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Full text of "Verlaine dessinateur"

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This îs an authorized facsimile of the original book, and 
was produced in 1972 by mîcrof i Im-xerography by University 
Microfilms, A Xerox Company, Ann Arbor , Hichîgan, U.S. A. 



DigilIzedbyGOOgle 



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FÉLIX HÊGAMEY 



Verlaine 

Dessinateur 



© 



PARIS 

H. FLOUBY, LIBRAIRE-ÉDITEUR 



Di.qilœdo,GOOgIe 



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CET OUVKAGE A ÉTÉ TIRÉ 

à tix cent trente exemplaire* numéroté/, tavoir : 



S" (1 à 3D. — Eiemplaires inr papier Whtlmin, 

originels ito FkLix Rkoahkt. 
N" 31 i «0. — EiciapUîrca sur papier n-lin. 



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Verlaine 

Dessinateur 



DiiilœdoyGOOgk 



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Verlaine Dessinateur 



Il y eut cd Verlaine, nu début de sa carrière, un grand 
dessinateur, généralement ignoré, s'ignorent lui-même. 

Quiconque sait lire dans les images est frappé de lu 
puissance d'expression exceptionnelle qui s'affirmait alors 
dans ses moindres croquis. 

Les quelques plurielles qui figurent dans ce recueil suf- 
firont à le prouver. 

Do science, aucune; nulles fioritures; rien d'inutile. 
Chaque coup porte, comme chez les maîtres japonais, où 
tout est accent, jusque dans lo plus petit trait, et concourt 
à l'effet d'ensemble. 

Chez Verlaine, l'artiste ne doit rien à l'étude. Son des- 



DigitodbyGOOgle 



sin candide n'est autre chose que l'émanation directe de 
la pensée, servie par une vision intense et le plus souvent 
sarcastique du monde des formes. Et la main, qui n'a 
subi aucun exercice de dressage, domptée par le cerveau, 
se fuit docile, et s'élève bien uu-dessus des sempiter- 
nelles et fades redites calligraphiques des professionnels 
du chic. 

De même que jadis certains personnages eurent le don 
des langues, de nos jours le don du dessin a été départi 
a de purs intellectuels, touchés par la grâce. Et ce don, 
chez ceux qui font métier d'écrire, ne va pas — sur 
ce point on ne saurait trop insister — sans une haute 
valeur littéraire, eu tout au moins sans une grande ori- 
ginalité. 

Ces privilégiés sont donc rares. 

On a vu ce phénomène se produire chez Victor Hugo. 
Qui ne connaît ses tableaux de reve, formidables, fantas- 
tiques; ses décorations sur toile et sur bois, aux vives 
colorations? 

On t'a vu de même chez Ernest d'Hervilly, qui s'est inti- 
tulé un jour « élève de l'école de Beaux Ar...bres de Fon- 
tainebleau ». Ses fantasques reconstitutions préhistoriques 
à l'aquarelle, ses impressions de nature, les amateurs 
avisés se les arrachent. 

Camille Pelle tan, poète, artiste jusqu'au bout des ongles, 
que la politique nous a ravi, est aussi l'auteur de compo- 
sitions étonnantes de couleur et d'esprit, — plutôt radi- 



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utiles qu'opportunistes. Cependant ses silhouettes de 
Clemenceau, innombrables, en trois coups d'allumette 
trempée dans l'encre, sont restées légendaires parmi ses 
amis. 

Et n'est-ce pas un tableau exquis, pétillant do malice, 
que cette Déclaration d'amour de Georges Okuet à lu lit- 
térature française, signée Gyp? 

Le catalogue du Salon des écrivains artistes, Poil et 
plume, organisé il y a cinq ans, à la Bodiniërc, par Emile 
Bcrgcrat et Maurice Montégut, pourrait encore nous four- 
nir quelques noms; il est cependant permis de douter qu'il 
en soit beaucoup de comparables & ceux qui viennent 
d'etre cités. 



C'est au Dîner parnassien des Vilains Bonshommes, 
vers la lin de l'empire, que je fis connaissance de Paul 
Verlaine. 

Ce dîner prit naissance au café du théâtre de Bobino. 
En ces temps lointains, Bobino, modeste boui-boui, qu'une 
maison de six étages remplace aujourd'hui, au coin de la 
rue Madame et de la rue de Pleurus, avait pour fournis- 
seur attitré Sainl-Aignan Choler, auteur infatigable de 
revues — telle que Gare feaul — qui faisaient la joie du 
quartier. 

Les premières réunions curent lieu a l'hôtel Camoëns, 



DijitzJdoyGoO^Ç 



rue Cassette, et en ce passage Saint* Benoit, proche Saînt- 
Gcrmain-des-Pres, encore tout plein du souvenir des 
romantiques do 1830. 

Le dincr émigra ensuite de l'autre côté de l'eau, au res- 
taurant des Mille-Colonnes, rue Montpcnsicr, puis revint 
à son point de départ, changeant souvent de gîte, aux 
confins du quartier latin et du faubourg Saint-Germain. 
Il n'avait pus de dénomination au début; il faillit s'appe- 
ler le « Dîner des Cygnes », grâce à l'inspiration d'une 
de nos amies, la belle Léda, que, plus que toute autre, 
nous aimions à retrouver parmi nous. 

Alors surgit son titre déiinitif : •• Dincr des Vilains Bons- 
hommes. » 

Tout passe. Vers 1871, de nouveaux venus en liront le 
« Dincr des Sansonnets », vague jeu de mots qui ne réus- 
sit pas à prolonger de beaucoup son existence. 

Dans ses beaux jours, il avait compté parmi ses convives 
ordinaires ou accidentels des poètes et des artistes tels 
que : Théodore de Banville, François Coppée, José Maria 
de llérédia, Léon Dierx, Ernest d'IIcrvilly, Armand Sil- 
vestre, Albert Mérat, Léon Valade, Camille Pellelan, 
André Lcmoyne, Jules Souiy, André Theuriet, Emile Blé- 
mont, Duvuuchcl, Armand d'Artois, Anlony Valabrcguc, 
Charles de Sivry, Cabuncr, Arthur Itimbaud, Georges 
Lufcncstre, Gustave Prndcllc, Philippe Burly, les deux 
Cumbon, les trois Gros : Antoine, Charles et Henri, Fanlin- 
Latour, Etienne Carjat, André Gill, Saint-Saéns, Solon, 
Alphonse llirsch, Gabriel Mitre, Jean Aicard, Bracquc- 



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moud, Anatole Fronce, Pierre Elzéar, Richepin, Boucher 
el Ponchon... 
Ah ! les bonnes soirées d'autrefois 1 

Mais pourquoi ce nom « Vilains Bonshommes »? 

Voici : C'est le soir de la première représentation du 
Passant à l'Odèon (14 janvier 1869). Tous les amis de 
Coppéc sont là, qui applaudissent a outrance... et un feuil- 
letoniste du temps, — les uns disent : Sarcey, les autres : 
Cochinat, — les désigne ainsi le lendemain : « Ah! c'était 
une jolie réunion de vilains bonshommes! » 

J'avais ù faire un dessin pour l'invitation au dîner qui 
suivit de près cette première mémorable, et comme on était 
en quête d'un titre, — détail dont les convives s'étaient 
peu souciés jusqu'alors, — il me sembla que l'apostrophe 
du critique était bonne a prendre; et, gaiement, mon 
litre fut accepté, mais non pas l'image qui l'accompa- 
gnait — dont on trouvera la reproduction a la page sui- 
vante. 

Quand je revois ce dessin aujourd'hui, j'y trouve plus 
d'une chose a reprendre — ne serait-ce que le fond trop 
barbouillé, ou l'écriture n'a de place nulle part. 

Cependant s'il fut écarté, ce n'est pas parce qu'il était 
mauvais, non plus par excès de pudibonderie, ni affecta- 
tion de gravité. Le lien étroit d'art et d'amitié qui nous 
unissait, fait d'estime réciproque et de sereine beauté, de- 
vait nous mettre en garde contre toute manifestation — si 



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légère fat-ella — 
pouvant prêtera 
l'équivoque. 

Do là cette se- 
conde version 
bien anodine où 
le buste remplace 
l'académie. 

Ainsi ampu- 
téc.lamuscplan- 
tureuse du son- 
net aux pommes 
ne pouvait plus 
porter ombrage a 
personne. 

Scrupules su- 
rannés ! Signe 
des temps révo- 
lus! 

Pourtant, lu 
plus grande li- 
berté d'allures et 
d'expression ré- 
gnai ta l'occasion 
dans ce milieu 
impressionnable, 
passionné, enVi-veneent, plein de seve et de jeunesse, dont 
Verlaine était un des plus brillants rcprésenlants. Les 



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Mensuel 



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Poème* saturniens, les Fêtes galantes, la Bonne Chanson 
datent de cette époque; déjà on saluait en lui le maître 
auquel on vient de faire de si belles funérailles. 

En lisant ses œuvres au dessert, il prenait le Ion per- 
vers et mystificateur d'un singe bon enfant qui garde un 
air de défi hautain. 

Une grimace irrésistible soulignait — régal exquis — 
ce dernier vers d'un de ses poi'mes des Fêtes galantes : 

Nais un entre au lies me troubla, 
ou bien ce morceau de Jadis et naguère, qui débute ainsi: 

Or, ce vieillard était horrible : un de ses yeux, 
Crevé, saignait, tandis que l'autre, clmssieux, 
Brutalement luisait sous le sourcil eu brosse 1 

Je le vois aussi récitant cet Ami de la Nature, impro- 
visation d'un soir, assez fugitive pour que personne, à 
commencer par l'auteur, n'ait songé, je crois, à la re- 
cueillir. — En voici quelques couplets à titre de curio- 
sité : 

J 'crac li' pas sur Paris, c'est rien cliouclle ! 
Mais comme j'ai une Ame d'poÊlu 
Tous les dimanches j'sors de mu bol lu 
El j'm'en vais, avec ma compagne 
A la campagne. 

.Nous prenons un train île banlieue 
Qui nous brouette ù quelques lieues 
tlans le vrai pays du p'tît bleu... 
On n'boil pas tous les jours u"cliain|nujne 
A la campagne. 



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Elle met sa rob' de la Reine-Blanche, 
Mai j'emporte ma pip' la plus blanche, 
J'ai pas d'ehemis', mai» j'mela des manches, 
Car il faut que l'elegance règne 
A la cumpègne. 



Mais d'autres, plus autorisés que moi, ont parlé des 
poésies de Verlaine et en reparleront ; nous n'avons ici 
à nous occuper que de ses dessins, et il est temps d'y 
arriver. 

C'est d'abord 1 : 

Un coin de table (I) où il s'est représenté lui-même, 
tenant sa pipe a pleine main, d'un geste qui lui était fami- 
lier, avec Valadc, un bouquet de violettes a la boutonnière, 
et Mérat, fumant sa pipe, lui aussi, gravement. 

Les nimbes, dont la fantaisie du maître a gratifié le 
front des trois amis, sont là sans doute pour désigner les 
trois soutiens du temple parnassien, en sa chapelle des 
Vilains Bonshommes. 

De ce même coin de table, Fanlin-Latour fil plus tard 
un très beau tableau, devenu la propriété d'un riche ama- 
teur anglais, qui refuse obstinément, parait-il, d'en laisser 
prendre la moindre copie. 

On y voit au premier plan Verlaine, Rimbaud, Pclle- 

1. Les cliilïroi romnini eillro paronlMscs r«n»oicnI im planche! hors 



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tan, Valade, d'Hervilly,, puis Blémont, Pierre Elzéar et 
Jean Aicard. 

La place de Mérat avait été gardée dans le groupe; 
mais, occupé ailleurs, il déserta l'atelier du peintre, et, 
au dernier moment, il fut remplacé par un pot de fleur. 

Le dessin suivant (II) nous transporte en pleine fan- 
taisie. D'une gaminerie charmante, merveilleux d'expres- 
sion, il montre Louis Ulbach aux pieds de Charles de 
Sivry (le futur beau -frère de l'auteur), tous deux frappants 
de ressemblance. Oh! mon Dieu! c'est bien simple : un 
nommé Ulbach assassina jadis la bergère d'Ivry. L'homo- 
nymie, une vague assonance, il n'en fallut pns ptus pour 
émoustillcr la verve de Verlaine. 

Mais le trait de plume est net, sans une hésitation, sans 
un repentir, tandis que dans le dessin des •• Trois ■ on 
retrouve la trace d'une recherche préalable au crayon 
mine de plomb. 

C'est encore Charles de Sivry qu'il vise dans une des 
figures de ce dessin baroque (III) imitant la manière du 
docteur Gros, grand fiiiuuirde monstres. 

« Moi aussi, dit Verlaine, jo suis faire les monstres ! a 
et pour le prouver, il campe ces deux fantoches dans un 
paysage élémentaire de théâtre, avec rampe et trou de 
souffleur. Duo d'amour, où le ténor, les yeux au ciel, pourvu 
d'attributs belliqueux cl d'un serpent qui lui tient lieu de 
cache-nez, chante pour une créature horrible, a langue 



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do vipère et à grosse bedaine, dont les seins coniques sout 
figurés par des obus. 
Le docteur était surpassé. 



Lu 11 avril 1870, j'assiste uu mariage de Verlaine, à 
Suint-Pierre de Montmartre. 

Et puis c'est la guerre, et ce portrait que je fis du poète, 
pendant le siège, un soir d'accalmie. 

Le souvenir lui en était resté, lorsque, en janvier 1888, il 
m'écrivait gentiment de l'hôpital Broussais : « II me serait 
bien agréable de ravoir, ce véritable petit c/tef-dœuere, 
reproduit par toi en tête de quelqu'un de mes bouquins, ou 
dans mes Poètes maudits qui vont reparaître un de ces 
jours. » 

A ce croquis, qui ne mérite pus un tel éloge, il avait 
joint un quatrain, inséré dans Epigrammes, su dernière 
publication. Le voici : 



A ii bas d'un croquis. 



(Siège de Pi.rit.] 



Paul Verlaine (Félix Régamey pingebat) 
Muet, inaltcntif aux choses de la rue, 
Di^Vi'i!, cependant qu'au lointain on se bal 
Sa ration du lard et son quart de morue. 



On remarquera que cette version dilTère assez sensible- 
ment do celle qui se Ht uu bus du portrait. 



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Maintenant nous sommes à Londres. 

Le 10 septembre 1872, — on cet atelier de Langham 
Street, ou j'ai pu si bien travailler, et dont le souvenir 
suffirait a me faire aimer l'Angleterre et son brouillard, — 
c'est Verlaine, arrivant de Bruxelles, qui frappe a ma 
porto. Il est beau a sa manière, et quoique fort peu pourvu 
de linge, il n'a nullement l'air d'être terrassé par le sort. 

Nous passons des heures charmant os. 

Mais il n'est pas seul. Un camarade muet l'accompagne, 
qui ne brillo pas non plus pur l'élégance. 

C'est Rimbaud. 

Naturellement on parle des absents. 

A me voir peindre et dessiner, l'inspiration s'empare 
de Verlaine, et... mon album s'enrichit de deux perles. 

C'est Napoléon III uprès Sedan (IV) et lo Prince impé- 
rial (V). 

Chuque dessin est uccompugné de vers absolument co- 
casses, parodiant le style do Coppée, effrontément signés 
d'un paraphe bouffi à la Joseph Prud'homme, où les trois 
points du franc-maçon sont remplacés pur une petite croix, 
frétillante allusion à la douceur évungélique du poète dus 
humbles. 

Cela s'appelle blaguer les amis et ne porte pas à consé- 
quence. 

D'ailleurs Verlaine ne s'épargne pas lui-même, lors- 
qu'au bas d'un de ses poèmes — extrait d'un journal rouge 



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do Londres, organe dos réfugiés de la Commune, le Qui 
Vive? qu'il trouve collé dans mon scrup-àoofc , — il ajoute 
cette note : ■ Approuvé tes très beaux vers de potache ci- 



VEBLitHK IT RIMBAUD k LONDRES 

dessus. » Note qu'il aggrave de sa propre effigie (VI), en 
chérubin, nimbé, pipe au bec, avec des ailes aux omo- 
plates, le tout signé : « P. Vertuine, ex-hjcéen. » 



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Mais où la blague devient Toile et plus innocente encore, 
ai c'est posai Me, c'est quand Verlaine représente (VII) 
Catulle Mendes, désignant au poignard de Leconto de Liste 
l'infortuné Carjut, en train de faire la cour à h la petite 
fleuriste », chétive personne, pas jeune,. bien connue des 
habitués de « l'Académie », qui semble dire en découvrant 
un mollet étîquc : « Tu n'auras pus ma rose! » 

Le bon poète Carjut, en cette occurrence, est couronné 
de Heurs par le zéphir. Une furie aux seins flasques plane 
au-dessus du groupe inquiétant, formé par Leconte do Lisle 
cl Mondes, drapés à l'antique, 

Mais qui pourra dire le mystère de cette composition 
allégorique? Seul, l'auteur, aidé de Rimbaud, qui assista 
ù son exécution, au ru il pu en donner la clé... peut-être. 

» L'Académie » de la rue Saint-Jacques, autrement dite 
« Institut Pélorier <>, du nom du distillateur dont la bou- 
tique aux quarante tonneaux sert de fond a cette scène 
bizarre, était fort bien fréquentée après la guerre, et donna 
lieu à plus d'une chanson, empruntant aux passions poli- 
tiques de l'époque une ùprclé singulière, complètement 
dénuée tic respect pour les puissants du jour. 

En voici Un échantillon : 



Dans la ville de Paris, 
M.... H.... pour Versait! 
UaiiH la ville de Paris 
V a deux académies, 



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L'une ousqui 1011I quarante 
Qui vivent de leurs rente». 
L'autre an quartier latin, 
Qui s'iiont chei le cband d'riu. 

J'em.... l'assemblée {bit}, 
J'on,... Mossieu Tbier* 
Et la vieille Changamierrrl 

Ce couplet était suivi d'une multitude d'autres, avec 
changement de noms propres au refrain. 

Le poète qui en est l'autour charme encore aujourd'hui, 
par son intarissable virtuosité, les lecteurs du pins artis- 
tique et du plus osé de nos journaux illustrés hebdoma- 
daires. 

Les dernieros années si accidentées de Verlaine no 
semblent pas avoir été très favorables au développement 
de sa verve artistique. Mlle devient chancelante, alors que 
sa faculté maîtresse continue à triompher. Ce ne sont plus 
ces croquis au trait ferme et incisif de jadis; ceux qu'il 
mêle A l'écriture de ses lettres sont quelconques. 

Cependant, à en croire la légende, — hélas ! que l'his- 
toire est donc diflîcilo ik écrire ! — Verlaine aurait été 
professeur de dessin dans une institution religieuse... 
après Sagesse. 

Je ne le vois pas très bien dons ce râle-là. 

Pour finir, deux autographes : des vers de Valade et de 
Mérat. Il y on aurait un troisième de Verlaine : Pension- 



nigitodbyGOOgle 



noires, sonnet merveilleux de forme, sans un scrupule 
d'éditeur, que je partage et qui nous oblige à le réserver 
aux seuls bibliophiles, avec l'épreuve complète du dessin 
des « trois » (I) dont la légende, un peu... vive, a été effacée 
de la présente édition. 



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DESSINS Et AUTOGRAPHES 



Paul Verlaine 



I. — Les « Trois » du dîner des« Vilains Bonshommes» 
II. — Louis Ulbach et Charles de Sivry. 
III. — Déclaration d'amour. 
[V. — Napoléon III. 
V. — Le Prince impérial. 
VI. — «Des Morts. » 
VII. — Carjut el la « petite fleuriste ». 



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2 Juin 1882 et Avril 1834. 

cloître Saint-Merry funèbre ! sombrai ruf si 
Je ne foule jamais volro morne pave 
Sans frissonner devant las affres apparue*. 

Toujours ton mur en vain recropil et lavé, 

maison Transnonain I coin maudit, angle Infûi 

Saignera monstrueux dans mon coeur foulevô. 



nigilzedsyGOOgle 



Quelques-uns d'entre ceux de Juillet, que le blâme 
De leurs frères repus ne découragea point, 
Crurent bon de montrer la candeur de leur àme. 

Alors, dupes, — eh bien I ils l'étaient à ce point - 
De mourir pour leur œuvre incomplète et trahie ! — 
Ils moururent contents, le drapeau rouge nu poing. 

Mort grotesque d'ailleurs, car la tourbe ébahie 
Et pale des bourgeois, leurs vainqueurs étonnés, 
Pie comprit rien du tout à leur cause haie. 

C'étaient des jeunes gens francs qui riaient au ne/ 
De tout intrigant comme au naz de tout despote, 
El de tout compromis désillusionnés. 

Ils ne redoutaient pas pour la Fronce la botte 
Et l'éperon d'un czar absolu beaucoup plus 
Que la molette d'un monarque en rcdingole. 

Ils voulaient le devoir et le droit absolus, 

Ils voulaient •■ la cavale indomptée et rebelle », 

Le soleil sans couchant, l'Océan sans reflux. 

La République! ils la voulaient terrible et belle. 
Rouge et non tricolore, et demeuraient très froids 
Quant à la liberté constitutionnelle. 

lis élaient peu nombreux, tout au plus deux ou trois 
Centaines d'écoliers ayant mailresse et mère, 
Faits hommes par la haine el le dégoût des rois. 



Digit^dbyGOOgle- 



Ils savaient qu'ils allaient mourir pour leur chimère 
Et n'avaient pas l'espoir de vaincre ; c'est pourquoi 
Un orgueil douloureux crispait leur lèvre amère; 

Et c'est pourquoi leurs yeux réverbéraient la foi 
Calme ironiquement des martyres stériles 
Quand ils tombèrent sous les balles de la loi. 

Et loua, comme à Pharsale et comme aux Thermopyles, 
Vendirent cher leur vie et tinrent en échec, 
Pur deux fois, le courroux des généraux habiles. 

Aussi, quand sous le nombre ils déchirent, avec 
Quelle rage les bons bourgeois de la milice 
Tuèrent les blessés indomptés à l'œil sec! 

Et dans le sang sacré des morts, où le pied glisse, 
Barbotèrent, sauveurs tardifs et nasillards 
Du nouveau Capitule et du Roi, leur complice! 

— Jeunes morts, qui seriez aujourd'hui des vieillards. 
Nous envions, hélas ! nous vos llls, nous la France, 
Jusqu'au deuil qui suivit vos humbles corbillards. 

Votre mort, en dépit des serments d'allégeance, 

Fut-elle pas pleurée, admirée, et plus tard 

Vengée, et vos vengeurs sont-ils pas sans vengeance! 

Ils gisent, vos vengeurs, à Montmartre, à Clamarl, 
Ou sont devenus Tous au soleil de Cayenne, 
Ou vivent diffamés et pauvres a l'écart. 



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Oh! oui, nous envions la fin stoïcienne 
De ces calmes héros, et surtout jalousons 
Leurs yeux clos a propos en une époque 



Car leurs yeux contemplant de lointains horizons 
Se fermèrent parmi des visions sublimes, 
Vierges de lâcheté comme de trahisons, 

El ne virent jamais, jamais ce que nous vîmes. 






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OUVRAGES ILLUSTRÉS DU MÊME AUTEUR 



Llnielgnement du Dessin iu États-Unis (Delagrate). 

Okoma, roman japonais (Pion). 

Le Japon pratique (Heiiel). 

Le Cahier rose de Madame Chrysanthème (La Plume). 

Chioago il y a vingt s ni (Hachette). 

La Bretagne ignorée (Société d'éditions). 

A Oambetta. Album de unie planches en noir et couleur. 
Vivent les Auvergnate amis des Arta. 



EN PRÉPARATION : 

D'Aiz en Aix. ta Savoie, la Suisse, les bord* dit Rhin. 

En route pour le Congres de Dresde, 1895. 
Me* vingt-huit jonn... en Chine. 
Le Japon idéal. 
Pantomimes japonaises. 
Les Curiosités du Deuin. 
L'Art qui court les ruée. 



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CHAMEROT ET RENOUARD 

II, iw d« &iiau-P*c«, If 

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