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ÉTUDES
SUR
L'AMÉNAGEMENT
| DES FORÈÊTS
L. TASSY
CONSERVATEUR DES FORÊTS,
ANCIEN PROFESSEUR A L'INSTITUT AGRONOMIQUE DE VERSAILLES
2
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7
DEUXIÈME ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE
J. ROTHSCHILD, ÉDITEUR .
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
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M. ADOLPHE LORENTZ
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_ Mox cuEer Ami,
| J'ai dédië la première édition de ces Études à notre cher
: ‘lous nos camarades, je n'en vois aucun qui soit plus que toi
Fobservateur fidèle et dévoué des préceptes qu'il nous a
Louis TASSY.
| W:rapeRi maire, M. Parade. Je te dédie celle-ci; car parmi.
À ie colors d'ailleurs aux améliorations Re je crois
_ avoir apportées à mon premier travail, el je suis heureux-de
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| | PRÉFACE.
£ Des calamités sans exemple ont frappé notre
Fe pays; il ne m ‘appartient pas d’en rechercher ici
les causes; je dirai seulement qu'on fronverait
peut-être la principale de ces causes, celle.qn
a engendré toutes les autres, dans ce CEE Co
dage des appétits matériels, que je déplorais
déjà dans la préface de la première édition de
_ces Études comme étant incompatible avec la
conservation des forêts, et qu'on remarque non-
seulement chez les hommes illettrés, mais aussi,
il faut bien l'avouer, chez ceux qui, par leurs
richesses, leur éducation et leurs lumières, sont
appelés à diriger les autres. « Plus d'États ont
péri parce qu'on a violé les mœurs que parce
qu'on a violé les lois‘ », et il ne faut pas beau-
1. Montesquieu, Décadence des Romains.
11 PRÉFACE.
coup connaître l’histoire pour savoir que de tout
temps la décadence des nations a été détermi-
née par la corruption des hautes classes. On
reproche au prolétariat ses convoitises maté-
rielles! Et celles des gens qui possèdent, sont-
elles plus excusables et moins dangereuses?
Hélas! le matérialisme règne dans les palais
comme dans les chaumières ; il est chez l’igno-
rant, il est chez le savant; le pauvre s’y livre
sans le savoir, le riche en a fait un dogme; il
est partout, résultat chez les uns d’un extrême
sensualisme, résultat chez les autres de l’orgueil
et de la puissance exagérée qu’ils attribuent à
leur intelligence. :
Quoi qu'il en soit, quand un grand peuple
comme le nôtre, si grand encore malgré ses
revers, a été profondément atteint dans sa for-
tune, il n'a qu'un moyen de se relever : suppri-
mer toutes les dépenses de luxe et augmenter
les dépenses utiles. Si, en même temps qu'il
supprimerait les premières, il réduisait aussi
les dernières, il consommerait infailliblement
sa ruine.
Mais de toutes les dépenses, les plus utiles
sont certainement celles qui ont pour objet:
l'amélioration du sol. II y a donc lieu d'espérer
APT. *
Fr
ER ONEER RENTE REMEUS AT EE re
PRÉFACE. li -
que la dotation accordée à l'administration des
forêts, pour les travaux dont elle est chargée,
au lieu d’avoir à souffrir des cruels événements
que nous venons de traverser, va, au contraire,
sortir des limites trop étroites, dans lesquelles
on l’a enfermée jusqu'à présent, et que les
louables efforts faits par cette administration,
-pour donner plus d'intensité à la production du
sol forestier,seront encouragés davantage. Parmi
ces efforts, les plus remarquables, quoique les
moins remarqués, sont ceux qui se rapportent
à la conversion des taillis en futaies pleines. 1Is
honoreront éternellement les forestiers de notre
époque et, avant tous, l'illustre fondateur de
Fécole forestiêre, M. Lorentz, car c’est à lui
sans contredit que revient l'initiative de cette
grande opération. Mais il ne suffit pas de l'avoir
entreprise; il faut maintenant se résigner fran-
“ehement à des privations temporaires si on veut
qu'elle soit efficace, et j'ai peur que, sous ce
rapport, l'administration supérieure ne soit pas
disposée à faire preuve de tout le désintéresse-
ment nécessaire. Il y a là un danger grave que
reconnaîtront, je l'espère, ceux qui se donneront
la peine de lire et de méditer la troisième étude
de mon livre : si, de tous les travaux d’aména-
fiv PRÉFACE.
gement, celui qui consiste dans la conversion
d'un taillis en futaie est le plus avantageux pour
l'avenir, quand il est fait dans de certaines con-
ditions, il peut devenir, par contre, un des:
plus fâcheux par ses conséquences, lorsqu'on
lui marchande les sacrifices sur lesquels repose
son succès. LH
. L'aménagement, quand il a pour objet de
convertir un taillis en futaie, ne saurait s’accom-
plir sans entraîner une diminution temporaire,
presque immédiate, dans la production de Ja
forêt ; et plus cette diminution est forte, plus
rapide est la transformation. Tout cela se com-
prend si l'on considère qu’au fond et en défi-
nitive, la conversion d’un taillis en futaie con-
siste à transformer un massif composé d’un |
petit nombre de coupes (30 à 40) en un massif
composé d’un grand nombre de coupes (100 et
au delà). Cependant l'administration supérieure,
tout en reconnaissant l'utilité de ces sortgs
d'aménagements, hésite à les faire sanctionner!
dès qu'ils accusent une diminution de revenu,
et ilest facile de deviner que si cette préoceu--
pation de la réduction temporaire des produits
empêche les agents forestiers de réaliser dans la
gestion (les forêts domaniales toutes les amélio-
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bd né dd.
PRÉ FACE. ” *: 3
”
rations désirables, elle arrive à paralyser leur
. action et leur bonne volonté, relativement aux
forêts qui appartiennent aux communes; car
les communes sont naturellement bien moins
disposées que l'État à sacrifier le présent à
l'avenir. À HI)
On constate donc encore, au sujet des conver-
sions, la même diversité de vues et de tendances
que l'on a signalée tant de fois déjà; et notam-
ment à propos de l’aliénation des forêts, entre
l'administration forestière et le ministre dont
élle relève, diversité de vues et de tendances
qui est d'ailleurs facile à comprendre : la mis-
sion dont le ministre des finances est chargé, et
qui vise surtout à maintenir entre les dépenses
et les recettes de l'État un équilibre sans lequel
la marche des services publics serait infaillible-
ment compromise , est certes très-respectable;
malheureusement, elle est en contradiction avec
les travaux dont l’effet utile n’est pas suscep-
tible de se produire immédiatement, et elle
donne à l'esprit une circonspection et des habi-
tudes de parcimonie qui sont tout à fait l'opposé
de la hardiesse et de la libéralité dont il faudrait
être pourvu, pour aborder et résoudre d’une
manière satisfaisante les questions relatives au
La
7 © PRÉFACE.
développement indéfini des richesses morales
et matérielles de la nation. :
Les hommes qui, comme les forestiers, sont
habitués à préparer des fruits dont ils ne joui-
ront pas; les hommes qui aiment à planter pour
leurs petits neveux, sont naturellement enclins
à grever le présent au profit de l'avenir. Que l’on
modère ce penchant, je le comprends ; mais il ne
faut pas l’annihiler, car après tout il est l’hon-
neur des individus et le devoir des peuples. Le
ministre des finances le supprimerait pourtant
complétement si cela ne dépendait que de lui,
et pour résumer la situation en deux mots : je
dirai que le ministre des finances songe aux
générations futures pour leur demander de
l’argent, tandis que les forestiers au contraire
cherchent les moyens de leur en procurer.
Comment le ministère des finances et l’admi-
nistration forestière pourraient-ils donc s'ac-
corder? ils ne s'accorderont jamais et on leur
rendrait grand service à tous les deux en pro-
nonçant leur séparation. Tous les hommes com-
pétents insistent sur l'utilité, sur l'urgence de
cette mesure. Pourquoi leur voix n'est-elle pas
écoutée? Peut-être regarde-t-on le service fores-
tier comme un détail de peu d'importance, au
Vos: à ie (NME EEE
PRÉFACE. vit
milieu des questions politiques et administra-
tives qui agitent aujourd'hui les esprits. On se
trompe si l’on a cette pensée : une aüminis-
tration qui gère un domaine auquel, suivant
l'expression d’un grand ministre, « les sociétés
demandent des éléments de proteêtion, de sûreté
et de gloire », ne saurait être un détail de peu
d'importance, et la réforme que l'on sollicite
pour l'administration forestière, n’est point une
‘ de ces améliorations secondaires qui peuvent
être ajournées sans inconvénient. Elle se lie
évidemment à des intérêts d'un ordre très-
élevé, et il serait d'autant plus opportun de la
réaliser que nos forêts, dont l’étendue a été
diminuée d'au moins trois cent cinquante mille
hectares par la dernière guerre, sont menacées
maintenant par les projets de décentralisation
administrative qui font tant de bruit depuis
quelque temps, qui ont reçu un commencement
d'exécution, et qui ne peuvent que favoriser la
tendance de l'individu à s'approprier la chose
publique. ;
Cette tendance est d'ailleurs le signe dis-
tinctif de toutes les civilisations avancées. A
l'origine des sociétés, l'homme ne possède d’au-
tres moyens d'action que ceux qu'il tient de ses
VA : | PRÉFACE.
facultés natives. Ces facultés natives font toute
sa force, tout son pouvoir, tout son capital; il
vit au jour le jour, n'économise pas et ne jouit
exclusivement que du fruit de son travail. En
dehors de lui et des objets qui servent à sa con-
sommation, rien ne lui appartient en propre;
tout est commun et reste commun à la peuplade
ou à la tribu, tant que les choses restent elles-
mêmes telles que la nature les a faites. Mais,
dès que l'homme à mis son empreinte sur un
objet; dès qu'il y a ajouté une valeur productive
si minime qu'elle soit, l’indivision, la commu-
nauté des biens commence à lui peser, et il
cherche dans l'appropriation un moyen d’aug-
menter sa puissance personnelle, en s’assimi-
lant, en s’incorporant en quelque sorte des
forces permanentes étrangères à son essence.
Alors les sociétés progressent rapidement. Ce-
pendant elles finiräient tôt ou tard'par se
désagréger si, à côté de cette tendance de plus
en plus forte de l'individu à s’accroître aux :
dépens. de la communauté, il ne s’établissait
pas un pouvoir central, un pouvoir collectif
dominant tous les autres, et assez puissant pour
soustraire au morcellement les biens qui, étant
utiles, nécessaires à tous, ne sauraient être
PRÉFACE... Ix
abandonnés aux hasards de la. destinée indivi-
duelle. C’est là ee qui justifie, ce qui légitime
ce qu’on appelle la centralisation. Je n'ai point
à expliquer ici comment peut se constituer ce
pouvoir central et supérieur au milieu des per-
sonnalités qui sembleraient en être la négation.
Je constate seulement qu’il est indispensable
et qu'il ne saurait être anéanti, sans que la
société fût transformée aussitôt en une agglo-
mération d'individus qui, dépourvus de toute
solidarité, de tout lien, seraient exposés à se
disperser à tout instant: Or, parmi les biens
communs qui forment comme le ciment du
corps social, il n'en est pas de plus précieux
que les forêts; on ne doit rien négliger de ce
qui peut contribuer à les sauvegarder, et voilà
pourquoi il serait nécessaire, d’abord, de les
affranchir de l'autorité fiscale, attendu qu'au
lieu de les défendre contre les convoitises de
l'individu, elle est plutôt disposée à les leur
livrer.
Je pense que pour les forêts domaniales, la
suppression de cette autorité fiscale qui les a
exclusivement gouvernées jusqu'à présent, suf-
firait à garantir leur conservation. Quant aux
forêts communales, il leur faudrait une autre
x PRÉFACE.
sauvegarde et je ne la vois que dans les mesures
qui donneraient plus d'efficacité à la tutelle
exercée par l’État sur ces forêts. Si, comme tant
de gens le désirent, les forêts communales
étaient remises à la libre disposition des con-
seils municipaux, c'en serait fait d'elles :
comment voudrait-on en effet que les conseils
municipaux pussent les protéger longtemps
contre l'individualisme, puisque le gouverne-
ment central, avec toute l'autorité dont il est
investi, n’y réussit pas toujours?
J'émets là des idées qui sont contraires à ce
mouvement vers la décentralisation dont je par-
lais tantôt; mais ce mouvement s’est déjà
traduit par une loi; il constitue un très-sérieux
danger pour la conservation du peu de forêts
qui nous restent; je ne saurais me dispenser
de m'y arrêter un moment.
Quel est le but que poursuivent ceux qui.
ont mis en avant ce mot de décentralisation? ils
veulent, disent-ils, reconstituer l'autonomie des
communes et celle des départements. Sur ce
point les hommes des partis les plus opposés se
donnent la main. L'autonomie est la panacée qui
remédiera à tous les maux de l'humanité. Exa-
minons ce que vaut ce grand mot-là :
FE
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LE
à
PRÉFACE. xI
On entend par autonomie le droit de se gou-
verner par ses propres lois. Être autonome,
c'est se faire sa règle à soi-même; c’est être
indépendant, vivre de sa propre intelligence,
de sa propre force, sans secours étranger. Mais,
s'il en est ainsi, il est évident que l'autonomie
de l'individu, celle de la commune, celle du
département et celle de l’État ne sauraient coexis-
ter. Formez-en une et les autres disparaissent ;
d'où il suît qu'aucun des éléments qui compo-
sent la société, ne saurait prétendre à une
indépendance absolue, pour peu qu'il recon-
naisse: l’utilité de conserver les autres : toute
la question est de savoir dans quelle propor-
tion il convient que l'autorité se partage entre
eux. ; É
Remarquons d'ailleurs que ces différents
pouvoirs superposés se sont tous constitués aux
dépens de la liberté individuelle; qu'ils n’ont
pas de vertu propre; qu'ils n'existent que pour
le bien de chacun, et qu'ils deviennent usurpa-
teurs, dès qu'ils retiennent dans leur ensemble
plus d'autorité qu'il ne leur en faudrait pour
suppléer à l'insuffisance de l'individu aban-
donné à son initiative, ou dès que l'un d’eux en
_garde une portion qui pourrait être plus utile-
XII PRÉFACE.
ment exercée par celui qui est immédiatement
au-dessous. “HE @ |
Cette usurpation existe-t-elle ? La somme
d'autorité dont jouissent ensemble la commune,
le département et l'État, est-elle excessive, ou
bien un de ces éléments est-il trop puissant par
rapport à l’autre ? Voilà les questions que soulè-
vent ces réclamations qui se produisent de tous
les côtés, au nom de l'autonomie et de la décen-
tralisation. Il ne s’agit pas d'organiser les
choses de sorte que chaque commune, chaque
département soit, dans toute l'acception du
mot, autonome, car cela serait impossible ; äk
s’agit de régler leurs attributions respectives, |
d'une manière conforme à leur intelligence et
aux moyens d'action que comporterait leur ini-
tiative.
+ Ainsi posé, le problème est facile à résoudre
en ce qui concerne le pouvoir qu'on peut laisser
aux communes, relativement à la gestion des
forêts qu’elles possèdent. En effet, sous ce rap-
port, l'intelligence et les moyens d'action des
particuliers et des communes sont connus. On
n’a qu'à voir ce que les particuliers ont fait de
leurs bois et la rapidité avec laquelle ils en opè-
rernit le défrichement. — Dans les 50 dernières
“
PRÉFACE. - XIII
années, ils en ont détruit plus de 400,000 hec-
tares. — On n’a qu'à considérer les oppositions
passionnées dont l'administration publique doit
triompher, afin de sauver de la ruine les forêts
des communes, pour reconnaître combien ces
deuxcatégories de propriétaires sont inhabiles à
gérer convenablement leurs terrains boisés; et |
puisqu'on ne peut plus songer à imposer une
tutelle aux particuliers au sujet de ces terrains,
qu’on évite au moins de porter atteinte à celle
que l'État exerce, et que seul il peut exercer
utilement, sur les terrains similaires des com-
munes.
Au surplus, ce n’est point, quoi qu'on pré-
tende, la centralisation, c'est-à-dire la concen-
tration entre les mains de l'administration |
générale du pays, d'un nombre exagéré d’at-
tibutions, qui par elle-même a été un embarras
pour nos affaires ; c’est la délégation d’une trop
grande partie de ces attributions aux préfets.
et c'est surtout l'usage que le pouvoir exécutif
a fait de son autorité dans un but politique.
… Les préfets étaient devenus des espèces de
proconsuls : la tutelle des communes est encore
presque entièrement entre leurs mains; leur
_ action s'étend sur tous les services publics sans :
XIV PRÉFACE.
exception; elle embrasse, on peut le dire, tout :
le domaine de l'administration, en sorte que les
garanties qu'on avait cherché à se procurer
contre les abus de l'autorité supérieure par la
division de cette autorité entre plusieurs minis-
tres indépendants et responsables, on les a
compromises en reconstituant dans la personne
du préfet l’unité de pouvoir qu'avait brisée l’or-
ganisation des ministères. Il y a à une anomalie
d'autant plus choquante que l’allégement des
attributions ministérielles, dans l'intérêt d’une
plus prompte expédition des affaires, pouvait
être facilement obtenu sans que l’on réunît sur la
tête du préfet celles de ces attributions dont les
ministres demandaient à être déchargés. Chaque
. ministre n’a-t-il pas en effet pour le représenter
dans les départements, les chefs de service des
administrations qui dépendent de lui‘?
Quant à l'usage que le pouvoir exécutif a.
fait de son autorité dans un but politique, je
4. Au lieu d’obvier à l’omnipotence des préfets, en restituant à
chacune des branches du pouvoir exécutif les attributions qui
devraient lui appartenir, on a cru devoir transporter une partie de
ces attributions aux conseils généraux, dont on a fait ainsi des
corps administratifs. Je crains bien que le remède ne soit pire que
le mal et qu’il n’ait affaibli l’État, sans profit pour la liberté indi-
viduelle et au grand détriment de l'intérêt public.
PRÉFACE. xY
me borne à rappeler que le gouvernement impé-
rial avait considéré cet usage comme légitime,
ét que ce fait seul était de nature à soulever les
plus vives protestations. La politique, la politique
intérieure, telle a été la cause principale des
plaintes dont le pouvoir central a été l'objet.
Elle à fait autant de mal à nos forêts que la fis-
calité, et il me semble que c'est à elle que nous
devons ces ardents désirs de décentralisation
qui se manifestent de tous les côtés; mais la
politique ; si l'administration devait en avoir
une à elle, ne se prêterait pas à la décentralisa-
tion ; ce serait même, de toutes les branches de
l'action gouvernementale, la moins susceptible
d'être fractionnée. Qu'on ne cherche pas, en
conséquence, dans la décentralisation un moyen
de s'y soustraire; il y a mieux à faire que cela :
il y a à l’exclure complétement du domaine de
Padministration. Aussi bien, dans un pays libre,
le ‘gouvernement :ne saurait suivre une autre
politique que celle qui lui est indiquée par
l'opinion générale sincèrement consultée.
Oui, il faut soustraire complétement à l’in-
fluence de la politique les services administra-
tifs: Peut-être leur rendra-t-on de cette manière
la considération qu'ils méritent, ce qui serait
| b
XVI PRÉFACE.
un inestimable bienfait et pour eux et pour le
pays tout entier. En effet, le respect du fonction-
naire est une des conditions les plus essentielles
de l’ordre social, et ce n’est pas la moindre de
nos plaies, que ce respect n'existe plus. Les
agents forestiers notamment ont à en souffrir;
car c’est principalement par la persuasion, par
la force morale, qu’ils peuvent accomplir leur
mission. Je demanderai donc la permission de
présenter à ce sujet encore, quelques obser-
vations. Elles ne seront pas hors de propos dans
la préface d’un livre qui est destiné surtout à
des fonctionnaires. ami
Il est de mode aujourd'hui, il est de bon
goût de chercher à discréditer les fonction-
naires publics, et de présenter leur carrière
comme une des moins honorables que puisse
embrasser un homme de quelque valeur.-On
les met au dernier degré de l'échelle sociale.
On les accable de dédains. On les regarde
comme un vil troupeau qui a fait litière de
toute indépendance, de toute personnalité, de
toute initiative. On tient pour beaucoup plus
dignes d'estime qu'eux, les individus qui con-
servent leur liberté d'action et ne comptent
‘que sur eux-mêmes pour se procurer les
DA CARS ER TN CERTES CT ERREUR PRE PAS En
PRÉFACE. XVII
movéns d'existence, la fortune et la célébrité.
Ces préjugés, qui tendent à se répandre de
plus en plus, ne sont pas les moins remarqua-
bles parmi ceux qu'ont engendrés la décadence
des mœurs et la perversion des idées. Ils s’at-
taquent à la principale base de toute société, et
s'ils pouvaient jamais prévaloir et éloigner des
fonctions publiques les hommes intelligents,
instruîts, honnêtes et soucieux de leur dignité
personnelle, l’état social serait atteint dans sa
vitalité.
+ Qu'il y ait en France trop de fonctionnaires ;
qu'il y en ait beaucoup qui ne remplissent pas
leur tâche d’une manière convenable ; qu’on ait
fait trop souvent de l'administration le refuge
des gens incapables de subvenir par leurs pro-
pres forces à leurs besoins; qu’on ait usé du
budget de l'État, pour avoir des créatures, tout
cela n’est que trop vrai; mais on nedoit pas con-
damner une institution par les abus auxquels
elle fournit des prétextes, et la fonction publique
quand elle est bien remplie, n'en est pas moins
la prémière de toutes les fonctions sociales, la
plus ‘enviable pour tous ceux qui tiennent à
faire ici-bas un bon emploi de leurs facultés. La
raison en est claire :-c’est la première et la plus
XVIII PRÉFACE.
- \
enviable de toutes les fonctions sociales, parce
qu'il n’y en a aucune autre, je ne dis pas qui
soit, je dis qui puisse être, aussi dégagée que
celle-là de tout égoisme. Il n’est pas indispen-
sable pour devenir un grand industriel, un
grand commerçant, un célèbre avocat, un
fameux médecin, un financier cent fois millio-
naire, d'aimer ses semblables et son pays et
de songer à leur être utile, tandis que, si
petit, si humble que soit un fontionnaire
public, c’est dans les services qu’il rend à ses
concitoyens qu'il puisé sa raison d’être, et il ne
fait rien qui ne se rapporte aux autres. Tous les
sophismes du monde n'empêcheront pas cette
préoccupation nécessaire de l'intérêt collectif,
d'être le caractère évident des attributions du
fonctionnaire, et cela suffit pour imprimer à ces
attributions un cachet particulier de distinction.
Sans doute, il n'est pas défendu aux fonction-
naires publics d’avoir de l'ambition personnelle,
de désirer un poste plus élevé, mieux rétribué;
mais cette ambition ne peut être satisfaite que
si le bien public l’est en même temps ou plutôt
au préalable, tandis qu’en dehors de l’adminis-
tration, les services que l’on rend à la société
ne sont que la conséquence le plus souvent
2
ut
PRÉFACE. xié :
inconsciente et involontaire de ceux que l'on
se rend à soi-même. é
Mais le fonctionnaire aliène dit-on son
libre arbitre. Ah! il y aurait beaucoup à dire
l-dessus, et il serait facile de prouver qu’il
n'y à pas de carrière qui ne comporte pour celui
qui y est entré, un assujetissement plus ou
moins grand. Je me borne à faire observer que
dans celle de l'administration publique on est
subordonné à la loi, au règlement écrit, tandis
que dans presque toutes les autres, on est
soumis à quelqu'un, ce qui rend l’obéissance
bien plus pénible pour les âmes fières. Quand
on n’est l’esclave que de la loi, on a le droit de
porter haut la tête; or, le fonctionnaire public
peut se donner d’autres maîtres, mais sa mis-
sion ne lui impose que celui-là, et c’est le seul
même qu'il doive reconnaître, s’il veut la rem-
plir dignement. Le fonctionnaire il est vrai
n’est pas riche en général, et n’a aucun moyen
de le devenir; raison de plus pour l’honorer. Je
n'ai certamement aucun mépris pour l'homr:e
qui dépense brillamment une immense fortune
acquise par d’heureuses spéculations ; pourtant,
je le mets bien au-dessous d’un simple garde
forestier qui, après s'être occupé toute la
. XX PRÉFACE.
journée de la parcelle du domaine public dont
on lui à confié la gestion, n'a pour réparer ses
forces, qu'une soupe aux pommes de terre.
Jusqu'au dernier: jour de sa carrière, il fera le
même. métier et suivra le même régime; il
le sait et son zèle cependant ne se. démentira
pas un instant. Est-il rien de plus touchant et
de plus estimable? Haussez les épaules, heureux
de la terre; toujours est-il qu'auprès de ce pau-
vre fontionnaire, vous ne tirez pas. à .consé-
quence. Quand vous partirez de ce monde, vous
n'y laisserez que des traces éphémères, rien de
vous ne vous survivra. Le garde forestier. dont
je parlais tout à l'heure, en prenant soin de
la chose publique, attache au contraire sa per-
sonnalité à des travaux qui perpétueront. sa
mémoire. Ainsi, l’homme qui est chargé d’une
fonction publique n’est pas seulement. plus
recommandable que les autres, parce qu'il
représente de son vivant l'intérêt général, parce
que la satisfaction de cet intérêt est le mobile
de toutes ses actions; mais aussi, parce que sa
prévoyance va au delà de sa vie temporaire, et
prend autant de soins des générations futures
que des générations présentes. IL est en un
mot l'indispensable et le principal soutien de
ét
ne SCA à ÉD Mode de 2
PRÉFACE. XXI
l'état social. Au surplus, je le demande à tous
les esprits sincères et impartiaux : Que serait
devenue la société française, au milieu des ré-
volutions politiques qui l'ont agitée, si elle
n'avait pas eu cette administration intelligente,
honnête et dévouée que l’on attaque avec tam
de légèreté ? s
Si la France a ‘supporté les plus terribles
épréuves sans y sombrer, il n’est que juste de
reconnaître qu'elle le doit en grande partie à
ses fonctionnaires publics. Au lendemain de la
dernière révolution, lorsque le pays envahi
était en quelque sorte décapité, lorsque le com
merce.et l'industrie étaient arrêtés, le crédit
ébranlé, tous les intérêts privés épouvantés,
quelle a été la conduite des fonctionnaires? Les
jeunes ont pris les armes pour concourir à une
défense .désespérée, et les. forestiers, sous ce :
rapport, se sont signalés entre tous ‘. Les au-
tres:ont continué leurs fonctions avec un re-
doublement de zèle; privés du jour au lende-
main, pour ainsi dire, de toute direction, ils
y ont suppléé par les inspirations qu'ils ont
1. Sept jeunes agents ont trouvé dbe mort glorieuse dans cette
cruelle guerré. Ce sont MM. Robert, Bramand-Boucheron , Josse-
rand, Pison, Guérin, Moisant et Marier de Boïs d'hyver.
Da
XXII PRÉFACE.
puisées dans leur patriotisme et dans le senti-
ment de leurs devoirs professionnels. Aussi,
tous les grands besoins de la vie sociale n’ont-
ils pas cessé de jouir de la protection accoutu-
mée. Il est vrai que de leur côté les populations
ont ‘montré une résignation et une sagesse
qu'on ne saurait trop admirer ; mais l’anarchie
n’en eût pas moins été inévitable, si cette mul-
titude d'intérêts qui lient les citoyens à l’admi-
nistration publique n'avaient pas reçu satisfac-
tion. |
Qu'on ne jette donc plus la pierre aux
fonctionnaires publics. Essayer de les déconsi-
dérer, c’est une injustice, c’est l’acté d’un mau-
vais citoyen. Au lieu de les amoindrir, qu'on
cherche à les élever dans l'opinion des masses
ignorantes et qui, parce qu'elles sont igno-
rantes, sont méfiantes. Qu'on cherche à les
utiliser mieux qu’on ne l'a fait jusqu'à ce
jour. Qu'on les épure, qu’on leur donne surtout,
en améliôrant leur position, la force de résister
aux défaillances. II y a dans cette voie beaucoup
à faire pour tous les services, mais surtout pour
celui des forêts; car il laisse grandement à
désirer sous le rapport des traitements, des
attributions, de la hiérarchie et du contrôle.
PRÉFACE. XXII
: Quoique ces longues réflexions ne soient
point indifférentes pour la conservation des fo-
rèts, elles me sont pas ici tout à fait à leur
place. Je le sais ; mais quand un homme ren-
contre l'occasion de plaider pro domo sud, quoi
de plus naturel qu'il en profite.
Un mot maintenant sur la différence qu il y
a entre cette édition et la précédente : J'ai révu
d'abord mon travail avec soin et je l'ai ensuite
beaucoup augmenté, puisque j'y ai ajouté une
étude sur les conversions dés ‘taillis en futaie.
Il n’entest pas moins encore très-imparfait, et si *
je me suis décidé à le livrer tel quel à mes
camarades. c’est parce que j'ai pensé qu'ils en
verraient aussi bien, mieux que moi, les
lacunes et les erreurs, et qu'ils en retireraient
peut-être autant d'utilité par là, que par les
bonnes choses qui peuvent s’y trouver. Certai-
nement, j'espère avoir le sentiment de ce que
devrait être un livre sur l'aménagement des
forêts pour satisfaire à tous les desiderata que
comporte la matière; mais je suis trop vieux
et je n'ai pas assez de loisirs pour essayer de
donner un corps à ce sentiment-là. A mon
àge on ne fait guère que se paraphraser; et,
d'un autre côté, mes occupations ordinaires
XXIV PRÉFACE.
ne me permettraient pas,.en supposant que
mon esprit s’y prêtât, de m'absorber dans mon
œuvre comme il le faudrait pour la mener à
bonne fin. On ne fait rien de sérieux, de durable
dans ce monde, sans contention d'esprit ; or,
cette contention d'esprit à laquelle ne résistent
pas les problèmes à priori les plus difficiles,
n’ést guère possible quand on a des affaires cou-
rantes obligatoires et qui demandent à être trai-
tées rapidement. Je laisse donc à des camarades
plus jeunes et moins -préoccupés le soin de
reprendre mes idées et de les développer. II
n'en manque pas qui ont pour cela tous les
moyens intellectuels et toute l’instruction néces-
saires. Ce qui pourrait leur faire défaut comme
à moi, ce serait le temps; mais pourquoi l’admi-
nistration forestière ne détacherait-elle pas de
leur service ordinaire, pour leur permettre de se
consacrer à l'étude d'une question intéressant le
progrès du service, les agents qui auraient mon-
tré pour cette étude une aptitude particulière?
Pourquoi ne suivrait-elle pas en cela l'exemple
que lui donnent les autres administrations
savantes ? Voilà encore une mesure que je prends
la liberté de recommander à son attention et je
le fais sans crainte, car je sais, par expérience,
4
PRÉFACE, As cxxv
que l'homme éminent qui la dirige, accueille
avec bienveillance toutes les propositions,
pourvu qu'elles lui paraissent sincères et dic-
tées par l'amour du bien public.
L. TASSY. vd
’ PRÉFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
A l'époque où la civilisation romaine fut apportée
dans les Gaules par Jules César, ce pays était presque
entièrement couvert de bois‘.
Parmi les forêts qui couvraient alors notre terri-
toire, la plus remarquable par son étendue était celle
des Ardennes (la forêt profonde) ; elle avait plus de cent
lieues de long. Ces vastes déserts qu’on appelle la Solo-
gne, la Dombes, la Brenne, les Landes, les Dunes, étaiént
boisés. La ville de Paris, l'ancienne Lutèce, était en-
tourée de forêts, dont celles de Boulogne, de Montmo-
rency, de Vincennes, de Fontainebleau, ne sont que les
vestiges.
.. De ces richesses, il nous reste à peine huit millions
d'hectares, dont la plus grande partie en taillis simples,
clairiérés, n’offrant quelque intérêt que pour le chauf-
fage.
1. Le mot Gaule paraît être d’invention romaine ; les gens du pays
l’appelaïent Celtique, Toutefois, quoique le mot Gallia soit latin, il vient
évidemment da mot celtique gaë!, forêt (OzaxEAux).
XXVIII PRÉFACE
Toute la région comprise entre le Rhône, la Médi-
terranée et les Cévennes, est presque entièrement
dénudée. Il en est de même des côtes de l'Océan et
de tout le plateau central.
Quelles sont les causes de cet appauvrissement?
Quand on songe à la violence et à la durée des
guerres dont notre pays a été le théâtre, et qu’on se
reporte à cette lutte effroyable de dix années qu’eut
à soutenir Jules César pour en achever la conquête;
quand on se rappelle que si, depuis cette conquête
(60 ans avant J. C.) jusqu’à l'invasion franque (406), la
Gaule jouit d'une tranquillité relative, vingt peuples
divers, sortis des profondeurs de la Germanie, se préci-
pitèrent alors sur elle, et qu’il y eut un désastre im-
mense, universel; que quarante ans plus tard (451),
de nouvelles hordes vinrent fondre encore sur cette
malheureuse contrée à la suite d’Attila ; qu’en. 711, les
Arabes, à leur tour, franchissant le détroit, y portèrent
le fer et la flamme; quand on réfléchit à la puissance
dévastatrice de ces multitudes en mouvement, on se
dit que c’est là qu’il faut chercher la cause princi-
pale du déboisement actuel de notre sol. On ne l'y
trouverait cependant pas. | |
Il paraît en effet certain que peu de temps après ces
affreuses guerres qui ont rempli les premiers siècles
de notre histoire, la végétation forestière avait repris
une grande partie du terrain qui lui avait été enlevé.
Et cela s'explique : la guerre, avec. les fléaux qu elle
traînait à sa suite, la peste et la famine, occasionnait
d’épouvantables mortalités parmi les hommes et dépéu-
plait les campagnes. Les terres, abandonnées par, la
culture, étaient de nouveau envahies par les forêts.
Des ruines qui ont été découvertes dans les forêts du
$
DE LA PREMIÈRE ÉDITION. Sx1X
Haut-Rhin, dans celles de Grand (Vosges), de Damville
(Meurthe), et qui remontent à l’époque romaine, indi-
quent que le sol de ces forêts était autrefois cultivé.
Des ruines également romaines existent à la Petite-
Houssaye dans la forêt de Brotonne, en Normandie,
‘dans la forêt de Beaumont-le-Roger (Eure). Le plateau
de Linenberg, près Abrescheviller, en Lorraine, jadis en
culture, est aujourd’hui entièrement boisé‘. Au quin-
ième siècle, c'était un dicton populaire en France que
es guerres des Anglais y avaient fait pousser le bois?.
- Ce n’est donc pas la guerre qui a été la cause prin-
-cipale de l'appauvrissement dont le sol forestier souffre
aujourd'hui; c’est la civilisation avec les besoins qu'elle
a crééset les appétits qu’elle a développés.
“Je n'apprendrai rien assurément à mes lecteurs en
leur disant que les hommes ont puisé dans les forêts les
premiers éléments de leur bien-être et de leur émanei-
pation : à l'origine, ils vivaient surtout des fruits sau-
vages et du produit de la chasse. Les bois leur fournis-
saient aussi et les abris grossiers dont ils sé conten-
taient-et les armes dont ils se servaient. Plus tard, quand
ils connurent l’art de domestiquer les animaux, ils
dévinrent pasteurs : ils franchirent le premier degré de
échelle de la civilisation et ce progrès eut pour consé-
quence forcée et immédiate, le défrichement d’une
certaine étendue de forêts : on dut créer des pâturages.
Enfin, l’agriculture fut inventée, et à partir de ce mo-
ment, la variété et la quantité toujours croissantes des
matières alimentaires favorisèrent l'augmentation de
L la population, provoquèrent de nouveaux besoins. Le
+ 1. Mavry, Histoire des foréts.
2. Histoire de France, Henrt MARTIN.
XXX PRÉFACE
sol était conquis ; il fallait conquérir les eaux; les forêts
en fournirent encore les moyens. Elles suffirent à toutes
les exigences ; on les attaqua de tous les côtés et par
tous les motifs : tantôt, parce qu’elles étaient un obstacle
à la culture des céréales, tantôt parce qu’elles renfer-
maient des instruments de travail, de défense ou de
transport.
Il serait bien difficile de déterminer l'effet de cha-
cune de ces influences, et d’ailleurs cela n’est pas
nécessaire : je veux établir seulement que les besoins
de la civilisation ont puissamment contribué à la des-
truction des forêts ; je tiens à prouver ensuite que ces
besoins ont rencontré malheureusement d’énergiques
auxiliaires dans les vices que la civilisation engendre,
quand elle se laisse emporter par l’orgueil et qu’elle
tombe dans le matérialisme. Parmi ces vices, je signa-
lerai l'oubli de la solidarité humaine et l'imprévoyance
qui en est la conséquence, le goût des plaisirs physi-
ques, l’ardeur pour les richesses immédiatement réali-
sables, l'indifférence pour celles qu'il faut attendre.
L'homme de nos jours ne se soucie ni du passé nide
l'avenir ; il se soucie du présent, et dans le présent il ne
voit que lui. 1l a perdu le culte des aïeux ; le sort deses
descendants ne le touche pas et depuis longtemps il ne
connaît plus les joies sublimes du sacrifice et du dévoue-
ment. Il ne vit que pour la satisfaction dewses appétits
égoïistes. Toutes ses aspirations étant concentrées. dans
l'amour de soi-même, on comprend son dédain pour les
biens dont il ne saurait jouir incontinent et qui 2.
raient dès lors lui échapper.
La conservation des forêts est installe avec de
telles dispositions morales : sans le respect des tradi-
tions, sans l'esprit de prévoyance, sans l'intelligence des
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DE LA PREMIÈRE ÉDITION. xx
devoirs réciproques que les générations ont à accomplir,
sans l'amour de ses semblables, il n’y a pas de garantie
sérieuse pour cette conservation. Le profit immédiat
que le défrichement d’une forêt procurerait, prévaudra
un jour ou l’autre sur les avantages qu’on assurerait
à l'avenir, en la laissant sur pied.
Cependant, l'ignorance trop sdbéréteurns ER AE AR
dans laquelle on est, en France surtout, relativement à
- ces avantages, donne, — j'aime à le supposer, — aux
causes de destructionque je viens d’'énümérer, une force
particulière, et je ne désespère pas assez de mon pays,
pour croire que s'il était bien pénétré des dangers
auxquels il s'expose par l’'anéantissement de ses forêts,
il continuerait à les braver avec tant d'insouciance.
La vie des hommes est attachée à celle des arbres,
on l’oublie trop. Parmi les nations civilisées et rivales,
la France est déjà une de celles qui possèdent le moins
de bois, motif d’infériorité plus grave qu’on re le pense.
La Provence se dépeuple, parce que les forêts disparais-
sent’. Nous payons un tribut annuel de plus de
soixante-dix millions de francs à l'étranger pour com-
bler le déficit de notre production’. Nous possédons
une magnifique flotte, mais une bataille navale mal-
heureuse peut nous l'enlever, et nous la remplacerions
difficilement. La situation mérite qu’on y prenne garde et
qu'on s'occupe d'y remédier *.
Quand on lit l’histoire des anciens ; quand on étudie
=
1. La Provence au point de vue des bois, des torrents, CHARLES DE
x
2. Ce tribut est aujourd’hui de 150 millions. (Note de la 2° édition.
3. Je sais bien que l’administration forestière fait dans ce but les
plus louables efforts ; malheureusement, son action est très-limitée,
; c
XXXII PRÉFACE .
leur caractère, on les voit tout pleins d’un respect reli-
gieux pour les bois. Cette histoire est remplie de traits
qui montrent qu'une superstition tutélaire s’attachait
autrefois à l'existence des arbres; ils étaient placés sous
la protection spéciale de la Divinité. Nos mœurs sont
bien éloignées de celles de nos pères; notre raison im-
pitoyable a voulu sonder tous les mystères ; elle a fait
tomber tous les prestiges, et pour ce qui concerne les
bois, leur conservation serait tout à fait compromise si
elle ne reposait que sur la vénération dont ils sont
l’objet. On peut dire même que, de toutes les propriétés,
c’est la moins respectée. Puisqu” il en est ainsi; puisque
le positivisme de notre époque a renversé les barrières
que le sentiment religieux opposait jadis à lesprit de
destruction, on doit chercher dans l'intérêt des popula-
tions une sauvegarde qui remplace celle qui n’existe
plus. Il faut faire comprendre les avantages écono-
miques inhérents à la propriété boisée; il faut surtout
enseigner les moyens d'en tirer tous les fruits dési- -
rables.
Pour les personnes étrangères à la sylviculture, la
forêt vierge représente le type du beau en matière de
richesse forestière : elle est l'expression la plus haute
des ressources que peut fournir une masse d'arbres.
Il y a dans cette opinion une erreur grossière :
Les forêts, comme les autres biens que la Providence
a répandus sur notre globe, ont besoin des soins de
l’homme pour développer toute leur puissance produc-
tive : là comme ailleurs, la terre n’est féconde que pour
celui qui la cultive. Le tout est de la bien cultiver, et il
est en conséquence désirable qu’on en vulgarise l’art
autant que possible:
DE LA PREMIÈRE ÉDITION. © XXXIIT
C'est, pour mon compte, ce que je viens essayer le
faire. J'ai eu à remplir des attributions qui m'ont forcé
d'étudier avec une attention particulière une partie de
la science forestière sur laquelle il n’existe en France
qu'un très-petit nombre d’écrits. Je veux parler de
l'aménagement. J'ai pensé que mon devoir était de pu-
blier le résultat de mes travaux. On n’y trouvera pas
beaucoup de nouveautés : la plupart des idées exposées
dans ce volume sont connues, mais il en est peu qui
aient été imprimées. Je les ai recueillies ; je les ai
groupées aussi méthodiquement que j'ai pu : voilà
mon seul mérite. Parmi les agents, et ils sont nom-
breux, qui auraient le droit de revendiquer comme
leur appartenant plusieurs des principes et des consi-
dérations que je vais développer, je dois en citer pour-
tant deux :
M. Parade, directeur de l'École intpdtinié _fores-
tière; g +”
M. de Buffévent, ancien conservateur des forêts.
Ces deux hommes éminents qui voulaient bien m’ho-
norer de leur amitié, m'ont fourni beaucoup de notions,
beaucoup de matériaux, soit par leurs ouvrages, soit par
leurs entretiens.
Une dernière observation : Je prie que lon fasse
attention au titre de ce volume : Études sur l'aménage-
ment. Je ne prétends pas publier un traité. Il y a à l'École
de Nancy un professeur fort distingué, M. Nanquette, à
qui je laisse ce soin, soin dont il s'occupe, mais qui
demande beaucoup de temps, et dont il s'acquittera
_mieux que je n'aurais pu le faire ‘. Je publie de simples
1. Ce traité a paru avec l'entière approbation de M. Parade. Il ne
pouvait avoir une meilleure recommandation.
xxxiv PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION.
études, un essai, un programme, par conséquent quel-
que chose d’incomplet et de discutable. Qu’on veuille
bien seulement me discuter, et je n'aurai pas perdu
mon temps.
Pr
Paris, 1858.
INTRODUCTION -
F LA
L'aménagement est un travail qui consiste à
régler l'exploitation d’une forêt, de façon qu’elle
fournisse un rapport annuel aussi soutenu et aussi
avantageux que possible *.
* L'homme a des besoins incessants, dont les
principaux, ceux qui intéressent son existence maté-
rielle, réclament impérieusement une satisfaction
immédiate. Pour y subvenir, il lui faut des objets de
consommation constamment disponibles ; de là sa
tendance à obtenir des agents de production qui
sont à sa portée, une continuité de rendement.
Cette tendance est surtout manifeste dans les
1. J'ai cru devoir maintenir cette définition, quoiqu’elle dif-
fère de celle que donne le cours de culture. D’après ce cours,
Faménagement consiste à régler l'exploitation d’une forêt dans le
plus grand intérêt du propriétaire et de la consommation. Or, la
condition du rapport annuel n’est pas comprise dans cette défi-
nition, et elle est pourtant, selon moi, caractéristique de l’amé-
nagement..
1
2 INTRODUCTION.
sociétés primitives : on y vit, au jour le jour, du
produit de la pêche, de la chasse, elc., etc. Au
milieu des ressources qui l’environnent, l’homme n’y
apprécie guère que celles-là, parce que ce sont
presque les seules dont l'exploitation puisse se con-
cilier avec le renouvellement journalier de ses
besoins. Le sol, défriché et ensemencé, lui fournirait
sans doute, au bout de l’an, dix fois plus de matière
alimentaire que ne lui en procurent: la chasse et la
pêche. Peu lui importe ; il ne saurait rester un: an
sans manger. Mais quand, à force de persévérance,
il est parvenu à réaliser quelques économies sur les
menus profits de son travail, et qu'il s’est mis de
cette façon à même de soutenir son existence pen-
dant le temps nécessaire à la culture du sol, alors
il a fait un grand pas dans la voie du progrès. A
partir de ce moment, il lui est permis d'utiliser.
d’autres ressources, et de concilier avec des besoins
qui se renouvellent, pour ainsi dire, à chaque in-
stant, des cultures dont les produits ne sont réali-
sables que périodiquement, à des intervalles plus ou
moins longs. LENS S
L’épargne, c’est-à-dire la mise en réserve d’une
certaine quantité de produits, qui permettent d’at-
tendre, voilà donc le moyen nécessaire auquel les
hommes ont dû recourir pour approprier à la satis-
faction de leurs besoins, les productions intermit-
tentes; voilà le progrès qui explique la valeur
- INTRODUCTION. S 3
. que l’on attribue, dans les sociétés civilisées, à des
agents, à des capitaux dont les produits ne seront
disponibles que dans un avenir plus ou moins éloi-
gné. Toutefois, ce progrès n’est pas susceptible de
déplacer le pivot autour duquel gravite la produc-
tion, ni de modifier la condition qui sert de régula-
teur à cette dernière, qui la dirige après l'avoir pro-
voquée. Les besoins de l’homme n'en restent pas
moins incessants, et, par une conséquence forcée,
les productions réglées de la manière la plus avan-
: tageuse à ses intérêts, sont celles qui présentent le
| plus de continuité. |
+ L'épargne, lorsqu'elle est sous la forme d'objets
de consommation, a, d’ailleurs, deux inconvénients
graves :
D'abord, elle ne se conserve pas longtemps.
Le froment, par exemple, ne tarde pas à se
détériorer dans un grenier. Le bois subit le même
sort, quand il est exploité depuis un certain nombre
d'années. Une récolte de blé ou de bois qui n'aurait
lieu que tous les vingt ans, ne vaudrait done pas, en
supposant qu’elle fût vingt fois plus considérable,
celle qu’on pourrait faire chaque année.
L'autre inconvénient des produits accumulés par
épargne, c’est de solliciter l’imprévoyance, le gas-
pillage, et d'entraîner, pour le moins, une consom-
mation excessive.
Les raisons précédentes sont suffisantes pour
> # .
PA LT TERRIER
h INTRODUCTION. :
Z
_
justifier la transformation des capitaux dont les .
produits se succèdent à de longs intervalles, en capi-
taux dont les produits sont annuels, et si le consom-
mateur est grandement intéressé à cette transforma-
tion, le propriétaire du capital n’est pas appelé àen
retirer de moindres avantages.
C'est un fait bien connu que les branches d’in-
dustrie le plus favorablement placées, au point de
vue des bénéfices qu’elles offrent à ceux qui les
exploitent, sont celles qui peuvent le plus facilement
se plier aux fluctuations de la demande; or, entre
deux forêts dont l’une, aménagée, serait susceptible
d’un rapport annuel et soutenu, tandis que l’autre,
non aménagée, ne serait exploitable qu’à des inter-
valles relativement fort longs, il est évident que c’est
la première dont la production se subordonnera le
plus aisément à ces convenances dont je viens de
parler, à ces mouvements de hausse ou de baisse
dans la demande du consommateur. Ce qu’il faut,
en effet, pour cela, c’est üne disponibilité constante
de produits exploitables ou sur le point de l'être.
L'aménagement peut seul la fournir.
Au reste, ce budget annuel des dépenses et des
recettes, qui est entré dans les habitudes de tous
les hommes, prouve surabondamment les avantages
de l’annualité, quel que soit le revenu.que l’on con-
sidère. À l'expiration de l’année, chacun, l'indi-
vidu comme la commune, comme l’État, chacun
INTRODUCTION. 5
arrête ses dépenses, opère ses rentrées, et il en résulte
que de toutes les rentrées, celles-là sont naturellement
le- plus désirables, qui correspondent à l'époque de
ce bilan, sans lequel les règles de l’économie privée
ou collective seraient fort difficiles à appliquer.
Le consommateur et le producteur sont donc
tous les deux d'accord pour que les forêts soient
exploitées sous la condition d’un rapport annuel et
soutenu ; cependant ils sont bien loin de comprendre
‘la réalisation de ce rapport de la même manière, et
la divergence de leurs sentiments, sur ce point, est
importante à noter. ;
Le consommateur ne demande qu'une chose :
c'est que l’exploitation de toutes les forêts qui four-
nissent à ses besoins soit combinée de telle sorte
que, chaque année; elle lui-offre les mêmes res-
sources. Il ne se soucie pas du règlement, auquel
chacune de ces forêts, considérée séparément, pour-
rait être assujettie. Si l’on suppose qu’elles soient au
nombre de 30, qu’elles appartiennent à des proprié-
taires différents, et qu'elles soient exploitables à
30 ans, le consommateur admettra volontiers qu’au-
; cune d'elles ne. soit aménagée, si d’ailleurs il y a,
- = dans leurs âges, une gradation qui empêche que
l'exploitation de l’une ne coïncide avec celle de
-F’autre. Le rapport soutenu n’en existera pas moins,
pour l’ensemble de ces forêts, et c’est là tout ce que
le consommateur réclame.
7 ge de EU LAS à
6 INTRODUCTION.
Le producteur n’envisage pas ainsi les choses ; ce
qu'il veut, c’est que le rapport soutenu soit établi
dans la forêt dont il est propriétaire ; ce que font ses
voisins ne le touche que très-indirectement.
Le consommateur désire des produits soutenus,
non-seulement en matière, mais en marchandises de
telle ou telle espèce.
Le producteur ne recherche, en général, que le
rendement en argent, quand ce producteur est dans
la catégorie des particuliers. S'il s’agissait d’un État,
d’une communauté quelconque, il en serait autre-
ment, parce que leurs intérêts s’identifient plus com-
plétement que ceux des particuliers avec les intérèts
du consommateur. |
- Ces différences sont essentielles et soulèvent des
questions'sur lesquelles il y aurait certainement encore
beaucoup à dire; mais les développements dans les
quels je pourrais entrer à ce sujet seraient sans utilité
aujourd'hui. Je me bornerai à ajouter aux principes
qui découlent des considérations précédentes, que si
l'établissement du rapport soutenu est une condition
que les propriétaires de bois doivent, ordinairement,
chercher à réaliser, il-y a cependant, pour les particu-
liers, des cas où il ne leur convient pas de le faire. La
petite étendue d’un bois peut être une raison pour
qu’on ne l’exploite pas en plusieurs coupes succes-
sives, parce que ces coupes occasionneraient des
frais généraux plus considérables que ceux qu'en-
+
INTRODUCTION. 7
traînerait l'exploitation en une seule fois, et ne
seraient pas suffisamment compensés par les avan-
tages de l’annualité,
… En outre, les propriétaires sont quelquefois con-
duits, par des motifs d'économie domestique, à con-
sidérer un bois comme une caisse d'épargne, dans
laquelle ils désirent accumuler, pour une certaine
époque, pour le mariage d’une fille, pour l'établisse-
ment d'un garçon, etc., etc., des valeurs plus ou moins
importantes. C'estencore une raison pour que ce e bois
ne soit pas aménagé.
Un propriétaire peut enfin être sollicité par
une hausse extraordinaire du prix des bois, ou par
_la nécessité de faire, face à des engagements, à réa-
liser la superficie entière ou presque entière de la
‘forêt qui lui appartient.
Ce sont là des exceptions; elles ne sont jaune,
sauf la première, admissibles pour l’État, pour une
commune ou un établissement public, pour les corps
impérissables enfin, dont le devoir est de distri-
buer, aussi également que possible, aux générations
successives dans lesquelles ils sont destinés à se
perpétuer, les fruits et les richesses dont ils dis-
posent. |
Mais la régularisation du rendement annuel est
surtout obligatoire pour les forêts de l’État; car
leurs produits forment le pain quotidien d’une multi-
tude d'industries et ne peuvent varier, sans qu'il en
8 INTRODUCTION.
» 3
résulte de bras” perturbations et d'incaleulables
souffrances. , is |
En présence des fluctuations auxquelles ce ren-
dement est resté soumis jusqu’à ce jour, il n’y à pas
d'usine employant le bois comme principal combus-
tible, dont il soit possible d'apprécier d'une manière
exacte les conditions de roulement, et une des causes
principales de la situation précaire dans laquelle se
trouve la métallurgie au bois et des plaintes ardentes
dont elle ne cesse d’assiéger l'administration, réside
dans la: variabilité des produits que celle-ci met en
vente chaque année.
Les particuliers propriétaires de bois ne sont pas
moins intéressés que les consommateurs à ce qu'il .
soit mis un terme à cet état de choses. Aujourd'hui,
l’administration peut à son gré faire la baisse ou la
hausse par la quantité de bois plus ou moins consi-
dérable qu’elle jette sur le marché. Tant que cette
_ quantité ne sera pas réglée, et elle ne le sera que
par l'aménagement, les particuliers seront exposés
au danger permanent d’une concurrence susceptible
d’avilir, à un moment inattendu, le prix de leurs
coupes. Ce danger entrave leurs opérations et dé-
précie leurs immeubles.
L'aménagement répond, on le voit, à l’une des
exigences les plus légitimes des sociétés civilisées,
quand il a pour but d’annualiser et de régulariser
la production du sol forestier.
»
INTRODUCTION. 9
is ce résultat n’est pas le Stqu il soit pe
Le proeurer. ds ;
Depuis l'époque où une forêt est- énétaille de
se. régénérer naturellement, soit par les semences,
soit par les souches, elle peut donner autant de rap-
ports soutenus différents qu’il y a d'années à courir
jusqu’au moment de son dépérissement. Il suffit, en
effet, pour assurer la perennité de sa production, de
n’en-extraire chaque année qu’une quantité de bois
égale à son accroissement moyen; or, parmi ces
rapports soutenus, il y en a nécessairement un qui
est préférable à tous les autres : c’est celui dont l’ex-
pression, soit par contenance, soit par volume,
forme ce qu’on appelle la possibilité d’une forêt.
L'aménagement a pour résultat de le déterminer, et
cetrésultat n’est pas moins recommandable que le
précédent.
.. Je viens de justifier le but de l’aménagement, je
vais indiquer succinctement quelles sont les opéra-
tions à faire pour l’atteindre :
+ Quand on veut retirer d’une masse de bois un
produit annuel constant et non interrompu, il faut
la partager en un certain nombre de coupes annuel-
lement et successivement exploitables, de manière
que le repeuplement de l’une quelconque -de ces
. coupes puisse devenir exploitable à son tour, dans
le temps nécessaire pour régénérer les autres.
Ce partage d’une forêt en coupes; la fixation de
10 INTRODUCTION.
l’ordre dans lequel lesdites coupes devront être
exploitées, forment ce qu’on appelle le plan d’eæploi-
tation. Le temps à courir afin qu’une coupe revienne
une deuxième fois en tour d'exploitation, est ce qu'on
nomme la révolution. ?
L'établissement du plan d'exploitation est l'opé-
ration essentielle de l'aménagement.
Cet établissement est subordonné à la nature des
produits que l’on recherche, et à l’âge auquel il
convient d’abattre les arbres pour qu’ils soient réa-
lisés. Si l’on destine une forêt à la production des
cercles, on devra certainement l’exploiter à un âge
beaucoup moins avancé, dans une révolution beau-
coup plus courte, que si on la destine à la produc-
tion de bois propre aux constructions.
L'âge qui correspond au rapport le plus avanta-
geux, et le plus avantageux est celui qui convient le
mieux au propriétaire, est ce qu'on appelle l’âge
d’exploitabilité.
La détermination de cet dge d'ésploitabilité pré-
cède donc nécessairement la formation du plan d’ex-
ploitation.
Mais l’âge d’exploitabilité d’une forêt est très-
variable, suivant la position du propriétaire, ses
besoins, les conditions tant naturelles qu'économi-
. ques dans lesquelles est placée la forêt, et ces :con- .
ditions, il est indispensable de lés connaître.
La reconnaissance de la forêt, sa description,
Li
INTRODUCTION. 11
l'inventaire de toutes les circonstances qui pourraient
exercer une influence sur sa conservation et son ren-
dement, sont donc les objets dont on doit s’occuper
avant tout autre, lorsqu'on entreprend un aménage-
ment. {
La réunion des divers renseignements que ces
objets comportent, constitue l’opération connue sous
le nom de statistique.
La statistique,
La recherche de l'âge d'exploitabilité,
. La formation du plan d'exploitation,
- Telles sont, en définitive, les opérations princi-
pales qu’exige un travail d'aménagement.
Il convient en outre d'y ajouter l’élude et la pro-
‘position de tous les travaux d'amélioration qui
seraient propres à augmenter le rendement.
_ L'aménagement est un travail très-simple, en
général, pour les bois de particuliers, difficile, quel-
quefois, pour ceux des communes, toujours très-
compliqué pour les forêts de l’État.
Dans toute société arrivée à un certain degré de
civilisation, il s’est établi un mouvement commercial
et industriel contre lequel un particulier ne saurait
réagir; il est forcé de s’y soumettre quand il amé-
nage ses bois. Qu'il s'agisse, par exemple, de l’écou-
lement à donner à leurs produits, cet écoulement est
déterminé par des débouchés, par des voies qui
existent déjà en vertu d’une foule de causes plus ou
12 INTRODUCTION.
moins fondées, plus ou moins légitimes, mais dont il
faut bien qu'il accepte les conséquences. Il y a là une
première raison, raison capitale, pour que l’aména-
gement des bois de particuliers soit en général un
travail facile à faire; il l'est en outre, parce que ces
bois sont tous assujettis à de courtes’ révolutions et à
une méthode de culture d’une application commode.
L'aménagement des bois des communes est plus
embarrassant : une commune n’est pas dépourvue
de toute influence sur les conditions générales dans
lesquelles se meut la société dont elle fait partie;
elle peut, dans une certaine mesure, réagir sur elles.
D'ailleurs, ce n’est pas seulement par le produit net
qu’elle se laisse guider, comme le font en général les
particuliers, lorsqu'elle règle l'exploitation de ses
bois; elle consulte aussi l’avantage d’un produit
brut plus élevé ; elle embrasse enfin plusieurs géné-
rations et doit songer à l'intérêt de l’avenir comme
à celui du présent.
Ce sont tout autant de cosi dé rot calé qui augmen-
tent l'importance et les difficultés de l'aménagement
des bois communaux. Ajoutons que le domaine fores-
tier d’une commune occupant ordinairement plus
d'étendue que celui d'un particulier, est par cela
même moins aisé à mettre en ordre dans un but
déterminé; que les révolutions auxquelles le premier’
est soumis, sont plus longues; que le mode d’exploi-
tation auquel il est assujetti, est plus exigeant. :
INTRODUCTION. 13
- Quant aux forêts domaniales, ce qui en compli-
que l’aménagement, ce n’est pas seulement le nom-
bre et la variété des intérêts qu’il doit conèilier ;
c’est encore et principalement la possibilité de modi-
fier les conditions économiques générales dans les-
quelles il est appelé à fonctionner.
Les routes par lesquelles se sont exportés jus-
qu’à ce jour, les produits de la forêt F, ne condui-
sent qu’à des centres de populations agricoles. S'il
n'y avait pas moyen de créer d’autres débouchés à
cette forêt, il serait sans objet d'y favoriser la
- production de bois de fortes dimensions ; mais on
pourrait facilement la rattacher par un canal à un
chantier de constructions navales; cette possibilité
méritera d'entrer dans les considérations qui servi-
ront à régler son aménagement.
Je m'en tiens à cet exemple; il n’est pas néces-
_ saire-d’en donner d’autres pour prouver que lorsque
l'État aménage ses forêts, il est tenu de se préoc-
cuper des modifications qu'il conviendrait d’appor-
ter, dans l'intérêt de leur exploitation, au milieu
qui les entoure, et que ce devoir comporte des
appréciations d’un ordre élevé, très-complexes ,
_très-délicates. |
_ D’après les définitions que j'ai données de l’amé-
nagement, du but qu'il poursuit et des opérations
qu'il nécessite, il est facile de voir qu’il y a entre
cette science et la culture proprement dite, des dif-
14 INTRODUCTION.
férences bien tranchées; que la culture puise tous
les principes qui la constituent dans les faits natu-
_ rels qu’elle se borne à classer d'une manière ration-
nelle ; tandis que l’aménagement traite des moyens
d’approprier ces faits aux usages de la société; que
la première est une science d’observations, tandis
que la seconde est une science de combinaisons.
La théorie occupe donc une place plus grande
dans l’aménagement que dans la culture, et je crains
que ce ne soit pour beaucoup de gens un titre de
défaveur. Qu’on me permette à ce sujet quelques
courtes réflexions. ds
On affecte aujourd’hui de poursuivre comme
inutiles, stériles sinon dangereuses, les théories
scientifiques. C’est encore un effet de la tendance
matérialiste de notre époque. À en croire certaines
personnes, il n’y aurait de sérieux, de réel, d’utile,
que la pratique. A les entendre, le dernier des gà-
cheurs de plâtre, des tailleurs de pierre, des can-
tonniers ou des bûcherons, en saurait plus pour
Ja construction des maisons, l’entretien des routes,
l’amélioration et l'exploitation des bois, que les
hommes qui, avant de se livrer à la pratique des
arts, en ont étudié la théorie, |
Ce sont là des énormités qui ne supportent pas
l'examen.
S'il est vrai que la théorie soit la raison des
choses, l'explication des phénomènes de la nature et
INTRODUCTION. 15
l'énoncé des règles, des méthodes à suivre paur
faire servir ces phénomènes à la satisfaction des
besoins de l’humanité ; s’il est vrai que la pratique
ne soit au contraire que l'application de ces règles,
de ces méthodes, n’y a-t-il pas, je le demande,
entre la théorie et la pratique une union nécessaire,
qu'il serait tout aussi difficile de rompre que de
séparer la main qui agit de l'esprit qui la dirige?
Maintenant, je le reconnais, il ne suffit pas de
savoir comment une opération doit se faire, pour
être capable de l’exécuter. Les travaux matériels
demandent une aptitude, un tact, une adresse, un
tour de main dont on ne saurait contester l'utilité,
et qui ne s’acquièrent que par l'expérience; mais
toujours est-il que cette expérience se formerait plus
difficilement, plus lentement, si elle n'était guidée
que par l'instinct au lieu de l'être par le raisonne-
.. Îlest vrai que la théorie ne pose guère que des
principes généraux; qu’elle n’a pas de règles de
conduite pour toute les exceptions, toutes les anoma-
lies; qu’elle ne dispense personne de faire usage de
son esprit d'initiative, de sa raison, de ses observa-
tions personnelles; mais toujours est-il qu’en ensei-
gnant les lois générales qui régissent les divers
* ordres de faits, elle rend plus sûre la résolution des
cas particuliers qu’elle ne saurait prévoir; car il n°y -
a pas de cas, quelque particulier qu’on le suppose,
16 INTRODUCTION.
qui soit sans aucun rapport, sans aucun lien, sans
aucune analogie avec une circonstance typique.
Abandonnez la sylviculture aux simples ressources
de la pratique, et vous la réduisez, comme l'ont dit
MM. Lorentz et Parade dans l'introduction de leur
Cours de culture, à une routine incertaine et obscure.
Il ne saurait en être autrement dans un ordre de
choses, où les faits mettent plus de temps à se pro-
duire que l’homme n’en met à accomplir sa destinée.
Concluons donc que si la pratique doit être con-
sidérée, en économie forestière surtout, comme un
élément indispensable de succès, elle ne -saurait
cependant aboutir qu’à de médiocres résultats si
elle n’était éclairée par la théorie.
Concluons qu’en sylviculture comme en toute
autre matière, sans le secours de la théorie, le ni-
veau des connaissances humaines ne pourrait jamais
s'élever; puisque c’est à elle qu’il appartient d’étu=
dier les phénomènes, de les grouper, d’en constater
les lois, et de faire profiter ainsi une génération de
l'expérience de celles qui l’ont précédée.
— cn
LEE 5 IA Sur
L
_ L'AMÉNAGEMENT
DES AIRE
PREMIÈRE ÉTUDE.
DE LA STATISTIQUE.
CHAPITRE PREMIER.
DE LA STATISTIQUE EN GÉNÉRAL, ET DES ÉTUDES
QU: ELLE COMPORTE
"AU POINT DE VUE DE L ’AMÉNAGEMENT.
La statistique est, à un point de vue général,
l'inventaire, dans un ordre méthodique, de tous les
faits qui concernent les besoins de la société et le
_ développement de ses richesses.
Elle n'est pas seulement utile ; elle est indispen-
sable au progrès de la civilisation.
Vous êtes à la tête du gouvernement ; vous vou-
2
18 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
lez doter votre pays d’un réseau de voies de commu.
nication ; pour tracer ce réseau de la manière la plus
convenable, il faut connaître les exigences de la con-
sommation. Ces exigences, la statistique vous per-
mettra d’en apprécier l’étendue.
Tous les travaux de l’homme, petits ou grands,
toutes ses spéculations, quelle qu'en soit l’impor-
_ tance, s’appuient nécessairement sur la statistique.
L'industrie forestière n’est point affranchie de
cette obligation. Elle y est même astreinte plus
étroitement que toute autre, sous peine de manquer
le but qu’elle doit se proposer d'atteindre. Je vais
en citer quelques preuves : |
L'administration dispose d’une certaine somme
pour des améliorations, pour des travaux de route,
par exemple. En réunissant les demandes de crédit,
faites à ce sujet par les chefs de service, on arrive à
un chiffre de dépense qui dépasse considérablement
les ressources disponibles. Il est danc nécessaire de
rejeter quelques-unes de ces demandes, de n’en
accueillir d’autres qu’en partie, d’aller enfin au plus
pressé. L'administration serait dans l'impossibilité
de procéder avec discernement à cette délicate
besogne, si elle n'était éclairée sur les localités où
la construction des’ voies de vidange est la plus
urgente ; mais en jetant les yeux sur les données de
la statistique, elle voit que dans telle localité, le
coût du transport s'élève à la moitié du prix vénal
des bois; que dans telle autre, au contraire, il ne
s'élève qu’au tiers. C’est par conséquent dans la
DE LA STATISTIQUE. 19
première qu'il est pressant d'améliorer ou de créer
des chemins, et c'est là qu'elle porte ses moyens
d'action. Le manque de renseignements statistiques
l'exposerait évidemment à dépenser ses ressources
Fe dans les régions is en auraient le sn
grand besoin.
: Depuis longtemps déjà, on donne chaque année à
nadesisioiretion 7 à 800,000 francs pour être affectés
à des repeuplements artificiels. C’est une forte somme
qui ; bien employée, doit amener de beaux résultats;
mais il ne faut pas croire que pour l'utiliser il suffise
d'acheter des graines quelconques, et de les jeter au
hâsard dans les premiers vides qui se présenteront.
Suivant. la position qu'elles occupent, les forêts
réclament des essences particulières. Si elles sont
situées, par exemple, non loin des fleuves qui abou-
tissent dans le voisinage de nos arsenaux maritimes,
il est désirable qu'on y propage les espèces propres
aux constructions navales; si elles sont situées près
des routes qui conduisent à de grands centres .de
population, il convient d'y élever des arbres propres
à la menuiserie, à l’ébénisterie, aux constructions
civiles, etc., etc.; enfin, il est nécessaire, avant tout,
que les essences soient appropriées au climat et au
sol. Dans ces cas-ci comme dans le précédent, la
statistique est un guide indispensable pour ne pas se
fourvoyer.
… Ilrésulte deces considérations préliminaires qu’une
statistique générale, embrassant tous les éléments
qui se rattachent au développement et à l'emploi des
20 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
richésses forestières de la société, est un répertoire
essentiel à défaut duquel la gestion de ces richesses
ne saurait être réglée d’une manière rationnelle.
Il est à remarquer d’ailleurs qu’une forêtne forme
pas un objet qu’il soit permis de considérer isolément;
qu’elle est solidaire de foutes celles qui se trouvent
dans le même pays,-ou qui sont destinées à alimenter
les mêmes centres de consommation ; que lorsqu’on
aménage une forêt des Vosges, il y a lieu de se préoc-
cuper des conséquences de cet aménagement pour les
forêts de la Lorraine, et vice versd.
En résumé, l'exploitation des forêts est subor-
donnée à des conditions générales d'économie agri-
cole, industrielle et commerciale, que les aménagistes
doivent connaître, et ces conditions , il 3 ae à
la statistique de les définir.
Mais quand on a réuni, et je suppose qu’on l'ait
fait en France, les notions générales et fondamen-
tales dont je viens de parler, il reste à mettre l’exploi-
tation de chaque forêt, prise à part , envisagée séparé-
ment, en harmonie avec les circonstances spéciales ,
naturelles ou économiques, au milieu desquelles elle
se trouve placée, qui la touchent directement, et c’est
par rapport à ces circonstances spéciales que j’en-
tends le mot placé en tête de ce chapitre et que je
vais essayer d'indiquer toutes les études qu’il com-
porte.
Les auteurs qui ont traité de l'aménagement des
forêts ont signalé les différents points sur lesquels il
convient de porter son attention, pour que l’on puisse
DE LA STATISTIQUEF. 21
> apprécier, en connaissance de cause, les améliora-
tions et les réformes dont le traitement d'une forêt
est susceptible. Ces points sont au nombre de trente et
* un dans l'ouvrage de M. Salomon, ancien directeur
de l’école forestière de Nancy. Les voici dans EP
que cet auteur a suivi : |
- 4° Nom du bois ou de la forêt; 2° origine; 3° posi-
tion géographique ; 4° orientement; 5° situation et
exposition ; 6° climat; 7° vents; 8° étendue; 9° na-
ture du sol; 40° essences et nature du bois; 14° places
vides et clairières; 42° consistance actuelle de la forêt ;
13° maladies, insectes; 14° surveillance et délits;
15° minéraux et carrières ; 46° chasse et bêtes fauves ;
17° routes et chemins; 18° limites ; 19° fossés; 20° bor-
nes; 21° rivières, canaux, ruisseaux; 22° pêche;
23° maisons ; 24° enclaves ; 25° pâturage ; 26° droits
d'usage; 27° établissements et lieux de consom-
mation; 28° distanc®s approximatives; 29° pro-
duits moyens des dix dernières années; 30° débit des
bois et marchandises usitées ; 34° prix courant de ces
marchandises.
+ Gette nomenclature comprend à peu près tout ce
qu'il est essentiel de connaître quand on veut amé-
nager une forêt. Son principal défaut, selon moi,
c'est que les matières n’y sont pas classées d’une
façon méthodique qui soit propre à les fixer dans la
mémoire.
Les divers objets qui sont de nature à exercer une
influence sur l aménagement d’une forêt peuvent se
partager en cinq groupes bien caractérisés, et rela-
29 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
tifs : le premier, à la forêt considérée dans les élé-
ments qui la constituent ou qu’elle contient; le
deuxième, à sa conservation et à son entretien; le
troisième, aux dépenses qu’elle occasionne; le qua-
trième, à son exploitation et à ses produits; le cin-
quième, aux débouchés dont elle jouit.
Si nous adoptons cette classification, nous range-
rons : Est
Dans le premier groupe, le nom, l’origine, la posi-
tion géographique et administrative, les limites, les
tenants, la contenance générale, la contenance du sol
boisé ou susceptible de le devenir, les enclaves, les
vides et clairières, les lacs, étangs ou marais, les
cours d’eau naturels ou artificiels, navigables ou flot-
tables , les rigoles et les fossés d'assainissement, les
routes et chemins, et autres moyens de vidange, les
maisons forestières, les scieries, les constructions
diverses, la configuration et*la nature du sol, les
mines et carrières, le climat, le peuplement, les
pépinières, le règne animal‘;
Dans le deuxième, les dommages auxquels la forêt
est exposée de la part des animaux et insectes, du
feu, des météores, des délits ; la surveillance, l’entre-
tien des voies de transport;
Dans le troisième, le prix des travaux dans la loca-
ité, les dépenses afférentes à l’exploitation, à la sur-
1. On remarquera sans doute que ce groupe contient un très-
grand nombre d'objets et que sa subdivision serait fort désirable.
J'ai cherché une base pour cette subdivision, sans réussir à en
trouver une claire, logique, rationnelle. (Note de la 2° édition.)
DE LA STATISTIQUE. 23
veillance, à la réparation des voies de transport, à
l'entretien des maisons, scieries, etc., etc., des pépi-
nières , des plantations, des fossés d'assainissement,
des limites, etc., etc.;
Dans le quatrième, l'exposé de l'aménagement en
vigueur, le débit et le prix des bois, les produits en
nature, les produits en argent, les produits accessoires,
les produits immatériels ou indirects;
Dans le cinquième, enfin, les droits d'usage, les
servitudes d'intérêt public, les lieux de consomma-
tion, le prix des bois aux lieux de consommation, la
différence entre ce prix et celui des bois en forêt.
Il est nécessaire d'étudier tous ces points avec
le plus grand soin, de les bien définir. Ce travail est
certainement un de ceux qui, dans l'aménagement
d’une forêt, exigent le plus d’esprit d'observation, de
netteté dans le coup d'œil, de tact, de jugement et
de sagacité. Il est destiné à former la base de l’édi-
fice qu’on se propose de construire, ou plutôt l’arse-
nal dans lequel on devra puiser tous les matériaux
nécessaires. A l’aide d’une bonne statistique, on
peut, sans aller sur le terrain, régler la marche des
exploitations.
Parmi les articles compris dans la statistique, il
y en a beaucoup qu’il suffit de traiter d’une manière
générale ; il y en a quelques-uns, au contraire, qui
doivent être l’objet d’un examen très-détaillé. Pour
éviter la confusion que cet examen occasionnerait, si
on en consignait les résultats au milieu des généra-
lités, il est d'usage d’en faire la matière d’un docu-
24 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ment spécial. La statistique comprend donc deux
sortes de renseignements : les renseignements géné-
raux, les renseignements spéciaux.
.Occupons-nous d’abord des renseignements géné-
raux. Je vais passer en revue tous les points énumé-
rés ci-dessus; j'en trouverai un grand nombre qu'il
aura suffi d’énoncer pour faire comprendre les
recherches qu'ils réclament ; mais il y en a sur les-
quels j'aurai à donner des explications.
CHAPITRE DEUXIÈME.
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.
ARTICLE PREMIER.
| PLAN DE LA FORÊT.
Ll : Or
,OrS l'on entreprend la statistique d’une
forêt, le premier document qu'il y a lieu de se pro-
Gurer est un plan exact de cette forêt. S'il n'existe
pas, il faut le dresser; y figurer, au moyen. de
courbes, de hachures ou de teintes, les-principaux
mouvements du terrain; y rapporter les enclaves,
. jardins, élangs et tous les emplacements quelconques
qui seraient affectés à une autre destination qu'à la
production du bois; y tracer les routes, chemins,
cours d'eaû, et généralement toutes les lignes sépa-
ratives, naturelles ou artificielles, entre les parties de
la forêt qui seraient placées dans des conditions
toutes particulières, au double point de vue: de la
situation et de l'exposition; donner à ces parties de:
la forêt que l’on désigne communément par le nom
générique, de canton des noms spéciaux, si elles
n’en ont déjà. ‘Tel
26 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
Ce plan est nécessaire pour l'intelligence du
cahier descriptif, dans lequel on consigne les ren-
seignements dont je vais refaire l’énumération rai-
sonnée.
ARTICLE IT.
ÉTAT DE LA FORÊT CONSIDÉRÉE DANS LES ÉLÉMENTS
QUI LA CONSTITUENT OU QU'ELLE RENFERME.
1° Nom et origine.
2% Position géographique et administrative.
Ces renseignements, destinés à constater l’iden-
tité de la forêt, ne réclament pas d'observation.
3 Limites. — Faire connaître la nature et l’état
des limites, fossés, bornes, etc.
L° Tenants. — Indiquer la nature des rébridhls
qui confinent à.la forêt.
5° Contenance générale et par canton. — I n’est
pas indispensable, lorsqu'on aménage une forêt, d’en
connaître la contenance d'une manière parfaitement.
exacte. Quelques hectares de plus ou de moins sont
de peu d'importance, surtout dans les futaies dont la
possibilité est en partie basée sur le volume. La
triangulation préalable de la forêt n’est donc point
d’une rigoureuse nécessité; mais il faut absolument
que les limites en soient assurées, et par conséquent
que la délimitation et le bornage en aient été effectués.
S'ils ne l'avaient pas été, il y aurait lieu d’y procéder
avant de s'occuper de l’aménagement proprement dit,
DE LA STATISTIQUE. 97
6° Contenance du sol boisé ou susceptible de le
devenir. — Donner ce renseignement, pour la tota-
lité de da forêt d’abord, et ensuite pour chaque
canton.
7 Enclaves. — Faire connaître leur étendue,
leur culture, la catégorie de propriétaires à laquelle
elles appartiennent, les inconvénients qu’elles pour-
raient présenter pour la conservation du sol fores-
tier.
8° Vides et clairières. — En indiquer la conte-
nance pour chaque canton, et spécifier les parties
qui seraient susceptibles de reboisement et celles
qui ne le seraient pas.
9° Lacs, élangs ou marais. — En indiquer éga- :
- lement la contenance par canton, et s'expliquer sur
la possibilité et l'utilité de leur desséchement.
40° Cours d'eau. — Faire connaître leur nom,
leur direction, leur développement, leur utilité pour
la vidange et le débit des bois, en considérant sépa-
rément les cours d’eau flottables et navigables , les
cours d’eau seulement flottables, les cours d’eau non
flottables, mais susceptibles de le devenir, les cours
d’eau non floltables et devant rester tels.
. AA Rigoles et fossés d'assainissement. — Quel
est leur développement, leur état, leur effica-
cité?
12° Routes et chemins, et moyens de vidange éla-
blis sur le sol forestier. — Faire connaître leur nom,
leur nature, leur développement en longueur et en
largeur, leur état d'entretien, et généralement tout
8 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ce qui est nécessaire pour que l’on puisse apprécier
ultérieurement les améliorations dont ils devraient
être l’objet. En
13° Routes et chemins établis sur le domaine
public. — Faire connaître leur nom, leur étendue,
leur développement, leur utilité pour la vidange.des
produits de la forêt, en considérant séparément les
routes impériales, les routes départementales, les
chemins de grande communication, les chemins vici-
naux, les chemins imposés par une servitude.
14° Maisons forestières. — Quel est leur nombre,
leur situation, leur état de conservation, la place
qu'elles occupent avec les jardins qui ‘en Fr
pendent.
15° Scieries. — Donner les mêmes renseigne-
ments, en distinguant les scieries qui-appartiennent
à l’État de celles qui appartiennent à des parlicu-
liers. Donner, en.outre, tous les renseignements
désirables sur le mécanisme de ces usines, ét la
quantité de planches qu’elles sont nine de
débiter.
46° Construchions diverses. — Les spécidoh, indi- |
quer la place qu'elles occupent et s'expliquer sur
leurs avantages ou leurs inconvénients.
17° Configuration du sol. — Cet article est très-
important au double point de vue de la végétation
et de la vidange. On le traitera donc de manière à
donner une idée aussi exacte .que possible des prin-
cipaux mouvements du terrain et des pentes qu'il
présente. On fera connaître la hauteur au-dessus du
DE LA STATISTIQUE. 29
niveau de la mer des ap culminants, et Iés aspects
| aeetnt ‘de la forêt.
+ #8° Nature du sil: — Je ne pourrais, sans entre
: dans le domaine de la culture, exposer ici une-
théorie complète sur la classification des sols fores-
tiers. Je me bornerai à faire saisir les difficultés de
cette classification, et à indiquer la méthode d’in-
vestigation qui me paraît la plus propre à atteindre
le but que l’on poursuit, lorsque l'on s'occupe de
recueillir ces renseignements si importants de la sta-
tistique.
- Montrons d'abord qu’une classification des sols
suivant la qualité, c'est-à-dire la fertilité, classifica-
tion très-difficile dans l’agriculture proprement dite,
est'impossible en sylviculture, et que la prétention
de distinguer, dans les terrains de diverses natures :
qui peuvent exister dans une forêt, ce qui est excel-
lent de ce qui est bon, ce qui est bon de ce qui est
médiocre, ce qui est médiocre de ce qui est mauvais,
ne saurait aboutir à aucune donnée précise.
Pour qu'ilen fût autrement, il faudrait qu’il y eût
* dans la composition chimique ‘ou dans les propriétés
physiques des sols, des éléments, des caractères qui
pussent être considérés comme des signes incontes-
tables d’un certain degré de fertilité. Il faudrait
qu'on pût dire : suivant qu'un terrain contiendra .
plus ou moins de substances de telle ou telle nature,
il sera susceptible de produire plus ou moins de bois
de telle ou telle qualité; or, c’est là ce qu’on ne sau-
rait apprécier : chacun connaît le rôle important que
30 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
les sels et les alcalis jouent dans la culture arable
comme substances nutritives. Dans la culture fores-
tière, ce rôle est très-limité; il ne paraît pas du
moins, d’après les expériences faites jusqu’à ce jour,
qu'il y ait lieu de s’en préoccuper sérieusement. Per-
sonne n'ignore l'excellent effet des substances ani-
males sur la végétation des plantes agricoles. En
sylviculture, cet effet est nul, s’il n’est nuisible. Enfin,
c'est un fait parfaitement établi que les céréales, sui-
vant que le terrain est argileux, calcaire ou siliceux,
donnent des récoltes bien différentes. En sylviculture,
si le chêne prospère surtout dans les terrains argi-
leux, on le voit aussi en fort bon état de croissance
dans des sables presque purs; si le hêtre préfère les
terrains calcaires, il acquiert souvent dans les ter-
rains siliceux de fort belles dimensions.
Il est certain que les propriétés physiques des
terres, la cohésion, l’aptitude au desséchement,
l’hygroscopicité, ont cependant une grande influence
sur la végétation des bois ; mais ces propriétés sont
susceptibles d’être modifiées par une foule de circon-
stances : par la situation, l'exposition, le climat, et un
sol trop compacte pour que le bois y prospère dans un
pays plat, deviendra fertile dans un pays en pente.
Un sol qui serait trop léger, trop perméable à une
certaine altitude, perdrait cet inconvénient à une
altitude plus grande, etc., etc.
A quelque point de vue qu’on se place, au point
de vue chimique comme au point de vue physique,
les qualités des sols semblent donc se soustraire à
DE LA STATISTIQUE. 31
*
toute classification rigoureuse, et nous ne conserve-
rons pas le moindre doute à cet égard, si nous consi-
dérons l'influence qu’exerce sur la fertilité des ter-
rains forestiers un élément dont je n’ai pas encore
parlé, mais que tout le monde devine : l’humus.
L'humus, résultat direct de la végétation, restitue
au terrain les substances minérales que celle-ci lui à
empruntées , l’enrichit de matières carboniques, et,
par ses propriétés physiques, le rend propre à s’assi-,
miler-dans les proportions les plus convenables l'air,
l’eau, la chaleur, ces trois agents qui sont la source
de la vie végétale.
… L'action de l’humus est donc prépondérante dans
la fonction des sols forestiers; mais alors on ne sau-
rait songer à établir des degrés de fertilité pour ces
sols, d’après les éléments qui les constitueraient au
moment de l’observation, puisqu'ils sont destinés à
être constamment et puissamment modifiés par l'effet
même de la végétation.
L'enseignement à tirer de ce qui précède, c’est
qüe ce que l’on a de mieux à faire, quand on
arrive à la partie de la statistique relative au sol, est
d'indiquer la nature de la base minéralogique, la
profondeur de la terre végétale, les éléments qui y
. dominent, celle des catégories de terrains décrites
dans le Cours de culture de MM. Lorentz et Parade,
à laquelle il appartient.
Ces renseignements, rapprochés de ceux donnés
à l’article Climat, mettront à même de juger autant
que cela se peut, quand on n’a pas vu les lieux, de
32 ._. AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
la puissance productive du sol et des conditions à
réaliser pour qu’elle soit portée à son maximum ‘.
19 Mines et carrières. — Faire connaître leur
. Hundeshagen a fait une Æhesifieation des sols au point de.
vue pars
Il range : su
= Dans la Are classe (les sols très-riches), toutes les formations
calcaires en général. — Parmi elles, le tuf calcaire, par sa facile
décomposition, forme d'ordinaire les plus fertiles; — les diffé-
rentes couches secondaires de gypse et de marne de diverses
natures; les formations volcaniques (laves), celles de basalte, de
trapp et des brèches trappéennés ; l'euphotide, le chlorite ou grès
flexible, la serpentine, le schiste magnésien et le schiste argileux,
lorsqu'il contient également de la magnésie ; la marne oolithique,
lorsqu’elle a plus de 10 pour 100 de chaux ; les gisements quartzo-
calcaires de quelques couches de grès, lorsgs' ils forment un sol
calcaire ferrugineux ; les porphyres.
Les sols de cette classe peuvent faire croître, même sans
mélange d’humus et d'engrais, les essences les plus exigeantes, ou
du moins les empêcher de dépérir, On n'y trouve jamais de fou-
gères, de bruyères ni de genèêts. :
Dans la 2° classe (de fécondité moyenne), les schistes argi-
leux, abondants en quartz et pauvres en Chaux, en magnésie et
en oxyde de fer; les granites et gneiss; les schistes siliceux; le
tuf quartzeux et ordinaire; le schiste micacé ; le grès primitif; les
variétés les plus riches en argile du grès bigarré et du grès ooli-
thique.
Pour que les essences qui exigent un bon sol viennent biôu
dans ces terrains, il faut qu’ils contiennent de l’humus en suff-
sante quantité, On y trouve le genêt, la bruyère, la myrtile.
. Dans la 3° classe (sols pauvres), les grès bigarrés en général;
les grès de nouvelle formation reposant sur la chaux coquillière,
les grès du Keuper et du Lias; les brèches; les molasses et, en
général, les grès de la plus nouvelle formation. Il faut à ces ter-
rains beaucoup d'humus; le hêtre, le charme, le tilleul, le sapin,
le pin du Nord ne s’y conservent que par des soins et un traite-
ment convenables. Le frêne, l’aune, l'érable, ete., n’y viennent
L
re dd ne En
DE LA STATISTIQUE. , 35
nature, leur importance, les difficultés de leur exploi-
+, 20° Chmat, — Le mot climat, dans son accep-
tion générale embrasse toutes les modifications dont
l'atmosphère est susceptible, eu égard à la tem-
pérature , à l'humidité et aux courants qui: sy
agitent !:.
. Ces modifications, qui otbnt : en purs arret)
ie et qui s’engendrent les unes. les autres,.
dérivent d’une cause première et unique, la chaleur,
et se traduisent par des effets divers, dont le plus
manifeste, le plus influent et le plus facile à con-
Stater, est l'abaissement ou l'élévation de la tempé-
rature. Aussi est-ce d’après l’état de cette dernière
sur certains points de notre planète, qu'ont été déter-
minés les différents climats.
‘ka terre a une chaleur- propre et proies mais
l'influence que cette chaleur exerce sur la tempéra-
ture de la surface est insignifiante, et l’on peut en
conséquence regarder le soleil comme la source
exclusive de la chaleur. |
Æaction du soleil est modifiée, on le sait, par un
grand nombre de circonstances dont les principales
sont :
‘La latitude. La différence de température moyenne
de originairement. On y trouve en quantité les fonsères, les
genèts, les bruyères.
Dans la 4° classe (sols très-maïgres), les terrains Rinés de
cailloux roulés, de galets et de sable mouvant.
: 4. Cours de culture des bois, page 3.
34 [AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
” i
est, d’après M. de Humboldt, de 0,62 par degré de
latitude. |
L'alritude. Sous l'équateur, à une: éiééatiof de
3,000 mètres, on jouit de la même température
moyenne qu’à Montpellier ou à Madrid.
_ L'état de la surface. Dans le désert du Sahara;
les sables s’échauffent au point de faire monter le
thermomètre à 50 ou 60°. Dans les forêts de l’Oré-
nôque il y a des vides couverts de rochers qui, la
nuit, ont une température plus élevée de 44° que
l'air ‘ambiant. On sait enfin que les grandes masses
d’eau s’échauffent ou se refroïdissent lentement, et
que le climat des terres voisines s’en ressent.
Telles sont les causes principales qui influent sur
la répartition de la chaleur à la surface du globe, et
qui déterminent le climat moyen général d’une con
trée; mais l’état de l’atmosphère est en outre modifié
secondairement et localement par d’autres éléments,
le vent et l’eau, dont l’action est variable à l'infini,
suivant la configuration du sol.
Froids ou chauds, secs ou humides, suivant les
régions qu'ils ont traversées, les vents peuvent, d’après
les expériences de M. de Gasparin, abaisser de 6° la
température produite par la chaleur directe, et de
beaucoup plus, celle produite par la chaleur réfléchie
du soleil.
Les brouillards obscurcissent l musée et
empêchent l’action bienfaisante de la lumière.
Les nuages abaissent la température en été parce
qu'ils interceptent les rayons lumineux, et l’élèvent
DE LA STATISTIQUE. 35
Le audi atinetene ds =.
sl AA LOT DONS ERA
en hiver parce qu'ils s'opposent au rayonnement
:! La pluie, au moment où elle se forme, a pour
effet d'élever la température de l'air ambiant. La
neige empêche les corps qu'elle recouvre, de se
refroidir par le rayonnement.
Le climat se soustrait donc, comme le sol, à toute
classification rigoureuse, parce qu'il est susceptible
ne A in Vo tee de ee
terrain; et si l’on se bornait dans la statistique à
définir le climat d’une forêt, d’après la température
moyenne de la contrée dans laquelle elle serait située,
on ne-donnerait pas les indications ain pour
le faire apprécier *.
an à 6
pr x. Charles Martins a partagé la France en ee, climats; il
range : à
Dans le premier (climat excessif), sous le nom de din vos-
gien, toute la contrée comprise entre le Rhin, la Côte-d'Or, les
sources de la Saône, la chaîne de montagnes qui va de Mézières à
Auxerre, La température moyenne de ce climat est, pour l’hiver,
de 0°,6; pour l'été, de 48°,6; pour l’année, de 9°,6. r
-… Dans le deuxième (elimat maritime), sous le nom:de climat
* séquanien, toute la contrée comprise entre la frontière du nord,
depuis Mézières jusquà la mer, le contre-fort du plateau qui
règne de Mézières à Auxerre et le cours de la Loire et du Cher.
La température moyenne de ce climat est, pour l'hiver, de 3°,95 ;
pour l'été, de 47°,6; pour l’année, de 10°,9.
Dans le troisième (climat tempéré), sous le nom de climat
girondin, la contrée comprise entre la Loire et le Cher jusqu'aux
pérature moyenne de ce climat est, pour l'hiver, de 5°; celle de
l'été, de 20°,6 ; celle de l’année, de 42°,7.
Dans le quatrième (climat également tempéré), sous le nom de
de. se modifier, pour ainsi dire, à chaque accident de
Pyrénées, puis à travers le plateau central de l'Auvergne. La tem- .
36 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Je pense dès lors que, dans l'étude du climat
d’une forêt, il convient de prendre pour guide et.
d'adopter comme circonstance caractéristique, la
nature et l’état de végétation des plantes qui crois-
sent spontanément dans la région où est située cette
forêt 1.
climat rhodanien, la contrée comprise entre la vallée de la Saône
et du Rhône, depuis Dijon et Besançon jusqu’à Viviers, le massif
des hautes Alpes, une partie des basses Alpes. La température
moyerine de ce climat est, pour l'hiver, de 2°,5; pour et, de
21°,3; pour l’année, de 14°.
Se le cinquième, enfin (climat chaud), sous le nom de cli-
mat méditerranéen, le sutplus de la France, La température
moyenne de ce climat est, pour lhiver, de 6°,5; pour l'été,
de 22°,6; pour l’année, de 148
Une pareille classification, bonne pour donner une idée géné-
rale des conditions climatériques dans lesquelles se trouve la
France, ne saurait être d'aucune utilité pratique sous le rapport
agricole et surtout sylvicole. Dans chacune des régions qui y sont
comprises, il y a des points plus ou moins élevés au-dessus du
niveau de la mer, des expositions différentes et, par conséquent,
des variations de température qui, si elles étaient considérées iso-
lèment, devraient faire ranger les localités où elles se présentent
dans un autre climat que celui auquel on les a rattachées. L'état
de la température n’indique pas d’ailleurs quelles sont les espèces
susceptibles de croître et de prospérer dans un lieu donné.
1. On désigne ordinairement sous le nom de : ic
Climat chaud, celui des contrées où croissent spontanément
l'olivier, le figuier, le chêne-liége, le chène veuse. À
Climat doux, celui des contrées où croissent en plein vent la
vigne, l’amandier, le pêcher, toute espèce d'arbres fruitiers et de
plantes potagères.
Climat tempéré, celui des contrées où les arbres fruitiers réus-
‘ sissent bien, et dont les forêts contiennent toutes les essences
indigènes, sauf celles du climat chaud.
Climat rude, celui des contrées où la culture des: arbres Sui
DE LA STATISTIQUE. 37
+ Mais ces renseignements seraient encore insuffi-
sants si l’on n’y ajoutait tous ceux que l’on pourra
se procurer, sur les variations de la température et
les accidents météoriques qui pourraient adisoier un
lieu donné.
-_ Indépendamment de l'indication des plantes qui
seront cultivées avec succès dans la contrée dont on
voudra faire connaître le climat, on fournira donc
tous. les renseignements possibles sur les écarts de
température, la fréquence, l'intensité et la persis-
tance des vents, de la pluie; des brouillards, de la
gelée, de la neige, de la grêle, du verglas, du
- givre.
21° Nature et élat du peuplement. — Décrire à
grands traits le peuplement, et par conséquent faire
connaître les essences dont il se compose, son état
_ de consistance et de végétation suivant les sols et les
climats, l'étendue occupée par le taillis, par les futaies.
Donner pour les principales essences, tous les
renseignements qu'on pourra se procurer sur leur
croissance, leur longévité, la facilité plus ou moins
grande avec laquelle elles sont susceptibles de se régé-
nérer, soit par les semences, soit par les souches,
Fâge auquel elles sont présumées devoir atteindre
tiers et des plantes potagères délicates est difficile, et dont les
forêts sont peuplées principalement d’essences résineuses.
Climat très-rude, celui des contrées où la culture du sarrasin,
de l’orge et des pommes dé terre est la seule possible, et dont les
forêts contiennent comme essences dominantes, l’épicéa, le mélèze,
le hêtre, celui-ci mal venant.
LL]
38 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
l’époque de leur plus grand accroissement moyen.
29 Pépinières. — Indiquer leur emplacement,
leur étendue, les essences qu'on y cultive, leur état
d'entretien, les ressources qu’elles offrent pour le
repeuplement.
23° Règne animal. — Dire quelles sont les espèces
d'animaux qui peuplent la forêt et les cours d’eau; si
elles y sont abondantes et utiles.
ARTICLE III,
CONSERVATION ET ENTRETIEN.
2° Insectes et animaux nuisibles. — Quels sont
les insectes et les animaux qui attaquent les bois, les
désordres qu’ils causent, les mesures à prendre ÊPE
les détruire ?
Le gibier, le lapin principalement, cause de très-
grands dommages dans certaines forêts; il importe
donc de ne pas oublier cet article quand on s'occupe
des circonstances qui sont susceptibles d’entraver la
végétation.
25° Incendies. — Faire connaître si les incendies
sont fréquents, quelles en sont les causes, comment
on pourrait en empêcher le retour.
26° Délits. — Dire le nombre, la nature, les
causes, les conséquences, l’importance des délits, le
nombre et la profession des some solvables ou
insolvables.
DE LA STATISTIQUE. 39
s2T. Surveillance. —. Quel est le nombre des
brigadiers et gardes, lepn:-celaires quels sont le
nombre et l'étendue des triages; quels sont les cir-
constances qui favorisent ou entravent la surveil-
lance? Servitudes, constructions à distance: pro-
: hide etc., etc.
28° Entretien des routes el ps — Quel est
ete des cantonniers, leur salaire, le nombre
%. kilomètres que-chacun d'eux est chargé d'entre-
tenir ; quelles sont les circonstances qui exercent une
‘influence sur l’accomplissement de leur tâche ?
usé ous -SARTICLE:IV
tx LA =
LT M) Eee . f
DÉPENSES.
29° Prix des travaux dans la localité. — Faire”
connaître le prix de la main-d'œuvre, suivant la
nature du travail, le prix de location d’ane bête de
. Charge, d’une voiture attelée.
30° Dépenses occasionnées par la surveillance.
«84° Dépenses occasionnées par l'entretien des che-
mins forestiers.
32° Subventions pour la réparation des chemins
vicinaux.
83° Dépenses occasionnées par l'entretien filaé mai-
sons forestières, des scieries et autres constructions.
8h" Crédit affecté moyennement chaque année à
l'entretien des pépinières, aux repeuplements artificiels,
-
40 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
aux assainissements, aux exploitations par économie.
- 85° Idem, pour le curage des fossés de limite, la
réparation des bornes, etc., etc.
36° Impositions, dépenses diverses. — Les rensei-
gnements que coiportent les articles précédents se
devinent, sans qu’on ait besoin de les signaler. Au 70
ARTICLE V. “intel AN
EXPLOITATION ET PRODUITS,
37° Exposé de l'aménagement en vigueur.
38° Débit des bois. — Faire connaître à quel
usage on emploie les principales essences, et surtout
les ressources qu'elles pourraient présenter pour les
constructions navales.
Établir autant que possible, pour chacune de ces
essences, étant donnée sa grosseur à un mètre du sol,
le rapport existant : £
Entre le volume conique et le volume réel de la
tige,
Entre le volume conique de la tige et le volume
réel total,
Entre le volume réel de la tige et le volume de la
tige propre à l’œuvre, |
Entre le volume réel total et le volume biépre à
l’œuvre,
Entre le volume réel total et le volume propre au
chauffage ;
DE LA STATISTIQUE. : M1
Entre le volume réel total et le volume propre au
; dhabon. | #
4 «Entre le volume réel total: et le nombre des
ra Entre. le mètre cube ds bois brut et l’unité des
fabriquées en forêt. On saura de cette
ien il faut de bois pour fabriquer une
ts, un cent de merraip, un stère de
«dela dpontité de marchandises qu’on # en tirer.
+ 39° Prix détaillé des bois. — Faire connaître le
prix sur pied du mètre cube de bois, suivant la des-
tination à laquelle il est propre, œuvre, chauffage ou
* charbon; les variations que ce prix a subies depuis
-un-certain nombre d'années, la plus-value donnée au
bois par la facon dont il est l'objet en forêt, ou, en
d’autres termes, la différence entre le prix du mètre
cube en grume et sur pied, et le prix de la quantité
de marchandises qu’il est susceptible de fournir.
_ 2. k@ Produits en nature des bois. — Faire con-
. naître le volume exploité chaque année, dans les
futaies, dans les taillis, en coupes principales, en
- coupes intermédiaires par contenance et par volume.
* Établir la part de ce volume propre à l'œuvre,
au chauffage et au charbon.
hA° Produits en argent des bois. — Faire con-
naître la valeur en argent des produits en bois ci-des-
sus spécifiés.
h2° Produits en argent, accessoires. — Faire
42 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
connaître ce qu'on retire des mines et carrières, de
la chasse, de la pêche, de la glandée, dela faînée, des
pépinières, des amendes, des indemnités pour bris de.
réserve et tous autres menus produits.
h3° Produits immatériels ou indirects. — Les
produits immatériels d’une forêt sont sans intérêt
pour le propriétaire, quand ce propriétaire est un par- :
_-ticulier; mais quand ce propriétaire est l’État, ils ont,
au contraire, la plus haute importance. Les 30 à.
h0 millions que les forêts nationales rapportent cha -
que année au Trésor sont assurément fort peu de chose
à côté des ressources incalculables qu’elles offrent à
l’industrie, et des avantages qu'elles présentent pour
la défense du territoire, la conservation du climat et
du sol, le régime des eaux. Il convient donc de faire
connaître, dans la statistique d’une forêt, l'influence
que cette forêt pourrait exercer sur la conservation du
. climat et du sol, le régime des eaux, l’existence ou le
bien-être des populations environnantes. l
Le nombre, la profession et le salaire des ouvriers
employés à l’exploitation, au débit, à la vidange, aux
améliorations diverses, donneront une idée de l’im-
portance de la forêt sous ce dernier rapport. :
ARTICLE VI.
DÉBOUCHÉS.
hh° Droits d'usage. — Exposer la nature et
l'étendue des droits d'usage, l'influence qu'ils ont sur
_ DE LA STATISTIQUE. 43
l'exploitation de la forêt. Si cette influence était
fâcheuse et qu'il fût utile de procéder à l’extinction
: - des droits, il faudrait provoquer immédiatement cette
—_ opération et surseoir à l'aménagement proprement
Ë 5° Servitudes d’intérét public. — Ces servitudes
à doivent être nécessairement prises en considération
_ dans l'étude du plan d'exploitation de la forêt à amé-
4 nager. Il convient donc de les faire connaître.
. h6° Lieux de consommation. — Indiquer les prin-
cipaux lieux de consommation, et notamment les
usines, la distance qui les sépare de la forêt, la nature
L et la quantité des bois qui s’y consomment.
| K7° Prix des bois aux lieux de consommation. —
; Ce ‘renseignement est essentiel, éar, en le rappro-
chant du prix des bois en forêt, on pourra se faire
- une idée exacte de la facilité ou de la difficulté des
| transports.
CHAPITRE TROISIÈME
RENSEIGNEMENTS SPÉCIAUX.
ARTICLE PREMIER.
POINTS A EXAMINER.
Après avoir étudié une forêt dans son ensemble,
eu égard seulement aux grandes divisions ou cantons
_ dont elle se compose, il est nécessaire de l’étudier
dans ses détails, et de décrire pour chacune. de ces
divisions ou cantons, toutes les parties caractérisées
par l’une des particularités qui sont de nature à
influer sur le traitement applicable à un massif.
Ces particularités sont :
1° L'âge des bois. — Il est évident que c’est
presque toujours la circonstance déterminante, dans
la fixation de l’époque à laquelle un massif doit être
régénéré. ve.
2 La nature des essences. — Des bouleaux ne
sauraient être exploités au même âge que des chênes
ou des hêtres. Des résineux ne peuvent pas être
soumis aux mêmes {raitements que des bois feuillus.
3° L'état de la végétation. — Cet état permet de
: DE LA STATISTIQUE. 45
reculer plas ou moins le mément de la régénération.
+ 4° La qualité du sol. — Selon que le sol sera
substantiel ou maigre, profond ou non, perméable
ou imperméable, un massif pourra être conduit jus-
_ qu’à un âge plus ou moins avancé, et sera plus ou
_ moins shsteptible de se rue et de se ARE M
les souches.
MR < L'eæposition et la pénhient: — A Pémpbéition
! & nord; la végétation et les dangers qui la menacent
sont bien différents qu'à celle du midi: L'exposition
doit done être prise en considération dans le choix
du traitement; la situation et surtout l'altitude doivent
l'être également, car elles n’exercent pas moins d'in-
-fluence sur la croissance des bois.
_ .1#Ibest certain que chacune des circonstances que
_ je viens d'énumérer doit être soigneusement examinée,
lorsqu'on veut régler d'une manière ‘rationnelle le
Dre d'une forêt. s.
: Pour assurer cet ‘examen, voici comme on pro-
sèb DE ARTICLE II.
DU PARCELLAIRE.
On commence par diviser chaque canton en autant
de-parties qu'il y existe de peuplements différents
par l’âge; cela fait, si ces parties renferment des par-
ties dissemblables sous le rapport des essences, de
l'état de la végétation, de la nature du sol, de l’expo-
ü
46 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
sition ou de la situation, on les subdivise en autant
de parcelles qu’il y a d’essences, d'états de végéta-
tion, de qualités de sol, d'expositions et de situations
particulières.
Telle est l’opération connue sous le nom de par-
cellaire. C’est une des plus importantes de l’aména-
gement, comme nous le verrons plus tard, et comme
il est facile d’ailleurs de le comprendre dès à présent.
Le parcellaire est en effet indispensable pour-qu’on
puisse circonscrire les coupes, dresser le plan d’exploi-
tation ; parce que seul il permet de rapprocher, de
grouper les peuplements qu’il convient de régénérer
à la même époque et par le même mode.
Le parcellaire ne saurait donc être fait avec trop
d'attention, et son élément, la parcelle, peut se définir,
_ d’après les explications que je viens de donner : une
portion de forét homogène, quant à l’âge, à l'essence
et aux conditions de végétation, et par.conséquent,
dont toutes les parhes constituantes sont susceptibles
d’être soumises au méme traitement.
Cette définition, que je n’invente pas, que j’em-
prunte à la tradition, est fort, claire et me dispense-
rait d'entrer dans de nouvelles explications, si les
diversités d'état que présente une forêt, étaient jamais
bien tranchées, bien évidentes; si l'homogénéité par-
faite dans un peuplement ne se renfermait pas, pres-
que toujours, dans des limites extrêmement étroites.
Malheureusement nos forêts sont, en général, fort
irrégulières ; et si on voulait y séparer les unes des
autres, en prenant et en appliquant à la lettre la défi-
DE LA STATISTIQUE. u7
nition de la parcelle, toutes les parties dissemblables
par un des caractères que j'ai signalés, on arriverait
à y former presque autant de parcelles qu’il y aurait
d'arbres, ce qui enlèverait évidemment au pasoalisire
toute utilité.
Il faut ici chercher une règle qui empêche que
le parcellaire ne dégénère en une opération trop
minutieuse; or, celte règle est indiquée par le but
que l'on veut atteindre. Quel est ce but ? — Nous le
savons déjà, c’est la connaissance et la réunion de
tous les peuplements susceptibles d’être régénérés à
. la même époque et par le même mode; mais la cul-
_ ture nous enseigne qu'il y a, pour l'exploitation des
bois, deux méthodes principales : la méthode du
jardinage, qui consiste à prendre chaque année çà et
là; sans s'astreindre à aucune limite de contenance,
les arbres les plus âgés; la méthode des coupes régu-
lières et de proche en proche, dont une des exigences
est, au contraire, la concentration de la coupe annuelle
dans une circonscription aussi étroite que possible.
Nous n'avons pas à nous occuper de la première de
ces méthodes, car elle est inconciliable avec l'amé-
nagement pris dans son acception scientifique; et Si
nous interrogeons la portée de la seconde, nous recon-
naïtrons que puisqu'elle exige que chaque année
l'exploitation soit concentrée dans une certaine cir-
conscription, la contenance la plus petite que l’on
puisse donner à une parcelle, est celle au-dessous de
laquelle l'étendue d’une coupe annuelle ne saurait
descendre: sans inconvénients palpables, étendue
48 | AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. - -
variable, du reste, suivant les localités, selon le
propriétaire. | | |
Quelle que soit, par conséquent, lirrégularité
d’un peuplement, on doit considérer comme l'élément
irréductible du parcellaire une portion de ce peu-
plement, égale au moins en étendue à une coupe
annuelle; y ajouter le peuplement environnant, pour
le confondre dans la même parcelle, s’il participe de
la même irrégularité; le séparer dans le cas con-
traire, pour en faire une parcelle distincte; si son
éterfdue est d’ailleurs assez grande *. |
Nous tirerons une autre conséquence du même
principe : c'est que dans le tracé des lignes sépara-
tives des parcelles, il n’est pas nécessaire de s’as-
- treindre à suivre tous les contours, toutes les sinuosités
indiquées par les changements d'état du peuplement,
et qu'il faut, au contraire, redresser ces lignes toutes
les fois qu’il s’agit de ne transporter, d’une parcelle
dans la parcelle voisine , 8 des portions peu
étendues.
Quant à la limite supérieure pour la contenance
des parcelles, il n’y en a rigoureusement pas; en
1. On m'a fait remarquer qu’au moment où on procède au
parcellaire, on ne connaît pas encore l'étendue de la coupe
annuelle. Cela est vrai puisqu'on ne connaît pas la possibilité,
mais on sait déjà quelle est l’importance qu’il convient de donner
à une coupe pour qu'elle puisse se vendre avantageusement et
‘dans des conditions qui en favorisent la régénération. Au reste, je
conviens que dans les futaies surtout il est impossible de prévoir
exactement quelle sera l'étendue de la coupe annuelle, “mais il
s’agit ici d’une approximation. (Note de la 2° édition.) :
A EE
4
È
ë
+
DE LA STATISTIQUE. 19
sorte que, si une forêt était, par exemple, située én
plaine; composée de bois de même âge ou régulière-
ment entremêlés, tout à fait homogène, enfin, quant
aux conditions de- peuplement, de sol, de climat, de
situation, son parcellaire deviendrait inutile, la
marche des coupes pouvant indifféremment avoir lieu
dans un sens ou dans l’autre.
_ Ainsi, voilà qui est bien convenu : Quelles que
soient les diversités d’état qui existent dans une
forêt, il n’y a pas à en tenir compte, lorsque leur
expression superficielle, s'il est permis d’employer
ces termes, descend au-dessous d’une certaine limite.
Voyons maintenant s’il ne convient pas de laisser, en
outre, quelque latitude aux aménagistes, en ce qui
concerne l'appréciation des dissemblances elles-
mêmes, suivant qu’elles sont relatives à l’âge ou
aux essences, à la végétation ou au sol, à la situation
ou à l'exposition. * e
… Dissemblances relatives à l’âge. — Puisque l’âge
est la circonstance qui sert de base, dans la plupart
des cas, pour fixer l’époque de la régénération d’un
massif, la différence d'âge doit être prise, avant tout,
en considération dans la formation des. parcelles.
Ë Ë _ C'est d’ailleurs celle qui attire la première les regards.
et qui est la plus évidente; mais s’arrêtera-t-on
devant une différence d’un an? — Le simple bon
sens répond que non : d’abord, parce que cette dif-
férence serait fort difficile à reconnaître ; ensuite,
parce que ce n’est point un aussi petit écart entre
les âges qui pourrait en motiver un entre les époques
n
50 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
d'exploitation ; enfin, parce que dans les futaies, la
régénération ne pouvant, en général, avoir lieu sur
une place donnée qu’en plusieurs fois, il en résulte
- nécessairement que sur cette même place il y aura
entremêlés des bois qui ne sauraient être aussi exacte-
ment âgés les uns que les autres. Il faut s'arrêter,
dans le parcellaire, aux différences qui frappent
l'œil, et non à celles qui ne pourraient être consta-
tées que par le comptage des couches concentriques.
Voilà la règle, et par conséquent, dans les futaies
on considère comme étant de même âge des bois
entre les âges desquels il n’y à pas un écart de plus
de 42 à 15 ans. On adopte, dans les taillis, des -
limites moins larges, attendu que les différences
d'âge y sont ordinairement plus apparentes; non-
seulement parce que la croissance des rejets de
souches est, quand ils sont jeunes, plus rapide que
celle des brins de semis, mais parce qu’il y a néces-
sairement plus d’homogénéité dans les peuplements
dont la régénération remonte à la même époque,
leur exploitation ayant lieu, comme on sait à blanc
“6106! 1
Dissemblances relatives aux essences. — Après
l’âge, vient l'essence dans l’examen des particularités
qui peuvent motiver la formation d’une parcelle, Ici,
il ne saurait s'élever des doutes, et toutes les fois
qu'un massif renfermera, sur une étendue plus
grande que celle qu’il conviendrait de donner à une
coupe annuelle, un peuplement dont l’essence domi-
nante différera, au point de vue de l’exploitabilité ”
DE LA STATISTIQUE. | LE
..
surtout, de celle des bois environnants, on fera de
ce peuplement une parcelle distincte.
Dissemblances relatives à l'état de la végétation.
; _ — On agira de même qu'il est dit ci-dessus, pour
l’état de la végétation, toutes les fois qu’à âge égal,
les essences étant les mêmes, cet état sera manifes-
tement assez mauvais, sur une étendue au moins
égale à celle d’une coupe, pour que l’on soit obligé
d'avancer l'époque de la régénération, d'un nombre
d'années plus grand que celui que l’on peut admettre
entre les âges des sujets appartenant à la même par-
celle. ©
Dissemblances relatives à la situation et à FR
sition. — Si le partage de la forêt en cantons a été
fait conformément aux principes que j'ai émis, le
climat, dans son acception générale, n’exercera
aucune influence sur la formation des parcelles ;
l'exposition ne saurait non plus en avoir beaucoup
— quoiqu’elle soit au nombre des principales causes
des aceidents météoriques qui affectent une contrée
— attendu qu'il en aura été tenu compte indirecte- .
ment dans la subdivision des parcelles, eu égard
aux différences de la végétation; mais la situation,
en rendant plus ou moins facile l’exploitation et la
vidange, a, sous ce double rapport, une action par-
- ticulière qui motiverait la subdivision d’une par-
- celle, si elle devait placer des parties de cette par-
celle dans des conditions sensiblement différentes.
Dissemblances relatives au sol. — Le sol ne vient
qu'en dernier lieu dans la série des circonstances
| 52 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
que l’on doit apprécier, quand on effectue le par-
cellaire d’une forêt; cela s’explique par la difficulté
d'en constater la qualité absolue, et par le signe
d’après lequel on juge le plus communément de sa
qualité relative. Ce signe est l’état de la végétation.
Presque toujours, le parcellaire, modifié d’abord
d’après la nature des essences, puis d’après l’état
de la végétation, n'aura pas besoin de l'être par
suite des différences de qualité que pourrait présen-
ter le terrain. Toutefois, puisque la mauvaise qualité.
du sol n’est pas la seule circonstance qui soit sus-
ceptible d’entraver la croissanee des végétaux, il
pourrait arriver que des parties de terrain, pro-
fondes et substantielles, eussent été comprises dans
la même parcelle que des parties maigres et sans
profondeur, parce que les premières seraient cou-
vertes d’un peuplement mal venant. Dans ces cas,
certainement très-rares, et dont on constalerait l’exis-
tence au moyen de quelques sondages, il faudrait
évidemment faire des parcelles distinctes des bons
_et des mauvais terrains.
Le parcellaire est en définitive, comme on peut
en juger par ce qui précède, une opération moins
compliquée qu'elle ne paraît au premier abord.
Lorsqu'il est terminé, on exécute le levé des par-
celles qu’on rapporte ensuite sur le plan de la forêt,
et on procède, à l’aide de ce plan, à l'examen et à
la description détaillés du peuplement et des condi-
tions dans lesquelles il se trouve.
ans AR it dt net dan rt de RS de ie
»
DE LA STATISTIQUE. 5 53
ARTICLE III.
DESCRIPTION SPÉCIALE.
Tout n’est pas fini lorsque les parcelles ont été
délimitées, levées et rapportées ; il reste à les dé-
crire; à en donner une idée aussi complète que pos-
sible; car c’est cette description qui décidera de la
place qu ’elles occuperont dans le plan d’exploita-
tion, de l’époque à laquelle elles devront être régé-
nérées, et, en un mot, de la destination qu'on leur
donnera. to
Après avoir indiqué la contenance d’une parcelle,
on fera donc connaître les essences qu'elle renferme,
leur âge, leur état de végétation et de consistance,
la durée probable du temps pendant lequel elles
pourraient rester sur pied sans dépérir. On dira
quelle est la nature de la base minéralogique, quelle
est la composition de la terre végétale, son élément
dominant, sa profondeur, l’état de sa superficie. On
- dira aussi à quelle altitude approximative la parcelle
est située, quelle est son exposition, quels sont les
accidents météoriques qu’elle pourrait avoir à redou-
ter, quelle est la voie de vidange par laquelle
s'exportent ses produits. Un examen attentif, minu-
tieux, réfléchi, est nécessaire pour que cette descrip-
tion soit de nature à reproduire dans l'esprit du lec-
teur l’image fidèle des lieux. J’essayerais vainement
de donner des règles pour assurer un pareil résultat.
54 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
La manière dont il faut s’y prendre pour apprécier
un peuplement, l'aptitude à dégager l’état moyen de
ce peuplement de l’espèce de confusion que pro--
duisent au premier aspect les variétés d'âge, d’es-
sences, de forme et de consistance qui frappent les
yeux, sont des choses que l’on n’enseigne guère. Ce
sont presque des dons naturels. Il y a des gens qui
ne savent pas voir un peuplement; qui sont par
conséquent incapables de le décrire ; soit que la der-
nière impression efface chez eux toutes les autres, en
sorte que, s’ils aperçoivent, en achevant la reconnais-
sance, un bouquet de chênes ou de bouleaux, par
exemple, ils croient n’avoir vu que des chênes ou
des bouleaux ; soit que les nuances qui passent sous
leurs yeux ne se fondent pas dans leur esprit, qui fait
alors de vains efforts pour les retenir ; soit qu’ils ne
puissent résumer leurs diverses observations. Ces
gens-là ne seront jamais de bons aménagistes. Il y
a entre le coup d'œil du forestier et celui du paÿsa-
giste une analogie frappante qui me permettra de
compléter ma pensée. Tous ceux qui se sont occupés
de dessiner d’après nature ont dû, à leur début,
éprouver quelque.embarras à grouper tous les détails.
qui se présentaient à leur regard ; à distinguer ce
qui était du premier, du deuxième ou du troisième
plan ; à masser, pour nous servir de l'expression
technique, le feuillage d’un arbre; mais, au bout de
quelque temps, les uns y sont parvenus ; les autres,
au contraire, n’ont jamais pu saisir, dégager les
rapports existants entre les parties d'un groupe, et
| DE LA STATISTIQUE 55
en représenter la physionomie générale. Il en est de,
_ même des forestiers ; il y en a parfois qui ne
savent pas lier leurs impressions-et leurs idées, les |
classer, voir les choses dans leur ensemble, dans
leur caractères principaux. Ceux-là sont inhabiles à
faire une bonne description ; ils se donneront beau-
coup de peine pour fixer dans leur mémoire chaque
détail, chaque particularité, au fur et à mesure qu’elle
* se présentera devant eux, et ne pourront tirer aucun
_ profit de leur examen, quand il s’agira de dresser le
“plan d'exploitation.
ARTICLE 1V.
RÉSUMÉ.
bn: reconnaissance spéciale de la forêt exige qu'on
<n dns d’abord le parcellaire.
Cette opération consiste à subdiviser chacun des
: félnivns qu'elle comprend, en autant de portions
- distinctes et séparées qu’il y a de différences bien
tranchées dans la composition et les conditions de
- végétation du peuplement.
- Cette subdivision, subordonnée Put à l’äg
des bois, à la nature des essences et à l’état a 5
végétation, est modifiée ensuite, s’il y a lieu, confor-
mément aux dissemblances relatives au sol, à la
_ situation, à l'exposition.
Il est impossible de fixer d’une manière précise
56 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
la limite minima au-dessous de laquelle la conte-
nance d’une parcelle ne doit pas descendre ; seule-
ment il faut éviter, si la parcelle est couverte de bois,
de lui donner une contenance plus petite que celle
que devrait avoir une coupe annuelle.
Quand le parcellaire est terminé, on a soin de
faire arpenter, lever et rapporter sur un plan toutes
les parcelles qu’il a eu pour résultat d'établir. On
donne à ces parcelles des signes distinctifs; on les
désigne, par exemple, par des lettrés afin de les
reconnaître facilement, mais, comme on le verra plus
tard, cette désignation n’est que provisoire.
Enfin, on procède à la reconnaissance détaillée
de chaque parcelle, reconnaissance qu'on ne saurait
faire en même temps que le parcellaire, attendu”
qu’on à besoin, pour ne pas se tromper dans l’appré-
ciation d’un peuplement, d'en connaître avant tout:
la contenance, et que ce renseignement n'existe pas
encore au moment où le parcellaire s’effectue.
Un cahier spécial, dans lequel sont transcrits les
résultats de cette reconnaissance, forme ce qu’on
est convenu d’appeler le cahier de la description
spéciale. è |
ARTICLE WY.
OBSERVATIONS SUR LES PRINCIPES CI-DESSUS DÉVELOPPÉS,.
Les idées exposées dans les articles précédents,
relativement au parcellaire, ne seront probablement
DE LA STATISTIQUE. 57
pas du goût de tout le monde : on les attaquera peut-
- être dans le fond et dans la forme.
: Si on consulte les traditions, on y trouvera, en
effet, des principes qui diffèrent essentiellement des
miens, quoique cependant ils tendent au même but.
_… Au lieu de prendre, comme je le fais, pour élément
fondamental du parcellaire, une portion de forêt
homogène quant à l’âge, aux essences, aux conditions
de végétation; au lieu de subordonner la formation
des parcelles aux différences d’état des peuplements
* qui constituent la forêt, on prend pour élément fon- -
_damental du parcellaire une portion de forêt circon-
_scrite par des limites naturelles, et on subordonne
en conséquence la formation des parcelles à des cir-
constances indépendantes de l’état du peuplement.
Il est vrai qu'on trie ensuite, dans chacune des
grandes divisions circonscrites par des limites
naturelles, les peuplements homogènes pour en faire
des subdivisions ; mais ces subdivisions, condamnées
d'avance à se fondre dans les divisions dont elles font
partie, ne sont appelées à éxercer individuellement
… aucune influence sur la formation du plan d’exploita-
Tel est le point sur lequel ma manière de voir
est surtout en désaccord avec certains errements. 1l
‘est capital, et je ne peux me __— de m'y
arrêter.
Si on ne formait les subdivisions dont je viens de
parler que pour faciliter l’opération du parcellaire,
je ne protesterais pas. On suivrait en réalité la
58 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
marche que j'ai conseillée; mais quand on forme
une division avec l’idée préconçue et arrêtée de faire
subir la même destinée à la totalité des peuplements
qu’elle contient, on met, pour me servir d’une com-
paraison triviale, la charrue avant les bœufs; et on
s'expose évidemment à violer tous les principes de la
culture et de l’exploitabilité, en rangeant sous la
même loi, en assujettissant au même traitement, en
régénérant à la même époque, des parties de forêt
-qui pourront avoir des exigences bien opposées.
Quel est l’objet principal de l'aménagement? —
C’est de fixer l’époque et l’ordre des coupes annuelles ;
or cet ordre et cette époque ne dépendent pas.
uniquement de la position respective des divers peu-
plements dont une forêt se compose ; ils dépendent
en outre, et quelquefois principalement, de l’âge
des bois, de la longévité probable des essences, et,
par conséquent, je ne saurais admettre qu'on ne
tienne compte que de la première de ces circon-
Stances. 5
Il y a là, au moins en théorie, une erreur; je dis
en théorie, parce que dans la pratique on se préoc-
cupe, tout en faisant le parcellaire, de la marche
des coupes, et qu’il y a dés cas où il est possible
de prévoir que les exigences des règles d’assiette
feront exploiter à la même époque, à cause de
leur situation respective, des peuplements très-dis-
semblables d’ailleurs par l’âge ou d’autres carac-
tères. |
Ce sont précisément ces exigences des règles
DE LA STATISTIQUE. +
d’assielte et la certitude où l'on est souvent, et en
montagne particulièrement, qu’elles prévaudront,
lors du règlement des coupes, sur les autres molifs,
qui ont conduit certains agents à regarder comme
devant être soumise à la même loi, et devant former
l'élément fondamental du parcellaire, une portion
de forêts” circonscrite par des limites naturelles ;
mais il est clair d’abord que de tels principes,
en admettant qu'ils fussent toujours justifiés dans
les pays de montagnes, ne sauraient l’être dans
les plaines, et il est non moins clair ensuite que,
si dans la pratique il est permis à des agents très-
exercés de tenir compte, dans leur manière de
procéder au parcellaire, des exigences des règles
d’assiette, il n’en est pas de même en théorie, où
l'on doit classer les idées et les opérations par rang
d'importance, les développer et les exposer successi-
vement et sans confusion, dans un ordre tel qu’on
puisse bien en suivre la filiation.
-
ARTICLE VI.
DU NOMBRE ET DE LA FORME DES PIÈCES RELATIVES
AU PARCELLAIRE
ET A LA DESCRIPTION SPÉCIALE.
-
Dans mon opinion, il serait fâcheux que l’on impo-
sät pour ces documents des modèles uniformes, sans
avoir égard aux circonstances locales. Dans telle
60 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
forêt, susceptible d’être divisée en un petit nombre
de parcelles bien homogènes, le rapport sur un seul
plan de toutes ces parcelles sera suffisant; dans telle
autre forêt, au contraire, où il aura été nécessaire
de former un nombre considérable de parcelles, à
cause de l’irrégularité du peuplement ou des condi-
tions de-la végétation, il conviendra qu’indépendam-
_ment d’un plan d'ensemble on fournisse des plans
de détail.
Pour la forêt de Cerisy (Manche) et pour celle de
Perseigne (Sarthe), on avait reconnu la nécessité de
ces plans de détail : et comme l’irrégularité du peu-
plement était très-grande, même dans chaque par-
celle envisagée isolément, et que le cahier descriptif
n'aurait pas suffi pour montrer cette irrégularité
_ autant qu’il était désirable, on prit le soin de figurer
sur les plans partiels eux-mêmes, au moyen de poin-
tillés et de quelques annotations sommaires, les
principales nuances du peuplement.
Il serait, je le pense, très-utile que cet exemple |
fût imité.
Voilà pour ce qui concerne la représentation gra-
phique du parcellaire.
Quant au cahier descriptif, il convient de n’y pas
ménager les détails, tout en laissant en relief l’état
moyen qui sert en définitive à fixer la destination
d’une parcelle. On ne saurait d’ailleurs prescrire pour
cette description une formule plutôt qu’une autre, la
manière de décrire une parcelle devant être inspirée
par l’état des lieux. È
conpbirils site obt)e::::"e<us r, à
CORP el CO NO EME à let SU EE
DE LA STATISTIQUE. 61
… Je donne, à titre d'exemple, un plan partiel et une
description de parcelle que j’emprunte à l’aménage-
ment de la forêt domaniale de Cerisy.
: PLAN.
ET DESCRIPTION D’UNE PARCELLE
Mist RES à æ
Canton du Grand-Wez, parcelle A.
5 «4 2
FUTAIE CLATRPLANTÉE D DE 80 ANS
CHÈNE - nn HÊTRE
Mgune 2 Line
CHën MINANT.
PERCHES, : gens É
BONNE * MAUVAISE Ë
VÉGÉTATION. * VÉGETATION. À se et
: Bonne
*. VÉGÉTATION
BON 2x
BLANCS
Ÿ Contenance. 9 hectares 94 ares 70 centiares.
_ Situation. Plateau légèrement incliné, à 300 mètres à
peu près au-dessus du niveau de la mer.
Eæposition. Nord-ouest. Les vents sont à craindre.
Sol. A la surface : Genêts, ronces, myrtilles, bruyères.
— A l’intérieur : Grès et schiste argileux, recou-
veris d’une couche végétale peu profonde, dont
Ji
D
62 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
L
l’argile forme l'élément très-dominant, peu d’hu-
mus.
Essences. Chêne, hêtre, quelques bois blancs. *
Age. 80 ans en moyenne.
État de la végétation et de la consistance. Futaie clair
plantée peu régulière, d’une végétation mauvaise
dans les parties où le chêne est dominant ; on ne
pense pas que ce peuplement puisse rester plus
d’une vingtaine d’années sur pied sans dépérir.
Vides. Néant. 3 " ne:
Vidange. Les bois s’exportent par le chemin de...
Pet ce 2 RES RE ES
DEUXIÈME ÉTUDE.
DE L'EXPLOITABILITÉ.
=
BUT ET DIVISION DE CETTE ÉTUDE.
- On définit l’exploitabilité d’un arbre, d’un bois,
. d’une forêt, l’état dans lequel se trouve cet arbre,
ce bois, cette forêt, au moment où l’on peut retirer -
de son exploitation les plus grands avantages.
r 1 Il est évident que la détermination de l’exploita-
—. bhilité et.de l’âge qui y correspond, est de nature à
exercer une influence prépondérante sur les résultats
de la culture forestière, et qu’elle serait, à ce titre
seul, digne de toute l’attention de mes lecteurs. Cette
attention, elle la mérite encore à cause des recher-
ches nombreuses et difficiles qu’elle exige.
4 Dans l’agriculture proprement dite, l’exploitabilité
. des fruits est indiquée d’une manière précise par leur
maturité. Aucun doute ne peut s’élever, en consé-
quence, sur l’époque à laquelle il convient au proprié-
_ taire d'effectuer la récolte, et un champ de blé, par
“… exemple, est exploitable dans un temps prévu, fixé
-
64 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
par la nature elle-même, et qui ne saurait varier,
toutes conditions climatériques égales d’ailleurs, sui-
vant la volonté de l’homme. Lorsque le soleil à doré
les épis, on sait qu’il faut les faucher, sous peine de
perdre les grains qu'ils contiennent. Le cultivateur
est impuissant à hâter ou à retarder le moment de la
moisson.
Pour un bois, les choses se passent bien autre-
ment : outre que la maturité d’un-bois n’est pas carac-
térisée par des signes extérieurs, sur lesquels aucune
contestation ne puisse s'élever, je ferai remarquer
qu'il n’est pas nécessaire d’attendre cette maturité
pour que l'exploitation de ce bois soit avantageuse;
et que, suivant les convenances du propriétaire et la
nature de la production qu’il recherche, l’exploitabi-
lité peut être ou très-avancée ou très-retardée.
Les bois jouissent donc, sous le rapport que j’envi-
sage, d’une sorte de privilége. On verra que dans cer-
taines circonstances ce privilége se manifeste par des
bénéfices considérables; mais il est facile de com-
. prendre dès à présent qu'il doit avoir, dans tous les cas,
pour effet de compliquer singulièrement les difficultés
inhérentes à la fixation de l’exploitabilité forestière.
Si l’on examine la manière dont les particuliers,
les communes et l’État traitent les forêts qu'ils pos-
sèdent, on reconnaîtra ce qui suit :
Les particuliers exploitent généralement en taillis,
aussitôt que possible, presque toujours avant l’âge
de 20 ans, les bois qui se prêtent à ce mode d’exploi-
tation. Quant aux résineux qui s’y refusent complé-
ses tm | nine 5.
sn E
bs
DE L'EXPLOITABIEITÉ. 65
tement, ils les coupent à un âge dd ne dépasse guère
60 ans.
Les communes exploitent aussi en taillid sait de
| nil les bois feuillus qui leur appartien-
nent; mais elles leur appliquent une plus longue ré-
volution qui est le plus souvent de 25 ans, et elles y
conservent de nombreuses réserves; leurs futaies
résineuses sont exploitées de 80 à 90 ans...
:, L'État enfin exploite ses taillis, sous fai: et à
30 ans en moyenne; ses forêts, en futaie-pleine, res-
tent sur pied jusqu’à 120 ans au moins. Las
- Tels sont en général et à grands traits, les prin-
cipes d'après a. est régi le sol forestier de notre
8
: Les intérêts des trois catégories de propriétaires -
RD ent ce sol, ne sont donc pas identiques, et
si l’un s'accorde avec l'intérêt public, les autres doi-
_vent nécessairement s’en écarter.
Montrer en quoi et pourquoi ces intérêts diffèrent ;
indiquer les moyens de les concilier, si cela se peut;
ce sont là des points importants que nous aurons à
étudier, quand nous aurons traité de l’exploitabilité à
un point de vue théorique.
Comme: toutes les opérations qui entrent dans
l'économie forestière, la détermination de l’exploita-
bilité est subordonnée à deux ordres de circonstances
bien distincts et qui tiennent: l’un, à la végétation, à
ses lois naturelles; l’autre à des faits économiques,
c'est-à-dire agricoles, industriels. et commerciaux,
aux convenances de la Société ou de l’individu, à l’es-
5
66 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
pèce des produits qu’on veut obtenir, à la destination
qu'il est possible de leur donner.
Je sais que dans la pratique, parmi les considé-
rations qui servent à déterminer l’exploitabilité, celles
qui se fondent sur les exigences de la végétation pas-
sent avant toutes les autres. S'il en était autrement,
on s’exposerait à des travaux inutiles, en ce sens |
- qu'ils pourraient reposer sur des hypothèses contra- |
… dictoires avec les exigences mêmes de l'existence des
bois. |
Mais la logique de la pratique n’est pas toujours
celle de la théorie. -
= La culture forestière n’emprunte sa raison d’être
qu’au profit qu’elle est susceptible de fournir. L’appré-
ciation de ce profit et de toutes les circonstances qui
peuvent l'influencer, est donc celle qui se présente
naturellement la première à l'esprit, quand on entre-
prend de classer les principes applicables à cette 4
culture... |
Cela posé, voici quelle sera la table des matières
de cette étude : 4° De l’exploitabilité, abstraction faite +
des exigences de la végétation et de la culture ; 2° De À
l’exploitabilité dans ses rapports avec ces exigences ;
3° De l’exploitabilité dans ses rapports avec l’intérêt 4
des diverses catégories de propriétaires qui possèdent
des bois en France; 4° De l’exploitabilité dans ses
rapports avec l'intérêt public
“CHAPITRE PREMIER.
DE L'EXPLOITABILITÉ, LES Le DES EXIGENCES
DE LA VÉGÉTATION ET DE LA CULTURE,
La quantité des produits matériels, leur utilité,
leur valeur vénale, et le rapport de cette valeur au
_ capital dont elle émane, sont les divers objets que l'on
a en vue, ensemble ou séparément, quand on cherche
à retirer des bois les plus grands avantages. ,
À ces divers objets correspondent quatre sortes
d exploitations distinctes et relatives :
La première, aux produits en matière les men
considérables ;
La deuxième, aux produits les plus utiles ; ;
_ La troisième, au plus grand produit en argent ;
La quatrième, au revenu le plus élevé par rapport
au capital.
ARTICLE PREMIER.
DE L’EXPLOITABILITÉ RELATIVE AUX PRODUITS MATÉRIELS
| LES PLUS CONSIDÉRABLES,
F ; € OU DE L’EXPLOITABILITÉ ABSOLUE.
Quelles sont les lois générales sur lesquelles repose
la recherche de l'exploitation absolue ?
68 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Par quels moyens détermine-t-on l’âge qui cor-
respond à cette exploitabilité ?
Quelle est son utilité pratique ?
Examinons successivement ces trois questions :
S 4er,
Lois générales sur lesquelles repose la recherche
de l’exploitabilité absolue.
Quel est l’âge auquel il convient d’abattre des
arbres, soit isolés, soit en massif, pour qu’en admet-'
tant une régénération immédiate et une succession
non interrompue d'arbres de la même espèce et sou-
mis à des conditions semblables, on obtienne, dans
un temps donné, les produits matériels les plus con-
sidérables ? | (
Évidemment, c’est comme si l’on demandait quel
est l’âge auquel il convient d'exploiter des arbres,
pour que le produit de cette exploitation, joint à tous
ceux qu'auraient pu procurer, précédemment, les
coupes d'amélioration, et divisé par le nombre des
années comprises dans cet âge, présente le quotient
le plus élevé.
L'exploitabilité absolue est donc indiquée par
l’âge où se réalise le plus grand accroissement moyen,
el par conséquent :
Elle se présente dans la phase descendante : des
accroissements annuels.
Pr TR
sache tits de fée 0 ds de di
PRE EE
DE L'EXPLOITABILITÉ. 69
> Ælle correspond à l’âge où l'accroissement annuel
devient égal à l'accroissement moyen.
- Ces trois propositions demandent ERA exp
eléioné : - :
- Sinous coupons un arbre par le pied, et si nous
examinons les couches concentriques de la section
transversale, nous reconnaîtrons que leur épaisseur,
-très-mince dans le principe, va en augmentant jus- :
qu'à une certaine distance du centre; puis reste à
peu près constante pendant quelques années; et
diminue enfin de plus en plus, au point de devenir à
-peine perceptible, à mesure que l’on se rapproche de
-la circonférence. :
Les conséquences qu'il y a lieu de tirer de ces
Caractères, pour la détermination de l’exploitabilité
correspondante à la production matérielle la plus con-
sidérable, sont évidentes pour un forestier; il n’en
est pas de même pour les personnes étrangères à la
sylviculture, et je crois que si on les interrogeait à
ce sujet, elles ne répondraient pas, du premier coup,
d’une manière satisfaisante.
Ces personnes seraient probablement disposées à
établir d’abord une relation directe entre les phases
de l’accroissement en volume de notre arbre d’expé-
rience, et les variations de l'épaisseur des couches
-concentriques; elles supposeraient volontiers, qu'à
partir du moment où cette épaisseur est devenue
—._ constante, l'accroissement annuel est resté station-
naire. — Ce serait là une grave erreur : Varennes
- de Fenille a eu soin de la prévoir, en faisant remar-
4 : AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
quer qu’il faut se garder de confondre le grossisse-
ment avec l'accroissement annuel ; attendu que celui-
ci peut ne pas cesser de grandir, tandis que l’autre
diminue.
Mais, ce que les personnes en question auraient
de la peine à comprendre : c’est qu’il y ait perte
dans le rendement, quand on retarde l'exploitation
jusqu’au terme de la végétation; c’est que, quelque
petite qu’elle doive être, il y ait avantage à sacrifier
l’augmentation de volume que la végétation des der-
nières années serait encore susceptible de procurer
au propriétaire. Habituées à: n’envisager les arbres
que dans leur individualité, au lieu de les ‘envisager
dans une succession non interrompue et indéterminée
de générations, il leur faudrait un certain effort de
réflexion pour apprécier les conséquences de la soli-
darité qui existe entre ces générations, solidarité dont
l'absence rendrait inintelligible la théorie du plus
grand accroissement moyen.
- Enfin, cette solidarité consentie, et avec elle
l'opportunité de renoncer aux dernières années de la
végétation d’un arbre, parce qu’on est assuré de trou-
ver plus qu’une compensation dans la production de
celui qui le remplacera, il reste encore à démontrer
que l’exploitabilité absolue tombe dans la phase des-
cendante des accroissements annuels. Cette démonstra-
tion est facile : pour que l'accroissement moyen ne
cesse d'augmenter, il suffit en effet que l’accroisse-
ment annuel soit plus grand que la moyenne des
accroissements annuels antérieurs ; or cette moyenne
dns bide cube dé NÉ és: Si ns li à
her cb,
ci À
ses LA “
ET P . “.
Le , 1} $ &°
Te DE EXPLOITABILIPÉ. : : :2 © *,; 7.
est nécessairement toujours plus petite que le plus
grand de ces accroissements, puisqu'elle est fonction
* non-seulement de celui-ci, mais, au même titre, des -
plus faibles, et entre autres, de ceux des premières
années de la végétation.
Les deux premiers Bt que j'ai posés ne
sont donc pas susceptibles d’être controversés; le
troisième en découle logiquement, en forme le corol-
laire, et s’y arrêter serait faire trop peu de cas du
temps de ses lecteurs.
Quelque simples que soient ces aphorismes, ils
ne s’acceptent pas cependant, on vient de le voir,
sans explications, et Varennes de Fenille, qui les a
formulés le premier, a fait faire un progrès réel à la
science de la sylviculture.
Toutefois, pour que ce progrès ne soit pas dépourvu
d'utilité pratique, il est nécessaire d'admettre qu’en :
conformité des lois qui régissent le monde organique,
les arbres n'arrivent au terme de leur existence
qu'après avoir traversé une phase de décadence; que
leur force vitale et leur accroissement annuel, qui en
est l'expression, ne vont pas en augmentant jusqu’au
- moment où ils sont surpris par la mort; et que si
leur végétation ne présente pas toujours les trois
phases, ascendante, stationnaire, descendante, qu’on
s'accorde généralement à lui reconnaître, elle présente
au moins les deux extrêmes. Cette hypothèse est
indispensable, et je ne sache pas, au surplus, qu'il
ait été fait contre elle aucune protestation plausible.
Les principes qu’on vient de développer s’ap-
*
se pa
“
sl
+
«
* 4
8
22 _: AMÉNAGEMENT DES FORÊTS..
pliquent aussi exactement aux arbres isolés qu'aux
arbres en massifs aux bois aménagés qu'à ceux qui
ne le sont pas.
On a prouvé par exemple que, pour les arbres
isolés, le plus grand accroissement moyen sé produit -
dans la phase descendante de l'accroissement annuel.
On le prouverait de la même manière pour les mas-
sifs ; seulement, lorsque dans ces derniers, les
éclaircies enlèvent périodiquement une portion des
arbres sur pied, il convient de supposer qu'elles ont
lieu par annuités ; ét l’on doit, surtout, tenir compte
de leurs produits, dans la comparaison des accrois-
sements de deux années consécutives ; car si on les
négligeait, on arriverait infailliblement à un résultat
tout à fait contraire à celui qu’indique le raisonnement.
. Quant à l'application aux bois aménagés des lois
dont on n’a, jusqu’à présent, démontré la justesse
que pour les bois qui ne le sont pas, elle est égale-
ment incontestable : de sorte qu’étant données deux
forêts de même étendue et dans des conditions sem-
blables de végétation, partagées l’une en 60 coupes
et l’autre en 420, la production de cette dernière,
quoique l’étendue de la coupe annuelle soit moindre :
de moitié, sera plus considérable que celle de la pre-
mière, si le plus grand accroissement moyen ne se
réalise qu’à l’âge de 120 ans. En termes plus précis,
si ces deux forêts ont chacune 120 hectares, l’hec-
tare qu’on coupera chaque année dans la deuxième,
fournira plus de produits que les deux: hectares
qu’on coupera chaque année dans la première.
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qu à cet égard, ne laissera pas Dpee au moindre
> On veut prouver ais l xnéniedent qui corres-
“hs au maximum de l'accroissement moyen est
celui qui procure le maximum de produits matériels.
* Soitn l'âge de la révolution ,
ve volume d’un hectare parvenu à cet àge.
- “Le plus grand accroissement moyen sera =
de c la contenance de la forêt ; la cotes de la coupe
sera © C et le volume ? X v ou € x = -
: Mais 2 est le plus grand accroissement moyen; donc toute
ut à
réroluuon n' n''.… plus grande ou pins petite donnerait un
L LL
UD,
accroissement — TS moindre que = 2 et en conséquence,
.
an 5 ét 8
une quantité C0 Tnt plus faible que c =
= $ 2.
De moyens par lesquels on détermine l’âge qui ot
à l’exploitabilité absolue.
… Voici des arbres isolés de la même espèce,
placés dans des conditions identiques de végétation,
“ mais ayant des âges différents. Prenons le plus âgé,
7h AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
concentriques, il nous sera facile de déterminer la
grosseur qu'il avait aux diverses époques pour les-
quelles nous voulons établir son volume. Ayant la
grosseur, il nous faudra encore la longueur à ces
mêmes époques. Si l’arbre est verticillé, cette lon-
gueur sera facile à trouver, puisque la distance entre
deux verticilles successifs représente la pousse d’une
année, et que pour avoir, par exemple, la longueur
de l'arbre il y a 10 ans, il suffira de retrancher de
la longueur totale actuelle, celle des 10 derniers ver-
ticilles. S'il s’agit de bois feuillus, ce n’est que par
des tâälonnements que nous pourrons arriver au but
de nos recherches : ainsi, l'accroissement d’un arbre
se constituant avec des couches annuelles: super-
posées, il est aisé de comprendre qu’en rognant suc-
_cessivement la tige, on augmentera successivement
aussi le nombre des couches concentriques de. la
section; et qu’à l’apparition de chaque couche nou-
velle correspondra la hauteur à un âge qu’on déter-
minera sans peine, puisqu'on connaîtra l’âge actuel.
Nous pourrons donc nous procurer les deux élé-
ments, longueur et épaisseur, relatifs à un âge quel-
conque, et, avec ces deux éléments, calculer le
volume de la tige de notre arbre à cet âge, en le
considérant soit comme cône, soit comme cylindre.
Des facteurs de conversion que nous établirons par
les procédés qu’enseigne la stéréométrie, nous four-
niront le volume réel, et il ne nous restera plus
qu’à diviser le volume trouvé à différents âges par
ces âges mêmes, pour distinguer en comparant les
pa Pi no
A RS à À 27 ah Derhhrié
TT CE ES À
fn. “nl
DE L'EXPLOITABILITÉ. 75
quotients, l’âge du plus grand accroissement moyen.
* Pour plus de sûreté, l'opération que je viens
appliquer à un arbre, on l’applique à plusieurs,
“ on prend ensuite la moyenne des accroissements
moyens maxime. |
Voici maintenant des arbres en massif: € rest + un
taillis dans lequel il n’y a pas lieu de faire des coupes
intermédiaires, c'est-à-dire des nettoiements ou des
éclaircies. On pourrait déterminer l’âge de l’exploi-
_fabilité absolue par le même procédé. Mais comme
pour diminuer les chances inévitables d’erreur que
Von court toujours, lorsqu'on applique à un très-
grand nombre d'arbres les lois d’accroissement
constatées sur une partie seulement d’entre eux, il
faut que cette partie soit par rapport au tout la
plus grande - possible ; et comme, dans un massif,
cette considération entraînerait l’abatage d’un très-
grand nombre de sujets, on emploie le procédé sui-
vant qui est moins compliqué, plus expéditif, et sou-
. vent plus sûr.
Au lieu d’expérimenter sur des arbres isolés, on
“expérimente sur des portions du massif. On choisit
donc, dans des conditions régulières de végétation,
_ des places d'essai, différentes par l’âge, mais sem-
-blables quant aux autres éléments de la production.
- On cube les volumes qu’elles contiennent, et l’on
divise ces volumes par les âges correspondants.
Cette méthode est celle qu’on ne peut se dispenser
d'employer dans les massifs, soit en taillis, soit en
futaie, qui sont assujettis à des nettoiements et
76 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
éclaircies périodiques ; seulement, on a soin d'ajouter
au volume de chaque place d'essai, celui des coupes
intermédiaires effectuées précédemment; de sorte
que si des éclaircies avaient eu lieu tous les 10 ans,
à partir de 20 ans, il faudrait ajouter au volume des
bois de 30 ans, le produit d’une éclaircie (à 20 ans),
au volume des bois de 40 ans, les produits de deux
éclaircies (à 20 et à 30 ans), etc. Les quotients de
ces sommes par les âges actuels exprimeraient les
accroissements moyens, et au plus grand de ces quo-
tients correspondrait l’âge le plus FOIS de celui
de l’exploitabilité absolue.
Les opérations que je viens de décrire tHÉDAREE
dement sont simples en théorie. Dans la pratique,
elles rencontrent de grandes difficultés causées prin-
cipalement par l'embarras de trouver des portions
de massifs qui soient dans un état de régularité
convenable, et dans des conditions de végéta-
tion semblables à celles des peuplements, auxquels
devraient être appliqués les résultats des expériences
dont elles auraient été l’objet.
L’exploitabilité relative aux plus grands produits
matériels varie pour une même essence, suivant les
sols, les climats, la situation, etc., toutes choses très-
variables souvent de leur côté, dans la même forêt. Il
n’est pas aisé de discerner l’état moyen au milieu de
ces variations, et c’est cependant de la découverte
de cet état moyen que dépend le succès des essais.
Toutefois, il n’y à pas de difficulté insurmontable
pour la sagacité d’un forestiér qui a du coup d'œil
rod ES
li DE L'EXPLOITABILITÉ. :
_ etqui est expérimenté, lorsque les peuplements pré-
sentent les éléments indispensables sous le triple
+ rapport de la régularité, de la consistance des mas-
sifset de la gradation des âges. C’est là malheu-
_ reusement ce qui manque en France à presque
toutes nos futaies. Aussi est-il bien peu de futaies
dans lesquelles l’âge d'exploitabilité puisse être fixé
« d’après des bases certaines. Pour nos taillis, la
« recherche des lois d’accroissement est plus facile.
“ Pourtant elle n’a été faite que très-exceptionnellement.
* Nous verrons au surplus qu’elle est bien loin d’avoir
_ une aussi grande importance que dans les futaies.
_ … Des tables de production résultant d'expériences
_ effectives et qui indiqueraient, pour des conditions
déterminées de végétation, la marche que suit l’ac-
_ croïssement des principales essences de notre sol
| forestier, constitueraient un précieux document, et il
_ serait très-désirable que l’on s'en occupät. L'admi-
_ nistration seule pourrait entreprendre un travail de
cette nature. Ce ne serait, il est vrai, pas trop d’un
siècle pour le terminer; mais les résultats immé-
diats auxquels l’état actuel de nos forêts permettrait
d'arriver, auraient déjà un grand intérêt et une
. grande utilité pour la détermination de l’exploitabilité
“ dont nous nous occupons en ce moment. Ces études
… que je conseille, l'administration forestière badoise
« les a commencées depuis longtemps dans les forêts
“. dont la gestion lui est confiée. Elles ne sont donc
- pas impossibles.
“ Mes lecteurs s’effrayeront peut-être de la mul-
78 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
titude de comptages et de calculs que semble com-
porter la recherche de l’exploitabilité absolue, et se
_défieront de la possibilité d'arriver dans ces évalua-
tions à un degré suffisant d’exactitude. De telles
appréhensions ne seraient pas fondées : dans la pra-
tique, la phase de la végétation sur laquelle portent
les expériences est singulièrement réduite, soit par
le choix du mode d'exploitation, soit par les exi-
gences de la culture ; et pour ce qui est de la préci-
sion des cubages, ceux-là seuls pourraient en dou-
ter qui ignorent les procédés de Ja dendrométrie.
L'emploi de ces procédés peut être expéditif et cer-
tain, comme le prouvent les exploitations faites dans
diverses forêts, conformément à la possibilité résul-
tant des cubages de l'aménagement. Ainsi, dans la
forêt de Haguenau, le produit des coupes de la pre-
mière. décennie a cadré parfaitement avec la possi-
bilité déterminée par l'aménagement. Il en a été de
même dans la forêt de Cerisy (Manche), et il en
sera de même toutes les fois que les comptages et
cubages seront faits par des agents attentifs.
Au reste, on aurait grand tort de contredire l’uti-
lité d’un principe, en alléguant les difficultés de son
application. En sylviculture, comme dans toutes les
sciences et dans tous les arts spéciaux, la pratique:
parvient rarement à réaliser, à appliquer exactement,
complétement, les enseignements de la théorie. Ce
n’est pas une raison pour qu'elle les repousse, et
celui qui s’inscrirait en faux contre les principes de
l'aménagement des forêts, par cette seule raison
RAS à
:
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* il
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» Là
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22
DE L'EXPLOITABILITÉ. 79
qu'ils ne trouvent pas toujours leur application, ne
serait pas plus sage que-le mécanicien qui nierait
l'utilité de la mécanique rationnelle, parce que les
données qu’on y puise sur la résistance des maté-
riaux, ne sont pas toujours d’accord avec le résul-
tat des épreuves que l’on fait subir à ces derniers.
. S 3.
ST Utilité pratique de l’exploitabilité absolue.
: J'ai fait remarquer, au début de mon travail, que
le profit qu’on pouvait retirer de l’exploitation fores-
tière, servait de fondement aux règles qui régissent
cette exploitation. Mais il n’y a profit que là où il y
a utilité produite, et comme je n’ai pas tenu compte
jusqu'ici de cette utilité, on pourrait douter de l’op-
. portunité des longues considérations dans lesquelles
je suis entré, au sujet d’une exploitabilité dont les
avantages, pour la satisfaction de nos us) n’ont
pas encore été développés.
La quantité plus ou moins grande des produits
* matériels qu’un bois est susceptible de fournir
annuellement, serait dépourvue de tout intérêt, si
elle était indépendante de l'utilité et de la valeur de
ces produits ; elle ne mérite d’être prise en considé-
“ration que parce qu'elle a des rapports plus ou moins
directs avec cette utilité et cette valeur ; on s’éton-
nera donc peut-être que je n’aie pas pris ces rapports
pour point de départ de mes études.
80 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Je ne l’ai pas fait, parce que j'ai présumé que la
clarté de mes déductions en souffrirait.
Je reconnais, sans doute, que réduite à elle-
même, envisagée isolément, la théorie de lexploita-
bilité absolue serait une pure abstraction compa-
rable à un chiffre qu'on aurait séparé de l’objet
auquel il empruntait sa signification ; mais nous ver-
rons plus tard que l'utilité et la valeur des produits
ligneux sont, dans beaucoup de cas, proportionnelles
à leur quantité, et qu’en conséquence, la théorie de
l’exploitabilité absolue est souvent admissible. Elle
exige d’ailleurs qu’on précise la marche de la végé-
tation, qu’on en fasse connaître les lois et les résul-
tats matériels, et ce sont là des données dont on ne
saurait se priver, quels que soient le but que l’on se
propose et les moyens que l’on préfère pour y arri-
ver. Il n’était point, enfin, sans importance d’avoir
un terme de comparaison aussi fixe que possible pour
les exploitabilités de différentes natures que j'avais à
étudier, et il n’en existait pas, ce semble, de meil-
leur que l’exploitabilité absolue.
ARTICLE II.
DE L'EXPLOITABILITÉ RELATIVE AUX PRODUITS LES PLUS UTILES.
L’exploitabilité relative à la production la plus
utile, est celle qu'il est le plus difficile de détermi-
ner. Il ne suffit pas, comme on pourrait le croire au
L2
4
DE L'EXPLOITABILITÉ. st
premier abord, de -transformer en marchandises, les
produits des arbres d'expérience ou des places d’es-
sai, pour juger ensuite, d’après le prix de ces mar-
chandises, de leur utilité respective. Ce prix est,
sans doute, un élément d'appréciation ; mais on ne
doit en user qu'avec réserve, sous peine de s’exposer
à de grossières erreurs. |
L’utilité des choses est, en effet, loin d'être ve
_jours proportionnelle à leur valeur. Le bois de houx
qui, tous les forestiers le savent ‘bien, est une
essence digne de fort peu d'intérêt, se paye sur
place, dans telle forêt que je pourrais citer, jusqu’à
250 francs le mètre cube. Personne assurément ne
s’avisera de prétendre qu’à un point de vue géné-
ral, ce bois soit aussi utile que le chêne qu’on vend
en moyenne 40 à 50 francs le mètre cube. Un même
objet, qui vaut beaucoup aujourd’hui, vaudra peut-
être très-peu demain, sans que son utilité ait cepen-
dant diminué. Enfin, il y a des utilités entièrement
gratuites : l'air, l'eau, les bois aussi quelquefois.
-L On peut n’attendre de ces derniers que de l’agré-
ment ; s'ils en procurent, ils seront utiles; on peut
en attendre une protection contre les vents, les ava-
lanches, etc., etc. : ces bouquets de bois qui, sur
les rampes escarpées de nos Alpes, ont pour destina-
tion de barrer les torrents et de les éloigner des
“habitations qu'ils menacent d’emporter, rendent,
sans contredit, de grands services, produisent des
utilités; ces utilités n’ont pas de valeur vénale, et
_ cependant, elles sont incontestables.
6
82 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Il est donc nécessaire de chercher une autre base
que le prix, pour l’appréciation du maximum d’uti-
lité des produits forestiers ; mais où la trouver ? Entre
l'utilité du taillis qui sert de remise au gibier, et
celle des forêts séculaires de nos hautes montagnes,
dont la fonction est de garantir les contrées infé-
rieures contre la fureur des éléments, combien n’y
a-t-il pas d’autres services immatériels et souvent
gratuits rendus ‘par les bois, services s'appliquant
au caprice, à l'agrément, à des besoins plus -ou
moins impérieux ? Entre l’échalas qui sert de tuteur
à la vigne et le mât de hune qui résiste à l’effort de
la tempête, et sous lequel s’abritent les intérêts de
notre commerce et quelquefois de. notre gloire, com-
bien ne pourrait-on pas compter de destinations dif-
férentes ayant chacune des avantages spéciaux ? Où
trouver un criterium, une mesure qui permette de
classer tous ces services par rang d'importance ?:
Pour le vigneron, l’échalas est le plus utile de tous
les produits. Pour celui qui manque de combustible,
le fagot est bien plus utile que le plus beau bois des
îles, si celui-ci n’est bon qu’à la fabrication des meu-
bles. Pour le propriétaire qui veut faire argent de ses
produits, le bois le plus cher est le plus avantageux.
On voit toutes les raisons qui s’opposent à ce qu’on
fixe des règles pour juger de l’exploitabilité relative
aux produits les plus utiles. Cependant, on peut
admettre en principe, qu’à un point de vue général
et sauf de rares exceptions, les arbres les plus utiles
sont ceux qui ont les dimensions les plus grandes
DE L’'EXPLOITABILITÉ. 83
et les propriétés mécaniques ou physiques les plus
développées.
Les dimensions ont sur l’utilité d’un morceau de
bois une influence bien évidente, puisque c’est d'elles
que dépend le nombre des usages auxquels il est pos-
sible de l’affecter : et il est clair, par exemple, qu’à
volume égal, plusieurs rondins de chêne propres au
chauffage seulement, seront moins utiles qu’une seule
‘pièce de bois de la même essence, dont on tirera du bois
dechauffage, du bois de travail, du bois de charpente.
Le développement des propriétés mécaniques et
physiques n’a pas une moins grande influence; or,
Pexpérience tend à prouver que la puissance calori-
fique, la densité, la cohésion et l'élasticité, suivent
une marche ascendante jusqu'à un âge avancé, qui
ne s'écarte pas beaucoup de celui qui correspond au
plus grand accroissement moyen : d’où il résulte qu’à
dimensions égales, du bois de 20 ans est moins pré-
cieux que du bois de 400 ans.
_ Henri Cotta raconte, quelque part, que dans la
Suisse saxonne, des habitations ont duré 20 ans à
peine, parce qu'on y avait employé de jeunes bois,
tandis que desédifices construits il y a plus de400 ans,
avec des bois âgés, sont encore dans un parfait état
de conservation. Ce fait est frappant; il montre à
quelle perte énorme d'effet utile on s’expose par des
exploitations prématurées. Î
Je faisais observer, dans l’article précédent, qu’il
1, Le laricio est le moins durable de tous les bois, quand il est
M. AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
serait très-désirable que l’on s’occupât activement de
la formation de tables de production indiquant, pour
des conditions déterminées de végétation, la marche
de l'accroissement des principales essences de notre
pays. Il ne le serait pas moins que l’on établit, par
des expériences consciencieuses, l'influence que l’âge,
le sol, le climat et le mode d'exploitation, exercent
sur les qualités :de ces essences. Le chêne de la
Meurthe est moins estimé pour le chauffage que celui
de la Bourgogne, en sait-on la raison? Le chêne
du Nord dure, dit-on, beaucoup moins que. celui
du Midi; on assure que les vaisseaux construits avec
le premier, sont hors de service au bout de 7 ou 8 ans,
en moyenne, tandis que ceux qui sont construits avec
du bois de Provence, se conservent plus de 15 ans.
Certes, ce sont là des assertions qui réclameraient
une sérieuse vérification. Quels services l’administfa-
tion ne rendrait-elle pas au commerce et à l’indus-
trie, si elle pouvait dire : Dans cette région, le bois
est propre à tel usage; il se distingue dans celle-ci
par telle qualité? etc.
Il existe bien quelques principes relativement aux
influences que je voudrais que l’on étudiât, mais ils
ne reposent que sur des observations fort incomplètes
et rarement comparables entre elles.
Les bois de grandes dimensions ne sont pas seule-
ment recommandables par la variété et l’importance
employé comme poteau télégraphique, parce qu’alors il est trop
jeune, tandis que lorsqu'on ne l'exploite qu'à l’âge de 200 ans,
il est presque incorruptible. (Note de la 2° édition.)
DE L'EXPLOITABILITÉ. 85
des usages auxquels ils peuvent servir ; ils le sont éga-
lement -par les éléments de bien-être que procurent
à la classe ouvrière les nombreuses manipulations
auxquelles ils donnent lieu.
L’exploitabilité relative aux produits les plus utiles
est, en définitive, susceptible de varier suivant une.
foule de’ circonstances que je ne me flatte même pas
d’avoir énumérées, et de se présenter tantôt avant,
tantôt après l’exploitabilité absolue ; il faut 10 ans
pour faire un cercle; il en faut 250 pour que le ss
de Riga puisse faire un mât de vaisseau.
- Néanmoins, cette exploitabilité correspond à un
âge qui ne saurait, dans la plupart des cas, s’éloi-
gner beaucoup de celui du plus grand accroissement
+ Lorsqu'on recherche les dimensions que doivent:
avoir les bois pour atteindre leur maximum d'utilité,
il importe de ne pas perdre de vue que l'utilité serait
un vain mot, si elle ne pouvait être mise à la portée
du consommateur.
L'état des voies de vidange est donc appelé à in-
_‘fluer singulièrement sur le résultat de cêtte recherche.
* Que si l’on ne considérait l’ exploitabilité relative
aux produits les plus utiles, que dans ses rapports
avec l'intérêt du propriétaire qui ne consomme pas
son boïs et qui le vend, on pourrait regarder le prix
_- de ces produits comme l’expression exacte de leur uti-
lité; et, par suite, l’exploitabilité dont nous venons de
nous occuper, se confondrait avec celle du plus grand
produit pécuniaire, dont je vais parler.
86 AMÉNAGEMENT DES FORETS.
ARTICLE IIL
DE L'EXPLOITABILITÉ RELATIVE AU PLUS GRAND PRODUIT
EN ARGENT.
La marche à suivre pour déterniner l’âge auquel il
faut abattre des bois, quand on veut en retirer le plus
grand produit en argent n’est pas embarrassante, du
moment que l’on est fixé sur les rendements, en
matière et en marchandises, des arbres d'expérience
ou des places d’essai. Les prix du commerce appli-
qués à ces marchandises, défalcation faite des frais
d'exploitation, de façon et de transport‘, établiront
exactement leurs valeurs; les quotients de ces valeurs
par les âges correspondants, donneront les revenus
moyens, et le plus grand de ces quotients indiquera
l’époque de l’exploitabilité cherchée.
La chose essentielle, dans cette opération, afin
d'éviter les erreurs, est d’apprécier sainement le prix
vénal d'une marchandise dans les éléments qui le
constituent; or, cela n’est pas facile, car le prix du
bois est exposé à de très-grandes fluctuations, el il
s’agit, au cas particulier, d'adopter non le prix du
jour, le prix accidentel; mais le prix moyen, le prix
normal. Quelques exemples feront mieux comprendre
ma pensée : él
1. Dans l'évaluation des frais de transport, on tiendra compte
de l’influence que l'amélioration des voies de vidange pourrait
avoir sur ces frais.
DE L'EXPLOITABILITÉ. 87
-1 J'ai cité, tout à l'heure, le prix du houx comme
un exemple de la valeur excessive que pouvaient
atteindre des objets d’une utilité plus que contestable
d’ailleurs. Eh bien ! si le bois dont on voudrait régler
l'exploitation renfermait des sujets de cette essence, :
en conclurait-on qu’il convient de les multiplier? —
Une réponse aflirmative serait une erreur grave; car
ce prix élevé tient précisément à la rareté de l’es-
sence en question, aux soins que, dans l'intérêt de
la sylviculture, on apporte à l’extirper, et il est com-*
préhénsible que, pour peu qu’on en favorisät la mul-
tiplication, sa cherté disparaîtrait. On fabrique, dans
certaines localités, des allumettes avec du bois de
tremble, et on en tire, de cette manière, un excellent
parti. Serait-ce une raison pour convertir nos forêts
en trembles ? — Évidemment non, car il en serait du
tremble comme du houx; son prix ne tarderait pas
à être avili.
Ce qu’il faut donc examiner avec attention, pére
cier avec sagesse et prendre pour base de son évalua-
tion, c’est l'importance des débouchés qui seule peut
garantir le maintien du prix vénal; et on doit rejeter
* dans les considérations tout à fait secondaires, les
circonstances accidentelles et exceptionnelles dont
l'influence, sur la valeur des produits, ne'saurait être
. durable.
Si l’on suppose le prix du bois constant, c'est-à-
dire indépendant de l’âge, l’exploitabilité relative au
produit pécuniaire le plus élevé, suivra les mêmes
lois que l'exploitabilité absolue. Elle se réaliserait,
=.
88 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
au contraire, plus ou moins longtemps après, dans
l'hypothèse où le prix du bois s’élèverait avec l’âge;
et plus ou moins lontemps avant, dans le cas où ce
prix subirait une diminution, malgré le inon pesant
ascendant de la végétation. r uosholgs
ARTICLE IV.
DE L'EXPLOITABILITÉ RELATIVE AU REVENU LE REY guevé
PAR RAPPORT AU CAPITAL, -
" è CE }
$ 4er te
. LE MT) a
Pt 's sh #
Considérations générales sur la valeur et le profit des capitaux, |
it et spécialement des fonds de bois.
Nous n’avons examiné, jusqu’à présent, l’exploi-
tabilité forestière qu’au point de vue de la, quantité,
de l’utilité, et de la valeur absolue des produits. La
quantité et l'utilité des choses intéressent presque
exclusivement le consommateur ; leur valeur touche
surtout le producteur; mais ce qui lui importe prin-
cipalement, c’est le rapport qui existe entre cette
valeur et le capital dont elle émane ; aussi, les spé-
culateurs qui ont à faire emploi d’un capital pécu-
_niaire, cherchent-ils à l’affecter à l’entreprise qui
leur promet le bénéfice le plus grand, c’est-à-dire
un profit qui soit, par rapport au capital, le plus élevé
possible. Cette préoccupation légitime se rencontre
chez le propriétaire de bois, et l’on conçoit qu’on ne
DE L'EXPLOITABILITÉ. 89
puisse y satisfaire qu’en recourant à une exploitabilité
bien différente de celles que nous avons étudiées
| RER
+. On a souvent défini exploitabilté dont ils agit: :
lexploitabilité relative à la rente la plus élevée. :
J'adopterai aussi cette définition, quoiqu Folle ne
soit peut-être pas irréprochable.
. Ce qui caractérise l'exploitabilité qui va faire
l'objet de. notre examen, c'est donc l'intervention de
ce apitale parmi: les éléments à prendre en
ral ion, quand on veut déterminer l’âge auquel
t‘d'abattre des bois. Nous ne nous sommes
scupé que du produit, sans songer à l’agent
délgirodnetion et au prix qu'on y attache dans les
transactions commerciales; or, cet agent a, comme
les autres capitaux, une valeur commerciale, et il ne
saurait dès lors être négligé par le spéculafeur qui se
propose de fixer, pour l'exploitation d’un bois, l'épo-
que: la plus favorable à ses intérêts.
-1de dis que les capitaux ont une valeur commer-
ciale. Pour l'intelligence de ce que j'aurai à exposer
relativement aux fonds-de bois, il est nécessaire de
rappeler comment se constitue et fonctionne : cette
vélos.
+ On désigne sous le nom de capitaux toutes es
dhese, tous les objets qui servent ou qui contribuent
à la production; ce sont donc en général des instru-
ments de travail; leur valeur repose sur les services
productifs qu'ils sont susceptibles ‘de rendre; elle
s'établit, dans le commerce, en multipliant le prix
\
90 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
net de ces services par un facteur convenu. Ce fac
teur varie suivant des circonstances nombreuses dont
les principales sont la sécurité du placement et l'abon-
dance des capitaux disponibles; mais il ne monte
guère au-dessus de 40, tandis qu’il peut descendre
beaucoup plus bas.
Les fonds de terre participent de la nature des
capitaux, et dans le langage ordinaire, on s'accorde,
à les ranger dans la même catégorie. |
Qu'est-ce que le profit net? — C’est l’excédant
du produit pécuniaire sur les frais de production *,
d'où il résulte que les capitaux dont les services pro-
ductifs seraient juste suffisants pour couvrir les frais
de production, n'auraient aucune valeur commerciale,
ce qui, soit dit en passant, ne les empêcherait pas
d’être souvent fort utiles. Ainsi, qn’on suppose un
fonds de terre dont le produit suffirait à peine à l’en-
tretien du cultivateur et de ses instruments de tra-
vail, il est clair que, commercialement, ce fonds sera
sans valeur; mais dès qu’il y a un profit nét quel-
conque; la valeur capitale surgit, et pour l’apprécier,
pour la déterminer, il n’y a qu’à multiplier ce profit
par le facteur exprimant la relation convenue dont
je viens de parler, la relation consentie entre le
profit net et le prix de l’agent qui sert à le produire.
Pour une terre arable, le profit net sera multiplié
par 40; pour un bois, par 33; pour un capital
4. Il est bien entendu que dans ces frais est compris le béné-
fice de l'entrepreneur, quand il y a un entrepreneur.
DE L'EXPLOITABILITÉ. 91
employé à l'armement d'un navire, par 15, elc.
Ce profit net qui sert à l'évaluation des capitaux,
indique en même temps ce qu'ils-coûtent à l’indus-
triel qui ne demande que la faculté d’en user, et il
porte alors le nom générique d'intérêt (comprenant
le loyer, le fermage, etc.). On suppose en effet que
ce profit net est la conséquence nécessaire de l’inter-
vention, du capital, qu'il lui est, en quelque sorte,
inhérent, et qu'il est dû, dès lors, au propriétaire,
soit que celui-ci emploie lui-même son capital, soit
qu’il le fasse fructifier par d’autres mains. Il se pour-
rait certainement que Femprunfeur ne trouvât point
dans les services du capital qu'on lui aurait prêté,
cet excédant qui constitue le revenu du propriétaire.
Cela ne prouverait rien contre ce que j'ai avancé à
propos des rapports qui existent entre les profits
nets et les capitaux. Cela prouverait seulement que
le capital dont il s’agit aurait été surévalué ou mal
exploité. |
D'après ces considérations, la valeur d’un capital
ne tiendrait pas à celle de ses parties intégrantes;
elle serait intangible, extrinsèque, elle se lierait au
. revenu; elle diminuerait et progresserait avec lui.
Il est cependant connu de tout le monde que la
valeur commerciale d’une forêt, n’est pas toujours
avec le revenu net qu'on en retire, dans le rapport
adopté pour les placements de lespèce, et qu’elle
dépasse quelquefois le chiffre que l’on obtient par la
capitalisation de son revenu au taux desdits place-
ments.
92: AMÉNAGEMENT DES FORETS.
D'où cela provient-il? Comment concilier ce fait
incontestable avec la proposition précédente ?
Essayons de répondre à ces questions :
Parce que le revenu net sert de fondement au
prix que l’on attache à un capital, ce n’est pas néces-
sairement une raison pour que le revenu étant nul,
les objets qui constituent le capital soient frappés de
non-valeur ; ils ne le seraient que dans l'hypothèse
où ils ne pourraient être soustraits à la destination
qu’on leur avait donnée, pour être affectés à un autre
emploi. Voici des pierres, du fer, du bois avec les-
quels on a construit une maison : si cette maison ne
se louait à aucun prix, elle perdrait toute valeur
comme cCapital-maison, capital immobilier; mais les
matériaux dont elle se compose, séparés les uns des
autres, rentreraient dans la catégorie des produits,
reprendraient ainsi une partie de leur valeur primi-
tive, et pourraient, sous une autre forme, naersererss
comme capital.
Veut-on encore un exemple ? — I] nous est fbrbi
par un bateau que l’on aurait transporté dans l'inté-
rieur des terres. Sur le bord de la mer, ce bateau
constituait un capital précieux; dans les conditions:
où ‘on l’a placé, il a perdu comme D CRoM
toute valeur, et, cependant, il est probable qu’on en
tirera quelque profit en le dépeçant.
Les choses qui fonctionnent comme av peu-
vent donc avoir et ont en effet, presque toujours,
une valeur propre, indépendante de celle qu’elles
empruntent à leur fonction ; mais la première ‘est;
DE L'EXPLOITABILITÉ. 93
ordinairement beaucoup plus petite que la seconde,
ét, par conséquent, elle ne saurait exercer aucune
influence sur le prix qu’on attache à ces choses dans
les transactions commerciales.
Les bois seuls peut-être font exception à cette
règle. ai-eb Bb: b 3
.. Si le fonds de bois était fixe, immutable, il est
certain que son prix vénal se réglerait invariable-
. merit comme celui des autres capitaux et particuliè-
rement des fonds de terre, d’après son revenu net ;
mais le fonds de bois peut, dans une très-grande me-
sure, être transformé : de fixe, il peut devenir circu-
lant; d'immeuble il peut devenir meuble, et ces pro-.
priétés qu'il possède à un degré exceptionnel, lui
donnent une valeur intrinsèque, pour ainsi dire, indé-
pendante du revenu qu’on en retire, et qui est sus- .
ceptible de s'élever, au point-de dépasser le chiffre
que l'on obtiendrait, en capitalisant ce revenu au
taux des placements en bois. Comment. s'établit
cette valeur? — C'est bien simple : d'après l'usage
que. l’on ferait de la portion du capital que l’on
. aurait mobilisée. On sait, par exemple, que l'intérêt
des capitaux qui se prêtent dans le commerce aux
mêmes conditions de solidité que celles des place-
ments en bois, est de 3 pour 100. Eh bien! si le
revenu net d'une forêt descendait au-dessous du
profit qu'on retirerait de cette forêt, en transfor-
mant sa superficie en argent, il y aurait, à faire
cette transformation, un nan aisément appré-
ciable.
9h AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Le point que j'essaye d'éclairer est véritablement
la clef de la théorie de l’exploitabilité relative à la
rente la plus élevée. Qu'on me permette donc d’in-
sister, et de montrer en quoi la formation du capi-
tal-forêt diffère de celle des autres capitaux et
notamment des fonds de terre.
Le propriétaire d’une terre arable Bépènsie ordi-
. nairement, soit pour ses besoins, soit pour ses plaisirs,
le revenu net qu'il en retire. Supposons, cependant, .
que sa position de fortune et ses goûts lui donnent
la possibilité et lui inspirent le désir de le faire
valoir; supposons aussi qu’à raison de la solidité du
. placement, il soit disposé à se contenter de l'intérêt
_ qui correspond au taux des placements en fonds de
terre. Pour parvenir à ses fins, il peut faire l’une des
deux opérations suivantes : ou bien augmenter par
une nouvelle acquisition l'étendue de ses propriétés,
ou bien améliorer celles qu'il possède déjà. Il choi-
sira probablement ce dernier moyen, parce qu’il est
plus commode que l’autre, si en employant son
revenu à des améliorations, il prévoit qu’il augmen-—
tera son fermage d’une quantité égale à l'intérêt de .
ce revenu ; et il continuera, chaque année, le même
emploi, jusqu'au moment où l’augmentation du pro-
fit net cessera de compenser la perte d'intérêt du
revenu.
À partir de ce moment, il cherchera pour ses -
épargnes une autre destination; il s’en servira, par
exemple, pour augmenter Kétandiie de ses biens-
fonds.
DE L’'EXPLOITABILITÉ. 95
Le propriétaire d’une forêt ne doit pas agir diffé-
remment; pour lui, l'accroissement d’une année,
c’est le revenu ; il ne consentira à l'immobiliser, à
lincorporer au capital, que dans le cas où l’accrois-
sement de l’année suivante lui offrira un dédomma-
gement.
Jusque-là, les deux capitaux, fonds de terre et
fonds de bois, donnent lieu à des spéculations iden-"
tiques; mais ce qui distingue le fonds de bois de la
terre arable, c’est que, dans celle-ci, le revenu incor-
poré au capital ne se retrouverait plus, si une aug-
mentation proportionnelle du revenu net ne se pro-
duisait pas ‘ ; tandis que, pour le fonds de bois, il
se conserve et se retrouve, lors même que son immo-
bilisation ne procure pas les avantages qu’on en
attendait. Le propriétaire d’une forêt ne perd dans
ce cas que l'intérêt de son- revenu; seulement, il
arrive que le rapport du revenu au capital engagé
dans cette forêt, descend au-dessous du-taux des pla-
cements qui sont dans les conditions de solidité que
ledit propriétaire recherche ; et dès lors il convient à
ce dernier de distraire de son capital engagé toute
la portion qu'il considère comme inerte, comme dor-
mante, en ce sens qu'elle ne produit pas un revenu
équivalant à l'intérêt qu’elle comporte. :
1. Jose affirmer qu'il n'est pas un champ en France qui
vaille ce qu’il a coûté, qui puisse s’échanger contre autant de
travail qu’il en a exigé pour être mis à l’état de productivité où il
se trouve.
(BASTIAT, Harmonies économiques.)
96 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Ces considérations générales prouvent que la
valeur effective, réalisable, d’un fonds boisé peut :
dépasser la somme qu’on obtiendrait, en capitalisant
le revenu net de ce fonds boisé au taux des place-
ments; elles prouvent que le rapport entre ce
revenu et cette valeur peut être moins grand que
celui admis entre les profits et les capitaux de l’es-
pèce. Il existe, par conséquent, des fonds boisés dont
il est permis de dire qu'ils ne rapportent que 2, que
A pour 400. En existe-t-il qui rapportent plus de
3 pour 400, en supposant que 3 pour 400 soit le
taux ordinaire des placements en fonds boisés ? —
Non, car si en s'appuyant sur le bénéfice qu'il y
aurait à soustraire une partie d’un fonds boisé à sa
destination naturelle, on parvient, dans certaines
circonstances, à faire accepter ce fonds boisé pour
une valeur plus grande que celle qui résulterait de
la capitalisation de son revenu net, on rirait évidem-
ment au nez de l'acquéreur qui se-fonderait sur l'in-
convénient pécuniaire qu’entrainerait ce changement
de destination, pour payer un fonds boisé au-dessous
_ desa valeur capitale.
En résumé, la valeur commerciale d’un fonds
boisé peut se régler d’après un taux inférieur au taux
de placement des capitaux de cette nature; elle ne
peut pas se régler à un taux supérieur; et ce que je
veux, en exposant la théorie de l’exploitabilité relative
à la rente la plus élevée, c’est indiquer les moyens
de faire fonctionner la propriété forestière, d’après le
taux de placement qu'on accorde aux capitaux qui
DE L'EXPLOITABILITÉ. 97
présentent les mêmes conditions de solidité et les
mêmes avantages qu'elle.
Entrons maintenant en matière :
J'examinerai successivement l’exploitabilité .rela-
tive à la rente la plus élevée, dans son application
à un arbre isolé, à un massif non aménagé, et à un
massif aménagé.
un
19
.
De l'exploïtabilité relative à la rente la plus élevée,
dans son application à un arbre isolé.
… Il y a deux suppositions à faire, savoir : 4° celle
où cet arbre occuperait un terrain vague, inculte,
qui lui offrirait gratuitement l’espace que réclame-
rait son développement; 2° -celle où il serait, au
contraire, situé dans un champ sur lequel il ne pour-
rait pas s’étaler, sans diminuer proportionnellement
l'étendue des cultures environnantes.
Première hypothèse. — L'arbre a atteint l’âge où
il commence à avoir une valeur échangeable ; — il a
quinze ans ;. doit-on le couper ou le laisser sur pied?
— Dès que l’on pose cetle question, l’on admet, —
chose essentielle, — que les conditions d’aisance du
propriétaire lui permettent d'épargner au moins une
partie de son revenu annuel, et que, s’il exploitait son
bois aujourd’hui, ce ne serait pas pour en dépenser le
prix. Ce qu'il cherche donc, c’est le placement le
plus, avantageux, et il le cherchera jusqu’à ce que
7
93 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
les exigences de la vie l'empêchent de continuer ou
le forcent de diminuer ses épargnes. |
Si son arbre reste sur pied pendant encore un an,
par exemple, il acquerra une plus-value. Cette plus-
value sera-t-elle au moins équivalente au profit que
lai procurerait une exploitation immédiate ? — C’est
là ce qu’il veut savoir; il y parviendra en compa-
rant la valeur nette que. son arbre serait susceptible
d'acquérir dans un an à la somme représentant :
4° la valeur nette actuelle ; 2° l’intérêt de cette va-
leur pendant un an ; 8° la valeur, à un an, du jeune
plant qui remplacerait l'arbre existant.
Si le premier terme de la comparaison était plus
petit que le second, il faudrait en conclure que tout
délai dans l’exploitation serait PIRE au pro-
priétaire.
-Si les deux termes étaient égaux! le propriétaire
ne trouverait aucun bénéfice à maintenir son arbre
sur pied, mais il n’y perdrait pas. |
Enfin, si le second terme était plus grand que le
premier, l'avantage du retard dans l’abatage de
l'arbre serait évident.
Deuxième hypothèse. — Pour un arbre situé dans
un champ cultivé, le raisonnement qui sert à la dé-
termination de l’exploitabilité ne diffère du précé-
dent que parce qu'ici la situation se complique d’une
circonstance nouvelle : le préjudice causé aux cul-
tures arables, préjudice qui s'agrandit chaque année.
et qui peut se calculer d’après le loyer ou le fer=
mage, le profit net enfin, du fonds dé terre que le
DE L’EXPLOITABILITÉ. ee
développement des branches ou des racines de l’arbre
enlève. successivement à la culture. Ce profit net
doit donc être compris dans les déductions à faire su-
bir au prix de l'arbre afin d'en avoir la valeur nette;
et par conséquent, pour qu'il ne soit pas désavan-
lageux de retarder l'exploitation, il faut que la plus-
value résultant de ce retard soit équivalente, au
moins, à l'intérêt de la valeur nette actuelle, aug-
menté de la valeur d’un jeune plant d’un an et de la
somme exprimant le surcroît de préjudice causé aux
cultures.
On obtiendraït plus rapidement la solution du
problème en assimilant les valeurs nettes d’un arbre
isolé, aux époques successives de sa croissance, à
des rentes périodiques dont on chercherait. ensuite,
par les formules connues, les capitaux. Au capital
le plus grand correspondrait l'exploitabilité la plus
avantageuse. | | 197
par ,
De l'exploitabilité relative à la rente la plus élevée,
dans son application à un massif non aménagé.
Le massif peut être soumis à une longue ou à
une courte révolution ; être destiné à subir des éclair-
cies, avant d'arriver au dernier terme de sa crois-
sance ; ou, si la révolution est très-courte, être
affranchi de ces exploitations intermédiaires.
Ce dernier cas étant le plus simple, c’est celui
100 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dont nous nous occuperons d’abord ; mais l’analogie
est complète entre un massif que l’on n’éclaircit
pas et un arbre isolé, et l’on devine, par suite, que
les éléments à apprécier pour fixer l’âge de leur
exploitabilité respective, doivent être absolument les
mêmes. L'exploitabilité du massif sera donc indi-
quée, comme celle de l'arbre isolé, par l’âge au
delà duquel la plus-value résultant du maintien du
bois sur pied ne serait plus égale à l'intérêt de la
valeur mette actuelle, augmenté de la valeur de la
première feuille ou des feuilles * qui se seraient
accumulées, depuis l'exploitation, dans le repeuple-
ment.
Si la révolution dépasse un certain âge, il con-
viendra d'effectuer des éclaircies périodiques dans le
peuplement, et j'ai dit que les produits matériels
de ces opérations avaient pour effet de rapprocher le
terme de l’exploitabilité absolue, c’est-à-dire du plus
grand accroissement moyen. Ils auront donc aussi sur
l’époque de l’exploitabilité commerciale une influence,
influence qu’on appréciera en ajoutant à la valeur
nette présumée de la coupe principale le prix sur
pied de chacune des éclaircies précédemment effec-
tuées, augmenté de ses intérêts pendant le temps qui
se sera écoulé depuis le moment où il aura été réa-
. lisé jusqu’à celui où l’on cherche s’il serait utile de
procéder à la coupe principale.
Qu'on se soit, par exemple, posé la question de
4. On appelle feuille le recru, la pousse d’une année.
_ DE L'EXPLOITABILITÉ. 101
savoir s'il serait avantageux. de retarder d’une
année la coupe d’un taillis de 30 ans qui aurait
subi une éclaircie 10 ans auparavant : on ajoutera à
la valeur nette S de ce taillis de 30 ans la somme
représentative du prix sur pied de l’éclaircie à 20 ans,
augmenté de ses intérêts pendant 40 ans; puis, on
se demandera si la plus-value que le taillis serait
susceptible d'acquérir, en restant un an de plus sur
pied, équivaudrait au moins à l'intérêt de la valeur S,
augmenté de la valeur de la première feuille.
I n’y a d’embarrassant dans les calculs concer-
nant l’exploitabilité relative à la rente la plus élevée,
quand on est fixé d’ailleurs sur le taux du place-
ment, que la valeur du jeune plant ou du jeune
repeuplement destiné à remplacer l’arbre ou le mas-
sif dont l’exploitabilité est mise en question : mais
en y réfléchissant avec soin, on comprendra qu'elle
ne peut être exprimée exactement que par la somme
qui, s’ajoutant à elle-même, d'année en année, et
croissant à intérêts, serait susceptible de reproduire
la valeur nette de cet arbre ou de ce massif, à l’expi-
ration d’une période égale à son âge actuel.
Varenne de Fenille estime que la perte résultant
de la non-reproduction est égale au quotient de la
valeur du peuplement exploitable par le nombre
d’années de son âge. Cette manière de voir ne serait
logique que si l’on faisait abstraction de l’intérêt des
capitaux ; or, c’est précisément cet intérêt qui est le
point d'appui de l’exploitabilité relative à la rente la
plus élevée ; c'est sur cet intérêt que repose la valeur
102 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
capitale à laquelle on compare le revenu ; il ne sau-
rait être passé sous silence.
Qu'est-ce que la reproduction de la première
année? C’est la première feuille, c’est le premier
revenu annuel du fonds de bois. Que l’on assimile ce
fonds de bois à une somme d'argent placée ou à un
fonds de terre, une accumulation déterminée de ses
revenus se constituera de la même manière qu’une
égale accumulation des intérêts de la somme d'argent
ou des rentes du fonds de terre. Choisissons celles-ci
pour exemple : si le propriétaire les fait fructifier
pendant 14 ans, quelle somme obtiendra-t-il par ces
épargnes successives ? — Pour le savoir, il faut
ajouter à la rente de la 1'° année augmentée de ses
intérêts pendant 14 ans, celle de la 2° année aug-
mentée de ses intérêts pendant 13 ans, celle de la
8° année augmentée de ses intérêts pendant 12 ans,
ainsi que les 12 autres rentes bonifiées de leurs
intérêts pendant le nombre d’années compris entre
leur échéance et le terme de leur placement.
Ce qu’on fait pour le fonds de terre, on doit le
faire. pour le fonds de bois. La perte résultant de la
non-reproduction, perte égale à la valeur de la
première feuille, ne peut donc rigoureusement être
représentée que par l’annuité qui, s’ajoutant succes-
sivement à elle-même et croissant à intérêts, repro-
duirait, dans le laps de temps indiqué par l’âge du
peuplement exploitable, la valeur nette de ce peuple-
ment.
Quant à cette valeur nette, elle s’établira en
DE L’EXPLOITABILITÉ. 103
retranchant du prix de l'arbre sur pied : 4° les frais
accumulés des impôts de toute nature; 2° les frais
accumulés de garde, d'entretien et d'assurance, s’il
y à lieu;-3° les frais de repeuplement dans le cas où
ils ne seraient pas mis en charge sur la vente. Il n'y
a pas à se préoccuper du capital plus ou moins grand
que le propriétaire aurait engagé dans l'acquisition
du terrain; car il ne s’agit pas ici de rechercher si
un propriétaire à fait une spéculation bonne ou mau-
vaise en boisant une partie de sa propriété; il s’agit
seulement de lui indiquer les moyens de tirer le plus
grand profit des bois qu’il possède, en lui montrant
à quel âge il doit les exploiter pour que leur rende-
ment soit, par rapport à leur valeur commerciale,
élevé au maximum. Je dirai, en passant, que si l’on
comprenait dans le calcul les intérêts du capital
engagé, on aurait pour la-valeur nette à l’époque
d’exploitabilité une expression souvent nulle et quel-
quefois négative, et cela s'explique, puisque cette
valeur représente précisément ces intérêts.
Les déductions que j'ai énumérées sont celles
qui constituent les avances obligatoires faites par le
propriétaire, les avances auxquelles l'acquéreur ne
pourrait pas non plus se soustraire, et sans lesquelles
la valeur commerciale de l'immeuble ne saurait être
déterminée.
Il va sans dire que ces déductions ne sont point
applicables aux produits des éclaircies.
Je me suis à dessein servi de ces termes prix sur
pied pour exprimer le rendement des éclaircies, au
104 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
lieu d'employer les mots valeur nette, afin qu’on évite
de retrancher de ce prix les frais d'impôt et de
garde, d'entretien et d’assurance, qui ne doivent
être déduits que de la valeur brute des coupes prin-
cipales, sous peine de donner lieu à un double
emploi.
Il va sans dire aussi que pour les arbres épars
dans les champs cultivés, il n’y a pas à tenir compte
de l'impôt foncier, puisqu'il est compris dans les
déductions opérées afin de fixer le revenu net de la
portion, de plus en plus grande, du terrain que le
développement de ces arbres enlève successivement
à la culture.
On s'attend peut-être maintenant à ce que je
fasse connaître mon avis sur le taux de placement
que l’on doit adopter dans les calculs qu’entraine la
fixation de l’exploitabilité commerciale. Le moment
pour cela n’est point venu, et je prie mes lecteurs
de suspendre leur impatience, s’ils sont assez bons
pour en avoir. Nous sommes aujourd’hui en pleine
théorie; n’y mêlons pas des questions de fait varia-
bles et indépendantes des principes. Le taux des
placements est plus élevé en France qu'en Angleterre;
il l’est moins en France qu’en Russie. La théorie que
je développe s’applique à tous les pays. Je me bor-
__ nerai à faire observer dès à présent, parce que c’est
encore là un principe, que le taux de placement
adopté pour les valeurs qu'on engage dans la pro-
duction forestière, doit l’être également pour celles
qu'on en dégage afin de leur donner une autre des-
PRÈS RUE FN TO RER
eg Ds
DE L'EXPLOITABILITÉ. 4105
tination. Avances faites, produits réalisés, le taux de
placement appliqué à l'accumulation de toutes ces
valeurs ne peut être modifié, si l'on ne ‘veut pas
s'écarter du but qu’on se propose d'atteindre. Le
taux des placements en bois étant de 3 pour 100, si
on allait choisir un Laux plus élevé pour l'accumula-
tion d'intérêts à laquelle on aurait à comparer la
plus-value des bois laissés sur pied, on sortirait des
conditions du problème; l’exploitabilité relative à la
rente la plus élevée serait livrée à toutes les chances
aléatoires de la spéculation et deviendrait indéter-
minable.
$ 4.
De l’exploitabilité relative à la rente la plus élevée,
dans son application à un massif aménagé.
J'ai déjà prouvé que les calculs de l’exploitabilité
correspondante au plus grand accroissement moyen,
soit en matière soit en argent, sont aussi bien appli-
cables aux forêts aménagées qu’à celles qui ne le
sont pas; de sorte que l’exploitabilité absolue, dans ce
dernier cas, ayant été fixée, par exemple, à 120 ans,
on devrait en conclure qu’une forêt aménagée, qui
serait d’ailleurs placée dans des conditions semblables
de végétation, fournirait chaque année le produit le
plus avantageux, si elle était partagée en 120 coupes
de 4 à 120 ans. Ce principe est indépendant de la
nature de l'exploitabilité que l’on envisage, et je
pourrais en conséquence me dispenser de rien ajouter
106 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
à ce que j'ai dit sur la manière de procéder pour
déterminer l’époque de l’exploitabilité relative à la
rente la plus élevée; mais les forêts aménagées se
présentent avec des caractères spéciaux qui per-
mettent, lorsqu'il s’agit d'en obtenir le rapport le
plus élevé entre le revenu net et le capital, de
recourir à des moyens moins compliqués que ceux
dont on se sert pour les bois non aménagés :
Soit une forêt de 100 hectares, peuplée d’une
essence susceptible de rester sur pied, sans dépérir,
jusqu’à 100 ans; on demande à quelle révolution il
est nécessaire de l’assujettir, c’est-à-dire en combien
de coupes il faut la pariager: pour en retirer la plus
grande rente ?
Si les bois n'avaient une valeur commerciale qu’à
partir de l’âge de 15, cette forêt pourrait être sou-
mise à 86 révolutions différentes. Choisissons parmi
ces révolutions celles de 100 ans, de 75 ans, de
50 ans et de 15 ans, et cherchons quelle serait la
plus avantageuse. |
Avec la révolution de 100 ans, le revenu annuel
se composera du produit de la coupe âgée de 100 ans
et de celui des éclaircies et nettoiements dans les
99 autres coupes.
_ Avec la révolution de 75 ans, le revenu annuel
se composera du produit de la coupe âgée de 75 ans
et de celui des éclaircies et nettoiements dans les
74 autres coupes,
Avec la révolution de 50 ans, le revenu annuel
se composera du produit de la coupe âgée de 50 ans
PRIRENT RME MASSE
à Et D
DE L'EXPLOITABILITE. 107
et de celui des éclaircies dans les 49 autres coupes.
Avec la révolution de 45 ans, le revenu annuel
se composera du produit de la coupe âgée de 45 ans
et de celui des éclaircies et nettoiements dans les
Ah autres coupes.
Ces produits mis de côté, il restera dans chacun
des aménagements prévus un matériel sur pied plus
ou moins considérable suivant l’âge de la révolution,
mais indispensable pour assurer la continuité du reve-
nu annuel, la succession non interrompue des coupes.
Chaque aménagement comporte un certain rapport
entre le revenu net annuel et la valeur dudit matériel
sur pied. C’est ce rapport qu'il faut établir d'abord,
et, cela fait, l’époque de l’exploitabilité la plus
avantageuse se manifestera d’une manière évi-
dente.
Un premier point à noter, c'est que, dans l’amé-
nagement à 45 ans, la valeur réalisable du matériel
sur pied, nécessaire pour assurer la perpétuité de la
production, est nulle, puisque ce matériel comprend
les 44 coupes de 4 à 414 ans, inclusivement, dont le
peuplement n’a aucun prix vénal. La coupe à exploi-
ter, la coupe âgée de 15 ans, a seule de la valeur,
_ les éclaircies n’en ont pas. Avec cet aménagement,
le rapport entre le revenu net et la valeur du matériel
sur pied, permanent, est aussi grand que possible,
puisqu'il est infini ; l’âge de 45 ans est donc une limite
inférieure au-dessous de laquelle on ne saurait des-
cendre dans la fixation de la révolution, sous peine
de renoncer à tout profit. La valeur commerciale de
108 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
la forêt aménagée à 15 ans repose exclusivement sur
le revenu; elle est égale à-la capitalisation de ce
revenu au taux des placements ; le revenu dispa-
raîtrait, si l’on diminuait la révolution d’une quantité
quelconque, et avec lui s’anéantirait la valeur capi-
tale.
Une seconde remarque à faire, c'est que si, à
partir de la révolution de 15 ans, on suit la marche
progressive, d’un côté, du capital obtenu en multi-
pliant le revenu net par le denier des placements, et,
d'un autre côté, de la valeur du matériel sur pied
que j'appellerai le capital superficiel ou réel, celui-ci,
qui est nul dans l’aménagement à 15 ans, s’augmente
ensuite dans une proportion plus grande que l’autre,
de sorte que, après lui être resté inférieur pendant
quelque temps, il devient son égal et le dépasse enfin
de plus en plus. Cela se conçoit : le premier capital,
que je distinguerai désormais par le mot nominal,
est dans un rapport constant avec le revenu; or, le
revenu ne s'accroît point, au fur et à mesure qu'on
élève l’âge de la révolution, dans une aussi grande
proportion que le capital superficiel, que le capital
réel. |
Nous ne nous éloignerons pas beaucoup de la
possibilité des choses en supposant que, pour l’amé-
nagement à 100 ans, le rapport du revenu au capital
superficiel, au capital réel, sera de 1 1/2 pour 400;
pour celui à 75 ans, de 2 pour 400; pour celui
à 50, de 3 pour 100... ; mais alors, et si l’on admet
que à pour 100 soit le taux des placements en biens-
EE des ed ne
L
DE L’'EXPLOITABILITÉ. _ 4109
fonds boisés, il est clair que l’âge de 50 ans est une
limite supérieure que l’on ne pourrait dépasser dans
le choix de la révolution, sans se condamner à une
perte d’autant plus forte que la révolution serait plus
longue.
45 et 50 ans, voilà donc les âges entre les-
quels doit se renfermer la révolution pour satisfaire
au but que- l’on poursuit ! Si l’on veut maintenant
préciser le terme intermédiaire auquel il convient de
la fixer, on poussera à leur dernière conséquence les
considérations sur lesquelles on s’est appuyé pour
réduire la révolution de 400 à 75 ans d’abord; puis
de 75 à 50 ans. Ces réductions successives pouvaient
avoir il est vrai pour résultat de diminuer le revenu
net de la forêt; mais elles étaient justifiées surabon-
damment par l'intérêt seul de la portion de la super-
ficie dont elles permettaient la réalisation. On se disait :
Puisque l'intérêt de cette portion, réalisée et placée
dans les conditions désirables de solidité, sera plus
grand que le revenu qu’elle me fournit sous la forme
où elle est, il n’y a pas à hésiter, changeons cette
forme. C'était là un raisonnement très-rationnel,
d’une justesse incontestable, et qui peut se traduire
ainsi : Il y a avantage à diminuer la révolution, lors-
que l’amoindrissement du capital superficiel, réel, qui
enestle résultat, doit êtreaccompagné d’un amoindris-
sement proportionnellement moins fort du revenu net,
ou, ce qui revient au même, du capital nominal, du
capital obtenu par la capitalisation de ce revenu au.
taux des placements. Il ne pouvait y avoir doute
110 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
à ce sujet pour les révolutions supérieures à celle
de 50 ans. Pour celles qui lui seraient inférieures,
l'évidence n’existe plus au même degré; mais il sera
facile de la dégager si nous supposons qu’on soit fixé
sur le capital superficiel, le capital réel, et le revenu
net correspondant que comporte l'aménagement à
un âge quelconque. En effet, pour reconnaître s’il y a
ou non opportunité à adopter une révolution plus
petite que celle de 50 ans, il suffira d’ajouter à l’in-
térêt de la somme que l’on réaliserait en raccourcis-
sant la révolution, le revenu net que la forêt fourni-
rait encore après ce racc ourcissement, et de comparer
‘le total au revenu net actuel dé la forêt.
Si l’âge de 50 ans était, par impossible, supé-
rieur à celui correspondant au plus grand revenu
forestier moyen, la diminution de la révolution, tout
eu amoindrissant le capital superficiel, aurait pour
effet d'augmenter le revenu forestier ; et, dans ce cas,
cette diminution serait très-avantageuse, puisque à
l'accroissement du revenu forestier s’ajoutérait l’inté-
rêt du prix de la portion du capital supérficiel, du
capital réel, que l’on aurait réalisée.
Sile même âge de 50 ans était inférieur à celui
correspondant au plus grand revenu forestier moyen,
la diminution de l’âge de la révolution entraînerait
celle du revenu forestier ; mais il se pourrait que la
différence, entre le revenu qu’on aurait retiré jus-
qu’alors et celui qu’on retirerait désormais, fût plus
que couverte par l'intérêt de la portion réalisée du
capital superficiel; l'avantage d’une révolution plus
DE ir
DE L'EXPLOITABILITÉ. 14
courte, pour être moins grand que dans le step
cas, n’en serait pas moins certain.
Enfin, si cette différence précitée n'était pas com-
pensée par l'intérêt de la portion réalisée du capital
superficiel, ce serait une preuve que l’on ne pourrait
pas baisser, sans préjudice, l’âge de l'aménagement.
En résumé, il y a, dans le raccourcissement de la
révolution et dans l'amoindrissement du capital super-
ficiel, du capital réel qui en résulte, un point auquel
on doit s'arrêter, quand on recherche l'exploitabilité
relative à la rente la plus élevée, et ce point est indi-
qué par le moment où tout amoindrissement nouveau
entratnerait une diminution proportionnellement. plus
forte du revenu net, et par conséquent du capital no-
minal.
L’exploitabilité relative au rapport le plus grand
entre le revenu et le capital, est soumise à certaines
lois dont plusieurs méritent d’être partunhment
D EE
r
$ LS
Lois auxquelles est soumise l’exploitabilité relative à la rente
x la plus élevée.
1° L'exploitabilité relative à la rente la plus
élevée se réalise presque toujours avant celle qui cor-
respond au plus grand accroissement moyen; elle est
plus rapprochée pour les arbres épars dans les champs
cultivés, que pour ceux qui sont situés dans les terres
L 4
112 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
inculles, el moins rapprochée pour les massifs qui ne
sont pas assujettis à des éclaircies périodiques, que
pour ceux qui le sont.
2° Elle se fait d'autant moins attendre que les
essences sont de moins bonne qualité, et moins suscep-
tibles d'acquérir de l'utilité et de la valeur en vieillissant.
3° Enfin, et c’est le point le plus remarquable,
elle est d'autant plus près de coincider avec celle du
plus grand revenu moyen, que l'intérét de l'argent est
moindre; de sorte que cet intérét étant nul, les deux
exæploitabilités se présenteraient à la méme époque.
Consacrons quelques instants au développement
de ces propositions ; car nous aurons à en tirer des
conséquences pratiques intéressantes.
1° L’exploitabilité relative à la rente la plus
élevée se réalise presque toujours avant celle qui
correspond au plus grand accroissement moyen.
Cela provient de ce que la plus-value d’un bois,
résultant de l'augmentation annuelle de la matière
ligneuse, dans un temps donné, est ordinairement
moindre que la somme que procureraient, dans le
même temps, les intérêts d’un capital équivalent à la
valeur nette de ce bois. C’est dans la phase descen-
dante des accroissements annuels que se rencontre
- l'époque du plus grand accroissement moyen; or,
quand on assimile un bois à une somme d'argent
placée, et qu’on veut en obtenir le plus grand profit,
on ne peut, sauf de très-rares exceptions, sous peine
de manquer son but, prolonger la révolution au delà
du terme qui marque l'apogée de la végétation. En
4
J
DE L'EXPLOITABILITÉ. 113
effet, lorsque les bois ont dépassé cet apogée, le prix
du-mètre cube ne s'élève plus; la valeur de leur
accroissement annuel diminue donc constamment, à
partir de cette époque, avec l'accroissement lui-même,
et ne saurait suppléer à l'intérêt toujours croissant du
produit-enargentqu'onaurait réalisé par l'exploitation.
- On se convaincra également, sans peine, que l’ex-
ploitabilité relative à la rente la plus élevée, est plus
rapprochée pour les arbres épars dans les champs cul-
tivés, que pour ceux qui sont situés dans des terrains
vagues, si onse rappelle que pour qu'il y ait avan-
tage: à retarder la coupe dans ce dernier cas, il suffit
que la plus-value présumée de l'accroissement soit
plus.grande que l'intérêt de la valeur de l'arbre, pen-
dant un. an, augmenté du prix de la feuille ; tandis
que dans le premier cas, à ces éléments il faut en
ajouter un autre qui augmente chaque année, et qui
consiste dans le préjudice causé à la culture arable
par.-le développement, soit des branches, soit des
racines de l'arbre. L’accroissement de cet arbre étant
supposé le même dans les deux cas, il est-évident
qu'il atteindra plus tôt dans le premier que dans le
second, la limite au delà de quelle il cesserait d’être
fémunérateur.
- C’est sans doute à cette raison que tient la défa-
veur dont les plantations, dans les champs cultivés,
sont l’objet de la part de nos agronomes les plus
renommés, MM. Dombasle, Gasparin, etc. :.
4. On applique souvent aux forêts jardinées dont ou veut régler
8
’
114 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Enfin, l’eæploitabihté relative à la rente la plus
élevée, est plus tardive pour les massifs éclaircis pério-
diquement, que pour ceux qui ne le sont pas. Cela
s'explique par les produits intermédiaires que four-
nissent les premiers; produits qui, en augmentant
tout à la fois le revenu net et le capital obtenu par la
capitalisation de ce revenu au taux des placements,
tendent à reculer l’époque où ce capital devient
moindre que le capital superficiel.
2 L'exploiabitité relative à la rente la pie élevée
est d'autant plus rapprochée, que les essences sont de
moins bonne qualité et moins susceptibles d'acquérir
de l’utilité et de la valeur en vieillissant.
Ainsi, pour des bois blancs qui ne seraient
propres qu'au chauffage , l'époque de la coupe
devrait être plus avancée que pour des bois durs qui,
propres au chauffage seulement, dans les pre-
mières années de leur existence, ne tardent pas: à
acquérir des qualités précieuses qu’on recherche
pour une foule d'ouvrages, et qu’on paye en consé-
quence.
Si l’on veut saisir la vérité de cette proposition,
l’exploitabilité, le procédé des expériences individuelles, c'est-à-
dire qu’on fait entrer les arbres dont elles se composent dans la
catégorie des arbres isolés. Ce procédé n’est pas, à beaucoup près,
aussi exact que celui qui consisterait à évaluer le revenu moyen
annuel et à le comparer au capital superficiel. Dans tous les cas,
si on y a recours, il ne faut pas oublier de tenir compte du dom-
mage causé aux sujets environnants par l'arbre d'expérience; ce
faisant, on reconnaîtra, comme la culture l'enseigne d’ailleurs,
que la méthode jardinatoire est de toutes la moins productive,
ie ne emo
FR D 1
=.
DE L'EXPLOITABILITÉ. u5
il est encore nécessaire de se rappeler qu'il est
avantageux seulement de retarder l'exploitation,
quand l’on est autorisé à espérer que l'intérêt du
produit réalisable, joint à la valeur de la première
feuille, trouvera une compensation ‘suffisante dans la
plus-value résultant de l’accroissement.
Négligeons, pour simplifier la question, la valeur
de la première feuille, qui ne saurait exercer une
influence importante sur la solution du problème, et
dont labsence est même de nature à corroborer
notre démonstration. Ne mettons dans la balance que
l'intérêt du produit réalisable, d’une part, et; de
l’autre, la plus-value résultant de l'accroissement.
Supposons enfin que le prix du bois reste s rs
quel que soit l’âge.
-N'est-il pas vrai qu'en suivant un arbre ou un
massif dans ses développements annuels successifs,
on observe que le sacrifice de l'intérêt auquel on se
soumet, en retardant l'exploitation, est proportionnel
à la somme des accroissements antérieurs ; tandis
que la plus-value résultant de l'accroissement, au
contraire, n'est jamais fonction que d’une année?
” Progressive d’abord, elle devient ensuite station-
naire, puis de plus en plus petite. En présence d’un
préjudice, d’une perte, qui s’augmente en quelque
sorte dans une progression géométrique, se trouve
donc un avantage variable dans'des limites nécessai-
rement étroites. Admettons, au reste, un instant,
que l'accroissement annuel soit constant et repré-
senté par 4, hypothèse d’autant plus acceptable que
116 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
l'erreur qu’elle renferme affecte également les deux
termes de notre comparaison. L'arbre ou le massif
qui vaudra À à À an, 2 à 2 ans, vaudra 400 à
100 ans; la plus-value annuelle sera toujours égale
à l'unité, tandis que l'intérêt du produit réalisable,
sera pour le massif de 400 ans, cent fois plus fort
que pour celui de 4 an.
Mais si nous supposons actuellement que le: prix
du mètre cube grandit avec l’âge, il est incontestable
que l’écart éntre les deux facteurs de la comparaison
en sera atténué. Pour que cet écart disparût complé-
tement, il faudrait que le prix du mètre cube grandit
dans une progression semblable à celle que suivrait
l'intérêt des valeurs successivement accumulées, ‘ou,
en d’autres termes, que le prix du mètre cube à
100 ans fût cent fois plus élevé que celui du mètre
cube à 4 an.
En fait, la progression que suit le prix dé bois
selon leur âge et leurs dimensions, est fort éloi-
gnée de celle qui aboutirait au résultat jee procure
l'accumulation des intérêts. |
Ce que je viens de dire peut encore, et en deux
mots, se démontrer de la manière suivante : s
Au lieu de considérer l'accroissement annuel,
abstraction faite des accroissements précédents repré-
sentés par le bois sur pied, considérons-le dans son
rapport avec ces accroissements.
Soit V le volume de l'arbre, a son accroissement-annuel,
nson âge. Pour connaître le rapport à tant pour 100, on posera
| croissante : à 100 ans l'intérêt de V serait per :
DE L'EXPLOITABILITÉ. 117
SpA j
y > Mais a (nous supposons l'ac-
100 M5 100
Vn in.
de sorte que lorsque n sera > 100, le rapport sera < 1; or,
le prix du bois ne changeant pas avec l’âge, l'intérêt qu’on
obtiendrait de la réalisation du prix de l'arbre suivrait une
progression semblable, mais en sens inverse, c’est-à-dire
\g a: 100 Lit=
V
croissement annuel constant) =-; 7; onadonc Tr
1
Donc, l'équilibre entre la plus-value de l'arbre
laissé sur pied et les intérêts qu'on retirerait de sa
valeur, ne pourrait être établi, que si l'augmentation
du prix de cet arbre était suffisante, pour racheter la
diminution du rapport de l'accroissement annuel à la
somme des accroissements antérieurs :
L'échelle des prix, telle qu’elle est aujourd’ hui
fixée par les transactions commerciales, ne saurait
réaliser la compensation désirable ; mais comme elle
exerce néanmoins une très-grande influence sur la
fixation de l’exploitabilité commerciale, on commet-
trait de graves erreurs, si on ne la consultait pas
“ avec soin. La plus-value résultant des qualités plus
précieuses qu’acquiert le bois en vieillissant, n’est pas
uniforme dans sa progression ; elle éprouve dés temps
d'arrêt plus ou moins prolongés suivant les essences
et les convenances industrielles ou commerciales ;
puis, elle augmente brusquement. C’est une circon-
stance à laquelle il importe de faire beaucoup d'at-
tention, Si les calculs relatifs à la recherche de l’âge
118 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
d’exploitabilité s’appliquaient par exemple à un de
ces temps d’arrêt, ils pourraient conduire souvent à
bâter l'exploitation; tandis qu'en prenant en considé-
ration l’époque plus ou moins prochaine où le bois
serait devenu propre à une destination supérieure,
on aurait peut-être trouvé dans les avantages de
cette destination, une compensation plus que suff-
sante pour la perte résultant du retard de l’exploi-
tation.
Citons un exemple : Les sapins qui ont moins de
0*",16 de diamètre au gros bout, ne sont guère
propres qu'au chauffage, et s'ils ne devaient pas,
en grossissant, acquérir, toutes proportions gardées,
un plus grand prix, il est présumable qu’on ne les
laisserait pas dépasser cette dimension; mais au-
dessus de 0,16 et jusqu'à 0",22 de diamètre, ils
prennent la qualité de chevrons, trouvent ainsi leur
emploi dans les constructions, et empruntent à cette
destination une valeur relativement plus élevée; plus
"tard, quand ils dépassent 0",22, ils deviennent
propres à faire des pannes simples, c’est-à-dire, des
pièces plus recherchées, plus utiles que les premières
et par conséquent, à volume égal, plus chères; ils ”
demeurent dans cétté catégorie jusqu’à ce que leur
diamètre atteigne 0",32. De 0",32 jasqu'à 0",36,
ils sont comptés comme pannes doubles, c’est-à-dire,
comme bois de grosse charpente, maïs ils n'ont pas
encore atteint l'apogée de leur prix. Au-dessus de
0",36, ils servent au sciage, et c'est alors seulement
que leur maximum de valeur et d'utilité est obtenu.
PER RRIE RETIRE
fi
DE L’EXPLOITABILITÉ. 119
Or, pour les conduire jusque-là, il est nécessaire de
lés laisser sur pied jusqu'à 80 ans environ. C'est ce
que font les propriétaires des Vosges ; ils trouvent
dans l'augmentation du prix du bois, suivant les
dimensions, un dédommagement, sinon une compen-
sation, à la diminution du rapport entre le revenu
annuel et le capital engagé. i
Je répéterai encore que tout ce que j'ai à dire
sur l’exploitabilité forestière, est applicable aussi bien
aux bois aménagés qu’à ceux qui ne le sont pas, et,
lorsque je néglige de choisir mes preuves dans les: |
deux catégories, c’est que la démonstration ne me
paraît pas en avoir besoin. Mes observations rela-
tives à l'échelle des prix me paraissent, cependant,
tellement importantes, qu’au risque d'être accusé de
rebattre toujours la même question et d'entrer dans
des développements superflus; jen vérifierai ‘la j s jus-
tesse dans une forêt aménagée
Soit une forêt régulière exploitable dans une révo-
ution ‘de 25 ans: la. coupe: de 25 ans formera le
revenu; le peuplement des 2h autres coupes consti-
tuéra le capital superficiel. Si nous supposons que le
bois ne soit, jusqu’à 25 ans,.bon que pour le chauf-
fage, mais qu'à 26 ans, il devienne propre à une.
destination supérieure, qu’en devra-t-on conclure?
— On en devra conclure que, selon toute probabilité,
il-serait avantageux d'augmenter d’un an l’âge de la
révolution et de partager la forêt en 26 coupes au
heu de 25. Je dis, selon toute probabilité, car cette
destination supérieure, qui ferait attribuer au bois
»;
+
120 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
un prix plus élevé, n’affecterait nullement le capital
superficiel, lequel resterait toujours propre au chauf-
fage seulement, et elle porterait tout entière sur le
revenu net annuel; d'où il résulterait que le rap-
port de ce revenu au capital superficiel serait aug-
menté.
3 L'exploitabilité relative à la rente la plis éle-
vée, est d'autant plus près de coïincider avec l’époque
.du plus grand revenu moyen, que l’intérét des place-
ments en argent est moindre. |
. C'est une proposition que les emilie précé:
dentes ont rendue évidente ; cependant, si quelques-
uns de mes lecteurs n'étaient pas de cet avis, je les
prierais de me prêter un moment d'attention.
On se souvient que l’exploitabilité qui procure
le plus grand revenu moyen, est indiquée par l’année
où l'accroissement annuel devient égal, en valeur, à
l'accroissement moyen. On n’a pas ‘oublié non plus
que, pour fixer l’âge qui correspond à l’exploitabi-
lité commerciale, il faut rechercher l’année à l’expi-"
ration de laquelle la plus-value, résultant de l’ac-
croissement, serait équivalente à d’intérét : des
accroissements antérieurs, augmenté.de la valeur de
la première feuille, c’est-à-dire de la somme qui,
s'ajoutant à elle-même d'année en année, et:crois-
sant à intéréts, serait susceptible de reproduire, dans
le même temps, la valeur nette de ces accroissements.
Il y a là une équation dont le premier membre ne
présente qu’un terme : la plus-value résultant de
l'accroissement ; dont le second membre se compose
SRE
ÿ : RES
ol DE L'EXPLOITABILITÉ. 121
de deux termes : l'intérét des accroissements anté-
rieurs et la première feuille. Si l'intérêt de l'argent
était nul, le premier membre ne changerait pas;
dans le second, le premier terme (intérêt des accrois-
sements) disparaîtrait, et il ne resterait que la pre-
mière feuille; mais, cette première feuille qui ne
pourrait plus s’accroître à intérét, deviendrait tout
simplement égale à la somme qui, s’ajoutant à elle-
même, d'année en année, pendant la révolution, -
représenterait à la fin de cette révolution la valeur
nette du bois exploitable. ; RE"
La révolution étant exprimée par n, et | la valeur |
nette, 8 Rois exploitable par P, la feuille serait
égale Ces , c’est-à-dire ‘au revenu moyen. L'exploi-
tabilité FERA serait, en conséquence ; indi+
quée par l’âge où la plus-value résultant de l’accrois-
sement, plus-value qui n est autre.chose que la
… valeur de l'accroissement annuel, deviendrait égale *
* au revenu moyen. .. , .
On voit clairement, par Jà, que l'intérêt de l’ar-
gent étant réduit à 0, l’exploitabilité commerciale se
confond avec eelle qui correspond au plus grand
revenu moyen absolu.
La démonstration algébrique de ce théorème est
d’ailleurs bien simple, et je vais la donner, quoique
ces sortes de preuves soient loin de jouir aujourd’hui
d’une grande faveur.
Appelons :
#
129 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
n, l’âge du bois dont on se demande s’il est bon de retarder
l'exploitation : 7
_ a, la valeur de l'accroissement à # n + 1° année;
À, la valeur des accroissements antérieurs ;
+, la première feuille;
r, l'intérêt de la somme qu’on réaliserait en exploitant
actuellement. . af
Pour qu’il ne soit pas avantageux de retarder
l'exploitation, il faut que l’on ait :
(jr=Aa+ 9.
Cherchons la valeur de ®.
Cette valeur est celle qui, s’ajoutant à elle-même
d'année en année, et croissant à intérêts, reprodui-
rait,. à l’expiration de ces n années, Ja valeur À :
nous avons donc (avec les intérêts composés):
R— | 2 $ 4 KE 14 n—
tt =e(1+r) ; #4 se TA +.r)
+ (1 + n (1 +r) 41] u
* ; 7 » 7 sir #
d'où 9 = a - 2
LS 1 Aie À
Mn +UFN HUF +4
Rémpläçant ® par sa valeur dans l'équation (4),
nous aVONS :
EP dr sà
En ++) CHU ENEL
Sans pousser plus loin la réduction, on voit que si r=0,
_ Ar disparaît, et le dénominateur du 2° terme du second
DE L'EXPLOITABILITÉ. 123
membre de l'équation devient égal à n, c’est-à-dire à autant
sn l'unité qu'il y a d'années dans l’âge du bois,
ne de. pi
= C'est, par conséquent, lorsque la valeur de l’ac-
croissement annuel est égale au revenu moyen des
années antérieures, que l’exploitabilité commerciale
se réalise, l'intérêt étant nul; mais le revenu moyen
est maximum, quand il est égal au revenu annuel:
donc, etc., ete.
ÿ - + calenis se faisaient aux. intérêts simples, on arri-
FE au même résultat; car + deviendrait alors égal à
À
, HN 1) r HA HE) Es V+r+!
{Et l'on a :
À
#0 Lim DE PR mr Tr
‘équation qui se transforme encore, quand r = 0, en celle-ci :
a=—. 4
Les forêts aménagées offrent mieux que les autres,
les moyens de vérifier l'influence de l’abaissement de
l'intérêt sur la fixation du terme de l’'exploitabilité
relative à la rente la plus élevée. La seule circon-
stance qui soit de nature à engager les propriétaires
à raccourcir la durée de la révolution, consiste, en
effet; dans la possibilité de placer avantageusement,
. à intérêt, la somme qu'ils réaliseraient en diminuant
12 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
le capital superficiel; mais si cette possibilité leur
était enlevée, ils ne se laisseraient évidemment guider
dans la recherche de l’exploitabilité, que par le désir
de retirer de leurs propriétés le revenu moyen absolu
le plus considérable. J'ai montré, d’un autre côté, que
c’est surtout à la supériorité que le capital superficiel,
le capital réel, présente souvent sur le capital'obtenu
en multipliant le revenu par le denier du placement,
que l’on juge de l’opportunité et des avantages du
raccourcissement de la révolution; or cette supério-
rité ne se présenterait jamais si l’intérêt de l'argent
était infiniment petit, puisque alors les valeurs capi-
tales deviendraient infiniment grandes,
La première partie de mon travail est terminée.
Nous allons quitter le domaine de l'absolu, de la
théorie pure, de l’abstraction, pour entrer dans celui
de la vérité relative, de la pratique, de la possibilité
des choses. On doit prévoir que, dans cette nouvelle
voie, nous serons obligés de nous écarter plus ou
moins de la ligne de conduite que nous aurions à
suivre pour obéir rigoureusement aux principes qui
ont été développés. L'essentiel est que nous ne les
perdions jamais de vue : ces principes, je l'espère,
n’en resteront pas moins recommandables. : Que
dirait-on d’un voyageur qui, surpris par l’obscurité,
s’aviserait de mépriser la lumière lointaine qui lui
indique le.but à atteindre, parce que les accidents du
terrain l’'empêcheraient de prendre, pour y arriver,
la route la plus directe ? — On douterait de son bon
sens. Semblables à ce voyageur seraient ceux quime
DE L'EXPLOITABILITÉ. 125
reprocheraient le temps que j'ai consacré à la dé-
monstration de certaines lois, dont les prescriptions
ne pourraient être intégralement et rigoureusement
appliquées. :
4 Parmi les circonstances qui nous forceront de
modifier dans l’application les règles que nous avons
__ posées, les plus importantes, peut-être, sont celles qui
résident dans les conditions d'existence de l'homme,
et particulièrement dans la courte durée de cette
existence. Il en résulte que l'application d’un prin-
cipe, d’une loi, d’une règle de conduite, bonne pour
un temps donné, ne l’est plus quand on le dépasse.
__ Les:mœurs, la législation, la constitution de la pro-
_ , priété, exercent à cet égard une grande influence :
elles peuvent plus ou moins reculer l’époque au delà
de laquelle les appréciations humaines cessent de
présenter un caractère suffisant. de probabilité, et
tombent dans le domaine des futurs contingents.
Je me borne aujourd’hui à indiquer cette idée, à
laquelle j'aurai souvent occasion de revenir.
%
. CHAPITRE DEUXIEME.
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS SES RAPPORTS
AVEC LES EXIGENCES
DE LA VÉGÉTATION ET DE LA CULTURE. F
#
Nous avons raisonné, jusqu'ici, sur l’exploitabi-
lité, comme si rien ne s’opposait à ce qu'elle pût
être fixée à l’une quelconque des années comprises
dans la durée de la vie végétale.
Cette hypothèse n'était pas vraie. .
Il y à dans la nature, des choses, des exigences,
qui sont indépendantes de la volonté de l’homme, et
qui renferment le choix de l’âge d’exploitabilité dans
des limites plus étroites.
L'un des principaux buts que l’on poursuit en
sylviculture est, personne ne l’ignore, la régénéra-
tion naturelle.
Toute méthode d'exploitation des forêts, disent
les auteur du Cours de Culiure des Bois, doit satis-
faire aux deux conditions fondamentales suivantes :
1° Régler la quotité des Coupes annuelles de
manière à procurer un rapport soutenu.
2 Assurer, par ces coupes mêmes, la régénération
naturelle. ‘
Or, les bois ne se régénèrent naturellement que
|
à
à
:
DE L'EXPLOITABILITÉ. 127
par les semences ou par les souches * ; ils ne portent
de semences fertiles qu'à un certain âge, qui varie
selon les espèces, mais qui est au moins de cinquante
à soixante ans; ils cessent de repousser par les
souches à un âge également variable, mais qui ne
dépasse guère quarante ans; enfin, il y en a qui se
refusent absolument à ce dernier mode de reproduc-
tion.
De là on est amené à conclure, qu'avant de fixer
l’âge d’exploitabilité d’un massif, la première chose à
faire est de choisir le mode d'exploitation applicable
à ce massif.
ARTICLE PREMIER.
CHOIX DU MODE D'EXPLOITATION.
Ce choix ne saurait être douteux pour les essences
qui sont privées de la propriété de repousser par la
souche. Il est évident que le mode de la futaie est le
seul qui leur soit applicable; mais les bois feuillus
jouissent tous, à un degré plus ou moins grand, de
la faculté de produire des rejets quand on les a
çcoupés-par le pied; ils peuvent par conséquent: être
exploités soit en taillis, soit en futaie; et suivant
qu'ils seront exploités d’après l’un ou l’autre mode,
leur exploitabilité devra être ou très-avancée ou très-
_ reculée.
4. Je ne tiendrai pas compte des drageons et des marcottes
qui ne sont que des exceptions.
128 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Les considérations d’après lesquelles on se guide,
dans le choix du mode d’exploitation, sont comme
toujours, en économie forestière, de deux sortes :
culturales et économiques. :
Je vais comparer, à ces deux élite à de vue, le
taillis simple à la futaie, et je m° ovuuperai ensuite du
taillis composé. j |
N Acer,
Du taillis simple et de la futaie au point de vue cultural.
M. Parade a parfaitement démontré, dans son
examen comparé des trois principales méthodes d’ex-
ploitation, les inconvénients du taillis et les avantages
de la futaie. Je ne veux pas refaire cet examen. Je
me bornerai à mettre en relief les principales consé-
quences qui en découlent, et à les accompagner de
quelques réflexions.
Ces conséquences se résument dans les quatre
propositions suivantes :
1° La méthode de la futaie a pour résultat d’ aitéz
liorer le sol; celle du taillis tend à le détériorer.
2° La méthode de la futaie permet de garantir la
végétation contre les intempéries du climat: celle du
laillis la livre sans défense à ces intempéries.
3° La méthode de la futaie est beaucoup plus Faye
rable à la régénération que celle du taillis. ;
h° La méthode de la futaie favorise la croissance
des sujets qui composent un massif; celle du taillis
l’entrave. rt A
SE ut SAS OPEN
# FRE
-
DE L'EXPLOITABILITÉ. 129
4° Influence du mode d'exploitation sur le sol. «
Le sol, pour la culture des bois, emprunte sur-
tout ses éléments de fertilité à l’humus. 1] peut à la ri-
gueur se passer d’humus, quand il est constitué physi-
quement d’une facon particulièrement avantageuse.
Il n’en a jamais trop et il devient stérile quand, à la
mauvaise qualité de ses composants minéralogiques,
il joint l'absence complète de substances organiques.
Mais l'humus ne se forme, on le sait, que sous
l'influence de l'humidité, de la chaleur et d'un air
calme. Cette influence est grande et prolongée dans
les futaies ; elle est faible et courte, au contraire,
dans les taillis dont le sol est, à des périodes rappro-
chées, exposé à l'action desséchante du soleil et des
vents. |
Avec le temps, le sol s'enrichit donc de plus en
plus dans le premier cas; avec le temps, il s’appau-
vrit donc de plus en plus dans le second.
Je crois que cet appauvrissement n "est plus con-
testé aujourd'hui par personne; 1l devient plus ou
moins grave suivant le climat, la situation, et la nature
de la base minéralogique.
Si le climat est humide, les inconvénients du
taillis seront moindres quant à la fertilité du sol, que .
s’il est sec; si le terrain est en plaine, moindres que
s’il est en pente; s’il est en pente septentrionale,
moindres que s’il est en pente méridionale; s’il est
imperméable, moindres que s’il ne l’est pas ‘.
4. On pourrait fournir de nombreuses preuves à l'appui de
9
130 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS..
ù
+ 2° Influence du mode d'exploitation sur l'action
des intempéries.
La possibilité de défendre les bois contre les
intempéries dépend, jusqu'à un certain point, de la
durée de la révolution, en ce sens que plus cette der-
nière est longue, plus puissante est la barrière opposée
par l’application des règles d’assiette, soit aux vents,
ces propositions, si cela était nécessaire. C’est le mode d’exploi-
tation en taillis qui a amené en France la dégradation d’une
grande partie du sol forestier, dégradation à laquelle on ne peut
obvier aujourd'hui qu’en cultivant des pins sylvestres dans des.
terrains où le chêne prospérait autrefois. C’est ce mode qui a
dépeuplé la forêt d'Orléans, celle de Fontainebleau, celle de
Saint-Germain, celle de Compiègne ; forêts dont le sol sablonneux
aurait eu besoin d’un couvert épais et constant. Je cite ces forêts.
parce que tout le monde les connaît au moins de nom, qu'elles
sont à la porte de la capitale, et qu'il est facile d’aller y vérifier
l'exactitude de mes assertions. J'ai d’ailleurs mes cartons remplis
de notes qui ont été recueillies dans d’autres forêts, et qui con-
statent les mêmes faits; mais je ne crois pas que la ruineuse
influence du taillis sur le sol soit nulle part aussi évidente, aussi
- palpable, que dans une forêt des environs de Clermont (Oise), la
forêt de Hez. Cette forêt appartient, par portions à peu près:
égales, à l'État et à la famille d'Orléans. La portion de l'État se
compose d’une très-belle futaie de hêtres et de chênes; la portion
de la famille d'Orléans se compose, au contraire, d’un taillis dont
la consistance et la végétation sont souvent plus que médiocres.
Les deux portions sont pourtant enchevêtrées l’une dans l’autre,
et leur sol, identique quant aux éléments minéralogiques, est
formé d’une mince couche de sable reposant sur un banc impé-
nétrable aux racines; partout, à côté de la croissance rapide dela
futaie qui annonce un sol fertile, on est frappé de la croissance
languissante du taillis qui accuse un sol appauvri, et tandis que
- la futaie ne renferme que des bois durs, le taillis est déjà rempli
de bois blancs et de morts-bois.
DE L'EXPLOITABILITÉ. 131
soit aux autres météores. Les futaies, par la hauteur
et la consistance des massifs qu’elles renferment,
“offrent pour les parties d’une forêt qui ont besoin
d’être abritées, une pre en autrement efficace
que les taillis.
Les procédés d'éxploitation que comportent les
futaies permettent, en outre, de ne livrer le jeune
repeuplement aux influences de l'atmosphère, que
lorsqu'il est assez robuste pour les supporter; tandis
que, dans les taillis, rien ne garantit le recru contre
les effets de la sécheresse ou de la gelée.
Depuis leur naissance jusqu'au terme fixé pour
leur abatage, les massifs traités en futaie sont main-
tenus dans un état serré et peuvent, par l’appui
mutuel que se prêtent les brins dont ils se composent,
supporter le poids du verglas et des neiges. Il n’en
est pas ainsi pour les taillis qui sont formés de
cépées irrégulièrement espacées. Aussi, le verglas et
les neiges y-causent-ils de grands et fréquents dom-
nes as
8° Influence du mode d'exploitation sur la régéné
_ ration.
n’y a de nobnritién se et véritable que
celle qui s'opère par les semences ‘
Dans ce cas, le plan nouveau, . est le ce
de la régénération, réunit toutes les conditions néces-
saires à un développement normal; il est doté d’une
virtualité propre, distincte, indépendante de celle
4. Voir la note page 4127.
132: . AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
qui lui a donné naissance. L'arbre qu’on coupe par
le pied, et qui repousse, ne produit pas des êtres
nouveaux, il continue de vivre. Après un certain
nombre d’exploitations, sa vie s’éteignant, il ne don-
nera plus de rejets. Celui qui se régénère par la
semence peut, au contraire, se régénérer ainsi éter-
nellement. La futaie a donc sur le taillis un avantage
considérable au point de vue de la perpétuation de
l'espèce. |
D'un autre côté, quelque favorables que soient les
conditions de régénération dans lesquelles un massif
se trouve placé, cette régénération n'en est pas moins
une crise très-chanceuse dont il importe de retarder
autant que possible le retour. Une futaie, dans
laquelle elle ne se présentera qu’une fois par siècle,
sera bien préférable, à ce nouveau point de vue, à un
taillis.
Enfin, c'est dans leur jeunesse qué les bois sont
le plus exposés à être envahis par les essences secon-
daires et les morts-bois. Dans les taillis, les dangers
de cet envahissement sont beaucoup plus redoutables
que dans les futaies ; non-seulement par le motif que
je viens d'indiquer, c’est-à-dire à cause de la fré-
quence plus grande des époques de régénération;
mais aussi parce que, quelque complet que soit un
taillis à l’époque de son exploitabilité, il présente de
nombreux vides aussitôt après son exploitation.
h° Influence du mode d'exploitation sur la crois-
sance.
Pour qu'un massif végète dans les conditions les
TE PONT
DE L'EXPLOITABILITÉ. 133
plus favorables, il faut que les sujets dont il se com-
pose soient espacés régulièrement et de manière à
participer également aux influences de l'atmosphère.
Il est possible de réaliser ces conditions dans un
massif de futaie formé de brins de semence. Cela
n’est pas possible dans un taillis où les rejets sont
disposés nécessairement par groupes, et en consti-
tuent autant qu’il y a de souches dans le peuplement;
ces groupes plus ou moins distants les uns des autres,
suivant que la durée de la révolution est plus ou
moins longue, s’étalent inévitablement, au début de
leur croissance, pour remplir les vides qui les
séparent : trop serrés sur certains points, trop espacés
sur d'autres, tels sont les inconvénients inévitables
que présentent les massifs crus sur souches. — Leur
‘ croissance en souffre et la qualité du bois s'en
ressent.
Sous le rapport cultural, le mode d’exploitation
en taillis est donc un mauvais mode, et s’il n’y avait
que les convenances culturales à consulter en sylvi-
culture, il faudrait le rejeter sans hésitation; mais ce
mode, quelque vicieux qu’il soit, est encore, à force
_desoins coûteux, conciliable avec les strictes exigences
de la conservation des massifs, et s’il se recomman-
dait par des motifs économiques, il pourrait être
permis de l’adopter.
U
134 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS
$ 2
Du taillis simple et de la futaie au point de vue économique.
Les considérations économiques applicables à
l'exploitation des bois sont tirées, nous l’avons vu,
soit de la quantité des produits, soit de leur utilité,
soit de leur valeur absolue, soit de leur valeur rela-
tive. |
Comme quantité, c’est une vérité traditionnelle
que les taillis ne donnent pas ce que donnent les
futaies. Toutefois, des expériences très-concluantes
manquent à cet égard. La reproduction par rejets
modifie profondément les phases de la végétation :
elle rend celle-ci beaucoup plus active dans la jeu-
nesse, à ce point qu'un rejet de vingt ans, par
exemple, toutes conditions égales d’ailleurs, est de
moitié au moins plus volumineux qu’un brin du
même âge. Une conséquence de ces modifications,
c’est que l’époque du plus grandaccroissement moyen
sé présente beaucoup plus tôt dans les taillis que dans
les futaies. Un taillis est-il susceptible d’un accrois-
sement moyen plus considérable qu’une futaie placée
dans les.mêmes conditions de végétation ? — Telle
est la question que l’on n’a pas résolue rigoureuse-
ment, qu'il faudrait résoudre, et sur laquelle pour-
tant il ne s’est jamais élevé le moindre doute : c’est
que jusqu'à présent le maximum de la production,
par hectare, que l’on a constaté dans les taillis, ne
+
£
ne
DE L'EXPLOITABILITÉ. 135
dépasse pas six stères, tandis que dans les futaies il
s’est élevé jusqu’à douze et quinze stères.
Comme utilité, la supériorité de la futaie ne se
_ discute pas; nous avons vu en effet que sauf de rares
exceptions, l'utilité des bois est généralement propor-
tionnelle aux dimensions. qu’ils présentent, attendu
que plus ces dimensions sont fortes, plus grand est
le nombre des usages divers auxquels ils peuvent
servir. Ajoutons que dans les futaies, les: produits
accessoires, tels par exemple que ceux qu'on retire
du panage, de la glandée, du pâturage, sont plus
nombreux et plus importants que dans les taillis.
Comme valeur absolue, le produit du taillis étant
probablement moins considérable et certainement
moins utile, doit nécessairement être beaucoup
moins Dréchéuts que celui de la futaie.
Comme valeur relative, au contraire, le rapport
entre le revenu et le capital superficiel étant d’au-
tant moins grand que la révolution est plus longue, il
est évident que le taillis peut fournir un produit plus
avantageux que la futaie, puisqu'il comporte une
révolution beaucoup plus courte.
FR à
Conclusion des deux paragraphes précédents.
Ainsi, parmi les considérations culturales et éco-
nomiques que l’on doit interroger, quand il s’agit
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“ ex: FY; % , _# à
$ : ES SU
136 - AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, .
+
d'arrêter le mode d'exploitation applicable à une
forêt, il n’y.en a qu’une, celle de la rente, qui puisse
faire préférer le taillis à la futaie.
Je vais examiner maintenant jusqu’à quel point
la réserve, dans les taillis, d’un nombre plus ou
moins grand de baliveaux, est de nature à modifier
cette conclusion; je vais examiner quelle est l'influence
de ces baliveaux, tant sous le rapport cultural que
sous le rapport économique.
S 4.
Des réserves dans les taillis.
Pour tous ceux qui ne jugent des choses qu'au
cabinet, le taillis sous futaie est un mode d'exploita-
tion fort ingénieux et très-avantageux, parce qu'il
paraît susceptible de se plier à toutes les convenances
de l’exploitabilité. Si on recherche, par exemple, la
rente la plus élevée, on la réalisera au moyen du
sous-bois ; tandis qu’on pourra, au moyen des futaies
exploitables à des âges différents, rechercher et réa-
liser tantôt les produits les. plus utiles, tantôt les
plus considérables, élever ici des essences d’une
grande longévité et à côté des espèces de courte
durée. Voilà ce que disent les gens superficiels ;
mais ceux qui ont étudié les choses de près ne sont
pas du même avis, et voici ce qu’ils pensent des :
baliveaux sur taillis :
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© DE L'EXPLOITABILITÉ. 137.
La première condition, la condition essentielle
afin que les arbres forestiers se portent bien, c’est
qu’ils soient en massif, surtout dans leur jeunesse. Dès
qu'on isole ces arbres, on les place dans un état
anormal dont ils souffrent beaucoup, à moins qu'on
ne leur donne des soins particuliers et très-coûteux.
Mais si l'isolement est défavorable aux arbres, en
principe général, et lorsqu'il est permanent, il leur
devient bien plus dommageable encore lorsqu'il est
intermittent. Isoler un arbre, c’est comme si on le
transportait d’un climat dans un autre. En tout état
de cause, ce changement ne peut que lui être nui-
sible ; il le sera d'autant plus qu'il s’effectuera à un
âge moins avancé.
En fait, les baliveaux qu’on réserve dans les
taillis, privés subitement de l’appui de leurs sem-
blables; sont souvent inhabiles à se supporter. Ils
tombent au moindre vent ; c’est le premier danger
qui les menace. Ensuite, quand ces baliveaux sont,
du pied à la tête, exposés à l’influence de la lumière,
ils se couvrent de bourgeons, lesquels absorbent une
partie de la séve au préjudice de la cime qui se
dessèche en tout ou en partie. Enfin, cette écorce,
qui jusqu'alors avait pris son développement à
Vombre, à une consistance lâche ; mise brusque-
ment à découvert, elle est facilement endommagée,
soit par la gelée, soit par le soleil, ce qui occasionne
ainsi des vices intérieurs qui rendent les arbres plus
ou moins impropres à une destination industrielle.
Voilà pour ce qui regarde les baliveaux eux-
138 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
mêmes; pour ce qui est de leur influence sur le
taillis, le raisonnement et l'expérience prouvent qu’ils
sont loin de compenser les inconvénients qu’on vient
de leur reconnaître.
. Buffon a observé que la gelée faisait beaucoup
de tort aux taillis surmontés de nombreuses réserves.
Il a constaté que, toutes circonstances égales d’ail-
leurs, un taillis privé de réserves en avait distancé
un autre qui ne l'était pas, de cinq ans sur douze,
par suite de la gelée qui avait endommagé ce der-
nier. ;
Un fait plus facile à expliquer, c’est qu’en entfa-
vant l'effet de la lumière, les baliveaux, quand ils
sont trop nombreux ou trop gros, nuisent nécessai-
rement au développement du taillis ; le vide se fait
donc peu à peu autour de leur tronc, et quand on
les abat, ils occasionnent de grands vides qu'il faut
repeupler artificiellement.
On pourrait croire que par les semences qu'ils
fournissent, les baliveaux contribuent au moins à la
régénération du taillis. Il n’en est rien, et cela se
comprend : les. jeunes plants produits par leurs
semences, exposés à toutes les intempéries, s'ils
naissent au moment de l'exploitation, perdus dans
l'obscurité dans le cas contraire, sont exposés à mourir
soit par l’excès, soit par l'insuffisance de la lumière.
C’est à cette dernière cause qu’il faut attribuer la
disparition des chênes dans nos taillis sous futaie;
disparition constatée dans tous les pays sans excep-
tion. :
3
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|
DE L'EXPLOITABILITÉ. 139
D'après ce que nous venons de voir de l'influence
des réserves sous le rapport cultural, -il -est permis
d'affirmer qu'il ne peut pas y avoir une grande dif-
férence entre le rendement des taillis composés et
celui des taillis simples, lorsqu'on ne considère que
la quantité de matière produite annuellement ; mais
les taillis composés fournissent sans contredit des
produits plus utiles et par conséquent plus précieux,
que les taillis simples, et, sous ce rapport, ils offrent
un avantage, ils ont un mérite qui n’est point à dé-
daigner. On estime que dans un taillis soumis au
balivage normal, la futaie entre environ pour un
tiers ou un quart dans le produit total de l’exploita-
- tion, et que la moitié de cette futaie est propre à
l'industrie. Ces chiffres, que je crois plutôt au-dessus
qu'au-desous de la vérité, montrent en même temps-
que l'introduction des réserves dans les taillis est
bien loin de racheter le désavantage que j'ai essayé
de mettre en évidence, lorsque j'ai comparé ce mode
d'exploitation à celui de la futaie : car, dans une
futaie bien conduite, la part du produit, afférente au
bois d'œuvre, peut s ‘élever aux trois quarts et quel-
quefois aux Ë re cinquièmes.
ARTICLE IL.
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS LES TAILLIS SIMPLES.
La recherche de l’exploitabilité dans les taillis
simples ne présente pas d’insurmontables difficul-
140 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
tés, bien qu’il n’existe point de tables d’accroisse-
ment pour la faciliter. Il est presque toujours pos-
sible de trouver, à proximité de la forêt que l’on
aménage et dans des conditions semblables de végé-
tation, des massifs suffisamment complets de bois
d'âges divers, et de se procurer, par des places
d'essai, les éléments d'appréciation nécessaires, pour
déterminer l’âge d’exploitabilité, suivant la sine
des produits que l’on veut se procurer.
En remplissant le tableau ci-contre, on aura
sous les yeux les diverses solutions dont le problème
est susceptible.
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142 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Les recherches, les expériences que comporte ce
tableau, ne sont d’ailleurs utiles, en général, que
lorsqu'on veut déterminer l’âge d’exploitabilité cor-
respondant, soit aux produits les plus utiles, soit à la
rente la plus élevée. Quant on a pour but de retirer
d'un taillis les produits les plus considérables, il
faut pousser sa révolution aussi loin que possible,
c'est-à-dire jusqu'à l’âge où les bois cessent de
repousser par la souche. En effet, l'expérience dé-
montre, que l'époque du plus grand accroissement
moyen pour des rejets, ne $e présente que longtemps
après qu'ils ont perdu leur faculté reproductive. Le
terme de l’exploitabilité dans ce cas, est donc fixé
par une circonstance physiologique.
ARTICLE IF.
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS LES FUTAIES. :
Nous avons déjà vu que les exigences de la régé-
nération renfermaient le choix de l’exploitabilité,
quelle qu’elle fût d’ailleurs, dans de certaines limites.
En decà de l’âge auquel les arbres portent des
semences fertiles, il n’y a pas d’exploitabilité pos-
sible, à moins qu'on ne soit disposé à recourir, pour
la régénération, aux repeuplements artificiels. Mais
depuis l’âge où ils portent des semences jusqu’au
terme de leur existence, il y a un long temps à cou-
rir ; et pour trouver dans ce laps de temps, le point
Éple L n
a a DC É E |L,< S t
DE L'EXPL OITABILITÉ. 143
précis qui correspond à une exploitabilité donnée,
il faudrait des expériences qui malheureusement ne
sont guère possibles dans l’état actuel des choses.
L’exploitabilité se détermine. donc, dans les fu-
taies, par des considérations plus ou moins vagues
basées principalement sur la tradition et sur la Jon-
gévité des essences.
En thèse générale, toutes les fois que l’on veut
appliquer l’exploitabilité absolue, ou l’exploitabilité
_ relative aux produits les plus utiles et au revenu le
_plus grand, on pousse les révolutions aussi loin que
possible eu égard à la longévité des espèces. Lorsque,
au contraire, on veut se procurer la rente la plus
élevée, on avance le terme de ces révolutions autant
que le comportent les exigences de la régénération.
Les raisons qui justifient cote manière d'opérer
sont les suivantes : $
4° Toutes les Mie faites sur des arbres
isolés, et elles sont nombreuses, prouvent que le plus
grand accroissement moyen de la plupart de ces
arbres ne se réalise qu’à un âge très-avancé, lorsque
déjà ils commencent à être altérés dans le cœur, et
qu'ils ont perdu une partie de leurs qualités indus-
trielles. Pour ce qui concerne ces arbres envisagés
individuellement, on peut donc regarder comme cer-
tain, qu’en les coupant au moment où ils entrent en
retour, on gagne plus pour la qualité et la valeur
qu'on ne perd pour le volume.
‘Il est vrai que, ainsi que je l’ai déjà fait remar-
quer, ce n’est pas par des expériences individuelles
LA
144 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
SRE
que l’on doit essayer de déterminer les phases de
l’accroissement d’un massif, mais par des expériences
qui embrassent des massifs tout entiers. En, opérant
ainsi, ce qui, nous l’avons vu, est difficile, on trouve
que l’époque du plus grand accroissement se pré-
sente avant celle du dépérissement. Ce fait, qui
pourrait paraître au premier abord anormal, et qui
est dû à la quantité, souvent considérable ; de bois
que les nettoiements et les éclaircies enlèvent: à l’ac-
croissement, ne saurait être admis sans explication.
Les nettoiements et les éclaircies ont pour but
principal de favoriser l’accroissement ; on peut dès
lors supposer que si, au moment où on les pratique,
ces opérations enlèvent des éléments à l’accroisse-
ment futur, elles rendent d'autant plus puissants
ceux qu'elles respectent; et que, en conséquence, si
on les opérait chaque année, chaque mois, chaque
jour, le volume de bois qu’elles emporteraient, serait
moindre que celui dont elles provoqueraient l’accrois-
sement. Comment se fait-il donc que ces opérations
aient cependant pour effet, non-seulement de modifier
le rapport entre l'accroissement futur et l’accroisse-
ment passé, mais encore d'avancer l’époqne du plus
grand accroissement moyen ? — C’est parce que
lorsque les massifs sont arrivés à un âge avancé,
on ne se borne pas à en extraire tous les sujets nui-
_sibles à léur développement ; on enlève aussi ceux
qui pourraient entraver l'amélioration de la qualité
du bois ; en sorte qu'il arrive un moment où la quan-
tité de bois tombant dans l’éclaircie est plus grande
dés! Dé hot et
Léa à
| 5e 145
que celle qu’on peut espérer de l'accroissement ulté-
rieur. On comprend fort bien alors que les éclaircies
aïent pour résultat de hâter le terme de l’exploitabi-
lité absolue. Dans tous les cas, cette influence sur le
rapprochement de l’époque du plus grand accroisse-
ment moyen, ne saurait modifier sensiblement la loi
naturelle qui veut que l'apogée de l'accroissement ne
soit atteint généralement, que lorsque les bois ont
déjà éprouvé un commencement de dépérissement.
C'estdonc, en définitive, l’état de santé des’ arbres
qu’il faut surtout consulter, et d'après lequel on doit
se guider, quand ‘il ‘s’agit de fixer! l’exploitabilité
d'une forêt dont on veut retirer les produits les plus
considérables ; et il en est de même, presque tou-
jours, lorsqu'on, recherche les produits les plus
utiles ; car, sauf des exceptions peu nombreuses,
l'utilité, on se le rappelle, est proportionnelle aux
dimensions.
La détermination de l'exploitabilité relative soit
aux produits les plus considérables, soit aux produits
les plus utiles, dans les futaies comme dans les
taillis, repose, on le voit, sur la constatation d’un fait
matériel, constatation toujours possible, quoique
cependant elle ne soit pas susceptible d’une précision
parfaite.
: Quant à l’exploitabilité relative à la rente la plus
élevée, le raisonnement a montré que l’accroissement
des capitaux pécuniaires suit une marche progres-
sive telle, qu’il y a presque toujours avantage à rac- ‘
courcir autant que possible la révolution des massifs
10
146 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dont on veut retirer la plus forte rente, Dans la plu-
part des cas, l’époque de cette exploitabilité corres-
pondra donc à l’âge auquel les bois sont susceptibles
de se régénérer naturellement par les semences.
Néanmoins, il sera utile, toutes les fois qu’un doute
pourra s’éléver à ce sujet par suite de la valeur
extraordinaire des bois de-certaines dimensions, de
faire des expériences afin de s’assurer que cette valeur
ne demande pas qu'on fixe l'exploitabilité à un âge
plus avancé ; et ces expériences sont suffisamment
indiquées par le tableau ci-contre qui, bien exacte-
ment rempli, renfermera tous les éléments néces-
saires-pour se fixer sur l’âge correspondant à ‘une
quelconque des exploitabilités applicables à un massif.
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148 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ARTICLE IV.
DE L’EXPLOITABILITÉ DANS LES TAILLIS COMPOSÉS,
L’exploitabilité dans les taillis composés n’est
susceptible d’une détermination exacte que pour le
sous-bois; et elle se règle d’après les considérations
et les procédés applicables au taillis simple, sauf les
modifications imposées par le$ conditions culturales
dans lesquelles ce sous-bois se trouve placé.
Aux inconvénients qu’entraînent dans les taillis
simples les courtes révolutions, viennent s’ajouter
dans les taillis composés les difficultés qui en résul-
tent pour un balivage satisfaisant. Comme le fait
observer M. Parade dans son Cours de Culture, il
n’est guère possible. d'obtenir des futaies de bonne
_ qualité et d’un fût élevé dans des taillis composés
soumis à de trop courtes révolutions.
D'un autre côté, il est prouvé par l’expérience
que les sujets qui croissent sous le couvert perdent
plus tôt que les autres la faculté de rejeter par la
souche. |
Ainsi, il y a dans les taillis composés deux cir-
constances particulières qui tendent: l’une, à faire
prolonger la révolution du sous-bois; l’autre, à la
faire raccourcir. La nature des essences, l’état du
climat, la qualité du sol peuvent seuls indiquer quelle
est celle à laquelle il convient de donner la prépon-
dérance.
RENTE
Ne VEN MES PENSER A
RE
DE L'EXPLOITABILITÉ. 149
_ Quant aux réserves, on en multipliera naturelle-
ment plus ou moins le nombre et les classes, selon
l'espèce de produits qu’on voudra. en retirer; mais
de quelque manière qu'on s'y prenne, on ne par-
viendra jamais à leur appliquer un règlement d’ex-,
ploitation rationnel, au point de vue économique;
puisque leur destination, en tout état de cause, est
* d'être exploitées à des âges différents qui ne sau-
raient être avantageux au même degré ‘:
- Le taillis composé, peu recommandable sous le:
| Fe cultural, l’est peut-être moins encore sous le
rapport économique.
… Je términerai ce que j'ai à dire sur l'exploitabi-
lité par la récapitulation des desiderala que com-
porte cette grande question.
‘
ds ARTICLE. V..
DES MESCRES A PRENDRE POUR ASSURER LA APE RET I ENTeE «
DE L'EXPLOITABILITÉ.
- Nous avons reconnu que l'absence de tables
. d'expériences sur l'accroissement et les propriétés
physiques des bois rendait presque impossible la :
détermination ‘rigoureuse de l’exploitabilité.
* En effet, dans l’état actuel des choses, on est
1. Consulter, sur l’exploitabilité des taillis composés, le Cours
d'aménagement de M. Nanquette, p. 65 et suivantes. On y trou-
vera d'excellents conseils. (Note de la deuxième édition.)
150 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
obligé de recourir, pour se faire une opinion sur le
rendement futur dans un temps donné : soit à des
expériences individuelles qui sont sans signification
pour l’exploitabilité absolue, qui ne peuvent servir
tout au plus que pour l’exploitabilité relative aux
produits les plus utiles ; soit à des cubages de massifs
choisis dans la forêt même que l’on aménage, et
s’éloignant plus ou moins de l’état régulier ou normal,
végétant en tout cas dans des conditions différentes.
Toutes ces expériences ne peuvent fournir que des
résultats très-douteux. Il faudrait donc commencer |
en France, et les commissions d’aménagement se=
raient pour cela d’un grand secours, des expériences
sur l’accroissement et l'utilité des bois, d’après une
méthode bien définie. On ne saurait assurément avoir:
la prétention de constater les phases de l’accroisse-
ment et les qualités de chaque essence, suivant les
mille conditions particulières, exceptionnelles, dans
lesquelles elle pourrait se trouver. Parmi ces condi-
tions, on devrait ne choisir que les plus tranchées,
les plus caractérisées, eu égard au climat, à l’expo-
sition, au sol. Je place le sol en dernière ligne, parce
qu’il est établi que les soins ultérieurs et l’amende-
ment qui.en résulte, tendent à effacer les différences.
de qualité et de fertilité que semblerait impliquer la
diversité de ses éléments constituants et primordiaux.
Quels que soient au contraire ces soins, on n’arri-
vera jamais à obtenir dans un climat sec et froid une
production aussi rapide que dans un climat chaud et.
humide. On ne fera jamais que, sous le même climat,
F-#
pe ae CU CSST NS EU
AROBEÉ
=.
“ps DE L'EXPLOITABILITÉ. 151
D. 20
la croissance ne soit pas plus rapide à l'exposition
du nord parce que l'humidité y abonde, qu’à celle
‘du midi parce que la chaleur y.est trop intense par
* rapport à l'humidité.
_ Si l’on avait en France, suivant la latitude, l’alti-
tude, l'exposition, la nature géologique du sol, pour
chaque essence principale, des résultats d'expé-
riences, indiquant, par périodes de 20 et même de
10 ans, l'accroissement possible de cette essence en
quantité et en qualité, on pourrait fonder les plans
d'exploitation sur des bases à peu près certaines et
rationnelles. Jusque-là on ne fera guère que de
re cri
xt
“
CHAPITRE TROISIÈME. |
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS SES RAPPORTS
AVEC L’INTÉRÊT DU PROPRIÉTAIRE. s
Il résulte de la discussion à laquelle je mesuis
livré dans le chapitre I‘ de cette étude: 1.2.
-4° Que le produit annuel en argent d'une forêt,
considéré en lui-même et abstraction faite du capital
engagé, s'accroît avec la durée de la révolution ;
2 Que le rapport entre ce produit et la valeur
commerciale de l’immeuble diminue au contraire
avec cette durée ;
3° Que le taux des placements pécuniaires est la
cause principale de cette contradiction qui disparai-
trait si l'intérêt de l’argent devenait nul.
Ces lois remarquables expliquent et justifient les
différences que nous avons déjà constatées dans les
principes d'après lesquels l'État, les communes et
les particuliers exploitent les bois qui leur appar—
tiennent.
Nous allons, du reste, en examiner de plus près
l'influence.
PPT mc i
, Le;
VS DE L'EXPLOITABILITÉ. - 153
NÉ. ca :
Fu,
27 "0. ARTICLE PREMIER.
» 6 US ES
A DE L'EXPLOITABILITÉ DANS SES RAPPORTS
Ce AVEC L'INTÉRÊT DE L'ÉTAT.
$ 382
: L'État est éternel ; l'intérêt de l'avenir doit donc
_ être mis sur la même ligne que celui du présent,
__ lorsqu'il s’agit de régler l'exploitation des forêts qui
lui appartiennent ; et, pour satisfaire à ce principe
dont la justesse me paraît incontestable, il est néces-
saire d’abord. d'adopter un mode d'exploitation qui
ne puisse pas compromettre la conservation du do-
maine forestier; or ce mode est, sauf de rares excep-
tions, celui de la futaie.
.. Tous les membres de la société ont un droit égal
* aux produits des forêts de l'État. Ces produits: ne
sauraient dès lors être regardés comme un objet de
spéculation. Lorsque l'État les vend, il ne poursuit
pas le-même but que les autres propriétaires de bois.
Il se sert de la vente comme du moyen le plus conve-
nable; pour distribuer aux citoyens qu'il représente,
un revenu qui n'appartient pas plus à l’un qu'à
l'autre; il ne prétend.pas d’ailleurs xetirer de cette
opération ün profit commercial. L'État et la société
ne faisant qu’un, l'État propriétaire de bois, quelle
qué soit. la manière dont il en fait jouir le public,
les consacre en réalité dans tous les cas à son
usage, à sa consommation; et, partant, ce qu'il doit
= chercher à retirer de ses forêts, c’est sur un point
154 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
donné la plus grande quantité des produits annuels
les plus utiles. Les longues révolutions sont donc
celles qu’il lui convient d'adopter en général, puis-
qu’elles tendent : à sa la Re et l'utilité
de la production *.
Les profits du sol forestier ne consistent pas seu-
lement dans la valeur de la coupe annuelle ; ils con-
sistent aussi dans les ressources que le bois offre au
travail national, dans le courant commercial et indus-
triel auquel il donne lieu; ils consistent en outre dans
l'influence heureuse que les forêts exercent par leur
existence même sur les conditions ni AR
d’un pays.
Aucun de ces profits n’est perdu pour le proprié-
taire, quand ce propriétaire est l’État; et comme
leur importance est en raison directe de l'utilité
et de la quantité des produits et de la grosseur des
arbres, il'y a là encore de nouvelles raisons pour que
l'État préfère les longues révolutions : aux Courtes
L'avantage d'une prompte jouissance: ne saurait
compenser, pour l'État, la diminution de produits
qu'entraîne nécessairement le raccourcissement 7
révolutions. RU
Il est certain que deux coupes de bois à
4. Ce n’est que très-exceptiônnellement qu'il peut y avoir pour
V'État ‘intérêt à en adopter de courtes; cependant, si une indus-
trie indispensable à la société réclamait impérieusement, des bois
de petites dimensions et qu'on ne pût se les procurer que dans
les forêts domaniales, il faudrait tenir compte de ces psp dans
le choix du traitement desdites forêts. 319790
DE L'EXPLOITABILITÉ. 155
Fâge de 50 ans donneront moins qu’une seule coupe
- à l’âge de 100 ans; mais on objectera que, sion em-
_ ploie le prix de la première coupe à 50 ans, d’une
_ manière reproductive, jusqu’à l’époque de la seconde
coupe au même âge, le profit qu'on en retirera pourra
égaliser, s’il ne le dépasse, Fexcédant du produit de la
coupe à 400 ans sur celui des deux coupes à 50 ans.
Cela est vrai, mais je ferai remarquer que cet excé-
dant aura été donné en quelque sorte gratuitement
par la nature, tandis que le profit qu'on lui compare,
- résultat des efforts de l’homme, aura exigé, consommé
_ une-main-d’œuvre qui aurait pu être utilisée autre-
ment. :
Pour que l'avantage d'ènté jouissance anticipée:
fût réel pour l’État, il faudrait deux choses : 4° qu'il
y'eût dans notre pays surabondance de bois; 2° qu’il
ne fût pas possible de se procurer-autre part que dans
nos forêts des instruments de travail. Or, il y a au
contraire pénurie de bois ; et il n’est pas nécessaire de
couper les forêts avant leur maturité, pour se procu-
rer: des instruments de production. Une opération qui
aurait pour résultat d’amoindrir la puissance produc-
tive d’un capital, dont la nature à fait tous les frais,
ne saurait donc trouver une justification suffisante :
dans l’importance du capital artificiel qu’on pourrait
créer au moyen de cette diminution.
Il n’en est pas moins vrai cependant qu’au delà
d'un certain âge l'accroissement d’un massif boisé
ne représente plus, en valeur pécuniaire, l’intérêt de
la somme qu’on réaliserait en le coupant; et on peut
156 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
se demander si cet intérêt doit être exclu des consi-
dérations qui doivent présider à la gestion des forêts
de l'Etat. |
Il y aune raison péremptoire pour que cette —
tion soit résolue par l’affirmative :
Cette raison, c’est que l'intérêt de l’argent n’im-
plique pas une augmentation de revenu; c’est qu'en
supposant un moment qu’il pût être supprimé, sans
que la circulation des capitaux en souffrît, la quantité
d’utilités créées, de valeurs ‘produites au bout de
l’année, n’en serait pas altérée. Il résulte de là que
l'intérêt constitue un bénéfice pour les individus ou
pour une fraction de la société considérée par rap-
port à la masse des citoyens, parce qu'il modifie, en
faveur de ces individus ou de cette fraction de la
société, la répartition du revenu social ; mais qu'il
ne saurait, dans aucun cas, constituer un bénéfice
pour l’État. Ho
Cette vérité a longtemps été méconnue; aussi
voyons-nous encore une grande partie des forêts de
l’État exploitées en taillis; mais les saines doctrines
paraissent avoir enfin définitivement prévalu. L'admi-
nistration est entrée dans la voie des conversions ‘en
futaies ; on ne saurait trop l’en féliciter.
DE L’EXPLOITABILITÉ. 157
RAPIRÉ TPM PEER
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC L'INTÉRÊT
DES PARTICULIERS.
Les besoins impérieux de la. vie, l'imprévoyance,
Pr partages amenés par nos lois sur les successions,
sont. autant de motifs qui s’opposent à ce que les bois
appartenantaux particuliers soient exploités à un ee
reculé.
L'État a ut les moyens de moalits. par
d autres ressources, à celles que lui fournirait la coupe
de ses bois. Les particuliers lesontrarement, ilspeuvent
êtreet ils sont souvent forcés de sacrifier toutes. les
«espérances de l'avenir aux nécessités du présent.
D'un autre côté, quel que soit, l'esprit de pré-
. Yoyance dont on suppose les hommes doués, il. est
concevable qu'il s’altère et s’aflaiblisse, . lorsqu'il
embrasse un laps de temps qui dépasse la durée de
- deur existence.
Enfin, cet esprit, il faut le reconnaître, trouve
encore une cause de découragement dans la certitude
‘que: la propriété qu'il sera parvenu à constituer, au
prix des plus: grandes privations, sera tôt ou tard
‘démembrée, par suite des lois qui régissent, en Feel
Vhérédité.
+ On s'explique donc que les particuliers ne soient
guère tentés de conserver longtemps leurs bois sur
pied; mais la raison qui les en éloigne surtout, est le
158 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
désir bien naturel d'augmenter, autant que possible,
le rapport entre le revenu net et la valeur vénale de
_cette nature de biens-fonds.
Si le taux de placement adopté pour les bois est
de 3 pour 100, les particuliers propriétaires de bois
tendront à les exploiter à l’âge au delà duquel
l'augmentation de valeur qui résulterait de l’accrois-
sement annuel cesserait d’être égale à l'intérêt, à
3 pour 100, que fournirait le produit pécuniaire de
l'exploitation joint à la valeur de la première feuille.
D’après les prix qu'ont actuellement les bois suivant
leur grosseur et leur âgé, il ne faut pas laisser long-
temps sur pied une forêt pour qu’elle cesse de rap-
porter, à 3 pour 400, l'intérêt de sa valeur. Voilà
pourquoi nous voyons les particuliers exploiter en
général celles qu’ils possèdent, en taillis simples et
à l’âge de 20 ans au plus, toutes les es ss à
essences le permettent. RL
Cette manière d’agir est rationnelle : elle ‘eèt
théoriquement justifiée par les principes que nous
avons développés dans le premier chapitre de la
présente étude. Toutefois elle ne saurait être recom-
mandée sans réserve, et elle ne convient même véri-
_tablement qu'aux propriétaires qui ont besoin de
vendre leurs bois pour satisfaire aux exigences de
leur consommation. Quant à ceux qui cherchent :à
spéculer sur le produit de leurs coupes, ils seront
amenés par l'intelligence pratique de leurs intérêts,
à maintenir souvent leurs bois sur pied au delà du
terme fixé par la théorie. : |
+
DE L'EXPLOITABILITÉ. 159
… «En effet, ne perdons pas de vue que dans nos
calculs sur l’exploitabilité relative au taux de place-
ment; nous avons tenu compte des intérêts des inté-
rêts; et qu'en conséquence, pour qu'un propriétaire
trouvât son profit à appliquer rigoureusement les
principes que nous avons posés, il faudrait qu’il eût
toujours la possibilité de faire croître, à intérêts com-
posés; le produit pécuniaire que lui PR l'ex-
Fa non de son bois.
L'accumulation des capitaux pécuniaires à inté-
seppenie est-elle facilement réalisable? — Je
ne le crois pas, et il me semble même que les em-
prunteurs seraient tout à fait impuissants à satisfaire
les capitalistes, si ceux-ci prétendaient tous faire
leurs placements à intérêts composés. En supposant
que les:premiers se résignassent à se priver de tout
profit net, et à ne prélever sur le produit des capitaux
empruntés que ce qui serait strictement nécessaire à
leur existence, l’excédant ne sufrait certainement
pas au service des intérêts composés. Pour s’en con-
vaincre, l'on n’a qu'à consulter les statistiques les
plus estimées sur l'augmentation de la richesse
publique, dans les sociétés qui disposent des moyens
de production, même les plus puissants. On y verra
que la proportion dans laquelle cette augmentation
a eu lieu, est fort éloignée de celle que comporterait
la puissance de l’accumulation des capitaux à intérêts
__ composés. Je ne sache pas, au reste, qu'il y ait
- . beaucoup dé banquiers disposés à servir l'intérêt des
intérêts des sommes déposées chez eux, et que les
é.
Es
160 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
établissements qui en avaient pris l'engagement
_ aient jamais pu le tenir.
Doit-on conclure de là que des placements à
intérêts composés ne sont, dans aucun cas, réali-
sables? — Assurément non; seulement, on doit les
considérer comme tout à fait exceptionnels ec sortant
des conditions normales de la production; on doit
les considérer comme d’autant plus difficiles que leur
durée devra être plus longue.
Un propriétaire qui n’aura pas besoin de couper
son bois, pour subvenir à des dépenses urgentes,
agira donc sagement en le laissant sur pied au delà
du terme où l'accroissement ne représentera plus le
profit qu'il pourrait exceptionnellement retirer de la
coupe, s’il en plaçait le prix. Son bois continuera de
s’accroître à intérêts composés, à un taux moins
élevé, sans doute, que celui qu’on recherche-et qu’on
peut obtenir dans les placements de cette mature;
mais dans des conditions de sécurité que ne pré-
sentent pas les placements pécuniaires. p'e
Au surplus, quand on veut retirer des bois une
rente plus élevée que celle qu'on retire des terres
arables, on a, selon moi, une prétention qui n’est pas
raisonnable.
Les bois, il est vrai, ne sont pas uote ptral
d'être affermés; ils sont difficiles à estimer ; le prix
de leurs produits est sujet à de grandes fluctuations ;
ils ne jouissent pas d'autant de crédit que les autres
capitaux ou fonds de terre, par suite de la facilité
avec laquelle on peut enlever, par l'exploitation de
DE L'EXPLOITABILITÉ. 161
a superficie, la garantie que le prêteur est en droit
de réclamer. Toutes ces circonstances tendent à les
déprécier et à augmenter, par conséquent , la rente
qu'on cherche à en retirer; mais les bois rachètent
les inconvénients que je viens d'énumérer par un
précieux privilége ; et ce privilége consiste précisé-
ment en ce que leur exploitation peut être retardée,
lorsque les circonstances ne sont pas favorables à
l'écoulement de leurs produits.
Si vous avez de l’argent chez un banquier ou
vhez tout autre, et qu'à l’époque où vous avez à en
toucher l'intérêt, vous ne sachiez que faire de cet
“intérêt, il faudra le garder improductif dans votre
secrétaire. Si vous possédez un champ de blé, et
qu’à l’époque de la récolte, l’état du marché ne vous
permetté pas de vendre cette récolte à un prix
rémunérateur , vous essayerez de la conserver dans
des greniers, ou dans des silos construits à grands
ps
Pour le bois, c'est la nature elle-même qui se
| séniée de la conservation des produits, et qui, pour
cela, ne vous demande qu’une légère diminution sur
- l'intérêt qu’elle vous avait bonifié jusqu'alors. Les
Girconstances sont-elles contraires à la vente de la
récolte, on laisse cette récolte sur pied. Non-seule-
ment elle s’y conserve, mais elle s’y améliore; et
tandis qu’on s'expose pour le blé, par exemple, à en
trouver, au bout d’un certain temps, une grande par-
tie avariée, mangée par les rats, rongée par l’alu-
cite, on est certain, au contraire, de retrouver le
11
162 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
bois dont on aura retardé la coupe, amélioré par les
années qui se seront accumulées sur lui.
Les bois sont donc de toutes les caisses d'épargne,
la plus commode, la plus sûre, la plus fidèle, et c’est
vraiment trop exiger d’eux, que de leur demander
une rente plus élevée que celle qu’on retire des
autres biens-fonds. (AP.
ARTICLE III. tits
sc
DE L'EXPLOITABILITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC L’ INTÉRÊT
DES COMMUNES.
L'existence des communes ne peut pas plus être
limitée que celle de l'État. Dans la gestion de leurs
biens patrimoniaux, les communes doivent donc,
avant toute chose, se préoccuper des moyens d'assu-
rer la conservation du fonds ; et dans ce but, c’est
le mode d'exploitation en futaie qu'il leur convient en
général d'adopter pour les forêts qu'elles possèdent.
Mais les communes diffèrent de l’État et se rap-
prochent des particuliers par la modicité de. leurs
ressources d’abord, ét ensuite par la distinction qui
existe entre les intérêts de chacune d’elles et les inté-
rêts généraux du pays. Lorsque, par le placement
de leurs capitaux, elles peuvent faire modifier en
leur faveur la répartition du revenu social, n’ont-
elles pas raison de recourir à ce moyen pour amélio-
rer leur sort?
_: DE L'EXPLOITABILITÉ.. 163
\ ‘RES
_ side répondrais négativement à cette question, si
toütes les communes étaient dans l’aisance, si leur
æevenu-était-suflisant pour couvrir. leurs dépenses ;
| parce que, comme je. l'ai fait:observer dans une
_ étude-surles quarts en réserve des bois communaux",
- la, conservation d’un capital _sous:la forme: d’une
-… forêt,-présente à côté de l'inconvénient de faire pro-
_ duire à.ce capital une rente inférieure à celle qu'on
en-retirerait en lui donnant une autre destination, en
: le transformant par exemple en argent, l'avantage
14 d'une sécurité beaucoup plus grande. Cet avantage est
: L : inappréciable pour les propriétaires qui ne meurent
… pas. Cependant, de même quelle particulier qui, n’ayant
. pas de quoi suflire aux strictes nécessités de la vie
avec le revenu d’une terre, fait bien de la vendre
et d’en placer la valeur chez un banquier, malgré
les chances de ruine auxquelles il s'expose; de
même une commune qui a des besoins impérieux
._ et des recettes trop restreintes, est excusable de
—_._ chercher à remédier à cette situation, en renon-
cant à conserver des propriétés productives d’un
trop faible revenu relativement à leur valeur com-
merciale.
= Toutefois, il ne faut pas qu’elles oublient que
ce genre de spéculation, qui a pour résultat de rac-
_ courcir la durée de la révolution de leurs bois, est
_ contraire à l'intérêt de leurs descendants dont il .
_ ébranle le patrimoine, et à l'intérêt de la société
À. Annales forestières, 1856.
164 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dont il amoindrit le revenu. Si les particuliers
eux-mêmes ne doivent jamais faire complétement
abstraction de ces intérêts, leurs obligations à elles
sont, sous ce rapport, beaucoup plus étendues.
L'importance de ces obligations est suffisamment
indiquée par la non-limitation de l'existence des
communes, par l’étroite solidarité qui existe entre
elles et la société dont elles font partie, par la pro-
tection spéciale dont l’État les couvre, par l'appui
qu’il leur prête. |
CHAPITRE QUATRIÈME
DE L'EXPLOITABILITÉ BANS SES RAPPORTS
AVEC L’'INTÉRÈT PUBLIC
: Je voudrais maintenant calculer la perte que fait
éprouver à la France l'exploitation en taillis d’une
- partie des bois qui sont situés sur son territoire.
Cette perte est énorme. A défaut d'expériences assez
concluantes, je ne saurais la préciser; mais je crois
qu'il me sera facile je donner une idée très-
approximative.
On lit dans le Cours de slisréi page 399, que
Hartig, ayant comparé entre eux (toutes circon-
stances égales d’ailleurs) un taillis simple exploité à
30 ans et une futaie soumise à une révolution de
120, a trouvé que les produits en matière de ces
deux forêts étaient dans le rapport de 4 à 7.
… J'appliquerai ce rapport aux taillis simples et aux
futaies en général.
- Je supposerai en outre que, par suite de la pré-
sence des réserves dans les taillis, les produits du
. taïillis composé soient à ceux de la futaie comme
5 est 7.
J'admettrai enfin qu'une futaie, dans des condi-
166 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
tions moyennes de végétation, et bien traitée, puisse
donner par hectare 6 mètres cubes, chiffre très-mo-
déré.
Le taillis simple en fournira Fe lors à, u5
Et le taillis composé. . 1,1 2.1. 4,30
Or, en France; le sol restier comprend en
chifires ronds, 8,500,000 hectares',,
S'il était couvert de futaies convenablement cul-
tivées, il pourrait donc fournir annuellement 51 mil-
lions de mètres cubes.
Voyons ce qu’il serait possible d’en retirer, en
conservant les divers modes pe dc me
régissent actuellement.
Les 8,500,000 hectares de forêts qui ‘existent en
France comprennent à peu; près, 2,300,000 hec-
tares de futaies. À raison de 6 m.c. p. h.; on pourrait
en retirer chaque année . . . . 13,800,000:m.1.
1: On ne sait pas quelle est la © 44h 01 EU
part afférente au taïllis composé 102 4976 na
ou au taillis simple; dans les: 2918; 2
À reporter. So: 13,800,000 m. c.
- 1. Ces chiffres ne sont plus tout à fait exacts, puisque la
Prusse nous a pris environ 350,000 hectares de forêts domaniales
et communales; mais quand j’ai publié ces études, nous, n’ayions’
pas la Savoie et le comté de Nice, qui nous ont apporté à, peu
près 460,000 hectares de forêts de même nature, et l'étendue que
j'attribuais aux bois des particuliers était un peu faible; de sorte
que la différence entre l'étendue totale du sel forestier. qui exis-
tait lors de la 4re édition de ce livre et celle qui existe aujour-
d'hui, ne saurait modifier sensiblement les conséquences que de
tire de mes calculs. (Note de la 2 édition.
DE L’EXPLOITABILITÉ. 167
6, 200, 000 hect. qui ne sont pas
cultivés en futaie. En attribuant
une part égale à chaque nature
de- peuplement, on exagérera
. plutôt qu'on ne diminuera la pro-
duction; car la plus grande par-
tie des bois en question appar-
tient à des particuliers qui, on
lé saït, ont un goût prononcé
pour lé taillis simple. |
3,100,000 hect. de taillis
composés fourniraient, chaque
année, à raison de ! m. €.
*8,100,000 hectares de taillis
simples fourniraient, chaque an-
née, à raison de à m. c. H5p.h.
43,330,000
10,695,000
_ 37,825,000 m. c.
Faux , le sol forestier, couvert de futaies,
pourrait rapporter chaque année, 54 millions de m.c.;
tandis que le maximum de la production possible,
avec les diverses méthodes d'exploitation auxquelles.
ilest actuellement soumis, ne saurait dépasser 38 mil-
lions de.m. c. La différence -entre ces deux chiffres,
soit 13 millions de m. c.; exprime la perte maté-
rielle qui résulte pour la société de la PER
donnée au taillis sur la futaie,
Cette perle deviendra bien plus remarquable, si
LA
168 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
nous recherchons la qualité des produits qu’elle
représente.
On sait que dans certaines futaies le bois d'œuvre
absorbe jusqu’à 80 pour 400 du produit total; nous
en porterons la quantité à 50 pour 400 seulement.
Dans un taillis composé normal, la futaie n'entre
pas pour plus de un tiers dans le produit de Ja
coupe annuelle; et en admettant que sur cette futaie
la moitié donne du bois d'œuvre, nous resterons au-
dessus de la vérité. Si donc je fixe à un sixième du
produit la part afférente au bois d'œuvre dans les
taillis composés, je ne serai pas accusé de vouloir
l’atténuer. Dans les taillis simples, la part du bois
d'œuvre est presque insignifiante. J'en tiendrai pour-
tant compte en la portant à un dixième.
D’après ces suppositions, le produit du sol fores-
tier se composerait:
. 4° Dans l'hypothèse du traitement en futaie,
De 51 millions de mètres cubes dont :
En bois d'œuvre. En bois de feu,
25,500,000 m. c. 25,500,000 m. c.
2% Dans l'hypothèse du maintien des modes
actuels d’exploitation,
De 13,800,000 mètres cubes fournis par les fu.
taies et donnant:
En bois d'œuvre. En bois de feu,
6,900,000 m. c. 6,900,000 m. c.
e 13,330,000
mètres cubes
A reporter. . 6,900,000 m. c. 6,900,000 m. c.
DE L'EXPLOITABILITÉ. 169
… Reports . . . 6,900,000 m. c. 6,900,000 m. c.
+ fournispar les
_ faillis compo-
_sés el don-
tant ci 12 205,000 14,405,000
De 10,695,000
mètres cubes
_ fournis par les
… taillis simples
et donnant . 4,069,500 9,625,500
0 Totaux. . . 10,194,500 ”-<+ 97,630,500%:°«.
Si nous retranchons la quantité de bois d'œuvre
produite dans la seconde hypothèse, de celle pro-,
duite dans la première, nous trouvons une différence
de 45 millions 400 mille mètres cubes en chiffres
ronds. |
Si nous retranchions la quantité de bois de feu
produite dans le premier cas, de celle produite dans
__ le second, nous trouvons une différence de 2 mil-
lions 130 mille mètres cubes en chiffres ronds.
- Et si nous évaluons ces” différences en argent, à
raison, pour le bois d'œuvre, de 20 francs sur pied,
prix très-modéré, et, pour le bois de feu, de 7 fr.,
… prix assez élevé, nous constaterons, en définitive,
que l'exploitation en taillis fait perdre à la société
un revenu de :
4 Je n’ai pas besoin de rappeler que ces produits dépassent
- beaucoup les produits réels, et sont ceux que les forêts pourraient
: donner, si elles étaient entretenues coñvenablement.
170 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
15,400,000 »- «x 90 fr. — 308,000,000 fr.
— 9,130,000%c x 7fr.— 44,910,000 fr.
Différence. . . 293,090,000 fr.
1 À
293 millions de francs! C’est plus de la moitié
de nos contributions directes, c’est plus quel intérêt
de notre contribution de guerre. L
Mais il faut, pour embrasser dans toute son étendue
le préjudice qu'est susceptible de causer au corps
social le mode d'exploitation en taillis, réfléchir à
la quantité énorme de travail, queiles 15 millions de
mètres cubes de bois d'œuvre dont on pourrait aug-
menter la production forestière, en adoptant le mode
de la futaie, créeraient dans toutes les branches. de
l'industrie. - 1} 253 fs
J'ai montré dans une note sur le: défrichéinent
que les bois formaient en France le tiers à peu pr
en poids, des matières transportées:
: D'un autre côté, on lit dans le procès-verbal de
l'enquête qui a été faiteren 4847 sur l’industrie pa-
risienne, que la valeur des produits: fabriqués, pour
les industries n’employant, comme matière première
que le bois, s'élevait à 104,516,026 francs ; que
classées par rang d'importance ‘dans cet immense
atelier de læ capitale, la charpenterie occupait le
20° rang, la carrosserie le 46°, l’industrie du bâti-
ment le 9°, l’ébénisterie le 8*; que le nombre des
patrons et ouvriers occupés à la manipulation du bois
dépassait enfin 35,000. |
_ Ces renseignements me paraissent Aicurénient
te dé ÉHen:
DE L'EXPLOITABILITÉ. 171
propres à dissiper toute incertitude sur l'immense
intérêt qu'a la société, à ce que l'on adopte pour les
forêts dont elle jouit, des exploitabilités reculées.
H n'est pas permis d'espérer que les particuliers
trouyeront jamais leur intérêt à exploiter leurs bois
en futaie ; car, pour cela, il faudrait non-seulement que
le loyer. de l'argent baissât considérablement ; mais,
ce qui est plus difficile àréaliser, que l’imprévoyance,
le besoin du moment, l'incertitude du lendemain,
cessassent d'intervenir dans les actions humaines.
C’est donc à l'amélioration des forêts de l’État et
des communes que l’on doit songer, et le lecteur sait
maintenant dans quel sens il importe de la diriger.
+ Onn'apprécie pas assez dans notre pays, la place
que les forêts oceupent dans le domaine où la société
puise incessamment les matériaux , les éléments qui
peuvent servir à son existence, ‘à son bien-être, au
développement de sa prospérité. Chose remarquable!
le bois est indispensable à la plupart des industries :
presque {ous les meubles dont l’homme se sert, sont
en bois, depuis le berceau qui l’a reçu à sa naissance,
jusqu’au cercueil qui le contiendra après sa mort.
C’est avec le bois qu'il prépare ses aliments, réchauffe
ses. membres engourdis par le froid, construit son
habitation, laboure son champ, transporte ses denrées ;
c’est le bois qui lui a permis d'étendre son empire sur
l'Océan, et de créer ces voies de fer qui ne feront
bientôt du monde entier qu’une seule famille. Sup-
. primez le bois, toutes les fonctions sociales sont inter-
rompues; tout s'arrête en même temps, les travaux
172 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS
de la paix comme ceux de la guerre, les travaux qui
donnent le nécessaire comme ceux qui donnent le luxe.
Enfin, de quelque côté qu’on jette les regards, le bois
se présente à nous comme l’auxiliaire le plus puissant
que la Providence ait mis à notre disposition pour
améliorer notre sort; et pourtant, de toutes les res-
sources qui nous environnent, c’est celle dont nous
nous préoccupons le moins. Aussi les forêts s’en vont-
elles avec une évidente et alarmante rapidité; la spé-
culation les poursuit à outrance, et si on n’y prend
garde, elle en aura bientôt fait table rase *.
1. Quelques années à peine se sont écoulées depuis le rejet
par le Corps-législatif du projet d’aliénation présenté sous l'empire
par le ministre des Finances, et déjà l’on voit se reproduire des
propositions dans le même sens, propositions toujours appuyées
sur les mêmes considérations, les mêmes sophismes : l's besoins
de l’agriculture, les ressources des bois de particuliers, la faible
rente des forêts de l’État, l'existence dans certaines - contrées ”
forêts indéfinies et inépuisables, etc.; etc:
On oublie que nous avons encore en France plusieurs miss
d'hectares qui ne sont couverts que de bruyères; et que par con-
séquent le terrain ne manque pas à l’agriculture;
On oublie que les particuliers défrichent de plus en plus et
qu'ils y sont poussés, d’un côté, par l'impossibilité pour eux d’éle-
ver des futaies, de l’autre, par la dépréciation du bois de chauffage;
On oublié que la faible rente des forêts de l’État est précisé-
ment la preuve de l'intensité de leur culture et de la supériorité
de leurs produits;
On ignore enfin qu'il n’y a de forêts indéfinies et inépuisables
nulle part; qu’on défriche aujourd’hui avec une sorte de fureur
dans toutes l:s parties du monde, et que les Américains eux-
mêmes n'ont plus assez de bois pour leur propre consommation.
(Lire à ce sujet un intéressant article de M. G. Fabre dans la
Revue des eaux et foréts, fév. 1872.)
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= TROISIÈME ÉTUDE.
DU PLAN D'EXPLOITATION.
CHAPITRE PREMIER.
PRINCIPES FONDAMENTAUX.
- Quand on a complété la statistique de la forèt à
aménager ; quand on a terminé la description spé-
ciale des parcelles dont elle se compose ;. quand on
a choisi le mode d'exploitation et fixé l’âge d’exploi-
tabilité qu’on estime être applicables à ces parcelles,
on possède les éléments nécessaires pour arrèter la
durée de la révolution, la quotité et la marche des
ours annuelles.
… Les documents relatifs à ces divers objets forment
ce qu'on appelle le plan d'exploitation.
… J'ai dit que le mot Révolution s’appliquait au
temps nécessaire pour qu'une série de coupes de :
régénération pût revenir au point de départ et se
_ renouveler dans les mêmes conditions. C'est là le
La vrai sens du mot et par conséquent, si on voulait
174 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
s'exprimer correctement, on devrait n'employer ce
mot que pour l'exploitation des forêts normales, car
c'est dans les forêts normales seulement que les
coupes de régénération peuvent se renouveler pério-
diquement dans les mêmes conditions. Mais cepen-
dant, par suile de la pauvreté de notre langue, on a
abusé du mot Révolution comme de beaucoup d'au-
tres, et on l’a employé indifféremment pour les forêts
qui sont susceptibles d’un aménagement définitif et
pour celles qui ne le sont point, de sorte qu'il ne se
lie pas toujours à l’idée d'une rotation régulière de
coupes d’une nature déterminée.
Il en est ainsi, par exemple, lorsqu'on se sert du
mot Révolution pour exprimer le temps pendant
lequel une forêt devra être parcourue par des coupes
préparatoirés à la futaie. Il est évident que ces cou-
pes préparatoires ne sont pas destinées à se renou-
veler indéfiniment; que souvent même, on n’attend
pas qu’elles aient parcouru toute l'étendue de la
forêt, pour entreprendre les coupes de régénération.
Le mot Révolution ne leur convient donc pas gram-
maticalement. L'usage l’a pourtant admis et consacré
et je ne prétends pas le proscrire. Seulement, pour
prévenir toute confusion, je prendrai les asser
suivantes : |
J'appellerai Révolution principale normale a
temps nécessaire pour l'exploitation, pour la régéné-
ration totale d’une forêt, lorsque ce temps correspon-
dra à l’exploitabilité des essences; Révolution prin-
cipale transitoire celle qui bien que s'appliquant aux
DU PLAN D'EXPLOITATION. 4175
| coupes de régénération, ne différera de la précé-
dente que parce qu'elle devra exceptionnellement
être plus courte ou plus longue qpe ne le sr cc
ar l'exploitabilité des essences.
Mais puisqu'il est fort embarrassant de déonoi-
ner l’âge d’exploitabilité d’une forêt, même lorsque
cette forêt est dans un état que l’on peut croire
stable au point de vue de la consistance et de da
végétation des peuplements qui la composent, le pro-
_ blème devient bien plus difficile à résoudre quand elle
“est évidemment destinée, sous ce double rapport, à
‘éprouver des changements; de sorte qu’à l’incerti-
tude des circonstances économiques s’ajoute celle des
circonstances physiques. Telle exploitabilité excel-
lente aujourd’hui, susceptible par conséquent d’être
considérée comme normale, pourra ne plus l’être
dans un siècle. Aussi sera-t-il raisonnable d'adopter
comme normale ou définitive toute révolution princi-
pale qui n’imposera pas des sacrifices probablement
trop grands d’accroissement et d'utilité.
J'appellerai Révolution préparatoire, bien que ce
soient les coupes et non la révolution qui préparent,
_ le temps pendant lequel une forêt devra être par-
courue par .des coupes qui auront pour but d'y
« rendre possible le début des coupes de régénération.
On s’est quelquefois servi, dans ces dernières années,
pour exprimer ce temps, des mots période d'atteñte.
. Or la période avait toujours été prise jusqu’alors dans
une acception restreinte. C'étaitet c'est encore une
partie de la révolution qui ne saurait se dérouler en
"y: AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dehors d'elle; il y aurait des inconvénients à lui
donner une autre signification.
La révolution préparatoire, telle que je la com-
prends, remplacera dans certains cas, la révolution
transitoire telle qu’elle est définie par MM. Lorentz |
et Parade. |
L'établissement du plan d’ erphidaiies repose sur
plusieurs principes essentiels et qui consistent :
4° À faire arriver autant que possible chaque
parcelle en tour de régénération, à l'époque corres-
pondante à son âge d’exploitabilité et, en tour
d'exploitation intermédiaire, à l’époque mer: par
l'état du peuplement;
2 A prescrire pour les exploitations successives
des parcelles, un ordre qui soit conforme aux règles
sur l’assiette des coupes ;
3°: À former pour la répartition des produits,
dans le cours de la révolution, un règlement qui,
tout en se conciliant avec les exigences de la culture,
soit de nature à assurer le rapport annuel sou-
tenu.
L'application de chacun ri ces principes est
soumise à des conditions particulières plus ou moins
importantes, plus ou moins impérieuses, et souvent
opposées,
Cette opposition est une des plus grandes diffi-
cultés que l’on rencontre dans l'établissement du plan
d'exploitation.
Cet établissement varie suivant les modes d’ex-
ploitation; nous l’étudierons d’abord, dans le cas le
DU PLAN D'EXPLOITATION. hr
_ moins compliqué, c’est-à-dire en admettant que la
_ forêt à aménager doive être exploitée en taillis
simple; nous verrons ensuite quelles modifications il
faut y apporter, quand il s’agit de former une forêt
> régulière, exploitée d’après la méthode du réense-
mencement naturel et des éclaircies périodiques.
Quant aux taillis composés, comme ils ne dif-
fèrent des taillis simples que par l'importance de la
réserve, et comme d’ailleurs cette importance est
. subordonnée à des circonstances culturales très-va-
_ riables, je ne crois pas nécessaire de faire de leur
aménagement l'objet d’une étude particulière .
-— 4. Le lecteur qui aurait besoin d’être mieux fixé sur la ques-
tion de l'aménagement des taillis composés, consultera avec fruit
_le livre de M. Nanquette, pages 297 et suivantes. (Note de la
2° édition.) |
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“ARTICLE PREMIER.
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Fr dibce! QUE RENCONTRE SARA
Héirmob alt
none affaire x un ntnillis dont. la néon
-est de 200 hectares, dont les parcelles sont toutes
exploitables à 20 ans,.et par conséquent dans une
révolution principale de 20 ans‘. Nous avons sous
-les yeux le cahier de la description spéciale et le plan
topographique sur lequel les parcelles ont été figu-
- réestavec: l'indication de leur étendue et de leur âge
respectifs. Nous remplirons le tableau ci-contre :
Pour savoir quelle est celle des 20 dernières
Colonnes à laquelle appartient une parcelle quel-
_<onque, il suffira de prendre la différence entre l’âge
_md’exploitabilité et l’âge actuel de cette parcelle; si la
: différence était de 5 nonÿte, ce serait dans la cin-
Le LE Dette” sibdé! que. ce cite » 20: ans est mittruire.
On n’en a pas pris un plus élevé, afin de 808 la démonstra-
tion. (Note de la 2° édition.)
180 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
quième colonne qu'il faudrait placer la parcelle en
question ; si elle était nulle ou négative, ce qui indi-
querait que la parcelle est exploitable depuis plus ou
moins longtemps, on la colloquerait dans la première
colonne.
Au lieu du classement rigoureux que je suppose
ici et qui implique que dans la reconnaissance de la
forêt on est parvenu à distinguer les peuplements
dont les âges ne diffèrent que d’un an‘, on pourrait
adopter un classement de 5 en 5 ans, et remplacer
les 20 dernières colonnes du tableau par 4 colonnes
seulement, dont la première comprendrait les bois
exploitables dans la première période de 1 à 5 ans;
la deuxième, les bois exploitables dans la deuxième
période de 6 à 10 ans, etc., etc. Je conserverai
néanmoins le classement que mes lecteurs ont sous
les yeux, parce qu’il est propre à rendre plus intel-
ligibles les observations auxquelles la formation
d’un plan d’exploitation est susceptible de donner
lieu.
La contenance de la forêt étant de 200 hectares,
l’âge d’exploitabilité de 20 ans, il est clair que, si
toutes les parcelles étaient placées dans les mêmes
conditions de végétation et présentaient la gradation
d’âge convenable, on devrait trouver au total de
chacune des 20 dernières colonnes du tableau un
4. Contrairement aux règles que j'ai exposées au sujet du
parcellaire, pages 48 et suivantes, règles qui n’admettent pas non
plus qu’il faille plusieurs parcelles pour former une coupe. (Note
de la 2° édition.)
PP ANUS EU PO ER ET Pr
DU PLAN D'EXPLOITATION. 181
chiffre égal au quotient de l’étendue de la forêt par
l’âge d’exploitabilité, et, par conséquent, 40 hectares.
Si, d’un autre côté, en rapprochant l'assiette des
coupes résultant de ce classement de celle que
_ prescrivent les règles de la culture, on constatait
qu'elle n’y déroge pas, on en conclurait que ledit
classement ne laisse rien à désirer, et il n’y aurait
plus qu'à l'appliquer sur le terrain, au moyen de
laies sommières et séparatives, de fossés, de bornes
et de numéros indicateurs.
Le plan d'exploitation se trouverait parfaitement
en harmonie avec les principes que nous avons posés
dans le premier chapitre de cette étude : la produc-
‘tion maxima serait assurée, puisque chaque parcelle
arriverait en tour d'exploitation à l’époque corres-
pondante à son âge d'exploitabilité; les règles sur
l'assiette des coupes seraient observées d’après la
supposition que nous avons faite ; et le rapport sou-
tenu serait réalisé, puisque les conditions de végéta-
tion étant les mêmes pour toutes les parcelles, chaque
coupe donnerait à surface égale un produit égal ;
enfin, la méthode d'exploitation du taillis simple
consistant à couper, à blanc étoc, les peuplements
destinés à être régénérés, il en résulte que l'on peut,
sans contrarier l'application de cette méthode, pré-
ciser l’année et l'emplacement où chaque coupe devra
être’effectuée, et que les prescriptions du plan d’ex-
ploitation, à ce sujet, se concilient avec les exigences
de la culture.
| Ce plan ne serait copiidhi pas complet, si l’on
182 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
n’y ajoutait, comme annexe, les indications néces-
saires, relativement aux coupes d'amélioration (net-
toiements) et à la réserve en baliveaux de l’âge,
que l’état. du peuplement ou l'intérêt du propriétaire
pourrait réclamer. !,
Les nettoiements danses taillis n’ont, en général,
aucune importance, au point de vue de leur rende-
ment. immédiat en matière ou en argent; ils en ont.
une plus ou moins grande, quelquefois nulle, au point
de vue cultural; il n’était donc. pas nécessaire de:les
faire figurer dans le tableau d'exploitation qu’ils
auraient compliqué sans utilité. Quant aux baliveaux
à réserver, on ne saurait d'avance en préciser ni le
nombre ni la grosseur.
L'aménagement d’une forêt placée dans. les con-
ditions favorables que nous avons admises serait,
comme on le voit, bien facile à faire; mais ces con-
ditions sont, on peut le dire, imaginaires. Nos forêts
offrent, presque toutes, une grande irrégularité de
peuplement, qui tient en partie à la nature même des
choses et. qui les éloigne plus ou moins de la forêt-
type que nous avons prise pour exemple : tantôt c’est
l’âge d’exploitabilité qui n’est pas le même pour tous
les massifs qu’on voudrait comprendre dans le même
aménagement; tantôt c’est la gradation des âges qui.
est insuffisante ou qui ne s'accorde pas avec les règles
d’assiette. des coupes; ou bien c'est la. puissance
productive du sol qui est inégale... et ces circon-.
stances fâcheuses font du règlement d'exploitation.
une opération quelquefois très-délicate et très-ardue.
RÉ, ct
DU PLAN D'EXPLOITATION. 183
+ ÆExaminons successivement les principaux em-
Le qui peuvent se produire, et cherchons les
vie de les surmonter. :
- Ces embarras sont presque toujours Lens et
bein en ce sens qu'il est rarement possible
de remédier à un inconvénient sans en faire naître
un autres:
La drbtion est déue #e savoir, entre Fan maux,
choisir k le moindre.
ÉMCLEÉNEE
penid 0! 2: ARTICLE 1.
25 Han
| 20.142 CLASSEMENT DES PARCELLES SUIVANT L'AGE,
D'EXPLOITABILITÉ.
: . Cette considération de l’âge. d’exploitabilité est
celle qui se présente la première à l'esprit, quand on
veut procéder au classement des parcelles dans le
à es SRE
= -enaRiel de plus facile que de s'y conformer, ps
À. âge d’exploitabilité est le même pour toutes les
nbtelle de la forêt, et qu'aucune raison ne s'oppose
… àce que les peuplements que renferment ces parcelles
_ puissent rester sur pied jusqu’à l’époque Farrempon:
à dante à cet âge.
. Mais, l'âge d’exploitabilité étant le même pour
“ii Fi des parcelles, il arrive souvent que, par suite,
- soit d’une exploitation vicieuse, soit d’un abroutisse-
| ment; d’une gelée ou de toute-autre cause acciden-
184 ANÉLRGENENT DES FORÊTS.
telle, le peuplement d'une ou oi d'entre elles
exige une exploitation anticipée. Les faits de ce genre
sont consignés dans le cahier de la description spé-
ciale; on doit y avoir égard, et pour cela on classe
les parcelles dans les colonnes du tableau qui corres-
pondent, non à l’âge normal d’exploitabilité, mais à
l’âge où elles devront être réellement exploitées, à
raison de l’état accidentellement mauvais de la végé-
tation.
Lorsque l’âge d’exploitabilité n’est pas le même
pour toutes les parcelles, on adopte pour base du
règlement d'exploitation l’âge d’exploitabilité le plus
reculé, et l’on partage en conséquence le tableau de
classement en autant de colonnes qu’il y a d’années
dans cet âge. On colloque ensuite les différentes par-
celles dans ces colonnes, de manière que chacune
d’elles arrive périodiquement en tour d'exploitation à
l’âge qui lui convient; mais, pour cela, il faut que
l’âge d’exploitabilité le plus reculé soit un multiple
des autres, et, alors, on fait figurer chaque parcelle
dans le tableau, autant de fois qu’il y.a d’unités dans
le quotient de cet âge d’exploitabilité par le sien.
Une parcelle en châtaigniers qui serait, par exemple,
exploitable à 10 ans, figurerait deux fois dans le
tableau d'exploitation d’une forêt dont la révolution
serait fixée à 20 ans. hi
Lorsque certaines parcelles ont un âge d séloi
tabilité qui n’est pas renfermé un nombre exact de
fois dans la révolution adoptée, elles ne peuvent être
comprises dans le même aménagement, à moins qu'on
ne se résigne à les couper avant ou après leur âge
d’exploitabilité, ou qu'on ne les destine à une trans-
formation qui les ferait rentrer dans les conditions
désirables. Si un peuplement, exploitable à 45 ans,
appartenait, par exemple, à une forêt dont le surplus
serait exploitable à 20, on pourrait classer ce peu-
plement dans le tableau d’exploitation de manière à
le faire arriver en tour d'exploitation, dans la pre-
mière révolution, à l'époque correspondante à son
âge d’'exploitabilité de 45 ans; seulement, pour le
… maintenir dans l’aménagement sans être forcé de
modifier à chaque révolution le plan d'exploitation, il
… faudrait, à partir au moins de la deuxième, ou porter
à 20 ans son âge d'exploitation, ou le réduire à 10,
ou substituer à l'essence dont il se compose, une
_ essence dont l’âge d’exploitabilité serait conciliable
avec celui des autres parcelles.
: La divisibilité de l’âge d’exploitabilité le plus
4 reculé par les autres, est donc la seule condition
_ rigoureusement indispensable pour que l’on puisse
_ comprendre dans le même aménagement, des par-
: celles dont l’exploitabilité différerait; mais on verra
._ que cette différence est souvent un obstacle à l’appli-
cation des règles d'assiette et rend, dans tous les cas,
l'établissement du rapport soutenu d’autant plus
. difficile, que les parcelles exploitables à l’âge le plus
reculé sont moins nombreuses par rapport aux
: autres.-Aussi, dans la pratique, adopte-t-on pour
… base du classement l’âge d’exploitabilité qui convient
A à la majorité des parcelles, et laisse-t-on en dehors
4
?
DU PLAN D'EXPLOITATION. 185.
A7.
186 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
de l'aménagement tous les peuplements exploitables
à un âge plus avancé, lorqu’on croit devoir se con-
former à leur âge d’exploitabilité. GrheLE
Quant aux parcelles exploitables à une époque
plus rapprochée, leur classement se fait _. l'ai
indiqué. 6 | SANT EL
Une fois le ‘elassemént. dés lairesliés établi
d après les considérations précédentes, il faut voir
s’il est en harmonie avec les règles sur l'assiette des
coupes.
ARTICLE JL.
CLASSEMENT DES PARCELLES CONFORMÉMENT AUX RÈGLES
D'ASSIETTE DES COUPES, v#
Les parcelles de la forêt que nous avons à amé-.
nager se trouvent dans des conditions de végétation
tout à fait identiques; les essences dontelles secom- -
posent, la consistance qu’elles présentent, le sol sur
lequel elles reposent, les circonstances climatériques
auxquelles elles sont soumises, sont les mêmes. Elles
ne diffèrent que par la contenance et par l’âge; mais
on remarque qu'en additionnant les contenances des
parcelles de même âge, on obtient, pour chacun des.
âges que présente la suite des nombres de 1 à 20, si
même total. |
Cet état de choses, que je suppose chnstaiél par -
le tableau d'exploitation dont j'ai donné plus haut
le modèle, est-il suffisant. pour constituer un état
normal ?
DU PLAN D'EXPLOITATION. 187
Non, car s’il remplit deux des ‘conditions aux-
quelles j'ai dit que le plan d’exploitation devait satis-
faire, il n’est pas prouvé qu’il remplisse la troisième ;
s’il s'accorde parfaitement avec le principe qui veut
que les peuplements arrivent en tour d'exploitation à :
l'époque correspondante à l’âge d’exploitabilité; s’il
s'accorde aussi bien avec celui qui demande que les
exploitations soient distribuées dans le cours de la
révolution, de manière à procurer chaque année un
produit soutenu; rien ne démontre qu’il se concilie
avec les règles sur l'assiette des es règles que
voici 4 "L ‘1 :
“+ 4° Dans une même série d'exploitation, les coupes
doivent être assises de manière à se succéder de
: proche en proche, et recevoir la forme la plus ge
lière possible.
2° Elles doivent être disposées de manière que
les bois d’une coupe en exploitation ne soient pas
däns le cas d'être transportés à travers d'autres
coupes précédemment exploitées.
3 Dans toute forêt ou série d'exploitation, les
| coupes ‘ doivent être assises de manière que celles
_ quisont à exploiter au commencement de la révolu-
tion-se trouvent placées du côté du nord ou de l'est,
etles dernières du côté du sud oude l'ouest.
+ l° En montagne, il faut couper d’abord les parties
inférieures, et conserver les supérieures pour les der-
nières exploitations. |
F4. étu en a AY au Cours de culture de MM. Lorentz
et Parade. | ei
*
188 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
5° Dans tous les cas, les coupes en montagne,
autant que les localités le permettront, devront être
longues et étroites et présenter leur moindre largeur
aux vents dangereux.
Il faut donc que notre plan d'exploitation ne con-
trarie pas l'application de ces règles; or, en l’exa-
minant de près, on reconnaît qu'il s’y oppose sur
plusieurs points : ainsi, une parcelle qui n’a que 5 ans
est contiguë à une autre âgée de 15 ans et qui, si
l’on ne modifiait pas le classement, devrait être
exploitée 10 ans plus tard. Une troisième parcelle se
trouve en pente immédiatement au-dessus d’une qua-
trième qui est moins âgée. Les parcelles les plus
âgées sont situées précisément du côté du sud d'où
viennent les vents les plus violents. Enfin, aucune
des coupes n'offre, sous le rapport de la forme, la
régularité convenable...
Que faire en présence d’une pareille situation ?
Si on maintient l'ordre des coupes fondé sur
l’âge d’exploitabilité, il en résultera des inconvé-
nients; si on le modifie pour le conformer aux pres-
criptions des règles d’assiette, ces inconvénients dis-
paraîtront, mais ils seront remplacés par d’autres.
Quel que soit le parti que l’on prenne, il faut d’avance
se résigner à des sacrifices. Seulement, ces sacrifices
peuvent être plus ou moins considérables, et c’est à
les diminuer que l’on doit tendre naturellement. Je
ne saurais indiquer le moyen infaillible d'arriver,
sous ce rapport, au but le plus désirable. La nature
des choses ne le comporte pas. Je ne peux qu’ex-
DU PLAN D'EXPLOITATION. 189
poser les principes éintoie qui me paraissent propres
à éclairer le jugement de l'opérateur et à mes. 2 À
de faire fausse route
Les principales circonstances qui influent sur
importance de l’application des règles d’assiette
sont : la configuration du sol et le mode d’exploita-
tion. or
: C'est en montagne que l'assiette des coupes
réclame une attention toute particulière, parce que
les accidents météoriques y sont plus nombreux et
plus violents que dans la plaine, et que, d’ailleurs,
la déclivité et l'escarpement du sol augmentent natu-
rellement les difficultés de la surveillance, de l’exploi-
tation, et de la vidange.
Mais c’est dans les futaies que la dérogation aux
règles d’assiette est surtout dommageable. Dans les
taillis, et dans les taillis simples notamment, les
deux premières règles sont, en général, les seules
qu'il soit véritablement utile d'observer; en effet, les
vents, dont les trois autres ont pour objet d’atténuer
la violence, ne sont guère à redouter pour le sous-
bois qui croît à l’état serré jusqu'au moment de son
abatage ; qui ne s'élève jamais beaucoup, et qui est
toujours assez flexible pour plier, sans se rompre ou
se déraciner, sous l'effort de la tempête.
» Quant aux réserves, comme elles sont clair-plan-
tées et qu’elles dominent le massif, la disposition des
coupes ne saurait avoir, sur leur conservation, une
influence appréciable.
Quels que soient, au reste, les motifs qui rendent
de
190 AMÉNAGEMENT DES FORÊÉTS.
l’application de telle ou telle règle utile et même
nécessaire, il n’est pas indispensable, pour que cette
application atteigne le but désirable, qu’elle assujet-
tisse à la même loi toutes les coupes à faire durant
la révolution. Il y a, dans le nombre des coupes
dont on ‘veut déterminer l'assiette, une limite au
delà de laquelle les avantages de certaines règles
disparaissent complétement. Ainsi, lorsqu'il s’ agira
d'appliquer la première règle, qui demande que les
coupes soient assises de manière à se succéder de
proche en proche, on pourra souvent, sans renoncer
à aucun des avantages d’une semblable disposition,
partager la révolution en périodes, et ne réaliser
l’ordre régulier que pour les coupes de chacune de
ces périodes, envisagée séparément. : lt
Les règles d’assiette ne s'accordent pas toujours
entre elles. Il arrive même fréquemment que l'appli-
cation de l’une met obstacle à l'application de l’autre.
Cette opposition est la difficulté à laquelle il faut
remédier d'abord, en choisissant entre les deux règles
qui se contrarient celle qui emprunte à la configu-
ration du so}, à la nature du climat, à l’état du peu-
plement la plus grande importance. : 00
IL y à une règle, la deuxième, qui est indépen:-
dante de l’ordre des exploitations, en ce sens que,
quel-que soit cet ordre, elle peut être observée au
moyen de travaux d'art plus ou moins coûteux. Il
faudrait que ces travaux fussent bien considérables
pour qu'on s’abstint de les faire, en présence des
inconvénients qui résulteraient de l’inobservation
PT CPI PEOUS PPS EEE PONS TR PE
DU PLAN D'EXPLOITATION. 191
LE .. même partielle des règles d’assiette. L'intérêt du
‘capital que lesdits travaux nécessiteraient, comparé
+ à la perte que subirait la production annuelle, si on
Maissait les, choses dans le statu quo, servira de guide
“pus! les appréciations de cette nature.
« L'est à l’aide de ces principes que l'on se fixera
sir d'ordre. dans lequel il serait à souhaiter ‘que les
parcelles de la forêt à aménager se. succédassent,
“et sur les changements qu'il y aurait lieu d’intro-
-duire en D AE dans le classement de, ces
parcelles +1
| ENT + it naisinéni, es néeichis qui
+ -résulteraient de la non-observation des règles d’as-
wsiette.à ceux que leur application entraînerait,
“s£e plan d'exploitalion ayant été établi d’après
“âge d’exploitabilité des différentes parties qui con-
stituent la forêt, on ne saurait le modifier, d’une
manière quelconque, sans reculer.ou avancer, pour
un ou plusieurs massifs, l’époque de l'exploitation,
vet;-par conséquent, sans porter atteinte au produit le
«plus avantageux, sans amoindrir le revenu -que la -
forêt eût éreneile de procurer dans un temps
-*donné.
: «nQ1È Tel: est le . inconvénient qu ’entrainerait la.
_ vmodification du classement fondé sur l’âge d’exploi-
pts.
… Quelle est sa gravité? Est-elle plus grande. düand
con és PV l'âge ne nus que Est 5l on, le
Fi g devance? |
On. Naf qué- ces y ne Se
{
192 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
pas une solution rigoureusement exacte. Il serait :
téméraire d'y répondre d’une manière So soit
dans un sens, soit dans l’autre.
On peut, cependant, poser en principe qu'il est
presque toujours moins désavantageux de laisser
les bois trop longtemps sur pied, que de les couper
trop tôt; car, dans le premier cas, on ne perd guère
que sur la quantité, tandis que, dans le second, on est
exposé à perdre, à la fois, et sur la quantité et sur la
qualité. On a vu, d’ailleurs, dans la théorie de l'exploi-
tabilité, que le retard apporté à l'exploitation d’un bois
se traduit par une accumulation de produits; sicette
accumulation est fâcheuse, parce qu’elle ne rend pas
l'intérêt qu’on aurait pu retirer de ces produits en
les réalisant et en en plaçant le prix, elle l’est moins
toutefois que ne le serait une exploitation prématurée
par laquelle on compromettrait, en même temps,
son capital et son revenu. aol té
Voilà un premier principe; en voici un second:
La perte causée par une exploitation ‘prématurée
ou tardive est en raison de la différence qui existe
entre l’âge d’exploitabilité et l’âge correspondant à
l’époque de cette exploitation ; d’où il suit que c'est
_ dans les bois qui sont soumis à de longues révo-
lutions, que les difficultés de l’espèce ont le plus de
gravité. cast
Mais, quelle que soit la perte que puissent occa-
sionner les modifications dont je viens de prévoir
l'opportunité, il faut considérer qu’elle est subordon-
née à des circonstances transitoires, destinées à dis-
DU PLAN D'EXPLOITATION. 193
_ paraître ordinairement après la première. révolu-
tion, c'est-à-dire après le temps nécessaire «pour
l'établissement de l’état normal. .
ré Les pertes qui résulteraient de la Bart ns
tion des règles d'assiette tiendraient, au contraire.
à: des circonstances permanentes, et se reprodui-
raient à chaque révolution. Pour qu'il en fût autre-
ment, il devrait s’opérer dans la configuration du
| Fa le climat et dans les autres. conditions
4 de Ja. végétation » des Rencren évidemment
i&i Si par. FE ‘on n Asties pas . des coupes
de, proche en proche, en ayant soin de leur donner
la. forme, la plus convenable, on se condamnerait,
pour toujours, à aggraver les difficultés de la surveil-
_ lance,.et les dommages inévitables causés par le
couvert des arbres voisins, par Feanioions et la
vidange des produits.
Sion ne les disposait pas de smsièes à ne point
. être obligé de transporter les bois d’une coupe en
. exploitation, à travers d’autres coupes récemment
exploitées, chaque année verrait se renouveler et
s'’augmenter les dégâts ruineux occasionnés par le’
charroi des produits, etc.
1 C'est là un caractère, la permanence des causes
de perte, qui est de nature à peser d’un grand poids
dans la balance des inconvénients qu'entraînent,
d'une part, la dérogation aux règles d’assiette, et,
dé l’autre, l'exploitation soit avant, soit après l’âge
| Pope
194 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Ayant à choisir entre une perte de produits, acci-
dentelle et temporaire, et un dommage susceptible
de se renouveler indéfiniment, le choix ne saurait
être douteux, et le simple bon sens veut qu’on
prenne les dispositions nécessaires pour faire dispa-
raître la cause du dommage, sauf à ménager la
transition de l’état actuel à l’état désirable, de façon
à répartir sur un plus grand nombre d’années, la
perte de produits inhérente à une ‘'exploitation tar-
dive ou prématurée.
- On y arrivera, en ne modifiant qu'en partie la
marche des coupes pour les premières révolutions.
Exemple. 1 s'agit d’un bois partagé en vingt
coupes, situé en pente rapide, dont les exploitations
ont toujours été faites, jusqu’à présent, de bas en
haut, mais dans lequel, l'impossibilité de construire
des chemins de vidange, impose à l’adjudicataire la
nécessité de transporter les boïs de la’ coupe en
exploitation, à travers d’autres coupes précédemment
exploitées.
Le maintien d’un pareil état de choses est inad-
missible. Il faut renverser l’ordre des coupes; mais
on ne peut songer à effectuer ce changement sans
transition, puisque de la coupe exploitable on tom-
berait dans les bois d’un an. On prendra donc les
dispositions suivantes :
Pendant la première révolution, les cinq ère
coupes seront assises dans les bois âgés actuellement
de 16 à 20 ans ; les cinq autres, dans les bois de 44
à 45 ans; les cinq suivantes, dans les bois de 6 à
dés
D TE NB EN OET S CPPTENN Eee
DU PLAN D'EXPLOITATION. 195
40 ans, et les dernières, dans les bois de 4
pie 5 ans.
« Un an après la première révolution, les cinq
\estiis situées à la partie supérieure de la pente,
aufont, en commençant par la plus élevée, de 5 ans
à À an; les cinq autres coupes auront de 10 à 6 ans;
les cinq suivantes, de 15 à 11 ans, et les cinq plus
ses; de 20 à 16 ans.
Pendant la deuxième révolution, on commencera
le Ébloitations par la coupe âgée de 15 ans, et on
les continuera en descendant successivement jusqu’à
la coupe inférieure, qui, alors, aura 25 ans; puis, on
se portera à la partie supérieure où l’on trouvera des
bois de 15 ans, et on descendra successivement jus-
qu’au milieu de la pente où l’on terminera. l’exploi-
tation par des bois de 25 ans. _
.:_ A partir de la troisième révolution, l’ordre défi-
nitif sera suivi, et, à partir de la-quatrième, chaque
coupe sera exploitée à l'époque correspondant préci-
_ _sément à son âge d’exploitabilité. Le maximum de
. Ja différence entre cet âge et celui où aura lieu l’ex-
… ploitation, sera de 5 ans, tantôt en plus, tantôt
. en moins, pendant trois révolutions. Cela n’a rien
prtitant.
Fai supposé un cas extrême et par conséquent
En. La formation du plan d'exploitation des
- laillis n’exige pas ordinairement ces ménagements et
_ ces précautions, dont je viens de donner des exem-
- ples. Toutes les fois que cette formation n’impose
. que des transpositions de parcelles d’une faible éten-
196 AMÉNAGEMENT DES FOBÊTS.
due ou le redressement des contours des coupes, les
avantages qu'on réaliserait, en appliquant à lopéra-
tion les mesures transitoires indiquées précédemment,
ne vaudraient pas ceux que procurerait ARE «
ment immédiat de l’état définitif. |
Voilà pourquoi on se borne le plus souvent, din
les aménagements de taillis, à partager la forêt en
coupes parfaitement régulières qu’on exploite ensuite,
de proche en proche, conformément aux règles d’as-
siette, en s’efforçant, il est vrai, autant que possible,
de ne pas trop s'éloigner de l’âge d’exploitabilité,
mais en considérant toutefois comme secondaires, les
difficultés que rencontrerait l° pe ag de Dee
dernière condition. ei
Dans tous les cas, et quand bien nord on croi-
rait devoir adopter un plan d’exploitation provisoire,
il n’en faudrait pas moins arrêter le plan définitif, le
plan normal, et c’est même la première opération à
laquelle il conviendrait de procéder. Ce plan n’en
serait pas moins appliqué sur le terrain, et.le plan
provisoire ne figurerait que sur le papier, sous la
forme d’un état d’assiette motivé.
On connaît maintenant là plupart des obstacles
qui peuvent s'opposer à l'observation des règles
d’assiette, et l’on voit qu’il n’y en à pas d’insurmon-
tables. Cependant il en est un dont je n'ai pas parlé
et qui le serait : c’est celui qui consisterait dans
l'existence, au milieu d’un bois exploitable à un cer-
{ain âge, d’une parcelle dont l’exploitabilité serait
différente et qui devrait, en conséquence, arriver en
.DU PLAN D'EXPLOITATION, 197
tour d'exploitation, deux ou plusieurs fois dans le
cours de la même révolution. Il est certain que cette
_ parcelle ne pourrait être placée dans les conditions
désirables. de végétation, de vidange, et de surveil-
lance. Aussi, est-ce là un motif de plus pour que l’on
ne mêle pas, dans le même aménagement, des bois
exploitables à des âges différents.
4 Je l'ai déjà dit et je le dis encore en finissant, car
D j je croïs que cela est de la plus grande importance :
E piston des deux premières règles d’assiette est
de rigueur, J'insiste sur ce griannei parce qu'on
4 serable le méconnaître généralement. : .
‘ Les dommages causés par le couvert des bois
F Minh: ceux qui résultent de l'inefficacité de la
_ surveillance rendue plus difficile; les frais qu’occa-
. lignes séparatives sinueuses; les dégâts mêmes occa-
sionnés par la vidange ; tous ces inconvénients ne
paraissent pas bien graves quand on les considère
séparément; ils passent inaperçus, et, cependant, ils
setraduisent finalement par une diminution, beaucoup
_ plus forte qu'on ne croit, du produit net. "at
_ … C'est surtout-en matière d'exploitation forestière
4 ” + pes de petiles économies.
_ sionne le réarpentage des coupes ou la recherche des
198 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS, |
ARTICLE JV.
CLASSEMENT DES PARCELLES CONFORMÉMENT AUX EXIGENCES
DU RAPPORT ANNUEL SOUTENU.
SECA
Conditions nécessaires pour que le rapport annuel soutenu
puisse être réalisé.
Pour que l’on puisse retirer d’une forêt un
rapport annuel et soutenu, il faut, de toute nécessité,
deux choses :
1° Que les âges des différentes parcelles dont
cette forêt se compose, soient gradués de manière
qu'il y ait possibilité de livrer chaque année à
l'exploitation, une portion du peuplement, sans
s'imposer de trop grands sacrifices sur l'accroisse-
ment ;
2° Que chacune de ces portions soit sisi
de fournir, à l’époque fixée pour son exploitation, le
même produit et occupe, en conséquence, une étendue
inversement proportionnelle à sa puissance PORTER
comparée à-un terme commun.
Établissons d’abord dans quels cas et à quelles
conditions le rapport annuel est possible : nous
chercherons ensuite les moyens de dr à soutenu ce
rapport annuel.
Pour l'intelligence des ivehes AR soit à
l’âge d’exploitabilité, soit à l’assiette des coupes, il
Mr ds à
ME
.DU PLAN D'EXPLOITATION. 199
n'était pas indispensable de supposer, comme nous
l'avons fait dans les chapitres précédents, que la
gradation des âges était parfaitement régulière et ne
présentait pas de lacune. Ces principes trouvent en
effet leur raison d’être, dès que l’on admet qu’il existe
dans une forêt des massifs dont les âges diffèrent el
qui. demandent, par conséquent, à ne pel être
exploités à la même époque.
La réalisation du. rapport annuel exige, au
contraire, qu'il y ait dans les âges une gradation,
sinon parfaitement régulière et complète, telle, du
moins, que ses défectuosités s'arrêtent à de certaines
limites.
b b 2Quelles sont ces limites ?
… Nous-continuerons à nous maintenir dans l'hypo-
thèse que l’âge d’exploitabilité de la majorité. des
pores est de 20 ans. :
Nous. classons ces parcelles. dans. les diverses
colonnes du plan d'exploitation, et nous ne trouvons
rien à porter dans les dix premières colonnes, ce qui
montre que la forêt ne renferme pas de bois âgés de
plus de 10 ans.
Si l’on voulait, dans cet état de choses, réaliser
D ann le rapport annuel, il faudrait se
i à exploiter des bois de 10 ans, et à perdre,
en. conséquence, le bénéfice de l'accroissement des
10 dernières années. Ce sacrifice serait considérable,
. etil est d'autant moins admissible que l’on consente
à le faire, que des bois de 40.ans n’ont, d'ordinaire,
qu’une très-faible valeur vénale. On attendra, pour
200 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS,
commencer les exploitations, que l’on ait des peuple-
ments plus âgés. |
Donc, une première condition pour qu’une forêt
soit immédiatement productive d’un rappôrt annuel,
c'est qu’elle renferme des bois exploitables ou assez
près de l'être, pour qüe lon puisse en effectuer
l'exploitation, sans subir une trop grande perte
d’accroissement.
Au lieu de ne renfermer que des bois au-dessous
de 40 ans, la forêt n’en renferme que de 15 à 20 ans.
Il est clair que si l’on ne voulait consentir à
aucune perte sur l’accroissement, l'aménagement ne
serait pas plus possible dans ce cas que dans le
précédent, puisque après 5 ans, il n’y aurait plus de .
bois à exploiter; la forêt se trouverait transformée
en un jeune taillis de 4 à 5 ans; les coupes sd tit
être forcément interrompues. |
Admettons que l’on tienne beaucoup à établir
immédiatement le rapport annuel. Pour cela, il sera
nécessaire de n’exploiter qu’en 20 ans le peuplement
existant, et, dès lors, de laisser sur pied pendant
encore 20 ans, des bois qui en ont déjà 45. Ces bois
auraient, à l’époque de leur abatage, 35 ans, soit
15 ans de trop. Il est probable qu’un âge aussi
reculé ne saurait convenir ni à l'intérêt bien entendu
du propriétaire, ni aux exigences de la reproduc-
tion:
Donc, une deuxième condition pour qu’une forêt
soit productive d’un rapport annuel, c'est qu'outre
des bois exploitables ou sur le point de l'être, elle en
LT dent de ho md LE Mr an ee EE PER EE
DU PLAN D'EXPLOITATION. 201
_contienne d'assez jeunes pour que l'on puisse, sans
de trop grands inconvénients, les laisser sur ge
jusqu'à la fin de la révolution.
La forêt renferme des bois de 2 ans, de 20 ans,
et de quelques autres âges intermédiaires; mais les
bois de 3 à 42 ans manquent complétement. Pour
assurer la continuité des produits, il faudrait
remplir ces lacunes et remplacer les bois de 3 à 12
ans, absents, par une partie de ceux de 2 ans et une
‘partie de ceux de 43, et exploiter les uns 5 ans
avant l’âge d’exploitabilité, les autres 5 ans après.
Lorsque les vides. à remplir sont trop grands, ils
s'opposent à l'obtention immédiate du rapport annuel.
Donc, une troisième condition pour qu'une forêt
soit productive d’un rapport annuel non interrompu,
c'est que la différence d’âge entre les peuplements
dont les exploitations doivent se suivre, soit telle
qu'en la partageant en deux, on ait un nombre
d'années qui ne dépasse pas le maximum de l'écart
que l'on est disposé à tolérer, entre l’âge d’exploita-
bilité et l’âge correspondant à l’époque de l’exploi-
tation.
Telles sont les conditions auxquelles le rapport
annuel est subordonné, lorsque la révolution défini-
tive est immédiatement applicable. -
Si l’on était forcé d'adopter une révolution princi-
pale transitoire, il faudrait, en outre, que cette révo-
lution fût assez longue pour que les parties de la
forêt qui auraient été régénérées à son début, pussent
être de nouveau exploitées à son expiration.
?
202 : AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
En résumé, le défaut de gradation dans les âges
d'une forêt, peut être tel qu’il empêche absolument
lannualité du rapport; il peut être tel que cette
annualité ne soit possible qu’au moyen d'une révo-
lution transitoire. 11 peut enfin ne pas être assez
grand pour s'opposer à ce qu’elle se concilie avec la
révolution définitive. |
Nous avons vu que: l’application des règles
d’assiette avaitsouvent pour résultat de faire modifier
le tableau d'exploitation, ce qui entraînait la nécessité
d'avancer ou de retarder l’abatage des peuplements
-dont le classement était changé. La réalisation du
rapport annuel expose aux mêmes inconvénients.
Nous avons vu que, dans le classement suivant
les règles d’assiette, pour diminuer, autant que
possible, la perte d’accroissement occasionnée par la
non-exploitation à l’âge d’exploitabilité, on pouvait
être réduit à adopter un état d’assiette, c’est-à-dire
un plan provisoire d'exploitation. C’est un expédient
auquel ôn a recours quelquefois pour réaliser le
rapport annuel, quand la révolution est définitive, et
qu'il faut nécessairement employer, quand elle est
transitoire.
Il résulte de ce qui précède :
Que lorsque le tableau d'exploitation, dressé
tout d’abord d’après l’âge d’exploitabilité, a été
ensuite successivement modifié : une première fois,
pour qu’il se concilie avec les règles d’assiette; et,
une seconde fois, pour qu’il présente une succession,
non interrompue, de coupes annuelles, on peut avoir
DU PLAN D'EXPLOITATION. 203
à assurer le rapport soutenu dans les circonstances
suivantes : :
+4° Révolution principale définitio: marche des
dupes: normale.
2° Révolution principale défaites: marche des
coupes, provisoire.
8° Révolution principale pates marche des
cale provisoire. ;
_…
$ 2.
_ Du rapport soutenu dans l'hypothèse d’une révolution principale
définitive et d’une marche Vert coupes, normale.
1e classement des parcelles dans le tableau d’ex-
| ploitation est terminé. Chacune des colonnes de ce
tableau présente au total, une égale contenance; le
rapport annuel est assuré; lé rapport soutenu ne le
serait que si les conditions de végétation étaient les
mêmes pour toutes les coupes : ES elles sont, au
poar y remédier?
On a imaginé, à cet effet, plusieurs moyens que
je. vais passer en revue; je dirai ensuite dans quelle
mesure leur emploi me paraît admissible.
xt à Des moyens de remédier à BE inégalité des condi-
tions de la néséiasion
? “4 On Pis Pars le Dit par hectare, que don-
204 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
nera chaque parcelle au moment où elle arrivera en
tour d'exploitation, et on le compare au produit
moyen par hectare de la forêt. On obtient, ainsi,
pour chaque parcelle, un rapport qui exprime de
combien sa: puissance productive est supérieure ou
inférieure à la puissance productive moyenne, et qui
indique, en même temps, ce qu’il serait nécessaire
d'enlever ou d'ajouter à un hectare de cette parcelle,
pour en obtenir un produit égal à celui de l’hectare
pris pour terme de comparaison. à
Le chiffre qui exprime le rapport par hectare
entre le produit d’une parcelle quelconque et le pro-
duit moyen, est donc un coeflicient par lequel il suffit
de multiplier la contenance réelle de cette parcelle,
pour. connaître à quel nombre d'hectares d’une
puissance productive moyenne équivaut cette conte- :
nance réelle. |
Ce nombre est substitué dans le tableau de clas-
sement à la contenance réelle. On modifie en consé-
quence les totaux des colonnes, et s’ils sont inégaux,
on y remédie en transportant, de proche en proche,
et conformément aux principes exposés précédem-
ment, l’excédant des colonnes trop riches dans celles
qui ne le sont point assez. Ces transferts en entrai-
nent nécessairement d’autres lorsqu'on veut opérer
rigoureusement ; car ils ont pour résultat d'avancer
ou de retarder l’époque de l'exploitation des par-
celles déclassées. On tient compte de cette circon-
stance, et, par des tâtonnements, par des remanie-
ments successifs, on parvient à rendre les contenances
DU PLAN D'EXPLOITATION. 205
. coupes, inversement sas st: à leur puis-
sance productive.
+ Eæemple : Le produit moyen par: Dole æ est
_ représenté par l'unité. On trouve que, calculé pour
l’époque de son exploitation, le produit de la parcelle
A sera.de 50 pour 400 plus fort que le précédent.
Il est donc représenté par le ‘chiffre 4,50. On
multiplie la contenance de la parcelle, qui est de
8 hectares, par 4,50; on obtient 42 hectares. On
substitue ces 12 hectares aux 8 hectares portés dans
le tableau de classement. Après avoir opéré de cette
manière pour les autres parcelles, on constate que
la,colonne, dans laquelle figure la parcelle A, est
trop riche et qu'il faut transporter une -portion de
cette parcelle dans la colonne voisine. C’est ce que
l'on-fait; mais ce transfert modifie nécessairement la
puissance produetive, par hectare, de la portion
déclassée, puisque cette dernière ne sera pas exploi-
tée à l’époque que l’on avait fixée primitivement. On
tient compte de cette circonstance, en réduisant ou
en. augmentant proportionnellement la contenance
fictive de ladite portion, etc., etc.
+ La principale difficulté dans l’application de ce
procédé, porte sur l'évaluation du volume que les
_ parcelles présenteront, quand arrivera le moment de
_ lesexploiter. Pour faire cette évaluation, il n’y a que
deux moyens : calculer, d’après l'accroissement
passé, l'accroissement futur, et ajouter l’un à l’autre;
ou bien, adopter comme devant être le volume qu'ac-
querra cette parcelle, celui d'un peuplement qui serait
LA
Ce
206 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
placé dans de semblables conditions de végétation, et
qui aurait l’âge fixé pour son exploitation.
Le calcul de l'accroissement, d’après la marche
antérieure de la végétation, est impossible dans les
taillis, par beaucoup de motifs qu’il est inutile de
développer ici, et, entre autres, parce que leur
accroissement annuel suit ordinairement, jusqu’à
l’époque de leur abatage, une progression qui ne
permet pas de préjuger, avec quelque chance de
succès, le volume qu'ils acquerront pas celui qu’ils
ont acquis.
C’est donc par la comparaison avec des massifs
situés dans les mêmes conditions de végétation, que
l’on peut espérer de parvenir au but de ses recher-
ches. Cette opération est plus ou moins difficile, sui-
vant l'état des lieux et les caractères plus ou moins
variés des parcelles que l’on envisage. Les exploita-
tions effectuées dans la forêt même dont on règle l’amé-
nagement, suppléent quelquefois aux termes de com-
paraison que la localité n’offre pas. S'il existait des
données expérimentales sur l’accroissement annuel
des différentes essences, suivant les sols, les climats
et les modes d'exploitation, il suffirait de recourir à
ces données pour obtenir les renseignements dési-
rables. Malheureusement elles n’existent pas.
2° Le second moyen qui a été conseillé pour
rendre le rapport soutenu, consiste dans l’apprécia-
tion directe des éléments mêmes de la végétation,
c'est-à-dire, des circonstances qui sont de nature à
exercer une influence sur la production. On fait, pour
DU PLAN D'EXPLOITATION. 907
ces éléments, les mêmes calculs que pour les pro-
duits présumés des parcelles, et on obtient de cette
manière les coefficients qui servent à fixer les conte-
nances qu'il faut donner à chaque coupe, pour en reti-
rer le même produit.
On prend par exemple, pour rte de compa-
raison, un massif situé dans des conditions moyennes
de végétation. On exprime par l'unité l’état du peu-
plement et la fertilité du lieu d'habitation. On com-
pare à cette fertilité et à cet état de peuplement, la
fertilité et l'état du peuplement de chaque parcelle.
On obtient ainsi, pour chaque parcelle, deux facteurs.
On multiplie ces deux facteurs l’un par l'autre; le
produit exprime précisément dans quel rapport se
trouve la puissance productive de la parcelle que l'on
considère, avec la puissance productive du massif
choisi pour terme de comparaison.
Exemple : La parcelle A renferme un susbdhent
dont l'état est de un quart moins satisfaisant que
celui du peuplement moyen pris pour type. Son ter-
rain, son climat, son exposition dénotent une fertilité
qui, comparée à celle du peuplement moyen précité,
est moins bonne de un cinquième. Il en résulte que
son coeflicient de puissances productive est, pour
l'état de peuplement, de 0,75, et pour la fertilité du
lieu d'habitation de 0,80. En multipliant ces deux
rapports l’un par l’autre, on trouve au produit 0,60.
Cela signifie que six dixièmes d’hectare ou soixante
ares d’un peuplement, placés dans des conditions
ordinaires de végétation, équivalent, en puissance
“it
+
AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
productive, à un hectare de la parcelle A, et que
pour rendre, par conséquent, la contenance de cette
parcelle inversement proportionnelle à sa puissance
productive, il faut la porter sur le tableau de classe-
ment pour une contenance fictive ou réduite, égale
à son étendue réelle multipliée par le coefficient 0,6.
Des deux procédés que je viens d'exposer, quel
est le meilleur?
C'est ce que j'ai maintenant à apprécier.
Pour peu qu’on y refléchisse, il est facile de
reconnaître que celui dont on a parlé en dernier lieu
ne constitue pas une méthode particulière; qu'envi-
visagé d’une manière absolue et en soi, il serait
même dépourvu de toute valeur pratique, et qu'il ne
peut servir qu'à compléter et à contrôler les rensei-
gnements sur lesquels, par le premier procédé; on
base ses appréciations. À
Tous les deux reposent d’ailleurs, éhidèmient,
sur le même principe. Le second implique comme
l’autre, que l’on connaît la‘ production possible d’un
peuplement, à un âge et dans des conditions de végé-
tation donnés; et lorsqu'on compare entre eux les
éléments de cette végétation, un terrain à un autre
terrain, un état de peuplement à un autre état de
peuplement, on a nécessairement, pour éclairer cette
comparaison, une idée plus ou moins nette des résul-
tats que ces éléments seraient susceptibles de fournir à
des époques déterminées. Sans cette idée indispen-
sable, la comparaison n’aurait pas de conclusion pos-
sible. Un terrain n’est préféré à un autre, que parce
red
E
#
#1
DU PLAN D'EXPLOITATION. . 209
que l’on présume qu’il rapportera davantage. Un état
de peuplement est plus ou moins satisfaisant par des
raisons analogues. Dans cette matière, comme dans
toutes celles où il s’agit d'apprécier la valeur relative
des agents physiques, on ne peut juger des causes
que par leurs effets.
Le second procédé n'échappe donc pas à la dif-
ficulté que présente l'estimation du volume futur. 1]
rend, au contraire, cette difliculté plus grande en la
compliquant, et il a, sous ce rapport, des exigences
auxquelles il est impossible de satisfaire. Ainsi, il
demande que l’on détermine l'influence particulière
de chacun des éléments de la végétation sur le ré-
sultat futur plus ou moins éloigné de cette végétation;
il demande que l’on fasse, dans ce résultat, la part
qui revient, soit à la fertilité du lieu d’habitation,
soit à l’état du peuplement. 4] implique, dès lors, que
l'on trouvera autant de massifs placés dans des con-
ditions spéciales qu'il y à d'éléments divers spécifiés.
Cela n’est pas admissible; et cependant il faut remar-
quer que, dans l'exposé du procédé en question, on
a partagé les éléments de la végétation en deux caté-
gories seulement : l’une comprenant les circonstances
relatives au peuplement, l’autre celles qui concernent
la fertilité du lieu d'habitation. Les difficultés ou
plutôt les impossibilités pratiques de ce procédé,
dans l'état actuel de nos forêts, seraient bien plus
manifestes, si l’on voulait former les coefficients de
_ production en fonction de chacune de ces circon-
stances. ,
D 7
FA
&
20 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Le second procédé n’a’pas, en définitive, de
valeur propre, puisqu'il ne supplée pas au premier.
Il est impraticable, puisqu'il exige des appréciations
que la nature des choses ne comporte pas. Son mérite
est d'éclairer et d’assurer la marche de l’opérateur
qui se propose de déterminer les rapports entre les
puissances productives de divers peuplements. Ainsi,
il l’oblige à apporter dans ses reconnaissances de la
méthode et de la précision; il lui apprend à con-
trôler, par des rapprochements nombreux; les résul-
tats d’un premier examen, en vérifiant si les diffé-
rences dans les productions qui seraient indiquées,
soit par des exploitations antérieures, soit par des
tables d'expérience, s'accordent avec celles que pré-
senteraient les éléments de la végétation.
A tous ces points de vue, l'examen attentif des
circonstances qui sont de nature à exercer une in-
fluence sur la production, est d’un grand secours dans
les opérations très-délicates auxquelles l’établisse-
ment du rapport soutenu donne lieu.
3° Indépendamment des deux moyens sur les-
quels je me suis appesanti, un peu longuement peut-
être, au gré de mes lecteurs, on a appliqué à l’éta-
blissement du rapport soutenu, un expédient qüe je
dois faire connaître, ne fût-ce que pour fournir une
- nouvelle preuve de l'importance que certains auteurs
attachent à l’égalisation des produits annuels.
On calcule, comme on le fait dans les autres mé-
thodes, le volume de chaque coupe pour le moment
de son exploitation; puis on partage la révolution en
LS
nl NO
LL
DU PLAN D'EXPLOITATION. 241
un cerlain nombre de périodes égales qui correspon-
dent, chacune, à un même nombre de coupes; et,
enfin, au lieu de fixer sur le terrain les limites des
coupes annuelles, on subordonne leur étendue, pendant
chaque période, au volume qu'elles présenteront en
bloc quand elles arriveront en tour d'exploitation, ce
qui veut dire que, chaque année, on exploite la quan-
tité de bois qu'indique le quotient du volume total
présumé d’une période par la durée de cette dernière.
Ce moyen n’est pas affranchi des incertitudes
d'appréciation qu'offrent les précédents ; il y ajoute
au contraire des chances d’erreur ; il complique l’ex-
ploitation, il en compromet la régularité, et ce, sans
compensation, car de deux choses l’une : ou bien les
exploitations annuelles se renfermeront précisément
dans les limites qu’auraient eues les coupes, si on
leur avait donné des contenances proportionnelles à
leur puissance productive, ou bien elles s’en éloigne-
ront. Dans le premier cas, les précautions qui carac-
térisent le procédé en question auront été inutiles ;
dans le second cas, qui est infiniment plus probable,
une inévitable confusion se mettra dans l’assiette des
coupes, et, pour réaliser le rapport soutenu pendant
quelques années, on se condamnera à des anticipa-
tions ou à des déficits successifs qui ne tarderont pas
à l’altérer profondément.
219 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
9. Des limites dans lesquelles il paraît conve-
nable de renfermer l'emploi des coefjicients de produc-.
lion.
\
Il ne faut pas se dissimuler que dans l’état d’ir-
régularité où sont généralement les forêts de notre
pays, et en présence du très-petit nombre de ren-
seignements positifs que l’on a recueillis sur l’ac-
croissement et la longévité des massifs, la réalisation
du rapport soutenu, par la méthode des contenances
réduites, est fort chanceuse. Il est donc prudent de
ne l’essayer que dans des circonstances bien accusées
et avec une grande circonspection.
Entrons, à ce sujet, dans quelques développe-
ments, cherchons quelques principes : nous les trou-
verons en nous rendant un compte exact de tous les
éléments qui sont compris, comme données plus ou
moins essentielles, dans le problème à résoudre,
problème qui consiste à déterminer la puissance pro-
ductive d'une parcelle de bois.
A quoi tient cette puissance productive ? à quelles
circonstances est-elle subordonnée ?
Elle est subordonnée :
1° Au temps, c'est-à-dire à l’âge qu’aura le
massif quand il arrivera en tour d’exploitation;
2° A l’état du peuplement, c’est-à-dire à la
nature des essences, à leur consistance, à leur végé-
tation;
3° A la qualité du sol;
EAP tour Ce
DU PLAN D'EXPLOITATION. 213
s
* 4° Au climat, et, principalement, à la situation
et à l'exposition.
- Ainsi, le produit d'une parceile, parvenue à l'âge
fixé pour son exploitation, est la résultante des actions
combinées de ces diverses causes.
C’est là ce qui complique la recherche des coefi-
cients de production. C’est là ce qui rend difficile et
souvent impossible le choix des peuplements indis-
pensables pour la détermination de ces coefficients ;
et le problème serait en conséquence simplifié d’au-
tant plus, qu'il y aurait à tenir compte d'un moins
grand nombre des circonstances précitées.
Or, parmi ces circonstances, les unes sont acci-
dentelles et temporaires, tandis que les autres sont
permanentes. Les unes sont susceptibles d'un effet
dont le caractère favorable ou défavorable peut être
prévu avec une approximation suflisante, tandis que
les autres sont susceptibles de se modifier et de ne
produire aucun des résultats qu'on en attendait.
L'époque de l'exploitation, lorsqu'elle ne corres-
pond pas à l’âge d’exploitabilité, est une circonstance
temporaire; elle disparaîtra presque toujours à la
deuxième révolution; mais son effet peut être prévu
avec assez de certitude.
. Le mauvais état de la consistance ou de la végé-
tation, s'il résultait des vices de la culture ou d’un
événement fortuit, serait encore une circonstance
temporaire, dont, en outre, dans la plupart des cas,
l'influence ne saurait être préjugée; car il arrive sou-
vent qu'un massif dont la consistance et la végétation
_
21% AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
ne sont pas ce qu’elles devraient être, se complète et
répare le temps perdu, avant d'arriver en tour d’ex-
ploitation.
Quant aux circonstances qui consistent dun la
nature des essences, dans l’âge d’exploitabilité, dans
la qualité du sol, dans le climat, elles sont à la fois
permanentes et susceptibles d'un effet qu'il est diffi-
cile sans doute de préciser, mais dont il est possible
de prévoir avec certitude le caractère.
On déduit, de ces observations, les principes sui-
vants :
Les contenances inversement proportionnalles à
la puissance productive des parcelles, ne sont presque
jamais admissibles, lorsqu'elles n’ont d'autre motif
que la nécessité d'exploiter, pendant une révolution,
certaines parcelles, soit avant, soit après l’âge d’ex-
ploitabilité. Elles ne le sont pas davantage, quand la
différence, dans les productions présumées, tient à
un état de consistance ou de végélation dont les
causes sont fortuites, indépendantes des conditions
naturelles dans lesquelles est placée la forêt.
Il y a deux raisons pour que l’on ne tienne pas
compte de ces circonstances :
La première, c’est qu'il est, en général, comme
on vient de le faire observer, difficile de déterminer
leur influence sur la production; la seconde, c’est
qu'en admettant qu'on y parvint, on se condamnerait
à modifier de nouveau les contenances des coupes
après la première révolution, chose que l’on doit éviter
autant que possible.
#
DU, PLAN D'EXPLOITATION. 5
Les caractères essentiels et permanents, qui dé-
rivent de l’exploitabilité, de la nature des essences,
de la qualité du terrain et du climat, sont les seuls
qu'il convienne ordinairement de prendre en consi-
dération, et encore faut-il Lg soient bien pro-
noncés.
. Si dans nos 200 hectares de taillis d'éspiolae,
presque tous, à 20 ans, nous avions des” parcelles
dont l’âge d’exploitabilité serait de 40 ans, il y aurait
tout lieu de croire que ces parcelles ne fourniraient
pas, par hectare, le même produit que le surplus de
la forêt; il serait donc nécessaire, pour réaliser le
* rapport soutenu, d’augmentér proportionnellement
l'étendue des coupes dont elles feraient partie.
La diversité des essences, toutes les autres cir-
7 $
F1
constances étant égales d’ailleurs, pourrait justifier
une mesure analogue : ainsi, un taillis de châtaignier
exploité à 20 ans, fournirait probablement, par hec-
tare, un plus grand produit qu’un taillis de chêne que
l’on couperait au même âge.
Voici des parcelles dont le sol est très-mauvais.
L'expérience a prouvé que, dans un temps donné, la
production par hectare de ce taillis est à peine égale
aux troits quarts de celle du surplus de la forêt. Ce
n'est certainement pas ayec le maintien du.mode
d'exploitation en taillis, que le sol pourra jamais
s'améliorer ; et, dès lors, un coefficient de fertilité est
applicable à ces parcelles.
En ce qui concerne le climat, c’est surtout l’in-
fluence de l'exposition qu'il importe de ne pas négliger,
916 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
=
lorsqu'on veut rendre les contenarices des coupes
inversement proportionnelles à leur puissance pro-
ductive. Un taillis, situé sur une pente méridionale,
sera évidemment beaucoup moins productif qu'un
taillis exposé au nord.
. Mais, je ne me lasserai pas de le dire, l'émbloi
des coefficients de production dans la fixation des
« ‘contenances des coupes annuelles, ne doit avoir lieu
". que dans des cas-exceptionnels. Il n’y faut recourir
que lorsque les différences dans les conditions de la
végétation sont bien tranchées, et portent sur des
étendues assez considérables, pour que la compen-
sation entre le bon et le mauvais soit impossible dans *
la même coupe. Il n’y faut recourir encore que lorsque
l'établissement du rapport soutenu n’est pas réali-
sable par le moyen plus rationnel et plus sûr de la
division préalable de la forêt en séries *
$ 3.
Du rapport soutenu dans l’hypothèse d’une révolution principale
définitive et d’une marche des coupes, provisoire.
Dans l’article ‘sur la formation du tableau des
exploitations, conformément aux règles d'assiette,
j'ai montré qu’il était convenable, pour les taillis,
quelles que dussent être d’ailleurs les coupes anor-
males qu’exigerait, pendant plus ou moins longtemps,
4. Voir pour les séries la quatrième étude.
. ,
l'état du peuplement, d'arrêter ordre ‘définitif des
! _*coupes et de l’établir sur le terrain.
|‘ Dans ce que nous venons de faire FAR ra
tivement aux exigences du rapport soutenu, iln'y a
rién qui soit de nature à détruire cette convenance.
Nous avons reconnu, en effet, qu ny avait pas lieu
de se préoccuper de l'influence des ci
accidentelles et temporaires
-coupes ; or les circonstances qui
tivent l’adoption
contenances respectives des coupes doivent être fixées
comme elles le seraient, si la rotation normale pouvait
être immédiatement appliquée.
$ 4
Du rapport soutenu dans fa d’une révolution principale
transitoire et d’une marche des coupes, provisoire.
Les circonstances pe réclament une révolution
transitoire, sont accidentelles comme celles qui récla-
ment un plan provisoire, et ne sauraient dès lors
justifier une division de coupes qu’il faudrait néces-
sairement modifier à l'expiration de cette révolution
transitoire.
Le nombre, la contenance et l’ordre des coupes
seront donc, comme dans le cas précédent, fixés
3 sur le terrain conformément aux exigences de l’état
a normal.
sur rendement des
d'un plan provisoire sont nécessairement toujours
accidentelles et temporaires, et, par conséquent, les
DU PLAN ho ta ; 7
Fu,
_ 2418 AMÉNAGEMENYŸ DES :FORÊTS.
On pourra toutefois, dans le plan ou plutôt l’état
d’assiette provisoire qu’on dressera pour la première
révolution, ajouter arbitrairement à la coupe régle-
mentaire une contenance plus ou moins grande, selon
la consistance du peuplement.
Il faut remarquer que la révolution transitoiré ne
permettant pas de renfermer les coupes à faire
durant cette révolution, dans les limites normales, il
n’y à pas de raison d’ordre qui demande qu'on fasse
taire absolument devant elle les convenances du rap-
port soutenu, l'intérêt de l’égalisation des produits
annuels.
ARTICLE V.
RÉSUMÉ ET CONCLUSION.
Résumons-nous : |
L'abatage à l’âge d’exploitabilité,
L'application des règles sur l'assiette des coupes,
La réalisation d’un rapport annuel et soutenu,
Tels sont les résultats que l’on doit se préoccuper
d'assurer dans la formation du plan HAE NEE du
taillis simple.
Plusieurs causes peuvent s’y opposer :
1° La situation relative des parcelles d’âges diffé-
rents;
-2° La différence des âges d’exploitabilité des peu-
plements de ces parcelles;
3° Le défaut de gradation dans les âges ;
DU PLAN D'EXPLOITATION. POSE
hs L'inégalité dans. les puissances ve.
un parcelles.
. Les deux premières causes contrarient l'obtention
‘à deux premiers résultats ; le fâcheux effet de. Y une
d'elles, la seconde, est irrémédiable : lorsque J'ex-
ploitabilité n'est pas la même pour toutes les par-
celles, il n’est pas possible de les faire arriver en
tour d'exploitation à l’époque correspondant à cet
âge, sans s’écarter des prescriptions des règles d’as-
siette, et vice versd; aussi, doit-on s'abstenir de
comprendre dans le même aménagement des peuple-
ments exploitables à des âges différents. Quant aux
obstacles qui proviendraient de la situation relative
des parcelles, on les surmonie en se condamnant à
une, perte temporaire d’accroissement; et comme,
dans les taillis, la révolution n’est pas assez longue
pour que cette perte soit jamais bien considérable, on
néglige ordinairement de la répartir sur plusieurs
révolutions, à moins que l'intérêt de la reproduction
ne le réclame.
.: «Les autres causes qui intéressent particulièrement
le rapport soutenu, exigent aussi des sacrifices d’ac-
_croissement : ainsi, pour rétablir dans les âges la
gradation convenable, il est nécessaire d’exploiter,
une ou plusieurs fois, un nombre plus ou moins
grand de parcelles, soit avant, soit après l’âge d'ex-
ploitabilité ; mais, par la raison que je viens de
donner, il est rare que l’on ne puisse pas, à cause
des pertes qui en résulteraient, procéder immédiate
ment à l'établissement de l’ordre définitif.
220 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Pour ce qui est de l'inégalité dans les puissances
productives des parcelles, elle tient à plusieurs cir-
constances plus ou moins dignes d'attention, et qui
se partagent en deux catégories bien distinctes :
Les unes sont accidentelles et temporaires, les
autres sont permanentes.
Si l’on tenait compte des premières, on nuirait
infailliblement à la régularité des exploitations,
laquelle est très-importante à obtenir; on retarderait
la réalisation de l’état normal, résultat non moins
désirable. On ne doit donc, en principe, attacher de
l'importance qu’aux différences qui porteraient sur la
nature des essences, sur leur exploitabilité, sur la
qualité du sol, sur la nature du climat, et qui seraient
susceptibles d'entraîner des variations sensibles dans
les produits annuels. Pour les taillis, ces variations
sensibles se présentent rarement, et quand elles se
présentent, la division de la forêt en séries ‘ permet
presque toujours d'y obvier et de se dispenser des
calculs très-incertains que nécessiterait la détermina-
tion de contenances inversement proportionnelles à la
puissance productive. — De sorte que, en définitive :
Lorsqu'on veut régulariser l'exploitation d’une
forêt traitée en taillis simple, on se borne ordinaire-
ment à la partager en coupes régulières, d’égales
contenances, exploitables de proche en proche, dans
le sens prescrit par les règles d’assiette.
C'est en cela que consiste l’opération essentielle
4. Voir la quatrième étude.
PP
RU en de EN LI
pe
#
DU PLAN D'EXPLOITATION. 294
AE SRE PEER TONER AE En
de l'aménagement, et mes lecteurs, qui ne l’ignorent
. pas, auront été peut-être surpris des longs dévelop-
_ pements et des hypothèses plus ou moins vraisem-
blables, dont j'ai fait précéder cette conclusion ; ils
se seront dit plus d’une fois : Est-ce que l’on se
donne tant de peines pour former le plan d'exploita-
tion d’un taillis ? est-ce qu'on y met tant de façons ?
Je dois répondre à ces objections :
Les diverses combinaisons que j'ai exposées ne
sont point restées à l’état de pures spéculations; on
les a pratiquées, on les pratique encore, même dans
les taillis. Toutefois, leur utilité, pour les peuplements
de ce genre, est souvent contestable, et si, malgré
cela, je les ai étudiées avec une attention qui peut,
au premier abord, paraître superflue, c’est parce que
je me préoccupais de leur application dans les forêts
soumises aux autres modes de culture. En traitant de
l'aménagement des futaies, nous retrouverons les
exigences que nous avons rencontrées dans celui des
taillis. Nous les retrouverons agrandies, et nous
reconnaîtrons que pour y satisfaire, dans la forma-
- tion du plan d'exploitation, il est souvent nécessaire
. de recourir aux combinaisons dont il s’agit.
Parmi les suppositions qui auront probablement
le plus étonné ceux de mes lecteurs qui ne considèrent
que le côté pratique des choses, il en est deux sur-
tout qui ont dû les frapper :
: J'ai, par exemple, admis la possibilité de distin-
guer dans la description spéciale et dans le parcellaire
qui l’accompagne, les peuplements dont les âges ne
299 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
diffèrent que d’un an. J'ai admis, en outre, que le
parcellaire pouvait être assez détaillé pour que _—
coupe contint plusieurs parcelles.
Ces suppositions, évidemment forcées ‘, avaient
pour but de faciliter mes démonstrations, de rendre
plus intelligible, en le complétant, le mécanisme de
la formation du plan d'exploitation. Pour faire com-
prendre ce mécanisme, il ne fallait pas seulement le
réduire à la plus simple expression, en l'étudiant
dans les taillis ; il fallait supposer toutes les conditions
propres à mettre en évidence jusqu'aux plus pére
de ses rouages.
En théorie, on est absolu, on ne recule dééinl
aucune hypothèse, lorsqu’elle est utile à une démons-
tration, et qu’elle n’est pas d’ailleurs manifestement
contredite par la nature des choses.
En pratique, on fait ce que l’on peut, dans
l’ordre des choses réellement utiles; mais pour ne
point se tromper dans le choix des choses possibles
et utiles, il est indispensable d’être pénétré de tout
ce que comporterait l'application rigoureuse de la
thiorie.
En réalité, on ne s’attache pas, je l'ai déjà dit,
dans la division d'une forêt en parcelles, à ces
nuances à peine perceptibles qui résulteraient de
l'accroissement d’une année en plus ou en moins. En
réalité, on fait ordinairement ces parcelles assez
grandes pour que l’on puisse en former plusieurs
4. Voir la note page 180.
DU PEAN D'EXPLOITATION. 993
coupes; on néglige, enfin, beaucoup de détails aux-
quels je me suis cependant arrêté. Ai-je eu tort d'agir
. ainsi? — Je ne le pense pas.
Il serait peu rationnel de voir la preuve d’un
esprit minutieux dans les soins apportés à l’étude
d'une question. Tous les préceptes petits ou grands
que l’on déduit de cette étude, apprennent, en sup-
posant qu'ils ne trouvent pas leur application sur le
terrain, à observer avec méthode et avec fruit, ét à
ne négliger dans ses investigations aucun point
essentiel. — C'est un précieux avantage.
Ce n’est pas dans la théorie que lon doit
craindre les détails; ils ne sont jamais inutiles quand
_ils sont mis à la place convenable, et ils sont même
nécessaires pour l’enchaînement logique des idées, la
* force du raisonnement. C’est dans la pratique seule-
ment que les détails peuvent être regrettables; mais
je crois que c’est précisément quand on s’est appliqué
à ne pas les négliger dans le premier cas, que l’on
sen affranchit avec le plus d’à-propos dans le
second.
CHAPITRE TROISIÈME.
DU PLAN D'EXPLOITATION DANS LES FUTAIES
TRAITÉES
PAR LA MÉTHODE DU RÉENSEMENCEMENT NATUREL
ET DES ÉCLAIRCIES PÉRIODIQUES,
En continuant mon étude sur la formation du plan
d'exploitation dans les aménagements de forêts, je
crois devoir prévenir que l’on tirerait peu de profit
de ce que j'ai.à dire sur les futaies, si l’on n’avait
pas présents à la mémoire les principes et les consi-
dérations que j'ai développés, en traitant la même
question pour les taillis. Je serai en effet obligé,
d’abord, pour éviter des redites fastidieuses, et en-
suite pour mettre en relief les points essentiels et
* fondamentaux de l’opération qui va faire l’objet de ce
chapitre, de sous-entendre beaucoup de points secon-
daires et beaucoup de détails qui ont été discutés
dans le précédent.
Qu'on ne s’étonnne pas de cet avertissement; si
je me donne la peine d'écrire, ce n’est pas précisé-
_ ment pour les gens instruits, c’est pour ceux qui
seraient embarrassés de donner une définition exacte
et complète des mots série, affectation, classe d'âge,
parcelles, etc., et qui procèdent à un martelage sans
/ DU PLAN D'EXPLOITATION. 295 -
se soucier d'autre chose que de ce qui se trouve dans
l'enceinte de la coupe; sans songer qu'entre cette
coupe et le surplus de la forêt, il existe’ une solidarité
dont ils devraient tenir compte; sans se préoccuper
enfin le moins du monde de subordonner leurs opéra-
tions à un plan d'ensemble, seul moyen pourtant de
_les faire concourir :à un même but. :
. Ces erreurs, profondément regrettables, seraient
évidemment moins communes, si la notion du plan
d'exploitation était plus répandue.
ARTICLE PREMIER.
DES RAISONS CULTURALES QUI ,S OPPOSENT
A CE QUE L’ON ADOPTE,
pour LE TABLEAU DES EXPLOITATIONS DES FUTAIES,
ÿ LE MÊME CADRE QUE POUR CELUI DES TAILLIS.
pa
Nous avons à régler la marche et là quotité des
exploitations d’une futaie, dont la contenance est de
200 hectares, dont les parcelles sont toutes exploi-
tables à 400 ans ‘; nous avons sous les yeux le cahier
de la description spéciale, et le plan topographique
sur lequel chaque parcelle figure avec l'indication de
son étendue et de son âge ; éssayerons-nous, et suffi-
4. Ce chiffre de 100 ans n’a aucune signification pratique. Il
est évidemment trop faible pour la plupart des futaies, et on
verra plus tard qu’il convient d’ailleurs d'adopter autant que
possible pour la révolution un chiffre divisible par un grand
nombre de facteurs. (Note de la 2° édition.)
_ 45
+296 .: AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
rait-il, pour atteindre le but que nous nous propo-
sons, de remplir un tableau semblable: à celui que
nous avons dressé pour le:taillis simple et qui com-
prendrait, en conséquence, autant de colonnes qu’il
y à d'années dans l’âge d’exploitabilité;: sas ce n-*
revient au même, dans la révolution >: 2 tt
Un semblable travail rencontrerait des difficultés
mécaniques presque insurmontables, dans le grand
nombre des colonnes entre lesquelles devrait se faire
la répartition des parcelles ; mais il y atpour ne pas
l’entreprendre une raison culturale péremptoire, rai-
son qui consiste en ce que l’application de la mé-
thode du réensemencement naturel et des éclaircies
périodiques ne pourrait se concilier avec un plan
dans lequel la contenance, l'emplacement et l’époque
des coupes annuelles, seraient :PTCHADIERERE et inva-
riablement fixés. LL
Admettoôns en effet que surmontant les difiqule
tés mécaniques de la:répartition des parcelles, on
soit parvenu à classer ces dernières dans les cent
colonnes du tableau d'exploitation ; supposons que, la
gradation des âges étant parfaitement régulière et les
conditions de végétation uniformes, on ait trouvé une
égale contenance pour. le total de chaque! colonne ;
faisons abstraction des règles d’assiette.
Nous serait-il permis d'affirmer, en présence de cet
état de choses, que le plan d’exploitation ne laisse rien
à désirer, et qu ‘il ne reste plus tits l'appliquer sur le
terrain?
sue n'y serions nullement autorisés, et c'est ce
DU PLAN D'EXPLOITATION. 997
dont on s’assurera facilement, si on se rappelle,
- d'une part, le troisième des principes que nous
avons posés comme l’une des bases essentielles d’un
bon plan d'exploitation, et, de l’autre; les règles de
culture relatives au traitement des futaies destinées à
être régénérées par les semis naturels.
: Que dit ce principe? — Que l’on doit établir pour
la répartition des produits à réaliser, dans le cours
de la révolation, un règlement qui, tout en.se cônci-
liant avec les exigences de la culture, soit de nature
à assurer le rapport annuel soutenu.
Que disent ces règles ? — Que l’exploitation des
ibénèifs à régénérer doit être faite en plusieurs fois,
si l’on veut procurer d’abord l’ensemencement com-
plet du terrain, placer les graines dans les conditions
les plus favorables: à leur germination, et ne livrer
ensuite les jeunes repeuplements aux influences de
l'atmosphère, qu'avec les ménagements que réclame
leur tempérament.
On ne saurait donc prévoir le nombfe d’arbres
que l’on abattra dans la coupe d’ensemencement ; on
ne saurail. préciser ni l’époque, ni l'importance, ni
l'emplacement de la coupe secondaire et de la coupe
définitive; on ne saurait enfin fixer le rang de cha-
eune des coupes de régénération, lui donner un nu-
méro d'ordre et l’exploiter dans l’année correspon-
dante; et, par conséquent, un plan: dans lequel ces
différents points seraient arrêtés, violerait les règles
_ élémentaires de la culture. Nous verrons plus tard
que tous les efforts faits pour! concilier. ces: règles
298 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
avec le rapport soutenu et les avantages inhérents à
la détermination, par contenance, des coupes an-
nuelles, n’ont abouti et ne pouvaient aboutir à aucun
résultat pratique. Pour le moment, je me borne à
constater qu'il n’est pas possible de régler d'avance
dans une futaie, comme on a proposé de le faire
dans les taillis, l’ordre dans lequel se succéderont les
coupes principales annuelles, |
Ainsi, pas de doute à cet égard : le cadre adopté
pour la formation du tableau d’exploitation des taillis,
est inadmissible pour la formation du même ta-
bleau, dans les futaies traitées par la méthode du
réensemencement naturel et des éclaircies pério-
diques. Il est inconciliable avec les principes de la
culture; surtout quand on les considère : dans ein
application aux coupes principales. kg #8
ARTICLE II.
DE LA DIVISION DE LA RÉVOLUTION PRINCIPALE EN PÉRIODES
ET DU PARTAGE DE LA FORÊT
EN AFFECTATIONS CORRESPONDANTES.
Le cadre: dont nous nous sommes servi pour
dresser le tableau des exploitations du taillis simple
offre cependant de grands avantages, auttriple point
de vue de la simplicité, de la facilité et de la sûreté
qui en résultent pour la marche de ces exploitations.
Il est désirable, en conséquence, que l’on s’en écarte
le moins possible dans la formation du ‘tableau
DU PLAN D'EXPLOITATION. 229
d'exploitation de la futaie, et que l’on y apporte
seulement les modifications impérieusement comman-
dées par l'intérêt de la conservation et de la régéné-
ration des massifs.
: Si lon ne peut prévoir l’année dans laquelle
devra se faire l’une quelconque des coupes de
régénération, sur un point déterminé, on peut, sans
se tromper, assurer que cette coupe aura lieu dans
une certaine période de temps.
: Étant donné un massif exploitable en vingt an-
nées, si on ne peut, sous peine de compromettre sa
régénération, régler la contenance des coupes an-
nuelles et fixer, en outre, l’ordre dans lequel ces
coupes devront se succéder, on comprend qu’en lais-
sant à un forestier expérimenté la faculté d’exploi-
ter ledit massif de la manière qu'il jugera la plus
convenable, il se charge de le sprl compléte-
ment dans le délai voulu.
1 Ceci admis, il s'ensuit que s’il n’est pas pos-
sible d'arrêter, dans le plan d'exploitation d’une
forêt divisée en cent parties, exploitables en cent ans.
l'ordre dans lequel ces cent parties devront être
successivement exploitées et régénérées, il est per-
mis de demander et de prescrire que l’on coupe et
que l’on régénère, dans un certain nombre d’années,
préalablement fixé et obligatoire, un même nombre
de parties prises dans leur ensemble. :
Quel sera ce nombre d'années, quelle sera la
durée de la période pendant laquelle l'assiette des
coupes devra rester indéterminée ?
230 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Ïl est aisé de le deviner:
Cette durée sera au moins égale au double de
l'intervalle probable de temps qui séparera, pour
un même point, la coupe d’ensemencement de la
coupe définitive. Si cet intervalle est de 40 ans, la
durée de la période devra être au moins de 20 ans;
s’il est de 5 ans, la période pourra être réduite à
10 ans; s’il était égal à zéro, ce qui signifierait que,
par une seule et même coupe, on pourrait enlever
tous les arbres exploitables et assurer le repeuple-
ment, la période deviendrait nulle, et la fixation par
contenance des coupes annuelles, possible.
Plaçcons-nous dans la première. hypothèse d’un
intervalle de 40 ans, entre la coupe d’ensemence-
ment et la coupe définitive. Supposons aussi, pour :
ne pas compliquer inutilement.la démonstration, que
les coupes claires ou secondaires ne soient pas né-
cessaires, et que les arbres exploitables dans une
contenance déterminée se distribuent par portions
égales, entre la coupe d’ensemencement et la coupe
définitive. Mettons-nous, enfin, en présence de la
forêt que nous avons déjà prise pour exemple,
laquelle serait une futaie partagée en cent parties,
exploitables en cent ans. Cette année, nous nous
transporterons dans la partie la plus âgée, et nous
y procéderons à une coupe d’ensemencement ; mais
cette coupe ne devant nous donner que la moitié des
arbres que nous aurions à prendre, si nous n'avions
à nous préoccuper de la régénération, nous comble-
rons Je déficit en pratiquant une autre coupe d’ense-
DU PLAN D'EXPLOITATION. |
17
mencement sur toute la partie contiguë. L'année
prochaine, nous ferons, par. des raisons analogues,
lespremières coupes de régénération sur là troisième
et la quatrième partie, et dans dix ans; c’est-à-dire
à l’époque où nous pourrons revenir au point de départ
pour commencer les coupes définitives, nous aurons
les vingts parties les plus âgées de la forêt, à l’état de
coupes: d’ensemencement. Or, il est clair que celles de
ces vingt parties qui auront été mises les dernières
en cêt état, ne pourront être exploitées définitivement
que 40 ans plus tard, c’est-à-dire dans 20 ans. ©
… La durée de Wg période pendant laquelle l’as-
siette et la contenance des coupés resteront incer-
taines, dépend donc de la promptitude plus ou moins
grande avec laquelle les peuplements sont suscep-
tibles de se régénérer par les semences. Toutes les
essences ne présentent pas, sous ce rapport, les
mêmes propriétés. La nature: du climat et la qualité
du sol:influent d’ailleurs beaucoup sur les repeuple-
ments naturels. Toutefois, on peut porter en général
à une douzaine d'années, en moyenne, le délai néces-
saire pour la régénération suffisamment complète d’un
peuplement quelconque, si l’on à soin, d’ailleurs, de
venir en aide à la nature par des travaux intelligents.
Les forestiers qui ne parviennent pas à obtenir des
-_ repeuplements naturels, qui sont disposés à les croire
impossibles, et qui en accusent la force des choses,
devraient en accuser surtout leur incurie. Il est
probable qu'ils changeraient d'avis s’ils prenaient
quelques soins pour faciliter ces repeuplements par
239 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
des préparations de terrain faites ‘en temps oppor-
tun, etc. Au surplus, si, malgré toutes les précautions
prises, il devait s’écouler plus de 10 à 12 ans entre
la coupe d’ensemencement et la coupe définitive, je
conseillerais de recourir alors aux repeuplements arti-
ficiels, afin de ne pas être amené à prolonger la durée
de la période d'exploitation. En effet, il ne faut pas
perdre de vue que tout retard dans la régénération
d’un peuplement exploitable se traduit par une dimi-
nution dans le revenu, et qu'on méconnaîtrait les règles
‘ d’une saine économie, si on permettait que le chiffre
de cette diminution pût s'élever au-dessus des frais
qu'occasionnerait le semis ou la plantation du ane
à régénérer ‘.
Une autre considération pour ne pas on
au delà de 20 à 24 ans la durée de la période dont
nous nous occupons, c’est qu'il convient de res-
treindre, autant que possible, la faculté de com-
prendre dans les exploitations, des bois qui ne sont
pas encore parvenus à l’âge d’exploitabilité,
À ces principes ajoutons-en un autre : il importe
beaucoup que la période en question contienne un
nombre d'années qui soit une partie aliquote de la
révolution. S'il n’en était pas ainsi, on se verrait
obligé d'adopter pour les périodes successives de
cette révolution une durée inégale, et on s’exposerait
dès lors; soit à rester en decà, soit à aller au delà du
1. Sur la durée de la période, voir la note au bas de la
page 280.
DU PLAN D'EXPLOITATION. 233
terme reconnu le plus convenable, éu égard aux
exigences de la culture *.
Ces préliminaires posés, mes lecteurs doivent
_ maintenant prévoir quelles sont les modifications que
nous ferons subir au tableau d'exploitation du taillis,
pour l’approprier à la futaie. Au lieu de dresser un
cadre comprenant autant de colonnes qu'il y a d'an-
nées dans la révolution, et précisant la partie de la
forêt, la parcelle ou portion de parcelle à régénérer
chaque année, nous nous bornerons à ouvrir autant
de colonnes qu’il y a de périodes dans la révolution,
et à préciser la partie de forêt, les parcelles et por-
tions de parcelles, à régénérer dans le cours de
chaque période. Le plan d'exploitation ne fixera
plus l’assiette et la contenance de chaque coupe
principale annuelle; il fixera seulement l'assiette et
la contenance des coupes principales, considérées en
bloc, à faire dans chacune des-périodes de la révo-
lution. La révolution principale étant, par exemple,
de 400 ans, et le temps reconnu nécessaire pour
régénérer naturellement le peuplement étant de
40 ans, il ne s’agit plus de former un plan qui
fournisse, chaque année, une coupe dont le produit
- soit constant ; il s’agit d'en former un qui partage
la forêt en cinq parties, exploitables chacune dans
une période de 20 ans, et qui soient telles qu'on
4. Quand nous aurons à traiter des conversions, on verra qu'il
est utile en outre que la durée de la période soit divisible par le
nombre des périodes, et en général par le plus grand sapin de
facteurs possible. (Note de la 2° édition.) «
234 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
en obtienne autant que possible des produits égaux.
Ces parties de forêt à régénérer successivement
dans les périodes d’une révolution principale ont reçu
le nom d’affectations. On les distingue l’une, de
l’autre par un numéro d'ordre différent, selon qu’elles
correspondent à la première, à la deuxième, etc., ou
à la dernière période, et on donne aux parcelles une
désignation définitive qui permet, au moyen d’un
indice numérique, de reconnaître à quelle affectation
elles appartiennent ‘.
1. Quand les idées que je viens d'exposer sur la formation
des affectations ont été publiées pour la première fois dans les
Annales forestières, elles ont soulevé des objections. Voici ces
objections et la réponse que j'y ai faite. On verra que je suis
d'accord avec mon contradicteur sur l'influence que peuvent
avoir les coupes secondaires en ce qui concerne la durée de la
période; mais je ne peux rien concéder sur les autres points. |
OBJECTIONS.
« Monsieur le rédacteur,
« Dans votre article sur la fofmation du plan d'exploitation,
vous dites que la durée de la période doit être au moins égale au
double de l'intervalle qui séparera la coupe d’ensemencement de
la définitive; si cet intervalle est de dix ans, la durée de la
période devra être au moins de vingt ans. — Pour le démontrer,
vous vous placez dans cette hypothèse que les coupes claires
- n'étant pas nécessaires, les arbres exploitables dans une conte-
nance déterminée se distribueront par portions égales entre la
coupe d’ensemencement et la coupe définitive. Partant de là, vous
arrivez très-logiquement aux conséquences annoncées.
« Mais si vous vous étiez mis dans une hypothèse plus Con-
forme à la généralité des circonstances, en admettant, par exemple,
que la coupe claire doit être faite cinq ans après la coupe sombre,
la coupe définitive cinq ans après la coupe claire, et que les bois
DU PLAN RURALE NUE 935
…Je-viens de déinirer la nécessité de'ne pas se
Jimiter dans l’année, pour l'assiette des coupes prin-
exploitables se distribuent par portions pa et par tiers entre
les trois coupes de régénération, la conclusion eût été bien diffé-
rente; car on peut dire, en suivant votre méthode de démonstra-
tion et en se mettant en présence d’une futaie Let en cent
parties exploitables en cent ans, savoir :
« La première année, nous nous HÉAERR dbs à partie
la plus âgée, et nous y ferons coupe sombre; mais cette coupe ne
devant nous donner. que le tiers du matériel sur pied, nous com-
blerons le déficit en pratiquant deux autres coupes d’ensemence-
. ment sur toute l'étendue des deux autres parties successivement
contiguës. L'année suivante, nous ferons, par des raisons ana-
logues, les premières coupes de régénération sur les quatrième.
cinquième et sixième parties, et dans cinq ans, c’est-à-dire à
: : l'époque où nous pourrons revenir au point de départ, pour com-
mencer les coupes secondaires, nous aurons les quinze parties les
plus âgées de la forêt à l’état de coupes d’ensemencement; cinq
ans plus tard, c'est-à-dire dix ans après l’ouverture de la période,
ces mêmes quinze parties seront à l’état de coupes secondäires.
Or, il est clair que celles de ces quinze parties qui auront été
mises les dernières dans cet état ne pourront être exploitées
Jap remet que cinq ans plus tard, c’est-à-dire dans quinze
…« Au résumé, dans la plupart des cas, pour les futaies de
sapin et de hêtre, ne serait-on pas fondé à dire que la durée de
la période doit être au moins égale au triple de l'intervalle sup-
posé constant qui sépare, soit la coupe d’ensemencement de la
_ coupe secondaire, soit la coupe secondaire de la coupe définitive,
ou, en d’autres termes, égale à l'intervalle qui s'écoule entre la
coupe sombre et la coupe définitive, augmenté de sa moitié?.
« La durée des périodes, e{ par conséquent celle des révo- |
lutions, $erait donc ainsi un multiple de trois, dans tous les cas
où il serait nécessaire de passer par trois coupes, pour consom-
mer la régénération des massifs. Mais d’autres considérations
plus importantes devant présider au choix du terme d’exploita-
bilite, ne sera-t-on pas très-souvent forcé de négliger cette con-
‘
236 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
cipales, dont le plan d’exploitation est destiné à
régler la marche. La même nécessité existe souvent
dition, à laquelle vous voulez subordonner la durée des périodes?
« Voilà ma première objection; je vous demande aussi une
explication à propos du deuxième paragraphe de la page 285.
« Une autre considération, dites-vous, pour ne pas prolonger au
delà de vingt ans la durée de la période, c’est qu’il convient de
restreindre, autant que possible, la faculté de comprendre dans
les exploitations des bois qui ne sont pas encore parvenus à
l’âge d’exploitabililé, »
« Si je comprends bien, vous entendez par là prendre des
garanties contre la négligence ou la légèreté des agents chargés
d'exécuter un aménagement, et suspects d'entamer d’abord les
massifs les moins âgés. de l'affectation. Mais n’a-t-on pas, pour les
maintenir dans la bonne voie, un plan d'exploitation spécial, indi-
quant l’ordre dans lequel les parcelles qui composent cette affec-
tation devront venir successivement en tour d’exploitation ? Quant
à ceux qui prendraient à tâche d’enfreindre les dispositions de
aménagement, les courtes périodes ne les arrêteront pas. Il
semble, au contraire, que plus la période sera courte, plus sou-
vent on se trouvera dans la nécessité d’entamer, avant son expi-
ration, les massifs de l’affectation contiguë, par suite de l’insuccès
des coupes d’ensemencement ou des coupes secondaires prati-
quées dans l'affectation de la première période, et, s’il faut ainsi
anticiper, voilà nos agents pleinement investis de la faculté dont
vous vouliez les priver. s ‘
« Jusqu'à preuve contraire, je ne reconnais donc à la courte
durée des périodes qu'un seul avantage, celui de faciliter la
recherche de la possibilité, en diminuant les chances d'erreur
inhérentes aux calculs d’accroissement. Vous posez ensuite en
principe que la durée de la période doit être une partie aliquote
du chiffre de la révolution, sous peine de s’exposer soit à rester
en decà, soit à aller au delà du terme reconnu le plus couve-
nable, eu égard aux exigences de la régénération.
« Cette conséquence me paraît très-contestable, et je n’attri-
bue à l'égalité des périodes qu'un mérite de symétrie; je vais
plus loin : il serait plus commode, à mon gré, d'admettre en
&S ÀR & A
DU PLAN D'EXPLOITATION. 237
*
pour les coupes intermédiaires, car elles sont plus
ou moins impérieusement subordonnées aux autres.
principe l'inégalité des périodes, parce qu'il est rare que les
parcelles, telles qu’on les,a tout d'abord établies sur le terrain,
puissent être exactement colloquées dans des périodes égales. :
« De là résulte que, pour égaliser les affectations périodiques,
il faut après coup venir scinder les parcelles au moyen de lignes
de contenance qui compliquent inutilement le parcellaire et sur-
chargent les plans. Ne serait-il pas plus simple de proportionner
la durée des périple à la contenance des parcelles ou des groupes
de parcelles? '
« Par. exemple, étant donnée une forêt de: 100. hectares,
aménagée à cent ans, et partagée sur le terrain d’après les consi-
dérations de situation, de consistance et de fertilité, en cinq par-
celles dont les contenances seraient de 40, 42, 45, 48-et 15 hec-
lares;_ quel inconvénient, je le demande, y aurait-il à affecter
+ de ces parcelles à une période dont la durée serait égale
au nombre d'hectares qui y seraient colloqués, la révolution se
trouvant ainsi partagée en cinq périodes de quarante, douze,
quinze, etc., années ? Cela serait assurément plus simple. La régé-
nération de. chaque affectation périodique ne pourrait poni-être
pas s'effectuer exactement durant la période correspondante, j'en
conviens, et l'on serait obligé, avant l'expiration d’une quel-
_ conque des périodes, d'entamer les coupes daas l'affectation immé-
diatement contiguë; mais c'est ce qui arrive.et. ce qui arrivera
toujours plus ou moins, quelle que soit la durée des périodes,.et
ces emprunts peuvent s’opérer, je crois, sans porler aucune
atteinte à os adoptée. »
RÉPONSE.
. nous reproche, d’abord, d’avoir négligé de faire entrer les
coupes claires dans l'hypothèse que nous avons admise, afin de
moñtrer comment on pouvait arriver à apprécier la durée de la
période et l'étendue de l'affectation correspondante.
On nous prouve en même temps qu’en tenant compte de la
coupe claire, et en supposant qu’elle ait lieu précisément au
milieu de l'intervalle de temps qui sépare la coupe d’ensemence-
238 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
On ne pourrait, par exemple , affirmer que, telle
année, telle parcelle aura besoin d’être éclaircie ,
ment de la coupe définitive, la durée de la période nécessaire
pour compléter la régénération de l'affectation correspondante,
devient égale à cet intervalle multiplié par 4,5.
Cette dernière proposition est patiteilièné exacte, lorsque la
coupe claire égale en importance la coupe d’ensemencement ou la
coupe définitive, et qu'elle intervient en outre précisément au
milieu de l’intervalle de temps qui les sépare.
Mais si la coupe claire est plus rapprochée de la coupe défini-
tivetque de la coupe d’ensemencement, si elle est moins produc-
tive, si elle se fait en plusieurs fois, dans chacun de ces cas elle
peut et doit même avoir pour effet de retarder le délai indispen-
sable pour compléter la régénération He coupés formant l’éten-
due de l'affectation.
En conséquence, si l’on ne considère que le nombre des
exploitations à faire sur un point donné, pour en effectuer le
repeuplemént naturel, on a raison de regarder notre démonstra-
tion comme incomplète; mais si l’on nous accorde que la coupe
d’ensemencement et la coupe définitive sont celles ‘dont l’impor-
tance et l'écart sont le plus faciles à apprécier, et exercent, en
outre, le plus d'influence sur le témps que réclame là régénéra-
tion complète d'un certain nombre de coupes envisagées dans
leur ensemble, on s’expliquera que, pour ne pas compliquer notre
démonstration, nous l’ayons dégagée des éléments secondaires et
variables qui préoccupent notre “pda Sat |
-‘Répondons aux autres critiques :
Lorsque nous avons dit qu’il fallait restreindre autant tré pos-
sible la durée de la période, afin de ne pas être exposé à exploiter
des bois trop éloignés d’avoir atteint l'âge d” exploitabilité, nous
sommes partis de celte supposition que les agents chargés de
l'exécution de l'aménagement auraient le droit et pourraient
même être forcés de se mouvoir, pour l’assietté des coupes
annuelles, dans toute l'étendue de l'affectation périodique.
© Si l'on admettait, au contraire, comme semble le vouloir notre
correspondant, que l'on pût assujéttir cette assiette à une marche
précise, au moyen d’un plan spécial d'exploitition, les périodes
k ._ DU PLAN D'EXPLOITATION. 239
puisqu'on ne sait pas à quelle époque elle sera régé-
nr mais on pour ram qu'elle aura rimes de
Lf
ca aus plus de raison d’être; car, onnpetiiiins
sont motivées que par l'impossibilité de concilier l'assiette fixe des
coupes annuelles avec les exigences de la régénération.
” “On voit donc que le seul avantage des périodes ne consiste
pas à faciliter la recherche de la possibilité. en diminuant les
chances d'erreur inhérentes aux calculs d'accroissement. Si c'était
à leur seul avantage, comme il serait d’autant plus grand quel
les périodes seraient plus courtes, on devrait logiquement ne leur
donnér qu’un an de durée.
-Mais, cela posé, il est évident que si. l'où veut sorte la lati-
tude Jaissée, aux agents d'exécution, pour l'assiette des coupes,
‘dans les limites strictement convenables, il faut que les périodes
dé la révolution soient égales entre elles, car, sans cela, il v
*Péiomnit qui seraient nécessairement ou trap longues ou trop
Supposons, avec notre contradicteur, qu’une forêt ait été par-
tagée en cinq parties, savoir : la première de 40 hectares, la
deuxième de 42, la troisième de 15, la quatrième de 18, la cin-
quième. de,,45; et que chacune d'elles ait été affectée à une
d’une durée égale au nombre d'hectares qu’elle contient :
ny aurait-il pas de grands inconvénients à laisser pendant qua-
rante ans, et pour une affectation qui comprendrait presque moi-
tié de la forêt, l'assiette des coupes annuelles subordonnée à l’ap-
préciation, au bon plaisir, à l'arbitraire des agents d'exécution;
et; s’il n’est pas possible de fixer l'imp ortance, l'emplacement et”
Vordre des quarante coupes à faire dans cette affectation, ne
pourrait-on déterminer ces différents points pour un nombre de
coupes, prises en bloc, inférieur à quarante? L'affirmative n’est
pas contestable, et comme il conviënt que tout ce qui peut être
fixé le soit, et qu'on ne s’écärte” de la possibilité par contenance
que dans la mesure que comportent les exigences de la culture,
il est certain que l’on ferait une grande faute si F on ne diminuait
pas la durée de la première ‘période.
Mais si cette période doit être considérée comme trop longue,
celle de douze ans séra probablement trop courte, en ce sens
240 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
l’être dans la période qui suivra celle de’sa régéné-
ration; en sorte que, lorsque les affectations sont
constituées, lorsqu'on est fixé sur la période dans
laquelle une parcelle devra être obligatoirement régé-
nérée, il devient aisé de se fixef également sur les
périodes dans lesquelles elle devra être ultérieure-
ment éclaircie.
On voit combien la division de la révolution en
périodes et le partage de la forêt en affectations
correspondantes, sont de nature à faciliter les opéra-
tions culturales à faire dans la forêt que l’on se pro-
pose d'aménager. Ce règlement n’est, toutefois, qu’un
acheminement au but de l’aménagement; 4} ne sau-
rait, quelque bien établi qu'il fût d’ailleurs, consti-
tuer à lui seul le plan d’exploitation; il n’en est que
la charpente, le. canevas ; il remplit dans l’aménage-
ment un rôle analogue à celui de la triangulation
dans la géodésie, et de même que la triangulation
est faite pour faciliter les levés de détail, de même
qu’elle ne permettra pas, quelle que soit d’ailleurs l’habileté qu’on
y apporte, de régénérer dans un aussi court délai les 42 hectares
composant l’affectation, et que, bien avant d'arriver à l'expiration
de la période, on se verra dans la nécessité d'anticiper sur l’affec-
tation voisine. :
On nous dit, il est vrai, que quelle que soit la durée de la
période, il est impossible d'éviter que l’on entame avant son expi-
ration l'affectation contiguë. Nous n’admettons pas d’une manière
absolue cette impossibilité. Sans doute, les anticipations dont il
est question sont difficiles à éviter; mais c’est une raison de plus
pour ne négliger aucune des précautions nécessaires afin d'en
diminuer au moins les inconvénients.
Si l’on abandonne ce principe, on tombe dans l’empirisme.
TR ES ne UE VV st
ra
A
2
EUR
DU PLAN D'EXPLOITATION. Ut
le règlement des exploitations par période est fait
pour faciliter celui des exploitations annuelles ; mais
iln'y supplée pas. La division de là révolution en
périodes, et le partage de la forêt en affectations cor
respondantes, permettent, comme je le montrerai
plus clairement par la suite, de réaliser lé rapport
soutenu par période; c'est beaucoup, Sans -doute,
mais ce qu’on attend surtout de l'aménagement, c’est
la réalisation du rapport soutenu par année, et, pour
cela, il faut trouver les moyens dé répartir d’une
manière égale le produit d’une affectation, entre les
années de la période correspondante. Ces moyens
comportent un règlement qui, joint au premier, com-
plète le plan d'exploitation.
- Ainsi, dans la présente étude sur le plan d’ex-
ploïitation des futaies, j'aurai à traiter successive-
ment : —
4° De la formation des affectations ;
2° Du règlement général des exploitations par
période ;
_3° Du règlement des exploitations annuelles.
Mais dans les futaies, plus souvent encore que
- dans les taillis, l’irrégularité des peuplements con-
duit à adopter, tantôt une marche provisoire pour les
coupes, tantôt une révolution principale transitoire
ou une révolution préparatoire ; et ces nécessités
donnent lieu à des complications dont je sortirais
difficilement, si je ne faisais de chacun des cas où
ellés se présentent, l’objet d’un chapitre spécial.
J'appliquerai donc mon étude à trois hypothèses :
416
212 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
1° Celle d’une révolution principale définitive, et
d’une marche des coupes, normale ;
2 Celle d’une révolution principale définitive, et
d’une marche des coupes, provisoire ;
3° Celle d’une révolution principale transitoire
où d’une révolution préparatoire, et d’une marche des
coupes, provisoire.
L- CHAPITRE QUATRIÈME. :
Ë
|
| DU PLAN D'EXPLOITATION DANS LES EUTAIES,
LA RÉVOLUTION PRINCIPALE POUVANT ÊTRE DÉFINTIVE
| ET LA MARCHE DES COUPES NORMALE.
MAC ETS
Li
ARTICLE PREMIER. #*
{
; ‘
d FORMATION DES AFFECTATIONS.
4
4e,
D OI OROUR TR ATETCTERERS
.
Tableau des affectations.
Nous avons affaire à une forêt de 200 hectares,
exploitable dans une révolution de cent ans. Cette
révolution a été divisée en cinq périodes égales. Il
s’agit de partager la forêt en un même nombre d’af- .
fectations correspondantes. Nous remplironsle tableau
ci-contre. ae |
ë J'ai maintenu la première partie du tableau d’ex-
: ploitation des taillis, partie destinée à recevoir le
résumé de la description spéciale. On en comprend
l'utilité. Il est important que le tableau des affectations
AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
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DU PLAN D'EXPLOITATION. A5
renferme les indications sommaires, qui sont de nature
à justifier l’ordre adopté pour la succession des
coupes; car ce tableau est, comme je l'ai déjà dit, le
document essentiel et fondamental de l'aménagement,
et il doit être établi de telle sorte, qu'on puisse à la
rigueur juger de son mérite, sans recourir à d’autres
éléments d’ agree que ceux qui y sont con-
tenus.
J'ai substitué à la seconde partie du tableau, des-
tinée à présenter l'ordre des exploitations, cinq
colonnes dont l’objet est clairement indiqué par leur
en-tête... On peut regarder chacune d'elles comme un
compte ouvert à l'affectation dont ‘elle porte le
numéro. Toutes les parcelles qui devront être régé-
nérées dans la première période seront:inscrites dans
la première colonne, et composeront la première affec-
tation. Toutes celles qui devront être régénérées
dans la deuxième période seront inscrites dans la
deuxième colonne, et PRRRRRESS la deuxième affec-
pererass etc., etc.
* Mais sur quelles snidiritinle se idnaredt
+18 décider que telle parcelle doit être régénérée
__. dans telle ou telle période ?
On se fondera sur les considérations que nous
avons fait intervenir dans la dAasian du plan d’ex-
ploitation des taillis. «
+ On fera donc le classement des parcelles dans les
affectations, de manière à rendre possibles des exploi-
tations qui satisfassent tout.à la-fois, dans la mesure
que comporte la nature des choses, aux exigences de
246 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
l’exploitabilité, aux règles sur l'assiette des ps
et au rapport annuel soutenu.
Appliquons rapidement à chacun de ces s côtés de
la question, les préceptes que. j'ai donnés, en traitant
de l’aménagement des taillis.
a.
Formation des affectations suivant l’age d’exploitabilité.
Si toutes les parcelles renfermaiént dés peuple-
ments susceptibles de rester sur pied jusqu'au terme
fixé par la révolution, leur classement dans les affec-
tations ne rencontrerait aucune difficulté.
- La parcelle À renferme un peuplement âgé
moyennement de 35/ans ; elle ne sera exploitable que
dans 65 ans; on la classera dans l'affectation de la
quatrième période. | : ob sl deb
La parcelle B renferme un massif de vieux arbres
clair-plantés, surmontant un jeune repeuplement ;
exploitation de ces vieux arbres sous forme de
coupe secondaire ou définitive est urgente; on les
classera dans l'affectation de la première ss
Rien de plus simple. 1&. 0:
Mais il y a souvent des parcelles dont le peuple
ment n’est pas susceptible de végéter jusqu’au terme
fixé par la révolution, et qu’il faut, en Te
exploiter avant ce terme. 19
Cette nécessité peut tenir à une circonstance acci-
dentelle : il s’agit d’un peuplement qui, quoique
a nt ce mo rot ln
DU PLAN D'EXPLOITATION. 947 .
jeune encore, ne jouit déjà plus d’une vigoureuse
végétation, soit qu'il ait été abrouti dans sa jeu-
nesse, soit qu’il provienne de vieilles souches, soit
.que des éclaircies maladroites aient ébranlé sa con-
stitution.
Dans ces divers cas, l'affectation à laquelle une
parcelle appartient, n’est pas indiquée par la diffé-
rence existant entre l’âge normal d’exploitabilité et
l’âge de cette parcelle, mais par le temps, difficile à |
apprécier d’ailleurs, pendant lequel le peuplement de
la parcelle en. question pourra rester sur pied sans
dépérir:
La nécessité d'exploiter une parcelle avant le
terme fixé par la révolution peut dépendre d’une cir-
constance permanente :
Cette parcelle se compose d’une essence dont la
longévité est moins grande que celle d’après laquelle
_a-été fixée la durée de la révolution. Ici, de deux
choses l’une : ou l’âge d’exploitabilité de cette essence
est une partie aliquote de là révolution, ou il ne l’est
pas. Dans le premier cas, on fait figurer la parcelle
dans autant d’affectations différentes que son âge est
renfermé de fois dans la révolution; dans le second
cas, on la laisse en dehors de l'aménagement, à
_moïns qu’on ne juge convenable d'y pratiquer. une
substitution d’essences, qui permette de concilier
son exploitation avec celle du surplus de la forêt, et
alors-son classement rentre dans les conditions déjà
prévues.
Nous avons à nous occuper d une parcelle de pins
248- AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
ou de bouleaux exploitables à cinquante ans et âgés
aujourd’hui de vingt-cinq ans; nous la classerons
dans l'affectation de la deuxièrhe période et dans celle
de la quatrième. : bnagln San
On pourrait prévoir des circonstances. où une
parcelle devrait figurer dans toutes les affectations.
C'est ce qui aurait lieu s’il s'agissait de comprendre
dans l'aménagement de notre forêt, exploitable: à
cent ans, une parcelle exploitable en taie à l’âge de
vingt ans.
Mais ce sont là des huilé qui ont ssl
d'utilité pratique, et que je fais seulement pour me
pas laisser ma démonstration incomplète. +
Dans la pratique, on.évite généralement de com-
prendre dans le même aménagement; -des peuple-
ments exploitables .à des âges différents; car en com-
pliquant le plan d'exploitation, ‘ils deviennent en
même temps une cause de confusion et de difficultés,
et aucun motif sérieux ne commande de se Legs
à de tels inconvénients. :
: [ls deviennent une cause.de confusion et dé diffi-
cultés; parce qu'ils s'opposent à l'application des
règles d’assiette; parce qu'ils contrarient la réalisa-
tion du rapport soutenu; parce qu’ils obligent de
ramener les ‘exploitations sur un point donné, plus
souvent que sur les points environnants. |
Aucun motif sérieux ne commande «de se rési-
gner à de tels inconvénients: Le plus important de
tous les intérêts, celui de la consommation, ne saurait
par exemple y rien gagner : en effet, lorsque le con-
DU PLAN D'EXPLOITATION. 29
sommateur sollicite un produit d’une nature parti-
culière, ce n’est pas d’une manière intermittente,
c'est d’une manière ‘permanente; ce n’est pas tous
les cinquante ans, tous les vingt ans, c’est chaque
année. Si donc les parcelles de pins, de bouleaux ou
de taillis, dont je parlais tout à l'heure, étaient assez
grandes pour fournir chaque année une coupe, il
faudrait en former une série particulière; dans le
cas contraire, il conviendrait de les régénérer en
essences susceptibles de parcourir la révolution appli-
cable à la masse, et, si cette régénération était im-
possible, je serais d'avis de les laisser en dehors de
: péémili
Hs
; Formation des affectations conformément aux règles d’assiette.
Que fnatios doit être examinée à deux suit
de vue :
-4* Au point de vue de la marche des 7
die chaque affectation ;
2 Au point de vue de la péeitiôn respective que
les affectations doivent occuper sur le terrain.
Pour que la marche des coupes, dans chaque
affectation, puisse se conformer aux règles d’as-
siette, il est bon que les affectations aient une forme
régulière; qu’elles présentent leur moindre largeur
aux vents les plus violents; qu’elles soient traver-
sées et limitées par des chemins, mais, par-dessus
250 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
_ tout, qu’elles constituent des masses distinctes et
séparées,
Telles sont les dispositions que l’on doit chercher
à réaliser pour assurer la marche des coupes dans
chaque affectation. Je, recommande surtout de. ne
jamais scinder une affectation, quand on n’a pas
pour le faire des motifs majeurs. |
La contiguïté des parcelles qui forment une affec-
tation, n’est pas utile seulement pour l’application des
règles d’assiette; elle l’est aussi pour l’économie des
exploitations, lesquelles entraînent nécessairement: à
leur suite des intérêts nombreux et un matériel consi-
dérable. Il est très-désirable que l’on n'occasionne pas
à ces intérêts et à ce matériel des déplacements fré-
quents et coûteux. Or ces déplacements seraient inévi-
tables si l’on formait, par exemple, une affectation
avec des parcelles éloignées les unes des autres, et
séparées par des massifs appartenant à d’autres affec-
tations : après avoir fait des coupes d’ensemence-
ment dans une partie de l’affectation, on pourrait
être: obligé de les entreprendre dans une autre,
puis de revenir dans la première pour.les coupes se-
condaires, sauf à retourner l année suivante dans »
seconde: si | RTE
Ce seraient là des bain) très-fâcheut, et
la:subdivision d’une affectation en deux ou plusieurs
parties non contiguës, n’en présenterait pas d’autres,
qu'ils suffiraient pour que l’on dût :s'efforcer de
d'éviter; ainsi, il est clair qu'il n'importerait nulle-
ment, au point de vue de la régularité désirable dans
DU PLAN D'EXPLOITATION. a. |
se grnéatian des sus. que l'affectation de la première
période ou celle de la dernière fût partagée en deux
parties, situées l’une au commencement et l’autre à la
& . fin de la -série :‘ une pareille disposition: ne serait
défectueuse que parce qu’elle contrarierait le principe
d'économie ci-dessus énoncé; ce serait une raison
suffisante pour ne pas l’admettre.
Les affectations sont enfin d'autant plus propres à
faciliter à assurer l'exécution de. l'aménagement,
qu'elles sont plus ramassées; car la tendance natu-
relle des agents est, dans l'assiette des coupes, de
procéder de proche en proche, et il y aurait à craindre
qu'ils ne négligeassent souvent, des . opérations
urgentes, s'ils étaient forcés pour cela de se trans-
porter sur des points trop éloignés de ceux où auraient
eu-lieu leurs opérations précédentes.
- On pourrait croire que l’application des. règles
d'assiette, au point de vue de la position respective
que les affectations doivent occuper, trouvera presque
toujours assez de garanties dans les’ dispositions
arrêtées pour assurer la marche et l'assiette des
coupes annuelles. I1 ne suffit pas cependant que les
règles soient observées dans l'assiette des coupes de
chaque affectation, pour qu’il n’y ait rien à redouter
de la non-observatiog de ces règles, dans l’assiette.
des affectations; n'oublions pas, en effet, que nos.
futaies sont en grande partie situées dans les mon-
tagnes, où les accidents météoriques sont plus fré-
quents et beaucoup plus redoutables que dans les
plaines; qu'elles offrent, par la hauteur des arbres
259 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
qu’on y rencontre , beaucoup plus de prise que les
taillis aux vents, à la neige, au givre; que la néces-
sité d’éclaircir les massifs que l’on veut: régénérer,
rend plus périlleuse encore leur situation, ‘et que,
dans de semblables conditions, la prudence exige quel-
quefois que les règles suivies pour l'assiette des coupes
dans chaque affectation, le soient! également pour le
rang, l’ordre dans lequel ces ‘affectations arriveront
en tour de régénération. Il pourrait être dangereux,
par exemple, de disposer les affectations de manière
que les coupes se succèdent en allant du haut en bas
d’une montagne ou dans tout autre sens qui les expo-
serait à l’action des vents. L'expérience prouve, en
effet, que l’on'ne saurait prendre trop de précautions
pour mettre à l’abri d’un coup de vent, les massifs à
l’état de coupes secondaires ou de coupes d’ensemen-
cement, et que la protection qu'offrent pour cela les
bois de l’affectation dont elles font ah n 'est 4
toujours suffisante. à F
Cette considération des obstacles à opposer aux
vents, est celle dont on doit le plus se préoccuper
dans l’exploitation des futaies en montagne *.
1, Quant aux forêts en plaine, c’est en outre aux gelées que l’on
doit songer quand on règle la marche des coupes, car elles sont
souvent la principale cause de l’insuccès des repeuplements natu-
rels ou artificiels, et cette cause motiverait une règle d’assiette
non moins importante que celles indiquées par le cours de culture.
Il n’y a. pas un praticien qui n'ait remarqué que les coupes abri-
tées du côté du nord et de l'est se repeuplent plus vite que celles
qui sont ouvertes de ces côtés-là, et que les semis y'ont une vége”
tation re active. (Note de la 2° édition. )
DU PLAN D'EXPLOITATION. 953
.-Sai exposé et discuté les raisons qui pouvaient
contrarier l'application. des règles., d’assiette dans.
l'aménagement des taillis, et j'ai essayé de démontrer
qu’elles. n’étaient pas de. nature. à : Jnstifer: la non-
observation de:ces règles. :
Quoïque les pertes d’accroissement area er on
se condamne, quand’ on modifie le classement établi
d’après l’âge d'exploitabilité, soient beaucoup plus
considérables dans les futaies que dans les taillis,
elles ne sauraient cependant prévaloir sur les incon-
vénients permanents qu'entraînerait une assiette
vicieuse des coupes ; car ces inconvénients sont de
leur côté beaucoup plus graves dans les forêts de la
première catégorie que dans les autres. :
ñ _ En fait, l'application des règles d’assiette, dans
Ja: formation du plan d'exploitation des futaies, n’est
pas aussi embarrassante qu'on serait tenté de le
croire. .
: Nos forêts. Pa | été initio, soit par la métlindé D -
tite et aire, soit par la méthode jardinatoire : dans le
premier cas; elles ont été exploitées de proche en
proche ; la gradation des âges y est donc assez régu-
_ lière; dans le second cas, elles présentent sur tous
les points des arbres de tous les âges, formant des
peuplements uniformes dans leur irrégularité, et il
est par conséquent indifférent, au point de vue des
convenances de l’exploitabilité, de . commencer les
-exploitations par un bout ou par un aütre. Enfin, en
montagne, les coupes ont prèsque toujours été faites
comme le veut la quatrième règle, c’est-à-dire en
954 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
commençant par les parties inférieures, et la raison
en est que cette manière de procéder était la Le
commode *.
Quoi qu'il en soit, toutes les fois qu’on spl
la question de savoir si une parcelle doit être ratta-
chée à une affectation autre que celle dans laquelle
son àge l'avait fait classer, on la résoudra en exami-
nant si cette parcelle est assez étendue, pour qu’il
ne soit pas nécessaire de combiner l'assiette des
coupes à y faire, avec l'assiette des coupes dés par-
celles contiguës. Dans l’affirmative, on devra la
maintenir-dans la colonne où on l’avait d’abord pla-
cée; dans la négative, on n’hésitera pas à la collo-
quer dans la colonne qui comprend les massifs limi-
trophes. ù 4
On conçoit done que les exigences dés règles
d’assiette puissent faire colloquer dans une affectation
des bois plus jeunes ou plus âgés qu'il ne faudrait,
si la formation de cette affectation devait être exclu-
sivement subordonnée à l’âge d’exploitabilité; la
régularisation de la forêt et les grands avantages qu'on
a le droit d’en attendre pour l’avenir, le veulent ainsi.
…
4. Je crois devoir prémunir les agents contre une erreur trop
commune dans l'application des règles d’assiette à la formation
des affectations, erreur qui consiste à croire que lorsque ces règles
veulent que les affectations se succèdent du nord au sud par
exemple, il est nécessaire de donner le n° 4 à l'affectation située
à l'extrémité nord de la forêt, et le dernier rang à l'affectation
située à l'extrémité sud. Or, on peut donner le n° 4 à telle affec-
tation qu’on voudra, pourvu que les exploitations marchent _.
le sens voulu, (Note de la 2° édition.)
PNEU TS 7
DU PLAN D'EXPLOITATION. 955
Il semble que ce sont là des principes auxquels
il n'y a rien à objecter, et pourtant que d'étonne-
. ment ne provoquent-ils pas tous les jours ! Il n’est
pas rare de voir des forestiers, très-estimables d’ail-
leurs, se récrier très-sincèrement, lorsqu'on les invite
à pratiquer une coupe d’'ensemencement dans une
futaie qui est plus ou moins éloignée d’avoir atteint
son plus grand'accroissement moyen. C’est qu’ils ne
comprennent pas qu’au-dessus des besoins du peu-
plement dans lequel la coupé a été assise, il y a ceux
de la forêt envisagée dans son ensemble, et ils vou-
draïent exploiter, ils exploitent trop souvent ce peu-
plement de la manière qu'ils jugent la-plus conve-
nable, en égard aux circonstances présentes, sans
examiner s'ils obéissent ainsi aux PRES de
l'aménagement.
Ces erreurs sont fréquentes; elles proviennent
soit d’un défaut de portée dans les vues, soit d’une
étude incomplète de l'aménagement que l’on est chargé
d'exécuter ; il y a, dans tous les cas, d’autant plus à
les redouter qu’elles ont souvent leur point de départ
dans un fait sainement apprécié. Les praticiens prin-
cipalement sont enclins à les commettre, parce qu'ils
ont l'habitude de considérer les faits en eux-mêmes
ou dans leurs conséquences immédiates et locales :
ils n’apprécient que ce qui est sous leurs veux; les :
circonstances extérieures et médiates leur échappent.
_ Mais il est évident que si l’on ne consultait,
pour se diriger dans le martelage d’une coupe, que
l'état actuel du peuplement, on ne pourrait que per-
*
956 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
pétuer le désordre dans une forêt, ou l’y mettre s’il
n’y était déjà. Aussi ne connais-je pas, dans le con-
trôle que l'administration supérieure est. appelée à
exercer sur la gestion de ses agents, d'objet plus
important que celui qui concerne l’applicätion des
plans d'exploitation adoptés par elle.
Les agents n’ont pas toujours l'intelligence ds
sacrifices qu’il convient de faire à la régularisation
de la marche des exploitations. Quand:ils ont une
coupe à effectuer, ils se dispensent volontiers de por-
ter leurs regards au delà de l’enceinte de cette coupe.
Is ne sont pas, d’ailleurs, plus que les autres
hommes, inaccessibles aux tentations de la critique,
et ils ont bientôt dit : On veut que nous fassions une
coupe d’ensemencement ici; mais c’est absurde : les
bois sont encore trop éloignés d’avoir alteint l’âge
d’exploitabilité; ou bien : On nous condamne à sacri-
fier ce beau repeuplement, en nous empêchant de le
dégager du massif qui le domine ; mais cela n’a pas
le sens commun, ce massif est exploitable, il faut se
dépêcher de l’abattre. Et c’est par des considérations
de ce genre qu'on bouleverse les aménagements,
qu’on compromet l'avenir, et qu'en croyant bien
faire, on ne fait pourtant qu'empirer les choses.
Revenons à notre classement.
Lorsqu'on a arrêté son opinion sur les és
d’assiette dont l’application à la forêt que l’on amé-
nage est nécessaire; lorsqu'on s’est fixé sur les dis-
positions qu’elles réclament, on_s’y soumet rigou-.
reusement dans la formation des affectations, ce qui
#
S'S ant ANR agree
| DU PLAN D'EXPLOITATION. ‘257
veut dire'que l’on ne s'arrête ni au désaccord existant
eùtre l'âge d’une parcelle:et le rang: de:lä*période à
laquelle il y a lieu de l’affecter, ni aux sacrifices
_ accroissement qu TE en être la consé-
{
quence. : RC # cel 8, #h F: OC}
Mais ce n’est pas: dre ai ‘une Met, pour
que l’on soit ensuite forcé de régénérer tous les boïs,
dans là période correspondante à l'affectation dont ils
font partie. Je montreräi comment, dans la prémière
révolution,-on est amené exceptionnellement à régé-
nérer, en même témps que l’affectafion de la -période
dans laquelle on'se trouve, des parcelles 7e sppars
tiennent à d'autres affectations! 1
J'admettrai, jusqu’à nouvel ordre, qe çetté ReA
gation..ne doive pas résulter des! modifications appor-
tées au! tableau ‘des affectations, pour le‘ rendre
conforme aux règles d’assiette,et jervais voir quelles
sont:celles que le rapport soutenu: 'epoufrait dé son
côté motiver. i Dre 2 LU q À) 19 l5qé i |
out 49 51 EPL F3 ; 2 f He x hr #
mise. dr iv 55e
Ferration des affectations conformément aux exigences
2JENOIQS 29! En Fan Eten 281 ne
>. . n + Tr: 4h
| outes les sesitée MERS Der té dé, étain
exploitables dans la: même période, forment ce que .
_ l’on ‘appelle une classé d'âge. Une! forêt :normale
exploitable dans une révolution partagée en cinq
* périodes, doit donc: comprendre cinq classes d'âge;
distinctes. Cette dénomination de classe d'âge,
17
1
s
258 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
appliquée aux bois compris dans la même affectation,
mérite d’être conservée, parce qu'elle est caracté-
ristique.
L'aménagement à pour objet de rendre l'état res-
pectif des classes d'âge aussi satisfaisant que pos-
sible. Pour qu’une forêt se trouve sous ce rapport
dans toutes les conditions désirables, il faut : 4° que
les classes d'âge y soient en nombre égal à celui des
périodes de la révolution; 2° que la disposition de
ces classes sur le terrain ne contrarie pas l’applica-
tion des règles d’assiette ; 3° qu’elles aient la même
puissance productive, en ce sens qu’elles soient sus-
ceptibles de fournir, à l’époque où elles arriveront en
tour d'exploitation, le même volume.
Lorsque ces conditions n’existent pas, il s’agit de
les établir, et c’est précisément là le résultat que
doit avoir le plan d'exploitation.
Je ne laisserai jamais échapper l’occasion de
rappeler ces principes, parce qu’ils doivent former
la préoccupation constante de l’aménagiste, et que
lorsqu'on ne les perd pas de vue, on est certain
d'arriver au but.
Quand on a classé les parcelles dans les colonnes
des périodes, en se conformant aux exigences de
l’exploitabilité et des règles. d’assiette, il suffit de
jeter un coup d'œil sur les totaux de ces colonnes
pour juger si la forêt que l’on veut aménager, est
ou n’est pas susceptible d’un rapport périodique; et
il n’y a.pas non plus de longues réflexions à faire
pour reconnaître si, ce rapport périodique étant
f:
|
1
4
4
:
;
À
É
À
:
1
D.
F
4
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4
G
Le
%
DU PLAN D'EXPLOITATION. 959
+
“péalieabie, il est possible de le Bros soutenu, c'est-
à-dire constant. se
Que mes lecteurs veuillent bien ne pas oublier
que dans ce moment je ne m'occupe que des affec-
tations ; que je les assimile à des coupes de taillis;
que la période remplace l’année, et que, d'après
l’hypothèse dans laquelle je me suis placé, le classe-
“ment des parcelles, conformément aux règles d’as-
‘sielle, n’a pas eu pour effet d'augmenter l'écart qui
doit normalement exister entre l’âge qu'ont les bois
actuellement, et celui qu’ils auront lorsque l’affecta-
tion à laquelle on les a rattachés, arrivera en tour
d'exploitation.
+ Cela étant bien compris, si aucune classe d'âge
ne fait défaut, on en conélura qu’il existe les élé-
ments indispensables à une suite non interrompue
d'exploitations périodiques. Dans le cas “contraire,
on avisera aux moyens de suppléer les classes d'âge
absentes par des emprunts faits aux classes exis-
“ante<, et c'est alors qu'il sera utile de se rappeler
les règles que j'ai énoncées dans le chapitre relatif
‘aux taillis.
D’après ces règles, des exploitations annuelles ne
peuvent être entreprises et continuées sans interrup-
tion que lorsqu'il y a des parcelles exploitables, des
parcelles assez jeunes pour atteindre, sans dépérir,
le terme de la révolution, et des parcelles intermé-
‘diaires telles que la différente d'âge la plus grande
entre deux peuplements à exploiter successivement,
ne dépasse pas le double de l'écart tolérable entre
260 AMÉNAGEMENT, DES FORÊTS.
l’âge d’exploitabilité et l’âge de l’exploitation, écart
qui, dans aucun cas, ne doit être assez grand |lui-
même, pour compromettre la régénération naturelle:
des massifs. | b ap
À l’aide de ces règles fôrt simples, on parviendra
sans beaucoup. de peine à remplir, autant que pos-
sible, les lacunes qui s’opposeraient à la. périodicité
des exploitations. Si c’est l’affectalion de la première
période, ou, en d’autres termes, la première classe
d'âge qui manque à l'appel, on pourra la remplacer par
une partie de la deuxième classe d'âge et une partie
de la dernière; si c’est la troisième classe d'âge, on
pourra la remplacer par une partie de la deuxième
et une, partie de la quatrième; mais :ces transposi-
tions devront se faire desproche en proche, avec des
peuplements contigus, de manière à ne pas déranger
les dispositions prises conformément aux règles d’as-
siette, et à reculer, plutôt qu'à avancer, l'épaane de
E © exploitation effective des peuplements. (
Ce qui manque ordinaïrement dans nos: forêts, ce
ne sont_ni les bois exploitables, ni les bois des. der
nières périodes, ce sont les bois d'âge moyen..La
- substitution de: la méthode du réensemencement
naturel et des éclaircies périodiques au régime à.tire
el aire, substitution qui. remonte à une cinquantaine
d’années, est en partie la cause.de cet état de choses.
Dans les coupes de régénération, auxquelles. ils ont
procédé, les, agents. n'ont; pas toujours pris: les
mesures, nécessaires pour. assurer ile repeuplement
naturel, etils ont laissé s *accumuler les coupes d'en-
DNS RC cd dd
barres
L'ud: -c'emat; d épssdé
:
|
|
J
É
1
—
DU PLAN D'EXPLOITATION. 961
semencement, dans l’attente d'un repeuplement que
Chaque nouvelle année de retard rendait plus impro-
bable. Dans les coupes d'éclaircie, ils ont trop
généralement cédé au désir de procurer des produits
au Trésor, en faisant disparaître les vieux arbres de
préférence aux jeunes. On ne saurait leur en vouloir,
puisque l'absence de tout plan d'exploitation ne
leur permettait pas de se guider dans ces opéra-
tions ; d’après la composition et la distribution des
classes d'âge, et qu’en outre, parmi les sujets qui
rompent la régularité d’an peuplement, les plus
gros sont naturellement ceux qui attirent le plus
l'attention, et dont l'enlèvement paraît à priori le plus
— Le rapport soutenu serait assuré par période, si
lé$ parcellés à exploiter dans chacune d’elles, c’est-
à-dire les affectations de ces périodes, occupant
d’égales contenances, renfermaient des massifs, simi-
laires quant aux phases probables de leur dévelop-
pement, et gradués quant à l’âge, de manière à
être ni plus ni moins âgés les uns que les autres,
lorsqu'ils arriveraient en tour d’exploitation.
‘Mais ces conditions favorables ne se rencontrent
jamais, et on doit dès lors se demander s’il ne con-
vient pas de donner aux affectations des contenances
inégäles, afin de corriger l'inégalité de puissance pro-
ductive des parcelles qui les composent.
Les facteurs dont on se sért pour faire ces sortes
de corrections :ne sauraient, comme je crois l’avoir
prouvé, se déduire de l'appréciation directe des élé-
Tee
262 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
ments qui concourent à la production, tels que le sol,
l'exposition, le climat, l’essence, l’état plus ou moins
serré, etc. Ils se déduisent des renseignements que.
l’on possède, sur la production effective de peuple-
ments, placés dans les mêmes conditions de VAESHHIORE,
que ceux de la forêt qu'on aménage.
Or j'ai fait observer, en traitant. du plan d’ Hs
tation dans les taillis, qu’en allant à la recherche de
ces peuplements comparables, on se lançait dans des
difficultés d'appréciation très-nombreuses, très-déli-
cates, presque insurmontables ; et ce, pour n’obtenir
souvent qu’un très-mince avantage, et perpétuer dans
les classes d'âge une fâcheuse inégalité.
J'ai donc émis l'opinion que les procédés indiqués
pour rendre les contenances des affectations inverse-
ment proportionnelles à leurs facultés productives,
avaient une valeur pratique: fort contestable,
Je maintiens cette opinion.
Mais la question est grave: on me nérdonaërs
d'insister. Il s’agit de détruire des préjugésenracinés,
des illusions généralement répandues.
Je veux prouver qu'à raison de l’ incertitude des
moyens d'appréciation dont on dispose, il convient
d'adopter comme règle générale, pour les affectations,
des contenances égales.
Je dirai ensuite dans quelles circonstances parti-
culières et dans quelle mesure, les SKSAR AR à cette
règle peuvent être admises.
_… À: Des motifs qui doivent faire adopter en général,
pour les affectations, des contenances égales. — Mon-
_ DU PLAN D'EXPLOITATION. 263
trons de nouveau d’abord que les méthodes préten-
dues différentes, par lesquelles on a cherché à déter-
miner les contenances inversement proportionnelles
à la productivité du lieu d'habitation, reviennent
toutes à fixer par hectare le produit de chaque par-
celle pour le moment de son exploitation; à com-
parer ce produit à un terme commun, et à faire
figurer les parcelles dans le plan d'exploitation pour
des contenances qui soient, avec les contenances
réelles, dans un rapport inverse de celui trouvé
entre la production présumée de chaque parcelle, et
la production adoptée pour terme commun de com-
Pen
: En effet, voici en quelques mots ce qu ‘indiquéot
les auteurs qui se sont occupés de résoudre le pro-
blème dont il s’agit.
Ceux-ci veulent : 4° que l’on détermine le volume
actuel de chaque parcelle ; 2° qu'on y ajoute celui
dont elle sera susceptible de s’accroître, en supposant
qu'élle reste encore sur pied jusqu’au milieu de la
période à laquelle elle est provisoirement affectée;
8° que l’on porte ces volumes dans la colonne ouverte
à ladite période; 4° que l’on procède enfin à l'égali- .
sation des totaux des périodes par des transferts de
volümes de la colonne la plus riche dans celle ‘qui
l'est le moins, en ayant soin de tenir compte des.
diminutions ou des augmentations que l'accroissement
pourrait subir par suite de ces transferts.
- Ceux-là comparent la production présumée par
hectare de chaque parcelle, au moment fixé pour son
26/ AMÉNAGEMENT DES FORÊTS..
exploitation, à une production arbitraire. quelconque
prise pour type et terme commun de comparaison;
ils multiplient la contenance réelle de chaque parcelle
par le rapport numérique qui résulte de cette compa-
raison; ils substituent ces contenances fictives aux
contenances réelles dans les colonnes des périodes, et
ils procèdent enfin à l’égalisation des totaux de ces
colonnes par des transpositions qui, au lieu de porter
sur des volumes, comme srene ee> RENE sur
des contenances. FE PISE
Enfin, d'après d’autres auteurs, Jess étémotts de
la production d’une parcelle étant pris pour unité; on
établit les rapports qui existent entre cette unité.et la
puissance des éléments de production des autres par-
celles, et on fait de ces rapports le même ae on
des rapports précédents. | |
Ces trois manières de procéder s'appuient évider-
ment sur la même base, et la première ne se distingue
des deux autres que parce que la production à laquelle
on compare toutes les autres, est la production elfec-
tive moyenne au ion d'être une ae arbi-
traire. |
Dans tous les cas, ” c'est le seul point Spa.
il s’agit de prévoir plus ou moins longtemps à
l'avance le produit que donnera un peuplement lors
de son'exploitation. C’est là qu'est la pierre d’achop=
pement, qu'est la difficulté, difficulté qu’on peut dissi-
muler, mais qu’on ne saurait éluder, et qui reste tou-
jours aussi grande, quel que soit le moyen dont on se
serve pour la surmonter. |
ns dut, d'OS à Ep LEE
- DU PLAN D'EXPLOITATION. 265
Ainsi, par Jestonhéyi quand, pour déterminer la
production ultérieure de-chaque parcelle, on calcule :
4° le volume actuel: qu'elle contient ; 2° le volume
dont elle s’accroîtra; on a recours à des movens
qui peuvent dissimaler, mais qui, en réalité, ne
diminuent pas les difficultés inhérentes à cette déter-
mination.. Sans doute, le volume actuel est appré-
ciable d’une manière suffisamment exacte, lorsqu'il
s’agit d'un peuplement dont tous les sujets sont assez
forts pour être cubés. individuellement. Si ce peuple-
ment.est âgé, on peut également, sans s’exposer à
de;:grandes erreurs, se baser sur son accroissement
moyen antérieur, pour apprécier son- accroissement
futur; mais ce n’est pas pour les parcelles qui sont
destinées. à être exploitées prochainement, que la
recherche du produit qu'elles donneront est embar-
rassante;, c'est pour celles qui ont encore à rester
longtemps sur pied; et, plus les bois sont jeunes,
plus on risque de se tromper, soit dans l'estimation
du volume actuel, soit surtout dans l’appréciation de
laccroissement futur : dans l'estimation du volume
actuel, par suite de l'impossibilité de procéder à un
cubage individuel de tous les sujets qui composent
. le peuplement; dans l'appréciation de l'accroissement
futur, parce que l'accroissement moyen acquis dif-
fère d'autant plus de l'accroissement moyen à acqué- :
rir, que les bois sont plus éloignés de la phase de
leur plus grand, développement, et que d’ailleurs,
les: chances d'erreur qui accompagnent les calculs
sur l'accroissement, augmentent nécessairement avec
266 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
le nombre d'années sur lequel portent ces calculs.
Aussi, pour les jeunes bois, est-on forcé de recou-
rir à des tables de production ou à des peuplements
exploitables et placés dans les mêmes conditions de
végétation que ceux dont on s'occupe.
On n'échappe pas non plus à cette sécontité]
lorsqu'au lieu de comparer les productions, on pré-
tend arriver au même résultat en comparant les cir-
constances sous l'influence desquelles elles sont appe-
lées à se réaliser. Si le lecteur veut bien se reporter
aux observations que contient à ce sujet le chapitre
sur les taillis, il y verra que cette prétention ne sau-
rait être prise au sérieux que par les gens qui se
payent de mots ; que substituer la cause à l’effet dans
l'énoncé du problème à résoudre pour déterminer la
puissance productive des parcelles, ce n’est pas sim-
plifier la question, c’est, au contraire, la compliquer
sans faire disparaître aucune de ses difficultés; car,
dans l'étude des phénomènes de la végétation, les
causes ne s’apprécient que par les effets.
Voici un sol quelconque, mettez-le entre les mains
d'un chimiste ; il n’y découvrira pas, quelle que soit
son habileté, la quantité de matière végétale qui
pourra s’y développer dans un temps donné.
Une circonstance dont on fait grand cas dans
l'examen de celles qui sont de nature à exercer une
influence sur la production, c’est l’état de consistance
du peuplement. Eh bien! je le demande à tout
homme de bonne foi, quelle conclusion peut-on tirer
de l’état de consistance d’un gaulis de quinze ans,
da td oui sd One. à DES,
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PE A RE A AE Re à
F
DU PLAN D'EXPLOITATION. 267
soon au volume qu’il présentera quand il en
aura cent?
LE! faut donc en revenir tomontes à la comparaison
des productions, par conséquent, aux tables d'ac-
croissement ou, à défaut, au cubage de parties de bois
placées dans les mêmes conditions que celle qu'on
envisage, et l'examen des éléments de la production
n'a d'autre avantage que d’assurer le bon choix des
peuplements choisis pour termes de comparaison. :
.:, Quels que soient, en définitive, les moyens que
l'on adopte pour la recherche du produit que donnera
une parcelle à l’époque fixée pour son exploitation,
le succès de cette recherche est fatalement subor-
donné à la découverte d’un peuplement exploitable,
soumis aux mêmes influences que celui dont on veut
ainsi prévoir la possibilité.
Or, cette découverte est extrêmement difficile, et,
‘avouons-le, presque impossible dans l’état actuel du
peuplement de nos forêts. On chercherait peut-être
vainement en France un seul massif exploitable, qui
pût être présenté comme l'expression exacte de la
puissance productive normale d’un terrain. Cela n’a
rien d'étonnant, quand on songe pe c'est à peine
depuis une quarantaine d'années qu’on y pps le
procédés d'une culture rationnelle.
‘On sait maintenant à quoi s’en tenir sur le nsie
des, coeflicients de production, sur l'utilité -qu’on
en. peut retirer pour l'établissement. dù rapport
soutenu. Le rôle qu'on a voulu faire jouer à ces
coefficients est, disons-le, une véritable illusion, qui
268 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
prouve une fois de plus la funeste influence que peut
avoir sur le bon sens et le jugement” l'habitude des
solutions mathématiques. — ?’ +
On est trop disposé de notre temps à transformer
les questions en problèmes d’algèbre ou de géomé-
trie; il y en a qui ne sont pas susceptibles d’une
solution exacte, c’est un malheur auquel il faut se
résigner. La question que nous re en ce moment
est de ce nombre. eu
Ilne faut pas que la formel’ éréons sur le fond ;
que l'apparence soit prise pour la réalité. Ce fatras
de calculs minutieux et compliqués dont on surcharge
le tableau des affectations, quand on veut tenir
compte de toutes les influences qui réagissent sur la
végétation, ne peut avoir de mérite qu'aux yeux de
gens superficiels ; il n’accuse en réalité que des pré-
tentions à l'exactitude, et comme il se fonde sur des
appréciations presque toujours arbitraires, on: peut
véritablement le comparer à un monument ne serait
bâti sur le sable. :
Au reste, si le "Apport star est une bonne
chose; s’il est à désirer qu'on puisse l'obtenir pour
chaque forêt, chaque série, il ne faut pas cependant
s’en exagérer l'importance et oublier que, comme il
intéresse surtout .la consommation, e’est surtout
par bassin de consommation qu’il y a lieu de l’établir.
Envisagées de cette manière, les atteintes qu'il
pourrait éprouver sur un point, perdront beaucoup
de leur gravité, si, comme il est probable, elles
doivent trouver des compensations sur d’autres.
Lz2
DU PLAN D'EX PLOITATION. , 269
2 On: jrsioit donc : la réalisation du rapport soutenu
pes 4.08 une pe Spas Ne demändé
lotrabiditéne et ve sûreté ds opérations et. je conclus
en conseillant, comme l'ont fait avant moi les auteurs
de la Culture des bois, de donner autant que pire
aux afféctations des contenances égales. :
#1 2 Des motifs: qui peuvent: fairé adopter: jour les
affectations; des. contenances réduites. — 11 n'y a:pas
_ de règle sans ‘exception, et, daus les pays de mon-
tignès. surtout, il existe quelquefois, entre les cir-
constances! qui influent sur là végétation, des diffé-
rences :tellement tranchées, qu'on ne saurait les
négliger-
sie quel ve est=il permis d'en ‘enir
comp ;
Ces ait viéuvent divuitouiffatsiests Elles le
sat lorsqu'elles portent sur l’âge; la Consistance,
l'essence même, s’il entre dans les prévisions qu’elle
devra être rémplacée: Dans aucun de ces cas, je ne
les crois de nature à justifier une inégalité dé conte-
narices dans les affectations. Je l'ai dit pour les tailis,
je le répète pour les futaies. Voici pourquoi : S"s
-rSupposons:que! l'on soit parvenu à se fixer sur le
rendement futur. de: chaqné parcelle, à raison de
toutes les circonstances, quelles qu'elles soient, dont
ce rendement dépend. Supposons: que, par suite des
différences de puissance productive qui existént entre
ces parcelles; on ait jugé convenable, dans l'intérêt
du rapport soutenu, de transférer la parcelle B, dont
ä
270 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
le coefficient est de 0,8, de la troisième période dans
la deuxième. Voilà une parcelle qui, par le fait de
cette transposition dans une période qui avancera
l’époque de son exploitation, mérite qu’on lui donne
un autre coeflicient de production; car celui qui lui
a été appliqué étant fonction de toutes les circon-
stances dont le rendement dépend, l'est dès, lors, de
l’âge d’exploitabilité, ou mieux, du temps pendant
lequel ladite parcelle avait été destinée à rester sur
pied. En conséquence, si on l’a fait figurer pour
X hectares, dans la troisième période, on devra la
faire figurer pour X’, en la colloquant dans da
deuxième, et la soumettre dès lors à un nouveau
remaniement.
D'un autre côté, la régularisation de la forêt
implique la fixation de l'étendue respective des affec-
tations, c’est-à-dire des classes d'âge; et l’on conçoit
que cette fixation ne saurait être définitive, si on la
subordonnait à des influences essentiellement tempo-
raires. Ces influences n’existant plus, il deviendrait
nécessaire de modifier les affectations et de retarder,
par suite, l’époque à laquelle leurs limites cesseraient
d’être provisoires.
La production subirait enfin des atteintes inévi-
tables, si, pour la rendre soutenue, on augmentait
“par de nouvelles transpositions, l'écart occasionné
déjà par l'application des règles d'assiette, entre l’âge
de l’exploitabilité et celui de l'exploitation.
Donc, en admettant que l’on parvint, chose
presque impossible, à recueillir des données exactes
M NET OR Te I TE PINS
Re ns cet intl
DU PLAN D'EXPLOITATION. 271
sur le rendement probable de chaque parcelle, lors de
son exploitation, on ne pourrait les utiliser pour la
réalisation du rapport soutenu immédiat, sans se
condamner à des tâätonnements, à des remaniements
sans fin, et dans tous les cas, à une diminution de
production, c’est-à-dire à des résultats contradictoires
avec le but que l’on se propose sata l’on haie Bhoil
‘une forêt:
Cependant, its ; s'il se trouvait des affec-
tations qui continssent la moitié de leur étendue en
vides, et qui fussent productives, par suite, d’un
rapport moitié moindre, n’y aurait-il pas lieu de leur
donner une étendue un peu plus grande ? — Non,
parce qu'après que ces vides auraient été repeuplés,
il faudrait de nouveau changer la contenance des
affectations, sous peine de retomber dans les incon-
vénients qu’on avait voulu éviter. Tout ce que l’on
pourrait faire, serait de décider qu’exceptionnellement
à la règle générale, pendant la première révolution,
certaines parcelles ne seront pas régénérées dans les
périodes correspondantes ; mais cet expédient
implique l'adoption d'un plan provisoire, et j'ai
annoncé que l'étude de ce plan serait l’objet d’un
chapitre spécial.
J'insiste donc sur ce principe : les affectations ne
doivent jamais être modifiées, par suite des différences :
accidentelles, et par conséquent temporaires, qui
porteraient sur l'âge, la. consistance et même parfois
l'essence des peuplements. : :
Mais, dans les conditions dela végétation, il yen a
279 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
qui peuvent être considérées, comme immuables ; ce
sont, par exemple, celles qui tiennentau climat, à l’ex-
position, à la nature des essences, à la qualité du sol;
et ces-conditions sont quelquefois tellement différentes
d'une parcelle à une autre, que l’on nesaurait vraiment
être autorisé à passer outre, Ilest.cértain qu’une affec-
tation située sur une rampe exposée au midi, ne rap-
portera pas, toutes les autres conditions étant égales
d'ailleurs, autant que celle qui occupera un versant
septentrional; et qu'un massif reposant sur un sol
substantiel, frais et: profond, rappôrtera plus que
celui qui croîtra sur un: terrain uisisri sec et'sans
profondeur. 94
‘Onsait qu'il est de priricipe de composer) gutsnt
que possible, les affectations, de: manière que les
bonnes: parties compensent les mauvaises. OÜn sait
aussi-qu'au moyen de la division d'uneforêt en séries,
on parvient souvent à éviter les :embarras qu'occa-
sionnént, dans la formation des affectations; les diffé
rences de fertilité des parcelles. Néanmoins, on. doit
prévoir des cas où ces moyens seraient insuffisants
pour corriger les-grands écarts. que présenteraient
* les rendements probables des affectations: 8
Dans ces cas-là, mais dans ces cäs-là seulement,
on pourrait donner aux affectations, des contenances
inversement proportionnelles :à leur puissance pro-
ductive,;.en s’aidant, pour établir ce rapport entre
les puissances productives, de toüs: les: éléments
d'appréciation que fourniraient les tables d'expéz.
rience, les observations direétés, la tradition surtout.
a.
DU PLAN D'EXPLOITATION. 273
S © Pour ne point se tromper trop grossièrement dans
une opération de ce genre, il faut être Hs Brccri
menté et très-circonspect.
C’est surtout lorsque les différences &nl les con-
ditions de végétation, portent sur |la qualité des
terrains, que les erreurs sont à craindre: Il_n'en
est pas des sols foresliers, ne l'oublions pas,
comme des sols agricoles. Ceux-ci sont bien connus ;
les relations qui existent entre leur nature et le
produit qu'ils peuvent donner, sont bien établies ;-
on peut assurer que telle terre ne produira que du
| seigle, et qu’elle en produira en moyenne tant
d'hectolitres. Pour les forêts il n'y à guère de
mauvais sols, en ce sens que dans presque tous, les
1 bois peuvent prospérer ; tel terrain qui, dénudé et”
desséché, ne paraît propre à rien, est cependant:
absolument semblable, sauf l’humus et la fraîcheur,
- à celui qui porte une magnifique futaie.
On ne saurait donc être trop prudent lorsqu'on
recherche l'influence que peut avoir la qualité du sol
sur la production forestière Quant à l'influence de--
l'essence, du climat, de l'exposition, elle est moins
douteuse. :
Ces réflexions faites, je n’ai qu’un mot à ajouter
sur l'emploi des coefficients de production. Lorsque
ces coefficients sont fixés, on multiplie la contenance
réelle de chaque parcelle par le coefficient y relatif,
% et on porte le résultat de cette multiplication sur le
. tableau des affectations, qui est modifié en consé-
quence conformément au modèle suivant.
18
AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
274
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DU PLAN D'EXPLOITATION. 275
_:. On procède à l’égalisation des totaux des conte-
nances fictives, par des transferts, en se conformant
aux préceptes que j'ai donnés, et on obtient ainsi,
pour les affectations, des contenances réelles inver-
sement proportionnelles à leur puissance productive.
ARTICLE IT.
4 FER D À À £
:; RÈGLEMENT GÉNÉRAL, DES EXPLOITATIONS PAR PÉRIODE. .
+ Quand la révolution principale peut être défini-
tive, et le plan d'exploitation normal, le règlement
des exploitations par période est peu compliqué. On
ne change rien à la première partie du tableau des
affectations, et l’on substitue dans la seconde partie,
les mots parcelles à régénérer dans la première, la
” deuxième; la troisième période, etc:, aux mots clas--
sement des parcelles dans l'affectation de la première,
la deuxième, la troisième période, etc.; tous les bois
compris dans la colonne affectée à la première période .
devront être régénérés, la révolution étant de.100 ans,
et la période de 20, dans les 20 premières années
tous ceux. compris dans la colonne affectée à la.
deuxième période, dans les 20 années suivantes, etc.
:: Mais les coupes de régénération, autrement dites
coupes principales, ne sont pas les seules qu'il y ait
à faire dans une futaie, et si, dans les’‘taillis, les net-
toiements et les éclaircies sont des opérations excep-
tionnelles et, dans tous les cas, peu productives, “il
Me AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
n'en est pas de même dans les futaies. Ici, les exploi-
tations de l’espèce-ont une grande utilité, sous le
rapport cultural, et sont en outre très-recomman-
dables par les avantagès matériels qu’elles procurent
immédiatement. C'est: une première raison pour qu'on
les fasse figurer sur le tableau des exploitations. En
outre, une éclaircie, pour être bien faite, ne demande
pas seulement que les agents d'exécution se confor-
ment aux exigences actuelles, et à ce qu’on appelle
les circonstances intérieures du peuplement ; elle
demande surtout qu'ils aient connaissance et qu'ils
se préoccupent du rang que ce peuplement est ap-
pelé à prendre dans l'échelle des âges, Comme il
est très-rare de rencontrer des massifs homogènes ;
comme les sujets de différents âges s’y trouvent or-
dinairement entremêlés , il importe beaucoup, pour
qu'une éclaircie atteigne le but qu'on doit se pro=
poser, que les agents d'exécution sachent quel ‘est
l’âge qu'il convient de faire prédominer dans un peu-
plement, et qu'ils connaissent en conséquence pen-
dant combien de temps ce peuplement aura à rester
sur pied, avant d'arriver en tour de régénération.
Mais pour cela, il est nécessaire de faire figurer lés
nettoiements et les éclaircies sur le tableau des ex-
ploitations; il'est nécessaire que ce tableau indique,
sinon l’année précise, du moins la période de la
révolution dans laquelle une parcelle devra être net-
toyée ou éclaircie.
-Cette indication n’est d’ailleurs duleniént embar-
rassante :
RÉ e ER AE ge di Le Si tai cils oo su
DU er D'EXPLOITATION. 277
PE ES EE 2.
Les périodes embrassent presque toujours un laps
de temps.plus considérable que celui qui, d’après les
règles de la culture, doit s’écouler entre deux éclair-
cies successives ; et il en résulte qu’il y a lieu de
porter chaque parcelle dans toutes les périodes, soît
pour être nettoyée, soit pour être éclaircie, à l'ex-
ception pourtant de la période dans laquelle elle aura
été portée, pour être exploitée en coupe de régéné-
ration ‘. ; s | €
Ainsi, la parcelle R, qui figure sur le tableau
comme devant être régénérée dans la première pé-
riode, devra y figurer en outre comme devant être
nettoyée ou éclaircie dans les autres périodes. Seule-
ment, pour éviter qu’on ne confonde, sur le tableau
des exploitations, les coupes d'amélioration avec les
coupes principales, on a soin d’affecter a:1x unes-et
aux autres, pour chaque période, une colonne spé-
ciale ;: et le tableau des exploitations, par période,
devient alors conforme au modèle ci-contre.
1. Cette exception ne s'applique pas toujours aux coupes de
nettoiement qui peuvent être nécessaires pour une parcelle dans
la période mème où elle a été régénérée. (Note de la 2° édition.)
AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
278
“poog | ‘ou | “og. | “1004 | “1004 | 1904 | 3004 ‘1904
1
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ail. nt
PER RTE
- DU PLAN D'EXPLOITATION. 279
(Comme nous avons supposé que l’état de la forêt
permettait de fixer dès à présent et d'une manière
définitive l’ordre des exploitations, en totalisant les
contenances portées dans les colonnes du tableau, on
devra trouver pour chaque période une étendue au
moins égale à la contenance totale de la forêt.
L)
ARTICLE TILL
… | ét
. RÈGLEMENT SPÉCIAL DES EXPLOITATIONS ANNUELLES
PENDANT LA PREMIÈRE PÉRIODE.
L
Coupes principales. tre Si la forêt à aménager
pouvait être exploitée à blanc étoc; s’il était permis
de compter sur la régénération naturelle, malgré
J'abatage, en une fois, de tous les arbres existants
sur-une contenance donnée ; ou bien, si l’on trouvait
économique de remplacer le repeuplement naturel
par un repeuplement artificiel, et que celui-ci n'eût
besoin, pour réussir, d'aucun abri, le règlement des
exploitations annuelles s’effectuerait en partageant
chaque affectation en vingt parties, ayant des conte-
nances égales ou inversement proportionnelles à leur
fertilité. On suivrait, pour la division de chaque
affectation en coupes annuelles, les mêmes règles que
pour l'aménagement d’un taillis.
- - Mais, je l’ai dit, la nécessité de n’exploiter qu’en
plusieurs fois les arbres existants sur un point donné,
afin d'en assurer la régénération naturelle, s’oppose à
280 AMÉNAGEMENT. DES FORÊTS.
l'adoption de cette manière toute simple de procéder ;
et c’est ici que l'aménagement des futaies exige des
opérations qui n’ont aucune analogie avec celles que
comporte l’aménagement des taillis.
Jusqu’à présent, tous nos efforts ont tendu, dans
notre étude sur l'aménagement, à baser les.exploita-
tions sur la contenance, à cause de la simplicité, de
la rapidité et de la sûreté que cette méthode est de
nature à imprimer à l'assiette des coupes. Nous
sommes forcé maintenant de recourir à une autre
base, car nous essayerions vainement de concilier la
possibilité par contenance avec les exigences du rap-
port soutenu et de la régénération naturelle. On l’a
tenté cependant, et il paraît qu'on y a presque
réussi ‘ ; mais, sans nul doute, cette expérience a eu
lieu dans des conditions tout à fait exceptionnelles,
et l’on ne saurait s’en prévaloir quand il s’agit de
poser des règles d'une application générale. On con-
çoit, par exemple, que dans une futaie de hêtres,
reposant sur un sol substantiel, dans un climat tem-
péré, croissant enfin dans des conditions favorables
à la fertilité des arbres de cette essence et à la ger-
mination des semences, on précise, sans s’exposer à
de trop grands mécomptes, les époques auxquelles
devront avoir lieu, sur un point donné, les coupes de
régénération *. Le jeune plant de hêtre résiste long-
1. Voir les Annales de 1848, p. 158.
2. Dans certaines régions, à raison, d’une part, _de la lenteur
avec laquelle s'opère le réensemencement naturel, et de la faculté,
DU PLAN D'EXPLOITATION. . 281
temps sous le couvert. Les dernières éclaircies, pour
peu qu’elles soient fortes, seront suivies, dans la forêt
supposée, d’un repeuplement naturel qu'on trouvera
en bon état, qu'on pourra utiliser, lorsque arrivera
le moment -de procéder aux-coupes principales ; et
que ces dernières soient faites un peu plus tôt ou un
peu plus, tard, en une ou plusieurs fois, cela est
d'autre part, qu'ont les essences de supporter le couvert, on a cru
devoir régler les coupes d’ensemencement par contenance et fixer
la durée de la période à 40 ans, c’est-à-dire à un chiffre qui
dépasse beaucoup celui que j'ai indiqué comme un maximum.
Chaque affectation a d’ailleurs été partagée en deux parties cor-
respondant à deux sous-périodes de 20 ans chacune, et tandis
que l’on fait par volume des coupes secondaires et définitives
dans l’une des moitiés de l'affectation à régénérer, on fait par
‘vingtième de surface des coupes d’ensemencement dans l’autre.
M. Lorentz a publié à ce sujet, dans la dernière édition du cours
de culture, un article auquel je renvoie mes lecteurs, en me bor-
nant à l'observation suivante ‘:
Il est certain que lorsqu'il n'y a pas Rs à fixer un
délai constant entre les coupes d’ensemencement et les coupes
secondaires, il convient de régler les coupes de la première caté-
gorie par contenance ; car on ne doit, comme je l'ai déja dit,
recourir à la possibilité par volume qu’en cas d’absolue nécessité;
mais la durée de la période n’est alors subordonnée qu'au temps
indispensable pour effectuer sur le même point les coupes secon-
daires et définitives, et c'est une raison pour qu’elle soit. plutôt
diminuée qu’augmentée. Au surplus, dans la combinaison préci-
tée, elle n’est augmentée qu'en apparence, attendu que ce qu'on
appelle une sous-période est une période. Seulement, d’après
cette combinaison, à la place des dernières éclaircies on doit faire :
des coupes sombres. Est-il bon, est-il prudent d’y astreindre les
agents d'exécution ? Oui, je le répète, si on est sûr de pouvoir
maintenir longtem:s les jeunes repeuplements sous le couvert;
non dans le cas contraire, et je crois que ce cas contraire se pré-
sente souvent. (Note de la 2° édition.)
282 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
indifférent pour la régénération, qui sera déjà un
fait accompli. Mais supposons une autre essence, le
chêne pàr exemple, un climat plus rude, un sol moins
fertile, et le repeuplement sera exposé à des éven-
tualités qui ne permettront pas aux exploitations
annuelles de suivre une marche régulière.
Il y a deux choses qui ne sauraient, en général,
être prévues longtemps à l’avance et d’une manière
précise, dans l'application de la méthode du réen-
semencement naturel : c'est d’abord l'assiette des
coupes principales; c’est ensuite le nombre d’arbres
à enlever dans chacune de ces coupes. |
Un écrivain fort distingué, auquel le recueil des
‘Annales forestières doit des commuuications très-
intéressantes, a essayé de prouver que la possibilité
par contenance pouvait se concilier avec l’incertitude
de l’assiette des coupes ‘. Mais, pour cela, il a été
obligé d'admettre qu'il était possible de se fixer sur
le nombre des arbres à enlever dans chacune des
trois coupes de régénération. Ce nombre étant, par
exemple, d’un tiers des arbres sur pied pour chacune
d'elles, et la période étant de 20 ans, au lieu
d’exploiter chaque année, en coupe rase, «un ving-
tième de l’affectation des bois exploitables, on exploi-
tcrait les trois vingtièmes, partie ici, partie là,
en coupe d’ensemencement, en coupe claire ou en
coupe définitive, selon l’état des peuplements. S'il
était admis que chacune des deux premières coupes
1. Voir les Annales forestières du mois de Septembre 18#7.
a ph eh y Ed réin 50h EL ad GS dé
DU PLAN D'EXPLOITATION. 283
“dt prendre un quart des arbres sur p'ed, et la coupe
définitive, le surplus, chaque hectare exploité , soit
én coùpe d’ensemencement, soit en coupe claire,
serait considéré comme représentant un quart de la
possibilité, et chaque hectare exploité en coupe défi-
nitive comme en représentant la moitié. Pour com-
pléter la possibilité, on aurait done, chaque année, à
parcourir une étendue telle que, multipliée, selon la
nature de la coupe, d’ensemencement, secondaire
où définitive, par le facteur 0,5 ou 0,25, elle pro-
duisit-un nombre d'hectares égal au vingtième de
l'affectation.
L Tel est le moyen imaginé pour échapper aux pré-
tendus inconvénients de la méthode d’exploitation
basée sur la possibilité par volume. Ce moyen a été
repoussé par des raisons très-calégoriques dans un
article qui n’est pas signé, mais-dont il est facile de
deviner l’auteur ; car il est fait eæ professo. Je renvoie
à ce remarquable travail ceux de mes lecteurs qui
auraient le désir de se rendre compte de tous les mo-
tifs qui rendent inapplicable au traitement des futaies,
la possibilité par contenance ‘. Je me bornerai à faire
observer ici que l’expédient inventé pour démontrer
le contraire, serait de nature, lors même qu'il ne
s'appuierait pas sur’ une hypothèse inadmissible, à
enlever à cette possibilité son principal mérite.
On ne saurait fixer pour un peuplement quel-
tonque, le nombre d'arbres qu’il sera nécessaire ou
-
4. Voir les Annales forestières du mois de décembre 1847,
281 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
utile de faire tomber dans chacune des coupes de
régénération; et, pour s’en convaincre, il n’est pas
nécessaire de recourir à des preuves tirées de la varia-
bilité des conditions dans lesquelles peut se trouver
un massif, et des accidents imprévus auxquels la
végétation est exposée. Il suffit de considérer qu’en
réalité, si l’on en excepte Ja coupe définitive, les
coupes de régénération, quelque faible que soit leur
étendue, ont bien rarement un caractère tranché qui
permette de les classer, soit dans la catégorie des
coupes d’ensemencement, soit dans la catégorie des
coupes claires. Elles participent presque toujours:des
deux : les unes ne sont que la continuation des
autres, et on poursuit une chimère, quand on, veut
délimiter chacune de ces coupes, en préciser l'assiette
et par conséquent la contenance.
Mais admettons l'hypothèse.
Je dis qu’en adoptant, pour les futaies, la possi-
bilité par contenance, on ne réaliserait aucun des
avantages qui la rendent recommandable pour les
taillis.
Ces avantages consistent, on le sait, dans la régu-
larité, la simplicité, la promptitude, la sûreté des
opérations.
La régularité : il faudrait y renoncer, puisque
l’assiette des coupes ne suivrait plus aucune marche :
certaine.
La simplicité : on ne pourrait point l’obtenir,
puisque l’étendue à donner aux coupes annuelles
devrait changer suivant la nature même de ces
Ne
e
recu dt
ASTRA
2
DU PLAN D'EXPLOITATION. 285
coupes, et qu'il serait nécessaire, sans parler de la
difficulté de fixer la ligne précise de démarcation
entre deux coupes différentes, de - a à vas
arpentages multipliés.
La promptitude et la sûreté : il est: dis de pré-
voir ce qu’elles deviendraient en présence des incer-
titudes, des tâtonnements, des difficultés d'apprécia-
tion et des travaux géodésiques que je viens de
signaler. As s |
+11 faut donc absolument trouver une autre base
que la contenance pour régler les exploitations
annuelles ; dans une futaie exploitée par la méthode
du réensemencement naturel. Cherchons-la.
+ Si‘la forêt dans laquelle nous avons à faire cette
découverte, forêt exploitable dans une révolution de
100 ans, se composait de 400 peuplements ne diffé-
-rant que par l’âge, occupant d’ailleurs d’égales con-
tenances , composés des mêmes essences, "végétant
dans les mêmes conditions; si l'on pouvait ajouter
au matériel existant, celui que chaque peuplement
serait susceptible d'acquérir ; n'est-il pas vrai qu’en
divisant par 400 le volume total fourni par cette
addition, on aurait pour quotient la quantité de bois
dont la forêt s’accroîtrait annuellement, et, par con-
séquent, celle qu’on pourrait prendre chaque année
et-perpétuellement, sans altérer sa puissance pro-
ductive, en ayant soin toutefois de ne jamais abattre
que les arbres les plus vieux?
. L'affirmative est évidente.
Le volume peut, en conséquence, servir de
256 AMÉNAGEMENT DES FORÉÊTS.
mesure aux exploitations annuelles, et, au lieu d’ex-
primer la possibilité en hectares, on peut l’'exprimer
en mètres cubes.
C'est exclusivement sur cette: base. du solgee
qu'ont été fondés les premiers. aménagements de
futaies, lorsque l’ancienne et vicieuse méthode à tire
et aire a été abandonnée.
Après avoir formé les alfectalionsie en «classant les
parcelles dans les différentes périodes, d’après les
convenances de leur âge d'abord, et très-secondaire-
ment des règles d’assiette, on procédait à la recher-
che du matériel exploitable dans tout le cours de la
révolution, et à cet effet, après avoir déterminé par
des comptages individuels ou des places, d'essai, le
volume actuel de chaque parcelle, on calculait par
les moyens plus ou moins sûrs qu’indique la dendro-
métrie, le volume dont elle était susceptible de
s’accroître avant d'arriver en tour d'exploitation ;
mais comme on ne pouvait fixer d'avance, d'une
manière certaine, l’année. même de l'exploitation, on
établissait les calculs, comme si toutes les parcelles
comprises dans une affectation, étaient destinées, à.
être Pres au milieu de la période correpe
dante ‘
1. Supposons un produit qui aurait pour accroissement annue}
l'unité, qui serait dès lors 4 la première année d’une période et
20 la dernière, le produit par année moyenne serait alors 10,
parce que tuus les termes d'une progression arithmétique dont
le premier terme est 1 et la raison 4 donnent pour la somme des
20 premiers termes 210, dont le vingtième, pour produit annuel,
FPT, US
nt Cul NE de doc done SE NS TNT.
DU PLAN D'EXPLOITATION. _ 287
Le volume total exploitable dans le cours de la
révolution étant ainsi établi, il fallait voir s'il se
partageait par porlions égales entre les diverses
périodes : dans l’affirmative, il n’y avait aucun chan-
gement à y apporter, et en le divisant par le nom-
bre d'années de la révolution, on obtenait le chiffre
de la possibilité annuelle. Dans la négative, on pro-
cédait à l’égalisation des produits périodiques par des
transpositionsfaites conformément aux'règles connues,
et en tenant compte surtout de l'accroissement ou de
la diminution des produits transportés d’une période
dans une autre, attendu qu'ils devaient nécessaire-
ment augmenter de tout l’accroissement que prennent
les bois dont l'exploitation est retardée, ou diminuer
de celui qu'ils ne peuvent prendre, lorsque leur
exploitation est avancée.
Quand on avait effectué de cette manière l’éga-
lisation des produits périodiques, et arrêté en con-
séquence le volume exploitable dans le cours de la
.révolution , on obtenait le chiffre de la possibilité
annuelle, en divisant ce volume comme on vient de
le dire ci-dessus, par le nombre des années comprises
dans la révolution. F
Tel est en quelques mots, mais dans son objet
principal et caractéristique, le système qui a été mis
en vigueur, lorsque la possibilité par contenance
‘ayant été reconnue vicieuse et inapplicable aux fu-
est 40 4/2 ou, en nombres ronds, 10, moyenne arithmétique des
20 nombres inégaux qui représentent les produits successifs sup-
-_ posés de la série des 20 produits annuels de la période.
288 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
taies, on a cherché à y substituer celle par volume.
Mes lecteurs n’ont cerlainement pas besoin que
je leur signale les vices de ce système, car les obser-
vations que j'aurais à faire à cet égard, seraient la
reproduction textuelle de celles que j'ai développées
à l’occasion des divers procédés mis en usage pour
assurer le rapport soutenu. J'ai surabondamment dé-
montré que celui de ces procédés qui est basé sur la
production effective des parcelles, et qui a; par con-
séquent, pour résultat de déterminer la possibilité,
n’avait aucune valeur pratique, à cause des incerti-
_ tudes inhérentes au calcul de l’aceroissement futur
pour les massifs éloignés de l’époque de leur exploi-
tation, et des erreurs monstrueuses dans lesquelles
on est exposé à tomber en entreprenant un ans
travail.
L'engouement pour la possibilité par vobbiné!
calculée pour toute la durée de la révolution, a pour-
tant été général à un cerlain moment, ettous lesagents
forestiers n’en sont peut-être pas encore. dégagés.
C’est un grand malheur ; car, quelle que soit l'habi-
leté de l'opérateur, quelques soins qu’il prenne pour
assurer le succès de ces travaux, il ne peut aboutir
qu'à des déceptions. L'aménagement de la forêt de
Ribeauvillé, exécuté en 1835 par les élèves dé l'École
forestière, sous la direction du regrettable M. de Sa-
lomon, un de nos praticiens les plus exercés, l’a
bien prouvé : les comptages et calculs effectués dans
cette circonstance donnèrent des résultats Hoi ne
furent pas justifiés par l'expérience.
DU PLAN D'EXPLOITATION, 289
. .bhMais: si la supputation de. la possibilité par
_ volume, pour toute la durée de la-révolution, est
bien chanceuse, lors même qu’on y procède d’après
toutes les règles et avec. toutes : les précautions
qu’enseigne la science, il est aisé de comprendre
qu’elle -devient ‘la plus inutile et, disons le mot,
la plus absurde des opérations, lorsqu'on né-
glige, comme on l’a fait trop souvent, ces règles et
ces précautions. Il n’y a pas de méthode d’aména-
-gement qui dispense, par exemple, de l’établissement
d’un plan d'exploitation, c’est-à-dire de l'obligation
de déterminer, aussi étroitement que. possible,
l'assiette.et l’époque des coupes. Pour calculer dans
la méthode, exclusivement basée sur le volume,
l'accroissement futur, il faut évidemment être fixé
préalablement sur l’âge auquel une parcelle quelcon-
que arrivera en tour d'exploitation; il faut un règle-
ment de coupes, un tableau des affectations. C’est là
cependant ce dont beaucoup de personnes ne parais-
sent pas se douter. IL fut un temps, et il n’est pas
éloigné de nous, où presque de toutes parts, les
agents forestiers se livraient à des dénombrements,
à des cubages et à des appréciations de volumes
futurs, sans réfléchir que ces travaux ne pouvaient
aboutir à aucun résultat utile, dès qu'ils n'étaient pas
fondés sur un parcellaire et sur un plan. pee
tation’. live y |
1. Ces fautes sont rares aujourd'hui; j s m’ pape de le recon-
png {Note de la 2° édition: À
19
a“
290 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
—
: Pour mettre un terme à ces déplorables errements,
il serait à désirer qu’en attendant qu’elle pût publier
une instruction sur les aménagements, l’administra-
tion défendit expressément de procéder à aucun
inventaire sans son autorisation.
Reprenons la question du règlement des exploi-
tations annuelles.
Les combinaisons difficiles, longues et compli-
quées, auxquelles on à eu recours dans l’aménage-
ment des futaies, lorsqu'on a renoncé aux exploita-
tions faites exclusivement par contenance, n'étaient
pas, comme je l'ai montré, propres à remédier aux
inconvénients de l’ancienne méthode; car si elles en
supprimaient ‘quelques-uns, elles en provoquaient
d’autres non moins graves ; et. l’on peut dire que si,
en théorie pure, elles apportaient un progrès réel à
la science, en pratique, elles n’en réalisaient aucun.
C'était un progrès réel que de substituer la possibi-
lité par volume à celle par contenance ; mais on le
compromettait en prétendant pousser l'application du
principe qui le caractérise, au delà des bornes posées
par la nature aux prévisions humaines.
Qu’'y avait-il donc à faire pour retirer de l’adop-
tion de la possibilité par volume les avantages qu’elle
offre, sans s’exposer aux inconvénients qu ‘elle pour-
rait entraîner ?
Il y avait à ne l’appliquer que Pers les limites
d’une absolue nécessité.
Ainsi,-il n’est pas absolument nécessaire, les
affectations étant formées, d'établir une règle pour
*..
DU PLAN D'EXPLOITATION. 201
“es-esploitations principales annuelles à faire dans
-les quatre dernières périodes, mais il est absolument
nécessaire de l’établir pour les ere è - val
dans la première.
: Ramené à ces termés, le phetrushtif ad: coupes
| annuelles ne souffre plus aucune difficulté, aucune
| complication, aucune incertitude.
On évalue le matériel exploitable ;
On! ajoute à ce matériel le volume ‘dont il serait
jontonbtiblo de s’accroître dans un me we à la
- moitié de la période;
: - On divise le animé cette
“période, pour avoir la quotité des exploitations an-
- nuelles.
“Le-seul point qui, dans ces rc, puisse
exposer à des erreurs, est l’accroissement futur ;
mais comme il s’agit de: bois parvenus à la phase
stationnaire de la végétation ; que leur accroissement
_ne:s’évalue, d’un autre côté, que pour un petit nom-
-bre d'années, on peut affirmer qu’on ne saurait com-
“mettre une erreur sensible, en prenant pour mesurer
“cet:accroissement, soit l'accroissement moyen des
dix dernières années, soit l'accroissement moyen de
toutes les années qui forment l’âge des massifs ‘. Je
-n’insisterai pas sur ce point qu’il appartient à la den-
nn L général, on né:lige tout à fait l'accroissement dans le
’caléul de Ha possibilité, et je crois que l’on a raison quand les
périodes sont courtes, mais quand elles sont longues, quand leur
durée est de 40 ans, par exemple, il est inadmissible que l’on ne
tienne pas compte de l'accroissement futur. {Note de la 2° édi-
à tion.) i # PA 4
299 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
drométrie de développer; je ne m’arrêterai pas non
plus aux procédés de cubage à employer pour déter-
miner le volume des bois sur pied. Je me bornerai à
recommander de déterminer ce volume en mètres
cubes en grume, non-seulement pour la tige, mais
pour les branches, sauf à le décomposer ensuite en
marchandises, d’après les habitudes du commerce.
Toutes les possibilités devraient être exprimées de
la même façon, par la même mesure, le mètre
cube en grume, qui est la seule précise ; et c’est une
chose bien fâcheuse, qui occasionne beaucoup'd’er-
reurs et, dans tous les cas, met du désordre dans la
comptabilité forestière, que ce défaut d'unité: qui
existe encore dans la manière dénoncer ces possi-
bilités. Tel agent, en se servant mètre cube, en-
tend parler du mètre cube équarri au cinquième, tel
autre du mètre cube équarri au quart; tel autre
encore du mètre cube en grume. Les uns calculent
la possibilité en mètres cubes, en stères et en fagots,
les autres en stères seulement et en bourrées, etc. etc.
Il ne. serait pas moins raisonnable de la calculer
en planches, en échalas, en merrains. Je le répète,
il n'y a qu’une bonne mesure à employer : c'est le
mètre cube en grume. ol soi:
Coupes d'amélioration. — Les nettoiements-et es
éclaircies sont des opérations dont le produit immé-
diat est tout à fait secondaire, et dont le résultat pour
l'amélioration des massifs est l’objet essentiel. Les
principes rigoureux voudraient qu’elle fussent exclu-
sivement subordonnées aux exigences de la végéta-
DU PLAN D'EXPLOITATION. 293
tation, et qu'en conséquence on ne les soumiît à .
aucune. préfixion de temps, de contenance ou de
volume; mais cet affranchissement complet de toute
sujétion ne pourrait guère se concilier avec l'ordre
et la régularité qu’il importe d'introduire dans de
vastes exploitations dont les gérants se rénouvellent-
fréquemment.
Qu'un petit propriétaire ne s'impose d'avance au-
cune règle pour le nettoiement et les éclaircies à faire
dans sa forêt, on le comprend et on l’approuve, parce
que son œil est ouvert ou peut l'être sur tous les points
où de pareilles améliorations seraient appelées par
l’état du peuplement ; mais dans les forêts domaniales,
si les éclaircies n'étaient l’objet d'aucune prescrip-
tion, il en résulterait inévitablement qu’on négligerait
souvent de les entreprendre, parce que les chefs de
cantonnement en ignoreraient l'urgence.
ILest donc utile. que les coupes de l'espèce soient
prévues et prescrites, et par suite soumises à un rè-
glement, et il ne reste plus qu’à chercher celui qui
s'accorde le mieux avec les conditions .auxquelles
elles doivent satisfaire.
Ce règlement. ne saurait être basé sur le volume;
en effet, pour fixer ce volume, toute base d’apprécia-
tion manque absolument. Étant donné un massif à
nettoyer ou à éclaircir dans une certaine période de -
. temps, il n'existe aucun moyen de savoir ce que pro-
duiront ces opérations , et il serait d’un autre côté
très-dangereux d'imposer à ce sujet un chiffre quel-
conque aux agents locaux; car ce serait détourner
294 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
kur esprit du but essentiel de leurs opérations et
les exposer à sacrifier dans l'intérêt d'un produit
immédiat, dont ils ne doivent pas du tout se préoc-
cuper, l'intérêt de la conservation et de l’améliora-
tion des massifs. ti, 63
: Un règlement basé sur l’étendue n'offre pas les
mêmes dangers : sans doute, il arrivera que la con-
tenance de là coupe sera tantôt moins grande, tantôt
plus grande qu’il ne faudrait rigoureusement, parce
qu'il n’est pas admissible, quelle que soit la régularité
d’un peuplement, qu’il ait besoin, chaque année, d’être
éclairei ou nettoyé par portions égales; mais, pour
les éclaircies notamment, ce n’est pas uné ou même
plusieurs années de retard qui peuvent compromettre
sérieusement l’avenir d’un massif. L'essentiel est que,
dans la contenance désignée pour être éclaircie, les
agents. aient la faculté de ne prendre que ce qu "ils
jugeront convenable.
Ces principes n’ont pas toujours été pandas:
dans l'application de la méthode d’après laquelle on
calculait la possibilité, par Volume et pour toute la
durée de la révolution, le produit des éclaircies pé-
riédiques entrait dans cette possibilité, ce qui ne
constituait pas la moindre cause des complications et
des incertitudes de l'opération; car s’il est difficile de
calculer l'accroissement futur des bois, lorsqu'ils
sont éloignés de l’âge d’exploitabilité, il ne l’est pas
moins d'apprécier ce qu’ils pourront donner dans les
éclaircies successives qu'ils auront à subir. ,
Toutefois, on comprend, au moins en théorie,
So Ed dt En eh
EP PSS CPE
Meg a
. DU PLAN D'EXPLOITATION. 295
que les forestiers qui n'avaient pas reculé devant les
calculs d’accroissement pour les jeunes bois, aient.osé
aborder aussi l'évaluation du produit probable des
éclaircies; mais ce que l’on ne comprend pas, et ce
qui est pourtant, c'est que des agents qui avaient
repoussé la possibilité par volume pour les coupes
principales à faire dans le cours de la révolution,
aient cru devoir adopter pour les. éclaircies cette”
même possibilité. On a vu des projets dans lesquels
toutes les éclaircies, quel que fût l’âge des bois,
reposaient sur la possibilité par volume. On en a vu
surtout beaucoup où les éclaircies de l'affectation cor-
respondante à la deuxième période, étaient réglées
d’après cette base. On se décide évidemment avec
peine à laisser dans l'incertitude, dans l'obscurité, le
produit matériel, souvent considérable, des opérations
de l'espèce, et pourtant c'est un sacrifice nécessaire, :
si l’on veut mettre chaque chose à sa place et subor-
donner l'accessoire au principal.
En conséquence, il convient. de réein, 41 par con-
tenance, les coupes d'amélioration dans les futaies.
Si donc les périodes sont de 20 ans, et s'il y a lieu
de ne nettoyer ou de n’éclaircir le peuplement qu’une
fois dans ce laps de temps, chaque affectation sera
partagée en 20 parties égales, pour être nettoyées ou
éclaircies successivement dans chaque période, hormis -
celle dans laquelle elles devront être régénérées.'S'il
était utile de répéter les coupes plus souvent, tous
les 40 ans, par exemple, chaque affectation serait
partagée en 40 parties pour être nettoyées ou éclair-
296 AMÉNAGEMENT DÉS FORÊTS. .
cies successivement, deux fois dans chaque période,
hormis celle dans laquelle elles devraient être régé-
nérées, et une fois dans cette dérnière.
On pourrait adopter un autre ordre et ne faire,
par exemple, qu’une série de coupes d’améliora-
tion, de sorte qu’au lieu d’être partagée en 40 ou
20 coupes, chaque affectation ne le serait qu’en 2,5 ou
en 5, ce qui simplifierait le service; mais avec cette
combinaison, les produits intermédiaires ne sont pas
soutenus, attendu que les ‘éclaircies rendent plus
dans les massifs de 80 ans que dans ceux de 20, et,
d’un autre côté, la surveillance générale de la forêt
est moins garantie, les exploitations étant concen-
trées sur un plus petit nombre de points.
D’après les indications qui précèdent, pour former
le tableau des exploitations annuelles dans le cours
de la 1" période, nous n’aurons qu’à supprimer,
dans le plan d'exploitation par période, les colonnes:
relatives aux 2°, 3°, 4° et 5° périodes, et à substituer
dans celle de la A"°, aux contenances des parcelles à
exploiter en coupes principales, les volumes desdites
parcelles ; puis, en totalisant les colonnes et en divi-
sant chaque total par 20, nous aurons la ‘possibilité,
tant par volume, pour les coupes principales, que par -
contenance, pour les coupes d'amélioration, à ex-
ploiter dans le cours de la 1°° période.
“Voir le tableau ci-contre‘ :
1. Je pourrais supposer d’autres cas. Le lecteur, j'en suis sûr,
n’en a pas besoin. Je dirai seulement encore qu’il n'est pas indis-
pensable d'appliquer à toutes les affectations la même périodicité
297
DU PLAN D'EXPLOITATION.
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298 AMÉNAGEMENT DES FORÊT.
La possibilité par volume ne figure qu’en bloc
_sur ce tableau; or il est utile d'en faire connaître le
détail, tant en nature qu’en argent, au moyen d’un
tableau particulier qu’on pourrait dresser conformé-
ment au modèle ci-contre ‘ :
pour les coupes d'amélioration, que l'on peut faire varier cette
périodicité suivant l'âge des massifs (pourvu toute‘ois qu’elle puisse
se concilier avec la durée de la période); et que les prescriptions
du plan d'exploitation ne dispensent dans aucun cas les age de
proposer des nettoiements toutes les fois que le besoin s’en fait
sentir. (Note de la 2° édition.) —
1. La possibilité, en admettant qu'elle ait été calculée avec
toute l'exactitude désirable, peut être modifiée par des accidents
imprévus : un incendie, un coup de vent, des insectes, etc. D'un
autre côté, il faut considérer que les propriélaires, sont exposés à à
des besoins extraordinaires.
Piusieurs auteurs «ont en conséquence d’avis qu’il est d’une
bonne économie de mettre en réserve une partie de la possibilité,
afin d'obvier à ces accidents et à ces besoins. -
Les divers systèmes proposés à cet effet, reviennent, en défi-
nitive, à n’exploiter chaque année qu’une portion, le 4/10 par
exemple, du volume qu’on pourrait prendre rigoureusement.
Je.ne suis pas tout à fait partisan de cette mesure, qui ne peut
que compliquer le plan d'exploitation, et qui me paraît en outre.
de nature à compromettre la régularité des exploitations et le
rapport soutenu : la régularité des exploitations puisqu'elle expose
à ne pas épuiser une affectation dans la période correspondante;
le rapport soutenu, car si l’occasion d'employer la réserve ne se
présentait pas, il faudrait bien pourtant l’exploiter, sous, peine de
prolonger la révolution au delà du terme reconnu le plus conve-
nable. |
Je. crois qu’il serait peut-être plus raisonnable d'attendre qu’un
déficit se produisit dans le matériel exploitable, pour y remédier
par une réduction proportionnelle de la possibilité annuelle.
Cependant je ne voudrais pas qu’on inférât de ces paroles que
299
DU PLAN D'EXPLOITATION.
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300 AMÉNAGEMENT DES FORÉÊTS.
Quand on a rempli le tableau spécial d’exploi-
tation de la première période, on a complété la
série des documents nécessaires, pour assurer Ja
marche des coupes d’une manière conforme au but
de l'aménagement, et je ne crois pas, contrairement
peut-être à l'opinion de bon nombre de forestiers,
qu’il soit convenable de soumettre les agents d'exécu-
tion à aucune autre prescription particulière à propos
de cette marche. Tout ce qu'il est permis de faire,
c’est, à titre de conseil, de leur désigner les parcelles
qui, par suite de leur âge plus ou moins avancé, ou
de leur état plus ou moins prononcé de dépérissement, -
devraient être exploitées avant les autres ; c’est aussi.
de leur indiquer quelles sont les circonstances clima-
tériques ou autres qui demandent que l’on commence
les exploitations par tel ou tel côté de l'affectation.
Mais, je le répète, toute prescription rigoureuse à
ce sujet serait inopportune et dangereuse.
Pour ce qui concerne surtout les coupes de régé-
nération, il est de principe que les agents d'exécution
doivent avoir la faculté de porter la hache dans les
parcelles où ils le jugeront le plus urgent, de prendre
la possibilité sous forme de coupes d’ensemencement,
secondaire cu définitive, dans les proportions qu'ils
je considère le rapport soutenu comme un dogme auquel on doit
tout sacrifier. Je pense au contraire qu’il ya bien des circonstances
où il ne faut pas hésiter à y porter atteinte. Il serait désirable par
exemple que l’on püût, dans les forêts de chêne, augmenter les
coupes après une abondante glandée, sauf à les suspendre plus
tard, et, à ce point de vue, une réserve serait motivée.
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CP pe à à né
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DU PLAN D'EXPLOITATION. - 801
-æroiront les plus convenables; et l’on ne pourrait
démontrer la convenance de leur imposer des obliga-
-tions à cet égard, qu’en prouvant en même temps
que la durée de la période n'a pas été fixée d’après
les règles que j'ai exposées ; qu’elle est plus longue,
par exemple, qu'il ne faudrait, pour compléter la
m5. naturelle de laffectation, correspon-
dnnigei
Bien de gens se figurent que lorsque faniéos-
gris est fait, l'exploitation d'une forêt n’exige
-plus des agents locaux ni ésprit d’observation, ni
_sagacité, ni intelligence. C’est là une grande erreur :
-pour se mouvoir dans le cadre très-large que leur
fixe l'aménagement, pour se mouvoir avec le succès
désirablé, ces agents ont, au contraire, à accomplir
-une tâche difficile qui demande beaucoup d'activité,
d'attention, et une expérience consommée.
Les coupes d'amélioration ne réclament pas
autant de liberté d’action que les coupes principales.
- Ces coupes peuvent, la plupart du temps, être avan-
-cées ou reculées de quelques années, sans inconvé-
nients graves; il y a donc des cas où il serait sans
- doute avantageux d’en fixer l’assiette sur le terrain,
-soit en se servant pour cela des limites des parcelles
existantes, soit en partageant par japues égales et
régulières chaque affectation.
202 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Avant de m'occuper du plan d'exploitation dans
-les futaies qui ne comportent pas un aménagement
normal, qu’il me soit permis de réndre hommage aux
- forestiers qui ont les premiers posé les bases de la
méthode simplifiée dont je viens de développer le
mécanisme et les précieux avantages : l’aménage-
ment par case, c’est-à-dire fondé sur la possibilité
par volume, calculée pour toute la révolution, ‘était
seul. pratiqué et désespérait l’administration et les
agents par des complications et des déceptions de
toute sorte, lorsque MM. Lorentz et Parade ont exposé,
dans leurs cours de culture, les principes qui devaient
ramener la simplicité et l’ordre dans la gestion très-
compromise de notre sol forestier. |
: L'aménagement avait suivi, du reste, la marche
habituelle de toutes les conceptions humaines : infor-
mes au début, elles passent presque toujours par une
phase de-complication; puis arrivent des esprits fer-
mes et rigoureux, simplificateurs, qui les dégagent
de’toutes les supérfétations, de tous les rouages
inutiles et leur donnent la valeur pratique. C’est ce
qu'ont fait, pour l'aménagement, MM. ‘Lorentz ‘et
Parade, et la science leur est redevable, sous cerap-
port, comme sous beaucoup d’autres, d’un progrès
qui est destiné à exercer l'influence la plus’ heureuse
sur l'avenir de nos forêts.
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À CHAPITRE CINQUIÈME.
| pv PLAN D'EXPLOITATION DANS LES FUTAIES,
17 LA RÉVOLUTION POUVANT ÊTRE DÉFINITIVE
1 + ET LA MARCHE DES COUPES DEVANT ÊTRE PROVISOIRE.
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1 : a
|
[ dunlbs asile AÂTIOLE PREMIER.
_ FORMATION DES AFFECTATIONS.
$ 4e,
dat ‘de la formation: immédiate des affectations normales:
»
ii
a la Line Dersreres ést définitive, de
plan peut être provisoire, en ce sens que, pendant la
première révolution, les parcelles appartenant à une
. affectation quelconque; ne devront pas toutes être
. res durant la période correspondante. |
Ces exceptions à la règle, qui ne s'étendent ordi-
nairement qu'à des portions peu importantes de l’af-
fectation, ne doivent exercer ‘aucune inflaence sur la
formation du tableau des affectations.
_ Ce tableau établi d’abord d’après l’âge rospele-
304 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
tif des parcelles, remanié ensuite conformément aux
exigences des règles d’assiette, est arrêté enfin
comme si chaque classe d'âge était complète, ou, si
l’on aime mieux, comme s’il y avait harmonie parfaite
entre l’état du peuplement de chaque affectation et le
rang de la période correspondante.
En effet, lorsqu'on aménage une forêt, il est fort
utile que la situation que l’on en. à. vue de réaliser,
au moyen de cette opération, soit exactement déter-
minée; or elle ne saurait l’être que par le tableau des
affectations. :
Ce tableau est un cadre dans lequel il faut faire
rentrer le plus promptement possible, et par les pro-
cédés que la culture enseigne, les parcelles d’une
forêt; c’est un casier dont chaque compartiment est
destiné à contenir des bois d’un âge déterminé,
une classe d’âge particulière ; il est donc nécessaire
que la place et la contenance de chacun de ces com-
partiments soient connues d’avance, afin que les
agents forestiers puissent façonner le peuplement de
manière qu’il s’y adapte.
J'ai eu souvent occasion de vérifier des procès-
verbaux d'aménagement, dans lesquels on avait cru
devoir insérer des prescriptions longuement. dévelop-
pées sur le traitement à appliquer aux différentes
parcelles, suivant qu’elles se trouvaient dans telle ou
telle condition. |
“Le tableau normal des affectations rend ces
prescriptions à. peu près inutiles. Le fait seul..du
classement d’une parcélle dans une affectation indique
bas,
nd Se) ni GDS din dE ES TS
DU PLAN D'EXPLOITATION. 305
suffisamment les fonctions qu’elle à à remplir, et par
suite le traitement qui lui convient.
+ La formation immédiate du tableau normal des
affectations a un autre avantage : elle évite pour l’ave-
nir des remaniements et des travaux de refonte
pénibles, embarrassants et coûteux.
Cette formation, dans l’hypothèse où nous nous
sommes placés, sera donc faite d’après des considéra-
tions analogues à celles que j'ai développées dans le
chapitre précédent et les parcelles recevront cg dési-
gnation définitive.
C’est pour le règlement provisoire des coupes que
nous aurons l’occasion d'indiquer des prescriptions
toutes particulières et exceptionnelles.
… Au reste, ce règlement provisoire est de nature
à faciliter singulièrement, comme je vais le montrer,
la formation des affectations.
’ $ 2.
Des facilités que donne, pour la formation des affectations, l'adoption
d’une marche provisoire, pour les coupes.
On ne doit se résigner à adopter un règlement
provisoire pour les exploitations — cela se comprend
— qu'en cas d’absolue nécessité, et, par conséquent,
toutes les fois que les règles d’assiette ou les exi-
gences impérieuses du rapport soutenu nes’y opposent
pas, on évite de classer dans une affectation, des par-
celles qu'on ne pourrait pas régénérer dans la période
20
306 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
correspondante. Mais il est très-rare que dans des
forêts dont le traitement n’a jamais été subordonné à
des vues d'ensemble, à un plan quelconque, on ne
trouve pas des bouquets ou parcelles de vieux bois
disséminés au milieu de jeunes perchis, et vive versd,
et qu’on ne soit pas dès lors amené à comprendre
dans la même affectation, des peuplements qui ne
sauraient être régénérés dans la même période.
Il arrive donc presque toujours qu’on est obligé
de mettre dans la dernière affectation, avec des vides
ou de jeunes fourrés, des parcelles de bois exploi-
tables, ou bien dans la première, avec des bois mûrs,
des vides et de jeunes repeuplements. Je ne saurais
indiquer toutes les anomalies auxquelles on pourrait
avoir affaire. J'en donnerai seulement quelques
exemples. | PÉLES
Il est évident que lorsqu'on veut faire suivre à
des parcelles la même destinée, il faut chercher
celles dont les âges se rapprochent le plus; mais
toutes les fois qu'on est obligé de renoncer à soumet-
tre, pendant la première révolution, au même trai-
tement, des parcelles comprises ou à comprendre
dans la même affectation, il faut au contraire réunir
celles dont les âges présentent l'écart le plus consi-
dérable; parce que c’est le moyen d’avancer le plus
possible l’époque de l'établissement de l’état normal.
Ainsi, les jeunes fourrés qui appartiennent natu-
rellement à la dernière affectation, peuvent être com-
pris dans la première; il en est de même dés vides,
car, si on les repeuple immédiatement, ‘ils s’harmo-
OPEN 2 SR 7 soi ai
DU PLAN D'EXPLOITATION. 307
niseront avec les peuplements environnants, créés ou -
à créer, et ne nécessiteront plus d'exception pour leur
régénération ultérieure.
Les bois mûrs, c'est-à-dire les bois exploitables,
qui appartiennent à priori à la première affectation,
seront bien placés dans la dernière, au milieu des
fourrés et des vides; parce qu'en les exploitant dans
la première période, ils seront remplacés par de
jeunes semis qui ne feront pas disparate au milieu
des massifs qui les entoureront.
. On voit combien le tableau provisoire des exploi-
tations est propre à faciliter la formation des affecta-
tions de la manière la plus convenable, pour la con-
stitution ultérieure aussi parfaite que possible des
classes d'âge. Est-on embarrassé pour asseoir la pre-
mière affectation, attendu que les massifs: exploi-
tables se trouvent divisés en deux parties, l’une
située au commencement de la série, l'autre à la fin?
Il n'y a pas d'inconvénient à classer l’une de ces
parties dans la première affectation, l’autre dans la
dernière; seulement, celle-ci devra être régénérée
eæceptionnellement, anormalement, dans le cours de
là première période. Les parcelles qu’elle contient,
après avoir été ainsi régénérées, le seront encore à
la fin de la première révolution. Mais de même qu’une
parcelle est susceptible d’être exploitée deux fois, de:
même il y en a qui peuvent ne pas l’être du tout, et,
par exemple, celles composées de tout jeunes bois,
qu'on aurait dù comprendre dans la première et
même dans la deuxième affectation.
308 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
En définitive, on doit toujours avoir en vue l’état
des affectations après la première révolution, et
adopter les combinaisons les plus propres à le rappro-
cher de la régularité désirable. :
Mais ce ne sont pas là les seules facilités que pré-
sente le tableau provisoire des coupes, pour former
les affectations dans une forêt irrégulière; en voici
une autre que je signale, parce que l’occasion d’en
profiter est fréquente : il s’agit d’une parcelle de
jeunes bois qui appartiendrait, non-seulement par
son âge, mais aussi par sa position, à la quatrième
affectation ; malheureusement l’état abrouti du peu-
plement ou son origine (des rejets de souches) ne
permettent pas de conduire ce peuplement jusqu’à
l’époque où l'affectation arrivera en tour de régéné-
ration. Eh bien ! on surmonte la difficulté, en déci-
dant que cette parcelle sera coupée en taillis une ou
plusieurs fois, jusqu'au moment où les rejets seront
susceptibles d'atteindre la quatrième période. Il
pourrait en être ainsi de toute une affectation *.
Enfin, lorsqu'il y a impossibilité de placer des
vides dans l’une des affectations extrêmes, il est bon
de stipuler que leur repeuplement, s’il peut être fait
immédiatement, ce qui est désirable, le soit avec des
essences qui, ayant moins de longévité que la masse
4. Voir à ce sujet le remarquable article que contient le tome III
des Annales forestières, sur un nouveau mode de conversion des
taillis en futaies, mode qui a été appliqué, pour la première fois,
dans la forêt de Cerisy (Manche).
NT
ERA UT Es, PRE VE ANT à ee
DU PLAN D'EXPLOITATION. 309
de la forêt, puissent être exploitables à l'époque où
l'affectation dont elles font partie, arrivera en tour
de régénération.
Telles sont les règles que l’on doit observer pour
concilier la formation des affectations normales avec
les exigences des peuplements. Elles ne sont pas
toujours d’une application facile, et la nécessité d’ex-
ploiter une parcelle dans une autre période que celle
à laquelle elle devrait être régénérée normalement,
ne saurait être prévue avec certitude longtemps à
l'avance. Aussi, ne doit-on regarder comme obliga-
toires que les propositions de coupes anormales qui
se rapportent à la première période, et doit-on se
réserver pour les autres, de modifier suivant les cir-
constancés, au début de chaque période, les prévi-
sions du règlement général.
Il me reste maintenant à indiquer, pour le tableau
des exploitations, le cadre qui paraît le mieux se
prêter à la consignation des prescriptions que ce ta-
bleau comporte.
ARTICLE II.
RÈGLEMENT GÉNÉRAL DES EXPLOITATIONS PAR PÉRIODE.
S 1.
Coupes principales ou de régénération.
Dans une forêt régulière, il n’y a que deux natures
de coupes à prévoir : les coupes principales de
310 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
futaie, les coupes d'amélioration, et les parcelles sont
toujours régénérées dans la période correspondante
à l'affectation dont elles font partie. Rien de plus
aisé dès lors que de donner unt ableau qui permette,
comme celui de la page 278, de reconnaître la période
dans laquelle un peuplement devra être régénéré ou
amélioré, et l’affectation à laquelle ce peuplement
appartient.
Dans une forêt irrégulière, il y à trois natures de
coupes à prévoir au lieu de deux : les coupes prin-
cipales de futaie, les coupes d'amélioration et les
coupes de taillis; c’est déjà une complication. En
outre, nous venons de voir (p. 306 et 307) que l’épo-
que de la régénération d’une parcelle de futaie, qui
dans une forêt régulière est indiquée par le numéro
de l'affectation dont cette parcelle fait partie, peut
avoir besoin, quand il s’agit d’une forêt irrégulière,
d’une autre indication. Une parcelle affectée à la
cinquième période, par exemple, devra souvent être
exploitée sous forme de coupe principale, dans la
première; une autre classée dans la quatrième devra,
au lieu d’être éclaircie, être exploitée en taillis avant
d’être régénérée ; de sorte que si, se contentant, pour
les coupes principales, du nombre de colonnes qui
figurent dans le tableau normal p. 278, on classait
ces parcelles dans les colonnes correspondantes à
l’époque de leur régénération , il s’établirait inévita-
blement une confusion sur le point capital de savoir
dans quelle affectation elles sont comprises.
Pour prévenir cette confusion et pour que les
1
3
e
à
:
Sr mn
DU PLAN D'EXPLOITATION. 311
coupes de taillis- puissent aussi se distinguer des
autres, nous ajouterons donc deux colonnes à chaque
période du tableau p.278 : l’une pour les coupes
anormales de futaie, l’autre pour les coupes de
laillis.. Nous placerons dans la première toutes les
parcelles qui devront être l’objet de coupes anor-
males, par ce seul fait qu'elles seront à régénérer
dans une autre période que celle qui correspond à
l'affectation à laquelle elles appartiennent; nous pla-
cerons dans la deuxième toutes les parcelles qui,
au lieu d'être éclaircies, devront être exploitées en
taillis.
J'ai exposé dans l’article précédent les règles à
suivre pour préparer les bases de.ce double classe-
ment. Cependant, parmi les difficultés que rencontre
un tel travail, il y en a une, relativement aux coupes
de futaie, que je n’ai pas examinée, et qui se pré-
sente trop souvent pour que je n’en fasse pas l’objet
d’une observation :
Nos forêts, quels que soient les soins et l’intelli-
gence avec lesquels on les a traitées dans ces der-
niers temps, comprennent rarement des peuplements
parfaitement homogènes; on y trouve presque tou-
jours et presque partout de vieux arbres qu’il con-
vient d'enlever dans un délai plus ou moins rapproché.
Suflira-t-il qu'une parcelle renferme de ces vieux -
arbres pour qu’on la classe dans la colonne des
coupes anormales principales, c’est-à-dire des coupes
anormales de régénération en futaie? — Non, et
voiei sur le parti à prendre, sur le moyen de lever
312 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
les doutes qui pourraient s'élever à cet égard, la
règle que je crois bonne à suivre.
_ Si les vieux arbres en question ne sont pas néces-
saires au maintien du massif; s’ils sont dans un état
qui constitue une coupe de régénération, une coupe
secondaire ou une coupe définitive; s’il est manifeste
qu’il faudra les enlever tous dans un certain délai,
ne dépassant pas la durée d’une période, on les
classera parmi les coupes anormales de régénération
en futaie, parce qu’ils pourront être compris dans la
possibilité par volume, laquelle, nous l’avons vu, ne
peut s'appliquer qu'à ces coupes; mais s'ils sont
épars, de différents âges ; s’ils ne constituent pas un
peuplement parfaitement distinct et indépendant des
massifs qui l’environnent; si l’on ne peut, en un
mot, préciser le délai dans lequel il est utile de les
faire disparaître, on laissera aux coupes d’améliora-
tion dont je vais parler tout à l'heure, le soin de les
enlever en temps opportun.
Je ferai observer de même, en ce qui concerne
les coupes de taillis, qu’il serait sans utilité réelle de
leur ouvrir une colonne spéciale, si elles ne devaient
former que de rares et insignifiantes exceptions.
Dans ce cas, on les comprendrait parmi les coupes
d'amélioration, sauf à rappeler par une simple
remarque, l’attention sur la manière de les exploiter,
pour les conduire jusqu’à la période de régénération.
Il faut enfin se mettre à la place des agents qui
auront à appliquer l’aménagement, de ceux qui
auront à le contrôler, et ne multiplier les colonnes
ni Est 2 dat ia
DU PLAN D'EXPLOITATION. 913
"2
qu'autant que cela est nécessaire pour l'intelligence
du plan d'exploitation.
$ 2.
Des modifications que le rapport soutenu pourrait faire apporter
au règlement des coupes principales.
Dans quels cas et dans quelle mesure les exi-
gences du rapport soutenu doivent-elles faire modi-
fier le règlement des exploitations par période ?
On comprend bien que les affectations ayant été
formées dans l’irypothèse de l’état normal, le rapport
soutenu est compromis dès qu’on est amené à régé-
nérer des parcelles, soit avant, soit après l’époque à
laquelle l’affectation dont elles font partie arrivera
en tour d’exploitation ; de sorte que, en additionnant
dans le tableau provisoire, les contenances affectées
à chaque période, on ne trouvera probablement pas
toujours le même total.
Doit-on essayer de remédier à celte inégalité par
des remaniements, par de nouveaux transferts plus
ou moins considérables, et qui ne seraient motivés
que par des circonstances temporaires ?
Telle est la question qu’on peut se poser, et sur
laquelle je vais donner mon avis.
En général, sauf de rares exceptions, le rapport
soutenu, dans la formation du tableau provisoire
d'exploitation, est une chose dont il ne faut pas se
préoccuper; car on ne le pourrait qu’en s’écartant
344 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
des principes que nous avons adoptés relativement à
l'influence des circonstances accidentelles sur ledit
rapport, et qu’en compromettant ensuile deux résul-
tats également recommandables et qui consistent : le
premier, dans l'établissement le plus prompt possible
de l’état normal ; le deuxième, dans l'exploitation
des massifs à l’âge de leur exploitabilité, résultats
que toutes nos combinaisons, jusqu'à ce moment,
ont eu pour but d'atteindre.
Voyons, d’ailleurs, quelles sont les ts pour
lesquelles il y aurait peut-être quelque utilité à modi-
fier de nouveau, en vue du rapport soutenu, le plan
d'exploitation.
Est-ce pour la dernière ?
Non; car si l’on a observé les règles que nous
avons posées, on y aura classé les vides, les jeunes
fourrés et gaulis et les vieux bois, sous condition
d'exploiter ces derniers dans la première période;
or, quelque grands que soient les vides ou l'étendue
occupée par les vieux massifs, si la régénération a
lieu immédiatement, la classe d'âge pourra être con-
sidérée comme normale, et lorsque l'affectation arri-
vera, à la fin de la révolution, en tour d'exploitation
principale, son rendement le sera également; c'est
là tout ce qu’on peut lui demander; lui demander
davantage, adopter des combinaisons qui permet-
traient d'en obtenir plus que la possibilité normale,
serait évidemment contraire à tous les principes
d’exploitabilité et de bonne économie.
La dernière période est donc désintéressée dans
DA ES SE LS nl M nt 5 GE ee mine de die di
rates an dhétequaten ni vert tétrdots
RE CET R TIME Le
DU PLAN D'EXPLOITATION. 315
la question, et en vérité, ce ne sont guère que les
trois premières, qui pourraient avoir besoin qu’on
modifiât leur contingent par un remaniement des
coupes anormales. Raisonnons donc sur ces trois
périodes.
On peut supposer, soit un déficit, soit un excé-
dant dans la première période par rapport aux deux
autres.
. Le déficit est peu probabié; attendu qu’une des
nées à suivre dans la formation du plan provisoire,
est de rejeter dans la première période tous les bois
exploitables de la dernière et même de l’avant-der-
nière affectation, et que d’un autre côté, ce qui manque
dans nos forêts, ce sont les bois de deuxième et de
troisième période, plutôt que ceux de première. Dans
tous les cas, pour qu'il pût y avoir lieu de reverser
une partie des produits de la deuxième et de la troi-
sième période dans la première, il faudrait que ces
produits dépassassent le chiffre du matériel normal de
ces périodes; car autrement, on n’établirait l'égalité
des produits entre les premières périodes, que pour
la rompre entre les dernières.
Dans l'hypothèse de l’excédant, il arrivera de
deux choses l’une : ou bien le contingent de la deuxième
et de la troisième période sera inférieur à leur maté-
riel normal, ou bien il ne le sera pas. Dans le second
cas, l’excédant de la première période constituera
une surabondance, une accumulation de matière qu’on
aurait dû éviter, et qu’en bonne économie, on doit
réaliser le plus tôt possible. Dans le premier cas,
316 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
il pourrait certainement être utile de combler une
partie du déficit de la deuxième et de la troisième
période, avec l’excédant de la première. Il est cer-
tain, par exemple, que si la deuxième et la troisième
affectation renfermaient de grands vides, il serait
permis de désigner certaines parcelles ou portions
de parcelles, les plus jeunes dans tous les cas de
la première période, pour être exploitées dans la
deuxième et la troisième ; mais ce sont là des expé-
dients auxquels on ne doit recourir que dans des
circonstances graves; Car, en définitive, le résultat
inévitable de ces transferts est une perte de produits
matériels, puisqu'ils prolongent le maintien sur pied,
des massifs qui en sont l’objet, au delà du terme de
leur exploitabilité.
S-3.
Coupes d'amélioration.
L'époque à laquelle doit être faite une coupe d’a-
mélioration, dépend ordinairement de celle à laquelle
doit avoir lieu la coupe principale. La place occupée
par un massif dans les colonnes du tableau d’exploi-
tation, affectées aux coupes principales normales ou
anormales de futaie, fera donc connaître dans quelles
périodes il convient que le même massif soit amélioré.
La parcelle A fait partie de la dernière affectation,
mais sur le tableau provisoire, elle figure dans la
DU PLAN D'EXPLOITATION. 317
colonne des coupes principales anormales de futaie
+ de la première période, parce qu'elle se compose de
massifs exploitables ; on la désignera pour être amé-
_ liorée dans chacune des autres périodes, sauf la
__ dernière.
Telle est la règle générale, mais il serait possible
qu'une parcelle figurant dans la colonne des coupes
principales anormales de futaie de la première période,
eût besoin cependant d’être éclaircie dans la même
période, si elle était composée par exemple de jeunes
perchis surmontés de vieux arbres à extraire le plus tôt
possible. Dans ce cas, ladite parcelle figurerait dans
chacune des colonnes affectées aux coupes d'amélio-
ration, sauf toutefois celle de la période dans laquelle
elle devrait être régénérée.
Des parcelles de la première affectation, qui se
composeraient de jeunes bois destinés à n'être régé-
nérés qu’à la deuxième révolution, seraient, par des
motifs analogues, inscrites pour être éclaircies dans
chaque période.
Enfin, il se pourrait que des parcelles ne figu-
-rassent que dans les colonnes affectées aux coupes de
taillis. C’est ce qui aurait lieu si ces parcelles ne de-
vaient pas être éclaircies avant leur maturité. C'est
une affaire d'appréciation.
Voici le modèle du tableau des exploitations par
période, tant principales qu’intermédiaires
- RÈGLEMENT GÉNÉRAL DE
LA RÉVOLUTION PRINCIPALE, ÉTANT DÉFINITL
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NUMÉROS
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320 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ARTICLE IF.
RÈGLEMENT. SPÉCIAL DES EXPLOITATIONS ANNUELLES
PENDANT LA PREMIÈRE PÉRIODE.
Ce règlement n’exigerait aucune explication, si
toutes les coupes, principales ou autres; à faire dans
le cours de la première période, pouvaient être
exploitées par vingtiène, soit de leur volume, soit de
leur étendue. :
On calculerait le matériel actuel de toutes les
parcelles à exploiter par volume, soit normalement, soit
anormalement, et l’on y ajouterait leur accroissement
pour 10 ans, s’il y avait lieu ; on prendrait le vingtième
du total et l’on aurait ainsi la possibilité par volume de
la période. On totaliserait ensuite les coupes de taillis,
et le vingtième formerait la possibilité par conte-
nance des coupes de taillis. Enfin, on fixerait celle
des coupes d'amélioration de la même façon.
Mais les peuplements à couper en taillis ou à
améliorer, ne sont pas toujours susceptibles de l'être
par vingtième de surface. La rotation des coupes de
taillis ne peut guère, d’un autre côté, se concilier
avec celle des coupes d’amélioration. Enfin, à raison
des exploitations vicieuses eflectuées précédem-
ment, on peut être conduit à ne pas imprimer dans
la première période une marche régulière soit aux
coupes de taillis, soit à celles d'amélioration. Il
est donc nécessaire ou au moins utile, afin d'éviter
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coupes Lcctéiants; quelles qu’elles iQ
Les tableaux spéciaux des exploitations, pendant
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CHAPITRE SIXIÈME.
DU?PLAN D'EXPLOITATION DANS LES FUTAIES,
LA RÉVOLUTION DEVANT ÊTRE PRINCIPALE ET TRANSITOIRE,
__ OU SIMPLEMENT PRÉPARATOIRE,
ET LA MARCHE DES COUPES, PROVISOIRE,
ARTICLE PREMIER.
UTILITÉ DE LA FORMATION PRÉALABLE DU TABLEAU
DES AFFECTATIONS NORMALES,
Quelle que soit la première révolution adoptée,
qu’elle soit définitive, transitoire ou préparatoires
quelles que soient également la nature et la variété
des exploitations à faire dans cette première révolu-
tion ; enfin, quelque grande que puisse être la diffé-
rence entre la marche des coupes dans ladite révo-
lution et la marche des coupes dans les révolutions
ultérieures, je suis convaincu que de toutes les bases
que l’on pourrait imaginer afin d’assurer la régula-
risation de la forêt, la meilleure, la plus efficace,
la plus certaine, consiste dans le tableau des affec-
tations qu’il serait utile de former, si cette forêt
était à l'état normal. Je ne crois pas qu'aucune
lacune, dans l’état actuel du peuplement, puisse dis-
LA
DU PLAN D'EXPLOITATION. 325
penser de cette formation qui est destinée à mettre
constamment sous les yeux des agents d'exécution,
le but auquel ils doivent tendre, et qui exempte par
conséquent de remplir les procès-verbaux d'aména-
gement des nombreuses recommandations qu'on s’est
cru jusqu’à présent obligé d'y consigner, au sujet
du traitement des parcelles. Toutes ces recomman-
dations, qu’on y réfléchisse, et on reconnaîtra que
j'ai raison, toutes ces recommandations peuvent être,
_ en général, avantageusement remplacées par la collo-
cation des différentes parcelles dans les affectations
normales des périodes. Cette collocation indiquant
d’une manière précise la classe d'âge dont une par-
celle est appelée à faire partie, la fonction qu’elle
aura à remplir dans l’aménagement définitif, indique
en même temps quels sont les soins qu'il faut lui
donner pour la transformer de la façon la plus conve-
nable; et si l’on admet, ce qui doit être, que les
agents d'exécution connaissent les principes de la cul-
ture, il n’est pas nécessaire de leur dire, dans le cahier
d'aménagement, la manfère dont ils auront à faire
les balivages, les semis, les plantations, etc., Fee
atteindre le but que l’on se propose.
Une dernière observation achèvera, je le pense; de
lever toute incertitude sur l’utilité et la possibilité de
cette formation préalable des affectations normales:
C’est qu'après tout, lorsqu'elle n’existe pas sur le
terrain et sur le papier, il faut bien cependant l’avoir
dans la tête, quand on procède. à la régularisation
d’une forêt, n’aurait-on à y faire que des éclaircies ;
326 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
car enfin, en réalité, quel que soit l’état d’un massif
que l’on veut aménager, l’aménagement consiste
dans un travail de transformation qui peut. sans doute
être plus ou moins difficile, plus ou moins compliqué,
plus ou moins long ; mais qui ne cesse pas d’avoir
le même objectif, de tendre exactement au même
but et qui comporte en conséquence la même méthode
et la même base. Cette base, c’est le tableau des
affectations normales ; cette méthode, c’est la subor-
dination du caractère des exploitations, à la place
qu’occupent les parcelles dans ledit tableau. Ce sont
à des idées qui sembleront peut-être trop absolues,
je le crains. Trop absolues, soit : nous faisons dela
{héorie, et par conséquent nous visons à l’absolu.
Sont-elles justes ? sont-elles vraies? sont-elles propres
à apporter la lumière et l’unité dans les:travaux d’a-
ménagement ? Telle est la question.
A mes yeux, les aménagements, proprement pr
les transformations, les conversions, rentrent dans le
même genre d'opérations. Toutes ces opérations
peuvent différer par quelques expédients; jamais par
les moyens fondamentaux, et il me paraît nécessaire
qu'on puisse reconnaître, retrouver dans les plans qui
les résument, les principes essentiels que nous avons
essayé d'analyser. 8
Eh quoi! dira-t-on peut-être, vous voulez assu-
jettir la transformation d’un massif composé d'arbres
de 20 à 40 ans, entremêlés, aux mêmes règlements,
au même plan que l'aménagement d’une forêt qui con-
tiendrait toutes les classes d'âge nécessaires, pour
DU PLAN D'EXPLOITATION. 227
qu'on pôt y.entreprendre. et y FoRLiRUEr, des.coupes
de régénération ?
| FÉES Oui c'est là ce que je demande, et; je pense même
| que cela est indispensable pour que l’on ne soit pas
_ privé du seul güide propre à assurer la marche de la
transformation du massif que l’on vient de prendre
pour exemple. En effet, ‘celte transformation doit
| tendre, sous peine de manquer un des buts princi-
D” … paux de la culture des bois, à créer dans le massif
les en question, une gradation d'âge qui permette d’ en.
sa “relirer un jour le rapport soutenu le plus avanta-
4 ES _geux. Mais il s’agit alors de faire un aménagement
l. ou d'en préparer au moins. les éléments ;,or, pour
cela, il faut évidemment se fixer sur l’âge d exploita-
: bilité, sur la durée de la révolution définitive, sur le
sens dans lequel il importe que les classes d'âge se
suivent ; car, autrement, on ne saurait quels sont les
sujets qu'il convient de censerver, ceux qu'il y a
lieu d’abattre, etc. Bien que les opérations possibles
actuellement ne soient que des éclaircies, on s’expo-
4 serait à compromettre par la manière de les eflecipers
la formation des classes d’âge. 5
Admettez, au contraire, que la révolution défi-
nitive devant être de 100 ans et les périodes de 20,
on ait partagé le massif en cinq parties d’égale pro-
ductivité, et indiqué la période dans laquelle il
serait désirable que chacune d’elles pût être régéné-
rée ; alors, les agents d'exécution sauront, en pro-
cédant aux éclaircies : qu'ici il faut ménager les bois
de 40 ans; que là on doit les sacrifier ; et, quand
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»
398 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
arrivera l’époque à laquelle pourront commencer les
coupes de régénération, la forêt sera art He d'un
rapport annuel. 5
Le tableau des affectations normales étant arrêté,
examinons comment on règle les exploitations dans
les forêts auxquelles on est obligé d'appliquer une
révolution principale transitoire ou une révolution
préparatoire. *
. On peut être conduit à adopter une révolution. :
jusqu’à la fin de la révolution normale ; et une |. "0
volution préparatoire, lorsque l’âge trop peu avancé ue”
des massifs les plus vieux ne permet pas de les
exploiter immédiatement.
ARTICLE II.
DES RÈGLEMENTS D'EXPLOITATION,
DANS LE CAS OU L'AGE TROP AVANCÉ DES MASSIFS
LES PLUS JEUNES, NE PERMET PAS DE LES LAISSER SUR PIED
JUSQU'A LA FIN DE LA RÉVOLUTION NORMALE.
Quand on a partagé la révolution normale en un
certain nombre de périodes, ouvert à chacune d'elles
4. Nous avons vu que l’âge d’exploitabilité n’était pas suscep-
tible d'une détermination bien rigoureuse. Pour qu’une révo-
lution puisse être qualifiée de transitoire, il faut donc qu’elle
diffère beaucoup de celle que comporterait la longévité des
essences.
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plus jeunes ne permet pas de les laisser sur pied
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DÜ PLAN D'EXPLOITATION. 329
une colonne spéciale et classé, d’après les exigences
de l'exploitabilité et des règles d’assiette, les diffé-
rentes parcelles dont se compose la forêt, il est aisé
de reconnaître dans quelle mesure les jeunes bois
font défaut, et de déterminer par conséquent le
temps dont il est nécessaire de raccourcir la durée de
la révolution principale définitive, pour assurer la
continuité des exploitations annuelles. Ce temps dé-
des sacrifices que l’on est disposé à s'imposer.
ur l'accroissement, et surtout de la longévité des.
sences. La perte qui résulte du maintien des bois
delà de l’âge d’exploitabilité, est bien rarement
… “ æssez manifeste pour motiver le raccourcissement
| d'une révolution. La longévité des essences est d'autre
| part assez grande, en général, pour que l’on puisse
sans inconvénients, les laisser sur pied jusqu’au delà
du terme fixé par leur exploitabilité; et ce n'est en
conséquence que dans des circonstances exception-
nelles que se présentera l'impossibilité de rem-
plir, avec l'excédant des classes d'âge les plus
âgées, les lacunes que pourraient présenter les classes
| les plus jeunes. Admettons cependant que les deux
_ dernières classes fassent défaut, et qu'il soit nécessaire
d'y suppléer, au moins en partie, afin que les bois.
qui devront être immédiatement régénérés, aient le
temps de redevenir exploitables sans trop de préju-
dice, pour le commencementde la révolution suivante;
admettons d’un aulre côté, qu’à raison de la maturité
des bois les moins âgés, il y ait danger à prolonger
de plus d’une période le temps pendant lequel ils de-
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7 CR
330 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
vraient, d’après leur âge, rester sur pied. Dans cette
hypothèse, la durée de la révolution principale tran-
sitoire sera plus courte que celle de la révolution dé-
finitive d’un temps égal à la durée d'une période,
et si la révolution normale est de 400 ans, la période
de 20, la révolution transitoire. devra être fixée à
80 ans.
Cette fixation de la révolution transitoire est la
seule opération embarrassante et délicate, dans l étude
du plan d'exploitation des forêts non susceptibles
d’être soumises à une révolution définitive. Quand la
révolution est arrêtée, on procède au règlement des
exploitätions, tant par période que. par année, qui
est destiné à compléter le. plan d'exploitation, en
suivant absolument les mêmes règles, que s’il s’agis-
sait d’une forêt où toutes les classes d'âge seraient
représentées *.
A. La période de la révolution transitoire étant de 20 ans,
comme celle de la révolution définitive, et je ne vois pas de
raison pour qu'il en füt autrement, on régénérerait :
= Dans la ir° période de la révolution transitoire, la 4° affecta-
tation et le 4/4 de la 2°;
Dans la 2° période de la révolution transitoire, és de la 2+,
et 14/2 de la 3°;
Dans la 3° période de la révolution transitoire, 4/2.de la,3° et
3/4 de la 4';
Dans la 4° période de la mime révolution, 4/4 de la 4° affecta-
tion et toute la 5°. (Note de la 2° édition.)
M
D Le
Le
DU PLAN D'EXPLOITATION. 331
ARTICLE HI.
DES RÈGLEMENTS D'EXPLOITATION,
DANS LE CAS OU L'AGE TROP PEU AVANCGÉ DES MASSIFS
LES PLUS VIEUX, NE PERMET PAS DE LES RÉGÉNÉRER
IMMÉDIATEMENT.
"il y a rarement de grands FILS L FRS à lais-
£ es bois dépasser l’âge normal de leur exploitabi-
si la limite d'âge supérieure jusqu'à laquelle on
£ LE les pousser est difficile à préciser, on perd au
contraire beaucoup à les exploiter avant leur.matu-
rité,.et l'âge minimum qu’on peut adopter pour leur
régénération, est celui auquel ils produisent des se-
mences fertiles.
Il est évident par exemple que si, dans une forêt
de bois feuillus, les peuplements les plus âgés. n’a-
vaient que 40 ans, il faudrait avant de les exploiter
en coupes de régénération, attendre au moins 40 ans,
_et se borner pendant ces 40 ans, à les éclaircir.
Ce laps de temps est ce que j'appelle une révolu-
lution préparatoire, parce que ce mot préparatoire
indique bien la nature et le but des coupes à faire,.
avant que l’on puisse entamer là régénération. -Le
réglement de ces coupes sera d’ailleurs facile à pré-
senter : on divisera la révolution préparatoire : en
autant de parties qu’il faudra renouveler de fois la
coupe préparatoire, c’est-à-dire l’éclaircie, sur un
même point : en deux par exemple, si la rotation des
3392 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
coupes -de l’espèce est fixée à 20 ans, et toutes les
parcelles à éc'aircir pendant chaque rotation, seront
groupées en une série ou partagées en deux, suivant
les circonstances. Je dis les parcelles à éclaircir, car
il se pourrait qu'il y en eût à exploiter en taillis.
A l'expiration de la révolution préparatoire, la
forêt sera dans des conditions analogues à celles que
nous avons supposées dans l’article précédent.
Le modèle que j'ai donné, page 323, pour les
coupes par contenance à faire pendant la première
période dans une forêt qui aurait toutes ses classes
d'âge, servira à dresser le tableau général des
exploitations pendant la révolution préparatoire.
Quant au tableau spécial, il n’est pas nécessaire, à
moins que la révolution préparatoire ne comprenne
plus de deux périodes, et dans ce cas on prendra le
même cadre, modifié conformément à la note inscrite
au bas du modèle précité.
Si on a bien compris les exemples qui précèdent,
on ne devra éprouver aucun embarras pour la for-
mation du plan d'exploitation des forêts irrégulières,
quels que soient les caractères particuliers qu'elles
présentent. Les cadres que j'ai proposés, se prêtent,
je crois, et nous allons d’ailleurs en faire l'essai, à
toutes les combinaisons auxquelles la conversion ou
la transformation en futaies régulières peut donner
lieu.
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DU PLAN D'EXPLOITATION. 353
Ces cadres me paraissent surtout recommandables,
parce qu'il dispensent dénoncer les règles de culture
propres à assurer le succès de. l'aménagement.
Maintenant, qu'on y ajoute, si l’on veut, à propos de
ces règles, quelques notes complémentaires explica-
tives,— je ne m'y oppose pas; abondance de bien ne
saurait nuire; mais on peut s’en passer, si l’on a
affaire à des agents intelligents, instruits et observa-
teurs. Dans le cas contraire, soyez sûrs que vos amé-
nagements, de quelque façon que vous les exposiez,
ne seront jamais exécutés. :
L
CHAPITRE SEPTIÈME.
GONVERSION DES TAILLIS COMPOSÉS EN FUTAIES PLEINES,
ARTICLE PREMIER. . pue
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
La conversion des taillis composés en futaies a
engendré plusieurs théories très-différentes, au moins
en apparence. Elle n'implique pas cependant, comme
je l’ai déjà fait observer, d'autres connaissances,
d’autres appréciations, d’autres procédés, que ceux que
réclame l'aménagement des forêts qui ont toujours
été traitées en futaie. Lorsqu'on sait aménager
celles-ci, on est capable d'aménager celles-là, et la
méthode à suivre est la même pour les unes comme
pour les autres.
Un taillis composé peut être assimilé à une forêt
jardinée, en ce sens que des arbres de tous les âges
y sont entremêlés; mais il offre cette particularité
que les plus jeunes bois y sont représentés, dans
chaque coupe, par des sujets du même âge en massif
plus ou moins compacte. À cause de cette particula-
rité, le taillis composé semblerait devoir être moins
D nd ob Te un RSS
DU PLAN D'EXPLOITATION. 335
irrégulier que la forêt jardinée, et cependant, en réa-
lité, il l’est souvent beaucoup plus, par suite ge la
différence d'âge qui existe entre les réserves. En effet,
dans la forêt jardinée, les arbres de tous les âges ne
sont pas toujours ensemble, et il est rare que l'on ne
rencontre pas sur d'assez grands espaces des masses
à peu près homogènes ; tandis que, dans le taillis
composé qui a été convenablement traité, les vieilles
réserves, les anciens, les modernes et les baliveaux,
sont véritablement pêle-mêle.
Toutefois, ce n’est point pour cela que les écri-
vains forestiers ont traité séparément de l’aménage-
ment des futaies irrégulières et de la conversion des
taillis composés : c’est parce que, dans les forêts de
la première catégorie, les jeunes bois sont des brins
de semence ; tandis que, dans celles de la seconde, ce
sont en général des rejets. Sans les rejets, le taillis
composé rentrerait dans les conditions d'une futaie
irrégulière, plus ou moins claire, et nous n’aurions pas
à nous en occuper d’une manière spéciale; mais ces
rejets constituent, pour la régénération naturelle, un
instrument d'un genre tout particulier, puisqu'ils
peuvent se reproduire autrement que par les
semences.
La difficulté de la conversion des taillis composés
en futaies, réside précisément dans l'appréciation deces
deux éléments, le taillis et la futaie, au point de vue du
concours qu'ils sont susceptibles d'apporter à la régé-
nération naturelle. Le concours du taillis peut être
nul : c’est ce qui arrive lorsque ce taillis ne se com-
336 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
pose que de bois blanes ou de morts bois; même
lorsqu'il ne comprend que des bois durs, son concours
peut n'être que secondaire : il en est ainsi lorsque les
souches sont trop usées pour que les rejets en prove-
nant, donnent jamais des semences fertiles. Le concours
du taillis sera au contraire dominant, lorsque les rejets
seront d'essence dure, vivaces, nombreux, et les
réserves rares. Enfin, ce concours sera de nature
à enlever tout embarras aux combinaisons nécessaires
pour amener l’état normal, lorsque le taillis sera tel
que l’on puisse, sans en amoindrir sensiblement la
qualité et la longévité, c’est-à-dire sans le rendre
moins propre à l’'ensemencement du sol, le couper
encore plusieurs fois avant de s’en servir pour cette
dernière destination.
Ces diverses considérations doivent DA être
présentes à l’esprit de l’'aménagiste, lorsqu'il étudie
un plan de conversion de taillis composé en futaie,
ét surtout quand il procéde au parcellaire ; il n’oubliera
pas non plus :
1° Que le premier principe de la culture fores-
tière veut que l’on tire le plus de parti possible, pour
la régénération d’une forêt, des ressources. naturelles
qu’elle renferme ;
2° Que le mode du taillis ayant pour effet de dé-
grader le sol, plus tôt on y renonce et mieux cela vaut;
3° Que l'intérêt de la culture, de la conservation
et de l'amélioration des massifs, doit toujours primer
celui qui se rattache à la production actuelle et au
maintien du rapport soutenu ;
nne hs ble dé jte ds di
|
DU PLAN D'EXPLOITATION. 337
-+ 4° Que si le but que l’on a en vue quand on con-
vertit une forêt, est d'y établir une gradation d'âge
qui permette de retirer un jour de celte forêt des
produits annuels plus avantageux que ceux qu’elle
a donnés jusqu’à présent, il ne faut pas que le désir
d'atteindre ce but un peu plus vite, fasse compro-
mettre la régénération naturelle des massifs.
Le parcellaire des-taillis composés est plus aisé,
moins long à faire, en général, que celui des autres
forêts; parce que les limites des coupes peuvent être
conservées comme limites des parcelles, puisqu’elles
séparent les peuplements dont les âges diffèrent, ce
qui est ordinairement, comme on le sait, le caractère .
distinctif le plus influent; mais la description spéciale
en est beaucoup plus délicate, plus embarrassante,
parce qu’elle sert de base à des appréciations fort
incertaines et cependant nécessaires,” comme par
exemple celles qui se rapportent à la! vitalité des sou
ches, à la longévité probable des rejets qui en pro-
viennent, à l’âge auquel ceux-ci commenceront à don-
ner des semences fertiles. Il est indispensable que
. Faménagiste exprime sur ces divers points une opinion
formelle, attendu que les combinaisons de l’aména-
gement en dépendent. Il'est non moins essentiel qu'il
s'explique sur la qualité des réserves de toute caté-
gorie, sur le temps durant lequelelles pourraient res-
ter sur pied, et sur le contingent qu’elles apporte-
raient au repeuplement naturel. Outre ces questions
principales, la reconnaissance du: taillis en soulève
encore d’autres qui sont faites pour exercer toute la
22
338 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
sagacité des meilleurs forestiers. Les bois d'élite,
quoiqu’en minorité aujourd’hui, sont-ils assez nom-
breux pour former plus tard la majorité? Les jeunes
brins de semence sont-ils en assez grande quantité et
dans d’assez bonnes conditions, pour autoriser l’espé-
rance qu’en les dégageant par des nettoiementsplusou
moins fréquents, on créera pour l'avenir des ressources
sérieuses? La continuation des coupes de taillis serait-
elle possible sans qu’on eût à en redouter de mauvaise
. conséquence, sinon pour le peuplement, du moins
pour le sol? Ce sol se prêterait-il à des-répeuple-
ments artificiels? Il est désirable que la solution:.de
. toutes ces questions résulte de la description même
des parcelles. Cette description exige donc du temps,
de l'attention, de l'expérience, et même une sorte
de prescience, un don de seconde vue, de divination,
qui est d’ailleurs vraiment ce qu'on PAS at
le sentiment, le flair forestier. 20 « Ù
Ces préliminaires posés, choisie re Mdièmte
de la conversion. Je n’aurai guère à me servir dans
la discussion de ce problème que de termes précé-
demment définis. Néanmoins, pour éviter toute:équi-
voque, il n’est pas inutile que je précise encore
mieux le sens que j'attache à RES de ces
termes :
Quand je parlerai de coupes dé taillis sous éutièes
à continuer temporairement, il s’agira de véritables
coupes de taillis, telles qu’on doit les faire quand on
veut obtenir une régénération par les souches, sauf
la réserve qui pourra être sans doute plus serrée
DU PLAN D'EXPLOITATION. 339
_ qu'elle ne le serait d’après le premier.paragraphe de
l'article 70 de l'ordonnance du 4“ août 4827, mais
jaïnais assez pour entraver la production et le déve-
loppement des rejets. Cette observation, sur laquelle
j'aurai occasion de revenir, n’est par: superflue;
car, tout en conservant la qualification de coupes
| de:taillis, à certaines exploitations, on a souvent
prescrit. d'y procéder d'une-; façon qui, devait en
changer le caractère. C’est -ce qui a;eu-lieu, par
exemple, pour les coupes de taillis dites modifiées
dans lesquelles il était-recommandé de réserver plu-
sieurs centaines de. baliveaux ; ou encore, pour les
coupes de taillis.dites dé régénération: dans lesquelles
on espérait, par des dégagements, sauver assez de
brins! de semence pour en-former plus tard une:
futaie. Cette manière d'appliquer un mode d’exploi-:
tation dont la pratique a été cependant consacrée
par les règlements, par l’enseignement de l’école, et
par la tradition, n'a pas peu contribué à. égarer la
discussion sur les conversions ‘.
Je rangerai sous la même rubrique : coupes
d'amélioration, non-seulement les coupes prépara-
toires, les éclaircies: les nettoiements, les élagages,
mais aussi les coupes à blanc étoc; les recepages plus
ou moins complets, quand ces dernières opérations
seront subordonnées à des circonstances éventuelles
et appeéeRson des agents d'exécution.
Le aire des baliveaux à réserver, doit être réglé de ma-
nière que le couvert qui en résulte, ne puisse compromettre la
croissance et la reproduction du taillis {Cours de culture, p. 376).
340 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
+
Je repousse comme impropres les mots sous-
période, sous-révolution, si souvent employés; car on
ne saurait concevoir, en présence du sens que j'ai
donné à la révolution et à la PS qu __— du +
se dédoubler.
Enfin, je ne considérerai la conversion p d'un laillis
comme arrêtée, comme faite, que du jour où il aura
été décidé que ce taillis ne sera plus recepé et devra
se régénérer par les semences ; jusque-là la conver-
sion reste suspendue; de sorte qu'à mes yeux, le
début de la révolution principale, normale ou: tran-
sitoire, qui est marqué par le moment où on effectue
la première coupe de régénération en futaie, peut
avoir lieu sans que toute la forêt soit convertie ou,
en d’autres termes, sans que toute la forêt soit desti-
née à ne plus être régénérée que par les semences.
ARTICLE IT.
LA
UTILITÉ DE LA FORMATION PRÉALABLE DES AFFECTATIONS
NORMALES.
La formation préalable des affectations normales
est aussi utile pour la conversion des taillis composés,
que. pour l'aménagement des autres forêts irrégu-
lières ; et cette formation est plus facile en: général:
pour la conversion, attendu qu'elle n'y est-guère
soumise qu'à une considération, celle des règles
d’assiette. En effet, les exigences de l’exploitabilité
perdent beaucoup de leur force dans les taillis com-
td tt de béton het à net à. PERTE 7 0 a CE
di oh ide ons de OP chéri D Te OI
AT à dé nhont Li 16 SDS
a AL een ce 2
DU PLAN D'EXPLOITATION. sut
r
posés, puisque les vieux arbres y sont uniformément
répartis et que le taillis n’y présente pas des écarts
d'âge assez grands pour que l’on ne puisse, sans des
sacrifices sensibles d'accroissement, ranger dans une
même affectation les plus âgés et les plus jeunes peu-
plements. Quant au rapport soutenu, de quelque
façon qu'on s’y prenne, il est condamné à éprouver
une forte perturbation, ainsi qu'on le reconnaîtra
plus tard, et ce ne serait point par un changement
dans l'assiette des affectations, qu’on y obvierait.
Ainsi donc, étant donné un taillis composé qui,
après sa transformation en futaie, devrait être
exploité dans une révolution de 444 ans, par exemple,
et dont une portion quelconque pourrait être régé-
nérée complétement en 24 ans, nous diviserons cette
révolution en 6 périodes. Pour chaque période, nous
déterminerons une affectation en nous conformant
avant tout aux règles d’assiette, et nous remplirons le :
tableau indiqué page 244, après avoir donné à chaque
parcelle la désignation définitive que comportera
l'affectation à laquelle elle appartiendra; mais on
comprend tout de suite que, si on peut rarement
imprimer immédiatement aux coupes une marche
normale, même dans les forêts qui ont toujours été
trailées en futaie, on le peut encore plus rarement
dans les forêts dont on veut changer le mode d’ex-
ploitation; et nous avons à étudier quelles sont les
mesures à adopter pour mettre ces forêts, le plus tôt
possible et au mieux de tous les intérêts, dans les
conditions désirables de régularité. Ces mesures
342 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
doivent être résumées dans le pesto général des
exploitations. LC! be: mnerés
“ARTICLE IL anse pb joe
RÈGLEMENT GÉNÉRAL DES EXPLOITATIONS,
Nous supposerons d’abord que nous ayons affaire
à un taillis composé régulier et complet, triche-en
essences d'élite et en réserves de franc-pied. Ce taillis
est soumis à une révolution de 24 ans; nous voulons le
transformer en une futaie pleine exploitable dans une
révolution de 4144 ans, partagée en six périodes. Le
tableau. des affectations à été dressé conformément
aux prescriptions des règles d’assiette; il s’agit de
régler les exploitations par période. Je vais exposer
les différents systèmes que l’on a suivis-pour celaiet
je dirai ensuite quel est à mon sens"le meilleur. Ces
systèmes n’empruntent pas séulement leur originalité
aux circonstances de la végétation; ils l'empruntent
aussi à la rapidité plus ou moins grande que l’on
est disposé à imprimer à la conversion : On peut
se proposer, de convertir immédiatement toute la
forêts. on peut estimer au contraire qu'il est pré-
férable de ne la convertir que graduellement. Dans
ces deux cas, il y a bien des degrés de promptitude.
possibles; nous aurons à apprécier quels sont les
plus avantageux. Enfin, que l’on veuille convertir
immédiatement ou graduellement, la transformation
peut.se faire avec ou sans révolution préparatoire, et
LA
nine die dés LD va 1?
Cd
DU PLAN D'EXPLOITATION: 343
nous-la idiscuterons dans l'une et l’autre hypothèse.
Mais la supposition que nous fesons maintenant d'un
taillis composé régulier et complet, se réalise excep-
tionnellement. Nos taillis sont en général irréguliers
et incomplets et leur conversion est alors assujettie à
des règles très-variables. Nous en ferons: PEr* ss
PAU ed | Hhoë
RIT AS |
S Aer. = ’
Règlement sa: 60 des exploitations d'un talllis es Aie et
“Complet à convertir, lorsque la révolution est préparatoire et la con-
version immédiate, Hoi
_. Puisqu’ on veut que la conversion soit mbérigie et
générale, il faut arrêter les coupes de: taillis sur toute
l'étendue de la forêt et, par ce fait seul, on peut dire
que la forêt est convertie; mais il s’agit d’y.créer ce
qu'on appelle des classes d'âge et c'est là le difi-
cile : d’abord, parce que les taillis de la première
affectation, en supposant même que ce. soient les plus
| âgés, ne, sont pas en général susceptibles de porter
des semences fertiles; ensuite, parce que les laikis
de la dernière, en supposant que ce soient les plus
jeunes, ne sauraient fournir une aussi longue carrière
que des brins de semence. Deux questions..se..pré-
sentent donc : la première, étant-de savoir pendant
combien de temps on devra laisser sur pied les taillis
de, la première affectation, pour les amener à un état
tel qu’ils soient à même de se régénérer naturelle:
34h AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
-
ment par les semences; la seconde, étant de savoir
pendant combien de temps on pourra laisser sur pied
les taillis de la dernière affectation, sans me on au à
craindre leur dépérissement. | Hi GrtI
De la solution donnée à la première de ces ques-
tions, dépend la durée de la révolution préparatoire.
De la solution donnée à la seconde, dépend la durée
de la révolution principale. Cette dernière révolution
sera d'autant plus longue; elle se rapprochera d’au-
tant plus de la révolution normale, que la révolution
préparatoire sera plus courte; et la répartition des
peuplements, la plus favorable au raccourcissement
de la révolution préparatoire et à l'allongement de la
révolution principale, serait naturellement celle qui
aurait classé les taillis les plus âgés dans la première
affectation, tandis que les pre jeunes appartiendraient
à la dernière.
L'état des rejets, l'état des souches, le nombre et
l’état des réserves, la nature des essences, l’âge
auquel elles portent semences, telles sont les circon-
stances à apprécier, afin de résoudre l’une ou l’autre
des questions que je viens d’énoncer ; seulement, les
rejets auront moins d'influence sur la solution de la
première question que sar celle de la seconde, et cela
se conçoit aisément, puisque dans la première affec-
tation on a besoin de vieux bois, tandis que dans la
dernière on ne saurait en avoir de trop jeunes.
Si on se croyait dans l’obligation de laisser croître
les taillis jusqu’à l’âge de cinquante ans, afin que
leur action, s’ajoutant à celle des réserves, pût assurer
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:
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pass Éd ah à Dit be if à à Lcd C2 Ve à pre dé ed de SE SU NS ES …
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*
u
DU PLAN D'EXPLOITATION. si
le réensemencement naturel, il en résulterait cette
conséquence forcée que, pendant un laps de temps
” égal à la différence entre l’âge de 50 ans et l’âge
actuel des taillis, la forêt ne serait parcourue que par
des coupes d’éclaircie, de régularisation si l’on veut,
ou, pour me servir du terme consacré, par des coupes
préparatoires dans lesquelles on s’appliquerait à
ménager, tout en évitant d'interrompre le massif :
dans la première affectation, les vieux arbres; dans
la dernière, les jeunes; dans les affectations pars
diaires, les sujets d’âge moyen.
La différence entre l’âge de 50 ans et l’âge actuel
des massifs étant, par exemple, de 30 ans, la durée
de la révolution préparatoire serait donc de 30 ans.
On‘diviserait cette révolution en autant de parties
aliquotes qu'il y auraït d'unités dans le quotient
du chiffre de ladite révolution par celui de la pério-
dicité des: coupes préparatoires, el chacune des
affectations normales serait partagée en autant de
coupés qu’il y aurait d'années dans une des subdi-
visions de la révolution; ou bien, si l’on jugeait
avantageux de ne pas multiplier ainsi les coupes à
fairé chaque année, on grouperait les affectations
deux par deux ou trois par trois. Chaque groupe ne -
formerait qu'une série qui comprendrait naturelle-
ment autänt de coupes qu’il y aurait d'années dans
une des subdivisions précitées, à moins qu’on ne
rendit ces coupes biennales, ce qui pourrait encore
se faire pour des raisons d'économie ou de simplifi-
cation de service. Au reste, l'établissement du règle-
346 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
ment général des exploitations, pendant la révolution
préparaioire, rentrerait exactement dans ke cas prévu
à la page 331. |: 8) |
Après. la révolution D nénnedtairees Pan dont
le sous-bois le plus âgé aura 50 ans et sera sur-
monté, de nombreuses réserves, et dont le sous-bois
le plus jeune, âgé de 80-ans, contiendra sans doute
beaucoup de brins de semence, la forêt ne se distin-
guera . pas! des autres futaies irrégulières. On en
réglera. l'exploitation comme on le fait pour ces der-
nières, en lui appliquant. une révolution. principale
d'autant plus longue que les jeunes massifs; ou plutôt
que les massifs de la dernière affectation, pourront
durer plus longtemps. Si cette révolution ne s’écarte
pas trop de celle que l’on aurait adoptée comme
normale, on la regardera comme définitive. Si elle
s’én écarte trop, on prendra les dispositions néces-
saires pour que les affectations normales ne on
jamais être perdues de vue. hi
ai S 2.
Règlement général des exploitations d'un taillis composé complet et
régulier à convertir, lorsqu'il n’y a pas de révolution préparatoire, et
que la conversion eSt immédiate.
sé La méthode de transformation exposée dans l’ar-
ticle précédent, est celle que l’on a longtemps suivie
à l'exclusion de toute autre. C'est la plus simple; et
_
-
DU: PLAN. D'EXPLOITATION. 347
je..le dirai dès à présent, la plus rationnelle, la
plus recommandable au point de vue cullural ; puisque
c’est celle qui permet le mieux d'utiliser les ressources
du peuplement pour la régénération naturelle; mais
elle se signale, au point de vue économique, par
deux inconvénients majeurs : d’abord, elle a pour
effet d’altérer profondément le rapport soutenu: Par
le fait de la conversion immédiate, les coupes de
taillis étant remplacées par de simples nettoiements
ou éclaircies et des extractions prudentes de vieux
arbres, il est clair que les produits annuels sont très-
fortement diminués. Ensuite, elle retarde le début
de la première révolution, principale, et elle rend
presque. impossible l'adoption, pour cette première
révolution, d’une durée égale à celle de la rHyolLÉSe
normale.
Le premier de ces nat l'altération pro-
fonde. du rapport soutenu, à été longtemps le prin-
cipal motif qui s’est opposé à la transformation de
nos taillis sous futaie en futaies pleines, et aujourd’hui
encore celte altération est l’objet d’une préoccupation
très-vive. Aussi a-t-on cherché et cherche-t-on à
l'atténuer, voudrait-on même empêcher qu’elle ne se
produisit, chose pratiquement irréalisable et même .
théoriquement inadmissible. Quels que soient les expé -
dients auxquels on ait recours, quelle que soit lalenteur
-que l’on apporte dans l'opération, on ne saurait passer
d'une certaine révolution à une révolution plus longue,
sans se condamner à une diminution temporaire de
revenu ; cette diminution pourra être très-faible et de
348 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
courte durée; elle n’en surviendra pas moins. Dans
l'hypothèse la plus favorable, celle où la contenance
de la coupe annuelle'serait réduite d’une quantité assez
petite, pour que Fon perdit moins sur l'étendue que
l’on ne gagnerait sur l’accroissement, la diminution du
revenu, r'enfermée dans les plus étroites limites imagi-
_nablés, porterait encore sur un an, et latransformation,
pour être complète, exigerait plusieurs siècles, en
supposant qu'elle ne fût pas contrariée par les exi :
gences de la végétation. On poursuit donc vraiment
une chimère, quand on prétend transformer les taillis
en futaie, sans abaisser la production temporairement.
Cette diminution sera d’autant moins sensible que le
temps consacré à la transformation sera plus long ;
mais comme ce temps ne peut pas être infini, la
diminution ne saurait jamais être réduite à zéro.
Quoi qu’il en soit, les seuls moyens d’atténuer le
sacrifice qu’entraîne la substitution du mode d'exploi-
tation en futaie à celui du taillis, consistent dans la
suppression plus où moins complète des coupes pré-
paratoires, et dans la continuation plus ou moins
longue des coupes de taillis sur certaines parties de
la forêt. Nous n'avons pas à discuter en ce moment
l'emploi de ce dernier moyen, puisque nous avons
supposé que l’on voulait convertir immédiatement la
forêt sur toute son étendue; et quant au premier
moyen, la suppression des coupes préparatoires, il-
est évident qu'il ne saurait être appliqué qu’à la pre-
mière ‘aflectation; car si la conversion de toute la
forêt peut avoir lieu immédiatement, la régéné-
LS So ST Né ce Qu:
._ DU PLAN D'EXPLOITATION. | 349
+ ration ne peut assurément en être. que graduelle.
- 0'La suppression des coupes préparatoires, dans le
cas d'une conversion immédiate générale, équivaut
donc à la suppression de la révolution préparatoire.
On entreprendsans délai les coupes de régénération.
On soumet la forêt sans transition à une révolution
principale, et, comme on allonge la distance possible
entre l'époque de la régénération de la première
affectation et l'époque de la régénération de la der-
nière, d’un temps égal à la durée de la révolution
préparatoire, on est moins gêné pour adopter une
révolution principale qui soit en harmonie avec
lexploitabilité des essences. En outre, et c’est le
but principal que l’on a en vue, en coupant à blanc
étoc les peuplements de la première affectation, au
lieu de se borner à les éclaircir, on se procure une
augmentation de produits; mais tous ces avantages
sont quelquefois achetés chèrement par les difficultés
que la suppression de la révolution préparatoire
entraîne pour la régénération naturelle, difficultés
d'autant plus grandes que les taillis de la première
affectation sont plus jeunes. Si, même avec une ré-
volution préparatoire, il est désirable que les taillis
les plus vieux soient colloqués dans la première affec-
tation, à plus forte raison est-ce’ à souhaiter quand
__ on renonce aux coupes préparatoires. Autrement, on
rend non-seulement, comme je viens de le dire, la
régénération beaucoup plus pénible et par consé-
quent plus coûteuse, mais on se*condamne encore
à des perteS d’accroissement. Je n’insiste pas en ce
P-
350 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
PA
moment sur ces deux points, parce que j'aurai: à
les traiter in extenso plus tard. Je me borne à ajou-
ter que la suppression de la révolution préparatoire
ne me paraît tolérable, à la rigueur, que lorsque les
{aillis de la première affectation sont assez âgés pour
contribuer à la eut sinon re leurs SARARGNE,
au moins par leur abri.
Cette suppression étant ababe d'ailleurs; le
règlement général des exploitations ne soulève aucune
question qui n'ait déjà été prévue et résolue. 11
RD AERI 290 RIRES
Règlement général des exploitations d’un taillis composé complet: et
régulier à convertir, lorsqu'il n’y a pas de révolution préparatoire, et
que lat conversion est graduelle.
QUE
J. — Exposé, des méthodes applicables. — La
suppression de la révolution préparatoire atténue
donc la diminution de produits inhérente à la conver-
sion, et permet d'adopter, pour la révolution princi-
pale, une durée qui se rapproche davantage:.de la
durée normale. Toutefois son effet, surtout sous de
premier rapport, n’a point. paru -assez sensible, et
l’on s'est demandé si l’on ne pourrait point recourir à
des moyens plus énergiques, soit pour augmenter
les produits pendant la transformation, soit :pour
rendre possible l'adoption immédiate d’une révolu-
tion principale normale? La réponse étaif facile : On
Lo
és
.9.
* | .
: Be PLAN D'EXPLOITATION. 351
po ©
“svait sine lès coupes préparatoires pour la pre-
mière affectation, il n’y avait ns les supprimer
aussi pour les autres.
Sion les supprime effectivement, He il y a né-
cessité de continuer les coupes de taillis dans toutes
les affectations, sauf la première. La conversion n’est
plus immédiate sur toute l’étendue de la forêt; elle
est graduelle, et rien ne s'oppose à ce que l’on adopte
la révolution principale normale. Pendant qu’on ré-
génère la première affectation dans le cours de la
période normale correspondante, on continue le taillis
dans les autres affectations jusqu'à ce que leur tour
de régénération en futaie soit arrivé. Quant aux
produits, si on ne les considère que dans leur ’en-
semble, non pas pour une affectation plutôt que pour
_ l’autre, non pas par année, mais par période, ‘ils
seront nécessairement un peu plus forts dans la
première période qu'ils ne l’auront été auparavant
dans le même espace de temps; car, sur toute l’éten-
due de la première affectation, au lieu de se borner
à receper les taillis sous la réserve d'un nombre
d'arbres plus ou moins grand, on aura tout à cou-
per. La diminution de la production périodique ne
se manifestera qu'à partir de la deuxième période,
parce qu'alors, dans la première affectation, à la
place des anciennes coupes de taillis, il n’y aura à
faire que des éclaircies; et cette diminution ira en
augmentant, de période en période, pendant la pre-
mière révolution, jusqu’à ce que les bois précédem-
ment régénérés soient assez âgés pour que l’on en
t
352 AMÉNAGEMENT DES: FORÈTS.
obtienne, par de simples éclaircies liént de pro-
duits qu'on en obtenait des coupes de taillis.
Ces résultats se comprennent facilement. Je vais
cependant les mettre mieux en évidence, et.montrer
comment on peut les assurer par le roulement géné-
ral des exploitations, quand on se résigne d’ailleurs
à sacrifier les règles d’assiette, et, qu'on ne tient pas
à avoir pendant la période une suite non interrompue,
tout à la fois, et pour les coupes de “égénération ei -
pour celles de taillis.
En effet, quelle que soit la composition des: lions
tations normales ; dès que le nombre des coupes du
taillis à convertir est divisible par le nombre de ces
affectations, — et il n’y a pas d'empêchement à ce
qu'il le soit, — toutes les hypothèses de distribution
des coupes de différents âges entre les affectations,
peuvent se ramenér à trois types auxquels je: donne-
rai des chiffres pour qu'ils soient plus saisissants.et,
pour cela, je supposerai que le nombre des coupes
de taillis est de 36 ainsi que le nombre des années
de la période, et celui des affectations de 4. Chaque
affectation contiendra dès lors 9 coupes et: il se
pourra : ché
4° Que les 9 coupes les plus âgées soient dans la
première affectation, les coupes de 19 à. 27 ans dans
la deuxième, et les coupes les moins âgées dans le
dernière ;
2° Que cet ordre étant renversé, les 9 coupes
les moins âgées soient dans la première affectation,
et les 9 coupes les plus âgées dans la dernières
;®
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18
Le È *
LA LE
*
© DU PLAN D'EXPLOITATION. 353
18° Que dans chaque affectation, il y ait des coupes
dont les âges ne se suivent pas régulièrement,
Dans le premier cas, l'augmentation des pro-
duits aura lieu au commencement de la première
période dans la première affectation, dont les neuf
coupes seront exploitées à blanc étoc et régénérées.
Après ces neuf coupes, les produits annuels, qui
seront fournis par les autres affectations, reviendront
au chiffre où ils étaient auparavant, pour se mainte-
nir ainsi pendant 27 ans, c'est-à-dire jusqu’à la
deuxième période. A cette époque, il n'y aura que
des éclaircies à faire, pendant 9 ans, dans les coupes
régénérées de la première affectation dont les bois
les plus vieux n'auront que 36 ans et, par consé-
quent, la production baissera plus qu’elle n’aura
haussé au début de la première période; puis, on
entreprendra la régénération des coupes âgées de
28 à 36 ans de la deuxième affectation et, pendant
9 ans, les produits se relèveront de nouveau. A
partir de la dix-huitième année de la deuxième
période, et jusqu’à la première année de la troi-
sième, les produits fournis par les coupes de taillis
dans la troisième et la quatrième affectation seront
ce qu'ils étaient avant le commencement de la con-
version; mais désormais il n’y aura que des éclaircies -
à pratiquer dans les deux premières affectations et il
s’ensuivra une forte baisse dans les produits, baisse
qui, en moyenne, sera plus prononcée que la précé-
dente, à moins que les éclaircies à faire dans la pre-
mière affectation ne soient aussi-productives que
23
354 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
l'étaient les coupes de taillis, chose improbable.
Cette baisse ne cessera que lorsqu'on pourra entre-
prendre la régénération des coupes de la troisième
affectation, c’est-à-dire à la dix-huitième année de
la période correspondante. Après avoir régénéré ces
coupes, et pendant les dernières années de la pé-
riode, on coupera les taillis devenus exploitables de
la quatrième affectation ; après quoi, il n’y aura plus
de coupes de taillis à faire, mais simplement des
éclaircies, jusqu’à la vingt-huitième année de la
dernière période, et il est possible que parmi ces
éclaircies il y en ait, celles de la première affecta-
tion par exemple, qui fourniront autant de produits
qu’en fournissaient les coupes de taillis ; de sorte que,
pendant la dernière. période, les produits pourront
ne pas être moins élevés qu'ils l’auront été pen-
dant la période précédente. A la fin de la quatrième
période, les coupes de la quatrième affectation seront
régénérées, la transformation sera complète et la
hausse croissante des: pee se manifestera de ee
en plus. |
Dans le douxièine cas; la première affectation
n'étant régénérée qu’à la fin de la période correspon-
dante, c’est à la fin de cette période qua lieu l'aug-
mentation des produits, et la baisse ne survient qu’à
la fin de la deuxième période, au lieu de se faire
sentir au commencement. |
Dans le troisième cas, les variations dans les
produits ne suivent plus aucune marche régulière :
selon la disposition des peuplements; d’après leur
#
DU PLAN D'EXPLOITATION. 555
âge; la hausse peut avoir lieu, soit au commence-
- ment, soit à la fin, soit au milieu d'une période ;
mais la baisse n’en est pas moins inévitable; et,
comme dans les deux autres cas, elle l'emporte de
plus en plus sur la hausse, jusqu'à ce que les éclair-
cies soient devenues aussi productives que l’étaient
les coupes de taillis. Voilà la loi qui douiine toutes
les autres.
Lorsque la bonne formation É des séféctitions nor-
males sé concilie avec là collocation ‘des taillis les
| plus vieux dans la première affectation, des plus
| jeunes dans la dernière, de ceux d'âge moyen dans
4 les intermédiaires, on ne doit pas hésiter à adopter;
| pour là marche des coupes, le règlement général que
j'ai exposé premièrement. Outre l'avantage de retar-
der l’époque de la baisse des produits, il a celui,
beaucoup plus sérieux, de permettre que la durée
de la période ne soit pas égale à la révolution des
taillis, sans qu’il en résulte une perte d’accroïssement.
Ainsi, les taillis devant être coupés à 36 ans, rien ne
sopposerait, pourvu toutefois que le nombre des
coupes de taillis fût toujours divisiblé par celui des :
affectations où ces coupes devraient être assises, rien *
ne s’opposerait à ce que la période, dans le règlement
général provisoire, fût fixée, comme dans le règle-
ment définitif, à 24 ans ou à tout autre’ chiffre qui
s’accorderait mieux avec les exigences de la régé-
nération en futaie. C’est là ce qui est impossible
quand les coupes sont distribuées entre les affectations
comme on l’a indiqué dans les deux derniers cas. Il .
Pi
356 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
est-obligatoire alors, si l’on veut tout à la fois ne
couper les taillis qu’à l’âge d’exploitabilité, et régé-
nérer chaque affectation en futaie dans la période
correspondante, que la durée de cette période soit au
moins aussi longue que l’ancienne révolution du
taillis. Il est visible, par exemple, que si cette durée
était de 24 ans seulément, tandis que la révolution
du taillis serait de 36 ans, la première affectation
ne pourrait, tout entière, être régénérée dans la pre-
mière période, que si elle contenait au début de la
conversion des taillis âgés de plus de 42 ans.
Un autre défaut des modèles de règlements qui
précèdent, et ce défaut existe pour le premier modèle
comme pour les autres, c’est la brusquerie dans les
mouvements de hausse et de baisse, brusquerie qui
devient très-accentuée quand on considère à part
les produits de chaque affectation, et que l’on
sépare ceux des coupes de régénération de ceux des
coupes de taillis. On a eu recours à diverses combi-
naisons pour y obvier. La meilleure est sans contredit
celle qui consiste à disposer les peuplements dans les
affectations, de manière que chacune forme une
série complète de coupes de taillis se suivant de
proche en proche et d'âges gradués, depuis l’âge
d'un an jusqu'à l’âge d’exploitabilité du taillis. Mais
cela ne se peut guère que lorsqu'on a autant de séries
de taillis à convertir que d’affectations de futaie à
constituer. Toutefois, quand la chose est faisable, la
marche des coupes, soit de régénération, soit de
. taillis, est parfaitement régulière : Pendant qu'on
DU PLAN D'EXPLOITATION. 357
régénère par coupes successives, non interrompues et
égalementproductives, la première affectation; on con-
tinue les coupes de taillis dans les autres; et, durant
toute la première période, on a une augmentation de
produits équivalente, chaque année, à la différence
entre le rendement d'une coupe de taillis et celui
d'une coupe à blanc étoc.
L'amoindrissement des produits commence au
début de la deuxième période et se traduit, chaque
année, par la différence entre le rendement d’une
coupe de taillis et celui d’une coupe d’éclaircie ; mais
l'augmentation, pendant la première période, et
l’amoindrissement, pendant la dernière, se répartis-
sant également entre toutes les années de chaque
période, on évite ces alternatives brusques de hausse
et de baisse qu'entraînent les autres modes de trans-
formation, et c’est un grand avantage. Malheureuse-
ment, on ne peut non plus se le procurer qu’à là
condition d'adopter pour la période une durée égale
à celle de la révolution du taillis, ce qui est regret-
table, attendu que la durée des périodes ne doit, en
bonne règle, être subordonnée qu'aux exigences de
la régénération en futaie. D'ailleurs, je le répète, la
possibilité de composer les affectations de telle sorte,
que chacune d'elles forme une série de coupes de
taillis, se présente très-rarement. Dans la plupart des
cas, la gradation régulière. dans les mouvements de
la production ne peut être obtenue que lorsqu’on se
résigne à des sacrifices d’accroissement, c’est-à-dire
à ne pas couper le taillis à l’âge auquel on l'avait.
358 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS
coupé jusqu'alors ; et ce qu'on gagne au point de vue
du rapport soutenu, on le perd et au delà au point
de vue de la quantité des produits. f:
Ainsi, quoi que l’on fasse, la conversion, même
graduelle, d’un taillis sous futaie en futaie pleine,
amène une diminution de produits, à partir de la
deuxième période de la révolution principale. Cette
diminution peut être régularisée ou retardée, rejetée
du commencement de la période, au milieu ou à la
fin. On ne saurait dans aucun cas l’éviter, à moins
qu'en même temps que l’on convertit la première
affectation en futaie, on ne transforme les autres en
taillis simples en y exploitant les vieilles réserves.
On comprend que par ce moyen, dont je montrerai
plus tard tout le danger, on arrive à combler dans
une large mesure, le déficit causé dans les produits
par la substitution des coupes de nettoiement et
d’éclaircie aux coupes de taillis. On comprend que
l’on puisse même, par l’abatage de ces vieilles
réserves, rendre encore plus forte l'augmentation de
produits qui est la suite, dans la première période de
la révolution principale, de la substitution des coupes
de régénération à celles de taillis composé ; et là est
tout le secret de ces merveilleux projets de transfor-
mation sur lesquels on s’est appuyé, pour soutenir
que la conversion des taillis composés en futaie peut
avoir lieu, sans occasionner temporairement une baisse
dans la production de la forêt. Cependant, qu’on ne
s’y trompe pas : même quand on a recours à l’exploi-
tation des vieux arbres, la baisse des produits n'est
ER R te S
‘1
ane pb TA dE Le dE LE Sd Cd dE de en nt EU
DU PLAN D'EXPLOITATION. 359
hé
que retardée, et l’on ne se procure plas de rendement
dans les premières périodes que sous peine d'en
avoir moins dans les dernières. : re
. En tout cas, et-qu'on pas l un ou l'autre des
ne de transformation ci-dessus décrits, le règle-
ment général des exploitations par période se dresse
toujours conformément au cadre donné p. 318 et 319
pour la marche provisoire des coupes, la révolution
principale étant définitive ; il. y.a place dans ce cadre
pour toutes les coupes à-.faire. de quelque nature
qu'elles soient.
I, — Obserr ations sur les méthodes de conversion
exposées dans l'article précédent. — Les dispositions
qui ont été imaginées, pour. éviter les inconvénients de
l’ancienne méthode de transformation des taillis com-
posés en futaies pleines, se caractérisent toutes par ces
trois circonstances : suppression des coupes prépara-.
toires; continuation des coupes de taillis dans les
différentes affectations jusqu'à l’époque où elles arri-
veront en tour de régénération en futaie; extraction
des vieilles réserves. Nous en connaissons la. valeur
économique, no1s allons en appréeier le mérite cul-
tural :
Suppression des coupes préparatoires. La sup-
pression. des coupes. préparatoires a pour effet
- d'amoindrir, jusqu'à des annihiler quelquefois, les
chances du repeuplement naturel. Elle est donc con-
traire à l’un des principes fondamentaux de la culture
forestière. Il est extrêmement important d’ailleurs,
surtout lorsque cette culture.se pratique sur de vastes
_360 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
étendues et réclame une nombreuse administration,
que l’homme ne se charge pas à la légère des opé-
rations que la nature peut faire elle-même. Les soins
minutieux, les travaux de tout genre, que comporte"
la gestion des forêts, seront toujours assez multipliés
pour qu’on ne les augmente pas sans nécessité abso-
lue. Or, pour transformer un laillis composé en
futaie pleine, il n’est pas nécessaire de recourir aux
repeuplements artificiels. Étant donné un taillis sim-
ple de chêne et de hêtre, âgé de 25 à 30 ans, il
est certain qu’en le laissant croître jusqu’à l’âge où il
pourra donner des semences fertiles, jusqu’à 70 ans
par exemple, on le mettra dans de bonnes conditions
pour le repeuplement naturel ; tandis que si on le
coupe aujourd’hui, on ne pourra se dispenser de
repeupler le sol artificiellement. Cette obligation
du repeuplement artificiel s’appliquera sans doute,
toutes proportions gardées, à une moins grande
étendue, si au lieu d’avoir affaire à un taillis simple,
on a affaire à un taillis composé; mais il est facile -
de se rendre compte de l’économie que les réserves,
par leurs semences, permettront de réaliser dans les
repeuplements à faire de main d'homme : nous
n'avons pour cela qu'à ouvfir le cours de culture de
MM. Lorentz et Parade à l’article concernant le bali-
vage normal : nous y verrons que le couvert des
réserves, au moment de la coupe du taillis, peut com-
prendre 4/3 de l’aire de la coupe. Dans les circon-
stances les plus favorables, les travaux de repeuple -
ment qu’entrainerait la suppression des coupes
én |
DU PLAN D'EXPLOITATION. 361
préparatoires, s’étendraient donc encore aux 2/3 de
la surface d’une coupe. Quand on peut éviter des
travaux aussi considérables, on doit le faire; d'autant
qu'il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu’un brin de
semence provenant d’un semis artificiel, fût moins
vivace qu'un brin provenant d’un semis naturel. N'y
a-t-il pas dans le travail de la nature, une force
mystérieuse que la science de l’homme n'a point
pénétrée et ne saurait mettre dans ses œuvres ? Quant
à moi, je penche, je l’avoue, pour l’affirmative, et, de
même que toutes ces précocités artificielles si mer-
veilleuses obtenues pour la viande, pour les fruits,
ne fournissent pas des aliments aussi substantiels que
ceux qu'on retire des productions qui ne sont pas
forcées et dont la marche reste conforme aux lois de
la nature; de même, j'incline-à lé penser, un plant,
élevé en pépinière, ne vaut pas celui qui est venu
spontanément en plein bois , et des graines, semées
dans une autre localité que celle où elles ont été
récoltées , ne sauraient produire des sujets aussi
robustes que ceux qui proviennent de graines récol-
tées et semées dans la même région. En outre,
quelle que soit la préparation que l'homme donne au
terrain, quelle que soit l'abondance avec laquelle il
y jette les semences, cette préparation ne vaut pas
lhumus, et cette abondance n’est que de la parci-
monie à côté de la prodigalité de la providence.
= La suppression des coupes préparatoires tendant
en un mot à substituer l’homme à la nature, dans
un travail qu’elle fait mieux que lui, n’est donc pas
362 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
une bonne chose; ces coupes d’ailleurs sont très-
utiles : | as
4° Afin que le sol, souvent appauvri par un mode
d'exploitation qui empêche l’humus de s’y accumuler,
ait le temps de se refaire; |
2° Parce qu'il est de la plus grande importance
pour les repeuplements, soit naturels, soit artificiels,
de n’exploiter les taillis qu’ils sont destinés à rem-
placer, qu'à Fâge où l’on n’a plus à craindre leur
reproduction par la souche ; cette reproduction est en
effet, aucun forestier praticien ne l’ignore, une des
entraves qui nuisent le plus aux jeunes plants et dont
il est le plus difficile de les débarrasser ;
3° Parce que, dans le cas même où on se décide
par des motifs quelconques à renoncer au repeuple-
ment naturel, il est économique, pour le repeuplement
artificiel, de se procurer un abri, abri qui ne peut
être assuré suffisamment que par des sujets dont la
tête est bien formée.
Ces observations ne soulèvent aucune objection
pour l'affectation qui ne doit plus être coupée en taillis,
qui contient ordinairement les bois les plus vieux,
et dans laquelle il n’est plus temps, il n’est plus pos-
sible de songer à améliorer le peuplement en brins
de franc-pied par de fréquents nettoiements et des
plantations faites après la coupe ; mais pour les autres
affectations elles paraîtront, je le prévois, moins fon-
dées. On fera sans doute remarquer que; si l’on prend
soin de dégager tous les brins de semence qui se révé-
leront'après la coupe du taillis, et de faire quelques
DU PLAN D'EXPLOITATION. 363
plantations, on se procurera les moyens, à la coupe
süivante, de constituer la jeune réserve avec des sujets
de franc-pied et par conséquent d'avenir; et que, si
l’on porte en outre cette réserve à 150 baliveaux et
même au delà, il ne faudra pas plus de deux révolu-
tions de taillis pour réunir les éléments d’une régé-
nération naturelle complète. A cela je répondrai que
les coupes dites de taillis, dans lesquelles on conserve
autant de baliveaux, ne sont en réalité que des coupes
préparatoires, sous une forme particulière, et qu’on a
tort de leur donner une qualification qui n’est plus
justifiée, qui est même tout à fait démentie par le.
balivage serré dont elles sont l’objet, puisque ce bali-
vage à pour conséquence inévitable de nuire de plus
en plus au développement des rejets de souche. Je
suis d’ailleurs persuadé qu’on se fait illusion, si l’on
croit qu’il est facile, par des nettoiements répétés,
de dégager les brins de semence qui apparais-
. sent souvent en abondance, j'en conviens, immé-
diatement après l’abatage des taillis. Ce dégagement
n’est point aussi commode qu’on le pense, car il faut
y revenir fréquemment et quelquefois tous les ans.
Enfin, si les taillis composés présentent l’incon-
vénient de ne pouvoir former que des futaies irrégu-
lières dans lesquelles, au milieu de jeunes massifs
sur souche, homogènes par places, sont disséminés
des arbres d’âges et de grosseurs très-différentes,
je ne m'explique pas que l’on veuille gratuitement
aggraver cet inconvénient, en mettant dans les
jeunes bois les inégalités qui sont dans les vieux,
364 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
et en ajoutant ainsi d’autres étages à ceux qui exis-
tent déjà. 11 me semble que de tels procédés s’écar-
tent des principes de la culture, soit en ce qui con-
cerne le taillis, soit en ce qui concerne la futaie, etque,
fâcheux pour la production du taillis, ils le sont égale-
ment pour la formation de la futaie.
Continuation des coupes de taillis. — S'il est
vrai, comme tous les auteurs s'accordent à le dire,
que le mode d'exploitation en taillis soit compromet-
tant pour la conservation de la qualité du sol et pour
celle des essences les plus précieuses, surtout pour
le chêne, toute combinaison tendant à ajour-
ner la suppression des coupes faites d’après ce mode,
doit être considérée comme fort regrettable ; mais si
l'on renonce à cet ajournement, ilest clair qu’on rend
d'abora la transformation très-longue, puisqu'on
n’arrivera à la compléter qu'après plusieurs révolu-
tions transitoires de futaie; et qu’on se condamne
ensuite à une diminution immédiate et très-sensible
dans la production annuelle. La continuation des
coupes de taillis, en maintenant jeunes certaines
affectations, tandis qu’on régénère ou qu’on prépare
les autres, avance évidemment l’époque de la consti-
tution définitive des classes d'âge, et pare en même
temps à une diminution trop brusque des produits.
On peut donc admettre cet expédient, pourvu
que d’ailleurs le sol.soit bon et le taillis vivace ;
mais , même alors, il convient d’en user avec modé-
ration, et d’y renoncer dès que le peuplement, qu'il
aura servi à rajeunir, paraîtra susceptible de rester
L]
DU PLAN D'EXPLOITATION. 365
sur pied jusqu'au moment où viendra son tour de
régénération en futaie. En outre, bien que cette
continuation des coupes de taillis ait surtout pour
but d'éviter une trop forte baisse dans la production,
ce n'est point une raison pour que le taillis soit
exploité avant l'âge où il fournit tout à la fois et les
meilleurs produits et le plus de ressources pour un
balivage satisfaisant ; de sorte que si les plus vieux
peuplements avaient été classés dans les afféctations
qu’il ne serait point nécessaire de rajeunir, il vau-
drait mieux interrompre les coupes de taillis au
début de la transformation, que d’abattre des bois
trop jeunes. Enfin, ce que j'ai dit plus haut, à pro-
pos des coupes de taillis dans lesquelles on a pro-
posé de forcer le balivage au delà des limites indi-
quées par les exigences de la reproduction des
souches, est encore applicable ici. Les coupes ainsi
faites ne sont plus des coupes de taillis : ce sont des
coupes d'amélioration ou des coupes préparatoires ; |
tandis que les méthodes de transformation que nous
étudions en ce moment, sont basées sur la continua-
tion des coupes de taillis traditionnelles et dans les-
quelles, par conséquent, le taillis ne doit pas être
sacrifié complétement à la futaie. :
Extraction des vieilles réserves. — Assurément,
c’est une règle très-raisonnable en théorie que celle
qui autorise à enlever les vieux arbres dans les
affectations, conservées temporairement en taillis,
toutes les fois qu'ils paraîtraient hors d’état de
rester sur pied, sans dépérir, jusqu’à l’époque où
366 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ces affectations arriveront en tour de régénération
en futaie; mais cette règle .est pleine de dangers :
D'abord, il ne faut point se dissimuler que tant
qu’un peuplement continue à être traité en taillis, sa
conversion reste douteuse, et que ce n’est point parce
qu’elle figure sur le papier qu'on doit la regarder
comme assurée. Les flots et les destins sont chan-
geants ; les plans d'exploitation le sont aussi, et il
est prudent de prévoir le cas où la conversion, bien
qu’ordonnée par un décret, ne serait point exécutée;
or, dans ce cas, si l’on avait dépouillé cette affectation
de toutes les vieilles réserves ; au lieu d'un taillis
composé susceptible de fournir des produits à l’in-
dustrie, on n'aurait plus qu’un taillis simple. Ensuite,
on doit se rappeler que c’est surtout en utilisant les
semences qui tombent en abondance des vieux
arbres, qu’on peut maintenir les taillis dans un bon
état de consistance et de vitalité. Je pense donc qu'il
convient de ménager beaucoup ces vieux arbres, tout
en reconnaissant qu’on peut en extraire d'autant plus
que l’affectation, dont ils font partie, est moins près
d’être régénérée en futaie.
ET RE
nor SA) ét nt 2 85 À dat RS OR SCC CR ds
.
. DU PLAN D'EXPLOITATION. 367
Su;
Règlement général des exploitations d’un taillis composé régulier et
complet à conver.ir, lorsqu'on adopte une révolution gone et
que la conversion est graduelle.
Si les observations contenues dans le paragraphe
précédent sont justes, il en découle qu’on doit poser
_ comme principes fondamentaux de la transformation
d’un:taillis sous futaie complet et régulier, en futaie
pleine : n' +
. 4°. La préparation des peuplements pendant assez
longtemps, pour que le taïllis puisse concourir au
_réensemencement naturel, et soit hors d'état de reje-
ter abondamment par la souche ;
2 La limitation de l’ancien mode d'exploitation
en taillis, aux peuplements qui ne seraient pas sus-
ceptibles de rester sur pied, sans dépérir, jusqu'à
l'époque fixée pour leur régénération en futaie dans
la révolution principale, et qu’on ne pourrait avant
cette époque remplacer par des brins de semence,
sans occasionner de trop fortes pertes d’accroisse-
ment ; |
3° L'exploitation du taillis à un âge qui ne soit
pas. inférieur à celui qui avait été adopté jus-
qu’alors, et qui permette dans tous les cas de trou-
ver dans cetaillis les éléments d’un balivage satis- .
faisant ;
h° Le maintien de la futaie sur taillis dans un
Tu
*
3ç8 * AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
état normal, c’est-à-dire dans un état de richesse
aussi grend que le comportent les exigences de la
reproduction et de la végétation du sous-bois.
Le premier de ces principes implique l’adoption
d’une révolution préparatoire dont la durée sera
. d’autant plus longue, que l’âge des bois dans les
affectations à régénérer les premières, sera moins
avancé : il n’est pas indispensable, mais il peut-être
utile, comme mesure d'ordre, que cette révolution
soit un multiple de la période de la révolution prin-
cipale. s
En ce qui concèrne le deuxième principe, il sem-
blerait au premier abord que s'il y a une affecta-
tion que l’on puisse à coup sûr, sans s’écarter
de ce principe, continuer d'exploiter en taillis,
c'est bien la dernière; cependant, en y réfléchis-
sant, on voit qu'il y a un moyen de la rajeunir
qui est préférable : c’est de la régénérer en futaie en
même temps que la première affectation’, et après
l'avoir préparée comme elle pendant la révolution
préparatoire. À l’époque où la dernière affectation
arrivera de nouveau en tour de régénération, c’est-à-
dire à la fin de la première révolution principale, elle
n'aura pas encore atteint, il est vrai, l’âge correspon-
dant à la durée de cette révolution ; mais il est présu-
mable que, malgré la perte qui s’ensuivra, les pro-
duits seront encore plus considérables que ceux qu'on
obtiendrait des coupes de taillis. Ainsi je suis d'avis
que ces coupes de taillis doivent être arrêtées dans la
première et dans la dernière affectation d’abord:
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DU PLAN D'EXPLOITATION: * 369
- »
site dans la deuxième, et j'irai: mndirie à Pau
. proposer d'y renoncer aussi dans la troisième, attendu
qu'il est sage de ne pas oeobanE “db sacrifices en
vue d’un très-grand bien. : ;
: Pour se conformer au troisième principe, sans se
‘mettre dans la nécessité d'interrompre les coupes de :
taillis dès le début de la transformation, il faut que
la troisième affectation en contienne d'exploitables, et
je n’y vois pas d'inconvénient , lorsque cela peut se
faire sans ‘contrarier les règles d’assiette.
Quant au quatrième principe, il est toujours
applicable, quelles que soient les combinaisons adop-
tées, et je me borne à dire que la conservation des
vieilles réserves est d'autant plus utile dans une
affectation, que celle-ci est plus près de son tour de
régénération.
L'application de ces quatre principes étant ainsi
précisée, la formation du règlement général d’exploi-
tation, soit pendant la révolution préparatoire, soit
pendant la première révolution principale, n'exige
plus'aucun éclaircissement et je prie encore le lecteur
dese reporter pour le cadre à prendre aux pages
_ 318 et 323.
La méthode que je recommande ‘ est donc une :
transaction entre l’ancien système qui arrêtait immé-
‘ diatement les coupes de taillis sur toute l’étendue de
| 4: Ce’‘système est exposé avec béaucoup de clarté dans un
article des Annales forestières (tome If}, article qui est le point
de départ de toutes les conceptions qui ont'été basées depuis sur
la continuation des coupes de taillis.
2h
370 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
la forêt et le nouveau système également radical, en
sens contraire, qui ne les arrête que successivement,
lorsque les peuplements arrivent en tour de régéné-
ration dans la révolution principale ; mais-elle se
rapproche beaucoup plus du premier que du second,
puisqu'elle tend, comme le premier, à utiliser autant
que possible les peuplements existants, pour la régé-
nération naturelle, tandis que le second système fai
peu de cas des ressources qu'on en pourrait tirer
sous ce rapport ‘.
Il est incontestable qu’au point de vue éultral,
la substitution des,-repeuplements artificiels, aux
repeuplements naturels est regrettable. Les exigences
du rapport soutenu et l’avantage d’une création plus
rapide des classes d'âge qui constituent une forêt
normale, ne la justifieraient pas suffisamment à mes
veux; et d’ailleurs, puisque la méthode mixte de
transformation que nous avons examinée en dernier,
tient compte dans la mesure du possible, et de ces
exigences, et de cet avantage, il ne saurait y avoir
d'hésitation à l’adopter. Comme celles qui ont été
_ décrites auparavant, cette dernière méthode repose
sur la supposition que le taillis composé à convertir,
contient non-seulement de nombreuses réserves, mais-
encore un sous-bois vivace, riche en essences de
bonne qualité, complet, susceptible de coopérer tôt
4. M. Puton, professeur à l’École forestière de Nancy, a fort
bien expliqué et justifié cette méthode, qu’il appelle la méthode
mixte dans son livre sur l’aménagement des forêts. (Rothschild,
éditeur )
se 4
"1j 24 Or te |
< 4
DU PLAN D'EXPLOITATION. 371
ou tard, dans une forte proportion, à la régénération
de la forêt par les semences. C’est cette dernière
circonstance qui motive surtout les coupes prépara-
toires et la cessation la plus prompte possible des
coupes de taillis. Lorsqu'elle fait défaut, les coupes
préparatoires n’ont plus autant de raison d'être, et ce
n'est plus dans le même but que l’on supprime les
coupes de taillis. Or, tous nos taillis sous futaie ne
se trouvent pas dans des conditions satisfaisantes au
double point de vue de la consistance de la réserve
et de celle du sous-bois. L'application des combinai-
sons dont j'ai décrit le mécanisme rencontre donc
souvent des exceptions. Je vais en examiner quel-
ques-unes :
$ 5.
Rè lement général des exploitations lorsque les taillis à convertir
sont. irréguliers et incomplets.
-J'appelle irréguliers les taillis composés qui s’éloi-
gnent de l’état normal, soit parce que les réserves
en chêne et en hêtres de toute catégorie, n’y sont
point également réparties, soit parce que le sous-bois
y est principalement formé d’essences secondaires.
Ces taillis peuvent être complets ou incomplets + com-
plets, quand ils ne présentent ni vides, ni clairières, ni
peuplements ruinés ; RTE sv ils en pré-
sentent. | ë
Supposons que l’on ait à convertir un taillis com-
—
372 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
posé complet, mais dans lequel il y a les anomalies
suivantes : :
Les réserves en essences d'élite, assez RATER
dans quelques parcelles, sont rares dans les autres.
Le taillis dont le charme et les bois blancs forment les
essences presque exclusives, .surtout dans les coupes
les plus âgées, sont. garnies dans les jeunes, et en
assez grande quantité, de brins de hêtre et de chène
qu'on pourrait encore sauver, en les dégageant des
rejets qui les dominent. Le sol est d’ailleurs ns
de bonne qualité.
En présence de cette situation, c'est surtout d'a-
près l’âge et le nombre des réserves que contiennent
les parcelles que l'on se sera guidé, toute satisfaction
ayant été d’ailleurs donnée aux règles d’assiette,
pour composer les affectations, et, par conséquent, on
aura mis dans la première affectation les parties les
plus riches en vieux arbres. Les jeunes coupes où il y a
beaucoup de brins de hêtre et de chêne auront été
placées autant que possible dans la dernière, et les
autres coupes formeront les affectations intermé-
diaires.
Les affectations étant ainsi constituées, on adop-
tera une révolution préparatoire juste assez longue
pour qu'à son expiration l’on puisse, avec les taillis
de charme et de bois blancs de la première affecta-
tion, faire de bonnes coupes d’abri; et tandis qu’on se
bornera jusque-là à exécuter dans cette affectation
des coupes préparatoires, on s'efforcera de. déga-
ger, au moyen de nettoiements fréquents, les brins de
DU PLAN D'EXPLOITATION. 373
chêne et de hêtre de la dernière, et on continuera
de couper en taillis les autres affectations en commen-
çant par la deuxième. Il n’y aurait en effet aucun
avantage pour la régénération naturelle à soumettre
immédiatement les affectations intermédiaires à des
coupes-préparatoires, puisque l’on n’attend rien pour
le repeuplement, des semences que pourraient donner
les taillis qui les composent ; on aura le temps de
préparer la deuxième affectation pendant qu’on ré-
générera la première.
Si les réserves étaient partout sites: à mais
agées, les autres conditions restant les mêmes, on ne
mettrait encore en préparation que la première affec-
tation; mais il faudrait repéter les nettoiements dans
_ lesautres et surtout dans les dernières très-fréquem-
ment, ety conserver tous les brins d'essences d'élite,
dût-on entraver la reproduction des rejets, compro-
mettre par conséquent la conservation du taillis, et
se condamner à raccourcir la durée de la première
révolution principale; l'essentiel serait, d'utiliser les
réserves avant leur complet dépérissement : ces réser-
ves ne seraient abattues que lorsquelles menaceraient.
de tomber de vétusté, ou lorsqu'elles surmonteraient
de jeunes semis.
Si, au lieu d'un. taillis exclusivement composé
d’'essences secondaires, on avait un taillis dans lequel
ces essences seraient entremêlées de. bois précieux
dominants par place ; alors il conviendrait, pendant
qu'on préparerait la première affectation et qu’on déga-
gerait les jeunes brins dans la.dernière, de préparer
«“
37à AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
aussi la deuxième, et peut-être même la troisième,
ce qui n'empêcherait pas quand on y rencontrerait
des taches de bois blancs à l’état pur, de receper à
blanc étoc ces bois blancs, toutes les fois qu’il ne
pourraient restér sur pied jusqu'à l’époque où
l'affectation dont ils feraient parlie arriverait en tour
de régénération. Ce recepage, qui ne serait qu'un pis
aller, n’autoriserait pas à dire qu'il faut continuer
le taillis dans ces affectations-là.
Supposons maintenant que l’on ait à convertir un
taillis sous futaie irrégulier et incomplet en ce sens,
qu’indépendamment de la mauvaise qualité des essen-
ces sur beaucoup de points, il présente des lacunes,
des vides, des peuplements sans avenir. Ici, de nom-
breuses mais vieilles réserves recouvrent des cépées
de bois blancs clair-plantées ; là, le taillis est assez
serré et riche en bois durs, mais les souches sont
usées, et les réserves font défaut; enfin, sur la plus
grande étendue il n’y a que des vides, des clairières
et des broussailles sur un sol appauvri.
Où voit tout de suite que la transformation d’une
telle forêt n’exige pas de révolution préparatoire : il
faut se servir sans délai des vieux arbres pour la
régénération naturelle, se préoccuper d'utiliser les
taillis de bois durs dans le même but, et donner le
_plus tôt possible au sol des parties ruinées, un couvert
qui lui rende la fertilité qu’il a perdue. On assignera
en conséquence le n° 4 à l’affectation la plus riche
en réserves, et on y prescrira immédiatement des
coupes de régéneration avec enlèvement des bois
DU PLAN D'EXPLOITATION. 375
blancs par extraction de souches. Les taillis de bois
durs placés dans la deuxième et, s’il y à lieu, la troi-
sième affectation, seront améliorés pendant la pre-
mière . période, par les moyens qu'on jugera les plus
convenables; les vides, les clairières, les broussaiiles,
rejetés dans les dernières affectations, seront les uns
repeuplés, les autres complétées ou régénérées avec
des essences peu exigeantes et choisies en vue plutôt
d'améliorer le terrain que de se procurer des pro-
duits. Les coupes de taillis arrêtées partout, seront
remplacées par des recepages qui marcheront d’au-
tant plus vite, que les moyens d'action dont on dis-
posera pour les repeuplements artificiels, seront plus
énergiques ; car les rapailles elles-mêmes ne devront
être coupées, que lorsqu'on sera en mesure de les
remplacer par un couvert plus utile. dé,
Je pourrais faire beaucoup d’autres hypothèses
qui motiveraient aussi des exceptions aux règles
que j'ai posées, mais je ne le crois pas nécessaire.
J'en ai dit assez pour montrer que dans la transfor-
mation d'un taillis irrégulier et incomplet en futaie
pleine, les dispositions à prendre dépendent surtout
du nombre, de l’âge, de l'état et de la répartition
des réserves; que le sous-bois a généralement peu
d'influence à ce sujet, et que son exploitation doit
être subordonnée complétement aux exigences de
amélioration du sol et à celle de la propagation des
essences d'élite. On voit donc que le succès de l'opé-
ration repose beaucoup moins sur l’habileté des agents
aménagistes, que sur celle dessus d'exécution.
376 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
En résumé, dans les conversions des taillis compo-
sés, comme dans les aménagements des futaies irré-
gulières en futaies pleines, le but que l’on se propose
étant de créer les classe d'âge indispensables, pour
que l’on puisse retirer d’une forêt le rapport annuel
le plus avantageux, il importe tout d'abord, dans
un cas comme dans l’autre, d’assigner à ces classes
d'âge la place qu’elles occuperont plus tard; puis,
les affectations étant déterminées, on doit chercher
à régler leur exploitation de manière à accélérer
autant que faire se pourra la régénération de la pre-
mière affectation, et à accumuler dans les autres
affectations, pour l’époque à laquelle elles arriveront
en tour d’exploitation principale, le plus d'éléments
possible de régénération naturelle. D
Qu'on s’occupe en outre à retirer d'ici là le ns
grand produit de ces affectations, -rien de plus légi-
time, pourvu que le résultat essentiel à poursuivre ne
soit pas compromis, et c’est dans cette condition que
réside la difficulté de la transformation.
Les procédés de culture à appliquer aux’affecta-
tions, en attendant que leur tour de régénération en
futaie soit arrivé, sont uniformes dans les forêts régu-
lières : il n'y a que des nettoiements ou des éclaircies.
à faire. Dans les taillis composés en conversion,
surtout lorsque ces taillis sont irréguliers, ces procé-
dés sont variables et multiples : suivant les circon=
stances, on peut avoir à faire une coupe de taillis,
un recepage, une substitution d'essence, un net-
toiement, une éclaircie, une coupe préparatoire, une
DU PLAN D'EXPLOITATION. 377
simple extraction de vieux arbres. Mais cette diffé-
_ renceentre le traitement d’une forêt régulière et celui
d’un taillis sous futaie en conversion, quelles que
soient la consistance et la composition de ce dernier,
ne change rien aux dispositions essentielles du plan
d'exploitation et à la forme des tableaux qui le résu-
ment. Ces tableaux, dont on a vu lesmodèles pages 318
et 323, peuvent servir à tous les cas. Toutes les fois
qu'une aflectation devra être exploitée systématique-
ment en taillis pendant une ou plusieurs périodes, on
la fera figurer, sur le tableau général, dans la colonne
des coupes de taillis. Toutes les fois au contraire qu’elle
ne devra être exploitée en taillis qu’exceptionnelle-
ment. et. incomplétement; que ce mode ne sera:
qu'un pis aller, un expédient auquel il serait possible
et désirable qu'on ne füt point obligé de recourir,
on ne fera pas de distinction entre elle et les parcelles
qui devront’ être améliorées, et on l’inscrira dans la
colonne des coupes d'amélioration, afin d'éviter de lui
* donner une destination qui pourrait être démentie
par les circonstances. On se bornera à indiquer dans
la colonne d'observations le traitement: dont il y a
probabilité qu'elle devra être l’objet. Rien de plus
simple, n'est-ce pas? mais cependant pour qu’il ny
eût aucune confusion dans le tableau des exploita-
tions ét que le roulement des coupes de diverses
natures s'y reconnût, s’y distinguât clairement, il
faudrait que la durée de la rotation pour, chaque
catégorie de coupes, fût une partie aliquote de la
période. Or il est difficile que cette condition puisse
378 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
être réalisée pour toutes les coupes, et qu’une rotation
ne soit pas à cheval sur deux périodes. L'important
est que cette irrégularité n'existe pas pour les coupes
“les plus essentielles et surtout pour celles de taillis.
Nous ‘avons déjà reconnu qe lorsque, cas très-
rare d’ailleurs, il était possible et il convenait de
former une série de coupes de taillis par affectation,
on ne pouvait guère se dispenser de donner à la
période une durée au moins égale à la révolution du
taillis. Lorsqu'on ne cherche point à former une série
de coupes de taillis par affectation, l'utilité d’avoir une
correspondance complète entre la durée de la période
et la périodicité des coupes de taillis est moindre;
mais il convient alors, sous peine de n’éviter une
confusion que pour tomber dans une autre, d’exploi-
ter les coupes de taillis à un âge qui soit divisible
par le nombre des affectations dans lesquelles ces
coupes seront assises. Dans tous les cas, on se rap-
pellera que la durée de la période normale ne doit être
subordonnée qu'aux exigences de la régénération en
futaie qui en sont la raison d’être, et qu'il y aurait .
de grands inconvénients à ce qu’on s’écartät de cette
règle sans modération; de sorte que si le taillis devait
êlre coupé à 36 ans, tandis que la période, eu égard
aux exigences de la régénération, ne devrait embras-
ser. que 80 ans, il serait tout à fait irrationnel, pour
satisfaire à. de pures et temporaires convenances de
forme, de porter la période à 36-ans.
Ces principes trouvent leur application quand on
dresse le tableau des exploitations à faire pendant la
DU PLAN D'EXPLOITATION. 379
révolution principale. En ce qui concerne le tableau
des exploitations pendant la révolution préparatoire,
les mêmes difficultés ne se rencontrent pas, puisqu'il
n'y à à faire que des coupes par contenance et que la
périodicité de ces coupes est la seule circonstanée -
qu'il y ait à considérer, quand il y a lieu de
partager la révolution en un certain sièhes de sub-
divisions.
ARTICLE IV.
RÈGEEMENT SPÉCIAL DES EXPLOITATIONS PENDANT LA PREMIÈRE
PÉRIODF, QUELLE QUE SOIT
Li péusee ADOPTÉE POUR LA TRANSFORMATION.
… Si le règlement général des exploitations par
période est plus ou moins compliqué et exige -des
explications particulières, suivant l’état des peuple-
. meniset la rapidité que l’on veut imprimer-à la con-
version,.il n'en est pas de même du règlement spécial
qu'il est nécessaire de dresser pour les coupes à faire
dans le cours de la première période, soit de la
révolution préparatoire, soit de la révolution princi-.
pale quand il n’y a pas de révolution préparatoire,
Le règlement pour les coupes de régénération
doit être basé sur le volume, toutes les fois que le
matériel existant dans l'affectation à régénérer, es
susceptible d'être cubé avecune exactitude suffisante;
parce qu'alors il n'y a aucune différence à établir:
+
Ë
380 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
entre la forêt à transformer et une futaie irrégulière
quelconque à aménager. Il est au contraire basé sur
la contenance, lorsque ledit matériel se compose de
rejets ou de brins de très-faibles dimensions dont on
ne pourrait faire le cubage avec une suffisante exac-
titude, sans y consacrer beaucoup de temps et des
soins minutieux. Dans ce dernier cas, d’ailleurs, la
régénération devant avoir lieu en grande partie arti-
ficiellement, il est possible d'imprimer à cette régé-
nération, sans la compromettre, une marche régulière
de proche en proche; mais dans aucune circonstance,
on ne doit combiner la possibilité par volume avec
celle par contenance, car elles sont véritablement
inconciliables. Si donc on adopte la possibilité par
volume, alors il n’y a pas de distinction à faire entre
les coupes de régénération : elles prennent chacune,
chaque année, une part plus ou meins forte de la
possibilité, suivant l'état des peuplements. Si au
contraire on adopte la possibilité par contenance;
comme elle n’est évidemment applicable qu'aux
coupes d’ensemencement, les bois qui restent après
ces coupes doivent être considérés comme étant en
dehors de la possibilité, et c’est aux agents locaux
qu’il appartient d’en proposer l'extraction, sans s’as-
treindre à aucune règle prévue d'avance, là où le
besoin s’en fait sentir. On comprend bien, en effet,
que l’on ne pourrait prescrire de revenir à des
époques fixes, par forme de coupes secondaires ou
de coupes définitives, sur les coupes d'ensemence-
ment précédemment faites, sans s’exposer à entraver
En de 277
4 ge
.DU PLAN D'EXPLOITATION. 381
la régénération ou le développement des ‘jeunes
plants; car on ne saurait prévoir à quelle époque et
sur quelle étendue le repeuplement s’eflectuera dans
une coupe donnée. Tout ce qu'on peut faire utile-
ment, c'est d'ordonner aux agenis d'exécution de
proposer le repeuplement artificiel de tout ou partie
d’une parcelle si, un certain nombre d'années après
la coupe d'ensemencement, elle n'était pas repeu-
Je connais des aménagements dans lesquels la
possibilité, pour l’ensemble des coupes de régénéra-
tion, ayant été fixée. par volume, on a cru pouvoir
néanmoins régler les coupes d'ensemencement par
. contenance. Ce système reposait sur l'hypothèse que
le volume de la coupe d’ensemencement, ainsi déli- -
mitée, ne s’élèverait jamais au-dessus du chiffre de
la possibilité. Or cette hypothèse gratuite ne s’est pas
toujours vérifiée et les agents d'exécution se sont
trouvés dès lors dans l’alternative :ou de dépasser le
chiffre de la possibilité, ou de donner à la coupe d’en-
semencement une étendue moins grande. que celle
qui avait été fixée. En outre, il s’est présenté souvent
* des cas où il était plus urgent de faire une coupe
secondaire ou définitive qu’une nouvelle coupe d'ense-
mencement, et cependant il y avait obligation de pro-
céder à celle-ci pour obéir aux prescriptions de
l'aménagement. Il faut donc, on le voit, adopter l’une
ou l’autre deS deux possibilités; mais ne pas cher-
cher à les faire marcher ensemble, car on n’y réussi-
rait pas.
382 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Quant aux coupes soit de taillis, soit d’éclaircie
de nettoiement ou de recépage, soit préparatoires, à
faire dans les autres affectations que celle qu’on
régénère, elles sont toujours basées sur la conte-
nance; cela ne fait pas question.
Nous avons reconnu, quand nous nous sommes
occupés du règlement spécial des exploitations à faire
dans la première période de la révolution applicable
aux forêts à régulariser, qu'il pouvait être utile de
dresser deux tableaux : l'un pour les coupes par
volume, l’autre pour les coupes par contenance. S'il
s’agit des conversions, ces deux tableaux sont encore
plus utiles, parce que les procédés de culture qu'im-
pliquent les conversions, sont plus variés. Ces tableaux
- ne présentent du reste que le développement des in-
dications du tableau général qui se rapportent à
la première rotation de la révolution préparatoire ou
à la première période de la révolution principale
quand il n’y a pas de révolution préparatoire , et on
en retrouvera les modèles aux pages 322 et 323 de
ce volume.
QUATRIÈME ÉTUDE.
DE LA DIVISION D' UNE FORÊT EN MASSES,
EN SECTIONS, EN SÉRIES,
DES AMÉLIORATIONS, DE LA RÉDACTION
DU PROJET D'AMÉNAGEMENT, DE L'APFLICATION
ET DU CONTROLE.
LA
CHAPITRE PREMIER.
DES MASSES, DES SECTIONS, DES SÉRIES.
ARTICLE PREMIER. %
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
La science de l'aménagement serait une science
difficile à comprendre, si l’on voulait approfondir
dans tous leurs détails, au fur et à mesure qu’elles se .
présentent, les différentes questions dont elle riche
l'examen.
Je me suis appliqué, dans ces études, à dégager
les principes fondamentaux, des objets secondaires
qui auraient pu en compliquer la démonstration, ‘et
en rendre l'intelligence laborieuse. J'ai réduit ces
384 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
principes à leur plus simple expression, dans la pen-
sée que c'était le meilleur moyen pour faire saisir au
lecteur les rapports qui les lient. Mon but était sur-
tout de mettre en relief l’enchaînement logique des
opérations que j'avais à exposer; de montrer comment
elles se commandent successivement l’une l’autre; et
je crois que si j'avais atteint ce but, j'aurais répondu
à tout ce que l’on peut exiger d’un travail qui est
plutôt un programme qu'un traité sur la matière.
Ces observations préliminaires expliquent pour-
quoi j'ai fait imprimer l'étude sur le partage de la
forêt en masses, en seclions, et en Séries, après les
autres.
C'est que ce partage, malgré son importance
dans la pratique, est, au point de vue de la théorie,
un de ces objets secondaires, qu’il n’est pas indispen-
sable de connaître pour comprendre le mécanisme de
l'aménagement.
” J'entends par masse une partie de forêt qui, à
priori, sans qu'il soit besoin d’une reconnaissance
préalable, à raison de sa grande étendue, de sa
situation topographique, de ses débouchés, peut
être considérée comme indépendante du surplus.
Quand une vaste forêt, comme celle d'Orléans par
exemple, présente plusieurs parties dans ces condi-
tions-là, il convient tout d’abord de la diviser en
autant de masses distinctes que l’on envisage comme
des forêts à part; mais cette division dont les bases
sont évidentes par elles-mêmes, ne réclame aucun
développement et je n’en parlerai pas davantage.
DES SÉRIES. 385
= On entend par section une partie de forêt ou
_ de masse qui se distingue du surplus par le mode
d'exploitation (taillis, futaie régulière, futaie jardi-
née etc.), auquel elle doit être soumise. Pour savoir
combien il y a lieu de former de sections dans une
forêt, il faut en avoir fait une reconnaissance générale.
Cependant, ici encore, les principes d’après lesquels
on se règle dans le partage d’une forêt ou d’une masse
en sections, sont trop simples pour qu'il soit néces-
. saire de nous y arrêter.
Enfin, on entend par série, une partie de forèt,
de masse ou de section, destinée à être soumise à un
plan spécial d'exploitation et à fournir par conséquent
une suite de coupes annuelles.
La division d’une forêt en séries est une opéra-
tion souvent désirable, quelquefois nécessaire, mais
qui, dans certains cas, pourrait avoir des inconvé-
nients.
D
ARTICLE Il. “i
CIRCONSTANCES QUI SONT CONTRAIRES A LA DIVISION
D'UNE FORÊT EN SÉRIES.
+ 0
S CEA
Impossibilité de former des séries compactes, indépendantes
l’une de Fautre.
… La division d’une forêt en séries présenterait des
inconvénients, si les diverses classes d’âge de cette
25
386 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
forêt étaient distribuées de façon qu'on ne pût, sans
déroger aux règles, aux principes qui doivent prési-
der à la formation des affectations, constituer des
séries compactes, faciles à distinguer les unes des
autres. ras |
Supposons, par exemple, une forêt composée de
la manière suivante :
La classe des bois exploitables comprend cinq
parcelles a, b, ce, d, e, dontles trois premières a,b,c,
contiguës et situées à l’extrémité nord de la forêt,
sont séparées des deux dernières d, e, également
contiguës, et situées à l’extrémité sud, par des par-
celles appartenant à d’autres classes d'âge.
Si l’on voulait établir deux séries dans cette forêt,
il faudrait, dans le cas où les deux parcelles d'ete ne
seraient pas assez grandes pour compléter la pre-
mière affectation de l’une de ces séries, y ajouter une
partie des parcelles a, b, c. Chaque série ne forme-
“rait pas une masse compacte. On serait exposé à
confondre les exploitations de l’une avec celles de
l’autre; la régularité des opérations et l'efficacité de
la surveillance seraient compromises; et ce, sans
aucune compensation.
$ 2
Étendue trop petite de la forêt.
La division d’une forêt en séries présenterait des
inconvénients, si l'étendue de cette forêt n'était pas
LS
DES SÉRIES. VE 387
assez grande, pour que celle de chaque série com-
portât une coupe annuelle qui pût se concilier avec
l'intérêt de la reproduetion, celui de la surveillance
et l’économie des exploitations.
Ainsi, pour ce qui concerne la reproduction, il est
clair qu'une coupe d’une contenance donnée, soit
dans les taillis, soit dans les futaies, aurait moins à
souffrir du couvert des arbres voisins, que deux ou
plusieurs coupes séparées, contenant ensemble le
même nombre d'hectares, puisque ce couvert s'éten-
drait sur une surface relativement moins grande dans
la première que dans les autres.
Quant à la surveillance, la multiplicité des exploi-
tations en augmente naturellement les difficultés.
Enfin, au point de vue économique, si la mise en
vente de coupes trop considérables a l'inconvénient
de restreindre le nombre des adjudicataires qui peu-
vent y prétendre, il est, d'un autre côté, à remarquer
que l'exploitation d’une coupe donne lieu à des frais
généraux, indépendants de la quantité de bois à
abattre, et qu'il importe beaucoup, tant dans l'intérêt
du trésor que dans celui des adjudicataires, de ne pas
multiplier ces frais sans nécessité.
$ 3.
Exigences de l'assiette et de la vidange des coupes.
La division d’une forêt en séries présente des
inconvénients, lorsqu'elle est inconciliable avec l'ap-
388 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
plication des règles sur l'assiette et la vidange des
coupes. |
Si on ne pouvait, par exemple, d'après la posi-
tion respective des classes d'âge, composer deux
séries qu’en les superposant sur une rampe escarpée,
qui ne permettrait pas d'établir des moyens spéciaux
de vidange pour la série supérieure, on manquerait
évidemment de l’une des conditions nécessaires pour
une utile distribution en séries.
ARTICLE III.
CIRCONSTANCES QUI RENDENT AVANTAGEUSE OU NÉCESSAIRE
LA DIVISION D’UNE FORÊT EN SÉRIES.
S Aer,
Diversité des modes d'exploitation.
Le mode d'exploitation adopté pour certaines
parcelles de la forêt à aménager, peut ne pas être
applicable à d’autres; or, de même qu’il n’est pas
absolument défendu de comprendre dans une seule
série d’exploitation, des parcelles exploitables à des
âges différents ; de même il est permis, à la rigueur,
d'y comprendre des parcelles dont les modes de
traitement ne seraient pas semblables, lorsque ces
modes sont d’ailleurs réguliers ; mais il est évident
qu'on ne doit s’y résoudre qu’en cas de nécessité
bien démontrée, car la diversité des modes d’exploi-
DES SÉRIES. "389
tation est difficilement conciliable avec les règles sur
l'assiette des nee et l'établissement du pe je
soutenu. -
Lorsque des différences dans les modes de trai-
tement des parcelles qui composent une forêt sont
inévitables, il est donc désirable qu’on puisse obvier
aux inconvénients de tous genres qu'elles seraient
susceptibles d'entraîner, au moyen de la constitution
d'autant de séries qu’il y a de modes particuliers.
La division d’une forêt en séries devient absolu-
ment nécessaire quand cette forêt renferme des bois
exploitables, les uns en futaie régulière, les autres
en futaie jardinée. On ne conçoit, en effet, aucun
moyen de concilier les exigences de l'aménagement
avec celles qui sont inhérentes à la dernière e ces
méthodes. :
$ 2. +
__ Diversité des âges d’exploitabilité.
: Des considérations analogues à celles que je viens
d'exposer, à propos du mode d’exploitation, sont .
applicables à une forêt composée de parcelles dont .
l’exploitabilité ne serait pas la même.
$ 3.
Morcellement des classes d'ège.
Lorsqu'une forêt est très-vaste d’une part, et que
390 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
de l’autre, les parcelles comprises dans une même
classe d’âge n’y sont pas toutes attenantes les unes
aux autres, on pourrait se trouver dans l’obligation
de scinder une ou plusieurs affectations, afin d'éviter
de couper des bois à un âge trop éloigné de celui de.
leur exploitabilité, si l’on n'avait pas recours à la
division de la forêt en séries. |
Dans la forêt F, la classe des bois de 4 à 20 ans
comprend des massifs situés, les uns à l'extrémité
nord-est de la forêt, les autres à l’extrémité sud-ouest.
Si l’on ne voulait établir qu’une série d'exploitation
dans cette forêt, la dernière affectation se compose-
rait de deux parties fort éloignées l’une de l’autre.
Or, quoiqu'un morcellement de ce genre soit quel-
quefois admissible, il ne l’est cependant jamais sans
inconvénients, et il est bon de l’éviter autant que
possible. Au cas particulier, le partage de la forêt
en deux séries distinctes l’èverait l'embarras.
Les séries donnent donc les moyens de masser
les affectations et rendent, par conséquent, plus
facile l'application des règles sur l’assiette des coupes.
$ 4.
Exigences du rapport soutenu.
Une autre difficulté, et des plus graves, que les
séries permettent de surmonter, dans la formation du
plan d’exploitation, c’est celle qui résulte, pour
. DES SÉRIES,. | 391
l'établissement du rapport soutenu, des différences
qu’on rencontre dans les conditions de la végétation.
Nous savons que pour assurer le rapport sou-
tenu lorsque ces différences tendent à le compro-
mettre, on à imaginé de rendre les contenances des
affectations inversement proportionnelles à leur puis-
sance productive; mais nous savons aussi que cette
opération est fort embarrassante et fort incertaine, à
cause de l'insuffisance des données nécessaires pour
la fixation des coefficients de production. ,
Il est donc très-désirable que l’on puisse se dis-
penser de recourir à ces coeflicients et à ces conte-
pances proportionnelles. Or les séries sont de nature à
leur enlever tout objet et par conséquent toute utilité.
Que l’on admette la possibilité de former autant de
séries qu’il y aurait de différences dans les conditions
de végétation relatives au sol, à l'exposition, aux
essences, etc., etc., et le produit de chaque affecta-
tion devenant directement proportionnel à la conte-
nance, le rapport soutenu sera assuré par l'égalité
des contenances.
C'est surtout à ce point de vue que la division
d’une forêt en $ries est recommandable.
En effet, où sont les chances d’erreur dans la :
fixation des coefficients de production ?
Elles ne sont pas dans la constatation de ce fait
qu'il y a des différences dans les conditions de la végé-
tation; elles sont dans l’appréciation, dans la détermi-
nation des effets que ces différences sont suscepti-
bles de produire ; or, pour le partage de la forêt en
#
392 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
séries, cette appréciation, cette détermination exacte
est sans utilité ; on forme par exemple une série avec
les peuplements exposés au sud, une autre série avec
les peuplements exposés au nord, parce qu'il est
incontestable que l'exposition exerce une grande
influence sur la végétation et en conséquence sur la
production, et cela suffit. Il n’est pas nécessaire
d’ailleurs de préciser cette influence, d'en calculer
le résultat matériel.
$ 5.
Application, contrèle et rectification de l’aménagement.
Les erreurs d’assiette sont plus à craindre et plus
graves dans une grande affectation que dans une
petite. Les outre-passes de possibilité sont plus fa-
ciles à constater pour la seconde que pour la première.
On pourrait marcher plusieurs années dans une affec-
tation de 1000 hectares par exemple, sans soup-
çonner qu'on y prend plus de bois que n’en comporte
la possibilité réelle, tandis que si l'affectation n’a
qu’une soixantaine d'hectares et qu les coupes y
soient exagérées, un œil tant soit peu exercé ne tar-
dera pas à le reconnaitre.
La rectification de l'aménagement est ef in plus
prompte dans une forêt, lorsqu'elle contient plusieurs
séries que lorsqu'elle n’en contient qu'une; car il se
peut, dans le premier cas, que cette rectification
n’affecte qu’une série, et n’entraîne par conséquent
DES SÉRIES. 393
Je remaniement de l'aménagement que pour une por-
tion de la forêt ; tandis que, dans le second, c’est
pour la forêt tout entière que l'aménagement est à
remanier. Il en est des séries comme des arches d'un
pont: un vice de construction, lorsqu'il y a plusieurs
arches, peut n’occasionner la reconstruction que
d'une partie du pont, tandis que lorsqu'il n’y a qu'une
arche, on est souvent forcé de refaire le pont en
entier. ü
On voit par ces exemples que la division d’une
forêt en séries est propre à assurer l'application, le
contrôle de l'aménagement, et à en simplifier la rec-
tification.
Nous n'avons envisagé jusqu'ici que les circon-
stances qui concernent ou les conditions de la végéta-
tion, ou l’ordre intérieur de la forêt ; mais il peuts’en
présenter d’autres parmi lesquelles il y en a quel-
ques-unes qui méritent d’être signalées.
S 6.
Diminution des frais de transport des bois.
L
Le transport des produits pourrait être singuliè-
réement contrarié par la constitution de la forêt en
une seule série. Ainsi supposons que l’on ait à amé-
nager une forêt comme celle de Fontainebleau, dont
la contenance est de 16 à 17,000 hectares, ce qui
implique que, pour la traverser, il faut parcourir, en
394 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
moyenne, 12,000 mètres, il ne sera certainement
pas indifférent d’avoir une seule série d'exploitation,
ou d’en avoir plusieurs; car, dans un cas, les pro-
duits principaux ne seront offerts à la consommation
que sur un seul point, tandis que dans l’autre, ils le
seront sur plusieurs. -
J'admets que ces produits se partagent par por-
tions égales entre les populations environnantes, la
distance moyenne à parcourir pour qu'ils arrivent au
consommateur devra se compter, si l’on n’a qu'une
série, à partir du point central de la forêt, et s’il y
en a plusieurs, à partir du point central de chaque
série, c’est-à-dire d’un point plus rapproché du con-
sommateur, de toute la distance existant entre le
centre de la forêt et le centre de chaque série.
La division d’une forêt en plusieurs séries permet
donc de réaliser une économie sur les frais de trans-
port des produits.
$ 7.
Égalisation du prix de revient des bois aux lieux
de consommation.
La division d’une forêt en séries a en outre pour
effet, avantage non moins appréciable que le précé-
dent, de rendre, en multipliant les centres de
production et en les rapprochant des lieux de con-
sommation, le prix du bois moins väriable.
en nie à: 1 ados clettiebutent, sis ete pe Ars dé dé
but -medén) nent ét ee dd, a ed 7 dé tué à) dé
DES SÉRIES. :95
É
4
;
3
S
É
$ 8.
Besoins de la consommation en bois de diverses espèces.
LA
La formation des séries permet encore d'éviter
des intermittences dans la production des bois de
diverses espèces.
Lorsque l’industrie réclame des bois d’une nature
particulière, il vaut infiniment mieux les lui donner
chaque année, par petites portions, que périodique-
ment, à de longs intervalles, par grandes quantités.
Qu’elle ait besoin par exemple de bois propres à la
fabrication des sabots, si l’on n’avait pas soin de for-
mer une série d'exploitation avec les essences pro-
pres à cet usage, il pourrait s’écouler plusieurs années
sans qu’on eût occasion d’en exploiter, et le volume
considérable qu'on en couperait, de temps en temps,
ne réparerait pas le préjudice causé par les années
de privation, tant aux ouvriers qu'aux consomma-
teurs.
$ 9.
Droits d’usage.
La division d’une forêt en séries devient enfin
une nécessité, lorsque des droits d’usage portent sur
une portion déterminée de cette forêt ou réclament
des produits spéciaux, et cette nécessité est assez
396 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
évidente par elle-même pour que je puisse me dis-
penser de la justifier.
ARTICLE IV.
TABLEAU DES SÉRIES.
La série intervient en définitive comme agent sim-
plificateur dans les travaux d'aménagement, et le par-
tage d’une forêt en séries est une opération fonda-
mentale dont dépend en grande partie le succès de
ces travaux; aussi ne saurait-on y procéder avec
trop de maturité.
Lorsque les séries sont arrêtées, on en fixe les
limites sur le terrain et sur le plan, et on en dresse
le tableau conformément au modèle ci-joint.
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NOILVNDISYQ
CHAPITRE DEUXIÈME.
DES AMÉLIORATIONS.
ARTICLE PREMIER.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Toutes les réformes que comporte l'aménagement
d’une forêt ont pour but l’amélioration de cette forêt,
et, en conséquence, la formation du plan d’exploita-
tion lui-même devrait rigoureusement et logique-
ment être rangée parmi les améliorations et être
traitée dans la même étude. L'aménagement ne com-
prendrait alors que deux parties principales : l’une
pour la statistique, l’autre pour les améliorations.
J'ai cru devoir cependant consacrer une étude spé-
ciale au plan d’exploitation, parce que cet objet était
susceptible de longs développements et qu’en outre
il se distingue des autres améliorations, en ce sens
qu’il tend surtout à modifier, non pas les choses
elles-mêmes, mais la manière de les utiliser ; tandis
que les améliorations proprement dites portent prin-
cipalement, et souvent exclusivement, sur les choses |
Jus
DES AMÉLIORATIONS. 399
et sur les modifications qu'il serait utile d'y appor-
ter.
Eñ parcourant successivement tous les articles de
la statistique, on reconnaîtra facilement quels sont
les points sur lesquels des améliorations seraient
opportunes.
S'il résultait par exemple du cahier descriptif de
la statistique, que les limites sont en mauvais état,
on proposerait de les réparer, et on ferait connaître
la dépense que ce travail nécessiterait.
S'il était constaté que le gibier fait beaucoup de
tort à la forêt ou aux cultures environnantes, on indi-
querait les mesures à prendre pour y remédier.
Si le débit des bois exigeait l’etablissement de
nouvelles scieries, la réparation des anciennes, on
dresserait le devis de ces travaux.
Je ne saurais prévoir ici toutes les imperfections,
toutes les lacunes qui pourraient exister dans une fo-
rêt, et qui devraient faire l’objet de propositions spé-
ciales tendant à les réparer. Je me borneraï à donner
quelques courtes explications sur les travaux dont
- l'utilité est la plus grande et l’opportunité la plus fré-
quente. Ces travaux sont relatifs au sol, au peuple-
ment, aux moyens de vidange, à la conservation et.
à l’entretien de la forêt.
400 AMÉNAGEMENT :DES FORÊTS.
ARTICLE II.
AMÉLIORATIONS RELATIVES AU SOL.
Dans l’agriculture proprement dite, on améliore
le sol par divers moyens et principalement par les
amendements et les engrais artificiels. En sylvicul-
ture, les amendements et les engrais doivent être le
résultat de la culture elle-même; c’est l’humus qui
les constitue. Les expériences, très-peu nombreuses
d’ailleurs, qui ont été exécutées pour démontrer les
avantages de l’introduction dans les forêts de sub-
stances minérales particulières, ne paraissent con-
cluantes ni au point de vue cultural ni au point de
vue économique. On a essayé aussi de constater le
bon effet des irrigations sur les bois, et on a obtenu
de magnifiques résultats comme rapidité d’accrois-
sement; mais on ne connaît pas l'influence de ces
irrigations sur la qualité des arbres, et on n'a pas
non plus établi la balance entre le profit et les frais
de ce moyen artificiel d'amélioration qui, dans tous
les cas, ne saurait être praticable que très-exception-
nellement ‘.
Je pense donc qu’en ce qui concerne le sol, l’amé-
lioration la plus recommandable est en définitive
4. Il faudrait les multiplier. M. Chevandier a publié à ce
sujet, sur l'effet des irrigations et d’autres points importants
d'économie forestière, des mémoires intéressants, ‘que mes lec-
teurs connaissent sans doute.
DER PDT CT PS NT
DES AMÉLIORATIOXS. 401
l'assainissement. Tout le monde sait que dans les
_terrains trop humides, les arbres sont d'une qualité
très-inférieure ; que les graines pourrissent et qu’en
conséquence le repeuplement naturel ne se fait
Pair. : ’ sg
Dans les propositions qu'ils auront à présenter à
ce sujet, les agents aménagistes indiqueront les can-
tons et les parcelles où des fossés d'assainissement.
seraient nécessaires, les dimensions et la direction
qu'il conviendrait de donner à ces fossés, et enfin
les dépenses approximatives qu'entrainerait leur exé-
cution.
ARTICLE II
|
AMÉLIORATIOXS RELATIVES AU PEUPLEMENT.
Les agents chargés de l'aménagement sortent de
leurs attributions lorsqu'ils s’avisent de donner des
. instructions, sur la manière de procéder aux semis el
aux plantations. Leur tâche se borne à indiquer les
parcelles et les époques où les repeuplements artifi-
ciels doivent être. effectués, et les frais auxquels ils.
donneront lieu. F4
Il semblerait naturel, au premier abord, de pres-
crire le repeuplement immédiat de tout vide existant
dans la forêt. Toutefois, une semblable prescription
pourrait entraîner de graves inconvénients, d’abord
à cause des dépenses qu'elle occasionnerait, et
ensuite à cause des conditions défavorables dans l2s-
_ 96
402 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
quelles serait fait le repeuplement des vides a
dans les affectations intermédiaires.
C'est donc seulement dans les affectations des
périodes extrêmes, qu’il est toujours opportun d’ef-
fectuer immédiatement le reboisement des vides.
Pour la première affectation, cetle opportunité est
évidente. Pour la dernière, elle n’est pas moins sen-
sible, puisque cette affectation ne contient que de
jeunes peuplements avec lesquels ceux qu’on aura
créés ne tarderont pas à s’harmoniser.
Quant aux affectations des périodes intermé-
diaires, le reboisement des vides qu’elles renferment
est loin d’être aussi urgent, et souvent même il peut
être impraticable immédiatement à cause du couvert
des arbres voisins. Cependant, s’il y existait de
grands espaces dénudés, il conviendrait de chercher
à les utiliser en y. implantant des essences sus- :
ceptibles d’être exploitées, à l’époque où l'affectation
dont elles feraient partie arriverait en tour d’exploi-
tation.
Les aménagistes pèseront ces considérations et
feront connaître en conséquence, par rang d'urgence,
la situation, l'étendue, et les frais probables des
repeuplements artificiels à faire dans le cours de la
première période.
Mais s’il est nécessaire de créer des peuplements
arüficiels dans une forêt, il est également nécessaire
d'y créer des pépinières, à moins que les années de
semence n’y soient fréquentes et les semis faciles, ce
qui est exceptionnel pour les bois durs.
CPAS TS à OP PERSONNE TE a à
+
DES AMÉLIORATIONS. 405
Les aménagistes auront donc à désigner les
“endroits où ces pépinières devront être établies , la
contenance qu’on leur donnera et les frais: qu ‘elles
occasionneront.
ARTICLE IV.
AMÉLIORATIONS RELATIVES AUX VOIES DE VIDANGE.
*
La tendance de l'homme sur cette terre est d’a-
grandir incessamment son empire sur la matière. Un
économiste a dit avec raison que l’industrie, c'était le
développement de l’homme, l'émission de sa pensée.
En effet, un produit industriel quelconque n’est pas
autre chose que l’expression-matérielle, la matériali-
sation, qu'on nous pardonne ce néologisme, de cette
pensée.
Mais pour approprier ainsi les choses à ses
besoins, il faut ou aller à elles, ou les faire venir à soi.
Le premier cas se présente dans l'enfance des socié-
tés. L'homme va planter sa tente sur les points qui
lui offrent le plus de ressources. Ces ressources épui-
sées, il va se fixer sur un autre point. Tant qu'il est
condamné à cette vie errante, il progresse peu. Les
Arabes nomades en fournissent la preuve; mais dès
qu’au moyen des voies de transport, il est parvenu à
déplacer les choses, son développement marche rapi-
dement, et le beau idéal serait réalisé si, par des
procédés quelconques, il pouvait grouper autour de
son habitation tous les matériaux propres à satisfaire
L04 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
ses besoins, ses goûts, ses désirs. Malheureusement,
il est bien éloigné de ce beau idéal, surtout pour ce
qui concerne les bois. Non-seulement nous avons
encore en France des forêts que l’on ne peut pas
exploiter, mais dans celles que l’on exploite,
l'absence ou l’imperfection des voies de vidange
oblige de carboniser ou de façonner sur place une
grande partie des produits, afin de réduire autant
que possible leur volume et leur poids ‘. Or, la car-
bonisation est une manière encore barbare d'utiliser
le combustible ligneux, et le façonnage en forêt fait
courir au fabricant le risque de ne pas donner au bois
la forme qui conviendrait le mieux au consomma-
teur. Rae
Sur les chemins vicinaux ou d'exploitation, les
frais de traction par voiture peuvent être évalués, en
moyenne, à 7 fr. 50 c. par mètre cube de bois. pour
une distance de 20 kilomètres. 11 en résulte que si
le mètre cube est estimé dans la coupe 40 fr. pour
le bois de service et 40 fr. pour le bois de chauffage
(à raison de 2 stères de 5 fr. chacun par mètre cube),
le montant des frais dont il s’agit est à la valeur du
mètre cube de bois de service dans la proportion de
18 pour 100, et à celle du mètre cube de bois de
chauffage dans la proportion de 75 pour 400, de
4. La plus grande partie des bois de construction que nous
recevons de l'étranger, et nous en recevons chaque année pour
près de 200 millions de francs, se consomment dans le Doubs, le
Jura, le Haut et le Bas-Rhin, c’est-à-dire dans les départements
les plus boisés. (Note de la 2° édition.)
_d métlne alt nt hdéoi de Médiudius sde sftial. Hart en Ce, AN LS
el à d'u
DES AMÉLIORATIONS. | "405
+
sorte que quand le lieu de consommation est à
30 kilomètres de la forêt, il n’y a plus aucun nur à
y transporter le bois de chauffage.
On estime que les frais de transport entrent en
moyenne pour moitié dans le prix du bois rendu au
centre de consommation, et comme on a calculé,
d'autre part, que ce prix, s'élevait par année, à la
somme de 500 millions, il en résulte que le trans-
port des bois, dans notre pays, occasionne une
dépense annuelle de 250 millions. On voit par là
combien la société est intéressée à l'amélioration des
moyens d'exportation des produits forestiers. Quand
on a élevé une statue à Jean Rouvet, l'inventeur du
flottage sur la Cure (Yonne, 1549), on a reconnu et
récompensé un des plus grands services qu’un citoyen
pût rendre à son pays.
En définitive, les voies de transport font évidem-
ment défaut aux bois, et pourtant ils en ont un plus
grand besoin que les autres produits ; d’abord, parce
qu'ils sont plus éloignés des populations; ensuite,
parce que les forêts ne sont pas susceptibles de se
grouper cômme les cultures arables autour des habi-
tations. Et s’il est vrai qu’à raison du morcellement
des héritages, une grande partie des productions de
la terre est consommée par les cultivateurs eux-
mêmes, il n’en est pas de même pour les bois, dont la
moindre part au contraire resle au propriétaire ou
au régisseur.
De toutes les voies qui peuvent servir au trans-
port des bois, celle qu’il conviendrait surtout d’amé-
4°6 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Jiorer, c’est le cours d’eau. Un cheval traîne
péniblement 4,000 kilogrammes sur une bonne route.
D’après M. Michel Chevalier, un homme en tire
aisément 150,000 sur un canal. Cet exemple suffit
pour prouver l'immense utilité qu’aurait l’appropria-
tion de nos cours d’eau au transport des bois et pour
justifier les regrets que doit inspirer notre ss
gence à cet égard.
La France ne possède que 11,000 kilomètres de
cours d’eau navigables, et sur les canaux, le transport
des bois est entravé par l’étroitesse des biefs, d’une
part, et l’énormité des tarifs, de l’autre. Quant aux
cours d’eau flottables, qui pour la vidange sont d'une
si grande ressource, c’est à peine si on en compte
3,000 kilomètres. Cette situation est assurément bien
misérable, et, avouons-le, inexcusable, dans un pays
qui, sous le rapport hydrographique, a été si admi-
rablement doté.
Le perfectionnement des moyens de vidange est
donc une des améliorations auxquelles les agents
chargés de faire l'aménagement d'une forêt, doivent
accorder le plus d'attention.
Après avoir exposé l'insuffisance de ces moyens,
ils indiqueront toutes les mesures qu'il y aurait à
prendre pour y remédier. Q
Ces mesures consisteront pour les routes et che-
mins : 4° dans la rectification ou la réparation des
voies existantes ; 2° dans la création de voies nou-
velles, s’il y a lieu.
Dans l’un comme dans l’autre cas, il faudra ré-
RE id rte States) pass ai ed ot ai bé Bet ES DU à
di
DES AMÉLIORATIONS. 407
..diger un avani-projet des Lin à faire; fixer la
k. 2 rte et les principaux. points de passage des
voies nouvelles ; indiquer la largeur et Ja pente qu'il
conviendra de leur donner ; justifier leur utilité et
pour cela montrer qu'elles seront susceptibles. de
satisfaire à toutes les exigences de la vidange; éta-
blir leur degré d'urgence, d'après la marche des
exploitations; dresser en‘in un devis approximatifde
la dépense que les travaux nécessiteront.
En ajoutant l'intérêt du capital employé à l’exé-
cution de ces travaux, aux frais annuels que leur
entretien réclamera, et en retranchant cette somme
de celle représentant l’économie que les travaux
permettront de réaliser sur le coût du transport, on
aura la mesure exacte des avantages que l’État en
retirera.
Je dis l’État, car s’il s'agissait d'un autre pro-
priétaire, le bénéfice que les chemins seraient suscep-
üibles de lui rapporter, ne se calculerait pas de la
même façon. Ce qu’un particulier poursuit en effet
exclusivement quand il ouvre un chemin pour la
v:dange de ses coupes, c’est l’augmentation du prix
de ses bois sur place. Il spécule donc sur cette con-
sidération qu’à raison de la diminution des frais :
d'extraction, les adjudicataires lui donneront un-prix
plus élevé de sa chose; mais la. diminution des frais
de transport, qui est le résultat nécessaire de la
création d'un chemin, ne tourne pas toujours seule-
ment au bénéfice du propriétaire; il y en a une part
plus ou moins grande dont profite. le consommateur,
468 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
1
quand elle à pour effet de rendre le bois moins chers.
or, cette part, qui ne constitue pas un avantage pour. *
le particulier, en constitue au contraire un pour
l'État; car son intérêt ne se sépare pas de celui
du consommateur.
Si l'on a le choix entre plusients voies et qu’on
veuille comparer leurs avantages respectifs, on se
rappellera que le prix de l’usage d’une voie dépend
de trois éléments : 4° les frais de construction de la
voie ; 2° les frais d'entretien ; 3° les frais de traction
ou le prix de la force motrice. .
L’effort pour tirer 4000 kilos est de 18 kilos 50
sur une bonne route, tandis que sur un chemin de
fer ilest de 5 kilos 34 seulement; mais la construc-
tion d’une bonne route coûte à peine 20,000 fr. par
kilomètre, tandis qu’un chemin de fer coûte h à
500,000 fr. pour la même distance.
ARTICLE V.
AMÉLIORATIONS RELATIVES A LA SURVEILLANCE
ET A L’ENTRETIEN.
Surveillance. — Le service des forêts relatif à la
surveillance laisse en général beaucoup à désirer,
moins peut-être à cause de l'insuffisance du per-
sonnel, que par suite de la mauvaise organisation
des triages. Dans certaines localités ils sont trop
étendus ; dans d’autres ils ne le sont pasassez. Dans
+
DES AMÉLIORATIONS. A
» + -lés forêts domaniales, la contenance de chaque triage
"est en moyenne de 500 hectares. C’est une règle qui
%
RS on os nt ét éd den nd AS Sd oO RS CG NDS RS. is. ‘duetà
*_ paraît adoptée par l'administration et qu'on applique
_ sans tenir assez de compte, peut-être, des difficultés
plus ou moins grandes de la surveillance, I} est
cependant évident que les bois situés sur la rive
d'üne forêt sont plus exposés aux délits et plus dif-
ficiles à garder, que ceux situés au centre et dont on
ne peut par conséquent sortir. qu'en traversant les
autres, :
L'étude de l'organisation des triages rentre en
conséquence dans les attributions des aménagisles.
Hs-proposeront aussi, s’il y a lieu, une augmen-
tation du” personnel; ils désigneront l'emplacement
le plus convenable pour les_. maisons forestières
qu'il pourrait être nécessaire de construire ;, et ils
feront connaître le chiffre approximatif de la dé-
pense.
Entretien. — Il ne suffit pas de construire des
routes, il faut les entretenir, sous peine de perdre
tous les fruits d’une dépense considérable. II résulte
des expériences faites par M. Morin, directeur du
Conservatoire des arts et métiers, que si on repré-
sente par À la résistance présentée à une charrette
par une bonne route empierrée, cette résistance de-
vient égale à 4,35 pour une route empierrée, mais
très-dégradée. M. Séguret a prouvé d’un autre côté
dans les Annales forestières, que sur un bon chemin,
le bois de chauffage peut parcourir en moyenne
32 lieues, sans que sa valeur soit absorbée par les
410 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
‘ frais de transport, tandis que sur un mauvais chemin,
il ne peut pas en parcourir plus de 5.
Le meilleur moyen, le plus efficace et le moins
coûteux, de tenir les chemins en bon état, c’est de
réparer immédiatement les moindres dégradations
qui s’y produisent. Pour cela, il faut des cantonniers.
On en indiquera le nombre et on fera connaître aussi
les frais qu’ils occasionneront.
Les routes et chemins ne sont pas les seules
choses qui demandent à être entretenues avec soin. Les :
fossés, les pépinières et les plantations réclament de
leur côté des travaux, pour ainsi dire incessants, et
il serait certainement fort utile d’avoir pour y pro-
céder, des employés spéciaux. Dans tous les cas,
ces travaux sont susceptibles d'entraîner chaque
année des frais dont les aménagistes apprécieront
le montant. |
ARTICLE VI.
ÉTAT COLLECTIF DES AMÉLIORATIONS.
Après avoir fait de chaque amélioration l'objet
d’une étude particulière, il convient de former, de
toutes les améliorations, un état collectif qui permet-
tent de les embrasser dans leur ensemble et de voir
d’un coup d'œil le chiffre total des dépenses qu'elles
occasionneront, soit dans la première période, soit
_dans les autres; outre cet état collectif, on-en dres-
DES AMÉLIORATIONS. Al
| sera un autre tout spécial pour les repeuplements
_ artificiels à faire dans chaque parcelle, car de
tous les travaux ce sont sans contredit les plus
_ importants. .
L
-.
RÉ 5
CHAPITRE TROISIÈME.
RÉDACTION DU PROJET D'AMÉNAGEMENT,
APPLICATION ET CONTRÔLE.
ARTICLE PREMIER.
RÉDACTION DU PROJET D'AMÉNAGEMENT.
Je crois qu’à l’aide des notions générales que j'ai
exposées, les agents qui auront été chargés de l’amé-
nagement d’une forêt, ne seront pas sérieusement
embarrassés par la manière de s'y prendre pour
accomplir leur mission. Toutefois, j'ai pensé qu'il
pouvait être utile de terminer cette étude par l’indica-
tion des divers documents que comporte un projet
d'aménagement.
Ces documents sont de trois sortes :
Le procès-verbal d'aménagement ;
Les plans et devis ;
Les pièces justificatives.
Procès-verbal d'aménagement. — Il se divise en
sept parties :
Dans la première, on s'occupe de la statistique
pour l’ensemble de la forêt ou de la masse;
7
Ts
; à
+ , . RÉDACTION DU PROJET D'AMÉNAGEMENT. 413
… : Dans la deuxième, de la critique du mode actuel
d'exploitation, du choix du mode d’exploitation à
adopter et de la division de la forêt en sections et
en séries ;
: Dans la troisième, du parcellaire et de la des-
” criplion spéciale, pour chaque série ;
Dans la quatrième, de l'âge d’exploitabilité, du
_chdïix de la révolution, de la formation des affecta- .
tions normales, du règlement général et du règle-
ment spécial des exploitations, et des améliorations
spéciales, pour chaque série ;
Dans la cinquième, des améliorations, pour l’en-
srl de la forêt ;
+ Dans la sixième, de l'assiette de l'aménagement
sur le terrain (ouverture des lignes séparatives des
sections, séries, affectations, parcelles, etc.) ;
: Dans la septième , de l’état futur de la forêt et
de examen comparé des produits tant principaux
qu'accessoires, en matière et en argent, que l’on retire
actuellement de la forêt et qu’on en retirera après son
aménagement. On n’omettra pas de tenir compte
dans cet examen, de la plus-value probable qui résul-
tera pour les produits, de l'amélioration des voies de
vidange ‘. | È |
NE
4. Je donne l’ordre des travaux d'après id erre: nents suivis
jusqu’à présent, mais ces errements laissent à désirer parce qu'ils
ne séparent pas dans l’uménagement ce qui appartient à son appli-
cation, de ce qui concerne sa préparation. Quand le règlement
général des exploitations a été dressé, le projet d'aménagement
est terminé en ce qui concerne la marche et la quotité des coupss |
et le décret d'aménagement pourrait être proroqu‘. Une fois ce
hih AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Il est bien certain, d’ail'eurs, que le résultat de
cette comparaison ne saurait donner qu’une idée in-
complète de la supériorité du régime qu’il s'agira
d'adopter, puisque, comme on le sait, tous les pro-
duits du sol forestier ne sont pas susceptibles d’être
évalués en argent. Il est probable aussi que le
revenu, faible au début de l'application de l’aména-
gement, s’accroitra par la suite. Ce sont là des
considérations sur lesquelles les rédacteurs du projet
d'aménagement auront à appeler l’attention.
Plans et devis. — I faut :
Un plan général de la forêt indiquant les princi-
décret rendu, il s'agirait d'appliquer l’aménagemert. Ce serait
alors seulenent que l’on devrait arrêter le règlement spécial d'ex-
ploitation pour la première période, règlement qui, devant repo-
ser sur le volume pour les coupes principales, exigerait le calcul
du matériel que ces coupes auraient à enlever chaque année.
Aujourd'hui ce matériel est fixé par le décret d'aménagement.
C'est à tort, selon moi; il serait plus rationnel que le décret se:
bornât à indiquer le rapport constant à maintenir entre le volume
total exploitable dans la durée de la période et celui de la coupe
annuclle. En effet, ce rapport est la seule chose à reconnaitre et
à observer pour que la possibilité ne soit pas outrepassée, et c’est à
l'administration qu’il incombe de prendre les mesures nécessaires
pour que l’on ne s’en écarle pas. Mais quand au lieu d'exprimer
par unchiffre abstrait, la proportion qui doit exister entre le volume
de la coupe annuelle et le volume total exploitable dans le cours
de la période, on-exprime le volume de la coupe annuelle par un
chiffre concret, par un certain nombre de mètres cubes, on s’ex-
pose à ce que la possibilité soit outrepassée, parce qu'en suppo-
sant qu’au moment où il est déterminé, ce nombre de mètres cubes
soit dans le rapport voulu avec le matériel total exploitable, une-
foule d'accidents imprévus peurent ensuite le rendre trop fort.
(Note de la 2° édition.)
7 .
ee
ii
Eee =
RÉDACTIOY DU PROJET D'AMÉNAGEMENT. M5
paux mouvements du terrain, les cours d’eau, routes
24 A pie les limites des cantons, elc. ‘;
* Un-plan général et, s’il y a lieu, des pe de
détail des parcelles ;
Un plan figuratif des limites des séries;
Un plan indiquant, pour chaque série, les limites
des affectations ;
Un plan indiquant le tracé des routes et chemins
projetés, l'emplacement des maisons forestières, scie-
ries, etc., à construire;
Les devis sommaires à l’appui de ces divers tra-
vaux.
Il est bien entendu que, To , il ne doit pas en
résulter de confusion, deux ou plusieurs des plans
que je viens de désigner peuvent être réuni s en un
seul,
Pièces justificatives. — Elles se composent :
- Des calculs relatifs au léver périmétral de la
forêt ; d’un tableau des coordonnées des points de
la triangulation et d’un tableau des hauteurs de
chaque station de nivellement par rapport à un point
unique.
Des expériences exigées par la recherche des :
renseignements sur la croissance des bois, leur débit,
. S'il n’est pas nécessdire œUE n plan topogra hique par-
A a exact pour préparer le A ent d’ ‘exploitation d’une
forêt, il est cependant désirable à rats points de: vue, et
notamment pour les travaux de la carte de France et pour ceux
du cadastre, que ce plan ne laisse. rien à désirer. Une grande
administration ne saurait en pareill matière viser à l'économie.
(Note de la 2° édition.) &,
$
416 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
les facteurs nécessaires pour apprécier leur rende-
ment, tant en volume brut qu'en marchandises ;
Des expériences faites pour déterminer Lie”
d’exploitabilité ; alias
Des dénombrements et cubages effectués pour
établir la possibilité .et des tarifs adoptés à cette occa-
sion.
ARTICLE IL
APPLICATION ET CONTRÔLE DE L'AMÉNAGEMENT.
C’est un fait malheureusement avéré que la plus
part des aménagements exécutés à grand frais, depuis
une trentaine d'années, par des commissions spé-
ciales, n’ont pas procuré tous les aväntages qu'il était
permis d'en attendre. Mal compris par certains
agents qui n’ont pas voulu se donner la peine de les
étudier, systématiquement repoussés par d’autres,
ces aménagements n’ont pas toujours été bien appli-
qués.
Ainsi :
On ne s’est pas conformé assez exactement, pour
l'assiette des coupes, aux prescriptions des plans
d'exploitation, Comme j'ai eu déjà occasion de le
faire remarquer, les agents locaux se laissant influen-
cer par l'état du peuplement considéré en lui-même,
et non dans $ ses rapports avec les circonstances exté-
rieures, ont quelquefois porté les coupes principales
dans des pa" elles qui auraient dû seule nent être
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+
APPLICATION ET CONTROLE. 7
écinincies et en ont éclairci d’autres qui auraient dû
être régénérées.
On ne s’est pas renfermé partout dans les limites de
la possibilité ; soit parce qu’on a omis de tenircompte,
dans les exploitations annuelles, des arbres abattus
par le vent, la neige, le givre, et vendus sous forme
de menus marchés; soit parce qu'on a employé, pour
l'estimation des coupes; d’autres tarifs et d’autres
unités de mesure que ceux adoptés par les commis-
sions ; soit enfin parce que l’on n’a pas pris le soin
d'établir chaque année une balance des exploitations,
qui permit de fixer la quotité des coupes de l’année
suivante, conformément aux : résultats de cette ba-
lance.
On a négligé, soit par incurie, soit par manque
de fonds, d'exécuter les travaux d’amélioration,
reboisements, assainissements, routes, etc., etc.,
préxus par l'aménagement; après avoir fait une coupe
d’ensemencement, on ne s’est pas toujours assez préoc-
cupé. de ce qu'elle devenait.
On n’a pas enfin provoqué les révisions quand
cependant la nécessité en était démontrée.
Pour prévenir le retour d'aussi graves irrégula-
rités, l’administration a souvent prescrit à à ses agents
d'indiquer sur les états d 5 cm les parcelles dans
lesquelles ils se proposent coupes prin-
cipales et de justifier la quotité de > ces COUpES, d’après
le chiffre de la possibilité réglement Lg aire € et celui des
coupes de toute nature de l’année
Elle a d'un autre côté invité es ag
M8 . AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
pour l'estimation des coupes, des tarifs et des unités
de mesure, adoptés par les commissions ; sauf à faire
une autre estimation spéciale pour la vente;
Mais tout cela ne suffit pas ; il importe maintenant
qu’elle les oblige à tenir pour chaque forêt äménagée
un sommier de contrôle ; il est même à désirer
qu’il en soit tenu un également à la Direction géné-
rale. ol
Le modèle de ce sommier a été récéiiient arrêté
par l’administration, Divisé en trois parties distinctes :
la première pour les exploitations, la deuxième pour
les travaux, la troisième pour les recettes et les dé-
penses, il permettra de juger d’un coup d'œil, non-
seulement des soins apportés dans l'application des
aménagements, mais encore des résultats pécuniaires
de cette application, et sous ce dernier rapport, il ne
sera pas moins utile que sous le premier, car il four-
nira les moyens de rectifier les appréciations erro-
nées auxquelles la gestion des forêts soumises au
régime forestier a souvent donné lieu, au point de
vue financier. Rien de plus commun, par exemple,
que d'entendre dire que les forêts coûtent trop rela-
ment à ce qu’on en retire; et en effet, si l’on consi-
dère en bloc, sans s'occuper de leur nature, les dé-
penses qu’elles occasionnent, il est certain qué ces
_ dépenses dépassent de beaucoup la proportion qu'il
est raisonnable de maintenir entre le revenu et les
frais d'administration d’un immeuble; mais il con-
vient de faire remarquer que, parmi les travaux dont
La -
l'aménagement d'une forêt met la nécessité en évi-
#
Pen UE TON ET I NE
APPLICATION ET CONTROLE. - 119
dénce, il y en a, et ce sont les plus considérables,
qui sont des travaux de premier établissement, c’est-
à-dire des travaux qui, ayant pour objet la répara-
tion, la reconstitution, la mise en état du domaine,
ne sauraient entrer en ligne de compte dans la com-
paraïson du revenu avec les dépenses annuelles d’en-
Il s'est rencontré des sociétés industrielles qui,
pour enfler leurs dividendes, portaient au compte
de premier établissement des sommes qui appar-
tenaient à l'entretien et aux frais d'exploitation.
C'était un tort très-grave. Pour les forêts, on est
dans l'usage, au contraire, de porter au compte de
lentretien ce qui appartient au capital de premier
établissement, et de cette mañière, on diminue le
revenu net. C’est un tort dans le sens opposé et qui
n'a pas peu contribué à répandre de très-fausses
notions sur l’économie avec laquelle les forêts sont
gérées. Il sera facile, désormais, de rétablir la vérité
sur'ce point, au moyen des états que les agents
auront remplis. Néanmoins, ces états ne répondront
pas à tous les desiderata qui se rapportent à la justi-.
fication du service forestier: Ils sont destinés seule- .
ment à la constatation des faits qui peuvent se tra-
duire par des chiffres. C'est beaucoup, mais ce n’est .
point assez, et il est à désirer que l'administration
s'occupe maintenant de faire recueillir toutes les
observations qui, en dehors des renseignements de
pure comptabilité, seraient d’une réelle utilité pour
la culture forestière et pouE les intérêts st s'y rat-
420 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
tachent. On consignerait ces observations dans des
cahiers spéciaux qui formeraient autant d’annexes du
sommier de contrôle. J’en indiquerai onze qui me
paraîtraient particulièrement ‘utiles et qui séraet
relatifs : |
Le premier, à la floraison et à la fructification
des arbres. On indiquerait les essences pour lesquelles
elles ont été le plus abondantes, et les conditions où
se trouvaient ces essences sous le rapport du sol, du
climat et de la consistance du peuplement,
Le deuxième, aux expériences sur l'accroissement,
dont j'ai parlé à la page 150 de ces études. Je crois
qu'il y a eu quelques travaux entrepris à ce sujet.
Que sont-ils devenus? Je l’ignore. En tout cas, ces
travaux exceptionnels dus à l'initiative d’un petit
nombre d'agents, eussent été tout à fait insuffisants.
Il conviendrait d’en exécuter d’après des règles uni-
formes dans les différentes régions de la France, au
moins pour les essences principales. Ce serait le seul
moyen de se procurer des bases certaines pour la
détermination de l’âge d’exploitabilité et de la durée
des révolutions applicables suivant les sols, les cli-
mats et la nature du peuplement.
Le troisième , aux exploitations de tout genre :
coupes de régénération, coupes d'amélioration, éla-
gages, extractions de souches. On ferait connaître
les méthodes suivies, les procédés employés, les
précautions prises el les résultats obtenus, notam-
ment pour les coupes d'ensemencement et les éla-
gages.
APR RSS CS dc
dt ct bétemmatbnninss. RSS NÉS PES
APPLICATION ET CONTROLE. nt
Le quatrième, aux assainissements et aux repeu-
plements artificiels.
Que deviennent les nombreux fossés FPE
dat que. l'administration fait ouvrir chaque année
dans les parties humides de son domaine. Quel
effet ont-ils produit ? Ce sont des questions auxquelles
la plupart des agents, eux-mêmes, seraient embar-
rassés de répondre. Il en sera autrement quand,
chaque année, ils seront tenus de constater dans un
cahier spécial les résultats de ces travaux d’amélio-
* ration.
Quant aux repeuplements artificiels, je pourrais
citer des forêts dans lesquelles ils absorbent depuis
Jongtemps et tous les ans de fortes sommes, quoi-
qu'ils n'aient jamais été suivis d'aucun succès. A
quoi. cela tient-il? Les agents n'en savent rien et
ils n’en continuent pas moins les mêmes erre-
ments. ,
‘Que la municipalité de Paris ne se lasse pas de
faire replanter à grands frais sous les épais ombrages
des Tuileries, de jeunes arbres qui ne réussissent
jamais et meurent infailliblement au deuxième prin-
temps. Le mal n'est pas grand, car si les arbres
meurent, il y à des gens qui vivent de leur mort et
ne pourraient peut-être pas vivre sans cela. La ville
de Paris est d’ailleurs assez riche pour se payer le
luxe de ces plantations perpétuellement renouvelées.
Mais les repeuplements artificiels dans les. forêts
-soumises au régime forestier ont une bien autre im-
portance que des plantations d'agrément : La sécu-
: @
"De
422" AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
rité de toute une contrée peut en dépendre, lorsqu'ils
ont pour but, par exemple, de consolider les terrains
en montagne. Ailleurs, il est nécessaire qu'ils réussis-
sent pour que l’application des aménagements ne soit
pas compromise. Partout, ils intéressent l’avenir de
nos richesses forestières déjà si appauvries. C'est
dans leur jeunesse, d’ailleurs, que l’on doit soigner
les arbres comme les hommes pour leur préparer
une longue et utile existence, et l’administration le.
comprend bien puisqu'elle consacre chaque année
aux repeuplements artificiels et à leur entretien, ri
somme considérable.
Il y a donc, en définitive, beaucoup de raisons
pour que cette partie du service soit soumise désor-—
mais à un contrôle sévère et efficace. Le cahier que je
propose de faire tenir aux agents le rendrait possible.
On y constaterait pour chaque reparer s
d’une certaine étendue :
L'exposition et la situation du terrain, son état à
l'intérieur, à la surface, le genre de préparation qui
lui aura été donnée, l’époque de cette préparation ;
L'époque de la plantation ou du semis ;
L’essence, le nombre, la provenance, l’âge et la
qualité des plans mis en terre, les précautions ir tÉ
pour assurer leur réussite ; 4€
L'espèce, la quantité et la provenance des grai-
nes ensemencées, les Pro employés AIRE len-
semencement ;
Le coût de l’opération dans son ensemble et dns
ses détails ;
a séi Lie à Née din nd, SD émis à de MES > a < F"
APPLICATION ET CONTROLE. 423
Les soins et les dépenses d'entretien, binage et
remplissage :
: L'état du repeuplement chaîne année, Pe au-
aibient où il pourra être regardé comme complet.
Le cinquième, à l’estimation et à la vente des
coupes :
Ce cahier ferait connaître les circonstances com-
merciales et industrielles qui étaient de nature à
réagir sur le prix du bois ;
Les procédés employés pour assurer l'exactitude
de l'estimation ;
Les résultats comparés de la vente sur pied et de
là vente des produits façonnés ;
Les résultats de la décomposition du mètre cube
. en marchandises diverses, de sorte que l’administra-
tion pût se rendre compte des progrès accomplis
- dans Putilisation de la matière ligneuse.
Le sixième, aux routes, chemins et autres moyens
de vidange. 4e À
On y consignerait tous les renseignements néces-
saires pour éclairer l'administration sur leur état et
la facilité qui en résulte pour la vidange;
_ On y examinerait les avantages et les inconvé-
__nients. dés différents modes (adjudication, régie où
économie) employés pour l’exécution des travaux;
_ On y signalerait toutes les améliorations dont le
transport des produits à travers bois, le débardage
en un mot, aurait été ou pourrait être l’objet. à
Le huitième , au débit, au façonnage et à la car-
bonisation des bois en forêt : &
594 ‘ AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
L'administration ignore presque complétement
quelle est la plus-value que ces opérations ajoutent
au bois dans la coupe même, et si on lui demandait
combien un mètre cube de bois d'industrie dans telle
forêt représente de journées de travail, elle ne saurait
répondre. Ces journées de travail constituent cepen-
dant pour l'État un produit aussi précieux que la
somme d'argent qu’il a-retirée de la vente du mètre
cube en question.
Dans ce cahier, la carbonisation, l'écorçage et
les scieries mériteraient de faire l'objet d’une atten-
tion particulière.
La carbonisation en forêt #se fait aujourd’hui
comme elle se faisait il y a mille ans. Elle est restée
stationnaire depuis un temps immémorial, et cela
vient peut-être de ce que les agents forestiers ont
trop négligé de rechercher les améliorations dont
elle pourrait être susceptible.
_ L’écorcage non plus n’est pas encore sorti de
l’ornière de la routine. Dans ces dernières années, on
a fait grand bruit d’une méthode -qui. consiste à
écorcer le bois vert ou sec, au moyen de la vapeur, et
qui a par conséquent le grand avantage d'éviter
l’écorçage sur pied dont les inconvénients sont bien
connus. Un homme distingué, ancien inspecteur des
forêts, M. de Wavrechin, a dépensé beaucoup de
temps, d'argent et d'intelligence, pour propager cette
nouvelleinvention, sans parvenir à y intéresser l’admi-
nistration des forêts. Cependant si l’écorçage à la
vapeur n’enlevait rien à la qualité de l'écorce, comme
=
APPLICATION ET CONTROLE. 495
semblent le prouver de nombreuses expériences ,
l'administration des forêts manquerait à tous ses
devoirs en maintenant dans ses cahiers des charges
relatifs aux coupes, la faculté pour les adjudicataires
de n’abattre que lorsqu'ils sont en pleine séve, les
taillis à écorcer.
Les scieries sont encore, la plupart, eñtre des mains
de l'administration qui, chaque année, en fait même
établir de nouvelles. Elle a des scieries à elle, afin
de soustraire ses adjudicataires aux prétentions des
particuliers propriétaires eux-mêmes de scieries,
prétentions qui deviendraient exorbitantes si l'État
ne leur fesait pas concurrence. C’est une raison qui
a sa valeur sans doute dans la situation- actuelle des
choses. Cependant il est fâcheux, en principe, que
l'État se charge de travaux que les particuliers peuvent
faire; d’abord, parce qu’en général il les fait moins
bien et moins économiquement; ensuite, parce que
son intervention dans l’industrie, n'étant pas subor-
donnée à la poursuite du plus grand profit net, crée
aux particuliers une rivalité qui est de nature à les
effrayer et à paralyser leurs efforts.
Aujourd’hui la construction d’une scierie exige
encore des capitaux relativement considérables, sans
_ compter les difficultés auxquelles donne lieu l'usage
des eaux courantes, et si l'administration des forêts
n’avait pas de scieries à elle, il se formerait infailli-
blement pour le sciage du bois, des monopoles qui
mettraient les adjudicataires des coupes à la merci
de quelques spéculateurs ; mais un jour viendra pro-
L
LA
126 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
bablement où la scierie locomobile à vapeur perfec-
tionnée pourra circuler facilement à travers les forêts
et s'installer sur le sommet des plus hautes montagnes ;
on louera alors une scierie comme on loue actuelle-
ment une charrue ou une machine à battre le blé.
Quand il en sera ainsi, l’administration des forêts
n'aura plus à se mêler de la question, et je crois
qu’elle devrait faire quelques efforts, chercher des
moyens, donner des encouragements, pour se débar-
rasser le plus tôt possible des soins que cette question
lui impose.
Le neuvième, aux incendies, aux animaux et aux
insectes nuisibles : 5
On y exposerait toutes les mesures prises pour
prévenir ou arrêter les ravages qu’entraînent ces
diverses causes de destruction, ravages dont l’admi-
nistration ne connaît même pas toujours l’exis-
tence. | |
Le dixième, aux observations météorologiques
(gelées, verglas, ouragans, coups de vent, orages,
pluie, neige, température , pression barométrique.)
L'administration des forêts indépendamment du
profit qu’elle retirerait pour elle-même de ces obser-
vations, pourrait rendre de grands services à la
science de la météorologie ; elle comprend un nom-
breux personnel qui réside dans les régions les plus
accidentées et qui est par conséquent placé dans les
meilleures conditions pour se livrer à des expériences
intéressantes; mais il faudrait que ce personnel füt
muni des instruments et des instructions nécessaires
\
APPLICATION ET CONTROLE. | 497
pour faire des observations exactes et compara-
bles *. > $
Le onzième enfin, à l'influence des exploitations
. forestières sur le bien-être matériel et la moralité des
populations environnantes.
Ce cahier ne serait pas le moins important ; on y
donnerait le nombre des bras employés par chaque
nature de travail, le chiffre des salaires, l'exposé des
avantages que l’agriculture retire des produits divers
LZ
que la forêt luï fournit. w
1. L'école de Nancy fait depuis quelques années, sous l’habile
direction du savant professeur M. Matthieu, des observations
météorologiques dout l'utilité est déjà fort appréciée.
dés. nn à
ds mdr dd Es de din
#4 CINQUIÈME ÉTUDE.
| ÉTAT NORMAL DES FORÊTS
E - ENVISAGÉES DANS LEUR ENSEMBLE.
| TRAVAUX À FAIRE POUR LE RÉTABLIR EN FRANCE.
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS.
É ATTRIBUTIONS DE L'ADMINISTRATION
| FORESTIÈRE.
CHAPITRE PREMIER.
.
| ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. TRAVAUX A FAIRE
3 ? k ,
| É POUR LE RÉTABLIR.
| Il a été souvent question dans ce livre de l’état
normal des forêts. Qu'est-ce que l’état normal des’
; forêts ? — C’est l'état de ces forêts quand elles sont,
avec les autres éléments qui constituent notre pla-
nète, dans les conditions de dépendance réciproque,
dans les conditions d'équilibre sur lesquelles repose
lharmonie générale de l'univers. Mais le définir
ainsi, c'est dire combien nous sommes impuissants
à nous en faire une notion précise : nous comprenons
que de certains rapports doiventexister entre les prin-
430 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
cipaux règnes de la nature et les composants de ces
règnes; nous avons le pressentiment que rien de ce
qui a été créé ne peut être impunément détruit, que
chaque objet a sa raison d’être, et que les forêts ne
sont pas moins indispensables à la durée et à l'amé-
lioration de notre globe que l’air, l’eau, le feu, etc.;-
nous ne sautrions d’ailleurs circonscrire exactement
leur mission; notre intelligence ne va pas jusque-là.
Ces forêts, ces fleuves, ces mers, ces lacs, ces
innombrables quantités d'animaux, de plantes et de
minéraux, qui ont été mis à notre disposition, rem-
plissent dans la vie universelle des fonctions provi-
dentielles; nous n’en doutons pas; nous le sentons
fermement, et pourtant nous sommes incapables
d’expliquer les lois qui régissent ces fonctions.
Mais si nous ne pouvons remonter, aux causes
premières et pénétrer les desseins de la création,
nous pouvons apprécier les diverses influences du
milieu qui nous entoure, sur notre bien-être, et cela
suffit pour que nous évitions de troubler une orga-
nisation dont Dieu seul a le secret.
L'état normal, tel qu’il nous est permis de le
concevoir, est donc un état secondaire et relatif:
c'est l’état qui se concilie le mieux avec les besoins
de notre vie. Toutefois, pour que cet état secondaire
et relatif ne soit pas lui-même au-dessus de notre
intelligence ; pour. que nous soyons à même de juger
sainement des altérations qu'il aurait éprouvées, il
faut que nos facultés soient parvenues à un certain
degré de culture.
L
et
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. 431
+ Au début des sociétés, obéissant à l'instinct.
plutôt qu'à la raison, l’homme attaque la nature
étourdiment, sans se soucier d'en respecter l’har-
monie générale ; seulement, comme il ne peut guère -
se servir que de ses. mains, là nature est plus forte
que lui et les blessures cjételle en reçoit sont promp-
tement guéries. Les conditions de la lutte sont tout
autres dès que l’homme se civilise : il acquiert alors,
par la science, des instruments très-énergiques pour
chänger l’ordre naturel des choses, et il court le
risque de le bouleverser lorsqu'il néglige de demander
au développement intellectuel et moral, qui est lui-
même la cause de ce danger, le moyen d'y échapper.
. Or l'histoire prouve, hélas! qu’il s'est plus inquiété
jusqu'à présent de faire acte de son pouvoir que d’en
prévenir les abus, et qu'il n’a pas compris la néces-
sité de modérer et de régler ses entreprises sur la
- nature, s’il ne voulait les voir se retourner contre
lui ; aveuglement fatal, déplorable, dont l'origine
est dans ce défaut que j'ai eu l’occasion de signaler
si souvent, l'oubli de la solidarité,
Quelles sont les facultés qui grandissent chez
l'homme avec la civilisation? C’est d’abord l’ob-
servation; par elle, il se rend compte de l'effet
immédiat de ses actes. C’est ensuite la mémoire ;
par elle, il forme ce capital précieux, l’expérience,
sans lequel tous ses efforts ne donneraient que des
résultats éphémères. C’est enfin la prévoyance;
par elle, il juge de ce qu'il doit faire ou ne pas
faire dans l'intérêt de l’avenir, et c’est cette der-
LI
439 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
nière faculté qui lui permet d’user des autres avec
la circonspection désirable. Malheureusement Ja
prévoyance est précisément la faculté qui a toujours
le plus manqué aux hommes. Et. pourquoi: leur
a-t-elle manqué? — Parce qu'ils ne l’ont appliquée
qu’à leurs intérêts individuels, au lieu de l'appliquer à
leurs intérêts collectifs ; parce qu'ils ne l'ont pas éten-
due, complétée par le sentiment de la solidarité. Il
est incontestable cependant que ce sentiment -est
nécessaire pour que la prévoyance ait toute son effi-
cacité, surtout quand il s’agit des forêts ; car les
suites fâcheuses d'un déboisement, qui seraient peu
sensibles sion ne les appréciait que par rapport à soi et
pour un tempslimité, pourraient l’être beaucoup si on
les appréciait par rapport à la généralité des hommes
et pour un temps plus long. Les éléments n’ont
pas été créés pour l'homme isolé, et il est rare qu'on
en jouisse sans excès, quand on les attaque dans un
but égoïste. Aussi, peut-on assurer qu’il n’y aura de
garanties pour la conservation de notre globe dans
un état normal, que le jour où la paix universelle y
régnera, le jour où les mille sociétés qui l’habitent
ne formeront plus qu’une seule famille; attendu que
ce jour-là seulement, il sera possible d’en régler
l'exploitation d’une manière adéquate aux intérêts,
aux besoins réels de l'humanité envisagée dans ses
générations successives. Aujourd'hui, cette exploita-
tion rationnelle est impraticable. En supposanten effet
que l’on-parvint à remplacer la prévoyance indivi-
duelle qui préside trop souvent aux actes des hommes
+
A
”
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. 133
dans une nation, par la prévoyance collective dans
cette nation même, on n'aurait qu’une prévoyance
insuffisante, à cause du manque d'entente que la
_ rivalité des peuples a amené entre eux. S’il plaisait
demain aux Suisses de déboiser les montagnes où le
Rhône prend sa source, ce qui pourrait ne pas leur
_ nuire à eux, toute notre prévoyance ne saurait aboutir
qu’à régulariser le régime des affluents que ce fleuve
reçoit de notre pays; elle serait donc insuffisante.
Si, pendant que nous prohibons la destruction des
oiseaux, parce que ces oiseaux sont utiles à l’agri-
culture, on continue de s’acharner à les tuer quand
ils passent sur un territoire voisin, notre prévoyance
non plus ne sert pas à grand’chose. Ainsi, je le répète:
tant que les hommes se feront la guerre, ils seront
exposés à abuser des biens que la Providence a mis
à leur portée, puisqu'ils s’interdiront de prévoir les
effets de leur jouissance pour l'humanité tout en-
tière.
Cette vérité-là n’est pas une vérité de sentiment,
c'est une vérité de raisonnement. Les temps sont
encore loin, malheureusement, où les hommes auront
la sagesse de la pratiquer, et ce serait beaucoup
déjà que dans un seul et même pays les habitants
fussent amenés à comprendre qu’il y a des objets,
comme les forêts par exemple, dont l'exploitation ne
saurait être l’affaire de quelques ndividus seulement,
mais celle de tous.
Où en sommes-nous, en France, à l'égard des
aies Quelles sont les atteintes évidentes que leur
98
434 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
état normal y a souffertes, et comment pourrait-on
les réparer ?
Il y a en France plusieurs millions d'hectares de
landes et de friches dont l’agriculture proprement
dite ne saurait tirer aucun parti, et qui, autrefois.
boisés, ne produisent aujourd’hui que des fièvres.
Il y a sur les bords de l'Océan d'énormes quan-
tités de sables que les courants marins y accumulent
sans cesse et qui, n’y rencontrant plus la barrière
que les massifs boisés leur opposaient jadis, s’avancent
peu à peu dans l’intérieur des terres, laissant le désert
derrière eux.
Il y a de vastes plaines où le cultivateur vit dans
la crainte perpétuelle d’être privé d’un moment à
l’autre des fruits de son travail, par les intempéries
climatériques dont l’abri des forêts ne modère plus
la rigueur. |
Il y a des montagnes qui, ravagées par les tor-
rents depuis qu’elles ont été déboisées, s’en vont par
lambeaux dans les vallées qu’elles obstruent de leurs
débris.
Il y a des fleuves dont les inondations, de bien-
faisantes qu’elles étaient, lorsqu'il y avait encore des
arbres pour diminuer la vitesse d'écoulement des
eaux, sont devenues dévastatrices à cause de leur
violence et des déjections qu’elles vomissent sur les
propriétés.
Notre pays est tributaire de l'étranger pour des
produits ligneux dont la privation compromettrait sa
sécurité, son influence au moins. Notre marine ne
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. 435
trouve plus dans les forêts de la France la quantité
de bois dont elle a besoin. On ne voit que des
rapailles là où il y avait anciennement les plus belles
forêts de chêne du monde, que la Providence sem-
blait avoir tout exprès plantées auprès de nos grands
ports maritimes, pour l’approvisionnement de leurs
Chantiers.
* Enfin, sur les huit à neuf millions d’hectares de
bois qui nous restent, il y en a trois qui, bien que
soumis au régime forestier, sont loin de donner les
produits que l’on devrait, que l’on pourrait en
retirer. -
_ Tous ces faits constituent certainement des at-
teintes à l’état normal de notre pays, puisque nous
en souffrons et que nos descendants en souffriront
encore plus que nous-mêmes, si nous n’y remédions.
Dans mon livre, je ne me suis occupé que de
l'amélioration des forêts existantes, et encore l’ai-je
fait d’une façon étroite, en ne considérant les forêts
que dans leurs rapports avec les circonstances en
quelque sorte environnantes, et quand j'ai parlé de
leur état normal, j'ai voulu parler de leur état relati-
vement à ces circonstances. :
On voit donc que l’aménagement ainsi com-
pris est un petit détail à côté des travaux qui con-
sisteraient à restaurer le domaine forestier de la
France entière; mais, par ce petit détail, on peut se
rendre compte de la marche à suivre pour arrêter
les bases desdits travaux. |
La première chose à faire serait la statistique.
4136 AMÉNAGEMENT DES FORÊÉTS.
Elle comprendrait non-seulement les forêts et les
päturages existants, mais encore tous les espaces
dénudés dont l'intérêt général réclamerait le boise-
ment ou le gazonnement.
Elle pourrait être établie par bassins géogra-
phiques et autant que possible par catégories de
propriétaires. :
Les renseignements y seraient classés dans l’ordre
que j'ai indiqué page 22. Je n’en referai pas la no-
menclature et je me bornerai à signaler ceux qu'il
conviendrait de mettre en relief ou d'ajouter.
Ce seraient :
L'état des forêts situées en montagne, et celui
des forêt situées en plaine;
La distribution des essences forestières suivant
les formations géologiques, suivant la latitude et
suivant l'altitude ;
La situation, l'étendue et l’état de conservation
des terrains affectés au pâturage ;
Les mêmes renseignements pour les terrains im-
productifs, avec l'indication de l’origine et des causes
de leur stérilité ;
Les influences météorologiques dominantes dans
chaque bassin ; leurs effets sur la santé des hommes
et sur la production agricole ;
Les principales voies : routes de terre, chemins
de fer, canaux et rivières servant au transport du
bois et le coût de ce transport par mètre cube et par
kilomètre, pour chaque nature de voie ;
Les circonstances naturelles ou économiques fa-
dant» à <a in de mé éémtin tips di DE dE te
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. 437
vorables ou contraires à la- conservation des forêts ;
Les produits généraux en bois de marine, de
service, d'industrie, en bois de feu, et les prix maæima
et minima de ces produits sur place ;
Le nombre, l'espèce et le rendement des ani-
maux entretenus dans les pâturages. On distingue-
rait, dans cet article, les animaux appartenant aux
populations locales, de ceux qui viennent du dehors.
Dans le rendement, on indiquerait la part afférente à
la laine, au lait, à la viande, le bénéfice du proprié-
taire du pâturage, celui du propriétaire des ani-
maux ;
Les principaux lieux de consommation des pro-
duits ligneux, et les prix de revient de ces produits;
La consommation des services publics, de la ma-
rine militaire et de la marchande, celle des usines et
des principales industries ;
La nature et la valeur des produits PA im
portés et des mêmes produits exportés; l’origine des
premiers, la destination des seconds;
La nature et la valeur des produits forestiers
délivrés aux populations rurales ;
Le nombre et le salaire moyen des ouvriers
employés à l'exploitation et au débit des bois dans
l'intérieur des forêls; ceux des ouvriers dans les
industries en dehors des forêts, employant le bois
comme matière première.
Après la statistique, on procéderait au parcel-
laire.
Mais le parcellaire ne s “arrêlerait pas aux pétites
438 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
différences de sol, de climat ou de végétation, qui
ont une grande importance pour une forêt prise en
particulier, mais qui n’en ont aucune pour toutes les
forêts embrassées dans leur ensemble. Les parcelles
comprendraient souvent des forêts entières. Elles
seraient limitées et déterminées par les lignes de
partage des eaux et des climats, par les formations
géologiques, par les caractères de la végétation
spontanée, par les conditions climatologiques qui
caractériseraient de grands espaces. La description
de ces parcelles aurait pour but, non pas de les
classer dans une affectation, mais seulement de déter-
miner le genre de culture à leur appliquer, la nature
des travaux à faire pour leur mise en valeur.
Après le parcellaire, on dresserait le plan d’exploi-
tation. Il ne s'agirait point, on le devine, de régler
la quotité de la coupe annuelle; il s'agirait d’un
objet bien plus considérable : on aurait d’abord à
déterminer le périmètre des terrains dont le boise-
ment ou le gazonnement serait nécessaire pour la
conservation des sources ou comme barrière à oppo-
ser aux torrents, aux avalanches, à la divagation
des cours d’eau, aux ouragans, à l’envahissement
des sables, à l'invasion du territoire par des armées
ennemies, et on en formerait l’état par catégorie de
propriétaires. rs
On ferait ensuite connaître à grands traits celles
des forêts comprises dans ce périmètre, qui pour-
raient sans de trop grands inconvénients être traitées
en taillis, celles auxquelles on devrait appliquer la
+ ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. 439
méthode du réensemencement naturel et des éclair-
cies, et celles qui seraient jardinées.
On distinguerait, parmi les terrains dénudés, ceux
qui devraient être boisés, de ceux qui devraient être
simplement gazonnés. Sans entrer dans les détails
de la culture, on indiquerait les essences à propager,
soit par le semis, soit par la plantation.
Lorsque ce périmètre, dans lequel la conservation
des forêts et des pâturages serait regardée comme
étant de rigoureuse nécessité, aurait été tracé, on
rechercherait, en dehors, les forêts qui, quoique ne
présentant pas d'utilité manifeste comme sauvegarde
du territoire et des intérêts généraux du pays, en
présenteraient assez cependant pour qu'il fût utile
d'en prévenir la destruction. Ce seraient en pre-
mier lieu toutes les forêts domaniales; car il n’en
reste . certainement plus une seule dont l’aliénation
ne fût pas déplorable. Ce seraient aussi, sauf un
petit nombre d’exceptions, les forêts communales ; car
toutes celles dont la transformation en terres agri-
coles était avantageuse ont été aliénées depuis long-
temps. Ce seraient, ensuite parmi les bois des par-
ticuliers, ceux dont le défrichement aurait pour
conséquence de rendre le sol tout à fait infertile ou
de compromettre l’existence de sources qui, quoique
n’étendant pas au loin leur action, sont cependant
précieuses pour les populations locales.
A ces diverses forêts on ajouterait, pour compléter
le second périmètre, les terrains vides, les pâturages,
les paquis appartenant à l’État ou aux communes,
440 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dont on ne pourrait tirer parti que par le boisement
ou le gazonnement, et que l'initiative individuelle
serait inhabile à mettre en valeur.
Puis viendrait l’état des travaux à faire :
1° Dans le périmètre dont le boisement ou le
gazonnement serait de première nécessité ;
2 Dans celui où ces travaux n'auraient qu’une
utilité secondaire.
On indiquerait pour le premier périmètre, et tou-
jours par catégorie de propriétaires, l'étendue des ter-
rains à reboiser, celle des terrains à gazonner, le prix
approximatif des terrains, et le coût des travaux,
en séparant les travaux d'art, tels que les barrages,
des travaux de gazonnement ou de reboisement.
On donnerait les mêmes renseignements pour le
second périmètre, mais en ce qui concernerait seule-
ment les propriétés domaniales et communales.
On ferait connaître pour ces dernières forêts les
dépenses approximatives qu'entraineraient leur déli-
mitation, leur aménagement et leur vidange.
On exposerait d’une manière générale les réformes
qu'il serait convenable d'apporter au régime écono-
mique et légal des routes nationales, départemen-
tales, vicinales, des canaux, des rivières navigables
et flottables, pour faciliter le transport des produits
forestiers.
On examinerait les entraves mises au commerce
des bois par les droits de navigation, de douane et
d'octroi, ainsi que les conditions faites à la propriété
forestière par l'impôt foncier, et on signalerait les
de a les hi > cie mie mn CA diéa th Etthel on dé da dt Nés Ge) dé LE dd
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS. hat
mesures à prendre pour supprimer les unes et amé-
liorer les autres.
Voilà un aperçu des travaux qu'il y aurait à exécu-
ter, afin de remettre le territoire de la France, au
point de vue des forêts et des pâturages, dans un
état normal. On ne saurait en concevoir qui pussent
contribuer plus que ceux-là au bien et à la prospé-
rité de notre pays. On les a, du reste, déjà commencés,
et sur un point ils sont même très-avancés : dans …
quelques années, les dunes seront reboisées, mais,
après cette opération, que d’autres resteront encore à
faire! L'administration des forêts, qui est la mieux
outillée pour mener à bonne fin cette grande entre-
prise, l’est-elle suffisamment? Je ne le crois pas. Je
veux dire par là qu’elle ne trouverait ni dans les lois,
ni dans le personnel dont elle dispose, ni dans les
fonds qu’on lui alloue, toutes les ressources dont elle
aurait besoin. Je ne saurais, sans sortir tout à fait
du cadre de ces études, examiner les réformes dont
l'organisation de l'administration forestière serait
susceptible. Je ne dirai rien non plus du budget,
chose variable qui n’a rien à faire avec la science; :
mais je jetterai un coup d’æil sur les lois, afin de
montrer leur insuffisance et les points principaux sur
lesquels il conviendrait de les modifier.
CHAPITRE DEUXIÈME.
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. ATTRIBUTIONS
DE L'ADMINISTRATION FORESTIÈRE.
Les lois et les règlements dont l’exécution est con-
fiée à l'administration forestière, si l’on en excepte
les lois récentes sur le reboisement et le gazonne-
ment des montagnes qui ne concernent d’ailleurs
qu’une faible partie du sol forestier, présentent une
lacune que je dois relever tout d’abord. Cette lacune
se rapporte au pâturage. Le code forestier et l’ordon-
nance réglementaire du 1° août 1827 ne traitent du
pàturage que lorsqu'il s'exerce dans l’intérieur des
forêts où il est regardé comme secondaire, et rentrant
dans la catégorie des produits accessoires. Mais
puisqu'il est reconnu aujourd’hui que le pâturage
constitue dans certains cas le principal et même le
seul mode de jouissance des terrains qui se refusent
à la culture agricole; que c’est à l’abus du pâturage
surtout que l’on doit attribuer les ravages des torrents
et la ruine de plusieurs de nos départements, il con-
viendrait d'ajouter aux lois forestières des dispositions
spéciales pour régler le régime des pâturages, et
le régime qu'on appelle forestier devrait s'appeler
aussi pastoral. Depuis la promulgation de la loi sur
in De nn à in
ai as) ae té Ltd hitiode de OL
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 3
le gazonnement, ces dispositions spéciales et l’exten-
sion qui s’ensuivrait pour les attributions de l’admi-
nistration forestière, sont devenues indispensables. Il
y a du reste longtemps que le besoin s’en fait sentir :
N’a-t-on pas dû soumettre au régime forestier des
terrains déboisés et livrés au parcours, parce qu'il
n’était pas possible de les soustraire autrement à une
dégradation complète ? On a violé ainsi l’article 90
du code qui n’exige la soumission au régime forestier
que des forêts susceptibles d’une exploitation régu-
lière, et il en est résulté toutes sortes de difficultés
entre les communes et l’administration. Il ne faut pas
que ces choses se renouvellent, et la création légale d’un
régime pastoral les empêchera de se renouveler. Je
voudrais plus encore : je voudrais que le régime fores-
tier lui-même n’impliquät pas la culture permanente
et exclusive des bois; qu’il pût se concilier avec la
culture agricole temporaire. S'il en était ainsi, les
communes seraient encouragées à placer, d’elles-
mêmes, sous la main de l’administration- forestière,
tous leurs biens communs dont la jouissance donne
lieu à des désordres qu’elles sont impuissantes à
réprimer; mais j'aurai à revenir plus tard sur cette
question, et je vais examiner de plus près, quoique :
sommairement, les attributions de l’administration
forestière dans leurs rapports avec les biens de l’État, .
avec ceux des particuliers et avec ceux des com-
munes.
hi AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ARTICLE PREMIER.
ATTRIBUTIONS DE L'ADMINISTRATION FORESTIÈRE
DANS LEURS RAPPORTS AVEC LES BIENS DE L'ÉTAT.
Pour les biens de l’État, j'ai peu d'observations
à faire : si on attribuait à l'administration forestière
la gestion des pâturages et la mise en valeur des
terres, peu nombreuses d’ailleurs, qui sont com-
prises dans ces biens ; si on lui permettait en même
temps d'appliquer la loi d’expropriation pour cause
d'utilité publique aux acquisitions que réclamerait
l'amélioration de la propriété, il n’y aurait rien à
ajouter à l'autorité dont elle est déjà investie. N’est-il
pas bizarre que la loi d’expropriation pour cause
d'utilité publique soit applicable à l'achat d’un ter-
rain nécessaire à la construction d’un chemin vicinal,
et ne le soit point à celui d’un terrain nécessaire à la
construction d’une route forestière ? Est-ce que cette
route n’a pas un caractère d'intérêt général plus pro-
noncé, que le chemin vicinal? Les anomalies de ce
genre pouvaient se comprendre lorsqu'on considérait
l'État propriétaire d'immeubles comme un simple
particulier, ayant des intérêts distincts de l'intérêt
public. Mais cette notion de l’État s’est modifiée :
l'État, c’est tout le monde, et rien de ce qui lui
appartient ne peut être assimilé à unepropriété privée.
Quand il fait une route pour faciliter la vidange d’une
de ses forêts, il poursuit un but d'intérêt général, et
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. hA5.
la plus-value que cette route donne au prix des coupes,
entre dans la caisse du trésor et profite à tout
le monde. Il est à remarquer, au surplus, qu’à part
ce point relatif à l’expropriation pour cause d'utilité
publique, les priviléges accordés par la loi à l’admi-
nistration forestière pour les forêts domaniales sont
plutôt excessifs qu’insuffisants. Ils sont excessifs par
exemple en ce qui concerne d’abord la délimitation.
attendu qu’en déclarant que la délimitation est défini-
tive, si au bout d’un an, à partir du dépôt du procès-
verbal, aucune opposition n’a été faite de la part du
propriétaire, l’article 42 du code forestier a privé
celui-ci du bénéfice de la loi civile sur les péremp-
tions et les prescriptions. Ils le sont également
ensuite ep ce qui concerne l'extinction des droits
d’usage en bois: on peut dire que la loi forestière, à ce
sujet est presque spoliatrice, puisqu'elle a pour con-
séquence, en définitive, et quel que soit l'esprit de
libéralité par lequel l'administration a essayé d’en
corriger la rigueur, elle a pour conséquence de
diminuer dans une forte proportion la jouissance de
l'usager. L’équité voudrait certainement qu'on lui
abandonnât en cantonnement une partie de forêt
susceptible de fournir un produit égal au chiffre de la :
délivrance usagère. Elle le voudrait d'autant plus qu’il
est de principe que cette délivrance ne doit jamais
dépasser les besoins réels de la partie prenante ; et
l'équité est méconnue, par conséquent, lorsque le
revenu que l’usager peut retirer de la propriété qu’on
lui a concédée en échange de ses droits, descend au-
446 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
dessous de ces besoins. Puisque, comme je le disais
plus haut, l'État c’est tout le monde, il ne saurait
séparer, en matière d’usages, son intérêt de celui dès
usagers. Nuire à l’un, c’est nuire à l’autre. L’extinc-
tion des droits d'usage est, assure-t-on, nécessaire,
parce que ces droits s’opposent à l'amélioration des
forêts. Je ne vois pas trop en quoi, car toutes les fois
que des usagers ont voulu empêcher l'administration
de faire dans les forêts grevées, les travaux d’aména-
gement ou autres qu’elle jugeait utiles, ils ont été
déboutés de leurs prétentions. L’extinction des droits
d'usage ne serait légitime que dans le cas où il n’y
aurait pas d'autre moyen d'arrêter les usages à feux
croissants, et d'empêcher qu’ils ne dévorent tous les
produits des forêts ; mais, dans ce cas, on pourrait au
moins laisser à l’usager le choix entre l'extinction
des droits ou leur limitation. Que l’on allègue que le
service des droits d’usage est gênant pour l’admi-
nistration; soit, c’est incontestable, mais l’adminis-
tralion n’a point été instituée pour ne faire que les
choses qui ne troublent pas sa quiétude, et la gêne
ne devrait pas l’effrayer. Le respect des usages, sauf
à en concilier l’exercice avec les droits du proprié-
taire et avec les exigences d’une bonne exploitation,
aurait cet avantage de maintenir les liens qui ratta-
chent à la conservation du sol forestier de nom-
breuses populations; tandis que, par l'effet du can-
tonnement, on désintéresse ces populations pour
toute la partie de forêts dont elles ne jouissent plus,
et, ce qui est plus grave encore, on compromet
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 447
l’avenir de la partie qu’on leur abandonne, en la sou-
mettant à tous les dangers qui consistent dans les
besoins incessants, l’inintelligence et l’imprévoyance
des municipalités. Convenons qu’il y a, dansla ma-
nière dont l’État remplit ses devoirs vis-à-vis des
communes, d'étranges contradictions : d’un côté, il
a recours à toutes sortes de précautions pour les em-
pêcher de dissiper leur capital, et, s’il se plaint de
quelque chose, c’est de n’avoir pas assez d’autorité
pour cela. D'un autre côté, quand il tient la source
de leur revenu dans ses mains; quand rien ne le
contrarie, ne l’entrave pour en régler la jouissance,
et ilen-est ainsi relativement aux droits d'usage, il
se dépouille de son autorité souveraine pour livrer le
capital représentatif de ces droits à tous les hasards,
à toutes les éventualités auxquels sont exposées les
propriétés communales ordinaires dont la tutelle ad-
ministrative est la seule protection.
ARTICLE 11.
ATTRIBUTIONS DE L'ADMINISTRATION FORESTIÈRE
DANS LEURS RAPPORTS AVEC LES BIENS DES PARTICULIERS.
Sauf les pâturages d’une grande étendue, qui
sont régis par l'administration des domaines, l’admi-
nistration forestière est donc investie d’une autorité
légale à peu près suffisant e, pour améliorer le domaine.
forestier et pastoral qui appartient à l'État. Quelle
TT AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
est son autorité sur les propriétés de même nature
que possèdent les particuliers? Elle est pour ainsi
dire nulle. Sous l’empire de la fameuse ordonnance
de 1669, les bois des particuliers étaient soumis à des
règles d'exploitation qui avaient pour but d’en assu-
rer la conservation et d'y favoriser la production
d’une certaine quantité de pièces de fortes dimen-
sions. Aujourd'hui, à part le défrichement que le
gouvernement s’est réservé le droit d'interdire dans
quelques circonstances exceptionnelles, les particu-
liers peuvent faire de leurs bois et de leurs pâturages
ce que bon leur semble, et il serait probablement
impossible de leur reprendre la liberté qu’on leur a
rendue sous ce rapport. Cependant, l'expérience a
prouvé que la simple prohibition du défrichement ne
suffit pas à conjurer la destruction des bois, lorsque ces
bois ont plus de valeur, plus de prix par le pâturage
qu'ils fournissent aux bestiaux, que par les produits
ligneux, et c’est ce qui explique cette vaste étendue
de rapailles, de friches et de terrains vagues que les
particuliers possèdent dans les montagnes du midi
de la France :. L'expérience a prouvé aussi que les
pâturages, à leur tour, s’anéantissent si on en fait
abus, surtout lorsqu'ils sont situés en pente rapide ;
1. Les personnes qui douteraient de l’inefficacité des lois à ce
sujet n’ont qu’à lire le très-remarquable livre de M. de Ribbe sur
la Provence au point de vue des bois et des torrents. Le parle-
ment de Provence a multiplié les défenses et les peines. Les défri-
chements et les écobuages n’en ont pas moins marché avec une
rapidité désespérante.
Ml e à
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 449
PA
mais, pour réprimer cet abus, l'administration est
tout à fait impuissante.
= On commettrait donc la plus. ee des impru-
dences, si on laissait entre les mains des particuliers
les bois et les pâturages qu'ils possèdent, dans l’inté-
rieur du périmètre où il aurait été reconnu que l'in-
térêt général exige la conservation de ces bois et de
ces pâturages. Il n’y a qu’une manière d'assurer
cette:conservation : c'est que FÉtat s'en charge, et,
à cet effet, exproprie les particuliers pour. cause
d'utilité publique. Mais puisque ces derniers sont
incapables de garder leurs terrains en nature de*bois
et de pâturage, lorsque leur intérêt du moment est
de les livrer sans modération aux bestiaux, encore
plus le sont-ils de mettre des bois ou des prés là où
n’y en a pas, et j'en conclus que le gouvernement
devrait encore acquérir tous les terrains des par-.
ticuliers dont la dégradation serait préjudiciable
à l'intérêt général du pays, et dont la mise en va-
leur serait au-dessus des forces de l'initiative indi-
viduelle.
Les lois sur le reboisement et le gazonnement des
. montagnes ont prévu que l’exécution des travaux
par l'État, était en-effet le meilleur moyen d'arriver à
la consolidation et à la mise en valeur des terrains .
appartenant aux particuliers; malheureusement, cles
ontadmis que ces terrains, après avoir été consolidés
et mis en valeur, pourraient être réclamés par leurs
anciens propriétaires, moyennant l’abandon d’un quart
ou la moitié de leur étendue, et c’est là une chose
3 29
450 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
fort regrettable, car elle expose l’État à perdre un
quart ou la moitié de la dépense qu’il aura faite.
Ces lois ont aussi autorisé des subventions et des
primes pour les reboisements à faire en dehors du
périmètre d’utilité publique. C’est là une faute aussi
grande selon moi que la précédente, comme j’essaye-
rai de le prouver plus tard, quand j'aurai à traiter la
même question pour les bois des communes. : :
Quant aux bois des particuliers qu’il n’y aurait pas
lieu de soumettre au régime forestier et pastoral dans
toute sa rigueur!, ils seraient remis à la libre disposi-
tion des propriétaires, à moins que leur. existence ne
se liât à des intérêts locaux d’une certaine impor-
tance, auquel cas ïls seraient maintenus, après
enquête, sous l'empire de la prohibition du défri-
chement, et on en formerait un cadastre spécial‘. Mais
pour dédommager les propriétaires de cette servi
tude, l'État devrait leur accorder une indemnité’et il
en trouverait aisément les moyens, soit en suppri-
mant les droits d'octroi qui grèvent si lourdement les
A. Toutes les lois sur le défrichement seront illusoires tant que
ce cadastre ne sera pas établi. Je crois lavoir prouvé dans la note
sur le défrichement que j'ai présentée à la Société forestière en
1859. Mais, m’objectera-t-on peut-être, à quoi servira ce cadastre
_ spécial s’il est vrai, comme vous l’avez dit, qu'il n’y a pas de loi,
pas de contrainte qui puisse conjurer la ruine d’un bois, quand
bois a plus de valeur par le pâturage que par les produits
ligneux ? — J'ai dit cela et jy persiste, mais il y a heureusement
encore beaucoup de bois qui ont plus de valeur par les produits
ligneux que par le pâturage, et pour ceux-là la défense de défri-
cher sera très-efficace, à moins que l'on n “ait affaire à des proprié-
taires déPORrTus de raison,
d
!
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 451-
produits ligneux dans certaines villes, soit en dimi-
nuant l'impôt foncier qui est généralement plus élevé
pour les bois que pour les autres immeubles, soit en
concourant plus énergiquement à la poursuite et à la
répression des délits commis dans ces bois, soit enfin
en favorisant par des subventions la création de che-
mins forestiers. Le gouvernement a du reste fait un
premier pas dans le sens que j'indique ici par la loi
du 27 juillet 4870, sur la région des. Maures et de
TEstérel, en Provence, loi dont le pays est rede-
vable à l'initiative du directeur général actuel des
forêts, M. Faré. Par cette loi, les gardes forestiers
de l'État ont été associés à la poursuite des-délits
et contraventions commis dans les bois des par-
ticuliers ; l'État s’est chargé de la moitié des .dé-
penses qu'entraînera la construction d’un réseau de
routes destiné à améliorer la situation -de ces bois;
et, chose digne de remarque encoreplus que les pré-
cédentes, ces routes sont appelées à jouir de tous les
priviléges dont jouissent les chemins vicinaux d’inté-
térêt commun. Ainsi voilà enfin _le principe de la pro-
teclion spéciale que l’État doit aux propriétés boiséés
des particuliers, consacré et sanctionné par une doi.
“II ne s’agit plus que d’en faire d’autres dans le même
but. L 2198408
+ ;
152 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
ARTICLE ITE
ATTRIBUTIONS DE L'ADMINISTRATION FORESTIÈRE
DANS LEURS RAPPORTS AVEC LES BIENS DES COMMUNES.
Si on devait juger du mérite des lois et des règle-
ments forestiers par l’état dans lequel sont les bois
communaux, on en aurait une bien faible idée, car
il n’y a pas une branche du service qui, pour ces
bois, ne soit en souffrance.
Délimilation et Bornage. — Sur plus de 1,900, 000
hectares de forêts que possèdent les communes, y
en a-t-il seulement la moitié qui aient été délimitées
et abornées régulièrement ? — Je ne le crois pas.
Surveillance. — Sauf quelques forêts de l’est et
du centre, la surveillance de ces forêts n’est assurée
nulle part, et pour s’en convaincre, il n°y a qu'à voir
à combien s’élève en moyenne le traitement d’un
garde forestier communal. Dans les 22 conservations
où il est le plus fort, il ne dépasse pas 400 francs.
Dans le Midi et en Corse, il descend à des chiffres
dérisoires : 150 fr., 100 fr. et au-dessous, et encore
n'est-il pas toujours payé. On sait que ce sont les
conseils municipaux qui fixent ce traitement, sauf
l'approbation du préfet. Quand ils ne veulent pas
des gardes nommés par les préfets sur la proposition
des conservateurs, ils ont un moyen bien simple de
se débarrasser de ces gardes, c’est de supprimer
leur traitement.
nb ue: rte rh fé ue bel CR de LS sh —
LA
LA
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 452
- Quarts en réserve. — Malgré les efforts de l'ad-
ministration forestière, les quarts en réserve des
forêts communales sur lesquels on comptait pour
élever des arbres de fortes dimensions, des futaies,
ont été généralement convertis en taillis que l'on
exploite au même âge que les coupes ordinaires {.
Les épargnes accumulées par les siècles, ont été
ainsi dissipées au grand détriment des générations
futures. Puis sont venues les délivrances par antici-
pation; il y a des départements, celui de la Haute-
Saône entre autres où, par l'effet de cetteanticipation,
‘ les taillis ne présentent plus les éléments d’un bali-
vage convenable.
Aménagement. — Toutes les tentatives faites pour
soumettre les forêts communales à des aménage-
ments réparateurs n'ont abouti, la plupart du temps,
qu’à de fâchenx résultats, parce que les municipa-
lités ont refusé les ressources nécessaires pour les
rendre efficaces. Expliquons cela : rien ne semble
plus utile assurément que de remplacer par exemple
la méthode jardinatoire, quand d’ailleurs le climat,
l'altitude, la configuration du sol, le permettent, par
la méthode du réensemencement naturel et des éclair-
cies périodiques. La conséquence immédiate d’une
transformation de ce genre est une augmentation
sensible de revenu, puisque après avoir partagé la
forêt en un certain nombre d’affectations correspon-
4. Voir pour plus de détails la note sur les quarts en réserve
que j'ai publiée dans les Annales forestières en 1859.
*
n5ÿ AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
—
dantes à un même nombre de périodes de la révolu-
tion, au lieu de se borner comme on le faisait aupa-
_ravant à jardiner sur toute la surface, où enlève
pendant la première période tout le matériel de la
première affectation, tandis qu'on continue le jardi-
nage dans les autres. Les communes acceptent dès
lors avec. empressement les projets de conversion
dans ce sens; mais leur demande-t-on quelques
fonds pour préparer, favoriser et compléter le repeu-
plement naturel dans l'affectation en cours de régé-
nération, elles s’y refusent. Le sol se durcit, le
repeuplement devient impossible, les arbres espacés ”
par la coupe d’ensemencement sèchent en cime, ou
sont renversés par le vent. L'aménagement au lieu
d'améliorer la forêt en compromet l'existence; au lieu
d’être bienfaisant il est désastreux.
S'agit-il d’un taillis composé à transformer en
futaie pleine? il y a également tout d’abord augmen-
tation de revenu, lorsque la transformation n’est pas
précédée d’une révolution préparatoire et lorsqu'elle
est graduelle, et les communes l’accueillent encore
avec grand plaisir; mais elles ne veulent pas
entendre parler des repeuplements artificiels que ces
sortes de conversions rendent pourtant indispensables
sous peine de manquer leur but; et, au lieu d’être
transformée en futaie pleine, la forêt est transformée
en taillis simple.
Coupes, produits principaux et accessoires. — II
y a dans les forêts des exploitations qui, souvent oné-
reuses pour le moment, sont très-avantageuses pour
A sn rc oi on as nan SE ES
L
» -
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. * 455
Favenir; ce sont les nettoïements par exemple : onles
néglige complétement dans les forêts communales.
Quant aux coupes principales, la distribution des
produits en nature entre les habitants, ce qu'on
appelle l’affouage, leur ôte une grande partie de leur
valeur et l'administration forestière n’y pe absolu-
ment rien.
C'est un fait que paribut les communes abusent
-des menus produits : le pâturage, le panage, l’enlè-
vement des feuilles, et que l’appauvrissement complet
de certaines forêts en a été la suite.
Moyens de vidange. — C'est un fait aussi que les
moyens de vidange sont encore dans les forêts com-
mupales à l’état primitif, et d’ailleurs, il faut le recon-
naître, il y a peu de communes qui puissent y consa-
crer les ressources pécuniaires que leur amélioration
réclamerait. Tandis que l’on compte plus de 12,000
kilomètres de routes pour les forêts domaniales qui
ne -contiennent pas un million d'hectares, on n’en
compte que 7,000 à peine pour plus de 4,500,000
hectares de forêts communales situées dans les dé-
. partements les plus riches, et encore peut-on assurer
que ces 7,000 kilomètres de routes sont à peine car-
rossables! or il en faudrait au moins 25 à 30 milles
kilomètres. Dans les Pyrénées, dans les Alpes, en
Corse, il y a un grand nombre de forêts communales
qui ne rapportent rien et qui rapporteraient beau-
coup si on y dépensait quelques milliers de franes
pour.des chemins.
Voilà donc à quel point les forêts des communes
856 : AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
sont abandonnées, sauf un petit nombre d’exceptions.
Que dirai-je maintenant de celles de leurs propriétés
qui sont exclusivement affectées au pâturage, et que
l'administration forestière n’a point à surveiller ? C’est
en y accumulant outre mesure les bestiaux qu’on y a
favorisé, autant au moins que par le déboisement,
les ravages des torrents. Une partie de la Provence
a été amenée à un tel degré de pauvreté que les
chèvres même ne trouvent plus à y vivre *. Rien de
plus triste à voir que ces collines calcinées par un
soleil ardent, où ne poussent plus que de rares cépées
rabougries qu’assiégent constamment une multitude
de chèvres affamées. Ces terrains ne sont pas cepen-
dant tout à fait improductifs : de temps en temps,
on en retourne la couche superficielle, on la brûle et
on sème ensuite des céréales; mais cette ressource,
elle aussi, tend à disparaître, parce qu'elle aurait
besoin comme les autres d’être ménagée et qu'elle ne
l’est pas. On devrait, quand une ou deux récoltes ont
été obtenues, laisser le sol en repos pendant douze à
quinze ans avant de lui en demander une troisième.
On devrait surtout n’écobuer que les parties plates
ou en pente peu rapide. Or les habitants, si rien ne
les en empêche, poursuivent la culture jusqu’à ce
qu’elle ne leur rapporte plus de quoi payer leur peine,
et alors, ce n’est pas seulement quinze ans qu'il faut
1. Lire à ce sujet l’instructif et saisissant ouvrage déjà cité de
M. de Ribbe: La Provence au point de vue des bois, des tor-
rents et des inondations, 1857, (Guillaumin et Ci: libraires.)
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 457
äce sol pour produire encore quelque chose; c’est
un temps indéterminé, la durée souvent de plusieurs
générations. En outre, on écobue les parties en pente
rapide comme les autres, et, alors, l'épuisement du-
sol peut devenir irrémédiable. Les municipalités le
savent bien ; aussi leur est-il arrivé quelquefois, dans
l'impuissance où elles sont de mettre un frein à l’avi-
dité et à l’imprévoyance de leurs administrés, de
demander la soumission au régime forestier des ter-
rains en question, et voilà comment l'administration
forestière a été chargée contrairement aux dispositions
de la loi, de gérer des biens qui ne sont nullement sus-
ceptibles d'exploitation forestière régulière. La mesure
n’en eût pas moins été bonne cependant si, en même
temps qu'on confiait à cette administration des ter-
rains auxquels le régime forestier n’était pas immé-
diatement applicable, on lui avait laissé toute latitude
pour en appliquer un autre. Malheureusement cela
n’a pas eu lieu, et les communes propriétaires ont pro-
testé, alléguant qu'en soumettant leurs biens au
régime forestier, elles n'avaient pas entendu se pri-
ver à tout jamais d’en retirer aucun produit.
On voit en définitive que les communes sont en
général tout à fait inhabiles à administrer avec sa-
gesse, les biens sur lesquels on leur a laissé toute
autorité ; et si elles n’ont pas non plus beaucoup à'se
féliciter de la situation dans laquelle sont ceux, dont
la gestion a été confiée à l'administration forestière,
ce n’est pas la faute de cette administration, c’est la
: faute de la loi et des règlements qui ne lui ont pas
158 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
donné la faculté, soit de satisfaire aux désirs légi-
timés des municipalités, soit de lutter contre : a
exigences et leur mauvais vouloir. |
Quand: les agents forestiers s ré pédste: à ce que
les habitants d’une commune cultivent, même tem-
porairement, des terrains soumis au régime fores-
tier, bien que ces terrains ne soient pas boisés; ils
sont certainement dans leur droit et dans leur devoir;
ce n’est pas eux qui ont tort, c’est la loi. I faudrait
que la loi fût modifiée et que l'administration fores-
tière eût toute liberté pour régler la culture des
propriétés qui auraient été placées sous sa direction,
de la manière la plus avantageuse pour la commune
propriétaire, eu égard à ses besoins et à ses res-
sources ‘. Il faudrait aussi ranger dans les attribu-
tions de cette- administration, comme je l’ai fait
observer déjà à propos des biens domaniaux, l’exploi-
tation des pâturages communaux ?. Maïs cela ne
suffirait pas si lPaction de l'administration sur ces
1. Les cultures temporaires sont en général détestables. On
peut les ranger au nombre des plus grands fléaux de la Provence.
Cependant on rencontre, dans les terrains soumis au régime fores-
tier, des vides assez étendus qui ne sont point én pente el que les
communes ne peuvent reboiser artificiellement, parce qu’elles
n’ont pas les ressources pécuniaires qu’exigerait cette opération.
En attendant que l’on soit en mesure de rendre ces vides à la
culture forestière, pourquoi ne permettrait-on pas aux habitants
de leur demander de temps en temps une ou deux récoltes de
céréales? Quel mal y verrait-on? Ici comme ailleurs, il ne saurait
y avoir de règle sans exception, ou plutôt il faut des exceptions
pour confirmer la règle.
2. Il en était ainsi sous l’empire de l'ordonnance de 4669.
né di ds = >
-
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS.. 459
biens, n’était pas mieux assurée que. celle qu'elle à
exercée jusqu'à présent sur les bois susceptibles
d'exploitation régulière; et nous avons à chercher
maintenant comment on pourrait rendre sa tutelle
plus efficace.
Pourquoi cette tutelle n’a-t-elle pas produit de
meilleurs résultats ? Est-ce à cause de l’imperfection
de la loi ? — Oui et non. — Oui, parce que la loi exige
que toute les mesures que comporte la gestion des forêts
communales, soient soumises aux délibérations des
municipalités; parce qu'elle donne trop d'influence
aux préfets sur la suite dont ces délibérations pour-
raient être susceptibles ; parce qu’elle leur confère le
pouvoir de nommer les gardes et de fixer leurs trai-
tements ; parce qu’elle ne permet-pas à l’administra-
tion forestière de vaincre la résistance des communes,
lorsque cette résistance s'appuie . sur la pauvreté
vraie où prétendue des caisses municipales. Non;
parce qu’en somme, en définitive, l’autorité-supé-
rieure a le droit de décider en dernier ressort sur
presque toutes les questions forestières communales,
et de porter d'office aux budgets communaux les
dépenses nécessaires. L'autorité supérieure n’use
pas de ce droit; elle n'écoute pas assez les avis de
ladministration forestière. Telle est la raison domi-
nante de la dégradation dans laquelle est tombée la
propriété forestière communale.
Jusqu'à présent, aucun gouvernement n’a été assez
fort pour mettre un frein à l’avidité des communes
relativement aux coupes extraordinaires et aux
460 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
feuilles mortes; pour renfermer le parcours des bes-
tiaux dans les limites raisonnables; pour imposer
d'office les dépenses indispensables à l'exécution des
aménagements et des travaux les plus urgents. Au-
cun gouvernement n'a été assez fort, même pour
assurer aux gardes un traitement suffisant, 11 aurait
fallu braver le mécontentement des électeurs ; aucun
gouvernement ne l’a osé. Que de fois n’a-t-on pas
vu des conservateurs désavoués, presque disgraciés, .
parce que, indignés du mal qui se développait sous
leurs yeux, ils avaient fait quelques tentatives pour
y porter remède. Blâmés par l'inspection des finances,
à cause de leur indulgence, ïls l’étaient également
par le ministère, à cause de leur sévérité.
Que de fois aussi n’a-t-on pas vu les mêmes
hommes qui, comme membres des conseils départe-
mentaux, avaient, par leurs vœux, engagé l’admi-
nistration à plus de rigueur dans l’application des
règlements forestiers, être les premiers, comme
maires ou députés, à se plaindre des mesures qu’ils
avaient provoquées.
Ces contradictions n’ont rien de surprenant. Elles
sont presque inévitables devant deux intérêts : l’in-
térêt de ce qui meurt et l'intérêt de ce qui ne meurt
pas, l'intérêt du présent et celui de l’avenir, dont la
conciliation est, quoi qu’on dise, très-difficile. En
théorie, c'est à l'intérêt de l'avenir que l’on donne
ordinairement raison. Dans la pratique, c’est celui
du moment qui l'emporte. Les préfets, les conseils
généraux, lorsqu'ils sont appelés à envisager la si-.
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 161
tuation dans son ensemble et dans ses conséquences
désastreuses pour les générations futures, se récrient
dans des rapports, dans des délibérations très-éner-
giques, contre les prétentions exagérées des popula-
tions forestières. Le lendemain, quand ils se retrou-
vent aux prises avec les détails, avec les exigences
locales, les nécessités parfois bien pressantes du
moment, et avec le désir de conserver leur influence,
* leur popularité, ils oublient vite leurs belles protes-
tations de la veille, et ils accusent eux-mêmes l’ad-
ministration forestière de tracasserie et même de
tyrannie, tandis qu’elle ne veut cependant qu’empé-
cher la jouissance des communes de devenir trop
abusive. |
L'administration forestière, on ne le sait que trop,
est peu populaire dans une partie de la France, et
rien ne prouve mieux combien le régime qu’exige la
conservation des forêts est odieux aux communes. En
effet, si une administration est placée vis-à-vis de
ceux qui lui sont soumis, dans des conditions d’im-
partialité, c’est bien celle-là. La gestion qu'elle
exerce dans les forêts communales est entièrement
désintéressée, non-seulement en ce qui concerne
l'État, puisqu'il ne prélève pas ce qu’il faudrait pour
lé dédommager des frais qu’elle lui impose, mais
aussi en ce qui concerne les agents, puisqu'elle ne
leur procure aucune indemnité, aucun bénéfice. Il
est donc nécessaire que ces agents soient fortement
pénétrés de leurs devoirs et désireux de faire le bien,
_ pour qu'ils puissent résister aux obsessions de tout
462 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
genre qui les assiégent, par suite de l’égoisme de
ceux dont ils administrent les propriétés. Il leur serait
facile de se faire aimer autant qu'on les déteste : il
leur suffirait pour cela d'ouvrir une libre: carrière à
tous les appétits des conseils municipaux; mais leur
conscience en souflrirait. Tel est le sentiment qui les
retient. Il n’y en a pas d'autre.
Il n’en est pas moins vrai que les forêts com
nales disparaissent insensiblement, poussées à leur
- perte par des forces qu'on croirait fatales. Elles s’en
vont notamment par trois débouchés qui s’élargissent
chaque jour'de plus en plus : le pâturage, d’enlève-
ment des feuilles et les coupes extraordinaires. Aux
yeux des conseils municipaux, trop souvent soutenus
par les préfets, il y a toujours place pour les mou-
tons dans les forêts, il y a toujours trop d'humus; et
tant qu'il y reste un arbre, il y à matière à une
coupe extraordinaire ?.
A -une telle situation, je ne vois qu' un remétile
RETe
1, Ces coupes, le bon sens l'indique, ne Seront être prises
que sur l'épargne, sur la réserve, sur l’excédant du matériel
superficiel nécessaire pour assurer un produit égal au plus grand
accroissement moyen; mais il n’en est point ainsi : les communes
ne font pas de différence entre le plus grand accroissement
moyen et un accroissement moyen quelconque, et voici comment
elles raisonnent : la forêt peut rapporter X mètres cubes, pour que
la coupe annuelle ne dépasse pas le chiffre de l’accroissement
moyen quel qu’il soit. Sur ces X mètres cubes, prélevons les 3/4
pour les coupes ordinaires; le reste est disponible pour les coupes
extraordinaires. À ce compte-là, quel que soit le matériel sur pied,
une coupe extraordinaire est toujours possible, mu SE Fan
vrissement de la forèt,
i
bu" die de di hé di des ditlet à er ste éd) tt de nu LtE
!
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 163
infaillible : l'acquisition par l'État de toutes les
forêts des communes et des établissements publics.
- Une pareille proposition excitera l’étonnement ;
cependant on va voir que l'acquisition proposée, faite
d'une certaine manière, constituerait une Fr
facile et peu onéreuse.
Si l'État venait aujourd'hui proposer aux com-
-munes de leur acheter leurs forêts à condition de
leur-conserver le droit au pâturage et de leur assurer,
en oùtre : 4° une renté’sur le grand livre égale au
produit en argent, largement évalué, qu'elles retirent
des coupes de ces forêts; 2° une délivrance en
nature égale au volume des. coupes destinées à.
Faflouage ; une telle offre n’aurait-elle pas de
grandes chances d’être acceptée? Pour moi, je n’en
douté point. Comment les communes n’accueilleraient-
elles pas avec eémpressement une transaction qui,
tout en leur permettant de jouir du même revenu,
les afffanchirait des charges considérables, impôts,
frais’de garde et de gestion, qui grèvent leur pro-
priété et qui souvent la rendent onéreuse *. Pour les
biens: de mainmorte, pour les biens inaliénables, le
prix qui s'attache au titre de propriétaire est une
pure fiction, et le revenu, le produit de ces biens, est :
la seule chose qui mérite. d’être prise en considéra-
tion. Puisque sous ce rapport les communes ver-
4; M. Hun, ancien conservateur des forêts à Grenoble, a établi
dans une brochure très-instructive sur les inondations (1856) que
le revenu moyen des bois communaux dans les Alpes est à peine
de 4 franc par hectare.
164 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
raient, par suite de la cession. de Jeurs forêts à l’État,
leur situation s'améliorer, on ne s’expliquerait pas
vraiment qu’elles hésitassent à consentir cette ces-
sion. Mais l’État, de son côté, n'aurait pas fait une
mauvaise affaire en acquérant, au prix que j'ai
indiqué, les forêts communales; car, en admettant
que cette acquisition lui imposât pour le mo-
ment quelques sacrifices, il est certain qu’elle le
dédommagerait amplement plus tard de ces sacri-
fices par la plus-value, qu’au moyen d’une intelli-
gente administration, il ne pourrait manquer de
donner aux forêts qu’il aurait ajoutées à son do-
maine.
Voilà donc par quelle opération simple et ration-
nelle on remédierait d’un seul coup à tous les vices
que présente la gestion des forêts communales, vices
qui se traduisent par des pertes incalculables; non-
seulement pour les communes propriétaires, mais
pour la société tout entière ; et cette opération ne
coûterait pas beaucoup à à l'État, puisque la vente
des coupes dans les forêts qu'il aurait acquises, lui
procurerait les ressources nécessaires pour payer
les rentes dont il aurait augmenté sa dette. Le sur-
croit de dépense qui lui incomberait consisterait
dans les frais de gestion, qui seraient désormais
entièrement à son compte : quelques millions ‘au
plus! mais qu'est-ce que cela auprès de la richesse
immobilière qu'il créerait en appliquant aux deux
millions d'hectares, dont se compose le domaine
forestier communal, les améliorations et les méthodes
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 465
d'exploitation qu'il applique à ses propres forêts ‘ !
Malheureusement, un parti aussi radical rencon-
trerait, j'en ai peur, malgré tous ses avantages, un -
obstacle invincible dans les préjugés de nos hommes
d’État et dans leur manière de comprendre l’éco-
nomie des dépenses. Aussi, me bornerai-je à en
demander l’adoption pour les forêts situées dans le
périmètre dont la conservation aurait été déclarée
d'utilité publique*. Ici, l’expropriation par l’État est
indispensable; car on aura beau chercher d’autres
expédients, inscrire dans la loi des prérogatives plus
grandes pour l'administration forestière ; ces préro-
gatives ne constitueront jamais des garanties tout à
fait suffisantes pour la conservation des forêts, tant
que les communes auront une action sur la gestion de
cette partie de leurs biens; et cette action, comment
pourrait-on la leur enlever absolument, puisqu'elle
est inhérente au droit de propriété?
Cependant, n’y aurait-il rien à faire de mieux
que ce qui existe, dans l'intérêt des forêts que l’État
1. Les produits en argent des forêts communales ne dépassent .
guère 20 millions par an. Il y aurait donc 20 millions de plus à
inscrire au grand-livre. Il ne s’agit pas, on le voit, d’une grosse
affaire.
2. Un écrivain distingué, bien connu par ses travaux en éco-
nomie forestière et en économie politique, M. J. Clavé, a publié
dans la livraison du 4* février 4869 de la Revue des Deux
Mondes, un article sur le reboisement des montagnes, qui mérite
d’être lu comme tout ce qu’il fait, et qui conclut aussi à l’expro-
-_ priation pour cause d’utilité publique de toutes les forêts dont la
conservation serait d'intérêt général.
30
466 . AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
n'aurait point acquises, et faudrait-il les abandonner
à toutes les influences qui les ont déjà si sensible-
ment appauvries ?
Je vais indiquer à ce sujet quelques mesures,
sans me dissimuler qu’elles ne seraient que pallia-
tives : |
La première, la principale de ces mesures, serait
de diminuer sinon de supprimer l'autorité des préfets
dans la gestion des forêts communales, et de leur
interdire toute ingérence dans les discussions d’éco-
nomie forestière ‘. On devrait ensuite ne soumettre
aux délibérations des communes propriétaires que
les questions qui pourraient être résolues dans un
sens ou dans un autre, sans que la conservation de
la propriété en fût compromise; et inscrire à leurs
budgets, comme obligatoires, toutes les dépenses
nécessaires pour l’entretien des travaux faits et pour
l'exécution des travaux à faire, en vertu de décisions
régulièrement prises. N’est-il pas déplorable qu’un
conseil municipal qui a voté une dépense puisse,
l’année suivante, revenir sur sa délibération et annu-
ler ce qu’il a fait; qu'après avoir donné son appro-
bation à un projet d'aménagement, il puisse la retirer
ou mettre l’administration des forêts dans l’impossi-
bilité d'appliquer le projet, en lui refusant les fonds
1. La loi départementale du 10 août 1871 n’a rien changé aux
attributions des préfets en matière forestière; mais elle a appelé
les conseils généraux à délibérer sur les questions d’aménage-
ment, et il est à craindre qu’elle n’ait ainsi ajouté une grave difi-
culté à celles que rencontre déjà la solution de ces questions.
A
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 467
indispensables ? C’est pour lant ce qui arrive tous les
jours.
On devrait, en outre, faire nommer les ae <0
communaux par l'administration forestière, qui fixe-
rait également leur salaire ; car, sans cela, ces
gardes continueront d’être les très-humbles et obéis-
sants serviteurs de MM. les maires, et de faire toutes
sortes de métiers, excepté celui pour lequel ils ont
été institués.
Mais il est évident que pour que la réforme que
j'indique ne fût pas plus apparente que réelle, il fau-.
drait ne pas se borner à décider que l’administration
forestière aura désormais toute latitude pour gérer
les forêts communales de la manière qu’elle jugera le
plus convenable ; il faudrait, en même temps, lui
fournir les ressources pécuniaires dont elle aurait
besoin à cet effet.
Comment les lui fournira-t-on ? C’est le problème
capital à résoudre.
Pour moi, je voudrais que l’État fit toutes les
avances de fonds que réclameraient la gestion, la
conservation et l’amélioration des forêts communales, .
sauf à se rembourser sur le produit de la vente des
coupes, à défaut d’autres moyens !.
4. Avouons que lorsque les communes se plaignent de la
tutelle de l'État, ce n’est pas toujours sans raison; car c’est un
singulier tuteur, convenons-en, que celui qui laisse son pupille
dans la misère, quand il lui suffirait pour l'en tirer de lui tendre
- une main secourable, sans d’ailleurs courir aucun risque. Parmi
beaucoup d'exemples que je pourrais citer de l’insouciance de
468 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Parmi ces avances, il y en aurait d’obligatoires,
il y en aurait de facultatives.
l'État, en ce qui concerne les forèts communales, j’en choisis un
qui est caractéristique.
Il s’agit d’une commune, la commune de Serragio, qui pos-
sède en Corse une forêt de 1,600 hectares environ.
Il a été constaté par l'aménagement qui vient d’être fait de
cette forêt :
1° Qu'elle contient un matériel considérable en bois exploi-
tables;
2° Que faute de route, le mètre cube n’y a presque pas de
_ valeur;
3° Qu'il faudrait dépenser 40,000 francs pour construire une
route de 6 à 7 kilomètres;
4° Que cette route construite, le prix du mètre cube sur pied
s’éièvera au -moins à 10 francs, et qu’indépendamment d’une
somme immédiatement réalisable de 450,000 francs, la forêt pourra
rapporter éternellement un revenu annuel de 7,000 francs.
Malheureusement, la commune de Serragio n’a pas 40,000 francs
et elle ne sait où les prendre. Que propose-t-on alors? — On
propose de vendre, dans les conditions présentes, une quantité
d’arbres assez grande pour procurer à la commune cette somme
de 40,000 francs. Au prix actuel, ce serait un volume énorme
qu’il faudrait jeter bas, de sorte que si la proposition était adop-
tée, la forêt n’aurait de longtemps plus rien à fournir.
On dira peut-être que puisqu'il suflirait d’une dépense de
40,000 francs pour élever le prix du mètre cube de bois à 40 fr.,
il y aura des spéculateurs qui seront disposés à faire cette dépense
et à tenir compte dans leurs offres de la plus-value qu’elle donnera
au bois. Cette objection ne serait pas indifférente en France où il
y a de grands capitaux, et où le commerce des bois est très-
connu. Mais en Corse elle est sans valeur, parce que tout y
manque, le capital et l'expérience du commerce; et si on procé-
dait à la vente que désire la commune de Serragio, les résultats
en seraient faciles à prévoir : on ne payerait pas le bois plus cher
qu’on ne l’a payé jusqu’à présent; la forêt serait ruinée, et le pro-
duit de l’adjudication, au lieu de servir à la construction d'une
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 469
Il y en aurait de remboursables intégralement,
tandis que les autres pourraient ne l'être qu’en
partie. G
Seraient obligatoires les avances relatives : 4° À la
gestion ordinaire, gestion qui comprendrait non-seu-
lement les opérations prévues par l’article 1407 du
Code forestier, mais encore la surveillance, la consta-
tation des délits, et l’étude des aménagements ‘ ; 2° à
route, devenue d’ailleurs pour longtemps inutile, serait employé
à la construction d’une église,
Pourquoi l’État ne fait-il donc pas la route à ses frais, sauf à
se rembourser sur le procuit de la première coupe? Il ne lui fau-
drait pas un an pour rentrer dans son argent, intérêt compris,
s’il le voulait. Quand on le voit si généreux pour l’agriculture et
pour l'industrie, n’2-t-on pas le droit de s'étonner et de se plaindre
du peu de souci qu'il semble prendre des in'érèêts de la sylvicul-
ture. Avec le quart lout au plus des sacrifices qu’il s’est imposés
pour encourager le Crainage, il pourrait tripler la production des
forêts communales.
1. Je ne m'explique pas, je l’avoue, pourquoi les études d’amé-
nagement ne sont pas comprises parmi les opérations de conser-
vation et de régie. L'aménagement est la base indispensable de la
gestion. Il n’y a pas d'opération importante qui soit possible sans
lui. Faut-il instruire une demande de coupe extraordinaire, ou
procéder au simple martelage d’une coupe ordinaire, il est néces-
saire de se livrer à des reconnaissances, à Ces calculs, à des tra-
vaux qui constituent ce qu’on appelle l'aménagement. N’est-il pas
au moins bizarre que lorsque les coupes d’un taillis ne sont pas
assises sur le terrain, on ne fasse rien payer à la commune pro-
priétaire pour en exécuter chaque année l’arpentage, et que lorsque
cetie commune consent à ce que loutes les coupes soient arpen-
tées en une fois définitivement, ce qui revient à asseoir l’'aména-
gement sur le terrain, on lui réclame les frais de l'opération. Ce
que doivent supporter les communes, ce sont évidemment les
frais extraordinaires de l'aménagement, tels que ceux qu’entrai-
470: AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. =
l'entretien, aux assainissements, aux délimitations, à
l’achèvement des travaux commencés, et en général,
à l'exécution de tous les travaux nécessités par des
décisions de l'autorité supérieure.
Seraient facultatives, les avances qui concerne-
raient les travaux extraordinaires de premier établis-
sement, tels que les routes, les repeuplements d’une
grande étendue.
Seraient remboursables intégralement les avances
pour travaux de toute nature, neufs ou d'entretien, à
moins que l’État n’y fût directement intéressé.
Pourraient n'être remboursées qu’en partie, les
avances faites pour la gestion ordinaire, définie
comme elle l’est ci-dessus, et voici la règle que je
proposerais de suivre pour fixer la proportion dans
laquelle le remboursement serait effectué :
Cette proportion serait plus ou moins forte, sui-
vant que les produits principaux d’une forêt seraient .
plus ou moins élevés, par rapport aux frais de gestion :
Ainsi, l’État prendrait par exemple à sa charge l’excé-
dant desdits frais sur le quinzième du prix des produits
principaux vendus ou délivrés, ou, ce qui reviendrait
au même, il devrait faire face aux frais de gestion,
sans que les communes fussent lenues à un remboür-
sement qui dépasserait le quinzième de la valeur des
produits principaux de leurs forêts. »
Je ne pose, je ne défends ici qu'un principe, et
nent les expéditions des projets et des plans, les travaux de route,
d’assainissement, de repeuplements artificiels, mais l'étude de
l'aménagement devrait être à la charge de l'État.
.
#
a Ë
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 471
LS
ce quinziè me des produits principaux en argent, qui
me paraîtrait suffisant pour indemniser l’État de ses
avances, pourrait ne pas l'être ou être excessif. C’est
une question à examiner et que l'on résoudrait
équitablement selon moi, si on limitait la répétition
de l’État au rapport existant entre les frais de ges-
tion et les produits principaux des forêts domaniales
ou communales qui sont dans les meilleures condi-
tions au point de vue de la production. Il est certain
que ce rapport étant appliqué à toutes les forêts
communales, l’État aurait à faire, pour l’ensemble
de ces forêts, des frais qui ne lui seraient pas tota-
lement remboursés ; mais n'oublions pas qu’en impo-
sant aux communes de garder leur fortune sous la
forme de bois exploitables à un certain âge, la so-
ciété leur occasionne un préjudice notable. Il est
possible de se faire une. idée de ce préjudice par
Faugmentation de revenu que se procureraient les
communes, s'il leur était permis d’aliéner leurs
forêts pour en placer le prix en rentes sur l'État.
Cette opération aurait souvent pour résultat de dou-
bler au moins leur revenu; de sorte que si elles pou-
vaient-être assimilées à de simples particuliers, l État,
pour les dédommager des restrictions qu'il apporte à.
la jouissance de leurs propriétés, leur devrait une
indemnité annuelle égale au revenu actuel de ces
propriétés. Je n'entends pas qu'on aille jusque-là,
cr dans J'intérêt même des communes, il convient
“que leur fortune soit placée de la manière la plus
solide, dût-elle rapporter moins, Toujours est-il que
172 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS
ce n’est pas seulement pour leur bien, que c’est aussi
pour le bien public, qu'on les oblige de conserver
leurs forêts et de les soumettre à une certaine révo-
lution. Toujours est-il que moins le revenu que
donnent ces forêts est élevé, plus évidente et plus
grande est la part de l’intérêt général dans leur con-
servation. Il est donc rigoureusement juste que la
société tout entière contribue d'autant plus aux dé-
penses qu’entraîne la gestion des forêts communales,
que celles-ci sont pécuniairement moins productives,
et qu'il y aurait plus d'avantages pour les communes
propriétaires à les aliéner. Et qu’on ne se récrie pas
devant une telle proposition, car elle ne tend qu’à
confirmer le principe qui a été adopté par le Code
forestier en matière de gestion des forêts commu-
nales. Aujourd’hui déjà, pour cette gestion, les com-
munes ne sont tenues qu’au versement, jusqu'à
concurrence de 4 fr. par hectare, du vingtième-des
produits des coupesprincipales. vendues ou déli-
vrées, de sorte que.cette gestion mal définie d’ailleurs
et trop restreinte, «st gratuite pour les communes
dont les forêts ne donnent pas de produits princi-
paux. Il s'agirait d'étendre et d'améliorer ce principe,
en comprenant dans les actes de gestion la surveil-
lance, les aménagements même, quand ils n’entraîne-
raient pas de dépenses extraordinaires; et en sup-
primant la limite de 1 fr. par hectare, qui favorise
les communes dont les forêts sont très-productives*…
1. Les forêts communales rapportent aujourd’hui en produits
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 173
E 3
ARTICLE La oe
CONCLUSIONS APPUYÉES SUR LES LOIS
RELATIVES AU REBOISEMENT ET AU GAZONNEMENT
DES MONTAGNES.
Les diverses propositions que je viens de déve-
lopper. les principes que je voudrais voir adopter,
sont du reste en germe dans les lois sur le reboise-
ment et le gazonnement des montagnes, lois que nous
allons maintenant passer en revue :
Les lois sur le reboisement et le gazonnement
visent deux catégories de travaux: 3 les travaux obli-
gainires, el Lies faculiatifs. %
es travaux sont obligatoires lorsqu'ils ont été
déclarés d'u ilité p ublique par un décret rendu en
d'Eta après enquête de commodo et incom-
“’ St hentai quand leur utilité
n l'esl.que secondaire et.qu'il suffit, pour la constater,
d'une décision du directeur général des forêts.
oisements et les gazonnements “obliga-
Loiragsalhstque toutes les consolidations de terre
qu'ils nécessitent au préalable, sont exécutés par l'État
principaux plus de 40 millions de francs, elles contiennent 2 mil-
ares, et cependant le chiffre de leurs contributions
: les frais de régie n’est que de 1,300,000 francs. Il faut donc
qu'il ait des forêts où la limite de 4 franc par hectare empêche
la contribution de s'élever jusqu’au 4/20 des produits.
+
3e
74 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
lorsque les propriétaires ne peuvent ou ne veulent
s’en charger. L'administration forestière s'empare
des terrains, en appliquant à ceux des particuliers la
loi d’exproprialion pour cause d'utilité publique, et en
soumettant au régime forestier ceux des communes.
Quand les travaux sont terminés, les particuliers ont
le droit d’obtenir leur réintégration dans leurs pro-
priétés, à la charge de restituer l'indemnité d’expro-
priation et le prix des travaux; mais ils peuvent
s’exonérer du remboursement du prix des travaux en
abandonnant la moitié ou le quart de leurs propriétés:
la moitié quand il s’agit de terrains reboisés, le quart
quand il s’agit de terrains gazonnés. Quant aux com-
munes, elles peuvent également se soustraire à toute
répétition de la part de l’État, en lui abandonnant la
moitié ou le quart de leurs biens; mais elles conser-
vent dans tous les cas le droit de pâturage dans les
parties boisées devenues domaniales, et les pâturages
dont elles retiennent la propriété restent soumis au
régime forestier, chose dont je prie qu'on se sou-
vienne.
Les lois en question prévoient en outre que des
indemnités pour interruption de jouissance, pourront
être allouées aux communes dont les propriétés
auraient été mises en défens par suite des travaux
à exécuter. Si
Les reboisements ou gazonnements facultatifs ne
- donnent lieu de la part de l'État qu’à des -exemptions
d'impôts, à des primes et à des subventions en nature
ou en argent, non remboursables sauf malversations.
“ÈS
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 475
re
"+.
Telle est l’économie ‘de ces lois. Je leur
reproche : -
4° De faire intervenir l’État par des moyens con-
“traires aux principes de l’économie politique, dans
des travaux qui n’intéressent pas la société tout entière ;
qui devraient par conséquent être abandonnés com-
plétement à l'initiative individuelle; et qui du reste
- seront éphémères si cette initiative, à elle seule, n’est
pas capable de les entreprendre et de les mener à
bonne fin.
2° De compromettre le résultat des sacrifices .
qu'elles imposent au trésor public, pour les travaux
d'utilité générale, en autorisant la remise des terrains
gazonnés ou reboisés entre les mains de leurs anciens.
propriétaires, et en les replaçant ainsi dans les con-
ditions qui en ont amené la dégradation.
3° De ne pas contenir des dispositions suffisantes.
pour éviter que pendant qu’on réparera les dom-
mages d'un côté, il ne s’en produise de nouveaux
d'un autre côté, par l’effet même de cette répara-
tion.
J'avoue d’abord que je ne m'explique pas, en ce
qui concerne le premier grief, pourquoi, lorsque
l’État s'associe aux travaux par des subventions, il
renonce à toute répétition; tandis que lorsqu'il avance
tous les frais, il ne le fait qu’à la condition de rentrer
dans une partie au moins de ses déboursés. Puisque
le système des subventions est appliqué, dit-on, aux
travaux qui ne sont pas entièrement d'utilité publique,
il semblerait que l’État devrait supporter moins
476 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS..
de sacrifices pour ces travaux que pour les autres.
En outre, quand il s’agit de travaux d’urgente
nécessité, ces travaux sont précédés d’une enquête,
tandis que pour les reboisements ou gazonnements
facultalifs, ils ne le sont point; de sorte que les garan-
ties exigées pour assurer le bon emploi des deniers de
l’État, lorsque le bien public est engagé dans la ques-
tion , on les juge superflues quand ces deniers sont
consacrés à des dépenses d’une utilité locale, dou-
teuse, et dans tous les cas, secondaire. Enfin, il m'est
impossible de comprendre pourquoi l'administration,
qui à des ressources insuffisantes pour les travaux
nécessaires, en consacre une partie à des travaux
dont on pourrait se passer. A cela on objecte que
l'utilité des travaux facultatifs doit être en vérité con-
sidérée comme secondaire, si l’on envisage les ter-
rains à consolider dâns leur ensemble; mais qu’elle
est tout aussi grande que celle des travaux dits obli-
gatoires, pour la part du travail facultatif que repré-
sente la subvention; car la loi dit expressément que
la subvention sera proportionnée à la part d'intérêt
général que présente le travail à entreprendre. L’'in-
térêt général entre-t-il pour un quart par exemple
dans tel reboisement, la subvention sera d’un quart
de la dépense. Tout cela peut être ingénieux, est-ce
bien sérieux?
Au surplus, je repousse les primes et les subven-
tions au nom de l’économie politique :
En thèse générale, lorsqu'une industrie n’est
point engendrée par le libre jeu des intérêts indivi-
dns ed
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 477
duels, par la spontanéité et l'initiative privées, il est
imprudent, hasardeux pour le moins, de l’encou-
rager au moyen d'un appât extraordinaire, anormal,
factice, et qui peut dès lors être trompeur. C’est
lui donner un mobile, un fondement fort incer-
tain, et par conséquent exposer à des mécomptes
les gens qui y consacreraient leurs soins et leurs
capitaux. On pourrait assurément, en y affectant les
encouragements nécessaires, introduire en France la
culture de l'Ananas. Serait-ce une conquête utile,
désirable? non évidemment, puisqu'elle ne saurait
se maintenir qu'à la condition de jouir éternellement
de la subvention qui lui aurait été primitivement
accordée. On ne doit recourir aux primes, aux sub-
ventions, qu'avec beaucoup de réserve et dans des cas
exceptionnels. On comprend ces moyens de provoquer,
de développer l’industrie au début d’une civilisation,
lorsque l'intérêt privé n’a pas encore l'œil ouvert sur les
ressources qu'il pourrait avantageusement exploiter;
lorsqu'il manque des épargnes, des capitaux indispen-
sables pour fonder une entreprise; lorsqu'il n’y a pas
d'institutions de crédit. Au temps où nous vivons, ils
ne sont plus admissibles.
S'il n’y avait jamais eu de bois dans les contrées
où il s’agit d’en établir; si l’on était dans l'ignorance
ou dans le doute sur les avantages des biens-fonds
de cette nature pour ceux qui les possèdent; si l’on
pouvait enfin espérer qu’une fois les frais de premier
établissement faits, une fois la propriété constituée,
elle durerait par sa propre force à cause du profit
#
178 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
qu'en retirerait le détenteur, j’admettrais les subven-
tions et les primes; mais il y a eu et il y a même
encore des bois dans les montagnes ; on sait parfai-
tement que ceux-là ont disparu et que ceux-ci sont
en train d’en faire autant, parce que leur conserva-
tion ne s'accorde pas avec l'intérêt actuel des proprié-
taires, et que dans l’échelle des cultures lucratives,
la culture forestière occupe souvent le dernier rang;
alors, à quoi bon imposer à l’État de grands sacri-
fices pour reconstruire un édifice qui serait destiné
à s’écrouler infailliblement de nouveau, dès que la
main du gouvernement ne serait plus là pour le sou-
tenir? |
Je ne dis rien d’exagéré : ce qui se passe aujour-
d’hui, l'impuissance des efforts que fait l’administra-
tion pour sauver le peu de forêts qui existent encore
dans les Alpes, dans la Lozère, dans l'Ardèche, dans
les Cévennes, montrent jusqu’à l'évidence que ce
genre de propriété ne se concilie pas toujours avec les
exigences de l'intérêt privé et qu'il n’y a ni loi, ni
contrainte qui puisse en empêcher la ruine, lorsque
cette ruine n’est pas susceptible d’appauvrir le pro-
priétaire actuel. Malgré la prohibition du défriche-
ment, malgré la tutelle que le gouvernement exerce
sur les communes, les bois des particuliers et ceux
des communes elles-mêmes disparaissent rapidement;
c’est un fait constaté.
Les bois des communes disparaîtront un peu moins
vite peut-être, si on adopte les mesures que j’ai pro-
posées pour renforcer la tutelle que l'État exerce sur
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 479
eux. Cependant on aurait tort, je l’ai dit, de compter
* entièrement sur ces mesures. die
* Mais puisque toute la force d’une grande admi-
nistration ne parvient pas à sauvegarder les bois des
particuliers et ceux des communes existants encore,
est-il sage, est-il raisonnable de songer à en créer .
de nôuveaux, pour les placer dans les mêmes mains
et les soumettre en conséquence aux mêmes causes
- de destruction ? Oui, sans doute, les particuliers et
les communes consentiront à reboiser leurs terrains
vagues si on leur donne, sous forme de primes,
_ d’exemptions d'impôts, de subventions, des subsides
qui les indemnisent à la fois et des frais du reboise-
ment et de la perte qu'on leur occasionnera par la
suppression des pâturages; mais quand les bois
auront été formés, comment fera-t-on pour en assurer
la conservation ? L'État prendra-t-il à sa charge les
frais de gestion et continuera-t-il les mêmes sub-
sides ? ce serait le seul moyen. Mieux vaudrait cent
fois recourir immédiatement à l’expropriation pour
cause d'utilité publique.
Ainsi, on est forcé de reconnaître que les fonds
employés en subventions et en primes, non-seule- :
ment pour les particuliers, mais encore pour les
communes, sont des fonds fort mal employés et que
l'on peut considérer d’avance comme perdus. On
comprend d’ailleurs que les travaux de consolidation
des terres, de reboisement et de gazonnement, exé-
cutés d’après ce système, n'étant assujettis à aucun
plan d'ensemble, à aucune direction, n’ayant entre
Le.
:
e
480 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
eux aucune solidarité re sauraient produire que des
résultats insignifiants. ARR.
Le premier reproche que j'ai fait aux lois du
reboisement et du gazonnement est donc fondé. Le
deuxième ne l’est pas moins :
L'administration, elle-même, a montré qu ’elle
n'avait pas grande confiance dans les résultats des
trayaux facultatifs exécutés à l’aide de ses encourage-
ments, puisqu'elle s’est réservé d'exécuter à ses frais -
et de diriger, dans tous les cas, les travaux obliga-
toires. Mais s’il y a lieu de craindre que les forêts
créées en grande partie avec les fonds des communes
et des particuliers ne soient pas entretenues en bon
état, à plus forte raison doit-on s'inquiéter de l’avenir
de celles à la création desquelles les communes ét
les particuliers n’auront pas voulu participer; et c'est
un vice fondamental de la loi d’avoir admis que
les terrains pourraient être remis, après le complet
achèvement des travaux, entre les mains des anciens
propriétaires. Rien ne justifie une semblable généro-
sité de la part de l'État. Il est évident que les ter-
rains que l’on consolide n’auront de valeur que par
les travaux qu’on y fait; que leur prix réel actuel est
dans tous les cas peu de chose à côté de la dépense
qu'occasionnent lesdits travaux; pourquoi donc l’État
ne les acquerrait-il pas définitivement dès à présent,
et s’engage-t-il à en rétrocéder la moitié ou les trois
quarts? Eh quoi! le gouvernement s'empare de
ces terrains; il y dépense des sommes énormes en
barrages, en semis, en plantations, sans compter
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. .h81
_les indemnités pour interruption de jouissance; et
k quand pe parvenu à les restaurer au prix ‘de si
sacrifices , il en abandonne de nouveau une
_ partie à des mains qui-la laisseront encore se dé-
grader ! Vraiment, ce n'est pas raisonnable. C'est
d'autant moins raisonnable que la M oh auront” -
> acquise ces. terrains, est surtout, une valeur 14
- - - rielle, une valeur d’utilité publique’, qui
4 ‘apprécier en argent, et dont l'individu ne tient aucun
compte; de sorte qu’en la cédant à des particuliers,
J'État s'appauvrit sans profit pour eux. ‘On pourrait”
objecter que, pour les particuliers, cette rétrocession
n'est point à craindre , attendu qu'en présence de la
tendance des jurys d'expropriation à exagérer la +
valeur des propriétés auxquelles l’État applique la
loi d’expropriation pour cause d’utilité-publique, il y
a grande probabilité que les particuliers-auront recu
pour le prix de leurs terrains, une somme plus élevée
que celle qui représentera la valeur de ces terrains,
: après l'exécution des travaux. Cette probabilité pour-
Ê _rait bien cependant ne pas se réaliser, quand on
considère que les terrains à restaurer sont souvént
complétement improductifs et sous le coup d’une
: destruction complète, imminente. Quelle que: soit la
Jibéralité des jurys d’expropriation, il n°y aurait rien
d'étonnant à ce qu'ils attribuassent à ces terrains un!
prix moins élevé que celuj qu’ils acquerront, quand *
ils auront été consolidés et mis en valeur. Au sur-
plus : ou le danger que je signale est réel et alors -
mon objection reste; ou il est Chimérique et alors il
He
LL
8e
182. AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
“
n’y avait aucun motif pour que l’on rendit one
priation conditionnelle.
: Je laisse’ de côté, comme on voit, l'hypothèse du
remboursement des frais de restauration, par les
propriétaires des terrains. Cette hypothèse’est irréa-
lisable en effet, puisque les frais de restauration
seront certainement hors de toute proportion avéc le
revenu nét que pourront rapporter les terrains, après
qu'ils auront été remis en valeur. D'ailleurs, qui ne
voit combien serait difficile une ventilation équitable
entre les propriétaires , quand il s’agirait de faire à
chacun sa part dans les dépenses de certains de ces
travaux, tels que les barrages qui, utiles également
à toutes les propriétés, n'auraient été. cependant
établis que sur quelques-unes. |
Justifions maintenant le troisième reproche :
J'ai dit que c'était une lacune bien regrettable dans
la loi qu’elle ne contint pas les dispositions suffisantes
pour éviter que, pendant qu’on réparerait les dégâts
d’un côté, il ne S'en produisit de nouveaux d’un autre
côté, par l'effet de cette réparation.
Les bois restent donc soumis tout simplement au
régime forestier, tel que l’ont organisé le code fores-
tier et l'ordonnance royale dù 1* août 4827, régime
insuffisant ; et les pâturages, non englobés dans
les périmètres de conservation obligatoire, restent
livrés à l’insouciance et à l’avidité de ceux qui les
possèdent. Or qu’arrive-t-il? C’est que, tandis qu’on
s’efforce de reboiser les terrains dégradés, les trou-
peaux auxquels on enlève ainsi une partie de leur
;
”
-
2
-
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 483
domaine, s'accumulent sur l’autre partie déja sur-
chargée et en précipitentla ruine. On ne saurait être
plus imprévoyant. :
Voilà ce que je vois de mauvais dans les lois sur
le reboisement et sur le gâzonnement des mon-
tagnes *, et voici maintenant ce que j'y vois d'excel-
lent: é 2
D'abord elles proclament le droit d'intervention
de l’État dans la gestion, non pas seulement des bois,
mais encore des pâturages et. des terrains incultes
appartenant aux communes; *
Ensuite elles reconnaissent que c'est un deÿüir
pour le gouvernement de venir au secours des com-
munes, quand celles-ci n’ont pas les ressources qu’exi-
gerait l'amélioration de leurs biens.
Enfin, elles ädmettent l’expropriation pour cause
d'utilité publique des propriétés de même nature que
les particuliers seraient inhabiles à régénérer ou à
conserver; et on peut dire qu'elles admettent aussi
cette expropriation pour les terrains communaux ;
car la faculté qu’elles donnent à l’État de retenir la
moitié ou le quart de ces terrains, après l'exécution
des travaux, aboutit à une expropriation partielle et :
déguisée.
LS :
1. Je n'ai pas parlé dans ma critique de l’article 44 de la loi
sur le reboisement, relatif à l’aliénation d’une certaine étendue de .
forêts, dans le but de faire face aux frais du reboisement. Cette
conception singulière, qui attachait la même importance aux forêts
en projet et d’une création fort incertaine, qu'aux forêts séculaires
en plein rapport, a été abandonné lors de la discussion de la loi
du gazonnément. Voilà pourquoi je n’en ai rien dit,
484 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
Ces dispositions sont très-remarquables; et comme
l'appréciation des conditions nécessaires pour que la
conservation d’un terrain soit déclarée d'utilité pu-
blique, est abandonnée, sans restriction formelle, à
l'autorité supérieure, celle-ci pourrait, avec un peu
de hardiesse, rattacher au domaine de-l’État la moi-
tié ou le quart des propriétés communales et toutes
les propriétés privées situées en montagne.
Cependant, il faut bien l’avouer, ces lois ont été
faites pour arréter les ravages des eaux et conju-
rer les effets des grands désordres de la nature.
Elles ne devaient pas s'appliquer, dans l'esprit du
législateur, aux terrains qui, bien que situés en
pente et impropres à l’agriculture, ne courent -pas
le risque d’être emportés dans les plaines et d'y
causer des dommages. Ces terrains-là auraient pour-
tant besoin aussi d’être mis entre les mains de l’État;
au moins, d’être surveillés par lui, quand ils appar-
tiennent aux communes, et en cela encore mes idées
vont plus loin que les lois sur le reboisement et le
gazonnement.
J'avais néanmoins raison de dire que ces lois
renfermaient des dispositions qui étaient d'accord
avec mon opinion sur l'autorité dont le gouverne-
ment devrait être investi relativement aux forêts et
pâturages créés ou à créer dans notre pays, opinion
que je résume ainsi :
4° Instituer pour les forêts, les bois et les pâtu-
1. Rapport à l'Empereur, page 8.
RO Lt dE did cn dt
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 485
rages un régime spécial qui serait intitulé : régime
forestier et pastoral et dont l'application serait con-
fiée à l'administration des forêts qui deviendrait
l’administration des forêts et des pâturages;
2 Mettre entièrement entre les mains de l État,
pour être gérés conformément à ce régime, les ter- .
rains dont la conservation serait d'intérêt général et
ne pourrait être assurée que par le boisement ou le
gazonnement.
L'administration des forêts serait investie, pour.
constituer et gérer ce domaine, de toutes les préro-
gatives qu’accorde à l’État la loi sur l’expropriation
pour cause d'utilité publique ; mais son autorité
serait modifiée, en ce qui concerne la délimitation,
d’une manière conforme au droit-commun; et les dis-
positions du code forestier relatives au cantonnement
des droits d’usage seraient abrogées, pour être rem-
placées par d’autres disposilions qui ne tendraient
qu’à régulariser la jouissance de ces droits et à l’em-
pêcher d’empiéter sur celle du propriétaire ;
3° Maintenir les bois des particuliers qui n’au-
raieñt pas été acquis par l’État en exécution de l’ar-
ticle précédent, sous l'empire de la prohibition, :
toutes les fois que leur conservation, sans être d’inté-
rêt général, se rattacherait à des intérêts locaux
d’une réelle importance, et faire de ces bois l'objet
d’un cadastre spécial; mais pour dédommager les
propriétaires de la restriction apportée à leur jouis-
sance, leur accorder une indemnité sous la forme
que j'ai indiquée page 451 (suppression des droits
’
186 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS..
d'octroi, diminution de l’impôt foncier, association
de l’administration publique à la poursuite et à la
répression des délits, subventions pour, la tar
tion de chemins de vidange) ; b
h° Soumettre les forêts et les pâturages et tou
les terrains à boiser ‘ou à gazonner des communes et
des établissements publics qui ne seraient pas com-
pris dans le domaine prévu par l’article 2, ou qui
n'y auraient pas encore été rattachés, à la tutelle
administrative modifiée en ce sens :
Qu'elle donnerait à l'administration sur les bois
non susceptibles d'exploitation régulière, et sur les pà-
turages, tous les droits qu’elle à déjà sur les bois
susceptibles d'exploitation régulière; qu’elle lui lais-
serait en outré la plus grande lätitude pour règlér la
jouissance de ces biens de là manière la plus favo-
rable aux intérêts des propriétaires, et qu’elle lui
permettrait en conséquence d’y äutoriser même des
cultures temporaires. -
Qu'elle lui conférerait toute l'autorité voue pour
assurer : 1° la gestion ordinaire dans laquelle seraient
comprises, indépéndamment des opérations prévues
par l’article 107 du code forestier, la surveillance, la
constatation des délits et l'étude dés aménagements;
9 l'entretien, les assainissements, les délimitations,
l’éxécution dé tous lés travaüx autorisés par des dé-
cisions régulières. L'administration forestièré nom-
meräit donc les gardes; elle fixerait leur salaire;
les fonds nécéssaires pour ässurér ce Sdlairé seräiént,
ainsi que les autres dépeñses rélativés à la régie, à
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS, 487
_ l'entretien et aux travaux indispensables, inscrits au
budget des dépenses obligatoires des municipalités;
Le Que- l'État ferait l'avance . desdites dépenses,
sauf à se rembourser sur le prix des coupes à défaut
d’autres moyens ;
Que l'État, sauf à se rembourser de la cb ma-
hière, pourrait en outre prêter de l'argent aux com-
munes, quand elles en auraient besoin pour les
grands travaux neufs d'amélioration tels que les
routes, les reboisements d’une certaine étendue ; k
Que la répétition de l'État se bornerait toutefois
pour les frais de la régie, définie comme elle l’est
plus haut, au chiffre à établir, exprimant le rapport
- entre les frais de régie et les produits principaux des
forêts les plus productives. |
. … Énergique intervention de l'État : telle est -en
définitive la nécessité qui s'impose, quand on étudie
les moyens d'améliorer les parties de notre territoire
qui ne peuvent être cultivées qu’en prés ou en bois.
Cette nécessité sera contredite par ceux de mes
concitoyens, et ils sont nombreux, qui, malgré la
divergence de leurs opinions sur presque toutes les
questions politiques, se trouvent d'accord lorsqu'il
s’agit de porter atteinte aux prérogatives de l'État.
Mais que ces messieurs me permettent de le leur
dire : parmi tous les dangers qui menacent encore -
notre malheureuse patrie déjà si éprouvée, je n’en
- vois pas de plus grand que celui auquel l’exposent
leurs théories gouvernementales. Si la France entrait
188 AMÉNAGEMENT DES FORÉTS.
dans la voie où ils veulent l’engager avec les meil-
leures intentions du monde, je n’en doute pas, son
heure aurait sonné : il ne resterait bientôt d’elle que
quelques individualités plus ou moins remarquables;
comme corps de nation, elle descendrait au dernier
rang, elle n'aurait plus de mission à remplir. J'espère
donc qu’elle finira par voir le néantdes chimériques
espérances que les décentralisateurs font briller à
ses yeux, et qu'après avoir été la première à pro-
clamer dans le monde, non plus seulement au nom
de la charité chrétienne, mais au nom de la-raison et
de la science, le. principe de la solidarité, elle ne
voudra pas se démentir. Il y va de sa gloire, de sa
sécurité, et de l’avenir même de la civilisation.
Les hommes sont unis par certains intérêts qui
leur sont communs, et qui ne sauraient être sauve-
gardés que par une autorité assez puissante pour
- vaincre toutes les résistances. Cette autorité, l’État
seul peut l’avoir, et, puisque la conservation des bois
et dés pâturages est au nombre de ces intérêts ;
puisque d’ailleurs elle entraîne des exigences aux-
quelles l'initiative individuelle ne saurait satisfaire,
il n'y a que l’État qui soit capable de l’assurer.
Je sais bien que dans ces derniers temps, il s’est
élevé des protestations au sujet de l’utilité que l’on
avait jusqu'alors, d’une voix unanime, attribuée aux
forêts. Ces protestations viennent d’un malentendu :
ainsi, nous avons vu des savants s’efforcer d'établir
que les forêts n’ont pas d'influence appréciable sur
les grands phénomènes cosmologiques, et nous en
LOIS ET RÈGLEMENTS FORESTIERS. 489
avons vu d’autres conclure de là que l'État n’avait
‘pas plus à s’en préoccuper qu’il ne se préoccupe des
autres cultures. ° Or, est-il nécessaire de le faire
remarquer, en posant le problème de cette ny
on l'a fort mal posé.
Que les forêts n'aient aucune influence sur la
masse d’eau que le soleil pompe chaque année dans
les mers, pour Ja reverser sur les continents;
qu’elles n’en aient pas davantage sur la distribution
générale dé la chaleur à la surface du globe et sur
les courants qui traversent l’atmosphère, c'est pos-
.sible ; mais qu'est-ce que cela prouve? Est-il vrai
, que les forêts peuvent modifier les circonstances par-
ticulières par lesquelles ces grands phénomènes se
manifestent aux hommes? Voilà la question, et per-
sonne ne conteste qu'elle ne doive être résolue par
l'affirmative.
IL importe peu, au point de vue des conditions
de la vie humaine, que. la température moyenne
annuelle d’une région ne change pas, si les varia-
tions de cette température sur un point donné.
deviennent telles, que ce point soit rendu inhabi-
table. De même, il est indifférent que la quantité :
d'eau qui tombe chaque année sur une partie du
globe reste la même, si la distribution et l’écoule-
ment de cette eau éprouvent des perturbations. Ce.
‘ ne sont pas les moyennes, ce sont les chiffres sur les-
quels reposent ces -moyennes , qui touchent les
hommes ; ce ne sont pas les phénomènes généraux,
ce sont les phénomènes locaux ; ce n’est pas l’en-
*
490 AMÉNAGEMENT DES FORÊTS.
semble des choses, ce sont les détails, car l’humanité
elle-même n’est qu’un détail dans'la vie universelle,
C'est un détail aussi que quatre de nos départe-
ments se dépeuplent, et que leurs habitants aillent
en Amérique continuer dans les montagnes Rocheuses,
ces défrichements insensés qui ont stérilisé leur sol
natal ; mais pour la France et: même pour l’huma-
nité tout entière, ce détail est un événement lamen-
table. : sè
FIN:
Sd
t =
ic LS. .
à ,
TABLE DES MATIÈRES.
ë | Pages.
PRÉFACE creuse visa is; bpins eo gate £ CRETE Ne TER, % + LI
PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION. . , . CR 4 . KEVI
| la. + «Abe À 1
PREMIÈRE ÉTUDE.
DE LA STATISTIQUE.
CHAPITRE PREMIER. — De la statistique en général, et
des études qu'elle cdiporté au point de vue de l'âmé:
à tj RARE nn ur ir se em ce #6
CHAP. II. — Renséignements généraux. . . . . . : . . 25
ARTICLE PREMIER. Plan de la forêt. , . . . . . . . . 25
ArT. 11 État de la forêt considérée dans les éléments
qui la constituent ou qu’elle renferme. . . . . . . 26
Arr. ur. Conservation et entretien, . . . . . . . . . M:
RES ET. DODORDOT N S ec. - à» - PR
Arr. v. Exploitation et produits . . . . . . . ... ne
ART. vi. Débouchés . . . . . DR n : +. so 0
CHAP. If: — Renseignements spéciaux . . . . . . ; . 4
ARTICLE PREMIER. Points à examiner, ; . : . . . . . 4%
2er Du porcéllaire. - 4 em -. : . . . 45
Art. nr. Description spéciales 5. Di. . . . . 53
AnT IN RAM LV CORRE. , … . 55
492 TABLE
ART. v. Observations sur les principes ci-dessus déve-
IUDÉS +. à en 0-0 FREE es
ArT. vi. Du nombre et de la forme des pièces relatives
au parcellaire et à la description spéciale. . . . . .
Plan et description d’une parcelle, ete. , . .:. . .
à ._ DEUXIÈME ÉTUDE.
DE L’EXPL OITABILITÉ:
But et division de cette étude: . . . . . DE SET
CHAPITRE PREMIER. — De l'exploitabilité, äbstraction
faite des exigences de la végétation et de la culture . .
ARTICLE PREMIER. De l’exploitabilité relative aux pro-
duits matériels les plus considérables, ou de l’exploi-
tabHIlS bien; 2. 45 5 CS ASE
$ 1er. Lois générales sur lesquelles repose la recher-
che de l’exploitabilité absolue . . . . . . Nora
S 2. Des moyens par lesquels on détermine l’âge qui
correspond à l’exploitabilité absolue . . . ... .
$ 3. Utilité pratique de l’exploitabilité absolue. .. .
Pages.
56
59
61
63
67.
67
68
73
79
Arr. 11. De l’exploitabilité relative aux produits les plus
UHIOS. 5 + à es » + à + à à Ne CR
Arr. 1. De l’exploitabilité relative au plus grand pro-
duit emargent. 7. Sert rues
Arr. 1v. De l’exploitabilité relative au revenu Fe plus
élevé par rapport au capital . . . . . . . . . . .
$ 4er, Considérations générales sur la valeur et le pro-
fit des capitaux et spécialement des fonds de
DO 0. . de SR
$& 2. De l’exploitabilité relative à la rente la plus éle-
vée, dans son application à un arbre isolé. . . .
$ 3. De l’exploitabilité relative à la rente la plu éle-
vée, dans son appliçafion à un massif non amé-
OR us RE TA
$ 4. De l’exploitabilité relative à la rente la plus éle-
vée, dans son application à un massif aménagé. .
80
86
88
88
97
99
105
DES MATIÈRES.
$ 5. Lois auxquelles est soumise l’exploitabilité rela-
tive à la rente la plus élevée . . . . . « . ..
CHAP. II. — De l’exploitabilité dans ses rapports avec les
exigences de la végétation et de la culture. . . . . .
ARTICLE PREMIER. Choix du mode d'exploitation . . . .
$ 4e". Du taillis simple et de la futaie au point de
vue cultural . . . . . . ST LS
$ 2. Du taillis simple et de la futé au point de vue
économique. . . - . + - A IR SG 4
$ 3. Conclusion des deux paragraphes précédents.
- $ 4 Des réserves dans les taillis . + . . . . . . .
Anr. 1. De l’exploitabilité dans les taillis simples . . .
Arr. m1. De l’exploitabilité dans les futaies. . . . . .
Arr. 1v. De l’exploitabilité dans les taillis composés .
Art. v. Des mesures à prendre pour assurer la déter-
mivation de Fexploitabilité. . . . . . . . . Lu
CHAP. III. — De l’exploitabilité dans ses rapports avec
l'intérêt du propriétaire, . : . + = + + +. » - {+ .
Anricce PREMIER. De l’exploitabilité dans ses rapports
avec l'intérêt de l'État . . . . . . . . FRE
Arr. 11. De l’exploitabilité dans ses rapports avec Dutée
. rèt des particuliers. . . . . . . . + . . . . ...
Arr. ur. De l’exploitabilité dans ses rapports avec l’inté-
rêt des communes. . . . . 4° 5 SN ER 8 E »
CHAP. IV. — De l’exploitabilité dans ses rappors avec l’in-
_ térèt public. . . . . PE SE Rae
- TROISIÈME ÉTUDE. -
DU Hé D'EXPLOITATION.
CHAPITRE PREMIER. — Principes fondamentaux . . . .
CHAP. II. — Du plan d'exploitation dans les taillis sim-
Éd .. s + : «> F de © :
ARTICLE PREMIER. Du tableau de exploitations et di
difficultés que rencontre sa formalion . . . . . . .
Pages,
an
162
165
173
180
180
H9h TABLE
Arr. 11. Classement des parcelles suivant l’âge d’exploi-
; tabDiité 5 5 405 6 7 PA SE POP RE
ART, 11. Class:ment des parcelles conformément aux
règles d’assiette des coupes. . « . . + « ...
Arr. 1v. Classement des parcelles conformément aux
exigences du rapport annuel soutenu . . .:. ...
$ Aer. Conditions nécessaires pour que le rapport an-
nuel soutenu puisse être réalisé. ., ..4 +. .
$ 2. Du rapport soutenu dans l'hypothèse d’une ré-
volution principale définitive et d’une marche des
"coupes normale ni, ui prntronmetht el ei
1. Des moyens de remédier à l'inégalité des con- ;
ditions de la végétation . . . . . 1. .....
2. Des limites dans lesquelles il paraît conve-
nable de renfermer l'emploi des coefficients de
production , . . . . dune dpi Gr di Fartre
$ 3. — Du rapport soutenu dans l'hypothèse d’une
révolution principale définitive et d'une marche
des coupes provisoire . . . . . . « + + « : ja
$ 4. Du rapport soutenu dans l'hypothèse d’une ré-
volution principale transitoire et d’une marche
des Coupes provisoire . "1". "CIRE
Anr.v: Résgurmé'et contlusion, : "SR,
CHAP. IT. — Du plan d’exploitation dans les futaies trai-
tées par la méthode du rébnsem meñtethént naturel et des
éclaircies périodiques. . |. . . . . , + + + + + + p
ARTICLE PREMIER. Des raisons culturales qui S’opposent
à ce que l’on adopte, pour le tableau des exploita-
Pages.
183
186
198
198
203
203
242
224
tions des futaies, le même cadre que pour celui des .
taillis. + L . LI L L . L D . . LL L2 L LA LA L LA L La
ART. 11, De la division de la révolution en périodes et
du partage de la forèt en affectations correspondantes, -
CHAP. IV. — Du plan d'exploitation dans les futaies, la ré-
volution pouvant être définitive et la marche des cou-
pes normale... . . . . à HA NRA à AS
ARTICLE PREMIER. Formation des affectations. . . . .
$ 4°. Tableau des affectations . . . . . . + .
225
228
243 |
243
243
_ DES MATIÈRES.
495
Pages.
$2. Formation des affectations suivant l’âge d’exploi-
co ‘tabilité. etes à Te VOIE CONNUNET M6
: “188 Fôrmiation: des affectations eouforméhent aux
mogios: Œassielle :.- à see tegt: 269
$ 4. Formation des affectations conformément aux
exigences du rapport soutenu... . . . . . « « 257:
4. Des motifs qui doivent faire adopter en général,
pour les affectations, des contenances égales . 262
2. Des motifs qui peuvent faire adopter, pour les
S _affectations, des contenances réduites . . . . 269
Anr. 11. Règlement des exploitations par période . . . 275
ArT. 11. Règlement spécial des sxploititions annuelles. 279
CHAR. V.— Du plan d'exploitation dans les futaies, la révolu-
. tion pouvant être définitive et la marche des coupes de-
_ vant être provisoire , . . . . . ei 303
- ARTICLE PREMIER. Formation des affectations. . . . . 303
$ 1°. Utilité de la formation mmmédiate des affecta-
DONS nOPMAISS,.. :..... : :.e des 303
. $ 2. Des facilités que donne, pour la.formation dre
. affectations, l’adoption d'une marche provisoire
D ON CDR 4.14 0e Hal +: "305
Arr. 1. Règlement des exploitations par période . . . 309
$ 4+*. Coupes principales ou de régénération . . . . 309
$ 2. Des modifications que le rapport soutenu pour-
rait faire apporter au tableau des coupes princi-
RAR ue oc + Ÿ 343
$ 3. Coupes d'amélioration . : . . . + . . . . . 316
, ART. 11. Règlement spécial des exploitations annuelles. 329
CHA. VI. — Du plan d'exploitation dans les futaies, la ré-
volution devant être principale et transitoire ou simple-
ment préparatoire, et {a marche des coupes provisoire . 324
ARTICLE PREMIER. Utilité de la formation préalable du
tableau des affectations normales . . . . . . L'URSS
ART. 11. Des règlements d'exploitation, dans le cas où
l’âge trop avancé des massifs les plus jeunes ne per-
?
4196 TABLE
: " 4
. Ne Pages.
dure met pas de les laisser sur pied jusqu'à la fin de la
révolution normale. . . . . ee. CHEN 4e RS
Arr. 111. Des règlements d'exploitation, dans le cas où
l’âge trop peu avancé des massifs les plus vieux ne
permet pas de les régénérer immédiatement ... . . 331
CHAP. VII. — Conversions des taillis composés en futaies
plotnes , ". 4 + ele + pe + DUR CU
ARTICLE PREMIER. Obéetvations préliminaires. . . . 33%
Arr. 11. Utilité de la formation préalable des aÉéchions
DOrDAISS de + + sn. se ee
ART. im. Règlement général des exploitations. . . . . 3%2
$ 1°". Règlement général des exploitations d’un tail-
lis composé, régulier et complet à convertir,
lorsque la révolution est préparatoire et la con--
version immédiate. . . . . . . : .’. ++ «0
$ 2. Règlement général des exploitations d’un taillis
composé complet et régulier à convertir, lorsqu'il
n’y a pas de révolution préparatoire et que la con-
version est immédiate -. . -.°. 100 C0, . … 356
$ 3. Règlement général des exploitations d’un taillis
complet et régulier à convertir, lorsqu'il n’y a pas
de révolution préparatoire et que la conversion est
; : graduelle. . . . . ..:....... 4... 350
I. Exposé-des méthodes applicables .:. . . . . 350
II. Observations sur les méthodes de conversion
exposées dans l’article précédent . . , . . . 359
$ 4. Règlement général des exploitations d’un taillis
composé régulier et complet à convertir, lors-
qu’on adopte-une révolution préparatoire et que
la conversion est graduelle. . .,. . . . . . . 367
$ 5. Règlement général des exploitations lorsque les
taillis à convertir sont irréguliers et-incomplets.. 371
de Arr. 1v. Règlement spécial des exploitations pendant la
première période, quelle que soit la méthode adoptée
pour la transformation. . . . « . . . . + + .« . . "379
DES MATIÈRES. 497
QUATRIÈME ÉTUDE.
DE LA DIVISION D'UNE FORÊT EN MASSES, EN SECTIONS, EN
SÉRIES, DES AMÉLIORATIONS, DE LA RÉDACTION DU PROJET
D'AMÉNAGEMENT, DE L'APPLICATION ET DU CONTROLE.
Pages.
CHAPITRE PREMIER. — Des masses, des __ des
D rs niniien LR Sue «t- Cie à NS
ARTICLE PREMIER. Observations Lrdlnthäires. es JU
Arr. 11. Circonstances qui sont contraires à la division
d’une forêt en séries. . « , . . 385
$ 4+. Impossibilité de former des sériés compebies
ou indépendantes l’une de l’autre . . . . . . . 385
$ 2. Étendue trop petite de la forêt. . . . . . . . 386
- $ 3. Exigence de l'assiette et de la vidange des
; COUPES.. » . + . + - A PT PE D D ee |
#2 ART. 1. Circonstances qui rendent avantageuse ou né-° .
cessaire la division d’une forêt en séries. . . . . . 388
$ 1°". Diversité des modes d’exploitation . . . . . 388
$ 2. Diversité des âges d’exploitabilité . . . . . ., 389
$ 3. Morcellement des classes d'âge . .. . . . . . 389
$ 4. Exigences du rapport soutenu. . . . . . « 390
$ 5. Application, contrèle et rectification de Pie
nagement. . . . . . . 6 9 ci NTRO RAT € 05
$ 6. Diminution des frais de transport des bois . .._ 393
$ 7. Égalisation du prix de revient des bois aux
lieux de consommation. . . .« . . . . . . . : 394
$ 8. Besoins de la consommation en bois de diverses
PR 4 - ui. . « dou 395
UE Se 2... JR is 87° SU
Arr. 1v. Tableau des séries. . . . . . . MR 396
CHAP. II. — Des eméborsio SN. -« CHMDr 398
ARTICLE PREMIER. Observations préliminaires. . . . . … 398
ART. u. Améliorations relatives au sol. . . . . . . . 400
Arr: mi. Améliorations relatives au peuplement. . . . 401
ART. 1v. Amélioratioss relatives aux voies de vidange. . 403
de ArT. v. Améliorations relatives. à la surveillance et à
“ES lontroei= :: : : | Ls34 DR: 1 vdi 408
LA
198. TABLE DES MATIÈRES.
” Pages.
ART. vi. État collectif des améliorations . . . . . . . 410
CHAP. II. — Rédaction du projet d'aménagement, appli-
cation.et.coninôle ; isa desserte tes PRE 17
ARTICLE PREMIER. De la rédaction du projet d’aménage-
MON SES el: aber 8 0 Re STATE QUE RS à
ART. 11. Application et contrôle de l'aménagement. . . : “16
CINQUIÈME ÉTUDE.
ÉTAT NORMAL DES FORÊTS ENVISAGÉES DANS LEUR ENSEMBLE.
TRAVAUX A FAIRE POUR LE RÉTABLIR EN FRANCE. LOIS ET
RÈGLEMENTS FORESTIERS. ATTRIBUTIONS DE L’'ADMINISTRA-
TION FORESTIÈRE.
CHAPITRE PREMIER. — État normal des forêts silos
dans leur ensemble. Travaux à faire pour le retablir . . 430
CHAP. 11. — Lois et règlements forestiers. Attributions de
l'administration forestière. . . . . « « . . . : . . + 443
ARTICLE PREMIER. Attributions de l'administration .fo-
restière dans leurs rapports avec les biens de l'État. 444
Arr. 11. Attributions de l'administration forestière dans :
leurs rapports avec les biens des particuliers. . . . 447
ART. ui. Attributions de l'administration forestière dans
leurs rapports avec les biens des communes. . . . 452
Arr. 1v. Conclusions appuyées sur les lois relatives au
reboisement et au gazonnement des montagnes. . . 473
FIN DE LA TABLE,
ERRATA.
Page, li, note, ligne 2, au lieu de : le cours de culture, lisez : le
cours de l’École.
— 7, lignes 4 et 2, au lieu de : et ne seraient pas, lisez : et
que ces frais ne seraient pas.
PARIS — J, CLAYE, IMPRIMEUR, 7, RUE SAINT-BENOUT. — {414}
PEUR LEE
È
1
Tassay, Louis
Études sur l'emene gement
des forets 2. ed. , rev. et
au gm.
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