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Full text of "Études sur les bryozoaires entoproctes"

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ETUDES 


SUR 


LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROGTES 


Par    M.    S.ILEXSKY, 

Professeur  à  l'université  de  Kazan. 


Les  recherches  suivantes  ont  été  faites  pendant  mon  séjour 
à  Naples  au  printemps  de  1874.  Je  les  entrepris  dans  le  but 
d'étudier  le  bourgeonnement  desEntoproctes,  afin  de  le  com- 
parer à  celui  des  Ectoprotes,  et  de  pouvoir  ainsi  déterminer 
les  rapports  qui  existent  entre  la  structure  de  ces  deux  groupes 
de  Bryozoaires.  Il  me  semblait  que  la  corrélation  des  deux 
parties  principales  du  corps  :  zoc'ciUM  et  polypide,  différente 
chez  les  deux  groupes,  pouvait  être  expliquée  par  les  processus 
du  bourgeonnement. 

Si  le  tube  digestif  des  Entoproctes  a  la  même  origine  que  le 
polypide  des  Ectoproctes,  ces  deux  parties  doivent  être  homo- 
logues; mais  si  leur  origine  est  différente,  l'homologie  n'existe 
plus.  J'espère  que  les  faits  que  j'ai  constatés  à  Naples  seront  suf- 
fisants pour  la  solution  dudit  problème. 

Pendant  le  laps  de  temps  écoulé,  plusieurs  observateurs  se 
sont  adonnés  à  l'étude  de  l'anatomie  et  du  bourgeonnement  du 
Lososoma  et  du  Pedicellina.  Gomme  résultat  de  ces  recherches 
trois  ouvrages  ont  paru  en  très-peu  de  temps.  L'un  d'eux 
appartient  à  M.  Oscar  Schmidt,  qui,  pendant  son  séjour  à 
Naples  depuis  le  mois  de  novembre  1874  jusqu'au  mois 
de  mars  1875,  a  eu  l'occasion  d'étudier  quelques  espèces  de 
Lososoma  sous  les  rapports  embryogénique  et  anatomique.  Il 
a  retrouvé  à  Naples  le  Lososoma  singulare,  espèce  déjà  étudiée 
par  Keferstein  et  Claparède  à    Saint- Vaast;  en   outre,   il  a 

ANN.    SC.    NAT.    —  ART.    N°   3, 


°2  SJJLKMSK.Y. 

observé  deux  espèces  nouvelles  qu'il  nomma  Lososoma  Raja  et 
Lososoma  cochlear.  D'après  cet  auteur,  les  deux  espèces  décou- 
vertes par  lui  habitent  les  canaux  de  plusieurs  espèces  des 
genres  Cuspongia  et  Cacospongia.  Le  Lososoma  Raja  et  le 
Loxosoma  cochlear  se  différencient  entre  eux  parle  nombre  des 
bras.  Il  estbien  dommage  que  la  diagnosedonnéeparM.  Schmidt 
du  Loxosoma  cochlear  ne  soit  pas  suffisamment  complète  :  les 
ligures  y  manquent.  C'est  d'autant  plus  regrettable  que  cette 
espèce  de  Lososoma  se  distingue  des  autres  par  le  nombre 
minime  des  bras,  caractère  très-significatif  pour  la  détermi- 
nation des  espèces  de  Lososoma.  Oscar  Schmidt  nous  donne  une 
description  assez  détaillée  de  la  structure  au  Lososoma,  et  croit 
démontrer  que  le  bourgeonnement  de  ces  animalcules,  qui  a 
été  reconnu  comme  tel  par  plusieurs  observateurs  précédents, 
«  n'est  qu'un  développement  régulier  de  l'œuf  et  en  même  temps 
extrêmement  remarquable  ».  Nous  aurons  l'occasion  d'ana- 
lyser les  observations  de  ce  savant,  en  faisant  l'examen  spécial 
du  mode  de  bourgeonnement. 

Le  second  ouvrage,  qui  devança  un  peu  celui  d'O.  Schmidt, 
appartient  à  Nitzsch,  auquel  nous  devons  des  recherches  excel- 
lentes sur  Panatomie  des  Bryozoaires  en  général.  Son  ouvrage 
nous  offre  une  description  très-détaillée  de  l'anatomie  et  du 
bourgeonnement  du  Lososoma  Kefersteinii. 

Enfin  l'étude  de  Barrois,  très-riche  de  faits,  qui  traite  del'em* 
bryogénie  des  Bryozoaires  en  général  et  aussi  du  développe- 
ment du  Pedicellina. 

Ayant  observé  deux  espèces  de  Lososoma  tout  à  fait  diffé- 
rentes du  Lososoma  Kefersteinii,  étudié  par  Nitzsch,  et  de 
deux  autres  espèces  examinées  par  Oscar  Schmidt,  ayant  étudié 
aussi  l'embryogénie  du  Pedicellina,  j'ose  espérer  que  mes 
recherches  compléteront  Tune  et  l'autre,  et  que  l'originalité  de 
mon  travail  ne  sera  point  contestée. 

L'une  des  espèces  de  Lososoma  que  j'ai  observée  à  Naples,et 
(pie  je  nommerai  Lososoma  crassicauda,  habite  les  coquilles 
tuberculeuses  d'un  Annélide  donl  je  n'ai  pu  définir  l'es- 
pèce, ni  durant  mon  séjour  à  Naples,  ni  après  avoir  quitté  celle 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  3 

ville.  Elle  ressemble  au  Loxosoma  singulare  et  au  Loxo- 
soma Kefersteinii  par  l'absence  de  la  glandule  pédonculaire; 
mais  le  nombre  de  ses  bras  surpasse  de  beaucoup  celui  ob- 
servé chez  les  autres  Loxosoma.  Les  bras  de  ce  Bryozoaire  sont 
au  nombre  de  dix-huit ,  dont  deux  sont  rudimentaires.  Le 
Loxosoma  crassicaada  se  dislingue  des  deux  espèces  citées 
ci-devant  par  la  présence  de  glandules  unicellulaires  forte- 
ment développées,  et  qui  frappent  l'œil  au  premier  abord.  Il  se 
distingue  du  Loxosoma  Kefersteinii  en  particulier  par  la  forme 
des  bourgeons. 

Une  autre  espèce  de  Loxosoma  que  j'observai  exclusivement 
sur  le  Thétyes,  et  parfois  en  quantités  innombrables,  et  que  je 
nommerai  pour  cette  raison  Loxosoma  Tethyœ,  se  rapproche  le 
plus  du  Loxosoma  Raja  d'Oscar  Schmidt,  car  il  possède  comme 
ce  dernier  une  glandule  pédonculaire  ;  mais  il  s'en  distingue 
par  le  nombre  des  bras. 

I 

A.NATOMIE   DU   LOXOSOMA. 

Les  savants  qui  ont  découvert  cette  espèce  de  Bryozoaire  ont 
tout  de  suite  remarqué  qu'il  y  avait  beaucoup  d'analogie  entre 
l'organisation  du  Loxosoma  et  celle  &n  Pedicellina^  espèce  qui  en 
est  voisine.  Cette  opinion  fut  soutenue  et  prouvée  presque  par 
tous  les  observateurs  qui  leur  succédèrent.  La  ressemblance  de 
ces  deux  représentants  de  Bryozoaires  entoproctes  est  vraiment 
frappante.  Gomme  l'organisation  du  Pedicellina  a  été  déjà 
exposée  très-exactement  par  plusieurs  savants,  je  me  permet- 
trai, en  décrivant  mes  Loxosoma,  d'appeler  l'attention  du  lec- 
teur sur  les  parties  de  leur  corps  qu'on  ne  rencontre  pas  chez 
le  Pedicellina,  ou  qui  n'ont  pas  été  suffisamment  observées. 

Le  corps  du  Loxosoma  se  présente  sous  la  forme  d'une  coupe 
obliquement  tronquée  et  pourvue  d'un  long  pédoncule.  Les 
deux  parties  principales  du  corps,  le  calice  et  le  pédoncule, 
ne  sont  pas  séparées  l'une  de  l'autre  par  un  diaphragme  interne 
comme  chez  le  Pedicellina :.  Chez  nos  espèces,  ces  deux  parties 

ANN.   SC.   NAT.,   MARS   1877.  V.    11.   —  ART.   N°  3. 


4  s\l  M8KY. 

sont  limitées  à  l'extérieur,  le  ealice  étant  plus  large  que  le 
pédoneule.  Tous  les  organes  intérieurs  du  corps  du  Loxosoma 
sont  placés  dans  le  calice,  dont  le  bord  est  entouré  d'une  cou- 
ronne de  bras. 

L'intérieur  du  calice  a  la  forme  d'un  entonnoir  au  fond  du- 
quel sont  placées  les  ouvertures  anale  et  buccale.  Cet  enton- 
noir correspond  à  la  partie  analogue  du  Pedicellina  nommée 
par  Nitzsch  «  ihterlacunares  Raum  »,  espace intra-lacunaire.  La 
structure  de  ces  deux  parties  est  tout  a  fait  identique.  Grâce  à 
la  position  de  la  bouche  et  de  l'anus,  nous  pouvons  définir 
laquelle  est  la  partie  ventrale  du  corps  de  ces  animaux.  Ainsi 
nous  pouvons  considérer  comme  partie  ventrale  celle  près  de 
laquelle  est  placée  la  bouche.  La  partie  opposée,  dans  laquelle 
se  trouve  l'anus,  peut  être  regardée  comme  la  partie  ventrale. 

L'analogie  de  structure  de  l'entonnoirdu  Loxosoma  et  de  celui 
du  Pedicellina  se  manifeste  encore  par  l'existence  d'une  gout- 
tière qui,  chez  les  Loxosoma,  se  trouve  à  la  base  de  leur  bras, 
et  qui  correspond  exactement  à  un  organe  pareil  du  Pedicellina, 
nommé  par  Nitzsch,  chez  cette  dernière  espèce,  «  Tentakel- 
brune».  La  gouttière  formée  par  un  pli  de  la  paroi  de  l'en- 
tonnoir consiste  en  deux  moitiés  symétriques  (fig.  2,  4etl). 
Les  deux  parties  du  pli  de  l'entonnoir  se  rencontrent  sur  la 
partie  dorsale,  derrière  l'ouverture  anale  et  tout  près  de  cette 
dernière,  qui  s'élève  en  forme  de  cheminée,  comme  chez  le 
Loxosoma  neapolitanum.  En  général,  la  structure  de  l'enton- 
noir, du  pli,  etc.,  chez  le  Loxosoma  neapolitanum,  parait  être 
identique  à  celle  du  Pedicellina  et  de  nos  espèces  de  Loxosoma. 
On  peut  s'en  convaincre  par  les  recherches  et  les  ligures  de 
Kowalewski. 

Selon  la  description  de  cet  auteur,  l'entonnoir  du  Loxosoma 
neapolitanum  se  compose  de  deux  cercles  :  le  cercle  extérieur 
correspond  entièrement  au  pli  de  l'entonnoir  du  Pedicellina  et 
de  nos  espèces  de  Loxosoma;  l'intérieur  forme  l'entonnoir  pro- 
prement dit. 

Enfin,  les  bras,   par  leur   l'orme,  leur  disposition  et   leur 

structure,  ressemblent  entièrement  à  ceux  du  Pedicellina.  Ils 

AiuicLL  n°  ;;. 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  5 

constituent  une  rangée  circulaire,  divisée  par  un  axe  imaginaire 
en  deux  groupes  symétriques.  Cet  axe  doit  passer  par  les  ouver- 
tures de  la  bouche  et  de  l'anus.  Chaque  bout  de  cet  axe  est 
terminé  par  un  bras  rudimentaire,  dont  la  dimension  est  moin- 
dre que  celle  des  autres  (fig.  1).  La  forme  de  chaque  bras  est 
celle  d'un  prisme  dont  la  paroi  interne  est  pourvue  d'une  gout- 
tière ciliée;  la  paroi  extérieure  est  composée  d'une  couche  de 
cellules  aplaties,  entièrement  semblables  à  celles  du  tégument. 
L'intérieur  des  bras  est  rempli  d'un  tissu  parenchymateux 
pareil  à  celui  qui  remplit  tout  le  corps  de  l'animal. 

La  forme  du  pédoncule,  chez  les  deux  espèces  de  Loxosoma 
que  j'ai  observées,  est  très-diverse.  Considérons  d'abord  la 
forme  et  la  structure  du  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda, 
pour  examiner  ensuite  quelques  particularités  de  la  structure 
du  Loxosoma  Tethyœ. 

Le  Loxosoma  crassicauda  se  fixe  au  moyen  d'une  sécrétion 
durcie,  tout  à  fait  homogène,  probablement  sécrétée  par  l'ani- 
mal dans  le  jeune  âge,  lorsque  la  glandule  pédonculaire  n'é- 
tait pas  encore  anéantie. 

Ce  mode  de  fixation  peut  être  considéré  comme  un  caractère 
spécifique  de  notre  espèce,  parce  que  les  autres  Loxosoma,  qui 
sont  aussi  dépourvus  de  glandule  pédonculaire,  comme  le 
Loxosoma  Kefersteinii  et  le  Loxosoma  singulare,  par  exemple, 
se  fixent  au  moyen  d'une  ventouse  de  succion  par  laquelle  leur 
pédoncule  est  terminé. 

Le  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda  consiste  en  un  paren- 
chyme et  une  couche  musculaire  recouverte  d'un  tégument 
ne  différant  nullement  de  celui  qui  couvre  les  autres  parties 
du  corps  de  l'animal.  La  couche  musculaire,  bien  peu  dévelop- 
pée chez  notre  espèce,  est  composée  de  plusieurs  fibres  muscu- 
laires très-fines,  contenant  par-ci  par-là  de  petits  corps  ccllu- 
liformes  pourvus  de  noyaux. 

Le  pédoncule  du  Loxosoma  Tethyœ  peut  servir  comme  repré- 
sentant d'un  autre  type  de  structure  qui  est  caractérisé  par  la 
présence  de  la  glandule  pédonculaire.  Il  est  remarquable  que 
même  les  espèces  de  Loxosoma  qui,  à  l'état  adulte,  n'ont  point 


6  SALEWSKY. 

de  glandule  pédonculaire,  la  possèdent  toujours  en  état  de  jeu- 
nesse. Les  observations  récentes  de  Nitzsch  le  prouvent  pour 
le  Loxosoma  Kefersteinii,  et  je  l'ai  constaté  il  y  a  une  année 
chez  le  Loxosoma  crassicauda  (1). 

La  forme  du  pédoncule  du  Loxosoma  Tetkyœ  ressemble 
beaucoup  à  celle  du  pédoncule  du  Loxosoma  Raja,  d'après  la 
description  d'Oscar  Schmidt  (2) ,  Étant  beaucoup  plus  allongé 
que  le  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda,  il  a  l'air  d'une  tige 
cylindrique  avec  un  bout  élargi.  La  forme  générale  de  cet  élar- 
gissement se  voit  dans  le  dessin  ci-joint  (fîg.  8)  ;  c'est  pourquoi 
je  ne  m'arrêterai  pas  longtemps  à  sa  description,  d'autant  plus 
qu'une  forme  toute  pareille  a  été  décrite  par  Oscar  Schmidt 
chez  le  Loxosoma  Raja. 

L'élargissement  du  pédoncule  chez  le  Loxosoma  Tcthyœ,  de 
même  que  chez  le  Loxosoma  Raja,  présente  trois  lobes,  dont 
celui  du  milieu  est  le  plus  long.  Oscar  Schmidt  fait  observer 
que  le  pédoncule  du  Loxosoma  Raja  a  quelque  ressemblance 
avec  le  pied  humain.  On  remarque  aussi  cette  ressemblance  en 
examinant  le  pédoncule  du  Loxosoma  Tethyœ  vu  de  profil.  La 
partie  antérieure  ressemble  au  talon  de  la  partie  postérieure 
avec  la  pointe  du  pied.  La  glandule  pédonculaire  est  placée 
dans  la  partie  antérieure  ;  elle  consiste  en  un  très-petit  nombre 
de  cellules.  J'en  pouvais  distinguer  cinq  ou  six.  Ces  cellules, 
assez  grandes  et  pourvues  de  gros  noyaux,  sont  piriformes 
(cette  forme  est  propre  à  toutes  les  glandules  unicellulaires). 
Elles  s'amincissent  vers  la  partie  postérieure,  et  se  prolongent 
en  canaux  très-minces,  qui  s'unissent  en  un  canal  commun. 
Ce  canal,  qui  traverse  le  milieu  du  lobe  moyen,  est  formé  de 
deux  membranes.  L'intérieure,  qui  est  cuticulairc,  est  très- 

(J)  Yrenbur  zanuchu  kazancharo  yseubepeujema,  1874.. 

(2)  Archivfûr  mikroskopische  Anatomie,  Bd.  XII,  Hft.  1.  Oscar  Schmidt  décrit 
aussi  une  structure  pareille  chez  le  Loxosoma  singulare.  Keferstein,  qui  fut  le 
premier  à  observer  celle  espèce,  ne  mentionne  point  de  glandule  pédonculaire, 
et  donne  une  autre  figure  pour  le  pédoncule  du  Loxosoma  singulare  que  ne  le 
tait  Oscar  Schmidt  :  c'est  pourquoi  je  me  permets  de  supposer  que  l'espèce 
décrite  par  ce  savant  comme  étant  le  Loxosoma  singulare  n'est  pas  la  même  que 
celle  qui  fut  décrite  par  Keferstein  sous  le  même  nom. 

ARTICLE  N°   o. 


SUR    LES   BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  7 

mince.  La  membrane  extérieure  consiste  en  une  couche  de  cel- 
lules cylindriques.  Le  porus  se  trouve  sur  la  partie  postérieure 
du  lobe  moyen. 

La  paroi  de  la  coupe  et  du  pédoncule  (fig.  10)  a  une  orga- 
nisation très-simple.  Elle  consiste  en  une  couche  de  cellules 
pourvues  de  noyaux.  Cette  couche  forme  l'entocyste,  qui  est 
analogue  à  celui  du  Pediéellina  et  à  celui  des  autres  Bryozoaires. 
L'extérieur  de  l'entocyste  est  couvert  d'une  membrane  homo- 
gène, qu'on  peut  désigner  sous  le  nom  d'ectocyste.  Vu  de  pro- 
fil, l'entocyste  paraît  être  une  membrane  assez  mince,  à  contour 
ondoyant.  Les  limites  des  cellules  ne  sont  pas  très-nettes;  on 
ne  peut  les  voir  qu'en  face,  en  observant  la  surface  de  l'ento- 
cyste, et  elles  paraissent  encore  plus  distinctes  sur  des  prépa- 
rations colorées  par  l'hématoxylininm.  Cette  couche  se  présente 
alors  sous  la  forme  d'un  épithèle  consistant  en  cellules  polygo- 
nales. 

Quant  au  nucléus  de  ces  cellules,  il  est  toujours  très-dis- 
tinct ;  il  a  la  forme  d'un  petit  corps  ovale  et  réfracte  fortement 
la  lumière. 

En  décrivant  le  tégument,  il  tant  encore  mentionner  les  glan- 
dules  (fig.  1,  2,  3,  5,  10,  13)  qui  s'y  rencontrent.  Ce  sont  de 
grandes  glandules  unicellulaires,  dispersées  sur  les  différentes 
parties  du  corps  du  Loxosoma  crassicauda  et  du  Loxosoma 
Tethyœ.  Comme  elles  n'ont  pas  été  décrites  chez  les  autres 
espèces  du  genre  Loxosoma,  j'incline  à  croire  qu'elles  ne  se 
trouvent  pas  toujours  chez  ces  animalcules.  Chez  mes  espèces, 
on  les  distingue  au  premier  coup  d'oeil,  grâce  à  leur  couleur 
noirâtre  et  à  leur  nombre  considérable.  La  plupart  de  ces 
organes  sont  disposés  sur  le  bord  de  la  coupe  et  à  la  base  des 
bras.  Dans  les  bras  mêmes  et  dans  le  pédoncule  on  ne  les  ren- 
contre qu'isolés.  Que  ces  corpuscules  sont  en  effet  des  glan- 
dules unicellulaires,  on  peut  s'en  convaincre  rien  que  par  leur 
forme  typique,  propre  aux  organes  de  ce  genre  :  les  exemplaires 
conservés  dans  l'alcool  en  sont  la  meilleure  preuve.  Sur  les 
cellules  de  pareils  exemplaires  (fig.  9,  gl),  on  distingue  parfois 
de  petites  gouttelettes  transparentes  qui  ne  peuvent  être  autre 


8  SALHfgKY< 

chose  que  le  produit  de  leur  sécrétion.  Les  cellules  sont  piri- 
lbrmes  et  sont  tournées  vers  la  surface  de  l'animal  par  leur 
bout  pointu,  qui  est  toujours  clair  et  transparent  (fig.  13,  <//), 
tandis  que  le  reste  de  la  cellule  formant  sa  plus  grande  partie 
est  rempli  d'un  contenu  brunâtre  finement  granulé.  Cette  partie 
renferme  un  nucléus  d'une  forme  sphérique. 

En  relisant  le  mémoire  de  Nitzsch  sur  l'organisation  du  Pedi- 
cellina,  j'ai  vu  que  ce  dernier  possède  aussi  des  formations  qui 
probablement  sont  homologues  aux  glandules  unicellulaires 
dont  je  viens  de  parler.  Ce  sont  les  cellules  situées  dans  la 
partie  périphérique  de  la  paroi  intratentaculairc  du  corps 
(fig.  10,  pi.  2,  Beitrâge  zur Kenntniss  <!<>r  Bryozoen).  Quelque- 
fois ces  cellules  sont  munies  de  petits  rameaux.  Ou  peut 
aussi  considérer  comme  des  glandules  unicellulaires  quelques 
cellules  du  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda.  On  trouve  sur 
le  côté  dorsal  du  pédoncule  une  raie  longitudinale  de  cellules 
(fig.  12),  qui  diffèrent  des  autres  cellules  hypodermiques  par 
leur  forme  ovoïde  bien  régulière.  Chacune  d'elles  est  pourvue 
d'un  petit  nucléus.  On  trouve  cinq  raies  de  cellules  pareilles  chez 
le  Loxosoma  Tethyce. 

Le  parenchyme.  — Le  parenchyme  qui  remplit  la  cavité  du 
corps  du  Loxosoma  a  une  structure  identique  chez  les  deux 
espèces  que  j'ai  observées.  D'ailleurs  il  diffère  très-peu  chez 
toutes  les  autres.  On  a  raison  de  dire  que  le  parenchyme  des 
Entoproctes,  sans  en  excepter  les  Loxosoma,  consiste  toujours 
en  cellules  munies  de  rejets  qui  forment  tout  un  réseau  situé 
entre  le  tégument  et  les  oraanes  intérieurs  de  l'animal.  Le 
parenchyme  conserve  partout  cette  structure  dans  le  calice, 
dans  les  bras  et  dans  les  pédoncules  (fig.  li,  15  et  16).  Ses 
cellules  ont  des  formes  diverses  :  tantôt  elles  sont  stelliformes, 
tantôt  elles  sont  fusiformes;  mais  dans  tous  les  cas  elles  con- 
servent les  rejets  qui  se  croisent  dans  différentes  directions. 
Je  ne  pouvais  discerner  aucune  membrane  sur  ces  cellules; 
quant  à  leur  protoplasme,  il  est  tout  à  fait  transparent. 

Les  muscles.  —  La  masse  principale  des  muscles  se  trouve 
dans  le  pédoncule;  le  calice  en  est  presque  privé.  Ce  l'ait  nous 

AKTICLE   N°   '.). 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  9 

explique  pourquoi  le  calice  a  si  peu  de  mobilité.  Tous  les  mus- 
cles du  calice,  disposés  en  forme  de  petites  fibres  sous  le  tégu- 
ment, ne  sont  que  la  continua  lion  des  muscles  bien  développés 
du  pédoncule  (fig.  5,  10,  M). 

Appareil  digestif  (fig.  6,  10  et  5).  —  On  peut  distinguer 
quatre  parties  différentes  dans  l'appareil  digestif,  qui  s'ouvre 
par  une  large  bouche  prés  du  côté  ventral  du  hoxosoma.  Ces 
quatre  parties  sont  :  l'oesophage,  l'estomac,  l'intestin  et  le 
rectum.  Toutes  ces  parties  ont  déjà  été  trouvées  par  les  obser- 
vateurs mentionnés  ci-dessus  (0.  Schmidt,  Nitzsch),  dont  quel- 
ques-uns en  donnèrent  une  description  suffisante. 

La  partie  antérieure  de  l'appareil  digestif,  l'œsophage,  ne 
peut  pas  être  aussi  bien  observée  du  côté  ventral  que  les  autres 
parties.  Ce  fait  nous  explique  l'erreur  de  Kowalevski,  qui,  ayant 
distingué  seulement  l'anus,  a  cru  que  le  Loxosoma  neapoli- 
tanum  n'avait  qu'un  seul  orifice,  lequel,  selon  lui,  remplissait 
à  la  fois  les  fonctions  de  bouche  et  d'anus. 

L'œsophage  (fig.  6,  Œ)  a  la  forme  d'un  entonnoir  qui  se 
rétrécit  peu  à  peu  du  côté  de  l'estomac.  Sa  paroi  antérieure  est 
située  tout  près  du  tégument,  avec  lequel  elle  s'unit  au  bord  de 
l'ouverture  buccale.  La  paroi  postérieure  est  quelque  peu  re- 
courbée en  arrière;  elle  est  la  plus  épaisse  des  deux,  caries 
cellules  cylindriques  y  sont  beaucoup  plus  longues. 

L'estomac  (fig.  6,  E)  a  la  forme  d'un  sac  ovoïde  qui  s'unit 
à  l'œsophage  par  une  très-petite  ouverture.  Il  s'élargit  vers 
les  côtés,  de  sorte  qu'il  y  forme  encore  deux  élévations  avec 
des  parois  glandulées  et  bien  épaisses.  Vers  le  bas,  l'estomac 
passe  immédiatement  en  intestin.  C'est  dans  l'estomac  que  se 
concentrent  toutes  les  fonctions  sôcrétoires  de  l'appareil  digestif. 

Conformément  à  la  structure  des  parois  de  l'œsophage,  la 
paroi  supérieure  de  l'estomac,  qui  n'est  que  la  continuation 
immédiate  de  la  paroi  postérieure  de  ce  canal,  s'épaissit  con- 
sidérablement. Elle  est  formée  de  grandes  cellules  glandulaires, 
qui  se  disposent  principalement  sur  les  parois  latérales  de  l'es- 
tomac, où,  chez  le  Loxosoma  Te  thym,  elles  atteignent  la  longueur 
de  0,001  millimètre.  Elles  sont  fortement  serrées  et  présentent 


10  SALENSKï'. 

les  traits  caractéristiques  de  glandules  unicellulaires.  Celte  partie 
de  l'estomac  peut  être  considérée  comme  le  foie.  La  paroi  infé- 
rieure et  la  paroi  postérieure  de  l'estomac  consistent  en  petites 
cellules  cylindriques  pareilles  à  celles  que  nous  rencontrons 
dans  l'œsophage.  Les  cellules  glandulaires  de  l'estomac  sont 
dépourvues  de  cils.  Presque  toutes  les  cellules  ciliées  sont  dis- 
posées dans  l'œsophage,  leur  fonction  étant  de  conduire  dans 
l'estomac  les  matières  alimentaires. 

L'intestin,  où  l'on  ne  trouve  point  de  cellules  sécrétoircs, 
a  presque  la  même  structure  que  l'œsophage. 

Oscar  Schmidt,  en  décrivant  l'appareil  digestif  de  ses  Bryo- 
zoaires, dit  que  l'intestin  est  parfois  élargi  vers  le  bout.  Chez 
mes  espèces,  et  probablement  aussi  chez  le  Loxosoma  neapoli- 
tanvm,  la  partie  postérieure  de  l'intestin  est  toujours  élargie  et 
affecte  la  forme  d'un  appareil  distinct  qu'on  a  toute  raison  de 
nommer  rectum.  Cette  partie  se  distingue  du  reste  de  l'in- 
testin, non-seulement  par  sa  forme,  qui  est  ovoïde,  mais  aussi 
par  sa  structure.  Elle  consiste  en  cellules  cylindriques  ciliées 
qui  ont  un  nucléus  placé  tout  près  de  la  membrane  cellulaire. 
L'anus  est  voisin  de  la  partie  dorsale  du  corps,  et,  comme 
chez  toutes  les  autres  espèces  de  Loxosoma,  il  est  placé  un  peu 
plus  haut  que  la  bouche. 

Nous  allons  terminer  notre  examen  de  la  structure  analo- 
niique  des  Loxosoma  par  la  description  des  organes  dont  aucun 
de  mes  prédécesseurs  n'ont  fait  mention.  Ce  sont  les  organes 
des  sens,  avec  le  système  nerveux  (fig.  2,  3  et  4,  G  et  S), 
et  puis  un  organe  qui  est  composé  d'une  paire  de  glandules 
multicellulaires  ayant  la  forme  de  deux  grappes  (fig.  14,  Ex), 
qui  sont  placées  dans  le  parenchyme  du  corps  des  deux  côtés 
de  l'intestin.  Chacune  de  ces  glandules  est  composée  de  huit 
cellules  placées  sur  des  pédoncules;  les  cellules  sont  ovoïdes 
et  composées  d'une  mince  membrane  et  d'un  protoplasma 
transparent.  Je  n'ai  jamais  pu  trouver  de  nucléus  dans  ces 
cellules.  Chaque  cellule  a  un  pédoncule,  qui  n'est  que  la  con- 
tinuation de  sa  membrane.  Tous  ces  pédoncules  se  réunissent 
en  un  pédoncule  commun,  qui  est  beaucoup  plus  gros,  se 

ARTICLE  N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  11 

recourbe  en  arrière  et  s'ouvre  sur  le  côté  par  une  ouverture 
extrêmement  mince.  Je  ne  pouvais  pas  déterminer  quelle  était 
la  fonction  de  ces  organes  parles  données  f}ue  j'ai  eues  rela- 
tivement à  leur  structure.  Je  pense  que,  d'après  leur  position 
dans  le  corps,  ils  doivent  être  considérés  comme  des  organes 
excréteurs,  peut-être  comme  des  glandes  rénales. 

Le  système  nerveux  et  les  organm  des  sens.  —  L'existence  du 
système  nerveux  et  des  organes  des  sens  chez  le  Loxosoma  fut 
considéré  jusqu'à  présent  comme  très-problématique.  Quoique 
tous  les  observateurs  précédents  n'aient  pas  oublié  de  chercher 
ces  organes,  leurs  investigations  n'ont  jamais  réussi.  Il  me 
semble  que  l'insuccès  de  ces  recherches  peut  être  expliqué  par 
la  position  du  ganglion  nerveux,  position  qui  le  rend  bien  dif- 
ficile à  trouver.  Moi-même  je  fus  longtemps  persuadé  que  le 
système  nerveux  n'existait  pas  chez  cet  animal,  et  ce  n'est  que 
le  fait  que  ce  système  était  bien  développé  chez  les  Bryozoaires 
voisins,  comme  chez  le  PediceMina,  par  exemple,  qui  m'a 
engagé  à  le  rechercher  avec  plus  de  soin  ;  ce  n'est  qu'un 
heureux  hasard  qui  a  fixé  mon  attention  sur  les  organes  des 
sens,  auxquels  aboutissent  les  nerfs.  En  suivant  la  direction 
de  ces  derniers,  je  suis  arrivé  jusqu'à  leur  source,  le  système 
nerveux  central,  un  ganglion  tout  pareil  à  celui  du  Pedicellina, 
posé,  comme  chez  cette  espèce,  au  milieu  du  corps.  L'obser- 
vation du  ganglion  est  très-difficile,  car  il  est  caché  à  l'œil  de 
l'observateur  par  les  organes  génitaux  et  par  différentes  glan- 
dules  qui  se  trouvent  au  milieu  du  corps,  il  m'était  très-difficile 
de  découvrir  le  ganglion  chez  les  animaux  adultes  possédant 
déjà  des  organes  génitaux,  tandis  que  cet  organe  pouvait  être 
trouvé  sans  aucune  peine  chez  les  jeunes  individus  dont  les 
organes  génitaux  n'étaient  pas  développés. 

Le  ganglion  (fig.  2,  3  et  4,  ;/),  qui  est  le  seul  représentant  du 
système  nerveux  central,  est  placé  au-dessus  de  l'estomac,  eut  re 
le  bout  de  l'œsophage  et  le  commencement  de  l'intestin  ;  il  est 
situé  plus  près  du  côté  dorsal  que  du  côté  ventral,  el  se  pré- 
sente sous  la  forme  d'un  petit  corps  ovoïde,  donnant  des  nerfs 
dans  plusieurs  directions.  Je  ne  pouvais  pas  observer  les  plus 


12  SALENSKY. 

minces  ramifications  de  ces  nerfs,  car  ils  se  perdent  dans  le 
tissu  parenehymateux  du  corps,  où  il  est  impossible  de  les 
discerner  des  petits  rameaux  des  cellules  stelliformes  du  paren- 
chyme. Les  plus  gros  nerfs  se  dirigent  des  deux  côtés  du  ganglion 
vers  la  partie  dorsale  de  l'animal  (fig.  3,  n);  chacun  d'eux  donne 
plusieurs  rameaux  latéraux.  Le  nerf,  au  milieu  de  son  étendue, 
présente  un  petit  épaississement  composé  exclusivement  de  cel- 
lules nerveuses.  En  s'approchant  du  tégument,  les  nerfs  s'amin- 
cissent d'abord,  puis  s'élargissent  en  petits  nœuds  piriformes 
placés  dans  les  élévations  tuberculeuses  du  tégument.  Ces  tu- 
bercules (fig.  1,  2,  3,  s),  situés  sur  la  partie  dorsale,  des  deux 
côtés  de  l'axe  longitudinal  du  corps  du  Loxosoma,  sont  juste- 
ment les  organes  des  sens.  Il  est  sans  doute  très-difficile  à  déci- 
der  quelle  est  la  fonction  de  ces  organes  ;  j'ai  à  faire  remarquer 
seulement  que  leur  organisation  est  identique  à  celle  des  organes 
connus  sous  le  nom  d'antennes  chez  les  Rotateurs,  et  qui  sont 
sans  aucun  doute  les  représentants  des  organes  des  sens. 

Les  organes  que  j'ai  eu  la  chance  de  découvrir  chez  le  Loxo- 
soma  sont,  comme  les  antennes  des  Roi  a  leurs,  de  petits  tuber- 
cules du  tégument,  ayant  à  leur  sommet  un  faisceau  de  soies 
immobiles  (fig.  c2, 3, 4,  s)  ;  ils  ne  diffèrent  des  antennes  que  par 
une  hauteur  moins  grande  ;  la  cavité  du  tubercule  est  remplie 
par  le  nœud  piriforme  nerveux,  qui  s'avance  jusqu'à  la  sur- 
face du  tégument.  En  suivant  la  direction  des  soies,  on  peut 
voir  qu'ils  touchent  au  nœud  nerveux.  La  petitesse  de  l'objet 
m'empêcha  d'observer  avec  exactitude  la  manière  dont  ces 
soies  s'unissent  au  nœud  nerveux;  aussi  n'ai-je  pu  définir  si 
ce  dernier  était  une  formation  unicellulaire  ou  bien  multicel- 
lulaire. 

Néanmoins  le  fait  que  ces  soies  s'unissent  au  nœud  ner- 
veux est  certain,  et  il  nous  prouve  que  la  fonction  de  ces  éléva- 
tions tuberculeuses  ne  peut  être  autre  que  celle  des  organes 
des  sens. 


AIITICLE   N°    3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  13 


II 

BOURGEONNEMENT   DU    LOXOSOMA    CRASSICAUDA. 

(Fig.  17-25.) 

Tous  les  observateurs  précédents  fixaient  leur  attention  sur 
la  structure  anatomique  du  Loxosoma,  et  consacraient  quelques 
mots  seulement  au  processus  du  bourgeonnement.  Ce  fait  s'ex- 
plique aussitôt  que  nous  nous  rappelons  que  le  Loxosoma,  rien 
que  par  ses  caractères  anatomiques,  est  un  objet  méritant  toute 
l'attention  des  observateurs.  Glaparède  fut  le  seul  à  nous  donner 
quelques  renseignements  sur  le  mode  du  bourgeonnement  du 
Loxosoma  Kefersteinii,  renseignements  qui  ne  nous  offrent 
d'ailleurs  qu'une  description  de  la  forme  extérieure  du  bourgeon 
dans  quelques-uns  des  derniers  stades  de  son  développement, 
et  où  il  n'est  pas  fait  mention  du  développement  des  organes 
intérieurs  du  bourgeon. 

Au  mois  de  mars  1874,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  en  détail 
le  bourgeonnement  du  Loxosoma  crassicauda.  Nitzsch,  qui 
observa  le  même  processus  chez  le  Loxosoma  Kefersteinii  un 
peu  plus  tard,  me  devança  pourtant  dans  la  publication  de 
son  ouvrage;  il  a  donné  une  description  complète  et  juste 
du  bourgeonnement  de  cette  espèce.  Nous  savions  déjà,  par 
les  recherches  de  Glaparède,  que  le  bourgeon  du  Loxosoma 
Kefersteinii  diffère  de  celui  des  autres  espèces  par  quelques 
particularités  assez  importantes,  comme,  par  exemple,  la  forme 
du  pédoncule,  la  position  de  la  glandule  pédonculaire,  etc.; 
aussi  je  pense  qu'une  description  détaillée  du  processus  du 
bourgeonnement  des  autres  espèces  ne  serait  point  dépourvue 
d'intérêt.  Je  crois,  en  général,  que  ce  n'est  qu'en  étudiant 
l'embryogénie  du  plus  grand  nombre  possible  d'espèces  que 
nous  pourrons  trouver  un  point  d'appui  solide  pour  faire  des 
déductions  générales  concernant  la  morphologie  des  animaux. 
C'est  pourquoi  je  me  décide  à  décrire  le  mode  de  bourgeonne- 
ment du  Loxosoma  crassicauda  sous  la  même  forme  détaillée 


14  SALENSKY. 

que  je  voulais  adopter  avant  d'avoir  eu  connaissance  des  re- 
cherches de  Nitzsch,  et  qui  pourrait  paraître  superflue  après 
la  publication  de  cet  habile  observateur. 

J'y  suis  poussé  d'autant  plus  par  les  recherches  d'Oscar 
Schmidt  (1)  sur  le  bourgeonnement  du  Loxosoma  Raja  et  du 
Lox.  cochlear  publiées  récemment,  dans  lesquelles  ce  processus 
est  compris  par  l'auteur  tout  autrement  qu'il  ne  l'était  par  les 
observateurs  précédents  ;  car  ce  naturaliste  considère  le  bour- 
geonnement comme  étant  une  reproduction  parthénogénésique. 
Ce  qu'on  appelait  ordinairement  bourgeon  est  considéré  par 
lui  comme  un  embryon.  Quelques  observations  l'ont  amené  à 
conclure  que  le  bourgeon  n'est  qu'un  œuf  détaché  de  l'ovaire 
et  qui  se  place  ensuite  sur  le  corps  maternel,  où  il  se  développe 
peu  à  peu  en  un  individu  tout  pareil  à  la  forme  maternelle. 
En  analysant  les  diverses  opinions  des  observateurs,  il  est  tou- 
jours très-important  de  trouver  les  raisons  de  cette  diversité. 
Dans  ce  cas-là  ces  raisons  me  sont  restées  entièrement  incon- 
nues. Oscar  Schmidt  décrit  et  figure  l' œuf  du  Loxosoma  Raja 
au  moment  où  cet  œuf  passe  dans  une  capsule  particulière, 
laquelle,  selon  cet  auteur,  doit  être  fortement  appliquée  au  foie 
(l'estomac).  Quoique  le  développement  du  bourgeon  du  Loxo- 
soma Raja  s'effectue  d'une  manière  tout  à  fait  analogue  au 
développement  du  bourgeon  du  Loxosoma  crassicauda  et  du 
Loxosoma  Kefersteinii,  ni  Nitzsch,  comme  son  excellent  article 
nous  permet  de  le  conclure,  ni  moi,  nous  n'avons  pu  observer 
ni  la  capsule  ni  l'œuf  dont  parle  Oscar  Schmidt,  et  tout  ce 
que  je  vais  communiquer  sur  cette  matière  est  entièremenl 
d'accord  avec  les  résultats  des  recherches  de  Nitzsch. 

L'interprétation  des  mêmes  phénomènes,  donnée  par  Oscar 
Schmidt  d'un  côté,  et  par  beaucoup  d'autres  observateurs  de 
l'autre,  est  tellement  différente,  qu'on  ne  pourra  jamais  accorder 
les  deux  opinions.  Oscar  Schmidl  suppose  que  le  bourgeon  du 
Loxosoma  doit  être  issu  d'un  œuf;  Nitzsch  et  moi,  nous  avons 
observé  comment  il  se  formait  de  l'ectoderme  maternel.  De 


(h  Arch.  fur  mlkrosk.  Anatomie,  Bd.  XII,  Hft.  1. 

ARTICLE  N°  3. 


SUR   LES   BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  15 

prime  abord  il  paraîtrait  que  cette  question  ne  peut  être  résolue 
que  par  une  vérification  immédiate  de  nos  observations,  si  un 
fait  très-important  ne  nous  aidait  à  résoudre  cette  question 
d'une  manière  définitive  et  toute  contraire  à  l'opinion  de 
Schmidt.  C'est  que  les  bourgeons  de  Loxosoma  se  forment 
aussi  sur  d'autres  bourgeons  qui  sont  encore  très-peu  déve- 
loppés et  qui  restent  encore  attachés  au  corps  maternel  ;  de 
sorte  qu'on  trouve  toujours  sur  le  même  individu  maternel 
deux  générations  de  bourgeons,  dont  l'une  se  développe  sur 
l'individu  adulte,  l'autre  sur  un  bourgeon  à  peine  formé.  Ce 
fait  a  été  signalé  par  Nitzsch  en  1875;  quant  à  moi,  je  l'ai 
publié  une  année  auparavant  (1). 

Si  les  bourgeons  ne  se  formaient  que  sur  des  organismes  avec 
des  ovaires  entièrement  développés,  il  serait  facile  de  soupçonner 
que  Nitzsch  et  moi,  nous  n'avons  pas  remarqué  quelques  pre- 
miers stades  du  bourgeonnement  ;  mais,  comme  ils  se  forment 
sur  des  bourgeons  où  il  ne  peut  être  encore  question  des  ovaires 
développés,  l'opinion  que  le  bourgeon  se  forme  d'un  œuf  devient 
impossible.  Il  [tarait  que  ce  dernier  fait,  si  important  pour  la 
résolution  du  problème,  est  resté  inconnu  à  Schmidt. 

Les  deux  savants  allemands  qui  publièrent  leurs  mémoires 
sur  le  bourgeonnement  du  Loxosoma  sont  d'accord  sur  le  mode 
de  formation  des  organes  intérieurs,  qui  apparaissent  sous  la 
forme  de  trois  couches  cellulaires  semblables  aux  feuillets  ger- 
minatifs  des  autres  animaux.  Leurs  opinions  diffèrent  pourtant 
quant  au  développement  de  ces  feuillets.  D'après  Oscar  Schmidt, 
ces  feuillets  doivent  se  former  par  la  différenciation  des  cellules 
segmentaires,  opinion  qui  est  tout  à  fait  d'accord  avec  son  idée 
sur  l'origine  des  bourgeons.  Nitzsch  voit  l'origine  de  ces  feuillets 
dans  la  différenciation  des  cellules  tégumentaires  de  la  mère. 
Quelle  que  soit  l'origine  des  cellules  donnant  naissance  aux 
bourgeons,  toujours  le  premier  processus  du  développement  du 
bourgeon  consiste,  selon  ces  deux  auteurs,  dans  la  différen- 
ciation des  cellules  primitives  en  deux  couches,  dont  la  couche 

(1)  Yrenbur  zanuchu  kazancharo  yseubepeujema,  J87i  (Mémoires  de  iuui- 
vcrsité  de  Kazàn). 


16  sai  i:\skv. 

externe  esL  désignée  par  eux  comme  eetoderme,  la  couche  in- 
terne comme  entoderme.  Avec  le  temps,  entre  les  deux  feuillets 
primitifs  apparaît  une  couche  nouvelle  qui  est  considérée  par 
ces  auteurs  comme  mésoderme. 

Mes  recherches  confirment  entièrement  l'opinion  des  obser- 
vateurs allemands  sur  la  formation  des  organes  dans  le 
bourgeon. 

L'analogie  qui  existe  entre  les  couches  du  bourgeon  du 
Loxosoma  et  les  feuillets  germinatifs  des  autres  animaux  est 
en  effet  frappante.  N'ayant  pas  l'intention  de  m'approprier 
la  découverte  de  ce  fait,  je  veux  seulement  signaler  que  les 
Loxosoma  ne  sont  pas  les  seuls  Bryozoaires  dont  les  organes  du 
bourgeon  prennent  leur  origine  dans  les  feuillets  germinatifs. 
Chez  le  Pedicellina,  comme  nous  allons  le  montrer  plus  loin, 
on  rencontre  encore  des  faits  semblables;  aussi  je  pense  que  le 
développement  des  bourgeons  chez  les  Bryozoaires  cyclostome 
et  chylostome  peut  être  expliqué  par  le  même  processus. 

Chez  le  Loxosoma  crassicaada,  les  bourgeons  apparaissent  sur 
la  partie  ventrale  du  corps  ;  ils  sont  situés  symétriquement  des 
deux  côtés  de  l'axe  longitudinal  du  calice  (fig.  1  et  10).  Chez  les 
animaux  adultes,  on  trouve  toujours  des  bourgeons  en  diverses 
phases  du  développement.  Malgré  l'abondance  des  matériaux 
pour  l'étude  du  bourgeonnement  du  Loxosoma,  l'observateur 
rencontre  beaucoup  de  difficultés  dans  ses  recherches,  surtout 
en  abordant  les  premières  phases  de  ce  phénomène. 

La  question  la  plus  difficile  à  résoudre  est  celle-ci  :  Quelle 
est  l'origine  des  cellules  qui  donnent  naissance  au  bourgeon? 

Pour  observer  avec  succès  les  premiers  stades  du  bourgeon- 
nement du  Loxosoma,  il  faut  choisir  les  individus  avec  des  bour- 
geons qui,  n'étant  pas  encore  détachés  du  corps  maternel,  ont 
commencé  à  bourgeonner  à  leur  tour.  La  ligure  24  nous  pré- 
sente un  pareil  bourgeon  dans  une  position  des  plus  commodes 
pour  observer  les  premières  phases  du  développement.  Ce 
bourgeon  est  encore  très-élomné  de  son  état  définitif,  état  dans 
lequel  il  peut  se  détacher  du  corps  maternel  et  mener  une  vie 
indépendante.  Ses  muscles  apparaissent  encore  sous  la  forme 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  17 

de  cellules  allongées;  la  couronne  des  bras  se  trouve  encore 
à  une  période  primitive  de  son  développement;  il  n'y  a  point  de 
cils  vibratiles  dans  la  cavité  du  tube  digestif,  et  les  cellules  hépa- 
tiques ne  peuvent  pas  être  aperçues  dans  l'estomac.  Sur  ce 
bourgeon  se  sont  déjà  formés  deux  autres,  dont  l'un  est  repré- 
senté de  face,  l'autre  de  profil.  Cette  dernière  position  a  beau- 
coup d'importance  pour  nous,  car  elle  nous  montre  clairement 
que  le  bourgeon  a  pour  origine  un  épaississement  du  tégument 
maternel.  Par  conséquent,  ce  qu'on  appelait  bourgeon  mérite 
en  effet  ce  nom,  de  sorte  que  le  bourgeonnement  du  Loxosoma 
ne  peut  être  considéré  comme  oviparité,  ainsi  qu'il  l'a  été 
par  Oscar  Schmidt. 

Le  premier  rudiment  du  bourgeon  (fig.  17)  se  présente  sous 
la  forme  d'un  cercle  composé  d'un  groupe  de  cellules,  parmi 
lesquelles  on  distingue,  dès  leur  apparition,  deux  couches  cel- 
lulaires :  l'une  centrale,  l'autre  périphérique.  La  première 
(fig.  17,  ce),  composée  de  plusieurs  cellules,  correspond  entiè- 
rement à  l'ectoderme  ;  la  seconde  (fig.  17,  en),  dès  le  commen- 
cement, n'a  qu'une  seule  cellule  qui,  avec  le  temps,  semultiplie 
par  division  et  donne  naissance  à  un  groupe  de  cellules  cor- 
respondant à  l'entoderme. 

Dans  le  stade  suivant  (fig.  18),  le  rudiment  du  bourgeon  est 
très-peu  modifié.  Nous  retrouvons  toujours  les  deux  mômes 
couches  cellulaires,  mais  l'entoderme  est  déjà  composé  de  deux 
cellules  produites  par  la  division  de  la  cellule  primitive.  Les 
changements  essentiels  ne  tardent  pas  à  se  manifester  dans  le 
stade  suivant  (fig.  19).  Nous  y  voyons  déjà  une  nouvelle  couche 
cellulaire  que  nous  pouvons  désigner  sous  le  nom  de  mésoderme 
(fig.  19,  ms),  et  nous  y  apercevons  aussi  les  rudiments  de 
quelques  organes.  Le  bourgeon  même  est  placé  dans  un  enfon- 
cement du  tégument  et  est  entouré  pendant  quelque  temps 
d'un  petit  pli  tégumentaire.  Un  enfoncement  pareil  a  été  observé 
par  Oscar  Schmidt  sur  le  bourgeon  du  Loxosoma  Raja.  La 
forme  générale  du  bourgeon  est  aussi  bien  modifiée  :  il  s'élève 
sur  la  surface  du  corps  maternel  en  forme  de  corps  ovale  placé 
sur  un  petit  pédoncule,  qui  n'est  qu'un  prolongement  immédiat 


'18  SAIF/VSKY. 

du  tégument  de  la  mère  et  consiste  en  ecloderme.  Sur  ce  bour- 
geon on  peut  déjà  distinguer  deux  parties  :  la  partie  supérieure 
et  la  partie  inférieure,  ou  bien,  si  l'on  veut,  la  partie  antérieure 
et  la  partie  postérieure.  La  première  correspond  à  la  partie 
dans  laquelle  se  développera,  avec  le  temps,  la  couronne  dès 
bras;  la  seconde  correspond  au  pédoncule.  Sur  la  partie  anté- 
rieure on  remarque  une  petite  fente  longitudinale  (fig.  19,  fl) 
placée  au  milieu  du  corps,  qui  est  pour  le  moment  encore  très- 
petit.  Gomme  nous  le  prouvent  les  stades  suivants,  cette  fente 
est  le  rudiment  de  l'ouverture  menant  dans  l'espace  intra-ten- 
taculaire.  Au  moment  donné,  la  fente  ne  se  trouve  que  dans 
l'ectoderme;  même  elle  ne  le  perce  pas  entièrement,  if  enfon- 
çant que  très-peu  sa  surface. 

Pour  ce  qui  est  des  changements  intérieurs,  ils  sonttrès-im-  * 
portants  dans  ce  stade,  car,  comme  nous  l'avons  remarqué 
plus  haut,  on  y  observe  l'apparition  des  organes  intérieurs. 
Les  feuillets  germinatifs,  l'entoderme  et  l'ectoderme  sont  aussi 
modifiés.  L'entoderme,  dont  les  cellules  se  sont  multipliées,  et 
qui  par  conséquent  s'est  augmenté  de  volume,  pour  le  moment 
est  placé  dans  la  partie  antérieure  du  bourgeon  et  adhère  soli- 
dement à  l'ectoderme.  Ce  changement  a  une  signification  im- 
portante pour  la  formation  de  l'espace  intra-tentaculaire  et  du 
tube  digestif.  La  couche  moyenne  que  nous  avons  déjà  citée,  le 
mésoderme,  placée  entre  l'ectoderme  et  l'entoderme,  se  com- 
pose de  cellules  ovales  très-entassées  entre  elles.  Le  mésoderme 
est  beaucoup  plus  développé  dans  la  partie  antérieure  du  bour- 
geon, tandis  que  la  partie  postérieure  en  est  presque  privée  ;  on 
ne  peut  l'y  apercevoir  que  dans  les  stades  suivants.  À  part  ces 
formations,  il  faut  encore  mentionner  deux  cellules  placées  dans 
le  pédoncule  (fig.  19,  gp)  qui  attache  le  bourgeon  au  corps  ma- 
ternel. Ces  cellules  sont  ovoïdes  et  possèdent  de  petits  noyaux  ; 
elles  sont  tout  à  fait  analogues  à  celles  que  0.  Schmidt  décrit 
comme  des  cellules  donnant  naissance  à  la  glandule  pédon- 
culaire;  ici  elles  remplissent  la  même  fonction. 

Les  modifications  suivantes  du  bourgeon  pendant  un  certain 
temps  ne  présentent  rien  de  remarquable.  Quoique  le  bourgeon 

ARTICLE   N5  3. 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    EXTOPROCTES.  19 

soit  considérablement  augmenté  (fig.  20),  les  organes  naissants 
n'éprouvent  pas  de  changement.  Les  trois  feuillets  germinatifs 
s'agrandissent  aussi,  mais  leur  forme  n'a  presque  pas  varié. 
L'ectoderme  est  composé  d'une  couche  de  cellules  cylindriques, 
l'entoderme  d'une  couche  de  cellules  rondes.  Les  deux  cellules 
formant  la  glandule  pédonculaire  s'allongent  et  deviennent 
piriformes.  Quant  à  la  fente  longitudinale,  elle  devient  aussi 
plus  allongée  dans  ce  stade. 

Les  processus  du  bourgeonnement  que  nous  venons  de  dé- 
crire ne  servent  qu'à  la  formation  des  feuillets  germinatifs. 
L'ectoderme  et  l'entoderme  sont  issus  de  l'ectoderme  ou  du 
tégument  de  la  mère.  Ce  fait  est  tellement  clair  pour  quiconque 
observe  de  profil  les  jeunes  bourgeons  du  Loxosoma,  qu'il  ne 
peut  exister  aucun  doute  sur  sa  réalité.  D'après  l'analogie  qui 
existe  entre  toutes  les  espèces  de  Loxosoma,  jepuis  affirmer  que 
les  phénomènes  décrits  doivent  être  communs  à  toutes  les 
espèces.  Quoique  je  n'aie  pas  observé  le  Loxosoma  Raja,  mais 
me  basant  sur  mes  recherches  et  sur  celles  de  Nitzsch  concer- 
nant les  autres  espèces  de  ce  genre,  je  me  permets  d'exprimer 
un  doute  qu'il  puisse  exister  une  différence  aussi  grande  entre 
la  multiplication  de  cette  espèce  et  celle  des  autres.  En  d'autres 
termes,  je  doute  que  le  bourgeonnement  du  Loxosoma  Raja 
puisse  être  considéré  comme  un  cas  d'oviparité.  Le  premier 
processus  du  développement  du  bourgeon,  la  segmentation  de 
la  cellule  primitive  en  deux  parties  telles  qu'elles  sont  figurées 
par  0.  Schmidt  pour  le  Loxosoma  Raja,  n'ont  été  observés  ni  par 
moi,  ni  par  Nitzsch.  Il  est  bien  possible  que  ce  premier  stade  ait 
été  omis  par  nous,  et  que  le  groupe  des  cellules  que  nous  avons 
désigné  comme  stade  primitif  soit  dérivé  par  division  d'une  cel- 
lule unique;  mais  pouvons-nous  considérer  cette  cellule  comme 
un  œuf?  Est-ce  qu'elle  est  issue  de  l'ovaire?  Cette  question, 
comme  nous  le  savons  déjà,  fut  résolue  par  Oscar  Schmidt 
d'une  manière  tout  à  fait  contraire  aux  opinions  qui  existaient 
avant  lui.  Selon  moi,  les  faits  sur  lesquels  il  base  son  opinion, 
ou  plutôt  sa  description,  et  les  figures  qu'il  nous  donne,  laissent 
beaucoup  à  désirer.  Voilà  les  faits  principaux  sur  lesquels  il 

ANN.    SC.    NAT.,    MARS    1877.  V.    12.    —   ART.    N°   3. 


20  SALENSKY. 

s'appuie  :  1°  Il  observa  que  l'œuf  traversait  la  capsule  fortement 
appliquée  au  foie.  2°  Après  avoir  fendu  le  corps  du  Loxosoma, 
il  s'est  assuré  que  l'enfoncement  où  se  place  le  bourgeon  s'ap- 
profondit dans  le  corps  maternel  et  en  atteint  presque  le  milieu. 
«C'est,  dit-il,  en  ce  coin  inaccessible  à  l'œil  de  l'observateur, 
car  on  ne  le  distingue  pas  également  du  côté  dorsal,  que  doivent 
avoir  lieu  les  premiers  stades  de  la  segmentation  (1).  »  Quant 
aux  stades  de  la  segmentation  même  (fig.  11  et  12  de  son  ou- 
vrage), lui-même  n'est  pas  complètement  sûr  que  ce  soient  des 
cellules  segmentaires  donnant  naissance  au  bourgeon  (2) . 

Les  changements  dont  nous  allons  parler  maintenant  con- 
sistent dans  la  formation  du  tube  digestif,  dans  l'enfoncement 
intra-tentaculaire  des  muscles,  de  la  glandule  pédonculaire, 
et,  en  général,  dans  le  développement  définitif  de  l'animal. 
Comme  les  modifications  de  la  forme  générale  du  bourgeon  dans 
les  stades  qui  succèdent  ne  sont  pas  essentiels,  nous  pouvons 
décrire  séparément  le  développement  des  différents  organes, 
sans  nous  arrêter  à  la  description  de  chacune  des  phases  du 
bourgeonnement.  Commençons  par  le  tube  digestif.  Nous  avons, 
sur  ce  sujet,  des  recherches  minutieuses  faites  par  Nitzsch,  et 
en  partie  par  Oscar  Schmidt;  cependant  les  résultats  de  mes 
recherches  diffèrent  quelque  peu  de  ceux  qui  ont  été  acquis  par 
ces  savants.  Selon  eux,  la  cavité  du  tube  digestif  se  forme  de 
bien  bonne  heure;  selon  Nitzsch,  le  rudiment  de  cet  organe 
apparaît  sous  la  forme  de  deux  bandes  qui,  se  joignant  au  milieu 
et  divergeant  dans  les  deux  parties  du  corps,  donnent  naissance 
à  l'espace  intra-tentaculaire  et  au  tube  digestif.  Chez  mon 
espèce  de  Loxosoma,  le  Loxosoma  crassicauda,  le  rudiment  du 
tube  digestif  apparaît  sous  la  forme  d'un  corps  entièrement 
compacte. 

Nous  avons  laissé  le  rudiment  de  cet  organe,  l'entoderme, 
ayant  la  forme  d'un  groupe  compacte  de  cellules  adhérant  soli- 
dement à  l'ectoderme  ;  nous  avons  aussi  vu  que  sur  l'ectoderme 

(I)  Die  Gattung  Loxosoma  (A)'clùv.  fur  mikroskopische  Anatomie,  Bd.  VI, 
lift.  1) 
(°2)  Page  8  du  même  ouvrage. 

ARTICLE  N°   3. 


SUR   LES   BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  21 

s'est  formée  une  petite  fente  longitudinale  :  cette  fente  marque 
la  place  où  l'entoclerme  et  l'ectoderme,  en  se  joignant,  forment 
le  bord  du  calice.  Dans  le  stade  précédent  (fig.  24),  nous  avons 
déjà  vu  commencer  la  différenciation  du  rudiment  du  tube 
digestif  signalée  par  l'apparition  d'une  cavité  dans  l'ectoderme. 
Cette  cavité  se  trouve  sur  le  sommet  du  bourgeon  et  aboutit 
à  la  fente  longitudinale.  Sa  formation  peut  être  expliquée  par 
l'atrophie  de  quelques  cellules  entodermiques.  Cette  cavité  sert 
d'origine  à  la  cavité  du  tube  digestif  et  à  l'enfoncement  intra- 
tentaculaire.  En  observant  le  bourgeon  d'en  haut,  on  peut  se 
convaincre  qu'elle  est  située  justement  sous  la  fente  longitu- 
dinale et  qu'elle  a  une  forme  sphérique;  quant  à  la  forme  de 
l'entoclerme  même,  elle  est  très-peu  modifiée.  Pour  le  moment 
il  ne  se  distingue  de  son  état  précédent  que  parce  que  sa  paroi 
inférieure  est  devenue  concave,  étant  pressée  d'en  bas  par  le 
rudiment  de  la  glandule  pédonculaire.  Si  l'on  observe  l'ento- 
derme  de  la  surface,  il  parait  être  d'une  forme  ovale. 

La  formation  de  la  cavité  entodermique  ou  digestive  et  la 
différenciation  du  tube  digestif  sont  très-avancées  dans  ce 
stade  (fig.  22).  Le  rudiment  du  tube  digestif  se  présente  sous 
la  forme  d'un  cul-de-sac  dans  lequel  nous  pouvons  distinguer 
deux  parties  :  la  partie  supérieure,  considérablement  élargie 
et  munie  de  parois  épaisses,  et  la  partie  inférieure,  qui  est 
recourbée  en  arrière. 

La  première  (fig.  22,  fr)  est  le  rudiment  de  l'enfoncement 
intra-tentaculaire  ;  la  dernière  est  le  rudiment  du  tube  digestif 
et  du  rectum  (fig.  22).  La  partie  supérieure  offre  en  ce  moment 
quelques  particularités  qui  ont  beaucoup  d'importance  pour 
l'explication  de  certains  processus  relatifs  à  la  formation  du  tube 
digestif;  elle  a  L'air  d'un  sac  ouvert  en  avant.  Les  bords  de 
l'ouverture  par  laquelle  ce  sac  s'ouvre  consistent  maintenant 
dans  l'ectoderme  et  dans  l'entoderme  qui  se  sont  entièrement 
joints.  Il  faut  remarquer  qu'en  ce  stade  le  sommet  du  bourgeon 
est  déjà  obliquement  tronqué,  caractère  qu'on  rencontre  tou- 
jours chez  l'animal  adulte. 

Les  parois  de  l'enfoncement  intra-tentaculaire  ne  sont  pas 


22  SALEWSKY. 

d'épaisseur  égale,  La  paroi  antérieure,  appliquée  à  la  partie 
ventrale,  est  beaucoup  plus  mince  que  la  paroi  dorsale.  La 
signification  de  cette  différence  nous  devient  claire  lors  des 
changements  suivants  subis  par  cet  enfoncement.  La  paroi 
ventrale  éprouve  peu  de  modifications  ;  ce  n'est  que  la  paroi 
dorsale,  ou  postérieure,  qui  sert  à  former  l'enfoncement  intra- 
tentaculaire. 

Le  bourgeon  que  nous  voyons  sur  la  figure  23  est  déjà  plus 
grand  que  celui  que  nous  venons  de  décrire.  Il  possède  déjà 
des  rudiments  des  bras  qui  apparaissent  sous  la  forme  de  rejets 
au  bord  de  la  fente  longitudinale,  ou,  en  d'autres  termes,  au 
bord  de  l'ouverture  du  calice.  La  modification  principale  que 
nous  remarquons  dans  la  partie  supérieure  du  tube  digestif 
consiste  en  ce  que  la  paroi  dorsale  du  rudiment  de  l'espace 
intra-tentaculaire  grandit  en  arrière  et  se  transforme  en  un  cul- 
de-sac;  il  nous  présente  le  rudiment  de  l'enfoncement  intra- 
tentaculaire.  Dans  ce  stade,  ce  sac  sert  pour  ainsi  dire  de  vesti- 
bulum  au  tube  digestif.  Sur  la  paroi  ventrale,  tout  près  du 
tégument,  est  située  une  ouverture,  qui  est  l'orifice  buccal 
(fig.  23,  b).  L'anus,  qui  s'ouvre  aussi  dans  l'espace  intra-tenta- 
culaire, n'existe  pas  encore.  Le  rectum,  dans  ce  stade,  a  encore 
l'air  d'un  cul-de-sac  recourbé  qui  est  fortement  appliqué  contre 
la  paroi  dorsale  de  l'enfoncement  intra-tentaculaire. 

Quoique  je  n'aie  pas  observé  directement  la  formation  de 
l'anus,  néanmoins  la  position  du  rectum,  relativement  à  la 
paroi  dorsale  de  l'enfoncement  intra-tentaculaire,  vue  dans  ce 
stade  et  dans  les  stades  qui  succèdent,  nous  permet  de  conclure 
que  le  rectum  se  joint  à  la  paroi  de  cet  enfoncement  et  que  l'ou- 
verture anale  apparaît  en  ce  point.  Cette  supposition  est  encore 
basée  sur  le  fuit  que,  chez  lePedicellina,  pour  lequel  la  for- 
mation du  tube  digestif  et  tous  les  autres  processus  sont  ana- 
logues aux  mêmes  processus  chez  les  Lo.vosoma,  l'anus  se  forme 
précisément  de  la  manière  que  je  viens  d'indiquer. 

Dans  le  stade  suivant  (fig,  24)  nous  remarquons  déjà  la  diffé- 
renciation des  parties  du  tube  digestif.  Nous  pouvons  distinguer 
l'œsophage,  l'estomac  et  le  rectum.  Ce  dernier,  étant  situé  sur 

ARTICLE   N"   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   EiNTOPROCTES.  23 

le  côté  dorsal,  n'est  pas  représenté  sur  cette  figure.  L'œsophage 
et  le  rectum  occupent  les  deux  replis  du  tube  primitif.  L'esto- 
mac est  formé  par  l'élargissement  de  sa  partie  antérieure. 

Pour  ce  qui  est  des  bras,  ils  apparaissent  sous  la  forme  de 
petites  élévations  sur  le  bord  du  calice  ;  et  comme  ce  dernier 
consiste  dans  l'ectoderme  et  dans  l'entoderme  joints  ensemble, 
les  bras,  dès  leur  origine,  possèdent  aussi  ces  deux  couches. 
Oscar  Schmidt  et  Nitzseh  supposent  qu'ils  prennent  leur  origine 
dans  l'entoderme  seul.  Oscar  Schmidt  assure  môme  que  chacun 
d'eux  est  issu  d'une  cellule  unique  ;  pour  moi,  c'est  tout  à  fait 
inconcevable. 

Les  rudiments  des  bras  se  dirigent  vers  le  milieu  de  l'ouver- 
ture  intra-tentaculaire  et  se  recourbent  en  dedans  en  gran- 
dissant, comme  nous  le  voyons  dans  la  figure  21.  L'ectoderme 
forme  la  paroi  interne  du  bras  ;  l'entoderme  sa  paroi  externe. 
Cette  dernière  se  couvre  de  cils  quelque  temps  après.  On  sait 
que  chez  les  Loxosoma  adultes  cette  paroi  est  la  plus  épaisse 
des  deux,  ses  cellules  étant  plus  grandes.  Ce  fait  se  constate 
aussi  chez  les  jeunes  bourgeons;  il  résulte  de  ce  que  l'entoderme 
est  plus  épais  que  l'ectoderme. 

Le  nombre  des  bras  chez  les  bourgeons  de  Loxosoma  crassi- 
cauda  est  moindre  que  chez  les  individus  adultes  ;  j'en  ai  dis- 
tingué dix  chez  le  Loxosoma  crassicauda  et  douze  chez  le  Loxo- 
soma Tethyœ. 

Ce  fait  qui,  selon  Nitzseh,  est  bien  remarquable,  ainsi  que 
l'absence  ou  la  présence  de  la  glandule  pédonculaire,  peut 
servir  de  point  d'appui  pour  certaines  déductions  morpholo- 
giques, relativement  aux  espèces  du  genre  Loxosoma. 

Je  dois  encore  mentionner  une  particularité  qui  se  manifeste 
chez  les  jeunes  bourgeons  de  Loxosoma  crassicauda  :  leurs 
bras  sont  fournis  d'une  soie  (fig.  1,  bg)  sur  le  côté  externe,  ou, 
comme  on  peut  le  nommer,  sur  le  côté  ectodermique.  Cette 
soie  est  immobile  et  très-longue  ;  elle  est  située  tout  près  du 
sommet  du  bras.  Le  Loxosoma  adulte  ne  possède  point  ces 
soies-là.  Par  conséquent  ces  organes  sont  provisoires,  de  même 
que  la  glandule  pédonculaire.  Il  est  très-difficile  de  déterminer 


24  SALENSKY. 

leur  fonction,  mais  je  tiens  pour  probable  que  ce  sont  des 
organes  tactiles,  nécessaires  au  bourgeon  pour  pouvoir  trouver 
un  lieu  de  fixation,  et  inutiles  à  un  individu  adulte  passant 
toute  sa  vie  fixé  sur  le  môme  objet. 

Avant  de  procéder  à  la  description  des  antres  organes,  je  dois 
encore  mentionner  une  formation  qui  apparaît  pendant  le  déve- 
loppement du  tube  digestif  et  dont  la  signification  n'est  pas  tout 
à  fait  claire  pour  moi.  C'est  un  petit  corps  ovale  placé  dans  le 
repli  du  tube  digestif  ;  on  peut  l'observer  sur  l'embryon  (fig.  22,  n) 
en  examinant  ce  dernier  de  profil.  D'après  sa  position,  je  suis 
enclin  à  supposer  qu'il  est  le  rudiment  des  ganglions  nerveux.  On 
rencontre  un  corps  tout  pareil  chez  le  PcdicelUna  ;  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  me  convaincre  que  chez  ce  dernier  il  provient  de  l'ento- 
derme.  Je  crois  que  chez  \eLoxosoma  son  origine  est  la  même. 

Dans  ce  stade  (fig.  22,  og),  je  pouvais  déjà  distinguer  sur  la 
surface  de  l'estomac  quelques  cellules  qui,  d'après  leur  forme 
et  leur  position,  ont  quelques  ressemblances  avec  les  organes 
sexuels  peu  développés  que  l'on  rencontre  chez  les  jeunes 
individus.  Oscar  Schmidt  a  trouvé  des  cellules  pareilles  chez  le 
Loxosoma  Raja  aux  mêmes  endroits,  et  il  les  considère  comme 
le  rudiment  de  la  glandule  spermatique.  L'origine  de  ces  cel- 
lules m'est  restée  inconnue.  Les  muscles  se  développent  des  cel- 
lules mésodermiques  qui,  dès  leur  origine,  ont  une  forme  ovale. 
La  transformation  des  éléments  en  fibres  musculaires  n'a  lieu 
qu'à  la  fin  du  développement  du  bourgeon.  Ce  n'est  que  dans  la 
figure  24,  m,  que  nous  rencontrons  descellules'mésodermiques 
dont  la  forme  nous  permet  de  conclure  que  la  formation  des 
fibres  musculaires  a  déjà  commencé.  Toute  la  masse  des  cel- 
lules mésodermiques  ne  se  transforme  pas  en  fibres  muscu- 
laires, ce  n'est  que  la  partie  inférieure  de  la  couche  mésoder- 
mique qui  leur  sert  d'origine;  sa  partie  supérieure  donne 
naissance  au  parenchyme.  Il  est  très-facile  de  comprendre  les 
raisons  de  cette  division  du  mésoderme  en  deux  parties  :  mus- 
culaire et  parenchymateuse.  La  partie  inférieure  du  bourgeon 
clans  laquelle  se  forment  les  fibres  musculaires  se  transforme  en 
pédoncule. 

ARTICLE  N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  25 

Les  muscles  représentés  clans  la  figure  24  ont  la  forme  de 
fibres  allongées  et  un  peu  aiguisées  d'en  bas.  Il  me  semble  que 
chaque  fibre  se  forme  d'une  seule  cellule.  Les  modifications 
suivantes  des  fibres  consistent  dans  leur  croissance,  qui  est 
simultanée  à  la  croissance  du  pédoncule,  ce  que  nous  prouve 
la  figure  25. 

Le  pédoncule  apparaît  sous  la  forme  d'une  extension  de  la 
partie  inférieure  du  bourgeon  ;  il  n'a  aucun  rudiment  parti- 
culier pareil  à  celui  que  nous  connaissons  chez  le  Loxosoma 
Kefersteinii.  Glaparède  et  Nitzsch  nous  ont  montré  que  le 
pédoncule  de  cetle  dernière  espèce  apparaît  sous  la  forme  d'un 
rejet  allongé  placé  perpendiculairement  à  l'axe  longitudinal 
du  bourgeon  et  ayant  une  locomotion  libre  dans  les  derniers 
stades  de  son  développement.  Le  Loxosoma  Kefersteinii  est  une 
exception  sous  ce  rapport,  car  chez  les  autres  espèces,  telles 
que  le  Loxosoma  crassicauda,  le  Loxosoma  Raja,  le  Loxosoma 
neapolitanum,  etc.,  le  pédoncule  se  forme  par  l'extension  de 
la  partie  inférieure  dans  laquelle  est  située  la  glandule  pédoncu- 
laire.  Jusqu'aux  derniers  stades  du  développement  le  pédoncule 
ne  se  différencie  pas  encore,  et  ce  n'est  que  chez  les  bourgeons 
prêts  à  se  séparer  du  corps  maternel  qu'on  distingue  clairement 
les  deux  parties  formant  le  corps  d'un  Loxosoma  adulte  :  le 
calice  et  le  pédoncule. 

Oscar  Schmidt  nous  a  donné  une  description  fort  correcte 
du  développement  de  la  glandule  pédonculaire.  Je  puis  con- 
firmer entièrement  ses  observations  établissant  que  la  glandule 
pédonculaire  a  pour  origine  deux  cellules  primitives.  Ces  cel- 
lules sont  placées,  dès  leur  apparition,  à  l'intérieur  du  bourgeon 
et  sont  fortement  appliquées  au  mésoderme.  Nous  avons  déjà 
vu  sur  la  figure  20  que  ces  cellules  s'allongent.  Dans  le 
stade  suivant  (fig.  21),  le  rudiment  de  la  glandule  pédonculaire 
consiste  déjà  en  plusieurs  cellules  et  devient  piriforme.  Ce 
rudiment  commun  sert  à  la  formation  de  la  glandule  propre- 
ment dite  et  du  canal  excrétoire  que  nous  distinguons  déjà  dans 
le  stade  suivant.  Le  développement  de  ce  dernier  commence 
par  l'apparition  d'une  cavité  canaliforme  dans  le  rudiment  de 


26  SALENSKY. 

la  glandule.  La  partie  supérieure  de  la  paroi  du  rudiment  sert 
d'origine  à  la  glandule  môme  ;  elle  est  un  peu  plus  épaisse  que 
les  autres  parties,  et  dans  le  stade  qui  suit  elle  se  sépare  de  la 
partie  inférieure  sous  la  forme  d'un  groupe  de  cellules  placé 
justement  sous  le  tube  digestif  (fig.  24,  fd  et/%).  Dès  que  la 
glandule  pédonculaire  est  différenciée,  les  modifications  qu'elle 
éprouve  consistent  dans  la  multiplication  des  cellules  qui,  dans 
ce  stade  (fig.  25),  ont  déjà  atteint  le  nombre  de  15.  Chez  les 
bourgeons  définitivement  développés,  la  glandule  pédonculaire 
est  placée  dans  un  repli  particulier  du  pédoncule  qui,  chez  ces 
embryons,  est  à  peu  près  de  la  même  forme  que  le  pédoncule 
de  Loxosoma  Tethyœ  (fig.  1). 

III 

BOURGEONNEMENT   DU  PEDICELLINA. 

Nous  avons  deux  recherches  qui  se  rapportent  au  bourgeon- 
nement du  Pedicellina,  dont  l'une  appartient  à  M.  Van  Bene- 
den  (1),  l'autre  à  M.  Uljanin  (2).  Van  Beneden  fut  le  premier 
à  nous  donner  une  description  détaillée  de  l'anatomie,  du  bour- 
geonnement et  du  développement  embryogénique  de  ces  Bryo- 
zoaires. Gomme  la  description  du  processus  du  bourgeonnement 
faite  par  ces  deux  auteurs  est  très-courte,  nous  pouvons  la  citer 
presque  littéralement.  D'après  les  recherches  de  Van  Bene- 
den, le  bourgeon  du  Pedicellina  belgica  apparaît  sous  la  forme 
d'un  petit  tubercule,  qui  n'est  en  principe  qu'un  prolongement 
de  la  tige  même.  Ce  tubercule  se  renfle  en  bouton  au  bout  : 
c'est  le  premier  indice  de  la  formation  d'un  nouvel  individu. 
Son  intérieur  a  été  rempli  jusqu'à  présent  comme  la  cavité  de 
la  tige,  dont  il  n'est  qu'une  extinction  ;  mais  bientôt  une  cellule 
se  montre  au  centre,  c'est  le  point  de  départ  de  la  formation 
du  nouvel  embryon. 

«  Autour  de  cette  première   cellule  se  groupe   une  série 

(1)  Nouveaux  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Bruxelles,  t.  XX, 

(2)  Bulletin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou,  18G9. 

ARTICLE  Nu   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  27 

d'autres  cellules  fort  petites,  qui  semblent  constituer  les  parois 
de  la  vésicule  primitive  :  c'est  le  blastoderme;  la  première  vési- 
cule représente  la  cavité  vitelline 

» Puis  il  se  montre  uneéchancrure  de  chaque  côté  de  la 

petite  cavité  qui  la  sépare  en  deux;  la  moitié  inférieure  devien- 
dra l'estomac  proprement  dit,  et  la  partie  supérieure  devient 
surtout  la  cavité  antérieure  au  milieu  des  tentacules.  », 

Les  recherches  et  surtout  les  figures  de  Van  Beneden  nous 
offrent  un  tableau  bien  détaillé  du  développement  du  bour- 
geon ;  et  pour  ce  qui  est  des  dernières  phases,  ses  figures  sont 
tout  à  lait  correctes;  quant  aux  phases  primitives,  je  trouve 
qu'il  y  a  beaucoup  à  redire.  Ma  description  de  ces  processus 
fera  voir  la  différence  de  mes  opinions  relativement  à  la  forma- 
tion du  tube  digestif,  du  tégument  et  du  parenchyme.  Pour  le 
moment,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  l'apparition  d'une 
cellule  unique  au  centre  du  bourgeon,  autour  de  laquelle  d'au- 
tres se  groupent  ensuite,  et  la  transformation  de  cette  cellule 
primitive  en  tube  digestif,  ne  répondent  pas  à  la  réalité,  et  que 
la  transformation  du  tube  digestif  et  des  organes  se  passe 
autrement  que  ne  le  croit  Van  Beneden. 

Selon  les  données  de  M.  Uljanin,  le  bourgeonnement  du 
Pediccllina  echinata  doit  toujours  avoir  lieu  au  haut  du  stolon. 

«  Le  premier  indice  de  la  formation  d'un  bourgeon  apparaît 
sous  la  forme  d'une  petite  élévation  de  la  cuticule,  sous  laquelle 
s'accumulent  plusieurs  cellules  rondes  et  transparentes.  En- 
suite, sur  la  périphérie  du  bourgeon,  sous  sa  cuticule,  apparaît 
une  couche  de  cellules  cylindriques,  fortement  serrées  entre 
elles.  En  môme  temps,  non  loin  du  bout  supérieur  du  bour- 
geon, se  montre  un  sillon  qui  sépare  le  calice  naissant  du 
stolon.  y> 

La  couche  des  cellules  rondes,  selon  Uljanin,  représente  le 
rudiment  du  tube  digestif  et  de  la  chambre  d'incubation;  car 
d'après  ses  observations,  «  deux  cavités  s'y  montrent  bientôt, 
dont  l'une  devient  la  cavité  de  l'estomac,  l'autre  la  chambre 
d'incubation  ».  La  couche  des  cellulescylindriques,  c'est-à-dire 
la  couche  extérieure,  selon  lui,  donne  naissance  au  tissu  qui 


28  SALENSKY. 

remplit  la  cavité  péfigastriqtie  :  c'est  ce  que  nous  avons  appelé 
le  parenchyme  du  corps. 

En  observant  le  développement  du  bourgeon,  Uljanin  laissa 
échapper  à  son  attention  la  structure  histologique  des  stolons 
et  du  calice  du  PediceUina;  c'est  pourquoi  il  est  tombé  dans 
une  erreur  relativement  à  la  signification  des  couches  primitives 
pour  la  formation  des  organes.  Le  tube  digestif  se  forme  d'une 
autre  manière  et  provient  d'autres  cellules  qu'il  ne  le  croit. 
Gomme  nous  le  verrons  plus  tard,  la  formation  des  organes  en 
général  se  passe  d'une  manière  toute  différente  à  celle  que 
nous  décrit  M.  Uljanin. 

J'ai  observé  le  bourgeonnement  du  PediceUina  behjica  et  du 
PediceUina  echinata,  et  comme  ce  processus  est  entièrement 
identique  chez  les  deux  espèces,  je  ne  m'arrêterai  que  sur  le 
développement  du  PediceUina  echinata.  Uljanin  prétend  que 
le  bourgeon  de  cette  espèce  apparaît  toujours  au  bout  du  stolon 
en  nombre  unique.  Ce  fait  est  considéré  par  lui  comme  carac- 
tère de  cette  espèce  et  le  distingue  du  PediceUina  behjica,  chez 
lequel  on  voit  toujours  au  bout  du  stolon  plusieurs  bourgeons. 
Quant  à  moi,  je  trouvai  toujours  chez  le  PediceUina  echinata 
des  bourgeons  situés  en  groupe,  non-seulement  au  bout  des 
stolons,  mais  aussi  sur  leurs  rejets  latéraux,  de  sorte  qu'on 
pouvait  observer  à  la  fois  sur  le  rameau  d'un  stolon  deux  ou 
trois  bourgeons  différemment  développés.  Dans  ce  cas  c'était 
le  bourgeon  d'en  haut  qui  était  le  mieux  développé;  les  deux 
suivants  présentaient  des  stades  successifs  du  développement. 
Gomme  les  bourgeons  se  forment  toujours  sur  les  stolons  ou 
sur  leurs  rejets,  je  crois  qu'il  est  nécessaire  de  dire  quelques 
mots  de  la  structure  du  stolon,  afin  d'éclairer  le  processus  du 
bourgeonnement. 

Nous  pouvons  distinguer  dans  les  stolons  les  quatre  parties 
suivantes  (fig.  26  et  suiv.)  :  la  cuticule  c,  l'épiderme  ec,  la 
couche  parenchymateuse  et  la  couche  musculaire  M.  La  cuti- 
cule n'est  qu'une  membrane  sans  aucune  structure.  Chez  le 
PediceUina  echinata,  elle  est  épaisse  et  donne  de  petites  épines 
caractéristiques  de  cette  espèce,  car  le  PediceUina  behjica  n'en 

ARTICLE  N°   3. 


SUR  LES  BRYOZOAIRES  ENTOPROCTES.         29 

possède  point.  L'épiderme,  que  nous  pouvons  appeler  ecto- 
derme,  relativement  à  la  même  partie  du  Loxosoma,  se  compose 
de  cellules  cylindriques.  Uljanin  et  Nitzsch,  en  observant  les 
coupes  transverses  des  pédoncules  du  Pedicellina,  n'y  ont  pas 
trouvé  d'ectoderme  qui  produise  la  cuticule,  et  au  lieu  d'ec- 
toderme  ils  ont  vu  des  fibres  transversalement  coupées,  que 
le  premier  de  ces  savants  croit  être  élastiques,  le  second  mus- 
culaires. Nitzsch  a  trouvé  que  ce  ne  sont  que  les  jeunes  pédon- 
cules et  les  parties  des  vieux  situées  près  du  calice  qui  pos- 
sèdent,  sous  la  cuticule,  une  sorte  de  cellules  cylindriques 
correspondant  à  l'ectoderme  (matrice  culicidœ)  des  autres  ani- 
maux. Chez  les  individus  adultes,  cette  couche,  d'après  lui, 
doit  disparaître  entièrement  sur  toute  l'étendue  du  stolon  ;  elle 
ne  reste  qu'en  haut,  près  du  calice.  En  cet  endroit  les  cellules 
cylindriques  sont  fournies  de  noyaux;  les  cellules  un  peu 
éloignées  du  calice  en  sont  dépourvues  ;  plus  loin  les  cellules 
elles-mêmes  disparaissent. 

Cette  opinion  peut  encore  être  confirmée  par  le  fait  que  les 
bourgeons  ne  se  forment  jamais  sur  la  partie  moyenne  des 
vieux  pédoncules.  Effectivement,  la  partie  moyenne  et  la  partie 
inférieure  des  vieux  pédoncules  sont  entièrement  dépourvues 
d'ectoderme,  une  des  parties  essentielles  pour  la  formation  du 
boumeon. 

Pour  cette  raison  nous  pouvons  supposer  déjà  à  priori  que  le 
bourgeon  ne  peut  jamais  y  apparaître.  Au  contraire,  les  bour- 
geons se  forment  'toujours  sur  les  stolons  et  sur  les  sommets 
du  vieux  pédoncule,  justement  aux  endroits  où  l'ectoderme  est 
en  plein  développement. 

La  couche  parenchymateuse  remplit  toute  la  cavité  du  sto- 
lon. Uljanin,  en  décrivant  les  stolons,  ne  mentionne  point  le 
parenchyme;  d'après  ses  recherches,  le  stolon  doit  consister 
en  trois  parties  seulement  :  la  cuticule,  les  fibres  élastiques  et 
les  fibres  musculaires. 

Nitzsch  parle  du  tissu  parenchymateux  des  stolons.  Ce  tissu, 
selon  lui,  est  composé  de  cellules  fusiformes,  ayant  des 
rejets  qui  s'entrelacent,  et  d'une  substance  intercellulaire.  La 


80  SALE*SKY. 

dernière  remplit  la  partie  centrale  du  stolon,  et  les  premières 
en  occupent  la  partie  périphérique. 

En  comparant  les  figures  des  coupes  transversales  données  par 
Nitzsch  et  Uljanin,  on  peut  remarquer  entre  elles  une  grande 
différence.  Selon  l'opinion  du  dernier,  toute  la  coupe  transversale 
est  remplie  d'une  masse  compacte  de  corps  ovoïdes  qu'il  tient 
pour  les  coupes  transversales  des  fibres  musculaires.  Sur  les 
figures  de  Nitzsch  on  n'aperçoit  point  de  ces  corps-là.  Quant  à 
moi,  je  suis  du  même  avis  que  M.  Uljanin,  relativement  à  la 
structure  de  la  partie  intérieure  du  stolon,  mais  je  ne  puis  m'ac- 
corder  avec  lui  sur  la  manière  d'interpréter  cette  structure. 

On  peut  voir  même  sur  des  exemplaires  vivants  que  toute  la 
masse  intérieure  du  stolon  du  Pedicellina  echinata  est  compo- 
sée de  corps  pareils  à  ceux  qui  sont  représentés  sur  les  coupes 
transversales  de  M.  Uljanin.  Mais  ces  corps  ne  sont  point  des 
coupes  transversales  des  muscles  ;  leur  forme  reste  toujours  inva- 
riable si  l'on  en  fait  des  coupes  transversales  ou  si  on  les  examine 
in  toto  dans  les  stolons.  Selon  les  apparences,  ces  corps  sont 
des  cellules,  quoique  je  n'aie  pas  réussi  à  y  distinguer  les 
noyaux.  Cette  masse  cellulaire  remplissant  le  centre  des  stolons 
et  de  ces  rameaux  est  le  parenchyme;  je  la  tiens  pour  telle: 
1°  parce  qu'elle  remplit  toutes  les  cavités  des  stolons;  et  2°  parce 
que  chez  un  jeune  bourgeon,  elle  sert  d'origine  au  parenchyme 
du  calice,  comme  nous  allons  le  voir  plus  tard. 

Enfin,  dans  la  quatrième  partie  du  stolon,  les  muscles  appa- 
raissent sous  la  forme  de  petites  fibres  élargies  au  milieu  et 
munies  de  nuclei  ;  ce  qui  correspond  entièrement  à  la  des- 
cription de  Nitzsch. 

Toutes  les  parties  du  stolon  récemment  décrites,  les  muscles 
exceptés,  font  partie  de  la  formation  du  bourgeon,  quoique  leurs 
parts  n'y  soient  pas  égales.  Quelques-unes  d'entre  elles  jouent 
pour  ainsi  dire  un  rôle  passif;  les  autres,  au  contraire,  servent 
d'origine  aux  organes  naissants  du  bourgeon. 

C'est  surtout  de  la  formation  des  bourgeons  sur  les  jeunes 
stolons  que  nous  allons  parler.  Quant  à  leur  formation  sur  de 
vieux  pédoncules,  je  me  permettrai  de  faire  aussi  sur  ce  sujet 

ARTICLE   N°   1. 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  31 

quelques  courtes  remarques,  car  ce  mode  de  prolifération  n'a 
pas  encore  été  décrit,  J'ai  eu  l'occasion  d'observer  assez  sou- 
vent cette  formation  sur  les  individus  du  Pediccllma  behjica. 
Il  m'est  arrivé  quelquefois  de  rencontrer  dans  une  colonie  de 
cette  espèce  quelques  stolons  dépourvus  du  calice.  Je  pensai 
d'abord  que  c'étaient  des  individus  morts  et  près  de  subir  une 
complète  destruction  ;  mais  plus  tard  je  reconnus  que  l'abolition 
du  calice  n'était  pas  encore  un  indice  de  l'abolition  de  l'individu. 
Le  pédoncule  qui  reste  peut  toujours  engendrer  un  nouveau 
calice,  et  cette  formation  a  toujours  lieu  sur  le  sommet  du 
stolon,  c'est-à-dire  dans  la  partie  où  l'ectoderme  est  bien  déve- 
loppé. Je  n'ai  jamais  remarqué  les  premiers  stades  du  dévelop- 
pement du  calice  sur  le  vieux  stolon,  mais  je  crois  que  ce  pro- 
cessus doit  être  identique  à  la  formation  de  cette  partie  chez 
un  bourgeon  ordinaire;  au  moins  les  stades  suivants,  que  j'ai 
observés,  le  prouvent.  Un  de  ces  stades  est  représenté  sur  la 
figure  52. 

La  différence  entre  l'âge  du  calice  et  celui  du  pédoncule  est 
évidente  au  premier  coup  d'œil.  Le  pédoncule  est  revêtu  d'une 
cuticule  épaisse,  pareille  à  celle  qu'on  rencontre  sur  les  indi- 
vidus adultes;  aussi  la  surface  du  pédoncule  est  couverte  par 
de  petites  Algues  et  par  d'autres  menus  objets  qui  nous  empê- 
chent d'observer  sa  structure.  Le  calice,  au  contraire,  a  l'air 
d'un  jeune  individu,  sa  surface  est  tout  à  fait  propre. 

La  cuticule  qui  la  revêt  est  très-mince  et  encore  entièrement 
transparente;  de  sorte  qu'il  est  plus  facile  d'étudier  l'or- 
ganisation du  calice  chez  un  bourgeon  que  chez  un  individu 
adulte.  Quant  à  l'âge  du  calice,  il  peut  être  facilement  défini 
au  moyen  de  la  comparaison  avec  les  stades  du  développement 
que  nous  avons  figurés  sur  nos  planches.  Le  calice  correspond 
à  peu  près  au  stade  du  calice  (fig.  34). 

Le  tégument  ou  l'ectoderme  du  stolon  joue  le  rôle  le  plus  actif. 
Gela  est  analogue  à  ce  que  nous  rencontrons  chez  \eLoxosoma, 
où  l'ectoderme  de  l'individu  maternel  sert  d'origine  aux  parties 
essentielles  du  bourgeon. 

Le  premier  indice  de  la  formation  d'un  bourgeon  apparaît 


32  SALEXSKY. 

sous  la  l'orme  d'un  tubercule,  qui  consiste  en  cuticule,  paren- 
chyme et  ectoderme  (fig.  26).  De  toutes  ces  parties,  ce  n'est 
que  l'ectoderme  qui  se  distingue  quelque  peu  de  l'ectoderme 
du  stolon;  les  autres  n'offrent  aucune  différence.  Les  cellules 
de  l'ectoderme,  quoique  un  peu  agrandies,  conservent  la  môme 
forme  cylindrique.  Sur  le  sommet  du  bourgeon,  quelques 
cellules  de  l'ectoderme  s'allongent  et  s'enfoncent  en  dedans; 
probablement  ces  cellules  donnent  naissance  à  l'entoderme. 
Dans  le  stade  suivant  (fig.  27),  la  formation  de  l'entoderme 
est  beaucoup  plus  prononcée.  Les  dimensions  du  bourgeon 
sont  presque  les  mêmes.  Les  modifications  les  plus  essentielles 
dans  ce  stade  consistent  en  ce  qu'à  l'intérieur  du  sommet  du 
bourgeon  apparaît  une  masse  de  cellules  formant  un  épaissis- 
sement  de  l'entoderme  qui  s'enfonce  dans  le  parenchyme.  Cet 
enfoncement  est  le  rudiment  de  l'entoderme.  Dans  cet  épaissis- 
sement  on  ne  peut  pas  encore  distinguer  les  cellules  de  l'ento- 
derme, parce  que  toutes  les  cellules  y  conservent  plus  ou 
moins  le  caractère  des  cellules  ectodermiques  et  ont  une  forme 
cylindrique. 

La  figure  28  nous  présente  un  stade  un  peu  plus  avancé;  le 
bourgeon  a  considérablement  grandi  et  a  pris  une  forme  cylin- 
drique. Dans  sa  structure  histologique  s'opère  une  modification 
essentielle,  qui  consiste  principalement  en  ce  que  l'entoderme 
se  sépare  de  l'ectoderme.  Cette  partie,  différenciée  de  l'ento- 
derme, sert  d'origine  au  tube  digestif.  Pour  le  moment  l'ento- 
derme apparaît  sous  la  forme  d'un  corps  sphéroïde  ou  plutôt 
ovoïde,  situé  sur  le  sommet  du  bourgeon,  justement  sous  l'ecto- 
derme. Les  deux  couches  primitives  se  distinguent  par  la  forme 
de  leurs  cellules.  L'ectoderme  est  constitué  par  des  cellules 
cylindriques;  l'entoderme  nous  offre  un  groupe  de  cellules 
rondes  fortement  serrées.  Quant  au  parenchyme  (que  nous 
pouvons  appeler  mésoderme,  car  par  sa  position  et  la  méta- 
morphose qu'elle  subit  après,  il  correspond  au  mésoderme  du 
Loxosoma),  il  ne  se  modifie  pas  dans  ce  stade  et  se  compose  des 
mêmes  cellules  ovales  que  nous  avons  rencontrées  dans  le 
parenchyme  du  stolon. 

ARTICLE  N°  3. 


SUR   LES   BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  33 

En  mentionnant  le  parenchyme,  il  ne  faut  pas  oublier  les 
muscles  du  stolon  qui  deviennent  apparents  dans  ce  stade.  Le 
bourgeon  proprement  dit  n'a  point  de  muscles,  parce  que  ces 
derniers  ne  contribuent  nullement  ni  à  sa  formation,  ni  à  sa 
croissance.  Mais  la  base  d'un  jeune  bourgeon  est  toujours  tra- 
versée par  une  ou  deux  fibres  musculaires.  Cela  peut  être  vu 
sur  la  figure  27,  où  les  fibres  musculaires  sont  présentées  tra- 
versant la  base  du  bourgeon  d'un  bord  à  l'autre.  Nous  ren- 
controns ces  mômes  muscles  dans  tous  les  stades  suivants. 

En  comparant  le  processus  du  bourgeonnement  du  Pedi- 
cellina  avec  celui  du  Loxosoma,  il  est  impossible  de  ne  pas 
remarquer  une  grande  analogie.  Chez  ces  deux  genres  d'Ento- 
proctes,  le  bourgeon  apparaît  sous  la  forme  d'un  petit  épais- 
sissement  de  l'ectoderme  ou  du  tégument  de  la  mère,  lequel, 
avec  le  temps,  donne  naissance  à  l'entoderme.  Puis  l'ento- 
derme  se  sépare  de  l'ectoderme,  et  sert  de  rudiment  au  tube 
digestif. 

Nous  rencontrons  de  bonne  heure,  sur  la  surface  de  l'ecto- 
derme du  Loxosoma,  une  fente  longitudinale,  qui  n'est  que  le 
rudiment  de  l'ouverture  du  calice. 

Si  nous  observons  du  côté  ventral  le  stade  décrit  tout  à  l'heure, 
nous  remarquerons  une  formation  identique  chez  le  Pcdicel- 
lina.  Sur  le  sommet  du  bourgeon  apparaît  une  petite  fente 
longitudinale  qui  est  aussi  le  rudiment  de  l'ouverture  du  calice. 

Malgré  quelques  différences,  les  modifications  suivantes  du 
bourgeon  par  leur  nature  sont  presque  identiques  à  celles 
subies  par  le  bourgeon  du  Loxosoma.  Après  l'apparition  de  la 
fente  longitudinale,  quelques  changements  dans  la  partie  inté- 
rieure du  bourgeon  se  manifestent  et  mènent  à  la  formation 
du  tube  digestif  et  du  ganglion,  puis  à  la  séparation  du  calice 
du  pédoncule.  Les  modifications  citées  en  premier  lieu  se  rap- 
portent certainement  à  l'entoderme,  et  les  secondes  à  l'ecto- 
derme; pendant  la  formation  du  diaphragme  du  pédoncule, 
la  partie  correspondante  du  mésoderme  subit  aussi  quelque 
changement. 
D'autres  modifications  s'opèrent  dans  l'entoderme.  Quelques 


34  s  ai  i:\skv. 

cellules  placées  au  centre  de  cette  couche  (fig.  31,  n)  se  sé- 
parent des  autres  et  forment  un  corps  ovoïde  entouré  de  tous 
les  côtés  par  les  cellules  de  l'entoderme.  Ce  groupe  de  cellules 
ainsi  séparées  constitue  le  rudiment  du  système  nerveux,  et 
probablement  des  organes  génitaux.  Quant  à  ces  derniers, 
je  ne  peux  pas  affirmer  avec  certitude  qu'ils  se  forment  de 
l'entoderme. 

Bientôt  après  la  séparation  des  cellules  centrales,  l'entoderme 
s'agrandit  considérablement,  et  dans  le  stade  suivant  il  remplit 
presque  toute  la  cavité  du  calice  naissant.  Le  mésoderme  situé 
entre  l'entoderme  et  l'ectoderme  est  formé  d'une  ou  deux  cou- 
ches de  cellules  situées  dans  la  partie  postérieure  du  calice. 

La  séparation  entre  le  calice  et  le  pédoncule  commence  dans 
le  mésoderme  ou  dans  le  parenchyme,  dont  les  cellules  sont 
quelque  peu  modifiées  dans  le  stade  que  nous  décrirons.  Au 
même  point  où  avec  le  temps  va  apparaître  le  diaphragme, 
quelques  cellules  du  mésoderme  se  placent  perpendiculairement 
à  Taxe  longitudinal  du  pédoncule,  et  nous  indiquent  le  lieu  de 
l'ouverture  future  du  calice.  Dans  cet  endroit,  les  cellules  de 
l'ectoderme  sontunpeu  plusgrandes  que  sur  le  sommet  du  bour- 
geon, et  s'appliquent  immédiatement  aux  cellules  du  méso- 
derme, dont  il  a  été  question  tout  à  l'heure.  En  comparant  ces 
modifications  avec  l'état  définitif  du  diaphragme,  nous  voyons 
que  son  milieu  se  forme  avant  les  autres  parties.  C'est  juste- 
ment la  partie  qui  se  compose  des  cellules  modifiées  du  paren- 
chyme et  qui  est  placée  dans  l'ouverture  du  diaphragme.  La 
paroi  du  diaphragme  a  pour  origine  l'entoderme  et  apparaît 
sous  la  forme  d'un  pli  annulaire  de  cette  couche.  Nous  voyons 
la  naissance  de  cette  partie  sur  la  figure  33,  où  le  pli,  quoique 
peu  développé,  est  déjà  apparent,  à  tel  point  que  les  limites 
extérieures  du  calice  sont  déjà  marquées. 

En  retournant  à  la  structure  extérieure  du  calice,  nous  re- 
marquons en  premier  lieu  (fig.  33)  des  modifications  essen- 
tielles dans  l'entoderme  du  tube  digestif.  Ce  rudiment  se  pré- 
sente, dans  ce  stade,  comme  un  tube  courbé  ayant  une  forme 
annulaire,  dont  le  bout  supérieur,  qui  est  élargi,  s'applique 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES   BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  35 

à  l'ectoderme  du  sommet  du  bourgeon,  et  le  bout  inférieur, 
en  forme  d'un  cul-de-sac,  s'applique  au  premier.  Je  pense 
que  cette  forme  procède  de  la  forme  précédente  du  rudiment, 
à  l'aide  d'un  sillon  qui  est  apparu  sur  sa  partie  supérieure  et  qui 
a  séparé  les  deux  parties.  La  partie  postérieure  est  le  rudiment 
du  tube  digestif  proprement  dit;  la  seconde,  de  l'espace  intra- 
tentaculaire.  Il  faut  remarquer  que  dans  le  stade  correspondant 
on  observe  la  même  chose  chez  les  bourgeons  du  Loxosoma  ;  la 
seule  différence  consiste  en  ce  que  le  bout  postérieur  du  tube 
digestif  (le  rudiment  du  rectum)  est  un  peu  plus  éloigné  de  la 
partie  antérieure. 

Dès  que  le  bourgeon  a  atteint  l'état  que  nous  venons  de  dé- 
crire, les  modifications  qu'il  subit  ne  mènent  qu'au  développe- 
ment définitif  des  rudiments  déjà  formés.  Le  calice  se  sépare  de 
plus  en  plus  du  pédoncule  et  prend  sa  forme  caractéristique. 
Nous  pouvons  observer  ses  modifications  graduelles  en  compa- 
rant les  figures  34,  36,  37  et  38.  Lepliectodermiquedu  stolon, 
qui  sert  à  constituer  le  diaphragme,  s'enfonce  davantage  et 
forme  un  anneau  au  milieu  duquel  sont  situées  les  cellules  du 
mésoderme.  Ces  cellules  se  rangent  parallèlement  à  l'axe  longi- 
tudinal du  stolon,  en  forme  d'une  petite  colonne  qui  bouche 
l'ouverture  du  diaphragme.  Elles  servent  à  constituer  cette 
partie  du  diaphragme  que  Nitzsch  a  qualifié  du  nom  de  voûte 
transparente  (vurchsicklige  Wolbung)  bouchant  l'ouverture 
du  diaphragme. 

Le  développement  définitif  de  l'appareil  digestif  consiste  dans 
la  formation  des  différentes  parties  qui  la  composent.  Dans  le 
stade  présenté  sur  la  figure  35,  nous  le  retrouvons  sur  les  mêmes 
parties  qu'auparavant.  A  la  partie  antérieure  du  tube,  l'espace 
intra-tentaculaire  possède  à  présent  une  vaste  cavité  et  occupe 
presque  la  moitié  du  calice.  Sa  paroi  supérieure  reste  attachée 
au  tégument  (l'ectoderme)  ;  la  paroi  inférieure  donne  un  rejet 
vers  le  bas,  lequel  s'applique  au  bout  postérieur  du  tube 
digestif.  C'est  dans  ce  point  qu'apparaîtra  avec  le  temps  l'anus. 
Quant  à  la  partie  postérieure  du  tube  digestif,  elle  est  très-peu 
changée  pour  le  moment  ;  mais  dans  le  stade  qui  suit,  son  bout 

ANN.    SC.    NAT.,    AVRIL   1877.  V.    13.   —   ART.    N°   3 


36  SALKNSKY. 

s'élargit  et  s'enfonce  dans  la  paroi  de  l'espace  intra-tentaculaire. 
Cet  enfoncement  continue  toujours,  et  dans  le  stade  suivant 
nous  le  trouvons  beaucoup  plus  avancé  :  il  devient  le  rectum. 
C'est  aussi  dans  ce  stade  que  nous  pouvons  distinguer  l'œso- 
phage et  l'estomac,  et  nous  assurer  que  trois  parties  du  tube 
digestif  occupent  ici  la  même  position  que  chez  le  Loxosoma; 
c'est  pourquoi  leur  description  ultérieure  serait  superflue 
(voy.  fïg.  36,  37  et  38,  Œ.,  M,  R). 

Les  bras  se  forment  assez  tard.  On  ne  les  aperçoit  qu'en  ce 
stade  (fig.  36),  où  ils  se  montrent  sous  la  forme  de  tubercules 
des  deux  côtés  de  la  fente  primitive  co,  d  du  rudiment  de  l'ou- 
verture du  calice.  Ils  apparaissent  en  deux  rangées.  Pour 
observer  leur  mode  de  formation,  il  faut  considérer  l'objet  de 
manière  que  le  bras  soit  vu  en  coupe  longitudinale.  Un  objet 
pareil  est  représenté  par  la  figure  37,  dans  un  stade  assez 
avancé.  On  peut  y  voir  que  les  deux  couches  des  bourgeons 
contribuent  à  la  constitution  des  bras.  Cette  formation  est  ana- 
logue à  celle  que  nous  avons  rencontrée  chez  le  Loxosoma.  Ici, 
comme  ailleurs,  l'ectoderme  forme  la  paroi  externe  du  bras, 
l'entoderme  sa  paroi  interne,  laquelle  possède  des  cellules  plus 
grandes  que  l'autre  et  est  munie  d'une  gouttière  ciliée.  La 
cavité  du  bras  est  remplie  par  le  mésoderme,  qui  n'est  que  le 
prolongement  du  parenchyme  du  corps. 

IV 

DÉVELOPPEMENT    EMBRYONNAIRE    DU    PEDICELLINA. 

Les  recherches  de  M.  Van  Beneden,  qui  ont  été  publiées  il  y 
a  plus  de  trente  ans,  nous  présentent  un  tableau  bien  détaillé 
du  développement  embryonnaire  du  Pedicellina.  Quoique  quel- 
ques détails  se  rapportant  au  développement  des  organes  du 
Pedicellina  aient  échappé  à  l'observation  du  célèbre  savant 
belge,  néanmoins  il  nous  décrit  la  segmentation  et  la  forme 
générale  de  la  larve.  M.  Uljanin,  qui  publia  son  ouvrage  il  y  a 
cinq  ans,  décrit  d'une  manière  plus  détaillée  quelques  stades 

ARTICLE  N     3 


SUR   LES   BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  37 

du  développement  de  la  larve;  mais  il  n'a  point  observé  des 
larves  définitivement  développées.  Les  recherches  deHincks  (1) 
complètent  les  travaux  précédents,  et  nous  y  trouvons  déjà  une 
description  de  la  larve  pélagique.  Enfin  les  observations  de 
Barrois,  quoique  publiées  encore  sous  une  forme  un  peu  con- 
densée, nous  donnent  une  description  assez  complète  du  déve- 
loppement embryonnaire  du  Pedicellina. 

Voilà  tout  ce  que  nous  possédons  en  fait  d'écrits  relativement 
à  l'embryogénie  du  Pedicellina.  Nous  y  reviendrons  encore 
en  faisant  la  revue  spéciale  des  stades  embryonnaires. 

Les  recherches  précédentes  nous  apprennent  que  les  œufs 
du  Pedicellina  se  développent  en  larves  dans  une  cavité  spéciale 
que  l'on  peut  nommer  loge  d'incubation.  Les  larves,  étant 
développées,  sortent  par  l'ouverture  du  calice  et  nagent  en 
mer  jusqu'à  ce  qu'elles  se  fixent  à  un  objet  quelconque;  ce 
n'est  qu'alors  que  leur  forme  devient  toute  pareille  à  la  forme 
maternelle.  Van  Beneden  et  Uljanin  ont  décrit  des  Pedicellina 
très-jeunes,  apparemmentdesindividus  récemment  fixés.  Je  n'ai 
pas  été  aussi  heureux  que  mes  prédécesseurs;  car,  malgré  tous 
mes  efforts  pour  observer  les  larves  au  moment  même  de  leur 
fixation  et  de  leur  transformation  définitive,  je  n'ai  pu  y  réussir. 
Durant  deux  mois  j'isolai  des  larves  pélagiques,  je  les 
observai  chaque  jour,,  mais  toujours  mes  essais  restèrent 
nuls,  et  je  dois  me  borner  à  ne  parler  dans  ce  chapitre  que  du 
développement  des  larves  qui  a  lieu  dans  la  loge  d'incubation. 

Déjà  Van  Beneden  a  remarqué  qu'on  trouvait  dans  la  loge 
d'incubation  des  embryons  dans  différents  stades  de  dévelop- 
pement. Ce  fait  est  favorable,  en  ce  qu'il  permet  d'observer 
sur  le  même  individu  plusieurs  stades  de  développement,  et  de 
se  faire  une  idée  bien  juste  de  toutes  les  modifications  que 
l'œuf  éprouve  depuis  le  moment  de  la  ponte. 

Il  est  remarquable  que  les  œufs  et  les  jeunes  larves  fixés  sur 
le  tubercule  de  la  loge  d'incubation  sont  disposés  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  âge.  En  suivant  une  rangée  d'un  bout  à  l'autre, 


(1)  Quartcrly  Journal  of  Microscopical  Science,  1873. 


38  SAJLENSKY. 

nous  pouvons  observer  tous  les  stades  du  développement  en 
ordre  successif  (fig.  39,  A,  B,  G,  D). 

L'œuf  pondu  est  toujours  piriforme.  Sa  forme  ne  dépend 
donc  pas  de  la  forme  du  vitellus,  qui  est  toujours  sphérique, 
mais  plutôt  de  la  membrane  vitelline,  qui  s'effile  graduellement 
vers  le  point  de  fixation.  Les  premières  modifications  de  l'œuf, 
c'est-à-dire  de  sa  segmentation,  ont  été  décrites  par  Van  Bene- 
den  et  Uljanin. 

Il  résulte  évidemment  de  ces  recherches  que  cette  segmen- 
tation se  produit  sur  le  type  de  la  segmentation  régulière.  Il  est 
très-facile  d'observer  toutes  ses  phases,  car  les  œufs  en  pareil 
état  se  rencontrent  très-fréquemment.  Je  donne  quelques  figures 
qui  expliquent  et  confirment  tout  ce  qui  était  déjà  connu  relati- 
vement à  la  segmentation  de  l'œuf  du  Pedicellina.  La  figure  40 
nous  présente  un  vitellus  divisé  en  deux  parties,  dont  chacune 
est  fournie  d'un  noyau.  Pour  ce  qui  est  du  protoplasma  des 
cellules  segmentaires,  il  présente  une  masse  d'une  couleur  bru- 
nâtre finement  granulée.  Les  grains  sont  pour  la  plupart  accu- 
mulés vers  le  centre  de  la  cellule,  tout  près  du  noyau.  Les 
figures  41  et  42  présentent  les  stades  suivants  de  la  segmen- 
tation; le  protoplasma  des  cellules  segmentaires  se  modifie 
à  mesure  que  la  division  s'avance.  Il  devient  clair  et  plus  favo- 
rable à  l'observation,  parce  que  la  quantité  de  ses  grains 
diminue.  Je  dois  aussi  faire  remarquer  que  le  noyau  est  visible 
dans  les  cellules  durant  toute  la  segmentation.  Ce  n'est  que  vers 
la  fin  de  ce  processus,  quand  les  feuillets  germinatifs  et  les  rudi- 
ments des  organes  commencent  à  se  former,  que  les  noyaux 
deviennent  imperceptibles.  Je  neveux  pas  dire  cependant  qu'ils 
disparaissent  entièrement. 

M.  Uljanin  affirme  qu'on  peut  trouver  une  cavité  dans  le 
centre  de  l'œuf  pendant  le  stade  framboise.  Il  en  indique  sur 
sa  figure  8,  sur  laquelle  d'ailleurs  cette  cavité  n'est  pas  pré- 
sente. En  observant  ce  stade,  je  ne  pouvais  distinguer  aucune 
cavité,  et  j'ose  affirmer  qu'elle  n'existe  pas,  et  que  l'œuf  pré- 
sente un  corps  tout  à  fait  compacte. 

Le  stade  que  nous  voyons   sur  la  figure  43  présente  un 

ARTICLE   N°  . 


SUR    LES   BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  39 

moment  bien  important  dans  l'histoire  du  développement  du 
Pedieëllina,  premièrement  parce  qu'en  ce  moment  se  forment 
les  feuillets  germinatifs,  et  secondement  parce  que  lors  de 
leur  formation,  l'embryon  présente  un  corps  compacte, n'ayant 
aucune  cavité  à  l'intérieur;  en  un  mot,  il  possède  une  forme 
que  l'on  rencontre  souvent  chez  les  animaux,  et  que  l'on 
connaît  sous  le  nom  de  planifia. 

Cette  phase  est  le  point  de  départ  pour  les  modifications  qui 
suivent.  Les  organes  intérieurs  et  les  organes  extérieurs  de 
l'embryon  se  forment  aux  dépens  de  ces  feuillets  primitifs  (l'ec- 
toderme  et  l'entoderme),  qui  éprouvent  différentes  modifi- 
cations. Les  rapports  des  deux  feuillets  ne  diffèrent  nullement 
de  tout  ce  qui  est  connu  relativement  au  stade  planula  des 
autres  animaux. 

L'ectoderme  forme  le  tégument  de  l'embryon  et  consiste  en 
une  seule  couche  de  cellules;  l'entoderme,  qui  constitue  toute 
la  masse  intérieure  de  l'embryon,  se  compose  de  cellules  sphé- 
riques.  Les  cellules  de  l'ectoderme  sont  transparentes,  leur 
protoplasma  étant  très-peu  granulé.  Le  protoplasma  des  cel- 
lules entodermiques  est  au  contraire  finement  granulé,  c'est 
pourquoi  ces  cellules  elles-mêmes  sont  d'une  couleur  brunâtre. 
Quant  aux  nuclei,  on  peut  les  apercevoir  dans  les  cellules  des 
deux  feuillets,  quoique  certainement  il  soit  plus  facile  de  les 
distinguer  dans  l'ectoderme  que  dans  l'entoderme. 

La  phase  suivante  du  développement  (fig.  44)  diffère  très- 
peu  de  la  précédente.  L'embryon  a  un  peu  grandi  et  a  perdu 
sa  forme  sphérique.  Un  bout  de  son  corps  est  aplati  et  l'autre 
arrondi.  La  corrélation  des  feuillets  germinatifs  reste  la  même 
que  dans  le  stade  précédent;  mais  l'ectoderme  s'épaissit  un  peu 
et  se  compose  de  plusieurs  couches  de  cellules;  l'entoderme 
conserve  son  état  primitif.  On  n'aperçoit  encore  aucune  trace 
des  rudiments  des  organes.  Nous  en  trouvons  les  premiers 
indices  dans  le  stade  suivant  (fig.  45),  sur  lequel  nous  voyons 
aussi  quelques  modifications  de  la  forme  extérieure  de  l'em- 
bryon. Celui-ci  a  beaucoup  grandi  et  il  est  devenu  presque 
cylindrique.  Son  bout  supérieur  reste  aplati,  comme  il  l'était 


40  SALKMSKY. 

auparavant;  mais  le  bout  inférieur  devient  beaucoup  plus 
arrondi.  L'ectoderme  se  présente  sous  la  forme  d'une  mince 
couche  de  cellules  entourant  de  tous  les  côtés  l'ectoderme, 
dans  lequel,  sauf  la  multiplication  des  cellules,  on  n'aperçoit 
aucun  changement.  Il  n'est  pas  difficile  d'apercevoir  sur  le  bout 
antérieur  du  corps  un  épaississement  qui  est  assez  insignifiant 
dans  ce  stade.  Cet  épaississement  apparaît  sur  l'endroit  même 
où  se  formera  ensuite  l'appareil  vibratile,  et  je  crois  qu'il  n'est 
que  le  rudiment  de  ce  dernier. 

Dans  le  stade  suivant  (fig.  46),  un  épaississement  pareil  se 
forme  sur  le  bout  postérieur  du  corps.  L'embryon  devient 
encore  plus  allongé;  mais  il  n'éprouve  aucune  autre  modifi- 
cation essentielle.  Les  deux  épaississements  s'enfoncent  dans 
l'ectoderme,  en  forme  de  tubercules  qui,  vus  de  profil,  pa- 
raissent être  ovales.  La  signification  du  premier  épaississement 
a  été  déjà  expliquée;  quant  au  second,  il  sert  de  rudiment  à  la 
glandule  pédonculaire  qui,  comme  nous  le  verrons  plus  tard, 
est  fortement  développée  chez  les  larves  du  Pedicellina. 

Voilà  tout  ce  que  je  parvins  à  observer  concernant  le  déve- 
loppement de  l'embryon  du  Pedicellina,  lorsqu'il  se  trouve 
encore  dans  la  membrane  vitelline.  Malheureusement  je  n'ai 
pas  réussi  à  me  procurer  des  individus  dans  les  stades  suivants 
du  développement,  et  à  compléter  ainsi  la  lacune  existant  entre 
le  stade  récemment    décrit  et  celui  qui  est  représenté  sur 
la  figure  47.  Nous  y  voyons  une  larve  qui,  n'étant  pas  encore 
entièrement  développée  et  étant  incapable  de  mener  une  vie 
indépendante,  possède  déjà  le  tube  digestif  et  l'appareil  vibra- 
tile. Par  cette  raison,  les  modifications  de  l'ectoderme  et  le 
mode  de  formation  du  tube  digestif  me  sont  restés  inconnus. 
La  figure  47  nous  présente  le  plus  jeune  stade  larvaire  que 
nous  rencontrons  chez  les  Pedicellina,  étant  encore  fixé  sur 
le  tubercule  de  la  loge  d'incubation.  Ce  stade  du  développe- 
ment de  la  larve  correspond  à  la  forme  larvaire  qui  est  décrite 
par  M.  Uljanin  et  que  nous  voyons  représentée  sur  sa  figure  9. 
Quoique  les  traits  généraux  de  son  dessin  soient  justes,  il  paraît 
que  l'auteur  n'a  pas  bien  étudié  l'organisation  de  la  larve 

ARTICLE   N°    3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  41 

dans  le  stade  qu'il  décrit,  au  moins  sa  description  le  fait  soup- 
çonner. Il  dit  :  «  La  larve  provenant  du  vitellus  consiste  en 
une  coupe  cuticulaire  tout  à  fait  symétrique,  dans  laquelle  se 
trouve  placé  le  corps  larvaire,  qui  a  la  forme  d'un  sac  dont  les 
bords  seulement  s'attachent  à  ceux  de  la  coupe.  Le  corps  lar- 
vaire peut  sortir  (ausgesk'àlpt)  de  la  coupe,  ce  qui  arrive  lorsque 
la  larve  est  en  mouvement.  De  môme  quand  le  corps  larvaire 
sort  de  sa  place,  ses  parois  intérieures,  couvertes  de  cils,  sont 
aussi  tirées  dehors,  et  il  se  forme  une  sorte  de  col  entamant  la 
coupe  cuticulaire  qui  forme  la  masse,  organe  locomoteur  de 
la  larve.  » 

J'avoue  que  cette  description  n'est  pas  tout  à  fait  claire 
pour  moi.  Qu'est-ce  que  la  coupe  cuticulaire,  et  qu'entend 
M.  Uljanin  par  le  nom  de  «  corps  larvaire»  ?  Ni  mes  propres 
observations,  ni  les  figures  de  M.  Uljanin  ne  pouvaient  me 
l'expliquer.  Il  me  semble  pourtant  que  sa  dernière  phrase 
nous  permet  de  comprendre  les  causes  de  son  erreur.  Il  dit  que 
le  corps  larvaire  sort  de  la  coupe  alors  seulement  que  la  larve 
nage,  et  il  croit  que  la  masse  ciliée,  qui  est  l'organe  de  na- 
tation, n'est  que  la  partie  immédiate  du  corps  larvaire.  En  effet, 
la  masse  placée  à  l'intérieur  du  corps  larvaire  chez  les  individus 
qui  se  reposent,  peut  sortir  de  sa  place  chez  les  larves  nageantes. 
Probablement  c'est  ce  fait-là  qui  a  motivé  l'erreur  de  M.  Ulja- 
nin. Aussi  ne  pouvais-je  pas  distinguer,  ni  chez  les  larves  qui 
nageaient,  ni  chez  celles  qui  étaient  en  repos,  les  parties  que 
M.  Uljanin  a  désignées  comme  ce  cuticulares  Kelch  »,  et 
comme  «  schlauçhformige  Larve  » . 

La  forme  générale  d'une  larve  se  trouvant  dans  le  stade 
représenté  par  la  figure  47,  est  celle  d'un  entonnoir  dont  la 
partie  antérieure  ou  supérieure  est  élargie,  tandis  que  la  partie 
postérieure  ou  inférieure  est  rétrécie.  La  première  constitue 
l'appareil  vibratile,  la  seconde  le  corps  proprement  dit  de  la  larve. 
Ces  deux  parties  sont  séparées  par  un  sillon.  Cette  division  n'est 
pas  extérieure  ;  seulement  les  parois  des  deux  parties  étant  d'une 
épaisseur  différente,  la  partie  antérieure  de  la  larve,  le  vélum, 
n'est  formée  que  par  un  épaississement  des  parois  du  corps. 


42  SALENSKY. 

En  comparant  cette  partie  de  la  larve  avec  la  même  partie 
chez  les  individus  adultes,  on  peut  dire  que  le  vélum  corres- 
pond au  bord  du  calice  et  à  la  paroi  supérieure  du  futur  Pedi- 
cellina. Pourtant,  si  nous  l'examinons  plus  minutieusement, 
nous  trouverons  une  différence  essentielle  dans  plusieurs  détails. 
La  paroi  supérieure  du  corps  ou  du  calice  chez  les  individus 
adultes  est  enfoncée,  et  cet  enfoncement  forme  l'espace  intra- 
tentaculaire,  la  chambre  d'incubation,  etc.  La  larve  ne  possède 
point  ces  parties-là.  Sa  paroi  supérieure,  au  contraire,  est  un 
peu  élevée  vers  le  milieu.  De  ce  qu'elle  correspond  en  effet  à 
l'espace  intra-tentaculaire,  et  qu'elle  n'en  diffère  que  par  les 
caractères  signalés,  nous  pouvons  nous  convaincre  :  1°  par  sa 
position,  2°  par  son  développement  ultérieur,  et  3°  par  la  posi- 
tion de  la  bouche  et  de  l'anus.  Ces  deux  orifices  sont  placés 
aux  mêmes  endroits  où  nous  les  trouvons  chez  l'individu 
adulte.  L'ouverture  buccale  est  placée  sur  un  des  bouts  de  la 
paroi  supérieure,  et  l'anus  lui  est  opposé.  L'appareil  ciliaire 
d'une  larve  ne  consiste  encore  qu'en  une  couronne  de  cils 
assez  longs. 

Les  deux  orifices  situés  sur  la  paroi  supérieure  de  la  larve 
aboutissent  au  tube  digestif  qui,  dans  ce  stade,  est  déjà  entiè- 
rement développé,  et  se  distingue  très-peu  du  tube  digestif  des 
Pedicellina  adultes.  Sa  forme  est  celle  d'un  tube  replié,  dont 
le  milieu  élargi  sert  d'estomac,  le  bout  antérieur  d'œsophage, 
et  le  bout  postérieur  de  rectum.  Les  parois  de  l'estomac, 
comme  chez  les  individus  adultes,  se  distinguent  déjà  par  leur 
épaisseur,  la  paroi  supérieure  étant  la  plus  épaisse  des  deux. 
Elle  correspond  à  la  partie  hépatique  de  l'estomac  et  ne  s'en 
distingue  que  parce  que  ses  cellules  sont  dépourvues  de 
pigment. 

Nous  devons  encore  fixer  l'attention  du  lecteur  sur  le  tégu- 
ment et  sur  un  organe  spécial  déjà  remarqué  par  M.  Uljanin, 
et  placé  sur  la  partie  postérieure  du  corps,  mais  dont  la  signifi- 
cation physiologique  n'est  pas  entièrement  éclaircie. 

Le  tégument  de  la  larve  du  Pedicellina  est  formé  de  deux 
couches  :  d'une  couche  cuticulaire  mince,  et  d'une  couche 

AHTICKE   N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  43 

d'ectoderme  dont  les  cellules  sécrètent  la  première.  La  couche 
cuticulaire  est  très-mince  et  n'a  aucune  structure.  Ici,  comme 
partout  ailleurs,  elle  adhère  au  tissu  qui  la  sécrète.  Cette 
matrix  cuticulœ,  où  l'ectoderme  a  une  structure  différente  dans 
les  deux  parties  du  corps  de  la  larve,  est  très-mince  dans  la 
partie  postérieure,  étant  formée  de  cellules  basses  et  plates;  son 
contour  est  ondulé  comme  celui  de  l'ectoderme  du  Loxosoma. 
Dans  le  vélum,  au  contraire,  l'ectoderme  est  très-épais  et  se 
compose  de  cellules  cylindriques. 

Quant  à  l'organe  problématique  dont  nous  allons  parler, 
c'est  le  même  que  M.  Uljanin  était  enclin  à  considérer  comme 
un  système  nerveux.  Il  a  remarqué  chez  les  larves  du  Pedi- 
cellina  deux  organes  gangliformes  réunis  par  deux  filaments. 
L'un  de  ces  organes  est  placé  dans  la  partie  antérieure  du  corps, 
l'autre  dans  la  partie  postérieure.  Probablement  Hincks  a  vu 
ce  dernier,  quoique  en  partie  seulement;  car  il  dit  qu'il  lui 
semblait  que  sur  le  bout  postérieur  du  corps  larvaire  se  trou- 
vaient quelques  cils.  L'opacité  de  l'objet  lui  empêcha  de  bien 
distinguer  la  structure  de  toute  cette  partie.  Il  est  très-facile 
de  discerner  chez  les  larves  du  Pedicellina  les  organes  décrits 
par  M.  Uljanin;  aussi  ai-je  trouvé  bientôt  et  sans  aucune 
peine  l'organe  postérieur.  Mais  dans  le  stade  suivant  on  pouvait 
déjà  les  observer  tous  les  deux.  Quant  aux  commissures  qui 
sont  décrites  et  figurées  par  M.  Uljanin,  il  me  fut  impossible 
de  les  trouver. 

Il  est  très-difficile  d'observer  la  structure  des  organes  en 
question,  et  je  me  serais  gardé  d'énoncer  là-dessus  quelque 
opinion,  si  je  n'avais  pas  réussi  à  tomber  sur  quelques  objets  qui 
me  facilitèrent  cette  tâche.  Pour  la  plupart,  ces  organes  se  pré- 
sentent sous  la  forme  de  corps  compactes  (fig.  46  et  45),  dont  la 
structure  microscopique,  comme  affirme  avec  raison  M.  Ulja- 
nin, est  très-indistincte.  Sur  des  objets  pareils  je  pouvais  me 
convaincre  seulement  que  la  paroi  postérieure  de  l'organe  est 
dépourvue  d'ectoderme  et  que  l'organe  lui-même  adhère  aux 
parois  latérales  ou  à  l'ectoderme  du  corps.  Sur  d'autres  objets, 
la  structure  de  ces  organes  paraît  tout  autre  (fig.  51  et  39) . 


44  SALENSKY. 

On  le  remarque  surtout  à  l'égard  de  l'organe  postérieur  (g 
Il  se  présente  déjà,  non  comme  un  corps  compacte,  mais  comme 
une  invagination  de  l'ectoderme.  Un  objet  pareil  éclaircit quel- 
que peu  la  question.  Je  suppose  que  ces  organes  ne  sont  que 
des  glandules  qui  apparaissent  en  forme  d'enfoncements  dans 
le  tégument  :  des  glandules  cutanées.  L'observation  de  Hincks 
qu'une  larve,  en  se  reposant,  se  fixe  par  son  bout  postérieur, 
c'est-à-dire  par  le  bord  sur  lequel  se  trouve  la  glandule  cutanée, 
et  puis  le  lien  existant  toujours  entre  ces  organes  et  l'ectoderme, 
soit  que  l'organe  se  présente  sous  la  forme  d'un  corps  compacte, 
soit  qu'il  apparaisse  sous  la  forme  d'une  invagination,  et  enfin  les 
préparations  sur  lesquelles  l'organe  parait  être  creux  et  conserve 
la  forme  type  des  glandules  semblable  à  celle  du  Loxosoma, 
tout  cela  atteste  que  la  fonction  physiologique  de  ces  organes 
est  celle  que  je  leur  attribue.  Ainsi  l'organe  placé  sur  le  bout 
postérieur  du  corps  larvaire  correspond  entièrement  à  la  glan- 
dule pédonculaire  du  Loxosoma;  quant  à  l'organe  antérieur,  je 
ne  lui  ai  pas  encore  trouvé  d'homologue.  Mais  comment  expli- 
quer les  cas  dans  lesquels  ces  glandules  apparaissent  sous  la 
forme  d'un  corps  compacte,  dépourvu  de  cavité.  Il  me  semble 
que  la  substance  sécrétée  par  ces  glandules  réfracte  la  lumière 
de  la  môme  manière  que  ses  parois  ;  c'est  pourquoi  les  contours 
des  dernières  deviennent  imperceptibles,  une  fois  que  la  glandule 
est  remplie. 

Le  stade  que  nous  venons  de  décrire  est  une  phase  très-essen- 
tielle dans  l'embryogénie  du  PedicelUna,  parce  que  nous  y 
trouvons  la  plupart  des  organes  presque  entièrement  dévelop- 
pés. Le  développement  ultérieur  consiste  dans  la  modification 
de  la  forme  larvaire,  et  dans  la  formation  des  appendices  ciliaires 
qui  caractérisent  la  larve  définitive.  Pendant  les  stades  qui 
suivent,  la  larve  grandit  et  s'élargit,  sans  perdre  pourtant  sa 
forme  primitive,  qui  est  celle  d'un  bocal  (fig.  48,  49,  50  et  51). 

On  remarque  déjà  sur  la  figure  48  quelques  modifications  de 
la  paroi  supérieure  de  la  larve.  Avec  le  temps  elles  deviennent 
de  plus  en  plus  marquées,  et  enfin  il  en  résulte  la  formation  de 
l'appareil  que  nous  voyons  sur  les  figures  49,  50  et  51 .  La  paroi 

ARTI  LE     °  3. 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  45 

supérieure  de  la  larve  forme  une  invagination  dans  son  milieu, 
et  les  parties  placées  hors  de  cette  invagination,  c'est-à-dire 
près  de  l'ouverture  buccale  et  près  de  l'anus,  prennent  la  l'orme 
de  tubercules.  Sur  les  figures  49  et  51  ces  tubercules  sont  en 
état  de  développement  définitif.  La  figure  51  représente  une 
larve  dont  l'appareil  ciliaire  est  extrêmement  déployé  ;  sur  la 
figure  49  il  n'est  déployé  qu'à  demi. 

De  tous  les  observateurs  précédents,  Hincks  et  Barrois  furent 
les  seuls  à  nous  donner  une  description  des  stades  larvaires 
représentés  par  les  figures  49,  50  et  51  de  notre  planche.  Ils 
ont  fait  attention  surtout  à  la  structure  de  la  couronne  ciliaire 
de  cette  larve,  l'ont  décrite  et  figurée.  Hincks  a  trouvé  un  organe 
situé  sur  la  surface  antérieure  du  corps  larvaire  du  PedicelUna 
echinata,  qui  se  compose  de  deux  lobes,  dont  l'un,  assez  haut 
et  rétréci  vers  le  sommet,  est  couvert  de  cils.  Sur  le  premier  il 
a  vu  une  ouverture  par  laquelle  sortaient  des  bols  excrémen- 
titiels. 

Barrois  décrit  la  même  chose. 

L'appareil  vibratile  de  ces  larves  est  d'une  structure  assez 
compliquée.  Nous  en  pouvons  juger  par  la  description  de  Hincks, 
quoiqu'il  me  semble  que  quelques  détails  ont  échappé  à  l'at- 
tention du  savant  anglais.  L'appareil  vibratile  est  formé  de  trois 
parties  :  1°  de  la  couronne  ciliaire  qui  ceint  la  surface  anté- 
rieure de  la  larve  ;  2°  d'un  pli  du  tégument  séparant  la  masse 
des  tubercules  placés  en  dedans;  et  3°  de  deux  tubercules,  l'un 
conique,  l'autre  cylindrique,  qui  sont  situés  sur  le  sommet  de 
la  larve. 

La  couronne  ciliaire  est  la  même  formation  que  nous  avons 
vue  dans  le  plus  jeune  stade  larvaire  (fig.  47).  En  ce  moment 
elle  est  plus  élevée  et  se  recourbe  en  dehors  en  forme  de  pli, 
ce  qui  a  lieu  quand  la  larve  nage.  Toute  la  surface  de  ce  pli 
est  couverte  de  cils.  Le  pli  du  tégument  a  la  forme  d'un  col 
et  se  place  immédiatement  après  la  couronne  ciliaire.  Il  n'est 
pas  d'une  hauteur  égale  sur  toute  son  étendue,  étant  plus 
élevé  dans  sa  partie  antérieure,  près  de  l'ouverture  buccale 
et  s'abaissant  peu  à  peu  vers  le  bout  postérieur.  Il  est  dépourvu 


46  SALENSKY. 

de  cils  et  il  ceint  lapartie  intérieure  de  l'appareil  vibratile.  L'ou- 
verture buccale  se  trouve  hors  du  pli,  tout  près  de  la  base  de  ce 
dernier,  entre  lui  et  le  bord  de  la  couronne  ciliaire.  Une  saillie 
portant  à  son  sommet  quelques  soies  grandes  et  épaisses  est 
placée  immédiatement  après  le  pli.  C'est  précisément  cette  partie 
de  l'appareil  vibratile  qui  fut  nomméepar  Hincks  «  partie  arrondie 
et  plantée  de  soies  ».  On  peut  conclure,  d'après  ses  figures,  que 
Hincks  a  décrit  des  individus  dont  l'appareil  vibratile  n'était  pas 
entièrement  déployé.  L'objet  qu'il  désigne  comme  arrondi  est 
d'une  forme  cylindrique  et  s'élève  sur  toutes  les  autres  parties 
de  l'appareil  vibratile.  Outre  les  grandes  soies,  il  en  possède 
encore  beaucoup  de  petites,  plantées  entre  les  premières. 

Enfin  la  partie  que  Hincks  nomme  lobe  rétréci  se  présente 
en  effet  sous  la  forme  d'un  tubercule  conique.  Hincks  dit  qu'il 
observa  la  sécrétion  de  bols  excrémentitiels  par  ce  tubercule  ; 
cette  observation  est  toute  naturelle,  le  rectum  étant  situé  jus- 
tement dans  cette  partie-là,  et  l'ouverture  anale  se  trouvant 
placée  sur  le  sommet  de  ce  tubercule.  Barrois  aussi  a  vu  le 
rectum  dans  cette  partie-là. 

Ainsi  nous  pouvons  désigner  cette  partie  de  l'appareil  vibratile 
sous  le  nom  de  tubercule  anal,  afin  de  le  distinguer  du  tuber- 
cule cylindrique  placé  plus  près  de  la  partie  ventrale  de  la  larve. 
La  surface  extérieure  du  tubercule  anal  est  pourvue  de  petits 
cils  toujours  mobiles. 

Comme  il  a  déjà  été  dit,  je  n'ai  pas  réussi  à  observer  la  mé- 
tamorphose d'une  larve  en  animal  adulte.  Van  Beneden  et 
Uljanin  furent  plus  heureux  sous  ce  rapport,  et  j'ai  profité 
d'une  des  figures  de  ce  dernier  pour  faire  voir  la  manière  dont 
se  métamorphosent  les  différentes  parties  que  nous  avons  consi- 
dérées. La  figure  52  nous  présente  un  Pedicellina  en  état  de 
contraction;  on  peut  y  voir  que  les  tubercules  céphaliques  et 
l'invagination  située  entre  eux  se  métamorphosent  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  la  chambre  d'incubation.  La  figure  9  de  Van 
Beneden  nous  prouve  que  chez  une  larve  fixée,  les  tentacules 
apparaissent  sur  la  paroi  intérieure  du  calice  en  forme  de  petits 
tubercules.  La  partie  moyenne  de  la  larve  se  transforme  dans 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES   BRYOZOAIRES   ENTOPROGTES.  47 

la  partie  moyenne  dn  calice,  comme  le  prouve  la  position  du 
tube  digestif  d'un  jeune  individu.  Cette  figure  fait  aussi  voir  que 
le  bout  inférieur  de  la  larve  dans  lequel  est  placée  la  glandule 
pédonculaire  se  transforme  en  pédoncule. 


DEDUCTIONS    GÉNÉRALES. 


Les  Entoproctes  nous  présentent  un  groupe  d'organismes 
extrêmement  original.  Cette  conclusion  peut  être  basée  autant 
sur  les  faits  qui  ont  été  communiqués  par  les  observateurs  pré- 
cédents que  sur  ceux  que  j'ai  rassemblés  moi-même  relativement 
à  la  structure  et  au  développement  embryonnaire  de  ces  animal- 
cules. Quoique  le  Pedicellina  fut  classé  depuis  longtemps  parmi 
les  Bryozoaires,  etque  dans  tousles  systèmes  précédents  il  ait  tou- 
jours été  placé  dans  le  même  ordre  que  les  Vesicularice  A  Icyonidece 
et  autres  ;  cependant  ses  rapports  avec  les  autres  Bryozoaires  ne 
sont  pas  encore  tout  à  fait  déterminé.  Par  sa  structure,  le  Pedi- 
cellina présente  beaucoup  de  particularités,  surtout  si  on  le 
compare  aux  autres  Bryozoaires,  même  aux  Cyclostomes,  avec 
lesquels  on  le  classait  jadis.  Pour  cette  raison  je  suis  complète- 
ment d'accord  avec  Nitzsch,  qui  proposa  de  placer  ces  animaux 
dans  un  groupe  à  part,  et  de  les  nommer  Entoproctes,  afin  de 
les  distinguer  des  autres  Ectoproctes. 

Dans  son  groupe  d'Entoproctes  Nitzsch  a  réuni  trois  genres  : 
Pedicellina.,  Loxosoma  et  Urnahella.  Ce  dernier,  qui  habite  les 
eaux  douces  de  l'Australie,  est  encore  très-peu  connu;  c'est 
pourquoi  nous  aurons  en  vue  les  deux  premiers  genres,  qui  sont 
bien  étudiés  sous  les  rapports  embryogénique  et  anatomique. 

Déjà  les  premiers  observateurs  du  Loxosoma  découvrirent 
beaucoup  de  ressemblance  entre  la  structure  de  ce  Bryozoaire 
et  celle  du  Pedicellina.  Les  recherches  suivantes  expliquèrent 
en  détail  cette  analogie,  de  sorte  qu'il  serait  superflu  d'indiquer 
ici  plus  minutieusement  les  caractères  qui  lient  les  deux  orga- 
nismes, si  une  opinion  tout  à  fait  opposée  aux  opinions  pré- 
cédentes n'avait  été  émise  dernièrement.  Après  quelques  re- 


48  SALENSKY. 

cherches,  Oscar  Sehmidt  est  arrivé  à  la  conclusion  que  la 
ressemblance  du  Loxosoma  et  du  PedicelUna  est  trop  super- 
ficielle pour  nous  donner  le  droit  de  ranger  le  Loxosoma  au 
nombre  des  Bryozoaires.  Il  prend  le  Loxosoma  pour  un  animal 
semi-parasite  dont  le  mode  d'existence  est  la  cause  de  sa  modi- 
fication. 

En  considérant  les  espèces  connues  du  Loxosoma,  nous  ren- 
controns en  effet  parmi  elles  quelques  espèces  qui,  au  premier 
abord,  semblent  menerunevie  semi-parasite. Tels  sont  \e Loxo- 
soma singidare,  vivant  sur  la  peau  du  Capitella  rubicunda,  et 
le  Loxosoma  neapoUlamim,  qui  habite  dans  les  tuyaux  des  co- 
quilles de  Phjllochœtoplerus.  Quelle  raison  avons-nous  donc 
de  considérer  le  Loxosoma  comme  parasite  ou  bien  semi-para- 
site? Je  dois  convenir  que  je  n'en  vois  aucune. 

La  première  condition  de  l'existence  pour  un  être  parasite, 
est  la  possibilité  de  se  nourrir  aux  dépens  d'un  autre.  Sans  cette 
condition  le  parasitisme  n'existe  point.  Si  nous  considérons 
même  le  Loxosoma  neapolitanum,  espèce  qui,  comme  nous  le 
savons,  demeure  dans  les  coquilles  du  Phyllochœtopteriis,  nous 
ne  trouvons  rien  qui  nous  permette  de  supposer  que  ce  Loxo- 
soma se  nourrisse  aux  dépens  de  son  hôte.  Au  moins  nous  n'en 
trouvons  aucun  indice  dans  le  travail  de  Kowalewski,  le  seul 
des  observateurs  qui  ait  réussi  à  étudier  ces  Bryozoaires. 
Quant  au  parasitisme  des  autres  espèces,  il  n'en  peut  être  même 
question.  Quoique  toutes  les  espèces  de  Loxosoma  vivent  sur  les 
autres  animaux,  à  coup  sur  ils  ne  s'en  nourrissent  pas,  mais 
cherchent  leur  nourriture  ailleurs.  La  preuve  en  est  que  leur 
appareil  digestif  et  quelques  autres  organes  sont  conformes  à 
ceux  du  PedicelUna.  Le  Loxosoma  et  le  PedicelUna^  procurent 
leur  nourriture  d'une  manière  tout  à  fait  identique,  à  l'aide  de 
leur  appareil  vibratile  qui  se  trouve  à  la  base  de  leurs  tentacules. 
Si  le  Loxosoma  est  parasite,  le  PedicelUna  l'est  aussi,  car  ce 
dernier  se  fixe  aussi  quelquefois  sur  des  êtres  vivants. 

Si  Oscar  Sehmidt  par  sa  question  :  «  Quel  était  donc  cet 
animal  (Loxosoma)  avant  de  s'adapter  à  la  vie  semi-parasite  ?  » 
voulait  dire  qu'il  est  indispensable  de  connaître  l'embryogénie 

ARTICLE  N°  3 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  49 

du  Loxosoma  pour  pouvoir  définir  sa  position  dans  le  système, 
il  a  bien  raison;  mais  je  crois  qu'il  se  trompe  s'il  considère  le 
Loxosoma  comme  étant  réellement  un  parasite. 

Le  peu  de  faits  que  nous  possédons  relativement  à  l'embryo- 
génie du  Loxosoma  nous  prouve  clairement  que  dans  l'état  lar- 
vaire cet  animal  est  tout  autre  qu'il  n'est  à  l'état  adulte.  La 
larve  de  Loxosoma  nage  et  elle  est  munie  d'un  appareil  vibratile 
(Kowalewski) ,  tandis  que  l'animal  adulte  reste  fixé  sur  des 
objets  aquatiques.  C'est  alors  seulement  que  son  organisation 
commence  à  se  modifier.  Il  perd  ses  organes  locomoteurs,  et 
à  un  certain  point  de  vue  il  subit  une  métamorphose  régressive. 
Mais  ce  n'est  pas  le  parasitisme  qui  en  est  la  cause  ;  le  Loxo- 
soma ne  profite  en  rien  de  son  hôte  durant  son  état  sédentaire. 
Il  serait  beaucoup  plus  naturel  d'attribuer  ce  changement 
rétrograde  à  la  vie  sédentaire  du  Loxosoma. 

Sans  contredit,  l'état  sédentaire  influe  énormément  sur  l'or- 
ganisation d'un  animal,  et  cette  influence  doit  être  conforme  à 
celle  qu'exerce  le  parasitisme.  D'ailleurs  cela  ne  peut  être  autre- 
ment, et  s'explique  dès  que  nous  nous  mettrons  à  considérer  les 
organes  sur  lesquels  le  parasitisme  agit  le  plus.  Chaque  parasite 
est  plus  ou  moins  fixé  sur  son  hôte.  Cette  fixation  peut  être 
temporaire,  elle  peut  être  périodique  ou  constante  ;  mais  toujours 
l'animal  parasite  se  fixe  sur  son  hôte  dans  le  but  de  se  nourrir 
aux  dépens  de  ce  dernier.  Le  parasitisme  temporaire  et  le  para- 
sitisme constant  doivent  exercer  une  influence  différente  sur 
l'organisation  d'un  animal.  Cette  influence  agit  avant  tout 
sur  ses  organes  locomoteurs.  Si  un  animal  mène  la  vie  parasite 
pendant  un  certain  temps  seulement,  et  puis  quitte  son  hôte 
pour  mener  une  vie  indépendante,  il  est  évident  que  ses  or- 
ganes locomoteurs  seront  moins  modifiés  que  chez  un  animal 
qui  se  fixe  pour  toujours.  Dans  ce  dernier  cas,  les  organes  loco- 
moteurs, n'étant  pour  lui  qu'un  fardeau  inutile,  s'atrophient. 

Aucune  classe  d'animaux  ne  présente  des  exemples  aussi 
frappants  de  la  corrélation  qui  existe  entre  le  degré  du  parasi- 
tisme et  la  modification  de  l'organisation  que  celle  des  Crusta- 
cés parasites. 


50  SALENSKY. 

Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  comparer  entre  eux  les  divers 
représentants  de  la  classe  des  Copépodes,  tels  que  Ergasilus, 
Lernœa,  Achteres  et  autres,  et  de  les  comparer  ensuite  aux 
Rhlzocephalidœ,  chez  lesquels  le  parasitisme  est  poussé  à  l'ex- 
trême. La  structure  de  YErgasilus,  par  exemple,  conserve  le 
type  primitif  des  Copépodes;  il  n'en  diffère  que  par  des  antennes 
adaptées  à  l'accrochement.  LeSacculina  perd  tous  ces  organes, 
et  ce  n'est  que  l'appareil  génital  qui  se  développe  énormément 
chez  lui  aux  dépens  de  tous  les  autres  organes. 

La  fixation  des  animaux  sédentaires  est  un  trait  de  ressem- 
blance de  ces  derniers  avec  les  parasites  ;  par  conséquent  elle 
occasionne  chez  eux  une  modification  régressive  des  organes 
locomoteurs.  Ils  ne  se  distinguent  des  païasites  que  parce  que 
leur  nourriture  n'est  pas  aussi  complètement  assurée  que  celle 
de  ces  derniers.  Pour  cette  raison,  nous  trouvons  chez  eux, 
coexistant  avec  la  modification  des  organes  locomoteurs,  un 
appareil  qui  sert  à  attirer  différentes  matières  nutritives  vers  leur 
ouverture  buccale.  Ces  appareils  se  rencontrent  chez  tous  les 
animaux  sédentaires  sans  aucune  exception.  Chez  les  uns,  c'est 
un  appareil  vibratile  qui,  produisant  un  remous  dans  l'eau, 
attire  la  nourriture  vers  l'ouverture  buccale. 

Dans  tous  les  cas,  les  formes  sédentaires  éprouvent  une  méta- 
morphose plus  ou  moins  régressive,  circonstance  qui  a  tou- 
jours lieu  aussi  chez  les  parasites.  Tant  qu'une  larve  nage,  ses 
organes  locomoteurs  sont  complètement  développés  ;  mais  elle 
les  perd  aussitôt  qu'elle  se  fixe  sur  un  corps  quelconque. 
Comme  exemple  nous  pouvons  citer  les  Asciclw,  les  Cirripedi, 
les  Bryozaires  et  autres. 

Je  me  suis  arrêté  aussi  longtemps  sur  la  comparaison  des 
conditions  de  la  vie  dans  lesquelles  sont  placés  les  parasites  et 
les  animaux  sédentaires,  parce  qu'on  prenait  souvent  et  sans 
aucune  raison  le  Loxosoma  pour  un  parasite.  Évidemment  la 
régression  à  laquelle  est  sujet  le  Loxosoma  est  amenée  par  les 
mômes  conditions  que  chez  le  Pedicellina,  qui  est  décidément 
reconnu  comme  une  espèce  se  rattachant  aux  animaux  libres. 
En  considérant  la  vie  sédentaire  comme  cause  de  la  régression 

ARTICLE  N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  51 

que  subit  le  Loxosoma,  nous  comprendrons  sur-le-champ  les 
causesdela  ressemblance  de  celui-ci  et  du Pediceilina. En  com- 
parant les  larves  de  Pediceilina  et  du  Loxosoma  neapoUtanum 
telles  qu'elles  sont  décrites  et  figurées  par  Kowalewski,  nous 
pouvons  trouver  quelques  points  de  ressemblance  entre  elles. 
Barrois,  qui  observa  le  développement  du  Loxosoma  après 
Kowalewski,  dit  :  «  Les  embryons  de  ces  deux  genres,  bien  que 
très-différents  au  premier  abord,  n'en  sont  pas  moins  cepen- 
dant tout  à  fait  identiques.  »  La  structure  du  Pediceilina  et 
du  Loxosoma  dans  leur  état  adulte  est  encore  plus  semblable. 
Peut-être  cette  ressemblance  paraît  plus  prononcée,  parce  que 
la  structure  anatomique  de  ces  deux  Bryozoaires  a  été  mieux 
étudiée  que  leur  embryogénie. 

Les  faits  anatomiques  que  j'ai  communiqués  relativement  à  la 
structure  du  Loxosoma  et  ceux  que  l'on  connaissait  auparavant 
relativement  à  la  structure  des  autres  espèces  peuvent  nous 
servir  de  point  d'appui  pour  la  comparaison  du  Loxosoma  et  du 
Pediceilina.  Cette  comparaison  nous  prouve  que  la  ressem- 
blance de  ces  deux  Bryozoaires  est  loin  d'être  superficielle,  et 
qu'ils  se  ressemblent  non-seulement  dans  les  traits  essentiels 
de  leur  organisation,  mais  dans  les  plus  menus  détails,  de  sorte 
que  je  n'ai  rien  à  ajouter  à  l'opinion  suivante  récemment  expri- 
mée par  Nitzsch.  Quant  à  la  structure  du  Loxosoma  Kefer- 
steinii,  elle  est  identique  à  celle  du  Pediceilina,  avec  la  seule 
différence  que  le  Pediceilina  est  un  animal  colonial,  tandis 
que  toutes  les  espèces  du  Loxosoma  sont  des  animaux  solitaires. 

Tous  les  observateurs  précédents,  Keferstein,  Kowalewski  et 
Claparède  sont  du  même  avis. 

Avant  de  nous  occuper  des  autres  questions,  je  pense  qu'il 
ne  serait  pas  de  trop  de  comparer  entre  elles  les  espèces  du 
genre  Loxosoma,  car  ce  groupe  nous  offre  un  exemple  frappant 
de  la  corrélation  morphologique  très-prononcée  des  espèces. 

L'absence  du  diaphragme  qui  sépare  le  pédoncule  du  corps 
chez  le  Loxosoma,  l'existence  isolée  de  ces  animalcules  et  leur 
mode  de  bourgeonnement  peuvent  être  regardés  comme  des 
caractères  génériques  et  constants  par  lesquels  cet  animal  se 

ANN.    SC.    NAT.,   AVRIL  1877.  V.    14.    —  ART.    N°   3- 


52  SALENSKY. 

distingue  des  autres  genres  voisins  des  Bryozoaires  entoproctes. 
Chez  toutes  les  espèces  du  Loxosoma  ces  caractères  génériques 
restent  toujours  invariables.  Les  caractères  spécifiques,  savoir: 
le  nombre  des  bras,  la  présence  ou  l'absence  de  la  glandule 
pédonculaire,  présentent  plusieurs  modifications  dans  les  dif- 
férentes espèces.  Les  modifications  de  ces  caractères  appa- 
raissent quelquefois  chez  les  individus  de  la  même  espèce, 
mais  d'un  âge  différent,  comme  Nitzsch  l'a  prouvé  relative- 
ment au  Loxosoma  Kefersteinli,  et  comme  je  l'ai  démontré 
pour  mes  Loxosoma.  Dans  un  bourgeon,  les  bras  se  forment  en 
nombre  beaucoup  plus  petit  qu'on  ne  les  voit  chez  un  ani- 
mal adulte;  aussi  quelquefois  la  glandule  pédonculaire  se 
rencontre  dans  les  bourgeons  de  telles  espèces,  où  elle  est 
absente  à  l'état  adulte,  comme  par  exemple  chez  le  Loxosoma 
Kefersteinli  et  le  Loxosoma  crassicaudœ. 

En  effet,  quelques  espèces  de  Loxosoma  semblent  être,  relati- 
vement aux  autres,  les  mômes  animaux,  mais  en  différentes 
phases  du  développement.  Par  exemple,  le  Loxosoma  neapo- 
litamim,  dont  le  nombre  des  bras  est  restreint,  et  qui  est 
muni  d'une  glandule  pédonculaire,  a  une  ressemblance  frap- 
pante avec  un  des  premiers  stades  de  développement  du  Loxo- 
soma Kefersteinii,  qui  à  l'Age  adulte  est  dépourvu  de  la  glandule 
pédonculaire,  et  qui  a  des  bras  en  nombre  plus  considérable. 

Si  nous  adoptons  que  toutes  les  espèces  du  Loxosoma  sont 
issues  d'une  seule  forme  primitive  et  qu'au  moyen  de  la  varia- 
bilité des  caractères  spécifiques,  elles  s'en  sont  quelque  peu 
éloignées,  nous  reconnaîtrons  facilement  cette  forme  chez  le 
Loxosoma  neapolitanum,  qui  par  ses  caractères  a  le  plus  d'ana- 
logie avec  les  différentes  phases  primitives  des  autres  espèces. 
En  observant  le  développement  des  bourgeons  de  plusieurs 
espèces  de  Loxosoma,  qui,  dans  leur  état  adulte,  diffèrent  beau- 
coup du  Loxosoma  neapolitanum,  nous  verrons  qu'ils  ont  une 
grande  ressemblance  avec  les  individus  adultes  de  ce  dernier, 
Cette  ressemblance  se  manifeste  par  la  présence  de  la  glandule 
pédonculaire  dans  les  bourgeons  de  telles  espèces,  chez  les- 
quelles, dans  l'état  adulte,  elle  ne  se  rencontre  jamais.  Ce  fait 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES   ENTOPROCTES.  53 

fut  observé  par  Nitzsch  chez  le  Loxosoma  Kcfersteinii  ;  moi,  je 
l'ai  remarqué  chez  le  Loxosoma  crassicauda.  Existe-t-il  chez 
le  Loxosoma  singulare  ?  On  ne  le  sait  pas  encore,  le  bour- 
geonnement de  ce  dernier  n'étant  pas  encore  étudié  avec  assez 
d'exactitude. 

Si  nous  considérons  le  Loxosoma  neapolitanum  comme 
espèce  originaire,  nous  devons  accepter  que  la  divergence  des 
autres  espèces  a  eu  lieu  par  deux  voies  différentes,  savoir  :  1°  au 
moyen  de  la  disparition  de  la  glandule  pédonculaire  ;  2°  au 
moyen  de  la  multiplication  des  bras.  Comme  exemple  du  pre- 
mier mode  de  déviation,  nous  pouvons  citer  le  Loxosoma 
Tethyœ,  qui  diffère  de  la  forme  primitive  seulement  par  le 
nombre  de  ses  bras.  Les  trois  autres  espèces  de  Loxosoma 
peuvent  nous  servir  de  représentants  du  second  mode  de  dé- 
viation, qui  consiste  dans  la  disparition  de  la  glandule  pédon- 
culaire chez  les  individus  adultes  ;  dans  ce  groupe,  le  Loxosoma 
singulare  présente  la  forme  la  moins  éloignée  du  type  origi- 
naire. La  seule  différence  qui  existe  entre  cette  espèce  et  le 
Loxosoma  neapolitanum  consiste  en  ce  que  la  première  est 
dépourvue  de  la  glandule  pédonculaire,  tandis  que  le  nombre 
des  bras  est  le  même  pour  tous  les  deux.  Chez  les  autres  espèces, 
le  Loxosoma  Kefersteinii  et  le  Loxosoma  crassicauda,  nous 
voyons  ce  nombre  augmenter. 

La  structure  anatomique  des  Bryozoaires  ectoproctes  fut,  der- 
nièrement, assez  bien  éclaircie,  grâce  aux  excellents  travaux 
d'Almann,  de  Nitzsch,  de  Schmidt,  de  Claparède  et  autres. 
Nitzsch,  auquel  nous  devons  les  recherches  les  plus  exactes  et 
les  plus  détaillées  sur  la  structure  de  ces  animalcules,  est  arrivé 
à  une  conclusion  analogue  à  celle  d'Almann.  Il  considère  le 
métamère  de  la  colonie  des  Ectoproctes  comme  un  complexe  de 
deux  individus  :  le  cystide  et  le  polypide  ;  seulement  il  ne  s'ac- 
corde pas  avec  Almann  sur  quelques  particularités  de  la  théorie 
de  celui-ci.  Ainsi,  il  ne  partage  pas  son  opinion  que  l'ovaire  des 
Bryozoaires  représente  un  individu  à  part.  Dans  son  excellent 
travail  sur  la  morphologie  des  Bryozoaires,  il  analyse  la  corréla- 
tion des  Entoproctes  et  des  Ectoproctes,  et  il  touche  à  la  question 


54  SALEtfSKY. 

des  parties  du  corps  des  Ectoproctes,  auxquelles  correspondent 
le  calice  et  le  pédoncule  des  Entoproctes.  Il  finit  par  supposer 
que  le  calice  du  Pedicellina  ne  correspond  pas  au  métamère 
entier  de  la  colonie  des  Ectoproctes,  c'est-à-dire  au  cystide- 
polypide,  mais  au  polypide  seul.  Quant  aux  pédoncules  et  aux 
stolons  du  Pedicellina,  il  est  enclin  à  les  considérer  comme 
des  parties  homologues  au  zoecium  (cystide)  des  Bryozoaires 
ectoproctes.  Gomme  le  calice  du  Pedicellina  ne  possède  point 
de  parties  qui  correspondraient  au  zoecium,  Nitzsch  considère 
le  tégument  du  calice  comme  un  homologue  de  l'épithélium 
externe  du  polypide  (tube  digestif)  des  Ectoproctes,  et  l'épithé- 
lium du  tube  digestif  du  Pedicellina  comme  un  homologue  de 
l'épithélium  interne  du  polypide  des  Ectoproctes.  L'espace 
enclavé  entre  les  deux  épithélium  du  polypide  des  Ectoproctes 
serait  un  homologue  de  l'espace  rempli  de  parenchyme  chez  le 
Pedicellina.  Pour  ce  qui  est  du  Loxosoma,  il  le  croit  homologue 
au  polypide  seul,  et  par  conséquent  il  n'y  reconnaît  point  de 
parties  homologues  au  zoecium  ou  cystide. 

Ces  déductions  de  Nitzsch  sont  basées  sur  la  comparaison  de 
la  structure  anatomique  des  Entoproctes  et  des  Ectoproctes; 
pour  les  vérifier,  on  n'a  qu'à  comparer  l'embryogénie  et  surtout 
le  bourgeonnement  de  ces  deux  groupes  de  Bryozoaires. 

Si  les  bourgeons  du  Pedicellina  et  du  Loxosoma  se  forment 
d'une  manière  identique  à  ceux  des  Ectoproctes,  il  est  évident 
que  les  parties  qui  servent  à  les  former  doivent  correspondre 
aux  mêmes  parties  des  Ectoproctes,  et  vice  versa.  Ainsi,  pour 
éclaircir  complètement  cette  question,  nous  devons  considérer 
en  traits  généraux  le  bourgeonnement  des  Ectoproctes  et  le 
comparer  ensuite  avec  la  formation  des  bourgeons  du  Loxosoma 
et  du  Pedicellina,  d'après  les  faits  que  j'ai  communiqués  dans 
le  second  et  le  troisième  chapitre  de  cet  article. 

Le  bourgeonnement  des  Ectoproctes  fut  observé  par  plusieurs 
savants,  et,  bien  que  quelques  détails  de  ce  processus  ne  soient 
pas  encore  entièrement  éclaircis,  nous  savons  néanmoins  que, 
dans  ses  traits  généraux,  il  est  presque  identique  chezleChilo- 
stoma  et  le  Lophopoda.  Le  bourgeon  de  Chilostoma  apparaît 

ARTICLE   N°   3. 


SUR   LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROCTES.  55 

sur  le  zoecium,  qui  donne  une  saillie  en  forme  de  vésicule 
(zoecium  de  la  deuxième  génération),  qui,  quelque  peu  après, 
se  sépare  du  zoecium  maternel  par  un  diaphragme.  Déjà  avant 
la  formation  de  ce  diaphragme  le  polypide  commence  à  se 
former  sur  la  paroi  du  zoecium. 

Le  Lophopoda  diffère  du  Ckilostoma  parce  que  son  polypide 
se  forme  avant  la  différenciation  du  jeune  zoecium.  Pourtant 
dans  tous  les  cas,  c'est-à-dire  chez  les  Chilostomata,  les  Lopho- 
poda et  les  Chenostomata,  le  polypide  se  constitue  sur  la  paroi 
du  zoecium  sous  la  forme  d'un  groupe  de  cellules.  Ce  groupe, 
dès  son  apparition,  semble  être  composé  de  deux  couches  : 
l'une  d'elles,  la  couche  interne,  sert  d'origine  à  l'épithélium 
interne  du  polypide  et  à  l'épithélium  externe  des  tentacules  ;  la 
seconde  couche,  la  couche  externe,  se  transforme  en  bourse 
tentaculaire  et  en  épithélium  externe  du  polypide. 

Sans  creuser  à  fond  la  question  si  l'on  doit  considérer  la  for- 
mation du  polypide  comme  un  bourgeonnement,  et  par  con- 
séquent prendre  le  zoecium  et  le  polypide  pour  deux  individus 
différents,  nous  allons  examiner  le  mode  de  développement  des 
bourgeons  chez  les  Entoproctes  pour  savoir  s'il  naît  des  parties 
correspondant  au  zoecium  et  au  polypide. 

Considérons  d'abord  le  Pediçellim,  qui,  d'après  le  mode  de 
son  bourgeonnement,  s'approche  le  plus  des  Ectoproctes. 

Chez  le  Pedicellina,\es  bourgeons  se  forment  sur  les  stolons, 
lesquels,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  consistent  en  une  couche 
externe  de  cellules  cylindriques  (l'ectoderme) ,  en  parenchyme 
et  en  muscles. 

Il  est  à  décider  à  quelles  parties  des  Ectoproctes  corres- 
pondent les  parties  sus-nommées  des  stolons  de  Pedicellina.  Nous 
ne  trouvons  point  de  parenchyme  chez  les  Ectoproctes  ;  quant 
à  la  couche  externe,  elle  peut  être  comparée,  comme  nous  le 
verrons  plus  tard,  au  zoecium.  On  distingue  facilement  deux 
couches  dans  le  zoecium  de  plusieurs  Bryozoaires.  Comme 
exemple  d'un  tel  zoecium  je  citerai  le  Paludicella,  chez  lequel 
je  pouvais  distinguer  clairement  la  couche  interne  et  la  couche 
externe,  toutes  les  deux  servant  d'origine  aux  différentes  parties 


56  SALENSKY. 

du  bourgeon  naissant.  Mes  propres  observations  m'ont  con- 
vaincu que  la  couche  supérieure  du  zoecium  donne  naissance 
à  la  couche  externe  du  bourgeon,  c'est-à-dire  àPépithélium  in- 
terne du  polypide  ;  la  couche  inférieure  se  transforme  en  couche 
interne  du  zoecium,  en  bourse  tentaculaire,  et  donne  en  même 
temps  naissance  aux  muscles.  Par  conséquent,  le  rudiment  du 
métamère  du  Pahidicella,  ou  bien  son  zoecium,  apparaît  tou- 
jours sous  la  forme  d'un  sac  composé  de  deux  couches,  dont 
l'une  se  transforme  en  couche  externe  et  sert  d'origine  à  l'épi- 
thélium  du  tube  digestif  (le  polypide)  ;  l'autre  se  transforme  en 
muscles  et  en  membrane  externe  du  polypide.  En  comparant 
ces  deux  couches  et  leurs  dérivés  avec  tout  ce  qui  nous  est 
connu  sur  les  autres  animaux,  il  est  impossible  de  ne  pas  remar- 
quer l'intéressante  analogie  existant  entre  ces  deux  couches  et 
les  feuillets  embryonnaires  des  autres  animaux. 

Il  est  évident  que  dans  cette  comparaison  la  couche  supé- 
rieure du  zoecium  correspond  au  feuillet  supérieur  ;  elle  donne 
naissance  à  l'épithélium  du  polypide  qui  correspond  au  feuillet 
inférieur.  Il  fut  reconnu  par  quelques  récentes  recherches  em- 
bryologiques que  l'entoderme  de  plusieurs  animaux  se  formait 
de  l'ectoderme,  tantôt  comme  un  épaississement  de  ce  dernier, 
tantôt  comme  une  invagination.  D'après  sa  position  et  d'après 
les  formations  qu'elle  produit,  la  couche  inférieure  du  zoecium 
présente  une  grande  ressemblance  avec  le  mésoderme.  De  même 
que  ce  dernier,  elle  donne  naissance  aux  muscles,  et,  ce  qui  est 
encore  plus  remarquable,  comme  lui  elle  revêt  le  tube  digestif 
(polypide)  en  formant  de  la  sorte  sa  membrane  externe.  Dès 
que  le  polypide  s'est  revêtu  de  cette  membrane  externel  ;  a  cavité 
du  zoecium  se  trouve  limitée  d'un  côté  par  la  paroi  externe  du 
zoecium,  et  de  l'autre  par  la  membrane  externe  du  polypide. 
Enfin,  h  cavité  elle-même  correspond  à  la  cavité  du  corps 
embryonnaire  des  autres  animaux. 

De  ce  qui  a  été  dit  sur  le  développement  du  Pedicellina  dans 
les  deuxième  et  troisième  chapitres,  il  devient  évident  que  le 
bourgeon  de  ce  Bryozoaire  se  forme  d'une  manière  identique 
à  celui  du  Pahidicella.  Le  premier  indice  de  cette  formation 


SUR   LES   BRYOZOAIRES   ENïOPROCTES.  57 

apparaît  sous  la  forme  d'un  petit  tubercule  placé  sur  un  stolon 
et  composé  d'une  couche  ectodermique  et  du  parenchyme.  Dans 
les  stades  de  développement  qui  succèdent,  la  couche  ectoder- 
mique se  transforme  en  ectoderme  du  futur  Pedicellina,  et,  en 
s' épaississant,  donne  naissance  au  tube  digestif,  ou  mieux  vaut 
direàl'épithélium  dece  dernier.  Nitzsch,  entre  autres,  remarqua 
que  le  tube  digestif  du  Pedicellina  est  dépourvu  d'épithélium 
externe.  J'ai  observé  le  même  fait,  et,  quelque  étrange  qu'il 
paraisse,  les  stades  suivants  ne  tardent  pas  à  l'expliquer.  Le 
rudiment  du  zoecium  du  Paludicella,  dès  son  origine,  a  la  forme 
d'une  vésicule  dont  les  parois  se  composent  de  deux  couches. 
Nous  ne  voyons  rien  cle  pareil  chez  le  Pedicellina,  chez  lequel 
le  rudiment  du  bourgeon  apparaît  sous  la  forme  d'un  corps 
compacte  sans  aucune  cavité,  dont  il  est  de  même  dépourvu . 
La  couche  inférieure  du  zoecium,  laquelle  chez  le  Paludicella 
apparaît   comme  une  couche  de  cellules  revêtant  ensuite  le 
tube  digestif  et  formant  sa  paroi  interne,  apparaît  chez  le  Pedi- 
cellina comme  une  masse  de  cellules  parenchymateuses  rem- 
plissant le  tubercule  qui  sert  d'origine  au  calice.  Néanmoins 
il  n'existe  point  de  doutes  que  ces  deux  parties,  c'est-à-dire  le 
parenchyme  du  Pedicellina  et  la  couche  inférieure  du  zoecium 
(l'épithéliumsupérieurdutube  digestif)  du  Paludicella  ne  soient 
des  parties  homologues.  Cela  devient  évident  par  la  position 
occupée  par  ces  deux  parties  dans  le  bourgeon,  position  qui  est 
exactement  la  même  dans  les  deux  cas  ;  il  n'y  a  qu'une  petite 
différence  dans  la  forme  sous  laquelle  elles  apparaissent.  Le 
Pedicellina  sert  de  représentant  des  animaux  parenchymateux, 
ayant  la  cavité  du  corps  remplie  d'un  tissu  connectif,  tandis 
que  le  Paludicella,  comme  tous  les  Ectoproctes,  possède  une 
cavité  dépourvue  de  parenchyme  (zoecium),  dans  laquelle  est 
situé  le  polypide.  Il  ne  se  forme  jamais  de  cavité  du  corps  dans 
le  bourgeon  d'un  Pedicellina,  car  le  parenchyme  remplissant 
l'espace  entre  les  parois  du  corps  et  du  canal  digestif  constitue 
dans  tous  les  stades  de  son  développement  une  masse  entière- 
ment compacte. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  doit  nous  convaincre  qu'il 


58  SALEWSKY. 

existe  une  grande  analogie  entre  le  bourgeonnement  des  Ento- 
proctes  et  celui  des  Ectoproctes.  En  résumant  le  tout,  nous 
obtenons  la  thèse  suivante  :  On  trouve  les  mêmes  parties  dans 
le  calice  du  Pedicellina  que  dans  chacun  des  métamères  de  la 
colonie  des  Ectoproctes.  En  effet,  l'analogie  du  bourgeonnement 
chez  les  deux  espèces  prouve  que  la  couche  supérieure  (l'ecto- 
derme)  du  Pedicellina  correspond  au  zoecium  des  Ectoproctes  ; 
son  tube  digestif  et  ses  tentacules  correspondent  au  tube  digestif 
et  au  bras  du  polypide  des  Ectoproctes  ;  son  parenchyme  et  ses 
muscles  correspondent  au  mésoderme  et  aux  muscles  des  Ecto- 
proctes. 

Nitzsch  suppose  que  les  stolons  et  les  pédoncules  du  Pedi- 
cellina sont  les  homologues  du  zoecium  des  Ectoproctes.  Cette 
supposition  ne  s'accorde  point  avec  les  considérations  que  je 
viens  de  présenter  sur  le  calice  où  nous  avons  trouvé  des  parties 
homologues  au  zoecium  et  au  polypide.  Quanta  moi,  je  suppose 
que  les  stolons  de  la  colonie  du  Pedicellina  représentent  leurs 
organes  de  prolifération  (stolo  prolifer)  ;  il  a  déjà  été  constaté 
par  les  observations  précédentes  que  c'est  exclusivement  sur  les 
stolons  que  se  forment  les  nouveaux  bourgeons  ;  le  calice, 
n'étant  pour  ainsi  dire  qu'un  individu  sexuel,  ne  peut  pas 
proliférer. 

Cependant  j'ai  fait  voir  que  l'aptitude  à  proliférer  n'appar- 
tient pas  aux  stolons  seulement,  c'est-à-dire  aux  stolons  ram- 
pants de  la  colonie,  mais  aussi  aux  pédoncules  sur  lesquels  sont 
situés  les  calices.  Nous  avons  vu  que  les  calices  du  Pedicellina 
mouraient  quelquefois  et  qu'il  s'en  formait  d'autres  à  leur  place, 
phénomène  qui  est  commun  chez  quelques  espèces  d'Hydroïdes. 
Cette  nouvelle  formation  des  calices  sur  les  vieux  pédoncules 
est  produite  par  l'épithélium  de  ces  derniers;  celui-ci  remplit 
ici  la  même  fonction  que  l'épithélium  des  stolons  rampants 
pendant  la  formation  d'un  jeune  bourgeon. 

En  considérant  le  Loxosoma,  nous  rencontrons  les  mêmes 
faits,  mais  sous  une  forme  différente.  Les  Loxosoma  sont  des 
animaux  solitaires  ne  possédant  point  de  stolons,  et  par  consé- 
quent leur  prolifération  doit  avoir  une  autre  forme.  Comme 

ARTICLE   N5  3, 


SUR    LES    BRYOZOAIRES    ENTOPROGTES.  59 

nous  le  savons,  les  bourgeons  du  Loxosoma  apparaissent  sur 
le  corps  de  l'animal.  Quant  à  la  nature  du  processus  même  de 
la  formation  des  bourgeons,  nous  voyons  une  complète  analogie 
entre  le  PediceUina  et  le  Loxosoma.  Ici,  comme  ailleurs,  le 
bourgeon  a  pour  origine  le  tégument  qui  donne  naissance  au 
tube  digestif;  et,  quoique  quelques  particularités  de  ce  pro- 
cessus présentent  une  certaine  différence,  la  nature  du  fait 
reste  invariable  dans  les  deux  cas.  Le  corps  du  Loxosoma  cor- 
respond, d'un  côté,  à  un  métamère  de  la  colonie  des  Ecto- 
proctes,  et,  de  l'autre,  au  calice  du  PediceUina. 

En  résumant  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  nous  arrivons 
à  la  thèse  que,  chez  les  Ectoproctes  ainsi  que  chez  les  Ento- 
proctes,  nous  rencontrons  toujours  les  mêmes  parties  :  le 
zoecium  et  le  polypide,  qui  composent  ensemble,  ou  bien  le 
métamère  de  la  colonie  des  Bryozoaires  coloniaux,  on  bien 
un  individu  indépendant,  comme  par  exemple  le  Loxosoma. 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

PLANCHES   12,    13,    14   ET   15. 

B,  la  bouche.  N,  le  nerf. 

Œ,  l'œsophage.  S,  l'organe  de  sens. 

E,  l'estomac.  Gl,  glandule  unicellulaire. 

F,  tentacule.  P,  les  cellules  du  parenchyme 
R,  le  rectum.  du  corps. 

Bg,  le  bourgeon.  Gp,  la  glandule  pédonculaire. 

EU,  l'espace  intra-tentaculaire.  M,  la  fibre  musculaire. 

Gt,  la  gouttière  tentaculaire.  Me,  muscle  circulaire  des  ten- 
ec,  l'ectoderme.  tacules. 

v,  le  voile.  en,  l'entoderme. 

G,  ganglion  nerveux.  i,  l'intestin. 

Fig.  1.  Loxosoma  crassicauda,  n.  sp.,  avec  des  bourgeons  en  stades  divers  du 
développement. 

Fig.  2.  Loxosoma  crassicauda,  vu  du  côté  dorsal  afin  de  montrer  la  position 
du  ganglion  nerveux  et  des  organes  des  sens. 

Fig.  3.  Le  ganglion  et  les  organes  des  sens  du  Loxosoma  crassicauda  présentés 
sous  une  dimension  plus  grande  que  dans  la  figure  précédente. 

Fig.  4.  Le  tubercule  sensitif,  avec  Je  nerf  qui  s'y  termine. 


60  SALENSKY. 

Fig.  5.  Loxosoma  crassicauda  montrant  la  forme  et  les  parties  du  tube 
digestif. 

Fig.  6  et  9.  Les  calices  du  Loxosoma  Tethyœ,  n.  sp.,  représentés  de  profil  et 
de  face  afin  de  montrer  la  structure  histologique  du  tube  digestif. 

Fig.  7.  Le  rectum  et  la  paroi  supérieure  de  l'estomac  du  Loxosoma  Tethyœ. 

Fig.  8.  Le  bout  postérieur  du  pédoncule  du  Loxosoma  Tethyœ. 

Fig.   10.  Loxosoma  crassicauda  avec  les  tentacules  contractés. 

Fig.  H.  Un  tentacule  du  Loxosoma  crassicauda. 

Fig.  12.  Le  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda  montrant  la  raie  des  cellules 
glandulaires  {cgi). 

Fig.  13.  Les  glandules  grappiformes  gg)  du  côté  du  corps  du  Loxosoma  crassi- 
cauda. 

Fig.  15  et  16.  La  partie  du  calice  et  du  pédoncule  du  Loxosoma  crassicauda 

montrant  la  structure  du  parenchyme  et  de  l'ectoderme. 
Fig.  17-25.    Les  stades    divers    du    développement    des    bourgeons   chez   le 

Loxosoma  crassicauda;  fl,  fente  longitudinale. 
Fig.  26-38.  Les  stades  divers  du  développement  des  bourgeons  du  Pedicellina. 

Fig.  39.  Le  tubercule  de  la  loge  d'incubation  du  Pedicellina,  avec  les  œufs  et 
les  embryons  placés  dessus.  —  A,  B,C,  D,  les  stades  divers  du  développement 
de  la  larve. 

Fig.  40-51.  Les  stades  divers  du  développement  embryonnaire  du  Pedicel- 
lina :  ga,  glandule  antérieure  de  la  larve  du  Pedicellina;  tel,  tubercule 
cylindrique  ;  ten,  tubercule  conique  ;  pt,  le  pli  du  tégument  de  la  voile  du 
Pedicellina. 


ARTICLE    N°   3. 


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