même beaucoup plus épaisse en cet endroit que par- 
tout ailleurs : ce qui indique que l’OEuf, au lieu d’avoir, comme 
dans le cas ci-dessus, cédé à une contraction ou à un gonflement 
des parois de l’Oviducte, y a au contraire résisté ; et que cette 
résistance a provoqué à l'endroit où elle s’est fait sentir une 
agglomération, parfois très-perceptible, de la matière calcaire. 

Nous avons possédé trois exemples de cette conformation par- 
ticulière dans deux OEufs de Poule et dans un OEuf de Pintade 
domestique. Mais ce dernier, ainsi que l’un des deux OEufs de 
Poule, beaucoup plus gros que ceux ordinaires à ces Espèces, 
offraient à l'intérieur une autre singularité dont nous parlerons 
plus bas : ils renfermaient chacun deux Jaunes et deux Blancs , 
autant que nous en avons pu juger par la nature et la quantité 
de la matière que nous en avons retirée, en les insufflant de la 
manière accoutumée, après les avoir percés d’un petit trou à 
leurs deux extrémités. Nous eussions pu, pour plus de certitude, 
nous y prendre différemment , afin d’en extraire la matière dans 
son intégrité; nous n'avons préféré le premier moyen que 
comme le moins susceptible de détériorer la coquille dont la 
conformation nous avait paru curieuse. 

Deux autres exemples de difformité survenue à un OBuf de 
Faisan à collier et à deux OEufs de Fauvette à tête noire (Cur- 
ruca atricapilla) se trouvaient encore dans notre Collection. Le 
premier est tellement altéré dans sa configuration, que vu par 


(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857. 


80 DEUXIÈME PARTIE. 


une de ses faces, il n’a point forme d'OEuf. Quant aux deux 
autres, l’une de leurs faces est régulière et ne présente la trace 
d'aucune altération ; mais la face opposée est sensiblement con- 
cave dans l’un et aplatie dans l’autre. 

M. Moquin-Tandon (!) cite un OEuf de Bruant Proyer (Cyn- 
chramus miliarius) auquel était survenue une déviation de ce 
genre, dont il a donné le dessin sans couleur. Cet observateur 
l'avait trouvé dans un nid, en 4822, au milieu de six petits nou- 
vellement éclos; il ne renfermait ni jaune ni germe. 

Enfin, parmi les OEufs de Poules, on en voit de Sphériques, 
d'Ovalaires, de Cylindriques , d'Ovés, d’Ovoïconiques et d’Ellip- 
tiques, toutes variations de Forme qui dépendent de la difficulté 
plus ou moins grande qu’a éprouvée l’OEuf à sa sortie du corps 
de la Poule, et non comme le voudrait M. Hardy, de la situation 
plus ou moins verticale ou horizontale de l’Oiseau , au moment 
du passage de l'Œuf dans le conduit oviducteur. 


Exemples de Monstruosité de Forme due à la faiblesse de 
constitution de l’Ovaire et de ses annexes, ou Monstruosité 
Pédiculaire. 


Un des plus extraordinaires est celui cité par Gabreliep (?). 
C'est un OEuf de Paon, pondu en 1697, de Forme arrondie ou 
Sphéroïdale d'abord; puis se terminant au petit bout en un 
appendice assez ressemblant aux trois phalanges à demi recour- 
bées d’un doigt de main d'homme de grandeur naturelle. Il a 
joint à sa description la figure de ce phénomène. Cet appendice 
n’était probablement autre chose que le pédicule par lequel cet 
OEuf était attaché à l’Ovaire, et qui, ainsi que cela s’est vu 
plusieurs fois, ayant été entrainé par l’OEuf et arraché de la 
Grappe, avait été surpris et recouvert par la matière calcaire 


(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 
(1) Miscell. Curios. 1697-1698, obs. 164. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 84 
comme partie intégrante du corps à l'enveloppe duquel elle 
concourt. 

Garmannus (Garmann) (t) décrit un OEuf de Canard domes- 
tique, pondu en 4670, qui se terminait en une espèce de queue, 
dont la cause ou l’origine était la même. 

M. Moquin-Tandon (?) a donné la représentation d'un OEuf 
semblable, provenu d’un Pinson ordinaire (Fringilla cælebs). 

M. Jules Delamotte, d’Abbeville, en possède un d’Oie com- 
mune (Anser), dont le pédicule recouvert de matière calcaire a 
près de huit centimètres de longueur. 

Rommelius Cleyerus (Rommel Cleyer) (3) a donné la figure 
d’un OEuf de Poule recourbé en forme de crochet à son petit 
bout. 

Guettard (4) dit avoir remarqué dans la Collection d’OEufs de 
Réaumur, deux OEufs de Poule qui étaient très-allongés par le 
petit bout, et d’une grosseur peu considérable. L'un n’était 
guère plus volumineux qu’une très-grosse Cerise; l’autre qui 
avait souffert un étranglement aux deux tiers de sa longueur. 
ressemblait par le petit bout à un‘de ces vaisseaux de Labora- 
toire de Chimie qu’on appelle Gucurbites ou Cornues. 

Nous possédions un OEuf de Poule qui, pour la Forme, se 
rapporte beaucoup à cette dernière. Il nous avait été procuré 
par M. Henri Marcilly, d’Anglure-sur-Aube, qui s’occupait alors 
avec zèle d'Oologie. Cet OEuf qui, après un assez long temps, 
s’est brisé par accident, nous a démontré qu’il ne renfermait 
qu'un léger filet d'une substance jaunâtre, noyée dans une 
quantité d'albumine suffisante pour enduire les parois intérieures 
de la coquille, sans en remplir la capacité. Ce dernier liquide 


(1) Miscell. Nat. curios. an. 1670, obs. 140. 

(2) Ann. de la Soc. Lin. de Paris, 1824. 

(3) Misc. Nat. cur. an. 1686, obs. 147. 

(4) Mém. sur diff. part. des Sc. et Arts, T. 5. 1783. 


+! 


82 DEUXIÈME PARTIE. 

est, comme on le sait d’ailleurs, le seul que contiennent ordi- 
nairement ces sortes d'OEufs, ainsi que les OŒEufs nains de 
Poule , autrement dits OŒEu/s-de-Coq. 

Notre Collection renfermait encore un OEuf dont la conforma- 
tion se peut rapporter au genre d’anomalie qui nous occupe. 
C’est un OEuf de Cane domestique (Anas domestica) du tiers 
de la grosseur des OEufs ordinaires à cette Espèce : sa Forme est 
Ovalaire, et celui de ses bouts que l’on doit considérer comme 
celui qui est sorti le premier de l’anus, est entouré par une 
bande ou sorte de ruban de la même matière que celle qui 
compose sa coquille, et de la même couleur, ayant son point 
de départ au centre même de ce bout de l'OEuf. Cet appendice 
ressemble tout-à-fait à une superfétation, n’était qu’il n’y a au- 
cune solution de continuité entre son point de départ et le bout 
de l'OEuf, dont il n’a l’air que d’être le complément contourné 
en forme de Ruban. On ne peut cependant l'expliquer que 
comme provoqué par le pédieule qui, demeuré fixe à la tunique 
membraneuse de l’'OEuf, a entrainé après lui ou repoussé devant 
lui, un excédant de la matière calcaire, à laquelle sa ténuité, ou 
le peu de surabondance de cette matière, si ce n’est le hasard, 
a fait prendre cette singulière disposition. 

À cette catégorie appartiennent les exemples cités par 
M. Hardy, de Dieppe, pour les OEufs d’Eider, dont « certains, 
» dit-il, ont vers leur tiers supérieur un renflement circulaire 
» en forme de bourrelet. » Il en possède même un quien a 
quatre ou cinq (1). 


Exemples de Monstruosité de Forme, due à une surabondance 
de la matière calcaire. 


Valmont de Bomare (?) nous apprend que l’on gardait dans le 
Cabinet de Chantilly, dont il était le Conservateur, un OEuf de 


(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857. — (2) Diction. d'Hist. natur., Vo Œuf. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 83 


Poule de Caux, gros comme celui d’une Poule-d’Inde (Gallo- 
pavo); la coque blanche, mince et peu dure était recouverte 
d’une espèce de substance crétacée et de l'épaisseur de quatre 
lignes. 

Lapierre (!) conservait dans son Cabinet un OEuf de Poule, 
dont la substance calcaire surabondante, et dans l’état de mol- 
lesse, s'était répandue à la surface de la Coquille, de telle ma- 
nière que, dans le prolongement de ses contours, elle imitait 
parfaitement un Bonnet de Liberté (Bonnet Phrygien) relevé en 
bosse. L'intérieur des sinuosités était rempli par l’Albumine ; 
le Jaune occupait sa place ordinaire. 2) en 


Exemples de Monstruosité de Forme due au contact d'objets 
extérieurs. 

Une des Planches de l’Histoire des Monstres d'Aldrovande 
représente un OEuf de Poule, sur la coquille duquel se distingue 
un trait sinueux, qui peut être assimilé à un Serpent ou à tout 
autre Reptile dont le nom se présente à l'imagination. 

Cleyerus (Cleyer) (?) a donné la figure d’un OEuf de Poule, 
pondu en 1679, représentant également sur sa coquille l’appa- 
rence d’un Serpent. 

Reiselius (Reïsel) (3) parle d’une Poule qui, dans une petite 
Ville du Duché de Wurtemberg, pondit en 4683, un OEuf | 
représentant si bien la forme d’un Turban, qu’on l'aurait cru 
sculpté par la main d’un habile artiste; il prétend même que 
cette Poule en pondit à la même époque un second presque 
semblable. 

Gockelius (Gockel) (?) donne la figure d’un OEuf de Poule, 


(1) Notes et Observ. et Hist: nat. de Buffon. Ed. de Sonnini. 
(2) Miscell. Curios. 1682, obs. 16. 

(3) 1d. 1683, obs. 119. 

(4) 1. 1687, obs. 198. 


84 DEUXIÈME PARTIE. 


pondu en 4642 à Ulm, représentant sur sa Coquille comme 
un cercle de rayons assez semblables à ceux Aont quelques Pein- 
tres ornent la tête du Soleil, quand ils représentent cet astre 
sous la forme humaine. 

Cleyerus (Cleyer) (1) et Manesse (?) en ont figuré, chacun, un à 
peu près semblable. Un autre OEuf, présentant le même phéno- 
mène , existait en 4833 au Musée du Mans. 

Il nous parait bien évident que ces bizarreries, surtout les 
deux dernières, sont dues à l’Animal même qui, après avoir 
pondu l’OEuf, a appliqué sur sa coquille fraîche et molle son 
anus , dont l'empreinte s’y est ainsi fixée. 

Un OEuf de Canard de Barbarie (Carina moschata), qui se 
trouvait dans notre Collection, offre le commencement et 
comme la transition de cette monstruosité. 


MONSTRUOSITÉ EN PLUS OU PAR ADDITION. 


La Monstruosité en plus ou par addition tient à des causes 
aussi variées que les accidents qui en résultent. Elle se présente 
de deux principales manières, et avec des phénomènes diffé- 
rents. Au nombre et au premier rang de ces phénomènes, figure 
celui de deux Jaunes renfermés dans la même coquille; vient 
ensuite celui d’un OEuf à double coquille ou d’un Ouf renfermé 
dans un autre. 


Exemples du premier genre. 


Les phénomènes de ce genre s’observent assez fréquemment, 
et n’ont encore été remarqués, par les Auteurs, que dans les OBufs 
de la Poule, et ces OEufs, dans ce cas , sont presque toujours, 
quoiqu'en ait dit Guettard , monstrueux quant à leurs dimensions. 


(1) Miscell. Curios. 
(2) Oologie. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 85 


Hagendorn (1) cite une Poule que l’on conservait avec soin, 
dans une petite ville d'Allemagne, en 1674, qui pondait assez 
souvent des OEufs renfermant deux jaunes, et d’une grosseur 
égale à celle des OEufs d'Oie. 

Nous avons conservé la Coquille entière d’un de ces OEufs, 
dont le volume approche de celui d’un OEuf de Dinde. 

Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en a un encore plus 
gros. 

Il n’est point vrai, ainsi que l’a avancé l’Auteur de l'Article 
Œuf, inséré dans la Grande Encyclopédie, qu'il n’y ait que les 
Oiseaux domestiques qui pondent de ces sortes d’OEufs. Cette 
assertion est le résultat d’une erreur occasionnée par l'habitude, 
où l’on est généralement, d'étudier l'Histoire Naturelle dans le 
Cabinet, et non dans la Nature; sur les Animaux que nous avons 
pliés à nos goûts, soumis à nos usages, et non sur les Animaux 
livrés à leur propre instinct. 

Les mêmes phénomènes se reproduisent et doivent se repro- 
duire chez les autres Oiseaux en état de liberté. Nous en avons 
possédé un exemple remarquable : c'est un OEuf de Moineau 
(Passer domesticus) monstrueux par sa grosseur, qui est presque 
celle d’un OEuf de Merle; il renfermait deux jaunes et deux 
blancs. 

Plusieurs Naturalistes, Harvey (2) d’abord, puis Segerius 
(Séger) (3), Parmentier ensuite (4), ont donné l'explication de ce 
phénomène. Il arrive lorsque deux jaunes également mürs, après 
s'être détachés simultanément de l’Ovaire, passent dans le canal 
de l'Oviducte pour s’y pourvoir chacun de son Albumen ; et que, 
cette opération terminée, leurs deux globes en contact empé- 


(1) Miscell. Curios. ann. 1671. Obs. 241. 

(2) Exercitationes de Generatione Animalium. 
(3) Miscell. Curios. ann. 1672. Obs. 188. 

(4) Nouv. Diet, d'Hist. Natur. 1803. 


86 DEUXIÈME PARTIE. 
chant la matière caleaire de circuler et de s’épancher librement 
autour de chacun d’eux, ils en reçoivent une enveloppe com- 
mune. 

Tantôt on ne trouve dans ces OEufs monstrueux qu’un seul 
Jaune et deux Blancs, tantôt même deux Blancs sans Jaune. 

Buffon (l) donne en ces termes succincts l'explication du cas 
de deux Jaunes : « Cela arrive lorsque deux OEufs également 
» mûrs se détachent en même temps de l’Ovaire, parcourent 
» ensemble l'Oviductus, et, formant leur Blanc sans se séparer, 
» se trouvent réunis sous la même enveloppe. » 

Berge, de son côté, en donnant l'explication suivante, au 
moins quant à ceux qu il avait observés, cite un autre cas : 

« Ces sortes d’OEufs sont ordinairement plus grands , et de 
» Forme allongée. Il se peut faire aussi que chacun des Jaunes 
» soit enveloppé du Blanc; si alors la coquille s'empare d’abord 
» du second ou dernier venu, l’autre est repoussé en bas, entre 
» dans le rectum, et vient au jour sans coquille et sans autre 
» enveloppe que ses peaux. » 


Exemples du second genre. 


Si la Poule n’est pas le seul Oiseau chez lequel s’exécutent 
ces jeux de la Nature, il faut avouer qu'ils se reproduisent plus 
souvent et avec des formes plus variées, chez cet Oiseau que 
chez tout autre : ce que l’on doit attribuer au changement qu’ap- 
porte à sa manière habituelle de vivre et de se nourrir la capti- 
vité à laquelle il a été assujetti, et, pour ainsi dire, accoutumé 
par l’homme, et peut-être plus encore, comme le dit M. Moquin- 
Tandon , à l’excessive lubricité du mâle dans cette Espèce ; quoi- 
que, toutes choses égales d’ailleurs, les mêmes déviations ne 
s’observent pas chez notre Moineau (Passer domesticus). 


(1) Hist. Nat. des Oiseaux. — Coq. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 87 

Ainsi, il n'y a jusqu’à présent, à une seule exception près, 
que la Poule qui ait donné l'exemple d’OEufs à double coquille, 
et d'OEufs renfermés dans un autre. Ges exemples se sont même 
répétés plusieurs fois de loin en loin. 

Albert-le-Grand (1) est le premier qui les ait observés. 

Cardan (2?) n’en a parlé que d’après lui. 

Le célèbre Harvey (3) rapporte avoir vu un OEuf fort petit que 
l'on avait retiré d’un OEuf ordinaire de Poule, dans lequel il se 
trouvait renfermé et avait été formé; il ajoute même qu'il le 
montra, en présence d’un grand nombre de spectateurs, au Roi 
d'Angleterre. Du reste, il emploie tout son talent à expliquer la 
manière dont peut s’exécuter ce phénomène. 

- Bartholinus (Bartholin) (4) parle d’un OEuf qui lui fut apporté 
par un paysan en 4669, et qui en renfermait un autre d'une 
Forme à peu près quadrangulaire. 

Jungius (Jung) (5) rapporte que, le 49 juin 4674, sa servante, 
en brisant des OEufs de Poule, pour les besoins de sa cuisine, 
en ouvrit un entre autres renfermant, outre son Albumen et son 
Jaune d’une fort belle couleur, un autre OEuf tout petit, couvert 
d’une Coquille blanche et dure, qui contenait un Albumen et un 
Jaune, avec ses deux Chalazes, enfin, en tout, à part ses dimen- 
sions exiguës, conforme aux autres OEufs. Il fait suivre sa rela- 
tion d’une discussion sur les causes d’un pareil phénomène, et 
en arrive à conclure à peu près de la même manière qu'Harvey. 

Un fait semblable nous est arrivé, il y a une quinzaine 
d'années , et nous avons conservé le petit OEuf dans notre Col- 
lection. 


(1) Opera. 

(2) De rerum Varietate. 

(3) Exercit. de Gener. Anim. 

(4) Miscell. Gurios. ann. 1670, obs. 36, et Scholion. 
(5) Miscell. Curios. an. 1671, obs. 250. 


s8 DEUXIÈME PARTIE. 


Velschius (Velsch) (!) rappelle qu’un exemplaire du même 
phénomène existait dans la Collection d’un Médecin Allemand 
nommé Guetius. 

Lachmundius (Lachmund) (2) cite une observation faite sur 
un OEuf d'Oie extraordinaire. « On trouva, dit-il, au mois 
d'octobre 4669, dans le corps d’une Oie qu’on +enait de tuer, un 
OEuf qui, suivant lui, aurait dû être pondu quelques mois plus 
tôt. Il était de la grosseur habituelle des OEufs d’Oie , mais semé 
de rugosités et muni d’une double membrane; c’est-à-dire que 
la Coquille était recouverte extérieurement d’une membrane 
semblable à celle dont elle était revêtue intérieurement. Ce qui 
peut donner à supposer avec raison, que si cette Oie eût vécu 
plus longtemps, elle aurait pondu son OEuf avec une double 
Coquille. » 

On trouve encore un exemple d'un OEuf renfermé dans un 
autre, cité dans les Mémoires de Physique et de Médecine. 
Bebr (3) dit qu'ayant ordonné un lock à un de ses malades, dont 
il donne le nom, la servante chargée de le préparer fut surprise, 
en cassant un des OEufs qui devaient entrer dans cette composi- 
tion, d'y apercevoir, ogtre le Blanc et le Jaune, un autre OEuf 
également recouvert de sa Coquille , et qui fut trouvé renfermer 
les mêmes liquides que les autres OEufs. Ces deux OEufs furent 
déposés ensuite dans la Collection d’un Docteur Samson. 

Esholtius (Esholt) (4), au même Recueil , parle également d'un 
Ouf qui fut trouvé dans un autre OEuf; mais cet OEuf, outre 
qu'il était de la grosseur d’une Aveline , n’avait pas été recouvert 
de sa Coquille : ce tégument était remplacé par la pellicule qui 
lui sert ordinairement de soutien. | 


(1) Miscell. Curios. an. 1672, obs. 32. 
(2) Miscell. Curios. an. 1673, obs, 187. 
(3) Acta Physie. Medic. Vol. 6, obs. 82. 
(4) Acta Physie. Medic. Vol. 3, obs. 80. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 89 

Petit a fait de ce phénomène l'objet d’un Mémoire, lu à l'Aca- 
démie des Sciences de Paris, en 4741, et dont Buffon (1) présente 
le résumé en ces termes : « Si, par un accident facile à supposer, 
» un OEuf détaché depuis quelque temps de l'Ovaire, se trouve 
» arrêté dans son accroissement , et qu'étant formé autant qu'il 
» peut l'être, il se rencontre dans la sphère d’activité d’un autre 
» OEuf qui aura toute sa force, celui-ci l’entrainera avec lui, et 
» ce sera un OEuf dans un OEuf. » 

On a fait voir à la même Académie, en 1745, un OEuf de 
Poule-d’Inde, dans lequel était un autre OEuf garni de sa Coque. 

Guettard (2?) rapporte que de Réaumur en avait deux, dans son 

Cabinet, qui en renfermaient chacun un dans leur intérieur. 
L'un lui avait été apporté de Besançon par Cassini, l'autre lui 
avait été envoyé par un de ses amis, et était presque entière- 
ment rond. Un troisième , encore plus cuyieux que ceux-ci, en 
renfermait un amas de petits ayant tous leurs coquilles; il n’était 
pas plus gros qu'un OŒuf de Pigeon, quoiqu'il eût été ponau par 
une Poule de Caux. Cet OEuf, ayant été couvé pendant vingt 
jours infructueusement, fut ouvert : on observa qu'il n'avait 
jamais eu de Jaune, et qu’il ny était resté de Blanc que ce qui 
était suffisant pour en enduire les parois intérieures. 

Enfin nous trouvons un nouvel exemple de ce fait d’un OEuf 
dans un autre, dans la Lettre suivante de M. le Baron de Moro- 
gues (2), adressée à M. Guérin Meneville , l’habile directeur de la 
Revue et Magasin de Zoologie pure et appliquée, etc. 

« Monsieur, 

» Veuillez permettre à un de vos abonnés de vous communi- 
quer un fait Ovographique qui lui a semblé de nature à pouvoir 
intéresser les Savants. 


(1) Hist. Natur. des Ois. — Coq. 
(2) Mém. sur différ. part. des Sc. et Arts. T. 5. 1183. 
(3) Rev. et Magas. de Zool. Juin 1853. 


90 DEUXIÈME PARTIE. 

«Il s’agit d’un Ouf de Poule à coque dure et de la grosseur 
et de la longueur d’un OEuf d'Oie ordinaire , à cela près qu'il 
est plus renflé sur son centre et plus aigu vers les pointes. Cet 
OEuf, remarquable par sa grosseur, en renferme un autre, qui 
est gros comme un OEuf de Poule ordinaire, ayant une coque 
encore plus dure que celle du premier. 

» Ces deux OEufs, renfermés l’un dans l’autre, contiennent , 
le plus gros une dissolution d’albumine, au milieu de laquelle 
surnageait le plus petit. Ce dernier m'a offert tous les caractères 
externes et internes de l’OEuf ordinaire. 

» J'ai vidé avec soin ces deux OEufs et les conserve avec pré- 
caution au milieu d’une petite Collection Ovographique que je 
me suis créée. Je me trouve ainsi à même de produire ce phé- 
nomène aux yeux de ceux qui pourraient douter. 

« La Poule dont provient cet OEuf vit dans ma basse-cour, et 
mit vingt-quatre heures à le pondre. Depuis ce moment, je l’ai 
fait observer, et n’ai rien obtenu de semblable. » 

La citation de cette Lettre dans la Revue est accompagnée de 
l’annotation suivante de M. le Baron H. Aucapitaine qui, dans 
le temps, était venu admirer et consulter notre riche Collection 
Oologique : 

« Ayant eu occasion de lire l’intéressante Note de M. le Baron 
de Morogues, nous croyons devoir dire qu’il existe au Musée 
Zoologique de La Rochelle un OEuf identique qui n’est pas un 
des échantillons Ovographiques les moins curieux de cette Gale- 
rie : et M. O. des Murs nous a dit que ce fait se répétait quelque- 
fois. » 

Ce n’en est pas moins , pour la dimension de l’OEuf intérieur, 
le plus bel exemple de ce phénomène venu à notre connaissance. 

Les OEufs en effet qui en contiennent un autre sont communé- 
ment semblables aux OEufs ordinaires pour la Forme et la gros- 
seur, mais celui qu'ils renferment est le plus souvent du volume 


CARACTÈRES OOULOGIQUES. M 
ou d’un OEuf de Tourterelle, ou d’une petite Olive plus ou moins 
arrondie, et recouvert d’une Coquille de même nature que celle 
des autres OEufs. Il n’y a jusqu’à ce jour d’autre exception à 
cette observation générale que celle rapportée par Bartholin, 
que nous avons citée tout-à-lheure, et celle de M. le Baron de 
Morogues. Il en est autrement des OEufs à double coquille. La 
première enveloppe de ceux-ci ayant presque toujours des di- 
mensions plus fortes que d'habitude , il en résulte que la seconde 
enveloppe se trouve naturellement réduite, ou à peu de chose 
près, aux dimensions ordinaires. 

C'est ici le lieu, à propos de Monstruosité en plus ow par 

addition, de dire un mot d’une autre monstruosité , qui n’est 
pas absolument étrangère à celle-ci, et à qui nous refusons for- 
mellement l’origine qu’on prétend lui attribuer. Nous voulons 
parler de celle que présente quelquefois,et très-rarement la co- 
quille de certains OEufs, sur laquelle on remarque des parties 
d’Insectes plus ou moins complets saillir en relief. 
_ Nous ne connaissons que deux exemples de cette bizarrerie : 
l'un d’un OEuf de Poule, cité par le père Aubert, de Caen, dans 
les Mémoires publiés par l'abbé Rozier (1). Un Hanneton (Welo- 
lontha vulgaris) avait les pattes et la tête tellement enclavées 
dans la coquille, qu’elles paraissaient, pour ainsi dire , identi- 
fiées, incorporées avec elle. L'autre, cité par M. Moquin- 
Tandon (?}, d’un OEuf de Cane, dont la coque était incrustée 
d’un Insecte assez gros, dont plusieurs parties étaient restées en 
relief, et qui paraissait être un Coléoptère du Genre des Py- 
melées. 

Ces deux observateurs n'hésitent pas à penser que ces Insectes 
n’aient été pris ainsi dans l'épaisseur de la coquille qu’après 


(1) Mémoires d'une Socièlé célèbre. T. IL. 
(2) Annales de la Soc. Linn. de Paris. 1824. 


92 DEUXIÈME PARTIE. 

avoir subi l'épreuve de la digestion. Le dernier ajoute même que 
« les Canards, plus que tous les autres Oiseaux doivent être 
» sujets à donner de ces OBufs difformes, parce qu'ayant le bec 
» large et aplati, ils peuvent avaler sans distinction des ali- 
» ments qu'il leur est ensuite difficile de pouvoir digérer. » 

Sans doute, à la rigueur, sans méconnaître absolument les 
lois de l’Anatomie des Oiseaux, on peut supposer qu’un objet 
avalé par ces animaux puisse, à la longue, passer digéré ou 
non de l’estomac dans l’Oviducte. 

Il nous est, pour nous, beaucoup plus simple et plus naturel 
de penser que les Insectes dont il s'agit se seront trouvés au 
moment de la ponte à l’endroit même où posait l'anus de l'Oi- 
seau, et auront ainsi été surpris par la matière calcaire encore 
molle de l’OEuf, dans laquelle, en se débattant ils se sont plus 
ou moins profondément incrustés, et ont été retenus par l'effet 
du réfroidissement presque instantané de cette matière. 

Cette explication pourra ne point satisfaire les amis du mer- 
veilleux ; mais nous la croyons tout aussi vraisemblable et plus 
naturelle que l’autre. Ces cas ne peuvent en aucune manière être 
assimilés à ceux où il s’agit de corps étrangers renfermés dans 
le Blanc ou dans le Jaune de l'OEuf, enfin, dans l’intérieur 
même, et non uniquement dans l'épaisseur de la coquille, et 
dont l'explication nous paraît plus susceptible de sérieuse con- 
troverse. 


MONSTRUOSITÉ EN MOINS, OU PAR DÉFAUT. 


Les causes de la Monstruosilé en moins ou par défaut dé- 
pendent, non pas tant d’un vice de construction de l’Oviducte, 
que d’une mauvaise disposition ou altération de cet organe. 

Un des phénomènes les plus curieux, et aussi les plus com- 
muns de ce genre, est le petit OEuf que pondent souvent les 
Poules, ou l'OEuf Nain des Ornithologistes (l'Ovum centeninum 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 93 


d’Aquapendente), le même que celui appelé Œuf-de-Cog par le 
vulgaire : il y en a de toutes les grosseurs, depuis celle de l’OEuf 
de Pigeon jusqu’à celle d’une petite Olive ou d’une forte Aveline. 

Ces OEufs dégénérés peuvent être considérés comme des es- 
pèces d’arrière-faix, lorsqu'ils ne sont produits qu’à la fin de la 
saison de la ponte, ou quand l’Animal trop vieux ou épuisé a 
perdu son ardeur et sa substance prolifiques. Mais lorsqu'ils sont 
au contraire les premiers fruits d’une jeune Poule, il faut attri- 
buer cette dégénération, ou dégénérescence, au défaut de matu- 
rité et d'élaboration des substances nécessaires à la formation de 
l'OEuf, ainsi qu’au défaut de développement de l’Oviducte. 

C'est ce que confirme Berge en d’autres termes, et pour des 
cas analogues : 

« Il arrive aussi parfois qu’il se dégage de l’Ovaire un germe, 
» ou nullement fécondé, ou mal fécondé : ce germe vicieux passe 
» dans le canal, s’y rencontre avec un Blanc, et naît à la lumière 
» entouré d'une Coquille. On donne à ces OEufs le nom d'OEufs 
» clairs, Œufs-de-Cog; ils n'ont pas de Jaune, ou fort peu, et 
» sont souvent d’une Forme presque Gylindrique. » 

Toutefois cette diminution de volume étant due à des causes 
aussi naturelles et auxquelles les Oiseaux sont en général expo- 
sés, il s’en suit que le même phénomène peut se reproduire dans 
un grand nombre d'Espèces d’entre eux : c’est en effet ce que 
démontre l'observation , et les exemples ne manquent pas. 

On en remarque chez le Moyen-Duc (Ofus vulgaris), le Choucas 
(Lycos monedula), la Pie (Pica caudata), la Draine (Turdus visci- 
vorus), quelques Fauvettes, telles que celle Rousse (Curruca 
hortensis) , et celle à tête noire (Curruca atricapilla) , le Serin 
(Serinus meridionalis), le Moineau commun (Passer domesticus), 
la Tourterelle (Co/umba Turtur), le Dinde (Gallopavo) , le Pauxi, 
le Hocco Mituporanga, la Pintade (Weleagris) , le Faisan , la Caille 
(Coturnix), l’Autruche, le Casoar, la Foulque (Fulica) . le Râle- 


94 DEUXIÈME PARTIE. 

de-Genets, le Canard (Anas), le Pélican, etc. Nous en conser- 
vions avec soin des exemplaires de toutes ces Espèces, à l'excep- 
tion de celles du Pauxi, du Hocco, de l’Autruche, du Casoar et 
du Pélican, qui se trouvent au Muséum d'Histoire Naturelle de 
Paris. Les OEufs de Hocco, que cet Établissement possède en 
grand nombre, y ont été pondus à différentes époques, et sans 
le concours d’aucun mâle, par une femelle de cet Aectoride 
Exotique conservée depuis plusieurs années dans la Faisan- 
derie (1). Il y a tels de ces OEufs qui n’ont que le sixième de 
leur grosseur ordinaire. Le plus petit des OEufs d’Autruche n’est 
guère que du quart de la grosseur des autres, et d’une Forme 
Sphéroïdale presque parfaite ; il vient d'Afrique. Ceux du Casoar 
présentent à peu près en volume la même différence, et ceux de 
Dindon et de Canard sont les plus remarquables, ayant à peine 
le sixième de leur volume ordinaire. 

Relativement à ceux de ces exemples que nous possédions, les 
plus intéressants peut-être sont celui de la Foulque et celui du 
Serin. L’OEuf de Foulque est de la grosseur d’un OEuf de Râle- 
Baillon; et sa Coquille présente par son aspect granuleux les 
traces évidentes d'une élaboration pénible. Quant à l'OEuf de 
Serin, il est aussi petit qu'un OEuf de Pouillot (Phyllopneuste), 
et a du reste la forme et la couleur de ceux que pondent ordi- 
nairement les Serins. Il était le dernier d’une des pontes d’une 
assez vieille Serie appareillée, qui l’année suivante en a fait 
encore d’autres, mais qu’on l’empêchait de couver. Nous igno- 
rons quel peut être le contenu de cet OBuf qui ne nous a été 
remis que plusieurs mois après qu'il eût été pondu, et lorsque 
par conséquent la matière qui le remplit était entièrement dessé- 
chée. ILest probable qu’il était infécondé et ne renfermait que 
de l’Albumen. Sa Coquille a, comme celle du petit OEuf de 


(1) De 1829 à 1832. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 95 


Foulque dont nous venons de parler, une surface plus rude et 
moins unie que celle des autres OEufs de la même ponte, qui 
tous contenaient un Jaune. 

L'exemple cité pour la Caille par M. Moquin-Tandon (1) n’est 
pas moins digne d'intérêt. C’est un OEuf qu'il dit avoir trouvé, 
en 4821, dans le ventre d’une Gaille attaquée de la goutte, et 
qui est tout aussi curieux que le précédent par son extrême pe- 
titesse qui était celle d’un OEuf de Chardonneret (Carduelis). Get 
OEuf, parfaitement formé qu’il était, serait certainement sorti le 
jour même du corps de l'Animal, car il avait sa Coquille et por- 
tait les mêmes couleurs qui distinguent ce tégument chez la 
Caille. 

Il en est de même de l’'OEuf nain de Pie (Pica caudata) cité 
par le même Auteur (?) : de la taille d’un OBuf de Roïitelet. Il était 
sans vitellus. 

Ces OEufs appelés nains et les prétendus Œufs-de-Coq ne sont, 
à nos yeux, comme nous l'avons déjà dit, qu’une seule et même 
chose, et la formation des derniers nous paraît être la même 
que celle des premiers. Il nous est par trop difficile de croire à 
l'origine qu’on leur attribue, surtout d’après l'inspection des 
parties naturelles et des organes sexuels qui, chez le Coq, cor- 
respondent à ceux de la Poule, sans remplir les mêmes fonctions. 
Valmont de Bomare (3) a justement regardé comme ridicule cette 
croyance vulgairement répandue et entretenue à toutes les épo- 
ques par des hommes instruits. Vauquelin (4) cependant hésitait 
à nier que les Goqs pussent pondre, parce que, dans ses savantes 
recherches , il avait remarqué que la matière blanche et comme 


1) Ann. de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 

2) Rev. et Mag. de Zool. 1858, p. 99. 

3) Dict. d'Hist. Natur. V° Œuf. 

4) Bulletin de la Société Philomatique de Paris, T. 1. 


( 
( 
( 


96 DEUXIÈME PARTIE. 


crétacée, qui enveloppe et accompagne les excréments du Coq, 
était un véritable Albumen. 

« Ainsi, (dit Parmentier, copié mot pour mot par Virey, 
vingt-cinq ans plus tard (1), en reproduisant cette opinion, et qui 
écrivait du vivant de Vauquelin) « pour en former entièrement 
» un dans le corps d'un Coq, il suffirait, suivant ce célèbre 
» Chimiste, qu’une certaine quantité de Glaire ou d’Albumen, 
» rassemblée dans le eloaque, y séjournât quelque temps, et 
» que les urines, en y arrivant la recouvrissent du Carbonate 
» de Chaux dont elles sont toujours saturées. M. Vauquelin, 
» continue-t-il, n’a jamais eu occasion d'observer un pareil phé- 
» nomène, mais tant de gens disent lavoir vu, et cette opinion 
» est si généralement répandue dans les campagnes, qu'il lui 
» semble difficile de croire qu’il n’en soit pas quelque chose : 
» rien cependant ne l’a confirmé. » 

Mais le même phénomène a lieu dans les excréments des Oi- 
seaux mâles, chez lesquels nous avons été à même de l'observer, 
principalement des Oiseaux de proie, tels que le Pygargue, le 
Balbuzard, le Milan noir, sans parler des autres Ordres infé- 
rieurs de la Série, et doit exister chez presque tous. I] ne serait 
point naturel de supposer aux mâles des Oiseaux la même facul- 
ié, les mêmes moyens de reproduction, quant à la matière cal- 
caire ou à l’Albumen, qu’à leurs femelles : car il faudrait alors 
supposer que la nature aurait confondu dans ces Vertébrés ce 
que l'observation démontre au contraire être chez tous très-dis- 
tinct. La cause de cette hésitation sur une question si grave , de 
la part du savant Chimiste, nous ne saurions l'expliquer. Mais 
puisqu'il l’a avouée et consignée par écrit avec cette modestie 


(1) Dict. d'Hist. Natur. de Deterville, 1803, Ve Œuf. — Art. copié et 
reproduit par Virey, sans indiquer son auteur, dans le Nouv. Dict. d'Hist. 
Net. de 1828. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 97 


qui accompagne toujours le vrai talent, c’est que probablement 
il Ini manquait d’avoir été témoin de ces pontes singulières, de 
les avoir observées et d’avoir vu lui-même l’animal auquel, dans 
une Ferme, en attribuait on pareille circonstance la production 
d'un Œuf-nain. Nous sommes persuadé que c’est ce motif qui 
l'a porté, pour s'expliquer, à défaut d’autres preuves, ce que 
pouvait avoir de fondement cette croyance vulgaire, à analyser 
les excréments du Coq. Pour nous , nous avons eu occasion de 
faire cette observation; nous nous sommes trouvé dans une 
Ferme où l’on voulait égorger un soi-disant jeune Coq, qui 
venait de pondre un de ces ŒEufs-nains, et qui n’était qu'une 
jeune Poule de l’année, imitant le chant de son mâle. Nous 
sommes donc fondé à croire et à établir que ces OEufs sont, en 
général, le fruit de jeunes Poules qui, par imitation, et suivant 
l'expression consacrée dans les campagnes, chantent le Coq; et 
que telle est la seule et unique cause de l’origine donnée , dans 
les Fermes, à ces sortes d'OEufs ; origine dont le temps découvre 
toujours l'erreur, en faisant reconnaître à l’animal, que l’on 
avait cru mâle, son véritable sexe féminin. Si même on fait at- 
tention à ce que, d’une part, les paysans tirent les plus sinistres 
pronostics de chant usurpé chez certaines Poules; et que, d’une 
autre part ils attribuent la plus funeste influence au germe qu'ils 
pensent devoir sortir de ces OEufs, qui n’en renferment aucun, 
et ne contiennent la plupart que de l’Albumen , dans lequel nage 
quelquefois le pédicule, amorphe et détaché de l'Ovaire, d’un 
OEuf précédemment pondu, pédicule pris par des gens supersti- 
tieux pour un embryon de Reptile; l’analogie de ces deux re- 
marques , jointe à une observation réfléchie, suffira, ce nous 
semble, pour détruire à ce sujet toute incertitude. Nous regret- 
tons vivement que Parmentier {1}, en parlant du doute de 


(A) Dict. d'Hist. Natur. 1803. 


_98 DEUXIÈME PARTIE. 


Vauquelin, n'ait point émis son opinion personnelle, que ses 
connaissances et son esprit expérimentateur le mettaient à 
même d’asseoir mieux que personne. 


Notre opinion est du reste conforme à celle de Harvey (1) qui 


n’y a jamais cru, non plus que Wedelius (Wedel) (2); elle est 
enfin conforme à celle de Buffon, très-explicite sur ce point (3) : 


« À l’égard de ces prétendus OEufs-de-Coq, dit-il, qui sont 
sans Jaune, et contiennent, à ce que croit le peuple, un 
Serpent (4), ce n’est autre chose, dans la vérité, que le pre- 
mier produit d’une Poule trop jeune, ou le dernier effort 
d’une Poule épuisée par sa fécondité même, ou enfin ce ne 
sont que des OEufs imparfaits dont le Jaune aura été crevé 
dans l'Oviductus de la Poule, soit par quelqu’accident, soit 
par un vice de conformation, mais qui auront toujours conservé 
leurs cordons ou Chalazæ, que les amis du merveilleux n’au- 
ront pas manqué de prendre pour un Serpent : c’est ce que 
M. Delapeyronie a mis hors de doute, par la dissection d’une 
Poule qui pondait de ces OEufs; mais ni M. Delapeyronie, 
ni Thomas Bartholin, qui ont disséqué de prétendus Coqs 
ovipares (5), ne leur ont trouvé d'OEufs, ni d'Ovaires, ni au- 
cune partie équivalente. » 

Nous pourrions bien encore citer à l’appui de notre opinion 


celle de Buhle (6) qui ne croit pas non plus aux Œufs-de-Cogq. 
Mais le peu qu'il en dit fait voir qu'il les confond, quant à 
l’origine , avec ces petits OEufs que produisent les Poules épuisées 
par l’âge ou la maladie. 


(1) Exercit. 28. 

(2) Misc. Cur. 1672, obs. 198. 

(3) Hist. Nat des Ois. — Coq. 

(4) Coll. Acad. Part. Fr. T. I. 

(5) Id. Part. étrang. T. IV. 

(6) Eïer der Vogel Deutschlands, ete. Œufs des Ois. de l'Allemagne, etc. 


1818. 


 GARACTÈRES OOLOGIQUES. 99 


Nous terminerons cet aperçu des exemples de la Monstruosité 
en moins, ou par défaut, par la citation d’une observation qui 
se lit dans l'Histoire de l’Académie Royale des Sciences de Paris, 
année 4775, sur un OEuf monstrueux, observation faite par 
M. Marcorel Baron d’Escalles. C’est un OEuf de Poule fort petit, 
qui, lorsqu'on le laissait abandonné lui-même, se relevait cons- 
tamment sur le bout le plus pointu ; quand, avec la main, on le 
retirait de cette position, on sentait qu'il faisait effort pour la 
reprendre. Cet OEuf renfermait, dans la partie opposée, sur la- 
quelle il se relevait, la moitié d’une coque ressemblant à une 
tasse et recouverte d’une membrane fine et déliée qui l'isolait 
dans l’intérieur de l'OEuf. 

Quoique ce phénomène mérite d’être placé parmi les faits les 
plus rares, ce n’est pas le seul exemple de ce genre. Nous con- 
servions la Coquille d’un OEuf de Poule, de grosseur ordinaire, 
dans l'intérieur du gros bout de laquelle se trouve répartie et 
agelomérée une certaine quantité de matière calcaire mélangée 
d’Albumen, et d’une apparence mucilagineuse et demi-diaphane, 
quoique sèche et durcie, qui, lorsque l'OEuf était plein et entier, 
faisait l'effet d’un contre-poids à l’égard du petit bout; en sorte 
que lorsqu'on appuyait de ce côté, l’OEuf, entrainé par cette 
épaisseur, retombait de l’autre. 

Il ne faudrait cependant pas prendre pour des phénomènes 
de ce genre tous les déplacements.de centre de gravité qui peu- 
vent se remarquer dans les OEufs vidés et réduits à leur test, 
on risquerait fort d’être dupe d’une illusion entièrement subor- 
donnée aux soins apportés à la préparation de la Coquille : car 
pour peu que l’on ait à faire à un OEuf dont le Jaune aura com- 
mencé à s’épaissir par l’effet de quelques jours d’incubation, ou 
de toute autre cause, rarement on sera arrivé à expulser de la 
Coquille la totalité de ce Jaune, dont la partie restante venant à 
se dessécher, finit par former un contré-poids, qui entraine 


100 DEUXIÈME PARTIE. 


toujours le centre de gravité de la Coquille dans un sens opposé 
à celui auquel on voudrait l’assujettir. 

Il existe une autre espèce de Monstruosité, qui doit prendre 
place à la suite de celle dite en moins ou par défaut, parce que 
c’est celle dont elle se rapproche le plus, et avec laquelle elle a 
le plus de rapports. 

Le caractère principal de l'OEuf des Oiseaux est d’être recou- 
vert d’une enveloppe, ou test, composée d’une matière calcaire, 
résistante et fragile, appelée Coquille. On voit cependant des 
Oiseaux pondre quelquefois des OEufs privés de ce tégument. 
Ces OEufs ont été nommés par les Naturalistes, qui ne les ont 
observés que chez la Poule, Œufs hardés, en France, OŒufs 
coulants, en Allemagne : et quoique renfermant souvent un 
germe, ils ne peuvent rien produire à cause de l’évaporation 
trop grande et trop prompte à laquelle les expose le défaut de 
Coquille. 

Ce phénomène a donné lieu à beaucoup de recherches et à de 
savants commentaires. Il résulte de tous les raisonnements, et 
principalement des observations, que trois causes peuvent l'oc- 
casionner : 40 Ja maladie; 20 une excessive fécondité provoquée 
par une nourriture échauffante et trop abondante: dans ces deux 
cas, la trompe, se trouvant irritée, force l'Oiseau de chasser 
violemment l’OEuf de l’Oviducte, sans lui donner le temps de 
recevoir le carbonate calcaire sur la membrane dont il est revêtu 
et s'oppose même à la formation de cette matière, en en altérant 
les éléments, effet que produit également, d’après nos propres 
observations, l'obésité des intestins. La troisième cause, et la 
plus fréquente, est la vieillesse, qui non-seulement altère, mais 
encore détruit le principe de cette substance. 

Cette Monstruosité, comme toutes celles énumérées précé- 
demment, observée d’abord et exclusivement sur les OEufs de la 
Poule, paraît, de même que celles-ci, être également commune 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4101 
aux OEufs des autres Oiseaux ; mais elle s’est toujours produite 
si fréquemment chez ce Gallinacé, que nous nous abstiendrons 
d'en citer les exemples, dont la série remonterait à Aristote, 
pour nous en tenir à ceux observés chez les autres Oiseaux. 

Ainsi, M. Moquin-Tandon (1) a représenté un OEuf de Moineau 
(Passer domesticus) sans Goquille , qui avait été trouvé dans une 
muraille avec dix autres OEufs du même Oiseau tous revêtus de 
leur enveloppe calcaire. | 

Nous avons conservé pendant quelques jours, en 4829, un 
OEuf qui avait été pondu par une vieille Serine que nous gardions 
en cage. Quoique depuis le commencement de la saison elle eût 
reçu le mäle plusieurs fois, elle couvait inutilement ses OEufs 
que nous avons examinés et qui étaient inféconds ; sur deux 
pontes de quatre et de cinq OEufs elle n’en püt faire éclore un 
seul. À la fin, tant de pontes et de couvées infructueuses la fati- 
guèrent ; ses plumes se hérissaient en désordre; elle avait tous 
les symptômes d’un Oiseau malade : c’est dans ce moment et 
dans ces conditions qu'elle fit l’OEuf dont nous parlons. Il n’est 
pas douteux, d’après toutes ces circonstances, que l'absence de 
coquille ne provenaïit tout autant de l’âge que de l’échauffement, 
et nous croyons fermement que la première de ces deux causes 
fut la seule déterminante. 

Enfin, nous conservions encore en 4847, dans notre Collection, 
un exemple de ce genre beaucoup plus curieux. C’étaient deux 
Œufs nains de Poule ayant chacun leur Jaune et leur Blanc, 
mais attachés l’un à l’autre par un filament de six millimètres de 
long. Il n’y avait pas trace de matière calcaire sur aucune partie 
de ce corps multiple (représentant deux sphères jumelles); mais 
la pellicule qui lui servait d’enveloppe était tellement épaisse, 
qu’elle avait empêché l’évaporation des Blancs et des Jaunes, 


(1) Bullet. de la Soc. Linn. de Paris. 1824. À 


” 
402 DEUXIÈME PARTIE. 
qui n'avaient fait que se déprimer en se desséchant, et qu’elle 
existait encore intacte après sept années. 

Polisius (1) a donné la figure d’un OEuf offrant un phénomène 
du même genre. 

Nous bornerons-là notre nomenclature de Monstruosités Oolo- 
giques : la pousser plus loin serait fatiguer inutilement le Lec- 
teur, sans l’instruire. Notre but, en entrant dans ces détails, a 
uniquement été de prouver que toutes ces déviations de la 
Forme de l’OEuf, qu’on avait dit n’exister que chez la Poule et 
les Oiseaux domestiques, se rencontrent aussi chez les Oiseaux 
à l’état libre. Nous pensons, sans avoir dépassé ce but, l'avoir 
du moins atteint; et nous renvoyons le Lecteur plus exigeant 
ou plus curieux, aux différents Ouvrages que nous avons eu 
occasion de citer à se sujet. / 


3. 


NV 


DE LA DISPROPORTION EXISTANT ENTRE LES OEUFS DE CERTAINES 
FAMILLES ORNITHOLOGIQUES DE PALMIPÈDES , RELATIVEMENT AUX 
DIMENSIONS DES OISEAUX QUI LES PONDENT, ET LES OEUFS D’AUTRES 
FAMILLES NON PALMIPÈDES ; ET DE LA RAISON DE CETTE DISPRO- 
PORTION. 


En parcourant les divisions que nous avons établies pour la 
Forme des OEufs, on voit que chacune de ces Formes, dont 
elles font mention, se remarque indifféremment parmi les Oi- 
seaux Terrestres et parmi les Oiseaux Aquatiques ; ou pour mieux 
dire, que ces deux Groupes participent à peu près également à 
chacune ou aux principales de ces Formes ; et n’en ont point 
ou peu, qui leur soient absolument particulières. Ainsi la Forme 
Sphérique est commune aux Semi-pennes , tout aussi bien qu'aux 
Impennes; celle Ovalaire se rencontre chez les Rapaces comme 


(4) Miscell. Gurios. an 1685, abs. 44. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 403 


chez les Palmipèdes, et celle Ovée est propre aux Passereaux 
et aux Gallinacés. Deux Formes seules sont exclusivement par- 


ticulières : la Forme Cylindrique pour les Mégapodes, les / - 


Talégalles et les Gangas; et la Forme E{liptique pour les Plon- 
geons, les Grèbes, les Fous, les Cormorans et les Pélicans. 
Il n’existe entre les deux grandes Coupes d’Oiseaux Terrestres 
et Aquatiques, quant à l’OEuf, que deux différences véritablement 
essentielles et tout-à-fait indépendantes de la Forme : l’une re- 
lative à la grosseur de l’OEuf, laquelle est généralement mieux 
proportionnée à celle du corps de l’Animal chez les premiers que 
chez les derniers ; l’autre relative à la nature de la Coquille. 
Steller (1), un de ceux qui, sans en avoir fait l’objet d’une 
étude spéciale, ont recueilli le plus d'observations exactes sur 
les OEufs des Oiseaux, mais des Mers du Nord seulement, ex- 
plique la première de ces différences, cet excès constant, chez 
quelques Familles, de grosseur relative, en disant que c’est : 
« Afin de conserver plus longtemps le peu de chaleur que re- 
» çoivent ces OEufs d’une incubation souvent interrompue (?). » 
Buhle (3) le collaborateur de Naumann, pour la partie Oolo- 
gique de l’Introduction de son Ouvrage, à propos de la même 
remarque, en conclut que : « La grosseur de l'OEuf est en rap- 
« port avec le degré de développement que le Fœtus acquiert 


(1) Nova Commentar. Acad. Petrop. T. IV, ann. 1752-1758. 


(2) Pauciora aulem Ova fieri debuerunt, quia majora mole necessaria 
erant , NE CALOR CITO EXSPIRARET, CUM PER VICES SALTIM ILLIS INCUBENT. 

Bonnaterre qui, dans l’Introduction à la Partie Ornithologique de l'Ency- 
clopédie méthodique, a copié textuellement le Mémoire presque entier de 
Steller, sans indiquer la source encore peu connue à laquelle il puisait, a 
fait dire à cet Observateur tout autre chose que ce qu’il a exprimé, en 
traduisant ce passage, car voici sa Version : « Mais leurs Œufs sont plus 
» gros, afin que la chaleur ne les dessèche pas. » 


(3) Eier der Vogel Deutschlands, etc. Œufs des Ois. de l’Allemagne, 
etc. 1818. 


404 DEUXIÈME PARTIE. 


= 


dans l'OEuf. Ainsi, les OEufs les plus petits sont ceux d'où 
sort le Fœtus dans l’état le plus imparfait ; et les OEufs les plus 
grands sont ceux d’où sort le Fœtus dans l’état le mieux 
développé et le mieux formé : le degré de développement de 
l'Oiseau est ensuite en rapport avec la manière de vivre et 
le séjour de l’Oiseau. » 

Puis il appuie cette loi des observations suivantes : 

« On remarque en général que le Fœtus des Oiseaux Grim- 
peurs, Chanteurs et de Proie, qui nichent sur les arbres, 
quittent l'OEuf dans l’état le moins développé; car ils sont 
plus petits et nus; ils naissent aveugles et leurs membres sont 
d’une telle faiblesse qu’ils ne peuvent encore s’en servir pour 
se mouvoir. Ges Oiseaux pondent, en proportion de la gros- 
seur du corps , les OEufs les plus petits. Les Fœtus des Galli- 
nacés, de la plupart des Oiseaux de Marais et Aquatiques, 
qui nichent à terre, sortent de l’OEuf fort développés et 
formés: ils sont grands et en partie couverts de plumes; ils 
jouissent de la vue en naissant, et leurs membres, les pieds 
surtout sont si forts et si bien développés que, très-peu de 
temps après leur naissance , et souvent même en naissant, ils 
peuvent quitier le nid et suivre la voix de la mère. Ces Oi- 
seaux pondent les OEufs les plus grands, en proportion de la 
grosseur du corps. Les Oiseaux de mer offrent les exemples 
les plus frappants de ce fait. Le Lumme-Grylle ou Guillemot 
à Miroir (Uria Grylle), qui n’est que de la grosseur du 
Pigeon , pond des OEufs de la grosseur des OEufs de Poule. » 
M. Moquin-Tandon (1) reprenant en sous-œuvre et dévelop- 


pant la proposition de Buble, en conclut de cette différence que 
la nature, en vue de l'existence exclusivement aquatique et pour 


ainsi dire anti-terrestre à laquelle elle prédestinait ces Oiseaux , 


(1) Bullet. de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 105 


a, comme dans ses autres créations , apporté tous ses soins à la 
perfection de cette partie de son OEuvre, qu'ainsi ces Oiseaux 
devant sortir de leur OEuf couverts d’un duvet assez épais pour 
les préserver, non seulement du contact trop immédiat des eaux 
dans lesquelles ils se plongent à l'ouverture de la Coquille , mais 
encore de la rigueur du climat, avaient besoin d’une élaboration 
plus longue, ce que prouve le temps de la couvée chez ces 
Espèces; qu'il était alors naturel que, par suite , toute propor- 
tion gardée entre les petits de ces Oiseaux et ceux des Oiseaux 
Terrestres, au moment où ils sortent de l'OEuf, les premiers, 
étant plus formés et revêtus d’un duvet assez épais qui augmente 
leur volume , exigeassent une augmentation de substances nutri- 
tives, et en même temps un développement de matière calcaire 
plus étendu que les autres, relativement à la grosseur du corps 
de l’Animal. 

Comme règle générale et en principe, l’observation de Buhle 
est d’une justesse incontestable, mais réduite seulement à ces 
termes : 

Que les OEufs les plus petits, relativement au corps de l'Oiseau, 
sont ceux d'où le germe éclot dans l’état de développement le 
moins avancé ; 

Et que les OEufs proportionnés au volume de l’Oiseau, tels 
que nous Considérons ceux des Gallinacés et des Anséridés, 
sont ceux dont le germe sort dans son entier développement. 

Là s'arrête, pour nous, l'exactitude et la vérité de la loi établie 
par Buhle. Nous en exceptons formellement les OEufs hors de 
toute proportion, par l’accroissement de leur volume , avec celui 
de l'Oiseau dont ils proviennent ; ce qui est le cas des OEufs de 
Pingouin et de Guillemot, et nous allons dire nos raisons. 

S'il en était ainsi que le pense Buhle et qu’on serait tenté de 
le croire au premier aspect, pourquoi la même disproportion 
n'existerait-elle pas chez tous les autres Palmipèdes, dont les 


106 DEUXIÈME PARTIE. 


petits se plongent dans l'eau au sortir de la. Coquille et dont 
lOEuf pourtant est dans les mêmes proportions relatives que 
l'OEuf de la plupart des Oiseaux Terrestres ? Pourquoi cette dis- 
proportion n'existerait-elle pas non plus chez les vrais Gallina- 
cés, dont les petits se mettent également à courir en sortant de 
l’'OEuf? Pourquoi, enfin, cette disproportion, qui est presque 
tout aussi frappante chez le plus grand nombre des Échassiers, 
qui courent en sortant de l’OEuf et dont le temps de l’incubation 
n'est pas, pour cela, beaucoup plus prolongé que chez les 
autres Oiseaux Terrestres, n’aurait-elle pas la même cause ? 

Steller, sans en avoir trouvé la véritable raison , nous paraît 
cependant beaucoup plus dans le vrai : il ne lui manque peut- 
être que d'être plus explicite. Sa proposition ne semble même, 
d’abord , que spécieuse, en ce qu’elle ne repose, sans doute, que 
sur cette considération : que ces Oiseaux se donnent à peine le 
soin de se construire un nid ; qu’ils n’en construisent même pas, 
pour la plupart, et pondent sur la roche presque nue; qu’enfin 
la spécialité de leurs aliments les oblige même, durant l’incuba- 
tion, à des déplacements réitérés. 

Pour nous, si porté que nous soyons à reconnaître dans les 
œuvres de la Nature les preuves les plus manifestes de la Provi- | 
dence qui a présidé à leur création, il nous est difficile d’ad- 
mettre, sinon sans réplique, au moins sans explication, une 
semblable proposition. Nous ne voyons pas en quoi le dévelop- 
pement plus ou moins considérable d’un corps, comme la Co- 
quille de l'OEuf, peut servir aux éléments qui y sont renfermés , 
à leur conserver plus ou moins longtemps et avec plus ou moins 
d'efficacité, la chaleur qu’ils sont appelés à recevoir, ou qu’ils 
reçoivent, soit de la température du climat, soit de l’incubation. 
On concevrait davantage (et c’est ce que nous croyons et ce que 
nous allons démontrer) que la nature organique ou constitutive 


de ce corps, ct celle de ces éléments fût pour quelque chose , et 


| CARACTÈRES OOLOGIQUES. 107 


même pour tout, dans ce résultat. Remarquons ici que, pour 
une partie des Oiseaux dont parle Steller, les Macareux, les 
Guillemots et les Pingouins, ce résultat serait tout opposé à celui 
qu'il indique, ainsi qu'on le verra par la suite ; et qu'il faut 
excepter de son observation les Cormorans , les Fous et les Péli- 
cans, auxquels elle ne peut, en aucune façon, être applicable ; 
ces derniers Oiseaux rentrant dans la condition normale, quant 
à la dimension relative et proportionnelle de leurs OBufs avec 
leur propre volume. Nous invoquerons donc une autre considé- 
ration, une seule. 

Par cela même que ces OEufs, proportionnellement au volume 
des Oiseaux qui les pondent , sont plus gros que ceux des autres 
Oiseaux , il en résulte nécessairement que la matière qu’ils con- 
tiennent doit être aussi , dans la même proportion, plus abon- 
dante. C’est en effet ce qui se trouve confirmé par les remarques 
de Marsigli et de Steller lui-même, remarques d’autant plus pré- 
cieuses qu’elles ont été faites par eux hors de l’influence de tout 
système , de toute théorie, et émises isolément de toute considé- 
ration et de toute déduction théorique ou scientifique. Marsigli (1) 
dit que ces OEufs ont plus de Blanc que les OEufs des Oiseaux 
Terrestres ; Steller, toujours copié par Bonnaterre, dit qu'ils ont 
plus de Jaune. Sans examiner lequel de ces deux Auteurs s'est le 
plus exactement rapproché de la vérité, il est un fait certain, 
c’est que chacune de ces deux substances est, non seulement 
dans les OEufs dont nous parlons, mais encore dans ceux des 
Oiseaux Antarctiques, beaucoup plus épaisse et plus oléagineuse 
que dans les autres ; et cela, pour en rendre le refroidissement 
et l’évaporation plus lents et plus difficiles : car, si ces substan- 
ces y étaient aussi légères et aussi liquides que dans les OEufs 
des Oiseaux Terrestres , la Coquille qui les recouvre, étant très- 


(1) Danubius Panonico-Mysicus. 1726. 


108 DEUXIÈME PARTIE. 
poreuse , quoique épaisse , offrirait un accès trop libre à l’action 
de la congélation dans ces climats rigoureux. 

De là, à conclure comme l’a fait Steller, il n’y a qu’un pas. 
En effet, si la nature a voulu que l’OEuf des Pingouins et des 
Guillemots füt d’un volume aussi disproportionné, parce que 
cette enveloppe devait renfermer une quantité plus considérable 
de liquides organiques; si elle a voulu que ces liquides fussent 
d’une qualité oléagineuse pour les rendre moins sensibles à 
l’action de la congélation, il est à peu près certain que la dispro- 
portion en question n'existe « qu’afin de conserver plus long- 
» temps le peu de chaleur que reçoivent ces ŒEufs d'une incu- 
» bation souvent interrompue » et constamment combattue par 
l’äpreté du climat. 

Il suffit donc, comme on le voit, d'ajouter un terme à la pro- 
position de Steller et d’en. retrancher un de celle de Buhle pour 
concilier ces deux Oologistes. 

En répondant à l'opinion de ce dernier, nous avons parlé des 
Échassiers, chez qui l’OEuf est généralement de Forme Ovoi- 
conique et d’un volume assez disproportionné, et auxquels on ne 
peut cependant appliquer le raisonnement que nous venons de 
faire pour les Pingouins : c’est qu’une autre cause, qui existe 
à différents degrés chez tous les Oiseaux, influe d’une manière 
presque exclusive sur la forme de l'OEuf des Oiseaux de cette 
Famille. Cette cause est la longueur démesurée de leurs pattes, 
laquelle, pour l'embryon même, exige un développement tout 
aussi démesurément allongé de la partie inférieure de leur 
Coquille; ce qui, chez aucun des nombreux Genres de cette 
Famille, n’est plus remarquable que chez l’Échasse proprement 
dite (Himantopus); chez d’autres Familles c’est la longueur dis- 
proportionnée du cou, ou bien, ainsi que nous l'avons déjà 
démontré, la forme du Sternum dans son ensemble, qui influera 
sur celle de l'OŒEuf. est enfin constant qu’on ne peut s’empé- 


‘CARACTÈRES OOLOGIQUES. 409 


cher d'être frappé de certains rapports entre la constitution ana- 
tomique de plusieurs Genres ou Familles d'Oiseaux et la Forme 
que cette constitution, par l'influence de quelques-unes de ses 
parties, imprime à la Coquille de l'OEuf. C’est ce dont notre 
travail offre de nombreux et notables exemples. 

Depuis peu cependant, un Ornithologiste distingué, que nous 
avons déjà eu l’occasion et le plaisir de citer, M. Hardy, de 
Dieppe, examinant l’OEuf, sous le rapport de la Forme que 
nous lui assignions, et considérant les différences qui existent à 
cet égard entre les OEufs provenant d’Oiseaux retenus en capti- 
vité et ceux des Oiseaux à l’état libre, en a conclu, contrairement 
à notre opinion, que « la loi générale qui régit la Forme des 
» OEufs est tout simplement celle de la pesanteur, et que dès 
» lors la perpendicularité de l’Oviducte fait, dans le repos, 
» l’OEuf court de la majeure partie des Oiseaux de proie, et, 
» dans l’action, celui du Pic. » 

Et formule ainsi cette loi : « La position de l’Oiseau dans le 
» repos ou dans l’action détermine, avant tout, la Forme de 
» l’OEuf. » (1) 

Cette idée, toute nouvelle et fort ingénieuse dans son appa- 
rente simplicité, mérite que nous l’examinions sérieusement. 

Sans doute, on peut observer plus d'exemples de variations 
dans la Forme normale que nous leur avons assignée pour les 
OEufs des Oiseaux en captivité que pour ceux des Oiseaux en 
liberté, et la Poule a toujours été citée comme preuve par ceux 
qui se sont occupés d'Oologie ; mais ce ne sont que des excep- 
tions à la règle que nous avons établie : ce que prouve, et de 
reste, le peu d'exemples que M. Hardy peut citer à l'appui de sa 
proposition, mis en regard du grand nombre de faits qu'on peut 
lui opposer, faits que nous avons consignés déjà plus haut, que 


(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857. 


140 DEUXIÈME PARTIE. 


nous confirmerons bientôt par d’autres considérations et aux- 
quels nous nous référons pour le moment. 

Et quant à l'influence directe et active des mouvements de 
l'Oiseau , au moment de la formation et du développement de 
l'OEuf dans son corps, tout le monde sera d'accord pour la con- 
céder à M. Hardy, mais dans une limite excessivement res- 
treinte; car dans la plupart des circonstances où peut se trouver 
un Oiseau prêt à pondre, on conviendra qu'il faut des cas de 
force majeure pour le sortir du calme et du repos qui lui sont 
indispensables pour cette opération de la nature , devant laquelle 
s’inclinent en quelque sorte toutes les nécessités. 

Parlerons-nous en passant d’un fait tout aussi certain que 
celui que nous avons établi plus haut, relativement à l'abondance 
des liquides contenus dans l’OEuf des Pingouins; du fait de la 
grosseur des OEufs, laquelle, chez les Oiseaux aquatiques, des 
mers du Nord surtout, est en raison inverse de leur fécondité? 
Ainsi, moins ils déposent d’'OEufs par ponte, plus il y a de dis- 
proportion entre la dimension de leurs OEufs , et celle du corps 
de l'Oiseau, et réciproquement. Les Pingouins, d’une part, et 
les Sternes de l’autre , donnent dans des degrés inégaux, la me- 
sure de cette différence. 

Aussi croyons-nous que M. Moquin-Tandon, enchérissant sur 
l'idée de Bubhle, a fait erreur lorsqu'il a avancé : « que les Oi- 
» seaux qui ont les OEufs plus gros, proportion gardée avec 
» l’étendue de leur taille, sont ceux qui en pondent une plus 
» grande quantité, l'éducation de leur famille, dit-il, leur 
» demandant moins de peines, moins de soins, moins de sollici- 
» tude.» Il est vrai qu'il a excepté de cette proposition les 
Colymbes et les Macareux (Mormon) : mais il aurait dû en 
excepter également les Pingouins , les Guillemots et, en général, 
presque tous les Oiseaux de mer, chez lesquels, ainsi qu’il le 
fait judicieusement remarquer, « l’exiguité du nombre est com- 


‘ CARACTÈRES OOLOGIQUES. AU 


» pensée par la durée de l’incubation. » Il résulte de l’observa- 
tion que ce qu’il a posé comme règle est au contraire l’excep- 
tion, et que son exception devient la règle, car les OEufs qui 
sont le moins proportionnés à la taille de l'Oiseau sont ceux des 
Macareux, des Pingouins et des Guillemots, qui ne font qu’une 
ponte dans l’année et ne pondent que un, deux et trois OEufs au 
plus; tandis que les Gallinacés, qui multiplient à l'infini, ont, 
selon nous, et quoiqu’on en dise par habitude, les OEufs on ne 
peut plus proportionnés à la dimension de leur corps. 

Et, pour ne parler que des Pingouins, ils sont du nombre de 
ceux qui ont le plus de peine à se tenir hors de leur élément 
habituel. De cette difficulté ou de cette inaptitude à marcher en 
naît une aussi grande à couver. Les ayant doués sous ces rap- 
ports d’une conformation aussi imparfaite, la nature a agi par 
voie de conséquence en limitant leur fécondité au plus petit 
nombre possible d'OEufs. Comment, en effet, ces Oiseaux, qui 
ont besoin des plus grands efforts pour se soutenir sur la terre, 
pourraient-ils diminuer assez la force du point d'appui qu'ils 
trouvent avec tant de peines dans leurs pattes, placées à l’extré- 
mité de leur corps, pour les écarter et augmenter artificiellement 
ainsi, à la manière des Oiseaux percheurs, la surface de leur 
Sternum , à l'effet de recouvrir et d'échauffer un nombre d’OEufs 
plus considérable que celui qu'ils pondent ordinairement? Car 
quelques Auteurs ont, à tort et par erreur, avancé que ces 
Oiseaux couvaient debout, c’est-à-dire accroupis sur la jonction 
du torse au tibia, à la façon d’un grand nombre d’Échassiers, 
et, malgré les. efforts dont ils ont besoin pour, de la position 
horizontale, se remettre à la position verticale, il est reconnu 
depuis longtemps et constant qu’ils couvent couchés sur leurs 
OEufs. N’en eüt-on pas d’autres preuves que la découverte si 
curieuse faite par Faber, des taches dites d’incubation que l’on 
trouve chez beaucoup d’Oiseaux Aquatiques dont la poitrine est 


442 = DEUXIÈME PARTIE. 


dénudée de plumes à un ou plusieurs endroits (découverte qui 
date de près d’un demi-siècle et est presque inconnue en France) 
suffirait à le démontrer : puisque ce savant observateur a reconnu 
que les Uria en général, l’A/ca torda et le Mormon arctica, qui 
ne pondent la plupart du temps qu'un seul OEuf, avaient excep- 
tionnellement à leurs congénères, et comme les Oiseaux qui 
en pondent plusieurs, deux taches à la poitrine; ce qui leur 
permettrait, selon lui, d’alterner l’un et l’autre côté pour couver; 
ce qui, selon nous, viendrait à l’appui de notre explication, en 
leur donnant plus de facilité à se relever en cas d’alerte ou de 
besoin, l’un des pieds étant toujours prêt à ce mouvement. 

C’est également à cause de cette inaptitude à couver que leurs 
OEufs sont recouverts d’une Coquille aussi épaisse, qui les met 
en état et de supporter le poids du corps de ces Oiseaux, qui ne 
pose cependant, on le voit. qu’à moitié, et de résister au froid 
qui résulte tant du contact de l'air atmosphérique de ces contrées 
glaciales, que du contact des rochers à la surface nue desquels 
ils sont le plus souvent déposés. 

Nous ne terminerons pas ce Chapitre sans dire un mot d’une 
différence que quelques Savants, entraînés plutôt par la croyance 
populaire de tous les temps, que par leur propre conviction , ont 
cru remarquer dans la Forme des OEufs composant une même 
ponte ; tous n'étant pas toujours de la même figure, y en ayant 
de plus longs ou de plus larges les uns que les autres, et de la 
conséquence qu’on a tirée. 

Il arrive quelquefois que, dans le même Nid, les OEufs varient 
de longueur ou de largeur. La Science Ancienne et du Moyen- 
Age s’est partagée gravement sur cette question bien puérile; il en 
a été de même de la Science Moderne. Aristote (1) et Nymphus (2), 


A] 


(1) Histor. Animal. 
(2) V. ses Remarques sur Aristote. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4143 


son commentateur, Avicenne (1), Albert-le-Grand (?), Cardan (3), 
au XVIe Siècle, et Lapierre (4), à la fin du XVIIIe, prétendent 
que, dans ce cas , les OEufs plus PRES et plus aigus, se ren- 
contrént plus rarement, renfermänt les mâles, et ceux qui sont 
plus arrondis et plus obtus , les femelles. Pline (5) au contraire, 
Columelle (6), Belon (7), Crescent (8), au XVIe Siècle, et 
Steller (9), au milieu du XVIILIe, soutiennent que ce sont les 
OEufs arrondis qui sont les plus rares dans chaque nichée et que 
ceux-ci seuls doivent renfermer les mâles et les autres les 
femelles. 

Enfin, nous savons que Geoffroy-Saint-Hilaire, en Egypte, et 
Florent Prévot, il y a quinze ou dix-huit ans, à Paris, ont fait 
des expériences relativement au plus ou moins de fondement de 
cette remarque. Ils ont expérimenté sur les OEufs les plus com- 
muns, ceux de Poule et de Pigeon, et chacun d’eux est arrivé à 
conclure que les OEufs globuleux, c’est-à-dire ceux dont les 
extrémités sont le plus obtuses, donnaient naissance aux femelles 
et que les plus pointus donnaient naissance aux mâles. Ce qui 
serait conforme, en tous points, à l'opinion d’Aristote et de ses 
Sectateurs qui, probablement, n’ont pas eu d’autres termes de 
comparaison. 

M. Gerbes (10) de son côté, en la reproduisant, adhère au 
résultat final de ces expériences. 


(1) Opera. Venetiis. 1518-1596, in-fo. 

(2) De Secret. Mul. Antuerpiæ. 1538. 

(3) De Rerum varielate. 

(4) Hist. Nat. de Buffon. Éd. de Sonnini. 1800. 

(5) Lib. X, cap. 52. 

(6) Lib. VII, cap. 5. 

(7) De la Nature des Oiseaux. Liv. X, ch. 9 

(8) De Agricult. Lib. IX, cap. 86. 

(9) Nov. Comment. Acad. Petro. T. IV. 1752-58. 
(10) Diet. Piltor. d'Hist. Natur. de Guérin. 1838. 


114 DEUXIÈME PARTIE. 

Quoique le préjugé le plus populaire et le plus répandu, sur- 
tout chez les cultivateurs, soit en faveur de cette opinion, et 
malgré toute la déférence que nous professons pour le mérite et 
les lumières de l’illustre Savant et de l’observateur que nous 
venons de citer, nous croyons que l’une n’est pas mieux fondée 
que l’autre. Ce qui semble le prouver, c’est que, telle précaution 
que prennent les gens de la campagne lorsqu'ils font couver des 
OEufs de Poules, d’en retirer ceux qui sont allongés ou aigus, 
afin d’avoir le plus possible de Pondeuses, on voit toujours un 
certain nombre de Coqs, non prévus, éclore de ces couvées. 
Dans quel but, d’ailleurs, la nature aurait-elle établi cette diffé- 
rence? Est-ce que par hasard, dans les Oiseaux, les mâles ne 
seraient point formés des mêmes parties constituantes que les 
femelles, et exigeraient un développement de coquille différent 
de celui de ces dernières? Nullement ; car dans le premier âge, 
il est difficile, pour ne pas dire impossible, de distinguer les 
mâles d’avec les femelles; la divergence même de l’opinion des 
Auteurs que nous avons nommés est, au reste, un indice de son 
peu de fondement; et nous sommes surpris que l’erreur que 
nous signalons, ait été reproduite dans le sens d’Aristote et de 
Cardan ou de Geoffroy-Saint-Hilaire, ce qui est tout un, par les 
Rédacteurs du Journal des Connaissances utiles (1). 

Nous le répétons : nous avouons que les observations, même 
les plus puériles d'apparence, en Histoire naturelle, faites par les 
anciens Auteurs, reposent quelquefois sur un fait vrai en lui- 
même; mais nous croyons que pour celle dont il s’agit, il n’en 
est pas ainsi. 

En fait d'observations semblables, reposant, en quelque sorte, 
sur la constitution organique de l’OEuf chez les Oiseaux, consi- 
déré comme produit animé, nous pensons que ce n’était pas 


(1) An. 4832. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4145 


sur des animaux en domesticité et aussi influencés par elle, de 
l’aveu même des expérimentateurs, que devaient porter les 
expériences en question, lorsque surtout on sait, et nous 
l'avons assez démontré , et nous aurons encore plus d’une occa- 
sion de le faire, combien cette domesticité réagit sur l’OEuf, 
quant à la régularité de la Forme. C’est sur des Oiseaux vierges 
encore de cette influence que l’on devait opérer si l’on voulait 
arriver à une démonstration, sinon vraie, du moins vraisem- 
blable, et qui fût de nature à faire évanouir des doutes que nous 
conservons dans toute leur force. 

C'est ce qu'avait fort bien compris, dès 4772, Gunther (1), 
lorsqu'il entreprit de démontrer la fausseté et le néant de la pré- 
tendue observation d’Aristote, ce qu’il fit en ces termes : 

« Il y a même parfois, dit-il, dans un seul et même Nid, des 
» OEufs pointus et des OEufs obtus. Aristote en a voulu nous 
» expliquer la raison, et nous faire croire que les mâles prove- 
» naient des OEufs pointus , et les femelles des OEufs obtus. Nous 
» pouvons démontrer le peu de fondement de cette assertion par 
» nos expériences avec des Canaris; car nous avons vu des mâles 
» et des femelles naître indifféremment des OEufs pointus et des 
» OEufs obtus. Ces expériences, pour le dire en passant, com- 
» battent victorieusement les préjugés d’un grand nombre d’a- 
» mateurs de Canaris qui, à l’exemple d’Aristote, veulent déjà 
» reconnaître à la Forme de l’OEuf, s'ils en obtiendront un mâle 
» ou une femelle, et ne réfléchissent pas qu’ils ne sont ni assez 
» bons observateurs, ni assez patients pour faire des expé- 
» riences. À notre avis, la Forme plus ronde ou plus pointue de 
» l’OEuf est un effet mécanique , et dépend de la pression de 
» l’Oviducte sur l'OEuf, quand la Coquille est encore molle; et 
» cette pression peut devenir plus ou moins forte par les con- 


(1) Gammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Vogel. 


416 DEUXIÈME PARTIE. 


tractions de cet organe , selon qu'il est plus ou moins irrité 
par les intestins pleins ou vides, ou par d’autres causes. Cette 
théorie nous expliquera pourquoi les OEufs des Hibous et des 
Martin-pêcheurs sont toujours ronds comme une Boule : il n’y 
a qu’à admettre que l’Ovaire de ces Oiseaux est naturellement 
plus large que dans d’autres, et conséquemment moins sujet 
à de violentes contractions. La race femelle des Hibous serait 
bientôt éteinte si, suivant Aristote, elle ne devait provenir que 
des OEufs pointus, et que les OEufs ronds ne dussent produire 
que des mâles. » 

Bubhle (!), en 4818, affirme également que « des expériences 
récentes ont prouvé victorieusement que la Forme extérieure 
de l'OEuf ne pouvait pas toujours faire préjuger le sexe de 
l'individu qu'il renferme. » 

Plus récemment encore, Berge se prononcé dans le même 


sens, en disant : « que l’on se tromperait, en admettant, comme 


règle générale , que les mâles proviennent des OEufs pointus, 
et les femelles des OEufs obtus : car on trouve souvent des 
Nids où tous les OEufs sont obtus, et d’autres avec des OEufs 
très-aigus; et les uns et les autres produiront des mâles et des 
femelles. » 

Une dernière considération, en un mot, fera tomber toute 


incertitude relativement à ce que nous nous permettons d’ap- 
peler l’inanité de la remarque ou distinction dont nous parlons : 
c’est que, pour peu que les principes, que nous avons établis 
plus haut sur la Forme de l’OBuf des Oiseaux, méritent quelque 
créance et reposent sur quelque fondement, il est impossible 
d'admettre comme générale la remarque prétendue faite sur des 
OEufs de Poule et de Pigeon; car, pour en arriver à la conclu- 
sion des doctes observateurs auxquels nous répondons, il leur 


(1) Zier der Vogel Deutschlands 


LA 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 417 


fallait un point de départ, qu’ils n’ont même pas songé à poser, 
relatif à la Forme Normale des OEufs des deux Ordres d’Oiseaux 
sur lesquels ils ont expérimenté. Or, quelle est la Forme 
Normale qu’ils ont cru devoir reconnaître à ces OEufs ? Personne 
ne le sait, quoique l’on puisse implicitement l’induire des termes 
mêmes de leur proposition. Est-elle la même pour les deux 
Ordres? Ou Ovée pour l’un, et Ovalaire pour l’autre, ainsi que 
nous pensons l'avoir démontré? Evidemment, si leur proposi- 
tion est exacte pour ces deux Ordres , à quels caractères recon- 
naîtra-t-on dans les Ordres ou Familles Ornithologiques, dont 
les OEufs sont normalement Sphériques, par exemple, Ellip- 
tiques ou Ovoïconiques, ceux qui doivent produire les mâles et 
‘ceux qui doivent produire les femelles? Ces caractères varieraient 
donc suivant la Forme distinctive à laquelle seraient soumis les 
produits Ovariens de chaque Ordre, de chaque Famille ou de 
chaque Genre d’Oiseaux ? Car c’est le résultat auquel mène la 
contrariété de l’opinion de MM. Et. Geoffroy-Saint-Hilaire et 
Flo. Prévôt, confirmative de celle d’Aristote, d’avec l'opinion 
de Steller. Les premiers opèrent sur des OEufs d’un caractère 
normal de Forme Ovée pour les Poules, et de Forme Ovalaire 
pour les Pigeons; quelques aberrations de cette Forme, qui 
tournent à la dénaturer, se présentent à leurs yeux : ils en con- 
cluent que ces aberrations doivent produire des mâles. Steller, 
au contraire, opère sur des OEufs de Forme Ovoïconique , ceux 
des Oiseaux des Mers polaires ; les seules aberrations à peu près 
possibles de cette Forme tournent à la Forme Globulaire : il en 
conclut que les mâles doivent naître de cette Forme exception- 
nelle et beaucoup plus rare dans les OEufs par lui observés. : 

Ou nous nous abusons étrangement, ou la base de la 
remarque que nous discutons nous paraît bien nébuleuse et 
presque problématique; pour la rendre plus saisissable et sur- 
tout pour la faire concevoir, si tant est que les éléments en 


1148 DEUXIÈME PARTIE. 


existent, ce n’est plus sur les OEufs de deux seuls Ordres d’Oi- 
seaux qu'il faut expérimenter, c'est sur ceux de presque tous 
les Ordres et de presque toutes les Familles, ou au moins du 
plus grand nombre. Le champ est certes bien vaste à parcourir; 
mais il n’est pas au-dessus de la persévérance si désintéressée et 
de la perspicacité d'observation si minutieuse de M. F1. Prévôt : 
car, ou la remarque est d’une inutilité complète, d’une absolue 
puérilité, si elle n'existe pas, ou bien elle est de la plus haute 
portée Scientifique; et, dans ce cas, peut-être, faudrait-il recourir 
à une analyse délicate et à un examen détaillé des matières 
contenues dans les OEufs qui seraient reconnus devoir donner 
naissance à des mâles. 

Nous aimons mieux croire cependant que cette question, 
renouvelée. des Grecs et du Moyen-Age, a fait son temps et 
n'appartient plus désormais qu’à l'Histoire de la Science. 

Maintenant, avant de quitter cette Étude de la Forme de 
l'OEuf chez les Oiseaux, nous allons, surabondamment à ce que 
nous en avons déjà dit, en tirer les conclusions favorables à nos 
principes, quant aux éléments qu’ils fournissent pour le perfec- 
tionnement des Méthodes Ornithologiques : ces conclusions 
ressortiront des exemples suivants : 

Dans les Rapaces Diurnes, aux Formes d'OEufs Ovalaires, le 
Secrétaire (Serpentarius où Gypogeranus) se présente à peu 
près seul, avec une Forme Ovée assez allongée, caractère 
soumis aux mêmes règles que la Forme Ovoïconique de celui 
des Echassiers, c’est-à-dire provoquée par l'allongement des 
membres inférieurs. Ce caractère renvoie par conséquent ce 
«Rapace à la fin, ou au moins hors ligne de ses congénères. Or, 
sans connaître ce caractère Oologique, le Prince Ch. Bonaparte (1) 
a mis le Gypogeranus tout à la fin de ses Accipitres Diurnes. 


(1) Conspectus Systematis Ornithologiæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 419 


De même, chez les Rapaces Nocturnes, aux Formes Sphériques 
ou Globulaires, l’Effraye (Strix) se présente seule avec une 
Forme relativement la même que celle du Serpentaire, pour ses 
propres congénères , c’est-à-dire Ovée, ce qui met également la 
Famille des Strigidæ hors ligne des Rapaces Nocturnes. Or, si 
l'on prend en considération cette similitude de Forme Oologique, 
exceptionnelle chez les Rapaces en général, pour adopter la Série 
unilinéaire entre les Diurnes et les Nocturnes, on en arrive, en 
terminant les premiers par les Gypogeranidæ, à commencer 
forcément les seconds par les Sérigidæ. Et c’est ce que n’a pas 
manqué de faire l’illustre Ornithologiste que nous venons de 
citer. 

De même encore, on a l’habitude de ranger le Steatornis ou 
Guacharo, avec les Caprimulgidæ Podargues et Engoulvents. 
Or ceux-ci ont leur OEuf de Forme Ovalaire parfaite, parfois 
même presque Elliptique. Eh bien! le Guacharo fait, au milieu 
de ces congénères qu’on lui a donnés depuis peu, la même 
exception que le Serpentaire et l’Effraye dans les leurs ; son 
OEuf est simplement de Forme Ovée, même un peu obtuse, et 
se rapproche beaucoup sous tous les rapports de celui du Sférix. 
Cette exception de la Forme Oologique est donc en relation in- 
time avec les autres exceptions de formes et d’habitudes qu'offre 
cet Oiseau, embarras des Méthodistes. 

Dans les Anisodactyles, les Touracos, si difficiles à classer, 
justifient également cette difficulté par la Forme de leurs OEufs, 
qui est Sphérique ou Globulaire , comme celui des Rapaces 
Nocturnes; ce qui semblerait devoir, sinon les rapprocher, au 
moins ne pas les éloigner beaucoup de ces derniers. Or, on sait 
que leur Sternum offre une telle similitude de caractère avec 
celui des Rapaces Nocturnes que Lherminier, dans le dévelop- 
pement et l'application du système de de Blainville, n'a pas cru 
pouvoir placer les Touracos ailleurs qu'à leur suite. L'indication 


420 DEUXIÈME PARTIE. 


fournie par la Forme Oologique est donc d'accord avec l’indica- 
tion fournie par la Forme Sternale, ou l’appareil Ostéologique. 
Il existe une différence aussi grande, quant à la Forme de 
l'OEuf, entre deux petites Familles que l’on a longtemps et 
souvent confondues ensemble, entre l’OEuf des Jacanas (Parridæ) 
et celui des Râles (Rallidæ) : ceux-ci l'ont de Forme Ovalaire et 
presque Ællipsoïdale; ceux-là presque Ovoïconique, véritable 
OEuf de Gralles ou Echassiers : ce qui indique entre eux et ces 
derniers une parenté ou affinité assez intime. Or, le Prince Ch. 
Bonaparte a reconnu ces rapports en faisant suivre ses Grallæ 
ou Cursores, qu'il termine par les Scolapacidæ (| Bécasses et 
Chevaliers), de ses Alectorides qu'il commence par les Parridæ. 


CHAPITRE I. 


DE LA COQUILLE DE L'OEUF ET DE SA NATURE, 
SELON LES DIVERSES FAMILLES. (1) 


Après avoir parlé de l'OEuf en général, de sa Forme et des 
accidents auxquels elle est exposée, examinons un peu la nature 
de sa Coquille. 

Ce qu’on appelle Coquille, dans l'OEuf, est son enveloppe 
extérieure, celle qui, plus grossière et plus solide, contient et 
défend les enveloppes beaucoup plus délicates dans lesquelles 
sont renfermés les liquides élémentaires indispensables à l’ac- 
croissement de l'embryon, celle enfin qui est formée la dernière. 


(1) Voir Magasin de Zoologie. 1843. Oiseaux, PL. 36. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 421 


Cette Coquille n’est autre chose, à l’état ordinaire, et une fois 
sortie du corps de l’Animal, qu’une matière calcaire, friable et 
fragile, d’un blanc plus ou moins pur, et variant du bleuâtre au 
verdâtre. On sait que cette matière qui, dans l’économie de 
l’Animal, est secretée dans des réservoirs et par des conduits 
particuliers, se trouve encore à l’état de liquéfaction ou de 
mollesse au moment de la sortie de l’'OEuf du tube excrémentiel, 
et qu’elle ne se durcit et n’acquiert de fermeté que par l'effet du 
contact de l’air. 

Manesse (1) dit que « cette matière n’est qu'une terre calcaire 
de la même nature que celle des os , sinon qu'elle ne contient 
peut-être pas autant d'acide phosphorique : elle est, ajoute-t-il, 
très-abondante dans les Oiseaux ; c’est pourquoi nous voyons que 
leurs membres cassés se ressoudent en très-peu de temps. » 

Buble dit que c’est dans l’extrémité de la Matrice, ou de 
l'Oviducte, qu'elle se forme. Foureroy, Tromemdorff et Vau- 
quelin (?) le premier, nous apprennent qu'elle est composée, sur 
cent parties , de quatre-vingt-neuf de Carbonate calcaire , de cinq 
de Phosphate de chaux, et que les molécules résultant de l’agglo- 
mération de ces deux substances étaient unies par une espèce de 
gluten animal : ce dernier Chimiste dit aussi y avoir découvert 
un peu de Carbonate, de Magnésie, de Fer et de Soufre. 

La surface intérieure de la Coquille, de la même couleur que 
la matière qui la compose, est toujours parfaitement lisse et 
unie, mais jamais luisante. Il en est autrement de la surface 
extérieure : elle est tantôt lisse et luisante , tantôt mate et unie; 
tantôt rude et granuleuse , ou piquetée; tantôt d’une apparence 
grasse et oléagineuse; tantôt maculée de protubérances ou 


(1) Dans son Introd. mss. à une Oologie Européenne restée inachevée, 
1780 à 1790. 
(2) Bulletin de la Socièté Philomatique de Paris. 


422 DEUXIÈME PARTIE. 

boursouflures calcaires , d’une couleur différente du reste de la 
Coquille ; et tantôt recouverte d’une espèce de pulpe ou couche 
sédimenteuse. 

On sait, et on voit bien que la matière calcaire doit être, et 
est en effet secrétée par des conduits particuliers qui affluent à 
l'Oviducte , et dont la plus forte partie redescend et s’accumule 
au fond du Cloaque : mais on est resté longtemps moins fixé sur 
le mode employé par l’économie animale pour en opérer le 
dépôt successif et régulier sur la pellicule qui tapisse intérieure- 
ment la Coquille. 

Manesse, dont nous avons répété les expériences, est le seul 
qui soit entré dans l’examen et la démonstration détaillée de ce 
point délicat de physiologie Oologique. 

Ainsi, au moment de l’exfoliation dont se forme la troisième 
et dernière membrane que l’on trouve dans l’OEuf, et à laquelle 
s'attache la Coquille, on remarque que la paroi interne du 
Moule, c’est-à-dire de l'Oviducte « qui était fort unie et très- 
lisse avant la formation de cette dernière membrane, ne pré- 
sente plus, après cette exfoliation, qu'un tissu hérissé d’une 
infinité de petites papilles semblables à celles qui se voient sur 
la langue et l'estomac des différents Animaux; ces papilles 
multipliées à l'infini m'ont toujours paru, dit Manesse, être les 
extrémités des vaisseaux qui composent le moule : c’est d’elles 
que sort la matière de la Coquille, sous l'apparence d’une 
matière laiteuse; cette liqueur peu fluide s'attache à la surface 
de la dernière membrane , et s’y concréfie d’abord par de petits 
grains en forme de sable (1); ensuite de proche en proche les 
vides se remplissent, et la Coquille se trouve unie, au moins 
dans la plupart des Oiseaux; et c’est de la surabondance de 
cette matière crayeuse que naissent les espèces de verrues ou 


(1) C’est bien là ce qu’on appellera plus tard du nom de Cristallisation. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 123 


d’excroissances que l’on voit à la surface de certains OEufs, 
particulièrement à ceux des Grèbes. » 

Ces papilles sont en effet les extrémités affluentes, ou, si l’on 
peut dire, les embouchures des vaisseaux capillaires qui amènent 
à l’Oviducte, comme à un réservoir, la matière calcaire dont 
doit être formée la dernière enveloppe de l'OEuf, la Coquille. 

Pour s’en convaincre, « on peut, continue Manesse, en com- 
primant fortement le moule, au moment de la formation de 
la Coquille, faire sortir cette liqueur blanche qui compose sa 
substance, et qui se sèche bientôt à l’air, sans cependant y 
acquérir beaucoup de solidité. » 

On comprend, après cette expérience, que Purkinje (1), et, 
d’après lui, Carus (?), aient pu avancer que ce dépôt se formait 
par voie de cristallisation. La variation que nous venons de 
signaler dans les différents aspects extérieurs de cette enveloppe, 
donneraient à penser, dans l’hypothèse de ces Physiologistes, 
ou que cette cristallisation a lieu de diverses manières, ou que 
les éléments dont elle est le résultat éprouvent des combinaisons 
tout aussi variées. Ce qui est certain, c'est que ces différences 
déjà si sensibles au toucher et à l'œil nu, le sont encore plus, 
examinées au microscope : il y a ià un vaste champ d’observa- 
tions et d’études fort curieuses à parcourir, et que nous recom- 
mandons à toute la sagacité des Micrographes. Peut-être même, 
si nos souvenirs sont exacts, le docteur Thienemann s’en est-il 
déjà occupé; car c’est à ce point de vue entre autres qu'il fit 
jadis ses Études Oologiques sur notre Collection. 

Quoiqu'il en soit, le poli qu'offre la Coquille de l'OEuf, sui- 
vant les divers groupes d’Oiseaux, dépend surtout, conformé- 
ment à un principe de Minéralogie, de la finesse du grain qui 


(4) Symbolæ ad Ovi Avium historiam ante incubationem. Leipsick. 1830. 
(2) Traité élémentaire d’Anatomie comparée (Trad. de l’Allem.). 1835. 


4124 DEUXIÈME PARTIE. 


en compose la matière ; et plus la Coquille est luisante, plus elle 
est généralement mince. Quelquefois cependant ce lustre est dû 
à la présence d’une espèce de liqueur visqueuse qui abonde 
dans certaines parties du corps de plusieurs Genres ou Familles 
d'Oiseaux , notamment des Pics, des Martin-pécheurs, des Tor- 
cols , et dont les OEufs semblent couverts d’un vernis éclatant 
comme de l’émail. 

Mais la finesse de ce grain n’est pas, comme l’avance Buhle, 
en raison du volume de l’OEuf ou de la dimension de l'Oiseau 
dont il provient. Ainsi, il ne faut point croire que ce grain soit 
constamment épais et poreux dans la Goquille des plus gros 
OEufs , et fin et serré dans celle des plus petits. Loin de là : on 
voit des OEufs de 85 à 41145 millimètres de longueur (trois et 
quatre pouces) avoir une Coquille aussi mince qu’un OEuf long 
de 25 à 45 millimètres (huit et quinze lignes). L'OEuf de la 
Grande-Outarde (Otis tarda) par exemple, a une Coquille fort 
délicate et dont le grain est on ne peut plus fin; tandis que la 
Caille (Coturnix) en a une épaisse relativement à son volume, et 
dont le grain n’est ni aussi serré, ni aussi uni, quoique aussi 
luisant que dans celui de la Grande-Outarde. Et pourtant quelle 
différence dans les dimensions de ‘ces deux Oiseaux et la place 
qu'ils occupent dans la série de leurs congénères ! L'un est classé 
parmi les Coureurs et a un mètre quatre-vingt-cinq millimètres 
de longueur; l’autre, rangé parmi les Perdices du Prince Ch. 
Bonaparte, n’a que vingt centimètres. 

Le peu de rapport qui existe entre le volume de certains OEufs 
et la délicatesse de leur Coquille est même étonnant. En exami- 
nant entre autres , les OEufs des Outardes et ceux des Tinamous, 
on ne comprend pas comment une enveloppe aussi mince et 
aussi fragile ne cède point au poids du corps de l'Oiseau, 
durant l’opération de l’incubation. On est, à cet égard, tenté 
d’accuser la nature d’imprévoyance , lorsqu'on se rappelle que, 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 425 
dans les OEufs de beaucoup d’autres Familles, elle a mis en 
rapport parfait la force de résistance de la Coquille avec celle 
de la pression du corps de l'animal. Berge a fort bien fait cette 
remarque en disant que : « les OEufs des petits Oiseaux et même 
de quelques uns assez gros ont la coquille très-mince et très- 
délicate; que ceux des grands Oiseaux, et notamment de ceux 
qui pondent sur la terre nue , ont la Coquille plus épaisse, plus 
forte et plus dure; » ce qui s’observe principalement chez la 
Pintade , la plus grande partie des Gallinacés, des Perdrix, et 
chez presque tous les Oiseaux nageurs. Mais notre intelligence 
seule est en défaut ; la Nature ne l’est pas plus sur ce point que 
sur les autres. Tout a été combiné par elle, et ce sont ces com- 
binaisons dont il faut saisir les nuances pour se bien expliquer 
tout ce qu’il y a d’ordre et d'économie dans cette apparente 
irrégularité. 

Il n'est personne qui n'ait fait attention aux variations exis- 
tant dans la longueur des pieds des différentes Familles d'Oi- 
seaux , et dans leur position relativement à la direction du corps, 
ainsi qu'aux disproportions que souvent elles présentent avec 
les autres dimensions de l'individu. Ces variations ou ces dispro- 
portions produisent des différences essentielles dans le mode 
d’incubation. Car tous les Oiseaux, en couvant, ne font pas 
également porter le poids de leur corps sur leurs OEufs , ni de 
la même manière : ils sont aidés dans cet acte nécessaire à la 
propagation de leur Espèce, par la conformation de leurs 
jambes, selon les rapports plus ou moins exacts de la propor- 
tion de leur individu avec celle du Fémur et du Tibia. Ainsi les 
Macareux, les Pingouins, les Guillemots et d’autres Genres 
couvent dans la position qu'exigent et la brièveté et l'insertion 
de leurs pattes placées hors du centre de gravité et à l'extrémité 
postérieure du corps. Dans l’impossibilité presque absolue de 
s'aider de leurs jambes, pour soutenir leur propre poids, ils 


426 DEUXIÈME PARTIE. 


en sont réduits à le faire porter sur leurs OEufs. C’est, sans 
aucun doute, à cette conformation particulière et à ce mode 
obligé d’incubation qu’il faut, ainsi que nous l'avons déjà dit, 
attribuer le petit nombre d'OEufs que pondent ces Oiseaux, 
puisqu'il est rare qu'ils en fassent plus de deux. Il leur serait 
difficile en effet d’en couver davantage dans cette position, leur 
corps n'offrant point en cet état, par lui-même, une surface 
assez étendue, et de plus la brièveté de leurs pattes s’opposant 
à ce qu'ils puissent les écarter suffisamment. 

Les Flamants ou Phénicoptères, dont les jambes sont trop 
longues pour leur permettre de s’accroupir commodément, leur 
structure , quant au centre de gravité dans cet acte, étant en sens 
inverse de celle des Oiseaux précédents, déposent leurs OEufs 
sur un monticule qu’ils élèvent eux-mêmes, et les couvent 
dressés sur la jonction du Fémur au Tibia, en les recouvrant 
seulement de leur croupion; ce que font également presque tous 
les Échassiers. 

Quant aux Gallinacés et à la majeure partie des autres 
Oiseaux de terre, la longueur proportionnée de leurs pattes et 
leur position au centre du corps leur permettent de les écarter, 
et par conséquent d’embrasser un plus grand nombre d'OEufs 
sous leur poitrine ou leur abdomen. Mais aussi, cette position, : 
en diminuant la force nécessaire pour soutenir le poids de leur 
corps, les oblige de s’appuyer un peu plus sur leurs OEufs en les 
couvant. 

Les Tinamous, les Outardes et les Bécassines, avec des pattes 
placées à peu près de même que les Gallinacés, les ont confor- 
mées d’une manière plus avantageuse. Quoique accroupis comme 
ces derniers, ils s’en servent de point d'appui pendant l’incu- 
bation et communiquent à leurs OEufs la chaleur dont ils ont 
besoin, sans les mettre à l'épreuve du poids de leur corps. 

Ïl en est autrement des Goëlands, des Mouettes et des Hiron- 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 427 


delles de mer (Laridæ et Sternidæ). Leurs pattes, il est vrai, 
sont placées au centre du corps; mais elles sont d’une brièveté 
telle que l’Oiseau accroupi écraserait infailliblement ses OEufs, 
d’une grosseur d’ailleurs remarquable relativement à ses dimen- 
sions, si l'épaisseur considérable des plumes dont est garni son 
abdomen ne garantissait ses OEufs d’une pression trop dure et 
trop immédiate dont les préserve en plus leur rotondité, sup- 
pléant ainsi à l’amincissement et à la faiblesse relative de leur 
Coquille. 

C’est en raison des différents degrés de pression que la confor- 
mation des membres postérieurs oblige ces Oiseaux à faire 
éprouver à leurs OEufs en les couvant, que la nature a combiné 
la force de résistance et l'épaisseur de la Coquille avec le volume 
de l'OEuf. Il suffit, pour s’en convaincre, après ce que nous 
avons dit, de considérer la Coquille des OEufs des Familles que 
nous venons de citer, entre lesquelles le mode d’incubation 
varie le plus. 

Les OEufs des Macareux, dés Pingouins, des Guillemots et des 
Sphéniscidés sont les plus épais en Coquille relativement à leur 
volume ; ceux des Flamants et des Pélicanidés le sont un peu 
moins, tout en ayant plus de matière crayeuse à leur surface; 
ceux des Gallinacés et du plus grand nombre des autres Familles 
Ornithologiques ont l'épaisseur de leur Coquille proportionnée à 
leur volume ; ceux enfin chez qui la Coquille est le plus mince 
et le moins en rapport avec leur volume sont ceux des Tinamous, 
des Outardes et des Bécassines et autres petits Échassiers, puis 
ceux des Goëlands, des Mouettes et des Sternes. 

Mais nous ne pensons pas, ainsi que l’affirme M. Moquin- 
Tandon, que : « En général, ce sont les Oiseaux les plus légers, 
les plus habiles à fendre l'air, ceux qui se transportent d’un seul 
vol à des traites immenses, qui produisent des OEufs d'une 
faible Coquille; que ce sont aussi ces mêmes Oiseaux qui les ont 


128 DEUXIÈME PARTIE. 


d’une petitesse extrême. » Rien ne vient justifier cette assertion, 
pas même l'exemple qu’il cite de la Frégate (Tachypetes) : « La 
Frégate, dit-il, qui serait le roi des Volatiles si l'empire était dû 
à la légèreté et non à la force, naît d’un Ouf très-peu volumi- 
neux, et qui, comme celui des Ghélidons, est pourvu d’une 
Coque fort mince. » Car les OEufs de Frégate que nous avons 
possédés nous ont toujours paru de dimensions proportionnées 
à celles de l'Oiseau et d’une finesse de Coquille tenant le milieu 
entre les OEufs de Pétrels et ceux de Pélicans , avec lesquels ils 
ont les plus grands rapports et la plus grande affinité. 

Revenons à présent à la distinction que nous avons établie 
entre les OEufs quant à la nature et à l’aspect de la Coquille. 

On peut, à cet égard, les ranger en sept séries; mais ces 
séries n’étant pas susceptibles de se prêter, dans leur énonciation, 
à un ordre qui soit en harmonie avec la Classification Ornitholo- 
gique, nous les énoncerons simplement dans l’ordre relatif de 
leur pouvoir réfléchissant. 

La première est composée des OEufs dont la Coquille est lui- 
sante comme du verre : ce sont ceux des Picidés, des Méropidés, 
des Alcédidés, des Tinamidés, des Perdicidés; puis des Otidés, 
de quelques Gallidés et de quelques Scolopacidés. 

La deuxième est composée des OEufs à Coquille lisse moins 
luisante que ceux de la première série : ce sont ceux de la plus 
grande partie des Passereaux et des Gallinacés. 

La troisième se compose des OEufs à Coquille mate et unie : 
tels sont ceux de tous les Rapaces Diurnes et Nocturnes, des 
Psittacidés, des Musophagidés, des Hirundinidés, des Pipridés, 
de quelques Gallinacés, de tous les Gralles et Échassiers, des 
Rallidés , des Procellaridés, des Laridés et Sternidés, des Colym- 
bidés et des Alcidés. 

La quatrième série est composée des OEufs dont la Coquille 
présente une surface rude et granuleuse ou piquetée : tels que 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 429 


ceux de quelques Alectorides (Hoccos, Pénélopes), des Struthio- 
nidés et des Casuaridés. | 

La cinquième, des OEufs dont la Coquille a l'apparence grasse 
et oléagineuse, comme ceux de tous les Anatidés ; et encore, 
parmi eux, les Cygnes pourraient-ils , avec quelque raison, être 
intercalés dans la dernière Série. 

La sixième, des OEufs dont la Coquille, grasse et oléagi- 
neuse , comme dans la précédente Série, est en outre maculée 
de protubérances calcaires : une seule Famille d’Oiseaux nous 
offre cette particularité dans la structure de la Coquille de ses 
OEufs, c’est celle des Grèbidés, auxquels il faut joindre les 
Plotidés (ou Anhingas). 

La septième et dernière Série est composée des OEufs à 
Coquille recouverte d’une espèce de couche crétacée ou pulpe 
sédimenteuse, et renferme les Familles de quatre Ordres assez 
éloignés l’un de l’autre : ce sont ceux des Crotophagidés (ou 
Anis), ceux des Phénicopteridés (ou Flamants), et ceux de 
presque tous les Pélécanidés et des Sphéniscidés. 

Il résulte de ce qui précède, qu'’exception faite des trois 
dernières Séries, le plus grand nombre des OEufs d’Oiseaux 
renfermés dans les autres Séries, est à Coquille lisse et plus ou 
moins luisante. Mais un fait à remarquer, c’est que la propriété 
réfléchissante ne se rencontre dans les OEufs d'aucun Oiseau 
Aquatique, ou Nageur, dont la Coquille, à part des modifications 
particulières, est toujours mate sans exception. Dans les OEufs 
appartenant aux autres Ordres d'Oiseaux au contraire , les excep- 
tions à cet égard sont, comme on l’a vu, assez fréquentes, pour 
nous avoir déterminé à en composer trois ou quatre Séries 
suffisamment distinctes. 

Cette différence singulière entre les OEufs des Oiseaux Aqua- 
tiques et ceux des Oiseaux Terrestres, mérite que nous cher- 


chions à l'expliquer. Elle se rattache à un principe de physique 
10 


430 DEUXIÈME PARTIE. 


d’après lequel l'aptitude des corps à absorber le calorique est en 
raison inverse du poli de leur surface ; c’est-à-dire , que plus la 
surface d’un corps est luisante, plus lentement ce corps absorbe 
le calorique , mais aussi, mieux il conserve celui qu’il a absorbé. 
Or, cette facilité d'absorption dépend de la nature, du poli et de 
la couleur de ce corps. En faisant l’application de ce principe au 
sujet qui nous occupe, nous aurons une explication satisfaisante 
des variations principales que l’on remarque dans la facilité plus 
ou moins grande d'absorption dont est douée la Coquille de 
l'OEuf des diverses Familles d'Oiseaux; et nous verrons que ces 
variations ne sont point un vain jeu de la Nature, mais qu’elles 
tiennent aux modifications qu’elle à apportées à la contexture de 
leurs OEufs , suivant les éléments fréquentés par ces Vertébrés et 
leur manière de couver. Car c’est dans la différence des éléments 
où ils vivent, autant que dans celle du mode d’incubation que 
l'instinct leur suggère , qu’il faut chercher la cause du peu d’uni- 
formité que présentent dans la conformation de leurs Coquilles 
les OEufs des uns et des autres. , 
Les OEufs des Oiseaux Aquatiques, par exemple, n’ont à lutter 
en général que contre le froid, l'humidité, et rarement ou 
presque jamais contre la chaleur; d’où le peu de variété dans la 
nature et la qualité de leur Coquille; les uns , comme les Guille- 
mots et les Pingouins, l'ayant seulement épaisse, mate et 
poreuse, toutes qualités qui concourent à la rendre le plus apte 
que possible à absorber la plus grande somme de calorique, soit 
rayonnant, soit latent; d’autres, comme les Cormorans et les 
Fous, avec une Coquille trop mince, quoique mate, l’ayant 
revêtue d’une couche sédimenteuse qui, en obstruant les pores 
de la Coquille par lesquels a lieu l’évaporation , met obstacle aux 
ravages de l'humidité de l’élément qu'ils fréquentent; d'autres 
enfin, comme les Oies et les Canards, l'ayant uniquement d’une 
matière grasse et oléagineuse, tout-à-fait antipathique à l'eau. 


CÂRACTÈRES OOLOGIQUES. 431 


Les OEufs des Oiseaux Terrestres, au contraire, ont plus à ‘ 
lutter contre la chaleur que contre tout autre élément. Aussi est- 
ce pour cette raison que c’est chez eux que la Coquille est au 
plus haut degré pourvue du pouvoir réfléchissant, particulière- 
ment chez les Tinamous que nous prendrons pour exemple. Ces 
derniers Oiseaux, qui ne pondent et ne,couvent que dans les 
vastes plaines herbeuses des Amériques du Centre et du Sud, la 
plupart dans les Régions Intertropicales de cette partie du Globe, 
n'auraient pu se contenter pour leurs OEufs d’une Coquille mate 
et poreuse sans être exposés à en voir le contenu se dessécher 
par suite de l’évaporation si active et si prompte dans ces cli- 
mats, évaporation que n'aurait pas manqué de faciliter encore 
cette porosité de leur enveloppe, si elle eût existé. Il y avait 
donc pour eux toute nécessité de voir leurs OEufs pourvus d’une 
Coquille éminemment réfléchissante, d’un côté pour repousser 
l’action absorbante du soleil, de l’autre pour ne prendre que 
modérément leur part de l’action régulière de l’incubation. 

Une autre Tribu d’Oiseaux Terrestres (Zygodactyles) , les Anis 
(Crotophagidæ), exposés comme ceux-ci aux mêmes inconvé- 
nients résultant de la similitude des climats qu’ils habitent, mais 
ayant de plus à lutter contre l'humidité brûlante des localités 
qu'ils fréquentent pour couver, telles que les Savanes et les 
forêts de Palétuviers, ont subi dans la structure de la Goquille 
de leurs OEufs une modification particulière qui se rapproche de. 
celle que nous avons signalée dans les OEufs des Cormorans, et 
qui, ici, est unique dans toute la Classe si nombreuse des 
Oiseaux dits Terrestres ou non-Aquatiques. Leur Coquille a été 
revêtue d’une couche crayeuse et sédimenteuse de même nature 
que celle qui se trouve sur les OEufs de certaines Familles de 
Palmipèdes, laquelle, en obstruant comme dans ceux-ci les 
pores de la Goquille mate par lesquels s’effectue l’évaporation, et 
en retardant l'effet destructeur d’une perte trop active de calo- 


432 DEUXIÈME PARTIE. 

rique, procure le même avantage que le pouvoir réfléchissant et 
n’en à pas les inconvénients; nous disons les inconvénients, car 
la faculté de réfléchir s’acquérant aux dépens de l’épaisseur, de 
la solidité de la Coquille, il en résulte que cette enveloppe, dans 
ce cas, en devient plus accessible aux atteintes de l'humidité et 
plus fragile. Rien n’eut donc été plus nuisible, pour les OEufs 
des Anis, que d’être pourvus d’une Coquille luisante : une 
Coquille mate les préserve beaucoup mieux de cet inconvénient 
grave, et la couche sédimenteuse dont elle est munie s’oppose à 
une évaporation abondante que ne manquerait pas d’exciter l’ar- 
deur brûlante de ces climats. 

S'il s’en faut autant que les OEufs des Oiseaux Terrestres pré- 
sentent la même uniformité dans la contexture de leur Coquille, 
c’est que les changements de température sont plus fréquents 
sur les Continents et les climats bien plus diversifiés qu’à la sur- 
face des Mers : ce qui dépend des aspérités dont les terres du 
Globe sont hérissées, aspérités qui modifient de mille manières 
la chaleur et les vents; au lieu que sur les eaux nul obstacle ne 
s'oppose à une égale répartition des effets de ces phénomènes. 
De là cette variété dans la structure de la Coquille des Oiseaux 
Terrestres : entre la Coquille des OEufs de l’Autruche, du Casoar, 
de l’Outarde; entre les OEufs du Hocco, de la Pintade et des 

Faisans, etc. 

= Les idées que nous venons d'exposer sur ce que nous appelle- 
rons la Théorie du pouvoir réfléchissant de la Coquille dans les 
Œufs des Oiseaux, pouvoir si différent chez les Oiseaux Aqua- 
tiques et chez les Oiseaux Terrestres, sont celles qui nous ont 
paru les plus naturelles et de l'application la plus générale dans 
l’état actuel de la Science Oologique; celles enfin que nous 
avons cru donner l’explication la plus satisfaisante de la présence 
d’une couche crétacée et sédimenteuse à la surface de la Coquille 
de certains OEufs d’Oiseaux. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 433 


Cependant le Docteur Schinz dit avoir observé que les OEufs 
du Cormoran et du Pingouin Macroptère sont tapissés extérieu- 
rement d’une couche de matière épaisse , blanche, crétacée , et 
en conclut avec Pennayÿt (l) que cette matière sert à fixer ces 
OEufs d’une manière plus sûre et plus solide au roc glissant et 
escarpé sur lequel la femelle a coutume d'aller les déposer. 
Nous reconnaissons avec le Docteur Schinz, et nous l'avons déjà 
dit, que les OEufs du Cormoran sont effectivement recouverts de 
cette matière; mais il n’en est pas de même des OEufs du Pin- 
gouin Macroptère qui, comme les autres Espèces de Pingouins, 
et comme les Guillemots, ont la surface de leur Coquille tout 
unie, et dont la couleur dans leurs OEufs n’est masquée par la 
superposition d'aucune substance. Nous ajouterons que la 
remarque de Schinz ne devrait point se borner aux deux Genres 
qu'il nomme , la même observation s'appliquant à une grande 
partie des Oiseaux Aquatiques, surtout ceux des Mers Australes, 
tels que les Manchots, etc. 

Si à présent nous en venons à examiner le fondement de cette 
hypothèse, nous verrons qu’elle ne repose sur rien de bien 
positif. En effet, s’il était vrai que ce fût dans le but d'empêcher 
les OEufs du Cormoran de glisser des roches sur lesquelles ils 
sont déposés, que la nature les eût recouverts de cette couche 
crétacée, le même moyen, sans aucun doute, eût été employé 
pour préserver des mêmes dangers les OEufs d’une infinité 
d’autres Oiseaux Marins, qui, comme les Cormorans, les déposent 
sur la roche nue. Ainsi, la plupart des Hirondelles de mer, des 
Mouettes ou Goëlands, des Pingouins et des Guillemots pondent 
leurs OEufs sur les parties dénudées des rochers, et cependant 
ils manquent de cette espèce de gluten dont parle Schinz; et 
cependant leurs OEufs résistent aux coups de vent si fréquents 


(4) Artic. Zool. 


434 , PEUXIÈME PARTIE. 


sur les plages où couvent habituellement ces Oiseaux. Steller dit 
même avoir remarqué que les Pingouins et les Guillemots dépo- 
saient toujours les leurs dans les petites concavités que présente 
la surface des rochers ; et, de telle manière que le bout le plus 
pesant de l'OEuf, le gros bout, s’y trouvait comme emboité, si 
bien qu’il avait de la peine à les déplacer, en les touchant de 
l'extrémité d’un bâton, toutes précautions instinctives qui 
rendent bien inutiles l’intervention d’un enduit quelconque après 
la Coquille. Observons d’ailleurs que l'explication de Schinz, qui 
pourrait avoir quelque valeur, si la matière dont il parle possé- 
dait les qualités d’un gluten, ne peut en aucune manière être 
admise , puisque cette substance, que nous avons examinée chez 
le Cormoran, crayeuse, participe de la nature calcaire de la 
Coquille, est friable et peu tenace comme elle, et comme elle se 
durcit par le contact de l'ai : que de plus, en ce qui concerne 
le Cormoran, cet Oiseau ne dépose pas ses OEufs, comme le 
paraît croire Schinz, seulement à la surface plane et glissante 
des rochers, mais fort souvent sur les arbres et sur les buis- 
sons ; enfin, que cette substance, ou une analogue, se retrouve 
sur les OEufs des Anis des Savanes et des Palétuviers, qui 
assurément ne les déposent pas sur des rochers qu'ils auraient 
peine à rencontrer dans les lieux qu'ils fréquentent et dont ils 
ont emprunté leur nom. D'où nous coneluons que Schinz a été 
induit en erreur par Pennant. 

Nous avons jusqu'ici parcouru toutes les particularités que 
présente la Coquille de l’'OEuf, suivant les diverses Familles, 
particularités que l’on peut appeler régulières ou normales. On 
a vu que sa contexture variait, et en raison de la différence des 
éléments et des climats qu’'habitent ces Familles, et en raison 
de leur aptitude à l’acte de l’incubation soit sfernale, soit abdo- 
minale. Mais il est encore une autre particularité tout-à-fait 
exceptionnelle que présente cette enveloppe calcaire, que nous 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 435 


aurions pu ranger, comme l’a fait Guettard, parmi les Hons- 
truosités en plus ow p@r addition, et que nous ne devons pas 
omettre. 

Nous avons dit que la surface de la Coquille était dans la 
généralité des OEufs, toujours unie, à part le degré de son poli, 
et sauf les quelques exceptions que nous avons indiquées. Cette 
qualité normale de la Coquille est cependant sujette, comme 
la Forme de l’'OEuf, à quelques aberrations accidentelles. Il 
arrive quelquefois que les OEufs, surtout les OEufs dégénérés 
appelés Œufs-nains, ont la surface extérieure de leur Coquille 
parsemée et comme hérissée de tubercules sphéroïdaux ou 
globuleux de diverses grosseurs : lorsque l’on veut détacher 
ces scories granuleuses, on s'aperçoit qu’elles sont creuses 
pour la plupart. 

Cette altération purement accidentelle de la Coquille n’a 
encore été remarquée par nous, les OEufs de Poule exceptés, 
que sur deux OEufs de Choucas commun , un OEuf de Perroquet, 
un OEuf de Serin , un OEuf de Foulque, un OEuf d'Oie domes- 
tique, et un OEuf de Canard Nyroca. L'un des deux OEufs de 
Choucas est un OEuf nain, dont nous avons déjà parlé dans le 
Chapitre précédent. Quant aux autres OEufs, surtout celui d'Oie, 
ils ont leur dimension ordinaire. Il est présumable que la même 
chose peut arriver aux OEufs de tous les Oiseaux en général, 
sous l'influence des mêmes circonstances. 

Guettard nous apprend que la Collection de Réaumur renfer- 
mait deux de ces OEufs bizarres que ce dernier avait reçus d’un 
curé de Pompone et qui provenaient d’une Poule qui les avait 
pondus en 4747, laquelle Poule, dans plusieurs pontes succes- 
sives , en avait déjà pondu de semblables. Voici la description 
qu’en donne cet Académicien : « Cet OEuf, dit-il (l'Œuf nain), 
était d’une figure régulière et ordinaire aux OEufs de Poule. 
Quoique petit, c'était un monstre en grosseur, si on le compare 


436 DEUXIÈME PARTIE. 


à de petits corps ronds qui étaient attachés à la surface extérieure 
d’un autre OEuf. Ces corps n'étaient pâs plus gros qu’un grain 
de millet; ces corps avaient tous l’air de petits OEufs. Pour celui 
où ils étaient attachés , il était de la moitié moins gros que les 
OEufs ordinaires. » Il est évident que cette description n’a rap- 
port qu’à un simple OEuf du genre de ceux dont nous parlons, 
et qui n'avait rien de plus remarquable. 

M. Moquin-Tandon (!) en cite un de Pigeon commun. 

Cette singularité ne doit être attribuée qu’à l’état maladif de la 
femelle dont les OEufs qui en sont affectés proviennent. Elle in- 
dique que le Carbonate calcaire n’ayant pu subir toute la prépa- 
ration nécessaire pour former une enveloppe unie et régulière, 
et étant trop liquide et sans assez de consistance, s’est laissé 
pénétrer d'air ou de tout autre gaz, et que ce gaz, en cherchant 
une issue, lors de l'expulsion de l’'OEuf hors du cloaque, s’est 
trouvé renfermé dans la matière , sous forme de globules, que le 
contact de l'air ambiant a fait passer avec elle à l’état d’indu- 
rescence. 

En général , toutes les altérations qui surviennent à la Coquille 
des OEufs , quant à l'aspect qu’elle présente en dehors des règles 
que nous avons fixées, sont dues aux perturbations apportées 
dans les fonctions et les habitudes de l’Animal. Ainsi le déran- 
gement introduit dans la nourriture des Oiseaux, dérangement 
inséparable de l'esclavage auquel il nous arrive souvent de sou- 
mettre plusieurs d’entre eux, amène nécessairement un déran- 
gement dans leurs fonctions organiques , et par suite dans leurs 
facultés génératrices. IL n’y a par conséquent rien d'étonnant à 
ce que, dans ces cas particuliers , la contexture de la Coquille, 
résultat d’une sécrétion spéciale, conserve les traces de cette 
cause désorganisatrice. 


(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 437 


Nous en avons possédé nous-même un exemple dans un OEuf 
pondu en mai 4837, par une femelle de Traquet-Tarrier (Saæicola 
ænanthe) que nous gardions en volière avec d’autres Oiseaux. 
Cet OEuf a les mêmes dimensions et la même couleur verte que 
ceux ordinaires de cette Espèce; mais la Coquille, au lieu d’en 
être lisse et polie, est mate et rude au toucher comme une râpe, 
et même quelque peu couverte d’une matière blanchâtre et cré- 
tacée assez semblable à celle qui distingue les OEufs des Pélicans, 
des Cormorans et des Anhingas. 

C'est ce que prouve, pour nous, une expérience que M. Moquin- 
Tandon (1) dit avoir faite sur une Cane qu’il aurait tenue enfer- 
mée quelques semaines, qu’il aurait forcée à s’accoutumer à une 
nourriture qu’il lui préparait, et dont il aurait obtenu ainsi des 
OEufs d’un grain fort éloigné de la finesse de celui des OEufs 
ordinaires. Quoiqu'il attribue ce résultat à une toute autre cause 
que celle que nous indiquons. 

Cette cause, selon lui, dépendrait du degré de voracité de 
certains Oiseaux , tels que le Dronte! la Gypaëte, les Canards, 
et une infinité d'Oiseaux à large bec, dont la Coquille se recou- 
vre de petites éminences ou de nombreuses aspérités. 

« J'ai remarqué, continue-t-il, que ces deux dernières circons- 
tances n'étaient guère propres qu'aux OEufs des Gralles, des 
Coureurs et des Oiseaux Aquatiques. Accoutumés à chercher 
leur nourriture incertaine au milieu de la vase, dans les eaux 
bourbeuses, dans la fange, ils sont plus sujets que les autres 
volatiles à avaler, avec leurs grossiers aliments, une certaine 
quantité de matières terreuses ou animales, qui peuvent contri- 
buer à rendre à leurs Coquilles cette rugosité poreuse que nous 
lui connaissons. J'ai enfermé une Cane pendant quelques 
semaines; je l’ai forcée à s’accoutumer à une nourriture que je 


(1) Loco cilato. 


138 DEUXIÈME PARTIE. 


lui avais préparée, et j'ai obtenu par ce moyen des OEufs dont 
le grain était bien éloigné de la finesse de celui des OEufs ordi- 
naires. La même expérience répétée plusieurs fois, et sur des 
individus différents, a toujours été suivie des mêmes résultats, 
et il n’est pas jusqu'aux Gallinacés sur lesquels on ne puisse 
remarquer le même phénomène; le Casoar, qui engloutit tout ce 
qu’on lui donne, et qui rend quelquefois une pomme de la 
grosseur du poing aussi entière qu'il l’a avalée (Buffon), a des 
OEufs très-poreux, moins gros et plus allongés que ceux de 
l’'Autruche et semés d'une multitude de tubercules d’un vert 
foncé. (1) » 

Nous croyons que M. Moquin-Tandon est allé trop loin dans 
sa généralisation : car, s’il n’y a pas d’Oiseaux plus voraces que 
les Canards, il y a peu d’OEufs d’Oiseaux plus doux au toucher 
que ceux de tous les Anatidés, à l'exception des Cygnes et de 
quelques Oies. Les seules Familles d’ailleurs chez lesquelles se 
présentent ces rugosités calcaires à l’état normal, étant, ainsi 
que nous l'avons dit, les Hoccos ou Pauxis , au plus haut degré, 
que leurs OEufs soient pondus à l’état sauvage ou à l’état de 
domesticité; ceux des Pénélopes, à un degré beaucoup plus 
faible, et ceux des Casoars. Et nous ne voyons pas pour ces 
Oiseaux, à l’exception des derniers , qu’ils soient d’une voracité 
telle qu’ils doivent être mis sur la même ligne que les Canards , 
et que cette voracité doive influer à ce point sur le mode de 
sécrétion ou plutôt de cristallisation des sels Calcaires. 

Il est bien évident que le mode de nourriture et d'existence 
des Oiseaux peut et doit même influer sur la composition de la 
matière servant à l'enveloppe extérieure de l’OEuf; et que la base 
et les éléments de cette matière, tout en restant les mêmes en 


(1) Linnœus, Syst. Nat. Edil. duod. p. 265, 2(Slruthio Cazuarius); 
fimel. 726, 2 et Clusius, Exotie. Lib. à, cap. 3, p. 99. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 139 


reçoivent des modifications qui réagissent elles-mêmes sur 
l'aspect que présente ce tégument. Et, ce qui est à remarquer, 
c’est que cette substance est beaucoup plus homogène, malgré 
sa diversité apparente chez les Oiseaux terrestres que chez les 
Oiseaux aquatiques; ceux-ci manquant généralement de ce 
gluten animal qui lie et soude entre elles toutes les molécules 
calcaires chez la grande majorité des autres Oiseaux. Mais de 
même qu'une nourriture exceptionnelle et plutôt désorgani- 
satrice , comme on doit supposer celle mise en usage par 
M. Moquin-Tandon , puisqu'il ne nous en indique pas la nature, 
peut amener une perturbation anormale dans la sécrétion ou 
la production de la substance calcaire , et son mode de dépôt ou 
de cristallisation à la surface des enveloppes de l'OEuf; de même 
une nourriture régulièrement administrée et choisie, relative- 
ment à’ celle toute fortuite que leur fournit la nature dans leur 
état de liberté, peut amener un résultat opposé chez les Oiseaux 
soumis à ce régime : c’est-à-dire rendre plus fine et plus douce 
chez eux la Coquille de leurs OEufs, qu’elle ne l’est d'ordinaire, 
c’est ce qui se remarque principalement chez l’Autruche, dont 
l'OKuf, pondu en domesticité offre une Coquille presque lisse, 
totalement privée de ces tiquetures des pores dont est ordinai- 
rement criblée la Coquille des OEufs que cet Oiseau pond en 
liberté, et partant, d’une épaisseur beaucoup moindre. 

C'est ainsi, au surplus, et par suite d’une nourriture trop 
substantielle et sous les mêmes influences, que nos Poules do- 
mestiques pondent ces OEufs Aardés, dont nous avons déjà 
parlé : le développement de la graisse tout le long des parois 
des intestins et de l'Oviducte mettant obstacle au développement 
régulier de la matière calcaire. 

Nous bornerons à ce qui précède les observations auxquelles 
peut donner lieu la contexture de la Coquille de l'OEuf ; nous 
réservant de les développer à l’occasion dans la dernière partie 


140 DEUXIÈME PARTIE. 


de notre Travail, selon les Familles Ornithologiques dont nous 
pourrons avoir à nous occuper. 


CHAPITRE HI. 
2 der. 


DE LA COULEUR DES OEUFS DES OISEAUX EN GÉNÉRAL , 
ET DE SON ORIGINE. . 


+ 


Le dernier Caractère que présente la Coquille de l'OEuf des 
Oiseaux , est celui que l’on peut tirer des Couleurs dont elle est 
nuancée extérieurement. C’est avec intention que nous établis- 
sons cette différence. La plupart des Ornithologistes , sans en 
excepter M. Z. Gerbe (1j, ont avancé à tort que la surface inté- 
rieure de la Coquille était toujours Blanche. Elle varie, pour 
quelques Ordres, du Blanc pur au Blanc bleuàtre et au Blanc 
verdâtre. Les OEufs des Gallinacés, des Oiseaux de proie et d’une 
grande partie d’Oiseaux de rivages et de mers en offrent des 
exemples invariables. Ces différentes teintes, dans ces cas , sont 
celles de la matière calcaire elle-même. Cette particularité 
n'avait cependant pas échappé depuis longtemps au docteur 
Thienemann , qui , remarquant à la transparence de la Coquille 
une teinte autre que celle de la surface extérieure, ajoute cette 
réflexion : « Ce qui peut très-bien servir à distinguer les espèces 
» alliées. » 

Cette partie de l’Oologie n’est pas la moins agréable à étudier; 
elle n’est pas non plus la moins difficile. Il est impossible , si 
l’on n’en à vu une suite nombreuse, de soupçonner la richesse 


(4) Diet. Pitlor. d'Hist. Natur. 1838. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4141 


et la variété des teintes qui ornent cette enveloppe, en apparence 
si grossière et si insignifiante. Une Collection de ce genre est 
réellement digne de figurer à côté des somptueuses Collections 
de Papillons et d'Oiseaux dont sont remplis les Cabinets d’His- 
toire Naturelle. Aussi nous ne doutons point qu'à mesure que 
les observations, en se multipliant sur ce sujet intéressant, en 
découvriront toute la valeur et le mérite, les Amateurs, et 
même les Savants, ne finissent par devenir curieux de posséder 
les OEufs de toutes les Espèces d’Oiseaux connues. 

Les Couleurs, tant simples que composées, dont nos peintres 
couvrent leur palette , se rencontrent diversement réparties sur 
la Coquille des OEufs. Les uns sont Blancs, les autres Verts, 
ceux-ci Bleus, ceux-là maculés de Rouge, quelques-uns sont 
Roses, d’autres orangés, d’autres ont des taches, ou de Brun, 
ou d’Ocre Rouge , ou de Gris, ou de Noir; on en voit de Vert- 
Olive, de Brun uni, de couleur Fauve, enfin de toutes les combi- 
naisons de Couleurs dont la Nature a fait un si bel emploi dans 
les OEuvres de la Création. 

S'il est peu facile de se reconnaître au milieu de cette diversité 
de nuances, il ne l’est pas davantage d'établir entre les OEufs, à 
cet égard, des divisions aussi tranchées que celles que nous 
avons obtenues de la Forme et de la Structure de la Coquille de 
l’OEuf. Nous essaierons toutefois, malgré les obstacles que nous 
venons de signaler, de diviser les OEufs aussi convenablement 
qu'il nous sera possible quant à leurs Couleurs. 

La Coquille des OEufs d’Oiseaux, en général, est, ou recou- 
verte d’une Couleur unie et sans taches, ou diversement maculée 
sur un fond plus ou moins clair. Les nuances affectées par les 
OEufs teintés d’une manière uniforme sont le Blanc pur, le Blanc 
bleuâtre, le Blanc verdâtre, le Bleu pur, le Bleu verdâtre , le 
Vert-d’eau, le Vert-de-mer, le Vert-Olive , le Brun-Jaune, le 
Brun-Rouge, le Rose, le Lilas, le Gris-de-fer. Cette unité de 


4142 ; DEUXIÈME PARTIE. 


teinte nous paraît éminemment caractéristique pour la distinction 
de certaines Familles, ou de certains Ordres : elle est, à part la 
Couleur, comme la Forme de l’OEuf, constante dans les Espèces 
ou (Genres d’une même Famille , et ne varie que dans sa nuance 
ou son degré d'intensité. 

Quant aux Couleurs des taches superposées à cette teinte , elles 
passent par toutes les nuances intermédiaires que nous venons 
d'indiquer. Mais c’est moins la teinte sous laquelle elles appa- 
raissent à la surface de la Coquille, qui est à femarquer, que 
leur forme et leur disposition. Les unes sont rondes, ou arron- 
dies, les autres angulaires ou carrées; il y en a qui ne présentent 
que des raies très-fines en forme de chevelure , et en zyg-zag, ou 
des espèces de veines marbrées et onduleuses. Elles sont , en 
outre , plus ou moins détachées du fond de la Coquille : les unes 
y paraissant appliquées après coup, les autres paraissant se 
fondre d’une manière insensible dans la nuance qui en décore 
la superficie. Enfin ces taches ne sont pas toutes réparties de la 
même manière sur l'enveloppe calcaire de l’'OEuf : tantôt elles 
en couvrent uniformément la surface; tantôt, et plus générale- 
ment, elles n’en garnissent que la sommité en forme de cou- 
ronne, Ou le centre en guise de zône; ou seulement la base ; 
circonstances importantes à bien observer pour distinguer les 
Genres ou les Familles entre eux, et qui, combinées avec l’ins- 
pection de la Couleur, sont autant de moyens presque infaillibles 
de parvenir à cette distinction. 

On se tromperait étrangement, si l’on croyait que chaque 
Famille ou Groupe, ait toujours sa Couleur propre à laquelle 
participent les Genres ou les Espèces qu’il renferme. Il n’en 
est pas ainsi, quoique cela ait lieu quelquefois. C'est-à-dire, que 
toutes les Espèces d'un même Genre ou tous les Genres d’une 
mème Famille se tiennent les uns aux autres par un lien com- 
mun qui est, soit la nuance principale formant le fond de leur 


-CARACTÈRES OOLOGIQUES. 443 


Couleur, comme chez les Perdicidés , les Gharadridés, etc., soit 
la nuance accessoire de ce même fond, comme la plupart des 
Accipitres Diurnes, et qui peut servir de base pour distinguer 
le Genre ou la Famille dont elles ressortent. Mais souvent aussi, 
chaque espèce d’un même (Genre ou chaque Genre d’une même 
Famille a sa Couleur particulière, et le Genre ou la Famille 
auquel elle se rapporte ne se distingue par d'autre caractère 
que celui de l’uniformité de la nuance dont sont ornés ces 
Espèces ou ces Genres, quelle qu’en soit la teinte, ou pour 
mieux dire, celui de l’absence de toute tache : ce qui est remar- 
quable chez les Tinamidés, Famille fort naturelle, et dont 
chaque Espèce a son OEuf d’une Couleur distincte, ou Bleue, 
ou Verte, ou Carminée, ou Lilas, ou Brun-Violet, ou Brun- 
Bronzé, ou Brun-Gris foncé, mais toujours uniforme et sans 
tache. 
__ Eu égard à la Couleur, les OEufs se partagent naturellement 
en deux grandes classes : ceux simplement revêtus d’une teinte 
Blanche ou qui ne revêtent aucune Couleur étrangère à celle de 
la matière dont se compose leur Coquille ; et ceux dont la 
Coquille revêt au contraire une Couleur étrangère à celle de 
cette matière. 

Les premiers se subdivisent assez naturellement en trois 
groupes suffisamment tranchés et distincts. Mais les derniers 
sont composés d’une variété tellement infinie de nuances, qu’ils 
se fractionnent à leur tour en presque autant de sections qu'il 
se trouve de Genres ou de Familles auxquels le Blanc n’est 
point particulier. Force nous est donc de nous borner à des 
énonciations générales. 

Nous commencerons par les OEufs Blancs, parce que, ainsi 
que nous venons de le dire, ce sont ceux qui se partagent le 
plus naturellement la grande classe des Oiseaux, ct puis parce 
que ce sont les plus communs en notre Europe , nous voulons 


424 DEUXIÈME PARTIE. 


dire de ceux des Pigeons et des Poules, et enfin, disons-le à la 
grande surprise de nos Lécteurs, parce que cette Coquille 
blanche sans teinte et sans tache est propre au quart du nombre 
total des Espèces admises en Ornithologie : c’est-à-dire que sur 
8,300 Espèces d’Oiseaux que compte et reconnaît le Prince 
Ch. Bonaparte, 2,000 Espèces au moins ont les OEufs Blancs. 
L'habitude de voir les OEufs de nos Gallinacés et Pigeons domes- 
tiques a même fait supposer à tort, aux personnes qui n’en 
avaient jamais vus d’autres, que les OEufs de tous les Oiseaux 
devaient être également Blanes. Nous venons de commencer à 
démontrer que si le nombre en est relativement grand, il s’en 
faut de beaucoup qu’il en soit ainsi; et l’on verra par la suite 
quelle étonnante diversité la nature a su répandre dans ce hors- 
d’œuvre de son Grand Travail. 

La Coquille des OEufs étant composée d’une matière à peu de 
chose près chez tous uniforme par sa constitution et sa couleur, 
il en résulte que ceux chez lesquels cette Coquille n’est recou- 
verte d'aucune nuance ou teinte étrangère, offrent entr’eux fort 
peu de différence. Mais cette matière toujours Blanche, variant 
du Blanc pur ou de lait au Blanc-bleuûtre et au Blanc-verdâtre, 
cette faible différence d’aspect ou de transparence nous servira 
de base pour une première division générale , qui se trouve des 
plus naturelles, et qui réduit à trois, sous ce rapport, les six 
grands Groupes Scientifiques établis depuis longtemps par les 
Auteurs, et notamment par M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, 
parmi les Oiseaux, qui sont : les Rapaces, les Passereaux, les 
Gallinacés , les Echassiers, les Palmipèdes et les Impennes : 
Groupes que la Méthode actuelle, notamment celle du Prince 
Ch. Bonaparte a élevés au nombre de douze en les doublant en 
quelque sorte, c’est-à-dire en les scindant. Car, en mettant de 
côté les Psiftaci, confondus dans les anciens Passereaux, et 
les Znepli, dans les Impennes, on trouve que les Parallèles 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 445 


Herodiones et Grallæ ne sont qu’un fractionnement ou dédou- 
blement des anciens Echassiers; ceux des Gaviæ et des Anseres 
un fractionnement des anciens Palmipèdes, dans lesquels se 
confondaient les Péilopteri, et enfin les Séruthiones reprodui- 
sant les anciens Impennes. 

I. Uniforme et d’une teinte laiteuse, c’est-à-dire, inclinant 
plutôt au Jaunâtre qu’au Bleuâtre, même dans la transparence 
de la Coquille, la Couleur Blanche , comme ton général du fond 
de la Coquille, est propre aux Strigidés, sans exception, aux 
Passereaux , aux Gallinacés, et, parmi les Palmipèdes, aux Pro- 
cellaridés exclusivement; mais constamment pure dans la plus 
grande partie des Groupes de ces divisions, elle est chez quel- 
ques-uns semée et recouverte de taches de formes variées passant 
par toutes les nuances de Rouge, de Jaune, de Bleu, de Vert et 
de Brun. 

IT. Nuancée d’une teinte Bleuâtre presque imperceptible, 
puisqu'on ne la peut voir que dans la transparence de la Co- 
quille, et en exposant celle-ci aux rayons d’un jour assez vif, 
la Couleur Blanche, comme teinte générale du fond de la 
Coquille , est propre à tous les Accipitres Diurnes; mais fré- 
quemment pure dans plusieurs Genres ou Familles de cet Ordre, 
elle est plus souvent clair-semée et parfois entièrement recou- 
verte de taches arrondies ou sous forme de nuages et de larges 
marbrures d’un Brun tantôt rougeâtre, tantôt olivâtre, et tantôt 
noirâtre. 

III. Teintée d'une nuance Verdâtre tout aussi légère, et 
seulement visible dans la transparence de la Coquille, la Couleur 
Blanche, de même que dans les Rapaces Diurnes, et comme 
teinte générale du fond de la Coquille, devient particulière à 
presque tous les Echassiers, les Palmipèdes et les Impennes; 
mais constamment pure dans plusieurs Familles de ces trois 
grandes divisions ; telles que les Pélécanidés, les Grèébidés et les 

1 


446 DEUXIÈME PARPIE. 


Manchots, ou Aptenodytes, elle revêt dans le plus grand nombre 
des taches et macules de formes et de couleurs diverses 4 et 
variant du Jaune au Brun, du Bleu au Vert. Il convient seule- 
ment d'observer que , quoique la Coquille des Pélécanidés et des 
Manchots ait, à la première vue, l'apparence d’un Blane de lait, 
cet aspect est l'effet d’une couche crayeuse de cette couleur qui 
recouvre une grande partie et quelquefois la totalité de leur 
Coquilie , dont la teinte véritable est cependant bien déterminée, 
ainsi que le démontrent les portions de cette même Coquille qui 
n'en sont point recouvertes. 

A la suite de cette première division viennent se grouper, 
ayec un peu moins d'ordre, les désignations des couleurs prin- 
cipales qui se superpesent, chez les OŒufs, à la Coquille propre- 
ment dite, ou à la matière qui la compose. On a bien observé avec 
quelque apparence de raison, et Guettard, et Gunther, et La- 
pierre, et Buhle, qu'aucune des Couleurs appelées primitives ou 
élémentaires ne se retrouve sur aucun des OEufs d'Oiseaux 
connus jusqu'à ce jour; mais on aperçoit sur le.plus grand 
nombre des traces si bien accusées de ces Couleurs , qu'elles 
sont plus que suffisantes pour démontrer, non la justesse absolue 
de cette observation , mais au contraire la possibilité de la for- 
mation, et peut-être de l'existence de ces Couleurs du prisme 
sur les (Eufs que le temps pourra faire découvrir. 

Ainsi, si le Violet pur n’y a pas encore été retrouvé, plusieurs 
tons qui en approchent de beaucoup se retrouvent dans plusieurs 
Familles telles que les Laniicés, pour le Tyran de la Caroline 
{Lanius Carolinensis. Wilson); les Tinamidés, et, comme 
couleur accessoire , les Sternidés. 

Il en est de même pour le Rouge, qui est encore inconnu : 
mais le Rese incarnat existe nettement accusé sur les OEufs de 
quelques Sylviidés, à l’état de macule en général, et, plus par- 
ticulièrement , uniformément étendu sur toute la surface de la 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 147 
Coquille dans l'OEuf des trois ou quatre Espèces d’Hippolaïs 
connues. 

Le Rose passe au Rouge-brique et au Rouge-vineux dans les 
OEufs de quelques Certhiidés, comme le Grimpereau d'Europe 
(Certhia familiaris. Linnée); dans les Sittidés et les Paridés, 
dans un grand nombre de Troupiales, et, parmi les Ictéridés, 
dans l’Etourneau de la Louisiane (Séurnella Ludoviciana. Wils.) 

Ce même Rouge passe au Rouge-sanguin dans l’OEuf du Bec- 
Croisé, faux Perroquet (Loxia pythiopsittacus. Bechstein) ; dans 
l'OEuf de presque tous les Meliphagidés, et quelques autres. 

Enfin le Rouge-sanguin arrive au Rouge-brun et noir dans 
une multitude d'OEufs, principalement dans ceux de presque 
tous les Rapaces diurnes, et entre tous, dans ceux des Falco- 
nidés. 

Le Jaune pur, qui n’a pas non plus encore été découvert , se 
retrouve quelque peu carminé et orangé dans les (Eufs de plu- 
sieurs Phasianidés , tels que le Faisan doré (Phasianus pictus. 
Lin.), et le Faisan argenté (Phasianus nycthemerus. Lin.) 

Dans le ton Isabelle, le Jaune devient la livrée générale des 
OEufs de tous les vrais Charadridés , comme fond; et, dans une 
multitude d’autres OŒuñs , il donne lieu à un grand nombre de 
nuances par son mélange avec les diverses teintes brunes. 

Le Bleu pur, qui n'existe pas davantage . se retrouve pourtant 
presque pur, et sous des nuances variées, dans les OEufs de 
plusieurs Cuculidés, de plusieurs Turdidés ou Mérulidés, de 
plusieurs Saxicolinés, de plusieurs Pyrrhulidés, tels que le 
Genre Carpodacus, et de plusieurs Tinamidés: et partout 
comme couleur de fond et uniforme. 

Puis il passe par des tons infinis de Vert dans d’autres 
Oiseaux de ces diverses Familles, et notamment dans les Otidés. 
les Ardéidés et les Anatidés. 

Telles sont à peu près toutes les nuances principales qui 


448 DEUXIÈME PARTIE. 


forment le fond de couleur de la Coquille de tous les OEufs 
d’Oiseaux venus jusqu’à ce jour à notre connaissance. 

Pour ce qui est des taches, elles ne peuvent guère servir par 
leurs Couleurs à établir à elles seules, entre les OEufs, des 
distinctions bien précises, parce que ou elles participent plus 


ou moins à celle du fond de la Coquille, ou elles rentrent dans 
la plupart des teintes dont nous venons de parcourir la série. 


22. 


DE L'ORIGINE DE LA COULEUR DES ŒŒUFS DES OISEAUX (1). 


Il n’est pas aussi facile de se rendre compte de l’origine de la 
matière colorante qui se dépose à la surface de la Coquille des 
OEufs de la plupart des Oiseaux, que dé leur Forme et de la 
contexture ou de la composition de cette enveloppe calcaire. 
C'est un point des plus importants à connaître en Oologie, et 
dont aucun Auteur, à l'exception de l’abbé Manesse (2) en 
France, et des Docteurs Thienemann et Carus (3) en Alle- 
magne, ne s’est encore, à notre connaissance, sérieusement 
occupé, soit indifférence, soit à cause des difficultés de la 
recherche. Avant eux, Fabricius d’Aquapendente y avait bien 
songé, mais sans l’approfondir, et en émettant l'opinion : que 
la couleur dépendaït du tempérament de l’Oiseau; et depuis 
Manesse , seulement, Buhle s’en est exprimé en disant : « que ce 
n'est pas dans l’extrémité de la matrice que les OEufs reçoivent 
leur teinte ;...…. que c’est dans le cloaque qu'ils prennent leur 
couleur ; et qu’il est probable que les excréments colorants et les 
substances mêlées à l’urine produisent cette variété de teintes. » 


(1) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. N° 19, Déc. 1843. 

(2) Dans son Introd. mss. à une Oologie Européenne restée inachevée, 
1780 à 1790. 

(3) Trait. élém. d’Anat. comparée, 1835. — Trad, par le Dr Jourdan. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES. 449 


À quoi doit être attribuée la formation de cette matière? 
Provient-elle de la combinaison des particules ferrugineuses du 
sang avec les agents chimiques composant la substance de la 
Coquille? ou bien existe-t-elle distincte, séparément élaborée 
dans le corps de l'animal, et contenue, comme la matière 
calcaire dans des vaisseaux ou conduits particuliers, aboutissant 
aux parois de l'Oviducte ? Telles sont les deux principales ques- 
tions que fait naître la présence d’une matière colorante sur la 
contexture crayeuse des OEufs, et que nous allons alternative- 
ment examiner et comparer entre elles, afin de connaître laquelle 
peut donner la solution la plus rapprochée de la probabilité, 
sinon de la réalité. 

La première question n’a encore été soulevée que par 
Guettard (1) qui, s’occupant uniquement de la descripiion des 
OEufs de la Collection de Réaumur, n’a fait que donner à cet 
égard les idées que nous avons reproduites plus haut (?); et 
depuis par Manesse, dont nous avons, de même que pour la 
formation de la Coquille, vérifié les observations et constaté 
l'exactitude. L’un a raisonné sur une hypothèse que les faits ont 
à peu près justifiée; l’autre n’a parlé que d’après ses propres 
expériences. Mais, pour bien éclaircir cette question, il est 
nécessaire de la reprendre au point où nous l'avons laissée dans 
le Chapitre précédent, et de rentrer dans le détail des phéno- 
mènes qui accompagnent ordinairement l'opération pénible de 
la ponte, qui est véritablement pour les femelles des Oiseaux, 
ce qu'est l'accouchement ou le partus, pour les femelles des 
Mammifères. 

Nous avons vu, en étudiant le développement de la matière 
calcaire dans l’Oviducte, quel était l'état morbide et inflamma- 


(1) Mém. sur diff. part. des Se. et Arts, T. 5. 1785. 
(2) Voir page 21. 


450 DEUXIÈME PARTIE. 


toire de cet organe. Ce n’est pas tout encore : l’échauffement 
causé dans cette partie du corps de l’animal par je travail qui s’y 
accomplit et aussi par son ardeur prolifique est tel, qu'aux 
gouttes blanchâtres qui suintent des papilles dont nous venons 
de parler, il s’en joint de sanguines procédant les unes par écou- 
lement, les autres par jet et par éclat, ce qui explique parfaite- 
ment la forme de larmes ou d’éclaboussures de certaines taches. 

C’est ce qu’a fort bien constaté Manesse en ces termes : 

«a Dans les Oiseaux dont les OEufs sont colorés, et chez 
lesquels les Couleurs pénètrent la Coquille assez profondément 
pour ne pouvoir s’effacer en les passant à l’eau, il sort des 
papilles dont je viens de parler quelques molécules sanguines 
qui se mêlent à la liqueur laiteuse, et qui, différemment com- 
binées soit avec l'acide phosphorique qui unit ensemble les 
parties de la Coquille, soit avec l'alcali de la terre calcaire qui 
en fait la base, donnent le Bleu, le Vert, le Jaune, le Rouge, le 
Noir et les autres Couleurs mixtes : d’où on peut croire que le 
Fer, qui fait la base du sang, doit y jouer le plus grand rôle et 
composer peut-être toutes ces nuances. » 

Mais jusqu’à présent on n’a pu découvrir quel était le point de 
réunion de ces petits vaisseaux, et par conséquent le point de 
départ de la matière calcaire qu’ils amènent dans l'Oviducte. Ce 
qui n’annonce pas de grands progrès dans cette partie de l’Ana- 
iomie Ornithologique depuis un demi-siècle; car c’est ce qu’a 
parfaitement exprimé en d’autres termes Virey (1) en disant : 
« Qu'on ne peut apercevoir le canal de communication par 
lequel ce liquide passe des reins ou d’un autre organe à l'Ovi- 
ducte. » 

L'autre question, qui nous est propre, nous a été suggérée 
par une observation que le hasard seul nous a fait faire, il y a 


(1) Nouv. Dict. d'Hist. Natur. etc. Déterville, 4803. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 151 


une trentaine d'années. Au printemps de 14829, nous rencon- 
trâmes dans une prairie de la Champagne, non loin des bords 
de la rivière et proche d’Anglure, un nid de Vanneau Commun 
ou Huppé (Tringa Vanellus, Lin.) avec trois OEufs seulement 
dedans. Deux de ces OEufs présentaient les Couleurs affectées 
ordinairement par cette Espèce : sur un fond Brun-Verdâtre 
abondaient confusément des taches d’un Noir-Brunâtre plus 
abondantes au gros bout qu'à la pointe. Il en était tout autre- 
ment du troisième, que nous avons conservé longtemps dans 
notre Collection, où il se trouve encore avec elle; sa Couleur 
différait tellement de celle des deux autres, que, n’eût été sa 
Forme absolument la même, Ovoïconique, nous l’eussions pris 
pour l’OEuf d’une Espèce étrangère au Vanneau et inconnue; 
car il était d’un Vert-d’eau uni, légèrement parsemé, surtout au 
gros bout, de petits points ou mouchetures noirâtres. Lorsque 
nous vidèmes cet OEuf, au moyen de l’insufflation, nous fûmes 
témoin d’un phénomène extraordinaire qui n'a jamais été 
remarqué par personne que nous sachions, et que nous n'avons 
pas encore vu se reproduire depuis. L’Albumen et le Jaune sor- 
tirent par la pointe, au bout aigu de l'OEuf, dans leur état 
normal, l’un et l’autre avec sa tunique, et l'OEuf nous paraissait 
entièrement vide, quand, en l’insufflant de nouveau, nous en 
fimes sortir une espèce de caillot noirâtre et glaireux. Ayant 
examiné avec soin la substance dont ce caillot pouvait être com- 
posé, nous reconnûmes, à notre grand étonnement, que c'était 
une agglomération de la matière colorante formée des deux 
teintes communes à cette Espèce, c’est-à-dire de Brun-Verdâtre, 
noyée dans un mélange d’albumen et de gluten animal qui fait 
adhérer entre elles les particules constituantes de la Coquille, et 
retenue dans une pellicule ou membrane transparente semblable 
à celles qui retiennent et divisent entre elles les diverses portions 
de l’Albumen et du Vitellus. ïi 


452 DEUXIÈME PARTIE. 

Ce fait, unique jusqu’à présent en Oologie, nous a paru de 
nature à être cité: il mérite l’attention des Oologistes non moins 
que celle des Physiologistes. La seule explication que nous en 
ayons pu donner est celle-ci. Il faut d’abord supposer la préexis- 
tence ou préformation accidentelle de la matière colorante dans 
l'intérieur de l’Oviduete avant le passage de l’OEuf par ce canal, 
puisqu'elle se trouvait au gros bout de celui dont nous parlons, 
et par conséquent avant le dépôt sur ce corps de la substance 
calcaire. Il faut ensuite admettre, comme dans le cas de la ren- 
contre de deux Jaunes, que cette matière colorante, ainsi agglu- 
tinée, ayant été entrainée dans la sphère d’action et d’activité de 
l’OEuf, recouvert alors de son Albumen mais non de sa dernière 
enveloppe pulpeuse, se sera trouvée renfermée dans la Coquille, 
laquelle, dès lors, n’a pu être très-faiblement teinte que par le 
peu de particules colorantes demeurées aux parois de l’Oviducte. 
Remarquons d’ailieurs que la teinte Vert-d’eau apparaissant sur 
cet OEuf est en grande partie celle qui se voit toujours à la sur- 
face intérieure et dans l’épaisseur de la Coquille chez le Vanneau 
et plusieurs autres Espèces d’Oiseaux fluviatiles, de rivages et 
de mers; en un mot, la Couleur de la matière calcaire dans ce 
Genre ou cette Famille. 

Ainsi se trouverait expliquée, sous un autre rapport, la pré- 
sence, dans certaines couvées d’OEufs d'Oiseaux , d'OEufs colorés 
d’une teinte unie , la même qui forme le fond de la Couleur des 
autres OEufs du même Nid, mais sans aucune tache, tandis que 
ceux-ci sont maculés selon que le comporte l’Espèce dont ils 
proviennent. 

Nous étions par là naturellement conduit à supposer que la 
matière colorante existait peut-être tout-à-fait distincte et sé- 
crétée comme la matière calcaire dans l’intérieur du corps de 
l'Oiseau: À quelques recherches que nous nous soyons livré 
pour établir ce fait d’une manière certaine, nous avons toujours 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 453 


échoué ; et rien ne s’est offert à nos yeux qui révélât l'existence 
d’un réceptacle particulier de cette matière. Nous sommes donc 
forcé de nous en tenir à la découverte de Manesse, confirmée 
par Purkinje et Carus, et d'admettre que les différentes teintes 
que présentent les taches superficielles de la Coquille ne se for- 
ment dans l’Oviducte qu’à l'instant où l’OEuf, en le parcourant 
pour sortir du Cloaque , en distend les parois par son volume et 
provoque un suintement général de toutes les fibres de la partie 
inférieure de ce canal; l'effet de ce suintement ou de cette exsu- 
dation étant de mettre en présence les particules ferrugineuses 
et calcaires dont la combinaison s'opère immédiatement, diver- 
sement modifiée ; ajouterons-nous, par l’action des gaz propres 
à chacune des substances qu'elles renferment. 

Le fait paraît même d'autant plus vraisemblable que la forme 
seule des taches déposées sur la Coquille reproduit généralement 
l'impression exacte et l’image parfaite des gouttes de sang exsu- 
dées, soit des parois de FOviducte, soit de celles des fausses 
membranes refoulées au dehors; ces images se montrent tantôt 
régulièrement dessinées, et plus ou moins arrondies ou oblon- 
gues, si la résistance dans l'opération est faible, tantôt sous 
l'aspect d’une éclaboussure ou d’une goutte comprimée si cette 
résistance est forte; tantôt, et plus rarement, sous forme de 
traits ou lignes plus ou moins sinueux, ce qui dénote un épan- 
chement de ce même sang exsudé au milieu des divers éléments 
de l’Albumen, ou, pour mieux dire, du Gluten animal, diffusés 
dans toute la longueur de l’Oviducte, et dont la nature visqueuse 
n'a permis au sang de s’y introduire que par filets ou linéaments. 

Ainsi donc, point ou peu de doutes quant à l’origine des 
taches colorantes ou colorées qui se voient sur la Coquille des 
différents OEufs d'Oiseaux. 

En nous exprimant ainsi, nous ne faisons que donner notre 
opinion personnelle, car cette origine a été contestée, à l'en- 


454 DEUXIÈME PARTIE. 


contre de Carus le seul Auteur qu’il eonnût de cette explication , 
et par conséquent, à l'encontre de Manesse , qui l'a donnée bien 
avant le Docteur Allemand, et que nous avons le premier fait 
connaître, par notre savant et modeste ami, M. Gerbe, qui l’a 
discutée en ces termes (1) :° , 

« Carus explique ou croit devoir expliquer ces teintes diverses 
qui existent sur la Coquille par la décomposition du sang mêlé 
aux sels calcaires qui composent celle-ci. « Elle ne résulte pas 
» uniquement, dit-il, en parlant de la coque, d’une excrétion 
» de sels calcaires ; car le Sang de l’Oviducte, qui se trouve 
» dans une sorte d'état inflammatoire, mêle encore à ces sels 
» des produits auxquels doivent être attribuées les Couleurs 
» diverses des OEufs des Oiseaux. Toutes ces teintes nous rap- 
» pellent done la décomposition du Sang, et c’est ce qui explique 
» pourquoi les Couleurs élémentaires en sont exclues. » Il est 
possible, continue M. Gerbe , que les Couleurs, dans les OEufs, 
soient dues à quelque chose de semblable; cependant on ne peut 
encore rien dire de positif à ce sujet, car si la cause des taches 
est dans le sang que les capillaires utérins mélent aux sels de la 
Coquille , il est bien difficile de concevoir pourquoi, dans toutes 
les Espèces, les OEufs ne sont pas tachetés, et pourquoi ceux qui 
le sont n'offrent pas les mêmes teintes. L’on admet en principe 
que de la même cause résultent les mêmes effets; or ici la cause 
est la même, puisque le phénomène, identique chez toutes les 
Espèces, se passe dans des organes qui n’admettent pas la 
moindre différence dans la Série Ornithologique, et pourtant les 
faits prouvent que les résultats diffèrent. Ceci ferait soupçonner 
que l'opinion de Carus n’est pas entièrement fondée. En outre 
la Couleur, quelle que soit son intensité , est tout-à-fait extérieure 
et ne forme sur la Coquille qu’une couche légère; dans tout le 


(1) Dict. Püttor. d'Hist. Natur. 1838. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 455 


reste de son épaisseur, elle est d’un Blanc pur uniforme. Or si 
le sang avait mêlé aux sels calcaires qui la composent des pro- 
duits colorants, il est probable que ces produits devraient se 
retrouver dans toute la Coquille, ce qui est loin d’être. Peut-être 
la Chimie en analysant ces teintes, arrivera-t-elle à des résultats 
un peu satisfaisants. » 

Une simple réponse à faire aux diverses objections de M. Gerbe 
résout, ce nous semble , les prétendues difficultés dont il argu- 
mente, et laissent sauf le principe qui lui sert de base. 

M. Gerbe, en raisonnant de la sorte, oublie qu’il existe toujours, 
tant que l’OEuf n’est pas sorti du Cloaque, et poursuit ses phases 
multipliées d’évolutions ou de formations, un élément important 
dont il faut tenir compte, entre la matière calcaire et l'expansion 
de la matière colorante; cet élément, véritable agent modérateur 
entre ces deux principes, est ce Gluten animal, admis et reconnu 
par tous les Chimistes, élément toujeurs présent et actif, et qui 
modifie à tous les moments de progrès successifs du produit ova- 
rien, le rapprochement des deux principes, lequel s'opère dès 
lors par voie de contact, ou d'impression ou d'application et non 


par voie d’incrustation ou de mélange. Il en résulte que là où ce’ 


Gluten, qui se peut assimiler à une sécrétion ou exsudation de 
la Muqueuse est assez abondant ; quelles que soient les expan- 
sions sanguines des Capillaires utérins, elles ne feront que glisser 
sur la viscosité de ce fluide qu’elles rencontreront toujours entre 
elles et les sels calcaires de la Coquille, presque constamment 
assez formée et assez compacte, au moment où ces expansions 
s'effectuent, pour ne pouvoir jamais être pénétrée et encore 
moins atteinte par elle. Là seulement git la cause des différences 


qui paraissent tant embarrasser le savant Physiologiste , auquel , 
nous répondons avec d'autant plus d’aisance et de liberté, que 


nous éprouvons plus de plaisir à le rencontrer et à le citer en, 


Oologie. 


456 DEUXIÈME PARTIE. 


Mais faut-il rejeter cette formation , cette origine de la forma- 
tion de la matière colorante, à l’égard des teintes uniformes 
plus ou moins Rougeâtres, ou Jaunâtres, ou Bleuâtres, ou 
Verdâtres qui recouvrent entièrement la surface des OEufs dont 
la Coquille n’apparaït pas Blanche , et admettre, comme le fait 
le Docteur Carus, l’hypothèse d’une sécrétion particulière sem- 
blable à celle de la matière calcaire, et dont le fait que nous 
venons de citer relativement à un OEuf de Vanneau, pourrait 
offrir une analogie? 

Telle n’est pas notre opinion : parce que, suivant nous, l’ori- 
gine de ces teintes unies qui forment le fond de Couleur du plus 
grand nombre des OEufs maculés et de ceux qui ne le sont pas, 
doit, dans tous les cas, être la même que celle des teintes dont 
sont composées les taches elles-mêmes. Du moment en effet que 
l'on admet, comme on s’y trouve amené tout naturellement et 
forcé par l'observation, que la combinaison des particules 
minérales du Sang avec celles des Sels calcaires suffit pour 
produire toutes les nuances de taches que l’on connaît, et qui 
passent du Pourpre au Rouge, du Rouge au Brun, du Brun au 
Jaune, du Jaune au Vert, du Vert au Bleu , du Bleu au noir, et 
par toutes les nuances intermédiaires, il n’y a point de raison 
pour que la même combinaison ne donne pas naissance aux 
mêmes nuances sous un développement plus grand et dans une 
quantité plus considérable : le moins ici peut très-bien devenir 
le plus. Il n’est pas plus étonnant d’ailleurs de voir des OEufs 
d’une seule Couleur unie, tels que ceux des Faisans et des Tina- 
mous, que de voir des OEufs entièrement Blancs, comme le 
sont ceux des Pigeons et des Poules. Il faut seulement supposer 
qu’alors il existe probablement dans l’intérieur de l’'Oviducte des 
Oiseaux qui font ces OEufs à seule teinte, une matière offrant 
dans toutes ses parties plus homogènes, une affinité plus intime 
pour le développement d’une de ces teintes sur une échelle plus 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 457 


grande que pour toute autre teinte ; et qu’à cette nature de cons- 
titution seule serait due cette unité de Couleur. L’inspection de 
l'OEuf du Bacbakiri (Lanius Bacbakiri, Shaw.) suffirait au 
besoin pour confirmer dans cette opinion : car avec un fond 
uni de Couleur Vert-Bleuâtre, à peine le plus souvent y aperçoit- 
on quelques taches rares et légères de sang pourpré imprimées 
en forme de points ou de gouttelettes. D'où nous concluons que 
lorsque le système de sécrétion colorante aura, avec le temps, 
été admis pour les teintes détachées, il devra l’être pour les 
teintes unies et réciproquement. / 


2 3. 


DE L'INFLUENCE DE LA NOURRITURE SUR LA COLORATION 
DE L'ŒUF DES OISEAUX (1). 


Quoiqu'il en soit de la découverte si importante de l’origine 
des taches colorées qui décorent la Coquille des différents OEufs 
d'Oiseaux , elle ne satisfait pas encore pleinement et ne résoud 
que la moitié de la difficulté. « Nous savons en général, dit 
Manesse, que cette variété de Couleur dans les OEufs, tient à 
différentes modifications du sang; mais nous ignorons encore 
pourquoi ces Couleurs sont propres à telle Espèce plutôt qu’à 
telle autre; pourquoi par exemple l’OEuf de Dinde et celui de 
la Pintade sont plutôt colorés que celui de la Poule, tandis que 
ces Oiseaux prennent absolument la même nourriture et vivent 
ensemble dans la même Basse-cour. » La même réflexion a été 
reproduite par quelques Ornithologistes qui ont attribué cette 
différence, les uns, comme Manesse, à l'influence de la nour- 
riture , les autres à celle des climats. Nous examinerons l’une 
après l’autre chacune de ces hypothèses. 


(1) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. N° 3, Mars 1844. 


458 DEUXIÈME PARTIE. 


Buffon (!), à ce sujet, remarquant le peu de rapports de 
nuance qui existaient entre les OEufs de la Pintade sauvage et 
ceux de la Pintade domestique, n’a pas hésité à faire dépendre 
cette dissemblance de l'influence de la domesticité ; ce qui impli- 
quait évidemment dans son esprit celle de la nourriture. Il a 
donc fait plus que pressentir, ainsi que l’insinue M. Moquin- 
Tandon (?), l’action des aliments sur la Couleur de la Coquille, 
mais cette influence existet-elle? Voilà la question. C’est ce 
que Buffon n’a ni examiné ni résolu, et c’est ce que soutiennent 
assez volontiers le Docteur Buhle et le savant Professeur que 
nous venons de nommer, lesquels induisent cette influence de 
lexpérience si souvent répétée de l'effet de la Garance, qui, 
mélangée à grandes doses à la nourriture des Poules, leur fait 
pondre des OEufs légèrement teints de cette Couleur, laquelle 
pénètre même toute l'épaisseur de la Coquille. 

Ce fait bien avéré ne nous paraît rien moins que concluant. 
Ici, on le voit, les expérimentateurs ont eu recours à un moyen 
extrême, et hors des règles naturelles. Il ne s’agit pas, en effet, 
dans ce cas tout particulier, de l’action des aliments, mais bien 
de celle d’un poison végétal délétère , puisque la Garance agit à 
un tel point sur le système musculaire et osseux des Animaux 
(témoins les belles expériences de M. Flourens), que ces Poules, 
de l’aveu même de nos Auteurs, finirent par périr. Or, tout le 
monde reconnaît l'effet de certains poisons dont les ravages, 
chez l’homme surtout, s’'annoncent non seulement par des dé- 
sordres dont la trace reste à l’intérieur, mais encore par des 
signes extérieurs non équivoques, tels que la coloration de la 
peau en violet, en jaune, en noir, ete. Il n’est donc pas étonnant 
qu'avec des caractères de décomposition aussi prononcés, l’action 


(1) Hist. Nat. des Ois. 
(2) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 459 


des poisons atteigne les substances renfermées dans le corps des 
Animaux qui y sont soumis, et spécialement dans celui de la 
Poule, l'enveloppe de l'OEuf, composée des mêmes éléments que 
les os de ces Vertébrés. 

Ainsi il faut conclure de ces expériences, qu’elles servent à 
prouver l’action de la Garance comme poison, tant sur le système 
osseux de la Poule, que sur la matière calcaire de ses OEufs, ce 
qui est identique, mais rien de plus. De là à établir l’action im- 
médiate de la nourriture saine, abondante, convenable, telle 
enfin que l'instinct apprend aux Oiseaux libres à se la procurer, 
il y a, selon nous, une distance immense que nous ne croyons 
pas que l’on puisse de longtemps mesurer avec succès , OU qui 
ne pourra l'être qu’à l’aide d'expériences multipliées. 

Une distinction importante serait d’ailleurs encore à faire ici. 
entre la coloration de la matière calcaire, toujours susceptible 
d’être influencée par le contact plus ou moins immédiat d'un 
agent délétère absorbé dans l'opération de la digestion, et la 
coloration de la matière proprement dite colorante, ou destinée 
à le devenir; matière à laquelle doivent leurs nuances les taches 
qui composent généralement la robe de la Goquille, qui ne pé- 
nètre jamais l'épaisseur de cette enveloppe dont elle n'occupe 
que la superficie, et paraît être à l’abri de cette influence que, 
jusqu’à ce jour, on n’a point remarquée. 

Une double preuve du peu d'importance de l'expérience en 
question et de la nécessité de la distinction que nous indiquons, 
c'est que nous-même nous avons aussi voulu avoir le dernier 
mot de cet effet de la Garance, comme impliquant la démons- 
tration de l'influence immédiate de la nourriture sur le mode de 
Coloration des OEufs. Mais alors, ce n’est pas sur des OBufs 
incolores et blancs, comme ceux de la Poule et du Pigeon, que 
nous avons expérimenté, mais sur des OEufs naturellement 
colorés, tels que ceux du Serin (Fringülla Serinus, Lin.), le 


460 DEUXIÈME PARTIE. 


seul Oiseau qui se trouva à notre disposition. Eh bien! ces OEufs, 
qui sont ordinairement d’un ton général Blanc légèrement Ver- 
dâtre, avec des points d'un Rouge de sang figé, entremêlé 
d’autres points et de quelques traits de même Couleur, souvent 
* même d’un Gris-Violacé, se sont reproduits, sous l'influence de 
la Garance mélangée aux aliments de cet Oiseau, exactement 
avec le même ton, les mêmes taches; seulement l'aspect ou 
l’ensemble de la Coloration se trouvait légèrement altéré par la 
présence d'un ton laqué ou rosé, qui s’entrevoyait à la surface 
de la Coquille et que notre œil exercé parvenait facilement à 
saisir au milieu de la teinte générale ordinaire; le même ton 
avait pénétré l'épaisseur de la matière calcaire, ordinairement 
d’un Blanc légèrement Verdâtre chez ces Oiseaux. 

Une dernière observation viendra mettre à néant la portée que 
l’on veut donner à ces expériences. Qu’en a-t-on voulu conclure? 
l'influence de la nourriture sur la Coloration de la Coquille. Or, 
nous avons déjà fait voir que la matière calcaire a une Couleur 
particulière et intime qui lui est propre, indépendamment des 
teintes qui la colorent extérieurement et superficiellement. La 
preuve des expérimentateurs que nous citons serait faite s’ils ne 
nous montraient la trace de la Garance qu’à la surface externe 
de la Coquille, tandis qu’ils nous la montrent pénétrant cette 
enveloppe dans tous ses pores et dans les éléments de sa compo- 
sition la plus intime : ils prouvent donc contre eux-mêmes; 
en un mot, leur expérience justifie notre raisonnement. 

Le résultat de l’expérience de M. Sacc offrirait quelque chose 
de plus spécieux. Dans une Communication faite à l’Académie 
des Sciences de Paris, le 28 juin 4847, cet observateur rapporte 
avoir expérimenté, à un point de vue d'Économie domestique, 
l'effet de l’Oxide Ferrique sur les Poules et avoir constaté le 
passage de cet Oxide dans la Coquille de l'OEuf : 

« Ainsi, des Poules mises en expérience ont pondu des OEufs 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 461 


à Coquille Blanche tant qu’elles ont reçu de la Craie; mais la 
Coquille a passé sur-le-champ au Jaune-Orangé quand on y à 
substitué le Calcaire jaune grossier, si riche en Oxide Ferrique. 
La Coquille des OEufs est redevenue Blanche lorsqu'on a remis 
les Poules au régime de la Craie. » (1) 

Seulement nous craignons bien qu'il n’en soit de cette expé- 
rience comme de celles du Docteur Buhle et de M. Moquin- 
Tandon, et que l’Oxide Ferrique, au lieu de teinter superficiel- 
lement l'enveloppe calcaire de l'OEuf, ne l'ait pénétrée dans 
toutes ses parties. 

Les seules observations concordantes, quoiqu’un peu excep- 
tionnelles, à joindre à celles que nous venons de citer, se bor- 
nent à deux. La première est de Buffon, qui a remarqué, ainsi 
que nous l’avons déjà dit, dans les OEufs des Pintades sauvage et 
domestique, une différence qui existe réellement, mais qui 
varie au point de ne pouvoir être regardée que comme acciden- 
telle, car les OEufs de la Pintade domestique, qui sont assez, 
souvent Rougeâtres ou Orangés, finissent par perdre cette couleur 
et vieux ou frais pondus, ne sont pas fréquemment plus teintés 
que ceux de la Pintade sauvage. La seconde observation, que 
nous croyons nouvelle, est relative aux OBufs du Nandou (Séru- 
thio Rhea. Lin.) Nous avons remarqué que ceux pondus en 
Amérique , dans l’état normal et de liberté de cet Oiseau, sont 
toujours d’une Forme plus Elliptique que Sphérique, et ont leur 
Coquille en tout point, quoique à un degré moindre, semblable 
à celle des OEufs de l’Autruche d'Afrique (Struthio Camelus. 
Lin.), c'est-à-dire assez épaisse, dure, d’une matière Planche 
légèrement Jaunâtre comme l'Ivoire, mais avec des pores moins 
profondément incrustés en forme de petits points qui en rendent 


(1) Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences et Re. Zoolog. de la 
Soc. Cuviér. N° 6, 1847, juin. 


42 


4162 DEUXIÈME PARTIE. 


la surface inégale , mais non raboteuse. Tandis que les OEufs du 
Nandou, pondus en Europe, et particulièrement ceux pondus à 
la Ménagerie du Muséum de Paris, outre qu’ils varient constam- 
ment dans leur Forme, qui passe de l’Elliptique à la Cylin- 
drique, sans aucune régularité de contours, sont d’une matière 
calcaire excessivement mince, et tantôt absolument d’un Jaune 
presque Jonquille, tantôt seulement d’un Blanc-Jaune sale, ou 
Verdâtre , avec des pores très-faiblement marqués , sinon nuls à 
la vue. 

Sans nous préoccuper davantage de ces observations, que 
nous avons citées comme un fait dont chacun peut apprécier les 
causes ou les effets , il y a plus de raisons, qu'il n’en faut sans 
doute, dans ce qui précède, pour justifier notre refus de croire, 
quant à présent, à l’influence immédiate et absolue de la nour- 
riture sur la Coloration de l’OEuf des Oiseaux. Ce refus repose 
en résumé sur les motifs suivants : que, si cette influence existait 
réellement, rien ne serait plus facile que d’augurer, de la nour- 
riture d’un Oiseau en général, quelle doit être la Couleur de ses 
OBafs , et par suite la place méthodique qu’il doit occuper dans 
la Série Ornithologique; qu’ainsi que l’a fort bien démontré, et 
que le soutient toujours avec raison M. Isid. Geoffroy-Saint- 
Hilaire, rien n’est plus variable, ni moins impressionnable, et 
par conséquent moins déterminé que l'organe du goût chez les 
Oiseaux, qui peuvent indistinctement manger de toutes les 
substances, les uns un peu plus de celle-ci, les autres un peu 
plus de celle-là; que de cette inaptitude du goût, chez les 
Oiseaux, résulte, selon le même Académicien , l'impossibilité de 
les classer d’après leur mode de nourriture; et enfin que l’on ne 
remarque, et que nous n'avons jamais remarqué aucune varia- 
tion dans la Coloration des OEufs des Oiseaux, même changés de 
pays et de climature, mais nourris d’une manière conforme à 
leur goût, à leur instinct et à leur nature; et que les quelques 


V4 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4163 


exceptions qui peuvent se rencontrer à cet égard n’ont lieu que 
chez des Oiseaux dont la nourriture est mal assortie à leur ap- 
pétit; et encore ces exceptions ne concernent-elles, en quelque 
sorte, comme on vient de le voir, que la matière Calcaire, et 
non la matière Colorante. 

Nous sommes même convaincu que l’idée de l'influence des 
aliments sur la coloration des OEufs est une chimère à laquelle 
devront désormais renoncer les Oologistes sérieux. Ce qui le 
démontre d’une manière péremptoire, c’est que, soit à l’état de 
liberté, soit à l’état de domesticité, tous les Oiseaux , de quelque 
partie du Monde qu'ils proviennent , pondent leurs OEufs de la 
- même Couleur. Ainsi les Toucans (Ramphastidæ), dont l'OEuf 
est Blanc, en Amérique, pondront des OEufs Blancs, en Europe; 
de même les Touracos (Musophagidæ) ; de même les Couroucous 
(Trogonidæ) ; de même tous les Psittacidés : de même les Car- 
dinaux (Cardinalesj, et autres Passereaux ponderont leurs 
OEufs à plusieurs teintes; de même ces charmants Bengalis et 
Sénégalis, dont l’OEuf est Blanc, en Asie et en Afrique, le 
pondent également Blanc, dans nos volières; de même les 
Pigeons, y compris le Goura; de même tous les Colins 
d'Amérique (Odontophorinæ) , que l’on commence à si bien 
acclimater; de même enfin les Tinamous; et certes, dans tous 
ces cas, l'hygiène alimentaire a subi chez ces animaux, de 
profondes modifications , sans cependant que ces modifications, | 
aient en aucune façon réagi sur leur économie, non plus que 
sur le système sécréteur. La conclusion à tirer de ces faits est 
que le mode de Sécrétion , chez les Oiseaux, comme chez tous 
les Vertébrés, est propre à leur organisation à laquelle il tient 
profondément ; qu'il ne varie, comme celle-ci, que d’un Genre 
à un autre ou d’une Famille à une autre, demeurant constam- 
ment fixe chez toutes les Espèces particulières à chacun de ces 
groupes; et qu’il faudrait une perturbation tout autre. et bien 


464 DEUXIÈME PARTIE. 


autrement profonde que celle résultant de Ja nourriture , pour 
altérer ou révolutionner cette constitution: 

Ensuite, pourquoi n’admettrait-on pas, dans l’opération de la 
coloration de la Coquille, quant à sa teinte de fond, soit pour 
les OEufs à taches toujours distinctes de cette teinte, soit pour 
ceux à ton uniforme, l'influence de ce suc gastrique, dont 
Fourcroy a depuis longtemps signalé l'existence et qui contient 
un principe acide lequel, traité par l’eau bouillante , donne à 
l'eau la faculté de rougir? Certes, que ce soit ce principe acide , 
ou un autre secrété par les parois de l’Oviducte, l’analogie est 
trop sensible pour ne pas fournir un argument de plus à nos 
démonstrations. 


24. 


DE L'INFLUENCE DU CLIMAT SUR LA COLORATION DE L'ŒUF 
DES OISEAUX (1). 


Au nombre et en tête des Auteurs qui ont avancé que la 
Quantité, la Forme, la Grandeur et la Couleur des OEufs 
variaient, entre autres causes, suivant la température du Climat, 
il faut citer Steller (?). 

D'Azara (3), lui, a fait cette remarque : « que les petits 
» Oiseaux de l'Amérique du Sud pondent bien moins d’OEufs 
» que ceux d'Europe. » Ce qui peut être vrai, quant au nombre 
d'OEufs par ponte; mais ce qui ne prouve pas d’une manière 
générale, comme semble le croire le Docteur Buhle, que la 
fécondité des Oiseaux soit plus grande sous la climature de 
l'Europe, que sous celle du Sud-Amérique. Car il n’est pas cer- 
tain que le nombre des couvées des petits Oiseaux de cette der- 
nière contrée ne soit pas tel que, tout compte fait, et toute 


(1) V. Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. No 4, Avril et No 6, Juin 1844. 
(2) Nov. Comment. Acad. Petrup. IV. 1152-53. 
(3) Voy. dans l’'Am. du Sud.; descr. des Ois. 1808. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 465 


récapitulation faite du nombre d'OEufs de chaque ponte, on 
n'arrive point à un nombre égal à celui des OEufs pondus dans 
une seule, ou, dans deux couvées, par nos petits Oiseaux 
d'Europe. 

Temminck (1) même à l'appui de cette opinion, prétend que 
le Grèbe Castagneux (Podiceps minor, Lin.) pond une plus 
grande quantité d’'OEufs dans les contrés Méridionales que dans 
le Nord. Cette observation , très-vraisemblable pour le nombre 
des OEufs, ou, en d’autres termes, pour la fécondité de certains 
Oiseaux , ne prouve rien pour les variations de la Couleur de ces 
OEufs, laquelle reste toujours la même. 

M. Moquin-Tandon (2), complétant la pensée du savant 
Ornithologiste Hollandais, va plus loin. Il dit avoir observé : 
« qu’en général le Coloris des OEufs était bien plus prononcé 
» selon le degré d’élévation de la température dans laquelle les 
» Oiseaux se reproduisaient, de manière que telle Espèce com- 
» mune au Midi et au Septentrion pourrait pondre des OEufs 
» sensiblement variés. » 

Le fait existerait qu'il ne serait pas à beaucoup près général ; 
mais nous ne voyons point quels exemples on pourrait citer au 
soutien de cette opinion à laquelle notre précédente discussion 
a déjà répondu à l'avance? Serait-ce que les Oiseaux du Nord 
auraient été moins favorisés de la nature à l’égard de la Couleur 
de leurs OEufs? On voit généralement tout le contraire. Les 
OEufs des Perroquets (Psittacidæ), des Toucans (Ramphas- 
tidæ) , des Couroucous (Tragonidæ), des Touracos (Husopha- 
gidæ), des Oiseaux - Mouches (Trochilidæ), et des Pigeons 
(Columbidæ), ces riches habitants des parties les plus chaudes 
et Tropicales de l’Ancien et du Nouveau Monde, si brillants de 


(1) Manuel d'Ornilhologie. Paris, 1821. 
(2) Ann. de la Soc. Linn. de Paris. 1824. 


466 DEUXIÈME PARTIE. 


plumage, sont tous d’un Blanc uniforme et sans tache, que 
l'OEuf de l'Oiseau-Mouche même soit pondu ou sur les sommets 
neigeux du Chimborazo et du Pichincha, ou dans les fourrés 
des Forêts Vierges du Brésil; tandis que les Guillemots ( Uria) 
et les Pingouins (A/ca), ces lourds Oiseaux des Mers Glaciales , 
dont la robe ne se compose que du mélange monotone du Blanc 
et du Noir, font les OEufs les plus riches en couleurs que l’on 
connaisse, qu'ils les déposent sous la Zône Polaire, ou sous la 
Zône Tempérée. Serait-ce que les Espèces communes au Midi et 
au Septentrion auraient leurs OEufs plus diaprés, ou plus agréa- 
blement variés, dans l’une que dans l’autre de ces contrées ? 
- Aucun exemple affirmatif ne se présente à nous, et nous pou- 
vons en citer un grand nombre de négatifs. Ainsi, il n’y a pas 
de différence appréciable, quant à l'intensité des Couleurs dont 
ils sont ornés, entre les OEufs de Cresserelle (Tinnunculus) et 
les OEufs du Corbeau noir (Corvus Corax) pondus au Nord de 
l'Europe, et ceux pondus en Afrique (à Mogador). De même les 
Espèces ou les Genres de Merles (Turdidæ) pondent des OEufs 
aussi brillants, en Vert ou en Bleu, au Sud de l'Afrique qu’au 
Nord de l'Europe ou de l'Amérique : le Merle Spréo (Turdus 
‘bicolor. Gm..) pour l’une, et les Merles Commun et Emigrant 
(Turdus Merula. Lin. et Migratorius. Gm.), pour les deux autres, 
en offrent la preuve. Les OEufs du Pinçon Commun (Fringilla 
cœlebs. Lin.), de la Perdrix grise (Perdix cinereus), et de la 
Caille Commune (Coturnix), ne différent également en aucune 
facon pour la Couleur, soit qu’on les trouve en Afrique, füt-ce 
même au cap de Bonne-Espérance, soit qu’on les trouve au 
centre de l'Europe. Ces exemples, que l’on pourrait multiplier 
à l'infini, démontrent suffisamment que l'influence du climat 
n'entre pour rien dans la cause ou l'intensité de la matière 
colorante des OEufs. Il ne faut point appliquer à cette matière, 
qui est le résultat d’une organisation à part, et d'agents inté- 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 467 


rieurs particuliers à cette organisation , le même raisonnement 
que l’on fait pour la matière colorante du plumage des Oiseaux, 
laquelle peut être plus ou moins modifiée par l'effet du contact 
et du frottement perpétuel d’un agent extérieur, l'air, qui lui- 
même est soumis aux variations climatériques et atmosphé- 
riques. 

C’est avec plus d'apparence de raison que Steller, Gunther, 
et le Docteur Buhle ont dit, sans le démontrer, que la Couleur 
de l'OEuf variait selon l’âge de la femelle. C’est en effet ce que 
prouvent nos observations faites sur plusieurs Espèces d'Europe, 
d'Amérique et de l'Inde, et, si borné qu’en soit le nombre, c’est 
une proposition que nous croyons cependant pouvoir être établie 
d’une manière générale. Les Oiseaux auxquels s'applique spécia- 
lement cette remarque sont, à notre connaissance, la plupart des 
Faucons (Falco), des Pies-grièches (Laniidæ) , des Merles (Tur- 
didæ), des Gros-becs (Fringillidæ), quelques Espèces de Becs-fins 
(Sylviadæ), de Gallinacés et de Palmipèdes. Il y a même cela de 
particulier que , dans les Espèces où elle se produit, cette varia- 
tion , loin d’être accidentelle, est constante. Ainsi, dans toutes 
les pontes du dernier âge de ces Oiseaux, les OEufs des Faucons 
auront beaucoup moins de Rouge et de Brun, ou tireront davan- 
tage sur le Blanc; ceux de la Pie-grièche écorcheur (Lanius 
Collurio. Gn.), au lieu d’avoir leur couronne formée de taches 
Rubracées, les auront Brunes ou Grisâtres, quelquefois même 
auront à peine quelques points de cette couleur ; le Merle com- 
mun (T'urdus Merula) aura la teinte générale des siens d’un Vert 
plus tendre, ou même d’un Blanc-grisätre sans taches; enfin 
ceux du Pinçon commun (Fringilla cælebs) , seront d’un Vert- 
clair avec quelques rares points d’un Noir-Rougeûtre, tandis que 
dans le jeune êge, ou dans les premières pontes, leurs OEufs sont 
d’un Verdàtre légèrement laqué avec des points et des lignes 
d’un Rouge-Noirâtre dont les bords ou les contours se perdent 


468 DEUXIÈME PARTIE. 


ordinairement sous une teinte Rosacée dans le fond de la CGo- 
quille. Cette différence , entre les OEufs du vieil âge et ceux que 
les Oiseaux pondent dans tout le cours de leur existence, ne 
dépend que de la quantité de la matière colorante , qui est beau- 
coup moins abondante et dont les éléments sont beaucoup plus 
rares chez les vieux que chez les jeunes. Il résulte de cette dis- 
semblance des variétés de plus à ajouter aux Collections Oolo- 
giques, et, sinon quelque confusion , du moins quelque difficulté 
pour distinguer les OEufs d'une Espèce de ceux d’une autre. 

Ce caractère différent que présente la répartition de la Couleur 
dans les OEufs des Oiseaux adultes et dans ceux des vieux, nous 
amène naturellement à parler d’une déduction que l’on a tirée 
de la disposition affectée généralement , dans les OEufs maculés, 
par les taches, qui viennent plus souvent se grouper au gros bout, 
toujours plus coloré, soit en forme de couronne, soit en forme 
de calotte, qu’au petit bout qui n’est généralement empreint que 
de taches fort rares; déduction relative à la manière dont sorti- 
rait l’'OEuf du corps de l’Oiseau , par son gros ou par son petit 
bout. ; 

Depuis Aristote jusqu’au commencement du XIXe Siècle on 
n'était pas plus fixé sur ce point, que sur la fameuse question de 
savoir si la forme de l’OEuf, qui varie souvent dans la même 
couvée, était l'indice invariable du sexe de l’Oiseau qui en devait 
sortir. Aristote avait établi que l’OEuf sortait par son bout obtus, 
opinion suivie par un assez grand nombre d’Auteurs, notamment 
par Buffon. Le vénérable M. Duméril (1) est le premier qui ait 
démontré au contraire que c'était par son bout aigu que sortait 
l'OEuf; et cette doctrine a été confirmée par le Savant Ghimiste 
anglais John, par le Docteur Thienemann, par de Blainville et 
par MM. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Gerbe. Il est donc cons- 


(1) Éléments des Sciences Nalurelles, T. II. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 469 


tant et il faut aujourd’hui poser en fait : que c’est par le bout 
aigu que sort l’'OEuf, et dans les Espèces où il est coloré et dans 
celles où il ne l’est point, chez les Pics (Picus) comme chez les 
Serins, comme chez les Poules : c'est ce que prouvent les expé- 
riences des Naturalistes que nous venons de citer, c’est ce que 
nous ont surabondamment démontré nos propres observations. 

Maintenant le fait de la forme et de la disposition des taches 
en devient peut-être plus facile et plus satisfaisant à expliquer. 

Tout le monde sait que la base essentielle de l’OEuf est le 
Jaune (Vüitellus) qui, existant à l’état de globule fixée à la 
grappe de l’Ovaire, s’en détache à sa maturité sous la forme 
Sphéroïdale, pour tomber dans l’Oviducte où il se munit de son 
Albumen et se recouvre de son tégument calcaire. Le globe du 
Jaune servant d’élément, ou en quelque sorte de moule à 
chacune des parties organiques et calcaires qui s’y viennent 
ainsi réunir et déposer, l'Oviducte, à l'endroit où s’opèrent 
* ce travail et cette réunion, est toujours entretenu dans un cer- 
tain degré de tension et de volume qui devient de plus en plus 
sensible , relativement à la partie inférieure de cet organe encore 
à l'état de repos et d’inaction. L'effet de cette tension partielle 
est évidemment de faire refluer l’excédant de toutes ces matières 
organiques vers cette partie inférieure , et cet excédant ne peut 
s’y rendre que sous la forme la moins développée et la plus 
amincie, en un mot, sous une forme dégénérant insensiblement 
en pointe plus ou moins aiguë. 

L’agglomération et l'agencement de toutes les parties internes 
constituantes de l’OEuf une fois effectués, le travail ou la sécré- 
tion de la matière calcaire une fois opéré, et alors que la 
Coquille est toute formée , l'OEuf accomplit son mouvement de 
circonvolution de sortie, toujours le petit bout en avant. 

Dans cette opération la pointe de l’OEuf est sans doute assez 
en contact avec la surface interne des parois de l'Oviducte pour 


470 DEUXIÈME PARTIE. 


faciliter les combinaisons chimiques donnant naissance à la 
matière colorante, ou, pour mieux dire, à la couleur elle-même, 
et en prendre l'empreinte ou la teinte, mais pas assez pour pro- 
voquer le suintement de ces parois et l’explosion ou l’éruption 
des grannules, vésicules ou papilles tuméfiées et engorgées de 
sang. Ces effets ne se produisent qu'au moment du passage du 
diamètre tansversal le plus large de l’OEuf, qui, distendant outre 
mesure la partie de l’Oviducte où il se présente, se trouve dans 
le contact immédiat et le plus complet avec toute la surface de 
ses parois. C’est alors, que l'effort étant plus grand, la majeure 
partie de matière colorante se trouve reportée vers le gros bout 
de l'OEuf, l'éclat des petites vésicules de sang s’opérant à la 
portion la plus large du diamètre de l'OEuf, pour y déposer 
l'empreinte de leur base et finir en mourant ou en forme de 
pointe ou de larme, à partir de ce diamètre jusqu’au sommet 
de l’OEuf , où elles se perdent en se confondant : ce qui n’est, 
chez aucune Famille d'Oiseaux, plus remarquable que dans les * 
OEufs de Forme Ovée ou Ovoïconique, c’est-à-dire chez les 
Gralles ou Echassiers, et une partie des Palmipèdes. / 


té € a P] 


2 5. 


DE LA MATIÈRE COLORANTE DANS L'OŒUF DES OISEAUX, ET DE 
L'INFLUENCE DE L'INCUBATION SUR LE DÉVELOPPEMENT DE CETTE 
MATIÈRE À LA SURFACE DE LA COQUILLE (l). 


Parmi les OEufs colorés, il en est chez lesquels la Matière 
Colorante est moins adhérente à la Coquille, et d’autres où elle 
l’est davantage; Manesse a eu raison d'établir une différence 
pour l’origine de cette Couleur dans les unes et dans les autres, 
et d'appliquer exclusivement son explication de la formation de 


(1) Voir Rev. Zool. de la Soc. Cuvier. Mai 1844, n° 5. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 471 


la matière qui la compose, à ceux seulement chez lesquels elle 
résiste à l’action de l'eau. 

« Il n’en est pas de même, dit-il, de celles, c'est-à-dire les 
taches, qui ne sont que superficielles et uniquement plaquées 
sur la Coquille; celles-ci ne sont qu'un sang plus ou moins 
altéré ou décomposé. » 

Et nous avons eu tort de l'avoir contredit en ce point autre- 
fois, en subordonnant la présence de ces taches de superfétation 
à la quantité plus ou moins grande de Gluten animal que ren- 
ferme la matière Calcaire de la Coquille. 

Ces taches se remarquent sur la généralité des OEufs d’Oiseaux, 
quel que soit le degré du brillant et du lustre de leur test; mais 
ce n’est jamais d’une manière constante, et le plus souvent 
qu’exceptionnellement. Les OEufs des Rapaces Diurnes ‘et de 
plusieurs Familles de Palmipèdes, telles que celles des Guille- 
mots et des Pingouins, y sont plus exposés que d’autres ; et il se 
pourrait, à cet égard, que la cause en tint à l'absence ou à la 
présence de ce Gluten, que décèle le poli plus ou moins brillant 
de la Coquille : car il n’est pas d'OEufs dont la surface calcaire 
soit moins lustrée que ceux de ces Familles, ni chez lesquels Les 
Couleurs Brune et Noire soient plus faciles à effacer : d’où il 
suit, en général, que plus une Goquille est luisante, moins 
aisément s’en détachent ces macules. Nous n’avons jamais re- 
marqué que l’éction de l’Incubation facilität cette disparition de 
la Couleur que lorsqu'il y avait décomposition de l'OBuf, et par 
conséquent désorganisation de la matière calcaire. 

Il existe cependant plus d’une exception aux exemples que 
nous venons de citer, ainsi qu’au principe que nous en avons 
tiré, pour un grand nombre de Passereaux, tels que Turdidés, 
Fringillidés, etc.; de ces exceptions, la plus remarquable est celle 
qui concerne l’OEuf du Loriot (Oriolus Galbula. Lin.). On sait 
que cet OEuf, de Forme Ovée, est Blanc lustré et parsemé de 


472 DEUXIÈME PARTIE. 


quelques taches ou points, les uns d’un Brun-Noirätre, les autres 
tout-à-fait Noirs : or, il est constant qu’en les frottant légèrement 
avec un linge imbibé d’eau, l’on parvient presque toujours à faire 
disparaître ces taches; c’est même un des plus grands inconvé- 
nients de cet OEuf, lorsqu'on le veut nettoyer. Cette exception, 
nous le répétons, est la plus remarquable, sur mille à douze 
cents Espèces d’OEufs composant notre Collection, que nous 
puissions citer : elle ne saurait donc infirmer la proposition de 
Manesse. Il y a même plus : il en résulte la démonstration d’une 
autre proposition que nous avons déjà eu occasion d'indiquer 
précédemment : c’est que, lorsque s'effectue l’opération de la 
coloration de l’OEuf, la Coquille est déjà toute formée, parfaite 
et recouverte en grande partie de la nature de Gluten propre à 
l'Oiseau dans le corps duquel elle s’est développée. 
L'observation de Manesse peut se vérifier tous les jours; et 
il est facile de voir que toutes ces épaisseurs de Matière Colorante 
non adhérente à la Coquille, et uniquement déposée comme 
après-coup, à sa surface, ne sont formées que d’un véritable 
écoulement ou suintement de sang coagulé, tournant au Rouge- 
Brun ou au Rouge-Noir, et souvent d’une espèce de résidu de 
matières excrémentielles dont il emprunte les teintes. Ce défaut 
d’adhérence est le signe le plus certain qu’il s’agit ici non d’une 
décomposition chimique du sang par la mise en présence des sels 
calcaires de la Coquille et des particules ferrugineuses de ce fluide 
organique , mais d'un simple dépôt de matière à son état normal. 
C'est ici le lieu de parler d’une particularité que présentent les 
OEufs à plusieurs teintes dans le système de leur Goloration. On 
voit des taches d’une Couleur suivre üne progression différente 
de ton, soit en plus, soit en moins, dans cette même Couleur : 
c'est-à-dire que les unes apparaissent à peine comme un nuage 
ou en demi-teinte; les autres sont plus accusées et enfin les 
troisièmes sont les plus nettes et les plus crûes et ont toute leur 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 473 


valeur de tonalité; ce qui parfois donne à ces OEufs l'apparence 
d'être recouverts de deux ou trois Couleurs différentes , alors 
que toutes ces taches ne proviennent et ne sont que les trois 
nuances d’une seule. On à été plus souvent frappé de cette 
remarque, que l'on n'a été tenté de chercher la cause et de 
donner l'explication du fait. 

Thienemann le premier, avec son tact habituel d'observation, 
l'a expliqué en ces termes : 

« Dans les OEufs tachés, dit-il , on remarque en général trois 
sortes de taches, les unes pâles, les autres mieux colorées, les 


dernières parfaitement colorées, ce qui permet d'admettre trois 
périodes de coloration. Les taches pâles sont de la première, la 


masse Calcaire plus molle alors leur permet de la pénétrer ; 


dans la seconde, la masse calcaire déjà plus compacte leur 


permet moins de la pénétrer; dans la dernière période enfin, 
-Jes taches sont souvent tellement superficielles qu’on peut les 
faire partir avec de l’eau. » 


Cette remarque en elle-même est exacte en fait et fort juste. 


Peut-être l'explication n’en est-elle pas assez complète ni suffi- 
samment satisfaisante ; car elle ne semble résoudre et commenter 


que les apparences. Elle repose Sur ce fait très-curieux que nous "+ 


avons observé : c’est que ces taches , quelle que soit leur appa- 


rente dégradation de teinte, ont toutes la même valeur relative- 7 


ment à la couche de l'enveloppe calcaire sur laquelle elles sont 
imprimées. Il suffit pour s’en convaincre de gratter légèrement 
la portion de la Coquille à laquelle elles apparaissent, pour leur 


rendre cette valeur : mais alors c’est réellement aux dépens de , 
l'épaisseur du test, que l'on a aminci d'autant plus , pour arriver 


jusqu’à elles, qu'elles s'y apercevaient moins et étaient plus 
pèles. Cette démonstration si facile et si évidente, on le voit, 
n’admet aucune contestation et est en tout point la sanction de 
la théorie de Thienemann. 


474 DEUXIÈME PARTIE. 


Pour compléter enfin la justification et la glorification du 
savant Oologiste Allemand, nous dirons qu’au lieu de trois 
périodes de taches qu’il distingue seulement, nous en distin- 
guons quatre, c’est-à-dire, une de plus que lui; les trois 
premières découlant réellement de la combinaison chimique des 
sels calcaires de la Coquille avec les particules minérales du 
sang; la quatrième qui est sa troisième et qu’il appelle sa der- 
nière période étant, selon nous tout-à-fait distincte de celles-ci, 
quant à son origine , ainsi que nous avons établi plus haut avec 
Manesse. 

L’Incubation a donné lieu à une observation d’un autre genre, 
relativement à la Couleur des OEufs : ainsi Manesse , Lapierre 
et le Docteur Buhle disent avoir remarqué que, suivant les 
progrès et le temps de l’incubation, les taches dont la Coquille 
de l'OEuf des Oiseaux est maculée, augmentaient de dimension 
et d'intensité; et les deux premiers, mettant leur imagination 
à la place de la réalité, ont attribué ce phénomène, qui en 
serait vraiment un, s’il existait, à l’action immédiate de la 
chaleur. Cette observation peu approfondie et énoncée d’une 
manière trop aflirmative par Lapierre, lui a suggéré les hypo- 
thèses suivantes dont il n’a pas essayé de démontrer la possi- 
bilité . « La chaleur, dit-il, dilaterait-elle la matière Colorante ? 
» Suffrait-elle pour lui donner une teinte plus forte? La lumière 
» n’y serait-elle pas pour quelque chose ? » 

L'opinion de ces Auteurs, à laquelle il faut joindre celle de 
M. Bcrge (1) dans son introduction, est trop importante et nous 
paraît par cela même trop dangereuse, lorsqu'elle est légèrement 
avancée, en fait d'une Science aussi neuve que l'Oologie, pour 
que nous ne tentions pas de leur opposer le résultat d’observa- 


(1) Sur la reproduction des Oiseaux. Ouvrage en allemand. Stuttgart; 
1840-1844. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 475 


tions par nous attentivement faites et que nous avons lieu de 
croire exactes : elles prouveront que les apparences seules , qui 
sont trompeuses, ont pu induire ces Naturalistes en erreur. Mais 
auparavant nous allons chercher à discuter le degré d’admissibi- 
lité et le mérite rationnel de chacune des trois propositions du- 
bitatives de Lapierre. 

Nous ne pensons pas d’abord que le calorique exerçant son 
action sur toutes les parties de l’OEuf simultanément, et la 
matière colorante se trouvant appliquée sur la Coquille à la- 
quelle elle est même, pour ainsi dire, quelquefois incorporée, 
elle puisse subir l'effet de ce phénomène isolément de cette 
dernière , et d’une manière distincte. 

Nous ne pensons pas davantage que le calorique puisse suffire 
pour donner à la matière colorante une teinte plus forte. Ce 
fluide, impalpable comme les gaz , et incolore, ne saurait effecti- 
. vement être matérialisé au point d'ajouter à l'intensité des Cou- 
leurs par son contact avec elles. Ce serait exagérer étrangement 
le système des Chimistes qui regardent, il est vrai, le calorique 
comme une matière, mais qui au moins ne lui donnent d’autres 
facultés que celles de dilater les corps, de les fondre, et de pro- 
duire en un mot tous les phénomènes sensibles de ce genre. 

Si notre raisonnement est fondé pour les deux premières 
hypothèses de Lapierre, nous n'’hésitons pas à émettre et for- 
muler le même jugement pour la troisième. Çar il ne viendra 
assurément à l’idée de personne, après mûre réflexion, sinon de 
supposer, au moins d'affirmer que la lumière soit pour quelque 
chose dans l’augmentation et le développement progressif que 
cet observateur dit avoir remarqué dans la Couleur et les taches 
colorées des OEufs d’Oiseaux soumis à l’incubation : lorsque l’on 
sait que la lumière , dont l’intervention est, il est vrai, nécessaire 
à la production des Couleurs , ainsi que le prouve l’étiolement 
des Fleurs qui en sont privées, a sur elles, dès qu’elles sont 


476 DEUXIÈME PARTIE. 

produites, une action inverse des plus vives, c’est-à-dire, qu'elle 
finit par les absorber en les détruisant, ce que prouve également 
le changement de Couleur qu’éprouvent les OEufs d’Oiseaux, 
lorsque , après avoir été vidés, ils restent exposés à l’action de 
la lumière. 

Sans se jeter dans ces hypothèses qui ne nous semblent nul- 
lement fondées, il suffit, pour se rendre compte du phénomène 
d'optique qui nous occupe, de se reporter à la composition in- 
terne de la Coquille des OEufs, et aux qualités que nous avons 
assignées à cette enveloppe : en elle réside tout le secret de ce 
mystère. 

Vieillot (1), voulant expliquer ce phénomène dont il a em- 
prunté, sans le dire, la remarque à Lapierre, n’a pas donné assez 
de développement à son idée pour la faire saisir; voici comment 
il s'exprime : 

« Ges taches, dit-il, augmentent de grandeur et deviennent 
» plus hautes en Couleur selon les progrès de l’incubation ; si 
» elles paraissent plus nombreuses alors, ce test pas qu’il s’en 
» forme de nouvelles, mais étant plus sensibles à l’œil, elles 
» accroissent graduellement. Get accident est visible dans les 
» OEuf Verts, Rouges, etc. 

La Coquille des OEufs est généralement peu épaisse, trans- 
parente et poreuse. La contexture de ses pores est toute capil- 
laire; mais indépendamment de cette capillarité, il existe 
encore dans son épaisseur des communications plus irrégulières 
et intermédiaires d’un tube à l’autre. C’est par ces pores qu'a 
lieu l'introduction de l'air ambiant nécessaire au développement 
de l'embryon, sans parler de la chambre ou réceptacle d’air 
existant au gros bout de l’OEuf entre la Coquille et la tunique 
intérieure ; c’est aussi par eux, Comme conséquence immédiate, 


(1) Nouv. Dict. d'Hist. Natur. 1828. Vo Œufs. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 477 


que s'opère l’évaporation de la matière dont l’OEuf est rempli. 

Le Docteur Thienemann dit à ce sujet que : « les pores sont 
» les empreintes restées à l’OEuf, des vaisseaux qui le conte- 
» naient. » Nous aimons à croire qu'il renie aujourd'hui cette 
proposition selon nous erronnée, qui ne tendrait à rien moins 
qu’à détruire tout le système de la production, de la composition, 
de la cristallisation enfin et du dépôt de la matière calcaire 
destinée à former la Coquille de l’OEuf. 

Quoiqu'il en soit, l'enveloppe de l'OEuf, ainsi rendue péné- 
trable à l'air, le devient tout autant et d’une manière plus 
visible, suivant que nous l’expliquerons, aux atteintes de l’humi- 
dité résultant des substances liquides renfermées dans l’OEuf. 
Or, l'effet de l'humidité dans, ou, sur un corps, surtout lorsque 
ce corps est creux, étant d'augmenter l'intensité de la Couleur 
qu'il revêt, on conçoit que la Coquille d’un OEuf, quelles que 
soient les Couleurs qui la distinguent, paraisse d’un ton plus 
foncé et même tout différent, lorsque l’OEuf est plein, que 
lorsqu'il est vide, et conserve même ce ton tout le temps qu'y 
pourra séjourner l’humidité dont le contact des matières fluides 
l'avait imprégné. C’est ce que l’expérience démontre tous les 
jours, lorsque l’on vide des OEufs colorés, pour les conserver 
en Collection : car une fois la Coquille débarrassée de son 
contenu, sa teinte générale ainsi que ses taches s’éclaircissent 
et se dessinent tout-à-coup d’une manière surprenante, compara- 
tivement à ce qu’elles étaient précédemment, au point même de 
changer presque de couleur, surtout quand la Coquille est très- 
fine, comme dans certaines petites Espèces ; c’est ce qui s’observe 
entre autres exemples, sur les OBufs du Loriot (Oriolus Galbula) 
qui, frais pondus, ont l’apparence d’un Blanc Rosé ou Jaunâtre; 
effet de la transparence de la Coquille qui s’empreint de la 
Couleur du Jaune de l’OEuf; et , une fois vidés, reprennent leur 
Couleur réelle, celle du Blanc de lait légèrement lustré. Ce 

13 


1478 DEUXIÈME PARTIE. 


renforcement de ton est peu de chose toutefois en comparaison 
de celui produit par les progrès de l’incubation, ainsi qu'on 
va le voir. 

D'un autre côté, plus un corps acquiert de densité, plus il 
perd de sa transparence. Eh bien! à mesure que l'effet de l’incu- 
bation se fait sentir sur le germe et les liquides qui l'entourent, 
plus ces substances s’épaississent, plus alors leur transparence 
décroît et diminue, plus alors aussi la teinte des Couleurs de la 
Coquille augmente d'intensité ; et cette intensité est à son dernier 
période au moment où le petit est formé. De telle manière qu'à 
ce moment on voit en quelque sorte saillir à la surface de la 
Coquille des taches que l’on ne remarquait pas d’abord, parce 
que se perdant dans la transparence de cette enveloppe et des 
liquides y inclus, elles étaient d’une teinte imperceptible, qui 
s’est trouvée repoussée et renforcée par la’ solidification et l’opa- 
cité graduelles de ces substances; et qu'on en voit d’autres qui 
s’y trouvaient dessinées dès l'origine, mais nuancées d’un ton 
très-faible, augmenter d'intensité et en quelque sorte de dévelop- 
pement, par suite du même effet. C’est, nous le croyons, ce 
phénomène mal observé, et dont on n’a saisi que les appa- 
rences, qui a causé l'erreur dans laquelle sont tombés les 
Auteurs dont nous parlons. 

Il faut donc établir en principe que les taches des OEufs, une 
fois appliquées sur leur Coquille, ne subissent, lorsque les OEufs 
sont pondus, aucune modification ni aucune augmentation de 
développement dans leur composition intime comme dans leur 
volume, dans leurs dimensions, et dans la dose de la matière 
colorante dont elles sont composées, soit par l'effet de la lu- 
mière, dont nous reparlerons encore bientôt, soit par celui de 
l'incubation; que les transformations que paraissent subir ces 
taches ne sont pas réelles , et ne sont que le résultat momentané 
de la transparence ou translucidité de la Coquille, graduel- 


CABACTÈRES OOLOGIQUES. 479 


lement altérée par l'épaississement successif des matières orga- 
niques qu’elle renferme , sous l'influence de l’incubation. 

Toutes les observations et hypothèses plus ou moins exactes ou 
hasardées que nous venons de discuter sur les teintes des OEufs 
des Oiseaux, prouvent mieux que tout ce que nous pourrions 
dire l'intérêt que l’on doit attacher à leur Coloration si variée et 
si extraordinaire. Il n’est sorte de systèmes que l’on n’ait tenté de 
construire sur cette simple considération, systèmes que nous 
croyons devoir examiner encore, Pour détruire ou combattre 
par le raisonnement et l’expérience les déductions erronnées 
qu’on en a trop souvent tirées. / 


2 6. 


DES RAPPORTS PRÉTENDUS DE LA COULEUR DES ŒUFS AVEC CELLE 
DU PLUMAGE DES OISEAUX. ET DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE 
SUR LA COLORATION DE LA COQUILLE. 


Buffon (1), entrainé par son imagination systématique et par 
son ardeur à retrouver dans chaque Classe d’Animaux les Races 
primitives, voulant prouver que les Poules étaient originairement 
Blanches; que ce n’est que par l’effet de la domesticité qu’elles 
ont varié du Blanc au Noir et pris successivement toutes les 
nuances intermédiaires ; et enfin que c’est de ces Poules que 
toutes les autres Races sont issues, s’est appuyé sur le rapport 
qu’il disait avoir saisi dans la ressemblance qui se trouve assez 
généralement, selon lui, entre la Couleur des OEufs et celle du 
plumage; et il cite sérieusement en preuves de ce rapport : 
« les OEufs du Corbeau, d’un Vert-brun taché de noir, dit-il; 
» ceux de la Cresserelle, Rouges; ceux du Casoar, d’un Vert- 
» noir; ceux de la Corneille noire, d’un Brun plus obscur 


(1) Hist. Natur. des Ois. Tom. 3. 


? 4} 78 


480 DEUXIÈME PARTIE. 


» encore que ceux du Corbeau; ceux du Pic varié, variés et 
» tachetés de Rouge; ceux du Crapaud-Volant, marbrés de 
» taches Bleuâtres et Brunes, sur un fond nuageux Blanchätre; 
» l’OEuf du Moineau, continue-t-il, est cendré, tout couvert de 
» taches Brun-marron, sur un fond Gris; ceux du Merle sont 
» d’un Bleu-noirâtre ; ceux de la Poule de bruyère sont Blan- 
» châtres , marquetés de Jaune; ceux des Pintades sont marqués 
» comme leurs plumes de taches Blanches et Rondes, etc.; en 
» sorte qu’il paraît y avoif un rapport assez constant entre la 
» Couleur du plumage des Oiseaux et la Couleur de leurs OEufs; 
» et que le Blanc domine dans plusieurs, parce que dans le 
» plumage de plusieurs Oiseaux il y a aussi plus de Blanc que 
» de toute autre Couleur, surtout dans les femelles dont les 
» Couleurs sont toujours moins fortes que celles du mâle. » 

Sans parler des nombreuses erreurs que renferme ce passage 
de Buffon dans la description des OEufs désignés par lui, on 
douterait qu'il fut sorti de sa plume s’il ne se retrouvait dans son 
immortel Ouvrage. C’est une preuve, entre mille autres, des 
inconvénients qu’entraîne la manie des systèmes exclusifs en fait 
de Science positive, comme l’est et doit l’être l'Histoire Naturelle ; 
inconvénients après tout dont il faut bien se garder de se 
plaindre : le mal porte avec lui son remède. Ils sont la consé- 
quence de la libre discussion qui a toujours existé dans les 
Sciences, et ce n’est que grâce à ces diverses manières de voir 
et de s'exprimer de chacun, et à la liberté illimitée de contrôle 
qu'engendre la révélation successive et continue d'observations 
nouvelles, que l’on peut espérer parvenir et qu’on arrive jour- 
nellement à éclaircir et à résoudre les questions si multiples que 
soulève à chaque pas l'étude de l'Histoire Naturelle. Car les ques- 
tions, pour aboutir à leur complète solution, ont, comme toutes 
les choses d’ici-bas , besoin de temps et sont soumises aux varia- 
tions comme aux progrès des lumières et de la raison. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 481 


Le tort de Buffon est d’avoir parlé des OEufs qu'il décrit sur la 
foi de tiers mal instruits et sans les connaître : s’il en était autre- 
ment, il faudrait croire qu'il aurait eu l'intention de surprendre 
son lecteur. Car l'OEuf du Corbeau est d’un beau Vert parsemé 
de taches assez fréquentes d’un Brun légèrement olivâtre ou 
brunâtre; celui de la Corneille a les mêmes Couleurs, les taches 
en sont quelquefois seulement plus nombreuses sans être plus 
foncées ; l'OEuf du Casoar à casque est d’un Vert foncé quelque- 
fois noirâtre, mais il est à observer qu'il ne prend ces deux 
teintes qu'avec le temps, et que frais pondu il est d’un Vert 
tendre; celui de la Cresserelle est le seul que Buffon aurait dû 
citer, parce que c’est le seul qui offre le rapport dont il a été 
frappé; il aurait même pu citer les OEufs de la plupart des 
Oiseaux de proie Diurnes, qui, sur un fond d'un Blanc plus ou 
moins pur, ont des taches d’un Brun variant du Rougeâtre à 
l'Olivâtre et au Noirâtre; celui du Pic varié n’a aucune analogie 
avec le plumage de l’Oiseau et n’a jamais été taché de Rouge: il 
est d’un Blanc de lait luisant, uniforme et sans taches, ce qui est 
très-différent: celui du Merle, loin d’être d’un Bleu noirâtre, 
est d’un Vert léger parsemé de taches Rougeätres; celui de la 
Pintade n’a jamais eu de taches Blanches et rondes comme 
celles du plumage de cet Oiseau : il est d’un Blanc sale plus ou 
moins rosacé ou orangé, sans taches, mais ayant les pores de la 
Coquille si prononcés et si profondément accusés, qu'ils pré- 
sentent l'aspect de piqüres d’épingles. 

Il était donc impossible de plus mal choisir ses exemples, et, 
nous le répétons, il n’y a réellement que les OEufs de plusieurs 
Espèces d’Oiseaux de proie Diurnes qui appuient, encore bien 
faiblement, le rapprochement signalé par Buffon ; ce qui n’est 
pas à beaucoup près suffisant pour le justifier, si l’on calcule le 
nombre de Genres ou de Familles d'Oiseaux dont les OEufs 
peuvent être opposés avec succès à ce système. Ainsi, sans 


182 DEUXIÈME PARTIE. 


parler des Oiseaux de proie Nocturnes, des Perroquets, des 
Touracos, des Guépiers, des Alcyons, des Oiseaux-Mouches, 
des Pigeons, etc., qui les ont d’un Blanc pur, s’il eût connu la 
Couleur des OEufs de tous les Tinamous, qui est toujours unie, 
sans taches, et, selon les espèces, tantôt Bleue , tantôt Verte, 
tantôt Fauve ou Isabelle, tantôt Lilas, il est permis d'affirmer que 
jamais il n’eût songé à soutenir une pareille thèse ou qu'il se fût 
empressé de faire disparaitre ce tissu d'erreurs. 

La connaissance approfondie des OEufs de la plupart des 
Espèces ou Variétés de Poules connues aurait évité cette tache à 
l'OEuvre de Buffon, en lui démontrant en quelque sorte le con- 
traire de ce qu'il rêvait ou de ce qu'il pensait avoir dû être. Car, 
en se livrant à cette étude purement Oologique, on est étonné 
d'une chose : c’est, contrairement au dicton populaire et à la 
doctrine reçue qui veulent que tous les OEufs de Poule soient 
Blancs, de ne voir ce fait établi que chez la Variété la plus com- 
mune, celle de nos Basses-Cours, qui ne se retrouve plus ni 
comme Oiseau ni comme OEuf dans son pays originaire, l'Asie, 
où les OEufs de toutes les Espèces ou Variétés, au lieu d’être 
Blancs, sont de ce Jaune-Nankin, si antipathique à nos ména- 
gères, que nous remarquons chez les Races appelées de Cochin- 
chine, Brahma-Poutra, voire même Crèvecœur, et parfois avec 
des taches ou macules arrondies Fauves, comme chez le Gallus 
furcatus. Cette seule remarque, que nous consignons en passant, 
peut donner mürement à réfléchir aux Ornithologistes qui vou- 
draient, à l'exemple de Buffon, remonter à la source du Type 
primitif, que nous ne croyons pas, pour notre part, avoir jamais 
plus existé chez les Gallidés que chez les Colombidés, pour 
lesquels l’éminent Écrivain aurait pu raisonner ainsi qu’il l’a fait 
pour les Poules. 

Il semble qu'il dût suffire de connaître cette page hasardée de 
l'Histoire Naturelle des Oiseaux, et d'en observer les termes de 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 183 


comparaison pour se convaincre du peu de fondement de l’opi- 
. nion ou de la proposition qu’elle renferme; et l’on pouvait 
espérer qu'à l'avenir, au moyen de l'élan donné à la Science et 
dés progrès qu’elle accomplit depuis, les Naturalistes abandon- 
neraient ces fautifs errements. Il n’en a pas été ainsi : d’autres 
Auteurs ont fait revivre cette analogie prétendue que Valmont 
de Bomare a eu le bon esprit de rejeter. 

Daudin (1), en effet, tout en la dénaturant et lui donnant une 
application différente, a enchéri sur l’idée de Buffon qu'il a re- 
produite dans les termes suivants : « Il est un point qui me paraît 
» pouvoir être appuyé par un grand nombre de faits concluants, 
» c’est que la Couleur des OEufs des Oiseaux considérés dans 
» l’état sauvage, paraît indiquer en quelque sorte l’Oiseau qui 
» doit en provenir. Par exemple, je suis porté à croire : do que 
» les OEufs unicolores proviennent d’Oiseaux à plumage d’une 
» seule teinté, ou dont les teintes sont peu tranchées; 20 que les 
» OEufs Blancs, Gris, Verts, Bruns ou Blanchâtres sont pondus 
» ordinairement par des Oiseaux à plumage plus ou moins foncé 
» en Couleur; 30 que les OEufs maculés indiquent des Oiseaux 
» parsemés de plusieurs teintes. Au reste, je laisse aux observa- 
» teurs à vérifier cette opinion, et à énoncer jusqu’à quel point 
» elle est exacte. Il est convenable de remarquer ici que les 
» Oiseaux dont le plumage ne devient très-coloré qu’au bout de 
» quelques mois, pondent des OEufs tirant sur le Blanc : tels 
» sont les Colibris, les Oiseaux-Mouches, etc. » 

Cet Ornithologiste, fort estimable du reste, dont le travail est 
resté incomplet, a eu raison, dans sa modestie, de s’en rapporter 
à d’autres observateurs du soin de vérifier l'exactitude de son 
opinion, de ses suppositions; mais pour leur rendre cette véri- 
fication plus facile, il aurait dû prendre la précaution de citer le 


(4) Traité d'Ornithologie, T. Ier. 


484 DEUXIÈME PARTIE. 


grand nombre de faits concluants qu'il invoque à son aïde : car, 
pour un Naturaliste, raisonner par supposition et sans preuve, 
c’est pur enfantillage. Nous allons nous charger de ce que nous 
reprochons à Daudin de n’avoir point fait; et ce sera contre lui, 
et non en sa faveur, que nous serons amené forcément à prouver. 

Rien n’établit en premier lieu que les Œufs unicolores pro- 
viennent d'Oiseaux à plumage d'une seule teinte, ou dont les 
teintes soient peu tranchées : témoin le Faisan vulgaire qui, 
avec un plumage élégamment varié, fait un OEuf d’une légère 
teinte Olivâtre uniforme; le Faisan à collier qui, avec presque 
le même plumage, pond un OEuf d’un Bleu légèrement Verdâtre 
aussi uniforme ; le Faisan argenté qui, d’un plumage encore 
plus beau, quoique plus simple et plus tranché, quoique moins 
varié, fait ses OEufs uniformément d’une teinte orangée; enfin 
le Faisan doré qui, du plumage le plus riche, produit un OEuf 
d’une teinte semblable au précédent, mais plus claire et égale- 
ment uniforme. 

Il n'est pas mieux prouvé que les Œufs maculés indiquent 
des Oiseaux parsemés de plusieurs teintes : le Corbeau, la Cor- 
neille noire, le Freux, tous trois entièrement noirs et d’une 
seule teinte, pondent des OEufs Verts agréablement maculés de 
taches d’un Brun-noirâtre; le Merle commun, d’un plumage 
également noir et sans tache, a ses OEufs d’un Vert-clair par- 
semé de taches Rougeâtres; le Rupicole ou Coq de Roche du 
Pérou, d’un plumage richement et uniformément Orangé , a les 
siens d’un fond Blanc-fauve, couverts de taches et bigarrures 
brunûâtres. 

Ces exemples pris au hasard suffisent pour montrer combien 
sont peu réfléchies les trois propositions de Daudin, et pour 
faire voir qu’il n’a pas été plus heureux dans son hypothèse que 
Buffon dans la sienne. 

Un autre Ornithologiste , Lapierre , guidé par son louable désir 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 485 


de tout reporter à la Providence , a cru que la Couleur des OEufs 
variait selon les endroits où ils étaient déposés, et cela dans 
l'intérêt de la conservation de l’Espèce : qu'ainsi les OEufs 
déposés dans les trous, comme ceux des Hibous et des Pics, du 
Guëépier et du Martin-Pêcheur, affectaient la Couleur Blanche, 
afin d’être plus visibles à ces Oiseaux; ceux déposés dans les 
prés ou les marécages, comme ceux du Héron tacheté, du Van- 
neau , de la Grande et Petite-Outarde, ceux de quelques Canards, 
étaient Verts, ou tirant sur cette Gouleur, et ceux placés sur la 
terre, comme les OEufs du Courlis, du Petit-Pluvier et d’une 
partie des Gallinacés étaient Gris ou Blancs, pour être plus faci- 
lement dérobés soit aux poursuites des ennemis naturels des 
Oiseaux , soit aux recherches de l’homme. 

On ne peut contester à Lapierre l'exactitude, à quelques excep- 
tions près, de ses descriptions , et même l'existence réelle de ces 
rapports singuliers et admirables dans certaines Familles Orni- 
thologiques , telles que parmi les Passereaux : les Bergeronettes 
(Motacillidæ), surtout les Allouettes (Alaudideæ) préservées, dans 
leur Espèce , non seulement par leur plumage qui se modifie en 
raison de la nature du sol sur lequel ils sont appelés à vivre, 
que ce soit dans les Steppes de l'Asie ou dans les Sables de 
l'Afrique, mais par leur OEuf, qui subit les mêmes modifi- 
cations; parmi les Gallidés : les Faisans (Phasianidæ), les 
Perdrix (Perdicidæ) , et par dessus tout les Tétras (Tetraonidæ) , 
chez lesquels les mutations de plumage, variables selon le man- 
teau des terrains entre lesquels ils partagent leur existence, que 
ce soient les bruyères des montagnes ou les neiges Alpestres, 
sont, en conformité du même principe, d'accord avec la Couleur 
de leurs OEufs; au point que l’on voit une ou plusieurs Espèces 
de cette Famille, d'un plumage agréablement chamarré ou 
tapissé, dans la saison des amours qu'ils accomplissent au 
milieu des mousses et des bruyères, prendre un plumage écla- 


486 DEUXIÈME PARTIE. 


tant de blancheur dans la saison d’hiver qu’ils passent au milieu 
des neiges ; dans l’ordre des Gralles, presque toutes les Familles; 
parmi les Pélagiques (Pelagici du Prince Ch. Bonaparte) : les 
Goëlands et les Hirondelles de mer (Laridæ), surtout les A/cidæ, 
dont l'OEuf a l’aspect bleuâtre des eaux ou des glaces qui les 
environnent; nous en dirons tout autant des Spheniscidés. 

Mais comme les citations de Lapierre, auxquelles nous venons 
de joindre nos propres considérations, composent la masse des 
seuls exemples que l’on puisse fournir de cette analogie, et sont 
loin de comprendre la plus grande majorité des Oiseaux , il faut 
les considérer, en Oologie, comme des rapprochements ingé- 
| nieux, mais d’une application trop bornée pour qu’on puisse en 
| tirer des inductions générales et en faire sortir une base de Clas- 
sification parmi les OEufs. D'ailleurs quelques-unes des raisons 
qu'il donne de ces coïncidences sont par trop contestables. On 
ne voit point, par exemple, la nécessité d'une Couleur Blanche 
pour l'OEuf des Oiseaux Nocturnes qui, voyant beaucoup mieux 
la nuit que le jour, devraient aussi bien distinguer leurs OEufs, 
dans les obseurités où ils les cachent, s'ils étaient d’une toute 
autre Couleur que Blancs. Et puis d’autres Oiseaux font leurs 
OEufs dans des Nids qui peuvent être assimilés à des trous; et 
ces OEufs sont de toute autre Couleur que Blancs; par exemple, 
les Tisserins (Ploceidæ) , dont les Nids sont de longs boyaux, 
tissus de Graminées, de deux ou trois pieds de profondeur; et 
les uns les font d’une Couleur Verte unie, et les autres tachetés 
de Rouge sur un fond Blanc. 

Enfin, M. Gerbe, faisant la même observation ‘que Lapierre, 
« quant au Blanc pur et rarement piqueté des OEufs pondus 
» dans des cavités, qui les mettent hors de l'atteinte de la 
» lumière, tels que ceux des Hibous, des Chouettes, des 
7 » Huppes, des Pics, des Torcols, des Martins-pécheurs, de 
1e) quelques Mésanges, etc. » ajoute : « Ne pourrait-on pas 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 487 


« arguer de ces faits que la lumière a une action bien marquée 
» sur les produits Ovariens des Oiseaux , comme elle en a une 
» sur les autres productions de la nature? La fleur qui s’épanouit 
» dans l’ombre et l’obseurité n'est-elle pas pâle et étiolée, 
» comme tout ce que le soleil ne colore pas, et les Oiseaux eux- 
» mêmes ne sont-ils pas la preuve la plus évidente de ce fait? 
» Ceux-là ont les couleurs les plus brillantes et les plus variées, 
» qui habitent les contrées les plus chaudes, les contrées par 
» conséquent que le soleil éclaire plus longtemps de ses rayons 
» vivifiants ? » 

Nos observations qui précèdent suffiraient sans doute pour 
répondre en partie à la proposition que nous venons de citer. 
Nous ne voulons pourtant pas laisser échapper l'occasion qui se 
présente d’y répondre. Il est sans doute impossible de nier d’une 
manière absolue l'influence de l’action de la lumière sur le produit 
Ovarien des Oiseaux, de quelque manière et dans quelque lieu 
que ce produit arrive à l’état d'existence matérielle et palpable. 
Cependant, en ce qui concerne la Blancheur de l’OEuf des 
Espèces énoncées dans le passage dont nous nous occupons, il 
est, ce nous semble, impossible de l’attribuer à l’absence de 
l'influence de la lumière, car sans parler des OEufs des Poules /- frs 4 pt 
et des Pigeons, qui ne sont jamais déposés dans des trous 4.1? %, 
inaccessibles à son action, comment, suivant ces principes, 
expliquerait-on la blancheur des OEufs pondus par les Oiseaux- ‘+ . sie 
Mouches (Trochilidæ) qui, presque tous sont remarquables fe {n° puvhaa! 
par l'absence de toute tache et de toute teinte colorée, et ee SIN 
sont déposés dans de charmants petits nids, assurément fort 
accessibles au rayonnement de la lumière? Enfin comment 
expliquerait-on la teinte Verte de l'OEuf du Tisserin et la teinte | 34/7 7 
Blanc-verdâtre maculée de jolis points Rouges ou Rouge-bru- 
nâtre de-l’'OEuf des Orthotomes, dont le nid est recouvert 
par une feuille si artistement cousue à ses bords, et sert par ak ae Ÿ 


Ln x KL prA 


. 


CITE] af # 


4858 DEUXIÈME PARTIE. 


conséquent d’obstacle permanent à l'introduction de la lumière. 

M. Gerbe, il est vrai, a eu soin de revenir plus tard de son 
opinion dans une Note ainsi conçue : 

« Nous nous sommes demandé plus haut si la lumière n’au- 
» rait pas une action sur les produits Ovariens des Oiseaux, 
» comme elle en a une sur les autres productions naturelles. 
» Il paraïîtrait que non; car les OEufs que le Pigeon Ramier pose 
» dans des nids qui sont situés à la cîme des arbres ou sur les 
» anfractuosités des rochers, dans des positions, par conséquent, 
» où la lumière peut arriver avec facilité, sont certainement 
» Blancs. Au reste, les OEufs, quelle que soit leur Couleur, 
» étant tels lorsqu'ils sortent du sein de la mère, ne peuvent 
» devoir leur coloration ou leur décoloration à un agent exté- 
» rieur. La vraie cause des différences qu’ils présentent, sous 
» ce rapport, doit donc, ce nous semble, être l’objet de nou- 
» velles recherches. » 

Si nous avons reproduit cette note, c’est qu’elle résume nos 
arguments , dans la partie que nous avons soulignée. et qui 
contient la seule réponse à faire aux partisans de l’action de la 
lumière pour la coloration et le développement des Couleurs de 
l'OEuf. 


Les trois Chapitres précédents, qui renferment pour ainsi dire 
la Théorie des principes que nous avons entrepris de développer 
sur l'utilité des Considérations que nous pensons devoir être 
tirées des OEufs , ne peuvent se passer d’un corollaire qui 
contienne l’application ou des exemples d’application de ces 
principes. Pour y arriver, nous résumerons d’abord les principales 
propositions que nous avons émises. 

Ainsi, nous avons établi : 

40 Que si la Forme des OEufs était généralement Ovée, elle 


LR 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 489 


subissait cependant des altérations qui se retrouvent constantes 
dans certains groupes; par exemple : la Forme Ovalaire chez les 
Tinamous, la Forme Elliptique chez les Grèbes, les Cormorans 
et les Pélicans, la Forme Ovoïconique chez les Pingouins et les 
Guillemots, et la Forme Cylindrique chez les Mégapodes et les 
Gangas; 

20 Qu'il n'existe pas un seul Oiseau Aquatique dont les OEufs 
soient revêtus d’une Goquille luisante et lustrée, cette qualité 
n'étant propre, dans des degrés infiniment variés, qu'aux OEufs 
des Oiseaux Terrestres; 

3o Que la Couleur des OEufs ne varie en aucune manière, 
dans la même Espèce, d’un Climat à un autre; 

40 Que le mode de Coloration, tout en variant indéfiniment 
d’une Espèce à une autre, est cependant constant, dans plusieurs 
Groupes, chez les Genres ou les Espèces qui les composent : 
ainsi, Blanc chez les Pigeons, uni et sans taches chez les Faisans 
et chez les Tinamous ; 

5o Que la Forme des taches, à part la Couleur de celles-ci, est 
également constante chez plusieurs Groupes, par exemple les 
Bruants, les Quiscales et la plupart des Ictéridés. 

Ces propositions sont, comme on le voit, assez simples et 
assez éloignées d’une généralisation absolue pour que l’on ne 
nous suppose pas la prétention de vouloir créer tout un Système 
nouveau de Classification. Mais nous pensons, au moyen des 
considérations sur lesquelles elles reposent, être à même d’indi- 
quer des caractères fixes et invariables, susceptibles d’entrer avec 
avantage et de figurer au nombre des éléments d'une bonne 
Classification naturelle. Nous le répétons : ce que nous présentons 
au Lecteur, ce ne sont que des matériaux nouveaux de classe- 
ment qui, combinés avec ceux employés par les Méthodes, 
doivent mener à la solution du problème cherché avec plus ou 
moins de succès par leurs Auteurs. Nous sommes donc les pre- 


490 DEUXIÈME PARTIE. 


miers à confesser l'insuffisance de ces éléments, isolés de ceux 
déjà connus ou appliqués; nous ne les regardons que comme 
capables de leur servir d'amélioration, de perfectionnement, de 
complément et de contrôle même. En un mot, nous avons peusé, 
en commençant notre travail, que la nature et la Coloration de 
la Coquille de l’OEuf provenant d’une cause organique, si nous 
osons dire, et d’une source commune à tous les Oiseaux, les 
éléments de Classification que fournit leur étude pouvaient être 
considérés comme des plus significatifs et devaient, par con- 
séquent, être employés de toute nécessité dans le cas où ceux 
des autres Méthodes faiblissent ou sont en défaut. 

C'est ce que nous allons démontrer, en faisant l'application de 
nos principes et de nos connaissances Oologiques à chacun des 
principaux Groupes de la Série des Oiseaux, que nous passerons 
à cette intention et très-succinctement en revue. 


——0 0 020-0-— 


TROISIÈME PARTIE. 


—""“TO<O— 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES A LA 
MÉTHODE DE CLASSIFICATION DES OISEAUX. 


Avant d’entrer dans le développement de cette troisième et 
dernière Partie de notre Livre, nous croyons encore de notre 
devoir de prémunir le Lecteur contre les surprises que pourraient 
lui causer certaines modifications, que nous y avons apportées, 
à la manière de faire habituelle des Ornithologistes, en tant que 
Classification. C’est, nous ne dirons pas la Partie la plus neuve 
ou la plus intéressante de notre OEuvre, ce serait nous flatter, 
mais celle qui mérite le plus d’être parcourue avec indulgence 
ou étudiée avec réflexion. 

On y verra que, sauf quelques innovations de détails, qui 
précèdent l'Ordre des Pigeons, ce n’est qu’à partir de cet Ordre 
que nous nous sommes laissé entraîner à essayer des voies 
nouvelles, que semblait nous faire entrevoir le mirage des carac- 
tères Oologiques qui éclairaient notre imagination en frappant 
nos yeux ; et que, si nous avons obéi à cet irrésistible entraine- 
ment, l’exceptionalité, l'originalité du sujet, encore presque 
vierge, en a seule été cause ; enfin , que, dans tous les cas, ce 
n’esl jamais au caprice ou à la fantaisie que nous avons obéi ou 
sacrifié, mais à des démonstrations matérielles devant lesquelles 
devaient s’incliner et s’évanouir bien des théories dont, comme 


192 TROISIÈME PARTIE. : 


tout le monde, nous étions imbu. Nous ne nous en sommes pas 
moins, en général , soumis révérencieusement, ainsi que le doit 
faire tout Élève devant ses Maîtres, au principe d’Autorité que 
nous croyons sacré, ou pour le moins respectable, dans la 
Science surtout. 

Nous avions été assez heureux, au surplus, pour faire adopter 
une partie de ces idées au Prince Ch. Bonaparte, qui avait bien 
voulu le reconnaître par le témoignage suivant : 

« Quelques semaines se sont à peine écoulées depuis la publi- 
» cation de ma dernière Classification Ornithologique dans les 
» Comptes-rendus de l'Académie, et je puis déjà, grâce à de 
» nouvelles études et aux nombreuses observations que j'ai 
» reçues de tous côtés, apporter certaines améliorations de 
» détail à mes Séries parallèles. C’est surtout dans l’arrangement 
» des Gallinacés, et dans la translation d’une Sous-Classe à l’autre 
» des Urinatores et des Ptilopteri ou Manchots, qui ne sont pas 
» plus des Palmipèdes que les Phoques ne sont des Céfacés, que 
» le Lecteur trouvera des changements; et c’est principalement 
» aux remarques de M. O. nes Mons, de M. Jules Verreaux, et 
» surtout de M. Martin de Londres, que la Science et moi en 
» sommes redevables ». (1) 

Mais nous avons apporté bien d’autres modifications aux 
changements déjà introduits, sur ces données premières, dans 
le Conspectus. 

Nous observerons seulement qu’en donnant un Tableau à peu 
près complet de notre Système de Classification, nous n’enten- 
dons pas le présenter comme le résultat entier des combinaisons 
des Caractères Oologiques avec les Caractères Organiques ou 
autres, puisque nous sommes loin de connaître l’OEuf de toutes 


(1) Préface de la 2e édit. du Conspectus Systematis Ornithologiæ, p. 2. — 
Extr. des Annales des Sciences Nalurelles. 


APPLICATION PES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 493 


les Tribus ou Familles; ce n’est que le résultat relatif du peu que 
nous en connaissons. C’est ce que l’on sera à même de vérifier, 
en parcourant le développement de notre Travail. 

Mais il ne nous a pas été possible, lorsque l’occasion s’en est 
présentée, de ne pas entrer dans quelques détails de mœurs plus 
ou moins oubliés, ou nouveaux, ou intéressants. À cet égard, 
nous appelons l'attention des Savants sur ce que nous avons dit 
à l’article des Coucous et à celui des Calaos ; il en sera de même 
pour le Céphaloptère. 

Quant à notre Classification , en elle-même, nous sollicitons 
également le sérieux examen ou la critique bienveillante des 
Ornithologistes, notamment sur l'érection des Zygodactyles , au 
rang d'Ordre; sur la place que nous avons cru devoir assigner à 
la Huppe, à la suite des Calaos ; au Cincle, à la suite des Four- 
niers, et avec eux; sur la création de notre Tribu des Sylvipa- 
ridés; sur le rang que nous avons donné aux Troglodytes, à la 
suite des Mésanges, et aux Tryothores en tête des Calamoher- 
pinés, ou Fauvettes de roseaux; sur la division et le remanie- 
ment que nous avons faits des Gallinacés, des Gralles et des 
Nageurs; sur la place donnée aux Pintades, en tête des Perdi- 
cidés; sur l’établissement du Sous-Ordre des Struthionigralles, 
et la place que nous y avons donnée à l’OEdicnème ; sur le clas- 
‘sement des Thynocores, en tête des Gralles; du Caurale et de 
l'Hoazin, ou Sasa, avec les Rallidés; et enfin sur l'établissement 
et l’organisation de notre Sous-Ordre des Alectorides. 

Ce sont des idées choquant peut-être le sens des idées reçues ; 
mais de ce choc, si l’adage est vrai, peut sortir la lumière. Nous 
avons , au surplus , donné sur chaque chose, comme moyen de 
contrôle ou de discussion, nos raisons et nos motifs de décider. 

Il n’y a donc à voir là qu’une OEuvre de conscience : libre à 
chacun de la juger à son point de vue et sans parti-pris. 


Nous n’ajouterons plus qu’un mot, relatif au langage conven- 
44 


194 TROISIÈME PARTIE. 


tionnel adopjé en Zoologie, comme en Botanique, pour la dési- 
gnation des Tribus et des Familles. 

Malgré les explications si savantes, si lumineuses, et, en ap- 
parence, si rationnelles données par M. Isid. Geoffroy-Saint- 
Hilaire (1) sur les motifs qui lui font adopter, et qu’il indique 
comme devant être préférés à toutes autres, pour les dénomina- 
tions dont la terminaison Latine est en idæ, dans les Tribus, celle 
ipfes , en Français: et pour les dénominations, dont la termi- 
naison Latine est inæ, dans les Familles, celle rexs, en Français; 
nous avouons que nous n'avons pas eu la force de conviction 
nécessaire pour entrer dans cette manière de voir et de sentir, 
qui a été, nous le savons , appliquée et pratiquée constamment, 
depuis 4850, par le Prince Ch. Bonaparte. 

Pour nous, les dénominations Latines de Familles en inæ, 
comme Vulturine, restent, en Français, des Vuzrurinés ; comme 
celles des Tribus, en idæ, Vulturidæ, sont des Vurrurmés. Nous 
ne comprenons pas la nécessité d'adopter, pour les premieres, 
la désinence res, Vulturiens, au lieu de Vulturinés : car notre 
oreille grammaticale , dans cet ordre d'idées, nous conduirait à 
traduire Vulturidæ par Vulturides , et non Vuzruribés, pour être 
conséquent avec la désinence de VuzrurteNs, pour Valturinæ. 

Au lieu done de éraduire grammaticalement et euphonique- 
ment le mot Latin, nous nous bornerons tout simplement à le 
Franciser. 


(4) Catalogue Méthodique de la Collection des Mammifères, de la Collec- 
üon des Oiseaux et des Collections annexes du Muséum d'Histoire Naturelle 
de Paris. 1851. 


SUB-ORDO. 1. 
Ru. 
SUB-ORDO. 1. 
CE HOME 
S.-0. . 3 
S:-0. : 4 


CLASSIS AVIUM. 


SYSTEMA OOLOGICUM. 


Ordo I. RAPACES. 


ACCIPITRES. 
STRIGIDÆ. 


Ordo IE ZYGODBACTYLI. 


PSEUDO-ZYGODACTYLI. 
1. Tribus. — MusoPHAGIDZÆ. 


PREHENSORES. 
1. Tribus. — PsrTracIDx. 


SGANSORES. 
1. Tribus. — PrcipÆ. 


INSESSORES. 
1. Tribus. — CucuLIDE. 
4. FAMILIA. — Indicatorinæ. 


2.F. — Cuculinæ. 
3. F. — Coccyzinæ. 
4, F. — Saurotherinæ. 
5. F. — Phœnicophaïnæ. 
6. F. — Centropodinæ. 
1.F. — Crotophaginæ. 
8.F. — Seythropinæ. 

2. Tribus. — RAMPHASTIDÆ. 

3. Tr. —  TRoGONID&. 

4. Tr. — Bucconinx. 

9. Tr. — CAPITONIDÆ. 

6. Tr. — GALBULIDÆ. 


19% TROISIÈME PARTIE. 


Ordo II. PASSERES, 
Sue-OrDo 1. SYNDACTYLI. 
1. Cohers. — Longirestri. 
1. Tribus. — ALCEDINIPE- 


2. Tr. — NMeroPD&. 
3. Tr. — Mowormes. 
&4 Tr. — BucEROTIDE. 
3. Tr. — UrurID&. 
2. Cohors. — Latirostri. 

6. Tr. — CoRACGIADE&. 
7. Tr. — EurYLAMmDE. 
8. Tr. —  Topms. 

9. Tr. — Premes. 


Sus-Orpo 2 DEODACTYLI. 
1. Cohors. — Fissirostri. 
1. Tribus. — CAPRINULGIDÆ. 
1. FaxILIA. — Podarginæ. 


2.F. — Caprimulginæ. 
3. F. — Nyctibünæ. 
4F. — Steatornithinæ. 


2. Tribus. — HrRuNDNEE. 
1. Famiuis. — Cypselinæ. 
2. F.-— Hirundinwæ. 
2. Cohors. — Tenuirostri. 
1. SecrTio. — Ætherei. 
3. Tribus. — TrRoCILDE. 
2. SECTIO. — Suspensi. 
1. Stirps. — Penicillati. 
4. Tribus. — NECTARNIDE. 
1. FamILIA. — Drepanitinæ. 
LR — Nectarinunæ. 
5. F. — Cærebinæ. 
. Genus. — Diglossa. 
—  Cæreba. 
—  Certhiola. 
—  Dacnis. 
—  Conirostrum. 


OP TES 
nan 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 497 


5. Tribus. — MELLIPHAGIDÆ 
6. Tribus. — NEOMORPHIDÆ. 
1. Genus. — Philepitia. 


2. G. — Philesturnus. 
3. G. — Callæas. 
4. G. — Neomorpha. 


7. Tribus. — PARADISEIDÆ. 
4. FAMILIA — Paradiseinæ. 
2.F. — Epimachinæ. 
3. F. — Sericulinæ. 
4. F. — Paradigallinæ. 

2. Stirps. — Cartilaginei. 

8. Tribus. — IRRISORIDEÆ. 
4. FAMILIA. — Falculianæ. 
2.F. — Arachnotherinæ. 
3. F. — Irrisorinæ. 


3. SECTIO. — Scansores. 
9. Tribus. — CERTHIADÆ. 
1. FamILiA. — Dendrocolaptinæ. 


YA Hp 2" Certhianæ. 3. #0 #r2 


7 SE. — Sittinæ. 
4. SEGTIO. — Arborei. 
10. Tribus. — ANABATIDÆ. 
1. FAMILIA. — Anabatinæ. 
2.F. —  : Synallaxinæ. 
5. SECTIO. — Insessores. 
11. Tribus. — FurNARIIDE. 
4. FAMILIA. — Furnariinæ. 
2.F. — CINCLINEÆ. 
12. Tribus. — ALAuUDIDÆ. 
4. FamiILIA. — Certhilaudinæ. 
2.F. — Alaudinæ. 
SAR — Anthinæ. 
3. Cohors. — Dentirostri. 
1. SECTIO. — Insessores. 
13. Tribus. — FORMICARIHDE. 


198 TROISIÈME PARTIE. 


4. FAMILIA. — Atelornithinæ. 

2.F. — Formicariüinæ. 

3. F. — Pittinæ. 

4.F. — Ornythonycinæ. 

5. F. — Megalonycinæ. 
44. Tribus. — MENURIDÆ. 


15. Tribus. — TurDDx. 


4. FamiLIA. — Thamnophilinæ. 


2.F. — Agriornithinæ. 

3. F. — Picnonotinæ. 

4 EF. — Turdinæ. 
4. Genus. — Iliacus. 
2, G. — Turdus. 
3. G. — Merula. 
4. G. —  Mimus. 

5. F. — Saxicolinæ. 

2. SEGTIO. — Suspensi. 
16. Tribus. — TImMALnDæ. 


1È 


2. 


17. Tribus. 


1e 
2. 
3. 


18. Tribus. 


FAMILIA. — Pomathorinæ. 
F. — Timaliinæ. 
— SYLVIPARIDÆ. 


FAMILIA. — Sylviparinæ. 
F. — Pardalotinæ. 
F. — Falcunculinæ. 
— PARIDÆ. 


4. FAMILIA. — Parinæ. 
DE Ficedulinæ. 

4. Genus. — Trichas. 

2.G. — Ægytlhina. 

3. G. — Mniotilta. 

4. G — Hylophilus. 

5. G. — Ficedula. 

6. G. — Campylorhynchus. 
3, F. — Troglodytinæ. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 199 
19. Tribus. — SyYLvrADx. 


4. FAMILIA. — Tryothorinæ. 
2.F. — Calamoherpinæ. 
3. F. — Sylvianæ. 
3. Secri®, — Arborei. 
1. Stirps. — Depressirostri. 
20. Tribus. -— Muscrcarinæ. 


DIRAIT TYRANNIDÆ. 
22Tr0— AMPELIDÆ. 


1. FAMILIA, — Gymnoderinæ, 
2.F. — Ampelinæ. 


2. Stirps. — Comoressirostri. 


23 Tribus. — TANAGRIDX. 
1. FAMILIA. — Euphoniinæ, 
2.F. — Tanagrinæ. 
24. Tribus. — OrroLIDx. 
25. Tr. — LANTID #. 


1. FamiLIA. — Campephaginæ. 


Date Laniunæ. 
JR Cracticinæ: 
4. Cohors. — Conirostri. 


26. Tribus. — Corvinæ. 


— 


. FAMILIA. — Temuurinæ, 

2.F. — Ptilonorhynchinæ. 
3. F. — Garrulinæ. 

AK. — Corvinæ. 

5. F. — Fregilinæ. 


27. Tribus. — STURNIDÆ. 


4. FAMILIA. — Graculinæ. 

2.F. — Buphaginæ. 

3. F. — Lamprotornithinæ. 
4. F. — Sturninæ. 


00 TROISIÈME PARTIE. 

28. Tribus.— ICTERIDÆ. 
4. FAMILIA. — Quiscalinæ. 
2. F. — Molothrinæ. 
3. F. — Sturnellinæ. 
A.F. — Agelainæ. 
HU Icterinæ. 
ONE Cassicinæ. 

29. Tribus. — PLocernx. 
4. FamiLrA. — Ploceinæ. 
DT. — Viduinæ. 
3. EF. — Estreldinæ. 

30. Tribus. — EMBERIZIDÆ. 

31. Tr. — FRINGILLIDÆ. 

Ordo AV. COLUMBÆ. 
1. Tribus. — CoLuMBIDx. 
Ordo V. GALLINACEI. 
SuB-OrDo 1. GALLIPEDES. 

1. Tribus. — VERRULIIDLE, 

DOTT UE PHASIANIDÆ. 
4. FAMILIA. — Phasianinæ. 
2. Fr — Polyplectroninæ. 
3. F. — Lophophorinæ. 

3. Tr. — GALLIDÆ. 
1. FaAmiLIA. — Gallinæ. 
DFE Pavoninæ. 

SUB-ORDO 2. CURSORES. 


1. Tribus. — PERDICIDÆ. 


Â. FAMILIA. —- MELEAGRIDINÆ. 
2,F. — Francolinæ. 

3. F. — Odontophorinæ. 
A F. — Perdicinæ. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 201 
2, Tribus. — TETRAONIDÆ. 


4. FAMiLiA. — Tetraoninæ. 
2.F. — Pteroclinæ. 


Sug-ORrDO 3. STRUTHIONIGRALLI. 


1. Tribus. — TiNAMIDÆ. 

2. Tr. — OTiprn x. 
DUUT. — ŒDICNEMIDEÆ. 
4. Tr. — CuRSORHDÆ. 
5. Tr. — TURNIGIDÆ. 


Ordo VI. STRUTHIONES. 


1. Tribus. — STRUTHIONIDÆ. 
2. Tr. — CASUARIDÆ. 
Sr. — APTERYGIDÆ. 


Ordo VII. GRALLÆ, 
Sug-Orpo 1. OEGYALITES. 


1. Tribus. — CarrAMIDx. 

2. Tr. — THINOCORIDE. 

3. Tr. — CHARADRIIDÆ. 

&. Tr. — GLAREOLIDÆ. 

5. Tr. — HoEMATOPODID x. 
GT — RECURVIROSTRIDÆ. 
17. Tr. — PHALAROPODIDÆ. 
Se TR SCOLOPACIDÆ. 


SuB-OrDo 2. ALECTORIDES. 


1. Tribus. — PARRIDÆ. 
PAT Tr — EURYPIGIDE. 
3. Tr. — RALLIDÆ. 


À. FaAmiLIa. — Rallinæ. 


9. FE. — °  Fulicinæ. 

3. F. — Ocydrominæ. 
4. Tr. — OrISTHOCOMIDEÆ. 
5. Tr. — PENELOPIDÆ. 
6. Tr. — CRACIDÆ. 


202 


SUB-ORDO 3. 


SUB-ORDO 4. 


SuB-ORDo lÎ. 


SUB-ORDO 2. 


SUB-ORDO 3. 


TROISIÈME PARTIE. 


7. Tribus. — MEGarpopibx. 


8. Tr. — MEsITIDÆ. 
9. Tr. — PALAMEDEID Æ. 
10. Tr. — CHIONID x. 
HERODIONES. 
1. Tribus. — Psopanpzx. 
2. Tr. — GRUIDZ. 
3. Tr. — ABAMIDE. 
4. Tr. — CANCROMIDÆ. 
HAN ES ARDEID Æ. 
GRR CicONHD x. 
Tr DROMADIDÆ. 
8. Tr. — TANTALIDÆ. 


1. FamiuiA. — Tantalinæ. 
2. F. — Ibidinæ. 


9. Tr. — PLATALEIDÆ. 
HYGROBATÆ. 


1. Tribus. — PHOENICOPTERIDÆ. 


Ordo VEKE. NATATORES. 


TOTIPALMI. 
1. Tribus. — PELECANIDÆ. 
D tnet— TACHYPETIDÆ. 
DUT — SULIDÆ. 
LAS l'E PLoTinx. 
5. Tr. — PHALACROCORACIDÆ. 
BRACHYPTERI. 


{. Tribus. — Poprcerinx. 


LAMELLIROSTRI. 
1. Tribus. — CyYcNIDx. 
DAT U— ANSERIDÆ. 
SaATr -— ANATIDÆ. 
Lk. Tr. — FULIGULIDÆ. 


5. Fra MERGIDÆ. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 203 


Sug-OrDo 4. LONGIPENNES. 


1. Tribus. — PROCELLARIDX. 


1. FAMILIA. — Diomedeinæ. 


9. F. — Procellarinæ. 
2. Tr. — PHAETONIDÆ. 
3. Tres — LaRDÆ. 


SUB-ORDO 5. URINATORES. 


1. Tribus. — CozyMBIDz. 
2. Tr. — ALCIDÆ. 


Ordo IX. PTILOPTERI. 


1. Tribus. — SPHENISCIDÆ. 


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APPLICATION DES CABACTÈRES OOLOGIQUES. 205 


PREMIER ORDRE. 
ACCIPITRES ou RAPACES. 


PREMIER SOUS-ORDRE. 
RAPACGES DIURNES 


(Rapaces diurni). 


Il y a peu d’Ordres d’Oiseaux, à part les Passereaux, dont on 
connaisse autant d’Espèces Oologiques que celui des Accipitres 
ou Rapaces Diurnes, et pourtant il serait difficile d'établir entre 
elles des Coupes ou Catégories qui offrissent des rapports satis- 
faisants avec le Classement Méthodique adopté, ou des caractères 
assez tranchés pour en instituer un nouveau. 

Ce qui est remarquable dans cet Ordre, ou plutôt dans ce Sous- 
Ordre, c’est, outre la Forme de l'OEuf, qui ne varie que de la 
Forme Ovalaire à la Forme Ovée, et, dans une ou deux Tribus 
ou Familles , presque jusqu’à la Forme Ovoïconique, l'unité 
permanente de la Couleur qui, sous des nuances diverses de 


Brun, en décore la Coquille, dont la matière est constamment 


d’un Blanc légèrement teinté de Bleuâtre ou Azuré, et dont le 
grain est modérément épais et assez ordinairement uni. 

Tout ce qu’on en peut dire, d’une manière générale, c’est que 
cette Couleur, toujours Brune, mais variant du Brun de bistre à 
la Terre de Sienne, souvent même à l’Ocre rouge, est plus 
abondante chez les Caracaras (Polyborinæ) et les vrais Falco- 
ninés (Falconinæ), tels que les Falconecæ et les Tinnunculeæ du 
Prince Ch. Bonaparte, dont le fond Blanc disparait même tota- 
lement sous la diffusion de cette teinte, et beaucoup moins chez 
les autres Familles. 

Les seuls autres Groupes, en dehors de ces derniers, dont 
l'OEuf se distingue soit par sa Forme, soit par sa Coloration, 
sont les suivants : 


206 TROISIÈME PARTIE. 


Dans les Vautours (Vulturidæ) : les Cathartinés, dont l’'OEuf 
est d’une Forme Ovée allongée, avec le ton de Couleur des taches 
rentrant dans le ton général propre au Sous-Ordre entier, mais 
celles-ci laissant à découvert la plus forte partie de la surface de 
la Coquille. 

Dans les Aigles (Aquilidæ) : les Groupes des Haliætus, 
Pandion et Circaëtus, qui pour nous en font partie, que la 
Couleur Blanche et sans tache de leur OBuf distingue de leurs 
congénères; en observant, en général, que tout OEuf Blanc de 
Rapace Diurne est toujours d’un Blanc légèrement teinté de 
Bleuâtre à sa surface, beaucoup plus sensible dans sa transpa- 
rence. 

Dans les Faucons (Falconidæ) : 

4o Les Autours (As{urinæ) et les Busards (Circinæ), qui se 
rapprochent infiniment les uns des autres par la Couleur Blanche 
azurée et sans taches de leurs OEufs; 

20 Le Secrétaire ou Serpentaire (Gypogeranus), dont l’'OEuf 
est de Forme Ovée allongée, presque Ovoïconique, et rarement 
ou imperceptiblement maculé. 

Le Secrétaire est le Type Ornithologique qui prouve le mieux 
combien la Forme de l’OEuf est forcément dépendante de celle de 
. la structure de l'Oiseau et lui est fatalement soumise. 

Cette Forme Oologique presque exceptionnelle démontre suffi- 
samment, en effet, qu’elle a été déterminée par les Formes tout 
aussi exceptionnelles de ce Rapace, qui a exercé la patience des 
Méthodistes au point d’arracher, on le sait, cette exclamation au 
Prince Ch. Bonaparte : « Nous ne pouvons, disait-il, comprendre 
que des Naturalistes eclairés s’obstinent à subordonner ce Type 
véritablement anormal à la Sous-Famille des Busards, avec les- 
quels l'ont originairement fait ranger les rêves ingénieux des 
Philosophes Quinaires ! » 

Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de plus de 


APPLICATION DES: CARACTÈRES OOLOGIQUES. 207 
quatre-vingts Espèces d’Oiseaux de proie Diurnes, éléments plus 
que suffisants pour en bien saisir et asseoir les caractères, qui se 
réduisent à ce que nous venons d’en dire. 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE. 


RAPACES NOCTURNES 


(Rapaces nocturni). 


Les Rapaces Nocturnes ou Strigidés, ainsi que les autres. 


Familles chez l'OEuf desqueiles la Coquille ne revêt pas de Cou- 
leur apparente superficielle, n'offrent aucune exception à ce 
défaut de Coloration : c’est, sous le rapport sous lequel nous les 
envisageons, une des Familles les plus naturelles. 

Les Caractères généraux de leur OEuf sont : 

Forme — constamment Sphérique, excepté chez l'Effraye 
commune (par conséquent chez toutes) qui affecte la Forme 
. Ovée; 

Coquille — d’un grain peu épais et peu dur; d’un Blanc de 
lait tournant au Blanc légèrement jaunâtre, surtout dans sa 
transparence , assez régulièrement poreuse, mais unie et quelque 
peu luisante, excepté chez l'Effraye, dont la Coquille est mate 
et sans reflet ; 

Couleur — celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche 
et sans aucune autre nuance ni tache. 

Observation. — Nous venons de dire que cette Famille est 
une des plus naturelles : c’est aussi une de celles dans lesquelles 
on peut le mieux se convaincre du rapport parfait qui existe 
entre la Forme de l’OEuf et l'organisation de l'Oiseau et par 
conséquent de la convenance de l'application de la Forme 
Sphérique à cette Famille, dont l’ensemble cervical est des plus 
développés, et l’appareil sternal court et ramassé comme celui 
des Rapaces Diurnes, et par suite l’'Oviducte également court et 
Sphéroïdal. Nous insistons d’autant plus sur ce fait qu’il donne 


208 TROISIÈME PARTIE. 


la mesure de la valeur de la Forme comme caractère Oologique. 
Ainsi en examinant l'anatomie encéphalique de chacune des 
Espèces des Strigidés, on reconnait cette région chez toutes, 
d'un développement, comparativement à ce qu’elle est chez tous 
les autres Oiseaux, extraordinaire et inverse du développement 
des jambes chez tous fort courtes, à l'exception de l’Effraye, 
qui a la face plus comprimée, les jambes plus grêles et dénudées, 
le bec en partie droit; et que toutes les Méthodes ont en consé- 
-. quence isolée de ses congénères. Or la même raison de différence 
se retrouve parfaitement établie dans les caractères Oologiques 
de cette Espèce, comme nous venons de le dire , et comme le 
démontrent d’une manière plus complète l’aspect et l’étude de 
son OEuf. 


DEUXIÈME ORDRE. 


GRIMPEURS où ZYGODACT YLES 
(Zygodactyli). 


Dans l'Encyclopédie d'Histoire naturelle nous avons divisé 
cet Ordre en quatre Sous-Ordres : 

4o Zygodactyles Préhenseurs (Zygodactyli Prehensores) ; 

20 Zygodactyles Grimpeurs (Zygodactyli Scansores) ; 

30 Zygodactyles Percheurs ou Marchants ( Zygodactyli Inses- 
sores); 

4o Zygodactyles Douteux ou Faux -Zygodactyles (Pseudo- 
Zygodactyli), pour les Musophages. 

En mettant ceux-ci à la fin de l'Ordre, nous avons motivé 
notre détermination en ces termes : | 

« . . . Dans la conviction que ces Oiseaux tiennent évidem- 
ment plus des Zygodactyles que des Passereaux proprement dits, 
mais frappé de la différence de conformation de leurs doigts, 
si bien décrite et expliquée par Le Vaillant, nous pensons, 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 209 


comme de Blainville (!), le Docteur Lherminier et M. Isid. 
Geoffroy-Saint-Hilaire, qu'ils ne sauraient être, sans hérésie, 
éloignés des Zygodactyles, et que par conséquent, ils doivent 
figurer à la fin de cet Ordre, servant ainsi de transition natu- 
relle entre les Grimpeurs et les Passereaux (?). » 

Aujourd’hui, sans revenir sur cette opinion, en ce sens que 
ce Groupe doit figurer dans les Zygodactyles, nous croyons 
devoir la modifier en le mettant, non plus à la fin de l'Ordre 
pour en faire le lien avec les Passereaux, mais en le mettant en 
tête pour en faire le lien des Rapaces Nocturnes avec les Zygo- 
dactyles, déterminé que nous sommes par les considérations 
_Oologiques relatives à ce Groupe, rapprochées de son étude 
Ostéologique. 

Nous ne faisons en cela que suivre, l'exemple d’un de nos 
savants devanciers. 

Le Docteur Lherminier en effet (3), frappé de l’analogie du 
Sternum des Touracos avec celui des Oiseaux de proie Nocturnes 
a cru devoir faire suivre ces derniers par le groupe des Muso- 
phagidés. | 

Le Sternum des uns et des autres, comme le dit fort bien, 
d’après-lui, M. de la Fresnaye, comparé isolément, n'offre, 
pour ainsi dire, aucune différence, chose fort étrange entre des 
Oiseaux aussi éloignés dans la Série , tant par leurs formes exté- 
rieures que par leurs mœurs (4). 

C'est donc par les Musophagidés que nous commencerons 
l'Ordre de nos Zygodactyles. 


(1) Bulletin de la Société Philomatique, 1826. 

(2) Oiseaux, T. Il, p. 53. 

(3) Recherches sur l'appareil Sternal des Oiseuux, 1828. 

(4) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. ete. Rev. 
Zool. 1845. 


15 
19 


216 TROISIÈME PARTIE. 


PREMIER SOUS-ORDRE. 
ZYGODACTYLES DOUTEUX OU FAUX-ZYGODACTYLES 


(Pseudo-Zygodactyli). 


Une seule Tribu : les Musophages (Wusophagidæ). 

Les caractères généraux de leur OEuf sont : 

Forme — presque exactement sphérique; 

Coquille — d'un grain très-fin, d'un Blanc pur; impercepti- 
blement poreuse et unie, mate et sans reflet; 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille , c’est-à-dire Blanche 
et sans aucune autre nuance ni tache. 

Maintenant que nous avons fait connaître les caractères 
Oologiques des Musophagidés, qu’on rapproche ces caractères 
de ceux que fournit leur Ostéologie, qu’on les rapproche égale- 
ment de leurs habitudes, on verra que la place que nous leur 
assignons ici est celle qui paraît le mieux remplir toutes les 
conditions d’une bonne Classification Naturelle. 

Ainsi, d’une part, pour leur maintien dans l’ordre des Zygo- 
dactyles, indépendamment des motifs qui précèdent, nous nous 
appuyons sur cette observation de mœurs si intéressante, faite 
par l’infortuné Docteur Petit, que nous avons le premier publiée 
dans la Partie Zoologique du Voyage en Abyssinie du Lieutenant 
de vaisseau Th. Lefebvre (1) et que nous avons reproduite 
ailleurs depuis (?) : 

« Le Touraco à oreillons blancs (Z'uracus leucotis, Rüppel.) 
fréquente les Kolquals au bord des torrents, vole d’arbre en 
arbre, s'accroche aux branches verticales des Kolquals, comme 
des Pics, est facile à approcher, ne fait entendre ni chant ni cri, 
perche de préférence sur les Euphorbes et fait sa principale 


(1) Tom. VI, pag. 
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. I, p. 57 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 211 


nourriture de petits Mollusques des torrents et de Dattes. » 

Fait qui mérite d'autant plus d’être remarqué, qu’il peut aider 
puissamment à faire assigner définitivement à ces Oiseaux leur 
place dans la Série. 

D'une autre part, en faveur du rapprochement que nous 
faisons de ce Sous-Ordre des Rapaces Nocturnes, nous avons les 
considérations suivantes , que le Docteur Lherminier publiait 
quelques années, non avant les observations de de Blainville, 
mais avant leur publication par la voie de la presse; ces obser- 
vations ayant été dès 4845 l’objet d’une intéressante communi- 
cation faite par le célèbre Professeur à l’Académie des Sciences : 

« Ges Oiseaux, dit Lherminier, onf dans leur appareil la plus 
grande ressemblance avec les Chouettes (à la suite desquelles il 
les place) : même forme du Sternum, même nombre d’échan- 
crures, quatre côtes, comme dans les Effrayes; os coracoïdes 
différant seulement en ce que le bord interne se recourbe et 
forme, en se soudant au corps de l'os, un canal complet pour 
l’'abaisseur de l’aile, et en même temps par l’élargissement plus 
considérable de l'extrémité postérieure; clavicule exactement la 
méme, avec un tubercule en arrière; scapulaires plus longs que 
le Sternum, très-aigus, étroits. 

» Ces Oiseaux, qui diffèrent tant à l'extérieur des Chouettes , 
qui ne leur ressemblent que par leur doigt réversible, ont avec 
elles tant de rapports dans leur organisation profonde, qu'ils 
semblent appartenir à la méme Famille. J'avoue que n'ayant 
pour guide que l'appareil sternal, il est difficile de les distinguer. 
Le système est donc ici en défaut (1). » 

Mais non, cher Docteur, tout, au contraire, vient confirmer la 
justesse des indications de votre Système. 


(1) Mémoires de la Sociélé Linnéenne, 1822. — Eneyclop. d'H. N. Ois., 
T. IL, p. 59. 


212 TROISIÈME PARTIE. 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE. 


ZYGODACTYLES PRÉHENSEURS 
(Zygodactyli prehensores) 


OU PERROQUETS (PSITTACIDÉS). 


De même que les Strigidés, les Psittacidés se distinguent par 
l’uniformité de leurs caractères Oologiques, celui surtout de 
l’absence de tout reflet et de toute couleur. | 

Forme — variant de la Forme Ovale à la Forme Ovée; mais 
plus généralement Ovale chez les Conures, les Psittacules et les 
Trichoglosses ou Loris ; et Ovée chez les Macrocerques, les 
Platycerques, les Psittaciens, les Plyctolophes ou Kakatoëès 
et le Genre, si curieux par son facies et par ses mœurs, du 
Strigops ; parfois même assez allongée chez plusieurs Genres 
de ces dernières Familles. 

Coquille — d’un grain très-fin, d’un Blanc pur, irrégulière- 
ment poreuse, quoique unie, mate et sans reflet. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche 
et sans aucune autre nuance ni tache: 


TROISIÈME SOUS-ORDRE. 


ZLYGODACTYLES GRIMPEURS 
(Zygodactyli scansores) 


OU PICS (PICIDÉS). 


Ce Sous-Ordre des plus naturels par les caractères physiolo- 
giques des Oiseaux qui le composent, l’est également par ses 
caractères Oologiques, si constamment uniformes chez tous, 
que les indications générales que nous allons donner de leur 
OEuf, peuvent dispenser en grande partie d’une description 
détaillée à chacune des Espèces qui en composent le Groupe. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 2413 

Forme — Ovée, l’un des bouts parfois plus ou moins 
aigu. 

Coquille — d’un grain si fin et si lustré que les pores en sont 
invisibles à l’œil nu, d’un Blane pur; et, par son reflet, offrant 
l'aspect brillant de l’émail de la porcelaine. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille, Blanche et sans 
aucune tache. 

Nous avons déjà eu occasion de nous expliquer sur la cause 
présumée du luisant de la Coquille, et sur l'absence de taches à 
sa surface, chez les OBufs de Pics, de Torcols et de Martins- 
Pécheurs. 

Ces OEufs, ainsi que le dit fort bien Thienemann , sont 
pourvus, lors de la formation de leur Coquille calcaire, d’un 
enduit gélatineux ou gluant, qui garantit celle-ci des petites 
gouttes de sang, ou donne à l’OEuf plus de facilité pour avancer 
et glisser dans ses évolutions; et, par là, lui évite les effets de 
la pression de l’Oviducte. 

Mais nous n’avons pas remarqué, comme l’exprime cet Obser- 
vateur, que cette fluidité donnât en même temps plus de solidité 
à la matière calcaire, raison pour laquelle, selon lui, la Goquille 
des OEufs sans tache serait beaucoup plus dure et plus résistante 
que celle des OEufs tachetés. 

Ce qu’il y a cependant de certain, c’est que la matière cal- 
caire , chez eux, est pourvue d’une adhérence beaucoup plus 
complète que chez tous les autres, par suite probablement 
d’une cristallisation plus fine et plus homogène entre toutes ses 
parties. 

On ne saurait appliquer la même explication pour les autres 
OEufs Blancs et sans taches, à Coquille beaucoup moins réfrac- 
taire, tels que ceux des Strigidés, des Psittacidés, ete., chez 
lesquels on ne saisit pas trace de la présence de cet enduit géla- 
fineux ou gluant. 


214 TROISIÈME PARTIE. 


QUATRIÈME SOUS-ORDRE. 
ZYGODACTYLES PERCHEURS OU MARCHEURS 
(Zygodactyli insessores seu arborei). 


Nous comprenons sous cette dénomination tous les Zygo- 
dactyles qui n’appartiennent à aucun des trois Sous-Ordres qui 
précèdent, tels sont : 

40 Les Cuculidés ou Goucous ; 

20 Les Ramphastidés ou Toucans ; 

30 Les Trogonidés ou Couroucous ; 

4o Les Bucconidés ou Barbus; 

50 Les Capitonidés ou Tamatias ; 

6° Les Galbulidés ou Jacamars. 

Or, à part la première de ces Tribus, nous allons trouver dans 
toutes les autres la même homogénéité de caractères Oologiques 
que dans les précédentes. 


PREMIÈRE TRIBU. 


CUCULIDÉS OÙ COUCOUS. 


Cette Tribu, comme nous venons de le dire, est loin de 
présenter la même uniformité de caractères Oologiques que nous 
avons remarquée tout-à-l’heure; aussi s’offre-t-elle d’une manière 
tout exceptionnelle, et nous pouvons répéter à son égard ce que 
disait si prématurément le Docteur Lherminier au sujet des 
Musophagidés : que le système est en défaut! Car il y a impos- 
sibilité, ainsi qu'on va le voir, d’assigner à cette Tribu une 
Diagnose Oologique d’une application générale. 

En renouvelant toutefois cet aveu d’impuissance de l’Oologie, 
nous ne le faisons qu'avec réserve; car nous aurons soin, à 
l’occasion, d'attirer l'attention sur des faits Oologiques qui 
peuvent ouvrir des voies toutes nouvelles dans la manière d’envi- 
sager et de traiter l'Histoire Naturelle de cette Tribu. 


[SES 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 21 
CARACTÈBES GÉNÉRAUX : 

Forme — passant par toutes les phases de Figures Sphérique, 
Ovalaire , Elliptique et Ovée. 

Coquille — d'un grain fin et serré, d’un Blanc plus ou moins 
pur ou verdàtre, tantôt recouverte d’une couche sédimentaire 
crayeuse Blanche, tantôt unie, parfois très-brillante, tantôt mate. 

Couleur, — suivant les Familles, les Genres ou les Espèces, 
Vert-Bleuûtre uni et sans taches, Blanc uni et sans taches, ou 
d’un Gris blanchâtre ou jaunâtre plus ou moins diversement 
coloré. 

Force nous est donc de passer en revue chacune des Familles 
dont nous composons cette Tribu et qui sont les suivantes : 

4. Indicatorinés ({ndicatorinæ); 2° Éprysominas [ed 

2. Cuculinés (Cuculinæ) ; 

3. Coccyzinés (Coccyzinæ ) ; 

4. Saurothérinés (Saurotherinæ) ; 

5. Phœnicophéinés ( Phænicophæinæ) ; 

6. Centropodinés (Centropodinæ) ; 

7. Crotophaginés (Crotophaginæ) ; 

8. Scytropinés (Scytropineæ) ; 


Are FAMILLE. — /{ndicatorinés. 


Les Indicateurs font, pour nous, le passage naturel des Pics 
aux Coucous : en ce que d’abord ils sont Zygodactyles et quel- 
que peu Grimpeurs, ce qui les à fait ranger pendant longtemps 
parmi les premiers ; en ce qu’ensuite ils ont les mœurs des vrais 
Coucous, de ceux qui déposent leur OEuf dans le nid des autres 
Oiseaux; fait remarquable, que n'avaient découvert ni le 
P. Lobo, ni Sparmann, ni le Docteur Petit; que J. Verreaux a 
le premier, revelé à la Science; et que nous avons, d’après ses 
notes, publié dans l'Encyclopédie d'Histoire Naturelle (1). 


(1) Oiseaux, T. I, p.254. 


216 TROISIÈME PARTIE. 


« Cet Oiseau, ou pour mieux dire, ces Oiseaux qui, jusqu'à 
présent, écrivait-il en 4830, forment trois Espèces distinctes, 
sur cette partie de l'Afrique, le Cap, (et qui aujourd'hui en 
comptent huit disséminées aussi en Asie et en Océanie) se rap- 
prochent beaucoup des Coucous, sous le rapport du mode par 
eux employé pour la ponte et l’incubation de leurs OEufs. IL 
m'est arrivé de trouver les OEufs de ces Oiseaux, et plus parti- 
culièrement les jeunes , dans les nids de diverses Espèces. Ainsi, 
de même que les Coucous, la femelle pond son Ouf à terre, 
puis s’élance dans le nid qu’elle a choisi pour l’y déposer, en 
dérobe un de ce même nid, qu’elle brise ou qu’elle mange. 
puis vient rechercher le sien qu'elle y substitue à l’aide de son 
bec, et en fait autant pour les trois OEufs qu’elle pond généra- 
lement à deux jours d'intervalle. Je pourrais citer comme un 
fait positif qu'ayant suivi la même femelle pendant toute la 
période de sa ponte, je l’ai vue déposer de la même manière 
les trois OEufs qu’elle avait pondus, je dirai même que les trois 
OEufs se trouvaient placés chacun dans le nid de trois Espèces 
distinctes d’Oiseaux , et à la distance de sept à huit cents pas 
l'un de l’autre. Ge fut dans les premiers jours d'Octobre que 
j'observai le premier, qui fut déposé dans un nid de Cubla 
(Laniarius Cubla); le second dans celui d’un Merle-à-eul-d’or 
(Muscicapa (Ixos) hæmorrhousa, Gm.); et le troisième dans 
celui d’un Importun (Andropadus importunus). Le lendemain 
de la dernière ponte, la femelle, accompagnée de son mâle qui 
se tenait toujours à distance, disparut avec lui, et ce ne fut que 
dans les premiers jours de Novembre que je les vis reparaitre 
tous deux. Il ne restait à cette époque, dans le nid du Cubla, 
que le jeune Indicateur qui, en grossissant, avait fini par jeter 
en dehors les deux petits Cublas; et cependant le père et la mère 
de ceux-ci continuaient à le nourrir, comme ils l'avaient fait 
pour leurs propres enfants. C’est le 2 Novembre que la femelle 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 217 


de l’Indicateur , en approchant du nid, appela son jeune qui 
commençait à voler, et ne tarda pas à venir la rejoindre , au 
grand désapointement des deux pauvres Oiseaux. Je remarquai 
alors que les rôles changèrent, et que le mâle prit soin du jeune, 
tandis que la femelle se rendit au second nid et en ramena le 
second jeune, puis le troisième. Ces jeunes paraissent rester avec 
leurs parents jusqu'à l’époque assignée par la nature à chacun 
de ces êtres pour leur reproduction; car dès l’année suivante ces 
Oiseaux s’accouplent.… Il m'est arrivé de trouver dans les nids 
des Picus nubicus et Picus chrysopterus, des jeunes des Zndi- 
cator major et Indicator albirostris, ainsi que dans les nids des 
Oriolus larvatus et Laniarius Boulboul. » 
CABACTÈRES OOLOGIQUES : 

Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain mince, mat et Blanc. 

Couleur. — Celle du grain, d'un Blanc pur et sans tache. : 


de FAMILLE. — Cuculinés. 


La Famille des Cuculinés n’est pas plus homogène que la 
Tribu ; et à peine y trouve-t-on un Genre dont toutes les Espèces 
aient un caractère commun. 

Ainsi le Genre Eudynamis a son OEuf de Forme Ovalaire tantôt | 
d’un beau Vert-Bleu foncé, uni, sans taches et luisant comme la | 
porcelaine (£. — Niger), tantôt d'un Vert-Olive pâle, recouvert 
de nombreuses taches brunes ou noirâtres, en forme d’éclabous- 
sures, et généralement réunies en forme de couronne vers le 
sommet de l'OEuf (£. — Orientalis). 

On n’a jusqu’à présent trouvé l’OEuf de cette dernière Espèce 
que dans des nids de Corbeaux, principalement du Corvus culmi- 
natus et du C. splendens ; et ce qui est remarquable, c’est 
l’analogie complète qui existe entre les OEufs de ce Coucou, pour 
le fond de la couleur et pour la teinte des taches, et ceux des 


248 TROISIÈME PARTIE. 


Corbeaux en général, et principalement des deux Espèces 
Indiennes (l). Mais on ignore encore si le même Coucou ne 
déposerait pas son OEuf dans le nid d’autres Espèces d’Oiseaux ; 
et, en ce cas, quelle est la couleur de ce produit Ovarien. 

Peut-être en serait-il de même de l’Edolio-Geai, Oxylophus 
glandarius, dont M. Hewiston vient de publier l’OEuf, jusqu'alors 
inconnu (2). Ce Coucou le déposerait" souvent dans les nids de 
Pica mauritanica, et sans doute aussi dans celui du Merle 
ordinaire, T'urdus Merula, à l'OEuf duquel il ressemble beaucoup. 
Cet OEuf est de Forme Ovée, presque Ovalaire, de la grosseur de 
ceux de Pie ; à fond de couleur Vert-d’eau, recouvert de taches 
nombreuses d’un Brun-rouge variant de ton, et paraissant parfois 
rosâtres. 

D'après Levaillant, l’OEuf de l'Oxylophus ater serait absolu- 
ment Blanc et sans aucune tache. Il est fâcheux que ee Voyageur, 
qui nous apprend avoir trouvé, jusqu'à vingt-huit OEufs de cet 
Edolio, auquel on a donné son nom, dans autant de nids 
d’Oiseaux tous Insectivores, entre autres la Fauvette rousse-tête. 
la Bergeronnette brune, le Coryphée, la Fauvette citrin et le 
Gobe-Mouches mantelé, ne nous dise pas si dans le nombre il a 
observé des différences de coloration. 

Cette remarque aurait d'autant plus d'importance que nous 
possédons un OEuf de Coucou d’Afrique, donné comme appar- 
tenant à cette Espèce, et qui, au lieu d’être Blanc uniforme, est 
d’un fond Blanc sale couvert de taches grises et brun-verdûtre, 
offrant dans son ensemble, et sauf sa Forme Ovalaire aigüe, 
l'aspect d’un OEuf de Pie. Nous ignorons s’il a été trouvé dans le 


(1) Blyth-Contribution of to Ornithology, by s. w. Jardine, et Justrat of 
Ornith. 184. — Et Encycl. d'H. N. Ois., T. 1, p. 260. 

(2) The Ibis a Magaz. of général Ornith. by Ph. Luttley Selaver ; janvier 
1859, 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES: 219 


propre nid de l’Espèce à laquelle il nous a été dit appartenir ou 
dans le nid d’une Espèce étrangère. 

Quant au Genre Coucou (Cuculus) et notamment NfEspèce 
Type du Genre, notre Coucou Chanteur (C. canorus), on sait 
quelle étonnante diversité offre la Coloration de son OEuf, tou- 
jours de Forme Ovée, diversité telle. que nous nous abstiendrons 
d’en aborder la description détaillée. 

Qu'il nous suflise de rappeler que les Oiseaux dans le nid 
desquels on a trouvé en Europe des OEufs de Coucou Chanteur 
sont : 40 la Fauvette ordinaire (Curruca hortensis); 20 la Fauvette 
à tête noire (C. atricapilla); 30 la Fauvette babillarde (Sylvia 
curruca) ; 4° le Rouge-Gorge (Rubecula familiaris); 5° la Fau- 
vetie de roseaux (Calamoherpe arundinacea); 6° le Rossignol de 
murailles ({ Ruticilla phœnicura); Te le Pouillot Chantre (PAyl- 
lopneuste trochilus); 8° le Troglodyte (Troglodytes Europœus); 
_ 90 la Mésange (Parus major); 100 la Bergeronnette grise (Mota- 
cilla alba); 11° le Traîne-Buisson { Accentor modularis); 420 le 
Traquet Stapazin (Saxicola stapazina); 130 le Pipit des buissons 
(Anthus pratensis); 440 le Pipit Rousseline (A. cervina); 450 la 
Linotte (Acanthys linaria); 460 le Verdier (CAlorospiza chloris); 
470 Le Bouvreuil (Pyrrhula rubicilla); 489 la Pie Grièche (Lanius); 
490 le Geai (Garrulus glandarius); 200 la Grive (Turdus musicus); 
240 le Merle (7. merula), et plus rarement la Pie (Pica): 
220 le Bruant (Emberiza), la Tourterelle (Turtur) et le Ramier 
(Palumbus). | 

Le rapprochement de la diversité de coloration de l’OEuf de 
notre Coucou et de la diversité des Espèces dans le nid desquelles 
il le dépose nous a déjà, depuis longtemps (1), fait soulever les 
questions suivantes : 

Les Coucous proprement dits, si extraordinaires dans leur 


(1) Encycl. d'H. N. Ois, t. 1, p. 269 etc. 


220 TROISIÈME PARTIE. 


mode de reproduction, le seraient-ils tout autant dans les phé- 
nomèênes qui accompagnent leur ponte? En un mot, la nature, 
qui a entouré ce genre d’Oiseaux de tant d’apparences merveil- 
leuses, sous le premier rapport, aurait-elle, sous le second, 
accompli en leur faveur une autre merveille tout aussi exception- 
nelle? On à vu, en ce qui concerne la ponte en général, que la 
Couleur des OEufs, dans chaque Espèce, est constamment la 
même en principe et ne varie qu'exceptionnellement et par 
dégradation de teinte seulement (et non par substitution d’une 
teinte à une autre), selon que l’OEuf est le premier ou le dernier 
pondu; en d’autres termes, qu’il y a constance et fixité de Colo- 
ration dans les OEufs d’une même Espèce. Les OEufs des Goucous 
dérogeraient-ils à cette règle, et leur Couleur, dans la même 
Espèce, varierait-elle de manière à leur faire emprunter 
celle qui distingue l'OEuf de l’Oiseau dans le nid duquel la 
femelle Coucou a lintention de déposer ou d'introduire le 
sien ? 

Ce sont des questions qui n’ont jamais été agitées et que nous 
nous plaisons à poser, tant cette précaution de la nature nous 
semblerait admirable. Ge qui rendrait la chose sinon possible, 
au moins vraisemblable, c'est que, d’une part, on n’a jamais été 
bien fixé sur la Couleur réelle ou constante de l’OEuf du Coucou 
Chanteur. Ainsi, sans remonter bien haut dans les citations à 
cet égard, voici la description la plus récente que Degland (1), 
d'accord en cela avec M. Gerbe, donne de l’OEuf de notre 
Coucou : « Ces OEufs sont très-petits relativement à la taille de 
l'Oiseau et varient beaucoup pour la Couleur. Ils sont ou Cendrés, 
ou Roussâtres, ou Verdâtres, ou Bleuâtres, avec des taches 
petites ou grandes, rares ou nombreuses, d’un Cendré foncé, 
Vineuses, Olivätres ou Brunes, avec quelques points et parfois 


(1) Ornithologie Européenne, 1849. T. I. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 221 
des traits déliés Noirätres. » Or, d’après les principes que nous 
avons rappelés tout-à-l’heure, s’il en est ainsi (et le fait est 
constant), il est bien clair que cet Oiseau est le seul dont l'OEuf 
puisse varier ainsi d’une teinte à une autre et surtout d’un Blanc 
sale plus ou moins cendré au Brunâtre, au Verdâtre, au Bleuâtre. 
Il est donc pour le moins étonnant qu’on se soit borné à cons- 
tater ces variations, sans chercher à les expliquer autrement 
que par l'influence de la Couleur de la localité dans laquelle ces 
OEufs ont été pondus , comme l’a dit Temminck (1), ou par l’àge, 
l’état de santé de l’Oiseau, l'abondance de la ponte et la nature 
des aliments, comme l’ont avancé plusieurs observateurs et entre 
autres M. Moquin-Tandon (?). 

C’est d’une autre part que, d’après le plus grand nombre des 
observations, les OEufs de Couleur Cendrée, plus ou moins Bru- 
nâtre ou Roussâtre, se sont à notre connaissance, rencontrés 
le plus fréquemment dans les nids de Fauvette de jardin, de 
Rouge-Gorge et de Bruant; et que ceux d’une teinte Verte ou 
Bleuâtre uniforme, ont été presque toujours retirés des nids de 
Rossignol de muraille ou de Traquet, témoin celui d’une teinte 
Bleu-Verdâtre uniforme que possède M: Gerbe et qui a été pris 
dans un nid de Traquet Stapazin : or, on sait que les OEufs de 
Traquet, surtout de cette dernière Espèce, comme ceux du Rossi- 
gnol de murailles, sont positivement de cette Couleur. 

Si maintenant, nous rapprochons cette remarque de celle de 
M. Blyth, au sujet des OEufs de l'Eudynamis (ou Coucou à gros 
bec) du Bengale, qui sont exactement de la même Couleur que 
ceux du Corbeau resplendissant et du Corbeau à bec culminé, 
dans le nid desquels ce Coucou introduit ordinairement et 
presque exclusivement ses OEufs, on conviendra que ces ques- 


(1) Manuel des Oiseaux d'Europe, 1820, 1°e partie. 
(2) Ann. de la Soc. Linn. de Paris. 1824. 


1 


29 TROISIÈME PARTIE. 


tions, telles que nous les avons présentées, sont loin d’être 
oiseuses, ou de reposer sur une simple hypothèse. 

Il serait donc à penser, dans cet ordre d'idées, si les OEufs 
étrangers trouvés dans le nid de divers Oiseaux, en Europe, pro- 
viennent véritablement de la même Espèce de Coucous, notre 
Coucou chanteur, que ce changement, ou, pour mieux dire cette 
appropriation de Couleur, dépendrait en quelque sorte de la 
volonté de l’Oiseau ; et que les OEufs, en vue de la ponte desquels 
le Coucou vient de visiter à l'avance tel ou tel nid renfermant 
ceux de son propriétaire, revêtiraient, au moment où ils vont 
être pondus, la Couleur propre aux OEufs de l'Espèce qui les 
doit couver : que ce serait uniquement à cette similitude de 
Coloration que serait due la facilité avec laquelle ces petites 
Espèces d'Oiseaux se laisseraient aller à les couver comme les 
leurs, malgré la différence de dimensions. 

Si la conséquence paraît quelque peu forcée, le fait vaut au 
moins la peine d’être étudié. 

Cette variété de Coloration, dans l'OEuf du Coucou d'Europe, 
ne pouvait pas ne point avoir été remarquée par Buhle si bon 
observateur. Il dit en effet que cet OEuf varie beaucoup, et en 
figure des exemples. Mais serait-il vrai, ainsi qu’il l’énonce 
formellement, et probablement d’après sa propre expérience, 
que la diversité de la Couleur dominante s’étendrait à toute une 
année ? de sorte que dans une année ils seraient Blanc-Bleuâtre 
avec des taches Brun-Olivâtre et dans une autre année, Blanc- 
Jaunâtre, avec des taches Grises ! 

La proposition est assez explicite et assez formelle pour mériter 
une contre-épreuve sérieuse ou un scrupuleux contrôle. De tous 
les Auteurs qui ont écrit et publié leurs observations, Buhle est 
le seul qui ait encore avancé un pareil fait, dont nous n’avons, 
quant à nous, dans une expérience de près de quarante années, 
aucun exemple. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 223 


Nous ne contestons certes pas, mais nous faisons égalemént 
sur ce point un appel à de nouvelles recherches. 

La Forme de l’OEuf des Cuculinés est généralement Ovée, 
exceptionnellement Ovalaire. 

Le Genre Cacomante (Cacomantis) a son OEuf de Forme Ovée 
et de Couleur Blanche plus ou moins jaunâtre, sans aucune 
tache. 

Nous ne connaissons aucun OEuf du Genre Hierococcyx 
(Müller) ni Surnicou (Surniculus. Lesson). 

Enfin , l’'OEuf du Genre Chalcite (Chrysococceyx. Boié) varie de 
la Forme Ovalaire à celle Ovée et est tantôt Blanc uni, comme 
chez le C. auratus de l'Afrique, tantôt ou Olivâtre presque uni- 
forme, ou d’un fond Blanc moucheté de Rouge-brique, comme 
chez le C. lucidus de la Nouvelle-Hollande. 

Mais Levaillant qui dit avoir toujours trouvé le premier dans 
les nids des plus petits Oiseaux Insectivores, et jamais dans ceux 
des Granivores, ne nous fait pas connaître si, dans le nombre, il 
n’a pas rencontré de variétés. 

Nous avons été plus heureux relativement au CA. lucidus, 
qui paraît avoir les mêmes habitudes que le CA. auratus ; et les 
renseignements que nous pouvons publier à son sujet, nous les 
devons encore à l’amitié de notre grand voyageur J. Verreaux, 
toujours si minutieux et si exact dans ses observations, et dont 
les cartons recèlent des trésors d’études de cette sorte, faites 
sur les lieux témoins de ses peines et de ses travaux ; mais, 
ajouterons-nous, non de ses succès, qu'un mauvais vouloir et 
de mesquines jalousies, chez nous, ont cherché à reléguer dans 
l’ombre, et que des hommages qui, depuis dix ans , ne cessent 
d'arriver à lui de tous les coins du Monde Savant, à l'Etranger, 
dédommagent amplement de l’aveuglement du sort et de l'injus- 
tice des hommes. 

J. Verreaux a trouvé l’OEuf du CA. lucidus dans le nid des 


224 TROISIÈME PARTIE. 


Melliphagidés suivants : Melliphaga Australasiana, M. Sericea, 
M. Novæ-Hollandiæ, M. Penicillata, M. auricomis; dans ce 
cas l’OEuf était ou d’un Vert-Olivâtre , tel que le figure Thiene- 
mann, ou d’un Brun-Rougeâtre obscur. Or, nous verrons bien- 
tôt que l’OEuf de cette Tribu est généralement d'un fond Blanc, 
plus ou moins teinté de Rougeäâtre sale, avec des taches d’un 
Brun-Rouge. Le même observateur a encore trouvé l’OEuf de ce 
Cuculidé dans le nid de l’Acanthyza chrysoræa et du Malurus 
cyaneus, dont l'OEuf est Blanc, légèrement tacheté d’un Rouge- 
brique, comme chez la plupart de nos Mésanges; et dans ce cas 
l'OEuf du CA. Lucidus était de ces dernières couleurs, tel à peu 
près que la variété figurée par Thienemann. 

Mais, dit Jules Verreaux, ce Coucou n’a pas recours toute sa 
vie à l'hospitalité forcée qu’il demande ainsi plus tard à d’autres 
Oiseaux, pour l’incubation de son OEuf : d'habitude, les jeunes 
de l’année se réunissent et émigrent en masse dans d’autres loca- 
lités, où , se trouvant à peu près en nombre égal de mâles et de 
femelles, ils construisent leurs nids eux-mêmes , comme la géné- 
ralité des Oiseaux, y pondent leurs OEufs au nombre de trois et 
les couvent eux-mêmes. 

Cette circonstance établit entre eux, à cet égard, et les 
Coccyzinés, dont nous allons nous occuper une certaine ana- 
logie qui mérite d’être prise en considération. 

Et qui sait, car tout est mystère chez les Oiseaux! peut-être 
la même bizarrerie s’observera-t-elle plus tard chez notre 
Coucou d'Europe. 

Et puis, du moment que l’on connaît certaines Espèces 
d'Oiseaux d'Amérique, nullement Zygodactyles, et considérés 
comme Granivores, telles que quelques Espèces de la grande 
Famille des Ictéridés, qui se permettent, à l'instar du Coucou, 
d'éviter la peine de se construire des nids, et confient le sôin 


A 


de l’incubation de leurs OEufs à d’autres Oiseaux dans le nid 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 225 


desquels ils l'introduisent furtivement ; et cela probablement 
par suite de la même cause, c’est-à-dire la surabondance, à un 
moment donné, du nombre des mâles sur celui des femelles : 
peut-être reconnaîtra-t-on par la suite des temps, que ce fait, 
considéré comme si anormal depuis l’origine des Sciences, chez 
le Coucou d'Europe et chez ceux dont nous venons de parler, 
existe, en une certaine limite, et selon les lieux, ou l’époque 
de l’année, chez presque toutes les Familles de l'Ordre des 
Passereaux. 

Pour en revenir au CA. lucidus, lorsqu'il a reconnu le nid 
dans lequel il veut déposer son OEuf, et constaté le nombre 
d'OBufs qu’il contient, il ne manque jamais, au moment d'y 
déposer le sien, de manger et avaler préalablement celui auquel 
il veut substituer le sien, pour offrir le même nombre aux yeux 
des propriétaires du nid ainsi envahi. 


3e FAMILLE. — Les Coccyzineés. 


Cette Famille a été séparée des Cuculinés, d’abord pour 
quelques caractères différentiels, mais principalement sur le 
motif que leur propagation était soumise aux mêmes règles que 
celles des autres Âseaux. 

Il n’en serait pourtant rien quant au Genre typique Coulicou, 
ou au moins à l'Espèce type de ce Genre, le Coulicou Améri- 
cain, qui tantôt aurait les habitudes régulières de ces derniers, 
tantôt celles anormales des Coucous ; car voici ce qu’en rapporte 
un Ornithologiste Américain, habile observateur, M. Nuttall, et 
ce que nous en avons reproduit d’après lui dans un précédent 
travail (1) : 

« Leur nid est fait d'une manière si grossière et si négligée, 
que c’est à peine s’il est assez concave pour retenir soit leurs 


(1) Encycl. d'H. N. 1.1, p. 278. 


296 TROISIÈME PARTIE. 


OEufs, soit leurs petits. Leurs OEufs, au nombre de deux ou 
quatre, sont d’un Vert-bleuätre tendre, tantôt sans taches, tantôt 
maculés de taches Brunâtres ou Jaunûtres : (leur grand diamètre 
varie de Om 034 à Om 036, et leur petit de Om 023 à Om 025). Le 
père et la mère les couvent assidûment et se montrent fort 
attachés à leur progéniture, qu'ils défendent avec acharnement 
contre toutes les attaques du dehors. Ainsi, lorsqu'on s’en 
approche, comme pour prendre soit le nid, soit ce qu'il contient, 
le mâle se laisse choir du nid à terre, où il se traine en volti- 
geant avec peine, comme s'il était blessé, à la manière de 
certains Oiseaux attachés à leurs petits, tels que la Perdrix, 
jusqu'à ce qu'il ait éloigné son ennemi. Pendant ce temps, la 
mère pousse un eri d'alarme : qua-quah-gwaih, et se laisse à 
son tour glisser à terre. Alors le mâle revient à une petite 
distance du nid et sonne de son côté l’alarme à chaque fois 
qu'il craint l'approche de son ennemi. Aussitôt que les petits 
sont éclos, les parents s'occupent avec assiduité de pourvoir à 
leur nourriture, laquelle consiste principalement en Chenilles 
velues, que dédaignent ordinairement les autres Oiseaux et qui 
abondent sur les arbres qu'ils fréquentent. Ils dévorent aussi de 
gros Insectes lamelligères, tels que le Melolontha lanigera et 
d’autres Carabiques; mais ils ont la mauvaise habitude de man- 
ser les OBufs des autres Oiseaux et de répandre la désolation et 
l’épouvante partout où ils se trouvent. C'est le plus ordinairement 
au printemps qu'ils couvent; j'ai pourtant vu un nid avec ses 
OEufs vers la fin du mois d’Août, quoique le mois de Septembre 
soit l’époque de leur départ. Quand on considère le temps qu'il 
leur faut pour nourrir et élever leurs petits, ceci semble accuser 
une bien grande imprévoyance de la part des parents dans la 
construction de leurs nids, car ce retard expose une grande 
partie de leur progéniture à mourir ou de faim ou de froid. Gette 
circonstance toute providentielle met seule obstacle à leur trop 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 227 


grande multiplication ainsi qu'aux désastres qui en seraient la 
conséquence inévitable. Ils adoptent de préférence les cantons 
qui renferment le plus de petites Espèces d’Oiseaux, dont ils 
guettent les nids pour en manger et détruire les OEufs. Ceux-ci, 
de leur côté, semblent vouloir prendre leurs précautions et se 
mettre sur leurs gardes; ils recommencent plusieurs fois, et en 
divers endroits, le même nid, puis, au lieu de le placer sur les 
branches basses d’un arbre, ils le mettent sur les branches les 
plus élevées et quelquefois même à cinquante pieds du sol. 
Lorsque ces petits Oiseaux sont ainsi chassés de leurs nids ou 
ont perdu leurs OEufs, le mâle crie d’un ton plaintif pendant des 
jours entiers, comme pour pleurer la misère à laquelle le 
réduisent d’odieux ravisseurs. 

» Confiant dans les secours de la Providence, le Coucou 
d'Amérique, de méme que celui d'Europe, abandonne parfois 
le soin d'élever sa progéniture à d'autres Oiseaux. Ainsi, il 
m'est arrivé un jour de trouver un OEuf de ce Coucou dans un 
nid de Merle miauleur (Turdus felivox), et bien certainement 
cet OEuf y avait été introduit par le Coucou lui-même. Une autre 
fois, en Juin 1830, j'ai trouvé un nid de Merle erratique 
(Turdus migratorius) contenant deux OEufs de cette Espèce, 
avec lesquels se trouvait également un OEuf de Coucou qui ne 
pouvait y avoir été introduit par celui-ci qu’au moyen de son 
bec. Je ne saurais assurer que ces deux Merles n'aient pas 
renoncé à couver des OEufs ainsi frauduleusement introduits dans 
leurs domiciles; mais le fait seul de leur présence dans ces nids 
démontre suffisamment l'intention du Coucou. » (1) 

Ce fait, dont Vieillot (2) ne dit mot, et dont nous n'avons pu 
trouver la moindre trace dans Audubon (3), prouve que, malgré 


(1) Manual of the Ornith. of the Unit. St. and of Canada. 1832. 
(2) Oiseaux de l'Amer. Septentr. T. IT 
(3) Ornithological Biography. 


228 TROISIÈME PARTIE. 


tout ce que l’on en connaît jusqu’à ce jour, il reste encore bien 
des choses à apprendre dans l'Histoire Naturelle de la Tribu des 
Cuculidés : car l'exception qui se révèle ainsi chez le Genre 
Coulicou (Coccyzus), peut se retrouver plus tard chez d’autres 
Genres; et alors se présente la question de savoir pourquoi un 
Oiseau, qui le plus souvent fait son nid, y dépose ses OBufs et 
les couve lui-même, se laisse aller à s’enquérir d’un autre nid 
étranger, à y transporter furtivement ses OEufs, et finalement 
à renoncer à l'instinct le plus naturel aux Oiseaux et qui leur 
paraît le plus doux, celui de les couver et d’en faire éclore le 
germe. 

Malgré tout, ou plutôt par suite de ce qui précède, subsiste 
toujours la question posée par nous, relativement à la variabilité 
de l'OEuf des Coucous, selon l’Espèce dans le nid de laquelle il 
doit être déposé, puisque le Coulicou Américain fait des OEufs 
ou uniformément colorés ou tachetés, suivant probablement la 
Couleur de l’OEuf particulier au nid dans lequel il a résolu d’in- 
troduire le sien ; le Vert-uni étant la Couleur in ie des OEufs 
des Hd felivoz et-des Turdus migraiorius. ce#e Couleur éFantz 


n 
PELUE 


CaRACTÈRES OOLOGIQUES DU GENRE : 


Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain fin, d’un Blanc légèrement bleuâtre, 
mat et sans reflet appréciable. 

Couleur — d'un Vert plus ou moins bleuâtre, tantôt uni et 
sans taches (Coccyzus americanus, Diplopterus galeritus), 
tantôt maculé de Brun-Noirâtre ou de Brun-Rougeâtre (Coccyzus 
dominicus). 

Nous ne connaissons encore aucun OEuf de Taccos (Saurothe- 
rinæ) ni de Malcohas ( Phænicopheinæ). 


Ge FAMILLE. — Les Centropodinés ou Coucals. 


Les Coucals seraient plus homogènes, leur OEuf étant de 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 229 


Forme presque Sphérique, avec la Coquille Blanche, le grain 
fin, uni et luisant, et une Couleur d’un Blanc uniforme et sans 
taches. 


7e FAMILLE. — Les Crotophaginés où Anis. 


Les Crotophaginés , comme toutes les Familles naturelles dont 
nous nous sommes déjà occupé, sont remarquables par l’homo- 
généité des caractères que présente leur OEuf. 

Ainsi, dans toutes les Espèces la Forme de l’OEuf est exacte- 
ment Ovalaire, approchant parfois de la figure Sphérique. 

La Coquille d’un grain très-fin et très-serré, à pores peu sen- 
sibles, d’un Blanc légèrement Bleuâtre dans son épaisseur, le 
plus ordinairement plus ou moins entièrement recouverte d’une 
couche sédimenteuse , crayeuse ou demi calcaire, qui se peut 
facilement enlever par le frottement ou le grattage, dans tous 
les cas mate et sans reflet. 

La Couleur, le plus souvent d'une apparence de Blanc de 
lait pur, nuancé parfois de nuages jaunätres, qui ne sont 
qu’accidentels et le résultat du contact de la matière encore 
fraîche pondue avec des corps étrangers et humides de cette 
Couleur, tels que de la terre ou du limon, ou des herbes 
marécageuses fanées, et à l’état de décomposition, entrant 
dans la construction du nid. Ce Blanc de lait pur n’est alors 
que la couche crayeuse accessoire à la matière calcaire de la 
Coquille. | 

De temps à autre, cette même couche laisse apercevoir, dans 
ses solutions de continuité naturelles, et au milieu de l’espèce 
de réseau ou de maille qu’elle y dessine souvent et sous forme 
de points, de losanges et de raies plus ou moins nombreux et 
plus ou moins larges, la surface même de la Coquille et sa 
véritable Couleur d’un beau Bleu d'Algue-marine. C'est cette 
double enveloppe qui a fait dire à quelques Ornithologistes, qui 


230 TROISIÈME PARTIE. 
avaient mal examiné ces OEufs, qu'ils étaient Blancs avec des 
points et des raies Bleus. 

D’autres fois même, mais rarement, et sur les OEufs derniers 
pondus, la couche crayeuse disparait totalement, et l'OEuf se 
montre en entier de cette belle couleur (1). / 

Nous avons déjà dit quel était l’usage probable de cette couche 
additionnelle que nous reverrons se reproduire plus tard dans 
quelques Palmipèdes, mais qui est unique et sans exemple 
parmi les Passereaux. Quant à son origine , elle est la même que 
celle de toutes les enveloppes intérieures et extérieures de l'OBuf, 
qui se développent et se forment dans toute la longueur du trajet 
de l'Oviducte; et elle ne doit être considérée que comme un 
excédent, une superfétation imparfaite de la matière calcaire, 
imparfaite en ce sens seulement qu’elle manque de ce gluten 
animal qui unit entre elles toutes les molécules de cette dernière. 

C’est d’après ces Caractères Oologiques que nous avions COM- 
pris le Genre Guira dans nos Crotophaginés : ces caractères 
devenaient en effet la démonstration la plus évidente du fonde- 
ment de l'observation de D’Azara (?) et de M. Ménétriés (3), déjà 
prise en certaine considération par Vieillot, sur la communauté 
de mœurs des deux Genres d’Oiseaux. Et c’est en faisant parta- 
ger le résultat réuni de ces observations à celles qui nous étaient 
personnelles, que nous avons décidé le prince Ch. Bonaparte, 
qui jusque-là avait entièrement éloigné les Guiras des Anis, 
puisqu'il mettait les premiers avec les Diplopteri, dans la 
Famille des Coccyzinæ, à les ranger avec les Anis, et en faire 
une seule et même Famille, sous la Rubrique.des Crotopha- 
ginæ. Peut-être même pourrait-on, avec grande apparence de 


(1) Voir Mag. de Zool. 1843. Oiseaux, PL. 36 ; et Encycl. d'H. N. Ois. 
p. 302. 

(2) Voy. dans l’Am. Mer. et au Paraguay. 

(3) Monogr. des Myrtherinés. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 231 


raison, y joindre le Diplopterus galeritus , dont les caractères 
Oologiques sont presque les mêmes que ceux du Guira. 

Nous ne connaissons rien de l'OEuf du Scythrops, que possède 
Gould, et dont il a enrichi d’un ou deux exemplaires , la Collec- 
tion Oologique du Musée de Philadelphie. Il est vrai qu'il n’ose 
en garantir l'authenticité : aussi nous dispenserons-nous d'en 
rien dire jusqu’à meilleur et plus ample informé. / 


Réflexions générales sur les Cuculidés. 


Avant de quitter cette intéressante Tribu des Cuculidés , sur 
laquelle il y a tant à dire encore, il nous paraît nécessaire, dans 
l'intérêt des progrès de la Science Ornithologique, de résumer 
les faits qui en ressortent, et d’en tirer toutes les conséquences 
qui en découlent, afin de pouvoir mieux préciser les questions 
qu'ils soulèvent, et que nous n'avons fait qu’effleurer. 

D'abord, est-il bien certain que la Famille seule des Cuculinés, 
dans cette Tribu, ne fait jamais de nid; et que les diverses 
Espèces ne couvent pas souvent elles-mêmes leurs OEufs ? 

Nous croyons que la seule étude qui reste à faire sur eux, à 
cette heure , est celle qui tendrait, par de bonnes observations, 
à démontrer que le fait par ces Oiseaux d'abandonner à d’autres 
le soin, non pas de l’éducation de leurs petits, mais l’incubation 
de leur OEuf, n’est qu'un fait non d'organisation, mais pure- 
ment accidentel : la chose serait d'autant plus vraisemblable que 
nous l'avons retrouvée dans les mœurs du Coccyzus americanus, 
et que nous l'avons établie d’après les observations si précises 
de J. Verreaux, pour le Chalcites lucidus. 

Car, jusqu’à présent, on a eu un tort grave, c’est de s'occuper 
exclusivement des habitudes de notre Coucou d'Europe, par 
rapport à lui-même, sans chercher à les comparer et à les con- 
férer, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, comme nous le 
faisons encore aujourd’hui, et avec les habitudes des autres 


232 TROISIÈME PARTIE. 


Familles de Cuculidés, et avec celles d’autres Familles étran- 
gères aux Zygodactyles. À 

Nous venons de distinguer à l'instant et non sans motif, l’opé- 
ration de l'éducation des petits d'avec celle de l’incubation de 
l'OEuf, dans les soins confiés par le Coucou à des Oiseaux 
étrangers. C’est qu’en effet, il n’arrive presque jamais que la 
mère forcément adoptive reste exclusivement chargée de nour- 
rir le jeune Coucou : elle mourrait à la peine, si à la nourriture 
de ses propres petits il lui fallait joindre celle du vorace étran- 
ger. Ce soin, la mère de celui-ci, toujours attentive à veiller 
sur chacun des nids dépositaires de sa progéniture, se le réserve 
à elle-même, et pour cela elle profite des absences répétées de 
la propriétaire du nid, pour apporter à ses petits leur subsis- 
tance. Il importe donc peu que son OEuf soit déposé dans un 
nid d’Oiseau Granivore ou Frugivore, etc.; la nourriture essen- 
tiellement animalisée du jeune Coucou, propre à toute la Tribu, 
ne lui fait jamais défaut, parce qu'elle lui est procurée par sa 
mère naturelle, beaucoup moins oublieuse, qu’on ne l'admet 
généralement, de ses soins maternels. 

Il peut donc se faire que le mode d'accouplement des Cou- 
 Cous soit exactement le même que celui de tous les autres 
Oiseaux : qu’ils construisent leur nid, comme eux; et, comme 
eux aussi, se livrent au doux plaisir de couver leurs OEufs, de 
faire éclore et d'élever leurs petits eux-mêmes; qu’alors , ainsi 
que cela à lieu pour les jeunes de la première année, chez le 
Chalcites lucidus, que groupés et réunis ensemble, il existe 
une équi-parité entre les deux Sexes ; mais qu'ensuite dans un 
moment donné, et par suite de la trop grande dispersion de 
l’Espèce, et dans certaines localités, les mâles se trouvant dans 
une majorité disproportionnée avec le nombre des femelles, 
celles-ci, ne pouvant suffire au soin et au double travail de la 
nidification et de l’incubation , par suite d’approches successives 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. . 233 


et trop fréquemment renouvelées , en sont réduites à surprendre 
l’hospitalité d’autres Espèces d’Oiseaux, pour leur imposer le 
dépôt et la garde de leur produit Ovarien. 

Ce qui semble venir à l'appui de notre raisonnement, c'est ce 
fait observé chez plusieurs Espèces d'Oiseaux étrangers à la 
Tribu des Cuculidés, tels que ceux du Genre Molothrus et 
autres Ictériens ou Troupiales de l'Amérique, qui se dispensent 
parfois de faire un nid, et introduisent leur OEuf dans le nid 
d’une autre Espèce. Or, cette anomalie chez eux, ne doit pas 
être le résultat d’un simple caprice, et doit se rattacher à la 
même cause ou à la même impossibilité qui pousse à ce manége 
le Chalcites lucidus ; c'est-à-dire à un trop grand relâchement 
accidentel dans les attaches de la grappe Ovarienne ; et, par 
suite, à l’égrainement (si l'on peut s'exprimer ainsi) trop subit 
des OEufs qui s’en échappent; ou à des accouplements trop 
rapprochés de la part des mâles, beaucoup plus nombreux, en 
certains moments et en certaines localités, que les femelles. 

D'où cette autre conséquence, que ce qui a lieu chez ces 
derniers Oiseaux, peut et doit, dans les mêmes conditions, se 
présenter chez presque toutes les autres Tribus et Familles de 
Passereaux. Reste donc encore pour les Observateurs et les 
Ornithologistes, à découvrir et à constater un fait de ce genre 
dans cet Ordre. 

Il y a là, comme on le voit, un champ immense ouvert à la 
Science qui, alors qu’elle croit avoir atteint les dernières limites 
de son domaine, les sent tout-à-coup reculer à l'infini. C’est 
assez faire comprendre qu'il y aura toujours à découvrir. Mais 
c'est aussi de ce côté et dans cette direction nouvelle que nous 
désirerions voir l'Enseignement Zoologique pousser les jeunes 
intelligences qui se pressent à ses portes. 

Assez de Méthodes et de Classifications comme cela! ensei- 
gnons-les, discutons-les dans le silence du Cabinet ou dans les 


234 TROISIÈME PARTIE. 


Livres. Etudions et apprenons à étudier les mœurs de l'Oiseau : 
là seulement est la vraie Science. Si l’on avait toujours été 
pénétré de cette vérité en France, on aurait mieux apprécié à 
leur juste valeur et préconisé plus haut les pénibles travaux de 
nos Voyageurs Naturalistes, et on ne les aurait pas, comme 
de parti pris, relégués à l'ombre, ainsi qu’on l'a fait pour 
J. Verreaux, qui est encore réduit, après plus de trente années 
de Voyages, à vivre d’un labeur journalier, alors qu’il devrait 
avoir la position à laquelle a droit, en tout autre Pays, tout 
dévoüment éclairé et soutenu rendu à la Science. Car, nous ne 
cesserons de le redire et nous en avons administré la preuve : 
nous attachons plus de prix à la moindre observation faite sur la 
Nature qu'aux plus belles théories émises du haut de la Chaire. 


DEUXIÈME TRIBU. 


LES RAMPHASTIDÉS OU TOUCANS. 


Ainsi que chez les Strigidés, les Musophagidés, les Psittacidés 
et les Picidés, les Ramphastidés offrent le même ensemble de 
Caractères Oologiques. 

Forme — Ovalaire et presque Sphérique. 

Coquille — d'un grain très-fin, d’un Blanc pur; unie et quelque 
peu luisante. 

Couleur — d’un Blanc uniforme et sans taches. 


TROISIÈME TRIBU. 


LES TROGONIDÉS OU COUROUCOUS. 


Forme — presque exactement Sphérique. 

Coquille — d’un grain très-fin, d'un Blanc pur, impercepti- 
blement poreuse et unie, mate et sans reflet. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche, 
et sans aucune autre nuance ni tache. | 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 235 


QUATRIÈME TRIBU. 
LES BUCCONIDÉS OU BARBUS. 


Mème uniformité. 

Forme — Ovée, parfois plus ou moins parfaitement Ovale. 

Coquille — d'un grain fin et serré, d’un Blanc pur, et, suivant 
les Genres ou les Espèces, plus ou moins mate ou luisante. 

Couleur — unie, et seulement celle de la Coquille. 

Nous ne connaissons aucun OEuf de Capitonidés ou Tamatias 
formant notre cinquième Tribu, mais leur manière de vivre et 
leur mode de nidification dans les trous d’arbres nous permet 
d'affirmer que cet OEuf doit être Blanc et sans taches. 


SIXIÈME TRIBU. 
LES GALBULIDÉS OU JACAMARS. 


Les Jacamars qui ont tant de rapports de conformation avec 
les Martins-Pêcheurs qui vont suivre offrent les mêmes analogies 
cologiques. 

Forme — Sphérique. 

Coquille — d'un grain fin, serré, d’un Blanc pur et luisant. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille sans tache. 

Il est remarquable que, däns ce grand Ordre des Zygodactyles, 
l'un des plus considérables de la Série se trouve un ensemble de 
Caractères Oologiques presque aussi constant que l’est l’ensemble 
typique du pied des Oiseaux qui le composent. 

Ainsi, à part la Forme, qui varie de la Forme Sphérique , en 
passant par la Forme Ovalaire’, à la Forme Ovée, l’OEuf est cons- 
tamment Blanc et sans taches. 

Quant aux Cuculidés, quelques Genres seulement ont leurs 
OEufs Blancs, tel entre autres que le Genre Centropus. Mais 
cette dernière Tribu fait, sous ce rapport, une exception telle, 
qu'elle exigerait le même travail que sous le rapport Zoologique : 


236 TROISIÈME PARTIE. 


c’est-à-dire que l'Oologiste éprouverait, dans le Classement Métho- 
dique de ces Oiseaux, les mêmes difficultés que le Zoologiste. 

En disant que l'OEuf, sauf cette dernière exception, est 
toujours Blanc chez toutes les Espèces de l'Ordre, ce n’est que 
par induction; mais une induction qui ne peut nous tromper. 

Ainsi , nous ne connaissons l’OEuf que de deux Espèces de 
Musophagidés, sur treize que renferme ce Sous-Ordre:; 

Nous en connaissons à peine quarante de Psittacidés, sur 
trois cents: 

Quinze à vingt de Picidés, sur deux cent soixante-six ; 

Trois de Ramphastidés, sur cinquante ; 

Deux de Trogonidés, sur quarante-huit ou cinquante; 

Trois de Bucconidés, sur soixante-dix ; 

Un seul de Galbulidés, sur seize. 

Nous croyons néanmoins que tous ceux que l’on viendra à 
découvrir par la suite, en sus de ce nombre, ne feront que 
sanctionner nos prévisions qui, pour nous, tant est forte notre 
conviction, ont la valeur d’une certitude. 


TROISIÈME ORDRE. 
PASSEREAUX 
(Passeres). 
PREMIER SOUS-ORDRE. 


SYNDACTYLES 
(Syndaclyli). 
Première Division, 


Longirostres (Longirostri). 
PREMIÈRE TRIBU. 
ALCEDINIDÉS OU MARTINS - PÉCHEURS. 


Quoique cette Tribu se compose de deux Familles principales 
offrant quelques légères différences de mœurs, les Daceloninæ 


APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. 237 


ou Martins-Chasseurs , et les A/cedininæ ou Martins-Pêcheurs , 
leurs Caractères Oologiques leur sont communs à toutes deux. 

Forme — Sphérique. 

Coquille — d’un grain si fin et si lustré que les pores en sont 
invisibles à l'œil nu, d’un Blanc pur et par son reflet offrant 
l'aspect brillant de la porcelaine. 

Couleur. — Gelle du grain de la Coquille, Blanche et sans 
aucune tache. 


DEUXIÈME TRIBU. 


MÉROPIDÉS OU GUÉPIERS — Meropide. 


Il y a plus d’analogie , pour les Caractères Oologiques, entre 
les Méropidés et les Alcididés, et ils concordent ici avec l’ana- 
_logie des mœurs et les rapprochements physiologiques. 

Forme — d'un Ovalaire presque exactement Sphérique. 

Coquille — d’un grain très-fin, d’un Blanc pur, imperceptible- 
ment poreuse et unie, fort mince et assez luisante. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche 
et sans aucune nuance ni tache. 

Nous ne connaissons aucun OEuf de Momots, qui forment 
notre troisième Tribu, Momotidés — Momotidæ. 


QUATRIÈME TRIBU. 


BUCÉROTIDÉS OU CALAOS — Bucerotideæ. 


Nous considérons cette Tribu comme une des plus curieuses 
à étudier au point de vue Oologique , et cela avec d’autant plus 
de raison que l'on commence à peine à en connaitre l'OEuf 
comme on commence à peine à en connaître les mœurs, du 
moins par la voie de la presse. 

Nous savions déjà depuis longtemps, par J. Verreaux, que le 
Tockus eérythrorhynchus, V'une des petites espèces de Calaos les 
plus communes et les plus nombreuses, dans les localités de 


338 TROISIÈME PARTIE. 


l'Afrique où il se trouve, se servait de trous pratiqués dans les 
parties vermoulues des gros troncs d’arbres pour y établir son 
nid. Or, il paraît qu’une fois que le nombre d’OEufs voulu y a 
été pondu par la femelle, et qu’elle a commencé son œuvre 
maternelle de l’incubation, elle ne quitte plus le cher dépôt. 
Dès ce moment aussi, le mâle, avec de la terre détrempée, 
mélangée de fibres de végétaux ou de racines et parfois des 
matières excrémentielles de divers animaux, rebouche, maçonne 
et diminue le trou par lequel elle est entrée, au point de ne plus 
y laisser de place qu’au passage tout juste de la tête et du bec 
de celle-ci; se réservant le soin de subvenir à sa nourriture : 
ce qu'il fait avec une assiduité remarquable , non-seulement jus- 
qu'au moment de l’éclosion des petits, mais encore jusqu’à celui 
où ils sont en état de quitter le nid. Ce n’est qu’alors que cesse 
la captivité de la femelle et que le mâle démolit sa prison, pour 
délivrer, du même coup, et la mère et les enfants. 

Ces détails de mœurs, résumés des Notes rapportées de ses 
Voyages dans l'Afrique Australe par J. Verreaux, nous avaient 
été communiqués par lui pour être insérés dans l'Encyclopédie 
d'Histoire Naturelle; les bornes assignées à cet Ouvrage et 
d’autres circonstances nous les firent alors mettre de côté et 
finalement oublier. Nous profitons de l’occasion qui se présente 
de parler de l’OEuf des Calaos pour réparer cette omission, et 
cela avec d'autant plus de plaisir, que la Publication récente 
d’un Voyageur anglais, qui prend date, par le fait même de son 
impression, sur les Notes manuscrites et inédites de J. Verreaux, 
pourrait faire eroire que son Auteur a été le premier à observer 
les singulières habitudes de ces non moins singuliers Oiseaux. 

Voici en effet ce que rapporte le Révérend Docteur David 
Livingstone (1) : 


(1) Exploralion dans l'intérieur de l'Afrique Australe el Voyages à travers 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 239 


« Nous traversons de grands bois de Mopanès (Banhinia), où 
mes compagnons prennent une énorme quantité de Koronés 
(Tockus crythrorynchus), dont les nids sont creusés dans ces 
arbres. Hier, en passant à côté de l’un de ces nids, qui était prêt 
à recevoir la femelle, je l’ai soigneusement examiné; l’orifice du 
trou, muré des deux côtés, conservait une ouverture en forme 
de cœur et tout juste assez grande pour que l'Oiseau püt y entrer: 
l'arbre était creusé au-dessus de cette ouverture de manière à 
offrir une espèce de chambre supérieure, où se réfugie là femelle 
en cas de surprise. Un peu plus loin, il y avait un OEuf dans 
l’un de ces nids; il était Blanc et ressemblait beaucoup à celui 
d'un Pigeon. Au moment où la femelle fut saisie par mes 
hommes, elle en pondit un second, et nous lui en avons trouvé 
quatre autres dans l’'Ovaire. C’est à Kolobeny que je vis cet 
Oiseau pour la première fois : j'étais allé dans la forêt pour 
abattre des arbres et je m'étais arrêté auprès de l’un de ceux que 
j'avais choisis, lorsqu'un indigène qui se trouvait avec moi 
s’écria : « Un nid de Koroné! » Je n’aperçus qu’une fente 
d'environ douze millimètres de large et de huit ou dix centi- 
mètres de longueur, qui me parut être l’ouverture d'une cavité 
peu profonde : je pensai que le Koroné était un Animal de petite 
taille, et j’attendis avec intérêt ce que mon homme allait extraire 
du creux de l’arbre. Il démolit la muraille qui se trouvait de 
chaque côté de la fissure, et, plongeant son bras dans le trou, il 
en retira un Tock à bec rouge qu'il tua immédiatement. Une 
fois, me dit-il, que la femelle commence à couver, elle est 
soumise à une réclusion absolue; l'entrée du nid est murée par 
le mâle, qui ne réserve que l'ouverture strictement nécessaire 
pour y introduire le bec afin de nourrir la femelle : celle-ci 


le Continent de Saint-Paul de Loanda, à l'embouchure du Zambèze, de 1840 
à 1856, page 670. Ouvrage traduit de l'Anglais par Mme H. Loreau. Paris, 
1859. à 


240 TROISIÈME PARTIE. 
dépose ses OEufs sur une couche de plumes qu'elle s’est arra- 
chées, et demeure avec ses petits jusqu’à l’époque où ils sont en 
état de voler; pendant tout ce temps-là, c’est-à-dire pendant 
deux ou trois mois, le père nourrit toute la famille." La recluse 
devient alors si grasse qu’elle constitue pour les indigènes un 
morceau très-recherché, tandis que le pauvre mäle arrive à un 
tel degré d’épuisement et de maïigreur, que lorsque la tempé- 
rature baisse tout-à-coup, ainsi que cela arrive souvent après un 
orage, il est saisi par le froid et ne tarde point à mourir. Étant 
repassé huit jours plus tard auprès de l’arbre où mon compagnon 
avait pris le Koroné, je vis l’orifice du trou muré de nouveau : 
était-ce l'époux inconsolable qui s'était déjà remarié? Je ne 
touchai pas au nid, dans l’intention de constater l'époque où la 
femelle sortirait; mais ayant eu beaucoup à travailler, il me fut 
impossible de retourner à l'endroit où je l'avais vu. C'est à 
présent que l’incubation commence ; beaucoup de nids sont déjà 
murés, et l’on me dit ici, comme à Kolobeny, que la femelle ne 
sort de l'arbre qu’au moment où les jeunes ont toutes leurs 
plumes, ce qui arrive à l’époque de la maturité du Sorgho. 
L'apparition des jeunes Koronés est pour les indigènes le signal 
de la moisson, et, comme c'est vers la fin d'Avril que leurs grains 
sont recueillis, la durée de l’emprisonnement de la femelle serait 
alors de deux ou trois mois. On dit que parfois elle couve 
d’abord deux OEufs, qu’au moment où les deux jeunes qui en 
résultent sont prêts à la suivre, les deux autres sortent de leur 
Coquille et sont alors nourris par le père et la mère qui ont 
rétabli la cloison à l’entrée de leur demeure. J'ai remarqué plu- 
sieurs fois la branche où le màle vient se percher pour nourrir la 
famille; les indigènes observent avec soin la fiente qui est 
déposée à un mètre de l’orifice du nid et qui leur fait découvrir 
la retraite de ces Oiseaux. » 

À ces détails si intéressants du Révérend Missionnaire, nous 


APPLICATION DES CARACTÈRES OCLOGIQUES. 241 


ajouterons le commentaire suivant que nous communique de 
nouveau J. Verreaux : 

__« Le Docteur se trompe lorsqu'il dit que les deux autres 
OBufs éclosent quand les deux premiers petits Tocks sont déjà 
en état de sortir du nid : ces Oiseaux ne pondent que deux 
OEufs, qui sont en effet d’un Blanc pur, mais qui ne ressemblent 
en rien à ceux de Pigeons, en ce que leur Coquille est crayeuse 
et presque opaque. J'ai observé que ce mode de nidifieation 
employé par le Tockus erythrorhynchus pour mettre sa famille 
à l’abri de ses ennemis, était particulier, non seulement à cette 
Espèce, mais encore au 7°. flavirostris et au T. nasutus. Il est 
aussi dans l'erreur en pensant que ces Oiseaux sont deux ou 
trois mois à venir. J’ai observé que, six semaines après la réclu- 
sion, le mâle venait lui-même briser cette cloison faite de bu- 
chettes et de vase, pour laisser la liberté à cette famille qu'il 
affectionne autant que sa compagne. La femelle pond en effet 
dans un trou d'arbre, qui, généralement, contient des détritus 
de bois pourri; elle y dépose des matières molles , et aussi quel- 
ques plumes, mais peu des siennes; car je n’ai jamais trouvé le 
corps des femelles plus dénudé que celui des autres qui couvent 
seules. Autant que ma mémoire peut me le rappeler, le premier 
nid que je trouvai était placé, comme le Docteur l'indique fort 
exactement , dans le tronc d’un grand arbre, à l’abri des rayons 
du soleil, et dans l'épaisseur de la grande forêt du Swart-Kop, 
passé Grahams-Twon, près de Groot-vis-River, au Sud de la 
Colonie du Cap : c'était celui d’un 7. flavirostris. Dans le même 
voyage, et plus loin encore, du côté de Bufflo-River, je trouvai 
celui du T. nasutus; et dans d’autres voyages, j'en observai 
d’autres, que j’examinai avec le plus grand soin, afin de m’as- 
surer de leur identité ; tant j'avais été surpris de ce mode original 
d’incubation. Car, on ne saurait comprendre la joie que j'éprou- 
vai, lorsque, pour la première fois, je découvris ce phénomène, 

417 


242 TROISIÈME PARTIE. 


et l'attention que j'apportai à renouveler mes observations et 
mes recherches, sur ce point. C’est, au reste, plutôt vers l'Ouest 
que j'en ai rencontrés, et en très-grand nombre : Kurrichaïne et 
Val-River sont les localités où ces derniers paraissent plus abon- 
dants. Il n’en résulte pas moins que l’honneur de la publication 
de ces détails revient tout entier au Docteur Livingstone. » 

Ge mode de nidification est-il commun aux diverses Familles 
de cette Tribu , et surtout aux fortes Espèces Indiennes ? C’est ce 
que nous ne sommes pas en mesure d'affirmer. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, quelque peu allongée. 

Coquille — d’un grain fin, assez uni, irrégulier parfois, très- 
mince, d’un Blanc pur et peu luisant. 

Couleur. — Celle de la Coquille, d’un Blanc pur et le plus 
généralement sans tache, rarement avec quatre ou cinq points 
ou mouchetures irrégulières d’un Brun noirûtre. 


CINQUIÈME TRIBU. 


UPUPIDÉS OU HUPPES — Upupide. 


Nous ajoutons à nos Syndactyles, non sans quelque hésita- 
tion, cette cinquième Tribu. 

En réfléchissant aux détails de mœurs que nous venons de 
reproduire pour les Calaos, nous n'avons pu nous empêcher de 
les rapprocher du bruit si accrédité auprès des habitants des 
champs et de la campagne, sur certaines habitudes de notre 
Huppe (Upupa) , Püt-Pût de quelques localités. 

Ainsi, on a dit souvent et répété que le mâle enduisait les 
rebords du trou dans lequel il établissait son nid, surtout si 
c'était, comme presque toujours, dans un arbre, de matières 
fécales qui décèleraient l'existence ou le voisinage de ce nid, 
par leurs exhalaisons fétides, dont serait empreint le plumage 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 243 


ou le corps de l’Oiseau. Ce fait , nous le savons , a été constam- 
ment démenti; mais les preuves, pas plus que la démonstration , 
n’en ont jamais été scientifiquement rapportées. 

Nous ne nous en sommes pas moins souvent demandé, sur- 
tout depuis notre dernier travail (1), où nous plaçons la Famille 
des Upupinæ dans la Tribu des Furnaridæ, entre les Furna- 
rinæ et les Alaudidæ , si, malgré les considérations si justes de 
M. de la Fresnaye pour en faire un Marcheur (?) , et malgré la 
détermination dernière du Prince Ch. Bonaparte (3), qui la 
range en en faisant la Famille des Upupidæ dans ses Tenuirostri, 
entre les A/cedinidæ et les Promeropidæ, la place naturelle de la 
Huppe ne seraït pas plutôt dans le Sous-Ordre des Syndactyles, 
avec les Calaos ou à leur suite, ainsi que l’a proposé un moment 
le Savant Ornithologiste, sans faire connaître ses motifs, entre 
les Touracos (Musophagidæ) et les Calaos (Bucerotidæ) (4)? 

Ces réflexions se fondent, pour nous, sur l’analogie qui 
ressort de ces détails de nidification ou d'habitudes, dont la 
commune renommée, nous le reconnaissons, a fait seule tous 
les frais pour la Huppe, et que nous croyons, bien ou mal 
observées, reposer, comme tous les dictons en Histoire Naturelle, 
sur un fait vrai. 

Ainsi, tout le monde est d'accord sur la mauvaise odeur qui 
émane des plumes de cet Oiseau, dont la chair du reste paraît 
bonne à manger. 

Ray et Salerne, sans remonter plus haut, sont d’accord, en ce 
point, avec leurs devanciers : 

« Suivant l'opinion commune, dit ce dernier, la Huppe fait 


(1) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. 5, p. 168 ets. 
(2) Mayas. de Zool. 1833, et Revue Zool. 1847. 
(3) 


Classification Ornith. par Séries. (Compt. Rend. Acad. des Sc. 
T. XXXVIT, 1858. 


(4) Conspectus. 1850. 


244 TROISIÈME PARTIE. 


son nid de fiente humaine. Il y en a qui disent que le plus sou- 
vent elle le fait de fiente de Loup, de Renard ou de Chien, quel- 
quefois de Cheval ou de Mulet; mais de plusieurs nids que j'ai 
eu occasion de voir, je n’en ai trouvé aucun qui contint la 
moindre fiente. Ce qu’il y a de certain, c’est que son nid el ses 
petits puent comme charogne : néanmoins cette puanteur des 
petits n’est que superficielle ; car ils sont bons à manger, même 
en sortant du nid. » (1) 

Ce fait, commun aux Calaos, a été contesté, en ce qui con- 
cerne la Huppe, par Gueneau de Montbeillard (2), qui en gratifie 
la Sittelle, à qui l'habitude d’enduire de vase ou de fiente l’orifice : 
de son nid est depuis longtemps concédée. Mais pourquoi la 
même habitude n’existerait-elle pas aussi chez les Huppes, 
comme elle est signalée chez les Calaos? Et pourquoi cette habi- 
tude n’aurait-elle pas le même but pour celle-là comme pour 
ceux-ci : le but, en diminuant l’entrée du trou, au fond duquel 
se trouve lenid , de préserver de toute atteinte du dehors la petite 
famille qu'il renferme, en en rendant la trace ou le lieu pour 
ainsi dire invisibles ? 

Si de cette similitude on rapproche le caractère organique de 
la conformation des pieds , qui sont ceux d’un Marcheur et non 
d'un Grimpeur, et surtout, à un moindre degré, ceux d'un 
Syndactyle, le doigt externe se trouvant soudé au médian 
jusqu'à la première articulation; si l’on en rapproche encore 
ce double caractère de mœurs, qu’'élevée en domesticité, la 
Huppe donne la chasse aux Mouches dont elle purge la maison, 
ainsi qu'aux Souris (3), fait contesté par Bechstein (4), mais 


(1) Histoire Naturelle... l'Ornithologie etc. 1767. 

(2) Hist. Natur. des Ois. Buffon. 

(3) Salerne. — Ornithologie. 

(4) Manuel de l'Aat. des Ois. de Volière, etc., et Encyclop. d'Hist Nat. 
Ois.VD53. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 245 


qui s’observe communément chez presque tous les Calaos, 
notamment le Bucorvus abyssinicus (Abba-Gumba des Abyssins 
et des Nègres de l'Afrique Orientale) , qu’elle forme et compose 
avec les Scarabés ou Hannetons qu’elle attrape et qu’elle tue à 
coups de bec, une sorte de pelotte allongée, qu’elle jette en l'air 
de manière à pouvoir la saisir et l’avaler par la longueur, en 
ouvrant ses mandibules pour la recevoir, et recommencant le 
même manège, si la pelotte n’y tombe pas dans le sens voulu ; 
ce qui est le mode de jeter en l’air (1) et d’avaler tout ce qu’ils 
prennent avec la pointe de leur bec, des Calaos : on conviendra 
que notre proposition ou notre Système n’est pas plus absurde 
que celui du Prince Ch. Bonaparte, rappelé tout à l’heure, et 
que si nous faisons erreur, nous nous trompons en bonne 
compagnie, et nous. avons de plus le mérite de donner nos 
raisons et nos motifs que nous livrons à toute discussion pour 
ce qu'ils valent. 

Dans tous les cas, cette apparente innovation n'’aurait-elle 
pour résultat que de provoquer de nouvelles observations plus 
exactes et surtout plus précises soit sur l’Ostéologie de la Huppe, 
reconnue par de Blainville (?), si analogue, pour le Sternum, à 
celle des Calaos; soit sur son mode de nidification et sur ses 
habitudes , observations dignes de la patience et de la sagacité 
de Flor-Prévôt ou de M. Moquin-Tandon, que nous ne regret- 
terions pas de l’avoir proposée, même avec doute. 

En admettant que des faits nouveaux viennent démontrer 
notre erreur, la place à chercher pour la Huppe ne saurait être 
trouvée ailleurs que dans nos Ténuirostres Marcheurs, auxquels 
elle se rattacherait alors par les Genres Cinclocerthia et Upu- 
certhia. 


(1) Id. Ibid. 
(2) Journal de Phys., de Chim. et d'Hist. Nat. Tom. XCII, p. 185. — 
Mars 1821. : 


Li 


246 TROISIÈME PARTIE. 

Nous ajouterons enfin que les Caractères Oologiques ne 
s'opposent aucunement au rapprochement de la Huppe, des 
Calaos. 


CARACTÈBES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovale un peu allongée, parfois un bout moins obtus 
que l’autre. 

Coquille — d’un grain fin, assez serré, mince, à pores peu 
visibles , Blanche intérieurement , à reflet très-faible. 

Couleur — d’un Blanc uniforme et sans tache; mais ce Blanc 
parait plus souvent sale ou terne que pur. 


Deuxième Division, 
Latirostres /Latirostri). 


SIXIÈME TRIPU. 


LES CORACIADÉS OU ROLLIERS — Coraciadæ. 


Forme — Ovée, un peu obtuse. 

Coquille — d'un grain fin, serré, uni, très-luisant et d’un 
Blanc pur. 

Couleur. — Gelle de la Coquille, Blanche et sans tache. 

Nous ne connaissons pas l’OEuf des Eurylaimidés, faisant la 
septième Tribu de nos Syndactyles. 


HUITIÈME TRIBU. 


LES TODIDÉS OU TODIERS — 7'odidæ. 


On ne connaît encore l’OEuf que d’une Espèce de cette Tribu, 
le Todus margaritaceñus ou margaritaceiventer. 

Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain très-fin et fort mince, Blanc et peu 
luisant. 
Couleur — Blanche , avec une couronne de très-petits points 
d’un Rouge-Brun, ou de sang noirâtre. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 247 


Ici cessent nos analogies : mais nous aimons à croire que le 
temps et les découvertes viendront continuer l'accord qui existe 
jusqu'à présent entre les indications Zoologiques qui ont présidé 
à l'établissement de ce Sous-Ordre, et le petit nombre d’indica- 
tions Oologiques que l’on possède en ce moment. Car sur huit 
Tribus dont il se compose, nous ne connaissons les (Eufs que 
de quatre ; et encore dans quelle faible proportion! 

D'une dizaine d’Espèces d’Alcedinidés, sur cent vingt environ 
que cette Tribu renferme ; 

De deux Espèces de Meropidés , sur trente ; 

De trois Espèces de Bucérotidés , sur quarante-trois ; 

De deux Espèces de Coraciadés, sur une vingtaine. 

Reste donc pour nos Syndactyles la Tribu des Pipridés, ou 
Manakins , qui fait, sauf son ensemble, une exception pareille 
dans ce Sous-Ordre que la Tribu des Cuculidés dans le Sous- 
Ordre des Zygodactyles Percheurs ou Marcheurs. 


NEUVIÈME TRIBU. 


LES PIPRIDÉS OU MANAKINS — Piprideæe. 


Les Caractères Oologiques de cette Tribu concordent assez 
ensemble, quoique nous ne connaissions que l’OEuf de six 
Espèces, sur quarante-cinq dont elle se compose, pour nous, 
dont l'OEuf du Rupicole du Pérou, que nous avons seul pos- 
sédé (1), et qui se trouve actuellement au riche Musée de Phila- 
delphie. 

Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain assez fin, Blanche et très-légèrement 
luisante. 

Couleur — d’un Blanc un peu jaunûtre , recouverte de taches 
Brunes entremêlées d’autres taches d’un Gris violacé, réunies en 


(3) Voir Mag. de Zool. 1843. Ois. PI. 37, où nous en avons donné la figure. 


248 TROISIÈME PARTIE. 


plus grand nombre , et en une sorte de couronne, vers le gros 
bout, d'où généralement ces taches semblent tomber et se diriger 
perpendiculairement au petit axe de l’'OEuf. 

Au sujet de cette Tribu , dont un des plus beaux types géné- 
riques est le Rupicola, ou Coq de roche, nous ne croyons pas 
hors de propos de reproduire ce que nous en avons dit et résumé, 
il y à quelques années, pour les deux seules Espèces connues de 
ce Genre : le Rupicola crocea et le Rupicola Peruana. (1) 

Quoique le premier de ces Oiseaux, décrit par Buffon (?), et 
après lui par Mauduyt (3), ait dû frapper les yeux de tous ceux 
qui l’ont rencontré, aucun voyageur, à l'exception de Barrère, 
jusqu’à ces Auteurs , n’avait fait mention de ses habitudes natu- 
relles. Sonnini de Manoncourt est, après lui, le premier qui 
l'ait observé, et voiei ce qu’il en a rapporté : 

« Il habite non seulement les fentes profondes des rochers, 
mais même les grandes cavernes obcures, où la lumière du jour 
ne peut pénétrer; ce qui à fait croire à plusieurs personnes que 
le Coq de roche était un Oiseau de nuit; mais c’est une erreur : 
car il vole et voit très-bien le jour. Cependant, il paraît que 
l'inclination naturelle de ces Oiseaux les rappelle plus souvent à 
leur habitation obscure qu’aux endroits éclairés, puisqu'on les 
trouve en grand nombre dans les cavernes où l’on ne peut 
entrer qu'avec des flambeaux. Néanmoins, comme on en trouve 
aussi pendant le jour un assez grand nombre aux environs de 
ces mêmes cavernes, on doit présumer qu'ils ont les yeux 
comme les Chats, qui voient très-bien pendant le jour et très- 
bien aussi pendant la nuit. Le mâle et la femelle sont également 
vifs et très-farouches; on ne peut les tirer qu'en se cachant 
derrière quelque rocher, où il faut les attendre souvent pendant 


(1) Encycl. d'H. N. Ois. t. Il, p. 141 et suiv. 
(2) Hist. Nat. des Oùs. . 
3) Encyclopédie Méthodique. 


( 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 249 


plusieurs heures avant qu'ils se présentent à la portée du coup, 
parce que , dès qu'ils vous aperçoivent, ils fuient assez loin par 
un vol rapide, mais court et peu élevé. Ils se nourrissent de 
petits fruits sauvages et is ont l'habitude de gratter la terre, 
de battre des ailes et de se secouer comme les Poules; mais ils 
n’ont ni le chant du Coq, ni la voix de la Poule; leur cri pour- 
rait s'exprimer par la syllabe k£é, prononcée d’un ton aigu et 
trainant..… Les mâles sortent plus souvent des cavernes que les 
femelles, qui ne se montrent que rarement, et qui probablement 
sortent pendant la nuit. On peut les apprivoiser aisément et, dit 
Buffon, à qui étaient transmis ces détails, M. de Manoncourt en 
a vu dans le Poste Hollandais du fleuve Maroni, qu’on laissait 
en liberté vivre et courir avec les Poules. 

» On les trouve en assez grande quantité dans la Montagne 
Luca, près d'Oyapock, et dans la Montagne Couronaye, près de 
la rivière d’Apronack..…. On les recherche à cause de leur beau 
plumage et ils sont fort rares et très-chers, parce que les Sau- 
vages et les Nègres, soit par superstition ou par timidité, ne 
veulent point entrer dans les cavernes obscures qui leur servent 
de retraite. » (1) 

Après avoir cité ce qui était connu et ce qui se disait, à 
l'époque de Buffon et de Sonnini, nous allons réduire les faits à 
leur juste valeur, en nous appuyant des observations beaucoup 
plus récentes et pleines d'intérêt (de 4838 à 1842) d’un Voyageur 
mort depuis peu au service de la Science, Justin Goudot, qui a 
étudié les mœurs et rapporté le nid et les OEufs, que nous avons 
eus en notre possession, non plus de l’Espèce de Cayenne, 
observée et décrite par Sonnini, mais de l’autre Espèce du Pérou 
(Rupicola Peruviana), qu'il a rencontrée fréquemment à la 
Nouvelle-Grenade. 


(1) Buffon, loc. cit. 


250 TROISIÈME PARTIE. 


Disons d’abord que, pour ce qui est de la dénomination 
originairement donnée à ce Genre, il est arrivé ce qui s’est 
présenté souvent pour la dénomination d’autres Genres. On est 
parti d’une idée préconçue, motivée en quelque sorte sur l’aspect 
général de l’Espèce découverte la première , du Rupicole Cog de 
roche (Rupicola crocea), de la Guyane, les uns pour lui donner 
son nom Générique de Cog, les autres pour observer ses habi- 
tudes au travers du prisme de leur imagination, tandis que, si le 
hasard avait fait découvrir, au début, le Rupicole du Pérou, nul 
doute que le point de départ et le terme de comparaison n'étant 
plus les mêmes, l'esprit du premier observateur, libre alors de 
toutes entraves, eût pu s’abandonner avec plus de fruit à l'étude 
de ce Genre et lui trouver sa place méthodique véritable. En 
effet, le Rupicole du Pérou diffère de l’autre en ce qu’il a la 
queue beaucoup plus longue et que les plumes n’en sont pas 
coupées carrément ; que celles des ailes ne sont pas frangées; 
que la huppe est moins élevée et composée de plumes séparées. 

C’est ainsi que Barrère (1), le premier qui ait observé et décrit 
l’Espèce de Cayenne, demeurée jusqu’à ce siècle l’unique du 
Genre, voyant cet Oiseau orné d’une riche huppe de plumes 
décrivant un demi-cercle perpendiculaire de la nuque à la base 
du bec, avec les couvertures coxales ou lombaires retombant en 
gracieux panache des deux côtés de l’origine de la queue, 
comme chez notre Coq domestique, n’a pu s'empêcher, non- 
seulement de le lui comparer, mais de le lui assimiler générique- 
ment. De là sa description que nous traduisons : Cog sauvage, 
habitant les rochers, de couleur jaune, portant une créte com- 
posée de plumes. Cette dénomination doit d'autant moins 
étonner, d’ailleurs, que c’est celle que les Français de la Guyane 
avaient, par la même raison, donnée et donnent encore à cette 


(1) Essai sur l'Histoire Naturelle de la France Equinoxiale. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 254 


Espèce, qu'ils appellent Cog des bois et Coq de rochers. De là 
aussi cette mention, fidèlement rapportée par Buffon, sur la foi 
de Sonnini, qui lui écrivait de Cayenne : que cet Oiseau a l’habi- 
tude de gratter la terre, de battre des aîles et de se secouer 
comme les Poules; ce que nous sommes porté à regarder comme 
une amplification officieuse, jugée nécessaire par ce correspon- 
dant, pour justifier le nom donné par les Créoles à cette Espèce, 
surtout si l’on considère que Sonnini n'ayant fait ses observa- 
tions que sur un méle qu'il avait vu dans un Poste Hollandais 
du fleuve Maroni!, qu’on laissait en liberté vivre et courir avec 
les Poules, il lui a été facile d'attribuer à ce Rupicole les habi- 
tudes de celles-ci. De là , enfin, l’origine de cette double erreur, 
si communément répandue et si abusivement reproduite par tous 
les observateurs ou Écrivains Ornithologistes, depuis Sonnini, 
l'Auteur des documents sur lesquels a travaillé Buffon et son 
Éditeur responsable, jusqu’à Lesson : que c’est dans un trou de 
rocher que cet Oiseau construit grossièrement son nid avec de 
petits morceaux de bois sec, et qu'il ne pond communément que 
deux OŒŒufs Sphériques, de la grosseur de l’OŒuf des plus gros 
Pigeons. 

Si maintenant nous voulons vérifier le degré d’exactitude de 
ces diverses assertions, nous verrons qu’elles sont toutes pour 
le moins hasardées. Voici d’abord les notes pleines d’intérêt de 
J. Goudot, rédigées sur le Rupicole du Pérou, la seule Espèce 
du Genre qui se trouve dans la portion de l'Amérique Équatoriale 
qu’il a parcourue : 

« Jusqu'à présent, aucun Voyageur n’a fait connaître, je crois, 
les habitudes et la nidification du Rupicola Peruviana, ce que 
l’on doit attribuer soit à la rareté, soit à l'habitat de cet Oiseau. 
Plus heureux, j'ai été à même de l’observer en différentes 
circonstances, comme aussi de voir son nid, ce qui me permet 
de donner les détails suivants : 


252 TROISIÈME PARTIE. 

» Le Rupicola Peruviana construit le sien dans les légers enfon- 
cements offerts par les anfractuosités des rochers coupés à pic 
où se trouvent encaissés les torrents; car c’est toujours au bord 
des eaux que j’ai vu ces nids, qui ont de quatre à cinq pouces de 
diamètre. Ils sont formés de filaments de racines chevelues, 
entrelacés entre eux et mêlés d’un peu de terre et de boue, plus 
particulièrement à la partie inférieure. La ponte est de deux 
OEufs d’un tiers plus petits que ceux des Poules, d’une Forme 
Ovée, suivant la méthode de M. des Murs (1), d’un Blanc sale et 
irrégulièrement tachetés d’un mélange de Brun jaunâtre et de 
Gris violacé; ces taches sont plus nombreuses et plus rapprochées 
près du gros bout. La femelle couve en Avril. J'ai trouvé des 
OEufs dans un nid à la même époque où un autre m’a offert des 
petits déjà assez emplumés (?). 

» Ces Oiseaux habitent les grands bois des régions tempérées; 
on les rencontre par petites troupes de trois à huit individus, 
tous mâles; les femelles se montrent également seules et par 
petites troupes, le plus souvent dans le voisinage des lieux 
escarpés (penas) ou terrains coupés perpendiculairement, qui 
bordent les grands torrents; c’est là qu’elles construisent leurs 
nids. Ces petites bandes de mâles volaient ordinairement sur les 
branches basses et se posaient parfois à terre pour chercher des 
drupes de Laurinæ, se plaisant près des clairières formées par 
la chute d’arbres déracinés par l’orage au milieu des vastes forêts, 
mais ne grattant jamais ie sol, comme le rapporte Cuvier (3); 
leur vol est lourd; ils paraissent toujours inquiets sur les branches 
et ont continuellement de petits mouvements brusques et 
saccadés. Leur nourriture se compose de drupes d’une grande 
Espèce du Genre Ocotea, très-commune dans ces localités et 


(1) Mag. de Zool. 1842. Ois. pl. 25. 
(2) Rev. Zool. Janvier 1848. 
(3) Règne animal. 1817 (d'après Buffon et Sonnini). 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 253 


désignée par les indigènes sous le nom d’Amarillo de pena. Des 
gésiers m'ont aussi offert des drupes de Psycotria et des petites 
baies d’une Anonacea ; chez une femelle, il était plein de cap- 
sules bacciformes d’une Rhinanthée qui croît abondamment sur 
les bords de la rivière Combayma, dans la Cordilière centrale de 
la Nouvelle-Grenade; une seule fois un mâle, qui ramassait à 
terre des drupes d’Ocotea, m'a offert des débris d’Arachnides 
(Genre Faucheur, Latreïlle), mais je pense que c’était un pur 
hasard. 

» Ces Oiseaux paraissent ne pas s'éloigner beaucoup de certains 
parages; car j'ai vu de petites troupes repassant tous les jours 
par les mêmes sites, où j'étais sûr de les trouver toujours de 
trois à cinq heures de l'après-midi, qui est le moment, à ce qu'il 
parait, où ils cherchent plus particulièrement leur nourriture. 
Je ferai observer à ce sujet que, généralement entre les Tropiques, 
les Animaux supérieurs ne montrent une grande activité que 
durant la matinée et dans l'après-midi, lorsque la force du soleil 
diminue. Depuis dix heures jusqu’à trois heures de l'après-midi, 
ils restent ordinairement en repos et paraissent très-peu agités, 
tandis que c’est précisément le contraire pour la plus grande 
partie des Insectes. 

» On rencontre aussi les mâles dans le voisinage des nids; un 
chasseur m'a même assuré en avoir vu un posé dessus, mais ce 
fait me paraît tout-à-fait douteux. On peut considérer ces Oiseaux 
comme vivant isolés les mâles des femelles, et je suis persuadé 
que ces dernières seules couvent : une seule fois j'ai vu cinq 
mâles après une femelle. Les petits gardent le nid, quoique très- 
forts; j'ai eu deux individus longs de 0m 25 cent. (9 pouces), 
pris au nid ; leur gésier offrait encore des drupes entières 
d'Ocotea ; il était plus volumineux chez eux que chez les adultes. 
C’étaient deux jeunes mâles offrant, comme cela est ordinaire, le 
plumage de la femelle. 


254 TROISIÈME PARTIE. 


» Le chant de ces Oiseaux est un cri rauque de la syllabe Æet- 
ket-ket, grasseyée, mais répétée avec force et d’un ton très-aigu; 
c'était aussi le même cri qu’ils faisaient entendre lorsqu'ils étaient 
blessés ou épouvantés. 

» Les habitants les désignent sous le nom de Coq ancien ou 
Coq des montagnes (Gallo antico à Gallo de montana). En 
repassant mes notes, je vois qu’ils m’avaient assuré que le chant 
de cet Oiseau était très-analogue à celui du Coq domestique, 
forgeant tout cela probablement de son nom vulgaire, ce qui 
démontre combien en général il faut se méfier des renseignements 
qu’on se procure par tradition et dont les indigènes se plaisent à 
fatiguer les voyageurs. » (1) 

Ainsi, le Rupicole du Pérou ne gratte pas la terre à la 
manière des Gallinacés ; il cherche sa nourriture comme tous les 
autres Passereaux, et sa locomotion par le vol n’est pas moins 
facile. Il y a même plus, selon nous, c’est qu’il y aurait impos- 
sibilité physique pour cet Oiseau à gratter la terre de cette 
manière, impossibilité suffisamment démontrée par la syndac- 
tylité de ses pattes d’abord, puis par la forme et les dimensions 
du pouce qui termine son tarse, et de l’ongle robuste et forte- 
ment recourbé dont, ainsi que ses autres doigts, il est armé, qui 
rappelle, à s’y méprendre, celui des Grimpeurs en général : 
analogie qui s'explique, au surplus, chez un Oiseau qui en diffère 
si essentiellement sous tous les autres rapports, par la nécessité 
où le met sa vie sauvage et solitaire, de même que son habitude 
de s’accrocher, ou pour mieux dire de se cramponner et se 
retenir aux parois des rochers qu'il fréquente et au milieu 
desquels s'opère, pour lui, le double travail de la nidification et 
de l’incubation. 

Ainsi le Rupicole du Pérou, pas plus que le Rupicole de 


(1) Magas. de Zool. 1843 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 255 


Cayenne, ne construit point grossièrement son nid avec de petits 
morceaux de bois sec (1), ni avec des büchettes assemblées (?). 
Ce nid a l’ensemble ordinaire et la forme de celui de tous les 
Mérulidés ou Turdidés, c’est-à-dire qu’il est circulaire et arrondi 
intérieurement, un peu aplati ou déprimé, et n'ayant pas plus 
de Om 06 centim. de profondeur. Quant à sa composition, ainsi 
qu’on vient de le voir, d’après J. Goudot, elle est à peu de chose 
près la même, et tout aussi industrieuse : c’est d’abord une 
couche intermédiaire tissée de fibres et de chevelu de racines, 
consolidée au dehors par de la terre délayée et appliquée en 
guise d’enduit ou de revêtement; puis, à l’intérieur, une couche 
de fibres végétales plus fines; le tout est appuyé et repose, comme 
le plus grand nombre des nids d'Hirundinidés, contre les parois 
et dans l’anfractuosité des rochers, sous quelque saillie, de 
manière à en être abrité, de même que d’une voûte, ce qui ne 
- contribue pas peu à altérer parfois extérieurement la forme cir- 
culaire du nid, en la rapprochant de la forme hémisphérique de 
ces derniers , selon que l’anfractuosité qui le reçoit, ou contre 
laquelle il s'appuie, est plus ou moins plane ou plus ou moins 
concave. Une seule nuance distingue le nid du Rupicole de 
Cayenne, que nous avons possédé longtemps, et qui depuis est 
passé de nos mains dans les Galeries du Muséum d'Histoire 
Naturelle de Paris, du nid du Rupicole du Pérou, qui nous 
venait de J. Goudot : c’est que, dans la composition de la 
couche intérieure du premier on remarque, entre autres ma- 
tières souples et fines, une certaine quantité de cheveux arrachés 
probablement à quelques cadavres, et qu’il n’est pas impossible, 
dans les matières solides qui en constituent sa maçonnerie 
extérieure , d'y retrouver la trace de quelques caillots de sang et 


(1) Sonnini, cité par Buffon. 
(2) Lesson, Traité d'Ornithologie, 1831. 


256 TROISIÈME PARTIE. 


de certaines épaisseurs de matières animales ayant l'apparence 
de graisse solidifiée; ce qui, on le voit, peut autoriser encore 
plus d’un doute sur le genre de vie et les instincts des Oiseaux 
de ce Genre. Les dimensions de ce nid sont de 0x 20 cent. dans 
un sens, sur 0m 46 cent. dans l’autre. 

Ainsi enfin, pour rentrer dans notre sujet, le Rupicole du 
Pérou ne pond pas, comme on l’a dit du Rupicole de Cayenne 
(ce que nous croyons pouvoir affirmer être une erreur), des 
Œufs blancs et arrondis gros comme ceux du Pigeon : ses 
OEufs, que nous avons possédés avec le nid, que nous tenions 
de J. Goudot, sont de la Forme et de la grosseur de ceux de la 
Corneille noire, Corvus Corone; la Coquille, très-légèrement 
luisante, en est d’un Blanc un peu jaunâtre, recouverte de 
taches Brunes entremélées d’autres taches d’un Gris violacé , 
réunies en plus grand nombre et en une espèce de couronne 
vers le gros bout de l’OEuf, dont les diamètres sont de Om 047 
sur Om 033 environ (l). 

Pour ce qui est de la nourriture de cet Oiseau, le Docteur 
Lherminier (?) avait déjà fait la même remarque que J. Goudot, 
et constaté que le gésier ne lui avait offert que des fruits pulpeux 
monospermes ou des semences libres assez semblables à celles 
du Café. / 

La trachée-artère est semblable dans les deux sexes, simple, 
offrant un renflement fusiforme à sa partie inférieure, son larynx 
inférieur osseux; sa langue a son extrémité cartilagineuse ; elle 
est légèrement bifide dans les deux sexes et chez les petits encore 
au nid ; le gésier est petit et offre deux forts muscles à plis 
longitudinaux , sa membrane interne est très-forte; l'intestin a, 
de longueur totale, depuis le pylore, Om 405 millim. (4 pied 


( 


1) Magas. de Zool. 1845. 
(2 


1 
Mémoire lu à l'Institut le 18 Septembre 1837. 


) 
} 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 257 


3 pouces); il est gros relativement à l’Oiseau, d’un égal diamètre, 
à parois robustes; on remarque deux très-petits cœcums dans les 
deux sexes à Om54 mill. (2 pouces) environ au-dessus du 
cloaque (1). 

Relativement au Sternum, celui du Rupicole de la Guyane, que 
nous avons eu occasion d'étudier dans les Galeries du Muséum 
d'Histoire Naturelle de Paris, loin de ressembler, ainsi qu’on l’a 
cru, aux autres Passereaux, a, au contraire, les plus grands 
rapports avec celui de quelques Espèces de Psittacidés, notamment 
avec celui Gu Psittacus Alexandri : seulement les relations entre 
la longueur de la fourchette et celle des clavicules sont presque 
égales, tandis que chez cette dernière Espèce, celles-ci sont de 
moitié plus longues; les apophyses du bord inférieur, loin de 
laisser échapper une échancrure, comme chez les Passereaux, se 
soudent à leur extrémité inférieure avec les bords du Sternum, 
de manière à ne laisser qu'un trou exactement comme chez le 
P. Alexandri. La différence essentielle entre ces deux Familles 
consiste dans la dimension et la forme de la fourchette, plus res- 
serrée à l'insertion de ses branches, tout en étant évasée au som- 
met de son centre chez le Psittacien, et plus élargie chez le 
Rupicole; elle est de plus, chez ce dernier, presque soudée au 
moyen d’une assez forte apophyse formant angle saillant avec 
l'angle rentrant du haut de la crête sternale. 

On comprend, d’après des formes et des mœurs si anormales, 
que le Genre Rupicola ait souvent embarrassé les Nomenclateurs : 
aussi a-t-il été fréquemment déplacé. 

Dès 1806, M. Duméril (?) le plaçait entre les Gros-Becs, qui 
terminent ses Conirostres, et les Mésanges, qui commencent ses 
Subulirostres. 


(1) Magas de Zool. 1843. 
(2) Zoologie Analytique. 


258 TROISIÈME PARTIE. 


Illiger, en 48414, le place entre les Pies-Grièches (Lanius), et 
après elles, en lui faisant clore ses Canori et les Gros-Becs qui, 
avec les Mésanges (Parus), composent ses Passerini. 

Temminck (l), de 4815 à 1820, liait le Genre Rupicole au 
Genre Langrayen (Ocypterus, Cuvier), par les Genres Coracine 
(Coracina, Vieillot) et Cotinga (Ampelis, Linnée), ce qu'ont fait 
aussi récemment M. Gray et le Prince Ch. Bonaparte. 

Latreille, en 1825, après ses Latirostres, qui finissent par les 
Genres Tyran et Drongo, et en tête de ses Dentirostres, suivi 
des Genres Manakin, Tangara, Pie-Grièche, etc. 

Il y a assurément une immense différence entre cet ordre d'idées 
et celui qui tend à lier le Rupicole, par les Manakins, aux Capri- 
mulgidés, ainsi que l’a proposé et enseigné M. Isidore Geoffroy 
Saint-Hilaire, suivi par Lesson (?), et ainsi que nous l’appliquons 
nous-même. 

Dans un temps, manquant de termes de comparaison, nous 
avons été partisan du système de Temmincek. Plus éclairé depuis ge 
nous avons pu reconnaître de grands rapports de coloration entre 
les OEufs des Manakins et ceux des Rupicoles et qu’il nous a été 
démontré que le Sternum de ce dernier s’éloignait beaucoup de ce 
qu'il est chez les vrais Passereaux, nous n'avons pas hésité, dès 
4852, à nous ranger aux idées de M. Isidore Geoffroy Saint- 
Hilaire (3). 

Si nous nous sommes autant étendu sur cette première partie 
de la Série Ornithologique, c’est pour montrer combien les induc- 
tions de l’Oologie marchent d'accord avec le Système Zoologique, 
qu’elles confirment quand elles ne le contrarient pas, et qu'elles 
peuvent servir à réformer, lorsque le Système hésite dans sa 
marche et dans ses développements. 


(1) Analyse du Système Général d'Ornithologie 
(2) Complément à Buffon. 
(2) Encyclop. d'Iist. Nat. Ois., t. II, p. 141 à 145. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 259 


Dans les Ordres qui vont suivre, surtout eelui des Passereaux 
vrais ou Déodactyles, nous entrerons en moins de détails, d’abord 
à cause de l’excessive variété des caractères Oologiques, variété 
qui se reproduit, pour les autres caractères, au point d'entraîner 
des remaniements, pour ainsi dire quotidiens, dans leur classe- 
ment; puis, à cause de l’insuffisance des documents Oologiques. 
Nous nous bornerons à signaler les Groupes qui, par leur en- 
semble, confirment nos prévisions sur l'utilité de la Science Oolo- 
gique en cette matière : et, dans ce Cas, nous nous abstiendrons 
de suivre une marche régulière, prenant les Groupes comme ils se 
présenteront à nos veux. 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE. 


PASSEREAUX DÉODACTYLES 
(Deodactyli). 


Première Division, 


Déodactyies Fissirostres (Deodactyli Fissirostri). 


PREMIÈRE TRIBU. 


CAPRIMULGIDÉS — Caprimulgidæ — où TETTE-CHÈVRES. 


Cette Tribu, que nous avons composée des Familles suivantes : 
Podarginæ, Caprimulginæ, Nyctiibinæ et Steatornithine , 
offre, quant à la Forme éminemment caractéristisque par sa 
constance, l'harmonie la plus complète et la plus satisfaisante, à 
l'exception pourtant de la dernière Famille dont nous nous occu- 
perons à part. Voici ses caractères : 

Forme — si exactement Ovalaire qu’elle tend parfois à l’Ellip- 
tique, qui est par conséquent plus ou moins aigue davantage chez 
les Podargineæ et les Caprimulginæ, moins chez les Nictiibyne. 

Coquille — d’un grain fin, à pores invisibles à l'œil nu, d’un 
Blanc pur, excessivement mince et fragile, assez luisante chez les 


260 TROISIÈME PARTIE. 


Caprimulginæ et les Nyctibinæ, moins chez les Podargine. 

Couleur — d'un Blanc pur et sans taches chez les Podarginæ 
ou Podarges, dont J. Verreaux nous a fait connaître, en les 
rapportant au Muséum d'Histoire Naturelle, l’OEuf de deux ou 
trois Espèces sur quatorze, notamment celui du Genre si curieux 
Ægotheles ; 

Chez les Caprimulginæ ou Engoulevents, dont nous connaissons 
cinq à six Espèces sur plus de soixante et dix, généralement d’un 
Gris léger uniforme, rehaussé de points et de marbrures, en 
nuages, harmonieusement nuancés, plus ou moins nombreux et 
rapprochés, du même Gris plus foncé ou d’un Brun noirâtre, et 
cela qu’il s’agisse d’Espèces d'Europe, d'Afrique, d’Asie ou d’Amé- 
æique ; 

Chez les Nyctiibinæ ou Ibijaux, dont nous ne connaissons que 
trois Espèces sur sept, d’un Gris légèrement carminé, avec le 
même système de maculature, seulement le Brun, de noiràätre qu’il 
est chez les précédents, allant au rougeâtre léger ou lavé d’ocre. 

Ainsi, voilà trois Groupes parfaitement indiqués par la nature 
de l’OEuf, bien avant que la Science ne s’ingénia à les former. 

Quant à notre quatrième Famille de Caprimulgidés, celle des 
Steatornithinæ ou Guacharos, nous reproduirons les réflexions 
suivantes, qu'ils nous ont déjà suggérées depuis longtemps (1) : 

Jusqu'à la découverte du Genre Sfeatornis, on pouvait 
remarquer entre les Caprimulgidés, sinon dans la Tribu entière, 
au moins dans plusieurs de ses Familles, une certaine parité de 
rapports Oologiques que nous venons de constater, quant à la 
Forme d’abord, puis quant à la Coloration. L’accession de cette 
Tribu de la Famille des Steatornithinæ, dont on ne connaît qu'un 
Genre établi sur une Espèce unique, est venue rompre cette 
harmonie : l’OEuf, d’exclusivement Elliptique que nous l'avons vu 


(1) Rev. Zool. Soc. Cuvier. 1843. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 261 


pour les trois premières Familles, passe à la Forme Ovée très- 
obtuse pour le Guacharo ; en sorte que la divergence qui s’est 
produite pour le Système en Ornithologie a continué d'exister en 
Oologie. 

Tous les Auteurs qui ont parlé du Séeatornis, depuis le célèbre de 
Humbolt, ont été unanimement d'accord, à commencer par nous, 
pour le regarder comme le lien le plus naturel entre les Rapaces 
Nocturnes et les Passereaux (1). Et en cela nous pensons, et nous 
en savons quelque chose, que l’on a été séduit plutôt par l'amour 
de la nouveauté et l’étrangeté de ce Genre si singulier, que con- 
vaincu par un examen approfondi de tous ses Caractères tant 
Zoologiques qu'Oologiques. Et, c’est en partant de cette donnée, 
ou plutôt de cette idée préconçue, que, dans la composition des 
Fissirostres du Sous-Ordre des Passereaux Déodactyles, ceux qui 
les ont placés ou les placent encore immédiatement à la suite des 
Strigidés en sont arrivés à donner au Sfeatornis le premier rang 
sur les Podarginés et les Caprimulginés. C’est ce qu'a fait tout 
d’abord M. G.-R. Gray (?); ce que nous avons imité, après lui, 
mais trompé par les apparences de l’OEuf de cet Oiseéu, que venait 
de nous faire parvenir de la Guadeloupe le zèlé Docteur Lhermi- 
nier (3); c’est enfin ce que vient de faire et de consacrer par son 
colossal et consciencieux travail Linnéen, le Prince Ch. Bonaparte, 
entraîné autant par l'exemple du Méthodiste Anglais que par nos 
observations précédentes sur l’'OEuf du Guacharo (4). 

Et cependant, si l’on fait la part des caractères similaires du 


(1) Voir notamment: de Humbolt, Voyage aux régions équinoxiales du 
Nouveau Continent, 1814; Dictionnaire des Sc. Natur.; Lesson, Traité 
d’'Ornithologie ; Lherminier, Nouv. Ann. du Mus. d'Histoire Natur. de Paris, 
1834; Beauperthuy, Ann. des Sc. Nat., 1836; Roulin, id; Hautessier, Rev. 
Zool. 1838 ; et notre Mémoire, au même Recueil, 1843. 

(2) Genera of Birds, etc. 1840. 

(3) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér., 1843. 

(4) Conspectus System. Ornithol. 1850. 


262 TROISIÈME PARTIE. 

Steatornis avec les Strigidés et celle de ses caractères différentiels, 
on verra que la somme des derniers l'emporte de beaucoup sur 
celle des premiers. 

Rapports : 

do Plumage d’un Brun roussâtre uniforme, mais marbré et 
grivelé de noir peu tranché, pointillé de rares taches oculaires 
blanches, plus longues ou ovalaires sur les rémiges et sur les cou- 
vertures des ailes ; 

20 Bec corné, à mandibule supérieure fortement crochue et 
dentelée, garnie à sa base de poils rigides allongés qui la dépassent ; 

3° Habitudes crépusculaires, dans le fond des grandes crevasses 
ou des précipices des rochers de l'Amérique Équatoriale : 

40 OEuf de Forme Ovée, à Coquille Blanche et sans tache. 

Différences : 

Ao Plumage rigide et non moelleux ; 

20 Absence de cire à la base du bec, qui est plus large que haut; 

30 Narines latérales, médianes, ovalaires, percées dans un tube 
formé aux dépens de la substance cornée du bec et dessinant par 
son relief une strie longitudinale parallèle à la commissure et 
remontant en s’élargissant vers le sommet, s’évasant à sa base, 
mais dépassée et recouverte elle-même par l’évasement plus grand 
en cette partie de la mandibule inférieure qui, dans tout le reste 
de son parcours jusqu’à la pointe, n’en continue pas moins d’être 
recouverte normalement par la mandibule supérieure ; 

4o Ailes aiguës, la troisième rémige la plus longue de toutes; 

50 Queue allongée et arrondie, à tiges ou baguettes rigides ; 

6o Tarses dénudés au-dessus du genou, sans aucune écaille 
jusqu'aux pieds, et parsemés seulement de quelques poils rares sur 
une peau membraneuse et charnue; les doigts seulement ayant 
quelques plaques squameuses ; 

70 Doigts du double plus longs que le tarse, pouce fort et 
robuste, de la longueur à peine du tarse et placé sur le même plan 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 263 


d'insertion que les doigts; ceux-ci fissiles et séparés dès leur base, 
mais comprimés et rapprochés les uns des autres dans la même 
direction, de manière à former une main, et ayant conséquemment 
une tendance organique et forcée à se porter en avant; ongles 
également comprimés, longs et crochus ; 

80 Appareil Sternal des Caprimulgidés, sauf quelques modifica- 
tions de détail; comme ceux-ci, pas de jabots ; 

90 Nourriture exclusivement Granivore, mais parfois, croyons- 
nous, Insectivoré ; 

100 Forme Ovée de l’OEuf très-obtuse, sa Coquille d’un grain 
poreux à l'œil et rude au toucher, mate et sans le moindre 
reflet. 

Ces différences, réunies à la similitude de la conformation du 
pied avec celui des Cypselinés ou Martinets, et à celle de la Couleur 
de l’OEuf de l’un et des autres, doivent certainement aujourd’hui 
faire pencher à rapprocher le Sfeatornis de ces derniers, et à 
l'isoler complètement des Strigidés. C’est une conclusion vers 
laquelle semble également incliner M. John Müller (l) dans un 
excellent Mémoire sur l’Anatomie du Guacharo, lu à l’Académie 
de Berlin le 43 Mai 48/1 (2). 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée très-obtuse ou Globulaire. 

Coquille — d'un grain poreux et rude au toucher comme 5 50 
l'œil, offrant peu d’adhérence et par suite peu résistant; Blanc 
dans sa très-faible transparence, mat et sans le moindre 
reflet. 

Couleur — Blanche et sans taches. 


(3) Arch. fur Anat. phys. von Müller, 1842. 
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. I, p. 168. 


264 TROISIÈME PARTIE. 


DEUXIÈME TRIBU. 
HIRUNDINIDÉS — Hirundinidæ. 


La séparation des Martinets d’avec les Hirondelles, qui a paru 
si naturelle même à Guéneau de Montbeillard, et qu’entraine for- 
cément la structure du Sternum si différente chez les uns et chez 
les autres, se trouve confirmée et indiquée par le Caractère Oolo- 
gique des deux Familles. Ainsi, tous les Martinets sans exception 
ont leur OEuf de Forme Ovée allongée, ou plutôt de Forme Ellip- 
tique acuminée à l’une de ses extrémités seulement, et à Coquille 
Blanche et sans taches. Il en est autrement pour les Hirondelles : 
les unes ont leur OEuf Blanc et sans taches; les autres l’ont avec 
le même fond Blanc, mais tacheté. 


Are FAMILLE. — Cypselinæ ou Martinets. 
CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée très-allongée, le petit diamètre mesurant le 
tiers presque du grand diamètre. 

Coquille — d'un grain très-mince, à pores à peu près invi- 
sibles, d’un Blanc pur, mat et sans reflet apparent. 

Couleur — Blanc pur et sans aucune tache. 
‘ Nous ne connaissons l’OEuf que de trois Espèces du Genre 
Cypselus et d'une du Genre Collocalia, sur quarante-deux 
Espèces dont nous composons la Tribu. 


2e FAMILLE. — Hirundininæ ou Hirondelles. 


Forme — Ovée beaucoup moins allongée. 

Coquille — de même nature. s 

Couleur — variable : — Blanc pur dans les Genres Chelidon 
(urbica), Cotyle (riparia), et Herse (flavigastra); du même 
Blanc, comme fond, mais finement recouvert d’une manière plus 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 265 


ou moins régulière, vers le centre, au sommet ou à la base, de 
petits points arrondis plus ou moins larges, les uns d’un Gris 
légers, les autres d’un Brun variant du Pourpre à la Terre-de- 
Sienne claire, tels sont les Genres Procne (purpurea) et Hirundo 
. Pr 

(rustica). ! 

Nous ne connaissons l’OEuf que de huit Espèces sur une soixan- 
taine dont se compose la Tribu. 


Deuxième Division. 


Déodactyles Ténuirostres — (Déodactyli Tenuirostri). 


1er GROUPE. 
Ténuirostres Aériens ou Voiliers — (Tenuirostri Ætherei). 


TROISIÈME TRIBU. 
TROCHILIDÉS OU OISEAUX-MOUCHES — (Trochilidæ). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire généralement, allant parfois à l'Elliptique, 
presque jamais ou très-exceptionnellement Ovée. 

Coquille — d'un Grain très-fin, d’un Blanc pur, mat et sans 
reflet. 

Couleur. — Celle du Grain de la Coquille, et sans tache. 

On connaît à peine l’OEuf d’une trentaine d’Espèces de Trochi- 
lidés, sur plus de trois cents Espèces admises jusqu’à ce jour dans 
cette Tribu. 

Sous ce rapport, c’est encore une nombreuse et intéressante 
Famille à remarquer, pour l’uniformité à peu près constante de ses 
caractères Oologiques. 

Nous disons à peu près, parce que nous devons observer que 
peut-être existerait-il parmi les Oiseaux-Mouches quelques excep- 
tions. Ainsi, nous avons eu dans notre Collection un OEuf d'Oi- 
seau-Mouche à brins blancs (Phaëtornis superciliosus), qui était 


266 TROISIÈME PARTIE. 


d’une Forme Elliptique (approchant presque de celle que nous 
avons appelée Cylindrique, et dont l'OEuf du Megapodius Tu- 
mulus peut donner l’idée la plus exacte) ; et si finement et si déli- 
catement vergeté de Rose tendre, qu’il en paraissait uniformément 
de cette Couleur; la Coquille était parfaitement vide et ne laissait 
aucun doute sur la réalité de cette Coloration naturelle. 

Or, nous venons d'apprendre (Février 4859) que M. Bourcier, 
(l’un des hommes spéciaux, avec Gould et Mulsant, qui s'occupent 
avec le plus de succès de l’étude monographique des Oiseaux- 
Mouches), que l’on pourrait appeler notre Ornysmyologue, et 
dont nous regrettons de ne point voir paraître le grand travail, 
posséderait un OEuf d’une Espèce de Trochilidé du même groupe, 
dont nous ignorons le nom, qui serait d’un Rose uniforme. Ne 
l'ayant pas vu, nous ne pouvons exprimer aucune opinion à ce 
sujet. Cette Coloration est-elle naturelle ? L’OEuf est-il vide? est-il 
plein et desséché? Toutes circonstances qui peuvent considérable- 
ment influer sur le caractère à assigner à cette Coloration, à 
coup-sûr jusqu’à présent exceptionnelle, puisque ce ne serait que 
le second exemple. Mais le fait, s’il est exact, réuni à celui que 
nous avons observé, serait curieux par lui-même et nécessiterait, 
dans ce cas, une nouvelle étude des Trochilidés, pour mettre leur 
Classement en rapport avec cet ordre de caractères. 

Nous profiterons de l’occasion pour reproduire ici, ainsi que 
nous l’avons déjà fait pour d’autres Tribus, des observations (peut- 
être étrangères à la spécialité de notre sujet, mais fort intéres- 
santes touchant cette Tribu) que nous avons déjà eu occasion de 
publier ailleurs (1), dans le seul but d’en faire de nouveau honneur 
à leurs Auteurs. 

Les Oiseaux-Mouches, on le sait, muent comme un grand 
nombre d’autres Oiseaux; c’est-à-dire qu’ils ne revêtent pas im- 


(1) Eneyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. I, p. 252 et suiv. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 267 


médiatement leur plumage définitif si brillant, dont l'éclat ne se 
développe que progressivement. Mais la mue ne s’opère pas de la 
même manière chez tous les Oiseaux : les uns, et ce ne sont peut- 
être pas les plus nombreux, perdent successivement, à certaines 
époques de l’année, les jeunes, leurs plumes du premier âge; les 
adultes, leurs plumes d'hiver ou d'été; et celles-ci, dans les deux 
cas, sont remplacées par des plumes nouvelles qui leur succèdent. 

On a cru longtemps, G. Cuvier tout le premier, et beaucoup 
d’Ornithologistes croient encore que ce mode de substitution de 
plumage est uniforme chez tous les Oiseaux. Il n’en est cependant 
rien; cette observation, encore neuve, appartient tout entière à 
Jules Verreaux (à qui seul M. Schlegel, lorsqu'il en a fait, en 
Hollande, l’objet d’un Mémoire, en devait la révélation), et est le 
résultat de ses longues et consciencieuses études sur les Oiseaux 
du Sud de l'Afrique, notamment sur ceux à reflets brillants et mé- 
talliques, tels que les Soui-Mangas (Nectariniæ). Il a reconnu 
que, chez ces derniers, les plumes du premier âge ne tombaient 
pas pour faire place à d’autres coloriées différemment et plus 
vivement; mais que ces mêmes plumes, à une certaine époque de 
l'année, ou plutôt de l’âge de l’Oiseau, revêtaient graduellement 
leur couleur définitive, et se teignaient peu à peu de ces couleurs 
en commençant par la pointe. Ainsi, lorsque chez ces Oiseaux 
encore jeunes, et ayant la livrée terne et uniforme de leur âge, 
on aperçoit quelques plumes portant à leur pointe un commence- 
ment de la coloration propre à l'adulte, il ne faut pas croire que 
ces plumes soient nouvellement poussées : ce sont les mêmes qui 
n'ont pas quitté la peau; il n’y a de nouveau que la teinte qui 
vient s’y imprimer. Un examen attentif démontre que cette teinte 
augmente successivement en remontant vers la base de la tige; 
seulement cette métamorphose se produit dans l’année chez 
quelques Oiseaux, au bout de deux ou trois ans chez d’autres. 

Tel est le fait observé depuis longtemps par J. Verreaux, et de 


268 ; TROISIÈME PARTIE. 


la réalité duquel il n’a jamais pu convaincre G. Cuvier, tant le 
résultat contrariait les idées du célèbre Anatomiste, mais récem- 
ment introduit dans la Science; fait assez intéressant pour mériter 
d’être étudié, et qui peut mener à connaître la véritable cause, ou, 
pour mieux dire, l’agent qui produit ce changement de coloration. 
Au surplus, ce mode de substitution d’une couleur à une autre 
sur les mêmes plumes, sans renouvellement de celles-ci, n’est 
pas exclusivement propre aux Oiseaux à reflets métalliques des 
Régions Inter-Tropicales et Méridionales : il a lieu, et nous 
l'avons observé nous-même sur un des Oiseaux des plus communs 
en Europe et en France, l’Etourneau commun (S£urnus vulgaris); 
il existe probablement sur plusieurs autres; il se remarque et se 
produit chez tous les Rapaces Diurnes, qui mettent tant de temps 
à prendre leur livrée définitive, et doit être commun, avant tout, 


à la généralité des Passereaux. 


2e GROUPE. 


Ténuirostres suspenseurs — (Tenuirostri suspensi). 


Ce Groupe, nous l’avons dit, représente pour nous la plus forte 
partie du grand Genre Certhia de Linnée, des Ténuirostres de 
Cuvier, et de la Famille des Certhidés de M. Is. Geoffroy Saint- 
Hilaire; à l'exception toutefois des Paradiséidés, que nous nous 
sommes décidé à y joindre. 

Nous l’avons divisé en : Suspenseurs à langue extensible et 
filiforme ou pénicillée (Suspensi penicillati), et en Suspenseurs 
à langue cartilagineuse (Suspensi cartilaginei); les premiers, 
Melliphages, les seconds, uniquement Insectivores. 

Dans la première de ces Subdivisions nous avons rangé natu- 
rellement les Tribus suivantes : 

1o Nectarinidés ; 
20 Melliphagidés ; 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 269 
30 Néomorphidés ; 
40 Paradiséidés. 
Dans la seconde, celle-ci : 
50 Irrisoridés. 

La conformation toute spéciale et si particulière de la langue 
chez les diverses Tribus de notre première Subdivision, nous a 
paru si caractéristique que nous nous étonnons que l'on n'ait pas 
encore songé à les réunir ; car la valeur de ce caractère doit, dans 
une bonne Méthode naturelle, l'emporter de beaucoup sur celle de 
la conformation du bec, à laquelle on semble s’être constamment 
tenu jusqu’à ce jour (1). 


QUATRIÈME TRIBU. 


NECTARINIDÉS — Nectariniidæ. 


Les Nectarinidés, que nous mettons en tête de nos Ténuirostres 
Suspenseurs, n’ont, on le sait, que fort peu de rapports Ostéolo- 
giques avec les Trochilidés qui les précèdent. « Il y a, dit Lher- 
minier, beaucoup de ressemblance dans l'appareil Sternal des 
Oiseaux-Mouches et des Martinets. Autant ils s’éloignent des 
Colibris, par la forme de leur bec et le système de coloration, 
autant ils s’en rapprochent par la forme du Sternum et de ses 
annexes. Sous ce rapport , ils ne diffèrent pas moins des Hiron- 
delles que les Colibris des Soui-Mangas. (?) » 

Mais, de même que les Trochilidés, les Nectarinidés, munis 
d’une langue plus ou moins en pinceau ou filiforme, fréquentent 
presque exclusivement les fleurs, dont ils extraient moins le nectar 
que les Insectes qui s’y trouvent renfermés. Ce sont de véritables 
Suspenseurs, en ce sens seulement, que s'ils ne grimpent pas, 
ils ont du moins la faculté de s’accrocher aux branches en s’y 


(1) Encyclop. d'H. Nat. Ois., T. I, p. 279. 
(2) Mém. de la Soc. Linn. de Paris, 1822. 


270 TROISIÈME PARTIE. 


suspendant la tête en bas, et de les contourner en tous les sens, 
à la manière de nos Mésanges, mais d’une façon plus constante. 

La similitude cesse pour les Caractères Oologiques, qui diffèrent 
essentiellement les uns des autres, quant à la Forme et quant à la 
Coloration qui n’est, chez ceux-ci, qu’exceptionnellement Blanche. 

Ici encore, la disette comme la variété des matériaux, nous 
forceront à procéder par Familles. 

Nous en reconnaissons trois dans la Tribu : 

4. Les Drépanitinés ou Vestiaires (Drepanitinæ) ; 

2. Les Nectariniinés ou Soui-Mangas (Nectariniinæ ) ; 

3. Les Cérébinés ou Guit-Guits (Cærebinæ). 

Nous ne connaissons aucun OEuf de la première Famille. 


2e FAMILLE. — Nectariniinés ou Soui-Mongas (Nectariniinæ). 
CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, approchant de l’Elliptique (Promerops), 
ou Ovée, parfois légèrement renflée (Nectarinia). 

Coquille — d’un grain fin, Blanc pur, et un peu luisante. 

Couleur — ou celle de la Coquille, d’un Blanc de lait et sans 
taches, ou finement mouchetée de petits points d’un Brun plus ou 
moins rougeâtre (Dicœum ). 

Nous ne connaissons encore que l’'OEuf de cinq Espèces, sur 
* près de cent dont se compose cette Famille : un pour le Genre 
Promerops, trois pour le Genre Nectarinia et un pour le Genre 
Dicée. 

Quant au Genre Promerops, nous en revenons à la manière de 
voir du Prince Ch. Bonaparte, qui en fait le Type d’une Sous- 
Famille, sous le titre d’abord de Promeropinæ, du nom que lui 
avait imposé Brisson, et en dernier lieu sous celui de Ptiloturinæ, 
du nom créé par Swainson; et ce qui nous confirme dans cette 
idée, c’est le caractère tout particulier de l'OEuf du Promerops 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 271 


(Ptiloturus) Cafer : de Forme Ovalaire et d’un Blanc jaunâtre 
veiné de Brun, avec quelques points ou taches de même couleur 
réunis au gros bout. Nous retrouverons un caractère analogue chez 
le Genre Pomatorhinus. 

Cette Famille, dont l’histoire a été assez bien traitée par Levail- 
lant, a donné lieu de sa part au développement de ses idées sur la 
mue des Oiseaux à reflets métalliques ; idées qui ont en quelque 
sorte fait loi dans la Science, jusqu'à ce que J. Verreaux les ait 
détruites par son intéressante découverte. 

Tant que Levaillant ne sort pas de ses observations positives 
sur les habitudes naturelles des Oiseaux, et qu'il voit par ses 
propres yeux, il est bien rare qu’il se trompe. Il est moins heureux 
lorsqu'il procède par induction et par hypothèse. C'est ainsi 
qu'après avoir donné, avec la plus complète exactitude, des détails 
pleins d'intérêt (1), il tombe dans l'erreur la plus profonde au sujet 
de la prétendue double mue des Souï-Mangas, erreur dans laquelle, 
nous le repètons, seraient encore presque tous les Ornithologistes, 
sans l'observation si précise et si curieuse de J. Verreaux, dont 
nous avons parlé en nous occupant des Trochilidés. Car Levaillant 
a traité cette question, pour les Sucriers, avec tant d’étendue, avec 
l’apparence d’une si grande conviction, et y est revenu si souvent 
dans chacun de ses articles relatifs aux diverses Espèces qu'il a 
décrites, qu'on a toujours dû être en quelque sorte excusable, 
lorsque l’on n'avait pas observé par soi-même, de croire l’illustre 
Voyageur sur parole et de partager comme de propager son erreur ; 
d'autant plus que, dans une Note, il prétend avoir appliqué sa 
théorie et vérifié l’exactitude de son observation sur les Oiseaux- 
Mouches, et qu'il regarde l’une et l’autre comme formant la base 
d'une Loi générale pour tous les Oiseaux suce-fleurs de tous les 
climats. 


(1) Hist. Natur. des Sucriers et Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., t. IN, p. 286 
et suiv. 


272 TROISIÈME PARTIE. 


Le dernier Genre de cette Famille (Dicœum) a été aussi, de la 
part de J. Verreaux, l’objet d'une observation particulière, qui est 
venue, en les confirmant, ajouter aux quelques détails que l’on 
possédait déjà, sur les Oiseaux de ce Genre, de M. Pakman. 

Ces Oiseaux, dit le premier de ces Voyageurs dans ses Notes 
Manuscrites de Zoologie Tasmanienne et Australienne, au sujet 
du Dicée à bec d'Hirondelle (Dicœum hirundinacæum ), le seul 
dont on connaisse l’OEuf, vivent par petites troupes. J’en ai 
observé souvent plusieurs ensemble sur le même arbre, et princi- 
palement sur le Skevak, sur lequel il y avait, comme sur tous 
les autres arbres de son espèce, une quantité de plantes parasites 
d’une sorte qui prend généralement racine sur les branches en y 
formant une véritable tumeur, qui sert à sa propre alimentation. 
Je fus bien surpris, en ouvrant l'estomac des deux premiers indi- 
vidus mâles que je tuai (22 Septembre 1845), de le trouver d’une 
Substance molle et d’une grandeur bien au-delà de ce que je 
m'attendais, pour un Oiseau de si petite taille. Mais mon étonne- 
ment cessa, lorsque j’y trouvai des graines entières de cette même 
plante parasite, tellement bien conservées, qu’il m’eût été facile 
de les garder, si elles avaient été plus müres. Après avoir tué un 
de ces individus, j’observai attentivement les six ou huit qui se 
trouvaient sur un arbre voisin; et je remarquai en effet qu'ils 
paraissaient occupés à chercher après cette plante les graines en 
question, grimpant le long des branches et des feuilles. Ils ne 
quittent pas, en quelque sorte, les arbres où croissent ces plantes 
curieuses, qui donnent aux Casuarinas surtout un aspect si extraor- 
dinaire, par la diversité de forme de leur feuillage. Il est de fait 
qu'elles adhèrent tellement aux branches sur lesquelles elles 
prennent racine, qu’il est, pour ainsi dire, impossible de croire 
qu'elles soient étrangères. J'avoue que, pour ma part, j'ai été par 
mon ignorance en Botanique, bien surpris de voir cette bizarrerie de 
la nature, lorsque je mis le pied sur cette Terre merveilleuse. Dans 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 273 
l'estomac d’autres individus que je tuai depuis, outre les mêmes 
graines, je trouvai les débris d’Insectes de diverses Espèces, 
entre autres, d’une petite Espèce dorée, qui se trouve le plus 
ordinairement sur les Eucalyptus. Pendant cette dernière chasse, 
j'eus le plaisir de voir une dizaine de sujets de cette Espèce, et je 
remarquai très-bien que les Graines qui leur avaient servi d’ali- 
ment, restaient collées et adhérentes aux branches: je m'en 
assurai par moi-même, en grimpant sur un Casuarina pour y 
chercher un de ces oiseaux, et ayant cru y découvrir un Nid, qui 
n’était autre que celui d’une Araignée. Il est donc certain que la 
propagation de cette plante tient beaucoup à ce mode naturel de 
transport, non seulement par cette Espèce d’Oiseaux, mais sans 
doute encore par bien d’autres. (1) 

© Nouvel exemple de l’admirable facilité avec laquelle la nature 
sait, dans toutes les régions, sous toutes les latitudes, choisir ses 
agents pour la dissémination des Espèces végétales de toutes 
sortes, même les plus inutiles, en apparence, et des plus insigni- 
fiantes. Dans la Polynésie, c’est la Colombe Muscadivore ; dans 
l'Australie et la Tasmanie, de petits Oiseaux tels que le Dicée; en 
Europe, la Grive-Draine ou Turdus viscivorus, etc. 
Nous ne connaissons que deux OEufs de la troisième Famille, 

les Cœrébinés, que nous avons composée des Genres : 

Serrirostre Diglossa ; 

Guit-Guit  Ceæreba ; 

Sucrier Certhiola ; 

Dacnis Dacnis ; 

et Conirostre Conirostrum. 


(4) Encycl. d'H. Nat. Ois’, T. LU, p. 291. 
49 


274 TROISIÈME PARTIE. 
CABRACTÈRES OOLOGIQUES : + 


Forme — Ovée, presque Ovalaire. 

Coquille — d'un grain fin et légèrement luisant. 

Couleur. — FondBlanchâtre, couvertde taches ou mouchetures 
sur toute la surface, d’un Brun-clair (Cæreba), ou d’un Brun- 
violacé ou rougeâtre, formant couronne au gros bout (Cerfiola 


CINQUIÈME TRIBU. 
MÉLIPHAGIDÉS — Meliphagide. 


L'homogénéité la plus complète semble régner dans toute cette 
Tribu, et être, par cela même, la consécration de la constitution 
qu'onena faite. 

Et cependant, en y réfléchissant, nous sommes tenté de croire 
que le travail de Classification des Mëliphagidés est encore tout à 
faire, malgré les améliorations qu'y ont successivement apportées 
Swainson, MM. Gould, Gray et le Prince Ch. Bonaparte. Plusieurs 
Espèces, d’après les observations de quelques Voyageurs, manque- 
raient de l’appareil pénicillé de la langue; d’autres apprendraient 
aisément à parler, ce qui semble peu d’accord avec cette confor- 
mation de langue ; certaines , enfin, n'auraient aucune des habi- 
tudes propres à ces Oiseaux. De nouvelles études seraient done 
nécessaires pour lever tous les doutes, et rendre à chacune des 
Familles qui composent cette Tribu ou aux divers Genres de ces 
Familles, leur véritable place dans la Série. 

Nous sommes entré ailleurs (1) sur les mœurs de ces Oiseaux , 
dans de grands détails, dont la plus grande partie a été puisée 
par nous dans les notes de J. Verreaux, et auquels nous renver- 
rons nos Lecteurs. 

En attendant, les vingt espèces dont on connaisse l'OEuf, dans 


(1) Encyel. d'H. Nat. Ois., T. IN. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 275 


un grand nombre de Genres (Melliphaga, Ptilotis, Myzantha, 
Hæmatops, Creadion, Anthochera) sur cent trente ou quarante 
Espèces environ dont se compose la Tribu , présentent un en- 
semble de caractères des plus remarquables, qui, dans notre 
Collection, a par-dessus tout attiré l'attention de M. de la 
Fresnaye. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, plus ou moins obtuse ou allongée , selon les 
Genres. 

Coquille — d'un grain fin, assez luisant, et Blanc intérieu- 
rement. 
- Couleur — d'un fond Minium léger, généralement plus 
intense vers le gros bout, où se réunissent parfois des taches de 
même Couleur, mais beaucoup plus foncée et allant au Rouge- 
Sang ; ou bien parsemée également de ces mêmes taches. 


SIXIÈME TRIBU. 


NÉOMORPHIDÉS — Neomorphideæ. 


Cette Tribu que nous avons formée, il y a sept ans, se compose 
d'éléments exceptionnels, et qui peuvent paraître hétérogènes, 
mais qui cependant nous semblent réunir toutes les conditions 
d’un Groupe aussi naturel que possible. Nous y faisons entrer, 
en effet, quatre Genres reposant chacun sur une Espèce unique : 

Le premier est le Philepitta sericea de Madagascar ; 

Le second, le Philesturnus carunculatus ; 

Le troisième, le Callæas cinerea ; 

Et le quatrième, le Neomorpha Gouldii, ces derniers de la 
Nouvelle-Zélande. 

Ce sont tous Oiseaux porteurs de caroncules à la base de la 
commissure , ou au-dessous du bec, et que leur conformation 


276 TROISIÈME PARTIE. 


anormale à constamment fait ballotter d’un Genre et même 
d'une Famille, à un autre Genre et à une autre Famille, depuis 
leur découverte récente jusqu’à ce moment. Ce qui nous a déter- 
miné, sinon à réunir ces Genres aux Melliphagidés , du moins à 
placer la Tribu que nous en avons faite à leur suite, c’est que 
l'un deux, le Philesturnus, d’après les plus récentes observa- 
tions, a la langue en forme de pinceau, caractère qui, à nos 
yeux, nous l’avons déjà dit, entraîne forcément des habitudes 
Melliphages plus ou moins Insectivores ; c’est qu’un autre Genre, 
le Philepitta, ou du moins l’Oiseau type de ce Genre , auquel, 
il y a déjà longtemps, nous avons joint une seconde Espèce, a 
le bec et les pattes conformés de telle manière que nous ne pou- 
vons nous empêcher d’y voir également un Melliphage; enfin 
une considération semblable, d’après l'inspection de ces mêmes 
parties, chez le Neomorpha, nous a porté à lui attribuer la 
même organisation et les mêmes habitudes. 

Au surplus, si nous avons pris l'initiative pour la création de 
cette Tribu, nous n'avons fait que nous conformer, quant aux 
rapports qu’elle peut offrir avec les Melliphagidés, à des indi- 
cations précises déjà faites par Vieillot d’abord, puis par M. le 
Professeur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 

On peut même dire que le Prince Ch. Bonaparte avait fait, en 
4852, dans son Conspectus, un premier pas dans cette voie , en 
rapprochant les Genres Neomorpha et Creadion (notre PAiles- 
turnus) des Melliphagidés , par suite de la place qu’il a assignée 
à ces Genres, tout à la fin de ses Corvidés qui précèdent immé- 
diatement ses Melliphagidés; et deux ans après il se décidait à 
se rapprocher de notre opinion, en formant sous le nom de 
Glaucopidæ une Famille qu’il composait des Genres Corcorax, 
Glaucopis, Neomorpha et Creadion (1). 


(1) Notes Ornithol., 1854. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 241 


Quelque parti que l’on prenne en définitive pour le classement 
de ces divers Genres, nous croyons qu'on ne peut se dispenser 
de les grouper dans une même Famille ou Tribu, qu’on la place 
dans les Corvidés, dans les Garrulidés ou dans les Mellipha- 
gidés (1). 

On ne connaît encore aucun OEuf de cette Tribu. 


SEPTIÈME TRIBU. 


PARADISEIDÉS OU OISEAUX DE PARADIS — Paradiseidte. 


Nous avons, à l'instar de M. Gray et du Prince Ch. Bonaparte, 
composé cette Tribu d’abord de leurs deux Familles : Paradi- 
seinés et Epimachinés. 

Tout en conservant ces deux Familles, nous y en avons 
ajouté deux autres, dont une pour le Loriot Prince-Régent et 
l'Oriolie, que nous y réunissons, sous le nom de Sericulinæ, et 
une pour les Astrapies, sous le nom de Paradigallinæ. 

Mais nous nous sommes bien gardé de les comprendre dans 
les Corvidés ou même de les en rapprocher. Nous partageons à 
cet égard le sentiment si instinctif et généralement si juste du 
Baron de la Fresnaye, dont nous avons reproduit ailleurs les 
déductions. 

Même ignorance des OEufs si intéressants à connaître de cette 
Tribu. 

Disons, pour servir à l'historique du Genre, que, quoique 
décrite pour la première fois en 4835 par Lesson (?), l'Espèce du 
Paradigalle caronculé existait déjà dans une riche collection que 
J. Verreaux avait formée et possédait en 4823, et portait dans 


(1) Voir pour plus de détails, tant au sujet de cette Tribu qu’au sujet du 
Genre Philesturnus, que nous avons alors révélé à la Science, ce que nous 
en avons dit dans l’Encycl. d'H. Nat. Ois., T. HI, p. 32 et suiv. 

(2) Rev. Zool. 


278 TROISIÈME PARTIE, 


son Catalogue le nom de Asérapia carunculata. Ce Voyageur en 
avait même fait une description détaillée qu'il avait remise à 
Vieillot pour être reproduite dans sa Galerie des Oiseaux ; 
enfin le dessin en avait été fait à cette époque par Oudart, 
Peintre du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Par suite de 
diverses circonstances, le tout est resté dans les cartons de 
Vieillot, et cette curieuse Espèce est demeurée ignorée jusqu’à 
l'époque où Lesson en fit le type de son Paradigalle. 

Un des Genres les plus intéressants de cette Tribu, le Genre 
Ptiloris (Swainson), sur lequel M. Gould, qui n’avait pu l’ob- 
server par lui-même, est si sobre de renseignements, est aujour- 
d’hui mieux connu, grâce aux investigations de J. Verreaux, 
qui plus heureux a eu occasion de voir et d’étudier les mœurs 
de cet Oiseau sur les lieux, et dont nous reproduisons ce qu’il 
en a dit dans des Notes Manuscrites que nous avons déjà 
publiées. 

« Quoique cet Oiseau, dit-il, soit modelé sur des formes plus 
volumineuses que les Climactéris de l’Australie, cette Espèce 
paraît avoir tant de similitude avec ces dernières qu'il faudrait, 
suivant moi, en faire un rapprochement intime. Ainsi, comme 
les Espèces du Genre Climactéris, notre bel Oiseau se tient 
souvent sur le corps des arbres énormes qui couvrent une grande 
partie de ce sol encore si peu connu sous le rapport scientifique. 
Cependant, quoique cette Espèce soit principalement Insectivore, 
il est bon de dire qu’à certaines époques de l’année elle émigre 
des ravins qui lui sont favoris pour se réfugier dans ces immenses 
forêts et y chercher les baies de diverses espèces de végétaux, 
tant de Lianes que d’Arbres. Son bec long et acéré paraissant 
peu propice à ce mode de nourriture, nous devons dire et 
affirmer que ce fait n’est qu'accidentel, et qu’il n’a lieu que 
lorsque ces baies sont déjà attaquées par les divers Insectes qui 
les détruisent souvent même avant leur maturité. Get Oiseau, 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. * 279 


comme je l'ai observé, ne se perche que rarement et se voit le 
plus ordinairement sur les arbres ou sur les grosses branches, 
cherchant les Larves et les Insectes mous qui lui sont le plus 
convenables; (car, bien qu’en Australie les écorces ne soient ni 
aussi làches ni aussi tendres qu’en Tasmanie, on y rencontre 
souvent d'énormes quantités de Larves, principalement de Dip- 
tères, beaucoup de Punaises et de Cigales. Ce fait m’a été con- 
firmé par l'ouverture de l'estomac. Quant aux formes massives 
de cette Espèce, elles sont très-appropriées à son genre de vie. 
Aussi, l'inspection seule de ses tarses et de ses longs doigts nous 
suffit-elle pour supposer avec juste vérité qu’elle représente, en 
Australie, nos Grimpereaux de muraille, comme les réprésentent 
également les Climactéris, qui ne se servent pas plus de leur 
queue que ne le font ces derniers. Je dois également dire que la 
langue de cet Oiseau est fibreuse ou filamenteuse comme celle 
des Melliphages. J'ai observé qu’il était rare de voir plus d’un 
couple ensemble, volant d’un arbre à l’autre, montant et descen- 
dant absolument comme ces derniers, et comme eux courant 
assez souvent sur le sol pour y rechercher les Larves détachées 
de l’endroit déjà fouillé. Les jeunes de l’année se retrouvent, 
comme dans beaucoup d'autres Espèces, en assez grand 
nombre. » 

J. Verreaux a également observé que le passage de la livrée du 
jeune âge à l’âge adulte s'opère sans ce qu'on appelle l’inter- 
vention de la mue, c’est-à-dire sans la chute des plumes, et par 
la coloration progressive de chacune d'elles, comme chez les 
Soui-Mangas. 


HUITIÈME TRIBU. 


IRRISORIDÉS — Jrrisorideæ. 


Nous avons composé cette Tribu de trois Familles : Falcu- 
lianæ, Arachnotherine et Irrisorinæ. 


280 TROISIÈME PARTIE. 


On ne connait encore l'OEuf que d’une Espèce du Genre 
Trrisor, de la dernière Famille (Jrrisor erythrorhynchus) (1). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, un peu allongée. 

Coquille — d'un Grain fin, uni, luisant et Blanc intérieu- 
rement. 

Couleur — d'un beau Vert uni, sans taches. 


TROISIÈME GROUPE. 


Ténuirostres Grimpeurs — Tenuirostri Scansores. 


NEUVIÈME TRIBU. 


CERTHIIDÉS — Certhiidæ. 


* Nous avons composé cette Tribu de trois Familles : les 
Dendrocolaptinés, les Certhiinés et les Sittinés. 

Nous ne connaissons, à notre grand regret, aucun Ouf des 
Dendrocolaptinés, qui forment la première Famille. Pourtant 
l’OEuf du Picolaptes brunneicapillus, existe au Musée de Phila- 
delphie, auquel il a été donné par M. A. L. Hermann. Nous 
avouons que la Famillle des Dendrocolaptinés est une de celles 
dont nous désirerions le plus étudier les caractères Oologiques, 
que nous croyons déterminants pour assigner à ces Oiseaux leur 
véritable place Méthodique. 


2e FAMILLE — Certhiines. 


Il en est autrement des Certhiinés, quoique à leur égard, les 
éléments de comparaison soient encore bien réduits ; puisqu'on 
ne connaît que l’OEuf de deux Grimpereaux d'Europe, et celui 
du Tichodrôme de murailles. 


(1) Thienemann, pl. 15, fig. 13. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 281 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, légèrement obtuse. 

Coquille — à grain fin, mince, Blanc pur et un peu luisant. 

Couleur. — Celle de la Coquille, tantôt d’un Blanc pur et 
sans taches (Tichodroma muralis) , tantôt parsemé et recouvert 
de points et mouchetures d’un joli Rouge-Brique, le plus ordi- 
nairement réunis en forme de couronne au gros bout (Certhia 
familiaris et Costæ) , tantôt enfin de Couleur Isabelle, piquetée 
de points Brun-Rougeûtre (Climacteris), ce qui se présente d’une 
manière uniformément remarquable chez trois Espèces 
C. Picumnus , Scandens et Rufus. 

D'après nos principes et selon notre manière de voir, outre 
que cette différence Oologique est la démonstration la plus évi- 
dente de la différence Générique existant entre ces trois Oiseaux, 
surtout les deux premiers; c’est aussi un indice d’un plus grand 
éloignement de l’un à l’autre. / 


3e FAMILLE. —  Sitlinés. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, allongée. 
Coquille — à grain fin, mince , d’un Blanc pur et luisant. 
Couleur. — Gelle de la Coquilie, mouchetée partout de points 
d’un Rouge-Brique plus ou moins intense. | 
À GROUPE. 


Ténuirostres Percheurs — Tenuirostri Arborei. 


DIXIÈME TRIBU. 


à es 
ANABATIDÆ — Anabatideæ: 


Sur deux Familles assez nombreuses en Espèces, dont nous 
avons composé cette Tribu, Anabatinæ et Synallaxinæ, on ne 


282 TROISIÈME PARTIE. 


connait encore l’OEuf que d’une Espèce de la première, Anabates 
puncticollis, d'un Blanc pur; et de trois de la seconde, dont 
Synallaxis humicola, tous deux de Forme Ovée assez obtuse. 
Nous ne pouvons donc rien établir de précis à cet égard. 


5e GROUPE. 


Ténuirostres Marcheurs — Tenuirostri Insessores. 


ONZIÈME TRIBU. 


FURNARIDÉS — Furnaridcæ. 


La division que nous avons été amené à établir parmi les 
Ténuirostres, en les envisageant sous le rapport de leurs habi- 
tudes, nous a mis dans la nécessité d'élever les Furnarinæ au 
rang de Tribu. 

Nous n’avons jamais contesté, assurément , la justesse de vue 
qui a déterminé le Prince Ch. Bonaparte à les introduire comme 
troisième Sous-Famille, dans la Famille des Anabatoïdés, dont 
leurs caractères zoologiques principaux les rapprochent essen- 
tiellement; mais nous avons pensé que leur différence d’habi- 
tudes d'avec ceux-ci était assez grande pour nécessiter non un 
plus grand éloignement, mais une séparation plus marquée. 
Aussi, à part cette séparation, leur avons-nous assigné absolu- 
ment le même rang ou , pour mieux dire, le même ordre dans 
la Série, que l’habile Ornithologiste. C’est de cette manière que 
nous sommes arrivé, par nos Ténuirostres Marcheurs, aux 
Ménurinés. 

Nos Furnaridés se sont donc trouvés composés de deux 
Familles : les Furnarinæ et les Cinclinæ, que nous y ajoutons. 

Il y a assez d'ensemble entre ces deux Familles dans les 
Caractères Oologiques : Forme Ovée, un peu globulaire ou 
obtuse ; Couleur Blanche sans tache. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 283 


Depuis que nous avons établi cette Tribu, il nous est arrivé 
en effet de réfléchir longuement et mürement sur la question de 
savoir si les Cinclinés , cette Famille constituée pour les Espèces 
du Genre Cinclus (Turdus aquaticus , Lin.), ne pourraient pas , 
avec avantage, être placés avec les Furnarinés , en tête par con- 
séquent de nos Ténuirostres Marcheurs, entre le Genre Furna- 
rius et le Genre Cinclodes, au lieu d’être rangés, comme nous 
l’avions fait alors , tout à la fin de cette Tribu, c’est-à-dire après 
les Motacillinæ et les Eupetinæ. Et le résultat de notre étude 
est aujourd'hui de pencher pour ce rapprochement, déterminé 
que nous y sommes surtout par les mœurs de ces Oiseaux et 
leurs Caractères Oologiques , que nous avons dû prendre en 
grande considération. 

Ainsi, on sait que le Fournier donne à son nid la Forme 
encore plus globulaire qu'hémisphérique, avec son entrée laté- 
rale ; nous passons sous silence la substance dont il le compose, 
qui est de la terre détrempée , et la cloison en spirale qui le 
divise à l’intérieur. 

Nous trouvons que le Cincle donne également à son nid, 
composé presque exclusivement de mousse, la Forme plus 
globulaire qu’hémisphérique, avec l’entrée sur ie côté. 

On sait également que presque tous les Oiseaux du Genre 
Cinclodes, retirés avec raison du Genre Upucerthia réduit à une 
seule Espèce, ont des habitudes exclusivement riveraines : les 
uns ne quittant jamais les rivages de l'Océan, en parcourant les 
bords, y cherchant les petits Crustacés et les petits Mollusques 
rejetés avec les Goëmonds par la mer, marchant même parfois 
sur les feuilles flottantes de ces végétations marines, notamment 
sur Celles du Fucus giganteus, sur lesquelles ils viennent se 
poser en volant (l), tels sont les Cinclodes Patagonicus et 


(1) Pernetty, Voy., 1163. — Garnot et Lesson, Voy. de la Coquille, 1825. 
— Meyen, Ois. du Chili, — Darwin, Voy. du Beagle. 


284 TROISIÈME PARTIE. 


Antarcticus, etc.; les autres parcourant, en les remontant vers 
leurs sources et plus ordinairement en les redescendant vers 
leurs embouchures, les cours d’eau avoisinant les vallées maré- 
cageuses, tel est entre autres le Cinclodes nigro fumosus, qui 
en a même reçu au Chili le nom de Molinero, Meunier (1). 

Toutes habitudes très-analogues à celles de notre Cincle. 

Enfin, l’OEuf des Fourniers, l’'OEuf des Cinclodes et l'OEuf des 
Cincles sont chacun de Forme Ovée, de Couleur Blanche, sans 
aucune tache et presque complètement mat et sans reflet. 

Ajoutons que le nom de Cinclodes n’a été donné aux Oiseaux 
de ce petit Groupe qu’à cause de leurs analogies Zoologiques et 
de mœurs avec le Cincle Européen. 

C'est au contraire parce que nous n'avons jamais trouvé 
aucune de ces analogies entre le Cincle et les Merles, avec les- 
quels on le mettait autrefois, que nous l'en avions séparé en 
4852 (2), ainsi qu’en a déjà donné l'exemple le Prince Ch. Bona- 
parte, et ainsi que M. Moquin-Tandon semble enfin lui-même 
en admettre aujourd’hui (3) la possibilité. 

Des rapports plus intimes peut-être rapprocheraient le Cincle 
du petit Genre Scytalopus, car c’est la même nature de ptilose, 
c’est la même démarche et le même port, le même ensemble de 
formes enfin. Mais, dans l'ignorance où nous sommes de l'OEuf 
de ce dernier Genre, nous ne saurions nous prononcer. / 


DOUZIÈME TRIBU. 


LES ALAUDIDÉS OU ALLOUETTES — Alaudidæ. 


Nous arrivons ici à une de ces Tribus en faveur desquelles la 
Nature a mis les moyens de conservation de l’Espèce dans le 


(4) CL. Gay, et O. des Murs, Fauna Chilena, Aves, 1847. 
(2) Encycl. d'Hist. Nat., Ois., t. NT. 
(3) Rev. et Mag. de Zool., Juillet 1858 et Mars 1859. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 285 


plus intime rapport avec les chances de destruction auxquelles 
sont exposés les Oiseaux qui les composent. Chez les Alaudidés, 
en effet, la Couleur du plumage de l’Oiseau, comme la Couleur 
de son OEuf, en harmonie parfaite avec celle des terrains qu’ils 
fréquentent, concourent à rendre l’un et l’autre également invi- 
sibles et à les soustraire par conséquent aux recherches de leurs 
ennemis. C’est aussi, par la même raison, une des Tribus qui 
offrent, comme mode de Coloration , le plus satisfaisant ensemble 
Oologique. 

Cette remarque est, au reste, commune à tous les Oiseaux qui 
se construisent à peine un nid ou l’établissent soit à terre, sur 
le sol même, soit sur les Graminées qui le recouvrent. On com- 
prend que cette observation, qui ne s'applique qu’à certaines 
Tribus ou Familles d’une manière si générale pour chacune 
d'elles, et sans la moindre exception, ait pu séduire l'imagination 
de quelques Oologistes, tels que Manesse, Daudin, Lapierre, etc., 
au point de leur faire chercher les moyens de l’appliquer à toute 
la Série, comme mode ou élément de Classification. 

L'étude de l’OEuf des Alaudidés démontre même ce fait et 
offre ce caractère particulier que là où le plumage de l’Oiseau 
devient moins sombre et tourne au Blond ou au Café-au-lait (ce 
qui est l’indice pour son habitat de la présence de terrains plus 
clairs, tels que les sables des déserts de l’Asie ou ceux de 
l'Afrique) l’OEuf subit la même modification dans sa Coloration 
générale. 

Les Alaudidés, en tant que Tribu, ont été créés par M. de La 
Fresnaye et maintenus par le Prince Ch. Bonaparte. Seulement 
le premier de ces Naturalistes a continué, de même que le faisait 
Cuvier et que le font encore presque tous les Auteurs, de consi- 
dérer ce Groupe de Passereaux comme une dépendance des 
Conirostres de l’illustre Zoologiste. Il est cependant bien évident 
que si, persévérant dans cette manière de voir, M. de La Fres- 


286 TROISIÈME PARTIE. 


naye n’en a pas moins composé les Alaudidés des Sirlis, Ceréhi- 
lauda, des Pipits, Anthus, des Bergeronettes, Mofacilla, ete., 
qui à tout prendre seraient de vrais Becs-Fins, nous n’avons pu 
paraître bien extraordinaire ou innover beaucoup (1) en consi- 
dérant le caractère de Conirostre des Alaudinés, tels que nous les 
comprenons encore, comme l'exception, et leur caractère de 
Ténuirostre, au contraire, comme la règle ou le principe. Nous 
avons cru en effet être autorisé suffisamment à en agir ainsi, et 
par les caractères physiologiques ou organiques, et par les 
caractères de mœurs et d’habitudes, qui semblent faire de cette 
Tribu, ainsi considérée, un tout indissoluble aussi près, si ce 
n’est plus, des Ténuirostres que des Conirostres, au moyen des 
Certhilaudinés (Certhilaudinæ) ou Alouettes à bec grêle et arqué, 
et, dans tous les cas, pouvant servir de transition entre les pre- 
miers d’une part, et de l’autre, sinon les seconds immédia- 
tement, du moins les Dentirostres qui y mènent. 
Dans cet ordre d’idées , nous avons donc alors composé notre 
Tribu des Alaudidés de trois Familles : 
40 Certhilaudinés — Certhilaudine ; 
20 Alaudinés — Alaudine ; 
30 Anthinés — Anthine ; 
Auxquelles, au point de vue Oologique, nous réunissons pour 
quatrième, aujourd’hui, 
Les Motacillinés ; 
N’innovant que par l'érection des Géosittes et des Sirlis en 
Famille. 


CARACTÈRES QOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, plus ou moins obtuse. 


Coquille — d’un grain assez fin, légèrement luisant, blanc 
intérieurement. 


(1) Encycl. d'Hist. Nat. Ois., t. NI, p. 178. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 287 

Couleur — d’un fond Blanc sale, recouvert, sur presque toute 
sa surface , de points et de taches nombreuses d'un Brun variant 
du Bistre au Roux et à l’Isabelle, parfois à l’Olivâtre, qui se 
réunissent au gros bout de l’OEuf, en forme de calotte ou de 
couronne (Certhilaudinæ, Alaudinæ ct Anthinæ) : du même 
fond Blanchâtre, plus ou moins terne, mais avec des taches 
plus fines d'un Brun-clair, ou Verdâtre, ou Grisâtre ( Mota- 
cillinæ ). 

Sur près de cent Espèces que représente la Tribu des Alaudinés, 
nous connaissons l’OEuf de deux Espèces de Certhilaudinæ, de 
plus de vingt d’Alaudinæ, dans les divers Genres Melanoco- 
rypha, Magalophonus, Alauda, Galerida, Otocoris et Macronyx ; 
et d'une quinzaine d'Espèces d’'Anthimæ ou Pitpits : et nous 
n'avons rencontré aucune exception à ces Caractères. 

Ajoutons qu’au nombre des Habitats de l’Ofocoris bilopha, 
à laquelle jusqu’à ce jour les Auteurs, même le Prince Ch. Bo- 
naparte, n'ont assigné que l'Asie Occidentale et l'Arabie, doit 
figurer l’Afrique Septentrionale ou l'Algérie, où l’a rencontrée 
assez fréquemment et dénichée le capitaine Loche, par lequel 
nous en est arrivé l’OEuf. 

Nous ne quitterons pas cette Tribu sans dire un mot de notre 
revirement d'opinion, relativement aux éléments de sa compo- 
sition. C’est une habitude que nous avons toujours eue, et que 
nous voudrions voir prendre par les Méthodistes qui, au con- 
traire, affectent sur les motifs de leurs travaux, un silence 
d'autant plus absolu, qu’ils y portent des changements plus 
fréquents : en telle sorte qu’avec eux la question de décider pour 
ou contre, ne paraît jamais résolue aux yeux des adeptes de la 
Science. 

Entrainé par l'exemple des divers Auteurs, notamment par 
celui du Prince Ch. Bonaparte, nous avions détaché les Motacil- 
linæ de la Tribu des AZaudidæ, pour les ériger ellès-mêmes au 


288 TROISIÈME PARTIE. 


rang de Tribu, en la composant de trois Familles Mofacillinæ, 
Eupetinæ et Cinclinæ. Nous venons de faire voir que les Cineles 
ne pouvaient en aucune façon rester à cette place, nous les en 
avons donc éloignés. 

Mais, d’un autre côté, en étudiant l’OEuf du Genre Grallina, 
dont nous composions, avec les Genres Enicurus et Ewpetes, 
notre famille des Eupetine , nous nous sommes aperçu que les 
Grallinés ne pourraient non plus aucunement figurer auprès des 
Motacillinæ , à cause des affinités Oologiques qui les reportent 
au contraire à côté des Muscicapidæ. 

De plus, nous nous sommes convaincu que l'OEuf des Enicures 
(au moins celui del’Enicurus Leschenaulli) ne saurait non plus 
appartenir aux Motacillidæ , ses caractères se rapprochant 
beaucoup plus, à la rigueur, des Merles où les plaçaient Vieillot 
et Guvier , surtout de ceux du Genre Zxos, ou même des Drongos 
auxquels les réunissait Lesson (1). 

Force nous est donc de renoncer à cette Tribu des Motacillidæ 
qui n’a plus de raison d’être, et de refondre de nouveau les 
Motacillinæ dans les A/audidæ, dont ils ne peuvent plus être 
détachés. 

Quant aux Enicures et aux Grallinés, indépendamment de 
leurs caractères Oologiques, la présence de longues et fortes 
Soies à la base de leur bec suffirait à elle seule pour motiver 
leur déplacement dans le sens que nous indiquons , sans parler 
des habitudes du dernier de ces Genres, Grallina que les Notes 
Manuscrites de J. Verreaux nous retracent de la manière sui- 
vante, pour l’une des Espèces, la Grallina cyanoleuca, dont 
l’OEuf fait l’objet de nos observations : 

« Gette Gralline existe en assez grand nombre à la Nouvelle- 
Angleterre. A l’époque des accouplements, on ne voit ces 


(4) Traité d'Ornithologie. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 289 


Oiseaux que par paire; ils se réunissent ensuite, ou on les ren- 
contre toujours au nombre de quatre ou cinq. Cette Espèce se 
tient le plus souvent sur le bord des eaux, et, si elle se perche, 
elle semble choisir les arbres les plus élevés. Sa nourriture 
principale consiste en Insectes; son eri est : pi-wit-pi-wit ; elle 
le fait entendre assez fréquemment lorsqu’elle est perchée, et le 
cri est souvent répété par une autre placée sur un arbre voisin. 
Cette Espèce établit souvent son nid sur des Eucalyptus. Ce nid 
est composé de terre, avec quelques herbes très fines dans 
l’intérieur ; il est de forme ronde, et coupé très nettement vers 
le haut : sa forme est aussi bien arrondie qu’une tasse ; il est très 
solidement fait. » (1). 

Cette nidification n'a certes aucun rapport avec celle des 
Bergeronettes ( Mofacillinæ). 


Troisième Division, 
Déodactyles Dentirostres. 
1 GROUPE. 


Dentirostres Marcheurs — Dentirostri insessores. 


TREIZIÈME TRIBU. 


FORMICARIDÉS — Formicarideæ. 


Dans les Formicaridés, nous ne connaissons rien des Afelor- 


nithinæ, des Formicarinæ et des Ornythonycinc. 

La Famille des Pittinæ (Brèves) se distingue par la Forme 
Globulaire ou Sphérique de son OEuf ( Pitta cyanura) ; celle des 
Megalonycinæ, par l'OEuf de Forme Ovée et d’un Blanc pur, 


piqueté de quelques rares points d’un Brun noirâtre du Péerop- 
tochus albicollis. / 


(1) Zool. Austr. et Tasman. Mss 


290 TROISIÈME PARTIE. 


Le Ménure, type de la Tribu des Menuridæ, notre quator- 
zième Tribu, avec son OEuf, aujourd’hui connu grâce à Gould, 
reste toujours une énigme en Ornithologie, énigme que la 
Science devrait s’efforcer de déchiffrer avant que le Type n’en 
soit disparu. Cet OEuf est aussi isolé des autres produits Ovariens 
que l’Oiseau lui-même l’est de ses congénères : car, s'il a des 
analogues pour sa Forme, qui est Ovée, il n’en a aucun pour sa 
Coloration, qui n'a d’affinité nulle part dans la Série, relative- 
ment à sa teinte d’un Gris fuligineux uniforme, rehaussée de 
taches confuses de même Couleur, plus foncées et comme 
noirâtres, et n’apparaissant à la surface de la Coquille que d’une 
manière nuageuse. /_ 


QUINZIÈME TRIBU. 
LES TURDIDÉS — 7'urdidæ. 
Are FAMILLE. — T'hamnophilinés (Thamnophilinæ). 


Les Thamnophilinés , que nous avons compris dans cette Tribu, 
en en faisant la première Famille, parce que, aussi bien que les 
Turdinæ, ïils sont buissonniers et marcheurs, offrent la même 
somme et la même variété de rapports en Oologie qu’en Zoo- 
logie, en sorte qu'ils sont tout aussi difficiles à classer d’après 
leur OEuf, que d’après leurs propres Caractères organiques. Les 
Thamnophiles rentrent en effet selon leurs Genres et selon leurs 
Espèces, tantôt dans les Muscicapidæ ou les Tyrannidæ (Tham- 
nophilus ruficollis); tantôt dans les vrais Turdinæ (Th. ruji- 
ventris) ; l'OEuf du premier étant d’un Blanc sale, strié et tacheté 
perpendiculairement d’un Violet-Noirätre plus massé au gros 
bout; et celui du second étant d’un Vert uniforme, comme ceux 
de certaines Grives et de certains Merles. Il faut donc attendre, 
à leur égard, que l’on connaisse l’OEuf d’un plus grand nombre 
d’Espèces pour songer à les classer d’une manière satisfaisante. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 294 


En sorte que nous renoncerons à établir une Diagnose Oologique 
pour cette Famille, qui demande, sous ce rapport, à être 
étudiée sérieusement et avec tout autant de soin qu’en a mis 
M. Sclater, pour en faire la savante et difficultueuse Mono- 
graphie. (1) 

Nous en dirons tout autant des deux Familles suivantes : les 
Agriornithinæ et les Picnonotinæ ; quoique les premiers offrent 
un certain ensemble par leur OEuf ou tout Blanc (Pepoaza, 
Muscisaxicola fluvicola), ou Blanc marqué de points rares d’un 
Rouge-Brique se déteignant en Rose-Carné. Car, pour les 
seconds , nous ne connaissons l’OEuf que de trois Espèces; celui 
de l’Importun du Cap (Andropadus importunus) qui rappelle 
un peu par la disposition de ses taches Brun-clair et Grisâtres, 
l'OEuf des Pies-Grièches ; et celui du Zxos chrysorhœus et Psidii, 
moucheté de points et de taches d’un Violet-Rougeâtre sur un 
fond Blanc-Rosé; rappelant par leur aspect, au surplus, l’'OEuf 
des Cinclorhamphus, avec lesquels ils demandent à être minu- 
tieusement comparés, et dont ils ne devraient même être guère 
séparés : ce qui nous décide, dès aujourd’hui, à les retirer de 
nos Timalinæ pour les réunir ici à nos Picnonotine. 


4e FAMILLE. — T'urdinés (Turdinæ). 


Cette Famille offre un certain intérêt Oologique , en ce sens 
que c’est une de celles dont on connaisse l’OEuf d’un assez 
grand nombre d’Espèces. Elle offre, à ce point de vue, deux 
Coupes bien tranchées : celle composée d’OEufs à fond Vert 
uniforme, parfois quelque peu piqueté de noir, tels que ceux 
de notre Grive commune, Turdus Musicus; et celle composée 


d’OEufs à fond légèrement verdâtre, recouvert de nombreuses 


(4) A draft Arrangement of the Genus Thamnophilus. From the Edimburg 
New Philos. Journ. 1855. 


292 TROISIÈME PARTIE. 


mouchetures Brunes, variant du Brun-foncé au Brun-rougeûtre 
et au Brun de brique, type de l’OEuf de notre Merle commun, 
Turdus Merula. 

Parmi les OEufs d’un Vert luisant et tiqueté de noir, nous ne 
connaissons encore que l'OEuf des T. Musicus, Iliacus, d'Eu- 
rope, et Densirostris, des Antilles. 

Nous croyons qu'il faudrait renoncer à l’ancienne habitude 
que nous avons prise en Europe, et qui ne saurait faire loi pour 
les Ornithologistes des autres parties du Monde, de considérer 
comme vraies Grives les 7. Viscivorus et Pilaris , dont l’OEuf, 
celui de cette dernière surtout ne représente qu’un véritable OEuf 
de Merle, et par conséquent en arriver à les isoler de ce que nous 
considérons comme seules Grives, et à les ranger avec les Merles. 

Nous connaissons, jusqu'à présent, un assez grand nombre 
d'OEufs Vert-uni et sans taches, ce sont ceux des T. mustelinus, 
Wilsoni, migratorius, carbonarius, solilarius, felivox, minor 
et Herminieri. Il est remarquable que ce soient toutes Espèces 
de l'Amérique Septentrionale, à part la dernière, de la Guade- 
loupe. 

Quant aux autres Turdinés, ils rentrent tous dans le caractère 
de l’OEuf si commun et si connu du T. merula. 

On peut être quelque peu surpris de voir qu'il en soit de même 
pour toutes les Espèces du Genre Orphée ou Moqueur, Mimus, 
dont l’OEuf n'offre aucun caractère différentiel d'avec celui de ce 
dernier. C’est le premier exemple frappant, que nous rencontrions, 
de cette dissidence entre le caractère Zoologique bien tranché du 
Genre et celui que fournit l'inspection de l’OEuf. 

D’après ce qui précède, on pourrait créer, pour celles des 
Espèces du Genre Turdus, que nous prenons pour Grives propre- 
ment dites, par leur OEuf, un Genre sous le nom de Iliacus, 
que nous proposons pour les 7. musicus , iliacus et densirostris, 
et pour les autres Espèces qui viendront s’y joindre par la suite 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 293 


et réserver la dénomination Générique de Turdus pour toutes les 
Espèces dont l’'OEuf est analogue à celui du T. merula; ce qui 
n'empêcherait pas de le diviser en Turdus pour toutes les Espèces 
à OEuf Vert-uni et sans tache, et en #erula pour toutes les autres, 
et conserver toujours le Genre Mimus , malgré le silence ou l’in- 
suffisance des caractères de son OEuf, qu'on ne saurait renvoyer 
dans une autre Famille, ainsi que l’a fait en dernier lieu le Prince 
Ch. Bonaparte, qui le place au milieu de ses Timalidæ (1). Le 
Turdus Iliacus prendrait dès lors le nom de Zliacus illas, du 
nom que lui imposa Gessner, ou de Zliacus minor. 

En résumé, les caractères Oologiques des Turdinés, d’après 
l'inspection de près de quarante Espèces à notre connaissance, 
sont les suivants : 

Forme — Ovalaire ou Ovée. 

Coquille — d'un grain fin, Blanc et assez luisant. 

Couleur — Verte avec points noirs (Zliacus); Verte unie et 
sans taches (Turdus);, Verte tachetée de Brun plus ou moins 
rougeâire (Merula et Mimus). 


de FAMILLE. — Saxicolinés (Saxicolinæ ). 


Séduit, comme toutes les intelligences d'élite, par ce qui a 
l'apparence d’une idée nouvelle et par conséquent sérieuse, le 
Prince Ch. Bonaparte, après qu’on lui eüt fait voir les nuances 
qui distinguaient l'OEuf des Saxicolinæ de celui des Turdinæ,. 
s’en exagéra les caractères différentiels, en séparant ceux-ci de 
ceux-là, par ses Calamoherpinæ (Types Rousserolle et Effarvatte), 
et ses Sylviinæ ou Fauvettes, dans son Conspectus. Revenu 
bientôt à un sentiment plus réfléchi, il vit que la différence de 
l'un à l’autre n’était pas aussi grande qu'il se l'était figuré ; et en 
4854, il finit par mettre les Saxicolinæ, comme nous l’avions 


(1) Notes Ornith. sur les Coll. Delaltre, 1854. 


294 TROISIÈME PARTIE. 


déjà fait nous-mèême, tout à la suite des Turdinæ, dont ils ne 
sont guère séparables. 

Ainsi que cette dernière Famille, en effet, celle des Saxicolineæ, 
telle que nous l’avons composée depuis longtemps, est assez 
homogène , Oologiquement parlant : et ici l'observation Oologique 
devient non seulement le complément, mais même la règle de la 
méthode. 

CARACTÈRES OOLOGIQUES : 

Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain fin, un peu luisant et Blanc. 

Couleur. — Fond variant du Bleu-Verdâtre au Vert päle ou 
Blanchâtre, où uni et sans tache , ou, selon les Genres et les 
Espèces, très-légèrement tacheté de Rougeâtre. 

Ces caractères sont ceux , entre autres Genres, des Petrocincla, 
Petrocossyphus, Dromolæa , OEnanthe, Saxicola, Pratincola, 
Accentor, Siala; et dans les Pefroica, du P. fusca; dans les 
Ruticilla, du R. Phœnicura. 

Le Ruticilla Thytis de l’ancien Continent et le Genre Sericornis 
de la Nouvelle-Holïlande font exception, par un fond Blanc uni- 
forme et sans tache. 

Nous pensons que c’est à tort que le Prince Ch. Bonaparte retire 
les Accenteurs, dont il fait une Sous-Famille, des Saxicolinæ, 
pour les reporter à la suite des Sylviinæ et des Calamoherpinæ. 


2e GROUPE. 


Dentirostres suspenseurs — Dentirostri suspensi. 


Nous avons fait suivre, en 4852, la Tribu des Turdide de 
celle des Trogloditidæ. Depuis, en étudiant de plus près les 
mœurs et l'OEuf des Oiseaux qui composent cette dernière, nous 
nous sommes convaincu que l’on était dans une erreur commune 
à tous les Ornithologistes , en choisissant les éléments sur lesquels 
on fait ordinairement reposer cette Tribu ou Famille. 


À 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 295 


Ainsi, on y fait entrer d'habitude les Ramphocincles, les Tryo- 
thores, les Ramphocènes, les Tatarés, dont la manière de vivre 
n’a aucun rapport avec celle de l'Oiseau d'Europe dont on en a 
fait le type de dénomination et cela en se fondant sur certaines 
analogies de conformation du bec. 

Mais que fait donc notre Troglodyte? Il est familier, ne fré- 
quente presque jamais les roseaux ni les marécages; il fait son 
nid ou dans les cabanes, ou sous des toits de chaume ou de 
bruyère, ou dans des fagots, ou dans des broussailles presque 
toujours sèches, en façon de boule assez informe à l'extérieur, 
avec une entrée latérale : son OEuf, d’une Forme Ovale globulaire, 
est Blanc piqueté de petits points Rougeâtres réunis au gros bout. 

Que font, au contraire, les Tatarés, les Tryothores, et les 
Ramphocènes , sans parler des Ramphocincles ? 

Ils fréquentent exclusivement les lieux marécageux et les hautes 
plantes qui s’y trouvent; parcourent les tiges de ces dernières à la 
manière de nos Rousseroles (Calamoherpe Turdoïdes); y fixent 
même leur nid comme elles, ouvert par le haut, et enfin ont un 
OEuf généralement d’un fond teinté de Jaunâtre et de Rougeûtre, 
grivelé de petits points plus foncés si fins, que la Coquille n’en 
paraît que d’une Couleur uniforme. 

Ce sont donc de vraies Fauvettes de roseaux, qui n’ont que faire 
de se trouver en compagnie de Troglodytes. C’est même une vérité 
que le Prince Ch. Bonaparte avait commencé à sentir, après avoir . 
terminé la première partie de son Conspectus; et dont, s’il eut 
vécu encore pour le bonheur de la Science dont il est la plus belle 
Illustration, il se fut entièrement pénétré : car, en 1854, il retirait 
le Genre Tatare de ses Troglodytinæ, qui figurent dans ses Malu- _ 
ridæ, pour le transporter dans sa grande Famille des Turdidæ, 
en tête de la Section des Calamoherpinæ, sa seule et véritable 
place. Or, c’est ce qu’on ne peut plus s’empêcher de faire pour les 
autres Genres dont nous venons de parler, les raisons qui militent 


296 . TROISIÈME PARTIE. 


en faveur du premier militant également en faveur de ceux-ci; et 
c'est ce que nous pratiquerons nous-méême dès aujourd’hui, en 
nous occupant de nos Sylvido. 

Pour faire suite aux Turdidæ qui précèdent, nous remplacerons 
donc les Troglodytidæ par les Timalidæ, que nous composons 
des deux Familles : Pomathorinæ et Timalinæ. 


SEIZIÈME TRIBU. 


TIMALIDÉS — Timalidæ. 
Âre FAMILLE. — Pomathorinés (Pomathorinæ). 


Cette Famille, que nous composons des Genres Zoothera, 
Pomathorinus, Pellorneum, Atrichia, Sphenurus, Stipiturus et 
Amytus, ne nous est révélée que par l’OEuf de deux Espèces de 
Pomathorinus : P fsupersiliosus et P. trivirgatus, et d’une Espèce 
de Sfipiturus. 


CARACTÈBES OOLOGIQUES. 


Forme — Ovée. 

Coquille — d’un grain assez fin, légèrement luisant et Blanc 
intérieurement. 

Couleur — d'un Blanc Gris-Brunâtre, moucheté de Brun-clair 
et marbré de quelques veines sinueuses d’un Brun plus foncé 
(Pomathorinus), ou d’un fond Blanc tiqueté de taches d’un Rouge- 
Brique, réunies en plus grand nombre au gros bout. 

Cet OEuf rappelle assez par son système de coloration, ou plutôt 
de maculature, celui du Brachypterix capistrata, qui pourrait 
rentrer avec avantage dans les Timalinæ, ainsi que l’y a compris 
le Prince Ch. Bonaparte; il rappelle aussi celui du Promerops 
cafer. 

Du reste, nous ne considérons la Famille des Pomathorinæ, de 
même que celle qui va suivre, des Timalinæ, que comme à l'état 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 297 


d’ébauche, et destinée à subir encore de nombreuses modifications 
jusqu’à ce que l’OEuf des Genres dont se compose chacune d'elles, 
soit suffisamment connu. | 

Le Prince Ch. Bonaparte y a déjà introduit, depuis son Cons- 
pectus, d'importantes améliorations. 


2e FAMILLE. — Timalinés (Timalinæ). 


L’absence d'éléments Oologiques suffisants pour bien caractériser 
cette Famille nous engage à la laisser provisoirement telle que 
nous l'avons composée : des Genres Hacronus, Megalurus, Cra- 
leropus, Donacobius, Timalia, Mixornis, Cinclosoma et 
Sphenostoma, moins le Genre Cincloramphus, que nous en 
avons distrait pour le joindre aux Picnonotinæ. Nous ne connais- 
sons en effet que l’OEuf d’un Crateropus et celui de deux Cinclo- 
soma. 


CARACTÈRES OOLCGIQUES : 


Forme — Ovalaire (Crateropus et Megalurus), ou Ovée 
(Cinclosoma). 

Coguille — d'un grain assez fin, peu luisant et Blanc intérieu- 
rement. 

Couleur — d’un fond Blanc sale ou grisätre, couvert d’un 


cendré brun ou maculé de taches Brunes plus ou moins olivâtres, 
réunies en plus grand nombre au gros bout (Crateropus et Cinclo- 
soma), où d’un fond Blanc-Verdâtre avec quelques larges taches 
rares d’un Rouge sanguin (Megalurus). 

L'OEuf du Crateropus que nous possédons offre même quelque 
analogie de Coloration avec celui des Pomathorins ; car, à part les 
veines où marbrures de ce dernier, il a le même aspect pour le 
fond grisâtre et le grivelé brunâtre qui le recouvre. 


298 TROISIÈME PARTIE. 


DIX-SEPTIÈME TRIBU. 
SYLVIPARIDÉS — Sylviparideæ. 
Are FAMILLE. — Sylviparinés (Sylviparinæ). 
Nous n’en connaissons aucun OEuf. / 


2e FAMILLE. — Pardalotinés (Pardalotinæ). 


CARACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — Ovée. 

Coquille — d'un Grain assez fin, peu luisant et Blanc. 

Couleur — d'un Blanc pur et sans taches (Pardalotus); d'un 
Bleuâtre uni, avec quelques rares points noirs (Bombycilla). 


3e FAMILLE. — Falcunculinés (Falcunculin®æ). 


On ne connaît l’OEuf que du Falcunculus leucogaster, figuré 
par Thienemann (1). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée. 

Coquille — d’un Grain fin, peu luisant et Blanc. 

Couleur — d’un fond Blane tacheté irrégulièrement de points 
et mouchetures brunâtres. 


DIX-HUITIÈME TRIBU. 


PARIDÉS OU MÉSANGES — Parideæ. 


Are FAMILLE. — Parinés (vraies Mésanges) — Parinæ. 


Les caractères Oologiques dans cette Famille viennent confirmer 
les données de la Science et justifier par conséquent la composition 


(1) Planche xxx, fig. 18. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 299 
qui en a été faite. C’est même l'exemple le plus frappant de l’insuf- 
fisance des caractères purement organiques en saine Ornithologie, 
puisque chaque Espèce de Mésange est devenue en quelque sorte 
le type d’un Genre fondé sur ces derniers caractères qui varient 
d’une Espèce à l’autre. Et, malgré cette incohérence dans les 
signes devenus réglementaires pour tout Méthodiste, ils ont dû 
céder, pour ce Groupe, devant l'identité des mœurs de ces 
Oiseaux. Cette remarque est plus que suffisante pour justifier, en 
bien des cas, les inductions que nous tirons de l’étude de l’enve- 
loppe extérieure de l'OEuf, au mépris parfois, ou plutôt en dehors 
de toute forme de bec ou de pied. 


CABACTEBES QOOLOGIQUES : 


Forme — variant de la Forme Ovée allongée à la Forme Ovée 


globulaire. 
Coquille — à Grain très-fin, Blanc et peu luisant. 
Couleur. — Celle du Grain de la Coquille, d’un Blanc pur, ou 


sans aucune tache ou maculé de quelques points Rouge-Brique 
réunis en plus grand nombre au gros bout. 

Nous devons dire cependant que c’est avec la plus grande 
réserve que, cédant à l'exemple, nous nous décidons, encore au- 
jourd’hui, à comprendre dans la Famille des vraies Mésanges ou 
Paridæ, l'intéressant Rémiz (Paroïdes). Cet Oiseau devrait, à 
notre sens, entrer dans les éléments d’une Famille à part, qui est 
encore à constituer, et à laquelle viendraient se réunir plusieurs 
Familles ou au moins plusieurs Genres disséminés dans la grande . 
Tribu des Sylviidés, tel entre autres que le Genre américain 
Trichas, qui fait également son nid en forme de bourse et le 
suspend aux branches. Le bec du Rémiz, si exceptionnel dans la 
Famille des Parinæ, est en effet dans les plus intimes rapports 
de convention avec son art et son œuvre de véritable Oiseau 
Tisseur ou Tisserand, qui a donné lieu à tant et de si minutieuses 


300 TROISIÈME PARTIE. 


descriptions de son nid, depuis Aldrovande, en passant par 
Buffon et Guettard, jusqu'à M. Moquin-Tandon (1), et plus 
récemment encore M. Taczanowski, de Varsovie (?). 

C'est une remarque à laquelle aucun de ces Naturalistes n’a 
jamais songé, et qui offre toute une étude sérieuse à faire pour 
l'Oologiste, comme pour l’Ornithologiste. 

Cette innovation, si nous ne l'avons pas faite, nous en avons 
du moins posé les premiers jalons, en constituant notre Tribu 
des Paridæ des trois Familles Parinæ pour les vraies Mésanges, 
que nous terminons par le Genre Paroïdes , Rémiz ; Ficedulinæ 
pour les Becs-Fins, qui se rapprochent le plus du Rémiz pour les 
mœurs et la nidification, et que nous commençons en consé- 
quence par le Genre Trichas, qui lui ressemble le plus sous ce 
rapport; et enfin Troglodytine, qui les rélient aux vraies 
Fauvettes (3). /_ 


2e FAMILLE. — Ficédulinés (Ficedulinæ). 


Nous ne connaissons aucun OEuf, quoique nous connaissions 
en partie son mode de nidification, de cette Famille, que nous 
composons des Genres Trichas, Ægithina, Hylophilus, Fice- 
dula et Campylorhynchus, tous Américains. Nous excepterons 
l'OEuf d’une Espèce d'Hylophilus, H. cyanoleucus, figuré par 
Thienemann (4), et qui serait de Forme Ovée, à Coquille Blanche, 
grivelée de Rouge-Brique. 


3e FAMILLE. — roglodytinés ou Roïtelets (Troglodytinæ). 


C'est ici que nous pensons que doivent se placer, et que nous 
placons dès aujourd’hui nos Troglodytinés, non plus composés des 


(1) Rev. et Mag. de Zoo. Mars 1859. 

(2) Id.. — ibid. Juin 1859. 

(3) Voir Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. IN. 

(4) Fortpflanzungsgeschichte der gosanunten Vogel. PI. 19, f. 8, a-b. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 304 


Genres Américains Ramphocænus, Tryothorus et Ramphocinclus, 
que nous avons démontré être de vrais Becs-Fins, ou Fauvettes, 
mais composés uniquement du Genre type Troglodytes, auquel 
nous réunissons le Genre PAyllopneuste ou Pouillot, qui n’en peut 
être séparé ; plus les Genres Acanthiza, Regulus et Zosterops. 
Les Troglodytes et les Pouillots, en effet, outre leur manière 
commune de vivre, donnent à leur nid la forme d’une boule avec 
une entrée latérale; et leurs OEufs semblent emprunter à cette 
communauté de mœurs et d’habitudes, leur communauté de ca- 
ractères, que viennent partager entièrement les Acanthyses, et, 
d’une manière un peu moins intime, les Roitelets : les Zostérops 
seuls font exception à l'harmonie Oologique de cette petite Famille. 


CARACTÈRES COLOGIQUES. 


Forme — Ovée, plus ou moins globulaire. 

Coquille — à grain très-fin et très-Blanc. 

Couleur — d’un Blanc pur, ou sans taches, ou maculés de points 
Rouge-Brique plus nombreux au gros bout (Troglodytes, Phil- 
lopneuste, Acanthiza, Regulus); ou d’un Vert pâle, uniforme et 
sans taches (Zosterops). 


DIX-NEUVIÈME TRIBU. 


SYLVIIDÉS — Sylviideæ. 
Are FAMILLE. — Tryothorinés (Tryothorin«æ). 


Les mèmes raisons d'harmonie nous font définitivement placer 
ici la plus grande partie des Genres dont nous composions jadis 
notre Famille des Troglodytinés, tels que les Genres Ramphocinc- 
tus, Tatare, Tryothorus et Ramphocwnus, nous laissant trop 
facilement entraîner par l'exemple irréfléchi de nos prédécesseurs ; 
car il nous faut toute autre chose qu’une analogie de couleur et de 


302 TROISIÈME PARTIE. 


nature de plumage pour réunir des Espèces ou des Genres de 
manière à en former une Famille. 

Nous le répétons donc : tous les Oiseaux sur lesquels reposent 
nos divers Genres sont de véritables Fauvettes, ayant exelusi- 
vement les habitudes des Fauvettes arundinicolles et ne possédant 
aucune de celles de notre Troglodyte Européen. 


CABACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — Ovée plus ou moins obtuse. 

Coquille — à grain fin et Blanc. 

Couleur. — Fond Blanc, parfois d’un Jaune-Rosé, tiqueté de 
petits points Rouge-Brique. 


2e FAMILLE. — Calamoherpinés (Calamoherpinæ). 


Chaque Genre, dans cette Famille, comme dans bien d’autres, a 
en quelque sorte soit sa Couleur propre, soit son mode particulier 
de Coloration. Il en est ainsi pour les principaux d’entre eux, tels 
que les Genres Orthotomus, Calamoherpe, Cysticola et Cettia ; 
ce qui vient justifier le fractionnement Générique que l’on a fait 
des Oiseaux renfermés dans cette Famille. Mais les vraies Calamo- 
herpe sont remarquables par l’affinité qui lie l’OEuf des unes à 
celui des autres; on ne peut en juger mieux qu’en ayant sous les 
yeux : Calamoherpe Turdoides, C. palustris et C. arundinaceus, 
qu'on les trouve, surtout la première, en Europe, en Afrique ou 
en Asie. Un autre petit Groupe se distingue encore dans cette 
Famille : c’est celui qui pourrait se former des Locustella, Curruca 
Ruppellii, Melisophilus provincialis et Cettia sericea; ce qui 
semblerait mettre en défaut la séparation qu'a faite le Prince 
Ch. Bonaparte de la seconde et de la troisième de ces Espèces en 
mettant le Ruppellii dans les Saxicolinæ, mais ce qui relie mer- 
veilleusement ce même Groupe au Genre Hegalurus qui commence 
la Famille des Calamoherpine. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 303 


CABACTÈRES OOLOGIQUES. 


Forme — Ovée plus ou moins globulaire ou obtuse. 

Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement et légèrement 
luisant. 

Couleur. — Le fond passant à tous les tons, du Rouge-Brique 
ou Rosé (Orthotomus et Cettia) au Vert clair (Cysticola) et au 
Blanc pur, ou uniformes, ou recouverts de taches plus ou moins 
fines, ou Grises, ou Brunes, ou Rougeâtres, ou Verdâtres, parfois 
avec une ou deux veines de marbrure. 


3e FAMILLE. — Sylviinés ou Fauvettes (Sylviinæ). 


Mème observation pour cette Famille que pour la précédente ; 
mais elle n’est, chez aucun Genre, plus remarquable par sa cons- 
tance que chez les Genres Philomela et Hyppolaïs par dessus 
tout : ainsi, sur sept Espèces dont se compose ce dernier, les cinq 
connues offrent en tout point le même caractère, sauf un degré de 
plus ou de moins dans la teinte du fond; ce sont Æ. olivetorum, 
Elaïca, Salicaria, polyglotta et icterina. 


CARACTÈBES OOLOGIQUES. 


Forme — Ovalaire ou Ovée. 

Coquille — d'un grain fin, Blanc intérieurement, plus ou 
moins luisant, beaucoup plus chez Philomela, beaucoup moins 
chez Hyppolaiïs. 

Couleur — d'un Vert-Bronze ou Olive uniforme, recouvert d’un 
grivelé de même Couleur entièrement perdu dans la nuance du 
fond (Philomela), ou marbré de Brun de diverses nuances (Sylvia 
et Curruca), ou d’un fond Rosé plus ou moins intense, tiqueté 
de points rares (Hyppolaïs). 

Quant au Genre Philomela, le caractère Oologique s'accorde 
assez avec la dernière idée du Prince Ch. Bonaparte, qui le réunit 


304 TROISIÈME PARTIE. 


avec ses Luscinieæ à sa Sous-Famille des Saæicolinæ dont ce 

Genre sert de passage aux Sylviinæ; opinion à laquelle nous ne 

sommes pas éloigné de nous rallier. Aussi, dans notre Collection, 

en avons-nous fait l'application en rangeant les OEufs des Philo- 
s Ê à . = 

melæ à la suite de ceux des Saxicolinæ./ 


3° GROUPE. 


Dentirostres Percheurs — Dentirostri Arborei. 


Nous avons divisé cette Sous-Division en deux Sections : 

Dentirostres Percheurs à bec déprimé, Depressirostri; 

Et Dentirostres Percheurs à bec comprimé, Compressirostri. 

La première Section renfermant trois Tribus : les Muscicapidæ 
ou vrais Gobe-Mouches, les Tyrannidæ ou Tyrans, et les 
Ampelidæ ou Cotingas, qui forment nos vingtième, vingt et 
unième et vingt-deuxième Tribus de nos Passereaux Déodactyles 
Dentirostres. 

Les Caractères Oologiques des deux premières de ces Tribus ont 
une telle généralité et une telle communauté d’aspect ou d’en- 
semble qu’il devient réellement tout aussi difficile d’en classer les 
diverses Familles d’après ces Caractères que d’après les Caractères 
Organiques admis et suivis par les Méthodes ordinaires. Inutile 
donc d'entrer dans aucun détail à ce sujet. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée plus ou moins obtuse ou Ovalaire. 

Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement et peu 
luisant. 

Couleur. — Le Système de Coloration le plus accusé consiste 
en mouchetures affectant ordinairement, surtout chez les Tyran- 
nidés, la forme de larmes, partant d’un centre commun, qui est 
le gros bout de l'OEuf, pour se répandre en s’éclaircissant jus- 
qu'aux deux tiers de sa longueur : en général, ces taches forment 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 305 


une couronne. Dans cette dernière Tribu , exclusivement Améri- 
caine, le fond de la Coquille est toujours d’un Blanc Jaune-Rou- 
geâtre, et les taches sont d’une Couleur Brun-Violet fort agréable 
à l’œil : c’est dans une Collection, avec les OEufs des Mellipha- 
gidæ, la plus jolie suite qui se puisse voir. 

Dans son dernier travail, le Prince Ch. Bonaparte est revenu à 
une appréciation plus saine de la véritable place que doivent 
occuper dans la Série les Artamidæ ou Langrayens, qu'il placait, 
comme S. W. Jardine (1), dans son Conspectus, à la suite des 
Hirondelles (faisant, à notre sens, la même erreur que M. Gray 
dans son Genera, en séparant les Bucconidæ des Capitonidæ) ; 
et cela à cause de leur manière, commune aux unes et aux autres, 
de voler et de chasser, et aussi à cause de quelques analogies dans 
leur système alaire : quoique le reste de leurs habitudes et surtout 
le caractère Oologique les éloignât considérablement. Car l’OEuf 
des Artamineæ est un véritable OEuf de Muscicapinæ, nous dirions 
presque de Laniinæ, ou Pie-Grièche : c’est au point que celui de 
l’Artamus albovitatus, de la Nouvelle-Hollande, ressemble, sauf 
la dimension plus petite, pour la Forme, le Système de Colora- 
tion et même pour la teinte des taches, à celui du Lanius nubicus 
du Sud de l’Europe. 

Nous ne dirons rien des Ampelidæ , dont nous ne connaissons 
aucun OEuf. 

Cette dernière Tribu a été composée par nous de deux Familles : 
les Gymnoderinæ , renfermant les Genres Coracina, Cephalop- 
terus, Gymnocephalus et Gymnoderus; et les Ampelinæ , 
renfermant les Genres Tijuca, Chasmarhynchus, Ampelis, Car- 
pornis, Xipholena, Phibalura, et Procnias (?) 

La publication que vient de faire dernièrement M. Sclater (3) de 


(1) Contrib. of Ornithol. 1849. 

(2) Encycl. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. V, p. 304-308. 

(3) The Ibis a Mag. of Gen. Ornithol. Jan. 1859. . 
21 


306 TROISIÈME PARTIE. 


la description et d’une Espèce de Céphaloptère qu'il donne comme 
nouvelle, sous le nom de Cephalopterus penduliger, nous a 
remis en mémoire des observations que nous avons déjà eu occa- 
sion de faire, il y a trois ans (1), et que nous allons reproduire, 
pensant qu'elles pourraient peut-être s'appliquer aussi à cette 
dernière Espèce. 

On ignorait encore, disions-nous, la véritable Zône d’habita- 
tion de ce Genre si curieux. Jusqu'à l’époque de la publication 
des Planches Enluminées de Temminck, on l'avait cru origi- 
naire du Brésil. Cet Ornithologiste émit alors une opinion con- 
traire à l'opinion régnante, sans pouvoir administrer d’autres 
preuves qu’une de ces raisons instinctives que donne seule la 
connaissance approfondie d’une Science, et qu'il exprimait ainsi : 

« On le suppose originaire du Brésil ; mais je doute que ce soit 
sa patrie, car les nombreuses excursions faites par les Naturalistes 
dans ce pays n’ont point encore fourni d’autres individus que celui 
déposé à Lisbonne, et le sujet rapporté par M. Geoffroy. Nous 
croyons que ces Oiseaux, envoyés du Brésil, ou plutôt de Rio- 
Janeiro, la ville capitale, y ont été apportés du Pérou et des côtes 
du Chili, car, sans doute, on eut retrouvé l’Espèce, si en effet 
elle était originaire de quelques provinces du Brésil, le pays du 
Globe, après l’Europe sans doute, le mieux exploité sous le 
rapport de ses productions dans les trois Règnes de la Nature. » 

Les recherches et les découvertes de M. de Castelnau sont 
venues donner en partie raison à Temminck, en démontrant qu'il 
était le plus près de la vérité. Car nos Voyageurs n’ont trouvé les 
nombreux exemplaires qu'ils ont rapportés de cet Oiseau, que dans 
-les régions voisines du Haut-Amazone et de ses affluents, qui con- 
finent, la plupart, au Pérou, et peu ou point dans le Brésil, 


(1) Oiseaux de l'Amérique du Sud (Expédon de Castelnau); et Rev. et 
Mag. de Zool. Mai 1859. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 307 


encore moins dans le Chili. Il faut donc désormais supprimer le 
Brésil des indications d’habitat du Céphaloptère. 

Voici ce qu’en dit M. de Castelnau, dans l’Historique de son 
Voyage de Matto-Grosso à la frontière de Bolivie, sur les bords du 
Rio Allegro : 

« Je désirais depuis longtemps me procurer un Oiseau de ces 
Régions, le curieux Céphaloptère, ressemblant à un Corbeau, mais 
dont les plumes de la tête sont disposées de manière à former un 
parasol naturel. On nous en avait souvent parlé à Valla-Maria, où 
il est connu sous le nom de Pavad-preto. Il se trouve vers le Rio 
Cabaçal et dans quelques autres affluents du Paraguay. À Matto- 
Grosso tout le monde le connaissait, et l’on m'avait dit que nous 
_ étions certains de le rencontrer sur le Rio Allegro. En effet, vers le 
soir, nous entendimes un très-fort cri, que nous comparâmes au 
mugissement d'un Bœuf, et l’Oiseau tant désiré passa rapidement 
le long de la rivière, mais se cacha dans l'épaisseur du bois avant 
que nos chasseurs pussent le tirer. Nous avons, depuis, retrouvé 
cette Espèce sur le Haut-Amazone, et nous avons su plus tard que 
les Indiens lui donnaient un nom significatif dans la langue 
Quichna : l’Oiseau-Taureau, Tauwro-pichco. Pendant mon séjour 
à la Paz, j'appris qu'il n’était pas rare dans les Yungas ou Vallées 
chaudes qui s'étendent à l'Est de l’Illimani. Enfin, nous en vimes 
des débris dans les ornements que portent les Sauvages de l’Ucayale. 
Je puis donc dire, avec certitude, qu’il habite toute la région brû- 
lante qui s'étend depuis le 60° de Longitude jusqu’au versant 
oriental de la Cordillère des Andes ; en Latitude, il paraît habiter 
entre le 20 et le 460 Sud (1). Il ne se rencontre guère que le soir. 
La femelle diffère du mâle par l’absence du curieux parasol qui 
orne la tête de celui-ci. » (2) 


(1) De Castelnau, Hist. du Voy. T. III. 
(2) Id. HA ADR Xe 


308 TROISIÈME PARTIE. 

C’est ainsi une page importante de plus, ou, plutôt, une pre- 
mière page à ajouter à l’histoire naturelle de cet Oiseau, dont on 
ne connaissait, jusqu’à ce jour (4856), que la description; c’est 
également un commencement de détails sur les mœurs du Cépha- 
loptère. 

Mais, une importance plus grande, et d’une toute autre 
valeur, s'attache au passage que nous venons de citer de M. de 
Castelnau. 

Lorsqu’en 4809, il y a juste un demi-siècle, Etienne Geoffroy- 
Saint-Hilaire , l’illustre rival, sinon le digne émule du non moins 
illustre Georges Cuvier, fit la description de l’exemplaire unique de 
cet Oiseau, découvert par lui sur les rayons poudreux du Musée 
de Lisbonne, et dont il fit le type du Genre alors nouveau; tout 
au rebours des simples curieux, qui ne sont frappés, à la vue du 
Céphaloptère, que de son singulier panache, l'attention du pro- 
fond Anatomiste, toujours préoccupé des causes finales, fut parti- 
culièrement attirée par les longues plumes du jabot, qui parais- 
saient, par leur ampleur et leur forme inaccoutumée, lui révéler 
un élément organique tout spécial, que son œil exercé semblait 
deviner. 

« N'ayant vu, dit-il, qu’un sujet empaillé, je ne saurais rien 
dire de la portion cutanée qui porte ces longues plumes; cepen- 
dant, il est assez vraisemblable que la saillie qu’elle forme est 
due à un repli de la trachée-artère; ee qui, si cette conjecture 
cest fondée, ramènerait ce long jabot à n’être qu’un goître, tel que 
celui de la Grue du Bengale. » (1) 

Le célèbre Zoologiste avait vu juste, selon nous ; car, d’après la 
force du cri de cet Oiseau, comparé par les Naturels du Haut- 
Amazone, comme par M. de Castelnau lui-même, au mugissement 
du Taureau, il est peu douteux que la trachée-artère ne doive 


(1) Annales du Muséum d'Hist. Nat. T. XII. 


A 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 309 
former un repli considérable, à l'endroit occupé par ces longues 
plumes pectorales, ou fanon, comme les appelaient Geoffroy Saint- 
Hilaire, et Lesson, d’après lui. De là le développement et la saillie 
extérieure de cette portion de la gorge et de l'estomac. Peut-être 
aussi cet appendice organique extérieur ne sert-il à l’Oiseau que 
de répercuteur, pour augmenter le volume et l'intensité de sa voix, 
sans qu’il soit besoin, à la rigueur, d’un repli de la trachée-artère 
sur elle-même. C’est ce que l’anatomie du Céphaloptère ne tardera 
sans doute pas à confirmer ; et le succès en est réservé, nous le 
désirons, à l’habile Anatomiste Eyton, dont l'intelligent scapel 
semble s'être exclusivement consacré à l’Ornithologie. 

Il n’a manqué à Geoffroy-Saint-Hilaire, dans cette circonstance, 
que de conclure, pour plus de précision, de ce développement 
présumé de la trachée-artère, ou de l'extension des muscles pec- 
toraux et de leurs attaches, à un plus grand volume de Ja voix, 
chez l’Oiseau dont nous nous occupons. Quoiqu'il en soit, et telle. 
qu'elle se présente, cette découverte, toute de prescience et de 
sentiment, due à la puissance d’induction dont était si éminem- 
ment doué le grand Zoologiste, a, pour nous, le même mérite 
que la découverte de la célèbre Planète du savant Directeur de 
l'Observatoire de Paris, et nous nous empressons de la signaler 
au digne fils de Geoffroy Saint-Hilaire, afin que, dans ses Cours 
de Zoologie, qui ont tant de succès et de retentissement, il ajoute, 
en le faisant valoir pour ce qu’il mérite, ce fait à tant d’autres 
qui ont fondé la gloire de son docte père. 

Maintenant, ce repli ou développement de la trachée-artère, 
une fois irréfutablement constaté, aura-t-il quelque influence sur la 
place assignée au Céphaloptère, dans la Série, par les différents 
Auteurs? Cest ce qu’il est difficile de dire quant à présent. Toute- 
fois, cette disposition trachéo-artérielle, si elle existe réellement, 
pourrait trouver son analogie exceptionnelle parmi les Passereaux, 
dans le Phonygamme de Kéraudren ; et il serait fort intéressant 


310 AS TROISIÈME PARTIE. 


alors, à part le caractère essentiellement musical, au dire de 
Lesson (l), de la voix de ce dernier, d'établir entre ces deux 
Genres d’Oiseaux d’origine si différente, et dont l’un semblerait, 
en Amérique, le représentant de l’autre à la Nouvelle-Guinée, une 
comparaison qui donnât sa solution à la question que nous venons 
de poser. 

Jusqu'à ce jour, en effet, tout a été mystère, et tout est resté à 
découvrir, où à apprendre, dans ce Genre si curieux du Cépha- 
loptère. Le mystère, on le voit, pourrait bien cependant com- 
mencer à se dévoiler, et, si nous ne nous trompons, ou si nous 
nous en rapportons à certains indices, peut-être le jour est-il prêt 
à se faire. 

Depuis 14850, d’abord, une nouvelle Espèce tout aussi remar- 
quable de Céphaloptère, que possède seule la magnifique Collection 
fondée à Philadelphie, par M. Wilson, ce Mécène de la Science, 
‘et que M. Gray a fait connaître sous le nom de Cephalopterus 
glabricollis, en en donnant la figure (?), est venue s’adjoindre à 
l’Espèce unique du C. ornatus. 

L’Auteur Anglais ne nous indique pas la taille de cet Oiseau, 
mais, en l’admettant semblable à celle du €. ornatus, nous 
sommes tenté, et nous ne pouvons nous empêcher de le regarder 
comme le mâle, adulte ou très-vieux, de ce dernier. Ce qui nous 
pousse à émettre cette idée repose sur les considérations que 
voici : 

La peau, dans cette Espèce nouvelle, éprouve, au devant du 
jabot ou de l’estomac, la même extension et le même développe- 
ment que chez le C. ornatus; seulement les plumes, à rachis si 
raide, qui ornent et garnissent cette région, ont disparu chez le 
C. glabricollis, pour laisser, sur un plus grand espace, la peau à 


(1) Zoologie de la CoQuILLE. 
(2) Procedings Zoolog. Soc. Illustr. P. 20 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 311 


découvert et nue, offrant une surface rugueuse au toucher, et rou- 
geâtre à la vue. Le prolongement cutané, qui sort du milieu de 
cette surface, existe également dans l’un comme dans l’autre ; 
mais, par suite de la disparition du système de ptilose qui la re- 
couvre, en le cachant chez le C. ornatus, il se présente, chez le 
C. glabricollis, avec la même apparence de nudité et la même 
coloration, n’ayant conservé à son extrémité qu’un appendice ou 
pinceau de plumes piliformes; car il ne faut pas oublier que le 
fanon emplumé du C. ornatus est également détaché et isolé de la 
peau de l'estomac, qu’il ne fait que masquer, sans y adhérer, à sa 
partie inférieure, par l'épanouissement progressif de ses plumes 
depuis le haut jusqu’au bas, et que, pour peu qu’on relève l’extré- 
mité de ce pédoncule membraneux, on aperçoit la nudité de la 
peau colorée de la même nuance rouge. En un mot, l’assimilation 
de l’une à l’autre Espèce pourrait se réduire a cette formule : dtez 
les plumes qui garnissent dans toute sa longueur le fanon du 
C. oRNarus, en n’en réservant que le bouquet apical, vous avez 
un C. GLABRICOLLIS. 

Et que l’on ne croie pas que ce soit à la légère, et par une sorte de 
manie de scepticisme ou de paradoxe scientifique, que nous nous 
livrions à ces considérations. Elles nous sont suggérées par une étude 
consciencieuse et approfondie de la Science Ornithologique, et nous 
en puisons les éléments dans les termes de comparaison les plus. 
naturels que nous fournit la Série de certains Genres d'Oiseaux. 

Chacun connaît le Col-nud de Buffon, type du Genre Gymnodère 
(Gymnoderus) d'Et. Geoffroy-Saint-Hilaire, cet Oiseau dont les 
deux côtés du cou sont dénués de plumes, la peau y apparaissant. 
nue et colorée d’une nuance rougeâtre? Cette nudité ne se re- 
marque complète que chez le mâle adulte, et n’est jamais plus 
accusée ni plus étendue qu’à l’époque des amours ou des noces. 
Dans les jeunes, comme dans les femelles, il n’y a pas trace de 
cette nudité, les côtés du cou étant, ainsi que les autres parties du 
corps, revêtus de leurs plumes, de même nature que celles du 


342 TROISIÈME PARTIE. 

reste du cou; mais elle est progessive, et augmente, à celte 
époque critique, avec l’âge; c’est une gradation des plus faibles et 
des plus intéressantes à suivre dans une nombreuse série d’indi- 
vidus de cette Espèce. 

Or, dans le Céphaloptère à ombelle (GC. ornatus), que voyons- 
nous? L’Oiseau, dès le premier âge, de même que la femelle, n’a 
qu’une huppe d’abord à peine naissante, ensuite à demi-formée, 
et qu'une légère apparence du fanon de l’adulte, lequel ne se fait 
remarquer que par une légère inturgescence médiane de la peau de 
l'estomac et par la saillie des plumes qui garnissent cette région ; 
toute la peau du jabot et de l'estomac est couverte de ses plumes, 
comme sont les parties latérales du cou, chez le Col-nud, au 
même âge. Tandis qu'arrivé à un âge plus avancé, outre que le 
fanon a tout son développement, quoique encore couvert de toutes 
ses plumes, l’estomac, lui, a déjà perdu la presque totalité des 
siennes, dont l’absence n’est dissimulée que par l'épanouissement 
graduel de celle du fanon. Il est conséquemment permis de suppo- 
ser qu’arrivé à un degré de plus de son âge et de son développement, 
l’Oiseau voit tomber les plumes de son fanon; ce qui doit alors lui 
donner toute l’apparence qu'offre le C. glabricollis de M. Gray. 

Nous en concluons donc, jusqu’à preuve contraire, ou nous 
serions bien trompé, que le C. glabricollis n’est autre chose 
que le C. ornatus, arrivé à son état le plus parfait et orné de 
sa parure de noces, temps auquel nous ne doutons pas que la 
peau dénudée de l'estomac ne prenne plus d'extension, en 
même temps qu’une couleur plus vive. 

Dira-t-on que s’il en devait être ainsi, il serait bien étrange 
que, depuis près d’un demi-siècle que cet Oiseau est connu, on 
n’ait pas encore découvert plus tôt d'individus dans l'état du 
C. glabricollis? Il n’y aurait rien de plus étrange que l’igno- 
rance absolue dans laquelle on est resté, durant le même temps, 
du véritable lieu de provenance et d'habitat du Céphaloptère. 

Nous avouons cependant qu’une seule objection sérieuse 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 313 


pourrait être faite à cette hypothèse, que nous ne donnons, 
malgré notre apparente affirmation, que pour ce qu’elle est et 
pour ce qu'elle vaut. Et ici, nous éprouvons le besoin de rendre 
plus clair en le complétant ce qué nous en avons dit, et dans la 
Partie Ornithologiqne du Voyage de M. de Castelnau, et dans le 
dernier numéro de la Revue Zoologique. 

C'est, d’une part, la distance assez grande du lieu où a été 
découvert le Glabricollis (à la Véragua, au nord-est de l’Isthme 
de Panama) et celui que fréquente l’'Ornatus. 

À cela nous répondrions que s’il ne s’agit que d’une question 
de distance, ce serait sept degrés de latitude au-delà de l’Équa- 
teur qu’il faudrait ajouter à l'habitat de l’Ornatus, auquel nous 
assignons, pour limite extrême, la ligne même de l'Équateur, et 
qui, à lui seul, fréquente l'énorme étendue de seize degrés en-decà 
de l'Équateur. L'hypothèse de l'assimilation des deux Espèces, 
sous ce rapport, ne serait donc ni trop forcée ni trop exagérée. 

C'est, d'autre part, la position occupée par l’une et l’autre 
Espèce chacune sur un versant différent des Andes : l'Ornatus 
fréquentant les Vallées-Chaudes, ou Yungas, sur le versant 
Oriental, et le Glabricollis, au contraire, les T'erres-Chaudes, 
ou Terra calliente, sur le versant Occidental. 

Mais d’abord il y a parité de température entre ces deux sortes 
de Régions, ce qui permet certes de les assimiler les unes aux 
autres sans hérésie. ù 

Ensuite nous savons bien qu’une des Lois de distribution 
géographique, reçues en Ornithologie, n’admet pas, dans tout 
le parcours des Cordillières, de migration d’Espèces d’un versant 
à l’autre, et cette règle existe presque invariablement pour toute 
la partie de cette chaîne qui traverse le Chili dans sa longueur. 
Mais, à l’Isthme de Panama, outre que cette chaîne s’aplanit et 
s’efface singulièrement, elle y est coupée par tant de larges 
vallées que la migration d’un versant à l’autre ne nous paraît pas 
d’une impossibilité absolue. 


314 TROISIÈME PARTIE. 

Pour ce qui est de l’Espèce annoncée tout récemment et figurée 
dans l’{bis de M. Sclater sous le nom de C. Penduliger (1), le 
dessous Blanc de son aile et ses dimensions toutes différentes 
nous empêchent seuls, et non sa localité de provenance, de la 
soumettre aux mêmes raisonnements hypothétiques que le 
Glabricollis, quoique, à part ces caractères différentiels , les 
objections et la réponse à y faire pussent être les mêmes. : 

2e SECTION. — Dentirostres percheurs à bec comprimé 
(Dentirostri compressirostri). 


"Trois Tribus : Tanagridæ, Oriolide, Laniidæ. 


VINGT-TROISIEME TRIBU. 
TANAGRIDÉS — T'anagrideæ. 


Les Euphoniinæ, formant la première Famille de cette Tribu, 
ont un caractère d’affinité Oologique avec les Musicapidæ et les 
Tyrannidæ des plus remarquables. 

CABACTÈRES OOLOGIQUES : 

Forme — Ovée très-prononcée. 

Coquille — mince, d'un grain assez fin, très-peu luisant et 
Blanc dans sa composition. 

Couleur — d’un fond Blanc-Jaunâtre, légèrement Rosé, avec 
des points Rouge-Brique et Rouge-Sang très-rares sur la surface 
de l’OEuf et réunis généralement en forme de couronne autour 
du gros bout. 

Nous observerons toutefois que ce caractère n’est exclusive- 
ment particulier qu’au Genre Euphonia proprement dit, et que 
les matériaux sont trop rares et trop peu précis pour nous 
permettre de rien prononcer ou même proposer au sujet des 
autres Genres de cette Famille. 

La même observation s'applique à la seconde Famille de 
cette Tribu, les Tanagrinæ, dont un seul Genre, Saltator, 
s'offre avec un ensemble de caractères, remarquable d’abord, 


(1) The Ibis : Magaz. of gen. Ornith. Jiun. 4859. PL. 2. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 315 


et suffisant pour autoriser à en asseoir le diagnose ou la 
formule. 


CABACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — plus Ovalaire qu'Ovée, ou Ovée assez renflée et 
peu acuminée. 

Coquille — d’un grain fin, mince, très-uni, Blanc intérieu- 
rement et un peu luisant. 

Couleur — à fond d’un beau Vert-Bleuâtre , à raies sinueuses, 
fines, d’un Noir franc, entourant en général le gros bout en 
forme de zône; parfois marqué de points ronds de même 
couleur. 

Ces OEufs sont fort jolis d'aspect, et rappellent un peu ceux 
des Emberizinæ, et ceux des Quiscalinæ, que nous décrirons 
bientôt ; mais ils s’en distinguent éminemment par la circons- 
cription des veines au gros bout , qu’elles contournent gracieuse- 
ment, au lieu de se trouver comme chez ceux-ci, confusément 
répandues sur tout le corps de l’OBuf. 

Ces caractères paraissent exclusivement propres aux deux 
Genres Saltator et Arremon, du moins d’après les sept à huit 
Espèces dont on connaisse l’'OEuf; on pourrait cependant y 
joindre le Genre Pyrrota. / 


VINGT-QUATRIEME TRIBU. 
ORIOLIIDÉS OU LORIOTS — Orioliide. 


Cette Tribu , qui ne se compose que d’une Famille, nous laisse 
dans la même incertitude , au sujet de son classement, tant sous 
le rapport Oologique que sous le rapport purement Zoologique : 
car on ne connaît l'OEuf que du Genre type de cette Famille, 
le Genre Oriolus, le seul dont nous puissions donner les 
caractères. 


316 TROISIÈME PARTIE. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — purement Ovée. 

Coguille — d’un grain fin, mince, d’un Blanc pur et très-lustré. 

Couleur. — Celle du grain de la Coquille d’un Blanc pur, 
tacheté de quelques points rares d'un Noir-Brunâtre, irréguliè- 
rement répartis. 

Ce que cet Ouf offre de plus remarquable, et l'exemple en est 
peut-être unique dans la Série, c’est que les quelques taches 
d’un Noir-Brun qui en décorent la Coquille ne font pas corps 
avec le gluten animal qui en forme le vernis, et n’y sont que 
superposées : il en résulte qu'elles offrent très-peu de résistance 
au frottement humide et s’effacent avec une grande facilité sous 
l'influence de l’eau, et que d’un OEuf de Loriot, on peut ainsi 
faire un OEuf de Pic. 

Quoique sur seize Espèces, des diverses contrées du Monde, 
moins l'Australie, dont se compose ce Genre, on ne connaisse 
l'OEuf que de trois ou quatre, nous n’hésitons pas à proclamer 
qu'il doit être le même pour toutes les Espèces. 


VINGT-CINQUIÈME TRIBU. 


LANHIDÉS — Laniidés. 


Nous avons composé cette Tribu de trois Familles : 
Campéphaginés ou Echenilleurs, Campephaginæ ; 
Laniinés ou Pies-Grièches, Laniine ; 

Et Cracticinés ou Cassicans , Cracticine. 

Nous n'avons rien à dire des Campephaginæ , dont on ne 

connaît encore aucune Espèce. 

Il en est tout autrement de la seconde Famille, celle des 

Laniinæ, qui est une des plus intéressantes, pour la prédomi- 
nance et la persistance des Caractères qui la distinguent. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 317 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — le plus généralement Ovée, quelque peu obtuse 
(vrais Lanüi) ; parfois très-allongée (Laniarii). 

Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement, uni 
et légèrement luisant. 

Couleur — d’un fond variant du Blanc au Blanc-Brunâtre ou 
Verdâtre, parfois Rosé, et dans tous les cas recouvert de taches 
ou mouchetures, presque toujours réunies en forme de cou- 
ronne au gros bout; variant du Brun au Brun-Olivâtre ou au 
Brun-Rougeâtre. 

Ces caractères , pourtant , ainsi qu’on vient de le voir, surtout 
quant à la forme, ne s’appliquent pas généralement à tous les 
Genres qui composent la Famille. Ce dernier caractère est effec- 
tivement très-différent chez les Laniarii de ce qu’il est chez les 
vrais Lani. Nous insistons sur cette différence, qui est fort 
remarquable, parce que d’abord il n’a encore été figuré aucun 
OEuf de Laniarius, ensuite parce qu’elle peut donner une idée 
de plus de l'harmonie qui existe entre les caractères Oologiques 
et les coupes Zoologiques, qui n’ont eu d’autres éléments pour 
s'établir que les caractères organiques extérieurs, et ce ne sera 
pas , Dieu merci! le dernier exemple que nous aurons à citer. 

La différence que nous sisnalons, est, sous ce rapport une 
exception notable, de plus, entre le petit nombre sur lequel il se 
fonde que M. Hardy peut invoquer en faveur de son Système ; 
d’après lequel la station plus ou moins verticale de l’Oiseau selon 
ses habitudes, devrait influer sur la Forme de son OEuf. Nous 
la lui signalons avec d’autant plus de plaisir, que cela lui prou- 
vera, à lui, comme à tous les Naturalistes dont nous avons eu à 
discuter les diverses opinions, que nous n’avons aucun parti 
pris, en écrivant, et que nous n'avons d'autre souci, en cher- 
chant la lumière pour nous-même, que d’en faire profiter tout 
le monde. 


318 TROISIÈME PARTIE. 


Cette différence de Forme, pourrait en effet dépendre d’une 
différence d'habitude. 

Que dit Levaillant qui, le premier, a observé si souvent et si 
minutieusement les Oiseaux dont on a fait le Genre Laniarius, 
à commencer par son Gonolek, nom barbare Français, qu’on 
pourrait appliquer à cette dénomination Latine ? 

Voici comment il exposait les caractères et les habitudes des 
Espèces de ce Genre qui rentrent dans sa seconde division des 
Pies-Grièches. 

« Les Pies-Grièches de la seconde section se distinguent de 
celles de la première, bien plus encore par leurs habitudes et 
leur port que par leurs formes; cependant on remarque dans 
les divers traits de leur conformation extérieure plusieurs carac- 
tères très-différents qu’il est facile de saisir au premier coup- 
d'œil. Elles ont le bec plus allongé et moins courbé; les tarses 
sont également plus longs , et leurs ailes moins amples et plus 
courtes ; les premières grandes pennes s'étendant moins en 
pointe, rendant enfin l'aile plus arrondie par le bout; aussi 
volent-elles généralement moins bien. Ces caractères de la 
coupe de l’aile influant beaucoup sur la manière de voler des 
Oiseaux, ceux-ci ne se rencontrent que très-rarement sur le 
sommet des arbres , où, ainsi qu’on le verra plus tard, les Pies- 
Grièches de la première section se perchent toujours de préfé- 
rence ; il est même des Espèces, dans cette seconde division, que 
la nature exclut entièrement de dessus les arbres élevés : elles 
cherchent leur nourriture parmi les buissons bas et touffus, 
dans le centre desquels elles se cachent soigneusement, 
et vivent principalement de Chenilles, de Vers et de toute 
sorte d’Insectes. La faiblesse de leurs ailes leur interdit toute 
espèce de chasse au vol; aussi, quand il leur arrive de se 
saisir de quelques Oiseaux, ce ne sont que des jeunes ou des 
individus blessés ou affaiblis par quelque accident. Enfin, jusque 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 349 


dans leur port et leurs attitudes, on remarque de la différence 
entre ces Pies-Grièches et celles de la première division, qui, 
se rapprochant par leurs mœurs des Oiseaux de proie, en ont 
pris l'attitude droite et presque perpendiculaire quand elles 
sont perchées , et comme eux habitent constamment les mêmes 
cantons, où elles se montrent à découvert pendant des heures 
entières, posées sur les mêmes branches, et où l’on est encore 
certain de les retrouver chaque jour; tandis que les Pies-Grièches 
de la seconde division se montrent très-rarement : toujours 
cachées dans les buissons touffus, on ignorerait leur présence si 
elles ne se trahissaient par leur ramage qui sans cesse les décèle. 
Étant toujours en mouvement et ne se tenant jamais tranquilles 
à la même place pour guetter leur proie, leur attitude est plus 
inclinée, pendant qu’elle doit nécessairement être droite et plus 
perpendiculaire chez les Oiseaux qui ont l'habitude de se tenir 
_perchés longtemps sans bouger, et cela par rapport à l’aplemb 
qu'ils sont obligés de prendre pour ne pas fatiguer leurs pieds 
par le poids du corps, qui, dans tous les Oiseaux, est bien plus 
considérable du côté de la poitrine que de celui du ventre. Enfin, 
les Pies-Grièches de la première section se mettent en embus- 
cade sur le haut des arbres, d’où elles guettent leur proie et se 
jettent sur tout ce qui passe à leur portée; tandis que celles-ci 
sont continuellement en recherche et fouillent três-soigneusement 
ious les buissons d’un immense terrain, qu’elles parcourent 
régulièrement sans se fixer à une place choisie, et pas même 
dans un canton exclusif, à moins que ce ne soit au moment de 
la ponte et de l’incubation, temps où généralement tous les 
Oiseaux se choisissent un lieu commode dont ils ne s’éloignent 
pas beaucoup et où du moins ils reviennent plusieurs fois par 
jour. » (1) 


(1) Hist. Natur. des Ois. d'Afrique. 


320 TROISIÈME PARTIE. 


On peut donc dire, à la rigueur, que les habitudes de station 
horizontale des Laniarii, à la recherche de leur nourriture sur 
le sol, contribuent, dans une certaine mesure, à l'allongement 
de la Forme de leur OEuf, dont nous possédons plusieurs 
Espèces en de nombreuses variétés, provenant toutes des frères 
Verreaux; quelle que soit au surplus la cause de cette déviation 
régulière et constante pour toutes les Espèces appartenant vrai- 
ment à ce Genre, on voit qu'elle suffit amplement à le caracté- 
riser entre tous les autres Lanüdæ, et que les espèces que la 
Méthode y a introduites, dont l’OEuf ne revétirait pas cette 
Forme, devront être examinées avec soin sous tous les autres 
rapports pour aviser à les en retirer. 

Mais le Bacbakiri n’est pas un Laniarius, c'est un vrai 
Lanius ; il en est tout autrement des Genres Dryoscopus et 
Nilaus qui devraient être rapprochés du Genre Laniarius, avec 
l’OEuf duquel ils ont Le plus grand rapport. 

Pour ce qui est de la troisième Famille de cette Tribu, les 
Cracticinæ, nous dirons que l’examen de l’OEuf des Genres 
Vanga et Graucalus, que nous avions compris jadis dans nos 
Campephaginæ, nous engage à les en retirer, pour les réunir 
aux Cracticinæ, dont l’OEuf, sauf ses dimensions propor- 
tionnées à celles des Oiseaux de cette Famille, est un véritable 
OEuf de Pies-Grièches. 

Il n’en serait pas de même rigoureusement du Genre Barita, 
placé à la fin des Cracticinæ : V'OEuf des Oiseaux de ce Genre, 
vu ses Caractères rapprochés, sauf la Coloration, de celui des 
Corvidæ, permettrait, sans inconvénient et sans exagération, 
de les placer dans cette Famille, que nous avons rangée à la 
suite des Laniidæ. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 324 


Quatrième Division. 


Déodactyles Conirostres. 


VINGT-SIXIÈME TRIBU. 


coRvipés — Corvidæ. 


Nous touchons à une Tribu considérable, bien remarquable 
encore par l’harmonie et l’ensemble de ses Caractères Oolo- 
giques; car les OEufs des divers Familles, Genres ou Espèces 
une fois confondus et réunis ensemble, il serait presque tou- 
jours bien difficile, sinon impossible , de les rendre à leur véri- 
table spécification. Ce n’est pas que quelques coupes, à l’aide 
d'une grande habitude et d’une étude soutenue, ne parviennent 
à se dessiner à Ja vue. 

Nous ne dirons rien des deux premières Familles, les Tem- 
nurinæ et les Péilonorhynchinæ, dont nous ne connaissons 
aucun OEuf. 

Mais c’est ainsi que se distingue le Groupe des_troisième et 
quatrième Familles, celui des Geais (Garrulinæ){ et celui des 
Corbeaux, ou Corvinæ : les premiers, par le grivelé Brunätre ou 
Verdâtre qui revêt, presque uniformément, leur Coquille; les se- 


conds, par un système de maculature beaucoup plus accusé, plus - 


large et plus espacé, sur un fond Verdâtre ou Bleuâtre. 

C'est encore ainsi que se distingue le Groupe des Pyrrhocorax, 
dont le Prince Ch. Bonaparte a eu éminemment raison de faire 
une Famille sous le nom de Fregilinæ. Car leurs OEufs ne sau- 
raient être confondus avec ceux des Corbeaux, le fond de l’OEuf 
étant beaucoup plus Blanc, et les taches d’un Noïr-Brun, et non 
d’un Brun-Verdâtre, beaucoup plus rares et réduites à quelques 
larges points ou mouchetures. Dans ce Groupe l'OEuf du Corcorax 


melanorhynchus est venu donner raison, à cet égard, à Vigors, 
22 


322 TROISIÈME PARTIE. 


qui en faisait un Fregilus. Car à part la Couleur Noire du bee, 
c’est un vrai Pyrrhocorax. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, plus allongée chez les Corvinæ. 

Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement, légè- 
rement luisant. 

Couleur — d’un fond Blanc sale, grivelé d’un cendré plus ou 
moins Brunâtre ou Olivâtre (Garrulinæ); ou d’un fond Vert- 
Bleuâtre, recouvert de larges taches, sous forme de mouchetures 
ou d’éclaboussures, ou Noirâtres, ou Brunâtres, ou Verdâtres” 
(Corvinæ). 

Dans cette Tribu, surtout dans la Famille des Corvinæ, ou vrais 
Corbeaux, se présente une exception extraordinaire, qui a tou- 
jours dérouté nos idées et nos principes en Oologie : elle concerne 
l'OEuf du Corbeau Levaillant (Lesson), Corvus Capensis (Lichtens- 
tein). Cet OEuf, tout en conservant la Forme Ovée allongée, 
propre à ses congénères, est muni d’une Coquille à fond Blanc- 
Jaunâtre ou Ocracé, recouvert et moucheté de nombreuses taches 
Brun-Rougeâtre , ou couleur de Sienne, n’offrant d’analogie, ou 
quelque rapport éloigné, qu'avec celui du Genre Flüteur (Barita). 

Ce rapprochement seul nous déciderait, comme nous l'avons 
déjà dit, à transporter le Genre Barita, de la fin des Cracticinæ, 
où nous l’avions mis, à la tête, ou très-rapproché des Corvinæ, 
en commençant ceux-ci par le Corvus Capensis. 

Quoiqu’on puisse dire de cette idée, que nous n’émettons qu’en 
passant, la différence disparate des caractères de cet OEuf, d'avec 
ceux de tous les Corvinæ, sans exception, est telle que lorsque 
nous le reçûmes, le premier, et pour la première fois, en 1834, de 
Jules et Edouard Verreaux , qui le rapportaient du Cap de Bonne- 
Espérance , avec une nombreuse et riche Collection Oologique 


« 


et Zoologique, nous crûmes à une erreur de leur part, malgré 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 323 


toutes leurs affirmations; il n’a fallu rien moins, pour ébranler 
nos doutes , que les assurances semblables de l'honorable et savant 
Docteur Smith qui nous en fit voir de pareils, attribués à la même 
Espèce, et rapportés également par lui de ses Voyages en Afrique. 

Nous ne pouvons, encore aujourd'hui, nous expliquer une pa- 
reille anomalie que par des modifications notables dans les habi- 
tudes ou la manière de vivre de cet Oiseau : car, jusqu’à ce mo- 
ment, on n’a découvert aucun OBuf de la Famille qui s’y rapporte 
de près ou de loin. / 


ds VINGT-SEPTIÈME TRIBU. 


STURNIDÉS — Séurnidæ. 


Nous n’avons rien à dire de la première Famille de cette Tribu, 
celle des Graculinæ ou Maïnates. Un seul Ouf de cette Famille 
est connu, celui du Gracula religiosa, de. Forme Ovée un peu 
accuminée, d’un Blanc fauve maculé de quelques grivelures d’un 
Fauve plus foncé : d’après Thienemann. 

Nous en dirons encore moins de la seconde Famille, celle des 
Buphagineæ, ou Pique-Bœufs, dont on ne connaît aucun produit 
Ovarien. 

Quoique l’on soit plus avancé pour la troisième Famille, celle 
des Lamprotornithinæ, elle se présente avec quelques signes assez 
disparates pour nous empêcher de la caractériser. Ainsi l’'OEuf du 
Juida ænea est d’un Blanc uni et de Forme Ovalaire ; celui du 
Lamprotornis auratus, de Forme Ovée et d’un Vert-Bleuâtre 
uni et sans tache, et celui des Spreo bicolor et morio du même 
Vert-Bleuâtre, mais avec quelques points Noirs comme nos Grives, 
parfois sans aucune tache. 

Il en est autrement de la Famille deS Séurninæ, qui est la qua- 
trième et la dernière, et se présente avec une imposante fixité des 
caractères. 


324 TROISIÈME PARTIE. 


CABACTERES OOLOGIQUES. 


Forme — purement Ovée. 

Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement, uni et un 
peu luisant. 

Couleur — d’un Vert-Bleuâtre, plus ou moins clair, uniforme 
et sans aucune tache. 

C’est ce que prouvent les OEufs connus des Genres Heterornis, 
Acridotheres, Sturnopastor et Sturnus. Il en est ainsi de l’OEuf 
de l’Heterornis malabaricus, des Acridotheres tristis et crista- 
tella, des Sturnopastor jalla et contra, et des Sturnus vulgaris 
et wnicolor. Ce qui semblerait démontrer, dans une certaine me- 
sure, l’inutilité de la distinction Générique établie pour cette 
Famille, dont l'OEuf n’accuse, à vrai dire, qu’un seul Genre. 


VINGT-HUITIÈME TRIBU. 


ICTÉRIDÉS — Îcteridæ. 


Dans l’ordre de la Série, les Icteridæ sont les premiers Oiseaux 
dont l’OEuf présente un système de maculature tout particulier, et 
que nous rencontrons ici pour la première fois, comme ensemble, 
à part les Genres Brachypteryx et Pomathorinus : celui de pro- 
céder par veines et marbrures, au lieu de mouchetures ou de 
points. C'est en effet ce qui distingue la plus grande partie des 
Genres de cette Tribu, que nous avions divisée en six Familles : 
Quiscalinæ, Molothrinæ, Sturnellinæ, Agelainæ, Icterinæ et 
Cassicinæ, réduites depuis, par le Prince Ch. Bonaparte, à deux : 
Quiscalinæ et Icterineæ. 

Sous ce rapport, les OEufs de Quiscales sont, parmi les Passe- 
reaux , les plus séduisants à l’œil et les plus beaux que nous ayons 
eu occasion d'étudier. Il serait intéressant de les connaître tous : 
sur une vingtaine d’Espèces connues, il y en a les deux tiers, soit 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 325 


douze ou treize, qui appartiennent à cette Catégorie, les autres 
procédant, comme la plus grande généralité des OEufs d’Oiseaux , 
par mouchetures. Nous ne doutons pas que la découverte de la 
plupart des OEufs d’Ictéridés n’aide beaucoup à en élucider et fa- 
ciliter le classement méthodique. 

Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, nous trouvons, dans 
plusieurs Espèces des vrais Icteri, le même Caractère Oologique , 
relativement aux autres Genres congénères, que nous avons 
signalé tout-à-l’heure chez les Laniarü, relativement aux autres 
Groupes de Laniideæ : l'OEuf de l’Zcterus gularis est en effet d’une 
Forme Ovée très-allongée, le petit diamètre étant à peine du tiers 
de la longueur du grand; un nouvel exemplaire de cette Espèce, 

“qui vient de nous être gracieusement adressé par M. de Saussure, 
nom cher à la Science , qui l’a rapporté de son dernier Voyage au 

* Mexique , est confirmatif de ce Caractère. La Forme obtuse ou 
Ovalaire appartient plus particulièrement aux Espèces des Genres 
Chrysomus et Pendulinus. Tous indices qui tendent à démontrer 
que la connaissance exacte et complète des OEufs de cette Tribu ne 
peut manquer, à une époque plus ou moins rapprochée, d’en 
amener l'entière refonte. 


CARACTÈBES OOLOGIQUES, 


Forme — Ovée , un peu allongée (Quiscalinæ) , ou oblongue et 
assez obtuse (Genres CArysomus ei Pendulinus), ou Ovée très- 
allongée (vrais Zcteri). 

Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement, et assez 
luisant. 

Couleur — À fond Vert-Olivâtre ou Bleuâtre, et dans ce cas 
gracieusement marbré de veines Noirâtres ou Rougeâtres, dont les 
bords déteignent sur la teinte du fond (Quiscalinæ) , ou à fond 
d’un Blanc plus ou moins pur, avec de nombreuses taches ou 
Rouge-Sang, ou d’un Brun-Noirâtre (/cterinæ). 


326 TROISIÈME PARTIE. 

Les deux divisions que nous venons d'établir, dans la Diagnose 
Oologique qui précède, sont indiquées par nous, moins en vue 
d’un système méthodique que pour faire mieux comprendre les 
deux grandes coupes qui se remarquent dans les OEufs de la Tribu. 
Car, dans la première de ces divisions, purement nominales, se 
rangent des OEufs qui appartiennent aux Genres Quiscalus, Psa- 
racolius, Cassicus, Trupialus, Agelaïus, Yphantes, Pendulinus 
Xanthornus; et dans la seconde des OEufs appartenant à quelques- 
uns des mêmes Genres, tels que Psaracolius, Cassicus et Agelaïus; 
mais principalement aux Genres spéciaux suivants : Séurnella, 
Chrysomus et Molothrus. 

Qui se trompe, ou de ceux qui ont trouvé et spécifié les OEufs, 
ou de ceux qui ont procédé au classement méthodique? C’est ce 
que de nouveaux progrès en Oologie ne manqueront pas de nous 
apprendre. 


VINGT-NEUVIÈME TRIBU. 


PLOCÉIDÉS — Ploceidæ. 


Le travail, si intéressant, que M. Moquin-Tandon continue de 
publier sur les Nids des Oiseaux, nous présentant sinon une 
erreur, au moins une lacune ou omission importante au sujet de 
notre Moineau domestique, Passer domesticus, nous nous croyons 
dans la nécessité, en nous occupant des Plocéidés, de rappeler ici 
que cet Oiseau n’est pas plus à sa place aujourd’hui dans le Cons- 
pectus du Prince Ch. Bonaparte qu'il n’y était avant, et cela 
malgré les observations publiées dès 4850 (1) par M. le Baron de 
La Fresnaye et ce que nous y avons pu ajouter nous-même en les 
confirmant , en 4852 (2). 

Le Moineau est en effet un véritable Oiseau Tisserand, devant 


(1) Rev. et Magas. de Zool. 1850. 
(2) Encycl. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. N, p. 216 et suiv. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 327 


par conséquent figurer dans les Ploceidæ, et non dans les Frin- 
gillidæ. C’est l'habitude de l’observer à son état de domesticité 
(car on ne peut guère qualifier autrement sa manière de vivre à 
nos dépens et dans nos habitations), et non abandonné à lui-même 
et loin des trop grands centres de populations, qui l’a fait assi- 
miler, ainsi que procède encore M. Moquin-Tandon, pour ses 
mœurs comme pour son mode de nidification, à tous les autres 
Fringilles que nous avons sous les yeux en Europe. 

Cette proposition, qui parut dans toute sa nouveauté en 4850, 
et est passée, comme tant de bonnes choses du même Ornitholo- 
giste, inaperçue faute d’un écho à l’Institut, n’est pourtant que de 
la plus stricte vérité. 

É] Voici, pour éviter les recherches aux Naturalistes trop occupés 
ou quelque peu paresseux, en quels termes l’implantait dans la 
© Science et la proclamait M. de La Fresnaye : 

« Les Moineaux nous ont toujours paru, d’après le genre de 
Nidification, devoir être rapprochés des Tisserins et faire partie 
de la Sous-Famille Ploceinæ. Ce qu'il y a effectivement de remar- 
quable dans la nidification des Tisserins, C’est que leur nid, au 
lieu d’avoir, comme chez les autres Fringillidés, la forme d’une 
coupe ou demi-sphère concave en dessus, présente au contraire 
celle d’un sphéroïde plus ou moins allongé, concave intérieurement, 
avec l’entrée latérale ou même en dessous ; c’est que les matériaux 
employés à ces nids sont toujours d’une seule et même espèce sur 
chaque nid , quelles que soient les différentes Espèces de Tisserins : 
c'est-à-dire des tiges de Graminées sèches, ou, dans quelques cas, 
des fibres de grandes feuilles entrelacées et comme tissées 
ensemble; c’est que, contre l'usage de presque tous les autres 
Fringillidés, qui isolent leurs nids de ceux de leurs semblables, 
les Tisserins, au contraire, les construisent en grand nombre sur 
le même arbre, les y rapprochent plus ou moins les uns des autres, 
ou même se réunissent en société nombreuse pour en composer 


328 TROISIÈME PARTIE. 


un énorme, où chaque couple à toutefois son entrée et sa demeure 
particulières, comme chez l’Espèce appelée le Républicain. Eh 
bien! en France, nos Moineaux sont les seules Espèces de la 
nombreuse Famille des Fringillidés qui, comme les Tisserins , 
composent des nids de forme sphéroïdale avec l'entrée latérale, 
qui les construisent avec des Graminces sèches, c'est-à-dire de 
Foin et de Paille, et qui les rapprochent ou méme les accollent 
plusieurs ensemble, soit entre les jalousies fermées d'une fenétre, 
soit autour du tronc feuillu d'un gros Arbre. Ge travail de notre 
Moineau est, à la vérité, beaucoup plus grossier ; mais il emploie 
toujours les mêmes matériaux que les Tisserins, des Herbes sèches, 
comme le font les Tisserins d'Afrique et ceux de l'Inde, et il n'y a 
peut-être pas plus de différence dans son travail et celui du 
Tisserin à front d’or qu'entre le nid de ce dernier et celui du 
Toucnam-Courvi, qui est tissé comme un canevas. Toutes nos 
autres Espèces de Fringillidés, telles que Pinsons, Bruants, Gros- 
Becs, Bouvreuils, Verdiers, Chardonnerets et Linottes, font tous, 
sans exception aucune, de petits nids en forme de coupe, décou- 
verts en dessus et composés en. général de diverses espèces de 
matériaux mélangés. Si ensuite on compare nos deux Espèces de 
Moïneaux avec certaines Espèces de Tisserins à plumage sombre, 
telles que le Plocepasser de Smith, ou Leucophrys pileatus de 
Swainson, avec le Ploceus superciliosus de Rüppell, avec le 
Tisserin Républicain (Loæxia socia de Latham), avec le Ploceus 
flavicollis de Sikes, de l’Inde, on trouve entre eux tant de rapports 
de coloration que, si on ne savait que ces derniers sont Tisserins 
par leur nidification, on serait disposé au premier abord à les 
ranger parmi les Moineaux. Ces rapports de plumage se retrouvent 
même chez les Espèces à couleurs vives, jaunes ou rouges, ‘dont . 
les ailes et la queue sont néanmoins semblables à celles de nos 
Moineaux, et dont les femelles, ou même les mâles en plumage 
d'hiver, ont une livrée sombre, analogue à celle de nos Moineaux. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 329 


Quant aux formes, elles offrent les plus grands rapports, dans les 
pattes surtout et dans le bec. Pour s’en convaincre, il suffit de les 
comparer avec le Worabée, le Dioch, l'Oryx et le Foudi, et tant 
d’autres en plumage d'hiver. 

| LEE Il résulte en définitive des observations du Docteur 
Smith. et de l'application que nous croyons pouvoir en faire, 
que ces Plocepasser Mahali et superciliosus de Rüppel forment le 
chaînon des Tisserins aux Moineaux, et que nos Moineaux , d’après 
leurs gros nids sphériques, à entrée latérale souvent en forme 
de canal prolongé, et composé de Graminées sèches, réunis 
souvent plusieurs ensemble sur la même téte de Sapin ou derrière 
la méme persienne, d'après même la couleur de leur plumage, 
analogue à celui de certains Tisserins, la forme de leurs pattes et 
de leur bec, ainsi que sa couleur, doivent, selon nous, faire partie 
de la Sous-Famille Ploceinæ, et suivre immédiatement le Genre 
Plocepasser du Docteur Smith, renfermant des Espèces de tran- 
sition du Genre Ploceus à celui Pyrgita, Cuvier, Passer des 
Auteurs. » 

Il est évident que la description donnée par M. Moquin-Tandon 
du nid de Moineau n’est pas absolument exacte et que les observa- 
tions qu’il en a faites sont incomplètes : car, de tout temps et aux 
yeux de tout observateur, d’une part, ce nid a toujours été de 
forme globulaire, à entrée latérale ; d’autre part, et, lorsque les 
lieux le permettent, on sait que ies Moineaux prennent plaisir à 
grouper et à réunir leurs nids les uns auprès des autres. C'est à ce 
point que nous avons trouvé jusqu’à trois de ces nids cardés, pour 
ainsi dire, ensemble, sur l’enfourchure d’une forte poussée de 
branches, au long du tronc d’un vieux Peuplier ; une autre fois 
nous avons compté jusqu'à sept de ces nids sur le même arbre ; 
enfin nous avons constaté la même pratique et les mêmes habi- 
tudes pour le Passer montanus ou Friquet, dont nous avons 
vérifié l’existence de’ six nids, également sur un Peuplier; nous 


330 TROISIÈME PARTIE. 


observerons même que plus d’une vingtaine de pieds de ces Peu- 
pliers formant avenue, étaient surchargés des nids de ces Oiseaux 
qui y avaient formé comme une colonie. 

C'est, en effet, rendu à sa pleine et entière liberté, à l'écart des 
grands centres d'habitations, nous le répétons, qu'il faut étudier 
le Moineau, pour se bien rendre compte de ses mœurs : réduit à 
vivre aux dépens de vastes terres ensemencées ou d'énormes 
meules de Blé, près de quelques métairies isolées, force lui est 
bien de reprendre ses habitudes primitives ; et c’est alors que les 
arbres redeviennent pour lui le fondement le plus sûr et la grande 
ressource de son habitation; et qu'il y établit, par colonie nom- 
breuse, et sa famille et ses nids. 

La distinction même, faite par Buffon (1), et que nous avons 
reproduite , il y a déjà longtemps (?), entre les nids des Moineaux, 
dont les uns, pratiqués dans des trous ou dans des lieux couverts, 
seraient privés de toute couverture extérieure ou de calotte, tandis 
que ceux qu'ils édifient sur les arbres, tels que de grands Noyers 
ou des Saules très-élevés, seraient recouverts d’une espèce de 
calotte qui les préserve de l’eau de la pluie, et munis d’une 
ouverture pour entrer au-dessous de cette calotte; loin d'établir 
une singularité, ne vient que confirmer nos observations qui pré- 
cèdent au sujet de la nidification du Moineau. Car ce que Buffon 
a pris pour une calotte ou recouvrement distinct du nid, n’en est 
que le complément intégral, dont l'entrée latérale est l’indispen- 
sable conséquence pour tout nid de forme sphéroïdale. 

Ajouterons-nous que tous les nids de Moïineaux qu’il nous est 
arrivé d’enlever nous-même ou de faire enlever des meurtrières 
de notre vieux Donjon de Nogent-le-Rotrou, dans lesquelles ils 
les y installent, se sont toujours montrés à nos yeux, retirés 
intacts, sous une forme globulaire assez volumineuse avec entrée 


(1) Hist. Nat. des Ois. 
(2) Encycl. d'Hist. Nat., Ois., t. N. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 331 


sur le côté? Et que ces Oiseaux redoutent si peu le voisinage de 
deux ou trois couples de Cresserelles qui se perpétuent dans les 
mêmes ruines, qu'ils garnissent de leurs nids chacun des trous 
ouverts ou pratiqués dans leurs antiques murailles ? 

Enfin, construit dans un trou et à couvert, ou sur un arbre et 
à découvert, il est certain que le nid du Moineau est constamment 
de forme globulaire. 

Il ne faut pas oublier, lorsque l’on étudie l'Ornithologie Euro- 
péenne, combien il importe de la mettre en rapport avec les 
autres termes de toute la Série Ornithologique, pour bien saisir la 
valeur de ses types et de ses caractères. 

Pour en revenir à notre Tribu des Ploceidæ, les Caractères 
Oologiques viennent confirmer la Division que nous en avons faite 
en trois Familles : Ploceinæ, dans lesquels nous confondons les 
Euplectinæ du Prince Ch. Bonaparte, Viduinæ et Estreldinæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée très-allongée (Sycobius et Hyphantornis), ou 
normale (Euplectes, Passer, Viduinæ et Estreldinæ). 

Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement et sans reflet. 

Couleur — à fond Vert-Bleuâtre uni (Ploceinæ), à l'exception 
du Genre Sycobius , dont l’OEuf, tournant plus au ton Blanc, est 
tacheté de points d’un Brun-Rougeätre ; ou à fond Blanc plus ou 
moins pur, tacheté de Gris et de Brunâtre, à la manière de l’OEuf 
du Moineau, Passer domesticus (Passer, et dans les Viduinæ, 
Pentheria macroura); ou d’un Blanc uni et sans taches (Estrel- 
dinæ). 

Cette Tribu offre, d’après cette Diagnose, une exception dans 
deux de ses éléments , à la Forme généralement Ovée du produit 
Ovarien; exception analogue, pour ces Ploceidæ, à ce que nous 
avons vu pour les Laniarii, dans les Laniidæ. 

Ainsi les Genres Sycobius et Hyphantornis, les seuls dont nous 


332 TROISIÈME PARTIE. 


connaissions et possédions plusieurs OEufs, encore inédits, l’ont 
de Forme Ovée excessivement allongée et presque Cylindrique, le 
petit diamètre n'étant que du tiers du grand diamètre, tandis que 
la proportion ordinaire de cette Forme est de la moitié. 

Ici encore, la véritable cause de cette Forme insolite nous 
échappe ; et si, par induction des habitudes des ZLaniarii, les 
OEufs de ces derniers, par leur Forme, semblent donner raison, 
en ce qui les concerne, au système de M. Hardy, il n’en est plus 
de même des OEufs de ces Ploceidæ, puisque les Oiseaux qui les 
pondent sont plus occupés à se suspendre, soit pour la construc- 
tion de leur nid, dont l’ouverture est presque toujours en bas, 
soit pour y porter la nourriture à la mère qui les couve, qu’à cher- 
cher leur nourriture à terre, comme les Laniarii. 

Une autre observation à faire, au sujet de cette Tribu, concerne 
ce grand groupe composé des Estreldinæ, Bengalis, Sénégalis , 
Amadines, etc. Tous ces Passereaux Conirostres, si nombreux en 
Espèces, si variés de couleurs et dont on a fait tant de Genres, 
ont tous uniformément leur OEuf Blanc et sans taches, comme la 
presque totalité de la jolie Tribu des Trochilidæ, et cela d’une 
manière si générale que les Espèces dont l’OEuf viendra accuser 
une autre coloration, devront en être retirées. Ü’est ce caractère 
constant qui nous engage à relirer les Euplectes ou Oryx, dont 
l’OEuf est Vert uniforme, de la Famille des Viduinæ, où les a 
maintenus le Prince Ch. Bonaparte, pour les transporter à la fin 
de nos Ploceinæ. / 


TRENTIÈME TRIBU. 
EMBERIZIDÉS — Æmberizide. 


‘Dans l’innombrable Tribu des Fringillidæ, la première 
Famille, celle des Emberizidæ, se présente avec des caractères 
Oologiques tels, que nous n’hésitons pas, dès aujourd’hui, à en 
constituer une Tribu à part, en l’élevant à ce rang, car ces 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 333 


caractères, s'ils ne sont, qu’en partie, ceux déjà assez remar- 
quables des Saltatores, de la Tribu des Tanagridæ, qu’une 
connaissance plus exacte de leurs OEufs tendra de jour en jour 
à isoler de cette dernière Tribu; ces caractères, disons-nous, 
sont, d’une manière plus complète ceux des Quiscalinæ, sur 
l'OEuf desquels nous avons, tout-à-l'heure, attiré l’attention 
des Oologistes. Seulement, le système de maculature de nos 
Emberizidæ, identique à ce qui se voit chez ces derniers, 
repose sur une gamme de couleur plus sombre et moins 
attrayante puisqu'elle est, non plus dans les tons Verts, mais 
dans les tons Bruns. 


CARACTÈRES OCLOGIQUES : 


Forme — Ovée. 

Coquille — d'un Grain ordinaire, Blanc intérieurement et 
médiocrement luisant. 

Couleur — d'un fond Blanc, plus ou moins Verdâtre ou 
Violacé, ou Brunâtre; parsemé de quelques points ou mouche- 
tures plus ou moins Brunâtres; mais par dessus tout remar- 
quable par les veines ou marbrures ou Brunes ou Violettes qui 
le décorent dans la généralité des Espèces. 


TRENTE-UNIÈME TRIBU. 


FRINGILEIDÉS — Fringillidæ. 


Cette Tribu est par trop nombreuse, les éléments en sont par 
trop multipliés, et, proportionnellement, trop peu connus, 
surtout pour les Familles étrangères à l’Europe, pour que nous 
nous hasardions à en établir et fixer les Caractères Oologiques. 

Tout ce que nous en pourrions dire, c’est que, à part le 
Coccothraustes vulgaris, dont l’OEuf nous semble exceptionnel 
dans la Tribu, puisqu'il réunit tous les Caractères des Quis- 


334 TROISIÈME PARTIE. 
calinæ, et des Emberizidæ, il est permis d’y distinguer quelques 
Groupes principaux. 

Par exemple le Genre Américain Spermophila, qui renferme 
de si petites Espèces de Bouvrons, parait former une sorte de 
transition Oologique des Emberisidæ, auxquels il emprunte, 
en partie, son système de Coloration, sauf sa Forme, qui est 
d’un Ové un peu comprimé, aux Genres Coccoborus, Paroaria 
et Cardinalis, rappellant beaucoup l’OEuf du Moineau (Passer). 

Les Genres Américains Sycalis, Zonotrichia, Chlorospiza, 
Chrysomitris et autres plus ou moins cosmopolites tels que : Car- 
dinalis, Citrinella, Serinus, Carpodacus, Erythrospiza, Pyr- 
rhula et Linota ne s’éloignent pas beaucoup les uns des autres, 
par le ton et le système de Coloration ponctuée en Rougeâtre 
sur un fond Blanc, et par leur Forme Ovée à laquelle la Forme 
Globulaire de l’OEuf des Zonotrichiæ fait seule exception. / 

Toutefois les Genres CAlorospiza, Chrysomitris , Cardinalis, 
Citrinella et Serinus, forment un Groupe Oologique parfaite- 
ment distinct par son fond presque Blanc; les Genres Pyrrhula, 
Uragus, Carpodacus, Erysthrospiza, en forment un autre tout 
aussi tranché par leur ton d’un beau Vert tendre et par leurs 
taches de sang beaucoup plus accusées. 

Les Genres Linota et Acanthys appartiennent en outre forcé- 
ment au premier de ces deux Groupes dont ils ne peuvent être 
séparés. 

Vient enfin le Groupe des Fringillidés, dans lequel se distingue 
le Genre Petronia, qui a tant de rapports Oologiques avec le Genre 
Passer et auquel se joindra, sans aucun doute, lorsqu'on en 
connaîtra l’OEuf, le Genre Pyrrhulauda. 

Le petit nombre d'OEufs connus dans cette première Partie de 
la Classe des Oiseaux, surtout dans l'Ordre des Passereaux, est si 
peu en rapport avec la multiplicité des Espèces, et les Caractères 
en sont si variés et si peu précis, qu'il nous a été difficile d'arriver 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 339 
aussi souvent que nous l’eussions voulu à des résultats satisfaisants 
dans le rapprochement à faire des Caractères Oologiques avec les 
Caractères Physiologiques ou Organiques qui ont servi de base et 
de boussole aux Méthodes. Mais, à partir de ce moment, les 
Groupes, mieux dessinés, vont devenir plus compacts, moins 
divisés, partant plus homogènes; les mœurs et les habitudes des 
Oiseaux deviennent plus simples et moins compliquées ; les Carac- 
tères du produit Ovarien se simplifieront dans la même mesure et 
apparaîtront plus nets. C’est ici que la connaissance et l’étude 
approfondie de l’Oologie feront le mieux valoir les ressources 
qu'elle renferme en elle-même , et que la Science y pourra puiser 


pour d’utiles et importantes modifications aux divers Systèmes du 
jour. 


QUATRIÈME ORDRE. 


d La 
COLEMBES ou PIGEONS 
(Columbæ ). 


TRIBU UNIQUE. 
COLUMEDÉS — Columbideæe. 

Nous n’avons rien à dire de cette Tribu, que ce que nous en 
avons déjà dit dans nos Considérations générales. L’OEuf connu 
de toutes les Espèces de Co/umbidæ est uniformément Blane et 
de Forme Ovalaire. Il nous est, par suite, démontré que ceux 
que l’on viendra à découvrir devront être exactement de même : 
il en est ainsi, depuis et y compris les Treroninæ , ou Colom- 
bars, jusqu'aux Gourinæ inclusivement, ou Gouras. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 
Forme — Ovalaire, parfois Elliptique, rarement Ovée. 


Coquille — d’un grain fin, uni, Blanc intérieurement et luisant. 


Couleur. — Celle du grain de la Coquille, Blanche et sans 
tache. 


336 TROISIÈME PARTIE. 


On sait que l’OEuf des Columbidæ est le fondement d’une des 
plus puissantes objections au système des Auteurs qui ont pré- 
tendu que la Couleur Blanche n'avait été départie qu'aux OEufs 
pondus dans des trous ou des enfoncements à l’abri de la lu- 
mière : puisque les Pigeons se font à peine un nid, pour la plu- 
part, et ne déposent leurs OEufs que sur un frêle amas de 
büchettes réunies à l’enfourchement des branches, et tout-à-fait 
à claire-voie. 


CINQUIÈME ORDRE. 
GALLINACÉS 


(Gallinacei ). 


Nos études Oologiques nous conduisent à modifier la compo- 
sition première de notre Ordre de Gallinacés, et même celle de 
notre Systema Oologicum, en en formant trois Ordres distincts, 
sous le nom de Gallipèdes , Gallipedes pour l’un, de Cursores 
pour le second, et de Séruthionigralli, dénomination nouvelle 
pour le troisième. 

Les premiers se réduisent aux quatre Tribus suivantes : Ver- 
rulidæ, Gallidæ, Phasianidæ et Pavonidæ, qui offrent toutes, 
sauf la première, nous devons le dire, une harmonie et un 
ensemble de caractères aussi parfaits en Oologie qu'en Zoologie. 


Er t 7 2 ordre , 


PREMIERE TRIBU. 
VERRULIDÉS OU COLOMBI-GALLINES — Verrulidæ. 
Si nous parlons de cette Tribu, c’est pour faire bien com- 
prendre l'importance qui s’attache à la connaissance des Carac- 


tères Zoologiques, importance qui ne se sent jamais davantage 
que lorsqu'ils viennent à manquer, comme c'est le cas pour les 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. "1437 


Colombi-Gallines de Levaillant. C’est aussi ce qui nous fera re- 
venir sur leur histoire, comme sur ce que nous avons dit ailleurs 
du doute Scientifique dont elles sont l’objet (1). 

Nous avons formé cette Tribu, on le sait, pour deux Espèces 
dont l'authenticité, après avoir été admise pendant près d’un 
demi-siècle, paraît aujourd’hui douteuse aux yeux de quelques 
Naturalistes : c’est notamment le Colombi-Galline de Levaillant 
Verrulia (Flemming). Cette Tribu ne peut donc former qu’une 
Famille, celle des Verrulinés. 

On paraît aujourd’hui d'accord , et c'était l'opinion du Prince 
Ch. Bonaparte, pour supprimer et rayer définitivement cet Oiseau 
de la Série. Le motif donné pour cette suppression repose sur 
l’examen détaillé que J. Verreaux aurait fait, dès 4850, des deux 
seuls exemplaires de cette Espèce existant au Musée de Leyde, 
et que cet observateur, si perspicace et si bien organisé, consi- 
dérerait, et aurait fait considérer également à Temminck et à 
M. Schlegel, comme des Oiseaux factices (fabriqués avec des 
Pigeons domestiques), tels que le fameux Bec-de-fer du même 
Auteur (Sparactes superbus) , et une ou deux autres Espèces de 
Zygodactyles. Ces Zoologistes s'appuient encore, pour motiver 
cette condamnation, sur ce que jamais, depuis Levaillant, on 
n’a retrouvé cette douteuse Espèce, et enfin, sur l’étrangeté de 
mœurs qui, quelle que soit, dans leur ensemble, leur identité 
avec celles des Pigeons , ne permettraient plus, suivant nous, de 
les comprendre dans cet Ordre : ce qui du reste est conforme à 
la doctrine philosophique du Prince Ch. Bonaparte, qui divise 
sa Classe des Oiseaux en AzTrices et en Prococes. 

Sans protester directement contre cet anathème, dont il est 
permis encore d'appeler, nous le croyons pour le moins préma- 
turé ; il a besoin de l’œuvre du temps pour obtenir sa sanction, 


(1) Encyclop. d'H. Nat. Ois., T. VI, p. 65. 


338 TROISIÈME PARTIE. 


et il nous faut des preuves plus convaincantes qu’une négation, 
inspirée par l'inspection de peaux mal préparées, ou dénaturées 
et en mauvais état, pour y donner notre adhésion. On ne songe 
pas assez, en accréditant cette opinion, que si elle devait être 
confirmée, elle ne tendrait à rien moins qu’à convaincre Levail- 
lant de l’imposture la plus éhontée que se fut permise aucun de 
nos Voyageurs modernes. Qu'il ait été abusé lui-même par la 
représentation d’un Oiseau fabriqué ou artificiel, rien de bien 
extraordinaire ; mais qu'il ait prêté à un Oiseau, qu’il n’avait pas 
vu en nature, des mœurs aussi anormales , de sa propre inven- 
tion, nous ne le penserons jamais. Sans doute Levaillant a pu 
faire des erreurs, presque toujours involontaires, et sur le lieu 
de provenance de plusieurs Espèces d’Oiseaux, et sur leur dis- 
tribution Géographique (ce sont les seules qu'il ait commises); 
mais, en aucun cas, on ne l'a surpris en flagrant délit de 
mensonge, au sujet des détails de mœurs, dans lesquels, au 
contraire , il a été d’une précision et d’une exactitude remar- 
quables. Et encore ces erreurs ont-elles eu pour cause la perte 
qu’il fit, dans un de ses retours, d’une partie des Oiseaux 
découverts par lui, et des notes qui les accompagnaient. 

On oublie, d’ailleurs, en supprimant ainsi, d’un trait de 
plume, le Columbi-Galiine de Levaillant, que cette Espèce, 
avec ses caroncules si caractéristiques, n’est pas la seule dans la 
Série. Dès 1823, en effet, Temminck a décrit (1), sous le nom 
de Colombe Oricou (Columba auricularis), une Espèce, d’un des 
Archipels de l'Océan Pacifique, offrant exactement les mêmes 
caractères et presque les mêmes caronecules que le Colombi= 
Galline. Si l’on peut s'étonner d’une chose, c’est que ce rappro- 
chement ne se soit pas présenté dès cette époque à l'esprit du 
Savant Monographe des Pigeons, qui a reproduit l’article de 


(1) Hist. Natur. des Pig. et des Gallinaces. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 339 


Levaillant sur cette dernière Espèce, tout en plaçant l’une dans 
ses Colombes , et l’autre dans ses Colombi-Gallines. La même 
réflexion peut s'appliquer à Wagler, qui a nommé la Colombe- 
Oricou de Temminck Columba Temminchii; à M. Gray, qui l’a 
mise dans ses Muscadivores ; à Jardine, qui l’a nommée Geo- 
philus carunculatus, ainsi qu’au Docteur Reichenbach, qui en 
a fait le type de son Genre Craspedænas. Il est vrai que cette 
seconde Espèce de Verrulia a eu le même sort que la première, 
sous l’autorité du Prince Ch. Bonaparte, qui, dans la première 
partie du second volume de son Conspectus, paru seulement en 
4857, la déclare , comme celle-ci, Oiseau factice. 

Il n’y pas de raison, après tout , pour conserver le Colombi- 
Caïlle de Levaillant (Columba Hottentota), dont, depuis lui, 
on n'a jamais retrouvé d'individus ni vu de dépouilles. 

C’est done par respect pour Levaillant, une des gloires de la 
Science , que nous avons conservé, et que nous conservons 
encore le Colombi-Galline, et c’est en nous fondant sur la nature 
des mœurs et des habitudes qu’il lui assigne, que nous nous en 
sommes servi pour motiver la création de cette Famille. 

La place que nous lui avons assignée, dans la Série, sur la 
limite des Pigeons et des Gallinacés, un peu plus pourtant au- 
delà qu’en deçà, est indiquée, d’un côté, par ses caractères 
zoologiques qui, à l’exception des caroncules accompagnant le 
bec, sont ceux de tous les Pigeons; et, d’un autre côté, par ses 
mœurs et la manière dont naissent et éclosent leurs petits, qui 
sont celles des Gallinacés. 

En agissant ainsi, du reste, nous ne faisons, nous le répétons, 
que suivre les indications de Levaillant lui-même, dont nous 
allons reproduire les raisons et les observations. 

Ce Voyageur, qui a découvert la première Espèce d’Afrique, 
sur laquelle repose le Genre qui en renferme deux aujourd’hui, 
au moins nominativement , pressentait, à l’époque à laquelle il 


340 TROISIÈME PARTIE. 


la fit connaître, qu'elle devait donner lieu à l'établissement d’un 
petit groupe distinct, dans ce qu'il appelle ses Colombi-Gallines; 
voici comme il s’exprimait : 

« Cette Espèce, à laquelle nous appliquons le nom de la Tribu 
ou de la Famille de tous les Pigeons qui s’allient aux différentes 
branches des Gallinacés, étant celle qui, par les parties nues de 
sa tête et par le barbillon rouge qui lui pend sous la gorge, se 
rapproche le plus du Coq et de la Poule, il est naturel qu’elle 
porte le nom de Colombi-Gailine , d'autant plus que, d’après ce 
que nous avons déjà dit, & est probable que de nouvelles décou- 
vertes obligeront les Naturalistes à former par la suite autant 
de petites Familles de toutes les Espèces analogues à chacune 
de celles que dans ce moment nous ne réunissons que provisoi- 
rement en une seule. Ainsi, par exemple, l’'Espèce dont nous 
faisons le sujet de cet article sera, si on lui trouve d’autres 
analogues , la souche d’une Famille ou d’un Genre qui portera, 
si l’on veut, le nom de cette première Espèce, qu'on pourra 
distinguer elle-même par le caractère de son barbillon; pourvu 
toutefois que ce caractère ne soit pas propre aussi à d’autres 
Espèces de cette même Famille, car, dans les dénominations 
particulières, il faut, autant qu'il est possible, éviter ces noms 
qui, pouvant convenir à d’autres Espèces en même temps, 
occasionnent souvent des erreurs. 

» Notre Colombi-Galline tient des Pigeons proprement dits ou 
des Colombes par la forme de son bec, qui est absolument le 
même que chez ces derniers, et par la nature de ses plumes; 
mais il en diffère par le barbillon nu et rouge qui lui pend sous 


le bec, par ses tarses plus longs que chez les Pigeons, par la 
forme arrondie de son corps, par le port de sa queue courte, 


qu’il tient pendante comme les Perdrix portent la leur, et enfin 
par ses ailes arrondies; caractères qui, tout en le rapprochant 
d’un autre côté des Gallinacés, placent naturellement cette inté- 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 341 


ressante Espèce entre les Colombes et les Gallinacés, comme 
pour marquer et former le passage entre ces deux Genres. » 

Il est impossible, ce nous semble, d’être plus sérieux dans ses 
appréciations et l’établissement des rapports Zoologiques que ne 
se montre Levaillant dans tout ce passage ; un voyageur n’invente 
pas ainsi, et surtout ne raisonne pas autant ce qu’il sait être le 
rêve de son imagination. 

« Si des formes, continue-t-il, nous passons aux mœurs, aux 
habitudes , à la manière de se nourrir, à la nidification, à la 
ponte et à l'éducation des petits, tout est ici différent de ce qui 
existe chez les Pigeons, comme nous le verrons. De sorte que la 
nature semble n'avoir conservé à cet Oiseau que quelques traits 
superficiels, accessoires, pour servir seulement à indiquer un 
Pigeon, pendant que, par tous ses attributs fondamentaux, ceux 
qui constituent enfin la nature des Êtres, il doit être un Galli- 
nacé : de manière que, s’il fallait opter entre ces deux Ordres 
pour placer cet Oiseau dans l’un ou l’autre, il est évident qu’il 
appartiendrait de droit au dernier par sa manière d’être, car il 
vit en petites troupes composées de toute la famille et du père et 
de la mère, et ces derniers rappellent leurs petits aussitôt qu'ils 
sont séparés d'eux par quelqu’accident. Ils se tiennent et vivent 
par terre, où ils trottent très-vite à la manière des Perdrix ; mais 
toute la petite bande se juche dans les buissons et sur les grosses 
branches basses des arbres pour passer la nuit et pour se cacher 
lorsqu'elle est poursuivie par un ennemi quelconque. 

» Get Oiseau niche parterre, dans un petit enfoncement re- 
couvert de petites büchettes et de quelques brins d’herbes sèches 
sur lesquels la femelle pond de six à huit OBufs d’un Blanc-Roux, 
que le mâle et la femelle couvent alternativement. Les petits, qui 
naissent couverts d’un duvet gris-roussâtre , courent au sortir de 
la coque, et, dès cet instant, ils ne quittent plus le père et la 
mère , qui les mènent partout en les rappelant sans cesse, et les 


342 TROISIÈME PARTIE. 


couvrant de leurs ailes pour les réchauffer ou les préserver de la 
trop grande ardeur du soleil. Leur première nourriture se com- 
pose de nymphes de Fourmis, d’Insectes mous et de Vers, que 
le père et la mère montrent aux petits , et qu'ils mangent seuls, 
et sont bientôt en état de trouver eux-mêmes. Devenus plus forts, 
ils se nourrissent de toutes sortes de graines, de baies et d’In- 
sectes; et, quoiqu’ils aient acquis tout leur développement, ils 
ne se séparent par couple qu’au temps des amours : manière 
d’être qui, à quelques légères nuances près, est la même pour 
tous les Oiseaux qui appartiennent au grand Ordre des Galli- 
nacés. 

» J'ai trouvé l'Espèce des Colombi-Gallines dans l’intérieur 
des terres, au pied des monts hérissés du pays des Namaquois, 
pays sec et aride que fuient en général toutes les Colombes qui, 
comme on sait, fréquentent les cantons frais et arrosés. (1) » 

Nous n’avons pas voulu, dans ce Traité, làcher prise au sujet 
de ce Genre intéressant, parce que nous attendons tout pour le 
perfectionnement de la Série, des Genres interlopes, comme 
l'est celui-ci, et parce qu'il était impossible que le Caractère 
Oologique des Oiseaux dont nous parlons, n’apportät pas 
quelque indice sur ce point. C’est en effet ce que nous 
démontrent les indications si précises de Levaillant, qui déerit 
l’OEuf de son Colombi-Galline d'un Blanc-Roux ; ce qui l’éloigne 
nécessairement, de même que son caractère zoologique, de 
l'Ordre des Columbæ, pour le rapprocher ou des Gallideæ ou 
des Perdicide. 

Nous nous croyons d'autant plus fondé d’ailleurs, à récuser 
le jugement d'ostracisme prononcé par quelques Ornithologistes, 
notamment par Jules Verreaux, par Schlegel et par le Prince 
Ch. Bonaparte, contre le Genre Verrulia, que leur raison de 


(1) Hist, Natur. des Ois. d'Afrique. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 343 


décider est jusqu'ici fort vaguement motivée. L'Espèce de 
Levaillant, dit l’illustre Savant que nous venons de citer, serait 
fabriquée avec la dépouille d’un Pigeon domestique (Columba 
domestica) ; et celle de Temminck, avec celle du Pigeon bizet . 
(Columba livia)! Mais a-t-on bien vérifié le fait? a-t-on constaté 
la forme alaire de ces prétendues dépouilles d'emprunt? Car 
Levaillant donne à l'aile de ses Colombi-Gallines un caractère 
tout-à-fait différent de ce qui se voit chez les Pigeons : ceux-ci 
l’ayant de forme aigue, et les Colombi-Gallines, de même que 
tous les Gallinacés (Gallinacei ou Cursores) l'ayant de forme 
obtuse. 

Nous conservons donc tous nos doutes, car, pour nous, la. 
question reste entière. A l’avenir de décider. 


DEUXIÈME TRIBU. 


GALLIDÉS , OU VRAIS GALLINACÉS — Gallidæ. 


Dans le nouvet ordre d'idées, d’après lequel nous établissons 
notre Groupe des Gallinacei, la Tribu des Gallidæ se trouve 
réduite à une seule Famille, celle des Gallinæ. 


CARACTÈRES QOLOGIQUES :- 


Forme — Ovée ou Ovalaire. 

Coquille — à test dur et épais, à pores nettement accusés, et 
par conséquent à surface peu luisante, ou plutôt presque mate, 
Blanche intérieurement. 

Couleur — d'un ton Blanc, plus ou moins pur, ou Jau- 
nâtre, avec ou sans taches rares, ocracées, plus ou moins. 
marquées. 

La cristallisation de la matière calcaire est en général, dans 
cette Tribu , assez régulière et homogène. 

On a cru, mais à tort, pendant longtemps, et c’est une 


344 TROISIÈME PARTIE. 


réflexion que nous avons déjà eu occasion de faire, dans nos 
Considérations générales, que la Couleur normale de l'OEuf de 
Poule (Gallus) était le Blanc pur, comme dans l'Ordre des 
Pigeons ; tandis qu’il en est tout autrement. Nous sommes 
convaincu que ce n’est qu'exceptionnellement que nos Poules de 
basse-cour pondent en général des OEufs Blancs; et que cette 
absence de matière colorante, comme de taches, n’est due, chez 
eux, qu’à la dégénérescence d’une des Races de ces Oiseaux : car 
nous voyons que les Races Typiques , ou pures, ont conservé le 
fond de Couleur Nankin, qui est propre à toute la Famille; c’est 
ce que confirment les Races dites de Brahma-Poutrah, de 
Cochinchine , etc.; et c'est ce que démontrent le Gallus furcatus, 
le G. sonneratit, le G. lunulatus, le G. Benthami, et le G. Ban- 
kiva, dont l’OEuf, que nous avons possédé et que nous possédons 
encore, nous vient de l’Inde et se conserve ici constamment de 
cette Couleur, avec des taches d’un ton plus foncé. 


TROISIÈME TRIBU. 


PHASIANIDÉS OU FAISANS — Phasianido. 


Par suite la Tribu des Phasianidés se compose d’un assez 
grand nombre de Familles, qui sont : Phasianinæ, comprenant 
le Genre Argus, Polyplectroninæ ou Eperonniers, et Lopho- 
phorinæ, et Gallopavoninæ pour le Dinde ou Dindon. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée ou Ovalaire. 

Coquille — à test épais, Blanc intérieurement et luisant. 

Couleur — ou d’un ton uniforme, variant du Brun-Olivâtre au 
Brun-Orangé ou Rougeâtre (Vrais Faisans); ou d’un ton Blanc 
légèrement Jaunâtre, maculé de taches brunes (Pucrasia) ; 
beaucoup plus marquées dans l'OEuf des Lophophorinæ, qui 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 345 


comprennent le Genre Satyra ou Ceriornis : ce qui rapproche 
infiniment ces derniers, à ce point de vue isolé, de la Famille 
des Perdicinæ, et de celle des Tetraoninæ , dont nous nous 
occuperons bientôt. / 


QUATRIÈME TRIBU. 


PAVONIDÉS OU PAONS — Pavonideæ. 


Nous réduisons cette Tribu à son expression la plus simple, 
c'est-à-dire, à la Famille unique et isolée des Pavoninæ, que 
le mode d'organisation de son test calcaire ne permet de con- 
fondre avec aucune des Tribus ou Familles qui précèdent. 

L’OEuf des Pavonidés offre en effet une énorme différence dans 
le procédé de formation et dans la constitution physiologique de 
sa Coquille avec l'OEuf des Gallidés. Autant la concrétion en 
est homogène chez ceux-ci, autant elle est grossière chez les 
premiers. Ainsi, la Coquille de l’OEuf des Paons présente une 
enveloppe assez compacte et dure; mais sa surface est perforée 
de trous, représentant les pores, d’une profondeur qui étonne, 
vus simplement à la loupe, et qui, sous l’influence du micro- 
scope, prennent des proportions incroyables et monstrueuses, 
qui les font ressembler à des cavités ou véritables solutions de 
continuité : ces perforations sont en outre traversées d’un plus 
ou moins grand nombre de petits ligaments calcaires qui unissent 
les parois entre elles et en rendent l'aspect plus irrégulier encore, 
donnant à la Coquille ainsi étudiée l'apparence de la surface 
interne d’un os médullaire coupé par la moitié , avec ses cloisons 
calcaires. 

L'OEuf qui se rapproche le plus, par la conformation de son 
enveloppe, de l’OEuf du Paon, presque unique dans la Série, 
est celui de la Pintade. 


346 TROISIÈME PARTIE. 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE. 


COUREURS 


(Cursores). 


Nous composons ce Sous-Ordre, que nous détachons du 
grand Groupe classique des Gallinacés ; de deux Tribus qui 
sont : les Perdicidæ et les Tetraonide. 


PREMIÈRE TRIBU. 
PERDICIDÉS — Perdicideæ. 


Par suite, nous faisons subir une nouvelle transformation à 
cette Tribu, si naturelle déjà, zoologiquement parlant, et qui 
ne l’est pas moins au point de vue Oologique, car nous en aug- 
mentons les éléments de la Famille des Meieagridinæ ou Pin- 
tades, par laquelle nous la commençons, les enlevant ainsi aux 
Gallidés ; viennent ensuite les Francolinæ, les Perdicinæ et les 
Odontophorinæ. Mais nous n’avons pu nous décider à y laisser 
niles Turnicinæ que, malgré leurs grandes affinités Ostéolo- 
giques avec les Perdicidæ, nous réunissons à la Tribu des 
Cursoriidæ, à la suite des Outardes; ni les Thinocorinæ , que 
nous en retranchons, et que nous renvoyons en tête de l'Ordre 
suivant, celui des Grallarii. Nous dirons nos motifs lorsque 
nous nous occuperons de cet Ordre. 


Are FAMILLE. — Pintades ( Meleagridinæ). 


Nous avons donné à cette Famille le nom de Meleagridinés, 
appliqué jusqu'alors aux Espèces du Genre Dindon (Gallopavo), 
parce que nous avons voulu restituer au type de cette Famille la 
dénomination de Meleagris, que lui donnaient les Grecs, et que 
Linnée, par un abus d'autorité ou par une faiblesse déplorable, 
et par une déférence inexcusable à l'opinion qui avait régné avant 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 347 


lui, à transporté d’un Oiseau d'Afrique , bien connu des anciens, 
à un Oiseau d'Amérique, qu’ils n’ont jamais pu connaître. On sait 
en effet qu’Aristote, qui ne parle qu'une seule fois de la Pin- 
tade, dans tous ses Ouvrages sur les Animaux, la nomme 
Méléagride. Et Columelle, en reconnaissant de deux sortes qui 
se ressemblaient en tous points, excepté que l’une avait les 
barbillons bleus, et que l’autre les avait rouges, appelait Méléa- 
gride cette dernière, et Poule Africaine ou Numida (de Numidie) 
la première. C’est même cette différence, mal appréciée, mal 
étudiée , dans la couleur du barbillon , qui servit pendant long- 
temps d’argument principal aux partisans de l'opinion qui voulait 
que le Dindon eut été connu des anciens ; et que c’est lui qu’il 
fallait reconnaître dans la Méléagride aux barbillons rouges. 
Tout en retirant done au Genre Dindon un nom usurpé, et qu'il 
n'aurait jamais dû porter, nous avons pensé que ce nom devait 
rester dans la Science; et c’est par cette raison que nous l’avons 
rendu à l’Oiseau qu’il a servi à spécifier le premier (1). Nous 
regreitons de n’avoir pu faire adopter cette Opinion par le Prince 
Ch. Bonaparte, dont l'autorité l'eut, sans aucun doute, accré- 
ditée et vulgarisée. 

Quoïiqu’on ait pu dire des Pintades (Meleagris, Numida) , 
quoiqu’on en ait voulu faire, nous avons peine à croire que les 
Auteurs, que nous avons dû suivre Pour nos premiers travaux, 
se soient trouvés dans le vrai en faisant , jusqu'à ce jour, des 
Meleagridinæ une Famille de Gallinacés purs. La Pintade, en 
effet, ne représente rien, à nos yeux, dans ses formes, qui rap- 
pelle celles de cet Ordre: tout au contraire, chez elle, accuse 
celles des Perdicidés , dont on n’æhrait jamais dû l’éloigner. Car, 
peu nous importe, pour en faire une Famille de cette dernière 
Tribu, qu’elle ait la tête ou la gorge dénudée, qu’elle soit ornée 


(1) Eneyel. d'H. Nt. Ois., T. Ni, p. 81. 


348 TROISIÈME PARTIE. 


d’une huppe de plumes ou d’une plaque frontale cornée : il n’y 
a rien là de plus extraordinaire que ce qui se voit chez les 
Pauxi, chez l’Oreophasis, qui n’en restera pas moins un Péné- 
lope , et que l’on n’en a pas moins laissés jusqu'ici tous deux 
dans les Gallinacés, quoique nous les croyons appartenir, et que 
nous les reportions à un autre Ordre, et chez plusieurs Fran- 
colins, qui n’en sont pas moins de vrais Perdicidæ. 

Une dernière considération nous détermine enfin à cette inno- 
vation : c’est celle tirée de l’inspeetion de l’OEuf de cette Famille, 
qui est également un OEuf de Perdicidæ et nullement de Gallidæ. 


CARACTÈRES QOLOGIQUES : 


Forme — Ovée. 

Coquille — à test très-dur, à pores très-marqués, et formant 
un système de granulation en creux, ou de piqueture, analogue 
à celui que nous avons signalé chez l’CEuf du Paon; à surface 
légèrement luisante , Blanc intérieurement. 

Couleur — d’un Blanc-Fauve ou Brunûtre, parfois teinté de 
rose , avec de nombreux points et quelques taches d’un Brun- 
Fauve. 

C'est la profondeur de ces piquetures ou perforations qui, en 
retenant une partie de la matière colorante, leur donne la fausse 
apparence de taches. 


2e FAMILLE. — Francolins (Francolinæ). 
Nous connaissons six à huit Espèces de cette Famille. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — ou Ovée ou Ovalaire. 

Coquille — à test assez dur, à pores un peu apparents, très- 
légèrement luisant , et Blanc intérieurement. 

Couleur — d’un ton Fauve variant d'un Brun clair à l'Isabelle. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 349 


ou uniforme, sauf quelques nuages plus foncés, ou piqueté de 
points d’un Brun-Noirûtre. 


3e FAMILLE. — Collins (Odontophorinæ). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 


Forme — Ovée. 

Coquille — à test dur, à pores peu indiqués, luisant, Blanc 
intérieurement. 

Couleur — d’un ton ou Blanc-Isabelle sans taches, ou tiqueté 
ou maculé de points et de taches Brun-Rougeûtre. 

L’analogie de l’'OEuf du Lophortyx et notamment du L. Cali- 
fornicus avec celui de la Gaille est éminemment remarquable. 
Ajoutons que les différences relatives de l’OEuf du Genre Ortyx 
et du Genre Lophortyx sont les mêmes que celles des Genres 
Caccabis et Coturnix des Perdicinæ. 


4e FAMILLE. — Perdrix (Perdicinæ). 


CARACTERES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée. 

Coguille — à test dur, à pores un peu marqués, luisant et 
Blanc intérieurement. , 

Couleur — d’un ton Isabelle, plus ou moins nuancé de 
Verdâtre, et dans ce cas parfois finement pointillé de Brunâtre 
ou maculé de taches irrégulières ou éclaboussures, variant du 
Brun-clair au Brun-foncé et même au Brun-Rougeître. 

Quoique, de même que tous les Ornithologistes, nous termi- 
nions la Famille des Perdicinæ par le Genre Caille (Coturnix), 
nous devons dire que, pour nous, les Espèces de ce Genre, par 
leur forme et surtout par leur OEuf, sont de véritables Collins. 
Et si nous les laissons encore dans la Famille des Perdicinæ, 


350 TROISIÈME PARTIE. 


c’est par respect pour le principe de la distribution Géogra- 
phique, tous les Collins étant essentiellement Américains ; mais 
aussi, c’est par les Caïlles que nous commençons nos Perdicinæ, 
et nous les terminons par le Genre Bonasa, dont l’OEuf repré- 
sente si bien celui des Tétras. 


DEUXIÈME TRIBU. 
TÉTRAONIDÉS — T'etraonidæ. 


Cette Tribu se compose de deux Familles : les Tetraoninæ, 
pour les Tétras; les Pferoclinæ , pour les Ptéroclès. 


Are FAMILLE. — Tétraoninés ou Tétras (Tetraoninæ). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES, 


Forme — Ovée ou Ovalaire. 

Coquille — à test assez dur, uni et luisant, Blanc intérieu- 
rement. 

Couleur — d’un Blanc-Jaunâtre ou Isabelle recouvert de 
taches plus ou moins nombreuses, en forme de points ou 
d’éclaboussures, de Couleur d’Ocre ou d’un Brun-Rouge très- 
foncé et devenant presque noirâtre. 


=, 
2e FAMILLE. — Pétroclinés ou Pétroclès (Petroclinæ). 


Les Petroclinés se distinguent par un Caractère tout particu- 
lier : celui de la Forme de leur OEuf, qui, au lieu d’être Ovée, 
ou simplement Elliptique, est presque généralement Cylindrique, 
c’est-à-dire d’une Ellipse à bouts obtus ou arrondis; c'est même 
un des types des formes principales de l’OEuf, que nous avons 
figurés dans le temps (1). La Coloration de l’OEuf de cette Famille 


(1) Magas. de Zool. 1842. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 351 


se rapproche singulièrement, au reste, de celle de l'OEuf des 
Tétras ; surtout pour celle des deux Espèces du Sud de l’Europe, 
qui est si commune en Algérie (l’Alchata). 


CARACTÈRES QOOLOGIQUES : 


Forme — Cylindrique. 

Coquille — à test dur, à pores peu distincts, Blanc intérieure- 
ment, et beaucoup plus lisse et plus luisant que chez l’OEuf du 
Tétras. 

Couleur — d’un fond Blanc légèrement Fauve ou Isabelle, 
mais jamais Verdâtre, avec de nombreux points et des taches 
variant du Brun-clair au Brun de Sienne brülée, parfois Rou- 
geâtre, entremêlées de macules d’un Gris nuageux; ces taches 
formant souvent une zône ou couronne, au centre ou à l’un des 
deux pôles de l'OEuf. 

C'est ce qui résulte, pour nous, de l’inspection des dix Espèces 
à notre connaissance. 

Ces OEufs représentent exactement dans l'Ordre des Gallinacés 
ce que sont les OEufs d'Engoulvents dans l’Ordre des Passe- 
reaux. 

Les OEufs de tous les Coureurs , qu’il s’agisse des Perdicidés 
ou des Tétraonidés, ont, de même que ceux des Gallinacés, leur 
ton de Couleur tellement approprié à la Couleur et à la nature 
des terrains sur lesquels ils les déposent, ou des matériaux 
dont ils les recouvrent, qu’il est réellement fort difficile de les 
en distinguer : les premiers , par leur uniformité de coloration, 
en rapport avec celle des lieux; les seconds, par leurs macu- 
latures d’un Brun-Rouge si tranché et si prononcé, qui n’ont 
d'autre but que d’en dissimuler la vue aux yeux les plus clair- 
voyants, au milieu des Bruyères ou des Graminées rougeâtres 
dans lesquelles ces Oiseaux cachent avec soin le produit de leur 
ponte. 


352 TROISIÈME PARTIE. 


TROISIÈME SOUS-ORDRE. 


STRUTHIONIGRALLES 


(Struthionigralli). 


La composition et l'établissement que nous faisons de ce Sous- 
Ordre pourra paraître hétérogène à bien des personnes : car elle 
s'éloigne de beaucoup, nous l’avouons, de tous les errements 
suivis par les meilleurs et les plus savants de nos Méthodistes. Ce 
n'est cependant qu'après mûre réflexion et une étude approfondie 
de chacun des éléments que nous y faisons entrer, en conférant 
ensemble les Caractères Oologiques dont nous nous préoccupons, 
il est vrai, avec ceux fournis par les organes , les mœurs et les 
habitudes des Oiseaux que nous y introduisons, que nous nous 
sommes décidé à l’établir. 

Ainsi nos Struthionigralles se divisent en cinq Tribus, ne repo- 
sant chacune que sur une seule Famille; ce sont les Tinamidæ, 
les Otididæ, les OEdicnemidæ, les Cursoriidæ et les Turnicide. 

Si l’on nous en demande la raison, nous répondrons que les 
considérations Oologiques ont entrainé notre conviction, à cet 
égard; et que ces considérations ne mettant en défaut, ou en 
danger, aucun des vrais principes de l'Ornithologie, concourant 
même, loin de là, à leur démonstration la plus vraie et à leur 
consécration, nous avons pensé pouvoir, sinon les imposer, du 
moins les soumettre avec confiance aux Naturalistes. Il en sera 
ainsi, par la suite, de tout ce qui, dans notre travail, semblera 
revêtir, nous ne dirons pas l'apparence d’une prétention, qui n’est 
pas dans notre esprit, mais d’une tendance quelconque à l’inno- 
vation. 

Il nous a paru, finalement, que les caractères Organiques des 
Oiseaux de chacune de ces Tribus constituaient un type de transi- 
tion manifeste, dont on n’a pas encore assez tenu compte. Ce n’est 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 353 


plus le tibia des Cursores, mais c’est encore le pied des derniers 
Oiseaux de ce Sous-Ordre, des Tetraonidæ et des Pteroclidæ. Ce 
n'est pas non plus tout-à-fait le pied des Gralles, mais ce sont 
leurs longues échâsses : enfin, leur pied se rapproche quelque peu 
de la conformation de celui des Struthions, auxquels ils font le 
passage le plus naturel. 


PREMIÈRE TRIBU. 


TINAMIDÉS OU TINAMOUS — T'inamide. 


Cette Tribu, qui ne se compose que de l’unique Famille des 
Tinaminæ, est celle dont l’OEuf nous a offert la particularité la 
. plus curieuse, et le sujet le plus intéressant d’études, au cours de 
nos CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Non que ce soit la seule Tribu, dont 
l'OEuf présente l’aspect uni, lisse et luisant de la porcelaine ; puis- 
que nous avons vu l’OEuf du Pic, celui du Martin-Pécheur (A/cedo), 
celui des Rolliers (Coracias et Eurystomus), et celui d’un Coucou 
de l’Inde (Eudynamis), entre autres, offrir ce caractère : les pre- 
miers, avec une Couleur Blanche, le second, avec une Couleur 
Bleu-Verdâtre , uniformes. Mais c’est la seule qui réunisse, à ce 
caractère, une diversité singulière de nuances propres à chacune 
des Espèces qui la composent. 

Ainsi, dans l'OEuf des autres groupes d'Oiseaux, malgré, la 
diversité de Coloration des Espèces dont ils sont formés, on aper- 
çoit toujours un certain degré d’affinité ou de parenté des uns aux 
autres. Ici rien de semblable : le lien commun, c’est d’abord la 
Forme , ensuite l'absence de toutes taches, puis enfin le poli de la 
Coquille ; mais chaque Espèce a sa nuance ou sa Couleur qui lui 
est exclusivement affectée. 

Ici, par exemple, ne peut s'appliquer dans sa généralité la 
proposition de Thienemann, qui attribue l’absence de taches à la 


surface de la Coquille de l'OEuf des Picidés et son poli à l’in- 
24 


354 TROISIÈME PARTIE. 


tervention d’un fluide gélatineux ou luisant. Car dans le cas des 
Tinamous, la Coloration de la surface de la Coquille est entière- 
ment distincte et différente de la Couleur de la matière calcaire du 
test, qui, dans sa composition intime, est constamment Blanc. 
Cette matière s’est donc trouvée en contact assez direct avec les 
parois de l’Oviducte, pour en recevoir d’abord la nuance propre à 
chacune des Espèces de la Famille, et l’on est forcé d'admettre 
que ce n’est qu'après avoir reçu cette première teinte qu'est inter- 
venu le liquide visqueux auquel est dû le luisant dont est douée la 
Coquille de ces OEufs, tout aussi réfractaires, assurément, que 
ceux des Picidés : à moins d'admettre que cette Coloration soit 
celle même de ce fluide. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES. 


Forme — Ovalaire, ou Elliptique, parfois presque Sphérique. 

Coquille — à test mince, fin, sec, uni, sans traces apparentes 
de pores, réfléchissant la lumière comme le métal bruni, ou le 
marbre le plus pur et le mieux poli; Blanc intérieurement, ou 
dans son épaisseur. 

Couleur — constamment uniforme et sans taches, passant par 
les nuances de Bleu, de Vert, de Brun-Chocolat, de Gris-d’Acier, 
de Lilas, et de Café-au-lait, ou Fauve-Carminé. 

C’est la réunion la plus séduisante qui se puisse voir dans une 
Collection Oologique. Nous connaissons, et nous avons possédé 
l'OEuf de seize Espèces de cette Tribu, dont le plumage monotone 
est si différent du brillant colori de leur OEuf./ 


DEUXIÈME TRIBU. 
OTIDIDÉS , OU OUTARDES — Oéididæ. 


Il existe une certaine analogie entre la Forme et le luisant de la 
Coquille de l’OEuf des Ofididæ, et ces mêmes caractères chez 
l'OEuf des Tingmideæ ; et ces rapports ont la même valeur relative, 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 355 


entre les deux Tribus , que leurs rapports Zoologiques. Mais celui 
des Outardes, s’il n’a plus ce cachet particulier, presque exclusif, 
qui fait de l’OEuf des Tinamous un type si remarquable, n’en reste 
pas moins, dans les données ordinaires , plus rapproché de l'Ordre 
des Gallinacés, que de celui des Gralles, dont il est, à peu de 
chose près, l'intermédiaire. Aussi, sans partager complétement 
l'opinion du Prince Ch. Bonaparte, qui à cru pouvoir isoler cette 
Tribu du premier de ces Ordres, pour la mettre en tête du dernier, 
on voit que nous ne nous éloignons pas beaucoup de lui, pour 
notre manière de voir et de procéder. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


- Forme — Ovalaire ou Ovée, parfois presque Sphérique. 

Coquille — assez fine, unie, à pores peu visibles, d’un Blanc 
quelque peu Verdâtre dans sa transparence, et luisante. 

Couleur — d’un Brun-Fauve clair, ou d’un Vert-Olivâtre léger, 
recouvert de taches Brunes plus ou moins foncées ou Olivâtres. 

Les taches sont souvent à peine apparentes chez l’OEuf de 
l’'Otis tetrax ou Cannepettière, qui paraît alors d’un Vert-Bleuâtre 
ou Olivâtre uniforme. Celui de l’Eupodotis ou Houbara, dont les 
taches sont plus aceusées, porte quelquefois un ou deux traits 
sinueux , allongés, de même Couleur que les taches. 

Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de onze Espèces 
d’Otidés. 

TROISIÈME TRIBU. 
OEDICNÉMIDÉS OU OEDICNÈMES — OEdicnemide. 


L’OEdienème sera toujours, à notre sens, quoiqu’on fasse ou 
quoiqu’on dise, plus un Courre-vite qu’un Pluvier. En mettant à 
part la forme du bec, c’est le même port, la même conformation 
de pattes (caractère de première valeur, quand il s’agit de Gralles); 
il offre done, zoologiquement parlant, les plus grands rapports 


356 TROISIÈME PARTIE. 


avec le premier. Il en est de même pour l’OEuf de l’un et de 
l’autre : même ensemble Globulaire, à fort peu de chose près, 
même système de Coloration. Ici l’Oologie reçoit une de ses consé- 
crations les plus remarquables, quand l’on veut se rendre compte 
des différences considérables qui éloignent autant l’OEuf de 
l’OEdienème de celui des Pluviers, alors que l’on à toujours voulu 
faire de l’Oiseau le congénère inséparable de ces derniers. 

Il nous suffira de reproduire les démonstrations si évidentes 
qu'a faites de ces différences et de leurs causes M. de la Fresnaye, 
en comparant l’OEuf de l’OEdienème criard avec son squelette : 

« L'OEuf de cet Oiseau, dit-il, véritable Pluvier à grandes aïles, 
au lieu d’être Ovalo-conique (1) comme celui du groupe des 
Echassiers, auquel ïl appartient (les Pluviers, Vanneaux, etc.), 
est plus allongé, moins gros vers le gros bout et plus arrondi vers 
le petit, se rapprochant par conséquent de la Forme Ellipsoïde. 
En observant son Squelette et le comparant avec celui du Pluvier, 
on y remarque des ailes qui, sans être plus robustes, sont beau- 
coup plus longues et plus prolongées en arrière, et même en 
avant; ainsi chez les Pluviers, elles ne s'étendent pas à beaucoup 
près en arrière jusqu’à l'insertion des fémurs sur le bassin, tandis 
que chez l’OËdienème elles la dépassent notablement. De plus, les 
jambes, quoique fort longues, au lieu d’être grèles comme chez 
les Pluviers et les autres Echassiers marins, sont au contraire 
robustes, les tarses le sont surtout et ont un renflement notable 
au-dessous de leur articulation avec les tibias, d’où son nom 
d’OEdienème (jambe enflée). Il résulte de ces différences Ostéolo- 
giques que les ailes étant plus saillantes antérieurement , l'OEuf 
est moins renflé et plus allongé au gros bout, et que les articula- 
tions avec l’avant-bras étant beaucoup plus rejetées en arrière, 


(1) M. de la Fresnaye, dans cet article, distingue les Formes Oologiques 
en Ovalo-conique , Ellipso-conique, Ellipso-sphérique et Ellipso-cylindrique. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 357 


motivent un renflement dans l’OEuf vers le point correspondant , 
à peu près vers les deux tiers postérieurs, tandis que celles des 
tibias avec les tarses, beaucoup plus robustes et augmentées du 
renflement particulier aux tarses de cet Oiseau, en motivent un 
vers l'extrémité et l’empêchent d’être aussi pointu et conique que 
chez les Pluviers, Vanneaux, etc. (1) » 

C’est la réunion de toutes ces conditions si différentielles de ce 
qui se remarque chez les Gralles, qui nous a déterminé à la com- 
position de notre Sous-Ordre des Struthionigralles. Il est fâcheux 
que M. de la Fresnaye n'ait aperçu que le côté curieux de ce 
rapprochement, sans en rien conclure pour l'influence qui en 
devait résulter sur les Méthodes de Classification adoptées et 
suivies. 


“ 


CARACTERES OCLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, assez renflée, et parfois Sphérique. 

Coquille — à test assez mince, compact, à pores peu visibles 
et faiblement luisant ; Blanc intérieurement. 

Couleur — d’un Blanc-Fauve, recouvert également de taches 
sinueuses et irrégulières d’un Brun plus ou moins foncé ou Ver- 
dâtre, sans cependant revêtir précisément l'apparence de mar- 
brures. 

On verra bientôt avec plus d’évidence que, par sa forme , l'OEuf 
de l’OEdicnème n’a rien qui le rapproche de celui des Pluviers; et 
que ces différences, jointes à celles résultant de la constitution 
Ostéologique des deux Oiseaux, doit entraîner définitivement la 
suppression de l’'OEdicnème de l'Ordre des Gralles, dont font 
essentiellement et notablement partie les derniers. Ce résultat nous 
est clairement indiqué par la conformité constante des caractères 
que nous avons eu lieu d'observer et de comparer sur l’OEuf de 


(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev. 
Zool., 1845. 


358 TROISIÈME PARTIE. 


quatre Espèces d’OEdicnèmes, dont nous avons possédé les 
exemplaires, aujourd’hui au Musée de Philadelphie : OEdicnemus 
crepitans, par six ou huit variétés ; OEd. maculosus: OEd. bis- 
triatus ; et OEd. grallarius. 


QUATRIÈME TRIBU. 
CURSORIIDÉS OÙ COURRE-VITE — Cursoriidcæ. 


Il en est ainsi de l’OEuf du Courre-vite qui, avec le même 
ensemble, se rapproche davantage de celui des Turnicidés qui 
vont suivre, quoique avec un système de maculature tout parti- 
culier, et le même sur trois Espèces dont nous connaissons 
l’OEuf. 


CARACTÈBES OOLOGIQUES : 


Forme — d'un Ovoïde arrondi et presque Sphérique, la pointe 
en étant à peine indiquée. 

Coquille — à test mince, sec, à pores peu visibles, Blanc 
intérieurement , mat et sans reflet appréciable. 

Couleur — d'un Blanc sale ou Fauve, tiqueté irrégulièrement 
de petits traits ou rayures très-fines et de petits points Brunâtres 
et Noirâtres, entremêlés d’autres Grisâtres. 

Le Docteur Thienemann réunit les Cursoriidæ, dont il ne 
figure du reste qu’une seule Espèce d'OEuf, celui du C. bicinctus, 
qu'il à dessiné sur celui de notre Collection, aux Glareolinæ (1). 


CINQUIÈME TRIBU. 
TURNICIDÉS, OU TURNIXS — T'urnicidæ. 


L'OEuf des Turnicidés est assez rapproché de celui des Perdi- 
cidés, pour que l'on n’ait jamais songé à les en éloigner beaucoup, 
en les mettant dans un autre Ordre que ceux-ci. Son caractère, 


(1) PI. 58, fig. 3. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 359 


cependant, réuni à celui que fournit l’'OEuf des deux précédentes 
Tribus que nous lui avons adjointes, constitue un ensemble qui 
suffit, à nos yeux, pour justifier le groupement que nous en 
avons fait avec ces dernières, en même temps que leur séparation 
d'avec les Perdicidés. 


CABACTÈBES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, un peu obtuse, c’est-à-dire, quelque peu 
renflée ou globulaire. 

Coquille — à test mince, à pores serrés; Blanche intérieure- 
ment, mate et sans aucun reflet. 

Couleur — d'un Blanc sale ou Fauve clair, parsemé plus ou 
moins finement de nombreux points d’un Noir-Brunûtre, entre- 
mêlés de mouchetures Grises. 

Même observ ation pour les OEufs des Oiseaux de cet Ordre, que 
pour ceux Fe précédents quant à l'appropriation de leur Couleur à: 
celle des lieux où ils les déposent. 


SIXIÈME ORDRE. 


STRUTHIONS 


(Struthiones). 


D’après notre manière de raisonner, et en nous plaçant au point 
de vue de notre travail, nous pensons à être fondé à établir ici 
l'Ordre exceptionnel des Struthions, ou Rudipennes, de M. Isid. 
Geoffroy-Saint-Hilaire. 

Nous y comprenons, à peu près, les mêmes Tribus qu'y a mises 
le Prince Ch. Bonaparte, plus les Casuaridæ, que nous élevons, 
du rang de Famille où il les plaçait, à celui de Tribu ; plus égale- 
ment les Apferygidæ, que nous élevons au même rang ; moins 


360 TROISIÈME PARTIE. 


cependant, quant à présent, les Dinornithidæ et les Epiorni- 
thidæ, dont nous ne connaissons l’OEuf qu’à l'état presque fossile, 
ce qui ne permet pas suffisamment d’en vérifier la contexture 
calcaire. 

Cet Ordre est celui qui offre les plus curieux sujets d’études 
Oologiques, en ce qui concerne la structure intime et l’aspect 
extérieur du test de l’OEuf. En effet, par suite du dépôt suecessif, 
ou du mode différent dans la cristallisation de la matière calcaire, 
cette enveloppe affecte des apparences diverses. Ainsi, dans l’Au- 
truche d’Afrique, les pores ne sont pas uniformément disposés à 
la surface, comme dans la généralité des OEufs d’Oiseaux ; ils s’y 
trouvent répartis par séries de circonvolutions divisées par seg- 
ments ou solutions de continuité, dans le genre du vermiscellé 
que la taille de la pierre affectait pour l’ornementation extérieure 
de l'architecture à la fin du XVIe et au commencement du 
XVILe siècle$ mais chaque piqueture, ou ponctuation, étant en 
creux , et l'intervalle d’un point à un autre paraissant en relief, 
par apposition, et par suite de l'épaisseur de la Coquille. 

Dans l’Autruche d'Amérique, au contraire, les pores de la 
Coquille, beaucoup plus lisse et unie que chez l’OEuf de l’Autruche 
d'Afrique, présentent un système de linéaments fins et déliés, ou 
de rayures en creux, disposés assez uniformément à la surface, 
mais tous droits et perpendiculaires au petit axe de l’OEuf, par 
conséquent dans le sens de la longueur. 

Pour le Casoar, il s’offre avec la plus grande exagération qui se 
puisse voir, du système que nous appellerons tuberculeux : car ce 
ne sont plus les pores qui s’aperçoivent se dessinant en creux, 
comme chez l’Autruche, c’est toute une granulation procédant par 
séries beaucoup plus rapprochées, en sorte que l’ensemble et 
l'aspect produisent l'effet d’un guilloché assez profond. 

Quant à l’OEuf de l’Aptérix, sa Coquille, étudiée au Microscope, 
offre à l’OEil dans la composition de son test, un réseau de fines 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 361 


saillies, ou Spicules , ainsi que le dit très-bien le Docteur Owen (1), 
communiquant entre elles, comme toutes les concrétions calcaires 
des OEufs d'Oiseaux, par des réservoirs ou tubes aériens qui en 
constituent la capillarité. Ce dernier caractère, dans le mode de 
cristallisation et de constitution organique du test Ovarien est au 
surplus, nous le répétons, commun à plusieurs autres Oiseaux , 
notamment, mais dans une moindre mesure, à plusieurs Gralles 
parmi nos OŒEgyalites et nos Alectorides. 

Observons que, par leur Forme, à part leur Couleur , l’OEuf de 
l’Autruche et celui du Casoar se rapprochent de celui de nos 
Coureurs ; tandis que celui de l’Aptéryx, par la sienne, se rap- 
proche de celui des Gralles, particulièrement de celui du Cariama, 
que nous mettons à leur tête. 

C'est donc le cas, de toute manière, d'indiquer la Diagnose 
Oologique de cet Ordre des Struthions, en procédant par Tribu. 


PREMIÈRE TRIBU. 
STRUTHIONIDÉS OU AUTRUCHES — Séruthionide. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES. 


Forme — ou Globulaire, ou Sphérique , ou Ovalaire. 

Coquille — à test fort dur, épais et à surface peu unie et fort 
luisante. 

Couleur — d’un Blanc-Jaunâtre ou Jaune d'Ivoire. 

L’Autruche, surtout celle d'Amérique ou Nandou, par son 
OEuf, semblerait la démonstration assez évidente de l'influence de 
la domesticité sur la forme de l’OEuf, ou du moins sur la dévia- 
tion que la Forme normale de ce corps en peut éprouver, et 
donner peut-être raison à la proposition de M. Hardy, de Dieppe, 
sur ce point. Mais, dans quelle limite s'exerce cette influence? 


(1) Proced. Zool. Soc., 1852. 


362 TROISIÈME PARTIE. 

Quelle en est la cause appréciable ? C’est ce que nous ne saurions 
dire ; et nous n’osons encore adopter sans réserve, ni comme 
principe démontré en Oologie, que : « La perpendicularité de 
» l’Oviducte fait, dans le repos, l’OBuf court de la majeure partie 
» des Oiseaux de proie, et dans l’action, celui du Pic, » ainsi 
que s'exprime cet habile observateur (1). 

Ainsi, la plupart des OEufs de Nandou pondus au Muséum 
d'Histoire Naturelle de Paris, présentent une Forme d’une Ellipse 
on ne peut plus allongée, et se rapprochant fort du type auquel 
nous avons donné le nom de Cylindrique ; il est facile d’en juger 
par les dimensions que voici, prises sur un OEuf de cette Espèce 
pondu dans la Ménagerie de cet Établissement : 

44 centimètres et demi de longueur, au grand axe, sur 7 cen- 
timètres et demi de largeur, au petit axe, c’est-à-dire que le 
petit diamètre, ici, n’est que la moitié du grand; tandis que les 
dimensions normales de l’OEuf de cette Espèce, pondu à l’état 
de nature ou de liberté, en Amérique, sont d'ordinaire de 9 ou 
9 centimètres et demi sur 44. La Coquille en est en outre plus 
lisse et moins striée ou piquetée , les pores plus rares et plus 
profonds, et de Couleur Beurre frais. Nous laissons M. Hardy en 
tirer toutes les conséquences favorables à sa théorie. 


DEUXIÈME TRIBU. 
CASUARIDÉS OU CASOARS — Casuaridæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 
Forme — Ovale ou Elliptique. 
Coquille — à test dur, épais, à surface très-rugueuse et lui- 
sante dans toutes les molécules ou parcelles en relief. 
Couleur — ou d’un Vert-Jaunâtre ou d’un Vert-Gristre, 


(1) Rev. et Magas. de Zool. N° 6, Ann. 1857. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 363 


recouvert dans tous les cas d’une granulation d’un Vert-Clair ou 
d’un Vert-Bouteille Bleuâtre qui, à première vue, paraît donner 
sa couleur à la Coquille et être la sienne. 

La Coquille de l'OEuf des Casoars, dans sa contexture , est 
d’une nature en apparence seulement exceptionnelle par l’exagé- 
ration de sa double concrétion , le test en ayant l’air formé de 
deux couches superposées. Ainsi, on y remarque une première 
enveloppe assez fine, assez unie et mate, de Couleur Grise ou 
Ardoise-Verdâtre ; puis, sur cette enveloppe , et irrégulièrement 
répandue à la surface, une sorte de granulation grumeleuse en 
relief, à contours arrondis et luisants, d’un beau Vert foncé. 
Aussi cette double épaisseur permet-elle d’en tirer parti au 
moyen de la sculpture, en ne laissant de la couche supérieure 
que ce que l’on veut, pour en former et produire des dessins en 
arabesque, talent que les Chinois, si industrieux, possèdent au 
suprême degré, et appliquent à toutes les matières solides. 

Ces OEufs, chez le Casoar, subissent, comme tous ceux 
d’Oiseaux soumis à l'influence de la domesticité , une altération 
sensible dans la contexture de leur test, car, outre que la prin- 
cipale surface mate de ce test devient d’un Jaune-Verdàtre, la 
granulation dont nous venons de parler, sans changer positive- 
ment de couleur, y devient beaucoup plus rare et beaucoup 
plus espacée. 

Pour ce qui est de cette granulation en elle-même, quant à sa 
nature et à son origine, il est assez difficile d’asseoir quelque 
chose de précis. IL est à croire, et c’est notre opinion, qu’elle 
est le produit de la matière colorante qui se développe dans le 
trajet de l’Oviducte, chez ces Oiseaux ; et doit en partie sa con- 
sistance, anormale dans la série, et ses reliefs à une sécrétion 
particulière assez épaisse de la muqueuse. Car nous distinguons 
positivement cette matière de la Goquille ou surface à laquelle 
elle est superposée, dont la formation est au contraire le résultat 


364 TROISIÈME PARTIE. 


d’une cristallisation très-fine et parfaitement homogène, et dont 
la teinte extérieure Gris-Verdâtre est celle de ses éléments cons- 
tituants, et par conséquent de son épaisseur ou de son intérieur. 


TROISIÈME TRIBU. 


APTÉRYGIDÉS OU APTÉRYX — Apterygidæ. 


CABACTÈBES OOLOGIQUES: 


Forme — Ovée, allongée. 

Coquille — à test modérément épais, plus rugueux au toucher 
qu’à la vue , à l’inverse de l'OEuf du Casoar ; mat et sans reflet 
sensible. 

Couleur — d'un Blanc-Gris sale. 

Si nous mettons l’Aptéryx le dernier de nos Struthions, c’est 
qu’il nous paraît former Oologiquement, et nous dirions même 
Physiologiquement , ou par l’ensemble de ses caractères, le lien 
de transition des Séruthiones aux Grailæ, par la première Tribu 
de nos Ægyalites, les Cariamideæ. 

La connaissance première de la plus grande partie des détails 
Oologiques relatifs à l’Aptéryx , est due au Docteur Owen, qui en 
a fait l’objet d’une savante et intéressante communication à la 
Société Zoologique de Londres, en 1852, dans les Bulletins 
illustrés de laquelle il en a fait figurer l'OEuf, pondu dans le 
Jardin Zoologique de la même Société. 

Cet éminent Professeur a remarqué fort justement que, toute 
proportion gardée entre les mesures Ostéologiques des Dinorni- 
thidæ et des Apterygidæ, V'OBuf de ces derniérs était beaucoup 
plus gros que ne pouvait l'être celui des premiers, dont on ne 
connaît que des débris plus ou moins fossilifiés. 

Or, ce caractère de grosseur disproportionnée de l’OEuf avec 
l'Oiseau qui l’a produit est commun, et presque exclusivement 
particulier à l’'OEuf de la plupart des Tribus du premier Sous- 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 365 


Ordre de nos.Gralles, les Ægyalites, dans lesquels figurent les 
Charadridæ, etc. 

Nous devons dire toutefois que la Forme de l’OEuf de l’Aptéryx, 
presque la même que celle de l’OEuf du Cariama , se rapproche 
beaucoup plus de la Forme Ovée allongée que de la Forme 
Ovoïconique propre aux vrais Gralles. 


SEPTIÈME ORDRE. 


GRALLES 


(Grallæ ). 


Le caractère particulier de tout OEuf de vrais Gralles, est d’avoir 
sa matière calcaire d’un Blanc légèrement Verdâtre dans son épais- 
seur, et par conséquent dans la transparence de sa Coquille. C’est, 
avec la Forme qui est d’un Ové allongé et aigu, c’est-à-dire, 
presque Ovoïconique, la ligne de démarcation la plus marquée 
entre cet Ordre et celui des Gallinacés, dont cette matière est au 
contraire le plus généralement Blanche. 

Nous comprenons dans cet Ordre tous les Oiseaux à tarses 
élevés, en dehors de ceux qui précèdent, et nous le divisons en 
quatre Sous-Ordres : Ægyalites, Alectorides, Herodiones et 
Hygrobatæ. 


PREMIER SOUS-ORDRE. 


ÆGYALITES 


(Æyyalites). 


Nous avons préféré emprunter cette dénomination à Vieillot, 
qui l’appliquait à la plupart des Tribus dont nous formons ce 
Sous-Ordre, que d’en imaginer un nouveau. Il se compose des 
Tribus suivantes : 


366 TROISIÈME PARTIE. 


Cariamidæ, Cariamas. 
Thinocoride , Thinocores. 
Charadriide, Pluviers. 
Glareolidæ, Glaréoles. 


Hoœmatfopodidæ, Huitriers. 
Recurvirostridæ, Avocettes. 
Scolopacideæ , Bécasses. 
Phalaropodidæ, Phalaropes. 


Au total huit Tribus, dont les deux points extrêmes paraissent, 
à première vue, bien éloignés l’un de l’autre. 


Nous avons donné plus haut les raisons qui nous ont fait dé- 
tacher l’OEdicnème des Charadridés , nous devrions dire, mainte- 
nant, de nos Ægyalites. Nous allons, à l’appui de ces raisons, 
donner celles qui nous ont fait comprendre les huit Tribus ci- 
dessus dans ce Sous-Ordre , et sur lesquelles s’appuie le groupe- 
ment Oologique que nous en avons ainsi fait; et ces motifs, nous 
les emprunterons encore à M. de la Fresnaye, dont les considéra- 
tions ne sont que le développement de nos principes et de ceux de 
Buble, qui avait dit avant nous que : « La Forme de l’OEuf est en 
» rapport avec la configuration de l’Oiseau qui se développe dans 
» l’OEuf, nommément avec la grosseur du tronc, avec la grosseur 
» de la tête, et avec la longueur et la vigueur des jambes : par 
» exemple, la forme ronde du Hibou, le corps long et étendu, et 
» le cou allongé du Grèbe huppé, etc. » 


.« Chez les Échassiers marins, dit M. de la Fresnaye, comme 
Couruis, Pruviers, Hurrrters, Ecrasses, VanNEAUx , CHEvALIERS et 
Bécasseaux, et même chez les Bécasses, Bécassines et BarcEs 
(c’est-à-dire, Numenius, Charadrius, Hoœmatopus, Himan- 
thopus, Vanellus, Totanus, Tringa, Scolopax, Gallinago et 
Limosa), qui, pour la plupart, sont Oiseaux assez étroits des 
épaules, mais à bréchet très-saillant inférieurement, les OEufs 


APPLICATION DE CARACTÈRES OOLOGIQUES. 367 


sont très-renflés vers le gros bout, allongés et très-pointus vers 
l’autre extrémité ou Ovalo-coniques… 

» Après avoir reconnu que les OEufs d'Échassiers marins, très- 
gros par un bout, devaient ce renflement à la grande saillie infé- 
rieure du bréchet de leur squelette, il nous reste à expliquer pour- 
quoi ces mêmes OEufs sont prolongés en pointe conique au bout 
opposé. Si le bréchet, d’après son plus ou moins de saillie, soit 
inférieure, soit antérieure, dans le squelette, produit chez l’OEuf 
une Forme plus ou moins renflée vers le gros bout, c’est-à-dire, 
Ovalaire, ou plus ou moins étroite vers ce même bout, c’est-à- 
dire, Ellipsoïde , la longueur comme la grosseur des trois parties 
qui constituent l'aile et la patte ont aussi une influence très- 
marquée sur l'allongement de l’OEuf antérieurement ou postérieu- 
rement ; ainsi chez les Echassiers maritimes dont il est ici question, 
tels que les Echasses, Courlis, Pluviers, Vanneaux, Chevaliers, 
Tringas, et même chez les Bécasses et Bécassines, tous Oiseaux à 
pattes généralement fort longues et très-grêles, lorsque ces pattes 
sont reployées sur elles-mêmes en forme de Z, comme elles de- 
vaient l’être dans l’OEuf, l'extrémité postérieure des deux tibias ou 
leur articulation avec les tarses dépassant plus ou moins l'extrémité 
de la queue, se trouvent alors très-rapprochés ou contigus l’un à 
l’autre postérieurement, et occasionnent cette prolongation posté- 
rieure en pointe conique chez leur squelette comme chez leurs. 
OEufs (chez l’Echasse elles dépassent la queue d’une longueur égale 
à celle du tarse tout entier). Les os de leurs ailes, également grêles, 
mais de longueur moyenne et ne dépassant pas le tronc antérieu- 


rement, ne peuvent motiver un prolongement antérieur dans 
l'OEuf. » (1) 


. (1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. Rev. Zoo!. 
4845. | 


368 TROISIÈME PARTIE. 


PREMIÈRE TRIBU. 


CARIAMIDÉS OU CARIAMA. — Cariamide. 


Cette Tribu n’est représentée que par une Espèce unique, que 
le Prince Ch. Bonaparte a placée entre les Grues et les Kamichis, 
dans ses Alectorides. Nous croyons le Cariama mieux placé ici , 
c’est du moins le rang que semble lui assigner son caractère Oolo- 
gique, qui est celui d’un véritable Echassier, et celui de tous les 
Pluviers, dont nous le faisons suivre. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, presque Ovoïconique obtuse. 

Coquille — à grain assez dur, à pores visibles, Blanc inté- 
rieurement et d’un faible reflet. 

Couleur — d’un Blanc-sale avec quelques taches d’un Brun- 
Rougeâtre, entremêlées d’autres taches Grisâtres. 

Par la place que nous assignons à ce Genre, dans la Série, on 
voit que nous ne partageons pas l’opinion du Docteur Thienemann, 
qui le range avec les Rallidæ; sans doute à cause des rapports 
apparents de Coloration de cet OEuf, avec la variété d'OEuf de 
Porphyrion, à côté de laquelle il le figure (1). Sa Forme seule en 
effet l’éloigne considérablement de cette famille. 


DEUXIÈME TRIBU. 
THINOCORIDÉS — T'hinocoridæ. 


La transposition que nous avons cru pouvoir faire des Thino- 
cores, en les enlevant à l'Ordre des Gallinacés, ou au moins à la 
Famille des Perdicidés, dans lesquels on les place d'habitude, et 


(1) PL Lx, fig. 44 et 18. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 369 


où les a même rangés un moment (1) le Prince Ch. Bonaparte, 
pour les reporter, ainsi qu'il l'a fait depuis (2), à l'Ordre des 
Gralles, paraîtra peut-être extraordinaire et en dehors de 
toutes les règles de la Classification Ornithologique. Lorsque 
l'on aura toutefois examiné nos motifs, on reconnaitra que 
nous sommes beaucoup plus près de la vérité, si nous ne nous 
y trouvons tout-à-fait, que nos prédécesseurs, et que nous ne 
l'avons été nous-même , dans le temps, faute de connaître 
l’OEuf du Thinocore, que nous possédons aujourd’hui, et qui 
doit faire cesser toute incertitude. On en va juger : 


CARACTÈRES QOLOGIQUES : 


. Forme — Ovoïconique. 

Coquille — à test dur, serré, à pores peu visibles, uni et 
luisant; d’un Blanc légèrement Verdâtre intérieurement. 

Couleur — d’un joli ton Isabelle, presque Nankin, grivelé de 
petits points et de traits d’un Brun-Rougeâtre et d’autres d’un 
Gris violacé, plus nombreux au gros bout. 

Il ne faut donc pas s'étonner que d’après ces caractères, qui 
sont exclusivement propres à tous les vrais Charadridés , nous 
ayons fait des Thinocores une Famille de Gralles ; et, surtout, que 
nous les placions entre les Cariamas et les Pluviers qui les vont 
suivre. Nous ne connaissons l’OEuf, il est vrai, que d’une Espèce 
de Thinocore, celui de d’Orbigny (Orbignyanus); mais le caractère 
de Gralles y est si bien imprimé, que nous ne mettons pas en 
doute que tous ceux de la Famille ne lui ressemblent. 

A l'appui de ces remarques, nous avons des données qui vien- 
nent corroborer notre manière de voir, et démontrer tout le secours 
que l’Ornithologie peut recevoir de l’Oologie sainement appliquée, 


(1) Conspectus,. 1852. 
(2) Comptes-rendus de l’Acad. des Sciences. 1856. 


370 TROISIÈME PARTIE. 


à mesure que s’étendra le cercle de ses connaissances. Il faut se 
reporter en effet aux habitudes des Oiseaux dont nous nous oceu- 
pons ; et c’est une occasion toute naturelle pour nous de rappeler 
aux Ornithologistes ce qu’en ont dit et les Naturalistes de l’Expé- 
dition Américaine du Beagle, et, d’après eux, le Baron de Lafres- 
naye, que nous préférons laisser parler. 

« Le Genre Thinocore, dit ce Savant, qui, dans ses formes et 
ses mœurs , tient des Gallinacés et des Echassiers tout à la fois, se 
rencontre partout où il y a des plaines stériles et des pâturages 
maigres et découverts, dans l'extrémité Sud de l'Amérique Méri- 
dionale. Ainsi le Thinocorus rumicivorus d'Eschscholtz, se trouve 
à l'Est, dans les plaines de la Patagonie, près Santa-Cruz, vers le 
50e degré de latitude, et, à l'Ouest, sur le versant Occidental des 
Cordillières, à la Conception, vers les lieux où le pays, couvert de 
forêts, se change en vastes plaines découvertes. Depuis ce point 
méridional du Chili, jusqu’à Copiapo, on le rencontre dans les 
localités les plus dénuées de végétation et les plus désolées, où 
aucun être vivant ne semble pouvoir exister. 

» Comme les Perdrix, les Thinocores prennent leur vol en 
compagnies ; comme elles, ils sont Oiseaux pulvérateurs. Dans ces 
deux particularités de mœurs, comme aussi dans la forme de leur 
gésier musculeux, adapté à une nourriture végétale ; dans celle de 
leur bec voüté, de leurs narines à opercule charnu ; de leurs pattes 
peu élevées et de leurs doigts, ces Oiseaux ont une grande affinité 
avec les Cailles. 

» Mais, dès qu'on les voit voler, on change d'avis : leurs ailes 
longues et pointues, si différentes de celles des Gallinacés; leur vol 
élevé et irrégulier, et leur cri plaintif, au moment où ils s'élèvent 
du sol, rappellent toutes les allures d’une Bécassine; quoique, 
lorsqu'ils sont réunis en troupe, ils prennent leur essor comme une 
compagnie de Perdrix. Les matelots du Beagle les appelaient, en 
général Bécassines à bec court. Il est certain que, dans la forme 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 371 


de leurs ailes , la longueur des scapulaires, la forme de la queue, 
qui ressemble tout-à-fait à celle du Tringa hypoleucos ; et dans la 
couleur générale du plumage, ils offrent la plus grande analogie 
avec les Tringas, selon M. Gould ; selon nous, ce serait plutôt 
avec les Tournepierres, d’après la brièveté de leurs jambes et 
l'espèce de plastron noir qui se remarque sur la poitrine des mâles, 
et qui, de chaque côté, descend du coin du bec. La description 
anatomique qu’en a donnée M. Eyton (1) confirme en partie cette 
affinité avec les Echassiers et les Gallinacés, qui est si remarquable 
dans leurs formes extérieures et leurs habitudes. » (2) 

N’est-il pas intéressant, en présence de ces hésitations de la 
Science et du pressentiment d’un de nos plus habiles Ornitholo- 
gistes, M. Gould, à qui en est due la remarque, de voir ces incer- 
titudes tranchées, en faveur de l’opinion de ce dernier, par la 
révélation des caractères si fortement accusés de l’OEuf d’un 
Oiseau de cette Famille? Caractères tels que, confondu avec plu- 
sieurs OEufs de Charadriüdés, on le pourrait confondre avec eux et 
le prendre presque pour l’OEuf du Charadrius vociferus, sauf 
son fond un peu plus jaunâtre. 

L'OEuf de l’Aftagis, que nous ne connaissons pas encore, 
viendra-t-il confirmer de si heureuses prémisses ? 


TROISIÈME TRIBU. 


CHARADRIIDÉS OU PLUVIERS — Charadriideæ. 


C'est, avec les Thinocoridés, et à partir des Charadriidés, que se 
dessine le mieux , après le caractère de la couleur de la matière 
calcaire, cet autre caractère si remarquable de l’OEuf des vrais 
Gralles, qui affecte la Forme que nous avons appelée Ovoïconique, 
mais qui ne se révèle encore chez eux, qu’au premier degré de ce 


(1) Beagle’s Vog. 
(2) Revue Zoolog. 1845. 


372 TROISIÈME PARTIE. 


que nous les verrons plus tard, dans un Ordre d’Oiseaux inférieurs. 
Cette Forme est celle dans laquelle la partie la plus longue du 
petit axe de l’OEuf, au lieu de se trouver au centre, comme dans 
la Forme Ovoïde ou Elliptique, se trouve reportée au sommet de 
l’OEuf, dont les côtés ne dessinent plus, à partir de ce point, 
qu’une ligne droite jusqu’à son bout aigu. 

Les Caractères Oologiques de toutes les Tribus qui vont suivre, 
jusqu’à la fin de l'Ordre des Gralles, sont tellement identiques, que 
nous nous empressons de reconnaître l’impuissance de l’Oologie à 
servir à les distinguer, par ces caractères , d’une manière satisfai- 
sante les unes des autres. Leurs OEufs, à toutes, à quelques excep- 
tions près, ont la même Forme, la même nature de Coquille, et 
sont empreints des mêmes Couleurs ne variant que dans l’intensité 
des teintes, et ces Couleurs ne sortent pas du Brun et du Vert dans 
toutes leurs gammes. Cette impuissance de l’Oologie, que nous 
signalons ici, est, après tout, plus apparente que réelle : ear c’est 
un hommage de plus rendu à l’harmonie constante de ses rapports 
avec les. faits de mœurs et d’habitudes, et avec l’ensemble des 
caractères organiques et ses formes extérieures. 


CARACTÈRES ©OOLOGIQUES : 


Forme — Ovoïconique. 

Coquille — à test mince, à pores assez visibles, d'un Blanc 
Verdâtre intérieurement et peu luisant. 

Couleur — à fond d’un Blanc plus ou moins Jaunâtre ou Ver- 
dâtre, avec des taches d’un Brun varié et d’autres Grisâtres, d’un 
système de maculature irrégulier ; tantôt sous forme de points ou 
vermicellé, tantôt sous forme d’éclaboussures ou de mouchetures, 
tantôt enfin sous forme de larmes , généralement réunies au centre 
ou au gros bout de l’OEuf. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 313 


QUATRIÈME TRIBU. 
GLARÉOLIDÉS OU GLARÉOLES — Glareolidæ. 
CARACTÈRBES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, un peu Globulaire ou obtuse. 
Coquille — comme chez les Charadridés. 
Couleur. — Le fond généralement plus Verdâtre. 


CINQUIÈME TRIBU. 
HOEMATOPODIDÉS OU HUITRIERS — Hœæmatopodide. 
CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — d'un Ové allongé plutôt qu'Ovoïconique. 

Coquiile — comme chez les précédents. 

Couleur. — Fond d’un Blanc-fauve ou Jaunâtre, avec des 
points ou quelques marbrures irrégulières d’un Brun plus ou moins 
foncé. 

Le Docteur Thienemann les range avec les OEdicnèmes, dont 
ils rappellent, il est vrai, un peu l’OEuf, mais de bien loin, et 
encore uniquement sous le rapport du système de maculature (1). 


SIXIÈME TRIBU. 
RÉCURVIROSTRIDÉS OU AVOCETTES — Recurvirostride. 
CABACTÈRES OOLOGIQUES : | 


Forme — Ovoïconique. 
Coquille — comme chez les précédents. 
Couleur — de même. 


(1) Tab. 57. 


374 TROISIÈME PARTIE. 


SEPTIÈME TRIBU. 
SCOLOPACIDÉS OU BÉCASSES — Scolopacidæ. 


CABACTERES QOLOGIQUES : 


Forme — variant de l’Ovée obtuse pour les grandes Espèces de 
Bécasses (Rusticola et Major) à la Forme Ovoïconique pour toutes 
les autres Espèces, surtout pour les Genres Numenius et Limosa. 

A l'égard du Genre Numenius, son OEuf est une des meilleures 
démonstrations de l'indispensable nécessité de joindre les connais- 
sances Oologiques à celles Ornithologiques. Pendant combien de 
témps en effet, au point de vue de ses caractères physiologiques, 
n’a-t-on pas persisté à le rapprocher des Ibis, dont il représente 
seulement le facies? Il suffit aujourd’hui d'examiner la Forme 
seule de l’OEuf du Courlis, pour demeurer convaincu qu’il ne sau- 
rait être placé ailleurs que dans les Scolopacidés (1). 

Coquille — plus ou moins luisante, moins pour les premières, 
plus pour les secondes. 

Couleur — comme pour les précédentes. 

Il y aurait cependant, sous ce dernier rapport, une exception à 
faire en faveur de la Rusticola, qui se rapproche un peu pour le 
fond et pour les taches, de la Tribu des Rallidæ, qui fait la tête 
de l'Ordre dont nous allons traiter. 


HUITIÈME TRIBU. 


PHALAROPODIDÉS — PHALAROPES — Phalaropodideæ. 


Les Caractères Oologiques en sont les mêmes que ceux des 
Récurvirostridés. 


(1) Magas. de Zool. 1844. Ois. PI. XLYIN 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 315 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE 


ALECTORIDES 


(Aleclorides). 


Nous laissons au rang d’Ordre, en en adoptant la dénomination, 
la Tribu des A/ectorides du Prince Ch. Bonaparte, et nous la 
composons des mêmes éléments qu'il a affectés à cette Tribu ; mais 
dans un sens inverse de celui adopté par l’illustre Ornithologiste. 
Ce Sous-Ordre renfermera donc les Tribus suivantes : Parride, 
Rallidæ, Palameïdæ, moins les Cariamidæ, que l’on a vus 
ailleurs; mais plus les Chionideæ, les Eurypigidæ , les Opistho- 
“comidæ , les Penelopidæ , les Megapodidæ, les Cracidæ, et les 
Mesilidæ, au total dix Tribus. 


PREMIÈRE TRIBU. 
PARRIDÉS OÙ JACANAS — Parridc. 


L'un des plus grands embarras des Classificateurs en Ornitholo- 
aie est de trouver, sinon la place des Rallidæ, nous dirions 
presque des Alectorides, dans la Série, du moins leur lien de 
transition avec les Gralles; et cette difficulté est la même pour 
l’'Oologiste : non pas tant à cause des caractères parfaitement 
homogènes du reste de la Tribu des Rallidés, qu'à cause des 
caractères tout-à-fait exceptionnels de l’OEuf des Parridés ou 
Jacanas, et sous le rapport de la Forme, et sous celui du système 
de maculature; qui n'ont aucune analogie, par leur OEuf, avec 
celui de cette dernière Famille, dont leurs mœurs, leurs habi- 
tudes, et même leur conformation les rapprochent éminemment : 
la Forme de cet OEuf est celle des Gralles; quant à la maculature, 
elle est, on peut le dire, sui generts. 


376 TROISIÈME PARTIE. 


Si nous ne suivions que notre impulsion naturelle, nous les 
comprendrions donc dans ce dernier Ordre, quoique les consi- 
dérations que nous venons d’énoncer les en repoussent quelque 
peu; et nous ne voyons d'autre moyen de sortir de cette per- 
plexité que de les mettre en tête de nos Alectorides, ceux-ci 
venant immédiatement à la suite des Gralles. 


CABACTÈBES QOLOGIQUES : 


Forme — Ovoïconique ou d’un Ové excessivement aigu. 

Coquille — à test assez dur, à pores invisibles et très-luisant. 

Couleur — d'un fond Jaunâtre ou Ocracé, couvert en tous 
sens de traits en zig-zag, présentant un enchevêtrement inex- 
tricable, et dont on découvre à peine le commencement ou la 
fin , de couleur Noire ou Brun-foncé. 

Tel est le caractère de coloration et de maculature du Parra 
Jacana et du Metopidius Africana , que nous possédons ; d’une 
Espèce, de Madagascar, que nous avons étudiée dans le temps 
au Museum d'Histoire Naturelle de Paris, et dont nous possé- 
dons le dessin fait de la main d’Alphonse Prévost, l’un des 
meilleurs Peintres de cet Établissement; et du Parra Indica, 
que nous ne pensons pas être la même Espèce, figuré par 
Thienemann (1). 

Une exception fort curieuse existerait pour le Parra Sinensis, 
que nous ne connaissons également que par la figure qu’en a 
donnée le même Auteur (2). Cet OEuf a la même Forme, mais 
la Coquille est uniformément teintée d'un Jaune légèrement 
Olivâtre, qui rappelle à s’y méprendre l’OEuf du Faisan commun, 
dont cet Oiseau porte même le nom générique (Æydrophasianus 
de Wagler) à cause de la forme si singulière de sa queue qui est 


1) PI. zxxit, fig. 10. 
(SOMME NUE 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. A1 


celle de tous les Phasianidés , et ne porte trace d'aucune macu- 
lature. Il faut avouer qu'ici la Science Oologique se trouve 
encore en défaut; quoique cependant l’anomalie organique qui 
se remarque chez cette Espèce soit égale à celle qu'offre son 
OEuf , en telle sorte qu’à la rigueur il n'y aurait pas plus à 
conclure contre l’une que contre l’autre de ces deux Sciences, 
dont la dernière est à ses débuts. 


DEUXIÈME TRIBU. 


EURYPIGIDÉS , OU CAURALES — Eurypigidæ. 


Ce n'est point d'aujourd'hui qu'est faite notre opinion de 
ranger le Caurale dans les Rallidés, ou très-près d’eux. Dès 4844, 
peu de temps après nous être procuré, par l’infortuné Justin 
Goudot, l'OEuf de cet Oiseau, nous nous exprimions ainsi : 

« Cest la première fois que la Science a connaissance de cet 
OEuf, découvert, comme celui du Rupicole, par M. J. Goudot, 
qui l’a trouvé, en chassant, à la Nouvelle-Grenade, dans un 
nid sur lequel il venait de tuer la femelle que nous possé- 
dons. 

» Nous croyons que les Caractères Oologiques qu'il fournit 
peuvent aider puissamment les Nomenclateurs à sortir de l’em- 
barras qu’ils ont jusqu’à présent éprouvé à classer convenable- 
ment ce Genre si remarquable. 

» On sait que l’agréable variété, plutôt que la beauté réelle du 
plumage de cet Oiseau, surtout lorsqu'il étale ses ailes et sa 
queue, lui à fait donner, par les Français qui habitent la Guyane, 
seule partie de l’Amérique du Sud, d’où, jusqu’à présent, l’on 
ait reçu ce Genre, le nom de petit Paon des Roses, sous lequel 
il est connu dans cette Colonie, et que Buffon, avec le goût et la 
justesse d'idées et d'expressions qui le distinguent toujours , n’a 


31738 TROISIÈME PARTIE. 


pas cru pouvoir mieux peindre ce plumage qu’en le comparant 
aux ailes de la plupart des beaux Papillons Phalènes. 

» Ce grand Naturaliste n’a pas été moins heureux dans sa 
manière d'apprécier l’ensemble des Caractères Zoologiques du 
Caurale , lorsqu’après avoir dit : « À le considérer par la forme 
du bec et des pieds, cet Oiseau serait un Rüâle; mais sa queue 
est beaucoup plus longue que celle d'aucun Oiseau de cette 
Famille, » il se décide à le décrire à la fin des Râles, et avant 
les Poules-d’eau (Gallinula). 

» Nous pensons que tous les Auteurs, qui ont écrit depuis lui, 
eussent dû, en l’absence et à défaut de nouveaux caractères 
inconnus à Buffon, s’en tenir à son jugement et laisser provisoi- 
rement le Caurale où il l'avait placé. 

» Linnée, sans être aussi bien inspiré, mais avec presque 
autant d'apparence de raison, l’a mis dans son Genre Héron, 
Ardea. 

» Valmont de Bomare, tout en suivant l'opinion que Buffon 
n’avait émise que sous forme de doute, a été beaucoup plus 
affirmatif que lui, en disant du Caurale : « à a tous les carac- 
tères du Râle, et il est par conséquent du méme Genre, ù à 
seulement la queue plus longue. » 

» Latham, séduit par les rapports frappants des couleurs 
de son plumage avec celles de la Rhynchée du Cap, Rhynchœæa 
Capensis, en a fait une Bécassine, et l’a placé dans le genre 
Scolopax. 

» Illiger, Cuvier et Latreille, l’ont rangé entre les Grues et les 
Hérons ; Temminck, entre les Rynchées et les Ràles, se rappro- 
chant, par là, un peu plus des principes de Buffon que ses 
devanciers:; et Vieillot l’a mis entre les Bécasses et les Hérons, 
sous le nom de Helias phalenoïdes. 

» Lesson, en prenant parti pour Linnée, parce que, suivant 
lui, le Caurale est évidemment un petit Héron, à cru devoir 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 379 


critiquer indirectement Buffon de lui avoir trouvé de l’analogie 
avec les Râles. 

» Enfin le docte M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (!) et, plus 
récemment encore, M. G. R. Gray, en Angleterre, ont suivi les 
mêmes errements, et fait entrer le Caurale dans leur famille des 
Gruidæ, composée des Genres Grus et Ardea de Linnée. 

» On le voit, grand a été l'embarras des Naturalistes jusqu’à 
ce jour, pour se fixer sur la véritable place à assigner au Caurale 
dans l'Ordre Méthodique; mais si grand qu'ait été cet embarras, 
leur hésitation a eu ses limites dans lesquelles elle s’est constam- 
ment maintenue, c’est-à-dire qu'ils ont varié de la Famille des 
Gruidæ à celle des Ardeideæ et des Scolopacide. 

» C’est qu’en effet, en supprimant cette dernière, qui n'a 
qu'un rapport de couleur, on ne peut se dissimuler que, par ses 
caractères zoologiques , cet Oiseau ne tienne beaucoup, quoique 
dans des mesures inégales, de l’une et de l’autre des deux pre- 
mières : s’il a le bec et les pattes des Râles, le prolongement 
insolite de sa queue et un peu de son cou le rapproche des 
Hérons. 

» La seule conséquence à tirer de cette double affinité, c’est 
que l’on avait affaire évidemment à un Genre de transition; et 
qu’en présence de cette évidence, c'était vouloir s’épuiser en 
vains efforts, que chercher à le fondre exclusivement dans l’un 
plutôt que dans l’autre. 

» Gest ce que démontre d’abord le mode de nidification du 
Caurale , tout-à-fait mixte entre celui des Räles, qui nichent par 
terre ou dans les jones , et celui des Hérons qui nichent presque 
toujours au sommet des plus grands arbres : le Caurale, d’après 
les observations de J. Goudot (2), ne faisant son nid qu'à cinq 
ou six pieds de terre, et près des marécages. 


(1) Cours. 1843-1844. 
(2) Magus. de Zoo. 1843. 


380 TROISIÈME PARTIE. 


» C’est ce que démontrent incontestablement, suivant nous, 
l'inspection et l'étude attentive de son OEuf. 

» Cet OEuf tient à la fois, et de celui des Hérons, par sa 
Forme Ovalaire quelque peu obtuse, et de celui des Râles, par 
l'agencement de ses Couleurs. Ainsi, l’aspect extérieur de sa 
Coquille est d’un ton Jaunâtre carminé, recouvert à la sommité 
de l'OEuf de quelques taches rares de Carmin ou de Rouge- 
Brique, sous forme d’éclaboussures, entre-mêlées de quelques 
autres d’un Brun violacé. C’est, en un mot, quoique dans un 
ton plus élevé, le même mode de Coloration que chez l’OEuf des 
Räles et des Porphyrions. Ses diamètres sont de 46 millimètres 
sur 36 environ. 

» De la comparaison de ces Caractères Oologiques résulte 
l'indication suffisante , ce nous semble , de celle des deux 
Familles, des Rallidés et des Ardéidés, avec laquelle le Caurale 
a le plus de tendance à se réunir; car le seul de ces Caractères 
qui domine est celui de l'OEuf des Rallidés. 

» En effet, une ligne de séparation bien tranchée l’éloigne 
beaucoup des Hérons, sous le rapport Oologique; c’est, à part 
la teinte Carminée qui colore le test de l’OEuf du Caurale, la 
présence, sur ce fond, de taches bien prononcées, d’une Couleur 
plus ou moins Sanguine ou Violacée. Or, après le caractère de 
la Forme presque constamment Ovalaire de l'OEuf, chez les 
Hérons, le caractère distinctif également constant est celui de 
l'absence complète de toutes taches ou macules, que nous appel- 
lerons organiques , à la surface de leur Coquille , presque 
toujours d’une teinte Vert-Päle ou Bleuâtre, ou même Blanche 
légèrement azurée, la plupart de celles qui s’y rencontrent 
n'étant dues qu’à des circonstances extérieures, telles que le 
contact de feuilles d'herbes ou de racines décomposées ou humi- 
difiées, qui viennent plutôt altérer le ton uniforme de l'enveloppe 
que s’y superposer en véritables taches naturelles. C'est, du 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 381 


moins, ce que prouve suffisamment l'inspection Oologique de 
seize Espèces de cette Famille d'Oiseaux, dont les OEufs connus, 
et que nous possédons , offrent tous les mêmes caractères, c’est- 
à-dire Forme Ovalaire, Coquille d’une teinte Verdâtre plus ou 
moins foncée, ou Blanchâtre ; mais toujours et invariablement 
uniforme et sans taches. 

» Chez les Râles, au contraire, les Poules d’eau et les Porphy- 
rions, l’OEuf est de Forme Ovce; et, quant à la Coquille, elle 
est, sur un fond constamment d’un Jaune plus ou moins Car- 
miné, éoujours parsemée de taches Sanguines, Rouges-Briques, 
ou Violacées. L'absence de taches dans les OEufs de cette Famille 
nombreuse, que nous possédons au nombre de dix-sept Espèces, 
serait au contraire une exception dont on ne connaît pas encore 
d'exemple. 

» Nous sommes donc amené à présumer que ce caractère 
Oologique, tout nouveau et difficilement contestable, une fois 
admis en Ornithologie , il sera permis d'espérer que les Maitres 
de la Science, en le réunissant aux deux autres indices Zoolo- 
giques, communs aux Rallidés, fournis par le Caurale, n’hési- 
teront plus à lui trouver une place naturelle en rapport avec la 
somme de considérations qui militent en faveur d’une modifica- 
tion tranchée à faire au Classement Méthodique toléré jusqu’à 
présent à l'égard de cet intéressant Oiseau. 

» Et peut-être ce déclassement viendrait-il alors justifier en 
partie l’idée qu'a eue Schæffer, dans ses Elementa Ornitholo- 
gica, 1774, de placer les Râles à côté des Hérons. Dans ce 
système , le Caurale prendrait immédiatement rang entre ces 
deux Familles : c’est, à bien plus juste titre que le Courlan 
(Aramus), ainsi que l’a imaginé Spix, le seul lien naturel de 
transition d’une Famille à l’autre, sous le nom de Ardea Ral- 
loïdes, qui lui conviendrait infiniment mieux qu'au Courlan. 

» Au surplus, suivant notre habitude, dont nous ne nous 


382 TROISIÈME PARTIE. 


départirons jamais, notre intention est d'indiquer, plutôt que de 
décider nous-même, ce qui est à faire; parce que la pensée qui 
nous domine avant tout, nous l'avons déjà dit, c’est de 
fixer l'attention sur l'utilité que la Science peut tirer des 
Caractères Oologiques, pour la Classification naturelle des 
Oiseaux. » (1) 

Il nous a été permis depuis, et il nous l’est encore, à bien 
plus forte raison, aujourd’hui que s’est agrandi le cercle de nos 
observations Oologiques, d’être plus affirmatif sur la seule place 
qui convienne au Caurale, dans la Série. Car, si nous apercevons 
parfaitement les rapports qui le lient aux Grues et aux Räles, 
nous ne comprenons pas qu'il puisse figurer, isolément de 
ces deux Familles, au milieu des Ardeidæ, en tête desquels 
M. Gray, à l'instar de Lesson, n’a pas hésité à le mettre, long- 
temps après la publication de son Genera (2). C’est cette manière 
de voir qui, dans un autre Ouvrage (3), nous l’a fait sortir des 
Gruidæ, pour la mettre en tête de nos Rallidæ, qui viennent 
après eux, comme nous le faisons encore en ce moment ; et ainsi 
que l’a fait, dès 4850, le Docteur Reichenbach. 

Le Prince Ch. Bonaparte, entrant en partie dans nos considé- 
rations Oologiques au sujet de cet Oiseau, en a fait progresser 
le classement, en le mettant au contraire, il est vrai, dans ses 
Gruidæ; mais qu’il maintient dans sa Tribu, que nous accep- 


(1) Magas. de Zoolog. 1844. Ois. PL. 11, représentant l'Œuf de l'Euripyga, 
et celui du Rallus variegatus, comme terme de comparaison. 

(2) List. of Genera. 1854. 

(3) Encycl. d'Hist. Nat., t. VI. — Nous regretions que les Entrepreneurs 

de cet Ouvrage, qui, consciencieusement exécuté, promettait tant à la 
Science, arrivé que nous étions aux Columbidæ, du travail qu'ils nous 
avaient confié, aient cru, par une mesure d'économie mal entendue, pou- 
voir trier au hazard, sans méthode et sans science, dans notre Manuscrit, 
de manière à réduire à un volume la matière de deux, au risque de laisser 
des lacunes regrettables, comme celles qui s’y trouvent pour le Caurale et 
pour tant d’autres Genres intéressants. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 383 


tons comme Ordre, des Alectorides, à la fin desquels figurent ses 
Rallidæ (1). 

Enfin Thienemann, qui a reproduit cet OEuf d’après l’unique 
exemplaire que nous possédions, le fait également figurer dans 
les Rallidæ, nous donnant ainsi l’appui de son autorité. (?) 

Nous compléterons cet exposé par des observations de mœurs 
et d'anatomie dues à l'Expédition de M. de Castelnau aux bords 
de la Haute-Amazone, que nous avons consignées déjà dans la 
partie Ornithologique de son Voyage : 

» Je ne connais guère , dit le Docteur Weddell, d'Oiseau plus 
difficile à approcher que celui-ci ; la plus légère interruption le 
chasse; mais, chose curieuse, en imitant son sifflement doux et 
prolongé, on peut souvent l’attirer de la profondeur des forêts : il 
perche alors sur quelque bas tronc, au bord dela rivière, et répond 
par un petit roulement sec, puis s’envole silencieusement dès qu’il 
s'aperçoit du subterfurge dont il a été victime. Lorsque, de loin, 
on le voit sur la plage , il faut, pour le surprendre , faire , par 
terre, un détour qui permette de l’approcher par derrière. » (3) 

« Nous parvinmes, rapporte M. de Castelnau, à garder assez 
longtemps vivant un Caurale ; il mangeait de la viande et du 
poisson , et aimait beaucoup à se baigner. C’est un Oiseau à 
mœurs sauvages et à caractère belliqueux; lorsqu'on s'approche 
de lui, il ouvre ses ailes, se met sur la défensive et fait entendre 
un son assez semblable à celui que produit le Chat en s’élançant 
sur sa proie. » (4) : 

Le Père Plaza, à Sarayacu, dit à M. de Castelnau avoir gardé 
un Caurale pendant vingt-deux ans (5). 


(1) Rev. Zoolog. et Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences. 1855. 
(2) PI. Lxxin1, fig. 9. 

(3) Expéd. de M. de Castelnau. Histor. des Voy. T. HI. 

(4) Id. — ibid. S'UME 

(5) Id. — ibid. T. IV. 


384 TROISIÈME PARTIE. 


« Dans la journée , dit J. Goudot, le Caurale se perche rare- 
ment; mais, le soir, à la tombée de la nuit, il se place sur les 
arbres, et c’est là qu’il niche. Les petits , lorsqu'il en découvrit 
le nid, étaient déjà assez formés dans l'OEuf en AOût. » (1) 

L’habitat du CGaurale est aussi très-étendu. « Nous l'avons trouvé, 
dit Deville, pour la première fois, sur le rio Araguay, dans le 
Brésil, province de Goyas, où on lui donne le nom de Pavaô ; 
puis sur le rio Ucayala, dans le Pérou , Pampa del Sacramento ; 
et à Cayenne, où on lui donne le nom de Paon des Roses. » (?). 

On sait enfin, d’après Goudot, qu’il est assez commun à la 
Nouvelle-Grenade, où il habite la région tempérée de la Cordil- 
lière centrale. 

Les seules particularités anatomiques qu'offre le Caurale, sont 
les suivantes, dont nous devons la connaissance à Deville : 

La langue, chez cet Oiseau , est longue, filiforme, relevée sur 
ses bords latéraux, et de consistance cornée; elle est garnie en 
arrière, de chaque côté, d'une petite avance qui lui donne 
l'aspect sagitté. 

L'ouverture du larynx est oblongue, ayant en arrière une 
plaque transversale garnie d’épines petites, dont les deux du 
milieu sont plus grandes que les autres. 

L’œsophage est droit et presque cylindrique , à fibres muscu- 
laires peu apparentes, d’un rouge pâle à sa face externe, d’un 
blanc sale à sa face interne, et couvert d’une muqueuse épaisse 
et plissée longitudinalement. 

Le jabot est nul. 

L’estomac, ou ventricule succenturié, est d’un centimètre 
trois millimètres de largeur; il est lisse et d’un rouge clair à sa 
face externe, d’un rose pâle à sa face interne, et couvert d’une 


(1) Rev. Zoolog. 1844. 
(2) Rev. et Mag. de Zoolog. 1852. 


kr 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 385 


muqueuse très-épaisse , cachant presque l’ouverture des follicules 
qui sont à contours circulaires et au nombre d’eriviron quatre- 
vingts par centimètre carré. 

Le Gésier est de forme allongée, ayant cinq centimètres cinq 
millimètres de longueur, sur deux centimètres trois millimètres 
de largeur, lisse à sa face interne, à fibres musculaires peu appa- 
rentes, plissé longitudinalement et transversalement à sa face 
interne. 

L'Intestin est lisse sur ses deux faces, de couleur rose pâle et 
ayant trente-cinq centimètres environ de longueur. (1). 

Nous pouvons ajouter à ces détails, que le Sternum du 
Caurale, qui nous a été envoyé jadis par le Docteur Lherminier, 
de la Guadeloupe, et qui figure aujourd’hui dans la Galerie 
Anatomique du Muséum de Paris, a les mêmes caractères que 
celui des Rallidés, sauf que sa crête sternale est un peu plus 
élevée (ce qui explique le renflement relatif de son‘OEuf) : ces 
détails ont été représentés, par les soins d’un de nos savants amis, 
dans la Revue et Magasin de Zoologie de 1849 (?). 

La seule innovation que nous apportions à notre opinion première 
dans ce travail, est d'élever la Famille des Eurypiginæ au rang de 
Tribu, plus à cause des caractères étrangers du Type Zoologique, 
qu’à cause des Caractères Oologiques, on l’a vu, fort simples. 


TROISIÈME TRIBU. 
RALLIDÉS — Rallidæ. 


Cette Tribu est encore une de celles dont la physionomie Oolo- 
gique se trouve en parfaite harmonie avec la physionomie 
Ostéologique. 

« Nous regarderons comme véritables Nageurs, dit M. de la 


(1) Oiseaux de l'Amér. du Sud. Expédition de Castelnau, 1856, p. 90. 
(2) Voir le N° 7, p. 325. — Ois. PI. 16. 


26 


386 TROISIÈME PARTIE. 


Fresnaye, en parlant de ces Oiseaux, un petit Groupe toujours 
placé dans les Echassiers, mais qui nage et plonge bien plus habi- 
tuellement que les Laridés, dont on a toujours fait des Nageurs. 
Ce sont les Foulques et Poules d’eau, Marouettes, Râles, etc. 

» Ces prétendus Echassiers en effet sont presque toujours na- 
geant sur les rivières et les marais, au milieu des roseaux, et y 
plongent même avec la plus grande facilité. En observant leur 
squelette, au lieu d’y trouver, comme chez les Echassiers marins, 
un sternum d’une largeur médiocre avec un bréchet très-déve- 
loppé et très-saillant inférieurement, un bassin d’une largeur et 
d’une longueur moyennes avec les points d'insertion des fémurs 
bien espacés entre eux, on y remarque au contraire : 1o Une 
grande compression et étroitesse dans tout l’ensemble du squelette, 
et un grand rapprochement des épaules entre elles. 2° Un sternum 
très-étroit à bréchet très-peu saillant. 30 Un bassin étroit et 
allongé, ayant sa partie antérieure singulièrement rétrécie et 
relevée en crête, un peu comme chez les Sous-Nageurs, et l’inser- 
tion des fémurs très-rapprochée. On y retrouve enfin un ensemble 
de caractères ostéologiques bien plus analogues à ceux des Nageurs 
et même des Sous-Nageurs qu’à ceux des Echassiers marins; je 
dis Sous-Nageurs, car la palmure festonnée des Foulques, qui 
rappelle celle des Grèbes, et leur fréquentes immersions sont des 
rapprochements de plus avec les Plongeurs. 

» En observant leurs Œufs, on est également frappé de leur 
allongement, de leur étroitesse et du peu de rapports de Forme 
qu'ils ont avec ceux des Echassiers marins, et par conséquent 
avec ceux des Laridés, éandis qu’ils en présentent de réels avec 
ceux des Nageurs par leur Forme presque Ellipsoïde. Par leur 
squelette enfin, comme par leurs OEufs, ils forment un Groupe 
de transition entre celui des Hérons et les Sous-Nageurs. » (1) 


(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev. 
Zool., 1845. 


APPLICATION PES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 387 


Sans adopter, comme on le voit, la classification de cette Tribu 
de M. de la Fresnaye, nous comprenons dans les Rallidæ les trois 
Familles Rallinæ, Fulicinæ et Ocydromine. 


Are FAMILLE. — Rallinés ou Réles (Ralline). 


Le Prince Ch. Bonaparte a divisé cette Famille en trois Sections, 
sous l'appellation de Ralleæ, Gallinuleæ et Fuliceæ. Nous n'y 
comprenons que les deux premières, parce que leurs Caractères 
Oologiques ont une identité et une communauté d’origine qui ne 


permet pas de les séparer. / 
CARACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — variant de l’Ovée à l’Ovalaire, qui est la plus géné- 
rale. 

Coquille. — à test mince, uni et fort peu luisant, à pores peu 
visibles , et à peine teinté de Verdâtre dans son épaisseur. 

Couleur — d’un fond Blanc légèrement Ocracé, et souvent plus 
ou moins imperceptiblement Carminé, parsemé de taches en forme 
d’éclaboussures ou de larmes d’un Rouge-Brique Rosâtre, entre- 
mêlées d’autres taches ou points d’un Gris-Violacé. 

Il faut excepter des Rallinés, pour en faire une coupe Générique, 


toutes les petites Espèces de Râles, telles que Rallus pusillus, 


R. Baillonii et R. Lewiniüi, dont l'OEuf a un caractère à part : 

Forme — Ovalaire. 

Coquille — mince et sans reflet. 

Couleur — d’un fond Fauve ou Brun-clair, grivelé uniformé- 
ment de petites taches d’un Fauve ou d’un Brun un peu plus foncé, 
si rapprochées que la véritable Couleur du fond en disparait com- 
plétement. 


FT 


388 | TROISIÈME PARTIE. 


2e FAMILLE. — Fulicinés où Foulques ( Fulicinæ). 
Cette Famille est éminemment distincte de la précédente. 


CARACTÈRES QOOLOGIQUES : 


Forme — Ovée allongée, parfois Ovalaire. 

Coquille — à test assez dur, à pores visibles, sans reflet, Ver- 
dâtre intérieurement. 

Couleur — d’un fond Fauve-foncé, pointillé sur toute la surface 
de la Coquille d’une manière assez régulière, d’un Brun-Rougeâtre 
foncé ou Noirâtre, entremélé d’autres piquetures ou mouchetures 
plus claires ou Grisâtres. 

Le système de coloration est, on le voit, tout-à-fait différent 
de ce qu'il existe chez les Rallidés. 

Les Caractères Oologiques de cette Famille indiquent que les 
Porphyrions font le passage naturel des Râles aux vraies Foulques, 
par un ton général plus clair, et pour le fond, et pour les taches 
qui sont plus larges. 

On ne croira jamais que l’OEuf du Porphyrion ou Poule-Sultane, 
l’un des Oiseaux les plus communs et les plus anciennement con- 
nus en Europe, n'ait été découvert et révélé à la Science qu’en 
1843 ou 1844! 

À ce sujet, nous ne pouvons nous empêcher, et nous ne croyons 
pas hors de propos, de reproduire des observations que nous avions 
rédigées à cette époque (alors que nous venions d’avoir Connais- 
sance de l’OEuf du Porphyrio antiquorum, rapporté au Muséum 
d'Histoire Naturelle de Paris par un Voyageur Naturaliste, 
M. Fabvier, qui l'avait trouvé dans les environs de Tanger), pour 
être publiées dans la Revue Zoologique, mais dont certaines 
susceptibilités du Prince Ch. Bonaparte, alors Prince de Canino, 
à qui nous avions cru devoir les communiquer à Rome ,emp é- 
chèrent l'impression. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 389 


*' Hâtons-nous de dire que ce fut toute une révélation pour le 
Prince, et que c’est à partir de ce moment qu’il commença à 
comprendre l'importance de l’Oologie. 

» Ce n’est point d'aujourd'hui, écrivions-nous, que l’on a 
remarqué avec quelle facilité, en Histoire Naturelle surtout, s’ac- 
créditent et se propagent les erreurs, chaque Auteur répétant à 
l'envi ce qu'a dit son devancier, sans plus vérifier l'exactitude de 
son dire ou l'authenticité de son observation. Il n’est done pas 
inutile, ce nous semble, l'Histoire Naturelle proprement dite vivant 
de faits, de relever ces erreurs, lorsque l'on a acquis et que l’on 
peut administrer la preuve de leur existence. Il n’y à rien. d’indif- 
férent en cette matière, et nous croyons rendre service à la Science 
en venant signaler une erreur constamment reproduite par Buffon, 
qui, s’il n’en est pas l’Auteur, s’en est pourtant fait l’Éditeur 
responsable. RAR 

» Nous nous étonnions , depuis longtemps, à la vue de l’har- 
monie , que nous faisaient découvrir nos études, entre les Carac- 
tères Physiologiques des Oiseaux et leurs Caractères Oologiques, 
de la singularité anormale attribuée par tous les Auteurs à l’OEuf 
de la Poule-Sultane, à laquelle nous nous refusions de croire, 
alors que tout en elle accuse un Râle ou une Foulque, et par son 
anatomie, et par ses formes et son facies, et par ses habitudes ; 
et nous avions peine à nous rendre compte de cette aberration de 
la nature. | 

» Ce n’est pas d’aussitôt, sans aucun doute, que l’on aura des. 
détails exacts et précis sur la ponte de chaque Genre d’Oiseaux, 
non plus que sur la Forme et la Couleur de leurs OEufs. Si la. 
Science, à la suite de chaque description Ornithologique, réclame 
ce complément, il n’y a pourtant pas de nécessité pour un Auteur, 
lorsqu'il ne possède par lui-même aucun fait d'observation de 
cette sorte, d'entrer dans ces détails, soit en s’aidant de son ima- 
gination , soit en copiant ses prédécesseurs. 


390 TROISIÈME PARTIE. 


» Buffon, ou du moins Mauduyt, son collaborateur en cette 
partie, dans son article érudit sur le Porphyrion ou Poule-Sultane 
(Fulica porphyrio, Lin.; Porphyrio antiquorum, Ch. Bonaparte), 
après avoir parlé d’un couple d'Oiseaux de cette Espèce, qui avait 
été rapporté de Sicile par M. le Marquis de Nesle, à Paris, en 
4778, et avoir décrit une partie des habitudes de cet Oiseau, qu’il 
avait eu occasion d'observer une fois chez ce dernier, ajoute : 

« Le couple, nourri dans les volières de M. le Marquis de Nesle, 
» a niché au dernier printemps (1778). On a vu le mâle et la 
» femelle travailler de concert à construire un nid : ils le posèrent 
» à quelque hauteur de terre, sur une avance de mur, avec des 
» büchettes et de la paille en quantité. La ponte fut de six ŒEufs 
» Blancs, d'une Coque rude, exactement Ronds, et de la gros- 
» seur d'une demi-bille de billard. La femelle n'étant pas assidue, 
» on les donna à une Poule, mais ce fut sans succès. » (1) 

» On ne peut certainement rien dire de plus positif, de plus em- 
preint de l’accent ou des apparences de la vérité ; et, en présence 
des noms de Buffon et de Mauduyt, prenant sous leur responsa- 
bilité ces détails, qu’ils tenaient d’une source respectable, comme 
devait l’être à leurs yeux le Marquis de Nesle, il était difficile de 
concevoir quelque doute sur la réalité de ces observations, à moins 
de les renouveler soi-même. 

» Ainsi, peu d'années ensuite, Valmont de Bomare (?) reproduit 
à peu près textuellement ce même passage, sauf une légère omis- 
sion et une variante dans les termes : « La ponte, dit-il, fut de | 
» six OEufs Blancs, très-ronds, et moitié moins gros qu'une bille 
» de billard. » | 

» Depuis cette époque, Vieillot (3) a rapporté le même fait dans 
les mêmes termes que Mauduyt, mais, suivant ses habitudes, sans 


(1) Hist. Nat. des Ois. 
(2) Nouv. Dict. d'Hist. Nat. 
(3) Galerie des Oiseaux. 1825. 


» 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 394 


indiquer ni date, ni nom d’Auteur : « Un couple de Porphyrion 
» d'Europe, dit-il, a niché en domesticité ; le mâle et la fe- 
» melle. etc. » Nous observerons ici, en passant, que Vieillot 
est d'autant plus blâmable de cette dissimulation, qu’il saisit les 
moindres occasions, dans ses Ouvrages, de contredire ou rectifier 
Buffon et son continuateur Sonnini. 

» Temminck (1), sans indiquer la source de ses renseignements, 
dit que : « la Poule-Sultane pond trois ou quatre OEufs Blancs, de 
» forme presque ronde. » Il est évident que ce passage n’est que 
la reproduction légèrement modifiée de la donnée de Buffon. 

» Plus récemment M. Gerbes (?) a reproduit le passage de 
Vieillot : seulement il en à fait remonter la responsabilité à celui- 
ci, tandis qu’elle appartient tout entière à Buffon ou Mauduyt, 
qui n'avaient été ni l’un ni l’autre nommés dans l’article de 
Vieillot. 

» Enfin, M. Ch. Bonaparte, Prince de Canino, qui, le dernier, a 
parlé le plus au long et ex professo, du Porphyrion, dans son 
savant Article consacré à cet Oiseau (3), a eu l’imprudence de se 
fier à ce qui avait été avancé sur le fait de sa propagation, par ses 
doctes devanciers; et voici ce qu'il dit : « La Poule-Sultane cons- 
» truit, de büchettes et de feuilles, un nid passablement grand, 
» dans lequel elle dépose wx certain nombre d'OŒufs, de Forme 
» presque ronde et de Couleur Blanche, ressemblant plus à ceux 
» des Poules et à ceux des Oies, qu’à ceux des autres Oiseaux de 
» l'Ordre auquel elle appartient. » 

» Certes, s’il fallait une preuve que M. le Prince de Canino, n’at- 
tachant probablement pas à ces renseignements toute l’importance 
qu’ils méritent (4), à à se reprocher, lui, si près des lieux où 


) Manuel d'Ornithologie. 1820. 

) Dict. pittor. d'Hist. Nat. 

) Fauna Ilalica. 1832-1841. 

) Na. Et qu'il leur à hautement reconnue depuis. 


(1 
(2 
(3 
(4 


392 TROISIÈME PARTIE. + 


abonde le Porphyrion, de n’avoir pas observé la ponte et les OEufs 
de cet Oiseau, il ne faudrait que voir l’absence de toute fixation 
de chiffre relatif au nombre de ces OEufs par ponte, wn certain 
nombre d'OŒufs, dit cet auteur. 

» Et, cependant, partant des caractères que, d’après cette des- 
cription d'emprunt, parait offrir l’OEuf du Porphyrion, si diffé- 
rent de ceux de ses congénères, M. le Prince de Canino prend le 
soin de faire remarquer cette bizarrerie de rapports plus rappro- 
chés des Gallidés et des Anatidés, que des Rallidés et des Fulicidés; 
puis, en arrivant aux autres caractères physiologiques propres au 
Porphyrion, il reproduit en s’y rangeant, les observations de 
Temminck, bâsées principalement sur la conformation de la 
narine, qui est arrondie et privée de membrane . à la différence de 
celle des Râles et des Poules d’eau. 

» Que faut-il conclure de la dissertation si approfondie et si 
savante de M. le Prince de Canino, sinon l’importance, en fait de 
classification de Genres, des Caractères Oologiques et la nécessité 
d'observations précises, lorsque l’on veut utiliser ces caractères. 

» Il a donc été reconnu et passé comme fait réel, depuis Buffon 
jusqu’à aujourd’hui (4844), que la Poule-Sultane pondait des 
OŒEufs Blancs, d'une Coque rude, exactement ronde, et de la 
grosseur d'une demi-bille de Billard. 

» Eh bien ! il n’y a rien de plus essentiellement faux ; et la Science 
Oologique est en trop belle voie de progrès, pour autoriser plus 
longtemps par son silence la propagation d’une erreur aussi gros- 
sière et aussi dangereuse, et pour la laisser s'établir dans le 
domaine des faits. Car, nous l’avons dit souvent, la nature, dans 
toutes ses productions, a des règles fixes et invariables, dont elle 
s'écarte bien quelquefois, mais dont ces écarts mêmes ne servent 
qu’à mieux constater les principes d’après lesquels elle se dirige. 

» Or, la Poule-Sultane, par son facies, par son type, par son 
organisation et par ses mœurs, a par trop de rapports de famille 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 393 


et de parenté avec les vraies Poules-d’eau et les Râles, pour que 
l'on püût supposer qu'elle s’en éloignât entièrement, sous le rap- 
port de la propagation ; à plus forte raison, pour que l’on osât 
établir une différence sur ce point, entre elle et ses congénères, 
comme une vérité commandant désormais la croyance la plus 
absolue. Il était plus vraisemblable au contraire, si l’on avait à 
inventer (et encore pour le faire impunément en Histoire Naturelle. 
faut-il posséder quelques principes généraux de la Science à 
laquelle on prétend ajouter) il était, disons-nous, plus vraisem- 
blable d’assimiler la propagation de cet Oiseau à celle des autres 
membres de sa Tribu, plutôt que de l’en éloigner et de l’assimiler 
forcément aux Procellaridés et aux Spéniscidés! car ce sont les 
deux Tribus auxquelles se rapporterait le mieux, sous le rapport 
Oologique, le Porphyrion, si le fait cité par Buffon était réel, et 
l'on conviendra que ce serait une anomalie par trop forte pour 
qu'il ne fût pas permis de la contrôler. 

» Et en effet, l'OEuf de la Poule-Sultane , rapporté pour la pre- 
mière fois, par M. Fabvier, de la côte Septentrionale d’Afrique, 
est de Forme Ovale, l’une des extrémités légèrement plus acu- 
minée et un peu moins arrondie que l’autre, de la dimension de 
celui de la Foulque à crête; à Coquille unie, à reflet à peine sen- 
sible, à pores très-fins et presque invisibles; d’un fond Blanc- 
Fauve très-clair, Rosacé , clair-semé de taches rondes d’un Rouge- 
Brun ou Couleur de sang figé, entremélées d’autres taches d’un 
Violet nuageux ou Grisâtre. 

» Tels sont aussi les caractères généraux de l’OEuf des Rallidés ; 
et l’on comprendra que la concordance de ces caractères avec ceux 
tirés de la conformation de l’Oiseau, viennent trop heureusement 
confirmer les principes que nous professons , et sur lesquels nous 
espérons voir se constituer désormais la Science Oologique, pour 
qu'il nous füt impossible d’ajourner la rectification d’un fait erroné, 
aussi contradictoire avec ces principes. 


394 TROISIÈME PARTIE. 


» On voit qu’il y a loin de la dimension de cet OEuf, qui est tout- 
à-fait en rapport avec la taille de l’Oiseau, à celle qui lui a été 
attribuée par le Marquis de Nesle, celle d’une demi-bille de 
Billard; ce qui aurait réduit la grosseur de cet OEuf à celle d’un 
OEuf de Poule-d’eau ordinaire. 

» Nous avions donc lieu de nous étonner, en rendant compte (1) 
de l’Ornithologie de la Sicile de M. Malherbe (?), de voir ce rensei- 
gnement, qu'il était à même de se procurer sur les lieux, manquer 
à son Ouvrage, et surtout à son article si complet sur le Porphy- 
rion. Îl nous a néanmoins dédommagé de cette omission par les 
détails qu’il donne sur le mode de propagation et de nidification 
de cet Oiseau : 

« La Talève ou Poule-Sultane, dit-il, dépose ses OEufs, aw 
» nombre de deux à quatre, soit sur la terre, sans construire de 
» nid, soit parmi les herbes toufjues, au milieu et à proximité 
» des marais... » 

» M. Crespon, de Nîmes, n’a pas dit un mot de la propagation 
de cet Oiseau. » (3) 

Thienemann est le premier Auteur, jusqu'à ce moment, qui 
ait décrit et figuré l’OEuf de la Poule-Sultane. 

Depuis, il n’y a eu d'autre description publiée de cet OEuf que 
par Degland, qui, du reste, a reproduit les détails de mœurs 
donnés par M. Malherbe (4). 


3e FAMILLE. — Ocydrominés (Ocydrominæ). 


Mêmes Caractères Oologiques que ceux des vrais Rallinés. 
Nous connaissons et nous avons possédé l'OEuf de trente- 
quatre Espèces de Rallidés. / 


(1) Revue de Zoolog. 1844. 

(2) Faune Ornitholog. de la Sicile. 1843. 
(3) Faune méridionale, 1844. 

(4) Ornithologie Européenne, 1849. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 395 


QUATRIÈME TRIBU. 


OPISTHOCOMIDÉS OU HOAZIN — Opisthocomide. 


Plus nous réfléchissons au classement de l’Hoazin , l’Espèce 
unique qui sert de type et au Genre et à la Tribu, plus nous 
nous sentons disposé, malgré nos préférences ou nos tendances 
précédentes, à le comprendre avec les Rallidés. Et, afin que l’on 
soit mieux à même d'apprécier notre détermination dernière, 
nous allons reproduire tout ce que nous en avons dit et résumé 
en 4852 d’abord (1), et plus récemment en 1856 (?). 

L'occasion se présentant, disions-nous à cette dernière 
époque, de parler de l’'Hoazin, l’un des Oiseaux que MM. de 
Castelnau et Deville ont le plus fréquemment rencontrés dans 
leurs longues et périlleuses pérégrinations , nous voulons en 
profiter pour donner une sorte de Monographie de cette Espèce, 
unique, et de toutes manières type d'un Genre hétéroclite, 
anormal et presque paradoxal, véritable paradoxe zoologique, 
en effet, dans la Série Ornithologique; car nous ne lui recon- 
naissons de comparable à cet égard que le fameux Genre 
Verrulia de Flemming , reposant aussi sur une Espèce unique, 
mais prétendue douteuse, la Colombi-Galline de Levaillant, 
Espèce de Colombidé moitié Pigeon, moitié Gallinacé, que les 
Méthodistes refusent de reconnaître comme type vivant ou ayant 
jamais vécu. Nous avons démontré, pour ce dernier Oiseau, ce 
que nous pensions de cette négation et de sa valeur. 

Les Méthodistes, et c’est là un reproche que sont autorisés à 
leur adresser tous ceux qui étudient la Science pour elle-même 
et cherchent à en coordonner les éléments, afin d’y saisir la 
trace parfois interrompue, mais toujours, en dépit des obstacles 


(1) Encyclop. d'Hist. Nat. t. NI, p. 87. 
(2) Ois, de l’Amér. du Sud, Expéd, de Castelnau, p. T0 et suiv. 


396 TROISIÈME PARTIE. 


que rencontrent les bornes de notre intelligence ou de notre 
. savoir, suivie d’une harmonie constante; les Méthodistes, disons- 
nous, si variables dans leurs conceptions et dans leurs louables 
efforts à chercher et à rencontrer cette admirable harmonie, soit 
par système, soit par disette de raisons, persistent à conserver, 
au sujet de leurs pénibles élaborations, un mutisme désespérant 
pour les adeptes de l’Ornithologie, qui restent, en parcourant 
leurs incalculables énumérations d’Espèces et leurs insaisissables 
multiplications de Genres, dans une ignorance complète du 
comment et du pourquoi de leurs motifs de décider pour ou 
contre tel classement. C’est un complément qui manque à toutes 
les Méthodes, et dont personne mieux que le Prince Ch. Bona- 
parte n’était capable de donner l’exemple, alors surtout qu’il 
s’occupait de refaire et de mettre au niveau de la Science l’OEuvre 
modèle de Linnée : labeur malheureusement inachevé! 

Cela dit, si nous persistons à placer l’Hoazin en dehors de 
l'Ordre des Passereaux, nous persistons moins à présent à le 
comprendre dans celui des Gallinacés; les convictions que nous 
avons exprimées de tout temps à cet égard (1) n'étant pas restées 
les mêmes : nous n’hésiterons cependant pas à reproduire les 
éléments sur lesquels elles reposaient, en un moment surtout où 
la Méthode d’Instinct ou d’Intuition semble vouloir l'emporter 
sur celle d’Observation ou de Raisonnement; ce nous sera une 
occasion de les mettre en présence de notre nouvelle manière de 
voir, et de rouvrir la discussion pour tout le monde sur une 
question qui nous paraît loin d'être tranchée. 

Cuvier, tout en laissant l’Oiseau type de cette Famille, le Sasa 
ou Hoazin, dans les Gallinacés, à la suite des Pénélopes et des 
Parraquas, met en note : « Cet Oiseau forme un Genre très- 
» distinct des autres Gallinacés , et qui pourra devenir le 


(1) Encyclop. d'Hist. Nat. t. VI. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 397 


» type d'une Famille” particulière quand on connaîtra son 
» anatomie. » (1) “ 

Les prévisions de ce Savant se sont réalisées en 1837, par suite 
des observations si complètes du Docteur Lherminier, de la 
Guadeloupe, publiées dans l’Echo du Monde Savant, à cette 
époque, et que nous avons reproduites dans l'Encyclopédie 
d'Histoire Naturelle (?). Mais, ainsi que le disait dans le même 
journal M. de La Fresnaye, déjà Latreille, en 1835 (3), avait 
formé, d’après Vieillot, une Famille de cette seule Espèce , sous 
le nom de Dysodes, qu’il plaçait en tête de son nouvel Ordre des 
Passérigalles, en la faisant précéder immédiatement de celle 
de ses Galliformes (Frugivores de Vieillot), renfermant les Muso- 
phages et les Touracos. 

C’est en se rattachant à cette idée de rapprochement, qui ne 
repose que sur certaines analogies (plus apparentes encore que 
réelles) dans la structure du bec, et entraîné par l'opinion 
chaudement soutenue par M. de La Fresnaye, que M. Gray, 
suivi en cela par le Docteur Reichenbach, a compris les Opistho- 
cominés dans ses Musophagidæ, les isolant ainsi complétement 
des Gallinacés. | 

Nous regrettons vivement que le Prince Ch. Bonaparte qui, 
dans son Conspectus de 1850, le rangeait entre ses Megapodide 
et ses Penelopidæ, se soit laissé influencer par la manière de 
procéder, non suffisamment motivée, suivant nous, de l’Ornitho- 
logiste Anglais, au point de changer entièrement de système, en 
plaçant sa Famille des Opisthocomidæ entre les Coliidæ et les 
Phytotomideæ (4) ou entre les Musophagideæ et les Coliidæ (5). Ce 


(1) Règne Animal, 2e éd. 

(2) Oiseaux, t. NI. 

(3) Familles Natur. du Règne Animal. 

(4) Ateneo Italiano. N° 11, ag. 1854. 

(5) Comptes-rendus de l'Acad. des Sc. T. XXXVII. 31 octobre 1853. 


398 TROISIÈME PARTIE. 


système n’est qu'une variante de celui de Lesson, qui le premier 
avait, dès 1831, isolé absolument l’Hoazin, et des Gallinacés, et 
des Pigeons, en le reportant, non à la fin, mais en tête des Pas- 
sereaux, et dans son premier Sous-Ordre des Grimpeurs, à la 
suite des Musophages, idée qu'il modifia bientôt dès 4838, en 
déplaçant les Musophages et les reportant dans les Gallinacés, 
entre ses Passérigalles et les Pigeons; car, pour être conséquent, 
le Savant Prince, s’arrêtant exclusivement au caractère excep- 
tionnel du bec chez les Oiseaux en question, en aurait dû faire 
presque un Ordre, en dehors de tous les autres, comprenant 
alors la réunion hétérogène des Colious, des Phytotomes et de 
l’Hoazin. 

Nous sommes tenté de croire qu'en fait de Science (et ces 
retours de Lesson, et ceux du Prince Ch. Bonaparte, et peut-être 
les nôtres semblent le prouver), le premier mouvement, ainsi que 
le disait de Talleyrand, est, sinon toujours, du moins souvent, 
le meilleur, et que c’est aussi pour cela, contrairement à la règle 
de ce dernier en Politique, qu’il devrait la plupart du temps être 
suivi. 

Or, il est bien évident, en observant le Sasa, que la plus grande 
somme des rapports, dans ses analogies apparentes, et Lhermi- 
nier l’a dit longtemps avant nous, est, sauf quelques exceptions 
organiques, en faveur de son rapprochement des Gallinacés, et 
parmi ceux-ci, des Pénélopidés; sans parler encore de sa distri- 
bution Géographique qui, l’isolant des Mutophagidés comme des 
Coliidés, corrobore d'avantage ce rapprochement. 

C’est ce qui ressort à chaque pas de l’excellent article publié par 
le Docteur Lherminier (1) et par le Baron de la Fresnaye (?), dont 
nous allons relater les passages principaux, et dont les détails 


(1) Comptes-rendus de l'Acad. des Se. T. V, 1837; et Echo du Monde 
Savant. 4 nov. 1837. 
(2) Echo du Monde Savant. 18 nov. 1837. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 399 


anatomiques fournis par Deville (!), dont nous citerons également 
quelques extraits, ne sont, à peu de chose près, que la reproduction. 

En combinant les détails anatomiques contenus dans ces 
Mémoires avec ceux fournis par M. de Castelnau, nous ferons 
passer sous les yeux un tableau complet des observations intéres- 
santes dont a été l’objet cet Oiseau, et aiderons peut-être à lui faire 
trouver sa place dans la Série, au milieu des doutes et des hési- 
tations qui existent et s’entrechoquent encore pour sa Classifica- 
tion. 

Son caractère principal consiste dans la conformation intérieure 
du bec, signalée d’abord en ces termes par le Docteur Lherminier : 

« Parcouru par une fente nasale très-longue, le palais est hérissé 
de papilles coniques circonscrites latéralement par deux plans 
prononcés et dentelés. » 

Et sur laquelle, après lui, et sur cette indication, est revenu 

plus en détail M. de la Fresnaye, la décrivant ainsi : 

« À la mandibule supérieure du Sasa, une arête très-sensible- 
ment denticulée se fait remarquer intérieurement et de chaque côté; 
elle en suit parallèlement le bord jusqu’à son extrémité , dont elle 
se rapproche toutefois insensiblement, mais elle ne descend pas, 
à beaucoup près, aussi bas que ce bord, et est entièrement cachée, 
non seulement lorsque le bec est fermé, mais même lorsqu'il n’est 
qu’entr’ouvert; l’espace existant entre elle et son rebord forme, 
comme chez le Phytotome, uue sorte de rainure ou gouttière dans 
laquelle le bord tranchant de la mandibule inférieure vient se loger 
lorsque ce bec se ferme. Cette mandibule inférieure présente aussi 
à la base, intérieurement et de chaque côté, une arête saillante 
parallèle au bord, mais qui ne le suit que jusque vers le milieu 
de sa longueur; une rainuré existe aussi entre elle et ce bord : 
d’où il résulte que, lorsque le bec se ferme, le bord intérieur 


(1) Rev. et Magas. de Zool. 1852. 


100 TROISIÈME PARTIE. 

entre dans la rainure supérieure, et la moitié de celle-ci entre 
dans la rainure inférieure; de plus, l'extrémité de la mandibule 
supérieure étant comme creusée d’une fossette, y reçoit celle de la 
mandibule inférieure. »: 

Les caractères anatomiques de lOiseau ne sont pas moins 
curieux. 

« À l'extérieur, dit le Docteur Lherminier, le Sasa a quelques 
rapports avec les Pénélopes, mais il en diffère notablement à 
l'intérieur. 

» Dès qu’on enlève la peau, on aperçoit un énorme jabot qui 
recouvre les pectoraux ; après l'avoir soulevé, on découvre une 
vaste excavation cordiforme, ouverte et bornée en haut par la 
clavicule, qui est reléguée à deux pouces au-dessus de la crête 
sternale. Le jabot, qui, dans cet Oiseau, recouvre aïnsi la moitié 
du tronc, et au moins les quatre cinquièmes du sternum et de ses 
annexes qu'il déborde encore en tous sens, reçoit, à gauche et en 
avant, l'insertion de l’œsophage, et à droite il se rétrécit pour 
pénétrer dans la poitrine. Dans l'intervalle de cette bifurcation est 
comprise la {rachée-artère. » 

« Le jabot, dit Deville, dont la portion cervicale communique 
supérieurement et intérieurement avec la portion antérieure de 
l’œsophage, sans ligne de démarcation très-sensible, et inférieu- 
rement avec la portion thoracique du jabot, est très-volumineux 
et de couleur rougeâtre ; il présente, dans son état de plénitude, 
une forme presque hémisphérique très-convexe. » 

Ainsi, première observation : le jabot de l’'Opisthocome, à l’état 
naturel, présente un volume et un développement exceptionnels 
qui, tout d’abord, attirent l'attention. 

Aussi l'aspect de cet organe, si anormal dans son expansion, 
frappa-t-il également M. de Castelnau, qui s’en exprime en ces 
termes, dans l’Historique de son Voyage : 

« Nous fimes l’anatomie du Ceganos (nom donné, dans le pays. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 401 


à l'Hoazin), et nous trouvämes que son jabot formait un renfle- 
ment curieux par son énorme dimension. Dans les nombreuses 
dissections d'Oiseaux que nous avons faites depuis, nous n'avons 
trouvé ce renflement que chez quelques Accipitres, et particulière- 
ment chez le Caracara , qui présente quelque chose de semblable, 
mais à un bien moindre degré. » (1) 

« La face postérieure du jabot, continue Lherminier, est presque 
plane et appliquée sur les muscles pectoraux; intérieurement les 
fibres musculaires sont très-épaisses , et la plupart circulaires , 
offrant extérieurement une série de bourrelets superficiels et con- 
_centriques ; garnie à la surface interne d'une muqueuse épaisse, 
brunâtre et de consistance presque cutanée, fortement plissée 
longitudinalement, chaque pli formant un épais bourrelet qui 
contourne l’axe de circonvolution et se couche sur la circonvolu- 
tion suivante, marquée dans toute son étendue de lignes fines et 
_obliques croisées en losanges. 

» Le séernum est plein, allongé, élargi en arrière, peu profond. 
Sa crête ou carêne est la partie la plus remarquable ; fortement 
excavée dans l'étendue de son bord antérieur, qui est tranchant, 
elle n'y a pas moins de deux pouces de longueur, tandis que son 
bord inférieur, qui devient ici postérieur, n’a guère plus d’un 
pouce de long, mais s’élargit de deux ou trois lignes pour former 
une sorte de tubercule ou de callosité sous-Cutanée, ovale-aigüe, 
concave et doublée de cartilage. La crête se termine en avant en 
une longue apophyse qui se soude complétement avec la clavicule. 

» L'appareil digestif du Sasa est tout aussi extraordinaire que 
son appareil sternal. La longueur totale de l’intestin est de trois 
pieds six à neuf pouces, celle du tronc étant d’un pied. Îl est, à 
sa face interne, hérissé de villosités très-abondantes et plus ou 
moins squamiformes. 


(4) Vol. 4er. 


1 
SN | 


402 TROISIÈME PARTIE. 


» L’æsophage est droit et presque cylindrique, à fibres muscu- 
laires peu apparentes, très-lisse extérieurement, et garni intérieu- 
rement d’une muqueuse assez épaisse ; il est plissé longitudinale- 
ment, et offre entre ses plis des séries également longitudinales de 
follicules arrondis ayant environ la grosseur d’un grain de millet. 

» L'œsophage égale en volume la grosseur de l'index ; mais c’est 
surtout dans la partie de l'intestin comprise entre le jabot et le 
gésier que l’on observe le plus de singularité et de complication. 
En effet, placé, comme nous l'avons dit, au-devant des os cora- 
coïdes de la clavicule et du sternum dont il a, pour se loger, re- 
foulé la crête fort en arrière, le jabot représente une large bourse 
plate et arrondie, qu’une scissure oblique de droite à gauche tra- 
verse sur ses deux faces : disposition très-curieuse et entièrement 
différente de celle des Gallinacés, chez qui le jabot constitue un 
sac entièrement libre et hors de l’axe de l'intestin. 

» Au jabot succède une portion d’intestin renflée, de cinq 
pouces de longueur, diversement contournée et froncée extérien- 
rement. Vient ensuite le ventricule succenturié, cylindrique et 
égalant à peine en largeur le duodénum, tandis qu'en longueur il 
n’atteint pas un pouce. Ses parois sont d’ailleurs si minces, qu'il 
se rompt fréquemment sous la moindre traction à sa jonction vers 
l'estomac. » 

Cette dernière cavité n’est pas plus grosse qu’une Olive ou un 
OEuf de Pigeon, selon Deville, et offre elle-même fort peu d'épais- 
seur, autre différence avec le gésier si volumineux et si puissant 
des vrais Gallinacés. Le gésier est oblong, d’un rouge livide, 
lisse à sa face externe et interne. 

Deville ajoute que la portion thoracique comprise entre la por- 
tion précédente et l’estomac est beaucoup moins volumineuse ; elle 
est très-rétrécie inférieurement, renflée dans sa partie moyenne, 
et présente, dans son cinquième supérieur, cinq ou six ondulations 
irrégulières. Cette portion thoracique est de couleur plus pâle que 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 403 


la précédente et présente extérieurement quelques bourrelets longi- 
tudinaux superficiels, et garnis également à leur face interne des 
replis de la muqueuse; ces derniers sont seulement moins réguliers 
et moins rapprochés. 

» L’estomac est de la grosseur d’une amande, à grand diamètre 
dirigé longitudinalement, lisse et d’un Rouge très-päle extérieu- 
rement, Blanchâtre à sa face interne; toute cette surface présen- 
tant l'ouverture de gros follicules dont le contour est très-visible. 
Ces follicules constituent à eux seuls presque toute l'épaisseur des 
tuniques stomacales ; les fibres musculaires paraissent nulles. 

» La grosseur des follicules est celle d’un gros grain de millet, 
et leur nombre est d'environ quatre-vingts par centimètre carré. 
En les pressant, on en exprime une matière muqueuse, blanchâtre 
et très-abondante ; supérieurement , cette surface glanduleuse cesse 
brusquement en recevant le jabot ; inférieurement elle est séparée 
de la muqueuse du gésier par une valvule circulaire plus ou moins 
déchiquetée, qui flotte librement dans l'intervalle de sa cavité. 

» En négligeant l'élément essentiel de la mastication , c’est-à- 
dire l'existence des molaires, et en ne tenant compte que de la 
conformation favorable du bec et de la complication de l'appareil 
digestif, on dirait, en vérité, s’écrie avec raison le Docteur Lher- 
minier, en terminant, que le Sasa représente les Ruminants 
parmi les Oiseaux. Dans cette hypothèse , la singulière dilatation 
de l'OEsophage paraît l’analogue de la Panse et du Cornet. » 

Pour donner un tableau complet des connaissances actuelles au 
sujet de l’étonnant Oiseau qui nous occupe, nous ne pouvons 
mieux faire que joindre à ces détails anatomiques un aperçu de ce 
que l’on sait de ses mœurs. 

Ce que l’on en savait, au temps de Buffon et de Sonnini, se 
borne à ceci : 

« Sa voix, disent ces Auteurs, est très-forte, et c’est moins un 
cri qu'un hurlement. On dit qu’il prononce son nom (de Sasa) 


104 TROISIÈME PARTIE. 


apparemment d’un ton lugubre et effrayant; il n’en fallait pas 
davantage pour le faire passer, chez les peuples grossiers, pour 
un Oiseau de mauvais augure, et comme partout on suppose 
beaucoup de puissance à ce que l'on craint, ces mêmes peuples 
ont cru trouver en lui des remèdes aux maladies les plus graves : 
mais on ne dit pas qu'ils s’en nourrissent; ils s’en abstiennent, 
en effet, peut-être par une suite de cette même crainte ou par une 
répugnance fondée sur ce qu’il fait sa pâture ordinaire de Serpents ; 
il se tient communément dans les grandes forêts, perché sur des 
arbres le long des eaux, pour guetter et surprendre ces Reptiles. » 

Aublet assurait, à la même époque, que cet Oiseau s’apprivoisait, 
qu’on en voyait parfois de domestiques chez les Indiens, et que 
les Français les appelaient des Paons ; qu’enfin ils nourrissaient 
leurs petits de Fourmis, de Vers et d’autres Insectes. 

Suivant les chasseurs desquels plus récemment (de 1834 à 
4837) Lherminier s’est plusieurs fois procuré l'Hoazin, il vit par 
petites troupes sur le bord des criques et des rivières. Il se 
nourrit des feuilles d’un arbre que les Brésiliens du Para 
appellent Aninga, et que, d’après sa tige articulée, ses feuilles 
larges, son fruit écailleux semblabe à un Ananas sans couronne, 
et son odeur musquée, ce Docteur a reconnu pour le HMoncou- 
Moncoué d’Aublet, ou l’'Arum arborescens de Linnée. Peu 
farouche, il se laisse approcher, fuit au coup de fusil, en pous- 
sant le cri de cra-cra, pour aller se poser quelques pas plus loin 
et sur la même branche, les uns à côté des autres. Il exhale une 
odeur forte et pénétrante, mélange de musc et de castoréum , et 
qui tient aussi de celle du Bouc; elle se communique à l'alcool 
de conservation et aux vases, au point de les infecter, et résiste 
même fort longtemps à des lavages répétés avec l’eau chlorurée. 
Par suite de cette désagréable propriété, la chair de cet Oiseau 
n’est pas mangeable et ne sert. à la Guyane, que d’appât pour 
les Poissons. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 405 


Enfin, au peu que Buffon et le Docteur Lherminier ont fait 
connaître des mœurs de l’Opisthocome, M. de Castelnau a 
ajouté les renseignements suivants : 

« L'un des plus curieux Oiseaux que nous ayons pu prendre, 
dit ce Voyageur dans la relation de son excursion de Goyas à 
Salinas et au Lac des Perles (Lagoa das perolas), est l'Hoazin 
de Buffon (Phasianus cristatus de Linnée), qui est connu dans 
le pays sous le nom de Cegano : c’est un Gallinacé de la taille 
d’une petite Poule, d’un brun-verdâtre, et remarquable surtout 
par la huppe de plumes qui orne sa tête. Ces Oiseaux se trouvent 
réunis en grand nombre sur le bord des eaux; leur vol est 
lourd et ne dure que quelques instants, puis ils reviennent se 
reposer sur les branches des arbres dont ils dévorent les feuilles ; 
leur cri est singulier et ressemble à une respiration forte et 
étouffée.. Les Ceganos, dit ailleurs notre Voyageur, faisaient 
entendre de toutes parts leurs soupirs mélancoliques. Cet Oiseau 
répand une très-forte odeur dont on peut se faire une idée par 
celle d’une Vacherie. » (1) 

Il y a, on le voit, une différence entre le cri prêté à cet Oiseau, 
sur la foi de Sonnini, par Buffon, qui dit que sa voix est très- 
forte et est moins un cri qu’un hurlement. 

L’habitat de cet Oiseau est des plus étendus. 

« Nous l'avons trouvé, ajoute Deville, au Brésil, au Pérou, et 
il se trouverait également à la Guyane. 

» Nous l'avons tué pour la première fois sur le Lac des Perles 
ou Canna-Braba, près du rio de Crixas, dans le nord de la 
Province de Goyas , puis très-nombreux sur les bords de la 
rivière de l’Araguay, et se rencontre jusqu’au Tocantin, dans la 
même Province. Nous l'avons également trouvé, et toujours en 
troupe nombreuse, dans le rio Paraguay, ou Cuyaba (Province- 


(1) Histor. du Voy. t. I. 


206 TROISIÈME PARTIE. 


de Matto-Grosso); et enfin, en dernier lieu, sur toute la ligne du 
rio Ucayale et de l’Amazone jusqu'au Para. » (1) 

Résamons à présent les diverses citations et observations qui 
précèdent. 

Dans un ordre d'idées tendant à rapprocher l’'Opisthocome, ou 
Hoazin, des Gallinacés, on peut tirer de ces observations les 
conclusions suivantes et raisonner ainsi : 

Le Bec, denticulé intérieurement, ou pour mieux dire hérissé 
au palais de papilles coniques, est étranger aux Gallinacés, mais 
seulement quant à sa conformation interne. 

Le Jabot et le Gésier diffèrent également de ces organes chez 
les Gallinacés : le premier, en ce qu’il n’est pas entièrement 
libre et se trouve dans l’axe même de l'intestin; le second, en ce 
qu'il est beaucoup moins volumineux et moins puissamment 
organisé. 

Le Sternum est de même entièrement étranger par sa confor- 
mation à cet Ordre d’Oiseaux. 

Somme toute, cependant, l'Opisthocome représenterait les 
Ruminants dans cette Classe. 

Qu'est-ce à dire? sinon que l’Opisthocome doit être au moins 
très-rapproché des Gallinacés, qui sont, de tous les Oiseaux, 
ceux qui peuvent en général le mieux représenter, dans la Série 
Ornithologique, le rang qu'occupent les Ruminants dans la Série 
Mammologique. 

Mais à ces faibles analogies de raisonnement ne se borneraient 
pas les rapports de l’Opisthocome avec les Gallinacés, et surtout 
avec les Pénélopes. 

À l'extérieur, dit Lherminier, l’Opisthocome a quelques 
rapports avec les Pénélopes. 

On peut ajouter effectivement qu’extérieurement , exception 


(1) Rev. et Mag. de Zoolog. 1852. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 407 


faite du bec, qui est privé à sa base de cette cire membraneuse 
de forme tubulaire dans laquelle sont percées les narines de ces 
derniers Oiseaux, l’Opisthocome paraît un véritable Pénélope : 

Pénélope par sa ptilose, par l'insertion, la nature et la forme 
des plumes de chacune de ses parties, notamment par celles de 
la queue, des ailes, et surtout par celles de la tête, qui sont 
rudes, filiformes ou acuminées et susceptibles de se hérisser en 
se relevant, comme chez les Pénélopes; 

Pénélope par la nudité de la face ; 

Pénélope enfin par un essentiel caractère organique, que ne 
laisserait pas échapper ici l’œil clairvoyant de Toussenel. On 
sait que ce qui différencie, sous ce rapport, les Pénélopes des 
vrais Gallinacés, c’est la conformation du pied; le pouce, chez 
les premiers, étant inséré sur le même plan que les doigts, ce 
qui n’a pas lieu chez les seconds. 

Or, ce caractère si différentiel existe chez l'Opisthocome, dont 
le pouce, remarquablement allongé, est inséré sur le même plan 
que les doigts antérieurs et pose, comme ceux-ci , à plat sur le 
sol. 

Tout concourrait done, comme aspect, et dans une certaine 
mesure de caractères organiques, à faire de l’'Opisthocome un 
Pénélope, sinon un Gallinacé; et, quand nous disons un Péné- 
lope, nous entendons un Oiseau des plus voisins des Péné- 
lopes. Mais, au grand jamais, avec la meilleure volonté du 
monde, on n’y pourra rien trouver qui réussisse à en faire un 
Passereau! Il faut , pour arriver à ce résultat, un effort d’'imagi-- 
nation surhumain ou une horreur prononcée pour les choses 
trop simples. 

Même concordance , si des caractères physiologiques et orga- 
niques, que nous venons d'énumérer, on se reporte à une partie 
des mœurs de cet Oiseau. 

L'Opisthocome peut être considéré comme essentiellement 


108 TROISIÈME PARTIE. 


frugivore ou baecivore , puisqu'il se nourrit presque exclusive- 
ment des feuilles et du fruit de l’Arum arborescens, dont sa 
chair emprunte même son odeur de castoréum et de muse, de 
Bouc ou de Vacherie. C’est un rapport de plus avec les Péné- 
lopes qui, aux dires de d’Azara, pour le Paraguay, et de 
J. Goudot , pour la Nouvelle-Grenade, font leur nourriture de 
fleurs, de bourgeons et de fruits de Lauriers, d’Ardiacées et 
d’Arolies. 

Enfin, d’après M. de Castelnau, qui l’a souvent rencontré et 
observé, dans le cours de son Voyage, le cri de l’'Opisthocome 
est singulier, et ressemble à une respiration forte et étouffée , et, 


x 


parfois même, au bruit d’un soupir. 

Il n’y a pas loin de là au cri que, suivant d’Azara, les Péné- 
lopes font entendre d’un ton aïiqu, mais bas, sans ouvrir le bec 
- et comme par les narines. 

Comme ce que nous cherchons est de fournir et de préciser 
les éléments les plus convenables à une bonne classification de 
l'Hoazin, après avoir indiqué par quelles analogies , et à l’aide 
de quels arguments on pouvait le pousser dans l'Ordre des 
Gallinacés et vers les Pénélopes, nous avouons qu'un élément 
moins connu et plus embarrassant se présente entre quelques 
autres : c’est celui que fournit le caractère Oologique de cet 
Oiseau, et que nous sommes bien aise de faire pressentir aux 
Ornithologistes , et surtout aux Méthodistes. 

On sait que pour nous ce caractère est de la plus haute valeur 
dans la composition des grands groupes de Familles ou de 
Tribus Ornithologiques. 

Or, ici tout vient détruire et saper dans leur base l’argumen- 
tation que nous avons faite, pour le rapprochement de l'Hoazin 
des Gallinacés, en admettant que les Pénélopes doivent rester 
encore dans cet Ordre. 

L'OEuf de l’Hoazin , que nous devons à l’obligeance d'A. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 409 


d'Orbigny (1), qui nous l'avait procuré de son bel et fructueux 
voyage dans l'Amérique Méridionale, revêt tous les caractères 
de Forme, de nature de Coquille et de Coloration de celui des 
Rallidés en général; ceux d’entre eux qu'il rappelle le plus sont : 
la Poule Sultane (Porphyrio) qui doit figurer dans les Rallinæ, 
et nullement dans les Fulicinæ, la petite Poule-d’Eau des Indes, 
et surtout le Rallus superciliaris rapporté de la Nouvelle-Zélande 
par J. Verreaux. Il s’en éloigne toutefois , mais bien faiblement, 
par son mode de maculature qui, au lieu d’affecter la forme 
ponctuée généralement propre aux Oiseaux de cette Tribu, revêt 
la forme de taches irrégulières ou d’éclaboussures , mais longi- 
tudinales ou perpendiculaires, c’est-à-dire dans le sens du grand 
axe de l’OEuf. 

La Forme est Elliptique, avec les deux extrémités également 
arrondies ; elle se rapproche même beaucoup de la Forme Cylin- 
drique. Le grand diamètre ou grand axe est de 48 millimètres; 
le petit, de 35. 

Le fond de la Coquille est d’un Blanc légèrement carné , avec 
quelques taches de Couleur de Sang figé, d’autres, en plus 
grand nombre, de Couleur de Brique Rosâtres, et plusieurs, 
assez larges , d’une teinte Gris-Lilas ou Grisâtre-Violacée. 

Le seul rapport qu'offre cet OEuf avec celui des Pénélopes, et 
il a quelque importance, c’est la Forme qui est presque la 
même , Ellipsoïde ou Ovalaire allongée : ce qui fait la différence 
des Pénélopes avec les autres Gallinacés, dont l'OEuf est de 
Forme Ovée, c’est-à-dire avec une extrémité plus aigüe que 
l’autre; c’est aussi cette même analogie de Forme qui, d’un 
autre côté, rapproche à certains égards les Pénélopidés des 
Colombidés. 


(1) Cet Œuf, dont quelques Exemplaires doivent exister, de la même 
source, au Musée de Paris, figure aujourd’hui dans la Collection de Phi- 
ladelphie. 


440 TROISIÈME PARTIE. 


Que conclure de cette autre apparente anomalie de l’Hoazin? 
Serait-ce un indice de quelques rapports de transitions, encore 
inconnus, qui existeraient entre les Gallinacés, dont le dernier 
chaïnon serait formé par l’Hoazin et les Rallidés ? 

Nous ne le pensons en aucune façon : non que nous nous 
décidions à les éloigner des Pénélopes, près desquels au con- 
traire nous les rapprochons davantage; mais c’est que nous 
avons de puissantes raisons de croire que les différentes Familles 
d'Oiseaux dont Lesson faisait ses Passérigalles , et qui compre- 
naient entre autres les Pénélopes, n’ont jamais été à leur véritable 
place dans les Méthodes, et doivent faire partie des groupes que 
nous réunissons sous la rubrique de Alectorides. Or, de ces 
Oiseaux à l'Hoazin, les différences ne sont pas bien grandes, 
ainsi qu'il ressort de la comparaison de ce dernier avec les 
Pénélopidés : une seule différencie organiquement celui-ci de 
ceux-là ; c’est d'une part la couverture du torse qui, chez les 
Pénélopes, est comme chez les Gallinacés, écussonné seulement 
en-dessous, mais scutellé ou couvert de larges squamelles par- 
dessus, tandis qu’il est écussonné des deux côtés chez l'Hoazin ; 
c’est d'autre part la forme tubulée des narines des Pénélopes. Du 
reste , insertion identique des quatre doigts du pied sur le même 
plan, ces parties posant toutes à plat sur le sol, ce qui est aussi 
le caractère des Mégapodidés. 


CINQUIÈME TRIBU. 


PÉNÉLOPIDÉS OU PÉNÉLOPES — Penelopideæ. 


Nous avons suffisamment indiqué les points de contact de cette 
Tribu avec la Tribu qui précède pour qu’il soit inutile d’y revenir. 
Quant aux motifs qui nous la font retirer de la Tribu des Gal- 
lidés, ils résultent en partie des mêmes indications , en partie des 
différences organiques bien tranchées qui les en séparent, et aussi 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. AE 


des mœurs qui ne sont nullement les mêmes : toutes considéra- 
tions qui justifient parfaitement la manière de voir de Lesson, à 
leur égard, quant à leur groupement tout-à-fait à part de cette 
Tribu, sous le nom de Alectores.  : 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, parfois très-allongée, et assez aigüe aux 
deux extrémités. 

Coquille — à test dur, à pores visibles, lisse et un peu luisante, 
Blanche intérieurement. 

Couleur — d’un Blanc plus ou moins pur, et sans aucune tache. 

On voit, pour ce qui est des Caractères Oologiques, celui de la 
Forme, seul, rapproche les Pénélopes de l’Hoazin, il en sera de 
même pour les Tribus qui vont suivre. 

Nous connaissons, et nous avons possédé l'OEuf de neuf Espèces 
de Pénélopes. 


SIXIÈME TRIBU. 
CRACIDÉS OU HOCCOs — Cracideæ. 


À nos yeux, à l’exception du Genre Gallopavo, où Dindon, 
l'Amérique ne possède aucun vrai Gallidé. Ce que l’on en a consi- 
déré jusqu’à présent, pour cette partie du monde, comme les 
représentant, se borne aux Pénélopes et aux Hoccos. Or, cette 
représentation est tellement imparfaite, qu’elle ne constitue, pour 
nous, qu'une simple théorie, contredite et presque détruite par les 
faits : c’est ce qui nous en fait encore détacher la Tribu des Cra- 
cidés, pour la reporter ici. Sauf le procédé d’incubation qui varie, 
il nous semble que, de même qu’on rapproche les Hoccos et les 
Pénélopes des Mégapodes, dans les Gallinacés et dans les Gallidés, 
il y a tout autant de raisons pour replacer ailleurs ces trois Tribus 
d’Alectorides ; et c’est ce que nous pratiquons en ce moment, parce 


412 TROISIÈME PARTIE. 


que nous regardons leur OEuf comme étranger, sous tous les rap- 
ports, à celui des Gallinacés. 

Nous aurions tort cependant, si nous disions que c’est sans être 
dirigé dans cette voie si nouvelle par aucune considération Oolo- 
gique spéciale. En étudiant en effet l’OEuf des Cracidés, autrement 
dits des Hoccos, nous avons remarqué qu’il ne reproduisait rien, 
dans son test, de l’OEuf des Poules, ni par son aspect, ni par sa 
constitution physiologique : tout ce qu’il en rappelle, c’est le facies 
de ceux de ces dernières dont la cristallisation calcaire ne s’est 
opérée que d’une manière imparfaite et maladive à la surface de la 
tunique membraneuse, en y laissant les traces d’une granulation 
pour ainsi dire artificielle, en ce sens que chacun des granules 
n’est généralement pas plein ou concret, n'étant que l’enveloppe 
de globules d’air surpris par la matière calcaire. 

Ici, et chez les Hoccos, rien de semblable : la Coquille, dans sa 
surface , représente un réseau de globules d’une certaine grosseur, 
égaux entre eux et par leur volume et par leur distance, envelop- 
pant et recouvrant symétriquement le fond du test calcaire, avec 
lequel ils ne forment qu’un seul et même corps, pleins et solides 
comme lui. Ce système de granulation très-sensible au toucher, 
encore plus à l’œil nu, acquiert une admirable harmonie d’en- 
semble et de répartition, examiné à la loupe, et se trouve être le 
seul et premier, sinon unique exemple de cristallisation sem- 
blable que nous ayons eu occasion de rencontrer dans les OEufs 
de toute la Série. 

Ces globules, il est vrai, se laissent plus difficilement aperce- 
voir, et existent à peine, et encore très-imparfaitement, nous 
devons le dire, dans la Tribu précédente, celle des Pénélopidés, 
que l’on a l’habitude de réunir aux Cracidés. A l’égard de cette 
Tribu, nous sommes encore dans le doute, leur système de 
cristallisation tenant beaucoup plus de celui des Gallidés et des 
Phasianidés. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 143 


Mais un fait également remarquable, et qui nous détermine à 
réunir aux Hoccos les Mégapodes , indépendamment de la place 
à leur donner, aux uns et aux autres, dans la Série, c'est que 
chez ces derniers le système est en tout identique, dans des 
proportions moindres; c’est-à-dire que c’est la même régularité 
de granulation sphéroïdale et parfaitement arrondie : il suffit, 
pour être convaincu de la parité, d'observer les OEufs des 
Talegalla Lathami et Megapodius Nicobaricus ou Cummingiüi, etc. 

La coïncidence est au moins étrange et frappante au point de 
vue de la Classification, et mérite d’être attentivement étudiée. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée , parfois et souvent assez globulaire. 

Coquille — à surface rugueuse et régulièrement granulée, 
Blanche intérieurement , et sans reflet appréciable. 

Couleur — d’un Blanc pur. 


SEPTIÈME TRIBU. 


MÉGAPODIIDÉS OU MÉGAPODES — Megapodiidæ. 


L'OEuf des Mégapodes, indépendamment de sa Forme, dont 
nous avons fait un de nos Types, est particulièrement remar- 
quable par la contexture de sa Coquille, contexture également 
granulée, mais d’une granulation impalpable et presque micros- 
copique, quoique appréciable à l'œil nu. 


CARACTÈRES, OOLOGIQUES : # 


Forme — Cyÿlindrique, c’est-à-dire dessinant une Ellipse dont 
les deux parois latérales forment une ligne droite, avec les deux 
extrémités également arrondies. 

Coquille — à test fort mince, en raison de son développement 


444 TROISIÈME PARTIE. 


ou du volume de l’OEuf; à pores fins et visibles, Blanche inté- 
rieurement, mate et sans le moindre reflet. 

Couleur — Blanche et sans aucune tache. 

Si parfois elle offre un aspect d’un ton uniformément Fauve, 
plus ou moins rosacé, c’est l'effet de son contact avec le sable 
dont ces OEufs sont le plus souvent recouverts et dont le test 
emprunte la Coloration. C’est ce qui s’observe notamment chez 
le Megapodius Nicobaricus et sur les A. rubripes et Ocellatus. 

Cet OEuf est assurément digne de l'attention des Oologistes, 
et par sa Forme, qui rappelle celle de l’'OEuf des Ophidiens, et 
par sa contexture calcaire, qui se rapproche encore un peu de 
celle du produit Ovarien de quelques-uns de ces Vertébrés, 
quoique d’une finesse extrême, et par l'absence de reflet : tous 
caractères exclusifs de ceux propres à l'OEuf des Gallinacés. 

Il y aurait même presque un rapprochement fort curieux à 
faire, à ce point de vue, entre le produit Ovarien de Ja Tribu des 
Mégapodidés, chez les Oiseaux, et celui de l'Ordre des Sauriens, 
dans les Reptiles, notamment chez les Caïmans et les Crocodiles: 
c’est, outre le caractère de la Forme, qui est identique , le mode 
particulier d’éclosion ou plutôt d’incubation, en quelque sorte 
artificiel. N’est-il pas remarquable, en effet, que ce soient les 
Oiseaux pondant ou produisant de tels OEufs qui, de même que 
les Crocodiles, abandonnent le soin de leur incubation à l’action 
naturelle, soit du calorique émané des rayons solaires mis en 
* contact avec le sable qui les cache soit du calorique dégagé de 
la fermentation lente et progressive des G raminées qui les 
recouvrent (comme pour le Megapodius tumutus-de Gould; à la 
Nouvelle-Holtande), contrairement à ce que pratiquent les autres 
Oiseaux, dont le besoin de couver est le plus puissant et le plus 
impérieux! 

Il faudrait la plume pittoresque d’un Michelet, ou le pinceau 
original d’un Toussenel , pour développer toutes les considéra- 


APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. A5 


tions qui ressortent de ce rapprochement que nous ne faisons 
qu'indiquer, sans y attacher aucune importance ni aucune idée 
d’applicabilité à la Science Ornithologique. Le système de 
Parallélisme , qui offre tant de ressources en Histoire Naturelle, 
pour coordonner entre eux ou mettre en rapport les divers élé- 
ments d’une Classe Zoologique, en offrirait-il autant pour établir 
des relations ou pour découvrir et fixer des termes de compa- 
raison d’une Classe à une autre? Ce serait peut-être, à ce propos, 
le cas d’en faire l'essai. / 

Nous ne dirons rien des Mesitidæ dont nous faisons notre 
huitième Tribu, puisque l’on n’en connaît pas plus l'OEuf que 
les habitudes ; et que les seuls exemplaires de ce Type d'Oiseaux 
que possède jusqu’à ce jour la Science, sont ceux qui se voient 
dans la riche Collection Nationale du Muséum d'Histoire Natu- 
relle de Paris. / 


NEUVIÈME TRIBU. 


PALAMÉDÉIDÉS OU KAMICHIS — Palamedeide. 


Les Kamichis , pas plus par leur OEuf que par leurs caractères 
organiques, ne peuvent être pour nous des Jacanas; ce sont de 
véritables Alectorides : ils en ont le port et les caractères Oolo- 
giques ; leur pied même, sauf l’ongle droit et acéré du pouce, 
est celui des Oiseaux de cet Ordre; toutes raisons qui corro- 
borent nos inductions et déterminent notre résolution. 

En un mot, le Kamichi est plus près des Mégapodes que des 
Jacanas; et cela malgré l’arme de ses ailes. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire. 

Coquille — à test assez dur, à pores fins et visibles; d’un 
Blanc légèrement azuré intérieurement. 

Couleur — d’un Blanc assez pur et sans tache. 


716 TROISIÈME PARTIE. 

Ces caractères sont communs à l'OEuf du Palamedea Cornuta 
et du P. Chavaria, que nous avons possédés tous deux: ce 
dernier nous venant du Voyage de d’Orbigny. 

C’est probablement le caractère azuré de la Coquille, et l’anti- 
pathie de l’Oiseau pour les Serpents qu’il combat à la manière 
du Serpentaire (Gypogeranos), qui ont engagé Thienemann à 
classer son OEuf avec celui de ce dernier, et l’Oiseau lui-même 
dans l’Ordre des Rapaces. 

Nous ne parlerons pas des Chionidæ ou Bec-en-Fourreau, 
formant notre dixième Tribu , l'OEuf nous en étant inconnu. 

Nous observerons seulement que si nous rangeons cet Oiseau 
avec nos Alectorides, et près du Kamichi, c’est que nous trou- 
vons entre eux certains points de contact qui ne sont pas sans 
importance : tels que la réticulation des pieds et la protubérance 
osseuse de l’aile. 


TROISIÈME SOUS-ORDRE. 


HÉRODIONS 


(Herodiones). 


Plus on étudie l'Oologie, plus on voit la lumière se faire dans 
l'ombre des Méthodes et des Classifications. C’est ainsi qu’une 
étude plus attentive de l’OEuf du Falcinellus igneus nous déter- 
mine à modifier la composition de ce Sous-Ordre indiquée dans 
notre Systema. Nous y faisons entrer les dix Tribus suivantes : 
Psophiidæ, Gruidæ et Aramidæ, que nous enlevons aux Alec- 
torides du Prince Ch. Bonaparte, pour les transporter à l'Ordre 
des Hérodions; système adopté du reste par lui, depuis 4835, 
dans la première partie du deuxième volume de son Conspectus, 
publié en 1857; puis Ciconiidæ, Dromadidæ , Cancromide, 
Ardeidæ, Tantalidæ, Plataleidæ et Balænicepide. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 417 


PREMIÈRE TRIBU. 
PSOPHIIDÉS OU AGAMIS — Psophiideæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire. 

Coquille — assez mince, peu luisante, d’un Blanc légèrement 
Verdâtre intérieurement. 

Couleur — d'un Blanc pur et sans taches. 


DEUXIÈME TRIBU. 


GRUIDÉS OU GRUES — Gruidæ. 


L'ensemble Oologique de cette Tribu offre la même harmonie 
et la même homogénéité de caractères que l’ensemble physio- 
logique. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée, assez allongée. 

Coquille — à test dur, d’un Blanc verdûtre intérieurement, à 
faible reflet et à pores visibles, mais parfaitement marqués et 
incrustés chez le Laomedontia carunculata ou Grue carunculée. 

Couleur — d'un Blanc fauve plus ou moins foncé, parsemé de 
larges taches Brunes entremêlées d’autres d’une nuance Grisâtre 
ou Lilacée. 

Ce sont les caractères communs aux Grus cinerea et Austra- 
lasiana , au Laomedontia carunculata, aux Tetrapteryx para- 
disea, dont ie fond est d’un Brun très-foncé, Anéhropoïdes 
virgo, dont les taches affectent l'aspect de points, Balearica 
pavonina, dont la Forme est Ovalaire , et le fond d’un Brun de 
Sienne, et Antigone torquata, dont le fond est d’un Fauve- 
Blanchâtre, et les taches d’un Brun clair ou Grisûtres. 

28 


148 TROISIÈME PARTIE. 


Mais les affinités Oologiques nous forcent de retirer le Genre 
Argala, ou Marabou, des Ciconiidæ, pour le reporter aux 
Gruideæ. 


TROISIÈME TRIBU. 


ARAMIDÉS OU COURLANS — Aramidæ. 


Ce Genre si curieux se trouve aujourd'hui rangé à sa véritable 
place, grâce à la découverte de son OEuf, que nous pouvons 
dire avoir publié le premier, en l’appuyant des considérations 
qui devaient le faire retirer des Rallidés, considérations que 
nous allons reproduire de nouveau , à une distance de quinze 
années (!l). 

« Nous venons encore, disions-nous en 4844, au sujet d’un 
Genre d’Oiseau déjà connu depuis longtemps, le Courlan, ou 
Courliri, mais dont la place méthodique est toujours demeurée 
vague et indécise, apporter le tribut de nos études et de nos 
travaux en Oologie. 

On comprend que nous nous attachions, pour proclamer 
l'importance de cette partie si neuve de la Science, à des Genres 
de transition; car c’est surtout à leur égard et dans les circons- 
tances que présente l’indécision ou la complication de leurs 
Caractères Zoologiques, que se révèle le plus la valeur de ceux 
que l’OEuf peut fournir. Ce que nous avons donc essayé pour les 
Genres Guacharo (Séeatornis), Coq-de-roche (Rupicola), et 
Caurale (Ardea helias ou Eurypiga) , nous l’allons faire pour le 
Courlan. 

On ne peut se dissimuler que, dans son ensemble, comme 
dans son port, le Courlan ne représente autant une Grue qu'un 
Héron, beaucoup plus qu’un Courlis ou un Râle, car, malgré ce 


(1) Magas. de Zool. 1844. Ois. PI. XLvI, XLVIX et XLVNI. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 449 


qu'en ait dit Valmont de Bomare (l), ou qu’en aient pensé plu- 
sieurs Naturalistes , il est difficile de rien voir en cet Oiseau qui 
se rapproche en quoi que ce soit, au moins, du Courlis. C’est 
aussi, nonobstant le nom qu'il lui a conservé, ce qu’a bien eu 
soin de faire remarquer Buffon : « Son bec, dit notre éloquent 
» Naturaliste, a quatre pouces; il est droit dans presque toute 
» sa longueur; il se courbe faiblement vers la pointe, et ce n’est 
» que par ce rapport que le Courlan s'approche du Courlis, dont 
» il diffère par la taille, et toute l'habitude de sa forme est très- 
» ressemblante à celle des Hérons; de plus, continue-t-il, on 
» voit à l’ongle du grand doigt la tranche saillante du côté 
» intérieur qui représente l'espèce de peigne dentelé de l’ongle 
» du Héron » (?). Ge qui est formellement et à juste titre con- 
testé par la description de Spix (3), et ce dont la plus simple 
inspection démontre la fausseté; car ce caractère de dentelure, 
presque constant chez les Hérons, manque complétement chez 
le Courlan. Cette erreur si grave, de la part de Buffon, ne peut 
être attribuée , comme la plupart de celles qui lui sont échap- 
pées, qu’à son génie trop généralisateur, et, par suite, à son 
imagination trop ardente et trop prompte à se figurer comme 
réels des rapports d'ensemble à peine entrevus. 

Quoiqu'il en soit, cette description, fort exacte du reste, in- 
dique suffisamment les causes de préférence de Buffon pour le 
rapprochement du Courlan des Hérons : aussi le décrit-il à leur 
suite et avant les Bécasses. Ajoutons , pour compléter le détail 
des caractères physiologiques et la somme des rapports de ce 
Genre avec les Hérons, que le pouce, de même que chez ceux- 
ci, est long et porte en entier sur le sol. Il semble donc que 
jamais on ne devait songer à isoler le Courlan, sinon des Hérons, 


(1) Nouv. Dict., etc. 
(2) Hist. Nat. des Ois. 
(3) « Ungue medio non serrato.» Av. Bras. Monachii, 1839. T. If, p. 72. 


220 TROISIÈME PARTIE. 


au moins des Ardéidés, ou, pour mieux dire, des Hérodions. 

Il faut pourtant supposer que ces caractères, si positifs et 
incontestables qu’ils soient, n’ont pas été jugés suffisants pour 
satisfaire aux exigences rationnelles et méthodiques, quoique 
bien souvent arbitraires, des Classificateurs Ornithologistes. 

Ainsi Linnée et Gmelin, par leurs dénominations de Ardea 
scolopacea et Scolopacea quarauna, qu’ils lui ont donnée; 
Brisson et Latham, par celle de Numenius quarauna, indiquent 
les rapports qu'ils croyaient lui voir, à un degré plus élevé que 
Buffon, avec le Genre Ardea, d’une part, et avec les Genres 
Scolopax et Numenius de l’autre : place et nom que lui ont aussi 
conservés, dans ces derniers temps, MM. Lesson et Gray. 

Cuvier, dans son Règne animal, donne la description du 
Courlan après celle de la Grue commune (Ardea Grus), et 
ajoute, avec infiniment plus de raison que ses devanciers : 
« qu’on ne peut placer cet Oiseau qu'entre les Grues et les 
» Hérons. » 

Illiger, trompé peut-être par une légère et bien imparfaite 
analogie du bec du Courlan avec celui des Râles Américains, en 
a fait un Râle, sous le nom de Rallus quarauna, classification 
adoptée par Lichtenstein. 

Vieillot, se rangeant à l'opinion de Linnée, de Gmelin et de 
Latham, en a fait son Genre type Aramus spécifié par l’adjonctive 
Scolopaceus, qui a été conservé par MM. Bonaparte et Vigors. 

Spix, enhardi par ses observations Ornithologiques en Amé- 
rique, s’est cru fondé à faire revivre l’idée d’Illiger, qui avait 
fait de notre Oiseau un Râle; mais en la modifiant sous le rap- 
port des points de contact qu’il lui trouvait avec les Hérons, et, 
en conséquence, il l’a nommé Rallus ardcoïdes, nom qu’il 
aurait dù réserver pour le Caurale ( Ardea helias où Eurypiga) , 
auquel il convenait infiniment mieux, ainsi qu’on a pu le remar- 
quer dans nos considérations sur ce dernier Oiseau. Il l’a donc 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 424 


placé en tête de la Famille des Ràles, qui suit immédiatement 
celle des Hérons, en ajoutant que, s’il se rapproche du Genre 
Anastomus et des Ardea scolopacea ou gigantea, il devait ce- 
pendant être réuni aux Râles. (1) 

Alc. d'Orbigny (?), sous l'influence d'observations semblables 
sur les Oiseaux du Sud-Amérique, est venu depuis adhérer, en 
les appuyant de son autorité, au système et à la manière de 
Spix, et il s’est fondé , à cet égard, sur les mœurs et les habi- 
tudes du Courlan, qu’il croit, plus encore que sa forme, se 
rapprocher des Ràles et des Poules-d’eau. 

Nous avouons que, pour nous, ces habitudes sont encore 
jusqu’à un certain point contestables, non pas tant comme exac- 
titude ; sur ce point, peu de Voyageurs Naturalistes méritent 
autant de croyance que Alc. d’Orbigny; mais comme caractères 
bien tranchés , car elles sont en partie communes à bon nombre 
d'Espèces de Hérons et d’Ardéidés. Ainsi, d’après les observa- 
tions de notre savant Voyageur, le Courlan perche sur les arbres 
peu élevés, ce qui n’est pas commun chez les Râles; il n’a pas 
le vol aussi soutenu que les Hérons; il a une voix sonore qui se 
fait entendre d’une demi-lieue, ce qui est également loin d’être 
dans l’organisation habituelle des Râles (quoique Spix, tout en 
se taisant sur cette circonstance particulière, en parlant du 
Courlan, ait soin de la remarquer pour le Rallus gigas : 
« vesperè perambulando vociferans, » dit-il, au sujet de ce 
dernier) , et se rencontre, au contraire , chez quelques Ardéidés, 
notamment le Butor (Ardea stellaris); il aurait le même genre 
de nourriture que les Räles et les Poules-d’eau ; ainsi il ne man- 
serait ni Reptiles ni Poissons, mais des Vers et des Mollusques, 


(1) « Generi Anastomatis novo Temminckii vel Ardeæ scolopaceæ ac gi- 
» ganteæ conveniens, à Rallo vero haud disjungendus... » 
(2) Hist. Nat. de l'Ile de Cuba. Alc. d'Orbigny et M. de la Sagra. 


422 TROISIÈME PARTIE. 


ce qui n’établit pas une différence assez marquée, à notre sens , 
pour le elasser dans les Râles de préférence aux Hérons ; enfin il 
niche dans les marais, ce que font également plusieurs Espèces de 
Hérons. 

Temminck (1) et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire (2), se con- 
formant aux vues élevées de G. Cuvier, le mettent, comme lui, 
entre les Grues et les Hérons. 

Wagler et le Prince Max. de Neuwied en ont fait leur Nofhero- 
dius guarauna, impliquant dans leur esprit un point de ressem- 
blance plus intime avec ceux-ci qu'avec les Grues. 

Enfin le Docteur Reichenbach en a fait franchement un Rallidé. 

En résumé, les Naturalistes, au sujet du Genre type de la 
Tribu qui nous occupe, se seraient, jusqu'à ce jour, partagés 
entre quatre systêmes. 

L'un, établi par Buffon et Linnée, et suivi par Brisson, 
Latham, Vieillot, et MM. Lesson, Bonaparte, Vigors et Gray, 
consistant à placer le Courlan entre les Hérons et les Courlis. 

Le second, indiqué par G. Cuvier avec cette hauteur de vue et 
cette prescience des choses qui lui étaient particulières, et suivi 
par Temminck et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, consistant à le 
mettre entre les Grues et les Hérons, et, conséquemment à en 
faire un véritable Ardéidé. 

Le troisième, soulevé par Wagler, et suivi par M. le Prince 
Max. de Neuwied, à le ranger avec les Hérons ou à leur suite, 
comme Faux-Héron ou Héron bâtard. 

Le quatrième enfin, proposé par Illiger, et suivi par Spix, 
Lichtenstein, Ale. d’Orbigny et le Docteur Reichenbach, consistant 
à le classer entre les Hérons et les Râles, mais en en faisant un 
PRallidé. / 


(4) Manuel d'Ornithologie. Ed. 1820. 
(2) Cours 1843-1844. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 423 


Ce qui domine avant tout, dans l’ensemble des opinions de 
chacun de ces Naturalistes, c’est la conviction amenée par l’évi- 
dence d’un degré plus intime entre le Courlan et les Hérons, 
qu'entre tout autre Genre; mais cela n’exclut pas l'identité et la 
communauté de ses rapports avec le Genre Grue, qui diffère au 
reste fort peu du Genre Héron, puisque, pour nous, tous deux 
font partie du même groupe (l), identité qu’on ne saurait utile- 
ment contester après le jugement de Cuvier, sous lequel s’est 
censément abrité celui de Temminck. 

Ce jugement de Cuvier, que l’on n’a pas assez approfondi avant 
de le rejeter, aurait besoin d’une autre justification que celle tirée 
des rapports de conformation et d’habitudes du Courlan avec les 
‘Ardéidés, qu'il la trouverait dans la valeur des caractères qu'offre 
l'inspection de l’OEuf de cet Oiseau. Ils viennent si heureusement 
confirmer cette opinion, que nous en espérons le meilleur résultat 
pour ouvrir les yeux aux plus incrédules sur l'importance, en fait 
de Classification Ornithologique, dans nombre de cas embarras- 
sants ou douteux, de l’Elément Oologique. 

Nous tenons cet OEuf, tout nouvellement acquis à la Science, 
de l'obligeance de notre savant Voyageur Alc. d’Orbigny, qui en 
a découvert plusieurs dans ses pérégrinations au centre de l’Amé- 
rique du Sud. Nous re dirons pas que c’est la première fois qu'il 
est publié, puisqu'il a paru à la suite d’un article de ce Naturaliste . 
sur le Courlan, dans une des dernières livraisons du bel Ouvrage 
qu'il a publié, avec M. de la Sagra, sur l'Histoire Naturelle de 
l'Ile de Cuba; mais c’est la première fois qu’il est figuré à la 
suite d’un Système de Classification : nous dirons même que nous. 
avons tàché de lui conserver, dans la Planche ci-jointe, un degré 
d’exactitude de plus que ne le comporte le dessin de l’Ouvrage 


(1) Malgré la manière de voir et la résolution prise du Prince Ch. Bona-- 
parte, de les mettre chacun dans un Ordre distinet. 


124 TROISIÈME PARTIE. 
précité, ‘qui est d’un ton trop verdàtre, et dont les taches ou 
macules ne sont pas assez franchement accusées. 

L'OEuf du Courlan, dont les diamètres varient de 64 à 63 
millimètres dans un sens, et de 44 à 45 dans l’autre, est de 
Forme Ovalaire très-faiblement acuminée, comme celui des 
Hérons; mais chez ces derniers, il est toujours et constamment 
d'un ton uniforme, variant du Blanc au Vert-Bleu ou Olive, plus 
ou moins foncé, sans aucune tache colorée, mat et sans reflet ; 
tandis que chez le Courlan , avec une Couleur Blanc sale ou légè- 
rement Ocracé, il est parsemé de taches d’un Brun plus ou moins 
clair ou Rougeâtre, sous forme de larmes, ou la plupart arron- 
dies, entremêlées d’autres taches Grisâtres ; le tout plus ou moins 
abondant au sommet de l’OEuf, qui en est comme le point de 
départ, et où se voient quelquefois des veines de mêmes Couleurs ; 
enfin sa Coquille réfléchit quelque peu la lumière, ce qui con- 
stitue, quant à la Coloration et à la Coquille, le caractère domi- 
nant et généralement constant de l’OEuf des Grues proprement 
dites, telles que Grus ardea (cinerea), dont nous avons fait 
figurer l’OEuf à la Planche x1vn, Grus antigone (Antigone 
torquata) ct Grus carunculata (Laomedontia carunculata). I 
n’y à donc de différence, entre l’un et l’autre, que relativement à 
la Forme qui, chez le Genre Grue, est toujours Ovoïconique, ou 
du moins Ovée fort allongée ; nous ajouterons même que c’est une 
anomalie que le Courlan partage avec les Hérons, qui sont la 
seule Famille des anciens Echassiers des Auteurs, dont l’OEuf soit 
généralement de Forme Ovalaire, tous leurs autres congénères 
l'ayant de Forme Ovoïconique, qui semble la conséquence ration- 
nelle de leur structure (1). 


(1) Les deux ou trois Exemplaires de cet Œuf que nous avons possédés , 
figurent aujourd’hui dans le Musée de Philadelphie, Le Muséum de Paris 
en doit posséder ayant la même origine. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 425 

Mais quant à comparer l’OEuf du Courlan, soit quant à sa 
Forme, soit quant à son mode de Coloration, avec-l'OEuf des 
Râles, ou mème du Courlis, c’est une idée qui ne viendra à 
l'esprit de personne, lorsqu'on aura pu voir les termes Oologiques 
de comparaison. C’est ce qui nous a fait joindre à cette Notice la 
figure de l'OEuf du Numenius arcuatus, qui ne diffère que par sa 
taille plus forte du N. phæopus, et qui est, comme celui de ce 
dernier, comme celui de presque tous les Echassiers, de Forme 
Ovoïconique, mais sur un fond Vert-Olive assez tranché, parsemé de 
taches irrégulières nuageuses de Brun foncé et de Brun-Verdätre, 
ce qui n’a aucun rapport avec la Couleur de l’OEuf qui nous occupe. 

Quant à ce qui est de l’OEuf du Räle, il suffit pour se rendre 
compte des caractères généraux qui lui appartiennent, et dont 
nous ne parlons pas ici, de se reporter à ce que nous en avons 
déjà dit. 

Toutes choses donc à peu près égales d’ailleurs, en ce qui con- 
cerne les caractères physiologiques et même les mœurs (à l’excep- 
tion de la terminaison du bec légèrement infléchie), l'importance 
des caractères fournis par l'OEuf de ce curieux Genre, caractères 
si différents de ceux fournis par l’OEuf des Râles et par celui des 
Courlis, et si rapprochés, pour la Forme de l’OEuf, des Hérons, 
et, pour la Couleur, de celui des Grues; cette importance, disons- 
nous, ne nous paraît point douteuse et doit faire pencher la ba- 
lance, en ce qui concerne la place que doit occuper le Courlan 
dans la Série Ornithologique, en faveur de son rapprochement 
intermédiaire entre les Grues et les Hérons, en sorte qu’on pour- 
rait parfaitement lui donner le nom de Ardea Geranos. » 

Il est bien remarquable que l'indication de ce classement, basé 
sur de simples considérations Oologiques , soit déterminée par la 
même combinaison de caractères que celle qui nous à fait, précé- 
demment, insister sur le classement du Caurale entre les Gralles 
et les Râles. 


426 TROISIÈME PARTIE. 
On voit, comme nous en avons donné de nombreux exemples, 


qu'il a fallu la découverte et la connaissance de l’OEuf du Courlan 
pour assigner définitivement sa place à cet Oiseau. 


QUATRIÈME TRIBU. 


CICONIIDÉS OU CIGOGNES — Ciconiidæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, parfois globulaire ou renflée. 

Coquille — à test peu épais, uni, à pores très-fins et visibles ; 
d’un Blanc légèrement Verdâtre dans son épaisseur. 

Couleur — d'un Blanc un peu terne, uniforme et sans taches. 

Le mode de composition du test de l’OEuf des Cigognes est 
tout-à-fait différent de ce qu’il est dans l’OEuf des Ardéidés ; en ce 
sens que la cristallisation en est plus homogène et plus fine, et 
laisse apercevoir un système assez régulier du pointillé de ses pores. 

Nous ne dirons rien de la cinquième Tribu, celle des Dromadidæ 
ou Ardéoles, dont nous ne connaissons pas l’OEuf. 


SIXIÈME ET SEPTIÈME TRIBUS. 


CANCROMIDÉS OU SAVACOUSs — Cancromidæ 


ET ARDÉIDÉS OU HÉRONS — Ardeidæ. 


Nous réunissons ces deux Tribus, à cause de leur communauté 
de caractères, au point de vue de leur produit Ovarien. 


CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, les deux extrémités également arrondies. 

Coquille — à test assez mince, à pores irréguliers et peu dis- 
tincts, ne procédant point par piqueture; d’un Blanc légèrement 
Verdâtre dans son épaisseur. 

Couleur — ou Blanche, ou d’un Vert-Bleuâtre plus ou moins 
foncé, uniforme et sans aucune tache ou teinte étrangère. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 427 


Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de trente-et-une 
Espèces d’Ardéidés. 

Quand nous parlons des pores de la Coquille, dans ces deux 
Tribus, c’est de son mode de granulation que nous voulons 
parler ; et c’est en ce sens que nous distinguons positivement 
l'OEuf des Hérons de celui des Cigognes; car, avec l’apparence 
d'une contexture concrète et régulière, la cristallisation vue de 
près, et, mieux encore, examinée à la loupe, en est des plus 
_grossières, et ce que l’on prendrait, à l'œil nu, pour les pores sur 
toute autre Coquille, n’est que le résultat de l’irrégularité des 
cristaux calcaires qui la composent : ces cristaux présentant, par 
leur assemblage et leur réunion, un aspect granuleux approchant 
de celui de la pâte dont la surface se sèche et se solidifie au contact 
de l’air ou de la lumière. 

Sous ce rapport, nous le redisons, l’OEuf des Ardéidés ne saurait 
être confondu avec celui des Ciconiidés, et encore moins avec celui 
des Ibis ou des Spatules. 


HUITIÈME TRIBU. 
TANTALIDÉS OU TANTALES — Z'antalideæ. 


Par suite des observations qui précèdent, nous apportons un 
léger changement à la composition première de cette Tribu, que 
nous divisons en trois Familles, au lieu de deux; c’est-à-dire que 
nous retirons des Jbinæ le Genre Falcinellus que nous élevons 
lui-même au rang de Famille. 

Autant, en effet, l’OEuf des Tantales se confond avec celui des 
Ibis, autant s’en éloigne celui des Falcinelles, pour revêtir tous 
les caractères de Forme, de Coquille et de Couleur propres à l’OEuf 
des Hérons. Il y a donc ici à réfléchir et à étudier mürement. 

Et si l’on ne croit pouvoir se dispenser de laisser figurer. les 
Falcinelles dans les Tantalidés, nous pensons que l'on ne saurait 


428 TROISIÈME PARTIE. 


hésiter à faire de ce Genre une Famille sous le nom de Falcinel- 
linæ, que l’on mettrait en tête des Tantalidæ, faisant suite im- 
médiatement alors aux Ardéidés : c’est ce que nous pratiquons 
aussi dès ce moment, modifiant, sous ce rapport, la composition 
de nos Hérodions telle qu’elle figure dans notre Systema; nous 
distinguerons donc dans notre Tribu des T'antalidæ trois Familles : 
Falcinelline, Tbinæ et Tantalinæ. 


Are FAMILLE. — Falcinellinés ou Falcinelle (Falcinellinæ). 
CARACTÈRES QOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire, exactement celle des Ardéidés. 

Coquille — la mème également que dans l’OEuf de cette Tribu, 
sauf que le mode irrégulier de cristallisation que nous avons re- 
marqué chez ceux-ci est encore exagéré chez les Falcinelles, et la 
matière en paraît également plus grossière ou moins élaborée, du 
reste mate et sans aucun reflet. 

Couleur — d’un beau Vert uni et sans taches. 


2e FAMILLE. — Jbinés où bis (Ibinæ). 
CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovoïde, c’est-à-dire d’un Ovalaire à bout beaucoup 
plus obtus que l’autre, caractère de l’OEuf des Gralles ou 
Ægyalites. 

Coquille — à grain irrégulier, à concrétion moins grossière que 
chez les Falcinelles , peu épaisse, d’un Blanc pur, azurée dans sa 
transparence et presque sans reflet. 

Couleur. — Celle de la Coquille, parsemée de taches Brunes, 
généralement réunies en forme de couronne vers le gros bout, et 
procédant par éclaboussures : Zbis religiosa et Eucydomus ruber. 
Ce qui semblerait ne pas éloigner, autant que l’on a coutume de le 
faire, ces deux Genres l’un de l’autre. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 429 


L'énumération de ces Caractères démontre que l’OEuf des Ibinés 
rentre beaucoup plus dans la condition de celui des Gralles ou 
Ægyalites, que celui des Ardéidés. 

Nous allons retrouver la même communauté de caractères dans 
la troisième Famille, celle des Tantalinés. 

L'occasion s’est déjà présentée de parler dans notre Introduc- 
tion d’un OEuf de l’Zbis religiosa de notre Collection, trouvé dans 
une Momie, ou plutôt avec une Momie de cet Oiseau. C’est, nous 
croyons, le premier exemple qui se soit présenté, depuis l’origine 
de la Science, d’un fait semblable. On connaît en effet des Ani- 
maux de toute sorte trouvés à l’état de Momie ; mais l’on ne con- 
naissait, ou du moins nous n’avions pas encore connaissance de 
découvertes faites en Egypte, d’OEufs d’Oiseaux en cet état et dans 
ce but. Outré que ce fait confirme l’ardeur du Culte et du respect 
que professaient les anciens Egyptiens pour cet Oiseau qui leur 
rendait tant et de si grands services, pendant la lente retraite des 
eaux du Nil, après l’inondation des vallées riveraines, il confirme 
également ce que l’on ne savait jusqu'ici que par la tradition 
écrite, des idées religieuses et mystiques qu'ils rattachaient au 
produit Ovarien des Oiseaux, comme type de forme ou comme 
type universel, pour l'espèce de Monde que ce corps semble con- 
tenir en lui dans ses nombreux et multiples éléments orga- 
niques. 

Cet OEuf, ou plutôt ces OEufs, car nous en possédons deux, 
proviennent de la découverte et des fouilles si heureusement et si 
savamment opérées par M. Mariette dans son dernier Voyage en 
Egypte, où l’on sait qu’il a trouvé et mis au jour une magnifique 
Hyppogée, ou plutôt un Serageïum complet et entièrement inex-: 
ploré. Il en a exhumé, en dehors des autres richesses Archéolo- 
giques, une incroyable quantité d’urnes ou vases en terre cuite 
toutes remplies d'OEufs d’Oiseaux, les uns entourés de bandelettes, 
les autres simplement plongés dans une préparation plus ou moins 


430 TROISIÈME PARTIE. 
balsamique et préservatrice de la corruption ; tous pleins, c’est-à- 
dire, n'ayant été ni insufflés ni vidés. 

Ces OEufs pourtant ne se bornaient pas à ceux de l’Ibis : dans 
le petit nombre qu’il nous a été donné d'examiner, nous en avons 
vus de Poule, voire même d’une Espèce d’Anseridæ, peut-être le 
Chenalopex. Nous regrettons, quoique nous n’en désespérions 
pas plus tard, de n’avoir pas été à même d'étudier tous les spéci- 
mens Oologiques rapportés par le Savant Conservateur du Musée 
Egyptien du Louvre. 

Nous sommes redevable des deux exemplaires que nous possé- 
dons à l’obligeante amitié de M. Serveau, Chef au Ministère de 
l’Instruction publique, qui les tenait avec plusieurs autres de 
M. Mariette lui-même. M. Serveau, avec lequel nous avons été 
depuis longtemps en relation d'échanges, possède un bien bel et 
bien intéressant échantillon de Collection Oologique : en ce sens 
que si cette Collection n’est pas aussi complète qu’il la pourrait 
désirer, au point de vue de l’Ornithologie Européenne, les exem- 
plaires qu’elle renferme sont de la meilleure et de la plus belle 
conservation. 


3e FAMILLE. — Tantalinés ou Tantales (Tantalinæ). 
CABACTERES OOLOGIQUES : 


Forme et Coquille. — Celles de la Famille qui précède. 

Couleur — d'un Blanc plus ou moins pur, ou Jaunâtre ou 
Verdâtre; dans les deux cas, maculé de quelques taches irrégu- 
lières, tantôt en forme d’éclaboussures, plus souvent en forme de 
larmes, d’un Brun-Fauve. Tel est l’'OEuf des Tantalus Ibis et 
Loculator. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4131 


NEUVIÈME TRIBU. 
PLATALEIDÉS OU SPATULES — Plataleideæ. 


Nous conservons les Spatules au rang de Tribu, quoique pour 
nous, par leur OEuf, à l'inverse des Falcinelles, ce soient de véri- 
tables Ibis à bec plat. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme et Coquille. — Celles des Ibinés. 

Couleur. — Celle de la Coquille, d’un Blanc pur, parsemé de 
taches généralement en forme de larmes, d’un beau Brun; entre- 
mélées parfois d’autres taches d’un Gris-Violacé ; toutes le plus 
ordinairement réunies autour du gros bout. 

Cette identité de Caractères Oologiques démontre la nécessité 
d’un rapprochement plus intime entre ces deux Oiseaux, et par 
conséquent entre les deux Groupes qu’ils représentent, qu’on ne 
le pratique d'habitude. 


DIXIÈME TRIBU. 


BALÉNICÉPIDÉS OU BALÉNICEPS — Balænicepide. 


Nous modifions encore ici, quelque peu, notre Système, en 
élevant au rang de Tribu, sous le nom de Balænicepideæ, le Genre 
Balæniceps, au lieu de le laisser réuni à celle des Cancromideæ, 
dont il paraît devoir être distingué, d’après l'opinion de J. Ver- 
reaux qui l'a fait connaître, en publiant, sur cet étrange Oiseau, 
les détails de mœurs suivants, dont on ne saurait trop propager la 
connaissance, alors que la découverte du Genre que concernent 
ces mœurs ne date que de 4851 : 

Gba : Get Oiseau ne se rencontre généralement que par paire: 
son habitat paraît assez limité; il fréquente les plaines maréca- 


432 TROISIÈME PARTIE. 


geuses, là où se trouvent les Tortues qui forment la base de sa 
nourriture. 

» Comme les Leptoptilos (Marabou), ces Oiseaux ont des heures 
fixes et réglées pour leur déplacement , et cela, suivant les saisons. 
Il n’est donc pas rare de voir la paire de Balæniceps posée sur une 
seule patte sur la sommité d’un vieux tronc, ou sur une roche 
élevée, et y rester des quatre ou cinq heures immobiles, attendant 
que les rayons du soleil aient fait sortir de la vase les Tortues qui 
aiment également à venir s’y réchauffer. Dans cette pose, le cou 
est tout-à-fait rentré, et leur énorme tête repose sur les épaules. 
Mais dès que le moment de la pêche est arrivé, ils se transportent 
d’un vol léger sur un tertre garni de roseaux, juste à portée de 
l'endroit d’où sortent les Reptiles en question. Il est curieux de 
voir avec quelle promptitude ils saisissent leur proie qui, prise par 
la tête, est immédiatement lancée en l’air afin de la recevoir toute 
entière dans leur bec dont la mandibule inférieure se dilate assez 
pour en avaler de près d’un pied de longueur. Ce n’est qu’en y 
retombant que la tête est séparée du cou par l’énorme crochet qui 
remplit l'office d’un couperet, ce qui leur permet de l’avaler de 
suite afin de recommencer dès qu’un autre se présente, car ils 
avalent ainsi un nombre considérable de ces Animaux avant de 
retourner au lieu de prédilection qui leur sert d’observatoire dès 
les premiers rayons du soleil; ayant pour habitude de se retirer 
sur les arbres ou sur les rochers les plus élevés de l'endroit pour y 
passer la nuit. A défaut de Tortues, ces Oiseaux mangent égale- 
ment des Grenouilles, et même des Lézards de forte taille, ou de 
jeunes Crocodiles, voire même des Iguanes. 

» C'est vers les premiers jours du printemps que le couple se 
retire sur les grands arbres pour y construire son nid, ou plutôt 
son aire, car elle est d’une dimension tellement grande, qu'elle 
surpasse tout ce qu'on connaît en ce genre, voire même celle des 
plus grandes Espèces de Rapaces, puisqu'elle acquiert plus de douze 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 433 
pieds de circonférence ; elle est composée de végétaux et de terre, 
principalement de roseaux et de graminées qui forment le centre, 
lequel cependant n’a rien de douillet, étant en partie mélangé de 
vase. Cest là que la femelle dépose ses OEufs, qui sont au nombre 
de deux, et qui sont d’un Blanc sale avec quelques taches Rousses 
à peine visibles ; ils sont d’une nature crayeuse qui ressemble aussi 
à ceux des Leptoptilos, preuve qui vient encore à l'appui de notre 
opinion, pour le placer dans cette Famille. 

» Les deux sexes couvent alternativement ; et ce n’est que lors- 
que les jeunes sont éclos que, forcés d’assouvir leur voracité, les 
parents s’absentent ensemble pour chasser et rapporter le butin 
nécessaire au développement de leurs petits qui, après six se- 
maines, commencent à se tenir debout, mais qui ne quittent 
le nid que vers la fin du second mois. Comme pour beau- 
coup d’autres Espèces, cette aire sert nombre d'années ; mais 
chacune d’elle y apporte une couche nouvelle qui peut servir 
à en déterminer le nombre, si rien ne vient les en détour- 
ner. » (I) 

Jusqu'à la publication des détails Biographiques si intéressants 
qui précèdent, on ne connaissait en quelque sorte rien des 
mœurs du Baléniceps, et l’on était dans une ignorance absolue 
de son OEuf. On en était donc réduit à induire sa place, dans la 
Série, de la comparaison de ses Caractères Zoologiques, avec 
ceux des Oiseaux qui paraissaient s’en rapprocher le plus, et il 
devenait naturel qu’un des termes de comparaison fût le Savacou 
(Cancroma). 

Toutefois, malgré les rapports apparents de conformation que 
présente le Baléniceps avec le Savacou, c’est avec raison que le 
Prince Ch. Bonaparte les a le premier séparés, en faisant de 
l'un et de l’autre ses types de deux Sous-Familles. Aussi, dans 


(1) New Philosophical Magazine Edimbourg. 1855, n. 5, vol. IV, p.101. 
29 


434 TROISIÈME PARTIE. 


le même ordre d'idées, et de plus, sous l'influence de nos études 
Oologiques , maintenons-nous cette séparation, mais à un degré 
encore plus grand puisque non seulement nous les élevons au 
rang de Tribus, mais nous mettons entre eux toute la Tribu des 
Ardéidés , ainsi que celles des Giconiidés, des Tantalidés et des 
Plataléidés. 

Nous avons en effet été assez heureux, après des demandes 
réitérées et bien des démarches, pour nous procurer l'OEuf de 
ce curieux type, au nombre de deux exemplaires, et c’est à 
Ed. Verreaux, qui dispose de tant de Voyageurs dans toutes les 
contrées du monde, que nous en devons la possession. Or, cet 
Ouf a des caractères tout particuliers qui sollicitent une étude 
toute spéciale. 

Ainsi , il est de Forme Ovée plus ou moins allongée, mesurant 
de huit et demi à neuf centimètres de grand diamètre, sur six 
centimètres de petit diamètre. Sa Coquille est d’un Blanc légère- 
ment azuré , ce ton acquérant plus d'intensité dans la transpa- 
rence du test; la cristallisation en paraît assez fine et homogène, 
mais laisse apereevoir des pores passablement indiqués par des 
espèces de piquetures plus ou moins espacées, et en plus grand 
nombre vers le petit bout : particularité qu’offrent également et 
l'OEuf des Grues et celui des Ibis, mais notamment celui des 
Spatules. Car malgré les rapports du Baléniceps avec le Marabou 
(Leptoptilos) , si bien indiqués par J. Verreaux, nous n'en avons 
pu saisir aucun entre l'OEuf de l’un et de l’autre, pas plus que 
nous n’avons trouvé trace de taches brunes ou autres sur celui 
du Baléniceps , nous le répétons , d’un Blanc uniforme, empreint 
seulement parfois de souillures étrangères à toute espèce de 
Coloration naturelle. 

Nous sommes, au surplus, parfaitement d'accord en ce 
point avec M. John Petherick, qui a également découvert 
récemment l'OEuf du Baléniceps, qu’il décrit fort exacte- 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 435 


ment (1). La principale subsistance de cet Oiseau, que les Arabes 
appellent Abou-Malkoub, par allusion à son énorme bec, con- 
sisterait, d'après ce Voyageur, en Poissons. Nous croyons néan- 
moins que ce n’est que l’un de ses aliments accessoires, pour 
lequel le développement sans exemple de son bec serait une 
véritable et inutile superfétation. 

Mais ce qui distingue éminemment cette Coquille, c’est qu’elle 
est recouverte d’une couche crétacée, fort mince à la vérité, 
quoique assez abondante et épaisse vers le petit bout de l’OEuf, 
où cette matière conserve la trace des replis ou bourrelets du 
cloaque par lequel est passé ce corps. 

En considérant done le Phénicoptère comme un Échassier, 
‘c'est, dans cet Ordre, le second et remarquable exemple d’une 
Coquille à couche crétacée. 

Ce caractère ne permet pas de laisser le Baléniceps bien 
éloigné du Genre Flamant; et c’est ce qui nous le fait mettre 
à la fin de nos Hérodions que suivent immédiatement nos 
Hygrobates, représentés par les Phénicoptéridés. Or, comme 
nous plaçons nos Totipalmes après ce dernier Sous-Ordre, il en 
résulte que la distance qui sépare le Baléniceps des Pélécanidés, 
que nous faisons figurer en tête, n’est pas aussi grande qu’on 
pourrait le croire : et en cela notre système vient donner en 
quelque sorte raison, par ses conséquences Oologiques , au rap- 
prochement que M. Gould à cru pouvoir faire de notre Oiseau 
avec le Pélican , lorsqu'il le fit connaître en 1851. (?) 


(1) The Ibis. Oct. 1859, p. 470, 
(2) Proced. Zool. Soc. 1851. 


436 TROISIÈME PARTIE. 


QUATRIÈME SOUS-ORDRE. 


HYGROBATES 


(Hygrobatæ). 


TRIBU UNIQUE. 
PHÉNICOPTÉRIDÉS OU FLAMANTS — Phœnicopteridæ. 


Dans notre revue des différents Groupes Ornithologiques com- 
posant la Série, nous arrivons au point où s'accumulent les 
difficultés et les embarras de la Classification, c’est-à-dire au 
point du passage des Oiseaux véritablement ou réputés non- 
palmipèdes, et de ceux véritablement ou réputés palmipèdes. 

Il y a-t-il une transition réelle des uns aux autres? ou faut-il, 
tranchant dans le vif et prenant son parti, établir simplement 
la barrière qui doit séparer ceux-ci de ceux-là ? 

C'est ce dernier sentiment qu'a partagé le Prince Ch. Bona- 
parte : car, sans transition aucune, il passe des Tantalidés à ses 
Totipalmes, qu’ouvrent les Pélicanidés. C’est aussi ce que nous 
allons faire; mais cependant, en nous appuyant sur un lien de 
transition que nos Etudes Oologiques nous ont, depuis long- 
temps, fait considérer comme naturel. 

Ce lien de transition est le Flamant ou Phénicoptère : Tan- 
talidé, ou plutôt Hérodion par ses pieds et ses jambes; Anatidé 
par la longueur de son cou et une partie de la conformation de 
son bec; Pélécanidé par le surplus de ce dernier organe, et sur- 
tout par tous ses Caractères Oologiques. 

Mais, dans cette hypothèse même, en doit-on faire le der- 
nier chaïînon des Oiseaux non-palmipèdes ? ou, au contraire, le 
premier anneau des Oiseaux palmipèdes? 

Nous n'osons faire une innovation aussi notable que de 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 437 


résoudre la question en faveur de cette dernière proposition : 
et nous nous bornons à rester dans la dernière limite des don- 
nées que l’on a suivies jusqu’à ce jour, en le plaçant à la suite 
de nos Spatulidés, et en lui faisant clore notre Ordre des Héro- 
dions; mais en l’élevant à un haut degré de plus de la Hiérarchie 
Méthodique. 

Le Flamant à été en effet pour nous , dès 4844, l’objet des 
observations suivantes : (1) 

« On est depuis longtemps d'accord pour reconnaitre, en 
Histoire Naturelle, l’imperfection des Méthodes adoptées jus- 
qu'à présent pour la Classification des Êtres animés. Nous cro- 
yons que cette imperfection n’est nulle part plus frappante qu’en 
ce qui concerne l’Ornithologie, dans laquelle se rencontrent à 
peine quatre ou cinq Familles réellement naturelles, et où les 
Familles dites artificielles ou Savantes offrent les contradictions 
les plus choquantes et les rapprochements les plus forcés. On 
aurait tort sans doute de rendre les Hommes distingués qui 
dirigent cette Science, responsables de ce résultat et de ces 
anomalies : la source principale en est dans la complication et 
les difficultés inextricables qui découlent, d'une part, des 
découvertes importantes que fait chaque jour l'Ornithologie, et, 
de l’autre part, de l'ignorance où elle se trouve au sujet de l’or- 
ganisation et des habitudes, comme du mode de reproduction 
des individus qu’elle découvre. Aussi, ne faut-il pas considérer 
ces vices inhérents aux Méthodes comme absolument irremé- 
diables ; il est impossible qu'à l’aide du temps et des perfection- 
nements qu’il amène à sa suite, on n’arrive pas à des corrections 
et à des modifications importantes. 

Nous avons déjà, à plusieurs reprises , essayé de mettre sur la 
voie de ces améliorations, au moyen des caractères tirés de 


(1) Revue Zoolog. Juillet 1844. 


438 TROISIÈME PARTIE. 


l'inspection de l'OEuf de certains Genres d'Oiseaux : c’est um 
nouvel et semblable essai que nous venons tenter aujourd’hui 
(1844), au sujet du Genre Ornithologique Flamant (Phœnicop- 
terus, L.), Genre fort restreint, puisqu'il ne renferme que trois 
Espèces (l) tellement identiques qu'elles n’ont l’air que de 
variétés locales d’une seule et même Espèce. 

Le Flamant, plus que tout autre Oiseau, devait exercer la 
sagacité des Naturalistes Méthodistes, par la réunion et l’assem- 
blage qu’il offre, dans le même individu, de deux sortes de 
caractères tellement hétérogènes, que l’un, la longueur excessive 
du tibia, la jambe, est devenu le signe exclusivement distinctif 
de toute une nombreuse Famille, connue sous le nom d’Echas- 
siers ( Grallæ ou Grallatores) ; et l’autre, la présence de palma- 
tures complètes réunissant chacun des trois doigts , est devenu 
le signe tout aussi, si ce n’est plus, distinctif d'une Famille 
encore plus nombreuse connue sous le nom de Nageurs 
{Natatores). 

C'est en effet, jusqu’à un certain point , un Oiseau de transi- 
tion et intermédiaire, ainsi que le considérait Buffon, entre les 
Echassiers et les Palmipèdes; nous disons jusqu’à un certain 
point, parce que ordinairement, dans les Oiseaux ainsi qualifiés, 
il y a presque toujours indécision des caractères qui s’y ren- 
contrent, c'est-à-dire que chacun de ces caractères est si peu 
tranché ou si peu arrêté, que l’on se trouve porté à hésiter pour 
les rapprocher de telle Famille plutôt que de telle autre. 

Ici, et chez le Flamant, n’existe pas la même difficulté; il est 
impossible, d’un côté, de trouver un Oiseau qui offre dans un 
plus grand développement, et dans son type le plus parfait, le 


(1) On en compte maintenant six Espèces, qui paraissent assez bien 
déterminées, de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique, dont 
une due à la sagacité de notre savant ami J. Verreaux, Phœnicoplerus 
erythrœus. 


APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. 439 


caractère, sinon unique, au moins principal et presque exclusif 
des Echassiers, qui réside dans l’énorme prolongement relatif 
de la jambe et dans l'absence de plumes au-dessus du genou ; 
de l’autre côté, il n’est point d’Échassier qui possède d’une 
manière aussi prononcée la palmature des doigts. 

Il est résulté de cette complication une divergence extrême 
entre tous les Naturalistes, sur la place à assigner au Flamant; 
trois systèmes se sont trouvés et se trouvent encore en présence : 
deux exclusifs et un de fusion ou mixte. 

Temminck, de Blainville et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , 
en ayant peu ou point d’égard à la palmature interdigitale qui 
est à l’état rudimentaire chez presque tous les Échassiers , pro- 
prement dits, l’ont considéré comme un véritable Gralle; en 
conséquence, le premier l’a placé dans sa seconde Famille de 
cet Ordre, entre les Genres Scopus, Briss.; Recurvirostra, 
Platalea, Tantalus; etc. Linn., le séparant de plus des vrais 
Palmipèdes ; le deuxième, entre les Genres Scolopax et Ciconia, 
le séparant des Palmipèdes par le Genre Rallus ; et le troisième, 
entre les Scolopacidés et les Glaréolidés , le séparant des Palmi- 
pèdes par les Palamédéidés, les Parridés, les Rallidés et les 
Fulicidés. 

Brisson, au contraire, Scopoli, Schæffer, Buffon, Latham, 
Lacépède, MM. Duméril et G. R. Gray n’ont pas hésité, mettant 
en quelque sorte de côté la longueur caractéristique des jambes, 
à en faire un véritable Palmipède; Brisson, en terminant sa 
Série Ornithologique par une Famille, composée des Genres 
Phœnicopterus, Recurvirostra et Ardeola, qui suit immédiate- 
ment le Genre Onocrotalus, dernier de l'Ordre des vrais Palmi- 
pèdes : ce qui impliquait dans son esprit judicieux la division , 
adoptée plus tard par Latham, des Palmipèdes à longs pieds et 
des Palmipèdes à pieds courts; Lacépède, en le mettant à la 
tête des Palmipèdes; M. Duméril, avec une merveilleuse sûreté 


110 TROISIÈME PARTIE. 


de vue et de Science instinctive, en Le plaçant entre les Harles 
(Mergus) et les Pélicans (Pelecanus); justifiant ainsi l'opinion 
de bon nombre d’observateurs , tels que Flor. Prévôt, qui consi- 
dèrent avec quelque raison le Flamant comme un véritable 
Canard à longues jambes; et M. Gray, avec moins de bonheur, 
suivant nous, que M. Duméril, en en faisant le premier Sous- 
Genre de ses Anatidés. 

Enfin , Linnée , Illiger, Cuvier, Vieillot, Latreille, et 
MM. Ch. Bonaparte et Lesson, adoptant un système mixte, 
l'ont, comme les trois premiers Auteurs que nous avons cités, 
placé dans les Gralles, mais en ayant particulièrement égard 
aux palmatures; ce qui a permis à chacun de ces Naturalistes de 
rapprocher le Flamant le plus près possible des Palmipèdes, en 
le renfermant toutefois dans l'Ordre des Échassiers, dont il 
forme , chez chacun de ces Méthodistes, le dernier échelon. 

De ces trois systèmes, nous n’hésitons pas à adopter le second. 
Or ne peut nier, en effet, que, sinon par la forme , au moins par 
l’ensemble et l’organisation de son bec, le Flamant ne se rap- 
proche éminemment du bec de tous les Anatidés : il a la même 
nature molle et cellulaire, il est lamellé de la même manière sur 
les côtés, et en l’examinant attentivement, il n’est pas impossible 
de voir que la pièce principale et médiane, l’arête de la mandi- 
bule supérieure, serait presque exactement semblable à celle du 
Pélican, si on la rétablissait sur un plan horizontal, de courbe 
et surbaissée qu’elle est. Certes, ces caractères similaires ajoutés 
à la palmature identique à celle des Anatidés, il est difficile de 
résister à le considérer comme un simple Gralle. On pourrait 
même ajouter à ces éléments d’assimilation un caractère de 
mœurs extrêmement remarquable, pour un Échassier : celui de 
l'emploi de la palmature à la natation; singularité qu'il partage 
entre autres Oiseaux à longues jambes avec l’Avocette qui, abso- 
lument construite, à l'exception du bec, sur le même type, jouit 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4/4 


de la faculté de se soutenir et de se mouvoir dans les eaux dont 
elle ne peut atteindre le fond, selon le mode des Palmipèdes, 
pour aller d’une rive à l’autre, et en utilisant, au profit de la 
locomotion , les membranes natalaires qui réunissent ses doigts. 

Aussi, sommes-nous convaincu que l’on ne tardera pas à re- 
venir unanimement au système de Brisson, beaucoup plus large- 
ment et positivement appliqué par M. Duméril que par M. Gray; 
système qui nous paraît on ne peut plus rationnel , et qui ne 
supporte pas la moindre objection lorsqu'on en vient à consi- 
dérer un caractère tout nouveau, et pris en dehors de l’Animal, 
quoique soumis aux règles de son organisation ; nous voulons 
parler du Caractère Oologique. 

L’OEuf du Flamant, quant à sa Coquille, a tous les caractères 
constitutifs et organiques des OEufs de la Famille Ornithologique 
des Pélécanidés (ancien Genre Pelecanus, de Linnée) , composée, 
comme on sait, des Genres Pelecanus, Sula, Phalacrocorax, 
Briss., et Frégate ou Tachypetes, auxquels nous ajouterions le 
Genre Plotus, L. 

Or, la Famille des Pélécanidés est, sous ce rapport Oologique , 
une Famille excessivement naturelle. La Coquille de l’'OEuf des 
Espèces et des Genres qui la composent (à l'exception du Genre 
Phaëton que nous ne nous déciderons de longtemps à y placer), 
n'a jamais aucune tache; elle est toujours d'un Blanc plus ou 
moins légèrement Bleuâtre, dans sa transparence, et présentant 
une surabondance de matière calcaire telle, que son test semble 
formé de l’agglomération ou de la superposition de deux couches : 
la première assez compacte et homogène, la seconde, extérieure, 
très-poreuse, mate et d’une apparence toute crayeuse et sans ho- 
mogénéité ; les molécules qui la composent étant si peu adhérentes 
entre elles , qu’elle laisse aux doigts qui l’ont touchée une marque 
blanchâtre et pulvérulente, à l'instar de la craie et du plâtre. 

Telle est identiquement la Coquille de l'OEuf du Flamant, qui 


442 TROISIÈME PARTIE. 
affecte du reste une Forme Ovée fort allongée et presque Elliptique, 
ainsi que celui de tous les Pélicanidés. 

Il n’en est pas de même de l’OEuf des Anatidés proprement dits, 
quoique cette Famille soit aussi des plus naturelles, sous le rapport 
purement Oologique. La Coquille de l’'OEuf de toutes les espèces 
de cette nombreuse Famille n’est jamais tachetée de matière 
colorante ; elle est toujours d’un ton clair uni, et le luisant de cette 
Coquille a, pour la vue comme pour le toucher, quelque chose 
tenant de l'aspect et de la nature d’un corps gras ou oléagineux. 

Parlerons-nous de l’OEuf de l’Avocette, qui a le caractère propre 
à tous les OEufs des vrais Gralles ou Echassiers? c’est-à-dire 
Forme Ovoiconique, Coquille reflétant légèrement la lumière, 
Couleur d’un fond d’Ocre plus ou moins Jaune ou Verdûtre, 
parsemé surtout au gros bout de nombreuses taches Brunes ou 
Noirâtres, entremèlées d’autres taches d’un Gris nuageux. 

De laquelle de ces trois Diagnoses Oologiques se rapproche le 
plus l’'OEuf du Phénicoptère? Évidemment de celle de l’OEuf des 
Pélicanidés, avec lequel il est on ne peut plus facile de le con- 
fondre. | 

Les considérations tirées de l'inspection de l'OEuf chez le 
Phénicoptère viennent donc, de la manière la plus satisfaisante, 
confirmer en tout point la classification si judicieuse de ce Genre, 
adoptée par M. Duméril sur les premières données de Brisson, 
classification qui a pour elle, à défaut de l’unanime adhésion des 
Naturalistes Méthodistes, la consécration du temps. 

Il faut bien reconnaître, lorsque, ensuite d’un laps de près de 
quarante années, l’idée émise, en fait de méthode, par un Savant 
de l’ordre de M. Duméril, vient à être reprise, quoique, selon 
nous, à un point de vue plus étroit et moins complet, en sous- 
œuvre, par un laborieux Méthodiste de la valeur de M. Gray, que 
tout ce qui a été proposé et établi en dehors de cette idée, de 
quelque illustre source que ce puisse être ; n’a été qu'erreur. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 443 


Nous ne regrettons qu’une chose au nom de la Science : c’est 
que les Classificateurs ou Méthodistes aient pris, en général, la 
fâcheuse habitude de publier, en matière d'Ornithologie surtout, 
des Synopsis dans lesquels chacun d’eux procède toujours d’une 
donnée différente, sans l'accompagner jamais d'aucune justifica- 
tion. Il nous semble que c’est, au contraire, la partie philosophique 
et raisonnée de ces sortes d'Ouvrages qui en ferait tout le mérite, 
et qui profiterait à la Science, beaucoup plus que tous les Pro- 
drômes; car nous avons peine à concéder à qui que ce soit, en 
Histoire Naturelle, le droit de dire : Je procède, ou l'on doit pro- 
céder ainsi, sans dire en même temps le pourquoi; en un mot, 
d'imposer sa volonté ou son opinion sans en exprimer les raisons 
et les motifs. » 

Depuis l’époque où nous écrivions ce qui précède, le Prince 
Ch. Bonaparte est resté dans une indécision complète au sujet du 
Phénicoptère. 

De 4850 à 1852, alors qu’il commençait à adopter l’idée Alle- 
mande de la division des Oiseaux en Affrices et en Prœcoces ri le 
mit en tête de ses Æerodiones qui suivaient les Co/umbe. 

. En 1853, il le mettait au contraire, à l'instar de M. Gray, en 
tête de ses Lamellirostres ou Anatide, faisant suite aux Rallidæ 
qui closent ses Alectorides : ce qui nous a entraîné un moment (1) 
à faire de même. 

Enfin, en 1857, date de sa dernière pensée et de ses efforts 
suprèmes pour sa bien-aimée Science, il résolut de le ranger et le 
rangea , en effet, en tête de ses Hygrobatæ, formant la troisième 
Tribu de ses Hérodions, composée en outre des Grues et des 
Ciconiæ pour première et deuxième Tribu ; par conséquent, encore 
séparé de ses Totipalmi ou Pelecanidtæe par les Plataleidæ et les 
Tantalideæ. 


(1) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. VI. 


414 TROISIÈME PARTIE. 


Quant à nous, pour nous être pénétré davantage de la solidité 
de nos principes en Oologie, nous avons peu à modifier de notre 
manière de voir au sujet du Flamant. Ce qui doit frapper, dans 
l'historique que nous. avons tracé de l'établissement de ce Genre, 
c’est, à un intervalle de près d’un demi-siècle, l'accord de deux des 
principaux et des plus illustres Auteurs que nous avons cités, 
Brisson et M. Duméril , à le tenir au plus près des Pélécanidés : 
chose remarquable quand on réfléchit que ni l’un ni l’autre n’en 
connaissait l'OEuf, puisqu'ils n’en disent mot. Si nous l'avons mis 
un moment, ainsi que le faisaient alors M. Gray et le Prince Ch. 
Bonaparte, en tête des Anatidés, en nous fondant sur l’analogie 
des dispositions intérieures du bec, nous croyons être aujourd’hui 
plus dans le vrai, en plaçant le Phénicoptère, comme lien de 
transition, sur la limite du passage des Hérodions, dont il a le vol, 
aux Palmipèdes, dont il a les pieds, par les Pélécanidés , dont il 
a, en grande partie, le bec, et, en totalité, l’'OEuf. Mais comme il 
faut savoir opter en tout, et que la théorie des juste-milieu est 
dangereuse en Sciences comme en Politique, nous l’avons élevé au 
rang d'Ordre, sous le nom d'Hygrobate, que nous empruntons au 
Prince Ch. Bonaparte, qui l’appliquait, en outre des Phœnicop- 
leridæ, aux Ciconiidæ et aux Ardeideæ. 

On nous concèdera bien que, si cette manière d'envisager la 
place méthodique du Flamant n’est pas entièrement nouvelle, 
ainsi que nous avons eu soin de le constater nous-même , en indi- 
quant les partisans les plus rapprochés de cette opinion, du moins 
la solution forcément donnée à la question, par l'inspection et les 
caractères de l'OEuf de cet Oiseau , a-t-elle plus que l’apparence de 
la nouveauté, car elle n'avait jamais été indiquée aussi catégori- 
quement, et nous pouvons dire irrévocablement , avant nous. 


LL 
ES 
(Sr 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 


HUITIÈME ORDRE. 


NAGEURS 
(Natatores). 


N'adoptant pas la Division des Oiseaux faite par le Prince 
Ch. Bonaparte, en A/trices et en Præcoces, nous nous trouvons 
forcément en désaccord avec lui, pour sa manière d’entendre le 
classement de ce que nous appelons, comme tout le monde, 
Oiseaux Nageurs (Natatores) , dénomination qu'il n’a appliquée 
accessoirement qu'à son Ordre des Anseres, renfermant ses 
Lamellirostri, ses Brachypteri et ses Nullipennes, formant 
ainsi des Nageurs deux Ordres distincts. Nous rangeons sous 
cette Rubrique, non seulement ces derniers Groupes, mais 
encore ceux dont le savant Ornithologiste a fait ses Gaviæ, pour 
les Pelecanidæ, les Procellaridæ et les Laridæ. Nous n’aurons 
donc qu’un seul Ordre, au lieu de deux, celui des Natatores. 
Mais nous le diviserons en cinq Sous-Ordres, à chacun desquels 
nous conserverons une des dénominations appliquées par le 
Prince aux Tribus équivalentes qu'il y avait si judicieusement 
distinguées. 

Ces Sous-Ordres seront : les Totipalmi, les Brachypteri, les 
Lamellirostri, les Longipennes et les Urinatores. 


PREMIER SOUS-ORDRE. 


TOTIPALMES' 
(Totinalmi). 
À ce Sous-Ordre et à celui des Brachyptères, que M. de la 


Fresnaye appelle Palmipèdes Sous-Nageurs, s'appliquent les 
observations suivantes, que nous lui empruntons toujours, 


446 TROISIÈME PARTIE. 


comme corollaire de nos Considérations générales, et parce 
qu’elles justifient, en dehors de toutes autres, le rapprochement 
que nous en avons fait. 

« Les Nageurs, dit notre Ornithologiste, destinés à se mouvoir 
habituellement sur un fluide dense et résistant , sur lequel leurs 
pieds palmés, devenus de véritables rames, pouvaient seuls les 
faire avancer, les diriger à leur gré, soit qu’ils se maintinssent 
sur sa surface ou qu’ils s’immergeassent pour nager au-dessous, 
avaient besoin , pour pouvoir fendre l’eau avec plus de facilité, 
que la partie antérieure de leur corps fût étroite et ne présentt 
qu’un faible diamètre en largeur comme en hauteur, et que son 
plus grand diamètre fût repoussé vers le milieu au lieu d’être à 
la partie antérieure. Aussi, remarquons-nous chez eux des 
épaules rapprochées et un Sternum dont la crête ou le bréchet 
est très-peu saillant inférieurement. Or, ce genre d'organisation 
est d'autant plus prononcé que les espèces sont meilleures 
nageuses ou plongeuses. Il est à son maximum chez celles qui, 
destinées à vivre de Poissons ou d’Insectes aquatiques, sont sans 
cesse obligées de s’immerger pour les poursuivre entre deux 
eaux, le cou tendu, se servant alors de leurs pattes et de leurs 
ailes comme de quatre rames puissantes. Tels sont les PLoNGEONS, 
les GRÈèBES , les Cormorans, les Harres , les Pérrcans et les Fous 
(Colymbus, Podiceps, Phalacrocorax, Mergus, Pelecanus et 
Sula). 

» On peut donc avancer que plus les Palmipèdes sont bons 
nageurs et surtout bons sous-nageurs, plus ils sont étroits des 
épaules avec leur crête siernale peu ou point saillante inférieu- 
rement, mais l’étant antérieurement en forme de soc, plus aussi 
leur bassin est rétréci, prolongé en arrière avec sa partie supé- 
rieure formant quelquefois une crête aiguë, et plus aussi les 
fémurs sont courts, avec leurs points d'insertion sur le sacrum 
rapprochés et presque contigus, et plus aussi leurs OEufs sont 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 447 


étroits et Ellipsoïdes. Il suffit de comparer les Squelettes des 
Plongeons, Grèbes, Cormorans, Pélicans, Fous et Harles avec 
leurs OEufs pour s’en convaincre. » (1) 

Nos Totipalmes se divisent en cinq Tribus : Pelecanidæ , 
Tachypetidæ , Sulidæ, Plotidæ et Phalacrocoracidæ. 

L'OEuf, dans ce Sous-Ordre, est d’une parfaite harmonie 
d'ensemble, de la première à la deuxième Tribu, et ne fait 
exception que pour les Phaëtonidæ, que , par cette raison, nous 
nous trouvons forcé d’en éloigner, tout Totipalmes qu'ils soient 
aussi. Nous n’appliquerons en conséquence qu’une seule Carac- 
téristique pour les deux premières Tribus, celle des Pélicans et 
celle des Frégates. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES 


Communs aux deux premières Tribus, c’est-à-dire aux Pélicans 
et aux Frégates. 


Forme — d’un Ovale quelque peu aigu et presque Elliptique. 

Coquille — à test assez épais, peu compact, à pores légèrement 
visibles , d’un Blanc pur ou Jaunâtre à l’intérieur, sans reflet. 

Couleur — d’un Blanc pur; mais la Coquille se trouve recou- 
verte sur presque toute sa surface d’un excédant de matière calcaire 
qui lui fait comme une seconde enveloppe. 

Cette matière calcaire n’a pas évidemment subi la même élabo- 
ration que celle entrant dans la composition du test : ici elle pro- 
cède, croit-on, par Voie de cristallisation , dont une espèce de 
gluten animal vient solidifier toutes les parties ou les molécules 
entre elles ; tandis que la matière dont nous parlons paraît procéder 
simplement par voie d’exsudation ou de superfétation et manque 
de cette adhérence dans sa composition intime : aussi est-il facile 
de la faire disparaître de la surface de la Coquille en grattant. 


(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev. 
Zool., 1845. 


448 TROISIÈME PARTIE. 

Une particularité distingue les OEufs des Pélécanidés : chez eux 
cette matière secondaire est toujours maculée de longues et nom- 
breuses taches ou marbrures d’un Brun-Rouge foncé, qui ne sont 
que des traces de sang dues et au rétrécissement du cloaque et aux 
efforts de l’Oiseau pour exclure son OEuf. C’est ce qui a lieu d’une 
manière constante chez le Pelecanus crispus ; et pris au moment 
de la ponte, ces OEufs offrent dans ces taches la couleur véritable 
du sang, couleur qui s’altère au contact de l’air et finit par tourner 
au Brun. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES 


Communs aux trois dernières Tribus, c’est-à-dire aux Fous, 
aux Anhingas et aux Cormorans. 


Forme — la même, mais plus complétement Elliptique. 

Coquille — la même, mais d’un Blanc-Verdätre intérieure- 
ment ou Bleuätre. 

. Couleur — d’un Blanc légèrement Bleuâtre, qui ne se voit qu’en 
enlevant le sédiment calcaire/accessoire qui recouvre le test comme 
chez les deux premières Tribus. 

Il est évident, en ce qui concerne ces deux dernières, que 
l'Anhinga n’est que l’exagération du Cormoran, quant à l’allonge- 
ment démesuré de son cou; puisqu'il en à , du reste, presque tous 
les autres caractères, et notamment les habitudes. Il n’y a donc 
rien d'étonnant à ce que l’OEuf de l’un et de l’autre ait les mêmes 
rapports relatifs; c’est une preuve que malgré la différence dans 
le bec, on ne saurait jamais, sans hérésie, songer à les isoler : 
car ces rapports sont tels qu'il est difficile, sans une grande habi- 
tude, de distinguer à première vue l'OEuf de celui-ci de l’OEuf de 
celui-là. Ils ne diffèrent guères , en effet, que par l’amincissement 
de l’une de leurs deux extrémités, un peu plus sensible chez 
l'Anhinga que chez le Cormoran. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 449 


DEUXIÈME SOUS-ORDRE: 


BRACHYPTÈRES 


(Brachypteri). 


Nous ne comprenons dans nos Brachyptères que les Podice- 
pide. 
| TRIBU UNIQUE. 


PODICÉPIDÉS OU GRÈBES — Podicepidie. 


Si nous les réduisons à cette Tribu, et si nous les mettons ainsi 
à la suite immédiatement des Totipalmes, au lieu de les laisser à 
Ja fin de la Série, avec les vrais Urinatores, c’est qu’il existe une 

telle connexité Oologique entre eux et les premiers, que nonob- 
stant les quelques différences physiologiques ou anatomiques qui 
semblent devoir les éloigner, il ne nous est pas possible de les 
disjoindre. 

Cette question d’assimilation ou d’éloignement de ces deux 
Groupes à provoqué, de la part de M. de la Fresnaye, les obser- 
vations suivantes, qui rentrent trop bien dans notre manière de 
voir pour que nous ne nous en autorisions pas à en faire une 
application immédiate. 

« Avant de continuer ces comparaisons, ajoute-t-il, je dois dire 
qu'après avoir observé les squelettes des Plongeons et des Grèbes, 
les premiers Brachyptères de Cuvier, j’ai cru reconnaître, dans la 
définition qu’en a faite ce Savant, une inexactitude qui a été répé- 
tée par la plupart des Ornithologistes. Il dit effectivement en par- 
lant des Plongeurs ou Brachyptères : « Leurs jambes, implantées 
» plus en arrière que dans tous les autres Oiseaux, leur rendent 
» la marche pénible et les obligent à se tenir à terre dans une 
» position verticale. » (1) | 


(1) Règne Animal , dernière Edit., p. 544. 
30 


150 TROISIÈME PARTIE. 

» Cette observation manque d’exactitude, car chez les Plongeons 
et Grèbes, qu’il met en tête, les fémurs sont insérés au contraire 
plus en avant et plus près du milieu du tronc que chez la plupart 
des Oiseaux, mais leurs deux points d'insertion sont très-rappro- 
chés entre eux, presque contigus sur le sacrum et de plus ces 
fémurs sont très-courts. Ce sont ces deux particularités de confor- 
mation qui sont les véritables causes de la difficulté qu’ils éprouvent 
à se tenir debout en équilibre sur le sol; car cette brièveté des 
fémurs et leur insertion rapprochée sur le sacrum , rejetant le tibia 
très en arrière, il en résulte que l'équilibre ne peut être maintenu 
que par une position presque verticale et très-pénible. Aussi les 
Grèbes et Plongeons ne se tiennent-ils à terre qu'en ayant leurs 
tarses appuyés dans toute leur longueur sur le sol. Cette brièveté 
des fémurs qui sont mus par les muscles les plus charnus et les 
plus robustes, est sans nul doute, chez ces Oiseaux excellents 
plongeurs et sous-nageurs , un indice certain d’une grande vigueur 
de leurs membres postérieurs comme rames, de même que la 
brièveté des humérus chez les Martinets, Hirondelles, Colibris et 
même Oiseaux de proie, annonce une grande puissance de vol chez 
ces Oiseaux. 

» L'insertion des fémurs , reculée en arrière chez les Plongeurs, 
est si peu exacte, que chez le Plongeon Cat-marin, par exemple, 
elle est à dix centimètres en avant de l’extrémité postérieure de 
l'os du bassin, et à quatorze en arrière de l'insertion de la première 
côte sur la colonne vertébrale, tandis que chez le Goëland à man- 
teau gris, Palmipède marcheur et presque coureur, elle n’est qu'à 
deux centimètres et demi en avant de cette extrémité, et à douze 
en arrière de la première côte. Chez la Macreuse et les Milouins, 
Canards essentiellement plongeurs, et dont la marche sur le sol 
est des plus pénibles, cette insertion est à cinq centimètres en 
avant de l’extrémité du bassin, et à neuf et demi en arrière de la 
première côte, tandis que chez le Tadorne, Canard singulièrement 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 451 
marcheur et même coureur, elle est à la même distance postérieu- 
rement, mais à dix centimètres et demi en arrière de la première 
côte, ce qui est entièrement en opposition avec ce qui à été avancé 
par Cuvier et nombre d'Ornithologistes. On conçoit facilement que 
la prolongation du bassin en arrière de l'insertion des fémurs, 
outre qu’elle fournit une plus grande surface pour l’attache des 
muscles moteurs de la cuisse et de la jambe, doit encore faciliter 
le mouvement de bascule lorsque l’Oiseau veut plonger. 

» Cet examen du squelette des Plongeons et des Grèbes comme 
de ceux de la plupart des Oiseaux, nous à convaincu que si l'étude 
de l’Ostéologie des Oiseaux est de la plus grande importance 
comme base de Classification, c’est le squelette entier qu'il faut 
étudier et comparer dans toutes ses parties, et non une seule de 
ses parties isolées, comme le Sternum, par exemple, dans la 
Méthode de M. de Blainville, développée en 4828 par M. Lher- 
minier; car l’on rencontre parfois, chez deux Oiseaux tout-à-fait 
en rapport, quant à l’ensemble du squelette et aussi quant aux 
formes extérieures et aux mœurs, une différence assez marquée 
dans la forme du Sternum prise isolément, comme aussi elle peut 
présenter les plus grands rapports chez deux Oiseaux dont l’en- 
semble du squelette, les formes extérieures et les mœurs con- 
trastert entièrement. Nous citerons, quant au premier cas, le 
squelette du Plongeon Cat-marin, remarquable dans son en- 
semble par une forme singulièrement étroite, ellipsoïde allongée , 
et surtout par l'extrême brièveté et la courbure des fémurs, par 
le prolongement des tibias au-delà de leur articulation avec les 
fémurs en une pointe creusée en gouttière, présentant pour l’at- 
tache des muscles extenseurs de la jambe deux crêtes tranchantes, 
dont l’une se prolonge le long du tibia, par l’os du bassin, qui, 
au lieu de présenter en-dessus une surface plane plus ou moins 
large, s'élève au contraire dans toute sa longueur en forme de 
crête, avec ses côtés descendant brusquement comme un toit 


452 TROISIÈME PARTIE. 

_ rapide; or, tous ces caractères, presque uniques dans toute la 
Série Ornithologique, se retrouvent entièrement les mêmes chez 
les Grèbes ; et en comparant leurs squelettes, il est impossible de 
ne pas les regarder plutôt comme Espèces du même Genre que 
comme Genres différents. On y sera encore porté par la grande 
analogie de leurs mœurs, de leur mode de pêche, de leur nourri- 
ture piscivore, etc. Cependant si l’on compare leur sternum isolé- 
ment, on y trouvera des différences notables. Celui des plongeurs 
est très-peu prolongé en arrière, parallépipède et terminé posté- 
rieurement par un lobe très saillant au-delà de ses deux échan- 
crures postérieures. Celui du Grèbe est court, beaucoup plus large 
postérieurement qu'antérieurement, et présentant en arrière, au 
lieu du grand lobe saillant que l’on remarque chez le Plongeon, 
une large échancrure. Du reste, le bréchet , la fourchette et les 
coracoïdes sont analogues chez tous deux. M. Lherminier avait été 
tellement frappé de cette différence que dans sa Classification 
d’après le sternum uniquement, il avait cru devoir faire de ces 
deux Oiseaux deux types de Familles différentes. 

« Il serait inutile d’avoir recours à l’inspection du squelette 
(idée si heureuse de M. de Blainville), si elle conduisait à faire 
de telles séparations, et il est impossible, en ayant sous les yeux 
les squelettes de ces deux Oiseaux si analogues par l'ensemble de 
leurs caractères Ostéologiques, par leur conformité de mœurs, 
de ne pas les réunir soit dans le même Genre, en en faisant deux 
Sections, soit dans deux Genres voisins du même Groupe , mal- 
gré la différence assez marquée que présente leur sternum dans 
son Contour. » (1) 

Le Grèbe et le Plongeon sont en effet, avec les Totipalmes, 
les Oiseaux dont l’OEuf présente la plus grande analogie de forme 


(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squclettes. — Rev. 
Zool., 1845. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 453 


avec celle de l’Animal. Mais là seulement s'arrête l’analogie 
Oologique, car, pour les autres caractères de l’OEuf, leurs diffé- 
rences semblent donner raison, quoiqu’en dise M. de la Fresnaye, 
à la séparation qu’en ont si judicieusement voulu faire de Blain- 
ville et le Docteur Lherminier. C’est au même sentiment que nous 
avons obéi, en plaçant chacun de ces Oiseaux dans un Sous- 
Ordre spécial, tout concourant à nous démontrer qu'il doit y 
avoir, sur ce point, quelque chose de mieux à faire que ce qui 
existe : car le Plongeon, par son OEuf, semble être un Genre 
essentiellement de transition. Seulement nous nous sommes 
longtemps demandé, si cette transition devait se faire des Toti- 
palmes aux Laridés des Longipennes, ou si c'était de ceux-ci aux 
Urinatores ? C’est pour cette dernière que nous avons incliné. 
Enfin la place que nous assignons ici aux Grèbes, entre les 
Totipalmes et les Lamellirostres, offre le double avantage, en 
satisfaisant en partie, pour les premiers ou Plongeons, aux 
exigences des principes Oologiques que nous avons posés, de 
satisfaire également, pour les seconds, aux analogies Ostéolo- 
giques signalées par de Blainville {l) , et confirmées par Lhermi- 
nier, entre le sternum des Grèbes et celui des Canards; et aussi 
ne l’oublions pas, aux analogies Oologiques non moins évidentes, 
sous le rapport de l'aspect graisseux de sa Coquille, que l'OEuf du 
Grèbe offre en commun, dans une moindre mesure, avec celui 
des derniers. | 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Elliptique avec les deux extrémités également: 
aiguës. 
Coquille — à test médiocrement épais, recouvert d’une 


seconde couche ou épaisseur calcaire ou crétacée , inégalement 


(1) Journ. de Phys. 1821. 


54 TROISIÈME PARTIE. 
répartie, tout en masquant entièrement le test et laissant appa- 
raitre des espèces de boursouflures ; Verdätre intérieurement. 

Couleur — d'un Blanc légèrement Verdâtre , sans aucune 
tache , fréquemment, complétement cachée par l’autre couche 
sédimenteuse qui se présente avec l'aspect d’un Blanc-sale, ou 
Fauve , ou Brunâtre , teintes qui sont le résultat du contact de 
ce sédiment avec d’autres matières extérieures, telles que des 
débris de végétaux. 

On le voit, lanalogie de Forme avec l'OEuf des Totipalmes 
est, on le peut dire, complète ici; il y a plus : comme celui-ci, 
l'OEuf de Grèbes est recouvert, sur sa Coquille, d'une couche 
crétacée ou sédimenteuse ; seulement cette matière, chez eux, 
est beaucoup plus adhérente au test, et beaucoup moins crayeuse; 
ce qui tient à ce que les diverses molécules dont elle se compose 
sont liées entre elles par une portion de gluten animal qui 
manque chez les Totipalmes : de là l’apparente homogénéité de 
cette seconde couche, qu'il faut deviner, chez le plus grand 
nombre de ces OEufs de Grèbe , et qui se trahit chez d’autres par 
des inégalités d'épaisseur, dans cette matière, formant comme 
des boursouflures pleines, au lieu d’être creuses. 

Il n’y a donc, en présence de ces résultats, aucune raison 
d'isoler les Grèbes des Totipalmes, malgré la différence de leurs 
palmatures d’avec ceux-ci : l’Ostéologie, comme l’Oologie, dé- 
montrent au contraire la nécessité de leur rapprochement. 

Nous ne quitterons pas les Grèbes sans dire un mot d’un OEuf 
qui parait avoir quelque rapport avec ceux propres aux Oiseaux 
de cette Famille. 

On nous a remis au printemps de cette année (Mai 4859) un 
OEuf sur deux trouvés au bord de la Rivière de l’Huisne, 


à Nogent-le-Rotrou , dans un nid à fleur d’eau composé de 
feuilles de Jones et de Graminées. Nous n’avons pas vu ce nid, 
dont nous tenons cette description de la bouche de l'auteur 


APPLICATION DES CARACGTÈRES OOLOGIQUES. 455 


de la découverte et du nid et des OEufs qu'il renfermait. 

Voici la description de celui de ces deux OEufs que nous 
possédons : 

Sa Forme est Ovée, assez ventrue ; 

Sa Coquille, d’un Blanc un peu sale, teintée sur un de ses 
côtés d’un ton fauve ressemblant à une infiltration provenant de 
son contact avec des herbes marécageuses; ce qu’elle a de plus 
remarquable, c’est d’être parfaitement unie et presque aussi 
luisante que celle des OEufs de Pics, dépourvue par conséquent 
de toute couche pulpeuse ou crayeuse à sa surface , soit totale, 
soit partielle. 

Ses dimensions sont de 35 millimètres pour le grand diamètre 
et de 25 à 26 pour le petit. 

En sorte que , par sa Forme et ses dimensions, il représente 
exactement celles de l'OEuf du Dryocopus Martius, dont nous 
avons rapproché et que nous n’indiquons que comme le meilleur 
terme de comparaison. C’est au point, qu’à Blancheur égale, 
on aurait peine à les distinguer l'un de l’autre. 

Mais il nous est bien démontré que cet OEuf, comme le nid 
où il a été trouvé, loin d’être celui d’un Passereau, est celui 
d’un Gralle ou Oiseau d’eau. Ce qui le prouve de la manière la 
plus péremptoire , c’est que le corps de la Coquille est d’un 
Blanc légèrement Verdâtre dans sa transparence, ton que repro- 
duit également la pellicule membraneuse qui sert d’enveloppe à 
toutes les parties organiques de l'OEuf et sur laquelle s'opère 
d'habitude le travail de la cristallisation calcaire qui concourt à 
la formation du test. 

Cet OEuf, n’était son poli remarquable , n'était aussi sa Forme 
insolite, n'étaient enfin ses dimensions un peu trop petites, 
représente au total un OEuf de Grèbe de la plus petite Espèce; 
et cependant ce n’est pas un OEuf de Castagneux, celui-ci 
mesurant, sous sa Forme constamment Elliptique, 38 milli- 


4356 TROISIÈME PARTIE. 
mètres sur 23 à 25. Serait-ce une Espèce Européenne nouvelle? 

Dans tous les cas et quoiqu'il en soit, la Coquille, nous le 
répétons, unie et sans taches, n'offre aucune des protubérances 
ou boursouflures calcaires qui se remarquent si souvent sur 
l’OEuf de presque tous les Grébidés. 

Avis aux Oologistes. Au surplus, comme OEuf d'Oiseau d’eau, 
ce serait la première et peut-être la seule exception qui se 
rencontrerait au principe que nous avons posé sur /a Théorie 
du pouvoir réfléchissant de la Coquille dans les OEufs des 
Oiseaux, entre les Espèces Aquatiques et les Espèces Terrestres. / 


TROISIÈME SOUS-ORDRE. 


LAMELLIROSTRES 


(Lamellirostri). 


Ce Groupe, dans lequel le Prince Ch. Bonaparte, à l’exemple 
de M. Gray, faisait entrer naguère le Flamant ou Phénicoptère, 
se compose pour nous de cinq Tribus, les Cygnidæ, les Anse- 
ridæ, les Anatidæ, les Fuligulidæ, et les Mergidæ, c'est-à- 
dire Cygnes, Oies, Canards, Macreuses et Harles. 

La concordance des indications Oologiques est presque aussi 
précise pour les Oiseaux de ce Sous-Ordre, que nous l'avons vue 
pour l'Ordre des Columbæ ou Pigeons : elle est de plus remar- 
quable par un caractère particulier, celui de l'aspect graisseux du 
test calcaire; aussi nous bornerons-nous à une seule Diagnose 
pour toutes les Tribus qui composent l'Ordre. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire ; parfois un des bouts un peu moins arrondi 
ou bombé que l’autre. 
Coquille — à test dur sans être épais, à molécules compactes 


APPLICATION DES CARAGTÈRES OOLOGIQUES. 457 
et homogènes; plus ou moins Jaunâtre ou Verdàtre à l'intérieur ; 
à reflet assez prononcé. 

Couleur — d'un ton ou Blanc ou Fauve ou Olivâtre, toujours 
uniforme et sans taches; mais cette Couleur est superposée à la 
surface de la Coquille dont la composition interne n’en emprunte 
rien ou que fort peu de chose. 

Ce qui indique que la teinte uniforme qu'offre la Coquille des 
Lamellirostres est le résultat d’une opération ou sécrétion particu- 
lière, comme celle des taches'qui ornent la plupart des OEufs des 
autres Oiseaux, c’est que l’on observe parfois certains désordres 
ou certaines exceptions, dans la répartition ordinairement si égale 
de ces teintes. 

Ainsi, nous avons possédé un OEuf d'Eider (Sommateria mol- 
lissima), qui paraissait comme marbré en Vert-Olive et en Vert- 
Blanchâtre , sur toute sa surface, au lieu de n’offrir à l’œil qu’une 
- seule de ces deux teintes. Nous possédons, encore aujourd’hui, 
un OEuf de Canard domestique ( Anas domestica) offrant le même 
phénomène, au point d’en paraitre artificiellement peint. 

Quant à la finesse apparente du grain de la Coquille et à son 
luisant adipeux, nous signalerons aux Ornithologistes quatre 
exceptions notables. 

Le Cereopsis, l’Anser albifrons et l'Erysmatura ferruginea, 
offrent au contraire un aspect grenu dans leur Coquille qui est 
rude au toucher ; les pores en sont par conséquent passablement 
accusés, et le test est sans reflet. 

Ce qui est tout particulier dans l’OEuf de l'Erysmatura, et en 
fait un type de cristallisation calcaire à part, comme l’est celui du 
Paon, comme l’est celui du Casoar, comme l’est celui du Hocco 
et des Mégapodes, c’est que cette cristallisation procède par con- 
crétion grumeleuse, partant irrégulière, mais uniformément 
répandue à la surface du test: cette concrétion, sensible au toucher, 
perceptible à l'œil, est parfaitement accusée et dessinée sous le 


A38 TROISIÈME PARTIE. 

verre de la loupe. Ge n’est donc plus le système de concrétion 
irrégulière et par interstices de l’OEuf du Casoar; non plus le 
système de granulation sphéroïdale de celui du Hocco ou des 
Mégapodes. Cette organisation physiologique de la Coquille est 
conséquemment remarquable comme spéciale à un Genre, déjà 
bien caractérisé par lui-même, des Lamellirostres, et comme 
premier exemple rencontré dans ce Sous-Ordre. Elle acquiert 
un intérêt de plus en ce sens que nous l’avons rencontrée iden- 
tiquement la même, en des proportions plus réduites et plus fines 
chez une seconde Espèce, mais d'Europe, l'Erysmatura mersa 
(Anas leucocephala des Auteurs). Ne connaissant l’OEuf que de 
deux Espèces d’Erysmatura, nous ne saurions pertinemment dire 
si ce Caractère est propre à toutes les autres; ce qui ne serait pas 
sans intérêt. Nous ajouterons que notre exemplaire offre cette 
autre particularité : qu'il paraît recouvert uniformément d’une 
teinte brunâtre occupant le creux de la granulation, ou de la 
véritable surface du test, tandis que la granulation en saillie est 
demeurée blanche, et comme n'ayant rien retenu de cette teinte, 
qui pourrait bien n’être qu’accidentelle. Cependant nous avons vu 
deux exemplaires identiquement semblables. 

Quant à l'OEuf du Cercopsis et à celui de l’Anser albifrons, 
le caractère rugueux de leur test n’ajoute rien de bien particulier 
à leur système de cristallisation, et n’a qu'un rapport fort éloigné 
avec celui de l’'Erysmatura. Ce sont les seules éxceptions remar- 
quables sur près de soixante-et-dix Espèces de Lamellirostres dont 


nous connaissions et dont nous ayons possédé ou possédions 
l'OEuf. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 459 


2 QUATRIÈME SOUS-ORDRE. 


LONGIPENNES 
(Longipennes). 


Les Longipennes sont, pour nous, ce qu'ils étaient pour le 
Prince Ch. Bonaparte, et se composent des mèmes Tribus, les 
Procellariidæ et des Laridæ ; auxquelles nous ajoutons, comme 
transition des uns aux autres, la Tribu des Phaëlonidæ, que nous 
avons retirée, ainsi qu'on l’a vu, des Totipalmes de l’illustre 
Ornithologiste. 


PREMIÈRE TRIBU. 
PROCELLARIDÉS — Procellariideæ. 


Composée des deux Familles Diomedeinæ et Procellariinæ, 
dont nous parlerons distinctement à cause de leurs différences 
Oologiques. 


Are FAMILLE. — Diomédéinés où Albatros (Diomedeinæ) . 


Les Albatros ont le plus grand rapport, pour l’aspect et la 
nature de la Coquille de leur OEuf , avec les Oies (Anseres); c’est 
le même grenu, ils n’en diffèrent que par la Forme. Oologique- 
ment parlant, ce serait donc le lien le plus naturel qui pourrait: 
unir les Longipennes aux Lamellirostres, car la transition des 
uns aux autres a toujours été une pierre d’achoppement pour les 
Méthodistes. Pour ce qui est de la dimension , l’OEuf du 
Diomedea exulans, par exemple, qui nous provient de J. Ver- 
reaux qui l’a rapporté de la Tasmanie , est le plus gros, après 
celui de l’Autruche, que nous connaissions dans toute la Série, 
car il excède d'un bon quart l'OEuf du Cygne; nous ne lui 
savons guêre d’équivalent que dans l'OEuf du Condor, rap- 


L 


460 TROISIÈME PARTIE. 

porté dans le temps du Chili, au Muséum d'Histoire Naturelle 
de Paris, par M. Gay, et encore celui-ci lui est-il inférieur et son 
origine nous parait-elle douteuse. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 
Forme — Oxée allongée. 
Coquille — à test assez dur, à surface rugueuse, à pores très- 
marqués, Blanche intérieurement, sans reflet. 
Couleur — Blanche et sans taches. 


2e FAMILLE. — Procellariinés où Pétrels ( Procellariinæ ). 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 

Forme — Ovée légèrement allongée, parfois complétement 
Ovale. | 
Coquille — à test compact, à pores fins et serrés presque 
imperceptibles, presque diaphane et d’un aspect laiteux, Blanche 

intérieurement, sans reflet. 

Couleur — d'un Blanc sale mat, laiteux, ou sans taches, ou, 
chez quelques petites Espèces , couvert, au gros bout de l’OEuf, 
de très-fines mouchetures ou d’un pointillé microscopique Brun- 
Rouge, tels sont plusieurs Thalassidromes. 

C’est par ces dernières Espèces que le caractère Oologique 
permet de passer des Procellariidés aux Phaétonidés. 

Observons que les OEufs de cette Famille, ou plutôt leur 
Coquille, conservent toujours et pendant de longues années 
l'odeur presque musquée et si forte propre aux Oiseaux qui les 
pondent. 


f 


li 
A À 


TROISIÈME TRIBU. 
PHAÉTONIDÉS OU PAILLE-EN-QUEUES — Phaëtonide. 


La nature de la Coquille et son mode de coloration nous font 
regarder l'OEuf de cette Tribu comme beaucoup plus proche des 


APPLICATION BES CARACTÈRES OOLOGIQUES. |. 461 


Procellaridés que des Pélécanidés du Prince Ch. Bonaparte, et, 
nous croyons même, que des Brachyptères ou Alcidés, avec 
lesquels paraît le vouloir mettre Thienemann, à en juger du 
moins d’après la manière dont il le représente et le groupe avec 
ceux-ci (1). 


CABACTERES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovée à pointe un peu obtuse. 

Coquille — à test mat, dépoli, à pores assez fins, Blanc inté- 
rieurement et sans reflet. s 

Couleur — d’un fond Blanc pur, recouvert, principalement vers 
le gros bout, d'un système de maculature semblable à celui des 
Thalassidromes , mais le pointillé de même Couleur Brun-Rou- 
geâtre , plus fréquent, plus rapproché et faisant plus masse. 

Ces Oiseaux forment donc ainsi, par leur OEuf, le passage 
naturel des Procellaridés aux Laridés qui suivent. 


TROISIÈME TRIBU. 
LARIDÉS OU GOËLANDS — Larideæ. 


De même que pour l’OEuf de tous les Oiseaux pondant et cou- 
vant en quelque sorte en commun, c’est-à-dire existant en si 
grandes troupes, qu’au temps de la ponte, le rapprochement et la 
multiplication de leurs nids peuvent faire supposer parfois une 
espèce de communauté, dont on a, du reste, de nombreux 
exemples ; il existe, dans les OEufs des Laridés, une incroyable et 
étonnante diversité de teintes et de Couleurs, qui en rend toute 
description impossible : c’est au point que rarement deux OEufs 
d’une même couvée se ressemblent; on y rencontre par la mème 
raison, les plus grandes bizarreries de Coloration. C’est ce que 
nous avons déjà fait remarquer dans l'Ordre des Passereaux, chez 


(4) PI. xvc, fig. 2, 3, 4. 


462 TROISIÈME PARTIE. ; 

otfarrer 
les Ploceidæ, pour les Genres Sycobius et Hyphantornisÿ chez 
les Fringillidæ, pour leé Genres Passer-et Zonotrichia; chez 
les Zcteridæ, pour les Genres Jcterus , Xanthornus, ete.; et 
dans l'Ordre des Gallinacés, chez les Perdicidæ, pour le Genre 
Coturnix. 

Ces Oiseaux sont de ceux dont les petits ont besoin, au sortir 
de l’OEuf, de séjourner dans le nid, pour y recevoir les soins de 
la mère, avant d'être en état d'essayer leurs ailes, sinon de se 
jetter à l’eau : et c'est cette observation sur laquelle s’est fondé 
le Prince Ch. Bonaparte, à l'exemple de plusieurs Ornithologistes 
Allemands , pour séparer ses Gaviæ, qui comprennent nos La- 
ridés, comme il l’a fait aussi à l'égard de ses Totipalmi, des 
autres Nageurs , tels que son Ordre des Anseres, dont les petits 
courent au contraire à l’eau aussitôt leur éclosion. 

Les Laridés, à leur tour, ont été, à notre point de vue, de la 
part de M. de la Fresnaye, le sujet des considérations suivantes : 

« Lorsque nous avons, dit-il, proposé deux grandes Sections 
dans la Classe des Oiseaux , basées sur la Forme de leur sque- 
lette et de leurs OEufs, et désignées, l’une par le nom d’Oiseaux 
Terrestres, l’autre par celui d’Oiseaux Nageurs, nous n’avons 
pas entendu comprendre sous ce dernier nom tous les Oiseaux 
Palmipèdes , puisqu’une partie d’entre eux, tels que Flamants, 
Echasses, Avocettes, Dromas, ne sont pas nageurs, et que 
parmi les autres il en est qui, comme les Mouettes et Goëlands, 
les Sternes, Rhyncops, Stercoraires, nagent fort peu, sont tou- 
jours sur l’aile, ne saisissant leur nourriture qu’en volant à la 
surface des flots, ou en courant sur les grèves à marée basse, et 
sont loin d’avoir une forme de squelette analogue à celle des 
vrais nageurs destinés à passer leur vie à l’eau, soit qu'ils trou- 
vent leur nourriture à sa surface ou sur les rives, soit qu'ils la 
poursuivent sous les flots en s’y immergeant. 

» Ainsi, tandis que les vrais nageurs se font remarquer dans 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 463 


leur Ostéologie, non seulement, comme nous l’avons déjà dit, par 
l'étroitesse de la partie antérieure de leur tronc, par le peu de 
saillie inférieure du bréchet, mais par sa prolongation antérieure 
en forme de soc de charrue, par la prolongation postérieure du 
sternum en forme de bateau dont le bréchet figure alors la quille et 
la proue, par l'étroitesse du bassin et sa prolongation postérieure 
au-delà de l'insertion des fémurs, par cette insertion très-rappro- 
chée, presque contiguë, ce qui facilite singulièrement la natation , 
en projetant latéralement et obliquement les pattes devenues des 
rames, mais rend la marche sur le sol plus ou moins pénible, quel- 
quefois impossible. Les Palmipèdes peu nageurs, cités ci-dessus et 
désignés par Cuvier sous le nom de Grands-Voiliers et formant au- 
jourd’hui la Famille des Laridés, présentent un squelette tout diffé- 
rent dans son ensemble comme dans ses détails, et offrent bien plus 
de rapports avec celui des Echassiers qu'avec celui des Nageurs, à 
tel point que chez les Mouettes et Goëlands, par exemple, il ne peut 
s’en distinguer que par la présence des membranes interdigitales. 
» En observant effectivement le genre de vie de ces Oiseaux, on 
reconnaît qu'il diffère entièrement de celui des vrais nageurs, que 
d’après leur conformation, tout adaptée à la facilité du vol, il 
est tout aérien, et consiste à parcourir sans cesse les airs au-dessus 
des flots, comme les Martinets et les Hirondelles les parcourent 
au-dessus du sol. Dans ce but, leur squelette est entièrement 
organisé pour le vol, un peu pour la marche, et très-peu pour la 
natation, aussi ne semblent-ils se poser sur les flots que pour y 
prendre quelque repos, et leur grande légèreté spécifique les y 
soulève comme un flocon de plumes et empêche leur corps d’y 
entrer aussi profondément que les vrais nageurs. Leur bréchet est 
saillant inférieurement, leur fourchette ouverte en haut pour 
l'écartement des ailes. Ces ailes sont très-fortes , très-longues, et 
le bassin n’est rétréci, ni en avant, ni au point d'insertion des 
fémurs, ni prolongé postérieurement comme chez les Nageurs. 


462 TROISIÈME PARTIE. 

» On peut dire enfin que sans la membrane interdigitale, on ne 
pourrait raisonnablement ranger ces Oiseaux, d’après leur sque- 
lette, qu'avec les Echassiers marins, avec lesquels ils ont d’ailleurs 
plus d’analogie de mœurs qu'avec les Nageurs, et pour nous ce 
sont des Echassiers grand-voiliers à pieds palmés. Presque tou- 
jours sur l’aile, ils parcourent et visitent tous les points du rivage 
où la mer à pu rejeter quelques cadavres de Poissons, de Mol- 
lusques ou Crustacés, pour s’en repaître en attendant qu'une nou- 
velle marée leur laisse quelque nouvelle proie sur la grève, où ils 
se reposent alors, y marchant avec facilité, et presque avec la 
même agilité que les Echassiers marins. 

» Nous retrouvons dans les OEufs de ces Larmmés (Goëlands, 

 Sternes, Stercoraires, Rhyncops), une Forme bien plus ana- 
logue à celle des OEufs d'Echassiers marins qu'à celle des 
Nageurs, c’est-à-dire Ovalaire et presque Ovalo-conique, et de 
plus, leur système de Coloration est tellement semblable qu'il 
est presque impossible de ne pas les confondre. » (!) 

On comprend que pour toutes les citations que nous avons déjà 
faites, d’après M. de la Fresnaye, nous lui laissons toute la res- 
ponsabilité-de ses systèmes de classification ou de rapprochement, 
n’en prenant que ce qui a directement trait à l'Oologie, telle que 
nous l’entendons. 


CARACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — Ovée, un peu renflée et presque Ovale. 

Coquille — d’un grain assez fin, à pores visibles, d’un Blanc 
Verdâtre intérieurement et à très-faible reflet. 

Couleur — variant, pour les fonds, du Blanc presque pur au 
Brun ou au Vert-Olivâtre plus ou moins foncé, recouvert de nom- 


(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux et de leurs Squelettes. Rev. Zool. 
1845. 


APPLICATION DES CARACTIÈRES OOLOGIQUES. 465 


breuses taches en forme de points, de mouchetures ou d'éclabous- 
sures, mais jamais de marbrures, passant par toutes les nuances 
du Brun, du Violet-Rougeâtre et du Gris. 

On remarque dans l’ensemble des OEufs de Laridés le même fait 
d’assimilation de la Couleur de la Coquille à la Couleur des diffé- 
rentes natures de surface sur lesquelles ces Oiseaux les déposent, 
que nous avons eu déjà occasion de signaler pour les Alaudidés, 
parmi les Passereaux, pour presque tous les Gallinacés, les 
Struthionigralles et les Gralles. 

Ainsi, ceux des Laridés qui déposent leurs OEufs au milieu des 
Graminées ou des Lichens des Rochers, ou des Fucus des 
bords de la mer, ou même des Roseaux bordant les cours d’eau 
de l'intérieur des terres , les ont toujours d’un fond de Couleur 
Brun-Olivâtre plus ou moins Verdâtre ; tels sont ceux de tous les 
Lestris, de tous les Goëlands et de la plus grande partie des 
Sternes. 

Il en est autrement des Espèces qui déposent leurs OEufs à nu 
sur la grêve ou le sable, telles que : Sferna Cantiaca, S. fuli- 
ginosa, S. paradisæa, S. erythrorhyncha et S. minuta, dont 
l'OEuf présente une Couleur en rapport avec celle de ces surfaces, 
c'est-à-dire d’un fond presque Isabelle ou Brun-Blanchâtre plus 
ou moins oCracé. | 

Ce qui revient à dire que cette précaution de la Nature est 
dévolue à tous les Oiseaux dont le nid est à découvert et repose 
sur le sol, quel qu’en soit le revêtement. 


CINQUIÉME SOUS-ORDRE. 
PLONGEURS 


(Urinatores). 


Nous restreignons ce Sous-Ordre qui, pour nous, remplace 


celui des Brachypteri du Prince Ch. Bonaparte, à deux Tribus : 
31 


466 TROISIÈME PARTIE. 


les Colymbidæ et les Alcidæ, puisque nous n'avons pu nous 
dispenser d’en détacher les Podicepidæ, pour les relier aux 
Totipalmes. 

Les Urinatores, ainsi compris, se rattachent , sous le point 
de vue Oologique, aux Longipennes , par les Co/ymbideæ. 


PREMIÈRE TRIBU. 
COLYMBIDÉS OU PLONGEONS — Colymbideæ. 


Nous avons déjà fait pressentir les rapports intimes de Forme, 
existant entre l'OEuf des Colymbidæ et celui des Tofipalmi, 
rapports toujours d'accord avec la Forme Ostéologique ou 
‘ Physiologique des Oiseaux de ces deux Groupes. Mais une 
importante différence les sépare : c’est, d'un côté, l'absence de 
toute couche secondaire ou d’application à la Coquille; de 
l’autre , la présence d’un système complet de Coloration, comme 
teinte de fond et comme taches. Cette différence réunie à celle 
si bien signalée et constatée par le Docteur Lherminier, entre le 
sternum du Grèbe et celui du Plongeon, suffit et au-delà pour 
faire comprendre et justifier notre mode de procéder. 

La Tribu ne comprend pour nous que l’unique Famille des 
Colymbinæ. / 


CABACTERES OCOLOGIQUES : 


Forme — Elliptique, allongée, l’un des deux bouts étant fré- 
quemment plus aigu que l’autre. 3 

Coquille — à test ferme, compact, à pores visibles, d’un 
Blanc-Verdâtre intérieurement et à léger reflet. 

Couleur. — Fond d'un Brun plus ou moins Fauve , ou plus 
ou moins foncé, parfois d’un brillant Vert-Olive clair, maculé 
de quelques points rares arrondis, d’un Brun-Noir ou d’un Noir 
presque pur. 

Les OEufs de Plongeons sont, avec ceux de Grues, des plus 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 467 
beaux à voir dans une Collection. Thienemann en a figuré une 
magnifique variété, marquée, sur un fond Fauve très-légèrement 
moucheté de Gris, d’un long trait sinueux Brun, simulant par ses 
ZYg-zags , qui occupent les trois quarts de la longueur de l’OEuf, 
un caractère d’Ecriture Chinoise ou Japonnaise. (l) 

On voit tous les points de contacts qui rapprochent, pour la 
Couleur, l’OEuf des Plongeons de celui des Laridés. 

D'un autre côté, si la variété que nous venons de décrire, 
d’après Thienemann, se renouvelait fréquemment, ce serait 
presque un trait d'union, sous le rapport de la Coloration, 
entre la Tribu des Colymbide et celle des Acide. 


DEUXIÈME TRIBU. 
ALCIDÉS — Alcidæ. 


Les Alcidés, que nous avons pris pour types de la Forme que 
nous avons nommée Ovoiconique, nous offrent, malgré la pré- 
dominance bien marquée de cet élément, chez eux, quelque 
difficulté à harmoniser, quant à leurs caractères physiologiques, 
avec les caractères Oologiques ; et nous avouons qu'ici encore 
ou l’Oologie se trouve légérement en défaut, ou bien, ce que 
nous n’oserions affirmer, ceux de leurs OEufs connus seraient-ils 
mal à propos attribués à d’autres Espèces d’entre eux que celles 
dont ils proviennent réellement. Ainsi, pour nous expliquer plus 
clairement, il y aurait harmonie complète, si l’on pouvait 
reporter la Forme de l’OEuf des Alca alle, A. psittacula, 
A. cirrhata, A. arctica et À. torda, exclusivement à ce Genre, 
et réserver la Forme Ovoïconique à toutes les Espèces du Genre 
Uria, telle que la comportent les Uria lomvia, U. troïle et 
U. ringvia. Au lieu que nous voyons au contraire, dans les 


(1) PI. xovr, fig. 3, a. 


168 __ TROISIÈME PARTIE. 


Alca, V’Impennis seul offrir cette dernière Forme d’une manière 
bien caractérisée, et dans les Uria, les Uria Grylle et Mandtii, 
offrir, à l'inverse , la forme de presque tous les vrais A/ca. La 
nuance qui les sépare est, à la vérité, peu sensible; mais enfin 
elle existe, et est suffisante pour nous faire hésiter à les ranger 
sous une seule et même Diagnose caractéristique. Nous procé- 
derons donc à leur égard par Famille. 


Are FAMILLE. — Acinés ou Pingouins (Alcinæ). 
CABACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovalaire allongée, avec un pôle moins obtus que 
l'autre. 

Coquille — épaisse, peu résistante, poreuse, à molécules 
peu adhérentes entre elles, d’un Blanc-Verdatre intérieurement, 
mate et sans reflet. 

Couleur — d'un fond variant du Blanc plus ou moins pur 
au Blanc-fauve ou Brun-clair, ou sans taches, ou avec quelques 
taches Grisâtres ou Violacées nuageuses , ou recouvert de larges 
taches ou mouchetures Brunes et Noirâtres. 

Comme nous l'avons dit, l’OEuf de l’Alca impennis, dont : 
nous avons possédé jusqu’à trois exemplaires , existant aujour- 
d'hui au Musée de Philadelphie, est étranger à cette Diagnose, 
tous ses caractères étant ceux de la Famille qui va suivre. 


2e FAMILLE. — Uriinés ou Guillemots (Uriinæ). 
CARACTERES OCLOGIQUES : 


Forme — Ovoïconique dans toute l’acception du mot. 

Coquille — de même nature que celle des Alcinés. 

Couleur — ou Blanche, ou d’un beau Vert, parsemée le plus 
ordinairement de rayures plus ou moins sinueuses et irrégulières , 
représentant la bizarre apparence des signes de l’Alphabet Chinois : 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 469 


ces traits sont ou Bruns, ou Noirs, et sont fréquemment concen- 
trés au sommet de l’OEuf, où viennent se rejoindre alors de fortes 
et larges mouchetures de même couleur. 

L'OEuf des Uria Grylle et Mandtii fait exception, comme 
contre-partie, à cette Diagnose, revêtant tous les caractères pro- 
pres aux Alcinés. 

On sait que l'OEuf des Alcidés est celui qui offre le plus de dis- | 
proportion, par son énorme développement ou volume, avec la 
taille de l’Oiseau. 

Cette Tribu est la dernière, dans l’ordre de la Série, à laquelle 
‘soit applicable, dans une certaine mesure, le fait de la concor- 
dance de la couleur de l’OEuf avec celle des éléments auprès ou 
au milieu desquels il est déposé. Il est en effet très-remarquable 
que la belle couleur Vert-clair, ou Vert-d’eau, qui en fait le fond, 
semble un reflet exact de la même couleur et du même ton que 
revêtent les masses imposantés de glaces polaires, au milieu des- 
quelles naissent, pour la plupart, vivent et meurent ces derniers , 
en quelque sorte déshérités, de la Classe des Oiseaux. 


NEUVIÈME ORDRE. 


PTILOPTÈRES 


(Ptilopteri,. 


Nous arrivons enfin au dernier Ordre de la Série, le premier; 
sans aucun doute, de la Création Ornithologique, l'Ordre des 
Ptiloptères, ces Oiseaux « qui, ainsi que l'a si bien exprimé le 
» Prince Ch. Bonaparte (1), ne sont pas plus des PaLmirènes que 
» les Phoques ne sont des Céracés. » 

Nous les divisons en deux Tribus, rang auquel nous élevons 


(4) Conspectus (las. Av. 11° partie. Préface. 


479 = TROISIÈME PARTIE. 


chacune des deux Familles qui en forment les éléments : Apteno- 
dytidæ, que nous subdivisons en deux Familles : Aptenodytinæ 
et Spheniscinæ; et Eudyptideæ. 

Ce que ces Oiseaux ont de remarquable, à notre sens, au point 
de vue purement Oologique, c’est qu’ils semblent réunir, dans 
leurs OEufs, les deux extrèmes des types de Forme que nous avons 
distingués et établis : le type Sphéroïdal et le type Ovoïconique. 
Ainsi, sur huit Espèces dont nous connaissons ou dont nous avons 
possédé l’OEuf, la plus grande et la plus petite, Aptenodytes 
Patachonica (maintenant Ap. Forsterii et Pennantii), et Eudyp- 
tula minor, nous ont offert le dernier, et, toutes les autres, à 
l'exception du Demersa, le premier de ces types, que nous regret- 
tons de ne pas voir représenté dans les belles Planches de Thiene- 
mann. 

Malgré ces nuances de Forme, il n’en a pas moins, chez tous 
les Ptiloptères, une tendance bien marquée à la Forme globu- 
laire, qui se termine en cône plus ou moins prononcé chez ceux 
d’entre eux qui s’en éloignent le plus. 

Les divers modes de nidification et d’incubation employés par 
ces Oiseaux, si restreints d’Espèces (puisque l’on n’en connaît 
que quinze), peuvent expliquer du reste la diversité de Forme 
constante chez chacune d’elles, qui se remarque dans leurs 
OEufs. 

Ainsi, parmi les Sphéniscidés, ou pour mieux dire les Ptilop- 
tères, les uns, tels principalement que les Espèces de l'Afrique, 
pratiquent des terriers; d’autres se construisent sur les plate- 
formes ou dans les anfractuosités de rochers, un véritable nid de 
forme ronde fait d'herbes et de mousse, d’autres enfin se pas- 
sent de nid, et la femelle porte constamment son OEuf avec elle. 
Jules Verreaux et son ami le Docteur Obeuf ont , à cet égard, 
publié une Notice des plus intéressantes, que nous ne voulons 
pas manquer de reproduire. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. ATA 


Ce fut aux Iles Crozets, et surtout dans celles de l'Est et du 
Groupe nommé la Possession, que ces Voyageurs trouvèrent un 
grand nombre d’Aptenodytes, lors d’une descente qu'ils firent 
dans ces Iles pendant les mois d'Octobre et de Novembre, avec 
l'intention d’y faire la chasse aux Otaries. 

« Sur ces terres inhospitalières et couvertes de neige à peu 
près neuf mois de l’année , dit l’un d’eux , la végétation est pour 
ainsi dire nulle. On n’y rencontre que quelques Mousses et une 
herbe très-dure qui atteint parfois deux pieds de haut , et dont 
les feuilles longues sont assez semblables, pour la forme, à 
celles du Blé. Cette herbe pousse dans les endroits où les Oiseaux 
s'arrêtent de préférence, et où, par cette raison, une épaisse 
, couche de fiente peut leur fournir des éléments nécessaires à leur 
accroissement. Les chaînes nombreuses de rochers qui coupent 
en tous sens ce pays, et qui contribuent à le rendre excessive- 
ment accidenté, montrent parfois leurs flancs brumâtres et 
attristants, pendant que leur sommet ne se dépouille jamais de 
l'épaisse-couche de neige qui le cache. 

» C’est dans de pareils lieux que vivent d'innombrables colo- 
nies d'Oiseaux, au nombre desquels on compte trois Espèces 
d’Aptenodytes. 

» L'une est connue sous le nom, généralement adopté par les 
Voyageurs, de Pingouin Royal ou Roi ; la seconde , ayant une - 
partie du bec et les pattes jaunes, une couronne blanche sur la 
tête, le dos Brun, avec l’extrémité des plumes Bleuûtre et le 
ventre Blanc, est l’Apfenodytes papua (1); la troisième enfin, 
ressemble en quelque sorte à celle que l’on connaît sous le-nom 
de Gorfou Sauteur (Catarractes chrysocome, Vieillot) (2). 
Cependant elle s’en distingue non seulement par une taille plus 


(1) Pygoscelys papua. 
(2) Galerie des Oiseaux. PI. cexCvIn 


472 TROISIÈME PARTIE. 


forte, mais encore par sa huppe, qui est composée de longues 
plumes jaunes, implantées de façon à couvrir transversalement 
la tête, et non susceptibles de se redresser comme dans le Cat. 
chrysocome, même lorsque l’Oiseau est excité. Ses pieds sont 
Noirs (1). 

» Les mœurs, les habitudes de ces Oiseaux, que l’on pourrait 
dire amphibies, sont très-curieuses à observer. Ils vivent en 
famille, et habitent les mêmes baies; mais ce qu’il y a de fort 
remarquable, c'est qu’on ne les voit jamais se mêler; chaque 
Espèce occupe tel point qui lui convient le mieux et ne commu- 
nique pas, ou que très-accidentellement, avec sa voisine. Celle 
à aigrette et à pieds jaunes occupe constamment le penchant des 
montagnes, ou pour mieux dire, de ces àâpres rochers dont j'ai 
parlé. Quant au Pingouin Royal, il paraît se plaire davantage 
dans les plaines, bien que le soir il se retire aussi sur quelque 
élévation. 

» Ces Oiseaux ne paraissent pas se creuser des terriers comme 
le font les autres Espèces Africaines. Leur nid est toujours placé 
sur une saillie de rocher et sur le versant des montagnes; quel- 
quefois il est abrité par une grosse touffe de cette herbe dont il 
a été question , mais jamais dans un terrier. 

» La ponte du Pingouin Royal commence aux Crozets, vers 
la fin d'Octobre, et paraît durer jusqu’en Janvier. Celle des 
deux autres Espèces semble avoir moins de durée; car, vers la 
fin de Novembre, tous les OEufs appartenant à celles-ci étaient 
déjà couvés : d’un autre côté, les nids que l’on avait pillés res- 
tèrent vides les jours suivants ; ce qui tendrait à démontrer que, 
pour ces Espèces , l’époque des pontes avait cessé. Le Pingouin 
Royal ne pond jamais plus d’un OEuf dans chaque nid ; mais un 
fait des plus curieux c’est que, lorsqu'on retire cet OEuf, on est 


(1) C'est le Chrysocoma chrysolopha du Conspectus. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4173 


sûr d’en retrouver un autre le lendemain. Cette expérience fut 
répétée pendant plusieurs jours sur plusieurs nids, ou plutôt 
sur plusieurs femelles, comme je l’expliquerai ci-après, et le 
résultat fut toujours le même. 

» Il existe une grande différence entre la manière dont la 
femelle du Pingouin Royal couve son OEuf et celle des deux 
autres Espèces. Au lieu de le placer sur un nid de forme ronde 
et d’un pied environ de diamètre, artistement construit avec des 
herbes et de la mousse , elle le porte entre ses jambes ou, pour 
mieux dire , entre ses cuisses , et dans un repli formé aux dépens 
de la peau du ventre, en sorte qu’elle ne le quitte jamais. Elle 
peut même sauter huit à dix pieds sans le laisser choir. Il arrive 
souvent aussi qu’elle se trouve bousculée, qu’elle roule de 
roches en roches, sans pour cela abandonner cet OEuf ; aussi 
n'est-ce que fort rarement, et seulement lorsqu'elle est par trop 
tourmentée, qu’elle le laisse échapper de sa poche incubatrice. 
Cette poche n’est qu'artificielle, car aussitôt qu’on est parvenu à 
en extraire l'OEuf, elle disparaît sans laisser trace de son exis- 
tence. 

» L'amour maternel et l'amour conjugal sont développés chez 
les Oiseaux dont je parle, d’une manière vraiment admirable. 
Chaque fois que l’on approche d’un nid et que l’on tente de 
prendre l’OEuf d’une couveuse des deux Espèces à aigrettes et à 
pieds jaunes, ou bien lorsque, ayant saisi une femelle de Pin- 
gouin-Royal, on cherche à lui arracher celui qu’elle porte et 
qu’elle cache avec tant de soin, il faut livrer un véritable combat. 
Aux cris de colère et de détresse que pousse la femelle, le mâle 
accourt et tombe sur le ravisseur avec une fureur qui ne cesse 
qu'avec la mort. Leur bec pointu et tranchant est une arme re- 
doutable qu’ils emploient contre un ennemi. Si l’on se contente 
de prendre à une femelle son OEuf, et lorsque toutefois on y a 
réussi, ses cris changent de caractère : ce sont alors de vérita- 


AT 4 TROISIÈME PARTIE. 


bles lamentations, et le mâle en fait entendre aussi bien que sa 
compagne. Îls vont, viennent, cherchent partout autour d'eux, 
et, ne trouvant rien, ils se placent près du nid, et continuent 
longtemps encore leurs cris déchirants. Il arrive même que, 
dans cette circonstance, la femelle du Péngouin-Royal, qui vient 
de perdre le produit qu’elle portait et sur lequel elle était char- 
gée de veiller, est battue durement par son mâle, surtout lorsque 
cet accident est arrivé en l’absence de celui-ci. Les jeunes éclo- 
sent en Janvier et quelquefois plus tard; ils sont alors couverts 
d’un duvet brun qui ne tarde pas à faire place à des plumes 
semblables, ou à peu près, à celles des adultes. 

» Comme je l’ai dit, les deux Espèces à aigrettes se construi- 
sent des nids sur les pointes des rochers, tandis que le Pingouin- 
Royal pond dans la plaine, sur le sol nu aussi bien que sur la 
mousse rugueuse qui en couvre une partie. Ce n’est que lorsque 
les époques de la ponte et de la couvaison sont passées que ces 
Oiseaux se rassemblent en troupes pour reprendre leur essor 
habituel ; mais encore à cette époque, il n’y a de réunion 
qu'entre les individus d’une même Espèce et point entre ceux 
d’Espèces différentes. 

» D'après les débris jonchés sur les plages de ces parages de 
désolation , il est probable que beaucoup de ces Oiseaux sont 
victimes des vagues déchainées qui déferlent sur les brisants, et 
que lorsqu'une tempête vient à éclater, il y en a un grand 
nombre de tués et de rejetés sur la grève. C’est ce qui doit 
arriver surtout à l'époque des pontes, lorsque ces infortunés 
Oiseaux ne peuvent s’écarter du rivage, ou qu'ils ne le font 
qu’afin de pourvoir à leur subsistance. Il n’est pas rare cepen- 
dant, surtout dans toute autre saison que celle des amours, de 
les trouver à de grandes distances. 

» Cest ordinairement le mäle qui prend le soin d'alimenter sa 
femelle en lui apportant une partie de sa pêche. Si l’on en juge 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 475 


par les restes considérables qui environnent chaque nid, les 
Oiseaux dont il est question sont d'habiles pêcheurs et de grands 
destructeurs de Poissons. 

» Dans les localités indiquées, le Pingouin-Royal parait le 
plus commun. On pourrait évaluer à plusieurs millions le 
nombre qui s'y trouvait, quoique les bandes, à cette époque, 
ne fussent guère que de trente à quarante individus, et seule- 
ment de quinze à vingt pour les deux autres Espèces. | 

» Dans le Pingouin-Royal, la taille paraît seule constituer 
une différence entre les deux sexes; elle est plus forte chez le 
mâle. 

» Les OEufs, qui me furent donnés par mon ami le Docteur 
Obeuf, étaient d’un Blanc sale uniforme, et leur Forme différait 
beaucoup, car l’un était très-gros, quoique plus pointu d’un 
bout, tandis que l’autre était plus long et rétréci. Ce dernier 
avait quatre pouces de long sur huit pouces quatre lignes de 
circonférence dans son plus grand diamètre. Ces deux OEufs font 
partie, ainsi qu’une belle variété donnée par la même personne, 
des Collections que j’ai déposées au Muséum de Paris. » (!j 

Ce que cette Note ne nous dit pas, c’est la manière dont s'y 
prend l’Aptenodytes pour sôulever, du sol où il le dépose, son 
OEuf, et le placer dans son repli abdominal. J. Verreaux nous a 
bien affirmé que c'était à l’aide de son bec. Mais jusque-là nous 
avons pensé que c'était sans doute au moyen de ses ailes ou 
ramerons, son bec nous paraissant insuffisant pour cette opéra- 
tion laborieuse, par le peu de rapports des proportions de sa 
bouche ou commissure avec le volume de cet OEuf. Ce serait 
donc un nouveau mode ou procédé à constater chez les Oiseaux, 
pour le transport de leur produit Ovarien d’une place à une 


Là 4 


autre : la Science, comme l'observation, n'ayant encore révélé 


(1) Revue Zoologique. Août 1847. 


476 TROISIÈME PARTIE. 


ce fait que chez les Engoulevents et chez les Coucous, qui se 
servent uniquement , dans cette circonstance, de leur bec, dont 
la commissure est suffisamment ouverte et fendue pour leur per- 
mettre la préhension et le transport de leur OEuf au moyen de 
cet organe. | 

C'est avec raison que M. de La Fresnaye (l} disait à cette 
époque : « que ce mode d’incubation si extraordinaire de l’Apée- 
nodytes patagonica, outre son grand intérêt comme chose tout- 
à-fait nouvelle en ce genre, semblait autoriser d’une manière 
puissante l'isolement de cette Espèce .de ses autres congénères » ; 
opinion qui, après avoir été celle de Cuvier (?) et de Lesson (3), 
a fini par être unanimement adoptée par la Science, surtout 
depuis qu’il a été démontré que sous le nom d’Apéenodytes 
patagonica on avait toujours confondu deux Espèces en une 
seule. 

Une autre observation, que nous ne sachions pas avoir encore 
été faite, en venant donner raison à ce système, nous a livré 
l'explication d’une particularité Oologique, véritable phénomène 
propre à l’OEuf de l’un de ces Oiseaux, qui confirme, pour les 
plus incrédules, la véracité de nos deux Voyageurs. 

Car, avant d’avoir eu sous les yeux l’OEuf de l’Apfenodytes 
patagonica, et sur le simple exposé de ses habitudes, que nous 
venons de relater, il était encore permis de se demander, sans les 
révoquer le moins du monde en doute, comment, avec un 
système de ptilose à surface aussi lisse et aussi glissante que l'est 
celui de cet Oiseau, il pouvait, même au moyen de son repli 
abdominal, arriver à retenir un OEuf, que sa Forme plus ou 
moins arrondie, et sa Coquille généralement unie, rendent 
d'autant plus difficile à porter ainsi? Îl suffit de voir son OEuf 


(1) Rev. Zool. 1847. 
(2) Règne Anim. 2e édit., p. 590. 
(3) Trailé d'Ornithologie, p. 643. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 477 


pour comprendre comment la nature a su pourvoir à tout, dans 
ce Cas particulier. 

Cet OŒuf, que nous avons possédé, et qu’a parfaitement repré- 
senté Thienemann (1), d’après notre exemplaire, est de Forme 
plutôt Ovoïconique qu'Ovée ; mais avec son gros bout tellement 
obtus et arrondi qu’il ressemble beaucoup plus à une sphère 
dont on aurait aminci et comprimé én pointe un des côtés, qu’à 
toute autre Figure. 

Ainsi cet OEuf, dans sa configuration, porte de dix à douze 
centimètres de longueur sur huit à huit et demi centimètres de 
largeur. 

Ce n’est pas tout : il offre dans toute sa circonférence à la 
partie la plus large une série de rugosités granulées et vermicu- 
lées, ayant une saillie de un à deux millimètres, avec des stries 
en creux rayonnant régulièrement de son bout le plus aigu, qui 
en forme le centre dans une longüeur de deux ou trois centimè- 
tres environ. 

Ces apparences sont donc pour le moins extraordinaires, puis- 
que dans toute la Série, c’est le seul sur lequel elles se remar- 
quent. Aussi, pendant longtemps, les avions-nous considérées 
comme un de ces exemples de Monstruosités Oologiques, dont 
nous avons eu occasion de parler; seulement ici avec un carac- 
tère beaucoup plus précis et plus régulier. 

Mais, du moment que nous avons eu connaissance de cette 
belle découverte faite par J. Verreaux et le Docteur Obeuf, des 
bizarres habitudes d’incubation ou plutôt de gestation de l’Apte- 
nodytes patagonica, l'explication de cette particularité et de la 
présence des appendices calcaires de la coquille nous fut subite- 
ment acquise et révélée. 

Il ne nous fut plus douteux, en effet, que ces appendices 


(1) PL c. fig. 2, 


478 TROISIÈME PARTIE. 


n’eussent pour but de faciliter à l’Oiseau la gestation de son OEuf, 
en en rendant le test moins glissant, et, par suite, plus adhérent 
à ses plumes, ou au repli abdominal destiné à le recevoir et à le 
porter. Les mêmes considérations nous confirment dans notre 
opinion que c’est à l’aide des ailerons bien plus que de son bec 
que l’Animal enlève et saisit son OEuf, dont les rugosités doi- 
vent faciliter merveilleusement cette manœuvre. 

Nous insistons d’autant plus sur ce fait, que c’est, en Oologie, 
le seul et unique exemple d’un OEuf organisé, indépendamment 
de ses rapports de Forme avec celle de l’Oiseau , en vue des soins 
extérieurs qu’il à à en recevoir, par suite de ce mode d’incuba- 
tion externe et mobile. 

Ce cas, d’une des plus admirables et des plus providentielles 
précautions de la Nature, doit certes donner sérieusement à 
réfléchir aux plus indifférents en matière Oologique, en leur 
faisant voir dans quelle dépendance intime l’OEuf se trouve de la 
conformation et des habitudes de l’Oiseau qui l’a pondu. 

Nous devons ajouter.cependant que les deux OEufs attribués à 
l’Aptenodytes patagonica, déposés par Jules dans la Collection 
du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, n’offrent aucune des 
particularités que nous venons de citer, quant aux rugosités du 
test. La coquille, chez eux, est unie, très-épaise, mais au lieu de 
rugosités, elle est recouverte d’une couche sédimenteuse calcaire, 
d’un Blanc-Gris-Verdâtre , qui ne lui est que superposée et adhère 
aux doigts lorsqu'on y touche. Ce qui nous porte à penser que 
l'OŒEuf que nous avons possédé, et ceux de J. Verreaux, ne 
proviennent pas de la même Espèce, mais bien des deux Espèces 
si longtemps confondues ensemble sous le nom unique de Apte- 
nodytes patagonica. Et nous n’hésitons pas à attribuer les deux 
OEufs rapportés par le célèbre Voyageur à l’Aptenodytes Fors- 
teri, la plus grande des deux , et le nôtre, figuré par Thiene- 
mann , à l’Aptenodytes Pennantii. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 479 


Quelle que soit donc la différence dans la constitution de Ja 
Coquille de chacun d'eux, nous dirons, comme M. de la 
Fresnaye : « qu’il est bien probable que ces deux Espèces , si 
voisines de taille, de coloration et de forme, réunissent aussi 
toutes deux ce mode singulier d’incubation (1). » D’autant plus 
qu’à la rigueur, la couche sédimenteuse de l’OEuf du Forsterii 
peut tout aussi facilement résister, par son adhérence, au luisant 
des plumes, que le système de rugosités de celui du Pen- 
nantii. , 

Quant à la particularité attribuée par le Docteur Obeuf au 
Pingouin Royal qui, lorsqu'on lui retire son OEuf , en ponderait 
immédiatement un autre le lendemain, expérience répétée pen- 
dant plusieurs jours de suite : la chose a lieu de paraître extra- 
ordinaire, en ce sens que pour un OEuf de cette dimension , et 
pour un Oiseau qui n’en pond qu’un, il est permis de se deman- 
der comment la matière calcaire peut avoir le temps de se repro- 
duire avec une telle abondance et une telle facilité. 

Le même fait, ou à peu près, nous a été affirmé pour les 
autres Espèces, telles que presque toutes celles de Genre Pygos- 
celis, dont l’OBuf est généralement Sphérique. Ainsi, lorsqu’on 
leur a enlevé leur OBuf, on serait sûr, sinon le lendemain, du 
moins quelques jours après, d'en retrouver un autre, la sous- 
traction même se répétant fréquemment. J. Verreaux a réitéré 
l'expérience jusqu'à trente fois de suite sur le Spheniscus demer- 
sus (?). Seulement ces OEufs iraient toujours en diminuant de 
grosseur. C’est une explication que nous nous sommes fait 
donner, dans le temps, par plusieurs Marins dont nous avions 
reçu des OEufs Sphériques de Sphéniscidés, étonné que nous 


(1) Rev. Zool. 1847. 
(2) C’est un fait important à ajouter à l’'énumération des faits analogues 


que M. Moquin-Tandon vient de citer dans la Revue Zoologique d'Octobre 
1859. 


480 TROISIÈME PARTIE. 
étions de les voir, dans la même Espèce , diminuer quelquefois 
de la grosseur d’un OEuf du Circaëtus Gallicus à celle de l’Astur 
palumbarius ! 

Ces OEufs étaient constamment d’un Blanc-Bleuâtre à la sur- 
face comme dans leur transparence, et sans taches. 


PREMIÈRE TRIBU. 
APTÉNODYTIDÉS OU MANCHOTS — Aplenodytidæ. 


CARACTÈRES OOLOGIQUES : 


Forme — Ovoïconique, très-obtuse au gros bout, très-aiguë 
au petit; l’un et l’autre réunis latéralement par une ligne entiè- 
rement droite. 

Coquille — à test assez épais, homogène, à pores peu multi- 
pliés et visibles à l'œil nu , d’un Blanc légèrement Verdâtre dans 
sa composition et sa transparence; revêtue d’une couche sédi- 
menteuse très-fine, plus ou moins adhérente au test : Apteno- 
dytes Forsterii et Pennantii, et Sphenisceus demersus. Parfois 
la matière calcaire de celui-ci offrant des superfétations réguliè- 
rement disposées en relief autour de la circonférence de l'OEuf, 
vers le tiers de sa hauteur ; et de plus, une série de stries longi- 
tudinales en creux, partant de cette ceinture pour se réunir en 
un faisceau vers la pointe : Aptenodytes Pennantii. 

Couleur. — Gelle de la Coquille, masquée en grande partie 
par la couche sédimenteuse , qui varie du Blanc pur (Spheniscus) 
au Blanc-Gris-Verdâtre plus ou moins sale (Aptenodytes). 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 484 


DEUXIÈME TRIBU. 


EUDYPTIDÉS — Eudyptide. 


CARACTÈRES COLOGIQUES : 


Forme — Sphérique, parfois légèrement Ovalaire ou Ovée. 

Coquille — à test assez fort, homogène, à pores très-nom- 
breux et parfaitement visibles ; d’un Blanc légèrement Bleuâtre 
ou Verdâtre dans sa composition et sa transparence; pure de 
toute espèce de couche sédimenteuse. 

Couleur. — Celle de la Coquille, c’est-à-dire, d’un Blanc- 
Azuré , uniforme , sans taches et sans reflet. 

Il est on ne peut plus remarquable, par exemple, de voir que 
l'exception, que nous venons de signaler, à l’harmonie de la 
Forme Oologique, dans cet Ordre, est identique et parallèle, 
pour ainsi dire, non seulement à ce que nous avons signalé 
dans les Alcidés, mais encore aux caractères Organiques des uns 
et des autres. | 

Ainsi , à part les autres différences existant chez les Alcidés et 
les Uriidés , il en existe une énorme quant au bec. Or la même 
différence se remarque, pour cet organe, entre les Apténodytidés, 
les Sphéniscinés et les Eudyptidés. 

En un mot, et pour nous faire mieux comprendre, les affinités 
Oologiques sont en sens inverse des affinités Organiques. 

C’est ce qui résulte du tableau comparatif suivant : 


Forme de l'OEuf : 


Ovoïconique. 
Alca impennis, dont le bec est fort et crochu ; 


Aptenodytes, dont le bec est, au contraire, grêle et simplement 
acuminé. 


182 TROISIÈME PARTIE. 


Ovée. 


Uria, dont le bec représente celui de l’Aptenodytes ; 
Spheniscus, dont le bec reproduit celui de l’A/ca. 


L’Eudyptes se présente, entre les deux, comme Genre de 
transition , et par son OEuf, de Forme Sphérique, et par son bec 
intermédiaire entre celui des Aptenodytes et Uria, et celui des 

Alca et Spheniscus. 


Ici finit la tâche laborieuse que nous nous sommes, peut-être 
bien témérairement, imposée. 

Nous espérons , d’après ce que nous lui avons entendu dire, 
et c’est un de nos vœux les plus sincères, que les idées nouvelles 
du Savant Agassiz, si bon Physiologiste et si profond Observa- 
teur, en se dirigeant, dans un intérêt d'Embryologie, sur l’étude 
du produit Ovarien des Oiseaux, quant aux différentes périodes 
de développement des parties organiques qu’il renferme, attire- 
ront accessoirement son attention, dans le sens de nos travaux 
sur son Tégument Calcaire. 


CONCLUSION. 


La simplicité et la brièveté que nous nous sommes efforcé 
d'apporter à ce Travail, loin d’en exelure l'importance qu'il com- 
porte, ne peuvent, au contraire, Ce nous semble, que servir à sa 
démonstration, en la rendant plus précise et plus claire. 

On a vu, par l’énumération des Ouvrages et des Auteurs que 
nous avons cités et analysés, que l’OEuf des Oiseaux a toujours été 
l'objet d'observations, et a toujours attiré sur lui la curiosité : Or, 
de la Curiosité à la Science, il n’y a qu’un pas; c’est toujours 
l’histoire de la Boîte de Pandore. 

On à appris ensuite, par l'indication et par l'étude des carac- 
tères particuliers à l’OEuf, qu'il s’y trouvait effectivement des 
règles assez fixes pour servir de Base à toute une série de faits , 
ou de propositions Scientifiques. j 

Enfin, nous avons essayé de traduire ces faits, ces indications - 
et ces caractères, en les amenant à figurer au nombre des Eléments 
sur lesquels s'appuie la Méthode. 

C’est un commencement d'exécution, dont nous abandonnons 
la suite et le perfectionnement au temps et aux progrès de la 
Science. 

Nous sommes-nous laissé trop facilement entraîner par les 
séductions d’une Théorie si conforme à nos goûts et à nos idées ? 
Mais le blâme adressé par quelques-uns aux Théories, empêchait- 
il illustre Créateur de la Tératologie de s'élever dans ses travaux, 


484 CONCLUSION. 

en Zoologie, de la synthèse la plus minutieuse des faits aux géné- 
ralités de la Philosophie la plus haute et la plus saine, et presque 
toujours avec succès et bonheur? Témoin son Histoire Naturelle 
générale des Règnes Organiques : OEuvre immense, et digne du 
Nom de son Auteur! 

Nous serions-nous fait illusion sur la portée, ou la valeur Scien- 
tifique des caractères que revêt, à nos yeux, le produit Ovarien 
des Oiseaux ? 

Nous ne le pensons pas davantage; et nous conservons au con- 
traire le ferme espoir que nous avons posé les bases, ou les pre- 
miers jalons d’une Branche nouvelle et importante de l’Ornithologie, 
car si nos propositions sont fondées, il en résulte un horizon plus 
grand ouvert à l'Enseignement de l'Histoire Naturelle, obligé de 
compter à l'avenir avec l’OoLocrEe ORNITHOLOGIQUE. 

C'est ce qu'a parfaitement compris le Membre éminent de 
l'Institut, dont nous parlons. Le Savant Professeur n’a-t-il pas en 
effet reconnu lui-même implicitement l’importance, en même 
iemps que l'utilité de l'étude de l’Oologie ? 

1o En faisant passer sous les yeux des nombreux auditeurs de 
ses Cours, si bien et si assidûment suivis, les types les plus remar- 
quables ou les plus curieux des OEufs d’Oiseaux ; 

20 En réservant sa place à cet Embranchement nouveau de 
l'Ornithologie, dans la première partie imprimée de son Catalogue 
des Galeries Zoologiques du Muséum d'Histoire Naturelle de 
Paris (1), Catalogue dont il a le premier donné l'exemple. 


3° En faisant appel à notre zèle et à notre concours, pour la 
rédaction du Catalogue de la Collection Oologique de cet Eta- 


blissement, et cela en ces termes bienveiïllants : « M. des Murs 


(1) Catalogue Méthodique de la Collection des Mammifères, de la Collection 
des Oiseaux, et des Collections annexes du Muséum d'Histoire Naturelle de 
Paris. 1re partie. Mammifères. Catalogue des Primates. 1851. 


CONCLUSION. 485 
» qui, depuis plusieurs années, @ fait une élude si heureuse 
» de l’Oologie, veut bien, de concert avec M. Florent Prévost, 
» se charger du difficile Catalogue des Œufs et des Nids » (1). 
Appel auquel nous avons toujours tenu à honneur de répondre. 

Ajouterons-nous que M. Hardy, de Dieppe, bien connu par ses 
bonnes et solides observations sur nos Oiseaux d'Europe, et l’un 
des plus fervents adeptes de l’Oologie, a bien voulu reconnaitre , 
en parlant de nos articles publiés en 1842, 1843, 4844. (?), que 
nous avions « sw élever à l’état de Science ce qui n'avait été 
» qu'un objet de stérile curiosité. » (3) 

Enfin, un autre Membre distingué de l’Institut, en quelque 
sorte provoqué par nos travaux, M. Moquin-Tandon, faisant trêve 
à ses descriptions de détail, au moment même où nous imprimons 
ces dernières pages (Décembre 4859), ne paraît-il pas regarder 
comme de son devoir de Savant, de traiter et de discuter les mêmes 
questions d’Oologie générale que nous venons de soulever et d’ac- 
cumuler dans ce Livre? (4) / 

Le fait nous est done acquis; et l’Oologie compte désormais 
comme Science. Aussi, avons-nous vu avec plaisir que ce projet , 
conçu dès 4851, par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, de catalo- 
guer la Collection d'OEufs d'Oiseaux du Muséum d'Histoire Natu- 
relle de Paris, ait eu son écho aux Etats-Unis : puisque dès le 
mois de mars 1853, l'Académie des Sciences Naturelles de Phila- 
delphie a rédigé, fait imprimer et publier le Catalogue de sa riche 
collection Oologique (5). 

Maintenant, et après ces exemples, le Contrôle d’un Haut-Lieu 
serait-il nécessaire pour assurer cette conquête à l’Oologie, et lui 

\ 


1) Introduction au Catalogue, p.71. 

2) Revue et Magasin de Lootbnies 

3) Id. ibid. Aoùt 1857. 

4) Id. ibid. Novembre 1859. 

} Proced. of the Acad. of Nat. Sc. of Philadelphia. 1853. 


486 CONCLUSION. 
donner Droit de Gilé dans le giron des Connaissances Humaines ? 
Nous nous adresserions humblement, dans ce cas, à la Science 
Académique, ou Officielle, ainsi que l’appelle un docte Rédac- 
teur (1), pour la prier de vouloir bien gracieusement accorder son 
Exeat où son Exequatur, à une application si sérieuse et si 
curieuse à l’Ornithologie, de ce que nous nommons, et de ce que 
nous ambitionnons voir nommer : les Principes de l’Oologie, 
dont nous venons de Codifier, pour ainsi dire, les Lois et les For- 
mules, en essayant de les constituer en un Corps de Doctrine. 


(1) M Louis Figuier._ 


NOTES ET OBSERVATIONS. 


Page 52. — Ajouter : 


« 


Pour initier le Lecteur à l'esprit de suite qui a présidé à nos 
idées sur l'utilité de l’Oologie, comme Science, et lui faire com- 
prendre que le Livre que nous lui offrons n’a rien d’improvisé, 
nous croyons devoir lui indiquer par quelles séries successives 
d’études nous avons préludé avant d’en condenser les éléments et 
d’en résumer les résultats. 

Indépendamment de nos Collections particulières, bien bornées 
alors de 4826 à 1833, consultant journellement, grâce à la 
bienveillance de G. Cuvier, et à l’obligeante intervention de 
M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, la Collection Oologique du Mu- 
séum d'Histoire Naturelle de Paris, alors en voie de formation, 
c’est-à-dire, réduite à celle de l'Abbé Manesse et aux quelques 
OEufs provenant du voyage de Delalande au Cap; nous fimes le 
relevé annuel des exemplaires composant cette Collection publique, 
pour em constater la progression et l'accroissement, ainsi que: 
pour élargir le cercle de nos études (1). 

Recueillant les faits, méditant nos observations, nous nous: 
crûmes en mesure, après dix années de ce travail ingrat, de 
publier le fruit de notre examen général et comparatif. 


(1) Ces relevés ont encore aujourd'hui, pour nous, tout l'intérêt du 
moment : ils nous représentent, de la manière la plus minutieuse et la plus 
exacte, l’histoire de la formation et des progrès bien lents, mais continus 
de la Collection Oologique du Jardin-des-Plantes, ainsi qu'on le nommait 
encore à cette époque. 


188 NOTES ET OBSERVATIONS. 


En 4842, dans la cinquième Livraison du Magasin de Zoologie, 
nous publions notre premier Mémoire d'Ovocrargie Orniroro- 
cique, sur la forme de l’'OŒŒEuf, en l’accompagnant d’une planche 
(la vingt-cinquième des Oiseaux de ce Recueil), indiquant les 
six figures Oologiques principales que nous croyons avoir re- 
connues dans le produit Ovarien. 

La même année nous publions la première Liste des OEufs de 
notre Collection, sous le titre de Ova avium plurimarum, etc. 

En 1843, dans la Revue Zoologique, nous publions succes- 
sivement notre second Mémoire d'Ovocrarnie ORNITHOLOGIQUE : 
De la Coquille de l'Œuf et de sa nature plus ou moins réfrac- 
taire, en l’accompagnant d’une planche (la trente-sixième des 
Oiseaux) représentant deux variétés de l’OEuf d’Ani (Crotophaga); 

Bientôt suivi d’une Notice sur l’'OEuf du Guacharo (Steatornis) 
et sur la classification de cet Oiseau d’après son OEuf ; 

Puis d’une autre Notice sur le Genre Ornithologique Rupicole 
ou Cog de Roche, avec considérations OoLociques, accompagnée 
d’une planche (la trente-septième des Oiseaux) figurant l’OEuf 
du Rupicola Peruviana, alors tout récemment découvert par 
J. Goudot, de qui nous venions d’en faire l'acquisition ; 

Et de notre troisième Mémoire d’Ovocraraie ORNITHOLOGIQUE : 
de la couleur des OEufs des Oiseaux, en général, et sur son 
origine. 

En 1844, dans la troisième livraison de Mars, paraît notre 
quatrième Mémoire d’Ovocrapnie ORNITHOLOGIQUE : de l'influence 
de la nourriture sur la Coloration de l'OEuf des Oiseaux. 

Dans la quatrième Livraison d'Avril, notre cinquième Mé- 
moire d'Ovocrarnie ORNITHOLOGIQUE : De l'influence du climat 
sur la Coloration de l'OEuf des Oiseaux ; 

Dans la cinquième Livraison de Mai, notre sixième Mémoire 
d'Ovocrarmie ORNITHOLOGIQUE : De la matière Colorante dans 
l'Œuf des Oiseaux, et de l'influence de l’incubation sur le 


NOTES ET OBSERVATIONS. 489 


développement de cette matière à la surface de la Coquille ; 

Enfin , dans la sixième Livraison, de Juin, notre septième et 
dernier Mémoire d’Ovocrarate ORNITHOLOGIQUE : Du Rapport qui 
peut exister entre la forme et la disposition générale des taches 
à la surface de la Coquille des OEufs Colorés, et le mode de 
sortie ou d'exclusion de l'Œuf du Cloaque. / 

On remarquera que ceux de ces Articles ainsi parus sous le 
titre d'Ovographie Ornithologique, faisaient partie d’un Ouvrage 
déjà (4842-1843) fort avancé que nous avions l'intention de 
publier avec cette dénomination; parce que, en effet, il devait 
comprendre, outre ces questions de Physiologie Oologique, la 
destription détaillée de toutes les Espèces d’OEufs de notre 
Collection. À cette époque même étaient déjà prêtes quatre cents 
et quelques Planches de figures d’OEufs, parfaitement dessinées 
et peintes d’après nature et de grandeur naturelle, par L. Bévallet, 
Peintre attaché à l’ancienne Expédition d'Islande, aujourd’hui 
Préparateur des Collections Zoologiques du Val-de-Grâce; et 
par Alph. Prévôt, alors aussi Peintre du Muséum d'Histoire 
Naturelle de Paris : chaque Planche n'était consacrée qu’à une 
seule Espèce et à ses variétés, pour la facilité de leur classe- 
ment. Nous avions de plus quatre-vingts Planches gravées sur 
cuivre , format grand in-4°, en reproduisant tout autant de celles 
peintes. Les premières sont dans notre Bibliothèque; les autres 
enfouies dans nos magasins. Mais, arrivé à cette période de nos 
préparalifs, les liaisons qui nous attachèrent bientôt à Thiene- 
mann, et les communications qu’il nous confia concernant le 
même projet, nous firent renoncer au nôtre, et lui livrer nos 
Collections pour ses études et ses dessins. C’est alors que de 
descriptif que devait être notre travail, nous en fimes un travail 
de pure application. Nous fûmes récompensé plus tard de notre 
abnégation en recevant de l'excellent Thienemann un exemplaire 
de son bel Ouvrage, avec cette suscription : Spectatissimo 


D, #, 


490 NOTES ET OBSERVATIONS. 
O des Murs in memoriam sui gralissimo animo D: Auctor. 

Quoiqu'il en soit, et ceci dit à litre de simple observation, 
notre dernier Mémoire d'Ovographie Ornithologique est immé- 
diatement suivi des Notices que voici : 

Considérations Ooocrques sur la place à assigner au Genre 
Ornithologique Flamant (Paonicoprerus, Linn.); 

Considérations OoxociquEes sur la Classification du Genre 
Ornithologique Courlan ou Courliri de Buffon, PI. Enl. 818, 
ARDEA, GMm., Scocopax, Linn., NumEenius , Briss., ArAMuS ; avec 
trois Planches (les 46, 47, 48 des Oiseaux) représentant d’abord 
l’'OEuf du Courlan , nouvellement découvert par d’Orbigny, de 
qui nous venions de le recevoir; et, pour termes de com- 
paraison, ceux de l’Ardea-Grus et du Numenius arcuatus s 

Et Considérations Ooxocrques sur le Genre Ornithologique 
Caurale, Arnea Herras, également depuis peu découvert par 
J. Goudot, de qui nous l’avions reçu avec celui du Rupicole du 
Pérou, accompagnées d’une Planche (la 49e des Oiseaux) repré- 
sentant l’'OEuf de cet Oiseau et celui du Rallus variegatus 
comme terme de comparaison. 

Nos travaux, on le voit (sans parler de nos études dans les 
divers Musées de l’Europe, entre autres dans ceux de Londres et 
de Leyde), ont donc toujours été continus et progressifs, sans 
cesser de reposer sur la même conception, et le Livre que nous 
publions aujourd'hui n’en est que la rectification, le aéveloppe- 
ment et l'application raisonnée au niveau des Notions actuelles 
en Oologie. 

Nous ajouterons aux noms des Collecteurs d’OEufs que nous 
avons cités ceux de MM. Serveau, de Paris; Cabot, de Boston; 
et Trudeau, de New-Yorck, avec lesquels nous avons fait de 
nombreux échanges à la même époque; nous avons même dû, 
dans le temps, au premier de ces Oologues, le nid d’un Oiseau 
des États-Unis, dont nous avons oublié l'Espèce, au fond duquel 


NOTES ET OBSERVATIONS. 491 
était placé perpendiculairement l'OEuf qu'un Holothrus y avait 
furtivement déposé, à l'instar de notre Coucou. 


Page 56. — À la suite du paragraphe relatif à l’'Ouvrage de 
M. Baedeker, et aux descriptions Oologiques récentes de 
M. Moquin-Tandon , ajouter : 


\ 


Le vœu que nous exprimions , à cette époque de l'Impression 
de notre Travail (Avril 4859), semble devoir être bientôt 
rempli. Nous recevons en effet (13 Décembre 14859), le onzième 
numéro de la Revue et Magasin de Zoologie, dans lequêl nous 
voyons annoncer, avec plaisir, que , suspendant le cours de ses 
descriptions d’OEufs, « l'honorable membre de l’Institut se 
» propose de passer en revue tous les points fondamentaux de 
» lOologie Ornithologique. » Ce but étant exactement le même 
que celui de notre Ouvrage, nous arriverons, nous l’espérons, 
à temps pour lui fournir tous les sujets d’une discussion dési- 
rable qu’il commence dans cette même Livraison, discussion qui 
ne pourra, en définitive, que tourner au profit de la Science 
dont nous inaugurons , avec les bases et les principes , toutes les 
inductions que l’Étude sérieuse de l'Histoire Naturelle en doit 
retirer. 

Nous n'avons donc pas trop présumé de nos forces : et nous 
nous rappelons plus vivement encore ce que le Savant Profes- 
seur de Botanique nous écrivait à ce sujet en 4843, et dans des 
termes beaucoup trop flatteurs : « Je vous engage de toutes mes 
» forces, nous disait-il, à persévérer dans le plan que vous vous 
» êtes tracé. Vous sEuL pouvez publier une Oologie universelle. 
» Je crois cependant que vous ferez bien d'attendre encore. Vous 
» n'avez et ne pouvez avoir de rival, et plus vous attendrez, 
» plus votre Collection s'augmentera. Personne, dans ce mo- 
» ment, au Jardin-des-Plantes , ne s'occupe de cette partie de 


192 NOTES ET OBSERVATIONS. 


» l'Ornithologie. Vous êtes donc, à Paris, le maitre et le maître 
» absolu. C’est une excellente raison pour attendre. » 

On voit que nous avons largement usé et de la sagesse de 
l'affectueux conseil, et du bénéfice du temps. Nous espérons 
bien n’avoir pas à nous en repentir. 


Méme page. — Après la Note ou Renvoi, ajouter : 


Nous venons enfin de recevoir (Septembre 4859) la première 
partie de l’Oologie de l'Amérique du Nord, depuis si longtemps 
annoncée, puisqu'elle devait paraître dès le mois de Mars dernier, 
et nous sommes heureux d’être des premiers à l’annoncer au 
Monde Savant de notre Europe. Comme figures et comme exé- 
cution, c’est, nous ne craignons pas de le dire, le type de la 
perfection en ce genre : l’aspect de l'OEuf, si délicat et si difficile 
à rendre pour la multiplicité des formes et des tons de ses macu- 
latures, a été reproduit avec un rare bonheur, et désormais on 
ne peut mieux faire, si même il est donné de réussir aussi bien. 
11 semblait qu'après les deux dernières publications de Thiene- 
mann et de M. Baedeker la représentation des OEufs ne pouvait 
plus faire des progrès, quand le beau travail de M. Brewer vient 
victorieusement démontrer le contraire. Quoiqu'il en soit, on ne 
s'était généralement occupé jusque-là, on l’a vu, que des OEufs 
des Oiseaux d'Europe; qui, des provinces Danubiennes ou fta- 
liennes; qui, des Mers Polaires Arctiques ; qui, d'Angleterre ; qui, 
d'Allemagne ; qui, de France. Si c'était beaucoup comme œuvre 
ou comme entreprise, c'était bien peu pour l'étude et les pro- 
grès de la Science Oologique, manquant ainsi des éléments de 
comparaison indispensables avec les OEufs des Oiseaux des 
autres parties du Monde, qui renferment les types les plus 
curieux et les plus instructifs sous ce rapport; et nous sou- 
pirions, depuis longtemps, après la publication d'Ouvrages 


NÔTES ET OBSERVATIONS. 493 
semblables, pour chacune de ces autres contrées. M. Brewer 
vient remplir en partie cette lacune , et mettre sous les yeux des 
Oologistes, avec la réalité et le caractère de la nature, une 
portion importante des éléments dont nous parlons, en ce 
qui concerne l'Amérique Septentrionale. C'est un grand pas de 
fait; et, comme nous l'avons déjà dit, une Ere nouvelle s’ouvre 
pour lOologie Ornithologique, qui ne peut manquer, à une 
époque prochaine, de prendre rang comme une des branches si 
nombreuses des Sciences Naturelles ; c’est donc le moment d'en 
asseoir les principes et d’en formuler les Lois, ce que nous 
essayons de faire. 

Tout en adressant nos compliments et nos félicitations à 
M. Brewer sur ce beau succès, nous serions injuste, nous 
dirions même ingrat, si nous ne faisions remonter plus haut le 
juste témoignage de notre satisfaction et de notre reconnaissance 
au nom des Savants Naturalistes. Les grandes fortunes si intelli- 
gemment acquises par les Anglo-Américains, loin de leur monter 
à la tête, comme il arrive si souvent en Europe, leur montent 
simplement au cœur; et, loin de fermer leur intelligence aux 
rayons de la Science, leur inspirent la noble et féconde pensée 
de la faire progresser. IL en résulte que l’on voit fréquemment 
chez eux, de simples particuliers en agir, par leurs bienfaits 
pour elle , avec la même grandeur et la même largesse qu’autre- 
fois un Médicis ou un François Ier, pour les Arts. C’est un de 
ces exemples qu'a donné, de nos jours, au Monde Savant, 
M. le Dr T. B. Wilson, si activement et si utilement aidé par 
son frère, M. Edward Wilson, de Liverpool, par sa fondation 
et sa création toutes patriotiques du splendide Musée de Phila- 
delphie, dont il a fourni les fonds, et dont il poursuit encore 
l'entretien et les agrandissements de toutes sortes. C’est un 
exemple semblable qu'a donné, en 1846, M. Smithson, en 
fondant, à Washington, l’Institution Scientifique qui a pris son 


194 NOTES ET OBSERVATIONS. 

nom de Smithsonian-Institution. Le but de cette Institution 
est non seulement de concourir à la publication des OEuvres 
jugées véritablement utiles à la Science par un Comité spécial ; 
mais encore de fournir gratuitement les fonds de ces Publica- 
tions, comme chez nous, le Gouvernement. Les encouragements 
de cette Société s'étendent même plus loin. Dans sa sollicitude, 
elle n'hésite pas, de son propre mouvement, à adresser aux 
travailleurs sérieux, sans qu'ils aient jamais songé à en former 
la demande, mais dont elle a reconnu les services réels rendus 
à l'Histoire Naturelle, la longue série de ses Mémoires, de ses 
Publications et de ses Travaux en tous genres; que ces humbles 
et modestes travailleurs résident en Amérique , ou qu’ils résident 
en Europe. C’est ainsi qu’un de nos grands amis, J. Verreaux, 
dont le nom est inséparable de la Zoologie, et plus spécialement 
de l'Ornithologie , surtout de l'Afrique , à son grand étonnement 
et à sa joie la plus vive, a reçu récemment, à raison de son 
nom et de ses services, toute une cargaison, délicatement 
affranchie, de grands et de gros Volumes in-4°, au nombre de 
près de quinze , que lui adressait spontanément et gracieusement 
la Société Smithsonienne, en l’assurant de la continuation suc- 
cessive de son offrande. Nous citons ce fait, parce qu'il donne la 
mesure et de la haute portée de l’action tutélaire de cette 
Institution sur l’avenir de la Science, et de la valeur réelle de 
l'homme auquel s'adresse un pareil hommage venu de si loin; 
alors que les Savants de son propre Pays, nous rougissons de 
le dire, semblent prendre à tâche de le faire oublier et de 
l'éloigner de tout ce qui pourrait lui valoir les honneurs ou les 
avantages d’une publicité quelconque. Qu'en dehors de la France 
en effet, l'on consulte les vrais Savants, notamment de l’Europe, 
et l’on verra avec quelle unanimité d’éloges ils proclameront le 
mérite et le savoir de ce Voyageur Naturaliste. Honneur donc à 
l'Amérique, au Pays qui produit de pareils hommes et de telles 


NOTES ET OBSERVATIONS. 495 


institutions! C’est un exemple que nous désirons, beaucoup plus 
que nous ne l'espérons, voir se répandre en France. 

Nous ne ferons qu’un reproche à l’Oologie de M. Brewer, c’est 
d’être un peu coûteuse pour un grand nombre de bourses : 
43 francs, en France, la première Partie composée de cinq 
Planches représentant l’OEuf d’une cinquantaine d’Espèces 
d'Oiseaux, en 74 Figures ou variétés (Rapaces et Fissirostres)! 
Les descriptions sont minutieusement faites, et aucune des 
variétés rencontrées n’est oubliée. La source de chaque exem- 
plaire figuré est indiquée avec soin; parfois l’Auteur consulte et 
fait intervenir avec fruit les richesses que renferme en ce genre 
la belle Collection Oologique de Philadelphie, dont la nôtre a 
fait jusqu’à présent la plus grande partie des frais. Sans en 
former l'objet de la moindre récrimination au savant M. Brewer, 
nous regrettons qu'il n'ait pas trouvé occasion de citer quelques- 
uns de nos exemplaires qui s'y trouvent, entre autres pour 
le Cathartes Aura, ne fûüt-ce que comme localité, car il nous 
venait du Voyage de d'Orbigny dans l’Amérique du Sud. Mais 
ceci n'est qu'un détail, et son Ouvrage commençant à peine, 
M. Brewer à tout le temps de faire à notre observation la part qui 
lui paraîtra convenable dans la suite. Il n’en a pas moins eu une 
excellente idée en teintant le fond de son papier, pour mieux 
faire valoir la forme et le relief de ses OEufs ; c’est un exemple 
qui ne peut manquer d’être suivi par d’autres Iconographes à 
l'avenir. 

Une dernière observation : on sait les difficultés que l’on 
éprouve dans l'étude des Sciences à fixer et saisir les dates 
bibliographiques des Ouvrages que l’on consulte ou que l’on 
veut consulter. On sait aussi les contestations que font naître 
entre Auteurs les questions de priorité. Le premier soin de celui 
qui publie un travail sur un sujet quelconque doit donc consister 
à enlever toute raison d’être et à ces difficultés et à ces contes- 


496 NOTES ET OBSERVATIONS. 


tations. C'est un reproche qui a déjà été fait, en France et en 
Allemagne, au mode de publication des Bulletins de la Société 
Zoologique de Londres, qui ne paraissent que longtemps après 
les communications orales qui en font l’objet et la matière. Le 
reproche devient plus grave et plus sérieux pour l’Oologie de 
l'Amérique du Nord. En effet, M. Brewer annonce bien que son 
Ouvrage a été accepté à publication par la Société Smithsonienne 
à la date de Février 4856. Mais pourquoi donner sur le titre, 
comme date de la réalisation de cette publication, l’année 1857, 
alors que la première Partie n’a fait que paraître en Septembre 
1859, c’est-à-dire à deux années de distance; après avoir été 
anaoncée par les divers organes des presses Américaine et 
Anglaise, entre autres dans l’Zbis de Sclater, en Janvier 1859, 
pour le mois de Mars suivant, en Avril pour le mois de Mai et 
en Juillet enfin pour le mois de Septembre qui vient de s’écouler, 
date réelle et seule vraie de son impression et de sa publication ? 
Il y a au moins nécessité d’une note rectificative à ajouter dans 
sa prochaine Livraison, pour détruire toute cause d'erreur et 
rétablir la vérité dés faits. [l n’y aurait pas de raison, si l’on 
persévérait dans cette voie essentiellement vicieuse, pour que 
nous ne fussions pas autorisé à dater le Traité d'Oologie, que 
nous sommes en train de publier, de 4857, au lieu de 4859, 
époque que nous espérons bien ne pas voir dépasser de beau- 
coup (). 


Page 63. — À la suite du paragraphe relatif à l'OEuf des 
Spheniscidæ , ajouter : | 


Et aussi à la Forme Ovoïconique très-obtuse. 


# 


(1) Voir Revue et Magasin de Zoologie. Octobre 1859. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 497 
Page 6%. — À la suite du paragraphe des Trochilidæ , ajouter : 


Et parfois, dans plusieurs Groupes, la Forme Cylindrique. 


Page 66. — Après les Impennes, qui terminent le Tableau, 
ajouter : 


(Exceptionnellement Ovoiconique ). 


Page TA. — À la phrase des Spheniscidæ ajouter : 


En mettant de côté la Forme exceptionnellement Ovoïconique. 


Page 102. — Ajouter : 
Si l’on veut une spécification ou dénomination Latine pour 
chacune des Monstruosités dont nous venons de parler, on la 
trouvera dans la liste que nous en donnons ici : 


410 Ovum pyriforme ; 
20 O — plicatum ; 
30 O — sinuatum ; 
40 © — stigmatum, ou stigmosum ; 
50 O — constrictum ; 
60 O — cornutum, ou arcuatum ; 
10 O — pediculatum ; 
80 O — prœgnatum ; 
90 O — centeninum ; 
400 O — in Ovo ; 
110 O — geminatum ; 
412% O — bitestaceum ; 
4130 O — granulatum ; NA Tr D ne) 
140 O — serpentarium. 
33 


498 NOTES ET OBSERVATIONS. 
Page 1M 1e Ajouter : 

Il en est de même de tous les Ptiloptères ou Sphéniscidés qui 
couvent accroupis : seulement comme ils couvent presque tou- 
jours dans des trous, ou à l'entrée des terriers, leur croupion, 
forcément relevé, laisse toujours apercevoir, pendant l'acte de 
l'incubation, la moitié de leur OEuf, en dehors du nid. , 


Page 157. — Ajouter à la fin du paragraphe 2 : 


Un fait qui a quelque analogie, quoique éloignée, avec celui 
relatif à l’OEuf de Vanneau dont nous venons de parler, est 
celui-ci : 

En ouvrant, ce printemps (1859), le corps d’une femelle 
d’Epervier commun, Accipiter nisus, M. Dubois-Normand, habile 
Préparateur de Nogent-le-Rotrou, y a trouvé, tout prêt à sortir 
du cloaque , un OEuf parfaitement formé, à Coquille aussi ferme 
que si elle s'était durcie au contact de l’air extérieur, d’un Blanc 
légèrement azuré, comme le Test, chez tous les Rapaces Diurnes, 
mais entièrement dépourvu de taches. Ce qui prouve qu'il était 
arrivé à son complet développement, c’est que nous avons extrait 
de cet OEuf toutes les parties liquides organiques constituantes , 
telles que AZbumen, Vitellus et Chalazes, etc. Il ne s’y est pour- 
tant retrouvé, comme dans l’OBuf de Vanneau, aucun des principes 
colorants des taches propres aux OEufs d’Epervier. C'était une 
vieille femelle. 


Page 179. — À la fin du paragraphe 5, ajouter : 


À l'appui de l’opinion que nous venons de formuler, et dont 
nous avons développé les motifs sur la Coloration de l'OŒEuf des 
Oiseaux, nous ajouterons pour conelusions l'opinion d’un de nos 
amis, du Docteur Cornay, de Rochefort, l’ingénieux Créateur de 


NOTES ET OBSERVATIONS. 4 499 
l'ADÉNISATION (1), qu’il nous adresse (2), dans une note, en ces 
termes : 

« Que dire de là Coloration des OEufs des Oiseaux? Quelle en 
est la cause? Faut-il admettre, comme un Célèbre Personnage, 
que ces Êtres intelligents s’en vont chercher quelque part, le 
long des haies, dans les coins obscurs, quelques matières, pour 
les peindre, les pointiller, les tacheter, les Aiéroglyphiser ? les 
condamnant à l'odeur insupportable de ce travail, eux si sensibles 
à la pureté de l'air. Il faut avouer que ces Êtres, si partagés par 
la nature de leurs formes élégantes, de leurs voix mélodieuses , 
de leurs brillantes couleurs, auraient reçu là une bien pénible 
besogne après la joyeuse mission de la tendresse et de l'amour. 

» Non, la coloration des OEufs ne vient pas de l'extérieur ; elle 
est interne, et le bec des Oiseaux n’a point besoin de se salir. 
L'OEuf, dont la Coquille est complexe, est imprégné, dans sa 
partie calcaire, de sucs tinctoriaux alcalins, différents, suivant 
la nourriture des espèces, provenant de la sécrétion de la mu- 
queuse de l'Oviducte : la Coquille imprégnée, reçoit, dans le 
cloaque l’action des acides de l'urine, et la Coloration se pro- 
duit (3). TITRES 

» Quant aux taches irrégulières, souvent des résidus de ma- 
tières colorées qui se trouvent, dans es excréments, agissant par 
places, les fournissent. 

» Le mystère de la Coloration des OEufs se trouve donc dans 
l'action chimique, et la difficulté de l'analyse des différentes Cou- 


(1) Principes d'Adénisalion, ou Traité de l'Ablation des glandes Nido- 
riennes. 1859. 


(2) Novembre 1859. 3 
(3) Le Docteur Cornay se rencontre ici, de la manière la plus heureuse , 


avec Naumann et Buhle, puisqu'il ne connaît probablement pas leur travail 
sur les Œufs des Oiseaux d'Allemagne, etc. 1818. 


D00 : NOTES ET OBSERVATIONS. 


leurs des OEufs, dans l’enduit muqueux peu soluble qui l'unit à 
la Coquille. 

» Ainsi, les Oiseaux ne sont point des peintres; mais d’élé- 
gants architectes qui embellissent nos vergers, et chez lesquels la 
Nature opère en secret dans l’'Oogénèse. » 

On le voit : si le Docteur Cornay diffère quelque peu avec nous, 
dans les détails de sa Théorie, il y a accord parfait sur le principe. 


Page 207. — À la suite des Rapaces Diurnes, ajouter : 


Nous eroyons pouvoir compléter ces brèves remarques par les 
suivantes : 

L'OEuf des Cathartes et celui du Neophron offrent, sinon un 
ensemble de Caractères, du moins un rapport de Forme qui n’est 
pas sans valeur, et qui semblerait devoir réunir les deux Genres en 
un seul, ainsi que l’avait fait Temminck, en les rapprochant de 
très-près l’un de l’autre. Car rien ne paraît autoriser la séparation 
qu’en a opérée le Prince Ch. Bonaparte, en mettant entre eux les 
deux Genres Gyps et Vultur; si ce n’est le besoin, dans cet ordre 
* d'idées, d’un lien de transition de ceux-ci au Gypaëte. 

Mais, l’OEuf du Gypaëte est lui-même un véritable OEuf de 
Vautour ; et. s’il ne peut être séparé de celui de ce dernier, l’OEuf 
du Neophron, ou Percnoptère, ne saurait être éloigné de celui des 
Cathartes, dont il tend toujours à se rapprocher. Ainsi, malgré la 
Forme Ovalaire du plus grand nombre des variétés de l’OEuf du 
Neophron (et nous en possédons onze Exemplaires), on retrouve 
fréquemment la Forme Ovée allongée, propre à celui des Cathartes, 
si exceptionnelle dans l'Ordre entier des Rapaces, et si remarquable 
chez les Espèces de ce Genre exclusivement Américain. Et nous 
n'hésitons pas à regarder cette dernière Forme comme celle nor- 
male de l’OEuf du Neophron. l 

Ce rapprochement. si naturel Oologiquement parlant, est au 


NOTES ET OBSERVATIONS. 304 
surplus nettement indiqué par l'étude comparative du Sternum de 
ces deux Rapaces; c’est ce que fait encore mieux ressortir l’excel- 
lent travail sur le Sternum des Vulturidés publié par M. Eyton, 
dans les Contributions Ornithologiques de Jardine , en Décembre 
1849. 

Ici l’Oologie marche donc d'accord avec l’Ostéologie. 

Aussi comprenons-nous la composition de la Famille des Vultu-- 
rinæ dans l'Ordre que voici : 

Gyps ; 
Vullur; 
Gypaëtos ; 
Cathartes ; 
Neophron ; 
et Sarcoramphus. 

Ce qui fait singulièrement coïncider nos idées, résultant de nos 
observations, avec celles du savant Anatomiste Anglais. 

Nous ne quitterons pas cette Famille sans dire que nous avons 
éprouvé un premier moment de vive satisfaction, en apprenant 
que l’on venait de découvrir l’OEuf du Cathartes Californicus. 
Mais ce sentiment a été de courte durée, lorsque nous avons vu la 
description donnée de cet OEuf, que l’on représente comme de 
Forme Elliptique, à Coquille Blanche, revétue d'une légère 
couche calcaire à la manière de l'OEuf des Pélicans. 

La Forme et la Couleur n’ont rien en effet qui nous surprenne. 
Toutefois nous avons peine à admettre la couche crétacée ou ceal- 
caire, qui serait le premier exemple de ce genre dans tout l'Ordre 
_des Rapaces. d 

Nous craignons fort qu'il n’y ait eu erreur de la part de 
M. Taylor, de Monterey; et, jusqu’à preuve contraire, nous doutons 
de l'authenticité de cet OEuf. N’a-t-on pas plus d’un exemple de 
nids, ou plutôt d’aires de Pélicans, comme de Cormorans, établis 
sur des arbres? 


02 NOTES ET OBSERVATIONS. 

Les Espèces appartenant réellement au Genre Pandion, Balbu- 
zard , ont toutes un caractère Oologique commun : qu’elles soient 
d'Europe ou qu'elles soient d'Amérique, leur OEuf se distinguera 
constamment par le beau ton violacé ou pourpré de Brun qui en 
décore la Coquille. Cette identification est frappante dans les deux 
Espèces d'Europe et de l'Amérique Septentrionale. 

C’est dans cette communauté et cette persistance de Caractères 
Oologiques surtout, que perce le plus l'insuffisance des éléments 
de spécification, et que se trahit, ou peut s’étudier le mieux, la 
communauté de source ou d’origine de Stirps enfin. 

Il en est de même des vrais Eperviers, dont l’OEuf se rapproche 
toujours, et conserve le type de l’Espèce Européenne, Accipiter 
nisus, qu'il provienne d’'Espèces Américaines, telles que les Ac. 
nisus, Cooperi, etce., ou d’Espèces Africaines, comme Ac. bracky- 
dactylus, que nous avons reçu de Bissao. Et l’on peut affirmer que 
jamais il ne se trouvera d’OEuf d'Épervier avec l'aspect uniforme 
Brun-Rougeätre des Falconinæ ; ou ce ne serait plus, bien certai- 
nement, un Épervier. 


Page 230. — A la suite de la description de lOEuf des Crotopha- 
ginés, ou Anis, ajouter : 


Ce qui prouve, à part sa destination, que la couche crayeuse 
qui recouvre entièrement, parfois, et le plus souvent même, 
l'OEuf des Anis, est tout-à-fait indépendante de la formation de 
son test calcaire, c'est que, d’abord, cette matière, qui s’enlève 
facilement, n'existe pas sur tous les (EKufs d’une même couvée, et 
ne revêt pas toujours uniformément la Coquille ; c’est, ensuite, 
qu’en examinant cette matière attentivement, on aperçoit fort bien 
qu’elle ne procède pas, comme celle du test, par voie de cristalli- 
sation ou de dépôt successif, mais par voie d'épanchement en 
masse, comme chez les Pélicans et les Grèbes : ce que démontre 


NOTES ET OBSERVATIONS. 203 


l'aspect des portions de cette matière qui ne recouvrent sa Coquille 
que partiellement et en forme de réseau. 


Page 231. — A la suite du paragraphe des Crotophaginés, 
ajouter : 

C'est à l’occasion de ce changement de Système du Prince, 
que nous disions, dans les Oiseaux de l’Amérique du Sud 
(Expédition Castelnau) 4856, et que nous répéterons encore : 

« Ce retour à résipiscence, cette réhabilitation tardive de la 
Science, sont une preuve de plus du danger des partis-pris, et 
surtout de l'insuffisance du rapport ou de l’analogie des Carac- 
tères extérieurs en matière de Classification Méthodique. 

« Ce système de cabinet a, Dieu merci, dit son dernier mot, 
et, de valeur de premier ordre, est descendu avec justice au 
rang de simple auxiliaire dans les éléments de toute bonne 
Méthode ratiounelle. 

» On ne pourra jamais comprendre qu’à cause d’une forme 
différente de bec, et d’une coloration dissemblable, on ait pu 
éloigner si longtemps l’un de l’autre le Guira et l’Ani, alors que 
ces Oiseaux ont les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, la 
même manière de vivre et, par-dessus tout, une analogie com- 
plète dans la Forme, la Couleur et la contexture de la Coquille 
de leurs OEufs ; et que ce mauvais vouloir ait persévéré un demi- 
siècle , après les observations si précises de d’Azara (1). » 


Page 256. — A la suite du paragraphe relatif à la nourriture du 
Rupicole , ajouter : 


Nous avons complété ces détails de mœurs, en 4856, d’après. 
les notes de MM. de Castelnau et Deville, par les suivants : 


(1) Pages 24 et 25. 


D04 | NOTES ET OBSERVATIONS. 


« Le Coq de Roche du Pérou, dit le premier de ces Voyageurs, 
ne vit que dans les rochers et les endroits les plus inaccessibles ; 
il parait être assez commun dans toutes les vallées qui s'étendent 
au Nord et à l'Est de Cuzco, et il se retrouve dans les Yungas de 
la Paz (1). Le jeune mâle et la femelle ont une livrée brune. 
Ayant acquis la certitude que ce bel Oiseau existait dans les en- 
virons, MM. d'Ozcry et Deville firent plusieurs excursions assez 
pénibles vers les lieux écartés qu’ils habitent ordinairement, et 
ils finirent par nous en procurer d'assez nombreux échantillons. 
On donne, dans ces vallées, à ce Coq de Roche le nom de 
Tunqui. Il se tient sur les arbres élevés et surtout sur diverses 
espèces de Cinchona, dont les fruits forment en grande partie 
sa nourriture; il reste immobile pendant la plus grande chaleur 
du jour, mais il vole avec rapidité vers le soir et le matin de 
bonne heure; son cri est éclatant et rauque, ce qui est fréquent 
chez les Oiseaux ornés d’un plumage magnifique (?). 

» À la Barra, je m'en procurai un vivant. C'était un jeune 
mâle entièrement brun, et n'ayant de jaune qu’à la base du bec; 
il avait déjà un commencement de crête et devait prendre sous 
peu cette magnifique livrée Orange dont il se revêt à la fin de 
la première année, et qui fait de cet Oiseau un des plus beaux 
objets de la Création. 

» Il aime beaucoup l’eau pure; il est nécessaire de lui chan- 
ger la sienne plusieurs fois par jour, et sa nourriture doit être 
variée; il aime les Bananes, le pain, le sucre, etc. Ses mouve- 
ments sont vifs, et il attaque les animaux qui s’approchent de 
lui ; il pousse un cri assez fort, et reste constamment perché (3). 

» On sait enfin, par M. Schonburgck, que les Rupicoles à 


(3) Nouvelle exception à la Loi de distribution Géographique, pour les 
deux versants des Cordillères. 

(2) Histor. du Voy., T. IV. 

(2) Id. MAY: 


NOTES ET OBSERVATIONS. 205 
certaines heurés du jour, vers le coucher du soleil, se réunissent 
et exécutent ensemble certaines évolutions que l'on ne peut 
mieux comparer qu'à des espèces de danses, dans le genre de 
ce que l’on voit faire aux Grues; habitudes que les Rupicoles 
ont dé communes avec les Manakins, notamment le Tijé (1). » 


Page 262/— À la suite de la description de l’OEuf des Hirundi- 
ninæ , ou Hirondelles, ajouter : 


Il résulte de cette distinction Oologique, chez cette Famille des 
Hirundinine, qu’elle pourrait, avec quelque avantage, être élevée 
au rang de Tribu. C’est ce qui nous fait de suite aborder la réso- 
lution d’en modifier la composition première. 

Ainsi donc nous scindons en deux la Tribu même des Hirundi- 
nidés, dont la première reprendra le rang et le nom de Cypselideæ, 
tels que les lui a imposés le Prince Ch. Bonaparte, se composant 
d’une seule et unique Famille. 

Quant à la Tribu des Hirundinidés, demeurée exclusivement 
propre aux Hirondelles, nous la subdiviserons en deux Familles : 
la première composée des Genres dont l’OEuf a la Coquille d’un 
Blanc pur et sans taches, sous le nom de CAelidonime, du prin- 
cipal de ces Genres, que nous mettons en tête; et la seconde, 
sous le nom de Hirundininæ, qui vient ensuite. 


L 
Page 281. — A la suite des Certhiidés , ajouter : 

Nous n'avons fait figurer le Genre Tichodroma, dans la Famille 
des Certhiinés, que pour obéir au courant des Méthodes. Pour 
nous, en effet, ce Genre, par son OEuf, ne saurait figurer parmi 
les autres Genres de cette Famille, et devrait constituer lui-même 


(1) Oiseaux de l'Am. du Sud. Expéd. de Castelnau, p. 35 et 36. 


506 NOTES ET OBSERVATIONS. 

le type d’une Famille à part, dans la même Tribu des Certhiidæ. 
C’est ce que nous nous décidons à faire dès aujourd’hui, en don- 
nant à cette Famille nouvelle le nom de Tichodromadinæ. 


Page 284. — À la suite du Chapitre sur les Furnaridés, ajouter: 


. Tout en signalant, au reste, cette apparente similitude de 
nidification entre les Fourniers et les Cincles, nous ne nous 
dissimulons pas que quelques différences de mœurs existent 
entre eux, notamment pour la ponte en commun, à laquelle les 
premiers de ces Oiseaux procèdent parfois, si ce n’est toujours, 
ainsi que cela s’observe chez les Anis ou Crotophagidés. 

C'est à l’occasion de cette remarque que le Docteur Lherminier 
nous écrivait en 4846 : 

« L’OEuf de l’Ani vous a fourni le sujet d’une excellente dis- 
» sertation sur les conditions de la surface et de la densité de la 
» Coquille de l'OEuf dans ses rapports avec la réflexion et 
» l'absorption du Calorique. Mais cet Oiseau, qui n’est pour 
» moi qu’un Genre de la Famille des Cuculidés, à deux échan- 
» crures au bord postérieur du sternum, est-il le seul qui, 
» nichant en commun et en plein air, présente ce revêtement 
» crétacé de la Coquille parmi les Oiseaux Terrestres ? Et ne vous 
» fait-il pas vivement désirer la possession de l’CEuf du Fournier, 
» qui se trouve dans des conditions toutes différentes et opposées 
» d’incubation, puisqu'il pond, il est vrai, en commun, je 
» crois, mais dans un nid Couvert et parfaitement défendu 
» contre les circonstances extérieures? » (1) 

La description qui précède fait voir l'énorme différence qui 
existe entre l'OEuf de l’Ani et celui du Fournier. Il n'en est pas 


(1) Lettre de la Pointe-à-Piître (Guadeloupe), 25 août 1846, et Rev. et 
Magas. de Zool , Juillet 1849. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 007 
moins intéressant de constater chez l'OEuf de ce dernier l'absence 
de tout poli ou de tout pouvoir réfléchissant dans la contexture 
extérieure de sa Coquille. 4 


Page 290. — A la suite du paragraphe relatif au Ménure, 
ajouter : 


Nous avouerons que si nous laissons le Ménure dans cette 
Tribu des Formicaridés, c’est moins par conviction que pour 
obéir à l'habitude et surtout par déférence pour l'opinion 
de J. Verreaux : car nos tendances nous porteraient plutôt à 
l'enlever aux Passereaux, pour l’implanter dans les Gralles, et, 
parmi ceux-ci, dans notre Sous-Ordre des Alectorides. La lon- 
gueur des ongles de cet Oiseau, le caractère de ses tarses, la nudité 
même de la région périophthalmique semblent ne pas devoir l’en 
éloigner beaucoup; et, pour en revenir à son OEuf, que nous 
n'avons pas encore assez intimement étudié, peut-être, à la ri- 
gueur, ses caractères seraient-ils d'accord avec cette manière de 
voir, sauf la question du rang à lui assigner. 


Page 298. — Après la description de l’OEuf des Sylviparidés, 
ajouter : 

Le Genre Bombycilla nous paraît beaucoup plus se rapprocher 
par ses Caractères Oologiques, de la Tribu des Tanagridés que de 
celle des Sylviparidæ, dans laquelle nous l’avons placé. Et nous 
n’hésitons pas, après de minutieuses études comparatives, à le 
retirer de cette dernière pour le transporter, comme type d’une 
quatrième Famille, dans les premiers, sous le nom de Bombycil- 
linæ, prenant rang après les Phytotominæ, que nous y introdui- 
sons également. 

Peut-être les principes de Zoologie Géographique, sans en avoir 
aucunement à souffrir, pourront-ils s’en croire quelque peu lésés, 


508 NOTES ET OBSERVATIONS. 


puisque la conséquence de ce changement serait d'introduire dans 
la grande coupe des Tanagridés, considérée jusqu’à ce jour comme 
exclusivement Américaine, un Genre renfermant une Espèce de 
l'Ancien Continent (Europe et Asie Orientale, Japon). Mais la 
compensation à cette exception se trouve dans la présence en 
Amérique d’une des trois Espèces connues, le Bombycilla Caroli- 
nensis. Les principes dont nous parlons n'auront donc pas plus à 
souffrir de cette transposition que de celle qu'a faite le Prince 
Ch. Bonaparte, en plaçant ce Genre dans sa Famille cosmopolite 
des Ampelidæ, et surtout dans sa Sous-Famille aussi exclusivement 
Américaine de ses Ampelinæ. 


Page 300. — A la suite des Parinés, ajouter : 


Nous avons oublié de dire que c'était avec lamême réserve que 
nous maintenions dans nos Parinæ, proprement dits, le Genre si 
remarquable, Ornithologiquement parlant, Panurus, créé par 
Koch pour la jolie Mésange à moustaches, dont l'OBuf est tout 
autant exceptionnel parmi ceux de ses congénères. 

Aussi nos réflexions nous amènent-elles à ajouter à nos Paridæ 
une troisième Famille, retirant des Parinæ ce dernier Genre, dont 
nous en faisons le type sous le nom de Panurinæ, qui devra 
prendre rang avant les vraies Mésanges. 


Li 


Page 344. — À la suite de l'Article sur le Céphaloptère, ajouter : 


Les réflexions sévères que nous attire, de la part de l'Jbis du 
mois d'Octobre 1859, notre Article, assez incorrect du reste sur 
l'assimilation des deux Céphaloptères, inséré dans la Revue de 
Zoologie du mois de Mai précédent, qui n’était qu'un extrait ou 
souvenir de celui ci-dessus, nous obligent à joindre à ce dernier 
les observations suivantes : 


NOTES ET OBSERVATIONS. 509 


Nous ajouterons donc, quant aux Lois de Distribution Géo- 


graphique, qui, selon quelques Zoologistes, n’admettraient pas 


de migration d'Espèces d’un versant à l’autre des Cordillères; 
que nous avons eu depuis longtemps occasion d’y signaler plus 
d'une exception. 


Ainsi, une semblable assimilation d'Espèces s’étant présentée, 


dans nos études et sous notre plume, à l’occasion des Capito 
Peruvianus, Erythrocephalus, Cayanensis et Amazonicus, 
nous disions déjà, dans la Revue de Zoologie d'avril 4849 : 


« La question de Distribution Géographique ne saurait , ce 
nous semble, étre un obstacle ou un argument à cette propo- 
silion. 

» En effet, nous avons. fait voir que la variété de Levail- 
lant, attribuée par lui au Capito erythrocephalus, n'est autre 
que le C. Peruvianus. Or, les quatre individus de cette variété 
envoyés à l’illustre Voyageur lui sont venus de la Guyane. En 
outre, les individus de notre Espèce intermédiaire ont été re- 
cueillis par Deville, dans l’Expédition de M. de Castelnau, à 
Santa-Maria et Ega, villages sur les rives droite et gauche du 
Haut-Amazone, c’est-à-dire, dans un endroit intermédiaire, 
entre la Guyane, le Pérou et le Brésil. 

» Enfin, les individus de l’espèce connue sous le nom de 
C. Peruvianus, proviennent tous du Pérou et du Chili; d’où 
il faudra conclure que l’une et l’autre Espèces existent indis- 
tinctement et au Pérou et à la Guyane, et même dans une 
région intermédiaire. 

» Dès lors aussi tomberait cette règle, ou pour mieux dire, 
ce préjugé reçu en Zoologie, que l'Ornithologie de la 
Guyane est entièrement distincte de celle des Côtes de 
l'Océan Pacifique, et par conséquent du Pérou. De nom- 
breuses exceptions ont déjà fait brèche à ce principe quelque 
peu erroné; et l'on peut prédire que des exceptions encore 


310 NOTES ET OBSERVATIONS. 

» plus nombreuses viendront avec le temps la réduire à néant, 
» da diffusion spécifique des types xoologiques étant à notre 
» sens, beaucoup plus étendue qu’on ne paraît le croire. » 

Or, l'assimilation que nous avons essayé de faire pour les 
deux Espèces de Géphaloptères est exactement la même : seule- 
ment notre Article incriminé a conclu uniquement au point de 
vue de la question de zône isotherme, que nous constatôns 
être la même en-deçà comme au-delà des Cordillères, sans entrer 
dans l'examen de la question de Distribution Géographique. D’où 
il suit que cet Article, s’il a été jugé ou apprécié d’après sa lettre, 
ne l’a été nullement d’après son esprit. 


Page 315.— A la suite de la description de l'OEuf des Tanagridés, 
ajouter : 

Nous dirons pourtant que le Phytotome, par ses Caractères 
Oologiques, est, pour nous, un véritable Tanagridé, et que nous 
ne saurions le distinguer de cette Tribu, dont nous en faisons, 
aujourd’hui même, le type d’une Famille, sous le nom de PAyto- 
tominæ, prenant rang immédiatement après les Euphoniinés. Nous 
ne voyons d’ailleurs, sous le rapport physiologique de ce Genre, 
rien de plus extraordinaire, dans la denticulation de ses mandi- 
bules, que ce qui s’observe chez plusieurs Espèces d’Euphones, 
que ce caractère exceptionnel n’a cependant pas fait rejeter des 
Tanagridés, avec lesquels elles resteront toujours. 


Page 324. — Au sujet des Garrulinæ, et à la suite, ajouter : 


Les divers petits Groupes que l’on a fait entrer dans la Famille 
des Garrulinæ (Tribu des Garrulidæ du Prince Ch. Bonaparte) 
sembleraient pouvoir se distinguer génériquement les uns des 
autres, mais en d’autres Coupes, sous le rapport Oologique. 


NOTES ET OBSERVATIONS. Di 
Ainsi l’OEuf du Genre Garrulus a son caractère bien distinct 
de celui du Genre Pica; l'OEuf du Cyanocitta s'en distingue 
encore plus par son ton généralement d’un Rouge-Brique car- 
miné , avec des taches nébuleuses de même couleur plus foncées, 
témoin celui du Cyanocitta melanocyanea (Hartlaub) (1). Cet 
OEuf a en outre cela de particulier qu’il rappelle l'aspect de 
l'OEuf des Melliphages. Mais les Perisoreus Canadensis, Cyano- 
garrulus cristatus et Cyanopica cyanea sont de vrais Garruli : 
et rien, dans le caractère de leur OEuf, ne vient appuyer les 
distinctions Génériques que l’on en a faites. 


Page 323. — A la fin des Corvidés, ajouter : 


C'est d’après ces remarques Oologiques, que nous lui avons 
communiquées, que le Prince Ch. Bonaparte s’est décidé (5) à 
faire du Corvus Capensis le type d’un Genre sous le nom de 
Trypanocorax. Les mêmes motifs nous font élever ce même 
Genre au rang d’une Famille, que nous appellerons de son nom 
Trypanocoracinæ ; reliant ainsi les Corvidés à ceux des Garrulinés 
dont l'OEuf tombe dans lés mêmes tons Brun-Rougeûtre ou 
Rosacé. C’est donc une Famille de plus à ajouter à la Tribu des 
Corvidés et qui se placera entre les Garrulinæ et les Corvinæ. 


Page 332. — A la fin des Plocéidés, ajouter : 


D'après les distinctions Oologiques que nous venons de cons- 
tater dans les Ploceinæ, il en résulte que les diverses Familles 
qui en composent la Tribu devraient y être groupées de la 
manière suivante, que nous adoptons définitivement dans notre 
Systema : 


(1) The Ibis, 1859, pl. v. 
(2) Notes Ornithologiques sur les Collections Delattre. 1854. 


512 NOTES ET OBSERVATIONS. 

1o Ploceinæ, 

25 Plocepasserin®, 
que nous créons pour grouper le Genre Passer, et qui se com- 
pose des deux Genres Plocepasser et Passer, lesquels se 
confondent presque, par leur OEuf, avec la Famille suivante des 
Viduinæ, notamment avec LOEuf de deux de ses Genres : Pen- 
theria et Steganura ; 

30 Viduinæ, 

40 Estreldinæ. 

Une remarque, qu’il n'est pas indifférent de signaler, c'est 
que, pour la Forme, la Dimension et la Coloration, l’OEuf de 
Pentheria représente exactement celui du Passer domesticus, 
peut-être un peu moins gros, et l’OEuf de Sfeganura celui du 
Passer montanus. 


Page 336. — A la suite de Gallinacci, ajouter : 


PREMIER SOUS-ORDRE, 
GALLIPÈDES. 


(Gallipedes ). 


Page 314. — À la suite des Gallidés, ajouter : 


L’OEuf de la Poule de Cochinchine atteint même assez souvent 
un ton presque Rougeâtre, tant en est foncée la Couleur Nankin. 

Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris possède, sous le nom 
de Poule de Cochinchine, un OEuf de Forme Ovale allongée, un 
peu plus petit, sous cette Forme, que ne le sont d’ordinaire 
ceux de cette Espèce; à Coquille assez mince , uniformément 
teintée de Brun-Rouge, procédant par une espèce de grivelé 
très fin, exactement semblable pour le ton à l’OEuf du Faucon. 


FU 


NOTES ET OBSERVATIONS. 513 


Nous venons de dire : sous le nom de Poule de Cochinchine ; 
parce que à côté, au-dessous de ce nom écrit, il n’est pas impos- 
sible de retrouver la trace d’un autre nom à demi effacé, celui de 
Pintade. Ce qui est certain, c’est que le ton Rougeâtre de cet 
OEuf est celui qui se remarque fréquemment sur l'OEuf de la 
Pintade domestique, lorsqu'il arrive au Rouge-Orange : il n’y à 
d'autre différence que celle de la Forme et de la finesse du test 
dont la ponctulation minuscule des pores donne à l’ensemble de 
sa Coloration l'aspect de grivelure dont nous venons de parler. 

Cet OEuf a été donné par M. Fraser-Walter, en 1855. 


Idem. — A la suite des Phasianidés, ajouter : 


Nous possédons un OEuf de Dindon qui présente, dans sa 
Coquille, une anomalie singulière. Cette Goquille , avec tous les 
caractères, du reste, d’une constitution normale, offre une cris- 
tallisation granulée calcaire à la superficie de chacune des taches 
Ocracées ordinaires qui distinguent l'OEuf de ce Gallinacé; en 
sorte que ces taches, au lieu d’être unies et confondues avec la 
surface du test, se trouvent, par le fait de cette cristallisation, 
secondaire, toutes en relief ; et loin de participer au luisant de 
la Coquille, sont mates, rugueuses comme une râpe et sans 
reflet. On voit enfin que cette matière calcaire est de seconde 
formation , puisqu'elle revêt la même teinte que celle des taches 
ou, pour mieux dire, s'en trouve pénétrée. Ce qui est remar- 
quable, c’est que ces cristaux sont comme micacés, scintillants 
comme du verre. 

C’est le premier exemple que nous ayons encore rencontré de 
ce genre, qui pourrait figurer dans l’énumération que nous avons 
faite des cas de Monstruosité en plus. 


34 


CA 
ES 


NOTES ET OBSERVATIONS. 
Page 345/— A la suite des Pintades, ajouter : 


Un fait tout nouveau semblerait donner raison au rapproche- 
ment intime que nous avons opéré du Paon et de la Pintade, 
tout en les plaçant l’un et l’autre dans deux Groupes différents, 
le Paon, à la fin de notre premier Sous-Ordre des Gallipèdes, 
et la Pintade en tête de notre deuxième Sous-Ordre des Coureurs 
(Ordre des Gallinacés). 


Nous avons été admis récemment (Novembre 1859) par l’af- 
fectueuse obligeance de M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , à voir 
et à examiner la peinture, faite d’après nature et de grandeur 
naturelle, d’un hybride né du croisement d’un Paon et d’une 
Pintade. Ce cas, le premier encore acquis à la Science, s’est 
présenté dans le Jardin Zoologique de Bruxelles, d’où le Savant 
Professeur en a reçu la communication ainsi que le dessin dont 
nous parlons. 


Get hybride, qui paraît presque adulte, est d’un Brun-fauve 
Grisâtre, écaillé et flammêché de Brun foncé ou ferrugineux ; 
la tête, privée de son aigrette, et le cou seul sont d’un noirâtre 
uniforme , et les plumes de ces parties pourraient peut-être , dans 
l'original, offrir quelques traces de reflets plus ou moins métal- 
liques, ce que nous n’osons affirmer : les rectrices fort courtes 
paraissent pendantes et molles. 


Le port de l’Oiseau est bien celui du Paon; mais avec un 
ensemble de formes plus lourdes et plus massives, en un mot 
moins sveltes et moins élégantes ; mais avec une tendance mar- 
quée vers la courbe bombée et la voussure si prononcée, des 
épaules au croupion, chez la Pintade. 

Nous n’entrerons pas, par discrétion, dans plus de détails 
descriptifs à ce sujet, qui doit, nous n’en doutons pas, faire la 
matière d’un Mémoire que le célèbre Membre de l’Institut ( du 
moins l’espérons-nous) ne manquera pas de publier. Et si nous 


x 


NOTES ET OBSERVATIONS. 15 
en parlons dans ces Notes, c’est avec la conviction que cette 
publication précédera de beaucoup celle de notre Livre. 


Mais nous avons trouvé dans ce phénomène une espèce de 
consécration si saisissante et si providentielle, oserions-nous 
dire, de notre Système, que nous n’avons pu résister au désir 
de la mentionner à l’appui. 


En effet, d’une Espèce à une autre dans le même Genre, 
voire même d’un Genre à un autre dans une même Famille, les 
exemples de croisement ne sont pas fort rares; mais ce qui l’est 
beaucoup plus, c’est de voir ce fait se produire d’une Tribu à 
une autre Tribu. 


» Lors donc que les indices Oologiques que nous avons fait 
connaître viennent conclure au rapprochement de la Pintade et 
du Paon d’une manière beaucoup plus immédiate que ne le 
pratiquent la plupart des Méthodes; il est au moins curieux et 
intéressant de. voir la Nature s’empresser de nous fournir la 
preuve de l'existence de ces rapports, à peine entrevus jusque- 
là, et confirmer nos inductions. 


Page 354. — À la suite des Tinamidés, ajouter : 


L'OEuf des Tinamous est la contre-partie, dans les Coureurs- 
Échassiers, par son caractère de poli et de luisant exagéré, de 
ce qu'est celui des Crotophaginés ou Anis parmi les Passereaux, 
par le caractère de la couche sédimenteuse ou crétacée, calcaire, 
qui en recouvre la Coquille. | 


Ce vernis, chez l'OEuf des Tinamous, est le maximum du 
caractère réfléchissant, dans l'Ordre de ces Oiseaux, comme l’est 
celui des Pics et des Martins-Pêcheurs dans le grand Ordre des 
Passereaux. 


516 NOTES ET OBSERVATIONS. 
Page 360. — A la suite des Struthions, ajouter : 


Les mêmes raisons qui nous empêchent de parler des Dinor- 
nithinæ et des Epiornithinæ nous recommandent tout autant de 
nous taire au sujet des Didinæ, dont le Dronte est le type, mais 
qui, pour nous, représente tout autre chose que ce que l’on en 
a fait jusqu'à ce jour. Car malgré les importants travaux et les 
savantes dissertations dont il a été l’objet, notamment de la part 
de MM. Strickland et Mellevilie (1), il ne nous est pas possible 
de n’y point voir tous les caractères d’un Rapace Marcheur. 

On ne fait pas assez attention, en effet, lorsque l’on étudie les 
vénérables débris que le temps nous a laissés de cet Oiseau, que 
la rétraction de la peau, par suite de la dessiccation des chairs et 
des muscles qui la soutenaient, toute forme a, pour ainsi dire, 
disparu. Ainsi, que l’on rétablisse hypothétiquement la courbure 
de la portion supérieure de la cire qui unit le front à la partie 
cornée du bec; que l’on rétablisse, en les remplissant de leurs 
portions charnues, papillaires et graisseuses, les plis de la peau 
encadrant la face, surtout en les retirant un peu en arrière du 
front; que l’on implante ensuite quelques poils et quelques 
plumes raides sur le surplus de la peau garnissant le sommet et 
le derrière de la tête, et non pas, comme on a l’habitude de le 
faire, de petites plumes crêpues soigneusement peignées et 
alignées qui rendent la face difforme et contre nature, et l’on a 
de suite devant soi une véritable tête de Cathartes, avec la man- 
dibule supérieure renflée vers sa courbure et un bec crochu et 
fortement acéré. Du reste, mêmes narines et mêmes régions 
dénudées de la face. L'inspection des pieds, loin de détruire ces 
apparences et ce raisonnement, vient au contraire les confirmer. 
Les doigts ont le même nombre de scutelles que chez le Sarco- 
ramphus et le Cathartes, et le tarse est exactement écussonné 


(1) The Dono and its Kindred. London, 1848. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 517 


comme celui de ces Oiseaux ; les pieds enfin portent des ongles 
mousses ou obtus qui ne sont pas le moins du monde exclusifs 
des autres caractères propres aux Rapaces Marcheurs (Rapaces 
Rasores). 

Ce sentiment pourra paraître paradoxal et suranné, après les 
magnifiques travaux de MM. Strickland et Melleville. Mais, quand 
il n'aurait pour résultat que de remettre de rechef au jour un 
élément, selon nous, trop légèrement rejeté, dans les différents 
contrôles auxquels on a soumis le Didus ; que de Blainville et 
MM. de la Fresnaye, Gray et Owen ont seuls cherché à comparer 
avec l'Ordre des Rapaces, près desquels, avec raison ils le 
rangent, et de le sortir des Columbeæ ou des Struthiones, dans 
lesquels se sont toujours exclusivement, et comme de parti pris, 
” renfermés les Savants qui s’en sont occupés ; que nous nous féli- 
citerions d’avoir émis, pour ce qu’elle vaut, une opinion qui n’a 
contre elle, après tout, que son air d’étrangeté, et le tort de 
venir après , sinon une discussion close, au moins après l'affaire 
jugée; surtout depuis la découverte du Didunculus strigirostris 
qui n'offre avec le Didus que quelques rapports éloignés, et 
encore pour le bec seulement. 

Nous faisons peu de cas, en définitive, des vieux dessins du 
temps. La manière seule dont la forme et les plumes de la queue 
y sont tracées n'’indique-t-elle pas, non seulement une main 
inexpérimentée en face de la nature, mais l’absence de tout 
modèle, et un simple dessin de convention, tel qu’en font les 
enfants et ceux qui en ignorent les premiers éléments ? Car, ne 
connaissant , en fait d'Oiseaux, que nos Cogs et Poules de basses- 
cours, si on leur demande de dessiner un Oiseau, on est certain 
à l'avance, quel que soit le type demandé, Aigle, Perroquet ou 
Passereau, de le voir terminé par ce bouquet de plumes empa- 
nachées, que nous appellerions volontiers Ze Panache classique, 
dans l'enfance de l'Art. 


5418 NOTES ET OBSERVATIONS. 


Nous venons de parler avec intention du Didunculus strigi- 
rostris ; parce que nous ne saurions le considérer comme apparte- 
nant, ni de près ni de loin, à l'Ordre des Columbæ, où le place le 
Prince Ch. Bonaparte, en le faisant précéder, il est vrai, de son 
Ordre des /nepti, composé des Dididæ. Nous n'avons d'hésita- 
tion, quant à nous, pour la place de ce curieux Genre dans la 
Série , qu'entre notre Sous-Ordre des Cursores, dans nos Galli- 
nacés, Tribu des Perdicidæ, et notre Sous-Ordre des Aecto- 
rides, dans nos Grallæ, Tribu des Megapodidæ. Ge qui nous 
rapproche beaucoup plus, par conséquent, du système du 
Docteur Reichenbach que d’aueun autre : sauf la question de 
Classement des Mégapodes qui nous divise profondément tous 
deux. L'OEuf seul de cet Oiseau, lorsqu'on l'aura découvert, 
pourra trancher la question d’une manière irréfragable. Jusque- 
là nous nous abstiendrons de tout jugement. Telle est la cause 
de notre silence sur le Didunculus. 


Page 385.— A la suite de la description du Sternum du Caurale, 
| 
ajouter : 


Nous nous empressons , en terminant cette Notice, de réparer 
une omission involontaire dont nous font un devoir, et notre 
amitié pour le Docteur Lherminier et notre reconnaissance pour 
les nombreuses et importantes communications que nous en 
avons reçues, au sujet des Genres Ornithologiques les plus cu- 
rieux de l'Amérique du Sud. 


C’est ainsi qu'entre autres il nous adressa de la Guadeloupe, 
en 4847, sur le Gaurale, les détails anatomiques suivants, que 
nous reproduisons malgré la différence des inductions qu'il en 
tire d'avec les nôtres : 


4 … Si la position du Caurale, nous écrivait-il, est moins bien 


NOTES ET OBSERVATIONS. 549 


déterminée, c’est uniquement, comme vous l’observez fort bien, 
parce qu’il constitue un Genre de transition. 

» Ses trois os de l’épaule sont exactement conformés comme 
dans les Grues; son sternum ressemble plus à celui des Grues, 
malgré quelques différences, qu’à celui des Hérons. 

» La longueur comparative de l'intestin et du tarse est : 

dans les Gallinules :: 4, 5 : 4. 
—  Caurales ::2,6:1. 
— Hérons ::3,2:1. 

» Dans le Caurale, la Zangue est longue, mince, mais non 
pénicillée; l’œsophage est plus dilaté à ses deux extrémités qu’à 
sa partie moyenne; le ventricule succenturié est formé de quatre 

groupes de cryptes muqueux serrés; le gésier, musculeux , ren- 
fermait des débris de Crustacés, de Coquilles fluviatiles univalves, 
du gravier; deux cœcums. courts et étroits naissants à 12 centi- 
mètres 4/2 au-dessus de l’anus. 

» Ainsi donc la simplicité du canal digestif rapproche le 
Caurale des Hérons; la conformation de son appareil sternal le 
lie aux Grues, et la Forme, ainsi que la Coloration de l’OBuf, le 
confondent avec les Râles. 

» Tiraillé de la sorte dans tous les sens, le Caurale n’est 
cependant ni un Räle, ni une Grue, ni un Héron; mais une sorte 
de compromis constituant un Genre distinct qui, ne pouvant 
s’interposer absolument entre les Râles et les Grues, doit néces- 
sairement se loger entre les Grues et les Hérons. 

» Telle est aussi la place qui lui est assignée par Illiger, 
Cuvier, Latreille, et qu’en dernière analyse je lui laisse aussi. 

» Je ne puis terminer sans payer un juste tribut à l’aimable 
caractère de ce charmant Oiseau. Je l’ai possédé plusieurs fois 
vivant, et jai toujours admiré son tendre attachement pour tous 
les membres de ma Famille, son ardente sollicitude quand il 
veillait auprès d’un enfant endormi; son courage quand il se 


520 NOTES ET OBSERVATIONS. 


jetait tête baissée sur des Chats et des Chiens dix fois plus gros 
que lui; sa grâce dans ses manéges de coquetterie, son adresse 
à poursuivre et saisir sa proie. C'est, avec l’Agami, le plus 
curieux Oiseau par le développement de son instinet sociable, et 
à tous ces titres, il mériterait assurément bien mieux d’être admis 
dans l’intelligente compagnie des Grues que dans la triste et 
sauvage Tribu des Hérons. 

» Les Français l’appellent Gobe-Mouches, Paon des Roses, 
Paon des Palétuviers ; les Espagnols et les Portugais, Pavon. » (1) 

Ne serait-ce que pour cette description de mœurs si intéres- 
sante et dont l’équivalent ne se retrouve nulle part, que nous 
aurions regretté de ne l'avoir pas rappelée, avec d'autant plus de 
raison que nous l’avons complètement oubliée déjà en traitant 
des Oiseaux de l’Amérique du Sud de M. de Castelnau. 

On voit que, quelque peu divergente que soit l’opinion du 
Docteur Lherminier de la nôtre, concernant la place du Caurale, 
cette divergence n’est pas si grande qu'elle doive infirmer beau- 
coup notre manière de voir, surtout quand on remarque le mode 
de nourriture de cet Oiseau, si semblable à celui des Râles. 


Page 387. — A la suite des Rallinés , ajouter : 


La coupe générique dont nous parlons pour les Rallus 
Baillonii, R. Lewinii, etc., a été établie par le Prince Ch. Bona- 
parte, qui a fait de l’une de ces Espèces le type du Genre 
Lewinia, et conservé l’autre, à l'instar de Reichenbach , comme 
type du Genre Zapornia. Pour nous, ne voyant aucune 
raison de les éloigner l’un de l’autre autant que l’a fait cet 
illustre Savant, et nous déterminant par leurs caractères Oolo- 
giques, nous les réunissons sous une seule et même rubrique et 


(1) Nous avons publié en son entier la Lettre dont sont extraits ces détails 
dans la Revue et Magasin de Zoologie de Juillet 1849. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 521 
dans une Famille spéciale à laquelle nous donnons le nom de 
Zaporniine. 


Page 394. — À la suite des Ocydromadinés, ajouter : 


Cette similitude de caractères Oologiques entre l’OEuf des 
Rallinés et celui des Ocydromadinés est d'autant plus remar- 
quable que ces deux Familles diffèrent par un caractère essentiel 
de mœurs, quant au mode de se nourrir. 

Ainsi, l’on sait, d’après Forster et M. P. Earl, reproduits par 
MM. Gray et de la Fresnaye (1), « que l’Ocydrome Austral , qui 
est le Gallirallus de ce dernier, habite l'Ile Australe de la Nou- 
velle-Zélande; qu'il y est très-nombreux à la Baie-Obscure , où 
il est répandu sur toutes les rives maritimes , et même sur les 
plus petits îlots, et, ce qui est fort surprenant, que ses ailes 
sont si courtes qu'il n’essaie jamais de voler et ne peut non plus 
nager, à cause de l'absence de toute espèce de palmures à ses 
pieds, ce qui rend fort difficile à concevoir comment il a pu 
parvenir dans toutes ces îles. Il se retire, le jour dans des 
cavités, sous des racines d’arbres, et quand la chaleur a cessé, 
il retourne sur le rivage pour y chercher différentes espèces 
de Vers et de petits Animaux marins, dont il se nourrit. Il court 
avec rapidité, grattant la terre à la manière des Gallinacés, pour 
y chercher sa nourriture, et pousse des cris-fréquents la nuit et 
par le temps pluvieux; sa chair est savoureuse, surtout quand 
on a enlevé la peau » (Forster). 

On sait encore, d’après M. Gray (?), « que M. P. Earl a 
remarqué que ces Oiseaux, qui portent le nom de Weka, se 
trouvent également dans les deux îles de la Nouvelle-Zélande , 
qu’on les rencontre ordinairement dans les plaines, dans les 


(1) Rev. et Mag de Zool. Sept. 1849. 
(2) Voyage de l’Erebus and Terror Zool. 


522 NOTES ET OBSERVATIONS. 


hautes herbes ou les halliers de buissons peu élevés, d’où ils 
peuvent s’élancer facilement sur les petits Oiseaux perchés près 
du sol. M. Earl rapporta vivant chez lui un de ces Oiseaux qu'il 
avait pris dans l'Ile du Sud : un petit Oiseau vivant fut le plus 
grand régal qu’il pût lui offrir. Ces Oiseaux se nourrissent aussi 
de baies. Le crépuscule ou le clair de lune sont les moments 
les plus favorables pour les découvrir. Leur nichée est ordinai- 
rement de trois à cinq petits, qui suivent leurs parents jusqu'à 
ce qu'ils aient presque atteint leur grosseur. Avant cette époque, 
ils sont d’une couleur approchant de celle du sable. Les Colons 
les désignent sous le nom de Poules des bois. » 

Ces descriptions de mœurs présentent, comme le dit fort bien 
M. de la Fresnaye (1) un fait des plus bizarres en Ornithologie, 
c’est-à-dire une Espèce de gros Râle devenu, pour ainsidire, 
Carnassier et se nourrissant en partie de petits Oiseaux. 

C’est une preuve de plus de la nullité de l'influence de la 
nourriture quant à la Coloration du test du Produit Ovarien chez 
les Oiseaux. 


Page 415. A la fin du chapitre des Mégapodes, ajouter : 


Que disons-nous? cet essai, déjà indiqué depuis longtemps, 
mais à titre de rapprochement ou de comparaison seulement, 
par plusieurs Savants, a été reproduit avec succès au courant 
de la plume et de son imagination, par l’un des deux grands 
Ecrivains que nous venons de citer. 

Ainsi, Toussenel, l’Auteur inimitable de l'Ornithologie pas- 
sionnelle, en traitant son Ordre des VéLocrPÈ»Es, rappelle cette 
remarque : 

QIl y a, en effet, les Vélocipèdes des sables et des steppes, 
des prés, des rochers, des abimes, comme il y a le Ruminant 


L 


(1) Rev, et Mag. de Zool. Sept. 1849. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 523 
de tout cela. Il y a l’Autruche, comme il y a le Chameau ; l'Ou- 
tarde , comme l’Antilope; la Poule, comme la Vache ; la Perdrix, 
le Faisan, le Coq de Bruyère, comme la Gazelle, le Chevreuil, 
le Daim , le Cerf; la Bartavelle et le Lagopède , comme le Mouf- 
flon , le Bouquetin, le Chamois. (1) » 


Même page. — A la suite du paragraphe relatif aux Mesitidæ, 
ajouter : 


Malgré la place assez éloignée des vrais Rallidés, que nous 
assignons à la Mésite, rangée, il est vrai, sous la même rubrique 
que ceux-ci, et avec les Mégapodes, dans lesquels les classe 
également le Docteur Reichenback ; nous ne serions pas étonné 
que l'OEuf de cet introuvable Genre Madécasse , de même que 
le mode de vivre de l’Oiseau , une fois découverts et connus, ne 
nous révélassent dans la Mésite un véritable Rallidé. Elle en a 
pour nous les caractères, par le bec, par les pattes, dont le tarse 
est dénudé au-dessus de l'articulation, scutellé en avant et en 
arrière, comme cela s’observe chez les Zapornia ; il n’est pas 
jusqu’à sa ptilose qui ne soit, en assez grande partie, semblable 
à celle des Espèces de ce Genre, et de presque tous les Rallidés 
en général. 


Page 122. — A la suite de l'opinion des divers Ornithologistes 
qui ont parlé du Courlan, ajouter : 


Le même sentiment de justice et de reconnaissance qui nous a 
fait réparer l'omission que nous avions faite des notions et de 
l’opinion du Docteur Lherminier au sujet du Caurale, nous force 
à revenir sur un oubli pareil dont nous nous sommes rendu 


(1) Ornithologie Passionnelle. T. I, p. 358. 


524 NOTES ET OBSERVATIONS. 


coupable envers ce savant Ornithologiste dans notre article sur le 
Courlan; oubli d'autant plus grave et d’autant moins excusable 
que nous n'avons même pas cité son nom qui est une autorité 
en pareille matière, autorité supérieure à toutes celles que nous 
avons discutées, parce que le Docteur a vu et examiné l’Oiseau 
par lui-même et sur les lieux. 


Voici donc ce qu’il nous en écrivait de Pointe-à-Pitre (Guade- 
loupe) à la date du 25 Août 4846, à propos de nos divers 
Mémoires d’Oologie : 

« En vous bornant aux seules affinités déduites de l’'OEuf, 
vous êtes arrivé à classer le Caurale entre les Hérons et les Râles, 
le Courlan entre les Grues et les Hérons. 

» Les résultats que j'ai obtenus de mon Système différent un 
peu des vôtres. 

» En 1826 je ne connaissais point ces Oiseaux anatomique- 
ment, et en annonçant à priori leur place -respective je suis 
tombé juste, au moins pour le Courlan. 

» En 1832 j'ai eu occasion de les étudier sur six individus 
reçus particulièrement de Porto-Rico, des parties basses du 
Vénézuéla et du Para. 

» Voici ce que je relève dans quelques notes échappées de mon 
naufrage . (1) 

» Le Courlan est une véritable Grue, comme le prouvent les 
détails anatomiques suivants : Siernum étroit, très-allongé, 
entièrement plein; crête haute et bien développée; os coracoïde 
égalant en longueur la moitié du sternum, d’ailleurs large à sa 


(1) M. Lherminier fait allusion ici au terrible et désastreux tremblement 
de terre qui eut lieu à la Guadeloupe en 1844 et détruisit toutes ses collec- 
lions, fruit de près de trente années de travaux après avoir gravement com- 
promis sa santé et même son existence, dont il ne dut la conservation qu’au 
dévoûment surhumain d'un fidèle esclave, ou plutôt serviteur. 


NOTES ET OBSERVATIONS. D25 


base et fort; clavicule forte et courbée en V; scapulums longs, 
recourbés et terminés en pointe; six côtes. 

» Longueur du canal intestinal comparé à celle du tarse : 
moyenne :: 3 : 4. — Celle de la Grue suivant Guvier :: 2,91. 208. 

» Langue longue, mince, pénicillée ou frangée à son extré- 
mité, non extensible; æœsophage très-dilatable, mais sans jabot ; 
estomac représentant une cornue à deux tubulures renflées, 
formées successivement : 4o par le ventricule succenturié, carac- 
térisé par un anneau de follicules gros, piriformes, serrés et 
comme imbriqués ; 2° par une panse large, à parois muqueuses 
très-épaisses, à tissu propre, mince; 3° enfin par un gésier charnu 
et doublé d’une fibreuse résistante. Ces trois cavités étaient rem- 
plies de Mollusques gastéropodes nus, comme des Limaces, de 
Coquilles, de fragments de bois carié et d’une pâte fine et tenace. 
Intestin long, égal, surmonté de deux longs cœcums en massue, 
à six centimètres de l'anus. Foie bilobé, à lobes égaux. Trachée- 
artère : elle est formée d’anneaux serrés et osseux jusqu’à la bifur- 
cation des bronches, où ils s’écartent, s’aplatissent et deviennent 
cartilagineux. Dans les mâles adultes, la trachée forme au devant 
de la clavicule une anse ou circonvolution sigmoïde avant de 
pénétrer dans la poitrine. 

» La longueur et l’étroitesse du sternum, ses dimensions supé- 
rieures à celles de l’os coracoïde, la triple dilatation de l'estomac et 
enfin l’anse de la tranchée, sont tous des caractères qui appar- 
tiennent aux Grues. 

» Le Courlan s'appelle à Porto-Rico Carao, en Espagnol; 
Poule-jolie, en Français. Il vit par paires, n’est pas très- 
sauvage , perche, gratte comme la Perdrix, et est bon à manger. 
Son cri s'entend de fort loin et répète son nom Espagnol; il se 
plait dans les bois clairs, les savanes, sur le bord des eaux, et 
varie beaucoup de taille. L’un de ceux qui me furent adressés 
avait été tué posé sur un arbre, au détour d’une rivière. 


526 NOTES ET OBSERVATIONS. 


» Ge n’est done point entre les Grues et les Hérons que je 
placerais les Courlans, mais bien avec les Grues et à leur tête, 
faisant immédiatement suite aux Gallinulles, et particulièrement 
aux Râles, avec lesquels le Prince de Neuvwied, Illiger, Spix . 
Lichtenstein et Al. d'Orbigny lui trouvent tant dé rapports. 

» Dans l’Espèce, il me suffit de remonter jusqu'aux Pigeons. 
À partir de ce groupe Columba, mes coupes correspondantes à 
des Genres Linnéens se succèdent dans l'ordre suivant : Péero- 
cles, Sasa où Dysodes ou Opisthocomus: Gallus et ses nom- 
breux Sous-Genres; Tinamus, Turnix, Gallinula ou Fulica 
et ses divisions ; Grus, Ardea, etc., etc. 

» Eh bien! anatomiquement, les Gallinules et les Grues se 
suivent si naturellement, qu’il est impossible de trouver entre 
eux la moindre solution de continuité. Jugez-en du reste, par 
les pièces que je mets sous vos yeux... » (1) 


Certes, l'importance de ces documents anatomiques, les seuls 
que possède encore la Science, prouve que la reproduction n’en 
était pas indifférente. 

Quant au Système du Docteur Lherminier, pour le classement 
du Courlan, c’est un système mixte entre celui de Cuvier et 
celui d’Illiger, Spix , Litchtenstein, d'Orbigny et Reichenbach. 

Nous n’en sommes pas moins fondé à dire que cette description 
du Sternum du Courlan, conforme à l'inspection que nous en 
avons faite nous-même, vient fournir un argument de plus à 
l'appui de notre Système de Classification Oologique de ce Genre : 
car nous n'avons jamais séparé l’étude de l’Oologie de celle de 


(1) M. Lherminier avait joint en effet à la lettre dont est extrait ce qui 
précède, une caisse contenant, outre un fragment de nid, et un Œuf de 
Guacharo, avec les semences des fruits dont il se nourrit, le squelette du 
Courlan et celui du Caurale, que nous avons donnés depuis à M. Delaberge; 
qui lui-même les a déposés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. 

Voir du reste Revue et Magas de Zool. Juillet 1849. 


NOTES ET OBSERVATIONS. 527 


l'Anatomie des Oiseaux. Or, cette pièce Ostéologique, chez le 
Courlan, offre au plus haut degré, pour nous, sauf sa forme 
plus allongée, tous les caractères du Sternum des Grues, et fort 
peu des caractères du Sternum des Râles. 


Page 485.— En rappelant l'espèce de consécration qu'avait reçue, 


de divers Ornithologistes, notre manière de traiter et d'envisager 
l'Oologie, nous avons oublié de mentionner le jugement, bien 
précieux pour nous, qu’en a porté lui-mêmie, dès 1846, le 
Docteur Lherminier, dans les termes suivants : 


« J'étais loin de m'’attendre, nous écrivait-il, quand vous 
publiez vos premières observations sur les Formes de l'OEuf 
des Oiseaux, sur les variétés et les causes de sa Coloration, sur 
les différents états de sa surface. etc., etC., que vous en vien- 
driez sitôt aux applications les plus intéressantes et les mieux 
motivées à la Classification. 


» Vous étes devenu une puissance avec laquelle il faudra 
dorénavant compter ; et je ne veux pas étre le dernier à vous 
rendre hommage. 

» Vos dernières communications, à propos de l’OEuf du Gua- 
charo, du Rupicole, de l’Ani, du Caurale et du Courlan , ont 
particulièrement excité mon attention et avec d'autant plus de 
raison que vous arrivez, à peu de chose près, aux mêmes 
déductions que celles que j'ai obtenues depuis longtemps de 
l'étude des Appareils locomoteur et digestif. » (1) 


(1) Lettre de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), 25 Août 1846. Voir Revue et 


Magasin de Zoologie de Juillet 1849. 


D28 NOTES ET OBSERVATIONS. 
Page 489. — Après le paragraphe relalif à la sixième Livraison 
de Juin, ajouter : 
Plus tard et en dernier lieu, dans la Revue et Magasin de 


Zoologie de Septembre 1849, nous publions : Norice ET Consi- 
DÉRATIONS OoLociques sur le Genre Ornithologique Poule-Sultane, 


Fulica-Porphyrio (L.) 


CLASSIS AVIUM. 
SYSTEMA OOLOGICUM. 


#4 Aucrore 0. DES MURS 


Janvier 1860. 


Les diverses modifications que nous avons apportées dans le 
cours de l’Impression de notre Travail à notre premier projet 
de Systema Oologicum, nous forcent à le publier d’une manière 
plus complète. 


Ordo I. RAPACES. 


SUB-ORDO. 1. RAPACES. 
1. Tribus. — Vuzrurinx. 
4. FAMILIA. — Vulturinæ. 


1. Genus. — Gyps. 


2 G. — Vullur. 

3. G. — Gypaëtos. 

4. G. — Cathartes. 

9. G. —  Neophron. 
6.G. — Sarcoramphus. 


S.-0....2. STRIGIDÆ. 


Ordo II. ZYGODACTYLI. 


Sug-OrDo. 1. PSEUDO-ZYGODACTYLI. 
1. Tribus. — MusoPpHAGipx. 


S.-0....2. PREHENSORES. 
1. Tribus. — PsiTTAGIDÆ. 


S.-0... .3. SCANSORES. 
1. Tribus. — Prcrnx. 
3) 


” 


530 CLASSIS AVIUM. 


S.-0....4. INSESSORES. 
1. Tribus. — CucuLinz. 
4. FamiLtA. — Indicatorinæ. 


2.F. — Leptosomatinæ. 
3. F. — Cuculinæ. 

4.F. — Coccyzinæ. 

5. F. — Saurotherinæ. 
6.F. — Phœnicophaïnæ. 
1. F. — Centropodinæ. 
8.F. — Crotophaginæ. 


9. F. — Scythropinæ. 
2. Tribus. — RAMPHASTIDÆ. 


3. Tr. — TROGONIDX. 
4. Tr. — BuGCONIDÆ. 
5. Tr. — CAPITONIDÆ. 
6. Tr. — GALBULIDÆ. 


Ordo III. PASSERES. 
SuB-OrDo. 1. SYNDACTYLI. 


1. Cohors.— Longirostri. 
1. Tribus. — ALCEDINIDÆ. 


9. Tr. — MEROPIDÆ. 
3. Tr. — , Momorinz. 
4. Tr. — BUCEROTIDÆ. 
5. Tr. — Upupideæ. 

2. Cohors. — Latirostri. 
6. Tr. —  Coracranæ./C? 
1 Tr. — EURYLAIMIDÆ. 
See — Top. 
9. Tr. — PrprIDÆ. 


Sug-OrDo. 2. DEODACTYLI. 
4. Cohors. — Fissirostri. 
1. Tribus. — CAPRIMULGIDÆ. 
4. FamiLIA. — Podarginæ. 
2.F. — Caprimulginæ. 
3.F. — Nyctibiinæ 
A,F. — Steatornithinæ. 


SYSTEMA OOLOGICUM. 531 
2. Tribus. — CYPSELIDÆ. 
3. Tr. — HIRUNDINID 4. 
4. FAMILIA. — CHELIDONINÆ. 
2.F, — Hirundininæ. 
2. Cohors. — Tenuirostri. 


1. Secrio. — Ætherei. 


4. Tribus. — TrocHILID&. 


2. SECTIO. — Suspensi. 
1. Stirps. — Penicillati. 


5. Tribus. — NECTARINHDÆ. 
1. FAMILIA. — Drepanitinæ. 
9.F. — Nectarinunæ. 


3. F. — Cœrebinæ. 


1. Genus.— Diglossa. 
2. G. — Cœreba. 
: 3. G. — Certhiola. 
4, G. — Dacnis. 
5. G. —  Conirostrum. 


6. Tribus. — MELLIPHAGID#. 
7. Tribus. — NEOMORPHIDÆ. 


1. Genus. — Philepilta. 
2.G. — Philesturnus. 
3. G. — Callæas. 

4. G. :—  Neomorpha. 


8. Tribus. — PARADISEIDÆ. 


1. FAMILIA. — Paradiseinæ. 
2.F. — Epimachinæ. 
3. F. — Sericulinæ. 
& EF. — Paradigallinæ. 


2. Stirps. — Cartilaginei. 
9. Tribus. — IRRISORIDÆ. 


4. FAMILIA. — Falculianæ. 
2,F. — Arachnotherinæ. 
2. FE. — Irrisorinæ. 


va 
1 


CLASSIS AVIUM. 
3. SECTIO. — Scansores. 
10. Tribus. — CERTHINDÆ. 
4. FamILIA — Dendrocolaptinæ. 


2.F. — Certhiinæ. 
3.F. — Tichodromadinæ. 
A. F. — Sittinæ. 


4. SEcTIO. — Arborei. 
11. Tribus. — ANABATIDÆ. 
4. FAMILIA. — Anabatinæ 
2.F. — Synallaxinæ. 
5. SEcTIO. — Insessores. 
12. Tribus. — FURNARIDÆ. 
4. FAMILIA. — Furnariinæ. 
DM CINCLINE- 
13. Tribus. — ALAUDIDÆ. 
4. FAMILIA. — Certhilaudinæ. 
2. PF. — Alaudinæ. 
3. F. — Anthinæ. 
3. Cohors. — Dentirosiri. 
1. SecTIo. — Insessores. 
14. Tribus. — FORMICARIIDÆ. 
4. FaMILIA. — Atelornithinæ. 


2.F. — Formicariinæ- 

3.F. — Sittinæ. 

A. F. — Ornythonycinæ. 
5. F. — Megalonycinæ. 


15. Tribus. — MENURIDÆ. 
16. Tribus. — TurDIDÆ. 
4. FamiLiA. — Thamnophilinæ. 


2. F. — Agriornithinæ. 
3.F. — Picnonotinæ. 
1 D Le Turdinæ. 
4. Genus. — Iliacus. 
DC. A TUTUUS: 
3. G. —  Merula. 
4. G. —  Mimus. 


5. FAMILIA. — Saxicolinæ. 


| 
SYSTEMA OOLOGICUM. D33 
2. SEGTIO. — Suspensi. 
17. Tribus. — TimaLzrinx. 
1. FAMILIA, — Pomathorinæ. 
2.F. — Timaliinæ. 
18. Tribus. — SyLviPaAriD&. 
4. FamiLiA. — Sylviparinæ. 
2 EF, — Pardalotinæ. 
3. F. — Falcunculinæ. 
19. Tribus. — PARIDZ. 


4. FAMILIA. — PANURINE. 
DORE Parinæ. 
DURE Ficedulinæ. 


{. Genus. — Trichas. 


2.G. — Mniotilla. 

3. G. — Ægythina. 

4. G. — Ficedula. 

9, G. — Hylophilus. 

6. G. — Campylorhynchus. 


4, FaMILIA. — Troglodytinæ. 
20. Tribus. — Syzvrinx. 
4. FaMiLta. — Tryothorinæ. 
2.F. — Calamoherpinæ. 
3. F, — Sylviinæ. 
3. SECTIO. — Arborei. 
1. Stirps. — Depressirostri. À 
21. Tribus. — MuscicarrDx. 
22. Tribus. — TyRANNID&. 
23. Tribus. — AMPELIDÆ. 
1: FAMWILIA. — Gymnoderinæ. 
2. Ampelinæ. 
2. Stirps. — Compressirostri. 
24. Tribus. — TANAGRIDÆ. 
1. FaMILIA. — Euphoniinæ. 
DS PHITOTOMINE. 
PTS BOMBYCILLINEÆ. 
4. F. — Tanagrinæ. 


(Br 
© 
Rs 


CLASSIS AVIUM. 
25. Tribus. — OrI0L1DÆ. 
TE UNE LANTIDÆ. 
4. FamiILIA. — Campephaginæ. 
D Laniinæ. 
3. F. — Cracticinæ. 
4. Cohors. — Conirostri. 


97. Tribus. — COoRVIDx. 


1. FAMILIA. — Temnurinæ. 

2.F. — Ptilonorhynchinæ. 
3. F. — Garrulinæ. 

4. F. — TRYPANOCORACINÆ. 
5. F. — Corvinæ. 

6. 


F. — Fregilinæ. 
28. Tribus. — STURNIDÆ. 


4. FAMILIA. — Graculinæ. 


2.F, — Buphaginæ. 
SD — Lamprotornithinæ. 
4. F. — Sturninæ. 


29. Tribus. — ICTERIDÆ. 


4. FAMILIA. — Quiscalinæ. 


2, F. — Molothrinæ. 
3,F. — Sturnellinæ. 
A. F. — Agelainæ. 
5. F. -- Icterinæ. 

6. F. — Cassicinæ. 


30. Tribus. — PLOCEIDÆ. 


4. FAMILIA. — Ploceinæ. 


2, Fit PLOCEPASSERINEÆ: 
4. Genus.— Plocepasser. 
2. G — Passer. 

3. F. — Viduinæ. 

4. F, — Estreldinæ. 


- 


31. Tribus. — Emberizidæ. 


32. Tr. — FRINGILLIDÆ. 


SYSTEMA OOLOGICUM. 595 


Ordo IV. COLUMBZÆ. 


L. Tribus. — CoLuMmBrpx. 


Ordo V. GALLINACEI. 


Sug-Orpo {. GALLIPEDES. 
1. Tribus. — Verruliidæ, 


2. Tri t— GALLIDx. 
1. FAMILIA. — Gallinæ. 
3. Tr. — PHASIANID #. 


1. FAMILTA. — Phasianinæ. 
2.F. — Polyplectroninæ. 
3. FE. — Lophophorinæ. 
4. F. — GALLOPAVONINE: 
4, Tr. — Pavonidæ, 
1. FAMILIA. — Pavoninæ. 
Sug-OrDbo ?. CURSORES. 


4. Tribus. — PEerpicID&. 
4. FAMILIA. — MELEAGRIDINE. 


DH Francolinæ. 
3. F. — Odontophorinæ. 
4. FE — Perdicinæ. 


2. Tribus. — TEeTRAONID:E. 
1. FaMILIA. — Tetraoninæ. 
2. F. — Pterociinæ. 
Su8-0rn0 3. STRUTHIONIGRALLI, 


1. Tribus. — TINAMBDx. 


2. Tr. — OTipinx. 

3. Tr. — Œdicnemidæ, 
LT — Cursoridæ, 
ET — TURNICIDÆ. 


Ordo VI. STRUTHIONES. 


1. Tribus. — STRUTHIONID x. 
22Tr. — CASUARIIDÆ. 


3. Tr. —  Apterigidæ, 


536 CLASSIS AVIUM. 


Ordo VII. GRALLÆ. 


SUB-O0RDO |. ÆGYALITES. 


1. Tribus. — CarrAaMID&. 

2. Tr. — Thinocoridæ. 

3. Tr. — CHARADRIIDÆ. 
LOTEL GLAREOLIDÆ. 
Dr HOEMATOPODID x. 
6. Tr. — RECURVIROSTRID Æ. 
1. Tr. — SCOLOPACIDÆ. 

8. Tr. — PHALAROPODID#. 


SUB-ORDO 2. ALECTORIDES. 


1. Tribus. — PARRIDÆ. 


4. FAMILIA, — Parrinæ. 


AFF. — ZAPORNIINE- 
2. Tr. —  Eurypigidæ, 
3. Tr. — RALLID. 


4. FaMILTA. — Rallinæ. 


2. F. — Fulicinæ. 
3. F. — Ocydromadinæ. 
£ Tri — Opisthocomidæ, 
5. Tr. — Penelopidæ. 
6. Tr. — Cracidæ. 
7. Tr. —  Megapodiidæ. 
8. Tr. — Mesitidæ. 
9. Tr., — PALAMEDEND #. 
10. Tr. — CHIONID Æ. 


SUB-ORDO 3. HERODIONES. 


1. Tribus. — Psopxnnx. 


2. Tr. — GRUIDÆ. 

3. Tr. — Aramideæ, 
4, Tr. — CICONIIDÆ. 
o. Tr. — DRrOMADIDÆ. 
6. Tr. — CANGROMIN. 
Î 


TE, — ARDEIDÆ. 


SYSTEMA OOLOGICUM. 537 


8. Tribus. — TANTALIDÆ. 


4. FAMILIA. — FALCINELLINÆ: 
2. F. — Ibinæ. 
3. F. — Tantalinæ. 

. 9. Tr. — PLATALEIDÆ. 

10. Tr. —  Balænicepidæ, 


SuB-OrDO 4. HYGROBATÆ. 


1. Tribus. — PHOENICOPTERIDÆ. 


Ordo VIII. NATATORES. 


SUB-ORDO 1. TOTIPALMI. 


1. Tribus. — PELECANIDÆ. 


HART TACHYPETIDÆ. 

3. Tr. — SULIDÆ. 

4. Tr. — PLoTIDÆ. 

5. Tr. — PHALAGROCORACIDÆ. 


SuB-OrDo 2. BRACHYPTERI. 


1. Tribus. — PopicEPIDÆ. 


SUB-ORrDO 3. LAMELLIROSTRI. 


1. Tribus. — CycNIDx. 
2. Tr. — ANSERIDÆ. 
3. Tr. — ANATIDÆ. 
4. Tr. — MERGID&. 
5. Tr. — FuziGuLIDÆ. 


4. FAMILIA. — Fuligulinæ. 
2. F. — ERYSMATURINÆ. 
SUB-ORDO 4. LONGIPENNES. 
1. Tribus. — PROCELLARIDÆ 


4. FamiLiA. — Diomedeinæ. 
9. F. — Procellarinæ. 


OUT 0 — PHAETONIDX. 
3. Tr. — LARIDÆ. 


238 CLASSIS AVIUM. 
Sus-OrDo 5. URINATORES. 
1. Tribus. — Colymbidæ. 
2. Tr. —  AxcIDx. 


Ordo IX. PTILOPTERI. 


1: Tribus. — APTENODYTIDEÆ. 


4. FAMILIA. — APTENODYTINE. 
2. KE. — SPHENISCINÆ. 


2Tr. — EupvypTipx. 


CATALOGUE 


DES OISEAUX D'EUROPE. 


Nous terminerons en donnant le Catalogue des Oiseaux que 
nous admettons, d'accord avec J. Verreaux, comme d'Europe, 
pour fixer les Collecteurs, qui se bornent aux OEufs de ces 
Oiseaux, sur les Espèces qu'ils auront à y admettre. 


RAPACES. 


ACCIPITRES. 


Gyps fulvus. (Gray) Gmelin. 

G.— occidentalis. Bonaparte. 

Vultur Nubicus. H. Smith. 

V.— monachus. Linnée. 

Neophron percnopterus. (Savigny) Linnée. 
Gypaëtus barbatus. (Bonaparte) Linnée. 
G. —  occidentalis. Schlegel. 

Aquila chrysaëtos. (Vieillot) Linnée. 
A.— heliaca. Savigny. 

A.— nœvia. Brisson. 

A.— nœvioides. Cuvier. 

A.— Bonelli. (Cuvier) Temminck. 
Haliaëtus pennatus, (Kaup) Gmelin. 

H. —  albicilla. (Savigny) Linnée. 
Pandion haliaëtus. (Savigny) Linnée. 
Circaëtus Gallicus. (Vieillot) Gmelin. 
Archibuteo lagopus. (Gray) Brünnich. 
Buteo cinereus. (Vieillot) Linnée. 

B.— Martini. Hardy. 

Pernis apivorus. (Cuvier) Linnée. 


Ce 


CATALOGUE 


Milvus regalis. Brisson. 

M.— niger. Brisson. 

M.—1 Ægyptius. Gray. 

Elanus melanopterus. (Leach) Daudin. 

Falco communis. Gmelin. 

F.— anatum. Bonaparte. 

F.— candicans. Gmelin. 

F.— Islandicus. Brünnich. 

F.— gyrfalco. Schlegel. 

F.— sacer. Schlegel. 

F.— lanarius. Schegel. 

Hypotriorchis Eleonoræ. (Gray) Guénée. 

H. — subbuteo. (Boié) Linnée. 

H. — æsalon. (Bonaparte) Gmelin. 
Erythropus vespertinus. (Bonaparte) Linnée. 
Tinnunculus alaudarius. (Bonaparte) Linnée. 
T. — cenchris. (Naumann) Bonaparte. 
Astur palumbarius. (Bechstein) Linnée. 
Accipiter nisus. (Pallas) Linnée. 

A. —  nisus major de Tarragon. (Suirps). 
Micronisus niger. (Bonaparte) Vieillot. 
Circus œruginosns. (Bonaparte) Linnée. 
Strigiceps cyaneus. (Bonaparte) Linnée. 

S. —  cinerascens. ( Bonaparte) Montagu. 
S. — Swainsonii. (Bonaparte) Smith. 


STRIGIDÉS. 


Surnia ulula. (Bonaparte) Linnée. 
Nyctea nivea. (Bonaparte) Daudin. 
Glaucidium passerinum. ( Boiïé) Linnée. 
Athene noctua. ( Bonaparte) Retzius. 
Scops Zorca. (Swainson) Gmelin. 
Ascalaphia Savignyi. (Geoffroy) Audouin. 
Bubo Atheniensis. (Linnée) Aldrovande. 
B.—Sibiricus. Eversmann. 

Otus vulgaris. (Flemming) Linnée. 
Brachyotus polustris. (Bonaparte) Gmelin. 
Syrnium aluco. (Bonaparte) Linnée. 
Punx Uralensis. (Bonaparte) Pallas. 
Ulula cinerea. (Bonaparte) Gmelin. 
Nyctale funerea. ( Bonaparte) Linnée. 
Strix flammea. Linnée. 


DES OISEAUX D'EUROPE. 
ZYGODACTYLES. 


Oxylophus glandarius. (Bonaparte) Linnée. 
Cuculus canorus. Linnée. 

Yunx torquilla. Linnée. 

Gecinus viridis. ( Boié) Linnée. 

G. —  canus. (Boïé) Linnée. 
Dryocopus Martius. (Boiïé) Linnée. 
Picus major. Linnée. 

P.— medius. Linnée. 

P.— minor. Linnée. 

P.— leuconotus. Bechstein. 

Apternus tridactylus. (Swainson) Linnée. 


PASSEREAUX. 


Alcedo ispida. Linnée. 

Merops apiaster. Linnée. 

M.— Ægyptius. Forskhal. 
Upupa epops. Linnée. 

Coracias garrula. Linnée. 
Caprimulgus Europœus. Linnée. 


C. — ruficoilis. Temminck. 
Cypselus melba. Linnée. 
C. —  apus. (Bonaparte) Linnée. 


Hirundo rustica. Linnée. 

H.— Cahirica. Lichtenstein. 
Gecropis rufula. (Bonaparte) Temminck. 
Cotyle rupestris. ( Boiïé) Scopoli. 

C.— riparia. (Boié) Linnée. 

Chelidon urbica. (Boié) Linnée. 

Certhia familaris. Linnée. 

C.— Naitererii. Bonaparte. 
Thichodroma muraria. (Bonaparte) Linnée. 
* Sitta Europea. Linnée. 

S.— cæsia. Meyer et Wolf. 

S.— Syriaca. Ehremberg. 

Cinclus aquaticus. (Bechstein) Linnée. 
C.— melanogaster. Temminck. 

C.— leucogaster. Eversmann. 


Certhilauda desertorum. (Bonaparte) Stanley. 


C. — Duponti. ( Bonaparte) Vieillot. 


Qt 


CATALOGUE 


Melanocorypha calandra. (Boié) Linnée. 

M. — Tatarica. (Bonaparte) Pallas. 
M. — leucoptera. (Bonaparte) Pallas. 
Alauda calandrella. Bonelli. 

A.— arvensis. Linnée. 

A.— cantarella. Bonaparte. 

A.— arborea. Linnée. 

Galerida cristata. (Boié) Linnée. 

Otocoris alpestris. (Bonaparte) Linnée. 
Corydalla Richardi. (Bonaparte) Vieillot. 
Agrodroma campestris. (Bonaparte) Brisson. 
Anthus spinoletta. (Bonaparte) Linnée. 

A. — obscurus. (Degland) Gmelin. 

A.— pratensis. (Bechstein) Linnée. 

A.— cervinus. (Keysserling et Blasius) Pallas. 


A. — arboreus. Bechstein. 

Budytes flava. (Cuvier) Linnée. 

B.— cinereo-capilla. (Bonaparte) Savigny. 
B.— nigri-capilla. Bonaparte. 

B.— Rayi Bonaparte. 


B.— citreola. (Bonaparte) Pallas. 
Pallenura sulphurea. (Bonaparte) Bechstein. 
Motacilla alba. Linnée. 

M. — Yarelli. Gould. 

Ixos obscurus. (Bonaparte) Temminck. 
Oreocincla aurea. (Bonaparte) Hollandre. 
Jüacus illas. (Nobis) Gessner. 


I. — musicus. (Nobis) Linnée. 
Turdus viscivorus. Linnée: 

T. — pilaris. Linnée. 

T. — dubius. Bechstein. 

T. — atrigularis. Temminck. 
T. — obscurus. Gmelin. 

T. — Sibiricus. Gmelin. 

T. — Torquatus. Linnée. 
T.— merula. Linnée. 


Locustella Rayi. Gould. 
Calamoherpe turdoïdes. (Boié) Linnée. 


C. — arundinacea. ( Boié) Gmelin. 
C. — palustris. (Boié) Bechstein. 
GC. — scila. (Bonaparte) Eversman. 


Ædon galactodes. (Boié) Temminck. 
Æ.— familiaris. (Gray) Ménétriés, 


à 
Se 


DES OISEAUX D'EUROPE. D 


Cisticola Schænicola. (Bonaparte) Temminck. 
Calamodyta phragmüis. (Bonaparte) Bechstein. 


C. —  aquatica. (Degland) Latham. 
C. — lanceolata. (Gray) Temminck. 
C. — melanopogon. (Bonaparte) Temminck. 


-Cettia sericea. (Bonaparte) de la Marmora. 
LusciniopsisSavi. Bonaparte. 


L. —  fluiatilis. (Bonaparte) Meyer. 
Hippolaïs olivetorum. (Selys de Lonchamps) Strickland. 
H. —  elcica. (Bonaparte) Lindermeyer. 


H. — pallida. Gerbes. 
H. —  salicaria. Bonaparte. 


H.— polygloua. (Degland) Vieillot. 
Phyllopneuste sibilatrix. (Bonaparte) Bechstein. 
HER trochilus. (Bonaparte) Linnée. 
P. —  rufa. (Bonaparte) Latham. 

P. — Bonelli. (Bonaparte) Vieillot. 

P. — Eversmani. Bonaparte. 


Regulus cristatus. (Ray) Linnée. 

R — ignicapillus. (Lichstenstein) Brehm. 
Reguloïdes proregulus. (Blyth) Pallas. 
Pyrrophihalma melanocephala. (Bonaparte) Gmelin. 


P. — Sarda. (Bonaparte) de la Marmora. 
Sylvia curruca. Latham. 
S.— cinerea. (Bonaparte) Linnée. 


S.— conspicillata. De la Marmora. 

S.— Subalpina. Bonelli. 

Curruca atricapilla. ( Bonaparte) Linnée. 

C. — Ruppellii. (Bonaparte) Temminck. 

C. —  hortensis. (Bonaparte) Gmelin. 

C. — orphœa. (Boïé) Temminck. 
Adophonœus risorius. (Kanp) Bechstein. 

Iduna salicaria. (Keysserling et Blasius) Pallas. 
Philomela luscinia. (Bonaparte) Linnée. 

© P. — major. (Swainson) Brisson. 

Calliope Kamtschatkiensis. { Bonaparte) Gmelin. 
Rubecula familiaris. (Blyth) Linnée. 

Cyanecula Suecica. (Blyth) Linnée. 


C. — cœrulecula. (Bonaparte) Pallas. 
Ruticilla phænicura . (Bonaparte) Linnée. 

R. —  tithys. (Bonaparte) Scopoli. 

R. —  erythrogastra. (Bonaparte) Guldenstadt. 


R. —  aurorea. (Bonaparte) Pallas. 


D4 


CATALOGUE 


Ruticilla erythronota. (Gray) Eversman. 
Perrocincla saxatilis. (Bonaparte) Linnée. 
Petrocossypha cyanea. ( Bonaparte) Linnée. 
Dromolæa leucura. (Bonaparte) Gmelin. 
Saxicola œnanthe. (Bonaparte) Linnée. 


S. —  saltator. Ménétriés. 

S. — stapazina. Koch. 

S. —  albicollis. (Bonaparte): Vieillot. 
S. —  leucomela. (Bonaparte) Pallas. 
Pratincola rubetra. ( Bonaparte) Linnée.. 
P. — rubicola. (Koch) Linnée. 
Accentor Alpinus. (Bechstein) Gmelin. 
A. —  modularis. (Cuvier) Linnée. 

A. —  montanellus. (Bonaparte) Pallas. 
A. —  Temminckii. Brandt. 


A. — Altaïcus. Brandt. 

Muscicapa atricapilla. Linnée. 

M. —  collaris. Bechstein. 

Butalis grisola. (Bonaparte) Linnée.. 
Erythrosterna parva. (Bonaparte) Bechstein. 
Ampelis garrulus. Linnée. 

Telephonus cucullatus. (Gray) Temminck. 
Enneoctonus rufus. {Boié) Brisson. 

Lanius excubitor. Linnée. 

L.— meridionalis. Temminck. 

L.— minor. Gmelin. 

Leucometopon Nubicus. (Bonaparte) Linnée. 
Perisoreus infaustus. (Bonaparte) Linnée. 
Garrulus glandarius. (Linnée) Brisson. 

G. — melanocephalus. Bonelli. 

G. —  Krymiki. Keleniezenko. 
Cyanopica Cooki. (Bonaparte) Cook. 

Pica caudata. Ray. 

Nucifraga caryocatactes. (Linnée) Brisson. 
Lycos monedula. (Boié) Linnée. 

Corvus frugilegus. Linnée. 


C. — corone. Linnée. 
C. — cornix. Linnée. 
C. — corax. Linnée. 


Pyrrocorax Alpinus. Nieillot. 
Fregilus graculus. Cuvier. 
Sturnus vulgaris. Linnée. 

S. — unicolor. De la Marmora. 


DES OISEAUX D'EUROPE. 545 


Pastor roseus. Wagler. 
Plectrophanes nivalis. Meyer. 

P. — Lapponica. Selby. 
Cynchramus miliaria. Bonaparte. 
SchϾnicola arundinacea. Bonaparte. 
S. — intermedia. Bonaparte. 
S. — pyrrhuloides. Bonaparte 
Emberiza Provincialis. Gmelin. 


Ê. — lesbia. Gmelin. 

E. — fucata. Pallas. 

E. — pusilla. Pallas. 

E. — chrysophrys. Pallas. 

E. —  cürinella. Linnée. 

E. —  hortulana. Linnée. 

E. — cirlus. Linnée. 

E.— cia. Linnée. 

E. — pythiornis. Pallas. 

E. — rustica. Pallas. 
Fringillaria cæsia. Gray. 

F. —  striolata, Gray: 
Euspiza melanocephala. Bonaparte. 
E.—  aureola. { Bonaparte) Pallas. 


E.—  dolichonia. Bonaparte. 

E-—  luteola. Blyth. 

Coccothraustes coccothraustes. (Bonaparte) Brisson. 
Fringilla montifringilla. Linnée. 


F. — cœlebs. Linnée. 
Passer montana. (Bonaparte) Linnée. 
P.— domesticus. (Leach) Linnée. 


P.— Haliæ, (Bonaparte) Vieillot. 
P.— salicicola. (Bonaparte) Vieillot. 
Petronia stulta. (Bonaparte) Gmelin. 
Chlorospiza chloris (Bonaparte) Linnée. 
Chrysomitris spinus. (Boïé) Linnée. 
Carduelis elegans. (Stephen) Linnée. 
Citrinella Alpina. ( Bonaparte) Scopoli.. 
Serinus meridionalis. ( Bonaparte) Linnée. 
S. — pusillus. (Braudt) Pallas. 
Pyrrhula coccinea. (Selys de Lonchamps) Linnée. 
P. — rubicilia. Pallas. 

Loxia pytyopsittacus. Bechstein. 

L. — curvirostra. Linnée. 

L.— rubrifasciata. Brehm. 


36 


546 


CATALOGUE 


Loxia bifasciata. (Bonaparte) Brehm. 

Corythus enucleator. (Cuvier) Linnée. 

Uragus Sibiricus. (Keysserling et Blasius) Pallas. 
Carpodacus roseus. (Kauyp) Pallas. 

C. — erythrinus (Bonaparte) Pallas. 
Erythrospiza gytaginea. (Bonaparte) Lichstenstein. 
Leucosticte brunneinucha. (Bonaparte) Braudt. 

L, —  griseonucha. (Bonaparte) Braudt. 

L. — arcious. (Bonaparte) Pallas. 

L. —  Brandiü. Bonaparte. 

Moutifringilla nivalis. (Brehm) Linnée. 

Linota cannabina. (Bonaparte) Linnée : 

L. — montium." (Bonaparte) Gmelin. 

Acanthys rufcscens. (Bonaparte) Vieillot. 

A. —  linaria. (Keysserling et Blasius) Linnée. 
A. —  Holbollii. Brehm. 

A. —  canescens. (Bonaparte) Gould. 


PIGEONS. 


Palumbus torquatus. (Leach) Linnée. 
Columba livia. Brisson. 

C. — rupestris Bonaparte. 

CG. —  œnas. Linnée. 


GALLINACÉS. 


Turtur rupicola. (Bonaparte) Pallas. 
T.— aurita. (Bonaparte) Linnée. 
T.— Senegalensis. (Bonaparte) Brisson … 
Phasianus Colchicus. Linnée. 

Pterocles arenarius. Pallas. 

Pteroclurus alchata. (Bonaparte) Palles. 
Syrrhaptes paradoxus. Illiger. 

Tetrao urogallus. Linnée. 

Lyrurus tetrix. (Swainson) Linnée. 
Bonasia Betulina (Bonaparte) Scopoli. 
Lagopus Scoticus. (Gray) Latham.. 

L. —  albus. (Bonaparte) Linnée. 

L. —  Islandorum. Faber. 

L. —  mutus. Leach. 

L. —  Reinhardi. Brehm. 

Tetraogallus Gaspius. (Gray) Gmelin. 

T. — Allaïcus. Gebler. 


DES OISEAUX D'EUROPE. 547 


Francolinus vulgaris. Stephen. 

Caccabis rubra. (-Kanñp) Brisson. 

C.—  petrosa. (Bonaparte) Latham. 
Perdix saxatilis. (Bonaparte) Bechstein. 
Starna perdix. (‘Bonaparte) Linnée. 
Coturnix communis. ( Bonaparte) Bonnaterre . 
Otis 1arda. Linnée. 

Tetrax campestris. (Bonaparte) Leach. 
Hubara undulata. (Bonaparte) Jacquin. 
H.— Macqueni. (Bonaparte) Gray. 
OEdivnemus crepitans. Temminck. 

Cursorius Gallicus. (Bonaparte) Gmelin. 
Turnix Africana. (Bonaparte) des Fontaines. 


GRALLES. 


Squatarola Helvetica. Cuvier. 

Plavialis apricarius. ( Brisson ) Linnée. 
Morinellus Sibiricus. (Bonaparte) Gmelin. 

M. —  caspius. ( Bonaparte) Pallas. 
Cirrepidesmus pyrrhothorax. (Bonaparte) Temminck. 
Charadrius hiaticula. Linnée. 

C. —  curonicus. Beseke. 

C. — cantianus. Latham. 

Haplopierus spinosus. ( Bonaparte) Latham. 
Vanellus cristatus. Meyer. 

Chettusia gregaria. (Bonaparte) Pallas. 
Glareola pratincola (Bonaparte) Linnée. 

G. —  Normanni. (Bonaparte) Fischer. 
Strepsilas interpres. (Illiger) Linnée. 
Hæmatopus ostralegus. Linnée. 

Himantopus candidus. (Bonaparte) Bonnaterre. 
Recurvirostra avocetta. Linnée. 

Machetes pugnax. (Cuvier) Linnée. À 
Calidris arenaria. (Illiger) Linnée. 

Limnicolu pygmæa. Kook. 

Tringa canutus. Linnée. 

T. — maritima. Brunnich. 

Ancylocheilus subarcuatus. (Kaup} Guldensted. 
Pelidna cinclus. (Cuvier) Linnée. 

P. — maculata. (Bonaparte) Vieillot. 
Actodromus minutus. (Kaup) Leisler. 

4. —  Temmincki. (Kaup) Leisler. 


(SL 


+ 


CATALOGUE 


Caroptrophorus semipalmatus. (Bonaparte) Linnée. 
« 


Glouis canescens. (Wilson) Gmelin. 
Totanus stsgnatilis. Bechstein. 
Erythroscelus fuscus. (Kaup) Linnée. 
Gambetta calidris. (Kaup) Linnée. 
Helodromos ochropus. (Kaup) Linnée. 
Rhyncophilus glareola. (Kaup) Linnée. 
Actitis macularia. (Illiger) Linnée.. 

A.— hypoleucos. (Bonaparte) Linnée. 
Actiturus Bartramius. ( Bonaparte) Wilson. 
Limosa ægocephala. (Bonaparte) Linnée. 
L.— Lapponica. (Bonaparte) Linnée. 
Terekia cinerea. ( Bonaparte) Guldenstedt. 
Numenius arcuatus. ( Leach) Linnée. 

N. —  phæopus. (Leach) Linnée. 

N. — melanorhynchus. Bonaparte. 

N. —  tenuirostris. Vieillot. 

Phalaropus fulicarius. (Bonaparte) Linnée. 
Lobipes hyperboreus. (Cuvier) Linnée.. 
Scolopax rusticola. Linnée. 

Gallinago major . (Bonaparte) Gmelin. 

G. —  scolopacinus. Bonaparte. 


-G. —  Brehmi. (Bonaparte) Kaup. 


G. —  Sabinü. (Bonaparte) Vigors. 

G. — caspia. J. Verreaux. 

Limnocryptes gallinula, (Kaup) Linnée. 
Macrorhamphus griseus. ( Lench) Gmelin. 
Rallus aquaticus. Linnée. 

R.— cœrulesceus. Gmelin. 

Porzana maruetta. (Vieillot) Brisson. 
Zapornia pygmæa. (Leach) Neumann. 

Z. — Pallasii. Leach. 

Crex pratensis. Bechstein. 

Porphyrio Veterum. (Bonaparte) Gmelin. 
Gallinula chloropus. ( Bonaparte) Linnée. 
Lupha cristaa. (Reichenbach) Gmelin. 
Fulica atra. Linnée. 

Grus cinerea. Bechstein. 

Antigone leucogeranos. (Reichenbach) Pallas. 
Anthropoïdes virgo. (Vieillot) Linnée. 
Ciconia alba. (Linnée) Belon. 
Melanopelargus niger. (Reichenbach) Belon. 
Dromas ardeola. Paykull. 


DES OISEAUX DEUROPE. 3549 


Ardea cinerea. Linnée. 

A,.— atricollis. Wagler. 

A.— purpurea. Linnée. 

Egretta alba. (Bonaparte) Linnée. 
Garzelia egretta. (Kaup) Brisson. 
Bubulcus Ibis. ( Hasselquitz) Pucheran. 
Buphus comatus. {Boié) Pallas. 
Ardetta gutturalis. (Gray) Smith. 
Ardeola minuta. (Bonaparte) Linnée. 
Botaurus stellaris. (Stephen) Linnée. 
B.— lentiginosus. Montagu. 
Nycticorax griseus. (Stephen) Linnée. 
Falcinellus igneus. ( Bonaparte) Gmelin.. 
Platalea leucorodia. Linnée. 
PhϾnicopterus roseus. Pallas. 


NAGEURS. 


Pelecanus crispus. Bruch. 

P. —  onocrotalus. Linnée. 

P. — minor. Ruppell. 

Sula Bassana. (Bonaparte) Linnée. 
S.— Lefebyrii. Baldamus. 
Phalacrocorax carbo. (Dennont) Linnée. 
Graculus cristatus. (Gray) Faber. 
Haliœus pygmiœus. (Illiger) Pallas. 
Podiceps cristatus. Linnée. 


P. —  subcristatus. Jacquin. 
P.—  auritus. Linnée. 
P.—  Slavus. Bonaparte. 


Tackybaptes minor. (Reichenbach) Linnée. 
Cycnus olor. Linnée. 

Olor Cycnus. (Wagler) Linnée. 

O.— minor. (Bonaparte) Pallas. 

Chen hyperborea. (Brehm) Pallas. 

Anser arvensis. Brehm. 

A.— segetum. (Bonaparte) Gmelin. 

A.— cinereus. ( Bonaparte) Meyer. 

A.— Bruchii. Brehm. 

A.— albifrons. (Bonaparte) Gmelin. 
A.— minutus. Neumann. 

Chloephaga canagica. ( Eyton) Stewart. 
Bernicla leucopsis. (Bonaparte) Bechstein. 


b) 


6 


CATALOGUE 


Bernicla branta. (Brünnich) Pallas. 

B.—  ruficollis. (Bonaparte) Pallas. 
Chenalopex Ægyptiaca. (Stephen) Gmelin. 
Casarca rutila. (Bonaparte) Pallas. 

Tadorna Bellonii. (Leach}) Ray. 

Anas boschas. Linnée. 

Chaulelasmus streperus. (Gray) Linnée. 
Rhyncaspis clypeata. (Leach) Linnée. 
Pierocyanea querquedula. (Bonaparte) Linnée. 
Querquedula erecca. (Stephen) Linnée. 
Eunetta formosa. (Bonaparte) Georgi. | 
Marmaronetta angustirostris. (Reychenbaeh) Ménétniés. 
Daphila acuta. (Leach) Linnée. 

Mareca penelope. ( Stephen) Linnée. 
Somateria mollissima. (Leach) Linnée.. 

S. — nigra. Gray. 

S. — spectabilis. (Leach) Linnée. 
Stellaria dispar. ( Bonaparte) Sparmann. 
Pelionetia perspicillata. (Kaup) Linnée. 
Melanetta fusca. (Boïé) Linnée. 

M. —  Deglandi. Bonaparte. 

Oidemia nigra. (Flemming) Linnée. 

Fuligula cristata. (Stephen) Gray. 

Marila frenata. (Reichenbach) Eparmann. 
Nyroca leucophthalma. (Flemming) Guldensted. 
‘Aythia ferina. (Boié) Linnée.. 

Callichen rufina. (Boié). Pallas. 

Harelda gläcialis. ( Leach) Linnée. 

Clangula glaucion. ( Flemming) Einnée. 

C. —  Islandica. (Flemming) Gmelin. 
Histrionicus torquatus. (Lesson) Brünnich. 
Erysmatura leucocephalä ( Bonaparte) Scopoli.. 
Merganser castor. (Bonaparte) Linnée. 
Merqus serrétor. Linnée 

Mergulus albellus. (Bonaparte) Linnée. 
Fulmarus glacialis. (Stephen) Linnée. 
Thalassidroma Leackü. (Nigors) Temminck. 
Procellaria pelagica. Linnée. 

Oceanites Wilsonii. (Keysserling et Blasius) Bonaparte. 
Nectris fuliginosus. Keysserling et Blasius. 
Puffinus Kuhlii. ( Boié) Temminck. 

P. — major. (Bonaparte) Faber. 

P. —  Anglorum. Temminck. 


DES OISEAUX D'EUROPE. 


Pufiinus Barrowi. Bonelli. 

P.—  obscurus. (Audubou) Gmelin. 
P.—  Yelkouan. (Bonaparte) Acerbi. 
Stercorarius cataractes. (Gray) Linnée. 
Lestris pomarinus. Meyer et Wolf. 
L.— parasiticus. (Illiger) Linnée. 
L.— coprotheres. Brünnich. 

L. — cephus Keysserling et Blasius. 
Dominicanus marinus (Bruch) Linnée. 
Leucus glaucus. (Bonaparte) Brünnich. 
L.—  arcticus. (Bonaparte) Mac-Gillevry. 
L.—  leucopterus. (Bonaparte) Faber. 
Laroïdes argentatus. (Bruch) Brünnich. 


L.— argentaceus. (Bonaparte) Brehm. 
L.—  Michaellisii. (Bonaparte) Bruch. 
L,—  leucophœus. ( Bonaparte) Lichtenstein. 


Clupeilarus fuscus. (Bonaparte) Linnée. 

C. — cachinnans. ( Bonaparte) Pallas. 
Gavina Audouini. (Bonaparte) Payrandeau. 
Larus canus. Linnée. 

L.— hibernus. Gmelin 

L.— niveus. Pallas. à 

Rissa tridactyla. (Bonaparte) Linnée. 
Gelastes Lambruschini. Bonaparte. 


G.—  columbinus. (Bonaparte) Golowactsch. 


Pagophyla eburneä. (Kaup) Gmelin. 

P. — nivea.! (Bonaparte) Brehm. 
Rhodostethia rosea.: (Bonaparte) Mac-Gillevry. 
Icthyaetus Pallasii. (Kaup) Pallas. 

Gavia melanocephala. ( Bonaparte) Natteres. 
G.— ridibunda. ( Bonaparte) Linnée. 

G.— capistrata. (Bonaparte) Temminck. 
G.— Bonapartii. (Bonaparte) Swainson. 
Hydrocolœus minutus. (Kaup) Pallas. 

Xema Subinüi. Leach. 

Sylochelidon Caspia. (Bonaparte) Pallas. 
Haliplana fuliginosa. (Wagler) Gmelin. 
Gelochelidon Anyglica. (Brehm) Montagu. 
Thalasseus cantiacus. (Boié) Gmelin. 

Sterna paradisea. Brünnich. 

S.— hirundo. Linné. 

S.— fluviatilis. Naumann. 

Sternula minuta. (Boié) Linnée. 


CATALOGUE 


Hydrochelidon fissipes. (Boié) Linnée. 

H. — nigra. (Boié) Linnée. 

H. — hybrida. (Bonaparte) Pallas. 
Anous stolidus. (Leach) Linnée. 

Colymbus glacialis. Linnée. 

C. —  arcticus. Linnée. 

C. — septentrionalis. Linnée. 

Pinguinus impennis. (Bonnaterre) Linnée. 
Alca 1orda. Linnée. 

Mormon arctica. (lliger) Linnée. 

M.— corniculata. (Bonaparte) Kittlitz. 
Ciceronia nodirostris. (Reichenbach) Bonaparte. 
Thyloramphus pygmœus. (Brandt) Gmelin. 
Phalerys psittacula. (Bonaparte) Pallas. 

Uria troïle. (Brisson) Linnée. 

U.— Reingwia. Brünnich. 

U.— arra. Pallas. 

U.— grylle. Linnée. 

Synthliboramphus antiquus. (Brandt) Latham. 
Mergellus alle. (Linnée) Ray. 


LISTE ALPHABÉTIQUE 


DES NOMS PROPRES 


D'AUTEURS, DE VOYAGEURS, ETC., CITÉS. 


A Pages. 
Agassiz (le Docteur). . . ,. . . 482 
Albert-le-Grand. . . . . . . 87, 115 
Aldrovande . . . . Eee 1, 83, 299 
Aquapendente (Fabricius d). SR 39, 93, 148 
Aristote. . vin, 119, 413, 114, 115, 116, 117, 168, 347 
Aunerd (le pére) ee Lt LU 91 
Aublet. . . . AN ER RE 404 
Aucapitaine (le Hs H. DSNEPRAU 90 
AUJOUIR, 2: USE NE 53 
AUQUPONE, 2e NU urine 997 
LRNOES 11e Ca SR EE Er ST, 413 
Azara(d’). . . . . : . . . 164,230, 408,503 

B 
Rae de RE ee PE M TU 55, 494, 492 
Ballons. Me LU MS RE TUE 4 50, 55 
Darace (de) EME SRE ETES 55 
Barrère . . ROSE 248, 250 
Bartholin (Bartholinus) Sr ROME 4 - 87, 94, 98 
BechsteinepeiR enr ER UNEeRS 244 
Bécœutts ARE Er. WE 51 
Hebre Ne Eu 88 
Delon te RP AIS 
Berge. +: . D'RACILAR 86, 95, 116, 124, 174 
Berneaud (Thiébaut MH 27: 46, 55 
Bévallef (pére) CN EEE 51 
LEE BEVAE GR RENTE 489 
Bigot de Préaméneu . . . . . 51 
Blainville (de) . . xiv, 68, 69, 1419, 468, 209, 211, 


245, 439, BA, 4592, 45%, 517 


DD 


LISTE ALPHABÉTIQUE 


ES MEL 218, 291 

A NOTE ONE ARE 9295 

Bomare (Valmont de). :s, 9, 95, 185, 378, 390, 419 

Bonaparte (S. A. le Prince Charles). v, x1, 5, 71, 72, 
118, 120, 124, 144, 186, 192, 194, 205, 206, 250, 
243, 245, 258, 261, 270, 274, 276, 277, 289, 284, 
285, 287, 295, 295, 296, 502, 505, 521, 324, 526, 
552, 557, 339, 542, 345, 554, 359. 368, 369, 579, 
582, 5871, 588, 420, 433, 456, 440, 445, 444, 445, 
456, 455, 461, 462, 465, 469, 500, 508, 510, 511, 
518, 320 


Bonnaterre (l'Abbé). . . . . . 28, 59 
Bonnet . LLC RME NES RSC UT 61 
Boulez (Madame), de l’Aulnay . . 17 
D'OUVCLEE AMC US HE Mer AN ARLON (e 266 
Bourrit (le Pasteur). . . . . . 52 
BLEWEL M RUN AN EP RE RES Et 00 OS V4 
Brisson . . . . . . . 9270, 420, 439, 4%, 4%4 


Buffon. 16, 61, 73, 86, 89, 98, 138, 158, 161, 162, 
179, 180, 181, 182, 183, 184, 248, 249, 253, 999, 
511, 530, 531, 377, 318, 389, 390, 403, 405, 419, 
438, 439 

Buhle. 36, 39, 98, 104, 105, 110, 116, 121, 124, 146, 
148, 138, 161, 164, 167, 174, 229, 366, 499 


TA M ORALE le 5 PRES 51 
€ 
Cabot (Sir), de Boston. . . . . 490 
Canino (le Prince de). . . . . 588, 591, 392 
Card ENTER EEE AAC 0 IIR 87, 115, 114 
Carus. . . . . . . . 195, 148, 155, 154, 156 
Cassini. . . CE RL 89 
Castelnau (le pose de). 306, 508, 314, 505, 509, 520 
Columelle PEN AU TUELN AMEN RUE 415, 347 
Cornay (le Docteur). . . . . . XIV, 498, 499, 500 
Crescent (Crescentius). . . . . L 415 
Crespon (de Nîmes). . : . . . 52, 593 


Cuvier (Georges). vis, 51, 267, 268, 285, 288, 308, 
578, 429, 44U, 449, 451, 463, 476, 487, 519, 526 
D 


D'ANNONCE CINE BIRT EN 283 
DauNM EMI EE ONE LUS ASS 165280 


DES AUTEURS CITÉS. 


NES RON VERCESE à NUE 52, 220 
Panel r ME TO SEE 526 
Delalande. . . FAT RE 51, 487 
De la Motte (d’ Ados 5 CTERR 53, 81 
De:la:Péyronie y#4. 4 NEE" 4. 98 
Delattre (A). . . . FA à 511 
Delessert (le Baron Ro : 51 
Des Murs (0.). . . - 90, 192, 252, 234, 483, 489 
Deville (Emile) . . . 384, 595, 402, 503, 504, 509 
Deyrolles . : . 51 
Dubois-Normand, de Migentle. ban 498 
MHiTeS he ete pe ER 77 
Daméril (père): 7. 21.12: 96, 150, 168, 257, 439, 

440, 441, 442, 444 
Dumont Sainte-Groix . . . . .” 592,55 
Dupont (les frères). . . . . . 51 

E 
Earl (P:).. 0.107 OI at. 521, 522 
Escalles (Marcorel, nes MEL 99 
LUS IR fe AE Se 370 
Esholt (Esholtius) . . . . . . 88 
A EN SON URBAN ERP QE EEE 51 
EEE MONET + PART OR NS ED 371, 501 
F. 

LU) ERP ARENA" GE PPE 111 
DEC TEMPS SN TOR 3588, 393 
Men ER A 486 
Prose PA CHAOS CHE 557, 595 
Faure PET PU LOT se. à Le 158 
HORSIER ER TR Eee 521 
Gi eue FORME ME 121, 164 
Fournier. . . RER EN E 170 
Fraser (le hibine) RP UE Ÿ à 514 
Fraser-Walter . . . ME 513 


Fresnaye (le Baron de a XVI, 55, 58, 71, 209, 245, 
277, 285, 526, 527, 336, 510, 386, 387, 397, 445, 
449, 455, 462, 464, 476, 479, 517, 522 


G. 


Gahreliep. . . . CRUE 80 
Garmann na PRÈS E 76, 81 


cn 
QE 
; 


LISTE ALPHABÉTIQUE 


CALORIES ALAN SRE 283 
Gay (Claude). . . . s 284, 460 


“Geoffroy-St-Hilaire (Etienne). vu, 51,71, 115, 117 


Geoffroy-St-Hilaire (Isidore). x1v, XV, 144, 162, 168, 
194, 209, 258, 268, 276, 422, 439, 485, 487, 514 


Gerbe (Z.) . . . . 76,115, 140, 154, 155, 168, 
186, 188, 220, 221, 591 

Gerbes (Gerbesius). . . . . . 76 
Ces ne MN MENT Er 4 
CNE LE Re NE 59 
Gmelin . . OUR SAUTER 138, 420 
Gockel Uéeetiis)e SA 85 
Goudot (Justin). 51, 249, 254, 985, 5 11, 584, 40S, 488 
Gould (John). . . . . . 51,53, 231, 266, 274, 
278, 290, 371, 455 

CrAVES one MOMENT 35 


Gray (R.). 274,977, 310, 339. 319, 381, 397, 420, 
439, 440, 441, 449, 443, 444, 456, 517 


Guérin-Méneville . :. . . . . 89 
GUELIDS EE 88 
Gnettard CNT .18, 35, ‘62, 73, 75, 81, 84, 
89, 133, 146, 149, 299 

Guiton (le Docteur). . . . NL XV 
Gunther LEE ON 440418, AG AGE 

XX. 

Hagendonn PANNE RENNE NCA 85 
Hallen UE ATEN 41 
Hardy (de Dieppe) . . . . 78, 80, 82, 109, 517, 
332, 361, 485 

HartlauD E ME MERE MEN ER 511 
ECO RENE NAN 85, 87, 98 
HANÉESSIER EN AUS TI IC NC 261 
RAT NERO TT A 5 
Hecmannt (AMD) 280 
Hewitson (Will) . . . . . . 46, 56, 218 
Hugel {le Baron) :.. . . . . 45 
Humboldt (le Baron de) . . . . 261 

X. 


Iliger. . . . . . 258, 578, 420, 440, 519, 526 


DES AUTEURS CITÉS. 


J. 
Jardine (S. Wil.) . . . . . . 55, 505, 339, 501 
JO MS. PRO de TRE De. 168 
TONSION NE. AMAR ESS IEP A. 1 
Jourdan (le Docteur). . . . . 148 
JUN UNQUS) NE ANNE | 87 
OSSI OR LM UN 30 
K. 
Klaussen (de Rio-Janeiro) . . . 51 
LE RTE N 0 em es Cran dar à 8, 62 
MAC RDER QUES LES TES CAN En 508 
L. 
Lacépède (le Comte de) . . . . vil, 439 
Lachmund {Lachmundius) . . . 88 
Lanol/(Langhus) Nr. 00 ur. 61 


Lapierre (le Professeur). XVII, 30, (62, 67, 83, 113, 
146, 174, 175, 176, 184, 185, 156, 285 


Fatlam mir S' COMOIS287 3788400, 459 
Latreille . . . . 233,988, 305, 378, 440, 519 
Peclerc (OS) es. ASUS 53 
Lefebvre (Auguste) . . . 55 
Lefebvre (le Lieutenant Théophile). 210 


Lesson. 33, 223, 235, 258, 261, 277, 278, 283, 288, 
508, 322, 378, 382, 598, 410, 420, 440, 476 


Mesa nr. 45 
Levaillant. 55, 218, 293, 971, 518, | 329 337, 595, 509 
Léwint:. : . : 29 


Lherminier (le Doeiet ee de ki Gras 
deloupe. xiv, 53, 68, 69, 119, 209, 211, 214, 256, 
261, 269, 385, 397, 398, 399, 400, 405, 404, 406, 
1, 452, 433, 466, 506, 318, 520, 522, 524, 526, 
927. 


Lichtenstein NT ETES PENT 322, 420, 526 
Hiackos “04 : 16 
Linnée: . . VII, 268, 546, 578, ‘104, 420, 440, 441 
Liwingston (le Docteur David). . . 938, 241 
Hobou(le Pére) in oc Ter 1: 945 
Loche (le Capitaine) . . . . . 287 


Ebreaw (Madame). 2: 239 


557 


DDS8 


LISTE ALPHABÉTIQUE 


M 
Malan (le Révérend . . . . . 55 
MARECUE EE TU Or 395 
MÉUAE R PP MERREE 2e. 6." TN 61 


Manesse (l'Abbé). 924,84, 191, 129, 195, 148, 149, 
150, 153, 154, 137, 170, 172, 174, 285, 487 


Marcily (Hen)eRT tr 20 81 
Mariette. . . ANT UE 429, 430 
Marsigli (le Cie de) ST" M OO 4 
Martin (de Londres) . . . . . 192 
Mauduyt. . . . HU .1195;145:/928 1290 
Mel viLE MEME D A UN, 516, 517 
Ménétriés . . POS AT 250 
MIENPRMC MEL es 2 LÉRMINeNEE 283 
MEMGR A UNS TS: ee és Pac 50 
Nighelet. .! : -. RE 414 
Montbeillard eau de TE 244, 264 


Moquin-Tandon. 44, 52, 60, 75, 80, 81, 85, 91, 95, 
101, 104, 410, 127, 156, 139, 138, 161, 163, 221, 
245, 284, 300, 326, 327, 329, 479, 485, 491 


Morogues {le Baron de) . . . . 89, 91 
1 RE Se NC ENT LE ELITE PRE 29 
Muller 90Hn) MERE THERE UN. 263 
Müller (Sal.) . . MALUS 53,225 
Mulsent OR ARE AE St FeriNe 266 
N 
Naumann . . EAP EN LE 56, 59, 499 
Nesle (le Marquis da) AVR: 390, 394 
Neuwied (S. À. le Prince Max. Wied de). 422, 526 
Nitzschest 7 ar AN EEE EM XIV 
Nozemann, SPAM RETOUR LME 41 
Nathalie EUINT OUR CMS SR TUE 295 
Nymnbus 98e LE, HE DE (RES : 112 
QU 
Obeuf (le Docteur). . . . . . 410,475, 477,479 
Orbigny (Alcide d'). . . . 50,51, 53, 409, 421, 
490, 495, 526 
Oüdart 21 MRC. CEE è 278 
Drery(d') ME EME ER O0 ENS 504 


Owen (le Docteur R.}. . :.. . 361, 364 


- 


DES AUTEURS CITÉS. 


P 
Pakman. . . APR Re: Me 272 
Pardzudaky Héteh NRA 51 
Pareyss (de Vienne} .-. . . . 51 
Parmentier. te NX LEE 60, 85, 96, 97 
Pelletan (le Docteur). . . . . 51 
ROMA MST ET UPS à". 155 
Pernetty. SN D LE ARE PPT 
Perrache (Gustave), d’Abbeville. . 55 
BPrEOU(DOeB)N EP RME: Ne dr 51 
Betherick (Jobin} … "2,470. 454 
IAELEE  PRNSNP SRE Re RE 89 
Petit (le Docteur). 
Plaza (le Père). . 
RE TN RTE RS M VII 
Polisius. . . ere ve 2 102 
Pompone (le Curé de) LANCE 135 
Poncel (de Buenos-Ayres) : 
Portland (la Duchesse de) . . . 29 
Prévost (Alphonse). 516, 489 
Prévost (Florent). 51, 71,115, 117, 118, 245, 440, 485 
ARTE 2 EM nt Ur 125, 155 

LU 
Ramon de la Sagra. . . . . . 50, 424 
CENT MA TETE ee dE ete AIN NONE 1, 244 
Réaumur (de). . . . . 10,61, 81, 89, 135, 149 
Reichenbach: 3359, 382, 597, 422, 518, 520, 523, 526 
Reisel {Reïselius). . . , . . . 83 
Reyger . . . À 8 
Rommel-Cleyer (Bonus créera 81, 33, 84 
Roulin (le Docteur) . . . . . . 261 
Rour(Polyéerele 15 1. LUte 45 
Rorier (L'ABBE 2 ee 91 
Rappels PMR 7e ATEN 210, 328 

S. 
SSL D PONCARE)- 2 | LPO POSE 160 
Salerne. . . ARTE MERE 245, 244 
Samson (icteus) DÉRE n (NRA 88 
Snusure (de Ans TENTE. 7e 325 


Schaeteres Arr CN UOTE 581, 459 


DD9 


UE 


LISTE ALPHABÉTIQUE 


Schindel (le Conseiller) . . . . > 41 
Sching (le Docteur). . . . . . 39, 45, 135 
SES REC RE ee LP TE O6 EST, 
Schmiedel (ie Conseiller Aulique) . 16 
SONONBUEE CREME. . Te 3U4 
Schraderius Are de A 

SCRUS PES EPS Fe ATEN 51 
Schwenkfeld . À, EI 5 
Sclater (Philip Lutlen). . . . .55, 290, 505, 313 
DCODOLE SR pm Ci ele QUES Mie 439 
SÉRIE LTS RO MIO ES 85 
SOUDe 25 0e JE ES CESR 11 
D ÉDNEAREE  D yes doc tee seen ER 430, 490 
SRE M Den = Med. QUE fee 157 
SEMON Le 1. + ÉCMET TEMET- 51 
Bikes (le Major): (URSS 0 n.. 328 
Smith {le Docteur) . .- . . . . 52, 323,398, 529 
Smithson, de Washington. . . . 493 
Sonnini (de Manoncourt) . . . . 23,255, 5914, 405 
SHATITARIE UE M RER nee 245 
ST APN 0 100 FES D SE 
Stendal . ANA P ARTS 35 
Steller . . . 5, 62, 108, 113, 117, 134, 164, 167 
SRERC RÉAL 270 2 LR ee. OC 516, 517 
DS USE N ATEe ARE EE Va HPER le ME 81 
SI UÉ LU EU TON RTE CETTE 270, 278, 528 

T 

DaczanowSEie en ESS 299 
Taleycand (le Prince de) . . . . 398 
Taylor (de Monterey) . . . . . 501 
Temminek. . . : . 52,165, 221,958, 506, 351, 


518, 390, 422, 439, 300 

Thienemann (le Docteur). 40, 45, 52, 53, 123, 140, 

4148, 168, 173, 177, 213, 224, 280, 298, 393, 533, 

338, 368, 375, 316, 385, 593, 394, 416, 461, 467, 
476, 477, 489 


Toussenel BREL EI NN OxIv: 1, 407,414 599 
T'OMPRTOF SE A NC EEE 491 
Trudeau (le Docteur) de New-Yorck. 490 


Tyzenhauz (le Comte de) . . . . 53 


DES AUTEURS CITÉS. 


V. 
Vauquelin: 4 7 TOR NP AA, 96, 
Velsch\{(KelscRuS) STE USE 8s 
Verreaux (Edouard) . . . . 55, 322, 454 
Verreaux (Jules). 53, 192, 215, 935, 224, 951, 234, 


23 
2357, 258, 241, 260, 267, 271, 272, 274, 277, 278, 
279, 288, 522, 557, 542, 409, 454, 438, 459, 470, 
475, 477, 418, 479, 507 
Verreaux (père). nu ihes#té 51 
Vieillot. . 32, 176, 227, 230, 276, 278, 258, 565, 
578, 590, 597, 420, 440, 471 


RENE eu AE NAEAEIE PR PEUR TRSE 521, 420 
VIDES BE ER EME ER EE 60, 96, 150 
Ait 
Wagler . . RTE NS 
Weddell (le Doabhr} M er 384 
Wedel:/Wedelius), 22°: 20, 2, 98 
Mao CLS NAT 1 
Wilson . . É 31, 29 
Wilson (Edward) dé Ne : 495 
Wilson (le Docteur T. B.) de Philadelphie. 310, 493 

Z 
Zinanni (le Comte de). . . . . 4 
PIC TNS ANANANNQRE À (CARE TETE ie 41 


61 


$ AL (LE AU AAIPORENL CARS 
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ALU M AO AU AMEL Fri 


ge: 
À 


NOTICE ALPHABÉTIQUE 


DES 


OUVRAGES CONSULTÉS OU CITÉS. 


A. 


Acta physica Medic, etc. as à 

Agri Roman: Historia Naturalis. Auctore Gili : 

Agricultur@ (de). Crescentius HR 
Analyse du Système général d’ dtlulene, par den 


Pages. 


85 
59 
115 
258 


Annales de la Société Linnéenne de Paris . . 44, 60, 75, 80, 81, 91, 95, 
; 101, 156, 1357, 158, 165 


Annales du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris . 

Annales (Nouvelles) du Muséum d'Histoire Naturelle de 
Paris 

Annales des Sciences Naturelles 

Arch. fur Anat. phys. von Müller. 1842 

Arrangement of the Genus Thamnophilus, by Sclater. 1855 | 

Ateneo Haliäno 

Atlas des Œufs des to role par rent 
Lefebvre. 1844 . 

Aves Brasilienses. 


Fe. 


Beagl's Voyage . 

Bechreibund und Abbitdung des Eier, Su Nester der gl à el 
von Schinz. 1818-1830. Zurich RON Pad E GE 

Birds (the) of Great Bretain by Lewin. London, 1195-1800. 

Bulletin de la Société Philomatique de Paris 

Bulletins de la Société Zoologique de Londres . 


€. 


Catalogue méthodique de la Collection des Mammifères et 
Oiseaux du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, par 
M, Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire. 1851. 


308 


194, 434 


564 NOTICE ALPHABÉTIQUE 

Classification es par Séries, par le Prince 
Ch. Bonaparte. 1853 2e 

Collection Nine Française et Étant 

Collection de Nids et d'Œufs de divers Oiseaux tirés du 
cabinet de M. le Conseiller Schindel et de celui de 
l’Auteur (Gunther) à 

Commentaria (Nova) Academiæ Peau ane : 

Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Scueltesl 


11 
115, 164 


209, 357, 567, 


386, 447, 452, 464 


Compléments à Buffon . 
Comptes-Rendus de l’Académie de Douce j nas 


Conspectus Generum Avium, par le Pr. Ch. Bonaparte. 1850. 


Conspectus Systemalis Hg ie par le Pr. Ch. Bona- 
parte. 1851 

Contemplation de la Nature par Rone 

Contribution of the Ornithology . 

Contributions Ornithologiques. 

Cours professés au Muséum d'Histoire NUE de ph 
par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire 


Danubius Panonico-Mysicus, par Marsigli . MA Le 

Description des Œufs et des Nids des Oiseaux qui Don Abu 
dans la Suisse, dans l’Allemagne et dans les Pays voi- 
sins. 1818-1830, Schintz 

Dictionnaire des Sciences Naturelles . 

Dictionnaire d'Histoire Naturelle, par Valmont de Dore 


258 


161, 192, 245, 


369, 383 


V, 245, 325, 539, 


569, 469 


118, 192, 261 


61 
218, 305 
501 


379, 422 


19, 29,95419 


Dictionnaire (Nouveau) d'Histoire Naturelle . : 60 
Dictionnaire (Nouveau) d'Histoire Naturelle appliquée aux 
AIT TS BTE Dee . . 32,60, 85, 96,97, 116 


Dictionnaire Die d’ He Nanielle 
Dodo and its Kindred ‘the). London, 1848 . 


E. 


Echo du Monde Savant. Ce AMEN Re de re RES 
Eier der Vogel Deuischlands, etc. Naumann et Buhle, 1818. 
Eier (die) der Europeischen Voegel, von Bardeker. Leipsig, 

1858 EL HE LRESRTPETMER 
Eléments des Sciences SHintellee par Duméril père . 
Elementa Zoologica, 1774, par Schœffer 


115, 140, 154 
LA 


DES OUVRAGES CONSULTÉS. 565 


Encyclopédie d'Histoire Naturelle. 208, 210, 2114, 215, 225, 250, 238, 245, 
244, 248, 258, 263, 266, 269, 271, 275, 274, 277, 284, 286, 500, 305, 
326, 350, 337, 547, 382, 391, 395, 445 


Encyclopédie {Grande}... 44 20.4 0. 0, 0 85 
Encyclopédie Méthodique . . A HA NN 23, 248 
Encyclopédie (Nouvelle) Métiodique. PER 1 LE 28, 59 
Exotica Clusii. . . ; 138 
Exploration dans RARE du Pique nuie) , par 

Livingstone. 1849. . . . : 238 
Essai sur l'Histoire Naturelle de la Pau bone. 

par Barrère . . AMIS one 250 


Expédition Américaine du Bag. - 
Expédition de M. de Castelnau. Historique du ec 
Expédition d'Islande (Ancienne) - 


F:: 


Fauna ltalica. . . 391 
Formatione (de) Pulli in Fr Londini, 1670, par Mu 61 
Fortpflanzungsgeschichte der gesammten Vogel nach dun gegen- 

wartigen Standpunkte der Wilseuschaÿt. Res 1845-1856, 


von Thienemann . . ; 54, 300 
Fortpflanzung. Europ. Vo a PS 5e 1840, von A : 48 
Menara pan CL Gap Re PT 4 CN AL. 284 

&. 
Galeries des Oiseaux, par Vieillot . . . . p 278, 471 
Gammlung von Nestern und Eyern Verschedener Fou FETATS 

berg, 1112, von Gunther. . . . . NT HUE - 115 
Generatione (de) Animalium . PL nes. Ronde Batav. 

1731, Harvæi. . . a DE ET EE M Eve 61, 85, 87 
Generatione (de) paf Aéstôte LUN mere Vus 60 
H. 

Histoire de l’Académie des Sciences de Paris . . . . 99 
Histoire des Monstres. Aldrovande . . . . . . . 85 
Histoire générale de la Nature. Buffon . . . 61 
Histoire Naturelle de Buffon . . . 29, 50, 7 72, 89, 98, 115, 158, 179, 

182, 244, 248, 550, 390, 419 
Histoire Naturelle de l’Ile de Cuba . . . . . . . 421 
Histoire Naturelle des Oiseaux des Pays-Bas, Nozemann 

ehSepps 2110 Er COTE NE UE QU 11, 86 

Histoire Naturelle des Diséeu d’ tique par Levaillant. 271, 319, 542 


Histoire Naturelle des Pigeons. . . . . . . . . 338 


566 NOTICE ALPHABÉTIQUE 


Histoire Naturelle des Sucriers, par Levaillant. 

Histoire Naturelle générale des Règnes Organiques, par 
Is. Geoffroy-Saint-Hilaire 

Histoire physiologique des Œufs . 

Historia Animalium. Aristote. 

Hortus Sarurgianus. 1740. Helving 


‘ 


E. 
Jois (the) Maguzine ot general Ornithology . . . 48, 218 
Illustrations of British Birds and their Eggs. by Meyer. 1841- 
1849 
d. 


Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire Naturelle . 
Journal des Connaissances utiles . 
Journal (new) Philosopkical. Edimburg . 


EL. 
List of Genera. 


M. 


, 205, 515, 455, 


196, 508, 511 
50 
245, 453 


414 
294 


Magasin de Zoologie de la Société Cuviérienne. vint, 55, 66, 68, 120, 250, 
950, 245, 247, 252, 254 956, 257, 550, 514, 319, 3582, 584, 418, 485, 


488. 
Magazine (New-Philosophical). Edimburgh. FINE 
Manuel de l’Amateur des Oiseaux de volière, par Bechs- 
tein. 
Manuel des Done MHaoye, 1820. nc 
Manuel d’Ornithologie. 1821. Temminck ; 
Manual -of the Ornithology of the Unit. St. and of anna, 
1832. by Nuttall : 
Mémoire sur l’Oologie, ou sur les Œufs a ina 
Mémoires de la Société Linnéenne de Paris. 
Mémoires d’une Société célèbre : 
Mémoires sur différentes parties des Sciences el He Art 
1783. Guettard 


163, 422 


997 
44 
2, 11, 269 
91 


19, 81, 89, 149 


Miscellanea Naturæ Curiosorum. . . . 76, 80, 81, S5, 84, SE, 87, 88, 98 


Monographie des Myiothérinés. Ménétriés 
N. 


Nature (de la) des Oiseaux. Belon . 3 ! 
Nederlandsch Vogelen. Amsterdam, 1110, von Nozemann et FRS 
Nester (die) und Eier der Vogel. Stuttgard, 1843, Anonyme. 


250 


115 
41 
55 


DES OUVRAGES CONSULTÉS. 


Notes et Considérations Oologiques sur la place à assigner 
au Genre Ornithologique Flamant {Phænicopterus). 

Notes et Observations sur la ponte des Oiseaux qui se 
trouvent à l’Ouest de la France. Lapierre de de Buffon 
par Sonnini) . 


Notes Manuscrites Ha PATES JADE VER et diet 


lienne, par J. Verreaux. 

Notes Ornithologiques sur la EAU: Défi 1854, 
par le Prince Ch. Bonaparte . 

Notice et Considérations Oologiques sur fe Cite Crau: 
logique Caurale f4rdea hélias). 

Notice et Considérations Oologiques sur 4 Gessrettn 
du Genre Ornithologique Courlan ou Courliri (Aranus). 

Notice et Considérations Oologiques sur le Genre Ornitho- 
logique Poule-Sultane (Fulica Porpkyrio, L.) . 

Notice et Considérations Oologiques sur le Genre Ornitho- 
logique Rupicole ou Coq de Roche . 


@. 


Observationes de Generatione Animalium, et Ovo incubato. 
1674, Harvey . RE Le 

Œufs des Oiseaux d'Allemagne et A Pas x voisins. “1848, 
Naumann et Buhle . 

Oiseaux (description des) de ÉAeabae avec Jaut Nids 
et leurs Œufs. Nuremberg, 1795-1800, Muller 

Oiseaux de la Grande-Bretagne, avec leurs Œufs. 1795- 
1800, Lewin . : 

Oiseaux de l'Amérique ent RAT 

Oiseaux de l'Amérique du Sud (Expédition de Castelnau), 
par 0. des Murs. 

Oiseaux du Chili. Meyen . 

Oologie de l'Amérique du Nord. er LT 

Oologie Européenne (manuscrite), par l’abbé Manesse, 
1800. 

Oology (British), by W. ii: Nail 1832 

Oology North-American, etc., by Brewer. 1859. 

Opera Alberti Magni . 

Opera Avicenne . 

Ornithologia Powsezchna. Tuebaats 

Ornithological Biography by Audubou. 

Ornithologie Britannique. 

Ornithologie de l'Amérique sétailoadie) par Wilson 

Ornithologie de l'Ile de Cuba, par d'Orbigny 


907 


XVII, 85 
289 


293, 511 


528 


to 
Le 19 


. 506, 505, 505, 520 


2835 
492, 496 


191, 148 
45 


68 NOTICE ALPHABÉTIQUE 


Ornithologie Européenne, de Degland. 1849. . . . . 290 
Ornithologie Passionnelle. . . . EMA NE een 522, 525 
Ornithologie Provençale, de Poly- Rois MALE chere 45 
Ornithologie de Salerne . . . . . UE EE RENE 244 
Ova Avium plurimarum, Auctore O. des Mars, e Socielate 

Cuvierianà, Parisiis, collecta. 1842 PAIE 
Ovarium Brilannicum. by Georges Graves. Londen, 1816. . 35 
Ovographie Ornithologique, par 0. des Murs. 1842 . . 488 

PB. 
lanches Enluminées de Temminck . . . . AD 306 
“ Principes d’Adénisation, par le Docteur Boni de 

Rochefort. 1859 . . . . QE UE ER LA IE 499 
Procedings Zoological Society of London, ae ES DRE 310, 561, 435 
Pterylographie (System der). Halle, 1840. Nitzsch CES XIV 

&. 
Recherches sur l’Appareil Sternal des Oiseaux. 1828. 

Lherminier. . . US AAA A PEUR CUT PAPERS 209 
Règne Animal. G. Caves she Me IX, 239, 490, 449, 476 
Reproduction des Oiseaux (sur En par 7. Stuttgard, 

1840-1841. . . . Ge DE CHU QUE Mae D ME E 174 
Rerum (de) Varietate. Caron SE VASTE 87, 113 
Revue et Magasin de la Société Cuviérienne. 7, 0. 55, 82, 89, 95, 109, 


284, 299, 506, 526, 562, sl 399, 406, 485, 491, 496 

Revue et Magasin de Zoologie. 506, 508, 509, 320, 521, 522, 526, 527, 528 

Revue Zoologique de la Société Cuviérienne. vil, 54, 53, 68, 148, 157, 

161, 164, 170, 209, 252, 260, 261, 277, 337, 318, 385, 384, 388, 394, 
457, 464, 47TB, 476, 479, 488. 


S. 


Sammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Vogel. 


Nuremberg. 1112. 41 
Smithsonian Institution. 493 
Société Smithsonienne 495 
Société Zoologique de Londres ; NÉS 564 
Symbolce ad Ovi Avium historiam ante bat Lane 

18930. PARTENAIRE EN TE NE NTERS 125 
Systema Nature Annee EE MC MEN CO REU ETS UNE 133 
Systema Oologicum (Classis Avium), ab O. des Murs . . . 195, 356 


Systematic (A.) Catalogue of the Eggs of British Biras. 1848. 
R, Malan de ne NAN PEN PS RS TS AN DE A 50 


DES OUVRAGES CONSULTÉS. 


T. 


Tératologie par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire . 

Traité élémentaire d’Anatomie comparée. 1835, Carus. 

Traité d’Oologie. ROSES 

Traité d'Ornithologie. 1800. Daudin. "AVIS 

Traité d’Ornithologie. 1830. Lesson. . . .. [1 955,264 

Traité sur la manière d’empailler et de conserver les 
Animaux. Abbé Manesse . 


U. 
Uova (delle) e dei Nidi degli Uccelli. Venezia. 1735. Zinanni. 


V. 


Voyage aux Régions Equinoxiales du Nouveau Continent, 
ER NE EEE 

Voyage dans l'Amérique Méridionale et au Paraguay, 
AE EME ALT OREUA 

Voyage dans l'Amérique du Sud, etc., par le comte de 
Castelnau . 4 

Voyage de la Coquille . 

Voyage du Beagle . À 

Voyage de l’Erebus and Terror . RP UNE V8 

Voyage en Abyssinie, par le Capitaine Th. Lefebvre 

Z. 

Zoologia Arctica. Pennant SAINTS 

Zoologie Analytique. 1806. Duméril père . 

Zoologie de la Coquille . CARS ANT ANT 

Zoologie Tasmanienne et Australienne mss. 


38 


483 
123, 148 
496 


26 
164, 250 


395, 405 
285 
285 
521 
210 


MA tre DOUTE 


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TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Abba-Gumba . 
Abou-Makoub . 
Abyssinie. Te 
AbYssids 1, 


Académie des Sciences de Paris. 
Académie des Sciences Naturelles de 


Philadelphie . 
Académie de Berlin 
Acanthys . 

A. — linaria . 
Acanthyza. : 
APE chrysorrhœa . 
Acanthyzes 

Accentor 

A. —  modularis , 
Accipiter brachydactylus 
A. — Cooperi. . 
A. — nisus . 
Accipitres. 

A. —  Diurnes. 
Acridotheres . ; 
À. —  crislalella . 
À. —  1rislis 
Adénisation . 
Ægyalites. 

Ægotheles. 

Ægythina . 

Afrique 

A.— Australe. 


Pages. 


245 
435 
210 
245 

89 


483 
263 

334 

219 

300 

224 

301 

994 

219 

502 

302 

498, 502 

68, 205 

118, 143, 145 
324 

324 

324 

499 

564, 429 

260 

300 

185, 216, 470 
238 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Afrique Orientale . 245 
A. — ‘Septentrionale 287 
Agami (et Agamis) 417, 520 
Agelaïinæ. 324 
AJELQIUS CINE. 326 
Agriornithinæ 291 
Aigle de Jupiter . X 
Aigle (et Aigles) . 206, 517 
Alauda . 287 
Alaudidæ 185, 264 
Alaudidés 28%, 285, 465 
Alaudinæ 243, 286, 287 
Alaudinés . 286 
Albatros. 459 
Alca à à 166, 467, 482 
A.— alle. 467 
A.— arclica. 467 
A.— cirrhata 267 
A.— impennis . 463, 481 
A.— psiliacula. 2467 
A.— 1orda . 112, 467 
Alcedo 353 
Alcedinidæ . 64, 243 
Alcédinidés . 198, 936, 247 
Alcedininæ . none 237 
Alcidæ . 63, 71, 186, 466, 467 
Alcidés . 198, 460, 467, 469, 481 
Alcinæ . 463 
Alcinés . 468, 469 
Alcyons. 182 
Alectores. De MAR RES 410 
Alectorides. 94, 199, 193, 375, 443, 507, 518 
Alectorides . 420, 565, 375 
Algérie . 287 
Allemagne . 39, 148 
Alouette CRANTE 40, 185, 284 
Alphabet Chinois . 468 
Allrices . 551, 445, 445 
Amadina. 532 
Amarillo de pena $ à 253 
Amazone (Haut) . 306, 307, 385, 509 
Amérique Equatoriale. 251 


A0— du Centre . 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Amérique du Sud . 


À. —  Septentrionale. 
Amilus . . 

Ampelidæ 

Ampelinæ 

Ampelis . 

Amsterdam, 

Anabates puncticollis 
Anabatidæ . 


Anabatidés . 
Anabatinæ . 
Anabatoïdes 

Ananas . 

Anas. 

À .— domestica . 

A.— leucocephala . 
A.— leuïcophthalma. 
Anäslomus . . 
Anatide.. RUES 
Anatidé (et Anatidés). 


Andes Equatoriales 
Andropadus importunus 
 Anglure. 

Anhingas < 
Animaux Terrestres 
Aninga (Vég.). 

Ani (et Anis). 


Anisodactyles . 
Anonacea 

Anser. 

A.— albifons 
Anseres 

Anseridæ . 
Anseridés 
Anthine . 

Anthinés ; 
Anthropoïdes virgo . 
Anthus . 

A —  cervine . 
A  pralensis. 
Anthochæra . 


151, 164, 318 
299 

296 

304, 505, 508 
305, 308 

258 

11 

289 

281 

281 

281 

289 

404 

94 

457 

438 


49: 

64, 445, 456 

138, 147, 436, 440, 
441, 444 

313 

216, 291 

FL 150 
65, 70, 129, 137, 448 


26 


129, 151, 132, 229, 230, 488, 
502, 505, 506, 515, 527 


119 

9255 

81 

157, 458 
145, 445, 439, 462 
450, 456 

105 

9286, 287 

286 

417 

285 

219 

219 


975 


273 


574 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Antigone torquala ?. 
Antilles ( Iles). 


Antülope (et Antilopes). 


Aptenodytes . 

—  demersa 
—  Forsteri 
—  papua . 


à à à à à 


. — Pennantii. 
Aptenodytidæ 
Aptenodytidés . 
Aptenodytinæ 
Aptenodytinés!. 
Aplerygidæ . 
Aptérygidés. 
ADIEU MU NN 
Apronack (rivière d’) 
Aguilidæ., 

Arabes . 

Arabie . 

Aramidæ 

Aramidés 

Aramus . . . 
A.— scolopaceus . 
Arachnides 
Arachnotherinæ . 
Araignée . 
Archipels. 

Ardea . 

A.— Geranos 
A.— gigantea 
A.— Grus 

A.— Helias . 

A.— Ralloïides . 
A.— Scolopacea. 
À.— stellaris 
Ardéidés . 

Ardeidæ . 

Ardeola . 

Ardéole . 

Ardiacées 

Argala 

Argus . 


— Patachonica . 


146, 471, 
470, 478, 


470, 
470, 478, 


418, 


490, 421, : 


417, 424 
51 
323 
481, 482 
470 
479, 480 
471 
476, ATS 
479, 480 
470, 480 
480, 481 
470 


359, 564 


364 
360, 364 


380, 489 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Arolies . 

Arremon . 
Artamidæ. . 
Arlaminæ 

Artamus albovittatus 
Arum arborescens. . 
Asie. Le 
A.— Occidentale . 
Asilo . ; 
Astrapia caruneulata 
Astrapies : 
Astur palumbarius . 
ASturin® . 

Attagis . 
Atelornithinæ . 
Atrichia . 

Australie 

Autours. 
Autruche. 


A. — d'Afrique 
Aves marinæ stolidæ 


Avocette et Avocettes. 


Bacbakiri. 
Bae-obscure. 
Balænicepideæ . 
Balcæniceps 
Balbusard. 


Balearica pavonina . 


Balénicépidés 
Baléniceps 
Bananes : .… . 
Banhinia . 
Barbus 
Barges. 
Barila. 
Barra (la). 
Bartavelle. 
Bécasseaux 
Bécasses . 
Bécassines 


. 44, 17, 20, 26, 317, 64, 77, 95, 


104, 408 
185, 216 


94, 132, 138, 459, 325 
65, 313, 440, 441, 462 


137, 320 


96, 502 


451, 453, 454, 435 


65, 42, 3 
320, 322 


PSE 42, 56 
37, 65, 120, 366, 374, 419 
1926, 127, 366 


57 


D 


Cr 


(=7 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Bécassines à bec court. 
Bec-croisé : 
B.— faux Perroquet 
Bec-de-fer 
Becs-Fins . 

Bengale . 

Bengalis . 
Bergeronnette brune 
B. — grise 
Bergeronnettes . 
Bissao. 

Bled 

Bolivie. 

Bologne. . . . . 
Bombay 

Bombycilla : 
B. —  Carolinensis. 
Bombycillina . 
Bonasa. . 

Boston. 

Botanique. 
Bouquetin. 
Bouvreuil. 
Bouvrons. . 
Brachyptères. 
Brachypteri 
Brachypteryx. 

B. — capistrata. 
Brésil . 

Brésiliens. 

Bretagne (Grande). 
Brèves. 

Bruant. 

B.— Proyer. 
Bucconidæ. 
Bucconidés 
Bucerotidæ. . . 
Bucerotidés . 
Bucorvus Abyssinicus. 
Bufflo-River . 
Buphaginæ 

Busard. 

Butor , 


156, 


445, 
445, 


. 51, 166, 


38, 189, 219, 


914, 


298, 507 


523 
219, 328 
334 
449, 461 
449,465 
324 
296 
384, 509 
404 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


€. 


Cabinets d'Histoire Naturelle. 141 
Caccabis 349 
Cacomante 995 
Cacomantis 223 
Caille. 95, 95, 194, 349 
C.— commune. 166 
Caïmans . 

Calamoherpe. 3 : 302 
C. —  arundinacea et une. 219, 502 
C. —  palustris. 302 
C: —  turdoïdes 295, 502 
Calamokerpinæ . 295, 295, 502 
Calamoherpinés. 293, 302 
Calaos 193, 237, 543 
Calice (Bot.). 51 
Callæas cinerea . 9275 
Campephaginæ 516, 320 
Campéphaginés . 316 
Campylorhynchus Pete Me A à 300 
Canard (et” Canards). 18, 42, 64, 130, 138, 155, 456 
C. — domestique. « 81, 82, 91, 92, 94, 457 
C. — de Barbarie. S4 
C. — à longues jambes. 440 
C. — coureur. 451 
C. — marcheur 451 
C. —  Nyroca . 135 
C. — plongeur 450 
Canaris 115 
Cancroma. 433 
Cancromide . 496, 451 
Cancromidés. : 426 
Canna-Braba (Lac de). 

Cannepettière 355 
Canori. 258 
Cap de Bonne- Épélaness ‘4, 166, 216, 241, 522, 487 
Capito Amazonicus . 509 
C. — Cayanensis . 509 
C: — Erythrocephalus . 509 
C. — Peruvianus 509 
Capitonidæ 3505 
Capitonidés . 235 


39 


78 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Caprimulgideæ. 
Caprimulgidés .. 
Caprimulginæ . 
Caprimulginés . 
Caracara (et Caracaras) 
Carao . 

Cardinales 
Cardinalis. 
Cardinaux. 
Carduelis . 
Cariamas . 
Cariamidæ 

Carina moschata. 
Caroline (la). 
Carpodacus 
Carpornis . ‘ 
Casoar (et Casoars). 


C.— à casaque 
Cassicans. 

Cassicine . 

Cassicus . 
Castagneux . 
Casuaridæ 

Casuaridés 

Casuarinas . 
Catarractes chrysocome . 
Cathartes. . . 
Cathartes . 

C. — aura J 
C. — Californicus . 
Cathartinés . 

Caurale (et Caurales) . 


Cayenne: ..!...: 
Cegano (et Geganos) 
Centropodinæ. 
Centropodinés 
Centropus . 
Céphaloptère. 
Cephalopterus. 
CG. — 


C. — ornalus . 


16, 96, 31, 64, 93, 94, 132, 138, 


195, 306, 308, 508, 510 


glabricoliis . 


. 64, 119, 239, 260 
238, 259, 260 
259, 260 

261 

194, 205, 401 
325 

163 

334 

163 

95 

63, 366, 369 


. 65, 564, 366, 368, 5175 


84 
146 
147, 334 
305 


179, 360, 562, 457, 438 
181 

316 

324 

RE 326 
Là 455 
389, 362 

129, 562 

272 

471, 472 

63, 501 

300, 316 

495 

301 

206 


193, 377, 385, 418, 518, 


519, 526, 527 
249, 384 
400, 405 

215 
215, 228 
233 


305 
ge 310 
310 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Cephalopterus penduliger 
Cereopsis . 

Cerf 

Ceriornis . 
Certhia. 

C.— Coste. 
C— familiaris . 
Certhide . 
Certhiüdés. 
Gerthiinés. 
Certhiola . 
Certhilauda 
Certhilaudine. 
Certhilaudinés . 
Cétacées . 

Ceutia . 

C.— Sericea . 
Chalcitte . 
Chalcites auratus 
C, —  lucidus. 
Chamois . 
Champagne . à 
Chantilly (Cabinet de). 
Charadride . 
Charadriidés. 
Charadrius 

C: — vociferus . 
Chardonneret 
Chasmarhynchus . 
Chats . . 
Ghélidons. 
Chelidon urbicu . 
Chelidoninæ . 
Chéloniens 
Chenalopex 
Cheval. 
Chevaliers 
Chevreuil . 

Chien (et Chiens) 
Chili 
Chimborazo , 
Chionide . 
Chionis. 


225, 224, 295, 251, 959, 933 


284, 306, 370, 460, 509 


306, 515 
457, 458 
523 


147, 281 
280, 505 
147, 268, 280, 505 
280, 305 
273, 274 


286, 287 


65, 365, 366, 571 
145, 147, 569, 571 


28, 95, 328 


248, 320 


65, 120, 566 
244, 520 


d80 / TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 
Chlorospiza , 
C. — chloris 
Choucas 
C. — commun. Ra ES 
Chouette (et Chouettes) . . . . 186, 
C. — de Minerve 
Chrysococcyx . 
Chrysocoma chrysolopha. 
Chrysomitris . 
COTENTOM EMMA TMERREUE 525, 
Ciconia 
Ciconiæ 
Ciccniidæ . on HR LS 496, 
BONES M pi RCE LOUE 496, 
Cigales 
Cigognes . 
Cinchona L : 
Cincle (et Cincles). . . . 5,193, 285, 284, 
Cinclinæ . 
Cinclinés 
Cinclocerthia. PARC TRE 
Canciodes Re Ne PERTE RCE 258, 
C. —  Anlarclicus 
C. —  nigrofumosus . 
C.— Patagonicus NT VE 
CinclorampRus NN: 294 
Cinclusi. 
C.— aquaticus 
Civcaëlus 
C.—  Gallicus 
Circinæ . 
Citrinella. 
Climacteris NE COS UM  ULENE 278, 219, 
C, — picummus 
D. —  rufus. 
C. —  scandens. 
Coccoborus . : 
Coccotkraustes vulgaris. 
Coccyzinæ 
COEUR ME 994, 
Coccyzus. : 
CP = AMEN CONNUS EU LS UT 298, 
C, —  Dominicus 


& 
rm 
-1 


gt Oo! 


we? 


LH 1 19 
(e2] 


© 


(w2] 
= 


QU LS LS 19 1 


19 O1 19 19 O! O1 QI 


(02) 


19 19 C1 
OK 


2) 


to 
Le) 


= 


1£ 19 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


CϾreba . 

Cœrebinæ 
Cœrebinés . : 
Colibri (et Colibris) 
Coliidæ . 

Colious . 

Colius 


Collections Zoologiques du Val-de- 


Grâce 
Col-nud 
Colombars . 2 
Colombe de Cypris. 
C. — muscadivore 
C. —  Oricou. . 
Colombés 
Colombi-£aille 
Colombidés 
Colombi-Gallines . 
Columba.. 
C. —  auricularis 
©. —  domestica … 
C.\ —  Hottentora. 
C. — livia 
C. — Temmincki 
C. —  Turtur. 
Columbæ 
Columbidæ . 
Colymbidæ . 
Colymbidés. 
Colymbinæ . 
Colymbus ‘ 
Combayma (Rivière de) 


Conception (Ville de la) . 


Condor . 


Conirostre (et Conirostres) 


Conirostrum. 
Conures. 

Copiapo. 

Coq . 

C.— ancien 

C.— de bruyères . 
C.— de roche . 


G.— de roche, du Pérou. 


9 
. 14, 185, 269, 4 


3545 

339 

1 93 
445, 456, 517, 518 
64, 165, 335 

65, 70, 466 

466 


to & CI 
— | 
O1 € © 


19 19 
> 
19 ot 


184, 247 418, 488 
204 


581 


>82 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Coq de rochers CAE AE ONE 251 
Ces (bois en Ur OR 251 
C.— des montagnes . . . . . 253 
C.— domestique . . . ne 253 
Ce (ECO) MES TL UE 114, 517 
Coquilles M LS 525 
C. — fluviatiles univalves . . 519 
Coraciado ND MEME di LA UNÉ 246 
Coraciadéss AE TES UE 9246, 247 
ConLCEES ROME a eu TR UE TE 353 
Coracina NM ON ENTIER 250, 305 
Coracine ANA Ur 7 958 
Corbeau . . . . 146, 31, 179, 180, 181, 28, 521 
CG. — à bec culminé . . . . 321 
CG. — Levaillant. . . . . . 322 
(RE EN OT MA EP NE LUN ARMES, 166 
C. — resplendissant . . . . 291 
(ÉONCONA D: A SAUT Er ER TETE Len 275 
C. — melanorhynchus . . . . 321 
Dordillères ON DRM OR NC 504, 510 
Cordillère des Andes . 
C. — Centrale Fête 
Cormorans . . 7, 42, 65, 70, 130, 131, 135, 157, 
189, 446, 447, 448 
Corneille noire. , . . . . 16, 179, 181, 184 
(orneilles MMM EMI LOC 2 
GarolieMB at) -APEOUETE UT 31 
COLLE MNT ANR ENCORE 320, 321 
CORVITES ERA ETES RNA TER 977, 521, 514 
Corvintee DEN TIRE UE 521, 322, 511 
Corvus Capensis . + . . . . . 522, 511 
CE HIcorar PANNE EUR TENTE: 166 
C. — culminatus. . . . . . : 247 
C.— splendens . . . . . . . 947 
Ghryphée 4-4": EEE. 218 
PTE t. MMA IN RTE UE 258, 504 
COURRIER 3549, 462 
Gotyle riparia - :\. . . . . 264 
Cou CAIN ONE EE LD RE, 1 eS 298 
Coucou (et Coucous) . 14, 40, 193, 214, 245, 216, 
217, 219, 476, 491 
Ci vtasaros bec RE 221 


CA chamMeUT SU CADET 219, 220, 224 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Coucou d'Europe . 
C. — de l'Inde 
Coulicou 

C. — Américain. 
Coureurs : 
C. —  Echassiers 


Courlan (et Courlans), 


Courliri. 
Courlis . 


Couronaye (Montagne du) 


Couroucous. 
Courrevîtes . 
Cracide. 
Cracidés 
Cracticinæ . 
Cracticinés. 
Crapaud-Volant 
Crateropus . 
Craspedænas 
Creadion. 
Crocodiles . 
Crotophaga . 
Crotophagidæ . 
Crotophagidés. 
Crotophaginæ . 
Crotophaginés. 
Crozets (Iles des). 
Crustacés . 
Cuba (Ile de). 
Cubla 

Cuculidés. . 
Cuculinæ. 
Cuculinés 
Cuculus . : . 
C. — canorus. 
Curruca . s 
C. — atricapilla. 
C. — hortensis . 
C. — Rupellii. 
Cursores. 
Cursoriidæ . 
Cursorius bicinctus. 


38, 
993, 


65, 346, 


30, 418, 489, 523, 524, 


525, 526, 
: 418, 
42, 65, 185, 566, 


63, 163, 163, 214, 
64, 555, 


429, 
215, 


. 215, 229, 5092, 5053, 


471, 
985, 464, 
447, 214, 
215, 
40, 


79, 93, 
93, 


190, 356, 346, 355, 


64, 546, 352, 


515 


597 
189 
418 
249 
254 
358 
A 
41 
322 
316 
180 
297 
339 
9716 
452 
488 
151 
306 
250. 
515 
472 
519 
30 
216 
306 
215 
217 
219 


)8 4 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Cuzco, . 

Cyanocilta à UE 
C. — melanocyanea . 
Cyanogarrulus cristalus . 
Cyanopica cyanea. 
Cycnidæ . 

Cygne (et Ci200) 

C. — de Léda 
Cynchramus miliarius. 
Cypris 

Cypselidæ 

Cypselinæ 

Cypsélinés . 

Cysticola 


Dacnis. 
Dacnis . 
Dacelonincæ. 
Daim 
Danube 
Dattes . 
Dentirostres 
. — marcheurs. 
. —  percheurs . 


- 


64, 199, 138, 45 


. —  percheurs à bec déprimé 


D 
D Eve NS 
D. —  percheurs à bec comprimé. 
D 
D. 


—  suspenseurs 
Dentirostri arborei . 


D. — arborei compressirostri. 


D. — arborei depressirostri . 


D. — insessores 

D. — suspensi . 
Dendrocolaptinés . 
Déodactyles conirostres. 
D. — dentirostres 
Deodactyli . 

D. — fissirostri. 

D. — tenuirostri. 
Dicée . 


D.— à bec d'Hirondelle. 


Dicoeum : 
D. — hirundinaceum 


6, 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Dis LEE EN RENE. 518 
DITES RO ERA ETES 516 
LAUSANNE 517 
DiQUNQUMS AIR ENT ROUES AS 518 
D. — strigirostris. . . . . 517, 513 
TL EME ONREEMION-F HIER 273 
DICDBE re er ME ni. 52, 109 
TU EE DEN TOP RE PR EEE 28, 157, 344 
Dindon (et Dindons) . . . . 18, 65, 77, 344, 515 
Dinornithidæ. à : 560, 364 
Dinornithinæ. . . . . . . . 516 
MG D HOME EN ER AO Et 329 
Diomedea exulans … . . . . . 459 
Diomedeinξnt 4 5 LI LM, 459 
Diomédéinés . . . . . . . 459 
D ERA RER Er e LSTIA 279 
LE TIUDA SAIS OUEN EVE E RES PRET 516 
DORACOUS RTE MUR UNE 297 
ENT Ce EN TES AN ARE AE Sen 95 
Drepaniane nine LOT, 270 
DEÉDAURIRES ETS ECS PU UNE 270 
DESERT ET TE SEE MA 51 
DITES MONET A ERREUR 462 
DOME RSR SSL EE ENT 426 
Dromolteni ee Us MIN LE OR, 29% 
MRONLEN M EE A CREER OS 451, 516 
DYYOLOBUS" LAINE RE EN UE 320 
PL CULL CORNSCPERRnIETT DRE 455 
Dut (moyen). M0 EN. D. 02. 93 
DYSOES TERRES AR APT CP Tee 597, 526 
E. 
Echasse {et Echasses). - . . . . 108, 366, 462 


Echassier (et Echassiers). 66, 108, 128, 144, 145, 
170, 386, 435, 458, 459, 440, 449, 463 


E. — grands-voiliers à pieds 

IL EN ENTER 464 
E. — 0 fs UEPIS en MORE EN a 586, 464 
Echenlenr en nt, 516 
Ecriture Chinoise. , . . . . 467 
E—, Japonaise. . ... . . 467 
FAN BR ER OT ee 218 
RS LOIR ee LU NE 218 


D89 


86 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Effarvatte 

Effraye . 

Ega. . 

Egypte . 

Egyptiens 

Eider. 

Emberiza 

Emberizidæ . 
Embérizidés 
Emberizin . 

Embryon (Bot.) 
Engoulevents . 
Enicures - 
Enicurus Phenas : 
EÉperonniers ‘\..! 1. 
Epervier let Eperviers) 
E.— commun. 
Epimaquinés 
Epiornithidæ 
ÆEpiornithinæ 
Erysmatura . ; 
E. —  ferruginea. 
E. —  mersa. 
Erythrospiza 
Estreldinæ 

Etats-Unis. 

Etourneau . 


E. — de la Louisiane 


Eucalyptus . 
Eudocimus ruber 
Eudynamis . 

E. — niger 

E. — ortentalis 
Eudyptidæ 
Eudyptidés . 
Eudyptula minor 
Eupetes . 


. Eupetinæ . 
Euphones (et Euphonen 5 


Euphonia 
Euphoniinæ . .: . . 
Euphoniinés 
Euplectes 


. 53, 419, 207, 211 


293 


509 

45, 115, 499 
429 
82, 457 

249 

532 

332 

315 

30 

51, 64, 260, 476 
288 

288 

344 

41, 502 

198 

277 

360 

516 

157, 458 

437 

458 

544 

551, 532, 319 
485 

51, 37, 38 
147 

275, 279 

498 

217, 221, 552 
217 

9217 

4TO, 481 

481 

410 

288 

283, 288 

#10 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Euplectinæ . 
Eupodotis 

Euphorbes . 
Eurylaimidés 
Erurypiga. 

Eurypigidæ . 
Eurypigidés 
Eurypigine . 
Eurystomus . 


Faisan (et Faisans) 


Faisan argenté. 
— à collier 


— des Indes... 
— doré 
Falcinelies . 
lalcineliinæ . 
Falcinellinés 
Fulcinellus 
F. — igneus 
Falco 
Falconeæ 
Falconidæ 
Falconidés ; 
Falconinæ 
Falconinés . 
Falcuaculinæ 
Falcunculinés 
Falcunculus leucogaster . 
Falculianæ 
Faucheur. 
Faucon 


nes 
| 


. Fauvette (et Fauvettes) 
— * à tête noire . 


—  babillarde 
citrin . 

— de jardins 
— de roseaux 
— ordinaire. 


Hum 


— blanc de la Chine 
commun ou vulgaire . 


65, 93, 132, 166, 185, 
189, 344, 593 
77, 147, 184 

79, 184 

18 

18, 28, 184 
28 

447, 184 
428 

428 

198 

427 

415 

467 

205 

206 

447 

205, 502 
203 

298 

298 

298 

2719 

9253 

312 

93, 293, 305 
73, 93, 219 
219 

218 

221 

193, 219 
219 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Fauvette rousse eRnne AE SN RTS Re 93 
F. —  rousse-lête . . . . . 218 
ACEUUIQ ARRETE CS Lei EN EE 300 
PACEQUINE ALERT LL UERT 300 
Ficédulinés me 0. ,1. NU, 500 
Figura ovalis. . . . . . . . 12 
Fissirotres . . 261, 495 


Flamant (et Flamants) 196, 197, 129, 455, 456, 437, 
4358, 440, 441, 444, 456, 462, 489 


Flüteur. 3 LES 43 322 
Forme hrdueues . …. + : 65, 64, 66, 70, 80 
F.— Ellipso-Conique . . . . 71 
F.— Ellipsoïdale. . . . . . 71 
F,— Ellipso-Sphérique. . . 1920 
F. — Elliptique. 63, 65, 66, 67, 6, 70, 74, 80, 117 
F.— Ovalaire. . . . 63, 65, 66, 68, 69, 80, 117 
Fe SD vale Te MT rte 40 
Fi Ovée ut CM, NU, 63 OAI NISO MAT 
F.— Ovoïconique. . . . . 63,64, 65, 66, 67, 
71, 80, 108, 117 
F.— Sphérique . . 63, 66, 68, 69, 71, 80, 147 
F.— Transitoire. . . . 41 
Fe Ventrue MMA AMEN EE 41 
Formicaridæ . . . . . . . . 289 
Formicaridés. 4.5. 000. AN 289, 507 
FOFMICArINE UN. LUN | 289 
Fou (et Fous) + . . . . . .65, 446, 447, 448 
PORULS APE SPA MERS AN ETES à 529 
Foulque: # . :. : . + . 95,94, 135,385,1388 
Fourmis . . . TC SR 340, 404 
Fournier (et HniGrE) . + A7, 195, 285, 506 
HEANC ais M AL ATEN 405 
François Ier . 
MYORCOLU: eos Tee Ve LE} 546, 348 
Francolins . . QUE SARL Ye 348 
Frégatte (et Frégattes). . . . . 65, 128, 441, 447 
Dregulinte tee EN CN CU POUR 321 
FH CQULS EME NE Le ARE OR ENTRE 522 
Fringilla coelebs . . . . . . . 81, 166, 167 
RÉ OO SONT S Re os EU Ra De | 459 
Fringillidæ ... .… . . . 167, 527, 552, 355, 462 
PDAlUUES EME OT IN UN NE 471, 327, 555 
Fuel NE Re TENTE 529 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


FrugiNonese 5 De: ER Er, 397 
PUCUS EE, EM. LRO ET NUE 465 
Pi giganteus ND UNION Ne 285 
LOUE EN EME CPE ARR NT ASSET LE 93, 526 
E.— porphyrio . . . . . . . 390, 528 
RANCE EST JR ARTE SU à 387 
MNPIROSE Er Us 439 
DUT 0 0 1 PEN EL ET E 3587, 588, 409 
ROTEITESMAATES AS JUL: 588 
ENT OUT OURS ERIC RE RATE ES 456 
Fuligulidés : ù 
BANANE, SU ee M el < 243, 282 
Furnariidés . 282, 506 
RAPNANI AE SNA ET 4 : D'EES Es 943, 289 
RURRATUNÉSNE.L Us E DS SN: 283 
UPS OO URSS ie RE 283 
G. 

Dale Part DN2 En OR Te 214, 255, 256 
CREATION UE 0 CT VA CUES 287 
Galerie Anatomique du Muséum de 

JA A nd 2 BR ER ee 2 RAP E à 385 
Galeries Zoologiques du Muséum 

d'Histoire Naturelle de Paris. . 484 
FEU NS ET OR EN An 65, 336, 345 
Gallidés . . . . . . . 198, 489, 185, 345, 512 
Ealhformes tape." Em 10. 397 


Gallinacet. 020 NN 2070 1.7 1,1015; 380, 843,912 

Gallinacé (et Gallinacés) . à, 41, 42, 66, 105, 125, 
126, 127, 128, 144, 145, 167, 185, 192, 193, 254, 
336, 345, 402, 462, 465, 513, 514, 518, 521. 


ECTS VERS PALIER PEN RUE 345 
Calle PRE, OPUS 387 
CARRIERE ne RER 318, 526 
Gallinule (et Gallinules) . . . . 519, 526 
Gallipèdes ...:, . . . + . 65, 336, 5192, 514 
GOLRPOUES RES AEUR A © NA): 512 
GAROU NE en. OS RE Tr 366 
GONE CNE Per, Lee. 321 521 
Gallo antico . HE Re 7 ARR 254 
G.— de montana. . 2: . . . . 254 
Gallopato ph EX 0e.) te 56 1669 05% SD IMI 


GalonIONMEM CE ER OS | 344 


)90 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Gallus. 

G.— Bankiva 

G.— Bernthami . 

G.— furcatus 

G.— lunulatus . 

G.— Sonnerali . 
Gand . 

Gangas 

Garance 

Garrulidæ 

Garrulidés . 

Garrulinæ 

Garrulinés . 

Garrulus : 
G. —  glandarius. 
Gaviæ . 

Gazelle. 

Geai. . 

Genève. LPS 
Geophilus carunculatus . 
Géosittes . 
Glaréoles. 
Glareolidæ. 
Glaréolidés. . 
Glareolinæ. 
Glaucopidæ. . 
Glaucopis . 
Gobe-mouches . 
G.— m.— mantelé 
Goëland (et Goëlands). 


Goëmonds. . 
Goldahnchen . 
Gonolek . 

Gorfou. 

G. — sauteur . 
Goura . 

Gourinæ . at DE 
Goyas (Province de). . 
Gracula religiosa 
Graculinæ.. 

Graculus palmipedes. 
Grahams-Twon . 


5, 65, 126, 127, 153, 186, 


182, 344 
. 38, 158, 139, 160 
321, 522, 510, 311 


145, 445, 462 


65, 566, 373 
65, 566, 57 
373, 439 


ts O1 


19 
=! 


304, 520 
218 


161, 469, 463, 464, 465 
9283 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Grall®: ‘4: 1 "400, 148, 564, 565, 458, 518 
GHANA ENRERE KES TG AE 546 
Grallatores . . . 458 
Gralle (et Gralles) . 498, 170, 186, 193, 353, 365, 

459, 442, 455, 465, 507 
(IN RER FERRER COR 288 
G:— cyanoleuca . . . . . .. 288 
EE CT NEC RARE ETS 288 
CRM EC et Re TE 454, 465 
Graucalus. . . 320 


Grèbe (et Grèbes) 26. 2, 68, 67, 71, 125, 189, 3586, 
446, 447, 449, 450, 452, 455, 454, 45x, 502 


Gr ÉASASNEUX à. à +. Vie 165 
nr 15 SAP NICE IA 37 
GREEN KL SE 129, 145, 455 
ECC RRY CAR ETS PR ad, APE 51 
GPS PDU ro MER x, 118 
Grenouilles. . . . . . . ,. 432 
Grimpereau d'Europe . . .- . . 147, 280 
G. — de murailles : . . . 279 
Grimpeurs, 2. "00. 208, 209, 215, 244, 234 
Grive (et Grives) . LU ENES 51, 52, 292 
SERRE DL LATE re 272 
CAM eAITE 2 US 0e HR UINEMOr 219 
Groot-vis-River . . . . . . 241 
Gros-Becs . . . ‘ 167, 257, 258, 328 


Grue (et Grues) 258, AT, 416, 454, 445, 466, 505, 
519, 820, 524, 5925, 526, 527 


GvéenAréer st Le S 78 
G.— du Bengale. °. . . , . . 308 
CARRIERE à RA, 7 417, 418 
ÉTHIGOS SU 2 PE LE NE ES 417 
CSA MR RER de à Le AIN RENE 526 
GO Aganes EE Die 424 
OT 10 1 Eee Mesa SEXEET LRU ET On 424 
G.— Australasiana . . . . . . 417 
GS CONENCUATA Ne NN 424 
G.—cinerea . . 417, 424 
Guacharo . 64, 119, 260, 2s1, 418, 488, 526, 527 
Guadeloupe . . 52, 261, 292, 585, 506, 518, 523 
Guanumbi . 2 DE dr ue 8 
GS EE MS ULEQUEE, 59 PE LES GEO EE 51 


Guêpiers . . . 37, 41, 44, 47, 64, 189, 183, 237 


D94 


92 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Guillemots . 


Guira. 
Gui-guits . , 
Guyane . 
Gymnocephalus. 
Gymnodère 
Gymnoderinæ 
Gymnoderus . 
Gypaëte. 
Gypaëtos 
Gypogeranidæ . 
Gypogeranus 
Gyps . 


Haliaetus 
Hanneton . 
Harle (et Harles) 
Havane. 

Helias phalenoïdes 
Herodiones . 


Hérodion (et Hérod 


Héron (et Hérons). 
H.— petit. 

H.— tacheté 
Herse flavigastra 
Heterornis . 

H. — 
Hibous. 
Hierococcyx. 
Himantopus. 
Hirondelles. 
H. — 
Hirundinidæ 
Hirundinidés 
Hirundininæ 
Hirundo rustica. 
Hoazin. 


Hocco (et Hoccos) . 
H.— mituporanga . 


ions) Feu 


Malabaricus 


de mer. 


.7, 63, 71, 105, 108, 125, 127, 130, 


133, 166, 171, 189, 468 
250, 231, 503 
270, 273 
377,509 

303 

311 

303 

303, 311 
137, 300 

301 

119 

108, 206 
300, 501 


206 
As 91, 245 
44, 440, 446, 4ÂT, 456 
51 

: 278 
145, 565, 416, 443 
416, 420, 435, 456, 
437, 415 

44, 386, 418, 519, 520, 524, 526 
58 

185 

263 

324 

SE > 324 

.43, 57, 41, 47, 146, 185, 186 

AN VEN 295% 

Pi MNT: 108, 366 

57, 264, 269, 305, 450, 463, 505 
Abe 196, 153, 186 

' 264 

198, 255, 264, 305 

264, 303 

SR EE 263 

- 193, 393, 401, 404, 405, 406 

. 199, 139, 138, 411, 457, 438 

93, 9%4 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Hoœmatopodidæ 
Hæœmatopodidés. 
Hœmatops. 

Houbara . : 
Huisne (Rivière d’). 
Huitriers . 

Huppes . 
Hydrophasianus . 
Hygrobatæ 


Hygrobate (et Hygrobates) 


Hylophilus. 


H. ——  cyanoleucus 


Hymalaïa . 
Hyphantornis . 
Hyppogée 
Hyppolaïs. 

—  Elaïca . 
—  icterina. 
—  olivelorum . 
—  polyglorta . 
—  salicaria 


RS RUES 


Ibijanx 

Ibinæ 

Ibinés. 

Ibis 

Ibis religiosa . 
Ibis sacré. 

Icteri . 

Icteridæ 
Ictéridés . 
Ictériens . 
Icterinæ 

Icterus. 

I. — gularis. 
Iguanes . . . 
Ile du Sud (}') . 
Iliacus . 

I1.— illas. 

I.— minor 
Impennes. 
Importun. 


65, 366, 


427, 


147, 189, 324, 


. 66, 144, 145, 


— 
EE 


93 


)94 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Importun du Cap 
Inde 

Indicateurs 
Indicator albirostris . 
1. — major . 
Indicatcrinæ . 
Indicatorinés. 
Indiens 

Inepti . 

Insectes . 
Incectivores 00. OMIS Den 
Instruction publique (Ministère de l°) 
Trrisor. se 
1. — erythrorynchus 
Irrisoridæ . 
Irrisoridés 
frrisorinæ. 

Ixos ; 
Î.— chrysorr'hœus 
I.— hoœmorrhousa 
1.— Psidii 


Jacamars. 

Jacanas 

Japon. LA LI PE 
Jardin des Plantes de Paris . 
Jardin Zoologique de Bruxelles. 
J. — _— de Londres . 
Jones . 

Junon LEA 

Jupiter. 


EK. 


Kakatoës . 
Kamichi . 
Kolobény. 
Kolquals . 
Koronés 
Kurrichaïne . . 


269, 


214, 2 


64, 


487, 


O1 © 
QO © = 
© CO 1 


19 19 19 19 
Qt => 
© © 


La 
Le 


TABLE AL 


Lac des Perles . 
Lagoa das Perolas 
Lagopède. 
Lamellirostres 
Lamellirostri . 
Lamprotornis auratus 
Lamprotornithinæ 
Langrayens 
Laniarii 

Laniarius . : 
L. — Boulboul . 
L. — Cubla 
Lanü . 

Laniidæ 
Lanndés . 
Laniinæ 
Laninés . 
Lanius. : 
L.— Bacbakiri. 
L.— Carolinensis . 
L,.— collurio 
L.— Nubicus 


Laomedontia carunculata SRE 
. 65, 127, 186, 586, 445, 459, 461 


146, 167, 514, 516, 320, 525, 531 


PHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


EL. 
405, 406 
405 


. 445, 455, 455, 457, 458, 459 
445, 456 


3 
PO 258, 503 
517, 520, 525, 331, 335 


317, 3 


417, 424 


Laridæ : 

Laridés . . 498, 455, 461, 462, 465, 464, 463, 467 
Latirostres 246, 258 
Latirostri . AG 
Laulnay . 77 
Lauriers . 408 
Laurina 252 
Léda x 
Leipseick. 15, 52 
Leptoptilos 4352, 455, 454 
Lestris. Era MINCE 465 
Leucophrys pileatus . 328 
Leyde. 52-557 
Lézards 452 
Lewinia 520 
Lichens 465 
Lille . 52 
Limaces. 525 


596 TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


LAN OS UNE TRUE DIT EDR TON IDE 314 
LINOLA MENU NEA RTE 334 
Linotte (et Linbttes). sr A LES 219, 323 
LISDONNE VAN. LE. | RATE 306 
ILOCUS TEA 0 ET LPC, 302 
LOMME NT ENREEe PU A NET l 
Londres. , : 52 
OTPADENDES RER D LL: UE METRS 64, 459 
Longipennes. . . . . . . .  A45, 455, 459, 466 
Longirostres 256 
Longirostri . "236 
Lophophorinæ . 344 
Lophortyx 5 349 
L. — Californicus 349 
L'ONS DEP er AE AT TRE 212 
Loriot 171, 177, 516 
L.— Prince- DÉcens *977 
HÉOUISLANE EE ELU Re IE OR A47 
OUPS RER TNT CE RS 24% 
Loxia pyliopsittacus . . . . . . 127 
L.— socia. . . ee ne 3528 
Luca (Montagne du). tee AUEPOEE 229 
Prnme=Cryile RER SE CR. 56, 104 
PES GENE ES NO MR APT OS NRC ER EEE 305 
Lycos monedulx . . . . . . . 93 
M. 
Macareux . . . AAA 110, 195, 127 
Macreuse (et He L'ÉEMEdeS 450, 456 
Macrocerques . 242 
Macronus 297 
Macronyx 287 
Madagascar 975 
Maïnates. 525 
Malcoha. At ER ET 298 
LORS VITE ME OR ES 295 
Malurus cyaneus TA 224 
Mammifères (Classe 1) ALMA VAIX 
Manakin (et Manakins). . . . . 247, 258, 505 
A GER EE AP ME NUS 505 
MAnChOtS MMM EN 60 IS M6 MO 
Marabous 1e Se EL RCE 4; 418, 452, 454 


Maroni (Fleuve de) 420.00 0e 949 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


MAteREUDI. Po CN PAC 243, 244 
Mania (Sand) 2e. 0e Un Ce 509 
Marouettes. . . 386 


Martinet (et Martinels) at 4186, 193, 294, 262, 264, 
269, 298, 299, 450, 463 

Martin-pêcheur. 5, 43, 37, 41, 42, 44, 47, 64, 116, 
124, 185, 186, 211, 235, 236, 237, 553, 313 


Matto-Grosso (Province de). . . 307 
LI EN CT OR ARCS MRC 495 
Megalonycinæ . VOTE PTE 289 
L'TUS TOTONSMENE MEET 287 
Megalurus . . . cd, 297, 302 


Mégapode (et Me) $ 64, 70, 189, 419, 457, 
458, 518, 522, 525 


Megapodiidæ . . . . . 64, 3175, 397, 412, 518 
MARGES. nt US MT SES 410, 412 
Megapodius Cumingii . . . . . 412 
M. — Nicobafieus:. "1300 412, 415 
MR ocellhtus + m5 4 EU. 413 
M. — RUDRIDES LE SI EU ee de A13 
M. -- tumulus. . . . 266 
Melanocorypha . : . . . . . . 287 
LTÉE IN ERREUR 347 
. ALT UC SAMRRPRTET LEE 347 
MELCAUTER EN ANSE RL ERNE  : 346 
Meleugris . . REC EL OS 93, 346 
Melizophilus Hénin alts CLONE LE 302 
LOUE NT ERA NEC NOR 275 
MEME EMaUrICOMIS 4 pe 5 NI. 224 
M. —  Australasiana . 224 
M. —  Novæ-Hollandiæ 294 
M. —  penicillata . 224 
M. —  sericea . ce Va 294 
LIL SE CCE OR ON CREER 268, 279, 511 
MéTRICHIUIPRRRE RL EEE - 304 
Melliphaëidés . 147, 210, 224, 268, 274, 276, 277 
Melolontha vulgaris. SERICRUE 

M. — dlanigera. . . RSA 226 
Ménagerie du Muséum de Pañs. ï 162, 362 
MÉDUTE. ET ET MEN E: CREUSE. 290, 507 
MEURT NES ER CEE UN: ee 290 
MONUTINES See. nr mm Ne 282 


MEREUS REA TR EN RAS EE 41, 440, 466 


997 


098 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Mergidæ 456 
Mergidés En RENTE TER 
Merle 166, 167, 180, 181, 28%, 288 
M.— à cul d’or 216 
M.— émigrant. 166 
M.— erratique 227 
M.— miauleur. . . MSN: 226 
M. noir et commun. . 16, 85, 166, 167, 184, 219 
M.— Spréo 266 
Merula 293 
Mérulidés . 147, 255 
Meropidæ Res 64, 237 
Mérppides Cp 1e 2 20, AE OMR 257245 
Mésange (et Mésanges) 186, 195, 234, 258, 262, 264, 
269, 270, 298, 299, 500, 308 
M. — à moustaches 508 
M. — grosse Charbonnière 219 
M. — penduline 37 
Mésite (et Mésites) . . 523 
Wesilidæ 3175, 525 
Messager. . . . 65 
Metopidius Africana 376 
Meünier 284 
Mexique 325 
Milan 37 
M.— noir ARE 96 
Millouin (et Millouins) 450 
Mimus 299, 293 
Minerve, x 
Mixornis 297 
Mogador 166 
Moineau à 14, 16, 180, 526 
M. — domestique 835, 86, 95, 101 
Molinero 6 284 
Mollusques . RE 211, 285, 491, 464 
M. — Gastéropodes nus 525 
Molothrinæ . 524 
Moloihrus. 235, 526, 491 
Momie. 429 
Morotidæ 257 
Momots. 2357 
Moncou-Moncoué . 404 
Mopanès 239 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Mhquedr” PL 0 08: 292 
LL (QU LESC ON RATES CRETE 110 
IMOLOCEIR NN MER EC PT UE re. 286 
MS SRI A Re MP NE TE 0. 219 
MOTQCI EN NN M ERA LE. 435, 288 
Motacillinæ . . . . . . . . 983, 287, 988 
MOAGINNEB Een. EU TE 2e, 1. 286 
LL TUE A NERO 29 
Mouches ARS. LD TEEN ° 944 
Mouettes ., . . . 42, 116, 197, 135, 469, 465 
MOMHLON RMS ENT PR. en Sen Es! 593 
NID ABS ESPN RUE? REPAS EP. 471 
MG PPT PS AU Mrs UE ee 244 
Muscicapa hœæmorrhousz … . . . 216 
Muscicapidæ. . . . . . . 288, 290, 504, 314 
MIUSCICOPINB NE: CN EE AN, 305 
Muscisaxicola fluvicola. . . . . 291 
Musée Egyptien du Louvres. . . 450 
me derLeyde:is., fr ul. 337 , 490 
M. — du Mans . . . . . . 84 
M. — Impérial de Rio-Janeiro. . 51 
M. — de Londres. . . . . . 490 
M. — de Philadelphie . . . 247, 280, 409, 424 
M. — Néerlandais. .  . . . . 52 
M: — Zoologique de La Rochelle . 90 


Muséum d'Histoire naturelle de Paris 26, 51, 77, 78, 
85, 94, 257, 260, 362, 376, 588, 409, 
460, 475, 478, 485, 487, 489, 519, K96 


Musophages. RUE © 208, 210, 397 
Musophagidæ . . . 63, 163, 163, 210, 343, 397 
Mapohaeidése ANR ES, 198, 209, 234 
MTS IA RARES ee 275 
N. 
Nageurs "M . !.  .. %1 195,586, 438,463 
DL (BOURSE 00h. EUR 386 
Date L'OMONPANMERE. HOME 339 
Nanou EEE Fi se 161, 162, 361 
Hs LT TOM PORC DAMON ARRETE TES 4358, 445 
NeBtOYINIQ NN EME, MERE z 270 
NECIAPIRIB ET OU ARR NUE QE PRE TE 267 


INectaridone RENE LRU ME Pen: 969 


D99 


600 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Nectariniidés 
Nectariniinæ 
Nectarininés . 
Nègres 
Neomorpha . 
Néomorphidés . 
Neophron 
New—Yorck. 
Nilaus . 

Nil uenres 
Nil-Blanc . 
Nismes 
Nogent-le- Ron 


Notherodius Guarauna. . 
Nouvelle-Grenade . 


N. — Guinée 
N. — Hollande. 
N. — Zélande . 
Nullipennes. 
Numenius : 
N. — arcualus . 
N. — Guarauna. 
N. — phæopus. 
Numida. 
Nuremberg 
Nyctiibinæ . 
Océanie. 


Océan Pacifique 
Ocotea 

Ocydrôme ra 
Ocydromadinæ . 
Ocydromadinés. 
Ocypterus 
Odontophorinæ . 


. 81, 249, 


Œdicnème (et Hbntue) : 


Œ. —  criard . 
OEdicnemidæ 
Œdicnémidés . 


OEdicnemus bistrialus . 


OE. — crepilans. 


77, 330, 454, 498 


253, 3717, 384, 408 


268, 269 


259, 260 


163, 346, 549 


. 64, 193, 553, 395 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


@ŒEdicnemus grallarius 358 
OE. —  maculosus . 358 
OEnanthe . 294 
Œuf arrondi. A 
Œ.—court M1 
Œ.— de Coq. 95; 95, 98 
Œ.— de Serpent 18 
Œ.— oblong. 41 
Œ.— aigus 415 
Œ.— coulants Ë 100 
Œ.— globuleux. . ‘ 115 
1er EN CONS MREREENENT ES 100, 139 
Œ.— monstrueux à l’extérieur . . 75 
Œ.— — à l’intérieur . . 78 


Oie (et Oies). 

0.— commune . 
0.— domestique 
Oiseau-Mouche . 


20, 47, 163, 166, 482, 183, 


5, 49, 44, 130, 138, 456 
64, 81, 85, 88, 90 
133 


187, 265, 266, 269 


O.— M.— à brins blancs . . 265 
O0. — Taureau. 307 
O0. — Tisseur . 299 
O0. — Tisserand 299 
Oiseaux (Classe des) NET LE IX 
O.— Aquatiques. 5, 7, 10%, 110, 111, 199, 

130, 133, 189 
O.— Arctiques 7, 109 
O0.— Chanteurs . 104 
0.— d’eau 456 
O0. — d’eau douce 8 
O.— de haut vol 69 
O.— de marais . 104 
O0. — de mer. ; 7 
O0. — de mer stupides . S 
O.— de paradis. : 277 
O.— de proie. 5, 67, 69, 104, 450 
O.— de proie Diurnes. 5, 51, 131 
O.— de proie Nocturnes . 31, 182 
O0. — des rivages. 51 
O.— des mers Australes 1353 
O. — des mers Polaires 117 
O0. — Diurnes. 207 
O.— Grimpeurs . 104 

79 


601 


602 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Oiseaux-Mouches . : 
—  Nageurs . . . . si, 69, 129, 
== Nocturnes.” 0. 
—  Sous-Marins. D 
Terrestres. . 0 20199 452% 
—  Terrestres non Rapaces. 


—  Terrestres Rapaces. 
Onocrotalus . ete 


Oogénèse . 

Ophidiens. 

Opisthocome . 

Opisthocomidæ 

Opisthocomidés. 

Opisthocominés. 

Opisthocomus. 

Oreophasis 

Oriolie A DO ARMES ee ul 22 
Oro dE RER AE INR SELLER 
Oriolidés. 

Oriolus. HART 

OS GATE EME 
O. — larvatus . 


22ec0cs 
| 


Ornythonycinæ 

Orphée 

Orthotome . 

Orthotomus 

Ortyx . 

Oryx 

Oturies. RL NEA RE 

DE TELE ER SUN A POS 
Otidés. 

Ouis tarda. 

O.— tetrax 

OLocoris. . ART RENE CE 

O. —  bilopha. .". . 

Otus vulgaris . : 

Outarde (et Outardes) 64, 126, 12 7, 132, 545, 
DR srande tee 4e ; 
OS pete LUN. 

Ova globulosa 

O.— ovata 

Ovum arcuatum . 

O.— bitestaceum 


64, 69 
445, 462 
186, 209 

69 
189, 462 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Ovum centeninum. . . . . . . 92, 497 
OsRcomn.!  2 mEE 497 
Oi= faomshiequm.s: 7. 1 497 
M 1 17: ISNORRERRROR ORAN 497 
= granuldtum.. (nl 1 497 
OANLONO RES Re 497 
O.— pediculatum . . . . . . 497 
Et LT CORNE NO NE 497 
DE REgnMumE . 4. AN. à 497 
O.— pyriforme. . . 4 , . … 497 
O.— serpentarium … . . . . . 497 
DNS TAG UM Us mean 497 
Digne UN 1 497 
Dos. 2 497 
Calelerriqme MU, À: KO 160 
Oxilophus glandarius . . . . . 218 
CRU ET TS A HR PIE ES 218 
Oyapock (Rivière de l') . . . . 249 
P, 

Pailles-en-queue . . . . . . 460 
Palamedea chavaria. 

P. — cornula . A Re ee 

IE CAT SRE EONIEONT 316 
Palhmédeidés 2" + 160. 459 
Palétuviers . . . 151 


Palmipèdes . 66, 68, 69, 105, 151, 144, 145, 167, 
170, 171, 192, 438, 439, 440, 144, 
462, 463, 469 


P. — älongs pieds. . . . 459 
Pe. —" à pieds courtss .: : :. 439 
PR MATChEUT I SA SE 450 
P. — sous-nageurs. . . . 445 
RU MOUS ANNE US dep ANNE 249 
TE LOUER LeioE AURA ARE 206, 502 
Pandor ea ae ie 4 OR 4835 
Mein AL EN, en 508 
MAUURIS) > RP ES ARE CAE LUN 508 
Paon (et Paons) . 65, 80, 545, 404, 457, 514, 515 
Ps de Junon M4. 7” x 
P.— des Palétuviers . . . . . 520 
Pistes Roses. 200: Ju 384, 520. 


P— des Roses (petit) . . . . 377 


603 


604 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Papillons . RARE 47, 144 
PR = MPPhalènes EN EE 378 
Parad(le) EMEA PT TONER 404, 406, 524 
HATAS UT ER PME ARE M: #20 51, 408 
Paradigalle (et Paradigalles) . 27S 
P. — caronculé . 277 
Paradise1A ce ENT. ON. CRI OU 92717 
PATAISEIUES PRET D 0 0. 258, 269, 277 
Paradiséinés. Dir 
Pardalotinæ . 298 
Pardalotinés . 298 
Pardalotus PARU TA JOUE, dc TEE. 9298 
PATES MU. LUE  20981b09; 120) 
PATES APR E LEUR Nr, 447, 298 
Parinæ . . . . . . . . 298, 299, 300, 308 
PARINES EE EL MEN RE LU. 298, 408 
RANO OI ENT Ne AR OUR ES CR: 334 
POPOLES BE a Ie Ms SEL 299, 500 
Parra INC ER ORALE 216 
PR Jan SEA NU C 0 376 
PE ISINENS TER SON CP TOR 376 
PARTIE RE A E Let PT le Le 64, 120, 575 
PARTIES RUE LAN EME NOEL 439 
Parus . : 238 
RE TU) OT EE NE AE LIN TRS LUN: 0. 219 
Passer . MINE 000529, 531, 159412402514 
P.— domesticus . . . . 85, 86, 95, 101, 526 
P.— montanus. . . : 329, 512 


Passereau (et Passereaux) . 5, 31, 52, 64, 66, 198, 
144, 145, 163, 171, 185, 209, 256, 261, 
455, 465, 515, 517. 


P. —  conirostres. . . . . 332 
PS déodactyles.s 1 On 259, 261 
POSSERES MARS = CA A ROLE L 236 
PASSETIO AIS NEA TOR EN EE < 597, 410 
IPOSserin: GNU à 3e DER Ne AU 258 
PAtASONIE MM CE ATEN MENT : 370 
Pau MMM OT TO OS 07 SMS 
Pavao 584 
ES USE NOR NET ONE 507 
RADONANER EEE Le TUTT Se 520 
PADONIAE EE EL NC AT NE 65, 556, 345 


PAVONLES EME OS NU DORE MRC 545 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


POUVONS 27 ART Ne DELTA 345 
BAMBARS RE PR RL eEN EN 44 
FPS MR TE ENTRE AU, 307, 504 
PROS. CEE POP NET ER PME TE D 186 
PORN ATOS. ne 186 
PÉTECOER SP TETE CVS ve Ye 65, 443, 445, 447 
Pélécanidés.' . . 127, 199, 145, 146, 435, 456, 
441, 442, 444, 448, 461 
BARCORUSMR RTE RCE EE 440, 441, 446 
RER CPS DSL UD ef eg = 448 
Pélican (et Pélicans) . . 65, 70, 94, 198, 137, 189 
455, 440, 446, 447, 502 

TRAIT LCA UNE A OI ARE TE 296 
ERA RUE TARA LEON. D ue Ce 259 
RECU SE TS LE 7 remet en Me 325, 326 
Pénélopes . . . . . . 64,129, 138, 406, 410 
Penelopidæ"." + "0. : |... 64) 5315; 597 M0 
PÉRÉDNAEN es Tue 7 #0 
IPOTRETIRE TE MENT EE CUS. VMS 512 
BEN Cimacro es. ANVTANN 311 
Pepoaza fluvicola.f. . . . . . 291 
Perdices. . QUES HT CS TI | 124 
Perdicidæ . . . . . . 65, 185, 346, 462, 518 
Perdieidés.. . . . 1... 9,198, 443, 493,346 
l'E VAUT SPORE TOP EE IE PO TRS 545, 346, 549 
Perdix cinereus . RE PUS EIRE E 366 
Perdrix. . . . 14, 65, 195, 195, 349,593, 595 
ARR EPISODE OUS 7 PEL EN 166 


Perisoreus Canadensis . 


Périsperme (Bot.). RES 30, 51 
Pérou ee 0. UE". 0 1484; 3060584509 
Perroquet (et Perroquets) . . 5, 63, 69, 135, 517 
PNR CTI Le MOTS AG AS T2 
LEE LR QT ORNE SE 42, 198, 460 
PÉIROËSTCNDE SE NUL 0 + + AOC 294 
Petrocossyp As ete, 01 : x eme. 294 
PELYOICONTUSCO MEN EU OIL 294 
PEROU, 2 a et MES Pl 354 
PARÉIONN ET EM. Me. Lo le 441 
PATÉLONAE NN TS NO. AN) 447, 459, 460 
PRAÉIONITE SE EEE NS Eee 460 
Phaëtlornis superciliosus. . . . . 265 


Phalacrocoracidæ. . . HT Le 65, 447 


606 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Phalacrocoracidés. 

PhalacrocorAx ee. MN EN OCTO 441, 446 
Lhalirepes ere NC TENTE 65, 566, 574 
Phalaropoduidæ nu. UN 65, 369, 374 
PhalarnpOdHOES Le: Le 20,00 Vie 374 
Phastande ee 0 .. NT 65, 185550 0245 
Phasianidés . AE COCHE 4147, 544, 515 
PAGSIONNPRMSRLEAN Me NC. 3544 
Phasianus crislatus  . . . . . 405 
PER EMNYCMEMENUS - 1 + LAN, EN, 147 
PAM ERDTÉCRIS AAA EE 147 


Phénicoptère (et Phénicoptères) 1926, 455, 436, 449, 
443, 444, 456, 4389 


Phénicoptéridés . . me. 129, 435, 439 
PADNRICODREME. NN EE ere Le 215, 218 
PhénIcOphéMeEs ME MEME NN AE 215 
Phænñicopteridæ  . . . . . . 456, 444 
PRÉENCODIENIS EE NE A ON IN ON 439, 539, 489 
PERS erythrœus : . . . 4353 
Phonigamme de Kéraudren . . . 309 
Phibalura : 305 
Philadelphie . . 310 
Philepilta sericea . : . . . . 275, 276 
Philesturnus carunculatus . . ”* . 275271 
Philippines (les) Ven. 51 
PALIOMELAANE MANN T 0e À | SUR ENE 303 
Philo mele 4 24 Men PCM MER 305 
Philosophes quinaires. . . . . 209 
PROQUES ET NOR ACTE 192, 469 
PES des DISEAUxXE ON NN 72 
PRIONEUSIEME LR NE PEN Ur 94, 500 
P. — ÉROCRALS ee CSN 219 
AE LE el PANNE CET UE TERRE 598, 510 
PHJLOIOIRIAE,.S.- NE ES ER Ur 397 
Phytotominæ A CL Eee EC UE 507, 510 
Pic (et Pics) 42, 44, 47, 169, 186, 210, 212, 215, 


215, 316, 355, 433, 515 
P.— noir ou Pic-Mart. p. 
Pi rvyarien. 1e : d, ù .,% 0246, 1805481885 


DS Vert AN PE CN PS MAUR CRE 35 
PAC RES AT ET 2 EU 511 
TOO SOMME EC RNE SEA 93, 95 


DEMO UT LANCER NOR NEO 218 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


PiCRIDE MALE EUR ONE 166 
Picidés te D Ter Len 495, 12, 254, 506, 353 
PIC EN CL à SAVANT TN eu ve 169 
P.— chrysopterus . . . . . . 217 
PE) Nubicus on, Lt. Du 247 
Picnonotinæ. . . SORT Re. 291, 296 
Picolaptes trenilérs +! FCI 280 
Pie . FR 31, 37, 93, 95, 218,: 219 


Pie- Grièche (et Pics Grièches). . 5, 31, 167, 219, 
258, 291, 316 
P.— G.— écorcheur. . . . 167 
Pigeon (et Pigeons). 14, 36, 49, 43, 6%, 69, 76, 95, 
415, 116, 117, 144, 156, 159, 165. 165, 189, 

187, 189, 191, 456. 


ER AA ve CORRE REPORT Er 345 
PÉHeomunnnn te Tee M 1356 
P.— domestique . . . . . 16, 89, 357, 545 
Pi Sramier. 188 


Pingouin (et Pingouins) 68, 67, 68, 69, 71, 105, 108, 
410, 195, 197, 150, 135, 166, 171, 189, sl 


P. —  macroptère. . . 15 

PEU SRE MATE A7. 51 474, 470, 475, 474, Pr 
AT DL dd A ae Gi: Tor 471 
Pinson . Ah NE PS CR 3528 
P.— commun ou ordinaire. . . 166, 167 


Pintade (et Pintades). . 28, 65, 95, 125, 152, 157, 
180, 181, 193, 346, 515, 514, 515 


P.— domestique . . . . . 17,79, 158, 161 
PEL SauvaSe td PE ue, à 17, 158, 161 
Pig (ebPipitshe 5.0.7 ,7 0: 285 
P.— des buissons. . . . . . 219 
Pirousselinen.) 1.0 re 219 
ANS USSR CRE DAT 
EE OA CO PONS CORNE 498, 2 

Pique... + . «5 0. 325 
Pitt iCal OL: HE 289 
PHARE SPRL TE. | SL NS Sie 289 
Fhcetia, (Bot. )" 7 LUS UE na. 51 
PITtalENE RIRE AR 439, 454 
Plat EN NE. 2 et ch + 4351 
1 ÉTEANVS 6 CORNE ARR, DOS 431, 454. 
Platycerques ." . . ... 212 


PLoceiEXS 5 MS Der té 186, 395, 351, 377, 462 


607 


608 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


PIOCÉIAES PA ME NE NE. PME RASE UE 526, 511 
PIOCENE EEE MENT 21 3511002, DIET 
PUICEDASSE SE EEE Le 2 UE De 528, 511 
PER POAMURINNES Le" Se La 329 
P. —  superciliosus . . . . ?». 329 
PIOCEPUSSENNE EUR US. 512 
BIGLeus YTAVICOSE EU TURN 528 
P.— superciliosus . . . . 329 


Plongeon (et Plongeons) . 5, 26, 65, 71, 446, 447, 
449, 430, 432, 453, 466, 467 


Pet MCAENATIN LS: CRUE 450, 451 
Plongeurs . . . . . . . . 386, 449, 450, 465 
DIDRAEROENNE;: AE: LCR ME RUE 65, 447 
Plotdestei ue 0 Lo DORE UE 129 
PINUSO SUN. St CNT ORNE LC 444 
Pluvier (et Pluviers) . . . 40, 65, 355, 366, 571 
Pt ne ACTE SE E 185 
Plyctolophes te 3. TRE 212 
Podarses Loue EREME NET 260 
POdGTgINE EURE NOR MEN ET M le 259, 260 
DAT OINES RE EME EME 261 
Podicepidæ . . . . . . . . . 65,71, 449, 466 
PORPERITES LE TEN Lt ere 449 
POTICEDS ATTEND er À EE Ce à1, 446 
PAC MNCIISIHUSAEL UN. CRUE. 54 
PRE ROTMINOTET IEC Une Me he VUE TU 165 
Pomie-t=Pitre ARE : DORE MIE 506, 526 
Poissons. ML: N IN. 16,10, ACT ASS AGE TES 
HAUT UE SRE ARIANE 205 
Polynésie . 275 
Polyplecu'oninæ 544 
Pomathorinæ : 296 
Pomathorinés . 296 
Pomathorins . 297 
POULROTINUS - E-L-S  TOERE 0- 271, 296, 524 
PE — superciliosus . 296 
PB — trivirgalus . 296 
Por»hyrio ARE 409 
P.— antiquorum. . .. . . . 388, 590 
1076) à JE fa (1): RONA PARTS 64, 568, 388 
POTÉO= RICO M ET ET AN de 524, 525 
Possession (Ile de la) . ATA 


Possessions Néerlandaises dans l’Inde 53 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


LU HU G CRAN no MALE 94, 300, 501 
Pre chantre. "4 219 
Poule (et Poules) 14, 16, 56, 58, 65, 74, 16, 711,79, 
80, 81, 99, 145, 114, 116, 117, 144, 156, 
4157, 459, 161, 169, 182, 343, 517, 595 


D=PAIICAINE 7, APN ar 4), 541 
D AATE MISERERE ETES T8 
P.— Brahma-Pootrah. . . . . 182, 544 
P.— de Bruyère . . . e 17, 420 
Pan deQauxe. 0.0, 85, 84, 85, 37, 89, 90, 91 
P.— de Cochinchine. . . . 182, 544, 519, 515 
P.— de Crêvecœur . . . . . 182 
qe Flader Pi A Ne 85, 35, 89, 93 
P.— de Numidie. . . . ... 567 
P— Sultane . . . . . . 388, 389, 409, 528 
Peau 2 27. C0 9, CES 91896 
P.— d’eau (petite) de ihdes nr 409 
NE PA CAS COTE MONTRES PRE 522 
ONE 0e MES SEC 525 
TU AT RER A ONE TA À 294 
Procellaridæ . . . . : 64, 445, 459 
Procellaridés. . . . 68, 18, 145, 459, 460, 461 
BLOCELAFINOES NT OAI EE AT 439, 460 
AGEN PUFPUrER 4 EL SON, 265 
DNUCIMES OA MR UE VUE QE 305 
LOIRE GRR SE TIRER ENT SRE 5351, 445, 445 
Promeropidcæ . 243 
Promeropineæ . 270 
Promerops. RSS, Poe 270 
PP CENTRES ATEN S 271, 296 
PRUSSOE SM AA ire latte Nes 5 
Psaracolius NES ART PES Fe 326 
Pseudo-Zygodactyli . . . . . . 208, 210 
Psittaci her SDS CITES ANS 144 
PSTIQCITE SRE EN 0 07 AJ SNS" 635, 69, 165 
Psittiacilés ", . 198 M6, 212, 215, 9254, 257 
Psittaciens 945 
Psittaculus . 249 
Psiltacus Alexandri . 257 
Psophiideæ. 417 
Psophiidés A7 
POUCHMRRMEU EL CLS RE UE 9592 
PiérOés TE NL. EPT RUN. Dan 64, 350 


609 


610 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Pierocles . 526 
P. — Alchata . 251 
Pteroclidæ. . . . . 64, 555 
Pteroclinæ . 350 
Ptéroclinés 380 
Pteroptochus albicollis 289 
Puülonorhynchinæ . 521 
Priloris UT M je Et RICE 278 
TEEN ES Er RS AT AMTEECS 275, 276 
PATIENCE AO ENT 270 
Propre GTR ee Ve 201.5 û 271 
RATIODIERES M MAR 0. Ne =. M 469, 470, 498 
Piloptert ie te à 5.14 160 TAa,M48, 192, 260 
Pucrasia . 344 
DHNAISES LAMPE ERA OM ER 279 
Püt-püt FAT ES A dl 242 
Pygatoue ste Me Er RNA MRERTILE 96 
Pygoscelys papua . . . . . . 4T1 
BNMÉICES SANT MEME De UE Mrats Lee 91 
RUyrO Ua RE CR EN AE EE US EEE Me Fe 329 
EYrrROCONARE LE Eten ds vue LE 321 
DUT NGCORAANE Le VS RS te PEN IUT. 521 
JP TRE 334 
DR on Di CITANT PEN 109 219 
ENTRE RME CET EU EE: 447 
PUTPOUL EN RCE ENCEINTE TE 514 
@. 
Quadrupèdes SRE 26 
Onichna(Baneub}e os En Ou: 307 
Quiscales . 524 
Quiscalinæ 324 
Quiscalus . 326 
K. 


Râle (et Râles), 64, 120, 378, 586, 387, 418, 519, 
522, 524, 327 


Ré Ballons A AR ET VENT à 94 
Ride genéts ee 94 
Ralleæ. . . 387 


Rallidæ . . 64,120, 368, 374, 515, 335, 587, 443 
Rallidés . . . 1928, 193, 385, 409, 418, 435, 525 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Rallinæ 

Rallinés . 

Rallus . 

— ardeoïdes . 

. — Baillonii 

— gigas . 

. — Lewinii 

. — pusillus 

— varieqalus. 

— superciliosus . 
Ramier 
Ramphastide . un 
Ramphastidés . . . 
Ramphocènes 
Ramphocineles . 
Famphocinclus 
Ramphocænus. 
Rapaces . 

R. — diurnes 


DHREERE 


R. — marcheurs. 
R. — nocturnes. 


Rapaces nocturni 

R. —  rasores . 
Ravennes. 
Recurvirostra . 
Récurvirostres. . 
Recurvirostridæ . 
Récurvirostridés 
Régions intertropicales 
FRegulus 

Rémiz . 

Renard. MES 
Reptile (et Reptiles) . 
Républicains. 
Rhynanthée . 
Rhynchœa Capensis . 
Rhynchée du Cap 
Rhyncops. 

Rhyncops . 
Rio-Allegro . 
R.—Araguay 


« 219 


66, 69, 144, 495, 301, 517 
. 65, 68, 118, 198, 145, 147, 171, 


. 63, 68, 69, 119, 198, 207, 


97, 404, 421, 432 


4109 

387, 590, 521 
439 

420 

387, 520 

421 

387, 520 

381 

382, 490 

409 


463, 165 
214, 234, 256 
294 

294, 294 

300 

300 


204, 206, 498, 500 
317 

209, 211, 261 

207 

317 


459 


641 


612 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Pio Cabacçal . 


R.— Cuyaba . 
R.— de Crisnas. 
R.— Janeiro. 


R:— Paraguay . + . . 
à.— Ucayale (et Ucayala). 
Rochefort. 

Roi des Cailles . 

Roitelet (et Roitelets) . 
Rollier 

Rome . 

Roseaux Re 
Rossignol de murailles 
Rouge-gorge 
Rousserolle. 

Rupicola. 

R. — crocea . 

R. —  Peruana 

R. —  Peruviana . £ 
Rupicole (et Rupicoles). 


— Coq de roche 
de Cayenne . 
— de la Guyane 

— du Pérou. 
Rudipennes . 
Rubecula familiaris . 
Rusticola . 


RFF 
] 
L 


R. — major . 
Ruvicilla . 

R. —  phœnicura . 
R.— Thytis . 


S. 


Sacramento (Pampas del) 
Salangane . 

Salinas . 

Sallator . 

Saltatores 

Santa-Cruz. 
Sarcoramphus 

Sasa. 

Satyra 


14, 93, 3 


. 55, 44, 41, 246 


ès den 


C1 
ee 
LS 


Aie 301 
195, 398, 401, 403 


:) 


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CO à = © 1 1© 
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U1 GA 19 
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La 
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(314 


OO © QC œ 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Sauriens 
Saurotherinæ 
Saurothérinés 
Sauvages . . . 


Savacou (et Savacous) 


Savannes 
Saxicola . 

S. —  ænanthe 
S. —  slapazina . 
Saxicolinæ . 
Saxicolinés. 
Scarabées . 
Scolopacea Guarauna 
Scolopacide. 
Scolopacidés 
Scolopax . 

Scopus 

Scytalopus 
Scythropine . 
Scythropinés 
Scythrops 
Secrétaire . 
Semipennes. 
Sénégalis 
Serapeïum 
Sericornis 
Sericulinæ 

Serin 

Serinus ner 
S.— Meridionalis. 


Serpent (et Serpents). 


Serpentaire. 
Serpentarius. 
Serrirosires. 
Shevak . 
Siala 

Sikes 

Sirlis 
Sittidés . 
Sittinés . 


Sommateria mollissima . 


Sorgho . 
Soui-Mangas 


205, 502, 5 


118, 
163, 
. 28, 93, 94, 439, 


18, 98, 
119, 


LS 


15 


19 © 19 
CI 
# Q 


643 


61 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Souris Hat PR 244 
Sparactes superbus . PÈRE 537 
Spatule (et Spatules) . 5, 451, 434 
‘Spatulidé (et Spatulidés). 437 
Spermophila . UNE 254 
Spheniscide . ets . 65, 71, 72, 496, 497 
Sphéniscidés 69, 127, 129, 186, 470, 479, 498 
Spheniscinæ . 4710 
Sphéniscinés 481 
Spheniscus . 482 
S. — demersus. 4719, 480 
Sphénisques 68, 71 
Sphenostoma 297 
Sphenurus : 296 
Spreo bicolor . . . 325 
S.— norio. Me Vie ee 323 
Stealornis 64, 119, 260, 261, 2692, 418, 488 
Steatornithinæ . 259, 260 
Steganura 512 
Stercoraires HAT 462, 464 
_Slernes . 65, 127, 462, 464, 465 
Sternidæ. 127 
Sternidés 128, 146 
Sterna cantiaca. 465 
S.— ergythrorhyncha . 465 
S.— jfuliginesa 465 
S.— minula . 465 
S.— paradisea 464 
Stipiturus 296 
Strigidæ. Ho M 65, 119 
Strigidés . 145, 209, 219, 215, 254, 261, 262 
Strigops. 212 
Strix. : 119 
Struthio Camelus 161 
S. — Rhea 161 
Struthions . 3555, 559, 516 
Strulkiones . 145, 359, 364, 517 
Struthionidæ. 64, 561 
Struthionidés . 129, 561 
Struthionigralles 195, 552, 465 
Struthionigralli . 356, 352 
Saunella - 326 
S. —  Ludoviciana 4147 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Sturnellinæ . 

Sturnidæ . 

Sturnidés 

Sturninæ . 

Sturnopastor. 

S. — contra . 

S. — Jalla 

Sturnus . 

S.— omnicolor 

S.— vulgaris. 

Subulirostres . 

Sucrier . 

Suisse 

Sula . 

Sulidæ 

Sulidés . 

Surnicou 

Surniculus 

ANCIENS NE SES, IUT 

S. — à langue cartilagineuse. 

SR à langue extensible fili- 
forme ou pénicillée. 

Suspensi cartilaginei. . . . . 

S. —  penicillati . 

Swart-Kop (Forêt du) . 

Sycalis. 

Sycobius 

Sylvia . 

S.— curruca 

Sylviidæ 

Sylviidés 

Sylviinæ 

Sylviinés - 4 1 FU 

DURATION. 0. TIR 

Sylviparidés 

Sylviparine. 

Sylviparinés 

Synallaxidæ. 

Synallaxis humicola. 

Syndactyles 

Syndactyli . 


O1 O1 ct 
19 19 19 19 
EE & 


268, 


S 
a à 
ie 
Es à © 19 QG! ot 
D D O1 21 CE 19 
ST ON OIETT EE 


1O 19 19 19 
D © 19 
© OI Qt 


293, 503 


297, 507 
193, 297, 507 


997 
281 
282 
9236, 245, 244 
236 


616 TABLE ALPIABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


FT. 

ACCO AE MEANT, MA CT NET Re 298 
Taches d'Incubalion. . . . . . 411 
HACRUDELES MERE OURS Te TU CIE 128, 441 
FachypeR dE RM OR 65, 447 
Tachypétidés . ES UE 

Tadorne (et Todornes) . : . . . 450 
Talegalla Lathami. . . . . . . 412 
Dalésalles MONET A ner 64, TO 
Tamatia (et Tamatias) . , . . . 2144, 235 
Tanagridæ . 5 PE 2e 514, 353 
MANAOUES 0 ON RSI ENST 508 IE 
TANDTNEME EE. AVI" 314 
Dane et. Le GE PEROU 258 
LantaleS eu SE ANCN ET te D EN 497, 430 
ROULE TRE NT 4927, 445 
HAN LA E Se DR ER ONE PONT 497, 454, 436 
L'ANLAUNEM A END UE v7 EN E- 428, 430 
Taintalinés tre trie ont EU: 430 
TONRLGIUS ERRME RES ROUE SOIT TAN: 439 
ben DIS dela US 450 
LE DOUCE OR LE ne D 430 
AND TN MST LEE PHONE Een EEE 28 
Tasmanie PP PERLE DAS Er 973, 219 
DION ERREUR RTE ENE ARE AC 295 
AALES RARE RER A Der ee 295 
AUTO DICO MEME EN SLT QE 307 
D'ANONS RMS eee RUB R 64, 70 
LeNNUNANE LIRE Te Eee 521 
MÉNUTOSITES EME RL RUES 268 
Dre aériens ou Voiliers. . 265 
T. — grimpeurs . . . . . 280 
T. — marcheurs. . . . . 282, 283 
T. — percheurs. - . ... 281 
T, — suspenseurs . . . . 268, 269 
IENLINO SONDE Ven DUT NT TN ET 945 
TN œtherez.r 1 QT Ne 265 
D OMIANDOTEL ES. Me: Ne ATOUT 0 2861 
TO UGC INSESSONESS 00e VEN LIN ANE 282 
DD EN SCANSOPES 0 NC UE 280 
DRE USUER SRE RE 268 


T'ertancaiente PeN E NET RTE : 515 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Terres-Chaudes. 'u 313 
Tetraonidæ 64, 185, 546, 350, 553 
Tétraonidés . 550 
Tetraoninæ 345 
Tétraoninés . k 350 
Tetrapteryx paradisea . 417 
Tétras. 64, 185, 350 
Tette-Chêvres 259 
Thalassidrômes 460, 461 
Thamnophiles 290 
Thamnophilinæ 290 
Thamnophilinés. 290 
Thamnophilus ruficollis . 290 
T. — rufiventris LE 290 
Thinocore (et Thinocores) 65, 195, 566, 368, 569 
T. — de d’Orbigny 369 
Thinocoridæ ; 65, 366, 368 
Thinocorinæ . : 346 
Thinocorus Orbignyanus 369 
T. — rumicivorus . 370 
Thichodroma. 505 
TIQUE muralis , 281 
Thichodrôme de murailles . 280 
Tichodromadine . 506 
Timalia 297 
Timaliidæ . 295, 296 
Timahincæ . 291, 296, 297 
Timaliinés 207 
Tinamide . ANUS.) ER Le C4 19D 2 O5 DD 
Tinamidés . . . . 128, 145, 146, 1417, 353, 515 
Tinamine . 35 


Tinamou (et Tinamous) 64, 124, 126, 127, 131, 156, 


T,. — (le Gros;. 
Tinamus 

Tinnunculeæ . 
Tinnnnculus . 
Tisserins . 

Tocantin . ; 
Tock à bec rouge . 
Tokus erythrorhynchus . 
T, — flavirostris 

T. — nasutus 


1635, 182, 189, 353, 515 


186, 187, 3 


237, 239, 2 


ES 
EE 


18 


617 


618 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


TOdiUE NES BEN DE TRUST 246 
TOUS METRE Er 246 
DOdETS 4 AP Ne AR LE. 0 246 
Todus margaritaceus . . . . . 246 
T.— margaritaceiventer. . . . . 246 
EOXCOIS FM EC A PEU" UNE VAS AS 2018060015 
LOLÉUESUE ME PME me TE 72, 452 
DOTONUS A RE ENS Re DT 2e à 1UE ES 366 
Totipalmes . . . . 65, 455, 456, 447, 449, 459, 

#3, 454, 459, 466 
Totipalmi . . . . . . . . 45, 445, 462, 466 
ToOuCanS EME NE, LOU, MNA63;/ 1692714233 
Toucnam-courvi . . 528 


Touraco (et Touracos) 635, 119, 165, 165, 182, 205, 
245, 597 


T. — à oreillons blancs . . . 910 
Tournepierres (A APNS SAT 37: 
Tourterelles ee DEL PR 16, 91, 219 
Nr AICOIeEr SEE ER 78 
Traine-buisson . ... . . . . ; 219 
TB TICU Ae d'AMIMEATM EN RER 221 
= MS tADAZIN eV AE ON 219, 221 
PAT arner a er re 437 
TAN ES ARTE NE MERE RE 299, 300 
Peichaglosses ee ANR LU: 2:9 
Tringa (et Tringas). . . . . . 366, 371 
Tringa hypoleucos . . . . . . 311 


T. — vanellus . PRESS Le 
Trochilidæ . . . 64, 69, 187, 265, 532, 496, 497 


A RAR NE NE RE AR CREC 265, 269 
Troglodyte (et Troglodytes) . . . 193, 219, 500 
TMMOIEUTOpPÉEN EEE 500 
Troglodytes Europœus . . . . . 219 
TFONIOS YU NEC 294, 296 
HTODIOCYENEET ON. NC EU ONCE D 295, 300 
roplodyhuEs es (2 CES 300 
MFOUDIALES EUR. Ne. 2 MP red de 147, 255 
HNATULE VE MON TO EN TI AUE 64, 163 
HEDCORMIES MÉRDNE d "Ar Se 00e 214, 294, 295 
TAUPIQUUS EME OR AN EU ER TE 326 
TIVOTABEES EVE D 10 0 Pie ere 193, 294, 295 
TYYOTIONUS RE NON Te MONS 300 


Trypanocorax. 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Tunqui. 


Turacus leucotis . 


Turdidés . 
Turdinæ 
Turdinés . 
Turdus. 


T. — carbonarius . 
T, —  dentirostris . 
T. — Jfelivox 


T, —  Herminieri 
T. — JIliacus 

T. — merula. 

T. — migratorius . 
T. — minor. 

T. — musicus 


T. — mustelinus. . 
T. — pilaris. 

T. — solitarius. 
T. — Wilsonii . 


Turnicidæ . 
Turnicidés 
Turnicinæ . 
Turnix. 
Turtur . 


Tyran (et Tyrans) 
T. — de la Caroline . 


Tyrannide . 


Upucerthia . 
Upupa 
Upupideæ. 
Upupidés 
Upupinæ . 
Uragus . 
Uria . 
U.— grylle . 
U.— Lomwia 
U.— Mandiii 
U.— Ringwia 
U.—troile . 
« Urüdés . 


147, 171, 255, 


290, 291, 
291, 


, 228, 


161, 167, 218, 219, 


219, 


64, 552, 


. 119, 166, 467, 468, 
. 36, 104, 468, 


468, 


9 
© 


1 CI C1 19 19 19 1O 19 NO n9 19 19 19 © © 
© oO Le à LS © D © (9 1 0 © :3 !à 
O © Œ 9 19 19 19 æ 19 19 æ 19 19 19 19 19 O1 O1 CI 


619 


6: 


4 


TABLE 
Üriinæ 
Urünés . 
Urinatores 


Val-de-Grâces. 
Val-River . 
Valla-Maria. 
Vallées-Chaudes 
Vanellus. 

Vanga 


ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


192, 445, 449, 455, 465, 466 


V. 


Vanneau (et Vanneaux) 


V. — 
Varsovie. 


commun ou huppé . 


Vautour (et Vautours). 


Vélocipèdes. 
Venezia. 
Vénézuéla . 
Verdier . 
Verrulia. 
Verruliidæ . 
Verruludés . 
Verruliinés. 
Vers. 
Vertébrés 
Vestiaires 
Viduinæ . 
Vienne . 


Voiliers (Grands) . 


Vultur 
Vulturidæ 
Vulturidés . 
Vulturinæ 
Vulturinés . 


Washington. 
Wéka 
Worabée 


Xanthornus . 


468 
468 


© © 


© © = 
ODA 


QT O1 CI O1 19 


. 57, 156, 566, 408 


151, 152, 185 


206, 500 
829 
43, 51 


45, 51 
64, 69, 465 
500, 501 
194, 206 
194, 501 
194, 501 
194 


326, 462 


TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE. 


Y. 
Yphantes. 
Yungas . 

Z. 
Zapornia 
Zaporniineæ . 
Zonotrichia . 
Zonotrichie . 
Zoothera. 
Zostérops 
Zosterops 
Zurich . UE Fat AS, ARE AE MT 
Zygodactyles . . . 64, 131, 208, 209, 
Z. — douteux . . : 
Z. — LASER Ve D'telie 
Z. — grimpeurs 
Z. — marcheurs 
L. — percheurs 
Zygodactyli . : 
Z. —  arborei seu insessores . 
Z. — prekensores. 
Z. — scansores 


Le 
L QE: ( 

MARIE 1 
Le 


ERRATA ET OMISSIONS. 


Page 51. —. Au lieu de : les textes ; lisez : le texte. 
Page 84. — Au lieu de : représentent ; lisez : dessinent. 


Page 109. — A la fin de la première phrase, ajouter : 


Il demeure, bien entendu, lorsque nous nous exprimons ainsi, 
que ce n’est qu’une facon de parler. Ainsi le terme d'Embryon 
ést équivalent ici, dans notre pensée , à celui de Fœtus, au corps 
organisé, et non à celui de Cüicatricule, avec lequel malgré 
l'exemple donné par un Membre distingué de l'Institut, nous 
ne pourrons jamais nous décider à le confondre , comme expres- 
sion de la même idée. De même encore , nous ne voulons pas 
dire que l'influence de l’'Embryon s’exerce pendant le dévelop- 
pement de ses parties organiques dans l'OŒEuf, puisque la Forme 
de ce corps, ou plutôt de son tégument calcaire leur est, comme 
nous l’avons établi dès les premières pages (1), providentielle- 
ment préexistante. Les prémisses de notre proposition, de 
même que ses conclusions, suffisent, et de reste, à nous sauve- 
garder de toute induction qui tendrait à nous imputer une sem- 
blable absurdité. 

Nous avons trop de confiance, à cet égard, dans la critique 
sérieuse et éclairée dont notre Livre pourra être l’objet, pour 


(1) Voir p. 67. 


624 ERRATA ET OMISSIONS. 

nous en préoccuper autrement. La Science, lorsqu'elle diseute , 
et c’est là son plus beau privilége, a ordinairement l'avantage 
de se tenir dans une sphère assez élevée, pour n'avoir pas besoin 
de recourir à des arguments d'un esprit aussi étroit. 


Page 143. — Au lieu de : se rencontrent plus rarement renfer- 
mant ses mâles; lisez : se rencontrant plus rarement, renfer- 
ment des mâles. 


Page 133. — Au lieu de : Pennaut; lisez : Pennant. 


Page 170. — À la fin du paragraphe 4 du chapitre 111, ajouter : 


En examinant la question de savoir par laquelle de ses deux 
extrémités, aiguë et obtuse, l’OEuf sortait du corps de la femelle 
chez les Oiseaux, nous nous étions cru fondé, dans le temps (1), 
d'après quelques-uns des faits que nous avions été à mème 
d'observer au milieu de nos études expérimentales, à admettre 
que l’Œuf sortait par son bout obtus ainsi que vient de le rap- 
peler fort exactement M. Moquin-Tandon (?). Toutefois, la 
presque unanimité des Auteurs à établir le contraire (MM. Dumé- 
ril père, le Docteur John, Is. Geoffroy Saint-Hilaire et Gerbes, 
sans parler de Thienemann et de de Blainville) nous avait fait 
recourir à de nouvelles expériences, et nous rencontràmes en 
effet alors, en grande partie, le fait contraire à celui que nous 
avions pensé pouvoir établir : c’est-à-dire que c’est par le bout 
aigu que sort l'OŒEuf, cas offert encore depuis à nos yeux, 
en 4857, dans le corps d’une femelle de Pie-Grièche Ecorcheur 
{Lanius Collurio), dont l’OEuf figure dans notre Collection. 

Si, dès ce temps-là comme après, nous n'avons pas ajouté 


(1) 1842-1843. 
(2) Rev. et Mag. de Zool., Janvier 1860. 


ÉRRATA ET OMISSIONS. 625 
le mot foujours, ce n’est pas sans intention, nos travaux ne 
discontinuant pas; c'était également, avouons-le, parce qu'il 
nous en coûtait quelque peu de renoncer à une observation 


basée sur des expériences personnelles, auxquelles nous pen- 


sions avoir apporté tout le soin désirable. Aussi bien avons-nous 


fait, le temps étant venu récompenser notre persévérance et nos 
efforts; car dans le cours de 4858 et de 4859, et par conséquent 
au milieu de notre travail, nous avons rencontré plusieurs cas 
faisant exception et rentrant dans notre première manière de 
voir, dont, en mettant de côté ceux qui regardent la Poule, l’un 
chez la femelle d’un Merle commun, l’autre chez une de Serin 
de volière. Dans les deux cas, la masse colorée des taches distinc- 
tives de ces OBufs, tout prêts à sortir du vagin et s’y présentant 
par leur bout obtus, était reportée vers le bout aigu. Ce qui 
rentre complètement, en la rendant plus facile, dans l’explication 
que nous avons donnée de l'inégale répartition de la Couleur à 
la surface de la Coquille. Il devient évident dès lors que si la 
couronne de taches, chez les OEufs maculés, se présente plus 
souvent au gros bout, c’est que le plus ordinairement l’OEuf 
sort par la pointe, et que si cette couronne ou ceinture se trouve 
reportée vers la pointe, ce qui est le cas, nous ne dirons pas le 
plus rare (ce serait trop dire), mais le moins ordinaire, c’est 
qu'alors l’OEuf est sorti par son bout obtus. 

Le fait a été, au surplus, affirmé de la façon la plus claire, la 
plus nette et la plus positive bien avant nous, puisqu'il y a 
aujourd’hui trente ans, par Purkinje, qui a fait un si complet et 
si beau travail sur la formation et les développements de l’OEuf, 
en ces termes : 

« Situm Ovi, DUM ADHUG IN UTERO RECENS EST, SEMPER éalem 
» inveni, ul PARS ACUTIOR VAGINAM, OBTUSIOR R BASIN SPECTARET; in 
» Ovo vERd PENITUS | FORMATO , 401 jam nisum ‘ad partum expertum 
» est, NUNC OBTUSO NUNCG ACUTO FINE VAGINÆ ORIBUS APPOSITUM reperi. 


45 


626 | ERRATA ET OMISSIONS. 
. Fors tunc sub nisu ad partum Ovum sæpiüs volvitur donec 
» situm commodum acquirat. (1) » 

Ce qui semble indiquer, en effet, que l’OEuf prêt à sortir chez 
l'Oiseau est soumis ou exposé, comme l'enfant chez la femme, à 
plusieurs évolutions sur lui-même. 

Il en résulte que la conclusion tirée par les divers Auteurs que 
nous avons cités à cet égard, pour ou contre, doit être prise et 
adoptée non d’une manière générale et absolue, mais relative- 
ment seulement à l’époque du développement de l’OBuf et de sa 
marche dans l’Oviducte, à laquelle chacun d'eux à fait ses 
observations. k: 

Nous réservions cette Notice pour l’insérer dans un autre 
Travail devant faire suite à celui-ci, sous le titre de Oogénèse des 
Oiseaux, que nous nous décidons à lui retirer et auquel nous 
renonçons pour le moment , le pensant mieux applicable au 
dernier qu'au premier. Mais les Considérations de M. Moquin- 
Tandon nous l'ont fait sortir prématurément de nos cartons pour 
la faire profiter de la publicité et de l’actualité qu’elles reçoivent, 
en y apportant un élément nouveau de discussion et par conséquent 
un supplément de lumières. 


Page 174. — Nous avons établi; lisez : nous l’avons établi. 
Page 497. — Rétablir la Tribu des Certhiadæ de la manière 


suivante : 


9. Tribus. — CERTHIADÆ. 


4. FaMILIA. — Dendrocolaptinæ. 
Se ee: Certhianæ. 

3. F. — Tichodromadinæ. 
EF. — Sittinæ. 


Page 208. — Au lieu de : Marchants; lisez : Marcheurs. 


(1) Symbola ad Ovi Avium historiam, ante incubationem. 


ERRATA ET OMISSIONS. 627 
Page 245. — Après Indicatorinæ, ajoutez : 20 Leplosomine. 


Page 2A7. — Après et à la fin de l’article des Zndicatorinæ, 
ajoutez : 


Nous ne dirons rien de l’OEuf du Leptosomus ou Vouroudriou, 


type des Leptosominæ, que nous ne connaissons pas. 


Page 228. — A la fin de l’article des Coccyzinés, au lieu de : des 
OBufs des Turdus felivox et T. migratorius; lisez : des OEufs 
du Turdus felivox, cette Couleur étant clairsemée de taches 
d’un Brun rougeâtre dans ceux du Turdus migratorius. 


Page 229. — Au lieu de : Algue marine ; lisez : Aigue-marine. 
Page 230. — Mynthérinés ; lisez : Myothérinés. 
Page 244. — En note, au lieu de : Anat.; lisez : Amat. 

Page 246. — Au lieu de : Margaritacenus ; lisez : Margaritaceus. 


Page 258. — depuis nous, etc.: lisez: depuis que 
nous. 


Page 259. — Au lieu de : aigu; lisez : aigue. 


Page 261. _— Oiseeu ; lisez : Oiseau. 

Page 269. — Nectarinidés ; lisez : Nectariinidés. 

Page 273. = Méliphagidés ; lisez : Meliphagide. 
14. — auquel]; lisez : auxquels. 

Page 281. — Anabatideæ ; lisez : Anabatidés. 


Page 283. — En note, au lieu de : Meyer; lisez : Meyen. 
Page 289.— A la suite de la dernière phrase relative aux Pittinæ 
(ou Brèves) , ajouter : 


Après tout ce que nous avons dit précédemment de la Forme 
de l'OEuf et de ses rapports intimes et indestructibles par toute 


628 ERRATA ET OMISSIONS. 


autre espèce de raisonnements que les nôtres, avec la forme du 
Sternum et de ses annexes, et finalement avec la forme générale 
de l’Oiseau, nous ne croyons pas qu'il soit possible d’y revenir 
avec quelque succès, encore moins d’infirmer notre proposition 
en principe. On nous opposera bien quelques exceptions plus ou 
moins spécieuses , telles que celles qu’a formulées le trop modeste 
M. Hardy, de Dieppe (1). Mais nous ne croyons pas qu’elles suffisent 
à motiver une indécision aussi formelle que celle dans laquelle se 
retranche le savoir de M. Moquin-Tandon. Le fait est manifeste ; 
la relation existe, de l’aveu même du docte Membre de l’Institut : 
que la cause directe et réelle soit, après cela, plus ou moins facile 
à établir, à priori, comme question d'Epigénèse ou autre, peu 
importe ce semble. En s’arrêtant à une méthode pareille, dans les 
Sciences, et en enchainant ainsi toute Théorie à sa naissance, on 
risquerait fort de leur poser une barrière à jamais infranchissable. 
C'est en aidant, au contraire, la Théorie ou l'esprit de Système 
modéré, dans ceux des faits (surtout quand ils sont nombreux) 
sur lesquels s’appuie l’une ou l’autre, que l’on peut faire pro- 
gresser toute Science. 


Il faut pourtant s’entendre quant à la portée des objections et à 
leur justesse. Ainsi, M. Moquin-Tandon, au sujet des rapports de 
la Forme Oologique avec la Forme Zoologique, ne fait aucune 
objection bien sérieuse; il doute, n’émet aucune opinion person- 
nelle et se borne à reproduire les objections énoncées par d’autres 
Oologistes : de ce nombre est M. Hardy. 

M. Hardy, lui, nous oppose entre autres, les exemples de 
l'Outarde ou du Pluvier, de l’Ibis et du Courlis, qui, dit-il : « ont, 
» dans l’ensemble général de leurs formes , d'autant plus de rap- 
» ports que leurs OEufs en ont moins. » 


(1) Revue et Magas. de Zool., 18517, page 253 et suiv. 


ERRATA ET OMISSIONS. 629 


Nous croyons avoir suffisamment répondu à cette objection dans 
cette Troisième Partie de notre Travail, en nous occupant de 
l'OEuf des Outardes et de celui des Pluviers, notamment de 
l'OEdicnème : nous jugeons donc inutile d'y revenir. Les diffé- 
rences et les rapports Ostéologiques qui existent entre les uns et 
les autres , et qui se reproduisent en partie, mais dans les détails 
seulement, sur l’ensemble de la forme générale de l’Oiseau, 
doivent nous dispenser d’y revenir. 

Nous ne manquerions pas, au surplus, sur ce terrain, d’ob- 
jections presque destructives de l’ingénieuse proposition de 
M. Hardy, que nous désirerions bien lui voir développer plus au 
long : « que la position de l’Oiseau dans le repos ou dans l’action 
» détermine avant tout la Forme de son OEuf. » 

Pour n’en citer qu’une seule, nous opposerions les Brèves ou 
Pittæ, que nous venons de nommer, dont les formes sont tra- 
pues, il est vrai, mais dont les mœurs et les habitudes, soit dans 
le repos, soit dans l’action, sont toujours les mêmes, c’est-à- 
dire s’exerçant sur la ligne plane et horizontale, et presque tou- 
jours au niveau du sol. Or, quelle est la Forme constante de leur 
OEuf? la Forme Globulaire ou Sphérique, la pointe en étant 
parfois à peine indiquée, comme dans l’OEuf des Strigideæ. 


Page 291. — Au lieu de : Zæxosa ; lisez : Ixos. 
Page 296. — Pomathorinus ; lisez : Pomathorins. 
Page 3025  — Cymnocephalus; lisez : Gymnocephalus. 


Page 304. — A la fin des Sylviadæ, ajouter : 

Il est une Famille de charmants Oiseaux dont nous avons oublié 
de parler et qui devait faire la quatrième de nos Sylviadés ; c’est 
celle des Malurinés, qui lie parfaitement cette Tribu à celle des 
Muscicapidés : car les Mérions peuvent, à la rigueur, être consi- 
dérés comme de vrais Gobe-Mouches humicoles. 


630 ERRATA ET OMISSIONS. 


Ils se rencontrent en effet, généralement, d’après les observa- 
tions de J. Verreaux, dans les ravins, les lieux humides et dans 
les marais, se perchant de temps à autre sur la sommité des buis- 
sons ou la tige des graminées (qu'ils parcourent à la manière des 
Triothores et des Calamoherpes); faisant indistinctement leurs 
nids, ou sur ces mêmes graminées , ou sur des arbres et arbustes 
à peu de hauteur de terre. 


Ce Voyageur en a rapporté un, du Malure à longue queue, qui 
était d'environ quatorze centimètres de hauteur sur neuf de lar- 
geur; l'ouverture s’en trouvait en haut et semblait protégée par 
les branches qui en cachaient l'entrée : il était composé d’herbes 
sèches, de feuilles mortes, de racines fines ; et l’intérieur, qui 
était d'environ cinq centimètres de profondeur, se trouvait garni 
de substances moëlleuses ; on y remarquait, entre autres, une 
assez grande quantité de plumes de Poule, de Kakatoës, de 
Strix, ete. Ce nid se trouvait à environ un mètre trente-trois 
centimètres (quatre pieds) d’élevation de terre, et assez bien 
caché dans une touffe ou dans un buissson de l’Espèce d’arbuste 
appelée Thee-tree. 


Un autre nid avait une apparence toute différente : il était 
mélangé de débris d’écorces d’Eucalyptus, de mousse et de divers 
débris d’autres plantes; il n’était guère qu’à un mètre de terre, 
très-bien caché dans un buisson épais. 


Enfin, le même Voyageur a trouvé un nid de Mérion bleu dans 
un citronnier, à la sommité de cet arbuste, à près de un mètre 
soixante-six centimètres (cinq pieds) du sol; et il était à peine 
caché par quelques feuilles. [1 se trouvait attaché à une branche 
par le côté et soutenu par des feuilles en-dessous, et son ouver- 
ture se trouvait à la partie supérieure, mais un peu de côté : sa 
forme était à peu près ovalaire. Il était composé de débris d'Eu- 
calyptus, de quelques racines fines et de graminées à l'intérieur: 


ERRATA ET OMISSIONS. 631 
l'intérieur contenait quelques plumes; mais il était si clair, qu'il 
était facile de voir le jour au travers (1). 

Nous avions composé cette famille, dans le temps (1852), des 
Genres suivants, dont un seul, le dernier, nous est connu par 
son Ouf: 

Zoothera, Vigors ; 
Pomathorinus, Horsfield ; 
Pellorneum , Swainson ; 
Atrichia, Gould ; 
Sphenura, Litchtenstein ; 
Stipiturus, Lesson ; 
Amytis, Lesson; 

et Malurus, Vieillot. 


De ces huit Genres, nous retranchons aujourd'hui les deux 
premiers : le Pomathorinus, parce que le caractère de son OEuf, 
ainsi que nous l'avons vu, de même que ses habitudes, ne per- 
mettent pas de l’y laisser; et le Zoothera, par l’un des mêmes 
motifs, ses caractères Oologiques nous en étant complétement 
inconnus. 

Pour ce qui est des six autres, quoique nous n’ayons étudié 
que l'OEuf du dernier, nous n’hésitons pas, quant à présent , à 
les réunir, sous le rapport de la communauté des mœurs, qui 
n’offrent entre chacun d’eux presque aucune différence. 


CABACTERES COLOGIQUES : 


Forme — allongée et presque Elliptique, ou d’un Ovalaire aux 
deux extrémités également arrondies. 


Coquille. — d’un grain très-fin, Blanc intérieurement, mat et 
presque sans reflet. 


(1) Voir Encyclopédie d'Histoire Naturelle, Oiseaux, T. 1v, p. 89. 


632 ERRATA ET OMISSIONS. 


Couleur — presque toujours d’un Blanc pur, recouvert, surtout 
à l'un des bouts, de quelques points d’un ton de Brique plus ou 
moins rosé; souvent aussi sans aucune tache; et parfois d’un 
Blanc légèrement Verdâtre avec les mêmes taches plus foncées, 
comme chez quelques Traquets. 

Sous ce rapport, cette Famille, encore peu élucidée dans ses 
caractères Oologiques, mérite une nouvelle étude pour en bien 
préciser la place dans la Série. 


Page 332. — Au lieu de : à retirer les Euplectes, etc.; lisez : 
à enlever.....; et au lieu de: de la Famille des Viduinæ, 
lisez : à la Famille des... 


Page 334. — Dans les Fringillidæ et la suite du groupement 
des Genres Américains, ajouter : 

Notre Pinson d’Ardennes, Fringilla montifringilla, est, par 
son OEuf, un véritable Zonotrichia, et sous le rapport de la 
Forme globulaire, et sous celui de ses maculatures. Si l’on rap- 
proche ces caractères similaires de ceux que présentent, à certains 
points de vue, la forme, les habitudes et même le système de 
ptilose de l’Oiseau, on verra que c’est dans ce Genre qu’il doit 
être placé, et non en tête du Genre Fringilla et à côté du 
Cælebs, avec lequel il n’a aucun point de contact, que l’habitude 
de la dénomination Française, essentiellement vicieuse et surtout 
d’une Classification Méthodique exclusivement Européenne , 
presque toujours fautive. 


Page 335. — Au lieu de : Columbés et Columbidés; lisez : 
Colombés et Colombidés. 
Page 359. — Au lieu de : du précédent ; lisez : des précédents. 
Page 360. — Siècle ; lisez : Siècles. 
Page 366. es Hoœmatoprodide ; lisez : Hæœmatopo- 
dideæ. 


ERRATA ET OMISSIONS. 633 

Page 368. — Au lieu de. : Empêchèrent l'impression; lisez : re- 

tardèrent un moment l'impression ; car notre notice a paru dans 
la Revue et Magasin de Zoologie de Septembre 4849. 


a 
Page 420.'— Au lieu de : torse; lisez : tarse. 


Page 414. — A la suite de : n'est-il pas remarquable, etc.; lisez : 
soit du calorique émané des rayons solaires mis en contact avec 
le sable qui les cache (comme pour le Megapodius tumulus, 
de Gould, à la Nouvelle-Hollande, et tous les vrais Mégapodes), 
soit du calorique dégagé de la fermentation lente et progressive 
des Graminées qui les recouvrent (comme pour le Talegalla 
Lathami). 


Page 428. — Au lieu de : Eucydomus; lisez : Eudocimus. 


Page 44. — Au lieu de : Membranes natalaires ; lisez : Mem- 
branes natatoires. 


Page 448. — Au lieu de : le sédiment calcaire, accessoire qui, etc.; 
lisez : le sédiment calcaire accessoire, qui. 


Page 456. — A la suite de l’article sur les Grèbes, ajouter : 


Au sujet de ces singuliers OEufs de Grèbe castagneux dont nous 
avons parlé, si remarquables par leur luisant et leur poli, J. Ver- 
reaux nous a fait part d’une observation qui a trop d'intérêt pour 
que nous ne la fassions pas connaître. 

Il prétend que cet aspect luisant n’est dû qu’au frottement indé- 
finiment prolongé qu’a dû lui faire subir la femelle, par une 
incubation d’autant plus laborieuse, que souvent elle dépasse de 
beaucoup le temps prescrit par la nature, dans cette opération, 
aux diverses Espèces; et cela pour n'arriver à aucun résultat 
possible d’éclosion, ces OEufs , dans ce cas, étant presque toujours 
privés de germes, et dès-lors stériles. 

Il nous a affirmé que le même fait s'était présenté plusieurs fois 


634 ERRATA ET OMISSIONS. 


_ à lui, dans son long séjour au Cap de Bonne-Espérance, pour la 
même Espèce, qui y est encore plus commune qu’en Europe, et 
que la preuve lui en a toujours été démontrée par l'ouverture de 
plusieurs de ces OEufs. 

Ainsi se trouverait expliqué ce poli, qui n’est alors que l'effet 
du frottement de l’OEuf longtemps roulé sur lui-même par la 
couveuse, dans son impatience d’en voir sortir le fruit animé si 
vainement attendu ; ce frottement faisant non seulement dispa- 
raître à la longue, par l’usure, toutes les protubérances calcaires 
qui recouvrent la Coquille de l’OEuf des Grêbes, mais encore 
rendent la surface de celle-ci accessible au reflet ou rayonnement 
de la lumière. 


Page 456. — Au lieu de : Cygnide ; lisez : Cycnide. 


Page 460. — Au lieu de: TROISIÈME TRIBU, lisez : DEU- 
XIÈME TRIBU. 


Page 262. — Au lieu de : pour les Genres Sycobius et Hyphan- 
tornis ; chez les Fringillidæ, pour les Genres Passer et Zono- 
trichia; lisez : pour les Genres Sycobius, Hyphantornis et 
Passeri chez les Fringillidæ, pour le Genre Zonotrichia. 


Page 466. — Avant les Caractères Oologiques des Colymbideæ, 
ajouter : 

Toutefois, en dehors de ces considérations Ostéologiques et 
comme leur raison d’être, nous pensons qu'il ne sera pas sans 
intérêt de rappeler à cet égard quelles sont les mœurs, généra- 
lement mal connues parce que la chose n’est ni sans difficulté ni 
sans danger, des Oiseaux de cette petite Tribu. Nous les emprun- 
terons à un Auteur Anglais doué du même instinct d'observation 
et du même talent de description qu'Audubon (1) : 


(1) Fraser's Magazine. 


ERRATA ET OMISSIONS. 635 


« Les Naturalistes, dit Shirley, ont longtemps discuté sur la 
manière dont s’y prend le Colymbus septentrionalis pour plonger. 
Dans sa description des Îles Shetland, Dunn dit : « S’enfonçant 
graduellement sous la surface de l’eau, sans s’y précipiter en 
avant, la tête du Colymbus est la dernière partie de l’Oiseau qui 
disparaisse. » D’autres Auteurs ont soutenu qu’il plongeait comme 
tous les autres Oiseaux aquatiques. Ma propre observation m'a 
conduit à croire qu'il y avait du vrai dans l’une et l’autre de ces 
opinions, la vérité se trouvant être ici, comme il arrive souvent, 
entre les deux extrêmes. Lorsque le Plongeon cherche sa nourri- 
ture, c’est sa tête qui certainement disparaît la première; d’autres 
fois, comme vous pouvez aisément le vérifier en le guetiant 
‘lorsqu'il a fini son repas de l'après-midi, il plonge effectivement 
comme Dunn nous le dit. ,Avant d'acquérir la force d’impulsion 
nécessaire pour effectuer une descente, le Cormoran et les Canards 
ont besoin de soulever partiellement leur corps en dehors de l’eau ; 
le Plongeon, au contraire, ne fait aucun effort et disparaïit silen- 
cieusement comme si une main invisible le tirait en bas; aucun 
autre Oiseau aquatique ne plonge avec la même facilité, et c'est ce 
qui démontre la grande force de ces Oiseaux. » 

C'est, ajouterons-nous, ce qui explique la différence si bien 
constatée par Lherminier entre le Sternum des Plongeons et celui 
des Grèbes. 

« De tous ces Oiseaux de mer, continue notre Auteur, sans 
même en excepter le grand Cygne sauvage, le Plongeon est le plus 
beau et le plus puissant. Le Plongeon Arctique est l’Aigle de 
l'Océan. Intrépide navigateur, il est aussi le plus prudent et le plus 
vigilant des Oiseaux ; même en pleine mer et quoique aucun 
bâtiment ne soit en vue, il est perpétuellement en alerte. A l’ins- 
tant où il vient de plonger et s'apprête à déguster la proie qu'il a 
saisie, il jette encore de tous les côtés un regard de suspicion. 
Lorsqu'il désire rester invisible, il peut nager presque sous le 


636 ERRATA ET OMISSIONS. 


niveau de la vague, son arrière-train entièrement submergé, son 
cou tendu horizontalement, comme couché à fleur d’eau. Mais 
pour mieux observer son adresse et sa hardiesse de nageur, il faut 
l’observer pendant une brise d’Est : aucune embarcation, aucune 
créature vivante ne sont visibles à l'horizon ; les Mouettes elles- 
mêmes ont été balayées par le vent et dispersées sur les marécages 
de l’intérieur des terres; un navigateur seul n’a pas eu peur du 
grain : c’est notre Plongeon. Prenez votre télescope et voyez 
comme ce téméraire enfant des flots nage contre le vent, fend la 
vague, secoue l’écume et vient affronter les brisants autour des 
récifs (1). » 

Ces mœurs et ce procédé tout particulier d'immersion unique et 
spécial aux Plongeons viennent évidemment, nous le répétons, 
donner sa raison d’être à la dissemblance Ostéologique signalée 
entre eux et les Grêbes. 

Mais cette singularité n’est rien encore en comparaison de leur 
mode d’incubation. 

Pontopiddan rapporte en effet, sur la croyance qui a cours dans 
les Régions Arctiques, que les Plongeons ne peuvent jamais 
quitter l’eau, que l’Espèce appelée Zmbrim dans le pays, notre 
Colymbus septentrionalis, « ne descend jamais à terre que pen- 
dant la semaine avant Noël, d’où le quatrième Dimanche de l’Avent 
s'appelle le Dimanche de l’Imbrim. » 

On se demande avec de telles habitudes, si elles sont exactes, 
comment il est possible à cet Oiseau de couver ses OEufs. 

La croyance vulgaire conséquente avec elle-même, et Ponto- 
piddan à sa suite, répond que la nature à pourvu à tout par un 
procédé d’incubation particulier attribué à cet Oiseau. x 

« Sous leurs ailes, dit cet Auteur, dans leur corps même, ils 
ont deux jolis trous assez profonds et assez larges pour qu'on 


(1) Revue Brilannique, 1851. 


ERRATA ET OMISSIONS. 637 


puisse y introduire le poing. Dans chacun de ces trous ils cachent 
un OEuf et les couvent ainsi commodément jusqu’à ce qu’il en 
sorte des poussins parfaits. » (1) 

Nous avouons, quoique révoqués en doute depuis longtemps 
par beaucoup de Naturalistes, notamment par M. Nuttall, que 
nous avons eu occasion de citer en 4852 (2), que ces détails de 
mœurs tenteraient singulièrement notre imagination, et que nous 
n'oserions beaucoup hésiter à y ajouter foi. Car la rencontre, fort 
rare du reste, qui a été faite du nid du Plongeon, soit par Audu- 
bon (3), soit par tout autre observateur, peut ne concerner que des 
cas exceptionnels ; de même que l'établissement de ce nid au milieu 
des joncs ou des glaïeuls, peut n’être dû qu’à des circonstances 
étrangères aux véritables habitudes de l’Oiseau, peut-être enfin le 
mode d’incubation varie-t-il, ainsi que chez bien d’autres Oiseaux, 
selon la nécessité des lieux ou l'exigence des éléments. 

Cet exemple d’une incubation qu’on peut appeler externe, 
puisqu'elle aurait lieu en dehors de toute espèce de nidification et 
de support matériel, n’est pas en effet le seul dont nous ayons 
connaissance. Et tout en concédant qu’il n’existe pas, dans la 
conformation musculaire du Plongeon, de trous proprement dits, 
comme l’exprime Pontopiddan, nous ne contestons pas qu’il soit 
possible à l'Oiseau, à l’aide d’un repli de sa peau axillaire, de 
retenir ses OEufs sous ses ailes. 

Seulement, il ressort de ce fait, une fois admis, que contraire- 
ment à ce qui a lieu pour tous les Nageurs, et par une exception 
toute particulière, la femelle du Plongeon jouirait de la faculté de 
couver ses OEufs en les portant sur elle-même, sans être arrêtée 
dans cet acte, ni par les besoins de la locomotion, ni par les 
nécessités de la natation. 


(1) Revue Britannique, 1851. 
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. VII. 
(3) American Ornitological Biographi. T. HI. 


638 


ERRATA ET OMISSIONS. 


Page 476. — Après le second paragraphe, ajouter : 


Nous n’avons pas besoin de faire ressortir l'espèce d’analogie 
qui existe entre ce mode d’incubation de l’Apéenodytes Patago- 
nica et celui que nous avons signalé plus haut pour le Colymbus 
Septentrionalis. Nous ajouterons même que l’un est en quelque 
sorte la confirmation de l’autre. 


Page 505. — Au lieu de : ont de communes ; lisez : ont communes. 


Page 510. 


Page 546. 
Page 547. 
Page 548. 


Page 560. 


_— que nous constatons; lisez : que nous 
constations. 


— Brunueinucha; lisez : Brunneinucha. 
— Kanp; lisez : Kaup. 
— Lench; lisez : Leach. 


— Sching ; lisez : Schinz. 


Page 564. — Ajouter à la liste des Noms Propres ou d’Auteurs : 


Boissoneau ; 
Buchillot ; 
Chesnon, principal du collége de Bayeux ; 
Huppé, aide naturaliste au Muséum d'Histoire 
naturelle ; 
et Vèze (Baron de) ; 


Avec lesquels nous avons, dans un temps, été en communica- 
tions et en échanges suivis d’OEufs d’Oiseaux. 


TABLE 


PAR ORDRE DES MATIÈRES. 


Pages 
CEE ALERT RE ET PS ERP SENS Y 
RAD ee Vo ROC Caen 7 RAT mn Ns 020 EE ARCS VII 
RRDOUOLLG LION à, 0 EME EME ARR RME TL TE CR RE et IX 
PREMIÈRE PARTIE. 
TABLEAU BIBLIOGRAPHIQUE RAISONNÉ ET HISTORIQUE 
DES PROGRÈS DE L'OOLOGIE. . . . . . . 1 
DEUXIÈME PARTIE. 
DÉTERMINATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 
CHAPITRE Ie. — ? 1. Définition de l'OŒuf chez les Oiseaux en 
SÉDÉPAL C0, . AUS 59 
82. De la Forme de VOEut et es AbHarr qu elle 
éprouve. ":", RP STE es EL Se. CAT VE 62 
Monstruosité de OR RE CR FRE Le 75 
Exemples de Monstruosité de Forme au à une PR 
intérieure. . . . 76 
Exemples de Mobet bete de PACE dia a à a Hiliesce. de 
constitution de l'Ovaire et de ses annexes, ou Mons- 7 
truosité pédiculaire . . . , re 80 
Exemples de Monstruosité de orne ous au a d’ abiet 
CXTÉDIQUES TM ENT SE RSR OT PAS PANIER UE 83 
Monstruosité en plus ou par addition. Re ES ANNEE INR 84 
Exemples du premier genre . 
Exemples du second genre. . . . F2 A Cr MERS 86 


Monstruosité en moins ou par défaut. SE QU RE! TE 92 


640 TABLE DES MATIÈRES. 


& 3. De la disproportion existant entre les OEufs de certaines 
Familles Ornithologiques de Palmipèdes relativement 
aux dimensions des Oiseaux qui les pondent, et les 
OEufs d’autres Familles non Palmipèdes, et de la raison 
de cette disproportion . 


CHAPITRE II. — De la Coquille de l’OŒuf et de sa nature 
selon les diverses Familles. 


CHAPITRE III. — 2 1. De la Couleur des OŒufs des Oiseaux 
en général. MR 2 TS A ; 

8 2. De l’origine de la Couleur Had Œufs des ous 

& 3. De l'influence de la nourriture sur la Coloration de 
l'OŒEuf des Oiseaux . ; à 

8 4. De l'influence du climat sur la Doi l'OŒuf des 
Oiseaux. JA ; : OLA AT A NE 

8 5. De la matière dre aus l'OEut ne Dee. et de 
l'influence de l’incubation sur le développement de cette 
matière à la surface de la Coquille AE ET 

& 6. Des rapports prétendus de la Couleur des OŒEufs avec 
celle du plumage des Oiseaux, et de l'influence de la 
lumière sur la Coloration de la Coquille. 


TROISIÈME PARTIE. 


APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES À LA MÉTHODE 
DE CLASSIFICATION DES OISEAUX. 

Classis Avium Systema Oologicum. 1859. 
Conclusion. ; 
Notes et Observations. . PRE RAP ES 
Classis Avium Systema Oologicum (emendatum). 1860. . 
Catalogue des Oiseaux d'Europe. ER te 
Liste alphabétique des Noms propres d’Auteurs, etc. cités. 
Notice alphabétique des Ouvrages cités ou consultés. 
Table alphabétique générale . 
Errata et Omissions . ; 
Table par ordre des Matières . 


FIN. 


102 
120. 


140 
148 


157 


164 


170 


TES 


191 


195 
183 
487 
529 
539 
553 
563 
971 


" 623 


639 


Nogent-le-Rutrou, imprimerie de A. GOUVERNEUR. 


We 
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