PIEllRE UE NOLUAC
VERS POUR LA PATRIE
1914-1918
PARIS - ÉMILE-PAUL FRÈRES, ÉDITEURS
100, Rue du Faubourg Saint-Honoré , 100
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VERS POUR LA PATRIE
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PIERRE DE NOLHAC
VERS POUR LA PATRIE
1914-1918
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V
PARIS
ÉMILE-PAUL FRÈRES, ÉDITEURS
100, RUB DU FAUBOURG SAINT-HONORÉ
... Ceux-là, je leg portaU loujourt
êur moi c/, chemin faisant, je leâ
(lonnam à lire à men rompagnom de
lutte. Plus (lun lieutenant d'infanterie
les écoula, lea larmes aux yeux,
avant de monter à l'attaque
AvRO^tF.H
i
Non, lu n'as pas été, ma France, assez chérie 1
N'avons-nous pas, aux temps qui déjà sont lointains,
Préféré d'autres ciels au ciel de tes matins,
Murmuré d'autres chants que ceux de la patrie ?
Sur la route étrang-ère et parfois ennemie.
Que d'erreur complaisante et de pas incertains !
Et comme une jeunesse ignora ses destins
Qui crut trouver sans toi les règles de sa vie I
Sois désormais Tunique amour de tous ces cœurs
Où tu t'es révélée au jour de tes douleurs;
Tes fils en t'adorant ont essuyé tes larmes ;
Et quelle autre merveille éblouirait leurs yeux,
A présent qu'ils t'ont vue, ô sainte France en armes,
Tirer ton juste glaive et conjurer les dieux 1
II
Le vent de tes plateaux, de tes monts, de ta plaine,
Le nuirmure cnclianté qui monte de tes bois.
Les souffles d'océan remj)Iis de sourdes voix
Et la brise au soleil devant la mer romaine,
Tous les hymnes du ciel chantent sur ton domaine.
Tous disent ta splendeur, ô cher pays g-aulois !
Qui dans tes siècles d'or as fait naître à la fois
Sur le sol le plus beau la plus belle œuvre humaine.
Ton manteau triomphal porte en ses plis dorés
La richesse des champs, des vignes et des prés ;
Et, parmi ces trésors que jamais tu n'épuises,
Pour mieux sanctifier le fruit de tes saisons.
Tu sèîiies par milliers à tous les horizons
Le miracle sans fin de tes nobles églises.
m
Je ne veux plus chanter que Ion divin visage,
L'ouvrage de ton âme et celui de tes doigts,
Et ton front couronné d'honneur par tant de rois.
Le saint, le bâtisseur, le guerrier et le sage;
Ta généreuse histoire, où rêve sur la page
L'enfant qui croit y lire un poème parfois;
La sagesse latine inscrite dans tes lois,
Et tes erreurs qui font qu'on t'aime davantage;
L'ordre subtil et sûr qui règne en ta maison ;
Ton art où le caprice écoute la raison ;
Tes jardins embaumés par les plus belles roses;
Et surtout - ô mon cœur! sache te souvenir -
Ce peuple chevalier né pour les justes causes
Et sa jeunesse en fleur toujours prête à mourir.
IV
Quelle étrange auréole est sur vos jeunes têtes,
Beaux enfants qui venez relever notre orgueil,
Alors qu'en souriant votre cœur fait accueil
Au risque des combats cherchés comme des fêtes !
Nous n'apportions, nourris dans les jours de défaites,
Qu'un hommage sans flamme à des drapeaux en deuil;
Quel mystère est en vous qui chante à notre seuil
Et vient rasséréner nos âmes imparfaites !
0 jeunes gens ! plus fiers que nous et plus croyants.
Une image de gloire entre en vos yeux brillants,
Qui vous laisse en tombant cette face ravie ;
Et votre mort ardente atteste en vérité
Qu'ils valent mille fois le don de notre vie,
Ces rêves immortels dont nous avions douté.
Ceux qui savent mourir nous enseignent encore
Qu'un tel savoir suffit et que tout autre est vain,
Qu'au-delà du tombeau rayonne un seuil divin
Et qu'à sa nuit succède une vivante aurore.
C'est pour servir ailleurs à des fins qu'on ignore
Que cet enfant succombe à son premier matin,
Et nous croyons à tort s'achever son destin
Quand le sillon sanglant l'étreint et le dévore.
Mais, quel que soit le sort de ceux que vous pleurez,
Mères et veuves, sœurs et filles, deuils sacrés,
La douleur de vos cœurs par soi-même est féconde :
Vos larmes ont leur part aux rachats infinis
Par où le sacrifice équilibre le monde.
0 chers yeux qui pleurez nos morts I soyez bénis.
PREMIER AOUT 1914
Nous avons trop vécu sous la loi de Taffront;
L'espérance pourtant veillait au cœur rebelle,
Et nous disions, sachant que Tlieure eût été belle :
« S'il est trop tard pour nous, nos enfants la verront. »
Mais l'injuste défi nous relève le front;
Aux combats désirés l'ennemi nous appelle...
Ah ! que puissent nos morts en avoir la nouvelle !
J'en sais dans leur tombeau qui se réveilleront;
J'en sais qui l'attendaient, sombres, rong-és de fièvres,
N'ayant qu'un nom, celui de la patrie, aux lèvres,
Qui réchauffaient leur vie à cet unique amour.
Et, tombés sur la route où nous aimions les suivre,
N'ont pas même entrevu l'aurore de ce jour.
Ce jour qu'ils méritaient et que nous allons vivre !
A LA MÉMOIRE d'aLHERT DE MUN
Tu disais : « Le péril est là, c'est pour demain, m
Tu dénombrais leur force, et leur ruse, et leur haine,
Et, lorsque la tempête à tous semblait lointaine,
Tu montrais sa menace à l'horizon prochain.
Un temps fut où l'appel ne sonna plus en vain :
Nos fils, meilleurs que nous et d'âme plus sereine.
Accouraient, à ta voix de jeune capitaine,
Vers Tancêtre ingénu qui leur tendait la main.
Tu prêchais simplement une grande espérance,
Tu célébrais l'honneur de mourir pour la France ;
Ces enfants ont appris à se connaître en toi.
Au séjour de lumière où sont les cœurs fidèles,
Où tu sers près de Dieu ta patrie et ta foi.
Reçois les jeunes morts qui vont te parler d'elles I
ERNEST PSICHARI
Il livre le secret de sa jeunesse grave,
Le beau « Centurion » qui griffonne en chemin ;
Mais sa plus noble page, il l'écrira demain
Devant l'envahisseur affronté d'un cœur brave.
Riche d'un triple sang, breton, grec et batave,
Sur ses canons rompus qu'il dispute au Germain,
Fils de l'Esprit, il tombe, esquissant de la main
Le signe de la foi qui libère et qui lave.
Les Celtes, ses aïeux, parlent en lui si fort
Qu'il a comme eux choisi le devoir dans la mort :
Ils l'appellent; son âme est prête; il faut qu'il parte...
Où va ton ombre fière, enfant au pâle front.
Tu seras reconnu par les Trois-Cents de Sparte,
Et les Saints du pays d'Armor t'accueilleront.
SOLDATS DE JEANiNE d'aRC
Heureux le chevalier qui fil la jo-rande guerre
Pour« le plus beau royauuKî après celui des cieux »
El prit sa part d'honneur en ces temps nnerveilleux
Où nous fûmes sauvés par la sainte Bergère 1
Heureux le compagnon qui se mit en prière
Auprès d'elle, à genoux sur le sol des aïeux,
Et plus heureux celui qui tomba sous ses yeux,
Ayant d'elle reçu sa force et sa lumière 1
Cinq siècles ont passé; ce sont les mêmes cœurs
Que mènent au combat nos bataillons vainqueurs;
Un même esprit d'amour les guide et les conseille;
Comme ceux d'autrefois pour la fleur de lis d'or,
Ame de Jeanne d'Arc ! c'est toi que suit encor
Sous des drapeaux nouveaux cette France pareille I
10
APRES LA BATAILLE DE LA MARNE
Lorsque tu reviendras vers la France, ô Victoire !
Redescendant des cieux do rêve où je te vois
Et portant dans tes bras, pour la seconde fois,
Les moissons de la mort et celles de la gloire ;
Ton vol sera plus lent, plus grave, laissant croire.
Quelque mystérieuse à l'homme que tu sois,
Que tu rends ton arrêt et qu'à jamais ta voix
Proclame le destin aux plaines de l'histoire.
Viens avec nous. Déesse auguste ! Ne crains pas
Qu'un peuple de héros, se ruant sur tes pas.
Te fasse un jour rougir de ses justes revanches.
Reste avec nous ! Ce peuple est sage autant que fier ;
Il joindra l'olivier à ses glaives de fer.
Il ne souillera pas tes grandes ailes blanches.
11
VERSAILLES TRIOMPHANT
La France d'autrefois a laissé son image
Faite de pierre et d'eau, de marbres et de fleurs ;
Versailles lui compose un livre de grandeurs
Où l'art de ses enfants l'exalte à chaque page.
Par lui sous notre ciel s'attestent d'âge en âge
Les grâces d'un génie où se prennent les cœurs ;
La volonté d'un seul ordonna ces splendeurs
Et le pays entier se mire en son ouvrage.
Mais ces Français vaillants dont nous sommes les fils
Savaient entremêler les lauriers et les lis ;
A cueillir la victoire ils excellaient naguère ;
Et l'on voit, aux plafonds que Le Brun déroula
Du Salon de la Paix au Salon de la Guerre,
L'Allemagne trembler lorsque Turenne est là.
«
VEUSAILLKS SAUVE
Septembre 1914
L'été resplendissait au miroir des fontaines ;
Le triomplie des eaux chantait dans les conduits ;
Aux degrés du palais, le parterre et le buis
Unissaient les parfums qu'avaient aimés les Reines.
Ce beau jardin paré de tant de grâces vaines
Brusquement, en un jour, fut désert et, depuis,
Notre oreille anxieuse écouta dans les nuits
L'approche du canon sur les routes lointaines.
Nous t'aimions doublement, chef-d'œuvre menacé,
Trésor de notre gloire et de notre passé
Dont le sort se liait au risque des batailles...
L'impur Barbare a fui sans pouvoir te saisir;
Mais quelle autre victime a-t-il osé choisir.
Puisque Reims a payé la rançon de Versailles !
M
A l/lTALIi:
Mai VJ]b.
Nous savions l)ieii que lu vi(Midiais, noble Italie I
Au rendez-vous sacré du droit et de l'honneur,
Et que ton ferme esprit éclairé par ton cœur
Risquerait à son jour l'héroïque folie.
Puisqu'une fois de plus la bataille nous lie
Et mêle les drapeaux à la triple couleur,
Unissons nos espoirs pour un âge meilleur
Où notre effort commun croisse et se multiplie.
Nos peuples, héritiers des domaines romains,
Sauront garder la paix du monde entre leurs mains.
Aujourd'hui, verse encor le sang- qui t'éternise ;
Et gloire à ces vaisseaux chargés de tes destins,
Qui s'en vont sur la mer où gouverna Venise
Délivrer à jamais les rivages latins !
14
POUR l'aiglk blanc
Quand vous reconstruirez le monde qui s'écroule,
Ce vieux monde bâti d'injustice et d'erreurs,
Maîtres des temps nouveaux, peuples demain vainqueurs,
Devant (jui l'avenir apaisé se déroule,
Les tristes nations que la conquête foule
Suivront de leurs espoirs vos pas libérateurs
Et, dans vos combattants acclamant leurs vengeurs,
Les droits ressuscites se lèveront en foule.
Mais déjà, dominant les autres de son deuil.
Celle qui sort toujours vivante du cercueil,
La Pologne martyre aux grands yeux de lumière
Vous a crié, parmi ces races en courroux :
« N'ai-je point mérité de parler la première
Par l'innombrable sang que j'ai versé pour vous ? »
15
MUNICH ET D1U:SDE
Je ne ^^^oùlcrai plus les paisibles merveilles,
O Munich I ni tes arts aimables, ni tes chants ;
Ton accueil a caché trop de desseins méchants ;
Nous te refuserons nos yeux et nos oreilles.
Les vieux ressentiments dormaient, tu les réveilles ;
La fureur qui s'allume au cœur de tes marchands
Guide les lansquenets lâchés parmi nos champs,
Brûlant Gerbéviller comme autrefois Bazeilles.
Mais toi, Dresde ! comment t'oublier sans chagrin?
Tu conservais pour nous le rêve de Poussin,
Ses saints les plus touchants, ses nymphes les plus chastes ;
On te trouvait le ton français, l'esprit subtil,
Et ton perfide ciel prête à tant de contrastes
Que lui-même Watteau semblait moins en exil.
16
SOUVENIR DE BERLIN
1916
Berlin, ville pédante où nous allions nag^uère
Juger d'un œil railleur ce qu'ils nonunenl leur art,
Aligne lourdement sous des cieux de brouillard
L'étalage insolent des monuments de guerre.
Parmi tant de laideurs la gloire est mensongère,
Qu'elle soit d'empereur, de prince ou de soudart ;
Quand elle tient chez nous l'épéc ou l'étendard,
La Victoire n'est pas cette affreuse mégère.
Seul chef-d'œuvre au milieu de ce bronze grossier,
Frédéric Deux, au geste dur, aux yeux d'acier.
Guide, le dos courbé, sa royale monture ;
Et le maître rusé du vaniteux troupeau
Semble avoir deviné la fin de l'aventure,
Car son rire infernal ride sa vieille peau.
17
SONNET DE GLERIIE
Glier poème où le vers français soupire on raille,
Sonnot fixe chez nous par les joiix de Konsard,
Rytiiiiie rare et charmanl, ce n'est point j)ar hasard
Que la muse aujourd'hui te mène à la bataille.
Le maître de Foutil sait comment il travaille
Et t'emploie à dessein aux œuvres du grand art :
Le fin mouchoir brodé peut servir d'étendard ;
Le profil le plus fier s'inscrit dans une intaille.
Tu vas, quand le Teuton brutal est déchaîné.
L'atteindre d'un coup sec sur son mufle étonné
Et le droit retentit dans ce soufflet auguste;
Tu vas, ardent et bref comme un ordre du jour.
Porter à nos soldats sur des ailes d'amour
Le verdissant laurier ou la palme du juste.
18
l'amitié de l'amkuique
Nous étions un pays de vieille royauté,
Riche en forces de guerre, en courage, en noblesse.
Aimant servir le droit, protégeant la faiblesse,
Et fier de son lionneur longuement hérité.
L*Amérique, étreignant sa jeune liberté.
S'arme, lutte, succombe, et le danger la presse;
Mais la France a connu l'héroïque détresse:
Le salut qu'on attend, ses vaisseaux l'ont porté...
Amis, vous invoquiez cette dette lointaine ;
Vous vouliez la payer du sang de votre veine
Et de tous les trésors nés dans votre grand cœur ;
Et vos beaux régiments hardis à la française.
Qui venaient secourir la République sœur,
Savaient encor le nom du bon roi Louis Seize.
19
AH TE ET A /{MIS
Les œuvres de beauté ne sont pas éternelles.
Ménie quand sur le roc le temple fut fondé,
Ses images de marbre ont rarement gardé
La gloire des cités qui fleurissait en elles.
Leur art ne survit point aux nations charnelles :
L'honneur de maintenir le sien n'est accordé
Qu'à celle dont le cœur est toujours décidé
A lui forger l'appui des armes fraternelles.
Toi par qui ce trésor reste nôtre, ô soldat !
Notre meilleur génie à tes côtés combat ;
Parmi les citoyens ta place est la première,
Et la France te tient pour son fils le plus cher,
Car tu l'as défendue en son âme et sa chair
Et pour le monde entier tu sauves sa lumière.
20
LA VICTOIRE DU PALATIN
Rome, mai 1918.
Sculptée avec amour dans le blanc pcntéliquc
Par des Grecs attentifs à fléchir le destin,
Cette jeune Victoire embellit le butin
Qu'un proconsul heureux fit pour la République.
Mais Rome ayant fêté la divine relique
Et bâti son autel au flanc du Palatin,
Le marbre consacré par un culte certain
Régna d'un pied vainqueur sur la terre italique.
Il reparaît au jour après un long- oubli
Dans le sol remué du temple enseveli ;
Sa grâce retrouvée émeut les Sept collines ;
Et tout un peuple encor se presse à ses genoux,
Car ce retour auguste apporte parmi nous
Le présage attendu pour les armes latines.
NUIT D^OFFENSIVE
Juillet 1918.
Au bord (lo l'Iiorizon nocturne un éclair luit,
Puis vin^»-!, puis cent, puis niillc... Et notre cœur tressaille,
Car l'air, qui se déchire au seuil de la bataille,
Aux lointaines cités en apporte le bruit.
Que de vœux et d'espoirs rejoig-nent, cette nuit,
Le canon qui là-bas pour la France travaille,
Qui déchaîne sans fin l'ouragan de mitraille.
Surprend l'envahisseur, l'écrase et le poursuit !
Robuste acier, outils sacrés de la patrie.
Vous tourmentez un sol qui vous en remercie ;
Votre farouche voix est douce à nos échos ;
Vous vengez les enfants orphelins et les veuves,
Et vous accompagnez la marche des héros
Qui reprennent nos champs et repassent nos fleuves !
22
l/HÉIUTACiE
L'alouelte qui vole à la pointe des blés
Connaît de gras sillons où la moisson se presse;
Tel pré soudain étale une herbe plus épaisse,
Tel verger nous surprend par ses arbres comblés.
Si la chair de nos morts au sol natal mêlés
A su lui conférer cette étrange richesse,
Ne peut-elle former des âmes sans faiblesse
L'image des héros dans nos cœurs assemblés?
D'un flot plus généreux, d'une sève plus forte,
Ne nourrit-elle pas le beau sang qui l'apporte
Dans les veines des fils nés pour les jours nouveaux?
Foyer transfiguré par les grands sacrifices.
Quelque rôle modeste ou fier que lu remplisses,
Sache par tes vertus montrer ce que tu vaux I
23
A LEuns I II.S
Vous connaîtrez sans doute une France plus belle,
Plus prospère et plus douce, o fils de nos enfants !
La servirez-vous mieux en ses jours triomphants
Qu'en ses jours menacés ceux qui tombaient pour elle ?
Elle exigea leur sang et le trouva fidèle;
Le deuil de leur demeure a racheté ses champs :
Le poète à jamais réservera des chants
A tant de saintes morts qui la font immortelle.
Vous qui ne suivrez plus de si cruels chemins,
Fiers de notre passé, sûrs de vos lendemains.
Vous naîtrez, vous vivrez sous des signes de gloire ;
Mais vous vous souviendrez de fleurir les tombeaux
Des pères qui s'offraient afin que la Victoire
De son bouclier d'or protégeât vos berceaux.
24
SUR LA MORT d'uN AMI
Tu nous quittes à l'heure où cessent les batailles.
Lorsque notre destin n'est fixé qu'à demi ;
Tu tombes sur le bord du sillon, noble ami,
Et nous ferons sans toi les nouvelles semailles.
Tout ce peuple d'esprits qui suit tes funérailles
Va manquer du conseil de son guide endormi.
Pourquoi, cœur frémissant et pourtant affermi.
Avant d'avoir tout dit faut-il que tu t'en ailles?
Du moins, récompensant le courage et l'amour,
Le Dieu que lu servis fit, à ton dernier jour,
Paraître devant loi la France de Ion rêve ;
El de la voir ainsi lu mourus rassuré,
Avec ses yeux levés au ciel, son front lauré
El son poing pacifique appuyé sur le glaive.
25
V(*:U D KCUIVALN
Nos livres les plus beaux n'ont qu'un sort incertain ;
Parmi les vains débris dont le passé s'encombre,
Comment garder l'espoir d'avoir conçu dans l'ombre
L'œuvre que l'avenir mellra dans son butin !
Toi qui croyais servir l'honneur du nom latin,
Qui remplissais d'un long* labeur des jours sans nombre.
Vois : de tant de travaux l'un après l'autre sombre ;
Un seul survivra-t-il pour un meilleur destin?
Parfois, un simple chant gravé sur une stèle
Rend le poète cher à la muse immortelle ;
Un cri jailli du cœur illustre le tribun...
Ah ! puissé-je à mon tour inscrire en ta mémoire,
0 Patrie! et sauver du naufrage commua
Une page d'amour écrite pour ta gloire !
26
IMl'HIM li
PAR
DARANTIBRE
A DIJON
LE ONZE NO\'EMBRE
MIL NEUF CENT
VINGT
La Bibliothèque
Université d'Ottowo
EcKé«itc«
The Librory
Univeriity of Ottowo
Data du*
CE PO 2627
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CÛO NCLHAC,
ACC/^ 1238597
PIER VERS POUR LA
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