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TRAITÉ GÉNÉRAL
DUQANIE VRAI IQ
AU POINT-DE VUE DE LA CLASSIFICATION
PAR
0. DES MURS,
Membre Correspondant de la Société Zoologique de Londres, et de plusieurs autres
Sociétés Savantes; Auteur de l’'IGONOGRAPHIE ORNITHOLOGIQUE
où PLANCHES PEINTES D'OISEAUX faisant suite à celles de Buffon et de Temminck;
Auteur des PARTIES ORNITHOLOGIQUES, du VOYAGE EN ABYSSINIE du Capitaine
Th. Lefebvre et des Docteurs Petit et Quartin-Dillon; de l’HISTOIRE
NATURELLE GÉNÉRALE DU CHicr, publiée par M. C1. Gay, membre de l’Institut;
du VoyAGE DE CIRCUMNAVIGATION DE LA VÉNUS; de l’'ENGYCLOPÉDIE
D'HisTorre NATURELLE, et du VOYAGE DANS L'AMÉRIQUE
pu Sup, de M. de Castelnau.
Le seul et le vrai moyen d'avancer la Science
est de travailler à la Description et à l'Histoire
des différentes choses qui en font l’objet.
(Burron, De la manière d'étudier et de traiter
l'Histoire Naturelle.)
Plut à Dieu que tous les Ornithologistes pussent
s'éclairer du flambeau de l’Oologie!
(Prince Ch. BoNAPARTE. Revue et Magasin de
Zoologie. 4857.)
© RE —_——————
PARIS.
CHEZ FRIEDRICH KLINCKSIECK, LIBRAIRE, RUE DE LILLE, N° 11.
1860
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AOULEDATERS
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A LA MÉMOIRE
DU PRINCE
CHARLES-LUCIEN BONAPARTE
C'est un devoir que nous accomplissons , ct pour nous-
même, et pour la Science, en plaçant sous l'autorité du. nom
de l’éminent Ornithologiste un Trarré dont nous regrettons de
n'avoir pu lui soumettre que les bases élémentaires.
Aidé de nos études et de nos observations, il nous eût
soutenu au cours de ce travail, qui en eût été plus complet,
éclairé de ses lumières et surtout de ces aperçus qui, chez lui,
étincelaient comme des traits du Génie.
Nous ne le devions pas moins par reconnaissance pour son
accueil toujours si affectueux ; et aussi, pour la justice qu'il
a bien voulu nous rendre, en nous faisant l'honneur de nous
citer parmi les Naturalistes dont l'opinion scientifique a pu
être de quelque poids auprès de lui, dans l'édification de
l'OEuvre Linnéenne et gigantesque de son Consrecrus Generum
Avium.
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PRÉFACE
La Nature, qui se plaît à répandre dans ses ouvrages une variété
que la faible imagination de l'homme peut à peine concevoir, semble,
par cette diversité originale, cachet de toutes ses œuvres, avoir
voulu manifester sa puissance sans bornes. Il n’est rien sorti de ses
mains créatrices qui ne soit digne d'attirer nos regards et d'exciter
notre admiration. Ce sentiment , inspiré par la beauté toujours
nouvelle des productions de cette mère féconde, a dicté aux Aristote
et aux Pline, chez les Anciens, aux Linnée, aux Buffon, aux Lacé-
pède, aux Cuvier et aux Geoffroy Saint-Hilaire, parmi nous, et à
tant d’autres Savants, ces écrits où sont consignées les observations
qui ont fait la gloire de leurs Auteurs, comme celle des pays qui
les virent naître.
Plus on observe, plus on étudie, et plus l'esprit d'investigation
voit s’agrandir la carrière incommensurable qu’il brûle de parcourir.
Il en résulte alors que tel objet que l'on ne regardait qu'à travers le
voile de l'indifférence, devient bientôt la matière d’une méditation
approfondie, lorsque l’on croit être parvenu à connaître et la cause
qui l’a produit, et la fin que s’est proposée, en le créant, la Nature
qui n’enfante rien d’inutile. Aussi voit-on chaque jour enrichir la
Science de connaissances nouvelles. C’est une remarque qui devient
triviale à présent que les observations sont plus multipliées que
jamais.
Toutefois, ce désir d'apprendre, qui est le sceau de notre époque,
n’a guère commencé à se manifester que depuis un demi-siècle.
VHIT
Mais il a pris tant d’accroissement, qu'à cette heure, la Création à
paÿé aux Savants le tribut de tout ce qu’elle a produit dans tel
Règne et de tel Genre que ce soit.
Il reste sans doute encore à faire de nombreuses découvertes. Et,
pour ne parler que de l’Ornithologie, aueun des secrets concernant
le produit animé des Oiseaux, connu sous le nom générique d'Œuf,
ne nous a, jusqu'à présent, été révélé. Aussi toute l'histoire, ou
pour mieux dire la physiologie de l'enveloppe de ce corps qui,
sans cesse sous les yeux de l’homme, n'a pu attirer de sa part une
attention bien soutenue, est-elle demeurée dans les plus profondes
ténèbres.
C'est ce produit, de peu d'intérêt en apparence, que nous nous
sommes attaché à examiner et que nous avons étudié toute notre
vie avec les soins les plus assidus, dans l'idée de faire entrer les
caractères que l’on peut tirer de son inspection comme moyen de
classification méthodique dans la nombreuse et admirable Classe des
Oiseaux: et le résultat obtenu de nos observations, ainsi que de nes.
LrAVaux , nous venons l'offrir avec confiance au public, que nous
avons déjà initié à la plupart de nos idées dans de nombreux Mé-
moires publiés dans le Magasin et dans la Revue zoologique de la
Société Cuviérienne depuis 1842. L'accueil fait à ces diverses notes
nous à encouragé, en y joignant toutes celles enfouies dans nos
cartons depuis près de trente ans, à les réunir en un corps d’ou-
vrage plus complet, que nous diviserons en trois parties :
La première contiendra le tableau raisonné de la Bibliographie
Oologique ;
La seconde, la détermination des Caractères Oologiques;
La troisième, l'application de ces Caractères à la Méthode Ornitho-
logique.
INTRODUCTION
Après la Classe des Mammifères, celle des Oiseaux est
évidemment, de toutes les autres Classes, la plus parfaitement
organisée , par conséquent la plus digne des méditations des
Savants, comme de l'attention du vulgaire. C’est une vérité
qui n’a été méconnue de personne, et qui s’est manifestée de
mille manières à différentes époques dans l’histoire du monde.
Cette intéressante portion du Règne Animal étant devenue
tantôt le sujet de contes absurdes, tantôt celui d’une science
prétendue divine, mais réprouvée par la saine raison, et,
dans tous les temps, l’objet de doctes écrits tendant à une
connaissance exacte des œuvres de la Nature.
On conçoit facilement en effet que les premiers humains,
aux yeux de qui tout ce qui était extraordinaire, ou dont la
cause était inconnue, paraissait participer au privilége de la
Divinité, telle qu'ils se la figuraient, en voyant ces êtres doués
des mêmes facultés dévolues aux autres animaux, comme eux
respirant, comme eux se nourrissant, comme eux enfin pou-
vant mesurer la surface de la terre ou fendre le miroir des
x
eaux; mais jouissant de plus de l'inappréciable faculté de par-
courir librement, spontanément et sans efforts, les espaces sans
bornes, domaine des nuages et séjour de la foudre, on conçoit,
disons-nous, qu'ils aient été frappés d’admiration, et qu'un
enthousiasme religieux ait pu suivre ce premier sentiment à
l'aspect de l'existence tout aérienne des Oiseaux, et de la
prédilection dont ils semblent avoir été l’objet de la part du
Créateur. Aussi, dans des temps encore barbares, et chez l’un
des peuples les plus civilisés du globe, à une époque reculée 3
certains Oiseaux avaient leurs autels, leurs pontifes et leurs
adorateurs ; ailleurs, d’autres étaient nourris sur les fonds
publics, et l’on n’entreprenait aucune affaire qui intéressât la
sûreté de l'État, sans avoir pris conseil de ces animaux consi-
dérés en quelque sorte comme les interprètes symboliques de
la volonté du Ciel; il était naturel que les hommes, suivant les
contrées qu'ils peuplaient, ayant observé la coïncidence par-
faite de l’apparution et de la disparution des habitants ailés de
l'air avec le retour périodique des saisons, leur attribuassent
par induction la connaissance de l’avenir.
Qui ne sait (souvenirs bien classiques!) les poétiques apo-
théoses et les canonisations mythologiques de l’'Ibis sacré, de
l’Aigle de Jupiter, du Paon de Junon, des Golombes de Cypris,
de la Chouette de Minerve et du Cygne de Léda? Il n’est pas
jusqu’au corps renfermant le germe nécessaire à la reproduction
de cette Classe de Vertébrés, qui n’ait été divinisé par l’imagina-
tion vive et féconde des Grecs. Les Egyptiens eux-mêmes, cette
nation sage et réfléchie par excellence, pénétrés d’un sentiment
pieux en contemplant autant les merveilles contenues dans
XI
l'Œuf des Oiseaux, que la figure particulière de ce corps, en
firent le Symbole de l'Univers. A défaut d’autres preuves de cette
assertion, le fait d’un OEuf (d’Ibis sacré) , que possède notre
Collection, trouvé dans un de ces vases en terre cuite où l'on
renfermait le corps momifié de ces Oiseaux , suffirait amplement
à en démontrer la réalité.
À mesure que les lumières de la Science pénétrèrent le voile
de l'erreur, on observa mieux, les connaissances se répandirent
et acquirent des bases, sinon‘invariables , au moins assez sûres
pour guider les expériences et les études des observateurs; bien-
tôt les matériaux, devenus plus abondants, formèrent une
espèce de flambeau dont les rayons éclairant le plus profond des
mystères de la Nature , aidèrent à en découvrir toute la richesse
et les admirables ressorts. L’imagination , dès lors dirigée par
le génie, ne connut plus de limites, et une carrière immense fut
ouverte aux Zoologistes. Elle a en grande partie été parcourue,
et les Oiseaux ne sont pas ceux des Vertébrés qui y ont aitiré
le moins de concurrents. Depuis les Anciens jusqu’au Prince
Ch. Bonaparte, le nombre des Auteurs qui ont traité des Oiseaux
est fort considérable. Aussi tout ce qui a rapport à ces animaux
at-il été exploré. On a fait de longs commentaires sur leurs
habitudes et le rang qu'ils doivent occuper dans la chaine des
Êtres, et de minutieuses descriptions de leur forme, de leur
structure et de leur organisation ; il semble que rien n'ait été
oublié de ce qui peut jeter quelque intérêt sur eux.
Une chose importante manque cependant encore pour com-
pléter l'Histoire Naturelle des Oiseaux : ce sont des remarques
d'ensemble et des observations de détails suivies et raisonnées
XII
sur ce résultat ou produit du concours du mäle et de la femelle,
pour la conservation de l’Espèce, que l’on est convenu d’appeler
Œuf. Ses parties organiques et constitutives, en tant que
contenu, ont été parfaitement analysées et élucidées ; il n’en a
pas été de même de son enveloppe en tant que contenant, restée
à l’état de pure curiosité.
Frappé des avantages que pourrait procurer l'étude spéciale
de la Coquille de l’OBuf des Oiseaux, nous avons recherché les
causes de l’espèce d’oubli auquel paraît J’avoir condamnée le
plus grand nombre des Ornithologistes ; nous ne les avons trou-
vées que dans un défaut d'observations suffisantes sur cette
enveloppe mystérieuse : de là l'indifférence qui a privé les
Savants de l’intérét qu'est susceptible d’inspirer cette partie
encore neuve de l'Histoire Naturelle.
La Nature, nous le répétons, a des lois fixes et invariables
dont elle s'écarte rarement; tout ce qu'elle crée a sa destination.
Si quelquefois elle affecte dans ses productions des formes
bizarres et qui semblent, au premier coup-d’œil, le fruit d’une
imagination capricieuse et déréglée, un examen plus attentif fait
découvrir bientôt l’usage et les fonctions que ces corps sont
destinés à remplir dans l’ordre des choses. Enhardi par ces
réflexions , nous avons done recueilli et rédigé ces Notes que
nous soumettons au sérieux examen des Ornithologistes, les
priant, dans l’intérêt.de la Science, de ne point dédaigner un
travail sans doute informe, mais dont le perfectionnement peut
devenir l'honorable prix de leurs scrupuleuses recherches. La
difficulté de rassembler les nombreux matériaux de cette curieuse
partie, nous a forcé à publier dès à présent ce qu'il nous a été
XIII
possible d'observer à ce sujet, bien résolu, à mesure que les
objets de comparaison s’offriront à nos yeux, de pousser jusqu’à
ses dernières conséquences le système auquel les différents
caractères de l'enveloppe de l’OEuf des Oiseaux pourraient servir
de fondement, comme élément de distribution naturelle; de
montrer l'utilité réelle que la Science en obtiendrait, sans
déguiser les inconvénients qu’une application trop spéciale et
trop exclusive ne manquerait pas d’entrainer.
Notre idée enfin a été d'utiliser autant que possible, dans
l'intérêt de la Science Ornithologique, cette portion, selon nous
si attrayante de l'histoire des Oiseaux. Nous n’avons pas voulu
qu'une Collection d'OEufs fût dédaigneusement considérée
comme chose de pure curiosité, et uniquement abandonnée
au passe-temps des jeunes Étudiants ou des Collégiens. Nous
avons visé à rehausser ce genre de Collection, en recherchant
la valeur intrinsèque qui pouvait lui être assignée, dans le
grand nombre d’objets catalogués par les Savants, et nous ne
croyons pas nous être fait illusion.
Depuis quelques années surtout la Science Ornithologique,
dont les richesses se sont démesurément accrues, à vu s’aug-
menter par suite ses obscurités et ses difficultés de Classification.
Aussi n'est-il sorte de Caractères que chaque Naturaliste, répon-
dant à son appel, n'ait évoqué et fait venir à son aide, pour
faciliter en cette partie un classement méthodique, autant rap-
proché de la nature que la chose est praticable.
On n'avait jusqu’à ces derniers temps, pour arriver à ce but,
auquel non-seulement doivent tendre, mais que doivent atteindre
toutes les branches des connaissances humaines, pris pour base
XIV
unique en Ornithologie que les Caractères Zoologiques les plus
extérieurs : ceux-ci la forme du bec; ceux-là celle du pied.
D'autres , moins soucieux de ces caractères variables à l'infini
pour l’un, remplis d'harmonie pour l’autre, s’il en faut croire
notre spirituel et paradoxal Toussenel, entrant malgré eux dans
le système des analogies, se sont appuyés sur le mode de nour-
riture. De Blainville et Lherminier, ainsi que M. Isidore Geoffroy
St-Hilaire, entrant aussi dans cette voie, mais sans y persister,
essayèrent de baser une Classification sur les modifications des
organes du vol, considérés soit sous le rapport de leur agen-
cement ostéologique, soit sous celui des dispositions de leur
ptilose. Rien n’est plus curieux dans ce genre, ni plus original
que le Système du Savant Allemand Nitzsch, consistant à classer
les Oiseaux selon le mode d'insertion des plumes sur toutes
les parties du corps, mode d’insertion qui varie beaucoup plus
qu’on ne le saurait croire, d’après les belles et nombreuses
Planches qu’il en a données (1).
Bientôt surgit l’idée Allemande de s'attacher aux organes
producteurs de la voix ou du chant ; puis sont apparues les
curieuses observations du docteur Cornay, sur l'os palatin des
Oiseaux, qu'il présente comme la véritable boussole de l’Or-
nithologiste sur cette mer changeante et sans horizon des
Systèmes et des Méthodes, étude précieuse qui n’en est qu’à
ses ébauches et n’a pas encore dit son dernier mot. Le Prince
Charles Bonaparte, dont la Science Ornithologique regrettera
longtemps la perte, en France surtout, dont il est devenu une
(1) System der Plerylographie, Halle, 1840,
XV
imposante illustration, venait tout récemment, à l'exemple de
plusieurs Auteurs Allemands et Anglais, de tenter un système
de classification basé sur la précocité plus ou moins grande
des Oiseaux et leur aptitude relative à courir et à pourvoir à
leur nourriture aussitôt leur éclosion. N'oublions pas, dans
cette énumération le travail encore assez nouveau du docteur
Guiton, qui préconise, comme base d’une Classification Ornitho-
logique , le caractère tiré des appareils et des fonctions de la
reproduction (1); non plus que le système de parallélisme
introduit par M. Isodore Geoffroy St-Hilaire et dont le Prince
Ch. Bonaparte a fait d'assez heureuses applications.
Malgré ce renfort de considérations physiologiques et anato-
miques, les Systèmes de Classifications en Ornithologie ont
autant varié que les éléments des observations qui en font la
base. La faute, il faut l’avouer cependant, en est moins à l’insuf-
fisance des caractères indiqués et à l’imperfection des Méthodes
proposées, qu’à l'esprit de partialité ou d’exceptionnalité qui jus-
qu'à présent a présidé à l'application de chacune d’elles : chaque
Auteur voulant faire exclusivement prédominer et appliquer la
sienne de préférence à celle des autres; car là git uniquement la
cause du reproche mal fondé que l’on adresse sans cesse aux
Méthodistes. Avec un peu moins d'amour-propre et en combi-
nant ce que chacun des systèmes imaginés offre de réellement
bon et utile, on ne pourrait manquer d'arriver à une Classification
rationelle sinon parfaite, au moins aussi rapprochée de la per-
fection que possible.
(1) Rev. et Magas. de Zool., n° 4, 1855.
XVI
Depuis longtemps on s’est occupé de l'Œuf, chez les Oiseaux,
uniquement comme objet de curiosité; depuis fort peu de temps,
seulement, on s’en occupe sous le rapport Scientifique. Chaque
jour voit éciore tant en Angleterre qu’en Allemagne, voire
même en Amérique, un nouvel Ouvrage sur cette matière;
mais ces Ouvrages sont plutôt l’occasion d’une description des
Oiseaux de notre Europe que de considérations Oologiques; on
en est même venu à exhiber des exemplaires du produit ovarien
d'Oiseaux dans les Cours publics ; et c’est à M. Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire que l’on est particulièrement redevable de cette
innovation scientifique; mais cette exhibition n’a encore été sui-
vie d’aucune déduction d'ensemble véritablement utile à la
Science, n'ayant pour objet que de compléter les détails de
mœurs relatives à chaque espèce.
Comme Science, ou comme complément de la Science Orni-
thologique, l’Oologie est presque entièrement à créer. Comme
objet de curiosité, il en est autrement : depuis longtemps ses
annales ont pris date; toutefois les traces en sont-elles difficiles
à saisir. De même que toutes les Sciences, elle a dû son
succès en effet, ou plutôt son progrès et son origine à la simple
curiosité. Car c’est toujours ainsi, selon la remarque d’un de nos
littérateurs actuels, qu'ont procédé la faiblesse et l’organisation
de l’homme. Après avoir admiré chacune des productions de la
Nature comme objet de pur embellissement, il a voulu les com-
prendre comme œuvre et comme partie de ce grand tout que
l’on appelle le Monde.
C'est pour tirer cette branche encore neuve de l'espèce de
nullité à laquelle on semble la condamner, que, depuis plus de
XVII
vingt-cinq ans, nous avons entrepris nos études et notre travail,
et c'est pour provoquer ceux qui, à l'instar de notre savant
collègue M. le Baron de La Fresnaye, ne dédaignent pas d’en
faire application à l’Ornithologie proprement dite, dans la publi-
cation de leurs observations à ce sujet, que nous mettons au
jour ces notes prises en quelque sorte au hasard dans nos
cartons.
Aux éléments de classification, si nombreux, ainsi qu’on vient
de le voir, qui existent déjà, nous venons en‘ ajouter de nou-
veaux, et les considérations que nous proposons sont d’une
toute autre nature et d’un tout autre ordre : nous voulons parler
de celles que nous prétendons pouvoir être tirées de l'inspection
de l’'Œuf des Oiseaux, envisagé sous le triple rapport de sa
Forme, de sa Coquille et de sa Coloration (1).
Nous sommes assurément trop juste et trop impartial pour
réclamer lhonneur de la conception première de cette idée.
Nous avons découvert, il y a longtemps, qu’il appartient, avant
nous, tout entier à un modeste observateur oublié, ou plutôt
tout-à-fait ignoré des Oologistes. C’est Lapierre , dont on ne
connaît les études spéciales sur cette matière que par la publica-
tion qu'a bien voulu faire Sonnini, dans son édition de Buffon,
d'un Mémoire renfermant l'exposé de son système à ce sujet,
sur lequel nous comptons revenir (2).
Cette circonstance pourrait faire présumer que, dans le cours
des temps , les OEufs des Oiseaux ont dû devenir l’objet d’études
L
(1) Magas. de Zool., 1842. .
(2) Notes et Observations sur la Ponte des Oiseaux qui se trouvent à
l'Ouest de la France. Buffon, Ed. de Sonnini, Vol. 60.
XVIIT
particulières, et que leur description plus ou moins détaillée a
dû suivre complémentairement celle des animaux qui les pro-
duisent. Car tout invitait à ce travail, qui pouvait être traité de
deux manières, tout-à-fait opposées pour le but, mais dont le
résultat ne pouvait, en définitive, que tourner au profit de la
Science. En effet, la nature des OEufs , si variée par la Forme,
les divers degrés de finesse et de dureté et la composition de
leur Coquille, enfin par les innombrables combinaisons de
nuances qui les décorent, était un motif suffisant pour engager
les personnes qui ne recherchent que la fleur des Sciences dont
ils s'occupent par amusement ou désœuvrement , à examiner de
près et à détailler les particularités remarquables de ce produit
animal; tandis que d’autres, guidés par leur goût prononcé
pour l'Histoire Naturelle, et brûlés du désir de frayer de nou-
velles routes à ses Sectateurs, eussent pu chercher à tirer de
l'inspection de ce même produit des caractères propres à la
classification des Espèces, des Genres et des Familles. Il n’en a
pourtant rien été pendant longtemps; et toutes les espérances
que l’on concevrait à cet égard, seraient presque totalement
frustrées.
Il est peu d’Auteurs qui se soient occupés d’une manière spé-
ciale des OEufs des Oiseaux : La plupart même y ont apporté
tant d’indifférence et si peu d’études que ce qu'ils en ont dit,
outre le défaut, difficile à éviter, d’être incomplet, a celui de
l'inexactitude ; sans parler du tort grave de ces Auteurs, de
n'avoir pas cherché à tirer de leurs observations des inductions
favorables aux progrès de la Science, et susceptibles de répandre
assez d'intérêt sur cette branche, pour la populariser.
XIX
En si petit nombre et si défectueux que puissent être ces
différents Ouvrages, ils renferment pourtant, éparses çà et là,
des vues quelquefois neuves et des notions parfois utiles : aussi
nous ferons-nous un devoir de les analyser brièvement, afin de
faire voir d’un seul coup-d’æil les faibles progrès qu’a faits dans
le Monde Savant, l'étude de l’Oologie Ornithologique , et l’ac-
croissement qu’il lui reste à acquérir pour prendre rang à la
suite de la Science dont elle doit être désormais l’appendice
inséparable , c’est-à-dire de l’Ornithologie.
C'est ce qui va faire l’objet de la première partie de notre
travail.
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PREMIÈRE PARTIE
TABLEAU BIBLIOGRAPHIQUE RAISONNÉ ET HISTOIRE
DES PROGRÈS DE L'OOLOGIE.
Une autre cause, que nous avons oubliée, de l'indifférence
dans laquelle on est resté au sujet des ORufs d’Oiseaux, tient à
l'ignorance , en cette matière, de ceux qui en ont parlé les
premiers, à commencer par Aristote et Pline. Il est bien évident
que, du moment que les OEufs d'Oiseaux étaient réputés tous
blanes, et d’un ton uniforme, à quelque Espèce qu'ils appartins-
sent, cette uniformité n'était pas faite pour tenter les Collecteurs
de Curiosités : et c'est ce qui est arrivé.
Il a fallu, pour attirer l'attention sur ces corps organiques, que
le hasard , si fécond en toutes choses et source de tant de décou-
vertes dans les Sciences, fit rencontrer de temps à autre des nids
renfermant des OEufs d’une teinte différente de celle générale-
ment admise , et fit naître d’abord le sentiment de la curiosité.
. On ne commence à voir parler un peu des OEufs d’Oiseaux,
quant à leur Forme et à leur Couleur, dès le XVIe siècle jusqu’au
commencement du XVIIIe, qu'avec notre Gaulois Belon (1555),
Gesner de Zurich, Aldrovande de Bologne, et les Anglais
Jonston, Willughby et Ray. |
Les Collections Oologiques, elles, ne se font jour que vers la
première moitié du XVIITe siècle. Ainsi le comte de Marsigli,
D] TER
2 PREMIÈRE PARTIE.
dans son Voyage aux bords du Danube (1), récoltait les Nids et
les OEufs d'Oiseaux qu’il rencontrait dans ses excursions, en
tirait des inductions plus ou moins judicieuses, que nous au-
rons Occasion d'examiner et de discuter, et en publiait la Figure
sous ce Titre mis en tête de son cinquième volume : De Avibus
cirea aquas Danubii vagentibus et de ipsarum Nidis.
Il est vrai que ses descriptions se sont bornées à une douzaine
d’Espèces, la plupart excessivement réduites de grandeur et fort
peu satisfaisantes de dessin comme de couleur. Mais au moins,
cette publication, chez lui, si incomplète qu’elle fût, procédait-
elle d’un sentiment réfléchi et d’un point de vue essentiellement
Scientifique : car ses remarques sur la nature de l’OEuf, selon
les différents Genres d'Oiseaux, dont il accompagne son Ou-
vrage, témoignent d’une observation profonde de ce corps ina-
nimé, ets'il n’en a pas publié plus d’Espèces, c’est que dans le
cours de sa pérégrination Danubienne il n’en a pas rencontré
davantage. Voici, en attendant, pour donner une idée de sa
manière de traiter cette partie de son bel Ouvrage, comment il
s’en exprime lui-même :
« Puisque chaque Oiseau veille avec des soins très-marqués à
» la multiplication de son Espèce, et sçait choisir les endroits
» propres que la nature semble lui avoir destinés pour pondre
» et couver ses OEufs ; nous avons cru, qu'après avoir décrit ces
» Volatiles, tels qu’ils sont, après être parvenus à leur gran-
» deur ordinaire, il convenait de dire aussi un mot de leurs
» petits, et de les considérer, pour ainsi dire, dès le berceau.
» Dans cette idée , nous avons cru devoir faire mention de l'in-
» dustrie avec laquelle les Oiseaux des diverses Espèces, que
» nous avons eu soin de distinguer, bâtissent leurs nids, de la
(1) Aloysi Ferdinandi Comitis Marsigli. 1726. Amsterdam, in-folio.
Danubius Panonico-mysieus.
=
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 3
forme qu'ils leur donnent, laquelle mérite bien qu’on en
parle; de la manière dont ils les construisent, du Germe, de
la Couleur et de la Grosseur de leurs Œufs, ainsi que du
nombre qu’ils ont coutume d’en couver.
» Nous ne nous proposons d’abord que de nous arrêter princi-
palement aux OEufs qui ont fait l’objet de nos observations,
par rapport auxquels il faut particulièrement remarquer :
» 4o Que toute proportion gardée, les OEufs des Oiseaux
Aquatiques du Danube ont la coque beaucoup plus dure que
ceux des Oiseaux Terrestres; que les couleurs en sont di-
verses, y en ayant de blancs, de bleus, de jaunes, de rou-
geâtres et de rouges, et beaucoup même où toutes ces
couleurs se voient à la fois; mais que le goût en est fort dé-
sagréable , parce qu'ils sentent trop la sauvagerie.
» 20 Que ces OEufs ont quatre membranes ; sçavoir : deux ex-
térieures qui environnent ce qu’on nomme communément le
Blanc, une intérieure, qui sert d’enveloppe au Jaune, et une
quatrième au centre, qui renferme le Blanc intérieur.
» 30 Qu'ils ont deux Glaires, séparés chacun par sa mem-
brane, mais dont l’une est plus déliée et plus liquide que
l’autre. Nous avons aussi remarqué que les OEufs des Oiseaux
Aquatiques ont plus de Blanc que ceux des Oiseaux Terrestres;
et voici, à notre avis, la meilleure raison qu'on en puisse
donner : comme le petit se forme uniquement du Blanc de
l'OEuf, et que pour parvenir à sa perfection et pour éclore il
a besoin d’être couvé plus longtemps, à cause de l'humidité
et du froid auxquels les nids de ces Oiseaux sont sujets,
comme étant toujours bâtis sur l’eau même, ou du moins
proche de l’eau, la Nature a d’autant plus sagement pourvu à
sa formation et à sa subsistance, qu'elle a mis dans ces OEufs
plus de glaires que dans les autres, afin de donner à la chaleur
du corps qui se forme , le temps et le moyen de prendre des
4 PREMIÈRE PARTIE.
» forces, et de le mieux pénétrer, jusqu’à ce que par-là le petit
» soit mis en état de rompre sa prison et de respirer le grand
» air. Cependant la fragilité de ces OEufs, et tant de dangers
» auxquels ils sont continuellement exposés, demandaient en-
» core que la Nature y remédiät par un nouveau secours ; elle
» à done appris à tous les Oiseaux en général Fadmirable in-
» dustrie de se construire des nids, où ils puissent non seule-
» ment trouver eux-mêmes une retraite sûre et commode , mais
» encore y couver à l'abri de tout accident, et conserver d’au-
» tant mieux aux OEufs la chaleur que la femelle leur commu-
» nique. C’est principalement dans ce temps-là que le mâle se
» tient tout auprès du nid , et qu’il montre beaucoup d'activité
» et de vigilance pour le défendre contre les Oiseaux de proie ,
» leurs ennemis. »
On ne peut pas prendre son sujet plus au sérieux; aussi ses
idées profitèrent-elles à un de ses compatriotes, le Comte
Zinanni, de Ravennes, avec lequel il échangeait même les élé-
ments de sa Collection. Celui-ci en fit donc l’objet d’une publi-
cation soignée, qui, par le fait de son peu de développement,
parût avant celle de Marsigli. C’est aussi le premier Auteur spé-
cial que l’on puisse citer. |
Il a conçu son travail « à la vue de l’étonnante diversité des
» OEufs de sa Collection, si dissemblables de Grosseur et de
» Forme (1), ainsi qu’à l'aspect de leur Coloration d'une si admi-
» rable variété... ef qui donne comme le caractère de chaque
» Espèce. » (?
A ces titres on doit lui savoir gré de son œuvre, si peu impor-
tante soit-elle, comme de celle d’un admirateur consciencieux et
zélé de la belle Nature.
(1) Tanto diverse nella loro mole, e nella loro figura.
(2) Si vede in tulle come un caraltere delle diverse spezia. (Delle Uova e
dei Nidi degli Uccelli. in Venezia, 1737.)
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. »
Quant à l'exécution de son Ouvrage, c'est l'accomplissement
fidèle de la promesse renfermée dans le Titre; c’est-à-dire qu'il
contient la description assez détaillée de la Forme et de la Cou-
leur des OEufs des Oiseaux dont il s'est occupé, ainsi que celle
des Nids de ces Oiseaux, mais sans chercher à en tirer aucune
autre induction utile à la Science que celle d’une stérile curiosité
satisfaite.
De Méthode? il n’en a suivi qu’une de sa fantaisie.
Il en forme trois Classes principales : celle des Oiseaux Ter-
restres non Rapaces (Gallinacées et Passereaux); celle des
Oiseaux Terrestres Rapaces (Oiseaux de proie, Pies-grièches et
Perroquets!); et celle des Oiseaux Aquatiques (Oies, Canards,
Plongeon, Gincle! Poules-d’eau, Spatule, Hérons, Goëlands
et Martin-pêcheur!). Chacune de ces Classes est subdivisée
selon la délicatesse des OEufs au goût et pour la table; selon le
degré de pureté de chant des Oiseaux ou leur facilité à apprendre
à parler; et selon leur aptitude pour le vol ou pour la chasse.
Le nombre au surplus en est fort restreint, puisque ses des-
criptions ne portent que sur les OEufs de 406 Espèces (toutes
d'Europe, à l'exception du Perroquet gris) qu’il a fait figurer en
22 planches par la gravure, d’une manière correcte et de gran-
deur naturelle, mais dont aucune n’est enluminée.
Il en résulte que son Ouvrage pèche par la base et manque de
son complément le plus utile, là Couleur, dont on reconnait
chaque jour l'immense avantage pour tout Livre qui traite
d'Histoire Naturelle, comme le seul contrôle possible et la seule
justification de toute description ‘écrite.
Schwenkfeld à de même assez bien décrit, au même temps
740), les OEufs de certaines Espèces d’Oiseaux d'Europe qu'il
avait eu occasion d'observer.
Le docteur Helving, dès la même année, publiait en
Prusse, dans une Série de Planches de Minéraux et de Bota-
6 PREMIÈRE PARTIE.
nique (1), la description et la figure de plusieurs Nids et OEufs
d'Oiseaux, et était aidé dans cette œuvre par Klein, ainsi que
celui-ci nous l’apprend lui-même.
A un peu plus de dix années de distance, Steller faisait con-
naître, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Saint-
Pétersbourg, le résultat de ses observations remplies de faits
nouveaux sur les OEufs des Oiseaux des Mers Polaires, dont il
donnait en même temps la figure et la description, au nombre
d’une trentaine, avec la dimension de leurs grand et petit
axes (2). Mais il est loin de se montrer encourageant pour le but
scientifique que doit se proposer, selon nous, l'Oologie Ornitho-
logique. On en va juger :
« L'avantage, dit notre Auteur, que quelques personnes ont
» pensé pouvoir tirer de l'inspection attentive (observatione
» sedulü) des Nids et des OBufs des Oiseaux pour en distinguer
» les Genres et les Espèces, me paraït incertain et presque tout-
» à-fait nul; car le mode de génération et les OEufs eux-mêmes,
» soit dans les Oiseaux, soit dans les Poissons, sont loin d’ap-
» porter autant de lumière que les Fruits continuellement attachés
» aux Plantes et inséparables de la connaissance de celles-ci. »
Puis, après avoir parlé des Nids, si différents les uns des
autres, et surtout de celui de la Salangane :
« Quant aux OEufs, continue-t-il, /eur Forme, leur Couleur,
» leur Dimension et leurs substances intérieures paraissent pro-
» mettre davantage à celui qui observe les Œufs des Oiseaux à
» un point de vue Scientifique; quoique j'aie eu souvent occa-
» sion de remarquer que les OEufs envisagés de cette manière
» sont loin d’être identiques et varient au contraire excessivement
» dans une même Espèce, ainsi que le prouvent les OEufs du
(1) Hortus Saturgianus.
(2) Nov. Comment. Acad. Petrop. T. VE. ann. 1752-1753.
=
D]
»
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 7
Guillemot (Lommiæ) et ceux du Cormoran (Graculi palmi-
pedis).
» En outre, la Forme des OEufs se trouve être la même pour
plusieurs Genres et plusieurs Espèces, et la Couleur est dans
une même Espèce ou plus claire ou plus foncée; toutes
remarques frappantes chez les Guillemots et les Cormorans. Il
en est de même de la dimension des OEufs.
» Il en résulte donc que l'étude attentive des Nids et des OEufs
est appelée à rendre plus de services à l'Histoire des individus
qu’à la Science proprement dite, aux Règles et aux Méthodes.
» Pour ce qui est de la taille relative des OEufs, voici ce que
j'ai eu occasion d'observer :
» 40 Les OEufs des Oiseaux Terrestres sont toujours propor-
tionnés à la grandeur de l’Oiseau.
» 20 Ils sont plus petits que ceux des Oiseaux Aqua-
tiques.
» 30 Les OEufs des Oiseaux de mer qui habitent les iles
désertes sont les plus gros relativement à la taille de l’Oiseau.
On appelle Arctiques les Oiseaux qui se rencontrent au 48e
degré de latitude, où je les ai vus en troupes innombrables et
où les côtes sont abruptes et désertes, lieux que Dieu leur a
assignés à cause de leur trop grande stupidité (ob ingentem
stupiditatem). Gar s’il les eût placés dans des lieux cultivés,
l'Espèce s’en fût bien vite éteinte, grâce à cette stupidité et au
petit nombre d’OEufs qu'il leur est accordé de produire par
an. Et ils n'ont dû faire aussi peu d'OEufs que pour que le
volume en ft plus fort, afin que la chaleur ne s'en échappät
pas aussi facilement ; ces OEufs n'étant pas couvés par eux
d'une manière continue.
» Quant au nombre des OBufs :
» 4o Les Oiseaux Terrestres domestiques en font le plus grand
nombre, parce que leurs OEufs servent non-seulement à la
*
>=
PREMIÈRE PARTIE.
nourriture des poussins, mais encore à celle de l’homme, et
ils les pondent en tout temps.
» 5o Les Oiseaux d’eau douce en font relativement moins,
parce que ces OEufs ne servent qu’à la nourriture de l’homme.
» 60 Les Oiseaux de mer stupides (Aves marinæ stolidæ) en
font le plus petit nombre, parce qu'ils existent en grande
quantité, qu'ils habitent des lieux déserts et inaccessibles, et
qu'ils vivent longtemps.
» Quant à la Couleur :
» 70 1. La couleur Blanche est propre aux Oiseaux domes-
tiques ainsi qu'aux Rapaces leurs ennemis, de même qu'aux
plus petits Oiseaux, tels que le Roitelet (Regulo, Asilo, Guai-
numbi), etc.
» 8o 11. La couleur varie pour le surplus, mais reste cons-
tante, quel que soit l’âge de l’Oiseau et en quelque lieu qu’on
le trouve.
» 9o 1x1. La couleur varie également, mais est excessivement
inconstante , dans les OEufs des Oiseaux de mer.
» Quant à la Forme :
» Ceux des Oiseaux de mer sont ordinairement plus allongés
et plus pointus. »
Presque immédiatement Klein, avec le même enthousiasme
que Zizanni, entreprit en 1758, dans l'intention de la rendre
plus complète, la description des OEufs d’Oiseaux d'Europe qu'il
possédait, et dont il cherchait chaque jour à augmenter le
nombre. Mais il mourut avant, et ne put même jouir de la publi-
cation de son travail, qui ne parut qu’en 4766 par les soins de
Reyger, de Gand, à Leipsick, sous le format in-4o (1).
Mieux avisé cependant que Zizanni , auquel il rend hommage,
il eut soin de faire colorier les dessins qu’il obtenait des OEufs
(1) Ova Avium plurimarum.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 9
qu'il voulait décrire; et son livre renferme, en 24 planches, les
OEufs de 120 Espèces environ : en tout une quinzaine de plus
que son prédécesseur.
Son point de vue plus élevé et ses idées plus méthodiques et
sentant plus la Science que chez celui-ci, lui firent entrevoir
l'intérêt que pouvait avoir pour l'Histoire Naturelle des Oiseaux
l'étude de leurs OŒufs, quant aux différences qu'ils offrent sous
le rapport de leur Forme, de leur Couleur et de leur Coquille.
C’est ce qui ressort de la Préface dont son Livre est précédé.
Cette Préface renferme en effet, sur les OEufs des Oiseaux en
général, des idées et des observations aussi exactes que judi-
cieuses qui font regretter l'oubli dans lequel on a trop long-
temps laissé cet Opuscule, qui contenait en quelque sorte le
germe de l’Oologie Ornithologique, telle que nous la compre-
nons : ce qui est, on le voit, une large compensation du peu de
valeur que Temminck a reprochée au Texte.
Telles sont les seules nuances qui existent entre son Ouvrage
et celui de Zizanni, auquel il ajoute fort peu de chose, mais
sur lequel il a le double avantage d’une plus large conception
et d’une exécution, sinon plus parfaite, au moins plus com-
plète.
Nous avons parlé de l’enthousiasme de Klein au sujet des
OEufs d’Oiseaux. Il est curieux de voir avec quelle vivacité il s’en
exprime; une Collection d’OEufs lui parait aussi intéressante
qu’une Collection Conchyliologique. « Variété de couleurs ,
» variété de forme et de figure , tout en eux réjouit l’œil et l’es-
» prit tout autant que les Coquilles… Merveilleusement peints,
» tachetés, marbrés, rayés, ponctués ou striés, leurs cou-
» leurs ou reposent à la surface de l'enveloppe calcaire ,
» ou en pénètrent la substance : celle-ci est solide, plus
» où moins épaisse, et souvent tellement fine et diaphane que
» sa transparence permet aux yeux de distinguer le Blanc du
40 PREMIÈRE PARTIE.
» Jaune (1). » Puis il ajoute : « Rien même ne s’opposerait,
» à mon avis, à Ce qu'après des observations répétées et sui-
» vies, On ne püt arriver, par la seule inspection de la confi-
» guration et des diverses teintes de la Coquille , à reconnaître
» à l’avance si elle renferme un mâle ou une femelle. » Au sujet
de la Forme des OEufs : « Ceux-ci sont d’une forme parfaite-
» ment Ovée (ovata), ceux-là sont obtus ou tronqués à l’une
» de leurs extrémités (2); les uns sont presque Sphériques (g/obu-
» losa) où également allongés ou amincis des deux bouts (2). »
Et terminant enfin : « Qui pourra dire toutefois pourquoi le
» Créateur a recouvert des plus agréables couleurs l'enveloppe
» de l’OBuf d'Oiseaux ignobles tels que ceux de la Famille des
» Corbeaux par exemple, et de presque tous les Rapaces ; tan-
» dis qu’il a préférablement revêtu du blanc le plus pur, comme
» un signe d’innocence , l'OEuf de tous les Oiseaux de nuit (4)?
» Ce n’est sans doute point par hasard que cela a lieu, quoique
» la cause en échappe à notre intelligence. »
A cette époque, le célèbre Réaumur formait une importante
Collection d'OEufs d’Oiseaux; mais comme tous les génies, il
sortait des données ordinaires. Il avait conçu le projet, à ce que
nous apprend Klein lui-même, de réunir dans une même Collec-
tion les OEufs des Oiseaux Exotiques avec ceux des Oiseaux
d'Europe , afin de les comparer les uns aux autres, de voir ceux
qui l’emportaient par la richesse du coloris, et si cette richesse
était relative à celle du plumage, selon les divers climats. On le
sent : il y avait dans ce vaste projet le germe d’une pensée
féconde pour l'avenir. Rien malheureusement n’a été publié de
(1) Albumen à Vitello distingui queat.
(2) Ad angulorum allerum obtusa, truncata.
(3) Ex angulis utrinquè producta.
(4) Omnibus autein Ululis, quasi melioris præ illis nolæ , testam albis-
simam, innocentiæ signum, largilus sit.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. F 44
cette intéressante Collection qui a dû être riche pour son temps,
et que Buffon aurait pu sans doute consulter avec fruit, pour
s’éviter les erreurs assez grossières qu'il a commises en Oologie.
Son silence même, à l’égard du Cabinet de Réaumur, ferait pré-
sumer qu'il ne l’a pas connu, si la publicité que lui a donnée
Guettard, Membre de l’Académie, en s’en servant pour émettre
sur les OEufs d’Oiseaux des idées aussi neuves que hasardées, ne
rendait tout doute impossible et l’insouciance de Buffon plus
coupable.
C’est pour le moment l'Allemagne qui va exploiter cette mine
féconde de l’Oologie.
Nozemann , en 4770, publie à Amsterdam l'Histoire naturelle
des Oiseaux des Pays-Bas (1). Mais les Nids et les OEufs , tout en
y étant figurés , n’y sont dessinés, pour ainsi dire , qu’en passant,
comme l’exprime fort bien un autre Oologiste Allemand plus sé-
rieux, Naumann, dont nous aurons occasion de parler à son tour.
En 4772, Gunther fait paraître à Nuremberg , un véritable
traité des OEufs d'Oiseaux sous le Titre de Coëlection de Nids et
d'Œufs de divers Oiseaux, tirés du Cabinet de M. le Con-
seiller Schindel et de celui de l’Auteur (?). Son Ouvrage fait avec
talent et méthode, quoique très-borné quant au nombre d’Es-
pèces dont il s'occupe, puisque, tout en en figurant 410
Espèces, il n’en décrit que 62, est une véritable œuvre de cons-
cience. Aussi laisse-t-il souvent apercevoir la satisfaction que
son amour-propre d'Auteur éprouve parfois à faire connaitre,
la description d’un OEuf resté inconnu à ses prédécesseurs, tels
que Zinanni et Klein, ainsi qu’à quelques amateurs ses contem-
porains , Hallen et Zorn.
(1) Nederlandsche Vogelen, dont la publication a duré jusqu’à 1809 , avec
la Collaboration de Sepp.
(2) Sammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Wogel (dont nous
avons fait toute la Traduction).
1
2 PREMIÈRE PARTIE.
LT
Il faut pourtant avouer que les Planches in-fo qui accom-
pagnent le Texte, de même format, sont loin d’avoir l’exacti-
tude de dessin et de coloration que leur prête si complaisam-
ment l’Auteur, qui a joint à ce défaut celui de vouloir représenter
les OEufs dans les Nids dont ils proviennent. On ne saurait trop,
à cet égard, regretter le peu d'accord qui existe entre le Texte
et les Figures. Car il est impossible d’entrer dans des détails
plus minutieusement exacts pour la description des Nids et des
OEufs des Espèces dont il s'occupe.
Quant à sa Méthode, si elle n’est pas savante, elle est fort
simple et fort claire, quoique peu utile à la Science. Elle con-
5
siste à diviser les OEufs selon leur grandeur relative, ce qui lui
donne quatre classes distinctes; puis établissant la liste des
diverses couleurs qui s’y rencontrent, il répartit sous chacune
d’elles le nom des OEufs qui s’y rapportent, dans chacune des
quatre Classes. Voici au surplus comment il s’en explique :
CRT, Nous nous proposons uniquement de considérer les
OEufs dans leur configuration extérieure, comme nous avons
fait à l’égard des Nids. Nos Observations se réduiront ainsi :
10 à leur Forme, 20 à leur Grandeur, 3° à leur Couleur, et
40 au Nombre auquel ils se trouvent dans le Nid.
» Quant à la Forme extérieure, on sait qu’elle est d’une ron-
deur oblongue, et que la figure de Mathématiques connue
sous le nom d’Ovale (#gura ovalis) lui doit sa dénomination.
La plupart des OEufs, en effet, partent d’une base ronde plus
large et se terminent en une pointe ronde plus étroite, ou, en
d’autres termes, ils sont plus aplatis au bas et plus pointus au
haut. Mais cette définition n’est pas généralement applicable ;
car les Hiboux, plusieurs sortes de Milans et le Martin-pêcheur
pondent toujours des OEufs presque ronds comme une boule,
et l’on remarque en général que tel Genre d’Oiseaux pond des
OEufs plus pointus, tel autre des OEufs plus aplatis. Il y à
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 413
même parfois dans un même Nid des OBufs pointus et des
OEufs aplatis. Aristote en a voulu nous expliquer la raison et
nous faire croire que les males provenaient des OEufs aplatis,
et les femelles des OEufs pointus. Mais nous pouvons démon-
trer le peu de fondement de cette assertion par nos expériences
avec des Canaris : car nous avons vu des mâles et des femelles
naître indifféremment des OEufs pointus et des OBufs aplatis.
Ces expériences, pour le dire en passant, combattent victo-
rieusement les préjugés d’un grand nombre d’Amateurs de
Canaris, qui, à l'exemple d’Aristote, veulent déjà connaître à
la forme de l’OEuf s’ils en obtiendront un mâle ou une femelle,
et ne réfléchissent pas qu’ils ne sont point assez bons obser-
vateurs ni assez patients pour faire des expériences. À notre
avis, la forme plus ronde ou plus pointue de l'OEuf est un
effet mécanique et dépend de la pression de l’Ovaire sur l'OEuf
quand la Coquille est encore molle, et cette pression peut varier
d'intensité en raison de l’irritation plus ou moins vive causée à
l’Oviducte ou à l’Ovaire par le contact des intestins ou par
d’autres causes. Cette Théorie nous expliquera pourquoi les
OEufs des Hiboux et du Martin-pêcheur sont toujours ronds
comme une boule. Il n’y a qu’à admettre que l’Ovaire de ces
Oiseaux est naturellement plus large que dans d’autres et
conséquemment moins sujet à de violentes contractions. La
race femelle des Hiboux serait bientôt éteinte, si, selon
Aristote, elle ne devait provenir que des OEufs pointus et
que les OEufs ronds ne dussent produire que des mâles!
» La Seconde observation à faire, à l'égard de la distinction
des OEufs, a trait à leur différente grandeur.
» On comprend qu'un grand Oiseau doit produire un grand
OEuf, et un petit Oiseau un petit OEuf; et ce fait se retrouve en
effet chez la plupart des Oiseaux. Il y a cependant des excep-
tions ; et l’on ne peut pas toujours inférer la grandeur de
4 PREMIÈRE PARTIE.
l'Oiseau de la grandeur de l’'OEuf. L’OEuf du Coucou n’est
guère plus grand que celui du Moineau, et cependant le Cou-
cou a quatre fois la taille du Moineau (1). D’un autre côté les
OEufs du Roi des Cailles ne le cèdent que fort peu ou même
en rien, pour la grandeur, aux OEufs du Pigeon ou à ceux
de la Perdrix; et cependant cet Oiseau n’est pas de moitié
aussi grand que la Perdrix. Nous pourrions citer encore
d’autres exceptions.
» Nous avons essayé de réduire toutes les diverses espèces
d’OEufs à quatre degrés de grandeur différente. Nous devons à
nos Lecteurs, pour plus de clarté, quelques renseignements
sur cette division arbitraire.
» Nous classons au degré de première grandeur tous les OBufs
depuis l’Autruche jusqu’à l’OEuf de Poule, et ceux qui leur
ressemblent... |
» Tout ce qui s'étend depuis l’OEuf de Poule jusqu’à la gran-
deur de l’OEuf de Pigeon , nous le distinguerons sous le nom
de deuxième grandeur.
» La troisième grandeur comprendra les OEufs depuis la
grandeur de l’OEuf de Pigeon jusqu’à celle de la plus grosse
Noisette : cette classe finit ainsi à l'OEuf du Coucou.
» La quatrième classe enfin renfermera tous les OEufs que
l'on connait, depuis la grandeur de la Noiïsette jusqu’à celle
d’un Pois. Les OEufs du (Goldhahnchen) Roitelet, et du
Colibri d'Amérique sont conséquemment les derniers de cette
classe.
» Nous conviendrons que nous aurions pu établir un plus
grand nombre de divisions, et que les OEufs d’une même
classe diffèrent encore beaucoup entre eux; mais nous
n’avons pas cru devoir multiplier les classes et les divisions ;
(1) Exemple que nous verrons plus tard reproduit par Thienemann.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 45
» et, comme nous donnons la mesure de chaque OEuf, on vou-
» dra bien nous passer cette manière de procéder.
» Un troisième point important à considérer dans les OEufs ,
» est la variété et la diversité des couleurs dont ils sont ornés.
» La vue d'un grand Cabinet d'OEufs offre un spectacle magni-
» fique, et je ne le crois pas inférieur, quant à moi, à un
» Cabinet de Coquilles.
» Il y a des OEufs entièrement blancs, fauves ou couleur de
» Pois, roussâtres, gris, verts de mer, bleu-verdàtre et noi-
» râtres. Outre ces couleurs du fond, beaucoup d'OEufs sont
» encore parsemés et pointillés de taches de toutes sortes de
» teintes, et ces taches noires, rouges, grises et brunes contri-
» buent singulièrement à la distinction des espèces. Ceux qui
» ont les taches de la même couleur sont cependant plus mar-
» qués tantôt à la partie plate, tantôt à la pointe, et cette diffé-
» rence suffit au Connaisseur pour les distinguer. »
Nous avons dit que, tout en donnant la figure de 410 Espèces
d'OEufs, le Recueil de Gunther ne contient la description que
de 62. En voici l'explication, c’est que de même que Klein,
quoique un peu plus heureux, Gunther ne put parachever lui-
même son OEuvre. La description et la représentation de
ses 62 Espèces sont de lui et ont été éditées de son vivant, et
forment la première partie du Livre.
Toute la seconde partie a été faite et publiée par M. G. Leste,
Professeur d'Histoire Naturelle à Leipseick, en 4784, jusqu’à la
soixante-deuxième Espèce seulement.
En résumé, si puérils que paraissent les détails minutieux
contenus dans cette Introduction, qui est très-longuement déve-
loppée et qui fait tout le fond de l’Ouvrage, comme c’est plus en
vue des Amateurs ou des Collectionneurs curieux d'OEufs, qu’en
vue d’un service à rendre à la Science, que le travail de Gunther
a été entrepris, il faut encore lui savoir gré et du soin qu'il y a
416 PREMIÈRE PARTIE.
mis, et de l'esprit de méthode, si bizarre qu'il soit, qui y à pré-
sidé, et de la nouveauté des aperçus auxquels il s’est livré,
aperçus dont ont profité depuis quelques années, sans indiquer
leur source, bon nombre d’Oologistes.
Ajoutons que Gunther nous apprend que deux Amateurs de
son temps, à sa Connaissance, possédaient une Collection d’OEufs
d’Oiseaux : un Conseiller Aulique, M. Schmiedel, et un M. Link.
Comment se fait-il qu’à la même époque et la même année
4772, on voie Buffon, dans une de ses premières Éditions,
émettre des propositions aussi hasardées que les suivantes, con-
cernant le rapport qui existerait entre la couleur des OBufs ct
celle du plumage de l’Oiseau dont ils proviennent, et concernant
l'influence de la domesticité sur la couleur des OEufs :
CURE Si l’on veut chercher dans la race commune de la Poule
» quelle est la couleur qu’on peut attribuer à la race primitive,
» il paraît que c’est la Poule blanche; car, en supposant ces
» Poules originairement blanches, elles auront varié du blanc
» au noir et pris successivement toutes les couleurs intermé-
» diaires. Un rapport très-éloigné et que personne n’a saisi,
» vient directement à l’appui de cette supposition, et semble
» indiquer que la Poule blanche est en effet la première de son
» Espèce, et que c’est d’elle que toutes les autres races sont
» issues; Ce rapport consiste dans la ressemblance qui se trouve
» assez généralement entre la couleur des Œufs ct celle du
» plumage : les OEufs du Corbeau sont d’un vert-brun tacheté
» de noir; ceux de la Cresserelle sont rouges; ceux du Gasoar
» sont d’un vert-noir ; ceux de la Corneille noire sont d’un brun
» plus obscur encore; ceux du Pic-varié sont de même variés et
» tachetés de rouge; le Crapaud-volant les a marbrés de taches
» bleutres et brunes, sur un fond nuageux blanchâtre ; l'OEuf
» du Moineau est cendré, tout couvert de taches brunes-marron,
sur un fond gris: ceux du Merle sont d’un bieu-noirâtre ; ceux
D]
LA
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 17
de la Poule de bruyère sont blanchâtres, marquetés de jaune ;
ceux des Pintades sont marqués comme leurs plumes, de
taches blanches et rondes, etc. En sorte qu'il paraît y avoir
un rapport assez constant entre la couleur du plumage des
Oiseaux et la couleur de leurs Œufs; et que le blanc domine
dans plusieurs, parce que dans le plumage de plusieurs
Oiseaux , il y a aussi plus de blane que de toute autre couleur,
surtout dans les femelles dont les couleurs sont toujours
moins fortes que celles du mâle : or, nos Poules blanches,
noires, grises, fauves et de couleurs mêlées produisent toutes
des OEufs parfaitement blancs : donc, si toutes ces Poules
étaient demeurées dans leur état de nature, elles seraient
blanches ou du moins auraient dans leur plumage beaucoup
plus de blanc que de toute autre couleur ; les influences de la
domesticité qui ont changé la couleur de leurs plumes, n'ont
pas assez pénétré pour altérer celle de leurs OEufs: ce chan-
gement de la couleur n’est qu’un effet superficiel et acci-
dentel, qui ne se trouve que dans les Pigeons, les Poules et
les autres Oiseaux de nos basses-cours; car tous ceux qui sont
libres et dans l’état de nature, conservent leurs couleurs sans
altération et sans autres variétés que celles de l’âge, du sexe
et du climat, qui sont toujours plus brusques, moins nuancées,
plus aisées à reconnaitre, et beaucoup moins nombreuses que
celles de la domesticité..…. »
quais: Il y a une différence remarquable entre les OEufs de
la Pintade domestique et ceux de la Pintade sauvage; ceux-
ci ont de petites taches rondes comme celles du plumage, et
qui n'avaient point échappé à Aristote, au lieu que ceux de
la Pintade domestique sont d’abord d’un rouge assez vif, qui
devient ensuite plus sombre, et enfin couleur de rose sèche,
en,se refroidissant : si ce fait est vrai, comme me l’a assuré
M. Fournier qui en a beaucoup élevé, il faudrait en conclure
3
18 PREMIÈRE PARTIE.
»
»
»
que les influences de la domesticité son assez profondes pour
altérer, non seulement les couleurs du plumage, comme nous
l'avons vu ci-dessus, mais encore celle de la matière dont se
forme la Coquille des OEufs; et, comme cela n'arrive pas
dans les autres espèces, c’est encore une raison de plus pour
regarder la nature de la Pintade comme moins fixe et plus
sujette à varier que celle des autres Oiseaux. » |
Valmont de Bomare, contemporain de Buffon, s'exprime
ainsi au sujet de la Forme et de la Couleur des OEufs :
« Les OEufs ont en général une forme Elliptique, plus ou
moins allongée, suivant les Espèces; et ils diffèrent entre eux
par le volume, par la consistance de la coque et par la couleur
de cette enveloppe extérieure. Les OEufs de Serpent sont ronds,
ceux d’Autruche sont oblongs, également Elliptiques par les
extrémités ; ceux de la Poule et de la plupart des Oiseaux ont
un gros et un petit bout, ou un bout arrondi, et un bout qui
approche davantage d’être pointu ; enfin il y en a de longs et
ronds comme un cylindre...
» ... Les OBufs de la plupart des Oiseaux ont une couleur
dominante, et sur laquelle sont répandues des taches plus ou
moins nombreuses , plus ou moins grandes et plus ou moins
variées ; dans un assez grand nombre d’autres espèces d'Oi-
seaux, l'OEuf n’a qu’une couleur uniforme et sans, tache; la
couleur la plus ordinaire et qui sert le plus communément de
fond est le blanc, ou pur comme dans l’OEuf de Poule, ou
altéré d’une teinte grisâtre ou verdâtre : ainsi les OEufs de
Dindon, ceux de l'Oie, du Canard, du Faisan, ne sont pas
d’un blanc pur, mais on les distingue à la teinte dont ils sont
colorés, ainsi qu’à leur grosseur et à leur forme. Quelques
Espèces d’Oiseaux , comme le gros Tinamou , produisent des
OEufs d’un bleu assez foncé; d’autres des OEufs verdètres, et
ceux du Faisan blanc de la Chine ont une teinte rougeûtre
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 49
» pâle et uniforme; quant aux OEufs dont la robe est tachetée ,
» ces taches sont cendrées, brunes, noirâtres, rougeûtres ;
» quelquefois larges, plus pressées et en plus grand nombre
» vers le gros bout. Quelques-uns ont cru, mais sans fonde-
» ment, qu’il y avait des rapports entre le fond de couleur et
» les taches des OEufs, et le fond des couleurs et des panaches
» du plumage ; on sçait que la Poule noire pond des OEufs aussi
» blancs que les Poules dont le plumage est de cette dernière
» couleur » (t).
On voit par cette citation que s’il y a eu temps d’arrêt chez
Buffon . il y a progrès dans les idées chez Valmont de Bomare ;
et désormais ce progrès ne va faire qu’augmenter dans la con-
naissance des OEufs.
À Valmont de Bomare succède bientôt Guettard, qui se révèle
tout-à-coup par un Mémoire des plus substantiels et des plus
intéressants sur les OEufs des Oiseaux (2). Et qui le lui a inspiré,
en le faisant sortir de travaux beaucoup plus abstraits? La belle
Collection de Réaumur qu'il avait vue et pu étudier, ainsi qu’il
le dit lui-même :
» Il parait que M. Réaumur avait le projet de travailler sur
» cette matière; il avait du moins recueilli quantité de ces OEufs
» d'Oiseaux ; il avait, autant qu’il lui avait été possible, réuni les
» OEufs aux nids, et n'avait pas manqué d'y joindre les OEufs
» qui avaient de ces singularités, qui font donner à ces OEufs
» le nom d’OEufs monstrueux.
Mais malgré son inerédulité à l’endroit du côté sérieux .de
l’étude de l'enveloppe extérieure des OEufs, il n’a pu cependant
s'empêcher, tant le séduisait le spectacle qu’il avait sous les
(1) Dict. d'Hist. Natur., 1115-1790, — Vo Œuf.
(2) Mémoire sur différentes parties des Sciences el des Arts, in-4v,
1783.
20 PREMIÈRE PARTIE.
yeux, de consigner les propositions qui suivent sur la Grosseur,
la Forme et la Couleur des OEufs :
» Après la connaissance de leurs parties, que l’Anatomie
» nous développe et nous met sous les yeux, leurs autres pro-
» priétés extérieures n'ont rien de bien piquant. Leur Figure
» est peu variée, leur Couleur l'est également peu, leur Tissu
» est uniforme et lisse. Ce n’est que par une grande habitude à
» les voir et à les examiner qu'on peut parvenir à les recon-
» naître. Voyons cependant si on ne pourrait pas découvrir
» quelques moyens généraux, qu’on püût poser comme des
» principes propres à nous conduire dans cette connaissance et
» nous servir à les distinguer les uns des autres avec un peu de
» facilité.
» Si les propriétés des OEufs étaient en raison des Genres des
» Oiseaux, ce serait un principe facile et commode; mais il ne
» paraît pas jusqu'à présent que ce soit un principe bien cons-
» tant, si ce n'est qu’ils sont en raison de la grosseur des Oi-
» seaux auxquels ils sont dus : les plus gros Oiseaux pondent
» les OEufs les plus gros. Les OEufs des Autruches paraissent
» énormes , comparés à ceux de l’Oiseau-Mouche : ceux-ci, gros
» comme un pois, sont en quelque sorte infiniment petits par
» rapport aux OEufs des Autruches qui ont une grosseur d’un
» peu moins d’un demi-pied dans leur plus grand diamètre. Que
» de variétés de grosseur n’y a-t-il pas entre ces deux sortes
» d'OEufs, variétés qui s’observent même entre ceux qui pro-
» viennent de différentes Espèces d’Oiseaux du même genre. Ce
» n’est donc point par la grosseur que l’on peut ranger systé-
» matiquement les OEufs, de façon à nous en faciliter la con-
» naissance.
» Leur Figure n'y est quère plus propre : leur Figure est'si
» peu variée, qu'il est aisé de prendre les OEufs d’un Oiseau
A4
pour ceux d’un autre, en s’attachant seulement à la Figure
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 21
qu'ils peuvent avoir. Tous les OEufs sont Globulaires. Quel-
ques uns ont une Figure presque ronde. Geux du plus grand
nombre sont un peu plus allongés par un bout qu’on appelle
communément le petit bout ou la pointe de l'OEuf; mais les
différences insensibles qui se trouvent entre des OEufs du
même Genre d'Oiseau sont si difficiles à saisir , qu’il est peul-
étre impossible de caractériser ces corps au moyen de leur
Figure.
» La Couleur serait peut-être la propriété de ces corps, qu’on
pourrait employer avec plus d'efficacité pour en faciliter la
connaissance. Il y a des OEufs dont 14 Couleur tranche forte-
ment avec celle d’autres OEufs. S'il en était ainsi pour tous
les OEufs, et que cette différence fût constamment en raison
des Genres des Oiseaux, rien ne serait plus commode pour
nous conduire à les distinguer les uns des autres, dans la con-
naissance du moins des Genres de ces OEufs. Il ne paraît pas
qu’il en ait été ainsi décidé par l’Auteur de la Nature : la cou-
leur du plus grand nombre des OEufs est d’un Blanc plus ou
moins beau. Il-est ainsi très-souvent bien difficile, au moyen
de cette propriété, de déterminer de quel Oiseau peut être tel
ou tel OEuf qui a cette couleur. Malgré cet inconvénient ce-
pendant, c’est aux couleurs que nous nous arrêterons pour
tàcher de classer ces corps, en ne négligeant néanmoins point
les autres propriétés qu’ils nous présenteront , et qui seront
telles qu’elles pourront contribuer à fixer nos idées, comme
par exemple, les points, les lignes, les taches coloriés dont
peuvent être marqués les uns ou les autres de ces corps. »
Guettard en arrive ainsi à classer par couleurs chacune des
Espèces d’OEufs d'Oiseaux du Cabinet de Réaumur, et dit en se
résumant :
}
« Les Couleurs du fond de la Coquille des OEufs d’Oiseaux que
j'ai observés, se réduisent donc aux suivantes; ils sont :
22 PREMIÈRE PARTIE.
Le
LA
410 tout Blancs; 2e d’un Blanc sale; 30 d’un Blanc café au lait ;
%4o d’un Blanc bleuâtre ; 5° Bleuâtres ; 60 de couleur de Tour-
quoise; 7o Olivâtres ; 8° Roussätres ; 90 Gris ; 10° Bruns. Sans
doute que si j’eusse trouvé dans le Cabinet de M. de Réaumur
une plus grande quantité d'OEufs, j'aurais vu des OEufs de
couleurs différentes de celles que j'y ai remarquées : j’y ai vu
par exemple, des OEufs qui étaient d’un vert sale , et dont je
n’ai pas parlé, ces OEufs étant trop généralement désignés, ne
l'étant que comme ceux d’une Espèce de Moteux.
» Quelles que soient, au reste, les Couleurs que l’on a pu ou
que l’on pourra observer aux OEufs d'Oiseaux, elles ne peu-
vent être qu’une des sept Couleurs primitives , ou des Cou-
leurs résultant des combinaisons des unes ou des autres de
celles-ci. La Couleur que l’on a jusqu’à présent le plus com-
munément observée, est la couleur blanche. Je ne crois pas
qu'on en ait trouvé de Noire , de Rouge, de Jaune. Ce n’est
pas qu’il ne soit possible qu’il y ait des OEufs de cette dernière
couleur, puisqu'il y a des OEufs gris ou bruns. Des OEufs
bruns, plus foncés que ceux que j'ai observés, pourraient
tenir beaucoup du noir, et ce Brun-noiràtre pourrait s'être
foncé dans d’autres OEufs à un tel point, qu'ils en seraient
entièrement noirs. La couleur d’un Blanc café au lait tenant
un peu du Jaune, il pourrait bien exister des OEufs où ce
Jaune fut plus développé, et que conséquemment il y eût des
OEufs d’un Jaune déterminé, net et tranchant, etc. »
Il termine enfin par une des idées les plus fécondes en
Oologie :
»
»
« Peut-être que l’on pensera qu'il serait plus curieux de con-
naître la cause des différentes couleurs observées dans la
Coquille de ces corps, et qu’il serait plus facile de leur enle-
ver les couleurs qu’ils peuvent avoir et conséquemment les
parties qui les colorent : ce sont là cependant, à ce qu'il me
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 23
» parait, des expériences assez délicates à faire et qui ne sont
» pas indignes de l'attention des Chimistes les plus éclairés.
» Peut-être que ces couleurs ne dépendent que du plus ou du
» moins de particules ferrugineuses dont ces coquilles sont
»‘imprégnées ; l’on sait qu’on en retire beaucoup du sang : c’est
» un préjugé qui porte à penser que le sang peut en charrier
» dans toutes les parties. La Coquille des OEufs peut consé-
» quemment en être plus ou moins imprégnée. L'on fait avec le
» Fer des couleurs bleues, jaunes, noires; mais l’on sait aussi
» actuellement que ces couleurs-là se font avec d’autres sub-
» stances métalliques que le fer. Ce n’est donc que par des opé-
» rations chimiques que l’on pourra déterminer à quel métal les
» Couleurs des OEufs doivent être attribuées. Enfin ce sont là
» des vues que le temps pourra confirmer ou rejeter comme
» hasardées et même fausses. »
Après Guettard est venu Mauduyt, dont les connaissances
profondes en Ornithologie pouvaient faire espérer qu’il traiterait
savamment les questions relatives à l’Oologie Ornithologique.
Mais il s’est borné à reproduire succinctement, en se les appro-
priant, et sans indiquer son Auteur, tout en avouant ne con-
naître que Zinanni, toutes les propositions de Guettard (f).
L'époque de transition de la fin du XVIIIe Siècle au XIXe est
remarquable par la production de deux Essais spéciaux , éclos
en France et non publiés par leurs Auteurs , sur l’Oologie Orni-
thologique d'Europe, l’un de l'Abbé Manesse, l’autre de Lapierre,
à propos duquel Sonnini parle du premier en ces termes (2) :
« On sait que l’Abbé Manesse avait rassemblé une grande
» quantité de matériaux sur la ponte des Oiseaux : les Natura-
» listes ont vu la belle Collection d’OEufs et de Nids que ce
(1) Encyclopédie Méthodique , 1784. Vo Œuf.
(2) Histoire naturelle de Buffon. Edit. de Sonnini, Paris, an X (1800).
24 PREMIÈRE PARTIE.
» Naturaliste avait recueillis de toutes parts avec beaucoup de
» soins et de dépenses; mais la Révolution est venue disperser
» des objets aussi précieux pour la Science que pour leur pos-
» sesseur, qui s’en est éloigné lui-même à regret en quittant sa
» patrie. Il n’a rien publié de ses travaux, et nous ne les con-
» naissons que par les beaux préparatifs dont il‘ les avait fait
» précéder. » |
L’Abbé Manesse est un de ceux qui ont élevé à cette partie de
la Science le monument, nous ne dirons pas le plus parfait,
mais le plus complet, à l'époque où il le composa, en ce qui
concerne les OEufs des Oiseaux d'Europe. C’est le premier en
France qui ait osé entreprendre un Traité spécial d’Oologie et
qui ait senti avec Gunther et Guettard, que l'Histoire des Oi-
seaux ne serait jamais parfaite, ni leur Classification satisfai-
sante, tant que l’on ne s’appliquerait pas à cette étude, qui
forme le complément indispensable de l’Ornithologie.
Ce qui donne le plus de prix à son Ouvrage tel qu'il est, c'est
que les OEufs qu'il décrit faisaient partie de sa Collection et
avaient tous été dénichés par lui; et qu'enfin les 218 Espèces
d'OEufs qu’il représente en 32 Planches peintes à l'huile sur
papier, sont encore les plus exactes qui aient été faites jusqu'ici
sur nature.
Mais il n’a point suffisamment justifié par son travail le titre
dont il a décoré son Ouvrage. On peut lui reprocher avec quel-
que raison d’ävoir, dans ses deux volumes in-4o, donné plutôt
l’histoire et la description générale des Oiseaux dont il parle,
que la description des OEufs dont il devait parler. Ge n'est pas
que rigoureusement, dans une Oologie complète, la description
de l’Oiseau dont on veut dépeindre l’OEuf soit inutile. Toutefois
Manesse aurait pu rendre cette description historique beaucoup
plus brève, parce qu’elle n’était que l’accessoire de la matière
qu'il traitait, ou qu'il annonçait vouloir traiter. La description
.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 25
des différents OEufs y aurait gagné; c'était là son objet principal
et c’est sur quoi il devait se donner libre carrière. Car il n’est
malheureusement que trop vrai que l'exécution de l'Ouvrage ne
répond point à sa conception. On est même étonné, après avoir
parcouru le Discours préliminaire, dont nous citerons des pas-
sages tout-à-l'heure, après avoir remarqué les vues neuves et
vraiment savantes qui y sont clair-semées , ainsi que les graves
questions qu'il soulève, de voir que Manesse ne soit point par-
venu à un meilleur résultat, et n’ait pas tiré de l'étude et de
l'observation des OEufs des inductions plus utiles.
Ainsi, il reconnaît lui-même que la description des Nids et
des OEufs de tous les Oiseaux, faite par des observateurs exacts,
pourrait, outre l'intérêt, fournir un moyen plus certain de
connaître et de mieux classer les Espèces. Certes, cette proposi-
tion était l'idée mère de son Ouvrage, celle qui devait le guider.
Et cependant, dans tout le cours de son Livre, il n'émet aucune
opinion sur ces éléments de Classification, dont l'inspection
extérieure des OEufs des Oiseaux lui faisait soupçonner l’exis-
tence! On voit avec peine qu’en reconnaissant la possibilité de
faire servir à l’utilité de la Science la partie Oologique, en
apparence de pure curiosité, et riche comme il l'était d’observa-
tions et de matériaux, l'Auteur n'ait pas essayé de faire l’applica-
tion du Système auquel les caractères de l'OEuf peuvent servir
de fondement.
En attendant les données qu'il espérait obtenir de l'étude des
OEufs , il a eu son Système à lui, dans l’ordre de description
qu’il a adopté; et il en explique les motifs :
« Si la méthode que j'ai adoptée dans mon travail, dit-il, est
» souvent différente de celles des autres Ornithologistes et de
» Buffon, ce n’est point que l'étude et l'inspection de l’OEuf
» m'ait fait reconnaitre, dans la nombreuse Famille des Oiseaux,
» un ordre plus naturel; mais seulement parce que j'en ai eru
26 PREMIÈRE PARTIE.
» reconnaître un plus conforme à la Nature que celui qu'ils
» avaient adopté. »
C'est pour cette raison qu’il commence par les Casoars et les
Autruchés, (ce qu'a également fait Thiennemann dans son der-
nier Ouvrage), comme appartenant en quelque sorte autant aux
Quadrupèdes, ou plutôt aux Animaux Terrestres qu'aux Oiseaux,
puisqu'ils se trouvent dans l'impossibilité de quitter la terre;
et qu’il termine par les Grêbes et les Plongeons qui, étant
destinés à naître, vivre et mourir au milieu des eaux, n’ont
jamais foulé la terre de leurs pieds, et se trouvent dans l’im-
puissance absolue de l’habiter.
De tout ce que nous venons de dire, il ne faudrait pas con-
clure que l'Oologie de Manesse soit un Ouvrage défectueux et
inutile. Loin de là! Nous lui rendons toute justice : à l’époque
où il le rédigeait, la Science, sous les auspices de Linnée et de
Buffon, reprenait son essor; et s’il eût alors été publié, certes
cette première impulsion eût été suivie d’un mouvement général
qui, en corrigeant les vices de ce Traité, et en le rendant plus
complet, eût fini par enfanter un Système Oologique.
On sentira au surplus ce qu’il y aurait de déraisonnable à juger
sévèrement l'œuvre de Manesse, lorsqu'on se rappellera les cir-
constances de bouleversement social au milieu desquelles elle à
été conçue et exécutée; car son travail n’a été interrompu que
par ces désastres politiques, qui, en menaçant sa personne sous
le caractère de Prêtre dont il était revêtu, a privé le Savant
philosophe de la tranquillité et de la sécurité qui lui sont indis-
pensables pour l'étude de la nature, et les méditations qu’elle
entraîne à sa suite.
Lorsque le calme revint, on réussit à sauver du naufrage une
partie de sa Collection Oologique qui fut recueillie par le
Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Et ce sont les premiers
éléments, à part notre propre Collection, que nous ayons eus
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 27
pendant longtemps pour nos Études, de 4823 à 1830. On parvint
également à recueillir son Manuscrit relatif à sa Collection,
auquel il donna le titre d’Oologie (1) : manuscrit dont Sonnini
a ignoré l'existence, et que possède la Bibliothèque du même
Etablissement. Il est à regretter que l'Administration n'ait pu
faire les frais de cette publication qui eût été le signal d’une
nouvelle Ëre, en France, pour l’Oologie dont les progrès ont été
si lents. L'Abbé Manesse avait du reste préludé à ce travail par
un autre qui avait eu assez de succès dans le temps où il parut,
par un Traité sur la manière d'empailler et de conserver les
Animaux, Ouvrage dont les principaux procédés ont été cités et
reproduits par Daudin.
Nous extrayons de son Oologie les citations suivantes :
Après quelques développements sur la sécrétion de la matière
calcaire et son développement dans l’Oviducte, il en vient à
chercher à expliquer l’origine des diverses teintes qui colorent la
Coquille , ce qu’il fait de la sorte :
« Dans les Oiseaux dont les OEufs sont colorés, et chez les-
» quels les couleurs pénètrent la coquille assez profondément
» pour ne pouvoir s’effacer en les passant à l’eau; il sort des
» papilles dont je viens de parler, quelques molécules sanguines
» qui se mêlent à la liqueur laiteuse , et qui différemment com-
» binées, soit avec l'acide phosphorique qui unit ensemble les
» parties de la Goquille, soit avec l'alcali de la terre calcaire qui
» en fait la base, donnent le Bleu, le Vert, le Jaune, le Rouge,
» le Noir et les autres couleurs mixtes : d’où on peut croire que
» le fer qui fait la base du Sang doit y jouer le plus grand
» rôle et composer peut-être toutes ces nuances.
» Il n’en est pas de même de celles, c’est-à-dire des taches qui
» ne sont que superficielles et uniquement plaquées sur la
(1) Oologie (Copie manuscrite), 1790-1800.
we)
PREMIÈRE PARTIE.
Coquille : celles-ci ne sont qu'un Sang plus ou moins altéré
ou décomposé, et que l’on peut enlever en passant l’OEuf à
; s & e : F :
l'eau, surtout s’il a subi quelques jours d’incubation.
» Nous savons en général que cette variété des couleurs dans
les OEufs tient à différentes modifications du Sang ; mais nous
ignorons encore pourquoi ces couleurs sont propres à telle
Espèce plutôt qu'à telle autre : pourquoi, par exemple, l’OEuf
de la Dinde et celui de la Pintade sont plutôt colorés que celui
de la Poule; tandis que ces Oiseaux prennent absolument la
même nourriture et vivent ensemble dans la même basse-
cour.
» Le mäle n’influe en rien sur la couleur ni sur la forme de
l’OEuf, comme Buffon paraît le croire : La Poule domestique,
fécondée par le Faisan commun ou par celui des Indes, ainsi
que par le mâle de la Pintade, donnera constamment des
OEufs blancs, semblables à ceux qu’elle aurait produits avec
son propre Coq; et ceux de la Serine appariée avec le Char-
donneret ou le Tarin seront toujours à l'extérieur ce qu'ils
auraient été avec un mâle de son espèce. »
Manesse n’a done fait , en les développant, que reprendre les
idées de Guettard.
Nous avons interrompu la Série des publications Oologiques,
pour parler du travail de Manesse, demeuré à l’état de manus-
crit et inédit, et nous en étions resté à Mauduyt. On a vu celui-ci
adopter les propositions de Guettard, sans le nommer. Vient à
son tour l'Abbé Bonnaterre (1), qui, sur le même sujet, adopte
celles de Steller, sans plus le nommer.
Dans le même temps (1795-1800) paraît en Angleterre un Ou-
(1) Nouvelle Encyclopédie Méthodique, par l'Abbé Bonnaterre, 1790,
continuée par Vieillot, 1893.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 29
vrage considérable, quoique loin de la perfection : celui de
Lewin, publié à Londres. Cette Ouvrage intitulé : Oiseaux de
la Grande-Bretagne avec leurs OEufs (1), renferme, outre la
description des Oiseaux de ce pays, avec figures enluminées,
celles des OEufs de 1488 Espèces d’entre eux, figurées en 59
Planches, mais aussi mal gravés que mal enluminés et mécon-
naissables. C'était pourtant, ainsi que l'annonce la Préface, le
fruit de vingt années de travail et de recherches, le résultat des
observations personnelles de l’Auteur et de ses fils, dont un, à
près de quarante ans de distance, suivra l'exemple de son père.
Le plus grand nombre des OEufs qu'il représente a été dessiné
d’après ceux de la Collection possédée autrefois, c’est-à-dire vers
le milieu du XVIIIe Siècle, par la Duchesse Douairière de Port-
land, qui ne dédaignait pas de protéger et honorer ceux qui
travaillaient à l'Histoire Naturelle. Nous ne citons donc Lewin
que pour mémoire, ses OEufs n’étant figurés que comme com-
plément de ses descriptions Ornithologiques , et ne se rapportant
à aucune idée générale sur l’Oologie , en tant que Science.
Nous n’en dirons pas davantage de l’Ouvrage publié à Nurem-
berg par Muller, dont il n’a paru que cinq livraisons in-40, de
1795 à 1800, sous le titre de Description des Oiseaux d’Alle-
magne, avec leurs Nids et leurs Œufs. Les Oiseaux y sont assez
joliment et exactement figurés : les figures d’OEufs, au nombre
de 25 Espèces seulement, sont au moins exactes, et leur
description n'est accompagnée d'aucune idée ou proposition
Scientifique.
Le commencement du XIXe Siècle, qui n’a pas, à l'heure
qu'il est, dit encore son dernier mot, est fécond en Ouvrages
sur les OEufs des Oiseaux.
Lorsque le bouleversement politique qui avait détruit la
(1) The Birds of Great Britain. London, in 4°.
30 PREMIÈRE PARTIE.
Collection Oologique de Manesse fut apaisé, un homme mo-
deste autant qu'instruit, qui avait amassé des trésors de Science
dans le silence et dans la retraite, et que son mérite distingué
avait rendu digne d'enseigner l'Histoire Naturelle, dans une
Ville de Province, Lapierre, écrivit quelques pages intitulées :
Notes et Observations sur la ponte des Oiseaux qui se trouvent
à l'Ouest de la France, qui seraient perdues ou enfouies,
comme l’Ouvrage de Manesse, dans la poussière de quelque
Bibliothèque, sans le bienveillant et généreux patronage que lui
a donné Sonnini (1), patronage qui fait honneur à son intelli-
gence de Naturaliste et à sa délicatesse d’Auteur.
Ce Mémoire, privé de planches, et dont nous ne parlons ici
qu’à cause de ses observations curieuses, mais trop succinctes,
fut reçu, comme il le méritait à cette époque , avec une grande
faveur. C’est lui qui donna à l'excellent Baïllon d’Abbeville l’idée
d’une Collection d’OEufs. On n’avait pas oublié les riches maté-
riaux qu'avait amassés le savant Manesse, et l’on trouvait que
la perte que la Science en avait faite, ainsi que de son précieux
cabinet, était avantageusement réparée par le nouveau travail de
Lapierre. Il était le premier Ornithologiste qui essayât sérieuse-
ment de diriger et faire servir l’étude des OEufs à la Seience et à
la Méthode.
« Les OEufs des Oiseaux, dit-il, ne fixent pas moins notre
» curiosité que leurs Nids, par leurs Formes variées, leurs
» Couleurs, leurs nuances.
» Ne pourrait-on pas faire entrer comme caractère de pre-
» mière, de deuxième et troisième valeur, les Nids et les OEufs
» dans la Classification en Ornithologie ? Je suis surpris qu’on
» n’y ait pas eu recours. En Botanique, la Méthode Naturelle de
» Jussieu repose en partie sur la Semence, l’'Embryon, le Péris-
(1) Histoir. Natur. de Buffon! Edit. de Sonnini, 1800,
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 31
perme, le Placenta, puis la Corolle, le Galice. Voilà l'OEuf,
voilà le Nid. |
» Les caractères de l’un et de l’autre varient peu dans les
Oiseaux; les extérieurs pourraient suffire pour une Classifica-
tion Méthodique.
» Forme des OEufs, leur Grosseur, leur Couleur, les taches,
leurs dispositions.
Suit la description des OEufs et des Nids, selon l'Ordre Métho-
dique propre à l’Auteur qui termine ainsi :
» D'après mes objets de comparaison, dans le plan qu’on
pourrait adopter, les Oiseaux de proie Diurnes formeraient
seuls un Ordre. Les Oiseaux de proîe Nocturnes en formeraient
un autre, auquel on ajouterait l’Engoulevent ou Crapaud-
Volant.
» Les Pies-Griêches seraient renvoyées à l'Ordre des Grives,
auxquelles on joindrait les Etourneaux.
» Des Oiseaux Nageurs il faudrait élaguer beaucoup pour
porter aux Oiseaux de Rivages, qui admettraient encore deux
Ordres. Les Passereaux surtout exigeraient un travail neuf.
» J'aurais eu le courage de le tracer ce plan; mais comme je
me défie toujours de mes faibles moyens, j'attends que des
Savants plus instruits que moi l’exécutent; et peut-être y par-
viendraient-ils par une route plus facile. D'ailleurs, isolé dans
une petite Ville, toutes les ressources sur lesquelles on peut
compter consistent dans les substances qu’on rencontre soi-
même, sans être stimulé par l’encouragement. Il faut une
ardeur et un goût plus qu’ordinaires pour se livrer à la Science
de la Nature : nul objet de comparaison sous les yeux, un
seul Livre élémentaire , comment faire des progrès en Histoire
Naturelle?
» Détaillons quelques observations générales.
» La plupart des OEufs sont tachetés de couleurs foncées. J'ai
32 PREMIÈRE PARTIE.
remarqué que ces taches augmentaient de grandeur et deve-
naient plus hautes en couleur selon les progrès de l’incuba-
tion. Si elles paraissent même plus nombreuses, ce n’est pas
qu'il s’en forme de nouvelles; mais peu sensibles à l’œil , elles
accroissent graduellement. Cet accident est visible dans les
OEufs Verts, Rouges , etc. La chaleur dilaterait-elle la matière
colorante ? Suffirait-elle pour lui donner une teinte plus forte ?
La lumière n’y serait-elle pas pour quelque chose? Je me suis
aperçu qu'il y avait un terme : lorsque le petit était entière-
ment formé. J'ai dit ailleurs que Les dernières pontes donnent
des couleurs plus claires, surtout dans les OEufs des petites
Espèces d’Oiseaux de proie; leur Coquille est aussi plus com-
pacte et plus graveleuse.
» Dans un même nid, il est des OEufs plus ou moins allongés,
ce qui s’observe surtout dans les Corbeaux, les Pies, quelques
Passereaux. Les uns renferment les mâles et les autres les
femelles. Comme les mâles sont souvent moins nombreux que
les femelles, et qu’il est moins d’OEufs longs que d’autres, je
serais tenté de croire que des plus longs doit éclore un Oiseau
mâle. »
Disons en passant que c’est à Lapierre, et toujours sans le
nommer, suivant son habitude, que Vieillot a emprunté ce qu'il
a dit des OEufs d’Oiseaux, dans le Nouveau Dictionnaire d’'His-
toire Naturelle (1)
On devait sans doute lui savoir gré de ce pénible Essai : c'était
un appel aux Naturalistes d'explorer ce nouveau champ de mer-
veilles; et les richesses qu’il renfermait étaient en partie assez
séduisantes pour qu'elles pussent être employées par d’autres
avec quelque confiance et un sage discernement. Mais Lapierre
a voulu trop généraliser les conséquences qu'il tirait d’observa-
(1) 1823-28. Ve Œuf.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 33
tions superficielles, non assez répétées ou faites sur un nombre
trop restreint d'objets différents. De là, les erreurs multipliées
qui déparent son travail, et le peu d'importance réelle aujour-
d'hui de son Ouvrage, en ce qui concerne l’application de sa
Méthode à la Classification des Oiseaux. Il a tenu beaucoup
moins qu'il n'avait promis, et qu’il lui était possible de faire
avec un examen plus approfondi. Une autre faute encore, c’est
d’avoir exclusivement tiré de l'inspection des Nids et des OEufs
des Oiseaux, des caractères spéciaux, uniques pour la Classifica-
tion naturelle si difficile à faire de cette Famille nombreuse,
pour laquelle au contraire on ne saurait trop multiplier les
moyens d'indication normale. L’Auteur y émet en effet, dès le
début, une proposition assez hardie et toute neuve alors, et
qu’il était à même d'appliquer, avec un peu d'étude et de pa-
tience , mieux que personne. Ainsi, il prend l’engagement de
prouver que : la considération de la Coquille de l'OŒuf peut
rapprocher des Familles naturelles, admettre une Classification
Méthodique et former des caractères, soit de Genres, de Sous-
Genres, soit d'Espèces. Et, lorsqu'on a parcouru son Mémoire,
on est cruellement désappointé de n’avoir rencontré nulle part
la réalisation de cette promesse, et de s’être au contraire heurté
contre des erreurs grossières que renferment parfois ses descrip-
tions Oologiques chez certaines Espèces. On ne le voit pas sans
peine, par exemple, attribuer à l’OEuf du Pic-Vert un fond ver-
dâtre moucheté de noir, ce qui est le caractère distinctif de ceux
de la Grive; à l'OEuf du Rollier, qui est d’un blanc pur lustré,
une couleur verdûtre piquetée de brun, etc., etc. Tant est
puissante et funeste l'influence d’une idée préconçue ou du parti
pris, en fait de Science!
Son Ouvrage au total est plutôt le projet, ainsi qu’il l'annonce
lui-même, que l'exécution d’un travail sur la partie qu'il traite.
Nous ne relèverons pas la bizarrerie et les erreurs de son plan
4
34 PREMIÈRE PARTIE.
de Classification, erreurs, après tout, qui ne tiennent qu’à la
rareté des matériaux dont Lapierre pouvait disposer : notre in-
tention pour le moment, étant de donner une notion des Ou-
vrages qui ont traité des OEufs des Oiseaux et de constater la
permanence et la transmission d’une époque à une autre, de
l’idée qui a présidé à leur conception.
Mais nous le répéterons, le Mémoire de ce Naturaliste, si
défectueux qu’il soit, était, à l’époque où il a paru, un véri-
table service rendu à la Science; ce n’était toutefois comme
celui de Manesse, comme celui de Gunther, comme celui de
Klein, comme celui de Marsigli, qu'une pierre d’attente, et il
eût été à désirer que depuis, quelque Savant eût donné suite aux
vues neuves qu’il renferme, aux observations qu’il indique, et
aux questions qu’il soulève sans les résoudre.
Cette tâche laborieuse, plusieurs Naturalistes l’ont tentée
depuis, et nous en parlerons en leur temps : en attendant, nous
allons dire un mot de quelques Ouvrages exclusivement con-
sacrés aux OEufs des Oiseaux, qui ont suivi de près ceux de
Manesse et de Lapierre.
Le premier est encore un Français, Daudin, qui n’a donné que
le commencement d’un Travail qui devait être considérable,
comme Traité complet d'Ornithologie, dans lequel, il est vrai, il
n’a fait qu’effleurer la question Oologique (1). Daudin ne s’est
pas montré plus encourageant que la plupart de ses prédécesseurs,
à l'endroit de l'utilité de cette branche de la Science des Oiseaux:
« Le nombre des OEufs que peuvent pondre les femelles varie
» beaucoup, suivant les Classes et les Genres d'Oiseaux ; et on
» leur observe dans chaque Espèce des Couleurs et des Bigar-
» rures différentes. »
Après un aperçu sur les Couleurs et sur le nombre des OEufs
(4) Traité d'Ornithologie, in-4°, 1800.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 35
de quelques Oiseaux, sans en nier ni la diversité ni l'intérêt, il
conclut que cette Étude serait peu propre à contribuer aux
progrès de l'Ornithologie.
Wilson, dans son Ornithologie Américaine (1806-1820), a
donné accessoirement , comme avant lui l’avaient fait en Alle-
magne Nozemann et Sepp, la représentation assez exacte des
OEufs de quelques Espèces de l'Amérique Septentrionale.
En 1809, une singulière tentative eut lieu en Allemagne. Un
nommé Carl Stendal, Marchand de Livres et d’Objets d'Art à
Gotha, conçut l’idée originale de publier une Collection d'OEufs
en cire, par souscription, c’est-à-dire en autant d'exemplaires
qu'il pensait trouver de souscripteurs. C'était une manière assez
heureuse de vulgariser cette branche de la Science. Mais il n’en
parut que deux livraisons, contenant chacune vingt-cinq Espèces
ou exemplaires d’OEufs, et au prix de vingt-cinq Louis d’or la
livraison. Naumann explique l’insuccès de cette entreprise par
le prix élevé auquel, d’après ce taux, serait revenue la Collection
entière d'OEufs des Oiseaux d'Allemagne , évalués alors à envi-
ron 400, et aussi par l’excessive fragilité de la matière.
L'exemple donné par Lewin, en Angleterre, pour la représen-
tation et l’étude des OEufs d'Oiseaux produisit ses fruits moins
de vingt ans après. En 4816, paraissait une publication spéciale
sous le titre d'Ovarium Britannicum, par G. Graves, représen-
tant le dessin correct des OEufs des Oiseaux originaires de la
Grande-Bretagne (1). Get Ouvrage, dont les planches enluminées
sont satisfaisantes, ne comporte aucun texte de description ou
autres que sa Préface. Mais ce n’était en ce genre qu’un ballon
d'essai de son Auteur qui, déjà connu par une Ornithologie
Britannique, se proposait, dans une autre publication devant
faire suite à son Ovarium, une Histoire physiologique des
(1) Ovarium Britannicum by Georges Graves. London: 1816.
36 PREMIÈRE PARTIE.
Œufs, avec les phases de l’incubation depuis son commence-
ment jusqu'à la formation du petit Oiseau, projet qui ne s’est
pas réalisé , que nous sachions.
Deux ans après, et en 1818, parut le premier Ouvrage, le
plus sérieux et le plus complet sur l’Oologie qui eût encore été
publié : celui de Naumann et Buhle (1). C’est un Traité complet
et en rapport avec leur époque et les progrès des Sciences, sur
les OEufs des Oiseaux d'Allemagne , que les Auteurs ont entrepris
de réaliser. Nous allons reproduire, en traduisant tout ce que
disent ces deux Oologistes, précurseurs de Schinz et du Dr Thie-
nemann, relativement à la Grosseur, à la Forme et à la Couleur
des OEufs.
« La grosseur des OEufs est fort différente relativement à la
» grosseur des Oiseaux qui les pondent. Voici, à ce qu’il semble,
» la loi établie pour la grosseur relative de l'OEuf : Za grosseur
» de l'OŒuf est en rapport avec le degré de développement que
» de fœtus acquiert dans l'OŒEuf. Ainsi les OEufs les plus petits
» sont ceux d’où sort le fœtus dans l’état le plus imparfait, et
» les OEufs les plus grands sont ceux d’où sort le fœtus dans
» l'état le mieux développé et le mieux formé. Le degré de déve-
» loppement de l’Oiseau est ensuite en rapport avec la manière
» de vivre et le séjour de l’Oiseau..…… Les Oiseaux de mer offrent
» les exemples les plus frappants de ce fait. Le Lumme-Grylle
» {Uria Grylle), qui n’est que de la grosseur du Pigeon, pond
» des OEufs de la grosseur de ceux de Poule.
» La Forme des OEufs présente aussi plusieurs diversités, et
» l’on ne remarque pas seulement une différence de forme dans
» les OEufs d'Oiseaux de différentes espèces, mais aussi d’indi-
» vidus de la même espèce. Nos Poules privées, par exemple,
(1) Eïier der Vogel Deutschlands, etc., ou les Œufs des Oiseaux d’Alle-
magne et des Pays voisins. Jean-Frédéric Naumann et Chnistian-Adolphe
Buhle (en Allemand)
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 37
pondent tantôt des OEufs arrondis, tantôt des OEufs oblongs.
Les expériences récentes ont prouvé victorieusement que la
Forme exlérieure ne pouvail pas toujours faire préjuger le
sexe. La Forme extérieure de l’OEuf prise en général est
arrondie. Les OEufs de Hibous sont presque tout ronds; ceux
du Grêbe-huppé (Podiceps cristatus) présentent une ellipse
terminée en pointes obtuses. Entre ces deux formes se placent
les autres configurations. Les OEufs du Milan, du Busard, du
Martin-Pécheur, du Guépier, etc., sont arrondis; ceux des
Bécasses, des Vanneaux, etc., oblongs, fort pointus à l’une
des extrémités et tout plats de l’autre : ils ont une forme de
Poire. Les OEufs de la Pie, du Martinet, de la Mésange pendu-
line sont oblongs; ceux des Voiliers sont presque de forme
cylindrique. Au reste , ta Forme des OŒEufs est en rapport avec
la configuration de l'Oiseau qui se développe dans l'Œuf,
nommément avec la longueur du tronc, avec la grosseur de
la téte, et avec la longueur et la vigueur des jambes : par
exemple, la Forme ronde des Hibous, le corps long et étendu
et le cou allongé du Grêbe huppé, etc...
» La Coquille est dure, fragile et poreuse ; elle est ordinaire-
ment plus épaisse et solide au gros bout qu'à l'extrémité op-
posée. L'épaisseur est en général en rapport avec la grosseur
de l'OEuf; de sorte que les grands OEufs ont la plupart une.
Coquille plus épaisse que les petits OEufs. Elle diffère cepen-
dant dans divers Oiseaux. Les Coquilles des OEufs d'Hiron-
delles, d'Étourneaux, ete., sont fort minces. Les pores se
remarquent le mieux dans les grands OEufs, comme dans
ceux de l’Autruche. Les pores servent à l’évaporation des
parties aqueuses du Blane d'OEuf, et à la pénétration de l'air
atmosphérique...
» Quelques OEufs sont comme polis, par exemple ceux du
Martin-pêcheur ; d’autres ont peu de lustre, ou n’en ont point
38 PREMIÈRE PARTIE.
du tout; d'autres encore sont rudes au toucher et à gros grain,
comme l’OEuf du Casoar; d’autres sont recouverts d’un enduit
calcaire particulier.
» Quant à la Couleur de l’OEuf, elle diffère beaucoup non
seulement d’une espèce à une autre, mais dans les individus
d'une même espèce. L'âge, la nourriture , jusqu’au temps et
à la durée de l’incubation influent sur les teintes. Les OEufs
du Coucou d'Europe varient infiniment; mais, ce qu’il y a de
plus singulier, c’est que la diversité de la Couleur dominante
s'étend à toute une année : de sorte que dans telle année ils
sont blanc bleuâtre avec des taches de brun olivâtre, et dans
telle autre blanc jaunâtre avec des taches grises. Notre
grande Hirondelle de Mer a des OEufs tantôt brunâtres, tan-
tôt verdâtres, tantôt jaunâtres. On remarque assez communé-
ment que les Oiseaux qui ont déjà plusieurs pontes ont des
OEufs d’une teinte plus sombre que les Oiseaux jeunes qui
pondent pour la première fois. Ge qui prouve l'influence de la
nourriture, c'est qu’en mettant de la Garance à la nourriture
de la Poule , on en obtient des OEufs rouges. L’incubation al-
“ère aussi la couleur : les OEufs blanc verdûtre du (Saxicola-
OEnanthe) deviennent bleu verdâtre pendant l’incubation, les
OEufs verdûtres de l'Étourneau , vert bleuâtre, et les OEufs
verdâtres du petit Héron deviennent insensiblement blancs.
» Les OEufs sont en très-grande partie colorés : ceux de nos
Hibous et des Pigeons, et de quelques autres font exception
‘et sont blancs.
» La Couleur tient fort légèrement à la surface extérieure de
l'OEuf, et on l’enlève souvent avec une grande facilité, surtout
quand l’OEuf est frais. Quelques-uns ont de jolis dessins, tels
qu'une couronne de petits points serrés au gros bout, comme
les OEufs du (Lanius collurio), et tels que les petits traits qui
se croisent sur les OBufs du Bruant. On ne connait encore
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 39
» qu'imparfaitement la cause d’où proviennent les Couleurs de
» l'OEuf. Fabricius ab Aquapendente pense que la Couleur dé-
» pend du tempérament de l’Oiseau. Au reste ce n’est pas dans
» l'extrémité de la matrice qu'ils reçoivent leur teinte; là se
» forme la Coquille, et elle paraît blanche. C’est dans le cloaque
» qu'ils prennent leur couleur, et il est probable que les excré-
» ments colorants et les substances mêlées à l'urine produisent
» cette variété de teintes. »
Malgré la communauté de collaboration de ces deux Auteurs,
il faut distinguer ce qui appartient à l’un de ce qui est à l’autre.
Ainsi, toute la partie Scientifique et Théorique est du Docteur
Buble; toute la partie descriptive et pratique est de Naumann.
Il n’y a rien de plus à redire à l’un qu’à l’autre, si non que le
chapitre réservé aux considérations générales sur les OEufs des
Oiseaux , dont nous avons extrait ce qui précède, est par trop
court, en raison du but avoué de l'Ouvrage. Quant aux planches,
au nombre de dix, et représentant au total 455 Espèces d’OEufs
d'Oiseaux, elles sont aussi exactes que les descriptions; peut-
être serait-on tenté cependant de leur reprocher un excès de
vivacité dans le coloris, qui atténue, en l’exagérant, l'exactitude
de la ressemblance. Mais, un défaut beaucoup plus grave, et qui
détruit toute l'utilité de l’Ouvrage, c’est l'absence de système
dans l’arrangement des Figures des OEufs, représentés sans au-
cun ordre de Classification et confusément groupés au nombre
de 46 à 20 Espèces par Planche.
Nous adresserons le même reproche à l'Ouvrage intitulé :
Description des OŒEufs et des Nids des Oiseaux (1), publié de
4818 à 4830 par le docteur Schinz de Zurich. Car, quoique dé-
crivant avec soin, mais non sans erreur, les Nids et les OEufs
(1) Beschreibund und Abbildung der Eier und Nester der Vogel, etc. Des
Oiseaux qui pondent dans la Suisse, dans l'Allemagne et dans les Pays
voisins.
40 PREMIÈRE PARTIE.
dont il donne les Figures, il renferme beaucoup moins d'idées
neuves qu’on ne l’a supposé, et ne reproduit guère en partie
que celles de Steller et de Buhle, son guide et avec raison sa
principale autorité; il est en outre rédigé sans méthode aucune,
les recherches y sont pénibles. Les Planches , au nombre de 40,
représentant la Figure lithographiée et enluminée de 304 Espèces
d’OEufs d'Oiseaux d'Europe, nombre supérieur à tout ce que l’on
en connaissait jusque-là, y sont peu soignées et difficilement
reconnaissables. Il en est autrement des descriptions qui sont
généralement fort exactes, minutieusement détaillées, et parfois
accompagnées d'observations instructives et savantes. Nous igno-
rons si une nouvelle édition qui en fut annoncée dans le temps,
a atteint la perfection que celle-ci laisse à désirer.
A la même époque (1821 et jusqu’à 4830) parut l’Ouvrage du
Docteur Thienemann, de Leipsik, sur les Oiseaux d'Europe et
sur leurs OEufs, véritable progrès sur tous ceux qui l’ont précédé,
et même, en partie sur celui de Naumann et Bulhe. On va en
juger par les citations que nous en allons faire :
« L'OEuf sort ordinairement du corps de l’Oiseau , la partie
» de la pointe la première.
» La Grosseur de l'OEuf n’est pas en raison directe de la gros-
» seur de l’Oiseau.
» L'OEuf du Coucou (Cuculus canorus) n'est pas plus gros
» que celui de l’Alloueite; et celui du Pluvier doré est aussi gros
» qu’un OEuf de Poule. Le même Oiseau pond aussi tel jour un
» OEuf plus gros qu’un autre jour.
» La Forme des OEufs peut se réduire à une seule principale,
» la Ronde; toutes les autres en dérivent. Cependant la Forme
» de Boule pure ne se rencontre jamais, ou du moins fort rare-
» ment, et en principe, l’'OEuf est de Forme Ovale ou de Forme
» Ovée. Nous appelons de forme Ovale (Ovalis) l'OEuf dont la
» plus grande dimension se trouve au milieu et dont les deux
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 4
extrémités partent de ce centre également arrondies ou poin-
tues. L'OEuf est de Forme Ovée (Ovatus) , quand, à partir de
la plus grande dimension qui fort souvent ne se trouve pas
au milieu, les deux extrémités sont arrondies ou pointues iné-
galement. Dans ceux de la première Forme il y a naturelle-
ment moins de déviations frappantes, et elles tiennent la plu-
part au plus ou moins d’éloignement des extrémités du centre.
Nous donnons la qualification d'Oblong à l'OEuf de l’une et
de l’autre forme dont la plus grande dimension, prise trans-
versalement, ne s’élève qu'aux deux tiers ou moins encore -
de la longueur; et nous le nommerons Arrondi ou Court,
quand la dimension prise transversalement s’élève à plus des
deux tiers de la longueur. Les OEufs de la seconde Forme
présentent plus de variétés, et des variétés plus frappantes.
Nous considérons d’abord les deux bouts. Nous donnons au
gros bout ou à celui le plus proche de la plus grande dimen-
sion transversale, le nom de Base, et celui de Pointe au bout
opposé. Dans l’une et l’autre Forme, il faut avoir égard à la
disposition de la grande dimension transversale. Nous l'appe-
lons Ventrue quand elle décroit brusquement vers les deux
bouts, et Transitoire quand cette décroissance se fait progres-
sivement. Nous croyons avoir ainsi simplifié les vagues expres-
sions technologiques employées jusqu'ici dans la description
de la Forme des OEufs.
» Leur Forme se trouve souvent en certain rapport avec
celle du corps de l’Oiseau ; de sorte que les Oiseaux au corps
gros et court pondent des OBufs arrondis, comme les Hibous,
les Gallinacés, le Martin-Pêcheur; et ceux dont le corps est
allongé produisent des OEufs Oblongs comme les Espèces de
Colymbus, Podiceps et Mergus. Mais ce n’est pas une règle
générale : Il y a des Oiseaux à corps allongé qui ont des OEufs
arrondis, tels que l’Epervier, le Guëêpier, le Torcol; et d’autres
2 PREMIÈRE PARTIE.
dont le corps est ramassé, comme le Guillemot, ete., donnent
des OLufs oblongs.
» La Coquille extérieure des OEufs est calcaire, dure, pereuse
et plus ou moins fragile. La solidité de la Coquille tient ordi-
nairement à sa grosseur : plusieurs Oiseaux cependant ont
des OEufs généralement munis de fortes Coquilles et d’autres
des OEufs à Coquille mince. Nous compterons au nombre des
premiers tous les Gallinacés, des Oies, des Canards, des
Grêbes, des Pétrels, des Cormorans et le Martin-pécheur.
Nous nommerons parmi les derniers, les Corneilles, les
Pigeons, les Barges, les Courlis, les Bécasseaux, les Hiron-
delles de Mer, les Mouettes ; les OEufs des premiers sont géné-
ralement sans tache; ceux des derniers sont tachetés.
» Dans quelques Espèces la Surface est unie, tels sont les
OEufs des Pics, des Canards, etc., et dans d’autres elle est
raboteuse, tels sont ceux des Grébes, des Pétrels et des Cor-
morans. Dans quelques Espèces, les pores sont très-marqués ;
dans d’autres on les voit à peine. Les pores sont les empreintes
restées à l’OEuf des vaisseaux qui le contenaient.
» La teinte de l’OEuf , de même que la coque calcaire se forme
dans l’Oviducte, et cela de deux manières : ou bien des ma-
tières colorantes s’y joignent à toute la masse de la Coquille 3,
et celie-ci paraît alors verdàtre ou jaunâtre ou brunâtre; ou
bien la pression de l'OEuf sur les vaisseaux sanguins de l’intes-
tin leur enlève mécaniquement ce sang, lequel pénétrant plus
ou moins dans la masse calcaire plus molle ou même durcie,
y imprime des points, des traits ou des taches. De là provient
le défaut d’uniformité dans le dessin ; parce que l’OEuf n’avance
pas d’une manière régulière , et que l’état des vaisseaux n'étant
pas toujours le même, il s’en suit aussi de la diversité dans la
masse de la Coquille.
» Dans les OEufs achetés on remarque en général trois sortes
»
]
»
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»
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»
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D]
D]
»
»
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D)
»
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}
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 13
de taches, pâles, un peu plus colorées et parfaitement colorées :
ce qui permet d'admettre trois périodes de coloration. Les
taches pâles sont de la première, la masse calcaire plus molle
alors, leur permet de la pénétrer; dans la seconde, la masse
calcaire, déjà plus compacte, leur permet moins de la péné-
trer; dans la dernière période enfin, les taches sont souvent
tellement superficielles qu’on peut les faire partir avec de l’eau.
» Ces taches sont ordinairement brunes, mais cette teinte tire
parfois au jaune , au vert, au rouge et au violet.
» Les OBufs qui ne paraissent jamais tachetés sont pourvus,
lors de la formation de leur Coquille calcaire , d’un enduit
gélatineux ou gluant qui garantit la Coquille des petites
gouttes de sang, ou donne à l’OEuf plus de facilité d'avancer,
et par là, lui évite les effets de la pression sur les vaisseaux
de l'Oviducte. Cette fluidité donne en même temps plus de
solidité à la matière calcaire; raison pour laquelle les Co-
quilles des OEufs sans taches sont beaucoup plus solides que
celles des OEufs tachetés. La matière caleaire, de même que
les taches , sont le résultat d'un procédé d’inflammation opéré
par la pression de l’OEuf, au moment où il s’avance, chose
dont on peut se convaincre en examinant le conduit après
l'entrée de l'OEuf.
LE
A
» La chaux arrive d’abord, et celle-ci effectue ou produit les
taches, en exprimant le sang qui s’y est mêlé et qui donne
la couleur. Les OEufs tachetés et non tachetés reçoivent parfois
encore dans le Cloaque des taches et des raies de sang, mais
elles sont de sang pur et conservent pour cette raison la cou-
leur du.sang.
» La couleur du plumage n’est en nul rapport avec la teinte
de l'OEuf. Beaucoup d’Oiseaux noirs, ou noirs ct'blancs, ou
bruns et blancs, ont des OEufs tachetés d’un fond vert, et
d'autres Oiseaux de la même couleur ont des OEufs blancs.
44 PREMIÈRE PARTIE.
» Beaucoup d’Oiseaux bigarrés pondent des OEufs unicolores ,
» tels que les Hibous, les Pigeons, les Rolliers, les Guêpiers, les
» Martins-pêcheurs, les Pics, tous les Hérons, les Canards, les
» Oies, les Grêbes et les Harles.
» La Coquille est plus ou moins transparente, soit par elle-
» même, soit lorsqu'on y fait un petit trou et qu’on l’oppose au
» jour; il arrive souvent alors d'y remarquer une autre teinte
» que celle de la surface, ce qui peut fort bien servir à distinguer
» les Espèces alliées.
» La durée de l’incubation dépend de la dureté de la Goquille
» de l’OEuf, de sorte que les OEufs à Coquille forte et épaisse
» demandent pour éclore plus de temps que les OEufs à Coquille
» mince et délicate. »
Cet Ouvrage est le plus avancé et le plus original que nous
puissions signaler à l’attention des Ornithologistes et surtout des
Oologistes. Observations exactes, idées véritablement nouvelles,
déductions savantes et ingénieuses à la fois, tout s’y trouve
réuni : les figures mêmes sont meilleures que les précédentes,
mais toujours d’une insuffisance marquée. A partir de ce travail
un horizon plus vaste se découvre pour la Science du produit
Ovarien des Oiseaux. Toutefois on ne s'occupe encore que des
OEufs de ceux de notre Europe, tout en entrevoyant l’indispen-
sable nécessité d’y réunir la connaissance et l'étude de ceux des
Espèces des autres Contrées du Globe.
En 1824, au lieu d’un Ouvrage, a paru un simple Mémoire
assez intéressant, à ce titre, de M. Moquin-Tandon, de Mont-
pellier, aujourd’hui membre de l’Institut. Ce Mémoire, qui de-
vait être suivi d’un ou de plusieurs autres, est le commencement
d’un travail intitulé : Mémoire sur l'Oologie ou sur les ŒEufs des
Animaux (1). Il ne traite donc qu’accessoirement des OEufs des
(1) Annales de la Société Linnéenne de Paris, mars 1824
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 1.40
Oiseaux ; mais, dans le peu qu’en dit l’Auteur, il résume avec
clarté et méthode ce qu’en avaient dit avant lui, et Mauduyt,
l'écho bien affaibli de Guettard, et le docteur Schinz, alors en
voie de publication, les deux seuls qu’il connût. L’Auteur for-
mait alors une Collection d'OEufs d’Oiseaux d'Europe; et nous
nous rappelons toujours avec plaisir les relations et les commu-
nications d'observations et d'échanges qu’un peu plus tard nous
avons eues ensemble par l'intermédiaire de l'obligeant Thié-
bault de Bernaud. Nous aurons occasion du reste de reproduire
la discussion que nous fimes jadis de quelques-unes des propo-
sitions traitées dans ce Mémoire gros de faits ; quoiqu’en dise la
modestie de l’Auteur dans une lettre qu’il nous écrivait à l’épo-
que de nos premières publications.
À Thienemann , qui devait plus tard perfectionner et compléter
dignement ce travail, et à l’intéressant Mémoire de M. Moquin-
Tandon , succéda le livre inachevé de Polydore Roux. Son Orni-
thologie Provençale, qui devait comprendre, outre leur descrip-
tion , la figure des Oiseaux (avec celle de leurs Nids et de leurs
OEufs) de la partie méridionale de la France, commencée en
1825, fut d'abord suspendue par un voyage Scientifique en
Egypte et dans l'Inde que P. Roux entreprit en compagnie du
Baron Hugel , de Vienne, et ne put être terminé par suite de la
mort de son Auteur, enlevé à Bombay le 12 avril 4833, à la
veille d’une ascension sur l’'Hymalaïa. Ce travail méritait assuré-
ment à son début plus d’encouragements qu'il n’en reçut, et qui
presque tous furent officieux et individuels : car il ne faut pas
oublier que tous les dessins des Oiseaux et de leurs Nids sont
sortis du crayon de ce courageux Ornithologiste qui les repro-
duisit et les lithographia de sa main : les Planches d'OEufs sont
les moins satisfaisantes et l’on peut dire plus que médiocres.
Nous possédons encore quelques dessins originaux de ces Plan-
ches d’OEufs , qui nous viennent soit de M. Moquin-Tandon , qui
46 PREMIÈRE PARTIE.
les avait communiquées à Roux, soit de ce pauvre et regrettable
Thiébault de Bernaud; du reste ces figures d’OEufs et leur des-
cription ne venaient que comme complément de l’histoire de
chaque Espèce d’Oiseaux.
En 1832, M. Hewitson, et il ne devait pas être le dernier,
reprend en sous-œuvre l'Ovarium de Graves. Son Oologie (1),
très-consciencieusement faite du reste, ne renferme, il est vrai,
que la description et la représentation des OEufs des Oiseaux de
la Grande-Bretagne. Pourtant quelques-unes de ses observations
et de ses réflexions à leur sujet’, réflexions répandues dans sa
courte Introduction, méritent d’être citées, ne fût-ce que pour
leur singularité et parfois leur justesse. Telles sont celles-ci :
« 11 y a peu de doute que la couleur des OEufs d’Oiseaux ne
» soit une matière animale, et qu’elle ne dépende de leur santé.
» Dans les Oiseaux que j'ai examinés , l'OEuf est d’un blanc par-
» fait la veille du jour où ils sont pondus : une grande partie de
» leur couleur peut être enlevée pendant quelque temps après.
» Ainsi, nous trouvons dans les OEufs le même besoin de cou-
» leur que celui qu’on remarque dans les plumes des Oiseaux
» blancs. La crainte ou toute autre cause qui puisse agir sur les
» fonctions animales influent également sur la couleur. J'ai re-
» marqué que les OEufs des Oiseaux qui avaient pondu pendant
» que je les retenais prisonniers, étaient presque dénués de leur
» couleur.
» La Grosseur, ainsi que la Couleur, dépendent de l’âge de
» l’Oiseau. Après la première année ils continuent à augmenter
» en grosseur, et la couleur devient plus éclatante pendant quel-
» ques années, jusqu'à ce que l’Oiseau soit arrivé à son àge de
» maturité. Les différentes et les belles couleurs des OEufs leur
» sont données par le Dieu de la Nature, comme une protection
(1) British Oology, by William Hewitson. Neweastl, 1832
‘BIBLIOGRAPIIE OOLOGIQUE. A7
ps
contre leurs ennemis , en ressemblant aux différentes surfaces
sur lesquelles ils sont déposés (selon M. Gloger, Naturaliste
Allemand), ce que je suis loin d'admettre comme une règle
générale. D'un autre côté je crois être en mesure de prouver
que cette précaution serait en grande partie inutile et super-
flue. Nous ne trouvons jamais la nature prodiguant ainsi ses
ressources.
» Il arrive pourtant quelquefois que les OEufs des Oiseaux sont
* admirablement adaptés par leur couleur au terrain sur lequel
ils sont déposés. Et à mon grand déplaisir j'en ai eu de fré-
quents exemples , lorsque j'étais à leur recherche. Les cas que
je cite sont précisément ceux qui rendent cette protection
nécessaire, et dans lesquels un contraste de couleurs les aurait
trahis. Parmi eux étaient les Oiseaux qui font peu ou point de
Nids , déposant leurs OEufs en grande partie sur la terre nue,
ou parmi les herbes marines sur la plage. Tels sont, entre
autres, l'Huitrier, le Tourne-pierre , les Pluviers et les Sternes,
surtout la plus petite. »
Puis après avoir développé cette idée, et s’être étendu sur les
nombreux exemples contraires :
« On demandera peut-être à quoi servent ces couleurs prodi-
guées avec tant de profusion ? Elles servent comme celles qui
ornent le plumage de l'Oiseau-Mouche, ou l'aile du Papillon,
à réjouir la vue, à contenter le cœur et à embellir la Création.
C’est pourquoi les Oiseaux, tels que les Hibous, les Guëêpiers,
les Rolliers , les Pics et les Martin-pêcheurs, qui les cachent
dans les trous, les ont blancs : parce que dans un endroit
. comme celui-là, une autre couleur ne servirait à rien...
» …… Comme je l'ai remarqué ailleurs, on gagnerait beau-
coup d'instructions utiles et intéressantes tendant à classer les
Oiseaux, si on faisait attention à leurs OEufs. Il est très-encou-
rageant de voir qu'en les examinant sous ce point de vue on
+
148 PREMIÈRE PARTIE.
» trouvera, à quelques exceptions près, qu’en prenant les OEufs
» seulement des Oiseaux Britanniques pour guides, on en arri-
» verait à classer leurs Genres d’une manière satisfaisante. Tous
» ces nouveaux Genres qu’on a adoptés dernièrement sont clai-
» rement indiqués par les différences qui existent entre leurs
» OEufs. »
Un mérite de l’Oologie d'Hewitson, dont les Planches sont
très-proprement et fidèlement exécutées, c’est que tous les des-
sins en ont été faits par lui. Ajoutons que depuis il n’a cessé de
s'occuper de collectionner les Espèces d’OEufs que l’on ne con-
naissait pas, et que tout récemment encore il vient d’en publier
et figurer plusieurs Espèces fort intéressantes dans l’Ibis, jour-
nal d’Ornithologie dirigé par l’un de nos plus savants et des plus
habiles Ornithologistes, M. Sclater (1).
Après Hewitson, Berge ne figure également que les OEufs des
Oiseaux d'Europe (), dans une proportion de format presque
enfantine, tout en conservant en général aux OEufs leurs propor-
tions naturelles. Le texte est tout aussi concis dans ses réflexions
générales qui n’offrent rien de saillant;, nous n'avons guère
remarqué que les suivantes :
» Une règle assez constante à établir, c’est que la Grosseur et
» la Forme de l’OEuf se dirigent d’après la Grosseur de l'Oiseau
» et la nature de ses organes de génération , et notamment
» d’après la largeur et l'embouchure du canal des OEufs; ef Les
» défauts organiques de ces parties et des obstacles accidentels
» peuvent aussi exercer de l'influence; ce que prouvent les
» OEufs informes, souvent ou tout minces, ou complètement
» ronds, ou voûtés, ou chargés de creux ou d’enfoncements..……
TEL ET Les OEufs des grands Oiseaux, et notamment de ceux
(1) The Ibis; « Magazine of general Ornithology. January 1859.
(2) Fortpflanzung Europ. Vogel. Stuttgard, 1840. Format in-24
»
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 49
qui pondent sur la terre même, ont la Coquille plus épaisse,
plus forte et plus dure.
» Les monstruosités ne se bornent pas à la Forme de l'OEuf;
on en remarque aussi relativement à l’intérieur et à l’enve-
FL ELPETE On ne connaît pas encore l’origine des teintes de l'OEuf :
on présume à la vérité qu’elles sont produites chimiquement
par la décomposition du sang dans l'Oviducte; maïs ce n’est
qu'une hypothèse, et elle est détruite par tant de faits oppo-
sés qu’il faut y renoncer.
S LHARUEE A peu d’exceptions près, il est cependant de fait que
tout dans la nature organique repose sur une loi bien déter-
minée, comme par exemple le nombre, la grandeur, la
Forme, etc. Nous devons appliquer la même conséquence aux
couleurs des OEufs. Nous ne devons pas admettre ce phéno-
mène comme un jeu arbitraire de la nature créatrice, mais le
rapporter à une loi immuable, loi inconnue à la vérité et
qui peut-être le sera longtemps encore, mais qui n’en existe
pas moins.
» L'influence de la chaleur et de l'air, dans un certain rap-
port, paraît chose assez évidente : on n’a qu’à voir les cou-
leurs des animaux dans les climats chauds ; celles-mêmes du
Règne Végétal; puis les couleurs pâles des animaux réduits à
vivre dans l’état de captivité; les robes d’hiver et des divers
âges des animaux ; l’étiolement des plantes et des fleurs privées
d'air ou de lumière; et, pour en revenir au sujet qui nous
occupe, le changement de couleur des OEufs d'Oiseaux,
quand ils ont subi l'effet de l’incubation ou sont vides. Mais
comment ces causes procèdent-elles? Gette question est encore
indécise; toujours est-il assez probable que c’est par voie
chimique. »
Mais dans l’intervalle écoulé entre ces deux Publications, et à
pe
»
50 PREMIÈRE PARTIE.
la date de 4839, Alc. d’Orbigny, prêtant son utile et savant con-
cours à M. Ramon de la Sagra pour son Histoire physique,
politique et naturelle de l'Ile de Cuba , en avait rédigé l’Orni-
thologie, qu'il accompagna de figures exactes des OEufs de la
plupart des Oiseaux de cette Ile, entre autres de celui du Cour-
lan, Aramus Guarauna, qui paraissait alors pour la première
fois, dessiné par lui-même sur ceux qu'il avait rapportés de son
Voyage au Paraguay, et dont nous devions bientôt nous rendre
acquéreur.
Puis est venu l'Ouvrage de Meyer : Ulustrations des Oiseaux
de la Grande-Bretagne et de leurs Œufs (1), qui, commencé
en 4841, ne s’est terminé qu’en 4849, Ouvrage parfait d’exécu-
tion en tout point, et pour les Oiseaux qui sont d’une netteté
et d’une exactitude rares, et pour les OEufs, figurés au nombre
de 319 Espèces. Mais, à part les descriptions , l’Auteur n’émet
aucune proposition au sujet de la Science Oologique, qui se
réduit ainsi pour lui, comme pour tous ceux qui s’en sont occu-
pés jusqu'à ce jour, en un complément Biographique de l’his-
toire des Oiseaux.
C’est alors que, fort de nos études qui remontaient déjà à une
vingtaine d'années, fort de notre magnifique Collection d’OEufs,
la plus considérable sans aucun doute qui existât à ce moment,
puisqu'elle renfermait près de mille cinquante (1042) Espèces,
en plus de 3,000 exemplaires, nous avons hasardé nos Mémoires
d’Oologie d’abord dans le Magasin de Zoologie de 1842 et 1843,
avec quelques Planches, ensuite dans la Revue Zoologique de
1843-1844, etc.
Mais, pour en arriver là, en dehors de nos voyages et de nos
recherches personnelles dans les bois et les étangs, ainsi que
sur les côtes, afin de nous procurer nous-même une grande
(1) Illustrations of British PBirds , and their Eggs, by H. L. Meyer. in-8°.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 41
partie de nos OEufs d'Europe, nous avions en outre frappé seul
alors, à la porte de tous les marchands Naturaiistes de Paris :
le digne Verreaux père, Delalande, le frère de l’illustre Voya-
geur, Becœur, Bevallet père, Dupont ainé, Dupont jeune, Bu-
quet, Florent Prévost et Perraut, tous deux attachés au Muséum
de Paris, le premier aujourd’hui l’une des lumières de la Société
Zoologique d’Acclimatation, le dernier acquéreur d’une partie
des Collections de M. Bigot de Préaméneu; Simon, Susemith,
Pardzudaky père, Evans et Deyrolles. C’est ainsi que, parvenus
à l’état de Marchandises dans les Magasins d'Histoire Naturelle,
les OEufs ont fini par conquérir leur importance Scienti-
fique.
Ce n’est pas tout encore; à la suite de ces recherches et de ces
investigations, vinrent nos échanges et acquisitions avec le
Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, dont les réserves nous
furent ouvertes par G. Cuvier, grâce à l’obligeante intervention
de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, réserves occupant alors les
tiroirs qui forment le sous-bassement des armoires des Galeries
Ornithologiques; avec le Baron Benjamin Delessert, pour quel-
ques OEufs de la Havane, qui ont en grande partie servi aux
représentations Oologiques de d’Orbigny dans son Ornithologie
de l'Ile de Cuba; avec ce même Alc. d'Orbigny, pour les OEufs
qu'il rapportait du Paraguay; avec MM. Schultz, de Dresde et .
Pareyss , de Vienne, pour des OEufs de la Grèce et du Nord de
l'Europe; avec le Docteur Pelletan, pour les OEufs du Guatemala ;
avec J. Goudot, pour ses OEufs si rares de la Nouvelle-Grenade ;
avec nos excellents amis Jules et Edouard Verreaux, pour leurs
OEufs des Philippines, du Cap de Bonne-Espérance, et surtout
pour ceux de la Nouvelle-Hollande, dont le premier a enrichi le
Muséum de Paris; avec l’habile Gould, aussi pour les OEufs de
cette dernière partie du monde; avec M. Klaussen, conservateur
du Musée Impérial de Rio-Janeiro, pour les OEufs du Brésil ;
UNIVERSITY OF
ILLINOIS LIBRARYX
>. 4 ÿ FA
52 PREMIÈRE PARTIE.
avec le fameux Docteur Smith, de Londres, pour ses OEufs du
Cap; avec MM. Crespon, de Nismes, et Degland, de Lille; avec
l’obligeant Schleghel, de Leyde, aujourd’hui digne Successeur
de Temminck, à la direction du Muséum Néerlandais; avec
M. Hardy, de Dieppe, le bon Thienemann, de Leipsick, le
Pasteur Bourrit, de Genève, le Baron de la Fresnaye, notre seul
Ornithologiste en France, avec le regrettable Lesson, enfin avec
le Docteur Lherminier, de la Guadeloupe, pour les OEufs de la
Côte-Ferme et des Antilles : et pour ceux de la Pologne, ete., le
Comte de Tyzenhauz, Auteur de l'Ornithologia Powsezchna,
dont nous avons rendu compte dans la Revue et Magasin de
Zoologie, lors de son apparition.
Mais alors aussi existaient déjà ou se formaient les Collections
Oologiques d’Audouin, d'Oscar Leclerc , de M. de Baracé, d’An-
sers, de Thiebault de Berneaud, et de Dumont Sainte-Croix,
de Paris; de Baillon, de J. Delamotte et de G. Perrache,
d'Abbeville; de M. Moquin-Tandon, de Montpellier, avec qui
nous nous rappelons avec plaisir d’avoir été en correspondance
Cologique suivie de 4838 à 4843; etc., etc. Si productive cepen-
dant qu'eût été notre Collection et que le soit encore celle que
nous formons aujourd'hui, nous n'avons pas espéré qu'elle püt
jamais être complète : mais il importait qu’elle fût abondante et
qu’elle précédât, dans tous les cas, le travail de la Classification.
Car ainsi que l’a dit un de nos savants Littérateurs, cela se con-
coit : il faut des faits, avant de les comparer ; il faut des maté-
riaux avant de les coordonner entre eux.
On le voit, si le temps était aux progrès forcés de cette
Branche de la Science par l’affluence des matériaux, il ne l'était
‘pas moins par le nombre des Savants et des observateurs qui
s’en occupaient , et en entretenaient ainsi la vitalité.
Nous ne parlerons que pour mémoire et en passant, d’un Ou-
vrage Allemand de Figures d’OEufs d'Oiseaux d'Europe, d’un
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. 53
Auteur anonyme (1); et de celui de M. Aug. Lefèvre (2) ; Ouvrage
incomplet, puisqu'il ne représente que cent trente-six Espèces
seulement, dont plusieurs mêmes, telles que, par exemple le
Corvus Corax, peuvent paraitre comme plus que douteuses ;
assez soigné, quoique incorrectement peint et dessiné; et qui,
malgré l’heureuse idée de son Auteur et faute peut-être d’encou-
ragements suffisants, n’a pas donné tout ce qu’on en pouvait
attendre.
De ce moment s'ouvre une ère nouvelle pour l’Oologie. Les
Collections d’OEufs rapportés de l'Amérique du Sud et du Para-
guay par d’Orbigny; des Possessions Néerlandaises dans l'Inde,
par S. Müller; de l'Australie par Gould et par J. Verreaux ;
celle que nous avions formée à si grands frais nous-même; et
celle composée par Thienemann, firent comprendre que tout
l'intérêt de cette Science n’était pas dans la seule connaissance et
dans la reproduction incessante , depuis près de deux siècles,
des mêmes Espèces Européennes, qu’il fallait y rechercher des
éléments de comparaison dans l'OEuf des Oiseaux des autres
contrées du Globe. Les rares et quelques OEufs d’Espèces étran-
sères à l'Europe, reproduits dans certains Ouvrages, tels que
l’'Ornithologie de l'Amérique Septentrionale de Wilson, ou
l'Histoire naturelle des Oiseaux d'Afrique de Levaillant, témoi-
gnaient à la rigueur de ce besoin.
Sous l'influence de cette pensée, sous l'impression de nos
Travaux Oologiques, et grâce à des Etudes comparatives des
principales Collections Oologiques, notamment de la nôtre,
qu'il était venu consulter si souvent et toujours avec fruit,
Thienemann, perfectionnant, comme exactitude de Figures,
et comme accumulation d'Espèces, son premier Ouvrage de
(1) Die Nester und Eier der Vogel, Stuggard, 1843.
(2) Atlas des Œufs des Oiseaux d'Europe , Paris, 1844.
D4 PREMIÈRE PARTIE.
18241 , entreprend en 4845, la Publication aujourd’hui terminée,
moins les textes, de ses belles planches d’OEufs indigènes à
l'Europe auxquels il a eu le premier l’idée de joindre tout ce
qu'il a pu voir et connaître d'OEufs Exotiques. Cet Ouvrage, par
la manière consciencieuse avec laquelle il a été exécuté, et par
la constance ainsi que la persévérance de travail qu'il a deman-
dées à son Auteur, mérite les plus grands éloges. Il est peu pro-
bable que d’autres Oologistes soient tentés de recommencer une
œuvre aussi considérable : car il ne renferme pas moins de
831 Espèces, sur 4,200 connues, représentées par près de
2,000 figures (1,966); que l’on juge à ce chiffre, de la richesse
des variétés par Espèces. C’est ainsi que parfois, pour deux
Espèces seulement, Thienemann donne 24 figures ou variétés.
Ce qui ne mérite pas moins d’éloges, c’est que chose rare en ces
sortes d'entreprises , les dernières Planches sont dignes, en tout
point, des premières et tout aussi soigneusement traitées. Il est
vrai que {outes ont été dessinées et peintes par lui-même : c’est
dire avec toute la netteté et l'exactitude désirables (!). Nous re-
grettons que ces éloges ne puissent lui parvenir que tardivement,
dans un monde meilleur : car ce Savant Oologiste vient de niou-
rir, avant d’avoir pu mettre la dernière main au complément de
son texte, qui n’en paraîtra pas moins prochainement par les
soins de ses Amis et de son Éditeur.
Sous la même impression, et la même année, le Baron de la
Fresnaye publia son Article intitulé : Comparaison des OŒEufs
des Oiseaux avec leurs Squelettes, comme seul moyen de recon-
naître la cause de leurs différentes Formes (?); article reposant
en grande partie sur l’idée que nous avions émise le premier,
(1) Fortpflanzungsgeschichle der gesammien Vogel nach dem gegenwar-
ligen Slandpunkle der Wissenschaft. Leipsig, de 1845 à 1856.
(2) Revue Zoolog. Mai 1845.
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. DD
dès 4842 (l), de l'influence de la configuration et de la structure
du squelette des Oiseaux sur la Forme normale de leur OEuf, et
qui n’a été que le développement de cette proposition , la même
que celle de Buhle et de Thienemann, et, par conséquent, sa
confirmation et sa justesse. Bientôt après, et à la suite d’une
Étude de notre Collection, le même Savant publie un autre
Article sur l’ensemble de coloration que présentent les OEufs
d’une même Famille. (2)
De 1845, sauf la continuation de la publication de Thiene-
mann; sauf aussi un Catalogue systématique des OEufs des
Oiseaux de la Grande-Bretagne publié par le Rév. M. Malan (à),
il y a absence complète de publications Oologiques:; et comme
une espèce de halte présageant une nouvelle reprise, qui n’a pas
en effet tardé à éclater de toutes parts.
En Allemagne paraît un nouvel Ouvrage sur les OEufs d’Eu-
rope, parfait de figure et d'exécution et ne pouvant rivaliser
qu'avec celui de Thienemann (4). Cette publication semble ré-
veiller la fibre Oologique demeurée si longtemps et d’une manière
si regrettable endormie chez le docte M Moquin-Tandon, qui n’a
pas encore terminé la série de ses descriptions si minutieuse-
ment exactes des OEufs de l’Europe (5). Nous ne lui dissimulerons
cependant pas que nous eussions mieux aimé, avec l'autorité que
lui donne sa haute position Scientifique, lui voir employer tout
le temps qu’il y a consacré et qu’il y consacrera sans doute en-
'
(1) Magas. de Zool. 1842-1843, et Rev. Zoo!. 1844.
(2) Rev. Zool. 1847 ou 1848.
(3) À. Systemalic Catalogue ot the Eggs of British Birds. Arranged with
a view to supersede the use of labels for Eggs. — By the Rev. S. C. Malan.
M. A. Vicar ot Broadwindsor, Dorset-London 1848.
(4) Die Eïer der Europeischen Voegel von. F. N. J. Baedeker, Leipsig,
1858-1859.
(5) Rev. et Mag. de Zool. 1857 et 1858.
21
6 PREMIÈRE PARTIE.
core, à une application de ses Connaissances Oologiques plus
sérieuse et plus profitable à la Science. Jr
En Angleterre, au moment où nous écrivons, M. Sclater, qui
chaque jour rend tant et de si grands services à la partie Mono-
graphique de lOrnithologie, fait paraître le premier numéro
d’une Revue destinée à remplir avec avantage le vide laissé
par la cessation des Contributions of Ornithology de Jardine,
dans lequel se trouvent la description et la figure de plusieurs
OEufs rares ou curieux tant d'Europe que d'Afrique, dues à
M. Hewitson, qui paraît vouloir ainsi continuer laborieusement
et compléter son œuvre de 1832, sans parler d’une seconde
édition de son premier travail.
En Amérique, nous pouvons annonger avec joie l’apparition,
pour la première fois, d’une Oologie étrangère enfin à l’Europe,
et exclusivement consacrée aux Oiseaux de l’Amérique Septen-
trionale (1). /
Mais ce n’est rien encore, ce Livre , supérieurement exécuté,
va être suivi d'une autre Publication qui effacera sans aucun
doute ses rivales, si parfaites qu’elles puissent être. Nous vou-
lons parler d'une Oologie Australienne complète que prépare
depuis longtemps l’étonnant Artiste, l’inépuisable Ornithologiste
J. Gould , dont nous nous rappelons avoir vu chez lui plusieurs
dessins originaux , dans un voyage que nous fîimes à Londres, et
qu'il ne tardera pas à faire paraître, d’après une lettre que nous
sommes fier d’avoir reçue de lui dernièrement.
Tel est, en résumé, l’état de la Science de l’Oologie, au com-
- mencement de l’année 4859, après un demi-siècle d'existence
véritable. Ce sont, il faut l'avouer, si incessants qu’ils aient été,
des progrès un peu lents, par le temps qui court. Mais il est
(4) Nort American Oology ; being-an Account of Geographical Distribution
of the Birds of North America during their Breeding Season, With Figures
and Descriptions of their Eggs. By T. M. Brewer mars, 1859,
BIBLIOGRAPHIE OOLOGIQUE. D7
évident qu’à l'heure qu'il est, son plein essor est donné à
l’Oologie, et qu’elle prend rang , dès aujourd’hui, comme Bran-
che indispensable et complémentaire de l'Ornithologie. Il nous
est également démontré qu’à l'avenir aucun Méthodiste ne
voudra marcher d’un pas ferme et sûr, dans la voie si obscure et
si glissante de la Classification , sans l’aide de ce flambeau.
Nous pensons avoir suffisamment rempli cette première partie
de la tâche que nous nous étions imposée, en présentant aux
Oologistes ce bref aperçu Bibliographique que nous n'avons
rencontré nulle part dans le cours de nos travaux ; et nous ai-
mons à croire qu'à part les erreurs ou les omissions inévitables,
il aura son utilité pratique pour tous ceux qui, après nous, vou-
dront , avec plus de talent, plus de science, et partant plus de
succès , entreprendre un semblable travail général plus complet,
sur une matière qui promet de si féconds résultats.
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DEUXIÈME PARTIE.
#8 —
DÉTERMINATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES.
"TT O————
CHAPITRE [°.
2 der.
DÉFINITION DE L'OŒUF CHEZ LES OISEAUX EN GÉNÉRAL.
Il ne sera peut-être pas hors de propos, avant d'entrer en
matière, de chercher à mettre d'accord entre eux les divers
Auteurs qui, parlant de l'OEuf, chez les Oiseaux, d’une manière
plus ou moins spéciale , en ont donné la définition, chacun à sa
manière , et d’harmonier celles qu’ils en ont faites.
Gili (1) le définit : « Un corps organisé, rempli de substances
» fluides contenues dans des tuniques membraneuses , et renfer-
» mées dans une Coquille.»
L’Abbé Bonnaterre (?), tout en disant, comme Buffon, que la
conformation extérieure d’un OEuf d'Oiseau est trop connue pour
qu’il soit nécessaire d’en donner la description, le définit cepen-
dant ainsi : « Un corps, tantôt Rond, tantôt Ovale, qui se forme
» dans le corps de la femelle de ces Animaux et qui, sous une
» écaille qu'on nomme Coque, renferme un petit Animal de
(1) Agri Romani Historia Naturalis, tres in parles divisa. Ornithologia.
Romä, in-12, 1781.
(2) Nouv. Encyclopédie Méthodique. Paris, 1790.
60 DEUXIÈME PARTIE.
» méme espèce, dont les parties se développent et se dilatent
» par l’incubation. »
Parmentier (1) et Virey (?) traitant en général, mais dans un
but d'économie rurale et domestique , des OEufs des Oiseaux de
basse-cour, se conformant en cela à l'opinion première émise
par Aristote (3) : « Comme des matrices renfermant non seule-
» ment un embryon, mais encore la quantité de nourriture dont
» le petit Animal qui doit naître aura besoin, lorsque par l'effet
» de l’incubation, il prendra du développement et de l’accrois-
» sement. »
M. Moquin-Tandon (‘) appelle OEuf, dans les Oiseaux : « le
» corps qui se forme chez les femelles de ces Animaux, et qui,
» sous une enveloppe calcaire, plus ou moins épaisse, friable,
» blanche ou colorée, renferme un Animal de même nature,
» dont la chaleur seule peut grossir et développer les parties. »
Ces deux dernières définitions , quoique générales, nous servi-
ront à en établir une, un peu longue, il est vrai, mais par cela
même plus complète que les deux premières , et qui sera mieux
en rapport avec notre manière d'envisager l'OEuf, spécialement
et exclusivement chez les Oiseaux , en sorte que nous le défini-
rOnS :
Un corps tantôt Rond, tantôt Ovale ou Ellipsoïdal, et plus ou
moins Pyriforme, qui prend naissance dans les femelles de ces
Animaux , et qui, sous une enveloppe composée d’une matière
calcaire plus ou moins épaisse et friable, blanche, bleuâtre ou
verdâtre intérieurement, et colorée extérieurement de diverses
nuances , suivant les Espèces, renferme non seulement la subs-
(1) Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle appliquée aux Arts , ele.
Ed. Deterville ; 1803. Ve Œuf.
(2) Nouv. Dict. d'Hisl. nalur. ele. 1828, Vo Œuf.
(3) De yeneralione Animalium, ele.
(4) Annales de la Société Linneenne de Paris, 1824.
(CARACTÈRES OOLOGIQUES. 61
tance suffisante à l'embryon , chez ces Vertébrés, mais encore la
quantité de nourriture dont le petit Animal qui en doit naître a
besoin , lorsque par l’effet de l’incubation , il a atteint son déve-
loppement et n’a plus qu'à percer sa fragile prison pour en
sortir.
Trois choses principales sont à examiner dans l’OEuf, tel que
nous le considérons :
40 Sa Forme;
20 La nature de sa Coquille ;
30 Les Couleurs qui la distinguent.
C’est faire suffisamment comprendre que nous nous bornons
à la Physiologie de l'enveloppe calcaire du produit Ovarien des
Oiseaux.
Partant de là, et nous appropriant les propres paroles par les-
quelles Gunther commence l'exposé de ses considérations sur
les OEufs des Oiseaux :
« Nous dirons de suite à nos Lecteurs de ne pas s'attendre à
trouver ici un Traité Anatomique et Physiologique des OEufs;
ou des recherches sur leurs diverses pellicules et les liquides qui
y sont renfermés ; sur la fécondation , la formation et le progrès
journalier du Couvain, jusqu’à sa délivrance de la Coquille , etc.
Tout cela a déjà été dit maintes et maintes fois ; tout cela a déjà
été démontré par de scrupuleuses observations dues à des hom-
mes d’un grand savoir. Nous renvoyons nos Lecteurs, à cet égard,
aux Ouvrages spéciaux de Harvey (1), Malpighi (2), Réaumur (3),
Buffon (4), et de l’incomparable Bonnet (5). Nous nous propo-
sons de considérer les OEufs dans leur configuration extérieure.»
(1) Wilhelmi Harvei Angli, de Generatione Animalium Exercitationes.
Edilio nova, Ludg.-Batav. 1737. Ejusd. Langliüi ef Schraderii Observ. de
Generet. Animal. et Ovo incubato, 12 Amsteladamis, 1674.
(2) Marcelli Malpighi, de Formatione pulli in Ovo. 4, Londini, 1670.
(4) Histoire générale de la Nature, elc.
(5) Bonnet. Contemplation de la nature , ete.
(=)
Lo]
DEUXIÈME PARTIE.
2 2.
DE LA FORME DE L'OŒUF ET DES MODIFICATIONS QU'ELLE ÉPROUVE.
La Forme de lOEuf varie depuis la Sphère la plus parfaite
jusqu'à l’Ovale le plus allongé et l’Ellipse la plus aigüe. Cette
variation à été remarquée par la plupart des Auteurs qui ont
traité de l’OEuf des Oiseaux ; mais tous, en en parlant, ayant eu
plutôt un but de curiosité que d'utilité pour la Science Ornitho-
logique, l'ont attribuée à un pur caprice de la Nature. Guettard
lui-même, Conservateur du Cabinet du Duc d'Orléans, et Mem-
bre de l’Académie des Sciences, qui écrivait sur ce sujet, à une
époque où les matériaux , sans être aussi répandus qu'aujour-
d'hui, ne manquaient pas, pour lui surtout qui avait sous les
yeux la riche Collection de Nids et d’OEufs d’Oiseaux du célèbre
De Réaumur, n’a pas craint de hasarder cette proposition : « Ge
» n'est pas, dit-il, par leur Forme, il faut l'avouer, qu’ils peu-
» vent attirer notre attention; une Forme parfaitement ou pres-
» que entièrement ronde, ou un peu plus où un peu moins
» allongée par un bout que par l’autre, n’a rien qui puisse four-
» nir un motif bien puissant pour déterminer à former une
» Collection d'OEufs. » Steller, suivi en cela par Klein, et après,
Lapierre, sont les premiers qui aient soupçonné que la variation
de Forme dont nous parlons, loin d’être fortuite ou accidentelle,
était au contraire régulière, et que chaque grande Coupe d’Oi-
seaux avait en quelque sorte sa Forme d’OEufs particulière.
Elle est en effet constante chez les individus d’un même
Groupe : toujours Sphérique chez les uns; Ovalaire chez les
autres ; figurant chez ceux-là, et c’est le plus petit nombre, un
Cylindre plus ou moins allongé, avec les deux extrémités arron-
dies ou, pour mieux dire, convexes ; représentant chez ceux-ci
la Figure à laquelle on a donné leur nom , Ovoïde; enfin elle
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 63
t
est chez plusieurs très-aigüe d’un bout et obtuse de l'autre; et
chez quelques-uns , renflée vers le milieu de leur longueur, et se
terminant en pointes plus ou moins arrondies par leurs deux
bouts. Ces six sortes de configurations sont les principales et
les seules vraiment caractéristiques pour les Groupes d'Oiseaux
chez qui elles se rencontrent ordinairement; mais on re-
trouve dans les divers genres qui composent cette Série Zoolo-
gique, toutes les nuances de Forme intermédiaires, et tous les
degrés de transition de l’une à l’autre, ce qui n'arrive alors
qu’accidentellement et par exception au principe général que
nous venons de poser. Nous suivrons , pour indiquer les Ordres
ou les Genres aux OEufs desquels est particulière chacune de ces
Formes, l'ordre dans lequel nous les avons énoncées; et afin
d'éviter des répétitions ou des périphrases inutiles ; nous les dési-
gnerons par les dénominations suivantes : do Sphérique ; 20 Ova-
laire; 3° Cylindrique; 4° Ovée; 5° Ovoïconique ; et 60 Ellip-
tique; ce qui nous fournira, parmi les OEufs, quant à leur
Forme naturelle, six divisions distinctes.
A la première de ces divisions, celle des OEufs de Forme
Sphérique, se rapportent :
4o Ceux de tous les Rapaces Nocturnes, à l'exception des
Strigidæ , ou Effrayes, dont l'OEuf rentre dans la Forme Ovée ;
20 Ceux des Spheniscidæ ou Gorfous, qui inclinent parfois à
la Forme Ovalaire. /efansse a la forme odoeonipne rer -tffuse
Dans la Seconde division, celle des OEufs de Forme Ovalaire,
se rangent :
40 Ceux de tous les Rapaces Diurnes, dont les Cathartes et le
Messager affectent, pour leur OEuf, la Forme Ovée et même
celle Ovoiconique ;
20 Ceux de tous les Musophagidæ ou Touracos ;
30 Ceux. de tous les Psittacidæ ou Perroquets , dont plusieurs
cependant accusent la Forme Ovée ;
64 DEUXIÈME PARTIE.
40 Ceux de tous les Trogonidæ ou Gouroucous;
50 Ceux de tous les A/cedinidæ ou Martin-pêcheurs ;
60 Ceux de tous les Heropidæ ou Guëêpiers ;
7e Ceux de tous les Caprimulgidæ ou Engoulvents, à l’excep-
tion du Guacharo ou Sfeatornis, dont l'OEuf est de Forme Ovée;
80 Ceux de tous les Trochilidæ ou Oiseaux-Mouches; /
90 Ceux de tous les Columbidæ ou Pigeons ;
40° Ceux de la plupart des Tetraonidæ ou Tétras, dont plu-
sieurs atteignent la Forme Cylindrique ;
440 Ceux de tous les Tinamidæ ou Tinamous:
420 Ceux de tous les Otidæ ou Outardes ;
130 Ceux de tous les OŒEdicnemidæ ou OEdienêmes ;
440 Ceux de tous les Cursoriidæ ou Courre-Vites ;
45° Ceux de tous les Turnicidæ où Turnix ;
460 Ceux de tous les Séruthionidæ ou Autruches et Casoars;
170 Ceux de tous les Rallidæ, Râles, Poules-d’eau et Porphy-
rions; les Parridæ ou Jacanas prenant la Forme Ovoïconique ;
180 Ceux de tous les Penelopidæ ou Pénélopes ;
4190 Ceux de tous les Anatidæ ou Cygnes, Oies ou Canards ;
200 Ceux des Procellaridæ ou Longipennes, Grands-Voiliers.
La troisième division, celle des OEufs à forme Cylindrique
renferme jusqu’à présent les OEufs de la Famille des Megapodiidæ
ou Tavons , Mégapodes et Talégalles ; et ceux des Pteroclidæ ou
Ptéroclès.
La Forme anormale, que nous n’avons pu appeler autrement
que Cylindrique, n'est ni plus tranchée ni plus remarquable
dans aucune autre Famille de la série que dans celles-ci.
La quatrième division, celle des OEufs de Forme Ovée, est
celle où se trouvent représentés le plus grand nombre de Fa-
milles et de Genres différents ; elle comprend :
40 Les OEufs de presque tous les Passereaux, Zygodactiles ou
autres que nous n'avons pas encore nommés ;
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 65
20 Ceux de tous les Gallipèdes, tels que les Phasianidæ, ou
Faisans; et les Gallidæ, ou Poules;
30 Ceux des Pavonidæ, ou Paons et Dindons ;
40 Ceux de la plupart des Coureurs, tels que les Meleagridw,
ou Pintades ; et les Perdicidæ, ou Perdrix;
5o Ceux de presque tous les Laridæ, ou Goëlands et Sternes,
dont plusieurs reproduisent la Forme Ovalaire.
La cinquième division, celle des OEufs à la Forme desquels
nous avons cru devoir donner le nom d’Ovoïconique, se com-
pose :
40 Des Cariamide, ou Cariamas ;
20 Des Thinocoridæ, ou Thinocores ;
30 Des Charadridæ, ou Pluviers;
40 Des Glareolidæ, ou Glaréoles ;
50 Des Hœmatopodidæe, où Huïitriers
60 Des Recurvirostridæ, ou Avocettes;
70 Des Phalaropidæ, ou Phalaropes;
80 Des Scolopacidæ, comprenant les Bécasses, les Chevaliers,
les Barges et les Courlis;
90 Des A/cidæ, ou Pingouins et Guillemots.
Enfin à la sixième et dernière division, celle des OEufs de
Forme Elliptique, appartiennent :
10 Ceux de presque tous les Totipalmes, tels que : les Peleca-
nidæ, ou Pélicans; — les Tachypetidæ, ou Frégattes; — les
Sulidæ, ou Fous; — les Plotidæ, ou Anhingas ; — et les
Phalacrocoracidæ, où Cormorans ;
20 Ceux des Podicepidæ, ou Grèbes;
30 Et ceux des Colymbidæ, ‘ou Plongeons.
- Voilà, pour le détail de la nomenclature des Ordres et des
Familles auxquels est propre chacune de ces Six Formes.
Si l’on veut, après cela, examiner d’une manière générale et
un peu plus méthodique, la répartition de ces Formes dans la
6
66 DEUXIÈME PARTIE.
Classe des Oiseaux, on en aura une idée par le Tableau suivant,
dressé pour exemple , conformément à l'enseignement de M. Isid.
Geoffroy Saint-Hilaire :
SEMI-PENNES (exceptionnellement Eliptique).
RAPACES . LATE IAA »8 PA
ASSEREAUX (exceptionnelt Ovalaire L } 5 [2
: P° 9 Ovée. ETS
Gazzinacés (exceptionnelt Cylindrique) £ VE
. ’ .. . >
Ecrassrers (except Ovalaire et Ovée). : Ovoïconique. |S ce
PazmrrÈDes (exceptionnelt Ovoïconique et Elliptique).
mENNES./ re er ot at a AANOE
Ainsi, comme on le voit d'après ce Tableau, que nous ne
donnons pas comme d’une exactitude rigoureuse, encore moins
d’une généralité absolue, il y aurait, dès le début, une coïnci-
dence assez remarquable entre la manière dont se répartissent
les Formes Ovalaire et Sphérique parmi les quatre Ordres ex-
trêmes de la Classe des Oiseaux, et la disposition méthodique
adoptée pour la division de cette même Classe. Une autre coïn-
cidence est surtout frappante, c’est le rapport d’une de ces
Formes, celle Ovalaire, avec les habitudes de gloutonnerie des
Oiseaux qui composent les deux Ordres extrêmes subséquents
des Rapaces et des Palmipèdes , habitudes qui font véritablement
de ces derniers les représentants, sur les eaux, des premiers
sur la terre.
Il en résulte aussi la démonstration la plus évidente de cette
erreur qui a fait passer en quelque sorte de convention que la
Forme Ovée était celle générale des OEufs, et a, par suite, fait
donner leur nom à cette Forme conventionnelle. Idée d'autant
plus fausse, que rien n’est moins arrêté , ni plus sujet à varier
que la Forme chez les OEufs ; puisque, d’une part, sur sept
Ordres, la Forme Ovée ne s'applique généralement bien qu’à
(1) Voir Magasin de Zoologie de 1842, 5° livr., Oiseaux, PI. 25.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 67
deux ; et que , d’une autre part, les OEufs, sous le rapport de la
Forme proprement dite, présentent, ainsi qu’on l’a vu, six Types
parfaitement distincts et différenciés.
Ces Formes sont celles données à l’OEuf par la Nature, et
qu’elle a mises en rapport avec l'emplacement et la position qu’y
doit occuper l'embryon. Car en revêtant d’une enveloppe solide
les parties fluides et rudimentaires dont il est formé, elle n’avait
pas, ainsi que l’a fort bien fait remarquer Lapierre, à s'occuper
uniquement de trouver le moyen de préserver ces éléments de
germe de tout contact et de toute lésion extérieure ; elle devait
encore penser au moment où ce germe, en se développant sous
l'influence de l’incubation, aurait besoin de l’espace nécessaire à
son accroissement, à ce moment où, prenant dans de petites
dimensions , la Forme qu'il conservera durant son existence, et
dans l'OEuf, et après sa sortie de ce corps, il devra remplir
exactement l'intervalle circonscrit par sa fragile prison, et, par
conséquent, la trouver en rapport avec la Forme à laquelle il
sera lui-même alors assujetti. D’ailleurs, la grande Famille des
Oiseaux devant, dans le système de la Création, être comme
toutes les autres Familles Zoologiques, composée d’une quantité
innombrable d'individus calqués sur le même type original,
mais avec des modifications infiniment variées, qui devaient en
faire autant d’Ordres, de Genres ou d’Espèces, la nature ne
pouvait établir une figure uniforme ou invariable pour l’enve-
loppe calcaire de ce produit Ovarien. Car, jamais le fœtus d’un
Oiseau de proie, dont le caractère distinctif est d’avoir la tête
et tout l'ensemble cervical d’un volume considérable et de forme
globulaire, l'appareil sternal dans les mêmes proportions, et le
corps trapu et ramassé, n'aurait pu se développer dans l’espace
étroit et resserré d’une Coquille Elliptique, comme celle de
l'OEuf du Grèbe, ou d'une coquille Ovoïconique, comme celle
de l’OEuf du Pingouin. De même, le fœtus d’un Grèbe ou d’un
68 DEUXIÈME PARTIE.
Pingouin , dont un des caractères est d’avoir la tête, le sternum,
ainsi que tout l’ensemble du corps on ne peut plus allongés,
n'aurait pu atteindre son développement, toute proportion
gardée, quant aux dimensions, dans la Coquille Sphérique des
OEufs des Rapaces nocturnes, ou dans celle des OEufs de Gor-
fou ou Sphénisque. La structure même du Sternum, nous le
répétons, modifiée selon leurs différents modes de vivre, s’op-
posait à l’uniformité de la configuration de leurs OEufs, laquelle
est en quelque sorte subordonnée à celle de la charpente
Ostéologique, et en suit toutes les variations, ainsi que l’a
surabondamment démontré le Baron de la Fresnaye, dans le
développement qu'il a fait de nos idées sur ce point (1), et qui
est la démonstration la plus complète de notre Système (2),
comme celui-ci est la consécration du système de de Blainville
et de Lherminier. Nous ne nous étonnons que d’une chose,
c'est que son Mémoire n’ait pas eu en France, dans les som-
mités de la Science, l’écho qu’il devait avoir et qu'il méritait.
Faut-il donc de toute nécessité que les idées nouvelles n'arrivent
à la publicité que par la voie officielle de l’Institut ou du haut
d’un Fauteuil Académique , pour produire la lumière dans notre
pays!
| Cest ainsi, pour en revenir à notre sujet, que la Forme
Ovalaire, dévolue aux OEufs des Rapaces diurnes parmi les
Accipitres, et à ceux des Procellaridés parmi les Palmipèdes,
déjà en rapport avec la voracité des uns et des autres, se trouve
également en rapport avec le caractère Zoologique plus impor-
tant du développement du Sternum et de la crête sternale: et
(1) Revue Zoolog. de la Soc. Cuvié. 1845. Comparaison des Œufs des
Oiseaux avec leurs Squelettes, comme seul moyen de reconnaître la cause
de leurs différentes formes.
(2) Magasin de Zoolog. 1842. Ovographie Ornithologique , de la Forme
de l'Œuf et des modifications qu'elle éprouve.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 69
vient par là donner une sanction de plus au Système de de
Blainville et de Lherminier.
Ces rapports ne sont ni moins remarquables, ni moins
conformes à ces principes chez les Oiseaux de haut-vol, tels
que les Rapaces et les Grands-Voiliers Palmipèdes, d’une part;
et les Trochilidés ou Oiseaux-Mouches de l’autre : les OEufs
de ceux-là et de ceux-ci étant de Forme Ovalaire (excep-
tionnellement Sphérique), ou de Forme ÆElliptique, chez ces
derniers.
Le caractère constant et spécial de la forme de l’OEuf se re-
trouve même jusques dans deux Ordres bien différents de la
Série , les Psittacidés, dont nous avons déjà parlé, et les Colom-
bidés, Ordres si éloignés l’un de l’autre. Et cependant quoi de
plus naturel que la Forme Ovalaire pour l'OEuf d'Oiseaux qui,
comme les Perroquets, ont tout le système encéphalique et
toutes les pièces sternales aussi développés qu'on les voit chez
. les Rapaces! Et quant aux Pigeons, la nécessité même où les
découvertes si ingénieuses et les raisons de de Blainville et de
Lherminier ont mis les Ornithologistes d’en créer un Ordre à
part, adopté depuis eux, ne justifie-t-elle pas la Forme Ovalaire
départie à leurs OEufs ?
D'un autre côté, les rapports de la Forme de l’OEuf entre les
Rapaces Nocturnes et les Spéniscidés, n’ont pas moins de valeur
relative en ce sens, que l'exception qui existe ici pour des Oi-
seaux non seulement exclusivement nageurs, mais sous-marins,
puisque les rames, dont leurs ailes remplissent les fonctions, leur
servent plus que les membranes de leurs pieds , existe également
dans la construction du Sternum, et semble contredire le prin-
cipe d’après lequel l’aptitude au vol est en raison directe du déve-
loppement du Sternum et de l’élévation de sa crête. Mais, comme
l’observe fort bien Lherminier : « Il est vrai que les Pingouins
» et les Manchots, qui ne volent que peu ou point, ont une
70 DEUXIÈME PARTIE.
» crête sternale beaucoup plus développée qu’elle ne semblerait
» devoir l’être au premier coup d'œil; mais cette contradiction
» n’est qu'apparente et s'explique, quand on songe que ces
» Oiseaux, qui quittent peu la mer et qui y nagent submergés
» à la façon des Poissons, avec lesquels on les confond quelque-
» fois de loin, se servent de leur aîle comme d’une véritable
» nageoire, et se meuvent dans un milieu bien plus résistant
» que l'air. »
On a remarqué que, dans notre Tableau, figurent seulement
quatre des six Formes normales que l'étude des OEufs nous a
fait reconnaître. Quant aux deux autres, les Formes Cylindrique
et Elliptique, quoique bien caractérisées, elles peuvent, sans
rien perdre de leur valeur réelle, n'être considérées, en compa-
raison des quatre autres, que comme exceptionnelles, sous le
rapport relatif au petit nombre de Familles auxquelles elles
sont propres.
Leur importance cependant n’est pas moins intéressante par
le résultat auquel elles conduisent, car chacune d’elles vient
confirmer le mode de procéder des Méthodes à peu près una-
nimes. Ainsi les Tavons ou Mégapodes , et les Talégalles sont
placés généralement dans la même Famille : la Forme des OEufs
de chacun de ces Genres devient la consécration de ce classe-
ment ; car ils sont de la Forme que nous avons appelée Cylin-
drique, c'est-à-dire figurant une Ellipse allongée, comprimée
par conséquent à son centre, et arrondie également à chacune
de ses extrémités. |
De même encore : les Pélicans, les Cormorans et les Anhingas
sont placés dans la même Tribu. Or la Forme de leurs OBufs est
d'une concordance parfaite avec ce groupement ; car ils sont de
Forme Elliptique.
Avant de quitter cet ordre de considérations tirées de la Forme
de l’OEuf, telle que nous venons de l’envisager au point de vue
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 71
Scientifique, et ainsi réduite à quatre figures ou Types normaux,
nous croyons utile de consigner une observation.
Il y a un fait de Zoologie remarquable, quant à la Forme de
l’OEuf, et qui démontre combien elle est normale et se prête au
vœu de la Nature dans le rang de la création ou apparition suc-
cessive, à la surface du Globe, des différents Groupes des
Oiseaux. C’est celui-ci :
Si l’on veut, par exemple, abandonnant pour un instant la
Classification Méthodique telle qu’elle est adoptée depuis l’ori-
gine de la Science, et telle qu’on l’enseigne' aujourd’hui, la
retourner, conformément à quelques idées philosophiques Alle-
mandes, qui sont aussi celles de Toussenell, en commençant par
le plus imparfait, le moins complet, et très-probablement le
premier des Oiseaux de la création, le Sphénisque ou Gorfou ,
voilà ce que l’on observe au sujet de la Forme de l'OEuf, et en
redescendant successivement aux Alcidés par les Podicepidæ ou
Grèbes, et les Colymbidæ ou Plongeons.
Les Spleniscidæ, qui sont les Impennes de M. Isid. Geoffroy
Saint-Hilaire, et les Ptilopteri du Prince Ch. Bonaparte , ont leur
Sphérique, pour parler comme le Baron de la Fresnaye. /
De cette Forme on arrive à celle Elliptique par les Podicepideæ
ou Grèbes.
De celle-ci à la Forme Ovalaire allongée ou Ellipso-conique
par les Colymbidæ ou Plongeons ;
Et enfin à notre Forme Ovoiconique par les Alcidæ, c’est-à-
dire par les Guillemots et les Pingouins.
Il est impossible de voir une modification de Forme Oologique
plus en rapport avec la modification de la Forme Zoologique.
Or, si l’on réfléchit que la Forme primitive et génératrice de
toutes les autres Formes produites ou données par la ligne
courbe, est la Forme Globulaire ou Sphérique ; que cette Forme
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P #37
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OEuf de Forme Sphérique, inclinant parfois vers celle Ellipso- °°°"
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72 DEUXIÈME PARTIE.
est celle du produit Ovarien de la Famille de Vertébrés la plus
rapprochée de la Classe des Oiseaux , des Chéloniens , par exem-
ple, ou Tortues ; la conclusion à tirer de cette observation, est
que l’idée Allemande pourrait bien avoir raison de la Méthode
actuelle; et, dans tous les cas, c'est que la Forme de l'OEuf,
chez les Oiseaux, a, comme élément de Classification, une
importance que l’on ne saurait nier; en définitive , le résultat est
le même, que l’on commence ou que l’on finisse la Série Orni-
thologique par les Spheniscidæ, ces Phoques des Oiseaux,
comme les appelle si bien le Prince Ch. Bonaparte.
Tout ce que nous voulons prouver, c’est que tous les cas par-
ticuliers que nous avons établis et démontrés, relativement à la
Forme de l'OEuf, ont été prévus par la Nature; et que, pour
arriver à son but, outre les modifications extérieures qu'elle a
fait subir à chaque individu de la nombreuse Classe des Oiseaux,
pour en différencier les Ordres, les Genres et les Espèces, elle
leur en a fait subir d’intérieures, afin de rendre constante chez
les individus de chacun de ces groupes la Forme nécessaire à
leur germe, pour en faciliter et protéger l'accroissement ou le
développement.
Mais, par cela même que ces Formes sont nécessairement
fixes dans toutes les Espèces d’un même Genre, ou dans tous les
Genres d’une même Famille , chez lesquels elles se rencontrent,
il ne s’en suit pas qu’elles ne puissent jamais éprouver aucune
déviation : toute règle suppose quelque exception. Or, ces Formes
au contraire ne sont pas sans varier et sans éprouver quelque-
fois, mais dans des cas particuliers et assez rares, des altérations
sensibles et même surprenantes, altérations qui ont souvent fixé
l'attention des Savants; et dont il est facile, ainsi que le dit
Buffon (!), de se rendre raison d’après l'histoire de la formation
(4) ist. Nat des Ois. Coq.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 73
‘de l'OEuf. En effet, ce corps étant le produit, le résultat d'un
moule, il doit supporter les conséquences du mode de sa forma-
tion, et être soumis à tous les accidents auxquels est exposé le
moule même dont il reçoit la figure.
Parmi ces altérations, celles-ci ont lieu durant le séjour de
V'OEuf dans l’Oviducte; celles-là surviennent pendant ou après
son expulsion de ce canal, et quand la Coquille encore molle et
fraiche est assez souple pour céder soit à l'effort que quelque
dérangement dans l’économie animale peut exciter chez l’Oiseau
lors de cette opération, soit au contact des corps étrangers sur
lesquels il dépose son Ouf, et est néanmoins assez ferme pour
en conserver l'empreinte ou l'impression.
! Ces altérations ou monstruosités atteignent l'enveloppe comme
le contenu de l’OEuf. Elles peuvent se diviser en trois sortes,
ainsi que l’a indiqué Guettard lui-même , se servant à cet égard
de la classification proposée par Buffon pour les monstruosités
chez l'homme : savoir, une pour l'enveloppe, et les deux autres
pour le contenu , distinctions reproduites également par M. Mo-
quin-Tandon (!), en d’autres termes, sous la dénomination
d'Œufs monstrueux à l'extérieur et d'Œufs monstrueux à
l'intérieur. Seulement, au lieu de parler d’abord, à l'exemple
de Guettard , de ces dernières, c'est par elles, comme se rappor-
tant moins à notre sujet, que nous terminerons.
La première est une Monstruosité de Forme. Les OEufs aux-
quels elle s’applique sont ou beaucoup plus, ou beaucoup moins
allongés ou arrondis qu’ils ne le sont communément dans le
groupe d’Oiseaux dont ils proviennent; ou prennent des figures
bizarres et inaccoutumées ; ou offrent des empreintes singulières
encore plus curieuses.
La seconde est, si l’on peut s’exprimer ainsi, une Monstruosité
(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
74 DEUXIÈME PARTIE.
en plus, ou par addition. Les OEufs qui y sont exposés renfer-
ment deux Jaunes, ou deux Blancs; ou un ou plusieurs OEufs
plus ou moins petits, ou des corps étrangers, ou ils ont une
double enveloppe calcaire; ou ils sont d’une dimension beau-
coup plus forte que d'habitude.
La troisième est une Monstruosité en moins, ou par défaut ;
c’est-à-dire, qu’il y a des OEufs qui sont d’une dimension beau-
coup plus petite que celle qui leur est ordinaire; ou bien ils
manquent d’une de leurs parties intérieures, ou de leur coquille;
ou bien cette enveloppe reste membraneuse et ne prend aucune
consistance.
Ces trois sortes de monstruosités, dans les OEufs d’Oiseaux,
ont de tout temps excité la surprise et l’étonnement du vulgaire
qui, ami du merveilleux, leur attribue une cause surnaturelle ;
les hommes instruits eux-mêmes n’y sont pas restés indifférents :
et, quoique l'étude de ces accidents ne soit point d’un très-
grand intérêt pour la Science, c’est cependant la partie de
l’'Oologie Ornithologique la plus féconde et la plus ressassée, si
l’on peut s'exprimer ainsi. Mais les Ouvrages qui en citent de
nombreux exemples étant rares et peu répandus, nous ne
croyons pas sortir de notre plan, en nous étendant légèrement
sur cette matière qui ne peut manquer d’intéresser les Amateurs
de Collections Oologiques. Si, malgré nos efforts, nous sommes
encore prolixe, nous le devrons à l’abondance du sujet : car on
conçoit qu’une fois la possibilité de semblables phénomènes
admise et reconnue chez la Nature , elle en doit varier l'effet à
l'infini, en telle sorte que cette mine, quelqu’exploitée qu'elle
soit, sera toujours inépuisable pour les Savants et Les curieux,
puisque son génie créateur n’a point de bornes.
Il ne faut pas croire toutefois que ces difformités qui, jusqu'à
présent , ne paraissent avoir été observées que dans les OEufs de
la Poule, parce qu’en effet ce sont ceux qui, par leur multiplicité
- CARACTÈRES OOLOGIQUES. 75
et leurs usages dans l’économie domestique, sont le plus à la
portée de tout le monde, ne soient propres qu'à ce Gallinacé.
Elles se rencontrent également dans les OEufs de presque toutes
les autres Espèces d’Oiseaux, et ne sont pas plus particulières à
ceux de la Poule qu’à ceux de tout autre de ces Vertébrés. Si
ces accidents semblent plus rares chez les Oiseaux en liberté,
c’est que ceux-ci ont plus de moyens de se soustraire, eux et
leur progéniture, aux observations importunes et destructives
de l’homme, qui ne peut se les procurer qu'avec peine, qui
éprouve encore plus de difficulté à les soumettre à ses expé-
riences , l'indépendance étant le seul mobile et l’unique condi-
tion d'existence de ces habitants de l’air. C’est ce qu'avait soup-
conné Guettard , ainsi qu’il l’exprime dans ses Mémoires, mais
ce dont, à son grand regret, il n’a pu parler, les exemples lui
manquant à cet égard.
MONSTRUOSITÉ DE FORME.
La Monstruosité de Forme provient de quatre causes diffé-
rentes : La première, la plus naturelle et la plus fréquente,
d’une lésion intérieure occasionnée par la pression plus ou
moins régulière qu'éprouve l'OEuf recouvert de la matière
calcaire, lors de son passage dans les longs ct irréguliers re-
plis de l’Oviducte, et à l’orifice de ce canal. — La seconde, de
la faiblesse et du peu de résistance des ligaments destinés à
retenir les embryons des jaunes à la grappe de l'Ovaire , faiblesse +
qui, chez quelques individus, est telle que l’OEuf, lorsqu'il vient ”-
de se détacher de la grappe pour compléter son développement
et sa formation, emporte avec lui, au lieu de s’en séparer, le
pédicule par lequel il est jusque-là resté retenu. — La troisième,
d’une surabondance de matière calcaire. — Et la quatrième, pu- ,
rement extérieure , déterminée, à la surface de la Goquille encore
molle, par le contact des différents objets sur lesquels est déposé
4444
76 DEUXIÈME PARTIE.
l'OEuf à l'instant de la ponte, souvent même par le contact du
corps de l’Oiseau qui l’a pondu.
Ainsi on voit des OEufs affecter la forme d'un Croissant, celle
d'une Poire plus ou moins étranglée vers le centre en se termi-
nant en Spirale; on en voit représenter à l’un de leurs bouts
une Couronne ou un Turban; on en voit enfin d’autres figurer
sur leur Coquille, tantôt en creux, tantôt en relief, l'empreinte
d’une Comèête, d'un Soleil, d’une Etoile, d’un Serpent, etc.
Mais ces variétés de Forme se rapportant toutes à une des quatre
causes que nous venons d'indiquer, nous classerons les exem-
ples que nous allons citer suivant l’ordre dans lequel nous avons
énoncé les causes auxquelles ils doivent leur existence.
Exemples de Monstruosité de Forme due à une lésion
intérieure.
Garmannus (Garmann) (1) cite un petit OEuf de Poule repré-
sentant exactement une poire.
Gerbesius (Gerbes) (2) nous a transmis la figure d’un OEuf de
Poule, de la grosseur d’un OEuf de Tourterelle, mais plus allongé
et de Forme demi-cireulaire.
Notre Collection renferme un OEuf de Pigeon, offrant une
Forme à peu près semblable, mais dans des conditions inverses :
il est de la longueur d’un OEuf de Poule ordinaire. et représente
un Cylindre recourbé presque en forme de croissant, mais avec
un renflement vers le milieu de son développement, qui rend
plus sensible le rétrécissement de ses deux extrémités arrondies
et à peu près égales; ce renflement du reste a le diamètre ha-
bituel des OEufs de Pigeons domestiques. Cet OEuf nous a été
donné en 4849 par M. Gerbes; nous en devons un semblable,
(1) Miscellanea Curiosorum, ete. 1670, obs. 140.
(2) 1d., 1697-1698, obs. 138.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. ri
mais de Poule, à l’obligeance de Mme Boulez, de Laulnay, près
de Nogent-le-Rotrou.
Nous avons vu, il ya plus de vingt ans, chez M. Flor. Prévost,
qui dirige avec tant de zèle le Laboratoire du Muséum d'Histoire
Naturelle de Paris, un OBuf de Faisan argenté provenant du
Cabinet de Dufresne, l’ancien Gardien de cet Établissement, qui,
dans des dimensions beaucoup plus petites que celles ordinaires
aux OEufs de cet Oiseau, représentait aussi une espèce de
Cylindre, mais étranglé au tiers de sa longueur.
Il existe au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris deux OEufs
d’Autruche qui ont les dimensions ordinaires aux OEufs de ce
Bipède emplumé, mais dont la Coquille a subi, lors de la ponte,
une altération remarquable quant à son aspect. Il semble que
cette enveloppe, étant molle encore, ait été régulièrement en-
tourée par les replis sinueux d’une corde contournée sur elle-
même de manière à dessiner des lozanges, et se soit séchée dans
cette position ; que la corde ôtée, les parties de la Coquille sur
lesquelles elle était appliquée en aient retenu l’empreinte, et que
celles qui n'étaient pas soumises à cette épreuve aient, relative-
ment aux autres parties, conservé une apparence convexe et
rebondie : cette bizarrerie, regardée à tort comme artificielle,
nous paraît due plutôt à une élaboration pénible des voies ovi-
ductrices.
Nous avons possédé (1) trois OEufs de Poule de la même bizar-
rerie de conformation , dans des degrés différents, sauf que les
portions restées creuses , dans l’OEuf d’Autruche, sont en relief
dans ceux-ci; et un OEuf de Dindon offrant une anomalie de ce
genre tout aussi extraordinaire : ses dimensions sont celles habi-
tuelles, sa Forme peu régulière dans son ensemble , mais il pré-
sente dans son pourtour, depuis un bout jusqu’à l’autre, une
(1) Dans notre première Collection, aujourd’hui au Musée de Philadelphie.
78 DEUXIÈME PARTIE.
série continuelle de sinuosités assez profondes , qui démontrent
qu’il n’a pu sortir du cloaque qu'en tournant plusieurs fois et
avec peine sur lui-même. Ces conformations diverses ne sau-
raient guère s'expliquer que par un vice dans la structure de
l’Oviducte.
D’autres OEufs, par leur conformation et l'espèce de pli appa-
rent à la partie intermédiaire de leur Coquille, figurent deux
moitiés inégales de Coquilles d’OEufs réunies de manière à n’en
former qu’une seule. Nous avons eu dans notre Collection deux
OEufs de petite Poule Anglaise qui, dans des dimensions très-
exiguës, offrent des exemples de cette singulière configuration.
Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en a également un
provenant d’une Tourterelle à collier gardée dans une volière ;
mais qui, pour la Forme, diffère un peu du précédent.
Cette conformation accidentelle a lieu lorsque l’OBuf sortant
de l’Oviducte, après s'être pourvu de carbonate calcaire, se
trouve tout à coup arrêté par une contraction de ce canal, due
soit à un trop grand échauffement de l’animal, soit à un rétré-
cissement ou fortuit, ou naturel, de cet organe lors d’une pre-
mière ponte. Dans cette position, toutes les parties de la Coquille
ne peuvent se durcir en même temps, la portion qui se trouve
chassée et exposée à l’air extérieur, est la première qui passe à
l'état d’indurescence ; la dernière portion ne se durcit à son tour
que lorsque, cédant à l'effort qu’a fait l’Oiseau pour se débar-
rasser, elle est sortie du Vagin; et c’est quand le dernier refroi-
dissement s’en est opéré que la Coquille présente , à l'endroit où
se sont fait sentir la contraction et le temps d'arrêt, l'empreinte
d’une espèce de fissure ou de pli.
Nous rangeons dans la même catégorie, et malgré l’expli-
cation qu’en donne le savant observateur, l’exemple cité par
M. Hardy, d'un OEuf de Grue cendrée, de sa Collection, portant
la trace, maintenue par la soudure , d’une semblable déchirure
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 79
transversale qui prend le tiers de la petite circonférence de
l'OEuf (1).
Quelquefois la même cause agit d’une manière différente , et
l'OEuf, en conservant sa Forme et ses dimensions naturelles,
présente à sa partie intermédiaire et dans toute sa circonférence
l'apparence en relief, d’une zône ou véritable soudure; la
coquille est même beaucoup plus épaisse en cet endroit que par-
tout ailleurs : ce qui indique que l’OEuf, au lieu d’avoir, comme
dans le cas ci-dessus, cédé à une contraction ou à un gonflement
des parois de l’Oviducte, y a au contraire résisté ; et que cette
résistance a provoqué à l'endroit où elle s’est fait sentir une
agglomération, parfois très-perceptible, de la matière calcaire.
Nous avons possédé trois exemples de cette conformation par-
ticulière dans deux OEufs de Poule et dans un OEuf de Pintade
domestique. Mais ce dernier, ainsi que l’un des deux OEufs de
Poule, beaucoup plus gros que ceux ordinaires à ces Espèces,
offraient à l'intérieur une autre singularité dont nous parlerons
plus bas : ils renfermaient chacun deux Jaunes et deux Blancs ,
autant que nous en avons pu juger par la nature et la quantité
de la matière que nous en avons retirée, en les insufflant de la
manière accoutumée, après les avoir percés d’un petit trou à
leurs deux extrémités. Nous eussions pu, pour plus de certitude,
nous y prendre différemment , afin d’en extraire la matière dans
son intégrité; nous n'avons préféré le premier moyen que
comme le moins susceptible de détériorer la coquille dont la
conformation nous avait paru curieuse.
Deux autres exemples de difformité survenue à un OBuf de
Faisan à collier et à deux OEufs de Fauvette à tête noire (Cur-
ruca atricapilla) se trouvaient encore dans notre Collection. Le
premier est tellement altéré dans sa configuration, que vu par
(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857.
80 DEUXIÈME PARTIE.
une de ses faces, il n’a point forme d'OEuf. Quant aux deux
autres, l’une de leurs faces est régulière et ne présente la trace
d'aucune altération ; mais la face opposée est sensiblement con-
cave dans l’un et aplatie dans l’autre.
M. Moquin-Tandon (!) cite un OEuf de Bruant Proyer (Cyn-
chramus miliarius) auquel était survenue une déviation de ce
genre, dont il a donné le dessin sans couleur. Cet observateur
l'avait trouvé dans un nid, en 4822, au milieu de six petits nou-
vellement éclos; il ne renfermait ni jaune ni germe.
Enfin, parmi les OEufs de Poules, on en voit de Sphériques,
d'Ovalaires, de Cylindriques , d'Ovés, d’Ovoïconiques et d’Ellip-
tiques, toutes variations de Forme qui dépendent de la difficulté
plus ou moins grande qu’a éprouvée l’OEuf à sa sortie du corps
de la Poule, et non comme le voudrait M. Hardy, de la situation
plus ou moins verticale ou horizontale de l’Oiseau , au moment
du passage de l'Œuf dans le conduit oviducteur.
Exemples de Monstruosité de Forme due à la faiblesse de
constitution de l’Ovaire et de ses annexes, ou Monstruosité
Pédiculaire.
Un des plus extraordinaires est celui cité par Gabreliep (?).
C'est un OEuf de Paon, pondu en 1697, de Forme arrondie ou
Sphéroïdale d'abord; puis se terminant au petit bout en un
appendice assez ressemblant aux trois phalanges à demi recour-
bées d’un doigt de main d'homme de grandeur naturelle. Il a
joint à sa description la figure de ce phénomène. Cet appendice
n’était probablement autre chose que le pédicule par lequel cet
OEuf était attaché à l’Ovaire, et qui, ainsi que cela s’est vu
plusieurs fois, ayant été entrainé par l’OEuf et arraché de la
Grappe, avait été surpris et recouvert par la matière calcaire
(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
(1) Miscell. Curios. 1697-1698, obs. 164.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 84
comme partie intégrante du corps à l'enveloppe duquel elle
concourt.
Garmannus (Garmann) (t) décrit un OEuf de Canard domes-
tique, pondu en 4670, qui se terminait en une espèce de queue,
dont la cause ou l’origine était la même.
M. Moquin-Tandon (?) a donné la représentation d'un OEuf
semblable, provenu d’un Pinson ordinaire (Fringilla cælebs).
M. Jules Delamotte, d’Abbeville, en possède un d’Oie com-
mune (Anser), dont le pédicule recouvert de matière calcaire a
près de huit centimètres de longueur.
Rommelius Cleyerus (Rommel Cleyer) (3) a donné la figure
d’un OEuf de Poule recourbé en forme de crochet à son petit
bout.
Guettard (4) dit avoir remarqué dans la Collection d’OEufs de
Réaumur, deux OEufs de Poule qui étaient très-allongés par le
petit bout, et d’une grosseur peu considérable. L'un n’était
guère plus volumineux qu’une très-grosse Cerise; l’autre qui
avait souffert un étranglement aux deux tiers de sa longueur.
ressemblait par le petit bout à un‘de ces vaisseaux de Labora-
toire de Chimie qu’on appelle Gucurbites ou Cornues.
Nous possédions un OEuf de Poule qui, pour la Forme, se
rapporte beaucoup à cette dernière. Il nous avait été procuré
par M. Henri Marcilly, d’Anglure-sur-Aube, qui s’occupait alors
avec zèle d'Oologie. Cet OEuf qui, après un assez long temps,
s’est brisé par accident, nous a démontré qu’il ne renfermait
qu'un léger filet d'une substance jaunâtre, noyée dans une
quantité d'albumine suffisante pour enduire les parois intérieures
de la coquille, sans en remplir la capacité. Ce dernier liquide
(1) Miscell. Nat. curios. an. 1670, obs. 140.
(2) Ann. de la Soc. Lin. de Paris, 1824.
(3) Misc. Nat. cur. an. 1686, obs. 147.
(4) Mém. sur diff. part. des Sc. et Arts, T. 5. 1783.
+!
82 DEUXIÈME PARTIE.
est, comme on le sait d’ailleurs, le seul que contiennent ordi-
nairement ces sortes d'OEufs, ainsi que les OŒEufs nains de
Poule , autrement dits OŒEu/s-de-Coq.
Notre Collection renfermait encore un OEuf dont la conforma-
tion se peut rapporter au genre d’anomalie qui nous occupe.
C’est un OEuf de Cane domestique (Anas domestica) du tiers
de la grosseur des OEufs ordinaires à cette Espèce : sa Forme est
Ovalaire, et celui de ses bouts que l’on doit considérer comme
celui qui est sorti le premier de l’anus, est entouré par une
bande ou sorte de ruban de la même matière que celle qui
compose sa coquille, et de la même couleur, ayant son point
de départ au centre même de ce bout de l'OEuf. Cet appendice
ressemble tout-à-fait à une superfétation, n’était qu’il n’y a au-
cune solution de continuité entre son point de départ et le bout
de l'OEuf, dont il n’a l’air que d’être le complément contourné
en forme de Ruban. On ne peut cependant l'expliquer que
comme provoqué par le pédieule qui, demeuré fixe à la tunique
membraneuse de l’'OEuf, a entrainé après lui ou repoussé devant
lui, un excédant de la matière calcaire, à laquelle sa ténuité, ou
le peu de surabondance de cette matière, si ce n’est le hasard,
a fait prendre cette singulière disposition.
À cette catégorie appartiennent les exemples cités par
M. Hardy, de Dieppe, pour les OEufs d’Eider, dont « certains,
» dit-il, ont vers leur tiers supérieur un renflement circulaire
» en forme de bourrelet. » Il en possède même un quien a
quatre ou cinq (1).
Exemples de Monstruosité de Forme, due à une surabondance
de la matière calcaire.
Valmont de Bomare (?) nous apprend que l’on gardait dans le
Cabinet de Chantilly, dont il était le Conservateur, un OEuf de
(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857. — (2) Diction. d'Hist. natur., Vo Œuf.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 83
Poule de Caux, gros comme celui d’une Poule-d’Inde (Gallo-
pavo); la coque blanche, mince et peu dure était recouverte
d’une espèce de substance crétacée et de l'épaisseur de quatre
lignes.
Lapierre (!) conservait dans son Cabinet un OEuf de Poule,
dont la substance calcaire surabondante, et dans l’état de mol-
lesse, s'était répandue à la surface de la Coquille, de telle ma-
nière que, dans le prolongement de ses contours, elle imitait
parfaitement un Bonnet de Liberté (Bonnet Phrygien) relevé en
bosse. L'intérieur des sinuosités était rempli par l’Albumine ;
le Jaune occupait sa place ordinaire. 2) en
Exemples de Monstruosité de Forme due au contact d'objets
extérieurs.
Une des Planches de l’Histoire des Monstres d'Aldrovande
représente un OEuf de Poule, sur la coquille duquel se distingue
un trait sinueux, qui peut être assimilé à un Serpent ou à tout
autre Reptile dont le nom se présente à l'imagination.
Cleyerus (Cleyer) (?) a donné la figure d’un OEuf de Poule,
pondu en 1679, représentant également sur sa coquille l’appa-
rence d’un Serpent.
Reiselius (Reïsel) (3) parle d’une Poule qui, dans une petite
Ville du Duché de Wurtemberg, pondit en 4683, un OEuf |
représentant si bien la forme d’un Turban, qu’on l'aurait cru
sculpté par la main d’un habile artiste; il prétend même que
cette Poule en pondit à la même époque un second presque
semblable.
Gockelius (Gockel) (?) donne la figure d’un OEuf de Poule,
(1) Notes et Observ. et Hist: nat. de Buffon. Ed. de Sonnini.
(2) Miscell. Curios. 1682, obs. 16.
(3) 1d. 1683, obs. 119.
(4) 1. 1687, obs. 198.
84 DEUXIÈME PARTIE.
pondu en 4642 à Ulm, représentant sur sa Coquille comme
un cercle de rayons assez semblables à ceux Aont quelques Pein-
tres ornent la tête du Soleil, quand ils représentent cet astre
sous la forme humaine.
Cleyerus (Cleyer) (1) et Manesse (?) en ont figuré, chacun, un à
peu près semblable. Un autre OEuf, présentant le même phéno-
mène , existait en 4833 au Musée du Mans.
Il nous parait bien évident que ces bizarreries, surtout les
deux dernières, sont dues à l’Animal même qui, après avoir
pondu l’OEuf, a appliqué sur sa coquille fraîche et molle son
anus , dont l'empreinte s’y est ainsi fixée.
Un OEuf de Canard de Barbarie (Carina moschata), qui se
trouvait dans notre Collection, offre le commencement et
comme la transition de cette monstruosité.
MONSTRUOSITÉ EN PLUS OU PAR ADDITION.
La Monstruosité en plus ou par addition tient à des causes
aussi variées que les accidents qui en résultent. Elle se présente
de deux principales manières, et avec des phénomènes diffé-
rents. Au nombre et au premier rang de ces phénomènes, figure
celui de deux Jaunes renfermés dans la même coquille; vient
ensuite celui d’un OEuf à double coquille ou d’un Ouf renfermé
dans un autre.
Exemples du premier genre.
Les phénomènes de ce genre s’observent assez fréquemment,
et n’ont encore été remarqués, par les Auteurs, que dans les OBufs
de la Poule, et ces OEufs, dans ce cas , sont presque toujours,
quoiqu'en ait dit Guettard , monstrueux quant à leurs dimensions.
(1) Miscell. Curios.
(2) Oologie.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 85
Hagendorn (1) cite une Poule que l’on conservait avec soin,
dans une petite ville d'Allemagne, en 1674, qui pondait assez
souvent des OEufs renfermant deux jaunes, et d’une grosseur
égale à celle des OEufs d'Oie.
Nous avons conservé la Coquille entière d’un de ces OEufs,
dont le volume approche de celui d’un OEuf de Dinde.
Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en a un encore plus
gros.
Il n’est point vrai, ainsi que l’a avancé l’Auteur de l'Article
Œuf, inséré dans la Grande Encyclopédie, qu'il n’y ait que les
Oiseaux domestiques qui pondent de ces sortes d’OEufs. Cette
assertion est le résultat d’une erreur occasionnée par l'habitude,
où l’on est généralement, d'étudier l'Histoire Naturelle dans le
Cabinet, et non dans la Nature; sur les Animaux que nous avons
pliés à nos goûts, soumis à nos usages, et non sur les Animaux
livrés à leur propre instinct.
Les mêmes phénomènes se reproduisent et doivent se repro-
duire chez les autres Oiseaux en état de liberté. Nous en avons
possédé un exemple remarquable : c'est un OEuf de Moineau
(Passer domesticus) monstrueux par sa grosseur, qui est presque
celle d’un OEuf de Merle; il renfermait deux jaunes et deux
blancs.
Plusieurs Naturalistes, Harvey (2) d’abord, puis Segerius
(Séger) (3), Parmentier ensuite (4), ont donné l'explication de ce
phénomène. Il arrive lorsque deux jaunes également mürs, après
s'être détachés simultanément de l’Ovaire, passent dans le canal
de l'Oviducte pour s’y pourvoir chacun de son Albumen ; et que,
cette opération terminée, leurs deux globes en contact empé-
(1) Miscell. Curios. ann. 1671. Obs. 241.
(2) Exercitationes de Generatione Animalium.
(3) Miscell. Curios. ann. 1672. Obs. 188.
(4) Nouv. Diet, d'Hist. Natur. 1803.
86 DEUXIÈME PARTIE.
chant la matière caleaire de circuler et de s’épancher librement
autour de chacun d’eux, ils en reçoivent une enveloppe com-
mune.
Tantôt on ne trouve dans ces OEufs monstrueux qu’un seul
Jaune et deux Blancs, tantôt même deux Blancs sans Jaune.
Buffon (l) donne en ces termes succincts l'explication du cas
de deux Jaunes : « Cela arrive lorsque deux OEufs également
» mûrs se détachent en même temps de l’Ovaire, parcourent
» ensemble l'Oviductus, et, formant leur Blanc sans se séparer,
» se trouvent réunis sous la même enveloppe. »
Berge, de son côté, en donnant l'explication suivante, au
moins quant à ceux qu il avait observés, cite un autre cas :
« Ces sortes d’OEufs sont ordinairement plus grands , et de
» Forme allongée. Il se peut faire aussi que chacun des Jaunes
» soit enveloppé du Blanc; si alors la coquille s'empare d’abord
» du second ou dernier venu, l’autre est repoussé en bas, entre
» dans le rectum, et vient au jour sans coquille et sans autre
» enveloppe que ses peaux. »
Exemples du second genre.
Si la Poule n’est pas le seul Oiseau chez lequel s’exécutent
ces jeux de la Nature, il faut avouer qu'ils se reproduisent plus
souvent et avec des formes plus variées, chez cet Oiseau que
chez tout autre : ce que l’on doit attribuer au changement qu’ap-
porte à sa manière habituelle de vivre et de se nourrir la capti-
vité à laquelle il a été assujetti, et, pour ainsi dire, accoutumé
par l’homme, et peut-être plus encore, comme le dit M. Moquin-
Tandon , à l’excessive lubricité du mâle dans cette Espèce ; quoi-
que, toutes choses égales d’ailleurs, les mêmes déviations ne
s’observent pas chez notre Moineau (Passer domesticus).
(1) Hist. Nat. des Oiseaux. — Coq.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 87
Ainsi, il n'y a jusqu’à présent, à une seule exception près,
que la Poule qui ait donné l'exemple d’OEufs à double coquille,
et d'OEufs renfermés dans un autre. Ges exemples se sont même
répétés plusieurs fois de loin en loin.
Albert-le-Grand (1) est le premier qui les ait observés.
Cardan (2?) n’en a parlé que d’après lui.
Le célèbre Harvey (3) rapporte avoir vu un OEuf fort petit que
l'on avait retiré d’un OEuf ordinaire de Poule, dans lequel il se
trouvait renfermé et avait été formé; il ajoute même qu'il le
montra, en présence d’un grand nombre de spectateurs, au Roi
d'Angleterre. Du reste, il emploie tout son talent à expliquer la
manière dont peut s’exécuter ce phénomène.
- Bartholinus (Bartholin) (4) parle d’un OEuf qui lui fut apporté
par un paysan en 4669, et qui en renfermait un autre d'une
Forme à peu près quadrangulaire.
Jungius (Jung) (5) rapporte que, le 49 juin 4674, sa servante,
en brisant des OEufs de Poule, pour les besoins de sa cuisine,
en ouvrit un entre autres renfermant, outre son Albumen et son
Jaune d’une fort belle couleur, un autre OEuf tout petit, couvert
d’une Coquille blanche et dure, qui contenait un Albumen et un
Jaune, avec ses deux Chalazes, enfin, en tout, à part ses dimen-
sions exiguës, conforme aux autres OEufs. Il fait suivre sa rela-
tion d’une discussion sur les causes d’un pareil phénomène, et
en arrive à conclure à peu près de la même manière qu'Harvey.
Un fait semblable nous est arrivé, il y a une quinzaine
d'années , et nous avons conservé le petit OEuf dans notre Col-
lection.
(1) Opera.
(2) De rerum Varietate.
(3) Exercit. de Gener. Anim.
(4) Miscell. Gurios. ann. 1670, obs. 36, et Scholion.
(5) Miscell. Curios. an. 1671, obs. 250.
s8 DEUXIÈME PARTIE.
Velschius (Velsch) (!) rappelle qu’un exemplaire du même
phénomène existait dans la Collection d’un Médecin Allemand
nommé Guetius.
Lachmundius (Lachmund) (2) cite une observation faite sur
un OEuf d'Oie extraordinaire. « On trouva, dit-il, au mois
d'octobre 4669, dans le corps d’une Oie qu’on +enait de tuer, un
OEuf qui, suivant lui, aurait dû être pondu quelques mois plus
tôt. Il était de la grosseur habituelle des OEufs d’Oie , mais semé
de rugosités et muni d’une double membrane; c’est-à-dire que
la Coquille était recouverte extérieurement d’une membrane
semblable à celle dont elle était revêtue intérieurement. Ce qui
peut donner à supposer avec raison, que si cette Oie eût vécu
plus longtemps, elle aurait pondu son OEuf avec une double
Coquille. »
On trouve encore un exemple d'un OEuf renfermé dans un
autre, cité dans les Mémoires de Physique et de Médecine.
Bebr (3) dit qu'ayant ordonné un lock à un de ses malades, dont
il donne le nom, la servante chargée de le préparer fut surprise,
en cassant un des OEufs qui devaient entrer dans cette composi-
tion, d'y apercevoir, ogtre le Blanc et le Jaune, un autre OEuf
également recouvert de sa Coquille , et qui fut trouvé renfermer
les mêmes liquides que les autres OEufs. Ces deux OEufs furent
déposés ensuite dans la Collection d’un Docteur Samson.
Esholtius (Esholt) (4), au même Recueil , parle également d'un
Ouf qui fut trouvé dans un autre OEuf; mais cet OEuf, outre
qu'il était de la grosseur d’une Aveline , n’avait pas été recouvert
de sa Coquille : ce tégument était remplacé par la pellicule qui
lui sert ordinairement de soutien. |
(1) Miscell. Curios. an. 1672, obs. 32.
(2) Miscell. Curios. an. 1673, obs, 187.
(3) Acta Physie. Medic. Vol. 6, obs. 82.
(4) Acta Physie. Medic. Vol. 3, obs. 80.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 89
Petit a fait de ce phénomène l'objet d’un Mémoire, lu à l'Aca-
démie des Sciences de Paris, en 4741, et dont Buffon (1) présente
le résumé en ces termes : « Si, par un accident facile à supposer,
» un OEuf détaché depuis quelque temps de l'Ovaire, se trouve
» arrêté dans son accroissement , et qu'étant formé autant qu'il
» peut l'être, il se rencontre dans la sphère d’activité d’un autre
» OEuf qui aura toute sa force, celui-ci l’entrainera avec lui, et
» ce sera un OEuf dans un OEuf. »
On a fait voir à la même Académie, en 1745, un OEuf de
Poule-d’Inde, dans lequel était un autre OEuf garni de sa Coque.
Guettard (2?) rapporte que de Réaumur en avait deux, dans son
Cabinet, qui en renfermaient chacun un dans leur intérieur.
L'un lui avait été apporté de Besançon par Cassini, l'autre lui
avait été envoyé par un de ses amis, et était presque entière-
ment rond. Un troisième , encore plus cuyieux que ceux-ci, en
renfermait un amas de petits ayant tous leurs coquilles; il n’était
pas plus gros qu'un OŒuf de Pigeon, quoiqu'il eût été ponau par
une Poule de Caux. Cet OEuf, ayant été couvé pendant vingt
jours infructueusement, fut ouvert : on observa qu'il n'avait
jamais eu de Jaune, et qu’il ny était resté de Blanc que ce qui
était suffisant pour en enduire les parois intérieures.
Enfin nous trouvons un nouvel exemple de ce fait d’un OEuf
dans un autre, dans la Lettre suivante de M. le Baron de Moro-
gues (2), adressée à M. Guérin Meneville , l’habile directeur de la
Revue et Magasin de Zoologie pure et appliquée, etc.
« Monsieur,
» Veuillez permettre à un de vos abonnés de vous communi-
quer un fait Ovographique qui lui a semblé de nature à pouvoir
intéresser les Savants.
(1) Hist. Natur. des Ois. — Coq.
(2) Mém. sur différ. part. des Sc. et Arts. T. 5. 1183.
(3) Rev. et Magas. de Zool. Juin 1853.
90 DEUXIÈME PARTIE.
«Il s’agit d’un Ouf de Poule à coque dure et de la grosseur
et de la longueur d’un OEuf d'Oie ordinaire , à cela près qu'il
est plus renflé sur son centre et plus aigu vers les pointes. Cet
OEuf, remarquable par sa grosseur, en renferme un autre, qui
est gros comme un OEuf de Poule ordinaire, ayant une coque
encore plus dure que celle du premier.
» Ces deux OEufs, renfermés l’un dans l’autre, contiennent ,
le plus gros une dissolution d’albumine, au milieu de laquelle
surnageait le plus petit. Ce dernier m'a offert tous les caractères
externes et internes de l’OEuf ordinaire.
» J'ai vidé avec soin ces deux OEufs et les conserve avec pré-
caution au milieu d’une petite Collection Ovographique que je
me suis créée. Je me trouve ainsi à même de produire ce phé-
nomène aux yeux de ceux qui pourraient douter.
« La Poule dont provient cet OEuf vit dans ma basse-cour, et
mit vingt-quatre heures à le pondre. Depuis ce moment, je l’ai
fait observer, et n’ai rien obtenu de semblable. »
La citation de cette Lettre dans la Revue est accompagnée de
l’annotation suivante de M. le Baron H. Aucapitaine qui, dans
le temps, était venu admirer et consulter notre riche Collection
Oologique :
« Ayant eu occasion de lire l’intéressante Note de M. le Baron
de Morogues, nous croyons devoir dire qu’il existe au Musée
Zoologique de La Rochelle un OEuf identique qui n’est pas un
des échantillons Ovographiques les moins curieux de cette Gale-
rie : et M. O. des Murs nous a dit que ce fait se répétait quelque-
fois. »
Ce n’en est pas moins , pour la dimension de l’OEuf intérieur,
le plus bel exemple de ce phénomène venu à notre connaissance.
Les OEufs en effet qui en contiennent un autre sont communé-
ment semblables aux OEufs ordinaires pour la Forme et la gros-
seur, mais celui qu'ils renferment est le plus souvent du volume
CARACTÈRES OOULOGIQUES. M
ou d’un OEuf de Tourterelle, ou d’une petite Olive plus ou moins
arrondie, et recouvert d’une Coquille de même nature que celle
des autres OEufs. Il n’y a jusqu’à ce jour d’autre exception à
cette observation générale que celle rapportée par Bartholin,
que nous avons citée tout-à-lheure, et celle de M. le Baron de
Morogues. Il en est autrement des OEufs à double coquille. La
première enveloppe de ceux-ci ayant presque toujours des di-
mensions plus fortes que d'habitude , il en résulte que la seconde
enveloppe se trouve naturellement réduite, ou à peu de chose
près, aux dimensions ordinaires.
C'est ici le lieu, à propos de Monstruosité en plus ow par
addition, de dire un mot d’une autre monstruosité , qui n’est
pas absolument étrangère à celle-ci, et à qui nous refusons for-
mellement l’origine qu’on prétend lui attribuer. Nous voulons
parler de celle que présente quelquefois,et très-rarement la co-
quille de certains OEufs, sur laquelle on remarque des parties
d’Insectes plus ou moins complets saillir en relief.
_ Nous ne connaissons que deux exemples de cette bizarrerie :
l'un d’un OEuf de Poule, cité par le père Aubert, de Caen, dans
les Mémoires publiés par l'abbé Rozier (1). Un Hanneton (Welo-
lontha vulgaris) avait les pattes et la tête tellement enclavées
dans la coquille, qu’elles paraissaient, pour ainsi dire , identi-
fiées, incorporées avec elle. L'autre, cité par M. Moquin-
Tandon (?}, d’un OEuf de Cane, dont la coque était incrustée
d’un Insecte assez gros, dont plusieurs parties étaient restées en
relief, et qui paraissait être un Coléoptère du Genre des Py-
melées.
Ces deux observateurs n'hésitent pas à penser que ces Insectes
n’aient été pris ainsi dans l'épaisseur de la coquille qu’après
(1) Mémoires d'une Socièlé célèbre. T. IL.
(2) Annales de la Soc. Linn. de Paris. 1824.
92 DEUXIÈME PARTIE.
avoir subi l'épreuve de la digestion. Le dernier ajoute même que
« les Canards, plus que tous les autres Oiseaux doivent être
» sujets à donner de ces OBufs difformes, parce qu'ayant le bec
» large et aplati, ils peuvent avaler sans distinction des ali-
» ments qu'il leur est ensuite difficile de pouvoir digérer. »
Sans doute, à la rigueur, sans méconnaître absolument les
lois de l’Anatomie des Oiseaux, on peut supposer qu’un objet
avalé par ces animaux puisse, à la longue, passer digéré ou
non de l’estomac dans l’Oviducte.
Il nous est, pour nous, beaucoup plus simple et plus naturel
de penser que les Insectes dont il s'agit se seront trouvés au
moment de la ponte à l’endroit même où posait l'anus de l'Oi-
seau, et auront ainsi été surpris par la matière calcaire encore
molle de l’OEuf, dans laquelle, en se débattant ils se sont plus
ou moins profondément incrustés, et ont été retenus par l'effet
du réfroidissement presque instantané de cette matière.
Cette explication pourra ne point satisfaire les amis du mer-
veilleux ; mais nous la croyons tout aussi vraisemblable et plus
naturelle que l’autre. Ces cas ne peuvent en aucune manière être
assimilés à ceux où il s’agit de corps étrangers renfermés dans
le Blanc ou dans le Jaune de l'OEuf, enfin, dans l’intérieur
même, et non uniquement dans l'épaisseur de la coquille, et
dont l'explication nous paraît plus susceptible de sérieuse con-
troverse.
MONSTRUOSITÉ EN MOINS, OU PAR DÉFAUT.
Les causes de la Monstruosilé en moins ou par défaut dé-
pendent, non pas tant d’un vice de construction de l’Oviducte,
que d’une mauvaise disposition ou altération de cet organe.
Un des phénomènes les plus curieux, et aussi les plus com-
muns de ce genre, est le petit OEuf que pondent souvent les
Poules, ou l'OEuf Nain des Ornithologistes (l'Ovum centeninum
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 93
d’Aquapendente), le même que celui appelé Œuf-de-Cog par le
vulgaire : il y en a de toutes les grosseurs, depuis celle de l’OEuf
de Pigeon jusqu’à celle d’une petite Olive ou d’une forte Aveline.
Ces OEufs dégénérés peuvent être considérés comme des es-
pèces d’arrière-faix, lorsqu'ils ne sont produits qu’à la fin de la
saison de la ponte, ou quand l’Animal trop vieux ou épuisé a
perdu son ardeur et sa substance prolifiques. Mais lorsqu'ils sont
au contraire les premiers fruits d’une jeune Poule, il faut attri-
buer cette dégénération, ou dégénérescence, au défaut de matu-
rité et d'élaboration des substances nécessaires à la formation de
l'OEuf, ainsi qu’au défaut de développement de l’Oviducte.
C'est ce que confirme Berge en d’autres termes, et pour des
cas analogues :
« Il arrive aussi parfois qu’il se dégage de l’Ovaire un germe,
» ou nullement fécondé, ou mal fécondé : ce germe vicieux passe
» dans le canal, s’y rencontre avec un Blanc, et naît à la lumière
» entouré d'une Coquille. On donne à ces OEufs le nom d'OEufs
» clairs, Œufs-de-Cog; ils n'ont pas de Jaune, ou fort peu, et
» sont souvent d’une Forme presque Gylindrique. »
Toutefois cette diminution de volume étant due à des causes
aussi naturelles et auxquelles les Oiseaux sont en général expo-
sés, il s’en suit que le même phénomène peut se reproduire dans
un grand nombre d'Espèces d’entre eux : c’est en effet ce que
démontre l'observation , et les exemples ne manquent pas.
On en remarque chez le Moyen-Duc (Ofus vulgaris), le Choucas
(Lycos monedula), la Pie (Pica caudata), la Draine (Turdus visci-
vorus), quelques Fauvettes, telles que celle Rousse (Curruca
hortensis) , et celle à tête noire (Curruca atricapilla) , le Serin
(Serinus meridionalis), le Moineau commun (Passer domesticus),
la Tourterelle (Co/umba Turtur), le Dinde (Gallopavo) , le Pauxi,
le Hocco Mituporanga, la Pintade (Weleagris) , le Faisan , la Caille
(Coturnix), l’Autruche, le Casoar, la Foulque (Fulica) . le Râle-
94 DEUXIÈME PARTIE.
de-Genets, le Canard (Anas), le Pélican, etc. Nous en conser-
vions avec soin des exemplaires de toutes ces Espèces, à l'excep-
tion de celles du Pauxi, du Hocco, de l’Autruche, du Casoar et
du Pélican, qui se trouvent au Muséum d'Histoire Naturelle de
Paris. Les OEufs de Hocco, que cet Établissement possède en
grand nombre, y ont été pondus à différentes époques, et sans
le concours d’aucun mâle, par une femelle de cet Aectoride
Exotique conservée depuis plusieurs années dans la Faisan-
derie (1). Il y a tels de ces OEufs qui n’ont que le sixième de
leur grosseur ordinaire. Le plus petit des OEufs d’Autruche n’est
guère que du quart de la grosseur des autres, et d’une Forme
Sphéroïdale presque parfaite ; il vient d'Afrique. Ceux du Casoar
présentent à peu près en volume la même différence, et ceux de
Dindon et de Canard sont les plus remarquables, ayant à peine
le sixième de leur volume ordinaire.
Relativement à ceux de ces exemples que nous possédions, les
plus intéressants peut-être sont celui de la Foulque et celui du
Serin. L’OEuf de Foulque est de la grosseur d’un OEuf de Râle-
Baillon; et sa Coquille présente par son aspect granuleux les
traces évidentes d'une élaboration pénible. Quant à l'OEuf de
Serin, il est aussi petit qu'un OEuf de Pouillot (Phyllopneuste),
et a du reste la forme et la couleur de ceux que pondent ordi-
nairement les Serins. Il était le dernier d’une des pontes d’une
assez vieille Serie appareillée, qui l’année suivante en a fait
encore d’autres, mais qu’on l’empêchait de couver. Nous igno-
rons quel peut être le contenu de cet OBuf qui ne nous a été
remis que plusieurs mois après qu'il eût été pondu, et lorsque
par conséquent la matière qui le remplit était entièrement dessé-
chée. ILest probable qu’il était infécondé et ne renfermait que
de l’Albumen. Sa Coquille a, comme celle du petit OEuf de
(1) De 1829 à 1832.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 95
Foulque dont nous venons de parler, une surface plus rude et
moins unie que celle des autres OEufs de la même ponte, qui
tous contenaient un Jaune.
L'exemple cité pour la Caille par M. Moquin-Tandon (1) n’est
pas moins digne d'intérêt. C’est un OEuf qu'il dit avoir trouvé,
en 4821, dans le ventre d’une Gaille attaquée de la goutte, et
qui est tout aussi curieux que le précédent par son extrême pe-
titesse qui était celle d’un OEuf de Chardonneret (Carduelis). Get
OEuf, parfaitement formé qu’il était, serait certainement sorti le
jour même du corps de l'Animal, car il avait sa Coquille et por-
tait les mêmes couleurs qui distinguent ce tégument chez la
Caille.
Il en est de même de l’'OEuf nain de Pie (Pica caudata) cité
par le même Auteur (?) : de la taille d’un OBuf de Roïitelet. Il était
sans vitellus.
Ces OEufs appelés nains et les prétendus Œufs-de-Coq ne sont,
à nos yeux, comme nous l'avons déjà dit, qu’une seule et même
chose, et la formation des derniers nous paraît être la même
que celle des premiers. Il nous est par trop difficile de croire à
l'origine qu’on leur attribue, surtout d’après l'inspection des
parties naturelles et des organes sexuels qui, chez le Coq, cor-
respondent à ceux de la Poule, sans remplir les mêmes fonctions.
Valmont de Bomare (3) a justement regardé comme ridicule cette
croyance vulgairement répandue et entretenue à toutes les épo-
ques par des hommes instruits. Vauquelin (4) cependant hésitait
à nier que les Goqs pussent pondre, parce que, dans ses savantes
recherches , il avait remarqué que la matière blanche et comme
1) Ann. de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
2) Rev. et Mag. de Zool. 1858, p. 99.
3) Dict. d'Hist. Natur. V° Œuf.
4) Bulletin de la Société Philomatique de Paris, T. 1.
(
(
(
96 DEUXIÈME PARTIE.
crétacée, qui enveloppe et accompagne les excréments du Coq,
était un véritable Albumen.
« Ainsi, (dit Parmentier, copié mot pour mot par Virey,
vingt-cinq ans plus tard (1), en reproduisant cette opinion, et qui
écrivait du vivant de Vauquelin) « pour en former entièrement
» un dans le corps d'un Coq, il suffirait, suivant ce célèbre
» Chimiste, qu’une certaine quantité de Glaire ou d’Albumen,
» rassemblée dans le eloaque, y séjournât quelque temps, et
» que les urines, en y arrivant la recouvrissent du Carbonate
» de Chaux dont elles sont toujours saturées. M. Vauquelin,
» continue-t-il, n’a jamais eu occasion d'observer un pareil phé-
» nomène, mais tant de gens disent lavoir vu, et cette opinion
» est si généralement répandue dans les campagnes, qu'il lui
» semble difficile de croire qu’il n’en soit pas quelque chose :
» rien cependant ne l’a confirmé. »
Mais le même phénomène a lieu dans les excréments des Oi-
seaux mâles, chez lesquels nous avons été à même de l'observer,
principalement des Oiseaux de proie, tels que le Pygargue, le
Balbuzard, le Milan noir, sans parler des autres Ordres infé-
rieurs de la Série, et doit exister chez presque tous. I] ne serait
point naturel de supposer aux mâles des Oiseaux la même facul-
ié, les mêmes moyens de reproduction, quant à la matière cal-
caire ou à l’Albumen, qu’à leurs femelles : car il faudrait alors
supposer que la nature aurait confondu dans ces Vertébrés ce
que l'observation démontre au contraire être chez tous très-dis-
tinct. La cause de cette hésitation sur une question si grave , de
la part du savant Chimiste, nous ne saurions l'expliquer. Mais
puisqu'il l’a avouée et consignée par écrit avec cette modestie
(1) Dict. d'Hist. Natur. de Deterville, 1803, Ve Œuf. — Art. copié et
reproduit par Virey, sans indiquer son auteur, dans le Nouv. Dict. d'Hist.
Net. de 1828.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 97
qui accompagne toujours le vrai talent, c’est que probablement
il Ini manquait d’avoir été témoin de ces pontes singulières, de
les avoir observées et d’avoir vu lui-même l’animal auquel, dans
une Ferme, en attribuait on pareille circonstance la production
d'un Œuf-nain. Nous sommes persuadé que c’est ce motif qui
l'a porté, pour s'expliquer, à défaut d’autres preuves, ce que
pouvait avoir de fondement cette croyance vulgaire, à analyser
les excréments du Coq. Pour nous , nous avons eu occasion de
faire cette observation; nous nous sommes trouvé dans une
Ferme où l’on voulait égorger un soi-disant jeune Coq, qui
venait de pondre un de ces ŒEufs-nains, et qui n’était qu'une
jeune Poule de l’année, imitant le chant de son mâle. Nous
sommes donc fondé à croire et à établir que ces OEufs sont, en
général, le fruit de jeunes Poules qui, par imitation, et suivant
l'expression consacrée dans les campagnes, chantent le Coq; et
que telle est la seule et unique cause de l’origine donnée , dans
les Fermes, à ces sortes d'OEufs ; origine dont le temps découvre
toujours l'erreur, en faisant reconnaître à l’animal, que l’on
avait cru mâle, son véritable sexe féminin. Si même on fait at-
tention à ce que, d’une part, les paysans tirent les plus sinistres
pronostics de chant usurpé chez certaines Poules; et que, d’une
autre part ils attribuent la plus funeste influence au germe qu'ils
pensent devoir sortir de ces OEufs, qui n’en renferment aucun,
et ne contiennent la plupart que de l’Albumen , dans lequel nage
quelquefois le pédicule, amorphe et détaché de l'Ovaire, d’un
OEuf précédemment pondu, pédicule pris par des gens supersti-
tieux pour un embryon de Reptile; l’analogie de ces deux re-
marques , jointe à une observation réfléchie, suffira, ce nous
semble, pour détruire à ce sujet toute incertitude. Nous regret-
tons vivement que Parmentier {1}, en parlant du doute de
(A) Dict. d'Hist. Natur. 1803.
_98 DEUXIÈME PARTIE.
Vauquelin, n'ait point émis son opinion personnelle, que ses
connaissances et son esprit expérimentateur le mettaient à
même d’asseoir mieux que personne.
Notre opinion est du reste conforme à celle de Harvey (1) qui
n’y a jamais cru, non plus que Wedelius (Wedel) (2); elle est
enfin conforme à celle de Buffon, très-explicite sur ce point (3) :
« À l’égard de ces prétendus OEufs-de-Coq, dit-il, qui sont
sans Jaune, et contiennent, à ce que croit le peuple, un
Serpent (4), ce n’est autre chose, dans la vérité, que le pre-
mier produit d’une Poule trop jeune, ou le dernier effort
d’une Poule épuisée par sa fécondité même, ou enfin ce ne
sont que des OEufs imparfaits dont le Jaune aura été crevé
dans l'Oviductus de la Poule, soit par quelqu’accident, soit
par un vice de conformation, mais qui auront toujours conservé
leurs cordons ou Chalazæ, que les amis du merveilleux n’au-
ront pas manqué de prendre pour un Serpent : c’est ce que
M. Delapeyronie a mis hors de doute, par la dissection d’une
Poule qui pondait de ces OEufs; mais ni M. Delapeyronie,
ni Thomas Bartholin, qui ont disséqué de prétendus Coqs
ovipares (5), ne leur ont trouvé d'OEufs, ni d'Ovaires, ni au-
cune partie équivalente. »
Nous pourrions bien encore citer à l’appui de notre opinion
celle de Buhle (6) qui ne croit pas non plus aux Œufs-de-Cogq.
Mais le peu qu'il en dit fait voir qu'il les confond, quant à
l’origine , avec ces petits OEufs que produisent les Poules épuisées
par l’âge ou la maladie.
(1) Exercit. 28.
(2) Misc. Cur. 1672, obs. 198.
(3) Hist. Nat des Ois. — Coq.
(4) Coll. Acad. Part. Fr. T. I.
(5) Id. Part. étrang. T. IV.
(6) Eïer der Vogel Deutschlands, ete. Œufs des Ois. de l'Allemagne, etc.
1818.
GARACTÈRES OOLOGIQUES. 99
Nous terminerons cet aperçu des exemples de la Monstruosité
en moins, ou par défaut, par la citation d’une observation qui
se lit dans l'Histoire de l’Académie Royale des Sciences de Paris,
année 4775, sur un OEuf monstrueux, observation faite par
M. Marcorel Baron d’Escalles. C’est un OEuf de Poule fort petit,
qui, lorsqu'on le laissait abandonné lui-même, se relevait cons-
tamment sur le bout le plus pointu ; quand, avec la main, on le
retirait de cette position, on sentait qu'il faisait effort pour la
reprendre. Cet OEuf renfermait, dans la partie opposée, sur la-
quelle il se relevait, la moitié d’une coque ressemblant à une
tasse et recouverte d’une membrane fine et déliée qui l'isolait
dans l’intérieur de l'OEuf.
Quoique ce phénomène mérite d’être placé parmi les faits les
plus rares, ce n’est pas le seul exemple de ce genre. Nous con-
servions la Coquille d’un OEuf de Poule, de grosseur ordinaire,
dans l'intérieur du gros bout de laquelle se trouve répartie et
agelomérée une certaine quantité de matière calcaire mélangée
d’Albumen, et d’une apparence mucilagineuse et demi-diaphane,
quoique sèche et durcie, qui, lorsque l'OEuf était plein et entier,
faisait l'effet d’un contre-poids à l’égard du petit bout; en sorte
que lorsqu'on appuyait de ce côté, l’OEuf, entrainé par cette
épaisseur, retombait de l’autre.
Il ne faudrait cependant pas prendre pour des phénomènes
de ce genre tous les déplacements.de centre de gravité qui peu-
vent se remarquer dans les OEufs vidés et réduits à leur test,
on risquerait fort d’être dupe d’une illusion entièrement subor-
donnée aux soins apportés à la préparation de la Coquille : car
pour peu que l’on ait à faire à un OEuf dont le Jaune aura com-
mencé à s’épaissir par l’effet de quelques jours d’incubation, ou
de toute autre cause, rarement on sera arrivé à expulser de la
Coquille la totalité de ce Jaune, dont la partie restante venant à
se dessécher, finit par former un contré-poids, qui entraine
100 DEUXIÈME PARTIE.
toujours le centre de gravité de la Coquille dans un sens opposé
à celui auquel on voudrait l’assujettir.
Il existe une autre espèce de Monstruosité, qui doit prendre
place à la suite de celle dite en moins ou par défaut, parce que
c’est celle dont elle se rapproche le plus, et avec laquelle elle a
le plus de rapports.
Le caractère principal de l'OEuf des Oiseaux est d’être recou-
vert d’une enveloppe, ou test, composée d’une matière calcaire,
résistante et fragile, appelée Coquille. On voit cependant des
Oiseaux pondre quelquefois des OEufs privés de ce tégument.
Ces OEufs ont été nommés par les Naturalistes, qui ne les ont
observés que chez la Poule, Œufs hardés, en France, OŒufs
coulants, en Allemagne : et quoique renfermant souvent un
germe, ils ne peuvent rien produire à cause de l’évaporation
trop grande et trop prompte à laquelle les expose le défaut de
Coquille.
Ce phénomène a donné lieu à beaucoup de recherches et à de
savants commentaires. Il résulte de tous les raisonnements, et
principalement des observations, que trois causes peuvent l'oc-
casionner : 40 Ja maladie; 20 une excessive fécondité provoquée
par une nourriture échauffante et trop abondante: dans ces deux
cas, la trompe, se trouvant irritée, force l'Oiseau de chasser
violemment l’OEuf de l’Oviducte, sans lui donner le temps de
recevoir le carbonate calcaire sur la membrane dont il est revêtu
et s'oppose même à la formation de cette matière, en en altérant
les éléments, effet que produit également, d’après nos propres
observations, l'obésité des intestins. La troisième cause, et la
plus fréquente, est la vieillesse, qui non-seulement altère, mais
encore détruit le principe de cette substance.
Cette Monstruosité, comme toutes celles énumérées précé-
demment, observée d’abord et exclusivement sur les OEufs de la
Poule, paraît, de même que celles-ci, être également commune
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4101
aux OEufs des autres Oiseaux ; mais elle s’est toujours produite
si fréquemment chez ce Gallinacé, que nous nous abstiendrons
d'en citer les exemples, dont la série remonterait à Aristote,
pour nous en tenir à ceux observés chez les autres Oiseaux.
Ainsi, M. Moquin-Tandon (1) a représenté un OEuf de Moineau
(Passer domesticus) sans Goquille , qui avait été trouvé dans une
muraille avec dix autres OEufs du même Oiseau tous revêtus de
leur enveloppe calcaire. |
Nous avons conservé pendant quelques jours, en 4829, un
OEuf qui avait été pondu par une vieille Serine que nous gardions
en cage. Quoique depuis le commencement de la saison elle eût
reçu le mäle plusieurs fois, elle couvait inutilement ses OEufs
que nous avons examinés et qui étaient inféconds ; sur deux
pontes de quatre et de cinq OEufs elle n’en püt faire éclore un
seul. À la fin, tant de pontes et de couvées infructueuses la fati-
guèrent ; ses plumes se hérissaient en désordre; elle avait tous
les symptômes d’un Oiseau malade : c’est dans ce moment et
dans ces conditions qu'elle fit l’OEuf dont nous parlons. Il n’est
pas douteux, d’après toutes ces circonstances, que l'absence de
coquille ne provenaïit tout autant de l’âge que de l’échauffement,
et nous croyons fermement que la première de ces deux causes
fut la seule déterminante.
Enfin, nous conservions encore en 4847, dans notre Collection,
un exemple de ce genre beaucoup plus curieux. C’étaient deux
Œufs nains de Poule ayant chacun leur Jaune et leur Blanc,
mais attachés l’un à l’autre par un filament de six millimètres de
long. Il n’y avait pas trace de matière calcaire sur aucune partie
de ce corps multiple (représentant deux sphères jumelles); mais
la pellicule qui lui servait d’enveloppe était tellement épaisse,
qu’elle avait empêché l’évaporation des Blancs et des Jaunes,
(1) Bullet. de la Soc. Linn. de Paris. 1824. À
”
402 DEUXIÈME PARTIE.
qui n'avaient fait que se déprimer en se desséchant, et qu’elle
existait encore intacte après sept années.
Polisius (1) a donné la figure d’un OEuf offrant un phénomène
du même genre.
Nous bornerons-là notre nomenclature de Monstruosités Oolo-
giques : la pousser plus loin serait fatiguer inutilement le Lec-
teur, sans l’instruire. Notre but, en entrant dans ces détails, a
uniquement été de prouver que toutes ces déviations de la
Forme de l’OEuf, qu’on avait dit n’exister que chez la Poule et
les Oiseaux domestiques, se rencontrent aussi chez les Oiseaux
à l’état libre. Nous pensons, sans avoir dépassé ce but, l'avoir
du moins atteint; et nous renvoyons le Lecteur plus exigeant
ou plus curieux, aux différents Ouvrages que nous avons eu
occasion de citer à se sujet. /
3.
NV
DE LA DISPROPORTION EXISTANT ENTRE LES OEUFS DE CERTAINES
FAMILLES ORNITHOLOGIQUES DE PALMIPÈDES , RELATIVEMENT AUX
DIMENSIONS DES OISEAUX QUI LES PONDENT, ET LES OEUFS D’AUTRES
FAMILLES NON PALMIPÈDES ; ET DE LA RAISON DE CETTE DISPRO-
PORTION.
En parcourant les divisions que nous avons établies pour la
Forme des OEufs, on voit que chacune de ces Formes, dont
elles font mention, se remarque indifféremment parmi les Oi-
seaux Terrestres et parmi les Oiseaux Aquatiques ; ou pour mieux
dire, que ces deux Groupes participent à peu près également à
chacune ou aux principales de ces Formes ; et n’en ont point
ou peu, qui leur soient absolument particulières. Ainsi la Forme
Sphérique est commune aux Semi-pennes , tout aussi bien qu'aux
Impennes; celle Ovalaire se rencontre chez les Rapaces comme
(4) Miscell. Gurios. an 1685, abs. 44.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 403
chez les Palmipèdes, et celle Ovée est propre aux Passereaux
et aux Gallinacés. Deux Formes seules sont exclusivement par-
ticulières : la Forme Cylindrique pour les Mégapodes, les / -
Talégalles et les Gangas; et la Forme E{liptique pour les Plon-
geons, les Grèbes, les Fous, les Cormorans et les Pélicans.
Il n’existe entre les deux grandes Coupes d’Oiseaux Terrestres
et Aquatiques, quant à l’OEuf, que deux différences véritablement
essentielles et tout-à-fait indépendantes de la Forme : l’une re-
lative à la grosseur de l’OEuf, laquelle est généralement mieux
proportionnée à celle du corps de l’Animal chez les premiers que
chez les derniers ; l’autre relative à la nature de la Coquille.
Steller (1), un de ceux qui, sans en avoir fait l’objet d’une
étude spéciale, ont recueilli le plus d'observations exactes sur
les OEufs des Oiseaux, mais des Mers du Nord seulement, ex-
plique la première de ces différences, cet excès constant, chez
quelques Familles, de grosseur relative, en disant que c’est :
« Afin de conserver plus longtemps le peu de chaleur que re-
» çoivent ces OEufs d’une incubation souvent interrompue (?). »
Buhle (3) le collaborateur de Naumann, pour la partie Oolo-
gique de l’Introduction de son Ouvrage, à propos de la même
remarque, en conclut que : « La grosseur de l'OEuf est en rap-
« port avec le degré de développement que le Fœtus acquiert
(1) Nova Commentar. Acad. Petrop. T. IV, ann. 1752-1758.
(2) Pauciora aulem Ova fieri debuerunt, quia majora mole necessaria
erant , NE CALOR CITO EXSPIRARET, CUM PER VICES SALTIM ILLIS INCUBENT.
Bonnaterre qui, dans l’Introduction à la Partie Ornithologique de l'Ency-
clopédie méthodique, a copié textuellement le Mémoire presque entier de
Steller, sans indiquer la source encore peu connue à laquelle il puisait, a
fait dire à cet Observateur tout autre chose que ce qu’il a exprimé, en
traduisant ce passage, car voici sa Version : « Mais leurs Œufs sont plus
» gros, afin que la chaleur ne les dessèche pas. »
(3) Eier der Vogel Deutschlands, etc. Œufs des Ois. de l’Allemagne,
etc. 1818.
404 DEUXIÈME PARTIE.
=
dans l'OEuf. Ainsi, les OEufs les plus petits sont ceux d'où
sort le Fœtus dans l’état le plus imparfait ; et les OEufs les plus
grands sont ceux d’où sort le Fœtus dans l’état le mieux
développé et le mieux formé : le degré de développement de
l'Oiseau est ensuite en rapport avec la manière de vivre et
le séjour de l’Oiseau. »
Puis il appuie cette loi des observations suivantes :
« On remarque en général que le Fœtus des Oiseaux Grim-
peurs, Chanteurs et de Proie, qui nichent sur les arbres,
quittent l'OEuf dans l’état le moins développé; car ils sont
plus petits et nus; ils naissent aveugles et leurs membres sont
d’une telle faiblesse qu’ils ne peuvent encore s’en servir pour
se mouvoir. Ges Oiseaux pondent, en proportion de la gros-
seur du corps , les OEufs les plus petits. Les Fœtus des Galli-
nacés, de la plupart des Oiseaux de Marais et Aquatiques,
qui nichent à terre, sortent de l’OEuf fort développés et
formés: ils sont grands et en partie couverts de plumes; ils
jouissent de la vue en naissant, et leurs membres, les pieds
surtout sont si forts et si bien développés que, très-peu de
temps après leur naissance , et souvent même en naissant, ils
peuvent quitier le nid et suivre la voix de la mère. Ces Oi-
seaux pondent les OEufs les plus grands, en proportion de la
grosseur du corps. Les Oiseaux de mer offrent les exemples
les plus frappants de ce fait. Le Lumme-Grylle ou Guillemot
à Miroir (Uria Grylle), qui n’est que de la grosseur du
Pigeon , pond des OEufs de la grosseur des OEufs de Poule. »
M. Moquin-Tandon (1) reprenant en sous-œuvre et dévelop-
pant la proposition de Buble, en conclut de cette différence que
la nature, en vue de l'existence exclusivement aquatique et pour
ainsi dire anti-terrestre à laquelle elle prédestinait ces Oiseaux ,
(1) Bullet. de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 105
a, comme dans ses autres créations , apporté tous ses soins à la
perfection de cette partie de son OEuvre, qu'ainsi ces Oiseaux
devant sortir de leur OEuf couverts d’un duvet assez épais pour
les préserver, non seulement du contact trop immédiat des eaux
dans lesquelles ils se plongent à l'ouverture de la Coquille , mais
encore de la rigueur du climat, avaient besoin d’une élaboration
plus longue, ce que prouve le temps de la couvée chez ces
Espèces; qu'il était alors naturel que, par suite , toute propor-
tion gardée entre les petits de ces Oiseaux et ceux des Oiseaux
Terrestres, au moment où ils sortent de l'OEuf, les premiers,
étant plus formés et revêtus d’un duvet assez épais qui augmente
leur volume , exigeassent une augmentation de substances nutri-
tives, et en même temps un développement de matière calcaire
plus étendu que les autres, relativement à la grosseur du corps
de l’Animal.
Comme règle générale et en principe, l’observation de Buhle
est d’une justesse incontestable, mais réduite seulement à ces
termes :
Que les OEufs les plus petits, relativement au corps de l'Oiseau,
sont ceux d'où le germe éclot dans l’état de développement le
moins avancé ;
Et que les OEufs proportionnés au volume de l’Oiseau, tels
que nous Considérons ceux des Gallinacés et des Anséridés,
sont ceux dont le germe sort dans son entier développement.
Là s'arrête, pour nous, l'exactitude et la vérité de la loi établie
par Buhle. Nous en exceptons formellement les OEufs hors de
toute proportion, par l’accroissement de leur volume , avec celui
de l'Oiseau dont ils proviennent ; ce qui est le cas des OEufs de
Pingouin et de Guillemot, et nous allons dire nos raisons.
S'il en était ainsi que le pense Buhle et qu’on serait tenté de
le croire au premier aspect, pourquoi la même disproportion
n'existerait-elle pas chez tous les autres Palmipèdes, dont les
106 DEUXIÈME PARTIE.
petits se plongent dans l'eau au sortir de la. Coquille et dont
lOEuf pourtant est dans les mêmes proportions relatives que
l'OEuf de la plupart des Oiseaux Terrestres ? Pourquoi cette dis-
proportion n'existerait-elle pas non plus chez les vrais Gallina-
cés, dont les petits se mettent également à courir en sortant de
l’'OEuf? Pourquoi, enfin, cette disproportion, qui est presque
tout aussi frappante chez le plus grand nombre des Échassiers,
qui courent en sortant de l’OEuf et dont le temps de l’incubation
n'est pas, pour cela, beaucoup plus prolongé que chez les
autres Oiseaux Terrestres, n’aurait-elle pas la même cause ?
Steller, sans en avoir trouvé la véritable raison , nous paraît
cependant beaucoup plus dans le vrai : il ne lui manque peut-
être que d'être plus explicite. Sa proposition ne semble même,
d’abord , que spécieuse, en ce qu’elle ne repose, sans doute, que
sur cette considération : que ces Oiseaux se donnent à peine le
soin de se construire un nid ; qu’ils n’en construisent même pas,
pour la plupart, et pondent sur la roche presque nue; qu’enfin
la spécialité de leurs aliments les oblige même, durant l’incuba-
tion, à des déplacements réitérés.
Pour nous, si porté que nous soyons à reconnaître dans les
œuvres de la Nature les preuves les plus manifestes de la Provi- |
dence qui a présidé à leur création, il nous est difficile d’ad-
mettre, sinon sans réplique, au moins sans explication, une
semblable proposition. Nous ne voyons pas en quoi le dévelop-
pement plus ou moins considérable d’un corps, comme la Co-
quille de l'OEuf, peut servir aux éléments qui y sont renfermés ,
à leur conserver plus ou moins longtemps et avec plus ou moins
d'efficacité, la chaleur qu’ils sont appelés à recevoir, ou qu’ils
reçoivent, soit de la température du climat, soit de l’incubation.
On concevrait davantage (et c’est ce que nous croyons et ce que
nous allons démontrer) que la nature organique ou constitutive
de ce corps, ct celle de ces éléments fût pour quelque chose , et
| CARACTÈRES OOLOGIQUES. 107
même pour tout, dans ce résultat. Remarquons ici que, pour
une partie des Oiseaux dont parle Steller, les Macareux, les
Guillemots et les Pingouins, ce résultat serait tout opposé à celui
qu'il indique, ainsi qu'on le verra par la suite ; et qu'il faut
excepter de son observation les Cormorans , les Fous et les Péli-
cans, auxquels elle ne peut, en aucune façon, être applicable ;
ces derniers Oiseaux rentrant dans la condition normale, quant
à la dimension relative et proportionnelle de leurs OBufs avec
leur propre volume. Nous invoquerons donc une autre considé-
ration, une seule.
Par cela même que ces OEufs, proportionnellement au volume
des Oiseaux qui les pondent , sont plus gros que ceux des autres
Oiseaux , il en résulte nécessairement que la matière qu’ils con-
tiennent doit être aussi , dans la même proportion, plus abon-
dante. C’est en effet ce qui se trouve confirmé par les remarques
de Marsigli et de Steller lui-même, remarques d’autant plus pré-
cieuses qu’elles ont été faites par eux hors de l’influence de tout
système , de toute théorie, et émises isolément de toute considé-
ration et de toute déduction théorique ou scientifique. Marsigli (1)
dit que ces OEufs ont plus de Blanc que les OEufs des Oiseaux
Terrestres ; Steller, toujours copié par Bonnaterre, dit qu'ils ont
plus de Jaune. Sans examiner lequel de ces deux Auteurs s'est le
plus exactement rapproché de la vérité, il est un fait certain,
c’est que chacune de ces deux substances est, non seulement
dans les OEufs dont nous parlons, mais encore dans ceux des
Oiseaux Antarctiques, beaucoup plus épaisse et plus oléagineuse
que dans les autres ; et cela, pour en rendre le refroidissement
et l’évaporation plus lents et plus difficiles : car, si ces substan-
ces y étaient aussi légères et aussi liquides que dans les OEufs
des Oiseaux Terrestres , la Coquille qui les recouvre, étant très-
(1) Danubius Panonico-Mysicus. 1726.
108 DEUXIÈME PARTIE.
poreuse , quoique épaisse , offrirait un accès trop libre à l’action
de la congélation dans ces climats rigoureux.
De là, à conclure comme l’a fait Steller, il n’y a qu’un pas.
En effet, si la nature a voulu que l’OEuf des Pingouins et des
Guillemots füt d’un volume aussi disproportionné, parce que
cette enveloppe devait renfermer une quantité plus considérable
de liquides organiques; si elle a voulu que ces liquides fussent
d’une qualité oléagineuse pour les rendre moins sensibles à
l’action de la congélation, il est à peu près certain que la dispro-
portion en question n'existe « qu’afin de conserver plus long-
» temps le peu de chaleur que reçoivent ces ŒEufs d'une incu-
» bation souvent interrompue » et constamment combattue par
l’äpreté du climat.
Il suffit donc, comme on le voit, d'ajouter un terme à la pro-
position de Steller et d’en. retrancher un de celle de Buhle pour
concilier ces deux Oologistes.
En répondant à l'opinion de ce dernier, nous avons parlé des
Échassiers, chez qui l’OEuf est généralement de Forme Ovoi-
conique et d’un volume assez disproportionné, et auxquels on ne
peut cependant appliquer le raisonnement que nous venons de
faire pour les Pingouins : c’est qu’une autre cause, qui existe
à différents degrés chez tous les Oiseaux, influe d’une manière
presque exclusive sur la forme de l'OEuf des Oiseaux de cette
Famille. Cette cause est la longueur démesurée de leurs pattes,
laquelle, pour l'embryon même, exige un développement tout
aussi démesurément allongé de la partie inférieure de leur
Coquille; ce qui, chez aucun des nombreux Genres de cette
Famille, n’est plus remarquable que chez l’Échasse proprement
dite (Himantopus); chez d’autres Familles c’est la longueur dis-
proportionnée du cou, ou bien, ainsi que nous l'avons déjà
démontré, la forme du Sternum dans son ensemble, qui influera
sur celle de l'OŒEuf. est enfin constant qu’on ne peut s’empé-
‘CARACTÈRES OOLOGIQUES. 409
cher d'être frappé de certains rapports entre la constitution ana-
tomique de plusieurs Genres ou Familles d'Oiseaux et la Forme
que cette constitution, par l'influence de quelques-unes de ses
parties, imprime à la Coquille de l'OEuf. C’est ce dont notre
travail offre de nombreux et notables exemples.
Depuis peu cependant, un Ornithologiste distingué, que nous
avons déjà eu l’occasion et le plaisir de citer, M. Hardy, de
Dieppe, examinant l’OEuf, sous le rapport de la Forme que
nous lui assignions, et considérant les différences qui existent à
cet égard entre les OEufs provenant d’Oiseaux retenus en capti-
vité et ceux des Oiseaux à l’état libre, en a conclu, contrairement
à notre opinion, que « la loi générale qui régit la Forme des
» OEufs est tout simplement celle de la pesanteur, et que dès
» lors la perpendicularité de l’Oviducte fait, dans le repos,
» l’OEuf court de la majeure partie des Oiseaux de proie, et,
» dans l’action, celui du Pic. »
Et formule ainsi cette loi : « La position de l’Oiseau dans le
» repos ou dans l’action détermine, avant tout, la Forme de
» l’OEuf. » (1)
Cette idée, toute nouvelle et fort ingénieuse dans son appa-
rente simplicité, mérite que nous l’examinions sérieusement.
Sans doute, on peut observer plus d'exemples de variations
dans la Forme normale que nous leur avons assignée pour les
OEufs des Oiseaux en captivité que pour ceux des Oiseaux en
liberté, et la Poule a toujours été citée comme preuve par ceux
qui se sont occupés d'Oologie ; mais ce ne sont que des excep-
tions à la règle que nous avons établie : ce que prouve, et de
reste, le peu d'exemples que M. Hardy peut citer à l'appui de sa
proposition, mis en regard du grand nombre de faits qu'on peut
lui opposer, faits que nous avons consignés déjà plus haut, que
(1) Rev. et Magas. de Zool. 1857.
140 DEUXIÈME PARTIE.
nous confirmerons bientôt par d’autres considérations et aux-
quels nous nous référons pour le moment.
Et quant à l'influence directe et active des mouvements de
l'Oiseau , au moment de la formation et du développement de
l'OEuf dans son corps, tout le monde sera d'accord pour la con-
céder à M. Hardy, mais dans une limite excessivement res-
treinte; car dans la plupart des circonstances où peut se trouver
un Oiseau prêt à pondre, on conviendra qu'il faut des cas de
force majeure pour le sortir du calme et du repos qui lui sont
indispensables pour cette opération de la nature , devant laquelle
s’inclinent en quelque sorte toutes les nécessités.
Parlerons-nous en passant d’un fait tout aussi certain que
celui que nous avons établi plus haut, relativement à l'abondance
des liquides contenus dans l’OEuf des Pingouins; du fait de la
grosseur des OEufs, laquelle, chez les Oiseaux aquatiques, des
mers du Nord surtout, est en raison inverse de leur fécondité?
Ainsi, moins ils déposent d’'OEufs par ponte, plus il y a de dis-
proportion entre la dimension de leurs OEufs , et celle du corps
de l'Oiseau, et réciproquement. Les Pingouins, d’une part, et
les Sternes de l’autre , donnent dans des degrés inégaux, la me-
sure de cette différence.
Aussi croyons-nous que M. Moquin-Tandon, enchérissant sur
l'idée de Bubhle, a fait erreur lorsqu'il a avancé : « que les Oi-
» seaux qui ont les OEufs plus gros, proportion gardée avec
» l’étendue de leur taille, sont ceux qui en pondent une plus
» grande quantité, l'éducation de leur famille, dit-il, leur
» demandant moins de peines, moins de soins, moins de sollici-
» tude.» Il est vrai qu'il a excepté de cette proposition les
Colymbes et les Macareux (Mormon) : mais il aurait dû en
excepter également les Pingouins , les Guillemots et, en général,
presque tous les Oiseaux de mer, chez lesquels, ainsi qu’il le
fait judicieusement remarquer, « l’exiguité du nombre est com-
‘ CARACTÈRES OOLOGIQUES. AU
» pensée par la durée de l’incubation. » Il résulte de l’observa-
tion que ce qu’il a posé comme règle est au contraire l’excep-
tion, et que son exception devient la règle, car les OEufs qui
sont le moins proportionnés à la taille de l'Oiseau sont ceux des
Macareux, des Pingouins et des Guillemots, qui ne font qu’une
ponte dans l’année et ne pondent que un, deux et trois OEufs au
plus; tandis que les Gallinacés, qui multiplient à l'infini, ont,
selon nous, et quoiqu’on en dise par habitude, les OEufs on ne
peut plus proportionnés à la dimension de leur corps.
Et, pour ne parler que des Pingouins, ils sont du nombre de
ceux qui ont le plus de peine à se tenir hors de leur élément
habituel. De cette difficulté ou de cette inaptitude à marcher en
naît une aussi grande à couver. Les ayant doués sous ces rap-
ports d’une conformation aussi imparfaite, la nature a agi par
voie de conséquence en limitant leur fécondité au plus petit
nombre possible d'OEufs. Comment, en effet, ces Oiseaux, qui
ont besoin des plus grands efforts pour se soutenir sur la terre,
pourraient-ils diminuer assez la force du point d'appui qu'ils
trouvent avec tant de peines dans leurs pattes, placées à l’extré-
mité de leur corps, pour les écarter et augmenter artificiellement
ainsi, à la manière des Oiseaux percheurs, la surface de leur
Sternum , à l'effet de recouvrir et d'échauffer un nombre d’OEufs
plus considérable que celui qu'ils pondent ordinairement? Car
quelques Auteurs ont, à tort et par erreur, avancé que ces
Oiseaux couvaient debout, c’est-à-dire accroupis sur la jonction
du torse au tibia, à la façon d’un grand nombre d’Échassiers,
et, malgré les. efforts dont ils ont besoin pour, de la position
horizontale, se remettre à la position verticale, il est reconnu
depuis longtemps et constant qu’ils couvent couchés sur leurs
OEufs. N’en eüt-on pas d’autres preuves que la découverte si
curieuse faite par Faber, des taches dites d’incubation que l’on
trouve chez beaucoup d’Oiseaux Aquatiques dont la poitrine est
442 = DEUXIÈME PARTIE.
dénudée de plumes à un ou plusieurs endroits (découverte qui
date de près d’un demi-siècle et est presque inconnue en France)
suffirait à le démontrer : puisque ce savant observateur a reconnu
que les Uria en général, l’A/ca torda et le Mormon arctica, qui
ne pondent la plupart du temps qu'un seul OEuf, avaient excep-
tionnellement à leurs congénères, et comme les Oiseaux qui
en pondent plusieurs, deux taches à la poitrine; ce qui leur
permettrait, selon lui, d’alterner l’un et l’autre côté pour couver;
ce qui, selon nous, viendrait à l’appui de notre explication, en
leur donnant plus de facilité à se relever en cas d’alerte ou de
besoin, l’un des pieds étant toujours prêt à ce mouvement.
C’est également à cause de cette inaptitude à couver que leurs
OEufs sont recouverts d’une Coquille aussi épaisse, qui les met
en état et de supporter le poids du corps de ces Oiseaux, qui ne
pose cependant, on le voit. qu’à moitié, et de résister au froid
qui résulte tant du contact de l'air atmosphérique de ces contrées
glaciales, que du contact des rochers à la surface nue desquels
ils sont le plus souvent déposés.
Nous ne terminerons pas ce Chapitre sans dire un mot d’une
différence que quelques Savants, entraînés plutôt par la croyance
populaire de tous les temps, que par leur propre conviction , ont
cru remarquer dans la Forme des OEufs composant une même
ponte ; tous n'étant pas toujours de la même figure, y en ayant
de plus longs ou de plus larges les uns que les autres, et de la
conséquence qu’on a tirée.
Il arrive quelquefois que, dans le même Nid, les OEufs varient
de longueur ou de largeur. La Science Ancienne et du Moyen-
Age s’est partagée gravement sur cette question bien puérile; il en
a été de même de la Science Moderne. Aristote (1) et Nymphus (2),
A]
(1) Histor. Animal.
(2) V. ses Remarques sur Aristote.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4143
son commentateur, Avicenne (1), Albert-le-Grand (?), Cardan (3),
au XVIe Siècle, et Lapierre (4), à la fin du XVIIIe, prétendent
que, dans ce cas , les OEufs plus PRES et plus aigus, se ren-
contrént plus rarement, renfermänt les mâles, et ceux qui sont
plus arrondis et plus obtus , les femelles. Pline (5) au contraire,
Columelle (6), Belon (7), Crescent (8), au XVIe Siècle, et
Steller (9), au milieu du XVIILIe, soutiennent que ce sont les
OEufs arrondis qui sont les plus rares dans chaque nichée et que
ceux-ci seuls doivent renfermer les mâles et les autres les
femelles.
Enfin, nous savons que Geoffroy-Saint-Hilaire, en Egypte, et
Florent Prévot, il y a quinze ou dix-huit ans, à Paris, ont fait
des expériences relativement au plus ou moins de fondement de
cette remarque. Ils ont expérimenté sur les OEufs les plus com-
muns, ceux de Poule et de Pigeon, et chacun d’eux est arrivé à
conclure que les OEufs globuleux, c’est-à-dire ceux dont les
extrémités sont le plus obtuses, donnaient naissance aux femelles
et que les plus pointus donnaient naissance aux mâles. Ce qui
serait conforme, en tous points, à l'opinion d’Aristote et de ses
Sectateurs qui, probablement, n’ont pas eu d’autres termes de
comparaison.
M. Gerbes (10) de son côté, en la reproduisant, adhère au
résultat final de ces expériences.
(1) Opera. Venetiis. 1518-1596, in-fo.
(2) De Secret. Mul. Antuerpiæ. 1538.
(3) De Rerum varielate.
(4) Hist. Nat. de Buffon. Éd. de Sonnini. 1800.
(5) Lib. X, cap. 52.
(6) Lib. VII, cap. 5.
(7) De la Nature des Oiseaux. Liv. X, ch. 9
(8) De Agricult. Lib. IX, cap. 86.
(9) Nov. Comment. Acad. Petro. T. IV. 1752-58.
(10) Diet. Piltor. d'Hist. Natur. de Guérin. 1838.
114 DEUXIÈME PARTIE.
Quoique le préjugé le plus populaire et le plus répandu, sur-
tout chez les cultivateurs, soit en faveur de cette opinion, et
malgré toute la déférence que nous professons pour le mérite et
les lumières de l’illustre Savant et de l’observateur que nous
venons de citer, nous croyons que l’une n’est pas mieux fondée
que l’autre. Ce qui semble le prouver, c’est que, telle précaution
que prennent les gens de la campagne lorsqu'ils font couver des
OEufs de Poules, d’en retirer ceux qui sont allongés ou aigus,
afin d’avoir le plus possible de Pondeuses, on voit toujours un
certain nombre de Coqs, non prévus, éclore de ces couvées.
Dans quel but, d’ailleurs, la nature aurait-elle établi cette diffé-
rence? Est-ce que par hasard, dans les Oiseaux, les mâles ne
seraient point formés des mêmes parties constituantes que les
femelles, et exigeraient un développement de coquille différent
de celui de ces dernières? Nullement ; car dans le premier âge,
il est difficile, pour ne pas dire impossible, de distinguer les
mâles d’avec les femelles; la divergence même de l’opinion des
Auteurs que nous avons nommés est, au reste, un indice de son
peu de fondement; et nous sommes surpris que l’erreur que
nous signalons, ait été reproduite dans le sens d’Aristote et de
Cardan ou de Geoffroy-Saint-Hilaire, ce qui est tout un, par les
Rédacteurs du Journal des Connaissances utiles (1).
Nous le répétons : nous avouons que les observations, même
les plus puériles d'apparence, en Histoire naturelle, faites par les
anciens Auteurs, reposent quelquefois sur un fait vrai en lui-
même; mais nous croyons que pour celle dont il s’agit, il n’en
est pas ainsi.
En fait d'observations semblables, reposant, en quelque sorte,
sur la constitution organique de l’OEuf chez les Oiseaux, consi-
déré comme produit animé, nous pensons que ce n’était pas
(1) An. 4832.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4145
sur des animaux en domesticité et aussi influencés par elle, de
l’aveu même des expérimentateurs, que devaient porter les
expériences en question, lorsque surtout on sait, et nous
l'avons assez démontré , et nous aurons encore plus d’une occa-
sion de le faire, combien cette domesticité réagit sur l’OEuf,
quant à la régularité de la Forme. C’est sur des Oiseaux vierges
encore de cette influence que l’on devait opérer si l’on voulait
arriver à une démonstration, sinon vraie, du moins vraisem-
blable, et qui fût de nature à faire évanouir des doutes que nous
conservons dans toute leur force.
C'est ce qu'avait fort bien compris, dès 4772, Gunther (1),
lorsqu'il entreprit de démontrer la fausseté et le néant de la pré-
tendue observation d’Aristote, ce qu’il fit en ces termes :
« Il y a même parfois, dit-il, dans un seul et même Nid, des
» OEufs pointus et des OEufs obtus. Aristote en a voulu nous
» expliquer la raison, et nous faire croire que les mâles prove-
» naient des OEufs pointus , et les femelles des OEufs obtus. Nous
» pouvons démontrer le peu de fondement de cette assertion par
» nos expériences avec des Canaris; car nous avons vu des mâles
» et des femelles naître indifféremment des OEufs pointus et des
» OEufs obtus. Ces expériences, pour le dire en passant, com-
» battent victorieusement les préjugés d’un grand nombre d’a-
» mateurs de Canaris qui, à l’exemple d’Aristote, veulent déjà
» reconnaître à la Forme de l’OEuf, s'ils en obtiendront un mâle
» ou une femelle, et ne réfléchissent pas qu’ils ne sont ni assez
» bons observateurs, ni assez patients pour faire des expé-
» riences. À notre avis, la Forme plus ronde ou plus pointue de
» l’OEuf est un effet mécanique , et dépend de la pression de
» l’Oviducte sur l'OEuf, quand la Coquille est encore molle; et
» cette pression peut devenir plus ou moins forte par les con-
(1) Gammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Vogel.
416 DEUXIÈME PARTIE.
tractions de cet organe , selon qu'il est plus ou moins irrité
par les intestins pleins ou vides, ou par d’autres causes. Cette
théorie nous expliquera pourquoi les OEufs des Hibous et des
Martin-pêcheurs sont toujours ronds comme une Boule : il n’y
a qu’à admettre que l’Ovaire de ces Oiseaux est naturellement
plus large que dans d’autres, et conséquemment moins sujet
à de violentes contractions. La race femelle des Hibous serait
bientôt éteinte si, suivant Aristote, elle ne devait provenir que
des OEufs pointus, et que les OEufs ronds ne dussent produire
que des mâles. »
Bubhle (!), en 4818, affirme également que « des expériences
récentes ont prouvé victorieusement que la Forme extérieure
de l'OEuf ne pouvait pas toujours faire préjuger le sexe de
l'individu qu'il renferme. »
Plus récemment encore, Berge se prononcé dans le même
sens, en disant : « que l’on se tromperait, en admettant, comme
règle générale , que les mâles proviennent des OEufs pointus,
et les femelles des OEufs obtus : car on trouve souvent des
Nids où tous les OEufs sont obtus, et d’autres avec des OEufs
très-aigus; et les uns et les autres produiront des mâles et des
femelles. »
Une dernière considération, en un mot, fera tomber toute
incertitude relativement à ce que nous nous permettons d’ap-
peler l’inanité de la remarque ou distinction dont nous parlons :
c’est que, pour peu que les principes, que nous avons établis
plus haut sur la Forme de l’OBuf des Oiseaux, méritent quelque
créance et reposent sur quelque fondement, il est impossible
d'admettre comme générale la remarque prétendue faite sur des
OEufs de Poule et de Pigeon; car, pour en arriver à la conclu-
sion des doctes observateurs auxquels nous répondons, il leur
(1) Zier der Vogel Deutschlands
LA
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 417
fallait un point de départ, qu’ils n’ont même pas songé à poser,
relatif à la Forme Normale des OEufs des deux Ordres d’Oiseaux
sur lesquels ils ont expérimenté. Or, quelle est la Forme
Normale qu’ils ont cru devoir reconnaître à ces OEufs ? Personne
ne le sait, quoique l’on puisse implicitement l’induire des termes
mêmes de leur proposition. Est-elle la même pour les deux
Ordres? Ou Ovée pour l’un, et Ovalaire pour l’autre, ainsi que
nous pensons l'avoir démontré? Evidemment, si leur proposi-
tion est exacte pour ces deux Ordres , à quels caractères recon-
naîtra-t-on dans les Ordres ou Familles Ornithologiques, dont
les OEufs sont normalement Sphériques, par exemple, Ellip-
tiques ou Ovoïconiques, ceux qui doivent produire les mâles et
‘ceux qui doivent produire les femelles? Ces caractères varieraient
donc suivant la Forme distinctive à laquelle seraient soumis les
produits Ovariens de chaque Ordre, de chaque Famille ou de
chaque Genre d’Oiseaux ? Car c’est le résultat auquel mène la
contrariété de l’opinion de MM. Et. Geoffroy-Saint-Hilaire et
Flo. Prévôt, confirmative de celle d’Aristote, d’avec l'opinion
de Steller. Les premiers opèrent sur des OEufs d’un caractère
normal de Forme Ovée pour les Poules, et de Forme Ovalaire
pour les Pigeons; quelques aberrations de cette Forme, qui
tournent à la dénaturer, se présentent à leurs yeux : ils en con-
cluent que ces aberrations doivent produire des mâles. Steller,
au contraire, opère sur des OEufs de Forme Ovoïconique , ceux
des Oiseaux des Mers polaires ; les seules aberrations à peu près
possibles de cette Forme tournent à la Forme Globulaire : il en
conclut que les mâles doivent naître de cette Forme exception-
nelle et beaucoup plus rare dans les OEufs par lui observés. :
Ou nous nous abusons étrangement, ou la base de la
remarque que nous discutons nous paraît bien nébuleuse et
presque problématique; pour la rendre plus saisissable et sur-
tout pour la faire concevoir, si tant est que les éléments en
1148 DEUXIÈME PARTIE.
existent, ce n’est plus sur les OEufs de deux seuls Ordres d’Oi-
seaux qu'il faut expérimenter, c'est sur ceux de presque tous
les Ordres et de presque toutes les Familles, ou au moins du
plus grand nombre. Le champ est certes bien vaste à parcourir;
mais il n’est pas au-dessus de la persévérance si désintéressée et
de la perspicacité d'observation si minutieuse de M. F1. Prévôt :
car, ou la remarque est d’une inutilité complète, d’une absolue
puérilité, si elle n'existe pas, ou bien elle est de la plus haute
portée Scientifique; et, dans ce cas, peut-être, faudrait-il recourir
à une analyse délicate et à un examen détaillé des matières
contenues dans les OEufs qui seraient reconnus devoir donner
naissance à des mâles.
Nous aimons mieux croire cependant que cette question,
renouvelée. des Grecs et du Moyen-Age, a fait son temps et
n'appartient plus désormais qu’à l'Histoire de la Science.
Maintenant, avant de quitter cette Étude de la Forme de
l'OEuf chez les Oiseaux, nous allons, surabondamment à ce que
nous en avons déjà dit, en tirer les conclusions favorables à nos
principes, quant aux éléments qu’ils fournissent pour le perfec-
tionnement des Méthodes Ornithologiques : ces conclusions
ressortiront des exemples suivants :
Dans les Rapaces Diurnes, aux Formes d'OEufs Ovalaires, le
Secrétaire (Serpentarius où Gypogeranus) se présente à peu
près seul, avec une Forme Ovée assez allongée, caractère
soumis aux mêmes règles que la Forme Ovoïconique de celui
des Echassiers, c’est-à-dire provoquée par l'allongement des
membres inférieurs. Ce caractère renvoie par conséquent ce
«Rapace à la fin, ou au moins hors ligne de ses congénères. Or,
sans connaître ce caractère Oologique, le Prince Ch. Bonaparte (1)
a mis le Gypogeranus tout à la fin de ses Accipitres Diurnes.
(1) Conspectus Systematis Ornithologiæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 419
De même, chez les Rapaces Nocturnes, aux Formes Sphériques
ou Globulaires, l’Effraye (Strix) se présente seule avec une
Forme relativement la même que celle du Serpentaire, pour ses
propres congénères , c’est-à-dire Ovée, ce qui met également la
Famille des Strigidæ hors ligne des Rapaces Nocturnes. Or, si
l'on prend en considération cette similitude de Forme Oologique,
exceptionnelle chez les Rapaces en général, pour adopter la Série
unilinéaire entre les Diurnes et les Nocturnes, on en arrive, en
terminant les premiers par les Gypogeranidæ, à commencer
forcément les seconds par les Sérigidæ. Et c’est ce que n’a pas
manqué de faire l’illustre Ornithologiste que nous venons de
citer.
De même encore, on a l’habitude de ranger le Steatornis ou
Guacharo, avec les Caprimulgidæ Podargues et Engoulvents.
Or ceux-ci ont leur OEuf de Forme Ovalaire parfaite, parfois
même presque Elliptique. Eh bien! le Guacharo fait, au milieu
de ces congénères qu’on lui a donnés depuis peu, la même
exception que le Serpentaire et l’Effraye dans les leurs ; son
OEuf est simplement de Forme Ovée, même un peu obtuse, et
se rapproche beaucoup sous tous les rapports de celui du Sférix.
Cette exception de la Forme Oologique est donc en relation in-
time avec les autres exceptions de formes et d’habitudes qu'offre
cet Oiseau, embarras des Méthodistes.
Dans les Anisodactyles, les Touracos, si difficiles à classer,
justifient également cette difficulté par la Forme de leurs OEufs,
qui est Sphérique ou Globulaire , comme celui des Rapaces
Nocturnes; ce qui semblerait devoir, sinon les rapprocher, au
moins ne pas les éloigner beaucoup de ces derniers. Or, on sait
que leur Sternum offre une telle similitude de caractère avec
celui des Rapaces Nocturnes que Lherminier, dans le dévelop-
pement et l'application du système de de Blainville, n'a pas cru
pouvoir placer les Touracos ailleurs qu'à leur suite. L'indication
420 DEUXIÈME PARTIE.
fournie par la Forme Oologique est donc d'accord avec l’indica-
tion fournie par la Forme Sternale, ou l’appareil Ostéologique.
Il existe une différence aussi grande, quant à la Forme de
l'OEuf, entre deux petites Familles que l’on a longtemps et
souvent confondues ensemble, entre l’OEuf des Jacanas (Parridæ)
et celui des Râles (Rallidæ) : ceux-ci l'ont de Forme Ovalaire et
presque Ællipsoïdale; ceux-là presque Ovoïconique, véritable
OEuf de Gralles ou Echassiers : ce qui indique entre eux et ces
derniers une parenté ou affinité assez intime. Or, le Prince Ch.
Bonaparte a reconnu ces rapports en faisant suivre ses Grallæ
ou Cursores, qu'il termine par les Scolapacidæ (| Bécasses et
Chevaliers), de ses Alectorides qu'il commence par les Parridæ.
CHAPITRE I.
DE LA COQUILLE DE L'OEUF ET DE SA NATURE,
SELON LES DIVERSES FAMILLES. (1)
Après avoir parlé de l'OEuf en général, de sa Forme et des
accidents auxquels elle est exposée, examinons un peu la nature
de sa Coquille.
Ce qu’on appelle Coquille, dans l'OEuf, est son enveloppe
extérieure, celle qui, plus grossière et plus solide, contient et
défend les enveloppes beaucoup plus délicates dans lesquelles
sont renfermés les liquides élémentaires indispensables à l’ac-
croissement de l'embryon, celle enfin qui est formée la dernière.
(1) Voir Magasin de Zoologie. 1843. Oiseaux, PL. 36.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 421
Cette Coquille n’est autre chose, à l’état ordinaire, et une fois
sortie du corps de l’Animal, qu’une matière calcaire, friable et
fragile, d’un blanc plus ou moins pur, et variant du bleuâtre au
verdâtre. On sait que cette matière qui, dans l’économie de
l’Animal, est secretée dans des réservoirs et par des conduits
particuliers, se trouve encore à l’état de liquéfaction ou de
mollesse au moment de la sortie de l’'OEuf du tube excrémentiel,
et qu’elle ne se durcit et n’acquiert de fermeté que par l'effet du
contact de l’air.
Manesse (1) dit que « cette matière n’est qu'une terre calcaire
de la même nature que celle des os , sinon qu'elle ne contient
peut-être pas autant d'acide phosphorique : elle est, ajoute-t-il,
très-abondante dans les Oiseaux ; c’est pourquoi nous voyons que
leurs membres cassés se ressoudent en très-peu de temps. »
Buble dit que c’est dans l’extrémité de la Matrice, ou de
l'Oviducte, qu'elle se forme. Foureroy, Tromemdorff et Vau-
quelin (?) le premier, nous apprennent qu'elle est composée, sur
cent parties , de quatre-vingt-neuf de Carbonate calcaire , de cinq
de Phosphate de chaux, et que les molécules résultant de l’agglo-
mération de ces deux substances étaient unies par une espèce de
gluten animal : ce dernier Chimiste dit aussi y avoir découvert
un peu de Carbonate, de Magnésie, de Fer et de Soufre.
La surface intérieure de la Coquille, de la même couleur que
la matière qui la compose, est toujours parfaitement lisse et
unie, mais jamais luisante. Il en est autrement de la surface
extérieure : elle est tantôt lisse et luisante , tantôt mate et unie;
tantôt rude et granuleuse , ou piquetée; tantôt d’une apparence
grasse et oléagineuse; tantôt maculée de protubérances ou
(1) Dans son Introd. mss. à une Oologie Européenne restée inachevée,
1780 à 1790.
(2) Bulletin de la Socièté Philomatique de Paris.
422 DEUXIÈME PARTIE.
boursouflures calcaires , d’une couleur différente du reste de la
Coquille ; et tantôt recouverte d’une espèce de pulpe ou couche
sédimenteuse.
On sait, et on voit bien que la matière calcaire doit être, et
est en effet secrétée par des conduits particuliers qui affluent à
l'Oviducte , et dont la plus forte partie redescend et s’accumule
au fond du Cloaque : mais on est resté longtemps moins fixé sur
le mode employé par l’économie animale pour en opérer le
dépôt successif et régulier sur la pellicule qui tapisse intérieure-
ment la Coquille.
Manesse, dont nous avons répété les expériences, est le seul
qui soit entré dans l’examen et la démonstration détaillée de ce
point délicat de physiologie Oologique.
Ainsi, au moment de l’exfoliation dont se forme la troisième
et dernière membrane que l’on trouve dans l’OEuf, et à laquelle
s'attache la Coquille, on remarque que la paroi interne du
Moule, c’est-à-dire de l'Oviducte « qui était fort unie et très-
lisse avant la formation de cette dernière membrane, ne pré-
sente plus, après cette exfoliation, qu'un tissu hérissé d’une
infinité de petites papilles semblables à celles qui se voient sur
la langue et l'estomac des différents Animaux; ces papilles
multipliées à l'infini m'ont toujours paru, dit Manesse, être les
extrémités des vaisseaux qui composent le moule : c’est d’elles
que sort la matière de la Coquille, sous l'apparence d’une
matière laiteuse; cette liqueur peu fluide s'attache à la surface
de la dernière membrane , et s’y concréfie d’abord par de petits
grains en forme de sable (1); ensuite de proche en proche les
vides se remplissent, et la Coquille se trouve unie, au moins
dans la plupart des Oiseaux; et c’est de la surabondance de
cette matière crayeuse que naissent les espèces de verrues ou
(1) C’est bien là ce qu’on appellera plus tard du nom de Cristallisation.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 123
d’excroissances que l’on voit à la surface de certains OEufs,
particulièrement à ceux des Grèbes. »
Ces papilles sont en effet les extrémités affluentes, ou, si l’on
peut dire, les embouchures des vaisseaux capillaires qui amènent
à l’Oviducte, comme à un réservoir, la matière calcaire dont
doit être formée la dernière enveloppe de l'OEuf, la Coquille.
Pour s’en convaincre, « on peut, continue Manesse, en com-
primant fortement le moule, au moment de la formation de
la Coquille, faire sortir cette liqueur blanche qui compose sa
substance, et qui se sèche bientôt à l’air, sans cependant y
acquérir beaucoup de solidité. »
On comprend, après cette expérience, que Purkinje (1), et,
d’après lui, Carus (?), aient pu avancer que ce dépôt se formait
par voie de cristallisation. La variation que nous venons de
signaler dans les différents aspects extérieurs de cette enveloppe,
donneraient à penser, dans l’hypothèse de ces Physiologistes,
ou que cette cristallisation a lieu de diverses manières, ou que
les éléments dont elle est le résultat éprouvent des combinaisons
tout aussi variées. Ce qui est certain, c'est que ces différences
déjà si sensibles au toucher et à l'œil nu, le sont encore plus,
examinées au microscope : il y a ià un vaste champ d’observa-
tions et d’études fort curieuses à parcourir, et que nous recom-
mandons à toute la sagacité des Micrographes. Peut-être même,
si nos souvenirs sont exacts, le docteur Thienemann s’en est-il
déjà occupé; car c’est à ce point de vue entre autres qu'il fit
jadis ses Études Oologiques sur notre Collection.
Quoiqu'il en soit, le poli qu'offre la Coquille de l'OEuf, sui-
vant les divers groupes d’Oiseaux, dépend surtout, conformé-
ment à un principe de Minéralogie, de la finesse du grain qui
(4) Symbolæ ad Ovi Avium historiam ante incubationem. Leipsick. 1830.
(2) Traité élémentaire d’Anatomie comparée (Trad. de l’Allem.). 1835.
4124 DEUXIÈME PARTIE.
en compose la matière ; et plus la Coquille est luisante, plus elle
est généralement mince. Quelquefois cependant ce lustre est dû
à la présence d’une espèce de liqueur visqueuse qui abonde
dans certaines parties du corps de plusieurs Genres ou Familles
d'Oiseaux , notamment des Pics, des Martin-pécheurs, des Tor-
cols , et dont les OEufs semblent couverts d’un vernis éclatant
comme de l’émail.
Mais la finesse de ce grain n’est pas, comme l’avance Buhle,
en raison du volume de l’OEuf ou de la dimension de l'Oiseau
dont il provient. Ainsi, il ne faut point croire que ce grain soit
constamment épais et poreux dans la Goquille des plus gros
OEufs , et fin et serré dans celle des plus petits. Loin de là : on
voit des OEufs de 85 à 41145 millimètres de longueur (trois et
quatre pouces) avoir une Coquille aussi mince qu’un OEuf long
de 25 à 45 millimètres (huit et quinze lignes). L'OEuf de la
Grande-Outarde (Otis tarda) par exemple, a une Coquille fort
délicate et dont le grain est on ne peut plus fin; tandis que la
Caille (Coturnix) en a une épaisse relativement à son volume, et
dont le grain n’est ni aussi serré, ni aussi uni, quoique aussi
luisant que dans celui de la Grande-Outarde. Et pourtant quelle
différence dans les dimensions de ‘ces deux Oiseaux et la place
qu'ils occupent dans la série de leurs congénères ! L'un est classé
parmi les Coureurs et a un mètre quatre-vingt-cinq millimètres
de longueur; l’autre, rangé parmi les Perdices du Prince Ch.
Bonaparte, n’a que vingt centimètres.
Le peu de rapport qui existe entre le volume de certains OEufs
et la délicatesse de leur Coquille est même étonnant. En exami-
nant entre autres , les OEufs des Outardes et ceux des Tinamous,
on ne comprend pas comment une enveloppe aussi mince et
aussi fragile ne cède point au poids du corps de l'Oiseau,
durant l’opération de l’incubation. On est, à cet égard, tenté
d’accuser la nature d’imprévoyance , lorsqu'on se rappelle que,
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 425
dans les OEufs de beaucoup d’autres Familles, elle a mis en
rapport parfait la force de résistance de la Coquille avec celle
de la pression du corps de l'animal. Berge a fort bien fait cette
remarque en disant que : « les OEufs des petits Oiseaux et même
de quelques uns assez gros ont la coquille très-mince et très-
délicate; que ceux des grands Oiseaux, et notamment de ceux
qui pondent sur la terre nue , ont la Coquille plus épaisse, plus
forte et plus dure; » ce qui s’observe principalement chez la
Pintade , la plus grande partie des Gallinacés, des Perdrix, et
chez presque tous les Oiseaux nageurs. Mais notre intelligence
seule est en défaut ; la Nature ne l’est pas plus sur ce point que
sur les autres. Tout a été combiné par elle, et ce sont ces com-
binaisons dont il faut saisir les nuances pour se bien expliquer
tout ce qu’il y a d’ordre et d'économie dans cette apparente
irrégularité.
Il n'est personne qui n'ait fait attention aux variations exis-
tant dans la longueur des pieds des différentes Familles d'Oi-
seaux , et dans leur position relativement à la direction du corps,
ainsi qu'aux disproportions que souvent elles présentent avec
les autres dimensions de l'individu. Ces variations ou ces dispro-
portions produisent des différences essentielles dans le mode
d’incubation. Car tous les Oiseaux, en couvant, ne font pas
également porter le poids de leur corps sur leurs OEufs , ni de
la même manière : ils sont aidés dans cet acte nécessaire à la
propagation de leur Espèce, par la conformation de leurs
jambes, selon les rapports plus ou moins exacts de la propor-
tion de leur individu avec celle du Fémur et du Tibia. Ainsi les
Macareux, les Pingouins, les Guillemots et d’autres Genres
couvent dans la position qu'exigent et la brièveté et l'insertion
de leurs pattes placées hors du centre de gravité et à l'extrémité
postérieure du corps. Dans l’impossibilité presque absolue de
s'aider de leurs jambes, pour soutenir leur propre poids, ils
426 DEUXIÈME PARTIE.
en sont réduits à le faire porter sur leurs OEufs. C’est, sans
aucun doute, à cette conformation particulière et à ce mode
obligé d’incubation qu’il faut, ainsi que nous l'avons déjà dit,
attribuer le petit nombre d'OEufs que pondent ces Oiseaux,
puisqu'il est rare qu'ils en fassent plus de deux. Il leur serait
difficile en effet d’en couver davantage dans cette position, leur
corps n'offrant point en cet état, par lui-même, une surface
assez étendue, et de plus la brièveté de leurs pattes s’opposant
à ce qu'ils puissent les écarter suffisamment.
Les Flamants ou Phénicoptères, dont les jambes sont trop
longues pour leur permettre de s’accroupir commodément, leur
structure , quant au centre de gravité dans cet acte, étant en sens
inverse de celle des Oiseaux précédents, déposent leurs OEufs
sur un monticule qu’ils élèvent eux-mêmes, et les couvent
dressés sur la jonction du Fémur au Tibia, en les recouvrant
seulement de leur croupion; ce que font également presque tous
les Échassiers.
Quant aux Gallinacés et à la majeure partie des autres
Oiseaux de terre, la longueur proportionnée de leurs pattes et
leur position au centre du corps leur permettent de les écarter,
et par conséquent d’embrasser un plus grand nombre d'OEufs
sous leur poitrine ou leur abdomen. Mais aussi, cette position, :
en diminuant la force nécessaire pour soutenir le poids de leur
corps, les oblige de s’appuyer un peu plus sur leurs OEufs en les
couvant.
Les Tinamous, les Outardes et les Bécassines, avec des pattes
placées à peu près de même que les Gallinacés, les ont confor-
mées d’une manière plus avantageuse. Quoique accroupis comme
ces derniers, ils s’en servent de point d'appui pendant l’incu-
bation et communiquent à leurs OEufs la chaleur dont ils ont
besoin, sans les mettre à l'épreuve du poids de leur corps.
Ïl en est autrement des Goëlands, des Mouettes et des Hiron-
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 427
delles de mer (Laridæ et Sternidæ). Leurs pattes, il est vrai,
sont placées au centre du corps; mais elles sont d’une brièveté
telle que l’Oiseau accroupi écraserait infailliblement ses OEufs,
d’une grosseur d’ailleurs remarquable relativement à ses dimen-
sions, si l'épaisseur considérable des plumes dont est garni son
abdomen ne garantissait ses OEufs d’une pression trop dure et
trop immédiate dont les préserve en plus leur rotondité, sup-
pléant ainsi à l’amincissement et à la faiblesse relative de leur
Coquille.
C’est en raison des différents degrés de pression que la confor-
mation des membres postérieurs oblige ces Oiseaux à faire
éprouver à leurs OEufs en les couvant, que la nature a combiné
la force de résistance et l'épaisseur de la Coquille avec le volume
de l'OEuf. Il suffit, pour s’en convaincre, après ce que nous
avons dit, de considérer la Coquille des OEufs des Familles que
nous venons de citer, entre lesquelles le mode d’incubation
varie le plus.
Les OEufs des Macareux, dés Pingouins, des Guillemots et des
Sphéniscidés sont les plus épais en Coquille relativement à leur
volume ; ceux des Flamants et des Pélicanidés le sont un peu
moins, tout en ayant plus de matière crayeuse à leur surface;
ceux des Gallinacés et du plus grand nombre des autres Familles
Ornithologiques ont l'épaisseur de leur Coquille proportionnée à
leur volume ; ceux enfin chez qui la Coquille est le plus mince
et le moins en rapport avec leur volume sont ceux des Tinamous,
des Outardes et des Bécassines et autres petits Échassiers, puis
ceux des Goëlands, des Mouettes et des Sternes.
Mais nous ne pensons pas, ainsi que l’affirme M. Moquin-
Tandon, que : « En général, ce sont les Oiseaux les plus légers,
les plus habiles à fendre l'air, ceux qui se transportent d’un seul
vol à des traites immenses, qui produisent des OEufs d'une
faible Coquille; que ce sont aussi ces mêmes Oiseaux qui les ont
128 DEUXIÈME PARTIE.
d’une petitesse extrême. » Rien ne vient justifier cette assertion,
pas même l'exemple qu’il cite de la Frégate (Tachypetes) : « La
Frégate, dit-il, qui serait le roi des Volatiles si l'empire était dû
à la légèreté et non à la force, naît d’un Ouf très-peu volumi-
neux, et qui, comme celui des Ghélidons, est pourvu d’une
Coque fort mince. » Car les OEufs de Frégate que nous avons
possédés nous ont toujours paru de dimensions proportionnées
à celles de l'Oiseau et d’une finesse de Coquille tenant le milieu
entre les OEufs de Pétrels et ceux de Pélicans , avec lesquels ils
ont les plus grands rapports et la plus grande affinité.
Revenons à présent à la distinction que nous avons établie
entre les OEufs quant à la nature et à l’aspect de la Coquille.
On peut, à cet égard, les ranger en sept séries; mais ces
séries n’étant pas susceptibles de se prêter, dans leur énonciation,
à un ordre qui soit en harmonie avec la Classification Ornitholo-
gique, nous les énoncerons simplement dans l’ordre relatif de
leur pouvoir réfléchissant.
La première est composée des OEufs dont la Coquille est lui-
sante comme du verre : ce sont ceux des Picidés, des Méropidés,
des Alcédidés, des Tinamidés, des Perdicidés; puis des Otidés,
de quelques Gallidés et de quelques Scolopacidés.
La deuxième est composée des OEufs à Coquille lisse moins
luisante que ceux de la première série : ce sont ceux de la plus
grande partie des Passereaux et des Gallinacés.
La troisième se compose des OEufs à Coquille mate et unie :
tels sont ceux de tous les Rapaces Diurnes et Nocturnes, des
Psittacidés, des Musophagidés, des Hirundinidés, des Pipridés,
de quelques Gallinacés, de tous les Gralles et Échassiers, des
Rallidés , des Procellaridés, des Laridés et Sternidés, des Colym-
bidés et des Alcidés.
La quatrième série est composée des OEufs dont la Coquille
présente une surface rude et granuleuse ou piquetée : tels que
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 429
ceux de quelques Alectorides (Hoccos, Pénélopes), des Struthio-
nidés et des Casuaridés. |
La cinquième, des OEufs dont la Coquille a l'apparence grasse
et oléagineuse, comme ceux de tous les Anatidés ; et encore,
parmi eux, les Cygnes pourraient-ils , avec quelque raison, être
intercalés dans la dernière Série.
La sixième, des OEufs dont la Coquille, grasse et oléagi-
neuse , comme dans la précédente Série, est en outre maculée
de protubérances calcaires : une seule Famille d’Oiseaux nous
offre cette particularité dans la structure de la Coquille de ses
OEufs, c’est celle des Grèbidés, auxquels il faut joindre les
Plotidés (ou Anhingas).
La septième et dernière Série est composée des OEufs à
Coquille recouverte d’une espèce de couche crétacée ou pulpe
sédimenteuse, et renferme les Familles de quatre Ordres assez
éloignés l’un de l’autre : ce sont ceux des Crotophagidés (ou
Anis), ceux des Phénicopteridés (ou Flamants), et ceux de
presque tous les Pélécanidés et des Sphéniscidés.
Il résulte de ce qui précède, qu'’exception faite des trois
dernières Séries, le plus grand nombre des OEufs d’Oiseaux
renfermés dans les autres Séries, est à Coquille lisse et plus ou
moins luisante. Mais un fait à remarquer, c’est que la propriété
réfléchissante ne se rencontre dans les OEufs d'aucun Oiseau
Aquatique, ou Nageur, dont la Coquille, à part des modifications
particulières, est toujours mate sans exception. Dans les OEufs
appartenant aux autres Ordres d'Oiseaux au contraire , les excep-
tions à cet égard sont, comme on l’a vu, assez fréquentes, pour
nous avoir déterminé à en composer trois ou quatre Séries
suffisamment distinctes.
Cette différence singulière entre les OEufs des Oiseaux Aqua-
tiques et ceux des Oiseaux Terrestres, mérite que nous cher-
chions à l'expliquer. Elle se rattache à un principe de physique
10
430 DEUXIÈME PARTIE.
d’après lequel l'aptitude des corps à absorber le calorique est en
raison inverse du poli de leur surface ; c’est-à-dire , que plus la
surface d’un corps est luisante, plus lentement ce corps absorbe
le calorique , mais aussi, mieux il conserve celui qu’il a absorbé.
Or, cette facilité d'absorption dépend de la nature, du poli et de
la couleur de ce corps. En faisant l’application de ce principe au
sujet qui nous occupe, nous aurons une explication satisfaisante
des variations principales que l’on remarque dans la facilité plus
ou moins grande d'absorption dont est douée la Coquille de
l'OEuf des diverses Familles d'Oiseaux; et nous verrons que ces
variations ne sont point un vain jeu de la Nature, mais qu’elles
tiennent aux modifications qu’elle à apportées à la contexture de
leurs OEufs , suivant les éléments fréquentés par ces Vertébrés et
leur manière de couver. Car c’est dans la différence des éléments
où ils vivent, autant que dans celle du mode d’incubation que
l'instinct leur suggère , qu’il faut chercher la cause du peu d’uni-
formité que présentent dans la conformation de leurs Coquilles
les OEufs des uns et des autres. ,
Les OEufs des Oiseaux Aquatiques, par exemple, n’ont à lutter
en général que contre le froid, l'humidité, et rarement ou
presque jamais contre la chaleur; d’où le peu de variété dans la
nature et la qualité de leur Coquille; les uns , comme les Guille-
mots et les Pingouins, l'ayant seulement épaisse, mate et
poreuse, toutes qualités qui concourent à la rendre le plus apte
que possible à absorber la plus grande somme de calorique, soit
rayonnant, soit latent; d’autres, comme les Cormorans et les
Fous, avec une Coquille trop mince, quoique mate, l’ayant
revêtue d’une couche sédimenteuse qui, en obstruant les pores
de la Coquille par lesquels a lieu l’évaporation , met obstacle aux
ravages de l'humidité de l’élément qu'ils fréquentent; d'autres
enfin, comme les Oies et les Canards, l'ayant uniquement d’une
matière grasse et oléagineuse, tout-à-fait antipathique à l'eau.
CÂRACTÈRES OOLOGIQUES. 431
Les OEufs des Oiseaux Terrestres, au contraire, ont plus à ‘
lutter contre la chaleur que contre tout autre élément. Aussi est-
ce pour cette raison que c’est chez eux que la Coquille est au
plus haut degré pourvue du pouvoir réfléchissant, particulière-
ment chez les Tinamous que nous prendrons pour exemple. Ces
derniers Oiseaux, qui ne pondent et ne,couvent que dans les
vastes plaines herbeuses des Amériques du Centre et du Sud, la
plupart dans les Régions Intertropicales de cette partie du Globe,
n'auraient pu se contenter pour leurs OEufs d’une Coquille mate
et poreuse sans être exposés à en voir le contenu se dessécher
par suite de l’évaporation si active et si prompte dans ces cli-
mats, évaporation que n'aurait pas manqué de faciliter encore
cette porosité de leur enveloppe, si elle eût existé. Il y avait
donc pour eux toute nécessité de voir leurs OEufs pourvus d’une
Coquille éminemment réfléchissante, d’un côté pour repousser
l’action absorbante du soleil, de l’autre pour ne prendre que
modérément leur part de l’action régulière de l’incubation.
Une autre Tribu d’Oiseaux Terrestres (Zygodactyles) , les Anis
(Crotophagidæ), exposés comme ceux-ci aux mêmes inconvé-
nients résultant de la similitude des climats qu’ils habitent, mais
ayant de plus à lutter contre l'humidité brûlante des localités
qu'ils fréquentent pour couver, telles que les Savanes et les
forêts de Palétuviers, ont subi dans la structure de la Goquille
de leurs OEufs une modification particulière qui se rapproche de.
celle que nous avons signalée dans les OEufs des Cormorans, et
qui, ici, est unique dans toute la Classe si nombreuse des
Oiseaux dits Terrestres ou non-Aquatiques. Leur Coquille a été
revêtue d’une couche crayeuse et sédimenteuse de même nature
que celle qui se trouve sur les OEufs de certaines Familles de
Palmipèdes, laquelle, en obstruant comme dans ceux-ci les
pores de la Goquille mate par lesquels s’effectue l’évaporation, et
en retardant l'effet destructeur d’une perte trop active de calo-
432 DEUXIÈME PARTIE.
rique, procure le même avantage que le pouvoir réfléchissant et
n’en à pas les inconvénients; nous disons les inconvénients, car
la faculté de réfléchir s’acquérant aux dépens de l’épaisseur, de
la solidité de la Coquille, il en résulte que cette enveloppe, dans
ce cas, en devient plus accessible aux atteintes de l'humidité et
plus fragile. Rien n’eut donc été plus nuisible, pour les OEufs
des Anis, que d’être pourvus d’une Coquille luisante : une
Coquille mate les préserve beaucoup mieux de cet inconvénient
grave, et la couche sédimenteuse dont elle est munie s’oppose à
une évaporation abondante que ne manquerait pas d’exciter l’ar-
deur brûlante de ces climats.
S'il s’en faut autant que les OEufs des Oiseaux Terrestres pré-
sentent la même uniformité dans la contexture de leur Coquille,
c’est que les changements de température sont plus fréquents
sur les Continents et les climats bien plus diversifiés qu’à la sur-
face des Mers : ce qui dépend des aspérités dont les terres du
Globe sont hérissées, aspérités qui modifient de mille manières
la chaleur et les vents; au lieu que sur les eaux nul obstacle ne
s'oppose à une égale répartition des effets de ces phénomènes.
De là cette variété dans la structure de la Coquille des Oiseaux
Terrestres : entre la Coquille des OEufs de l’Autruche, du Casoar,
de l’Outarde; entre les OEufs du Hocco, de la Pintade et des
Faisans, etc.
= Les idées que nous venons d'exposer sur ce que nous appelle-
rons la Théorie du pouvoir réfléchissant de la Coquille dans les
Œufs des Oiseaux, pouvoir si différent chez les Oiseaux Aqua-
tiques et chez les Oiseaux Terrestres, sont celles qui nous ont
paru les plus naturelles et de l'application la plus générale dans
l’état actuel de la Science Oologique; celles enfin que nous
avons cru donner l’explication la plus satisfaisante de la présence
d’une couche crétacée et sédimenteuse à la surface de la Coquille
de certains OEufs d’Oiseaux.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 433
Cependant le Docteur Schinz dit avoir observé que les OEufs
du Cormoran et du Pingouin Macroptère sont tapissés extérieu-
rement d’une couche de matière épaisse , blanche, crétacée , et
en conclut avec Pennayÿt (l) que cette matière sert à fixer ces
OEufs d’une manière plus sûre et plus solide au roc glissant et
escarpé sur lequel la femelle a coutume d'aller les déposer.
Nous reconnaissons avec le Docteur Schinz, et nous l'avons déjà
dit, que les OEufs du Cormoran sont effectivement recouverts de
cette matière; mais il n’en est pas de même des OEufs du Pin-
gouin Macroptère qui, comme les autres Espèces de Pingouins,
et comme les Guillemots, ont la surface de leur Coquille tout
unie, et dont la couleur dans leurs OEufs n’est masquée par la
superposition d'aucune substance. Nous ajouterons que la
remarque de Schinz ne devrait point se borner aux deux Genres
qu'il nomme , la même observation s'appliquant à une grande
partie des Oiseaux Aquatiques, surtout ceux des Mers Australes,
tels que les Manchots, etc.
Si à présent nous en venons à examiner le fondement de cette
hypothèse, nous verrons qu’elle ne repose sur rien de bien
positif. En effet, s’il était vrai que ce fût dans le but d'empêcher
les OEufs du Cormoran de glisser des roches sur lesquelles ils
sont déposés, que la nature les eût recouverts de cette couche
crétacée, le même moyen, sans aucun doute, eût été employé
pour préserver des mêmes dangers les OEufs d’une infinité
d’autres Oiseaux Marins, qui, comme les Cormorans, les déposent
sur la roche nue. Ainsi, la plupart des Hirondelles de mer, des
Mouettes ou Goëlands, des Pingouins et des Guillemots pondent
leurs OEufs sur les parties dénudées des rochers, et cependant
ils manquent de cette espèce de gluten dont parle Schinz; et
cependant leurs OEufs résistent aux coups de vent si fréquents
(4) Artic. Zool.
434 , PEUXIÈME PARTIE.
sur les plages où couvent habituellement ces Oiseaux. Steller dit
même avoir remarqué que les Pingouins et les Guillemots dépo-
saient toujours les leurs dans les petites concavités que présente
la surface des rochers ; et, de telle manière que le bout le plus
pesant de l'OEuf, le gros bout, s’y trouvait comme emboité, si
bien qu’il avait de la peine à les déplacer, en les touchant de
l'extrémité d’un bâton, toutes précautions instinctives qui
rendent bien inutiles l’intervention d’un enduit quelconque après
la Coquille. Observons d’ailleurs que l'explication de Schinz, qui
pourrait avoir quelque valeur, si la matière dont il parle possé-
dait les qualités d’un gluten, ne peut en aucune manière être
admise , puisque cette substance, que nous avons examinée chez
le Cormoran, crayeuse, participe de la nature calcaire de la
Coquille, est friable et peu tenace comme elle, et comme elle se
durcit par le contact de l'ai : que de plus, en ce qui concerne
le Cormoran, cet Oiseau ne dépose pas ses OEufs, comme le
paraît croire Schinz, seulement à la surface plane et glissante
des rochers, mais fort souvent sur les arbres et sur les buis-
sons ; enfin, que cette substance, ou une analogue, se retrouve
sur les OEufs des Anis des Savanes et des Palétuviers, qui
assurément ne les déposent pas sur des rochers qu'ils auraient
peine à rencontrer dans les lieux qu'ils fréquentent et dont ils
ont emprunté leur nom. D'où nous coneluons que Schinz a été
induit en erreur par Pennant.
Nous avons jusqu'ici parcouru toutes les particularités que
présente la Coquille de l’'OEuf, suivant les diverses Familles,
particularités que l’on peut appeler régulières ou normales. On
a vu que sa contexture variait, et en raison de la différence des
éléments et des climats qu’'habitent ces Familles, et en raison
de leur aptitude à l’acte de l’incubation soit sfernale, soit abdo-
minale. Mais il est encore une autre particularité tout-à-fait
exceptionnelle que présente cette enveloppe calcaire, que nous
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 435
aurions pu ranger, comme l’a fait Guettard, parmi les Hons-
truosités en plus ow p@r addition, et que nous ne devons pas
omettre.
Nous avons dit que la surface de la Coquille était dans la
généralité des OEufs, toujours unie, à part le degré de son poli,
et sauf les quelques exceptions que nous avons indiquées. Cette
qualité normale de la Coquille est cependant sujette, comme
la Forme de l’'OEuf, à quelques aberrations accidentelles. Il
arrive quelquefois que les OEufs, surtout les OEufs dégénérés
appelés Œufs-nains, ont la surface extérieure de leur Coquille
parsemée et comme hérissée de tubercules sphéroïdaux ou
globuleux de diverses grosseurs : lorsque l’on veut détacher
ces scories granuleuses, on s'aperçoit qu’elles sont creuses
pour la plupart.
Cette altération purement accidentelle de la Coquille n’a
encore été remarquée par nous, les OEufs de Poule exceptés,
que sur deux OEufs de Choucas commun , un OEuf de Perroquet,
un OEuf de Serin , un OEuf de Foulque, un OEuf d'Oie domes-
tique, et un OEuf de Canard Nyroca. L'un des deux OEufs de
Choucas est un OEuf nain, dont nous avons déjà parlé dans le
Chapitre précédent. Quant aux autres OEufs, surtout celui d'Oie,
ils ont leur dimension ordinaire. Il est présumable que la même
chose peut arriver aux OEufs de tous les Oiseaux en général,
sous l'influence des mêmes circonstances.
Guettard nous apprend que la Collection de Réaumur renfer-
mait deux de ces OEufs bizarres que ce dernier avait reçus d’un
curé de Pompone et qui provenaient d’une Poule qui les avait
pondus en 4747, laquelle Poule, dans plusieurs pontes succes-
sives , en avait déjà pondu de semblables. Voici la description
qu’en donne cet Académicien : « Cet OEuf, dit-il (l'Œuf nain),
était d’une figure régulière et ordinaire aux OEufs de Poule.
Quoique petit, c'était un monstre en grosseur, si on le compare
436 DEUXIÈME PARTIE.
à de petits corps ronds qui étaient attachés à la surface extérieure
d’un autre OEuf. Ces corps n'étaient pâs plus gros qu’un grain
de millet; ces corps avaient tous l’air de petits OEufs. Pour celui
où ils étaient attachés , il était de la moitié moins gros que les
OEufs ordinaires. » Il est évident que cette description n’a rap-
port qu’à un simple OEuf du genre de ceux dont nous parlons,
et qui n'avait rien de plus remarquable.
M. Moquin-Tandon (!) en cite un de Pigeon commun.
Cette singularité ne doit être attribuée qu’à l’état maladif de la
femelle dont les OEufs qui en sont affectés proviennent. Elle in-
dique que le Carbonate calcaire n’ayant pu subir toute la prépa-
ration nécessaire pour former une enveloppe unie et régulière,
et étant trop liquide et sans assez de consistance, s’est laissé
pénétrer d'air ou de tout autre gaz, et que ce gaz, en cherchant
une issue, lors de l'expulsion de l’'OEuf hors du cloaque, s’est
trouvé renfermé dans la matière , sous forme de globules, que le
contact de l'air ambiant a fait passer avec elle à l’état d’indu-
rescence.
En général , toutes les altérations qui surviennent à la Coquille
des OEufs , quant à l'aspect qu’elle présente en dehors des règles
que nous avons fixées, sont dues aux perturbations apportées
dans les fonctions et les habitudes de l’Animal. Ainsi le déran-
gement introduit dans la nourriture des Oiseaux, dérangement
inséparable de l'esclavage auquel il nous arrive souvent de sou-
mettre plusieurs d’entre eux, amène nécessairement un déran-
gement dans leurs fonctions organiques , et par suite dans leurs
facultés génératrices. IL n’y a par conséquent rien d'étonnant à
ce que, dans ces cas particuliers , la contexture de la Coquille,
résultat d’une sécrétion spéciale, conserve les traces de cette
cause désorganisatrice.
(1) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 437
Nous en avons possédé nous-même un exemple dans un OEuf
pondu en mai 4837, par une femelle de Traquet-Tarrier (Saæicola
ænanthe) que nous gardions en volière avec d’autres Oiseaux.
Cet OEuf a les mêmes dimensions et la même couleur verte que
ceux ordinaires de cette Espèce; mais la Coquille, au lieu d’en
être lisse et polie, est mate et rude au toucher comme une râpe,
et même quelque peu couverte d’une matière blanchâtre et cré-
tacée assez semblable à celle qui distingue les OEufs des Pélicans,
des Cormorans et des Anhingas.
C'est ce que prouve, pour nous, une expérience que M. Moquin-
Tandon (1) dit avoir faite sur une Cane qu’il aurait tenue enfer-
mée quelques semaines, qu’il aurait forcée à s’accoutumer à une
nourriture qu’il lui préparait, et dont il aurait obtenu ainsi des
OEufs d’un grain fort éloigné de la finesse de celui des OEufs
ordinaires. Quoiqu'il attribue ce résultat à une toute autre cause
que celle que nous indiquons.
Cette cause, selon lui, dépendrait du degré de voracité de
certains Oiseaux , tels que le Dronte! la Gypaëte, les Canards,
et une infinité d'Oiseaux à large bec, dont la Coquille se recou-
vre de petites éminences ou de nombreuses aspérités.
« J'ai remarqué, continue-t-il, que ces deux dernières circons-
tances n'étaient guère propres qu'aux OEufs des Gralles, des
Coureurs et des Oiseaux Aquatiques. Accoutumés à chercher
leur nourriture incertaine au milieu de la vase, dans les eaux
bourbeuses, dans la fange, ils sont plus sujets que les autres
volatiles à avaler, avec leurs grossiers aliments, une certaine
quantité de matières terreuses ou animales, qui peuvent contri-
buer à rendre à leurs Coquilles cette rugosité poreuse que nous
lui connaissons. J'ai enfermé une Cane pendant quelques
semaines; je l’ai forcée à s’accoutumer à une nourriture que je
(1) Loco cilato.
138 DEUXIÈME PARTIE.
lui avais préparée, et j'ai obtenu par ce moyen des OEufs dont
le grain était bien éloigné de la finesse de celui des OEufs ordi-
naires. La même expérience répétée plusieurs fois, et sur des
individus différents, a toujours été suivie des mêmes résultats,
et il n’est pas jusqu'aux Gallinacés sur lesquels on ne puisse
remarquer le même phénomène; le Casoar, qui engloutit tout ce
qu’on lui donne, et qui rend quelquefois une pomme de la
grosseur du poing aussi entière qu'il l’a avalée (Buffon), a des
OEufs très-poreux, moins gros et plus allongés que ceux de
l’'Autruche et semés d'une multitude de tubercules d’un vert
foncé. (1) »
Nous croyons que M. Moquin-Tandon est allé trop loin dans
sa généralisation : car, s’il n’y a pas d’Oiseaux plus voraces que
les Canards, il y a peu d’OEufs d’Oiseaux plus doux au toucher
que ceux de tous les Anatidés, à l'exception des Cygnes et de
quelques Oies. Les seules Familles d’ailleurs chez lesquelles se
présentent ces rugosités calcaires à l’état normal, étant, ainsi
que nous l'avons dit, les Hoccos ou Pauxis , au plus haut degré,
que leurs OEufs soient pondus à l’état sauvage ou à l’état de
domesticité; ceux des Pénélopes, à un degré beaucoup plus
faible, et ceux des Casoars. Et nous ne voyons pas pour ces
Oiseaux, à l’exception des derniers , qu’ils soient d’une voracité
telle qu’ils doivent être mis sur la même ligne que les Canards ,
et que cette voracité doive influer à ce point sur le mode de
sécrétion ou plutôt de cristallisation des sels Calcaires.
Il est bien évident que le mode de nourriture et d'existence
des Oiseaux peut et doit même influer sur la composition de la
matière servant à l'enveloppe extérieure de l’OEuf; et que la base
et les éléments de cette matière, tout en restant les mêmes en
(1) Linnœus, Syst. Nat. Edil. duod. p. 265, 2(Slruthio Cazuarius);
fimel. 726, 2 et Clusius, Exotie. Lib. à, cap. 3, p. 99.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 139
reçoivent des modifications qui réagissent elles-mêmes sur
l'aspect que présente ce tégument. Et, ce qui est à remarquer,
c’est que cette substance est beaucoup plus homogène, malgré
sa diversité apparente chez les Oiseaux terrestres que chez les
Oiseaux aquatiques; ceux-ci manquant généralement de ce
gluten animal qui lie et soude entre elles toutes les molécules
calcaires chez la grande majorité des autres Oiseaux. Mais de
même qu'une nourriture exceptionnelle et plutôt désorgani-
satrice , comme on doit supposer celle mise en usage par
M. Moquin-Tandon , puisqu'il ne nous en indique pas la nature,
peut amener une perturbation anormale dans la sécrétion ou
la production de la substance calcaire , et son mode de dépôt ou
de cristallisation à la surface des enveloppes de l'OEuf; de même
une nourriture régulièrement administrée et choisie, relative-
ment à’ celle toute fortuite que leur fournit la nature dans leur
état de liberté, peut amener un résultat opposé chez les Oiseaux
soumis à ce régime : c’est-à-dire rendre plus fine et plus douce
chez eux la Coquille de leurs OEufs, qu’elle ne l’est d'ordinaire,
c’est ce qui se remarque principalement chez l’Autruche, dont
l'OKuf, pondu en domesticité offre une Coquille presque lisse,
totalement privée de ces tiquetures des pores dont est ordinai-
rement criblée la Coquille des OEufs que cet Oiseau pond en
liberté, et partant, d’une épaisseur beaucoup moindre.
C'est ainsi, au surplus, et par suite d’une nourriture trop
substantielle et sous les mêmes influences, que nos Poules do-
mestiques pondent ces OEufs Aardés, dont nous avons déjà
parlé : le développement de la graisse tout le long des parois
des intestins et de l'Oviducte mettant obstacle au développement
régulier de la matière calcaire.
Nous bornerons à ce qui précède les observations auxquelles
peut donner lieu la contexture de la Coquille de l'OEuf ; nous
réservant de les développer à l’occasion dans la dernière partie
140 DEUXIÈME PARTIE.
de notre Travail, selon les Familles Ornithologiques dont nous
pourrons avoir à nous occuper.
CHAPITRE HI.
2 der.
DE LA COULEUR DES OEUFS DES OISEAUX EN GÉNÉRAL ,
ET DE SON ORIGINE. .
+
Le dernier Caractère que présente la Coquille de l'OEuf des
Oiseaux , est celui que l’on peut tirer des Couleurs dont elle est
nuancée extérieurement. C’est avec intention que nous établis-
sons cette différence. La plupart des Ornithologistes , sans en
excepter M. Z. Gerbe (1j, ont avancé à tort que la surface inté-
rieure de la Coquille était toujours Blanche. Elle varie, pour
quelques Ordres, du Blanc pur au Blanc bleuàtre et au Blanc
verdâtre. Les OEufs des Gallinacés, des Oiseaux de proie et d’une
grande partie d’Oiseaux de rivages et de mers en offrent des
exemples invariables. Ces différentes teintes, dans ces cas , sont
celles de la matière calcaire elle-même. Cette particularité
n'avait cependant pas échappé depuis longtemps au docteur
Thienemann , qui , remarquant à la transparence de la Coquille
une teinte autre que celle de la surface extérieure, ajoute cette
réflexion : « Ce qui peut très-bien servir à distinguer les espèces
» alliées. »
Cette partie de l’Oologie n’est pas la moins agréable à étudier;
elle n’est pas non plus la moins difficile. Il est impossible , si
l’on n’en à vu une suite nombreuse, de soupçonner la richesse
(4) Diet. Pitlor. d'Hist. Natur. 1838.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4141
et la variété des teintes qui ornent cette enveloppe, en apparence
si grossière et si insignifiante. Une Collection de ce genre est
réellement digne de figurer à côté des somptueuses Collections
de Papillons et d'Oiseaux dont sont remplis les Cabinets d’His-
toire Naturelle. Aussi nous ne doutons point qu'à mesure que
les observations, en se multipliant sur ce sujet intéressant, en
découvriront toute la valeur et le mérite, les Amateurs, et
même les Savants, ne finissent par devenir curieux de posséder
les OEufs de toutes les Espèces d’Oiseaux connues.
Les Couleurs, tant simples que composées, dont nos peintres
couvrent leur palette , se rencontrent diversement réparties sur
la Coquille des OEufs. Les uns sont Blancs, les autres Verts,
ceux-ci Bleus, ceux-là maculés de Rouge, quelques-uns sont
Roses, d’autres orangés, d’autres ont des taches, ou de Brun,
ou d’Ocre Rouge , ou de Gris, ou de Noir; on en voit de Vert-
Olive, de Brun uni, de couleur Fauve, enfin de toutes les combi-
naisons de Couleurs dont la Nature a fait un si bel emploi dans
les OEuvres de la Création.
S'il est peu facile de se reconnaître au milieu de cette diversité
de nuances, il ne l’est pas davantage d'établir entre les OEufs, à
cet égard, des divisions aussi tranchées que celles que nous
avons obtenues de la Forme et de la Structure de la Coquille de
l’OEuf. Nous essaierons toutefois, malgré les obstacles que nous
venons de signaler, de diviser les OEufs aussi convenablement
qu'il nous sera possible quant à leurs Couleurs.
La Coquille des OEufs d’Oiseaux, en général, est, ou recou-
verte d’une Couleur unie et sans taches, ou diversement maculée
sur un fond plus ou moins clair. Les nuances affectées par les
OEufs teintés d’une manière uniforme sont le Blanc pur, le Blanc
bleuâtre, le Blanc verdâtre, le Bleu pur, le Bleu verdâtre , le
Vert-d’eau, le Vert-de-mer, le Vert-Olive , le Brun-Jaune, le
Brun-Rouge, le Rose, le Lilas, le Gris-de-fer. Cette unité de
4142 ; DEUXIÈME PARTIE.
teinte nous paraît éminemment caractéristique pour la distinction
de certaines Familles, ou de certains Ordres : elle est, à part la
Couleur, comme la Forme de l’OEuf, constante dans les Espèces
ou (Genres d’une même Famille , et ne varie que dans sa nuance
ou son degré d'intensité.
Quant aux Couleurs des taches superposées à cette teinte , elles
passent par toutes les nuances intermédiaires que nous venons
d'indiquer. Mais c’est moins la teinte sous laquelle elles appa-
raissent à la surface de la Coquille, qui est à femarquer, que
leur forme et leur disposition. Les unes sont rondes, ou arron-
dies, les autres angulaires ou carrées; il y en a qui ne présentent
que des raies très-fines en forme de chevelure , et en zyg-zag, ou
des espèces de veines marbrées et onduleuses. Elles sont , en
outre , plus ou moins détachées du fond de la Coquille : les unes
y paraissant appliquées après coup, les autres paraissant se
fondre d’une manière insensible dans la nuance qui en décore
la superficie. Enfin ces taches ne sont pas toutes réparties de la
même manière sur l'enveloppe calcaire de l’'OEuf : tantôt elles
en couvrent uniformément la surface; tantôt, et plus générale-
ment, elles n’en garnissent que la sommité en forme de cou-
ronne, Ou le centre en guise de zône; ou seulement la base ;
circonstances importantes à bien observer pour distinguer les
Genres ou les Familles entre eux, et qui, combinées avec l’ins-
pection de la Couleur, sont autant de moyens presque infaillibles
de parvenir à cette distinction.
On se tromperait étrangement, si l’on croyait que chaque
Famille ou Groupe, ait toujours sa Couleur propre à laquelle
participent les Genres ou les Espèces qu’il renferme. Il n’en
est pas ainsi, quoique cela ait lieu quelquefois. C'est-à-dire, que
toutes les Espèces d'un même Genre ou tous les Genres d’une
mème Famille se tiennent les uns aux autres par un lien com-
mun qui est, soit la nuance principale formant le fond de leur
-CARACTÈRES OOLOGIQUES. 443
Couleur, comme chez les Perdicidés , les Gharadridés, etc., soit
la nuance accessoire de ce même fond, comme la plupart des
Accipitres Diurnes, et qui peut servir de base pour distinguer
le Genre ou la Famille dont elles ressortent. Mais souvent aussi,
chaque espèce d’un même (Genre ou chaque Genre d’une même
Famille a sa Couleur particulière, et le Genre ou la Famille
auquel elle se rapporte ne se distingue par d'autre caractère
que celui de l’uniformité de la nuance dont sont ornés ces
Espèces ou ces Genres, quelle qu’en soit la teinte, ou pour
mieux dire, celui de l’absence de toute tache : ce qui est remar-
quable chez les Tinamidés, Famille fort naturelle, et dont
chaque Espèce a son OEuf d’une Couleur distincte, ou Bleue,
ou Verte, ou Carminée, ou Lilas, ou Brun-Violet, ou Brun-
Bronzé, ou Brun-Gris foncé, mais toujours uniforme et sans
tache.
__ Eu égard à la Couleur, les OEufs se partagent naturellement
en deux grandes classes : ceux simplement revêtus d’une teinte
Blanche ou qui ne revêtent aucune Couleur étrangère à celle de
la matière dont se compose leur Coquille ; et ceux dont la
Coquille revêt au contraire une Couleur étrangère à celle de
cette matière.
Les premiers se subdivisent assez naturellement en trois
groupes suffisamment tranchés et distincts. Mais les derniers
sont composés d’une variété tellement infinie de nuances, qu’ils
se fractionnent à leur tour en presque autant de sections qu'il
se trouve de Genres ou de Familles auxquels le Blanc n’est
point particulier. Force nous est donc de nous borner à des
énonciations générales.
Nous commencerons par les OEufs Blancs, parce que, ainsi
que nous venons de le dire, ce sont ceux qui se partagent le
plus naturellement la grande classe des Oiseaux, ct puis parce
que ce sont les plus communs en notre Europe , nous voulons
424 DEUXIÈME PARTIE.
dire de ceux des Pigeons et des Poules, et enfin, disons-le à la
grande surprise de nos Lécteurs, parce que cette Coquille
blanche sans teinte et sans tache est propre au quart du nombre
total des Espèces admises en Ornithologie : c’est-à-dire que sur
8,300 Espèces d’Oiseaux que compte et reconnaît le Prince
Ch. Bonaparte, 2,000 Espèces au moins ont les OEufs Blancs.
L'habitude de voir les OEufs de nos Gallinacés et Pigeons domes-
tiques a même fait supposer à tort, aux personnes qui n’en
avaient jamais vus d’autres, que les OEufs de tous les Oiseaux
devaient être également Blanes. Nous venons de commencer à
démontrer que si le nombre en est relativement grand, il s’en
faut de beaucoup qu’il en soit ainsi; et l’on verra par la suite
quelle étonnante diversité la nature a su répandre dans ce hors-
d’œuvre de son Grand Travail.
La Coquille des OEufs étant composée d’une matière à peu de
chose près chez tous uniforme par sa constitution et sa couleur,
il en résulte que ceux chez lesquels cette Coquille n’est recou-
verte d'aucune nuance ou teinte étrangère, offrent entr’eux fort
peu de différence. Mais cette matière toujours Blanche, variant
du Blanc pur ou de lait au Blanc-bleuûtre et au Blanc-verdâtre,
cette faible différence d’aspect ou de transparence nous servira
de base pour une première division générale , qui se trouve des
plus naturelles, et qui réduit à trois, sous ce rapport, les six
grands Groupes Scientifiques établis depuis longtemps par les
Auteurs, et notamment par M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire,
parmi les Oiseaux, qui sont : les Rapaces, les Passereaux, les
Gallinacés , les Echassiers, les Palmipèdes et les Impennes :
Groupes que la Méthode actuelle, notamment celle du Prince
Ch. Bonaparte a élevés au nombre de douze en les doublant en
quelque sorte, c’est-à-dire en les scindant. Car, en mettant de
côté les Psiftaci, confondus dans les anciens Passereaux, et
les Znepli, dans les Impennes, on trouve que les Parallèles
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 445
Herodiones et Grallæ ne sont qu’un fractionnement ou dédou-
blement des anciens Echassiers; ceux des Gaviæ et des Anseres
un fractionnement des anciens Palmipèdes, dans lesquels se
confondaient les Péilopteri, et enfin les Séruthiones reprodui-
sant les anciens Impennes.
I. Uniforme et d’une teinte laiteuse, c’est-à-dire, inclinant
plutôt au Jaunâtre qu’au Bleuâtre, même dans la transparence
de la Coquille, la Couleur Blanche , comme ton général du fond
de la Coquille, est propre aux Strigidés, sans exception, aux
Passereaux , aux Gallinacés, et, parmi les Palmipèdes, aux Pro-
cellaridés exclusivement; mais constamment pure dans la plus
grande partie des Groupes de ces divisions, elle est chez quel-
ques-uns semée et recouverte de taches de formes variées passant
par toutes les nuances de Rouge, de Jaune, de Bleu, de Vert et
de Brun.
IT. Nuancée d’une teinte Bleuâtre presque imperceptible,
puisqu'on ne la peut voir que dans la transparence de la Co-
quille, et en exposant celle-ci aux rayons d’un jour assez vif,
la Couleur Blanche, comme teinte générale du fond de la
Coquille , est propre à tous les Accipitres Diurnes; mais fré-
quemment pure dans plusieurs Genres ou Familles de cet Ordre,
elle est plus souvent clair-semée et parfois entièrement recou-
verte de taches arrondies ou sous forme de nuages et de larges
marbrures d’un Brun tantôt rougeâtre, tantôt olivâtre, et tantôt
noirâtre.
III. Teintée d'une nuance Verdâtre tout aussi légère, et
seulement visible dans la transparence de la Coquille, la Couleur
Blanche, de même que dans les Rapaces Diurnes, et comme
teinte générale du fond de la Coquille, devient particulière à
presque tous les Echassiers, les Palmipèdes et les Impennes;
mais constamment pure dans plusieurs Familles de ces trois
grandes divisions ; telles que les Pélécanidés, les Grèébidés et les
1
446 DEUXIÈME PARPIE.
Manchots, ou Aptenodytes, elle revêt dans le plus grand nombre
des taches et macules de formes et de couleurs diverses 4 et
variant du Jaune au Brun, du Bleu au Vert. Il convient seule-
ment d'observer que , quoique la Coquille des Pélécanidés et des
Manchots ait, à la première vue, l'apparence d’un Blane de lait,
cet aspect est l'effet d’une couche crayeuse de cette couleur qui
recouvre une grande partie et quelquefois la totalité de leur
Coquilie , dont la teinte véritable est cependant bien déterminée,
ainsi que le démontrent les portions de cette même Coquille qui
n'en sont point recouvertes.
A la suite de cette première division viennent se grouper,
ayec un peu moins d'ordre, les désignations des couleurs prin-
cipales qui se superpesent, chez les OŒufs, à la Coquille propre-
ment dite, ou à la matière qui la compose. On a bien observé avec
quelque apparence de raison, et Guettard, et Gunther, et La-
pierre, et Buhle, qu'aucune des Couleurs appelées primitives ou
élémentaires ne se retrouve sur aucun des OEufs d'Oiseaux
connus jusqu'à ce jour; mais on aperçoit sur le.plus grand
nombre des traces si bien accusées de ces Couleurs , qu'elles
sont plus que suffisantes pour démontrer, non la justesse absolue
de cette observation , mais au contraire la possibilité de la for-
mation, et peut-être de l'existence de ces Couleurs du prisme
sur les (Eufs que le temps pourra faire découvrir.
Ainsi, si le Violet pur n’y a pas encore été retrouvé, plusieurs
tons qui en approchent de beaucoup se retrouvent dans plusieurs
Familles telles que les Laniicés, pour le Tyran de la Caroline
{Lanius Carolinensis. Wilson); les Tinamidés, et, comme
couleur accessoire , les Sternidés.
Il en est de même pour le Rouge, qui est encore inconnu :
mais le Rese incarnat existe nettement accusé sur les OEufs de
quelques Sylviidés, à l’état de macule en général, et, plus par-
ticulièrement , uniformément étendu sur toute la surface de la
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 147
Coquille dans l'OEuf des trois ou quatre Espèces d’Hippolaïs
connues.
Le Rose passe au Rouge-brique et au Rouge-vineux dans les
OEufs de quelques Certhiidés, comme le Grimpereau d'Europe
(Certhia familiaris. Linnée); dans les Sittidés et les Paridés,
dans un grand nombre de Troupiales, et, parmi les Ictéridés,
dans l’Etourneau de la Louisiane (Séurnella Ludoviciana. Wils.)
Ce même Rouge passe au Rouge-sanguin dans l’OEuf du Bec-
Croisé, faux Perroquet (Loxia pythiopsittacus. Bechstein) ; dans
l'OEuf de presque tous les Meliphagidés, et quelques autres.
Enfin le Rouge-sanguin arrive au Rouge-brun et noir dans
une multitude d'OEufs, principalement dans ceux de presque
tous les Rapaces diurnes, et entre tous, dans ceux des Falco-
nidés.
Le Jaune pur, qui n’a pas non plus encore été découvert , se
retrouve quelque peu carminé et orangé dans les (Eufs de plu-
sieurs Phasianidés , tels que le Faisan doré (Phasianus pictus.
Lin.), et le Faisan argenté (Phasianus nycthemerus. Lin.)
Dans le ton Isabelle, le Jaune devient la livrée générale des
OEufs de tous les vrais Charadridés , comme fond; et, dans une
multitude d’autres OŒuñs , il donne lieu à un grand nombre de
nuances par son mélange avec les diverses teintes brunes.
Le Bleu pur, qui n'existe pas davantage . se retrouve pourtant
presque pur, et sous des nuances variées, dans les OEufs de
plusieurs Cuculidés, de plusieurs Turdidés ou Mérulidés, de
plusieurs Saxicolinés, de plusieurs Pyrrhulidés, tels que le
Genre Carpodacus, et de plusieurs Tinamidés: et partout
comme couleur de fond et uniforme.
Puis il passe par des tons infinis de Vert dans d’autres
Oiseaux de ces diverses Familles, et notamment dans les Otidés.
les Ardéidés et les Anatidés.
Telles sont à peu près toutes les nuances principales qui
448 DEUXIÈME PARTIE.
forment le fond de couleur de la Coquille de tous les OEufs
d’Oiseaux venus jusqu’à ce jour à notre connaissance.
Pour ce qui est des taches, elles ne peuvent guère servir par
leurs Couleurs à établir à elles seules, entre les OEufs, des
distinctions bien précises, parce que ou elles participent plus
ou moins à celle du fond de la Coquille, ou elles rentrent dans
la plupart des teintes dont nous venons de parcourir la série.
22.
DE L'ORIGINE DE LA COULEUR DES ŒŒUFS DES OISEAUX (1).
Il n’est pas aussi facile de se rendre compte de l’origine de la
matière colorante qui se dépose à la surface de la Coquille des
OEufs de la plupart des Oiseaux, que dé leur Forme et de la
contexture ou de la composition de cette enveloppe calcaire.
C'est un point des plus importants à connaître en Oologie, et
dont aucun Auteur, à l'exception de l’abbé Manesse (2) en
France, et des Docteurs Thienemann et Carus (3) en Alle-
magne, ne s’est encore, à notre connaissance, sérieusement
occupé, soit indifférence, soit à cause des difficultés de la
recherche. Avant eux, Fabricius d’Aquapendente y avait bien
songé, mais sans l’approfondir, et en émettant l'opinion : que
la couleur dépendaït du tempérament de l’Oiseau; et depuis
Manesse , seulement, Buhle s’en est exprimé en disant : « que ce
n'est pas dans l’extrémité de la matrice que les OEufs reçoivent
leur teinte ;...…. que c’est dans le cloaque qu'ils prennent leur
couleur ; et qu’il est probable que les excréments colorants et les
substances mêlées à l’urine produisent cette variété de teintes. »
(1) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. N° 19, Déc. 1843.
(2) Dans son Introd. mss. à une Oologie Européenne restée inachevée,
1780 à 1790.
(3) Trait. élém. d’Anat. comparée, 1835. — Trad, par le Dr Jourdan.
CABACTÈRES OOLOGIQUES. 449
À quoi doit être attribuée la formation de cette matière?
Provient-elle de la combinaison des particules ferrugineuses du
sang avec les agents chimiques composant la substance de la
Coquille? ou bien existe-t-elle distincte, séparément élaborée
dans le corps de l'animal, et contenue, comme la matière
calcaire dans des vaisseaux ou conduits particuliers, aboutissant
aux parois de l'Oviducte ? Telles sont les deux principales ques-
tions que fait naître la présence d’une matière colorante sur la
contexture crayeuse des OEufs, et que nous allons alternative-
ment examiner et comparer entre elles, afin de connaître laquelle
peut donner la solution la plus rapprochée de la probabilité,
sinon de la réalité.
La première question n’a encore été soulevée que par
Guettard (1) qui, s’occupant uniquement de la descripiion des
OEufs de la Collection de Réaumur, n’a fait que donner à cet
égard les idées que nous avons reproduites plus haut (?); et
depuis par Manesse, dont nous avons, de même que pour la
formation de la Coquille, vérifié les observations et constaté
l'exactitude. L’un a raisonné sur une hypothèse que les faits ont
à peu près justifiée; l’autre n’a parlé que d’après ses propres
expériences. Mais, pour bien éclaircir cette question, il est
nécessaire de la reprendre au point où nous l'avons laissée dans
le Chapitre précédent, et de rentrer dans le détail des phéno-
mènes qui accompagnent ordinairement l'opération pénible de
la ponte, qui est véritablement pour les femelles des Oiseaux,
ce qu'est l'accouchement ou le partus, pour les femelles des
Mammifères.
Nous avons vu, en étudiant le développement de la matière
calcaire dans l’Oviducte, quel était l'état morbide et inflamma-
(1) Mém. sur diff. part. des Se. et Arts, T. 5. 1785.
(2) Voir page 21.
450 DEUXIÈME PARTIE.
toire de cet organe. Ce n’est pas tout encore : l’échauffement
causé dans cette partie du corps de l’animal par je travail qui s’y
accomplit et aussi par son ardeur prolifique est tel, qu'aux
gouttes blanchâtres qui suintent des papilles dont nous venons
de parler, il s’en joint de sanguines procédant les unes par écou-
lement, les autres par jet et par éclat, ce qui explique parfaite-
ment la forme de larmes ou d’éclaboussures de certaines taches.
C’est ce qu’a fort bien constaté Manesse en ces termes :
«a Dans les Oiseaux dont les OEufs sont colorés, et chez
lesquels les Couleurs pénètrent la Coquille assez profondément
pour ne pouvoir s’effacer en les passant à l’eau, il sort des
papilles dont je viens de parler quelques molécules sanguines
qui se mêlent à la liqueur laiteuse, et qui, différemment com-
binées soit avec l'acide phosphorique qui unit ensemble les
parties de la Coquille, soit avec l'alcali de la terre calcaire qui
en fait la base, donnent le Bleu, le Vert, le Jaune, le Rouge, le
Noir et les autres Couleurs mixtes : d’où on peut croire que le
Fer, qui fait la base du sang, doit y jouer le plus grand rôle et
composer peut-être toutes ces nuances. »
Mais jusqu’à présent on n’a pu découvrir quel était le point de
réunion de ces petits vaisseaux, et par conséquent le point de
départ de la matière calcaire qu’ils amènent dans l'Oviducte. Ce
qui n’annonce pas de grands progrès dans cette partie de l’Ana-
iomie Ornithologique depuis un demi-siècle; car c’est ce qu’a
parfaitement exprimé en d’autres termes Virey (1) en disant :
« Qu'on ne peut apercevoir le canal de communication par
lequel ce liquide passe des reins ou d’un autre organe à l'Ovi-
ducte. »
L'autre question, qui nous est propre, nous a été suggérée
par une observation que le hasard seul nous a fait faire, il y a
(1) Nouv. Dict. d'Hist. Natur. etc. Déterville, 4803.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 151
une trentaine d'années. Au printemps de 14829, nous rencon-
trâmes dans une prairie de la Champagne, non loin des bords
de la rivière et proche d’Anglure, un nid de Vanneau Commun
ou Huppé (Tringa Vanellus, Lin.) avec trois OEufs seulement
dedans. Deux de ces OEufs présentaient les Couleurs affectées
ordinairement par cette Espèce : sur un fond Brun-Verdâtre
abondaient confusément des taches d’un Noir-Brunâtre plus
abondantes au gros bout qu'à la pointe. Il en était tout autre-
ment du troisième, que nous avons conservé longtemps dans
notre Collection, où il se trouve encore avec elle; sa Couleur
différait tellement de celle des deux autres, que, n’eût été sa
Forme absolument la même, Ovoïconique, nous l’eussions pris
pour l’OEuf d’une Espèce étrangère au Vanneau et inconnue;
car il était d’un Vert-d’eau uni, légèrement parsemé, surtout au
gros bout, de petits points ou mouchetures noirâtres. Lorsque
nous vidèmes cet OEuf, au moyen de l’insufflation, nous fûmes
témoin d’un phénomène extraordinaire qui n'a jamais été
remarqué par personne que nous sachions, et que nous n'avons
pas encore vu se reproduire depuis. L’Albumen et le Jaune sor-
tirent par la pointe, au bout aigu de l'OEuf, dans leur état
normal, l’un et l’autre avec sa tunique, et l'OEuf nous paraissait
entièrement vide, quand, en l’insufflant de nouveau, nous en
fimes sortir une espèce de caillot noirâtre et glaireux. Ayant
examiné avec soin la substance dont ce caillot pouvait être com-
posé, nous reconnûmes, à notre grand étonnement, que c'était
une agglomération de la matière colorante formée des deux
teintes communes à cette Espèce, c’est-à-dire de Brun-Verdâtre,
noyée dans un mélange d’albumen et de gluten animal qui fait
adhérer entre elles les particules constituantes de la Coquille, et
retenue dans une pellicule ou membrane transparente semblable
à celles qui retiennent et divisent entre elles les diverses portions
de l’Albumen et du Vitellus. ïi
452 DEUXIÈME PARTIE.
Ce fait, unique jusqu’à présent en Oologie, nous a paru de
nature à être cité: il mérite l’attention des Oologistes non moins
que celle des Physiologistes. La seule explication que nous en
ayons pu donner est celle-ci. Il faut d’abord supposer la préexis-
tence ou préformation accidentelle de la matière colorante dans
l'intérieur de l’Oviduete avant le passage de l’OEuf par ce canal,
puisqu'elle se trouvait au gros bout de celui dont nous parlons,
et par conséquent avant le dépôt sur ce corps de la substance
calcaire. Il faut ensuite admettre, comme dans le cas de la ren-
contre de deux Jaunes, que cette matière colorante, ainsi agglu-
tinée, ayant été entrainée dans la sphère d’action et d’activité de
l’OEuf, recouvert alors de son Albumen mais non de sa dernière
enveloppe pulpeuse, se sera trouvée renfermée dans la Coquille,
laquelle, dès lors, n’a pu être très-faiblement teinte que par le
peu de particules colorantes demeurées aux parois de l’Oviducte.
Remarquons d’ailieurs que la teinte Vert-d’eau apparaissant sur
cet OEuf est en grande partie celle qui se voit toujours à la sur-
face intérieure et dans l’épaisseur de la Coquille chez le Vanneau
et plusieurs autres Espèces d’Oiseaux fluviatiles, de rivages et
de mers; en un mot, la Couleur de la matière calcaire dans ce
Genre ou cette Famille.
Ainsi se trouverait expliquée, sous un autre rapport, la pré-
sence, dans certaines couvées d’OEufs d'Oiseaux , d'OEufs colorés
d’une teinte unie , la même qui forme le fond de la Couleur des
autres OEufs du même Nid, mais sans aucune tache, tandis que
ceux-ci sont maculés selon que le comporte l’Espèce dont ils
proviennent.
Nous étions par là naturellement conduit à supposer que la
matière colorante existait peut-être tout-à-fait distincte et sé-
crétée comme la matière calcaire dans l’intérieur du corps de
l'Oiseau: À quelques recherches que nous nous soyons livré
pour établir ce fait d’une manière certaine, nous avons toujours
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 453
échoué ; et rien ne s’est offert à nos yeux qui révélât l'existence
d’un réceptacle particulier de cette matière. Nous sommes donc
forcé de nous en tenir à la découverte de Manesse, confirmée
par Purkinje et Carus, et d'admettre que les différentes teintes
que présentent les taches superficielles de la Coquille ne se for-
ment dans l’Oviducte qu’à l'instant où l’OEuf, en le parcourant
pour sortir du Cloaque , en distend les parois par son volume et
provoque un suintement général de toutes les fibres de la partie
inférieure de ce canal; l'effet de ce suintement ou de cette exsu-
dation étant de mettre en présence les particules ferrugineuses
et calcaires dont la combinaison s'opère immédiatement, diver-
sement modifiée ; ajouterons-nous, par l’action des gaz propres
à chacune des substances qu'elles renferment.
Le fait paraît même d'autant plus vraisemblable que la forme
seule des taches déposées sur la Coquille reproduit généralement
l'impression exacte et l’image parfaite des gouttes de sang exsu-
dées, soit des parois de FOviducte, soit de celles des fausses
membranes refoulées au dehors; ces images se montrent tantôt
régulièrement dessinées, et plus ou moins arrondies ou oblon-
gues, si la résistance dans l'opération est faible, tantôt sous
l'aspect d’une éclaboussure ou d’une goutte comprimée si cette
résistance est forte; tantôt, et plus rarement, sous forme de
traits ou lignes plus ou moins sinueux, ce qui dénote un épan-
chement de ce même sang exsudé au milieu des divers éléments
de l’Albumen, ou, pour mieux dire, du Gluten animal, diffusés
dans toute la longueur de l’Oviducte, et dont la nature visqueuse
n'a permis au sang de s’y introduire que par filets ou linéaments.
Ainsi donc, point ou peu de doutes quant à l’origine des
taches colorantes ou colorées qui se voient sur la Coquille des
différents OEufs d'Oiseaux.
En nous exprimant ainsi, nous ne faisons que donner notre
opinion personnelle, car cette origine a été contestée, à l'en-
454 DEUXIÈME PARTIE.
contre de Carus le seul Auteur qu’il eonnût de cette explication ,
et par conséquent, à l'encontre de Manesse , qui l'a donnée bien
avant le Docteur Allemand, et que nous avons le premier fait
connaître, par notre savant et modeste ami, M. Gerbe, qui l’a
discutée en ces termes (1) :° ,
« Carus explique ou croit devoir expliquer ces teintes diverses
qui existent sur la Coquille par la décomposition du sang mêlé
aux sels calcaires qui composent celle-ci. « Elle ne résulte pas
» uniquement, dit-il, en parlant de la coque, d’une excrétion
» de sels calcaires ; car le Sang de l’Oviducte, qui se trouve
» dans une sorte d'état inflammatoire, mêle encore à ces sels
» des produits auxquels doivent être attribuées les Couleurs
» diverses des OEufs des Oiseaux. Toutes ces teintes nous rap-
» pellent done la décomposition du Sang, et c’est ce qui explique
» pourquoi les Couleurs élémentaires en sont exclues. » Il est
possible, continue M. Gerbe , que les Couleurs, dans les OEufs,
soient dues à quelque chose de semblable; cependant on ne peut
encore rien dire de positif à ce sujet, car si la cause des taches
est dans le sang que les capillaires utérins mélent aux sels de la
Coquille , il est bien difficile de concevoir pourquoi, dans toutes
les Espèces, les OEufs ne sont pas tachetés, et pourquoi ceux qui
le sont n'offrent pas les mêmes teintes. L’on admet en principe
que de la même cause résultent les mêmes effets; or ici la cause
est la même, puisque le phénomène, identique chez toutes les
Espèces, se passe dans des organes qui n’admettent pas la
moindre différence dans la Série Ornithologique, et pourtant les
faits prouvent que les résultats diffèrent. Ceci ferait soupçonner
que l'opinion de Carus n’est pas entièrement fondée. En outre
la Couleur, quelle que soit son intensité , est tout-à-fait extérieure
et ne forme sur la Coquille qu’une couche légère; dans tout le
(1) Dict. Püttor. d'Hist. Natur. 1838.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 455
reste de son épaisseur, elle est d’un Blanc pur uniforme. Or si
le sang avait mêlé aux sels calcaires qui la composent des pro-
duits colorants, il est probable que ces produits devraient se
retrouver dans toute la Coquille, ce qui est loin d’être. Peut-être
la Chimie en analysant ces teintes, arrivera-t-elle à des résultats
un peu satisfaisants. »
Une simple réponse à faire aux diverses objections de M. Gerbe
résout, ce nous semble , les prétendues difficultés dont il argu-
mente, et laissent sauf le principe qui lui sert de base.
M. Gerbe, en raisonnant de la sorte, oublie qu’il existe toujours,
tant que l’OEuf n’est pas sorti du Cloaque, et poursuit ses phases
multipliées d’évolutions ou de formations, un élément important
dont il faut tenir compte, entre la matière calcaire et l'expansion
de la matière colorante; cet élément, véritable agent modérateur
entre ces deux principes, est ce Gluten animal, admis et reconnu
par tous les Chimistes, élément toujeurs présent et actif, et qui
modifie à tous les moments de progrès successifs du produit ova-
rien, le rapprochement des deux principes, lequel s'opère dès
lors par voie de contact, ou d'impression ou d'application et non
par voie d’incrustation ou de mélange. Il en résulte que là où ce’
Gluten, qui se peut assimiler à une sécrétion ou exsudation de
la Muqueuse est assez abondant ; quelles que soient les expan-
sions sanguines des Capillaires utérins, elles ne feront que glisser
sur la viscosité de ce fluide qu’elles rencontreront toujours entre
elles et les sels calcaires de la Coquille, presque constamment
assez formée et assez compacte, au moment où ces expansions
s'effectuent, pour ne pouvoir jamais être pénétrée et encore
moins atteinte par elle. Là seulement git la cause des différences
qui paraissent tant embarrasser le savant Physiologiste , auquel ,
nous répondons avec d'autant plus d’aisance et de liberté, que
nous éprouvons plus de plaisir à le rencontrer et à le citer en,
Oologie.
456 DEUXIÈME PARTIE.
Mais faut-il rejeter cette formation , cette origine de la forma-
tion de la matière colorante, à l’égard des teintes uniformes
plus ou moins Rougeâtres, ou Jaunâtres, ou Bleuâtres, ou
Verdâtres qui recouvrent entièrement la surface des OEufs dont
la Coquille n’apparaït pas Blanche , et admettre, comme le fait
le Docteur Carus, l’hypothèse d’une sécrétion particulière sem-
blable à celle de la matière calcaire, et dont le fait que nous
venons de citer relativement à un OEuf de Vanneau, pourrait
offrir une analogie?
Telle n’est pas notre opinion : parce que, suivant nous, l’ori-
gine de ces teintes unies qui forment le fond de Couleur du plus
grand nombre des OEufs maculés et de ceux qui ne le sont pas,
doit, dans tous les cas, être la même que celle des teintes dont
sont composées les taches elles-mêmes. Du moment en effet que
l'on admet, comme on s’y trouve amené tout naturellement et
forcé par l'observation, que la combinaison des particules
minérales du Sang avec celles des Sels calcaires suffit pour
produire toutes les nuances de taches que l’on connaît, et qui
passent du Pourpre au Rouge, du Rouge au Brun, du Brun au
Jaune, du Jaune au Vert, du Vert au Bleu , du Bleu au noir, et
par toutes les nuances intermédiaires, il n’y a point de raison
pour que la même combinaison ne donne pas naissance aux
mêmes nuances sous un développement plus grand et dans une
quantité plus considérable : le moins ici peut très-bien devenir
le plus. Il n’est pas plus étonnant d’ailleurs de voir des OEufs
d’une seule Couleur unie, tels que ceux des Faisans et des Tina-
mous, que de voir des OEufs entièrement Blancs, comme le
sont ceux des Pigeons et des Poules. Il faut seulement supposer
qu’alors il existe probablement dans l’intérieur de l’'Oviducte des
Oiseaux qui font ces OEufs à seule teinte, une matière offrant
dans toutes ses parties plus homogènes, une affinité plus intime
pour le développement d’une de ces teintes sur une échelle plus
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 457
grande que pour toute autre teinte ; et qu’à cette nature de cons-
titution seule serait due cette unité de Couleur. L’inspection de
l'OEuf du Bacbakiri (Lanius Bacbakiri, Shaw.) suffirait au
besoin pour confirmer dans cette opinion : car avec un fond
uni de Couleur Vert-Bleuâtre, à peine le plus souvent y aperçoit-
on quelques taches rares et légères de sang pourpré imprimées
en forme de points ou de gouttelettes. D'où nous concluons que
lorsque le système de sécrétion colorante aura, avec le temps,
été admis pour les teintes détachées, il devra l’être pour les
teintes unies et réciproquement. /
2 3.
DE L'INFLUENCE DE LA NOURRITURE SUR LA COLORATION
DE L'ŒUF DES OISEAUX (1).
Quoiqu'il en soit de la découverte si importante de l’origine
des taches colorées qui décorent la Coquille des différents OEufs
d'Oiseaux , elle ne satisfait pas encore pleinement et ne résoud
que la moitié de la difficulté. « Nous savons en général, dit
Manesse, que cette variété de Couleur dans les OEufs, tient à
différentes modifications du sang; mais nous ignorons encore
pourquoi ces Couleurs sont propres à telle Espèce plutôt qu’à
telle autre; pourquoi par exemple l’OEuf de Dinde et celui de
la Pintade sont plutôt colorés que celui de la Poule, tandis que
ces Oiseaux prennent absolument la même nourriture et vivent
ensemble dans la même Basse-cour. » La même réflexion a été
reproduite par quelques Ornithologistes qui ont attribué cette
différence, les uns, comme Manesse, à l'influence de la nour-
riture , les autres à celle des climats. Nous examinerons l’une
après l’autre chacune de ces hypothèses.
(1) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. N° 3, Mars 1844.
458 DEUXIÈME PARTIE.
Buffon (!), à ce sujet, remarquant le peu de rapports de
nuance qui existaient entre les OEufs de la Pintade sauvage et
ceux de la Pintade domestique, n’a pas hésité à faire dépendre
cette dissemblance de l'influence de la domesticité ; ce qui impli-
quait évidemment dans son esprit celle de la nourriture. Il a
donc fait plus que pressentir, ainsi que l’insinue M. Moquin-
Tandon (?), l’action des aliments sur la Couleur de la Coquille,
mais cette influence existet-elle? Voilà la question. C’est ce
que Buffon n’a ni examiné ni résolu, et c’est ce que soutiennent
assez volontiers le Docteur Buhle et le savant Professeur que
nous venons de nommer, lesquels induisent cette influence de
lexpérience si souvent répétée de l'effet de la Garance, qui,
mélangée à grandes doses à la nourriture des Poules, leur fait
pondre des OEufs légèrement teints de cette Couleur, laquelle
pénètre même toute l'épaisseur de la Coquille.
Ce fait bien avéré ne nous paraît rien moins que concluant.
Ici, on le voit, les expérimentateurs ont eu recours à un moyen
extrême, et hors des règles naturelles. Il ne s’agit pas, en effet,
dans ce cas tout particulier, de l’action des aliments, mais bien
de celle d’un poison végétal délétère , puisque la Garance agit à
un tel point sur le système musculaire et osseux des Animaux
(témoins les belles expériences de M. Flourens), que ces Poules,
de l’aveu même de nos Auteurs, finirent par périr. Or, tout le
monde reconnaît l'effet de certains poisons dont les ravages,
chez l’homme surtout, s’'annoncent non seulement par des dé-
sordres dont la trace reste à l’intérieur, mais encore par des
signes extérieurs non équivoques, tels que la coloration de la
peau en violet, en jaune, en noir, ete. Il n’est donc pas étonnant
qu'avec des caractères de décomposition aussi prononcés, l’action
(1) Hist. Nat. des Ois.
(2) Annales de la Soc. Linn. de Paris, 1824.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 459
des poisons atteigne les substances renfermées dans le corps des
Animaux qui y sont soumis, et spécialement dans celui de la
Poule, l'enveloppe de l'OEuf, composée des mêmes éléments que
les os de ces Vertébrés.
Ainsi il faut conclure de ces expériences, qu’elles servent à
prouver l’action de la Garance comme poison, tant sur le système
osseux de la Poule, que sur la matière calcaire de ses OEufs, ce
qui est identique, mais rien de plus. De là à établir l’action im-
médiate de la nourriture saine, abondante, convenable, telle
enfin que l'instinct apprend aux Oiseaux libres à se la procurer,
il y a, selon nous, une distance immense que nous ne croyons
pas que l’on puisse de longtemps mesurer avec succès , OU qui
ne pourra l'être qu’à l’aide d'expériences multipliées.
Une distinction importante serait d’ailleurs encore à faire ici.
entre la coloration de la matière calcaire, toujours susceptible
d’être influencée par le contact plus ou moins immédiat d'un
agent délétère absorbé dans l'opération de la digestion, et la
coloration de la matière proprement dite colorante, ou destinée
à le devenir; matière à laquelle doivent leurs nuances les taches
qui composent généralement la robe de la Goquille, qui ne pé-
nètre jamais l'épaisseur de cette enveloppe dont elle n'occupe
que la superficie, et paraît être à l’abri de cette influence que,
jusqu’à ce jour, on n’a point remarquée.
Une double preuve du peu d'importance de l'expérience en
question et de la nécessité de la distinction que nous indiquons,
c'est que nous-même nous avons aussi voulu avoir le dernier
mot de cet effet de la Garance, comme impliquant la démons-
tration de l'influence immédiate de la nourriture sur le mode de
Coloration des OEufs. Mais alors, ce n’est pas sur des OBufs
incolores et blancs, comme ceux de la Poule et du Pigeon, que
nous avons expérimenté, mais sur des OEufs naturellement
colorés, tels que ceux du Serin (Fringülla Serinus, Lin.), le
460 DEUXIÈME PARTIE.
seul Oiseau qui se trouva à notre disposition. Eh bien! ces OEufs,
qui sont ordinairement d’un ton général Blanc légèrement Ver-
dâtre, avec des points d'un Rouge de sang figé, entremêlé
d’autres points et de quelques traits de même Couleur, souvent
* même d’un Gris-Violacé, se sont reproduits, sous l'influence de
la Garance mélangée aux aliments de cet Oiseau, exactement
avec le même ton, les mêmes taches; seulement l'aspect ou
l’ensemble de la Coloration se trouvait légèrement altéré par la
présence d'un ton laqué ou rosé, qui s’entrevoyait à la surface
de la Coquille et que notre œil exercé parvenait facilement à
saisir au milieu de la teinte générale ordinaire; le même ton
avait pénétré l'épaisseur de la matière calcaire, ordinairement
d’un Blanc légèrement Verdâtre chez ces Oiseaux.
Une dernière observation viendra mettre à néant la portée que
l’on veut donner à ces expériences. Qu’en a-t-on voulu conclure?
l'influence de la nourriture sur la Coloration de la Coquille. Or,
nous avons déjà fait voir que la matière calcaire a une Couleur
particulière et intime qui lui est propre, indépendamment des
teintes qui la colorent extérieurement et superficiellement. La
preuve des expérimentateurs que nous citons serait faite s’ils ne
nous montraient la trace de la Garance qu’à la surface externe
de la Coquille, tandis qu’ils nous la montrent pénétrant cette
enveloppe dans tous ses pores et dans les éléments de sa compo-
sition la plus intime : ils prouvent donc contre eux-mêmes;
en un mot, leur expérience justifie notre raisonnement.
Le résultat de l’expérience de M. Sacc offrirait quelque chose
de plus spécieux. Dans une Communication faite à l’Académie
des Sciences de Paris, le 28 juin 4847, cet observateur rapporte
avoir expérimenté, à un point de vue d'Économie domestique,
l'effet de l’Oxide Ferrique sur les Poules et avoir constaté le
passage de cet Oxide dans la Coquille de l'OEuf :
« Ainsi, des Poules mises en expérience ont pondu des OEufs
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 461
à Coquille Blanche tant qu’elles ont reçu de la Craie; mais la
Coquille a passé sur-le-champ au Jaune-Orangé quand on y à
substitué le Calcaire jaune grossier, si riche en Oxide Ferrique.
La Coquille des OEufs est redevenue Blanche lorsqu'on a remis
les Poules au régime de la Craie. » (1)
Seulement nous craignons bien qu'il n’en soit de cette expé-
rience comme de celles du Docteur Buhle et de M. Moquin-
Tandon, et que l’Oxide Ferrique, au lieu de teinter superficiel-
lement l'enveloppe calcaire de l'OEuf, ne l'ait pénétrée dans
toutes ses parties.
Les seules observations concordantes, quoiqu’un peu excep-
tionnelles, à joindre à celles que nous venons de citer, se bor-
nent à deux. La première est de Buffon, qui a remarqué, ainsi
que nous l’avons déjà dit, dans les OEufs des Pintades sauvage et
domestique, une différence qui existe réellement, mais qui
varie au point de ne pouvoir être regardée que comme acciden-
telle, car les OEufs de la Pintade domestique, qui sont assez,
souvent Rougeâtres ou Orangés, finissent par perdre cette couleur
et vieux ou frais pondus, ne sont pas fréquemment plus teintés
que ceux de la Pintade sauvage. La seconde observation, que
nous croyons nouvelle, est relative aux OBufs du Nandou (Séru-
thio Rhea. Lin.) Nous avons remarqué que ceux pondus en
Amérique , dans l’état normal et de liberté de cet Oiseau, sont
toujours d’une Forme plus Elliptique que Sphérique, et ont leur
Coquille en tout point, quoique à un degré moindre, semblable
à celle des OEufs de l’Autruche d'Afrique (Struthio Camelus.
Lin.), c'est-à-dire assez épaisse, dure, d’une matière Planche
légèrement Jaunâtre comme l'Ivoire, mais avec des pores moins
profondément incrustés en forme de petits points qui en rendent
(1) Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences et Re. Zoolog. de la
Soc. Cuviér. N° 6, 1847, juin.
42
4162 DEUXIÈME PARTIE.
la surface inégale , mais non raboteuse. Tandis que les OEufs du
Nandou, pondus en Europe, et particulièrement ceux pondus à
la Ménagerie du Muséum de Paris, outre qu’ils varient constam-
ment dans leur Forme, qui passe de l’Elliptique à la Cylin-
drique, sans aucune régularité de contours, sont d’une matière
calcaire excessivement mince, et tantôt absolument d’un Jaune
presque Jonquille, tantôt seulement d’un Blanc-Jaune sale, ou
Verdâtre , avec des pores très-faiblement marqués , sinon nuls à
la vue.
Sans nous préoccuper davantage de ces observations, que
nous avons citées comme un fait dont chacun peut apprécier les
causes ou les effets , il y a plus de raisons, qu'il n’en faut sans
doute, dans ce qui précède, pour justifier notre refus de croire,
quant à présent, à l’influence immédiate et absolue de la nour-
riture sur la Coloration de l’OEuf des Oiseaux. Ce refus repose
en résumé sur les motifs suivants : que, si cette influence existait
réellement, rien ne serait plus facile que d’augurer, de la nour-
riture d’un Oiseau en général, quelle doit être la Couleur de ses
OBafs , et par suite la place méthodique qu’il doit occuper dans
la Série Ornithologique; qu’ainsi que l’a fort bien démontré, et
que le soutient toujours avec raison M. Isid. Geoffroy-Saint-
Hilaire, rien n’est plus variable, ni moins impressionnable, et
par conséquent moins déterminé que l'organe du goût chez les
Oiseaux, qui peuvent indistinctement manger de toutes les
substances, les uns un peu plus de celle-ci, les autres un peu
plus de celle-là; que de cette inaptitude du goût, chez les
Oiseaux, résulte, selon le même Académicien , l'impossibilité de
les classer d’après leur mode de nourriture; et enfin que l’on ne
remarque, et que nous n'avons jamais remarqué aucune varia-
tion dans la Coloration des OEufs des Oiseaux, même changés de
pays et de climature, mais nourris d’une manière conforme à
leur goût, à leur instinct et à leur nature; et que les quelques
V4
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4163
exceptions qui peuvent se rencontrer à cet égard n’ont lieu que
chez des Oiseaux dont la nourriture est mal assortie à leur ap-
pétit; et encore ces exceptions ne concernent-elles, en quelque
sorte, comme on vient de le voir, que la matière Calcaire, et
non la matière Colorante.
Nous sommes même convaincu que l’idée de l'influence des
aliments sur la coloration des OEufs est une chimère à laquelle
devront désormais renoncer les Oologistes sérieux. Ce qui le
démontre d’une manière péremptoire, c’est que, soit à l’état de
liberté, soit à l’état de domesticité, tous les Oiseaux , de quelque
partie du Monde qu'ils proviennent , pondent leurs OEufs de la
- même Couleur. Ainsi les Toucans (Ramphastidæ), dont l'OEuf
est Blanc, en Amérique, pondront des OEufs Blancs, en Europe;
de même les Touracos (Musophagidæ) ; de même les Couroucous
(Trogonidæ) ; de même tous les Psittacidés : de même les Car-
dinaux (Cardinalesj, et autres Passereaux ponderont leurs
OEufs à plusieurs teintes; de même ces charmants Bengalis et
Sénégalis, dont l’OEuf est Blanc, en Asie et en Afrique, le
pondent également Blanc, dans nos volières; de même les
Pigeons, y compris le Goura; de même tous les Colins
d'Amérique (Odontophorinæ) , que l’on commence à si bien
acclimater; de même enfin les Tinamous; et certes, dans tous
ces cas, l'hygiène alimentaire a subi chez ces animaux, de
profondes modifications , sans cependant que ces modifications, |
aient en aucune façon réagi sur leur économie, non plus que
sur le système sécréteur. La conclusion à tirer de ces faits est
que le mode de Sécrétion , chez les Oiseaux, comme chez tous
les Vertébrés, est propre à leur organisation à laquelle il tient
profondément ; qu'il ne varie, comme celle-ci, que d’un Genre
à un autre ou d’une Famille à une autre, demeurant constam-
ment fixe chez toutes les Espèces particulières à chacun de ces
groupes; et qu’il faudrait une perturbation tout autre. et bien
464 DEUXIÈME PARTIE.
autrement profonde que celle résultant de Ja nourriture , pour
altérer ou révolutionner cette constitution:
Ensuite, pourquoi n’admettrait-on pas, dans l’opération de la
coloration de la Coquille, quant à sa teinte de fond, soit pour
les OEufs à taches toujours distinctes de cette teinte, soit pour
ceux à ton uniforme, l'influence de ce suc gastrique, dont
Fourcroy a depuis longtemps signalé l'existence et qui contient
un principe acide lequel, traité par l’eau bouillante , donne à
l'eau la faculté de rougir? Certes, que ce soit ce principe acide ,
ou un autre secrété par les parois de l’Oviducte, l’analogie est
trop sensible pour ne pas fournir un argument de plus à nos
démonstrations.
24.
DE L'INFLUENCE DU CLIMAT SUR LA COLORATION DE L'ŒUF
DES OISEAUX (1).
Au nombre et en tête des Auteurs qui ont avancé que la
Quantité, la Forme, la Grandeur et la Couleur des OEufs
variaient, entre autres causes, suivant la température du Climat,
il faut citer Steller (?).
D'Azara (3), lui, a fait cette remarque : « que les petits
» Oiseaux de l'Amérique du Sud pondent bien moins d’OEufs
» que ceux d'Europe. » Ce qui peut être vrai, quant au nombre
d'OEufs par ponte; mais ce qui ne prouve pas d’une manière
générale, comme semble le croire le Docteur Buhle, que la
fécondité des Oiseaux soit plus grande sous la climature de
l'Europe, que sous celle du Sud-Amérique. Car il n’est pas cer-
tain que le nombre des couvées des petits Oiseaux de cette der-
nière contrée ne soit pas tel que, tout compte fait, et toute
(1) V. Rev. Zool. de la Soc. Cuviér. No 4, Avril et No 6, Juin 1844.
(2) Nov. Comment. Acad. Petrup. IV. 1152-53.
(3) Voy. dans l’'Am. du Sud.; descr. des Ois. 1808.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 465
récapitulation faite du nombre d'OEufs de chaque ponte, on
n'arrive point à un nombre égal à celui des OEufs pondus dans
une seule, ou, dans deux couvées, par nos petits Oiseaux
d'Europe.
Temminck (1) même à l'appui de cette opinion, prétend que
le Grèbe Castagneux (Podiceps minor, Lin.) pond une plus
grande quantité d’'OEufs dans les contrés Méridionales que dans
le Nord. Cette observation , très-vraisemblable pour le nombre
des OEufs, ou, en d’autres termes, pour la fécondité de certains
Oiseaux , ne prouve rien pour les variations de la Couleur de ces
OEufs, laquelle reste toujours la même.
M. Moquin-Tandon (2), complétant la pensée du savant
Ornithologiste Hollandais, va plus loin. Il dit avoir observé :
« qu’en général le Coloris des OEufs était bien plus prononcé
» selon le degré d’élévation de la température dans laquelle les
» Oiseaux se reproduisaient, de manière que telle Espèce com-
» mune au Midi et au Septentrion pourrait pondre des OEufs
» sensiblement variés. »
Le fait existerait qu'il ne serait pas à beaucoup près général ;
mais nous ne voyons point quels exemples on pourrait citer au
soutien de cette opinion à laquelle notre précédente discussion
a déjà répondu à l'avance? Serait-ce que les Oiseaux du Nord
auraient été moins favorisés de la nature à l’égard de la Couleur
de leurs OEufs? On voit généralement tout le contraire. Les
OEufs des Perroquets (Psittacidæ), des Toucans (Ramphas-
tidæ) , des Couroucous (Tragonidæ), des Touracos (Husopha-
gidæ), des Oiseaux - Mouches (Trochilidæ), et des Pigeons
(Columbidæ), ces riches habitants des parties les plus chaudes
et Tropicales de l’Ancien et du Nouveau Monde, si brillants de
(1) Manuel d'Ornilhologie. Paris, 1821.
(2) Ann. de la Soc. Linn. de Paris. 1824.
466 DEUXIÈME PARTIE.
plumage, sont tous d’un Blanc uniforme et sans tache, que
l'OEuf de l'Oiseau-Mouche même soit pondu ou sur les sommets
neigeux du Chimborazo et du Pichincha, ou dans les fourrés
des Forêts Vierges du Brésil; tandis que les Guillemots ( Uria)
et les Pingouins (A/ca), ces lourds Oiseaux des Mers Glaciales ,
dont la robe ne se compose que du mélange monotone du Blanc
et du Noir, font les OEufs les plus riches en couleurs que l’on
connaisse, qu'ils les déposent sous la Zône Polaire, ou sous la
Zône Tempérée. Serait-ce que les Espèces communes au Midi et
au Septentrion auraient leurs OEufs plus diaprés, ou plus agréa-
blement variés, dans l’une que dans l’autre de ces contrées ?
- Aucun exemple affirmatif ne se présente à nous, et nous pou-
vons en citer un grand nombre de négatifs. Ainsi, il n’y a pas
de différence appréciable, quant à l'intensité des Couleurs dont
ils sont ornés, entre les OEufs de Cresserelle (Tinnunculus) et
les OEufs du Corbeau noir (Corvus Corax) pondus au Nord de
l'Europe, et ceux pondus en Afrique (à Mogador). De même les
Espèces ou les Genres de Merles (Turdidæ) pondent des OEufs
aussi brillants, en Vert ou en Bleu, au Sud de l'Afrique qu’au
Nord de l'Europe ou de l'Amérique : le Merle Spréo (Turdus
‘bicolor. Gm..) pour l’une, et les Merles Commun et Emigrant
(Turdus Merula. Lin. et Migratorius. Gm.), pour les deux autres,
en offrent la preuve. Les OEufs du Pinçon Commun (Fringilla
cœlebs. Lin.), de la Perdrix grise (Perdix cinereus), et de la
Caille Commune (Coturnix), ne différent également en aucune
facon pour la Couleur, soit qu’on les trouve en Afrique, füt-ce
même au cap de Bonne-Espérance, soit qu’on les trouve au
centre de l'Europe. Ces exemples, que l’on pourrait multiplier
à l'infini, démontrent suffisamment que l'influence du climat
n'entre pour rien dans la cause ou l'intensité de la matière
colorante des OEufs. Il ne faut point appliquer à cette matière,
qui est le résultat d’une organisation à part, et d'agents inté-
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 467
rieurs particuliers à cette organisation , le même raisonnement
que l’on fait pour la matière colorante du plumage des Oiseaux,
laquelle peut être plus ou moins modifiée par l'effet du contact
et du frottement perpétuel d’un agent extérieur, l'air, qui lui-
même est soumis aux variations climatériques et atmosphé-
riques.
C’est avec plus d'apparence de raison que Steller, Gunther,
et le Docteur Buhle ont dit, sans le démontrer, que la Couleur
de l'OEuf variait selon l’âge de la femelle. C’est en effet ce que
prouvent nos observations faites sur plusieurs Espèces d'Europe,
d'Amérique et de l'Inde, et, si borné qu’en soit le nombre, c’est
une proposition que nous croyons cependant pouvoir être établie
d’une manière générale. Les Oiseaux auxquels s'applique spécia-
lement cette remarque sont, à notre connaissance, la plupart des
Faucons (Falco), des Pies-grièches (Laniidæ) , des Merles (Tur-
didæ), des Gros-becs (Fringillidæ), quelques Espèces de Becs-fins
(Sylviadæ), de Gallinacés et de Palmipèdes. Il y a même cela de
particulier que , dans les Espèces où elle se produit, cette varia-
tion , loin d’être accidentelle, est constante. Ainsi, dans toutes
les pontes du dernier âge de ces Oiseaux, les OEufs des Faucons
auront beaucoup moins de Rouge et de Brun, ou tireront davan-
tage sur le Blanc; ceux de la Pie-grièche écorcheur (Lanius
Collurio. Gn.), au lieu d’avoir leur couronne formée de taches
Rubracées, les auront Brunes ou Grisâtres, quelquefois même
auront à peine quelques points de cette couleur ; le Merle com-
mun (T'urdus Merula) aura la teinte générale des siens d’un Vert
plus tendre, ou même d’un Blanc-grisätre sans taches; enfin
ceux du Pinçon commun (Fringilla cælebs) , seront d’un Vert-
clair avec quelques rares points d’un Noir-Rougeûtre, tandis que
dans le jeune êge, ou dans les premières pontes, leurs OEufs sont
d’un Verdàtre légèrement laqué avec des points et des lignes
d’un Rouge-Noirâtre dont les bords ou les contours se perdent
468 DEUXIÈME PARTIE.
ordinairement sous une teinte Rosacée dans le fond de la CGo-
quille. Cette différence , entre les OEufs du vieil âge et ceux que
les Oiseaux pondent dans tout le cours de leur existence, ne
dépend que de la quantité de la matière colorante , qui est beau-
coup moins abondante et dont les éléments sont beaucoup plus
rares chez les vieux que chez les jeunes. Il résulte de cette dis-
semblance des variétés de plus à ajouter aux Collections Oolo-
giques, et, sinon quelque confusion , du moins quelque difficulté
pour distinguer les OEufs d'une Espèce de ceux d’une autre.
Ce caractère différent que présente la répartition de la Couleur
dans les OEufs des Oiseaux adultes et dans ceux des vieux, nous
amène naturellement à parler d’une déduction que l’on a tirée
de la disposition affectée généralement , dans les OEufs maculés,
par les taches, qui viennent plus souvent se grouper au gros bout,
toujours plus coloré, soit en forme de couronne, soit en forme
de calotte, qu’au petit bout qui n’est généralement empreint que
de taches fort rares; déduction relative à la manière dont sorti-
rait l’'OEuf du corps de l’Oiseau , par son gros ou par son petit
bout. ;
Depuis Aristote jusqu’au commencement du XIXe Siècle on
n'était pas plus fixé sur ce point, que sur la fameuse question de
savoir si la forme de l’OEuf, qui varie souvent dans la même
couvée, était l'indice invariable du sexe de l’Oiseau qui en devait
sortir. Aristote avait établi que l’OEuf sortait par son bout obtus,
opinion suivie par un assez grand nombre d’Auteurs, notamment
par Buffon. Le vénérable M. Duméril (1) est le premier qui ait
démontré au contraire que c'était par son bout aigu que sortait
l'OEuf; et cette doctrine a été confirmée par le Savant Ghimiste
anglais John, par le Docteur Thienemann, par de Blainville et
par MM. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Gerbe. Il est donc cons-
(1) Éléments des Sciences Nalurelles, T. II.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 469
tant et il faut aujourd’hui poser en fait : que c’est par le bout
aigu que sort l’'OEuf, et dans les Espèces où il est coloré et dans
celles où il ne l’est point, chez les Pics (Picus) comme chez les
Serins, comme chez les Poules : c'est ce que prouvent les expé-
riences des Naturalistes que nous venons de citer, c’est ce que
nous ont surabondamment démontré nos propres observations.
Maintenant le fait de la forme et de la disposition des taches
en devient peut-être plus facile et plus satisfaisant à expliquer.
Tout le monde sait que la base essentielle de l’OEuf est le
Jaune (Vüitellus) qui, existant à l’état de globule fixée à la
grappe de l’Ovaire, s’en détache à sa maturité sous la forme
Sphéroïdale, pour tomber dans l’Oviducte où il se munit de son
Albumen et se recouvre de son tégument calcaire. Le globe du
Jaune servant d’élément, ou en quelque sorte de moule à
chacune des parties organiques et calcaires qui s’y viennent
ainsi réunir et déposer, l'Oviducte, à l'endroit où s’opèrent
* ce travail et cette réunion, est toujours entretenu dans un cer-
tain degré de tension et de volume qui devient de plus en plus
sensible , relativement à la partie inférieure de cet organe encore
à l'état de repos et d’inaction. L'effet de cette tension partielle
est évidemment de faire refluer l’excédant de toutes ces matières
organiques vers cette partie inférieure , et cet excédant ne peut
s’y rendre que sous la forme la moins développée et la plus
amincie, en un mot, sous une forme dégénérant insensiblement
en pointe plus ou moins aiguë.
L’agglomération et l'agencement de toutes les parties internes
constituantes de l’OEuf une fois effectués, le travail ou la sécré-
tion de la matière calcaire une fois opéré, et alors que la
Coquille est toute formée , l'OEuf accomplit son mouvement de
circonvolution de sortie, toujours le petit bout en avant.
Dans cette opération la pointe de l’OEuf est sans doute assez
en contact avec la surface interne des parois de l'Oviducte pour
470 DEUXIÈME PARTIE.
faciliter les combinaisons chimiques donnant naissance à la
matière colorante, ou, pour mieux dire, à la couleur elle-même,
et en prendre l'empreinte ou la teinte, mais pas assez pour pro-
voquer le suintement de ces parois et l’explosion ou l’éruption
des grannules, vésicules ou papilles tuméfiées et engorgées de
sang. Ces effets ne se produisent qu'au moment du passage du
diamètre tansversal le plus large de l’OEuf, qui, distendant outre
mesure la partie de l’Oviducte où il se présente, se trouve dans
le contact immédiat et le plus complet avec toute la surface de
ses parois. C’est alors, que l'effort étant plus grand, la majeure
partie de matière colorante se trouve reportée vers le gros bout
de l'OEuf, l'éclat des petites vésicules de sang s’opérant à la
portion la plus large du diamètre de l'OEuf, pour y déposer
l'empreinte de leur base et finir en mourant ou en forme de
pointe ou de larme, à partir de ce diamètre jusqu’au sommet
de l’OEuf , où elles se perdent en se confondant : ce qui n’est,
chez aucune Famille d'Oiseaux, plus remarquable que dans les *
OEufs de Forme Ovée ou Ovoïconique, c’est-à-dire chez les
Gralles ou Echassiers, et une partie des Palmipèdes. /
té € a P]
2 5.
DE LA MATIÈRE COLORANTE DANS L'OŒUF DES OISEAUX, ET DE
L'INFLUENCE DE L'INCUBATION SUR LE DÉVELOPPEMENT DE CETTE
MATIÈRE À LA SURFACE DE LA COQUILLE (l).
Parmi les OEufs colorés, il en est chez lesquels la Matière
Colorante est moins adhérente à la Coquille, et d’autres où elle
l’est davantage; Manesse a eu raison d'établir une différence
pour l’origine de cette Couleur dans les unes et dans les autres,
et d'appliquer exclusivement son explication de la formation de
(1) Voir Rev. Zool. de la Soc. Cuvier. Mai 1844, n° 5.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 471
la matière qui la compose, à ceux seulement chez lesquels elle
résiste à l’action de l'eau.
« Il n’en est pas de même, dit-il, de celles, c'est-à-dire les
taches, qui ne sont que superficielles et uniquement plaquées
sur la Coquille; celles-ci ne sont qu'un sang plus ou moins
altéré ou décomposé. »
Et nous avons eu tort de l'avoir contredit en ce point autre-
fois, en subordonnant la présence de ces taches de superfétation
à la quantité plus ou moins grande de Gluten animal que ren-
ferme la matière Calcaire de la Coquille.
Ces taches se remarquent sur la généralité des OEufs d’Oiseaux,
quel que soit le degré du brillant et du lustre de leur test; mais
ce n’est jamais d’une manière constante, et le plus souvent
qu’exceptionnellement. Les OEufs des Rapaces Diurnes ‘et de
plusieurs Familles de Palmipèdes, telles que celles des Guille-
mots et des Pingouins, y sont plus exposés que d’autres ; et il se
pourrait, à cet égard, que la cause en tint à l'absence ou à la
présence de ce Gluten, que décèle le poli plus ou moins brillant
de la Coquille : car il n’est pas d'OEufs dont la surface calcaire
soit moins lustrée que ceux de ces Familles, ni chez lesquels Les
Couleurs Brune et Noire soient plus faciles à effacer : d’où il
suit, en général, que plus une Goquille est luisante, moins
aisément s’en détachent ces macules. Nous n’avons jamais re-
marqué que l’éction de l’Incubation facilität cette disparition de
la Couleur que lorsqu'il y avait décomposition de l'OBuf, et par
conséquent désorganisation de la matière calcaire.
Il existe cependant plus d’une exception aux exemples que
nous venons de citer, ainsi qu’au principe que nous en avons
tiré, pour un grand nombre de Passereaux, tels que Turdidés,
Fringillidés, etc.; de ces exceptions, la plus remarquable est celle
qui concerne l’OEuf du Loriot (Oriolus Galbula. Lin.). On sait
que cet OEuf, de Forme Ovée, est Blanc lustré et parsemé de
472 DEUXIÈME PARTIE.
quelques taches ou points, les uns d’un Brun-Noirätre, les autres
tout-à-fait Noirs : or, il est constant qu’en les frottant légèrement
avec un linge imbibé d’eau, l’on parvient presque toujours à faire
disparaître ces taches; c’est même un des plus grands inconvé-
nients de cet OEuf, lorsqu'on le veut nettoyer. Cette exception,
nous le répétons, est la plus remarquable, sur mille à douze
cents Espèces d’OEufs composant notre Collection, que nous
puissions citer : elle ne saurait donc infirmer la proposition de
Manesse. Il y a même plus : il en résulte la démonstration d’une
autre proposition que nous avons déjà eu occasion d'indiquer
précédemment : c’est que, lorsque s'effectue l’opération de la
coloration de l’OEuf, la Coquille est déjà toute formée, parfaite
et recouverte en grande partie de la nature de Gluten propre à
l'Oiseau dans le corps duquel elle s’est développée.
L'observation de Manesse peut se vérifier tous les jours; et
il est facile de voir que toutes ces épaisseurs de Matière Colorante
non adhérente à la Coquille, et uniquement déposée comme
après-coup, à sa surface, ne sont formées que d’un véritable
écoulement ou suintement de sang coagulé, tournant au Rouge-
Brun ou au Rouge-Noir, et souvent d’une espèce de résidu de
matières excrémentielles dont il emprunte les teintes. Ce défaut
d’adhérence est le signe le plus certain qu’il s’agit ici non d’une
décomposition chimique du sang par la mise en présence des sels
calcaires de la Coquille et des particules ferrugineuses de ce fluide
organique , mais d'un simple dépôt de matière à son état normal.
C'est ici le lieu de parler d’une particularité que présentent les
OEufs à plusieurs teintes dans le système de leur Goloration. On
voit des taches d’une Couleur suivre üne progression différente
de ton, soit en plus, soit en moins, dans cette même Couleur :
c'est-à-dire que les unes apparaissent à peine comme un nuage
ou en demi-teinte; les autres sont plus accusées et enfin les
troisièmes sont les plus nettes et les plus crûes et ont toute leur
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 473
valeur de tonalité; ce qui parfois donne à ces OEufs l'apparence
d'être recouverts de deux ou trois Couleurs différentes , alors
que toutes ces taches ne proviennent et ne sont que les trois
nuances d’une seule. On à été plus souvent frappé de cette
remarque, que l'on n'a été tenté de chercher la cause et de
donner l'explication du fait.
Thienemann le premier, avec son tact habituel d'observation,
l'a expliqué en ces termes :
« Dans les OEufs tachés, dit-il , on remarque en général trois
sortes de taches, les unes pâles, les autres mieux colorées, les
dernières parfaitement colorées, ce qui permet d'admettre trois
périodes de coloration. Les taches pâles sont de la première, la
masse Calcaire plus molle alors leur permet de la pénétrer ;
dans la seconde, la masse calcaire déjà plus compacte leur
permet moins de la pénétrer; dans la dernière période enfin,
-Jes taches sont souvent tellement superficielles qu’on peut les
faire partir avec de l’eau. »
Cette remarque en elle-même est exacte en fait et fort juste.
Peut-être l'explication n’en est-elle pas assez complète ni suffi-
samment satisfaisante ; car elle ne semble résoudre et commenter
que les apparences. Elle repose Sur ce fait très-curieux que nous "+
avons observé : c’est que ces taches , quelle que soit leur appa-
rente dégradation de teinte, ont toutes la même valeur relative- 7
ment à la couche de l'enveloppe calcaire sur laquelle elles sont
imprimées. Il suffit pour s’en convaincre de gratter légèrement
la portion de la Coquille à laquelle elles apparaissent, pour leur
rendre cette valeur : mais alors c’est réellement aux dépens de ,
l'épaisseur du test, que l'on a aminci d'autant plus , pour arriver
jusqu’à elles, qu'elles s'y apercevaient moins et étaient plus
pèles. Cette démonstration si facile et si évidente, on le voit,
n’admet aucune contestation et est en tout point la sanction de
la théorie de Thienemann.
474 DEUXIÈME PARTIE.
Pour compléter enfin la justification et la glorification du
savant Oologiste Allemand, nous dirons qu’au lieu de trois
périodes de taches qu’il distingue seulement, nous en distin-
guons quatre, c’est-à-dire, une de plus que lui; les trois
premières découlant réellement de la combinaison chimique des
sels calcaires de la Coquille avec les particules minérales du
sang; la quatrième qui est sa troisième et qu’il appelle sa der-
nière période étant, selon nous tout-à-fait distincte de celles-ci,
quant à son origine , ainsi que nous avons établi plus haut avec
Manesse.
L’Incubation a donné lieu à une observation d’un autre genre,
relativement à la Couleur des OEufs : ainsi Manesse , Lapierre
et le Docteur Buhle disent avoir remarqué que, suivant les
progrès et le temps de l’incubation, les taches dont la Coquille
de l'OEuf des Oiseaux est maculée, augmentaient de dimension
et d'intensité; et les deux premiers, mettant leur imagination
à la place de la réalité, ont attribué ce phénomène, qui en
serait vraiment un, s’il existait, à l’action immédiate de la
chaleur. Cette observation peu approfondie et énoncée d’une
manière trop aflirmative par Lapierre, lui a suggéré les hypo-
thèses suivantes dont il n’a pas essayé de démontrer la possi-
bilité . « La chaleur, dit-il, dilaterait-elle la matière Colorante ?
» Suffrait-elle pour lui donner une teinte plus forte? La lumière
» n’y serait-elle pas pour quelque chose ? »
L'opinion de ces Auteurs, à laquelle il faut joindre celle de
M. Bcrge (1) dans son introduction, est trop importante et nous
paraît par cela même trop dangereuse, lorsqu'elle est légèrement
avancée, en fait d'une Science aussi neuve que l'Oologie, pour
que nous ne tentions pas de leur opposer le résultat d’observa-
(1) Sur la reproduction des Oiseaux. Ouvrage en allemand. Stuttgart;
1840-1844.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 475
tions par nous attentivement faites et que nous avons lieu de
croire exactes : elles prouveront que les apparences seules , qui
sont trompeuses, ont pu induire ces Naturalistes en erreur. Mais
auparavant nous allons chercher à discuter le degré d’admissibi-
lité et le mérite rationnel de chacune des trois propositions du-
bitatives de Lapierre.
Nous ne pensons pas d’abord que le calorique exerçant son
action sur toutes les parties de l’OEuf simultanément, et la
matière colorante se trouvant appliquée sur la Coquille à la-
quelle elle est même, pour ainsi dire, quelquefois incorporée,
elle puisse subir l'effet de ce phénomène isolément de cette
dernière , et d’une manière distincte.
Nous ne pensons pas davantage que le calorique puisse suffire
pour donner à la matière colorante une teinte plus forte. Ce
fluide, impalpable comme les gaz , et incolore, ne saurait effecti-
. vement être matérialisé au point d'ajouter à l'intensité des Cou-
leurs par son contact avec elles. Ce serait exagérer étrangement
le système des Chimistes qui regardent, il est vrai, le calorique
comme une matière, mais qui au moins ne lui donnent d’autres
facultés que celles de dilater les corps, de les fondre, et de pro-
duire en un mot tous les phénomènes sensibles de ce genre.
Si notre raisonnement est fondé pour les deux premières
hypothèses de Lapierre, nous n'’hésitons pas à émettre et for-
muler le même jugement pour la troisième. Çar il ne viendra
assurément à l’idée de personne, après mûre réflexion, sinon de
supposer, au moins d'affirmer que la lumière soit pour quelque
chose dans l’augmentation et le développement progressif que
cet observateur dit avoir remarqué dans la Couleur et les taches
colorées des OEufs d’Oiseaux soumis à l’incubation : lorsque l’on
sait que la lumière , dont l’intervention est, il est vrai, nécessaire
à la production des Couleurs , ainsi que le prouve l’étiolement
des Fleurs qui en sont privées, a sur elles, dès qu’elles sont
476 DEUXIÈME PARTIE.
produites, une action inverse des plus vives, c’est-à-dire, qu'elle
finit par les absorber en les détruisant, ce que prouve également
le changement de Couleur qu’éprouvent les OEufs d’Oiseaux,
lorsque , après avoir été vidés, ils restent exposés à l’action de
la lumière.
Sans se jeter dans ces hypothèses qui ne nous semblent nul-
lement fondées, il suffit, pour se rendre compte du phénomène
d'optique qui nous occupe, de se reporter à la composition in-
terne de la Coquille des OEufs, et aux qualités que nous avons
assignées à cette enveloppe : en elle réside tout le secret de ce
mystère.
Vieillot (1), voulant expliquer ce phénomène dont il a em-
prunté, sans le dire, la remarque à Lapierre, n’a pas donné assez
de développement à son idée pour la faire saisir; voici comment
il s'exprime :
« Ges taches, dit-il, augmentent de grandeur et deviennent
» plus hautes en Couleur selon les progrès de l’incubation ; si
» elles paraissent plus nombreuses alors, ce test pas qu’il s’en
» forme de nouvelles, mais étant plus sensibles à l’œil, elles
» accroissent graduellement. Get accident est visible dans les
» OEuf Verts, Rouges, etc.
La Coquille des OEufs est généralement peu épaisse, trans-
parente et poreuse. La contexture de ses pores est toute capil-
laire; mais indépendamment de cette capillarité, il existe
encore dans son épaisseur des communications plus irrégulières
et intermédiaires d’un tube à l’autre. C’est par ces pores qu'a
lieu l'introduction de l'air ambiant nécessaire au développement
de l'embryon, sans parler de la chambre ou réceptacle d’air
existant au gros bout de l’OEuf entre la Coquille et la tunique
intérieure ; c’est aussi par eux, Comme conséquence immédiate,
(1) Nouv. Dict. d'Hist. Natur. 1828. Vo Œufs.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 477
que s'opère l’évaporation de la matière dont l’OEuf est rempli.
Le Docteur Thienemann dit à ce sujet que : « les pores sont
» les empreintes restées à l’OEuf, des vaisseaux qui le conte-
» naient. » Nous aimons à croire qu'il renie aujourd'hui cette
proposition selon nous erronnée, qui ne tendrait à rien moins
qu’à détruire tout le système de la production, de la composition,
de la cristallisation enfin et du dépôt de la matière calcaire
destinée à former la Coquille de l’OEuf.
Quoiqu'il en soit, l'enveloppe de l'OEuf, ainsi rendue péné-
trable à l'air, le devient tout autant et d’une manière plus
visible, suivant que nous l’expliquerons, aux atteintes de l’humi-
dité résultant des substances liquides renfermées dans l’OEuf.
Or, l'effet de l'humidité dans, ou, sur un corps, surtout lorsque
ce corps est creux, étant d'augmenter l'intensité de la Couleur
qu'il revêt, on conçoit que la Coquille d’un OEuf, quelles que
soient les Couleurs qui la distinguent, paraisse d’un ton plus
foncé et même tout différent, lorsque l’OEuf est plein, que
lorsqu'il est vide, et conserve même ce ton tout le temps qu'y
pourra séjourner l’humidité dont le contact des matières fluides
l'avait imprégné. C’est ce que l’expérience démontre tous les
jours, lorsque l’on vide des OEufs colorés, pour les conserver
en Collection : car une fois la Coquille débarrassée de son
contenu, sa teinte générale ainsi que ses taches s’éclaircissent
et se dessinent tout-à-coup d’une manière surprenante, compara-
tivement à ce qu’elles étaient précédemment, au point même de
changer presque de couleur, surtout quand la Coquille est très-
fine, comme dans certaines petites Espèces ; c’est ce qui s’observe
entre autres exemples, sur les OBufs du Loriot (Oriolus Galbula)
qui, frais pondus, ont l’apparence d’un Blanc Rosé ou Jaunâtre;
effet de la transparence de la Coquille qui s’empreint de la
Couleur du Jaune de l’OEuf; et , une fois vidés, reprennent leur
Couleur réelle, celle du Blanc de lait légèrement lustré. Ce
13
1478 DEUXIÈME PARTIE.
renforcement de ton est peu de chose toutefois en comparaison
de celui produit par les progrès de l’incubation, ainsi qu'on
va le voir.
D'un autre côté, plus un corps acquiert de densité, plus il
perd de sa transparence. Eh bien! à mesure que l'effet de l’incu-
bation se fait sentir sur le germe et les liquides qui l'entourent,
plus ces substances s’épaississent, plus alors leur transparence
décroît et diminue, plus alors aussi la teinte des Couleurs de la
Coquille augmente d'intensité ; et cette intensité est à son dernier
période au moment où le petit est formé. De telle manière qu'à
ce moment on voit en quelque sorte saillir à la surface de la
Coquille des taches que l’on ne remarquait pas d’abord, parce
que se perdant dans la transparence de cette enveloppe et des
liquides y inclus, elles étaient d’une teinte imperceptible, qui
s’est trouvée repoussée et renforcée par la’ solidification et l’opa-
cité graduelles de ces substances; et qu'on en voit d’autres qui
s’y trouvaient dessinées dès l'origine, mais nuancées d’un ton
très-faible, augmenter d'intensité et en quelque sorte de dévelop-
pement, par suite du même effet. C’est, nous le croyons, ce
phénomène mal observé, et dont on n’a saisi que les appa-
rences, qui a causé l'erreur dans laquelle sont tombés les
Auteurs dont nous parlons.
Il faut donc établir en principe que les taches des OEufs, une
fois appliquées sur leur Coquille, ne subissent, lorsque les OEufs
sont pondus, aucune modification ni aucune augmentation de
développement dans leur composition intime comme dans leur
volume, dans leurs dimensions, et dans la dose de la matière
colorante dont elles sont composées, soit par l'effet de la lu-
mière, dont nous reparlerons encore bientôt, soit par celui de
l'incubation; que les transformations que paraissent subir ces
taches ne sont pas réelles , et ne sont que le résultat momentané
de la transparence ou translucidité de la Coquille, graduel-
CABACTÈRES OOLOGIQUES. 479
lement altérée par l'épaississement successif des matières orga-
niques qu’elle renferme , sous l'influence de l’incubation.
Toutes les observations et hypothèses plus ou moins exactes ou
hasardées que nous venons de discuter sur les teintes des OEufs
des Oiseaux, prouvent mieux que tout ce que nous pourrions
dire l'intérêt que l’on doit attacher à leur Coloration si variée et
si extraordinaire. Il n’est sorte de systèmes que l’on n’ait tenté de
construire sur cette simple considération, systèmes que nous
croyons devoir examiner encore, Pour détruire ou combattre
par le raisonnement et l’expérience les déductions erronnées
qu’on en a trop souvent tirées. /
2 6.
DES RAPPORTS PRÉTENDUS DE LA COULEUR DES ŒUFS AVEC CELLE
DU PLUMAGE DES OISEAUX. ET DE L'INFLUENCE DE LA LUMIÈRE
SUR LA COLORATION DE LA COQUILLE.
Buffon (1), entrainé par son imagination systématique et par
son ardeur à retrouver dans chaque Classe d’Animaux les Races
primitives, voulant prouver que les Poules étaient originairement
Blanches; que ce n’est que par l’effet de la domesticité qu’elles
ont varié du Blanc au Noir et pris successivement toutes les
nuances intermédiaires ; et enfin que c’est de ces Poules que
toutes les autres Races sont issues, s’est appuyé sur le rapport
qu’il disait avoir saisi dans la ressemblance qui se trouve assez
généralement, selon lui, entre la Couleur des OEufs et celle du
plumage; et il cite sérieusement en preuves de ce rapport :
« les OEufs du Corbeau, d’un Vert-brun taché de noir, dit-il;
» ceux de la Cresserelle, Rouges; ceux du Casoar, d’un Vert-
» noir; ceux de la Corneille noire, d’un Brun plus obscur
(1) Hist. Natur. des Ois. Tom. 3.
? 4} 78
480 DEUXIÈME PARTIE.
» encore que ceux du Corbeau; ceux du Pic varié, variés et
» tachetés de Rouge; ceux du Crapaud-Volant, marbrés de
» taches Bleuâtres et Brunes, sur un fond nuageux Blanchätre;
» l’OEuf du Moineau, continue-t-il, est cendré, tout couvert de
» taches Brun-marron, sur un fond Gris; ceux du Merle sont
» d’un Bleu-noirâtre ; ceux de la Poule de bruyère sont Blan-
» châtres , marquetés de Jaune; ceux des Pintades sont marqués
» comme leurs plumes de taches Blanches et Rondes, etc.; en
» sorte qu’il paraît y avoif un rapport assez constant entre la
» Couleur du plumage des Oiseaux et la Couleur de leurs OEufs;
» et que le Blanc domine dans plusieurs, parce que dans le
» plumage de plusieurs Oiseaux il y a aussi plus de Blanc que
» de toute autre Couleur, surtout dans les femelles dont les
» Couleurs sont toujours moins fortes que celles du mâle. »
Sans parler des nombreuses erreurs que renferme ce passage
de Buffon dans la description des OEufs désignés par lui, on
douterait qu'il fut sorti de sa plume s’il ne se retrouvait dans son
immortel Ouvrage. C’est une preuve, entre mille autres, des
inconvénients qu’entraîne la manie des systèmes exclusifs en fait
de Science positive, comme l’est et doit l’être l'Histoire Naturelle ;
inconvénients après tout dont il faut bien se garder de se
plaindre : le mal porte avec lui son remède. Ils sont la consé-
quence de la libre discussion qui a toujours existé dans les
Sciences, et ce n’est que grâce à ces diverses manières de voir
et de s'exprimer de chacun, et à la liberté illimitée de contrôle
qu'engendre la révélation successive et continue d'observations
nouvelles, que l’on peut espérer parvenir et qu’on arrive jour-
nellement à éclaircir et à résoudre les questions si multiples que
soulève à chaque pas l'étude de l'Histoire Naturelle. Car les ques-
tions, pour aboutir à leur complète solution, ont, comme toutes
les choses d’ici-bas , besoin de temps et sont soumises aux varia-
tions comme aux progrès des lumières et de la raison.
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 481
Le tort de Buffon est d’avoir parlé des OEufs qu'il décrit sur la
foi de tiers mal instruits et sans les connaître : s’il en était autre-
ment, il faudrait croire qu'il aurait eu l'intention de surprendre
son lecteur. Car l'OEuf du Corbeau est d’un beau Vert parsemé
de taches assez fréquentes d’un Brun légèrement olivâtre ou
brunâtre; celui de la Corneille a les mêmes Couleurs, les taches
en sont quelquefois seulement plus nombreuses sans être plus
foncées ; l'OEuf du Casoar à casque est d’un Vert foncé quelque-
fois noirâtre, mais il est à observer qu'il ne prend ces deux
teintes qu'avec le temps, et que frais pondu il est d’un Vert
tendre; celui de la Cresserelle est le seul que Buffon aurait dû
citer, parce que c’est le seul qui offre le rapport dont il a été
frappé; il aurait même pu citer les OEufs de la plupart des
Oiseaux de proie Diurnes, qui, sur un fond d'un Blanc plus ou
moins pur, ont des taches d’un Brun variant du Rougeâtre à
l'Olivâtre et au Noirâtre; celui du Pic varié n’a aucune analogie
avec le plumage de l’Oiseau et n’a jamais été taché de Rouge: il
est d’un Blanc de lait luisant, uniforme et sans taches, ce qui est
très-différent: celui du Merle, loin d’être d’un Bleu noirâtre,
est d’un Vert léger parsemé de taches Rougeätres; celui de la
Pintade n’a jamais eu de taches Blanches et rondes comme
celles du plumage de cet Oiseau : il est d’un Blanc sale plus ou
moins rosacé ou orangé, sans taches, mais ayant les pores de la
Coquille si prononcés et si profondément accusés, qu'ils pré-
sentent l'aspect de piqüres d’épingles.
Il était donc impossible de plus mal choisir ses exemples, et,
nous le répétons, il n’y a réellement que les OEufs de plusieurs
Espèces d’Oiseaux de proie Diurnes qui appuient, encore bien
faiblement, le rapprochement signalé par Buffon ; ce qui n’est
pas à beaucoup près suffisant pour le justifier, si l’on calcule le
nombre de Genres ou de Familles d'Oiseaux dont les OEufs
peuvent être opposés avec succès à ce système. Ainsi, sans
182 DEUXIÈME PARTIE.
parler des Oiseaux de proie Nocturnes, des Perroquets, des
Touracos, des Guépiers, des Alcyons, des Oiseaux-Mouches,
des Pigeons, etc., qui les ont d’un Blanc pur, s’il eût connu la
Couleur des OEufs de tous les Tinamous, qui est toujours unie,
sans taches, et, selon les espèces, tantôt Bleue , tantôt Verte,
tantôt Fauve ou Isabelle, tantôt Lilas, il est permis d'affirmer que
jamais il n’eût songé à soutenir une pareille thèse ou qu'il se fût
empressé de faire disparaitre ce tissu d'erreurs.
La connaissance approfondie des OEufs de la plupart des
Espèces ou Variétés de Poules connues aurait évité cette tache à
l'OEuvre de Buffon, en lui démontrant en quelque sorte le con-
traire de ce qu'il rêvait ou de ce qu'il pensait avoir dû être. Car,
en se livrant à cette étude purement Oologique, on est étonné
d'une chose : c’est, contrairement au dicton populaire et à la
doctrine reçue qui veulent que tous les OEufs de Poule soient
Blancs, de ne voir ce fait établi que chez la Variété la plus com-
mune, celle de nos Basses-Cours, qui ne se retrouve plus ni
comme Oiseau ni comme OEuf dans son pays originaire, l'Asie,
où les OEufs de toutes les Espèces ou Variétés, au lieu d’être
Blancs, sont de ce Jaune-Nankin, si antipathique à nos ména-
gères, que nous remarquons chez les Races appelées de Cochin-
chine, Brahma-Poutra, voire même Crèvecœur, et parfois avec
des taches ou macules arrondies Fauves, comme chez le Gallus
furcatus. Cette seule remarque, que nous consignons en passant,
peut donner mürement à réfléchir aux Ornithologistes qui vou-
draient, à l'exemple de Buffon, remonter à la source du Type
primitif, que nous ne croyons pas, pour notre part, avoir jamais
plus existé chez les Gallidés que chez les Colombidés, pour
lesquels l’éminent Écrivain aurait pu raisonner ainsi qu’il l’a fait
pour les Poules.
Il semble qu'il dût suffire de connaître cette page hasardée de
l'Histoire Naturelle des Oiseaux, et d'en observer les termes de
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 183
comparaison pour se convaincre du peu de fondement de l’opi-
. nion ou de la proposition qu’elle renferme; et l’on pouvait
espérer qu'à l'avenir, au moyen de l'élan donné à la Science et
dés progrès qu’elle accomplit depuis, les Naturalistes abandon-
neraient ces fautifs errements. Il n’en a pas été ainsi : d’autres
Auteurs ont fait revivre cette analogie prétendue que Valmont
de Bomare a eu le bon esprit de rejeter.
Daudin (1), en effet, tout en la dénaturant et lui donnant une
application différente, a enchéri sur l’idée de Buffon qu'il a re-
produite dans les termes suivants : « Il est un point qui me paraît
» pouvoir être appuyé par un grand nombre de faits concluants,
» c’est que la Couleur des OEufs des Oiseaux considérés dans
» l’état sauvage, paraît indiquer en quelque sorte l’Oiseau qui
» doit en provenir. Par exemple, je suis porté à croire : do que
» les OEufs unicolores proviennent d’Oiseaux à plumage d’une
» seule teinté, ou dont les teintes sont peu tranchées; 20 que les
» OEufs Blancs, Gris, Verts, Bruns ou Blanchâtres sont pondus
» ordinairement par des Oiseaux à plumage plus ou moins foncé
» en Couleur; 30 que les OEufs maculés indiquent des Oiseaux
» parsemés de plusieurs teintes. Au reste, je laisse aux observa-
» teurs à vérifier cette opinion, et à énoncer jusqu’à quel point
» elle est exacte. Il est convenable de remarquer ici que les
» Oiseaux dont le plumage ne devient très-coloré qu’au bout de
» quelques mois, pondent des OEufs tirant sur le Blanc : tels
» sont les Colibris, les Oiseaux-Mouches, etc. »
Cet Ornithologiste, fort estimable du reste, dont le travail est
resté incomplet, a eu raison, dans sa modestie, de s’en rapporter
à d’autres observateurs du soin de vérifier l'exactitude de son
opinion, de ses suppositions; mais pour leur rendre cette véri-
fication plus facile, il aurait dû prendre la précaution de citer le
(4) Traité d'Ornithologie, T. Ier.
484 DEUXIÈME PARTIE.
grand nombre de faits concluants qu'il invoque à son aïde : car,
pour un Naturaliste, raisonner par supposition et sans preuve,
c’est pur enfantillage. Nous allons nous charger de ce que nous
reprochons à Daudin de n’avoir point fait; et ce sera contre lui,
et non en sa faveur, que nous serons amené forcément à prouver.
Rien n’établit en premier lieu que les Œufs unicolores pro-
viennent d'Oiseaux à plumage d'une seule teinte, ou dont les
teintes soient peu tranchées : témoin le Faisan vulgaire qui,
avec un plumage élégamment varié, fait un OEuf d’une légère
teinte Olivâtre uniforme; le Faisan à collier qui, avec presque
le même plumage, pond un OEuf d’un Bleu légèrement Verdâtre
aussi uniforme ; le Faisan argenté qui, d’un plumage encore
plus beau, quoique plus simple et plus tranché, quoique moins
varié, fait ses OEufs uniformément d’une teinte orangée; enfin
le Faisan doré qui, du plumage le plus riche, produit un OEuf
d’une teinte semblable au précédent, mais plus claire et égale-
ment uniforme.
Il n'est pas mieux prouvé que les Œufs maculés indiquent
des Oiseaux parsemés de plusieurs teintes : le Corbeau, la Cor-
neille noire, le Freux, tous trois entièrement noirs et d’une
seule teinte, pondent des OEufs Verts agréablement maculés de
taches d’un Brun-noirâtre; le Merle commun, d’un plumage
également noir et sans tache, a ses OEufs d’un Vert-clair par-
semé de taches Rougeâtres; le Rupicole ou Coq de Roche du
Pérou, d’un plumage richement et uniformément Orangé , a les
siens d’un fond Blanc-fauve, couverts de taches et bigarrures
brunûâtres.
Ces exemples pris au hasard suffisent pour montrer combien
sont peu réfléchies les trois propositions de Daudin, et pour
faire voir qu’il n’a pas été plus heureux dans son hypothèse que
Buffon dans la sienne.
Un autre Ornithologiste , Lapierre , guidé par son louable désir
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 485
de tout reporter à la Providence , a cru que la Couleur des OEufs
variait selon les endroits où ils étaient déposés, et cela dans
l'intérêt de la conservation de l’Espèce : qu'ainsi les OEufs
déposés dans les trous, comme ceux des Hibous et des Pics, du
Guëépier et du Martin-Pêcheur, affectaient la Couleur Blanche,
afin d’être plus visibles à ces Oiseaux; ceux déposés dans les
prés ou les marécages, comme ceux du Héron tacheté, du Van-
neau , de la Grande et Petite-Outarde, ceux de quelques Canards,
étaient Verts, ou tirant sur cette Gouleur, et ceux placés sur la
terre, comme les OEufs du Courlis, du Petit-Pluvier et d’une
partie des Gallinacés étaient Gris ou Blancs, pour être plus faci-
lement dérobés soit aux poursuites des ennemis naturels des
Oiseaux , soit aux recherches de l’homme.
On ne peut contester à Lapierre l'exactitude, à quelques excep-
tions près, de ses descriptions , et même l'existence réelle de ces
rapports singuliers et admirables dans certaines Familles Orni-
thologiques , telles que parmi les Passereaux : les Bergeronettes
(Motacillidæ), surtout les Allouettes (Alaudideæ) préservées, dans
leur Espèce , non seulement par leur plumage qui se modifie en
raison de la nature du sol sur lequel ils sont appelés à vivre,
que ce soit dans les Steppes de l'Asie ou dans les Sables de
l'Afrique, mais par leur OEuf, qui subit les mêmes modifi-
cations; parmi les Gallidés : les Faisans (Phasianidæ), les
Perdrix (Perdicidæ) , et par dessus tout les Tétras (Tetraonidæ) ,
chez lesquels les mutations de plumage, variables selon le man-
teau des terrains entre lesquels ils partagent leur existence, que
ce soient les bruyères des montagnes ou les neiges Alpestres,
sont, en conformité du même principe, d'accord avec la Couleur
de leurs OEufs; au point que l’on voit une ou plusieurs Espèces
de cette Famille, d'un plumage agréablement chamarré ou
tapissé, dans la saison des amours qu'ils accomplissent au
milieu des mousses et des bruyères, prendre un plumage écla-
486 DEUXIÈME PARTIE.
tant de blancheur dans la saison d’hiver qu’ils passent au milieu
des neiges ; dans l’ordre des Gralles, presque toutes les Familles;
parmi les Pélagiques (Pelagici du Prince Ch. Bonaparte) : les
Goëlands et les Hirondelles de mer (Laridæ), surtout les A/cidæ,
dont l'OEuf a l’aspect bleuâtre des eaux ou des glaces qui les
environnent; nous en dirons tout autant des Spheniscidés.
Mais comme les citations de Lapierre, auxquelles nous venons
de joindre nos propres considérations, composent la masse des
seuls exemples que l’on puisse fournir de cette analogie, et sont
loin de comprendre la plus grande majorité des Oiseaux , il faut
les considérer, en Oologie, comme des rapprochements ingé-
| nieux, mais d’une application trop bornée pour qu’on puisse en
| tirer des inductions générales et en faire sortir une base de Clas-
sification parmi les OEufs. D'ailleurs quelques-unes des raisons
qu'il donne de ces coïncidences sont par trop contestables. On
ne voit point, par exemple, la nécessité d'une Couleur Blanche
pour l'OEuf des Oiseaux Nocturnes qui, voyant beaucoup mieux
la nuit que le jour, devraient aussi bien distinguer leurs OEufs,
dans les obseurités où ils les cachent, s'ils étaient d’une toute
autre Couleur que Blancs. Et puis d’autres Oiseaux font leurs
OEufs dans des Nids qui peuvent être assimilés à des trous; et
ces OEufs sont de toute autre Couleur que Blancs; par exemple,
les Tisserins (Ploceidæ) , dont les Nids sont de longs boyaux,
tissus de Graminées, de deux ou trois pieds de profondeur; et
les uns les font d’une Couleur Verte unie, et les autres tachetés
de Rouge sur un fond Blanc.
Enfin, M. Gerbe, faisant la même observation ‘que Lapierre,
« quant au Blanc pur et rarement piqueté des OEufs pondus
» dans des cavités, qui les mettent hors de l'atteinte de la
» lumière, tels que ceux des Hibous, des Chouettes, des
7 » Huppes, des Pics, des Torcols, des Martins-pécheurs, de
1e) quelques Mésanges, etc. » ajoute : « Ne pourrait-on pas
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 487
« arguer de ces faits que la lumière a une action bien marquée
» sur les produits Ovariens des Oiseaux , comme elle en a une
» sur les autres productions de la nature? La fleur qui s’épanouit
» dans l’ombre et l’obseurité n'est-elle pas pâle et étiolée,
» comme tout ce que le soleil ne colore pas, et les Oiseaux eux-
» mêmes ne sont-ils pas la preuve la plus évidente de ce fait?
» Ceux-là ont les couleurs les plus brillantes et les plus variées,
» qui habitent les contrées les plus chaudes, les contrées par
» conséquent que le soleil éclaire plus longtemps de ses rayons
» vivifiants ? »
Nos observations qui précèdent suffiraient sans doute pour
répondre en partie à la proposition que nous venons de citer.
Nous ne voulons pourtant pas laisser échapper l'occasion qui se
présente d’y répondre. Il est sans doute impossible de nier d’une
manière absolue l'influence de l’action de la lumière sur le produit
Ovarien des Oiseaux, de quelque manière et dans quelque lieu
que ce produit arrive à l’état d'existence matérielle et palpable.
Cependant, en ce qui concerne la Blancheur de l’OEuf des
Espèces énoncées dans le passage dont nous nous occupons, il
est, ce nous semble, impossible de l’attribuer à l’absence de
l'influence de la lumière, car sans parler des OEufs des Poules /- frs 4 pt
et des Pigeons, qui ne sont jamais déposés dans des trous 4.1? %,
inaccessibles à son action, comment, suivant ces principes,
expliquerait-on la blancheur des OEufs pondus par les Oiseaux- ‘+ . sie
Mouches (Trochilidæ) qui, presque tous sont remarquables fe {n° puvhaa!
par l'absence de toute tache et de toute teinte colorée, et ee SIN
sont déposés dans de charmants petits nids, assurément fort
accessibles au rayonnement de la lumière? Enfin comment
expliquerait-on la teinte Verte de l'OEuf du Tisserin et la teinte | 34/7 7
Blanc-verdâtre maculée de jolis points Rouges ou Rouge-bru-
nâtre de-l’'OEuf des Orthotomes, dont le nid est recouvert
par une feuille si artistement cousue à ses bords, et sert par ak ae Ÿ
Ln x KL prA
.
CITE] af #
4858 DEUXIÈME PARTIE.
conséquent d’obstacle permanent à l'introduction de la lumière.
M. Gerbe, il est vrai, a eu soin de revenir plus tard de son
opinion dans une Note ainsi conçue :
« Nous nous sommes demandé plus haut si la lumière n’au-
» rait pas une action sur les produits Ovariens des Oiseaux,
» comme elle en a une sur les autres productions naturelles.
» Il paraïîtrait que non; car les OEufs que le Pigeon Ramier pose
» dans des nids qui sont situés à la cîme des arbres ou sur les
» anfractuosités des rochers, dans des positions, par conséquent,
» où la lumière peut arriver avec facilité, sont certainement
» Blancs. Au reste, les OEufs, quelle que soit leur Couleur,
» étant tels lorsqu'ils sortent du sein de la mère, ne peuvent
» devoir leur coloration ou leur décoloration à un agent exté-
» rieur. La vraie cause des différences qu’ils présentent, sous
» ce rapport, doit donc, ce nous semble, être l’objet de nou-
» velles recherches. »
Si nous avons reproduit cette note, c’est qu’elle résume nos
arguments , dans la partie que nous avons soulignée. et qui
contient la seule réponse à faire aux partisans de l’action de la
lumière pour la coloration et le développement des Couleurs de
l'OEuf.
Les trois Chapitres précédents, qui renferment pour ainsi dire
la Théorie des principes que nous avons entrepris de développer
sur l'utilité des Considérations que nous pensons devoir être
tirées des OEufs , ne peuvent se passer d’un corollaire qui
contienne l’application ou des exemples d’application de ces
principes. Pour y arriver, nous résumerons d’abord les principales
propositions que nous avons émises.
Ainsi, nous avons établi :
40 Que si la Forme des OEufs était généralement Ovée, elle
LR
CARACTÈRES OOLOGIQUES. 489
subissait cependant des altérations qui se retrouvent constantes
dans certains groupes; par exemple : la Forme Ovalaire chez les
Tinamous, la Forme Elliptique chez les Grèbes, les Cormorans
et les Pélicans, la Forme Ovoïconique chez les Pingouins et les
Guillemots, et la Forme Cylindrique chez les Mégapodes et les
Gangas;
20 Qu'il n'existe pas un seul Oiseau Aquatique dont les OEufs
soient revêtus d’une Goquille luisante et lustrée, cette qualité
n'étant propre, dans des degrés infiniment variés, qu'aux OEufs
des Oiseaux Terrestres;
3o Que la Couleur des OEufs ne varie en aucune manière,
dans la même Espèce, d’un Climat à un autre;
40 Que le mode de Coloration, tout en variant indéfiniment
d’une Espèce à une autre, est cependant constant, dans plusieurs
Groupes, chez les Genres ou les Espèces qui les composent :
ainsi, Blanc chez les Pigeons, uni et sans taches chez les Faisans
et chez les Tinamous ;
5o Que la Forme des taches, à part la Couleur de celles-ci, est
également constante chez plusieurs Groupes, par exemple les
Bruants, les Quiscales et la plupart des Ictéridés.
Ces propositions sont, comme on le voit, assez simples et
assez éloignées d’une généralisation absolue pour que l’on ne
nous suppose pas la prétention de vouloir créer tout un Système
nouveau de Classification. Mais nous pensons, au moyen des
considérations sur lesquelles elles reposent, être à même d’indi-
quer des caractères fixes et invariables, susceptibles d’entrer avec
avantage et de figurer au nombre des éléments d'une bonne
Classification naturelle. Nous le répétons : ce que nous présentons
au Lecteur, ce ne sont que des matériaux nouveaux de classe-
ment qui, combinés avec ceux employés par les Méthodes,
doivent mener à la solution du problème cherché avec plus ou
moins de succès par leurs Auteurs. Nous sommes donc les pre-
490 DEUXIÈME PARTIE.
miers à confesser l'insuffisance de ces éléments, isolés de ceux
déjà connus ou appliqués; nous ne les regardons que comme
capables de leur servir d'amélioration, de perfectionnement, de
complément et de contrôle même. En un mot, nous avons peusé,
en commençant notre travail, que la nature et la Coloration de
la Coquille de l’OEuf provenant d’une cause organique, si nous
osons dire, et d’une source commune à tous les Oiseaux, les
éléments de Classification que fournit leur étude pouvaient être
considérés comme des plus significatifs et devaient, par con-
séquent, être employés de toute nécessité dans le cas où ceux
des autres Méthodes faiblissent ou sont en défaut.
C'est ce que nous allons démontrer, en faisant l'application de
nos principes et de nos connaissances Oologiques à chacun des
principaux Groupes de la Série des Oiseaux, que nous passerons
à cette intention et très-succinctement en revue.
——0 0 020-0-—
TROISIÈME PARTIE.
—""“TO<O—
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES A LA
MÉTHODE DE CLASSIFICATION DES OISEAUX.
Avant d’entrer dans le développement de cette troisième et
dernière Partie de notre Livre, nous croyons encore de notre
devoir de prémunir le Lecteur contre les surprises que pourraient
lui causer certaines modifications, que nous y avons apportées,
à la manière de faire habituelle des Ornithologistes, en tant que
Classification. C’est, nous ne dirons pas la Partie la plus neuve
ou la plus intéressante de notre OEuvre, ce serait nous flatter,
mais celle qui mérite le plus d’être parcourue avec indulgence
ou étudiée avec réflexion.
On y verra que, sauf quelques innovations de détails, qui
précèdent l'Ordre des Pigeons, ce n’est qu’à partir de cet Ordre
que nous nous sommes laissé entraîner à essayer des voies
nouvelles, que semblait nous faire entrevoir le mirage des carac-
tères Oologiques qui éclairaient notre imagination en frappant
nos yeux ; et que, si nous avons obéi à cet irrésistible entraine-
ment, l’exceptionalité, l'originalité du sujet, encore presque
vierge, en a seule été cause ; enfin , que, dans tous les cas, ce
n’esl jamais au caprice ou à la fantaisie que nous avons obéi ou
sacrifié, mais à des démonstrations matérielles devant lesquelles
devaient s’incliner et s’évanouir bien des théories dont, comme
192 TROISIÈME PARTIE. :
tout le monde, nous étions imbu. Nous ne nous en sommes pas
moins, en général , soumis révérencieusement, ainsi que le doit
faire tout Élève devant ses Maîtres, au principe d’Autorité que
nous croyons sacré, ou pour le moins respectable, dans la
Science surtout.
Nous avions été assez heureux, au surplus, pour faire adopter
une partie de ces idées au Prince Ch. Bonaparte, qui avait bien
voulu le reconnaître par le témoignage suivant :
« Quelques semaines se sont à peine écoulées depuis la publi-
» cation de ma dernière Classification Ornithologique dans les
» Comptes-rendus de l'Académie, et je puis déjà, grâce à de
» nouvelles études et aux nombreuses observations que j'ai
» reçues de tous côtés, apporter certaines améliorations de
» détail à mes Séries parallèles. C’est surtout dans l’arrangement
» des Gallinacés, et dans la translation d’une Sous-Classe à l’autre
» des Urinatores et des Ptilopteri ou Manchots, qui ne sont pas
» plus des Palmipèdes que les Phoques ne sont des Céfacés, que
» le Lecteur trouvera des changements; et c’est principalement
» aux remarques de M. O. nes Mons, de M. Jules Verreaux, et
» surtout de M. Martin de Londres, que la Science et moi en
» sommes redevables ». (1)
Mais nous avons apporté bien d’autres modifications aux
changements déjà introduits, sur ces données premières, dans
le Conspectus.
Nous observerons seulement qu’en donnant un Tableau à peu
près complet de notre Système de Classification, nous n’enten-
dons pas le présenter comme le résultat entier des combinaisons
des Caractères Oologiques avec les Caractères Organiques ou
autres, puisque nous sommes loin de connaître l’OEuf de toutes
(1) Préface de la 2e édit. du Conspectus Systematis Ornithologiæ, p. 2. —
Extr. des Annales des Sciences Nalurelles.
APPLICATION PES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 493
les Tribus ou Familles; ce n’est que le résultat relatif du peu que
nous en connaissons. C’est ce que l’on sera à même de vérifier,
en parcourant le développement de notre Travail.
Mais il ne nous a pas été possible, lorsque l’occasion s’en est
présentée, de ne pas entrer dans quelques détails de mœurs plus
ou moins oubliés, ou nouveaux, ou intéressants. À cet égard,
nous appelons l'attention des Savants sur ce que nous avons dit
à l’article des Coucous et à celui des Calaos ; il en sera de même
pour le Céphaloptère.
Quant à notre Classification , en elle-même, nous sollicitons
également le sérieux examen ou la critique bienveillante des
Ornithologistes, notamment sur l'érection des Zygodactyles , au
rang d'Ordre; sur la place que nous avons cru devoir assigner à
la Huppe, à la suite des Calaos ; au Cincle, à la suite des Four-
niers, et avec eux; sur la création de notre Tribu des Sylvipa-
ridés; sur le rang que nous avons donné aux Troglodytes, à la
suite des Mésanges, et aux Tryothores en tête des Calamoher-
pinés, ou Fauvettes de roseaux; sur la division et le remanie-
ment que nous avons faits des Gallinacés, des Gralles et des
Nageurs; sur la place donnée aux Pintades, en tête des Perdi-
cidés; sur l’établissement du Sous-Ordre des Struthionigralles,
et la place que nous y avons donnée à l’OEdicnème ; sur le clas-
‘sement des Thynocores, en tête des Gralles; du Caurale et de
l'Hoazin, ou Sasa, avec les Rallidés; et enfin sur l'établissement
et l’organisation de notre Sous-Ordre des Alectorides.
Ce sont des idées choquant peut-être le sens des idées reçues ;
mais de ce choc, si l’adage est vrai, peut sortir la lumière. Nous
avons , au surplus , donné sur chaque chose, comme moyen de
contrôle ou de discussion, nos raisons et nos motifs de décider.
Il n’y a donc à voir là qu’une OEuvre de conscience : libre à
chacun de la juger à son point de vue et sans parti-pris.
Nous n’ajouterons plus qu’un mot, relatif au langage conven-
44
194 TROISIÈME PARTIE.
tionnel adopjé en Zoologie, comme en Botanique, pour la dési-
gnation des Tribus et des Familles.
Malgré les explications si savantes, si lumineuses, et, en ap-
parence, si rationnelles données par M. Isid. Geoffroy-Saint-
Hilaire (1) sur les motifs qui lui font adopter, et qu’il indique
comme devant être préférés à toutes autres, pour les dénomina-
tions dont la terminaison Latine est en idæ, dans les Tribus, celle
ipfes , en Français: et pour les dénominations, dont la termi-
naison Latine est inæ, dans les Familles, celle rexs, en Français;
nous avouons que nous n'avons pas eu la force de conviction
nécessaire pour entrer dans cette manière de voir et de sentir,
qui a été, nous le savons , appliquée et pratiquée constamment,
depuis 4850, par le Prince Ch. Bonaparte.
Pour nous, les dénominations Latines de Familles en inæ,
comme Vulturine, restent, en Français, des Vuzrurinés ; comme
celles des Tribus, en idæ, Vulturidæ, sont des Vurrurmés. Nous
ne comprenons pas la nécessité d'adopter, pour les premieres,
la désinence res, Vulturiens, au lieu de Vulturinés : car notre
oreille grammaticale , dans cet ordre d'idées, nous conduirait à
traduire Vulturidæ par Vulturides , et non Vuzruribés, pour être
conséquent avec la désinence de VuzrurteNs, pour Valturinæ.
Au lieu done de éraduire grammaticalement et euphonique-
ment le mot Latin, nous nous bornerons tout simplement à le
Franciser.
(4) Catalogue Méthodique de la Collection des Mammifères, de la Collec-
üon des Oiseaux et des Collections annexes du Muséum d'Histoire Naturelle
de Paris. 1851.
SUB-ORDO. 1.
Ru.
SUB-ORDO. 1.
CE HOME
S.-0. . 3
S:-0. : 4
CLASSIS AVIUM.
SYSTEMA OOLOGICUM.
Ordo I. RAPACES.
ACCIPITRES.
STRIGIDÆ.
Ordo IE ZYGODBACTYLI.
PSEUDO-ZYGODACTYLI.
1. Tribus. — MusoPHAGIDZÆ.
PREHENSORES.
1. Tribus. — PsrTracIDx.
SGANSORES.
1. Tribus. — PrcipÆ.
INSESSORES.
1. Tribus. — CucuLIDE.
4. FAMILIA. — Indicatorinæ.
2.F. — Cuculinæ.
3. F. — Coccyzinæ.
4, F. — Saurotherinæ.
5. F. — Phœnicophaïnæ.
6. F. — Centropodinæ.
1.F. — Crotophaginæ.
8.F. — Seythropinæ.
2. Tribus. — RAMPHASTIDÆ.
3. Tr. — TRoGONID&.
4. Tr. — Bucconinx.
9. Tr. — CAPITONIDÆ.
6. Tr. — GALBULIDÆ.
19% TROISIÈME PARTIE.
Ordo II. PASSERES,
Sue-OrDo 1. SYNDACTYLI.
1. Cohers. — Longirestri.
1. Tribus. — ALCEDINIPE-
2. Tr. — NMeroPD&.
3. Tr. — Mowormes.
&4 Tr. — BucEROTIDE.
3. Tr. — UrurID&.
2. Cohors. — Latirostri.
6. Tr. — CoRACGIADE&.
7. Tr. — EurYLAMmDE.
8. Tr. — Topms.
9. Tr. — Premes.
Sus-Orpo 2 DEODACTYLI.
1. Cohors. — Fissirostri.
1. Tribus. — CAPRINULGIDÆ.
1. FaxILIA. — Podarginæ.
2.F. — Caprimulginæ.
3. F. — Nyctibünæ.
4F. — Steatornithinæ.
2. Tribus. — HrRuNDNEE.
1. Famiuis. — Cypselinæ.
2. F.-— Hirundinwæ.
2. Cohors. — Tenuirostri.
1. SecrTio. — Ætherei.
3. Tribus. — TrRoCILDE.
2. SECTIO. — Suspensi.
1. Stirps. — Penicillati.
4. Tribus. — NECTARNIDE.
1. FamILIA. — Drepanitinæ.
LR — Nectarinunæ.
5. F. — Cærebinæ.
. Genus. — Diglossa.
— Cæreba.
— Certhiola.
— Dacnis.
— Conirostrum.
OP TES
nan
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 497
5. Tribus. — MELLIPHAGIDÆ
6. Tribus. — NEOMORPHIDÆ.
1. Genus. — Philepitia.
2. G. — Philesturnus.
3. G. — Callæas.
4. G. — Neomorpha.
7. Tribus. — PARADISEIDÆ.
4. FAMILIA — Paradiseinæ.
2.F. — Epimachinæ.
3. F. — Sericulinæ.
4. F. — Paradigallinæ.
2. Stirps. — Cartilaginei.
8. Tribus. — IRRISORIDEÆ.
4. FAMILIA. — Falculianæ.
2.F. — Arachnotherinæ.
3. F. — Irrisorinæ.
3. SECTIO. — Scansores.
9. Tribus. — CERTHIADÆ.
1. FamILiA. — Dendrocolaptinæ.
YA Hp 2" Certhianæ. 3. #0 #r2
7 SE. — Sittinæ.
4. SEGTIO. — Arborei.
10. Tribus. — ANABATIDÆ.
1. FAMILIA. — Anabatinæ.
2.F. — : Synallaxinæ.
5. SECTIO. — Insessores.
11. Tribus. — FurNARIIDE.
4. FAMILIA. — Furnariinæ.
2.F. — CINCLINEÆ.
12. Tribus. — ALAuUDIDÆ.
4. FamiILIA. — Certhilaudinæ.
2.F. — Alaudinæ.
SAR — Anthinæ.
3. Cohors. — Dentirostri.
1. SECTIO. — Insessores.
13. Tribus. — FORMICARIHDE.
198 TROISIÈME PARTIE.
4. FAMILIA. — Atelornithinæ.
2.F. — Formicariüinæ.
3. F. — Pittinæ.
4.F. — Ornythonycinæ.
5. F. — Megalonycinæ.
44. Tribus. — MENURIDÆ.
15. Tribus. — TurDDx.
4. FamiLIA. — Thamnophilinæ.
2.F. — Agriornithinæ.
3. F. — Picnonotinæ.
4 EF. — Turdinæ.
4. Genus. — Iliacus.
2, G. — Turdus.
3. G. — Merula.
4. G. — Mimus.
5. F. — Saxicolinæ.
2. SEGTIO. — Suspensi.
16. Tribus. — TImMALnDæ.
1È
2.
17. Tribus.
1e
2.
3.
18. Tribus.
FAMILIA. — Pomathorinæ.
F. — Timaliinæ.
— SYLVIPARIDÆ.
FAMILIA. — Sylviparinæ.
F. — Pardalotinæ.
F. — Falcunculinæ.
— PARIDÆ.
4. FAMILIA. — Parinæ.
DE Ficedulinæ.
4. Genus. — Trichas.
2.G. — Ægytlhina.
3. G. — Mniotilta.
4. G — Hylophilus.
5. G. — Ficedula.
6. G. — Campylorhynchus.
3, F. — Troglodytinæ.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 199
19. Tribus. — SyYLvrADx.
4. FAMILIA. — Tryothorinæ.
2.F. — Calamoherpinæ.
3. F. — Sylvianæ.
3. Secri®, — Arborei.
1. Stirps. — Depressirostri.
20. Tribus. -— Muscrcarinæ.
DIRAIT TYRANNIDÆ.
22Tr0— AMPELIDÆ.
1. FAMILIA, — Gymnoderinæ,
2.F. — Ampelinæ.
2. Stirps. — Comoressirostri.
23 Tribus. — TANAGRIDX.
1. FAMILIA. — Euphoniinæ,
2.F. — Tanagrinæ.
24. Tribus. — OrroLIDx.
25. Tr. — LANTID #.
1. FamiLIA. — Campephaginæ.
Date Laniunæ.
JR Cracticinæ:
4. Cohors. — Conirostri.
26. Tribus. — Corvinæ.
—
. FAMILIA. — Temuurinæ,
2.F. — Ptilonorhynchinæ.
3. F. — Garrulinæ.
AK. — Corvinæ.
5. F. — Fregilinæ.
27. Tribus. — STURNIDÆ.
4. FAMILIA. — Graculinæ.
2.F. — Buphaginæ.
3. F. — Lamprotornithinæ.
4. F. — Sturninæ.
00 TROISIÈME PARTIE.
28. Tribus.— ICTERIDÆ.
4. FAMILIA. — Quiscalinæ.
2. F. — Molothrinæ.
3. F. — Sturnellinæ.
A.F. — Agelainæ.
HU Icterinæ.
ONE Cassicinæ.
29. Tribus. — PLocernx.
4. FamiLrA. — Ploceinæ.
DT. — Viduinæ.
3. EF. — Estreldinæ.
30. Tribus. — EMBERIZIDÆ.
31. Tr. — FRINGILLIDÆ.
Ordo AV. COLUMBÆ.
1. Tribus. — CoLuMBIDx.
Ordo V. GALLINACEI.
SuB-OrDo 1. GALLIPEDES.
1. Tribus. — VERRULIIDLE,
DOTT UE PHASIANIDÆ.
4. FAMILIA. — Phasianinæ.
2. Fr — Polyplectroninæ.
3. F. — Lophophorinæ.
3. Tr. — GALLIDÆ.
1. FaAmiLIA. — Gallinæ.
DFE Pavoninæ.
SUB-ORDO 2. CURSORES.
1. Tribus. — PERDICIDÆ.
Â. FAMILIA. —- MELEAGRIDINÆ.
2,F. — Francolinæ.
3. F. — Odontophorinæ.
A F. — Perdicinæ.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 201
2, Tribus. — TETRAONIDÆ.
4. FAMiLiA. — Tetraoninæ.
2.F. — Pteroclinæ.
Sug-ORrDO 3. STRUTHIONIGRALLI.
1. Tribus. — TiNAMIDÆ.
2. Tr. — OTiprn x.
DUUT. — ŒDICNEMIDEÆ.
4. Tr. — CuRSORHDÆ.
5. Tr. — TURNIGIDÆ.
Ordo VI. STRUTHIONES.
1. Tribus. — STRUTHIONIDÆ.
2. Tr. — CASUARIDÆ.
Sr. — APTERYGIDÆ.
Ordo VII. GRALLÆ,
Sug-Orpo 1. OEGYALITES.
1. Tribus. — CarrAMIDx.
2. Tr. — THINOCORIDE.
3. Tr. — CHARADRIIDÆ.
&. Tr. — GLAREOLIDÆ.
5. Tr. — HoEMATOPODID x.
GT — RECURVIROSTRIDÆ.
17. Tr. — PHALAROPODIDÆ.
Se TR SCOLOPACIDÆ.
SuB-OrDo 2. ALECTORIDES.
1. Tribus. — PARRIDÆ.
PAT Tr — EURYPIGIDE.
3. Tr. — RALLIDÆ.
À. FaAmiLIa. — Rallinæ.
9. FE. — ° Fulicinæ.
3. F. — Ocydrominæ.
4. Tr. — OrISTHOCOMIDEÆ.
5. Tr. — PENELOPIDÆ.
6. Tr. — CRACIDÆ.
202
SUB-ORDO 3.
SUB-ORDO 4.
SuB-ORDo lÎ.
SUB-ORDO 2.
SUB-ORDO 3.
TROISIÈME PARTIE.
7. Tribus. — MEGarpopibx.
8. Tr. — MEsITIDÆ.
9. Tr. — PALAMEDEID Æ.
10. Tr. — CHIONID x.
HERODIONES.
1. Tribus. — Psopanpzx.
2. Tr. — GRUIDZ.
3. Tr. — ABAMIDE.
4. Tr. — CANCROMIDÆ.
HAN ES ARDEID Æ.
GRR CicONHD x.
Tr DROMADIDÆ.
8. Tr. — TANTALIDÆ.
1. FamiuiA. — Tantalinæ.
2. F. — Ibidinæ.
9. Tr. — PLATALEIDÆ.
HYGROBATÆ.
1. Tribus. — PHOENICOPTERIDÆ.
Ordo VEKE. NATATORES.
TOTIPALMI.
1. Tribus. — PELECANIDÆ.
D tnet— TACHYPETIDÆ.
DUT — SULIDÆ.
LAS l'E PLoTinx.
5. Tr. — PHALACROCORACIDÆ.
BRACHYPTERI.
{. Tribus. — Poprcerinx.
LAMELLIROSTRI.
1. Tribus. — CyYcNIDx.
DAT U— ANSERIDÆ.
SaATr -— ANATIDÆ.
Lk. Tr. — FULIGULIDÆ.
5. Fra MERGIDÆ.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 203
Sug-OrDo 4. LONGIPENNES.
1. Tribus. — PROCELLARIDX.
1. FAMILIA. — Diomedeinæ.
9. F. — Procellarinæ.
2. Tr. — PHAETONIDÆ.
3. Tres — LaRDÆ.
SUB-ORDO 5. URINATORES.
1. Tribus. — CozyMBIDz.
2. Tr. — ALCIDÆ.
Ordo IX. PTILOPTERI.
1. Tribus. — SPHENISCIDÆ.
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APPLICATION DES CABACTÈRES OOLOGIQUES. 205
PREMIER ORDRE.
ACCIPITRES ou RAPACES.
PREMIER SOUS-ORDRE.
RAPACGES DIURNES
(Rapaces diurni).
Il y a peu d’Ordres d’Oiseaux, à part les Passereaux, dont on
connaisse autant d’Espèces Oologiques que celui des Accipitres
ou Rapaces Diurnes, et pourtant il serait difficile d'établir entre
elles des Coupes ou Catégories qui offrissent des rapports satis-
faisants avec le Classement Méthodique adopté, ou des caractères
assez tranchés pour en instituer un nouveau.
Ce qui est remarquable dans cet Ordre, ou plutôt dans ce Sous-
Ordre, c’est, outre la Forme de l'OEuf, qui ne varie que de la
Forme Ovalaire à la Forme Ovée, et, dans une ou deux Tribus
ou Familles , presque jusqu’à la Forme Ovoïconique, l'unité
permanente de la Couleur qui, sous des nuances diverses de
Brun, en décore la Coquille, dont la matière est constamment
d’un Blanc légèrement teinté de Bleuâtre ou Azuré, et dont le
grain est modérément épais et assez ordinairement uni.
Tout ce qu’on en peut dire, d’une manière générale, c’est que
cette Couleur, toujours Brune, mais variant du Brun de bistre à
la Terre de Sienne, souvent même à l’Ocre rouge, est plus
abondante chez les Caracaras (Polyborinæ) et les vrais Falco-
ninés (Falconinæ), tels que les Falconecæ et les Tinnunculeæ du
Prince Ch. Bonaparte, dont le fond Blanc disparait même tota-
lement sous la diffusion de cette teinte, et beaucoup moins chez
les autres Familles.
Les seuls autres Groupes, en dehors de ces derniers, dont
l'OEuf se distingue soit par sa Forme, soit par sa Coloration,
sont les suivants :
206 TROISIÈME PARTIE.
Dans les Vautours (Vulturidæ) : les Cathartinés, dont l’'OEuf
est d’une Forme Ovée allongée, avec le ton de Couleur des taches
rentrant dans le ton général propre au Sous-Ordre entier, mais
celles-ci laissant à découvert la plus forte partie de la surface de
la Coquille.
Dans les Aigles (Aquilidæ) : les Groupes des Haliætus,
Pandion et Circaëtus, qui pour nous en font partie, que la
Couleur Blanche et sans tache de leur OBuf distingue de leurs
congénères; en observant, en général, que tout OEuf Blanc de
Rapace Diurne est toujours d’un Blanc légèrement teinté de
Bleuâtre à sa surface, beaucoup plus sensible dans sa transpa-
rence.
Dans les Faucons (Falconidæ) :
4o Les Autours (As{urinæ) et les Busards (Circinæ), qui se
rapprochent infiniment les uns des autres par la Couleur Blanche
azurée et sans taches de leurs OEufs;
20 Le Secrétaire ou Serpentaire (Gypogeranus), dont l’'OEuf
est de Forme Ovée allongée, presque Ovoïconique, et rarement
ou imperceptiblement maculé.
Le Secrétaire est le Type Ornithologique qui prouve le mieux
combien la Forme de l’OEuf est forcément dépendante de celle de
. la structure de l'Oiseau et lui est fatalement soumise.
Cette Forme Oologique presque exceptionnelle démontre suffi-
samment, en effet, qu’elle a été déterminée par les Formes tout
aussi exceptionnelles de ce Rapace, qui a exercé la patience des
Méthodistes au point d’arracher, on le sait, cette exclamation au
Prince Ch. Bonaparte : « Nous ne pouvons, disait-il, comprendre
que des Naturalistes eclairés s’obstinent à subordonner ce Type
véritablement anormal à la Sous-Famille des Busards, avec les-
quels l'ont originairement fait ranger les rêves ingénieux des
Philosophes Quinaires ! »
Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de plus de
APPLICATION DES: CARACTÈRES OOLOGIQUES. 207
quatre-vingts Espèces d’Oiseaux de proie Diurnes, éléments plus
que suffisants pour en bien saisir et asseoir les caractères, qui se
réduisent à ce que nous venons d’en dire.
DEUXIÈME SOUS-ORDRE.
RAPACES NOCTURNES
(Rapaces nocturni).
Les Rapaces Nocturnes ou Strigidés, ainsi que les autres.
Familles chez l'OEuf desqueiles la Coquille ne revêt pas de Cou-
leur apparente superficielle, n'offrent aucune exception à ce
défaut de Coloration : c’est, sous le rapport sous lequel nous les
envisageons, une des Familles les plus naturelles.
Les Caractères généraux de leur OEuf sont :
Forme — constamment Sphérique, excepté chez l'Effraye
commune (par conséquent chez toutes) qui affecte la Forme
. Ovée;
Coquille — d’un grain peu épais et peu dur; d’un Blanc de
lait tournant au Blanc légèrement jaunâtre, surtout dans sa
transparence , assez régulièrement poreuse, mais unie et quelque
peu luisante, excepté chez l'Effraye, dont la Coquille est mate
et sans reflet ;
Couleur — celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche
et sans aucune autre nuance ni tache.
Observation. — Nous venons de dire que cette Famille est
une des plus naturelles : c’est aussi une de celles dans lesquelles
on peut le mieux se convaincre du rapport parfait qui existe
entre la Forme de l’OEuf et l'organisation de l'Oiseau et par
conséquent de la convenance de l'application de la Forme
Sphérique à cette Famille, dont l’ensemble cervical est des plus
développés, et l’appareil sternal court et ramassé comme celui
des Rapaces Diurnes, et par suite l’'Oviducte également court et
Sphéroïdal. Nous insistons d’autant plus sur ce fait qu’il donne
208 TROISIÈME PARTIE.
la mesure de la valeur de la Forme comme caractère Oologique.
Ainsi en examinant l'anatomie encéphalique de chacune des
Espèces des Strigidés, on reconnait cette région chez toutes,
d'un développement, comparativement à ce qu’elle est chez tous
les autres Oiseaux, extraordinaire et inverse du développement
des jambes chez tous fort courtes, à l'exception de l’Effraye,
qui a la face plus comprimée, les jambes plus grêles et dénudées,
le bec en partie droit; et que toutes les Méthodes ont en consé-
-. quence isolée de ses congénères. Or la même raison de différence
se retrouve parfaitement établie dans les caractères Oologiques
de cette Espèce, comme nous venons de le dire , et comme le
démontrent d’une manière plus complète l’aspect et l’étude de
son OEuf.
DEUXIÈME ORDRE.
GRIMPEURS où ZYGODACT YLES
(Zygodactyli).
Dans l'Encyclopédie d'Histoire naturelle nous avons divisé
cet Ordre en quatre Sous-Ordres :
4o Zygodactyles Préhenseurs (Zygodactyli Prehensores) ;
20 Zygodactyles Grimpeurs (Zygodactyli Scansores) ;
30 Zygodactyles Percheurs ou Marchants ( Zygodactyli Inses-
sores);
4o Zygodactyles Douteux ou Faux -Zygodactyles (Pseudo-
Zygodactyli), pour les Musophages.
En mettant ceux-ci à la fin de l'Ordre, nous avons motivé
notre détermination en ces termes : |
« . . . Dans la conviction que ces Oiseaux tiennent évidem-
ment plus des Zygodactyles que des Passereaux proprement dits,
mais frappé de la différence de conformation de leurs doigts,
si bien décrite et expliquée par Le Vaillant, nous pensons,
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 209
comme de Blainville (!), le Docteur Lherminier et M. Isid.
Geoffroy-Saint-Hilaire, qu'ils ne sauraient être, sans hérésie,
éloignés des Zygodactyles, et que par conséquent, ils doivent
figurer à la fin de cet Ordre, servant ainsi de transition natu-
relle entre les Grimpeurs et les Passereaux (?). »
Aujourd’hui, sans revenir sur cette opinion, en ce sens que
ce Groupe doit figurer dans les Zygodactyles, nous croyons
devoir la modifier en le mettant, non plus à la fin de l'Ordre
pour en faire le lien avec les Passereaux, mais en le mettant en
tête pour en faire le lien des Rapaces Nocturnes avec les Zygo-
dactyles, déterminé que nous sommes par les considérations
_Oologiques relatives à ce Groupe, rapprochées de son étude
Ostéologique.
Nous ne faisons en cela que suivre, l'exemple d’un de nos
savants devanciers.
Le Docteur Lherminier en effet (3), frappé de l’analogie du
Sternum des Touracos avec celui des Oiseaux de proie Nocturnes
a cru devoir faire suivre ces derniers par le groupe des Muso-
phagidés. |
Le Sternum des uns et des autres, comme le dit fort bien,
d’après-lui, M. de la Fresnaye, comparé isolément, n'offre,
pour ainsi dire, aucune différence, chose fort étrange entre des
Oiseaux aussi éloignés dans la Série , tant par leurs formes exté-
rieures que par leurs mœurs (4).
C'est donc par les Musophagidés que nous commencerons
l'Ordre de nos Zygodactyles.
(1) Bulletin de la Société Philomatique, 1826.
(2) Oiseaux, T. Il, p. 53.
(3) Recherches sur l'appareil Sternal des Oiseuux, 1828.
(4) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. ete. Rev.
Zool. 1845.
15
19
216 TROISIÈME PARTIE.
PREMIER SOUS-ORDRE.
ZYGODACTYLES DOUTEUX OU FAUX-ZYGODACTYLES
(Pseudo-Zygodactyli).
Une seule Tribu : les Musophages (Wusophagidæ).
Les caractères généraux de leur OEuf sont :
Forme — presque exactement sphérique;
Coquille — d'un grain très-fin, d'un Blanc pur; impercepti-
blement poreuse et unie, mate et sans reflet;
Couleur. — Celle du grain de la Coquille , c’est-à-dire Blanche
et sans aucune autre nuance ni tache.
Maintenant que nous avons fait connaître les caractères
Oologiques des Musophagidés, qu’on rapproche ces caractères
de ceux que fournit leur Ostéologie, qu’on les rapproche égale-
ment de leurs habitudes, on verra que la place que nous leur
assignons ici est celle qui paraît le mieux remplir toutes les
conditions d’une bonne Classification Naturelle.
Ainsi, d’une part, pour leur maintien dans l’ordre des Zygo-
dactyles, indépendamment des motifs qui précèdent, nous nous
appuyons sur cette observation de mœurs si intéressante, faite
par l’infortuné Docteur Petit, que nous avons le premier publiée
dans la Partie Zoologique du Voyage en Abyssinie du Lieutenant
de vaisseau Th. Lefebvre (1) et que nous avons reproduite
ailleurs depuis (?) :
« Le Touraco à oreillons blancs (Z'uracus leucotis, Rüppel.)
fréquente les Kolquals au bord des torrents, vole d’arbre en
arbre, s'accroche aux branches verticales des Kolquals, comme
des Pics, est facile à approcher, ne fait entendre ni chant ni cri,
perche de préférence sur les Euphorbes et fait sa principale
(1) Tom. VI, pag.
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. I, p. 57
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 211
nourriture de petits Mollusques des torrents et de Dattes. »
Fait qui mérite d'autant plus d’être remarqué, qu’il peut aider
puissamment à faire assigner définitivement à ces Oiseaux leur
place dans la Série.
D'une autre part, en faveur du rapprochement que nous
faisons de ce Sous-Ordre des Rapaces Nocturnes, nous avons les
considérations suivantes , que le Docteur Lherminier publiait
quelques années, non avant les observations de de Blainville,
mais avant leur publication par la voie de la presse; ces obser-
vations ayant été dès 4845 l’objet d’une intéressante communi-
cation faite par le célèbre Professeur à l’Académie des Sciences :
« Ges Oiseaux, dit Lherminier, onf dans leur appareil la plus
grande ressemblance avec les Chouettes (à la suite desquelles il
les place) : même forme du Sternum, même nombre d’échan-
crures, quatre côtes, comme dans les Effrayes; os coracoïdes
différant seulement en ce que le bord interne se recourbe et
forme, en se soudant au corps de l'os, un canal complet pour
l’'abaisseur de l’aile, et en même temps par l’élargissement plus
considérable de l'extrémité postérieure; clavicule exactement la
méme, avec un tubercule en arrière; scapulaires plus longs que
le Sternum, très-aigus, étroits.
» Ces Oiseaux, qui diffèrent tant à l'extérieur des Chouettes ,
qui ne leur ressemblent que par leur doigt réversible, ont avec
elles tant de rapports dans leur organisation profonde, qu'ils
semblent appartenir à la méme Famille. J'avoue que n'ayant
pour guide que l'appareil sternal, il est difficile de les distinguer.
Le système est donc ici en défaut (1). »
Mais non, cher Docteur, tout, au contraire, vient confirmer la
justesse des indications de votre Système.
(1) Mémoires de la Sociélé Linnéenne, 1822. — Eneyclop. d'H. N. Ois.,
T. IL, p. 59.
212 TROISIÈME PARTIE.
DEUXIÈME SOUS-ORDRE.
ZYGODACTYLES PRÉHENSEURS
(Zygodactyli prehensores)
OU PERROQUETS (PSITTACIDÉS).
De même que les Strigidés, les Psittacidés se distinguent par
l’uniformité de leurs caractères Oologiques, celui surtout de
l’absence de tout reflet et de toute couleur. |
Forme — variant de la Forme Ovale à la Forme Ovée; mais
plus généralement Ovale chez les Conures, les Psittacules et les
Trichoglosses ou Loris ; et Ovée chez les Macrocerques, les
Platycerques, les Psittaciens, les Plyctolophes ou Kakatoëès
et le Genre, si curieux par son facies et par ses mœurs, du
Strigops ; parfois même assez allongée chez plusieurs Genres
de ces dernières Familles.
Coquille — d’un grain très-fin, d’un Blanc pur, irrégulière-
ment poreuse, quoique unie, mate et sans reflet.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche
et sans aucune autre nuance ni tache:
TROISIÈME SOUS-ORDRE.
ZLYGODACTYLES GRIMPEURS
(Zygodactyli scansores)
OU PICS (PICIDÉS).
Ce Sous-Ordre des plus naturels par les caractères physiolo-
giques des Oiseaux qui le composent, l’est également par ses
caractères Oologiques, si constamment uniformes chez tous,
que les indications générales que nous allons donner de leur
OEuf, peuvent dispenser en grande partie d’une description
détaillée à chacune des Espèces qui en composent le Groupe.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 2413
Forme — Ovée, l’un des bouts parfois plus ou moins
aigu.
Coquille — d’un grain si fin et si lustré que les pores en sont
invisibles à l’œil nu, d’un Blane pur; et, par son reflet, offrant
l'aspect brillant de l’émail de la porcelaine.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille, Blanche et sans
aucune tache.
Nous avons déjà eu occasion de nous expliquer sur la cause
présumée du luisant de la Coquille, et sur l'absence de taches à
sa surface, chez les OBufs de Pics, de Torcols et de Martins-
Pécheurs.
Ces OEufs, ainsi que le dit fort bien Thienemann , sont
pourvus, lors de la formation de leur Coquille calcaire, d’un
enduit gélatineux ou gluant, qui garantit celle-ci des petites
gouttes de sang, ou donne à l’OEuf plus de facilité pour avancer
et glisser dans ses évolutions; et, par là, lui évite les effets de
la pression de l’Oviducte.
Mais nous n’avons pas remarqué, comme l’exprime cet Obser-
vateur, que cette fluidité donnât en même temps plus de solidité
à la matière calcaire, raison pour laquelle, selon lui, la Goquille
des OEufs sans tache serait beaucoup plus dure et plus résistante
que celle des OEufs tachetés.
Ce qu’il y a cependant de certain, c’est que la matière cal-
caire , chez eux, est pourvue d’une adhérence beaucoup plus
complète que chez tous les autres, par suite probablement
d’une cristallisation plus fine et plus homogène entre toutes ses
parties.
On ne saurait appliquer la même explication pour les autres
OEufs Blancs et sans taches, à Coquille beaucoup moins réfrac-
taire, tels que ceux des Strigidés, des Psittacidés, ete., chez
lesquels on ne saisit pas trace de la présence de cet enduit géla-
fineux ou gluant.
214 TROISIÈME PARTIE.
QUATRIÈME SOUS-ORDRE.
ZYGODACTYLES PERCHEURS OU MARCHEURS
(Zygodactyli insessores seu arborei).
Nous comprenons sous cette dénomination tous les Zygo-
dactyles qui n’appartiennent à aucun des trois Sous-Ordres qui
précèdent, tels sont :
40 Les Cuculidés ou Goucous ;
20 Les Ramphastidés ou Toucans ;
30 Les Trogonidés ou Couroucous ;
4o Les Bucconidés ou Barbus;
50 Les Capitonidés ou Tamatias ;
6° Les Galbulidés ou Jacamars.
Or, à part la première de ces Tribus, nous allons trouver dans
toutes les autres la même homogénéité de caractères Oologiques
que dans les précédentes.
PREMIÈRE TRIBU.
CUCULIDÉS OÙ COUCOUS.
Cette Tribu, comme nous venons de le dire, est loin de
présenter la même uniformité de caractères Oologiques que nous
avons remarquée tout-à-l’heure; aussi s’offre-t-elle d’une manière
tout exceptionnelle, et nous pouvons répéter à son égard ce que
disait si prématurément le Docteur Lherminier au sujet des
Musophagidés : que le système est en défaut! Car il y a impos-
sibilité, ainsi qu'on va le voir, d’assigner à cette Tribu une
Diagnose Oologique d’une application générale.
En renouvelant toutefois cet aveu d’impuissance de l’Oologie,
nous ne le faisons qu'avec réserve; car nous aurons soin, à
l’occasion, d'attirer l'attention sur des faits Oologiques qui
peuvent ouvrir des voies toutes nouvelles dans la manière d’envi-
sager et de traiter l'Histoire Naturelle de cette Tribu.
[SES
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 21
CARACTÈBES GÉNÉRAUX :
Forme — passant par toutes les phases de Figures Sphérique,
Ovalaire , Elliptique et Ovée.
Coquille — d'un grain fin et serré, d’un Blanc plus ou moins
pur ou verdàtre, tantôt recouverte d’une couche sédimentaire
crayeuse Blanche, tantôt unie, parfois très-brillante, tantôt mate.
Couleur, — suivant les Familles, les Genres ou les Espèces,
Vert-Bleuûtre uni et sans taches, Blanc uni et sans taches, ou
d’un Gris blanchâtre ou jaunâtre plus ou moins diversement
coloré.
Force nous est donc de passer en revue chacune des Familles
dont nous composons cette Tribu et qui sont les suivantes :
4. Indicatorinés ({ndicatorinæ); 2° Éprysominas [ed
2. Cuculinés (Cuculinæ) ;
3. Coccyzinés (Coccyzinæ ) ;
4. Saurothérinés (Saurotherinæ) ;
5. Phœnicophéinés ( Phænicophæinæ) ;
6. Centropodinés (Centropodinæ) ;
7. Crotophaginés (Crotophaginæ) ;
8. Scytropinés (Scytropineæ) ;
Are FAMILLE. — /{ndicatorinés.
Les Indicateurs font, pour nous, le passage naturel des Pics
aux Coucous : en ce que d’abord ils sont Zygodactyles et quel-
que peu Grimpeurs, ce qui les à fait ranger pendant longtemps
parmi les premiers ; en ce qu’ensuite ils ont les mœurs des vrais
Coucous, de ceux qui déposent leur OEuf dans le nid des autres
Oiseaux; fait remarquable, que n'avaient découvert ni le
P. Lobo, ni Sparmann, ni le Docteur Petit; que J. Verreaux a
le premier, revelé à la Science; et que nous avons, d’après ses
notes, publié dans l'Encyclopédie d'Histoire Naturelle (1).
(1) Oiseaux, T. I, p.254.
216 TROISIÈME PARTIE.
« Cet Oiseau, ou pour mieux dire, ces Oiseaux qui, jusqu'à
présent, écrivait-il en 4830, forment trois Espèces distinctes,
sur cette partie de l'Afrique, le Cap, (et qui aujourd'hui en
comptent huit disséminées aussi en Asie et en Océanie) se rap-
prochent beaucoup des Coucous, sous le rapport du mode par
eux employé pour la ponte et l’incubation de leurs OEufs. IL
m'est arrivé de trouver les OEufs de ces Oiseaux, et plus parti-
culièrement les jeunes , dans les nids de diverses Espèces. Ainsi,
de même que les Coucous, la femelle pond son Ouf à terre,
puis s’élance dans le nid qu’elle a choisi pour l’y déposer, en
dérobe un de ce même nid, qu’elle brise ou qu’elle mange.
puis vient rechercher le sien qu'elle y substitue à l’aide de son
bec, et en fait autant pour les trois OEufs qu’elle pond généra-
lement à deux jours d'intervalle. Je pourrais citer comme un
fait positif qu'ayant suivi la même femelle pendant toute la
période de sa ponte, je l’ai vue déposer de la même manière
les trois OEufs qu’elle avait pondus, je dirai même que les trois
OEufs se trouvaient placés chacun dans le nid de trois Espèces
distinctes d’Oiseaux , et à la distance de sept à huit cents pas
l'un de l’autre. Ge fut dans les premiers jours d'Octobre que
j'observai le premier, qui fut déposé dans un nid de Cubla
(Laniarius Cubla); le second dans celui d’un Merle-à-eul-d’or
(Muscicapa (Ixos) hæmorrhousa, Gm.); et le troisième dans
celui d’un Importun (Andropadus importunus). Le lendemain
de la dernière ponte, la femelle, accompagnée de son mâle qui
se tenait toujours à distance, disparut avec lui, et ce ne fut que
dans les premiers jours de Novembre que je les vis reparaitre
tous deux. Il ne restait à cette époque, dans le nid du Cubla,
que le jeune Indicateur qui, en grossissant, avait fini par jeter
en dehors les deux petits Cublas; et cependant le père et la mère
de ceux-ci continuaient à le nourrir, comme ils l'avaient fait
pour leurs propres enfants. C’est le 2 Novembre que la femelle
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 217
de l’Indicateur , en approchant du nid, appela son jeune qui
commençait à voler, et ne tarda pas à venir la rejoindre , au
grand désapointement des deux pauvres Oiseaux. Je remarquai
alors que les rôles changèrent, et que le mâle prit soin du jeune,
tandis que la femelle se rendit au second nid et en ramena le
second jeune, puis le troisième. Ces jeunes paraissent rester avec
leurs parents jusqu'à l’époque assignée par la nature à chacun
de ces êtres pour leur reproduction; car dès l’année suivante ces
Oiseaux s’accouplent.… Il m'est arrivé de trouver dans les nids
des Picus nubicus et Picus chrysopterus, des jeunes des Zndi-
cator major et Indicator albirostris, ainsi que dans les nids des
Oriolus larvatus et Laniarius Boulboul. »
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain mince, mat et Blanc.
Couleur. — Celle du grain, d'un Blanc pur et sans tache. :
de FAMILLE. — Cuculinés.
La Famille des Cuculinés n’est pas plus homogène que la
Tribu ; et à peine y trouve-t-on un Genre dont toutes les Espèces
aient un caractère commun.
Ainsi le Genre Eudynamis a son OEuf de Forme Ovalaire tantôt |
d’un beau Vert-Bleu foncé, uni, sans taches et luisant comme la |
porcelaine (£. — Niger), tantôt d'un Vert-Olive pâle, recouvert
de nombreuses taches brunes ou noirâtres, en forme d’éclabous-
sures, et généralement réunies en forme de couronne vers le
sommet de l'OEuf (£. — Orientalis).
On n’a jusqu’à présent trouvé l’OEuf de cette dernière Espèce
que dans des nids de Corbeaux, principalement du Corvus culmi-
natus et du C. splendens ; et ce qui est remarquable, c’est
l’analogie complète qui existe entre les OEufs de ce Coucou, pour
le fond de la couleur et pour la teinte des taches, et ceux des
248 TROISIÈME PARTIE.
Corbeaux en général, et principalement des deux Espèces
Indiennes (l). Mais on ignore encore si le même Coucou ne
déposerait pas son OEuf dans le nid d’autres Espèces d’Oiseaux ;
et, en ce cas, quelle est la couleur de ce produit Ovarien.
Peut-être en serait-il de même de l’Edolio-Geai, Oxylophus
glandarius, dont M. Hewiston vient de publier l’OEuf, jusqu'alors
inconnu (2). Ce Coucou le déposerait" souvent dans les nids de
Pica mauritanica, et sans doute aussi dans celui du Merle
ordinaire, T'urdus Merula, à l'OEuf duquel il ressemble beaucoup.
Cet OEuf est de Forme Ovée, presque Ovalaire, de la grosseur de
ceux de Pie ; à fond de couleur Vert-d’eau, recouvert de taches
nombreuses d’un Brun-rouge variant de ton, et paraissant parfois
rosâtres.
D'après Levaillant, l’OEuf de l'Oxylophus ater serait absolu-
ment Blanc et sans aucune tache. Il est fâcheux que ee Voyageur,
qui nous apprend avoir trouvé, jusqu'à vingt-huit OEufs de cet
Edolio, auquel on a donné son nom, dans autant de nids
d’Oiseaux tous Insectivores, entre autres la Fauvette rousse-tête.
la Bergeronnette brune, le Coryphée, la Fauvette citrin et le
Gobe-Mouches mantelé, ne nous dise pas si dans le nombre il a
observé des différences de coloration.
Cette remarque aurait d'autant plus d'importance que nous
possédons un OEuf de Coucou d’Afrique, donné comme appar-
tenant à cette Espèce, et qui, au lieu d’être Blanc uniforme, est
d’un fond Blanc sale couvert de taches grises et brun-verdûtre,
offrant dans son ensemble, et sauf sa Forme Ovalaire aigüe,
l'aspect d’un OEuf de Pie. Nous ignorons s’il a été trouvé dans le
(1) Blyth-Contribution of to Ornithology, by s. w. Jardine, et Justrat of
Ornith. 184. — Et Encycl. d'H. N. Ois., T. 1, p. 260.
(2) The Ibis a Magaz. of général Ornith. by Ph. Luttley Selaver ; janvier
1859,
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES: 219
propre nid de l’Espèce à laquelle il nous a été dit appartenir ou
dans le nid d’une Espèce étrangère.
Quant au Genre Coucou (Cuculus) et notamment NfEspèce
Type du Genre, notre Coucou Chanteur (C. canorus), on sait
quelle étonnante diversité offre la Coloration de son OEuf, tou-
jours de Forme Ovée, diversité telle. que nous nous abstiendrons
d’en aborder la description détaillée.
Qu'il nous suflise de rappeler que les Oiseaux dans le nid
desquels on a trouvé en Europe des OEufs de Coucou Chanteur
sont : 40 la Fauvette ordinaire (Curruca hortensis); 20 la Fauvette
à tête noire (C. atricapilla); 30 la Fauvette babillarde (Sylvia
curruca) ; 4° le Rouge-Gorge (Rubecula familiaris); 5° la Fau-
vetie de roseaux (Calamoherpe arundinacea); 6° le Rossignol de
murailles ({ Ruticilla phœnicura); Te le Pouillot Chantre (PAyl-
lopneuste trochilus); 8° le Troglodyte (Troglodytes Europœus);
_ 90 la Mésange (Parus major); 100 la Bergeronnette grise (Mota-
cilla alba); 11° le Traîne-Buisson { Accentor modularis); 420 le
Traquet Stapazin (Saxicola stapazina); 130 le Pipit des buissons
(Anthus pratensis); 440 le Pipit Rousseline (A. cervina); 450 la
Linotte (Acanthys linaria); 460 le Verdier (CAlorospiza chloris);
470 Le Bouvreuil (Pyrrhula rubicilla); 489 la Pie Grièche (Lanius);
490 le Geai (Garrulus glandarius); 200 la Grive (Turdus musicus);
240 le Merle (7. merula), et plus rarement la Pie (Pica):
220 le Bruant (Emberiza), la Tourterelle (Turtur) et le Ramier
(Palumbus). |
Le rapprochement de la diversité de coloration de l’OEuf de
notre Coucou et de la diversité des Espèces dans le nid desquelles
il le dépose nous a déjà, depuis longtemps (1), fait soulever les
questions suivantes :
Les Coucous proprement dits, si extraordinaires dans leur
(1) Encycl. d'H. N. Ois, t. 1, p. 269 etc.
220 TROISIÈME PARTIE.
mode de reproduction, le seraient-ils tout autant dans les phé-
nomèênes qui accompagnent leur ponte? En un mot, la nature,
qui a entouré ce genre d’Oiseaux de tant d’apparences merveil-
leuses, sous le premier rapport, aurait-elle, sous le second,
accompli en leur faveur une autre merveille tout aussi exception-
nelle? On à vu, en ce qui concerne la ponte en général, que la
Couleur des OEufs, dans chaque Espèce, est constamment la
même en principe et ne varie qu'exceptionnellement et par
dégradation de teinte seulement (et non par substitution d’une
teinte à une autre), selon que l’OEuf est le premier ou le dernier
pondu; en d’autres termes, qu’il y a constance et fixité de Colo-
ration dans les OEufs d’une même Espèce. Les OEufs des Goucous
dérogeraient-ils à cette règle, et leur Couleur, dans la même
Espèce, varierait-elle de manière à leur faire emprunter
celle qui distingue l'OEuf de l’Oiseau dans le nid duquel la
femelle Coucou a lintention de déposer ou d'introduire le
sien ?
Ce sont des questions qui n’ont jamais été agitées et que nous
nous plaisons à poser, tant cette précaution de la nature nous
semblerait admirable. Ge qui rendrait la chose sinon possible,
au moins vraisemblable, c'est que, d’une part, on n’a jamais été
bien fixé sur la Couleur réelle ou constante de l’OEuf du Coucou
Chanteur. Ainsi, sans remonter bien haut dans les citations à
cet égard, voici la description la plus récente que Degland (1),
d'accord en cela avec M. Gerbe, donne de l’OEuf de notre
Coucou : « Ces OEufs sont très-petits relativement à la taille de
l'Oiseau et varient beaucoup pour la Couleur. Ils sont ou Cendrés,
ou Roussâtres, ou Verdâtres, ou Bleuâtres, avec des taches
petites ou grandes, rares ou nombreuses, d’un Cendré foncé,
Vineuses, Olivätres ou Brunes, avec quelques points et parfois
(1) Ornithologie Européenne, 1849. T. I.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 221
des traits déliés Noirätres. » Or, d’après les principes que nous
avons rappelés tout-à-l’heure, s’il en est ainsi (et le fait est
constant), il est bien clair que cet Oiseau est le seul dont l'OEuf
puisse varier ainsi d’une teinte à une autre et surtout d’un Blanc
sale plus ou moins cendré au Brunâtre, au Verdâtre, au Bleuâtre.
Il est donc pour le moins étonnant qu’on se soit borné à cons-
tater ces variations, sans chercher à les expliquer autrement
que par l'influence de la Couleur de la localité dans laquelle ces
OEufs ont été pondus , comme l’a dit Temminck (1), ou par l’àge,
l’état de santé de l’Oiseau, l'abondance de la ponte et la nature
des aliments, comme l’ont avancé plusieurs observateurs et entre
autres M. Moquin-Tandon (?).
C’est d’une autre part que, d’après le plus grand nombre des
observations, les OEufs de Couleur Cendrée, plus ou moins Bru-
nâtre ou Roussâtre, se sont à notre connaissance, rencontrés
le plus fréquemment dans les nids de Fauvette de jardin, de
Rouge-Gorge et de Bruant; et que ceux d’une teinte Verte ou
Bleuâtre uniforme, ont été presque toujours retirés des nids de
Rossignol de muraille ou de Traquet, témoin celui d’une teinte
Bleu-Verdâtre uniforme que possède M: Gerbe et qui a été pris
dans un nid de Traquet Stapazin : or, on sait que les OEufs de
Traquet, surtout de cette dernière Espèce, comme ceux du Rossi-
gnol de murailles, sont positivement de cette Couleur.
Si maintenant, nous rapprochons cette remarque de celle de
M. Blyth, au sujet des OEufs de l'Eudynamis (ou Coucou à gros
bec) du Bengale, qui sont exactement de la même Couleur que
ceux du Corbeau resplendissant et du Corbeau à bec culminé,
dans le nid desquels ce Coucou introduit ordinairement et
presque exclusivement ses OEufs, on conviendra que ces ques-
(1) Manuel des Oiseaux d'Europe, 1820, 1°e partie.
(2) Ann. de la Soc. Linn. de Paris. 1824.
1
29 TROISIÈME PARTIE.
tions, telles que nous les avons présentées, sont loin d’être
oiseuses, ou de reposer sur une simple hypothèse.
Il serait donc à penser, dans cet ordre d'idées, si les OEufs
étrangers trouvés dans le nid de divers Oiseaux, en Europe, pro-
viennent véritablement de la même Espèce de Coucous, notre
Coucou chanteur, que ce changement, ou, pour mieux dire cette
appropriation de Couleur, dépendrait en quelque sorte de la
volonté de l’Oiseau ; et que les OEufs, en vue de la ponte desquels
le Coucou vient de visiter à l'avance tel ou tel nid renfermant
ceux de son propriétaire, revêtiraient, au moment où ils vont
être pondus, la Couleur propre aux OEufs de l'Espèce qui les
doit couver : que ce serait uniquement à cette similitude de
Coloration que serait due la facilité avec laquelle ces petites
Espèces d'Oiseaux se laisseraient aller à les couver comme les
leurs, malgré la différence de dimensions.
Si la conséquence paraît quelque peu forcée, le fait vaut au
moins la peine d’être étudié.
Cette variété de Coloration, dans l'OEuf du Coucou d'Europe,
ne pouvait pas ne point avoir été remarquée par Buhle si bon
observateur. Il dit en effet que cet OEuf varie beaucoup, et en
figure des exemples. Mais serait-il vrai, ainsi qu’il l’énonce
formellement, et probablement d’après sa propre expérience,
que la diversité de la Couleur dominante s’étendrait à toute une
année ? de sorte que dans une année ils seraient Blanc-Bleuâtre
avec des taches Brun-Olivâtre et dans une autre année, Blanc-
Jaunâtre, avec des taches Grises !
La proposition est assez explicite et assez formelle pour mériter
une contre-épreuve sérieuse ou un scrupuleux contrôle. De tous
les Auteurs qui ont écrit et publié leurs observations, Buhle est
le seul qui ait encore avancé un pareil fait, dont nous n’avons,
quant à nous, dans une expérience de près de quarante années,
aucun exemple.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 223
Nous ne contestons certes pas, mais nous faisons égalemént
sur ce point un appel à de nouvelles recherches.
La Forme de l’OEuf des Cuculinés est généralement Ovée,
exceptionnellement Ovalaire.
Le Genre Cacomante (Cacomantis) a son OEuf de Forme Ovée
et de Couleur Blanche plus ou moins jaunâtre, sans aucune
tache.
Nous ne connaissons aucun OEuf du Genre Hierococcyx
(Müller) ni Surnicou (Surniculus. Lesson).
Enfin , l’'OEuf du Genre Chalcite (Chrysococceyx. Boié) varie de
la Forme Ovalaire à celle Ovée et est tantôt Blanc uni, comme
chez le C. auratus de l'Afrique, tantôt ou Olivâtre presque uni-
forme, ou d’un fond Blanc moucheté de Rouge-brique, comme
chez le C. lucidus de la Nouvelle-Hollande.
Mais Levaillant qui dit avoir toujours trouvé le premier dans
les nids des plus petits Oiseaux Insectivores, et jamais dans ceux
des Granivores, ne nous fait pas connaître si, dans le nombre, il
n’a pas rencontré de variétés.
Nous avons été plus heureux relativement au CA. lucidus,
qui paraît avoir les mêmes habitudes que le CA. auratus ; et les
renseignements que nous pouvons publier à son sujet, nous les
devons encore à l’amitié de notre grand voyageur J. Verreaux,
toujours si minutieux et si exact dans ses observations, et dont
les cartons recèlent des trésors d’études de cette sorte, faites
sur les lieux témoins de ses peines et de ses travaux ; mais,
ajouterons-nous, non de ses succès, qu'un mauvais vouloir et
de mesquines jalousies, chez nous, ont cherché à reléguer dans
l’ombre, et que des hommages qui, depuis dix ans , ne cessent
d'arriver à lui de tous les coins du Monde Savant, à l'Etranger,
dédommagent amplement de l’aveuglement du sort et de l'injus-
tice des hommes.
J. Verreaux a trouvé l’OEuf du CA. lucidus dans le nid des
224 TROISIÈME PARTIE.
Melliphagidés suivants : Melliphaga Australasiana, M. Sericea,
M. Novæ-Hollandiæ, M. Penicillata, M. auricomis; dans ce
cas l’OEuf était ou d’un Vert-Olivâtre , tel que le figure Thiene-
mann, ou d’un Brun-Rougeâtre obscur. Or, nous verrons bien-
tôt que l’OEuf de cette Tribu est généralement d'un fond Blanc,
plus ou moins teinté de Rougeäâtre sale, avec des taches d’un
Brun-Rouge. Le même observateur a encore trouvé l’OEuf de ce
Cuculidé dans le nid de l’Acanthyza chrysoræa et du Malurus
cyaneus, dont l'OEuf est Blanc, légèrement tacheté d’un Rouge-
brique, comme chez la plupart de nos Mésanges; et dans ce cas
l'OEuf du CA. Lucidus était de ces dernières couleurs, tel à peu
près que la variété figurée par Thienemann.
Mais, dit Jules Verreaux, ce Coucou n’a pas recours toute sa
vie à l'hospitalité forcée qu’il demande ainsi plus tard à d’autres
Oiseaux, pour l’incubation de son OEuf : d'habitude, les jeunes
de l’année se réunissent et émigrent en masse dans d’autres loca-
lités, où , se trouvant à peu près en nombre égal de mâles et de
femelles, ils construisent leurs nids eux-mêmes , comme la géné-
ralité des Oiseaux, y pondent leurs OEufs au nombre de trois et
les couvent eux-mêmes.
Cette circonstance établit entre eux, à cet égard, et les
Coccyzinés, dont nous allons nous occuper une certaine ana-
logie qui mérite d’être prise en considération.
Et qui sait, car tout est mystère chez les Oiseaux! peut-être
la même bizarrerie s’observera-t-elle plus tard chez notre
Coucou d'Europe.
Et puis, du moment que l’on connaît certaines Espèces
d'Oiseaux d'Amérique, nullement Zygodactyles, et considérés
comme Granivores, telles que quelques Espèces de la grande
Famille des Ictéridés, qui se permettent, à l'instar du Coucou,
d'éviter la peine de se construire des nids, et confient le sôin
A
de l’incubation de leurs OEufs à d’autres Oiseaux dans le nid
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 225
desquels ils l'introduisent furtivement ; et cela probablement
par suite de la même cause, c’est-à-dire la surabondance, à un
moment donné, du nombre des mâles sur celui des femelles :
peut-être reconnaîtra-t-on par la suite des temps, que ce fait,
considéré comme si anormal depuis l’origine des Sciences, chez
le Coucou d'Europe et chez ceux dont nous venons de parler,
existe, en une certaine limite, et selon les lieux, ou l’époque
de l’année, chez presque toutes les Familles de l'Ordre des
Passereaux.
Pour en revenir au CA. lucidus, lorsqu'il a reconnu le nid
dans lequel il veut déposer son OEuf, et constaté le nombre
d'OBufs qu’il contient, il ne manque jamais, au moment d'y
déposer le sien, de manger et avaler préalablement celui auquel
il veut substituer le sien, pour offrir le même nombre aux yeux
des propriétaires du nid ainsi envahi.
3e FAMILLE. — Les Coccyzineés.
Cette Famille a été séparée des Cuculinés, d’abord pour
quelques caractères différentiels, mais principalement sur le
motif que leur propagation était soumise aux mêmes règles que
celles des autres Âseaux.
Il n’en serait pourtant rien quant au Genre typique Coulicou,
ou au moins à l'Espèce type de ce Genre, le Coulicou Améri-
cain, qui tantôt aurait les habitudes régulières de ces derniers,
tantôt celles anormales des Coucous ; car voici ce qu’en rapporte
un Ornithologiste Américain, habile observateur, M. Nuttall, et
ce que nous en avons reproduit d’après lui dans un précédent
travail (1) :
« Leur nid est fait d'une manière si grossière et si négligée,
que c’est à peine s’il est assez concave pour retenir soit leurs
(1) Encycl. d'H. N. 1.1, p. 278.
296 TROISIÈME PARTIE.
OEufs, soit leurs petits. Leurs OEufs, au nombre de deux ou
quatre, sont d’un Vert-bleuätre tendre, tantôt sans taches, tantôt
maculés de taches Brunâtres ou Jaunûtres : (leur grand diamètre
varie de Om 034 à Om 036, et leur petit de Om 023 à Om 025). Le
père et la mère les couvent assidûment et se montrent fort
attachés à leur progéniture, qu'ils défendent avec acharnement
contre toutes les attaques du dehors. Ainsi, lorsqu'on s’en
approche, comme pour prendre soit le nid, soit ce qu'il contient,
le mâle se laisse choir du nid à terre, où il se traine en volti-
geant avec peine, comme s'il était blessé, à la manière de
certains Oiseaux attachés à leurs petits, tels que la Perdrix,
jusqu'à ce qu'il ait éloigné son ennemi. Pendant ce temps, la
mère pousse un eri d'alarme : qua-quah-gwaih, et se laisse à
son tour glisser à terre. Alors le mâle revient à une petite
distance du nid et sonne de son côté l’alarme à chaque fois
qu'il craint l'approche de son ennemi. Aussitôt que les petits
sont éclos, les parents s'occupent avec assiduité de pourvoir à
leur nourriture, laquelle consiste principalement en Chenilles
velues, que dédaignent ordinairement les autres Oiseaux et qui
abondent sur les arbres qu'ils fréquentent. Ils dévorent aussi de
gros Insectes lamelligères, tels que le Melolontha lanigera et
d’autres Carabiques; mais ils ont la mauvaise habitude de man-
ser les OBufs des autres Oiseaux et de répandre la désolation et
l’épouvante partout où ils se trouvent. C'est le plus ordinairement
au printemps qu'ils couvent; j'ai pourtant vu un nid avec ses
OEufs vers la fin du mois d’Août, quoique le mois de Septembre
soit l’époque de leur départ. Quand on considère le temps qu'il
leur faut pour nourrir et élever leurs petits, ceci semble accuser
une bien grande imprévoyance de la part des parents dans la
construction de leurs nids, car ce retard expose une grande
partie de leur progéniture à mourir ou de faim ou de froid. Gette
circonstance toute providentielle met seule obstacle à leur trop
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 227
grande multiplication ainsi qu'aux désastres qui en seraient la
conséquence inévitable. Ils adoptent de préférence les cantons
qui renferment le plus de petites Espèces d’Oiseaux, dont ils
guettent les nids pour en manger et détruire les OEufs. Ceux-ci,
de leur côté, semblent vouloir prendre leurs précautions et se
mettre sur leurs gardes; ils recommencent plusieurs fois, et en
divers endroits, le même nid, puis, au lieu de le placer sur les
branches basses d’un arbre, ils le mettent sur les branches les
plus élevées et quelquefois même à cinquante pieds du sol.
Lorsque ces petits Oiseaux sont ainsi chassés de leurs nids ou
ont perdu leurs OEufs, le mâle crie d’un ton plaintif pendant des
jours entiers, comme pour pleurer la misère à laquelle le
réduisent d’odieux ravisseurs.
» Confiant dans les secours de la Providence, le Coucou
d'Amérique, de méme que celui d'Europe, abandonne parfois
le soin d'élever sa progéniture à d'autres Oiseaux. Ainsi, il
m'est arrivé un jour de trouver un OEuf de ce Coucou dans un
nid de Merle miauleur (Turdus felivox), et bien certainement
cet OEuf y avait été introduit par le Coucou lui-même. Une autre
fois, en Juin 1830, j'ai trouvé un nid de Merle erratique
(Turdus migratorius) contenant deux OEufs de cette Espèce,
avec lesquels se trouvait également un OEuf de Coucou qui ne
pouvait y avoir été introduit par celui-ci qu’au moyen de son
bec. Je ne saurais assurer que ces deux Merles n'aient pas
renoncé à couver des OEufs ainsi frauduleusement introduits dans
leurs domiciles; mais le fait seul de leur présence dans ces nids
démontre suffisamment l'intention du Coucou. » (1)
Ce fait, dont Vieillot (2) ne dit mot, et dont nous n'avons pu
trouver la moindre trace dans Audubon (3), prouve que, malgré
(1) Manual of the Ornith. of the Unit. St. and of Canada. 1832.
(2) Oiseaux de l'Amer. Septentr. T. IT
(3) Ornithological Biography.
228 TROISIÈME PARTIE.
tout ce que l’on en connaît jusqu’à ce jour, il reste encore bien
des choses à apprendre dans l'Histoire Naturelle de la Tribu des
Cuculidés : car l'exception qui se révèle ainsi chez le Genre
Coulicou (Coccyzus), peut se retrouver plus tard chez d’autres
Genres; et alors se présente la question de savoir pourquoi un
Oiseau, qui le plus souvent fait son nid, y dépose ses OBufs et
les couve lui-même, se laisse aller à s’enquérir d’un autre nid
étranger, à y transporter furtivement ses OEufs, et finalement
à renoncer à l'instinct le plus naturel aux Oiseaux et qui leur
paraît le plus doux, celui de les couver et d’en faire éclore le
germe.
Malgré tout, ou plutôt par suite de ce qui précède, subsiste
toujours la question posée par nous, relativement à la variabilité
de l'OEuf des Coucous, selon l’Espèce dans le nid de laquelle il
doit être déposé, puisque le Coulicou Américain fait des OEufs
ou uniformément colorés ou tachetés, suivant probablement la
Couleur de l’OEuf particulier au nid dans lequel il a résolu d’in-
troduire le sien ; le Vert-uni étant la Couleur in ie des OEufs
des Hd felivoz et-des Turdus migraiorius. ce#e Couleur éFantz
n
PELUE
CaRACTÈRES OOLOGIQUES DU GENRE :
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain fin, d’un Blanc légèrement bleuâtre,
mat et sans reflet appréciable.
Couleur — d'un Vert plus ou moins bleuâtre, tantôt uni et
sans taches (Coccyzus americanus, Diplopterus galeritus),
tantôt maculé de Brun-Noirâtre ou de Brun-Rougeâtre (Coccyzus
dominicus).
Nous ne connaissons encore aucun OEuf de Taccos (Saurothe-
rinæ) ni de Malcohas ( Phænicopheinæ).
Ge FAMILLE. — Les Centropodinés ou Coucals.
Les Coucals seraient plus homogènes, leur OEuf étant de
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 229
Forme presque Sphérique, avec la Coquille Blanche, le grain
fin, uni et luisant, et une Couleur d’un Blanc uniforme et sans
taches.
7e FAMILLE. — Les Crotophaginés où Anis.
Les Crotophaginés , comme toutes les Familles naturelles dont
nous nous sommes déjà occupé, sont remarquables par l’homo-
généité des caractères que présente leur OEuf.
Ainsi, dans toutes les Espèces la Forme de l’OEuf est exacte-
ment Ovalaire, approchant parfois de la figure Sphérique.
La Coquille d’un grain très-fin et très-serré, à pores peu sen-
sibles, d’un Blanc légèrement Bleuâtre dans son épaisseur, le
plus ordinairement plus ou moins entièrement recouverte d’une
couche sédimenteuse , crayeuse ou demi calcaire, qui se peut
facilement enlever par le frottement ou le grattage, dans tous
les cas mate et sans reflet.
La Couleur, le plus souvent d'une apparence de Blanc de
lait pur, nuancé parfois de nuages jaunätres, qui ne sont
qu’accidentels et le résultat du contact de la matière encore
fraîche pondue avec des corps étrangers et humides de cette
Couleur, tels que de la terre ou du limon, ou des herbes
marécageuses fanées, et à l’état de décomposition, entrant
dans la construction du nid. Ce Blanc de lait pur n’est alors
que la couche crayeuse accessoire à la matière calcaire de la
Coquille. |
De temps à autre, cette même couche laisse apercevoir, dans
ses solutions de continuité naturelles, et au milieu de l’espèce
de réseau ou de maille qu’elle y dessine souvent et sous forme
de points, de losanges et de raies plus ou moins nombreux et
plus ou moins larges, la surface même de la Coquille et sa
véritable Couleur d’un beau Bleu d'Algue-marine. C'est cette
double enveloppe qui a fait dire à quelques Ornithologistes, qui
230 TROISIÈME PARTIE.
avaient mal examiné ces OEufs, qu'ils étaient Blancs avec des
points et des raies Bleus.
D’autres fois même, mais rarement, et sur les OEufs derniers
pondus, la couche crayeuse disparait totalement, et l'OEuf se
montre en entier de cette belle couleur (1). /
Nous avons déjà dit quel était l’usage probable de cette couche
additionnelle que nous reverrons se reproduire plus tard dans
quelques Palmipèdes, mais qui est unique et sans exemple
parmi les Passereaux. Quant à son origine , elle est la même que
celle de toutes les enveloppes intérieures et extérieures de l'OBuf,
qui se développent et se forment dans toute la longueur du trajet
de l'Oviducte; et elle ne doit être considérée que comme un
excédent, une superfétation imparfaite de la matière calcaire,
imparfaite en ce sens seulement qu’elle manque de ce gluten
animal qui unit entre elles toutes les molécules de cette dernière.
C’est d’après ces Caractères Oologiques que nous avions COM-
pris le Genre Guira dans nos Crotophaginés : ces caractères
devenaient en effet la démonstration la plus évidente du fonde-
ment de l'observation de D’Azara (?) et de M. Ménétriés (3), déjà
prise en certaine considération par Vieillot, sur la communauté
de mœurs des deux Genres d’Oiseaux. Et c’est en faisant parta-
ger le résultat réuni de ces observations à celles qui nous étaient
personnelles, que nous avons décidé le prince Ch. Bonaparte,
qui jusque-là avait entièrement éloigné les Guiras des Anis,
puisqu'il mettait les premiers avec les Diplopteri, dans la
Famille des Coccyzinæ, à les ranger avec les Anis, et en faire
une seule et même Famille, sous la Rubrique.des Crotopha-
ginæ. Peut-être même pourrait-on, avec grande apparence de
(1) Voir Mag. de Zool. 1843. Oiseaux, PL. 36 ; et Encycl. d'H. N. Ois.
p. 302.
(2) Voy. dans l’Am. Mer. et au Paraguay.
(3) Monogr. des Myrtherinés.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 231
raison, y joindre le Diplopterus galeritus , dont les caractères
Oologiques sont presque les mêmes que ceux du Guira.
Nous ne connaissons rien de l'OEuf du Scythrops, que possède
Gould, et dont il a enrichi d’un ou deux exemplaires , la Collec-
tion Oologique du Musée de Philadelphie. Il est vrai qu'il n’ose
en garantir l'authenticité : aussi nous dispenserons-nous d'en
rien dire jusqu’à meilleur et plus ample informé. /
Réflexions générales sur les Cuculidés.
Avant de quitter cette intéressante Tribu des Cuculidés , sur
laquelle il y a tant à dire encore, il nous paraît nécessaire, dans
l'intérêt des progrès de la Science Ornithologique, de résumer
les faits qui en ressortent, et d’en tirer toutes les conséquences
qui en découlent, afin de pouvoir mieux préciser les questions
qu'ils soulèvent, et que nous n'avons fait qu’effleurer.
D'abord, est-il bien certain que la Famille seule des Cuculinés,
dans cette Tribu, ne fait jamais de nid; et que les diverses
Espèces ne couvent pas souvent elles-mêmes leurs OEufs ?
Nous croyons que la seule étude qui reste à faire sur eux, à
cette heure , est celle qui tendrait, par de bonnes observations,
à démontrer que le fait par ces Oiseaux d'abandonner à d’autres
le soin, non pas de l’éducation de leurs petits, mais l’incubation
de leur OEuf, n’est qu'un fait non d'organisation, mais pure-
ment accidentel : la chose serait d'autant plus vraisemblable que
nous l'avons retrouvée dans les mœurs du Coccyzus americanus,
et que nous l'avons établie d’après les observations si précises
de J. Verreaux, pour le Chalcites lucidus.
Car, jusqu’à présent, on a eu un tort grave, c’est de s'occuper
exclusivement des habitudes de notre Coucou d'Europe, par
rapport à lui-même, sans chercher à les comparer et à les con-
férer, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, comme nous le
faisons encore aujourd’hui, et avec les habitudes des autres
232 TROISIÈME PARTIE.
Familles de Cuculidés, et avec celles d’autres Familles étran-
gères aux Zygodactyles. À
Nous venons de distinguer à l'instant et non sans motif, l’opé-
ration de l'éducation des petits d'avec celle de l’incubation de
l'OEuf, dans les soins confiés par le Coucou à des Oiseaux
étrangers. C’est qu’en effet, il n’arrive presque jamais que la
mère forcément adoptive reste exclusivement chargée de nour-
rir le jeune Coucou : elle mourrait à la peine, si à la nourriture
de ses propres petits il lui fallait joindre celle du vorace étran-
ger. Ce soin, la mère de celui-ci, toujours attentive à veiller
sur chacun des nids dépositaires de sa progéniture, se le réserve
à elle-même, et pour cela elle profite des absences répétées de
la propriétaire du nid, pour apporter à ses petits leur subsis-
tance. Il importe donc peu que son OEuf soit déposé dans un
nid d’Oiseau Granivore ou Frugivore, etc.; la nourriture essen-
tiellement animalisée du jeune Coucou, propre à toute la Tribu,
ne lui fait jamais défaut, parce qu'elle lui est procurée par sa
mère naturelle, beaucoup moins oublieuse, qu’on ne l'admet
généralement, de ses soins maternels.
Il peut donc se faire que le mode d'accouplement des Cou-
Cous soit exactement le même que celui de tous les autres
Oiseaux : qu’ils construisent leur nid, comme eux; et, comme
eux aussi, se livrent au doux plaisir de couver leurs OEufs, de
faire éclore et d'élever leurs petits eux-mêmes; qu’alors , ainsi
que cela à lieu pour les jeunes de la première année, chez le
Chalcites lucidus, que groupés et réunis ensemble, il existe
une équi-parité entre les deux Sexes ; mais qu'ensuite dans un
moment donné, et par suite de la trop grande dispersion de
l’Espèce, et dans certaines localités, les mâles se trouvant dans
une majorité disproportionnée avec le nombre des femelles,
celles-ci, ne pouvant suffire au soin et au double travail de la
nidification et de l’incubation , par suite d’approches successives
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. . 233
et trop fréquemment renouvelées , en sont réduites à surprendre
l’hospitalité d’autres Espèces d’Oiseaux, pour leur imposer le
dépôt et la garde de leur produit Ovarien.
Ce qui semble venir à l'appui de notre raisonnement, c'est ce
fait observé chez plusieurs Espèces d'Oiseaux étrangers à la
Tribu des Cuculidés, tels que ceux du Genre Molothrus et
autres Ictériens ou Troupiales de l'Amérique, qui se dispensent
parfois de faire un nid, et introduisent leur OEuf dans le nid
d’une autre Espèce. Or, cette anomalie chez eux, ne doit pas
être le résultat d’un simple caprice, et doit se rattacher à la
même cause ou à la même impossibilité qui pousse à ce manége
le Chalcites lucidus ; c'est-à-dire à un trop grand relâchement
accidentel dans les attaches de la grappe Ovarienne ; et, par
suite, à l’égrainement (si l'on peut s'exprimer ainsi) trop subit
des OEufs qui s’en échappent; ou à des accouplements trop
rapprochés de la part des mâles, beaucoup plus nombreux, en
certains moments et en certaines localités, que les femelles.
D'où cette autre conséquence, que ce qui a lieu chez ces
derniers Oiseaux, peut et doit, dans les mêmes conditions, se
présenter chez presque toutes les autres Tribus et Familles de
Passereaux. Reste donc encore pour les Observateurs et les
Ornithologistes, à découvrir et à constater un fait de ce genre
dans cet Ordre.
Il y a là, comme on le voit, un champ immense ouvert à la
Science qui, alors qu’elle croit avoir atteint les dernières limites
de son domaine, les sent tout-à-coup reculer à l'infini. C’est
assez faire comprendre qu'il y aura toujours à découvrir. Mais
c'est aussi de ce côté et dans cette direction nouvelle que nous
désirerions voir l'Enseignement Zoologique pousser les jeunes
intelligences qui se pressent à ses portes.
Assez de Méthodes et de Classifications comme cela! ensei-
gnons-les, discutons-les dans le silence du Cabinet ou dans les
234 TROISIÈME PARTIE.
Livres. Etudions et apprenons à étudier les mœurs de l'Oiseau :
là seulement est la vraie Science. Si l’on avait toujours été
pénétré de cette vérité en France, on aurait mieux apprécié à
leur juste valeur et préconisé plus haut les pénibles travaux de
nos Voyageurs Naturalistes, et on ne les aurait pas, comme
de parti pris, relégués à l'ombre, ainsi qu’on l'a fait pour
J. Verreaux, qui est encore réduit, après plus de trente années
de Voyages, à vivre d’un labeur journalier, alors qu’il devrait
avoir la position à laquelle a droit, en tout autre Pays, tout
dévoüment éclairé et soutenu rendu à la Science. Car, nous ne
cesserons de le redire et nous en avons administré la preuve :
nous attachons plus de prix à la moindre observation faite sur la
Nature qu'aux plus belles théories émises du haut de la Chaire.
DEUXIÈME TRIBU.
LES RAMPHASTIDÉS OU TOUCANS.
Ainsi que chez les Strigidés, les Musophagidés, les Psittacidés
et les Picidés, les Ramphastidés offrent le même ensemble de
Caractères Oologiques.
Forme — Ovalaire et presque Sphérique.
Coquille — d'un grain très-fin, d’un Blanc pur; unie et quelque
peu luisante.
Couleur — d’un Blanc uniforme et sans taches.
TROISIÈME TRIBU.
LES TROGONIDÉS OU COUROUCOUS.
Forme — presque exactement Sphérique.
Coquille — d’un grain très-fin, d'un Blanc pur, impercepti-
blement poreuse et unie, mate et sans reflet.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche,
et sans aucune autre nuance ni tache. |
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 235
QUATRIÈME TRIBU.
LES BUCCONIDÉS OU BARBUS.
Mème uniformité.
Forme — Ovée, parfois plus ou moins parfaitement Ovale.
Coquille — d'un grain fin et serré, d’un Blanc pur, et, suivant
les Genres ou les Espèces, plus ou moins mate ou luisante.
Couleur — unie, et seulement celle de la Coquille.
Nous ne connaissons aucun OEuf de Capitonidés ou Tamatias
formant notre cinquième Tribu, mais leur manière de vivre et
leur mode de nidification dans les trous d’arbres nous permet
d'affirmer que cet OEuf doit être Blanc et sans taches.
SIXIÈME TRIBU.
LES GALBULIDÉS OU JACAMARS.
Les Jacamars qui ont tant de rapports de conformation avec
les Martins-Pêcheurs qui vont suivre offrent les mêmes analogies
cologiques.
Forme — Sphérique.
Coquille — d'un grain fin, serré, d’un Blanc pur et luisant.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille sans tache.
Il est remarquable que, däns ce grand Ordre des Zygodactyles,
l'un des plus considérables de la Série se trouve un ensemble de
Caractères Oologiques presque aussi constant que l’est l’ensemble
typique du pied des Oiseaux qui le composent.
Ainsi, à part la Forme, qui varie de la Forme Sphérique , en
passant par la Forme Ovalaire’, à la Forme Ovée, l’OEuf est cons-
tamment Blanc et sans taches.
Quant aux Cuculidés, quelques Genres seulement ont leurs
OEufs Blancs, tel entre autres que le Genre Centropus. Mais
cette dernière Tribu fait, sous ce rapport, une exception telle,
qu'elle exigerait le même travail que sous le rapport Zoologique :
236 TROISIÈME PARTIE.
c’est-à-dire que l'Oologiste éprouverait, dans le Classement Métho-
dique de ces Oiseaux, les mêmes difficultés que le Zoologiste.
En disant que l'OEuf, sauf cette dernière exception, est
toujours Blanc chez toutes les Espèces de l'Ordre, ce n’est que
par induction; mais une induction qui ne peut nous tromper.
Ainsi , nous ne connaissons l’OEuf que de deux Espèces de
Musophagidés, sur treize que renferme ce Sous-Ordre:;
Nous en connaissons à peine quarante de Psittacidés, sur
trois cents:
Quinze à vingt de Picidés, sur deux cent soixante-six ;
Trois de Ramphastidés, sur cinquante ;
Deux de Trogonidés, sur quarante-huit ou cinquante;
Trois de Bucconidés, sur soixante-dix ;
Un seul de Galbulidés, sur seize.
Nous croyons néanmoins que tous ceux que l’on viendra à
découvrir par la suite, en sus de ce nombre, ne feront que
sanctionner nos prévisions qui, pour nous, tant est forte notre
conviction, ont la valeur d’une certitude.
TROISIÈME ORDRE.
PASSEREAUX
(Passeres).
PREMIER SOUS-ORDRE.
SYNDACTYLES
(Syndaclyli).
Première Division,
Longirostres (Longirostri).
PREMIÈRE TRIBU.
ALCEDINIDÉS OU MARTINS - PÉCHEURS.
Quoique cette Tribu se compose de deux Familles principales
offrant quelques légères différences de mœurs, les Daceloninæ
APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. 237
ou Martins-Chasseurs , et les A/cedininæ ou Martins-Pêcheurs ,
leurs Caractères Oologiques leur sont communs à toutes deux.
Forme — Sphérique.
Coquille — d’un grain si fin et si lustré que les pores en sont
invisibles à l'œil nu, d’un Blanc pur et par son reflet offrant
l'aspect brillant de la porcelaine.
Couleur. — Gelle du grain de la Coquille, Blanche et sans
aucune tache.
DEUXIÈME TRIBU.
MÉROPIDÉS OU GUÉPIERS — Meropide.
Il y a plus d’analogie , pour les Caractères Oologiques, entre
les Méropidés et les Alcididés, et ils concordent ici avec l’ana-
_logie des mœurs et les rapprochements physiologiques.
Forme — d'un Ovalaire presque exactement Sphérique.
Coquille — d’un grain très-fin, d’un Blanc pur, imperceptible-
ment poreuse et unie, fort mince et assez luisante.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille, c’est-à-dire Blanche
et sans aucune nuance ni tache.
Nous ne connaissons aucun OEuf de Momots, qui forment
notre troisième Tribu, Momotidés — Momotidæ.
QUATRIÈME TRIBU.
BUCÉROTIDÉS OU CALAOS — Bucerotideæ.
Nous considérons cette Tribu comme une des plus curieuses
à étudier au point de vue Oologique , et cela avec d’autant plus
de raison que l'on commence à peine à en connaitre l'OEuf
comme on commence à peine à en connaître les mœurs, du
moins par la voie de la presse.
Nous savions déjà depuis longtemps, par J. Verreaux, que le
Tockus eérythrorhynchus, V'une des petites espèces de Calaos les
plus communes et les plus nombreuses, dans les localités de
338 TROISIÈME PARTIE.
l'Afrique où il se trouve, se servait de trous pratiqués dans les
parties vermoulues des gros troncs d’arbres pour y établir son
nid. Or, il paraît qu’une fois que le nombre d’OEufs voulu y a
été pondu par la femelle, et qu’elle a commencé son œuvre
maternelle de l’incubation, elle ne quitte plus le cher dépôt.
Dès ce moment aussi, le mâle, avec de la terre détrempée,
mélangée de fibres de végétaux ou de racines et parfois des
matières excrémentielles de divers animaux, rebouche, maçonne
et diminue le trou par lequel elle est entrée, au point de ne plus
y laisser de place qu’au passage tout juste de la tête et du bec
de celle-ci; se réservant le soin de subvenir à sa nourriture :
ce qu'il fait avec une assiduité remarquable , non-seulement jus-
qu'au moment de l’éclosion des petits, mais encore jusqu’à celui
où ils sont en état de quitter le nid. Ce n’est qu’alors que cesse
la captivité de la femelle et que le mâle démolit sa prison, pour
délivrer, du même coup, et la mère et les enfants.
Ces détails de mœurs, résumés des Notes rapportées de ses
Voyages dans l'Afrique Australe par J. Verreaux, nous avaient
été communiqués par lui pour être insérés dans l'Encyclopédie
d'Histoire Naturelle; les bornes assignées à cet Ouvrage et
d’autres circonstances nous les firent alors mettre de côté et
finalement oublier. Nous profitons de l’occasion qui se présente
de parler de l’OEuf des Calaos pour réparer cette omission, et
cela avec d'autant plus de plaisir, que la Publication récente
d’un Voyageur anglais, qui prend date, par le fait même de son
impression, sur les Notes manuscrites et inédites de J. Verreaux,
pourrait faire eroire que son Auteur a été le premier à observer
les singulières habitudes de ces non moins singuliers Oiseaux.
Voici en effet ce que rapporte le Révérend Docteur David
Livingstone (1) :
(1) Exploralion dans l'intérieur de l'Afrique Australe el Voyages à travers
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 239
« Nous traversons de grands bois de Mopanès (Banhinia), où
mes compagnons prennent une énorme quantité de Koronés
(Tockus crythrorynchus), dont les nids sont creusés dans ces
arbres. Hier, en passant à côté de l’un de ces nids, qui était prêt
à recevoir la femelle, je l’ai soigneusement examiné; l’orifice du
trou, muré des deux côtés, conservait une ouverture en forme
de cœur et tout juste assez grande pour que l'Oiseau püt y entrer:
l'arbre était creusé au-dessus de cette ouverture de manière à
offrir une espèce de chambre supérieure, où se réfugie là femelle
en cas de surprise. Un peu plus loin, il y avait un OEuf dans
l’un de ces nids; il était Blanc et ressemblait beaucoup à celui
d'un Pigeon. Au moment où la femelle fut saisie par mes
hommes, elle en pondit un second, et nous lui en avons trouvé
quatre autres dans l’'Ovaire. C’est à Kolobeny que je vis cet
Oiseau pour la première fois : j'étais allé dans la forêt pour
abattre des arbres et je m'étais arrêté auprès de l’un de ceux que
j'avais choisis, lorsqu'un indigène qui se trouvait avec moi
s’écria : « Un nid de Koroné! » Je n’aperçus qu’une fente
d'environ douze millimètres de large et de huit ou dix centi-
mètres de longueur, qui me parut être l’ouverture d'une cavité
peu profonde : je pensai que le Koroné était un Animal de petite
taille, et j’attendis avec intérêt ce que mon homme allait extraire
du creux de l’arbre. Il démolit la muraille qui se trouvait de
chaque côté de la fissure, et, plongeant son bras dans le trou, il
en retira un Tock à bec rouge qu'il tua immédiatement. Une
fois, me dit-il, que la femelle commence à couver, elle est
soumise à une réclusion absolue; l'entrée du nid est murée par
le mâle, qui ne réserve que l'ouverture strictement nécessaire
pour y introduire le bec afin de nourrir la femelle : celle-ci
le Continent de Saint-Paul de Loanda, à l'embouchure du Zambèze, de 1840
à 1856, page 670. Ouvrage traduit de l'Anglais par Mme H. Loreau. Paris,
1859. à
240 TROISIÈME PARTIE.
dépose ses OEufs sur une couche de plumes qu'elle s’est arra-
chées, et demeure avec ses petits jusqu’à l’époque où ils sont en
état de voler; pendant tout ce temps-là, c’est-à-dire pendant
deux ou trois mois, le père nourrit toute la famille." La recluse
devient alors si grasse qu’elle constitue pour les indigènes un
morceau très-recherché, tandis que le pauvre mäle arrive à un
tel degré d’épuisement et de maïigreur, que lorsque la tempé-
rature baisse tout-à-coup, ainsi que cela arrive souvent après un
orage, il est saisi par le froid et ne tarde point à mourir. Étant
repassé huit jours plus tard auprès de l’arbre où mon compagnon
avait pris le Koroné, je vis l’orifice du trou muré de nouveau :
était-ce l'époux inconsolable qui s'était déjà remarié? Je ne
touchai pas au nid, dans l’intention de constater l'époque où la
femelle sortirait; mais ayant eu beaucoup à travailler, il me fut
impossible de retourner à l'endroit où je l'avais vu. C'est à
présent que l’incubation commence ; beaucoup de nids sont déjà
murés, et l’on me dit ici, comme à Kolobeny, que la femelle ne
sort de l'arbre qu’au moment où les jeunes ont toutes leurs
plumes, ce qui arrive à l’époque de la maturité du Sorgho.
L'apparition des jeunes Koronés est pour les indigènes le signal
de la moisson, et, comme c'est vers la fin d'Avril que leurs grains
sont recueillis, la durée de l’emprisonnement de la femelle serait
alors de deux ou trois mois. On dit que parfois elle couve
d’abord deux OEufs, qu’au moment où les deux jeunes qui en
résultent sont prêts à la suivre, les deux autres sortent de leur
Coquille et sont alors nourris par le père et la mère qui ont
rétabli la cloison à l’entrée de leur demeure. J'ai remarqué plu-
sieurs fois la branche où le màle vient se percher pour nourrir la
famille; les indigènes observent avec soin la fiente qui est
déposée à un mètre de l’orifice du nid et qui leur fait découvrir
la retraite de ces Oiseaux. »
À ces détails si intéressants du Révérend Missionnaire, nous
APPLICATION DES CARACTÈRES OCLOGIQUES. 241
ajouterons le commentaire suivant que nous communique de
nouveau J. Verreaux :
__« Le Docteur se trompe lorsqu'il dit que les deux autres
OBufs éclosent quand les deux premiers petits Tocks sont déjà
en état de sortir du nid : ces Oiseaux ne pondent que deux
OEufs, qui sont en effet d’un Blanc pur, mais qui ne ressemblent
en rien à ceux de Pigeons, en ce que leur Coquille est crayeuse
et presque opaque. J'ai observé que ce mode de nidifieation
employé par le Tockus erythrorhynchus pour mettre sa famille
à l’abri de ses ennemis, était particulier, non seulement à cette
Espèce, mais encore au 7°. flavirostris et au T. nasutus. Il est
aussi dans l'erreur en pensant que ces Oiseaux sont deux ou
trois mois à venir. J’ai observé que, six semaines après la réclu-
sion, le mâle venait lui-même briser cette cloison faite de bu-
chettes et de vase, pour laisser la liberté à cette famille qu'il
affectionne autant que sa compagne. La femelle pond en effet
dans un trou d'arbre, qui, généralement, contient des détritus
de bois pourri; elle y dépose des matières molles , et aussi quel-
ques plumes, mais peu des siennes; car je n’ai jamais trouvé le
corps des femelles plus dénudé que celui des autres qui couvent
seules. Autant que ma mémoire peut me le rappeler, le premier
nid que je trouvai était placé, comme le Docteur l'indique fort
exactement , dans le tronc d’un grand arbre, à l’abri des rayons
du soleil, et dans l'épaisseur de la grande forêt du Swart-Kop,
passé Grahams-Twon, près de Groot-vis-River, au Sud de la
Colonie du Cap : c'était celui d’un 7. flavirostris. Dans le même
voyage, et plus loin encore, du côté de Bufflo-River, je trouvai
celui du T. nasutus; et dans d’autres voyages, j'en observai
d’autres, que j’examinai avec le plus grand soin, afin de m’as-
surer de leur identité ; tant j'avais été surpris de ce mode original
d’incubation. Car, on ne saurait comprendre la joie que j'éprou-
vai, lorsque, pour la première fois, je découvris ce phénomène,
417
242 TROISIÈME PARTIE.
et l'attention que j'apportai à renouveler mes observations et
mes recherches, sur ce point. C’est, au reste, plutôt vers l'Ouest
que j'en ai rencontrés, et en très-grand nombre : Kurrichaïne et
Val-River sont les localités où ces derniers paraissent plus abon-
dants. Il n’en résulte pas moins que l’honneur de la publication
de ces détails revient tout entier au Docteur Livingstone. »
Ge mode de nidification est-il commun aux diverses Familles
de cette Tribu , et surtout aux fortes Espèces Indiennes ? C’est ce
que nous ne sommes pas en mesure d'affirmer.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, quelque peu allongée.
Coquille — d’un grain fin, assez uni, irrégulier parfois, très-
mince, d’un Blanc pur et peu luisant.
Couleur. — Celle de la Coquille, d’un Blanc pur et le plus
généralement sans tache, rarement avec quatre ou cinq points
ou mouchetures irrégulières d’un Brun noirûtre.
CINQUIÈME TRIBU.
UPUPIDÉS OU HUPPES — Upupide.
Nous ajoutons à nos Syndactyles, non sans quelque hésita-
tion, cette cinquième Tribu.
En réfléchissant aux détails de mœurs que nous venons de
reproduire pour les Calaos, nous n'avons pu nous empêcher de
les rapprocher du bruit si accrédité auprès des habitants des
champs et de la campagne, sur certaines habitudes de notre
Huppe (Upupa) , Püt-Pût de quelques localités.
Ainsi, on a dit souvent et répété que le mâle enduisait les
rebords du trou dans lequel il établissait son nid, surtout si
c'était, comme presque toujours, dans un arbre, de matières
fécales qui décèleraient l'existence ou le voisinage de ce nid,
par leurs exhalaisons fétides, dont serait empreint le plumage
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 243
ou le corps de l’Oiseau. Ce fait , nous le savons , a été constam-
ment démenti; mais les preuves, pas plus que la démonstration ,
n’en ont jamais été scientifiquement rapportées.
Nous ne nous en sommes pas moins souvent demandé, sur-
tout depuis notre dernier travail (1), où nous plaçons la Famille
des Upupinæ dans la Tribu des Furnaridæ, entre les Furna-
rinæ et les Alaudidæ , si, malgré les considérations si justes de
M. de la Fresnaye pour en faire un Marcheur (?) , et malgré la
détermination dernière du Prince Ch. Bonaparte (3), qui la
range en en faisant la Famille des Upupidæ dans ses Tenuirostri,
entre les A/cedinidæ et les Promeropidæ, la place naturelle de la
Huppe ne seraït pas plutôt dans le Sous-Ordre des Syndactyles,
avec les Calaos ou à leur suite, ainsi que l’a proposé un moment
le Savant Ornithologiste, sans faire connaître ses motifs, entre
les Touracos (Musophagidæ) et les Calaos (Bucerotidæ) (4)?
Ces réflexions se fondent, pour nous, sur l’analogie qui
ressort de ces détails de nidification ou d'habitudes, dont la
commune renommée, nous le reconnaissons, a fait seule tous
les frais pour la Huppe, et que nous croyons, bien ou mal
observées, reposer, comme tous les dictons en Histoire Naturelle,
sur un fait vrai.
Ainsi, tout le monde est d'accord sur la mauvaise odeur qui
émane des plumes de cet Oiseau, dont la chair du reste paraît
bonne à manger.
Ray et Salerne, sans remonter plus haut, sont d’accord, en ce
point, avec leurs devanciers :
« Suivant l'opinion commune, dit ce dernier, la Huppe fait
(1) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. 5, p. 168 ets.
(2) Mayas. de Zool. 1833, et Revue Zool. 1847.
(3)
Classification Ornith. par Séries. (Compt. Rend. Acad. des Sc.
T. XXXVIT, 1858.
(4) Conspectus. 1850.
244 TROISIÈME PARTIE.
son nid de fiente humaine. Il y en a qui disent que le plus sou-
vent elle le fait de fiente de Loup, de Renard ou de Chien, quel-
quefois de Cheval ou de Mulet; mais de plusieurs nids que j'ai
eu occasion de voir, je n’en ai trouvé aucun qui contint la
moindre fiente. Ce qu’il y a de certain, c’est que son nid el ses
petits puent comme charogne : néanmoins cette puanteur des
petits n’est que superficielle ; car ils sont bons à manger, même
en sortant du nid. » (1)
Ce fait, commun aux Calaos, a été contesté, en ce qui con-
cerne la Huppe, par Gueneau de Montbeillard (2), qui en gratifie
la Sittelle, à qui l'habitude d’enduire de vase ou de fiente l’orifice :
de son nid est depuis longtemps concédée. Mais pourquoi la
même habitude n’existerait-elle pas aussi chez les Huppes,
comme elle est signalée chez les Calaos? Et pourquoi cette habi-
tude n’aurait-elle pas le même but pour celle-là comme pour
ceux-ci : le but, en diminuant l’entrée du trou, au fond duquel
se trouve lenid , de préserver de toute atteinte du dehors la petite
famille qu'il renferme, en en rendant la trace ou le lieu pour
ainsi dire invisibles ?
Si de cette similitude on rapproche le caractère organique de
la conformation des pieds , qui sont ceux d’un Marcheur et non
d'un Grimpeur, et surtout, à un moindre degré, ceux d'un
Syndactyle, le doigt externe se trouvant soudé au médian
jusqu'à la première articulation; si l’on en rapproche encore
ce double caractère de mœurs, qu’'élevée en domesticité, la
Huppe donne la chasse aux Mouches dont elle purge la maison,
ainsi qu'aux Souris (3), fait contesté par Bechstein (4), mais
(1) Histoire Naturelle... l'Ornithologie etc. 1767.
(2) Hist. Natur. des Ois. Buffon.
(3) Salerne. — Ornithologie.
(4) Manuel de l'Aat. des Ois. de Volière, etc., et Encyclop. d'Hist Nat.
Ois.VD53.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 245
qui s’observe communément chez presque tous les Calaos,
notamment le Bucorvus abyssinicus (Abba-Gumba des Abyssins
et des Nègres de l'Afrique Orientale) , qu’elle forme et compose
avec les Scarabés ou Hannetons qu’elle attrape et qu’elle tue à
coups de bec, une sorte de pelotte allongée, qu’elle jette en l'air
de manière à pouvoir la saisir et l’avaler par la longueur, en
ouvrant ses mandibules pour la recevoir, et recommencant le
même manège, si la pelotte n’y tombe pas dans le sens voulu ;
ce qui est le mode de jeter en l’air (1) et d’avaler tout ce qu’ils
prennent avec la pointe de leur bec, des Calaos : on conviendra
que notre proposition ou notre Système n’est pas plus absurde
que celui du Prince Ch. Bonaparte, rappelé tout à l’heure, et
que si nous faisons erreur, nous nous trompons en bonne
compagnie, et nous. avons de plus le mérite de donner nos
raisons et nos motifs que nous livrons à toute discussion pour
ce qu'ils valent.
Dans tous les cas, cette apparente innovation n'’aurait-elle
pour résultat que de provoquer de nouvelles observations plus
exactes et surtout plus précises soit sur l’Ostéologie de la Huppe,
reconnue par de Blainville (?), si analogue, pour le Sternum, à
celle des Calaos; soit sur son mode de nidification et sur ses
habitudes , observations dignes de la patience et de la sagacité
de Flor-Prévôt ou de M. Moquin-Tandon, que nous ne regret-
terions pas de l’avoir proposée, même avec doute.
En admettant que des faits nouveaux viennent démontrer
notre erreur, la place à chercher pour la Huppe ne saurait être
trouvée ailleurs que dans nos Ténuirostres Marcheurs, auxquels
elle se rattacherait alors par les Genres Cinclocerthia et Upu-
certhia.
(1) Id. Ibid.
(2) Journal de Phys., de Chim. et d'Hist. Nat. Tom. XCII, p. 185. —
Mars 1821. :
Li
246 TROISIÈME PARTIE.
Nous ajouterons enfin que les Caractères Oologiques ne
s'opposent aucunement au rapprochement de la Huppe, des
Calaos.
CARACTÈBES OOLOGIQUES :
Forme — Ovale un peu allongée, parfois un bout moins obtus
que l’autre.
Coquille — d’un grain fin, assez serré, mince, à pores peu
visibles , Blanche intérieurement , à reflet très-faible.
Couleur — d’un Blanc uniforme et sans tache; mais ce Blanc
parait plus souvent sale ou terne que pur.
Deuxième Division,
Latirostres /Latirostri).
SIXIÈME TRIPU.
LES CORACIADÉS OU ROLLIERS — Coraciadæ.
Forme — Ovée, un peu obtuse.
Coquille — d'un grain fin, serré, uni, très-luisant et d’un
Blanc pur.
Couleur. — Gelle de la Coquille, Blanche et sans tache.
Nous ne connaissons pas l’OEuf des Eurylaimidés, faisant la
septième Tribu de nos Syndactyles.
HUITIÈME TRIBU.
LES TODIDÉS OU TODIERS — 7'odidæ.
On ne connaît encore l’OEuf que d’une Espèce de cette Tribu,
le Todus margaritaceñus ou margaritaceiventer.
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain très-fin et fort mince, Blanc et peu
luisant.
Couleur — Blanche , avec une couronne de très-petits points
d’un Rouge-Brun, ou de sang noirâtre.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 247
Ici cessent nos analogies : mais nous aimons à croire que le
temps et les découvertes viendront continuer l'accord qui existe
jusqu'à présent entre les indications Zoologiques qui ont présidé
à l'établissement de ce Sous-Ordre, et le petit nombre d’indica-
tions Oologiques que l’on possède en ce moment. Car sur huit
Tribus dont il se compose, nous ne connaissons les (Eufs que
de quatre ; et encore dans quelle faible proportion!
D'une dizaine d’Espèces d’Alcedinidés, sur cent vingt environ
que cette Tribu renferme ;
De deux Espèces de Meropidés , sur trente ;
De trois Espèces de Bucérotidés , sur quarante-trois ;
De deux Espèces de Coraciadés, sur une vingtaine.
Reste donc pour nos Syndactyles la Tribu des Pipridés, ou
Manakins , qui fait, sauf son ensemble, une exception pareille
dans ce Sous-Ordre que la Tribu des Cuculidés dans le Sous-
Ordre des Zygodactyles Percheurs ou Marcheurs.
NEUVIÈME TRIBU.
LES PIPRIDÉS OU MANAKINS — Piprideæe.
Les Caractères Oologiques de cette Tribu concordent assez
ensemble, quoique nous ne connaissions que l’OEuf de six
Espèces, sur quarante-cinq dont elle se compose, pour nous,
dont l'OEuf du Rupicole du Pérou, que nous avons seul pos-
sédé (1), et qui se trouve actuellement au riche Musée de Phila-
delphie.
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain assez fin, Blanche et très-légèrement
luisante.
Couleur — d’un Blanc un peu jaunûtre , recouverte de taches
Brunes entremêlées d’autres taches d’un Gris violacé, réunies en
(3) Voir Mag. de Zool. 1843. Ois. PI. 37, où nous en avons donné la figure.
248 TROISIÈME PARTIE.
plus grand nombre , et en une sorte de couronne, vers le gros
bout, d'où généralement ces taches semblent tomber et se diriger
perpendiculairement au petit axe de l’'OEuf.
Au sujet de cette Tribu , dont un des plus beaux types géné-
riques est le Rupicola, ou Coq de roche, nous ne croyons pas
hors de propos de reproduire ce que nous en avons dit et résumé,
il y à quelques années, pour les deux seules Espèces connues de
ce Genre : le Rupicola crocea et le Rupicola Peruana. (1)
Quoique le premier de ces Oiseaux, décrit par Buffon (?), et
après lui par Mauduyt (3), ait dû frapper les yeux de tous ceux
qui l’ont rencontré, aucun voyageur, à l'exception de Barrère,
jusqu’à ces Auteurs , n’avait fait mention de ses habitudes natu-
relles. Sonnini de Manoncourt est, après lui, le premier qui
l'ait observé, et voiei ce qu’il en a rapporté :
« Il habite non seulement les fentes profondes des rochers,
mais même les grandes cavernes obcures, où la lumière du jour
ne peut pénétrer; ce qui à fait croire à plusieurs personnes que
le Coq de roche était un Oiseau de nuit; mais c’est une erreur :
car il vole et voit très-bien le jour. Cependant, il paraît que
l'inclination naturelle de ces Oiseaux les rappelle plus souvent à
leur habitation obscure qu’aux endroits éclairés, puisqu'on les
trouve en grand nombre dans les cavernes où l’on ne peut
entrer qu'avec des flambeaux. Néanmoins, comme on en trouve
aussi pendant le jour un assez grand nombre aux environs de
ces mêmes cavernes, on doit présumer qu'ils ont les yeux
comme les Chats, qui voient très-bien pendant le jour et très-
bien aussi pendant la nuit. Le mâle et la femelle sont également
vifs et très-farouches; on ne peut les tirer qu'en se cachant
derrière quelque rocher, où il faut les attendre souvent pendant
(1) Encycl. d'H. N. Ois. t. Il, p. 141 et suiv.
(2) Hist. Nat. des Oùs. .
3) Encyclopédie Méthodique.
(
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 249
plusieurs heures avant qu'ils se présentent à la portée du coup,
parce que , dès qu'ils vous aperçoivent, ils fuient assez loin par
un vol rapide, mais court et peu élevé. Ils se nourrissent de
petits fruits sauvages et is ont l'habitude de gratter la terre,
de battre des ailes et de se secouer comme les Poules; mais ils
n’ont ni le chant du Coq, ni la voix de la Poule; leur cri pour-
rait s'exprimer par la syllabe k£é, prononcée d’un ton aigu et
trainant..… Les mâles sortent plus souvent des cavernes que les
femelles, qui ne se montrent que rarement, et qui probablement
sortent pendant la nuit. On peut les apprivoiser aisément et, dit
Buffon, à qui étaient transmis ces détails, M. de Manoncourt en
a vu dans le Poste Hollandais du fleuve Maroni, qu’on laissait
en liberté vivre et courir avec les Poules.
» On les trouve en assez grande quantité dans la Montagne
Luca, près d'Oyapock, et dans la Montagne Couronaye, près de
la rivière d’Apronack..…. On les recherche à cause de leur beau
plumage et ils sont fort rares et très-chers, parce que les Sau-
vages et les Nègres, soit par superstition ou par timidité, ne
veulent point entrer dans les cavernes obscures qui leur servent
de retraite. » (1)
Après avoir cité ce qui était connu et ce qui se disait, à
l'époque de Buffon et de Sonnini, nous allons réduire les faits à
leur juste valeur, en nous appuyant des observations beaucoup
plus récentes et pleines d'intérêt (de 4838 à 1842) d’un Voyageur
mort depuis peu au service de la Science, Justin Goudot, qui a
étudié les mœurs et rapporté le nid et les OEufs, que nous avons
eus en notre possession, non plus de l’Espèce de Cayenne,
observée et décrite par Sonnini, mais de l’autre Espèce du Pérou
(Rupicola Peruviana), qu'il a rencontrée fréquemment à la
Nouvelle-Grenade.
(1) Buffon, loc. cit.
250 TROISIÈME PARTIE.
Disons d’abord que, pour ce qui est de la dénomination
originairement donnée à ce Genre, il est arrivé ce qui s’est
présenté souvent pour la dénomination d’autres Genres. On est
parti d’une idée préconçue, motivée en quelque sorte sur l’aspect
général de l’Espèce découverte la première , du Rupicole Cog de
roche (Rupicola crocea), de la Guyane, les uns pour lui donner
son nom Générique de Cog, les autres pour observer ses habi-
tudes au travers du prisme de leur imagination, tandis que, si le
hasard avait fait découvrir, au début, le Rupicole du Pérou, nul
doute que le point de départ et le terme de comparaison n'étant
plus les mêmes, l'esprit du premier observateur, libre alors de
toutes entraves, eût pu s’abandonner avec plus de fruit à l'étude
de ce Genre et lui trouver sa place méthodique véritable. En
effet, le Rupicole du Pérou diffère de l’autre en ce qu’il a la
queue beaucoup plus longue et que les plumes n’en sont pas
coupées carrément ; que celles des ailes ne sont pas frangées;
que la huppe est moins élevée et composée de plumes séparées.
C’est ainsi que Barrère (1), le premier qui ait observé et décrit
l’Espèce de Cayenne, demeurée jusqu’à ce siècle l’unique du
Genre, voyant cet Oiseau orné d’une riche huppe de plumes
décrivant un demi-cercle perpendiculaire de la nuque à la base
du bec, avec les couvertures coxales ou lombaires retombant en
gracieux panache des deux côtés de l’origine de la queue,
comme chez notre Coq domestique, n’a pu s'empêcher, non-
seulement de le lui comparer, mais de le lui assimiler générique-
ment. De là sa description que nous traduisons : Cog sauvage,
habitant les rochers, de couleur jaune, portant une créte com-
posée de plumes. Cette dénomination doit d'autant moins
étonner, d’ailleurs, que c’est celle que les Français de la Guyane
avaient, par la même raison, donnée et donnent encore à cette
(1) Essai sur l'Histoire Naturelle de la France Equinoxiale.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 254
Espèce, qu'ils appellent Cog des bois et Coq de rochers. De là
aussi cette mention, fidèlement rapportée par Buffon, sur la foi
de Sonnini, qui lui écrivait de Cayenne : que cet Oiseau a l’habi-
tude de gratter la terre, de battre des aîles et de se secouer
comme les Poules; ce que nous sommes porté à regarder comme
une amplification officieuse, jugée nécessaire par ce correspon-
dant, pour justifier le nom donné par les Créoles à cette Espèce,
surtout si l’on considère que Sonnini n'ayant fait ses observa-
tions que sur un méle qu'il avait vu dans un Poste Hollandais
du fleuve Maroni!, qu’on laissait en liberté vivre et courir avec
les Poules, il lui a été facile d'attribuer à ce Rupicole les habi-
tudes de celles-ci. De là , enfin, l’origine de cette double erreur,
si communément répandue et si abusivement reproduite par tous
les observateurs ou Écrivains Ornithologistes, depuis Sonnini,
l'Auteur des documents sur lesquels a travaillé Buffon et son
Éditeur responsable, jusqu’à Lesson : que c’est dans un trou de
rocher que cet Oiseau construit grossièrement son nid avec de
petits morceaux de bois sec, et qu'il ne pond communément que
deux OŒŒufs Sphériques, de la grosseur de l’OŒuf des plus gros
Pigeons.
Si maintenant nous voulons vérifier le degré d’exactitude de
ces diverses assertions, nous verrons qu’elles sont toutes pour
le moins hasardées. Voici d’abord les notes pleines d’intérêt de
J. Goudot, rédigées sur le Rupicole du Pérou, la seule Espèce
du Genre qui se trouve dans la portion de l'Amérique Équatoriale
qu’il a parcourue :
« Jusqu'à présent, aucun Voyageur n’a fait connaître, je crois,
les habitudes et la nidification du Rupicola Peruviana, ce que
l’on doit attribuer soit à la rareté, soit à l'habitat de cet Oiseau.
Plus heureux, j'ai été à même de l’observer en différentes
circonstances, comme aussi de voir son nid, ce qui me permet
de donner les détails suivants :
252 TROISIÈME PARTIE.
» Le Rupicola Peruviana construit le sien dans les légers enfon-
cements offerts par les anfractuosités des rochers coupés à pic
où se trouvent encaissés les torrents; car c’est toujours au bord
des eaux que j’ai vu ces nids, qui ont de quatre à cinq pouces de
diamètre. Ils sont formés de filaments de racines chevelues,
entrelacés entre eux et mêlés d’un peu de terre et de boue, plus
particulièrement à la partie inférieure. La ponte est de deux
OEufs d’un tiers plus petits que ceux des Poules, d’une Forme
Ovée, suivant la méthode de M. des Murs (1), d’un Blanc sale et
irrégulièrement tachetés d’un mélange de Brun jaunâtre et de
Gris violacé; ces taches sont plus nombreuses et plus rapprochées
près du gros bout. La femelle couve en Avril. J'ai trouvé des
OEufs dans un nid à la même époque où un autre m’a offert des
petits déjà assez emplumés (?).
» Ces Oiseaux habitent les grands bois des régions tempérées;
on les rencontre par petites troupes de trois à huit individus,
tous mâles; les femelles se montrent également seules et par
petites troupes, le plus souvent dans le voisinage des lieux
escarpés (penas) ou terrains coupés perpendiculairement, qui
bordent les grands torrents; c’est là qu’elles construisent leurs
nids. Ces petites bandes de mâles volaient ordinairement sur les
branches basses et se posaient parfois à terre pour chercher des
drupes de Laurinæ, se plaisant près des clairières formées par
la chute d’arbres déracinés par l’orage au milieu des vastes forêts,
mais ne grattant jamais ie sol, comme le rapporte Cuvier (3);
leur vol est lourd; ils paraissent toujours inquiets sur les branches
et ont continuellement de petits mouvements brusques et
saccadés. Leur nourriture se compose de drupes d’une grande
Espèce du Genre Ocotea, très-commune dans ces localités et
(1) Mag. de Zool. 1842. Ois. pl. 25.
(2) Rev. Zool. Janvier 1848.
(3) Règne animal. 1817 (d'après Buffon et Sonnini).
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 253
désignée par les indigènes sous le nom d’Amarillo de pena. Des
gésiers m'ont aussi offert des drupes de Psycotria et des petites
baies d’une Anonacea ; chez une femelle, il était plein de cap-
sules bacciformes d’une Rhinanthée qui croît abondamment sur
les bords de la rivière Combayma, dans la Cordilière centrale de
la Nouvelle-Grenade; une seule fois un mâle, qui ramassait à
terre des drupes d’Ocotea, m'a offert des débris d’Arachnides
(Genre Faucheur, Latreïlle), mais je pense que c’était un pur
hasard.
» Ces Oiseaux paraissent ne pas s'éloigner beaucoup de certains
parages; car j'ai vu de petites troupes repassant tous les jours
par les mêmes sites, où j'étais sûr de les trouver toujours de
trois à cinq heures de l'après-midi, qui est le moment, à ce qu'il
parait, où ils cherchent plus particulièrement leur nourriture.
Je ferai observer à ce sujet que, généralement entre les Tropiques,
les Animaux supérieurs ne montrent une grande activité que
durant la matinée et dans l'après-midi, lorsque la force du soleil
diminue. Depuis dix heures jusqu’à trois heures de l'après-midi,
ils restent ordinairement en repos et paraissent très-peu agités,
tandis que c’est précisément le contraire pour la plus grande
partie des Insectes.
» On rencontre aussi les mâles dans le voisinage des nids; un
chasseur m'a même assuré en avoir vu un posé dessus, mais ce
fait me paraît tout-à-fait douteux. On peut considérer ces Oiseaux
comme vivant isolés les mâles des femelles, et je suis persuadé
que ces dernières seules couvent : une seule fois j'ai vu cinq
mâles après une femelle. Les petits gardent le nid, quoique très-
forts; j'ai eu deux individus longs de 0m 25 cent. (9 pouces),
pris au nid ; leur gésier offrait encore des drupes entières
d'Ocotea ; il était plus volumineux chez eux que chez les adultes.
C’étaient deux jeunes mâles offrant, comme cela est ordinaire, le
plumage de la femelle.
254 TROISIÈME PARTIE.
» Le chant de ces Oiseaux est un cri rauque de la syllabe Æet-
ket-ket, grasseyée, mais répétée avec force et d’un ton très-aigu;
c'était aussi le même cri qu’ils faisaient entendre lorsqu'ils étaient
blessés ou épouvantés.
» Les habitants les désignent sous le nom de Coq ancien ou
Coq des montagnes (Gallo antico à Gallo de montana). En
repassant mes notes, je vois qu’ils m’avaient assuré que le chant
de cet Oiseau était très-analogue à celui du Coq domestique,
forgeant tout cela probablement de son nom vulgaire, ce qui
démontre combien en général il faut se méfier des renseignements
qu’on se procure par tradition et dont les indigènes se plaisent à
fatiguer les voyageurs. » (1)
Ainsi, le Rupicole du Pérou ne gratte pas la terre à la
manière des Gallinacés ; il cherche sa nourriture comme tous les
autres Passereaux, et sa locomotion par le vol n’est pas moins
facile. Il y a même plus, selon nous, c’est qu’il y aurait impos-
sibilité physique pour cet Oiseau à gratter la terre de cette
manière, impossibilité suffisamment démontrée par la syndac-
tylité de ses pattes d’abord, puis par la forme et les dimensions
du pouce qui termine son tarse, et de l’ongle robuste et forte-
ment recourbé dont, ainsi que ses autres doigts, il est armé, qui
rappelle, à s’y méprendre, celui des Grimpeurs en général :
analogie qui s'explique, au surplus, chez un Oiseau qui en diffère
si essentiellement sous tous les autres rapports, par la nécessité
où le met sa vie sauvage et solitaire, de même que son habitude
de s’accrocher, ou pour mieux dire de se cramponner et se
retenir aux parois des rochers qu'il fréquente et au milieu
desquels s'opère, pour lui, le double travail de la nidification et
de l’incubation.
Ainsi le Rupicole du Pérou, pas plus que le Rupicole de
(1) Magas. de Zool. 1843
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 255
Cayenne, ne construit point grossièrement son nid avec de petits
morceaux de bois sec (1), ni avec des büchettes assemblées (?).
Ce nid a l’ensemble ordinaire et la forme de celui de tous les
Mérulidés ou Turdidés, c’est-à-dire qu’il est circulaire et arrondi
intérieurement, un peu aplati ou déprimé, et n'ayant pas plus
de Om 06 centim. de profondeur. Quant à sa composition, ainsi
qu’on vient de le voir, d’après J. Goudot, elle est à peu de chose
près la même, et tout aussi industrieuse : c’est d’abord une
couche intermédiaire tissée de fibres et de chevelu de racines,
consolidée au dehors par de la terre délayée et appliquée en
guise d’enduit ou de revêtement; puis, à l’intérieur, une couche
de fibres végétales plus fines; le tout est appuyé et repose, comme
le plus grand nombre des nids d'Hirundinidés, contre les parois
et dans l’anfractuosité des rochers, sous quelque saillie, de
manière à en être abrité, de même que d’une voûte, ce qui ne
- contribue pas peu à altérer parfois extérieurement la forme cir-
culaire du nid, en la rapprochant de la forme hémisphérique de
ces derniers , selon que l’anfractuosité qui le reçoit, ou contre
laquelle il s'appuie, est plus ou moins plane ou plus ou moins
concave. Une seule nuance distingue le nid du Rupicole de
Cayenne, que nous avons possédé longtemps, et qui depuis est
passé de nos mains dans les Galeries du Muséum d'Histoire
Naturelle de Paris, du nid du Rupicole du Pérou, qui nous
venait de J. Goudot : c’est que, dans la composition de la
couche intérieure du premier on remarque, entre autres ma-
tières souples et fines, une certaine quantité de cheveux arrachés
probablement à quelques cadavres, et qu’il n’est pas impossible,
dans les matières solides qui en constituent sa maçonnerie
extérieure , d'y retrouver la trace de quelques caillots de sang et
(1) Sonnini, cité par Buffon.
(2) Lesson, Traité d'Ornithologie, 1831.
256 TROISIÈME PARTIE.
de certaines épaisseurs de matières animales ayant l'apparence
de graisse solidifiée; ce qui, on le voit, peut autoriser encore
plus d’un doute sur le genre de vie et les instincts des Oiseaux
de ce Genre. Les dimensions de ce nid sont de 0x 20 cent. dans
un sens, sur 0m 46 cent. dans l’autre.
Ainsi enfin, pour rentrer dans notre sujet, le Rupicole du
Pérou ne pond pas, comme on l’a dit du Rupicole de Cayenne
(ce que nous croyons pouvoir affirmer être une erreur), des
Œufs blancs et arrondis gros comme ceux du Pigeon : ses
OEufs, que nous avons possédés avec le nid, que nous tenions
de J. Goudot, sont de la Forme et de la grosseur de ceux de la
Corneille noire, Corvus Corone; la Coquille, très-légèrement
luisante, en est d’un Blanc un peu jaunâtre, recouverte de
taches Brunes entremélées d’autres taches d’un Gris violacé ,
réunies en plus grand nombre et en une espèce de couronne
vers le gros bout de l’OEuf, dont les diamètres sont de Om 047
sur Om 033 environ (l).
Pour ce qui est de la nourriture de cet Oiseau, le Docteur
Lherminier (?) avait déjà fait la même remarque que J. Goudot,
et constaté que le gésier ne lui avait offert que des fruits pulpeux
monospermes ou des semences libres assez semblables à celles
du Café. /
La trachée-artère est semblable dans les deux sexes, simple,
offrant un renflement fusiforme à sa partie inférieure, son larynx
inférieur osseux; sa langue a son extrémité cartilagineuse ; elle
est légèrement bifide dans les deux sexes et chez les petits encore
au nid ; le gésier est petit et offre deux forts muscles à plis
longitudinaux , sa membrane interne est très-forte; l'intestin a,
de longueur totale, depuis le pylore, Om 405 millim. (4 pied
(
1) Magas. de Zool. 1845.
(2
1
Mémoire lu à l'Institut le 18 Septembre 1837.
)
}
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 257
3 pouces); il est gros relativement à l’Oiseau, d’un égal diamètre,
à parois robustes; on remarque deux très-petits cœcums dans les
deux sexes à Om54 mill. (2 pouces) environ au-dessus du
cloaque (1).
Relativement au Sternum, celui du Rupicole de la Guyane, que
nous avons eu occasion d'étudier dans les Galeries du Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris, loin de ressembler, ainsi qu’on l’a
cru, aux autres Passereaux, a, au contraire, les plus grands
rapports avec celui de quelques Espèces de Psittacidés, notamment
avec celui Gu Psittacus Alexandri : seulement les relations entre
la longueur de la fourchette et celle des clavicules sont presque
égales, tandis que chez cette dernière Espèce, celles-ci sont de
moitié plus longues; les apophyses du bord inférieur, loin de
laisser échapper une échancrure, comme chez les Passereaux, se
soudent à leur extrémité inférieure avec les bords du Sternum,
de manière à ne laisser qu'un trou exactement comme chez le
P. Alexandri. La différence essentielle entre ces deux Familles
consiste dans la dimension et la forme de la fourchette, plus res-
serrée à l'insertion de ses branches, tout en étant évasée au som-
met de son centre chez le Psittacien, et plus élargie chez le
Rupicole; elle est de plus, chez ce dernier, presque soudée au
moyen d’une assez forte apophyse formant angle saillant avec
l'angle rentrant du haut de la crête sternale.
On comprend, d’après des formes et des mœurs si anormales,
que le Genre Rupicola ait souvent embarrassé les Nomenclateurs :
aussi a-t-il été fréquemment déplacé.
Dès 1806, M. Duméril (?) le plaçait entre les Gros-Becs, qui
terminent ses Conirostres, et les Mésanges, qui commencent ses
Subulirostres.
(1) Magas de Zool. 1843.
(2) Zoologie Analytique.
258 TROISIÈME PARTIE.
Illiger, en 48414, le place entre les Pies-Grièches (Lanius), et
après elles, en lui faisant clore ses Canori et les Gros-Becs qui,
avec les Mésanges (Parus), composent ses Passerini.
Temminck (l), de 4815 à 1820, liait le Genre Rupicole au
Genre Langrayen (Ocypterus, Cuvier), par les Genres Coracine
(Coracina, Vieillot) et Cotinga (Ampelis, Linnée), ce qu'ont fait
aussi récemment M. Gray et le Prince Ch. Bonaparte.
Latreille, en 1825, après ses Latirostres, qui finissent par les
Genres Tyran et Drongo, et en tête de ses Dentirostres, suivi
des Genres Manakin, Tangara, Pie-Grièche, etc.
Il y a assurément une immense différence entre cet ordre d'idées
et celui qui tend à lier le Rupicole, par les Manakins, aux Capri-
mulgidés, ainsi que l’a proposé et enseigné M. Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire, suivi par Lesson (?), et ainsi que nous l’appliquons
nous-même.
Dans un temps, manquant de termes de comparaison, nous
avons été partisan du système de Temmincek. Plus éclairé depuis ge
nous avons pu reconnaître de grands rapports de coloration entre
les OEufs des Manakins et ceux des Rupicoles et qu’il nous a été
démontré que le Sternum de ce dernier s’éloignait beaucoup de ce
qu'il est chez les vrais Passereaux, nous n'avons pas hésité, dès
4852, à nous ranger aux idées de M. Isidore Geoffroy Saint-
Hilaire (3).
Si nous nous sommes autant étendu sur cette première partie
de la Série Ornithologique, c’est pour montrer combien les induc-
tions de l’Oologie marchent d'accord avec le Système Zoologique,
qu’elles confirment quand elles ne le contrarient pas, et qu'elles
peuvent servir à réformer, lorsque le Système hésite dans sa
marche et dans ses développements.
(1) Analyse du Système Général d'Ornithologie
(2) Complément à Buffon.
(2) Encyclop. d'Iist. Nat. Ois., t. II, p. 141 à 145.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 259
Dans les Ordres qui vont suivre, surtout eelui des Passereaux
vrais ou Déodactyles, nous entrerons en moins de détails, d’abord
à cause de l’excessive variété des caractères Oologiques, variété
qui se reproduit, pour les autres caractères, au point d'entraîner
des remaniements, pour ainsi dire quotidiens, dans leur classe-
ment; puis, à cause de l’insuffisance des documents Oologiques.
Nous nous bornerons à signaler les Groupes qui, par leur en-
semble, confirment nos prévisions sur l'utilité de la Science Oolo-
gique en cette matière : et, dans ce Cas, nous nous abstiendrons
de suivre une marche régulière, prenant les Groupes comme ils se
présenteront à nos veux.
DEUXIÈME SOUS-ORDRE.
PASSEREAUX DÉODACTYLES
(Deodactyli).
Première Division,
Déodactyies Fissirostres (Deodactyli Fissirostri).
PREMIÈRE TRIBU.
CAPRIMULGIDÉS — Caprimulgidæ — où TETTE-CHÈVRES.
Cette Tribu, que nous avons composée des Familles suivantes :
Podarginæ, Caprimulginæ, Nyctiibinæ et Steatornithine ,
offre, quant à la Forme éminemment caractéristisque par sa
constance, l'harmonie la plus complète et la plus satisfaisante, à
l'exception pourtant de la dernière Famille dont nous nous occu-
perons à part. Voici ses caractères :
Forme — si exactement Ovalaire qu’elle tend parfois à l’Ellip-
tique, qui est par conséquent plus ou moins aigue davantage chez
les Podargineæ et les Caprimulginæ, moins chez les Nictiibyne.
Coquille — d’un grain fin, à pores invisibles à l'œil nu, d’un
Blanc pur, excessivement mince et fragile, assez luisante chez les
260 TROISIÈME PARTIE.
Caprimulginæ et les Nyctibinæ, moins chez les Podargine.
Couleur — d'un Blanc pur et sans taches chez les Podarginæ
ou Podarges, dont J. Verreaux nous a fait connaître, en les
rapportant au Muséum d'Histoire Naturelle, l’OEuf de deux ou
trois Espèces sur quatorze, notamment celui du Genre si curieux
Ægotheles ;
Chez les Caprimulginæ ou Engoulevents, dont nous connaissons
cinq à six Espèces sur plus de soixante et dix, généralement d’un
Gris léger uniforme, rehaussé de points et de marbrures, en
nuages, harmonieusement nuancés, plus ou moins nombreux et
rapprochés, du même Gris plus foncé ou d’un Brun noirâtre, et
cela qu’il s’agisse d’Espèces d'Europe, d'Afrique, d’Asie ou d’Amé-
æique ;
Chez les Nyctiibinæ ou Ibijaux, dont nous ne connaissons que
trois Espèces sur sept, d’un Gris légèrement carminé, avec le
même système de maculature, seulement le Brun, de noiràätre qu’il
est chez les précédents, allant au rougeâtre léger ou lavé d’ocre.
Ainsi, voilà trois Groupes parfaitement indiqués par la nature
de l’OEuf, bien avant que la Science ne s’ingénia à les former.
Quant à notre quatrième Famille de Caprimulgidés, celle des
Steatornithinæ ou Guacharos, nous reproduirons les réflexions
suivantes, qu'ils nous ont déjà suggérées depuis longtemps (1) :
Jusqu'à la découverte du Genre Sfeatornis, on pouvait
remarquer entre les Caprimulgidés, sinon dans la Tribu entière,
au moins dans plusieurs de ses Familles, une certaine parité de
rapports Oologiques que nous venons de constater, quant à la
Forme d’abord, puis quant à la Coloration. L’accession de cette
Tribu de la Famille des Steatornithinæ, dont on ne connaît qu'un
Genre établi sur une Espèce unique, est venue rompre cette
harmonie : l’OEuf, d’exclusivement Elliptique que nous l'avons vu
(1) Rev. Zool. Soc. Cuvier. 1843.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 261
pour les trois premières Familles, passe à la Forme Ovée très-
obtuse pour le Guacharo ; en sorte que la divergence qui s’est
produite pour le Système en Ornithologie a continué d'exister en
Oologie.
Tous les Auteurs qui ont parlé du Séeatornis, depuis le célèbre de
Humbolt, ont été unanimement d'accord, à commencer par nous,
pour le regarder comme le lien le plus naturel entre les Rapaces
Nocturnes et les Passereaux (1). Et en cela nous pensons, et nous
en savons quelque chose, que l’on a été séduit plutôt par l'amour
de la nouveauté et l’étrangeté de ce Genre si singulier, que con-
vaincu par un examen approfondi de tous ses Caractères tant
Zoologiques qu'Oologiques. Et, c’est en partant de cette donnée,
ou plutôt de cette idée préconçue, que, dans la composition des
Fissirostres du Sous-Ordre des Passereaux Déodactyles, ceux qui
les ont placés ou les placent encore immédiatement à la suite des
Strigidés en sont arrivés à donner au Sfeatornis le premier rang
sur les Podarginés et les Caprimulginés. C’est ce qu'a fait tout
d’abord M. G.-R. Gray (?); ce que nous avons imité, après lui,
mais trompé par les apparences de l’OEuf de cet Oiseéu, que venait
de nous faire parvenir de la Guadeloupe le zèlé Docteur Lhermi-
nier (3); c’est enfin ce que vient de faire et de consacrer par son
colossal et consciencieux travail Linnéen, le Prince Ch. Bonaparte,
entraîné autant par l'exemple du Méthodiste Anglais que par nos
observations précédentes sur l’'OEuf du Guacharo (4).
Et cependant, si l’on fait la part des caractères similaires du
(1) Voir notamment: de Humbolt, Voyage aux régions équinoxiales du
Nouveau Continent, 1814; Dictionnaire des Sc. Natur.; Lesson, Traité
d’'Ornithologie ; Lherminier, Nouv. Ann. du Mus. d'Histoire Natur. de Paris,
1834; Beauperthuy, Ann. des Sc. Nat., 1836; Roulin, id; Hautessier, Rev.
Zool. 1838 ; et notre Mémoire, au même Recueil, 1843.
(2) Genera of Birds, etc. 1840.
(3) Rev. Zool. de la Soc. Cuviér., 1843.
(4) Conspectus System. Ornithol. 1850.
262 TROISIÈME PARTIE.
Steatornis avec les Strigidés et celle de ses caractères différentiels,
on verra que la somme des derniers l'emporte de beaucoup sur
celle des premiers.
Rapports :
do Plumage d’un Brun roussâtre uniforme, mais marbré et
grivelé de noir peu tranché, pointillé de rares taches oculaires
blanches, plus longues ou ovalaires sur les rémiges et sur les cou-
vertures des ailes ;
20 Bec corné, à mandibule supérieure fortement crochue et
dentelée, garnie à sa base de poils rigides allongés qui la dépassent ;
3° Habitudes crépusculaires, dans le fond des grandes crevasses
ou des précipices des rochers de l'Amérique Équatoriale :
40 OEuf de Forme Ovée, à Coquille Blanche et sans tache.
Différences :
Ao Plumage rigide et non moelleux ;
20 Absence de cire à la base du bec, qui est plus large que haut;
30 Narines latérales, médianes, ovalaires, percées dans un tube
formé aux dépens de la substance cornée du bec et dessinant par
son relief une strie longitudinale parallèle à la commissure et
remontant en s’élargissant vers le sommet, s’évasant à sa base,
mais dépassée et recouverte elle-même par l’évasement plus grand
en cette partie de la mandibule inférieure qui, dans tout le reste
de son parcours jusqu’à la pointe, n’en continue pas moins d’être
recouverte normalement par la mandibule supérieure ;
4o Ailes aiguës, la troisième rémige la plus longue de toutes;
50 Queue allongée et arrondie, à tiges ou baguettes rigides ;
6o Tarses dénudés au-dessus du genou, sans aucune écaille
jusqu'aux pieds, et parsemés seulement de quelques poils rares sur
une peau membraneuse et charnue; les doigts seulement ayant
quelques plaques squameuses ;
70 Doigts du double plus longs que le tarse, pouce fort et
robuste, de la longueur à peine du tarse et placé sur le même plan
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 263
d'insertion que les doigts; ceux-ci fissiles et séparés dès leur base,
mais comprimés et rapprochés les uns des autres dans la même
direction, de manière à former une main, et ayant conséquemment
une tendance organique et forcée à se porter en avant; ongles
également comprimés, longs et crochus ;
80 Appareil Sternal des Caprimulgidés, sauf quelques modifica-
tions de détail; comme ceux-ci, pas de jabots ;
90 Nourriture exclusivement Granivore, mais parfois, croyons-
nous, Insectivoré ;
100 Forme Ovée de l’OEuf très-obtuse, sa Coquille d’un grain
poreux à l'œil et rude au toucher, mate et sans le moindre
reflet.
Ces différences, réunies à la similitude de la conformation du
pied avec celui des Cypselinés ou Martinets, et à celle de la Couleur
de l’OEuf de l’un et des autres, doivent certainement aujourd’hui
faire pencher à rapprocher le Sfeatornis de ces derniers, et à
l'isoler complètement des Strigidés. C’est une conclusion vers
laquelle semble également incliner M. John Müller (l) dans un
excellent Mémoire sur l’Anatomie du Guacharo, lu à l’Académie
de Berlin le 43 Mai 48/1 (2).
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée très-obtuse ou Globulaire.
Coquille — d'un grain poreux et rude au toucher comme 5 50
l'œil, offrant peu d’adhérence et par suite peu résistant; Blanc
dans sa très-faible transparence, mat et sans le moindre
reflet.
Couleur — Blanche et sans taches.
(3) Arch. fur Anat. phys. von Müller, 1842.
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. I, p. 168.
264 TROISIÈME PARTIE.
DEUXIÈME TRIBU.
HIRUNDINIDÉS — Hirundinidæ.
La séparation des Martinets d’avec les Hirondelles, qui a paru
si naturelle même à Guéneau de Montbeillard, et qu’entraine for-
cément la structure du Sternum si différente chez les uns et chez
les autres, se trouve confirmée et indiquée par le Caractère Oolo-
gique des deux Familles. Ainsi, tous les Martinets sans exception
ont leur OEuf de Forme Ovée allongée, ou plutôt de Forme Ellip-
tique acuminée à l’une de ses extrémités seulement, et à Coquille
Blanche et sans taches. Il en est autrement pour les Hirondelles :
les unes ont leur OEuf Blanc et sans taches; les autres l’ont avec
le même fond Blanc, mais tacheté.
Are FAMILLE. — Cypselinæ ou Martinets.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée très-allongée, le petit diamètre mesurant le
tiers presque du grand diamètre.
Coquille — d'un grain très-mince, à pores à peu près invi-
sibles, d’un Blanc pur, mat et sans reflet apparent.
Couleur — Blanc pur et sans aucune tache.
‘ Nous ne connaissons l’OEuf que de trois Espèces du Genre
Cypselus et d'une du Genre Collocalia, sur quarante-deux
Espèces dont nous composons la Tribu.
2e FAMILLE. — Hirundininæ ou Hirondelles.
Forme — Ovée beaucoup moins allongée.
Coquille — de même nature. s
Couleur — variable : — Blanc pur dans les Genres Chelidon
(urbica), Cotyle (riparia), et Herse (flavigastra); du même
Blanc, comme fond, mais finement recouvert d’une manière plus
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 265
ou moins régulière, vers le centre, au sommet ou à la base, de
petits points arrondis plus ou moins larges, les uns d’un Gris
légers, les autres d’un Brun variant du Pourpre à la Terre-de-
Sienne claire, tels sont les Genres Procne (purpurea) et Hirundo
. Pr
(rustica). !
Nous ne connaissons l’OEuf que de huit Espèces sur une soixan-
taine dont se compose la Tribu.
Deuxième Division.
Déodactyles Ténuirostres — (Déodactyli Tenuirostri).
1er GROUPE.
Ténuirostres Aériens ou Voiliers — (Tenuirostri Ætherei).
TROISIÈME TRIBU.
TROCHILIDÉS OU OISEAUX-MOUCHES — (Trochilidæ).
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire généralement, allant parfois à l'Elliptique,
presque jamais ou très-exceptionnellement Ovée.
Coquille — d'un Grain très-fin, d’un Blanc pur, mat et sans
reflet.
Couleur. — Celle du Grain de la Coquille, et sans tache.
On connaît à peine l’OEuf d’une trentaine d’Espèces de Trochi-
lidés, sur plus de trois cents Espèces admises jusqu’à ce jour dans
cette Tribu.
Sous ce rapport, c’est encore une nombreuse et intéressante
Famille à remarquer, pour l’uniformité à peu près constante de ses
caractères Oologiques.
Nous disons à peu près, parce que nous devons observer que
peut-être existerait-il parmi les Oiseaux-Mouches quelques excep-
tions. Ainsi, nous avons eu dans notre Collection un OEuf d'Oi-
seau-Mouche à brins blancs (Phaëtornis superciliosus), qui était
266 TROISIÈME PARTIE.
d’une Forme Elliptique (approchant presque de celle que nous
avons appelée Cylindrique, et dont l'OEuf du Megapodius Tu-
mulus peut donner l’idée la plus exacte) ; et si finement et si déli-
catement vergeté de Rose tendre, qu’il en paraissait uniformément
de cette Couleur; la Coquille était parfaitement vide et ne laissait
aucun doute sur la réalité de cette Coloration naturelle.
Or, nous venons d'apprendre (Février 4859) que M. Bourcier,
(l’un des hommes spéciaux, avec Gould et Mulsant, qui s'occupent
avec le plus de succès de l’étude monographique des Oiseaux-
Mouches), que l’on pourrait appeler notre Ornysmyologue, et
dont nous regrettons de ne point voir paraître le grand travail,
posséderait un OEuf d’une Espèce de Trochilidé du même groupe,
dont nous ignorons le nom, qui serait d’un Rose uniforme. Ne
l'ayant pas vu, nous ne pouvons exprimer aucune opinion à ce
sujet. Cette Coloration est-elle naturelle ? L’OEuf est-il vide? est-il
plein et desséché? Toutes circonstances qui peuvent considérable-
ment influer sur le caractère à assigner à cette Coloration, à
coup-sûr jusqu’à présent exceptionnelle, puisque ce ne serait que
le second exemple. Mais le fait, s’il est exact, réuni à celui que
nous avons observé, serait curieux par lui-même et nécessiterait,
dans ce cas, une nouvelle étude des Trochilidés, pour mettre leur
Classement en rapport avec cet ordre de caractères.
Nous profiterons de l’occasion pour reproduire ici, ainsi que
nous l’avons déjà fait pour d’autres Tribus, des observations (peut-
être étrangères à la spécialité de notre sujet, mais fort intéres-
santes touchant cette Tribu) que nous avons déjà eu occasion de
publier ailleurs (1), dans le seul but d’en faire de nouveau honneur
à leurs Auteurs.
Les Oiseaux-Mouches, on le sait, muent comme un grand
nombre d’autres Oiseaux; c’est-à-dire qu’ils ne revêtent pas im-
(1) Eneyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. I, p. 252 et suiv.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 267
médiatement leur plumage définitif si brillant, dont l'éclat ne se
développe que progressivement. Mais la mue ne s’opère pas de la
même manière chez tous les Oiseaux : les uns, et ce ne sont peut-
être pas les plus nombreux, perdent successivement, à certaines
époques de l’année, les jeunes, leurs plumes du premier âge; les
adultes, leurs plumes d'hiver ou d'été; et celles-ci, dans les deux
cas, sont remplacées par des plumes nouvelles qui leur succèdent.
On a cru longtemps, G. Cuvier tout le premier, et beaucoup
d’Ornithologistes croient encore que ce mode de substitution de
plumage est uniforme chez tous les Oiseaux. Il n’en est cependant
rien; cette observation, encore neuve, appartient tout entière à
Jules Verreaux (à qui seul M. Schlegel, lorsqu'il en a fait, en
Hollande, l’objet d’un Mémoire, en devait la révélation), et est le
résultat de ses longues et consciencieuses études sur les Oiseaux
du Sud de l'Afrique, notamment sur ceux à reflets brillants et mé-
talliques, tels que les Soui-Mangas (Nectariniæ). Il a reconnu
que, chez ces derniers, les plumes du premier âge ne tombaient
pas pour faire place à d’autres coloriées différemment et plus
vivement; mais que ces mêmes plumes, à une certaine époque de
l'année, ou plutôt de l’âge de l’Oiseau, revêtaient graduellement
leur couleur définitive, et se teignaient peu à peu de ces couleurs
en commençant par la pointe. Ainsi, lorsque chez ces Oiseaux
encore jeunes, et ayant la livrée terne et uniforme de leur âge,
on aperçoit quelques plumes portant à leur pointe un commence-
ment de la coloration propre à l'adulte, il ne faut pas croire que
ces plumes soient nouvellement poussées : ce sont les mêmes qui
n'ont pas quitté la peau; il n’y a de nouveau que la teinte qui
vient s’y imprimer. Un examen attentif démontre que cette teinte
augmente successivement en remontant vers la base de la tige;
seulement cette métamorphose se produit dans l’année chez
quelques Oiseaux, au bout de deux ou trois ans chez d’autres.
Tel est le fait observé depuis longtemps par J. Verreaux, et de
268 ; TROISIÈME PARTIE.
la réalité duquel il n’a jamais pu convaincre G. Cuvier, tant le
résultat contrariait les idées du célèbre Anatomiste, mais récem-
ment introduit dans la Science; fait assez intéressant pour mériter
d’être étudié, et qui peut mener à connaître la véritable cause, ou,
pour mieux dire, l’agent qui produit ce changement de coloration.
Au surplus, ce mode de substitution d’une couleur à une autre
sur les mêmes plumes, sans renouvellement de celles-ci, n’est
pas exclusivement propre aux Oiseaux à reflets métalliques des
Régions Inter-Tropicales et Méridionales : il a lieu, et nous
l'avons observé nous-même sur un des Oiseaux des plus communs
en Europe et en France, l’Etourneau commun (S£urnus vulgaris);
il existe probablement sur plusieurs autres; il se remarque et se
produit chez tous les Rapaces Diurnes, qui mettent tant de temps
à prendre leur livrée définitive, et doit être commun, avant tout,
à la généralité des Passereaux.
2e GROUPE.
Ténuirostres suspenseurs — (Tenuirostri suspensi).
Ce Groupe, nous l’avons dit, représente pour nous la plus forte
partie du grand Genre Certhia de Linnée, des Ténuirostres de
Cuvier, et de la Famille des Certhidés de M. Is. Geoffroy Saint-
Hilaire; à l'exception toutefois des Paradiséidés, que nous nous
sommes décidé à y joindre.
Nous l’avons divisé en : Suspenseurs à langue extensible et
filiforme ou pénicillée (Suspensi penicillati), et en Suspenseurs
à langue cartilagineuse (Suspensi cartilaginei); les premiers,
Melliphages, les seconds, uniquement Insectivores.
Dans la première de ces Subdivisions nous avons rangé natu-
rellement les Tribus suivantes :
1o Nectarinidés ;
20 Melliphagidés ;
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 269
30 Néomorphidés ;
40 Paradiséidés.
Dans la seconde, celle-ci :
50 Irrisoridés.
La conformation toute spéciale et si particulière de la langue
chez les diverses Tribus de notre première Subdivision, nous a
paru si caractéristique que nous nous étonnons que l'on n'ait pas
encore songé à les réunir ; car la valeur de ce caractère doit, dans
une bonne Méthode naturelle, l'emporter de beaucoup sur celle de
la conformation du bec, à laquelle on semble s’être constamment
tenu jusqu’à ce jour (1).
QUATRIÈME TRIBU.
NECTARINIDÉS — Nectariniidæ.
Les Nectarinidés, que nous mettons en tête de nos Ténuirostres
Suspenseurs, n’ont, on le sait, que fort peu de rapports Ostéolo-
giques avec les Trochilidés qui les précèdent. « Il y a, dit Lher-
minier, beaucoup de ressemblance dans l'appareil Sternal des
Oiseaux-Mouches et des Martinets. Autant ils s’éloignent des
Colibris, par la forme de leur bec et le système de coloration,
autant ils s’en rapprochent par la forme du Sternum et de ses
annexes. Sous ce rapport , ils ne diffèrent pas moins des Hiron-
delles que les Colibris des Soui-Mangas. (?) »
Mais, de même que les Trochilidés, les Nectarinidés, munis
d’une langue plus ou moins en pinceau ou filiforme, fréquentent
presque exclusivement les fleurs, dont ils extraient moins le nectar
que les Insectes qui s’y trouvent renfermés. Ce sont de véritables
Suspenseurs, en ce sens seulement, que s'ils ne grimpent pas,
ils ont du moins la faculté de s’accrocher aux branches en s’y
(1) Encyclop. d'H. Nat. Ois., T. I, p. 279.
(2) Mém. de la Soc. Linn. de Paris, 1822.
270 TROISIÈME PARTIE.
suspendant la tête en bas, et de les contourner en tous les sens,
à la manière de nos Mésanges, mais d’une façon plus constante.
La similitude cesse pour les Caractères Oologiques, qui diffèrent
essentiellement les uns des autres, quant à la Forme et quant à la
Coloration qui n’est, chez ceux-ci, qu’exceptionnellement Blanche.
Ici encore, la disette comme la variété des matériaux, nous
forceront à procéder par Familles.
Nous en reconnaissons trois dans la Tribu :
4. Les Drépanitinés ou Vestiaires (Drepanitinæ) ;
2. Les Nectariniinés ou Soui-Mangas (Nectariniinæ ) ;
3. Les Cérébinés ou Guit-Guits (Cærebinæ).
Nous ne connaissons aucun OEuf de la première Famille.
2e FAMILLE. — Nectariniinés ou Soui-Mongas (Nectariniinæ).
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, approchant de l’Elliptique (Promerops),
ou Ovée, parfois légèrement renflée (Nectarinia).
Coquille — d’un grain fin, Blanc pur, et un peu luisante.
Couleur — ou celle de la Coquille, d’un Blanc de lait et sans
taches, ou finement mouchetée de petits points d’un Brun plus ou
moins rougeâtre (Dicœum ).
Nous ne connaissons encore que l’'OEuf de cinq Espèces, sur
* près de cent dont se compose cette Famille : un pour le Genre
Promerops, trois pour le Genre Nectarinia et un pour le Genre
Dicée.
Quant au Genre Promerops, nous en revenons à la manière de
voir du Prince Ch. Bonaparte, qui en fait le Type d’une Sous-
Famille, sous le titre d’abord de Promeropinæ, du nom que lui
avait imposé Brisson, et en dernier lieu sous celui de Ptiloturinæ,
du nom créé par Swainson; et ce qui nous confirme dans cette
idée, c’est le caractère tout particulier de l'OEuf du Promerops
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 271
(Ptiloturus) Cafer : de Forme Ovalaire et d’un Blanc jaunâtre
veiné de Brun, avec quelques points ou taches de même couleur
réunis au gros bout. Nous retrouverons un caractère analogue chez
le Genre Pomatorhinus.
Cette Famille, dont l’histoire a été assez bien traitée par Levail-
lant, a donné lieu de sa part au développement de ses idées sur la
mue des Oiseaux à reflets métalliques ; idées qui ont en quelque
sorte fait loi dans la Science, jusqu'à ce que J. Verreaux les ait
détruites par son intéressante découverte.
Tant que Levaillant ne sort pas de ses observations positives
sur les habitudes naturelles des Oiseaux, et qu'il voit par ses
propres yeux, il est bien rare qu’il se trompe. Il est moins heureux
lorsqu'il procède par induction et par hypothèse. C'est ainsi
qu'après avoir donné, avec la plus complète exactitude, des détails
pleins d'intérêt (1), il tombe dans l'erreur la plus profonde au sujet
de la prétendue double mue des Souï-Mangas, erreur dans laquelle,
nous le repètons, seraient encore presque tous les Ornithologistes,
sans l'observation si précise et si curieuse de J. Verreaux, dont
nous avons parlé en nous occupant des Trochilidés. Car Levaillant
a traité cette question, pour les Sucriers, avec tant d’étendue, avec
l’apparence d’une si grande conviction, et y est revenu si souvent
dans chacun de ses articles relatifs aux diverses Espèces qu'il a
décrites, qu'on a toujours dû être en quelque sorte excusable,
lorsque l’on n'avait pas observé par soi-même, de croire l’illustre
Voyageur sur parole et de partager comme de propager son erreur ;
d'autant plus que, dans une Note, il prétend avoir appliqué sa
théorie et vérifié l’exactitude de son observation sur les Oiseaux-
Mouches, et qu'il regarde l’une et l’autre comme formant la base
d'une Loi générale pour tous les Oiseaux suce-fleurs de tous les
climats.
(1) Hist. Natur. des Sucriers et Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., t. IN, p. 286
et suiv.
272 TROISIÈME PARTIE.
Le dernier Genre de cette Famille (Dicœum) a été aussi, de la
part de J. Verreaux, l’objet d'une observation particulière, qui est
venue, en les confirmant, ajouter aux quelques détails que l’on
possédait déjà, sur les Oiseaux de ce Genre, de M. Pakman.
Ces Oiseaux, dit le premier de ces Voyageurs dans ses Notes
Manuscrites de Zoologie Tasmanienne et Australienne, au sujet
du Dicée à bec d'Hirondelle (Dicœum hirundinacæum ), le seul
dont on connaisse l’OEuf, vivent par petites troupes. J’en ai
observé souvent plusieurs ensemble sur le même arbre, et princi-
palement sur le Skevak, sur lequel il y avait, comme sur tous
les autres arbres de son espèce, une quantité de plantes parasites
d’une sorte qui prend généralement racine sur les branches en y
formant une véritable tumeur, qui sert à sa propre alimentation.
Je fus bien surpris, en ouvrant l'estomac des deux premiers indi-
vidus mâles que je tuai (22 Septembre 1845), de le trouver d’une
Substance molle et d’une grandeur bien au-delà de ce que je
m'attendais, pour un Oiseau de si petite taille. Mais mon étonne-
ment cessa, lorsque j’y trouvai des graines entières de cette même
plante parasite, tellement bien conservées, qu’il m’eût été facile
de les garder, si elles avaient été plus müres. Après avoir tué un
de ces individus, j’observai attentivement les six ou huit qui se
trouvaient sur un arbre voisin; et je remarquai en effet qu'ils
paraissaient occupés à chercher après cette plante les graines en
question, grimpant le long des branches et des feuilles. Ils ne
quittent pas, en quelque sorte, les arbres où croissent ces plantes
curieuses, qui donnent aux Casuarinas surtout un aspect si extraor-
dinaire, par la diversité de forme de leur feuillage. Il est de fait
qu'elles adhèrent tellement aux branches sur lesquelles elles
prennent racine, qu’il est, pour ainsi dire, impossible de croire
qu'elles soient étrangères. J'avoue que, pour ma part, j'ai été par
mon ignorance en Botanique, bien surpris de voir cette bizarrerie de
la nature, lorsque je mis le pied sur cette Terre merveilleuse. Dans
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 273
l'estomac d’autres individus que je tuai depuis, outre les mêmes
graines, je trouvai les débris d’Insectes de diverses Espèces,
entre autres, d’une petite Espèce dorée, qui se trouve le plus
ordinairement sur les Eucalyptus. Pendant cette dernière chasse,
j'eus le plaisir de voir une dizaine de sujets de cette Espèce, et je
remarquai très-bien que les Graines qui leur avaient servi d’ali-
ment, restaient collées et adhérentes aux branches: je m'en
assurai par moi-même, en grimpant sur un Casuarina pour y
chercher un de ces oiseaux, et ayant cru y découvrir un Nid, qui
n’était autre que celui d’une Araignée. Il est donc certain que la
propagation de cette plante tient beaucoup à ce mode naturel de
transport, non seulement par cette Espèce d’Oiseaux, mais sans
doute encore par bien d’autres. (1)
© Nouvel exemple de l’admirable facilité avec laquelle la nature
sait, dans toutes les régions, sous toutes les latitudes, choisir ses
agents pour la dissémination des Espèces végétales de toutes
sortes, même les plus inutiles, en apparence, et des plus insigni-
fiantes. Dans la Polynésie, c’est la Colombe Muscadivore ; dans
l'Australie et la Tasmanie, de petits Oiseaux tels que le Dicée; en
Europe, la Grive-Draine ou Turdus viscivorus, etc.
Nous ne connaissons que deux OEufs de la troisième Famille,
les Cœrébinés, que nous avons composée des Genres :
Serrirostre Diglossa ;
Guit-Guit Ceæreba ;
Sucrier Certhiola ;
Dacnis Dacnis ;
et Conirostre Conirostrum.
(4) Encycl. d'H. Nat. Ois’, T. LU, p. 291.
49
274 TROISIÈME PARTIE.
CABRACTÈRES OOLOGIQUES : +
Forme — Ovée, presque Ovalaire.
Coquille — d'un grain fin et légèrement luisant.
Couleur. — FondBlanchâtre, couvertde taches ou mouchetures
sur toute la surface, d’un Brun-clair (Cæreba), ou d’un Brun-
violacé ou rougeâtre, formant couronne au gros bout (Cerfiola
CINQUIÈME TRIBU.
MÉLIPHAGIDÉS — Meliphagide.
L'homogénéité la plus complète semble régner dans toute cette
Tribu, et être, par cela même, la consécration de la constitution
qu'onena faite.
Et cependant, en y réfléchissant, nous sommes tenté de croire
que le travail de Classification des Mëliphagidés est encore tout à
faire, malgré les améliorations qu'y ont successivement apportées
Swainson, MM. Gould, Gray et le Prince Ch. Bonaparte. Plusieurs
Espèces, d’après les observations de quelques Voyageurs, manque-
raient de l’appareil pénicillé de la langue; d’autres apprendraient
aisément à parler, ce qui semble peu d’accord avec cette confor-
mation de langue ; certaines , enfin, n'auraient aucune des habi-
tudes propres à ces Oiseaux. De nouvelles études seraient done
nécessaires pour lever tous les doutes, et rendre à chacune des
Familles qui composent cette Tribu ou aux divers Genres de ces
Familles, leur véritable place dans la Série.
Nous sommes entré ailleurs (1) sur les mœurs de ces Oiseaux ,
dans de grands détails, dont la plus grande partie a été puisée
par nous dans les notes de J. Verreaux, et auquels nous renver-
rons nos Lecteurs.
En attendant, les vingt espèces dont on connaisse l'OEuf, dans
(1) Encyel. d'H. Nat. Ois., T. IN.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 275
un grand nombre de Genres (Melliphaga, Ptilotis, Myzantha,
Hæmatops, Creadion, Anthochera) sur cent trente ou quarante
Espèces environ dont se compose la Tribu , présentent un en-
semble de caractères des plus remarquables, qui, dans notre
Collection, a par-dessus tout attiré l'attention de M. de la
Fresnaye.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, plus ou moins obtuse ou allongée , selon les
Genres.
Coquille — d'un grain fin, assez luisant, et Blanc intérieu-
rement.
- Couleur — d'un fond Minium léger, généralement plus
intense vers le gros bout, où se réunissent parfois des taches de
même Couleur, mais beaucoup plus foncée et allant au Rouge-
Sang ; ou bien parsemée également de ces mêmes taches.
SIXIÈME TRIBU.
NÉOMORPHIDÉS — Neomorphideæ.
Cette Tribu que nous avons formée, il y a sept ans, se compose
d'éléments exceptionnels, et qui peuvent paraître hétérogènes,
mais qui cependant nous semblent réunir toutes les conditions
d’un Groupe aussi naturel que possible. Nous y faisons entrer,
en effet, quatre Genres reposant chacun sur une Espèce unique :
Le premier est le Philepitta sericea de Madagascar ;
Le second, le Philesturnus carunculatus ;
Le troisième, le Callæas cinerea ;
Et le quatrième, le Neomorpha Gouldii, ces derniers de la
Nouvelle-Zélande.
Ce sont tous Oiseaux porteurs de caroncules à la base de la
commissure , ou au-dessous du bec, et que leur conformation
276 TROISIÈME PARTIE.
anormale à constamment fait ballotter d’un Genre et même
d'une Famille, à un autre Genre et à une autre Famille, depuis
leur découverte récente jusqu’à ce moment. Ce qui nous a déter-
miné, sinon à réunir ces Genres aux Melliphagidés , du moins à
placer la Tribu que nous en avons faite à leur suite, c’est que
l'un deux, le Philesturnus, d’après les plus récentes observa-
tions, a la langue en forme de pinceau, caractère qui, à nos
yeux, nous l’avons déjà dit, entraîne forcément des habitudes
Melliphages plus ou moins Insectivores ; c’est qu’un autre Genre,
le Philepitta, ou du moins l’Oiseau type de ce Genre , auquel,
il y a déjà longtemps, nous avons joint une seconde Espèce, a
le bec et les pattes conformés de telle manière que nous ne pou-
vons nous empêcher d’y voir également un Melliphage; enfin
une considération semblable, d’après l'inspection de ces mêmes
parties, chez le Neomorpha, nous a porté à lui attribuer la
même organisation et les mêmes habitudes.
Au surplus, si nous avons pris l'initiative pour la création de
cette Tribu, nous n'avons fait que nous conformer, quant aux
rapports qu’elle peut offrir avec les Melliphagidés, à des indi-
cations précises déjà faites par Vieillot d’abord, puis par M. le
Professeur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
On peut même dire que le Prince Ch. Bonaparte avait fait, en
4852, dans son Conspectus, un premier pas dans cette voie , en
rapprochant les Genres Neomorpha et Creadion (notre PAiles-
turnus) des Melliphagidés , par suite de la place qu’il a assignée
à ces Genres, tout à la fin de ses Corvidés qui précèdent immé-
diatement ses Melliphagidés; et deux ans après il se décidait à
se rapprocher de notre opinion, en formant sous le nom de
Glaucopidæ une Famille qu’il composait des Genres Corcorax,
Glaucopis, Neomorpha et Creadion (1).
(1) Notes Ornithol., 1854.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 241
Quelque parti que l’on prenne en définitive pour le classement
de ces divers Genres, nous croyons qu'on ne peut se dispenser
de les grouper dans une même Famille ou Tribu, qu’on la place
dans les Corvidés, dans les Garrulidés ou dans les Mellipha-
gidés (1).
On ne connaît encore aucun OEuf de cette Tribu.
SEPTIÈME TRIBU.
PARADISEIDÉS OU OISEAUX DE PARADIS — Paradiseidte.
Nous avons, à l'instar de M. Gray et du Prince Ch. Bonaparte,
composé cette Tribu d’abord de leurs deux Familles : Paradi-
seinés et Epimachinés.
Tout en conservant ces deux Familles, nous y en avons
ajouté deux autres, dont une pour le Loriot Prince-Régent et
l'Oriolie, que nous y réunissons, sous le nom de Sericulinæ, et
une pour les Astrapies, sous le nom de Paradigallinæ.
Mais nous nous sommes bien gardé de les comprendre dans
les Corvidés ou même de les en rapprocher. Nous partageons à
cet égard le sentiment si instinctif et généralement si juste du
Baron de la Fresnaye, dont nous avons reproduit ailleurs les
déductions.
Même ignorance des OEufs si intéressants à connaître de cette
Tribu.
Disons, pour servir à l'historique du Genre, que, quoique
décrite pour la première fois en 4835 par Lesson (?), l'Espèce du
Paradigalle caronculé existait déjà dans une riche collection que
J. Verreaux avait formée et possédait en 4823, et portait dans
(1) Voir pour plus de détails, tant au sujet de cette Tribu qu’au sujet du
Genre Philesturnus, que nous avons alors révélé à la Science, ce que nous
en avons dit dans l’Encycl. d'H. Nat. Ois., T. HI, p. 32 et suiv.
(2) Rev. Zool.
278 TROISIÈME PARTIE,
son Catalogue le nom de Asérapia carunculata. Ce Voyageur en
avait même fait une description détaillée qu'il avait remise à
Vieillot pour être reproduite dans sa Galerie des Oiseaux ;
enfin le dessin en avait été fait à cette époque par Oudart,
Peintre du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Par suite de
diverses circonstances, le tout est resté dans les cartons de
Vieillot, et cette curieuse Espèce est demeurée ignorée jusqu’à
l'époque où Lesson en fit le type de son Paradigalle.
Un des Genres les plus intéressants de cette Tribu, le Genre
Ptiloris (Swainson), sur lequel M. Gould, qui n’avait pu l’ob-
server par lui-même, est si sobre de renseignements, est aujour-
d’hui mieux connu, grâce aux investigations de J. Verreaux,
qui plus heureux a eu occasion de voir et d’étudier les mœurs
de cet Oiseau sur les lieux, et dont nous reproduisons ce qu’il
en a dit dans des Notes Manuscrites que nous avons déjà
publiées.
« Quoique cet Oiseau, dit-il, soit modelé sur des formes plus
volumineuses que les Climactéris de l’Australie, cette Espèce
paraît avoir tant de similitude avec ces dernières qu'il faudrait,
suivant moi, en faire un rapprochement intime. Ainsi, comme
les Espèces du Genre Climactéris, notre bel Oiseau se tient
souvent sur le corps des arbres énormes qui couvrent une grande
partie de ce sol encore si peu connu sous le rapport scientifique.
Cependant, quoique cette Espèce soit principalement Insectivore,
il est bon de dire qu’à certaines époques de l’année elle émigre
des ravins qui lui sont favoris pour se réfugier dans ces immenses
forêts et y chercher les baies de diverses espèces de végétaux,
tant de Lianes que d’Arbres. Son bec long et acéré paraissant
peu propice à ce mode de nourriture, nous devons dire et
affirmer que ce fait n’est qu'accidentel, et qu’il n’a lieu que
lorsque ces baies sont déjà attaquées par les divers Insectes qui
les détruisent souvent même avant leur maturité. Get Oiseau,
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. * 279
comme je l'ai observé, ne se perche que rarement et se voit le
plus ordinairement sur les arbres ou sur les grosses branches,
cherchant les Larves et les Insectes mous qui lui sont le plus
convenables; (car, bien qu’en Australie les écorces ne soient ni
aussi làches ni aussi tendres qu’en Tasmanie, on y rencontre
souvent d'énormes quantités de Larves, principalement de Dip-
tères, beaucoup de Punaises et de Cigales. Ce fait m’a été con-
firmé par l'ouverture de l'estomac. Quant aux formes massives
de cette Espèce, elles sont très-appropriées à son genre de vie.
Aussi, l'inspection seule de ses tarses et de ses longs doigts nous
suffit-elle pour supposer avec juste vérité qu’elle représente, en
Australie, nos Grimpereaux de muraille, comme les réprésentent
également les Climactéris, qui ne se servent pas plus de leur
queue que ne le font ces derniers. Je dois également dire que la
langue de cet Oiseau est fibreuse ou filamenteuse comme celle
des Melliphages. J'ai observé qu’il était rare de voir plus d’un
couple ensemble, volant d’un arbre à l’autre, montant et descen-
dant absolument comme ces derniers, et comme eux courant
assez souvent sur le sol pour y rechercher les Larves détachées
de l’endroit déjà fouillé. Les jeunes de l’année se retrouvent,
comme dans beaucoup d'autres Espèces, en assez grand
nombre. »
J. Verreaux a également observé que le passage de la livrée du
jeune âge à l’âge adulte s'opère sans ce qu'on appelle l’inter-
vention de la mue, c’est-à-dire sans la chute des plumes, et par
la coloration progressive de chacune d'elles, comme chez les
Soui-Mangas.
HUITIÈME TRIBU.
IRRISORIDÉS — Jrrisorideæ.
Nous avons composé cette Tribu de trois Familles : Falcu-
lianæ, Arachnotherine et Irrisorinæ.
280 TROISIÈME PARTIE.
On ne connait encore l'OEuf que d’une Espèce du Genre
Trrisor, de la dernière Famille (Jrrisor erythrorhynchus) (1).
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, un peu allongée.
Coquille — d'un Grain fin, uni, luisant et Blanc intérieu-
rement.
Couleur — d'un beau Vert uni, sans taches.
TROISIÈME GROUPE.
Ténuirostres Grimpeurs — Tenuirostri Scansores.
NEUVIÈME TRIBU.
CERTHIIDÉS — Certhiidæ.
* Nous avons composé cette Tribu de trois Familles : les
Dendrocolaptinés, les Certhiinés et les Sittinés.
Nous ne connaissons, à notre grand regret, aucun Ouf des
Dendrocolaptinés, qui forment la première Famille. Pourtant
l’OEuf du Picolaptes brunneicapillus, existe au Musée de Phila-
delphie, auquel il a été donné par M. A. L. Hermann. Nous
avouons que la Famillle des Dendrocolaptinés est une de celles
dont nous désirerions le plus étudier les caractères Oologiques,
que nous croyons déterminants pour assigner à ces Oiseaux leur
véritable place Méthodique.
2e FAMILLE — Certhiines.
Il en est autrement des Certhiinés, quoique à leur égard, les
éléments de comparaison soient encore bien réduits ; puisqu'on
ne connaît que l’OEuf de deux Grimpereaux d'Europe, et celui
du Tichodrôme de murailles.
(1) Thienemann, pl. 15, fig. 13.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 281
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, légèrement obtuse.
Coquille — à grain fin, mince, Blanc pur et un peu luisant.
Couleur. — Celle de la Coquille, tantôt d’un Blanc pur et
sans taches (Tichodroma muralis) , tantôt parsemé et recouvert
de points et mouchetures d’un joli Rouge-Brique, le plus ordi-
nairement réunis en forme de couronne au gros bout (Certhia
familiaris et Costæ) , tantôt enfin de Couleur Isabelle, piquetée
de points Brun-Rougeûtre (Climacteris), ce qui se présente d’une
manière uniformément remarquable chez trois Espèces
C. Picumnus , Scandens et Rufus.
D'après nos principes et selon notre manière de voir, outre
que cette différence Oologique est la démonstration la plus évi-
dente de la différence Générique existant entre ces trois Oiseaux,
surtout les deux premiers; c’est aussi un indice d’un plus grand
éloignement de l’un à l’autre. /
3e FAMILLE. — Sitlinés.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, allongée.
Coquille — à grain fin, mince , d’un Blanc pur et luisant.
Couleur. — Gelle de la Coquilie, mouchetée partout de points
d’un Rouge-Brique plus ou moins intense. |
À GROUPE.
Ténuirostres Percheurs — Tenuirostri Arborei.
DIXIÈME TRIBU.
à es
ANABATIDÆ — Anabatideæ:
Sur deux Familles assez nombreuses en Espèces, dont nous
avons composé cette Tribu, Anabatinæ et Synallaxinæ, on ne
282 TROISIÈME PARTIE.
connait encore l’OEuf que d’une Espèce de la première, Anabates
puncticollis, d'un Blanc pur; et de trois de la seconde, dont
Synallaxis humicola, tous deux de Forme Ovée assez obtuse.
Nous ne pouvons donc rien établir de précis à cet égard.
5e GROUPE.
Ténuirostres Marcheurs — Tenuirostri Insessores.
ONZIÈME TRIBU.
FURNARIDÉS — Furnaridcæ.
La division que nous avons été amené à établir parmi les
Ténuirostres, en les envisageant sous le rapport de leurs habi-
tudes, nous a mis dans la nécessité d'élever les Furnarinæ au
rang de Tribu.
Nous n’avons jamais contesté, assurément , la justesse de vue
qui a déterminé le Prince Ch. Bonaparte à les introduire comme
troisième Sous-Famille, dans la Famille des Anabatoïdés, dont
leurs caractères zoologiques principaux les rapprochent essen-
tiellement; mais nous avons pensé que leur différence d’habi-
tudes d'avec ceux-ci était assez grande pour nécessiter non un
plus grand éloignement, mais une séparation plus marquée.
Aussi, à part cette séparation, leur avons-nous assigné absolu-
ment le même rang ou , pour mieux dire, le même ordre dans
la Série, que l’habile Ornithologiste. C’est de cette manière que
nous sommes arrivé, par nos Ténuirostres Marcheurs, aux
Ménurinés.
Nos Furnaridés se sont donc trouvés composés de deux
Familles : les Furnarinæ et les Cinclinæ, que nous y ajoutons.
Il y a assez d'ensemble entre ces deux Familles dans les
Caractères Oologiques : Forme Ovée, un peu globulaire ou
obtuse ; Couleur Blanche sans tache.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 283
Depuis que nous avons établi cette Tribu, il nous est arrivé
en effet de réfléchir longuement et mürement sur la question de
savoir si les Cinclinés , cette Famille constituée pour les Espèces
du Genre Cinclus (Turdus aquaticus , Lin.), ne pourraient pas ,
avec avantage, être placés avec les Furnarinés , en tête par con-
séquent de nos Ténuirostres Marcheurs, entre le Genre Furna-
rius et le Genre Cinclodes, au lieu d’être rangés, comme nous
l’avions fait alors , tout à la fin de cette Tribu, c’est-à-dire après
les Motacillinæ et les Eupetinæ. Et le résultat de notre étude
est aujourd'hui de pencher pour ce rapprochement, déterminé
que nous y sommes surtout par les mœurs de ces Oiseaux et
leurs Caractères Oologiques , que nous avons dû prendre en
grande considération.
Ainsi, on sait que le Fournier donne à son nid la Forme
encore plus globulaire qu'hémisphérique, avec son entrée laté-
rale ; nous passons sous silence la substance dont il le compose,
qui est de la terre détrempée , et la cloison en spirale qui le
divise à l’intérieur.
Nous trouvons que le Cincle donne également à son nid,
composé presque exclusivement de mousse, la Forme plus
globulaire qu’hémisphérique, avec l’entrée sur ie côté.
On sait également que presque tous les Oiseaux du Genre
Cinclodes, retirés avec raison du Genre Upucerthia réduit à une
seule Espèce, ont des habitudes exclusivement riveraines : les
uns ne quittant jamais les rivages de l'Océan, en parcourant les
bords, y cherchant les petits Crustacés et les petits Mollusques
rejetés avec les Goëmonds par la mer, marchant même parfois
sur les feuilles flottantes de ces végétations marines, notamment
sur Celles du Fucus giganteus, sur lesquelles ils viennent se
poser en volant (l), tels sont les Cinclodes Patagonicus et
(1) Pernetty, Voy., 1163. — Garnot et Lesson, Voy. de la Coquille, 1825.
— Meyen, Ois. du Chili, — Darwin, Voy. du Beagle.
284 TROISIÈME PARTIE.
Antarcticus, etc.; les autres parcourant, en les remontant vers
leurs sources et plus ordinairement en les redescendant vers
leurs embouchures, les cours d’eau avoisinant les vallées maré-
cageuses, tel est entre autres le Cinclodes nigro fumosus, qui
en a même reçu au Chili le nom de Molinero, Meunier (1).
Toutes habitudes très-analogues à celles de notre Cincle.
Enfin, l’OEuf des Fourniers, l’'OEuf des Cinclodes et l'OEuf des
Cincles sont chacun de Forme Ovée, de Couleur Blanche, sans
aucune tache et presque complètement mat et sans reflet.
Ajoutons que le nom de Cinclodes n’a été donné aux Oiseaux
de ce petit Groupe qu’à cause de leurs analogies Zoologiques et
de mœurs avec le Cincle Européen.
C'est au contraire parce que nous n'avons jamais trouvé
aucune de ces analogies entre le Cincle et les Merles, avec les-
quels on le mettait autrefois, que nous l'en avions séparé en
4852 (2), ainsi qu’en a déjà donné l'exemple le Prince Ch. Bona-
parte, et ainsi que M. Moquin-Tandon semble enfin lui-même
en admettre aujourd’hui (3) la possibilité.
Des rapports plus intimes peut-être rapprocheraient le Cincle
du petit Genre Scytalopus, car c’est la même nature de ptilose,
c’est la même démarche et le même port, le même ensemble de
formes enfin. Mais, dans l'ignorance où nous sommes de l'OEuf
de ce dernier Genre, nous ne saurions nous prononcer. /
DOUZIÈME TRIBU.
LES ALAUDIDÉS OU ALLOUETTES — Alaudidæ.
Nous arrivons ici à une de ces Tribus en faveur desquelles la
Nature a mis les moyens de conservation de l’Espèce dans le
(4) CL. Gay, et O. des Murs, Fauna Chilena, Aves, 1847.
(2) Encycl. d'Hist. Nat., Ois., t. NT.
(3) Rev. et Mag. de Zool., Juillet 1858 et Mars 1859.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 285
plus intime rapport avec les chances de destruction auxquelles
sont exposés les Oiseaux qui les composent. Chez les Alaudidés,
en effet, la Couleur du plumage de l’Oiseau, comme la Couleur
de son OEuf, en harmonie parfaite avec celle des terrains qu’ils
fréquentent, concourent à rendre l’un et l’autre également invi-
sibles et à les soustraire par conséquent aux recherches de leurs
ennemis. C’est aussi, par la même raison, une des Tribus qui
offrent, comme mode de Coloration , le plus satisfaisant ensemble
Oologique.
Cette remarque est, au reste, commune à tous les Oiseaux qui
se construisent à peine un nid ou l’établissent soit à terre, sur
le sol même, soit sur les Graminées qui le recouvrent. On com-
prend que cette observation, qui ne s'applique qu’à certaines
Tribus ou Familles d’une manière si générale pour chacune
d'elles, et sans la moindre exception, ait pu séduire l'imagination
de quelques Oologistes, tels que Manesse, Daudin, Lapierre, etc.,
au point de leur faire chercher les moyens de l’appliquer à toute
la Série, comme mode ou élément de Classification.
L'étude de l’OEuf des Alaudidés démontre même ce fait et
offre ce caractère particulier que là où le plumage de l’Oiseau
devient moins sombre et tourne au Blond ou au Café-au-lait (ce
qui est l’indice pour son habitat de la présence de terrains plus
clairs, tels que les sables des déserts de l’Asie ou ceux de
l'Afrique) l’OEuf subit la même modification dans sa Coloration
générale.
Les Alaudidés, en tant que Tribu, ont été créés par M. de La
Fresnaye et maintenus par le Prince Ch. Bonaparte. Seulement
le premier de ces Naturalistes a continué, de même que le faisait
Cuvier et que le font encore presque tous les Auteurs, de consi-
dérer ce Groupe de Passereaux comme une dépendance des
Conirostres de l’illustre Zoologiste. Il est cependant bien évident
que si, persévérant dans cette manière de voir, M. de La Fres-
286 TROISIÈME PARTIE.
naye n’en a pas moins composé les Alaudidés des Sirlis, Ceréhi-
lauda, des Pipits, Anthus, des Bergeronettes, Mofacilla, ete.,
qui à tout prendre seraient de vrais Becs-Fins, nous n’avons pu
paraître bien extraordinaire ou innover beaucoup (1) en consi-
dérant le caractère de Conirostre des Alaudinés, tels que nous les
comprenons encore, comme l'exception, et leur caractère de
Ténuirostre, au contraire, comme la règle ou le principe. Nous
avons cru en effet être autorisé suffisamment à en agir ainsi, et
par les caractères physiologiques ou organiques, et par les
caractères de mœurs et d’habitudes, qui semblent faire de cette
Tribu, ainsi considérée, un tout indissoluble aussi près, si ce
n’est plus, des Ténuirostres que des Conirostres, au moyen des
Certhilaudinés (Certhilaudinæ) ou Alouettes à bec grêle et arqué,
et, dans tous les cas, pouvant servir de transition entre les pre-
miers d’une part, et de l’autre, sinon les seconds immédia-
tement, du moins les Dentirostres qui y mènent.
Dans cet ordre d’idées , nous avons donc alors composé notre
Tribu des Alaudidés de trois Familles :
40 Certhilaudinés — Certhilaudine ;
20 Alaudinés — Alaudine ;
30 Anthinés — Anthine ;
Auxquelles, au point de vue Oologique, nous réunissons pour
quatrième, aujourd’hui,
Les Motacillinés ;
N’innovant que par l'érection des Géosittes et des Sirlis en
Famille.
CARACTÈRES QOLOGIQUES :
Forme — Ovée, plus ou moins obtuse.
Coquille — d’un grain assez fin, légèrement luisant, blanc
intérieurement.
(1) Encycl. d'Hist. Nat. Ois., t. NI, p. 178.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 287
Couleur — d’un fond Blanc sale, recouvert, sur presque toute
sa surface , de points et de taches nombreuses d'un Brun variant
du Bistre au Roux et à l’Isabelle, parfois à l’Olivâtre, qui se
réunissent au gros bout de l’OEuf, en forme de calotte ou de
couronne (Certhilaudinæ, Alaudinæ ct Anthinæ) : du même
fond Blanchâtre, plus ou moins terne, mais avec des taches
plus fines d'un Brun-clair, ou Verdâtre, ou Grisâtre ( Mota-
cillinæ ).
Sur près de cent Espèces que représente la Tribu des Alaudinés,
nous connaissons l’OEuf de deux Espèces de Certhilaudinæ, de
plus de vingt d’Alaudinæ, dans les divers Genres Melanoco-
rypha, Magalophonus, Alauda, Galerida, Otocoris et Macronyx ;
et d'une quinzaine d'Espèces d’'Anthimæ ou Pitpits : et nous
n'avons rencontré aucune exception à ces Caractères.
Ajoutons qu’au nombre des Habitats de l’Ofocoris bilopha,
à laquelle jusqu’à ce jour les Auteurs, même le Prince Ch. Bo-
naparte, n'ont assigné que l'Asie Occidentale et l'Arabie, doit
figurer l’Afrique Septentrionale ou l'Algérie, où l’a rencontrée
assez fréquemment et dénichée le capitaine Loche, par lequel
nous en est arrivé l’OEuf.
Nous ne quitterons pas cette Tribu sans dire un mot de notre
revirement d'opinion, relativement aux éléments de sa compo-
sition. C’est une habitude que nous avons toujours eue, et que
nous voudrions voir prendre par les Méthodistes qui, au con-
traire, affectent sur les motifs de leurs travaux, un silence
d'autant plus absolu, qu’ils y portent des changements plus
fréquents : en telle sorte qu’avec eux la question de décider pour
ou contre, ne paraît jamais résolue aux yeux des adeptes de la
Science.
Entrainé par l'exemple des divers Auteurs, notamment par
celui du Prince Ch. Bonaparte, nous avions détaché les Motacil-
linæ de la Tribu des AZaudidæ, pour les ériger ellès-mêmes au
288 TROISIÈME PARTIE.
rang de Tribu, en la composant de trois Familles Mofacillinæ,
Eupetinæ et Cinclinæ. Nous venons de faire voir que les Cineles
ne pouvaient en aucune façon rester à cette place, nous les en
avons donc éloignés.
Mais, d’un autre côté, en étudiant l’OEuf du Genre Grallina,
dont nous composions, avec les Genres Enicurus et Ewpetes,
notre famille des Eupetine , nous nous sommes aperçu que les
Grallinés ne pourraient non plus aucunement figurer auprès des
Motacillinæ , à cause des affinités Oologiques qui les reportent
au contraire à côté des Muscicapidæ.
De plus, nous nous sommes convaincu que l'OEuf des Enicures
(au moins celui del’Enicurus Leschenaulli) ne saurait non plus
appartenir aux Motacillidæ , ses caractères se rapprochant
beaucoup plus, à la rigueur, des Merles où les plaçaient Vieillot
et Guvier , surtout de ceux du Genre Zxos, ou même des Drongos
auxquels les réunissait Lesson (1).
Force nous est donc de renoncer à cette Tribu des Motacillidæ
qui n’a plus de raison d’être, et de refondre de nouveau les
Motacillinæ dans les A/audidæ, dont ils ne peuvent plus être
détachés.
Quant aux Enicures et aux Grallinés, indépendamment de
leurs caractères Oologiques, la présence de longues et fortes
Soies à la base de leur bec suffirait à elle seule pour motiver
leur déplacement dans le sens que nous indiquons , sans parler
des habitudes du dernier de ces Genres, Grallina que les Notes
Manuscrites de J. Verreaux nous retracent de la manière sui-
vante, pour l’une des Espèces, la Grallina cyanoleuca, dont
l’OEuf fait l’objet de nos observations :
« Gette Gralline existe en assez grand nombre à la Nouvelle-
Angleterre. A l’époque des accouplements, on ne voit ces
(4) Traité d'Ornithologie.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 289
Oiseaux que par paire; ils se réunissent ensuite, ou on les ren-
contre toujours au nombre de quatre ou cinq. Cette Espèce se
tient le plus souvent sur le bord des eaux, et, si elle se perche,
elle semble choisir les arbres les plus élevés. Sa nourriture
principale consiste en Insectes; son eri est : pi-wit-pi-wit ; elle
le fait entendre assez fréquemment lorsqu’elle est perchée, et le
cri est souvent répété par une autre placée sur un arbre voisin.
Cette Espèce établit souvent son nid sur des Eucalyptus. Ce nid
est composé de terre, avec quelques herbes très fines dans
l’intérieur ; il est de forme ronde, et coupé très nettement vers
le haut : sa forme est aussi bien arrondie qu’une tasse ; il est très
solidement fait. » (1).
Cette nidification n'a certes aucun rapport avec celle des
Bergeronettes ( Mofacillinæ).
Troisième Division,
Déodactyles Dentirostres.
1 GROUPE.
Dentirostres Marcheurs — Dentirostri insessores.
TREIZIÈME TRIBU.
FORMICARIDÉS — Formicarideæ.
Dans les Formicaridés, nous ne connaissons rien des Afelor-
nithinæ, des Formicarinæ et des Ornythonycinc.
La Famille des Pittinæ (Brèves) se distingue par la Forme
Globulaire ou Sphérique de son OEuf ( Pitta cyanura) ; celle des
Megalonycinæ, par l'OEuf de Forme Ovée et d’un Blanc pur,
piqueté de quelques rares points d’un Brun noirâtre du Péerop-
tochus albicollis. /
(1) Zool. Austr. et Tasman. Mss
290 TROISIÈME PARTIE.
Le Ménure, type de la Tribu des Menuridæ, notre quator-
zième Tribu, avec son OEuf, aujourd’hui connu grâce à Gould,
reste toujours une énigme en Ornithologie, énigme que la
Science devrait s’efforcer de déchiffrer avant que le Type n’en
soit disparu. Cet OEuf est aussi isolé des autres produits Ovariens
que l’Oiseau lui-même l’est de ses congénères : car, s'il a des
analogues pour sa Forme, qui est Ovée, il n’en a aucun pour sa
Coloration, qui n'a d’affinité nulle part dans la Série, relative-
ment à sa teinte d’un Gris fuligineux uniforme, rehaussée de
taches confuses de même Couleur, plus foncées et comme
noirâtres, et n’apparaissant à la surface de la Coquille que d’une
manière nuageuse. /_
QUINZIÈME TRIBU.
LES TURDIDÉS — 7'urdidæ.
Are FAMILLE. — T'hamnophilinés (Thamnophilinæ).
Les Thamnophilinés , que nous avons compris dans cette Tribu,
en en faisant la première Famille, parce que, aussi bien que les
Turdinæ, ïils sont buissonniers et marcheurs, offrent la même
somme et la même variété de rapports en Oologie qu’en Zoo-
logie, en sorte qu'ils sont tout aussi difficiles à classer d’après
leur OEuf, que d’après leurs propres Caractères organiques. Les
Thamnophiles rentrent en effet selon leurs Genres et selon leurs
Espèces, tantôt dans les Muscicapidæ ou les Tyrannidæ (Tham-
nophilus ruficollis); tantôt dans les vrais Turdinæ (Th. ruji-
ventris) ; l'OEuf du premier étant d’un Blanc sale, strié et tacheté
perpendiculairement d’un Violet-Noirätre plus massé au gros
bout; et celui du second étant d’un Vert uniforme, comme ceux
de certaines Grives et de certains Merles. Il faut donc attendre,
à leur égard, que l’on connaisse l’OEuf d’un plus grand nombre
d’Espèces pour songer à les classer d’une manière satisfaisante.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 294
En sorte que nous renoncerons à établir une Diagnose Oologique
pour cette Famille, qui demande, sous ce rapport, à être
étudiée sérieusement et avec tout autant de soin qu’en a mis
M. Sclater, pour en faire la savante et difficultueuse Mono-
graphie. (1)
Nous en dirons tout autant des deux Familles suivantes : les
Agriornithinæ et les Picnonotinæ ; quoique les premiers offrent
un certain ensemble par leur OEuf ou tout Blanc (Pepoaza,
Muscisaxicola fluvicola), ou Blanc marqué de points rares d’un
Rouge-Brique se déteignant en Rose-Carné. Car, pour les
seconds , nous ne connaissons l’OEuf que de trois Espèces; celui
de l’Importun du Cap (Andropadus importunus) qui rappelle
un peu par la disposition de ses taches Brun-clair et Grisâtres,
l'OEuf des Pies-Grièches ; et celui du Zxos chrysorhœus et Psidii,
moucheté de points et de taches d’un Violet-Rougeâtre sur un
fond Blanc-Rosé; rappelant par leur aspect, au surplus, l’'OEuf
des Cinclorhamphus, avec lesquels ils demandent à être minu-
tieusement comparés, et dont ils ne devraient même être guère
séparés : ce qui nous décide, dès aujourd’hui, à les retirer de
nos Timalinæ pour les réunir ici à nos Picnonotine.
4e FAMILLE. — T'urdinés (Turdinæ).
Cette Famille offre un certain intérêt Oologique , en ce sens
que c’est une de celles dont on connaisse l’OEuf d’un assez
grand nombre d’Espèces. Elle offre, à ce point de vue, deux
Coupes bien tranchées : celle composée d’OEufs à fond Vert
uniforme, parfois quelque peu piqueté de noir, tels que ceux
de notre Grive commune, Turdus Musicus; et celle composée
d’OEufs à fond légèrement verdâtre, recouvert de nombreuses
(4) A draft Arrangement of the Genus Thamnophilus. From the Edimburg
New Philos. Journ. 1855.
292 TROISIÈME PARTIE.
mouchetures Brunes, variant du Brun-foncé au Brun-rougeûtre
et au Brun de brique, type de l’OEuf de notre Merle commun,
Turdus Merula.
Parmi les OEufs d’un Vert luisant et tiqueté de noir, nous ne
connaissons encore que l'OEuf des T. Musicus, Iliacus, d'Eu-
rope, et Densirostris, des Antilles.
Nous croyons qu'il faudrait renoncer à l’ancienne habitude
que nous avons prise en Europe, et qui ne saurait faire loi pour
les Ornithologistes des autres parties du Monde, de considérer
comme vraies Grives les 7. Viscivorus et Pilaris , dont l’OEuf,
celui de cette dernière surtout ne représente qu’un véritable OEuf
de Merle, et par conséquent en arriver à les isoler de ce que nous
considérons comme seules Grives, et à les ranger avec les Merles.
Nous connaissons, jusqu'à présent, un assez grand nombre
d'OEufs Vert-uni et sans taches, ce sont ceux des T. mustelinus,
Wilsoni, migratorius, carbonarius, solilarius, felivox, minor
et Herminieri. Il est remarquable que ce soient toutes Espèces
de l'Amérique Septentrionale, à part la dernière, de la Guade-
loupe.
Quant aux autres Turdinés, ils rentrent tous dans le caractère
de l’OEuf si commun et si connu du T. merula.
On peut être quelque peu surpris de voir qu'il en soit de même
pour toutes les Espèces du Genre Orphée ou Moqueur, Mimus,
dont l’OEuf n'offre aucun caractère différentiel d'avec celui de ce
dernier. C’est le premier exemple frappant, que nous rencontrions,
de cette dissidence entre le caractère Zoologique bien tranché du
Genre et celui que fournit l'inspection de l’OEuf.
D’après ce qui précède, on pourrait créer, pour celles des
Espèces du Genre Turdus, que nous prenons pour Grives propre-
ment dites, par leur OEuf, un Genre sous le nom de Iliacus,
que nous proposons pour les 7. musicus , iliacus et densirostris,
et pour les autres Espèces qui viendront s’y joindre par la suite
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 293
et réserver la dénomination Générique de Turdus pour toutes les
Espèces dont l’'OEuf est analogue à celui du T. merula; ce qui
n'empêcherait pas de le diviser en Turdus pour toutes les Espèces
à OEuf Vert-uni et sans tache, et en #erula pour toutes les autres,
et conserver toujours le Genre Mimus , malgré le silence ou l’in-
suffisance des caractères de son OEuf, qu'on ne saurait renvoyer
dans une autre Famille, ainsi que l’a fait en dernier lieu le Prince
Ch. Bonaparte, qui le place au milieu de ses Timalidæ (1). Le
Turdus Iliacus prendrait dès lors le nom de Zliacus illas, du
nom que lui imposa Gessner, ou de Zliacus minor.
En résumé, les caractères Oologiques des Turdinés, d’après
l'inspection de près de quarante Espèces à notre connaissance,
sont les suivants :
Forme — Ovalaire ou Ovée.
Coquille — d'un grain fin, Blanc et assez luisant.
Couleur — Verte avec points noirs (Zliacus); Verte unie et
sans taches (Turdus);, Verte tachetée de Brun plus ou moins
rougeâire (Merula et Mimus).
de FAMILLE. — Saxicolinés (Saxicolinæ ).
Séduit, comme toutes les intelligences d'élite, par ce qui a
l'apparence d’une idée nouvelle et par conséquent sérieuse, le
Prince Ch. Bonaparte, après qu’on lui eüt fait voir les nuances
qui distinguaient l'OEuf des Saxicolinæ de celui des Turdinæ,.
s’en exagéra les caractères différentiels, en séparant ceux-ci de
ceux-là, par ses Calamoherpinæ (Types Rousserolle et Effarvatte),
et ses Sylviinæ ou Fauvettes, dans son Conspectus. Revenu
bientôt à un sentiment plus réfléchi, il vit que la différence de
l'un à l’autre n’était pas aussi grande qu'il se l'était figuré ; et en
4854, il finit par mettre les Saxicolinæ, comme nous l’avions
(1) Notes Ornith. sur les Coll. Delaltre, 1854.
294 TROISIÈME PARTIE.
déjà fait nous-mèême, tout à la suite des Turdinæ, dont ils ne
sont guère séparables.
Ainsi que cette dernière Famille, en effet, celle des Saxicolineæ,
telle que nous l’avons composée depuis longtemps, est assez
homogène , Oologiquement parlant : et ici l'observation Oologique
devient non seulement le complément, mais même la règle de la
méthode.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain fin, un peu luisant et Blanc.
Couleur. — Fond variant du Bleu-Verdâtre au Vert päle ou
Blanchâtre, où uni et sans tache , ou, selon les Genres et les
Espèces, très-légèrement tacheté de Rougeâtre.
Ces caractères sont ceux , entre autres Genres, des Petrocincla,
Petrocossyphus, Dromolæa , OEnanthe, Saxicola, Pratincola,
Accentor, Siala; et dans les Pefroica, du P. fusca; dans les
Ruticilla, du R. Phœnicura.
Le Ruticilla Thytis de l’ancien Continent et le Genre Sericornis
de la Nouvelle-Holïlande font exception, par un fond Blanc uni-
forme et sans tache.
Nous pensons que c’est à tort que le Prince Ch. Bonaparte retire
les Accenteurs, dont il fait une Sous-Famille, des Saxicolinæ,
pour les reporter à la suite des Sylviinæ et des Calamoherpinæ.
2e GROUPE.
Dentirostres suspenseurs — Dentirostri suspensi.
Nous avons fait suivre, en 4852, la Tribu des Turdide de
celle des Trogloditidæ. Depuis, en étudiant de plus près les
mœurs et l'OEuf des Oiseaux qui composent cette dernière, nous
nous sommes convaincu que l’on était dans une erreur commune
à tous les Ornithologistes , en choisissant les éléments sur lesquels
on fait ordinairement reposer cette Tribu ou Famille.
À
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 295
Ainsi, on y fait entrer d'habitude les Ramphocincles, les Tryo-
thores, les Ramphocènes, les Tatarés, dont la manière de vivre
n’a aucun rapport avec celle de l'Oiseau d'Europe dont on en a
fait le type de dénomination et cela en se fondant sur certaines
analogies de conformation du bec.
Mais que fait donc notre Troglodyte? Il est familier, ne fré-
quente presque jamais les roseaux ni les marécages; il fait son
nid ou dans les cabanes, ou sous des toits de chaume ou de
bruyère, ou dans des fagots, ou dans des broussailles presque
toujours sèches, en façon de boule assez informe à l'extérieur,
avec une entrée latérale : son OEuf, d’une Forme Ovale globulaire,
est Blanc piqueté de petits points Rougeâtres réunis au gros bout.
Que font, au contraire, les Tatarés, les Tryothores, et les
Ramphocènes , sans parler des Ramphocincles ?
Ils fréquentent exclusivement les lieux marécageux et les hautes
plantes qui s’y trouvent; parcourent les tiges de ces dernières à la
manière de nos Rousseroles (Calamoherpe Turdoïdes); y fixent
même leur nid comme elles, ouvert par le haut, et enfin ont un
OEuf généralement d’un fond teinté de Jaunâtre et de Rougeûtre,
grivelé de petits points plus foncés si fins, que la Coquille n’en
paraît que d’une Couleur uniforme.
Ce sont donc de vraies Fauvettes de roseaux, qui n’ont que faire
de se trouver en compagnie de Troglodytes. C’est même une vérité
que le Prince Ch. Bonaparte avait commencé à sentir, après avoir .
terminé la première partie de son Conspectus; et dont, s’il eut
vécu encore pour le bonheur de la Science dont il est la plus belle
Illustration, il se fut entièrement pénétré : car, en 1854, il retirait
le Genre Tatare de ses Troglodytinæ, qui figurent dans ses Malu- _
ridæ, pour le transporter dans sa grande Famille des Turdidæ,
en tête de la Section des Calamoherpinæ, sa seule et véritable
place. Or, c’est ce qu’on ne peut plus s’empêcher de faire pour les
autres Genres dont nous venons de parler, les raisons qui militent
296 . TROISIÈME PARTIE.
en faveur du premier militant également en faveur de ceux-ci; et
c'est ce que nous pratiquerons nous-méême dès aujourd’hui, en
nous occupant de nos Sylvido.
Pour faire suite aux Turdidæ qui précèdent, nous remplacerons
donc les Troglodytidæ par les Timalidæ, que nous composons
des deux Familles : Pomathorinæ et Timalinæ.
SEIZIÈME TRIBU.
TIMALIDÉS — Timalidæ.
Âre FAMILLE. — Pomathorinés (Pomathorinæ).
Cette Famille, que nous composons des Genres Zoothera,
Pomathorinus, Pellorneum, Atrichia, Sphenurus, Stipiturus et
Amytus, ne nous est révélée que par l’OEuf de deux Espèces de
Pomathorinus : P fsupersiliosus et P. trivirgatus, et d’une Espèce
de Sfipiturus.
CARACTÈBES OOLOGIQUES.
Forme — Ovée.
Coquille — d’un grain assez fin, légèrement luisant et Blanc
intérieurement.
Couleur — d'un Blanc Gris-Brunâtre, moucheté de Brun-clair
et marbré de quelques veines sinueuses d’un Brun plus foncé
(Pomathorinus), ou d’un fond Blanc tiqueté de taches d’un Rouge-
Brique, réunies en plus grand nombre au gros bout.
Cet OEuf rappelle assez par son système de coloration, ou plutôt
de maculature, celui du Brachypterix capistrata, qui pourrait
rentrer avec avantage dans les Timalinæ, ainsi que l’y a compris
le Prince Ch. Bonaparte; il rappelle aussi celui du Promerops
cafer.
Du reste, nous ne considérons la Famille des Pomathorinæ, de
même que celle qui va suivre, des Timalinæ, que comme à l'état
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 297
d’ébauche, et destinée à subir encore de nombreuses modifications
jusqu’à ce que l’OEuf des Genres dont se compose chacune d'elles,
soit suffisamment connu. |
Le Prince Ch. Bonaparte y a déjà introduit, depuis son Cons-
pectus, d'importantes améliorations.
2e FAMILLE. — Timalinés (Timalinæ).
L’absence d'éléments Oologiques suffisants pour bien caractériser
cette Famille nous engage à la laisser provisoirement telle que
nous l'avons composée : des Genres Hacronus, Megalurus, Cra-
leropus, Donacobius, Timalia, Mixornis, Cinclosoma et
Sphenostoma, moins le Genre Cincloramphus, que nous en
avons distrait pour le joindre aux Picnonotinæ. Nous ne connais-
sons en effet que l’OEuf d’un Crateropus et celui de deux Cinclo-
soma.
CARACTÈRES OOLCGIQUES :
Forme — Ovalaire (Crateropus et Megalurus), ou Ovée
(Cinclosoma).
Coguille — d'un grain assez fin, peu luisant et Blanc intérieu-
rement.
Couleur — d’un fond Blanc sale ou grisätre, couvert d’un
cendré brun ou maculé de taches Brunes plus ou moins olivâtres,
réunies en plus grand nombre au gros bout (Crateropus et Cinclo-
soma), où d’un fond Blanc-Verdâtre avec quelques larges taches
rares d’un Rouge sanguin (Megalurus).
L'OEuf du Crateropus que nous possédons offre même quelque
analogie de Coloration avec celui des Pomathorins ; car, à part les
veines où marbrures de ce dernier, il a le même aspect pour le
fond grisâtre et le grivelé brunâtre qui le recouvre.
298 TROISIÈME PARTIE.
DIX-SEPTIÈME TRIBU.
SYLVIPARIDÉS — Sylviparideæ.
Are FAMILLE. — Sylviparinés (Sylviparinæ).
Nous n’en connaissons aucun OEuf. /
2e FAMILLE. — Pardalotinés (Pardalotinæ).
CARACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — d'un Grain assez fin, peu luisant et Blanc.
Couleur — d'un Blanc pur et sans taches (Pardalotus); d'un
Bleuâtre uni, avec quelques rares points noirs (Bombycilla).
3e FAMILLE. — Falcunculinés (Falcunculin®æ).
On ne connaît l’OEuf que du Falcunculus leucogaster, figuré
par Thienemann (1).
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — d’un Grain fin, peu luisant et Blanc.
Couleur — d’un fond Blane tacheté irrégulièrement de points
et mouchetures brunâtres.
DIX-HUITIÈME TRIBU.
PARIDÉS OU MÉSANGES — Parideæ.
Are FAMILLE. — Parinés (vraies Mésanges) — Parinæ.
Les caractères Oologiques dans cette Famille viennent confirmer
les données de la Science et justifier par conséquent la composition
(1) Planche xxx, fig. 18.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 299
qui en a été faite. C’est même l'exemple le plus frappant de l’insuf-
fisance des caractères purement organiques en saine Ornithologie,
puisque chaque Espèce de Mésange est devenue en quelque sorte
le type d’un Genre fondé sur ces derniers caractères qui varient
d’une Espèce à l’autre. Et, malgré cette incohérence dans les
signes devenus réglementaires pour tout Méthodiste, ils ont dû
céder, pour ce Groupe, devant l'identité des mœurs de ces
Oiseaux. Cette remarque est plus que suffisante pour justifier, en
bien des cas, les inductions que nous tirons de l’étude de l’enve-
loppe extérieure de l'OEuf, au mépris parfois, ou plutôt en dehors
de toute forme de bec ou de pied.
CABACTEBES QOOLOGIQUES :
Forme — variant de la Forme Ovée allongée à la Forme Ovée
globulaire.
Coquille — à Grain très-fin, Blanc et peu luisant.
Couleur. — Celle du Grain de la Coquille, d’un Blanc pur, ou
sans aucune tache ou maculé de quelques points Rouge-Brique
réunis en plus grand nombre au gros bout.
Nous devons dire cependant que c’est avec la plus grande
réserve que, cédant à l'exemple, nous nous décidons, encore au-
jourd’hui, à comprendre dans la Famille des vraies Mésanges ou
Paridæ, l'intéressant Rémiz (Paroïdes). Cet Oiseau devrait, à
notre sens, entrer dans les éléments d’une Famille à part, qui est
encore à constituer, et à laquelle viendraient se réunir plusieurs
Familles ou au moins plusieurs Genres disséminés dans la grande .
Tribu des Sylviidés, tel entre autres que le Genre américain
Trichas, qui fait également son nid en forme de bourse et le
suspend aux branches. Le bec du Rémiz, si exceptionnel dans la
Famille des Parinæ, est en effet dans les plus intimes rapports
de convention avec son art et son œuvre de véritable Oiseau
Tisseur ou Tisserand, qui a donné lieu à tant et de si minutieuses
300 TROISIÈME PARTIE.
descriptions de son nid, depuis Aldrovande, en passant par
Buffon et Guettard, jusqu'à M. Moquin-Tandon (1), et plus
récemment encore M. Taczanowski, de Varsovie (?).
C'est une remarque à laquelle aucun de ces Naturalistes n’a
jamais songé, et qui offre toute une étude sérieuse à faire pour
l'Oologiste, comme pour l’Ornithologiste.
Cette innovation, si nous ne l'avons pas faite, nous en avons
du moins posé les premiers jalons, en constituant notre Tribu
des Paridæ des trois Familles Parinæ pour les vraies Mésanges,
que nous terminons par le Genre Paroïdes , Rémiz ; Ficedulinæ
pour les Becs-Fins, qui se rapprochent le plus du Rémiz pour les
mœurs et la nidification, et que nous commençons en consé-
quence par le Genre Trichas, qui lui ressemble le plus sous ce
rapport; et enfin Troglodytine, qui les rélient aux vraies
Fauvettes (3). /_
2e FAMILLE. — Ficédulinés (Ficedulinæ).
Nous ne connaissons aucun OEuf, quoique nous connaissions
en partie son mode de nidification, de cette Famille, que nous
composons des Genres Trichas, Ægithina, Hylophilus, Fice-
dula et Campylorhynchus, tous Américains. Nous excepterons
l'OEuf d’une Espèce d'Hylophilus, H. cyanoleucus, figuré par
Thienemann (4), et qui serait de Forme Ovée, à Coquille Blanche,
grivelée de Rouge-Brique.
3e FAMILLE. — roglodytinés ou Roïtelets (Troglodytinæ).
C'est ici que nous pensons que doivent se placer, et que nous
placons dès aujourd’hui nos Troglodytinés, non plus composés des
(1) Rev. et Mag. de Zoo. Mars 1859.
(2) Id.. — ibid. Juin 1859.
(3) Voir Encyclop. d'Hist. Nat. Ois., T. IN.
(4) Fortpflanzungsgeschichte der gosanunten Vogel. PI. 19, f. 8, a-b.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 304
Genres Américains Ramphocænus, Tryothorus et Ramphocinclus,
que nous avons démontré être de vrais Becs-Fins, ou Fauvettes,
mais composés uniquement du Genre type Troglodytes, auquel
nous réunissons le Genre PAyllopneuste ou Pouillot, qui n’en peut
être séparé ; plus les Genres Acanthiza, Regulus et Zosterops.
Les Troglodytes et les Pouillots, en effet, outre leur manière
commune de vivre, donnent à leur nid la forme d’une boule avec
une entrée latérale; et leurs OEufs semblent emprunter à cette
communauté de mœurs et d’habitudes, leur communauté de ca-
ractères, que viennent partager entièrement les Acanthyses, et,
d’une manière un peu moins intime, les Roitelets : les Zostérops
seuls font exception à l'harmonie Oologique de cette petite Famille.
CARACTÈRES COLOGIQUES.
Forme — Ovée, plus ou moins globulaire.
Coquille — à grain très-fin et très-Blanc.
Couleur — d’un Blanc pur, ou sans taches, ou maculés de points
Rouge-Brique plus nombreux au gros bout (Troglodytes, Phil-
lopneuste, Acanthiza, Regulus); ou d’un Vert pâle, uniforme et
sans taches (Zosterops).
DIX-NEUVIÈME TRIBU.
SYLVIIDÉS — Sylviideæ.
Are FAMILLE. — Tryothorinés (Tryothorin«æ).
Les mèmes raisons d'harmonie nous font définitivement placer
ici la plus grande partie des Genres dont nous composions jadis
notre Famille des Troglodytinés, tels que les Genres Ramphocinc-
tus, Tatare, Tryothorus et Ramphocwnus, nous laissant trop
facilement entraîner par l'exemple irréfléchi de nos prédécesseurs ;
car il nous faut toute autre chose qu’une analogie de couleur et de
302 TROISIÈME PARTIE.
nature de plumage pour réunir des Espèces ou des Genres de
manière à en former une Famille.
Nous le répétons donc : tous les Oiseaux sur lesquels reposent
nos divers Genres sont de véritables Fauvettes, ayant exelusi-
vement les habitudes des Fauvettes arundinicolles et ne possédant
aucune de celles de notre Troglodyte Européen.
CABACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — Ovée plus ou moins obtuse.
Coquille — à grain fin et Blanc.
Couleur. — Fond Blanc, parfois d’un Jaune-Rosé, tiqueté de
petits points Rouge-Brique.
2e FAMILLE. — Calamoherpinés (Calamoherpinæ).
Chaque Genre, dans cette Famille, comme dans bien d’autres, a
en quelque sorte soit sa Couleur propre, soit son mode particulier
de Coloration. Il en est ainsi pour les principaux d’entre eux, tels
que les Genres Orthotomus, Calamoherpe, Cysticola et Cettia ;
ce qui vient justifier le fractionnement Générique que l’on a fait
des Oiseaux renfermés dans cette Famille. Mais les vraies Calamo-
herpe sont remarquables par l’affinité qui lie l’OEuf des unes à
celui des autres; on ne peut en juger mieux qu’en ayant sous les
yeux : Calamoherpe Turdoides, C. palustris et C. arundinaceus,
qu'on les trouve, surtout la première, en Europe, en Afrique ou
en Asie. Un autre petit Groupe se distingue encore dans cette
Famille : c’est celui qui pourrait se former des Locustella, Curruca
Ruppellii, Melisophilus provincialis et Cettia sericea; ce qui
semblerait mettre en défaut la séparation qu'a faite le Prince
Ch. Bonaparte de la seconde et de la troisième de ces Espèces en
mettant le Ruppellii dans les Saxicolinæ, mais ce qui relie mer-
veilleusement ce même Groupe au Genre Hegalurus qui commence
la Famille des Calamoherpine.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 303
CABACTÈRES OOLOGIQUES.
Forme — Ovée plus ou moins globulaire ou obtuse.
Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement et légèrement
luisant.
Couleur. — Le fond passant à tous les tons, du Rouge-Brique
ou Rosé (Orthotomus et Cettia) au Vert clair (Cysticola) et au
Blanc pur, ou uniformes, ou recouverts de taches plus ou moins
fines, ou Grises, ou Brunes, ou Rougeâtres, ou Verdâtres, parfois
avec une ou deux veines de marbrure.
3e FAMILLE. — Sylviinés ou Fauvettes (Sylviinæ).
Mème observation pour cette Famille que pour la précédente ;
mais elle n’est, chez aucun Genre, plus remarquable par sa cons-
tance que chez les Genres Philomela et Hyppolaïs par dessus
tout : ainsi, sur sept Espèces dont se compose ce dernier, les cinq
connues offrent en tout point le même caractère, sauf un degré de
plus ou de moins dans la teinte du fond; ce sont Æ. olivetorum,
Elaïca, Salicaria, polyglotta et icterina.
CARACTÈBES OOLOGIQUES.
Forme — Ovalaire ou Ovée.
Coquille — d'un grain fin, Blanc intérieurement, plus ou
moins luisant, beaucoup plus chez Philomela, beaucoup moins
chez Hyppolaiïs.
Couleur — d'un Vert-Bronze ou Olive uniforme, recouvert d’un
grivelé de même Couleur entièrement perdu dans la nuance du
fond (Philomela), ou marbré de Brun de diverses nuances (Sylvia
et Curruca), ou d’un fond Rosé plus ou moins intense, tiqueté
de points rares (Hyppolaïs).
Quant au Genre Philomela, le caractère Oologique s'accorde
assez avec la dernière idée du Prince Ch. Bonaparte, qui le réunit
304 TROISIÈME PARTIE.
avec ses Luscinieæ à sa Sous-Famille des Saæicolinæ dont ce
Genre sert de passage aux Sylviinæ; opinion à laquelle nous ne
sommes pas éloigné de nous rallier. Aussi, dans notre Collection,
en avons-nous fait l'application en rangeant les OEufs des Philo-
s Ê à . =
melæ à la suite de ceux des Saxicolinæ./
3° GROUPE.
Dentirostres Percheurs — Dentirostri Arborei.
Nous avons divisé cette Sous-Division en deux Sections :
Dentirostres Percheurs à bec déprimé, Depressirostri;
Et Dentirostres Percheurs à bec comprimé, Compressirostri.
La première Section renfermant trois Tribus : les Muscicapidæ
ou vrais Gobe-Mouches, les Tyrannidæ ou Tyrans, et les
Ampelidæ ou Cotingas, qui forment nos vingtième, vingt et
unième et vingt-deuxième Tribus de nos Passereaux Déodactyles
Dentirostres.
Les Caractères Oologiques des deux premières de ces Tribus ont
une telle généralité et une telle communauté d’aspect ou d’en-
semble qu’il devient réellement tout aussi difficile d’en classer les
diverses Familles d’après ces Caractères que d’après les Caractères
Organiques admis et suivis par les Méthodes ordinaires. Inutile
donc d'entrer dans aucun détail à ce sujet.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée plus ou moins obtuse ou Ovalaire.
Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement et peu
luisant.
Couleur. — Le Système de Coloration le plus accusé consiste
en mouchetures affectant ordinairement, surtout chez les Tyran-
nidés, la forme de larmes, partant d’un centre commun, qui est
le gros bout de l'OEuf, pour se répandre en s’éclaircissant jus-
qu'aux deux tiers de sa longueur : en général, ces taches forment
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 305
une couronne. Dans cette dernière Tribu , exclusivement Améri-
caine, le fond de la Coquille est toujours d’un Blanc Jaune-Rou-
geâtre, et les taches sont d’une Couleur Brun-Violet fort agréable
à l’œil : c’est dans une Collection, avec les OEufs des Mellipha-
gidæ, la plus jolie suite qui se puisse voir.
Dans son dernier travail, le Prince Ch. Bonaparte est revenu à
une appréciation plus saine de la véritable place que doivent
occuper dans la Série les Artamidæ ou Langrayens, qu'il placait,
comme S. W. Jardine (1), dans son Conspectus, à la suite des
Hirondelles (faisant, à notre sens, la même erreur que M. Gray
dans son Genera, en séparant les Bucconidæ des Capitonidæ) ;
et cela à cause de leur manière, commune aux unes et aux autres,
de voler et de chasser, et aussi à cause de quelques analogies dans
leur système alaire : quoique le reste de leurs habitudes et surtout
le caractère Oologique les éloignât considérablement. Car l’OEuf
des Artamineæ est un véritable OEuf de Muscicapinæ, nous dirions
presque de Laniinæ, ou Pie-Grièche : c’est au point que celui de
l’Artamus albovitatus, de la Nouvelle-Hollande, ressemble, sauf
la dimension plus petite, pour la Forme, le Système de Colora-
tion et même pour la teinte des taches, à celui du Lanius nubicus
du Sud de l’Europe.
Nous ne dirons rien des Ampelidæ , dont nous ne connaissons
aucun OEuf.
Cette dernière Tribu a été composée par nous de deux Familles :
les Gymnoderinæ , renfermant les Genres Coracina, Cephalop-
terus, Gymnocephalus et Gymnoderus; et les Ampelinæ ,
renfermant les Genres Tijuca, Chasmarhynchus, Ampelis, Car-
pornis, Xipholena, Phibalura, et Procnias (?)
La publication que vient de faire dernièrement M. Sclater (3) de
(1) Contrib. of Ornithol. 1849.
(2) Encycl. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. V, p. 304-308.
(3) The Ibis a Mag. of Gen. Ornithol. Jan. 1859. .
21
306 TROISIÈME PARTIE.
la description et d’une Espèce de Céphaloptère qu'il donne comme
nouvelle, sous le nom de Cephalopterus penduliger, nous a
remis en mémoire des observations que nous avons déjà eu occa-
sion de faire, il y a trois ans (1), et que nous allons reproduire,
pensant qu'elles pourraient peut-être s'appliquer aussi à cette
dernière Espèce.
On ignorait encore, disions-nous, la véritable Zône d’habita-
tion de ce Genre si curieux. Jusqu'à l’époque de la publication
des Planches Enluminées de Temminck, on l'avait cru origi-
naire du Brésil. Cet Ornithologiste émit alors une opinion con-
traire à l'opinion régnante, sans pouvoir administrer d’autres
preuves qu’une de ces raisons instinctives que donne seule la
connaissance approfondie d’une Science, et qu'il exprimait ainsi :
« On le suppose originaire du Brésil ; mais je doute que ce soit
sa patrie, car les nombreuses excursions faites par les Naturalistes
dans ce pays n’ont point encore fourni d’autres individus que celui
déposé à Lisbonne, et le sujet rapporté par M. Geoffroy. Nous
croyons que ces Oiseaux, envoyés du Brésil, ou plutôt de Rio-
Janeiro, la ville capitale, y ont été apportés du Pérou et des côtes
du Chili, car, sans doute, on eut retrouvé l’Espèce, si en effet
elle était originaire de quelques provinces du Brésil, le pays du
Globe, après l’Europe sans doute, le mieux exploité sous le
rapport de ses productions dans les trois Règnes de la Nature. »
Les recherches et les découvertes de M. de Castelnau sont
venues donner en partie raison à Temminck, en démontrant qu'il
était le plus près de la vérité. Car nos Voyageurs n’ont trouvé les
nombreux exemplaires qu'ils ont rapportés de cet Oiseau, que dans
-les régions voisines du Haut-Amazone et de ses affluents, qui con-
finent, la plupart, au Pérou, et peu ou point dans le Brésil,
(1) Oiseaux de l'Amérique du Sud (Expédon de Castelnau); et Rev. et
Mag. de Zool. Mai 1859.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 307
encore moins dans le Chili. Il faut donc désormais supprimer le
Brésil des indications d’habitat du Céphaloptère.
Voici ce qu’en dit M. de Castelnau, dans l’Historique de son
Voyage de Matto-Grosso à la frontière de Bolivie, sur les bords du
Rio Allegro :
« Je désirais depuis longtemps me procurer un Oiseau de ces
Régions, le curieux Céphaloptère, ressemblant à un Corbeau, mais
dont les plumes de la tête sont disposées de manière à former un
parasol naturel. On nous en avait souvent parlé à Valla-Maria, où
il est connu sous le nom de Pavad-preto. Il se trouve vers le Rio
Cabaçal et dans quelques autres affluents du Paraguay. À Matto-
Grosso tout le monde le connaissait, et l’on m'avait dit que nous
_ étions certains de le rencontrer sur le Rio Allegro. En effet, vers le
soir, nous entendimes un très-fort cri, que nous comparâmes au
mugissement d'un Bœuf, et l’Oiseau tant désiré passa rapidement
le long de la rivière, mais se cacha dans l'épaisseur du bois avant
que nos chasseurs pussent le tirer. Nous avons, depuis, retrouvé
cette Espèce sur le Haut-Amazone, et nous avons su plus tard que
les Indiens lui donnaient un nom significatif dans la langue
Quichna : l’Oiseau-Taureau, Tauwro-pichco. Pendant mon séjour
à la Paz, j'appris qu'il n’était pas rare dans les Yungas ou Vallées
chaudes qui s'étendent à l'Est de l’Illimani. Enfin, nous en vimes
des débris dans les ornements que portent les Sauvages de l’Ucayale.
Je puis donc dire, avec certitude, qu’il habite toute la région brû-
lante qui s'étend depuis le 60° de Longitude jusqu’au versant
oriental de la Cordillère des Andes ; en Latitude, il paraît habiter
entre le 20 et le 460 Sud (1). Il ne se rencontre guère que le soir.
La femelle diffère du mâle par l’absence du curieux parasol qui
orne la tête de celui-ci. » (2)
(1) De Castelnau, Hist. du Voy. T. III.
(2) Id. HA ADR Xe
308 TROISIÈME PARTIE.
C’est ainsi une page importante de plus, ou, plutôt, une pre-
mière page à ajouter à l’histoire naturelle de cet Oiseau, dont on
ne connaissait, jusqu’à ce jour (4856), que la description; c’est
également un commencement de détails sur les mœurs du Cépha-
loptère.
Mais, une importance plus grande, et d’une toute autre
valeur, s'attache au passage que nous venons de citer de M. de
Castelnau.
Lorsqu’en 4809, il y a juste un demi-siècle, Etienne Geoffroy-
Saint-Hilaire , l’illustre rival, sinon le digne émule du non moins
illustre Georges Cuvier, fit la description de l’exemplaire unique de
cet Oiseau, découvert par lui sur les rayons poudreux du Musée
de Lisbonne, et dont il fit le type du Genre alors nouveau; tout
au rebours des simples curieux, qui ne sont frappés, à la vue du
Céphaloptère, que de son singulier panache, l'attention du pro-
fond Anatomiste, toujours préoccupé des causes finales, fut parti-
culièrement attirée par les longues plumes du jabot, qui parais-
saient, par leur ampleur et leur forme inaccoutumée, lui révéler
un élément organique tout spécial, que son œil exercé semblait
deviner.
« N'ayant vu, dit-il, qu’un sujet empaillé, je ne saurais rien
dire de la portion cutanée qui porte ces longues plumes; cepen-
dant, il est assez vraisemblable que la saillie qu’elle forme est
due à un repli de la trachée-artère; ee qui, si cette conjecture
cest fondée, ramènerait ce long jabot à n’être qu’un goître, tel que
celui de la Grue du Bengale. » (1)
Le célèbre Zoologiste avait vu juste, selon nous ; car, d’après la
force du cri de cet Oiseau, comparé par les Naturels du Haut-
Amazone, comme par M. de Castelnau lui-même, au mugissement
du Taureau, il est peu douteux que la trachée-artère ne doive
(1) Annales du Muséum d'Hist. Nat. T. XII.
A
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 309
former un repli considérable, à l'endroit occupé par ces longues
plumes pectorales, ou fanon, comme les appelaient Geoffroy Saint-
Hilaire, et Lesson, d’après lui. De là le développement et la saillie
extérieure de cette portion de la gorge et de l'estomac. Peut-être
aussi cet appendice organique extérieur ne sert-il à l’Oiseau que
de répercuteur, pour augmenter le volume et l'intensité de sa voix,
sans qu’il soit besoin, à la rigueur, d’un repli de la trachée-artère
sur elle-même. C’est ce que l’anatomie du Céphaloptère ne tardera
sans doute pas à confirmer ; et le succès en est réservé, nous le
désirons, à l’habile Anatomiste Eyton, dont l'intelligent scapel
semble s'être exclusivement consacré à l’Ornithologie.
Il n’a manqué à Geoffroy-Saint-Hilaire, dans cette circonstance,
que de conclure, pour plus de précision, de ce développement
présumé de la trachée-artère, ou de l'extension des muscles pec-
toraux et de leurs attaches, à un plus grand volume de Ja voix,
chez l’Oiseau dont nous nous occupons. Quoiqu'il en soit, et telle.
qu'elle se présente, cette découverte, toute de prescience et de
sentiment, due à la puissance d’induction dont était si éminem-
ment doué le grand Zoologiste, a, pour nous, le même mérite
que la découverte de la célèbre Planète du savant Directeur de
l'Observatoire de Paris, et nous nous empressons de la signaler
au digne fils de Geoffroy Saint-Hilaire, afin que, dans ses Cours
de Zoologie, qui ont tant de succès et de retentissement, il ajoute,
en le faisant valoir pour ce qu’il mérite, ce fait à tant d’autres
qui ont fondé la gloire de son docte père.
Maintenant, ce repli ou développement de la trachée-artère,
une fois irréfutablement constaté, aura-t-il quelque influence sur la
place assignée au Céphaloptère, dans la Série, par les différents
Auteurs? Cest ce qu’il est difficile de dire quant à présent. Toute-
fois, cette disposition trachéo-artérielle, si elle existe réellement,
pourrait trouver son analogie exceptionnelle parmi les Passereaux,
dans le Phonygamme de Kéraudren ; et il serait fort intéressant
310 AS TROISIÈME PARTIE.
alors, à part le caractère essentiellement musical, au dire de
Lesson (l), de la voix de ce dernier, d'établir entre ces deux
Genres d’Oiseaux d’origine si différente, et dont l’un semblerait,
en Amérique, le représentant de l’autre à la Nouvelle-Guinée, une
comparaison qui donnât sa solution à la question que nous venons
de poser.
Jusqu'à ce jour, en effet, tout a été mystère, et tout est resté à
découvrir, où à apprendre, dans ce Genre si curieux du Cépha-
loptère. Le mystère, on le voit, pourrait bien cependant com-
mencer à se dévoiler, et, si nous ne nous trompons, ou si nous
nous en rapportons à certains indices, peut-être le jour est-il prêt
à se faire.
Depuis 14850, d’abord, une nouvelle Espèce tout aussi remar-
quable de Céphaloptère, que possède seule la magnifique Collection
fondée à Philadelphie, par M. Wilson, ce Mécène de la Science,
‘et que M. Gray a fait connaître sous le nom de Cephalopterus
glabricollis, en en donnant la figure (?), est venue s’adjoindre à
l’Espèce unique du C. ornatus.
L’Auteur Anglais ne nous indique pas la taille de cet Oiseau,
mais, en l’admettant semblable à celle du €. ornatus, nous
sommes tenté, et nous ne pouvons nous empêcher de le regarder
comme le mâle, adulte ou très-vieux, de ce dernier. Ce qui nous
pousse à émettre cette idée repose sur les considérations que
voici :
La peau, dans cette Espèce nouvelle, éprouve, au devant du
jabot ou de l’estomac, la même extension et le même développe-
ment que chez le C. ornatus; seulement les plumes, à rachis si
raide, qui ornent et garnissent cette région, ont disparu chez le
C. glabricollis, pour laisser, sur un plus grand espace, la peau à
(1) Zoologie de la CoQuILLE.
(2) Procedings Zoolog. Soc. Illustr. P. 20
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 311
découvert et nue, offrant une surface rugueuse au toucher, et rou-
geâtre à la vue. Le prolongement cutané, qui sort du milieu de
cette surface, existe également dans l’un comme dans l’autre ;
mais, par suite de la disparition du système de ptilose qui la re-
couvre, en le cachant chez le C. ornatus, il se présente, chez le
C. glabricollis, avec la même apparence de nudité et la même
coloration, n’ayant conservé à son extrémité qu’un appendice ou
pinceau de plumes piliformes; car il ne faut pas oublier que le
fanon emplumé du C. ornatus est également détaché et isolé de la
peau de l'estomac, qu’il ne fait que masquer, sans y adhérer, à sa
partie inférieure, par l'épanouissement progressif de ses plumes
depuis le haut jusqu’au bas, et que, pour peu qu’on relève l’extré-
mité de ce pédoncule membraneux, on aperçoit la nudité de la
peau colorée de la même nuance rouge. En un mot, l’assimilation
de l’une à l’autre Espèce pourrait se réduire a cette formule : dtez
les plumes qui garnissent dans toute sa longueur le fanon du
C. oRNarus, en n’en réservant que le bouquet apical, vous avez
un C. GLABRICOLLIS.
Et que l’on ne croie pas que ce soit à la légère, et par une sorte de
manie de scepticisme ou de paradoxe scientifique, que nous nous
livrions à ces considérations. Elles nous sont suggérées par une étude
consciencieuse et approfondie de la Science Ornithologique, et nous
en puisons les éléments dans les termes de comparaison les plus.
naturels que nous fournit la Série de certains Genres d'Oiseaux.
Chacun connaît le Col-nud de Buffon, type du Genre Gymnodère
(Gymnoderus) d'Et. Geoffroy-Saint-Hilaire, cet Oiseau dont les
deux côtés du cou sont dénués de plumes, la peau y apparaissant.
nue et colorée d’une nuance rougeâtre? Cette nudité ne se re-
marque complète que chez le mâle adulte, et n’est jamais plus
accusée ni plus étendue qu’à l’époque des amours ou des noces.
Dans les jeunes, comme dans les femelles, il n’y a pas trace de
cette nudité, les côtés du cou étant, ainsi que les autres parties du
corps, revêtus de leurs plumes, de même nature que celles du
342 TROISIÈME PARTIE.
reste du cou; mais elle est progessive, et augmente, à celte
époque critique, avec l’âge; c’est une gradation des plus faibles et
des plus intéressantes à suivre dans une nombreuse série d’indi-
vidus de cette Espèce.
Or, dans le Céphaloptère à ombelle (GC. ornatus), que voyons-
nous? L’Oiseau, dès le premier âge, de même que la femelle, n’a
qu’une huppe d’abord à peine naissante, ensuite à demi-formée,
et qu'une légère apparence du fanon de l’adulte, lequel ne se fait
remarquer que par une légère inturgescence médiane de la peau de
l'estomac et par la saillie des plumes qui garnissent cette région ;
toute la peau du jabot et de l'estomac est couverte de ses plumes,
comme sont les parties latérales du cou, chez le Col-nud, au
même âge. Tandis qu'arrivé à un âge plus avancé, outre que le
fanon a tout son développement, quoique encore couvert de toutes
ses plumes, l’estomac, lui, a déjà perdu la presque totalité des
siennes, dont l’absence n’est dissimulée que par l'épanouissement
graduel de celle du fanon. Il est conséquemment permis de suppo-
ser qu’arrivé à un degré de plus de son âge et de son développement,
l’Oiseau voit tomber les plumes de son fanon; ce qui doit alors lui
donner toute l’apparence qu'offre le C. glabricollis de M. Gray.
Nous en concluons donc, jusqu’à preuve contraire, ou nous
serions bien trompé, que le C. glabricollis n’est autre chose
que le C. ornatus, arrivé à son état le plus parfait et orné de
sa parure de noces, temps auquel nous ne doutons pas que la
peau dénudée de l'estomac ne prenne plus d'extension, en
même temps qu’une couleur plus vive.
Dira-t-on que s’il en devait être ainsi, il serait bien étrange
que, depuis près d’un demi-siècle que cet Oiseau est connu, on
n’ait pas encore découvert plus tôt d'individus dans l'état du
C. glabricollis? Il n’y aurait rien de plus étrange que l’igno-
rance absolue dans laquelle on est resté, durant le même temps,
du véritable lieu de provenance et d'habitat du Céphaloptère.
Nous avouons cependant qu’une seule objection sérieuse
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 313
pourrait être faite à cette hypothèse, que nous ne donnons,
malgré notre apparente affirmation, que pour ce qu’elle est et
pour ce qu'elle vaut. Et ici, nous éprouvons le besoin de rendre
plus clair en le complétant ce qué nous en avons dit, et dans la
Partie Ornithologiqne du Voyage de M. de Castelnau, et dans le
dernier numéro de la Revue Zoologique.
C'est, d’une part, la distance assez grande du lieu où a été
découvert le Glabricollis (à la Véragua, au nord-est de l’Isthme
de Panama) et celui que fréquente l’'Ornatus.
À cela nous répondrions que s’il ne s’agit que d’une question
de distance, ce serait sept degrés de latitude au-delà de l’Équa-
teur qu’il faudrait ajouter à l'habitat de l’Ornatus, auquel nous
assignons, pour limite extrême, la ligne même de l'Équateur, et
qui, à lui seul, fréquente l'énorme étendue de seize degrés en-decà
de l'Équateur. L'hypothèse de l'assimilation des deux Espèces,
sous ce rapport, ne serait donc ni trop forcée ni trop exagérée.
C'est, d'autre part, la position occupée par l’une et l’autre
Espèce chacune sur un versant différent des Andes : l'Ornatus
fréquentant les Vallées-Chaudes, ou Yungas, sur le versant
Oriental, et le Glabricollis, au contraire, les T'erres-Chaudes,
ou Terra calliente, sur le versant Occidental.
Mais d’abord il y a parité de température entre ces deux sortes
de Régions, ce qui permet certes de les assimiler les unes aux
autres sans hérésie. ù
Ensuite nous savons bien qu’une des Lois de distribution
géographique, reçues en Ornithologie, n’admet pas, dans tout
le parcours des Cordillières, de migration d’Espèces d’un versant
à l’autre, et cette règle existe presque invariablement pour toute
la partie de cette chaîne qui traverse le Chili dans sa longueur.
Mais, à l’Isthme de Panama, outre que cette chaîne s’aplanit et
s’efface singulièrement, elle y est coupée par tant de larges
vallées que la migration d’un versant à l’autre ne nous paraît pas
d’une impossibilité absolue.
314 TROISIÈME PARTIE.
Pour ce qui est de l’Espèce annoncée tout récemment et figurée
dans l’{bis de M. Sclater sous le nom de C. Penduliger (1), le
dessous Blanc de son aile et ses dimensions toutes différentes
nous empêchent seuls, et non sa localité de provenance, de la
soumettre aux mêmes raisonnements hypothétiques que le
Glabricollis, quoique, à part ces caractères différentiels , les
objections et la réponse à y faire pussent être les mêmes. :
2e SECTION. — Dentirostres percheurs à bec comprimé
(Dentirostri compressirostri).
"Trois Tribus : Tanagridæ, Oriolide, Laniidæ.
VINGT-TROISIEME TRIBU.
TANAGRIDÉS — T'anagrideæ.
Les Euphoniinæ, formant la première Famille de cette Tribu,
ont un caractère d’affinité Oologique avec les Musicapidæ et les
Tyrannidæ des plus remarquables.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée très-prononcée.
Coquille — mince, d'un grain assez fin, très-peu luisant et
Blanc dans sa composition.
Couleur — d’un fond Blanc-Jaunâtre, légèrement Rosé, avec
des points Rouge-Brique et Rouge-Sang très-rares sur la surface
de l’OEuf et réunis généralement en forme de couronne autour
du gros bout.
Nous observerons toutefois que ce caractère n’est exclusive-
ment particulier qu’au Genre Euphonia proprement dit, et que
les matériaux sont trop rares et trop peu précis pour nous
permettre de rien prononcer ou même proposer au sujet des
autres Genres de cette Famille.
La même observation s'applique à la seconde Famille de
cette Tribu, les Tanagrinæ, dont un seul Genre, Saltator,
s'offre avec un ensemble de caractères, remarquable d’abord,
(1) The Ibis : Magaz. of gen. Ornith. Jiun. 4859. PL. 2.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 315
et suffisant pour autoriser à en asseoir le diagnose ou la
formule.
CABACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — plus Ovalaire qu'Ovée, ou Ovée assez renflée et
peu acuminée.
Coquille — d’un grain fin, mince, très-uni, Blanc intérieu-
rement et un peu luisant.
Couleur — à fond d’un beau Vert-Bleuâtre , à raies sinueuses,
fines, d’un Noir franc, entourant en général le gros bout en
forme de zône; parfois marqué de points ronds de même
couleur.
Ces OEufs sont fort jolis d'aspect, et rappellent un peu ceux
des Emberizinæ, et ceux des Quiscalinæ, que nous décrirons
bientôt ; mais ils s’en distinguent éminemment par la circons-
cription des veines au gros bout , qu’elles contournent gracieuse-
ment, au lieu de se trouver comme chez ceux-ci, confusément
répandues sur tout le corps de l’OBuf.
Ces caractères paraissent exclusivement propres aux deux
Genres Saltator et Arremon, du moins d’après les sept à huit
Espèces dont on connaisse l’'OEuf; on pourrait cependant y
joindre le Genre Pyrrota. /
VINGT-QUATRIEME TRIBU.
ORIOLIIDÉS OU LORIOTS — Orioliide.
Cette Tribu , qui ne se compose que d’une Famille, nous laisse
dans la même incertitude , au sujet de son classement, tant sous
le rapport Oologique que sous le rapport purement Zoologique :
car on ne connaît l'OEuf que du Genre type de cette Famille,
le Genre Oriolus, le seul dont nous puissions donner les
caractères.
316 TROISIÈME PARTIE.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — purement Ovée.
Coguille — d’un grain fin, mince, d’un Blanc pur et très-lustré.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille d’un Blanc pur,
tacheté de quelques points rares d'un Noir-Brunâtre, irréguliè-
rement répartis.
Ce que cet Ouf offre de plus remarquable, et l'exemple en est
peut-être unique dans la Série, c’est que les quelques taches
d’un Noir-Brun qui en décorent la Coquille ne font pas corps
avec le gluten animal qui en forme le vernis, et n’y sont que
superposées : il en résulte qu'elles offrent très-peu de résistance
au frottement humide et s’effacent avec une grande facilité sous
l'influence de l’eau, et que d’un OEuf de Loriot, on peut ainsi
faire un OEuf de Pic.
Quoique sur seize Espèces, des diverses contrées du Monde,
moins l'Australie, dont se compose ce Genre, on ne connaisse
l'OEuf que de trois ou quatre, nous n’hésitons pas à proclamer
qu'il doit être le même pour toutes les Espèces.
VINGT-CINQUIÈME TRIBU.
LANHIDÉS — Laniidés.
Nous avons composé cette Tribu de trois Familles :
Campéphaginés ou Echenilleurs, Campephaginæ ;
Laniinés ou Pies-Grièches, Laniine ;
Et Cracticinés ou Cassicans , Cracticine.
Nous n'avons rien à dire des Campephaginæ , dont on ne
connaît encore aucune Espèce.
Il en est tout autrement de la seconde Famille, celle des
Laniinæ, qui est une des plus intéressantes, pour la prédomi-
nance et la persistance des Caractères qui la distinguent.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 317
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — le plus généralement Ovée, quelque peu obtuse
(vrais Lanüi) ; parfois très-allongée (Laniarii).
Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement, uni
et légèrement luisant.
Couleur — d’un fond variant du Blanc au Blanc-Brunâtre ou
Verdâtre, parfois Rosé, et dans tous les cas recouvert de taches
ou mouchetures, presque toujours réunies en forme de cou-
ronne au gros bout; variant du Brun au Brun-Olivâtre ou au
Brun-Rougeâtre.
Ces caractères , pourtant , ainsi qu’on vient de le voir, surtout
quant à la forme, ne s’appliquent pas généralement à tous les
Genres qui composent la Famille. Ce dernier caractère est effec-
tivement très-différent chez les Laniarii de ce qu’il est chez les
vrais Lani. Nous insistons sur cette différence, qui est fort
remarquable, parce que d’abord il n’a encore été figuré aucun
OEuf de Laniarius, ensuite parce qu’elle peut donner une idée
de plus de l'harmonie qui existe entre les caractères Oologiques
et les coupes Zoologiques, qui n’ont eu d’autres éléments pour
s'établir que les caractères organiques extérieurs, et ce ne sera
pas , Dieu merci! le dernier exemple que nous aurons à citer.
La différence que nous sisnalons, est, sous ce rapport une
exception notable, de plus, entre le petit nombre sur lequel il se
fonde que M. Hardy peut invoquer en faveur de son Système ;
d’après lequel la station plus ou moins verticale de l’Oiseau selon
ses habitudes, devrait influer sur la Forme de son OEuf. Nous
la lui signalons avec d’autant plus de plaisir, que cela lui prou-
vera, à lui, comme à tous les Naturalistes dont nous avons eu à
discuter les diverses opinions, que nous n’avons aucun parti
pris, en écrivant, et que nous n'avons d'autre souci, en cher-
chant la lumière pour nous-même, que d’en faire profiter tout
le monde.
318 TROISIÈME PARTIE.
Cette différence de Forme, pourrait en effet dépendre d’une
différence d'habitude.
Que dit Levaillant qui, le premier, a observé si souvent et si
minutieusement les Oiseaux dont on a fait le Genre Laniarius,
à commencer par son Gonolek, nom barbare Français, qu’on
pourrait appliquer à cette dénomination Latine ?
Voici comment il exposait les caractères et les habitudes des
Espèces de ce Genre qui rentrent dans sa seconde division des
Pies-Grièches.
« Les Pies-Grièches de la seconde section se distinguent de
celles de la première, bien plus encore par leurs habitudes et
leur port que par leurs formes; cependant on remarque dans
les divers traits de leur conformation extérieure plusieurs carac-
tères très-différents qu’il est facile de saisir au premier coup-
d'œil. Elles ont le bec plus allongé et moins courbé; les tarses
sont également plus longs , et leurs ailes moins amples et plus
courtes ; les premières grandes pennes s'étendant moins en
pointe, rendant enfin l'aile plus arrondie par le bout; aussi
volent-elles généralement moins bien. Ces caractères de la
coupe de l’aile influant beaucoup sur la manière de voler des
Oiseaux, ceux-ci ne se rencontrent que très-rarement sur le
sommet des arbres , où, ainsi qu’on le verra plus tard, les Pies-
Grièches de la première section se perchent toujours de préfé-
rence ; il est même des Espèces, dans cette seconde division, que
la nature exclut entièrement de dessus les arbres élevés : elles
cherchent leur nourriture parmi les buissons bas et touffus,
dans le centre desquels elles se cachent soigneusement,
et vivent principalement de Chenilles, de Vers et de toute
sorte d’Insectes. La faiblesse de leurs ailes leur interdit toute
espèce de chasse au vol; aussi, quand il leur arrive de se
saisir de quelques Oiseaux, ce ne sont que des jeunes ou des
individus blessés ou affaiblis par quelque accident. Enfin, jusque
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 349
dans leur port et leurs attitudes, on remarque de la différence
entre ces Pies-Grièches et celles de la première division, qui,
se rapprochant par leurs mœurs des Oiseaux de proie, en ont
pris l'attitude droite et presque perpendiculaire quand elles
sont perchées , et comme eux habitent constamment les mêmes
cantons, où elles se montrent à découvert pendant des heures
entières, posées sur les mêmes branches, et où l’on est encore
certain de les retrouver chaque jour; tandis que les Pies-Grièches
de la seconde division se montrent très-rarement : toujours
cachées dans les buissons touffus, on ignorerait leur présence si
elles ne se trahissaient par leur ramage qui sans cesse les décèle.
Étant toujours en mouvement et ne se tenant jamais tranquilles
à la même place pour guetter leur proie, leur attitude est plus
inclinée, pendant qu’elle doit nécessairement être droite et plus
perpendiculaire chez les Oiseaux qui ont l'habitude de se tenir
_perchés longtemps sans bouger, et cela par rapport à l’aplemb
qu'ils sont obligés de prendre pour ne pas fatiguer leurs pieds
par le poids du corps, qui, dans tous les Oiseaux, est bien plus
considérable du côté de la poitrine que de celui du ventre. Enfin,
les Pies-Grièches de la première section se mettent en embus-
cade sur le haut des arbres, d’où elles guettent leur proie et se
jettent sur tout ce qui passe à leur portée; tandis que celles-ci
sont continuellement en recherche et fouillent três-soigneusement
ious les buissons d’un immense terrain, qu’elles parcourent
régulièrement sans se fixer à une place choisie, et pas même
dans un canton exclusif, à moins que ce ne soit au moment de
la ponte et de l’incubation, temps où généralement tous les
Oiseaux se choisissent un lieu commode dont ils ne s’éloignent
pas beaucoup et où du moins ils reviennent plusieurs fois par
jour. » (1)
(1) Hist. Natur. des Ois. d'Afrique.
320 TROISIÈME PARTIE.
On peut donc dire, à la rigueur, que les habitudes de station
horizontale des Laniarii, à la recherche de leur nourriture sur
le sol, contribuent, dans une certaine mesure, à l'allongement
de la Forme de leur OEuf, dont nous possédons plusieurs
Espèces en de nombreuses variétés, provenant toutes des frères
Verreaux; quelle que soit au surplus la cause de cette déviation
régulière et constante pour toutes les Espèces appartenant vrai-
ment à ce Genre, on voit qu'elle suffit amplement à le caracté-
riser entre tous les autres Lanüdæ, et que les espèces que la
Méthode y a introduites, dont l’OEuf ne revétirait pas cette
Forme, devront être examinées avec soin sous tous les autres
rapports pour aviser à les en retirer.
Mais le Bacbakiri n’est pas un Laniarius, c'est un vrai
Lanius ; il en est tout autrement des Genres Dryoscopus et
Nilaus qui devraient être rapprochés du Genre Laniarius, avec
l’OEuf duquel ils ont Le plus grand rapport.
Pour ce qui est de la troisième Famille de cette Tribu, les
Cracticinæ, nous dirons que l’examen de l’OEuf des Genres
Vanga et Graucalus, que nous avions compris jadis dans nos
Campephaginæ, nous engage à les en retirer, pour les réunir
aux Cracticinæ, dont l’OEuf, sauf ses dimensions propor-
tionnées à celles des Oiseaux de cette Famille, est un véritable
OEuf de Pies-Grièches.
Il n’en serait pas de même rigoureusement du Genre Barita,
placé à la fin des Cracticinæ : V'OEuf des Oiseaux de ce Genre,
vu ses Caractères rapprochés, sauf la Coloration, de celui des
Corvidæ, permettrait, sans inconvénient et sans exagération,
de les placer dans cette Famille, que nous avons rangée à la
suite des Laniidæ.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 324
Quatrième Division.
Déodactyles Conirostres.
VINGT-SIXIÈME TRIBU.
coRvipés — Corvidæ.
Nous touchons à une Tribu considérable, bien remarquable
encore par l’harmonie et l’ensemble de ses Caractères Oolo-
giques; car les OEufs des divers Familles, Genres ou Espèces
une fois confondus et réunis ensemble, il serait presque tou-
jours bien difficile, sinon impossible , de les rendre à leur véri-
table spécification. Ce n’est pas que quelques coupes, à l’aide
d'une grande habitude et d’une étude soutenue, ne parviennent
à se dessiner à Ja vue.
Nous ne dirons rien des deux premières Familles, les Tem-
nurinæ et les Péilonorhynchinæ, dont nous ne connaissons
aucun OEuf.
Mais c’est ainsi que se distingue le Groupe des_troisième et
quatrième Familles, celui des Geais (Garrulinæ){ et celui des
Corbeaux, ou Corvinæ : les premiers, par le grivelé Brunätre ou
Verdâtre qui revêt, presque uniformément, leur Coquille; les se-
conds, par un système de maculature beaucoup plus accusé, plus -
large et plus espacé, sur un fond Verdâtre ou Bleuâtre.
C'est encore ainsi que se distingue le Groupe des Pyrrhocorax,
dont le Prince Ch. Bonaparte a eu éminemment raison de faire
une Famille sous le nom de Fregilinæ. Car leurs OEufs ne sau-
raient être confondus avec ceux des Corbeaux, le fond de l’OEuf
étant beaucoup plus Blanc, et les taches d’un Noïr-Brun, et non
d’un Brun-Verdâtre, beaucoup plus rares et réduites à quelques
larges points ou mouchetures. Dans ce Groupe l'OEuf du Corcorax
melanorhynchus est venu donner raison, à cet égard, à Vigors,
22
322 TROISIÈME PARTIE.
qui en faisait un Fregilus. Car à part la Couleur Noire du bee,
c’est un vrai Pyrrhocorax.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, plus allongée chez les Corvinæ.
Coquille — d’un grain assez fin, Blanc intérieurement, légè-
rement luisant.
Couleur — d’un fond Blanc sale, grivelé d’un cendré plus ou
moins Brunâtre ou Olivâtre (Garrulinæ); ou d’un fond Vert-
Bleuâtre, recouvert de larges taches, sous forme de mouchetures
ou d’éclaboussures, ou Noirâtres, ou Brunâtres, ou Verdâtres”
(Corvinæ).
Dans cette Tribu, surtout dans la Famille des Corvinæ, ou vrais
Corbeaux, se présente une exception extraordinaire, qui a tou-
jours dérouté nos idées et nos principes en Oologie : elle concerne
l'OEuf du Corbeau Levaillant (Lesson), Corvus Capensis (Lichtens-
tein). Cet OEuf, tout en conservant la Forme Ovée allongée,
propre à ses congénères, est muni d’une Coquille à fond Blanc-
Jaunâtre ou Ocracé, recouvert et moucheté de nombreuses taches
Brun-Rougeâtre , ou couleur de Sienne, n’offrant d’analogie, ou
quelque rapport éloigné, qu'avec celui du Genre Flüteur (Barita).
Ce rapprochement seul nous déciderait, comme nous l'avons
déjà dit, à transporter le Genre Barita, de la fin des Cracticinæ,
où nous l’avions mis, à la tête, ou très-rapproché des Corvinæ,
en commençant ceux-ci par le Corvus Capensis.
Quoiqu’on puisse dire de cette idée, que nous n’émettons qu’en
passant, la différence disparate des caractères de cet OEuf, d'avec
ceux de tous les Corvinæ, sans exception, est telle que lorsque
nous le reçûmes, le premier, et pour la première fois, en 1834, de
Jules et Edouard Verreaux , qui le rapportaient du Cap de Bonne-
Espérance , avec une nombreuse et riche Collection Oologique
«
et Zoologique, nous crûmes à une erreur de leur part, malgré
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 323
toutes leurs affirmations; il n’a fallu rien moins, pour ébranler
nos doutes , que les assurances semblables de l'honorable et savant
Docteur Smith qui nous en fit voir de pareils, attribués à la même
Espèce, et rapportés également par lui de ses Voyages en Afrique.
Nous ne pouvons, encore aujourd'hui, nous expliquer une pa-
reille anomalie que par des modifications notables dans les habi-
tudes ou la manière de vivre de cet Oiseau : car, jusqu’à ce mo-
ment, on n’a découvert aucun OBuf de la Famille qui s’y rapporte
de près ou de loin. /
ds VINGT-SEPTIÈME TRIBU.
STURNIDÉS — Séurnidæ.
Nous n’avons rien à dire de la première Famille de cette Tribu,
celle des Graculinæ ou Maïnates. Un seul Ouf de cette Famille
est connu, celui du Gracula religiosa, de. Forme Ovée un peu
accuminée, d’un Blanc fauve maculé de quelques grivelures d’un
Fauve plus foncé : d’après Thienemann.
Nous en dirons encore moins de la seconde Famille, celle des
Buphagineæ, ou Pique-Bœufs, dont on ne connaît aucun produit
Ovarien.
Quoique l’on soit plus avancé pour la troisième Famille, celle
des Lamprotornithinæ, elle se présente avec quelques signes assez
disparates pour nous empêcher de la caractériser. Ainsi l’'OEuf du
Juida ænea est d’un Blanc uni et de Forme Ovalaire ; celui du
Lamprotornis auratus, de Forme Ovée et d’un Vert-Bleuâtre
uni et sans tache, et celui des Spreo bicolor et morio du même
Vert-Bleuâtre, mais avec quelques points Noirs comme nos Grives,
parfois sans aucune tache.
Il en est autrement de la Famille deS Séurninæ, qui est la qua-
trième et la dernière, et se présente avec une imposante fixité des
caractères.
324 TROISIÈME PARTIE.
CABACTERES OOLOGIQUES.
Forme — purement Ovée.
Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement, uni et un
peu luisant.
Couleur — d’un Vert-Bleuâtre, plus ou moins clair, uniforme
et sans aucune tache.
C’est ce que prouvent les OEufs connus des Genres Heterornis,
Acridotheres, Sturnopastor et Sturnus. Il en est ainsi de l’OEuf
de l’Heterornis malabaricus, des Acridotheres tristis et crista-
tella, des Sturnopastor jalla et contra, et des Sturnus vulgaris
et wnicolor. Ce qui semblerait démontrer, dans une certaine me-
sure, l’inutilité de la distinction Générique établie pour cette
Famille, dont l'OEuf n’accuse, à vrai dire, qu’un seul Genre.
VINGT-HUITIÈME TRIBU.
ICTÉRIDÉS — Îcteridæ.
Dans l’ordre de la Série, les Icteridæ sont les premiers Oiseaux
dont l’OEuf présente un système de maculature tout particulier, et
que nous rencontrons ici pour la première fois, comme ensemble,
à part les Genres Brachypteryx et Pomathorinus : celui de pro-
céder par veines et marbrures, au lieu de mouchetures ou de
points. C'est en effet ce qui distingue la plus grande partie des
Genres de cette Tribu, que nous avions divisée en six Familles :
Quiscalinæ, Molothrinæ, Sturnellinæ, Agelainæ, Icterinæ et
Cassicinæ, réduites depuis, par le Prince Ch. Bonaparte, à deux :
Quiscalinæ et Icterineæ.
Sous ce rapport, les OEufs de Quiscales sont, parmi les Passe-
reaux , les plus séduisants à l’œil et les plus beaux que nous ayons
eu occasion d'étudier. Il serait intéressant de les connaître tous :
sur une vingtaine d’Espèces connues, il y en a les deux tiers, soit
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 325
douze ou treize, qui appartiennent à cette Catégorie, les autres
procédant, comme la plus grande généralité des OEufs d’Oiseaux ,
par mouchetures. Nous ne doutons pas que la découverte de la
plupart des OEufs d’Ictéridés n’aide beaucoup à en élucider et fa-
ciliter le classement méthodique.
Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, nous trouvons, dans
plusieurs Espèces des vrais Icteri, le même Caractère Oologique ,
relativement aux autres Genres congénères, que nous avons
signalé tout-à-l’heure chez les Laniarü, relativement aux autres
Groupes de Laniideæ : l'OEuf de l’Zcterus gularis est en effet d’une
Forme Ovée très-allongée, le petit diamètre étant à peine du tiers
de la longueur du grand; un nouvel exemplaire de cette Espèce,
“qui vient de nous être gracieusement adressé par M. de Saussure,
nom cher à la Science , qui l’a rapporté de son dernier Voyage au
* Mexique , est confirmatif de ce Caractère. La Forme obtuse ou
Ovalaire appartient plus particulièrement aux Espèces des Genres
Chrysomus et Pendulinus. Tous indices qui tendent à démontrer
que la connaissance exacte et complète des OEufs de cette Tribu ne
peut manquer, à une époque plus ou moins rapprochée, d’en
amener l'entière refonte.
CARACTÈBES OOLOGIQUES,
Forme — Ovée , un peu allongée (Quiscalinæ) , ou oblongue et
assez obtuse (Genres CArysomus ei Pendulinus), ou Ovée très-
allongée (vrais Zcteri).
Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement, et assez
luisant.
Couleur — À fond Vert-Olivâtre ou Bleuâtre, et dans ce cas
gracieusement marbré de veines Noirâtres ou Rougeâtres, dont les
bords déteignent sur la teinte du fond (Quiscalinæ) , ou à fond
d’un Blanc plus ou moins pur, avec de nombreuses taches ou
Rouge-Sang, ou d’un Brun-Noirâtre (/cterinæ).
326 TROISIÈME PARTIE.
Les deux divisions que nous venons d'établir, dans la Diagnose
Oologique qui précède, sont indiquées par nous, moins en vue
d’un système méthodique que pour faire mieux comprendre les
deux grandes coupes qui se remarquent dans les OEufs de la Tribu.
Car, dans la première de ces divisions, purement nominales, se
rangent des OEufs qui appartiennent aux Genres Quiscalus, Psa-
racolius, Cassicus, Trupialus, Agelaïus, Yphantes, Pendulinus
Xanthornus; et dans la seconde des OEufs appartenant à quelques-
uns des mêmes Genres, tels que Psaracolius, Cassicus et Agelaïus;
mais principalement aux Genres spéciaux suivants : Séurnella,
Chrysomus et Molothrus.
Qui se trompe, ou de ceux qui ont trouvé et spécifié les OEufs,
ou de ceux qui ont procédé au classement méthodique? C’est ce
que de nouveaux progrès en Oologie ne manqueront pas de nous
apprendre.
VINGT-NEUVIÈME TRIBU.
PLOCÉIDÉS — Ploceidæ.
Le travail, si intéressant, que M. Moquin-Tandon continue de
publier sur les Nids des Oiseaux, nous présentant sinon une
erreur, au moins une lacune ou omission importante au sujet de
notre Moineau domestique, Passer domesticus, nous nous croyons
dans la nécessité, en nous occupant des Plocéidés, de rappeler ici
que cet Oiseau n’est pas plus à sa place aujourd’hui dans le Cons-
pectus du Prince Ch. Bonaparte qu'il n’y était avant, et cela
malgré les observations publiées dès 4850 (1) par M. le Baron de
La Fresnaye et ce que nous y avons pu ajouter nous-même en les
confirmant , en 4852 (2).
Le Moineau est en effet un véritable Oiseau Tisserand, devant
(1) Rev. et Magas. de Zool. 1850.
(2) Encycl. d'Hist. Nat. Oiseaux, t. N, p. 216 et suiv.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 327
par conséquent figurer dans les Ploceidæ, et non dans les Frin-
gillidæ. C’est l'habitude de l’observer à son état de domesticité
(car on ne peut guère qualifier autrement sa manière de vivre à
nos dépens et dans nos habitations), et non abandonné à lui-même
et loin des trop grands centres de populations, qui l’a fait assi-
miler, ainsi que procède encore M. Moquin-Tandon, pour ses
mœurs comme pour son mode de nidification, à tous les autres
Fringilles que nous avons sous les yeux en Europe.
Cette proposition, qui parut dans toute sa nouveauté en 4850,
et est passée, comme tant de bonnes choses du même Ornitholo-
giste, inaperçue faute d’un écho à l’Institut, n’est pourtant que de
la plus stricte vérité.
É] Voici, pour éviter les recherches aux Naturalistes trop occupés
ou quelque peu paresseux, en quels termes l’implantait dans la
© Science et la proclamait M. de La Fresnaye :
« Les Moineaux nous ont toujours paru, d’après le genre de
Nidification, devoir être rapprochés des Tisserins et faire partie
de la Sous-Famille Ploceinæ. Ce qu'il y a effectivement de remar-
quable dans la nidification des Tisserins, C’est que leur nid, au
lieu d’avoir, comme chez les autres Fringillidés, la forme d’une
coupe ou demi-sphère concave en dessus, présente au contraire
celle d’un sphéroïde plus ou moins allongé, concave intérieurement,
avec l’entrée latérale ou même en dessous ; c’est que les matériaux
employés à ces nids sont toujours d’une seule et même espèce sur
chaque nid , quelles que soient les différentes Espèces de Tisserins :
c'est-à-dire des tiges de Graminées sèches, ou, dans quelques cas,
des fibres de grandes feuilles entrelacées et comme tissées
ensemble; c’est que, contre l'usage de presque tous les autres
Fringillidés, qui isolent leurs nids de ceux de leurs semblables,
les Tisserins, au contraire, les construisent en grand nombre sur
le même arbre, les y rapprochent plus ou moins les uns des autres,
ou même se réunissent en société nombreuse pour en composer
328 TROISIÈME PARTIE.
un énorme, où chaque couple à toutefois son entrée et sa demeure
particulières, comme chez l’Espèce appelée le Républicain. Eh
bien! en France, nos Moineaux sont les seules Espèces de la
nombreuse Famille des Fringillidés qui, comme les Tisserins ,
composent des nids de forme sphéroïdale avec l'entrée latérale,
qui les construisent avec des Graminces sèches, c'est-à-dire de
Foin et de Paille, et qui les rapprochent ou méme les accollent
plusieurs ensemble, soit entre les jalousies fermées d'une fenétre,
soit autour du tronc feuillu d'un gros Arbre. Ge travail de notre
Moineau est, à la vérité, beaucoup plus grossier ; mais il emploie
toujours les mêmes matériaux que les Tisserins, des Herbes sèches,
comme le font les Tisserins d'Afrique et ceux de l'Inde, et il n'y a
peut-être pas plus de différence dans son travail et celui du
Tisserin à front d’or qu'entre le nid de ce dernier et celui du
Toucnam-Courvi, qui est tissé comme un canevas. Toutes nos
autres Espèces de Fringillidés, telles que Pinsons, Bruants, Gros-
Becs, Bouvreuils, Verdiers, Chardonnerets et Linottes, font tous,
sans exception aucune, de petits nids en forme de coupe, décou-
verts en dessus et composés en. général de diverses espèces de
matériaux mélangés. Si ensuite on compare nos deux Espèces de
Moïneaux avec certaines Espèces de Tisserins à plumage sombre,
telles que le Plocepasser de Smith, ou Leucophrys pileatus de
Swainson, avec le Ploceus superciliosus de Rüppell, avec le
Tisserin Républicain (Loæxia socia de Latham), avec le Ploceus
flavicollis de Sikes, de l’Inde, on trouve entre eux tant de rapports
de coloration que, si on ne savait que ces derniers sont Tisserins
par leur nidification, on serait disposé au premier abord à les
ranger parmi les Moineaux. Ces rapports de plumage se retrouvent
même chez les Espèces à couleurs vives, jaunes ou rouges, ‘dont .
les ailes et la queue sont néanmoins semblables à celles de nos
Moineaux, et dont les femelles, ou même les mâles en plumage
d'hiver, ont une livrée sombre, analogue à celle de nos Moineaux.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 329
Quant aux formes, elles offrent les plus grands rapports, dans les
pattes surtout et dans le bec. Pour s’en convaincre, il suffit de les
comparer avec le Worabée, le Dioch, l'Oryx et le Foudi, et tant
d’autres en plumage d'hiver.
| LEE Il résulte en définitive des observations du Docteur
Smith. et de l'application que nous croyons pouvoir en faire,
que ces Plocepasser Mahali et superciliosus de Rüppel forment le
chaînon des Tisserins aux Moineaux, et que nos Moineaux , d’après
leurs gros nids sphériques, à entrée latérale souvent en forme
de canal prolongé, et composé de Graminées sèches, réunis
souvent plusieurs ensemble sur la même téte de Sapin ou derrière
la méme persienne, d'après même la couleur de leur plumage,
analogue à celui de certains Tisserins, la forme de leurs pattes et
de leur bec, ainsi que sa couleur, doivent, selon nous, faire partie
de la Sous-Famille Ploceinæ, et suivre immédiatement le Genre
Plocepasser du Docteur Smith, renfermant des Espèces de tran-
sition du Genre Ploceus à celui Pyrgita, Cuvier, Passer des
Auteurs. »
Il est évident que la description donnée par M. Moquin-Tandon
du nid de Moineau n’est pas absolument exacte et que les observa-
tions qu’il en a faites sont incomplètes : car, de tout temps et aux
yeux de tout observateur, d’une part, ce nid a toujours été de
forme globulaire, à entrée latérale ; d’autre part, et, lorsque les
lieux le permettent, on sait que ies Moineaux prennent plaisir à
grouper et à réunir leurs nids les uns auprès des autres. C'est à ce
point que nous avons trouvé jusqu’à trois de ces nids cardés, pour
ainsi dire, ensemble, sur l’enfourchure d’une forte poussée de
branches, au long du tronc d’un vieux Peuplier ; une autre fois
nous avons compté jusqu'à sept de ces nids sur le même arbre ;
enfin nous avons constaté la même pratique et les mêmes habi-
tudes pour le Passer montanus ou Friquet, dont nous avons
vérifié l’existence de’ six nids, également sur un Peuplier; nous
330 TROISIÈME PARTIE.
observerons même que plus d’une vingtaine de pieds de ces Peu-
pliers formant avenue, étaient surchargés des nids de ces Oiseaux
qui y avaient formé comme une colonie.
C'est, en effet, rendu à sa pleine et entière liberté, à l'écart des
grands centres d'habitations, nous le répétons, qu'il faut étudier
le Moineau, pour se bien rendre compte de ses mœurs : réduit à
vivre aux dépens de vastes terres ensemencées ou d'énormes
meules de Blé, près de quelques métairies isolées, force lui est
bien de reprendre ses habitudes primitives ; et c’est alors que les
arbres redeviennent pour lui le fondement le plus sûr et la grande
ressource de son habitation; et qu'il y établit, par colonie nom-
breuse, et sa famille et ses nids.
La distinction même, faite par Buffon (1), et que nous avons
reproduite , il y a déjà longtemps (?), entre les nids des Moineaux,
dont les uns, pratiqués dans des trous ou dans des lieux couverts,
seraient privés de toute couverture extérieure ou de calotte, tandis
que ceux qu'ils édifient sur les arbres, tels que de grands Noyers
ou des Saules très-élevés, seraient recouverts d’une espèce de
calotte qui les préserve de l’eau de la pluie, et munis d’une
ouverture pour entrer au-dessous de cette calotte; loin d'établir
une singularité, ne vient que confirmer nos observations qui pré-
cèdent au sujet de la nidification du Moineau. Car ce que Buffon
a pris pour une calotte ou recouvrement distinct du nid, n’en est
que le complément intégral, dont l'entrée latérale est l’indispen-
sable conséquence pour tout nid de forme sphéroïdale.
Ajouterons-nous que tous les nids de Moïineaux qu’il nous est
arrivé d’enlever nous-même ou de faire enlever des meurtrières
de notre vieux Donjon de Nogent-le-Rotrou, dans lesquelles ils
les y installent, se sont toujours montrés à nos yeux, retirés
intacts, sous une forme globulaire assez volumineuse avec entrée
(1) Hist. Nat. des Ois.
(2) Encycl. d'Hist. Nat., Ois., t. N.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 331
sur le côté? Et que ces Oiseaux redoutent si peu le voisinage de
deux ou trois couples de Cresserelles qui se perpétuent dans les
mêmes ruines, qu'ils garnissent de leurs nids chacun des trous
ouverts ou pratiqués dans leurs antiques murailles ?
Enfin, construit dans un trou et à couvert, ou sur un arbre et
à découvert, il est certain que le nid du Moineau est constamment
de forme globulaire.
Il ne faut pas oublier, lorsque l’on étudie l'Ornithologie Euro-
péenne, combien il importe de la mettre en rapport avec les
autres termes de toute la Série Ornithologique, pour bien saisir la
valeur de ses types et de ses caractères.
Pour en revenir à notre Tribu des Ploceidæ, les Caractères
Oologiques viennent confirmer la Division que nous en avons faite
en trois Familles : Ploceinæ, dans lesquels nous confondons les
Euplectinæ du Prince Ch. Bonaparte, Viduinæ et Estreldinæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée très-allongée (Sycobius et Hyphantornis), ou
normale (Euplectes, Passer, Viduinæ et Estreldinæ).
Coquille — d’un grain fin, Blanc intérieurement et sans reflet.
Couleur — à fond Vert-Bleuâtre uni (Ploceinæ), à l'exception
du Genre Sycobius , dont l’OEuf, tournant plus au ton Blanc, est
tacheté de points d’un Brun-Rougeätre ; ou à fond Blanc plus ou
moins pur, tacheté de Gris et de Brunâtre, à la manière de l’OEuf
du Moineau, Passer domesticus (Passer, et dans les Viduinæ,
Pentheria macroura); ou d’un Blanc uni et sans taches (Estrel-
dinæ).
Cette Tribu offre, d’après cette Diagnose, une exception dans
deux de ses éléments , à la Forme généralement Ovée du produit
Ovarien; exception analogue, pour ces Ploceidæ, à ce que nous
avons vu pour les Laniarii, dans les Laniidæ.
Ainsi les Genres Sycobius et Hyphantornis, les seuls dont nous
332 TROISIÈME PARTIE.
connaissions et possédions plusieurs OEufs, encore inédits, l’ont
de Forme Ovée excessivement allongée et presque Cylindrique, le
petit diamètre n'étant que du tiers du grand diamètre, tandis que
la proportion ordinaire de cette Forme est de la moitié.
Ici encore, la véritable cause de cette Forme insolite nous
échappe ; et si, par induction des habitudes des ZLaniarii, les
OEufs de ces derniers, par leur Forme, semblent donner raison,
en ce qui les concerne, au système de M. Hardy, il n’en est plus
de même des OEufs de ces Ploceidæ, puisque les Oiseaux qui les
pondent sont plus occupés à se suspendre, soit pour la construc-
tion de leur nid, dont l’ouverture est presque toujours en bas,
soit pour y porter la nourriture à la mère qui les couve, qu’à cher-
cher leur nourriture à terre, comme les Laniarii.
Une autre observation à faire, au sujet de cette Tribu, concerne
ce grand groupe composé des Estreldinæ, Bengalis, Sénégalis ,
Amadines, etc. Tous ces Passereaux Conirostres, si nombreux en
Espèces, si variés de couleurs et dont on a fait tant de Genres,
ont tous uniformément leur OEuf Blanc et sans taches, comme la
presque totalité de la jolie Tribu des Trochilidæ, et cela d’une
manière si générale que les Espèces dont l’OEuf viendra accuser
une autre coloration, devront en être retirées. Ü’est ce caractère
constant qui nous engage à relirer les Euplectes ou Oryx, dont
l’OEuf est Vert uniforme, de la Famille des Viduinæ, où les a
maintenus le Prince Ch. Bonaparte, pour les transporter à la fin
de nos Ploceinæ. /
TRENTIÈME TRIBU.
EMBERIZIDÉS — Æmberizide.
‘Dans l’innombrable Tribu des Fringillidæ, la première
Famille, celle des Emberizidæ, se présente avec des caractères
Oologiques tels, que nous n’hésitons pas, dès aujourd’hui, à en
constituer une Tribu à part, en l’élevant à ce rang, car ces
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 333
caractères, s'ils ne sont, qu’en partie, ceux déjà assez remar-
quables des Saltatores, de la Tribu des Tanagridæ, qu’une
connaissance plus exacte de leurs OEufs tendra de jour en jour
à isoler de cette dernière Tribu; ces caractères, disons-nous,
sont, d’une manière plus complète ceux des Quiscalinæ, sur
l'OEuf desquels nous avons, tout-à-l'heure, attiré l’attention
des Oologistes. Seulement, le système de maculature de nos
Emberizidæ, identique à ce qui se voit chez ces derniers,
repose sur une gamme de couleur plus sombre et moins
attrayante puisqu'elle est, non plus dans les tons Verts, mais
dans les tons Bruns.
CARACTÈRES OCLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — d'un Grain ordinaire, Blanc intérieurement et
médiocrement luisant.
Couleur — d'un fond Blanc, plus ou moins Verdâtre ou
Violacé, ou Brunâtre; parsemé de quelques points ou mouche-
tures plus ou moins Brunâtres; mais par dessus tout remar-
quable par les veines ou marbrures ou Brunes ou Violettes qui
le décorent dans la généralité des Espèces.
TRENTE-UNIÈME TRIBU.
FRINGILEIDÉS — Fringillidæ.
Cette Tribu est par trop nombreuse, les éléments en sont par
trop multipliés, et, proportionnellement, trop peu connus,
surtout pour les Familles étrangères à l’Europe, pour que nous
nous hasardions à en établir et fixer les Caractères Oologiques.
Tout ce que nous en pourrions dire, c’est que, à part le
Coccothraustes vulgaris, dont l’OEuf nous semble exceptionnel
dans la Tribu, puisqu'il réunit tous les Caractères des Quis-
334 TROISIÈME PARTIE.
calinæ, et des Emberizidæ, il est permis d’y distinguer quelques
Groupes principaux.
Par exemple le Genre Américain Spermophila, qui renferme
de si petites Espèces de Bouvrons, parait former une sorte de
transition Oologique des Emberisidæ, auxquels il emprunte,
en partie, son système de Coloration, sauf sa Forme, qui est
d’un Ové un peu comprimé, aux Genres Coccoborus, Paroaria
et Cardinalis, rappellant beaucoup l’OEuf du Moineau (Passer).
Les Genres Américains Sycalis, Zonotrichia, Chlorospiza,
Chrysomitris et autres plus ou moins cosmopolites tels que : Car-
dinalis, Citrinella, Serinus, Carpodacus, Erythrospiza, Pyr-
rhula et Linota ne s’éloignent pas beaucoup les uns des autres,
par le ton et le système de Coloration ponctuée en Rougeâtre
sur un fond Blanc, et par leur Forme Ovée à laquelle la Forme
Globulaire de l’OEuf des Zonotrichiæ fait seule exception. /
Toutefois les Genres CAlorospiza, Chrysomitris , Cardinalis,
Citrinella et Serinus, forment un Groupe Oologique parfaite-
ment distinct par son fond presque Blanc; les Genres Pyrrhula,
Uragus, Carpodacus, Erysthrospiza, en forment un autre tout
aussi tranché par leur ton d’un beau Vert tendre et par leurs
taches de sang beaucoup plus accusées.
Les Genres Linota et Acanthys appartiennent en outre forcé-
ment au premier de ces deux Groupes dont ils ne peuvent être
séparés.
Vient enfin le Groupe des Fringillidés, dans lequel se distingue
le Genre Petronia, qui a tant de rapports Oologiques avec le Genre
Passer et auquel se joindra, sans aucun doute, lorsqu'on en
connaîtra l’OEuf, le Genre Pyrrhulauda.
Le petit nombre d'OEufs connus dans cette première Partie de
la Classe des Oiseaux, surtout dans l'Ordre des Passereaux, est si
peu en rapport avec la multiplicité des Espèces, et les Caractères
en sont si variés et si peu précis, qu'il nous a été difficile d'arriver
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 339
aussi souvent que nous l’eussions voulu à des résultats satisfaisants
dans le rapprochement à faire des Caractères Oologiques avec les
Caractères Physiologiques ou Organiques qui ont servi de base et
de boussole aux Méthodes. Mais, à partir de ce moment, les
Groupes, mieux dessinés, vont devenir plus compacts, moins
divisés, partant plus homogènes; les mœurs et les habitudes des
Oiseaux deviennent plus simples et moins compliquées ; les Carac-
tères du produit Ovarien se simplifieront dans la même mesure et
apparaîtront plus nets. C’est ici que la connaissance et l’étude
approfondie de l’Oologie feront le mieux valoir les ressources
qu'elle renferme en elle-même , et que la Science y pourra puiser
pour d’utiles et importantes modifications aux divers Systèmes du
jour.
QUATRIÈME ORDRE.
d La
COLEMBES ou PIGEONS
(Columbæ ).
TRIBU UNIQUE.
COLUMEDÉS — Columbideæe.
Nous n’avons rien à dire de cette Tribu, que ce que nous en
avons déjà dit dans nos Considérations générales. L’OEuf connu
de toutes les Espèces de Co/umbidæ est uniformément Blane et
de Forme Ovalaire. Il nous est, par suite, démontré que ceux
que l’on viendra à découvrir devront être exactement de même :
il en est ainsi, depuis et y compris les Treroninæ , ou Colom-
bars, jusqu'aux Gourinæ inclusivement, ou Gouras.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, parfois Elliptique, rarement Ovée.
Coquille — d’un grain fin, uni, Blanc intérieurement et luisant.
Couleur. — Celle du grain de la Coquille, Blanche et sans
tache.
336 TROISIÈME PARTIE.
On sait que l’OEuf des Columbidæ est le fondement d’une des
plus puissantes objections au système des Auteurs qui ont pré-
tendu que la Couleur Blanche n'avait été départie qu'aux OEufs
pondus dans des trous ou des enfoncements à l’abri de la lu-
mière : puisque les Pigeons se font à peine un nid, pour la plu-
part, et ne déposent leurs OEufs que sur un frêle amas de
büchettes réunies à l’enfourchement des branches, et tout-à-fait
à claire-voie.
CINQUIÈME ORDRE.
GALLINACÉS
(Gallinacei ).
Nos études Oologiques nous conduisent à modifier la compo-
sition première de notre Ordre de Gallinacés, et même celle de
notre Systema Oologicum, en en formant trois Ordres distincts,
sous le nom de Gallipèdes , Gallipedes pour l’un, de Cursores
pour le second, et de Séruthionigralli, dénomination nouvelle
pour le troisième.
Les premiers se réduisent aux quatre Tribus suivantes : Ver-
rulidæ, Gallidæ, Phasianidæ et Pavonidæ, qui offrent toutes,
sauf la première, nous devons le dire, une harmonie et un
ensemble de caractères aussi parfaits en Oologie qu'en Zoologie.
Er t 7 2 ordre ,
PREMIERE TRIBU.
VERRULIDÉS OU COLOMBI-GALLINES — Verrulidæ.
Si nous parlons de cette Tribu, c’est pour faire bien com-
prendre l'importance qui s’attache à la connaissance des Carac-
tères Zoologiques, importance qui ne se sent jamais davantage
que lorsqu'ils viennent à manquer, comme c'est le cas pour les
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. "1437
Colombi-Gallines de Levaillant. C’est aussi ce qui nous fera re-
venir sur leur histoire, comme sur ce que nous avons dit ailleurs
du doute Scientifique dont elles sont l’objet (1).
Nous avons formé cette Tribu, on le sait, pour deux Espèces
dont l'authenticité, après avoir été admise pendant près d’un
demi-siècle, paraît aujourd’hui douteuse aux yeux de quelques
Naturalistes : c’est notamment le Colombi-Galline de Levaillant
Verrulia (Flemming). Cette Tribu ne peut donc former qu’une
Famille, celle des Verrulinés.
On paraît aujourd’hui d'accord , et c'était l'opinion du Prince
Ch. Bonaparte, pour supprimer et rayer définitivement cet Oiseau
de la Série. Le motif donné pour cette suppression repose sur
l’examen détaillé que J. Verreaux aurait fait, dès 4850, des deux
seuls exemplaires de cette Espèce existant au Musée de Leyde,
et que cet observateur, si perspicace et si bien organisé, consi-
dérerait, et aurait fait considérer également à Temminck et à
M. Schlegel, comme des Oiseaux factices (fabriqués avec des
Pigeons domestiques), tels que le fameux Bec-de-fer du même
Auteur (Sparactes superbus) , et une ou deux autres Espèces de
Zygodactyles. Ces Zoologistes s'appuient encore, pour motiver
cette condamnation, sur ce que jamais, depuis Levaillant, on
n’a retrouvé cette douteuse Espèce, et enfin, sur l’étrangeté de
mœurs qui, quelle que soit, dans leur ensemble, leur identité
avec celles des Pigeons , ne permettraient plus, suivant nous, de
les comprendre dans cet Ordre : ce qui du reste est conforme à
la doctrine philosophique du Prince Ch. Bonaparte, qui divise
sa Classe des Oiseaux en AzTrices et en Prococes.
Sans protester directement contre cet anathème, dont il est
permis encore d'appeler, nous le croyons pour le moins préma-
turé ; il a besoin de l’œuvre du temps pour obtenir sa sanction,
(1) Encyclop. d'H. Nat. Ois., T. VI, p. 65.
338 TROISIÈME PARTIE.
et il nous faut des preuves plus convaincantes qu’une négation,
inspirée par l'inspection de peaux mal préparées, ou dénaturées
et en mauvais état, pour y donner notre adhésion. On ne songe
pas assez, en accréditant cette opinion, que si elle devait être
confirmée, elle ne tendrait à rien moins qu’à convaincre Levail-
lant de l’imposture la plus éhontée que se fut permise aucun de
nos Voyageurs modernes. Qu'il ait été abusé lui-même par la
représentation d’un Oiseau fabriqué ou artificiel, rien de bien
extraordinaire ; mais qu'il ait prêté à un Oiseau, qu’il n’avait pas
vu en nature, des mœurs aussi anormales , de sa propre inven-
tion, nous ne le penserons jamais. Sans doute Levaillant a pu
faire des erreurs, presque toujours involontaires, et sur le lieu
de provenance de plusieurs Espèces d’Oiseaux, et sur leur dis-
tribution Géographique (ce sont les seules qu'il ait commises);
mais, en aucun cas, on ne l'a surpris en flagrant délit de
mensonge, au sujet des détails de mœurs, dans lesquels, au
contraire , il a été d’une précision et d’une exactitude remar-
quables. Et encore ces erreurs ont-elles eu pour cause la perte
qu’il fit, dans un de ses retours, d’une partie des Oiseaux
découverts par lui, et des notes qui les accompagnaient.
On oublie, d’ailleurs, en supprimant ainsi, d’un trait de
plume, le Columbi-Galiine de Levaillant, que cette Espèce,
avec ses caroncules si caractéristiques, n’est pas la seule dans la
Série. Dès 1823, en effet, Temminck a décrit (1), sous le nom
de Colombe Oricou (Columba auricularis), une Espèce, d’un des
Archipels de l'Océan Pacifique, offrant exactement les mêmes
caractères et presque les mêmes caronecules que le Colombi=
Galline. Si l’on peut s'étonner d’une chose, c’est que ce rappro-
chement ne se soit pas présenté dès cette époque à l'esprit du
Savant Monographe des Pigeons, qui a reproduit l’article de
(1) Hist. Natur. des Pig. et des Gallinaces.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 339
Levaillant sur cette dernière Espèce, tout en plaçant l’une dans
ses Colombes , et l’autre dans ses Colombi-Gallines. La même
réflexion peut s'appliquer à Wagler, qui a nommé la Colombe-
Oricou de Temminck Columba Temminchii; à M. Gray, qui l’a
mise dans ses Muscadivores ; à Jardine, qui l’a nommée Geo-
philus carunculatus, ainsi qu’au Docteur Reichenbach, qui en
a fait le type de son Genre Craspedænas. Il est vrai que cette
seconde Espèce de Verrulia a eu le même sort que la première,
sous l’autorité du Prince Ch. Bonaparte, qui, dans la première
partie du second volume de son Conspectus, paru seulement en
4857, la déclare , comme celle-ci, Oiseau factice.
Il n’y pas de raison, après tout , pour conserver le Colombi-
Caïlle de Levaillant (Columba Hottentota), dont, depuis lui,
on n'a jamais retrouvé d'individus ni vu de dépouilles.
C’est done par respect pour Levaillant, une des gloires de la
Science , que nous avons conservé, et que nous conservons
encore le Colombi-Galline, et c’est en nous fondant sur la nature
des mœurs et des habitudes qu’il lui assigne, que nous nous en
sommes servi pour motiver la création de cette Famille.
La place que nous lui avons assignée, dans la Série, sur la
limite des Pigeons et des Gallinacés, un peu plus pourtant au-
delà qu’en deçà, est indiquée, d’un côté, par ses caractères
zoologiques qui, à l’exception des caroncules accompagnant le
bec, sont ceux de tous les Pigeons; et, d’un autre côté, par ses
mœurs et la manière dont naissent et éclosent leurs petits, qui
sont celles des Gallinacés.
En agissant ainsi, du reste, nous ne faisons, nous le répétons,
que suivre les indications de Levaillant lui-même, dont nous
allons reproduire les raisons et les observations.
Ce Voyageur, qui a découvert la première Espèce d’Afrique,
sur laquelle repose le Genre qui en renferme deux aujourd’hui,
au moins nominativement , pressentait, à l’époque à laquelle il
340 TROISIÈME PARTIE.
la fit connaître, qu'elle devait donner lieu à l'établissement d’un
petit groupe distinct, dans ce qu'il appelle ses Colombi-Gallines;
voici comme il s’exprimait :
« Cette Espèce, à laquelle nous appliquons le nom de la Tribu
ou de la Famille de tous les Pigeons qui s’allient aux différentes
branches des Gallinacés, étant celle qui, par les parties nues de
sa tête et par le barbillon rouge qui lui pend sous la gorge, se
rapproche le plus du Coq et de la Poule, il est naturel qu’elle
porte le nom de Colombi-Gailine , d'autant plus que, d’après ce
que nous avons déjà dit, & est probable que de nouvelles décou-
vertes obligeront les Naturalistes à former par la suite autant
de petites Familles de toutes les Espèces analogues à chacune
de celles que dans ce moment nous ne réunissons que provisoi-
rement en une seule. Ainsi, par exemple, l’'Espèce dont nous
faisons le sujet de cet article sera, si on lui trouve d’autres
analogues , la souche d’une Famille ou d’un Genre qui portera,
si l’on veut, le nom de cette première Espèce, qu'on pourra
distinguer elle-même par le caractère de son barbillon; pourvu
toutefois que ce caractère ne soit pas propre aussi à d’autres
Espèces de cette même Famille, car, dans les dénominations
particulières, il faut, autant qu'il est possible, éviter ces noms
qui, pouvant convenir à d’autres Espèces en même temps,
occasionnent souvent des erreurs.
» Notre Colombi-Galline tient des Pigeons proprement dits ou
des Colombes par la forme de son bec, qui est absolument le
même que chez ces derniers, et par la nature de ses plumes;
mais il en diffère par le barbillon nu et rouge qui lui pend sous
le bec, par ses tarses plus longs que chez les Pigeons, par la
forme arrondie de son corps, par le port de sa queue courte,
qu’il tient pendante comme les Perdrix portent la leur, et enfin
par ses ailes arrondies; caractères qui, tout en le rapprochant
d’un autre côté des Gallinacés, placent naturellement cette inté-
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 341
ressante Espèce entre les Colombes et les Gallinacés, comme
pour marquer et former le passage entre ces deux Genres. »
Il est impossible, ce nous semble, d’être plus sérieux dans ses
appréciations et l’établissement des rapports Zoologiques que ne
se montre Levaillant dans tout ce passage ; un voyageur n’invente
pas ainsi, et surtout ne raisonne pas autant ce qu’il sait être le
rêve de son imagination.
« Si des formes, continue-t-il, nous passons aux mœurs, aux
habitudes , à la manière de se nourrir, à la nidification, à la
ponte et à l'éducation des petits, tout est ici différent de ce qui
existe chez les Pigeons, comme nous le verrons. De sorte que la
nature semble n'avoir conservé à cet Oiseau que quelques traits
superficiels, accessoires, pour servir seulement à indiquer un
Pigeon, pendant que, par tous ses attributs fondamentaux, ceux
qui constituent enfin la nature des Êtres, il doit être un Galli-
nacé : de manière que, s’il fallait opter entre ces deux Ordres
pour placer cet Oiseau dans l’un ou l’autre, il est évident qu’il
appartiendrait de droit au dernier par sa manière d’être, car il
vit en petites troupes composées de toute la famille et du père et
de la mère, et ces derniers rappellent leurs petits aussitôt qu'ils
sont séparés d'eux par quelqu’accident. Ils se tiennent et vivent
par terre, où ils trottent très-vite à la manière des Perdrix ; mais
toute la petite bande se juche dans les buissons et sur les grosses
branches basses des arbres pour passer la nuit et pour se cacher
lorsqu'elle est poursuivie par un ennemi quelconque.
» Get Oiseau niche parterre, dans un petit enfoncement re-
couvert de petites büchettes et de quelques brins d’herbes sèches
sur lesquels la femelle pond de six à huit OBufs d’un Blanc-Roux,
que le mâle et la femelle couvent alternativement. Les petits, qui
naissent couverts d’un duvet gris-roussâtre , courent au sortir de
la coque, et, dès cet instant, ils ne quittent plus le père et la
mère , qui les mènent partout en les rappelant sans cesse, et les
342 TROISIÈME PARTIE.
couvrant de leurs ailes pour les réchauffer ou les préserver de la
trop grande ardeur du soleil. Leur première nourriture se com-
pose de nymphes de Fourmis, d’Insectes mous et de Vers, que
le père et la mère montrent aux petits , et qu'ils mangent seuls,
et sont bientôt en état de trouver eux-mêmes. Devenus plus forts,
ils se nourrissent de toutes sortes de graines, de baies et d’In-
sectes; et, quoiqu’ils aient acquis tout leur développement, ils
ne se séparent par couple qu’au temps des amours : manière
d’être qui, à quelques légères nuances près, est la même pour
tous les Oiseaux qui appartiennent au grand Ordre des Galli-
nacés.
» J'ai trouvé l'Espèce des Colombi-Gallines dans l’intérieur
des terres, au pied des monts hérissés du pays des Namaquois,
pays sec et aride que fuient en général toutes les Colombes qui,
comme on sait, fréquentent les cantons frais et arrosés. (1) »
Nous n’avons pas voulu, dans ce Traité, làcher prise au sujet
de ce Genre intéressant, parce que nous attendons tout pour le
perfectionnement de la Série, des Genres interlopes, comme
l'est celui-ci, et parce qu'il était impossible que le Caractère
Oologique des Oiseaux dont nous parlons, n’apportät pas
quelque indice sur ce point. C’est en effet ce que nous
démontrent les indications si précises de Levaillant, qui déerit
l’OEuf de son Colombi-Galline d'un Blanc-Roux ; ce qui l’éloigne
nécessairement, de même que son caractère zoologique, de
l'Ordre des Columbæ, pour le rapprocher ou des Gallideæ ou
des Perdicide.
Nous nous croyons d'autant plus fondé d’ailleurs, à récuser
le jugement d'ostracisme prononcé par quelques Ornithologistes,
notamment par Jules Verreaux, par Schlegel et par le Prince
Ch. Bonaparte, contre le Genre Verrulia, que leur raison de
(1) Hist, Natur. des Ois. d'Afrique.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 343
décider est jusqu'ici fort vaguement motivée. L'Espèce de
Levaillant, dit l’illustre Savant que nous venons de citer, serait
fabriquée avec la dépouille d’un Pigeon domestique (Columba
domestica) ; et celle de Temminck, avec celle du Pigeon bizet .
(Columba livia)! Mais a-t-on bien vérifié le fait? a-t-on constaté
la forme alaire de ces prétendues dépouilles d'emprunt? Car
Levaillant donne à l'aile de ses Colombi-Gallines un caractère
tout-à-fait différent de ce qui se voit chez les Pigeons : ceux-ci
l’ayant de forme aigue, et les Colombi-Gallines, de même que
tous les Gallinacés (Gallinacei ou Cursores) l'ayant de forme
obtuse.
Nous conservons donc tous nos doutes, car, pour nous, la.
question reste entière. A l’avenir de décider.
DEUXIÈME TRIBU.
GALLIDÉS , OU VRAIS GALLINACÉS — Gallidæ.
Dans le nouvet ordre d'idées, d’après lequel nous établissons
notre Groupe des Gallinacei, la Tribu des Gallidæ se trouve
réduite à une seule Famille, celle des Gallinæ.
CARACTÈRES QOLOGIQUES :-
Forme — Ovée ou Ovalaire.
Coquille — à test dur et épais, à pores nettement accusés, et
par conséquent à surface peu luisante, ou plutôt presque mate,
Blanche intérieurement.
Couleur — d'un ton Blanc, plus ou moins pur, ou Jau-
nâtre, avec ou sans taches rares, ocracées, plus ou moins.
marquées.
La cristallisation de la matière calcaire est en général, dans
cette Tribu , assez régulière et homogène.
On a cru, mais à tort, pendant longtemps, et c’est une
344 TROISIÈME PARTIE.
réflexion que nous avons déjà eu occasion de faire, dans nos
Considérations générales, que la Couleur normale de l'OEuf de
Poule (Gallus) était le Blanc pur, comme dans l'Ordre des
Pigeons ; tandis qu’il en est tout autrement. Nous sommes
convaincu que ce n’est qu'exceptionnellement que nos Poules de
basse-cour pondent en général des OEufs Blancs; et que cette
absence de matière colorante, comme de taches, n’est due, chez
eux, qu’à la dégénérescence d’une des Races de ces Oiseaux : car
nous voyons que les Races Typiques , ou pures, ont conservé le
fond de Couleur Nankin, qui est propre à toute la Famille; c’est
ce que confirment les Races dites de Brahma-Poutrah, de
Cochinchine , etc.; et c'est ce que démontrent le Gallus furcatus,
le G. sonneratit, le G. lunulatus, le G. Benthami, et le G. Ban-
kiva, dont l’OEuf, que nous avons possédé et que nous possédons
encore, nous vient de l’Inde et se conserve ici constamment de
cette Couleur, avec des taches d’un ton plus foncé.
TROISIÈME TRIBU.
PHASIANIDÉS OU FAISANS — Phasianido.
Par suite la Tribu des Phasianidés se compose d’un assez
grand nombre de Familles, qui sont : Phasianinæ, comprenant
le Genre Argus, Polyplectroninæ ou Eperonniers, et Lopho-
phorinæ, et Gallopavoninæ pour le Dinde ou Dindon.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée ou Ovalaire.
Coquille — à test épais, Blanc intérieurement et luisant.
Couleur — ou d’un ton uniforme, variant du Brun-Olivâtre au
Brun-Orangé ou Rougeâtre (Vrais Faisans); ou d’un ton Blanc
légèrement Jaunâtre, maculé de taches brunes (Pucrasia) ;
beaucoup plus marquées dans l'OEuf des Lophophorinæ, qui
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 345
comprennent le Genre Satyra ou Ceriornis : ce qui rapproche
infiniment ces derniers, à ce point de vue isolé, de la Famille
des Perdicinæ, et de celle des Tetraoninæ , dont nous nous
occuperons bientôt. /
QUATRIÈME TRIBU.
PAVONIDÉS OU PAONS — Pavonideæ.
Nous réduisons cette Tribu à son expression la plus simple,
c'est-à-dire, à la Famille unique et isolée des Pavoninæ, que
le mode d'organisation de son test calcaire ne permet de con-
fondre avec aucune des Tribus ou Familles qui précèdent.
L’OEuf des Pavonidés offre en effet une énorme différence dans
le procédé de formation et dans la constitution physiologique de
sa Coquille avec l'OEuf des Gallidés. Autant la concrétion en
est homogène chez ceux-ci, autant elle est grossière chez les
premiers. Ainsi, la Coquille de l’OEuf des Paons présente une
enveloppe assez compacte et dure; mais sa surface est perforée
de trous, représentant les pores, d’une profondeur qui étonne,
vus simplement à la loupe, et qui, sous l’influence du micro-
scope, prennent des proportions incroyables et monstrueuses,
qui les font ressembler à des cavités ou véritables solutions de
continuité : ces perforations sont en outre traversées d’un plus
ou moins grand nombre de petits ligaments calcaires qui unissent
les parois entre elles et en rendent l'aspect plus irrégulier encore,
donnant à la Coquille ainsi étudiée l'apparence de la surface
interne d’un os médullaire coupé par la moitié , avec ses cloisons
calcaires.
L'OEuf qui se rapproche le plus, par la conformation de son
enveloppe, de l’OEuf du Paon, presque unique dans la Série,
est celui de la Pintade.
346 TROISIÈME PARTIE.
DEUXIÈME SOUS-ORDRE.
COUREURS
(Cursores).
Nous composons ce Sous-Ordre, que nous détachons du
grand Groupe classique des Gallinacés ; de deux Tribus qui
sont : les Perdicidæ et les Tetraonide.
PREMIÈRE TRIBU.
PERDICIDÉS — Perdicideæ.
Par suite, nous faisons subir une nouvelle transformation à
cette Tribu, si naturelle déjà, zoologiquement parlant, et qui
ne l’est pas moins au point de vue Oologique, car nous en aug-
mentons les éléments de la Famille des Meieagridinæ ou Pin-
tades, par laquelle nous la commençons, les enlevant ainsi aux
Gallidés ; viennent ensuite les Francolinæ, les Perdicinæ et les
Odontophorinæ. Mais nous n’avons pu nous décider à y laisser
niles Turnicinæ que, malgré leurs grandes affinités Ostéolo-
giques avec les Perdicidæ, nous réunissons à la Tribu des
Cursoriidæ, à la suite des Outardes; ni les Thinocorinæ , que
nous en retranchons, et que nous renvoyons en tête de l'Ordre
suivant, celui des Grallarii. Nous dirons nos motifs lorsque
nous nous occuperons de cet Ordre.
Are FAMILLE. — Pintades ( Meleagridinæ).
Nous avons donné à cette Famille le nom de Meleagridinés,
appliqué jusqu'alors aux Espèces du Genre Dindon (Gallopavo),
parce que nous avons voulu restituer au type de cette Famille la
dénomination de Meleagris, que lui donnaient les Grecs, et que
Linnée, par un abus d'autorité ou par une faiblesse déplorable,
et par une déférence inexcusable à l'opinion qui avait régné avant
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 347
lui, à transporté d’un Oiseau d'Afrique , bien connu des anciens,
à un Oiseau d'Amérique, qu’ils n’ont jamais pu connaître. On sait
en effet qu’Aristote, qui ne parle qu'une seule fois de la Pin-
tade, dans tous ses Ouvrages sur les Animaux, la nomme
Méléagride. Et Columelle, en reconnaissant de deux sortes qui
se ressemblaient en tous points, excepté que l’une avait les
barbillons bleus, et que l’autre les avait rouges, appelait Méléa-
gride cette dernière, et Poule Africaine ou Numida (de Numidie)
la première. C’est même cette différence, mal appréciée, mal
étudiée , dans la couleur du barbillon , qui servit pendant long-
temps d’argument principal aux partisans de l'opinion qui voulait
que le Dindon eut été connu des anciens ; et que c’est lui qu’il
fallait reconnaître dans la Méléagride aux barbillons rouges.
Tout en retirant done au Genre Dindon un nom usurpé, et qu'il
n'aurait jamais dû porter, nous avons pensé que ce nom devait
rester dans la Science; et c’est par cette raison que nous l’avons
rendu à l’Oiseau qu’il a servi à spécifier le premier (1). Nous
regreitons de n’avoir pu faire adopter cette Opinion par le Prince
Ch. Bonaparte, dont l'autorité l'eut, sans aucun doute, accré-
ditée et vulgarisée.
Quoïiqu’on ait pu dire des Pintades (Meleagris, Numida) ,
quoiqu’on en ait voulu faire, nous avons peine à croire que les
Auteurs, que nous avons dû suivre Pour nos premiers travaux,
se soient trouvés dans le vrai en faisant , jusqu'à ce jour, des
Meleagridinæ une Famille de Gallinacés purs. La Pintade, en
effet, ne représente rien, à nos yeux, dans ses formes, qui rap-
pelle celles de cet Ordre: tout au contraire, chez elle, accuse
celles des Perdicidés , dont on n’æhrait jamais dû l’éloigner. Car,
peu nous importe, pour en faire une Famille de cette dernière
Tribu, qu’elle ait la tête ou la gorge dénudée, qu’elle soit ornée
(1) Eneyel. d'H. Nt. Ois., T. Ni, p. 81.
348 TROISIÈME PARTIE.
d’une huppe de plumes ou d’une plaque frontale cornée : il n’y
a rien là de plus extraordinaire que ce qui se voit chez les
Pauxi, chez l’Oreophasis, qui n’en restera pas moins un Péné-
lope , et que l’on n’en a pas moins laissés jusqu'ici tous deux
dans les Gallinacés, quoique nous les croyons appartenir, et que
nous les reportions à un autre Ordre, et chez plusieurs Fran-
colins, qui n’en sont pas moins de vrais Perdicidæ.
Une dernière considération nous détermine enfin à cette inno-
vation : c’est celle tirée de l’inspeetion de l’OEuf de cette Famille,
qui est également un OEuf de Perdicidæ et nullement de Gallidæ.
CARACTÈRES QOLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coquille — à test très-dur, à pores très-marqués, et formant
un système de granulation en creux, ou de piqueture, analogue
à celui que nous avons signalé chez l’CEuf du Paon; à surface
légèrement luisante , Blanc intérieurement.
Couleur — d’un Blanc-Fauve ou Brunûtre, parfois teinté de
rose , avec de nombreux points et quelques taches d’un Brun-
Fauve.
C'est la profondeur de ces piquetures ou perforations qui, en
retenant une partie de la matière colorante, leur donne la fausse
apparence de taches.
2e FAMILLE. — Francolins (Francolinæ).
Nous connaissons six à huit Espèces de cette Famille.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — ou Ovée ou Ovalaire.
Coquille — à test assez dur, à pores un peu apparents, très-
légèrement luisant , et Blanc intérieurement.
Couleur — d’un ton Fauve variant d'un Brun clair à l'Isabelle.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 349
ou uniforme, sauf quelques nuages plus foncés, ou piqueté de
points d’un Brun-Noirûtre.
3e FAMILLE. — Collins (Odontophorinæ).
CARACTÈRES OOLOGIQUES.
Forme — Ovée.
Coquille — à test dur, à pores peu indiqués, luisant, Blanc
intérieurement.
Couleur — d’un ton ou Blanc-Isabelle sans taches, ou tiqueté
ou maculé de points et de taches Brun-Rougeûtre.
L’analogie de l’'OEuf du Lophortyx et notamment du L. Cali-
fornicus avec celui de la Gaille est éminemment remarquable.
Ajoutons que les différences relatives de l’OEuf du Genre Ortyx
et du Genre Lophortyx sont les mêmes que celles des Genres
Caccabis et Coturnix des Perdicinæ.
4e FAMILLE. — Perdrix (Perdicinæ).
CARACTERES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée.
Coguille — à test dur, à pores un peu marqués, luisant et
Blanc intérieurement. ,
Couleur — d’un ton Isabelle, plus ou moins nuancé de
Verdâtre, et dans ce cas parfois finement pointillé de Brunâtre
ou maculé de taches irrégulières ou éclaboussures, variant du
Brun-clair au Brun-foncé et même au Brun-Rougeître.
Quoique, de même que tous les Ornithologistes, nous termi-
nions la Famille des Perdicinæ par le Genre Caille (Coturnix),
nous devons dire que, pour nous, les Espèces de ce Genre, par
leur forme et surtout par leur OEuf, sont de véritables Collins.
Et si nous les laissons encore dans la Famille des Perdicinæ,
350 TROISIÈME PARTIE.
c’est par respect pour le principe de la distribution Géogra-
phique, tous les Collins étant essentiellement Américains ; mais
aussi, c’est par les Caïlles que nous commençons nos Perdicinæ,
et nous les terminons par le Genre Bonasa, dont l’OEuf repré-
sente si bien celui des Tétras.
DEUXIÈME TRIBU.
TÉTRAONIDÉS — T'etraonidæ.
Cette Tribu se compose de deux Familles : les Tetraoninæ,
pour les Tétras; les Pferoclinæ , pour les Ptéroclès.
Are FAMILLE. — Tétraoninés ou Tétras (Tetraoninæ).
CARACTÈRES OOLOGIQUES,
Forme — Ovée ou Ovalaire.
Coquille — à test assez dur, uni et luisant, Blanc intérieu-
rement.
Couleur — d’un Blanc-Jaunâtre ou Isabelle recouvert de
taches plus ou moins nombreuses, en forme de points ou
d’éclaboussures, de Couleur d’Ocre ou d’un Brun-Rouge très-
foncé et devenant presque noirâtre.
=,
2e FAMILLE. — Pétroclinés ou Pétroclès (Petroclinæ).
Les Petroclinés se distinguent par un Caractère tout particu-
lier : celui de la Forme de leur OEuf, qui, au lieu d’être Ovée,
ou simplement Elliptique, est presque généralement Cylindrique,
c’est-à-dire d’une Ellipse à bouts obtus ou arrondis; c'est même
un des types des formes principales de l’OEuf, que nous avons
figurés dans le temps (1). La Coloration de l’OEuf de cette Famille
(1) Magas. de Zool. 1842.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 351
se rapproche singulièrement, au reste, de celle de l'OEuf des
Tétras ; surtout pour celle des deux Espèces du Sud de l’Europe,
qui est si commune en Algérie (l’Alchata).
CARACTÈRES QOOLOGIQUES :
Forme — Cylindrique.
Coquille — à test dur, à pores peu distincts, Blanc intérieure-
ment, et beaucoup plus lisse et plus luisant que chez l’OEuf du
Tétras.
Couleur — d’un fond Blanc légèrement Fauve ou Isabelle,
mais jamais Verdâtre, avec de nombreux points et des taches
variant du Brun-clair au Brun de Sienne brülée, parfois Rou-
geâtre, entremêlées de macules d’un Gris nuageux; ces taches
formant souvent une zône ou couronne, au centre ou à l’un des
deux pôles de l'OEuf.
C'est ce qui résulte, pour nous, de l’inspection des dix Espèces
à notre connaissance.
Ces OEufs représentent exactement dans l'Ordre des Gallinacés
ce que sont les OEufs d'Engoulvents dans l’Ordre des Passe-
reaux.
Les OEufs de tous les Coureurs , qu’il s’agisse des Perdicidés
ou des Tétraonidés, ont, de même que ceux des Gallinacés, leur
ton de Couleur tellement approprié à la Couleur et à la nature
des terrains sur lesquels ils les déposent, ou des matériaux
dont ils les recouvrent, qu’il est réellement fort difficile de les
en distinguer : les premiers , par leur uniformité de coloration,
en rapport avec celle des lieux; les seconds, par leurs macu-
latures d’un Brun-Rouge si tranché et si prononcé, qui n’ont
d'autre but que d’en dissimuler la vue aux yeux les plus clair-
voyants, au milieu des Bruyères ou des Graminées rougeâtres
dans lesquelles ces Oiseaux cachent avec soin le produit de leur
ponte.
352 TROISIÈME PARTIE.
TROISIÈME SOUS-ORDRE.
STRUTHIONIGRALLES
(Struthionigralli).
La composition et l'établissement que nous faisons de ce Sous-
Ordre pourra paraître hétérogène à bien des personnes : car elle
s'éloigne de beaucoup, nous l’avouons, de tous les errements
suivis par les meilleurs et les plus savants de nos Méthodistes. Ce
n'est cependant qu'après mûre réflexion et une étude approfondie
de chacun des éléments que nous y faisons entrer, en conférant
ensemble les Caractères Oologiques dont nous nous préoccupons,
il est vrai, avec ceux fournis par les organes , les mœurs et les
habitudes des Oiseaux que nous y introduisons, que nous nous
sommes décidé à l’établir.
Ainsi nos Struthionigralles se divisent en cinq Tribus, ne repo-
sant chacune que sur une seule Famille; ce sont les Tinamidæ,
les Otididæ, les OEdicnemidæ, les Cursoriidæ et les Turnicide.
Si l’on nous en demande la raison, nous répondrons que les
considérations Oologiques ont entrainé notre conviction, à cet
égard; et que ces considérations ne mettant en défaut, ou en
danger, aucun des vrais principes de l'Ornithologie, concourant
même, loin de là, à leur démonstration la plus vraie et à leur
consécration, nous avons pensé pouvoir, sinon les imposer, du
moins les soumettre avec confiance aux Naturalistes. Il en sera
ainsi, par la suite, de tout ce qui, dans notre travail, semblera
revêtir, nous ne dirons pas l'apparence d’une prétention, qui n’est
pas dans notre esprit, mais d’une tendance quelconque à l’inno-
vation.
Il nous a paru, finalement, que les caractères Organiques des
Oiseaux de chacune de ces Tribus constituaient un type de transi-
tion manifeste, dont on n’a pas encore assez tenu compte. Ce n’est
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 353
plus le tibia des Cursores, mais c’est encore le pied des derniers
Oiseaux de ce Sous-Ordre, des Tetraonidæ et des Pteroclidæ. Ce
n'est pas non plus tout-à-fait le pied des Gralles, mais ce sont
leurs longues échâsses : enfin, leur pied se rapproche quelque peu
de la conformation de celui des Struthions, auxquels ils font le
passage le plus naturel.
PREMIÈRE TRIBU.
TINAMIDÉS OU TINAMOUS — T'inamide.
Cette Tribu, qui ne se compose que de l’unique Famille des
Tinaminæ, est celle dont l’OEuf nous a offert la particularité la
. plus curieuse, et le sujet le plus intéressant d’études, au cours de
nos CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Non que ce soit la seule Tribu, dont
l'OEuf présente l’aspect uni, lisse et luisant de la porcelaine ; puis-
que nous avons vu l’OEuf du Pic, celui du Martin-Pécheur (A/cedo),
celui des Rolliers (Coracias et Eurystomus), et celui d’un Coucou
de l’Inde (Eudynamis), entre autres, offrir ce caractère : les pre-
miers, avec une Couleur Blanche, le second, avec une Couleur
Bleu-Verdâtre , uniformes. Mais c’est la seule qui réunisse, à ce
caractère, une diversité singulière de nuances propres à chacune
des Espèces qui la composent.
Ainsi, dans l'OEuf des autres groupes d'Oiseaux, malgré, la
diversité de Coloration des Espèces dont ils sont formés, on aper-
çoit toujours un certain degré d’affinité ou de parenté des uns aux
autres. Ici rien de semblable : le lien commun, c’est d’abord la
Forme , ensuite l'absence de toutes taches, puis enfin le poli de la
Coquille ; mais chaque Espèce a sa nuance ou sa Couleur qui lui
est exclusivement affectée.
Ici, par exemple, ne peut s'appliquer dans sa généralité la
proposition de Thienemann, qui attribue l’absence de taches à la
surface de la Coquille de l'OEuf des Picidés et son poli à l’in-
24
354 TROISIÈME PARTIE.
tervention d’un fluide gélatineux ou luisant. Car dans le cas des
Tinamous, la Coloration de la surface de la Coquille est entière-
ment distincte et différente de la Couleur de la matière calcaire du
test, qui, dans sa composition intime, est constamment Blanc.
Cette matière s’est donc trouvée en contact assez direct avec les
parois de l’Oviducte, pour en recevoir d’abord la nuance propre à
chacune des Espèces de la Famille, et l’on est forcé d'admettre
que ce n’est qu'après avoir reçu cette première teinte qu'est inter-
venu le liquide visqueux auquel est dû le luisant dont est douée la
Coquille de ces OEufs, tout aussi réfractaires, assurément, que
ceux des Picidés : à moins d'admettre que cette Coloration soit
celle même de ce fluide.
CABACTÈRES OOLOGIQUES.
Forme — Ovalaire, ou Elliptique, parfois presque Sphérique.
Coquille — à test mince, fin, sec, uni, sans traces apparentes
de pores, réfléchissant la lumière comme le métal bruni, ou le
marbre le plus pur et le mieux poli; Blanc intérieurement, ou
dans son épaisseur.
Couleur — constamment uniforme et sans taches, passant par
les nuances de Bleu, de Vert, de Brun-Chocolat, de Gris-d’Acier,
de Lilas, et de Café-au-lait, ou Fauve-Carminé.
C’est la réunion la plus séduisante qui se puisse voir dans une
Collection Oologique. Nous connaissons, et nous avons possédé
l'OEuf de seize Espèces de cette Tribu, dont le plumage monotone
est si différent du brillant colori de leur OEuf./
DEUXIÈME TRIBU.
OTIDIDÉS , OU OUTARDES — Oéididæ.
Il existe une certaine analogie entre la Forme et le luisant de la
Coquille de l’OEuf des Ofididæ, et ces mêmes caractères chez
l'OEuf des Tingmideæ ; et ces rapports ont la même valeur relative,
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 355
entre les deux Tribus , que leurs rapports Zoologiques. Mais celui
des Outardes, s’il n’a plus ce cachet particulier, presque exclusif,
qui fait de l’OEuf des Tinamous un type si remarquable, n’en reste
pas moins, dans les données ordinaires , plus rapproché de l'Ordre
des Gallinacés, que de celui des Gralles, dont il est, à peu de
chose près, l'intermédiaire. Aussi, sans partager complétement
l'opinion du Prince Ch. Bonaparte, qui à cru pouvoir isoler cette
Tribu du premier de ces Ordres, pour la mettre en tête du dernier,
on voit que nous ne nous éloignons pas beaucoup de lui, pour
notre manière de voir et de procéder.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
- Forme — Ovalaire ou Ovée, parfois presque Sphérique.
Coquille — assez fine, unie, à pores peu visibles, d’un Blanc
quelque peu Verdâtre dans sa transparence, et luisante.
Couleur — d’un Brun-Fauve clair, ou d’un Vert-Olivâtre léger,
recouvert de taches Brunes plus ou moins foncées ou Olivâtres.
Les taches sont souvent à peine apparentes chez l’OEuf de
l’'Otis tetrax ou Cannepettière, qui paraît alors d’un Vert-Bleuâtre
ou Olivâtre uniforme. Celui de l’Eupodotis ou Houbara, dont les
taches sont plus aceusées, porte quelquefois un ou deux traits
sinueux , allongés, de même Couleur que les taches.
Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de onze Espèces
d’Otidés.
TROISIÈME TRIBU.
OEDICNÉMIDÉS OU OEDICNÈMES — OEdicnemide.
L’OEdienème sera toujours, à notre sens, quoiqu’on fasse ou
quoiqu’on dise, plus un Courre-vite qu’un Pluvier. En mettant à
part la forme du bec, c’est le même port, la même conformation
de pattes (caractère de première valeur, quand il s’agit de Gralles);
il offre done, zoologiquement parlant, les plus grands rapports
356 TROISIÈME PARTIE.
avec le premier. Il en est de même pour l’OEuf de l’un et de
l’autre : même ensemble Globulaire, à fort peu de chose près,
même système de Coloration. Ici l’Oologie reçoit une de ses consé-
crations les plus remarquables, quand l’on veut se rendre compte
des différences considérables qui éloignent autant l’OEuf de
l’OEdienème de celui des Pluviers, alors que l’on à toujours voulu
faire de l’Oiseau le congénère inséparable de ces derniers.
Il nous suffira de reproduire les démonstrations si évidentes
qu'a faites de ces différences et de leurs causes M. de la Fresnaye,
en comparant l’OEuf de l’OEdienème criard avec son squelette :
« L'OEuf de cet Oiseau, dit-il, véritable Pluvier à grandes aïles,
au lieu d’être Ovalo-conique (1) comme celui du groupe des
Echassiers, auquel ïl appartient (les Pluviers, Vanneaux, etc.),
est plus allongé, moins gros vers le gros bout et plus arrondi vers
le petit, se rapprochant par conséquent de la Forme Ellipsoïde.
En observant son Squelette et le comparant avec celui du Pluvier,
on y remarque des ailes qui, sans être plus robustes, sont beau-
coup plus longues et plus prolongées en arrière, et même en
avant; ainsi chez les Pluviers, elles ne s'étendent pas à beaucoup
près en arrière jusqu’à l'insertion des fémurs sur le bassin, tandis
que chez l’OËdienème elles la dépassent notablement. De plus, les
jambes, quoique fort longues, au lieu d’être grèles comme chez
les Pluviers et les autres Echassiers marins, sont au contraire
robustes, les tarses le sont surtout et ont un renflement notable
au-dessous de leur articulation avec les tibias, d’où son nom
d’OEdienème (jambe enflée). Il résulte de ces différences Ostéolo-
giques que les ailes étant plus saillantes antérieurement , l'OEuf
est moins renflé et plus allongé au gros bout, et que les articula-
tions avec l’avant-bras étant beaucoup plus rejetées en arrière,
(1) M. de la Fresnaye, dans cet article, distingue les Formes Oologiques
en Ovalo-conique , Ellipso-conique, Ellipso-sphérique et Ellipso-cylindrique.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 357
motivent un renflement dans l’OEuf vers le point correspondant ,
à peu près vers les deux tiers postérieurs, tandis que celles des
tibias avec les tarses, beaucoup plus robustes et augmentées du
renflement particulier aux tarses de cet Oiseau, en motivent un
vers l'extrémité et l’empêchent d’être aussi pointu et conique que
chez les Pluviers, Vanneaux, etc. (1) »
C’est la réunion de toutes ces conditions si différentielles de ce
qui se remarque chez les Gralles, qui nous a déterminé à la com-
position de notre Sous-Ordre des Struthionigralles. Il est fâcheux
que M. de la Fresnaye n'ait aperçu que le côté curieux de ce
rapprochement, sans en rien conclure pour l'influence qui en
devait résulter sur les Méthodes de Classification adoptées et
suivies.
“
CARACTERES OCLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, assez renflée, et parfois Sphérique.
Coquille — à test assez mince, compact, à pores peu visibles
et faiblement luisant ; Blanc intérieurement.
Couleur — d’un Blanc-Fauve, recouvert également de taches
sinueuses et irrégulières d’un Brun plus ou moins foncé ou Ver-
dâtre, sans cependant revêtir précisément l'apparence de mar-
brures.
On verra bientôt avec plus d’évidence que, par sa forme , l'OEuf
de l’OEdicnème n’a rien qui le rapproche de celui des Pluviers; et
que ces différences, jointes à celles résultant de la constitution
Ostéologique des deux Oiseaux, doit entraîner définitivement la
suppression de l’'OEdicnème de l'Ordre des Gralles, dont font
essentiellement et notablement partie les derniers. Ce résultat nous
est clairement indiqué par la conformité constante des caractères
que nous avons eu lieu d'observer et de comparer sur l’OEuf de
(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev.
Zool., 1845.
358 TROISIÈME PARTIE.
quatre Espèces d’OEdicnèmes, dont nous avons possédé les
exemplaires, aujourd’hui au Musée de Philadelphie : OEdicnemus
crepitans, par six ou huit variétés ; OEd. maculosus: OEd. bis-
triatus ; et OEd. grallarius.
QUATRIÈME TRIBU.
CURSORIIDÉS OÙ COURRE-VITE — Cursoriidcæ.
Il en est ainsi de l’OEuf du Courre-vite qui, avec le même
ensemble, se rapproche davantage de celui des Turnicidés qui
vont suivre, quoique avec un système de maculature tout parti-
culier, et le même sur trois Espèces dont nous connaissons
l’OEuf.
CARACTÈBES OOLOGIQUES :
Forme — d'un Ovoïde arrondi et presque Sphérique, la pointe
en étant à peine indiquée.
Coquille — à test mince, sec, à pores peu visibles, Blanc
intérieurement , mat et sans reflet appréciable.
Couleur — d'un Blanc sale ou Fauve, tiqueté irrégulièrement
de petits traits ou rayures très-fines et de petits points Brunâtres
et Noirâtres, entremêlés d’autres Grisâtres.
Le Docteur Thienemann réunit les Cursoriidæ, dont il ne
figure du reste qu’une seule Espèce d'OEuf, celui du C. bicinctus,
qu'il à dessiné sur celui de notre Collection, aux Glareolinæ (1).
CINQUIÈME TRIBU.
TURNICIDÉS, OU TURNIXS — T'urnicidæ.
L'OEuf des Turnicidés est assez rapproché de celui des Perdi-
cidés, pour que l'on n’ait jamais songé à les en éloigner beaucoup,
en les mettant dans un autre Ordre que ceux-ci. Son caractère,
(1) PI. 58, fig. 3.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 359
cependant, réuni à celui que fournit l’'OEuf des deux précédentes
Tribus que nous lui avons adjointes, constitue un ensemble qui
suffit, à nos yeux, pour justifier le groupement que nous en
avons fait avec ces dernières, en même temps que leur séparation
d'avec les Perdicidés.
CABACTÈBES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, un peu obtuse, c’est-à-dire, quelque peu
renflée ou globulaire.
Coquille — à test mince, à pores serrés; Blanche intérieure-
ment, mate et sans aucun reflet.
Couleur — d'un Blanc sale ou Fauve clair, parsemé plus ou
moins finement de nombreux points d’un Noir-Brunûtre, entre-
mêlés de mouchetures Grises.
Même observ ation pour les OEufs des Oiseaux de cet Ordre, que
pour ceux Fe précédents quant à l'appropriation de leur Couleur à:
celle des lieux où ils les déposent.
SIXIÈME ORDRE.
STRUTHIONS
(Struthiones).
D’après notre manière de raisonner, et en nous plaçant au point
de vue de notre travail, nous pensons à être fondé à établir ici
l'Ordre exceptionnel des Struthions, ou Rudipennes, de M. Isid.
Geoffroy-Saint-Hilaire.
Nous y comprenons, à peu près, les mêmes Tribus qu'y a mises
le Prince Ch. Bonaparte, plus les Casuaridæ, que nous élevons,
du rang de Famille où il les plaçait, à celui de Tribu ; plus égale-
ment les Apferygidæ, que nous élevons au même rang ; moins
360 TROISIÈME PARTIE.
cependant, quant à présent, les Dinornithidæ et les Epiorni-
thidæ, dont nous ne connaissons l’OEuf qu’à l'état presque fossile,
ce qui ne permet pas suffisamment d’en vérifier la contexture
calcaire.
Cet Ordre est celui qui offre les plus curieux sujets d’études
Oologiques, en ce qui concerne la structure intime et l’aspect
extérieur du test de l’OEuf. En effet, par suite du dépôt suecessif,
ou du mode différent dans la cristallisation de la matière calcaire,
cette enveloppe affecte des apparences diverses. Ainsi, dans l’Au-
truche d’Afrique, les pores ne sont pas uniformément disposés à
la surface, comme dans la généralité des OEufs d’Oiseaux ; ils s’y
trouvent répartis par séries de circonvolutions divisées par seg-
ments ou solutions de continuité, dans le genre du vermiscellé
que la taille de la pierre affectait pour l’ornementation extérieure
de l'architecture à la fin du XVIe et au commencement du
XVILe siècle$ mais chaque piqueture, ou ponctuation, étant en
creux , et l'intervalle d’un point à un autre paraissant en relief,
par apposition, et par suite de l'épaisseur de la Coquille.
Dans l’Autruche d'Amérique, au contraire, les pores de la
Coquille, beaucoup plus lisse et unie que chez l’OEuf de l’Autruche
d'Afrique, présentent un système de linéaments fins et déliés, ou
de rayures en creux, disposés assez uniformément à la surface,
mais tous droits et perpendiculaires au petit axe de l’OEuf, par
conséquent dans le sens de la longueur.
Pour le Casoar, il s’offre avec la plus grande exagération qui se
puisse voir, du système que nous appellerons tuberculeux : car ce
ne sont plus les pores qui s’aperçoivent se dessinant en creux,
comme chez l’Autruche, c’est toute une granulation procédant par
séries beaucoup plus rapprochées, en sorte que l’ensemble et
l'aspect produisent l'effet d’un guilloché assez profond.
Quant à l’OEuf de l’Aptérix, sa Coquille, étudiée au Microscope,
offre à l’OEil dans la composition de son test, un réseau de fines
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 361
saillies, ou Spicules , ainsi que le dit très-bien le Docteur Owen (1),
communiquant entre elles, comme toutes les concrétions calcaires
des OEufs d'Oiseaux, par des réservoirs ou tubes aériens qui en
constituent la capillarité. Ce dernier caractère, dans le mode de
cristallisation et de constitution organique du test Ovarien est au
surplus, nous le répétons, commun à plusieurs autres Oiseaux ,
notamment, mais dans une moindre mesure, à plusieurs Gralles
parmi nos OŒEgyalites et nos Alectorides.
Observons que, par leur Forme, à part leur Couleur , l’OEuf de
l’Autruche et celui du Casoar se rapprochent de celui de nos
Coureurs ; tandis que celui de l’Aptéryx, par la sienne, se rap-
proche de celui des Gralles, particulièrement de celui du Cariama,
que nous mettons à leur tête.
C'est donc le cas, de toute manière, d'indiquer la Diagnose
Oologique de cet Ordre des Struthions, en procédant par Tribu.
PREMIÈRE TRIBU.
STRUTHIONIDÉS OU AUTRUCHES — Séruthionide.
CARACTÈRES OOLOGIQUES.
Forme — ou Globulaire, ou Sphérique , ou Ovalaire.
Coquille — à test fort dur, épais et à surface peu unie et fort
luisante.
Couleur — d’un Blanc-Jaunâtre ou Jaune d'Ivoire.
L’Autruche, surtout celle d'Amérique ou Nandou, par son
OEuf, semblerait la démonstration assez évidente de l'influence de
la domesticité sur la forme de l’OEuf, ou du moins sur la dévia-
tion que la Forme normale de ce corps en peut éprouver, et
donner peut-être raison à la proposition de M. Hardy, de Dieppe,
sur ce point. Mais, dans quelle limite s'exerce cette influence?
(1) Proced. Zool. Soc., 1852.
362 TROISIÈME PARTIE.
Quelle en est la cause appréciable ? C’est ce que nous ne saurions
dire ; et nous n’osons encore adopter sans réserve, ni comme
principe démontré en Oologie, que : « La perpendicularité de
» l’Oviducte fait, dans le repos, l’OBuf court de la majeure partie
» des Oiseaux de proie, et dans l’action, celui du Pic, » ainsi
que s'exprime cet habile observateur (1).
Ainsi, la plupart des OEufs de Nandou pondus au Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris, présentent une Forme d’une Ellipse
on ne peut plus allongée, et se rapprochant fort du type auquel
nous avons donné le nom de Cylindrique ; il est facile d’en juger
par les dimensions que voici, prises sur un OEuf de cette Espèce
pondu dans la Ménagerie de cet Établissement :
44 centimètres et demi de longueur, au grand axe, sur 7 cen-
timètres et demi de largeur, au petit axe, c’est-à-dire que le
petit diamètre, ici, n’est que la moitié du grand; tandis que les
dimensions normales de l’OEuf de cette Espèce, pondu à l’état
de nature ou de liberté, en Amérique, sont d'ordinaire de 9 ou
9 centimètres et demi sur 44. La Coquille en est en outre plus
lisse et moins striée ou piquetée , les pores plus rares et plus
profonds, et de Couleur Beurre frais. Nous laissons M. Hardy en
tirer toutes les conséquences favorables à sa théorie.
DEUXIÈME TRIBU.
CASUARIDÉS OU CASOARS — Casuaridæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovale ou Elliptique.
Coquille — à test dur, épais, à surface très-rugueuse et lui-
sante dans toutes les molécules ou parcelles en relief.
Couleur — ou d’un Vert-Jaunâtre ou d’un Vert-Gristre,
(1) Rev. et Magas. de Zool. N° 6, Ann. 1857.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 363
recouvert dans tous les cas d’une granulation d’un Vert-Clair ou
d’un Vert-Bouteille Bleuâtre qui, à première vue, paraît donner
sa couleur à la Coquille et être la sienne.
La Coquille de l'OEuf des Casoars, dans sa contexture , est
d’une nature en apparence seulement exceptionnelle par l’exagé-
ration de sa double concrétion , le test en ayant l’air formé de
deux couches superposées. Ainsi, on y remarque une première
enveloppe assez fine, assez unie et mate, de Couleur Grise ou
Ardoise-Verdâtre ; puis, sur cette enveloppe , et irrégulièrement
répandue à la surface, une sorte de granulation grumeleuse en
relief, à contours arrondis et luisants, d’un beau Vert foncé.
Aussi cette double épaisseur permet-elle d’en tirer parti au
moyen de la sculpture, en ne laissant de la couche supérieure
que ce que l’on veut, pour en former et produire des dessins en
arabesque, talent que les Chinois, si industrieux, possèdent au
suprême degré, et appliquent à toutes les matières solides.
Ces OEufs, chez le Casoar, subissent, comme tous ceux
d’Oiseaux soumis à l'influence de la domesticité , une altération
sensible dans la contexture de leur test, car, outre que la prin-
cipale surface mate de ce test devient d’un Jaune-Verdàtre, la
granulation dont nous venons de parler, sans changer positive-
ment de couleur, y devient beaucoup plus rare et beaucoup
plus espacée.
Pour ce qui est de cette granulation en elle-même, quant à sa
nature et à son origine, il est assez difficile d’asseoir quelque
chose de précis. IL est à croire, et c’est notre opinion, qu’elle
est le produit de la matière colorante qui se développe dans le
trajet de l’Oviducte, chez ces Oiseaux ; et doit en partie sa con-
sistance, anormale dans la série, et ses reliefs à une sécrétion
particulière assez épaisse de la muqueuse. Car nous distinguons
positivement cette matière de la Goquille ou surface à laquelle
elle est superposée, dont la formation est au contraire le résultat
364 TROISIÈME PARTIE.
d’une cristallisation très-fine et parfaitement homogène, et dont
la teinte extérieure Gris-Verdâtre est celle de ses éléments cons-
tituants, et par conséquent de son épaisseur ou de son intérieur.
TROISIÈME TRIBU.
APTÉRYGIDÉS OU APTÉRYX — Apterygidæ.
CABACTÈBES OOLOGIQUES:
Forme — Ovée, allongée.
Coquille — à test modérément épais, plus rugueux au toucher
qu’à la vue , à l’inverse de l'OEuf du Casoar ; mat et sans reflet
sensible.
Couleur — d'un Blanc-Gris sale.
Si nous mettons l’Aptéryx le dernier de nos Struthions, c’est
qu’il nous paraît former Oologiquement, et nous dirions même
Physiologiquement , ou par l’ensemble de ses caractères, le lien
de transition des Séruthiones aux Grailæ, par la première Tribu
de nos Ægyalites, les Cariamideæ.
La connaissance première de la plus grande partie des détails
Oologiques relatifs à l’Aptéryx , est due au Docteur Owen, qui en
a fait l’objet d’une savante et intéressante communication à la
Société Zoologique de Londres, en 1852, dans les Bulletins
illustrés de laquelle il en a fait figurer l'OEuf, pondu dans le
Jardin Zoologique de la même Société.
Cet éminent Professeur a remarqué fort justement que, toute
proportion gardée entre les mesures Ostéologiques des Dinorni-
thidæ et des Apterygidæ, V'OBuf de ces derniérs était beaucoup
plus gros que ne pouvait l'être celui des premiers, dont on ne
connaît que des débris plus ou moins fossilifiés.
Or, ce caractère de grosseur disproportionnée de l’OEuf avec
l'Oiseau qui l’a produit est commun, et presque exclusivement
particulier à l’'OEuf de la plupart des Tribus du premier Sous-
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 365
Ordre de nos.Gralles, les Ægyalites, dans lesquels figurent les
Charadridæ, etc.
Nous devons dire toutefois que la Forme de l’OEuf de l’Aptéryx,
presque la même que celle de l’OEuf du Cariama , se rapproche
beaucoup plus de la Forme Ovée allongée que de la Forme
Ovoïconique propre aux vrais Gralles.
SEPTIÈME ORDRE.
GRALLES
(Grallæ ).
Le caractère particulier de tout OEuf de vrais Gralles, est d’avoir
sa matière calcaire d’un Blanc légèrement Verdâtre dans son épais-
seur, et par conséquent dans la transparence de sa Coquille. C’est,
avec la Forme qui est d’un Ové allongé et aigu, c’est-à-dire,
presque Ovoïconique, la ligne de démarcation la plus marquée
entre cet Ordre et celui des Gallinacés, dont cette matière est au
contraire le plus généralement Blanche.
Nous comprenons dans cet Ordre tous les Oiseaux à tarses
élevés, en dehors de ceux qui précèdent, et nous le divisons en
quatre Sous-Ordres : Ægyalites, Alectorides, Herodiones et
Hygrobatæ.
PREMIER SOUS-ORDRE.
ÆGYALITES
(Æyyalites).
Nous avons préféré emprunter cette dénomination à Vieillot,
qui l’appliquait à la plupart des Tribus dont nous formons ce
Sous-Ordre, que d’en imaginer un nouveau. Il se compose des
Tribus suivantes :
366 TROISIÈME PARTIE.
Cariamidæ, Cariamas.
Thinocoride , Thinocores.
Charadriide, Pluviers.
Glareolidæ, Glaréoles.
Hoœmatfopodidæ, Huitriers.
Recurvirostridæ, Avocettes.
Scolopacideæ , Bécasses.
Phalaropodidæ, Phalaropes.
Au total huit Tribus, dont les deux points extrêmes paraissent,
à première vue, bien éloignés l’un de l’autre.
Nous avons donné plus haut les raisons qui nous ont fait dé-
tacher l’OEdicnème des Charadridés , nous devrions dire, mainte-
nant, de nos Ægyalites. Nous allons, à l’appui de ces raisons,
donner celles qui nous ont fait comprendre les huit Tribus ci-
dessus dans ce Sous-Ordre , et sur lesquelles s’appuie le groupe-
ment Oologique que nous en avons ainsi fait; et ces motifs, nous
les emprunterons encore à M. de la Fresnaye, dont les considéra-
tions ne sont que le développement de nos principes et de ceux de
Buble, qui avait dit avant nous que : « La Forme de l’OEuf est en
» rapport avec la configuration de l’Oiseau qui se développe dans
» l’OEuf, nommément avec la grosseur du tronc, avec la grosseur
» de la tête, et avec la longueur et la vigueur des jambes : par
» exemple, la forme ronde du Hibou, le corps long et étendu, et
» le cou allongé du Grèbe huppé, etc. »
.« Chez les Échassiers marins, dit M. de la Fresnaye, comme
Couruis, Pruviers, Hurrrters, Ecrasses, VanNEAUx , CHEvALIERS et
Bécasseaux, et même chez les Bécasses, Bécassines et BarcEs
(c’est-à-dire, Numenius, Charadrius, Hoœmatopus, Himan-
thopus, Vanellus, Totanus, Tringa, Scolopax, Gallinago et
Limosa), qui, pour la plupart, sont Oiseaux assez étroits des
épaules, mais à bréchet très-saillant inférieurement, les OEufs
APPLICATION DE CARACTÈRES OOLOGIQUES. 367
sont très-renflés vers le gros bout, allongés et très-pointus vers
l’autre extrémité ou Ovalo-coniques…
» Après avoir reconnu que les OEufs d'Échassiers marins, très-
gros par un bout, devaient ce renflement à la grande saillie infé-
rieure du bréchet de leur squelette, il nous reste à expliquer pour-
quoi ces mêmes OEufs sont prolongés en pointe conique au bout
opposé. Si le bréchet, d’après son plus ou moins de saillie, soit
inférieure, soit antérieure, dans le squelette, produit chez l’OEuf
une Forme plus ou moins renflée vers le gros bout, c’est-à-dire,
Ovalaire, ou plus ou moins étroite vers ce même bout, c’est-à-
dire, Ellipsoïde , la longueur comme la grosseur des trois parties
qui constituent l'aile et la patte ont aussi une influence très-
marquée sur l'allongement de l’OEuf antérieurement ou postérieu-
rement ; ainsi chez les Echassiers maritimes dont il est ici question,
tels que les Echasses, Courlis, Pluviers, Vanneaux, Chevaliers,
Tringas, et même chez les Bécasses et Bécassines, tous Oiseaux à
pattes généralement fort longues et très-grêles, lorsque ces pattes
sont reployées sur elles-mêmes en forme de Z, comme elles de-
vaient l’être dans l’OEuf, l'extrémité postérieure des deux tibias ou
leur articulation avec les tarses dépassant plus ou moins l'extrémité
de la queue, se trouvent alors très-rapprochés ou contigus l’un à
l’autre postérieurement, et occasionnent cette prolongation posté-
rieure en pointe conique chez leur squelette comme chez leurs.
OEufs (chez l’Echasse elles dépassent la queue d’une longueur égale
à celle du tarse tout entier). Les os de leurs ailes, également grêles,
mais de longueur moyenne et ne dépassant pas le tronc antérieu-
rement, ne peuvent motiver un prolongement antérieur dans
l'OEuf. » (1)
. (1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. Rev. Zoo!.
4845. |
368 TROISIÈME PARTIE.
PREMIÈRE TRIBU.
CARIAMIDÉS OU CARIAMA. — Cariamide.
Cette Tribu n’est représentée que par une Espèce unique, que
le Prince Ch. Bonaparte a placée entre les Grues et les Kamichis,
dans ses Alectorides. Nous croyons le Cariama mieux placé ici ,
c’est du moins le rang que semble lui assigner son caractère Oolo-
gique, qui est celui d’un véritable Echassier, et celui de tous les
Pluviers, dont nous le faisons suivre.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, presque Ovoïconique obtuse.
Coquille — à grain assez dur, à pores visibles, Blanc inté-
rieurement et d’un faible reflet.
Couleur — d’un Blanc-sale avec quelques taches d’un Brun-
Rougeâtre, entremêlées d’autres taches Grisâtres.
Par la place que nous assignons à ce Genre, dans la Série, on
voit que nous ne partageons pas l’opinion du Docteur Thienemann,
qui le range avec les Rallidæ; sans doute à cause des rapports
apparents de Coloration de cet OEuf, avec la variété d'OEuf de
Porphyrion, à côté de laquelle il le figure (1). Sa Forme seule en
effet l’éloigne considérablement de cette famille.
DEUXIÈME TRIBU.
THINOCORIDÉS — T'hinocoridæ.
La transposition que nous avons cru pouvoir faire des Thino-
cores, en les enlevant à l'Ordre des Gallinacés, ou au moins à la
Famille des Perdicidés, dans lesquels on les place d'habitude, et
(1) PL Lx, fig. 44 et 18.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 369
où les a même rangés un moment (1) le Prince Ch. Bonaparte,
pour les reporter, ainsi qu'il l'a fait depuis (2), à l'Ordre des
Gralles, paraîtra peut-être extraordinaire et en dehors de
toutes les règles de la Classification Ornithologique. Lorsque
l'on aura toutefois examiné nos motifs, on reconnaitra que
nous sommes beaucoup plus près de la vérité, si nous ne nous
y trouvons tout-à-fait, que nos prédécesseurs, et que nous ne
l'avons été nous-même , dans le temps, faute de connaître
l’OEuf du Thinocore, que nous possédons aujourd’hui, et qui
doit faire cesser toute incertitude. On en va juger :
CARACTÈRES QOLOGIQUES :
. Forme — Ovoïconique.
Coquille — à test dur, serré, à pores peu visibles, uni et
luisant; d’un Blanc légèrement Verdâtre intérieurement.
Couleur — d’un joli ton Isabelle, presque Nankin, grivelé de
petits points et de traits d’un Brun-Rougeâtre et d’autres d’un
Gris violacé, plus nombreux au gros bout.
Il ne faut donc pas s'étonner que d’après ces caractères, qui
sont exclusivement propres à tous les vrais Charadridés , nous
ayons fait des Thinocores une Famille de Gralles ; et, surtout, que
nous les placions entre les Cariamas et les Pluviers qui les vont
suivre. Nous ne connaissons l’OEuf, il est vrai, que d’une Espèce
de Thinocore, celui de d’Orbigny (Orbignyanus); mais le caractère
de Gralles y est si bien imprimé, que nous ne mettons pas en
doute que tous ceux de la Famille ne lui ressemblent.
A l'appui de ces remarques, nous avons des données qui vien-
nent corroborer notre manière de voir, et démontrer tout le secours
que l’Ornithologie peut recevoir de l’Oologie sainement appliquée,
(1) Conspectus,. 1852.
(2) Comptes-rendus de l’Acad. des Sciences. 1856.
370 TROISIÈME PARTIE.
à mesure que s’étendra le cercle de ses connaissances. Il faut se
reporter en effet aux habitudes des Oiseaux dont nous nous oceu-
pons ; et c’est une occasion toute naturelle pour nous de rappeler
aux Ornithologistes ce qu’en ont dit et les Naturalistes de l’Expé-
dition Américaine du Beagle, et, d’après eux, le Baron de Lafres-
naye, que nous préférons laisser parler.
« Le Genre Thinocore, dit ce Savant, qui, dans ses formes et
ses mœurs , tient des Gallinacés et des Echassiers tout à la fois, se
rencontre partout où il y a des plaines stériles et des pâturages
maigres et découverts, dans l'extrémité Sud de l'Amérique Méri-
dionale. Ainsi le Thinocorus rumicivorus d'Eschscholtz, se trouve
à l'Est, dans les plaines de la Patagonie, près Santa-Cruz, vers le
50e degré de latitude, et, à l'Ouest, sur le versant Occidental des
Cordillières, à la Conception, vers les lieux où le pays, couvert de
forêts, se change en vastes plaines découvertes. Depuis ce point
méridional du Chili, jusqu’à Copiapo, on le rencontre dans les
localités les plus dénuées de végétation et les plus désolées, où
aucun être vivant ne semble pouvoir exister.
» Comme les Perdrix, les Thinocores prennent leur vol en
compagnies ; comme elles, ils sont Oiseaux pulvérateurs. Dans ces
deux particularités de mœurs, comme aussi dans la forme de leur
gésier musculeux, adapté à une nourriture végétale ; dans celle de
leur bec voüté, de leurs narines à opercule charnu ; de leurs pattes
peu élevées et de leurs doigts, ces Oiseaux ont une grande affinité
avec les Cailles.
» Mais, dès qu'on les voit voler, on change d'avis : leurs ailes
longues et pointues, si différentes de celles des Gallinacés; leur vol
élevé et irrégulier, et leur cri plaintif, au moment où ils s'élèvent
du sol, rappellent toutes les allures d’une Bécassine; quoique,
lorsqu'ils sont réunis en troupe, ils prennent leur essor comme une
compagnie de Perdrix. Les matelots du Beagle les appelaient, en
général Bécassines à bec court. Il est certain que, dans la forme
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 371
de leurs ailes , la longueur des scapulaires, la forme de la queue,
qui ressemble tout-à-fait à celle du Tringa hypoleucos ; et dans la
couleur générale du plumage, ils offrent la plus grande analogie
avec les Tringas, selon M. Gould ; selon nous, ce serait plutôt
avec les Tournepierres, d’après la brièveté de leurs jambes et
l'espèce de plastron noir qui se remarque sur la poitrine des mâles,
et qui, de chaque côté, descend du coin du bec. La description
anatomique qu’en a donnée M. Eyton (1) confirme en partie cette
affinité avec les Echassiers et les Gallinacés, qui est si remarquable
dans leurs formes extérieures et leurs habitudes. » (2)
N’est-il pas intéressant, en présence de ces hésitations de la
Science et du pressentiment d’un de nos plus habiles Ornitholo-
gistes, M. Gould, à qui en est due la remarque, de voir ces incer-
titudes tranchées, en faveur de l’opinion de ce dernier, par la
révélation des caractères si fortement accusés de l’OEuf d’un
Oiseau de cette Famille? Caractères tels que, confondu avec plu-
sieurs OEufs de Charadriüdés, on le pourrait confondre avec eux et
le prendre presque pour l’OEuf du Charadrius vociferus, sauf
son fond un peu plus jaunâtre.
L'OEuf de l’Aftagis, que nous ne connaissons pas encore,
viendra-t-il confirmer de si heureuses prémisses ?
TROISIÈME TRIBU.
CHARADRIIDÉS OU PLUVIERS — Charadriideæ.
C'est, avec les Thinocoridés, et à partir des Charadriidés, que se
dessine le mieux , après le caractère de la couleur de la matière
calcaire, cet autre caractère si remarquable de l’OEuf des vrais
Gralles, qui affecte la Forme que nous avons appelée Ovoïconique,
mais qui ne se révèle encore chez eux, qu’au premier degré de ce
(1) Beagle’s Vog.
(2) Revue Zoolog. 1845.
372 TROISIÈME PARTIE.
que nous les verrons plus tard, dans un Ordre d’Oiseaux inférieurs.
Cette Forme est celle dans laquelle la partie la plus longue du
petit axe de l’OEuf, au lieu de se trouver au centre, comme dans
la Forme Ovoïde ou Elliptique, se trouve reportée au sommet de
l’OEuf, dont les côtés ne dessinent plus, à partir de ce point,
qu’une ligne droite jusqu’à son bout aigu.
Les Caractères Oologiques de toutes les Tribus qui vont suivre,
jusqu’à la fin de l'Ordre des Gralles, sont tellement identiques, que
nous nous empressons de reconnaître l’impuissance de l’Oologie à
servir à les distinguer, par ces caractères , d’une manière satisfai-
sante les unes des autres. Leurs OEufs, à toutes, à quelques excep-
tions près, ont la même Forme, la même nature de Coquille, et
sont empreints des mêmes Couleurs ne variant que dans l’intensité
des teintes, et ces Couleurs ne sortent pas du Brun et du Vert dans
toutes leurs gammes. Cette impuissance de l’Oologie, que nous
signalons ici, est, après tout, plus apparente que réelle : ear c’est
un hommage de plus rendu à l’harmonie constante de ses rapports
avec les. faits de mœurs et d’habitudes, et avec l’ensemble des
caractères organiques et ses formes extérieures.
CARACTÈRES ©OOLOGIQUES :
Forme — Ovoïconique.
Coquille — à test mince, à pores assez visibles, d'un Blanc
Verdâtre intérieurement et peu luisant.
Couleur — à fond d’un Blanc plus ou moins Jaunâtre ou Ver-
dâtre, avec des taches d’un Brun varié et d’autres Grisâtres, d’un
système de maculature irrégulier ; tantôt sous forme de points ou
vermicellé, tantôt sous forme d’éclaboussures ou de mouchetures,
tantôt enfin sous forme de larmes , généralement réunies au centre
ou au gros bout de l’OEuf.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 313
QUATRIÈME TRIBU.
GLARÉOLIDÉS OU GLARÉOLES — Glareolidæ.
CARACTÈRBES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, un peu Globulaire ou obtuse.
Coquille — comme chez les Charadridés.
Couleur. — Le fond généralement plus Verdâtre.
CINQUIÈME TRIBU.
HOEMATOPODIDÉS OU HUITRIERS — Hœæmatopodide.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — d'un Ové allongé plutôt qu'Ovoïconique.
Coquiile — comme chez les précédents.
Couleur. — Fond d’un Blanc-fauve ou Jaunâtre, avec des
points ou quelques marbrures irrégulières d’un Brun plus ou moins
foncé.
Le Docteur Thienemann les range avec les OEdicnèmes, dont
ils rappellent, il est vrai, un peu l’OEuf, mais de bien loin, et
encore uniquement sous le rapport du système de maculature (1).
SIXIÈME TRIBU.
RÉCURVIROSTRIDÉS OU AVOCETTES — Recurvirostride.
CABACTÈRES OOLOGIQUES : |
Forme — Ovoïconique.
Coquille — comme chez les précédents.
Couleur — de même.
(1) Tab. 57.
374 TROISIÈME PARTIE.
SEPTIÈME TRIBU.
SCOLOPACIDÉS OU BÉCASSES — Scolopacidæ.
CABACTERES QOLOGIQUES :
Forme — variant de l’Ovée obtuse pour les grandes Espèces de
Bécasses (Rusticola et Major) à la Forme Ovoïconique pour toutes
les autres Espèces, surtout pour les Genres Numenius et Limosa.
A l'égard du Genre Numenius, son OEuf est une des meilleures
démonstrations de l'indispensable nécessité de joindre les connais-
sances Oologiques à celles Ornithologiques. Pendant combien de
témps en effet, au point de vue de ses caractères physiologiques,
n’a-t-on pas persisté à le rapprocher des Ibis, dont il représente
seulement le facies? Il suffit aujourd’hui d'examiner la Forme
seule de l’OEuf du Courlis, pour demeurer convaincu qu’il ne sau-
rait être placé ailleurs que dans les Scolopacidés (1).
Coquille — plus ou moins luisante, moins pour les premières,
plus pour les secondes.
Couleur — comme pour les précédentes.
Il y aurait cependant, sous ce dernier rapport, une exception à
faire en faveur de la Rusticola, qui se rapproche un peu pour le
fond et pour les taches, de la Tribu des Rallidæ, qui fait la tête
de l'Ordre dont nous allons traiter.
HUITIÈME TRIBU.
PHALAROPODIDÉS — PHALAROPES — Phalaropodideæ.
Les Caractères Oologiques en sont les mêmes que ceux des
Récurvirostridés.
(1) Magas. de Zool. 1844. Ois. PI. XLYIN
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 315
DEUXIÈME SOUS-ORDRE
ALECTORIDES
(Aleclorides).
Nous laissons au rang d’Ordre, en en adoptant la dénomination,
la Tribu des A/ectorides du Prince Ch. Bonaparte, et nous la
composons des mêmes éléments qu'il a affectés à cette Tribu ; mais
dans un sens inverse de celui adopté par l’illustre Ornithologiste.
Ce Sous-Ordre renfermera donc les Tribus suivantes : Parride,
Rallidæ, Palameïdæ, moins les Cariamidæ, que l’on a vus
ailleurs; mais plus les Chionideæ, les Eurypigidæ , les Opistho-
“comidæ , les Penelopidæ , les Megapodidæ, les Cracidæ, et les
Mesilidæ, au total dix Tribus.
PREMIÈRE TRIBU.
PARRIDÉS OÙ JACANAS — Parridc.
L'un des plus grands embarras des Classificateurs en Ornitholo-
aie est de trouver, sinon la place des Rallidæ, nous dirions
presque des Alectorides, dans la Série, du moins leur lien de
transition avec les Gralles; et cette difficulté est la même pour
l’'Oologiste : non pas tant à cause des caractères parfaitement
homogènes du reste de la Tribu des Rallidés, qu'à cause des
caractères tout-à-fait exceptionnels de l’OEuf des Parridés ou
Jacanas, et sous le rapport de la Forme, et sous celui du système
de maculature; qui n'ont aucune analogie, par leur OEuf, avec
celui de cette dernière Famille, dont leurs mœurs, leurs habi-
tudes, et même leur conformation les rapprochent éminemment :
la Forme de cet OEuf est celle des Gralles; quant à la maculature,
elle est, on peut le dire, sui generts.
376 TROISIÈME PARTIE.
Si nous ne suivions que notre impulsion naturelle, nous les
comprendrions donc dans ce dernier Ordre, quoique les consi-
dérations que nous venons d’énoncer les en repoussent quelque
peu; et nous ne voyons d'autre moyen de sortir de cette per-
plexité que de les mettre en tête de nos Alectorides, ceux-ci
venant immédiatement à la suite des Gralles.
CABACTÈBES QOLOGIQUES :
Forme — Ovoïconique ou d’un Ové excessivement aigu.
Coquille — à test assez dur, à pores invisibles et très-luisant.
Couleur — d'un fond Jaunâtre ou Ocracé, couvert en tous
sens de traits en zig-zag, présentant un enchevêtrement inex-
tricable, et dont on découvre à peine le commencement ou la
fin , de couleur Noire ou Brun-foncé.
Tel est le caractère de coloration et de maculature du Parra
Jacana et du Metopidius Africana , que nous possédons ; d’une
Espèce, de Madagascar, que nous avons étudiée dans le temps
au Museum d'Histoire Naturelle de Paris, et dont nous possé-
dons le dessin fait de la main d’Alphonse Prévost, l’un des
meilleurs Peintres de cet Établissement; et du Parra Indica,
que nous ne pensons pas être la même Espèce, figuré par
Thienemann (1).
Une exception fort curieuse existerait pour le Parra Sinensis,
que nous ne connaissons également que par la figure qu’en a
donnée le même Auteur (2). Cet OEuf a la même Forme, mais
la Coquille est uniformément teintée d'un Jaune légèrement
Olivâtre, qui rappelle à s’y méprendre l’OEuf du Faisan commun,
dont cet Oiseau porte même le nom générique (Æydrophasianus
de Wagler) à cause de la forme si singulière de sa queue qui est
1) PI. zxxit, fig. 10.
(SOMME NUE
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. A1
celle de tous les Phasianidés , et ne porte trace d'aucune macu-
lature. Il faut avouer qu'ici la Science Oologique se trouve
encore en défaut; quoique cependant l’anomalie organique qui
se remarque chez cette Espèce soit égale à celle qu'offre son
OEuf , en telle sorte qu’à la rigueur il n'y aurait pas plus à
conclure contre l’une que contre l’autre de ces deux Sciences,
dont la dernière est à ses débuts.
DEUXIÈME TRIBU.
EURYPIGIDÉS , OU CAURALES — Eurypigidæ.
Ce n'est point d'aujourd'hui qu'est faite notre opinion de
ranger le Caurale dans les Rallidés, ou très-près d’eux. Dès 4844,
peu de temps après nous être procuré, par l’infortuné Justin
Goudot, l'OEuf de cet Oiseau, nous nous exprimions ainsi :
« Cest la première fois que la Science a connaissance de cet
OEuf, découvert, comme celui du Rupicole, par M. J. Goudot,
qui l’a trouvé, en chassant, à la Nouvelle-Grenade, dans un
nid sur lequel il venait de tuer la femelle que nous possé-
dons.
» Nous croyons que les Caractères Oologiques qu'il fournit
peuvent aider puissamment les Nomenclateurs à sortir de l’em-
barras qu’ils ont jusqu’à présent éprouvé à classer convenable-
ment ce Genre si remarquable.
» On sait que l’agréable variété, plutôt que la beauté réelle du
plumage de cet Oiseau, surtout lorsqu'il étale ses ailes et sa
queue, lui à fait donner, par les Français qui habitent la Guyane,
seule partie de l’Amérique du Sud, d’où, jusqu’à présent, l’on
ait reçu ce Genre, le nom de petit Paon des Roses, sous lequel
il est connu dans cette Colonie, et que Buffon, avec le goût et la
justesse d'idées et d'expressions qui le distinguent toujours , n’a
31738 TROISIÈME PARTIE.
pas cru pouvoir mieux peindre ce plumage qu’en le comparant
aux ailes de la plupart des beaux Papillons Phalènes.
» Ce grand Naturaliste n’a pas été moins heureux dans sa
manière d'apprécier l’ensemble des Caractères Zoologiques du
Caurale , lorsqu’après avoir dit : « À le considérer par la forme
du bec et des pieds, cet Oiseau serait un Rüâle; mais sa queue
est beaucoup plus longue que celle d'aucun Oiseau de cette
Famille, » il se décide à le décrire à la fin des Râles, et avant
les Poules-d’eau (Gallinula).
» Nous pensons que tous les Auteurs, qui ont écrit depuis lui,
eussent dû, en l’absence et à défaut de nouveaux caractères
inconnus à Buffon, s’en tenir à son jugement et laisser provisoi-
rement le Caurale où il l'avait placé.
» Linnée, sans être aussi bien inspiré, mais avec presque
autant d'apparence de raison, l’a mis dans son Genre Héron,
Ardea.
» Valmont de Bomare, tout en suivant l'opinion que Buffon
n’avait émise que sous forme de doute, a été beaucoup plus
affirmatif que lui, en disant du Caurale : « à a tous les carac-
tères du Râle, et il est par conséquent du méme Genre, ù à
seulement la queue plus longue. »
» Latham, séduit par les rapports frappants des couleurs
de son plumage avec celles de la Rhynchée du Cap, Rhynchœæa
Capensis, en a fait une Bécassine, et l’a placé dans le genre
Scolopax.
» Illiger, Cuvier et Latreille, l’ont rangé entre les Grues et les
Hérons ; Temminck, entre les Rynchées et les Ràles, se rappro-
chant, par là, un peu plus des principes de Buffon que ses
devanciers:; et Vieillot l’a mis entre les Bécasses et les Hérons,
sous le nom de Helias phalenoïdes.
» Lesson, en prenant parti pour Linnée, parce que, suivant
lui, le Caurale est évidemment un petit Héron, à cru devoir
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 379
critiquer indirectement Buffon de lui avoir trouvé de l’analogie
avec les Râles.
» Enfin le docte M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (!) et, plus
récemment encore, M. G. R. Gray, en Angleterre, ont suivi les
mêmes errements, et fait entrer le Caurale dans leur famille des
Gruidæ, composée des Genres Grus et Ardea de Linnée.
» On le voit, grand a été l'embarras des Naturalistes jusqu’à
ce jour, pour se fixer sur la véritable place à assigner au Caurale
dans l'Ordre Méthodique; mais si grand qu'ait été cet embarras,
leur hésitation a eu ses limites dans lesquelles elle s’est constam-
ment maintenue, c’est-à-dire qu'ils ont varié de la Famille des
Gruidæ à celle des Ardeideæ et des Scolopacide.
» C’est qu’en effet, en supprimant cette dernière, qui n'a
qu'un rapport de couleur, on ne peut se dissimuler que, par ses
caractères zoologiques , cet Oiseau ne tienne beaucoup, quoique
dans des mesures inégales, de l’une et de l’autre des deux pre-
mières : s’il a le bec et les pattes des Râles, le prolongement
insolite de sa queue et un peu de son cou le rapproche des
Hérons.
» La seule conséquence à tirer de cette double affinité, c’est
que l’on avait affaire évidemment à un Genre de transition; et
qu’en présence de cette évidence, c'était vouloir s’épuiser en
vains efforts, que chercher à le fondre exclusivement dans l’un
plutôt que dans l’autre.
» Gest ce que démontre d’abord le mode de nidification du
Caurale , tout-à-fait mixte entre celui des Räles, qui nichent par
terre ou dans les jones , et celui des Hérons qui nichent presque
toujours au sommet des plus grands arbres : le Caurale, d’après
les observations de J. Goudot (2), ne faisant son nid qu'à cinq
ou six pieds de terre, et près des marécages.
(1) Cours. 1843-1844.
(2) Magus. de Zoo. 1843.
380 TROISIÈME PARTIE.
» C’est ce que démontrent incontestablement, suivant nous,
l'inspection et l'étude attentive de son OEuf.
» Cet OEuf tient à la fois, et de celui des Hérons, par sa
Forme Ovalaire quelque peu obtuse, et de celui des Râles, par
l'agencement de ses Couleurs. Ainsi, l’aspect extérieur de sa
Coquille est d’un ton Jaunâtre carminé, recouvert à la sommité
de l'OEuf de quelques taches rares de Carmin ou de Rouge-
Brique, sous forme d’éclaboussures, entre-mêlées de quelques
autres d’un Brun violacé. C’est, en un mot, quoique dans un
ton plus élevé, le même mode de Coloration que chez l’OEuf des
Räles et des Porphyrions. Ses diamètres sont de 46 millimètres
sur 36 environ.
» De la comparaison de ces Caractères Oologiques résulte
l'indication suffisante , ce nous semble , de celle des deux
Familles, des Rallidés et des Ardéidés, avec laquelle le Caurale
a le plus de tendance à se réunir; car le seul de ces Caractères
qui domine est celui de l'OEuf des Rallidés.
» En effet, une ligne de séparation bien tranchée l’éloigne
beaucoup des Hérons, sous le rapport Oologique; c’est, à part
la teinte Carminée qui colore le test de l’OEuf du Caurale, la
présence, sur ce fond, de taches bien prononcées, d’une Couleur
plus ou moins Sanguine ou Violacée. Or, après le caractère de
la Forme presque constamment Ovalaire de l'OEuf, chez les
Hérons, le caractère distinctif également constant est celui de
l'absence complète de toutes taches ou macules, que nous appel-
lerons organiques , à la surface de leur Coquille , presque
toujours d’une teinte Vert-Päle ou Bleuâtre, ou même Blanche
légèrement azurée, la plupart de celles qui s’y rencontrent
n'étant dues qu’à des circonstances extérieures, telles que le
contact de feuilles d'herbes ou de racines décomposées ou humi-
difiées, qui viennent plutôt altérer le ton uniforme de l'enveloppe
que s’y superposer en véritables taches naturelles. C'est, du
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 381
moins, ce que prouve suffisamment l'inspection Oologique de
seize Espèces de cette Famille d'Oiseaux, dont les OEufs connus,
et que nous possédons , offrent tous les mêmes caractères, c’est-
à-dire Forme Ovalaire, Coquille d’une teinte Verdâtre plus ou
moins foncée, ou Blanchâtre ; mais toujours et invariablement
uniforme et sans taches.
» Chez les Râles, au contraire, les Poules d’eau et les Porphy-
rions, l’OEuf est de Forme Ovce; et, quant à la Coquille, elle
est, sur un fond constamment d’un Jaune plus ou moins Car-
miné, éoujours parsemée de taches Sanguines, Rouges-Briques,
ou Violacées. L'absence de taches dans les OEufs de cette Famille
nombreuse, que nous possédons au nombre de dix-sept Espèces,
serait au contraire une exception dont on ne connaît pas encore
d'exemple.
» Nous sommes donc amené à présumer que ce caractère
Oologique, tout nouveau et difficilement contestable, une fois
admis en Ornithologie , il sera permis d'espérer que les Maitres
de la Science, en le réunissant aux deux autres indices Zoolo-
giques, communs aux Rallidés, fournis par le Caurale, n’hési-
teront plus à lui trouver une place naturelle en rapport avec la
somme de considérations qui militent en faveur d’une modifica-
tion tranchée à faire au Classement Méthodique toléré jusqu’à
présent à l'égard de cet intéressant Oiseau.
» Et peut-être ce déclassement viendrait-il alors justifier en
partie l’idée qu'a eue Schæffer, dans ses Elementa Ornitholo-
gica, 1774, de placer les Râles à côté des Hérons. Dans ce
système , le Caurale prendrait immédiatement rang entre ces
deux Familles : c’est, à bien plus juste titre que le Courlan
(Aramus), ainsi que l’a imaginé Spix, le seul lien naturel de
transition d’une Famille à l’autre, sous le nom de Ardea Ral-
loïdes, qui lui conviendrait infiniment mieux qu'au Courlan.
» Au surplus, suivant notre habitude, dont nous ne nous
382 TROISIÈME PARTIE.
départirons jamais, notre intention est d'indiquer, plutôt que de
décider nous-même, ce qui est à faire; parce que la pensée qui
nous domine avant tout, nous l'avons déjà dit, c’est de
fixer l'attention sur l'utilité que la Science peut tirer des
Caractères Oologiques, pour la Classification naturelle des
Oiseaux. » (1)
Il nous a été permis depuis, et il nous l’est encore, à bien
plus forte raison, aujourd’hui que s’est agrandi le cercle de nos
observations Oologiques, d’être plus affirmatif sur la seule place
qui convienne au Caurale, dans la Série. Car, si nous apercevons
parfaitement les rapports qui le lient aux Grues et aux Räles,
nous ne comprenons pas qu'il puisse figurer, isolément de
ces deux Familles, au milieu des Ardeidæ, en tête desquels
M. Gray, à l'instar de Lesson, n’a pas hésité à le mettre, long-
temps après la publication de son Genera (2). C’est cette manière
de voir qui, dans un autre Ouvrage (3), nous l’a fait sortir des
Gruidæ, pour la mettre en tête de nos Rallidæ, qui viennent
après eux, comme nous le faisons encore en ce moment ; et ainsi
que l’a fait, dès 4850, le Docteur Reichenbach.
Le Prince Ch. Bonaparte, entrant en partie dans nos considé-
rations Oologiques au sujet de cet Oiseau, en a fait progresser
le classement, en le mettant au contraire, il est vrai, dans ses
Gruidæ; mais qu’il maintient dans sa Tribu, que nous accep-
(1) Magas. de Zoolog. 1844. Ois. PL. 11, représentant l'Œuf de l'Euripyga,
et celui du Rallus variegatus, comme terme de comparaison.
(2) List. of Genera. 1854.
(3) Encycl. d'Hist. Nat., t. VI. — Nous regretions que les Entrepreneurs
de cet Ouvrage, qui, consciencieusement exécuté, promettait tant à la
Science, arrivé que nous étions aux Columbidæ, du travail qu'ils nous
avaient confié, aient cru, par une mesure d'économie mal entendue, pou-
voir trier au hazard, sans méthode et sans science, dans notre Manuscrit,
de manière à réduire à un volume la matière de deux, au risque de laisser
des lacunes regrettables, comme celles qui s’y trouvent pour le Caurale et
pour tant d’autres Genres intéressants.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 383
tons comme Ordre, des Alectorides, à la fin desquels figurent ses
Rallidæ (1).
Enfin Thienemann, qui a reproduit cet OEuf d’après l’unique
exemplaire que nous possédions, le fait également figurer dans
les Rallidæ, nous donnant ainsi l’appui de son autorité. (?)
Nous compléterons cet exposé par des observations de mœurs
et d'anatomie dues à l'Expédition de M. de Castelnau aux bords
de la Haute-Amazone, que nous avons consignées déjà dans la
partie Ornithologique de son Voyage :
» Je ne connais guère , dit le Docteur Weddell, d'Oiseau plus
difficile à approcher que celui-ci ; la plus légère interruption le
chasse; mais, chose curieuse, en imitant son sifflement doux et
prolongé, on peut souvent l’attirer de la profondeur des forêts : il
perche alors sur quelque bas tronc, au bord dela rivière, et répond
par un petit roulement sec, puis s’envole silencieusement dès qu’il
s'aperçoit du subterfurge dont il a été victime. Lorsque, de loin,
on le voit sur la plage , il faut, pour le surprendre , faire , par
terre, un détour qui permette de l’approcher par derrière. » (3)
« Nous parvinmes, rapporte M. de Castelnau, à garder assez
longtemps vivant un Caurale ; il mangeait de la viande et du
poisson , et aimait beaucoup à se baigner. C’est un Oiseau à
mœurs sauvages et à caractère belliqueux; lorsqu'on s'approche
de lui, il ouvre ses ailes, se met sur la défensive et fait entendre
un son assez semblable à celui que produit le Chat en s’élançant
sur sa proie. » (4) :
Le Père Plaza, à Sarayacu, dit à M. de Castelnau avoir gardé
un Caurale pendant vingt-deux ans (5).
(1) Rev. Zoolog. et Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences. 1855.
(2) PI. Lxxin1, fig. 9.
(3) Expéd. de M. de Castelnau. Histor. des Voy. T. HI.
(4) Id. — ibid. S'UME
(5) Id. — ibid. T. IV.
384 TROISIÈME PARTIE.
« Dans la journée , dit J. Goudot, le Caurale se perche rare-
ment; mais, le soir, à la tombée de la nuit, il se place sur les
arbres, et c’est là qu’il niche. Les petits , lorsqu'il en découvrit
le nid, étaient déjà assez formés dans l'OEuf en AOût. » (1)
L’habitat du CGaurale est aussi très-étendu. « Nous l'avons trouvé,
dit Deville, pour la première fois, sur le rio Araguay, dans le
Brésil, province de Goyas, où on lui donne le nom de Pavaô ;
puis sur le rio Ucayala, dans le Pérou , Pampa del Sacramento ;
et à Cayenne, où on lui donne le nom de Paon des Roses. » (?).
On sait enfin, d’après Goudot, qu’il est assez commun à la
Nouvelle-Grenade, où il habite la région tempérée de la Cordil-
lière centrale.
Les seules particularités anatomiques qu'offre le Caurale, sont
les suivantes, dont nous devons la connaissance à Deville :
La langue, chez cet Oiseau , est longue, filiforme, relevée sur
ses bords latéraux, et de consistance cornée; elle est garnie en
arrière, de chaque côté, d'une petite avance qui lui donne
l'aspect sagitté.
L'ouverture du larynx est oblongue, ayant en arrière une
plaque transversale garnie d’épines petites, dont les deux du
milieu sont plus grandes que les autres.
L’œsophage est droit et presque cylindrique , à fibres muscu-
laires peu apparentes, d’un rouge pâle à sa face externe, d’un
blanc sale à sa face interne, et couvert d’une muqueuse épaisse
et plissée longitudinalement.
Le jabot est nul.
L’estomac, ou ventricule succenturié, est d’un centimètre
trois millimètres de largeur; il est lisse et d’un rouge clair à sa
face externe, d’un rose pâle à sa face interne, et couvert d’une
(1) Rev. Zoolog. 1844.
(2) Rev. et Mag. de Zoolog. 1852.
kr
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 385
muqueuse très-épaisse , cachant presque l’ouverture des follicules
qui sont à contours circulaires et au nombre d’eriviron quatre-
vingts par centimètre carré.
Le Gésier est de forme allongée, ayant cinq centimètres cinq
millimètres de longueur, sur deux centimètres trois millimètres
de largeur, lisse à sa face interne, à fibres musculaires peu appa-
rentes, plissé longitudinalement et transversalement à sa face
interne.
L'Intestin est lisse sur ses deux faces, de couleur rose pâle et
ayant trente-cinq centimètres environ de longueur. (1).
Nous pouvons ajouter à ces détails, que le Sternum du
Caurale, qui nous a été envoyé jadis par le Docteur Lherminier,
de la Guadeloupe, et qui figure aujourd’hui dans la Galerie
Anatomique du Muséum de Paris, a les mêmes caractères que
celui des Rallidés, sauf que sa crête sternale est un peu plus
élevée (ce qui explique le renflement relatif de son‘OEuf) : ces
détails ont été représentés, par les soins d’un de nos savants amis,
dans la Revue et Magasin de Zoologie de 1849 (?).
La seule innovation que nous apportions à notre opinion première
dans ce travail, est d'élever la Famille des Eurypiginæ au rang de
Tribu, plus à cause des caractères étrangers du Type Zoologique,
qu’à cause des Caractères Oologiques, on l’a vu, fort simples.
TROISIÈME TRIBU.
RALLIDÉS — Rallidæ.
Cette Tribu est encore une de celles dont la physionomie Oolo-
gique se trouve en parfaite harmonie avec la physionomie
Ostéologique.
« Nous regarderons comme véritables Nageurs, dit M. de la
(1) Oiseaux de l'Amér. du Sud. Expédition de Castelnau, 1856, p. 90.
(2) Voir le N° 7, p. 325. — Ois. PI. 16.
26
386 TROISIÈME PARTIE.
Fresnaye, en parlant de ces Oiseaux, un petit Groupe toujours
placé dans les Echassiers, mais qui nage et plonge bien plus habi-
tuellement que les Laridés, dont on a toujours fait des Nageurs.
Ce sont les Foulques et Poules d’eau, Marouettes, Râles, etc.
» Ces prétendus Echassiers en effet sont presque toujours na-
geant sur les rivières et les marais, au milieu des roseaux, et y
plongent même avec la plus grande facilité. En observant leur
squelette, au lieu d’y trouver, comme chez les Echassiers marins,
un sternum d’une largeur médiocre avec un bréchet très-déve-
loppé et très-saillant inférieurement, un bassin d’une largeur et
d’une longueur moyennes avec les points d'insertion des fémurs
bien espacés entre eux, on y remarque au contraire : 1o Une
grande compression et étroitesse dans tout l’ensemble du squelette,
et un grand rapprochement des épaules entre elles. 2° Un sternum
très-étroit à bréchet très-peu saillant. 30 Un bassin étroit et
allongé, ayant sa partie antérieure singulièrement rétrécie et
relevée en crête, un peu comme chez les Sous-Nageurs, et l’inser-
tion des fémurs très-rapprochée. On y retrouve enfin un ensemble
de caractères ostéologiques bien plus analogues à ceux des Nageurs
et même des Sous-Nageurs qu’à ceux des Echassiers marins; je
dis Sous-Nageurs, car la palmure festonnée des Foulques, qui
rappelle celle des Grèbes, et leur fréquentes immersions sont des
rapprochements de plus avec les Plongeurs.
» En observant leurs Œufs, on est également frappé de leur
allongement, de leur étroitesse et du peu de rapports de Forme
qu'ils ont avec ceux des Echassiers marins, et par conséquent
avec ceux des Laridés, éandis qu’ils en présentent de réels avec
ceux des Nageurs par leur Forme presque Ellipsoïde. Par leur
squelette enfin, comme par leurs OEufs, ils forment un Groupe
de transition entre celui des Hérons et les Sous-Nageurs. » (1)
(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev.
Zool., 1845.
APPLICATION PES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 387
Sans adopter, comme on le voit, la classification de cette Tribu
de M. de la Fresnaye, nous comprenons dans les Rallidæ les trois
Familles Rallinæ, Fulicinæ et Ocydromine.
Are FAMILLE. — Rallinés ou Réles (Ralline).
Le Prince Ch. Bonaparte a divisé cette Famille en trois Sections,
sous l'appellation de Ralleæ, Gallinuleæ et Fuliceæ. Nous n'y
comprenons que les deux premières, parce que leurs Caractères
Oologiques ont une identité et une communauté d’origine qui ne
permet pas de les séparer. /
CARACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — variant de l’Ovée à l’Ovalaire, qui est la plus géné-
rale.
Coquille. — à test mince, uni et fort peu luisant, à pores peu
visibles , et à peine teinté de Verdâtre dans son épaisseur.
Couleur — d’un fond Blanc légèrement Ocracé, et souvent plus
ou moins imperceptiblement Carminé, parsemé de taches en forme
d’éclaboussures ou de larmes d’un Rouge-Brique Rosâtre, entre-
mêlées d’autres taches ou points d’un Gris-Violacé.
Il faut excepter des Rallinés, pour en faire une coupe Générique,
toutes les petites Espèces de Râles, telles que Rallus pusillus,
R. Baillonii et R. Lewiniüi, dont l'OEuf a un caractère à part :
Forme — Ovalaire.
Coquille — mince et sans reflet.
Couleur — d’un fond Fauve ou Brun-clair, grivelé uniformé-
ment de petites taches d’un Fauve ou d’un Brun un peu plus foncé,
si rapprochées que la véritable Couleur du fond en disparait com-
plétement.
FT
388 | TROISIÈME PARTIE.
2e FAMILLE. — Fulicinés où Foulques ( Fulicinæ).
Cette Famille est éminemment distincte de la précédente.
CARACTÈRES QOOLOGIQUES :
Forme — Ovée allongée, parfois Ovalaire.
Coquille — à test assez dur, à pores visibles, sans reflet, Ver-
dâtre intérieurement.
Couleur — d’un fond Fauve-foncé, pointillé sur toute la surface
de la Coquille d’une manière assez régulière, d’un Brun-Rougeâtre
foncé ou Noirâtre, entremélé d’autres piquetures ou mouchetures
plus claires ou Grisâtres.
Le système de coloration est, on le voit, tout-à-fait différent
de ce qu'il existe chez les Rallidés.
Les Caractères Oologiques de cette Famille indiquent que les
Porphyrions font le passage naturel des Râles aux vraies Foulques,
par un ton général plus clair, et pour le fond, et pour les taches
qui sont plus larges.
On ne croira jamais que l’OEuf du Porphyrion ou Poule-Sultane,
l’un des Oiseaux les plus communs et les plus anciennement con-
nus en Europe, n'ait été découvert et révélé à la Science qu’en
1843 ou 1844!
À ce sujet, nous ne pouvons nous empêcher, et nous ne croyons
pas hors de propos, de reproduire des observations que nous avions
rédigées à cette époque (alors que nous venions d’avoir Connais-
sance de l’OEuf du Porphyrio antiquorum, rapporté au Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris par un Voyageur Naturaliste,
M. Fabvier, qui l'avait trouvé dans les environs de Tanger), pour
être publiées dans la Revue Zoologique, mais dont certaines
susceptibilités du Prince Ch. Bonaparte, alors Prince de Canino,
à qui nous avions cru devoir les communiquer à Rome ,emp é-
chèrent l'impression.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 389
*' Hâtons-nous de dire que ce fut toute une révélation pour le
Prince, et que c’est à partir de ce moment qu’il commença à
comprendre l'importance de l’Oologie.
» Ce n’est point d'aujourd'hui, écrivions-nous, que l’on a
remarqué avec quelle facilité, en Histoire Naturelle surtout, s’ac-
créditent et se propagent les erreurs, chaque Auteur répétant à
l'envi ce qu'a dit son devancier, sans plus vérifier l'exactitude de
son dire ou l'authenticité de son observation. Il n’est done pas
inutile, ce nous semble, l'Histoire Naturelle proprement dite vivant
de faits, de relever ces erreurs, lorsque l'on a acquis et que l’on
peut administrer la preuve de leur existence. Il n’y à rien. d’indif-
férent en cette matière, et nous croyons rendre service à la Science
en venant signaler une erreur constamment reproduite par Buffon,
qui, s’il n’en est pas l’Auteur, s’en est pourtant fait l’Éditeur
responsable. RAR
» Nous nous étonnions , depuis longtemps, à la vue de l’har-
monie , que nous faisaient découvrir nos études, entre les Carac-
tères Physiologiques des Oiseaux et leurs Caractères Oologiques,
de la singularité anormale attribuée par tous les Auteurs à l’OEuf
de la Poule-Sultane, à laquelle nous nous refusions de croire,
alors que tout en elle accuse un Râle ou une Foulque, et par son
anatomie, et par ses formes et son facies, et par ses habitudes ;
et nous avions peine à nous rendre compte de cette aberration de
la nature. |
» Ce n’est pas d’aussitôt, sans aucun doute, que l’on aura des.
détails exacts et précis sur la ponte de chaque Genre d’Oiseaux,
non plus que sur la Forme et la Couleur de leurs OEufs. Si la.
Science, à la suite de chaque description Ornithologique, réclame
ce complément, il n’y a pourtant pas de nécessité pour un Auteur,
lorsqu'il ne possède par lui-même aucun fait d'observation de
cette sorte, d'entrer dans ces détails, soit en s’aidant de son ima-
gination , soit en copiant ses prédécesseurs.
390 TROISIÈME PARTIE.
» Buffon, ou du moins Mauduyt, son collaborateur en cette
partie, dans son article érudit sur le Porphyrion ou Poule-Sultane
(Fulica porphyrio, Lin.; Porphyrio antiquorum, Ch. Bonaparte),
après avoir parlé d’un couple d'Oiseaux de cette Espèce, qui avait
été rapporté de Sicile par M. le Marquis de Nesle, à Paris, en
4778, et avoir décrit une partie des habitudes de cet Oiseau, qu’il
avait eu occasion d'observer une fois chez ce dernier, ajoute :
« Le couple, nourri dans les volières de M. le Marquis de Nesle,
» a niché au dernier printemps (1778). On a vu le mâle et la
» femelle travailler de concert à construire un nid : ils le posèrent
» à quelque hauteur de terre, sur une avance de mur, avec des
» büchettes et de la paille en quantité. La ponte fut de six ŒEufs
» Blancs, d'une Coque rude, exactement Ronds, et de la gros-
» seur d'une demi-bille de billard. La femelle n'étant pas assidue,
» on les donna à une Poule, mais ce fut sans succès. » (1)
» On ne peut certainement rien dire de plus positif, de plus em-
preint de l’accent ou des apparences de la vérité ; et, en présence
des noms de Buffon et de Mauduyt, prenant sous leur responsa-
bilité ces détails, qu’ils tenaient d’une source respectable, comme
devait l’être à leurs yeux le Marquis de Nesle, il était difficile de
concevoir quelque doute sur la réalité de ces observations, à moins
de les renouveler soi-même.
» Ainsi, peu d'années ensuite, Valmont de Bomare (?) reproduit
à peu près textuellement ce même passage, sauf une légère omis-
sion et une variante dans les termes : « La ponte, dit-il, fut de |
» six OEufs Blancs, très-ronds, et moitié moins gros qu'une bille
» de billard. » |
» Depuis cette époque, Vieillot (3) a rapporté le même fait dans
les mêmes termes que Mauduyt, mais, suivant ses habitudes, sans
(1) Hist. Nat. des Ois.
(2) Nouv. Dict. d'Hist. Nat.
(3) Galerie des Oiseaux. 1825.
»
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 394
indiquer ni date, ni nom d’Auteur : « Un couple de Porphyrion
» d'Europe, dit-il, a niché en domesticité ; le mâle et la fe-
» melle. etc. » Nous observerons ici, en passant, que Vieillot
est d'autant plus blâmable de cette dissimulation, qu’il saisit les
moindres occasions, dans ses Ouvrages, de contredire ou rectifier
Buffon et son continuateur Sonnini.
» Temminck (1), sans indiquer la source de ses renseignements,
dit que : « la Poule-Sultane pond trois ou quatre OEufs Blancs, de
» forme presque ronde. » Il est évident que ce passage n’est que
la reproduction légèrement modifiée de la donnée de Buffon.
» Plus récemment M. Gerbes (?) a reproduit le passage de
Vieillot : seulement il en à fait remonter la responsabilité à celui-
ci, tandis qu’elle appartient tout entière à Buffon ou Mauduyt,
qui n'avaient été ni l’un ni l’autre nommés dans l’article de
Vieillot.
» Enfin, M. Ch. Bonaparte, Prince de Canino, qui, le dernier, a
parlé le plus au long et ex professo, du Porphyrion, dans son
savant Article consacré à cet Oiseau (3), a eu l’imprudence de se
fier à ce qui avait été avancé sur le fait de sa propagation, par ses
doctes devanciers; et voici ce qu'il dit : « La Poule-Sultane cons-
» truit, de büchettes et de feuilles, un nid passablement grand,
» dans lequel elle dépose wx certain nombre d'OŒufs, de Forme
» presque ronde et de Couleur Blanche, ressemblant plus à ceux
» des Poules et à ceux des Oies, qu’à ceux des autres Oiseaux de
» l'Ordre auquel elle appartient. »
» Certes, s’il fallait une preuve que M. le Prince de Canino, n’at-
tachant probablement pas à ces renseignements toute l’importance
qu’ils méritent (4), à à se reprocher, lui, si près des lieux où
) Manuel d'Ornithologie. 1820.
) Dict. pittor. d'Hist. Nat.
) Fauna Ilalica. 1832-1841.
) Na. Et qu'il leur à hautement reconnue depuis.
(1
(2
(3
(4
392 TROISIÈME PARTIE. +
abonde le Porphyrion, de n’avoir pas observé la ponte et les OEufs
de cet Oiseau, il ne faudrait que voir l’absence de toute fixation
de chiffre relatif au nombre de ces OEufs par ponte, wn certain
nombre d'OŒufs, dit cet auteur.
» Et, cependant, partant des caractères que, d’après cette des-
cription d'emprunt, parait offrir l’OEuf du Porphyrion, si diffé-
rent de ceux de ses congénères, M. le Prince de Canino prend le
soin de faire remarquer cette bizarrerie de rapports plus rappro-
chés des Gallidés et des Anatidés, que des Rallidés et des Fulicidés;
puis, en arrivant aux autres caractères physiologiques propres au
Porphyrion, il reproduit en s’y rangeant, les observations de
Temminck, bâsées principalement sur la conformation de la
narine, qui est arrondie et privée de membrane . à la différence de
celle des Râles et des Poules d’eau.
» Que faut-il conclure de la dissertation si approfondie et si
savante de M. le Prince de Canino, sinon l’importance, en fait de
classification de Genres, des Caractères Oologiques et la nécessité
d'observations précises, lorsque l’on veut utiliser ces caractères.
» Il a donc été reconnu et passé comme fait réel, depuis Buffon
jusqu’à aujourd’hui (4844), que la Poule-Sultane pondait des
OŒEufs Blancs, d'une Coque rude, exactement ronde, et de la
grosseur d'une demi-bille de Billard.
» Eh bien ! il n’y a rien de plus essentiellement faux ; et la Science
Oologique est en trop belle voie de progrès, pour autoriser plus
longtemps par son silence la propagation d’une erreur aussi gros-
sière et aussi dangereuse, et pour la laisser s'établir dans le
domaine des faits. Car, nous l’avons dit souvent, la nature, dans
toutes ses productions, a des règles fixes et invariables, dont elle
s'écarte bien quelquefois, mais dont ces écarts mêmes ne servent
qu’à mieux constater les principes d’après lesquels elle se dirige.
» Or, la Poule-Sultane, par son facies, par son type, par son
organisation et par ses mœurs, a par trop de rapports de famille
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 393
et de parenté avec les vraies Poules-d’eau et les Râles, pour que
l'on püût supposer qu'elle s’en éloignât entièrement, sous le rap-
port de la propagation ; à plus forte raison, pour que l’on osât
établir une différence sur ce point, entre elle et ses congénères,
comme une vérité commandant désormais la croyance la plus
absolue. Il était plus vraisemblable au contraire, si l’on avait à
inventer (et encore pour le faire impunément en Histoire Naturelle.
faut-il posséder quelques principes généraux de la Science à
laquelle on prétend ajouter) il était, disons-nous, plus vraisem-
blable d’assimiler la propagation de cet Oiseau à celle des autres
membres de sa Tribu, plutôt que de l’en éloigner et de l’assimiler
forcément aux Procellaridés et aux Spéniscidés! car ce sont les
deux Tribus auxquelles se rapporterait le mieux, sous le rapport
Oologique, le Porphyrion, si le fait cité par Buffon était réel, et
l'on conviendra que ce serait une anomalie par trop forte pour
qu'il ne fût pas permis de la contrôler.
» Et en effet, l'OEuf de la Poule-Sultane , rapporté pour la pre-
mière fois, par M. Fabvier, de la côte Septentrionale d’Afrique,
est de Forme Ovale, l’une des extrémités légèrement plus acu-
minée et un peu moins arrondie que l’autre, de la dimension de
celui de la Foulque à crête; à Coquille unie, à reflet à peine sen-
sible, à pores très-fins et presque invisibles; d’un fond Blanc-
Fauve très-clair, Rosacé , clair-semé de taches rondes d’un Rouge-
Brun ou Couleur de sang figé, entremélées d’autres taches d’un
Violet nuageux ou Grisâtre.
» Tels sont aussi les caractères généraux de l’OEuf des Rallidés ;
et l’on comprendra que la concordance de ces caractères avec ceux
tirés de la conformation de l’Oiseau, viennent trop heureusement
confirmer les principes que nous professons , et sur lesquels nous
espérons voir se constituer désormais la Science Oologique, pour
qu'il nous füt impossible d’ajourner la rectification d’un fait erroné,
aussi contradictoire avec ces principes.
394 TROISIÈME PARTIE.
» On voit qu’il y a loin de la dimension de cet OEuf, qui est tout-
à-fait en rapport avec la taille de l’Oiseau, à celle qui lui a été
attribuée par le Marquis de Nesle, celle d’une demi-bille de
Billard; ce qui aurait réduit la grosseur de cet OEuf à celle d’un
OEuf de Poule-d’eau ordinaire.
» Nous avions donc lieu de nous étonner, en rendant compte (1)
de l’Ornithologie de la Sicile de M. Malherbe (?), de voir ce rensei-
gnement, qu'il était à même de se procurer sur les lieux, manquer
à son Ouvrage, et surtout à son article si complet sur le Porphy-
rion. Îl nous a néanmoins dédommagé de cette omission par les
détails qu’il donne sur le mode de propagation et de nidification
de cet Oiseau :
« La Talève ou Poule-Sultane, dit-il, dépose ses OEufs, aw
» nombre de deux à quatre, soit sur la terre, sans construire de
» nid, soit parmi les herbes toufjues, au milieu et à proximité
» des marais... »
» M. Crespon, de Nîmes, n’a pas dit un mot de la propagation
de cet Oiseau. » (3)
Thienemann est le premier Auteur, jusqu'à ce moment, qui
ait décrit et figuré l’OEuf de la Poule-Sultane.
Depuis, il n’y a eu d'autre description publiée de cet OEuf que
par Degland, qui, du reste, a reproduit les détails de mœurs
donnés par M. Malherbe (4).
3e FAMILLE. — Ocydrominés (Ocydrominæ).
Mêmes Caractères Oologiques que ceux des vrais Rallinés.
Nous connaissons et nous avons possédé l'OEuf de trente-
quatre Espèces de Rallidés. /
(1) Revue de Zoolog. 1844.
(2) Faune Ornitholog. de la Sicile. 1843.
(3) Faune méridionale, 1844.
(4) Ornithologie Européenne, 1849.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 395
QUATRIÈME TRIBU.
OPISTHOCOMIDÉS OU HOAZIN — Opisthocomide.
Plus nous réfléchissons au classement de l’Hoazin , l’Espèce
unique qui sert de type et au Genre et à la Tribu, plus nous
nous sentons disposé, malgré nos préférences ou nos tendances
précédentes, à le comprendre avec les Rallidés. Et, afin que l’on
soit mieux à même d'apprécier notre détermination dernière,
nous allons reproduire tout ce que nous en avons dit et résumé
en 4852 d’abord (1), et plus récemment en 1856 (?).
L'occasion se présentant, disions-nous à cette dernière
époque, de parler de l’'Hoazin, l’un des Oiseaux que MM. de
Castelnau et Deville ont le plus fréquemment rencontrés dans
leurs longues et périlleuses pérégrinations , nous voulons en
profiter pour donner une sorte de Monographie de cette Espèce,
unique, et de toutes manières type d'un Genre hétéroclite,
anormal et presque paradoxal, véritable paradoxe zoologique,
en effet, dans la Série Ornithologique; car nous ne lui recon-
naissons de comparable à cet égard que le fameux Genre
Verrulia de Flemming , reposant aussi sur une Espèce unique,
mais prétendue douteuse, la Colombi-Galline de Levaillant,
Espèce de Colombidé moitié Pigeon, moitié Gallinacé, que les
Méthodistes refusent de reconnaître comme type vivant ou ayant
jamais vécu. Nous avons démontré, pour ce dernier Oiseau, ce
que nous pensions de cette négation et de sa valeur.
Les Méthodistes, et c’est là un reproche que sont autorisés à
leur adresser tous ceux qui étudient la Science pour elle-même
et cherchent à en coordonner les éléments, afin d’y saisir la
trace parfois interrompue, mais toujours, en dépit des obstacles
(1) Encyclop. d'Hist. Nat. t. NI, p. 87.
(2) Ois, de l’Amér. du Sud, Expéd, de Castelnau, p. T0 et suiv.
396 TROISIÈME PARTIE.
que rencontrent les bornes de notre intelligence ou de notre
. savoir, suivie d’une harmonie constante; les Méthodistes, disons-
nous, si variables dans leurs conceptions et dans leurs louables
efforts à chercher et à rencontrer cette admirable harmonie, soit
par système, soit par disette de raisons, persistent à conserver,
au sujet de leurs pénibles élaborations, un mutisme désespérant
pour les adeptes de l’Ornithologie, qui restent, en parcourant
leurs incalculables énumérations d’Espèces et leurs insaisissables
multiplications de Genres, dans une ignorance complète du
comment et du pourquoi de leurs motifs de décider pour ou
contre tel classement. C’est un complément qui manque à toutes
les Méthodes, et dont personne mieux que le Prince Ch. Bona-
parte n’était capable de donner l’exemple, alors surtout qu’il
s’occupait de refaire et de mettre au niveau de la Science l’OEuvre
modèle de Linnée : labeur malheureusement inachevé!
Cela dit, si nous persistons à placer l’Hoazin en dehors de
l'Ordre des Passereaux, nous persistons moins à présent à le
comprendre dans celui des Gallinacés; les convictions que nous
avons exprimées de tout temps à cet égard (1) n'étant pas restées
les mêmes : nous n’hésiterons cependant pas à reproduire les
éléments sur lesquels elles reposaient, en un moment surtout où
la Méthode d’Instinct ou d’Intuition semble vouloir l'emporter
sur celle d’Observation ou de Raisonnement; ce nous sera une
occasion de les mettre en présence de notre nouvelle manière de
voir, et de rouvrir la discussion pour tout le monde sur une
question qui nous paraît loin d'être tranchée.
Cuvier, tout en laissant l’Oiseau type de cette Famille, le Sasa
ou Hoazin, dans les Gallinacés, à la suite des Pénélopes et des
Parraquas, met en note : « Cet Oiseau forme un Genre très-
» distinct des autres Gallinacés , et qui pourra devenir le
(1) Encyclop. d'Hist. Nat. t. VI.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 397
» type d'une Famille” particulière quand on connaîtra son
» anatomie. » (1) “
Les prévisions de ce Savant se sont réalisées en 1837, par suite
des observations si complètes du Docteur Lherminier, de la
Guadeloupe, publiées dans l’Echo du Monde Savant, à cette
époque, et que nous avons reproduites dans l'Encyclopédie
d'Histoire Naturelle (?). Mais, ainsi que le disait dans le même
journal M. de La Fresnaye, déjà Latreille, en 1835 (3), avait
formé, d’après Vieillot, une Famille de cette seule Espèce , sous
le nom de Dysodes, qu’il plaçait en tête de son nouvel Ordre des
Passérigalles, en la faisant précéder immédiatement de celle
de ses Galliformes (Frugivores de Vieillot), renfermant les Muso-
phages et les Touracos.
C’est en se rattachant à cette idée de rapprochement, qui ne
repose que sur certaines analogies (plus apparentes encore que
réelles) dans la structure du bec, et entraîné par l'opinion
chaudement soutenue par M. de La Fresnaye, que M. Gray,
suivi en cela par le Docteur Reichenbach, a compris les Opistho-
cominés dans ses Musophagidæ, les isolant ainsi complétement
des Gallinacés. |
Nous regrettons vivement que le Prince Ch. Bonaparte qui,
dans son Conspectus de 1850, le rangeait entre ses Megapodide
et ses Penelopidæ, se soit laissé influencer par la manière de
procéder, non suffisamment motivée, suivant nous, de l’Ornitho-
logiste Anglais, au point de changer entièrement de système, en
plaçant sa Famille des Opisthocomidæ entre les Coliidæ et les
Phytotomideæ (4) ou entre les Musophagideæ et les Coliidæ (5). Ce
(1) Règne Animal, 2e éd.
(2) Oiseaux, t. NI.
(3) Familles Natur. du Règne Animal.
(4) Ateneo Italiano. N° 11, ag. 1854.
(5) Comptes-rendus de l'Acad. des Sc. T. XXXVII. 31 octobre 1853.
398 TROISIÈME PARTIE.
système n’est qu'une variante de celui de Lesson, qui le premier
avait, dès 1831, isolé absolument l’Hoazin, et des Gallinacés, et
des Pigeons, en le reportant, non à la fin, mais en tête des Pas-
sereaux, et dans son premier Sous-Ordre des Grimpeurs, à la
suite des Musophages, idée qu'il modifia bientôt dès 4838, en
déplaçant les Musophages et les reportant dans les Gallinacés,
entre ses Passérigalles et les Pigeons; car, pour être conséquent,
le Savant Prince, s’arrêtant exclusivement au caractère excep-
tionnel du bec chez les Oiseaux en question, en aurait dû faire
presque un Ordre, en dehors de tous les autres, comprenant
alors la réunion hétérogène des Colious, des Phytotomes et de
l’Hoazin.
Nous sommes tenté de croire qu'en fait de Science (et ces
retours de Lesson, et ceux du Prince Ch. Bonaparte, et peut-être
les nôtres semblent le prouver), le premier mouvement, ainsi que
le disait de Talleyrand, est, sinon toujours, du moins souvent,
le meilleur, et que c’est aussi pour cela, contrairement à la règle
de ce dernier en Politique, qu’il devrait la plupart du temps être
suivi.
Or, il est bien évident, en observant le Sasa, que la plus grande
somme des rapports, dans ses analogies apparentes, et Lhermi-
nier l’a dit longtemps avant nous, est, sauf quelques exceptions
organiques, en faveur de son rapprochement des Gallinacés, et
parmi ceux-ci, des Pénélopidés; sans parler encore de sa distri-
bution Géographique qui, l’isolant des Mutophagidés comme des
Coliidés, corrobore d'avantage ce rapprochement.
C’est ce qui ressort à chaque pas de l’excellent article publié par
le Docteur Lherminier (1) et par le Baron de la Fresnaye (?), dont
nous allons relater les passages principaux, et dont les détails
(1) Comptes-rendus de l'Acad. des Se. T. V, 1837; et Echo du Monde
Savant. 4 nov. 1837.
(2) Echo du Monde Savant. 18 nov. 1837.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 399
anatomiques fournis par Deville (!), dont nous citerons également
quelques extraits, ne sont, à peu de chose près, que la reproduction.
En combinant les détails anatomiques contenus dans ces
Mémoires avec ceux fournis par M. de Castelnau, nous ferons
passer sous les yeux un tableau complet des observations intéres-
santes dont a été l’objet cet Oiseau, et aiderons peut-être à lui faire
trouver sa place dans la Série, au milieu des doutes et des hési-
tations qui existent et s’entrechoquent encore pour sa Classifica-
tion.
Son caractère principal consiste dans la conformation intérieure
du bec, signalée d’abord en ces termes par le Docteur Lherminier :
« Parcouru par une fente nasale très-longue, le palais est hérissé
de papilles coniques circonscrites latéralement par deux plans
prononcés et dentelés. »
Et sur laquelle, après lui, et sur cette indication, est revenu
plus en détail M. de la Fresnaye, la décrivant ainsi :
« À la mandibule supérieure du Sasa, une arête très-sensible-
ment denticulée se fait remarquer intérieurement et de chaque côté;
elle en suit parallèlement le bord jusqu’à son extrémité , dont elle
se rapproche toutefois insensiblement, mais elle ne descend pas,
à beaucoup près, aussi bas que ce bord, et est entièrement cachée,
non seulement lorsque le bec est fermé, mais même lorsqu'il n’est
qu’entr’ouvert; l’espace existant entre elle et son rebord forme,
comme chez le Phytotome, uue sorte de rainure ou gouttière dans
laquelle le bord tranchant de la mandibule inférieure vient se loger
lorsque ce bec se ferme. Cette mandibule inférieure présente aussi
à la base, intérieurement et de chaque côté, une arête saillante
parallèle au bord, mais qui ne le suit que jusque vers le milieu
de sa longueur; une rainuré existe aussi entre elle et ce bord :
d’où il résulte que, lorsque le bec se ferme, le bord intérieur
(1) Rev. et Magas. de Zool. 1852.
100 TROISIÈME PARTIE.
entre dans la rainure supérieure, et la moitié de celle-ci entre
dans la rainure inférieure; de plus, l'extrémité de la mandibule
supérieure étant comme creusée d’une fossette, y reçoit celle de la
mandibule inférieure. »:
Les caractères anatomiques de lOiseau ne sont pas moins
curieux.
« À l'extérieur, dit le Docteur Lherminier, le Sasa a quelques
rapports avec les Pénélopes, mais il en diffère notablement à
l'intérieur.
» Dès qu’on enlève la peau, on aperçoit un énorme jabot qui
recouvre les pectoraux ; après l'avoir soulevé, on découvre une
vaste excavation cordiforme, ouverte et bornée en haut par la
clavicule, qui est reléguée à deux pouces au-dessus de la crête
sternale. Le jabot, qui, dans cet Oiseau, recouvre aïnsi la moitié
du tronc, et au moins les quatre cinquièmes du sternum et de ses
annexes qu'il déborde encore en tous sens, reçoit, à gauche et en
avant, l'insertion de l’œsophage, et à droite il se rétrécit pour
pénétrer dans la poitrine. Dans l'intervalle de cette bifurcation est
comprise la {rachée-artère. »
« Le jabot, dit Deville, dont la portion cervicale communique
supérieurement et intérieurement avec la portion antérieure de
l’œsophage, sans ligne de démarcation très-sensible, et inférieu-
rement avec la portion thoracique du jabot, est très-volumineux
et de couleur rougeâtre ; il présente, dans son état de plénitude,
une forme presque hémisphérique très-convexe. »
Ainsi, première observation : le jabot de l’'Opisthocome, à l’état
naturel, présente un volume et un développement exceptionnels
qui, tout d’abord, attirent l'attention.
Aussi l'aspect de cet organe, si anormal dans son expansion,
frappa-t-il également M. de Castelnau, qui s’en exprime en ces
termes, dans l’Historique de son Voyage :
« Nous fimes l’anatomie du Ceganos (nom donné, dans le pays.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 401
à l'Hoazin), et nous trouvämes que son jabot formait un renfle-
ment curieux par son énorme dimension. Dans les nombreuses
dissections d'Oiseaux que nous avons faites depuis, nous n'avons
trouvé ce renflement que chez quelques Accipitres, et particulière-
ment chez le Caracara , qui présente quelque chose de semblable,
mais à un bien moindre degré. » (1)
« La face postérieure du jabot, continue Lherminier, est presque
plane et appliquée sur les muscles pectoraux; intérieurement les
fibres musculaires sont très-épaisses , et la plupart circulaires ,
offrant extérieurement une série de bourrelets superficiels et con-
_centriques ; garnie à la surface interne d'une muqueuse épaisse,
brunâtre et de consistance presque cutanée, fortement plissée
longitudinalement, chaque pli formant un épais bourrelet qui
contourne l’axe de circonvolution et se couche sur la circonvolu-
tion suivante, marquée dans toute son étendue de lignes fines et
_obliques croisées en losanges.
» Le séernum est plein, allongé, élargi en arrière, peu profond.
Sa crête ou carêne est la partie la plus remarquable ; fortement
excavée dans l'étendue de son bord antérieur, qui est tranchant,
elle n'y a pas moins de deux pouces de longueur, tandis que son
bord inférieur, qui devient ici postérieur, n’a guère plus d’un
pouce de long, mais s’élargit de deux ou trois lignes pour former
une sorte de tubercule ou de callosité sous-Cutanée, ovale-aigüe,
concave et doublée de cartilage. La crête se termine en avant en
une longue apophyse qui se soude complétement avec la clavicule.
» L'appareil digestif du Sasa est tout aussi extraordinaire que
son appareil sternal. La longueur totale de l’intestin est de trois
pieds six à neuf pouces, celle du tronc étant d’un pied. Îl est, à
sa face interne, hérissé de villosités très-abondantes et plus ou
moins squamiformes.
(4) Vol. 4er.
1
SN |
402 TROISIÈME PARTIE.
» L’æsophage est droit et presque cylindrique, à fibres muscu-
laires peu apparentes, très-lisse extérieurement, et garni intérieu-
rement d’une muqueuse assez épaisse ; il est plissé longitudinale-
ment, et offre entre ses plis des séries également longitudinales de
follicules arrondis ayant environ la grosseur d’un grain de millet.
» L'œsophage égale en volume la grosseur de l'index ; mais c’est
surtout dans la partie de l'intestin comprise entre le jabot et le
gésier que l’on observe le plus de singularité et de complication.
En effet, placé, comme nous l'avons dit, au-devant des os cora-
coïdes de la clavicule et du sternum dont il a, pour se loger, re-
foulé la crête fort en arrière, le jabot représente une large bourse
plate et arrondie, qu’une scissure oblique de droite à gauche tra-
verse sur ses deux faces : disposition très-curieuse et entièrement
différente de celle des Gallinacés, chez qui le jabot constitue un
sac entièrement libre et hors de l’axe de l'intestin.
» Au jabot succède une portion d’intestin renflée, de cinq
pouces de longueur, diversement contournée et froncée extérien-
rement. Vient ensuite le ventricule succenturié, cylindrique et
égalant à peine en largeur le duodénum, tandis qu'en longueur il
n’atteint pas un pouce. Ses parois sont d’ailleurs si minces, qu'il
se rompt fréquemment sous la moindre traction à sa jonction vers
l'estomac. »
Cette dernière cavité n’est pas plus grosse qu’une Olive ou un
OEuf de Pigeon, selon Deville, et offre elle-même fort peu d'épais-
seur, autre différence avec le gésier si volumineux et si puissant
des vrais Gallinacés. Le gésier est oblong, d’un rouge livide,
lisse à sa face externe et interne.
Deville ajoute que la portion thoracique comprise entre la por-
tion précédente et l’estomac est beaucoup moins volumineuse ; elle
est très-rétrécie inférieurement, renflée dans sa partie moyenne,
et présente, dans son cinquième supérieur, cinq ou six ondulations
irrégulières. Cette portion thoracique est de couleur plus pâle que
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 403
la précédente et présente extérieurement quelques bourrelets longi-
tudinaux superficiels, et garnis également à leur face interne des
replis de la muqueuse; ces derniers sont seulement moins réguliers
et moins rapprochés.
» L’estomac est de la grosseur d’une amande, à grand diamètre
dirigé longitudinalement, lisse et d’un Rouge très-päle extérieu-
rement, Blanchâtre à sa face interne; toute cette surface présen-
tant l'ouverture de gros follicules dont le contour est très-visible.
Ces follicules constituent à eux seuls presque toute l'épaisseur des
tuniques stomacales ; les fibres musculaires paraissent nulles.
» La grosseur des follicules est celle d’un gros grain de millet,
et leur nombre est d'environ quatre-vingts par centimètre carré.
En les pressant, on en exprime une matière muqueuse, blanchâtre
et très-abondante ; supérieurement , cette surface glanduleuse cesse
brusquement en recevant le jabot ; inférieurement elle est séparée
de la muqueuse du gésier par une valvule circulaire plus ou moins
déchiquetée, qui flotte librement dans l'intervalle de sa cavité.
» En négligeant l'élément essentiel de la mastication , c’est-à-
dire l'existence des molaires, et en ne tenant compte que de la
conformation favorable du bec et de la complication de l'appareil
digestif, on dirait, en vérité, s’écrie avec raison le Docteur Lher-
minier, en terminant, que le Sasa représente les Ruminants
parmi les Oiseaux. Dans cette hypothèse , la singulière dilatation
de l'OEsophage paraît l’analogue de la Panse et du Cornet. »
Pour donner un tableau complet des connaissances actuelles au
sujet de l’étonnant Oiseau qui nous occupe, nous ne pouvons
mieux faire que joindre à ces détails anatomiques un aperçu de ce
que l’on sait de ses mœurs.
Ce que l’on en savait, au temps de Buffon et de Sonnini, se
borne à ceci :
« Sa voix, disent ces Auteurs, est très-forte, et c’est moins un
cri qu'un hurlement. On dit qu’il prononce son nom (de Sasa)
104 TROISIÈME PARTIE.
apparemment d’un ton lugubre et effrayant; il n’en fallait pas
davantage pour le faire passer, chez les peuples grossiers, pour
un Oiseau de mauvais augure, et comme partout on suppose
beaucoup de puissance à ce que l'on craint, ces mêmes peuples
ont cru trouver en lui des remèdes aux maladies les plus graves :
mais on ne dit pas qu'ils s’en nourrissent; ils s’en abstiennent,
en effet, peut-être par une suite de cette même crainte ou par une
répugnance fondée sur ce qu’il fait sa pâture ordinaire de Serpents ;
il se tient communément dans les grandes forêts, perché sur des
arbres le long des eaux, pour guetter et surprendre ces Reptiles. »
Aublet assurait, à la même époque, que cet Oiseau s’apprivoisait,
qu’on en voyait parfois de domestiques chez les Indiens, et que
les Français les appelaient des Paons ; qu’enfin ils nourrissaient
leurs petits de Fourmis, de Vers et d’autres Insectes.
Suivant les chasseurs desquels plus récemment (de 1834 à
4837) Lherminier s’est plusieurs fois procuré l'Hoazin, il vit par
petites troupes sur le bord des criques et des rivières. Il se
nourrit des feuilles d’un arbre que les Brésiliens du Para
appellent Aninga, et que, d’après sa tige articulée, ses feuilles
larges, son fruit écailleux semblabe à un Ananas sans couronne,
et son odeur musquée, ce Docteur a reconnu pour le HMoncou-
Moncoué d’Aublet, ou l’'Arum arborescens de Linnée. Peu
farouche, il se laisse approcher, fuit au coup de fusil, en pous-
sant le cri de cra-cra, pour aller se poser quelques pas plus loin
et sur la même branche, les uns à côté des autres. Il exhale une
odeur forte et pénétrante, mélange de musc et de castoréum , et
qui tient aussi de celle du Bouc; elle se communique à l'alcool
de conservation et aux vases, au point de les infecter, et résiste
même fort longtemps à des lavages répétés avec l’eau chlorurée.
Par suite de cette désagréable propriété, la chair de cet Oiseau
n’est pas mangeable et ne sert. à la Guyane, que d’appât pour
les Poissons.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 405
Enfin, au peu que Buffon et le Docteur Lherminier ont fait
connaître des mœurs de l’Opisthocome, M. de Castelnau a
ajouté les renseignements suivants :
« L'un des plus curieux Oiseaux que nous ayons pu prendre,
dit ce Voyageur dans la relation de son excursion de Goyas à
Salinas et au Lac des Perles (Lagoa das perolas), est l'Hoazin
de Buffon (Phasianus cristatus de Linnée), qui est connu dans
le pays sous le nom de Cegano : c’est un Gallinacé de la taille
d’une petite Poule, d’un brun-verdâtre, et remarquable surtout
par la huppe de plumes qui orne sa tête. Ces Oiseaux se trouvent
réunis en grand nombre sur le bord des eaux; leur vol est
lourd et ne dure que quelques instants, puis ils reviennent se
reposer sur les branches des arbres dont ils dévorent les feuilles ;
leur cri est singulier et ressemble à une respiration forte et
étouffée.. Les Ceganos, dit ailleurs notre Voyageur, faisaient
entendre de toutes parts leurs soupirs mélancoliques. Cet Oiseau
répand une très-forte odeur dont on peut se faire une idée par
celle d’une Vacherie. » (1)
Il y a, on le voit, une différence entre le cri prêté à cet Oiseau,
sur la foi de Sonnini, par Buffon, qui dit que sa voix est très-
forte et est moins un cri qu’un hurlement.
L’habitat de cet Oiseau est des plus étendus.
« Nous l'avons trouvé, ajoute Deville, au Brésil, au Pérou, et
il se trouverait également à la Guyane.
» Nous l'avons tué pour la première fois sur le Lac des Perles
ou Canna-Braba, près du rio de Crixas, dans le nord de la
Province de Goyas , puis très-nombreux sur les bords de la
rivière de l’Araguay, et se rencontre jusqu’au Tocantin, dans la
même Province. Nous l'avons également trouvé, et toujours en
troupe nombreuse, dans le rio Paraguay, ou Cuyaba (Province-
(1) Histor. du Voy. t. I.
206 TROISIÈME PARTIE.
de Matto-Grosso); et enfin, en dernier lieu, sur toute la ligne du
rio Ucayale et de l’Amazone jusqu'au Para. » (1)
Résamons à présent les diverses citations et observations qui
précèdent.
Dans un ordre d'idées tendant à rapprocher l’'Opisthocome, ou
Hoazin, des Gallinacés, on peut tirer de ces observations les
conclusions suivantes et raisonner ainsi :
Le Bec, denticulé intérieurement, ou pour mieux dire hérissé
au palais de papilles coniques, est étranger aux Gallinacés, mais
seulement quant à sa conformation interne.
Le Jabot et le Gésier diffèrent également de ces organes chez
les Gallinacés : le premier, en ce qu’il n’est pas entièrement
libre et se trouve dans l’axe même de l'intestin; le second, en ce
qu'il est beaucoup moins volumineux et moins puissamment
organisé.
Le Sternum est de même entièrement étranger par sa confor-
mation à cet Ordre d’Oiseaux.
Somme toute, cependant, l'Opisthocome représenterait les
Ruminants dans cette Classe.
Qu'est-ce à dire? sinon que l’Opisthocome doit être au moins
très-rapproché des Gallinacés, qui sont, de tous les Oiseaux,
ceux qui peuvent en général le mieux représenter, dans la Série
Ornithologique, le rang qu'occupent les Ruminants dans la Série
Mammologique.
Mais à ces faibles analogies de raisonnement ne se borneraient
pas les rapports de l’Opisthocome avec les Gallinacés, et surtout
avec les Pénélopes.
À l'extérieur, dit Lherminier, l’Opisthocome a quelques
rapports avec les Pénélopes.
On peut ajouter effectivement qu’extérieurement , exception
(1) Rev. et Mag. de Zoolog. 1852.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 407
faite du bec, qui est privé à sa base de cette cire membraneuse
de forme tubulaire dans laquelle sont percées les narines de ces
derniers Oiseaux, l’Opisthocome paraît un véritable Pénélope :
Pénélope par sa ptilose, par l'insertion, la nature et la forme
des plumes de chacune de ses parties, notamment par celles de
la queue, des ailes, et surtout par celles de la tête, qui sont
rudes, filiformes ou acuminées et susceptibles de se hérisser en
se relevant, comme chez les Pénélopes;
Pénélope par la nudité de la face ;
Pénélope enfin par un essentiel caractère organique, que ne
laisserait pas échapper ici l’œil clairvoyant de Toussenel. On
sait que ce qui différencie, sous ce rapport, les Pénélopes des
vrais Gallinacés, c’est la conformation du pied; le pouce, chez
les premiers, étant inséré sur le même plan que les doigts, ce
qui n’a pas lieu chez les seconds.
Or, ce caractère si différentiel existe chez l'Opisthocome, dont
le pouce, remarquablement allongé, est inséré sur le même plan
que les doigts antérieurs et pose, comme ceux-ci , à plat sur le
sol.
Tout concourrait done, comme aspect, et dans une certaine
mesure de caractères organiques, à faire de l’'Opisthocome un
Pénélope, sinon un Gallinacé; et, quand nous disons un Péné-
lope, nous entendons un Oiseau des plus voisins des Péné-
lopes. Mais, au grand jamais, avec la meilleure volonté du
monde, on n’y pourra rien trouver qui réussisse à en faire un
Passereau! Il faut , pour arriver à ce résultat, un effort d’'imagi--
nation surhumain ou une horreur prononcée pour les choses
trop simples.
Même concordance , si des caractères physiologiques et orga-
niques, que nous venons d'énumérer, on se reporte à une partie
des mœurs de cet Oiseau.
L'Opisthocome peut être considéré comme essentiellement
108 TROISIÈME PARTIE.
frugivore ou baecivore , puisqu'il se nourrit presque exclusive-
ment des feuilles et du fruit de l’Arum arborescens, dont sa
chair emprunte même son odeur de castoréum et de muse, de
Bouc ou de Vacherie. C’est un rapport de plus avec les Péné-
lopes qui, aux dires de d’Azara, pour le Paraguay, et de
J. Goudot , pour la Nouvelle-Grenade, font leur nourriture de
fleurs, de bourgeons et de fruits de Lauriers, d’Ardiacées et
d’Arolies.
Enfin, d’après M. de Castelnau, qui l’a souvent rencontré et
observé, dans le cours de son Voyage, le cri de l’'Opisthocome
est singulier, et ressemble à une respiration forte et étouffée , et,
x
parfois même, au bruit d’un soupir.
Il n’y a pas loin de là au cri que, suivant d’Azara, les Péné-
lopes font entendre d’un ton aïiqu, mais bas, sans ouvrir le bec
- et comme par les narines.
Comme ce que nous cherchons est de fournir et de préciser
les éléments les plus convenables à une bonne classification de
l'Hoazin, après avoir indiqué par quelles analogies , et à l’aide
de quels arguments on pouvait le pousser dans l'Ordre des
Gallinacés et vers les Pénélopes, nous avouons qu'un élément
moins connu et plus embarrassant se présente entre quelques
autres : c’est celui que fournit le caractère Oologique de cet
Oiseau, et que nous sommes bien aise de faire pressentir aux
Ornithologistes , et surtout aux Méthodistes.
On sait que pour nous ce caractère est de la plus haute valeur
dans la composition des grands groupes de Familles ou de
Tribus Ornithologiques.
Or, ici tout vient détruire et saper dans leur base l’argumen-
tation que nous avons faite, pour le rapprochement de l'Hoazin
des Gallinacés, en admettant que les Pénélopes doivent rester
encore dans cet Ordre.
L'OEuf de l’Hoazin , que nous devons à l’obligeance d'A.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 409
d'Orbigny (1), qui nous l'avait procuré de son bel et fructueux
voyage dans l'Amérique Méridionale, revêt tous les caractères
de Forme, de nature de Coquille et de Coloration de celui des
Rallidés en général; ceux d’entre eux qu'il rappelle le plus sont :
la Poule Sultane (Porphyrio) qui doit figurer dans les Rallinæ,
et nullement dans les Fulicinæ, la petite Poule-d’Eau des Indes,
et surtout le Rallus superciliaris rapporté de la Nouvelle-Zélande
par J. Verreaux. Il s’en éloigne toutefois , mais bien faiblement,
par son mode de maculature qui, au lieu d’affecter la forme
ponctuée généralement propre aux Oiseaux de cette Tribu, revêt
la forme de taches irrégulières ou d’éclaboussures , mais longi-
tudinales ou perpendiculaires, c’est-à-dire dans le sens du grand
axe de l’OEuf.
La Forme est Elliptique, avec les deux extrémités également
arrondies ; elle se rapproche même beaucoup de la Forme Cylin-
drique. Le grand diamètre ou grand axe est de 48 millimètres;
le petit, de 35.
Le fond de la Coquille est d’un Blanc légèrement carné , avec
quelques taches de Couleur de Sang figé, d’autres, en plus
grand nombre, de Couleur de Brique Rosâtres, et plusieurs,
assez larges , d’une teinte Gris-Lilas ou Grisâtre-Violacée.
Le seul rapport qu'offre cet OEuf avec celui des Pénélopes, et
il a quelque importance, c’est la Forme qui est presque la
même , Ellipsoïde ou Ovalaire allongée : ce qui fait la différence
des Pénélopes avec les autres Gallinacés, dont l'OEuf est de
Forme Ovée, c’est-à-dire avec une extrémité plus aigüe que
l’autre; c’est aussi cette même analogie de Forme qui, d’un
autre côté, rapproche à certains égards les Pénélopidés des
Colombidés.
(1) Cet Œuf, dont quelques Exemplaires doivent exister, de la même
source, au Musée de Paris, figure aujourd’hui dans la Collection de Phi-
ladelphie.
440 TROISIÈME PARTIE.
Que conclure de cette autre apparente anomalie de l’Hoazin?
Serait-ce un indice de quelques rapports de transitions, encore
inconnus, qui existeraient entre les Gallinacés, dont le dernier
chaïnon serait formé par l’Hoazin et les Rallidés ?
Nous ne le pensons en aucune façon : non que nous nous
décidions à les éloigner des Pénélopes, près desquels au con-
traire nous les rapprochons davantage; mais c’est que nous
avons de puissantes raisons de croire que les différentes Familles
d'Oiseaux dont Lesson faisait ses Passérigalles , et qui compre-
naient entre autres les Pénélopes, n’ont jamais été à leur véritable
place dans les Méthodes, et doivent faire partie des groupes que
nous réunissons sous la rubrique de Alectorides. Or, de ces
Oiseaux à l'Hoazin, les différences ne sont pas bien grandes,
ainsi qu'il ressort de la comparaison de ce dernier avec les
Pénélopidés : une seule différencie organiquement celui-ci de
ceux-là ; c’est d'une part la couverture du torse qui, chez les
Pénélopes, est comme chez les Gallinacés, écussonné seulement
en-dessous, mais scutellé ou couvert de larges squamelles par-
dessus, tandis qu’il est écussonné des deux côtés chez l'Hoazin ;
c’est d'autre part la forme tubulée des narines des Pénélopes. Du
reste , insertion identique des quatre doigts du pied sur le même
plan, ces parties posant toutes à plat sur le sol, ce qui est aussi
le caractère des Mégapodidés.
CINQUIÈME TRIBU.
PÉNÉLOPIDÉS OU PÉNÉLOPES — Penelopideæ.
Nous avons suffisamment indiqué les points de contact de cette
Tribu avec la Tribu qui précède pour qu’il soit inutile d’y revenir.
Quant aux motifs qui nous la font retirer de la Tribu des Gal-
lidés, ils résultent en partie des mêmes indications , en partie des
différences organiques bien tranchées qui les en séparent, et aussi
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. AE
des mœurs qui ne sont nullement les mêmes : toutes considéra-
tions qui justifient parfaitement la manière de voir de Lesson, à
leur égard, quant à leur groupement tout-à-fait à part de cette
Tribu, sous le nom de Alectores. :
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, parfois très-allongée, et assez aigüe aux
deux extrémités.
Coquille — à test dur, à pores visibles, lisse et un peu luisante,
Blanche intérieurement.
Couleur — d’un Blanc plus ou moins pur, et sans aucune tache.
On voit, pour ce qui est des Caractères Oologiques, celui de la
Forme, seul, rapproche les Pénélopes de l’Hoazin, il en sera de
même pour les Tribus qui vont suivre.
Nous connaissons, et nous avons possédé l'OEuf de neuf Espèces
de Pénélopes.
SIXIÈME TRIBU.
CRACIDÉS OU HOCCOs — Cracideæ.
À nos yeux, à l’exception du Genre Gallopavo, où Dindon,
l'Amérique ne possède aucun vrai Gallidé. Ce que l’on en a consi-
déré jusqu’à présent, pour cette partie du monde, comme les
représentant, se borne aux Pénélopes et aux Hoccos. Or, cette
représentation est tellement imparfaite, qu’elle ne constitue, pour
nous, qu'une simple théorie, contredite et presque détruite par les
faits : c’est ce qui nous en fait encore détacher la Tribu des Cra-
cidés, pour la reporter ici. Sauf le procédé d’incubation qui varie,
il nous semble que, de même qu’on rapproche les Hoccos et les
Pénélopes des Mégapodes, dans les Gallinacés et dans les Gallidés,
il y a tout autant de raisons pour replacer ailleurs ces trois Tribus
d’Alectorides ; et c’est ce que nous pratiquons en ce moment, parce
412 TROISIÈME PARTIE.
que nous regardons leur OEuf comme étranger, sous tous les rap-
ports, à celui des Gallinacés.
Nous aurions tort cependant, si nous disions que c’est sans être
dirigé dans cette voie si nouvelle par aucune considération Oolo-
gique spéciale. En étudiant en effet l’OEuf des Cracidés, autrement
dits des Hoccos, nous avons remarqué qu’il ne reproduisait rien,
dans son test, de l’OEuf des Poules, ni par son aspect, ni par sa
constitution physiologique : tout ce qu’il en rappelle, c’est le facies
de ceux de ces dernières dont la cristallisation calcaire ne s’est
opérée que d’une manière imparfaite et maladive à la surface de la
tunique membraneuse, en y laissant les traces d’une granulation
pour ainsi dire artificielle, en ce sens que chacun des granules
n’est généralement pas plein ou concret, n'étant que l’enveloppe
de globules d’air surpris par la matière calcaire.
Ici, et chez les Hoccos, rien de semblable : la Coquille, dans sa
surface , représente un réseau de globules d’une certaine grosseur,
égaux entre eux et par leur volume et par leur distance, envelop-
pant et recouvrant symétriquement le fond du test calcaire, avec
lequel ils ne forment qu’un seul et même corps, pleins et solides
comme lui. Ce système de granulation très-sensible au toucher,
encore plus à l’œil nu, acquiert une admirable harmonie d’en-
semble et de répartition, examiné à la loupe, et se trouve être le
seul et premier, sinon unique exemple de cristallisation sem-
blable que nous ayons eu occasion de rencontrer dans les OEufs
de toute la Série.
Ces globules, il est vrai, se laissent plus difficilement aperce-
voir, et existent à peine, et encore très-imparfaitement, nous
devons le dire, dans la Tribu précédente, celle des Pénélopidés,
que l’on a l’habitude de réunir aux Cracidés. A l’égard de cette
Tribu, nous sommes encore dans le doute, leur système de
cristallisation tenant beaucoup plus de celui des Gallidés et des
Phasianidés.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 143
Mais un fait également remarquable, et qui nous détermine à
réunir aux Hoccos les Mégapodes , indépendamment de la place
à leur donner, aux uns et aux autres, dans la Série, c'est que
chez ces derniers le système est en tout identique, dans des
proportions moindres; c’est-à-dire que c’est la même régularité
de granulation sphéroïdale et parfaitement arrondie : il suffit,
pour être convaincu de la parité, d'observer les OEufs des
Talegalla Lathami et Megapodius Nicobaricus ou Cummingiüi, etc.
La coïncidence est au moins étrange et frappante au point de
vue de la Classification, et mérite d’être attentivement étudiée.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée , parfois et souvent assez globulaire.
Coquille — à surface rugueuse et régulièrement granulée,
Blanche intérieurement , et sans reflet appréciable.
Couleur — d’un Blanc pur.
SEPTIÈME TRIBU.
MÉGAPODIIDÉS OU MÉGAPODES — Megapodiidæ.
L'OEuf des Mégapodes, indépendamment de sa Forme, dont
nous avons fait un de nos Types, est particulièrement remar-
quable par la contexture de sa Coquille, contexture également
granulée, mais d’une granulation impalpable et presque micros-
copique, quoique appréciable à l'œil nu.
CARACTÈRES, OOLOGIQUES : #
Forme — Cyÿlindrique, c’est-à-dire dessinant une Ellipse dont
les deux parois latérales forment une ligne droite, avec les deux
extrémités également arrondies.
Coquille — à test fort mince, en raison de son développement
444 TROISIÈME PARTIE.
ou du volume de l’OEuf; à pores fins et visibles, Blanche inté-
rieurement, mate et sans le moindre reflet.
Couleur — Blanche et sans aucune tache.
Si parfois elle offre un aspect d’un ton uniformément Fauve,
plus ou moins rosacé, c’est l'effet de son contact avec le sable
dont ces OEufs sont le plus souvent recouverts et dont le test
emprunte la Coloration. C’est ce qui s’observe notamment chez
le Megapodius Nicobaricus et sur les A. rubripes et Ocellatus.
Cet OEuf est assurément digne de l'attention des Oologistes,
et par sa Forme, qui rappelle celle de l’'OEuf des Ophidiens, et
par sa contexture calcaire, qui se rapproche encore un peu de
celle du produit Ovarien de quelques-uns de ces Vertébrés,
quoique d’une finesse extrême, et par l'absence de reflet : tous
caractères exclusifs de ceux propres à l'OEuf des Gallinacés.
Il y aurait même presque un rapprochement fort curieux à
faire, à ce point de vue, entre le produit Ovarien de Ja Tribu des
Mégapodidés, chez les Oiseaux, et celui de l'Ordre des Sauriens,
dans les Reptiles, notamment chez les Caïmans et les Crocodiles:
c’est, outre le caractère de la Forme, qui est identique , le mode
particulier d’éclosion ou plutôt d’incubation, en quelque sorte
artificiel. N’est-il pas remarquable, en effet, que ce soient les
Oiseaux pondant ou produisant de tels OEufs qui, de même que
les Crocodiles, abandonnent le soin de leur incubation à l’action
naturelle, soit du calorique émané des rayons solaires mis en
* contact avec le sable qui les cache soit du calorique dégagé de
la fermentation lente et progressive des G raminées qui les
recouvrent (comme pour le Megapodius tumutus-de Gould; à la
Nouvelle-Holtande), contrairement à ce que pratiquent les autres
Oiseaux, dont le besoin de couver est le plus puissant et le plus
impérieux!
Il faudrait la plume pittoresque d’un Michelet, ou le pinceau
original d’un Toussenel , pour développer toutes les considéra-
APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. A5
tions qui ressortent de ce rapprochement que nous ne faisons
qu'indiquer, sans y attacher aucune importance ni aucune idée
d’applicabilité à la Science Ornithologique. Le système de
Parallélisme , qui offre tant de ressources en Histoire Naturelle,
pour coordonner entre eux ou mettre en rapport les divers élé-
ments d’une Classe Zoologique, en offrirait-il autant pour établir
des relations ou pour découvrir et fixer des termes de compa-
raison d’une Classe à une autre? Ce serait peut-être, à ce propos,
le cas d’en faire l'essai. /
Nous ne dirons rien des Mesitidæ dont nous faisons notre
huitième Tribu, puisque l’on n’en connaît pas plus l'OEuf que
les habitudes ; et que les seuls exemplaires de ce Type d'Oiseaux
que possède jusqu’à ce jour la Science, sont ceux qui se voient
dans la riche Collection Nationale du Muséum d'Histoire Natu-
relle de Paris. /
NEUVIÈME TRIBU.
PALAMÉDÉIDÉS OU KAMICHIS — Palamedeide.
Les Kamichis , pas plus par leur OEuf que par leurs caractères
organiques, ne peuvent être pour nous des Jacanas; ce sont de
véritables Alectorides : ils en ont le port et les caractères Oolo-
giques ; leur pied même, sauf l’ongle droit et acéré du pouce,
est celui des Oiseaux de cet Ordre; toutes raisons qui corro-
borent nos inductions et déterminent notre résolution.
En un mot, le Kamichi est plus près des Mégapodes que des
Jacanas; et cela malgré l’arme de ses ailes.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire.
Coquille — à test assez dur, à pores fins et visibles; d’un
Blanc légèrement azuré intérieurement.
Couleur — d’un Blanc assez pur et sans tache.
716 TROISIÈME PARTIE.
Ces caractères sont communs à l'OEuf du Palamedea Cornuta
et du P. Chavaria, que nous avons possédés tous deux: ce
dernier nous venant du Voyage de d’Orbigny.
C’est probablement le caractère azuré de la Coquille, et l’anti-
pathie de l’Oiseau pour les Serpents qu’il combat à la manière
du Serpentaire (Gypogeranos), qui ont engagé Thienemann à
classer son OEuf avec celui de ce dernier, et l’Oiseau lui-même
dans l’Ordre des Rapaces.
Nous ne parlerons pas des Chionidæ ou Bec-en-Fourreau,
formant notre dixième Tribu , l'OEuf nous en étant inconnu.
Nous observerons seulement que si nous rangeons cet Oiseau
avec nos Alectorides, et près du Kamichi, c’est que nous trou-
vons entre eux certains points de contact qui ne sont pas sans
importance : tels que la réticulation des pieds et la protubérance
osseuse de l’aile.
TROISIÈME SOUS-ORDRE.
HÉRODIONS
(Herodiones).
Plus on étudie l'Oologie, plus on voit la lumière se faire dans
l'ombre des Méthodes et des Classifications. C’est ainsi qu’une
étude plus attentive de l’OEuf du Falcinellus igneus nous déter-
mine à modifier la composition de ce Sous-Ordre indiquée dans
notre Systema. Nous y faisons entrer les dix Tribus suivantes :
Psophiidæ, Gruidæ et Aramidæ, que nous enlevons aux Alec-
torides du Prince Ch. Bonaparte, pour les transporter à l'Ordre
des Hérodions; système adopté du reste par lui, depuis 4835,
dans la première partie du deuxième volume de son Conspectus,
publié en 1857; puis Ciconiidæ, Dromadidæ , Cancromide,
Ardeidæ, Tantalidæ, Plataleidæ et Balænicepide.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 417
PREMIÈRE TRIBU.
PSOPHIIDÉS OU AGAMIS — Psophiideæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire.
Coquille — assez mince, peu luisante, d’un Blanc légèrement
Verdâtre intérieurement.
Couleur — d'un Blanc pur et sans taches.
DEUXIÈME TRIBU.
GRUIDÉS OU GRUES — Gruidæ.
L'ensemble Oologique de cette Tribu offre la même harmonie
et la même homogénéité de caractères que l’ensemble physio-
logique.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée, assez allongée.
Coquille — à test dur, d’un Blanc verdûtre intérieurement, à
faible reflet et à pores visibles, mais parfaitement marqués et
incrustés chez le Laomedontia carunculata ou Grue carunculée.
Couleur — d'un Blanc fauve plus ou moins foncé, parsemé de
larges taches Brunes entremêlées d’autres d’une nuance Grisâtre
ou Lilacée.
Ce sont les caractères communs aux Grus cinerea et Austra-
lasiana , au Laomedontia carunculata, aux Tetrapteryx para-
disea, dont ie fond est d’un Brun très-foncé, Anéhropoïdes
virgo, dont les taches affectent l'aspect de points, Balearica
pavonina, dont la Forme est Ovalaire , et le fond d’un Brun de
Sienne, et Antigone torquata, dont le fond est d’un Fauve-
Blanchâtre, et les taches d’un Brun clair ou Grisûtres.
28
148 TROISIÈME PARTIE.
Mais les affinités Oologiques nous forcent de retirer le Genre
Argala, ou Marabou, des Ciconiidæ, pour le reporter aux
Gruideæ.
TROISIÈME TRIBU.
ARAMIDÉS OU COURLANS — Aramidæ.
Ce Genre si curieux se trouve aujourd'hui rangé à sa véritable
place, grâce à la découverte de son OEuf, que nous pouvons
dire avoir publié le premier, en l’appuyant des considérations
qui devaient le faire retirer des Rallidés, considérations que
nous allons reproduire de nouveau , à une distance de quinze
années (!l).
« Nous venons encore, disions-nous en 4844, au sujet d’un
Genre d’Oiseau déjà connu depuis longtemps, le Courlan, ou
Courliri, mais dont la place méthodique est toujours demeurée
vague et indécise, apporter le tribut de nos études et de nos
travaux en Oologie.
On comprend que nous nous attachions, pour proclamer
l'importance de cette partie si neuve de la Science, à des Genres
de transition; car c’est surtout à leur égard et dans les circons-
tances que présente l’indécision ou la complication de leurs
Caractères Zoologiques, que se révèle le plus la valeur de ceux
que l’OEuf peut fournir. Ce que nous avons donc essayé pour les
Genres Guacharo (Séeatornis), Coq-de-roche (Rupicola), et
Caurale (Ardea helias ou Eurypiga) , nous l’allons faire pour le
Courlan.
On ne peut se dissimuler que, dans son ensemble, comme
dans son port, le Courlan ne représente autant une Grue qu'un
Héron, beaucoup plus qu’un Courlis ou un Râle, car, malgré ce
(1) Magas. de Zool. 1844. Ois. PI. XLvI, XLVIX et XLVNI.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 449
qu'en ait dit Valmont de Bomare (l), ou qu’en aient pensé plu-
sieurs Naturalistes , il est difficile de rien voir en cet Oiseau qui
se rapproche en quoi que ce soit, au moins, du Courlis. C’est
aussi, nonobstant le nom qu'il lui a conservé, ce qu’a bien eu
soin de faire remarquer Buffon : « Son bec, dit notre éloquent
» Naturaliste, a quatre pouces; il est droit dans presque toute
» sa longueur; il se courbe faiblement vers la pointe, et ce n’est
» que par ce rapport que le Courlan s'approche du Courlis, dont
» il diffère par la taille, et toute l'habitude de sa forme est très-
» ressemblante à celle des Hérons; de plus, continue-t-il, on
» voit à l’ongle du grand doigt la tranche saillante du côté
» intérieur qui représente l'espèce de peigne dentelé de l’ongle
» du Héron » (?). Ge qui est formellement et à juste titre con-
testé par la description de Spix (3), et ce dont la plus simple
inspection démontre la fausseté; car ce caractère de dentelure,
presque constant chez les Hérons, manque complétement chez
le Courlan. Cette erreur si grave, de la part de Buffon, ne peut
être attribuée , comme la plupart de celles qui lui sont échap-
pées, qu’à son génie trop généralisateur, et, par suite, à son
imagination trop ardente et trop prompte à se figurer comme
réels des rapports d'ensemble à peine entrevus.
Quoiqu'il en soit, cette description, fort exacte du reste, in-
dique suffisamment les causes de préférence de Buffon pour le
rapprochement du Courlan des Hérons : aussi le décrit-il à leur
suite et avant les Bécasses. Ajoutons , pour compléter le détail
des caractères physiologiques et la somme des rapports de ce
Genre avec les Hérons, que le pouce, de même que chez ceux-
ci, est long et porte en entier sur le sol. Il semble donc que
jamais on ne devait songer à isoler le Courlan, sinon des Hérons,
(1) Nouv. Dict., etc.
(2) Hist. Nat. des Ois.
(3) « Ungue medio non serrato.» Av. Bras. Monachii, 1839. T. If, p. 72.
220 TROISIÈME PARTIE.
au moins des Ardéidés, ou, pour mieux dire, des Hérodions.
Il faut pourtant supposer que ces caractères, si positifs et
incontestables qu’ils soient, n’ont pas été jugés suffisants pour
satisfaire aux exigences rationnelles et méthodiques, quoique
bien souvent arbitraires, des Classificateurs Ornithologistes.
Ainsi Linnée et Gmelin, par leurs dénominations de Ardea
scolopacea et Scolopacea quarauna, qu’ils lui ont donnée;
Brisson et Latham, par celle de Numenius quarauna, indiquent
les rapports qu'ils croyaient lui voir, à un degré plus élevé que
Buffon, avec le Genre Ardea, d’une part, et avec les Genres
Scolopax et Numenius de l’autre : place et nom que lui ont aussi
conservés, dans ces derniers temps, MM. Lesson et Gray.
Cuvier, dans son Règne animal, donne la description du
Courlan après celle de la Grue commune (Ardea Grus), et
ajoute, avec infiniment plus de raison que ses devanciers :
« qu’on ne peut placer cet Oiseau qu'entre les Grues et les
» Hérons. »
Illiger, trompé peut-être par une légère et bien imparfaite
analogie du bec du Courlan avec celui des Râles Américains, en
a fait un Râle, sous le nom de Rallus quarauna, classification
adoptée par Lichtenstein.
Vieillot, se rangeant à l'opinion de Linnée, de Gmelin et de
Latham, en a fait son Genre type Aramus spécifié par l’adjonctive
Scolopaceus, qui a été conservé par MM. Bonaparte et Vigors.
Spix, enhardi par ses observations Ornithologiques en Amé-
rique, s’est cru fondé à faire revivre l’idée d’Illiger, qui avait
fait de notre Oiseau un Râle; mais en la modifiant sous le rap-
port des points de contact qu’il lui trouvait avec les Hérons, et,
en conséquence, il l’a nommé Rallus ardcoïdes, nom qu’il
aurait dù réserver pour le Caurale ( Ardea helias où Eurypiga) ,
auquel il convenait infiniment mieux, ainsi qu’on a pu le remar-
quer dans nos considérations sur ce dernier Oiseau. Il l’a donc
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 424
placé en tête de la Famille des Ràles, qui suit immédiatement
celle des Hérons, en ajoutant que, s’il se rapproche du Genre
Anastomus et des Ardea scolopacea ou gigantea, il devait ce-
pendant être réuni aux Râles. (1)
Alc. d'Orbigny (?), sous l'influence d'observations semblables
sur les Oiseaux du Sud-Amérique, est venu depuis adhérer, en
les appuyant de son autorité, au système et à la manière de
Spix, et il s’est fondé , à cet égard, sur les mœurs et les habi-
tudes du Courlan, qu’il croit, plus encore que sa forme, se
rapprocher des Ràles et des Poules-d’eau.
Nous avouons que, pour nous, ces habitudes sont encore
jusqu’à un certain point contestables, non pas tant comme exac-
titude ; sur ce point, peu de Voyageurs Naturalistes méritent
autant de croyance que Alc. d’Orbigny; mais comme caractères
bien tranchés , car elles sont en partie communes à bon nombre
d'Espèces de Hérons et d’Ardéidés. Ainsi, d’après les observa-
tions de notre savant Voyageur, le Courlan perche sur les arbres
peu élevés, ce qui n’est pas commun chez les Râles; il n’a pas
le vol aussi soutenu que les Hérons; il a une voix sonore qui se
fait entendre d’une demi-lieue, ce qui est également loin d’être
dans l’organisation habituelle des Râles (quoique Spix, tout en
se taisant sur cette circonstance particulière, en parlant du
Courlan, ait soin de la remarquer pour le Rallus gigas :
« vesperè perambulando vociferans, » dit-il, au sujet de ce
dernier) , et se rencontre, au contraire , chez quelques Ardéidés,
notamment le Butor (Ardea stellaris); il aurait le même genre
de nourriture que les Räles et les Poules-d’eau ; ainsi il ne man-
serait ni Reptiles ni Poissons, mais des Vers et des Mollusques,
(1) « Generi Anastomatis novo Temminckii vel Ardeæ scolopaceæ ac gi-
» ganteæ conveniens, à Rallo vero haud disjungendus... »
(2) Hist. Nat. de l'Ile de Cuba. Alc. d'Orbigny et M. de la Sagra.
422 TROISIÈME PARTIE.
ce qui n’établit pas une différence assez marquée, à notre sens ,
pour le elasser dans les Râles de préférence aux Hérons ; enfin il
niche dans les marais, ce que font également plusieurs Espèces de
Hérons.
Temminck (1) et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire (2), se con-
formant aux vues élevées de G. Cuvier, le mettent, comme lui,
entre les Grues et les Hérons.
Wagler et le Prince Max. de Neuwied en ont fait leur Nofhero-
dius guarauna, impliquant dans leur esprit un point de ressem-
blance plus intime avec ceux-ci qu'avec les Grues.
Enfin le Docteur Reichenbach en a fait franchement un Rallidé.
En résumé, les Naturalistes, au sujet du Genre type de la
Tribu qui nous occupe, se seraient, jusqu'à ce jour, partagés
entre quatre systêmes.
L'un, établi par Buffon et Linnée, et suivi par Brisson,
Latham, Vieillot, et MM. Lesson, Bonaparte, Vigors et Gray,
consistant à placer le Courlan entre les Hérons et les Courlis.
Le second, indiqué par G. Cuvier avec cette hauteur de vue et
cette prescience des choses qui lui étaient particulières, et suivi
par Temminck et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, consistant à le
mettre entre les Grues et les Hérons, et, conséquemment à en
faire un véritable Ardéidé.
Le troisième, soulevé par Wagler, et suivi par M. le Prince
Max. de Neuwied, à le ranger avec les Hérons ou à leur suite,
comme Faux-Héron ou Héron bâtard.
Le quatrième enfin, proposé par Illiger, et suivi par Spix,
Lichtenstein, Ale. d’Orbigny et le Docteur Reichenbach, consistant
à le classer entre les Hérons et les Râles, mais en en faisant un
PRallidé. /
(4) Manuel d'Ornithologie. Ed. 1820.
(2) Cours 1843-1844.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 423
Ce qui domine avant tout, dans l’ensemble des opinions de
chacun de ces Naturalistes, c’est la conviction amenée par l’évi-
dence d’un degré plus intime entre le Courlan et les Hérons,
qu'entre tout autre Genre; mais cela n’exclut pas l'identité et la
communauté de ses rapports avec le Genre Grue, qui diffère au
reste fort peu du Genre Héron, puisque, pour nous, tous deux
font partie du même groupe (l), identité qu’on ne saurait utile-
ment contester après le jugement de Cuvier, sous lequel s’est
censément abrité celui de Temminck.
Ce jugement de Cuvier, que l’on n’a pas assez approfondi avant
de le rejeter, aurait besoin d’une autre justification que celle tirée
des rapports de conformation et d’habitudes du Courlan avec les
‘Ardéidés, qu'il la trouverait dans la valeur des caractères qu'offre
l'inspection de l’OEuf de cet Oiseau. Ils viennent si heureusement
confirmer cette opinion, que nous en espérons le meilleur résultat
pour ouvrir les yeux aux plus incrédules sur l'importance, en fait
de Classification Ornithologique, dans nombre de cas embarras-
sants ou douteux, de l’Elément Oologique.
Nous tenons cet OEuf, tout nouvellement acquis à la Science,
de l'obligeance de notre savant Voyageur Alc. d’Orbigny, qui en
a découvert plusieurs dans ses pérégrinations au centre de l’Amé-
rique du Sud. Nous re dirons pas que c’est la première fois qu'il
est publié, puisqu'il a paru à la suite d’un article de ce Naturaliste .
sur le Courlan, dans une des dernières livraisons du bel Ouvrage
qu'il a publié, avec M. de la Sagra, sur l'Histoire Naturelle de
l'Ile de Cuba; mais c’est la première fois qu’il est figuré à la
suite d’un Système de Classification : nous dirons même que nous.
avons tàché de lui conserver, dans la Planche ci-jointe, un degré
d’exactitude de plus que ne le comporte le dessin de l’Ouvrage
(1) Malgré la manière de voir et la résolution prise du Prince Ch. Bona--
parte, de les mettre chacun dans un Ordre distinet.
124 TROISIÈME PARTIE.
précité, ‘qui est d’un ton trop verdàtre, et dont les taches ou
macules ne sont pas assez franchement accusées.
L'OEuf du Courlan, dont les diamètres varient de 64 à 63
millimètres dans un sens, et de 44 à 45 dans l’autre, est de
Forme Ovalaire très-faiblement acuminée, comme celui des
Hérons; mais chez ces derniers, il est toujours et constamment
d'un ton uniforme, variant du Blanc au Vert-Bleu ou Olive, plus
ou moins foncé, sans aucune tache colorée, mat et sans reflet ;
tandis que chez le Courlan , avec une Couleur Blanc sale ou légè-
rement Ocracé, il est parsemé de taches d’un Brun plus ou moins
clair ou Rougeâtre, sous forme de larmes, ou la plupart arron-
dies, entremêlées d’autres taches Grisâtres ; le tout plus ou moins
abondant au sommet de l’OEuf, qui en est comme le point de
départ, et où se voient quelquefois des veines de mêmes Couleurs ;
enfin sa Coquille réfléchit quelque peu la lumière, ce qui con-
stitue, quant à la Coloration et à la Coquille, le caractère domi-
nant et généralement constant de l’OEuf des Grues proprement
dites, telles que Grus ardea (cinerea), dont nous avons fait
figurer l’OEuf à la Planche x1vn, Grus antigone (Antigone
torquata) ct Grus carunculata (Laomedontia carunculata). I
n’y à donc de différence, entre l’un et l’autre, que relativement à
la Forme qui, chez le Genre Grue, est toujours Ovoïconique, ou
du moins Ovée fort allongée ; nous ajouterons même que c’est une
anomalie que le Courlan partage avec les Hérons, qui sont la
seule Famille des anciens Echassiers des Auteurs, dont l’OEuf soit
généralement de Forme Ovalaire, tous leurs autres congénères
l'ayant de Forme Ovoïconique, qui semble la conséquence ration-
nelle de leur structure (1).
(1) Les deux ou trois Exemplaires de cet Œuf que nous avons possédés ,
figurent aujourd’hui dans le Musée de Philadelphie, Le Muséum de Paris
en doit posséder ayant la même origine.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 425
Mais quant à comparer l’OEuf du Courlan, soit quant à sa
Forme, soit quant à son mode de Coloration, avec-l'OEuf des
Râles, ou mème du Courlis, c’est une idée qui ne viendra à
l'esprit de personne, lorsqu'on aura pu voir les termes Oologiques
de comparaison. C’est ce qui nous a fait joindre à cette Notice la
figure de l'OEuf du Numenius arcuatus, qui ne diffère que par sa
taille plus forte du N. phæopus, et qui est, comme celui de ce
dernier, comme celui de presque tous les Echassiers, de Forme
Ovoïconique, mais sur un fond Vert-Olive assez tranché, parsemé de
taches irrégulières nuageuses de Brun foncé et de Brun-Verdätre,
ce qui n’a aucun rapport avec la Couleur de l’OEuf qui nous occupe.
Quant à ce qui est de l’OEuf du Räle, il suffit pour se rendre
compte des caractères généraux qui lui appartiennent, et dont
nous ne parlons pas ici, de se reporter à ce que nous en avons
déjà dit.
Toutes choses donc à peu près égales d’ailleurs, en ce qui con-
cerne les caractères physiologiques et même les mœurs (à l’excep-
tion de la terminaison du bec légèrement infléchie), l'importance
des caractères fournis par l'OEuf de ce curieux Genre, caractères
si différents de ceux fournis par l’OEuf des Râles et par celui des
Courlis, et si rapprochés, pour la Forme de l’OEuf, des Hérons,
et, pour la Couleur, de celui des Grues; cette importance, disons-
nous, ne nous paraît point douteuse et doit faire pencher la ba-
lance, en ce qui concerne la place que doit occuper le Courlan
dans la Série Ornithologique, en faveur de son rapprochement
intermédiaire entre les Grues et les Hérons, en sorte qu’on pour-
rait parfaitement lui donner le nom de Ardea Geranos. »
Il est bien remarquable que l'indication de ce classement, basé
sur de simples considérations Oologiques , soit déterminée par la
même combinaison de caractères que celle qui nous à fait, précé-
demment, insister sur le classement du Caurale entre les Gralles
et les Râles.
426 TROISIÈME PARTIE.
On voit, comme nous en avons donné de nombreux exemples,
qu'il a fallu la découverte et la connaissance de l’OEuf du Courlan
pour assigner définitivement sa place à cet Oiseau.
QUATRIÈME TRIBU.
CICONIIDÉS OU CIGOGNES — Ciconiidæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, parfois globulaire ou renflée.
Coquille — à test peu épais, uni, à pores très-fins et visibles ;
d’un Blanc légèrement Verdâtre dans son épaisseur.
Couleur — d'un Blanc un peu terne, uniforme et sans taches.
Le mode de composition du test de l’OEuf des Cigognes est
tout-à-fait différent de ce qu’il est dans l’OEuf des Ardéidés ; en ce
sens que la cristallisation en est plus homogène et plus fine, et
laisse apercevoir un système assez régulier du pointillé de ses pores.
Nous ne dirons rien de la cinquième Tribu, celle des Dromadidæ
ou Ardéoles, dont nous ne connaissons pas l’OEuf.
SIXIÈME ET SEPTIÈME TRIBUS.
CANCROMIDÉS OU SAVACOUSs — Cancromidæ
ET ARDÉIDÉS OU HÉRONS — Ardeidæ.
Nous réunissons ces deux Tribus, à cause de leur communauté
de caractères, au point de vue de leur produit Ovarien.
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, les deux extrémités également arrondies.
Coquille — à test assez mince, à pores irréguliers et peu dis-
tincts, ne procédant point par piqueture; d’un Blanc légèrement
Verdâtre dans son épaisseur.
Couleur — ou Blanche, ou d’un Vert-Bleuâtre plus ou moins
foncé, uniforme et sans aucune tache ou teinte étrangère.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 427
Nous connaissons et nous avons possédé l’OEuf de trente-et-une
Espèces d’Ardéidés.
Quand nous parlons des pores de la Coquille, dans ces deux
Tribus, c’est de son mode de granulation que nous voulons
parler ; et c’est en ce sens que nous distinguons positivement
l'OEuf des Hérons de celui des Cigognes; car, avec l’apparence
d'une contexture concrète et régulière, la cristallisation vue de
près, et, mieux encore, examinée à la loupe, en est des plus
_grossières, et ce que l’on prendrait, à l'œil nu, pour les pores sur
toute autre Coquille, n’est que le résultat de l’irrégularité des
cristaux calcaires qui la composent : ces cristaux présentant, par
leur assemblage et leur réunion, un aspect granuleux approchant
de celui de la pâte dont la surface se sèche et se solidifie au contact
de l’air ou de la lumière.
Sous ce rapport, nous le redisons, l’OEuf des Ardéidés ne saurait
être confondu avec celui des Ciconiidés, et encore moins avec celui
des Ibis ou des Spatules.
HUITIÈME TRIBU.
TANTALIDÉS OU TANTALES — Z'antalideæ.
Par suite des observations qui précèdent, nous apportons un
léger changement à la composition première de cette Tribu, que
nous divisons en trois Familles, au lieu de deux; c’est-à-dire que
nous retirons des Jbinæ le Genre Falcinellus que nous élevons
lui-même au rang de Famille.
Autant, en effet, l’OEuf des Tantales se confond avec celui des
Ibis, autant s’en éloigne celui des Falcinelles, pour revêtir tous
les caractères de Forme, de Coquille et de Couleur propres à l’OEuf
des Hérons. Il y a donc ici à réfléchir et à étudier mürement.
Et si l’on ne croit pouvoir se dispenser de laisser figurer. les
Falcinelles dans les Tantalidés, nous pensons que l'on ne saurait
428 TROISIÈME PARTIE.
hésiter à faire de ce Genre une Famille sous le nom de Falcinel-
linæ, que l’on mettrait en tête des Tantalidæ, faisant suite im-
médiatement alors aux Ardéidés : c’est ce que nous pratiquons
aussi dès ce moment, modifiant, sous ce rapport, la composition
de nos Hérodions telle qu’elle figure dans notre Systema; nous
distinguerons donc dans notre Tribu des T'antalidæ trois Familles :
Falcinelline, Tbinæ et Tantalinæ.
Are FAMILLE. — Falcinellinés ou Falcinelle (Falcinellinæ).
CARACTÈRES QOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire, exactement celle des Ardéidés.
Coquille — la mème également que dans l’OEuf de cette Tribu,
sauf que le mode irrégulier de cristallisation que nous avons re-
marqué chez ceux-ci est encore exagéré chez les Falcinelles, et la
matière en paraît également plus grossière ou moins élaborée, du
reste mate et sans aucun reflet.
Couleur — d’un beau Vert uni et sans taches.
2e FAMILLE. — Jbinés où bis (Ibinæ).
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovoïde, c’est-à-dire d’un Ovalaire à bout beaucoup
plus obtus que l’autre, caractère de l’OEuf des Gralles ou
Ægyalites.
Coquille — à grain irrégulier, à concrétion moins grossière que
chez les Falcinelles , peu épaisse, d’un Blanc pur, azurée dans sa
transparence et presque sans reflet.
Couleur. — Celle de la Coquille, parsemée de taches Brunes,
généralement réunies en forme de couronne vers le gros bout, et
procédant par éclaboussures : Zbis religiosa et Eucydomus ruber.
Ce qui semblerait ne pas éloigner, autant que l’on a coutume de le
faire, ces deux Genres l’un de l’autre.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 429
L'énumération de ces Caractères démontre que l’OEuf des Ibinés
rentre beaucoup plus dans la condition de celui des Gralles ou
Ægyalites, que celui des Ardéidés.
Nous allons retrouver la même communauté de caractères dans
la troisième Famille, celle des Tantalinés.
L'occasion s’est déjà présentée de parler dans notre Introduc-
tion d’un OEuf de l’Zbis religiosa de notre Collection, trouvé dans
une Momie, ou plutôt avec une Momie de cet Oiseau. C’est, nous
croyons, le premier exemple qui se soit présenté, depuis l’origine
de la Science, d’un fait semblable. On connaît en effet des Ani-
maux de toute sorte trouvés à l’état de Momie ; mais l’on ne con-
naissait, ou du moins nous n’avions pas encore connaissance de
découvertes faites en Egypte, d’OEufs d’Oiseaux en cet état et dans
ce but. Outré que ce fait confirme l’ardeur du Culte et du respect
que professaient les anciens Egyptiens pour cet Oiseau qui leur
rendait tant et de si grands services, pendant la lente retraite des
eaux du Nil, après l’inondation des vallées riveraines, il confirme
également ce que l’on ne savait jusqu'ici que par la tradition
écrite, des idées religieuses et mystiques qu'ils rattachaient au
produit Ovarien des Oiseaux, comme type de forme ou comme
type universel, pour l'espèce de Monde que ce corps semble con-
tenir en lui dans ses nombreux et multiples éléments orga-
niques.
Cet OEuf, ou plutôt ces OEufs, car nous en possédons deux,
proviennent de la découverte et des fouilles si heureusement et si
savamment opérées par M. Mariette dans son dernier Voyage en
Egypte, où l’on sait qu’il a trouvé et mis au jour une magnifique
Hyppogée, ou plutôt un Serageïum complet et entièrement inex-:
ploré. Il en a exhumé, en dehors des autres richesses Archéolo-
giques, une incroyable quantité d’urnes ou vases en terre cuite
toutes remplies d'OEufs d’Oiseaux, les uns entourés de bandelettes,
les autres simplement plongés dans une préparation plus ou moins
430 TROISIÈME PARTIE.
balsamique et préservatrice de la corruption ; tous pleins, c’est-à-
dire, n'ayant été ni insufflés ni vidés.
Ces OEufs pourtant ne se bornaient pas à ceux de l’Ibis : dans
le petit nombre qu’il nous a été donné d'examiner, nous en avons
vus de Poule, voire même d’une Espèce d’Anseridæ, peut-être le
Chenalopex. Nous regrettons, quoique nous n’en désespérions
pas plus tard, de n’avoir pas été à même d'étudier tous les spéci-
mens Oologiques rapportés par le Savant Conservateur du Musée
Egyptien du Louvre.
Nous sommes redevable des deux exemplaires que nous possé-
dons à l’obligeante amitié de M. Serveau, Chef au Ministère de
l’Instruction publique, qui les tenait avec plusieurs autres de
M. Mariette lui-même. M. Serveau, avec lequel nous avons été
depuis longtemps en relation d'échanges, possède un bien bel et
bien intéressant échantillon de Collection Oologique : en ce sens
que si cette Collection n’est pas aussi complète qu’il la pourrait
désirer, au point de vue de l’Ornithologie Européenne, les exem-
plaires qu’elle renferme sont de la meilleure et de la plus belle
conservation.
3e FAMILLE. — Tantalinés ou Tantales (Tantalinæ).
CABACTERES OOLOGIQUES :
Forme et Coquille. — Celles de la Famille qui précède.
Couleur — d'un Blanc plus ou moins pur, ou Jaunâtre ou
Verdâtre; dans les deux cas, maculé de quelques taches irrégu-
lières, tantôt en forme d’éclaboussures, plus souvent en forme de
larmes, d’un Brun-Fauve. Tel est l’'OEuf des Tantalus Ibis et
Loculator.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4131
NEUVIÈME TRIBU.
PLATALEIDÉS OU SPATULES — Plataleideæ.
Nous conservons les Spatules au rang de Tribu, quoique pour
nous, par leur OEuf, à l'inverse des Falcinelles, ce soient de véri-
tables Ibis à bec plat.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme et Coquille. — Celles des Ibinés.
Couleur. — Celle de la Coquille, d’un Blanc pur, parsemé de
taches généralement en forme de larmes, d’un beau Brun; entre-
mélées parfois d’autres taches d’un Gris-Violacé ; toutes le plus
ordinairement réunies autour du gros bout.
Cette identité de Caractères Oologiques démontre la nécessité
d’un rapprochement plus intime entre ces deux Oiseaux, et par
conséquent entre les deux Groupes qu’ils représentent, qu’on ne
le pratique d'habitude.
DIXIÈME TRIBU.
BALÉNICÉPIDÉS OU BALÉNICEPS — Balænicepide.
Nous modifions encore ici, quelque peu, notre Système, en
élevant au rang de Tribu, sous le nom de Balænicepideæ, le Genre
Balæniceps, au lieu de le laisser réuni à celle des Cancromideæ,
dont il paraît devoir être distingué, d’après l'opinion de J. Ver-
reaux qui l'a fait connaître, en publiant, sur cet étrange Oiseau,
les détails de mœurs suivants, dont on ne saurait trop propager la
connaissance, alors que la découverte du Genre que concernent
ces mœurs ne date que de 4851 :
Gba : Get Oiseau ne se rencontre généralement que par paire:
son habitat paraît assez limité; il fréquente les plaines maréca-
432 TROISIÈME PARTIE.
geuses, là où se trouvent les Tortues qui forment la base de sa
nourriture.
» Comme les Leptoptilos (Marabou), ces Oiseaux ont des heures
fixes et réglées pour leur déplacement , et cela, suivant les saisons.
Il n’est donc pas rare de voir la paire de Balæniceps posée sur une
seule patte sur la sommité d’un vieux tronc, ou sur une roche
élevée, et y rester des quatre ou cinq heures immobiles, attendant
que les rayons du soleil aient fait sortir de la vase les Tortues qui
aiment également à venir s’y réchauffer. Dans cette pose, le cou
est tout-à-fait rentré, et leur énorme tête repose sur les épaules.
Mais dès que le moment de la pêche est arrivé, ils se transportent
d’un vol léger sur un tertre garni de roseaux, juste à portée de
l'endroit d’où sortent les Reptiles en question. Il est curieux de
voir avec quelle promptitude ils saisissent leur proie qui, prise par
la tête, est immédiatement lancée en l’air afin de la recevoir toute
entière dans leur bec dont la mandibule inférieure se dilate assez
pour en avaler de près d’un pied de longueur. Ce n’est qu’en y
retombant que la tête est séparée du cou par l’énorme crochet qui
remplit l'office d’un couperet, ce qui leur permet de l’avaler de
suite afin de recommencer dès qu’un autre se présente, car ils
avalent ainsi un nombre considérable de ces Animaux avant de
retourner au lieu de prédilection qui leur sert d’observatoire dès
les premiers rayons du soleil; ayant pour habitude de se retirer
sur les arbres ou sur les rochers les plus élevés de l'endroit pour y
passer la nuit. A défaut de Tortues, ces Oiseaux mangent égale-
ment des Grenouilles, et même des Lézards de forte taille, ou de
jeunes Crocodiles, voire même des Iguanes.
» C'est vers les premiers jours du printemps que le couple se
retire sur les grands arbres pour y construire son nid, ou plutôt
son aire, car elle est d’une dimension tellement grande, qu'elle
surpasse tout ce qu'on connaît en ce genre, voire même celle des
plus grandes Espèces de Rapaces, puisqu'elle acquiert plus de douze
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 433
pieds de circonférence ; elle est composée de végétaux et de terre,
principalement de roseaux et de graminées qui forment le centre,
lequel cependant n’a rien de douillet, étant en partie mélangé de
vase. Cest là que la femelle dépose ses OEufs, qui sont au nombre
de deux, et qui sont d’un Blanc sale avec quelques taches Rousses
à peine visibles ; ils sont d’une nature crayeuse qui ressemble aussi
à ceux des Leptoptilos, preuve qui vient encore à l'appui de notre
opinion, pour le placer dans cette Famille.
» Les deux sexes couvent alternativement ; et ce n’est que lors-
que les jeunes sont éclos que, forcés d’assouvir leur voracité, les
parents s’absentent ensemble pour chasser et rapporter le butin
nécessaire au développement de leurs petits qui, après six se-
maines, commencent à se tenir debout, mais qui ne quittent
le nid que vers la fin du second mois. Comme pour beau-
coup d’autres Espèces, cette aire sert nombre d'années ; mais
chacune d’elle y apporte une couche nouvelle qui peut servir
à en déterminer le nombre, si rien ne vient les en détour-
ner. » (I)
Jusqu'à la publication des détails Biographiques si intéressants
qui précèdent, on ne connaissait en quelque sorte rien des
mœurs du Baléniceps, et l’on était dans une ignorance absolue
de son OEuf. On en était donc réduit à induire sa place, dans la
Série, de la comparaison de ses Caractères Zoologiques, avec
ceux des Oiseaux qui paraissaient s’en rapprocher le plus, et il
devenait naturel qu’un des termes de comparaison fût le Savacou
(Cancroma).
Toutefois, malgré les rapports apparents de conformation que
présente le Baléniceps avec le Savacou, c’est avec raison que le
Prince Ch. Bonaparte les a le premier séparés, en faisant de
l'un et de l’autre ses types de deux Sous-Familles. Aussi, dans
(1) New Philosophical Magazine Edimbourg. 1855, n. 5, vol. IV, p.101.
29
434 TROISIÈME PARTIE.
le même ordre d'idées, et de plus, sous l'influence de nos études
Oologiques , maintenons-nous cette séparation, mais à un degré
encore plus grand puisque non seulement nous les élevons au
rang de Tribus, mais nous mettons entre eux toute la Tribu des
Ardéidés , ainsi que celles des Giconiidés, des Tantalidés et des
Plataléidés.
Nous avons en effet été assez heureux, après des demandes
réitérées et bien des démarches, pour nous procurer l'OEuf de
ce curieux type, au nombre de deux exemplaires, et c’est à
Ed. Verreaux, qui dispose de tant de Voyageurs dans toutes les
contrées du monde, que nous en devons la possession. Or, cet
Ouf a des caractères tout particuliers qui sollicitent une étude
toute spéciale.
Ainsi , il est de Forme Ovée plus ou moins allongée, mesurant
de huit et demi à neuf centimètres de grand diamètre, sur six
centimètres de petit diamètre. Sa Coquille est d’un Blanc légère-
ment azuré , ce ton acquérant plus d'intensité dans la transpa-
rence du test; la cristallisation en paraît assez fine et homogène,
mais laisse apereevoir des pores passablement indiqués par des
espèces de piquetures plus ou moins espacées, et en plus grand
nombre vers le petit bout : particularité qu’offrent également et
l'OEuf des Grues et celui des Ibis, mais notamment celui des
Spatules. Car malgré les rapports du Baléniceps avec le Marabou
(Leptoptilos) , si bien indiqués par J. Verreaux, nous n'en avons
pu saisir aucun entre l'OEuf de l’un et de l’autre, pas plus que
nous n’avons trouvé trace de taches brunes ou autres sur celui
du Baléniceps , nous le répétons , d’un Blanc uniforme, empreint
seulement parfois de souillures étrangères à toute espèce de
Coloration naturelle.
Nous sommes, au surplus, parfaitement d'accord en ce
point avec M. John Petherick, qui a également découvert
récemment l'OEuf du Baléniceps, qu’il décrit fort exacte-
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 435
ment (1). La principale subsistance de cet Oiseau, que les Arabes
appellent Abou-Malkoub, par allusion à son énorme bec, con-
sisterait, d'après ce Voyageur, en Poissons. Nous croyons néan-
moins que ce n’est que l’un de ses aliments accessoires, pour
lequel le développement sans exemple de son bec serait une
véritable et inutile superfétation.
Mais ce qui distingue éminemment cette Coquille, c’est qu’elle
est recouverte d’une couche crétacée, fort mince à la vérité,
quoique assez abondante et épaisse vers le petit bout de l’OEuf,
où cette matière conserve la trace des replis ou bourrelets du
cloaque par lequel est passé ce corps.
En considérant done le Phénicoptère comme un Échassier,
‘c'est, dans cet Ordre, le second et remarquable exemple d’une
Coquille à couche crétacée.
Ce caractère ne permet pas de laisser le Baléniceps bien
éloigné du Genre Flamant; et c’est ce qui nous le fait mettre
à la fin de nos Hérodions que suivent immédiatement nos
Hygrobates, représentés par les Phénicoptéridés. Or, comme
nous plaçons nos Totipalmes après ce dernier Sous-Ordre, il en
résulte que la distance qui sépare le Baléniceps des Pélécanidés,
que nous faisons figurer en tête, n’est pas aussi grande qu’on
pourrait le croire : et en cela notre système vient donner en
quelque sorte raison, par ses conséquences Oologiques , au rap-
prochement que M. Gould à cru pouvoir faire de notre Oiseau
avec le Pélican , lorsqu'il le fit connaître en 1851. (?)
(1) The Ibis. Oct. 1859, p. 470,
(2) Proced. Zool. Soc. 1851.
436 TROISIÈME PARTIE.
QUATRIÈME SOUS-ORDRE.
HYGROBATES
(Hygrobatæ).
TRIBU UNIQUE.
PHÉNICOPTÉRIDÉS OU FLAMANTS — Phœnicopteridæ.
Dans notre revue des différents Groupes Ornithologiques com-
posant la Série, nous arrivons au point où s'accumulent les
difficultés et les embarras de la Classification, c’est-à-dire au
point du passage des Oiseaux véritablement ou réputés non-
palmipèdes, et de ceux véritablement ou réputés palmipèdes.
Il y a-t-il une transition réelle des uns aux autres? ou faut-il,
tranchant dans le vif et prenant son parti, établir simplement
la barrière qui doit séparer ceux-ci de ceux-là ?
C'est ce dernier sentiment qu'a partagé le Prince Ch. Bona-
parte : car, sans transition aucune, il passe des Tantalidés à ses
Totipalmes, qu’ouvrent les Pélicanidés. C’est aussi ce que nous
allons faire; mais cependant, en nous appuyant sur un lien de
transition que nos Etudes Oologiques nous ont, depuis long-
temps, fait considérer comme naturel.
Ce lien de transition est le Flamant ou Phénicoptère : Tan-
talidé, ou plutôt Hérodion par ses pieds et ses jambes; Anatidé
par la longueur de son cou et une partie de la conformation de
son bec; Pélécanidé par le surplus de ce dernier organe, et sur-
tout par tous ses Caractères Oologiques.
Mais, dans cette hypothèse même, en doit-on faire le der-
nier chaïînon des Oiseaux non-palmipèdes ? ou, au contraire, le
premier anneau des Oiseaux palmipèdes?
Nous n'osons faire une innovation aussi notable que de
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 437
résoudre la question en faveur de cette dernière proposition :
et nous nous bornons à rester dans la dernière limite des don-
nées que l’on a suivies jusqu’à ce jour, en le plaçant à la suite
de nos Spatulidés, et en lui faisant clore notre Ordre des Héro-
dions; mais en l’élevant à un haut degré de plus de la Hiérarchie
Méthodique.
Le Flamant à été en effet pour nous , dès 4844, l’objet des
observations suivantes : (1)
« On est depuis longtemps d'accord pour reconnaitre, en
Histoire Naturelle, l’imperfection des Méthodes adoptées jus-
qu'à présent pour la Classification des Êtres animés. Nous cro-
yons que cette imperfection n’est nulle part plus frappante qu’en
ce qui concerne l’Ornithologie, dans laquelle se rencontrent à
peine quatre ou cinq Familles réellement naturelles, et où les
Familles dites artificielles ou Savantes offrent les contradictions
les plus choquantes et les rapprochements les plus forcés. On
aurait tort sans doute de rendre les Hommes distingués qui
dirigent cette Science, responsables de ce résultat et de ces
anomalies : la source principale en est dans la complication et
les difficultés inextricables qui découlent, d'une part, des
découvertes importantes que fait chaque jour l'Ornithologie, et,
de l’autre part, de l'ignorance où elle se trouve au sujet de l’or-
ganisation et des habitudes, comme du mode de reproduction
des individus qu’elle découvre. Aussi, ne faut-il pas considérer
ces vices inhérents aux Méthodes comme absolument irremé-
diables ; il est impossible qu'à l’aide du temps et des perfection-
nements qu’il amène à sa suite, on n’arrive pas à des corrections
et à des modifications importantes.
Nous avons déjà, à plusieurs reprises , essayé de mettre sur la
voie de ces améliorations, au moyen des caractères tirés de
(1) Revue Zoolog. Juillet 1844.
438 TROISIÈME PARTIE.
l'inspection de l'OEuf de certains Genres d'Oiseaux : c’est um
nouvel et semblable essai que nous venons tenter aujourd’hui
(1844), au sujet du Genre Ornithologique Flamant (Phœnicop-
terus, L.), Genre fort restreint, puisqu'il ne renferme que trois
Espèces (l) tellement identiques qu'elles n’ont l’air que de
variétés locales d’une seule et même Espèce.
Le Flamant, plus que tout autre Oiseau, devait exercer la
sagacité des Naturalistes Méthodistes, par la réunion et l’assem-
blage qu’il offre, dans le même individu, de deux sortes de
caractères tellement hétérogènes, que l’un, la longueur excessive
du tibia, la jambe, est devenu le signe exclusivement distinctif
de toute une nombreuse Famille, connue sous le nom d’Echas-
siers ( Grallæ ou Grallatores) ; et l’autre, la présence de palma-
tures complètes réunissant chacun des trois doigts , est devenu
le signe tout aussi, si ce n’est plus, distinctif d'une Famille
encore plus nombreuse connue sous le nom de Nageurs
{Natatores).
C'est en effet, jusqu’à un certain point , un Oiseau de transi-
tion et intermédiaire, ainsi que le considérait Buffon, entre les
Echassiers et les Palmipèdes; nous disons jusqu’à un certain
point, parce que ordinairement, dans les Oiseaux ainsi qualifiés,
il y a presque toujours indécision des caractères qui s’y ren-
contrent, c'est-à-dire que chacun de ces caractères est si peu
tranché ou si peu arrêté, que l’on se trouve porté à hésiter pour
les rapprocher de telle Famille plutôt que de telle autre.
Ici, et chez le Flamant, n’existe pas la même difficulté; il est
impossible, d’un côté, de trouver un Oiseau qui offre dans un
plus grand développement, et dans son type le plus parfait, le
(1) On en compte maintenant six Espèces, qui paraissent assez bien
déterminées, de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique, dont
une due à la sagacité de notre savant ami J. Verreaux, Phœnicoplerus
erythrœus.
APPLICATION DES GARACTÈRES OOLOGIQUES. 439
caractère, sinon unique, au moins principal et presque exclusif
des Echassiers, qui réside dans l’énorme prolongement relatif
de la jambe et dans l'absence de plumes au-dessus du genou ;
de l’autre côté, il n’est point d’Échassier qui possède d’une
manière aussi prononcée la palmature des doigts.
Il est résulté de cette complication une divergence extrême
entre tous les Naturalistes, sur la place à assigner au Flamant;
trois systèmes se sont trouvés et se trouvent encore en présence :
deux exclusifs et un de fusion ou mixte.
Temminck, de Blainville et M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire ,
en ayant peu ou point d’égard à la palmature interdigitale qui
est à l’état rudimentaire chez presque tous les Échassiers , pro-
prement dits, l’ont considéré comme un véritable Gralle; en
conséquence, le premier l’a placé dans sa seconde Famille de
cet Ordre, entre les Genres Scopus, Briss.; Recurvirostra,
Platalea, Tantalus; etc. Linn., le séparant de plus des vrais
Palmipèdes ; le deuxième, entre les Genres Scolopax et Ciconia,
le séparant des Palmipèdes par le Genre Rallus ; et le troisième,
entre les Scolopacidés et les Glaréolidés , le séparant des Palmi-
pèdes par les Palamédéidés, les Parridés, les Rallidés et les
Fulicidés.
Brisson, au contraire, Scopoli, Schæffer, Buffon, Latham,
Lacépède, MM. Duméril et G. R. Gray n’ont pas hésité, mettant
en quelque sorte de côté la longueur caractéristique des jambes,
à en faire un véritable Palmipède; Brisson, en terminant sa
Série Ornithologique par une Famille, composée des Genres
Phœnicopterus, Recurvirostra et Ardeola, qui suit immédiate-
ment le Genre Onocrotalus, dernier de l'Ordre des vrais Palmi-
pèdes : ce qui impliquait dans son esprit judicieux la division ,
adoptée plus tard par Latham, des Palmipèdes à longs pieds et
des Palmipèdes à pieds courts; Lacépède, en le mettant à la
tête des Palmipèdes; M. Duméril, avec une merveilleuse sûreté
110 TROISIÈME PARTIE.
de vue et de Science instinctive, en Le plaçant entre les Harles
(Mergus) et les Pélicans (Pelecanus); justifiant ainsi l'opinion
de bon nombre d’observateurs , tels que Flor. Prévôt, qui consi-
dèrent avec quelque raison le Flamant comme un véritable
Canard à longues jambes; et M. Gray, avec moins de bonheur,
suivant nous, que M. Duméril, en en faisant le premier Sous-
Genre de ses Anatidés.
Enfin , Linnée , Illiger, Cuvier, Vieillot, Latreille, et
MM. Ch. Bonaparte et Lesson, adoptant un système mixte,
l'ont, comme les trois premiers Auteurs que nous avons cités,
placé dans les Gralles, mais en ayant particulièrement égard
aux palmatures; ce qui a permis à chacun de ces Naturalistes de
rapprocher le Flamant le plus près possible des Palmipèdes, en
le renfermant toutefois dans l'Ordre des Échassiers, dont il
forme , chez chacun de ces Méthodistes, le dernier échelon.
De ces trois systèmes, nous n’hésitons pas à adopter le second.
Or ne peut nier, en effet, que, sinon par la forme , au moins par
l’ensemble et l’organisation de son bec, le Flamant ne se rap-
proche éminemment du bec de tous les Anatidés : il a la même
nature molle et cellulaire, il est lamellé de la même manière sur
les côtés, et en l’examinant attentivement, il n’est pas impossible
de voir que la pièce principale et médiane, l’arête de la mandi-
bule supérieure, serait presque exactement semblable à celle du
Pélican, si on la rétablissait sur un plan horizontal, de courbe
et surbaissée qu’elle est. Certes, ces caractères similaires ajoutés
à la palmature identique à celle des Anatidés, il est difficile de
résister à le considérer comme un simple Gralle. On pourrait
même ajouter à ces éléments d’assimilation un caractère de
mœurs extrêmement remarquable, pour un Échassier : celui de
l'emploi de la palmature à la natation; singularité qu'il partage
entre autres Oiseaux à longues jambes avec l’Avocette qui, abso-
lument construite, à l'exception du bec, sur le même type, jouit
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4/4
de la faculté de se soutenir et de se mouvoir dans les eaux dont
elle ne peut atteindre le fond, selon le mode des Palmipèdes,
pour aller d’une rive à l’autre, et en utilisant, au profit de la
locomotion , les membranes natalaires qui réunissent ses doigts.
Aussi, sommes-nous convaincu que l’on ne tardera pas à re-
venir unanimement au système de Brisson, beaucoup plus large-
ment et positivement appliqué par M. Duméril que par M. Gray;
système qui nous paraît on ne peut plus rationnel , et qui ne
supporte pas la moindre objection lorsqu'on en vient à consi-
dérer un caractère tout nouveau, et pris en dehors de l’Animal,
quoique soumis aux règles de son organisation ; nous voulons
parler du Caractère Oologique.
L’OEuf du Flamant, quant à sa Coquille, a tous les caractères
constitutifs et organiques des OEufs de la Famille Ornithologique
des Pélécanidés (ancien Genre Pelecanus, de Linnée) , composée,
comme on sait, des Genres Pelecanus, Sula, Phalacrocorax,
Briss., et Frégate ou Tachypetes, auxquels nous ajouterions le
Genre Plotus, L.
Or, la Famille des Pélécanidés est, sous ce rapport Oologique ,
une Famille excessivement naturelle. La Coquille de l’'OEuf des
Espèces et des Genres qui la composent (à l'exception du Genre
Phaëton que nous ne nous déciderons de longtemps à y placer),
n'a jamais aucune tache; elle est toujours d'un Blanc plus ou
moins légèrement Bleuâtre, dans sa transparence, et présentant
une surabondance de matière calcaire telle, que son test semble
formé de l’agglomération ou de la superposition de deux couches :
la première assez compacte et homogène, la seconde, extérieure,
très-poreuse, mate et d’une apparence toute crayeuse et sans ho-
mogénéité ; les molécules qui la composent étant si peu adhérentes
entre elles , qu’elle laisse aux doigts qui l’ont touchée une marque
blanchâtre et pulvérulente, à l'instar de la craie et du plâtre.
Telle est identiquement la Coquille de l'OEuf du Flamant, qui
442 TROISIÈME PARTIE.
affecte du reste une Forme Ovée fort allongée et presque Elliptique,
ainsi que celui de tous les Pélicanidés.
Il n’en est pas de même de l’OEuf des Anatidés proprement dits,
quoique cette Famille soit aussi des plus naturelles, sous le rapport
purement Oologique. La Coquille de l’'OEuf de toutes les espèces
de cette nombreuse Famille n’est jamais tachetée de matière
colorante ; elle est toujours d’un ton clair uni, et le luisant de cette
Coquille a, pour la vue comme pour le toucher, quelque chose
tenant de l'aspect et de la nature d’un corps gras ou oléagineux.
Parlerons-nous de l’OEuf de l’Avocette, qui a le caractère propre
à tous les OEufs des vrais Gralles ou Echassiers? c’est-à-dire
Forme Ovoiconique, Coquille reflétant légèrement la lumière,
Couleur d’un fond d’Ocre plus ou moins Jaune ou Verdûtre,
parsemé surtout au gros bout de nombreuses taches Brunes ou
Noirâtres, entremèlées d’autres taches d’un Gris nuageux.
De laquelle de ces trois Diagnoses Oologiques se rapproche le
plus l’'OEuf du Phénicoptère? Évidemment de celle de l’OEuf des
Pélicanidés, avec lequel il est on ne peut plus facile de le con-
fondre. |
Les considérations tirées de l'inspection de l'OEuf chez le
Phénicoptère viennent donc, de la manière la plus satisfaisante,
confirmer en tout point la classification si judicieuse de ce Genre,
adoptée par M. Duméril sur les premières données de Brisson,
classification qui a pour elle, à défaut de l’unanime adhésion des
Naturalistes Méthodistes, la consécration du temps.
Il faut bien reconnaître, lorsque, ensuite d’un laps de près de
quarante années, l’idée émise, en fait de méthode, par un Savant
de l’ordre de M. Duméril, vient à être reprise, quoique, selon
nous, à un point de vue plus étroit et moins complet, en sous-
œuvre, par un laborieux Méthodiste de la valeur de M. Gray, que
tout ce qui a été proposé et établi en dehors de cette idée, de
quelque illustre source que ce puisse être ; n’a été qu'erreur.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 443
Nous ne regrettons qu’une chose au nom de la Science : c’est
que les Classificateurs ou Méthodistes aient pris, en général, la
fâcheuse habitude de publier, en matière d'Ornithologie surtout,
des Synopsis dans lesquels chacun d’eux procède toujours d’une
donnée différente, sans l'accompagner jamais d'aucune justifica-
tion. Il nous semble que c’est, au contraire, la partie philosophique
et raisonnée de ces sortes d'Ouvrages qui en ferait tout le mérite,
et qui profiterait à la Science, beaucoup plus que tous les Pro-
drômes; car nous avons peine à concéder à qui que ce soit, en
Histoire Naturelle, le droit de dire : Je procède, ou l'on doit pro-
céder ainsi, sans dire en même temps le pourquoi; en un mot,
d'imposer sa volonté ou son opinion sans en exprimer les raisons
et les motifs. »
Depuis l’époque où nous écrivions ce qui précède, le Prince
Ch. Bonaparte est resté dans une indécision complète au sujet du
Phénicoptère.
De 4850 à 1852, alors qu’il commençait à adopter l’idée Alle-
mande de la division des Oiseaux en Affrices et en Prœcoces ri le
mit en tête de ses Æerodiones qui suivaient les Co/umbe.
. En 1853, il le mettait au contraire, à l'instar de M. Gray, en
tête de ses Lamellirostres ou Anatide, faisant suite aux Rallidæ
qui closent ses Alectorides : ce qui nous a entraîné un moment (1)
à faire de même.
Enfin, en 1857, date de sa dernière pensée et de ses efforts
suprèmes pour sa bien-aimée Science, il résolut de le ranger et le
rangea , en effet, en tête de ses Hygrobatæ, formant la troisième
Tribu de ses Hérodions, composée en outre des Grues et des
Ciconiæ pour première et deuxième Tribu ; par conséquent, encore
séparé de ses Totipalmi ou Pelecanidtæe par les Plataleidæ et les
Tantalideæ.
(1) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. VI.
414 TROISIÈME PARTIE.
Quant à nous, pour nous être pénétré davantage de la solidité
de nos principes en Oologie, nous avons peu à modifier de notre
manière de voir au sujet du Flamant. Ce qui doit frapper, dans
l'historique que nous. avons tracé de l'établissement de ce Genre,
c’est, à un intervalle de près d’un demi-siècle, l'accord de deux des
principaux et des plus illustres Auteurs que nous avons cités,
Brisson et M. Duméril , à le tenir au plus près des Pélécanidés :
chose remarquable quand on réfléchit que ni l’un ni l’autre n’en
connaissait l'OEuf, puisqu'ils n’en disent mot. Si nous l'avons mis
un moment, ainsi que le faisaient alors M. Gray et le Prince Ch.
Bonaparte, en tête des Anatidés, en nous fondant sur l’analogie
des dispositions intérieures du bec, nous croyons être aujourd’hui
plus dans le vrai, en plaçant le Phénicoptère, comme lien de
transition, sur la limite du passage des Hérodions, dont il a le vol,
aux Palmipèdes, dont il a les pieds, par les Pélécanidés , dont il
a, en grande partie, le bec, et, en totalité, l’'OEuf. Mais comme il
faut savoir opter en tout, et que la théorie des juste-milieu est
dangereuse en Sciences comme en Politique, nous l’avons élevé au
rang d'Ordre, sous le nom d'Hygrobate, que nous empruntons au
Prince Ch. Bonaparte, qui l’appliquait, en outre des Phœnicop-
leridæ, aux Ciconiidæ et aux Ardeideæ.
On nous concèdera bien que, si cette manière d'envisager la
place méthodique du Flamant n’est pas entièrement nouvelle,
ainsi que nous avons eu soin de le constater nous-même , en indi-
quant les partisans les plus rapprochés de cette opinion, du moins
la solution forcément donnée à la question, par l'inspection et les
caractères de l'OEuf de cet Oiseau , a-t-elle plus que l’apparence de
la nouveauté, car elle n'avait jamais été indiquée aussi catégori-
quement, et nous pouvons dire irrévocablement , avant nous.
LL
ES
(Sr
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES.
HUITIÈME ORDRE.
NAGEURS
(Natatores).
N'adoptant pas la Division des Oiseaux faite par le Prince
Ch. Bonaparte, en A/trices et en Præcoces, nous nous trouvons
forcément en désaccord avec lui, pour sa manière d’entendre le
classement de ce que nous appelons, comme tout le monde,
Oiseaux Nageurs (Natatores) , dénomination qu'il n’a appliquée
accessoirement qu'à son Ordre des Anseres, renfermant ses
Lamellirostri, ses Brachypteri et ses Nullipennes, formant
ainsi des Nageurs deux Ordres distincts. Nous rangeons sous
cette Rubrique, non seulement ces derniers Groupes, mais
encore ceux dont le savant Ornithologiste a fait ses Gaviæ, pour
les Pelecanidæ, les Procellaridæ et les Laridæ. Nous n’aurons
donc qu’un seul Ordre, au lieu de deux, celui des Natatores.
Mais nous le diviserons en cinq Sous-Ordres, à chacun desquels
nous conserverons une des dénominations appliquées par le
Prince aux Tribus équivalentes qu'il y avait si judicieusement
distinguées.
Ces Sous-Ordres seront : les Totipalmi, les Brachypteri, les
Lamellirostri, les Longipennes et les Urinatores.
PREMIER SOUS-ORDRE.
TOTIPALMES'
(Totinalmi).
À ce Sous-Ordre et à celui des Brachyptères, que M. de la
Fresnaye appelle Palmipèdes Sous-Nageurs, s'appliquent les
observations suivantes, que nous lui empruntons toujours,
446 TROISIÈME PARTIE.
comme corollaire de nos Considérations générales, et parce
qu’elles justifient, en dehors de toutes autres, le rapprochement
que nous en avons fait.
« Les Nageurs, dit notre Ornithologiste, destinés à se mouvoir
habituellement sur un fluide dense et résistant , sur lequel leurs
pieds palmés, devenus de véritables rames, pouvaient seuls les
faire avancer, les diriger à leur gré, soit qu’ils se maintinssent
sur sa surface ou qu’ils s’immergeassent pour nager au-dessous,
avaient besoin , pour pouvoir fendre l’eau avec plus de facilité,
que la partie antérieure de leur corps fût étroite et ne présentt
qu’un faible diamètre en largeur comme en hauteur, et que son
plus grand diamètre fût repoussé vers le milieu au lieu d’être à
la partie antérieure. Aussi, remarquons-nous chez eux des
épaules rapprochées et un Sternum dont la crête ou le bréchet
est très-peu saillant inférieurement. Or, ce genre d'organisation
est d'autant plus prononcé que les espèces sont meilleures
nageuses ou plongeuses. Il est à son maximum chez celles qui,
destinées à vivre de Poissons ou d’Insectes aquatiques, sont sans
cesse obligées de s’immerger pour les poursuivre entre deux
eaux, le cou tendu, se servant alors de leurs pattes et de leurs
ailes comme de quatre rames puissantes. Tels sont les PLoNGEONS,
les GRÈèBES , les Cormorans, les Harres , les Pérrcans et les Fous
(Colymbus, Podiceps, Phalacrocorax, Mergus, Pelecanus et
Sula).
» On peut donc avancer que plus les Palmipèdes sont bons
nageurs et surtout bons sous-nageurs, plus ils sont étroits des
épaules avec leur crête siernale peu ou point saillante inférieu-
rement, mais l’étant antérieurement en forme de soc, plus aussi
leur bassin est rétréci, prolongé en arrière avec sa partie supé-
rieure formant quelquefois une crête aiguë, et plus aussi les
fémurs sont courts, avec leurs points d'insertion sur le sacrum
rapprochés et presque contigus, et plus aussi leurs OEufs sont
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 447
étroits et Ellipsoïdes. Il suffit de comparer les Squelettes des
Plongeons, Grèbes, Cormorans, Pélicans, Fous et Harles avec
leurs OEufs pour s’en convaincre. » (1)
Nos Totipalmes se divisent en cinq Tribus : Pelecanidæ ,
Tachypetidæ , Sulidæ, Plotidæ et Phalacrocoracidæ.
L'OEuf, dans ce Sous-Ordre, est d’une parfaite harmonie
d'ensemble, de la première à la deuxième Tribu, et ne fait
exception que pour les Phaëtonidæ, que , par cette raison, nous
nous trouvons forcé d’en éloigner, tout Totipalmes qu'ils soient
aussi. Nous n’appliquerons en conséquence qu’une seule Carac-
téristique pour les deux premières Tribus, celle des Pélicans et
celle des Frégates.
CARACTÈRES OOLOGIQUES
Communs aux deux premières Tribus, c’est-à-dire aux Pélicans
et aux Frégates.
Forme — d’un Ovale quelque peu aigu et presque Elliptique.
Coquille — à test assez épais, peu compact, à pores légèrement
visibles , d’un Blanc pur ou Jaunâtre à l’intérieur, sans reflet.
Couleur — d’un Blanc pur; mais la Coquille se trouve recou-
verte sur presque toute sa surface d’un excédant de matière calcaire
qui lui fait comme une seconde enveloppe.
Cette matière calcaire n’a pas évidemment subi la même élabo-
ration que celle entrant dans la composition du test : ici elle pro-
cède, croit-on, par Voie de cristallisation , dont une espèce de
gluten animal vient solidifier toutes les parties ou les molécules
entre elles ; tandis que la matière dont nous parlons paraît procéder
simplement par voie d’exsudation ou de superfétation et manque
de cette adhérence dans sa composition intime : aussi est-il facile
de la faire disparaître de la surface de la Coquille en grattant.
(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squelettes. — Rev.
Zool., 1845.
448 TROISIÈME PARTIE.
Une particularité distingue les OEufs des Pélécanidés : chez eux
cette matière secondaire est toujours maculée de longues et nom-
breuses taches ou marbrures d’un Brun-Rouge foncé, qui ne sont
que des traces de sang dues et au rétrécissement du cloaque et aux
efforts de l’Oiseau pour exclure son OEuf. C’est ce qui a lieu d’une
manière constante chez le Pelecanus crispus ; et pris au moment
de la ponte, ces OEufs offrent dans ces taches la couleur véritable
du sang, couleur qui s’altère au contact de l’air et finit par tourner
au Brun.
CARACTÈRES OOLOGIQUES
Communs aux trois dernières Tribus, c’est-à-dire aux Fous,
aux Anhingas et aux Cormorans.
Forme — la même, mais plus complétement Elliptique.
Coquille — la même, mais d’un Blanc-Verdätre intérieure-
ment ou Bleuätre.
. Couleur — d’un Blanc légèrement Bleuâtre, qui ne se voit qu’en
enlevant le sédiment calcaire/accessoire qui recouvre le test comme
chez les deux premières Tribus.
Il est évident, en ce qui concerne ces deux dernières, que
l'Anhinga n’est que l’exagération du Cormoran, quant à l’allonge-
ment démesuré de son cou; puisqu'il en à , du reste, presque tous
les autres caractères, et notamment les habitudes. Il n’y a donc
rien d'étonnant à ce que l’OEuf de l’un et de l’autre ait les mêmes
rapports relatifs; c’est une preuve que malgré la différence dans
le bec, on ne saurait jamais, sans hérésie, songer à les isoler :
car ces rapports sont tels qu'il est difficile, sans une grande habi-
tude, de distinguer à première vue l'OEuf de celui-ci de l’OEuf de
celui-là. Ils ne diffèrent guères , en effet, que par l’amincissement
de l’une de leurs deux extrémités, un peu plus sensible chez
l'Anhinga que chez le Cormoran.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 449
DEUXIÈME SOUS-ORDRE:
BRACHYPTÈRES
(Brachypteri).
Nous ne comprenons dans nos Brachyptères que les Podice-
pide.
| TRIBU UNIQUE.
PODICÉPIDÉS OU GRÈBES — Podicepidie.
Si nous les réduisons à cette Tribu, et si nous les mettons ainsi
à la suite immédiatement des Totipalmes, au lieu de les laisser à
Ja fin de la Série, avec les vrais Urinatores, c’est qu’il existe une
telle connexité Oologique entre eux et les premiers, que nonob-
stant les quelques différences physiologiques ou anatomiques qui
semblent devoir les éloigner, il ne nous est pas possible de les
disjoindre.
Cette question d’assimilation ou d’éloignement de ces deux
Groupes à provoqué, de la part de M. de la Fresnaye, les obser-
vations suivantes, qui rentrent trop bien dans notre manière de
voir pour que nous ne nous en autorisions pas à en faire une
application immédiate.
« Avant de continuer ces comparaisons, ajoute-t-il, je dois dire
qu'après avoir observé les squelettes des Plongeons et des Grèbes,
les premiers Brachyptères de Cuvier, j’ai cru reconnaître, dans la
définition qu’en a faite ce Savant, une inexactitude qui a été répé-
tée par la plupart des Ornithologistes. Il dit effectivement en par-
lant des Plongeurs ou Brachyptères : « Leurs jambes, implantées
» plus en arrière que dans tous les autres Oiseaux, leur rendent
» la marche pénible et les obligent à se tenir à terre dans une
» position verticale. » (1) |
(1) Règne Animal , dernière Edit., p. 544.
30
150 TROISIÈME PARTIE.
» Cette observation manque d’exactitude, car chez les Plongeons
et Grèbes, qu’il met en tête, les fémurs sont insérés au contraire
plus en avant et plus près du milieu du tronc que chez la plupart
des Oiseaux, mais leurs deux points d'insertion sont très-rappro-
chés entre eux, presque contigus sur le sacrum et de plus ces
fémurs sont très-courts. Ce sont ces deux particularités de confor-
mation qui sont les véritables causes de la difficulté qu’ils éprouvent
à se tenir debout en équilibre sur le sol; car cette brièveté des
fémurs et leur insertion rapprochée sur le sacrum , rejetant le tibia
très en arrière, il en résulte que l'équilibre ne peut être maintenu
que par une position presque verticale et très-pénible. Aussi les
Grèbes et Plongeons ne se tiennent-ils à terre qu'en ayant leurs
tarses appuyés dans toute leur longueur sur le sol. Cette brièveté
des fémurs qui sont mus par les muscles les plus charnus et les
plus robustes, est sans nul doute, chez ces Oiseaux excellents
plongeurs et sous-nageurs , un indice certain d’une grande vigueur
de leurs membres postérieurs comme rames, de même que la
brièveté des humérus chez les Martinets, Hirondelles, Colibris et
même Oiseaux de proie, annonce une grande puissance de vol chez
ces Oiseaux.
» L'insertion des fémurs , reculée en arrière chez les Plongeurs,
est si peu exacte, que chez le Plongeon Cat-marin, par exemple,
elle est à dix centimètres en avant de l’extrémité postérieure de
l'os du bassin, et à quatorze en arrière de l'insertion de la première
côte sur la colonne vertébrale, tandis que chez le Goëland à man-
teau gris, Palmipède marcheur et presque coureur, elle n’est qu'à
deux centimètres et demi en avant de cette extrémité, et à douze
en arrière de la première côte. Chez la Macreuse et les Milouins,
Canards essentiellement plongeurs, et dont la marche sur le sol
est des plus pénibles, cette insertion est à cinq centimètres en
avant de l’extrémité du bassin, et à neuf et demi en arrière de la
première côte, tandis que chez le Tadorne, Canard singulièrement
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 451
marcheur et même coureur, elle est à la même distance postérieu-
rement, mais à dix centimètres et demi en arrière de la première
côte, ce qui est entièrement en opposition avec ce qui à été avancé
par Cuvier et nombre d'Ornithologistes. On conçoit facilement que
la prolongation du bassin en arrière de l'insertion des fémurs,
outre qu’elle fournit une plus grande surface pour l’attache des
muscles moteurs de la cuisse et de la jambe, doit encore faciliter
le mouvement de bascule lorsque l’Oiseau veut plonger.
» Cet examen du squelette des Plongeons et des Grèbes comme
de ceux de la plupart des Oiseaux, nous à convaincu que si l'étude
de l’Ostéologie des Oiseaux est de la plus grande importance
comme base de Classification, c’est le squelette entier qu'il faut
étudier et comparer dans toutes ses parties, et non une seule de
ses parties isolées, comme le Sternum, par exemple, dans la
Méthode de M. de Blainville, développée en 4828 par M. Lher-
minier; car l’on rencontre parfois, chez deux Oiseaux tout-à-fait
en rapport, quant à l’ensemble du squelette et aussi quant aux
formes extérieures et aux mœurs, une différence assez marquée
dans la forme du Sternum prise isolément, comme aussi elle peut
présenter les plus grands rapports chez deux Oiseaux dont l’en-
semble du squelette, les formes extérieures et les mœurs con-
trastert entièrement. Nous citerons, quant au premier cas, le
squelette du Plongeon Cat-marin, remarquable dans son en-
semble par une forme singulièrement étroite, ellipsoïde allongée ,
et surtout par l'extrême brièveté et la courbure des fémurs, par
le prolongement des tibias au-delà de leur articulation avec les
fémurs en une pointe creusée en gouttière, présentant pour l’at-
tache des muscles extenseurs de la jambe deux crêtes tranchantes,
dont l’une se prolonge le long du tibia, par l’os du bassin, qui,
au lieu de présenter en-dessus une surface plane plus ou moins
large, s'élève au contraire dans toute sa longueur en forme de
crête, avec ses côtés descendant brusquement comme un toit
452 TROISIÈME PARTIE.
_ rapide; or, tous ces caractères, presque uniques dans toute la
Série Ornithologique, se retrouvent entièrement les mêmes chez
les Grèbes ; et en comparant leurs squelettes, il est impossible de
ne pas les regarder plutôt comme Espèces du même Genre que
comme Genres différents. On y sera encore porté par la grande
analogie de leurs mœurs, de leur mode de pêche, de leur nourri-
ture piscivore, etc. Cependant si l’on compare leur sternum isolé-
ment, on y trouvera des différences notables. Celui des plongeurs
est très-peu prolongé en arrière, parallépipède et terminé posté-
rieurement par un lobe très saillant au-delà de ses deux échan-
crures postérieures. Celui du Grèbe est court, beaucoup plus large
postérieurement qu'antérieurement, et présentant en arrière, au
lieu du grand lobe saillant que l’on remarque chez le Plongeon,
une large échancrure. Du reste, le bréchet , la fourchette et les
coracoïdes sont analogues chez tous deux. M. Lherminier avait été
tellement frappé de cette différence que dans sa Classification
d’après le sternum uniquement, il avait cru devoir faire de ces
deux Oiseaux deux types de Familles différentes.
« Il serait inutile d’avoir recours à l’inspection du squelette
(idée si heureuse de M. de Blainville), si elle conduisait à faire
de telles séparations, et il est impossible, en ayant sous les yeux
les squelettes de ces deux Oiseaux si analogues par l'ensemble de
leurs caractères Ostéologiques, par leur conformité de mœurs,
de ne pas les réunir soit dans le même Genre, en en faisant deux
Sections, soit dans deux Genres voisins du même Groupe , mal-
gré la différence assez marquée que présente leur sternum dans
son Contour. » (1)
Le Grèbe et le Plongeon sont en effet, avec les Totipalmes,
les Oiseaux dont l’OEuf présente la plus grande analogie de forme
(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Squclettes. — Rev.
Zool., 1845.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 453
avec celle de l’Animal. Mais là seulement s'arrête l’analogie
Oologique, car, pour les autres caractères de l’OEuf, leurs diffé-
rences semblent donner raison, quoiqu’en dise M. de la Fresnaye,
à la séparation qu’en ont si judicieusement voulu faire de Blain-
ville et le Docteur Lherminier. C’est au même sentiment que nous
avons obéi, en plaçant chacun de ces Oiseaux dans un Sous-
Ordre spécial, tout concourant à nous démontrer qu'il doit y
avoir, sur ce point, quelque chose de mieux à faire que ce qui
existe : car le Plongeon, par son OEuf, semble être un Genre
essentiellement de transition. Seulement nous nous sommes
longtemps demandé, si cette transition devait se faire des Toti-
palmes aux Laridés des Longipennes, ou si c'était de ceux-ci aux
Urinatores ? C’est pour cette dernière que nous avons incliné.
Enfin la place que nous assignons ici aux Grèbes, entre les
Totipalmes et les Lamellirostres, offre le double avantage, en
satisfaisant en partie, pour les premiers ou Plongeons, aux
exigences des principes Oologiques que nous avons posés, de
satisfaire également, pour les seconds, aux analogies Ostéolo-
giques signalées par de Blainville {l) , et confirmées par Lhermi-
nier, entre le sternum des Grèbes et celui des Canards; et aussi
ne l’oublions pas, aux analogies Oologiques non moins évidentes,
sous le rapport de l'aspect graisseux de sa Coquille, que l'OEuf du
Grèbe offre en commun, dans une moindre mesure, avec celui
des derniers. |
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Elliptique avec les deux extrémités également:
aiguës.
Coquille — à test médiocrement épais, recouvert d’une
seconde couche ou épaisseur calcaire ou crétacée , inégalement
(1) Journ. de Phys. 1821.
54 TROISIÈME PARTIE.
répartie, tout en masquant entièrement le test et laissant appa-
raitre des espèces de boursouflures ; Verdätre intérieurement.
Couleur — d'un Blanc légèrement Verdâtre , sans aucune
tache , fréquemment, complétement cachée par l’autre couche
sédimenteuse qui se présente avec l'aspect d’un Blanc-sale, ou
Fauve , ou Brunâtre , teintes qui sont le résultat du contact de
ce sédiment avec d’autres matières extérieures, telles que des
débris de végétaux.
On le voit, lanalogie de Forme avec l'OEuf des Totipalmes
est, on le peut dire, complète ici; il y a plus : comme celui-ci,
l'OEuf de Grèbes est recouvert, sur sa Coquille, d'une couche
crétacée ou sédimenteuse ; seulement cette matière, chez eux,
est beaucoup plus adhérente au test, et beaucoup moins crayeuse;
ce qui tient à ce que les diverses molécules dont elle se compose
sont liées entre elles par une portion de gluten animal qui
manque chez les Totipalmes : de là l’apparente homogénéité de
cette seconde couche, qu'il faut deviner, chez le plus grand
nombre de ces OEufs de Grèbe , et qui se trahit chez d’autres par
des inégalités d'épaisseur, dans cette matière, formant comme
des boursouflures pleines, au lieu d’être creuses.
Il n’y a donc, en présence de ces résultats, aucune raison
d'isoler les Grèbes des Totipalmes, malgré la différence de leurs
palmatures d’avec ceux-ci : l’Ostéologie, comme l’Oologie, dé-
montrent au contraire la nécessité de leur rapprochement.
Nous ne quitterons pas les Grèbes sans dire un mot d’un OEuf
qui parait avoir quelque rapport avec ceux propres aux Oiseaux
de cette Famille.
On nous a remis au printemps de cette année (Mai 4859) un
OEuf sur deux trouvés au bord de la Rivière de l’Huisne,
à Nogent-le-Rotrou , dans un nid à fleur d’eau composé de
feuilles de Jones et de Graminées. Nous n’avons pas vu ce nid,
dont nous tenons cette description de la bouche de l'auteur
APPLICATION DES CARACGTÈRES OOLOGIQUES. 455
de la découverte et du nid et des OEufs qu'il renfermait.
Voici la description de celui de ces deux OEufs que nous
possédons :
Sa Forme est Ovée, assez ventrue ;
Sa Coquille, d’un Blanc un peu sale, teintée sur un de ses
côtés d’un ton fauve ressemblant à une infiltration provenant de
son contact avec des herbes marécageuses; ce qu’elle a de plus
remarquable, c’est d’être parfaitement unie et presque aussi
luisante que celle des OEufs de Pics, dépourvue par conséquent
de toute couche pulpeuse ou crayeuse à sa surface , soit totale,
soit partielle.
Ses dimensions sont de 35 millimètres pour le grand diamètre
et de 25 à 26 pour le petit.
En sorte que , par sa Forme et ses dimensions, il représente
exactement celles de l'OEuf du Dryocopus Martius, dont nous
avons rapproché et que nous n’indiquons que comme le meilleur
terme de comparaison. C’est au point, qu’à Blancheur égale,
on aurait peine à les distinguer l'un de l’autre.
Mais il nous est bien démontré que cet OEuf, comme le nid
où il a été trouvé, loin d’être celui d’un Passereau, est celui
d’un Gralle ou Oiseau d’eau. Ce qui le prouve de la manière la
plus péremptoire , c’est que le corps de la Coquille est d’un
Blanc légèrement Verdâtre dans sa transparence, ton que repro-
duit également la pellicule membraneuse qui sert d’enveloppe à
toutes les parties organiques de l'OEuf et sur laquelle s'opère
d'habitude le travail de la cristallisation calcaire qui concourt à
la formation du test.
Cet OEuf, n’était son poli remarquable , n'était aussi sa Forme
insolite, n'étaient enfin ses dimensions un peu trop petites,
représente au total un OEuf de Grèbe de la plus petite Espèce;
et cependant ce n’est pas un OEuf de Castagneux, celui-ci
mesurant, sous sa Forme constamment Elliptique, 38 milli-
4356 TROISIÈME PARTIE.
mètres sur 23 à 25. Serait-ce une Espèce Européenne nouvelle?
Dans tous les cas et quoiqu'il en soit, la Coquille, nous le
répétons, unie et sans taches, n'offre aucune des protubérances
ou boursouflures calcaires qui se remarquent si souvent sur
l’OEuf de presque tous les Grébidés.
Avis aux Oologistes. Au surplus, comme OEuf d'Oiseau d’eau,
ce serait la première et peut-être la seule exception qui se
rencontrerait au principe que nous avons posé sur /a Théorie
du pouvoir réfléchissant de la Coquille dans les OEufs des
Oiseaux, entre les Espèces Aquatiques et les Espèces Terrestres. /
TROISIÈME SOUS-ORDRE.
LAMELLIROSTRES
(Lamellirostri).
Ce Groupe, dans lequel le Prince Ch. Bonaparte, à l’exemple
de M. Gray, faisait entrer naguère le Flamant ou Phénicoptère,
se compose pour nous de cinq Tribus, les Cygnidæ, les Anse-
ridæ, les Anatidæ, les Fuligulidæ, et les Mergidæ, c'est-à-
dire Cygnes, Oies, Canards, Macreuses et Harles.
La concordance des indications Oologiques est presque aussi
précise pour les Oiseaux de ce Sous-Ordre, que nous l'avons vue
pour l'Ordre des Columbæ ou Pigeons : elle est de plus remar-
quable par un caractère particulier, celui de l'aspect graisseux du
test calcaire; aussi nous bornerons-nous à une seule Diagnose
pour toutes les Tribus qui composent l'Ordre.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire ; parfois un des bouts un peu moins arrondi
ou bombé que l’autre.
Coquille — à test dur sans être épais, à molécules compactes
APPLICATION DES CARAGTÈRES OOLOGIQUES. 457
et homogènes; plus ou moins Jaunâtre ou Verdàtre à l'intérieur ;
à reflet assez prononcé.
Couleur — d'un ton ou Blanc ou Fauve ou Olivâtre, toujours
uniforme et sans taches; mais cette Couleur est superposée à la
surface de la Coquille dont la composition interne n’en emprunte
rien ou que fort peu de chose.
Ce qui indique que la teinte uniforme qu'offre la Coquille des
Lamellirostres est le résultat d’une opération ou sécrétion particu-
lière, comme celle des taches'qui ornent la plupart des OEufs des
autres Oiseaux, c’est que l’on observe parfois certains désordres
ou certaines exceptions, dans la répartition ordinairement si égale
de ces teintes.
Ainsi, nous avons possédé un OEuf d'Eider (Sommateria mol-
lissima), qui paraissait comme marbré en Vert-Olive et en Vert-
Blanchâtre , sur toute sa surface, au lieu de n’offrir à l’œil qu’une
- seule de ces deux teintes. Nous possédons, encore aujourd’hui,
un OEuf de Canard domestique ( Anas domestica) offrant le même
phénomène, au point d’en paraitre artificiellement peint.
Quant à la finesse apparente du grain de la Coquille et à son
luisant adipeux, nous signalerons aux Ornithologistes quatre
exceptions notables.
Le Cereopsis, l’Anser albifrons et l'Erysmatura ferruginea,
offrent au contraire un aspect grenu dans leur Coquille qui est
rude au toucher ; les pores en sont par conséquent passablement
accusés, et le test est sans reflet.
Ce qui est tout particulier dans l’OEuf de l'Erysmatura, et en
fait un type de cristallisation calcaire à part, comme l’est celui du
Paon, comme l’est celui du Casoar, comme l’est celui du Hocco
et des Mégapodes, c’est que cette cristallisation procède par con-
crétion grumeleuse, partant irrégulière, mais uniformément
répandue à la surface du test: cette concrétion, sensible au toucher,
perceptible à l'œil, est parfaitement accusée et dessinée sous le
A38 TROISIÈME PARTIE.
verre de la loupe. Ge n’est donc plus le système de concrétion
irrégulière et par interstices de l’OEuf du Casoar; non plus le
système de granulation sphéroïdale de celui du Hocco ou des
Mégapodes. Cette organisation physiologique de la Coquille est
conséquemment remarquable comme spéciale à un Genre, déjà
bien caractérisé par lui-même, des Lamellirostres, et comme
premier exemple rencontré dans ce Sous-Ordre. Elle acquiert
un intérêt de plus en ce sens que nous l’avons rencontrée iden-
tiquement la même, en des proportions plus réduites et plus fines
chez une seconde Espèce, mais d'Europe, l'Erysmatura mersa
(Anas leucocephala des Auteurs). Ne connaissant l’OEuf que de
deux Espèces d’Erysmatura, nous ne saurions pertinemment dire
si ce Caractère est propre à toutes les autres; ce qui ne serait pas
sans intérêt. Nous ajouterons que notre exemplaire offre cette
autre particularité : qu'il paraît recouvert uniformément d’une
teinte brunâtre occupant le creux de la granulation, ou de la
véritable surface du test, tandis que la granulation en saillie est
demeurée blanche, et comme n'ayant rien retenu de cette teinte,
qui pourrait bien n’être qu’accidentelle. Cependant nous avons vu
deux exemplaires identiquement semblables.
Quant à l'OEuf du Cercopsis et à celui de l’Anser albifrons,
le caractère rugueux de leur test n’ajoute rien de bien particulier
à leur système de cristallisation, et n’a qu'un rapport fort éloigné
avec celui de l’'Erysmatura. Ce sont les seules éxceptions remar-
quables sur près de soixante-et-dix Espèces de Lamellirostres dont
nous connaissions et dont nous ayons possédé ou possédions
l'OEuf.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 459
2 QUATRIÈME SOUS-ORDRE.
LONGIPENNES
(Longipennes).
Les Longipennes sont, pour nous, ce qu'ils étaient pour le
Prince Ch. Bonaparte, et se composent des mèmes Tribus, les
Procellariidæ et des Laridæ ; auxquelles nous ajoutons, comme
transition des uns aux autres, la Tribu des Phaëlonidæ, que nous
avons retirée, ainsi qu'on l’a vu, des Totipalmes de l’illustre
Ornithologiste.
PREMIÈRE TRIBU.
PROCELLARIDÉS — Procellariideæ.
Composée des deux Familles Diomedeinæ et Procellariinæ,
dont nous parlerons distinctement à cause de leurs différences
Oologiques.
Are FAMILLE. — Diomédéinés où Albatros (Diomedeinæ) .
Les Albatros ont le plus grand rapport, pour l’aspect et la
nature de la Coquille de leur OEuf , avec les Oies (Anseres); c’est
le même grenu, ils n’en diffèrent que par la Forme. Oologique-
ment parlant, ce serait donc le lien le plus naturel qui pourrait:
unir les Longipennes aux Lamellirostres, car la transition des
uns aux autres a toujours été une pierre d’achoppement pour les
Méthodistes. Pour ce qui est de la dimension , l’OEuf du
Diomedea exulans, par exemple, qui nous provient de J. Ver-
reaux qui l’a rapporté de la Tasmanie , est le plus gros, après
celui de l’Autruche, que nous connaissions dans toute la Série,
car il excède d'un bon quart l'OEuf du Cygne; nous ne lui
savons guêre d’équivalent que dans l'OEuf du Condor, rap-
L
460 TROISIÈME PARTIE.
porté dans le temps du Chili, au Muséum d'Histoire Naturelle
de Paris, par M. Gay, et encore celui-ci lui est-il inférieur et son
origine nous parait-elle douteuse.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Oxée allongée.
Coquille — à test assez dur, à surface rugueuse, à pores très-
marqués, Blanche intérieurement, sans reflet.
Couleur — Blanche et sans taches.
2e FAMILLE. — Procellariinés où Pétrels ( Procellariinæ ).
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée légèrement allongée, parfois complétement
Ovale. |
Coquille — à test compact, à pores fins et serrés presque
imperceptibles, presque diaphane et d’un aspect laiteux, Blanche
intérieurement, sans reflet.
Couleur — d'un Blanc sale mat, laiteux, ou sans taches, ou,
chez quelques petites Espèces , couvert, au gros bout de l’OEuf,
de très-fines mouchetures ou d’un pointillé microscopique Brun-
Rouge, tels sont plusieurs Thalassidromes.
C’est par ces dernières Espèces que le caractère Oologique
permet de passer des Procellariidés aux Phaétonidés.
Observons que les OEufs de cette Famille, ou plutôt leur
Coquille, conservent toujours et pendant de longues années
l'odeur presque musquée et si forte propre aux Oiseaux qui les
pondent.
f
li
A À
TROISIÈME TRIBU.
PHAÉTONIDÉS OU PAILLE-EN-QUEUES — Phaëtonide.
La nature de la Coquille et son mode de coloration nous font
regarder l'OEuf de cette Tribu comme beaucoup plus proche des
APPLICATION BES CARACTÈRES OOLOGIQUES. |. 461
Procellaridés que des Pélécanidés du Prince Ch. Bonaparte, et,
nous croyons même, que des Brachyptères ou Alcidés, avec
lesquels paraît le vouloir mettre Thienemann, à en juger du
moins d’après la manière dont il le représente et le groupe avec
ceux-ci (1).
CABACTERES OOLOGIQUES :
Forme — Ovée à pointe un peu obtuse.
Coquille — à test mat, dépoli, à pores assez fins, Blanc inté-
rieurement et sans reflet. s
Couleur — d’un fond Blanc pur, recouvert, principalement vers
le gros bout, d'un système de maculature semblable à celui des
Thalassidromes , mais le pointillé de même Couleur Brun-Rou-
geâtre , plus fréquent, plus rapproché et faisant plus masse.
Ces Oiseaux forment donc ainsi, par leur OEuf, le passage
naturel des Procellaridés aux Laridés qui suivent.
TROISIÈME TRIBU.
LARIDÉS OU GOËLANDS — Larideæ.
De même que pour l’OEuf de tous les Oiseaux pondant et cou-
vant en quelque sorte en commun, c’est-à-dire existant en si
grandes troupes, qu’au temps de la ponte, le rapprochement et la
multiplication de leurs nids peuvent faire supposer parfois une
espèce de communauté, dont on a, du reste, de nombreux
exemples ; il existe, dans les OEufs des Laridés, une incroyable et
étonnante diversité de teintes et de Couleurs, qui en rend toute
description impossible : c’est au point que rarement deux OEufs
d’une même couvée se ressemblent; on y rencontre par la mème
raison, les plus grandes bizarreries de Coloration. C’est ce que
nous avons déjà fait remarquer dans l'Ordre des Passereaux, chez
(4) PI. xvc, fig. 2, 3, 4.
462 TROISIÈME PARTIE. ;
otfarrer
les Ploceidæ, pour les Genres Sycobius et Hyphantornisÿ chez
les Fringillidæ, pour leé Genres Passer-et Zonotrichia; chez
les Zcteridæ, pour les Genres Jcterus , Xanthornus, ete.; et
dans l'Ordre des Gallinacés, chez les Perdicidæ, pour le Genre
Coturnix.
Ces Oiseaux sont de ceux dont les petits ont besoin, au sortir
de l’OEuf, de séjourner dans le nid, pour y recevoir les soins de
la mère, avant d'être en état d'essayer leurs ailes, sinon de se
jetter à l’eau : et c'est cette observation sur laquelle s’est fondé
le Prince Ch. Bonaparte, à l'exemple de plusieurs Ornithologistes
Allemands , pour séparer ses Gaviæ, qui comprennent nos La-
ridés, comme il l’a fait aussi à l'égard de ses Totipalmi, des
autres Nageurs , tels que son Ordre des Anseres, dont les petits
courent au contraire à l’eau aussitôt leur éclosion.
Les Laridés, à leur tour, ont été, à notre point de vue, de la
part de M. de la Fresnaye, le sujet des considérations suivantes :
« Lorsque nous avons, dit-il, proposé deux grandes Sections
dans la Classe des Oiseaux , basées sur la Forme de leur sque-
lette et de leurs OEufs, et désignées, l’une par le nom d’Oiseaux
Terrestres, l’autre par celui d’Oiseaux Nageurs, nous n’avons
pas entendu comprendre sous ce dernier nom tous les Oiseaux
Palmipèdes , puisqu’une partie d’entre eux, tels que Flamants,
Echasses, Avocettes, Dromas, ne sont pas nageurs, et que
parmi les autres il en est qui, comme les Mouettes et Goëlands,
les Sternes, Rhyncops, Stercoraires, nagent fort peu, sont tou-
jours sur l’aile, ne saisissant leur nourriture qu’en volant à la
surface des flots, ou en courant sur les grèves à marée basse, et
sont loin d’avoir une forme de squelette analogue à celle des
vrais nageurs destinés à passer leur vie à l’eau, soit qu'ils trou-
vent leur nourriture à sa surface ou sur les rives, soit qu'ils la
poursuivent sous les flots en s’y immergeant.
» Ainsi, tandis que les vrais nageurs se font remarquer dans
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 463
leur Ostéologie, non seulement, comme nous l’avons déjà dit, par
l'étroitesse de la partie antérieure de leur tronc, par le peu de
saillie inférieure du bréchet, mais par sa prolongation antérieure
en forme de soc de charrue, par la prolongation postérieure du
sternum en forme de bateau dont le bréchet figure alors la quille et
la proue, par l'étroitesse du bassin et sa prolongation postérieure
au-delà de l'insertion des fémurs, par cette insertion très-rappro-
chée, presque contiguë, ce qui facilite singulièrement la natation ,
en projetant latéralement et obliquement les pattes devenues des
rames, mais rend la marche sur le sol plus ou moins pénible, quel-
quefois impossible. Les Palmipèdes peu nageurs, cités ci-dessus et
désignés par Cuvier sous le nom de Grands-Voiliers et formant au-
jourd’hui la Famille des Laridés, présentent un squelette tout diffé-
rent dans son ensemble comme dans ses détails, et offrent bien plus
de rapports avec celui des Echassiers qu'avec celui des Nageurs, à
tel point que chez les Mouettes et Goëlands, par exemple, il ne peut
s’en distinguer que par la présence des membranes interdigitales.
» En observant effectivement le genre de vie de ces Oiseaux, on
reconnaît qu'il diffère entièrement de celui des vrais nageurs, que
d’après leur conformation, tout adaptée à la facilité du vol, il
est tout aérien, et consiste à parcourir sans cesse les airs au-dessus
des flots, comme les Martinets et les Hirondelles les parcourent
au-dessus du sol. Dans ce but, leur squelette est entièrement
organisé pour le vol, un peu pour la marche, et très-peu pour la
natation, aussi ne semblent-ils se poser sur les flots que pour y
prendre quelque repos, et leur grande légèreté spécifique les y
soulève comme un flocon de plumes et empêche leur corps d’y
entrer aussi profondément que les vrais nageurs. Leur bréchet est
saillant inférieurement, leur fourchette ouverte en haut pour
l'écartement des ailes. Ces ailes sont très-fortes , très-longues, et
le bassin n’est rétréci, ni en avant, ni au point d'insertion des
fémurs, ni prolongé postérieurement comme chez les Nageurs.
462 TROISIÈME PARTIE.
» On peut dire enfin que sans la membrane interdigitale, on ne
pourrait raisonnablement ranger ces Oiseaux, d’après leur sque-
lette, qu'avec les Echassiers marins, avec lesquels ils ont d’ailleurs
plus d’analogie de mœurs qu'avec les Nageurs, et pour nous ce
sont des Echassiers grand-voiliers à pieds palmés. Presque tou-
jours sur l’aile, ils parcourent et visitent tous les points du rivage
où la mer à pu rejeter quelques cadavres de Poissons, de Mol-
lusques ou Crustacés, pour s’en repaître en attendant qu'une nou-
velle marée leur laisse quelque nouvelle proie sur la grève, où ils
se reposent alors, y marchant avec facilité, et presque avec la
même agilité que les Echassiers marins.
» Nous retrouvons dans les OEufs de ces Larmmés (Goëlands,
Sternes, Stercoraires, Rhyncops), une Forme bien plus ana-
logue à celle des OEufs d'Echassiers marins qu'à celle des
Nageurs, c’est-à-dire Ovalaire et presque Ovalo-conique, et de
plus, leur système de Coloration est tellement semblable qu'il
est presque impossible de ne pas les confondre. » (!)
On comprend que pour toutes les citations que nous avons déjà
faites, d’après M. de la Fresnaye, nous lui laissons toute la res-
ponsabilité-de ses systèmes de classification ou de rapprochement,
n’en prenant que ce qui a directement trait à l'Oologie, telle que
nous l’entendons.
CARACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — Ovée, un peu renflée et presque Ovale.
Coquille — d’un grain assez fin, à pores visibles, d’un Blanc
Verdâtre intérieurement et à très-faible reflet.
Couleur — variant, pour les fonds, du Blanc presque pur au
Brun ou au Vert-Olivâtre plus ou moins foncé, recouvert de nom-
(1) Comparaison des Œufs des Oiseaux et de leurs Squelettes. Rev. Zool.
1845.
APPLICATION DES CARACTIÈRES OOLOGIQUES. 465
breuses taches en forme de points, de mouchetures ou d'éclabous-
sures, mais jamais de marbrures, passant par toutes les nuances
du Brun, du Violet-Rougeâtre et du Gris.
On remarque dans l’ensemble des OEufs de Laridés le même fait
d’assimilation de la Couleur de la Coquille à la Couleur des diffé-
rentes natures de surface sur lesquelles ces Oiseaux les déposent,
que nous avons eu déjà occasion de signaler pour les Alaudidés,
parmi les Passereaux, pour presque tous les Gallinacés, les
Struthionigralles et les Gralles.
Ainsi, ceux des Laridés qui déposent leurs OEufs au milieu des
Graminées ou des Lichens des Rochers, ou des Fucus des
bords de la mer, ou même des Roseaux bordant les cours d’eau
de l'intérieur des terres , les ont toujours d’un fond de Couleur
Brun-Olivâtre plus ou moins Verdâtre ; tels sont ceux de tous les
Lestris, de tous les Goëlands et de la plus grande partie des
Sternes.
Il en est autrement des Espèces qui déposent leurs OEufs à nu
sur la grêve ou le sable, telles que : Sferna Cantiaca, S. fuli-
ginosa, S. paradisæa, S. erythrorhyncha et S. minuta, dont
l'OEuf présente une Couleur en rapport avec celle de ces surfaces,
c'est-à-dire d’un fond presque Isabelle ou Brun-Blanchâtre plus
ou moins oCracé. |
Ce qui revient à dire que cette précaution de la Nature est
dévolue à tous les Oiseaux dont le nid est à découvert et repose
sur le sol, quel qu’en soit le revêtement.
CINQUIÉME SOUS-ORDRE.
PLONGEURS
(Urinatores).
Nous restreignons ce Sous-Ordre qui, pour nous, remplace
celui des Brachypteri du Prince Ch. Bonaparte, à deux Tribus :
31
466 TROISIÈME PARTIE.
les Colymbidæ et les Alcidæ, puisque nous n'avons pu nous
dispenser d’en détacher les Podicepidæ, pour les relier aux
Totipalmes.
Les Urinatores, ainsi compris, se rattachent , sous le point
de vue Oologique, aux Longipennes , par les Co/ymbideæ.
PREMIÈRE TRIBU.
COLYMBIDÉS OU PLONGEONS — Colymbideæ.
Nous avons déjà fait pressentir les rapports intimes de Forme,
existant entre l'OEuf des Colymbidæ et celui des Tofipalmi,
rapports toujours d'accord avec la Forme Ostéologique ou
‘ Physiologique des Oiseaux de ces deux Groupes. Mais une
importante différence les sépare : c’est, d'un côté, l'absence de
toute couche secondaire ou d’application à la Coquille; de
l’autre , la présence d’un système complet de Coloration, comme
teinte de fond et comme taches. Cette différence réunie à celle
si bien signalée et constatée par le Docteur Lherminier, entre le
sternum du Grèbe et celui du Plongeon, suffit et au-delà pour
faire comprendre et justifier notre mode de procéder.
La Tribu ne comprend pour nous que l’unique Famille des
Colymbinæ. /
CABACTERES OCOLOGIQUES :
Forme — Elliptique, allongée, l’un des deux bouts étant fré-
quemment plus aigu que l’autre. 3
Coquille — à test ferme, compact, à pores visibles, d’un
Blanc-Verdâtre intérieurement et à léger reflet.
Couleur. — Fond d'un Brun plus ou moins Fauve , ou plus
ou moins foncé, parfois d’un brillant Vert-Olive clair, maculé
de quelques points rares arrondis, d’un Brun-Noir ou d’un Noir
presque pur.
Les OEufs de Plongeons sont, avec ceux de Grues, des plus
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 467
beaux à voir dans une Collection. Thienemann en a figuré une
magnifique variété, marquée, sur un fond Fauve très-légèrement
moucheté de Gris, d’un long trait sinueux Brun, simulant par ses
ZYg-zags , qui occupent les trois quarts de la longueur de l’OEuf,
un caractère d’Ecriture Chinoise ou Japonnaise. (l)
On voit tous les points de contacts qui rapprochent, pour la
Couleur, l’OEuf des Plongeons de celui des Laridés.
D'un autre côté, si la variété que nous venons de décrire,
d’après Thienemann, se renouvelait fréquemment, ce serait
presque un trait d'union, sous le rapport de la Coloration,
entre la Tribu des Colymbide et celle des Acide.
DEUXIÈME TRIBU.
ALCIDÉS — Alcidæ.
Les Alcidés, que nous avons pris pour types de la Forme que
nous avons nommée Ovoiconique, nous offrent, malgré la pré-
dominance bien marquée de cet élément, chez eux, quelque
difficulté à harmoniser, quant à leurs caractères physiologiques,
avec les caractères Oologiques ; et nous avouons qu'ici encore
ou l’Oologie se trouve légérement en défaut, ou bien, ce que
nous n’oserions affirmer, ceux de leurs OEufs connus seraient-ils
mal à propos attribués à d’autres Espèces d’entre eux que celles
dont ils proviennent réellement. Ainsi, pour nous expliquer plus
clairement, il y aurait harmonie complète, si l’on pouvait
reporter la Forme de l’OEuf des Alca alle, A. psittacula,
A. cirrhata, A. arctica et À. torda, exclusivement à ce Genre,
et réserver la Forme Ovoïconique à toutes les Espèces du Genre
Uria, telle que la comportent les Uria lomvia, U. troïle et
U. ringvia. Au lieu que nous voyons au contraire, dans les
(1) PI. xovr, fig. 3, a.
168 __ TROISIÈME PARTIE.
Alca, V’Impennis seul offrir cette dernière Forme d’une manière
bien caractérisée, et dans les Uria, les Uria Grylle et Mandtii,
offrir, à l'inverse , la forme de presque tous les vrais A/ca. La
nuance qui les sépare est, à la vérité, peu sensible; mais enfin
elle existe, et est suffisante pour nous faire hésiter à les ranger
sous une seule et même Diagnose caractéristique. Nous procé-
derons donc à leur égard par Famille.
Are FAMILLE. — Acinés ou Pingouins (Alcinæ).
CABACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovalaire allongée, avec un pôle moins obtus que
l'autre.
Coquille — épaisse, peu résistante, poreuse, à molécules
peu adhérentes entre elles, d’un Blanc-Verdatre intérieurement,
mate et sans reflet.
Couleur — d'un fond variant du Blanc plus ou moins pur
au Blanc-fauve ou Brun-clair, ou sans taches, ou avec quelques
taches Grisâtres ou Violacées nuageuses , ou recouvert de larges
taches ou mouchetures Brunes et Noirâtres.
Comme nous l'avons dit, l’OEuf de l’Alca impennis, dont :
nous avons possédé jusqu’à trois exemplaires , existant aujour-
d'hui au Musée de Philadelphie, est étranger à cette Diagnose,
tous ses caractères étant ceux de la Famille qui va suivre.
2e FAMILLE. — Uriinés ou Guillemots (Uriinæ).
CARACTERES OCLOGIQUES :
Forme — Ovoïconique dans toute l’acception du mot.
Coquille — de même nature que celle des Alcinés.
Couleur — ou Blanche, ou d’un beau Vert, parsemée le plus
ordinairement de rayures plus ou moins sinueuses et irrégulières ,
représentant la bizarre apparence des signes de l’Alphabet Chinois :
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 469
ces traits sont ou Bruns, ou Noirs, et sont fréquemment concen-
trés au sommet de l’OEuf, où viennent se rejoindre alors de fortes
et larges mouchetures de même couleur.
L'OEuf des Uria Grylle et Mandtii fait exception, comme
contre-partie, à cette Diagnose, revêtant tous les caractères pro-
pres aux Alcinés.
On sait que l'OEuf des Alcidés est celui qui offre le plus de dis- |
proportion, par son énorme développement ou volume, avec la
taille de l’Oiseau.
Cette Tribu est la dernière, dans l’ordre de la Série, à laquelle
‘soit applicable, dans une certaine mesure, le fait de la concor-
dance de la couleur de l’OEuf avec celle des éléments auprès ou
au milieu desquels il est déposé. Il est en effet très-remarquable
que la belle couleur Vert-clair, ou Vert-d’eau, qui en fait le fond,
semble un reflet exact de la même couleur et du même ton que
revêtent les masses imposantés de glaces polaires, au milieu des-
quelles naissent, pour la plupart, vivent et meurent ces derniers ,
en quelque sorte déshérités, de la Classe des Oiseaux.
NEUVIÈME ORDRE.
PTILOPTÈRES
(Ptilopteri,.
Nous arrivons enfin au dernier Ordre de la Série, le premier;
sans aucun doute, de la Création Ornithologique, l'Ordre des
Ptiloptères, ces Oiseaux « qui, ainsi que l'a si bien exprimé le
» Prince Ch. Bonaparte (1), ne sont pas plus des PaLmirènes que
» les Phoques ne sont des Céracés. »
Nous les divisons en deux Tribus, rang auquel nous élevons
(4) Conspectus (las. Av. 11° partie. Préface.
479 = TROISIÈME PARTIE.
chacune des deux Familles qui en forment les éléments : Apteno-
dytidæ, que nous subdivisons en deux Familles : Aptenodytinæ
et Spheniscinæ; et Eudyptideæ.
Ce que ces Oiseaux ont de remarquable, à notre sens, au point
de vue purement Oologique, c’est qu’ils semblent réunir, dans
leurs OEufs, les deux extrèmes des types de Forme que nous avons
distingués et établis : le type Sphéroïdal et le type Ovoïconique.
Ainsi, sur huit Espèces dont nous connaissons ou dont nous avons
possédé l’OEuf, la plus grande et la plus petite, Aptenodytes
Patachonica (maintenant Ap. Forsterii et Pennantii), et Eudyp-
tula minor, nous ont offert le dernier, et, toutes les autres, à
l'exception du Demersa, le premier de ces types, que nous regret-
tons de ne pas voir représenté dans les belles Planches de Thiene-
mann.
Malgré ces nuances de Forme, il n’en a pas moins, chez tous
les Ptiloptères, une tendance bien marquée à la Forme globu-
laire, qui se termine en cône plus ou moins prononcé chez ceux
d’entre eux qui s’en éloignent le plus.
Les divers modes de nidification et d’incubation employés par
ces Oiseaux, si restreints d’Espèces (puisque l’on n’en connaît
que quinze), peuvent expliquer du reste la diversité de Forme
constante chez chacune d’elles, qui se remarque dans leurs
OEufs.
Ainsi, parmi les Sphéniscidés, ou pour mieux dire les Ptilop-
tères, les uns, tels principalement que les Espèces de l'Afrique,
pratiquent des terriers; d’autres se construisent sur les plate-
formes ou dans les anfractuosités de rochers, un véritable nid de
forme ronde fait d'herbes et de mousse, d’autres enfin se pas-
sent de nid, et la femelle porte constamment son OEuf avec elle.
Jules Verreaux et son ami le Docteur Obeuf ont , à cet égard,
publié une Notice des plus intéressantes, que nous ne voulons
pas manquer de reproduire.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. ATA
Ce fut aux Iles Crozets, et surtout dans celles de l'Est et du
Groupe nommé la Possession, que ces Voyageurs trouvèrent un
grand nombre d’Aptenodytes, lors d’une descente qu'ils firent
dans ces Iles pendant les mois d'Octobre et de Novembre, avec
l'intention d’y faire la chasse aux Otaries.
« Sur ces terres inhospitalières et couvertes de neige à peu
près neuf mois de l’année , dit l’un d’eux , la végétation est pour
ainsi dire nulle. On n’y rencontre que quelques Mousses et une
herbe très-dure qui atteint parfois deux pieds de haut , et dont
les feuilles longues sont assez semblables, pour la forme, à
celles du Blé. Cette herbe pousse dans les endroits où les Oiseaux
s'arrêtent de préférence, et où, par cette raison, une épaisse
, couche de fiente peut leur fournir des éléments nécessaires à leur
accroissement. Les chaînes nombreuses de rochers qui coupent
en tous sens ce pays, et qui contribuent à le rendre excessive-
ment accidenté, montrent parfois leurs flancs brumâtres et
attristants, pendant que leur sommet ne se dépouille jamais de
l'épaisse-couche de neige qui le cache.
» C’est dans de pareils lieux que vivent d'innombrables colo-
nies d'Oiseaux, au nombre desquels on compte trois Espèces
d’Aptenodytes.
» L'une est connue sous le nom, généralement adopté par les
Voyageurs, de Pingouin Royal ou Roi ; la seconde , ayant une -
partie du bec et les pattes jaunes, une couronne blanche sur la
tête, le dos Brun, avec l’extrémité des plumes Bleuûtre et le
ventre Blanc, est l’Apfenodytes papua (1); la troisième enfin,
ressemble en quelque sorte à celle que l’on connaît sous le-nom
de Gorfou Sauteur (Catarractes chrysocome, Vieillot) (2).
Cependant elle s’en distingue non seulement par une taille plus
(1) Pygoscelys papua.
(2) Galerie des Oiseaux. PI. cexCvIn
472 TROISIÈME PARTIE.
forte, mais encore par sa huppe, qui est composée de longues
plumes jaunes, implantées de façon à couvrir transversalement
la tête, et non susceptibles de se redresser comme dans le Cat.
chrysocome, même lorsque l’Oiseau est excité. Ses pieds sont
Noirs (1).
» Les mœurs, les habitudes de ces Oiseaux, que l’on pourrait
dire amphibies, sont très-curieuses à observer. Ils vivent en
famille, et habitent les mêmes baies; mais ce qu’il y a de fort
remarquable, c'est qu’on ne les voit jamais se mêler; chaque
Espèce occupe tel point qui lui convient le mieux et ne commu-
nique pas, ou que très-accidentellement, avec sa voisine. Celle
à aigrette et à pieds jaunes occupe constamment le penchant des
montagnes, ou pour mieux dire, de ces àâpres rochers dont j'ai
parlé. Quant au Pingouin Royal, il paraît se plaire davantage
dans les plaines, bien que le soir il se retire aussi sur quelque
élévation.
» Ces Oiseaux ne paraissent pas se creuser des terriers comme
le font les autres Espèces Africaines. Leur nid est toujours placé
sur une saillie de rocher et sur le versant des montagnes; quel-
quefois il est abrité par une grosse touffe de cette herbe dont il
a été question , mais jamais dans un terrier.
» La ponte du Pingouin Royal commence aux Crozets, vers
la fin d'Octobre, et paraît durer jusqu’en Janvier. Celle des
deux autres Espèces semble avoir moins de durée; car, vers la
fin de Novembre, tous les OEufs appartenant à celles-ci étaient
déjà couvés : d’un autre côté, les nids que l’on avait pillés res-
tèrent vides les jours suivants ; ce qui tendrait à démontrer que,
pour ces Espèces , l’époque des pontes avait cessé. Le Pingouin
Royal ne pond jamais plus d’un OEuf dans chaque nid ; mais un
fait des plus curieux c’est que, lorsqu'on retire cet OEuf, on est
(1) C'est le Chrysocoma chrysolopha du Conspectus.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 4173
sûr d’en retrouver un autre le lendemain. Cette expérience fut
répétée pendant plusieurs jours sur plusieurs nids, ou plutôt
sur plusieurs femelles, comme je l’expliquerai ci-après, et le
résultat fut toujours le même.
» Il existe une grande différence entre la manière dont la
femelle du Pingouin Royal couve son OEuf et celle des deux
autres Espèces. Au lieu de le placer sur un nid de forme ronde
et d’un pied environ de diamètre, artistement construit avec des
herbes et de la mousse , elle le porte entre ses jambes ou, pour
mieux dire , entre ses cuisses , et dans un repli formé aux dépens
de la peau du ventre, en sorte qu’elle ne le quitte jamais. Elle
peut même sauter huit à dix pieds sans le laisser choir. Il arrive
souvent aussi qu’elle se trouve bousculée, qu’elle roule de
roches en roches, sans pour cela abandonner cet OEuf ; aussi
n'est-ce que fort rarement, et seulement lorsqu'elle est par trop
tourmentée, qu’elle le laisse échapper de sa poche incubatrice.
Cette poche n’est qu'artificielle, car aussitôt qu’on est parvenu à
en extraire l'OEuf, elle disparaît sans laisser trace de son exis-
tence.
» L'amour maternel et l'amour conjugal sont développés chez
les Oiseaux dont je parle, d’une manière vraiment admirable.
Chaque fois que l’on approche d’un nid et que l’on tente de
prendre l’OEuf d’une couveuse des deux Espèces à aigrettes et à
pieds jaunes, ou bien lorsque, ayant saisi une femelle de Pin-
gouin-Royal, on cherche à lui arracher celui qu’elle porte et
qu’elle cache avec tant de soin, il faut livrer un véritable combat.
Aux cris de colère et de détresse que pousse la femelle, le mâle
accourt et tombe sur le ravisseur avec une fureur qui ne cesse
qu'avec la mort. Leur bec pointu et tranchant est une arme re-
doutable qu’ils emploient contre un ennemi. Si l’on se contente
de prendre à une femelle son OEuf, et lorsque toutefois on y a
réussi, ses cris changent de caractère : ce sont alors de vérita-
AT 4 TROISIÈME PARTIE.
bles lamentations, et le mâle en fait entendre aussi bien que sa
compagne. Îls vont, viennent, cherchent partout autour d'eux,
et, ne trouvant rien, ils se placent près du nid, et continuent
longtemps encore leurs cris déchirants. Il arrive même que,
dans cette circonstance, la femelle du Péngouin-Royal, qui vient
de perdre le produit qu’elle portait et sur lequel elle était char-
gée de veiller, est battue durement par son mâle, surtout lorsque
cet accident est arrivé en l’absence de celui-ci. Les jeunes éclo-
sent en Janvier et quelquefois plus tard; ils sont alors couverts
d’un duvet brun qui ne tarde pas à faire place à des plumes
semblables, ou à peu près, à celles des adultes.
» Comme je l’ai dit, les deux Espèces à aigrettes se construi-
sent des nids sur les pointes des rochers, tandis que le Pingouin-
Royal pond dans la plaine, sur le sol nu aussi bien que sur la
mousse rugueuse qui en couvre une partie. Ce n’est que lorsque
les époques de la ponte et de la couvaison sont passées que ces
Oiseaux se rassemblent en troupes pour reprendre leur essor
habituel ; mais encore à cette époque, il n’y a de réunion
qu'entre les individus d’une même Espèce et point entre ceux
d’Espèces différentes.
» D'après les débris jonchés sur les plages de ces parages de
désolation , il est probable que beaucoup de ces Oiseaux sont
victimes des vagues déchainées qui déferlent sur les brisants, et
que lorsqu'une tempête vient à éclater, il y en a un grand
nombre de tués et de rejetés sur la grève. C’est ce qui doit
arriver surtout à l'époque des pontes, lorsque ces infortunés
Oiseaux ne peuvent s’écarter du rivage, ou qu'ils ne le font
qu’afin de pourvoir à leur subsistance. Il n’est pas rare cepen-
dant, surtout dans toute autre saison que celle des amours, de
les trouver à de grandes distances.
» Cest ordinairement le mäle qui prend le soin d'alimenter sa
femelle en lui apportant une partie de sa pêche. Si l’on en juge
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 475
par les restes considérables qui environnent chaque nid, les
Oiseaux dont il est question sont d'habiles pêcheurs et de grands
destructeurs de Poissons.
» Dans les localités indiquées, le Pingouin-Royal parait le
plus commun. On pourrait évaluer à plusieurs millions le
nombre qui s'y trouvait, quoique les bandes, à cette époque,
ne fussent guère que de trente à quarante individus, et seule-
ment de quinze à vingt pour les deux autres Espèces. |
» Dans le Pingouin-Royal, la taille paraît seule constituer
une différence entre les deux sexes; elle est plus forte chez le
mâle.
» Les OEufs, qui me furent donnés par mon ami le Docteur
Obeuf, étaient d’un Blanc sale uniforme, et leur Forme différait
beaucoup, car l’un était très-gros, quoique plus pointu d’un
bout, tandis que l’autre était plus long et rétréci. Ce dernier
avait quatre pouces de long sur huit pouces quatre lignes de
circonférence dans son plus grand diamètre. Ces deux OEufs font
partie, ainsi qu’une belle variété donnée par la même personne,
des Collections que j’ai déposées au Muséum de Paris. » (!j
Ce que cette Note ne nous dit pas, c’est la manière dont s'y
prend l’Aptenodytes pour sôulever, du sol où il le dépose, son
OEuf, et le placer dans son repli abdominal. J. Verreaux nous a
bien affirmé que c'était à l’aide de son bec. Mais jusque-là nous
avons pensé que c'était sans doute au moyen de ses ailes ou
ramerons, son bec nous paraissant insuffisant pour cette opéra-
tion laborieuse, par le peu de rapports des proportions de sa
bouche ou commissure avec le volume de cet OEuf. Ce serait
donc un nouveau mode ou procédé à constater chez les Oiseaux,
pour le transport de leur produit Ovarien d’une place à une
Là 4
autre : la Science, comme l'observation, n'ayant encore révélé
(1) Revue Zoologique. Août 1847.
476 TROISIÈME PARTIE.
ce fait que chez les Engoulevents et chez les Coucous, qui se
servent uniquement , dans cette circonstance, de leur bec, dont
la commissure est suffisamment ouverte et fendue pour leur per-
mettre la préhension et le transport de leur OEuf au moyen de
cet organe. |
C'est avec raison que M. de La Fresnaye (l} disait à cette
époque : « que ce mode d’incubation si extraordinaire de l’Apée-
nodytes patagonica, outre son grand intérêt comme chose tout-
à-fait nouvelle en ce genre, semblait autoriser d’une manière
puissante l'isolement de cette Espèce .de ses autres congénères » ;
opinion qui, après avoir été celle de Cuvier (?) et de Lesson (3),
a fini par être unanimement adoptée par la Science, surtout
depuis qu’il a été démontré que sous le nom d’Apéenodytes
patagonica on avait toujours confondu deux Espèces en une
seule.
Une autre observation, que nous ne sachions pas avoir encore
été faite, en venant donner raison à ce système, nous a livré
l'explication d’une particularité Oologique, véritable phénomène
propre à l’OEuf de l’un de ces Oiseaux, qui confirme, pour les
plus incrédules, la véracité de nos deux Voyageurs.
Car, avant d’avoir eu sous les yeux l’OEuf de l’Apfenodytes
patagonica, et sur le simple exposé de ses habitudes, que nous
venons de relater, il était encore permis de se demander, sans les
révoquer le moins du monde en doute, comment, avec un
système de ptilose à surface aussi lisse et aussi glissante que l'est
celui de cet Oiseau, il pouvait, même au moyen de son repli
abdominal, arriver à retenir un OEuf, que sa Forme plus ou
moins arrondie, et sa Coquille généralement unie, rendent
d'autant plus difficile à porter ainsi? Îl suffit de voir son OEuf
(1) Rev. Zool. 1847.
(2) Règne Anim. 2e édit., p. 590.
(3) Trailé d'Ornithologie, p. 643.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 477
pour comprendre comment la nature a su pourvoir à tout, dans
ce Cas particulier.
Cet OŒuf, que nous avons possédé, et qu’a parfaitement repré-
senté Thienemann (1), d’après notre exemplaire, est de Forme
plutôt Ovoïconique qu'Ovée ; mais avec son gros bout tellement
obtus et arrondi qu’il ressemble beaucoup plus à une sphère
dont on aurait aminci et comprimé én pointe un des côtés, qu’à
toute autre Figure.
Ainsi cet OEuf, dans sa configuration, porte de dix à douze
centimètres de longueur sur huit à huit et demi centimètres de
largeur.
Ce n’est pas tout : il offre dans toute sa circonférence à la
partie la plus large une série de rugosités granulées et vermicu-
lées, ayant une saillie de un à deux millimètres, avec des stries
en creux rayonnant régulièrement de son bout le plus aigu, qui
en forme le centre dans une longüeur de deux ou trois centimè-
tres environ.
Ces apparences sont donc pour le moins extraordinaires, puis-
que dans toute la Série, c’est le seul sur lequel elles se remar-
quent. Aussi, pendant longtemps, les avions-nous considérées
comme un de ces exemples de Monstruosités Oologiques, dont
nous avons eu occasion de parler; seulement ici avec un carac-
tère beaucoup plus précis et plus régulier.
Mais, du moment que nous avons eu connaissance de cette
belle découverte faite par J. Verreaux et le Docteur Obeuf, des
bizarres habitudes d’incubation ou plutôt de gestation de l’Apte-
nodytes patagonica, l'explication de cette particularité et de la
présence des appendices calcaires de la coquille nous fut subite-
ment acquise et révélée.
Il ne nous fut plus douteux, en effet, que ces appendices
(1) PL c. fig. 2,
478 TROISIÈME PARTIE.
n’eussent pour but de faciliter à l’Oiseau la gestation de son OEuf,
en en rendant le test moins glissant, et, par suite, plus adhérent
à ses plumes, ou au repli abdominal destiné à le recevoir et à le
porter. Les mêmes considérations nous confirment dans notre
opinion que c’est à l’aide des ailerons bien plus que de son bec
que l’Animal enlève et saisit son OEuf, dont les rugosités doi-
vent faciliter merveilleusement cette manœuvre.
Nous insistons d’autant plus sur ce fait, que c’est, en Oologie,
le seul et unique exemple d’un OEuf organisé, indépendamment
de ses rapports de Forme avec celle de l’Oiseau , en vue des soins
extérieurs qu’il à à en recevoir, par suite de ce mode d’incuba-
tion externe et mobile.
Ce cas, d’une des plus admirables et des plus providentielles
précautions de la Nature, doit certes donner sérieusement à
réfléchir aux plus indifférents en matière Oologique, en leur
faisant voir dans quelle dépendance intime l’OEuf se trouve de la
conformation et des habitudes de l’Oiseau qui l’a pondu.
Nous devons ajouter.cependant que les deux OEufs attribués à
l’Aptenodytes patagonica, déposés par Jules dans la Collection
du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, n’offrent aucune des
particularités que nous venons de citer, quant aux rugosités du
test. La coquille, chez eux, est unie, très-épaise, mais au lieu de
rugosités, elle est recouverte d’une couche sédimenteuse calcaire,
d’un Blanc-Gris-Verdâtre , qui ne lui est que superposée et adhère
aux doigts lorsqu'on y touche. Ce qui nous porte à penser que
l'OŒEuf que nous avons possédé, et ceux de J. Verreaux, ne
proviennent pas de la même Espèce, mais bien des deux Espèces
si longtemps confondues ensemble sous le nom unique de Apte-
nodytes patagonica. Et nous n’hésitons pas à attribuer les deux
OEufs rapportés par le célèbre Voyageur à l’Aptenodytes Fors-
teri, la plus grande des deux , et le nôtre, figuré par Thiene-
mann , à l’Aptenodytes Pennantii.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 479
Quelle que soit donc la différence dans la constitution de Ja
Coquille de chacun d'eux, nous dirons, comme M. de la
Fresnaye : « qu’il est bien probable que ces deux Espèces , si
voisines de taille, de coloration et de forme, réunissent aussi
toutes deux ce mode singulier d’incubation (1). » D’autant plus
qu’à la rigueur, la couche sédimenteuse de l’OEuf du Forsterii
peut tout aussi facilement résister, par son adhérence, au luisant
des plumes, que le système de rugosités de celui du Pen-
nantii. ,
Quant à la particularité attribuée par le Docteur Obeuf au
Pingouin Royal qui, lorsqu'on lui retire son OEuf , en ponderait
immédiatement un autre le lendemain, expérience répétée pen-
dant plusieurs jours de suite : la chose a lieu de paraître extra-
ordinaire, en ce sens que pour un OEuf de cette dimension , et
pour un Oiseau qui n’en pond qu’un, il est permis de se deman-
der comment la matière calcaire peut avoir le temps de se repro-
duire avec une telle abondance et une telle facilité.
Le même fait, ou à peu près, nous a été affirmé pour les
autres Espèces, telles que presque toutes celles de Genre Pygos-
celis, dont l’OBuf est généralement Sphérique. Ainsi, lorsqu’on
leur a enlevé leur OBuf, on serait sûr, sinon le lendemain, du
moins quelques jours après, d'en retrouver un autre, la sous-
traction même se répétant fréquemment. J. Verreaux a réitéré
l'expérience jusqu'à trente fois de suite sur le Spheniscus demer-
sus (?). Seulement ces OEufs iraient toujours en diminuant de
grosseur. C’est une explication que nous nous sommes fait
donner, dans le temps, par plusieurs Marins dont nous avions
reçu des OEufs Sphériques de Sphéniscidés, étonné que nous
(1) Rev. Zool. 1847.
(2) C’est un fait important à ajouter à l’'énumération des faits analogues
que M. Moquin-Tandon vient de citer dans la Revue Zoologique d'Octobre
1859.
480 TROISIÈME PARTIE.
étions de les voir, dans la même Espèce , diminuer quelquefois
de la grosseur d’un OEuf du Circaëtus Gallicus à celle de l’Astur
palumbarius !
Ces OEufs étaient constamment d’un Blanc-Bleuâtre à la sur-
face comme dans leur transparence, et sans taches.
PREMIÈRE TRIBU.
APTÉNODYTIDÉS OU MANCHOTS — Aplenodytidæ.
CARACTÈRES OOLOGIQUES :
Forme — Ovoïconique, très-obtuse au gros bout, très-aiguë
au petit; l’un et l’autre réunis latéralement par une ligne entiè-
rement droite.
Coquille — à test assez épais, homogène, à pores peu multi-
pliés et visibles à l'œil nu , d’un Blanc légèrement Verdâtre dans
sa composition et sa transparence; revêtue d’une couche sédi-
menteuse très-fine, plus ou moins adhérente au test : Apteno-
dytes Forsterii et Pennantii, et Sphenisceus demersus. Parfois
la matière calcaire de celui-ci offrant des superfétations réguliè-
rement disposées en relief autour de la circonférence de l'OEuf,
vers le tiers de sa hauteur ; et de plus, une série de stries longi-
tudinales en creux, partant de cette ceinture pour se réunir en
un faisceau vers la pointe : Aptenodytes Pennantii.
Couleur. — Gelle de la Coquille, masquée en grande partie
par la couche sédimenteuse , qui varie du Blanc pur (Spheniscus)
au Blanc-Gris-Verdâtre plus ou moins sale (Aptenodytes).
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES. 484
DEUXIÈME TRIBU.
EUDYPTIDÉS — Eudyptide.
CARACTÈRES COLOGIQUES :
Forme — Sphérique, parfois légèrement Ovalaire ou Ovée.
Coquille — à test assez fort, homogène, à pores très-nom-
breux et parfaitement visibles ; d’un Blanc légèrement Bleuâtre
ou Verdâtre dans sa composition et sa transparence; pure de
toute espèce de couche sédimenteuse.
Couleur. — Celle de la Coquille, c’est-à-dire, d’un Blanc-
Azuré , uniforme , sans taches et sans reflet.
Il est on ne peut plus remarquable, par exemple, de voir que
l'exception, que nous venons de signaler, à l’harmonie de la
Forme Oologique, dans cet Ordre, est identique et parallèle,
pour ainsi dire, non seulement à ce que nous avons signalé
dans les Alcidés, mais encore aux caractères Organiques des uns
et des autres. |
Ainsi , à part les autres différences existant chez les Alcidés et
les Uriidés , il en existe une énorme quant au bec. Or la même
différence se remarque, pour cet organe, entre les Apténodytidés,
les Sphéniscinés et les Eudyptidés.
En un mot, et pour nous faire mieux comprendre, les affinités
Oologiques sont en sens inverse des affinités Organiques.
C’est ce qui résulte du tableau comparatif suivant :
Forme de l'OEuf :
Ovoïconique.
Alca impennis, dont le bec est fort et crochu ;
Aptenodytes, dont le bec est, au contraire, grêle et simplement
acuminé.
182 TROISIÈME PARTIE.
Ovée.
Uria, dont le bec représente celui de l’Aptenodytes ;
Spheniscus, dont le bec reproduit celui de l’A/ca.
L’Eudyptes se présente, entre les deux, comme Genre de
transition , et par son OEuf, de Forme Sphérique, et par son bec
intermédiaire entre celui des Aptenodytes et Uria, et celui des
Alca et Spheniscus.
Ici finit la tâche laborieuse que nous nous sommes, peut-être
bien témérairement, imposée.
Nous espérons , d’après ce que nous lui avons entendu dire,
et c’est un de nos vœux les plus sincères, que les idées nouvelles
du Savant Agassiz, si bon Physiologiste et si profond Observa-
teur, en se dirigeant, dans un intérêt d'Embryologie, sur l’étude
du produit Ovarien des Oiseaux, quant aux différentes périodes
de développement des parties organiques qu’il renferme, attire-
ront accessoirement son attention, dans le sens de nos travaux
sur son Tégument Calcaire.
CONCLUSION.
La simplicité et la brièveté que nous nous sommes efforcé
d'apporter à ce Travail, loin d’en exelure l'importance qu'il com-
porte, ne peuvent, au contraire, Ce nous semble, que servir à sa
démonstration, en la rendant plus précise et plus claire.
On a vu, par l’énumération des Ouvrages et des Auteurs que
nous avons cités et analysés, que l’OEuf des Oiseaux a toujours été
l'objet d'observations, et a toujours attiré sur lui la curiosité : Or,
de la Curiosité à la Science, il n’y a qu’un pas; c’est toujours
l’histoire de la Boîte de Pandore.
On à appris ensuite, par l'indication et par l'étude des carac-
tères particuliers à l’OEuf, qu'il s’y trouvait effectivement des
règles assez fixes pour servir de Base à toute une série de faits ,
ou de propositions Scientifiques. j
Enfin, nous avons essayé de traduire ces faits, ces indications -
et ces caractères, en les amenant à figurer au nombre des Eléments
sur lesquels s'appuie la Méthode.
C’est un commencement d'exécution, dont nous abandonnons
la suite et le perfectionnement au temps et aux progrès de la
Science.
Nous sommes-nous laissé trop facilement entraîner par les
séductions d’une Théorie si conforme à nos goûts et à nos idées ?
Mais le blâme adressé par quelques-uns aux Théories, empêchait-
il illustre Créateur de la Tératologie de s'élever dans ses travaux,
484 CONCLUSION.
en Zoologie, de la synthèse la plus minutieuse des faits aux géné-
ralités de la Philosophie la plus haute et la plus saine, et presque
toujours avec succès et bonheur? Témoin son Histoire Naturelle
générale des Règnes Organiques : OEuvre immense, et digne du
Nom de son Auteur!
Nous serions-nous fait illusion sur la portée, ou la valeur Scien-
tifique des caractères que revêt, à nos yeux, le produit Ovarien
des Oiseaux ?
Nous ne le pensons pas davantage; et nous conservons au con-
traire le ferme espoir que nous avons posé les bases, ou les pre-
miers jalons d’une Branche nouvelle et importante de l’Ornithologie,
car si nos propositions sont fondées, il en résulte un horizon plus
grand ouvert à l'Enseignement de l'Histoire Naturelle, obligé de
compter à l'avenir avec l’OoLocrEe ORNITHOLOGIQUE.
C'est ce qu'a parfaitement compris le Membre éminent de
l'Institut, dont nous parlons. Le Savant Professeur n’a-t-il pas en
effet reconnu lui-même implicitement l’importance, en même
iemps que l'utilité de l'étude de l’Oologie ?
1o En faisant passer sous les yeux des nombreux auditeurs de
ses Cours, si bien et si assidûment suivis, les types les plus remar-
quables ou les plus curieux des OEufs d’Oiseaux ;
20 En réservant sa place à cet Embranchement nouveau de
l'Ornithologie, dans la première partie imprimée de son Catalogue
des Galeries Zoologiques du Muséum d'Histoire Naturelle de
Paris (1), Catalogue dont il a le premier donné l'exemple.
3° En faisant appel à notre zèle et à notre concours, pour la
rédaction du Catalogue de la Collection Oologique de cet Eta-
blissement, et cela en ces termes bienveiïllants : « M. des Murs
(1) Catalogue Méthodique de la Collection des Mammifères, de la Collection
des Oiseaux, et des Collections annexes du Muséum d'Histoire Naturelle de
Paris. 1re partie. Mammifères. Catalogue des Primates. 1851.
CONCLUSION. 485
» qui, depuis plusieurs années, @ fait une élude si heureuse
» de l’Oologie, veut bien, de concert avec M. Florent Prévost,
» se charger du difficile Catalogue des Œufs et des Nids » (1).
Appel auquel nous avons toujours tenu à honneur de répondre.
Ajouterons-nous que M. Hardy, de Dieppe, bien connu par ses
bonnes et solides observations sur nos Oiseaux d'Europe, et l’un
des plus fervents adeptes de l’Oologie, a bien voulu reconnaitre ,
en parlant de nos articles publiés en 1842, 1843, 4844. (?), que
nous avions « sw élever à l’état de Science ce qui n'avait été
» qu'un objet de stérile curiosité. » (3)
Enfin, un autre Membre distingué de l’Institut, en quelque
sorte provoqué par nos travaux, M. Moquin-Tandon, faisant trêve
à ses descriptions de détail, au moment même où nous imprimons
ces dernières pages (Décembre 4859), ne paraît-il pas regarder
comme de son devoir de Savant, de traiter et de discuter les mêmes
questions d’Oologie générale que nous venons de soulever et d’ac-
cumuler dans ce Livre? (4) /
Le fait nous est done acquis; et l’Oologie compte désormais
comme Science. Aussi, avons-nous vu avec plaisir que ce projet ,
conçu dès 4851, par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, de catalo-
guer la Collection d'OEufs d'Oiseaux du Muséum d'Histoire Natu-
relle de Paris, ait eu son écho aux Etats-Unis : puisque dès le
mois de mars 1853, l'Académie des Sciences Naturelles de Phila-
delphie a rédigé, fait imprimer et publier le Catalogue de sa riche
collection Oologique (5).
Maintenant, et après ces exemples, le Contrôle d’un Haut-Lieu
serait-il nécessaire pour assurer cette conquête à l’Oologie, et lui
\
1) Introduction au Catalogue, p.71.
2) Revue et Magasin de Lootbnies
3) Id. ibid. Aoùt 1857.
4) Id. ibid. Novembre 1859.
} Proced. of the Acad. of Nat. Sc. of Philadelphia. 1853.
486 CONCLUSION.
donner Droit de Gilé dans le giron des Connaissances Humaines ?
Nous nous adresserions humblement, dans ce cas, à la Science
Académique, ou Officielle, ainsi que l’appelle un docte Rédac-
teur (1), pour la prier de vouloir bien gracieusement accorder son
Exeat où son Exequatur, à une application si sérieuse et si
curieuse à l’Ornithologie, de ce que nous nommons, et de ce que
nous ambitionnons voir nommer : les Principes de l’Oologie,
dont nous venons de Codifier, pour ainsi dire, les Lois et les For-
mules, en essayant de les constituer en un Corps de Doctrine.
(1) M Louis Figuier._
NOTES ET OBSERVATIONS.
Page 52. — Ajouter :
«
Pour initier le Lecteur à l'esprit de suite qui a présidé à nos
idées sur l'utilité de l’Oologie, comme Science, et lui faire com-
prendre que le Livre que nous lui offrons n’a rien d’improvisé,
nous croyons devoir lui indiquer par quelles séries successives
d’études nous avons préludé avant d’en condenser les éléments et
d’en résumer les résultats.
Indépendamment de nos Collections particulières, bien bornées
alors de 4826 à 1833, consultant journellement, grâce à la
bienveillance de G. Cuvier, et à l’obligeante intervention de
M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, la Collection Oologique du Mu-
séum d'Histoire Naturelle de Paris, alors en voie de formation,
c’est-à-dire, réduite à celle de l'Abbé Manesse et aux quelques
OEufs provenant du voyage de Delalande au Cap; nous fimes le
relevé annuel des exemplaires composant cette Collection publique,
pour em constater la progression et l'accroissement, ainsi que:
pour élargir le cercle de nos études (1).
Recueillant les faits, méditant nos observations, nous nous:
crûmes en mesure, après dix années de ce travail ingrat, de
publier le fruit de notre examen général et comparatif.
(1) Ces relevés ont encore aujourd'hui, pour nous, tout l'intérêt du
moment : ils nous représentent, de la manière la plus minutieuse et la plus
exacte, l’histoire de la formation et des progrès bien lents, mais continus
de la Collection Oologique du Jardin-des-Plantes, ainsi qu'on le nommait
encore à cette époque.
188 NOTES ET OBSERVATIONS.
En 4842, dans la cinquième Livraison du Magasin de Zoologie,
nous publions notre premier Mémoire d'Ovocrargie Orniroro-
cique, sur la forme de l’'OŒŒEuf, en l’accompagnant d’une planche
(la vingt-cinquième des Oiseaux de ce Recueil), indiquant les
six figures Oologiques principales que nous croyons avoir re-
connues dans le produit Ovarien.
La même année nous publions la première Liste des OEufs de
notre Collection, sous le titre de Ova avium plurimarum, etc.
En 1843, dans la Revue Zoologique, nous publions succes-
sivement notre second Mémoire d'Ovocrarnie ORNITHOLOGIQUE :
De la Coquille de l'Œuf et de sa nature plus ou moins réfrac-
taire, en l’accompagnant d’une planche (la trente-sixième des
Oiseaux) représentant deux variétés de l’OEuf d’Ani (Crotophaga);
Bientôt suivi d’une Notice sur l’'OEuf du Guacharo (Steatornis)
et sur la classification de cet Oiseau d’après son OEuf ;
Puis d’une autre Notice sur le Genre Ornithologique Rupicole
ou Cog de Roche, avec considérations OoLociques, accompagnée
d’une planche (la trente-septième des Oiseaux) figurant l’OEuf
du Rupicola Peruviana, alors tout récemment découvert par
J. Goudot, de qui nous venions d’en faire l'acquisition ;
Et de notre troisième Mémoire d’Ovocraraie ORNITHOLOGIQUE :
de la couleur des OEufs des Oiseaux, en général, et sur son
origine.
En 1844, dans la troisième livraison de Mars, paraît notre
quatrième Mémoire d’Ovocrapnie ORNITHOLOGIQUE : de l'influence
de la nourriture sur la Coloration de l'OEuf des Oiseaux.
Dans la quatrième Livraison d'Avril, notre cinquième Mé-
moire d'Ovocrarnie ORNITHOLOGIQUE : De l'influence du climat
sur la Coloration de l'OEuf des Oiseaux ;
Dans la cinquième Livraison de Mai, notre sixième Mémoire
d'Ovocrarmie ORNITHOLOGIQUE : De la matière Colorante dans
l'Œuf des Oiseaux, et de l'influence de l’incubation sur le
NOTES ET OBSERVATIONS. 489
développement de cette matière à la surface de la Coquille ;
Enfin , dans la sixième Livraison, de Juin, notre septième et
dernier Mémoire d’Ovocrarate ORNITHOLOGIQUE : Du Rapport qui
peut exister entre la forme et la disposition générale des taches
à la surface de la Coquille des OEufs Colorés, et le mode de
sortie ou d'exclusion de l'Œuf du Cloaque. /
On remarquera que ceux de ces Articles ainsi parus sous le
titre d'Ovographie Ornithologique, faisaient partie d’un Ouvrage
déjà (4842-1843) fort avancé que nous avions l'intention de
publier avec cette dénomination; parce que, en effet, il devait
comprendre, outre ces questions de Physiologie Oologique, la
destription détaillée de toutes les Espèces d’OEufs de notre
Collection. À cette époque même étaient déjà prêtes quatre cents
et quelques Planches de figures d’OEufs, parfaitement dessinées
et peintes d’après nature et de grandeur naturelle, par L. Bévallet,
Peintre attaché à l’ancienne Expédition d'Islande, aujourd’hui
Préparateur des Collections Zoologiques du Val-de-Grâce; et
par Alph. Prévôt, alors aussi Peintre du Muséum d'Histoire
Naturelle de Paris : chaque Planche n'était consacrée qu’à une
seule Espèce et à ses variétés, pour la facilité de leur classe-
ment. Nous avions de plus quatre-vingts Planches gravées sur
cuivre , format grand in-4°, en reproduisant tout autant de celles
peintes. Les premières sont dans notre Bibliothèque; les autres
enfouies dans nos magasins. Mais, arrivé à cette période de nos
préparalifs, les liaisons qui nous attachèrent bientôt à Thiene-
mann, et les communications qu’il nous confia concernant le
même projet, nous firent renoncer au nôtre, et lui livrer nos
Collections pour ses études et ses dessins. C’est alors que de
descriptif que devait être notre travail, nous en fimes un travail
de pure application. Nous fûmes récompensé plus tard de notre
abnégation en recevant de l'excellent Thienemann un exemplaire
de son bel Ouvrage, avec cette suscription : Spectatissimo
D, #,
490 NOTES ET OBSERVATIONS.
O des Murs in memoriam sui gralissimo animo D: Auctor.
Quoiqu'il en soit, et ceci dit à litre de simple observation,
notre dernier Mémoire d'Ovographie Ornithologique est immé-
diatement suivi des Notices que voici :
Considérations Ooocrques sur la place à assigner au Genre
Ornithologique Flamant (Paonicoprerus, Linn.);
Considérations OoxociquEes sur la Classification du Genre
Ornithologique Courlan ou Courliri de Buffon, PI. Enl. 818,
ARDEA, GMm., Scocopax, Linn., NumEenius , Briss., ArAMuS ; avec
trois Planches (les 46, 47, 48 des Oiseaux) représentant d’abord
l’'OEuf du Courlan , nouvellement découvert par d’Orbigny, de
qui nous venions de le recevoir; et, pour termes de com-
paraison, ceux de l’Ardea-Grus et du Numenius arcuatus s
Et Considérations Ooxocrques sur le Genre Ornithologique
Caurale, Arnea Herras, également depuis peu découvert par
J. Goudot, de qui nous l’avions reçu avec celui du Rupicole du
Pérou, accompagnées d’une Planche (la 49e des Oiseaux) repré-
sentant l’'OEuf de cet Oiseau et celui du Rallus variegatus
comme terme de comparaison.
Nos travaux, on le voit (sans parler de nos études dans les
divers Musées de l’Europe, entre autres dans ceux de Londres et
de Leyde), ont donc toujours été continus et progressifs, sans
cesser de reposer sur la même conception, et le Livre que nous
publions aujourd'hui n’en est que la rectification, le aéveloppe-
ment et l'application raisonnée au niveau des Notions actuelles
en Oologie.
Nous ajouterons aux noms des Collecteurs d’OEufs que nous
avons cités ceux de MM. Serveau, de Paris; Cabot, de Boston;
et Trudeau, de New-Yorck, avec lesquels nous avons fait de
nombreux échanges à la même époque; nous avons même dû,
dans le temps, au premier de ces Oologues, le nid d’un Oiseau
des États-Unis, dont nous avons oublié l'Espèce, au fond duquel
NOTES ET OBSERVATIONS. 491
était placé perpendiculairement l'OEuf qu'un Holothrus y avait
furtivement déposé, à l'instar de notre Coucou.
Page 56. — À la suite du paragraphe relatif à l’'Ouvrage de
M. Baedeker, et aux descriptions Oologiques récentes de
M. Moquin-Tandon , ajouter :
\
Le vœu que nous exprimions , à cette époque de l'Impression
de notre Travail (Avril 4859), semble devoir être bientôt
rempli. Nous recevons en effet (13 Décembre 14859), le onzième
numéro de la Revue et Magasin de Zoologie, dans lequêl nous
voyons annoncer, avec plaisir, que , suspendant le cours de ses
descriptions d’OEufs, « l'honorable membre de l’Institut se
» propose de passer en revue tous les points fondamentaux de
» lOologie Ornithologique. » Ce but étant exactement le même
que celui de notre Ouvrage, nous arriverons, nous l’espérons,
à temps pour lui fournir tous les sujets d’une discussion dési-
rable qu’il commence dans cette même Livraison, discussion qui
ne pourra, en définitive, que tourner au profit de la Science
dont nous inaugurons , avec les bases et les principes , toutes les
inductions que l’Étude sérieuse de l'Histoire Naturelle en doit
retirer.
Nous n'avons donc pas trop présumé de nos forces : et nous
nous rappelons plus vivement encore ce que le Savant Profes-
seur de Botanique nous écrivait à ce sujet en 4843, et dans des
termes beaucoup trop flatteurs : « Je vous engage de toutes mes
» forces, nous disait-il, à persévérer dans le plan que vous vous
» êtes tracé. Vous sEuL pouvez publier une Oologie universelle.
» Je crois cependant que vous ferez bien d'attendre encore. Vous
» n'avez et ne pouvez avoir de rival, et plus vous attendrez,
» plus votre Collection s'augmentera. Personne, dans ce mo-
» ment, au Jardin-des-Plantes , ne s'occupe de cette partie de
192 NOTES ET OBSERVATIONS.
» l'Ornithologie. Vous êtes donc, à Paris, le maitre et le maître
» absolu. C’est une excellente raison pour attendre. »
On voit que nous avons largement usé et de la sagesse de
l'affectueux conseil, et du bénéfice du temps. Nous espérons
bien n’avoir pas à nous en repentir.
Méme page. — Après la Note ou Renvoi, ajouter :
Nous venons enfin de recevoir (Septembre 4859) la première
partie de l’Oologie de l'Amérique du Nord, depuis si longtemps
annoncée, puisqu'elle devait paraître dès le mois de Mars dernier,
et nous sommes heureux d’être des premiers à l’annoncer au
Monde Savant de notre Europe. Comme figures et comme exé-
cution, c’est, nous ne craignons pas de le dire, le type de la
perfection en ce genre : l’aspect de l'OEuf, si délicat et si difficile
à rendre pour la multiplicité des formes et des tons de ses macu-
latures, a été reproduit avec un rare bonheur, et désormais on
ne peut mieux faire, si même il est donné de réussir aussi bien.
11 semblait qu'après les deux dernières publications de Thiene-
mann et de M. Baedeker la représentation des OEufs ne pouvait
plus faire des progrès, quand le beau travail de M. Brewer vient
victorieusement démontrer le contraire. Quoiqu'il en soit, on ne
s'était généralement occupé jusque-là, on l’a vu, que des OEufs
des Oiseaux d'Europe; qui, des provinces Danubiennes ou fta-
liennes; qui, des Mers Polaires Arctiques ; qui, d'Angleterre ; qui,
d'Allemagne ; qui, de France. Si c'était beaucoup comme œuvre
ou comme entreprise, c'était bien peu pour l'étude et les pro-
grès de la Science Oologique, manquant ainsi des éléments de
comparaison indispensables avec les OEufs des Oiseaux des
autres parties du Monde, qui renferment les types les plus
curieux et les plus instructifs sous ce rapport; et nous sou-
pirions, depuis longtemps, après la publication d'Ouvrages
NÔTES ET OBSERVATIONS. 493
semblables, pour chacune de ces autres contrées. M. Brewer
vient remplir en partie cette lacune , et mettre sous les yeux des
Oologistes, avec la réalité et le caractère de la nature, une
portion importante des éléments dont nous parlons, en ce
qui concerne l'Amérique Septentrionale. C'est un grand pas de
fait; et, comme nous l'avons déjà dit, une Ere nouvelle s’ouvre
pour lOologie Ornithologique, qui ne peut manquer, à une
époque prochaine, de prendre rang comme une des branches si
nombreuses des Sciences Naturelles ; c’est donc le moment d'en
asseoir les principes et d’en formuler les Lois, ce que nous
essayons de faire.
Tout en adressant nos compliments et nos félicitations à
M. Brewer sur ce beau succès, nous serions injuste, nous
dirions même ingrat, si nous ne faisions remonter plus haut le
juste témoignage de notre satisfaction et de notre reconnaissance
au nom des Savants Naturalistes. Les grandes fortunes si intelli-
gemment acquises par les Anglo-Américains, loin de leur monter
à la tête, comme il arrive si souvent en Europe, leur montent
simplement au cœur; et, loin de fermer leur intelligence aux
rayons de la Science, leur inspirent la noble et féconde pensée
de la faire progresser. IL en résulte que l’on voit fréquemment
chez eux, de simples particuliers en agir, par leurs bienfaits
pour elle , avec la même grandeur et la même largesse qu’autre-
fois un Médicis ou un François Ier, pour les Arts. C’est un de
ces exemples qu'a donné, de nos jours, au Monde Savant,
M. le Dr T. B. Wilson, si activement et si utilement aidé par
son frère, M. Edward Wilson, de Liverpool, par sa fondation
et sa création toutes patriotiques du splendide Musée de Phila-
delphie, dont il a fourni les fonds, et dont il poursuit encore
l'entretien et les agrandissements de toutes sortes. C’est un
exemple semblable qu'a donné, en 1846, M. Smithson, en
fondant, à Washington, l’Institution Scientifique qui a pris son
194 NOTES ET OBSERVATIONS.
nom de Smithsonian-Institution. Le but de cette Institution
est non seulement de concourir à la publication des OEuvres
jugées véritablement utiles à la Science par un Comité spécial ;
mais encore de fournir gratuitement les fonds de ces Publica-
tions, comme chez nous, le Gouvernement. Les encouragements
de cette Société s'étendent même plus loin. Dans sa sollicitude,
elle n'hésite pas, de son propre mouvement, à adresser aux
travailleurs sérieux, sans qu'ils aient jamais songé à en former
la demande, mais dont elle a reconnu les services réels rendus
à l'Histoire Naturelle, la longue série de ses Mémoires, de ses
Publications et de ses Travaux en tous genres; que ces humbles
et modestes travailleurs résident en Amérique , ou qu’ils résident
en Europe. C’est ainsi qu’un de nos grands amis, J. Verreaux,
dont le nom est inséparable de la Zoologie, et plus spécialement
de l'Ornithologie , surtout de l'Afrique , à son grand étonnement
et à sa joie la plus vive, a reçu récemment, à raison de son
nom et de ses services, toute une cargaison, délicatement
affranchie, de grands et de gros Volumes in-4°, au nombre de
près de quinze , que lui adressait spontanément et gracieusement
la Société Smithsonienne, en l’assurant de la continuation suc-
cessive de son offrande. Nous citons ce fait, parce qu'il donne la
mesure et de la haute portée de l’action tutélaire de cette
Institution sur l’avenir de la Science, et de la valeur réelle de
l'homme auquel s'adresse un pareil hommage venu de si loin;
alors que les Savants de son propre Pays, nous rougissons de
le dire, semblent prendre à tâche de le faire oublier et de
l'éloigner de tout ce qui pourrait lui valoir les honneurs ou les
avantages d’une publicité quelconque. Qu'en dehors de la France
en effet, l'on consulte les vrais Savants, notamment de l’Europe,
et l’on verra avec quelle unanimité d’éloges ils proclameront le
mérite et le savoir de ce Voyageur Naturaliste. Honneur donc à
l'Amérique, au Pays qui produit de pareils hommes et de telles
NOTES ET OBSERVATIONS. 495
institutions! C’est un exemple que nous désirons, beaucoup plus
que nous ne l'espérons, voir se répandre en France.
Nous ne ferons qu’un reproche à l’Oologie de M. Brewer, c’est
d’être un peu coûteuse pour un grand nombre de bourses :
43 francs, en France, la première Partie composée de cinq
Planches représentant l’OEuf d’une cinquantaine d’Espèces
d'Oiseaux, en 74 Figures ou variétés (Rapaces et Fissirostres)!
Les descriptions sont minutieusement faites, et aucune des
variétés rencontrées n’est oubliée. La source de chaque exem-
plaire figuré est indiquée avec soin; parfois l’Auteur consulte et
fait intervenir avec fruit les richesses que renferme en ce genre
la belle Collection Oologique de Philadelphie, dont la nôtre a
fait jusqu’à présent la plus grande partie des frais. Sans en
former l'objet de la moindre récrimination au savant M. Brewer,
nous regrettons qu'il n'ait pas trouvé occasion de citer quelques-
uns de nos exemplaires qui s'y trouvent, entre autres pour
le Cathartes Aura, ne fûüt-ce que comme localité, car il nous
venait du Voyage de d'Orbigny dans l’Amérique du Sud. Mais
ceci n'est qu'un détail, et son Ouvrage commençant à peine,
M. Brewer à tout le temps de faire à notre observation la part qui
lui paraîtra convenable dans la suite. Il n’en a pas moins eu une
excellente idée en teintant le fond de son papier, pour mieux
faire valoir la forme et le relief de ses OEufs ; c’est un exemple
qui ne peut manquer d’être suivi par d’autres Iconographes à
l'avenir.
Une dernière observation : on sait les difficultés que l’on
éprouve dans l'étude des Sciences à fixer et saisir les dates
bibliographiques des Ouvrages que l’on consulte ou que l’on
veut consulter. On sait aussi les contestations que font naître
entre Auteurs les questions de priorité. Le premier soin de celui
qui publie un travail sur un sujet quelconque doit donc consister
à enlever toute raison d’être et à ces difficultés et à ces contes-
496 NOTES ET OBSERVATIONS.
tations. C'est un reproche qui a déjà été fait, en France et en
Allemagne, au mode de publication des Bulletins de la Société
Zoologique de Londres, qui ne paraissent que longtemps après
les communications orales qui en font l’objet et la matière. Le
reproche devient plus grave et plus sérieux pour l’Oologie de
l'Amérique du Nord. En effet, M. Brewer annonce bien que son
Ouvrage a été accepté à publication par la Société Smithsonienne
à la date de Février 4856. Mais pourquoi donner sur le titre,
comme date de la réalisation de cette publication, l’année 1857,
alors que la première Partie n’a fait que paraître en Septembre
1859, c’est-à-dire à deux années de distance; après avoir été
anaoncée par les divers organes des presses Américaine et
Anglaise, entre autres dans l’Zbis de Sclater, en Janvier 1859,
pour le mois de Mars suivant, en Avril pour le mois de Mai et
en Juillet enfin pour le mois de Septembre qui vient de s’écouler,
date réelle et seule vraie de son impression et de sa publication ?
Il y a au moins nécessité d’une note rectificative à ajouter dans
sa prochaine Livraison, pour détruire toute cause d'erreur et
rétablir la vérité dés faits. [l n’y aurait pas de raison, si l’on
persévérait dans cette voie essentiellement vicieuse, pour que
nous ne fussions pas autorisé à dater le Traité d'Oologie, que
nous sommes en train de publier, de 4857, au lieu de 4859,
époque que nous espérons bien ne pas voir dépasser de beau-
coup ().
Page 63. — À la suite du paragraphe relatif à l'OEuf des
Spheniscidæ , ajouter : |
Et aussi à la Forme Ovoïconique très-obtuse.
#
(1) Voir Revue et Magasin de Zoologie. Octobre 1859.
NOTES ET OBSERVATIONS. 497
Page 6%. — À la suite du paragraphe des Trochilidæ , ajouter :
Et parfois, dans plusieurs Groupes, la Forme Cylindrique.
Page 66. — Après les Impennes, qui terminent le Tableau,
ajouter :
(Exceptionnellement Ovoiconique ).
Page TA. — À la phrase des Spheniscidæ ajouter :
En mettant de côté la Forme exceptionnellement Ovoïconique.
Page 102. — Ajouter :
Si l’on veut une spécification ou dénomination Latine pour
chacune des Monstruosités dont nous venons de parler, on la
trouvera dans la liste que nous en donnons ici :
410 Ovum pyriforme ;
20 O — plicatum ;
30 O — sinuatum ;
40 © — stigmatum, ou stigmosum ;
50 O — constrictum ;
60 O — cornutum, ou arcuatum ;
10 O — pediculatum ;
80 O — prœgnatum ;
90 O — centeninum ;
400 O — in Ovo ;
110 O — geminatum ;
412% O — bitestaceum ;
4130 O — granulatum ; NA Tr D ne)
140 O — serpentarium.
33
498 NOTES ET OBSERVATIONS.
Page 1M 1e Ajouter :
Il en est de même de tous les Ptiloptères ou Sphéniscidés qui
couvent accroupis : seulement comme ils couvent presque tou-
jours dans des trous, ou à l'entrée des terriers, leur croupion,
forcément relevé, laisse toujours apercevoir, pendant l'acte de
l'incubation, la moitié de leur OEuf, en dehors du nid. ,
Page 157. — Ajouter à la fin du paragraphe 2 :
Un fait qui a quelque analogie, quoique éloignée, avec celui
relatif à l’OEuf de Vanneau dont nous venons de parler, est
celui-ci :
En ouvrant, ce printemps (1859), le corps d’une femelle
d’Epervier commun, Accipiter nisus, M. Dubois-Normand, habile
Préparateur de Nogent-le-Rotrou, y a trouvé, tout prêt à sortir
du cloaque , un OEuf parfaitement formé, à Coquille aussi ferme
que si elle s'était durcie au contact de l’air extérieur, d’un Blanc
légèrement azuré, comme le Test, chez tous les Rapaces Diurnes,
mais entièrement dépourvu de taches. Ce qui prouve qu'il était
arrivé à son complet développement, c’est que nous avons extrait
de cet OEuf toutes les parties liquides organiques constituantes ,
telles que AZbumen, Vitellus et Chalazes, etc. Il ne s’y est pour-
tant retrouvé, comme dans l’OBuf de Vanneau, aucun des principes
colorants des taches propres aux OEufs d’Epervier. C'était une
vieille femelle.
Page 179. — À la fin du paragraphe 5, ajouter :
À l'appui de l’opinion que nous venons de formuler, et dont
nous avons développé les motifs sur la Coloration de l'OŒEuf des
Oiseaux, nous ajouterons pour conelusions l'opinion d’un de nos
amis, du Docteur Cornay, de Rochefort, l’ingénieux Créateur de
NOTES ET OBSERVATIONS. 4 499
l'ADÉNISATION (1), qu’il nous adresse (2), dans une note, en ces
termes :
« Que dire de là Coloration des OEufs des Oiseaux? Quelle en
est la cause? Faut-il admettre, comme un Célèbre Personnage,
que ces Êtres intelligents s’en vont chercher quelque part, le
long des haies, dans les coins obscurs, quelques matières, pour
les peindre, les pointiller, les tacheter, les Aiéroglyphiser ? les
condamnant à l'odeur insupportable de ce travail, eux si sensibles
à la pureté de l'air. Il faut avouer que ces Êtres, si partagés par
la nature de leurs formes élégantes, de leurs voix mélodieuses ,
de leurs brillantes couleurs, auraient reçu là une bien pénible
besogne après la joyeuse mission de la tendresse et de l'amour.
» Non, la coloration des OEufs ne vient pas de l'extérieur ; elle
est interne, et le bec des Oiseaux n’a point besoin de se salir.
L'OEuf, dont la Coquille est complexe, est imprégné, dans sa
partie calcaire, de sucs tinctoriaux alcalins, différents, suivant
la nourriture des espèces, provenant de la sécrétion de la mu-
queuse de l'Oviducte : la Coquille imprégnée, reçoit, dans le
cloaque l’action des acides de l'urine, et la Coloration se pro-
duit (3). TITRES
» Quant aux taches irrégulières, souvent des résidus de ma-
tières colorées qui se trouvent, dans es excréments, agissant par
places, les fournissent.
» Le mystère de la Coloration des OEufs se trouve donc dans
l'action chimique, et la difficulté de l'analyse des différentes Cou-
(1) Principes d'Adénisalion, ou Traité de l'Ablation des glandes Nido-
riennes. 1859.
(2) Novembre 1859. 3
(3) Le Docteur Cornay se rencontre ici, de la manière la plus heureuse ,
avec Naumann et Buhle, puisqu'il ne connaît probablement pas leur travail
sur les Œufs des Oiseaux d'Allemagne, etc. 1818.
D00 : NOTES ET OBSERVATIONS.
leurs des OEufs, dans l’enduit muqueux peu soluble qui l'unit à
la Coquille.
» Ainsi, les Oiseaux ne sont point des peintres; mais d’élé-
gants architectes qui embellissent nos vergers, et chez lesquels la
Nature opère en secret dans l’'Oogénèse. »
On le voit : si le Docteur Cornay diffère quelque peu avec nous,
dans les détails de sa Théorie, il y a accord parfait sur le principe.
Page 207. — À la suite des Rapaces Diurnes, ajouter :
Nous eroyons pouvoir compléter ces brèves remarques par les
suivantes :
L'OEuf des Cathartes et celui du Neophron offrent, sinon un
ensemble de Caractères, du moins un rapport de Forme qui n’est
pas sans valeur, et qui semblerait devoir réunir les deux Genres en
un seul, ainsi que l’avait fait Temminck, en les rapprochant de
très-près l’un de l’autre. Car rien ne paraît autoriser la séparation
qu’en a opérée le Prince Ch. Bonaparte, en mettant entre eux les
deux Genres Gyps et Vultur; si ce n’est le besoin, dans cet ordre
* d'idées, d’un lien de transition de ceux-ci au Gypaëte.
Mais, l’OEuf du Gypaëte est lui-même un véritable OEuf de
Vautour ; et. s’il ne peut être séparé de celui de ce dernier, l’OEuf
du Neophron, ou Percnoptère, ne saurait être éloigné de celui des
Cathartes, dont il tend toujours à se rapprocher. Ainsi, malgré la
Forme Ovalaire du plus grand nombre des variétés de l’OEuf du
Neophron (et nous en possédons onze Exemplaires), on retrouve
fréquemment la Forme Ovée allongée, propre à celui des Cathartes,
si exceptionnelle dans l'Ordre entier des Rapaces, et si remarquable
chez les Espèces de ce Genre exclusivement Américain. Et nous
n'hésitons pas à regarder cette dernière Forme comme celle nor-
male de l’OEuf du Neophron. l
Ce rapprochement. si naturel Oologiquement parlant, est au
NOTES ET OBSERVATIONS. 304
surplus nettement indiqué par l'étude comparative du Sternum de
ces deux Rapaces; c’est ce que fait encore mieux ressortir l’excel-
lent travail sur le Sternum des Vulturidés publié par M. Eyton,
dans les Contributions Ornithologiques de Jardine , en Décembre
1849.
Ici l’Oologie marche donc d'accord avec l’Ostéologie.
Aussi comprenons-nous la composition de la Famille des Vultu--
rinæ dans l'Ordre que voici :
Gyps ;
Vullur;
Gypaëtos ;
Cathartes ;
Neophron ;
et Sarcoramphus.
Ce qui fait singulièrement coïncider nos idées, résultant de nos
observations, avec celles du savant Anatomiste Anglais.
Nous ne quitterons pas cette Famille sans dire que nous avons
éprouvé un premier moment de vive satisfaction, en apprenant
que l’on venait de découvrir l’OEuf du Cathartes Californicus.
Mais ce sentiment a été de courte durée, lorsque nous avons vu la
description donnée de cet OEuf, que l’on représente comme de
Forme Elliptique, à Coquille Blanche, revétue d'une légère
couche calcaire à la manière de l'OEuf des Pélicans.
La Forme et la Couleur n’ont rien en effet qui nous surprenne.
Toutefois nous avons peine à admettre la couche crétacée ou ceal-
caire, qui serait le premier exemple de ce genre dans tout l'Ordre
_des Rapaces. d
Nous craignons fort qu'il n’y ait eu erreur de la part de
M. Taylor, de Monterey; et, jusqu’à preuve contraire, nous doutons
de l'authenticité de cet OEuf. N’a-t-on pas plus d’un exemple de
nids, ou plutôt d’aires de Pélicans, comme de Cormorans, établis
sur des arbres?
02 NOTES ET OBSERVATIONS.
Les Espèces appartenant réellement au Genre Pandion, Balbu-
zard , ont toutes un caractère Oologique commun : qu’elles soient
d'Europe ou qu'elles soient d'Amérique, leur OEuf se distinguera
constamment par le beau ton violacé ou pourpré de Brun qui en
décore la Coquille. Cette identification est frappante dans les deux
Espèces d'Europe et de l'Amérique Septentrionale.
C’est dans cette communauté et cette persistance de Caractères
Oologiques surtout, que perce le plus l'insuffisance des éléments
de spécification, et que se trahit, ou peut s’étudier le mieux, la
communauté de source ou d’origine de Stirps enfin.
Il en est de même des vrais Eperviers, dont l’OEuf se rapproche
toujours, et conserve le type de l’Espèce Européenne, Accipiter
nisus, qu'il provienne d’'Espèces Américaines, telles que les Ac.
nisus, Cooperi, etce., ou d’Espèces Africaines, comme Ac. bracky-
dactylus, que nous avons reçu de Bissao. Et l’on peut affirmer que
jamais il ne se trouvera d’OEuf d'Épervier avec l'aspect uniforme
Brun-Rougeätre des Falconinæ ; ou ce ne serait plus, bien certai-
nement, un Épervier.
Page 230. — A la suite de la description de lOEuf des Crotopha-
ginés, ou Anis, ajouter :
Ce qui prouve, à part sa destination, que la couche crayeuse
qui recouvre entièrement, parfois, et le plus souvent même,
l'OEuf des Anis, est tout-à-fait indépendante de la formation de
son test calcaire, c'est que, d’abord, cette matière, qui s’enlève
facilement, n'existe pas sur tous les (EKufs d’une même couvée, et
ne revêt pas toujours uniformément la Coquille ; c’est, ensuite,
qu’en examinant cette matière attentivement, on aperçoit fort bien
qu’elle ne procède pas, comme celle du test, par voie de cristalli-
sation ou de dépôt successif, mais par voie d'épanchement en
masse, comme chez les Pélicans et les Grèbes : ce que démontre
NOTES ET OBSERVATIONS. 203
l'aspect des portions de cette matière qui ne recouvrent sa Coquille
que partiellement et en forme de réseau.
Page 231. — A la suite du paragraphe des Crotophaginés,
ajouter :
C'est à l’occasion de ce changement de Système du Prince,
que nous disions, dans les Oiseaux de l’Amérique du Sud
(Expédition Castelnau) 4856, et que nous répéterons encore :
« Ce retour à résipiscence, cette réhabilitation tardive de la
Science, sont une preuve de plus du danger des partis-pris, et
surtout de l'insuffisance du rapport ou de l’analogie des Carac-
tères extérieurs en matière de Classification Méthodique.
« Ce système de cabinet a, Dieu merci, dit son dernier mot,
et, de valeur de premier ordre, est descendu avec justice au
rang de simple auxiliaire dans les éléments de toute bonne
Méthode ratiounelle.
» On ne pourra jamais comprendre qu’à cause d’une forme
différente de bec, et d’une coloration dissemblable, on ait pu
éloigner si longtemps l’un de l’autre le Guira et l’Ani, alors que
ces Oiseaux ont les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, la
même manière de vivre et, par-dessus tout, une analogie com-
plète dans la Forme, la Couleur et la contexture de la Coquille
de leurs OEufs ; et que ce mauvais vouloir ait persévéré un demi-
siècle , après les observations si précises de d’Azara (1). »
Page 256. — A la suite du paragraphe relatif à la nourriture du
Rupicole , ajouter :
Nous avons complété ces détails de mœurs, en 4856, d’après.
les notes de MM. de Castelnau et Deville, par les suivants :
(1) Pages 24 et 25.
D04 | NOTES ET OBSERVATIONS.
« Le Coq de Roche du Pérou, dit le premier de ces Voyageurs,
ne vit que dans les rochers et les endroits les plus inaccessibles ;
il parait être assez commun dans toutes les vallées qui s'étendent
au Nord et à l'Est de Cuzco, et il se retrouve dans les Yungas de
la Paz (1). Le jeune mâle et la femelle ont une livrée brune.
Ayant acquis la certitude que ce bel Oiseau existait dans les en-
virons, MM. d'Ozcry et Deville firent plusieurs excursions assez
pénibles vers les lieux écartés qu’ils habitent ordinairement, et
ils finirent par nous en procurer d'assez nombreux échantillons.
On donne, dans ces vallées, à ce Coq de Roche le nom de
Tunqui. Il se tient sur les arbres élevés et surtout sur diverses
espèces de Cinchona, dont les fruits forment en grande partie
sa nourriture; il reste immobile pendant la plus grande chaleur
du jour, mais il vole avec rapidité vers le soir et le matin de
bonne heure; son cri est éclatant et rauque, ce qui est fréquent
chez les Oiseaux ornés d’un plumage magnifique (?).
» À la Barra, je m'en procurai un vivant. C'était un jeune
mâle entièrement brun, et n'ayant de jaune qu’à la base du bec;
il avait déjà un commencement de crête et devait prendre sous
peu cette magnifique livrée Orange dont il se revêt à la fin de
la première année, et qui fait de cet Oiseau un des plus beaux
objets de la Création.
» Il aime beaucoup l’eau pure; il est nécessaire de lui chan-
ger la sienne plusieurs fois par jour, et sa nourriture doit être
variée; il aime les Bananes, le pain, le sucre, etc. Ses mouve-
ments sont vifs, et il attaque les animaux qui s’approchent de
lui ; il pousse un cri assez fort, et reste constamment perché (3).
» On sait enfin, par M. Schonburgck, que les Rupicoles à
(3) Nouvelle exception à la Loi de distribution Géographique, pour les
deux versants des Cordillères.
(2) Histor. du Voy., T. IV.
(2) Id. MAY:
NOTES ET OBSERVATIONS. 205
certaines heurés du jour, vers le coucher du soleil, se réunissent
et exécutent ensemble certaines évolutions que l'on ne peut
mieux comparer qu'à des espèces de danses, dans le genre de
ce que l’on voit faire aux Grues; habitudes que les Rupicoles
ont dé communes avec les Manakins, notamment le Tijé (1). »
Page 262/— À la suite de la description de l’OEuf des Hirundi-
ninæ , ou Hirondelles, ajouter :
Il résulte de cette distinction Oologique, chez cette Famille des
Hirundinine, qu’elle pourrait, avec quelque avantage, être élevée
au rang de Tribu. C’est ce qui nous fait de suite aborder la réso-
lution d’en modifier la composition première.
Ainsi donc nous scindons en deux la Tribu même des Hirundi-
nidés, dont la première reprendra le rang et le nom de Cypselideæ,
tels que les lui a imposés le Prince Ch. Bonaparte, se composant
d’une seule et unique Famille.
Quant à la Tribu des Hirundinidés, demeurée exclusivement
propre aux Hirondelles, nous la subdiviserons en deux Familles :
la première composée des Genres dont l’OEuf a la Coquille d’un
Blanc pur et sans taches, sous le nom de CAelidonime, du prin-
cipal de ces Genres, que nous mettons en tête; et la seconde,
sous le nom de Hirundininæ, qui vient ensuite.
L
Page 281. — A la suite des Certhiidés , ajouter :
Nous n'avons fait figurer le Genre Tichodroma, dans la Famille
des Certhiinés, que pour obéir au courant des Méthodes. Pour
nous, en effet, ce Genre, par son OEuf, ne saurait figurer parmi
les autres Genres de cette Famille, et devrait constituer lui-même
(1) Oiseaux de l'Am. du Sud. Expéd. de Castelnau, p. 35 et 36.
506 NOTES ET OBSERVATIONS.
le type d’une Famille à part, dans la même Tribu des Certhiidæ.
C’est ce que nous nous décidons à faire dès aujourd’hui, en don-
nant à cette Famille nouvelle le nom de Tichodromadinæ.
Page 284. — À la suite du Chapitre sur les Furnaridés, ajouter:
. Tout en signalant, au reste, cette apparente similitude de
nidification entre les Fourniers et les Cincles, nous ne nous
dissimulons pas que quelques différences de mœurs existent
entre eux, notamment pour la ponte en commun, à laquelle les
premiers de ces Oiseaux procèdent parfois, si ce n’est toujours,
ainsi que cela s’observe chez les Anis ou Crotophagidés.
C'est à l’occasion de cette remarque que le Docteur Lherminier
nous écrivait en 4846 :
« L’OEuf de l’Ani vous a fourni le sujet d’une excellente dis-
» sertation sur les conditions de la surface et de la densité de la
» Coquille de l'OEuf dans ses rapports avec la réflexion et
» l'absorption du Calorique. Mais cet Oiseau, qui n’est pour
» moi qu’un Genre de la Famille des Cuculidés, à deux échan-
» crures au bord postérieur du sternum, est-il le seul qui,
» nichant en commun et en plein air, présente ce revêtement
» crétacé de la Coquille parmi les Oiseaux Terrestres ? Et ne vous
» fait-il pas vivement désirer la possession de l’CEuf du Fournier,
» qui se trouve dans des conditions toutes différentes et opposées
» d’incubation, puisqu'il pond, il est vrai, en commun, je
» crois, mais dans un nid Couvert et parfaitement défendu
» contre les circonstances extérieures? » (1)
La description qui précède fait voir l'énorme différence qui
existe entre l'OEuf de l’Ani et celui du Fournier. Il n'en est pas
(1) Lettre de la Pointe-à-Piître (Guadeloupe), 25 août 1846, et Rev. et
Magas. de Zool , Juillet 1849.
NOTES ET OBSERVATIONS. 007
moins intéressant de constater chez l'OEuf de ce dernier l'absence
de tout poli ou de tout pouvoir réfléchissant dans la contexture
extérieure de sa Coquille. 4
Page 290. — A la suite du paragraphe relatif au Ménure,
ajouter :
Nous avouerons que si nous laissons le Ménure dans cette
Tribu des Formicaridés, c’est moins par conviction que pour
obéir à l'habitude et surtout par déférence pour l'opinion
de J. Verreaux : car nos tendances nous porteraient plutôt à
l'enlever aux Passereaux, pour l’implanter dans les Gralles, et,
parmi ceux-ci, dans notre Sous-Ordre des Alectorides. La lon-
gueur des ongles de cet Oiseau, le caractère de ses tarses, la nudité
même de la région périophthalmique semblent ne pas devoir l’en
éloigner beaucoup; et, pour en revenir à son OEuf, que nous
n'avons pas encore assez intimement étudié, peut-être, à la ri-
gueur, ses caractères seraient-ils d'accord avec cette manière de
voir, sauf la question du rang à lui assigner.
Page 298. — Après la description de l’OEuf des Sylviparidés,
ajouter :
Le Genre Bombycilla nous paraît beaucoup plus se rapprocher
par ses Caractères Oologiques, de la Tribu des Tanagridés que de
celle des Sylviparidæ, dans laquelle nous l’avons placé. Et nous
n’hésitons pas, après de minutieuses études comparatives, à le
retirer de cette dernière pour le transporter, comme type d’une
quatrième Famille, dans les premiers, sous le nom de Bombycil-
linæ, prenant rang après les Phytotominæ, que nous y introdui-
sons également.
Peut-être les principes de Zoologie Géographique, sans en avoir
aucunement à souffrir, pourront-ils s’en croire quelque peu lésés,
508 NOTES ET OBSERVATIONS.
puisque la conséquence de ce changement serait d'introduire dans
la grande coupe des Tanagridés, considérée jusqu’à ce jour comme
exclusivement Américaine, un Genre renfermant une Espèce de
l'Ancien Continent (Europe et Asie Orientale, Japon). Mais la
compensation à cette exception se trouve dans la présence en
Amérique d’une des trois Espèces connues, le Bombycilla Caroli-
nensis. Les principes dont nous parlons n'auront donc pas plus à
souffrir de cette transposition que de celle qu'a faite le Prince
Ch. Bonaparte, en plaçant ce Genre dans sa Famille cosmopolite
des Ampelidæ, et surtout dans sa Sous-Famille aussi exclusivement
Américaine de ses Ampelinæ.
Page 300. — A la suite des Parinés, ajouter :
Nous avons oublié de dire que c'était avec lamême réserve que
nous maintenions dans nos Parinæ, proprement dits, le Genre si
remarquable, Ornithologiquement parlant, Panurus, créé par
Koch pour la jolie Mésange à moustaches, dont l'OBuf est tout
autant exceptionnel parmi ceux de ses congénères.
Aussi nos réflexions nous amènent-elles à ajouter à nos Paridæ
une troisième Famille, retirant des Parinæ ce dernier Genre, dont
nous en faisons le type sous le nom de Panurinæ, qui devra
prendre rang avant les vraies Mésanges.
Li
Page 344. — À la suite de l'Article sur le Céphaloptère, ajouter :
Les réflexions sévères que nous attire, de la part de l'Jbis du
mois d'Octobre 1859, notre Article, assez incorrect du reste sur
l'assimilation des deux Céphaloptères, inséré dans la Revue de
Zoologie du mois de Mai précédent, qui n’était qu'un extrait ou
souvenir de celui ci-dessus, nous obligent à joindre à ce dernier
les observations suivantes :
NOTES ET OBSERVATIONS. 509
Nous ajouterons donc, quant aux Lois de Distribution Géo-
graphique, qui, selon quelques Zoologistes, n’admettraient pas
de migration d'Espèces d’un versant à l’autre des Cordillères;
que nous avons eu depuis longtemps occasion d’y signaler plus
d'une exception.
Ainsi, une semblable assimilation d'Espèces s’étant présentée,
dans nos études et sous notre plume, à l’occasion des Capito
Peruvianus, Erythrocephalus, Cayanensis et Amazonicus,
nous disions déjà, dans la Revue de Zoologie d'avril 4849 :
« La question de Distribution Géographique ne saurait , ce
nous semble, étre un obstacle ou un argument à cette propo-
silion.
» En effet, nous avons. fait voir que la variété de Levail-
lant, attribuée par lui au Capito erythrocephalus, n'est autre
que le C. Peruvianus. Or, les quatre individus de cette variété
envoyés à l’illustre Voyageur lui sont venus de la Guyane. En
outre, les individus de notre Espèce intermédiaire ont été re-
cueillis par Deville, dans l’Expédition de M. de Castelnau, à
Santa-Maria et Ega, villages sur les rives droite et gauche du
Haut-Amazone, c’est-à-dire, dans un endroit intermédiaire,
entre la Guyane, le Pérou et le Brésil.
» Enfin, les individus de l’espèce connue sous le nom de
C. Peruvianus, proviennent tous du Pérou et du Chili; d’où
il faudra conclure que l’une et l’autre Espèces existent indis-
tinctement et au Pérou et à la Guyane, et même dans une
région intermédiaire.
» Dès lors aussi tomberait cette règle, ou pour mieux dire,
ce préjugé reçu en Zoologie, que l'Ornithologie de la
Guyane est entièrement distincte de celle des Côtes de
l'Océan Pacifique, et par conséquent du Pérou. De nom-
breuses exceptions ont déjà fait brèche à ce principe quelque
peu erroné; et l'on peut prédire que des exceptions encore
310 NOTES ET OBSERVATIONS.
» plus nombreuses viendront avec le temps la réduire à néant,
» da diffusion spécifique des types xoologiques étant à notre
» sens, beaucoup plus étendue qu’on ne paraît le croire. »
Or, l'assimilation que nous avons essayé de faire pour les
deux Espèces de Géphaloptères est exactement la même : seule-
ment notre Article incriminé a conclu uniquement au point de
vue de la question de zône isotherme, que nous constatôns
être la même en-deçà comme au-delà des Cordillères, sans entrer
dans l'examen de la question de Distribution Géographique. D’où
il suit que cet Article, s’il a été jugé ou apprécié d’après sa lettre,
ne l’a été nullement d’après son esprit.
Page 315.— A la suite de la description de l'OEuf des Tanagridés,
ajouter :
Nous dirons pourtant que le Phytotome, par ses Caractères
Oologiques, est, pour nous, un véritable Tanagridé, et que nous
ne saurions le distinguer de cette Tribu, dont nous en faisons,
aujourd’hui même, le type d’une Famille, sous le nom de PAyto-
tominæ, prenant rang immédiatement après les Euphoniinés. Nous
ne voyons d’ailleurs, sous le rapport physiologique de ce Genre,
rien de plus extraordinaire, dans la denticulation de ses mandi-
bules, que ce qui s’observe chez plusieurs Espèces d’Euphones,
que ce caractère exceptionnel n’a cependant pas fait rejeter des
Tanagridés, avec lesquels elles resteront toujours.
Page 324. — Au sujet des Garrulinæ, et à la suite, ajouter :
Les divers petits Groupes que l’on a fait entrer dans la Famille
des Garrulinæ (Tribu des Garrulidæ du Prince Ch. Bonaparte)
sembleraient pouvoir se distinguer génériquement les uns des
autres, mais en d’autres Coupes, sous le rapport Oologique.
NOTES ET OBSERVATIONS. Di
Ainsi l’OEuf du Genre Garrulus a son caractère bien distinct
de celui du Genre Pica; l'OEuf du Cyanocitta s'en distingue
encore plus par son ton généralement d’un Rouge-Brique car-
miné , avec des taches nébuleuses de même couleur plus foncées,
témoin celui du Cyanocitta melanocyanea (Hartlaub) (1). Cet
OEuf a en outre cela de particulier qu’il rappelle l'aspect de
l'OEuf des Melliphages. Mais les Perisoreus Canadensis, Cyano-
garrulus cristatus et Cyanopica cyanea sont de vrais Garruli :
et rien, dans le caractère de leur OEuf, ne vient appuyer les
distinctions Génériques que l’on en a faites.
Page 323. — A la fin des Corvidés, ajouter :
C'est d’après ces remarques Oologiques, que nous lui avons
communiquées, que le Prince Ch. Bonaparte s’est décidé (5) à
faire du Corvus Capensis le type d’un Genre sous le nom de
Trypanocorax. Les mêmes motifs nous font élever ce même
Genre au rang d’une Famille, que nous appellerons de son nom
Trypanocoracinæ ; reliant ainsi les Corvidés à ceux des Garrulinés
dont l'OEuf tombe dans lés mêmes tons Brun-Rougeûtre ou
Rosacé. C’est donc une Famille de plus à ajouter à la Tribu des
Corvidés et qui se placera entre les Garrulinæ et les Corvinæ.
Page 332. — A la fin des Plocéidés, ajouter :
D'après les distinctions Oologiques que nous venons de cons-
tater dans les Ploceinæ, il en résulte que les diverses Familles
qui en composent la Tribu devraient y être groupées de la
manière suivante, que nous adoptons définitivement dans notre
Systema :
(1) The Ibis, 1859, pl. v.
(2) Notes Ornithologiques sur les Collections Delattre. 1854.
512 NOTES ET OBSERVATIONS.
1o Ploceinæ,
25 Plocepasserin®,
que nous créons pour grouper le Genre Passer, et qui se com-
pose des deux Genres Plocepasser et Passer, lesquels se
confondent presque, par leur OEuf, avec la Famille suivante des
Viduinæ, notamment avec LOEuf de deux de ses Genres : Pen-
theria et Steganura ;
30 Viduinæ,
40 Estreldinæ.
Une remarque, qu’il n'est pas indifférent de signaler, c'est
que, pour la Forme, la Dimension et la Coloration, l’OEuf de
Pentheria représente exactement celui du Passer domesticus,
peut-être un peu moins gros, et l’OEuf de Sfeganura celui du
Passer montanus.
Page 336. — A la suite de Gallinacci, ajouter :
PREMIER SOUS-ORDRE,
GALLIPÈDES.
(Gallipedes ).
Page 314. — À la suite des Gallidés, ajouter :
L’OEuf de la Poule de Cochinchine atteint même assez souvent
un ton presque Rougeâtre, tant en est foncée la Couleur Nankin.
Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris possède, sous le nom
de Poule de Cochinchine, un OEuf de Forme Ovale allongée, un
peu plus petit, sous cette Forme, que ne le sont d’ordinaire
ceux de cette Espèce; à Coquille assez mince , uniformément
teintée de Brun-Rouge, procédant par une espèce de grivelé
très fin, exactement semblable pour le ton à l’OEuf du Faucon.
FU
NOTES ET OBSERVATIONS. 513
Nous venons de dire : sous le nom de Poule de Cochinchine ;
parce que à côté, au-dessous de ce nom écrit, il n’est pas impos-
sible de retrouver la trace d’un autre nom à demi effacé, celui de
Pintade. Ce qui est certain, c’est que le ton Rougeâtre de cet
OEuf est celui qui se remarque fréquemment sur l'OEuf de la
Pintade domestique, lorsqu'il arrive au Rouge-Orange : il n’y à
d'autre différence que celle de la Forme et de la finesse du test
dont la ponctulation minuscule des pores donne à l’ensemble de
sa Coloration l'aspect de grivelure dont nous venons de parler.
Cet OEuf a été donné par M. Fraser-Walter, en 1855.
Idem. — A la suite des Phasianidés, ajouter :
Nous possédons un OEuf de Dindon qui présente, dans sa
Coquille, une anomalie singulière. Cette Goquille , avec tous les
caractères, du reste, d’une constitution normale, offre une cris-
tallisation granulée calcaire à la superficie de chacune des taches
Ocracées ordinaires qui distinguent l'OEuf de ce Gallinacé; en
sorte que ces taches, au lieu d’être unies et confondues avec la
surface du test, se trouvent, par le fait de cette cristallisation,
secondaire, toutes en relief ; et loin de participer au luisant de
la Coquille, sont mates, rugueuses comme une râpe et sans
reflet. On voit enfin que cette matière calcaire est de seconde
formation , puisqu'elle revêt la même teinte que celle des taches
ou, pour mieux dire, s'en trouve pénétrée. Ce qui est remar-
quable, c’est que ces cristaux sont comme micacés, scintillants
comme du verre.
C’est le premier exemple que nous ayons encore rencontré de
ce genre, qui pourrait figurer dans l’énumération que nous avons
faite des cas de Monstruosité en plus.
34
CA
ES
NOTES ET OBSERVATIONS.
Page 345/— A la suite des Pintades, ajouter :
Un fait tout nouveau semblerait donner raison au rapproche-
ment intime que nous avons opéré du Paon et de la Pintade,
tout en les plaçant l’un et l’autre dans deux Groupes différents,
le Paon, à la fin de notre premier Sous-Ordre des Gallipèdes,
et la Pintade en tête de notre deuxième Sous-Ordre des Coureurs
(Ordre des Gallinacés).
Nous avons été admis récemment (Novembre 1859) par l’af-
fectueuse obligeance de M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , à voir
et à examiner la peinture, faite d’après nature et de grandeur
naturelle, d’un hybride né du croisement d’un Paon et d’une
Pintade. Ce cas, le premier encore acquis à la Science, s’est
présenté dans le Jardin Zoologique de Bruxelles, d’où le Savant
Professeur en a reçu la communication ainsi que le dessin dont
nous parlons.
Get hybride, qui paraît presque adulte, est d’un Brun-fauve
Grisâtre, écaillé et flammêché de Brun foncé ou ferrugineux ;
la tête, privée de son aigrette, et le cou seul sont d’un noirâtre
uniforme , et les plumes de ces parties pourraient peut-être , dans
l'original, offrir quelques traces de reflets plus ou moins métal-
liques, ce que nous n’osons affirmer : les rectrices fort courtes
paraissent pendantes et molles.
Le port de l’Oiseau est bien celui du Paon; mais avec un
ensemble de formes plus lourdes et plus massives, en un mot
moins sveltes et moins élégantes ; mais avec une tendance mar-
quée vers la courbe bombée et la voussure si prononcée, des
épaules au croupion, chez la Pintade.
Nous n’entrerons pas, par discrétion, dans plus de détails
descriptifs à ce sujet, qui doit, nous n’en doutons pas, faire la
matière d’un Mémoire que le célèbre Membre de l’Institut ( du
moins l’espérons-nous) ne manquera pas de publier. Et si nous
x
NOTES ET OBSERVATIONS. 15
en parlons dans ces Notes, c’est avec la conviction que cette
publication précédera de beaucoup celle de notre Livre.
Mais nous avons trouvé dans ce phénomène une espèce de
consécration si saisissante et si providentielle, oserions-nous
dire, de notre Système, que nous n’avons pu résister au désir
de la mentionner à l’appui.
En effet, d’une Espèce à une autre dans le même Genre,
voire même d’un Genre à un autre dans une même Famille, les
exemples de croisement ne sont pas fort rares; mais ce qui l’est
beaucoup plus, c’est de voir ce fait se produire d’une Tribu à
une autre Tribu.
» Lors donc que les indices Oologiques que nous avons fait
connaître viennent conclure au rapprochement de la Pintade et
du Paon d’une manière beaucoup plus immédiate que ne le
pratiquent la plupart des Méthodes; il est au moins curieux et
intéressant de. voir la Nature s’empresser de nous fournir la
preuve de l'existence de ces rapports, à peine entrevus jusque-
là, et confirmer nos inductions.
Page 354. — À la suite des Tinamidés, ajouter :
L'OEuf des Tinamous est la contre-partie, dans les Coureurs-
Échassiers, par son caractère de poli et de luisant exagéré, de
ce qu'est celui des Crotophaginés ou Anis parmi les Passereaux,
par le caractère de la couche sédimenteuse ou crétacée, calcaire,
qui en recouvre la Coquille. |
Ce vernis, chez l'OEuf des Tinamous, est le maximum du
caractère réfléchissant, dans l'Ordre de ces Oiseaux, comme l’est
celui des Pics et des Martins-Pêcheurs dans le grand Ordre des
Passereaux.
516 NOTES ET OBSERVATIONS.
Page 360. — A la suite des Struthions, ajouter :
Les mêmes raisons qui nous empêchent de parler des Dinor-
nithinæ et des Epiornithinæ nous recommandent tout autant de
nous taire au sujet des Didinæ, dont le Dronte est le type, mais
qui, pour nous, représente tout autre chose que ce que l’on en
a fait jusqu'à ce jour. Car malgré les importants travaux et les
savantes dissertations dont il a été l’objet, notamment de la part
de MM. Strickland et Mellevilie (1), il ne nous est pas possible
de n’y point voir tous les caractères d’un Rapace Marcheur.
On ne fait pas assez attention, en effet, lorsque l’on étudie les
vénérables débris que le temps nous a laissés de cet Oiseau, que
la rétraction de la peau, par suite de la dessiccation des chairs et
des muscles qui la soutenaient, toute forme a, pour ainsi dire,
disparu. Ainsi, que l’on rétablisse hypothétiquement la courbure
de la portion supérieure de la cire qui unit le front à la partie
cornée du bec; que l’on rétablisse, en les remplissant de leurs
portions charnues, papillaires et graisseuses, les plis de la peau
encadrant la face, surtout en les retirant un peu en arrière du
front; que l’on implante ensuite quelques poils et quelques
plumes raides sur le surplus de la peau garnissant le sommet et
le derrière de la tête, et non pas, comme on a l’habitude de le
faire, de petites plumes crêpues soigneusement peignées et
alignées qui rendent la face difforme et contre nature, et l’on a
de suite devant soi une véritable tête de Cathartes, avec la man-
dibule supérieure renflée vers sa courbure et un bec crochu et
fortement acéré. Du reste, mêmes narines et mêmes régions
dénudées de la face. L'inspection des pieds, loin de détruire ces
apparences et ce raisonnement, vient au contraire les confirmer.
Les doigts ont le même nombre de scutelles que chez le Sarco-
ramphus et le Cathartes, et le tarse est exactement écussonné
(1) The Dono and its Kindred. London, 1848.
NOTES ET OBSERVATIONS. 517
comme celui de ces Oiseaux ; les pieds enfin portent des ongles
mousses ou obtus qui ne sont pas le moins du monde exclusifs
des autres caractères propres aux Rapaces Marcheurs (Rapaces
Rasores).
Ce sentiment pourra paraître paradoxal et suranné, après les
magnifiques travaux de MM. Strickland et Melleville. Mais, quand
il n'aurait pour résultat que de remettre de rechef au jour un
élément, selon nous, trop légèrement rejeté, dans les différents
contrôles auxquels on a soumis le Didus ; que de Blainville et
MM. de la Fresnaye, Gray et Owen ont seuls cherché à comparer
avec l'Ordre des Rapaces, près desquels, avec raison ils le
rangent, et de le sortir des Columbeæ ou des Struthiones, dans
lesquels se sont toujours exclusivement, et comme de parti pris,
” renfermés les Savants qui s’en sont occupés ; que nous nous féli-
citerions d’avoir émis, pour ce qu’elle vaut, une opinion qui n’a
contre elle, après tout, que son air d’étrangeté, et le tort de
venir après , sinon une discussion close, au moins après l'affaire
jugée; surtout depuis la découverte du Didunculus strigirostris
qui n'offre avec le Didus que quelques rapports éloignés, et
encore pour le bec seulement.
Nous faisons peu de cas, en définitive, des vieux dessins du
temps. La manière seule dont la forme et les plumes de la queue
y sont tracées n'’indique-t-elle pas, non seulement une main
inexpérimentée en face de la nature, mais l’absence de tout
modèle, et un simple dessin de convention, tel qu’en font les
enfants et ceux qui en ignorent les premiers éléments ? Car, ne
connaissant , en fait d'Oiseaux, que nos Cogs et Poules de basses-
cours, si on leur demande de dessiner un Oiseau, on est certain
à l'avance, quel que soit le type demandé, Aigle, Perroquet ou
Passereau, de le voir terminé par ce bouquet de plumes empa-
nachées, que nous appellerions volontiers Ze Panache classique,
dans l'enfance de l'Art.
5418 NOTES ET OBSERVATIONS.
Nous venons de parler avec intention du Didunculus strigi-
rostris ; parce que nous ne saurions le considérer comme apparte-
nant, ni de près ni de loin, à l'Ordre des Columbæ, où le place le
Prince Ch. Bonaparte, en le faisant précéder, il est vrai, de son
Ordre des /nepti, composé des Dididæ. Nous n'avons d'hésita-
tion, quant à nous, pour la place de ce curieux Genre dans la
Série , qu'entre notre Sous-Ordre des Cursores, dans nos Galli-
nacés, Tribu des Perdicidæ, et notre Sous-Ordre des Aecto-
rides, dans nos Grallæ, Tribu des Megapodidæ. Ge qui nous
rapproche beaucoup plus, par conséquent, du système du
Docteur Reichenbach que d’aueun autre : sauf la question de
Classement des Mégapodes qui nous divise profondément tous
deux. L'OEuf seul de cet Oiseau, lorsqu'on l'aura découvert,
pourra trancher la question d’une manière irréfragable. Jusque-
là nous nous abstiendrons de tout jugement. Telle est la cause
de notre silence sur le Didunculus.
Page 385.— A la suite de la description du Sternum du Caurale,
|
ajouter :
Nous nous empressons , en terminant cette Notice, de réparer
une omission involontaire dont nous font un devoir, et notre
amitié pour le Docteur Lherminier et notre reconnaissance pour
les nombreuses et importantes communications que nous en
avons reçues, au sujet des Genres Ornithologiques les plus cu-
rieux de l'Amérique du Sud.
C’est ainsi qu'entre autres il nous adressa de la Guadeloupe,
en 4847, sur le Gaurale, les détails anatomiques suivants, que
nous reproduisons malgré la différence des inductions qu'il en
tire d'avec les nôtres :
4 … Si la position du Caurale, nous écrivait-il, est moins bien
NOTES ET OBSERVATIONS. 549
déterminée, c’est uniquement, comme vous l’observez fort bien,
parce qu’il constitue un Genre de transition.
» Ses trois os de l’épaule sont exactement conformés comme
dans les Grues; son sternum ressemble plus à celui des Grues,
malgré quelques différences, qu’à celui des Hérons.
» La longueur comparative de l'intestin et du tarse est :
dans les Gallinules :: 4, 5 : 4.
— Caurales ::2,6:1.
— Hérons ::3,2:1.
» Dans le Caurale, la Zangue est longue, mince, mais non
pénicillée; l’œsophage est plus dilaté à ses deux extrémités qu’à
sa partie moyenne; le ventricule succenturié est formé de quatre
groupes de cryptes muqueux serrés; le gésier, musculeux , ren-
fermait des débris de Crustacés, de Coquilles fluviatiles univalves,
du gravier; deux cœcums. courts et étroits naissants à 12 centi-
mètres 4/2 au-dessus de l’anus.
» Ainsi donc la simplicité du canal digestif rapproche le
Caurale des Hérons; la conformation de son appareil sternal le
lie aux Grues, et la Forme, ainsi que la Coloration de l’OBuf, le
confondent avec les Râles.
» Tiraillé de la sorte dans tous les sens, le Caurale n’est
cependant ni un Räle, ni une Grue, ni un Héron; mais une sorte
de compromis constituant un Genre distinct qui, ne pouvant
s’interposer absolument entre les Râles et les Grues, doit néces-
sairement se loger entre les Grues et les Hérons.
» Telle est aussi la place qui lui est assignée par Illiger,
Cuvier, Latreille, et qu’en dernière analyse je lui laisse aussi.
» Je ne puis terminer sans payer un juste tribut à l’aimable
caractère de ce charmant Oiseau. Je l’ai possédé plusieurs fois
vivant, et jai toujours admiré son tendre attachement pour tous
les membres de ma Famille, son ardente sollicitude quand il
veillait auprès d’un enfant endormi; son courage quand il se
520 NOTES ET OBSERVATIONS.
jetait tête baissée sur des Chats et des Chiens dix fois plus gros
que lui; sa grâce dans ses manéges de coquetterie, son adresse
à poursuivre et saisir sa proie. C'est, avec l’Agami, le plus
curieux Oiseau par le développement de son instinet sociable, et
à tous ces titres, il mériterait assurément bien mieux d’être admis
dans l’intelligente compagnie des Grues que dans la triste et
sauvage Tribu des Hérons.
» Les Français l’appellent Gobe-Mouches, Paon des Roses,
Paon des Palétuviers ; les Espagnols et les Portugais, Pavon. » (1)
Ne serait-ce que pour cette description de mœurs si intéres-
sante et dont l’équivalent ne se retrouve nulle part, que nous
aurions regretté de ne l'avoir pas rappelée, avec d'autant plus de
raison que nous l’avons complètement oubliée déjà en traitant
des Oiseaux de l’Amérique du Sud de M. de Castelnau.
On voit que, quelque peu divergente que soit l’opinion du
Docteur Lherminier de la nôtre, concernant la place du Caurale,
cette divergence n’est pas si grande qu'elle doive infirmer beau-
coup notre manière de voir, surtout quand on remarque le mode
de nourriture de cet Oiseau, si semblable à celui des Râles.
Page 387. — A la suite des Rallinés , ajouter :
La coupe générique dont nous parlons pour les Rallus
Baillonii, R. Lewinii, etc., a été établie par le Prince Ch. Bona-
parte, qui a fait de l’une de ces Espèces le type du Genre
Lewinia, et conservé l’autre, à l'instar de Reichenbach , comme
type du Genre Zapornia. Pour nous, ne voyant aucune
raison de les éloigner l’un de l’autre autant que l’a fait cet
illustre Savant, et nous déterminant par leurs caractères Oolo-
giques, nous les réunissons sous une seule et même rubrique et
(1) Nous avons publié en son entier la Lettre dont sont extraits ces détails
dans la Revue et Magasin de Zoologie de Juillet 1849.
NOTES ET OBSERVATIONS. 521
dans une Famille spéciale à laquelle nous donnons le nom de
Zaporniine.
Page 394. — À la suite des Ocydromadinés, ajouter :
Cette similitude de caractères Oologiques entre l’OEuf des
Rallinés et celui des Ocydromadinés est d'autant plus remar-
quable que ces deux Familles diffèrent par un caractère essentiel
de mœurs, quant au mode de se nourrir.
Ainsi, l’on sait, d’après Forster et M. P. Earl, reproduits par
MM. Gray et de la Fresnaye (1), « que l’Ocydrome Austral , qui
est le Gallirallus de ce dernier, habite l'Ile Australe de la Nou-
velle-Zélande; qu'il y est très-nombreux à la Baie-Obscure , où
il est répandu sur toutes les rives maritimes , et même sur les
plus petits îlots, et, ce qui est fort surprenant, que ses ailes
sont si courtes qu'il n’essaie jamais de voler et ne peut non plus
nager, à cause de l'absence de toute espèce de palmures à ses
pieds, ce qui rend fort difficile à concevoir comment il a pu
parvenir dans toutes ces îles. Il se retire, le jour dans des
cavités, sous des racines d’arbres, et quand la chaleur a cessé,
il retourne sur le rivage pour y chercher différentes espèces
de Vers et de petits Animaux marins, dont il se nourrit. Il court
avec rapidité, grattant la terre à la manière des Gallinacés, pour
y chercher sa nourriture, et pousse des cris-fréquents la nuit et
par le temps pluvieux; sa chair est savoureuse, surtout quand
on a enlevé la peau » (Forster).
On sait encore, d’après M. Gray (?), « que M. P. Earl a
remarqué que ces Oiseaux, qui portent le nom de Weka, se
trouvent également dans les deux îles de la Nouvelle-Zélande ,
qu’on les rencontre ordinairement dans les plaines, dans les
(1) Rev. et Mag de Zool. Sept. 1849.
(2) Voyage de l’Erebus and Terror Zool.
522 NOTES ET OBSERVATIONS.
hautes herbes ou les halliers de buissons peu élevés, d’où ils
peuvent s’élancer facilement sur les petits Oiseaux perchés près
du sol. M. Earl rapporta vivant chez lui un de ces Oiseaux qu'il
avait pris dans l'Ile du Sud : un petit Oiseau vivant fut le plus
grand régal qu’il pût lui offrir. Ces Oiseaux se nourrissent aussi
de baies. Le crépuscule ou le clair de lune sont les moments
les plus favorables pour les découvrir. Leur nichée est ordinai-
rement de trois à cinq petits, qui suivent leurs parents jusqu'à
ce qu'ils aient presque atteint leur grosseur. Avant cette époque,
ils sont d’une couleur approchant de celle du sable. Les Colons
les désignent sous le nom de Poules des bois. »
Ces descriptions de mœurs présentent, comme le dit fort bien
M. de la Fresnaye (1) un fait des plus bizarres en Ornithologie,
c’est-à-dire une Espèce de gros Râle devenu, pour ainsidire,
Carnassier et se nourrissant en partie de petits Oiseaux.
C’est une preuve de plus de la nullité de l'influence de la
nourriture quant à la Coloration du test du Produit Ovarien chez
les Oiseaux.
Page 415. A la fin du chapitre des Mégapodes, ajouter :
Que disons-nous? cet essai, déjà indiqué depuis longtemps,
mais à titre de rapprochement ou de comparaison seulement,
par plusieurs Savants, a été reproduit avec succès au courant
de la plume et de son imagination, par l’un des deux grands
Ecrivains que nous venons de citer.
Ainsi, Toussenel, l’Auteur inimitable de l'Ornithologie pas-
sionnelle, en traitant son Ordre des VéLocrPÈ»Es, rappelle cette
remarque :
QIl y a, en effet, les Vélocipèdes des sables et des steppes,
des prés, des rochers, des abimes, comme il y a le Ruminant
L
(1) Rev, et Mag. de Zool. Sept. 1849.
NOTES ET OBSERVATIONS. 523
de tout cela. Il y a l’Autruche, comme il y a le Chameau ; l'Ou-
tarde , comme l’Antilope; la Poule, comme la Vache ; la Perdrix,
le Faisan, le Coq de Bruyère, comme la Gazelle, le Chevreuil,
le Daim , le Cerf; la Bartavelle et le Lagopède , comme le Mouf-
flon , le Bouquetin, le Chamois. (1) »
Même page. — A la suite du paragraphe relatif aux Mesitidæ,
ajouter :
Malgré la place assez éloignée des vrais Rallidés, que nous
assignons à la Mésite, rangée, il est vrai, sous la même rubrique
que ceux-ci, et avec les Mégapodes, dans lesquels les classe
également le Docteur Reichenback ; nous ne serions pas étonné
que l'OEuf de cet introuvable Genre Madécasse , de même que
le mode de vivre de l’Oiseau , une fois découverts et connus, ne
nous révélassent dans la Mésite un véritable Rallidé. Elle en a
pour nous les caractères, par le bec, par les pattes, dont le tarse
est dénudé au-dessus de l'articulation, scutellé en avant et en
arrière, comme cela s’observe chez les Zapornia ; il n’est pas
jusqu’à sa ptilose qui ne soit, en assez grande partie, semblable
à celle des Espèces de ce Genre, et de presque tous les Rallidés
en général.
Page 122. — A la suite de l'opinion des divers Ornithologistes
qui ont parlé du Courlan, ajouter :
Le même sentiment de justice et de reconnaissance qui nous a
fait réparer l'omission que nous avions faite des notions et de
l’opinion du Docteur Lherminier au sujet du Caurale, nous force
à revenir sur un oubli pareil dont nous nous sommes rendu
(1) Ornithologie Passionnelle. T. I, p. 358.
524 NOTES ET OBSERVATIONS.
coupable envers ce savant Ornithologiste dans notre article sur le
Courlan; oubli d'autant plus grave et d’autant moins excusable
que nous n'avons même pas cité son nom qui est une autorité
en pareille matière, autorité supérieure à toutes celles que nous
avons discutées, parce que le Docteur a vu et examiné l’Oiseau
par lui-même et sur les lieux.
Voici donc ce qu’il nous en écrivait de Pointe-à-Pitre (Guade-
loupe) à la date du 25 Août 4846, à propos de nos divers
Mémoires d’Oologie :
« En vous bornant aux seules affinités déduites de l’'OEuf,
vous êtes arrivé à classer le Caurale entre les Hérons et les Râles,
le Courlan entre les Grues et les Hérons.
» Les résultats que j'ai obtenus de mon Système différent un
peu des vôtres.
» En 1826 je ne connaissais point ces Oiseaux anatomique-
ment, et en annonçant à priori leur place -respective je suis
tombé juste, au moins pour le Courlan.
» En 1832 j'ai eu occasion de les étudier sur six individus
reçus particulièrement de Porto-Rico, des parties basses du
Vénézuéla et du Para.
» Voici ce que je relève dans quelques notes échappées de mon
naufrage . (1)
» Le Courlan est une véritable Grue, comme le prouvent les
détails anatomiques suivants : Siernum étroit, très-allongé,
entièrement plein; crête haute et bien développée; os coracoïde
égalant en longueur la moitié du sternum, d’ailleurs large à sa
(1) M. Lherminier fait allusion ici au terrible et désastreux tremblement
de terre qui eut lieu à la Guadeloupe en 1844 et détruisit toutes ses collec-
lions, fruit de près de trente années de travaux après avoir gravement com-
promis sa santé et même son existence, dont il ne dut la conservation qu’au
dévoûment surhumain d'un fidèle esclave, ou plutôt serviteur.
NOTES ET OBSERVATIONS. D25
base et fort; clavicule forte et courbée en V; scapulums longs,
recourbés et terminés en pointe; six côtes.
» Longueur du canal intestinal comparé à celle du tarse :
moyenne :: 3 : 4. — Celle de la Grue suivant Guvier :: 2,91. 208.
» Langue longue, mince, pénicillée ou frangée à son extré-
mité, non extensible; æœsophage très-dilatable, mais sans jabot ;
estomac représentant une cornue à deux tubulures renflées,
formées successivement : 4o par le ventricule succenturié, carac-
térisé par un anneau de follicules gros, piriformes, serrés et
comme imbriqués ; 2° par une panse large, à parois muqueuses
très-épaisses, à tissu propre, mince; 3° enfin par un gésier charnu
et doublé d’une fibreuse résistante. Ces trois cavités étaient rem-
plies de Mollusques gastéropodes nus, comme des Limaces, de
Coquilles, de fragments de bois carié et d’une pâte fine et tenace.
Intestin long, égal, surmonté de deux longs cœcums en massue,
à six centimètres de l'anus. Foie bilobé, à lobes égaux. Trachée-
artère : elle est formée d’anneaux serrés et osseux jusqu’à la bifur-
cation des bronches, où ils s’écartent, s’aplatissent et deviennent
cartilagineux. Dans les mâles adultes, la trachée forme au devant
de la clavicule une anse ou circonvolution sigmoïde avant de
pénétrer dans la poitrine.
» La longueur et l’étroitesse du sternum, ses dimensions supé-
rieures à celles de l’os coracoïde, la triple dilatation de l'estomac et
enfin l’anse de la tranchée, sont tous des caractères qui appar-
tiennent aux Grues.
» Le Courlan s'appelle à Porto-Rico Carao, en Espagnol;
Poule-jolie, en Français. Il vit par paires, n’est pas très-
sauvage , perche, gratte comme la Perdrix, et est bon à manger.
Son cri s'entend de fort loin et répète son nom Espagnol; il se
plait dans les bois clairs, les savanes, sur le bord des eaux, et
varie beaucoup de taille. L’un de ceux qui me furent adressés
avait été tué posé sur un arbre, au détour d’une rivière.
526 NOTES ET OBSERVATIONS.
» Ge n’est done point entre les Grues et les Hérons que je
placerais les Courlans, mais bien avec les Grues et à leur tête,
faisant immédiatement suite aux Gallinulles, et particulièrement
aux Râles, avec lesquels le Prince de Neuvwied, Illiger, Spix .
Lichtenstein et Al. d'Orbigny lui trouvent tant dé rapports.
» Dans l’Espèce, il me suffit de remonter jusqu'aux Pigeons.
À partir de ce groupe Columba, mes coupes correspondantes à
des Genres Linnéens se succèdent dans l'ordre suivant : Péero-
cles, Sasa où Dysodes ou Opisthocomus: Gallus et ses nom-
breux Sous-Genres; Tinamus, Turnix, Gallinula ou Fulica
et ses divisions ; Grus, Ardea, etc., etc.
» Eh bien! anatomiquement, les Gallinules et les Grues se
suivent si naturellement, qu’il est impossible de trouver entre
eux la moindre solution de continuité. Jugez-en du reste, par
les pièces que je mets sous vos yeux... » (1)
Certes, l'importance de ces documents anatomiques, les seuls
que possède encore la Science, prouve que la reproduction n’en
était pas indifférente.
Quant au Système du Docteur Lherminier, pour le classement
du Courlan, c’est un système mixte entre celui de Cuvier et
celui d’Illiger, Spix , Litchtenstein, d'Orbigny et Reichenbach.
Nous n’en sommes pas moins fondé à dire que cette description
du Sternum du Courlan, conforme à l'inspection que nous en
avons faite nous-même, vient fournir un argument de plus à
l'appui de notre Système de Classification Oologique de ce Genre :
car nous n'avons jamais séparé l’étude de l’Oologie de celle de
(1) M. Lherminier avait joint en effet à la lettre dont est extrait ce qui
précède, une caisse contenant, outre un fragment de nid, et un Œuf de
Guacharo, avec les semences des fruits dont il se nourrit, le squelette du
Courlan et celui du Caurale, que nous avons donnés depuis à M. Delaberge;
qui lui-même les a déposés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris.
Voir du reste Revue et Magas de Zool. Juillet 1849.
NOTES ET OBSERVATIONS. 527
l'Anatomie des Oiseaux. Or, cette pièce Ostéologique, chez le
Courlan, offre au plus haut degré, pour nous, sauf sa forme
plus allongée, tous les caractères du Sternum des Grues, et fort
peu des caractères du Sternum des Râles.
Page 485.— En rappelant l'espèce de consécration qu'avait reçue,
de divers Ornithologistes, notre manière de traiter et d'envisager
l'Oologie, nous avons oublié de mentionner le jugement, bien
précieux pour nous, qu’en a porté lui-mêmie, dès 1846, le
Docteur Lherminier, dans les termes suivants :
« J'étais loin de m'’attendre, nous écrivait-il, quand vous
publiez vos premières observations sur les Formes de l'OEuf
des Oiseaux, sur les variétés et les causes de sa Coloration, sur
les différents états de sa surface. etc., etC., que vous en vien-
driez sitôt aux applications les plus intéressantes et les mieux
motivées à la Classification.
» Vous étes devenu une puissance avec laquelle il faudra
dorénavant compter ; et je ne veux pas étre le dernier à vous
rendre hommage.
» Vos dernières communications, à propos de l’OEuf du Gua-
charo, du Rupicole, de l’Ani, du Caurale et du Courlan , ont
particulièrement excité mon attention et avec d'autant plus de
raison que vous arrivez, à peu de chose près, aux mêmes
déductions que celles que j'ai obtenues depuis longtemps de
l'étude des Appareils locomoteur et digestif. » (1)
(1) Lettre de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), 25 Août 1846. Voir Revue et
Magasin de Zoologie de Juillet 1849.
D28 NOTES ET OBSERVATIONS.
Page 489. — Après le paragraphe relalif à la sixième Livraison
de Juin, ajouter :
Plus tard et en dernier lieu, dans la Revue et Magasin de
Zoologie de Septembre 1849, nous publions : Norice ET Consi-
DÉRATIONS OoLociques sur le Genre Ornithologique Poule-Sultane,
Fulica-Porphyrio (L.)
CLASSIS AVIUM.
SYSTEMA OOLOGICUM.
#4 Aucrore 0. DES MURS
Janvier 1860.
Les diverses modifications que nous avons apportées dans le
cours de l’Impression de notre Travail à notre premier projet
de Systema Oologicum, nous forcent à le publier d’une manière
plus complète.
Ordo I. RAPACES.
SUB-ORDO. 1. RAPACES.
1. Tribus. — Vuzrurinx.
4. FAMILIA. — Vulturinæ.
1. Genus. — Gyps.
2 G. — Vullur.
3. G. — Gypaëtos.
4. G. — Cathartes.
9. G. — Neophron.
6.G. — Sarcoramphus.
S.-0....2. STRIGIDÆ.
Ordo II. ZYGODACTYLI.
Sug-OrDo. 1. PSEUDO-ZYGODACTYLI.
1. Tribus. — MusoPpHAGipx.
S.-0....2. PREHENSORES.
1. Tribus. — PsiTTAGIDÆ.
S.-0... .3. SCANSORES.
1. Tribus. — Prcrnx.
3)
”
530 CLASSIS AVIUM.
S.-0....4. INSESSORES.
1. Tribus. — CucuLinz.
4. FamiLtA. — Indicatorinæ.
2.F. — Leptosomatinæ.
3. F. — Cuculinæ.
4.F. — Coccyzinæ.
5. F. — Saurotherinæ.
6.F. — Phœnicophaïnæ.
1. F. — Centropodinæ.
8.F. — Crotophaginæ.
9. F. — Scythropinæ.
2. Tribus. — RAMPHASTIDÆ.
3. Tr. — TROGONIDX.
4. Tr. — BuGCONIDÆ.
5. Tr. — CAPITONIDÆ.
6. Tr. — GALBULIDÆ.
Ordo III. PASSERES.
SuB-OrDo. 1. SYNDACTYLI.
1. Cohors.— Longirostri.
1. Tribus. — ALCEDINIDÆ.
9. Tr. — MEROPIDÆ.
3. Tr. — , Momorinz.
4. Tr. — BUCEROTIDÆ.
5. Tr. — Upupideæ.
2. Cohors. — Latirostri.
6. Tr. — Coracranæ./C?
1 Tr. — EURYLAIMIDÆ.
See — Top.
9. Tr. — PrprIDÆ.
Sug-OrDo. 2. DEODACTYLI.
4. Cohors. — Fissirostri.
1. Tribus. — CAPRIMULGIDÆ.
4. FamiLIA. — Podarginæ.
2.F. — Caprimulginæ.
3.F. — Nyctibiinæ
A,F. — Steatornithinæ.
SYSTEMA OOLOGICUM. 531
2. Tribus. — CYPSELIDÆ.
3. Tr. — HIRUNDINID 4.
4. FAMILIA. — CHELIDONINÆ.
2.F, — Hirundininæ.
2. Cohors. — Tenuirostri.
1. Secrio. — Ætherei.
4. Tribus. — TrocHILID&.
2. SECTIO. — Suspensi.
1. Stirps. — Penicillati.
5. Tribus. — NECTARINHDÆ.
1. FAMILIA. — Drepanitinæ.
9.F. — Nectarinunæ.
3. F. — Cœrebinæ.
1. Genus.— Diglossa.
2. G. — Cœreba.
: 3. G. — Certhiola.
4, G. — Dacnis.
5. G. — Conirostrum.
6. Tribus. — MELLIPHAGID#.
7. Tribus. — NEOMORPHIDÆ.
1. Genus. — Philepilta.
2.G. — Philesturnus.
3. G. — Callæas.
4. G. :— Neomorpha.
8. Tribus. — PARADISEIDÆ.
1. FAMILIA. — Paradiseinæ.
2.F. — Epimachinæ.
3. F. — Sericulinæ.
& EF. — Paradigallinæ.
2. Stirps. — Cartilaginei.
9. Tribus. — IRRISORIDÆ.
4. FAMILIA. — Falculianæ.
2,F. — Arachnotherinæ.
2. FE. — Irrisorinæ.
va
1
CLASSIS AVIUM.
3. SECTIO. — Scansores.
10. Tribus. — CERTHINDÆ.
4. FamILIA — Dendrocolaptinæ.
2.F. — Certhiinæ.
3.F. — Tichodromadinæ.
A. F. — Sittinæ.
4. SEcTIO. — Arborei.
11. Tribus. — ANABATIDÆ.
4. FAMILIA. — Anabatinæ
2.F. — Synallaxinæ.
5. SEcTIO. — Insessores.
12. Tribus. — FURNARIDÆ.
4. FAMILIA. — Furnariinæ.
DM CINCLINE-
13. Tribus. — ALAUDIDÆ.
4. FAMILIA. — Certhilaudinæ.
2. PF. — Alaudinæ.
3. F. — Anthinæ.
3. Cohors. — Dentirosiri.
1. SecTIo. — Insessores.
14. Tribus. — FORMICARIIDÆ.
4. FaMILIA. — Atelornithinæ.
2.F. — Formicariinæ-
3.F. — Sittinæ.
A. F. — Ornythonycinæ.
5. F. — Megalonycinæ.
15. Tribus. — MENURIDÆ.
16. Tribus. — TurDIDÆ.
4. FamiLiA. — Thamnophilinæ.
2. F. — Agriornithinæ.
3.F. — Picnonotinæ.
1 D Le Turdinæ.
4. Genus. — Iliacus.
DC. A TUTUUS:
3. G. — Merula.
4. G. — Mimus.
5. FAMILIA. — Saxicolinæ.
|
SYSTEMA OOLOGICUM. D33
2. SEGTIO. — Suspensi.
17. Tribus. — TimaLzrinx.
1. FAMILIA, — Pomathorinæ.
2.F. — Timaliinæ.
18. Tribus. — SyLviPaAriD&.
4. FamiLiA. — Sylviparinæ.
2 EF, — Pardalotinæ.
3. F. — Falcunculinæ.
19. Tribus. — PARIDZ.
4. FAMILIA. — PANURINE.
DORE Parinæ.
DURE Ficedulinæ.
{. Genus. — Trichas.
2.G. — Mniotilla.
3. G. — Ægythina.
4. G. — Ficedula.
9, G. — Hylophilus.
6. G. — Campylorhynchus.
4, FaMILIA. — Troglodytinæ.
20. Tribus. — Syzvrinx.
4. FaMiLta. — Tryothorinæ.
2.F. — Calamoherpinæ.
3. F, — Sylviinæ.
3. SECTIO. — Arborei.
1. Stirps. — Depressirostri. À
21. Tribus. — MuscicarrDx.
22. Tribus. — TyRANNID&.
23. Tribus. — AMPELIDÆ.
1: FAMWILIA. — Gymnoderinæ.
2. Ampelinæ.
2. Stirps. — Compressirostri.
24. Tribus. — TANAGRIDÆ.
1. FaMILIA. — Euphoniinæ.
DS PHITOTOMINE.
PTS BOMBYCILLINEÆ.
4. F. — Tanagrinæ.
(Br
©
Rs
CLASSIS AVIUM.
25. Tribus. — OrI0L1DÆ.
TE UNE LANTIDÆ.
4. FamiILIA. — Campephaginæ.
D Laniinæ.
3. F. — Cracticinæ.
4. Cohors. — Conirostri.
97. Tribus. — COoRVIDx.
1. FAMILIA. — Temnurinæ.
2.F. — Ptilonorhynchinæ.
3. F. — Garrulinæ.
4. F. — TRYPANOCORACINÆ.
5. F. — Corvinæ.
6.
F. — Fregilinæ.
28. Tribus. — STURNIDÆ.
4. FAMILIA. — Graculinæ.
2.F, — Buphaginæ.
SD — Lamprotornithinæ.
4. F. — Sturninæ.
29. Tribus. — ICTERIDÆ.
4. FAMILIA. — Quiscalinæ.
2, F. — Molothrinæ.
3,F. — Sturnellinæ.
A. F. — Agelainæ.
5. F. -- Icterinæ.
6. F. — Cassicinæ.
30. Tribus. — PLOCEIDÆ.
4. FAMILIA. — Ploceinæ.
2, Fit PLOCEPASSERINEÆ:
4. Genus.— Plocepasser.
2. G — Passer.
3. F. — Viduinæ.
4. F, — Estreldinæ.
-
31. Tribus. — Emberizidæ.
32. Tr. — FRINGILLIDÆ.
SYSTEMA OOLOGICUM. 595
Ordo IV. COLUMBZÆ.
L. Tribus. — CoLuMmBrpx.
Ordo V. GALLINACEI.
Sug-Orpo {. GALLIPEDES.
1. Tribus. — Verruliidæ,
2. Tri t— GALLIDx.
1. FAMILIA. — Gallinæ.
3. Tr. — PHASIANID #.
1. FAMILTA. — Phasianinæ.
2.F. — Polyplectroninæ.
3. FE. — Lophophorinæ.
4. F. — GALLOPAVONINE:
4, Tr. — Pavonidæ,
1. FAMILIA. — Pavoninæ.
Sug-OrDbo ?. CURSORES.
4. Tribus. — PEerpicID&.
4. FAMILIA. — MELEAGRIDINE.
DH Francolinæ.
3. F. — Odontophorinæ.
4. FE — Perdicinæ.
2. Tribus. — TEeTRAONID:E.
1. FaMILIA. — Tetraoninæ.
2. F. — Pterociinæ.
Su8-0rn0 3. STRUTHIONIGRALLI,
1. Tribus. — TINAMBDx.
2. Tr. — OTipinx.
3. Tr. — Œdicnemidæ,
LT — Cursoridæ,
ET — TURNICIDÆ.
Ordo VI. STRUTHIONES.
1. Tribus. — STRUTHIONID x.
22Tr. — CASUARIIDÆ.
3. Tr. — Apterigidæ,
536 CLASSIS AVIUM.
Ordo VII. GRALLÆ.
SUB-O0RDO |. ÆGYALITES.
1. Tribus. — CarrAaMID&.
2. Tr. — Thinocoridæ.
3. Tr. — CHARADRIIDÆ.
LOTEL GLAREOLIDÆ.
Dr HOEMATOPODID x.
6. Tr. — RECURVIROSTRID Æ.
1. Tr. — SCOLOPACIDÆ.
8. Tr. — PHALAROPODID#.
SUB-ORDO 2. ALECTORIDES.
1. Tribus. — PARRIDÆ.
4. FAMILIA, — Parrinæ.
AFF. — ZAPORNIINE-
2. Tr. — Eurypigidæ,
3. Tr. — RALLID.
4. FaMILTA. — Rallinæ.
2. F. — Fulicinæ.
3. F. — Ocydromadinæ.
£ Tri — Opisthocomidæ,
5. Tr. — Penelopidæ.
6. Tr. — Cracidæ.
7. Tr. — Megapodiidæ.
8. Tr. — Mesitidæ.
9. Tr., — PALAMEDEND #.
10. Tr. — CHIONID Æ.
SUB-ORDO 3. HERODIONES.
1. Tribus. — Psopxnnx.
2. Tr. — GRUIDÆ.
3. Tr. — Aramideæ,
4, Tr. — CICONIIDÆ.
o. Tr. — DRrOMADIDÆ.
6. Tr. — CANGROMIN.
Î
TE, — ARDEIDÆ.
SYSTEMA OOLOGICUM. 537
8. Tribus. — TANTALIDÆ.
4. FAMILIA. — FALCINELLINÆ:
2. F. — Ibinæ.
3. F. — Tantalinæ.
. 9. Tr. — PLATALEIDÆ.
10. Tr. — Balænicepidæ,
SuB-OrDO 4. HYGROBATÆ.
1. Tribus. — PHOENICOPTERIDÆ.
Ordo VIII. NATATORES.
SUB-ORDO 1. TOTIPALMI.
1. Tribus. — PELECANIDÆ.
HART TACHYPETIDÆ.
3. Tr. — SULIDÆ.
4. Tr. — PLoTIDÆ.
5. Tr. — PHALAGROCORACIDÆ.
SuB-OrDo 2. BRACHYPTERI.
1. Tribus. — PopicEPIDÆ.
SUB-ORrDO 3. LAMELLIROSTRI.
1. Tribus. — CycNIDx.
2. Tr. — ANSERIDÆ.
3. Tr. — ANATIDÆ.
4. Tr. — MERGID&.
5. Tr. — FuziGuLIDÆ.
4. FAMILIA. — Fuligulinæ.
2. F. — ERYSMATURINÆ.
SUB-ORDO 4. LONGIPENNES.
1. Tribus. — PROCELLARIDÆ
4. FamiLiA. — Diomedeinæ.
9. F. — Procellarinæ.
OUT 0 — PHAETONIDX.
3. Tr. — LARIDÆ.
238 CLASSIS AVIUM.
Sus-OrDo 5. URINATORES.
1. Tribus. — Colymbidæ.
2. Tr. — AxcIDx.
Ordo IX. PTILOPTERI.
1: Tribus. — APTENODYTIDEÆ.
4. FAMILIA. — APTENODYTINE.
2. KE. — SPHENISCINÆ.
2Tr. — EupvypTipx.
CATALOGUE
DES OISEAUX D'EUROPE.
Nous terminerons en donnant le Catalogue des Oiseaux que
nous admettons, d'accord avec J. Verreaux, comme d'Europe,
pour fixer les Collecteurs, qui se bornent aux OEufs de ces
Oiseaux, sur les Espèces qu'ils auront à y admettre.
RAPACES.
ACCIPITRES.
Gyps fulvus. (Gray) Gmelin.
G.— occidentalis. Bonaparte.
Vultur Nubicus. H. Smith.
V.— monachus. Linnée.
Neophron percnopterus. (Savigny) Linnée.
Gypaëtus barbatus. (Bonaparte) Linnée.
G. — occidentalis. Schlegel.
Aquila chrysaëtos. (Vieillot) Linnée.
A.— heliaca. Savigny.
A.— nœvia. Brisson.
A.— nœvioides. Cuvier.
A.— Bonelli. (Cuvier) Temminck.
Haliaëtus pennatus, (Kaup) Gmelin.
H. — albicilla. (Savigny) Linnée.
Pandion haliaëtus. (Savigny) Linnée.
Circaëtus Gallicus. (Vieillot) Gmelin.
Archibuteo lagopus. (Gray) Brünnich.
Buteo cinereus. (Vieillot) Linnée.
B.— Martini. Hardy.
Pernis apivorus. (Cuvier) Linnée.
Ce
CATALOGUE
Milvus regalis. Brisson.
M.— niger. Brisson.
M.—1 Ægyptius. Gray.
Elanus melanopterus. (Leach) Daudin.
Falco communis. Gmelin.
F.— anatum. Bonaparte.
F.— candicans. Gmelin.
F.— Islandicus. Brünnich.
F.— gyrfalco. Schlegel.
F.— sacer. Schlegel.
F.— lanarius. Schegel.
Hypotriorchis Eleonoræ. (Gray) Guénée.
H. — subbuteo. (Boié) Linnée.
H. — æsalon. (Bonaparte) Gmelin.
Erythropus vespertinus. (Bonaparte) Linnée.
Tinnunculus alaudarius. (Bonaparte) Linnée.
T. — cenchris. (Naumann) Bonaparte.
Astur palumbarius. (Bechstein) Linnée.
Accipiter nisus. (Pallas) Linnée.
A. — nisus major de Tarragon. (Suirps).
Micronisus niger. (Bonaparte) Vieillot.
Circus œruginosns. (Bonaparte) Linnée.
Strigiceps cyaneus. (Bonaparte) Linnée.
S. — cinerascens. ( Bonaparte) Montagu.
S. — Swainsonii. (Bonaparte) Smith.
STRIGIDÉS.
Surnia ulula. (Bonaparte) Linnée.
Nyctea nivea. (Bonaparte) Daudin.
Glaucidium passerinum. ( Boiïé) Linnée.
Athene noctua. ( Bonaparte) Retzius.
Scops Zorca. (Swainson) Gmelin.
Ascalaphia Savignyi. (Geoffroy) Audouin.
Bubo Atheniensis. (Linnée) Aldrovande.
B.—Sibiricus. Eversmann.
Otus vulgaris. (Flemming) Linnée.
Brachyotus polustris. (Bonaparte) Gmelin.
Syrnium aluco. (Bonaparte) Linnée.
Punx Uralensis. (Bonaparte) Pallas.
Ulula cinerea. (Bonaparte) Gmelin.
Nyctale funerea. ( Bonaparte) Linnée.
Strix flammea. Linnée.
DES OISEAUX D'EUROPE.
ZYGODACTYLES.
Oxylophus glandarius. (Bonaparte) Linnée.
Cuculus canorus. Linnée.
Yunx torquilla. Linnée.
Gecinus viridis. ( Boié) Linnée.
G. — canus. (Boïé) Linnée.
Dryocopus Martius. (Boiïé) Linnée.
Picus major. Linnée.
P.— medius. Linnée.
P.— minor. Linnée.
P.— leuconotus. Bechstein.
Apternus tridactylus. (Swainson) Linnée.
PASSEREAUX.
Alcedo ispida. Linnée.
Merops apiaster. Linnée.
M.— Ægyptius. Forskhal.
Upupa epops. Linnée.
Coracias garrula. Linnée.
Caprimulgus Europœus. Linnée.
C. — ruficoilis. Temminck.
Cypselus melba. Linnée.
C. — apus. (Bonaparte) Linnée.
Hirundo rustica. Linnée.
H.— Cahirica. Lichtenstein.
Gecropis rufula. (Bonaparte) Temminck.
Cotyle rupestris. ( Boiïé) Scopoli.
C.— riparia. (Boié) Linnée.
Chelidon urbica. (Boié) Linnée.
Certhia familaris. Linnée.
C.— Naitererii. Bonaparte.
Thichodroma muraria. (Bonaparte) Linnée.
* Sitta Europea. Linnée.
S.— cæsia. Meyer et Wolf.
S.— Syriaca. Ehremberg.
Cinclus aquaticus. (Bechstein) Linnée.
C.— melanogaster. Temminck.
C.— leucogaster. Eversmann.
Certhilauda desertorum. (Bonaparte) Stanley.
C. — Duponti. ( Bonaparte) Vieillot.
Qt
CATALOGUE
Melanocorypha calandra. (Boié) Linnée.
M. — Tatarica. (Bonaparte) Pallas.
M. — leucoptera. (Bonaparte) Pallas.
Alauda calandrella. Bonelli.
A.— arvensis. Linnée.
A.— cantarella. Bonaparte.
A.— arborea. Linnée.
Galerida cristata. (Boié) Linnée.
Otocoris alpestris. (Bonaparte) Linnée.
Corydalla Richardi. (Bonaparte) Vieillot.
Agrodroma campestris. (Bonaparte) Brisson.
Anthus spinoletta. (Bonaparte) Linnée.
A. — obscurus. (Degland) Gmelin.
A.— pratensis. (Bechstein) Linnée.
A.— cervinus. (Keysserling et Blasius) Pallas.
A. — arboreus. Bechstein.
Budytes flava. (Cuvier) Linnée.
B.— cinereo-capilla. (Bonaparte) Savigny.
B.— nigri-capilla. Bonaparte.
B.— Rayi Bonaparte.
B.— citreola. (Bonaparte) Pallas.
Pallenura sulphurea. (Bonaparte) Bechstein.
Motacilla alba. Linnée.
M. — Yarelli. Gould.
Ixos obscurus. (Bonaparte) Temminck.
Oreocincla aurea. (Bonaparte) Hollandre.
Jüacus illas. (Nobis) Gessner.
I. — musicus. (Nobis) Linnée.
Turdus viscivorus. Linnée:
T. — pilaris. Linnée.
T. — dubius. Bechstein.
T. — atrigularis. Temminck.
T. — obscurus. Gmelin.
T. — Sibiricus. Gmelin.
T. — Torquatus. Linnée.
T.— merula. Linnée.
Locustella Rayi. Gould.
Calamoherpe turdoïdes. (Boié) Linnée.
C. — arundinacea. ( Boié) Gmelin.
C. — palustris. (Boié) Bechstein.
GC. — scila. (Bonaparte) Eversman.
Ædon galactodes. (Boié) Temminck.
Æ.— familiaris. (Gray) Ménétriés,
à
Se
DES OISEAUX D'EUROPE. D
Cisticola Schænicola. (Bonaparte) Temminck.
Calamodyta phragmüis. (Bonaparte) Bechstein.
C. — aquatica. (Degland) Latham.
C. — lanceolata. (Gray) Temminck.
C. — melanopogon. (Bonaparte) Temminck.
-Cettia sericea. (Bonaparte) de la Marmora.
LusciniopsisSavi. Bonaparte.
L. — fluiatilis. (Bonaparte) Meyer.
Hippolaïs olivetorum. (Selys de Lonchamps) Strickland.
H. — elcica. (Bonaparte) Lindermeyer.
H. — pallida. Gerbes.
H. — salicaria. Bonaparte.
H.— polygloua. (Degland) Vieillot.
Phyllopneuste sibilatrix. (Bonaparte) Bechstein.
HER trochilus. (Bonaparte) Linnée.
P. — rufa. (Bonaparte) Latham.
P. — Bonelli. (Bonaparte) Vieillot.
P. — Eversmani. Bonaparte.
Regulus cristatus. (Ray) Linnée.
R — ignicapillus. (Lichstenstein) Brehm.
Reguloïdes proregulus. (Blyth) Pallas.
Pyrrophihalma melanocephala. (Bonaparte) Gmelin.
P. — Sarda. (Bonaparte) de la Marmora.
Sylvia curruca. Latham.
S.— cinerea. (Bonaparte) Linnée.
S.— conspicillata. De la Marmora.
S.— Subalpina. Bonelli.
Curruca atricapilla. ( Bonaparte) Linnée.
C. — Ruppellii. (Bonaparte) Temminck.
C. — hortensis. (Bonaparte) Gmelin.
C. — orphœa. (Boïé) Temminck.
Adophonœus risorius. (Kanp) Bechstein.
Iduna salicaria. (Keysserling et Blasius) Pallas.
Philomela luscinia. (Bonaparte) Linnée.
© P. — major. (Swainson) Brisson.
Calliope Kamtschatkiensis. { Bonaparte) Gmelin.
Rubecula familiaris. (Blyth) Linnée.
Cyanecula Suecica. (Blyth) Linnée.
C. — cœrulecula. (Bonaparte) Pallas.
Ruticilla phænicura . (Bonaparte) Linnée.
R. — tithys. (Bonaparte) Scopoli.
R. — erythrogastra. (Bonaparte) Guldenstadt.
R. — aurorea. (Bonaparte) Pallas.
D4
CATALOGUE
Ruticilla erythronota. (Gray) Eversman.
Perrocincla saxatilis. (Bonaparte) Linnée.
Petrocossypha cyanea. ( Bonaparte) Linnée.
Dromolæa leucura. (Bonaparte) Gmelin.
Saxicola œnanthe. (Bonaparte) Linnée.
S. — saltator. Ménétriés.
S. — stapazina. Koch.
S. — albicollis. (Bonaparte): Vieillot.
S. — leucomela. (Bonaparte) Pallas.
Pratincola rubetra. ( Bonaparte) Linnée..
P. — rubicola. (Koch) Linnée.
Accentor Alpinus. (Bechstein) Gmelin.
A. — modularis. (Cuvier) Linnée.
A. — montanellus. (Bonaparte) Pallas.
A. — Temminckii. Brandt.
A. — Altaïcus. Brandt.
Muscicapa atricapilla. Linnée.
M. — collaris. Bechstein.
Butalis grisola. (Bonaparte) Linnée..
Erythrosterna parva. (Bonaparte) Bechstein.
Ampelis garrulus. Linnée.
Telephonus cucullatus. (Gray) Temminck.
Enneoctonus rufus. {Boié) Brisson.
Lanius excubitor. Linnée.
L.— meridionalis. Temminck.
L.— minor. Gmelin.
Leucometopon Nubicus. (Bonaparte) Linnée.
Perisoreus infaustus. (Bonaparte) Linnée.
Garrulus glandarius. (Linnée) Brisson.
G. — melanocephalus. Bonelli.
G. — Krymiki. Keleniezenko.
Cyanopica Cooki. (Bonaparte) Cook.
Pica caudata. Ray.
Nucifraga caryocatactes. (Linnée) Brisson.
Lycos monedula. (Boié) Linnée.
Corvus frugilegus. Linnée.
C. — corone. Linnée.
C. — cornix. Linnée.
C. — corax. Linnée.
Pyrrocorax Alpinus. Nieillot.
Fregilus graculus. Cuvier.
Sturnus vulgaris. Linnée.
S. — unicolor. De la Marmora.
DES OISEAUX D'EUROPE. 545
Pastor roseus. Wagler.
Plectrophanes nivalis. Meyer.
P. — Lapponica. Selby.
Cynchramus miliaria. Bonaparte.
SchϾnicola arundinacea. Bonaparte.
S. — intermedia. Bonaparte.
S. — pyrrhuloides. Bonaparte
Emberiza Provincialis. Gmelin.
Ê. — lesbia. Gmelin.
E. — fucata. Pallas.
E. — pusilla. Pallas.
E. — chrysophrys. Pallas.
E. — cürinella. Linnée.
E. — hortulana. Linnée.
E. — cirlus. Linnée.
E.— cia. Linnée.
E. — pythiornis. Pallas.
E. — rustica. Pallas.
Fringillaria cæsia. Gray.
F. — striolata, Gray:
Euspiza melanocephala. Bonaparte.
E.— aureola. { Bonaparte) Pallas.
E.— dolichonia. Bonaparte.
E-— luteola. Blyth.
Coccothraustes coccothraustes. (Bonaparte) Brisson.
Fringilla montifringilla. Linnée.
F. — cœlebs. Linnée.
Passer montana. (Bonaparte) Linnée.
P.— domesticus. (Leach) Linnée.
P.— Haliæ, (Bonaparte) Vieillot.
P.— salicicola. (Bonaparte) Vieillot.
Petronia stulta. (Bonaparte) Gmelin.
Chlorospiza chloris (Bonaparte) Linnée.
Chrysomitris spinus. (Boïé) Linnée.
Carduelis elegans. (Stephen) Linnée.
Citrinella Alpina. ( Bonaparte) Scopoli..
Serinus meridionalis. ( Bonaparte) Linnée.
S. — pusillus. (Braudt) Pallas.
Pyrrhula coccinea. (Selys de Lonchamps) Linnée.
P. — rubicilia. Pallas.
Loxia pytyopsittacus. Bechstein.
L. — curvirostra. Linnée.
L.— rubrifasciata. Brehm.
36
546
CATALOGUE
Loxia bifasciata. (Bonaparte) Brehm.
Corythus enucleator. (Cuvier) Linnée.
Uragus Sibiricus. (Keysserling et Blasius) Pallas.
Carpodacus roseus. (Kauyp) Pallas.
C. — erythrinus (Bonaparte) Pallas.
Erythrospiza gytaginea. (Bonaparte) Lichstenstein.
Leucosticte brunneinucha. (Bonaparte) Braudt.
L, — griseonucha. (Bonaparte) Braudt.
L. — arcious. (Bonaparte) Pallas.
L. — Brandiü. Bonaparte.
Moutifringilla nivalis. (Brehm) Linnée.
Linota cannabina. (Bonaparte) Linnée :
L. — montium." (Bonaparte) Gmelin.
Acanthys rufcscens. (Bonaparte) Vieillot.
A. — linaria. (Keysserling et Blasius) Linnée.
A. — Holbollii. Brehm.
A. — canescens. (Bonaparte) Gould.
PIGEONS.
Palumbus torquatus. (Leach) Linnée.
Columba livia. Brisson.
C. — rupestris Bonaparte.
CG. — œnas. Linnée.
GALLINACÉS.
Turtur rupicola. (Bonaparte) Pallas.
T.— aurita. (Bonaparte) Linnée.
T.— Senegalensis. (Bonaparte) Brisson …
Phasianus Colchicus. Linnée.
Pterocles arenarius. Pallas.
Pteroclurus alchata. (Bonaparte) Palles.
Syrrhaptes paradoxus. Illiger.
Tetrao urogallus. Linnée.
Lyrurus tetrix. (Swainson) Linnée.
Bonasia Betulina (Bonaparte) Scopoli.
Lagopus Scoticus. (Gray) Latham..
L. — albus. (Bonaparte) Linnée.
L. — Islandorum. Faber.
L. — mutus. Leach.
L. — Reinhardi. Brehm.
Tetraogallus Gaspius. (Gray) Gmelin.
T. — Allaïcus. Gebler.
DES OISEAUX D'EUROPE. 547
Francolinus vulgaris. Stephen.
Caccabis rubra. (-Kanñp) Brisson.
C.— petrosa. (Bonaparte) Latham.
Perdix saxatilis. (Bonaparte) Bechstein.
Starna perdix. (‘Bonaparte) Linnée.
Coturnix communis. ( Bonaparte) Bonnaterre .
Otis 1arda. Linnée.
Tetrax campestris. (Bonaparte) Leach.
Hubara undulata. (Bonaparte) Jacquin.
H.— Macqueni. (Bonaparte) Gray.
OEdivnemus crepitans. Temminck.
Cursorius Gallicus. (Bonaparte) Gmelin.
Turnix Africana. (Bonaparte) des Fontaines.
GRALLES.
Squatarola Helvetica. Cuvier.
Plavialis apricarius. ( Brisson ) Linnée.
Morinellus Sibiricus. (Bonaparte) Gmelin.
M. — caspius. ( Bonaparte) Pallas.
Cirrepidesmus pyrrhothorax. (Bonaparte) Temminck.
Charadrius hiaticula. Linnée.
C. — curonicus. Beseke.
C. — cantianus. Latham.
Haplopierus spinosus. ( Bonaparte) Latham.
Vanellus cristatus. Meyer.
Chettusia gregaria. (Bonaparte) Pallas.
Glareola pratincola (Bonaparte) Linnée.
G. — Normanni. (Bonaparte) Fischer.
Strepsilas interpres. (Illiger) Linnée.
Hæmatopus ostralegus. Linnée.
Himantopus candidus. (Bonaparte) Bonnaterre.
Recurvirostra avocetta. Linnée.
Machetes pugnax. (Cuvier) Linnée. À
Calidris arenaria. (Illiger) Linnée.
Limnicolu pygmæa. Kook.
Tringa canutus. Linnée.
T. — maritima. Brunnich.
Ancylocheilus subarcuatus. (Kaup} Guldensted.
Pelidna cinclus. (Cuvier) Linnée.
P. — maculata. (Bonaparte) Vieillot.
Actodromus minutus. (Kaup) Leisler.
4. — Temmincki. (Kaup) Leisler.
(SL
+
CATALOGUE
Caroptrophorus semipalmatus. (Bonaparte) Linnée.
«
Glouis canescens. (Wilson) Gmelin.
Totanus stsgnatilis. Bechstein.
Erythroscelus fuscus. (Kaup) Linnée.
Gambetta calidris. (Kaup) Linnée.
Helodromos ochropus. (Kaup) Linnée.
Rhyncophilus glareola. (Kaup) Linnée.
Actitis macularia. (Illiger) Linnée..
A.— hypoleucos. (Bonaparte) Linnée.
Actiturus Bartramius. ( Bonaparte) Wilson.
Limosa ægocephala. (Bonaparte) Linnée.
L.— Lapponica. (Bonaparte) Linnée.
Terekia cinerea. ( Bonaparte) Guldenstedt.
Numenius arcuatus. ( Leach) Linnée.
N. — phæopus. (Leach) Linnée.
N. — melanorhynchus. Bonaparte.
N. — tenuirostris. Vieillot.
Phalaropus fulicarius. (Bonaparte) Linnée.
Lobipes hyperboreus. (Cuvier) Linnée..
Scolopax rusticola. Linnée.
Gallinago major . (Bonaparte) Gmelin.
G. — scolopacinus. Bonaparte.
-G. — Brehmi. (Bonaparte) Kaup.
G. — Sabinü. (Bonaparte) Vigors.
G. — caspia. J. Verreaux.
Limnocryptes gallinula, (Kaup) Linnée.
Macrorhamphus griseus. ( Lench) Gmelin.
Rallus aquaticus. Linnée.
R.— cœrulesceus. Gmelin.
Porzana maruetta. (Vieillot) Brisson.
Zapornia pygmæa. (Leach) Neumann.
Z. — Pallasii. Leach.
Crex pratensis. Bechstein.
Porphyrio Veterum. (Bonaparte) Gmelin.
Gallinula chloropus. ( Bonaparte) Linnée.
Lupha cristaa. (Reichenbach) Gmelin.
Fulica atra. Linnée.
Grus cinerea. Bechstein.
Antigone leucogeranos. (Reichenbach) Pallas.
Anthropoïdes virgo. (Vieillot) Linnée.
Ciconia alba. (Linnée) Belon.
Melanopelargus niger. (Reichenbach) Belon.
Dromas ardeola. Paykull.
DES OISEAUX DEUROPE. 3549
Ardea cinerea. Linnée.
A,.— atricollis. Wagler.
A.— purpurea. Linnée.
Egretta alba. (Bonaparte) Linnée.
Garzelia egretta. (Kaup) Brisson.
Bubulcus Ibis. ( Hasselquitz) Pucheran.
Buphus comatus. {Boié) Pallas.
Ardetta gutturalis. (Gray) Smith.
Ardeola minuta. (Bonaparte) Linnée.
Botaurus stellaris. (Stephen) Linnée.
B.— lentiginosus. Montagu.
Nycticorax griseus. (Stephen) Linnée.
Falcinellus igneus. ( Bonaparte) Gmelin..
Platalea leucorodia. Linnée.
PhϾnicopterus roseus. Pallas.
NAGEURS.
Pelecanus crispus. Bruch.
P. — onocrotalus. Linnée.
P. — minor. Ruppell.
Sula Bassana. (Bonaparte) Linnée.
S.— Lefebyrii. Baldamus.
Phalacrocorax carbo. (Dennont) Linnée.
Graculus cristatus. (Gray) Faber.
Haliœus pygmiœus. (Illiger) Pallas.
Podiceps cristatus. Linnée.
P. — subcristatus. Jacquin.
P.— auritus. Linnée.
P.— Slavus. Bonaparte.
Tackybaptes minor. (Reichenbach) Linnée.
Cycnus olor. Linnée.
Olor Cycnus. (Wagler) Linnée.
O.— minor. (Bonaparte) Pallas.
Chen hyperborea. (Brehm) Pallas.
Anser arvensis. Brehm.
A.— segetum. (Bonaparte) Gmelin.
A.— cinereus. ( Bonaparte) Meyer.
A.— Bruchii. Brehm.
A.— albifrons. (Bonaparte) Gmelin.
A.— minutus. Neumann.
Chloephaga canagica. ( Eyton) Stewart.
Bernicla leucopsis. (Bonaparte) Bechstein.
b)
6
CATALOGUE
Bernicla branta. (Brünnich) Pallas.
B.— ruficollis. (Bonaparte) Pallas.
Chenalopex Ægyptiaca. (Stephen) Gmelin.
Casarca rutila. (Bonaparte) Pallas.
Tadorna Bellonii. (Leach}) Ray.
Anas boschas. Linnée.
Chaulelasmus streperus. (Gray) Linnée.
Rhyncaspis clypeata. (Leach) Linnée.
Pierocyanea querquedula. (Bonaparte) Linnée.
Querquedula erecca. (Stephen) Linnée.
Eunetta formosa. (Bonaparte) Georgi. |
Marmaronetta angustirostris. (Reychenbaeh) Ménétniés.
Daphila acuta. (Leach) Linnée.
Mareca penelope. ( Stephen) Linnée.
Somateria mollissima. (Leach) Linnée..
S. — nigra. Gray.
S. — spectabilis. (Leach) Linnée.
Stellaria dispar. ( Bonaparte) Sparmann.
Pelionetia perspicillata. (Kaup) Linnée.
Melanetta fusca. (Boïé) Linnée.
M. — Deglandi. Bonaparte.
Oidemia nigra. (Flemming) Linnée.
Fuligula cristata. (Stephen) Gray.
Marila frenata. (Reichenbach) Eparmann.
Nyroca leucophthalma. (Flemming) Guldensted.
‘Aythia ferina. (Boié) Linnée..
Callichen rufina. (Boié). Pallas.
Harelda gläcialis. ( Leach) Linnée.
Clangula glaucion. ( Flemming) Einnée.
C. — Islandica. (Flemming) Gmelin.
Histrionicus torquatus. (Lesson) Brünnich.
Erysmatura leucocephalä ( Bonaparte) Scopoli..
Merganser castor. (Bonaparte) Linnée.
Merqus serrétor. Linnée
Mergulus albellus. (Bonaparte) Linnée.
Fulmarus glacialis. (Stephen) Linnée.
Thalassidroma Leackü. (Nigors) Temminck.
Procellaria pelagica. Linnée.
Oceanites Wilsonii. (Keysserling et Blasius) Bonaparte.
Nectris fuliginosus. Keysserling et Blasius.
Puffinus Kuhlii. ( Boié) Temminck.
P. — major. (Bonaparte) Faber.
P. — Anglorum. Temminck.
DES OISEAUX D'EUROPE.
Pufiinus Barrowi. Bonelli.
P.— obscurus. (Audubou) Gmelin.
P.— Yelkouan. (Bonaparte) Acerbi.
Stercorarius cataractes. (Gray) Linnée.
Lestris pomarinus. Meyer et Wolf.
L.— parasiticus. (Illiger) Linnée.
L.— coprotheres. Brünnich.
L. — cephus Keysserling et Blasius.
Dominicanus marinus (Bruch) Linnée.
Leucus glaucus. (Bonaparte) Brünnich.
L.— arcticus. (Bonaparte) Mac-Gillevry.
L.— leucopterus. (Bonaparte) Faber.
Laroïdes argentatus. (Bruch) Brünnich.
L.— argentaceus. (Bonaparte) Brehm.
L.— Michaellisii. (Bonaparte) Bruch.
L,— leucophœus. ( Bonaparte) Lichtenstein.
Clupeilarus fuscus. (Bonaparte) Linnée.
C. — cachinnans. ( Bonaparte) Pallas.
Gavina Audouini. (Bonaparte) Payrandeau.
Larus canus. Linnée.
L.— hibernus. Gmelin
L.— niveus. Pallas. à
Rissa tridactyla. (Bonaparte) Linnée.
Gelastes Lambruschini. Bonaparte.
G.— columbinus. (Bonaparte) Golowactsch.
Pagophyla eburneä. (Kaup) Gmelin.
P. — nivea.! (Bonaparte) Brehm.
Rhodostethia rosea.: (Bonaparte) Mac-Gillevry.
Icthyaetus Pallasii. (Kaup) Pallas.
Gavia melanocephala. ( Bonaparte) Natteres.
G.— ridibunda. ( Bonaparte) Linnée.
G.— capistrata. (Bonaparte) Temminck.
G.— Bonapartii. (Bonaparte) Swainson.
Hydrocolœus minutus. (Kaup) Pallas.
Xema Subinüi. Leach.
Sylochelidon Caspia. (Bonaparte) Pallas.
Haliplana fuliginosa. (Wagler) Gmelin.
Gelochelidon Anyglica. (Brehm) Montagu.
Thalasseus cantiacus. (Boié) Gmelin.
Sterna paradisea. Brünnich.
S.— hirundo. Linné.
S.— fluviatilis. Naumann.
Sternula minuta. (Boié) Linnée.
CATALOGUE
Hydrochelidon fissipes. (Boié) Linnée.
H. — nigra. (Boié) Linnée.
H. — hybrida. (Bonaparte) Pallas.
Anous stolidus. (Leach) Linnée.
Colymbus glacialis. Linnée.
C. — arcticus. Linnée.
C. — septentrionalis. Linnée.
Pinguinus impennis. (Bonnaterre) Linnée.
Alca 1orda. Linnée.
Mormon arctica. (lliger) Linnée.
M.— corniculata. (Bonaparte) Kittlitz.
Ciceronia nodirostris. (Reichenbach) Bonaparte.
Thyloramphus pygmœus. (Brandt) Gmelin.
Phalerys psittacula. (Bonaparte) Pallas.
Uria troïle. (Brisson) Linnée.
U.— Reingwia. Brünnich.
U.— arra. Pallas.
U.— grylle. Linnée.
Synthliboramphus antiquus. (Brandt) Latham.
Mergellus alle. (Linnée) Ray.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS PROPRES
D'AUTEURS, DE VOYAGEURS, ETC., CITÉS.
A Pages.
Agassiz (le Docteur). . . ,. . . 482
Albert-le-Grand. . . . . . . 87, 115
Aldrovande . . . . Eee 1, 83, 299
Aquapendente (Fabricius d). SR 39, 93, 148
Aristote. . vin, 119, 413, 114, 115, 116, 117, 168, 347
Aunerd (le pére) ee Lt LU 91
Aublet. . . . AN ER RE 404
Aucapitaine (le Hs H. DSNEPRAU 90
AUJOUIR, 2: USE NE 53
AUQUPONE, 2e NU urine 997
LRNOES 11e Ca SR EE Er ST, 413
Azara(d’). . . . . : . . . 164,230, 408,503
B
Rae de RE ee PE M TU 55, 494, 492
Ballons. Me LU MS RE TUE 4 50, 55
Darace (de) EME SRE ETES 55
Barrère . . ROSE 248, 250
Bartholin (Bartholinus) Sr ROME 4 - 87, 94, 98
BechsteinepeiR enr ER UNEeRS 244
Bécœutts ARE Er. WE 51
Hebre Ne Eu 88
Delon te RP AIS
Berge. +: . D'RACILAR 86, 95, 116, 124, 174
Berneaud (Thiébaut MH 27: 46, 55
Bévallef (pére) CN EEE 51
LEE BEVAE GR RENTE 489
Bigot de Préaméneu . . . . . 51
Blainville (de) . . xiv, 68, 69, 1419, 468, 209, 211,
245, 439, BA, 4592, 45%, 517
DD
LISTE ALPHABÉTIQUE
ES MEL 218, 291
A NOTE ONE ARE 9295
Bomare (Valmont de). :s, 9, 95, 185, 378, 390, 419
Bonaparte (S. A. le Prince Charles). v, x1, 5, 71, 72,
118, 120, 124, 144, 186, 192, 194, 205, 206, 250,
243, 245, 258, 261, 270, 274, 276, 277, 289, 284,
285, 287, 295, 295, 296, 502, 505, 521, 324, 526,
552, 557, 339, 542, 345, 554, 359. 368, 369, 579,
582, 5871, 588, 420, 433, 456, 440, 445, 444, 445,
456, 455, 461, 462, 465, 469, 500, 508, 510, 511,
518, 320
Bonnaterre (l'Abbé). . . . . . 28, 59
Bonnet . LLC RME NES RSC UT 61
Boulez (Madame), de l’Aulnay . . 17
D'OUVCLEE AMC US HE Mer AN ARLON (e 266
Bourrit (le Pasteur). . . . . . 52
BLEWEL M RUN AN EP RE RES Et 00 OS V4
Brisson . . . . . . . 9270, 420, 439, 4%, 4%4
Buffon. 16, 61, 73, 86, 89, 98, 138, 158, 161, 162,
179, 180, 181, 182, 183, 184, 248, 249, 253, 999,
511, 530, 531, 377, 318, 389, 390, 403, 405, 419,
438, 439
Buhle. 36, 39, 98, 104, 105, 110, 116, 121, 124, 146,
148, 138, 161, 164, 167, 174, 229, 366, 499
TA M ORALE le 5 PRES 51
€
Cabot (Sir), de Boston. . . . . 490
Canino (le Prince de). . . . . 588, 591, 392
Card ENTER EEE AAC 0 IIR 87, 115, 114
Carus. . . . . . . . 195, 148, 155, 154, 156
Cassini. . . CE RL 89
Castelnau (le pose de). 306, 508, 314, 505, 509, 520
Columelle PEN AU TUELN AMEN RUE 415, 347
Cornay (le Docteur). . . . . . XIV, 498, 499, 500
Crescent (Crescentius). . . . . L 415
Crespon (de Nîmes). . : . . . 52, 593
Cuvier (Georges). vis, 51, 267, 268, 285, 288, 308,
578, 429, 44U, 449, 451, 463, 476, 487, 519, 526
D
D'ANNONCE CINE BIRT EN 283
DauNM EMI EE ONE LUS ASS 165280
DES AUTEURS CITÉS.
NES RON VERCESE à NUE 52, 220
Panel r ME TO SEE 526
Delalande. . . FAT RE 51, 487
De la Motte (d’ Ados 5 CTERR 53, 81
De:la:Péyronie y#4. 4 NEE" 4. 98
Delattre (A). . . . FA à 511
Delessert (le Baron Ro : 51
Des Murs (0.). . . - 90, 192, 252, 234, 483, 489
Deville (Emile) . . . 384, 595, 402, 503, 504, 509
Deyrolles . : . 51
Dubois-Normand, de Migentle. ban 498
MHiTeS he ete pe ER 77
Daméril (père): 7. 21.12: 96, 150, 168, 257, 439,
440, 441, 442, 444
Dumont Sainte-Groix . . . . .” 592,55
Dupont (les frères). . . . . . 51
E
Earl (P:).. 0.107 OI at. 521, 522
Escalles (Marcorel, nes MEL 99
LUS IR fe AE Se 370
Esholt (Esholtius) . . . . . . 88
A EN SON URBAN ERP QE EEE 51
EEE MONET + PART OR NS ED 371, 501
F.
LU) ERP ARENA" GE PPE 111
DEC TEMPS SN TOR 3588, 393
Men ER A 486
Prose PA CHAOS CHE 557, 595
Faure PET PU LOT se. à Le 158
HORSIER ER TR Eee 521
Gi eue FORME ME 121, 164
Fournier. . . RER EN E 170
Fraser (le hibine) RP UE Ÿ à 514
Fraser-Walter . . . ME 513
Fresnaye (le Baron de a XVI, 55, 58, 71, 209, 245,
277, 285, 526, 527, 336, 510, 386, 387, 397, 445,
449, 455, 462, 464, 476, 479, 517, 522
G.
Gahreliep. . . . CRUE 80
Garmann na PRÈS E 76, 81
cn
QE
;
LISTE ALPHABÉTIQUE
CALORIES ALAN SRE 283
Gay (Claude). . . . s 284, 460
“Geoffroy-St-Hilaire (Etienne). vu, 51,71, 115, 117
Geoffroy-St-Hilaire (Isidore). x1v, XV, 144, 162, 168,
194, 209, 258, 268, 276, 422, 439, 485, 487, 514
Gerbe (Z.) . . . . 76,115, 140, 154, 155, 168,
186, 188, 220, 221, 591
Gerbes (Gerbesius). . . . . . 76
Ces ne MN MENT Er 4
CNE LE Re NE 59
Gmelin . . OUR SAUTER 138, 420
Gockel Uéeetiis)e SA 85
Goudot (Justin). 51, 249, 254, 985, 5 11, 584, 40S, 488
Gould (John). . . . . . 51,53, 231, 266, 274,
278, 290, 371, 455
CrAVES one MOMENT 35
Gray (R.). 274,977, 310, 339. 319, 381, 397, 420,
439, 440, 441, 449, 443, 444, 456, 517
Guérin-Méneville . :. . . . . 89
GUELIDS EE 88
Gnettard CNT .18, 35, ‘62, 73, 75, 81, 84,
89, 133, 146, 149, 299
Guiton (le Docteur). . . . NL XV
Gunther LEE ON 440418, AG AGE
XX.
Hagendonn PANNE RENNE NCA 85
Hallen UE ATEN 41
Hardy (de Dieppe) . . . . 78, 80, 82, 109, 517,
332, 361, 485
HartlauD E ME MERE MEN ER 511
ECO RENE NAN 85, 87, 98
HANÉESSIER EN AUS TI IC NC 261
RAT NERO TT A 5
Hecmannt (AMD) 280
Hewitson (Will) . . . . . . 46, 56, 218
Hugel {le Baron) :.. . . . . 45
Humboldt (le Baron de) . . . . 261
X.
Iliger. . . . . . 258, 578, 420, 440, 519, 526
DES AUTEURS CITÉS.
J.
Jardine (S. Wil.) . . . . . . 55, 505, 339, 501
JO MS. PRO de TRE De. 168
TONSION NE. AMAR ESS IEP A. 1
Jourdan (le Docteur). . . . . 148
JUN UNQUS) NE ANNE | 87
OSSI OR LM UN 30
K.
Klaussen (de Rio-Janeiro) . . . 51
LE RTE N 0 em es Cran dar à 8, 62
MAC RDER QUES LES TES CAN En 508
L.
Lacépède (le Comte de) . . . . vil, 439
Lachmund {Lachmundius) . . . 88
Lanol/(Langhus) Nr. 00 ur. 61
Lapierre (le Professeur). XVII, 30, (62, 67, 83, 113,
146, 174, 175, 176, 184, 185, 156, 285
Fatlam mir S' COMOIS287 3788400, 459
Latreille . . . . 233,988, 305, 378, 440, 519
Peclerc (OS) es. ASUS 53
Lefebvre (Auguste) . . . 55
Lefebvre (le Lieutenant Théophile). 210
Lesson. 33, 223, 235, 258, 261, 277, 278, 283, 288,
508, 322, 378, 382, 598, 410, 420, 440, 476
Mesa nr. 45
Levaillant. 55, 218, 293, 971, 518, | 329 337, 595, 509
Léwint:. : . : 29
Lherminier (le Doeiet ee de ki Gras
deloupe. xiv, 53, 68, 69, 119, 209, 211, 214, 256,
261, 269, 385, 397, 398, 399, 400, 405, 404, 406,
1, 452, 433, 466, 506, 318, 520, 522, 524, 526,
927.
Lichtenstein NT ETES PENT 322, 420, 526
Hiackos “04 : 16
Linnée: . . VII, 268, 546, 578, ‘104, 420, 440, 441
Liwingston (le Docteur David). . . 938, 241
Hobou(le Pére) in oc Ter 1: 945
Loche (le Capitaine) . . . . . 287
Ebreaw (Madame). 2: 239
557
DDS8
LISTE ALPHABÉTIQUE
M
Malan (le Révérend . . . . . 55
MARECUE EE TU Or 395
MÉUAE R PP MERREE 2e. 6." TN 61
Manesse (l'Abbé). 924,84, 191, 129, 195, 148, 149,
150, 153, 154, 137, 170, 172, 174, 285, 487
Marcily (Hen)eRT tr 20 81
Mariette. . . ANT UE 429, 430
Marsigli (le Cie de) ST" M OO 4
Martin (de Londres) . . . . . 192
Mauduyt. . . . HU .1195;145:/928 1290
Mel viLE MEME D A UN, 516, 517
Ménétriés . . POS AT 250
MIENPRMC MEL es 2 LÉRMINeNEE 283
MEMGR A UNS TS: ee és Pac 50
Nighelet. .! : -. RE 414
Montbeillard eau de TE 244, 264
Moquin-Tandon. 44, 52, 60, 75, 80, 81, 85, 91, 95,
101, 104, 410, 127, 156, 139, 138, 161, 163, 221,
245, 284, 300, 326, 327, 329, 479, 485, 491
Morogues {le Baron de) . . . . 89, 91
1 RE Se NC ENT LE ELITE PRE 29
Muller 90Hn) MERE THERE UN. 263
Müller (Sal.) . . MALUS 53,225
Mulsent OR ARE AE St FeriNe 266
N
Naumann . . EAP EN LE 56, 59, 499
Nesle (le Marquis da) AVR: 390, 394
Neuwied (S. À. le Prince Max. Wied de). 422, 526
Nitzschest 7 ar AN EEE EM XIV
Nozemann, SPAM RETOUR LME 41
Nathalie EUINT OUR CMS SR TUE 295
Nymnbus 98e LE, HE DE (RES : 112
QU
Obeuf (le Docteur). . . . . . 410,475, 477,479
Orbigny (Alcide d'). . . . 50,51, 53, 409, 421,
490, 495, 526
Oüdart 21 MRC. CEE è 278
Drery(d') ME EME ER O0 ENS 504
Owen (le Docteur R.}. . :.. . 361, 364
-
DES AUTEURS CITÉS.
P
Pakman. . . APR Re: Me 272
Pardzudaky Héteh NRA 51
Pareyss (de Vienne} .-. . . . 51
Parmentier. te NX LEE 60, 85, 96, 97
Pelletan (le Docteur). . . . . 51
ROMA MST ET UPS à". 155
Pernetty. SN D LE ARE PPT
Perrache (Gustave), d’Abbeville. . 55
BPrEOU(DOeB)N EP RME: Ne dr 51
Betherick (Jobin} … "2,470. 454
IAELEE PRNSNP SRE Re RE 89
Petit (le Docteur).
Plaza (le Père). .
RE TN RTE RS M VII
Polisius. . . ere ve 2 102
Pompone (le Curé de) LANCE 135
Poncel (de Buenos-Ayres) :
Portland (la Duchesse de) . . . 29
Prévost (Alphonse). 516, 489
Prévost (Florent). 51, 71,115, 117, 118, 245, 440, 485
ARTE 2 EM nt Ur 125, 155
LU
Ramon de la Sagra. . . . . . 50, 424
CENT MA TETE ee dE ete AIN NONE 1, 244
Réaumur (de). . . . . 10,61, 81, 89, 135, 149
Reichenbach: 3359, 382, 597, 422, 518, 520, 523, 526
Reisel {Reïselius). . . , . . . 83
Reyger . . . À 8
Rommel-Cleyer (Bonus créera 81, 33, 84
Roulin (le Docteur) . . . . . . 261
Rour(Polyéerele 15 1. LUte 45
Rorier (L'ABBE 2 ee 91
Rappels PMR 7e ATEN 210, 328
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Salerne. . . ARTE MERE 245, 244
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LISTE ALPHABÉTIQUE
Schindel (le Conseiller) . . . . > 41
Sching (le Docteur). . . . . . 39, 45, 135
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Schmiedel (ie Conseiller Aulique) . 16
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Sclater (Philip Lutlen). . . . .55, 290, 505, 313
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Smith {le Docteur) . .- . . . . 52, 323,398, 529
Smithson, de Washington. . . . 493
Sonnini (de Manoncourt) . . . . 23,255, 5914, 405
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Steller . . . 5, 62, 108, 113, 117, 134, 164, 167
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SI UÉ LU EU TON RTE CETTE 270, 278, 528
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Taleycand (le Prince de) . . . . 398
Taylor (de Monterey) . . . . . 501
Temminek. . . : . 52,165, 221,958, 506, 351,
518, 390, 422, 439, 300
Thienemann (le Docteur). 40, 45, 52, 53, 123, 140,
4148, 168, 173, 177, 213, 224, 280, 298, 393, 533,
338, 368, 375, 316, 385, 593, 394, 416, 461, 467,
476, 477, 489
Toussenel BREL EI NN OxIv: 1, 407,414 599
T'OMPRTOF SE A NC EEE 491
Trudeau (le Docteur) de New-Yorck. 490
Tyzenhauz (le Comte de) . . . . 53
DES AUTEURS CITÉS.
V.
Vauquelin: 4 7 TOR NP AA, 96,
Velsch\{(KelscRuS) STE USE 8s
Verreaux (Edouard) . . . . 55, 322, 454
Verreaux (Jules). 53, 192, 215, 935, 224, 951, 234,
23
2357, 258, 241, 260, 267, 271, 272, 274, 277, 278,
279, 288, 522, 557, 542, 409, 454, 438, 459, 470,
475, 477, 418, 479, 507
Verreaux (père). nu ihes#té 51
Vieillot. . 32, 176, 227, 230, 276, 278, 258, 565,
578, 590, 597, 420, 440, 471
RENE eu AE NAEAEIE PR PEUR TRSE 521, 420
VIDES BE ER EME ER EE 60, 96, 150
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Wagler . . RTE NS
Weddell (le Doabhr} M er 384
Wedel:/Wedelius), 22°: 20, 2, 98
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Wilson . . É 31, 29
Wilson (Edward) dé Ne : 495
Wilson (le Docteur T. B.) de Philadelphie. 310, 493
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Zinanni (le Comte de). . . . . 4
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À
NOTICE ALPHABÉTIQUE
DES
OUVRAGES CONSULTÉS OU CITÉS.
A.
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Agri Roman: Historia Naturalis. Auctore Gili :
Agricultur@ (de). Crescentius HR
Analyse du Système général d’ dtlulene, par den
Pages.
85
59
115
258
Annales de la Société Linnéenne de Paris . . 44, 60, 75, 80, 81, 91, 95,
; 101, 156, 1357, 158, 165
Annales du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris .
Annales (Nouvelles) du Muséum d'Histoire Naturelle de
Paris
Annales des Sciences Naturelles
Arch. fur Anat. phys. von Müller. 1842
Arrangement of the Genus Thamnophilus, by Sclater. 1855 |
Ateneo Haliäno
Atlas des Œufs des to role par rent
Lefebvre. 1844 .
Aves Brasilienses.
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Beagl's Voyage .
Bechreibund und Abbitdung des Eier, Su Nester der gl à el
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Bulletin de la Société Philomatique de Paris
Bulletins de la Société Zoologique de Londres .
€.
Catalogue méthodique de la Collection des Mammifères et
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M, Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire. 1851.
308
194, 434
564 NOTICE ALPHABÉTIQUE
Classification es par Séries, par le Prince
Ch. Bonaparte. 1853 2e
Collection Nine Française et Étant
Collection de Nids et d'Œufs de divers Oiseaux tirés du
cabinet de M. le Conseiller Schindel et de celui de
l’Auteur (Gunther) à
Commentaria (Nova) Academiæ Peau ane :
Comparaison des Œufs des Oiseaux avec leurs Scueltesl
11
115, 164
209, 357, 567,
386, 447, 452, 464
Compléments à Buffon .
Comptes-Rendus de l’Académie de Douce j nas
Conspectus Generum Avium, par le Pr. Ch. Bonaparte. 1850.
Conspectus Systemalis Hg ie par le Pr. Ch. Bona-
parte. 1851
Contemplation de la Nature par Rone
Contribution of the Ornithology .
Contributions Ornithologiques.
Cours professés au Muséum d'Histoire NUE de ph
par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire
Danubius Panonico-Mysicus, par Marsigli . MA Le
Description des Œufs et des Nids des Oiseaux qui Don Abu
dans la Suisse, dans l’Allemagne et dans les Pays voi-
sins. 1818-1830, Schintz
Dictionnaire des Sciences Naturelles .
Dictionnaire d'Histoire Naturelle, par Valmont de Dore
258
161, 192, 245,
369, 383
V, 245, 325, 539,
569, 469
118, 192, 261
61
218, 305
501
379, 422
19, 29,95419
Dictionnaire (Nouveau) d'Histoire Naturelle . : 60
Dictionnaire (Nouveau) d'Histoire Naturelle appliquée aux
AIT TS BTE Dee . . 32,60, 85, 96,97, 116
Dictionnaire Die d’ He Nanielle
Dodo and its Kindred ‘the). London, 1848 .
E.
Echo du Monde Savant. Ce AMEN Re de re RES
Eier der Vogel Deuischlands, etc. Naumann et Buhle, 1818.
Eier (die) der Europeischen Voegel, von Bardeker. Leipsig,
1858 EL HE LRESRTPETMER
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Elementa Zoologica, 1774, par Schœffer
115, 140, 154
LA
DES OUVRAGES CONSULTÉS. 565
Encyclopédie d'Histoire Naturelle. 208, 210, 2114, 215, 225, 250, 238, 245,
244, 248, 258, 263, 266, 269, 271, 275, 274, 277, 284, 286, 500, 305,
326, 350, 337, 547, 382, 391, 395, 445
Encyclopédie {Grande}... 44 20.4 0. 0, 0 85
Encyclopédie Méthodique . . A HA NN 23, 248
Encyclopédie (Nouvelle) Métiodique. PER 1 LE 28, 59
Exotica Clusii. . . ; 138
Exploration dans RARE du Pique nuie) , par
Livingstone. 1849. . . . : 238
Essai sur l'Histoire Naturelle de la Pau bone.
par Barrère . . AMIS one 250
Expédition Américaine du Bag. -
Expédition de M. de Castelnau. Historique du ec
Expédition d'Islande (Ancienne) -
F::
Fauna ltalica. . . 391
Formatione (de) Pulli in Fr Londini, 1670, par Mu 61
Fortpflanzungsgeschichte der gesammten Vogel nach dun gegen-
wartigen Standpunkte der Wilseuschaÿt. Res 1845-1856,
von Thienemann . . ; 54, 300
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&.
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Gammlung von Nestern und Eyern Verschedener Fou FETATS
berg, 1112, von Gunther. . . . . NT HUE - 115
Generatione (de) Animalium . PL nes. Ronde Batav.
1731, Harvæi. . . a DE ET EE M Eve 61, 85, 87
Generatione (de) paf Aéstôte LUN mere Vus 60
H.
Histoire de l’Académie des Sciences de Paris . . . . 99
Histoire des Monstres. Aldrovande . . . . . . . 85
Histoire générale de la Nature. Buffon . . . 61
Histoire Naturelle de Buffon . . . 29, 50, 7 72, 89, 98, 115, 158, 179,
182, 244, 248, 550, 390, 419
Histoire Naturelle de l’Ile de Cuba . . . . . . . 421
Histoire Naturelle des Oiseaux des Pays-Bas, Nozemann
ehSepps 2110 Er COTE NE UE QU 11, 86
Histoire Naturelle des Diséeu d’ tique par Levaillant. 271, 319, 542
Histoire Naturelle des Pigeons. . . . . . . . . 338
566 NOTICE ALPHABÉTIQUE
Histoire Naturelle des Sucriers, par Levaillant.
Histoire Naturelle générale des Règnes Organiques, par
Is. Geoffroy-Saint-Hilaire
Histoire physiologique des Œufs .
Historia Animalium. Aristote.
Hortus Sarurgianus. 1740. Helving
‘
E.
Jois (the) Maguzine ot general Ornithology . . . 48, 218
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1849
d.
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Journal des Connaissances utiles .
Journal (new) Philosopkical. Edimburg .
EL.
List of Genera.
M.
, 205, 515, 455,
196, 508, 511
50
245, 453
414
294
Magasin de Zoologie de la Société Cuviérienne. vint, 55, 66, 68, 120, 250,
950, 245, 247, 252, 254 956, 257, 550, 514, 319, 3582, 584, 418, 485,
488.
Magazine (New-Philosophical). Edimburgh. FINE
Manuel de l’Amateur des Oiseaux de volière, par Bechs-
tein.
Manuel des Done MHaoye, 1820. nc
Manuel d’Ornithologie. 1821. Temminck ;
Manual -of the Ornithology of the Unit. St. and of anna,
1832. by Nuttall :
Mémoire sur l’Oologie, ou sur les Œufs a ina
Mémoires de la Société Linnéenne de Paris.
Mémoires d’une Société célèbre :
Mémoires sur différentes parties des Sciences el He Art
1783. Guettard
163, 422
997
44
2, 11, 269
91
19, 81, 89, 149
Miscellanea Naturæ Curiosorum. . . . 76, 80, 81, S5, 84, SE, 87, 88, 98
Monographie des Myiothérinés. Ménétriés
N.
Nature (de la) des Oiseaux. Belon . 3 !
Nederlandsch Vogelen. Amsterdam, 1110, von Nozemann et FRS
Nester (die) und Eier der Vogel. Stuttgard, 1843, Anonyme.
250
115
41
55
DES OUVRAGES CONSULTÉS.
Notes et Considérations Oologiques sur la place à assigner
au Genre Ornithologique Flamant {Phænicopterus).
Notes et Observations sur la ponte des Oiseaux qui se
trouvent à l’Ouest de la France. Lapierre de de Buffon
par Sonnini) .
Notes Manuscrites Ha PATES JADE VER et diet
lienne, par J. Verreaux.
Notes Ornithologiques sur la EAU: Défi 1854,
par le Prince Ch. Bonaparte .
Notice et Considérations Oologiques sur fe Cite Crau:
logique Caurale f4rdea hélias).
Notice et Considérations Oologiques sur 4 Gessrettn
du Genre Ornithologique Courlan ou Courliri (Aranus).
Notice et Considérations Oologiques sur le Genre Ornitho-
logique Poule-Sultane (Fulica Porpkyrio, L.) .
Notice et Considérations Oologiques sur le Genre Ornitho-
logique Rupicole ou Coq de Roche .
@.
Observationes de Generatione Animalium, et Ovo incubato.
1674, Harvey . RE Le
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Oiseaux (description des) de ÉAeabae avec Jaut Nids
et leurs Œufs. Nuremberg, 1795-1800, Muller
Oiseaux de la Grande-Bretagne, avec leurs Œufs. 1795-
1800, Lewin . :
Oiseaux de l'Amérique ent RAT
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par 0. des Murs.
Oiseaux du Chili. Meyen .
Oologie de l'Amérique du Nord. er LT
Oologie Européenne (manuscrite), par l’abbé Manesse,
1800.
Oology (British), by W. ii: Nail 1832
Oology North-American, etc., by Brewer. 1859.
Opera Alberti Magni .
Opera Avicenne .
Ornithologia Powsezchna. Tuebaats
Ornithological Biography by Audubou.
Ornithologie Britannique.
Ornithologie de l'Amérique sétailoadie) par Wilson
Ornithologie de l'Ile de Cuba, par d'Orbigny
907
XVII, 85
289
293, 511
528
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. 506, 505, 505, 520
2835
492, 496
191, 148
45
68 NOTICE ALPHABÉTIQUE
Ornithologie Européenne, de Degland. 1849. . . . . 290
Ornithologie Passionnelle. . . . EMA NE een 522, 525
Ornithologie Provençale, de Poly- Rois MALE chere 45
Ornithologie de Salerne . . . . . UE EE RENE 244
Ova Avium plurimarum, Auctore O. des Mars, e Socielate
Cuvierianà, Parisiis, collecta. 1842 PAIE
Ovarium Brilannicum. by Georges Graves. Londen, 1816. . 35
Ovographie Ornithologique, par 0. des Murs. 1842 . . 488
PB.
lanches Enluminées de Temminck . . . . AD 306
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Rochefort. 1859 . . . . QE UE ER LA IE 499
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Lherminier. . . US AAA A PEUR CUT PAPERS 209
Règne Animal. G. Caves she Me IX, 239, 490, 449, 476
Reproduction des Oiseaux (sur En par 7. Stuttgard,
1840-1841. . . . Ge DE CHU QUE Mae D ME E 174
Rerum (de) Varietate. Caron SE VASTE 87, 113
Revue et Magasin de la Société Cuviérienne. 7, 0. 55, 82, 89, 95, 109,
284, 299, 506, 526, 562, sl 399, 406, 485, 491, 496
Revue et Magasin de Zoologie. 506, 508, 509, 320, 521, 522, 526, 527, 528
Revue Zoologique de la Société Cuviérienne. vil, 54, 53, 68, 148, 157,
161, 164, 170, 209, 252, 260, 261, 277, 337, 318, 385, 384, 388, 394,
457, 464, 47TB, 476, 479, 488.
S.
Sammlung von Nestern und Eyern Verschiedener Vogel.
Nuremberg. 1112. 41
Smithsonian Institution. 493
Société Smithsonienne 495
Société Zoologique de Londres ; NÉS 564
Symbolce ad Ovi Avium historiam ante bat Lane
18930. PARTENAIRE EN TE NE NTERS 125
Systema Nature Annee EE MC MEN CO REU ETS UNE 133
Systema Oologicum (Classis Avium), ab O. des Murs . . . 195, 356
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R, Malan de ne NAN PEN PS RS TS AN DE A 50
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Traité d'Ornithologie. 1800. Daudin. "AVIS
Traité d’Ornithologie. 1830. Lesson. . . .. [1 955,264
Traité sur la manière d’empailler et de conserver les
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U.
Uova (delle) e dei Nidi degli Uccelli. Venezia. 1735. Zinanni.
V.
Voyage aux Régions Equinoxiales du Nouveau Continent,
ER NE EEE
Voyage dans l'Amérique Méridionale et au Paraguay,
AE EME ALT OREUA
Voyage dans l'Amérique du Sud, etc., par le comte de
Castelnau . 4
Voyage de la Coquille .
Voyage du Beagle . À
Voyage de l’Erebus and Terror . RP UNE V8
Voyage en Abyssinie, par le Capitaine Th. Lefebvre
Z.
Zoologia Arctica. Pennant SAINTS
Zoologie Analytique. 1806. Duméril père .
Zoologie de la Coquille . CARS ANT ANT
Zoologie Tasmanienne et Australienne mss.
38
483
123, 148
496
26
164, 250
395, 405
285
285
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TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Abba-Gumba .
Abou-Makoub .
Abyssinie. Te
AbYssids 1,
Académie des Sciences de Paris.
Académie des Sciences Naturelles de
Philadelphie .
Académie de Berlin
Acanthys .
A. — linaria .
Acanthyza. :
APE chrysorrhœa .
Acanthyzes
Accentor
A. — modularis ,
Accipiter brachydactylus
A. — Cooperi. .
A. — nisus .
Accipitres.
A. — Diurnes.
Acridotheres . ;
À. — crislalella .
À. — 1rislis
Adénisation .
Ægyalites.
Ægotheles.
Ægythina .
Afrique
A.— Australe.
Pages.
245
435
210
245
89
483
263
334
219
300
224
301
994
219
502
302
498, 502
68, 205
118, 143, 145
324
324
324
499
564, 429
260
300
185, 216, 470
238
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Afrique Orientale . 245
A. — ‘Septentrionale 287
Agami (et Agamis) 417, 520
Agelaïinæ. 324
AJELQIUS CINE. 326
Agriornithinæ 291
Aigle de Jupiter . X
Aigle (et Aigles) . 206, 517
Alauda . 287
Alaudidæ 185, 264
Alaudidés 28%, 285, 465
Alaudinæ 243, 286, 287
Alaudinés . 286
Albatros. 459
Alca à à 166, 467, 482
A.— alle. 467
A.— arclica. 467
A.— cirrhata 267
A.— impennis . 463, 481
A.— psiliacula. 2467
A.— 1orda . 112, 467
Alcedo 353
Alcedinidæ . 64, 243
Alcédinidés . 198, 936, 247
Alcedininæ . none 237
Alcidæ . 63, 71, 186, 466, 467
Alcidés . 198, 460, 467, 469, 481
Alcinæ . 463
Alcinés . 468, 469
Alcyons. 182
Alectores. De MAR RES 410
Alectorides. 94, 199, 193, 375, 443, 507, 518
Alectorides . 420, 565, 375
Algérie . 287
Allemagne . 39, 148
Alouette CRANTE 40, 185, 284
Alphabet Chinois . 468
Allrices . 551, 445, 445
Amadina. 532
Amarillo de pena $ à 253
Amazone (Haut) . 306, 307, 385, 509
Amérique Equatoriale. 251
A0— du Centre .
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Amérique du Sud .
À. — Septentrionale.
Amilus . .
Ampelidæ
Ampelinæ
Ampelis .
Amsterdam,
Anabates puncticollis
Anabatidæ .
Anabatidés .
Anabatinæ .
Anabatoïdes
Ananas .
Anas.
À .— domestica .
A.— leucocephala .
A.— leuïcophthalma.
Anäslomus . .
Anatide.. RUES
Anatidé (et Anatidés).
Andes Equatoriales
Andropadus importunus
Anglure.
Anhingas <
Animaux Terrestres
Aninga (Vég.).
Ani (et Anis).
Anisodactyles .
Anonacea
Anser.
A.— albifons
Anseres
Anseridæ .
Anseridés
Anthine .
Anthinés ;
Anthropoïdes virgo .
Anthus .
A — cervine .
A pralensis.
Anthochæra .
151, 164, 318
299
296
304, 505, 508
305, 308
258
11
289
281
281
281
289
404
94
457
438
49:
64, 445, 456
138, 147, 436, 440,
441, 444
313
216, 291
FL 150
65, 70, 129, 137, 448
26
129, 151, 132, 229, 230, 488,
502, 505, 506, 515, 527
119
9255
81
157, 458
145, 445, 439, 462
450, 456
105
9286, 287
286
417
285
219
219
975
273
574
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Antigone torquala ?.
Antilles ( Iles).
Antülope (et Antilopes).
Aptenodytes .
— demersa
— Forsteri
— papua .
à à à à à
. — Pennantii.
Aptenodytidæ
Aptenodytidés .
Aptenodytinæ
Aptenodytinés!.
Aplerygidæ .
Aptérygidés.
ADIEU MU NN
Apronack (rivière d’)
Aguilidæ.,
Arabes .
Arabie .
Aramidæ
Aramidés
Aramus . . .
A.— scolopaceus .
Arachnides
Arachnotherinæ .
Araignée .
Archipels.
Ardea .
A.— Geranos
A.— gigantea
A.— Grus
A.— Helias .
A.— Ralloïides .
A.— Scolopacea.
À.— stellaris
Ardéidés .
Ardeidæ .
Ardeola .
Ardéole .
Ardiacées
Argala
Argus .
— Patachonica .
146, 471,
470, 478,
470,
470, 478,
418,
490, 421, :
417, 424
51
323
481, 482
470
479, 480
471
476, ATS
479, 480
470, 480
480, 481
470
359, 564
364
360, 364
380, 489
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Arolies .
Arremon .
Artamidæ. .
Arlaminæ
Artamus albovittatus
Arum arborescens. .
Asie. Le
A.— Occidentale .
Asilo . ;
Astrapia caruneulata
Astrapies :
Astur palumbarius .
ASturin® .
Attagis .
Atelornithinæ .
Atrichia .
Australie
Autours.
Autruche.
A. — d'Afrique
Aves marinæ stolidæ
Avocette et Avocettes.
Bacbakiri.
Bae-obscure.
Balænicepideæ .
Balcæniceps
Balbusard.
Balearica pavonina .
Balénicépidés
Baléniceps
Bananes : .… .
Banhinia .
Barbus
Barges.
Barila.
Barra (la).
Bartavelle.
Bécasseaux
Bécasses .
Bécassines
. 44, 17, 20, 26, 317, 64, 77, 95,
104, 408
185, 216
94, 132, 138, 459, 325
65, 313, 440, 441, 462
137, 320
96, 502
451, 453, 454, 435
65, 42, 3
320, 322
PSE 42, 56
37, 65, 120, 366, 374, 419
1926, 127, 366
57
D
Cr
(=7
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Bécassines à bec court.
Bec-croisé :
B.— faux Perroquet
Bec-de-fer
Becs-Fins .
Bengale .
Bengalis .
Bergeronnette brune
B. — grise
Bergeronnettes .
Bissao.
Bled
Bolivie.
Bologne. . . . .
Bombay
Bombycilla :
B. — Carolinensis.
Bombycillina .
Bonasa. .
Boston.
Botanique.
Bouquetin.
Bouvreuil.
Bouvrons. .
Brachyptères.
Brachypteri
Brachypteryx.
B. — capistrata.
Brésil .
Brésiliens.
Bretagne (Grande).
Brèves.
Bruant.
B.— Proyer.
Bucconidæ.
Bucconidés
Bucerotidæ. . .
Bucerotidés .
Bucorvus Abyssinicus.
Bufflo-River .
Buphaginæ
Busard.
Butor ,
156,
445,
445,
. 51, 166,
38, 189, 219,
914,
298, 507
523
219, 328
334
449, 461
449,465
324
296
384, 509
404
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
€.
Cabinets d'Histoire Naturelle. 141
Caccabis 349
Cacomante 995
Cacomantis 223
Caille. 95, 95, 194, 349
C.— commune. 166
Caïmans .
Calamoherpe. 3 : 302
C. — arundinacea et une. 219, 502
C. — palustris. 302
C: — turdoïdes 295, 502
Calamokerpinæ . 295, 295, 502
Calamoherpinés. 293, 302
Calaos 193, 237, 543
Calice (Bot.). 51
Callæas cinerea . 9275
Campephaginæ 516, 320
Campéphaginés . 316
Campylorhynchus Pete Me A à 300
Canard (et” Canards). 18, 42, 64, 130, 138, 155, 456
C. — domestique. « 81, 82, 91, 92, 94, 457
C. — de Barbarie. S4
C. — à longues jambes. 440
C. — coureur. 451
C. — marcheur 451
C. — Nyroca . 135
C. — plongeur 450
Canaris 115
Cancroma. 433
Cancromide . 496, 451
Cancromidés. : 426
Canna-Braba (Lac de).
Cannepettière 355
Canori. 258
Cap de Bonne- Épélaness ‘4, 166, 216, 241, 522, 487
Capito Amazonicus . 509
C. — Cayanensis . 509
C: — Erythrocephalus . 509
C. — Peruvianus 509
Capitonidæ 3505
Capitonidés . 235
39
78
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Caprimulgideæ.
Caprimulgidés ..
Caprimulginæ .
Caprimulginés .
Caracara (et Caracaras)
Carao .
Cardinales
Cardinalis.
Cardinaux.
Carduelis .
Cariamas .
Cariamidæ
Carina moschata.
Caroline (la).
Carpodacus
Carpornis . ‘
Casoar (et Casoars).
C.— à casaque
Cassicans.
Cassicine .
Cassicus .
Castagneux .
Casuaridæ
Casuaridés
Casuarinas .
Catarractes chrysocome .
Cathartes. . .
Cathartes .
C. — aura J
C. — Californicus .
Cathartinés .
Caurale (et Caurales) .
Cayenne: ..!...:
Cegano (et Geganos)
Centropodinæ.
Centropodinés
Centropus .
Céphaloptère.
Cephalopterus.
CG. —
C. — ornalus .
16, 96, 31, 64, 93, 94, 132, 138,
195, 306, 308, 508, 510
glabricoliis .
. 64, 119, 239, 260
238, 259, 260
259, 260
261
194, 205, 401
325
163
334
163
95
63, 366, 369
. 65, 564, 366, 368, 5175
84
146
147, 334
305
179, 360, 562, 457, 438
181
316
324
RE 326
Là 455
389, 362
129, 562
272
471, 472
63, 501
300, 316
495
301
206
193, 377, 385, 418, 518,
519, 526, 527
249, 384
400, 405
215
215, 228
233
305
ge 310
310
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Cephalopterus penduliger
Cereopsis .
Cerf
Ceriornis .
Certhia.
C.— Coste.
C— familiaris .
Certhide .
Certhiüdés.
Gerthiinés.
Certhiola .
Certhilauda
Certhilaudine.
Certhilaudinés .
Cétacées .
Ceutia .
C.— Sericea .
Chalcitte .
Chalcites auratus
C, — lucidus.
Chamois .
Champagne . à
Chantilly (Cabinet de).
Charadride .
Charadriidés.
Charadrius
C: — vociferus .
Chardonneret
Chasmarhynchus .
Chats . .
Ghélidons.
Chelidon urbicu .
Chelidoninæ .
Chéloniens
Chenalopex
Cheval.
Chevaliers
Chevreuil .
Chien (et Chiens)
Chili
Chimborazo ,
Chionide .
Chionis.
225, 224, 295, 251, 959, 933
284, 306, 370, 460, 509
306, 515
457, 458
523
147, 281
280, 505
147, 268, 280, 505
280, 305
273, 274
286, 287
65, 365, 366, 571
145, 147, 569, 571
28, 95, 328
248, 320
65, 120, 566
244, 520
d80 / TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Chlorospiza ,
C. — chloris
Choucas
C. — commun. Ra ES
Chouette (et Chouettes) . . . . 186,
C. — de Minerve
Chrysococcyx .
Chrysocoma chrysolopha.
Chrysomitris .
COTENTOM EMMA TMERREUE 525,
Ciconia
Ciconiæ
Ciccniidæ . on HR LS 496,
BONES M pi RCE LOUE 496,
Cigales
Cigognes .
Cinchona L :
Cincle (et Cincles). . . . 5,193, 285, 284,
Cinclinæ .
Cinclinés
Cinclocerthia. PARC TRE
Canciodes Re Ne PERTE RCE 258,
C. — Anlarclicus
C. — nigrofumosus .
C.— Patagonicus NT VE
CinclorampRus NN: 294
Cinclusi.
C.— aquaticus
Civcaëlus
C.— Gallicus
Circinæ .
Citrinella.
Climacteris NE COS UM ULENE 278, 219,
C, — picummus
D. — rufus.
C. — scandens.
Coccoborus . :
Coccotkraustes vulgaris.
Coccyzinæ
COEUR ME 994,
Coccyzus. :
CP = AMEN CONNUS EU LS UT 298,
C, — Dominicus
&
rm
-1
gt Oo!
we?
LH 1 19
(e2]
©
(w2]
=
QU LS LS 19 1
19 O1 19 19 O! O1 QI
(02)
19 19 C1
OK
2)
to
Le)
=
1£ 19
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
CϾreba .
Cœrebinæ
Cœrebinés . :
Colibri (et Colibris)
Coliidæ .
Colious .
Colius
Collections Zoologiques du Val-de-
Grâce
Col-nud
Colombars . 2
Colombe de Cypris.
C. — muscadivore
C. — Oricou. .
Colombés
Colombi-£aille
Colombidés
Colombi-Gallines .
Columba..
C. — auricularis
©. — domestica …
C.\ — Hottentora.
C. — livia
C. — Temmincki
C. — Turtur.
Columbæ
Columbidæ .
Colymbidæ .
Colymbidés.
Colymbinæ .
Colymbus ‘
Combayma (Rivière de)
Conception (Ville de la) .
Condor .
Conirostre (et Conirostres)
Conirostrum.
Conures.
Copiapo.
Coq .
C.— ancien
C.— de bruyères .
C.— de roche .
G.— de roche, du Pérou.
9
. 14, 185, 269, 4
3545
339
1 93
445, 456, 517, 518
64, 165, 335
65, 70, 466
466
to & CI
— |
O1 € ©
19 19
>
19 ot
184, 247 418, 488
204
581
>82
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Coq de rochers CAE AE ONE 251
Ces (bois en Ur OR 251
C.— des montagnes . . . . . 253
C.— domestique . . . ne 253
Ce (ECO) MES TL UE 114, 517
Coquilles M LS 525
C. — fluviatiles univalves . . 519
Coraciado ND MEME di LA UNÉ 246
Coraciadéss AE TES UE 9246, 247
ConLCEES ROME a eu TR UE TE 353
Coracina NM ON ENTIER 250, 305
Coracine ANA Ur 7 958
Corbeau . . . . 146, 31, 179, 180, 181, 28, 521
CG. — à bec culminé . . . . 321
CG. — Levaillant. . . . . . 322
(RE EN OT MA EP NE LUN ARMES, 166
C. — resplendissant . . . . 291
(ÉONCONA D: A SAUT Er ER TETE Len 275
C. — melanorhynchus . . . . 321
Dordillères ON DRM OR NC 504, 510
Cordillère des Andes .
C. — Centrale Fête
Cormorans . . 7, 42, 65, 70, 130, 131, 135, 157,
189, 446, 447, 448
Corneille noire. , . . . . 16, 179, 181, 184
(orneilles MMM EMI LOC 2
GarolieMB at) -APEOUETE UT 31
COLLE MNT ANR ENCORE 320, 321
CORVITES ERA ETES RNA TER 977, 521, 514
Corvintee DEN TIRE UE 521, 322, 511
Corvus Capensis . + . . . . . 522, 511
CE HIcorar PANNE EUR TENTE: 166
C. — culminatus. . . . . . : 247
C.— splendens . . . . . . . 947
Ghryphée 4-4": EEE. 218
PTE t. MMA IN RTE UE 258, 504
COURRIER 3549, 462
Gotyle riparia - :\. . . . . 264
Cou CAIN ONE EE LD RE, 1 eS 298
Coucou (et Coucous) . 14, 40, 193, 214, 245, 216,
217, 219, 476, 491
Ci vtasaros bec RE 221
CA chamMeUT SU CADET 219, 220, 224
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Coucou d'Europe .
C. — de l'Inde
Coulicou
C. — Américain.
Coureurs :
C. — Echassiers
Courlan (et Courlans),
Courliri.
Courlis .
Couronaye (Montagne du)
Couroucous.
Courrevîtes .
Cracide.
Cracidés
Cracticinæ .
Cracticinés.
Crapaud-Volant
Crateropus .
Craspedænas
Creadion.
Crocodiles .
Crotophaga .
Crotophagidæ .
Crotophagidés.
Crotophaginæ .
Crotophaginés.
Crozets (Iles des).
Crustacés .
Cuba (Ile de).
Cubla
Cuculidés. .
Cuculinæ.
Cuculinés
Cuculus . : .
C. — canorus.
Curruca . s
C. — atricapilla.
C. — hortensis .
C. — Rupellii.
Cursores.
Cursoriidæ .
Cursorius bicinctus.
38,
993,
65, 346,
30, 418, 489, 523, 524,
525, 526,
: 418,
42, 65, 185, 566,
63, 163, 163, 214,
64, 555,
429,
215,
. 215, 229, 5092, 5053,
471,
985, 464,
447, 214,
215,
40,
79, 93,
93,
190, 356, 346, 355,
64, 546, 352,
515
597
189
418
249
254
358
A
41
322
316
180
297
339
9716
452
488
151
306
250.
515
472
519
30
216
306
215
217
219
)8 4
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Cuzco, .
Cyanocilta à UE
C. — melanocyanea .
Cyanogarrulus cristalus .
Cyanopica cyanea.
Cycnidæ .
Cygne (et Ci200)
C. — de Léda
Cynchramus miliarius.
Cypris
Cypselidæ
Cypselinæ
Cypsélinés .
Cysticola
Dacnis.
Dacnis .
Dacelonincæ.
Daim
Danube
Dattes .
Dentirostres
. — marcheurs.
. — percheurs .
-
64, 199, 138, 45
. — percheurs à bec déprimé
D
D Eve NS
D. — percheurs à bec comprimé.
D
D.
— suspenseurs
Dentirostri arborei .
D. — arborei compressirostri.
D. — arborei depressirostri .
D. — insessores
D. — suspensi .
Dendrocolaptinés .
Déodactyles conirostres.
D. — dentirostres
Deodactyli .
D. — fissirostri.
D. — tenuirostri.
Dicée .
D.— à bec d'Hirondelle.
Dicoeum :
D. — hirundinaceum
6,
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Dis LEE EN RENE. 518
DITES RO ERA ETES 516
LAUSANNE 517
DiQUNQUMS AIR ENT ROUES AS 518
D. — strigirostris. . . . . 517, 513
TL EME ONREEMION-F HIER 273
DICDBE re er ME ni. 52, 109
TU EE DEN TOP RE PR EEE 28, 157, 344
Dindon (et Dindons) . . . . 18, 65, 77, 344, 515
Dinornithidæ. à : 560, 364
Dinornithinæ. . . . . . . . 516
MG D HOME EN ER AO Et 329
Diomedea exulans … . . . . . 459
Diomedeinξnt 4 5 LI LM, 459
Diomédéinés . . . . . . . 459
D ERA RER Er e LSTIA 279
LE TIUDA SAIS OUEN EVE E RES PRET 516
DORACOUS RTE MUR UNE 297
ENT Ce EN TES AN ARE AE Sen 95
Drepaniane nine LOT, 270
DEÉDAURIRES ETS ECS PU UNE 270
DESERT ET TE SEE MA 51
DITES MONET A ERREUR 462
DOME RSR SSL EE ENT 426
Dromolteni ee Us MIN LE OR, 29%
MRONLEN M EE A CREER OS 451, 516
DYYOLOBUS" LAINE RE EN UE 320
PL CULL CORNSCPERRnIETT DRE 455
Dut (moyen). M0 EN. D. 02. 93
DYSOES TERRES AR APT CP Tee 597, 526
E.
Echasse {et Echasses). - . . . . 108, 366, 462
Echassier (et Echassiers). 66, 108, 128, 144, 145,
170, 386, 435, 458, 459, 440, 449, 463
E. — grands-voiliers à pieds
IL EN ENTER 464
E. — 0 fs UEPIS en MORE EN a 586, 464
Echenlenr en nt, 516
Ecriture Chinoise. , . . . . 467
E—, Japonaise. . ... . . 467
FAN BR ER OT ee 218
RS LOIR ee LU NE 218
D89
86
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Effarvatte
Effraye .
Ega. .
Egypte .
Egyptiens
Eider.
Emberiza
Emberizidæ .
Embérizidés
Emberizin .
Embryon (Bot.)
Engoulevents .
Enicures -
Enicurus Phenas :
EÉperonniers ‘\..! 1.
Epervier let Eperviers)
E.— commun.
Epimaquinés
Epiornithidæ
ÆEpiornithinæ
Erysmatura . ;
E. — ferruginea.
E. — mersa.
Erythrospiza
Estreldinæ
Etats-Unis.
Etourneau .
E. — de la Louisiane
Eucalyptus .
Eudocimus ruber
Eudynamis .
E. — niger
E. — ortentalis
Eudyptidæ
Eudyptidés .
Eudyptula minor
Eupetes .
. Eupetinæ .
Euphones (et Euphonen 5
Euphonia
Euphoniinæ . .: . .
Euphoniinés
Euplectes
. 53, 419, 207, 211
293
509
45, 115, 499
429
82, 457
249
532
332
315
30
51, 64, 260, 476
288
288
344
41, 502
198
277
360
516
157, 458
437
458
544
551, 532, 319
485
51, 37, 38
147
275, 279
498
217, 221, 552
217
9217
4TO, 481
481
410
288
283, 288
#10
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Euplectinæ .
Eupodotis
Euphorbes .
Eurylaimidés
Erurypiga.
Eurypigidæ .
Eurypigidés
Eurypigine .
Eurystomus .
Faisan (et Faisans)
Faisan argenté.
— à collier
— des Indes...
— doré
Falcinelies .
lalcineliinæ .
Falcinellinés
Fulcinellus
F. — igneus
Falco
Falconeæ
Falconidæ
Falconidés ;
Falconinæ
Falconinés .
Falcuaculinæ
Falcunculinés
Falcunculus leucogaster .
Falculianæ
Faucheur.
Faucon
nes
|
. Fauvette (et Fauvettes)
— * à tête noire .
— babillarde
citrin .
— de jardins
— de roseaux
— ordinaire.
Hum
— blanc de la Chine
commun ou vulgaire .
65, 93, 132, 166, 185,
189, 344, 593
77, 147, 184
79, 184
18
18, 28, 184
28
447, 184
428
428
198
427
415
467
205
206
447
205, 502
203
298
298
298
2719
9253
312
93, 293, 305
73, 93, 219
219
218
221
193, 219
219
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Fauvette rousse eRnne AE SN RTS Re 93
F. — rousse-lête . . . . . 218
ACEUUIQ ARRETE CS Lei EN EE 300
PACEQUINE ALERT LL UERT 300
Ficédulinés me 0. ,1. NU, 500
Figura ovalis. . . . . . . . 12
Fissirotres . . 261, 495
Flamant (et Flamants) 196, 197, 129, 455, 456, 437,
4358, 440, 441, 444, 456, 462, 489
Flüteur. 3 LES 43 322
Forme hrdueues . …. + : 65, 64, 66, 70, 80
F.— Ellipso-Conique . . . . 71
F.— Ellipsoïdale. . . . . . 71
F,— Ellipso-Sphérique. . . 1920
F. — Elliptique. 63, 65, 66, 67, 6, 70, 74, 80, 117
F.— Ovalaire. . . . 63, 65, 66, 68, 69, 80, 117
Fe SD vale Te MT rte 40
Fi Ovée ut CM, NU, 63 OAI NISO MAT
F.— Ovoïconique. . . . . 63,64, 65, 66, 67,
71, 80, 108, 117
F.— Sphérique . . 63, 66, 68, 69, 71, 80, 147
F.— Transitoire. . . . 41
Fe Ventrue MMA AMEN EE 41
Formicaridæ . . . . . . . . 289
Formicaridés. 4.5. 000. AN 289, 507
FOFMICArINE UN. LUN | 289
Fou (et Fous) + . . . . . .65, 446, 447, 448
PORULS APE SPA MERS AN ETES à 529
Foulque: # . :. : . + . 95,94, 135,385,1388
Fourmis . . . TC SR 340, 404
Fournier (et HniGrE) . + A7, 195, 285, 506
HEANC ais M AL ATEN 405
François Ier .
MYORCOLU: eos Tee Ve LE} 546, 348
Francolins . . QUE SARL Ye 348
Frégatte (et Frégattes). . . . . 65, 128, 441, 447
Dregulinte tee EN CN CU POUR 321
FH CQULS EME NE Le ARE OR ENTRE 522
Fringilla coelebs . . . . . . . 81, 166, 167
RÉ OO SONT S Re os EU Ra De | 459
Fringillidæ ... .… . . . 167, 527, 552, 355, 462
PDAlUUES EME OT IN UN NE 471, 327, 555
Fuel NE Re TENTE 529
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
FrugiNonese 5 De: ER Er, 397
PUCUS EE, EM. LRO ET NUE 465
Pi giganteus ND UNION Ne 285
LOUE EN EME CPE ARR NT ASSET LE 93, 526
E.— porphyrio . . . . . . . 390, 528
RANCE EST JR ARTE SU à 387
MNPIROSE Er Us 439
DUT 0 0 1 PEN EL ET E 3587, 588, 409
ROTEITESMAATES AS JUL: 588
ENT OUT OURS ERIC RE RATE ES 456
Fuligulidés : ù
BANANE, SU ee M el < 243, 282
Furnariidés . 282, 506
RAPNANI AE SNA ET 4 : D'EES Es 943, 289
RURRATUNÉSNE.L Us E DS SN: 283
UPS OO URSS ie RE 283
G.
Dale Part DN2 En OR Te 214, 255, 256
CREATION UE 0 CT VA CUES 287
Galerie Anatomique du Muséum de
JA A nd 2 BR ER ee 2 RAP E à 385
Galeries Zoologiques du Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris. . 484
FEU NS ET OR EN An 65, 336, 345
Gallidés . . . . . . . 198, 489, 185, 345, 512
Ealhformes tape." Em 10. 397
Gallinacet. 020 NN 2070 1.7 1,1015; 380, 843,912
Gallinacé (et Gallinacés) . à, 41, 42, 66, 105, 125,
126, 127, 128, 144, 145, 167, 185, 192, 193, 254,
336, 345, 402, 462, 465, 513, 514, 518, 521.
ECTS VERS PALIER PEN RUE 345
Calle PRE, OPUS 387
CARRIERE ne RER 318, 526
Gallinule (et Gallinules) . . . . 519, 526
Gallipèdes ...:, . . . + . 65, 336, 5192, 514
GOLRPOUES RES AEUR A © NA): 512
GAROU NE en. OS RE Tr 366
GONE CNE Per, Lee. 321 521
Gallo antico . HE Re 7 ARR 254
G.— de montana. . 2: . . . . 254
Gallopato ph EX 0e.) te 56 1669 05% SD IMI
GalonIONMEM CE ER OS | 344
)90
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Gallus.
G.— Bankiva
G.— Bernthami .
G.— furcatus
G.— lunulatus .
G.— Sonnerali .
Gand .
Gangas
Garance
Garrulidæ
Garrulidés .
Garrulinæ
Garrulinés .
Garrulus :
G. — glandarius.
Gaviæ .
Gazelle.
Geai. .
Genève. LPS
Geophilus carunculatus .
Géosittes .
Glaréoles.
Glareolidæ.
Glaréolidés. .
Glareolinæ.
Glaucopidæ. .
Glaucopis .
Gobe-mouches .
G.— m.— mantelé
Goëland (et Goëlands).
Goëmonds. .
Goldahnchen .
Gonolek .
Gorfou.
G. — sauteur .
Goura .
Gourinæ . at DE
Goyas (Province de). .
Gracula religiosa
Graculinæ..
Graculus palmipedes.
Grahams-Twon .
5, 65, 126, 127, 153, 186,
182, 344
. 38, 158, 139, 160
321, 522, 510, 311
145, 445, 462
65, 566, 373
65, 566, 57
373, 439
ts O1
19
=!
304, 520
218
161, 469, 463, 464, 465
9283
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Grall®: ‘4: 1 "400, 148, 564, 565, 458, 518
GHANA ENRERE KES TG AE 546
Grallatores . . . 458
Gralle (et Gralles) . 498, 170, 186, 193, 353, 365,
459, 442, 455, 465, 507
(IN RER FERRER COR 288
G:— cyanoleuca . . . . . .. 288
EE CT NEC RARE ETS 288
CRM EC et Re TE 454, 465
Graucalus. . . 320
Grèbe (et Grèbes) 26. 2, 68, 67, 71, 125, 189, 3586,
446, 447, 449, 450, 452, 455, 454, 45x, 502
Gr ÉASASNEUX à. à +. Vie 165
nr 15 SAP NICE IA 37
GREEN KL SE 129, 145, 455
ECC RRY CAR ETS PR ad, APE 51
GPS PDU ro MER x, 118
Grenouilles. . . . . . . ,. 432
Grimpereau d'Europe . . .- . . 147, 280
G. — de murailles : . . . 279
Grimpeurs, 2. "00. 208, 209, 215, 244, 234
Grive (et Grives) . LU ENES 51, 52, 292
SERRE DL LATE re 272
CAM eAITE 2 US 0e HR UINEMOr 219
Groot-vis-River . . . . . . 241
Gros-Becs . . . ‘ 167, 257, 258, 328
Grue (et Grues) 258, AT, 416, 454, 445, 466, 505,
519, 820, 524, 5925, 526, 527
GvéenAréer st Le S 78
G.— du Bengale. °. . . , . . 308
CARRIERE à RA, 7 417, 418
ÉTHIGOS SU 2 PE LE NE ES 417
CSA MR RER de à Le AIN RENE 526
GO Aganes EE Die 424
OT 10 1 Eee Mesa SEXEET LRU ET On 424
G.— Australasiana . . . . . . 417
GS CONENCUATA Ne NN 424
G.—cinerea . . 417, 424
Guacharo . 64, 119, 260, 2s1, 418, 488, 526, 527
Guadeloupe . . 52, 261, 292, 585, 506, 518, 523
Guanumbi . 2 DE dr ue 8
GS EE MS ULEQUEE, 59 PE LES GEO EE 51
Guêpiers . . . 37, 41, 44, 47, 64, 189, 183, 237
D94
92
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Guillemots .
Guira.
Gui-guits . ,
Guyane .
Gymnocephalus.
Gymnodère
Gymnoderinæ
Gymnoderus .
Gypaëte.
Gypaëtos
Gypogeranidæ .
Gypogeranus
Gyps .
Haliaetus
Hanneton .
Harle (et Harles)
Havane.
Helias phalenoïdes
Herodiones .
Hérodion (et Hérod
Héron (et Hérons).
H.— petit.
H.— tacheté
Herse flavigastra
Heterornis .
H. —
Hibous.
Hierococcyx.
Himantopus.
Hirondelles.
H. —
Hirundinidæ
Hirundinidés
Hirundininæ
Hirundo rustica.
Hoazin.
Hocco (et Hoccos) .
H.— mituporanga .
ions) Feu
Malabaricus
de mer.
.7, 63, 71, 105, 108, 125, 127, 130,
133, 166, 171, 189, 468
250, 231, 503
270, 273
377,509
303
311
303
303, 311
137, 300
301
119
108, 206
300, 501
206
As 91, 245
44, 440, 446, 4ÂT, 456
51
: 278
145, 565, 416, 443
416, 420, 435, 456,
437, 415
44, 386, 418, 519, 520, 524, 526
58
185
263
324
SE > 324
.43, 57, 41, 47, 146, 185, 186
AN VEN 295%
Pi MNT: 108, 366
57, 264, 269, 305, 450, 463, 505
Abe 196, 153, 186
' 264
198, 255, 264, 305
264, 303
SR EE 263
- 193, 393, 401, 404, 405, 406
. 199, 139, 138, 411, 457, 438
93, 9%4
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Hoœmatopodidæ
Hæœmatopodidés.
Hœmatops.
Houbara . :
Huisne (Rivière d’).
Huitriers .
Huppes .
Hydrophasianus .
Hygrobatæ
Hygrobate (et Hygrobates)
Hylophilus.
H. —— cyanoleucus
Hymalaïa .
Hyphantornis .
Hyppogée
Hyppolaïs.
— Elaïca .
— icterina.
— olivelorum .
— polyglorta .
— salicaria
RS RUES
Ibijanx
Ibinæ
Ibinés.
Ibis
Ibis religiosa .
Ibis sacré.
Icteri .
Icteridæ
Ictéridés .
Ictériens .
Icterinæ
Icterus.
I. — gularis.
Iguanes . . .
Ile du Sud (}') .
Iliacus .
I1.— illas.
I.— minor
Impennes.
Importun.
65, 366,
427,
147, 189, 324,
. 66, 144, 145,
—
EE
93
)94
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Importun du Cap
Inde
Indicateurs
Indicator albirostris .
1. — major .
Indicatcrinæ .
Indicatorinés.
Indiens
Inepti .
Insectes .
Incectivores 00. OMIS Den
Instruction publique (Ministère de l°)
Trrisor. se
1. — erythrorynchus
Irrisoridæ .
Irrisoridés
frrisorinæ.
Ixos ;
Î.— chrysorr'hœus
I.— hoœmorrhousa
1.— Psidii
Jacamars.
Jacanas
Japon. LA LI PE
Jardin des Plantes de Paris .
Jardin Zoologique de Bruxelles.
J. — _— de Londres .
Jones .
Junon LEA
Jupiter.
EK.
Kakatoës .
Kamichi .
Kolobény.
Kolquals .
Koronés
Kurrichaïne . .
269,
214, 2
64,
487,
O1 ©
QO © =
© CO 1
19 19 19 19
Qt =>
© ©
La
Le
TABLE AL
Lac des Perles .
Lagoa das Perolas
Lagopède.
Lamellirostres
Lamellirostri .
Lamprotornis auratus
Lamprotornithinæ
Langrayens
Laniarii
Laniarius . :
L. — Boulboul .
L. — Cubla
Lanü .
Laniidæ
Lanndés .
Laniinæ
Laninés .
Lanius. :
L.— Bacbakiri.
L.— Carolinensis .
L,.— collurio
L.— Nubicus
Laomedontia carunculata SRE
. 65, 127, 186, 586, 445, 459, 461
146, 167, 514, 516, 320, 525, 531
PHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
EL.
405, 406
405
. 445, 455, 455, 457, 458, 459
445, 456
3
PO 258, 503
517, 520, 525, 331, 335
317, 3
417, 424
Laridæ :
Laridés . . 498, 455, 461, 462, 465, 464, 463, 467
Latirostres 246, 258
Latirostri . AG
Laulnay . 77
Lauriers . 408
Laurina 252
Léda x
Leipseick. 15, 52
Leptoptilos 4352, 455, 454
Lestris. Era MINCE 465
Leucophrys pileatus . 328
Leyde. 52-557
Lézards 452
Lewinia 520
Lichens 465
Lille . 52
Limaces. 525
596 TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
LAN OS UNE TRUE DIT EDR TON IDE 314
LINOLA MENU NEA RTE 334
Linotte (et Linbttes). sr A LES 219, 323
LISDONNE VAN. LE. | RATE 306
ILOCUS TEA 0 ET LPC, 302
LOMME NT ENREEe PU A NET l
Londres. , : 52
OTPADENDES RER D LL: UE METRS 64, 459
Longipennes. . . . . . . . A45, 455, 459, 466
Longirostres 256
Longirostri . "236
Lophophorinæ . 344
Lophortyx 5 349
L. — Californicus 349
L'ONS DEP er AE AT TRE 212
Loriot 171, 177, 516
L.— Prince- DÉcens *977
HÉOUISLANE EE ELU Re IE OR A47
OUPS RER TNT CE RS 24%
Loxia pyliopsittacus . . . . . . 127
L.— socia. . . ee ne 3528
Luca (Montagne du). tee AUEPOEE 229
Prnme=Cryile RER SE CR. 56, 104
PES GENE ES NO MR APT OS NRC ER EEE 305
Lycos monedulx . . . . . . . 93
M.
Macareux . . . AAA 110, 195, 127
Macreuse (et He L'ÉEMEdeS 450, 456
Macrocerques . 242
Macronus 297
Macronyx 287
Madagascar 975
Maïnates. 525
Malcoha. At ER ET 298
LORS VITE ME OR ES 295
Malurus cyaneus TA 224
Mammifères (Classe 1) ALMA VAIX
Manakin (et Manakins). . . . . 247, 258, 505
A GER EE AP ME NUS 505
MAnChOtS MMM EN 60 IS M6 MO
Marabous 1e Se EL RCE 4; 418, 452, 454
Maroni (Fleuve de) 420.00 0e 949
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
MAteREUDI. Po CN PAC 243, 244
Mania (Sand) 2e. 0e Un Ce 509
Marouettes. . . 386
Martinet (et Martinels) at 4186, 193, 294, 262, 264,
269, 298, 299, 450, 463
Martin-pêcheur. 5, 43, 37, 41, 42, 44, 47, 64, 116,
124, 185, 186, 211, 235, 236, 237, 553, 313
Matto-Grosso (Province de). . . 307
LI EN CT OR ARCS MRC 495
Megalonycinæ . VOTE PTE 289
L'TUS TOTONSMENE MEET 287
Megalurus . . . cd, 297, 302
Mégapode (et Me) $ 64, 70, 189, 419, 457,
458, 518, 522, 525
Megapodiidæ . . . . . 64, 3175, 397, 412, 518
MARGES. nt US MT SES 410, 412
Megapodius Cumingii . . . . . 412
M. — Nicobafieus:. "1300 412, 415
MR ocellhtus + m5 4 EU. 413
M. — RUDRIDES LE SI EU ee de A13
M. -- tumulus. . . . 266
Melanocorypha . : . . . . . . 287
LTÉE IN ERREUR 347
. ALT UC SAMRRPRTET LEE 347
MELCAUTER EN ANSE RL ERNE : 346
Meleugris . . REC EL OS 93, 346
Melizophilus Hénin alts CLONE LE 302
LOUE NT ERA NEC NOR 275
MEME EMaUrICOMIS 4 pe 5 NI. 224
M. — Australasiana . 224
M. — Novæ-Hollandiæ 294
M. — penicillata . 224
M. — sericea . ce Va 294
LIL SE CCE OR ON CREER 268, 279, 511
MéTRICHIUIPRRRE RL EEE - 304
Melliphaëidés . 147, 210, 224, 268, 274, 276, 277
Melolontha vulgaris. SERICRUE
M. — dlanigera. . . RSA 226
Ménagerie du Muséum de Pañs. ï 162, 362
MÉDUTE. ET ET MEN E: CREUSE. 290, 507
MEURT NES ER CEE UN: ee 290
MONUTINES See. nr mm Ne 282
MEREUS REA TR EN RAS EE 41, 440, 466
997
098
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Mergidæ 456
Mergidés En RENTE TER
Merle 166, 167, 180, 181, 28%, 288
M.— à cul d’or 216
M.— émigrant. 166
M.— erratique 227
M.— miauleur. . . MSN: 226
M. noir et commun. . 16, 85, 166, 167, 184, 219
M.— Spréo 266
Merula 293
Mérulidés . 147, 255
Meropidæ Res 64, 237
Mérppides Cp 1e 2 20, AE OMR 257245
Mésange (et Mésanges) 186, 195, 234, 258, 262, 264,
269, 270, 298, 299, 500, 308
M. — à moustaches 508
M. — grosse Charbonnière 219
M. — penduline 37
Mésite (et Mésites) . . 523
Wesilidæ 3175, 525
Messager. . . . 65
Metopidius Africana 376
Meünier 284
Mexique 325
Milan 37
M.— noir ARE 96
Millouin (et Millouins) 450
Mimus 299, 293
Minerve, x
Mixornis 297
Mogador 166
Moineau à 14, 16, 180, 526
M. — domestique 835, 86, 95, 101
Molinero 6 284
Mollusques . RE 211, 285, 491, 464
M. — Gastéropodes nus 525
Molothrinæ . 524
Moloihrus. 235, 526, 491
Momie. 429
Morotidæ 257
Momots. 2357
Moncou-Moncoué . 404
Mopanès 239
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Mhquedr” PL 0 08: 292
LL (QU LESC ON RATES CRETE 110
IMOLOCEIR NN MER EC PT UE re. 286
MS SRI A Re MP NE TE 0. 219
MOTQCI EN NN M ERA LE. 435, 288
Motacillinæ . . . . . . . . 983, 287, 988
MOAGINNEB Een. EU TE 2e, 1. 286
LL TUE A NERO 29
Mouches ARS. LD TEEN ° 944
Mouettes ., . . . 42, 116, 197, 135, 469, 465
MOMHLON RMS ENT PR. en Sen Es! 593
NID ABS ESPN RUE? REPAS EP. 471
MG PPT PS AU Mrs UE ee 244
Muscicapa hœæmorrhousz … . . . 216
Muscicapidæ. . . . . . . 288, 290, 504, 314
MIUSCICOPINB NE: CN EE AN, 305
Muscisaxicola fluvicola. . . . . 291
Musée Egyptien du Louvres. . . 450
me derLeyde:is., fr ul. 337 , 490
M. — du Mans . . . . . . 84
M. — Impérial de Rio-Janeiro. . 51
M. — de Londres. . . . . . 490
M. — de Philadelphie . . . 247, 280, 409, 424
M. — Néerlandais. . . . . . 52
M: — Zoologique de La Rochelle . 90
Muséum d'Histoire naturelle de Paris 26, 51, 77, 78,
85, 94, 257, 260, 362, 376, 588, 409,
460, 475, 478, 485, 487, 489, 519, K96
Musophages. RUE © 208, 210, 397
Musophagidæ . . . 63, 163, 163, 210, 343, 397
Mapohaeidése ANR ES, 198, 209, 234
MTS IA RARES ee 275
N.
Nageurs "M . !. .. %1 195,586, 438,463
DL (BOURSE 00h. EUR 386
Date L'OMONPANMERE. HOME 339
Nanou EEE Fi se 161, 162, 361
Hs LT TOM PORC DAMON ARRETE TES 4358, 445
NeBtOYINIQ NN EME, MERE z 270
NECIAPIRIB ET OU ARR NUE QE PRE TE 267
INectaridone RENE LRU ME Pen: 969
D99
600
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Nectariniidés
Nectariniinæ
Nectarininés .
Nègres
Neomorpha .
Néomorphidés .
Neophron
New—Yorck.
Nilaus .
Nil uenres
Nil-Blanc .
Nismes
Nogent-le- Ron
Notherodius Guarauna. .
Nouvelle-Grenade .
N. — Guinée
N. — Hollande.
N. — Zélande .
Nullipennes.
Numenius :
N. — arcualus .
N. — Guarauna.
N. — phæopus.
Numida.
Nuremberg
Nyctiibinæ .
Océanie.
Océan Pacifique
Ocotea
Ocydrôme ra
Ocydromadinæ .
Ocydromadinés.
Ocypterus
Odontophorinæ .
. 81, 249,
Œdicnème (et Hbntue) :
Œ. — criard .
OEdicnemidæ
Œdicnémidés .
OEdicnemus bistrialus .
OE. — crepilans.
77, 330, 454, 498
253, 3717, 384, 408
268, 269
259, 260
163, 346, 549
. 64, 193, 553, 395
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
@ŒEdicnemus grallarius 358
OE. — maculosus . 358
OEnanthe . 294
Œuf arrondi. A
Œ.—court M1
Œ.— de Coq. 95; 95, 98
Œ.— de Serpent 18
Œ.— oblong. 41
Œ.— aigus 415
Œ.— coulants Ë 100
Œ.— globuleux. . ‘ 115
1er EN CONS MREREENENT ES 100, 139
Œ.— monstrueux à l’extérieur . . 75
Œ.— — à l’intérieur . . 78
Oie (et Oies).
0.— commune .
0.— domestique
Oiseau-Mouche .
20, 47, 163, 166, 482, 183,
5, 49, 44, 130, 138, 456
64, 81, 85, 88, 90
133
187, 265, 266, 269
O.— M.— à brins blancs . . 265
O0. — Taureau. 307
O0. — Tisseur . 299
O0. — Tisserand 299
Oiseaux (Classe des) NET LE IX
O.— Aquatiques. 5, 7, 10%, 110, 111, 199,
130, 133, 189
O.— Arctiques 7, 109
O0.— Chanteurs . 104
0.— d’eau 456
O0. — d’eau douce 8
O.— de haut vol 69
O.— de marais . 104
O0. — de mer. ; 7
O0. — de mer stupides . S
O.— de paradis. : 277
O.— de proie. 5, 67, 69, 104, 450
O.— de proie Diurnes. 5, 51, 131
O.— de proie Nocturnes . 31, 182
O0. — des rivages. 51
O.— des mers Australes 1353
O. — des mers Polaires 117
O0. — Diurnes. 207
O.— Grimpeurs . 104
79
601
602
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Oiseaux-Mouches . :
— Nageurs . . . . si, 69, 129,
== Nocturnes.” 0.
— Sous-Marins. D
Terrestres. . 0 20199 452%
— Terrestres non Rapaces.
— Terrestres Rapaces.
Onocrotalus . ete
Oogénèse .
Ophidiens.
Opisthocome .
Opisthocomidæ
Opisthocomidés.
Opisthocominés.
Opisthocomus.
Oreophasis
Oriolie A DO ARMES ee ul 22
Oro dE RER AE INR SELLER
Oriolidés.
Oriolus. HART
OS GATE EME
O. — larvatus .
22ec0cs
|
Ornythonycinæ
Orphée
Orthotome .
Orthotomus
Ortyx .
Oryx
Oturies. RL NEA RE
DE TELE ER SUN A POS
Otidés.
Ouis tarda.
O.— tetrax
OLocoris. . ART RENE CE
O. — bilopha. .". .
Otus vulgaris . :
Outarde (et Outardes) 64, 126, 12 7, 132, 545,
DR srande tee 4e ;
OS pete LUN.
Ova globulosa
O.— ovata
Ovum arcuatum .
O.— bitestaceum
64, 69
445, 462
186, 209
69
189, 462
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Ovum centeninum. . . . . . . 92, 497
OsRcomn.! 2 mEE 497
Oi= faomshiequm.s: 7. 1 497
M 1 17: ISNORRERRROR ORAN 497
= granuldtum.. (nl 1 497
OANLONO RES Re 497
O.— pediculatum . . . . . . 497
Et LT CORNE NO NE 497
DE REgnMumE . 4. AN. à 497
O.— pyriforme. . . 4 , . … 497
O.— serpentarium … . . . . . 497
DNS TAG UM Us mean 497
Digne UN 1 497
Dos. 2 497
Calelerriqme MU, À: KO 160
Oxilophus glandarius . . . . . 218
CRU ET TS A HR PIE ES 218
Oyapock (Rivière de l') . . . . 249
P,
Pailles-en-queue . . . . . . 460
Palamedea chavaria.
P. — cornula . A Re ee
IE CAT SRE EONIEONT 316
Palhmédeidés 2" + 160. 459
Palétuviers . . . 151
Palmipèdes . 66, 68, 69, 105, 151, 144, 145, 167,
170, 171, 192, 438, 439, 440, 144,
462, 463, 469
P. — älongs pieds. . . . 459
Pe. —" à pieds courtss .: : :. 439
PR MATChEUT I SA SE 450
P. — sous-nageurs. . . . 445
RU MOUS ANNE US dep ANNE 249
TE LOUER LeioE AURA ARE 206, 502
Pandor ea ae ie 4 OR 4835
Mein AL EN, en 508
MAUURIS) > RP ES ARE CAE LUN 508
Paon (et Paons) . 65, 80, 545, 404, 457, 514, 515
Ps de Junon M4. 7” x
P.— des Palétuviers . . . . . 520
Pistes Roses. 200: Ju 384, 520.
P— des Roses (petit) . . . . 377
603
604
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Papillons . RARE 47, 144
PR = MPPhalènes EN EE 378
Parad(le) EMEA PT TONER 404, 406, 524
HATAS UT ER PME ARE M: #20 51, 408
Paradigalle (et Paradigalles) . 27S
P. — caronculé . 277
Paradise1A ce ENT. ON. CRI OU 92717
PATAISEIUES PRET D 0 0. 258, 269, 277
Paradiséinés. Dir
Pardalotinæ . 298
Pardalotinés . 298
Pardalotus PARU TA JOUE, dc TEE. 9298
PATES MU. LUE 20981b09; 120)
PATES APR E LEUR Nr, 447, 298
Parinæ . . . . . . . . 298, 299, 300, 308
PARINES EE EL MEN RE LU. 298, 408
RANO OI ENT Ne AR OUR ES CR: 334
POPOLES BE a Ie Ms SEL 299, 500
Parra INC ER ORALE 216
PR Jan SEA NU C 0 376
PE ISINENS TER SON CP TOR 376
PARTIE RE A E Let PT le Le 64, 120, 575
PARTIES RUE LAN EME NOEL 439
Parus . : 238
RE TU) OT EE NE AE LIN TRS LUN: 0. 219
Passer . MINE 000529, 531, 159412402514
P.— domesticus . . . . 85, 86, 95, 101, 526
P.— montanus. . . : 329, 512
Passereau (et Passereaux) . 5, 31, 52, 64, 66, 198,
144, 145, 163, 171, 185, 209, 256, 261,
455, 465, 515, 517.
P. — conirostres. . . . . 332
PS déodactyles.s 1 On 259, 261
POSSERES MARS = CA A ROLE L 236
PASSETIO AIS NEA TOR EN EE < 597, 410
IPOSserin: GNU à 3e DER Ne AU 258
PAtASONIE MM CE ATEN MENT : 370
Pau MMM OT TO OS 07 SMS
Pavao 584
ES USE NOR NET ONE 507
RADONANER EEE Le TUTT Se 520
PADONIAE EE EL NC AT NE 65, 556, 345
PAVONLES EME OS NU DORE MRC 545
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
POUVONS 27 ART Ne DELTA 345
BAMBARS RE PR RL eEN EN 44
FPS MR TE ENTRE AU, 307, 504
PROS. CEE POP NET ER PME TE D 186
PORN ATOS. ne 186
PÉTECOER SP TETE CVS ve Ye 65, 443, 445, 447
Pélécanidés.' . . 127, 199, 145, 146, 435, 456,
441, 442, 444, 448, 461
BARCORUSMR RTE RCE EE 440, 441, 446
RER CPS DSL UD ef eg = 448
Pélican (et Pélicans) . . 65, 70, 94, 198, 137, 189
455, 440, 446, 447, 502
TRAIT LCA UNE A OI ARE TE 296
ERA RUE TARA LEON. D ue Ce 259
RECU SE TS LE 7 remet en Me 325, 326
Pénélopes . . . . . . 64,129, 138, 406, 410
Penelopidæ"." + "0. : |... 64) 5315; 597 M0
PÉRÉDNAEN es Tue 7 #0
IPOTRETIRE TE MENT EE CUS. VMS 512
BEN Cimacro es. ANVTANN 311
Pepoaza fluvicola.f. . . . . . 291
Perdices. . QUES HT CS TI | 124
Perdicidæ . . . . . . 65, 185, 346, 462, 518
Perdieidés.. . . . 1... 9,198, 443, 493,346
l'E VAUT SPORE TOP EE IE PO TRS 545, 346, 549
Perdix cinereus . RE PUS EIRE E 366
Perdrix. . . . 14, 65, 195, 195, 349,593, 595
ARR EPISODE OUS 7 PEL EN 166
Perisoreus Canadensis .
Périsperme (Bot.). RES 30, 51
Pérou ee 0. UE". 0 1484; 3060584509
Perroquet (et Perroquets) . . 5, 63, 69, 135, 517
PNR CTI Le MOTS AG AS T2
LEE LR QT ORNE SE 42, 198, 460
PÉIROËSTCNDE SE NUL 0 + + AOC 294
Petrocossyp As ete, 01 : x eme. 294
PELYOICONTUSCO MEN EU OIL 294
PEROU, 2 a et MES Pl 354
PARÉIONN ET EM. Me. Lo le 441
PATÉLONAE NN TS NO. AN) 447, 459, 460
PRAÉIONITE SE EEE NS Eee 460
Phaëtlornis superciliosus. . . . . 265
Phalacrocoracidæ. . . HT Le 65, 447
606
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Phalacrocoracidés.
PhalacrocorAx ee. MN EN OCTO 441, 446
Lhalirepes ere NC TENTE 65, 566, 574
Phalaropoduidæ nu. UN 65, 369, 374
PhalarnpOdHOES Le: Le 20,00 Vie 374
Phastande ee 0 .. NT 65, 185550 0245
Phasianidés . AE COCHE 4147, 544, 515
PAGSIONNPRMSRLEAN Me NC. 3544
Phasianus crislatus . . . . . 405
PER EMNYCMEMENUS - 1 + LAN, EN, 147
PAM ERDTÉCRIS AAA EE 147
Phénicoptère (et Phénicoptères) 1926, 455, 436, 449,
443, 444, 456, 4389
Phénicoptéridés . . me. 129, 435, 439
PADNRICODREME. NN EE ere Le 215, 218
PhénIcOphéMeEs ME MEME NN AE 215
Phænñicopteridæ . . . . . . 456, 444
PRÉENCODIENIS EE NE A ON IN ON 439, 539, 489
PERS erythrœus : . . . 4353
Phonigamme de Kéraudren . . . 309
Phibalura : 305
Philadelphie . . 310
Philepilta sericea . : . . . . 275, 276
Philesturnus carunculatus . . ”* . 275271
Philippines (les) Ven. 51
PALIOMELAANE MANN T 0e À | SUR ENE 303
Philo mele 4 24 Men PCM MER 305
Philosophes quinaires. . . . . 209
PROQUES ET NOR ACTE 192, 469
PES des DISEAUxXE ON NN 72
PRIONEUSIEME LR NE PEN Ur 94, 500
P. — ÉROCRALS ee CSN 219
AE LE el PANNE CET UE TERRE 598, 510
PHJLOIOIRIAE,.S.- NE ES ER Ur 397
Phytotominæ A CL Eee EC UE 507, 510
Pic (et Pics) 42, 44, 47, 169, 186, 210, 212, 215,
215, 316, 355, 433, 515
P.— noir ou Pic-Mart. p.
Pi rvyarien. 1e : d, ù .,% 0246, 1805481885
DS Vert AN PE CN PS MAUR CRE 35
PAC RES AT ET 2 EU 511
TOO SOMME EC RNE SEA 93, 95
DEMO UT LANCER NOR NEO 218
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
PiCRIDE MALE EUR ONE 166
Picidés te D Ter Len 495, 12, 254, 506, 353
PIC EN CL à SAVANT TN eu ve 169
P.— chrysopterus . . . . . . 217
PE) Nubicus on, Lt. Du 247
Picnonotinæ. . . SORT Re. 291, 296
Picolaptes trenilérs +! FCI 280
Pie . FR 31, 37, 93, 95, 218,: 219
Pie- Grièche (et Pics Grièches). . 5, 31, 167, 219,
258, 291, 316
P.— G.— écorcheur. . . . 167
Pigeon (et Pigeons). 14, 36, 49, 43, 6%, 69, 76, 95,
415, 116, 117, 144, 156, 159, 165. 165, 189,
187, 189, 191, 456.
ER AA ve CORRE REPORT Er 345
PÉHeomunnnn te Tee M 1356
P.— domestique . . . . . 16, 89, 357, 545
Pi Sramier. 188
Pingouin (et Pingouins) 68, 67, 68, 69, 71, 105, 108,
410, 195, 197, 150, 135, 166, 171, 189, sl
P. — macroptère. . . 15
PEU SRE MATE A7. 51 474, 470, 475, 474, Pr
AT DL dd A ae Gi: Tor 471
Pinson . Ah NE PS CR 3528
P.— commun ou ordinaire. . . 166, 167
Pintade (et Pintades). . 28, 65, 95, 125, 152, 157,
180, 181, 193, 346, 515, 514, 515
P.— domestique . . . . . 17,79, 158, 161
PEL SauvaSe td PE ue, à 17, 158, 161
Pig (ebPipitshe 5.0.7 ,7 0: 285
P.— des buissons. . . . . . 219
Pirousselinen.) 1.0 re 219
ANS USSR CRE DAT
EE OA CO PONS CORNE 498, 2
Pique... + . «5 0. 325
Pitt iCal OL: HE 289
PHARE SPRL TE. | SL NS Sie 289
Fhcetia, (Bot. )" 7 LUS UE na. 51
PITtalENE RIRE AR 439, 454
Plat EN NE. 2 et ch + 4351
1 ÉTEANVS 6 CORNE ARR, DOS 431, 454.
Platycerques ." . . ... 212
PLoceiEXS 5 MS Der té 186, 395, 351, 377, 462
607
608
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
PIOCÉIAES PA ME NE NE. PME RASE UE 526, 511
PIOCENE EEE MENT 21 3511002, DIET
PUICEDASSE SE EEE Le 2 UE De 528, 511
PER POAMURINNES Le" Se La 329
P. — superciliosus . . . . ?». 329
PIOCEPUSSENNE EUR US. 512
BIGLeus YTAVICOSE EU TURN 528
P.— superciliosus . . . . 329
Plongeon (et Plongeons) . 5, 26, 65, 71, 446, 447,
449, 430, 432, 453, 466, 467
Pet MCAENATIN LS: CRUE 450, 451
Plongeurs . . . . . . . . 386, 449, 450, 465
DIDRAEROENNE;: AE: LCR ME RUE 65, 447
Plotdestei ue 0 Lo DORE UE 129
PINUSO SUN. St CNT ORNE LC 444
Pluvier (et Pluviers) . . . 40, 65, 355, 366, 571
Pt ne ACTE SE E 185
Plyctolophes te 3. TRE 212
Podarses Loue EREME NET 260
POdGTgINE EURE NOR MEN ET M le 259, 260
DAT OINES RE EME EME 261
Podicepidæ . . . . . . . . . 65,71, 449, 466
PORPERITES LE TEN Lt ere 449
POTICEDS ATTEND er À EE Ce à1, 446
PAC MNCIISIHUSAEL UN. CRUE. 54
PRE ROTMINOTET IEC Une Me he VUE TU 165
Pomie-t=Pitre ARE : DORE MIE 506, 526
Poissons. ML: N IN. 16,10, ACT ASS AGE TES
HAUT UE SRE ARIANE 205
Polynésie . 275
Polyplecu'oninæ 544
Pomathorinæ : 296
Pomathorinés . 296
Pomathorins . 297
POULROTINUS - E-L-S TOERE 0- 271, 296, 524
PE — superciliosus . 296
PB — trivirgalus . 296
Por»hyrio ARE 409
P.— antiquorum. . .. . . . 388, 590
1076) à JE fa (1): RONA PARTS 64, 568, 388
POTÉO= RICO M ET ET AN de 524, 525
Possession (Ile de la) . ATA
Possessions Néerlandaises dans l’Inde 53
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
LU HU G CRAN no MALE 94, 300, 501
Pre chantre. "4 219
Poule (et Poules) 14, 16, 56, 58, 65, 74, 16, 711,79,
80, 81, 99, 145, 114, 116, 117, 144, 156,
4157, 459, 161, 169, 182, 343, 517, 595
D=PAIICAINE 7, APN ar 4), 541
D AATE MISERERE ETES T8
P.— Brahma-Pootrah. . . . . 182, 544
P.— de Bruyère . . . e 17, 420
Pan deQauxe. 0.0, 85, 84, 85, 37, 89, 90, 91
P.— de Cochinchine. . . . 182, 544, 519, 515
P.— de Crêvecœur . . . . . 182
qe Flader Pi A Ne 85, 35, 89, 93
P.— de Numidie. . . . ... 567
P— Sultane . . . . . . 388, 389, 409, 528
Peau 2 27. C0 9, CES 91896
P.— d’eau (petite) de ihdes nr 409
NE PA CAS COTE MONTRES PRE 522
ONE 0e MES SEC 525
TU AT RER A ONE TA À 294
Procellaridæ . . . . : 64, 445, 459
Procellaridés. . . . 68, 18, 145, 459, 460, 461
BLOCELAFINOES NT OAI EE AT 439, 460
AGEN PUFPUrER 4 EL SON, 265
DNUCIMES OA MR UE VUE QE 305
LOIRE GRR SE TIRER ENT SRE 5351, 445, 445
Promeropidcæ . 243
Promeropineæ . 270
Promerops. RSS, Poe 270
PP CENTRES ATEN S 271, 296
PRUSSOE SM AA ire latte Nes 5
Psaracolius NES ART PES Fe 326
Pseudo-Zygodactyli . . . . . . 208, 210
Psittaci her SDS CITES ANS 144
PSTIQCITE SRE EN 0 07 AJ SNS" 635, 69, 165
Psittiacilés ", . 198 M6, 212, 215, 9254, 257
Psittaciens 945
Psittaculus . 249
Psiltacus Alexandri . 257
Psophiideæ. 417
Psophiidés A7
POUCHMRRMEU EL CLS RE UE 9592
PiérOés TE NL. EPT RUN. Dan 64, 350
609
610
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Pierocles . 526
P. — Alchata . 251
Pteroclidæ. . . . . 64, 555
Pteroclinæ . 350
Ptéroclinés 380
Pteroptochus albicollis 289
Puülonorhynchinæ . 521
Priloris UT M je Et RICE 278
TEEN ES Er RS AT AMTEECS 275, 276
PATIENCE AO ENT 270
Propre GTR ee Ve 201.5 û 271
RATIODIERES M MAR 0. Ne =. M 469, 470, 498
Piloptert ie te à 5.14 160 TAa,M48, 192, 260
Pucrasia . 344
DHNAISES LAMPE ERA OM ER 279
Püt-püt FAT ES A dl 242
Pygatoue ste Me Er RNA MRERTILE 96
Pygoscelys papua . . . . . . 4T1
BNMÉICES SANT MEME De UE Mrats Lee 91
RUyrO Ua RE CR EN AE EE US EEE Me Fe 329
EYrrROCONARE LE Eten ds vue LE 321
DUT NGCORAANE Le VS RS te PEN IUT. 521
JP TRE 334
DR on Di CITANT PEN 109 219
ENTRE RME CET EU EE: 447
PUTPOUL EN RCE ENCEINTE TE 514
@.
Quadrupèdes SRE 26
Onichna(Baneub}e os En Ou: 307
Quiscales . 524
Quiscalinæ 324
Quiscalus . 326
K.
Râle (et Râles), 64, 120, 378, 586, 387, 418, 519,
522, 524, 327
Ré Ballons A AR ET VENT à 94
Ride genéts ee 94
Ralleæ. . . 387
Rallidæ . . 64,120, 368, 374, 515, 335, 587, 443
Rallidés . . . 1928, 193, 385, 409, 418, 435, 525
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Rallinæ
Rallinés .
Rallus .
— ardeoïdes .
. — Baillonii
— gigas .
. — Lewinii
. — pusillus
— varieqalus.
— superciliosus .
Ramier
Ramphastide . un
Ramphastidés . . .
Ramphocènes
Ramphocineles .
Famphocinclus
Ramphocænus.
Rapaces .
R. — diurnes
DHREERE
R. — marcheurs.
R. — nocturnes.
Rapaces nocturni
R. — rasores .
Ravennes.
Recurvirostra .
Récurvirostres. .
Recurvirostridæ .
Récurvirostridés
Régions intertropicales
FRegulus
Rémiz .
Renard. MES
Reptile (et Reptiles) .
Républicains.
Rhynanthée .
Rhynchœa Capensis .
Rhynchée du Cap
Rhyncops.
Rhyncops .
Rio-Allegro .
R.—Araguay
« 219
66, 69, 144, 495, 301, 517
. 65, 68, 118, 198, 145, 147, 171,
. 63, 68, 69, 119, 198, 207,
97, 404, 421, 432
4109
387, 590, 521
439
420
387, 520
421
387, 520
381
382, 490
409
463, 165
214, 234, 256
294
294, 294
300
300
204, 206, 498, 500
317
209, 211, 261
207
317
459
641
612
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Pio Cabacçal .
R.— Cuyaba .
R.— de Crisnas.
R.— Janeiro.
R:— Paraguay . + . .
à.— Ucayale (et Ucayala).
Rochefort.
Roi des Cailles .
Roitelet (et Roitelets) .
Rollier
Rome .
Roseaux Re
Rossignol de murailles
Rouge-gorge
Rousserolle.
Rupicola.
R. — crocea .
R. — Peruana
R. — Peruviana . £
Rupicole (et Rupicoles).
— Coq de roche
de Cayenne .
— de la Guyane
— du Pérou.
Rudipennes .
Rubecula familiaris .
Rusticola .
RFF
]
L
R. — major .
Ruvicilla .
R. — phœnicura .
R.— Thytis .
S.
Sacramento (Pampas del)
Salangane .
Salinas .
Sallator .
Saltatores
Santa-Cruz.
Sarcoramphus
Sasa.
Satyra
14, 93, 3
. 55, 44, 41, 246
ès den
C1
ee
LS
Aie 301
195, 398, 401, 403
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s
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2
t# RO # 19 LS 19
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Qt
Cr
©
U1 GA 19
1 I
= &
La
== ©
(314
OO © QC œ
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Sauriens
Saurotherinæ
Saurothérinés
Sauvages . . .
Savacou (et Savacous)
Savannes
Saxicola .
S. — ænanthe
S. — slapazina .
Saxicolinæ .
Saxicolinés.
Scarabées .
Scolopacea Guarauna
Scolopacide.
Scolopacidés
Scolopax .
Scopus
Scytalopus
Scythropine .
Scythropinés
Scythrops
Secrétaire .
Semipennes.
Sénégalis
Serapeïum
Sericornis
Sericulinæ
Serin
Serinus ner
S.— Meridionalis.
Serpent (et Serpents).
Serpentaire.
Serpentarius.
Serrirosires.
Shevak .
Siala
Sikes
Sirlis
Sittidés .
Sittinés .
Sommateria mollissima .
Sorgho .
Soui-Mangas
205, 502, 5
118,
163,
. 28, 93, 94, 439,
18, 98,
119,
LS
15
19 © 19
CI
# Q
643
61
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Souris Hat PR 244
Sparactes superbus . PÈRE 537
Spatule (et Spatules) . 5, 451, 434
‘Spatulidé (et Spatulidés). 437
Spermophila . UNE 254
Spheniscide . ets . 65, 71, 72, 496, 497
Sphéniscidés 69, 127, 129, 186, 470, 479, 498
Spheniscinæ . 4710
Sphéniscinés 481
Spheniscus . 482
S. — demersus. 4719, 480
Sphénisques 68, 71
Sphenostoma 297
Sphenurus : 296
Spreo bicolor . . . 325
S.— norio. Me Vie ee 323
Stealornis 64, 119, 260, 261, 2692, 418, 488
Steatornithinæ . 259, 260
Steganura 512
Stercoraires HAT 462, 464
_Slernes . 65, 127, 462, 464, 465
Sternidæ. 127
Sternidés 128, 146
Sterna cantiaca. 465
S.— ergythrorhyncha . 465
S.— jfuliginesa 465
S.— minula . 465
S.— paradisea 464
Stipiturus 296
Strigidæ. Ho M 65, 119
Strigidés . 145, 209, 219, 215, 254, 261, 262
Strigops. 212
Strix. : 119
Struthio Camelus 161
S. — Rhea 161
Struthions . 3555, 559, 516
Strulkiones . 145, 359, 364, 517
Struthionidæ. 64, 561
Struthionidés . 129, 561
Struthionigralles 195, 552, 465
Struthionigralli . 356, 352
Saunella - 326
S. — Ludoviciana 4147
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Sturnellinæ .
Sturnidæ .
Sturnidés
Sturninæ .
Sturnopastor.
S. — contra .
S. — Jalla
Sturnus .
S.— omnicolor
S.— vulgaris.
Subulirostres .
Sucrier .
Suisse
Sula .
Sulidæ
Sulidés .
Surnicou
Surniculus
ANCIENS NE SES, IUT
S. — à langue cartilagineuse.
SR à langue extensible fili-
forme ou pénicillée.
Suspensi cartilaginei. . . . .
S. — penicillati .
Swart-Kop (Forêt du) .
Sycalis.
Sycobius
Sylvia .
S.— curruca
Sylviidæ
Sylviidés
Sylviinæ
Sylviinés - 4 1 FU
DURATION. 0. TIR
Sylviparidés
Sylviparine.
Sylviparinés
Synallaxidæ.
Synallaxis humicola.
Syndactyles
Syndactyli .
O1 O1 ct
19 19 19 19
EE &
268,
S
a à
ie
Es à © 19 QG! ot
D D O1 21 CE 19
ST ON OIETT EE
1O 19 19 19
D © 19
© OI Qt
293, 503
297, 507
193, 297, 507
997
281
282
9236, 245, 244
236
616 TABLE ALPIABÉTIQUE GÉNÉRALE.
FT.
ACCO AE MEANT, MA CT NET Re 298
Taches d'Incubalion. . . . . . 411
HACRUDELES MERE OURS Te TU CIE 128, 441
FachypeR dE RM OR 65, 447
Tachypétidés . ES UE
Tadorne (et Todornes) . : . . . 450
Talegalla Lathami. . . . . . . 412
Dalésalles MONET A ner 64, TO
Tamatia (et Tamatias) . , . . . 2144, 235
Tanagridæ . 5 PE 2e 514, 353
MANAOUES 0 ON RSI ENST 508 IE
TANDTNEME EE. AVI" 314
Dane et. Le GE PEROU 258
LantaleS eu SE ANCN ET te D EN 497, 430
ROULE TRE NT 4927, 445
HAN LA E Se DR ER ONE PONT 497, 454, 436
L'ANLAUNEM A END UE v7 EN E- 428, 430
Taintalinés tre trie ont EU: 430
TONRLGIUS ERRME RES ROUE SOIT TAN: 439
ben DIS dela US 450
LE DOUCE OR LE ne D 430
AND TN MST LEE PHONE Een EEE 28
Tasmanie PP PERLE DAS Er 973, 219
DION ERREUR RTE ENE ARE AC 295
AALES RARE RER A Der ee 295
AUTO DICO MEME EN SLT QE 307
D'ANONS RMS eee RUB R 64, 70
LeNNUNANE LIRE Te Eee 521
MÉNUTOSITES EME RL RUES 268
Dre aériens ou Voiliers. . 265
T. — grimpeurs . . . . . 280
T. — marcheurs. . . . . 282, 283
T. — percheurs. - . ... 281
T, — suspenseurs . . . . 268, 269
IENLINO SONDE Ven DUT NT TN ET 945
TN œtherez.r 1 QT Ne 265
D OMIANDOTEL ES. Me: Ne ATOUT 0 2861
TO UGC INSESSONESS 00e VEN LIN ANE 282
DD EN SCANSOPES 0 NC UE 280
DRE USUER SRE RE 268
T'ertancaiente PeN E NET RTE : 515
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Terres-Chaudes. 'u 313
Tetraonidæ 64, 185, 546, 350, 553
Tétraonidés . 550
Tetraoninæ 345
Tétraoninés . k 350
Tetrapteryx paradisea . 417
Tétras. 64, 185, 350
Tette-Chêvres 259
Thalassidrômes 460, 461
Thamnophiles 290
Thamnophilinæ 290
Thamnophilinés. 290
Thamnophilus ruficollis . 290
T. — rufiventris LE 290
Thinocore (et Thinocores) 65, 195, 566, 368, 569
T. — de d’Orbigny 369
Thinocoridæ ; 65, 366, 368
Thinocorinæ . : 346
Thinocorus Orbignyanus 369
T. — rumicivorus . 370
Thichodroma. 505
TIQUE muralis , 281
Thichodrôme de murailles . 280
Tichodromadine . 506
Timalia 297
Timaliidæ . 295, 296
Timahincæ . 291, 296, 297
Timaliinés 207
Tinamide . ANUS.) ER Le C4 19D 2 O5 DD
Tinamidés . . . . 128, 145, 146, 1417, 353, 515
Tinamine . 35
Tinamou (et Tinamous) 64, 124, 126, 127, 131, 156,
T,. — (le Gros;.
Tinamus
Tinnunculeæ .
Tinnnnculus .
Tisserins .
Tocantin . ;
Tock à bec rouge .
Tokus erythrorhynchus .
T, — flavirostris
T. — nasutus
1635, 182, 189, 353, 515
186, 187, 3
237, 239, 2
ES
EE
18
617
618
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
TOdiUE NES BEN DE TRUST 246
TOUS METRE Er 246
DOdETS 4 AP Ne AR LE. 0 246
Todus margaritaceus . . . . . 246
T.— margaritaceiventer. . . . . 246
EOXCOIS FM EC A PEU" UNE VAS AS 2018060015
LOLÉUESUE ME PME me TE 72, 452
DOTONUS A RE ENS Re DT 2e à 1UE ES 366
Totipalmes . . . . 65, 455, 456, 447, 449, 459,
#3, 454, 459, 466
Totipalmi . . . . . . . . 45, 445, 462, 466
ToOuCanS EME NE, LOU, MNA63;/ 1692714233
Toucnam-courvi . . 528
Touraco (et Touracos) 635, 119, 165, 165, 182, 205,
245, 597
T. — à oreillons blancs . . . 910
Tournepierres (A APNS SAT 37:
Tourterelles ee DEL PR 16, 91, 219
Nr AICOIeEr SEE ER 78
Traine-buisson . ... . . . . ; 219
TB TICU Ae d'AMIMEATM EN RER 221
= MS tADAZIN eV AE ON 219, 221
PAT arner a er re 437
TAN ES ARTE NE MERE RE 299, 300
Peichaglosses ee ANR LU: 2:9
Tringa (et Tringas). . . . . . 366, 371
Tringa hypoleucos . . . . . . 311
T. — vanellus . PRESS Le
Trochilidæ . . . 64, 69, 187, 265, 532, 496, 497
A RAR NE NE RE AR CREC 265, 269
Troglodyte (et Troglodytes) . . . 193, 219, 500
TMMOIEUTOpPÉEN EEE 500
Troglodytes Europœus . . . . . 219
TFONIOS YU NEC 294, 296
HTODIOCYENEET ON. NC EU ONCE D 295, 300
roplodyhuEs es (2 CES 300
MFOUDIALES EUR. Ne. 2 MP red de 147, 255
HNATULE VE MON TO EN TI AUE 64, 163
HEDCORMIES MÉRDNE d "Ar Se 00e 214, 294, 295
TAUPIQUUS EME OR AN EU ER TE 326
TIVOTABEES EVE D 10 0 Pie ere 193, 294, 295
TYYOTIONUS RE NON Te MONS 300
Trypanocorax.
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Tunqui.
Turacus leucotis .
Turdidés .
Turdinæ
Turdinés .
Turdus.
T. — carbonarius .
T, — dentirostris .
T. — Jfelivox
T, — Herminieri
T. — JIliacus
T. — merula.
T. — migratorius .
T. — minor.
T. — musicus
T. — mustelinus. .
T. — pilaris.
T. — solitarius.
T. — Wilsonii .
Turnicidæ .
Turnicidés
Turnicinæ .
Turnix.
Turtur .
Tyran (et Tyrans)
T. — de la Caroline .
Tyrannide .
Upucerthia .
Upupa
Upupideæ.
Upupidés
Upupinæ .
Uragus .
Uria .
U.— grylle .
U.— Lomwia
U.— Mandiii
U.— Ringwia
U.—troile .
« Urüdés .
147, 171, 255,
290, 291,
291,
, 228,
161, 167, 218, 219,
219,
64, 552,
. 119, 166, 467, 468,
. 36, 104, 468,
468,
9
©
1 CI C1 19 19 19 1O 19 NO n9 19 19 19 © ©
© oO Le à LS © D © (9 1 0 © :3 !à
O © Œ 9 19 19 19 æ 19 19 æ 19 19 19 19 19 O1 O1 CI
619
6:
4
TABLE
Üriinæ
Urünés .
Urinatores
Val-de-Grâces.
Val-River .
Valla-Maria.
Vallées-Chaudes
Vanellus.
Vanga
ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
192, 445, 449, 455, 465, 466
V.
Vanneau (et Vanneaux)
V. —
Varsovie.
commun ou huppé .
Vautour (et Vautours).
Vélocipèdes.
Venezia.
Vénézuéla .
Verdier .
Verrulia.
Verruliidæ .
Verruludés .
Verruliinés.
Vers.
Vertébrés
Vestiaires
Viduinæ .
Vienne .
Voiliers (Grands) .
Vultur
Vulturidæ
Vulturidés .
Vulturinæ
Vulturinés .
Washington.
Wéka
Worabée
Xanthornus .
468
468
© ©
© © =
ODA
QT O1 CI O1 19
. 57, 156, 566, 408
151, 152, 185
206, 500
829
43, 51
45, 51
64, 69, 465
500, 501
194, 206
194, 501
194, 501
194
326, 462
TABLE ALPHABÉTIQUE GÉNÉRALE.
Y.
Yphantes.
Yungas .
Z.
Zapornia
Zaporniineæ .
Zonotrichia .
Zonotrichie .
Zoothera.
Zostérops
Zosterops
Zurich . UE Fat AS, ARE AE MT
Zygodactyles . . . 64, 131, 208, 209,
Z. — douteux . . :
Z. — LASER Ve D'telie
Z. — grimpeurs
Z. — marcheurs
L. — percheurs
Zygodactyli . :
Z. — arborei seu insessores .
Z. — prekensores.
Z. — scansores
Le
L QE: (
MARIE 1
Le
ERRATA ET OMISSIONS.
Page 51. —. Au lieu de : les textes ; lisez : le texte.
Page 84. — Au lieu de : représentent ; lisez : dessinent.
Page 109. — A la fin de la première phrase, ajouter :
Il demeure, bien entendu, lorsque nous nous exprimons ainsi,
que ce n’est qu’une facon de parler. Ainsi le terme d'Embryon
ést équivalent ici, dans notre pensée , à celui de Fœtus, au corps
organisé, et non à celui de Cüicatricule, avec lequel malgré
l'exemple donné par un Membre distingué de l'Institut, nous
ne pourrons jamais nous décider à le confondre , comme expres-
sion de la même idée. De même encore , nous ne voulons pas
dire que l'influence de l’'Embryon s’exerce pendant le dévelop-
pement de ses parties organiques dans l'OŒEuf, puisque la Forme
de ce corps, ou plutôt de son tégument calcaire leur est, comme
nous l’avons établi dès les premières pages (1), providentielle-
ment préexistante. Les prémisses de notre proposition, de
même que ses conclusions, suffisent, et de reste, à nous sauve-
garder de toute induction qui tendrait à nous imputer une sem-
blable absurdité.
Nous avons trop de confiance, à cet égard, dans la critique
sérieuse et éclairée dont notre Livre pourra être l’objet, pour
(1) Voir p. 67.
624 ERRATA ET OMISSIONS.
nous en préoccuper autrement. La Science, lorsqu'elle diseute ,
et c’est là son plus beau privilége, a ordinairement l'avantage
de se tenir dans une sphère assez élevée, pour n'avoir pas besoin
de recourir à des arguments d'un esprit aussi étroit.
Page 143. — Au lieu de : se rencontrent plus rarement renfer-
mant ses mâles; lisez : se rencontrant plus rarement, renfer-
ment des mâles.
Page 133. — Au lieu de : Pennaut; lisez : Pennant.
Page 170. — À la fin du paragraphe 4 du chapitre 111, ajouter :
En examinant la question de savoir par laquelle de ses deux
extrémités, aiguë et obtuse, l’OEuf sortait du corps de la femelle
chez les Oiseaux, nous nous étions cru fondé, dans le temps (1),
d'après quelques-uns des faits que nous avions été à mème
d'observer au milieu de nos études expérimentales, à admettre
que l’Œuf sortait par son bout obtus ainsi que vient de le rap-
peler fort exactement M. Moquin-Tandon (?). Toutefois, la
presque unanimité des Auteurs à établir le contraire (MM. Dumé-
ril père, le Docteur John, Is. Geoffroy Saint-Hilaire et Gerbes,
sans parler de Thienemann et de de Blainville) nous avait fait
recourir à de nouvelles expériences, et nous rencontràmes en
effet alors, en grande partie, le fait contraire à celui que nous
avions pensé pouvoir établir : c’est-à-dire que c’est par le bout
aigu que sort l'OŒEuf, cas offert encore depuis à nos yeux,
en 4857, dans le corps d’une femelle de Pie-Grièche Ecorcheur
{Lanius Collurio), dont l’OEuf figure dans notre Collection.
Si, dès ce temps-là comme après, nous n'avons pas ajouté
(1) 1842-1843.
(2) Rev. et Mag. de Zool., Janvier 1860.
ÉRRATA ET OMISSIONS. 625
le mot foujours, ce n’est pas sans intention, nos travaux ne
discontinuant pas; c'était également, avouons-le, parce qu'il
nous en coûtait quelque peu de renoncer à une observation
basée sur des expériences personnelles, auxquelles nous pen-
sions avoir apporté tout le soin désirable. Aussi bien avons-nous
fait, le temps étant venu récompenser notre persévérance et nos
efforts; car dans le cours de 4858 et de 4859, et par conséquent
au milieu de notre travail, nous avons rencontré plusieurs cas
faisant exception et rentrant dans notre première manière de
voir, dont, en mettant de côté ceux qui regardent la Poule, l’un
chez la femelle d’un Merle commun, l’autre chez une de Serin
de volière. Dans les deux cas, la masse colorée des taches distinc-
tives de ces OBufs, tout prêts à sortir du vagin et s’y présentant
par leur bout obtus, était reportée vers le bout aigu. Ce qui
rentre complètement, en la rendant plus facile, dans l’explication
que nous avons donnée de l'inégale répartition de la Couleur à
la surface de la Coquille. Il devient évident dès lors que si la
couronne de taches, chez les OEufs maculés, se présente plus
souvent au gros bout, c’est que le plus ordinairement l’OEuf
sort par la pointe, et que si cette couronne ou ceinture se trouve
reportée vers la pointe, ce qui est le cas, nous ne dirons pas le
plus rare (ce serait trop dire), mais le moins ordinaire, c’est
qu'alors l’OEuf est sorti par son bout obtus.
Le fait a été, au surplus, affirmé de la façon la plus claire, la
plus nette et la plus positive bien avant nous, puisqu'il y a
aujourd’hui trente ans, par Purkinje, qui a fait un si complet et
si beau travail sur la formation et les développements de l’OEuf,
en ces termes :
« Situm Ovi, DUM ADHUG IN UTERO RECENS EST, SEMPER éalem
» inveni, ul PARS ACUTIOR VAGINAM, OBTUSIOR R BASIN SPECTARET; in
» Ovo vERd PENITUS | FORMATO , 401 jam nisum ‘ad partum expertum
» est, NUNC OBTUSO NUNCG ACUTO FINE VAGINÆ ORIBUS APPOSITUM reperi.
45
626 | ERRATA ET OMISSIONS.
. Fors tunc sub nisu ad partum Ovum sæpiüs volvitur donec
» situm commodum acquirat. (1) »
Ce qui semble indiquer, en effet, que l’OEuf prêt à sortir chez
l'Oiseau est soumis ou exposé, comme l'enfant chez la femme, à
plusieurs évolutions sur lui-même.
Il en résulte que la conclusion tirée par les divers Auteurs que
nous avons cités à cet égard, pour ou contre, doit être prise et
adoptée non d’une manière générale et absolue, mais relative-
ment seulement à l’époque du développement de l’OBuf et de sa
marche dans l’Oviducte, à laquelle chacun d'eux à fait ses
observations. k:
Nous réservions cette Notice pour l’insérer dans un autre
Travail devant faire suite à celui-ci, sous le titre de Oogénèse des
Oiseaux, que nous nous décidons à lui retirer et auquel nous
renonçons pour le moment , le pensant mieux applicable au
dernier qu'au premier. Mais les Considérations de M. Moquin-
Tandon nous l'ont fait sortir prématurément de nos cartons pour
la faire profiter de la publicité et de l’actualité qu’elles reçoivent,
en y apportant un élément nouveau de discussion et par conséquent
un supplément de lumières.
Page 174. — Nous avons établi; lisez : nous l’avons établi.
Page 497. — Rétablir la Tribu des Certhiadæ de la manière
suivante :
9. Tribus. — CERTHIADÆ.
4. FaMILIA. — Dendrocolaptinæ.
Se ee: Certhianæ.
3. F. — Tichodromadinæ.
EF. — Sittinæ.
Page 208. — Au lieu de : Marchants; lisez : Marcheurs.
(1) Symbola ad Ovi Avium historiam, ante incubationem.
ERRATA ET OMISSIONS. 627
Page 245. — Après Indicatorinæ, ajoutez : 20 Leplosomine.
Page 2A7. — Après et à la fin de l’article des Zndicatorinæ,
ajoutez :
Nous ne dirons rien de l’OEuf du Leptosomus ou Vouroudriou,
type des Leptosominæ, que nous ne connaissons pas.
Page 228. — A la fin de l’article des Coccyzinés, au lieu de : des
OBufs des Turdus felivox et T. migratorius; lisez : des OEufs
du Turdus felivox, cette Couleur étant clairsemée de taches
d’un Brun rougeâtre dans ceux du Turdus migratorius.
Page 229. — Au lieu de : Algue marine ; lisez : Aigue-marine.
Page 230. — Mynthérinés ; lisez : Myothérinés.
Page 244. — En note, au lieu de : Anat.; lisez : Amat.
Page 246. — Au lieu de : Margaritacenus ; lisez : Margaritaceus.
Page 258. — depuis nous, etc.: lisez: depuis que
nous.
Page 259. — Au lieu de : aigu; lisez : aigue.
Page 261. _— Oiseeu ; lisez : Oiseau.
Page 269. — Nectarinidés ; lisez : Nectariinidés.
Page 273. = Méliphagidés ; lisez : Meliphagide.
14. — auquel]; lisez : auxquels.
Page 281. — Anabatideæ ; lisez : Anabatidés.
Page 283. — En note, au lieu de : Meyer; lisez : Meyen.
Page 289.— A la suite de la dernière phrase relative aux Pittinæ
(ou Brèves) , ajouter :
Après tout ce que nous avons dit précédemment de la Forme
de l'OEuf et de ses rapports intimes et indestructibles par toute
628 ERRATA ET OMISSIONS.
autre espèce de raisonnements que les nôtres, avec la forme du
Sternum et de ses annexes, et finalement avec la forme générale
de l’Oiseau, nous ne croyons pas qu'il soit possible d’y revenir
avec quelque succès, encore moins d’infirmer notre proposition
en principe. On nous opposera bien quelques exceptions plus ou
moins spécieuses , telles que celles qu’a formulées le trop modeste
M. Hardy, de Dieppe (1). Mais nous ne croyons pas qu’elles suffisent
à motiver une indécision aussi formelle que celle dans laquelle se
retranche le savoir de M. Moquin-Tandon. Le fait est manifeste ;
la relation existe, de l’aveu même du docte Membre de l’Institut :
que la cause directe et réelle soit, après cela, plus ou moins facile
à établir, à priori, comme question d'Epigénèse ou autre, peu
importe ce semble. En s’arrêtant à une méthode pareille, dans les
Sciences, et en enchainant ainsi toute Théorie à sa naissance, on
risquerait fort de leur poser une barrière à jamais infranchissable.
C'est en aidant, au contraire, la Théorie ou l'esprit de Système
modéré, dans ceux des faits (surtout quand ils sont nombreux)
sur lesquels s’appuie l’une ou l’autre, que l’on peut faire pro-
gresser toute Science.
Il faut pourtant s’entendre quant à la portée des objections et à
leur justesse. Ainsi, M. Moquin-Tandon, au sujet des rapports de
la Forme Oologique avec la Forme Zoologique, ne fait aucune
objection bien sérieuse; il doute, n’émet aucune opinion person-
nelle et se borne à reproduire les objections énoncées par d’autres
Oologistes : de ce nombre est M. Hardy.
M. Hardy, lui, nous oppose entre autres, les exemples de
l'Outarde ou du Pluvier, de l’Ibis et du Courlis, qui, dit-il : « ont,
» dans l’ensemble général de leurs formes , d'autant plus de rap-
» ports que leurs OEufs en ont moins. »
(1) Revue et Magas. de Zool., 18517, page 253 et suiv.
ERRATA ET OMISSIONS. 629
Nous croyons avoir suffisamment répondu à cette objection dans
cette Troisième Partie de notre Travail, en nous occupant de
l'OEuf des Outardes et de celui des Pluviers, notamment de
l'OEdicnème : nous jugeons donc inutile d'y revenir. Les diffé-
rences et les rapports Ostéologiques qui existent entre les uns et
les autres , et qui se reproduisent en partie, mais dans les détails
seulement, sur l’ensemble de la forme générale de l’Oiseau,
doivent nous dispenser d’y revenir.
Nous ne manquerions pas, au surplus, sur ce terrain, d’ob-
jections presque destructives de l’ingénieuse proposition de
M. Hardy, que nous désirerions bien lui voir développer plus au
long : « que la position de l’Oiseau dans le repos ou dans l’action
» détermine avant tout la Forme de son OEuf. »
Pour n’en citer qu’une seule, nous opposerions les Brèves ou
Pittæ, que nous venons de nommer, dont les formes sont tra-
pues, il est vrai, mais dont les mœurs et les habitudes, soit dans
le repos, soit dans l’action, sont toujours les mêmes, c’est-à-
dire s’exerçant sur la ligne plane et horizontale, et presque tou-
jours au niveau du sol. Or, quelle est la Forme constante de leur
OEuf? la Forme Globulaire ou Sphérique, la pointe en étant
parfois à peine indiquée, comme dans l’OEuf des Strigideæ.
Page 291. — Au lieu de : Zæxosa ; lisez : Ixos.
Page 296. — Pomathorinus ; lisez : Pomathorins.
Page 3025 — Cymnocephalus; lisez : Gymnocephalus.
Page 304. — A la fin des Sylviadæ, ajouter :
Il est une Famille de charmants Oiseaux dont nous avons oublié
de parler et qui devait faire la quatrième de nos Sylviadés ; c’est
celle des Malurinés, qui lie parfaitement cette Tribu à celle des
Muscicapidés : car les Mérions peuvent, à la rigueur, être consi-
dérés comme de vrais Gobe-Mouches humicoles.
630 ERRATA ET OMISSIONS.
Ils se rencontrent en effet, généralement, d’après les observa-
tions de J. Verreaux, dans les ravins, les lieux humides et dans
les marais, se perchant de temps à autre sur la sommité des buis-
sons ou la tige des graminées (qu'ils parcourent à la manière des
Triothores et des Calamoherpes); faisant indistinctement leurs
nids, ou sur ces mêmes graminées , ou sur des arbres et arbustes
à peu de hauteur de terre.
Ce Voyageur en a rapporté un, du Malure à longue queue, qui
était d'environ quatorze centimètres de hauteur sur neuf de lar-
geur; l'ouverture s’en trouvait en haut et semblait protégée par
les branches qui en cachaient l'entrée : il était composé d’herbes
sèches, de feuilles mortes, de racines fines ; et l’intérieur, qui
était d'environ cinq centimètres de profondeur, se trouvait garni
de substances moëlleuses ; on y remarquait, entre autres, une
assez grande quantité de plumes de Poule, de Kakatoës, de
Strix, ete. Ce nid se trouvait à environ un mètre trente-trois
centimètres (quatre pieds) d’élevation de terre, et assez bien
caché dans une touffe ou dans un buissson de l’Espèce d’arbuste
appelée Thee-tree.
Un autre nid avait une apparence toute différente : il était
mélangé de débris d’écorces d’Eucalyptus, de mousse et de divers
débris d’autres plantes; il n’était guère qu’à un mètre de terre,
très-bien caché dans un buisson épais.
Enfin, le même Voyageur a trouvé un nid de Mérion bleu dans
un citronnier, à la sommité de cet arbuste, à près de un mètre
soixante-six centimètres (cinq pieds) du sol; et il était à peine
caché par quelques feuilles. [1 se trouvait attaché à une branche
par le côté et soutenu par des feuilles en-dessous, et son ouver-
ture se trouvait à la partie supérieure, mais un peu de côté : sa
forme était à peu près ovalaire. Il était composé de débris d'Eu-
calyptus, de quelques racines fines et de graminées à l'intérieur:
ERRATA ET OMISSIONS. 631
l'intérieur contenait quelques plumes; mais il était si clair, qu'il
était facile de voir le jour au travers (1).
Nous avions composé cette famille, dans le temps (1852), des
Genres suivants, dont un seul, le dernier, nous est connu par
son Ouf:
Zoothera, Vigors ;
Pomathorinus, Horsfield ;
Pellorneum , Swainson ;
Atrichia, Gould ;
Sphenura, Litchtenstein ;
Stipiturus, Lesson ;
Amytis, Lesson;
et Malurus, Vieillot.
De ces huit Genres, nous retranchons aujourd'hui les deux
premiers : le Pomathorinus, parce que le caractère de son OEuf,
ainsi que nous l'avons vu, de même que ses habitudes, ne per-
mettent pas de l’y laisser; et le Zoothera, par l’un des mêmes
motifs, ses caractères Oologiques nous en étant complétement
inconnus.
Pour ce qui est des six autres, quoique nous n’ayons étudié
que l'OEuf du dernier, nous n’hésitons pas, quant à présent , à
les réunir, sous le rapport de la communauté des mœurs, qui
n’offrent entre chacun d’eux presque aucune différence.
CABACTERES COLOGIQUES :
Forme — allongée et presque Elliptique, ou d’un Ovalaire aux
deux extrémités également arrondies.
Coquille. — d’un grain très-fin, Blanc intérieurement, mat et
presque sans reflet.
(1) Voir Encyclopédie d'Histoire Naturelle, Oiseaux, T. 1v, p. 89.
632 ERRATA ET OMISSIONS.
Couleur — presque toujours d’un Blanc pur, recouvert, surtout
à l'un des bouts, de quelques points d’un ton de Brique plus ou
moins rosé; souvent aussi sans aucune tache; et parfois d’un
Blanc légèrement Verdâtre avec les mêmes taches plus foncées,
comme chez quelques Traquets.
Sous ce rapport, cette Famille, encore peu élucidée dans ses
caractères Oologiques, mérite une nouvelle étude pour en bien
préciser la place dans la Série.
Page 332. — Au lieu de : à retirer les Euplectes, etc.; lisez :
à enlever.....; et au lieu de: de la Famille des Viduinæ,
lisez : à la Famille des...
Page 334. — Dans les Fringillidæ et la suite du groupement
des Genres Américains, ajouter :
Notre Pinson d’Ardennes, Fringilla montifringilla, est, par
son OEuf, un véritable Zonotrichia, et sous le rapport de la
Forme globulaire, et sous celui de ses maculatures. Si l’on rap-
proche ces caractères similaires de ceux que présentent, à certains
points de vue, la forme, les habitudes et même le système de
ptilose de l’Oiseau, on verra que c’est dans ce Genre qu’il doit
être placé, et non en tête du Genre Fringilla et à côté du
Cælebs, avec lequel il n’a aucun point de contact, que l’habitude
de la dénomination Française, essentiellement vicieuse et surtout
d’une Classification Méthodique exclusivement Européenne ,
presque toujours fautive.
Page 335. — Au lieu de : Columbés et Columbidés; lisez :
Colombés et Colombidés.
Page 359. — Au lieu de : du précédent ; lisez : des précédents.
Page 360. — Siècle ; lisez : Siècles.
Page 366. es Hoœmatoprodide ; lisez : Hæœmatopo-
dideæ.
ERRATA ET OMISSIONS. 633
Page 368. — Au lieu de. : Empêchèrent l'impression; lisez : re-
tardèrent un moment l'impression ; car notre notice a paru dans
la Revue et Magasin de Zoologie de Septembre 4849.
a
Page 420.'— Au lieu de : torse; lisez : tarse.
Page 414. — A la suite de : n'est-il pas remarquable, etc.; lisez :
soit du calorique émané des rayons solaires mis en contact avec
le sable qui les cache (comme pour le Megapodius tumulus,
de Gould, à la Nouvelle-Hollande, et tous les vrais Mégapodes),
soit du calorique dégagé de la fermentation lente et progressive
des Graminées qui les recouvrent (comme pour le Talegalla
Lathami).
Page 428. — Au lieu de : Eucydomus; lisez : Eudocimus.
Page 44. — Au lieu de : Membranes natalaires ; lisez : Mem-
branes natatoires.
Page 448. — Au lieu de : le sédiment calcaire, accessoire qui, etc.;
lisez : le sédiment calcaire accessoire, qui.
Page 456. — A la suite de l’article sur les Grèbes, ajouter :
Au sujet de ces singuliers OEufs de Grèbe castagneux dont nous
avons parlé, si remarquables par leur luisant et leur poli, J. Ver-
reaux nous a fait part d’une observation qui a trop d'intérêt pour
que nous ne la fassions pas connaître.
Il prétend que cet aspect luisant n’est dû qu’au frottement indé-
finiment prolongé qu’a dû lui faire subir la femelle, par une
incubation d’autant plus laborieuse, que souvent elle dépasse de
beaucoup le temps prescrit par la nature, dans cette opération,
aux diverses Espèces; et cela pour n'arriver à aucun résultat
possible d’éclosion, ces OEufs , dans ce cas, étant presque toujours
privés de germes, et dès-lors stériles.
Il nous a affirmé que le même fait s'était présenté plusieurs fois
634 ERRATA ET OMISSIONS.
_ à lui, dans son long séjour au Cap de Bonne-Espérance, pour la
même Espèce, qui y est encore plus commune qu’en Europe, et
que la preuve lui en a toujours été démontrée par l'ouverture de
plusieurs de ces OEufs.
Ainsi se trouverait expliqué ce poli, qui n’est alors que l'effet
du frottement de l’OEuf longtemps roulé sur lui-même par la
couveuse, dans son impatience d’en voir sortir le fruit animé si
vainement attendu ; ce frottement faisant non seulement dispa-
raître à la longue, par l’usure, toutes les protubérances calcaires
qui recouvrent la Coquille de l’OEuf des Grêbes, mais encore
rendent la surface de celle-ci accessible au reflet ou rayonnement
de la lumière.
Page 456. — Au lieu de : Cygnide ; lisez : Cycnide.
Page 460. — Au lieu de: TROISIÈME TRIBU, lisez : DEU-
XIÈME TRIBU.
Page 262. — Au lieu de : pour les Genres Sycobius et Hyphan-
tornis ; chez les Fringillidæ, pour les Genres Passer et Zono-
trichia; lisez : pour les Genres Sycobius, Hyphantornis et
Passeri chez les Fringillidæ, pour le Genre Zonotrichia.
Page 466. — Avant les Caractères Oologiques des Colymbideæ,
ajouter :
Toutefois, en dehors de ces considérations Ostéologiques et
comme leur raison d’être, nous pensons qu'il ne sera pas sans
intérêt de rappeler à cet égard quelles sont les mœurs, généra-
lement mal connues parce que la chose n’est ni sans difficulté ni
sans danger, des Oiseaux de cette petite Tribu. Nous les emprun-
terons à un Auteur Anglais doué du même instinct d'observation
et du même talent de description qu'Audubon (1) :
(1) Fraser's Magazine.
ERRATA ET OMISSIONS. 635
« Les Naturalistes, dit Shirley, ont longtemps discuté sur la
manière dont s’y prend le Colymbus septentrionalis pour plonger.
Dans sa description des Îles Shetland, Dunn dit : « S’enfonçant
graduellement sous la surface de l’eau, sans s’y précipiter en
avant, la tête du Colymbus est la dernière partie de l’Oiseau qui
disparaisse. » D’autres Auteurs ont soutenu qu’il plongeait comme
tous les autres Oiseaux aquatiques. Ma propre observation m'a
conduit à croire qu'il y avait du vrai dans l’une et l’autre de ces
opinions, la vérité se trouvant être ici, comme il arrive souvent,
entre les deux extrêmes. Lorsque le Plongeon cherche sa nourri-
ture, c’est sa tête qui certainement disparaît la première; d’autres
fois, comme vous pouvez aisément le vérifier en le guetiant
‘lorsqu'il a fini son repas de l'après-midi, il plonge effectivement
comme Dunn nous le dit. ,Avant d'acquérir la force d’impulsion
nécessaire pour effectuer une descente, le Cormoran et les Canards
ont besoin de soulever partiellement leur corps en dehors de l’eau ;
le Plongeon, au contraire, ne fait aucun effort et disparaïit silen-
cieusement comme si une main invisible le tirait en bas; aucun
autre Oiseau aquatique ne plonge avec la même facilité, et c'est ce
qui démontre la grande force de ces Oiseaux. »
C'est, ajouterons-nous, ce qui explique la différence si bien
constatée par Lherminier entre le Sternum des Plongeons et celui
des Grèbes.
« De tous ces Oiseaux de mer, continue notre Auteur, sans
même en excepter le grand Cygne sauvage, le Plongeon est le plus
beau et le plus puissant. Le Plongeon Arctique est l’Aigle de
l'Océan. Intrépide navigateur, il est aussi le plus prudent et le plus
vigilant des Oiseaux ; même en pleine mer et quoique aucun
bâtiment ne soit en vue, il est perpétuellement en alerte. A l’ins-
tant où il vient de plonger et s'apprête à déguster la proie qu'il a
saisie, il jette encore de tous les côtés un regard de suspicion.
Lorsqu'il désire rester invisible, il peut nager presque sous le
636 ERRATA ET OMISSIONS.
niveau de la vague, son arrière-train entièrement submergé, son
cou tendu horizontalement, comme couché à fleur d’eau. Mais
pour mieux observer son adresse et sa hardiesse de nageur, il faut
l’observer pendant une brise d’Est : aucune embarcation, aucune
créature vivante ne sont visibles à l'horizon ; les Mouettes elles-
mêmes ont été balayées par le vent et dispersées sur les marécages
de l’intérieur des terres; un navigateur seul n’a pas eu peur du
grain : c’est notre Plongeon. Prenez votre télescope et voyez
comme ce téméraire enfant des flots nage contre le vent, fend la
vague, secoue l’écume et vient affronter les brisants autour des
récifs (1). »
Ces mœurs et ce procédé tout particulier d'immersion unique et
spécial aux Plongeons viennent évidemment, nous le répétons,
donner sa raison d’être à la dissemblance Ostéologique signalée
entre eux et les Grêbes.
Mais cette singularité n’est rien encore en comparaison de leur
mode d’incubation.
Pontopiddan rapporte en effet, sur la croyance qui a cours dans
les Régions Arctiques, que les Plongeons ne peuvent jamais
quitter l’eau, que l’Espèce appelée Zmbrim dans le pays, notre
Colymbus septentrionalis, « ne descend jamais à terre que pen-
dant la semaine avant Noël, d’où le quatrième Dimanche de l’Avent
s'appelle le Dimanche de l’Imbrim. »
On se demande avec de telles habitudes, si elles sont exactes,
comment il est possible à cet Oiseau de couver ses OEufs.
La croyance vulgaire conséquente avec elle-même, et Ponto-
piddan à sa suite, répond que la nature à pourvu à tout par un
procédé d’incubation particulier attribué à cet Oiseau. x
« Sous leurs ailes, dit cet Auteur, dans leur corps même, ils
ont deux jolis trous assez profonds et assez larges pour qu'on
(1) Revue Brilannique, 1851.
ERRATA ET OMISSIONS. 637
puisse y introduire le poing. Dans chacun de ces trous ils cachent
un OEuf et les couvent ainsi commodément jusqu’à ce qu’il en
sorte des poussins parfaits. » (1)
Nous avouons, quoique révoqués en doute depuis longtemps
par beaucoup de Naturalistes, notamment par M. Nuttall, que
nous avons eu occasion de citer en 4852 (2), que ces détails de
mœurs tenteraient singulièrement notre imagination, et que nous
n'oserions beaucoup hésiter à y ajouter foi. Car la rencontre, fort
rare du reste, qui a été faite du nid du Plongeon, soit par Audu-
bon (3), soit par tout autre observateur, peut ne concerner que des
cas exceptionnels ; de même que l'établissement de ce nid au milieu
des joncs ou des glaïeuls, peut n’être dû qu’à des circonstances
étrangères aux véritables habitudes de l’Oiseau, peut-être enfin le
mode d’incubation varie-t-il, ainsi que chez bien d’autres Oiseaux,
selon la nécessité des lieux ou l'exigence des éléments.
Cet exemple d’une incubation qu’on peut appeler externe,
puisqu'elle aurait lieu en dehors de toute espèce de nidification et
de support matériel, n’est pas en effet le seul dont nous ayons
connaissance. Et tout en concédant qu’il n’existe pas, dans la
conformation musculaire du Plongeon, de trous proprement dits,
comme l’exprime Pontopiddan, nous ne contestons pas qu’il soit
possible à l'Oiseau, à l’aide d’un repli de sa peau axillaire, de
retenir ses OEufs sous ses ailes.
Seulement, il ressort de ce fait, une fois admis, que contraire-
ment à ce qui a lieu pour tous les Nageurs, et par une exception
toute particulière, la femelle du Plongeon jouirait de la faculté de
couver ses OEufs en les portant sur elle-même, sans être arrêtée
dans cet acte, ni par les besoins de la locomotion, ni par les
nécessités de la natation.
(1) Revue Britannique, 1851.
(2) Encyclop. d'Hist. Nat. Ois. T. VII.
(3) American Ornitological Biographi. T. HI.
638
ERRATA ET OMISSIONS.
Page 476. — Après le second paragraphe, ajouter :
Nous n’avons pas besoin de faire ressortir l'espèce d’analogie
qui existe entre ce mode d’incubation de l’Apéenodytes Patago-
nica et celui que nous avons signalé plus haut pour le Colymbus
Septentrionalis. Nous ajouterons même que l’un est en quelque
sorte la confirmation de l’autre.
Page 505. — Au lieu de : ont de communes ; lisez : ont communes.
Page 510.
Page 546.
Page 547.
Page 548.
Page 560.
_— que nous constatons; lisez : que nous
constations.
— Brunueinucha; lisez : Brunneinucha.
— Kanp; lisez : Kaup.
— Lench; lisez : Leach.
— Sching ; lisez : Schinz.
Page 564. — Ajouter à la liste des Noms Propres ou d’Auteurs :
Boissoneau ;
Buchillot ;
Chesnon, principal du collége de Bayeux ;
Huppé, aide naturaliste au Muséum d'Histoire
naturelle ;
et Vèze (Baron de) ;
Avec lesquels nous avons, dans un temps, été en communica-
tions et en échanges suivis d’OEufs d’Oiseaux.
TABLE
PAR ORDRE DES MATIÈRES.
Pages
CEE ALERT RE ET PS ERP SENS Y
RAD ee Vo ROC Caen 7 RAT mn Ns 020 EE ARCS VII
RRDOUOLLG LION à, 0 EME EME ARR RME TL TE CR RE et IX
PREMIÈRE PARTIE.
TABLEAU BIBLIOGRAPHIQUE RAISONNÉ ET HISTORIQUE
DES PROGRÈS DE L'OOLOGIE. . . . . . . 1
DEUXIÈME PARTIE.
DÉTERMINATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES.
CHAPITRE Ie. — ? 1. Définition de l'OŒuf chez les Oiseaux en
SÉDÉPAL C0, . AUS 59
82. De la Forme de VOEut et es AbHarr qu elle
éprouve. ":", RP STE es EL Se. CAT VE 62
Monstruosité de OR RE CR FRE Le 75
Exemples de Monstruosité de Forme au à une PR
intérieure. . . . 76
Exemples de Mobet bete de PACE dia a à a Hiliesce. de
constitution de l'Ovaire et de ses annexes, ou Mons- 7
truosité pédiculaire . . . , re 80
Exemples de Monstruosité de orne ous au a d’ abiet
CXTÉDIQUES TM ENT SE RSR OT PAS PANIER UE 83
Monstruosité en plus ou par addition. Re ES ANNEE INR 84
Exemples du premier genre .
Exemples du second genre. . . . F2 A Cr MERS 86
Monstruosité en moins ou par défaut. SE QU RE! TE 92
640 TABLE DES MATIÈRES.
& 3. De la disproportion existant entre les OEufs de certaines
Familles Ornithologiques de Palmipèdes relativement
aux dimensions des Oiseaux qui les pondent, et les
OEufs d’autres Familles non Palmipèdes, et de la raison
de cette disproportion .
CHAPITRE II. — De la Coquille de l’OŒuf et de sa nature
selon les diverses Familles.
CHAPITRE III. — 2 1. De la Couleur des OŒufs des Oiseaux
en général. MR 2 TS A ;
8 2. De l’origine de la Couleur Had Œufs des ous
& 3. De l'influence de la nourriture sur la Coloration de
l'OŒEuf des Oiseaux . ; à
8 4. De l'influence du climat sur la Doi l'OŒuf des
Oiseaux. JA ; : OLA AT A NE
8 5. De la matière dre aus l'OEut ne Dee. et de
l'influence de l’incubation sur le développement de cette
matière à la surface de la Coquille AE ET
& 6. Des rapports prétendus de la Couleur des OŒEufs avec
celle du plumage des Oiseaux, et de l'influence de la
lumière sur la Coloration de la Coquille.
TROISIÈME PARTIE.
APPLICATION DES CARACTÈRES OOLOGIQUES À LA MÉTHODE
DE CLASSIFICATION DES OISEAUX.
Classis Avium Systema Oologicum. 1859.
Conclusion. ;
Notes et Observations. . PRE RAP ES
Classis Avium Systema Oologicum (emendatum). 1860. .
Catalogue des Oiseaux d'Europe. ER te
Liste alphabétique des Noms propres d’Auteurs, etc. cités.
Notice alphabétique des Ouvrages cités ou consultés.
Table alphabétique générale .
Errata et Omissions . ;
Table par ordre des Matières .
FIN.
102
120.
140
148
157
164
170
TES
191
195
183
487
529
539
553
563
971
" 623
639
Nogent-le-Rutrou, imprimerie de A. GOUVERNEUR.
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